oe z BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE FONDÉE LE 23 AVRIL 1854 ET RECONNUE COMME ÉTABLISSEMENT D'UTILITÉ PUBLIQUE PAR DÉCRET DU 17 AOUT 1875 TOME QUARANTE ET UNIÈME (Troisième série. — TOME I") 1894 Première partie : COMPTES RENDUS DES SÉANCES ET REVUE BIBLIO- GRAPHIQUE. Deuxième partie : SESSION EXTRAORDINAIRE TENUE EN SUISSE ET TABLES DU VOLUME. (Chacune de ces parties a une pagination spéciale.) PARIS AU SIEGE DE LA SOCIÉTÉ RUE DE GRENELLE, 84 On est prié de lire les AVES placés à la page suivante. mn — ÁU— —————————————— BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE FONDÉE LE 23 AVRIL 1854 ET RECONNUE COMME ÉTABLISSEMENT D'UTILITÉ PUBLIQUE PAR DÉCRET DU 17 AOUT 1875 TOME QUARANTE ET UNIÈME (Troisième Série. — TOME I") 1894 1 SÉANCES DE JANVIER 1894. PARIS AU SIEGE DE LA SOCIÉTÉ RUE DE GRENELLE, 84 .. Publié en mars 1894. AVIS I. A partir du volume de cette année, qui est le quarante el unième de la collection complète du Bulletin et le 4° de la 3° série, indépendamment d'améliorations typographiques déjà réalisées dans le présent numéro, l'ordre des matières qui existait dans les pre-: miéres années du Bulletin sera rétabli. Le numéro 4 contiendra le compte rendu, procés-verbaux et communications des séances de janvier, le numéro 2 correspondra aux séances de février, le nu- méro 3 à celles de mars, etc. Les analyses bibliographiques avec les Mélanges et Nouvelles, au lieu d’être publiées et paginées séparément, formeront le complément des numéros mensuels. Toutefois la session extraordinaire conservera . 36 Sur la flore de la Camargue et des alluvions du Rhóne......... 37 SÉANCE DU 26 JANVIER Admission de MM. de Boissieu, Holm et Lachmann..........- 58 Composition des Commissions annuelles nommées par le Conseil d'administration....... TET semet he e hrs 58 Remarques sur les différences que présente l'Unonis Natrix cul- tivé sur un sol calcaire ou sur un sol sans calcaire........,.. 59 Sur la structure et les affinités des prétendus genres Vallogia et Triarthron............ eressero ses... TTC" .. 61 Excursions bryologiques dans le Bas-Boulonnais........... e. 71 Catalogue des Mousses rencontrées aux environs d'Orléans, dans un rayon de huit à dix kilomètres................. PRET . 15 Contribution à la flore bryologique du Tonkin................ 77 Observations sur quelques cas de fasciation....,......... 2e. 86 Sur deux nouveaux colorants applicables à l'étude des méris- tèmes............... enesostesecoovocottoos coorocs es ees. 88 Observation de M. Flot.................. T éd e . 90 M. Mer fait connaitre un procédé qu'il applique pour préserver les bois de la vermoulure......... eecechoeónesáóne vo ettónoe 90 Sur l'eau libre dans les graines gonflées.................... . 9l Extraits de lettres à M. Malinvaud (localités françaises des Saussurea macrophylla et alpina, etc.)..................... 93 th... ... 96 NOUVELLES. .....e ee etra 5 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE Les séances se tiennent à Paris, rue de Grenelle, 84, à huit heures du soir, habituellementles deuxième etquatrième vendredisde chaque mois. JOURS DES SÉANCES ORDINAIRES PENDANT L'ANNÉE 1894 12 et 26 janvier. 13 et 27 avril. 13 et 27 juillet. 9 et 23 février. 11 et 25 mai. 9 et 23 novembre. 9 mars. 8 et 22 juin. | 14 et 28 décembre. — La Société publie un Bulletin de ses travaux, qui paraît par livraisons mensuelles. Ce Bulletin est délivré gratuitement à chaque membre et se vend aux personnes étrangères à la Société au prix de 30 fr. par volume annuel terminé (sauf les exceptions spécifiées ci-aprés), 32 fr. par abonne- ment. — Il peut être échangé contre des publications scientifiques et pério- diques. Les 25 premiers volumes du Bulletin, à l'exception des t. IV (1857) et XV (1868), sont cédés au prix de 10 fr. chacun, et les suivants (2e sér.) au prix de 15 fr. chacun (à l'exeeption du tome XXXVI), à MM. les nouveaux membres qui les font retirer à Paris, aprés avoir acquitté leur cotisation de l'année courante. N. B. — Les tomes IV et XV, étant presque épuisés, nesont plus vendus séparément. Le tome XXXVI (1889) renferme les Actes du Congres de bolanique tenu à Paris en août 1889; le prix de ce volume est de 40 fr. pour les personnes étran- gères à la Société et de 20 fr. pour les membres de la Société. Les frais d'envoi de volumes ou numéros anciens du Bulletin, ainsi que des numé- ros déjà parus lorsqu'un abonnement est pris au milieu de l'année, sont à la charge de l'aequéreur ou de l'abonné. AVIS Les notes oucommunications manuscriles adresséesau Secrétariat par les membres de la Société, pourvu qu'elles aient trait à la botanique ou aux sciences qui s'y rat- tacheut, sont lues en séance et publiées, en entier ou par extrait, dans le Bullelin. Tous les ouvrages ou mémoires imprimés adressés au Secrétariat de la Société botanique de France, rue de Grenelle, 84, prennent place dans la bibliothéque de la Société, Ceux qui seront envoyés dans l'année méme de leur pubiication pourront être analysés dans la Revue bibliographique, à moins que leur sujet ne soit absolu- ment étranger à la botanique ou aux sciences qui s'y rattachent. MM. les membres de la Société qui changeraient de domicile sont instamment priés d'en informer le Secrétariat le plus tót possible. Les numéros du Bulletin qui se perdraient par suite du retard que mettraient MM, les membres à faire connaitre leur nouvelle adresse ne pourraient pas étre remplacés. N. B. — D'après une décision du Conseil aux demandes de numéros dépareillés, lors est terminé depuis plus de deux ans. ll en résulte que, pour se procurer une partie quelconque du tome XXXVIII (1891) ou d'une année antérieure, on doit faire l'aequisitior du volume entier. — Aucune réclamation n'est admise, de la part des abonnés, pour les numéros publiés depuis plus de trois mois. » il n’est donné suite, dans aucun cas, que le volume auquel ils appartiennent Adresser les lettres, communications, demandes de renseignements, réclama- tions, ete., à M. le Secrétaire général de la Société, rue de Grenelle, 84, à Paris. 15590. — Lib.-Imp. réunies, rue Mignon, 2, Paris, — (MAY et MoTTEROZ, direct. On est prié de lire à la page suivante PAVAS relatif au Compte rendu (2° partie) de la Session extraordinaire tenue à Montpellier en 1893. BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE FONDÉE LE 23 AVRIL 1851 ET RECONNUE COMME ÉTABLISSEMENT D'UTILITÉ PUBLIQUE PAR DÉCRET DU 17 AOUT 15875 TOME QUARANTE ET UNIEME (Troisième Série. — TOME I") 1594 ) — SÉANCES DE FÉVRIER 1894. PARIS AU SIÈGE DE LA SOCIÉTÉ RUE DE GRENELLE, 84 Publié en avril 1894. AVIS Le Secrétaire général, n'ayant pas encore recu les ma- nuserits de diverses communications faites aux dernières séances de la Session extraordinaire de 1893, prie instam- ment les auteurs de ces travaux de vouloir bien lui en adresser le plus tôt possible la rédaetion ou de le prévenir s'ils ont renoncé à les publier. Tarif des tirages à part. 9 0 NOMBRE DE FEUILLES. "n sm exta. E mm: Une feuille (16 pages), réimposition, papier, tirage, fr. e. fr. c. fr. c fr. c. fr. © pliure, piqûre et enveloppe de couleur. . . . . 8 50 9 50 44 » 45 » 94 » Trois quarts de feuille (12 pages). . . . . . . .. 8 » 9 » 10 50 14 » 22 » Demi-feuille (8 pages)... . . . , . . . . . . .. 5» 6 » 8 » 19 » 18 > Quart de feuille (4 pages ...... . . . . . .. 4 » 5 » T a» 9 » {4 » 2e feuille en sus de la première. . . . . . . . .. 7 50 8 50 9 50 12 » 18 » Trois quarts de feuille en sus d'une feuille. . . . . T» 8 » 9 » 44 50 16 » Demi-feuille en sus d'une feuille, . . . . 4. .- 4» 5 » 6 50 8 50 14 » Quart de feuille ses. 3 » Áo» 6 » 8 » 12 » La composition d'un titre d'entrée spécial d'une demi-page est de 1 franc. La composition d'un grand titre d'une page est de 3 francs. En plus les frais de tirage et de papier. La composition d'un faux-titre est de 2 francs. En plus les frais de tirage et de papier. La composition d'une couverture imprimée, avec encadrements et sans page d'annonces, est de 2 francs sile titre est la répétition de celui de la brochure, et de 4 francs si le titre est fait seulement pour la eouver- ture. En plus les frais de tirage et de papier. S'il y a des corrections, elles sont comptées en sus 90 c. l'heure. Une gravure d'une page, intercalée dans le texte, entraine un supplément de tirage de 2 francs. Une gravure d'une demi-page, 4 fr. $0. Tout travail de remise en pages, c'est-à-dire entrainant une modification dans la disposition des pages du Bulletin, sera fait en dehors du Tarif ci-dessus et à des prix qu'il est impossible de fixer. SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1894. PRÉSIDENCE DE M. GUIGNARD. M. Danguy, secrétaire, donne lecture du procès-verbal du 26 janvier, dont la rédaction est adoptée. Par suite des présentations annoncées dans la dernière séance, M. le Président proclame membres de la Société : MM. l'abbé Bacn, vicaire de la paroisse Saint-Siméon, à Gourdon (Lot), présenté par MM. le Frére Héri- baud et Malinvaud. BounouELOT (Émile), professeur agrégé à l'École su- p] o o périeure de pharmacie, pharmacien en chef des hôpitaux. rue de Sèvres, 49, à Paris, présenté par P , > R4 , I MM. Boudier et Guignard. GUÉRIN (Paul), interne en pharmacie, préparateur à l'École supérieure de pharmacie, avenue de l'Obser- vatoire, 4, à Paris, présenté par MM. Copineau et Guignard. Pouca (D* Edmond), professeur suppléant à l'École de médecine, rue Grand-Pont, 50, à Rouen, présenté par MM. Gustave Planchon et Guignard. M. le Président annonce ensuite trois nouvelles présenta- tions. Lecture est donnée d'une lettre de M. Hannezo, qui re- merciela Société del'avoir admis au nombre de ses membres. Dons faits à la Société : Bazot, Plantes vasculaires de l'arrondissement de Vitry-le-Fran- çois. Legré, Trois herborisations auz environs d'Allos (Basses-Alpes). T. XLI. (SÉANCES) 7 98 SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1894. Th. Marie, Les Orchidées et M. Georges Mantin. Émile Martin, Catalogue des plantes vasculaires et spontanées des environs de Romorantin (Loir-et-Cher). Ernest Olivier, Biskra, souvenirs d'un naturaliste. A. et C. de Candolle, Monographie Phanerogamarum : Guttiferæ, auctore Jul. Vesque. Levier, Sulla Riccia media. — Sur le Riccia minima. Saccardo, Il primato degli italiani nella botanica. G. Lindau, Beiträge zur Systematik der Acanthaceen. J. Barbosa Rodrigues, Plantas novas. W. Trelease, Sugar Maples and Maples in Winter. Société d'histoire naturelle de Toulouse, 26° année, 1892. M. le Secrétaire général donne un résumé du travail sui- vant : PLANTES ADVENTICES OBSERVÉES DANS LA VALLÉE DE L'ORB A BÉDARIEUX ET A HÉRÉPIAN; par MM. l'abbé H. COSTE et le Frère SENNEN. I. CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES. — Trois causes, dit Godron (1), déterminent les importations accidentelles de plantes étrangéres sur le sol de notre patrie : les agents physiques, les animaux et l'homme. 1* Les agents physiques, tels que les vents, les trombes, les eaux de la mer, les riviéres et leurs inondations, ont une action évidente comme moyens de transport des graines de végé- taux d'une contrée dans une autre, et, s'il n'est pas rigoureuse- ment démontré qu'ils aient assez de puissance pour opérer ces migrations directement à de trés grandes distances, il est certain cependant que, de proche en proche, ils ont pu propager certains végétaux dans une étendue immense. 2 Les animaux, surtout les herbivores pourvus d'une fourrure longue et épaisse, et les oiseaux de passage, transportent au loin une foule de graines; mais leur action, sous ce rapport, est assez restreinte et ne s'étend guère qu'aux régions limitrophes de celles qu'ils habitent. 3* L'homme, au contraire, est l'agent le plus efficace de ces migrations qui s'accroissent journellement en raison directe des relations com- (4) Florula juvenalis (1854), pp. 9 et 42. COSTE ET SENNEN. — PLANTES ADVENTICES. 99 merciales. Il transporte, méme à son insu, et cela immédiatement à de grandes distances, un nombre considérable de graines. Il les disperse accidentellement dans tous les lieux où il met le pied; car il en est beaucoup qui sont, pour ainsi dire, inséparables de lui et pénétrent avec lui dans toutes les contrées du globe ou il porte ses pas. Une des causes les plus actives qui fait ainsi apparaitre des plantes nouvelles dans des localités où elles n'avaient jamais pris racine, c'est la culture des céréales, des plantes fourragères, pota- géres et textiles, empruntées à des pays plus ou moins éloignés. Leurs semences ne sont jamais complétement privées de graines de végétaux sauvages, qui se développent en méme temps qu'elles. De nombreuses espéces nous arrivent aussi avec les engrais d'ori- gine étrangère, tels que le guano et le crottin de brebis, dont on fait dans le Midi une grande consommation pour amender les vignobles. D'autres s'introduisent avec le lest des navires qu'on dépose constamment au voisinage des ports de mer. La navigation sur les riviéres et les canaux, le mouvement continuel des trains de chemins de fer et la marche des voitures entrent pareillement pour une grande part dans l'importation accidentelle d'espéces nouvelle . Mais, parmi les marchandises que le commerce transporte d'une extrémité du monde à l'autre, il n'en est aucune qui soit plus favorable que les laines au transport des graines étrangéres. Ces laines arrivent en suint et toutes chargées de graines, souvent méme de fruits assez volumineux, hérissés d'aspérités, d'épines ou de poils. Avant de les livrer aux filatures et aux manufactures de drap, on les débarrasse de toutes les impuretés dans des lavoirs spéciaux et on les étend, aprés cette opération, sur des séchoirs habituellement clóturés et situés au voisinage de quelque cours d'eau. C'est autour de ces séchoirs et lavoirs à laine, dans les sables des riviéres, que germent ces nombreuses graines qui pro- viennent quelquefois, non seulement des cótes, mais aussi de l'intérieur des terres et de régions non encore explorées par les botanistes. C'est là l'origine de la plupart des nombreuses es- péces adventices que présente aujourd'hui la région méditerra- néenne. Ce genre d'industrie, encore en vigueur de notre temps dans plusieurs villes du Midi, parait remonter jusqu'au onziéme siécle 100 SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1894. et prit surtout un grand développement au commencement du dix-huitième siècle. Toulon, Marseille, Aix, Arles furent, en Provence, ses principaux boulevards. Le Flora massiliensis ad- vena de Grenier reléve, pour les environs de Marseille seulement, 940 espéces exotiques, dont 100 environ originaires de l'Orient. Dans le Languedoc, Montpellier fut assurément son centre le plus actif, et, jusqu'à nos jours, le Port-Juvénal, établi à ses portes, a pu étre regardé comme la terre classique de ces sortes de végétaux. De Candolle, dans sa Flore francaise, attira le pre- mier l'attention des botanistes sur les plantes étrangères du Port- Juvénal. Delile et Touchy continuérent les recherches et laissérent, avec des manuscrits précieux, un herbier assez considérable des plantes du Port-Juvénal. Godron mit en œuvre ces matériaux et publia, en 1854, son Florula juvenalis, où il énumére 387 es- péces adventices recueillies jusque-là dans cette localité. Les nouvelles découvertes furent enregistrées par Cosson et publiées successivement, en 1859 et en 1864, dans deux Appendices (1). Le premier relate encore 72 espèces et le second 48. On en a recueili depuis un certain nombre d'autres, ce qui porte à 520 environ le bilan des espéces exotiques, ou au moins étran- gères à la flore de Montpellier, dont l'apparition a été constatée jusqu'ici au Port-Juvénal. Le Port-Juvénal n'est pas d'ailleurs le seul point où de nom- breuses plantes étrangéres ont été observées dans l'Hérault. En méme temps que Cosson publiait son premier Appendice, Lespi- nasse et Théveneau faisaient connaitre la florule non moins inté- ressante des environs d'Agde et principalement du lavoir à laine de Bessan (2). Ils y avaient récolté, en moins de deux ans, 91 plantes étrangères, dont 59 appartenaient à la florule du Port-Juvénal et 32 n'y avaient point encore été mentionnées. On en a aussi signalé d'autres autour des usines de Lodéve, Montferrier, Aniane et en d'autres lieux. Mais personne, à notre connaissance, n'avait jus- qu'ici remarqué la jolie florule exotique de la vallée de l'Orb à Bédarieux et à Hérépian, qui fait l'objet de cette communication et doit aussi son origine à l'industrie des laines. Située à l'extrémité (1) Appendix Florule juvenalis, in Bull. Soc. bot. de Fr. t. VI (1859), Pp: 605-015; Appendix Florulæ juvenalis altera, ibid., t. X1 (1864), pp. 159- 164. (2) Voy. Buil. Soc. bot. de Fr. t. VI (1859), pp. 648-658. COSTE ET SENNEN. — PLANTES ADVENTICES. 101 supérieure de la région de l'Olivier, à laquelle elle appartient cependant, abritée de Lous côtés par des montagnes très escarpées qui la protègent contre les vents froids et humides du nord et de l’ouest, cette vallée semble réunir toutes les conditions favorables aux naturalisations. Quelques plantes étrangères ayant été rencon- trées par l’un de nous aux environs de Bédarieux, en 1888 et 1899, pendant la saison d'automne, nous résolümes d'y continuer les recherches. Trois excursions bien rapides, exécutées cette année entre Bédarieux et Hérépian, sur une longueur de 4 à 5 kilo- métres au plus, nous ont permis d'observer 98 espèces exo- tiques ou étrangères à ces localités, dont le détail sera donné plus loin, et nous font espérer, pour les années suivantes, une plus riche moisson. Plusieurs de ces plantes adventices ont une origine inconnue; cependant le bassin méditerranéen semble étre le berceau du plus grand nombre. Sur 458 espéces observées jusqu'en 1859 au Port- Juvénal, Cosson en comptait 356 originaires des différents points de la Méditerranée, 20 de l'Europe extra-méditerranéenne, 28 du continent américain, un trés petit nombre de l'Afrique centrale et de l'Australie (1). Nous trouverons à peu prés la méme proportion pour les plantes de la vallée de l'Orb. Ce qu'il importe le plus de faire remarquer, c'est que ces plantes, qu'on pourrait croire naturalisées en les voyant croitre avec tant de profusion, le sont beaucoup moins qu'on ne serait porté à le penser. Il ne faut donc pas les considérer comme de véritables acquisitions pour la flore francaise, mais on doit avoir soin de les distinguer des espèces spontanées. Loret dit quelque part (2) que les travaux de Delile, de Godron, de Cosson, de Lespinasse et Théveneau ont rendu à la botanique de l'Hérault un service signalé, en permettant de distinguer plus sürement la végétation spontanée de celle que l'industrie a introduite. Parmiles plantes adventices, il en est qui ne se montrent qu'une seule fois et ne reparaissent plus; d'autres persistent avec opinià- treté dans la même localité et s’y reproduisent plus ou moins longtemps; d'autres enfin se multiplient abondamment en s'éloi- (1) Voy. Ch. Flahault, Distribution géographique des végétaux dans un Coin du Languedoc (1893), p. 161. (2) Flore Montp., édit. 2, Introduction, p. x. 102 SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1804. gnant des lieux qui les ont vues naitre. Elles peuvent donc, comme Delile et Touchy l'ont indiqué, étre rapportées à trois catégories : 1° Plantes n'apparaissant que d'une manière transitoire et se ressemant rarement d'elles-mêmes; 2 plantes acclimatées ; 9" plantes réellement naturalisées. La première catégorie com- prend la majeure partie des espéces et se compose surtout de plantes annuelles; les derniéres sont en trés petit nombre. « Les espèces, dit M. Flahault (1), réellement naturalisées en Europe depuis quatre siècles, sont peu nombreuses; nous n'en avons guére qu'une quinzaine aux environs de Montpellier, malgré les condi- tions variées et, suivant toute apparence, favorables aux naturali- sations qu'offre le pays qui nous entoure. » L'examen d'un autre fait non moins intéressant, et qui trouve ici son application, conduit à la même conclusion. Nous voulons parler des semis intentionnels. A Montpellier, on a tenté, à di- verses époques, d'accroitre par la naturalisation le nombre des espéces indigénes. « On sait, dit Loret (2), combien cette regret- table manie des semis a eu ici de partisans depuis Nissole, l'un de nos premiers semeurs, jusqu'au professeur Delile. Nissole semait indifféremment, dans les lieux où il faisait ses promenades, les graines qu'il recevait de ses correspondants et, pendant une grande disette occasionnée par le rude hiver de 1709, il répandit également partout les criblures des grains qu'on faisait venir d'Orient. Delile, un siècle plus tard, avait fait choix de quelques localités chaudes oü se naturalisaient, croyait-il, les plantes étrangéres. Moquin-Tandon, en 1827, sema beaucoup aussi; mais personne peut-être n'égala dans ce funeste exercice Amoreux et Gouan, Gouan surtout, qui sema ainsi, d'aprés une note inédite de De Candolle et comme ses propres listes de semis en font foi, plus de 800 espèces. Presque tout cela a disparu, tant sont diffi- ciles les naturalisations! » Dés 1859, Cosson avait fait la méme remarque pour les plantes du Port-Juvénal. « Malgré l'introduction répétée des mémes graines, dit-il (3), un bien petit nombre d'espéces seulement se sont réellement naturalisées dans les carrés du Port-Juvénal, et (1) Loc. cit., p. 164. (2) Introduet. Fl. Montp., édit. 2, p. ix. (3) Appendiz Flor. juven., in Bull. Soc. bot. de Fr. VI, 608. COSTE ET SENNEN. — PLANTES ADVENTICES. 103 ce sont surtout des espéces rudérales ou des plantes rustiques. L'étude de la flore juvénalienne est venue confirmer le résultat de nos études antérieures et nous démontrer que les introductions accidentelles de graines, si ce n'est toutefois celles qui ont lieu dans des terrains meubles, tels que les moissons ou les prairies artificielles, ne peuvent modifier que bien peu la végétation géné- rale du pays où elles se produisent. » Les étendages du Port- Juvénal ne fonctionnant plus depuis plusieurs années, la plupart des espéces qui y avaient été introduites ont disparu successive- ment, chassées par la végétation autochtone. Au Jardin des Plantes, M. Flahault signalait cette année 57 espéces acclimatées et envahis- santes : elles ont remplacé les 24 Phanérogames que Ch. Martins y signalait, en 1856, comme naturalisées et qui ont cessé toutes, sans exception, de s'y reproduire spontanément; et elles peuvent disparaître à leur tour de la méme manière (1). Il en est ou il en sera de méme dans les autres localités où des plantes étrangères ont été signalées et où elles se maintiennent parfois pendant quelques années. Quoi qu'il en soit, il est toujours intéressant de constater la pré- sence et de suivre, dans un pays, le développement des plantes adventices. Cette végétation accidentelle, dit Godron (2), vient également nous faire connaitre, d'une maniére positive, quels sont les lieux d’où proviennent originairement les laines, trans- formées ensuite en drap dans nos fabriques. Il est méme possible d'établir approximativement quels sont les pays étrangers qui en importent le plus chez nous, puisque ce sont vraisemblablement ceux qui fournissent le contingent le plus eonsidérable de plantes exotiques. C'est ainsi qu'une question botanique permet de ré- soudre une question commerciale. II. Liste des plantes adventices (3). Papaver somniferum L. — Originaire de Perse. — Hérépian, 15 juin. — RR. (1) Voy. Ch. Flahault, Distribution géographique des végétaux dans un coin du Languedoc, pp. 162-163. (2) Florula juvenalis, p. 41. . (3) La plupart ont été déterminées à Paris par nos savants confrères MM. Malinvaud et Franchet. Nous sommes redevables à M. Franchet de la dé- 104 SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1894. Arabis verna R. Br. — Région méditerranéenne. — Hérépian, 19 aoüt. — RR. Iberis pandureformis Pourr. — Cévennes et Corbières. Descendu du Larzac. — Hérépian, 24 octobre. — RR. Lepidium virginicum L. — Amérique du Nord. Introduit d'abord au lazaret de Bayonne avec le lest des navires, il est aujour- d'hui connu dans les Basses-Pyrénées, les Landes, la Gironde, la Dordogne, ete. — Bédarieux, 14 juin. — R. L. ruderale L. — Plante francaise, mais adventice dans la vallée de l'Orb. — Bédarieux, 14 juin. — R. Senebiera didyma Pers. (S. pinnatifida DC.; Godr. Fl. juv., 60; Lespinasse et Théveneau in Bull. Soc. bot. Fr. VI, 652). — Amérique septentrionale. S'est développé aux environs de presque toutes nos villes maritimes, d’où il a pénétré dans l'intérieur des terres. Assez répandu dans les Basses-Pyré- nées, les Landes, la Gironde, il existe aussi en Bretagne, à Versailles, Montauban, Toulon, Montpellier et ailleurs. — Bédarieux et Hérépian, 14 et 15 juin. — AC. Spergularia diandra Heldr. — Région méditerranéenne. — Héré- pian, 15 juin. — RR. Medicago laciniata All.; Godr. Fl. juv., 74; Lespin. et Thév., loc. cit., 693. — Région méditerranéenne. Indiqué par la Flore de France à Montpellier, à Toulon et en Corse. — Hérépian, 15 juin. — RR. M. lappacea Lamk. — Région méditerranéenne. — Bédarieux et Hérépian, 14 et 15 juin. — AC. termination des espèces suivantes : Lythrum lineare, Tagetes glandulifera, Xanthium catharticum, Petunia parviflora, Amarantus paniculatus, Se- taria imberbis, Eleusine indica, Chloris truncata, Deyeuxia Forsteri, Stipa {ormicarum. Nos excellents amis de Montpellier, MM. Daveau et Mandon, ont aussi prété à l'un de nous le concours le plus empressé pour découvrir le nom de quelques espèces récalcitrantes, telles que : Paronychia bonariensis, Aster lgvigatus, Matricaria aurea, Pulicaria arabica, Centaurea diluta et C. americana, Rumex Brownii, Elymus Delileanus, Hordeum Winkleri et H. pusillum. Nons avons la douce satisfaction de reconnaitre ici le service qu'ils nous ont rendu et de leur offrir, aux uns et aux autres, nos plus vifs remerciments. COSTE ET. SENNEN. — PLANTES ADVENTICES. 105 M. pentacycla DC. — Région méditerranéenne. — Bédarieux et Hérépian, 14-15 juin, 18 août. — R. Melilotus sulcata Desf. — Région méditerranéenne. — Héré- pian, 15 juin. — RR. (Enothera biennis L. — Amérique du Nord. — Hérépian, 15 juin. — R. Jussiea grandiflora Michx; Godr. Fl. juv., 78 (J. repens L. var. major Martins). — Amérique septentrionale. Naturalisé dans le Lez à Montpellier, aux bords de l’Orb à Béziers, dans une branche du Rhóne, à Vallabrégues (Gard). — Bédarieux et Hérépian, juin, aoüt, octobre. — CC. Lythrum lineare L., à feuilles et fleurs alternes. Une forme ana- logue a été observée à Vera-Cruz par Gouin (Franchet). — Amérique du Nord. — Hérépian, 19 aoüt. — RR. Paronychia bonariensis DC. — Bédarieux, 18 août. — RR. P. argentea Lamk. — Région méditerranéenne. — Hérépian, 15 juin. — RR. P. polygonifolia DC. — Hautes montagnes de France. Descendu des Cévennes. — Bédarieux, 14 juin. — RR. Daucus aureus Desf.; Godr. Fl. juv., 79; Gren. Fl. massil,. 30: Lesp. et Thév., loc. cit., 654. — Espagne, Sicile, Algérie. — Bédarieux et Hérépian, 14 et 15 juin. — R. Bitora radians Bieb. — Région méditerranéenne et Orient. — Hérépian, 15 juin. — RR. Coriandrum sativum L. — Originaire d'Italie. — Bédarieux, 14 juin. — RR. Anethum graveolens L. — Originaire d'Espagne. — Bédarieux, 14 juin. — RR. Bupleurum Odontites L.; Godr. Fl. juv., 79. — Région médi- terranéenne et Orient. — Bédarieux, 14 juin. — RR. Ammi majus L. — Midi et ouest de la France. — Hérépian, 15 juin. — RR. A. Visnaga Lamk. — Midi et ouest de la France. — Bédarieux et Hérépian, 18 et 19 août. — AR. Galium setaceum Lamk; Cosson in Bull. Soc. bot. Fr. VI, 611. 106 SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1894. — Région méditerranéenne. Indiqué en Provence, dans plusieurs localités, par la Flore de France et dans l'Hérault, à Roquebrun, par la Flore de Montpellier. — Bédarieux, 14 juin. — RR. Crucianella latifolia L. — Région méditerranéenne. — Béda- rieux, 18 août. — RR. Fedia Cornucopiæ Gærtn. — Région méditerranéenne. — Héré- pian, 15 juin. — RR. Erigeron canadensis L. — Amérique boréale. — Bédarieux et Hérépian, juin, aoüt, octobre. — AC. Aster levigatus Willd. — Amérique boréale. — Vallée de la Mare au-dessus d'Hérépian, octobre 1888. — RR. Artemisia annua L. — Sibérie orientale. Végéte abondamment à Marseille, à Aix, au Jardin des Plantes de Montpellier, etc. — Bédarieux et Hérépian, 24 octobre. — R. A. Verlotorum Lamotte in Mém. Assoc. fr., Congr. Clermont- Ferrand (1876), 511, et Prodr., 400. — Patrie inconnue. Aujourd'hui naturalisé dans plusieurs départements du Centre (Allier, Puy-de-Dôme, Cantal, Aveyron, etc.). — Béda- rieux, 24 octobre. — AR. Chrysanthemum Myconis L. — Région méditerranéenne. Ré- cemment indiqué à Pérols (Hérault) par M. Mandon. — Hérépian, 15 juin. — RR. Matricaria aurea L. (sub Cotula). — Égypte. — Bédarieux, 14 juin. — RR. Anthemis mixta L. — France méridionale et occidentale. — Hérépian, 15 juin. — RR. Anacyclus clavatus Pers., forme gréle présentant le méme involucre que certains échantillons du Maroc. — Région méditerranéenne. — Hérépian, 15 juin. — RR. A. radiatus Lois. — Région méditerranéenne. — Hérépian, 15 juin. — RR. Bidens bipinnata L. — Amérique septentrionale. Depuis long- temps naturalisé en Provence et en Languedoc ; indiqué à Grammont, prés Montpellier, par Gouan, dés 1762. — Hérépian, 24 octobre. — RR. COSTE ET SENNEN. — PLANTES ADVENTICES. 107 Tagetes glandulifera Schrank. — Amérique méridionale. Trouvé en abondance au bord du Rhône, près de Beaucaire, par de Pouzolz, en 1832 (Fl. Gard, I, 544). — Bédarieux, 94 oc- tobre. — RR. Pulicaria arabica Cass. — Bédarieux, 18 aoüt. — RR. Calendula Crista-galli Viv. — Hérépian, 15 juin. — RR. Centaurea diffusa Lamk; Godr. Fl. juv., 83. — Asie Mineure et Archipel. — Bédarieux, 18 aoüt. — C. C. diluta Ait. — Maroc. — Hérépian, 19 aoùt. — RR. C. americana Spreng. — Chili. — Bédarieux, 15 juin. — RR. Microlonchus Clusii Spach. — Région méditerranéenne. — Hérépian, 15 juin. — RR. Hedypnois polymorpha DC. — Région méditerranéenne. — Hérépian, 15 juin. — R. Sonchus tenerrimus L. — Région méditerranéenne. — Héré- pian, 15 juin. — R. Xanthium catharticum Humb. Bonpl. et Kunth Nov. gen. am. IV, 274. — Amérique méridionale. — Hérépian, 19 août. — hh. | X. spinosum L. — Afrique septentrionale, d’après Godron. Introduit d'abord en Portugal, il se naturalisa à Montpellier entre l'époque de Magnol et celle de Gouan (1700-1763), d’après Loret. — Bédarieux et Hérépian, 24 octobre. — CC. X. macrocarpum DC. — Amérique. — Bédarieux et Hérépian, 24 octobre. — AR. Petunia parviflora Juss. olim (Leptophragma montevidensis Juss. postea). — Amérique méridionale, depuis l'Arizona jusqu'à Montevideo. — Hérépian, 15 juin et 19 aoüt. — RR. P. violacea. — Forme horticole, échappée de quelque jardin, bien distincte de la plante spontanée. — Hérépian, 19 août. — RR. Bartsia Trixago L. — France méridionale et occidentale. — Bédarieux, 14 juin. — RR. Plantago Lagopus L. — Région méditerranéenne. — Hérépian, 45 juin. — RR. 108 SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1894. Euxolus deflexus Rafin. var. rufescens Godr. Fl. juv., 102; Lespinasse et Thév. in Bull. Soc. bot. Fr. VI, 657. — Cette variété diffère du type par sa panicule roussátre ou rougeâtre. Godron dit l'avoir reçue d'Alger par l'intermédiaire de son ami Kremer. — Bédarieux, juin, aoüt. — C. E. crispus Lespinasse et Théveneau, loc. cit., 656; Cosson, A ppend Fl. juv., ibid., 614. — Patrie inconnue. — Béda- rieux, 15 septembre 1892. — RR. Amarantus albus L. — Amérique septentrionale. — Bédarieux et Hérépian, 24 octobre. — AC. A. paniculatus L.; Godr. Fl. juv., 102. — Patrie inconnue. Répandu aujourd'hui en divers pays, il affecte des formes très nombreuses. — Hérépian, 24 octobre. — hh. Atriplex microtheca Moq.; Lespinasse et Thév., loc. cit., 657. — Sibérie? — Bédarieux et Hérépian, 18 et 19 août. — AR. Chenepodium ambrosioides L.; Godr. Fl. juv., 103. — Proba- blement originaire d'Amérique, aujourd'hui cosmopolite. — Dédarieux et Hérépian, 18 et 19 aoüt, 24 octobre. — AC. C. anthelminticum L. — Occupe, sur les rives du Lez à Mont- pellier, une étendue de 2 kilométres et se reproduit spon- tanément au Jardin des Plantes. — Bédarieux et Hérépian, 18 et 19 aoüt, 24 octobre. — C. Roubieva multifida Moq. Chen., 42; Godr. Fl. juv., 103. — Amérique méridionale. — Bédarieux, 14 juin, 48 août. — AC. Salsola Kali L., type. — Rivages de la Méditerranée et de l'Océan. — Bédarieux et Hérépian, 24 octobre. — R. Rumex Brownii Camp. (R. Brownianus Schult.). — Nouvelle- Hollande. — Bédarieux, 18 aoüt. — RR. Cyperus vegetus Willd. — Amérique méridionale. Naturalisé dans les Basses- Pyrénées, les Landes, la Gironde, à Béziers, etc. — Bédarieux et Hérépian, 18 et 19 août, 24 octobre. — R. Phalaris canariensis L. — Originaire de l'Inde. Répandu aujour- d'hui dans toute la région méditerranéenne; on commenca à le cultiver en grand à Montpellier en 1807. — Bédarieux et Hérépian, 14 et 15 juin. — R. COSTE ET SENNEN. — PLANTES ADVENTICES. 109 P. paradoxa L.; Godr. Fl. juv., 105. — Régions méditerra- néenne et océanique. — Hérépian, 15 juin. — RR. P. cerulescens Desf.; Godr. Fl. juv., 105. — Région médi- terranéenne. — Bédarieux, 14 juin. — RR. Setaria imberbis Trin. — Bédarieux, 18 août. — RR. Panicum vaginatum Kunth (P. Digitaria Laterr.). — Amé- rique septentrionale. Se répand de plus en plus dans l'Ouest et le Midi : Basses-Pyrénées, Landes, Gironde, Charente-In- férieure, Toulouse, Béziers, Paulhan, etc. — Bédarieux et Hérépian, 23 octobre. — CC. Eleusine indica Gærtn. — Bédarieux, 18 août. — RR. Chloris truncata A. Br. — Australie. — Bédarieux, 18 août. — RR. Sorghum halepense Pers. — Originaire d'Orient. Répandu sur plusieurs points de l'Hérault, du Gard, ete. — Hérépian, 19 août, 24 octobre. — RR. Agrostis capillaris Desf. ; A. alba var. Fontanesii Coss. et Dur. Fl. Alg., 64, et Cosson in Bull. Soc. bot. Fr. VI, 614. — Espagne, Portugal, Algérie. — Bédarieux, 18 août. — RR. Deyeuxia Forsteri Kunth. — Voisin du genre Agrostis, le genre Deyeuxia est considéré par quelques agrostologistes comme section du genre Calamagrostis. — Bédarieux, 18 août. — RR. Sporobolus tenacissimus P. B.; Godr. Fl. juv., 111. — Amé- rique du Nord. Signalé en Catalogne, près de Rosas, en 1853, par Bubani; aujourd'hui naturalisé et abondant à- Bayonne. — Bédarieux et Hérépian, 18 et 19 août. — C. Polypogon monspeliensis Desf. — Régions méditerranéenne et océanique. — Bédarieux et Hérépian, juin, août. — AC. P. maritimus Willd. — Ibid. P. littoralis Smith. — Ibid. Lagurus ovatus L. — Bords de la Méditerranée et de l'Océan. — Bédarieux, 14 juin. — RR. | Milium multiflorum Cav. — Région méditerranéenne. — Héré- pian, 19 août. — RR. 110 SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1894. Stipa formicarum Delile, Index sem. hort. Monsp. (1849), 7; Godr. Fl. juv., 108. — Amérique méridionale. Trés voisin du S. hyalina Nees de Montevideo et du Drésil, il n'en est trés probablement qu'une forme; ses feuilles deviennent presque planes par la culture (Franchet). — Bédarieux, 18 aoüt, — RR. S. papposa Nees, Agrost. brasil. (1829); Del. Ind. sem. hort. Monsp. (1849), 7; Godr. Fl. juv., 109. — Chili et Brésil. Delile, ignorant, en 1849, que cette plante était le S. papposa Nees, l'appela aussi (singuliére coincidence !) S. papposa ! — Hérépian, 19 août. — RR. Avena tenuis Monch. — France. Descendu des Cévennes. — Bédarieux, 14 juin. — RR. Trisetum neglectum Rom. et Sch.; Godr. Fl. juv., 111. — Ré- gion méditerranéenne. — Bédarieux et Hérépian, 14 et 15 juin. — R. Kæleria villosa Pers. — Région méditerranéenne. — Bédarieux, 14 juin. — RR. Schismus marginatus P. D.; Godr. Fl. jwv., 111. — Région méditerranéenne. — Bédarieux, 44 juin. — RR. Lamarckia aurea Mænch; Godr. Fl. juv., 112. — Région médi- terranéenne. — Bédarieux, 14 juin. — RR. Vulpia geniculata Link; Festuca geniculata Willd. Enum., 118; Godr. Fl. juv., 112. — Région méditerranéenne. — Béda- rieux et Hérépian, 14 et 45 juin, 18 et 19 août. — AC. Bromus Schraderi Kunth. — Amérique. — Bédarieux, 18 aoüt. — RR. Elymus Delileanus Schult. Mant. Il, 424; Cosson in Bull. Soc. bot. Fr. VI, 615; E. geniculatus Delile FI. Egypt., 30, t. 13. Égypte, Palestine, Syrie, Perse. Trouvé au Port- Juvénal, en 1857, par Durieu de Maisonneuve et Touchy, et près de Mar- seille, par Blaise et Roux. — Bédarieux, 14 juin. — RR. Hordeum maritimum With. — Bords de l'Océan et de la Médi- terranée. — Bédarieux et Hérépian, 14 et 15 juin. — R. H. Winkleri Hackel (H. Gussoneamum Parl.) — Bédarieux, 14 juin. — RR. COSTE ET SENNEN. — PLANTES ADVENTICES. 111 H. pusillum Nutt. Gen. I, 87; Kunth Enum. I, 457; Cosson in Bull. Soc. bot. Fr. VI, 615; H. fragile Godr. Fl. juv., éd. 1, 47, et éd. 2, 114. — Hérépian, 19 aoüt. — RR. Triticum villosum P. D. (Secale villosum L.). — Région méditer- ranéenne. — Répandu cà et là dans l'Hérault : d'abord trouvé au Port-Juvénal, puis au bois de Lamoure, il a été observé plus tard, au Mas de l'Estelle, prés Pérols, à Pézenas, à Béziers. — Bédarieux, 14 juin. — RR. T. monococcum L.; Godr. Fl. juv., 113. — Grèce et Asie Mi- neure. Naturalisé depuis longtemps à Saint-Martin-de- Londres et à Pézenas. — Bédarieux, 14 juin. — RR. Brachypodium distachyon P. D. — Régions méditerranéenne et océanique. — Bédarieux et Hérépian, juin. — AR. Lepturus incurvatus Trin. — Cótes de la Méditerranée et de l'Océan. — Hérépian, 19 août. — RR. Psilurus nardoides Trin. — Région méditerranéenne. — Héré- pian, 19 août. — RR. L'énumération précédente comprend 98 plantes adventices. Parmi elles 17 nous paraissent définitivement naturalisées dans la vallée de l'Orb; ce sont : Senebiera didyma, Medicago lappacea, Œnothera biennis, Jussiæa grandiflora, Erigeron canadensis, Artemisia Verlotorum, Xanthium spinosum et X. macrocarpum, Euxolus deflexus var. rufescens, Amarantus albus, Atriplex mi- crolheca, Chenopodium ambrosioides et Ch. anthelminticum, Panicum vaginatum, Sporobolus tenacissimus, Polypogon mons- peliensis et P. littoralis. 10 sont acclimatées et se reproduisent plus ou moins abondamment, mais sans s'éloigner beaucoup de leurs stations : Lepidium ruderale et virginicum, Ammi Vis- naga, Artemisia annua, Centaurea diffusa, Roubieva multifida, Cyperus vegetus, Sorghum halepense, Trisetum neglectum, Vulpia geniculata. Les autres, au nombre de 71, sont trés rares et n'ont aucune tendance à se maintenir aux environs de Bédarieux et d'Hérépian. Parmi les 98 espèces, 24 ont été indiquées au Port-Juvénal par Godron, Florula juvenalis, éd. 2 (1854) : Senebiera didyma, Medicago laciniata, Jussiæa grandiflora, Daucus aureus, Bupleu- rum Odontites, Erigeron canadensis, Chrysanthemum Myconis, 112 SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1894. Centaurea diffusa, Amarantus deflexus var. rufescens, A maran- tus paniculatus, Chenopodium ambrosioides, Roubieva multifida, Phalaris canariensis, Ph. cærulescens et Ph. paradoxa, Stipa formicarum et St. papposa, Sporobolus tenacissimus, Trisetum neglectum, Schismus marginatus, Lamarckia aurea, Vulpia geni- culata, Hordeum pusillum, Triticum monococcum. 5 figurent dans l’Appendix Flor. juv. publié par Cosson dans le Bull. Soc. bot. Fr. VI (1859), 605-615 : Galium setaceum, Euxo- lus crispus, Agrostis capillaris, Elymus Delileanus, Hordeum pu- sillum. 8 se trouvent sur la liste des plantes adventices observées à Agde et à Bessan par Lespinasse et Théveneau (Bull. Soc. bot. Fr. VI, 648-658) : Senebiera didyma, Medicago laciniata, Daucus aureus, Euxolus deflexus var. rufescens, E. crispus, A triplex microtheca, Phalaris cærulescens, Schismus marginatus. 5 enfin font partie des 57 espèces acclimatées au Jardin des Plantes de Montpellier, d’après M. Flahault (Distribution géogra- phique des végétaux, etc., p. 162) : Senebiera didyma, Œnothera biennis, Artemisia annua, Chenopodium anthelminticum, Rou- bieva multifida. A un autre point de vue, 50 de nos 98 espèces sont inscrites par Loret et Barrandon dans la Flore de Montpellier : Arabis verna, Lepidium ruderale, Senebiera didyma, Medicago lappacea, M. pentacycla, Melilotus sulcata, Œnothera biennis, Jussiæa grandiflora, Paronychia argentea, P. polygonifolia, Bifora ra- dians, Anethum graveolens, Ammi majus, A. Visnaga, Galium setaceum, Crucianella latifolia, Erigeron canadensis, Anthemis mixta, Anacyclus clavatus, A. radiatus, Bidens bipinnata, Micro- lonchus Clusii, Hedypnois polymorpha, Sonchus tenerrimus, Xan- thium spinosum, X. macrocarpum, Bartsia Trixago, Plantago Lagopus, Amarantus albus, Atriplex microtheca, Chenopodium ambrosioides, Salsola Kali, Phalaris canariensis, Ph. paradoxa, Ph. cærulescens, Panicum vaginatum, Sorghum halepense, Poly- pogon monspeliensis, P. maritimus, P. littoralis, Lagurus ovatus, Milium multiflorum, Avena tenuis, Kæleria villosa, Hordeum maritimum, Triticum villosum, T. monococcum, Brachypodium distachyon, Lepturus incurvatus, Psilurus nardoides. La Flore de France de Grenier et Godron décrit ces 50 espèces, à l'exception du Jussiæa grandiflora, et de plus les 10 suivantes : COSTE ET SENNEN. — PLANTES ADVENTICES. 113 Papaver somniferum, Lepidium virginicum, Medicago laciniata, Coriandrum sativum, Chrysanthemum Myconis, Roubieva multi- fida, Trisetum neglectum, Schismus marginatus, Lamarckia aurea, Vulpia geniculata. Signalons, en terminant, une dizaine de plantes adventices observées par nous dans ces derniers temps en divers points du territoire de l'Hérault : Delphinium Ajacis L. — Béziers, Saint-Amans-de-Mounis, etc. Rapistrum Linneanum Boiss. et Reut. Diagn. pl. Hisp., 5. — Plante d'Espagne et d'Algérie. — Champs aux environs de Béziers, mai 1890-91-99. Hypericum hircinum L. — Signalé depuis longtemps dans les Basses-Pyrénées, la Gironde et en Corse. — Vallée de la Mare au-dessus d'Andabre, 10 août 1890. Melilotus infesta Guss. — Béziers, dans un champ de fourrage, mai 1891. , Mesembryanthemum cristallinum L. — Introduit dans l'Hérault avec le lest des navires et déjà signalé par M. Flahault (Distri- bution, etc., p. 160). — Cette, prés du fort Saint-Pierre, au pied des murs. Anacyclus valentinus L.; Cosson, Appendix Flor. jw. altera in Bull. Soc. bot. Fr. XI, 161. — Roussillon, Espagne, Algérie. — Béziers, moissons, mai 1890. Crupina Morisii Bor. Fl. centr., éd. 2, t. II, 992; Godr. F1. juv. 83; C. Crupinastrum Vis. — Région méditerranéenne. — Béziers, champs de fourrage, mai 1890. Omphalodes linifolia Mœnch. — Montpellier, la Colombière, moissons, en abondance, mai 1893. Lippia nodiflora Rich. ap. Michx Fl. bor. amér. II, 15; L. re- pens Spreng. Syst. II, 752. — Naturalisé en Provence et en Roussillon. — Béziers, en diverses localités, 1890-91-92. Phytolacca decandra L. — Originaire de l'Amérique septentrio- nale; naturalisé dans le sud-ouest de la France. — Béziers et Agde, septembre 1890 et 1892. T. XLI. (SÉANCES) 8 414 SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1894 M. Mesnard fait la communication suivante : RECHERCHES SUR LA LOCALISATION DES HUILES GRASSES PENDANT LA FORMATION DES GRAINES ET DES FRUITS, par M. Eugène MESNARD). Dans une séance précédente, le 13 janvier 1893, j'ai fait con- naître à la Société le résumé de mes recherches sur les Transfor- mations que subissent les matières grasses pendant la germination des graines. Į] me restait à déterminer quelles sont les différentes circonstances qui président à la formation de ces mémes matiéres grasses dans les graines et dans les fruits. Ce sont les conclusions de ce second travail, suite logique du premier, que je désire com- muniquer aujourd'hui. . Quelques renseignements ont déjà été fournis sur ce sujet par les auteurs qui ont examiné, soit les transformations subies par la chlorophylle à diverses époques de la vie de la plante, soit les modifications chimiques des matiéres sucrées dans les fruits. En 1850, S. Morot démontre que la chlorophylle est toujours accompagnée de matiéres grasses. En 1861, S. de Luca constate que la mannite, substance sucrée abondante dans les feuilles et les jeunes fruits de l'Olivier, diminue au fur et à mesure que l'huile s’élabore dans la pulpe de l'olive. Il en conclut naturellement que la production de la matière grasse est intimement liée à la présence de la mannite dans les tissus. À la méme époque, Buignet étudie les transformations que subissent les matiéres sucrées de la pulpe des fruits, mais il ne s'occupe pas de la formation de l'huile. Plus récemment, en 1886, M. Müntz étudie la maturation des graines sur le Blé, le Mais et le Colza, mais en se bornant égale- ment à l'étude des sucres. Il constate pourtant que les matiéres grasses se déposent trés rapidement dans les tissus, un peu avant la maturité, et il admet que les hydrates de carbone, notamment le glucose, renfermé à cette époque dans la graine et dans la silique du Colza, sont les matières premières qui peuvent fournir les substances grasses mises en réserve. J'ai repris cette étude du mode de formation des huiles dans MESNARD. — SUR LA LOCALISATION DES HUILES GRASSES. 115 les graines et dans les fruits en employant les procédés microchi- miques que j'ai déjà fait connaitre précédemment. Mes recherches ont porté sur un certain nombre de graines et de fruits variés, dont il suffira de choisir quelques exemples. I. GRAINES OLÉAGINEUSES PROPREMENT DITES. 1° Ricin. — Si l’on examine un tout jeune fruit de Ricin (Rici- nus communis), de 2 à 3 millimètres de diamètre, par exemple, on ne trouve nulle part ni amidon, ni sucre, ni gouttelettes d'huile. Tous les tissus de ce fruit renferment un produit, du groupe des tannoides, qui se colore en vert par le perchlorure de fer et se teinte en jaune trouble par les vapeurs d'acide chlorhydrique et aprés le traitement par l'acéto-tungstate de soude. L'albumen n'est pas encore formé. Quinze jours plus tard, les enveloppes de la graine sont trés nettement différenciées et faciles à distinguer les unes des autres. Le composé tannoide s'est modifié et a acquis les propriétés réductrices des glucoses. Ce moment semble coincider avec la formation des parois cellulosiques dans les différents tissus. On peut méme constater l'existence d'un peu d'amidon dans la zone moyenne des téguments, formée de cellules arrondies et vides, en apparence, de tout contenu cellulaire. Aprés la disparition de la matiére amylacée, les cellules de cette zone moyenne ne renferment plus que de l'air. C'est là un fait trés répandu et signalé par Sachs. Les cellules de l'albumen se différencient à leur tour et ren- ferment de trés fines granulations de nature albuminoide. Lorsque la période de maturation compléte est arrivée, les tissus subissent une dessiccation énergique qui provoque la formation des grains d'aleurone. L'apparition de l'huile est trés tardive; elle ne peut être révélée qu'aprés l'arrivée des matières albumi- noides de réserve qui vont former les cristalloides dans les grains d'aleurone, et l'on serait méme tenté de croire que ces matières azotées éprouvent une sorte de dédoublement pour donner les matiéres grasses. 2^ Noiz. — Le Noyer (Juglans regia) renferme abondamment, dans toutes ses parties, un tanin qui prend une coloration brun 116 SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1894. chocolat trés foncé par les réactifs. Un produit analogue se ren- contre, au moment de la formation de la drupe, dans les tissus qui doivent donner naissance à l'épicarpe (brou de noix), à l'enve- loppe scléreuse et aux cloisons de l'amande. Les tanins servent donc à l'élaboration des parenchymes ligneux et scléreux; mais, avant que ces transformations s'effectuent, on constate toujours la réduction de la liqueur de Fehling dans les cellules qui ren- ferment ces produits. Les réserves se forment sans qu'il y ait jamais production d'amidon. Comme précédemment, les huiles deviennent visibles dés que les matiéres albuminoides se sont déposées dans les cellules de l'albumen. II. GRAINES A LA FOIS OLÉAGINEUSES ET AMYLACÉES. Marrons d'Inde. — A maturité, on trouve dans les cellules de l'embryon du Marronnier (Æsculus Hippocastanum) de l'amidon en abondance avec une certaine quantité d'huile qui peut s'clever à 5 pour 100. 1l importe de noter l'absence des matières albumi- noides de réserve dans les mémes tissus. Le Marronnier produit un tanin (1) colorable en rouge acajou clair par l'acide chlorhydrique et que l'on retrouve dans les tissus du jeune fruit. Cette substance contribue à la formation des enve- loppes du fruit et de la graine; elle peut méme envahir les cellules de l'embryon et servir à l'élaboration d'un autre composé, l'iso- dulcile, glucoside réducteur, que l'on retrouve dans la graine müre et qui posséde une coloration jaune verdátre susceptible de s'accentuer par les réactifs. L'amidon se dépose quelque temps aprés. L'huile n'a pas ici son cortége habituel de matiéres albuminoides ; elle résulte probable- ment de la transformation de l'isodulcite. On ne peut en recon- naitre la présence, dans les cellules de l'embryon, qu'au moment de la maturation, c'est-à-dire vers la fin d’août. (4) Acide æsculitannique (Vorlaufnoliz. üb. d. Gerbstof. d. Æsculus Hip- pocastanum. Rochleder, 1864). MESNARD. — SUR LA LOCALISATION DES HUILES GRASSES. 117 III. FRUIT RENFERMANT DE L'HUILE GRASSE DANS LA PULPE ET DANS LE NOYAU. Olive. — Le péricarpe de la drupe de l'Olivier (Oleus euro- peus) produit une huile estimée. Le noyau de cette drupe ren- ferme une amande oléagineuse analogue à celle des autres fruits (péche, abricot, prune, etc.). Au début de sa formation, la jeune olive présente un proto- plasma chlorophyllien trés abondant avec une large cavité au centre. À ce stade, on trouve de l'huile dans presque toutes les cellules; il n'y a pas de tanin. La liqueur de Fehling n'est pas réduite; mais on sait, depuis les recherches de Luca, qu'il existe dans les cellules en méme temps que la chlorophylle une matiére sucrée, la mannite, trés répandue dans les feuilles et dans les tiges, et qui, au moment de la maturation, semble se transformer en huile grasse. Dans le mésocarpe, il se produit des cellules scléreuses tendant à isoler la pulpe de la cavité de l'albumen. L'huile qui se trouve sur l'emplacement de cette formation disparaît et fonctionne comme substance de réserve. La formation de l'albumen rentre dans le cas général. L'huile . n'apparait que vers la fin du développement de l'olive, aprés la mise en réserve des substances azotées. Nous avons donc ici deux cas à considérer : 1* Production d'huile se faisant indépendamment des matiéres albuminoides dans le tissu trés jeune de la pulpe; 2° Formation d'huile susceptible d'être révélée, comme d'ordi- naire à la maturité, aprés le dépót des substances albuminoides. IV. FRUITS A PULPE CHARNUE ET A GRAINES OLÉAGINEUSES. Les Tomates (Lycopersicum), les fruits de Solanum tuberosum et de Solanum nigrum élaborent les réserves de leurs graines au milieu d'une pulpe charnue, d'abord trés riche en chlorophylle. L'huile que l'on rencontre dans ces graines se colore par le réactif et prend une teinte jaune verdátre trés probablement due à un alcaloide de la pulpe. 118 SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1894, Les pépins de Poire, de Pomme, de Raisin renferment égale- ment de l'huile; on en trouve encore dans les amandes de Péche, d'Abricot, de Prune. Dans ces différents cas, la matiére grasse n'apparait que trés tard, en méme temps que les matiéres albu- minoides, et sa formation reste indépendante de celle des tanins et des glucosides qui donnent naissance à la partie ligneuse du noyau ou aux réserves sucrées de la pulpe. V. GRAINES RENFERMANT DES RÉSERVES OLÉAGINEUSES ET DES RÉSERVES AMYLACÉES SÉPARÉES. Dans ce groupe, j'étudie quelques types de Graminées (Blé, Seigle, Orge, Mais, etc.), qui sont, comme je l'ai démontré, de vé- ritables graines oléagineuses pourvues d'un albumen amylacé. On sait, d'aprés les analyses de M. Müntz, que la synanthrose, substance trés analogue au lévulose des Synanthérées, est trés abon- dante au début de la formation de ces graines et qu'elle se trans- forme peu à peu en glucose et en sucre. Il n'a pas été fait de recherches analogues sur la production des matières grasses dans les mémes grains. Blé. — L’ovaire d'un jeune grain de Blé renferme de l'amidon dans toutes ses cellules. Au centre, on apercoit la cavité de l'albu- men, vide encore à cet âge et entourée par une assise spéciale de cellules renfermant de la chlorophylle. Les matières albuminoides arrivent par les vaisseaux, pénètrent dans la cavité en formant une sorte de cordon adossé au sillon latéral du grain de Dlé et, de là, s'épanouissent en donnant d'abord l'assise à gluten, puis le réticulum protoplasmique des cellules de l'albumen. L'amidon de l'ovaire préalablement transformé en glucose dis- parait peu à peu en même temps que des grains abondants de la méme substance se déposent dans l'albumen. L'embryon se produit en quelque sorte d'une manière isolée à l'extrémité de la cavité ; il remplit peu à peu ses cellules de ma- tiéres albuminoides et de matière grasse suivant la loi générale. Dans le cours du développement, la chlorophylle dont j'ai parlé subit une sorte de transformation huileuse analogue à celle qui produit les essences dans certaines fleurs et pénétre, au moins en MESNARD. — SUR LA LOCALISATION DES HUILES GRASSES. 119 partie, dans l'embryon. Il s'agit probablement de la céréaline de Mége-Mouriés, susceptible, d'aprés Luca, de communiquer à la farine son odeur particulière. On fait des observations analogues en étudiant le grain de Seigle, d'Orge, d'Avoine, etc. Dans le Mais, il n'y a pas d'assise chlorophyllienne entourant la cavité de l'albumen et par conséquent pas de formation odo- rante. De plus, la quantité de matiére amylacée qui tend à se mettre en réserve est telle, qu'elle peut méme se précipiter en granulations d'amidon dans les cellules de l'embryon qui renfer- ment en méme temps de la matiére grasse et des substances albu- minoides de réserve. Ceci tend à faire considérer ces différentes substances comme indépendantes les unes des autres. VI. BAIES OU GRAINES PRODUISANT DE L'HUILE GRASSE ET DE L'HUILE ESSENTIELLE. Dans certains fruits (Genévrier, Ombelliféres), il y a production indépendante d'huile essentielle dans les épidermes de l'ovaire ou dans des poches sécrétrices creusées dans les tissus du méme organe, et d'huile grasse accompagnée de matières albuminoides de réserve qui se localisent dans les albumens, comme d'ordinaire. Il est intéressant de faire remarquer qu'il existe une certaine similitude entre la formation de la baie de Genévrier et celle d'une olive, mais il faut observer que, dans le premier cas, l'huile essen- tielle se produit tout de suite aux dépens de composés tannoides dérivés de la chlorophylle, tandis que, dans le second cas, l'huile grasse provient d'un intermédiaire, la mannile. Conclusions. — L'étude de la localisation des huiles grasses et de leurs relations avec les autres substances de réserve, pratiquée dans les fruits et dans les graines oléagineuses en voie de forma- tion, met en lumiére un certain nombre de faits qui complétent, d'une facon heureuse, les résultats que l'on obtient en examinant, dela méme facon, la germination des mémes matériaux d'étude. Dans les tissus où elles apparaissent, albumens, embryons ou pulpes, elles occupent indistinctement toutes les cellules. Toutes les fois que les matiéres albuminoides se mettent en réserve dans les cellules des albumens, il est toujours possible, par l'emploi de 120 SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1894. réactifs appropriés, de faire apparaître de l'huile grasse dans les mêmes cellules. Mais la réciproque n'est pas vraie et l’on rencontre fréquemment de l'huile indépendante des matières albuminoides. En effet, on observe de l'huile en gouttelettes libres, non seule- ment dans la pulpe de l'olive ou du fruit du Cornouiller, mais encore dans les cellules des Algues vertes, des Hépatiques, et sur- tout des Monocotylédones. Comme d'autre part, on ne trouve pas, ni dans les tissus. de l'ovaire, ni dans ceux qui se différencient pour former les tégu- ments de la graine, les éléments nécessaires à la synthése des ma- tières grasses, il faut supposer une origine plus lointaine de ces hydrates de carbone, c'est-à-dire attribuer leur élaboration au pro- toplasma chlorophyllien des tiges et des feuilles. Il faut alors con- sidérer les matiéres albuminoides comme jouant un róle trés par- ticulier, celui de dissolvant capable d'entrainer les matiéres grasses jusque dans les cellules de réserve où elles peuvent ensuite se séparer quand se produit la dessiccation de la graine, à la matura- tion. Et l'on comprend alors le mode de dislocation des réserves oléa- gineuses pendant la germination desgraines. A ce moment, en effet, les matiéres azotées, reprenant de l'eau et recouvrant leur faculté dissolvante, peuvent entraîner avec elles ‘les matières grasses jusque dans les tissus de la plantule et sans qu'il soit nécessaire de faire intervenir des ferments spéciaux dont la présence, il faut bien le dire, n'a jamais été prouvée. M. Mangin demande à M. Mesnard comment il distingue le protoplasma vivant, les matiéres albuminoides de réserve et l'aleurone. M. Mesnard répond qu'il emploie, comme réactif, l'acide chlorhydrique qui permet de distinguer, à l'aide d'une colo- ration violette, les matières albuminoides de réserve. | M. Guignard demande à M. Mesnard pourquoi il conserve le nom d'assise à gluten à une assise qui n'en contient pas et dit qu'à son avis le nom de couche périphérique de l'albumen lui conviendrait mieux. M. Mesnard dit qu'il a conservé le nom d'assise à gluten, bien que le sachant impropre, sans y attacher d'importance, VAN TIEGHEM. — DE LA RACINE DANS LES LORANTHACÉES PARAS. 191 et seulement parce que cette désignation est communément employée. M. Van Tieghem fait à la Société la communication sui- vante : STRUCTURE DE LA RACINE DANS LES LORANTHACÉES PARASITES; par M. Ph. VAN TIEGHEM. La plupart des Loranthacées parasites sont, comme on sait, entiérement dépourvues de racines. La radicule de l'embryon ne s’y développe jamais en racine terminale à la germination, mais se borne à produire d'abord un disque d'adhésion, puis bientót un sucoir simple ou ramifié, et plus tard il ne s'y fait ordinaire- ment pas non plus de racines latérales. Pourtant, chez quelques-unes de ces plantes, la tige produit soit seulement à sa base, au-dessus du point d'insertion, soit tout le long de ses entre-nouds et de ceux de ses branches de divers ordres, soit à chaque nœud de part et d'autre de la feuille, des racines adventives d'origine endogène, formées comme d'ordinaire dans le péricycle. Dans le premier cas (divers Loranthus, Oryc- tanthus, Macrosolen, etc.), les quelques racines formées à la base de la tige primaire viennent ramper aussitót sur la branche nour- riciére, sans toutefois s'appliquer tout du long à sa surface; aux divers points de contact, elles produisent d'abord des disques d'adhésion, puis des sucoirs; chemin faisant, elles se ramifient et parfois enchevétrent leurs radicelles autour de la branche en forme de réseau. Dans le second cas (divers Struthanthus, Phthi- rusa, etc.), les nombreuses racines, disposées en séries longitudi- nales le long des entre-nœuds de la tige principale et de ses di- verses branches, se dirigent d'abord à peu prés horizontalement dans l'air suivant toutes les directions. Celles qui n'arrivent pas au contact de quelque branche nourriciére cessent bientót de croitre et ne se ramifient ordinairement pas, ou ne produisent que quelques radicelles. Celles qui viennent à toucher une pa- reille branche s'appliquent tout du long à sa surface, s'y soudent intimement, s'y allongent de plus en plus, parfois en s'enroulant en hélice tout autour, et cà et là s'y ramifient. Le long de la sur- face de contact, elles y enfoncent de nombreux sucoirs et leurs 122 SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1894. radicelles font de même. Elles peuvent aussi d’ailleurs s’appliquer cà et là de la même manière sur les propres branches et même sur les propres racines de la plante, et y enfoncer également des sucoirs. Dans le troisième cas (Phrygilanthus flagellaris, etc.), les deux racines insérées à droite et à gauche de chaque feuille des rameaux gréles se comportent comme celles du second cas. M. Engler a résumé récemment et figuré les principales disposi- tions de ces racines (1). C'est de ces racines latérales aériennes que j'ai étudié la struc- ture aux divers âges dans six genres différents : Macrosolen (M. cochinchinensis), Oryctanthus (O. ruficaulis), Loranthus (L. pentandrus), Phrygilanthus (Ph. flagellaris), Phthirusa (Ph. Theobromæ, stenophylla, Lheloneura, etc.) et Struthanthus (S. marginatus, polyrrhizus, flexicaulis, nigricans, ete.). Comme cette structure est partout essentiellement la méme, une seule description suffira. La racine jeune a, sous l'assise pilifére, une écorce formée d'une dizaine d'assises cellulaires, toutes dépourvues de cristaux d'oxa- late de chaux. L'assise externe, ou exoderme, nettement différen- ciée de bonne heure, lignifie fortement ses membranes. L'assise interne, ou endoderme, au contraire, ne différe sensiblement des autres assises corticales ni par la forme, ni par le contenu, ni par la membrane de ses cellules; celle-ci n'offre pas, notamment, sur ses faces latérales et transverses, ces cadres subérisés ou lignifiés qu'on est accoutumé d'y voir dans les autres plantes. La stéle est large et contient au moins six ou huit faisceaux ligneux, à vaisseaux externes trés étroits formant une pointe fine, avec autant de faisceaux libériens alternes. Mais le nombre des faisceaux peut y étre beaucoup plus grand et il varie d'ailleurs, non seulement d'une espèce à l'autre, mais dans la mème plante suivant le diamètre de la racine considérée. Ainsi, par exemple, j'en ai compté 6 dans une racine de Macrosolen cochinchinensis et 10 dans une autre; 12 dans une racine de Struthanthus polyrrhi- zus et 15 dans une autre; 16 dans une racine de Phthirusa Theo- broma et 18 dans une autre ; 21 dans une racine de Struthanthus marginatus et 24 dans une autre. (1) Engler, Die natürl. Pflanzenfamilien (Loranthaceen), III, 1, pp. 164 et 165, 1889. VAN TIEGHEM. — DE LA RACINE DANS LES LORANTHACÉES PARAS. 193 Unisérié et parenchymateux en dehors des faisceaux ligneux, où il produit cà et là une radicelle, le péricycle est formé, en dehors des faisceaux libériens, de trois à six rangs de cellules plus étroites, allongées et épaissies en fibres à membranes lignifiées. Ces faisceaux fibreux péricycliques, superposés aux faisceaux libé- riens, se différencient de trés bonne heure, en méme temps que les faisceaux ligneux. De sorte que la section transversale d'une jeune racine, aprés coloration au vert d'iode, offre à la périphérie de sa stèle deux fois autant de plages vertes qu'il y a de faisceaux ligneux. La moelle, qui est volumineuse et dépourvue, comme l'écorce, de cristaux d'oxalate de chaux, est formée de deux sortes de cel- lules, les unes plus larges, les autres plus étroites. Plus tard, l'écorce renferme des cellules scléreuses de forme polyédrique, à parois fortement épaissies et lignifiées, ordinaire- ment groupées en nodules, parfois isolées : c'est le résultat d'une sclérose locale ultérieure. En même temps, toutes les cellules de la moelle, sans épaissir beaucoup leurs membranes, les lignifient de plus en plus fortement. Plus tard aussi, la seconde assise de l'écorce, située au-dessous de l'exoderme lignifié, subit un cloisonnement tangentiel répété et produit un périderme, dans lequel le liége épaissit peu, mais lignifie fortement les membranes de ses cellules, tandis que le phelloderme s'y réduit à une seule assise. Enfin, plus tard encore, l'assise péricyclique, demeurée vivante en dehors des faisceaux ligneux, y forme autant d'arcs générateurs, bientót réunis en une assise génératrice continue en dedans des faisceaux libériens par les arcs correspondants de l'assise médul- laire externe, qui entrent à leur tour en voie de cloisonnement. L'assise génératrice ainsi formée produit ensuite tout autour, aussi bien en dehors des faisceaux ligneux qu'en dedans des fais- ceaux libériens, une couche continue de liber et de bois secon- daires. Quand la racine ne parvient pas au contact d'une branche nourriciére et demeure courte, cette couche de liber et de bois secondaires est trés mince ou méme ne se fait pas du tout. Quand, au contraire, elle s'allonge sur une branche nourricière en s'y nourrissant à l'aide de sucoirs, le liber et le bois secondaires s'y développent abondamment et, en conséquence, elle s'épaissit pro- gressivement. 124 SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1894. Si elle n'est pas directement appliquée sur la branche nour- riciére, son épaississement est le méme tout autour et elle de- meure cylindrique (Macrosolen, Oryctanthus, etc.). Si, au con- traire, elle s'y soude tout du long, son épaississement ne s'opére que sur la face libre et, en conséquence, elle prend une forme semi-cylindrique à face interne concave, moulée sur la branche nourricière (Phthirusa, Struthanthus, etc.). Ainsi construite, la racine des Loranthacées parasites offre, en somme, dans sa structure primaire, deux caractères remarquables, qui n'ont été observés jusqu'ici dans la racine d'aucune autre plante, savoir : dans l'écorce, l'absence totale de cadres à lendo- derme, et, dans la stèle, la présence de faisceaux fibreux péricy- cliques en dehors des faisceaux libériens. Par là, les Loranthacées se distinguent donc de toutes les autres plantes vasculaires. Par là aussi se trouve élargi, du même coup, le cerele de nos connais- sances générales sur la structure primaire de la racine. Les deux modifications de la structure primaire qu'on vient d'y constater pour la premiére fois sont, en effet, bien connues depuis longtemps dans la tige et dans la feuille. Si beaucoup de tiges et de feuilles ont un endoderme à cadres, beaucoup d'autres tiges et feuilles ont un endoderme sans cadres. De même, si un grand nombre de tiges et de feuilles ont respectivement le péricycle ou Parc inférieur du péridesme tout entier parenchymateux, un grand nombre d'autres tiges et feuilles ont respectivement, dans le péricycle ou dans la région inférieure du péridesme, des arcs fibreux supralibériens; en sorte qu'on sait bien, pour la tige et pour la feuille, qu'il n'est pas permis de définir, d'une facon géné- rale, ni l'endoderme, ni le péricycle ou le péridesme, c'est-à-dire en somme la limite de l'écorce et de la stéle ou de la méristéle, par quelque mode particulier de différenciation propre, pas méme par quelque caractère particulier de différenciation relative, mais seulement par la différence d'origine. Du moment que le champ des modifications de structure qu'elle peut subir se trouve avoir, sous ce rapport, la méme extension que celui de la tige et de la feuille, cette méme notion générale se trouve maintenant acquise aussi pour la racine, et par conséquent elle s'applique au corps tout entier des plantes vaseulaires. Puisque les trois régions constitutives du corps de ces plantes, l'épiderme, l'écorce et la stéle ou méristéle, définies dans tous les VAN TIEGHEM. — DE LA RACINE DANS LES LORANTHACÉES PARAS. 1925 cas par leur origine distincte, peuvent plus tard effacer toute dif- férence à leurs deux limites, les anatomistes doivent s'estimer très heureux que ce complet effacement soit si rare en fait et qu'au contraire il s'établisse si souvent entre les régions en contact une différenciation nette, soit des deux cótés à la fois et absolue, soit d'un seul cóté seulement et relative, qui permet d'en reconnaitre facilement la limite à l'état adulte, sans avoir besoin chaque fois de remonter au développement. Revenant à la racine des Loranthacées, on pourrait être tenté de regarder les deux caractères qu'on vient d'y constater comme liés nécessairement l'un à l'autre, l'absence de cadres à l'endoderme comme corrélative de la présence de faisceaux fibreux au péri- cycle, en considérant que ceux-ci rendent ceux-là inutiles. Il ne semble pas cependant qu'il y ait lieu d'admettre une telle corréla- tion. Dans bon nombre de tiges et de feuilles, en effet, un endo- derme à cadres coexiste avec des faisceaux fibreux péricycliques ou péridesmiques, et de même un endoderme sans cadres peut s'y rencontrer avec un péricycle sans faisceaux fibreux. En outre, dans la racine méme, s'il en était ainsi, l'endoderme, privé de cadres en dehors des faisceaux libériens, où le péricycle est libreux, devrait en posséder en face des faisceaux ligneux, oü le péricycle est parenchymateux. Quoique simultanées ici, ces deux modifications paraissent donc indépendantes. On peut aussi se demander, les racines en question étant aériennes, si les deux caractères qu’elles possèdent ne seraient pas de quelque façon en rapport avec leur mode particulier de végé- tation. Tel est le cas sans doute, non seulement pour la formation du périderme dans la seconde assise de l’écorce, d’où résulte la persistance de celle-ci, -mais encore pour la largeur de la stèle, qui entraîne le grand nombre des faisceaux libériens et ligneux, ainsi que le grand développement de la moelle. On sait, en effet, que ce sont là des caractères fréquents dans les racines aériennes des plantes les plus diverses. Mais il n’en va pas de même pour la conformation spéciale de l’endoderme et du péricycle. On connaît, en effet, la structure des racines aériennes dans un grand nombre de végétaux les plus différents, notamment chez les Orchidacées, Aracées, etc., parmi les Monocotylédones; chez les Clusiacées, Pipéracées, etc., parmi les Dicotylédones; chez les Fougères, les Lycopodiacées, etc., parmi les Cryptogames vasculaires : partout 126 SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1894. il y a des cadres à l'endoderme, nulle part il n'y a de faisceaux fibreux au péricycle en dehors du liber. Si la racine offre ici ces deux caractéres, c'est donc bien comme racine de Loranthacées, non comme racine aérienne. Il faut reconnaitre toutefois que la chose ne sera complétement démontrée que le jour où l'on aura pu étudier comparativement la structure primaire de la racine chez ces quelques Loranthacées connues pour enfoncer directement et ramifier leurs racines dans la terre, comme le Nuytsia floribunda, la plupart des Gaiaden- dron (G. ligustrinum, punctatum, Tagua, etc.), quelques Phry- gilanthus (Ph. eugenioides, etc.) et Loranthus (L. ligustrinus, terrestris, etc.). Alors, de deux choses l'une, ou bien ces racines terrestres offriront les deux caractéres observés dans les racines aériennes, et il sera certain que ce sont bien là des caractères de Loranthacées; ou bien, au contraire, elles auront, comme toutes les autres racines, des cadres à l'endoderme et un péricyele parenchymateux tout autour, et ce sera la preuve qu'ici c'est bien la végétation aérienne qui a provoqué l'apparition des deux caractères en question. Mais, puisque la vie aérienne ne pro- duit nulle part ailleurs un pareil effet, il n'en restera pas moins, dans ce second cas, que cette façon spéciale de ressentir lin- fluence du milieu extérieur est un caractére propre à la famille des Loranthacées. Un autre intérét, d'ordre physiologique, s'attache d'ailleurs à l'étude des racines de ces Loranthacées terrestres. Comme je l'ai fait remarquer dans un travail antérieur, il y a lieu, en effet, de rechercher si elles sont réellement tout à fait libres dans le sol, ou si elles ne vont pas cà et là se fixer par des sucoirs sur les ra- cines des arbres voisins, en d'autres termes si ces plantes ont une nutrition indépendante ou si elles sont parasites sur racines. Enfin, les racines terrestres du Nuytsia floribunda, en parti- culier, doivent étre étudiées encore à un troisiéme point de vue. Il faut savoir notamment d'abord si elles ont des canaux sécréteurs, comme la tige et la feuille, et, en cas d'affirmative, comment ils y sont disposés, puis si elles enferment plus tard leur liber dans leur bois secondaire, comme fait la tige, et comment s'y opére cette inclusion. J'espére recevoir prochainement les matériaux nécessaires à ces GODFRIN. — DU BOURGEON DANS LE SAPIN ARGENTÉ. 427 diverses études, et je m'empresserai de faire connaitre à la Société le résultat de mes observations. M. G. Camus, secrétaire, donne leeture de la communi- cation suivante : UNE FORME NON DÉCRITE DE BOURGEON DANS LE SAPIN ARGENTÉ; par M. Julien GODERIN. Le bourgeon comprend habituellement deux parties : l'une externe, appelée pérule par Mirbel, a un rôle simplement protec- leur et disparait le plus souvent au printemps; l'autre, interne, n'est que l'extrémité vivante de l'axe, destinée à le continuer au réveil de la végétation. Désirant surtout attirer l'attention sur la partie externe de cet ensemble, l'enveloppe ou le contenant, je dirai tout de suite que le contenu, qui ne présente aucune dis- position particulière, se compose d'un cône végétatif atteignant à peine un millimétre de hauteur, exactement recouvert par de nombreuses insertions de jeunes feuilles. Quant à la pérule, les anciens auteurs ont décrit avec soin les formations écailleuses qui la constituent et nous ont indiqué de quelles parties de la feuille elles proviennent; mais ils n'ont ja- mais dit mot, ni de leur durée, ni de la surface qui leur donne insertion : ils semblent admettre tacitement qu'elles naissent tou- jours sur un réceptacle ou torus plus ou moins convexe, situé à la base du cône végétatif et dû au rétrécissement que subit à cet endroit la pousse de l'année; de plus, au printemps, lorsque la nouvelle pousse s'allonge, elles se détacheraient sans exception. Je n'ai pas trouvé la méme chose dans le Sapin. Immédiatement au-dessous du cône végétatif hibernant, l'écorce du rameau s'éléve circulairement en collerette et forme une sorte de coupe de même hauteur que le rudiment de pousse et le contenant à son centre. Les écailles naissent, au nombre d'environ une trentaine, de la face externe, du bord libre et de la face interne de ce bourrelet. De celte facon, celles qui sont nées au fond de la coupe se trouvent étre les plus récentes, et on doit les considérer comme les plus élevées sur l'axe; à partir de là, en passant par le bord libre du bourrelet, elles sont de plus en plus âgées, jusqu'à celles qui exté- rieurement occupent le bord inférieur de l'hibernacle. 198 SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1894. Les écailles extérieures sont triangulaires et brunes; vers la base, leur tissu est divisé en deux couches d’égale épaisseur, com- prenant chacune une moitié du parenchyme et un des épidermes. La couche externe est totalement lignifiée ; la couche interne est demeurée cellulosique, sauf l'épiderme, qui a subi la lignification. Vers le haut, l’écaille est entièrement ligneuse. Deux canaux rési- neux, représentant les canaux des feuilles, parcourent longitudi- nalement l'écaille, à peu de distance de sa ligne médiane; ils se terminent en pointe à une faible distance du sommet, tandis qu'in- férieurement ils se prolongent dans la tige. Une nervure unique extrémement réduite se trouve entre ces canaux, mais se termine au sommet bien avant eux. Les écailles internes, celles du fond de la coupe, se présentent comme des lames scarieuses pliées en gouttiére et terminées supé- rieurement en capuchon. Plusieurs de ces capuchons se superpo- sant et s'emboitant ferment hermétiquement la cavité du bourgeon et doivent protéger très efficacement le cône végétatif contre les agents atmosphériques. Ces écailles ont une structure bien plus rudimentaire que les écailles externes ci-dessus décrites. Sur la ligne médiane on voit un renflement de tissu, ébauche d'une ner- vure, mais ne contenant ni vaisseaux ni tubes criblés. Les canaux résineux y existent pourtant déjà à leur place habituelle; quel- ques-uns, demeurés à l'état de poches sécrétrices, se terminent dans l'écaille méme, tandis que d'autres pénétrent dans le rameau. Il faut rapprocher ces faits de ceux que j'ai signalés dans une Note précédente (1), relativement aux feuilles végétatives; j'ai montré que, dans les plus jeunes, les canaux se terminent inférieurement en cul-de-sac, et que dans celles plus ágées, sans qu'il soit possible de fixer le point de départ de ces deux catégories, les canaux re- coivent une branche émanée des canaux caulinaires voisins et se mettent ainsi secondairement en communication avec eux. Je n'ai examiné que ces deux écailles, d'áges extrémes; il est à sup- poser que celles qui sont d'àge intermédiaire ont une structure moyenne en rapport avec leur ordre d'apparition. Les bourgeons du Sapin ne différent pas seulement des autres par les précédentes particularités de structure, mais aussi par la (1) Les canaux sécréteurs de la feuille du Sapin argenté; leur communica- tion avec ceux de la tige (Bull. de la Soc. bot. de Fr., 1892). GODFRIN. — DU BOURGEON DANS LE SAPIN ARGENTÉ. 129 durée de leur pérule qui est de plusieurs années, tandis qu'habi- tuellement elle est limitée à une saison hibernale. Le bourrelet de provenance corticale qui entoure le cóne végétatif et qui constitue le caractére essentiel de ce bourgeon ne se détruil pas au prin- temps, il est au contraire accrescent; il suit pendant quelque temps le développement périphérique du rameau sur lequel il s'insére, s'élargit avec lui, et comme il reste recouvert de ses écailles, il forme, à la base de chaque pousse annuelle, une sorte de manchette squameuse qui se maintient pendant nombre d'an- nées. On peut voir ces manchettes en grand nombre, marquant la limite de chaque accroissement annuel, sur des systémes tout entiers de ramifications; elles leur communiquent un caractère bien spécial, qui peut-être n'aura pas été souvent remarqué, dis- simulé qu'il est par les feuilles serrées et persistantes de la plante. On concoit cependant que cette formation ne peut suivre toujours l'accroissement en diamétre du rameau, elle se déchire et tombe; elle laisse toutefois à sa place une bride saillante de tissu qui per- siste sur des troncs atteignant 4-5 centimétres de diamétre. Aprés ce délai, la surface de la plante est généralement égalisée aux nœuds comme ailleurs. Les bourgeons ainsi conformés pourraient étre dits à pérule périblastique, par opposition aux bourgeons ordinaires, à pérule hypoblastique. Il n'entre pas dans le cadre du travail d’où est tirée cette Note d'étudier anatomiquement les bourgeons d'autres plantes, par exemple ceux des différentes espèces d'Abies ; cependant j'ai exa- miné extérieurement les bourgeons de six espéces d'A bies trouvées à Nancy, soit à l'état vivant, soit en herbier, et j'ai reconnu que toutes ont la collerette ci-dessus décrite dans les jeunes branches, à la limite des accroissements annuels en longueur. Mais ce détail de structure tire principalement son importance de ce qu'il est en relation étroite avec le trajet des canaux résineux dans la plante, trajet que je décrirai bientót. M. Malinvaud donne lecture de la Note suivante : T Xi (SÉANCES) 9 130 SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1894. LICHENS DES ENVIRONS DE PARIS, par M. l'abbé HUE. DEUXIÈME PARTIE (1). En présentant l’année dernière à la Société les Lichens de quel- ques localités de Seine-et-Marne, Moret, Lorrez-le-Bocage, etc., je disais que je préparais la publication de ceux des forêts de Saint- Germain-en-Laye et de Marly. Je pensais alors attendre, pour faire connaître le résultat de mes herborisations, que j'aie parcouru entièrement ces deux forêts. Elles ne sont pas, il est vrai, d’une grande étendue; car la superficie de celle de Saint-Germain ne dépasse guére 4400 hectares, et celle de Marly, de moitié plus pe- tite, n'en a que 2250. Mais, chaque année, l'Administration des foréts fait entourer de grillages les coupes récentes, afin de pré- server les jeunes pousses contre la voracité des lapins, et comme ces clótures restent en place pendant sept ou huit ans, il en ré- sulte que l'exploration compléte de ces foréts exigera une dizaine d'années. D'un autre cóté, aucun lichénographe ne s'est occupé, jusqu'à présent, des Lichens qu'on y peut rencontrer. Il est méme assez curieux de constater que Mérat et Chevallier qui, dans leurs Flores des environs de Paris, citent fréquemment Saint-Cloud, Meudon, Sévres, Versailles, Montmorency, etc., passent presque complétement sous silence Saint-Germain et Marly. Mérat écrit une seule fois ces deux noms (2), sans cependant qu'il s'agisse des foréts, quand il parle du Gassicurtia lignatis Fée, récolté par ce savant sur de vieilles clótures à Saint-Germain-en-Laye et que l'on voyait autrefois sur le bois dela machine de Marly. Dans l'ouvrage de Chevallier, la forêt de Marly est citée une seule fois à propos du Peltigera horizontalis Hoffm. (3), et le Lichen des bois de la vieille machine de Marly est également indiqué, mais sous son vrai nom, Imbricaria aleurites (4). M. Nylander, dans son Pro- drome des Lichens de la France et de l'Algérie, parle plusieurs fois (1) Voy. in Bulletin, t. XL (1893), p. 165, Hue, Lichens des environs de Paris. (2) Mérat, Nouvelle Flore des environs de Paris, 4° édit. I, p. 318. (3) Chevallier, Flore générale des environs de Paris, 2* édit. I, p. 617. (4) Chevallier, ibid., p. 626. HUE. — LICHENS DES ENVIRONS DE PARIS. 134 de Meudon, mais jamais de Saint-Germain ni de Marly. Par con- séquent, en voyant souvent cités, dans ces ouvrages, des bois moins importants que ceux de Saint-Germain et de Marly, on pourrait supposer que ceux-ci ont été omis à dessein, comme ne contenant aucun Lichen intéressant. Pour éviter qu'on ne tombe dans cette erreur, et pensant en méme temps que je pourrais étre agréable à quelques-uns de nos confréres qui voudraient parcourirces foréts, l'une et l'autre faciles d'accés, admirablement percées et offrant cà et là quelques beaux sites, je me suis décidé à publier mes récoltes des années 1892 et 1893. Je n'ai exploré qu'une petite partie de la forét de Saint-Ger- main, celle qui s'étend entre la ville, le Camp, les Loges, Notre- Dame de Bon-Secours, le cháteau du Valet la Terrasse. Quant à celle de Marly, je l'ai parcourue presque entiérement; il ne me reste plus à visiter que quelques massifs, prés de Roquencourt et de Sainte-James. Ce Mémoire ne renferme donc qu'une partie des Lichens de ces foréts, et néanmoins il en présente de fort intéres- sants. Marly est riche en Cladonies rares; on y trouve notamment, et en bel état de végétation, les Cladonia pityrea f. crassiuscula Coem. et f. cladomorpha Flærke, Cl. leptophylla et glauca Flerke, le Cl. subsquamosa t. luxurians Nyl., et, dans les échan- tillons de ce dernier, M. Wainio a distingué une forme nouvelle, f. minutula. Les espéces de ce genre à fruits rouges y sont égale- ment bien représentées, Cl. Flerkeana Sommerf. avec plusieurs variétés ou formes, Cl. flabelliformis f. tubæformis Wain., etc. Les autres genres ont de leur cóté fourni des espéces ou rares ou non encore observées dans les environs de Paris, le Peltigera poly- dactyla var. collina Nyl., le Lecanora lacustris Nyl., les Lecidea fuscorubens Nyl., Metzleri Rich., silvana Nyl., Nægelii Stizenb., Friesiana Stizenb., Norrlini Lamy, expansa et porphyrica Nyl., l'Opegrapha atro-rimalis Nyl., les Verrucaria margacea var. do- losa Hepp, mortarii Arn. et populicolu Nyl. Il en est d'autres que j'ai été fort surpris de trouver dans cette forét, les Cladonia sobo- lifera Nyl. et Evernia furfuracea Mann., Lichens de la région subalpine, puis le Pertusaria velata Nyl., qui jusqu'à présent était regardé comme appartenant en France à la région de l'Ouest el aux Pyrénées-Orientales. J espère que l'énumération de ces raretés inspirera à quelques botanistes l'idée d'aller les voir sur place, car rien n'est plus facile que se rendre dans la forêt de Marly. A la 432 SÉANCE DU 23 FÉVRIER 1894. gare de Saint-Nom-la-Bretéche, station de la ligne de Paris à Saint-Germain, par Marly, le train dépose le touriste en pleine forêt, et qu'il prenne à droite ou à gauche de l'endroit où il est descendu, car il n'y a pas de station proprement dite, il trouvera les localités des Cladonia ; s'il monte en face de lui, il verra peu d'espéces de ce genre, mais il récoltera des Lichens corticoles. Pour Saint-Germain, les deux gares de cette ville sont l'une et l'autre à proximité de la forét de ce nom et, à l'aide de l'excellente carte de M. Recoppé, dont une nouvelle édition vient de paraitre, il est facile de se diriger. En terminant, je tiens à remercier M. Récoppé, inspecteur des foréts de Saint-Germain et de Marly, qui a bien voulu m'en faciliter l'exploration; son bienveillant concours m'a été trés utile, car certains agents forestiers sont peu soucieux de voir enlever quelques fragments de l'écorce des arbres confiés à leur garde. (A suivre.) SÉANCE DU 93 FÉVRIER 1894. PRÉSIDENCE DE M. GUIGNARD. M. G. Camus, secrétaire, donne lecture du procés-verbal de la séance du 9 février, dont la rédaction est adoptée. Par suite des présentations annoncées dans la précédente séance, M. le Président proclame membres de la Société : MM. Gave (le R. P.), rédemptoriste, à Contamine-sur-Arve (Haute-Savoie), présenté par MM. le Frére Héribaud et Malinvaud. GODET, receveur des postes, rue de Billancourt, 3, à Paris, présenté par MM. l'abbé Boullu et Saint- Lager. GUIMOND, pharmacien, au Parc-Saint-Maur (Seine), présenté par MM. Legué et G. Camus. GÉNEAU DE LAMARLIÉRE. — FLORE DES ENVIRONS DE QUINÉVILLE. 133 Lecture est donnée d'une lettre de M. l'abbé Bach, qui remercie la Société de l'avoir admis au nombre de ses membres. M. Géneau de Lamarlière fait à la Société la communi- cation suivante : NOTE SUR LA FLORE MARITIME DES ENVIRONS DE QUINÉVILLE (MANCHE) (1); par M. L. GÉNEAU DE LAMARLIÈRE. Les collines qui forment l'ossature de la presqu'ile du Cotentin s'abaissent brusquement vers l'Est et, au pied de leur escarpement (à Saint-Marcouf, Quinéville, La Pernelle, etc.), se développent, sur une largeur variable, mais qui atteint souvent 2 à 3 kilométres, des prairies plus ou moins marécageuses, qui font contraste avec la portion accidentée de la contrée. Ces prairies sont entrecoupées de canaux de desséchement, aboutissant à la mer par des conduits en maconnerie, construits sous forme de petits tunnels, qui empéchent l'eau de mer de remonter dans les terres. A 200 ou 300 métres du rivage, la prairie cesse pour faire place à une zone de lieux vagues et sablonneux qui présentent la constitution des dunes. Toutefois il n'y a pas là de ces monticules de sable comme on en voit sur les rivages du Nord et du Pas-de-Calais; les dunes restent plates ou trés peu accidentées et peuvent étre considérées en grande partie comme des dunes fixées. Sur beaucoup de points, la végétation en a envahi complètement la surface. Dans les autres endroits, les plantes sont plus espacées; mais les sables sont peu mouvants, car la côte est exposée à l'Est, et les vents de cette di- rection sont relativement moins fréquents que les autres. Sur le bord de la dune qui confine au rivage, il y a un change- ment brusque de niveau, qui varie de 1 à 5 mètres. Ce petit escar- pement franchi, on se trouve sur le sable baigné à chaque marée par la mer. Il faut noter aussi des localités vaseuses qui se trouvent à l'em- bouchure de la Sinope, petite riviére qui traverse le village de (1) J'ai fait les herborisations qui sont relatées dans cette Note au commen- cement du mois de septembre 1893. J'airesse ici tous mes remerciments à M. le D* P. Chéron, qui m'a donné gracieusement l'hospitalité et de nombreux renseignements sur la flore du pays. 134 SÉANCE DU 23 FÉVRIER 1894. Quinéville et des dépressions marécageuses qui se rencontrent cà et là dans les dunes au nord de Quinéville. Tel est en quelques mots l'aspect de la localité dont je vais étudier la flore mari- time. I. Les prairies en arriére des dunes n'offrent que peu de plantes intéressantes au point de vue où je me suis placé. Je noterai seu- lement le Samolus Valerandi, qui parait rechercher le voisinage du littoral et qui s'y développe mieux que partout ailleurs, et l'Apium graveolens qui est plus franchement maritime. Les talus qui séparent le marais de la dune sont souvent plantés de Tama- riv anglica, qui ont une végétation vigoureuse grâce au climat maritime. Sur un point, les fossés les plus rapprochés du bord de la dune, et qui probablement à certaines époques reçoivent de l'eau salée, m'ont montré, au milieu de nombreuses plantes indifférentes, les Juncus acutus et maritimus. Cette zone des prairies subit en somme assez peu l'influence du voisinage de l'eau salée. II. Les dunes, dans leur partie gazonnée, montrent principale- ment des plantes appartenant à l'intérieur du continent. Presque toutes sont rabougries, et forment un gazon fin et serré. On y rencontre surtout : Galium verum, Erodium cicularium, Sedum acre, Ononis procurrens, Lotus corniculatus, Trifolium repens, Potentilla Anserina, Achillea Millefolium, Leontodon autum- nale, Carlina vulgaris, Taraxacum Dens-leonis, Carduus nulans, Cirsium lanceolatum, C. acaule, Anthemis Cotula, Asperula cy- nanchica, Thymus Serpyllum, Plantago lanceolata, Carex are- naria, Festuca ovina, etc. Le fond de la végétation peut donc étre considéré comme formé de plantes vulgaires et continentales; mais déjà apparaissent, parmi ces espèces, d'autres à tendance maritime plus marquée et qui régnent presque uniquement dans les sables dénudés, où, pour une raison quelconque, les espèces continentales sont peu représentées. Ce sont : la nombreuse série des Graminées telles que les Agropyrum, les Psamma, V Hordeum maritimum, le Phleum arenarium, et aussi l’ Eryngium mari- timum. Ce dernier forme de véritables associations sur certains points. des dunes au nord de Quinéville; il est attaqué assez fré- quemment par l’Orobanche Eryngii. GÉNEAU DE LAMARLIÈRE. — FLORE DES ENVIRONS DE QUINÉVILLE. 135 Je ferai remarquer aussi en passant que l’ Eryngium campestre est abondant dans les dunes de Quinéville et arrive jusqu'auprés du rivage. Cette espéce est considérée comme calcicole, et elle trouve là du calcaire en abondance, grâce aux coquilles brisées mélangées au sable en forte proportion. Le Glaucium flavum est également trés répandu ; mais il semble se jouer de toutes les divisions que l'on peut créer dans la flore maritime; il se trouve dans toutes les zones et ne parait attiré là que par l'influence du climat. Dans les portions dénudées des dunes surtout vers le rivage, on voit apparaitre quelques-unes des espèces de la zone suivante : Convolvulus Soldanella et Honkeneja peploides, etc. III. La zone qui succède à celle des dunes proprement dites a encore pour substratum le sable, mais elle est inondée assez sou- vent par l'eau dela mer. Elle est représentée en général, à Quiné- ville, par la pente brusque qui sépare le rivage de la dune et par quelques métres de sables bordant le niveau des hautes marées. Là, outre le Convolvulus Soldanella et le Honkeneja peploides qui sont susceptibles de remonter dans la dune, on voit en grande abondance le Beta maritima (attaqué souvent par l Uromyces Betæ), le Salsola Kali, le Cakile maritima, VAtripler farinosa et toutes les formes qui relient ce dernier à la variété maritime de VA. hastata. En face de Saint-Marcouf et le long de tous les petits hameaux «ui bordent la mer jusqu'à deux lieues au sud de Quinéville, on a élevé des digues de pierres enduites de ciment. Ce travail de la main des hommes amène ordinairement la disparition de la flore que je viens de citer; toutefois, on trouve cà et là au pied du mur, sur des points oà la mer ne vient battre que rarement, quelques pieds de Beta maritima et de Cakile. Ces digues sont trop récentes pour que leurs parois donnent asile à quelques plantes; mais il est un fait intéressant à observer, c'est que la flore marine ne pouvant se développer en bas de la digue s'étend au sommet, là où elle retrouve le sable de la dune. Elle s'enrichit méme de deux espéces, à peine représentées par quelques exem- plaires, il est vrai; ce sont le Crithmum maritimum, qui appar- tient plutôt à la flore des falaises, et l'Obione portulacoides, que l'on trouve plus communément dans les vases marines. 136 SÉANCE DU 23 FÉVRIER 1894. IV. La zone des vases marines présente une flore tout autre que la précédente; d'abord elle n'est pas continue, mais localisée sur cerlains points. A l'embouchure de la Sinope, qui traverse le village de Quinéville, ces vases marines abondent sur les deux rives; elles sont couvertes d'un tapis serré de Graminées, qui n'étaient pas fructifiées à l'époque où j'ai visité la localité, mais qui me paraissent appartenir à des espèces des genres Glyceria et Agrostis. On trouve ensuite une grande abondance de Spergu- laria marina et marginata, Apium graveolens (rabougri), Arte- misia maritima, Aster Tripolium, Armeria maritima, Plantago maritima, Sueda maritima, Triglochin maritimum. Aucune Mousse ne se rencontre dans les endroits périodique- ment inondés par l'eau de mer; mais on en voit apparaitre à partir du niveau atteint par les plus hautes marées. Les espéces, géné- ralement vulgaires, sont les suivantes : Hypnum cupressiforme, H. albicans, Homalothecium sericeum, Thyidium abietinum et Barbula ruralis var. ruraliformis. Sur un point, la Sinope est bordée par une vieille digue en pierres, dans les interstices desquelles on trouve : Sedum acre, S. anglicum, Ceterach officinarum, Polypodium vulgare, Asple- nium Trichomanes, Grimmia pulvinata,;Peltigera canina, c'est- à-dire une flore tout à fait continentale. L'influence du sel marin ne se fait nullement sentir sur ce point. On retrouve la zone des vases dans de petites dépressions des dunes du nord de Quinéville. Lorsque j'ai visité ces lieux, la. sécheresse de l'été 1893 en avait fait disparaitre toute l'humidité; mais l'aspect seul des plantes qui s'y trouvaient faisait voir que ces dépressions sont généralement inondées. J'y ai pu recueillir : Spergularia marina, A pium graveolens, Glaux maritima, Plan- tago maritima, Suæda maritima, Triglochin maritimum, Jun- cus maritimus, Agrostis maritima, et d'autres espèces qui parais- sent attirées par l'humidité seule ou le climat marin : (Enanthe Lachenalii, Erythrea pulchella, Juncus bufonius, Polypogon monspeliensis. Le Matricaria maritima s'y trouve également; mais il parait un peu éloigné de son habitat ordinaire; on le rencontre en effet plus souvent sur les falaises. Enfin, il y a un troisiéme genre d'endroits vaseux, qui offre un aspect tout particulier et qui se trouve sur le rivage méme de la GÉNEAU DE LAMARLIÉRE.— FLORE DES ENVIRONS DE QUINÉVILLE. 4137 mer, dans une petite anseentre Quinéville et Morsalines; ces vases sont amenées là par les remous de la marée montante et forment, sur un point, un amas d'un pied environ d'épaisseur. Là se déve- loppe en abondance une Graminée, le Spartina stricta, sur un espace d'environ un demi-hectare; çà et là se développent quelques pieds de Suæda maritima, de Salicornia herbacea et d'Aster Tripolium. Le Spartina stricta. parait localisé en Normandie sur la cóte orientale du Cotentin, depuis Saint-Vaast-la-Hougue, jusqu'à l'embouchure de la Vire; ce sont les localités les plus septentrionales de cette espéce en France. On la retrouve néan- moins, en Belgique, à l'embouchure de l’Escaut, prés de Santvliet (Crépin). V. Reste maintenant à indiquer le Zostera marina, qui croit en abondance dans la mer méme et qui caractérise la zone marine proprement dite. On le voit rejeté en grande quantité sur les ri- vages, aprés les tempétes, et les paysans des environs le recueillent sous le nom de varech, avec quelques Algues, pour en faire de l'engrais. D'aprés l'exposé précédent, il est facile de voir que la flore maritime de ce coin de la Normandie ne différe pas essentielle- ment de celle du littoral du nord de la France. On y retrouve les mémes zones établies par M. Masclef et si bien étudiées par lui, et elles sont caractérisées par les mémes espéces communes. Je fais iei abstraction des espéces rares, qui sont, par le fait méme de leur rareté, beaucoup moins caractéristiques. Je ferai remarquer aussi que le peu de largeur de l'espace oc- cupé par les dunes et les vases permet à certaines plantes tout à fait continentales, comme l’Eryngium campestre et d'autres, de se développer à quelques pas seulement du rivage. M. Van Tieghem fait à la Société la communication sui- vante : 138 SÉANCE DU 23 FÉVRIER 1894. SUR LA CLASSIFICATION DES LORANTHACÉES, par M. Ph. VAN TIEGHEM. Dans son état actuel, la famille des Loranthacées se trouve, comme on sait, divisée en deux groupes principaux ou sous- familles : les Loranthées, qui ont un calicule, et les Viscées, qui n'en ont pas. Miers et, à son exemple, Miquel ont voulu, il est vrai, élever ces deux groupes au rang de familles distinctes, sous les noms de Loranthacées et de Viscacées; mais on y observe, notamment dans la structure et le développement du pistil, une trop grande conformité de caractéres pour qu'il soit possible de souscrire à cette opinion. En vue de faciliter la dénomination des groupes inférieurs, il parait préférable de donner désormais à ces deux sous-familles, avec M. Engler, les noms de Loranthoidées et de Viscoidées. La sous-famille des Viscoïdées se trouve dés à présent divisée en trois groupes de genres, reconnus par tous, et qui sont autant de tribus. Celle des Loranthoidées, au contraire, ne comprend jusqu'ici qu'un seul groupe de genres, sur le nombre et les limites desquels on est méme fort loin d’être d'accord. Aussi est-ce sur elle que portent les quelques modifications que je me propose, dans cette Note, d'apporter à la classification des Loranthacées. Division des Loranthacées en trois sous-familles. — Dans deux communications faites à la Société en novembre et décembre der- niers, j'ai montré que le Nuytsia, aussi bien par la structure de sa tige et de sa feuille que par l'organisation de sa fleur, qui est dépourvue de calicule et munie, par contre, d'un involucre con- crescent, différe assez profondément de toutes les autres Loran- thacées pour qu'il soit nécessaire de l'en séparer et d'établir pour lui, à cóté des Loranthoidées, une sous-famille spéciale, sous le nom de Nuytsioidées. La famille des Loranthacées se trouve donc, par là, divisée en trois sous-familles, que l'on peut, en s'en tenant à l'organisation florale, définir simplement comme il suit : Un tube extérieur au ( un involucre conerescent.. Nuyísioidées. 3 alice, qui LORANTAACÉES. £ , quan | un-caliéóle-.. res Loranthoidées. Pas de tube extérieur au calice. ................ Viscoidees. VAN TIEGHEM. — SUR LA CLASSIFICATION DES LORANTHACÉES. 139 Cette première division faite, considérons séparément chacune de ces trois sous-familles. 1. Nuytsioidées. — Les Nuytsioidées ne comprennent qu'une seule tribu, les Nuytsiées, et qu'un seul genre, le Nuytsia. 2. Loranthoidées. — Les genres qui composent les Loran- thoidées offrent tout d'abord, dans la structure et dans le mode de développement des sacs embryonnaires, deux types bien dis- tincts. Dans la seconde des communications rappelées plus haut, il a été établi, en effet, que si, chez la plupart de ces genres, l'ovaire est creusé au début d'une seule logette centrale, chez quelques autres il posséde normalement au début autant de logettes que de sépales, alternes avec les sépales, le nombre pouvant s'en trouver réduit par avortement. Dans le premier cas, le pistil est originel- lement et demeure virtuellement uniloculaire, formé de carpelles alternisépales ouverts; dans le second, il est originellement et demeure virtuellement pluriloculaire, formé de carpelles alterni- sépales fermés. A cette première différence s'en ajoutent, comme on va voir, plusieurs autres, qui en accroissent singuliérement l'importance. Dans le premier groupe de genres, la logette centrale est bientót aplatie, puis oblitérée par la croissance centripéte de l'écorce interne des carpelles, qui rapproche, améne au contact et enfin soude intimement l'épiderme à lui-méme. Elle demeure pourtant visible jusque bien aprés l'épanouissement de la fleur. D'abord, la ligne brisée suivant laquelle s'opérent le contaet et la soudure des deux faces de l'épiderme reste assez fortement marquée. Mais surtout, les cellules épidermiques qui bordent cette ligne brisée gardent leurs parois minces et ne produisent pas d'amidon, tandis que toutes celles de la couche corticale située entre l'épiderme et les faisceaux libéroligneux carpellaires épaississent leurs mem- branes, qui deviennent collenchymateuses, et se remplissent de grains d'amidon. Aprés l'action de l'iode, une coupe transversale de l'ovaire montre donc, au centre, une petite plage ovale jaune, entourée d'une épaisse zone circulaire bleue. Les sacs embryonnaires sont produits dans ce cas, comme M. Treub l'a montré en 1883 chez le Loranthus pentandrus, en 140 SÉANCE DU 23 FÉVRIER 1894. nombre variable, tantót supérieur, tantót inférieur à celui des carpelles, par autant de cellules sous-épidermiques, situées au fond méme de la logette primitive; en sorte qu'on doit regarder cet ovaire uniloculaire comme étant virtuellement à placentation basilaire et pluriovulé. C'est dans l'épaisseur du manchon cortical amylacé, tout autour de la plage centrale épidermique dépourvue d'amidon, que les sacs embryonnaires ainsi formés s'allongent progressivement vers le haut. À mesure qu'ils s'accroissent, ils attaquent et digèrent pour se nourrir non seulement les grains d'amidon, qui dispa- raissent progressivement tout autour d'eux, mais encore le pro- toplasme et la membrane des cellules, dont ils prennent la place. Parvenues ainsi à la base du style, ils y pénètrent et continuent de s'y allonger en suivant la méme voie jusqu'à peu de distance du stigmate, comme Griffith l'a vu dés 1842 chez le Loranthus bi- color. Les choses se passent tout autrement dans le second groupe de genres. Chacune des logettes rayonnantes s'y aplatit bien aussi et s'oblitére par le rapprochement progressif et la soudure intime de l'épiderme interne avec lui-même. Chacune d'elles demeure bien aussi visible jusqu'aprés l'épanouissement de la fleur. Mais ici les cellules épidermiques grandissent beaucoup et se remplissent de grains d'amidon, tandis que l'écorce carpellaire environnante n'en produit pas. Souvent méme, elles se recloisonnent en tous sens, de maniére à former sur la section transversale un petit massif arrondi, dans lequel la ligne de soudure en zigzag devient méconnaissable. Aprés l'action de l'iode, une coupe transversale de l'ovaire montre donc, sur un fond jaunátre, autant de petites plages bleues, ovales ou circulaires, qu'il y a de carpelles, dis- posées en cercle en dedans des faisceaux libéroligneux carpel- laires, auxquels elles sont superposées. Les sacs embryonnaires sont produits dans ce cas, comme M. Treub l'a montré en 1882 chez le Loranthus (Macrosolen) sphærocarpus, un par logette, aux dépens d'une cellule sous-épi- dermique située vers la base de la logette dans un léger renîle- ment de sa face interne; en sorte qu'on doit regarder cet ovaire pluriloculaire comme étant virtuellement à placentation axile et à loges uniovulées. C'est dans l'épaisseur du faisceau correspondant de cellules épi- VAN TIEGHEM. — SUR LA CLASSIFICATION DES LORANTHACÉES. 141 dermiques amylacées que chaque sac embryonnaire ainsi formé s'allonge progressivement vers le haut. À mesure qu'il s'aecroit, il attaque et digére pour se nourrir non seulement l'amidon, qui disparaît de toutes les cellules épidermiques situées autour de lui, mais encore le protoplasme et la membrane des cellules centrales du faisceau auxquelles il se substitue. Le nombre des sacs embryonnaires est d’ailleurs sujet à quelques variations. On observe, en effet, cà et là un faisceau épidermique dépourvu de sac et qui demeure bourré d'amidon; par contre, quand le nombre des carpelles se réduit à deux, les faisceaux épi- dermiques, plus gros que d'ordinaire, peuvent renfermer cóte à côte chacun deux sacs embryonnaires. Parvenus à la base du style, où les logettes primitives, el par conséquent les faisceaux épidermiques qui en occupent la place, s'incurvent vers le centre et s’y unissent pour former le canal sty- laire, les sacs embryonnaires cessent de croître, comme Griffith l'a remarqué dés 1842 dans le Loranthus (Macrosolen) globosus. M. Treub a décrit en 1882, chez le Loranthus (Macrosolen) sphærocarpus, espèce très voisine de la précédente, l'allongement des sacs embryonnaires dans les faisceaux à amidon correspon- dants; mais l'origine épidermique de ces faisceaux, et par consé- quent l'existence permanente d'autant de logettes dont ils tiennent la place, lui ont échappé. A l'unilocularité et àla plurilocularité de l'ovaire correspondent donc non seulement un lieu différent de formation des sacs em- bryonnaires, mais encore une localisation différente et pour ainsi dire complémentaire du dépót d'amidon, qui à son tour provoque une localisation différente et pour ainsi dire complémentaire des sacs embryonnaires en voie de croissance, en méme temps qu'une inégale puissance d'allongement de ces sacs. Quand l'ovaire est uniloculaire, la placentation virtuelle est basilaire, l'amidon se localise, à l'exclusion de l'épiderme, dans l'écorce supérieure ou interne des carpelles ouverts, et c'est dans cette écorce que les sacs embryonnaires s’accroissent, en s'élevant dans le style jus- qu'au voisinage du stigmate. Quand l'ovaire est pluriloculaire, la placentation virtuelle est axile, l'amidon se localise, à l'ex- clusion de l'écorce, dans l'épiderme supérieur ou interne des carpelles fermés, et c'est dans cet épiderme que les sacs embryon- 142 SÉANCE DU 23 FÉVRIER 1894. naires s'accroissent, en s'arrétant au sommet des logettes, dans la base du style. A toutes ces différences entre les deux catégories de genres, il faut sans doute en ajouter encore une autre. Des observations de M. Treub sur la formation des sacs embryon- naires dans le Loranthus (Macrosolen) sphærocarpus, qui appar- tient à la seconde catégorie, il résulte, en effet, que, contraire- ment à ce qui se passe partout ailleurs, c'est ici l'extrémité profonde du sac qui s'aceroit vers le haut et qui forme plus tard l'oosphére et les synergides. L'auteur, il est vrai, ne signale pas ce phénoméne si singulier, mais les diverses figures qu'il donne le montrent avec évidence. Dans le Loranthus pentandrus, qui appartient à la première catégorie, M. Treub n'a pas pu, malheu- reusement, suivre dans toutes ses phases la formation des sacs embrvonnaires; mais on peut, avec lui, conclure de ses observations que les choses s'y passent. de tout point comme chez les Viscum. Or, chez les Viscum, c'est, comme partout ailleurs, l'extrémité superficielle du sac embryonnaire qui s'accroit vers le haut et qui forme plus tard l'oosphére et les synergides. Il y aurait donc encore, entre les deux catégories de genres, cette nouvelle différence que dans la première, où l'ovaire est unilocu- laire, l'oosphére occupe, suivant la régle, le póle superficiel du sac embryonnaire, tandis que dans la seconde, où l'ovaire est pluri- loculaire, elle se forme, par une exception unique, sous le póle profond. Quoi qu'il en soit de ce dernier caractére, les différences qui existent, entre les deux catégories de genres, dans la structure et le développement du pistil, sont trop nombreuses et trop pro- fondes pour qu'il ne soit pas nécessaire de les traduire dans la classification. A cet effet, nous réunirons les genres à ovaire plu- riloculaire, qui sont, pour l'instant, au nombre de cinq, en un groupe spécial, et les genres à ovaire uniloculaire, qui sont, pour le moment, au nombre de neuf, en un autre groupe spécial. Le groupe des Loranthoidées à ovaire pluriloculaire se subdi- vise ensuite en deux tribus, d'aprés la nature du fruit et la forme correspondante de l'albumen. Dans les Elytranthe, Macrosolen e Lepostegeres, le fruit est une baie à endocarpe lisse et l'albumen est entier : c’est la tribu des Élytranthées. Dans les Gaiadendron et Atkinsonia, le fruit est une drupe à endocarpe prolongé vers LORANTHOIDÉES. Ovaire VAN TIEGHEM. — SUR LA CLASSIFICATION DES LORANTHACÉES. 143 l'intérieur en autant d'ailes qu'il y a de carpelles et l'albumen est ruminé : c'est la tribu des Gaiadendrées. Le groupe des Loranthoidées à ovaire uniloculaire se subdivise aussi.en deux tribus, d'aprés la constitution de la graine. Dans les Loranthus, Phrygilanthus, etc., l'albumen formé dans le sac embryonnaire subsiste en partie autour de l'embryon à la matu- rité et fait alors partie constitutive de l'amande : c'est la tribu des Loranthées. Dans les Psittacanthus et Aetanthus, au con- traire, l'albumen est tout entier digéré pendant le développement de l'embryon et l'amande en est dépourvue à la maturité : c'est la tribu des Psittacanthées. La sous-famille des Loranthoidées se trouve donc, en définitive, partagée de la sorte en quatre tribus. Il parait utile de résumer, dans le tableau suivant, les caractéres de ces quatre tribus et des genres qu'elles comprennent. Bliforais ( hermaphro - libres. mets Y ) dites.... Phrygilanthus. : Filets ! unisexuées.. Struthanthus. oscillantes. aplatis. | en triades.. — Phthirusa. Un albumen. LORANTHÉES. ges Fleurs solitaires... — Dendropemon. 9 Antheres 0 * enfoncées dans l'axe de l'épi...... Oryctanthus. | £ a : \ libres. Loranthus. = basifixes. Sépales............. | concresceits . Demdrophtkoe. = | € | Pas d'albumen. PSITTACAN- Í EPET T -... 1... eee: S Psittacanthus. 7 THÉES. Anthères...... PNS Ca e Ms ic a A a a esie Aetanthus. ( en grappe.. Macrosolen. | E Baie, albumen entier. ÉLYTRANTHÉES, Fleurs.................. E io : eiecit HH E ze A ( en triades... Gaiadendron. = Drupe, albumen ruminé. GAIADENDRÉES. Fleurs.............. l-aolifáre.:.. — Atkbtsonid. On remarquera que là où nous distinguons ainsi une sous-fa- mille avec quatre tribus et quatorze genres, certains botanistes, comme Endlicher, Bentham, Grisebach, M. Hooker, M. Baillon, etc., ne veulent reconnaitre qu'un seul et unique genre : Loranthus. Au contraire, dés 1830, à la suite des travaux de A. P. de Can- dolle, de Martius et de ses propres recherches, Blume reconnais- sait, dans ce méme ensemble de formes, jusqu'à dix-sept groupes ou genres distincts. Dans sa revision récente, qui date de 1889, M. Engler a pris un terme moyen entre ces deux extrémes en T admettant neuf genres. Il me semble que, sans diviser tout à fait autant que Blume, il convient pourlant d'aller un peu plus loin que M. Engler, en séparant génériquement les Dendropemon des 144 SÉANCE DU 23 FÉVRIER 1894. Phthirusa, les Dendrophthoe des Loranthus, les Macrosolen et les Lepostegeres des Elytranthe, V'Atkinsonia, enfin, des Gaia- dendron. 3. Viscoidées. — Les genres qui composent la sous-famille des Viscoidées se groupent aussi en trois tribus d’après le mode d'in- florescence, comme l'a fait voir M. Engler, savoir : les Érémolé- pidées, où les fleurs sont en épi ou en grappe, les Viscées, où elles sont solitaires ou groupées à l’aisselle de bractées, et les Phora- dendrées, où elles sont insérées le long des entre-nœuds. Conclusion. — Comme conclusion, le tableau suivant résume la classification de la famille des Loranthacées en trois sous-familles et huit tribus : / un involucre concrescent. NUYTSIOjDÉES...... Nuytsiées. j Un tube extérieur au Pas d’albu- ue calice, qui est.... ho LORAN unilocu- men.... Psittacanthées . a € zx sk Me 7A culaire. ) Un albu- E THOIDEES. vaire E men vss Loranthées. = P vere enlier..... Élytranthées. E laire. Al- ee miné Gaiadendrées A bumen l see i 5 = | Pas de tube extérieur au calice..... Vis- ( sé din ra : — uL Madii. c tni ; axillaires............ Viscécs. pid d de cm { extra-axillaires ...... Phoradendrées. Cette classification diffère de celle qui a été proposée récemment par M. Engler en deux points essentiels : 1° Le Nuytsia y est sé- paré des Loranthoïdées et érigé à côté à l’état de sous-famille équivalente. 2° Les autres Loranthoïdées y sont partagées en quatre tribus distinctes; on y admet provisoirement quatorze genres au lieu de neuf; mais il est probable, dès à présent, que, dans le Mé- moire détaillé en cours d’exécution, on se verra forcé d’en recon- naître un plus grand nombre. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE Licheni raccolti nell isola d'Ischia fino all agosto del 1891 (Lichens récoltés dans l'ile d'Ischia jusqu'au mois d'août 1891); par M. A. Jatta (Bullettino della Societa botanica italiana, 1892, n" 3 et 4, pp. 206-211). Ce Mémoire présente simplement l’énumération de 202 espèces de Lichens; on n'y trouve ni remarques critiques ni méme aucune citation d'auteurs. Ce total devrait étre réduit à 199, caril comprend un Abro- thallus et deux Celidium, plantes que les lichénologues rangent main- tenant parmi les Champignons. M. Jatta, en allant de nouveau parcourir l'ile d'Ischia qu'il avait déjà visitée en 1879, se proposait de compléter ses récoltes antérieures, et il espérait enrichir la flore de l'Italie méri- dionale de quelques espéces nouvelles. Son espoir n'a pas été décu, car il a rapporté d'Ischia 9 espéces ou variétés qui ne se trouvent pas dans sa Monographia Lichenum Italie meridionalis (1). Les nouveautés sont : Biatora viridula, Buellia leptoclinis var. inarimensis, Bilimbia sublutescens, Leptographa toninioides et Opegrapha Dilleniana var. subfumosa ; elles sont décrites à la fin de l'énumération. ABBÉ Hur. Sopra alcune Crittogame africane raccolte presso Tri- poli di Barberia dal prof. Raphaél Spigai (Sur quelques Cryptogames récoltés prés de Tripoli, par le prof. R. Spigai); par M. E. Baroni (Bullett. della Soc. botan. italiana, n° 4 et 5, pp. 239- 242). Les Lichens énumérés au milieu de ces Cryptogames de Tripoli sont au nombre de 18. Ce sont des espèces qui se rencontrent fréquemment en France, à l'exception toutefois du Physcia villosa Dub., dont l'aire de végétation ne comprend en Europe que la Corse et le Portugal. Il est abondant dans l'Afrique boréale, descend d’un côté dans l'ile de la Réunion, de l’autre dans les Canaries, puis on le retrouve dans le Pérou. ABBÉ H. (1) Voy. Bulletin, 1892, Revue bibliograph. p. 35. T. XL (SÉANCES) 10 146 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Contribuzione alla Lichenografia della Toscana (Contri- bution à la Lichénographie de la Toscane); par M. E. Baroni (Nuovo Giorn. botan. italiano, 1891, n* 3, pp. 405-450). De ses herborisations à travers la Toscane, M. Baroni a recueilli 142 Lichens qu'il a répartis en 18 familles d'aprésla méthode de Koerber. Le nom de chaque espèce est suivi de l'indication de divers exsiccatas, du substratum, des réactions et assez souvent de la mesure des spores. Les exsiccatas les plus souvent cités sont ceux de l'Herbier eryptoga- mique italien et les Lichens de la Suisse, de Schærer et de Hepp. Pour ces derniers, il est regrettable que M. Baroni ait indiqué non le numéro mis en téte par Hepp et dont tous les lichénographes se servent, mais celui qui résulte de l'addition des espèces publiées par Schærer à celles de Hepp, de sorte que si l'on veut retrouver le numéro usuel, il faut se livrer à un travail assez long. Pour les réactions, sur l'extérieur du thalle, cet auteur ne se contente pas des réactifs ordinaires, c'est-à-dire de la potasse et du chlorure de chaux ; il emploie encore l'acide sulfurique et la solution aqueuse d'iode. Par rapport au substratum, ces 142 espéces sont divisées en quatre grandes catégories : corticoles, muscicoles, saxicoles et omnicoles. De plus les Lichens saxicoles peuvent être cal- cicoles, silicicoles ou indifférents. Enfin, par la publication de ce Cata- logue, M. Daroni enrichit la flore des Lichens de la Toscane de 31 es- pèces ou variétés, qu'il énumère dans l'introduction de son ouvrage. ABBÉ Hur. Lichenes pedemoníani a cl. prof. Arcangeli in monte Cinisio et monte Rosa annis 1876 ac 1880 lecti; par M. E. Baroni (Bullett. della Societ. botan. italiana, 1892, pp. 370- 372). Dix-neuf Lichens seulement ont été recueillis en deux herborisations sur le mont Cenis et le mont Rosa. Ils sont répartis en 13 genres, de sorte que 9 de ceux-ci ne sont représentés que par une espèce; le genre Cetraria en a 4, les genres Evernia, Parmelia et Gyrophora en présen- tent chacun 2. L'altitude n'est indiquée que pour 5 espèces : 2 s’élèvent à 3000 mètres, Cetraria nivalis Ach. et Parmelia encausta Nyl., 2 autres à 2000 métres, Bryopogon jubatum Link. et Cetraria aculeata Schreb.: enfin le Cladonia rangiferina Hoffm. ne dépasse pas 1000 mètres dans ces montagnes. On remarque le Roccella fusiformis Ach., espèce essen- tiellement maritime, qui aurait été récoltée au mont Cenis; d’après la réaction indiquée, cette détermination parait fausse. L'Arthrorhaphis flavovirescens (Dicks.), Lecidea citrinella Ach., ordinairement terri- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 147 cole ou muscicole, est indiqué ici comme corticole. La détermination en est-elle bonne? AnnÉ H. A new marine Lichen (Un nouveau Lichen marin); par M. G. Massee (The Journal of Botany, 1892, n* 355, pp. 193-194, avec une planche). Ce Lichen récolté par M. Batters sur des rochers baignés par la pleine mer est le Verrucaria letevirens, remarquable par son thalle largement étendu, entiérement lisse et d'un vert olivàtre brillant, la présence des paraphyses et la forme des stérigmates et des spermaties. Les spores, qui sont simples et incolores, placent, d'aprés l'auteur, cette nouvelle espèce prés du Verrucaria microsporioides Nyl. Ce nom donné par M. Massee devra être changé, car il existe déjà un Verrucaria lætevi- rens Wedd., Lich. ile d' Yeu, p. 303. Cette découverte porte à seize le nombre des Verrucariés des rochers des bords de la mer en Angleterre. Trois autres espéces de Verrucaria déjà connues ont été en méme temps récoltées par M. Batters. ABBÉ H. Lichenologische Fragmente (Fragments lichénologiques) ; par M. F. Arnold (Extrait de l'OEsterreichische botanische Zeitschrift, n 4, 5 et 6, 1892; n° 3 et 4, 1893). Deux brochures in-8* de 8 et 9 pages. Dans ces deux Mémoires, M. le D" Arnold donne des éclaircissements sur différentes espéces, variétés ou formes de Cladonia, dont la plupart ont été photographiées par ses soins. Le premier complète ou éclaircit l'ouvrage de Floerke resté à juste titre si célébre, Commentatio nova de Cladoniis. L'herbier de ce botaniste, conservé à Rostock et revisé par MM. Coemans et Wainio, ne contient pas tous les types de son traité. M. Arnold a eu la bonne fortune de retrouver ceux qui manquent dans des paquets de doubles qu'il a examinés. Le second Mémoire a trait aux exsiccatas de Cladonia de Flotow, indiqués par ce savant dans ses Li- chenes Flore Silesie et dans le Systema Lichenum Germanie de Koerber, Apsgé H. Die Alectorienarten und ihre geographische Verbrei- tung (Les différentes espèces d Alectoria et leur distribution géogra- phique); par M. Stizenberger (Extrait des Annalen des K. K. natur- historichen Hofmuseum, Band vir, Heft 3, 1892). Brochure grand in-8° de 117-134 pages. M. le D* Stizenberger passe en revue toutes les espèces d'Alectoria connues jusqu'à ce jour. Aprés le nom de chacune d'elles se trouvent les synonymes et les exsiccatas, quand ces derniers existent, une descrip- 148 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tion et enfin l'aire de leur végétation. Ce genre est divisé en deux sous- genres : Oropogon et Bryopogon. Le premier n'a qu'une espèce, mais le second est divisé en deux groupes : celui de l'Alectoria ochroleuca avec 8 espèces et celui de l'A. prolixa qui en a 11. On remarque une forme nouvelle, f. sublustris del A. prolixa, auquel M. Arnold avait donné le nom d'A. jubata f. implexa. L'indication des réactions et une table alphabétique terminent cet ouvrage. ABBÉ HUE. Beitræge zur Flechtenflora Niederôsterreichs, IV (Contri- bution à la Flore des Lichens de la Basse-Autriche); par M. A. Zahlbruckner (Extrait des Verhandlungen der K. K. zoologisch- botanischen Gessellschaft in Wien, 1891). Broch. in-8° de 16 pages. Ce quatriéme fascicule continue l'énumération des Lichens de diffé- rentes localités de la Basse-Autriche; ils ont été récoltés par l'auteur lui-même ou lui ont été envoyés par divers correspondants. L'altitude des lieux parcourus ne dépasse pas 700 mètres, et cependant plusieurs Lichens des hautes Alpes y ont été rencontrés. Ces Lichens classés, comme dans la troisiéme partie, d'aprés la méthode de M. Th. Fries, sont au nombre de 129, parmi lesquels 69 ne se trouvent pas dans les listes précédentes. On y remarque deux formes nouvelles : Ramalina pollinaria f. nitidiuscula et Xanthoria pygmea f. fulva. AB8é H. Zur Kryptogamenflora Oberösterreichs (Sur la Flore cryptogamique de la Haute-Autriche); par M. A. Zahlbruckner (Extrait de l'OEsterreichische botanische Zeitschrift, 1891). Brochure in-8° de 6 pages. Comme M. Zahlbruckner le dit dans sa préface, les localités qu'il à explorées sur les bords de la Traun (petit affluent du Danube dans l'ar- chiduché d'Autriche) sont peu riches en Lichens. En effet, la présente collection ne comprend que 29 espéces, dont 8 Lécanorés et 4 Lécidés. ABBÉ H. Lichenes Knightiani in Nova Zelandia lecti additis non- nullis aliis ejusdem regionis; par M. J. Muller (Extrait du Bulletin de la Société royale de botanique de Belgique, 1892). Brochure in-8°, de 21 pages. On s'étonnera peut-étre en voyant que ce Mémoire, qui ne compte que 52 numéros, présente 33 espèces ou variétés nouvelles, soit environ les 4/6 du total. La raison en est que la plus grande partie de cette collec- tion est formée par les récoltes du D" Knight, et que celui-ci n’a envoyé à M. Muller que les espéces qu'il n'avait pas déjà fait passer sous les REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 149 yeux de M. Nylander. Aux Lichens de M. Knight, M. le D' Muller a ajouté quelques espéces recueillies par Colenso et plus récemment par MM. Haast et Dall. Celles de Colenso sont conservées dans l'herbier du Musée de Kew. Parmi celles-ci, il s'est trouvé un genre nouveau, Conio- phyllum, qui forme une tribu, Coniophylleæ, et qui ne possède qu'un genre, C. Colensoi. Les32 autres nouveautés se subdivisent en 19 espèces et en 13 variétés ou formes. Les espèces nouvelles, en plus de celle qui a été citée tout à l'heure, sont : Beomyces cupreus; Cetraria corallo- phora; Sticta pubescens et S. psilophylla; Pertusaria Knightiana ; Lecidea nigratula et littoralis; Buellia ferax; Biatorinopsis pal- lidula; Opegrapha modesta et pleistophragmoides; Arthonia leci- deoides ; Arthothelium spadiceum ; Verrucaria submargacea; Porina albinula, triblasta, albicascens, emiscens et saxicola ; Arthopyrenia gemellipara (ce Lichen est le primitif Verrucaria gemellipara Knight, et le V. gemellipara Nyl. Lich. N. Zeland., p. 133, devient l Artho- pyrenia transposita) et Microthelia Knightiana. Tous ces noms, dont quelques-uns appartiennent à M. Knight, sont à ajouter à l'ouvrage de M. Nylander, Lichenes :Novæ Zelandiæ (1) ; il en est de méme des 13 variétés nouvelles. M. Muller supprime une de ses espéces précé- dentes, Sticta coronata Mull. Argov. Lich. Beitr., n° 99, qui est le Sticta orygmæa Ach. Trois des noms de M. Nylander sont supprimés; le Siphula decumbens Nyl. devient le S. subcoriacea Mull. Argov., l'Ar- thonia platygraphella est remplacé par le Platygrapha verruculosa, parce que ces deux derniers noms jouissent de la priorité, et enfin le Verrucaria micromma Nyl. Lich. Nov. Zeland. p. 131, doit s'appeler Pyrenula occulta, M. Muller estimant que la détermination de M. Ny- lander est erronée. Asn£ H. Lichenes Yatabeanmi in Japonia lecti et a cl. prof. Yatabe missi; par M. J. Muller (Nuovo Giornale botanico italiano, 1892, n* 3, pp. 189-202). Cette collection de Lichens japonais de M. Yatabe est égale pour le nombre à celle que ce professeur a envoyée l'année précédente à M. Muller; elle présente 119 numéros, et la première en a 118. Elle pro- vient, au moins en partie, des mémes localités, mais les éléments qui la composent sont un peu différents. Les Cladoniés et les Thélotrémés sont moins nombreux, tandis que les Lécanorés, les Lécidés et les Graphidés offrent un plus grand nombre d’espèces. Sur ces 119 Lichens, 20 sont communs à la liste précédente, et sur les 99 qui restent 21 sont nou- veaux; ces nouveautés se décomposent en 19 espèces et 2 variétés. Les (1) Voy. Bulletin, 1890, Revue bibliograph. p. 167. 150 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. premières sont : Jemadophila coronata; Stereocaulon octomerellum: Sticta flava; Parmeliella incisa: Lecania pachycarpa ; Rinodina te- nuis; Pertusaria melanophthalma et P. platypora; Nesolechia pro- lificans ; Patellaria rudiuscula, P. peltiformis, hakonensis (du mont Hakone) et fusiformis; Graphis cervina, G. parallela et cognata; Graphina undulata; Arthonia gregantula et Pyrenastrum tokyense (de Tokio ou Yeddo, dans l'ile de Niphon, dans laquelle tous ces Lichens paraissent avoir été récoltés). -ABBÉ HUE. Lichenes manipurenses a cl. D' G. Watt circa Manipur ad li- mites orientales Indiæ orientalis, 1881-1882, lecti; par M. J. Muller (The Linnean Society's Journal. — BorANYy, 1892, vol. xxix, pp. 217-231). Peu de Lichens ont été jusqu'alors récoltés dans ce petit État de Manipur, situé près de la Birmanie anglaise. Ceux que M. le D" Watt y a recueillis, et que M. Thiselton Dyer a envoyés à M. Muller pour les exa- miner, sont au nombre de 101, presque tous corticoles. La tribu la mieux représentée est celle des Graphidés qui emporte 30 espéces; vient ensuite celle des Lécanorés qui en a 18, puis les Parméliés avec 16 et les Lécidés qui en présentent 15. Sur les 30 Graphidés, 22 sont nou- veaux : Dirina byssiseda; Platygrapha gregantula et cinerea; Ope- grapha subsulcata ; Graphis verminosa, contortuplicataet longiramea; Pheographis manipurensis; Graphina semirigida et multistriata ; Pheographina Wattiana et phlyctidiformis; Arthothelium pycno- carpoides et erumpens; Mycoporum deplanatum et indicum ; Chiodec- ton flavicans et Enterodictyon indicum, qui est un genre nouveau et se place prés des Chiodecton. Viennent ensuite quatre variétés nouvelles : Graphis rimulosa var. parallela; Pheographis inusta var. parallela; Graphina sophistica var. parallela et Gr. obtecta var. oligospora, de sorte que dans cette collection il n'y a que 8 Graphidés déjà connus. Les autres nouveautés sont au nombre de 11, 9 espéces : Placodium indi- cum; Psora manipurensis: Lecanora emergens; Pertusaria rigida et Wattiana; Lecidea permutabilis ; Patellaria convexula; Trypethelium inamænum et Anthracothecium manipurense; et 2 variétés : Lecidea parasema var. microcarpa et Patellaria americana var. livido-nigri- cans. Le nom de l'arbre sur lequel ces Lichens ont été pris n'est jamais indiqué; quant à l'altitude, elle s'éléve parfois à 600-10000 pieds. ABBÉ H. . REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 151 Lichenes epiphylli Spruceani à cl. Spruce in regione Rio- Negro lecti, additis illis a cl. Trail in regione superiore Amazonum lectis, ex herb. Kewensi recenter missi; par M. J. Muller (Linnean Society's Journal. — BorANY, 1892, vol. xxix, pp. 322-333). Sur les 64 numéros que renferme cette intéressante collection de Lichens épiphylles, 2 sont des formations lichéniques incomplétes et 4 des Haplopyrenula, relégués maintenant, par M. Muller, parmi les Champignons. Les 58 autres sont disposés en 8 tribus, dont la plus nombreuse est celle des Lécidés, 15 espéces dont 6 nouvelles : Lecidea Trailiana; Patellaria leioplacella, Gabrielis, cesiella et diffluens ; Lopadium Membranula. Viennent ensuite les Graphidés et les Stri- gulés, chacune de ces tribus ayant 12 espèces, la première avec 4 nou- velles : Arthonia Hymenula; Arthoniopsis obesa et palmulacea, et la seconde avec 2 : Strigula setacea et undulata. Les autres espéces nou- velles appartiennent, 3 aux Lécanorés : Lecania bicolor, lacerata et levigata, et une aux Pyrénulés : Phylloporina Spruceana. Il se trouve aussi 2 variétés de Strigula non encore observées : St. nigrocincta var. soluta et St. complanata var. subtilis, ce qui porte les nouveautés à 17, c'est-à-dire au tiers du total. AnnÉ H. Lichenes Neo-Caledonici a cl. Balansa in Nova-Caledonia lecti nec non alii nonnulli ab aliis ibidem observati; par M. J. Muller (Extrait du Journal de Botanique de M. Morot, 1893). Broch. in-8° de 12 pages. Sur les127 Lichens qne comprend cette collection de la Nouvelle-Calé- donie, 16 sont nouveaux : 14 espéces et 2 variétés. Voici les noms de ces espèces nouvelles : Pyxine nitidula, Thalloidima botryophorum, Patellaria pachyloma, Ocellularia turgida, Opegrapha biseptata, Graphis sororcula, pachysporella et ccsio-olivacea, Phæoyraphis neocaledonica, Arthothelium coccineum, Pleurotrema polycarpum, Arthopyrenia subangulosa, platycarpa et bilimbiacea. Les 2 variétés nouvelles sont : Sticta hypopsiloides var. recedens et Ocellularia cavata f. athallina. Les Graphidés emporlent presque la moitié de ces nou- veautés, 6 sur 14. C'est aussi cette tribu qui est la mieux représentée dans cette collection; 27 espèces lui sont attribuées; les Verrucariés n'en ont que 22, les Lécidés 13, les Lécanorés 10, etc. On remarque 2 genres qui n'avaient pas encore été observés dans la Nouvelle-Calé- donie : Thysanothecium et Roccella. M. Muller décrit les spores du Graphis endoxantha Nyl. jusqu'alors inconnues. Il change, par raison de priorité, le nom spécifique de 2 Lichens : Sticta physciospora Nyl. doit se nommer St. impressa Hook. et Tayl., et le Trypethelium Spren- 152 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. gelii Ach. reprend le nom de Sprengel (1804), Trypethelium Eluteriæ. M. Nylander, Syn. Lich., regarde le Sticta impressa Tayl. comme n'appartenant qu'en partie à son S. physciospora. ABBÉ HUE. Lichenes Zambesici in Africæ regione Zambesica a el. Menyharth lecti, in herbario Universitatis vindobonensis servati; par M. J. Muller (Extrait du Verhandlungen der K. K. zoologisch-botanischen Gesellschaft in Wien, 1893). Broch. in-8° de 6 pages. Les Lichens récoltés par M. Menyharth dans les régions africaines traversées par le Zambèze, et conservés dans l'herbier de l'Université de Vienne, sont au nombre de 46; M. Muller en cite 6 autres provenant l’un de Loanda et 5 de l’ile San Thomé. Ce Mémoire contient donc 52 espèces, dont 9 sont nouvelles : Pyrenopsis robustula, Parmelia zambesica, Placodium perexiquum, Callopisma zambesicum et fla- vum, Pertusaria mamillana, Buellia olivacea, Opegrapha Menyhar- thii et Placothelium staurothelioides. Cette dernière espèce, dont les apothécies sont endocarpées, appartient à un genre créé pour elle, Pla- cothelium, lequel par les gonimies de son thalle se rattache aux Hep- pia; M. Muller le distingue de ce dernier genre par le thalle placodié. ABBÉ H. Lichenes africani in variis territoriis germanicis recenter lecti; par M. J. Muller. — Revision der Steinschen Übersicht über die von D" Hans Meyer in Ostafrica gesammelten Flechten (Revision de la- percu de M. Stein sur les Lichens récoltés par M. Hans Meyer dans l'Afrique orientale); par le méme auteur (Engler's Botanische Jahr- bücher, 1893, pp. 505-521). Le premier de ces Mémoires fait partie d'une Contribution à la flore de l'Afrique. Quatre régions différentes ont été explorées par divers savants et elles leur ont donné 44 espèces, parmi lesquelles M. Muller en a recomu 4 nouvelles : Psora Buttneri, Pertusaria personata, Patellaria togoensis et infuscata. Dans le second, M. Muller corrige l’Aperçu de M. Stein sur les Li- chens récoltés par M. le D" Hans Meyer sur le Kilimandscharo et dans l'Usambara. Aprés les deux premiers voyages de l'explorateur allemand, M. Stein publia les récoltes de Lichens que celui-ci avait faites et M. Muller les revisa dans son Mémoire intitulé : Lichenes Africæ tro- pico-orientalis (1). Quand M. Hans Meyer eut accompli sa troisième exploration en Afrique, M. Stein étudia les nouveaux Lichens recueillis et y ajouta ceux des premiers voyages en tenant compte des observations (1) Voy. Bulletin, 1892, Revue bibliograph. p. 81. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 153 du savant lichénologue de Genève. Ce dernier obtint alors de M. Stein un certain nombre des échantillons qu'il avait déterminés, il en vit d'autres de méme provenance dans l'herbier de Berlin, et c'est à l'aide de ces éléments qu'il revise le dernier travail de M. Stein. Les correc- tions qu'il a opérées sont nombreuses, trop fréquentes pour étre citées ici, et encore n'a-t-il pas pu se procurer tous les échantillons originaux. Qu'il nous suffise de relever le nom des espéces qu'il regarde comme nouvelles et auxquelles M. Stein avait imposé un autre nom : Sticta membranacea (d'aprés M. Stein : Parmelia Borreri var. rudecta), Le- canora subcongruens, Pertusaria Mimosarum, Lecidea xanthinula et trachylitica, Rhizocarpon inflatum, Phæographina paucilocularis et Arthopyrenia minuta. Toutes ces nouveautés, à l'exception de la premiére, n'ont pas été changées de genre. ABgé H. Essai sur les Lichens de l'Anjou; par M. l'abbé Hy (Extrait des Mémoires de la Société nationale d'Agriculture, Sciences et Arts d'Angers). Broch. in-8° de 36 pages. Notre docte et sympathique confrére commence dans ce Mémoire la publication du Catalogue des Lichens de l'Anjou, travail pour lequel, depuis longtemps, il ramasse chaque année de nombreux malériaux. Avant de faire l'énumération des Phyco-Lichens que renferme seuls cette premiére partie, M. l'abbé Hy, dans une trés intéressante introduc- tion, résume la question, si longtemps débattue mais maintenant résolue d’après lui, de la symbiose de l'Algue et du Champignon, puis il montre que, si le Lichen peut étre rattaché aux Champignons, il n'en demeure pas moins distinct par la présence des cellules contenant de la chloro- phylle, et enfin que ces gonidies ou Algues subissent, par le fait de leur intrusion dans le thalle du Lichen, une modification, une adaptation tout à fait spéciale. Il passe ensuite en revue les rares travaux qui ont été faits avant lui sur les Lichens angevins, puis il divise les Phyco-Li- chens en trois familles, Byssacées, Omphalariées et Collémacées, com- prenant ensemble 42 espéces. La premiére famille n'a que 2 espèces, mais il faut y signaler la dissertation sur le Spilonema pannosum, qui montre que cette appellation doit être substituée par les lichénographes à celle de Sirosiphon saxicola. Dans la deuxième famille, l'auteur re- prend avec raison le genre Peccania Mass. pour une espèce, P. coral- loides Mass., que M. Nylander avait confondue avec les Omphalaria. La troisième famille se subdivise en 3 genres et comporte à elle seule 36 espèces, parmi lesquelles nous en remarquons un certain nombre de nouvelles : Collema microgonimum, à spores simples, Leptogium andegavense, bellopratense et nemorale, ainsi que les 2 espèces du genre Psorotichia Mass. substitué, comme plus ancien, au genre Col- 154 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. lemopsis Nsl., P. rufescens et P. geophila. Il faut encore citer la variété nouvelle du Collema pulposum var. ligerinum, et faire remar- quer que le genre Collemodium Nyl. est fondu dans les Leptogium. Toutes les espèces nouvelles de M. l'abbé Hy sont des Lichens à thalle trés tenu, à peine visible à l’œil nu, ce qui prouve avec quel soin il explore toutes les localités de l'Anjou. ABBÉ Houe. Note sur les Parmelia et les Physcia de l'Ouest: par M. Viaud-Grand-Marais (Extrait du Bulletin de la Société des sciences naturelles de l'ouest de la France, 1892). Broch. in-8* de 155- 160 pages. Ce Mémoire d’un autre de nos confrères, bien connu par ses travaux sur la flore de l'ile de Noirmoutier, est la simple énumération, avec l'in- dication des réactions, des Parmelia et des Physcia de la péninsule bretonne. Le premier de ces genres divisé en deux sections présente 22 espèces, et le second fractionné en trois sous-genres en a 16. M. le D" Viaud-Grand-Marais me pardonnera de lui faire remarquer que le Parmelia pertusa Schær. n'est pas confiné dans les iles bretonnes, car je l'ai récolté, sur le continent, dans les environs de Brest, à Plougastel, où du reste il est signalé par les fr. Crouan, Florule du Finistère, p. 98. De plus, le Physcia chrysophthalma DC. n'habite pas seulement le rivage armoricain, il s'avance assez loin dans les terres; je l'ai recueilli parfaitement fructifié, prés de Nort, petite ville située sur l’Erdre. ABBÉ H. Lichenologische Ausfluge in Tirol, xxv, der Arlberg (Explo- rations lichénologiques dans le Tyrol, xxv, le mont Arlberg); par M. F. Arnold (Extrait du Verhandlungen der K. K. zoologisch- bota- nischen Gesellschaft in Wien, 1893). Broch. in-8° de 49 pages. M. le D' Arnold donne dans ce Mémoire la liste des Lichens qu'il à recueillis pendant ses vacances des trois années 1890-1892. Les diffé- rentes parties des monts Arlberg qu'il a explorées, Pians, Saint-An- toine, Saint-Christophe, Wirth et Hochkor, varient, pour l'altitude, de 900 à 2900 métres. Les roches qui forment ces montagnes sont le cal- caire, le granite et le gneiss ; les arbres lui ont aussi fourni un certain nombre d'espéces, mais les plus nombreuses sont saxicoles. Pour ces dernières les récoltes sont énumérées jour par jour, et elles montrent que cette partie du Tyrol, comme le reste de cette contrée montagneuse, est trés riche en Lichens. Suivant la méthode qu'il a adoptée pour les autres parties de ses explorations lichénologiques dans le Tyrol, cet auteur fait souvent suivre le nom de l'espéce d'une courte description REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 155 du thalle, de l'indication des réactions et de la mesure des spores. Ce Mémoire se termine par l'indication de quelques espéces provenant des localités précédemment visitées. AnnÉ H. Flore de France, ou Description des plantes qui croissent spontané- ment en France, en Corse et en Alsace-Lorraine; par MM. G. Rovy et J. Foucaup (ouvrage édité par la Société des sciences naturelles de la Charente-Inférieure); tome 1", in-8° de Lxvirr-264 pages ; chez G. Rouy, avenue Casimir, 7 et 9, Asnières (Seine), et J. Foucaup, au Jardin botanique de la marine, Rochefort (Charente-Inférieure); et chez les principaux libraires de France et de l'étranger, 1893. Le plan général de l'ouvrage, son opportunité et les régles générales qui y seront appliquées sont clairement exposés dans lIntroduction (pp. v à xv). Elle est suivie (pp. xvir-Lv) de la « Liste des principaux ouvrages consultés ou cités (Traités, Flores, Monographies, Catalo- gues, Notices, ete.) », formant un Index bibliographique très étendu (1) et complété par celui des exsiccatas ou « Principales collections de plantes sèches numérotées consultées ou citées ». On trouve dans les pages suivantes (Lvir-Lxv1) la liste des « Abréviations des noms d'au- teurs ou de collecteurs » et celle des « Botanistes, la plupart francais, qui ont le mieux mérité de la flore de la France, soit par leurs recher- ches, leurs publications, leurs herborisations, soit par les communi- cations qu'ils nous ont faites ». Aprés ces renseignements prélimi- naires, on arrive à la FLORE DE FRANCE, où sont traités successivement les Renonculacées, Berbéridées, Nymphéacées, Papavéracées, Hypé- coées, Fumariacées et sept genres (tribu des Arabidées) des Crucifères. L'ordre suivi pour ces familles est le méme que dans la Flore de France de Grenier et Godron, mais le genre Hypecoum que ceux-ci laissaient dans les Papavéracées en est séparé et constitue la famille des Hypé- coées. Deux pages d'Additions et corrections typographiques et une Table alphabétique des familles, espéces, sous-espéces, variétés, sous- variétés, hybrides et synonymes, terminent le volume. Disons-le tout de suite : ce qui fait l'originalité de la nouvelle Flore de France, si on la compare aux œuvres similaires antérieures et en généralisant dés à présent un jugement basé sur la partie publiée, c'est l'application d'une méthode donnant à la fois de sérieuses garanties (1) On regrette de n'y pas trouver les dates de publication. Quel que soit le soin apporté à ces relevés, il est difficile d'y éviter complètement quelques er- reurs ou omissions : MM. Rouy et Foucaud ont attribué, p. xxiv, à M. Ad. Chatin des Études botaniques sur les Valérianées qui sont l’œuvre de M. Johannes Chatin, fils de notre éminent collégue et, comme lui, ancien et toujours fidele membre de notre Société. 156 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. aux botanistes linnéens à tendances synthétiques et de larges satisfac- tions aux adeptes de l'école opposée dite analytique ou multiplicatrice. Les auteurs, dans leur Introduction, s'adressent en ces termes aux pre- miers : « Nous nous efforcerons, disent-ils, de rattacher à juste titre aux » types spécifiques, véritables selon nous, les formes si nombreuses éle- » vées au rang d'espéce et que nous estimerons, aprés un examen appro- » fondi, ne pouvoir garder leur autonomie... On voit que notre maniére » de considérer l’espèce se rapproche de la doctrine synthétique », et ils ajoutent aussitót : « Nous accorderons toutefois une grande place » à la synonymie; il sera dés lors loisible, aux botanistes qui apprécie- » ront l'espéce dans un sens moins large que nous, de noter comme type, » d'aprés notre ouvrage, une plante que nous n'aurons acceptée qu'à » litre de sous-espéce, de forme ou de variété, mais dont nous donne- » rons cependant le caractère différentiel et le nom binaire. » Les enga- gements résultant de cette double déclaration sont fidélement tenus. Dans le genre Thalictrum, par exemple, les botanistes plus sensibles aux rapports qu'aux différences verront sans déplaisir la suppression de 6 espéces (1) sur les 16 qu'admettaient naguére Grenier et Godron, et les amateurs de coupes micromorphiques auront de leur côté une ample matiére à leurs études de prédilection avec les 10 sous-espéces et les 38 formes (2) décrites dans le groupe du Th. minus, les 6 sous- espèces du Th. flavum, etc. Dans le grand genre Ranunculus, le nombre des unités spécifiques a été aussi diminué; mais, si le R. con- fusus est rattaché comme sous-espéce au R. Baudotii, le R. Drouetii au R. trichophyllus, le R. platanifolius au R. aconitifolius, le R. an- gustifolius au R. pyrenœus, etc., 11 types secondaires sont décrits à la suite du R. acer, 8 sont subordonnés au R. bulbosus, 6 au R. monspe- liacus, etc. Ces citations donnent une idée suffisante du plan général (1) Les Thalictrum odoratum, saxatile, nutans, majus et silvaticum de G. G. sont rattachés au Th. minus; le Th. spurium au Th. flavum. Par contre le Th. flavum 8. angustifolium G. et G. (Th. mediterraneum Jord.) devient une sous-espèce du Th. exaltatum Gaud., que Grenier et Godron excluaient de leur Flore (t, 53). (2) « Une innovation qui sera probablement remarquée », disent les auteurs dans l'Introduction (p. x1), « c'est la valeur que nous attribuons à la forme, » que nous considérons comme synonyme de la race en horticulture, ei non » comme une simple variation ou modification peu importante du type spéci- » fique due à des changements dans les conditions ordinaires de la vie de la » plante, ce qui constitue alors la variété. Nous estimons donc la forme d'un » degré supérieur dans l'échelle de la classification à la variété, puisqu'elle » est plus stable et se reproduit généralement telle quelle; elle peut avoir » elle-même des variétés... » Le sens donné par les auteurs au mot forme constitue, ainsi qu'ils le reconnaissent, une innovation, que nous n'avons pas à apprécier ici. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 151 adopté dans la nouvelle Flore; on pourra en critiquer l'ensemble ou épiloguer sur les détails, mais toutes les opinions y trouveront des avan- tages. Ainsi qu'on devait s'y attendre de la part d'auteurs aussi laborieux que bien renseignés, ils ont eu soin de relever toutes les acquisitions dont s'est enrichie la flore francaise depuis la publication de la Flore de Grenier et Godron, laquelle était antérieure à l'annexion du comté de Nice et de la Savoie. Nous remarquons à ce titre les nouveautés suivantes : X Ranuncuzus LuizET: Rouy (R. parnassifolio X pyrenœus Luizet in litt. : R. parnassifolius var. angustifolius G. et G. Fl. de Fr. I, p. 28). R. REvELrERI Bor. — Corse. R. LATERIFLORUS DC. — Hérault et Haute-Loire. R. cAncANICUS Ten. — Alpes-Maritimes. R. GERANHFOLIUS Pourr. (1). — Pyrénées. R. wacROPHYLLUS, avec les var. heucherifolius et procerus. — Corse et Midi. X R. auriGeranus Rouy (R. auricomus X montanus). — Ariège. R. cuius DC. — Corse. AQUILEGIA KırarBEL Schott. — Cévennes et Roussillon. PaPAvER OBTUSIFOLIUM Desf. — Corse. P. PINNATIFIDUM Moris. — Alpes-Maritimes. X Fumaria ALBERTI Fouc. et Rouy (F. Vaillantii var. Chavini X of- ficinalis var. Wirtgeni). — Var. MATTHIOLA VALESIACA Gay. — Savoie. BARBAREA SICULA Presl (2). — Corse. B. piNNATA Lebel in herb. Mus. Paris. — Manche. X NasrunTIUM Hyi (N. supersilvestri-amphibium Fouc. et Rouy). Ce serait la plante publiée par Billot sous le n° 314 (N. palustre-sil- vestre Wirtg. : N. anceps nonnull. non DC.). (4) Les auteurs raportent au R. geraniifolius, comme variétés ou n. espèces, les R. gracilis Schleich., montanus Willd., Breyninus Crantz (Vil- larsii in G. G.), aduncus G. G., Gouani Willd. (2) Espèce citée avec doute d’après de Marsilly. Le B. sicula de la Flore de France de G. et G. se rapporterait, d’après MM. Rouy et Foucaud, au B. inter- media Bor. 158 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. x Nasturtium Marrer Rouy et Fouc. (N. silvestri-palustre R. et F. non Wirtg., N. anceps Maire non DC.). x. N. pnacuysryLUM Wallr. (N. palustri-silvestre R. et F. non Wirtg.; N. silvestri-palustre Wirtg.; N. mucronulatum de Lacroix; N. anceps Reichb. et alior. non DC.) (1). x. ARABIS HyYBRIDA Reut. (A. murali-stricta Rouy et Fouc.). — Haute- Savoie. CARDAMINE TRIFOLIA L.— Jura français : Grenier et Godron ne le con- naissaient que du Jura suisse. X €. UNDULATA Laramb. (C. latifolio-pratensis). — Tarn. X €. LARAMBERGUIANA R. et Fouc. (C. pratensi-latifolia). — Tarn. x €. Kecku Kern. (C. amaro-silvatica). — Lorraine. C. cHELIDONIA L. — Corse (2). C. cræca L. var. corsica Nym. — Corse. X DENTARIA DIGENEA Gremli (D. digitato-pinnata). — Isère et Haute- Savoie. X D. Rari R. et Fouc. (D. pinnato-digitata Rap.).— Isère, Drôme, Haute-Savoie. Les limites qui nous sont imposées nous obligent de passer sous silence les sous-espèces et variétés nouvelles, malgré leur véritable intérêt au point de vue de la géographie botanique. Au sujet de la nomenclature, les auteurs indiquent dans l'Introduction (p. 1X) une ligne de conduite qu'on ne saurait trop approuver : « Nous » serons, disent-ils, extrémement sobres de changements pour les noms » adoptés jusqu'alors par la grande majorité des botanistes, car nous » estimons que la clarté dans la science doit étre le but absolu que doit » poursuivre tout auteur, puisqu'il faut avant tout se comprendre et » savoir ce dont on parle. » On ne saurait mieux dire; satisfait par cette déclaration absolument conforme à notre manière de voir, nous n'avons pas ici à examiner si la régle générale ainsi formulée a regu toujours dans ce premier volume les applications qui, selon nous, en découlaient strictement. Une semblable discussion, sur une matiére aussi contro- (1) Le Nasturtium anceps DC. est, pour MM. Rouy et Foucaud, un N. sil- vestri-amphibium. (2) Grenier et Godron (Fl. de France, 1, 108) citent comme synonyme du C. latifolia Vahl le C. chelidonia Lamk, Dict. 11, p. 183; ils auraient dù ajouter « non L. » REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 159 versée et qui trop souvent divise les meilleurs esprits, sortirait d'ailleurs du cadre qui nous est tracé. L'orthographe des termes de nomenclature est généralement châtiée. Quelques minuties peuvent échapper à l'oeil le plus exercé : circinnatus, Barbaræa, Mathiola pour circinatus, Barbarea, Matthiola, ou parfois € pour c, etc. La perfection, en matiére typographique comme en beau- coup d'autres, est un idéal auquel on doit toujours tendre sans trop espérer d'y atteindre. Nous félicitons vivement les auteurs d'avoir écrit cirrosus au lieu de cirrhosus (1), rompant ainsi avec une de ces caco- graphies privilégiées que les botanistes se transmettent religieusement depuis Linné. Pour éviter toute suspicion de partialité dans la conclusion de ce compte rendu, nous emprunterons à un distingué botaniste de Genéve les termes dont il s'est servi : « La Flore de MM. Rouy et Foucaud », dit M. John Briquet, « est un ouvrage remarquable par l'abondance extraor- » dinaire de renseignements qu'il renferme, et constituera toujours pour » le travailleur un répertoire indispensable de la bibliographie systé- » matique francaise. Nous ne pouvons que féliciter les deux auteurs de » l’œuvre considérable qu'ils ont entreprise et faire nos vœux pour » qu'ils la ménent à bonne fin (2). » Ce jugement et ces vœux sont aussi les nôtres. Ern. MALINVAUD. Notes de Botanique : Le Gui sur le Genét; le Lysimachia punc- tata L. dans l'Ile-et- Vilaine; par M. Pierre Lesage (Bull. de la Soc. scientif. et médicale de l'Ouest du 3* trimestre 1893). Tirage à part de 6 pages in-8°. L'auteur, après avoir dressé la liste des arbres et arbrisseaux sur lesquels le Viscum album a été trouvé, y ajoute le Sarothamnus sco- parius Koch, dont un pied observé dans la commune d'Essé (Ille-et- Vilaine) portait, vers le milieu de sa tige, une touffe sphérique de Gui. Deux stations de Lysimachia punctata ont été découvertes à Janzé (Ille-et-Vilaine) (3). Ern. M. (1) Cirrosus vient du latin cirrus, signifiant proprement boucle de cheveu, et non du mot grec que rappelle cirrhosus. On doit écrire, pour une raison analogue, Pirus, Pirola, et non Pyrus, Pyrola. (2) J. Briquet, Questions de nomenclature in Bulletin de l'herbier Bois- sier, vol. it (1894), p. 85. i (3) Nous avons naguère observé cette espèce dans le bois de Meudon (Seine- et-Oise), notamment sur les bords de la mare Adam ; elle n'y était évidemment que subspontanée et rarement fleurie. 160 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. NÉCROLOGIE Alphonse Derhès. — Une période remarquable de l'histoire des Al- gues commence peu aprés 1840. M. J. Agard publie les Alge maris me- diterranei, Kützing son Phycologia generalis, Decaisne sa Classification des Algues, Thuret ses premiers travaux sur les zoospores des Algues, les anthéridies des Fucacées, la reproduction des Nostoc, préludes des Recherches sur les zoospores des Algues et les anthéridies des Cryp- togames qui obtinrent le grand prix des sciences naturelles proposé, en 1847, par l'Académie des sciences. Ce concours mit en lumière les noms de Derbés et de Solier. Le Mémoire présenté par ces savants au jugement de l'Académie, récompensé par elle et publié dans le Supplé- ment aux Comptes rendus, contient une foule d'observations, neuves alors, et doublement intéressantes, les unes parce qu'elles confirmaient les résultats annoncés par Thuret, les autres parce qu'elles portaient sur des plantes de la Méditerranée que leur compétiteur n'avait pas étu- diées. Un second Mémoire des mémes auteurs Sur les organes repro- ducteurs des Algues, qui donne de précieux détails sur la fructification de plus de quinze espéces appartenant à presque autant de genres, faisait espérer une longue suite de travaux algologiques, lorsqu'un acci- dent survenu à M. Derbés pendant une séance d'examens le força à renoncer aux recherches actives et à se consacrer presque exclusive- ment à ses fonctions de professeur. Il vient de s'éteindre à Marseille, dans un âge avancé, n'ayant pu donner toute sa mesure, ni en botanique où il avait débuté si brillamment, ni en zoologie où il Jaisse quelques travaux remarqués. Son accueil simple et ouvert, sa franche cordialité, sa bonté obli- geante forcaient la sympathie; connaitre M. Derbés, c'était l'aimer. Le nom de Derbesia a été donné par Solier à un genre d'Algues verles du groupe des Siphonées. En. BonwET. Le Secrétaire général, gérant du Bulletin, E. MALINVAUD. 16174. — Libr.-Impr. réunies, rue Mignon, 2, Paris. — MAY et MoTTEROZ, directeurs. TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE NUMÉRO. SÉANCE DU 9 FÉVRIER 1894. Admission de MM. Bach, Bourquelot, Guérin et Pouchin...... Dons faits à la Société......,.....................1......., H. Coste et Sennen... Plantes adventices observées dans la vallée de l'Orb (Hérault). Mesnard ............. Localisation des huiles grasses pendant la formation des graines et des fruits..................................... Observations de MM. Mangin et Guignard ; réponses de M. Mesnard..............................,...,.......... Van Tieghem...... .. Structure de la racine dans les Loranthacées parasites....... Godfrin.............. Une forme non décrite de bourgeon dans le Sapin argenté... Hue.................. Lichens des environs de Paris, 2 partie , .................. SÉANCE DU 23 FÉVRIER Admission du R. P. Gave et de MM. Godet et Guimond..... " Géneaude Lamarliére. Flore maritime des environs de Quinéville (Manche)......... Van Tieghem........ Sur la classification des Loranthacées... .................. . REVUE BIBLIOGRAPHIQUE Lichens récoltés dans l'ile d'Ischia; A. Lichenes Yatabeani; J. Muler.......... Jatta...............,...,..,...,.... 145 | Lichenes manipurenses; J. Muller...... Cryptogames réc. prés de Tripoli par Lichenes epiphylli Spruceani; J. Muller. Raphaël Spigai; E. Baroni........... 145 | Lichenes Neo-Caledonici a Balansa lecti; Contribution à la Lichénographie de la J. Muller.....................5... - Toscane; E. Baroni...............-. 146 | Lichenes Zambesici ; J. Muller..... io Lichenes pedemontani a cl. Arcangeli Lichenes africani; J. Muller....,....... lecti; E. Baroni..................... 146 | Essai sur les Lichens de l'Anjou; abbé Un nouveau Lichen marin; G. Massee... 147| MHy................................. 147 | Note sur les Parmelia et les Physcia de Fragments lichénologiques ; Arnold.. l'Ouest; Viaud-Grand-Marais. ........ Les espéces d'Alectoria et leur distribu- tion géographique; Stizenberger..... . 147 | Explorations lichénologiques dans le Ty- Contribution à la Flore des Lichens de la rol; F, Arnold. ......... eerie ‘ Basse-Autriche; A. Zahlbruckner .. 148| Flore de France, tome 1"; G. Rouy et Sur la Flore cryptogamique de la Haute- J. Foucaud........ eene D Autriche; A. Zahlbruckner........... 148 | Notes de Botanique; le Gui sur T Genét, Lichenes Knightiani in Nova Zelandia le Lysimachia punctata dans l'Ie-et- lecti; J. Muller........ Tor 1481 Vilaine; Pierre Lesage.............. NÉCROLOGIE : Alph. Derbès....,..,..4.......u...s..s..s......... cesse E 97 98 114 120 121 127 130 154 . 160 T SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE Les séances se tiennent à Paris, rue de Grenelle, 84,à huit heures du soir, habituellementles deuxième et quatriéme vendredis de chaque mois. JOURS DES SÉANCES ORDINAIRES PENDANT L'ANNÉE 1894 12 et 26 janvier. 13 et 27 avril. 13 et 27 juillet. 9 et 23 février. 11 et 25 mai. 9 et 23 novembre. 9 mars. 8 et 92 juin. — | 14 et 28 décembre. Se La Société publie un Bulletin de ses travaux, qui paraît par livraisons mensuelles. Ce Bulletin est délivré gratuitement à chaque membre et se vend aux personnes étrangères à la Société au prix de 30 fr. par volume annuel terminé (sauf les exceptions spécifiées ci-après), 32 fr. par abonne- ment. — Il peut être échangé contre des publications scientifiques et pério- diques. Les 25 premiers volumes du Bulletin, à l'exception des t. IV (1857) et XV (1868), sont cédés au prix de 10 fr. chacun, et les suivants (2e sér.) au prix de 15 fr. chacun (à l'exception du tome XXXVI), à MM. les nouveaux membres qui les font retirer à Paris, après avoir acquitté leur cotisation de l’année courante. N. B. — Les tomes IV et XV, étant presque épuisés, nesont plus vendus séparément. Le tome XXXVI (1889) renferme les Actes du Congres de botanique tenu à Paris en août 1889; le prix de ce volume est de 40 fr. pour les personnes étran- gères à la Société et de 20 fr. pour les membres de la Société. Les frais d'envoi de volumes ou numéros anciens du Bulletin, ainsi que des numé- ros déjà parus lorsqu'un abonnement est prís au milieu de l'année, sont à la charge de l'acquéreur ou de l'abonné. AVIS Les notes oucommunications manuscriles adresséesau Secrétariatpar les membres de la Société, pourvu qu'elles aient trait à la botanique ou aux sciences qui s'y rat- tachent, sontlues en séance et publiées, en entier ou par extrait, dans le Bulletin. Tous les ouvrages ou mémoires imprimés adressés au Secrétariat de la Société botanique de France, rue de Grenelle, 84, prennent place dans la bibliothéque de la Société. Ceux qui seront envoyés dans l'année méme de leur publication pourront être analysés dans la Revue bibliographique, à moins que leur sujet ne soit absolu- ment étranger à la botanique ou aux sciences qui s'y rattachent. MM. les membres de la Société qui chaugeraient de domicile sont instamment priés d'en informer le Secrétariat le plus tôt possible. Les numéros du Bulletin qui se perdraient par suite du retard que mettraient MM. les membres à faire connaître leur nouvelle adresse ne pourraient pas étre remplacés. N. B. — D'après une décision du Conseil, il n'est donné suite, dans aucun Cas; aux demandes de numéros dépareillés, lorsque le volume auquel ils appartiennent est terminé depuis plus de deux ans. Il en résulte que, pour se procurer une partie quelconque du tome XXXVIII (1891) ou d'une année antérieure, on doit faire l'aequisitior du volume entier. — Aucune réclamation n’est admise, de la part des abonnés, pour les numéros publiés depuis plus de trois mois. Adresser les lettres, communications, demandes de renseignements, réclama- tions, etc., à M. le Secrétaire général de la Société, rue de Grenelle, 84, à Paris. o2 16174. — Lib.-Imp. réunies, rue Mignon, 2, Paris. — /May et MoTTEROZ, direct. w La circulaire relative à la session extraordinaire de cette année sera prochainement distribuée. BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE mi mi | DE FRANCE FONDÉE LE 23 AVRIL 1854 ET RECONNUE COMME ÉTABLISSEMENT D'UTILITÉ PUBLIQUE PAR DÉCRET DU 17 aourt 1875 TOME QUARANTE ET UNIÈME (Troisième série. — TOME I^) 1594 *) e) SÉANCE DU 9 MARS 1894. PARIS AU SIÈGE DE LA RUE DE GRENELLE, Publié en mai 1894. AVIS Le Secrétaire général, n'ayant pas encore recu les ma- nuscrits de diverses communications faites aux derniéres séances de la Session extraordinaire de 1893, prie instam- ment les auteurs de ces travaux de vouloir bien lui en adresser le plus tót possible la rédaction ou de le prévenir s'ils ont renoncé à les publier. Tarif des tirages à part. NOMBRE DE FEUILLES. 25 50 100 200 500 EXEMPL. | EXEMPL. | EXEMPL. | EXEMPL. | EXEMPI. Une feuille (46 pages), réimposition, papier, tirage, fr. c. fr. c. fr. c. fr. c. fr. c. pliure, piqûre et enveloppe de couleur. . . . . 8 50 9 50 4» 45 » 24 » Trois quarts de feuille (49 pages). . . . . . ... 8 » 9 » 10 50 14 » 22 » Demi-feuille (8 pages). . . .. . ......,... 5» 6 » 8 » 42 » 18 » Quart de feuille (4 pages . . .. ... ...... 4 5» 5 » T >» 9 » 14 » ĝe feuille en sus de la première. . . . . .. ... 1 50 8 50 9 50 42 » 18 » Trois quarts de feuille en sus d'une feuille. . . . . 7 » 8 » 9 » 44 50 16 » Demi-feuille en sus d’une feuille. . . . . . . . . 4 >» 5 » 6 50 8 50 14 » Quart de feuille IDEM 3 a À » 6 » 8 » 12 » La composition d'un titre d'entrée spéciald'une demi-page est de 1 franc. La composition d'un grand titre d'une page est de 3 francs. En plus les frais de tirage et de papier. La composition d'un faux-titre est de 2 francs. En plus les frais de tirage et de papier. La composition d'une couverture imprimée, avec encadrements et sans page d'annonces, est de 2 francs sile titre est la répétition de celui de la brochure, et de 4 francs si le titre est fait seulement pour la couver- ture, En plus les frais de tirage et de papier. S'il y a des corrections, elles sont comptées en sus 90 c. l'heure. Une gravure d'une page, intercalée dans le texte, entraine un supplément de tirage de 2 francs. Une gravure d'une demi-page, 1 fr. 50. Tout wavail de remise en pages, c'est-à-dire entrainant une modification dans la disposition des pages du Bulletin, sera fait en dehors du Tarif ci-dessus et à des prix qu'il est impossible de fixer. ntn. SÉANCE DU 9 MARS 1894. PRÉSIDENCE DE M. GUIGNARD. M. G. Camus, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 23 février, dont la rédaction est adoptée. M. le Président annonce une nouvelle présentation. Lecture est donnée de lettres de MM. Guimond et Lach- mann, qui remercient la Société de les avoir admis au nombre de ses membres. Dons faits à la Société : Boudier, Nouvelles espèces de Champignons de France. — Notice nécrologique sur Ch. Richon. Debeaux, Plantes rares ou nouvelles de la province d' Aragon. Jadin, Contribution à l'étude des Térébinthacées. L. Pierre, Flore forestiére de la Cochinchine, 19* fascicule. Brenner, Nordosterbotiniska Hieracia. Majewski, Dictionnaire des noms polonais zoologiques et botaniques, latin-polonais, tome II, livr. 1 à 6. Bulletin de la Société d'études scientifiques d'Angers, 1893. Bulletin de la Société botanique des Deux-Sèvres, 1889-1892, quatre fascicules. M. le Président rappelle à la Société qu'elle a été con- voquée en assemblée générale pour se prononcer, par un vote nominatif, sur un projet de rédaction nouvelle de l'ar- ticle 10 des Statuts. Tous les membres ont été appelés, par une circulaire en date du 4° février dernier, à prendre part à cette délibération. Cette circulaire était ainsi conçue : Paris, le 1* février 1894. MONSIEUR ET CHER CONFRÈRE, M. le Président de la Société a reçu, à la date du 25 janvier dernier, la lettre suivante, signée parjsoixante-dix de nos confrères : T. XLL (SÉANCES) 11 162 ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DU 9 Mans 1894. MONSIEUR LE PRÉSIDENT, Nons désirons obtenir une modification de l'article 10 des Statuts ainsi conçu : ART. 10. Le Président est choisi à la pluralité des voix parmi les quatre vice-présidents en exercice. Son élection a lieu dans la derniere séance du mois de décembre. Tous les membres de la Societé sont appelés à y parti- ciper directement ou par correspondance. Les autres membres du Bureau et les membres du Conseil sont élus dans la méme séance à la majorité ab- solue des voix des membres présents. D'aprés les stipulations de cet artiele, les membres non présents à la séance des élections ne peuvent concourir qu'à celle du Président, et cette participa- tion elle-méme est à peu prés illusoire, puisque leur choix est limité à une liste de quatre vice-présidents, à l'élection desquels ils n'ont pris aucune part. Peuvent seuls assister à la séance électorale quelques confréres habitant Paris ou s'y trouvant accidentellement de passage dans les derniers jours de décembre; en fait, le nombre en est trés restreint, car il atteint à peine une moyenne de 30 votants pour les dix dernières années, sur environ 120 membres parisiens et un total de 430 sociétaires. Frappés depuis longtemps de cette inégalité d'influence que rien ne justifie, beaucoup d'entre nous ont eu la pensée d'associer, pour une plus grande part, les sociétaires n'habitant pas Paris à l'élection des membres du Bureau et du Conseil d'administration. Des circonstances récentes nous ont confirmés dans l'opinion que la base du suffrage électoral est trop restreinte et que le mo- ment est arrivé de l'élargir en attribuant au trés grand nombre de nos con- fréres qui sont privés d'assister à la séance des élections une participation efficace dans l'administration de la Société et conforme aux vues de la ma- jorité réelle de ses membres. L'extension du vote par correspondance permet d'assurer cette légitime participation. Nous demandons en conséquence que tous les membres de la Société puissent voter par correspondance, lorsqu'ils ne peuvent le faire autrement, non seulement pour le Président, comme l'admettent présentement les Statuts, mais pour les autres membres du Bureau et du Conseil d'administration. Nous rentrerons ainsi dans le droit commun, attendu que ce que nous demandons se pratique avec succés depuis fort longtemps dans beaucoup d'autres So- ciétés : ASSOCIATION DES AMIS DES SCIENCES, SOCIÉTÉ ZOOLOGIQUE, CLUB ALPIN, ETC. Il suffirait, pour obtenir ce résultat, de rédiger l'article 10 précité dans les termes suivants : ART. 10. Le Président, les autres membres du Bureau et les membres du Conseil d'administration sont élus, à la pluralité des voix, dans la dernière séance du mois de décembre. Tous les membres de la Société sont appelés à participer à ces élections, soit directement, soit par correspondance. Le Président est choisi parmi les quatre vice-présidents en exercice. En vous priant, Monsieur le Président, de vouloir bien donner à notre re- quéte la suite qu'elle comporte, nous avons l'honneur, etc. ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DU 9 MARS 1894. 163 Ont signé : MM. ALANORE, pharmacien, à Clermont-Ferrand. — ALIAS, contrôleur des contri- butions directes, à Montpellier. — J. d'ARBAUMONT, président de l'Académie de Dijon. — AUDIGIER, négociant, à Clermont-Ferrand. — BARRANDON, conservateur du Jardin des plantes, à Montpellier. — Bazor, professeur de l'Université en retraite, à Dijon. — Émile BESCHERELLE, à Clamart (Seine). — BiLLIET, percepteur, à Clermont- Ferrand. — L'abbé BouLLu, professeur, à Lyon, — G. BOYER, répétiteur à l'École nationale d'agriculture de Montpellier. — D" Bucquoy, médecin-major, en retraite, à Nancy. — Jules CASTELNAU, à Montpellier. — D” Alfred CHABERT, médecin militaire principal de 1° classe en retraite, à Chambéry. — L'abbé Louis CHEVALLIER, à Préci- gné (Sarthe). — CowBREs, licencié ès sciences, à Montpellier. — Charles COPINEAU, juge au tribunal de Doullens (Somme). — L'abbé Hippolyte Coste, à Sainte-Eulalie-de-Cer- non (Aveyron). — COURCHET, professeur à l'École supérieure de pharmacie de Mont- pellier. — DAVEAU, au Jardin botanique de Montpellier. — DES MÉLOIZES, à Bourges. — DEsvaux, professeur au lycée de Lyon. — DurFrOUm, instituteur, à Agen. — Eugène DURAND, inspecteur des forêts, à Montpellier. — EMERY, doyen de la Faculté des sciences de Dijon. — FLAHAULT, professeur de botanique à la Faculté des sciences de Montpellier. — FLICHE, professeur à l'École forestière de Nancy. — Julien FoUCAUD, chef du Jardin botanique de la marine, à Rochefort-sur-Mer. — D' GALAVIELLE, à Montpellier. — Gaston GAUTIER, à Narbonne (Aude). — GAY, professeur à l'École su- périeure de pharmacie de Montpellier. — Paul GENTY, à Dijon. — GÉRARD, professeur de botanique à la Faculté des sciences de Lyon. — D" GiLLOT, lauréat de l'Institut, à Autun (Saône-et-Loire). — GODFRIN, professeur à l'École supérieure de pharmacie de Nancy. — D" GONTIER, à Nice. — D" GRANEL, professeur à la Faculté de médecine et directeur du Jardin des plantes, à Montpellier. — L'abbé HARMAND, professeur au collège de la Malgrange, pres de Nancy. — L'abbé Hur, à Levallois-Perret (Seine). — L'abbé F. Hv, docteur ès sciences, à Angers. — F. JabiN, chef des travaux à la Fa- culté des sciences de Montpellier. — JoussET, pharmacien, à Rochefort-sur-Mer. — A. LE GRAND, agent-voyer en chef du Cher, à Bourges. — Émile LEGRÉ, avocat, ancien bâtonnier, à Marseille. — LEGRELLE, docteur és lettres, à Versailles. — Léon LEGUÉ, à Mondoubleau (Loir-et-Cher). — LEMAIRE, professeur au lycée de Nancy. — Émile LEMOINE, licencié ès sciences, à Nancy. — LE MONNIER, professeur à la Fa- culté des sciences de Nancy. — LoMBARD-DUMAS, à Sommières (Gard). — Edmond MANDON, à Montpellier. — Auguste MICHEL, à Carrières-sous-Bois (Seine-et-Oise). — MONAL, pharmacien, à Nancy. — Léonce MoTELAY, lauréat de l'Institut, à Bordeaux. — OZANON, à Saint-Émiland (Saône-et-Loire). — PARISOT, capitaine en retraite, à Fontenay-sous-Bois (Seine). — D" Louis PLANCHON, à Montpellier. — PLOSSU, pro- fesseur au lycée de Montpellier. — D' Simon Pons, à Ille-sur-Tet (Pyrénées-Orien- tales). — RAvaz, professeur de viticulture, à Cognac (Charente). — REYNEs, avocat, à Montpellier. — Paul SAHUT, à Montpellier. — D' SAINT-LAGER, à Lyon. — D? SAR- GNON, à Lyon. — SAUVAGEAU, maitre de conférences à la Faculté des sciences de Lyon. — Léon TEMPIÉ, à Montpellier. — TissEYRE, professeur à l'École normale de Montpellier. — VIALA, professeur de viticulture, à Montpellier. — VIALLANES, pro- fesseur à l'École de médecine de Dijon. — Philippe de ViLwonIN, à Montpellier. — D? Paul VuiLLEMIN, professeur à la Faculté de médecine de Nancy. M. le Président a communiqué cette lettre, le 26 janvier dernier, au Conseil d'administration, qui a approuvé, par un vote unanime la pro- position qu'elle contenait. rye D'autre part, l'article 18 des Statuts a fixé comme il suit la procé- dure à suivre : ART. 18. Les Statuts ne peuvent être modifiés que sur la proposition du 164 ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DU 9 MARS 1894. Conseil d'administration ou sur une proposition de 25 membres présentée au Bureau. Dans l'un ou l'autre cas, la proposition doit étre faite un mois au moins avant la séance dans laquelle elle est soumise au vote de la Société. L'Assemblée extraordinaire, spécialement convoquée à cet effet, ne peut modifier les Statuts qu'à la majorité des deux fiers des membres présents ou votants par correspondance. Le nombre des membres présents à la séance ou votants par correspondance doit étre égal, au moins, au quart des membres de la Société. Le Conseil a décidé que, pour satisfaire à ces prescriptions, la Société serait convoquée en Assemblée générale, et il a fixé au 9 mars prochain la date de cette assemblée. Nous avons l'honneur de vous inviter à y assister. Si vous en étiez empéché, nous vous prions de vouloir bien nous renvoyer le feuillet détaché ci-joint, aprés avoir répondu, par oui ou par non, à la question qui vous est posée. ' Permettez-nous d'insister pour que votre réponse, dans ce cas, nous parvienne au plus tard le 8 mars prochain, veille de l'Assemblée géné- rale. Il importe que le nombre des votants donne la preuve à l'autorité supérieure que la demande dont elle sera saisie exprime le vœu général de la Société. Recevez, Monsieur et cher Confrére, l'assurance de nos sentiments distingués et dévoués. Le Président, Léon GUIGNARD. Lé Secrétaire général, E. MALINVAUD. Chaque votant doit répondre par oui ou par non, selon qu'il adopte ou qu'il repousse la nouvelle rédaction proposée ci-dessus pour l'article 10 des Statuts, sur un bulletin écrit et signé de sa main. 220 membres, domiciliés pour la plupart dans les départe- ments ou à l'étranger, ont voté par correspondance, et 30 présents ont écrit leurs bulletins pendant la séance. Aprés le dépouillement des votes, auquel procédent les secrétaires, M. le Président fait connaitre les résultats sui- vants : .. 950 sociétaires ont pris part au vote : ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DU 9 Mars 1894. 165 249 ont voté pour. 1 a voté contre. Le nombre total des membres étant de 432, dont le quart est 108, et les deux tiers du nombre des votants étant infé- rieurs à 167, les deux conditions exigées par l'article 18 des Statuts pour que le vote soit valable ont été largement rem- pues (1). .(4) Ont voté eur : MM. Abzac de la Douze (d'), Alanore, Alias, Allard, Amblard, André, Arbaumont (d', Arbost, Audigier, Avice, Bach, Barla, Barnsby, Barrandon, Barratte, Battandier, Bazille, Bazot, Belèze (M'*), Belzung, Bertrand, Bescherelle, Billiet, Blanc, Blottière, Bobard (M*), Bocquillon, Bois, Boissieu (de), Bolle, Bonafons, Bornet (Am.), Bornet (Éd.), Boudier, Boulay, Boulet, Bourguillaut de Kerhervé, Bourquelot, Boyer, Briard, Brochon, Buchet, jucquoy, Bureau, Burnat, Camus (F.), Camus (G.), Castelnau, Chabert, Char- ras, Chatin (Ad.), Chevallier, Cintract, Clos, Coincy (de), Comar, Combres, Constant, Copineau, Cosnier, Cosson, Coste (A.), Coste (H.), Courchet, Danguy, Daveau, David, Deflers, Degagny, Delacour, Des Méloizes, Desvaux, Dezanneau, Dismier, Douteau, Drake del Castillo, Drude, Duchartre, Du Colombier, Duffour, Dumée, Dupuis, Durand (Eug.), Duroux, Dussaud, Duval, Duvergier de Hau- ranne, Emery, Estéve (comte), Faure, Firmin, Flahault, Fliche, Flot, Fortier (Me), Foucaud, Franchet, Gadeau de Kerville, Gadeceau, Gagnepain, Gain, Galavielle, Gandoger, Garroute, Gauchery, Gautier (G.), Gave, Gay, Genty, Gérard (R.), Gillot, Giraudias, Godet, Godfrin, Gomont, Gonod d'Artemare, Gonse, Gontier, Grand'Eury, Granel, Guédon, Guérin, Guermonprez, Guiard, Guignard, Guillon, Guilloteaux-Bouron, Guinier, Hannezo, Hariot, Harmand, Heckel, Hérail, Héribaud (Frère), Hervier, Hollande, Hua, Huber, Hue, Hy, Ivolas, Jaczewski (de), Jadin, Jeanpert, Jousset, Jullien-Crosnier, Klincksieck, Lachmann, Lacroix, Laffitte, Lamie, Lannes, Larcher, Lavau (de), Lé Breton, Lechevallier (M™°?), Le Grand, Legré, Legrelle, Legué, Lemaire, Lemoine, :Le Monnier, Lesage, Le Sourd, Léveillé, Lieutaud, Lignier, Lindau, Lombard- Dumas, Louit, Luizet, Malinvaud, Mandon, Mangin, Mantin, Marcais, Marchand, Marès, Martin (B.), Martin (E.), Maugeret, Maugin, Mège, Ménager, Ménier, Mer, Michel, Miégeville, Monod, Morot, Motelay (L.), Motelay (P.), Mouille- farine, Mouret, Mue, Nanteuil (de), Normand, Nylander, Orzeszko, Paris, Parisot, Pascaud, Patouillard, Payot, Pénicaud, Petit, Pic, Planchon (6.), Planchon (L.), Plossu, Poirault, Poisson, Poli (de), Pouchin, Prillieux, Ramond, Rauwenhoff, Réchin, Reynès, Rolland, Royet, Roze, Sahut, Saint-Lager, Sam- bue, Saporta (de), Sauvageau, Sauze, Schenefeld (M!* de), Séjourné, Soulié, Tempié, Thocler (M**) Tisseyre, Trabut, Tremols, Vallot (E), Vendrely, Vendryès, Viala, Viallanes, Viaud-Grand-Marais, Vidal (Gustave), Vilmorin (Henry de), Vilmorin (Maurice de), Vilmorin (Philippe de), Vuillemin, Zeiller. A voté won : M. Théry. . - Trois votes, envoyés tardivement par correspondance, ne sont parvenus au è . , , , , Secrétariat de la Société que le lendemain de l'Assemblée générale et par suite n'ont pu étre comptés. | 166 SÉANCE DU 9 MARS 1894. La Société a donc adopté à une forte majorité, et en se conformant à la procédure indiquée dans l’article 18 précité, la nouvelle teneur de l'article 10 des Statuts qui était sou- mise à son appréciation. Le résultat du vote ci-dessus sera transmis, avec les piéces à l'appui, à M. le Préfet de la Seine et à M. le Ministre de l'Instruction publique, et, sur la proposition de M. le Président, approuvée par un vote unanime de l'assemblée, M. Alfred Monod, conseiller à la Cour de cassation et ancien vice-président de la Société, veut bien se charger de repré- senter celle-ci auprés de l'autorité supérieure, à l'effet d'en obtenir l'approbation nécessaire pour douner force de loi au nouvel article 10. La Société reprend ensuite l'ordre du jour de la séance ordinaire. M. le Secrétaire général analyse et lit en partie les com- munications suivantes : LICHENS DES ENVIRONS DE PARIS, par M. l'abbé HUE (1). II. Fon£rs DE SAINT-GERMAIN-EN-LAYE ET DE MARLY. 157. Trachylia stigonella Fr. — Sur le thalle du Pertusaria communis DC. végétant sur les Chénes, dans la forét de Saint- Germain, prés de la porte Dauphine et du cháteau du Val; dans celle de Marly, entre la gare de Saint-Nom-la-Bretéche et la route de Fourqueux, prés de l'étoile de la Salle-Verte et entre la route de la Muraille et l'étoile Pavée. Les apothécies sont larges de 0,3-6 millim., sessiles et noires, avec un bord un peu plus pâle, lequel dépasse d'abord le disque, puis disparaît sous ce dernier. Les spores noirátres, resserrées à la cloison, ont en longueur 0,011-13 et en largeur 0,007-8 millim. 158. Calicium trachelinum Ach. — Assez commun dans les deux forêts sur le tronc des vieux Chênes. Cette espéce est facile à reconnaitre par la cupule de ses apothé- (1) Voy. plus haut, p. 130. HUE. — LICHENS DES ENVIRONS DE PARIS. 167 cies, qui sont d'un beau brun roux: quand la masse sporale noire des jeunes apothécies n'est pas encore apparente, on ne voit que de petits points roux portés par une petite tige noire. 159. Calicium pusillum Floerke. — Saint-Germain, sur un Chéne, prés de la route du Petit-Parc. L'apothécie est entiérement noire et plus petite que dans l'espéce précédente. 160. Coniocybe furfuracea var. sulfurella Fr. — Marly, sur un Érable, entre la station de Saint-Nom-la-Bretèche et la route de Fourqueux. Thalle cendré, trés mince ou presque nul; stipes trés gréles, bruns; masse sporale d'un jaune verdätre; spores sphériques ayant en diamétre 0,0030-45 millim. 161. Beomyces rufus DC. — Marly, commun dans les clai- riéres et sur les talus des chemins dans les endroits où la terre est argileuse, mais moins fréquent que l'espéce suivante. 162. Bæomyces roseus Pers. — Marly, trés commun dans les clairiéres qui se trouvent à gauche du sentier allant de la gare de Saint-Nom-la-Bretéche au village de ce nom, à droite et à gauche de la route des Buttes, prés de l'étoile Aimable et enfin prés de l'étoile du Gros-Houx. 163. Bæomyces icmadophilus Nyl. — Marly, sur le talus d'un chemin, prés de l'étoile des Faunes. M. Nylander, Synops. Lich. p. 183, indique cette espèce comme rare dans la forét de Fontainebleau; Marly est donc la seconde localité des environs de Paris où elle ait été rencontrée, Elie appartient aux régions montagneuses et à la Normandie. 164. Cladonia pyxidata var. chlorophea Floerke De Cladon, Comment. p. 70 (1). — Marly, sur la terre, prés de la route Neuve, de l'étoile d'Actéon et dela route des Princesses. Sur le tronc d'un Bouleau, prés de la route Neuve; fertile. 165. Cladonia fimbriata Fr. — Marly, sur la terre, prés de l'étoile de la Salle-Verte. (1) M. le D" Wainio, le savant auteur de la Monographie des Cladonia sou- vent citée ici, a eu la bonté de revoir les déterminations de tous ces Cladonia, et je lui en exprime ma vive reconnaissance. 168: "^ SÉANCE DU 9 Mans 1894. "Thalle à folioles trés développées et portant seulement quelques petits seyphes stériles. Cladonia fimbriata f. 1 tubæformis Nyl. Lich. Scand. p. 51; Cl. pyzidata f. tubeformis Hoffm. Deutschl. Fl. p. 122, Ach. Syn. Lich. p. 255. — Dans les deux foréts, trés commun sur la terre et sur le tronc des Chénes et des Bouleaux ; sur un morceau de cuir dans la clairiére qui se trouve prés de la route de la Cóte et de celle qui descend à l'Étang-la-Ville; parfois fructifié. — f. 2 denticulata Schær. Enum. Lich. europ. p. 190; Cl. pycidata f. denticulata Floerke De Cladon. Comment. p. 59. — Dans la forét de Marly, sur la terre, prés de la route Neuve; fertile. — f. 3 prolifera Schær. Enum. Lich. Ewrop. p. 190; Cl. pyzidata f. prolifera Hoffm. Deutschl. Fl. p. 1422. — Cenomyce fimbriata f. prolifera Ach. Synops. Lich. p. 256. — Dans la forêt de Marly, même localité et mêlé à la f. tubeformis Nyl. ; fertile. . — f. 4 ceratodes Wainio ; Cl. ochrochlora f. ceratodes Floerke De Cladon. Comment. p. 71; Cl. fimbriata var. Clavulus Wain. Adjum. Lichenogr. Lapp. 1, 104, non Cenomyce Clavulus Duf., Wain. Monogr. Cladon. 1, p. 94. — Marly, sur la terre, près de la route tournante de la fontaine de la Maison-Rouge, de celle des Princesses, de la route Neuve et de l'étoile d'Actéon. Sur un Bouleau, prés des routes Neuve et des Princesses. Podétions peu élevés, plus ou moins glabres dans la partie inférieure, couverts vers le haut d'une poussière cendrée ou ver- dâtre, simples, c'est-à-dire sans rameaux, subulés à l'extrémité et stériles. Sur la terre, prés de l'étoile du Partage, quelques échan- tillons passent à f. truncata Wainio, Cladonia ochrochlora f. truncata Floerke De Cladon. Comment. p. 71, certains podétions. ayant l'extrémité tronquée ou obtuse. — f. 5 furcellata Wainio, Cl. furcellata Hoffm. Deutschl FI. 5 118. — Sur la terre, dans la forêt de Saint-Germain prés de 'étoile de Notre-Dame-de-Bon-Secours; dans celle de Mar cu près. de la route Neuve. Podétions élevés, sans scyphes, divisés, vers. le milieu ou les deux tiers de la. hauteur, en plusieurs rameaux subulés, stériles. ou spermogoniféres, granuleux ou squameux' vers la base, puis. HUE. — LICHENS DES ENVIRONS DE PARIS. 16% en partie glabres et en partie couverts d’une poussière verdâtre, laquelle est plus épaisse au sommet. — f. 6 subcornuta Nyl. — Marly, sur la terre, près de la route Neuve, des étoiles du Gros-Houx et du Souillard. Cette forme est souvent mêlée à la précédente et s'en distingue par des podétions simples et plus gréles; stérile. 166. Cladonia pityrea var. 1 crassiuscula Wainio. — Ceno- myce pilyrea var. crassiuscula Del. in Dub. Bot. Gall. p. 627. — Cladonia pyxidata var. pityrea f. crassiuscula Coemans Cladon. belgicæ exsiccat. n^ 88 et 89. — Marly, sur la terre, prés des. routes Neuve et Royale. Podétions courts, à cortex granuleux-verruqueux, manquant cà et là, souvent munis de quelques petites squamules, entiers ou fendus dans une partie de la longueur, simples ou plus souvent divisés dans le haut en plusieurs courts rameaux renflés vers le haut en un scyphe peu apparent et se terminant par une grosse apothécie d'un brun clair ordinairement perforée dans le milieu. Dans la méme forét, sur un Hétre, prés de l'étoile de la Salle- Verte, ont été récoltés des échantillons atypiques, avec des podé- lions couverts de grosses folioles, mais terminés par les mémes apothécies. D'autres exemplaires, pris sur une pierre, prés de l'étoile du Souillard, passent à la variété scyphulifera Del. par une partie de leurs podétions dépourvus de squamules et portant de petits scyphes avec des rayons subulés et courts, lerminés par des apothécies de méme couleur que celles de la variété typique, mais plus petites, ou par des spermogonies. Enfin, d'autres échantillons, provenant du tronc d'un Bouleau prés de la route Neuve, se rapprochent de la variété phyllo- Phora Wainio, Cladonia gracilis f. phyllophora Mudd Man. british Lich. p. 55, par ses podétions trés squamuleux et ses scyphes lacérés et proliféres, portant de grosses apothécies brunes. j — var. 2 cladomorpha Floerke De Clad. Comment. p. 81. — Marly; des échantillons de cette variété récoltés sur la terre, les uns prés de la route Neuve et les autres prés de l'étoile d'Aetéon , passent à la variété hololepis Floerke, tandis que d'autres, pris dans les environs de la méme étoile, se rapprochent de la variété squamuligera Wainio. 170 SÉANCE DU 9 Mans 1894. Cladonia pityrea var. 3 hololepis Floerke De Clad. Comm. p. 83. — Marly, sur la terre, prés de l'étoile d'Actéon, sur un Chêne, dans les environs de l'étoile Solitaire et sur un Bouleau, entre la route de la Muraille et la voie du chemin de fer de Grande-Ceinture. D'autres échantillons, recueillis non loin des étoiles du Souillard et d'Actéon, sont plus ou moins atypiques ou se rapprochent de la var. crassiuscula Del. ; tous sont fertiles. — var. 4 squamulitera Wainio. — Marly, sur une souche de Hêtre, prés de l'étoile du Gros-Houx, mais presque entièrement atypique, avec des podétions courts, portant de petites squa- mules très divisées ou finement granuleuses, décortiquées vers le haut, et là divisés en de courts rayons spermogoniféres. D'autres exemplaires, récoltés sur la terre, route Dauphine, se rapprochent de la var. cladomorpha Floerke. 167. Cladonia leptophylla Floerke. — Marly, sur la terre, au milieu de l'étoile Aimable. 168. Cladonia sobolifera Nyl. — Cenomyce cladomorpha f. sobolifera Del. in Dub. Bot. Gall. p. 631. — Marly, sur la terre, sur le bord de la route Hardouin. Le thalle de cette espéce, dont je n'ai trouvé que ce seul exem- plaire, est insensible à l'action de la potasse; ce Lichen appar- tient aux régions montagneuses. 169. Cladonia glauca Floerke, Wain. Monogr. Cladon. p. 484. — Marly, au milieu des Mousses, entre les routes Dauphine et des Princesses. Ces échantillons ont de courts podétions, mais M. Wainio les regarde comme appartenant certainement à cette très rare espèce- 170. Cladonia furcata var. 1 racemosa (Hoffm.) Floerke, Wain. Monogr. Cladon. p. 323. — Marly, sur la terre, entre les routes Dauphine et des Princesses, sur le bord de la route des Buttes entre les étoiles Aimable et du Souillard, prés de l'étoile Bizarre, entre la route de la Côte et l'étoile d'Actéon et enfin près des Tirés présidentiels. D'autres échantillons récoltés dans les mémes localités et prés des étoiles du Gros-Houx et du Fond, ainsi qu'entre les routes Royale et de la Muraille, se rapprochent de la variété scabriuscula (Del.) par des podétions squameux ou squa- muleux, plus ou moins isidiés ou finement granuleux vers le haut, ou de plusieurs autres variétés ; parfois fertile. HUE. — LICHENS DES ENVIRONS DE PARIS. 111 — var. 2 pinnata (Floerke) Wain. Monogr. Cladon. p. 332. — Marly, sur la terre, route Dauphine, prés de l'étoile d'Actéon et des Tirés présidentiels. Ces échantillons se rapprochent de la var. scabriuscula (Del.). D'autres, récoltés au pied d'un Charme, route des Buttes entre les étoiles Aimable et du Souillard, sont intermédiaires entre cette var. pinnata (Floerke) et la var. scabriuscula f. adspersa Floerke, Wain. ibid. p. 340; en partie fertiles. — — f. 1 foliosa Wain. Monogr. Clad. p. 333. — Cenomyce racemosa f. foliosa Del. in Dub. Bot. Gall. p. 623. — Dans la méme forét, sur la terre, prés de la fontaine de la Maison-Rouge. Ces échantillons sont également atypiques, avec des podétions couverts de folioles et subulés, mais en partie décortiqués et ver- ruqueux, se rapprochant ainsi de la var. scabriuscula (Del.); stériles. — — f. 2 truncata Wain. ibid. ; furcata f. truncata Floerke De Cladon. Comment. p. 145. — Dans la méme forét, sur la terre, au pied de l'étoile Bizarre; fertile. — var. 3 scabriuscula (Del.) Coem., Wain. Monogr. Cladon. p. 338. — Marly, sur la terre, prés du carrefour des Curieux et de la route Neuve. D'autres échantillons récoltés dans cette dernière localité et dans la forét de Saint-Germain, route Verte, passent, les premiers, à la variété racemosa Floerke, et les seconds à la f. sur- recta Floerke. — var. 4 palamæa (Ach.) Nyl., Wain. Monogr. Cladon. p.347. — Marly, sur la terre, prés de l'étoile Aimable. — — f. subulata Wain. Monogr. Cladon. p. 351. — Cenomyce furcata var. subulata Floerke. — Saint-Germain, sur la terre, route Verte. Marly, prés de la route Neuve et de l'étoile Bizarre; stérile. J'ai récolté cette forme bien fructifiée à Cormeilles-en-Parisis. 171. Cladonia rangiformis var. pungens (Ach.) Wain. Mo- nogr. Cladon. p. 361. — Marly, prés du carrefour des Grés et de la route Neuve; fertile. 172. Cladonia squamosa (Scop.) Hoffm., Wain. Monogr. Cladon. p. 441. — Marly, sur une souche de Chátaignier, prés de l'étoile Bizarre ; stérile. — var. denticollis (Hoffm.) Floerke, Wain. ibid. p. 421. — 172 SÉANCE DU 9 MARS 1894. Marly, sur la terre, près de l'étoile du Souillard, de la fontaine de la Maison-Rouge, entre l’étoile d'Actéon et la route de la Côte. Des échantillons provenant de l'étoile d'Actéon, sur la terre, appartiennent presque à la forme squamosissima Floerke, Wain. ibid. p. 422, et d'autres trouvés route Neuve sont intermédiaires entre cette variété et la var. phyllocoma Rabenh., avec des podétions à grandes squamules, mais cà et là décortiqués. 173. Cladonia subsquamosa var. luxurians Wain. Monogr. Cladon. I, p. 447; Cl. delicata var. luxurians vel subsquamosa Nyl. in Leight. Not. Lichenolog. Xl, p. 10; Cl. delicata var. subsquamosa Nyl. in Flora 1886, p. 421. — Marly, sur la terre et au milieu des Mousses, entre les routes Dauphine et des Princesses, . prés des étoiles du Souillard, d'Actéon et du Gros-Houx. Les podétions de cette rare espéce sont bien fructifiés et jau- nissent au contact de la potasse. — f. minutula Wain. in litt. — Dans la forét de Marly, sur une souche de Chátaignier, non loin de l'étoile du Souillard. La potasse jaunit également cette forme, qui diffère du CL. delicata Floerke par ses podétions à peine scyphifères. 174. Cladonia cespititia (Pers.) Floerke, Wain. Monogr. Cla- don. I, p. 458. — Marly, sur la terre, près del'étoile du Gros-Houx, entre l'étoile d'Actéon et la route de la Côte, et sur un talus prés de la porte de Saint-Nom-la-Bretèche ; fertile. 175. Cladonia Floerkeana (Fr.) Sommerf., Wain. Monogr. Cladon. I, p. 72. — Marly, sur la terre, prés de la route de la Côte. Ces échantillons passent au Cl. macilenta Hoffm. par leurs podétions insensibles à l'action dela potasse, mais dont les granules sont légérement jaunis par ce réactif, qui n'a pas action sur l'espéce typique ni sur ses formes. — var. 1 intermedia Hepp, Wain. Monogr. Cladon. Ly mmt Marly, sur la terre noire des clairiéres où, végètent seulement quelques Bouleaux et des Pteris aquilina (là se trouvent également les autres formes de cette espèce, ainsi que les CL. bacillaris Nyl., mucilenta Hoffm. et flabelliformis Wain.) entre les routes Daupitine et des Princesses et prés de l'étoilé Bizarre. Les échantillons de cette derniére localité sont trés beaux ; leurs HUE. — LICHENS DES ENVIRONS DE PARIS. 173 podétions bien développés sont brièvement divisés au sommet et portent de grosses apothécies confluentes d’un rouge éclatant. Dans la même forêt, au pied d’un Chêne, près de la route Neuve et de l'Étang-la- Ville, ont été récoltés des échantillons à podétions gréles, se divisant avant le sommet en rameaux allongés, divariqués et portant de petites apothécies. D'autres exemplaires trouvés entre les routes Daüphine et des Princesses, prés de la route de la Côte et de l'étoile d'Actéon, passent à la var. carcala f. trachypoda Wain. — var. 2 carcata (Ach.) Wain. Monogr. Cladon. 1, p. 80. — Marly, sur la terre, prés de la route des Princesses, de l'étoile du Souillard et de la route Neuve. D'autres échantillons pris sur la terre, route des Princesses, et sur le tronc d'un Bouleau près de l'étoile du Partage, passent à la var. intermedia Hepp par leurs podétions moins squamuleux et plus sorédiés. — — f. trachypoda Wain. Monogr. Cladon. I, p.83; CL. ba- cillaris var. trachypoda Nyl., Norrl. Herb. Fenn. n° 444. — Marly, sur la terre, entre l'étoile d'Actéon et la route de la Côte, entre les routes Royale et de la Muraille. D'autres échantillons de cette derniére localité se rapprochent de la var. intermedia Hepp par des podétions plus cortiqués et sorédiés; fertiles. — var. 3 chloroides (Floerke) Wain. Monogr. Cladon. p. 76. — Marly, sur la terre, prés de la route des Princesses, échantillons qui passent à la var. intermedia Hepp par quelques podétions sorédiés dans le haut ; fertiles. 176. Cladonia bacillaris Nyl., Wain. Monogr. Cladon. 1, p. 88. — Marly, entre les routes Dauphine et des Princesses; peu fructifié. 177. Cladonia macilenta var. styracella (Ach.) Wain. Monogr. Cladon. I, p. 105. — Marly, commun sur la terre, prés des routes Dauphine et des Princesses, des étoiles du Partage et du Gros-Houx, entre l'étoile d'Actéon et la route de la Cóte; sur une vieille souche de Chátaignier prés de l'étoile du Souillard et sur les racines d'un Bouleau prés de l'étoile Bizarre. Podétions portant de petites squamules vers la base, couverts vers le haut d'une poussière verdátre, simples ou trés souvent divisés vers le sommet, subulés, stériles ou spermogonifères ou encore portant des apothécies médiocres. 114 SÉANCE DU 9 Mans 1894. 177. Cladonia macilenta var. styracella. — — f. corymbiformis (Floerke) Wain. Monogr. Cladon. p. 108. — Marly, sur la terre prés de la route des Princesses, entre la route de la Cóte et l'étoile d'Actéon. 178. Cladonia flabelliformis var. tubæformis (Mudd) Wain. Monogr. Cladon. I, p. 117. — Marly, sur la terre, entre les routes Dauphine et des Princesses et prés de l'étoile du Gros-Houx. Tous ces échantillons sont fructifiés, ceux de la derniére loca- lité moins bien caractérisés. Cette espéce, ainsi que la précédente, jaunit par la potasse, tandis que les Cl. Floerkeana Sommert. et bacillaris Nyl. sont insensibles à l'action de ce réactif. 179. Cladonia coccifera (L.) Willd., Wain. Monogr. Cladon. I, p. 149; Cl. cornucopioides Fr. — Marly, sur la terre, prés de l'étoile du Souillard. — var. pleurota (Floerke) Schær., Wain. Monogr. Cladon. p. 168. — Dans la forêt dé Marly, sur la terre, prés de l'étoile des Gros-Chénes. 180. Cladonia digitata Schær., Wain. Monogr. Cladon. l, p. 123. — Marly, entre la route des Princesses et l'étoile du Souil- lard, mélé à la var. ceruchoides Wain. — var. monstrosa f. cerucha Wain. Monogr. Cladon. I, p. 139. — Marly, sur les racines d'un Hétre, prés de l'étoile Dizarre. 481. Cladina silvatica (Hoffm.) Nyl., Wain. Monogr. Cladon. I, p. 18. — Saint-Germain, sur la terre, prés des routes Verte et de Notre-Dame-de-Bon-Secours. Marly, prés des étoiles du Loup, du Souillard, de la Croix-de-Saint-Philippe et du Gros-Houx; stérile. — f. 1 pumila Wain.— Cenomyce rangiferina var. pumila Ach. Syn. Lich. p. 278.— Marly, sur la terre, près des étoiles Aimable, Bizarre, d'Actéon et de la route Neuve; stérile. Certains de ces échantillons, surtout quand on les voit en état de végétation, ont le port du Cl. alpestris Rabenh.; mais, comme me l'a fait remarquer M. Wainio, ils présentent des ramules extrêmes un peu penchés, comme dans le Gl. silvatica Nyl., et ils sont moins nombreux qu'ils ne le sont ordinairement dans le Cl. alpestris Rabenh. Du reste, les spermogonies, caractére ici trés important, font défaut, HUE. — LICHENS DES ENVIRONS DE PARIS. 115 — f. 2 laxiuscula Wain. Monogr. Cladon. I, p. 99. — Ceno- myce silvatica f. laviuscula Del. in Dub. Bot. Gall. p. 621. — Marly, sur la terre, route Hardouin et prés de l'étoile Bizarre ; stérile. 182. Ramalina farinacea (L.) Ach. — Dans les deux foréts, commun sur le tronc des arbres; stérile. 183. Ramalina pollinaria Ach. — Dans les deux foréts, abon- dant sur le tronc de quelques vieux Chénes; stérile. 184. Evernia Prunastri Ach. — Dans les deux foréts, com- mun sur les arbres; stérile. 185. Evernia furfuracea Mann. — Marly, sur un Charme, route des Buttes entre les étoiles Aimable et du Souillard ; stérile. Je n'ai récolté que ce seul échantillon, mais il est bien caracté- risé, et c'est un fait assez curieux de rencontrer à une altitude d'environ 170 métres cette espéce qui appartient ordinairement à la zone subalpine. 186. Parmelia caperata Ach. — Dans les deux foréts, trés commun sur le tronc des arbres; cette espèce a été récoltée fruc- tifiée sur des Chénes, dans la premiére de ces foréts, allée du Petit-Parc, et dans la seconde, prés de la fontaine de la Maison- Rouge. Dans cette derniére, prés de l'étoile Aimable, elle a été trouvée sur une pierre; stérile. 187. Parmelia perlata Ach. — Dans les deux foréts, également trés commun sur les arbres de toutes les essences; stérile. 188. Parmelia tiliacea (Hoffm.) Ach. — Marly, sur un Charme, route Dauphine, non loin de l'étoile Aimable ; fertile. 189. Parmelia levigata Ach. — Marly, sur une pierre sili- ceuse, entre la route de la Muraille et l'étoile du Gros-Houx ; stsrile. 190. Parmelia revoluta Floerke, Hue Lich. Ganisy, p. 21. — Marly, sur des Chénes, route de Notre-Dame-de-Bon-Secours. Dans celle de Marly, cette espéce est assez abondante route Dauphine, entre les routes de Fourqueux et Royale, et dans les environs de l'étoile des Fonceaux sur les Hétres, les Chénes, les Douleaux et les Châtaigniers; stérile. La réaction de la médulle par le chlorure de chaux est faible; 116 SÉANCE DU 9 Mans 1894. eertains échantillons de l'étoile des Fonceaux et de la route Neuve portent des sorédies verdâtres. . 191. Parmelia Borreri Turn. — Dans les deux foréts, trés commun sur le tronc des arbres; stérile. — var. ulophylla (Ach.) Nyl. — Marly, sur un Charme, route des Princesses; stérile. 192. Parmelia saxatilis Ach. — Dans les deux forêts, très commun sur les troncs des arbres et sur les branches de leur cime; trés souvent mêlé aux autres Parmelia; stérile. 193. Parmelia sulcata Tayl. — Dans les deux foréts, également commun sur les arbres. 194. Parmelia Acetabulum Dub. — Je n'ai pu récolter que deux petits échantillons de cette espéce, cependant si commune dans les environs de Paris, l'un, avec quelques jeunes apothécies, prés du cháteau du Val, dans la forét de Saint-Germain, et l'autre stérile, prés des Tirés de Marly. 195. Parmelia fuliginosa (Fr.) Nyl. — Saint-Germain, sur un Hétre, prés du carrefour du Val. Marly, sur des Chénes, prés de la route de Fourqueux, des ruines de Retz, de la place Royale, de l'Auberderie et des Tirés; sur des Hétres, étoiles du Marcassin et des Princesses et route de la Muraille; sur un Tilleul, prés de la porte de Louveciennes; sur un Chátaignier, prés des Tirés; sur les Charmes, route Dauphine et sur un Bouleau, près de l'étoile de la Croix-de-Saint-Philippe; stérile. — var. lætevirens (Flot.) Koerb. —- Marly, stérile sur un Hêtre, prés de l'étoile du Marcassin, et fertile sur des Charmes, entre la place Royale et l'étoile des Princesses. 196. Parmelia subaurifera Nyl. — Marly, sur un Hêtre, près de l'étoile des Beaux-Chénes; sur un Frêne et un Orme, prés du poste de l'Auberderie; sur un Chêne, route de Fonsac, et sur les branches de la cime d’un Chêne, route des Buttes; stérile. 197. Parmelia physodes Ach. — Marly, sur un Hêtre, étoile du Marcassin; sur la clôture du poste du carrefour des Curieux; sur les branches de la cime d'un Châtaignier, sur des Bouleaux, près de l’étoile des Fonceaux et de la porte de Saint-Nom-la-Bre- téche et sur la terre, prés de la fontaine de la Maison-Rouge. HUE. — LICHENS DES ENVIRONS DE PARIS. 111 — var. 1 labrosa Ach. — Dans la méme forêt, sur un Châtai- gnier, prés de la fontaine de la Maison-Rouge et sur la clóture du poste du carrefour des Curieux. . — var. 2 platyphylla Ach. — Dans la méme forét, sur un Hétre, prés de la route Neuve. 198. Peltigera canina (L.) Hoffm., Hue Lich. Canisy, p. 26. — Marly, sur la terre, au carrefour des Curieux; stérile. La page inférieure dans ces échantillons varie beaucoup pour la couleur; sous certains lobes, les rhizines et les interstices sont blancs, sous d’autres roux et même bruns; quelques-uns passent à la f. spongiosa Del. par leurs rhizines feutrées. — f. leucorrhiza Floerke.— Dans la même forêt, sur le revers des fossés des routes de Fourqueux et Dauphine; fertile. — var. undulata Del., Hue Lich. Canisy, p. 27. — Saint-Ger- main, au pied des Chénes, carrefour du Val et route de Carriéres. Marly, également au pied des Chénes, entre la gare de Saint- Nom-la-Bretéche et la route de Fourqueux, entre la route Royale et le chemin de fer de Grande-Ceinture; sur la terre, carrefour des Grés; quelques exemplaires sont stériles. 199. Peltigera polydactyla Hoffm. — Marly, sur le revers d'un fossé, prés de la porte de Louveciennes; fertile. — var. 1 hymenina Ach. — Dans la méme forét, sur le tronc d'un Chéne; fertile. — var. 2 collina Nyl. Lich. Scand. p. 90, Arn. Lichenol. Ausfl. XIII, p. 92. — Peltidea venosa f. collina Ach. Synops. Lich. p. 237. — Dans la méme forét, au pied des Hétres, route tournante de la fontaine de la Maison-Rouge. Thalle à lobes étroits, lisses, d'un brun un peu brillant, à bords crispés et recourbés en dessus; en dessous, les veines sont noires avec des interstices bruns, et, vers les bords, ils sont roussátres, avec quelques interstices blancs ou moins foncés que les veines ; stérile. 200. Peltigera horizontalis Hoffm. — Marly, sur le revers des fossés de la route de Fourqueux; sur la terre, carrefour des Grés, étoiles du Fond et d'Actéon; au pied des Chénes, carrefour des Curieux, étoile du Fond et prés de la porte de Louveciennes ; fer- tile. T. XL. (SÉANCES) 12 118 SÉANCE DU 9 Mans 1894. 201. Physcia parietina (L.) DN. — Commun dans les deux forêts, sur les troncs et les branches des arbres; fertile. 202. Physcia lychnea (Ach.) Nyl. — Saint-Germain, sur les Ormes de l'avenue des Loges et les Tilleuls de la Terrasse; stérile. 203. Physcia ciliaris DC. — Saint-Germain, sur les Ormes de l’avenue des Loges et sur les Tilleuls de la Terrasse. Marly, sur un Frêne, prés de l'étoile du Marcassin; sur un Chéne, étoile Pavée; sur un Marronnier, Tapis-Vert ; fertile. 204. Physcia stellaris var. leptalea (Ach.) Nyl. — Marly, sur un vieux morceau de cuir, prés de la route Neuve ; stérile. 205. Physcia tenella (Scop.) Nyl. — Saint-Germain, sur un Orme, avenue des Loges. Marly, sur un Fréne, prés de l'étoile du Loup; sur les hautes branches d'un Chéne, route des Buttes; sur un Marronnier, Tapis- Vert; stérile. 206. Physcia aipolia f. cercidia (Ach.) Nyl. — Marly, sur un Marronnier, Tapis- Vert. 207. Physcia pulverulenta (Schreb.) Nyl. — Saint-Germain, sur de vieux Chénes, prés de l'étoile de Notre-Dame-de-Bon- Secours. Forme anormale et stérile, passant à la var. pityrea Ach., à thalle cendré, un peu bruni cà etlà, couvert d'une pruine blanche, à laciniures courtes et étroites, mais à marges entiéres, non s0- rédiées. : — var. pityrea Ach.; Arn. Lich. monac. exsicc. n° 89. — Saint- Germain, sur des Ormes, avenue des Loges et prés de la grille Dauphine et sur les Tilleuls de la Terrasse; stérile. Sur un Érable, prés dela grille Dauphine; fertile. Marly, sur un Marronnier, Tapis- Vert ; stérile. Dans la forét de Saint-Germain, sur un Orme, avenue des Loges, j'ai récolté de petits échantillons à thalle bruni, sans pruine, et à marges sorédiées, qui paraissent appartenir au Physcia farrea Ach., Wain. Adjum. Lichenogr. Lapp. I, p.132; les lobes sont plus longs et plus larges que ceux de la forme semi- farrea Wain. ibid. et Zwackh. exsicc. n° 1044. C'est un Lichen à rechercher. 208. Physcia venusta (Ach.) Nyl. — Marly, sur un Marronnier, Tapis-Vert; stérile. HUE. — LICHENS DES ENVIRONS DE PARIS. 179 209. Physcia obscura (Ehrh.) Fr. — Saint-Germain, sur de jeunes Ormes, route de Conflans ; sur un Charme, prés du cháteau du Val et sur un Alisier, route Verte. Marly, sur un Marronnier, Tapis- Vert; en partie fertile. 910. Lecanora lobulata Sommerf., Martindale Lecan. muror. and its more immed. allies, p. 358. — Marly, sur le mur d'en- ceinte, prés de la fontaine Frédéric. Les paraphyses articulées sont épaisses de 0,0022 millim. et terminées par une grosse cellule de 0,006-7 millim. de diamétre. Les spores, ayant une logette à chaque extrémité, mesurent 0,009-12 millim. en longueur et 0,006-7 en largeur. 211. Lecanora murorum (Hoffm.) Nyl., Martind. Lecan. muror. p. 398. — Marly, sur les pierres siliceuses du mur d'en- ceinte, prés de la porte du Parc. Les spores de ce Lecanora, qui souvent a été confondu avec des espéces voisines, sont longues de 0,011-13 et larges de 0,005-7 millim. — var. obliterata (Pers.) Nyl. — Marly, méme localité. Cette variété diffère du type par son thalle, qui consiste seule- ment en quelques lobules crénelés et dispersés, et du L. lobulata Sommerf., par ses lobules mieux formés et ne reposant pas sur un hypothalle blanc. Les spores sont celles du L. murorum. Nyl. 212. Lecanora sympagea Nyl. in Flora, 1883, p. 197 et Lich. Pyren. Orient. édit. 2, p. 75, Martind. Lecan. muror. p. 363; L. callopisma var. sympagea Nyl. Lich. Pyren. Orient. édit. 1°, p. 90. — Lichen sympageus Ach. Lichenogr. Prodr. p. 105, 1798. — Amphiloma Heppianum J. Muell. Princip. Classif. Lich. Ge- nève, p. 38. — Lecanora Callopisma var. Heppiana Wedd. Mo- nogr. Amphil. p. 19. — Placodium Callospimum var. Heppia- num Malb. Note Placod. p. 5; Pl. Callopisma Hepp. exsicc. n° 197. — Physcia aurantia Arn. Lich. frünk. Jura, p. 80, cet auteur regardant le Lichen aurantius Pers. Ust. Annal. II, p. 14, 1794, antérieur au Lichen sympagea Ach., comme étant le prototype de cette espèce, mais M. le D' Muller Lich. persici, p. 153, attribue le Lichen de Persoon au Lecanora Callopisma Ach., lequel devient l'Amphiloma aurantium Mull. Arg. Marly, sur les pierres calcaires et le mortier du mur d'enceinte, prés de la fontaine Frédéric et du poste de l'Auberderie el sur les bornes de la place Royale. 180 SÉANCE DU 9 Mans 1894. Il ne fructifie que dans la première station, où il forme des rosettes de 2 ou 3 centimètres de diamètre. Les spores placodio- morphes ont, pour la plupart, la forme d'un citron ou d'un losange et mesurent 0,011-15 sur 0,007-9 millim., les locules étant souvent assez rapprochés et méme ayant parfois un point de contact dans le milieu. On trouve, dans la méme apothécie, d'autres spores ou plus arrondies, ayant 0,012 sur 0,009 millim., ou plus allongées et alors souvent 1-septées, ayant en longueur 0,015-17 et en largeur 0,007-8 millim. L'iode teint la gélatine hyméniale en bleu et est sans action sur le haut de l'hyménium. 213. Lecanora citrina Ach. — Marly, sur le mur d'enceinte, prés de la fontaine Frédérie et de la porte du Parc; rarement fructifié. 214. Lecanora erythrella Ach. Synops. Lich. p. 175. — Sur les pierres calcaires du mur d'enceinte, prés de la fontaine Frédéric. Thalle mince, d'un jaune verdátre.ou blanchátre, aréolé, à aréoles plus éloignées les unes des autres qu'elles ne le sont ordi- nairement, devenant violet par la potasse. Apothécies biatorines, à bord moins foncé que le disque qui est orangé; épithécium granuleux, dissous en rouge violacé par la potasse et le chlorure de chaux; paraphyses articulées, épaisses de 0,0022-25 millim., non rameuses, terminées par une grosse cellule de 0,007-8 millim. de diamètre, celle qui la précède a 0,0045-60, et celle qui est au-dessous 0,0035-45 millim.; théques oblongues atténuées vers la base et mesurant 0,053-55 sur 0,013-15 millim.; spores pla- codiomorphes, à loges écartées, longues de 0,011-15 et larges de 0,006-8 millim. L'iode bleuit la gélatine hyméniale. 215. Lecanora cerina (Ehrh.) Ach. — Saint-Germain, sur des Sureaux, route Verte. Marly, sur un Fréne, prés de l'étoile du Loup; sur des Trembles, dans l'étoile Pavée et prés du poste de l'Auberderie, avec des apothécies larges de 4,5-2 millim. 216. Lecanora pyracea (Ach.) Nyl. — Saint-Germain, sur un Charme, route de Carriéres. Marly, sur une pierre siliceuse, entre les routes Royale et de la Muraille. : 217. Lecanora luteo-alba (Turn.) Nyl. — Saint-Germain, sur un Orme, avenue des Loges et sur un Charme, prés du château du Val. at HUE. — LICHENS DES ENVIRONS DE PARIS. 181 218. Lecanora calva (Dicks.) Nyl. — Marly, sur les bornes qui entourent la place Royale. Épithécium d'un jaune brun, granuleux, dissous en rose par la potasse; spores simples, longues de 0,012-15 et larges de 0,007-8 millim. L'iode bleuit la gélatine hyméniale et rend les théques rougeátres; si l'on óte l'excés de ce réactif, le bleu repa- rait en partie dans celles-ei. Les spores, dans l'espéce précédente, sont uniseptées, placodiomorphes dans le L. pyracea Nyl. et simples dans l'espéce suivante. 219. Lecanora irrubata (Ach.) Nyl. — Marly, sur le mur d'enceinte, prés de la fontaine Frédéric, sur les bornes de la place Royale et sur une pierre calcaire, au milieu du bois, entre les routes Royale et de la Muraille. 220. Lecanora ferruginea (Huds.) Nyl. — Marly, sur des Hétres, route Dauphine et sur les ruines de Retz; sur un Chà- laignier, prés de l'étoile du Marcassin; sur des Charmes, route Dauphine; sur des Chénes, routes Royale et de Fourqueux, étoile des Beaux-Chénes et prés des Tirés. 221. Lecanora vitellina Ach. — Saint-Germain, sur de vieux Chénes, route Verte. Marly, également sur des Chénes, prés de la porte de Saint-Nom-la-Bretèche ; sur le mur de clôture de la forêt, prés de la fontaine Frédéric; les échantillons corticoles Sont rarement fructifiés. 222. Lecanora epixantha Nyl. Lich. Lapp. orient. p. 197; L. vitellina var. epizantha Nyl. Lich. Jard. Luxemb. in Bull. Soc. bot. de France, 1866, p. 367. — Lecidea epixantha Ach. Lichenogr. univ. p. 208. — Marly, sur les pierres calcaires du mur d'en- ceinte, prés de la porte du Parc. 223. Lecanora exigua Ach. — Sur les vieux Chénes, Saint- Germain, routes Verte et de Notre-Dame-de-Bon-Secours. Marly, route de Fourqueux, prés de la porte de Saint-Nom-la-Bre- tèche et place Royale, où, sur les Chênes qui se trouvent près de la table de pierre, végètent de trés beaux échantillons. Thalle cendré, granuleux, presque entiérement couvert par les apothécies, insensible à l'action de la potasse. Les apothé- cies se présentent sous deux formes : dans certains exemplaires, elles s'élévent au-dessus du thalle avec un bord cendré persis- 182 SÉANCE DU D Mans 1894. tant, tandis que dans d'autres elles surpassent à peine le thalle et deviennent promptement immarginées. Les spores brunies, à une cloison, mesurent le plus ordinairement 0,014 sur 0,007 mil- lim., quelques-unes cependant atteignent 0,017 sur 0,009 millim. 224. Lecanora galactina Ach. — Marly, sur les bornes de la place Royale et sur le mur d'enceinte, prés de la fontaine Fré- déric. Thalle insensible à l'action de la potasse et à celle du chlo- rure de chaux; épithécium granuleux, d'un brun jaunâtre; para- physes épaisses de 0,0010-12 millim.; spores simples, oblongues, ayant 0,010-12 millim. sur 0,0060-65. L'iode bleuit la gélatine hyméniale. 295. Lecanora dispersa (Pers.) Floerke. — Marly, sur les bornes de la place Royale, sur le mur d'enceinte prés de la fon- taine Frédéric et de la porte du Parc, sur une pierre calcaire, dans une clairiére prés de la route de la Muraille, sur un mor- ceau de cuir prés de la route Neuve, où cette espèce forme de petits ilots de 4-5 millim. de diamétre. 226. Lecanora urbana Nyl. Lich. Jard. Luxemb. in Bull. Soc. bot. France, 1866, p. 368. — Marly, sur le mur d'enceinte, prés de la fontaine Frédéric et de la porte du Parc. Cette espèce diffère du L. galactina Ach. par un thalle plus blanc et des paraphyses deux fois plus épaisses, mesurant 0,0022-25 millim. Les spores sont longues de 0,015 millim. sur 0,007. 227. Lecanora crenulata (Dicks. Nyl. — Marly, sur les pierres caleaires du mur d'enceinte, prés de la fontaine Fré- déric. 228. Lecanora subfusca Ach. — Saint-Germain, sur des Charmes, route du Petit-Parc et prés du cháteau du Val. Marly, sur des Chátaigniers, prés de la fontaine de la Maison-Rouge et de la route de Fourqueux. — var. 1 allophana Ach. — Saint-Germain, sur des Peu- pliers, route de Conflans; sur des Frénes et des Ormes, avenue des Loges; sur un Érable, prés de la grille Dauphine; sur un Tilleul et un Fréne, route de la Muette. Marly, sur des Chénes, route Royale, prés de la fontaine de la Maison-Rouge et des Tirés; HUE. — LICHENS DES ENVIRONS DE PARIS. |: 483 sur des Frénes, route Ruzée et prés du poste de l'Auberderie; sur un Chátaignier, près de l'étoile du Marcassin et sur un Til- leul, prés de la porte de Louveciennes. Thalle cendré, granuleux, rugueux, jaunissant par la potasse comme dans toutes les formes de cette espéce. Apothécies larges de 1-2 millim., à bord trés crénelé, à disque d'un brun roux ou noirâtre, plan ou un peu convexe; paraphyses non renflées vers le sommet, et là teintées de roux, recouvertes par un épithécium amorphe. L'iode colore la gélatine hyméniale en bleu, puis celle-ci prend avec les théques une teinte rougeátre; cette coloration reste telle aprés l'enlévement de l'excés du réactif. — var. 2 glabra Nyl. — Saint-Germain, sur les Frénes, les Ormes et un Sycomore, avenue des Loges ; sur les Charmes, routes de Carriéres, de Conflans, de la Muette et du Petit-Parc. Marly, sur les Frénes, prés de l'étoile du Loup, de la fontaine de la Maison-Rouge, de la route Ruzée et des étoiles du Pré, du Fond et du Gros-Houx; sur le gros Chéne de Joyenval; sur les Hétres et les Charmes, route Dauphine et sur les Trembles, prés du poste de l'Auberderio: Thalle blanc ou grisátre, lisse ou légèrement granulé. Apo: thécies à disques roux et à bord blanc et entier, parfois le disque devient trés convexe; paraphyses non épaissies et teintées de roux vers le sommet, recouvertes d'un épithécium amorphe; spores simples et incolores mesurant 0,015 sur 0,008-9 millim. L'iode teint en bleu la gélatine hyméniale et est sans action sur le haut des paraphyses. — var. 3 campestris Scher. — Marly, sur les pierres sili- ceuses du mur d'enceinte, prés de la porte du Parc. 229. Lecanora horiza Ach.; L. parisiensis Nyl. — Sur un vieux Chéne, prés de la porte de Saint-Nom-la-Bretèche. Cette espéce a l'épithécium amorphe comme le L. subfusca Ach.; elle s’en distingue par le disque de ses apothécies, qui est d'un brun noir et par ses paraphyses articulées et un peu ren- flées au sommet. 230. Lecanora rugosa (Pers.) Ach. — Marly, sur un Chéne, prés de l'étoile des Beaux-Chénes. Thalle très blanc, granuleux. Apothécies à disque rougeâtre et 184 SÉANCE DU 9 MARS 1894, à bord blanc, trés épais, crénelé ou rugueux; épithécium granu- leux. 931. Lecanora chlarona Nyl.; L. distincta var. chlarona Ach. Lichenogr. univ. p. 397. — Marly, où il est moins commun que le subfusca var. glabra Nyl., sur les Frénes, prés de la fontaine dela Maison-Rouge et du poste d'Auberderie ; sur les Chátaigniers, prés de la gare de Saint-Nom-la-Bretéche et de l'étoile du- Marcassin; sur des Chénes, routes de Fourqueux et Dauphine, étoiles du Loup, du Souillard et d'Actéon; sur un Bouleau, carrefour des Grés. Thalle blanc cendré, granuleux. Apothécies à bord crénelé et persistant et à disque d'un brun carné ou livide; épithécium jau- nâtre et granuleux; spores longues de 0,013-14 et larges de 0,006-7 millim. L'iode bleuit la gélatine hyméniale et rend les théques d'un bleu violacé; l'enlévement de l'excés du réactif ne change pas ces colorations. 232. Lecanora angulosa Ach. — Marly, sur les Chátaigniers, prés de la gare de Saint-Nom-la-Bretéche et prés du poste de l'Auberderie ; sur les Charmes, dans cette derniére localité et sur les ruines de Retz; sur un Platane, place Royale. Le chlorure de chaux jaunit le disque de l'apothécie de cette espéce. 233. Lecanora albella Ach. — Saint-Germain, sur un Charme, route de Conflans. Marly, sur les Chénes, routes Dauphine et de Saint-Nom-la-Bretéche, prés du carrefour des Curieux et du poste de l'Auberderie. 234. Lecanora conizea Ach. — Sur le tronc des Bouleaux, Saint-Germain, route Verte. Marly, route Royale et étoile du Gros-Houx. Thalle d'un jaune blanchátre, lépreux, pulvérulent, insensible à l'action de la potasse et du chlorure de chaux. Apothécies à disque d'un carné pále et à marge crénelée et le plus souvent couronnée de granules; épithécium d'un brun noirátre, granuleux; spores oblongues ayant 0,011-14 sur 0,0040-45 millim. L'iode bleuit la gélatine hyméniale, puis l'obscurcit; si l’on ôte excès du réactif, celle-ci redevient d'un beau bleu. 235. Lecanora Hageni Ach. — Marly, sur un morceau de cuir dans une clairière prés de la route Neuve. HUE. — LICHENS DES ENVIRONS DE PARIS. 185 236. Lecanora Sambuci (Pers. Nyl. — Saint-Germain; sur des Sureaux, route Verte. 237. Lecanora atra Ach. — Marly, sur un Chéne, route de la Muraille, en face de l'étoile Pavée. 238. Lecanora calcarea f. concreta Stenh. — Marly, sur les bornes de la place Royale. Les théques ne renferment que quatre spores; celles-ci presque toutes sphériques ont en diamètre 0,026-30 millim. L'iode bleuit distinetement la gélatine hyméniale, puis la rend d'un rouge vineux. 239. Lecanora lacustris (Witt.) Nyl. — Marly, sur des pierres siliceuses souvent inondés dans la clairiére qui se trouve route des Buttes et prés de l'étoile Aimable. Il est assez étonnant de rencontrer cette espèce dans cette forét privée de cours d'eau; les échantillons sont petits, mais bien carac- térisés. Spores simples et incolores, longues de 0,015-18 et larges de 0,008-10 millim. La gélatine hyméniale, sous l'action de l'iode, devient bleue, puis d'un rouge vineux. 240. Lecanora coarctata Ach. — Marly, sur les pierres sili- ceuses, prés de la gare de Saint-Nom-la-Bretéche, route Dauphine et prés des Tirés. 241. Lecanora admissa Nyl.— Marly, sur une pierre siliceuse, dans une clairiére prés de la route de la Muraille. Cet échantillon consiste en quelques petites squamules insen- sibles à l'action de la potasse et du chlorure de chaux, et qui me paraissent appartenir à cette espéce. Les spores sont longues de 0,0040-45 et larges de 0,0015-20 millim. Sous l'action de l'iode, la gélatine hyméniale devient bleue, puis d'un rouge vineux. 242. Lecanora Erysibe (Ach.) Nyl. — Marly, sur le mur d'en- ceinte, prés de la porte du Parc. 243. Pertusaria velata (Turn.) Nyl. — Saint-Germain, sur de vieux Chénes, route de Carriéres et prés de l'étoile de Notre-Dame- de-Bon-Secours. Marly, également sur de vieux Chénes, prés des étoiles de la Salle-Verte, des Curieux et d'Aricie, le long des routes de Fourqueux, de Fronsac, Hardouin, Dauphine, Neuve, et prés de la porte de Saint-Nom-la-Bretèche ; sur un Hêtre, route des Buttes et sur un Chátaignier, près de l'étoile du Marcassin; stérile. 186 SÉANCE DU 9 MARS 1894. Cette espèce, dont le chlorure de chaux rougit le thalle, est facile à distinguer de ses congénères par sa couleur d’un blanc de lait; c'est la première fois qu'on la signale dans l'intérieur de la France, car jusqu'alors on ne l'avait observée que dans la basse Normandie, la Bretagne et les Pyrénées-Orientales (voy. Hue Etud. Pertus. p. 12 et Lich. Canisy, p. 38). 244. Pertusaria communis DC., Hue Lich. Canisy, p. 39. — Commun sur les troncs des Chênes, des Hétres et des Charmes dans les deux foréts, mais toujours en petite quantité, excepté cependant sur les Charmes de la forêt de Saint-Germain, où il forme des plaques de 3-5 cent. de diamètre entourées d’un bord blanc ; sur un Érable et un Bouleau, route Dauphine, dans la forêt de Marly. Dans ces échantillons les spores sont au nombre de deux dans les thèques et mesurent 0,177-225 sur 0,057-68 millim. Les sper- maties oblongues ont en longeur 0,011-13 millim., et elles sont attachées à des stérigmates simples, longs de 0,015-20 millim. Les spermaties sont done ici un peu plus longues et les stérigmates un peu plus eourts que ne l'indique Tulasne Mém. sur les Lichens, p. 217 et planch. XI, fig. 10. 245. Pertusaria amara (Ach.) Nyl. — Très commun sur le tronc de tous les arbres dans les deux forêts, où parfois, etsurtout du cóté qui regarde l'Occident, il couvre entiérement l'écorce des vieux Chénes. Les nombreuses sorédies de cette espéce jaunissent par la potasse et deviennent violettes, si l'on ajoute un peu de chlorure de chaux. 246. Pertusaria scutellata Hue Lich. Canisy,p. 41. — Commun, mais moins fréquent que le Pertusaria précédent, sur le tronc des arbres dans les deux foréts. 247. Pertusaria globulifera (Turn.) Nyl. — Marly, sur un Hétre, prés de l'étoile Pavée; stérile. 248. Pertusaria pustulata (Ach.) Nyl. — Marly, cà et là sur les Hétres, mais assez fréquent dans les environs de l'étoile du Gros-Houx ; il se trouve encore prés des étoiles du Pré, des Gros- Chênes, des Dryades et prés de la fontaine de la Maison-Rouge; fertile. 249. Pertusaria Wulfenii DC. — Trés commun sur le tronc HUE. — LICHENS DES ENVIRONS DE PARIS. 187 des arbres et particuliérement des Chénes, des Chátaigniers et des Charmes dans les deux foréts. Sur les Charmes, le talle est souvent limité par une ligne blanche, comme celui du P. communis DC. Sur tous ces échantillons, la réaction orangée que l'on obtient ordinairement par la potasse et le chlorure de chaux, est presque toujours nulle ou peu sensible, tandis que celle que produit le chlorure de chaux seul dans une coupe de l'apothécie est toujours trés visible (voy. Hue Lich. Canisy, p. 127). — var. rugosa (Ach.). Nyl. — Saint-Germain, sur un Orme, prés du carrefour du Val; sur un Chêne, route de Carrières. Marly, sur des Chátaigniers et des Chénes, route tournante de la fontaine de la Maison-Rouge et route de la Muraille. 250. Pertusaria lutescens (Hoffm.) Lamy Catal. Lich. Mont- Dore, p. 91, et Hue Etud. Pertus. p. 19. — Sur les vieux Chénes, Saint-Germain, près du château du Val, routes Verte et du Petit- Pare, étoile de Notre-Dame-de-Bon-Secours. Marly, prés de la gare de Saint-Nom-la-Bretèche, route Royale, carrefour des Grès, etc. Le thalle de cette espèce, qui n’est pas rare dans ces deux forêts, mais toujours stérile, jaunit par la potasse et devient orangé, si l'on ajoute une goutte de chlorure de chaux. 251. Pertusaria leioplaca Schær. — Saint-Germain, sur les Charmes, prés des Loges. Marly, trés commun sur les Jeunes Chà- laigniers ayant moius de einquante ans, plus rare sur ceux qui sont plus ágés; sur des Hétres, route tournante de la fontaine de . la Maison-Rouge, routes de Fourqueux et Dauphine; sur un vieux Chêne, près de l'étoile du Gros-Houx ; enfin cà et là sur les Jeunes Chénes. Le thalle jaunit par la potasse, et cette réaction est toujours très apparente dans une coupe placée sous le microscope. Les théques renferment ordinairement 3-4, parfois 5 et plus rarement 2 spores assez variables dans leurs dimensions ayant 0,053-108 sur 0,026-33 millim., ou 0,060-70 sur 0,026, ou encore 0,068 sur 0,037 millim. — var. leucostoma (Sch:er.) Hepp, var. Juglandis Garov., Hue Lich. Canisy, p. 43. — Sur des Frénes, prés la fontaine de la Maison- Rouge et de l'étoile du Loup. 188 SÉANCE DU 9 mars 1894. 252. Phlyctis agelæa Wallr. — Trés commun sur le tronc des arbres dans les deux foréts. Sous l'influence de la potasse le thalle jaunit et passe assez rapi- dement au rouge vif. 253. Urceolaria bryophila Ach. — Marly, sur des Cladonia, prés des étoiles d'Actéon et du Gros-Houx. 954. Lecidea quernea Ach. — Saint-Germain, sur un Chéne, près de l'étoile de Notre-Dame-de-Bon-Secours ; stérile. Le thalle devient rose, si on l'imbibe d'un peu de potasse. ll est trés étonnant que je n'aie pas rencontré cette espéce dans la forét de Marly. 955. Lecidea decolorans Floerke. — Sur la terre non loin de l'étoile Aimable. 256. Lecidea flexuosa Fr. — Marly, sur une vieille souche de Chátaignier, prés de la route des Buttes et de l'étoile Aimable. 257. Lecidea uliginosa Ach. — Marly, sur la terre noire, prés des étoiles Aimable et du Souillard. Apothécies concolores au thalle, noires ou d'un brun noirátre, les unes ayant tout l'hyménium bruni, tandis que dans d'autres le haut des paraphyses seul est bruni et tout le reste est blanc; hypo- thécium d'un brun jaunâtre; spores simples et incolores, longues de 0,012-17 et larges de 0,006-8 millim. L'iode teint la gélatine hyméniale en bleu, puis en rouge vineux. Par les dimensions de leurs spores, ces échantillons se rapprochent du Biatora humosa Ehrh., Arn. Lichenenfl. Munch. p. 74 et Lichen. monacens. exsicc. n° 169, mais la couleur de l'apothécie est bien différente. Enfin quelques-uns d’entre eux par leur thalle appauvri repré- sentent la var. cenosa Fr., Nyl. Prodr. Lich. Gall. p.111. 258. Lecidea fuscorubens Nyl. Lich. Scand. p. 199. — Marly, sur les bornes de la place Royale. Thalle endolithique; apothécies petites, noires, planes et légère- ment bordées, nues; épithécium rougeátre; hyménium blanc; hypothécium épais et rougeâtre; spores simples et incolores, ayant 0,009-12 sur 0,005-6 millim. La gélatine hyméniale, sous l'action de l'iode, bleuit trés légérement et passe rapidement au rouge vineux. | HUE. — LICHENS DES ENVIRONS DE PARIS. 189 259. Lecidea Metzleri Richard Catal. Lich. Deux-Sèvres, p. 38. — Biatora Melzleri Koerb. Parerg. lichenolog. p. 162. — Lecidea oolithina Nyl. in Flora, 1869, p. 464. — Sur une table en pierre brisée, route des Princesses. Thalle endolithique ; apothécies larges de 0,4-6 millim., adnées, d'un noir plus ou moins rougeâtre, et tout à fait rougeátres, quand on les humecte; périthécium rougeâtre; hypothécium inco- lore ou un peu rougeàátre ; paraphyses épaisses de 0,0020-95 mill., renflées au sommet en une grosse cellule colorée en rougeâtre et large de 0,004-5 millim., articulées avec un léger étranglement aux articulations, parfois rameuses vers le haut; spores au nombre de huit dans chaque théque, incolores, oblongo-elliptiques, me- surant 0,020-24 sur 0,010-11 millim., avec un épispore épais et le protoplasma formant deux ou trois gouttes arrondies (en colo- rant avec l'iode, l'uniformité de surface s'établit). La gélatine hy- méniale bleuit légèrement par l'iode, puis prend une teinte d'un rouge vineux, les théques étant plus fortement colorées surtout vers leur sommet. 260. Lecidea sylvana Nyl., Hue Lich. Canisy, p. 71. — Marly, sur un Orme, prés de la fontaine de la Maison-Rouge, et sur un Érable, route Dauphine, où il était mêlé au L. luteola Ach. 261. Lecidea cyrtella Ach. — Saint-Germain, sur des Sureaux, route Verte, où il se trouvait mêlé au L. Nægelii Stizenb. Spores au nombre de 8, 12 ou 16 dans les théques d'une méme apothécie, 1-septées, longues de 0,009-15 et larges de 0,0045- 20 millim. L'iode colore la gélatine hyméniale en bleu, puis en rouge vineux. Le haut des paraphyses, quand il est un peu coloré, devient d'un violet clair par la potasse. 262. Lecidea Negelii Stizenb., Hue Lich. Canisy, p. 74. — Saint-Germain, sur des Sureaux, route Verte. Marly, sur des Trembles, prés des étoiles des Princesses et du Pré et prés du poste de l'Auberderie. Dans cette derniére localité, les apothécies sont plus foncées, brunes et méme noirátres, comme dans l’exsiccata de M. Arnold n* 600^, et alors l'épithécium est violacé (la potasse le décolore en violet); les spores incolores, droites ou souvent un peu cour- bées, 3-septées, ont en longueur sur le Sureau 0, ig 22 et sur les Trembles 0,015-19. sur 0,005 millim. 190 SÉANCE DU 9 MARS 1894. 963. Lecidea sabuletorum Floerke. — Saint-Germain, sur des Mousses tapissant le mur qui sépare la forét de la Terrasse. Cette espéce est décrite par M. Th. Fries Lichenogr. scand. p. 373, sous le nom de L. hypnophila Ach., parce que, dit cet auteur un peu plus loin, p. 375, Acharius n'a jamais vu l'espéce de Floerke. Or, en 1892, M. Nylander a fait rechercher ce Lichen dans l'herbier d'Acharius par un professeur de l'Université d'Helsingfors, qui a constaté que dans cet herbier se trouve un exemplaire du L. sabuletorum envoyé par Floerke à Acharius avec une étiquette écrite de sa main. Ainsi, c'est ce dernier nom qui doit étre employé, puisqu'il jouit de la priorité. Mes échan- tillons sont bien conformes à la description de M. Th. Fries. 264. Lecidea luteola Ach., Hue Lich. Canisy, p. 75. — Saint- Germain, sur des Ormes et des Érables, prés de la grille Dauphine et dans l'allée des Loges. Marly, sur des Ormes, étoile du Loup; sur un Érable, route Dauphine; sur des Frénes, route Ruzée, étoiles du Pré et du Gros-Houx. Dans ces échantillons les spores ne dépassent guére 0,048- 52 millim. sur 0,0030-35. Sous l'action de l'iode,la gélatine hymé- niale passe du bleu au rouge vineux, et, quand on a enlevé l'excés du réactif, elle apparait violacée. 265. Lecidea endoleuca Nyl., Hue Lich. Canisy, p. 79. — Saint-Germain, sur des Érables, route de Carriéres, prés de la grille Dauphine et du carrefour du Val; sur des Charmes, route de Carriéres et allée du Petit-Parc; sur de jeunes Ormes, chemin de Conflans. Marly, sur des Charmes, route Dauphine et sur des Frénes, étoile du Pré. 266. Lecidea chlorotica (Ach.) Nyl., Hue Lich. Canisy, p. 76. — Saint-Germain, sur des Érables, route de Carrières et près de la grille Dauphine; sur un Orme, route de Conflans. 267. Lecidea Friesiana Stizenb. Lich. helvet. p. 167. — Bia- tora Friesiana Hepp exsiccat. n° 288. — Saint-Germain, sur un Erable, route de la Muette, et sur des Sureaux, route Verte. Thalle mince, cendré brunâtre et granuleux. Apothécies petites, nues, d'un carné livide nuancé de bleuátre, avec une marge trés apparente si on les humecte, devenant convexes et passant alors au noir bleuátre; épithécium bleu, hyménium plus ou moins HUE. — LICHENS DES ENVIRONS DE PARIS. 191 bleuátre, et tous deux devenant violets par la potasse; périthé- cium bleuâtre au bord et incolore à l'intérieur; paraphyses ren- llées au sommet; spores aciculaires, incolores, pluri-septées, atténuées à une extrémité, longues de 0,037-44 et larges de 0,0015-20 millim. La gélatine hyméniale, sous l'action de l'iode, devient bleue, puis violacée ; si on enlève l'excés d'iode, on la voit d'un violet rougeátre. 268. Lecidea Norrlini Lamy Catal. Lich. Mont-Dore, p. 107. — Saint-Germain, sur un Érable, route de la Muette. Cette espèce diffère de la précédente principalement par son thalle plus blanc et lépreux, ainsi que par la pruine bleuâtre qui couvre ses apothécies. 269. Lecidea vermifera Nyl. Lich, parisiens. n° 136 (1). — Bacidia vermifera Th. Fr. Lichenogr. scand. p. 363. — Saint- Germain, sur un Chéne, route Verte. Thalle mince, blanc, granulé et cà et là un peu lépreux. Apo- thécies noires, rougeátres si on les humecte, larges de 0,3-6 mill., d'abord concaves et marginées, puis convexes et immarginées ; épithécium et périthécium d'un brun rougeâtre, couleur qui descend un peu sur l'hyménium et qui, par la potasse, se change en violet; hypothécium incolore ou un peu jauni; paraphyses épaisses de 0,0010-19 millim., non renflées au sommet; spores incolores, atténuées à la base et le plus souvent courbées en spi- rale, quelques-unes étant droites et d'autres courbées en arc, longues de 0,026-37 millim. et larges de 0,0025-40. L'iode bleuit la gélatine hyméniale. 270. Lecidea aromatica Ach. — Marly, sur le mur d'enceinte, prés de la fontaine Frédéric et de la porte du Parc. Spores 1-2 et le plus souvent 3-septées, longues de 0,018-22 et larges de 0,005 millim. 271. Lecidea parasema Ach. — Saint-Germain, sur de jeunes Ormes, route de Carrières. Marly, sur les Frénes, étoile du Loup et prés de la fontaine de la Maison-Rouge; sur un Platane, place Royale et sur des Trembles, prés du poste de l'Auberderie. . (1) Si je n'ai pas cité plus souvent ces exsiccatas de M. Nylander, c'est que Je sais que ce savant prépare un Mémoire sur les Lichens qu'il a récoltés dans les environs de Paris, et par conséquent c'est à lui qu'il appartient dé reviser cette publication. 192 SÉANCE DU 9 Mans 1894. Thalle cendré, granulé, jaunissant par la potasse et passant à l'orangé rougeâtre, si l'on ajoute du chlorure de chaux; cette derniére réaction s'obtient toujours par le chlorure de chaux seul, quel que soit le peu d'épaisseur du thalle, dans une coupe placée sous le microscope. Lecidea parasema f. 1 limitata Ach. — Marly, sur un Tremble, prés del'étoile des Princesses. — f. 9 flavens Nyl. — Sur les Chénes, Saint-Germain, prés de l'étoile de Notre-Dame-de-Bon-Secours. Marly, prés de la gare de Saint-Nom-la-Bretéche et sur le gros Chêne de Joyenval. — var. 1 eleochroma Ach. — Saint-Germain, sur les Charmes, entre les grilles Dauphine, Royale etla route de Carriéres; sur un Érable, route de la Muette. Marly, trés commun sur les jeunes Chênes et les jeunes Châtaigniers et sur les Frénes; sur de vieux Chénes, près des Tirés et de la route de Fourqueux; sur de vieux Châtaigniers, prés des étoiles du Marcassin et des Fonceaux; sur un Bouleau, près du carrefour des Grès. Thalle olivâtre, ou d’un jaune verdâtre, plus mince et moins rugueux sur les écorces lisses, où il est souvent parcouru ou déli- mité par des lignes noires, devenant d’un orangé rougeâtre par le chlorure de chaux. Apothécies d'abord noires et à bord proémi- nent, puis le disque devient livide ou rougeâtre et immarginé ; épithécium presque incolore, ou légèrement teinté de bleu ou de jaune verdátre; hyménium blanc; hypothécium incolore et nébu- leux, c'est-à-dire parsemé de petites cellules; périthécium bleuátre sur le bord, puis incolore; parfois entre lui et l'hypothécium, en dessous de l'apothécie, se rencontre une couche plus ou moins épaisse de cellules rousses ou brunies; paraphyses épaisses de 0,0015-18 millim., épaissies au sommet; spores simples, longues de 0,010-15 et larges de 0,006-7 millim. La gélatine hyméniale, par l'iode, devient bleue, puis rougeátre, et elle reste telle aprés l'enlévement de l'excés.du réactif. Peut-étre serait-il préférable, avec M. Arnold Lich. fränkisch. Jura, 1885, p. 167, de nommer cette variété olivacea, du Verrucaria olivacea Hom. Deutschl Fl. p. 192, nom antérieur à celui d'Acharius. En tout cas la forme olivacea indiquée par M. Lamy de la Chapelle Catal. Lich. Mont- Dore, p. 111, var. eleochroma f. olivacea, ne saurait être con- - HUE. — LICHENS DES ENVIRONS DE PARIS. 193 servée, car il y a là une tautologie, olivacea signifiant en latin ce que elæochroma veut dire en grec. Sur des [létres, dans la forêt de Saint-Germain, route de la Muette, et dans celle de Marly, route Dauphine et étoile du Gros- Houx, j'ai récolté de beaux échantillons qui relient cette variété au type, par leur thalle cendré, cendré noirátre et finement gra- nulé et par leurs apothécies immarginées, livides, ayant l'épithé- cium et l'hypothécium presque incolores; le thalle a bien entendu la réaction ordinaire par le chlorure de chaux. — var. 2 glomerulosa (DC.) Nyl., Norrl. Herb. Fenn. n° 192. — Saint-Germain, sur un Peuplier blanc dans l'avenue des Loges. , Je signalerai encore une forme de cette espéce récoltée dans la forét de Marly, sur un Sureau, prés des routes Royale et de la Muraille, se rapprochant beaucoup de la f. atrorubens Fr., Arn. exsicc. n° 230; mais quelques apothécies de couleur plus foncée la raménent au type et montrent que cette forme n’est qu'acci- dentelle. 279. Lecidea meiospora Nyl. — Marly, commun sur les pierres siliceuses, dans les endroits pierreux, et principalement prés de l'étoile Aimable et vers les routes Neuve et Royale; sur un morceau de cuir, dans une clairiére prés de la route Neuve. Thalle mince, aréolé, cendré ou cendré glauque ou noirátre, prenant sur quelques échantillons une teinte ferrugineuse. Apo- thécies noires, larges de 0,5-8 millim., adnées, d'abord planes et à bord proéminent et plus foncé que le disque, puis souvent convexes et immarginées, ni pruineuses ni brillantes; épithécium noirâtre; hyménium blanc; hypothécium et périthécium d'un noir brunátre; spores simples et incolores mesurant 0,011-14 sur 0,006-7, rarement 0,015 sur 0,008 millim., et parfois, dans la méme apothécie, quelques-unes, presque sphériques, ayant 0,007-8 sur 0,006 millim. La gélatine hyméniale, par l'action de l'iode, bleuit, puis s'obscurcit, tandis que les théques de- viennent d'un rouge vineux. 273. Lecidea crustulata Nyl., Arn. Lich. monac. ezsicc. n°174. — Saint-Germain, sur les pierres, prés de l'étoile du Houx. Marly, assez commun sur les petites pierres qui se trouvent dans les talus des chemins, par exemple de celui de la fontaine de la "HX (SÉANCES) 13 194 SÉANCE DU 9 Mans 1894. Maison-Rouge, sur celles de la clairiére à gauche du sentier de la gare, au village de Saint-Nom-la-Bretéche, sur les pavés de la route de la Muraille, prés de la voie du chemin de fer de la Grande-Ceinture et sur ceux de l'étoile des Faunes, ainsi que sur les petites pierres des environs. Cette espèce diffère de la précédente, principalement par son thalle trés mince, cendré noirátre, reposant sur un hypothalle noir, manquant souvent, par ses apothécies plus convexes, bril- lantes, son épithécium moins foncé, etc. 274. Lecida expansa Nyl., Zwackh exsiccat. n° 600 et 601. — Marly, sur les pierres siliceuses, prés des étoiles Aimable et du Souillard. Cette espéce, qui n'a pas encore été signalée aux environs de Paris, passe pour trés rare en France; peut-étre à cause de l'exi- guité de ses apothécies, est-elle simplement méconnue. Comme la description que j'en ai donnée dans mes Lichens de Canisy, p. 72, est trés incompléte, je vais décrire les échantillons de Marly. Thalle trés mince, ou noir, ou noirâtre, ou d'un noir cen- dré, continu, lisse ou un peu granulé. Apothécies noires, petites (larg. 0,2-3, rarement 0,6 millim.), marginées et planes et deve- nant parfois convexes et immarginées; épithécium d'un bleu plus ou moins foncé (les auteurs l'indiquent noir, mais il est bleu dans les exsiccatas cités plus haut et bleu verdátre dans des exemplaires récoltés à Munster par le regretté chanoine Lahm); hyménium blanc ou coloré en bleu vers le haut; hypo- thécium d'un brun rougeâtre; excipulum bleu à l'extérieur et sou- vent incolore à l'intérieur, méme au-dessous de l'hypothécium; l'acide nitrique le rend, ainsi que l'épithécium, rouge ou d'un rose foncé, tandis que ces organes ne sont pas changés par la potasse ; paraphyses épaisses de 0,0018-20 millim., à peine épaissies au sommet, articulées dans toute leur longueur par des articles courts (ces articulations sont parfois visibles dans une coupe de l'apothécie, mais l'acide nitrique ou le chlorure de chaux les mettent en évidence); spores au nombre de 8 dans les théques, simples et incolores, longues de 0,006-7 et larges de 0,0025-30 millim. L'iode bleuit légérement la gélatine hy- méniale, qui passe bientót au rouge vineux. Les spermaties droites HUE. — LICHENS DES ENVIRONS DE PARIS. 195 et oblongues mesurent 0,0040-45 sur 0,0012-15 millim., et elles sont attachées à de courts stigmates. D'aprés cette description, on peut voir que le L. chalybeoides Nyl. in Flora, 1875, p. 12, et 1876, p. 339, et in Lamy Catal. Lich. Mont-Dore, p. 101, n'est qu'une forme ou variété de cette espéce, différant par la réaction rouge de l'épithécium produite par la potasse, par celle de la gélatine hyméniale, qui est bleue, et enfin, ce qui est plus important, par son thalle finement aréolé. Pour le reste, les deux descriptions concordent, et, dans l'exemplaire de M. Lamy de la Chapelle, les paraphyses sont également articulées. 275. Lecidea canescens Ach. — Saint-Germain, sur des Chénes, avenue des Loges, route de Carriéres et prés de la porte Dauphine; sur des Ormes, avenue des Loges et porte Dauphine. Marly, sur de vieux Chénes, place Royale. 276. Lecidea myriocarpa (DC.) Nyl. — Saint-Germain, sur des Chénes, route de la Muette et prés de l'étoile de Notre- Dame-de-Bon-Secours; sur un Pin, prés de la grille Royale. 277. Lecidea alboatra (Hoffm.) Schær. — Saint-Germain, sur les Tilleuls de la Terrasse, les Ormes de l'avenue des Loges et un Érable, prés de la grille Dauphine. Marly, sur un Chéne, route Dauphine. — var. 1 epipolia (Ach.) Nyl. — Marly, sur les pierres cal- caires et le mortier du mur d'enceinte, prés de la fontaine Fré- déric et de la porte du Parc. — var. 2 ambigua (Ach.) Nyl. — Marly, sur les pierres sili- ceuses du mur d'enceinte, prés de la fontaine Frédéric. Thalle cendré, fendillé, cà et là un peu aréolé, insensible à l'action de la potasse. Apothécies petites, d'abord lécanorines, à bord légérement crénelé, puis lécidéines, sans pruine; spores noirâtres, 3-septées, longues de 0,01417 et larges de 0,008- 11 millim. 278. Lecidea porphyrica Nyl. apud Hue Add. Lichenogr. europ. p. 999. — Diplotomma porphyricum Arn. Lichenolog. Ausfl. VIII, p. 99. — Marly, sur les pierres siliceuses du mur de clóture, prés de la fontaine Frédéric. Thalle cendré blanchátre, formé de petites aréoles arrondies 196 SÉANCE pu 9 MARS 1894. et contigués, parfois presque squamuleux, jaunissant puis rou- gissant sous l’action de la potasse. Apothécies noires, lécanorines, à bord blanc et crénelé, non pruineuses ; épithécium brun, formé par la téte des paraphyses et quelques granules; hyménium blanc; hypothécium d'un brun jaunâtre assez clair; paraphyses renflées au sommet, non articulées, épaisses de 0,002 millim. ; spores d'abord incolores et 1-septées, puis noirátres et 3-septées, avec 2 ou 3 cellules arrondies entre chaque cloison, longues de 0,016-20 et larges de 0,008-10 millim. L'iode bleuit la gélatine hyméniale et rend les thèques rougeâtres; l'enlèvement de l'excés du réactif ne change pas ces colorations. C'est la premiére fois, je crois, que cette espéce est signalée en France; elle a été récoltée en Anjou, il y a quelques années, par M. l'abbé Hy, qui ne l'a pas encore publiée. 279. Lecidea lavata Acli. — Marly, sur les pavés de la route de la Muraille, prés de la voie du chemin de fer de la Grande- Ceinture et sur ceux de l'étoile Pavée; sur les pierres siliceuses, prés de l'étoile du Souillard, du mur d'enceinte, prés de la fon- taine Frédéric et sur celle des ponceaux qui se trouvent prés du Tapis- Vert. 280. Graphis scripta Ach. — Saint-Germain, sur de jeunes Ormes, prés de l'avenue des Loges. Marly, sur des Chátaigniers, prés de la fontaine de la Maison-Rouge et de l'étoile du Pré; sur des Aulnes, dans cette dernière localité; sur des Coudriers, route Dauphine et étoile du Pré. — f. 1 minuta Leight. — Marly, sur un Hêtre, étoile du Gros-Houx. — f. 2 divaricata Leight. — Saint-Germain, sur les Charmes, route de Carriéres. Marly, sur un Hétre, prés des Tirés. — f. 3 tenerrima Ach. — Marly, sur un Marronnier, prés de la fontaine de la Maison-Rouge. — f. 4 varia Ach. — Marly, sur des Hétres, prés de la fon- taine de la Maison-Rouge, des ruines de Retz, du carrefour des Curieux et des Tirés; sur des Châtaigniers, prés de la fontaine de la Maison-Rouge et sur des Coudriers, route Dauphine. — f. 5 radiata Leight. — Marly, sur un Chátaignier, route HUE. — LICHENS DES ENVIRONS DE PARIS. 197 Dauphine; sur des Frênes, près de la fontaine de la Maison- Rouge et de l'étoile du Pré. — var. 1 pulverulenta Ach. — Saint-Germain, sur des Charmes, route de Carriéres et sur des Chénes, route Verte. Marly, sur des Châtaigniers, prés des routes de Fourqueux et Dauphine, route de la Muraille, prés du village de Saint-Nom- la-Bretèche; sur des Hétres, prés de la fontaine de la Maison- Rouge et de l'étoile du Gros-Houx; sur des Charmes et des Cou- driers, route Dauphine; sur des Chénes, prés de l'étoile Pavée et des Tirés; et enfin sur un Tilleul, prés du Tapis-Vert. — var. 2 serpentina Nyl. — Saint-Germain, commun sur les Charmes, routes de Carriéres et des Loges, allée du Petit-Parc. — Marly, sur des Charmes, routes Dauphine et Hardouin et sur les ruines de Retz; sur des Hétres, route Rovale et étoile du Gros-Houx. Dans la forét de Saint-Germain, sur les Charmes, prés de la route de Carriéres, on trouve une forme de cette variété, à lirelles trés courtes, obtuses et difformes, parfois ponctiformes, à disque plan, peu ou point pruineux, à bord thalloide nul, renfermant des spores longues de 0,012 et larges de 0,009 millim. Elle se trouve reliée au type par quelques lirelles plus longues. 281. Opegrapha lyncea Borr., Hue Lich. Canisy, p. 102. — Saint-Germain, sur un vieux Chéne, prés de l'étoile de Notre-Dame- de-Bon-Secours. 282. Opegrapha notha Ach., Hue Lich. Canisy, p. 102. — Saint- Germain, sur les Ormes de l’avenue des Loges. Marly, sur un Hétre, prés de la fontaine de la Maison-Rouge; sur des Frénes, étoiles du Loup et des Faunes; sur un Alisier, prés de la fontaine de la Maison-Rouge. 283. Opegrapha pulicaris (Hoffm.) Nyl., Hue Lich. Canisy, p. 103. — Saint-Germain, sur des Ormes, avenue des Loges et route de Carrières ; sur des Érables, routes de Carrières et Verte. Marly, sur des Ormes, prés de l'étoile du Loup; sur des Chénes, route de Fourqueux, place Royale, route Hardouin et prés des ruines de Retz; sur un Érable, dans cette derniére localité et sur des Frénes, étoile du Loup, prés de la gare de Saint-Nom-la-Bre- téche et des ruines de Retz. 284. Opegrapha diaphora Ach. — Saint-Germain, sur des 198 SÉANCE DU 9 Mans 1894. Ormes, près de la porte Dauphine et route de la Muette; sur un Chéne, prés du Camp. Marlv, sur un Chéne, route tournante de la fontaine de la Maison-Rouge; sur des Châtaigniers, entre la gare de Saint-Nom-la-Bretèche et la route de Fourqueux. Opegrapha diaphora Ach. f. signata Ach. — Saint-Germain, sur un Orme, près de la grille Dauphine. Apothécies plus ovales et plus planes que dans le type; les spores 5-septées mesurent 0,026 sur 0,008 millim. L'iode teint la gélatine hyméniale en rouge vineux. Les spermaties courbées ont 0,004-5 millim. en longueur, sur 0,001 en largeur. 285. Opegrapha atro-rimalis Nyl., Hue Lich. Canisy, p. 104. — Saint-Germain, sur un Orme, prés de la grille Dauphine. Marly, sur un Fréne, prés de l'étoile du Marcassin et sur un Chéne, prés du poste de l'Auberderie. 286. Opegrapha atra Pers., Hue Lich. Canisy, p. 219. — Commun, dans les deux foréts, sur les écorces lisses des Chénes, Châtaigniers, Charmes, Frènes, etc., et dans l'avenue des Loges, sur les Trembles. — f. reticulata (DC.) Malb. — Marly, sur un Frêne, prés de l'étoile du Loup. — var. 1 denigrata Ach. — Saint-Germain, sur des Charmes, route de Carriéres. Marly, sur des Chátaigniers et des Frénes, prés de la gare de Saint-Nom-la-Bretéche. — var. 2 hapalea Nyl. — Saint-Germain, sur des Charmes, route de Carriéres. Marly, sur un Chéne, prés du carrefour des Curieux; sur des Chátaigniers, prés de la fontaine de la Maison- Rouge; sur des Frénes, route Royale et prés du poste de l'Auber- derie. Sur un Frêne, prés de l'étoile du Marcassin, dans la forêt de Marly, j'ai récolté une forme de cette espéce, intermédiaire entre - les var. denigrata et hapalea par ses apothécies, les unes typiques, les autres arrondies et confluentes, à disque plus ou moins ouvert; peut-étre est-ce la var. meliana Ach., Nyl. Lich. Scand. p. 254. 287. Opegrapha vulgata Ach. — Saint-Germain, sur des Ormes, prés de la grille Dauphine; sur des Charmes, route de Carrières ; sur des Chênes, chemin de Conflans et allée du Petit-Parc. Marly, sur des Ormes, étoile du Loup; sur des Érables, près de la HUE. — LICHENS DES ENVIRONS DE PARIS. 199 gare de Saint-Nom-la-Bretèche; sur un Chêne, route Hardouin, et çà et là sur les vieux Chènes par petits ilots au milieu des autres Lichens. Spores fusiformes, 3-5-septées, longues de 0,020-24 et larges de 0,004 millim.; spermaties courbées en arc ayant 0,011-17 sur 0,0008-10 millim. Je ne les ai pas rencontrées une seule fois, dans les échantillons de ces foréts, aussi étroites que l'indique M. Ny- lander (apud Hue Addend. Lichenogr. europ. p. 252); il ne leur attribue que 0,0005 millim. de largeur. 288. Opegrapha herpetica Ach. — Marly, sur des Châtaigniers, prés de l'étoile des Fonceaux et à l'extrémité de la route de la Mu- raille approchant du village de Saint-Nom-la- Bretéche. Spores 3-septées, ordinairement un peu courbées, ayant en longueur 0,015-20 et en largeur 0,004-5 millim. ; spermaties cour- bées mesurant 0,005-7 sur 0,002 millim. — var. subocellata Ach. — Marly, sur un Chátaignier prés de la fontaine de la Maison-Rouge. 289. Arthonia cinnabarina Wallr., Hue Lich. Canisy, p. 108. — Saint-Germain, sur les Charmes, route de Carrières et allée du Petit-Parc. Marly, sur des Chátaigniers, prés de la fontaine de la Maison-Rouge. — var. pruinata Del.— Saint-Germain, sur des Charmes, allée du Petit-Parc et prés du carrefour du Val. Sur des Frénes, dans la forét de Marly, prés de l'étoile du Loup et route Ruzée, se trouve une forme de cette espèce à thalle épi- phléode, blane cendré, assez épais, à apothécies ou arrondies ou diversement lobées, d'un brun noirátre, les unes nues, les autres couvertes d'une légére pruine blanche et quelques-unes saupoudrées de poussiére rouge; spores 3-4 septées, longues de 0,015-18 et larges de 0,007-8 millim. La gélatine hyméniale, pum iode, bleuit, puis s'obscurcit. 290. Arthonia astroidea Ach., Hue Lich. Canisy, p. 110. — Commun, dans les deux forêts, sur les éeorces lisses des jeunes Chénes, Frénes et Chátaigniers. Dans celle de Marly, sur des Aulnes, prés des étoiles du Loup et du Pré; sur un vieux Chéne, prés de l'étoile du Fond. 200 SÉANCE DU 9 Mans 1894. Spores 3-septées, mesurant en longueur 0,015-20 et en largeur 0,006-7 millim. 291. Arthonia pruinosa Ach. — Trés commun sur les vieux Chénes dans les deux foréts, et dans celle de Saint-Germain, prin- cipalement dans les environs du carrefour du Val. Marly, sur les vieux Chátaigniers qui sont prés de la route de la Muraille en arrivant au village de Saint-Nom-la-Bretéche. Les apothécies sont parfois couvertes d'une pruine tellement épaisse qu'on les distingue à peine du thalle; spores 4-septées, à cloisons également espacées, longues de 0,014-16 et larges de 0,0065-70 millim. Le chlorure de chaux rougit le thalle. — f. medusula Nyl. — Saint-Germain, sur un Chéne, prés du Camp. 292. Arthonia dispersa (Schrad.) Nyl., Norrlin Herb. Fenn. n° 47. — Marly, sur un Tremble, prés du poste de l'Auberderie. Apothécies noires, linéaires, allongées, flexueuses, simples ou ra- rement divisées en un ou deux rameaux ; spores 1-septées, ayant 0,010-13 sur 0,005 millim. 293. Normandina pulchella (Borr.) Nyl. — Sur les Jonger- mannes du tronc des Charmes, dans la forét de Saint-Germain, chemin de Conflans et près de l'avenue des Loges; des Chátaigniers et des Hétres, dans celle de Marly, route Dauphine, prés de l'étoile du Gros-Houx et des Tirés. 294. Verrucaria nigrescens Pers. — Marly, sur des pierres caleaires, prés de l'étoile Pavée, entre la route de la Muraille et le chemin de fer de Grande-Ceinture, sur celles d'un ponceau, prés des Tirés et du mur d'enceinte, prés de la fontaine Frédéric. 295. Verrucaria fusca Pers. — Marly, sur les bornes de la place Royale et sur les pierres d'un ponceau, prés des Tirés. Spores simples et incolores, longues de 0,020-24 et larges de 0,010-11 millim. 296. Verrucaria margacea var. dolosa Hepp Flecht. Europ. n° 689, Stizenb. Lich. helvet. p. 237. — Marly, sur des pierres siliceuses dans une clairiére route des Buttes et dans les environs de l'étoile Aimable. Thalle trés mince, olivátre, passant au brun ou méme au noir, lisse et continu. Apothécies trés petites, non enfoncées dans le HUE. — LICHENS DES ENVIRONS DE PARIS. 204 thalle, à pyrénium entier; spores simples et incolores, semblables quant à la forme à celles de Hepp, mais un peu plus grandes, ayant 0,013-15 sur 0,005-6 millim. (Hepp indique 0,011-13 mill. pour la longueur). L'iode rend la gélatine hyméniale d'un rouge vineux et ne teint pas les spores. 297. Verrucaria rupestris Schrad. — Marly, sur les bornes de la place Royale et le mur d'enceinte, prés de la fontaine Frédéric. 298. Verrucaria integra Nyl. — Marly, sur les pierres calcaires du mur d'enceinte, prés de la fontaine Frédéric. Spores de largeur assez variable, 0,026-28 sur 0,014-16 millim., et 0,026 sur 0,015 et 0,024 sur 0,017 millim.; pyrénium entier. 299. Verrucaria muralis Ach. — Marly, sur les bornes de la place Royale, sur les pierres calcaires des ruines de Retz et près de l'étoile Pavée. Apothécies presque entièrement émergées; pyrénium dimidié; spores simples et incolores de 0,018-22 et larges de 0,011-12 mill. L'iode bleuit légérement la gélatine hyméniale, puis la rend d'un rouge vineux. 300. Verrucaria mortarii Arn., Hue Lich. Canisy, p. 113. — Marly, sur le mur de clóture, prés de la fontaine Frédéric. Spores simples et incolores, longues de 0,029-33 et larges de 0,018-20 millim. 301. Verrucaria ruderum DC. — Marly, même localité. 302. Verrucaria nitida Schrad., Hue Lich. Canisy, p. 115. — Saint-Germain, commun sur les Charmes, routes de Carriéres et de la Muette, chemin de Conflans. Marly, sur les Hétres et les Charmes, route Dauphine et ruines de Retz. Thalle ordinairement couvert d'apothécies, mais parfois n'en portant que deux ou trois avec de nombreuses spermogonies. — var. nitidella Floerke. — Marly, sur un Hétre, prés des ruines de Retz. 303. Verrucaria gemmata Ach., Hue Lich. Canisy, p. 117. — Saint-Germain, sur des Charmes, route de Conflans et sur des Frénes, route de Carriéres. Marly, sur des Frénes, carrefour des Curieux, route de Fonsac, étoiles du Pré et des Faunes, prés du poste de l'Auberderie. 209 SÉANCE DU 9 Mans 1894. 304. Verrucaria biformis Borr., Hue Lich. Canisy, p. 117. — Saint-Germain, sur des Chênes, route de Conflans et sur un Érable, prés du carrefour du Val. Marly, sur des Chénes, routes des Buttes et Hardouin, prés du poste de l'Auberderie. 305. Verrucaria cinereopruinosa Schær., Hue Lich. Canisy, p. 148. — Marly, sur des Frénes, prés de l'étoile du Marcassin, prés de la gare de Saint-Nom-la-Bretéche, carrefour des Curieux, et sur un Tremble, prés du poste de l'Auberderie. 306.. Verrucaria epidermidis Ach., Hue Lich. Canisy, p. 118. — Marly, sur de jeunes Chátaigniers, prés de la gare de Saint- Nom-la-Bretéche et sur des Coudriers, prés de l'étoile Pavée. Cette espèce est plus rare que la suivante. 307. Verrucaria fallax Nyl., Hue Lich. Canisy, p. 118. — Commun sur les écorces lisses des jeunes Chénes et des jeunes Chátaigniers; sur un Charme, prés de l'étoile Aimable; sur des Coudriers, prés de l'étoile Pavée; sur des Aulnes, prés de l'étoile du Pré et du chemin de fer de Grande-Ceinture; sur un Pommier sauvage, prés du poste de l'Auberderie. 308. Verrucaria punctiformis Ach. — Marly, çà et là sur les jeunes Chátaigniers; sur un Chéne, route Royale. — var. atomaria (Ach.) Schær. — Marly, sur de jeunes Frénes, prés de la fontaine de la Maison-Rouge, de l'étoile du Marcassin et route Dauphine. 309. Verrucaria oxyspora Nyl. — Sur des Bouleaux, Saint- Germain, route Verte et prés du carrefour du Val; Marly, prés de la fontaine de la Maison-Rouge, de la porte de Saint-Nom-la-Bre- tèche, de l'étoile du rot Houx et des Tirés. Spores incolores, 1-3 septées, un peu courbées, fusiformes, longues de 0,026-31 et larges de 0,002-4 millim. 310. Verrucaria populicola Nyl., Stizenb. Lich. helvet. p. 259. — Marly, sur de jeunes Trembles, prés de l'étoile d'Actéon. Apothécies beaucoup plus petites que dans l'espéce précédente, spores longues de 0,020-22 et larges de 0,003-4 millim. 311. Melanotheca gelatinosa Nyl. Pyrenoc. p. 70, Hue Lich. Canisy, p. 149. — Arthonia gelatinosa Chev. Flore env. Paris, Í, p. 543. — Marly, sur des Aulnes et des Coudriers, prés de la fon- taine de la Maison- Rouge, des étoiles du Loup et du Pré. MARTIN. — SCLERANTHUS UNCINATUS SCHUR ET POLYCARPOS L. 203 312. Leproloma lanuginosum Nyl. — Amphiloma lanugi- nosum Ach. — Commun sur les troncs des vieux arbres, les talus des chemins et sur le mur d'enceinte, prés de la fontaine Fré- déric; toujours stérile. 313. Lepra flava DC. — Dans les deux forêts, commun sur les troncs des vieux Chênes et des vieux Ormes. 314. Lepra chlorina DC. — Dans les deux forêts, également sur le tronc des vieux arbres, mais moins fréquent. 315. Lepra lactea DC. — Dans les deux foréts, à la base des vieux Chénes et assez fréquent. Sur des Ormes dans la forét de Marly, prés de la fontaine de la Maison-Rouge et de l'étoile du Loup, se trouve le Pyrenothea furcella Fr., Hue Lich. Canisy, p. 140. LE SCLERANTHUS UNCINA TUS Sch. DES CÉVENNES DOIT-IL CONSERVER SON NOM ACTUEL OU PRENDRE A L'AVENIR LA DÉNOMINATION DE S. POLY- CARPOS L.? par M. le D' B. MARTIN. Il y a environ quarante ans, Grenier publiait, dans les Archives de la Flore de France et d'Allemagne (février 1852), une courte Notice destinée à élargir le cadre des Scleranthus de la flore fran- caise et à fixer avec une plus rigoureuse précision leur nomencla- ture spécifique. Un des points les plus importants de cette Notice consistait dans l'annonce de la découverte, sur notre région montagneuse, d'un Scleranthus particulier, que le botaniste de Besançon, ne lui trou- vant pas les signes d'une espèce nouvelle, rapportait assez résolu- ment à un ancien type des Amanitates academicæ désigné par Linné sous le nom de S. polycarpos. A peu prés à la méme époque, le S. uncinatus faisait son entrée en botanique; à peine connu en France, ce Scleranthus frappait l'attention par la forme saisissante d'un de ses attributs morpho- logiques et obtenait ainsi la singulière fortune d’être accepté sans difficulté comme un type nouveau et tout à fait ignoré jusqu alors. Le crédit soutenu du Scleranthus en question ne manqua pas de tenir en échec l'espéce recommandée par Grenier. La décou- verte transylvanienne fit perdre à notre auteur la notion des affinités reconnues par lui-méme entre le Scleranthus des Cé- 204 SÉANCE DU 9 Mans 1894. vennes et le Scleranthus polycarpos, et notre plante, qui semblait appelée à assurer pour toujours la réhabilitation d'un nom Lin- néen tombé en désuétude, n'eut pas longtemps à jouir de sa pré- rogative et, par un sort tout différent, ne tarda pas à entrer peu à peu et sans opposition dans la dépendance de la création de Schur. Cette solution, qui se maintient dans la science depuis de nom- breuses années, doit-elle passer pour en étre le dernier mot? Y a-t-il lieu de penser qu'elle régle convenablement et d'une ma- niére définitive la destinée du Scleranthus de nos montagnes (1)? Je l'ai eru pendant longtemps avec d'autres (voy. ma Note sur le S. uncinatus in Mémoires de la Société d' Emulation du Doubs, 1858). Mais une étude plus approfondie du sujet m'a donné à réfléchir et a tourné mes regards vers une orientation différente. Grenier, on ne saurait l'oublier, a énoncé formellement dans sa Notice que notre Scleranthus répond de tous points à la descrip- tion classique du S. polycarpos. Cette appréciation, restée toujours exacte malgré le désaveu de son auteur, n'a, à mon avis, rien perdu de sa premiére valeur ni cessé de mériter une pleine con- fiance. C'est pourquoi, comptant pouvoir faire fond sur une sem- blable autorité, je ne crains pas de m'engager à mon tour dans la voie trop tòt abandonnée par mon savant correspondant d'autre- fois, et, sans me laisser décourager outre mesure par l'exemple de son désistement, je me propose d'affirmer à nouveau le fait de la compléte ressemblance du Scieranthus des Cévennes avec l'espéce Linnéenne et de soutenir, à l'aide de quelques preuves, la vérité de cette affirmation. Je puise naturellement dans les écrits de Linné mes premiers moyens de démonstration. Linné, on le sait, a, suivant sa coutume, consacré au S. poly- (1) Un mot sur ce Scleranthus, le seul dont j'aie à m'occuper ici, sans mettre aucunement en doute son identité reconnue avec la plante qui partout ailleurs, en France et à l'étranger, est connue sous le nom de S. uncinatus. Trouvé par moi, en 1850, aux environs de l'Espérou (Gard), ce Scleranthus recut de Grenier la dénomination de S. polycarpos. Plus tard, aprés la décou- verte de Schur, il prit le nom de S. uncinatus qu'il porte encore. I] n'est pas hors de propos d'ajouter que, longtemps avant notre époque, Gouan avait découvert ce Scleranthus dans la méme localité des Cévennes et l'avait signalé, dans son Flora monspeliaca, sous la désignation de S. poly- carpos L. J'aurai l'occasion de revenir plus loin sur ce curieux détail historique. MARTIN. — SCLERANTHUS UNCINATUS SCHUR ET POLYCARPOS L. 205 carpos, une phrase descriptive composée à peine de quelques mots. Ensuite, comme s'il eüt voulu marquer l'importance de sa création et témoigner de son désir d'en donner une diagnose satisfaisante, il y a joint par exception une plus longue note différentielle ten- dant à prévenir toute confusion entre le S. polycarpos et le S. an- nuus, son plus proche voisin. L'examen attentif du texte Linnéen, minutieusement commenté mot à mot, apprend que ses différents termes sont dans une étroite concordance avec les divers traits morphologiques offerts par le Scleranthus des Cévennes et expriment assez fidèlement tous les détails de la physionomie botanique de cette plante. J'ai à exposer ici les résultats de cet examen et à présenter les preuves détaillées de cette concordance. Scleranthus polycarpos. — Le titre spécifique de la plante fournit lui-méme une premiére attestation en faveur de notre ma- niére de voir. On note en effet avec assurance qu'à l'image du type Linnéen, le Scleranthus de l'Espérou se distingue de ses deux con- zénères par ses fascicules plus gros, plus nombreux, plus chargés de fleurs et de fruits, qu'en un mot, il est le plus polycarpe des trois. Fructuum calycibus patentissimis. — Le Scleranthus des Cé- vennes a les calices fructifères pourvus de lobes divergents, très écartés et très ouverts, conformément à la stricte signification du document Linnéen. Le mot « patentissimis » représente rigoureu- sement la divergence notable des divisions calicinales de ce Scle- ranthus, de même que les expressions « calycibus patulis » et « calycibus clausis » expriment les caractères calicinaux différents des deux congénères de notre plante, les Scleranthus annuus et S. perennis. Calycibus spinosis. — Deux autres qualités essentielles carac- térisent les calices du Scleranthus de l'Espérou, l'état finement aigu, presque spinescent des sépales et leur terminaison sous forme de crochet; l'adjectif « spinosis » (1), qui n'est pas un des termes les moins importants de la phrase Linnéenne, a pour (1) Le laconisme de l'adjectif « spinosis » est un peu corrigé dans la note du texte Linnéen par les mots plus précis: « calyces aculissimi ul fere spinosi ». 206 SÉANCE DU 9 Mans 1894. fonction de répondre à l'expression de ces deux attributs bota- niques de la plante. Le mot en question a toujours été reconnu apte à remplir jus- tement la premiére partie de son róle, et il n'y a pas d'objection à soulever sous ce rapport. A première vue, le méme mot semble moins propre à satisfaire aux exigences de sa seconde destination et presque impuissant à indiquer à propos la disposition oncinée des dents calicinales de notre plante (1). Si cependant, envisageant les choses de plus prés, on se rap- pelle que le mot « spinosis » sert usuellement, dans le langage botanique, à désigner des organes aigus et de forme recourbée, tels que certains aiguillons de la famille des Rosacées, on s'arréte moins aux premiéres apparences et l'on se sent encouragé d'autant à admettre sans trop de répugnance que le terme en question, pris sensu latiore, peut se prêter, par une extension qui n'a rien de forcé, à exprimer aussi la courbure des divisions calicinales de notre Scleranthus (2). Caule subvilloso. — La pubescence des tiges du Scleranthus de nos montagnes est réelle, mais ne se distingue pas sensiblement par son abondance de celle qu'on observe sur les tiges des espéces voi- sines. Notre plante est cependant pourvue, sur les tubes calici- naux, de nombreux poils hyalins qui manquent aux autres. (1) A coup sùr, ainsi que l'a noté Grenier, le mot « uncinato-spinosis », eüt été préférable dans cette circonstance et mieux assorti aux besoins de son double office. Mais, tout en regrettant dans le texte Linnéen le défaut de clarté quy aurait apportée un terme plus significatif que l'adjectif « spino- sis », disons aussi qu'il nous a semblé peu convenable de laisser plus long- temps dans l'oubli, comme une énigme indéchiffrable, ce méme texte, dût-il paraître un peu fruste aux yeux des plus difficiles, et que nous avons jugé opportun d'employer son interprétation à chercher en ce moment la trace d'une espèce ayant joui autrefois d'une trop grande notoriété pour être con- damnée à rester à jamais introuvable. (2) Linné, avec ses habitudes de concision excessive dans la caractéristique des espéces, était tenu à compter et à peser soigneusement les termes mis en usage dans ses définitions. 1] n'est pas douteux que cette règle n'ait été scru- puleusement suivie pour la qualification du S. polycarpos. Sans risquer de tomber dans des subtilités d’explication, n'est-il pas permis d'estimer que l'auteur du Scleranthus en discussion, ayant à caractériser deux traits propres aux calices de sa plante et voulant éviter toute superfluité terminologique, à; sans trop d’insuccès, fait choix d'une expression unique : « spinosis », capable de peindre un de ces caractères avec une entière évidence et de laisser deviner l'autre, en dispensant l'esprit d'un bien grand effort d'application. MARTIN. — SCLERANTHUS UNCINATUS SCHUR ET POLYCARPOS L. 207 Venons maintenant à l'interprétation de la note additionnelle qui, dans les Amænilates academicæ, complète la description du S. polycarpos et n'offre pas un médiocre intérét à notre démon- stration : S. polycarpos differt a S. annuo planta longe minore. — Ainsi qu'on le constate aisément, cette partie du texte différentiel laisse le S. annuus au second rang pour la taille et le développement de tous les organes de la plante et réserve la premiére place au S. po- lycarpos (1). Il est incontestable qu'en comparant au méme point de vue le Scleranthus des Cévennes et son congénère, on arrive exactement à des conclusions tout à fait identiques. Les botanistes familiers avec la connaissance de notre espéce la saventen effet plus forte et plus développée dans toutes ses parties que sa voi- sine, et à leurs yeux le S. annuus figure toujours comme « planta longe minor ». Caule magis divaricato. — Le Scleranthus de l'Espérou a ses liges trés rameuses, diffuses, formant sur le sol un gazon serré et donnant naissance à des rameaux écartés et trés divergents. Le S. annuus, au contraire, est muni de tiges plus gréles, un peu ascendantes, avec des ramifications étalées dressées. Calyces secundum totam longitudinem. caulis nec in corymbum congesti. — Sur le Scleranthus de nos montagnes, les fleurs sont disposées en petits fascicules au sommet de la tige et de courts rameaux, d'autant plus courts qu'ils prennent naissance plus bas sur la tige (Lamotte); ce qui donne à l'inflorescence l'aspect d'une sorte de fausse grappe « floribus subracemosis » (Willkomm) (2). Inversement, sur le S. annuus, les fleurs sont arrangées en fasci- (1) On trouvera étrange que l'abbé de Lacroix (in Bull. de la Soc. bot. de France, VI, p. 558) ait vu, dans cette partie de la glose Linnéenne, le rebours de ce que j'y signale moi-méme. Ce désaccord vient de ce que nous avons compris diversement le rapport grammatical des termes « planta longe mi- nore ». Pour moi, ces termes étant à l'ablatif doivent dépendre des mots « S. annuo » qui sont aussi à l'ablatif, tandis que notre confrère les a rap- portés aux mots « S. polycarpos » qui sont au nominatif; ce qui me semble être en opposition avec une règle bien connue de la syntaxe latine. (2) On doit remarquer, non sans intérét, que la disposition des fleurs « per totam longiludinem caulis », assignée par Linné au S. polycarpos, est heu- reusement représentée par Pinñorescence subracémiforme attribuée par M. Willkomm au S. uncinatus, qui pour moi n'est pas différent de l'espèce . Linnéenne. 208 SÉANCE DU 9 Mans 1894. cules terminaux et axillaires dans le haut des tiges et des rameaux et ceux-ci sont toujours plus allongés que dans l'espéce précé- dente (Lamotte); de manière que les fleurs portées parces rameaux, s'élevant presque à la méme hauteur, affectent une disposition corymbiforme. On voit ainsi les formes différentes d’inflorescence des deux Sele- ranthus clairement mises en relief par la brève indication de la note Linnéenne qui nous occupe. Calyces ventre sulcati. — Il n'est pas jusqu'au sillon ventral si- gnalé ici par Linné qui ne se reconnaisse sur les calices du Scle- ranthus des Cévennes. Ce sillon, sorte de gouttière étroite visible dans l’intervalle des lèvres calicinales pliées en dedans (Lamotte), que la rigidité du hamecon maintient tendues et rapprochées, s'observe principalement dans les premiers temps de la floraison de la plante (1). . Plus tard, la dessiccation produit l'écartement des bords des sépales et la dépression du sillon cesse d'étre apparente. Il est évi- dent qu'un état morphologique dû à la présence du crochet calici- nal ne doit pas étre cherché sur le S. annuus. Nec calyces habent margines membranaceos ut in S. annuo. — Comment doit-on traduire cette derniére partie du document Lin- néen? Son auteur a-t-il voulu dire que les calices du S. polycarpos ne sont pas du tout membraneux surles bords et que ceux du S. annuus le sont exclusivement? La phrase dont il s'agit ne si- gnifie-t-elle pas plutôt que les calices du S. polycarpos n'ont pas la marge membraneuse au méme degré, autant que ceux de son con- génére. Ces deux versions semblent également autorisées par le sens grammatical des termes employés. Cependant la seconde, qu'appuie une considération étrangére à la grammaire, parait mé- riter la préférence. Il est en effet fort probable, convenons-en, que, si Linné avait constaté sur sa plante l'absence de toute espéce de bordure calicinale, il l'aurait énoncé simplement et sans obscurité possible en faisant usage des termes « nec calyces habent margines membranaceos » sans y ajouter les mots « ut in S. annuo ». L'ad- (1) Je déclare avoir fait la plupart de mes remarques sur des cultures du Scleranthus de l'Espérou. Ce genre d'observation est assurément le plus com- mode et ne donne pas des résultats moins concluants, attendu que les carat- tères de la plante cultivée ne se distinguent pas de ceux de la plante sauvage. MARTIN. — SCLERANTHUS UNCINATUS SCHUR ET POLYCARPOS L. 209 jonction de ces derniers mots permet de supposer que Linné, ayant comparé sur les deux plantes les caractéres de la marginature cali- cinale, avait reconnu par l'observation et donne à entendre dans son texte qu'à ses yeux la bordure des calices du S. polycarpos n'est pas aussi prononcée que celle du S. annuus, mais qu'elle n'est pourtant pas nulle, ainsi que certains l'ont affirmé. 5i telle est l'interprétation vraie de cette partie de la rédaction Linnéenne, hátons-nous de joindre à toutes les autres cette nou- velle marque d'accord entre le texte Linnéen et la morphologie du Scleranthus de notre région montagneuse. Quoi qu'on ait dit de la variabilité de la bordure calicinale du S. uncinatus, il est hors de doute que cette observation ne s'ap- plique pas au Scleranthus de notre contrée. Ici on signale, pour ce caractére botanique, une constance non moins grande que pour l'écartement des sépales et la forme hameconnée des lobes cali- cinaux. Seulement, si l'on tient à exprimer avec toute l'exactitude voulue l'état réel des choses, il convient de dire, avec Lamotte, que les calices de notre Scleranthus sont trés étroitement marginés et ceux du S. annuus étroitement marginés (1). Habitat Monspelii et in Italia. — Grenier a sans doute réussi à justifier Linné d'avoir indiqué à Montpellier un Scleranthus ré- colté prés de Lassale (Gard), à une assez grande distance de Mont- pellier méme. D'aprés la réflexion du professeur de Besancon, on a compris que, pour un habitant de la Suéde, Lassale, Aumessas et le Vigan ne sont que les environs de Montpellier. Quant à l'habitat in Italia, on doit présumer qu'il a été admis à priori et hors du contróle de l'investigation directe. Linné, rapportant au S. polycarpos le synonyme de Columna (2), (1) Ce caractère doit être recherché aussi aux premières époques de la flo- raison de la plante; alors la couleur verte du dos des sépales fait ressortir la ligne blanche scarieuse des lèvres calicinales et l'empêche d'échapper à la vue, Plus tardivement, la dessiceation des fruits produit une teinte uniforme des parties qui rend la distinction des nuances moins aisée. | Ainsi s'explique indubitablement l'erreur manifeste qu'a commise Grenier en attribuant à notre Scleranthus des sépales non scarieux aux bords. i (2) Il est fort contestable que Linné ait eu raison d'imputer un aussi long passé à l'histoire du S. polycarpos et de présenter Daléchamps, Bauhin et Colonna comme les précurseurs de Sauvages. La synonymie de ce Scleranthus empruntée aux écrits des pères de la botanique doit donc, comme le pensait déjà Grenier, étre taxée d'incertitude et d'obscurité et reconnue incapable de fournir à notre solution la méme lumiere que le texte Linnéen lui-méme. T. XL. (SÉANCES) 14 210 SÉANCE DU 9 Mars 1894. ne doutait pas que cette plante n'eüt été vue par l’auteur de l'Ec- phrasis, et, comme il connaissait l'origine italienne de celui-ci, il s'est cru autorisé à donner aussi à son Scleranthus l'Italie pour station. A ces commentaires sur le texte relatif au S. polycarpos (1), ajoutons quelques mots sur la part qui revient à Sauvages et à Gouan dans l'historique de notre sujet. Sauvages est, au dire de Linné, l'inventeur du S. polycarpos, et la plante a été trouvée à Montpellier. De son cóté, Sauvages com- pléte et précise le renseignement Linnéen en indiquant le Scle- ranthus à la Sales en Cévennes (sic) (2). Ces documents appartiennent depuis longtemps à la littérature botanique et, comme on n'a aucune raison de suspecter leur exac- titude ni de contester leur authenticité, ils ont acquis une valeur historique dont on ne peut s'empécher de tenir un compte sé- rieux (3). (1) Au eas oü je serais accusé d'oublier l'enquéte entreprise autrefois par M. Babington, dans l'herbier de Linné, au sujet du S. polycarpos et dont il a été longuement parlé dans ma Note déjà citée, je réponds d'avance à ce grief en présentant, pour la défense de mon silence, les lignes suivantes dues à un juge fort compétent, le professeur Planchon, de Montpellier, et que l'on ne trouvera sans doute pas faites pour recommander bien vivement aux bota- nistes comme une source süre d'éclaircissement le recours à l'étude des spé- cimens de la collection Linnéenne. « L'herbier de Linné, si vanté, et dont » l'Angleterre s'enorgueillit comme d'une vénérable relique », a dit notre con- frère, « est un témoignage de misère auprès des herbiers si riches de Tour- » nefort et de Vaillant, que conserve notre Muséum. A voir ces misérables » brins de plantes souvent dépourvus de tout certificat précis d'origine, on se » demande comment le maitre de tant de voyageurs célèbres, le correspondant » admiré de tous les naturalistes de son temps, comment le descripteur, le » parrain surtout de tant de plantes, a purester si pauvre en éléments maté- » riels d'étude » (Revue des Deux Mondes, 15 septembre 1874, p. 394). (2) On trouve cette indication géographique dans le Methodus foliorum, etc., p. 124 (1751). Si l'on en juge d’après les termes de la description botanique « calycibus fructus patulis », qui sont ceux de la définition Linnéenne du S. annuus, on dirait que Sauvages n'a pas mesuré lui-méme toute l'importance de sa décou- verte et qu'il a fallu la pénétrante sagacité de Linné pour discerner la nou- veauté de la plante communiquée et en fournir une diagnose correcte. C'est pour cela sans doute, suivant Grenier, que l'auteur des Amanitates academica, dans sa description de la plante de Lassale, dont il avait des échantillons sous les yeux, cite seulement le nom de Sauvages et nullement son ouvrage, bien qu'il fût antérieur (1751) méme à la première édition du Species. (3) A propos de la découverte de Sauvages, il n'est pas indifférent de s'en- quérir du rapport existant entre le Scleranthus de Lassale et celui de l'Espé- MARTIN. — SCLERANTHUS UNCINATUS SCHUR ET POLYCARPOS L. 211 Un autre nom mélé aussi à l'histoire du S. polycarpos est celui de Gouan. Cet auteur, qui venait quelquefois dans nos Cévennes étudier la végétation d’une contrée annexée par lui au domaine de la flore de Montpellier, a eu, je l'ai déjà dit, la bonne fortune de trouver notre Scleranthus et d'en indiquer la présence à Banahu, à l'Es- pérou, à l’Ort de Diou, trois localités où la méme plante continue de s'offrir aux regards des observateurs de nos jours. De plus, ce qui n'est pas moins digne d'attention, il a jugé con- venable d'inscrire sa découverte dans le Flora monspeliaca (1765), en faisant usage, pour nommer son Scleranthus, du titre de S. polycarpos et, pour les caractéres, des termes mémes de la défi- nition Linnéenne (1). rou, pris pour terme de comparaison. Or, sans avoir rien de bien positif à affirmer sur ce point, à cause de mon ignorance des détails de la flore de Lassale, je ne laisse pas de faire valoir ici deux faits propres à notre histoire naturelle, qui au nom de l'induction permettent de conclure sans trop d'in- décision dans le sens de l'unité spécifique du Scleranthus des deux prove- nances. Ainsi les géologues du Gard constatent, dans l'arrondissement du Vigan, l'existence d'une chaine granitique assez étendue, qui, partant des confins du département de l'Aveyron, occupe d'abord Dourbies et le voisinage de l'Espé- rou, se dirige ensuite vers l'Est, au delà de la vallée de l'Hérault, pour y former le relief orographique de Lassale et se termine pres de Saint-Jean du Gard. D'autre part, les botanistes locaux connaissent à notre Scleranthus un centre important de végétation, dont les irradiations, partant de l’Espérou, gagnent vers l'ouest Banahu et Camprieu et plus loin, vers le nord, l'Aigoual, Cabrillac et la Lozère. D’après ces données, on peut, ce semble, conjecturer que l'aire de dispersion du Scleranthus en cause s’est aussi sensiblement élargie du côté de l'Est et que, dans cette direction, la plante, obéissant à des conditions favorables de terrain et d'altitude, s'est éloignée davantage de son point de départ et est allée, à 15 ou 16 kilomètres de l'Espérou, s'établir sur les montagnes de Lassale, où Sauvages l’a rencontrée autrefois et où la retrouveront sans doute aussi les investigateurs de notre époque, curieux d'entrer dans la voie ouverte par le botaniste de Montpellier. i (1) Je me fais reproche de n'avoir pas toujours été également juste envers Gouan. Dans ma Note précédente, je n'ai pas, ilest vrai, manqué de recon- naître à notre devancier son droit de priorité à la découverte du Scleranthus de l'Espérou et, dans la synonymie du S. uncinatus, j'ai même réclamé la con- venance d'un synonyme rappelant le nom de Gouan, S. polycarpos ham non L.; mais je n'ai pas su me défendre de la faute d infliger à cet err e blàme d'avoir appliqué à sa plante le nom et la définition d v espéce Lin- néenne, dont j'étais alors peu partisan. Plus éclairé aujourd'hui, j ju volontiers ce blàme, et, prét à me rallier à la décision de omo e loue sans réserve d'avoir, dans cette circonstance, donné la marque d'un obser- vateur heureux et d'un appréciateur clairvoyant. 212 SÉANCE DU 9 Mars 1894. Il est donc acquis de ce chef à notre historique que, non loin de la localité oà ont été récoltés les premiers échantillons ayant servi à fonder le S. polycarpos et peu d'années aprés la fondation de cette espèce, Gouan a signalé l'existence du méme Scleranthus sur un autre point de notre région montagneuse et n'a pas hésité à l'assimiler à l’espèce Linnéenne. Dans ce cas, aucune incertitude n'est à craindre, ni pour le signalement géographique du Scleranthus, ni pour sa détermina- tion spécifique. Notons d'abord que, si la plante de Sauvages n'a encore été revue par personne dans son lieu d'origine, celle de Gouan, grâce à une meilleure condition, se retrouve tous les jours dans les divers lieux où le Flora monspeliaca Y'a mentionnée. On aurait tort aussi de soupconner que notre auteur n'a pas exactement saisi les signes botaniques du Scleranthus des Cé- vennes, ni judicieusement apprécié sa provenance Linnéenne. Il serait difficile de comprendre une erreur de diagnose commise dans ce cas par un botaniste du siécle dernier, qui avait été témoin de la publication du S. polycarpos et au besoin pouvait se garder sürement de toute méprise en prenant, à ce propos, conseil des auteurs mémes de l'espéce, de Sauvages, son compatriote, et de Linné, son correspondant. Nul ne sera étonné d'apprendre que j'aie toujours attaché un certain prix à la contribution apportée parle témoignage de Gouan dans l'élucidation de notre sujet. Je dois méme avouer en parti- culier avoir depuis un assez long temps puisé à cette source la premiére idée de mon sentiment actuel en cette matiére. On me permettra donc d'appeler toute l'attention des botanistes sur un précédent historique si précis et si concluant pour la solution du probléme synonymique qui nous intéresse (1). (1) Je place ici une remarque qui ne paraîtra peut-être pas dénuée d'intérét. Le témoignage de Gouan, dont il vient d’être question, proteste avec quelque autorité contre la qualification de S. uncinatus décernée actuellement au Scleranthus de l'Espérou. A la rigueur, et en ayant égard seulement à la con- sidération chronologique, on conçoit que le nom créé par Schur, en 1850, soit applicable au Scleranthus trouvé par moi sur notre montagne à peu près à la méme époque. Mais quand, en interrogeant l'histoire, on s'avise que notre plante, moins nouvelle qu'on ne pensait alors, a été plus anciennement connue des botanistes de Montpellier, on est bien obligé de reconnaitre qu'un nom relativement moderne cesse de convenir dans ce cas, et qu'il n'y a pas MARTIN. — SCLERANTHUS UNCINATUS SCHUR ET POLYCARPOS L. 213 Ici se termine mon exposé; je n'ai plus qu'à en présenter le résumé sous la forme des conclusions suivantes : 1° On doit à Linné, dans le genre Scleranthus, trois créations spécifiques dont une en particulier est connue sous le nom de S. polycarpos. Cette espéce, conservée dans la science jusqu'à la publication du Flora monspeliaca de Gouan, s'est peu à peu tel- lement effacée depuis cette époque, que son nom a cessé de paraître dans nos Flores et sur nos Catalogues (1). Cependant la flore mon- tagneuse des Cévennes possède un Scleranthus spécial sur lequel, si j'ai suffisamment réussi dans ma táche, un observateur non prévenu ne peut sedispenser de découvrir assez distinctement tout l'ensemble des marques caractéristiques du type Linnéen en discussion et auquel par conséquent ne saurait, à mon sentiment, revenir un nom différent du titre spécifique choisi par Linné, pour son espèce des Amænitales academica. D’après cette conclusion, en jetant un coup d'œil sur l'histoire du S. polycarpos depuis son origine jusqu'à nos jours, on recon- nait, par un assez curieux rapprochement, que Linné a établi autre- fois son espèce avec des matériaux provenant de la flore des Cévennes et que l'étude d'éléments appartenant également à notre flore sert aujourd'hui à réhabiliter le Scleranthus Linnéen, laissé pendant longtemps dans un abandon immérité, et à le replacer, à son ancien rang, dans le cadre des espéces les moins indignes de considération. lieu de beaucoup compter sur la dénomination de S. uncinatus pour dési- gner d'une manière irréprochable une découverte de Gouan. Il y alà évidemment une incorrection de nomenclature qu'il sera bon de redresser et qui ne disparaitra que lorsqu'on sera décidé à faire choix, pour notre Scleranthus, d'une désignation capable de s'adapter avec une égale con- venance à la plante de tous les lieux et de tous les temps. (1) La vraie notion du S. polycarpos est complètement perdue au temps de De Candolle. Le Scleranthus de Grammont, pres de Montpellier, publié sous «e nom dans le Prodromus (3* vol., 1828), manque manifestement des carac- tères de la véritable espèce Linnéenne. On remarque avec regret, dans la description que De Candolle a donnée de sa plante, l'absence de toute note se rapportant à la mention de notre localité de l'Espérou et à la citation du Flora monspeliaca. S'il eüt moins oublié ce précédent, l'éminent auteur aurait p être évité la fausse route qu'on a le droit de lui reprocher et épargné à : nomenclature, au sujet du S. polycarpos, une confusion spécifique qui a duré jusqu'à ce que Grenier, éclairé par la comparaison des plantes de l Espérou et de Grammont, ait eu le soin d'indiquer la démarcation entre le S. polycarpos des Ameænitates academicæ et celui du Prodromus, et de remplacer sur celui-ci un nom équivoque par la dénomination nouvelle de S. Delorti. 314 SÉANCE DU 9 MARS 1894. % Le Scleranthus de notre région montagneuse étant ainsi à bon droit, croyons-nous, investi du nom Linnéen de S. polycarpos, il suit de là que la dénomination de S. uncinatus employée en ce moment à désigner notre plante ne doit pas étre maintenue plus longtemps dans cette attribution. Sans invoquer d'autres raisons à l'appui, redisons d'un mot qu'un nom, appliqué pour la première fois en 1850, est absolument impropre à qualifier justement un Scleranthus signalé bien long- temps avant cette date dans notre histoire et notre géographie botaniques locales. 3° Cela dit sur le Scleranthus des Cévennes et les deux condi- tions principales de ce programme ayant reçu satisfaction, il me reste, sans sortir sensiblement des limites du sujet, à exprimer brièvement ma pensée sur le sort de la plante de Schur elle-même. On la devine aisément; elle se présente naturellement à l'esprit et se justifie sans effort. Puique les botanistes s'accordent sur la conformité entiére du Scleranthus de l'Espérou avec le S. uncinatus de tous les pays, Si l'on admet de plus avec nous le fait d'une origine Linnéenne pour notre Scleranthus, il va de soi que la méme distinction ne peut étre déniée à ses pareils. Dans ce cas, on le voit, c'en est fait de la plante de Schur. Convaincue de n'avoir jamais été une nouveauté que pour la flore de Transylvanie et d'avoir pris naissance sans besoin et sans raison d'étre, cette plante est menacée de perdre son nom et son individualité spécifique et, pour employer l'expres- sion d'un de nos spirituels confréres, elle court le risque de se voir « reléguée parmi les nombreuses reliques de la synonymie ». [Note ajoutée au moment de l'impression. — Au moment de livrer mon manuscrit à l'impression, je recois de mon ami M. l'abbé Coste une lettre intéressante concernant mon sujet actuel, et je trouve à propos d'en reproduire ici les principaux passages : Parlant d'abord du Scleranthus uncinatus de notre région, considéré en lui-méme, mon correspondant constate formellement la valeur spé- cifique de cette plante et la déclare en particulier tout à fait indépen- dante du S. annuus. Il n'omet pas de rappeler que précédemment, dans une Note sur les diverses espéces de Scleranthus de la Flore francaise, publiée par lui et M. le D" Gillot dans le Bulletin de la Société bota- nique de France (t. XXXVIII, 1891), le méme Scleranthus, autrement classé et apprécié par eux, avait été pris, non comme un type spécial MARTIN. — SCLERANTHUS UNCINATUS SCHUR ET POLYCARPOS L. 215 de bon aloi, mais comme une simple variété ou une race montagnarde du S. annuus. Mon voisin de l'Aveyron, traitant ensuite, dans sa lettre, la question de l'identité du S. uncinatus avec le S. polycarpos L., exprime sa ma- nière de voir à ce sujet dans les termes suivants, que je cite textuelle- ment. « Cette question, dit M. Coste, me parait toujours insoluble à » cause de la concision et de l'obscurité de la diagnose Linnéenne. On » ne s'explique guére que Linné, esprit éminemment observateur, ait » pu, s'il avait en vue cette plante, omettre un caractére aussi manifeste » que celui des lobes oncinés du calice. Toutefois, je dois reconnaitre » que chacun des termes de sa phrase convient exactement à la plante » de l'Espérou, savoir le grand nombre de fruits, les calices fructifères » très ouverts, les sépales qui sont comme épineux après la dessicca- » tion, enfin la tige pubescente. Il n'est pas absurde de croire que » Linné, en décrivant son Scleranthus polycarpos, avait sous les yeux » la plante des Cévennes, communiquée par ses correspondants de Mont- » pellier, et l'opinion formulée par Grenier, en 1852, dans les Archives » de la Flore de France et d'Allemagne, est peut-étre aussi probable » que celle émise par nous dans la récente Note sur les Scleranthus. » On le voit, M. l'abbé Coste n'a eu garde de méconnaitre le fait indéniable de la concordance existant entre les caractères du Scleranthus de l'Espérou et les termes de la phrase Linnéenne relative au S. polycar- pos; il apprécie, au contraire, trés justement la signification de ce rap- port et cette notion, pleine d'intérét dans la question, l'a décidé à regarder comme une chose non déraisonnable l'idée d'admettre que l'au- teur du S. polycarpos avait sous les yeux, au moment de la description de son espèce, des échantillons de la plante des Cévennes dus à ses correspondants de Montpellier. Je retiens volontiers, on le comprend, une déclaratiou aussi explicite et aussi favorable à ma thèse. Évidem- ment, on le pense aussi, je cesse de m'entendre avec mon correspondant lorsqu'il juge directement la diagnose Linnéenne elle-méme. Sur ce point, sans entrer dans les détails d'une controverse, je me borne à dire que je ne puis oublier tout le bon parti que notre judicieux confrére a su tirer, pour la connaissance de notre Scleranthus, de l'interprétation du texte Linnéen et, pour cette raison, dont la portée n'échappera à personne, il me pardonnera, j jespére, de ne point partager dans celle circonstance son hésitation et sa réserve et de ne pas croire autant que lui à l'obscurité et à l'insuffisance de ce texte. ] M. Henry de Vilmorin fait à la Société la communication suivante : 216 SÉANCE DU 9 mars 1894. SUR UN SALPIGLOSSIS SINUATA SANS COROLLE, par M. H. de VILMORIN. La singuliére forme végétale que je vais présenter à la Société n'a pas la prétention d'étre un gain horticole : ce serait plutót le contraire. Il s'agit d'une variation du Salpiglossis sinuata R. et P., plante assez souvent cultivée dans les jardins, mais cependant bien moins répandue qu'elle ne mériterait de l'étre à cause de sa végétation rapide, de la beauté de ses fleurs et de sa remarquable résistance à la sécheresse. Tandis que les efforts des jardiniers tendent à obtenir des va- riétés de Salpiglossis à fleurs de plus en plus grandes et parées de couleurs de plus en plus riches et plus variées, la nature semble avoir pris un malin plaisir à en produire une forme absolument dépourvue de corolle : c'estcelle dont je mets ici des échantillons secs sous les yeux des membres de la Société. A part l'absence de corolle, les fleurs sont bien conformées; le pistil trés court est à peu prés réduit en stigmate au lieu d'étre long de plusieurs centimètres comme dans les formes à corolle bien développée. Il est méme visible que les fleurs sont plus nom- breuses et les capsules plus remplies de graines dans la plante apé- tale que dans les belles variétés améliorées. C'est spontanément que la plante en question s'est développée chez moi, à Verriéres, provenant d'une graine échappée des cul- Lures. Je l'ai remarquée en 1892, en ai récolté des graines et les ai semées l'année derniére, 1893. Tous les individus provenant de ce semis ont reproduit les caractéres de la plante-mére, c'est-à- dire que les fleurs en sont complétement privées de corolle. Voilà donc une variation fixée d'emblée et devenue héréditaire du premier coup, chose qui se produit rarement quand la variation constitue un progrès dans la beauté ou l'utilité de la plante. Il est vraiment regrettable qu'une race si fertile et si facile à multiplier soit justement une race indigne d'étre cultivée. Mais, d'autre part, il est tout à fait naturel et logique qu'une forme végétale qui ne dépense rien à produire des corolles puisse porter un plus grand nombre de fleurs et que chaque fleur produise plus de graines. H se passe là quelque chose d'analogue à ce qu'on observe dans la CHATIN. — VALEUR DE LA LOCALISATION DES ORGANES. 2117 Violette odorante des quatre saisons, où les jolies fleurs parfumées de l'automne et du printemps sont habituellement stériles, tandis que les fleurs clandestines de l'été, sans parure et à peine visibles, produisent presque toutes des capsules fertiles. D'une facon géné- rale on peut dire assez justement que les variétés améliorées de plantes cultivées donnent d'autant moins de graines que les parties ornementales de leurs fleurs ont été plus développées par l'art du jardinier. M. le Secrétaire général donne lecture de la communi- cation suivante : IMPORTANCE DE LA LOCALISATION DES ORGANES DANS L'APPRÉCIATION DE L'ÉLÉVATION DES ESPÈCES VÉGÉTALES ; par M. Ad. CHATIN. Plus encore que leur variété, la localisation des organes con- tribue à donner la mesure de la gradation des végétaux. Un organe peut exister sans être localisé ou isolé; mais, s'il est localisé, c’est qu’il existe. Tous les appareils des plantes, ceux de la végétation comme ceux de la reproduction, apportent leur contingent de preuves. La racine donne des enseignements de grande valeur. Bien localisée chez les Dicotylédones en un seul axe, opposé, base à base, à la tige, et d'une durée sans autre limite que celle méme de l'individu, elle est, dans les Monocotylédones, composée de multiples parties homologues; or il a été précédemment établi que la répétition ou multiplication de ces parties est un caractére de dégradation. En outre, ces racines sont comme arrétées au milieu de la pé- riode embryonnaire et ne continuent leur évolution qu'à la germi- nation, moment où elles se dégagent de la coléorrhize. À noter encore la faible durée des racines des Monocotylédones, qui disparaissent successivement de bas en haut, les premières nées, ou primaires, étant remplacées par de simples racines adven- tives, comme on le voit bien dans les céréales et les Palmiers. Les Cryptogames vasculaires, placées encore plus bas sur l'échelle végétale, n'ont plus que les racines adventives ou secondaires des Monocotylédones. 218 SÉANCE DU 9 Mans 1894. L'existence d'un axe caulinaire, produit de la localisation de tissus divers, qui vont se modifiant et se variant suivant la hié- rarchie des groupes naturels, est un signe certain d'élévation organique ; elle place, vers le bas du règne végétal, les Acrogènes (Hépatiques et Mousses), au-dessus des Amphigènes (Champi- gnons, etc.). Encore purement cellulaire dans les Muscinées, l'axe tigellaire se compléte chez les Cryptogames vasculaires par l'apparition de vaisseaux divers, parfois méme, le plus souvent il est vrai durant une courte période transitoire, de trachées vraies, lesquelles seront l'attribut général des Monocotylédones et des Dicotylé- dones. Comme leur racine, la tige des Dicotylédones est formée d'un axe simple, qui va se divisant en axes secondaires nés de bourgeons placés à l'aisselle des feuilles. Chez les Monocotylédones, les tiges sont, ou multiples, ou simples, mais ordinairement en ce dernier cas à tronc non ra- mifié. A noter que la tige n'est simple ici (Palmiers, etc.) que par l'arrét de développement de bourgeons axillaires; ce que démontre la ramification habituelle des Asparaginées et parfois aussi du Dattier, surtout quand on en supprime la téte. L'anatomie montre, entre les Monocotylédones et les Dicotylé- dones, des différences de localisation tout à l'avantage de celles-ci. À ne considérer ces différences que dans leurs grandes lignes, on trouve : Dans les Dicotylédones, bien localisés : au centre de l'axe, un cylindre cellulaire, la moelle, autour de la moelle un cercle li- gneux vasculaire, limité au dehors par l'assise spéciale de cellules que M. Van Tieghem a dénommée péricycle; plus en dehors, un système cortical que limite intérieurement, au voisinage du péri- cycle, l'assise spéciale dite endoderme par le méme savant. Chez les Monocotylédones au contraire, il n'existe ni moelle loca- lisée au centre, ni cercle fibro-vasculaire, ni système cortical périphérique distinct, mais des faisceaux épars et de structure complexe, dans lesquels entrent, comme en désordre, tous les éléments histologiques si bien localisés dans la tige des Dicotylé- dones. A leur tour, les feuilles présentent, dans les, Dicotylédones et CHATIN. — VALEUR DE LA LOCALISATION DES ORGANES. 219 les Monocotylédones, des états de la localisation qui établissent la supériorité des premières par rapport aux secondes. Les feuilles des Dicotylédones ont généralement : à leur base, un pétiole où convergent et se localisent les faisceaux vasculaires, puis un limbe dans lequel ces faisceaux s'épanouissent. A la con- jugaison des faisceaux a succédé leur disjonction; comme si deux forces, d'ordre opposé, agissaient successivement pour donner leur caractére spécial aux feuilles des Dicotylédones. Dans les Monocotylédones, au contraire, à la place du pétiole à éléments vasculaires localisés des Dicotylédones, est une gaine circulaire d’où les faisceaux restés parallèles s'élèvent dans une sorte de limbe, continuation de la gaine. Ici donc ni concentra- lion ou localisation au voisinage de la tige, ni disjonction ulté- rieure. C'est ainsi que par défaut de localisation, les feuilles, comme la racine et la tige, placent les Monocotylédones au-dessous des Dicotylédones. Des exceptions, en quelques Monocotylédones à pétiole et à limbe distincts (quelques Asparaginées notamment) et en certaines Dicotylédones munies de gaine et de limbe à nervation parallèle (quelques Renonculacées et Ombellifères), confirment même l'aperçu général en montrant que ces écarts se rencontrent préci- sément parmi les plus parfaites des premières, dans les plus dé- gradées des secondes. Parmi les Cryptogames vasculaires, les Fougères tranchent par leurs feuilles à nervation, comme celles des Dicotylédones, avec les Equisétacées et les Lycopodiacées; mais on remarquera que ces feuilles, qui portent les fructifications, sont passées au service de l'appareil, d'ordre supérieur, de la reproduction. Quant à la symétrie de position des feuilles, plus souvent, il est vrai, alternes dans les Monocotylédones que chez les Dicotylédones, mais opposées chez les Clématidées au milieu du groupe abaissé des Renonculacées, etc., elle paraît être, dans une certaine mesure, négligeable. Bien que parfois plus difficiles à dégager des appareils de la reproduction que de ceux de la nutrition, les signes de l'élévation des groupes naturels y sont variés et importants. Les enveloppes florales, les étamines et les pistils sont à consi- dérer, d'abord dans leur individualité séparée ou autonomie, 220 SÉANCE DU 9 Mans 1894. ensuite dans les soudures ou fusions qui peuvent se produire entre eux. Les plantes pourvues à la fois decalice et de corolle, bien loca- lisés, sont plus parfaites que celles réduites à une seule de ces enveloppes, que celle-ci soit un calice, ce qui est le cas ordinaire, ou une corolle, comme dans les Loranthacées suivant A. de Candolle. Quant à la distinction, ou localisation, du calice et de la corolle, elle est beaucoup plus nette dans les Dicotylédones que chez les Monocotylédones. Si bien caractérisées, en effet, dans les Dicotylédones, tant par leur point d'attache que par leur consistance, leur coloration verte et souvent par la préfloraison, les deux enveloppes se confondent à tel point dansl'embranchement, inférieur, des Monocotylédones, que des botanistes éminents ont pu soutenir, les uns, qu'elles n'ont pas de calice, les autres, qu'elles manquent de corolle ; opi- nions fausses toutes deux, comme suffirait à le prouver, en dehors de l'organogénie, la fleur du Tradescantia, à calice vert persistant et à corolle délicate d'une durée éphémére. L'organogénie enseigne d'ailleurs que, chez toutes les Monoco- tylédones à enveloppes florales même fusionnées, comme celles des Narcisses, aprés développement complet, les deux verticilles sont cependant très distincts au premier âge, par la position concen- trique et alterne de leurs mamelons respectifs. La seule différence générale vers ce premier áge, entre les Monocotylédones et les Dicotylédones, c'est que chez-celles-ci un temps sensiblement plus long se place entre l'apparition des ma- melons de la corolle et de ceux du calice. Quelle est la signification de la cohérence, ou soudure des parties homologues du calice et de la corolle ? Négligée quant au calice, cette question a été posée, mais fort diversement résolue pour la corolle. Dans sa division des plantes en Apétales, Monopétales et Poly- pétales, classification purement arithmétique (pas de pétales, un pétale, plusieurs pétales), Laurent de Jussieu a méconnu la na- ture de sa Monopétalie, ce qu'il regardait comme une corolle formée d'un seul pétale résultant, en réalité, de la cohérence de tout un verticille de pétales, vérité qui, une fois admise, a juste- CHATIN. — VALEUR DE LA LOCALISATION DES ORGANES. 221 ment fait substituer le terme de gamopétale à celui de mono- pétale. Autre chose est de P. de Candolle qui, aprés un examen appro- fondi pour le temps, place les Thalamiflores ou Polypétales hypo- gynes au-dessus des Gamopétales. A. Brongniart, considérant que toute famille polypétale compte des Apétales, réunit les deux groupes en un seul, sous le nom de Dialypétales, appellation qui a toutefois le tort de faire croire à l'existence des pétales chez les Apétales faisant partie du groupe, groupe qu'il tient d'ailleurs pour justement inférieur à celui des Gamopétales : vue qu'adopteront Ad. de Jussieu et d'autres savants botanistes, dont le seul tort fut de tenir les Gamopétales à ovaire infére pour supérieures aux Gamopétales hypogynes. L'idée de la supériorité des Gamopétales en général s'est for- tifiée de l'organogénie, montrant que les Polypétales ne sont que le premier áge des Gamopétales, les mamelons corollins étant invariablement distincts, à leur apparition, dans le trés jeune bou- ton; d’où il ressort que la polypétalie n'existe que par suite d'un arrét de développement, ce que confirment de nombreux cas de tératologie. La soudure des étamines à la corolle, presque générale dans les Gamopétales à l'exclusion des Polypétales, est-elle caractére d'a- baissement ? Le fait que cette soudure, à quelques rares exceptions près (Caryophyllées surtout), n'existe pas dans les Polypétales, type inférieur à tant d'égards, suffirait à mettre en garde contre cette conclusion, bien que conforme en apparence au principe de loca- lisation. Mais ce serait là une exagération du principe. En effet, la mor- phologie indique que la soudure est gènée, sinon rendue impos- sible dans les Polypétales par la ténuité des onglets, qui laissent la place libre pour l'attache, sur le torus, des filets des étamines. Il en est autrement des Gamopétales, dont la corolle occupe, par leur base continue, toute la circonférence du torus. On peut méme s'étonner de trouver, dans un certain nombre de Gamopétales, soit à ovaire infére (Campanulacées, Stylidiées, Goo- déniacées, Cucurbitacées), soit à ovaire supére (Éricacées, Rho- dodendrées), que les étamines ne soient pas attachées aux pétales. Il ne faut d'ailleurs pas perdre de vue ce fait important que, au 2923 SÉANCE DU 9 Mars 1894. moment de leur apparition ou formation première, les étamines sont toujours absolument distinctes des pétales, avec lesquels ils ne se soudent que tardivement. J'ai dit que les Gamopétales à ovaire infére (Composées, Valé- rianées, Rubiacées, etc.) sont inférieures aux Gamopétales à ovaire supère (Apocynées, Gentianées, Solanées, etc.); la preuve peut sembler encore à faire. Or tout — fixité plus grande de la corolle, préfloraison plus généralement verticillaire que spiralée ou imbriquée surtout, localisation compléte du pistil dégagé de toutes soudures avec les appareils apparents extérieurs de la fleur, apparition des Gamopétales hypogynes, seulement dans les récentes formations géologiques, comme une sorte de couronnement du Régne végétal — démontre la supériorité de ce type. Je ne saurais omettre de rappeler que l'un des plus savants maitres de ce temps, Adrien de Jussieu, voyait le caractére de l'élévation des Gamopétales dites épigynes (Composées, etc.), en ce qu'elles s'éloignaient le plus de l'appareil foliacé, inférieur, au point de vue des fonctions, à l'appareil floral. Mais ce sentiment, qui méconnait l'importance de la localisa- tion, aussi peu contestable en botanique qu'en zoologie, ne saurait étre partagé. Qu'est-ce, en effet, que la localisation? La disposition, sur des points déterminés, de chacun des appareils, et la séparation, ou distinction, de cet appareil d'avec tous autres, de ses voisins sur- tout, que ceux-ci soient végétatifs ou reproducteurs. Le terme opposé à la localisation, c'est la diffusion et la confu- sion. Et la soudure, en un tout plus ou moins homogéne, du calice, de l'ovaire, des étamines et des pétales, qu'est-ce, sinon la confusion de tous ces organes ? Que se soudent encore entre eux les ovaires déjà soudés aux enveloppes de la fleur, comme on l'observe dans quelques Gom- posées, Caprifoliacées et Rubiacées; qu'à tout cela s'unissent encore les bractées et l'axe caulinaire lui-méme, ainsi que cela a lieu dans l'Ananas, et sera réalisé l'idéal de la perfection, de parle principe directeur du savant botaniste qui voit l'appareil floral le plus élevé dans les plantes où, par une inextricable confusion, il s'éloigne le plus de la disposition foliacée. CHATIN. — VALEUR DE LA LOCALISATION DES ORGANES. 293 Mais les Coniféres aussi s'éloignent fort, comme les Composées, par leur inflorescence capitée, de l'appareil foliacé, et cependant à nul ne viendra la pensée de voir dans ces végétaux sans enve- loppes florales, premiers venus sur le globe et à ovules sans péri- carpe protecteur, un type élevé. Concluons donc, tout y ramène, que les Gamopétales à ovaire infére constituent un type subordonné à celui des Gamopétales hypogynes. Comme on pouvait le prévoir en raison de la solidarité des deux régnes organiques sur toutes les grandes questions, la localisation n'est pas moins signe de l'élévation des types en Zoologie qu'en Botanique. On sait, en effet, que les appareils de la circulation, de la nervation, etc., encore diffus dans les animaux les plus infé- rieurs, vontse concentrant de plus en plus dans les types, à mesure que ceux-ci s'élévent, pour arriver à la localisation la plus com- pléte dans les vertébrés supérieurs. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE Lichenologische Beitræge (Contributions lichénologiques); par M. E. Kernstock (Verhandl. d. zool.-botan. Gesellsch. in Wien, 1891, pp. 701-738 et 1892, pp. 319-349). M. le professeur Kernstock continue l'énumération des Lichens qu'il récolte, comme M. le D' Arnold, dans le Tyrol. Sa méthode est la méme que celle de ce dernier, c'est-à-dire qu'il indique successivement les espéces qu'il a recueillies sur les différents substratum, rochers, terre et arbres, et il donne les noms de chacune des roches et de chacun des arbres. Le nom de beaucoup de ces espéces est, comme chez M. Arnold, accompagné d'une description sommaire, des réactions et de la mesure des spores. Les localités explorées sont Jenesiew, le mont Gazza dans le sud du Tyrol et dont l'altitude est de 2120 mètres et Judicarien. ABBÉ HUE. La Peltigera rufescens Hoffm. var. innovans Flotow: par M. A. Jatta (Extrait du Bulletino della Societa botanica italiana, 1892, pp. 378-381). Cette variété est caractérisée, d'aprés Flotow, par de nombreuses petites squamules naissant sur les bords des lobes du thalle. En exami- nant un exemplaire dé ce Peltigera var. innovans Flot., M. le D" Jatta crut qu'il portait des céphalodies ; l'examen de ces petites squamules lui montra que leurs gonimies sont semblables à celles du thalle. Il eut alors l'idée de faire passer une coupe par un petit point noir qu'il avait aperçu à la loupe, ressemblant à ceux qui indiquent une spermogonie ou une apothécie endocarpée ; ce savant aperçut alors une grande quan- tité de spermaties bacillaires, trés courtes, un peu épaissies et légère- ment courbées dans le milieu. Si l'on regarde les spermaties comme des organes reproducteurs, il s'ensuit que ce sont elles qui donnent nals- sance à cette variété, comme les spores multiplient le Peltigera rufes- cens Hoffm; de plus, comme ces spermogonies n'ont jamais été vues Sur ce dernier, et que la variété innovans Flot. n'a pas encore été récoltée avec des spores, on doit en conclure que ce Lichen est dioique. Il est fort regrettable que M. le D" Jatta n'ait pas jugé à propos de donner une REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. ‘225 description plus scientifique de ces spermaties et d'en faire connaître les stérigmates, car cette découverte serait fort intéressante. Si ce sont bien les spermaties de ce Peltigera qu'il a eues sous les yeux, il pour- rait se faire qu'il ne s'agisse ici que de stylospores ressemblant à ceux que décrit Tulasne dans son Mémoire sur les Lichens, p. 206. AnnÉ Hur. Ochrolechia parella var. isidioidea Massal.: par M. L. Micheletti (Extrait du méme Bulletin, 1893, pp. 11-19). Massalongo a décrit ce Lichen dans ses Schedule criticæ in Lichenes exssiccatos Italie, et lui a donné pour synonyme l'Isidium corallinum Ach., dont M. Arnold a fait le Pertusaria corallina Arn. M. Micheletti cite une observation, laquelle, d'aprés lui, donne raison à Massalongo. À Fiesole existe un mur, dont une partie située à l'Est reçoit directe- ment les rayons du soleil, tandis que l'autre exposée au Nord est battue par les vents et cachée par un bouquet d'arbres, de sorte qu'elle n'a que peu de lumière; l'Ochrolechia parella couvre une grande partie de ces deux côtés du mur. Au Levant, on ne trouve que l’espèce typique, c’est-à-dire un thalle couvert d'apothécies; au contraire, sur le côté septentrional, on n'en apercoit pas une seule; le thalle est stérile et isidié et représente par conséquent la variété isidioidea. Pour que cette conclusion soit admissible, il aurait fallu voir sur le côté stérile quelques apothécies ou sur le côté fructifié certaines traces d’Isidium ; cette sépa- ration si nette entre les deux Lichens indique deux espèces différentes. ABBÉ H. Licheni raccolti dal prof. E. Rodegher nell Italia supe- riore; par M. E. Baroni (Extrait du méme Bulletin, 1893, pp. 70- TI). La région explorée par M. Rodegher est située dans le sud de la pro- vince de Brescia et comprend le territoire arrosé par l'Oglio et ses deux affluents, la Mella et la Thiese; il s'y trouve des montagnes d'une alti- tude de 2000 métres et appartenant à une ramification des Alpes Rhé- tiques. Les Lichens récoltés dans cette partie de l'Italie supérieure par M. Rodegher et déterminés par M. le D" Baroni sont au nombre de 50, Les genres les mieux représentés sont les Cladonia avec 13 espèces, les Parmelia avec 6 et les Collema qui en ont cinq; on n'y voit que 3 Lécanorés et 4 Lécidés. ABBÉ H. T. XLI. (SÉANCES) 15 226 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Kritische Bemerkungen ueber einige Arten der Flech- tengattungen Lecanora (Ach. Lecidea (Ach.) und Micarea Fr. (Remarques critiques sur quelques espèces de Li- chens des genres Lecanora (Ach.), Lecidea (Ach.) et Micarea (Fr.); par M. T. Hedlund (Extrait du Bihang till Kongliga Svenska Vetens- kaps Akademiens Handlingar, 1892). Broch. in-8° de 104 pages avec une planche. D'aprés M. Hedlund, les caractéres tirés, pour la détermination des Lichens, des réactions chimiques et des spermogonies (ou pycnoconidies) doivent être rejetés à cause de leur inconstance. Pour arriver, d’après Jui, à un résultat certain, on doit s'appuyer principalement sur la struc- ture anatomique de l'apothécie. Les genres qu'il a décrits d'aprés cette nouvelle méthode sont : Lecanora, Lecidea et Micarea : ce dernier appartient à Elias Fries et était abandonné depuis longtemps. Les espèces qui leur sont attribuées sont au nombre de 16 pour le premier, de 19 pour le second et de 20 pour le troisiéme, et l'auteur ne dit pas si ce sont les seules qu'il regarde comme constituant ces genres. Quelques- unes sont nouvelles; les autres, et c'est le plus grand nombre, ont été enlevées pour le genre Lecanora aux anciens genres Lecanora, Leca- nia, Gyalolechia et Biatora; pour les deux autres, aux Bilimbia, Bia- torina, Catillaria, Biatora, Lecidea, et de plus pour le nouveau Lecidea aux Bacidia, Toninia, Psora, Arthrospora et méme au Leca- nora. C'est donc une réforme compléte que M. Hedlund veut opérer dans la détermination des Lichens et, par conséquent, on est en droit d'exiger de lui des caractères clairs, nettement séparés, qui rendent sa méthode accessible à tous et principalement aux commengants. Or, si nous examinons ceux qu'il met en tête de chacuñe des quatre sections de son genre Lecanora, nous voyons : 4° que tous les caractères dis- tinctifs d'une section ne sont pas repris dans chacune des trois autres et 2" que souvent les différences indiquées pour une section se retrou- vent plus ou moins dans l'une ou l'autre des autres sections. La seconde section ne diffère réellement de la première que par la couche corticale de l'excipulum non atténuée dans le haut, et la deuxiéme se distingue de la troisième par l'épithécium non granuleux, et encore a-t-il dit dans cette deuxième section que, chez elle, il est plus ou moins distinctement granuleux. Quant à la quatrième section, l'anatomie de l'apothécie fait défaut : l'auteur ne s'appuie pour la caractériser que sur les spores et les pycnoconidies, mais les premières ressemblent assez à celles de la. troisième (en tête de celle-ci on lit : spores simples ou 1-septées, et au commencement de la quatrième : spores 1-septées ou pour la plupart simples). Quant aux pyenoconidies, l'auteur a prétendu plus haut REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 297 qu'elles ne donnent pas un caractère constant. Les espéces nouvelles au nombre de 12 sont : Lecanora effusella et L. dovrensis; Lecidea Dalekarliæ, setigena, ameibospora, sphærella, alborufidula et scabri- dula; Micarea incrassata, eximia, contexta et meleniza. Quant aux formes ou variétés nouvelles, on n'en compte pas moins de 16. Il est assez remarquable qu'en discutant la question des réactifs, l'auteur ne prononce pas le nom de M. Nylander : il se contente de dire qu'on les connait depuis quelque dix ans. La date de leur découverte est cepen- dant bien connue, et elle appartient à l'histoire de la lichénographie : c'est 1866. ABBÉ Hur. Beitræge zur Lichenenflora Griechenlands und Egyp- tens (Contribution à la flore des Lichens de la Grèce et de l'Égypte); par M. J. Steiner (Extrait du Sitzungsberichte der kaiserlichen Aca- demie der Wissenschaften, mathem.-naturw. Classe, 1893). Broch. de 20 pages avec 4 planches. Les Lichens de la Grèce récoltés par M. le D" Fr. Kerner, au prin- temps de 1892, sont fort intéressants; car, depuis Bory de Saint-Vincent, celle contrée n'a été l'objet, sous le rapport des Lichens, d'aucune publication. Trois localités de l'Attique ont été visitées, les monts Pen- télique et Hymette et le cap Sumium, et 56 espéces de Lichens y ont été récoltées. Les listes de M. le D" Steiner en accusent 59, mais 3 se re- trouvent sur chacune d'elles. Les espèces nouvelles sont au nombre de 7: Pertusaria Pentelici, Lecidea greca, Rhizocarpon superstra- tum, Nesolechia geographica, Tichothecium fuscoatrum et Polycoc- cum Kerneri, provenant du mont Pentélique : les trois dernières sont parasites et généralement regardées comme des Champignons. Le mont Hymette en a fourni une : Caloplaca Hymetti, et enfin, sur 10 espéces récoltées en Égypte, 3 sont nouvelles : Lecanora Mulleri, Carlia ca- hirensis et Cyrtidula minor. Pour cette dernière région, le Lecidea minima Delile devient le Caloplaca Delilei et, pour la Gréce, l'Urceo- laria scruposa f. ochracea Anzi est nommé par M. Steiner Diplos- chistes ochraceus. Ou remarque encore 2 variétés nouvelles : Caloplaca intercedens var. isabellina et Diploschistes actinostomus var. electus, du mont Hymette. Toutes ces nouveautés sont soigneusement décrites, et le nom des autres espéces est souvent suivi de remarques critiques et méme de diagnoses complétes. L'ouvrage se lermine par 4 planches ; la premiére donne des figures de spores et des spermaties, et les 3 autres sont des photographies de blocs de pierre couverts de différents Lichens crustacés, Un trait noir tracé sur le papier mince qui recouvre chacune de ces photographies indique la séparation de chaque espéce dont le nom est également imprimé sur ce papier. ABgé H. 228 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Muscologia gallica: par M. Husnot, 10* et 11* livraisons. Cet ouvrage, qui doit former environ 14 livraisons de 32 pages, touche à sa fin. Les deux dernières livraisons comprennent les Pleurocarpes, depuis le genre Fontinalis jusqu'au genre Thamnium. A l'exemple de de Notaris et de plusieurs autres bryologues, M. Husnot réunit dans le méme groupe les Eurhynchia et les Rhynchostegia de Schimper, avec cette différence que de Notaris avait compris dans le genre Rhyn- chostegium les espèces du genre Eurhynchium, tandis que M. Husnot place les espèces du genre Rhynchosteqium Sch. dans le genre Eu- rhynchium, ce qui augmente la synonymie sans qu'il paraisse en res- sortir un grand profit pour la sci ence. Ém. BESCHERELLE. Revue bryologique de M. Husnot, année 1892. Le n° 1 renferme deux Notes de M. Venturi, l'une sur l'Ulota ameri- cana Pal.-Beauv. et l’Orthotrichum americanum Mitt., l'autre sur quelques formes d'Orthotrichum de l'Amérique du Nord, que l'auteur nomme Orthotr. stenocarpum Vent., O. Rollii, O. Schletthaneri et qu'il décrit dans le n? 2; — la diagnose en latin du Scapania crassi- retis Myrr., de Norvège; — une Note de M. Philibert, sur quelques Mousses de Saóne-et-Loire, rares ou nouvelles pour la France, avec des observations sur les Dichodontium flavescens Lindb., Bryum uligino- sum (Brid.), et Orthotrichum Rogeri. Le n° 2 contient, indépendamment de listes de Mousses et d'Hépa- tiques trouvées aux Aiguilles-Rouges par M. Guinet, et dans le dépar- tement d'Eure-et-Loir, par M. Douin, une Note de M. Philibert sur une forme du Dichodontium pellucidum rencontrée par M. Dutertre, à Prats-de-Mollo et mentionnée dansla Revue bryologique de 1887 comme étant le D. flavescens ; — la suite du Guide du bryologue et du liché- nologue dans les environs de Grenoble, par M. Ravaud. Dans le n° 3 on trouve une Note de M. Philibert sur deux espèces arctiques de Bryum observées en Suisse, les B. acutum Lindb. et B. archangelicum Br. et Sch.; — une Note de M. le D" Trabut résumant dans un tableau les caractéres des sept espéces d'Hépatiques du genre Riella, connues jusqu'ici. Le n° 4 est composé d'une Note de M. F. Camus sur la distribution géographique du Riccia Bishoffii Hüb., et l'historique du Riccia no- dosa Bouch. de Crev., de la Flore francaise de Lamarck et De Candolle, qui n'est autre chose que la forme terrestre du Riccia fluitans, c'est-à- dire la variété canaliculata ; — d'une Note de M. Amann sur le genre Bryum; — et de la suite du Guide du bryologue et du lichénologue à Grenoble et dans les environs, par M. Ravaud. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 229 Les n^ 5 et 6 réunis ensemble renferment, sous le titre de Musci Americae septentrionalis ex operibus novissimis recensiti et methodice dispositi, l'énumération de toutes les Mousses de l'Amérique du Nord, dont nous rendrons compte quand ce travail sera terminé; — une Note de M. Le Jolis sur le genre Porella Dill., dans laquelle il fait l'histo- rique du nom et conclut à ce qu'il doit étre rejeté de la nomenclature et que le nom de Madotheca, créé par Dumortier en 1822, doit lui étre préféré, Ém. B. Revue bryologique de M. Husnot, année 1893. Les n* 1 et 2 renferment la fin du travail de M. Cardot intitulé : Musci Americe septentrionalis ex operibus novissimis recensiti el methodice dispositi, dont le commencement a paru dans les derniers numéros de 1892. Il ressort de cette énumération qu'on a constaté jus- qu'iei, dans l'Amérique du Nord, 1370 espéces de Mousses, dont 675 pa- raissent endémiques; 297 autres espéces sont communes à l'Europe et à la Sibérie, 348 à l'Europe seulement et 12 à la Sibérie. De plus, 91 es- péce se retrouvent aux Antilles, au Mexique ou dans l'Amérique du Sud, et 76 espèces américaines ont été signalées au Japon. Dans le n^ 2 on trouve aussi une Note de M. Philibert sur une nouvelle espéce de Thuidium, le T. intermedium, assez répandu en France et en Suisse, dans les lieux humides et les prairies, et qui se distingue des Thuidia tamariscina, par les feuilles caulinaires à nervure s'évanouis- sant vers le milieu, par les feuilles périchétiales dépourvues de cils, divariquées, à limbe 2-3 fois plus court que l'acumen, et par l'anneau à peine distinct composé de deux rangs de petites cellules carrées; — un article de M. J. Amann, formant la suite de ses études sur le genre Bryum et contenant à la fin une classification naturelle des Bryacées européennes, telle qu'il la concoit et dont le cadre est le suivant : Ordo : Bryacese. — Trib. I. MIELICHHOFERIEZ, gen. Mielichhoferia ; Trib. II. Bkvaz : gen. Webera (subg. Pohlia, Euwebera, Mnio- bryum Sch. ex part.); gen. Bryum (subg. Ptychostomum, Cladodium [sect. Hemisynapsium], Eucladodium, Leucodontium, Eubryum, Argyrobryum, Plagiobryum et Rhodobryum). Le nouveau sous-genre Leucodontium Am., dans lequel prennent place les B. uliginosum, campylocarpum, æneum, calcareum, pallens, fallax, Lise, triste, cyclophyllum, laxifolium, Duvalii, turbinatum et Schleicheri, est caractérisé notamment par la base des dents péristomiales qui est, àl'in- sertion, peu épaissie, pàle, de méme couleur que la partie inférieure de la dent et plus fortement colorée; les cils atteignent un développement variable dans les formes dela même espèce ; les spores mesurent jusqu'à 30 y en diamètre, et l'époque de leur maturité est beaucoup plus tardive 230 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. que dans les espèces des autres sous-genres Eucladodium et Eubryum. Le n? 3 renferme une Note de M. Philibert sur legenre Nanomitrium Lindbg, une Note de M. P. Culmaun sur les Orthotrichum Sturmii et rupestre et des Listes d'Hépatiques récoltées à Rio-de-Janeiro par M. Glaziou et à Brazzaville (Congo francais) par M. Thollon et déter- minées par M. Stephani. Dans la premiére Note, M. Philibert examine le développement de la capsule dans le Nanomitrium tenerum (Bruch.) et remarque qu'in- dépendamment des caractères tirés de l'inflorescence synoique. de l'absence de nervure foliaire, du réseau des feuilles formé de cellules trés grandes et trés làches à l'instar de celles des Funariacées, le fruit présente des caractéres plus importants et plus décisifs. On trouve, en effet, dans les véritables Ephemera la capsule toujours surmontée d'un petit appendice plus ou moins aigu et offrant toujours un sporange distinct, tandis que dans le genre Nanomitrium elle en est toujours dépourvue, elle se compose uniquement d'une enveloppe mince, de figure sphérique, formée d'une seule couche de grandes cellules hexa- gonales et renfermant les spores. Le genre Archidium semble tenir le milieu sous ce rapport et il n'existe aucune raison sérieuse pour séparer les Archidiacées des autres Mousses et pour en faire, comme le voulait Schimper, un ordre à part. Des quatre espéces de l'Amérique du Nord, qui se rattachent à ce genre, l'une, l'Ephemerum megalosporum Aust., semble former une section à part, caractérisée par sa capsule unifor- mément arrondie, par l'absence des stomates, par l'imperfection de sa coiffe et par son inflorescence synoique; les Nanomitrium synoicum et N. Austini diffèrent à peine du N. tenerum sous le rapport du fruit et ce n'est que dans le système végétatif qu'on trouve quelques caractères distinctifs. Quant au N. equinoctiale (Spr.), du Rio-Negro, il se rap- proche du N. tenerum et n'en différerait guére que par l'inflorescence dioique. En résumé, le genre Nanomitrium, quoique bien distinct du genre Ephemerum par la structure du sporogone, n'en serait pas cepen- dant séparé par des limites aussi tranchées que le supposait Lindberg; car d'un cóté le N. megalosporum se rapproche des Ephemerum par le tissu foliaire et la grosseur des spores, et d'un autre côté le N. æqui- noctiale s'en rapprocherait par l'inflorescence. Le n° 4 contient : 1° une liste de 118 Muscinées des environs de Skagan dans le Jutland, par M. C. Jensen; on y signale deux nouvelles espèces d'Hépatiques, le Cephalozia pulchella voisin du C. bifida, et le C. rubriflora qui serait le Jungermannia divaricata var. rubri- flora de Nees; 2* une Note de M. l'abbé Boulay sur la présence du Schistostega osmundacea dans une grotte qui se trouve sur la créte de la rive gauche de la Loire, en descendant de Goudet au Brignon et dont REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 231 le fond était, d’après une lettre de l'abbé de Mortesagne, du 1° novembre 1776, complètement revêtu du protonéma si remarquable de cette Mousse; 3° une Note de M. Amann, relative à une méthode expéditive de préparations microscopiques pour les Mousses, au moyen de la gomme arabique dissoute dans deux parties de glycérine pure et une partie d’eau distillée. Ém. BESCHERELLE. Énumération des Hépatiques connues jusqu'ici aux Antilles françaises (Guadeloupe et Martinique); par M. Emile Bescherelle (Morot, Journal de Botanique, mai 1893). En dehors de la Notice de M. Husnot sur les Hépatiques recueillies par lui dans les Antilles (Revue bryologique, 1815, pp. 1-5), et dans laquelle se trouvent indiquées 61 espéces, on ne possédait aucun travail d'ensemble sur l'hépaticologie de la Guadeloupe et de la Martinique; c'est ce travail que l'auteur a entrepris et qui peut servir de base à des recherches ultérieures. Les documents ont été fournis par son propre herbier d'une part, et par les collections du Muséum et l'herbier Mon- tagne d'autre part. Actuellement le nombre des espéces constatées dans les deux iles françaises est de 145, sur lesquelles 61 leur paraissent propres; mais la Guadeloupe est la plus riche, car sur ces 61 espéces, 45 n'ont encore été rencontrées que daus cette ile, et 6 seulement à la Martinique, 10 sont communes aux deux iles. Toutes les espèces citées dans l'Énumération ont éte revues soit par Gottsche, soit par Richard Spruce, et, pour la plus grande partie, par M. Stephani; ce qui assure à ce travail une parfaite exactitude quant aux déterminations. Ew. B. Muschi della provincia di Pavia, quarta centuria; par M. Ro- dolphe Farneti (in Atti dell Istituto botanico della R. Universita di Pavia, Milan, 1893). Ce Catalogue contient l'énumération de 100 espéces de Mousses de la province de Pavie qui ne figuraient pas dans les listes antérieures publiées par M. Farneti. On y trouve la description de quelques formes nouvelles comme les Fontinalis Cavaræana (sp. nov.), F. hypnoides var. ramosa, Neckera Besseri var. costata, Hypnum cupressiforme var. pseudo-imponens, Hypn. cuspidatum var. submersum. Parmi les espéces nouvelles pour la flore lombarde ou pour la flore italienne, l'auteur signale notamment les Fontinalis hypnoides, E. Kindbergii, Eurhynchium Swartzii, E. Juratzkanum, Hypnum resupinatum, H. sulcatum, H. irrigatum, H. trifarium, H. fluitans var. steno- phyllum et le Spherangium muticum. Le texte est accompagné d'une planche. Ém. B. 232 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Guide pratique pour les herborisations et la confec- tion générale des herbiers, par Clotaire Duval; avec la collaboration, pour les plantes cryptogames, de MM. Ch. Flahault, abbé Hue, Fernand Camus, Paul Hariot, abbé Hy, et une lettre-intro- duction de M. le D! Bornet, membre de l'Institut. Un volume in-12 de xi1-157 pages. Paris, Garnier frères, 1894. — Prix : 1 fr. 50. On remarque, en téte du volume, une dédicace en l'honneur de notre distingué collégue, M. Joseph Vallot, ancien vice-président de notre Société et directeur de l'Observatoire météorologique du Mont-Blanc. Un court Avant-propos, contenant quelques éclaircissements donnés par l'auteur, est suivi d'une lettre, servant d'introduction, de M. le D” Bornet, membre de l'Institut. L'ouvrage est divisé en deux parties : la première partie (pages 1 à 50) concerne les Phanérogames; la seconde, plus considérable, traite des Cryptogames. M. Duval a rédigé la première partie avec la précision et la compé- tence d'un homme du métier, nous voulons dire, en pareille matière, d'un botaniste herborisant et depuis longtemps familiarisé avec le ma- niement des herbiers. Le Guide pratique, en montrant comment il faut s’y prendre pour herboriser avec fruit et méthode ainsi que pour former et conserver un herbier, sait éviter les détails oiseux et enseigne les procédés qui ont. recu la sanction de l'expérience ; ainsi est justifié le titre donné à la publication. Voulant assurer le méme caractère d'utilité pratique aux chapitres attribués à la Cryptogamie, M. Duval, au lieu de se contenter, dans cette partie, d'un travail facile de compilation, a demandé, ainsi que le dit M. Bornet, « à des botanistes éprouvés, chacun pour sa spécialité, les » conseils que l'expérience a montrés les meilleurs, les plus simples et » les plus pratiques ». Les Muscinées ont été traitées par M. Fernand Camus, les Characées par M. l'abbé Hy, M. Charles Flahault s'est occupé des Algues et M. l'abbé Hue des Lichens, enfin M. Paul Hariot a rédigé le chapitre afférent aux Champignons. Il suffit de citer ces noms univer- sellement connus pour faire apprécier la haute valeur du concours apporté par de tels collaborateurs. Voici, pour montrer la nature et la variété des renseignements qu'on y trouve, des extraits du sommaire de la deuxiéme partie : Muscinées : Hépatiques, Mousses, Sphaignes. — Recherche, stâtions, saisons, récolte, choix des échantillons, outillage, étiquetage, préparation, range- ment en herbier, étude. CHARACÉES : Où on les trouve, récolte, préparation, détermination. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 233: ALGUES : Marines, d'eau douce, récolte, conservation, étiquetage, des divers groupes d'Algues, disposition en herbier. LICHENS : Oü on les trouve, récolte, détermination, usages, disposition et conservation d'un herbier de Lichens. CHAMPIGNONS : Où l'on doit les chercher, produits végétaux, produits ani- maux, le sol, eau; les Champignons eux-mêmes, les matières grasses. Récolte et conservation des Champignons. « Il est désirable, dit l'éminent auteur de l'Introduction, que votre livre détermine beaucoup de jeunes botanistes à étudier les Crypto- » games. Si ces plantes sont moins apparentes que les Phanérogames, » si elles exigent de ceux qui s'en occupent un outillage plus compliqué, » elles ont l'avantage d'étre moins connues et de permettre une plus » ample moisson de faits intéressants. »... Votre Guide pratique me parait de nature à épargner aux re- » crues qui voudront bien le suivre les difficultés du début, et plus d'un » botaniste qui n'en est plus à son apprentissage le consultera avec » avantage pour y retrouver le renseignement dont il a besoin sur » quelque détail oublié. » Ces dernières lignes, signées par M. le D' Bornet, sont pour le Guide pratique de M. Duval un précieux certificat. Ern. MALINVAUD. LZ Flore de France, contenant la description de toutes les espéces indigénes disposées en tableaux analytiques et illustrée de 2165 figures représentant les types caractéristiques des genres el des sous-genres, par M. A. Acloque (avec une lettre-préface de M. le professeur Ed. Bureau). Un volume in-16 de 816 pages. Librairie J.-B. Baillière et fils, Paris, 1894. — Prix : 42 fr. 50. Dans une lettre aux éditeurs, placée en téte du volume et lui servant d'introduction, M. Bureau, professeur de botanique au Muséum, s'ex- , , p prime en ces termes : -.. Les personnes qui commencent à herboriser sur différents points de la France, sur les points principalement oü il n'existe pas de Flore régionale, sont trés embarrassées pour déterminer les plantes qu'elles recueillent : une clef conduisant au nom des plantes françaises était donc véritablement utile. Une Flore française complète manque sans doute; mais un Synopsis ne - sait pas moins défaut. Celui-ci permettra d'attendre l'achévement d'ouvrages plus détaillés, et même, ceux-ci achevés, comme il en contiendra en quelque sorte la substance condensée, il pourra toujours être commode, étant plus maniable en raison de son format réduit. dux : coh Dans un ouvrage n'ayant d'autre but que de conduire à la détermination des plantes, il n'y avait pas d'autre méthode à employer que la méthode di- chotomique... Il importe de remarquer, dans l'emploi de cette méthode, que, le genre étant trouvé, on n'a presque jamais d'embarras sérieux pour arriver à l'espèce. 234 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. C'est en cherchant la famille et le genre que le commencant peut faire fausse route. Plus le groupe est vaste, en effet, plus il y a de chances pour qu'il s'y glisse des formes à caractères exceptionnels. L'auteur a compris cette dif- ficulté et y a remédié, dans la mesure du possible, en donnant, outre la clef pour arriver aux familles, un tableau synoptique de leurs caractéres distinc- tifs. On aura donc, pour arriver à reconnaitre la famille, deux procédés qui se contróleront l'un par l'autre. En somme, le moyen le plus sür de se rendre compte de l'utilité d'un tel livre, c'est d'en faire usage. J'ai donc pris quelques plantes au hasard, et, faisant abstraction de ce que je pouvais en savoir, j'ai essayé de les déterminer en suivant les tableaux dichotomiques. J'y suis arrivé. J'ai donc tout lieu de croire que d'autres y arriveront comme moi... L'auteur, dans la préface, s'explique ainsi au sujet des figures : Au nombre de 2165, elles ont été toutes dessinées par nous, exprès pour notre Flore de France; elles représentent au moins une espèce des princi- paux genres et sous-genres; elles donnent le faciès, le port de la plante, plutót que des détails anatomiques; il sera plus facile, pensons-nous, de rap- porter les espéces étudiées aux groupes auxquels elles appartiennent à l'aide de leur physionomie générale que par l'examen d'un seul organe. Les petites figures schématiques sont réservées pour le tableau général des familles, qui, tenant compte de toutes les exceptions, détruit nécessairement les rapports naturels, et pour le vocabulaire des termes techniques, dont elles faciliteront l'intelligence et l'usage... Notre Flore n'admet que les espèces bien définies, limitées, suivant l'expression de Fries, par des caractéres aigus, nettement tranchés, et distinctes de leurs alliées, autant que possible, par plusieurs différences ne dépendant pas les unes des autres. Ces citations donneront un aperçu de la Flore de France de M. A. Acloque. Les matières s'y succèdent dans l'ordre suivant : aprés l'intro- duction par M. le professeur Ed. Bureau et la préface de l'auteur, trois chapitres préliminaires, intitulés : Usage des tableaux analytiques, Caractères distinctifs des familles de la flore de France, Tableau ana- lytique des familles, puis les clés et les textes descriptifs qui composent le corps de l'ouvrage, enfin un Vocabulaire des termes techniques, l'indication des Principales plantes officinales et diverses tables propres - à faciliter les recherches. Les espéces vasculaires et cryptogames supérieures que les clés per- mettent de déterminer sont numérotées et au nombre de 4255. Quoique les Cryptogames cellulaires soient en dehors du cadre de cette Flore; l'auteur en a résumé en quelques pages la classification générale. « On ne peut qu'étre sympathique, dit M. Bureau à la fin de sa lettre, » à une entreprise qui témoigne tout au moins d'un vif amour de la bota- » nique, d'un travail acharné et d'une rare persévérance. » EnN. MALINVAUD. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 235 Les cultures sur le littoral de la Méditerranée (Pro- vence, Ligurie, Algérie); par M. le D" E. Sauvaigo, avec une introduc- tion par M. Naudin de l'Institut. Un volume in-16 de 316 pages et 115 figures, cartonné (Bibliothèque des connaissances utiles). Librairie J.-B. Baillière et fils; Paris, 1894. — Prix : 4 francs. Dans un premier chapitre, l'auteur décrit les plantes décoratives et commereiales des jardins du littoral méditerranéen, indique les types les plus répandus, leur emploi et leur mode de culture ordinaire et intensive. Le chapitre suivant est consacré à l'étude des espéces à fruits exotiques, le troisième à la culture des plantes à parfums qui tend à prendre une grande extension en Algérie. Les espéces potagéres et les arbres fruitiers indigènes font l'objet des derniers chapitres, où sont passés en revue les opérations culturales, la constitution du sol, les meilleures variétés, les insectes nuisibles, les maladies les plus redou- tables. De nombreuses figures aident à l'intelligence du texte trés claire- ment rédigé. Ern. M. NÉCROLOGIE T. CmanorssEAv. — Nous lisons dans le Monde des Plantes, publié par M. Léveillé, numéro du 15 mars 1894, sous la rubrique « Informa- tions », la note suivante : 1] vient de mourir à Athènes, le 15 février 1894, à l’âge de soixante-six ans, le botaniste francais, Théodore CHABOISSEAU, qui était venu en Gréce il y a dix ans. Chaboisseau était né prés de Tours et connu dans la science par ses travaux floristiques et surtout par ses études sur les Jsoetes et les Characées (voy. Nyman Conspectu s). MM. Rouy et Foucaud l’énumèrent, dans le premier tome de leur Flore de France, parmi les botanistes « qui ont le mieux mérité de la flore de France ». Il avait été aussi un des collaborateurs les plus actifs de la « Société dauphinoise pour l'échange des plantes ». A Athènes, il s'était établi comme professeur de francais; ce qui lui laissait malheureusement peu de temps pour s'occuper de botanique. Cependant il n'avait pas cessé d'avoir le plus grand intérét pour tout ce qui se rapportait à cette science, qu'il aimait de préférence. J'ai perdu en lui un ami et confrère sincère et un fidàle com- pagnon dans mes excursions botaniques; en 1887, il m'accompagnait méme dans un petit voyage botanique au mont Kyllene, en Péloponèse. Par son caractère aimable et franc et sa modestie, avec toutes les vastes connaissances qu'il avait, il s'est fait aimer à Athènes par tous ceux qui l'ont connu, soit comme maitre, soit comme ami, et qui sentent bien vivement la perte doulou- rense qu'ils viennent de faire par sa mort. D” Th. de HELDREICH. L'abbé Chaboisseau, dont la brusque disparition vers la fin de 1883 surprit douloureusement les nombreux amis qu'il comptait dans notre Société, occupa naguère un rang distingué parmi les botanistes de notre 236 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. pays. Fort aimable confrére, d'une grande érudition, profondément versé dans la connaissance des plantes françaises, écrivain élégant mais trés modeste et ne se prodiguant pas, il n'a donné que trés imparfaitement, dans le peu d'écrits qu'il a laissés, la mesure de son savoir et de ses brillantes facultés. Il avait étudié avec prédilection quelques groupes litigieux, notamment les Fumaria, le genre Rubus, les Sedum à fleurs jaunes, les Isoétées, les Characées. Voici les titres de quelques-uns de ses Mémoires en botanique : Sur douze espéces de Rubus du département de la Vienne (Bull. Soc. .. bot. de Fr., 1860). De l'étude spécifique du genre Rubus (Congrés scientifique de France, Bordeaux, 1863). Ouvrages rares ou curieux relatifs à la botanique (Bull. Soc. bot. de Fr., 1810, 1871, 1816). Recherches botaniques autour du massif du Pelvoux (Ann. du Club alpin, 1878). Note sur les Viscum album et laxum et sur l'Arceuthobium Oxycedri (Bull. Soc. bot. de Fr., 1881). ERN. MALINVAUD. D. PIERRAT. — Il s’est éteint, dans les hautes montagnes des Vosges, un homme dont le souvenir mérite d’être conservé : Dominique PIERRAT est mort, le 20 novembre dernier, aux Plateaux de Gerbamont, à l’âge de soixante-treize ans. C'était un savant par vocation, un cherchenr doué d'un rare talent d'observation fine et pénétrante. Les circonstances ne lui avaient permis de recevoir que les modestes lecons de l'école pri- maire; mais son esprit ne pouvait se contenir dans les limites étroites de cet humble savoir. Sous la direction d'un vicaire de Vagney, l'abbé Jacquin, mort, il y a quelques années, curé de Godoncourt, il s'initia d'abord à la pratique de la taxidermie; derrière le métier il avait entrevu la méthode. Il se procura les meilleurs traités d'ornithologie et, tout en formant une splendide galerie d'oiseaux, il acquit sur cette classe inté- ressante des connaissances trés sérieuses et approfondies. Quelques années plus tard, il se mit en relation avec l'abbé Jacquel, alors curé de Liézey, et le D" Mougeot, de Bruyères; c'était la botanique qui l'attirait. Depuis cette époque, il n'a cessé, durant un demi-siècle, d'étudier, d'observer, de préparer et d'échanger des spécimens de la flore et de la faune, si riches, des Hautes-Vosges, contre les productions analogues des diverses régions de la France, et méme de l'étranger. Il était membre de la Société d'histoire naturelle de Colmar et de la Société Linnéenne de Normandie; il collaborait activement à diverses associations pour échange de plantes établies successivement à Mulhouse, à Besangon, à Grenoble, à La Rochelle, etc. Grâce à son labeur persévérant, nos REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 237- belles plantes vosgiennes ont pénétré dans la plupart des grands herbiers de l'Europe. C'est peu pour un botaniste d'avoir les jambes alertes; la qualité maitresse du chercheur est une sorte d'intuition qui lui permet, à la suite d'une inspection rapide du pays, de s'orienter presque à coup sür, d'écarter de son attention la foule des plantes vulgaires et d'avoir l'œil ouvert pour les espéces plus rares ou remarquables à divers titres. Dans une herborisation en commun, il s'établit un concours dont le classe- ment devient palpable pour tous. Je dois dire que je n'ai trouvé chez personne, au méme point que chez D. Pierrat, cette perspicacité, cette sûreté de coup d’œil, qui aurait pris chez notre ami une valeur supé- rieure, si ses facultés naturelles avaient pu se développer par une cul- ture scientifique complète. Une fois en possession de ses plantes, D. Pierrat les entourait d'une sollicitude paternelle. Il n'était pas ce bour- reau qui disséque sans pitié et finit par tout réduire en fragments informes; sa pensée était de conserver, de faire revivre, d'assurer à chaque échantillon sa valeur respective. Pour s'en convaincre, il faut voir son herbier si soigné, où ses plantes reposent artistement rangées, conservant dans leur sommeil une apparence de vie et de fraicheur. Le choix des spécimens, leur mode de préparation, les indications détail- lées de l'étiquette qui les accompagne, constituent des documents de haute valeur scientifique. Il ne s'est jamais préoccupé de publier le résultat de ses observations. La nouvelle « Statistique du département des Vosges » eonserve quelques traces de ses travaux dans les volumes consacrés à la botanique et à la zoologie, mais ce sont des épaves. On remarquera cependant de lui, dans cet ouvrage, un Supplément au Catalogue des Oiseaux (1), et le Catalogue des Orthoptéres (2) ; ce dernier travail est restreint, mais il est neuf et trés soigné. D. Pierrat était sans ambition; il a refusé des positions relativement lucratives et honorables qui lui étaient offertes à Paris et ailleurs. Il n'aurait pu se résoudre à quitter son promontoire des Plateaux, du haut duquel, à une altitude de 900 métres, il jouissait paisiblement des grands spectacles de la nature déroulés chaque jour sous ses yeux. Ses plantes, ses oiseaux, ses bestioles, coléoptères et orthoptères, charmaient son àme poétique et, dans le secret de son àme, il s'élevait des créa- tures visibles au Créateur. Il est mort sans secousse, sans souffrance, de la mort du juste ; et maintenant, il dort au pied de la grande croix du cimetiére de Planois, sa paroisse, dans un poste d'honneur, au champ béni du repos. N. BOULAY. (1) Zoologie, p. 328. (2) Ibid., p. 166. 238 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. HurLÉ. — Nous extrayons du journal l'Avenir de Blaye, en date du 2 mai dernier, qu'on nous a communiqué, les lignes suivantes qui ren- ferment un hommage rendu en termes touchants à la mémoire d'un de nos anciens confréres : Dimanche dernier (29 avril) ont eu lieu les obsèques de M. Auguste HULLÉ,. professeur d'hydrographie en retraite, conseiller municipal, chevalier de la Légion d'honneur, décédé presque subitement à l’âge de quatre-vingt-deux ans. M. Hullé était né à Paris, en 1812; mais, nommé professeur d'hydro- graphie dans notre ville en 1851, il ne quitta plus Blaye et sut se créer, parmi nos concitoyens, de solides amitiés qu'il conserva fidéles jusqu'à sa mort. Trés respecté dans tout l'arrondissement où ses nombreux élèves avaient gardé de sa personne un pieux souvenir, il eut l'honneur de représenter ses concitoyens au Conseil municipal, et sa verte vieillesse lui permit de remplir avec intelligence et dévouement son mandat jusqu'au bout. Sur sa tombe, des discours ont été prononcés par M. Tardy, maire de Blaye, et par M. Allègre, receveur des finances. A. Hullé s'était acquis l'affection et l'estime générales, et tout le monde, dans notre ville, regardait avec respect passer ce vieillard au regard intelli- gent et doux, affable à ceux qui l'abordaient, indulgent à tous. Les rapports avec lui avaient un charme incomparable; son érudition était large et süre, son goùt des plus délicats, ses connaissances variées et étendues. ll était rare qu'on eüt à lui apprendre quelque chose, mais on apprenait toujours avec ln... A. Hullé était entré dans notre Société le 8 janvier 1858, et la der- niére lettre que nous avons recue de lui, en date du 20 janvier dernier, nous apportait sa démission motivée par l'affaiblissement de sa vue : « J'attends le jour, disait-il, où je serai obligé de me faire opérer de la cataracte. » Pendant bien des années il assista assidüment à nos sessions extraordinaires, où l'on était heureux de revoir cet aimable confrère, dont l'esprit enjoué et l'exquise courtoisie gagnaient toutes les sympa- thies. Sa disparition sera vivement regrettée par tous ceux qui l'ont connu. ERN. MALINVAUD. NOUVELLES Une association rhodologique vient d'étre fondée dans le but de publier un Herbier des Roses de France. Elle comprend des membres participants et des membres correspondants. — Un premier fascicule, contenant environ 50 numéros, sera distribué aux membres participants, le 1** décembre 1894, et vendu aux souscripteurs au prix de 20 francs. — MM. les botanistes qui désireraient faire partie de l'association ou souscrire à cette publication adresseront leur demande à M. le D" Pons, à Ille-sur- Tét (Pyrénées-Orientales). — Une circulaire donnant tous les- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 239 détails complémentaires sera adressée aux intéressés. — Toutes les plantes recevront le visa du savant rhodologue belge, M. Crépin, et seront classées d'aprés son Tableau analytique des Roses de l'Europe. — RUBI PRÆSERTIM GALLICI EXSICCATI. — D'une circulaire portant ce titre nous extrayons les passages suivants : € Malgré de nombreux travaux descriptifs, malgré des exsiccatas d'importance diverse, la connaissance des Rubus est demeurée en France le privilége d'un petit nombre. Comment la vulgariser, c'est-à-dire la rendre accessible à la plupart des botanistes qui désirent faire de ce genre une étude sérieuse et approfondie? Le meilleur moyen d'atteindre ce but est, semble-t-il, de mettre à la disposition des spécialistes un herbier classique contenant les espéces les plus saillantes, caractéris- liques des sections et sous-seclions. Ces espéces, les plus largement répandues dans l'espace, les plus constantes au point de vue morpho- logique, constitueront pour le commençant déjà botaniste, on le sup- pose, des jalons précieux qui lui permettront de s'orienter au milieu des formes innombrables qui le déroutentà chaque instant. Un commen- taire, qui fera valoir les spécimens, au double point de vue bibliogra- phique et descriptif, achévera ce qui est possible en ce moment. A l'aide de ces documents et de ces termes de comparaison, il sera relativement facile à chacun de déterminer avec exactitude les formes les plus re- marquables de son voisinage et méme de compléter, pour sa circon- scription, une étude qui est loin d'étre achevée dans le détail. Il nous reste, en effet, à reconnaitre, à délimiter et à décrire, dans un vaste pays comme la France, toutes les formes secondaires, dérivées, produites par variations locales ou par croisements. C'est une œuvre longue, laborieuse, qui assure du travail à des générations de botanistes. A la suite de longs tàtonnements, nous nous proposons de commencer ; ce sera par la publication, en nature, accompagnée d'un texte descriptif, des formes principales dés ce moment bien connues. C'est une œuvre de vulgarisation et d'enseignement que nous voulons réaliser et non plus de recherches, comme l'était l'Association rubologique. » Les Rubi presertim gallici exsiccati seront publiés par séries suc- cessives de 50 numéros. Autant que possible, il paraitra une série chaque année. Dans l'état actuel de nos prévisions, nous publierons trois séries , soit 150 numéros. Si toutefois le zéle de nos collaborateurs et l'empres - sement des souscripteurs nous y convient, peut-étre arriverons-nous à publier une quatrième et méme une cinquième série. Le prix de chaque série est fixé à 25 francs. — Chaque part, ou numéro, comprendra deux segments avec feuilles de la tige de première année, deux rameaux floriferes ou, mieux et autant que possible, un rameau florifère normal 210 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. et un rameau fructifère, des pétales (3-4) séchés soigneusement à part et collés sur une languette ou contenus dans un sac de papier, une étiquette imprimée. Les collaborateurs qui voudront bien nous aider de leur concours recevront gratuitement chaque série de 50 numéros en échange de 150 parts d'espéces convenues d'avance et recueillies au moins à 25 exemplaires chacune. Chaque espèce préparée à 25 exem- plaires sera comptée aux collaborateurs, en déduction du prix de la série de 50 espéces d'aprés la méme proportion ou par des arrangements particuliers à l'amiable. ə Pour tous les renseignements ultérieurs, on est prié de s'adresser à 4 l'un ou à l'autre des auteurs associés : M. Boulay, professeur à la Fa- culté libre des sciences, rue de Toul, Lille (Nord); M. Bouly de Lesdain, 16, rue Emmery, Dunkerque (Nord). » — Cette circulaire est accompagnée d'une liste des « Ronces à publier dans les Rubi gallici ». COLLECTIONS A VENDRE. — La famille de M. D. Pierrat, naturaliste, aux Plateaux de Gerbamont (Vosges), décédé le 20 novembre dernier, met en vente ses collections. La série botanique comprend : 1* Herbier de France, 4530 espéces de Phanérogames et Cryptogames vasculaires (non compris les Rosa et Rubus); 2* Ronces vosgiennes, par M. l'abbé Boulay (collect. compl. 140 numéros); 3° Mousses de France, 440 espèces, la plupart nommées par MM. Boulay et Husnot; 4° Hépatiques, 80 espèces; 5° Lichens et Algues, 220 espèces; 6° une très grande quantité de doubles nommées, mais non classées, correspondant aux groupes précédents. Ces collections, très soignées et en parfait état de conservation, peuvent être cédées en bloc ou séparément. Divers ouvrages de botanique descriptive sont également à vendre. — Pour les conditions, s'adresser à M. P. Pierrat, ornithologiste, aux Plateaux de Gerbamont, par Vagney (Vosges). Le Secrétaire général, gérant du Bulletin, E. MALINVAUD. 16521. — Libr.-Impr. réunies, rue Mignon, 2, Paris. — May et MOTTEROZ, directeurs. TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE NUMÉRO. SÉANCE bU 9 MARS 1894. Dons faits à la Société... ...........,.... sesesosorers ees. 161 Adoption par la Société d'une proposition de changement de l'article 10 des Statuts...................., .,....... 161-166 Hue.................. Lichens des forêts de Saint-Germain-en-Laye et de Marly.... 166 B. Martin......... .. Le Scleranthus uncinatus des Cévennes doit-il prendre à l'ave- | nir la dénomination de S. polycarpos L.?................. 203 H. de Vilmorin....... Sur un Salpiglossis sinuata sans corolle. ........,........ . 916 À. Chatin......... .. Importance de la localisation des organes dans l'appréciation de l'élévation des espèces végétales....................,.. 217 REVUE BIBLIOGRAPHIQUE Lichenologische Beitræge; E. Kernstock.. 224 | Revue bryologique de M. Husnot, années La Pelligera rufescens Hoffm. var. inno- 1892-1893. ..........,........... 228-231 vans Flotow; A. Jatta................ 294 | Énumération des Hépatiques connues jus- Ochrolechia parella v. isidioidea Massal.; qu'ici aux Antilles françaises; E. Bes- L. Micheletti........................ 225] cherelle...... ........ ............ 231 Licheni raccolti dal prof. E. Rodegher Mousses de la province de Pavie; R. Far- nel Italia superiore; E. Baroni...... 225 neli.z...slle elm 231 Remarques critiques sur quelques espèces Guide pratique pour les herborisations et de Lichens; Hedland................ 226| la confection générale des herbiers; Contribution à la flore des Lichens de la Cl. Duval.............. M . 232 Gréce et de l'Égypte................ 227 | Flore de France; A. Aclocque....,..... 233 Muscologia gallica, livr. 10 et 11; Husnot. 228 | Les cultures sur le littoral dela Méditer- ranée; D" E. Sauvaigo......... erre 235 NÉCROLOGIE : T. Chaboissegu....................................... ............... 235 Doc D. Pierrat...... ........................... MMC s aisat 1096 — A. Hullé.....................,,......,,..,......,,..22 IPIE. + 998 NOUVELLES. — Herbier des Roses de France. — Rubi presertim. gallici exsiccati..... . 939 N. B. — La Société n'a tenu qu'une séance pendant le mois de mars 1894. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE Les séances se tiennent à Paris, rue de Grenelle, 84, à huit heures du soir, habituellementles deuxième et quatrieme vendredis de chaque mois. JOURS DES SÉANCES ORDINAIRES PENDANT L'ANNÉE 1894 12 et 26 janvier. 13 et 27 avril. | . 13 et 27 juillet. 9 et 23 février. (41 et 25 mai. | 9 et 23 novembre. 9 inars. | 8 et 22 juin. | 144 et 28 décembre. mensuelles. Ce Bulletin est délivré gratuitement à chaque membre et se vend aux personnes étrangères à la Société au prix de 30 fr. par volume annuel terminé (sauf les exceptions spécifiées ci-aprés), 32 fr. par abonne- ment. — Il peut être échangé contre des publications scientifiques et pério- diques. Les 25 premiers volumes du Bulletin, à Vexception des t. IV (1857) et XV (1868), sont cédés au prix de 10 fr. chacun, et les suivants (2e sér.) au prix de 15 fr. chacun (à l'exeeption du tome XXXVI), à MM. les nouveaux membres qui les font retirer à Paris, aprés avoir acquitté leur cotisation de l'année courante. N. B.— Les tomes IV et XV, étant presque épuisés, ne sont plus vendus séparément. Le tome XXXVI (1889) renferme les Actes du Congres de bolanique tenu ü Paris en août 1889; le prix de ce volume est de 40 fr. pour les personnes étran- gères à la Société et de 20 fr. pour les membres de la Société. ros déjà parus lorsqu'un abonnement est pris au milieu de l'année, sont à la charge de l'acquéreur ou de l'abouné. AVIS Les notes ou communications manuscrites adresséesau Secrétariat par les membres _de la Société, pourvu qu'elles aient trait à la botanique ou aux sciences qui s y rat tachent, sontlues en séance et publiées, en entier ou par extrait, dans le Bulletin. Tous les ouvrages ou mémoires imprimés adressés au Secrétariat de la Sociélé botanique de France, rue de Grenelle, 84, prennent place dans la bibliothèque de la Société. Ceux qui seront envoyés dans l'année méme de leur publication pourront ment étranger à la botanique ou aux sciences qui s’y rattachent. MM. les membres de la Société qui changeraient de domicile sont instamment priés d'en informer le Secrétariat le plus tót possible. Les numéros du Bulletin qui se perdraient par suite du retard que mettraient MM, les membres à faire connaitre leur nouvelle adresse ne pourraient pas étre remplacés. N. B. — D'après une décision du Conseil, il n'est donné suite, dans aucun cts» aux demandes de numéros dépareillés, lorsque le volume auquel ils appartiennent est terminé depuis plus de deux ans. ll en résulte que, pour se procurer une partie quelconque du tome XXXVIII (1891) ou d'une année antérieure, on doit faire l'aequisitior. du volume entier. — Aucune réclamation n'est admise, de la part des abonnés, pour les numéros publiés depuis plus de trois mois. Adresser les lettres, communications, demandes de renseignements, réclama- q tions, etc., à M. le Secrétaire général de la Société, rue de Grenelle, 84, à Paris» La Société publie un Bulletin de ses travaux, qui parait par livraisons Les frais d'envoi de volumes ou numéros anciens du Bulletin, ainsi que des nume- être analysés dans la Revue bibliographique, à moins que leur sujet ne soit absolu-, 16521. — Lib.-Imp. réunies, rue Mignon, 2, Paris. — 4May et MoTTEROZ, direct. BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE nd FONDÉE LE 23 AVRIL 1854 ET RECONNUE COMME ÉTABLISSEMENT D'UTILITÉ PUBLIOUE PAR DÉCRET DU 17 AOUT 1815 TOME QUARANTE ET UNIÈME (Troisième Série. — TOME [?) 18594 4 SÉANCES D'AVRIL 1894. PARIS AU SIÈGE DE LA SOCIÉTÉ RUE DE GRENELLE, 84 Publié en juin 1894. M. CARNOT, quatrième Président de la République francaise, est mort à Lyon, le 25 juin dernier, victime d'un Le , evenemen associe au deuil national causé par ce douloureux é , , ociété s exécrable attentat. Le Bureau de la S M. le Trésorier remercie ceux de nos eonfréres qui, faisant droit à sa demande, ont bien voulu lui adresser eux-mêmes le montant de leurs cotisations, évitant ainsi à la Société des frais assez onéreux. Tarif des tirages à part. NOMBRE DE FEUILLES. 25 | 30 | 400 | 200 a EXEMPL. | EXEMPL. | EXEMPL. | EXEMPL. EXEMPL. La. NEM — mMM |. |__| — Une feuille (16 pages), réimposition, papier, tirage, fr. c. fr. c. fr. e. | fr. e. ‘| fr. e pliure, piqûre et enveloppe de couleur. . . - . 8 50 950 | 11 » | 45 » 24 » Trois quarts de feuille (12 pages). . . . . . ... 8 » 9 » | 1050 | 14 » 99 » Demi-feuille (8 pages). . ... . ......... 5 » 6 » | 8» | 12 » 18 » Quart de feuille (4 pages . . . . . .. ...... 8» LS» | Ta | 9» 14 >» | 2e feuille en sus de la première. . -....... 7 50 850 | 950 | 12» | 18» Trois quarts de feuille en sus d'une feuille. . . . . T» | 8» | 9» 11 50 16 » Demi-feuille en sus d'une feuille. . .. . . . .. 4 » 5 » | 650 8 50 14 » Quart de feuille ST ai y at 3 » k» | 6» 8 >» 12 » La composition d'un titre d'entrée spécial d’une demi-page est de 1 franc. La composition d'un grand titre d'une page est de 3 francs. En plus les frais de tirage et de papier. La composition d'un faux-titre est de 2 francs. En plus les frais de tirage et de papier. La composition d'une couverture imprimée, avec encadrements et sans page d'annonces, est de 2 franes sile titre est la répétition de celui de la brochure, et de 4 franes si le titre est fait seulement pour la eouver- ture, En plus les frais de tirage et de papier. : ! S'il y a des corrections, elles sont comptées en sus 90 c. l'heure. Une gravure d'une page, interealée dans le texte, entraîne un supplément de tirage de 2 francs. Une gravure d'une demi-page, 1 fr. 50. Tout travail de remise en pages, c’est-à-dire entrainant une modification dans la disposition des pages du Bulletin, sera fait en dehors du Tarif ci-dessus et à des prix qu'il est impossible de fixer. SÉANCE DU 13 AVRIL 1894. PRÉSIDENCE DE M. GUIGNARD. M. Jeanpert, vice-secrétaire, donne lecture du procés-ver- bal de la séance du 9 mars, dont la rédaction est adoptée. M. le Secrétaire général a été informé, par une lettre de M. le professeur Heckel, de Marseille, de la mort de M. Alph. Derbès, décédé dans cette ville le mois dernier à l’âge de quatre-vingt-quatre ans. M. le Président fait l'éloge de ce regretté confrére, qui s'était fait connaitre par de savants tra- vaux en botanique et en zoologie, et rappelle les principaux traits de sa carrière scientifique (1). . Par suite de la présentation faite dans la dernière séance, M. le Président proclame membre de la Société : M. GAILLARD, pharmacien, rue Gay-Lussac, 11, à Paris, présenté par MM. Guignard et Patouillard. M. le Président donne lecture d'une lettre de M. le Ministre de l'Instruction publique, informant la Société qu'il lui accorde, comme les années précédentes, une subvention de 1000 francs, en retour de 25 exemplaires de ses publications. Une lettre de remerciement a été écrite à M. le Ministre, au nom de la Société. Dons faits à la Société : Debeaux, Notice sur le D' Clary. Gadeceau, Étude sur le Musa Ensete Gmel. Husnot, Muscologia gallica, livr. 12. Souché, Flore du Haut-Poitou. (1) Voyez plus haut, page 160, une Notice nécrologique sur A. Derbès. T. X3. (SÉANCES) 16 242 SÉANCE DU 13 AvRIL 1894. Jaczewski, Note sur le Puccinia Peckiana Howe. Briosi et Tognini, Intorno alla anatomia della Canapa (Cannabis sativa), parte prima. Pirotta, Intorno al serbatoi mucipari delle Hypoxis. — Sullo sviluppo del Cladosporium herbarum. — Tre casi teratologici. — Sopra due forme dell Isoetes echinospora DR. Trelease, The north american species of Gayophytum and Boisdu- valia. ` Mission scientifique au Mexique, 2 livraisons. Statistique agricole annuelle, 1892. Nouvelles Archives du Muséum d'histoire naturelle, 3° série, tome V. Anales del Museo Nacional de Montevideo, n° 1, 1894. Proceedings of the Indiana Academy of science, 1892. _ Annual Report of the Board of Regents of the Smithsonian Insti- tution, july 1891. M. Duchartre fait à la Société la communication suivante : NOTE SUR DES FLEURS SOUDÉES D'UN BÉGONIA TUBÉREUX, par M. P. DUCHARTRE. Donnant le caractére de théorie générale à une idée explicative qui n'avait été émise avant lui que relativement à quelques faits particuliers, A. P. de Candolle a consacré un chapitre étendu de l'un de ses plus importants ouvrages, la Théorie élémentaire de la Botanique (2° édit., 1819, pp. 113-143), à l'examen des Adhé- rences ou Greffes d'organes. Le point de départa été pour lui cette observation journaliére que « un bourgeon ou une branche d'arbre, » placé sur un autre arbre dans des conditions déterminées, Se » soude avec lui, de maniére à en faire partie et végéter comme » il l'aurait fait sur sa propre souche ». Il a étendu ensuite cet énoncé en ajoutant : « Non seulement des organes similaires peu- » vent étre disposés primitivement de maniére à ne pouvoir » eroitre sans se souder ensemble, mais le même phénomène peut » avoir lieu entre des organes différents » (loc. cit., p. 114). Cette théorie commodément et rationnellement explicative de diverses particularités qu'offre l'organisation des plantes a été très DUCHARTRE. — SUR DES FLEURS SOUDÉES D'UN BÉGONIA TUBÉR. 243 généralement adoptée, soit avec la large application qu'en faisait son auteur, soit avec quelques restrictions apportées à certains cas spéciaux. On a méme le plus souvent adopté aussi les mots Cohé- rence, Adhérence, que le célèbre botaniste génevois employait spécialement, le premier pour désigner l'union d'organes de même nature, par exemple de pétales entre eux, le second pour exprimer celle de parties dissemblables, comme des pétales avec des étamines. C'est ce qu'ont fait notamment Moquin-Tandon, dans ses Éléments de Téralologie végétale (livre IIl, chap. 1) et M. Maxwell T. Masters, dans sa Vegetable Teratology (1" partie, chap. 1 et i1). L'idée fondamentale de cette théorie, c'est-à-dire la réalité de l'union de parties distinctes, a été admise également par M. Van Tieghem, qui dit toutefois qu'elle peut s'opérer de deux manières différentes, par soudure ou par concrescence. « Si deux membres », écrit ce savant botaniste (Traité de Botanique, 9* édit., 1891, p. 72), « d'abord séparés, viennent à se toucher en quelque point » età s'y établir en parfaite continuité l'un avec l'autre, on dit » qu'ils se soudent en ce point, qu'il y a soudure entre eux. Si » deux membres, issus du méme tronc en des points trés rappro- » chés, sont plus tard soulevés par une croissance intercalaire por- » tant sur leur base commune à la périphérie du tronc, il se fait » une pièce unique qui leur appartient à tous les deux, où ils sont » intimement unis... Ce n'est pas là une soudure, mais bien une » communauté de croissance, une concrescence (1). » En somme, la théorie des soudures, soit congénitales, soit ulté- rieures, a été adoptée par la généralité des botanistes, et on peut dire qu'elle leur a permis de ramener au plan fondamental de l'organisation végétale diverses particularités qui, si l'on en juge d’après la seule apparence, semblent s'en éloigner plus ou moins. (1) Si je ne me trompe, cela revient à dire qu'il y a des soudures directes et des soudures indirectes ou par intermédiaire, que le savant botaniste appelle des conerescences. En effet, dans ces dernières, la continuité étant établie par une production intercalaire, c'est nécessairement que celle-ci vient s'intercaler entre deux organes qui se soudent avec elle par leur bord. Sans cela, le mot intercalaire n'aurait pas de raison d'étre. Du reste, l'auteur justifie cette interprétation, tout en écrivant que « ce n'est pas là une sou- dure », puisqu'il dit : « Il se fait une pièce unique qui leur appartient à tous les deux ». Tous les deux existent donc, et ils ne peuvent étre unis en une € pièce unique » autrement que par soudure. 244 SÉANCE DU 13 AVRIL 1894. Toutefois quelques auteurs ont exprimé des doutes touchant cette idée que, lorsqu'une partie d'un végétal forme un tout continu dans une certaine longueur et se divise plus haut, sa portion con- tinue résulte de la soudure qui s'est opérée dans cette étendue, entre tout autant d'organes théoriquement distincts, dont les lobes libres, qu'on voit plus haut, ne seraient que des portions non soudées entre elles par leurs bords. Ils ont dés lors admis que, par exemple, une corolle en tube continu sur une certaine longueur et formant plus haut cinq lobes ne provient pas, ainsi qu'on le pense généralement, de cinq pétales soudés entre eux par leurs bords dans l'étendue du tube et restés libres plus haut, mais qu'elle constitue réellement une formation unique et continue, une sorte de manchon, qui s'est divisé plus ou moins profondé- ment, à partir de son bord, en autant de portions qu'on y observe de lobes dans son état habituel. Mais les divers organes floraux auxquels ils appliquent particulièrement leur manière de voir sont universellement regardés comme des feuilles modifiées dans leur consistance, leur forme, leur couleur, etc., et, s'il en est réellement ainsi, ne doivent-ils pas ressembler aux vraies feuilles pour leur disposition dans le plan général de l’organisation végé- tale? Or, les feuilles disposées en verticille, comme le sont géné- ralement les organes floraux, constituent des organes distincts et séparés les uns des autres, qui naissent de la tige sur un cercle horizontal, à côté mais indépendamment les uns des autres, et il faudrait admettre que, par cela seul qu’elles deviennent des élé- ments floraux, chacun de leurs cercles ne serait plus qu’une for- mation unique, un vrai tube qui seulement pourrait se scinder plus ou moins de haut en bas. Il semble d'ailleurs difficile de nier qu'il ne s'opére des soudures méme tardives ou seulement temporaires entre des pièces florales. Ainsi, les cinq pétales des Vitis, nés et développés isolément, finissent par s'unir entre eux, dans leur portion supérieure, pour former le capuchon qui doit protéger les organes reproducteurs. Les cinq pétales des Phy- teuma sont d'abord cohérents dans leur portion supérieure, libres dans l'inférieure, pour devenir plus tard tout à fait séparés, sauf chez le P. comosum. Les Cosmelia ont cinq pétales cohérents en tube avec des onglets distincts à leur base, etc. D'un autre côté, n’est-il pas évident que méme des organes flo- raux appartenant à des verticilles différents peuvent contracter DUCHARTRE. — SUR DES FLEURS SOUDÉES D'UN BÉGONIA TUBÉR. 245 adhérence l'un avec l'autre? Comprendrait-on autrement l'inser- tion des étamines sur les corolles monopétales, ou l'union de filets staminaux avec des onglets de pétales? S'expliquerait-on, en l'absence de toute idée de soudure, les pétales des genres Fonta- nesia, Linociera rattachés deux à deux par l'intermédiaire d'un filet staminal qui tient à leur portion basilaire ? Il est certain qu'on voit assez souvent un organe unique de sa nature se diviser plus ou moins profondément, et les botanistes admettent à la fois, pour certains cas, la réalité de soudures, pour d'autres, celle de partitions. Celles-ci sont méme distinguées par M. Masters en deux sortes : Dialyses, lorsqu'elles ont pour effet d'isoler des parties d'un méme verticille habituellement cohé- rentes, Solutions, lorsqu'elles séparent des verticilles différents qui adhérent l'un à l'autre dans l'état ordinaire; mais il y a loin de cette distinction à la négation à peu prés ou entièrement absolue de toute espéce de soudure. Or, c'est à cette négation que sont arrivés quelques auteurs et notamment, parmi eux, M. le pro- fesseur D. Clos. Ce savant botaniste, à l'esprit philosophique du- quel je me plais à rendre hommage, a écrit un Mémoire spécial (1) pour combattre la théorie des soudures, soit congénitales, soit ultérieures, qu'il n'hésite pas à qualifier d'erronée, pour y substi- tuer celle des partitions et dédoublements. Dans l'un des autres écrits qu'il a publiés à l'appui de cette maniére de voir (2), par- lant des fruits qu'on voit parfois venir en paires connées et qu'on regarde généralement comme succédant à deux fleurs qui s'étaient unies l'une à l'autre (Syncarpies Masters), il rapporte en avoir examiné un certain nombre d'exemples, et il dit que cet examen l'a « conduit à rapporter ces cas à la partition plutót qu'à la sou- dure ». De cette phrase il résulte que, aux yeux de M. D. Clos, ces paires de fruits connés avaient succédé chacune, non à deux ovaires qui s'étaient soudés, mais à un seul ovaire qui s'était anor- malement partagé en deux. Généralise-t-il cette idée? il ne le dit pas; mais, quelle que soit sa manière de voir à cet égard, je n'hé- (4) La théorie des soudures en Botanique (Mémoires de l'Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, 1819. Tirage à part en broch. in-8° de 42 pages). : E de (2) De la partition des axes et des causes modificatrices de la position pri- :mitive des feuilles (Mém. de l'Acad. des Sc. et Bell.-Lettr. de Toulouse, 1885. Tirage à part en broch. in-8° de 35 pages et 2 planches. Voy. p. 9). 246 SÉANCE DU 13 AVRIL 1894. site pas, pour ma part, à dire au contraire qu'il est des mons- truosités qui n'ont pu avoir d'autre cause que la soudure qui s'est produite entre deux ovaires ou entre deux fleurs, et qu'on ne pourrait expliquer en y faisant intervenir une partition. Telles sont celles que la présente Note a pour objet de faire connaitre. Elles m'ont été offertes, l'été dernier, par un pied de l'une de ces nombreuses sortes de Bégonias tubéreux qui forment aujourd'hui l'un des principaux ornements des jardins et dont la souche pre- miére a été le Begonia boliviensis croisé avec d'autres espéces, variétés et hybrides. Dans ce Bégonia, chaque rameau florifère se termine par une cime de trois fleurs longuement pédonculées, dont la médiane est måle et les deux latérales femelles. La fleur mâle a un périanthe de quatre folioles ou tépales (1), tandis que celui des fleurs fe- melles comprend cinq tépales en préfloraison quinconciale. L'ovaire de celles-ci est relevé extérieurement de trois ailes dont une est beaucoup plus large que les deux autres, et dont chacune part de la ligne médiane de la paroi de l'une des trois loges ova- riennes. De plus, ces trois ailes sont situées, deux (dont une est la principale) sous la ligne médiane des deux tépales externes, la troisiéme sous celle du tépale moitié externe et moitié interne. L'altération la plus simple de cet état normal s'est montrée dans les cas où, la fleur mâle n'existant pas, l'inflorescence se réduisait aux deux fleurs femelles. Ces deux fleurs s'étaient alors comportées de deux maniéres dissemblables : tantót elles étaient restées nor- males et bien distinctes l'une de l'autre; tantót, au contraire, elles s'étaient réunies l'une à l'autre à des degrés fort inégaux qu'il y à lieu d'examiner en détail. Le degré inférieur de cette confluence est celui dans lequel les deux fleurs restant entièrement séparées, leurs pédoncules s'étaient soudés l'un à l'autre. Ce premier cas m'a offert deux modifications : dans l'une, les deux pédoncules étant égaux et s'étant soudés dans toute leur longueur, les deux ovaires qui surmontaient ce support complexe étaient restés libres de toute adhérence, mais l'un des deux était beaucoup plus petit que l'autre, fortement comprimé (4) J'emploie le mot de tépales qui a été proposé pour les cas dans lesquels - on ne peut décider nettement si les folioles florales sont des sépales, des pê- . tales, ou les extérieures des sépales, les intérieures des pétales. Or il en est ainsi pour les Bégonias. i : STAR 5473 DUCHARTRE. — SUR DES FLEURS SOUDÉES D'UN BÉGONIA TUBÉR. 247. par les cótés, biloculaire et relevé, à l'extérieur, seulement de deux ailes opposées; son grand diamètre était perpendiculaire à celui de l'autre ovaire qui était resté normal. Dans la seconde modification, les deux pédoncules cohérents entre eux étant de longueur inégale, les deux fleurs qui les surmontaient se trouvaient à deux niveaux différents; mais l'ovaire de l'inférieure adhérait latéralement à la portion du pédoncule le plus développé qui en dépassait le point de départ. Dans ce second cas, les deux fleurs étaient restées d'égales proportions et avaient conservé sans alté- ration leurs trois loges ovariennes pourvues d'ailes normales. Aux degrés plus élevés, la soudure s'est étendue aux deux ovaires et sur des longueurs de plus en plus grandes, à partir de leur base; elle s'est effectuée par l'intermédiaire des ailes, de telle sorte que, malgré cette cohérence, les loges ovariennes étaient restées closes et sans communication de l'une à l'autre fleur. Dans tous les cas que j'ai observés, l'une des deux fleurs ainsi unies avait subi une diminution marquée dans ses proportions normales et dans le nombre de ses parties constitutives. Cette réduction était méme allée, dans un cas, jusque prés de sa suppression totale. C'est ce que montreront les détails suivants : 1* Dans les deux fleurs, dont le périanthe s'était déjà détaché et dont la figure 1A représente les deux ovaires unis, la soudure S'était opérée entre deux ailes, dans la longueur du tiers inférieur pour l'un, ovt, dans la moitié environ de la hauteur del'autre, ov°. C'est que les deux fleurs ne partaient pas du méme niveau, l'un des deux pédoncules soudés en un seul corps étant un peu plus long que l'autre. Les dimensions des deux ovaires étaient à fort peu près les mêmes, mais l'un des deux, ov‘, était fortement com- primé par les cótés et n'avait que deux loges dont une portait extérieurement deux ailes réduites à la saillie de simples cótes, comme le montre la figure 1 B. C'est par le bas de l'une de ces deux ailes réduites que s'était opérée la soudure avec une aile normale de l'autre ovaire. Dans un autre cas analogue pour l'étendue de l'adhérence, la simplification était plus prononcée : les deux ovaires n'étaient plus l'un et l'autre que biloculaires, et l'un portait seulement deux ailes, tandis que l'autre en avait trois, dont celle par laquelle s'était effectuée la soudure était en face d'une cloison, et occupait ainst une situation tout à fait anormale. 248 SÉANCE DU 13 AVRIL 1894. Dans les trois exemples qu'il me reste à signaler, la soudure s'était faite sur toute la hauteur des deux ovaires, mais avec di- verses particularités qu'il importe de relever. 2 Celui que représente la figure 2A réunissait deux fleurs dont l'une était notablement plus petite et plus simple que l'autre, son périanthe n'ayant que quatre tépales. Les deux ovaires étaient l'un et l'autre triloculaires; mais, ce qu'il yavait de plus remarquable, c'est que, comme le montre la coupe transversale reproduite par la figure 2 B, la soudure s'était faite, non entre deux ailes comme d'ordinaire, mais entre une aile de l'ovaire le plus développé et la paroi méme de l'autre ovaire ; or celui-ci avait ses trois ailes bien formées, et même la principale était voisine de la ligne le long de laquelle s'était opérée la soudure. 8 Au contraire, dans le cas que représente la figure 3A, la jonction des deux ovaires avait eu lieu, comme on le voit sur la coupe transversale (fig. 3B), par la soudure des bords de deux ailes, la principale de l'un et une secondaire de l'autre. Ici encore le plus petit ovaire n'avait que deux loges, mais dont l'une était re- levée extérieurement de deux ailes bien développées et renfermait un placenta à plusieurs ramifications ovulifères, paraissant montrer ainsi qu'elle provenait de la fusion de deux. Quant aux périanthes, celui de la fleur normale avait ses cinq tépales, tandis que celui de la fleur réduite n'en avait que quatre de faibles dimensions. Il est à remarquer aussi que cet ovaire rapetissé et devenu bilocu- laire était surmonté d'un style normal, à trois segments bifurqués chacun en deux branches spiralées. Il n'est pas inutile de faire observer que, dans les ovaires biloculaires par réduction dont il vient d'étre question, l'influence tératologique s'était exercée sur les deux loges situées le plus loin de la deuxième fleur qui, elle, était restée normale; or, cette influence avait agi de méme, mais bien plus énergiquement dans le cas qu'il me reste à décrire et dans lequel les réductions de l'une des deux fleurs unies avaient atteint l'extréme limite à laquelle je les aie vues parvenir. 4 Ce cas extrême est représenté sur la figure 4A. Ici, au pre- mier coup d'œil, on ne voyait qu'un ovaire d'apparence normale, surmonté de deux périanthes, l'un à cinq tépales en disposition quinconciale, l'autre composé seulement de deux tépales dont le plus grand, adossé au premier, embrassait un autre tépale nota- blement plus étroit. Toutefois, en regardant plus attentivement, DUCHARTRE. — SUR DES FLEURS SOUDÉES D'UN BÉGONIA TUBÉR. 249 on reconnaissait que ce périanthe diphylle surmontait une sorte de côte arrondie, a, qui allait en diminuant de saillie et de largeur du haut vers le bas. En outre, une coupe transversale, comme celle que reproduit la figure 4B, montrait immédiatement que cette sorte de cóte n'était pas autre chose que l'ovaire d'une deuxiéme fleur à laquelle appartenait aussi le périanthe diphylle. Cet ovaire était aussi réduit que possible, non seulement en dimension, mais encore en organisation : il n'avait, en effet, qu'une seule loge contenant un placenta irrégulier et rendu pariétal par l'unilocu- larité. C'était par l'aile qu'avait persisté à porter la ligne médiane de cette loge restée seule que s'était opérée la soudure avec l'ovaire dela fleur demeurée normale. Cet ovaire si fortement réduit était surmonté d'un seul style bifide, et quant à ses deux loges qui auraient été plus éloignées de la fleur normale, elles avaient disparu sans laisser de trace. Ainsi la soudure avait entravé le développe- ment de l'une des deux fleurs au point de lui faire perdre deux de ses carpelles et trois de ses tépales, en réduisant encore forte- ment le carpelle unique qui avait survécu dans cette fleur presque annihilée. Il me semble impossible d'expliquer les faits que je viens de décrire à l'aide d'une partition, tandis qu'il me parait évident qu'ils sont le résultat d'une soudure. Il s'agit, en effet, de deux fleurs femelles qui, dans l'état normal, sont non seulement dis- tinctes et séparées, mais encore éloignées l'une de l'autre par l'interposition d'une fleur mále. Quand celle-ci est venue à dispa- raitre, nous avons vu les pédoncules des deux fleurs femelles restantes se souder longitudinalement l'un à l'autre, portant encore chacun une fleur; puis des pédoncules l'adhérence s'est étendue aux deux ovaires et, à mesure qu'elle gagnait en hauteur sur ceux-ci, l'une des deux fleurs s'altérait et se réduisait de plus en plus jusqu'à ce qu'enfin elle ne fût plus qu'une ébauche imparfaite. Il n'est méme pas impossible qu'elle ait fini par disparaitre entié- rement; mais, s'il en a été ainsi, la fleur restée seule a pu étre regardée comme accidentellement solitaire, sans intervention d'une réduction tératologique. Au total, je crois qu'il n'était pas sans intérét de suivre la dégradation progressive qu'a subie dans les cas ci-dessus décrits l'une des deux fleurs qui cependant n'étaient unies l'une à l'autre que par des ailes, c'est-à-dire par des expan- sions externes des parois ovariennés. Cette puissante influence 250 SUR SÉANCE DU 13 AVRIL 1894. d'une soudure qui avait été limitée à une étroite bande longitudi- nale méritait certainement d'étre signalée. DUCHARTRE. — SUR DES FLEURS SOUDÉES D'UN BÉGONIA TUBÉR. 251 Explication des figures. 1A. — Deux ovaires reliés entre eux sur une portion de leur hauteur : ov', celui de ces ovaires qui est réduit à deux loges; ov?, l'autre ovaire qui a conservé ses trois loges. 1B. — Coupe transversale de l'ovaire ovt, qui n'a que deux loges, mais dans lequel la paroi de celle de droite est relevée extérieure- ment de deux ailes peu saillantes. La section a été faite au- dessus de la partie soudée. 2A. — Deux fleurs femelles dont les ovaires sont reliés entre eux sur toute leur longueur. Le périanthe de la fleur de gauche est normal; celui de la fleur de droite n'a que quatre tépales de proportions réduites. 2B. — Coupe transversale des deux ovaires de ces fleurs. Ils sont l'un et l'autre triloculaires, mais fort inégaux de dimensions. On voit que la soudure s'est faite entre une aile de l'ovaire de gauche et la paroi de celui de droite. 3A. — Deux fleurs reliées entre elles sur toute leur hauteur, celle de gauche normale, celle de droite fortement réduite. 3B. — Coupe transversale des ovaires de ces fleurs : celui de droite, petit et biloculaire, est uni à celui de gauche, qui est resté normal, grâce à la soudure du bord de sa grande aile à celui d'une aile secondaire de l'autre. 4A. — Deux fleurs reliées entre elles, dont celle de droite est arrivée à une extréme réduction, celle de gauche étant restée normale. a, légère saillie formée par l'ovaire devenu rudimentaire de la fleur de droite, dont, en outre, le périanthe n'a que deux té- pales. 4B. — Coupe transversale grossie de l'ovaire de la fleur réduite. Elle a été menée à travers la partie supérieure, la plus développée, de cet ovaire. Celui-ci n'a plus que la loge le long de laquelle s'est faite la soudure; les deux autres loges ont complétement disparu; en outre, son placenta est irrégulier et pariétal par suite de la suppression de ces deux loges qui auraient dü se trouver à sa droite. M. Gain fait à la Société la communication suivante : 259 SÉANCE DU 13 AVRIL 1894. SUR UNE GALLE DU CHONDRILLA JUNCEA L., par M. Edmond GAIN. Jusqu'ici on n'avait pas encore signalé de zoocécidie sur le Chondrilla juncea. Cette plante vit à la fois dans nos régions tem- pérées et dans l'Afrique du Nord, où elle supporte assez bien la sécheresse du climat. Cependant, en Algérie, elle prend un facies un peu différent : sa taille est plus grande, et, grâce à une abon- dante ramification partant de la base, la plante prend parfois l'as- pect d'une touffe buissonnante atteignant jusqu'à un métre de hauteur. J'ai rencontré, au ravin de la Chiffa, dans la localité de Sidi- Madani-les-Gorges, une touffe de Chondrilla juncea dont les ra- meaux étaient renflés en sorte de tubercules qui donnaient à la plante un aspect trés singulier. Ayant pratiqué une coupe dans ces renflements caulinaires, je vis immédiatement qu'il s'agissait d'une galle produite par la piqüre d'un insecte. Description de la galle. — Ses dimensions sont assez peu va- riables. Sur le pied unique que j'ai rencontré, toutes présentaient cette particularité, quelquefois trés accentuée, d’être divisées en deux parties renflées séparées par un étranglement. Quelquefois même le rameau présentait une troisième dilatation, mais très peu accentuée. Cette disposition est probablement en relation avec la manière dont l'insecte irrite les tissus de la plante. Des deux renflements, l'un est beaucoup plus développé que l'autre, mais tous les deux sont habités par les larves de l'insecte. Chacune des galles doubles peut atteindre 4 centimètres de longueur au maximum, Sur 1 centimètre et demi dans sa plus grande dimension transversale. Le poids sec de ces productions est de 07,550 à 07,750. Comme j'ai rencontré la galle au mois d'aoüt, la plante était complétement desséchée et je ne saurais dire si, avant la dessiccation, le poids en était beaucoup plus considérable. L'organisation interne n'ac- cuse pas du reste un tissu trés aqueux. La galle a la méme structure anatomique que la tige, sauf quelques modifications. GAIN. — SUR UNE GALLE DU CHONDRILLA JUNCEA L. Organisation de la tige. Écorce formée de neuf ou dix assises de cellules, dont les trois externes sont très aplaties. Une assise endodermique à parois trés minces. Un péricycle composé de deux ou trois assises lignifiées ainsi que les rayons médullaires. Seize à vingt faisceaux libériens renfermant au centre cinq ou six fibres lignifiées completement. Faisceaux du bois trés dissociés et s’avançant assez loin dans la moelle. Liber interne formant un croissant à la pointe des faisceaux du bois. Moelle à cellules polygonales régu- liéres peu ou pas lignifiées. 253 Organisation de la galle. Écorce à cellules plus développées, mais rangées comme dans la tige en dix assises. Endoderme subérifié et formé de quatre à six assises de cellules. Péricycle formé de trois ou quatre assises non lignifiées. Faisceaux libériens dépourvus de fibres ligniliées. Faisceaux du bois peu développés et limités à la région voisine du liber. Liber interne formant de petits ilots dans la moelle. Moelle à cellules souvent allon- gées trés irrégulières, à parois assez épaisses lignifiées. La galle se distingue donc surtout de la tige : 1* Par un endoderme subérifié composé de quatre à cinq assises de cellules qui doivent jouer un róle de protection ; 9" Par l'absence de fibres dans le liber externe ; 3° Par le péricycle non lignifié, composé de plusieurs assises formant un cercle complet ; 4 Par la moelle à cellules irrégulières à parois épaissies toutes lignifiées. C'est le développement exagéré de ce tissu qui forme le renflement gallaire, et c'est dans cette moelle lignifiée qu'on trouve les larves de l'insecte. On peut en compter 25 par galle double. Chacune des larves est couchée dans une cavité de la moelle sans paroi propre. J'ai recherché si la moelle renfermait des matiéres de réserves. Les matiéres solubles dans l'eau sont trés peu considérables et négligeables. J'ai pu accuser la présence du sucre sur les parois des eavités des larves, mais il est sans nul doute imputable à la larve qui en renferme et dont le corps est en contact avec les parois. Les larves doivent donc se nourrir presque exclusivement de la cellulose lignifiée des cellules médullaires. dts L'insecte qui produit ces galles du Chondrilla est un Cynipide du genre Aulaz (Hartig). D'après M. Giard, qui a bien voulu exa- miner la larve, cet Aulax est nouveau; provisoirement on peut l'appeler Aular Ghondrille Gain. La connaissance de l'insecte 254 SÉANCE DU 13 AVRIL 1894. parfait permettrait seule de savoir s'il ne se rapporte pas au genre Timaspis récemment établi par Mayer pour l'ancien Aulax Lamp- sanc (Perris), et pour le Timaspis peninopodos Meyer, qui vit sur le Lactuca viminea Link (Chondrilla viminea Lamk). | Dans nos régions, les galles des Aula: donnent ordinairement l'insecte parfait au printemps suivant. Comme le climat algérien est trés différent, c'est, je crois, vers le mois de décembre ou jan- vier qu'on pourrait le trouver. Au mois d'aoüt, les larves étaient bien développées et attei- gnaient comme dimensions 3 millimétres sur 1 millimétre. M. Prillieux a signalé depuis longtemps des parasites dans les galles des Cynipides; quelques échantillons de la galle en question étaient ravagés par des insectes étrangers que, faute d'un nombre assez grand, je n'ai pu déterminer. Le Chondrilla juncea n'a pas souffert dans sa végétation, car il a fourni des graines en trés grande abondance. Seulement la pré- sence des galles avait modifié complétement sa ramification. Chaque galle donnait naissance à cinq ou six rameaux. Ce fait n'est pas isolé. Je l'ai observé aussi sur les radicelles du Chanvre, du Pavot, du Réséda envahi par l Heterodera Schactii : la présence d'une galle a pour effet d'augmenter la prolifération des tissus et certaines zoocécidies produisent ainsi un grand nombre de rami- fications, soit de la tige, soit de la racine. M. Bourquelot fait à la Société la communication suivante : SUR LA NATURE DES HYDRATES DE CARBONE INSOLUBLES ENTRANT DANS LA COMPOSITION DU LACTAIRE POIVRÉ; par M. Ém. BOURQUELOT. Des recherches récentes entreprises de divers cótés ont établi que les hydrates de carbone non solubles entrant dans la compo- sition des végétaux sont beaucoup plus variés qu'on ne l'avait pensé tout d'abord. En particulier, on a constaté que le tissu ligneux de nombreuses plantes, traité à froid par de la lessive de soude à 5 pour 100, abandonne à celle-ci un produit précipitable par l'aleool aprés neutralisation par l'acide chlorhydrique, produit composé lui-méme d'hydrates de carbone, puisque, sous l'in- BOURQUELOT. — HYDRATES DE CARBONE DU LACTAIRE POIVRÉ. 255 fluence des acides minéraux étendus bouillants, il donne naissance à un ou plusieurs sucres réducteurs. | ' Il suit de là que la partie ligneuse de ces plantes est composée de deux séries d'hydrates de carbone; les uns solubles, les autres insolubles dans la lessive de soude étendue. . D'ailleurs, la nature des hydrates de carbone solubles dans l'al- cali ne différe pas toujours, autant qu'on pourrait le croire, de la nature de ceux qui sont insolubles; carles unset les autres peuvent donner naissance aux mêmes sucres réducteurs. La résistance à l'action du dissolvant parait dépendre surtout de la condensation inoléculaire du composé. La connaissance de ces divers hydrates de carbone pouvant avoir une réelle importance au point de vue de la physiologie des ma- tiéres sucrées, j'ai été amené à les étudier chez les Champignons à la suite de mes recherches sur ces végétaux (1). L'espéce qui a d'abord attiré mon attention est le Lactaire poivré (Lactarius piperatus Scop.). J'ai utilisé, dans mes opérations, les Champignons que j'avais traités soit par l'eau, soit par l'alcool, pour l'extraction des sucres. Ces Champignons ont été d'abord épuisés successivement par l'ammoniaque étendue, par l'acide chlorhydrique étendu et finalement par l'eau distillée. Le tissu ainsi débarrassé de tous les matériaux solubles dans ces divers liquides a été mis à macérer dans de la lessive de soude à 5 pour 100. Après quarante- -huit heures de contact, le liquide a été retiré par expression, puis acidulé iy l'aeide chlorhydrique et additionné d'alcool. On a obtenu ainsi un précipité blanc, volumineux, qui, aprés lavage complet à l'alcool, a été desséché sous une cloche à acide sulfurique. Durant la dessiccation, il s'est aggloméré en une masse dure, légérement brune, réductible en une poudre grisátre, incompléte- ment soluble dans l'eau, méme bouillante. Sans pousser plus loin la purification du produit, je l'ai soumis dans l'autoclave à 110 degrés à l'action de l'acide sulfurique étendu à 2 pour 100 pendant deux heures environ. Aprés refroidissement, le liquide a été neutralisé avec le car- (1) Bulletin de (a Soc. mycolog. de France, 1889-1893. 256 SÉANCE DU 13 AVRIL 1894. bonate de chaux, filtré, concentré au bain-marie et précipité par l'aleool. Le liquide alcoolique, qui renfermait les matiéres sucrées en dissolution, a été évaporé en consistance sirupeuse et le sirop épuisé par l'alcool à 95 degrés bouillant. La solution n'ayant donné lieu à aucune cristallisation, méme aprés deux mois, on a retiré l'alcool par distillation, versé le résidu dans une capsule et placé celle-ci sous une cloche à dessécher. Ce procédé n'a pas mieux réussi, et au bout de quelques semaines la masse s'était durcie, sans cristal- liser. Alors la capsule a été placée simplement sous une cloche ordi- naire. Le produit s'est ramolli peu à peu, et au bout de deux mois il s'était pris.en une masse de cristaux réunis par une mélasse sucrée. On a alors humecté avec un peu d'alcool à 80 degrés et dés que cela a été possible, essoré vivement à la trompe, en sorte qu'on à finalement obtenu un liquide alcoolique sucré et une masse de cristaux. Liquide et cristaux ont été l'objet d'une analyse séparée. Le liquide a été concentré au bain-marie jusqu'à élimination compléte de l'alcool, puis repris par l'eau froide, filtré et addi- tionné à froid, conformément aux indications de E. Fischer, de phénylhydrazine et d'acide acétique. Des cristaux jaunes ont commencé à se former au bout de trois quarts d'heure. Aprés douze heures, ils ont été jetés sur un filtre, lavés à l'eau froide, puis traités par l'eau bouillante, qui les a dis- sous presque en totalité. Ces cristaux se sont reproduits par refroidissement. Or un seul sucre donne à froid, avec la phénylhydrazine, une combinaison cristallisée (hydrazone), laquelle est en outre soluble dans l'eau bouillante; c'est le mannose. Donc le liquide renfer- mait du mannose. Les cristaux ont été dissous dans l'alcool à 97 degrés bouil- lant. Aprés quelques jours de repos, la solution alcoolique a été versée dans un vase à large ouverture, et celui-ci placé ouvert sous une cloche à dessiccation. Il s'est produit ainsi des cristaux entié- rement blancs, donnant une solution aqueuse incolore, en sorte quele pouvoir rotatoire du sucre a pu étre déterminé exactement. Les observations ont été faites à la lumière du sodium avec un tube de 2 décimétres, sur un échantillon desséché à 100 degrés. VAN TIEGHEM. — GENRES NOUVEAUX DE LORANTHACÉES. 251 p — 09,3652 v —29 cent. c. a = + 1°, 33— 15,53 d’où DS = 52,3. Ces cristaux étaient donc des cristaux de dextrose; celui-ci ayant pour pouvoir rotatoire : « D =+ 525,8. Divers essais, sur lesquels je n'insiste pas en raison de leurs ré- sultats négatifs, ayant montré qu'il n'y avait ni galactose, ni arabi- nose dans les sucres obtenus, il résulte des faits précédents que les hydrates de carbone enlevés par la lessive de soudeau tissu du Lac- taire possédent la propriété de donner, par hydrolyse, du dextrose et du mannose, et l'on peut dire, en se conformant à la nomencla- ture la plus généralement adoptée, qu'ils sont constitués par de la dextrane et de la mannane. M. Van Tieghem fait à la Société la communication sui- vante : SUR LES LOXANTHERA, AMYLOTHECA ET TREUBELLA, TROIS GENRES NOUVEAUX POUR LA TRIBU DES ÉLYTRANTHÉES DANS LA FAMILLE DES LORANTHACÉES; par M. Ph. VAN TIEGHEM. On sait, par une communication récente (1), que la famille des Loranthacées se décompose en trois sous-familles : les Nuyt- sioidées, les Loranthoidées et les Viscoidées. On sait aussi que la sous-famille des Loranthoidées se divise à son tour, d'aprés la conformation du pistil, du fruit et dela graine, en quatre tribus. Deux de ces tribus ont l’ovaire uniloculaire, avec tout un ensemble de caractères liés à cette disposition; mais, tandis que dans l'une, celle des Loranthées, la graine est munie d’un albumen, dans l'autre, celle des Psittacanthées, elle en est dépourvue. Les deux autres tribus ont l'ovaire pluriloculaire, avec toute une série de caractéres corrélatifs de cette structure; mais, tandis que dans l'une, celle des Élytranthées, le fruit est une baie avec une graine (4) Ph. Van Tieghem, Sur la classification des Loranthacées (Bull. de la Soc. bot., séance du 23 février 1894). T. 31K (SÉANCES) 17 958 SÉANCE DU 13 AvRIL 1894. à albumen entier, dans l'autre, celle des Gaiadendrées, le fruit est une drupe avec une graine à albumen ruminé. En poursuivant, au double point de vue de la structure de l'ap- pareil végétatif et de l'organisation florale, l'étude comparative des espèces qui composent les divers genres de la tribu des Loran- thées, j'en ai rencontré quelques-unes qui différent de toutes les autres par l'ensemble de leurs caractéres et notamment par la con- formation du pistil, dont l'ovaire est pluriloculaire, comme chez les Élytranthées et les Gaiadendrées; si bien que ces espèces doivent, à mon avis, être retirées non seulement des genres où elles étaient classées jusqu'ici, mais encore dela tribu méme des Loranthées, pour étre reportées, le fruit y étant une baie, dans la tribu des Élytranthées. Comme elles appartiennent d'ailleurs à trois groupes différents, elles vont aussi, du méme coup, con- stituer dans cette tribu trois genres distincts, à cóté des trois genres Macrosolen, Elytranthe et Lepostegeres, qui la composaient seuls jusqu'à présent. L'un de ces trois types a été distingué des Loranthus à calice gamosépale ou Dendrophthoe par Blume, dés 1829, sous le nom de Lozanthera, à cause du singulier mode d'attache des anthéres, qui sont dorsifixes et pourtant non oscillantes. Mais ce genre, méconnu comme tel dés l'année suivante par A.-P. de Candolle, n'a pas été admis; il est à rétablir. Les deux autres genres sont demeurés jusqu'iei totalement inaperçus; ils sont à établir et à nommer. Dans l’un, le calice est gamosépale, comme chez les Loxanthera, et par conséquent les espéces en sont actuellement classées parmi les Dendrophthoe. Je propose de le nommer A mylotheca, en con- sidération de ce que les loges primitives de l'ovaire y sont occu- pées, aprés leur précoce oblitération, par autant de faisceaux de cellules amylacées d'origine épidermiaue, caractére qui est com- mun d'ailleurs à toutes les Élytranthées et à toutes les Gaiaden- drées, comme il a été dit dans une Note précédente. Dans l'autre, le calice est dialysépale, et par conséquent les espèces en sont rangées actuellement parmi les Loranthus propre- ment dits. Je propose de le nommer Treubella, en l'honneur de mon savant ami M. Treub, directeur du Jardin botanique de Bui- tenzorg à Java, correspondant de notre Académie des sciences, à qui l'on doit, parmi tant de beaux travaux sur les plantes tropi- VAN TIEGHEM. — SUR LE GENRE LOXANTHERA. 259 cales, plusieurs séries de recherches sure développement de la fleur et du fruit des Loranthacées. Considérons maintenant chacun de ces trois genres séparément, pour les mieux définir, en nous bornant aux principaux caractères tirés de l'organisation florale, et réservant tous les détails, notam- ment tout ce qui concerne la structure de l'appareil végétatif, pour le Mémoire d'ensemble qui sera publié plus tard. 1. SUR LE GENRE LOXANTHERA Blume. Dés 1829, dans une lettre à A.-P. de Candolle, et l'année sui- vante dans son Flora Javæ, Blume a établi le genre Loxanthera pour une trés remarquable Loranthacée découverte par lui dans les forêts de Java, le Lovanthera speciosa, dont les fleurs à calice longuement tubuleux et d'un rouge vif atteignent et dépassent un décimétre de longueur (1). Le seul caractére sur lequel il s'appuie pour le distinguer des Dendrophthoe et aussi pour le nommer est la conformation toute particuliére des étamines, dont l'anthére s'attacheau filet par le dos, vers le tiers de salongueur à partir du bas; à cet effet, le filet se courbe horizontalement au sommet et s'y dilate longitudinalement pour s'unir au connectif, de facon que l’anthère, tout en étant dorsifixe, n'est nullement oscillante. Unique chez les Loranthacées, cette disposition parait aussi trés rare ailleurs. ‘Ce caractère singulier, peut-être en raison méme de sa singula- rité, a paru toutefois insuffisant à A.-P. de Candolle, qui, dés 1830, avant méme la publication du Flora Javæ, a fait rentrer cette espèce dans le genre Loranthus sous le nom de L. loxantherus, ne la considérant méme pas comme un type de section, mais seu- lement comme une subdivision de sa section Notanthera (2). Ainsi étouffé dans l'œuf, pour ainsi dire, le genre Lozanthera n'a été reconnu depuis ni par les partisans de l'unité générique des Loranthus, comme MM. Oliver, Bentham, Hooker, Baillon, etc., cela va sans dire, ni méme par les partisans d'un fractionnement assez étendu, comme est M. Engler; tous s'accordent pourtant à lui attribuer la valeur d'une section. Seuls, les quelques par- (1) Blume, Flora Javæ, Loranthaceæ, p. 15, 1830. (2) A.-P. de Candolle, Prodromus, IV, p. 316, 1830, 260 SÉANCE DU 13 AVRIL 1894. tisans d'une division extréme de ce genre, comme Miquel, se sont rangés à l'opinion de Blume. Plus tard, M. Beccari a récolté à Bornéo et distribué en 1872, sous le n° 1357, une Loranthacée qui a la méme conformation florale, notamment le méme mode d'insertion des anthéres, que le L. speciosa, avec des feuilles plus étroites, plus longues et poin- tues au sommet. C'est évidemment une espéce différente du méme genre, qui n'a été, semble-t-il, ni nommée, ni décrite jusqu'à présent : ce sera le Lozanthera Beccarii (1). J'ai étudié l'organisation de la fleur dans ces deux espèces ; elle y offre les màmes caractéres; je me bornerai donc à la décrire dans le L. Beccarüi. L'inflorescence est une grappe axillaire courte, dont l'axe épais ne porte que trois à cinq gros pédicelles, terminés chacun par une triade de fleurs, toutes les trois pédicellées, dont la médiane n'a pas de bractée à sa base, tandis que les latérales en ont une peu saillante. Chaque fleur, longue de 10 à 12 centimétres, a un calice gamosépale tubuleux, formé de six sépales, avec autant d'étamines superposées, ayant les anthéres attachées au filet de la maniére qui a été dite plus haut (2). La section longitudinale axile de l'ovaire infére montre que le parenchyme externe, ainsi que le calicule, est dépourvu de sclé- rites, que la eupule lignifiée est étroite et longue, en forme de doigt de gant, et que le parenchyme interne est traversé dans toute sa longueur, depuis le fond de la cupule jusqu'à la base du style, par deux faisceaux paralléles de grandes cellules à amidon, tenant la place de deux logettes primitives oblitérées, dont les coupes transversales montreront mieux le nombre réel et la disposition. On y voit aussi que le style a, autour de sa base, un bourrelet nec- tarifère libre et qu'aprés l'épanouissement il se détache jusqu'au ras de l'ovaire, laissant une sorte de puits dans ce bourrelet. (4) Bentham et Hooker (Genera, II, p. 210, 1883) ont bien apprécié les affinités de cette plante, dont ils disent : « Specimina Beccariana, n. 1357; plantæ Blumeanæ adsocianda videntur, sed specifice distincta. » (2) Miquel (Flora van Nederlandsch Indié, p. 822, 1855), Bentham et Hooker (Genera, HI, p. 210, 1883), ainsi que M. Engler (Nat. Pflanzenfa- milien, Ill, p. 186, 1889) attribuent aux Loxanthera une fleur pentamére. ll se peut qu'il en soit quelquefois ainsi, mais toutes les fleurs, tant du L. speciosa que du L. Beccarii, que j'ai étudiées étaient hexamères. Au point de vue des affinités de ce genre, cette remarque a son importance. VAN TIEGHEM. — SUR LE GENRE NOUVEAU AMYLOTHECA. 2641 Les sections transversales successives de l'ovaire infére mon- trent que, vers le fond de la cupule lignifiée, le cylindre central du pédicelle se résout en six faisceaux libéroligneux, sur un cercle extérieur, pour les sépales et les étamines superposées, et six fais- ceaux plus petits alternes, sur un cercle intérieur, pour les car- pelles. Plus haut, quatre logettes, oblitérées par la soudure de l'épiderme amylifére, apparaissent à l'intérieur de la cupule, en superposition exacte avec quatre des faisceaux carpellaires, et se continuent en haut jusqu'à la base du style; les deux faisceaux qui n'ont pas de logette amylacée en dedans d'eux, et qui sont d'ailleurs dés le début plus gréles que les autres, s'amincissent progressivement, perdent d'abord leur bois, puis enfin cessent tout à fait. Des six carpelles alternisépales qui sont représentés par leurs faisceaux libéroligneux dans le plan de la fleur, quatre se développent donc normalement et se ferment en circonscrivant autant de loges, les deux autres avortent. En résumé, l'absence de sclérites, la forme en doigt de gant de la cupule lignifiée, mais surtout la fermeture des carpelles et la plurilocularité de l'ovaire qui en résulte, sont des caractéres qui éloignent les Lozanthera non seulement des Dendrophthoe, mais encore de toutes les Loranthées, et qui rapprochent étroitement ce genre des Macrosolen, Elytranthe et Lepostegeres, à côté desquels il est désormais nécessaire de le classer dans la tribu des Élytranthées. D'autre part, la disposition des fleurs en triades, la conforma- tion si particulière des étamines, l'existence d'un bourrelet necta- rifére autour de la base du style et la chutecompléte de ce dernier sont des caractères que ne possède aucun de ces trois genres et qui assurent aux Loxanthera une plante indépendante à côté d'eux. 2. SUR LE GENRE NOUVEAU AMYLOTHECA. Le genre Amylotheca comprend actuellement cinq espèces. Deux d'entre elles ont été déjà décrites et nommées comme Loran- thus ou, à cause de leur calice gamosépale, comme Dendrophthoe, pour ceux qui admettent l'autonomie de ce genre : ce sont le Loranthus dictyophlebus F. Mueller, d'Australie etle L. Hollrungii K. Schumann, de la Nouvelle-Guinée. Les trois autres existent dans les herbiers, notamment dans l'herbier du Muséum, où je les ai 262 SÉANCE DU 13 AVRIL 1894. étudiées, sans avoir été encore, semble-t-il, décrites et nommées. Ce sont : 1? la plante récoltée à Manille, par Cuming et distribuée sous le n° 1969; je la nommerai Amylotheca Cumingii; 2 la plante récoltée à Macassar par Zollinger et distribuée sous le n° 3295, qui sera le A. Zollingeri; 3° enfin celle que le méme voyageur a récoltée à Sumbawa et distribuée sous le n* 3425; ce sera le A. sumbawensis. Pour faire connaitre l'organisation florale de ces plantes, il nous suffira de prendre pour type l'Amylotheca dictyophleba, et d'ajouter ensuite quelques mots pour chacune des quatre autres espéces. Amylotheca dictyophleba (V. Mueller). — Décrite par M. F. de Mueller comme Loranthus (1), cette espéce croit en Australie (Queensland et New South Wales). L'inflorescence est une ombelle axillaire, composée de trois à cinq pédicelles, terminés chacun par une triade à fleur médiane sessile et à fleurs latérales pédi- cellées; la triade est parfois incomplète par défaut soit de la fleur médiane, soit de l'une des fleurs latérales. Chaque fleur a un calice gamosépale tubuleux, mince et transparent, formé de six sépales concrescents dans les trois quarts de la longueur, avec autant d'éta- mines superposées à anthéres étroites et basifixes. La section longitudinale axile de l'ovaire montre que le paren- chyme externe, ainsi que le calicule, est dépourvu de sclérites, que la cupule lignifiée est étroite et longue, en forme de doigt de- gant, et que le parenchyme central est traversé dans toute sa lon- gueur, depuis le fond de la cupule jusqu'à l'intérieur méme de la base renflée du style, par deux faisceaux paralléles de grandes cellules à amidon, provenant de la soudure de l'épiderme dans chacune des logetles primitives, par là oblitérées. On y voit encore que le style, dépourvu de bourrelet nectarifére libre autour de sa base, est renflé en pyramide dans sa portion inférieure, qui de- meure adhérente aprés sa chute et persiste en forme de pointe au sommet du fruit. Les sections transversales successives de l'ovaire infére mon- trent que, sous le fond de la cupule lignifiée, le pédicelle a produit six faisceaux externes plus gros, pour les sépales et les étamines, et (1) F. de Mueller, Rep. Burdek. Exped., p. 14, 186. VAN TIEGHEM. — SUR LE GENRE NOUVEAU AMYLOTHECA. 263 six internes plus petits, alternes avec les premiers, pour les car- pelles. En montant, on voit deux de ces faisceaux carpellaires, déjà plus gréles que les autres, s'amincir et s'arréter, tandis que vis-à-vis de chacun des quatre autres s'établit une logette, pleine de cellules épidermiques amyliféres. Des six carpelles alternisé- pales normaux qui constituent le pistil, quatre se développent donc régulièrement, tandis que les deux autres avortent. Les quatre logettes amylacées se retrouvent distinctes jusque dans cette base du style renflée en pyramide hexagonale, qui per- siste sur le fruit, comme il a été dit plus haut; ce n'est que plus haut, dans la partie caduque, qu'elles se réunissent pour former le canal stylaire. En somme, l'absence de sclérites, la forme tubuleuse de la cupule lignifiée, l'absence de bourrelet libre autour du style qui, par contre, se renfle en pyramide à la base, la persistance de cette base renflée du style, mais surtout la fermeture des carpelles, qui entraine la plurilocularité de l'ovaire, et l'avortement de deux carpelles sur six, tous ces caractères éloignent cette plante des Dendrophthoe et, au contraire, la rapprochent intimement des Macrosolen, Elytranthe et Lepostegeres, qui les possédent tous en commun avec elle. C'est donc, à n'en pas douter, une Elytranthée. La différence, et c'est la seule qui empéche de la classer dans le genre Macrosolen, est dans l'inflorescence, qui est ici une grappe de triades, tandis qu'elle est une grappe de fleurs solitaires à trois bractées dans tous les Macrosolen. Il faut donc bien y voir le type d'un genre nouveau, voisin des Macrosolen. Amylotheca Hollrungii (K. Schumann). — Cette plante a été récoltée à la Nouvelle-Guinée (Kaiser Wilhelmsland) par M. Holl- rung, en 1887, et décrite deux ans aprés comme Loranthus par M. K. Schumann (1). L'inflorescence est une grappe axillaire, à pédicelles nombreux, serrés, rejetés tous d'un méme côté de l'axe et assez courts pour simuler un épi unilatéral. Chaque pédicelle se termine par une triade de fleurs qui sont d'ordinaire toutes les trois sessiles, dont les latérales sont parfois brièvement pédicellées. Le calice est tubuleux, étroit, rigide, et les six sépales qui le forment se séparent (1) Schumann et Hollrung, Flora von Kaiser Wilhelmslande, 1889. 264 SÉANCE DU 13 AVRIL 1894. profondément, de maniére à ne laisser subsister, aprés l'épanouis- sement complet, qu'un tube assez court. La structure de la fleur, et notamment du pistil, est exactement la méme que dans l'A. dictyophleba, avec cette différence qu'ici trois des six faisceaux carpellaires, plus gréles que les autres, s'arrétent bientót et qu'il ne s'établit que trois logettes amylacées en correspondance avec les trois autres; en un mot, trois carpelles y avortent, sur six. Mais cette diíférence dans le nombre des car- pelles avortés est sans importance et peut s'observer entre les diverses fleurs d'une même plante, comme on le voit notamment dans les Macrosolen. Amylotheca Cumingii. — Cette espèce a été récoltée à Manille par Cuming et figure dans les herbiers sous le n° 1969, sans autre détermination. Toutefois sa ressemblance extérieure avec un Macrosolen n'a pas échappé à la perspicacité de Bentham et Hooker, qui la citent comme se rattachant à l'une des subdivisions (b, Densifloræ) de la section Macrosolen de leur genre Loranthus (1). L'inflorescence est une grappe axillaire, longue, à axe assez épais et dont chaque pédicelle porte une triade de fleurs, toutes les trois sessiles. Le calice est formé de six sépales qui, à l'épanouis- sement complet, se séparent presque jusqu'à la base, de manière à ne laisser subsister qu'un tube trés court, suffisant toutefois pour attester qu'il est gamosépale. La structure du pistil est la méme en tous points que dans les espéces précédentes. Les fleurs étudiées n'avaient que trois carpelles bien développés, sur six, et trois logettes amylacées correspondantes. Amylotheca Zollingeri. — Récoltée à Macassar par Zollinger et distribuée sous le n° 3295, cette plante est munie d’une étiquette portant la dénomination Loranthus tetragonus Blume. Il y a là une erreur manifeste. C'est la plante récoltée à Java par le méme Zollinger et distribuée sous le n° 2355, qui est le Macrosolen tetra- gonus Blume, et elle différe nettement de celle-ci. La grappe; notamment, y est formée de fleurs solitaires à trois bractées, comme dans tous les Macrosolen. Ici, au contraire, l'inflorescence est une grappe axillaire longue, (1) Bentham et Hooker, Genera, II, p. 210, 1883. VAN TIEGHEM. — SUR LE GENRE NOUVEAU TREUBELLA. 265 munie de courts pédicelles, nombreux et serrés, rejetés tous du méme cóté et portant chacun une triade de fleurs sessiles, parfois réduite à deux fleurs. Le calice est renflé à la base, et, à l'épanouis- sement complet, ses six sépales se séparent jusque dans ce renfle- ment, n'y laissant subsister qu'un tube court. La structure de la fleur, notamment du pistil, offre tous les caractéres observés dans les espéces précédentes. Des six carpelles normaux, deux avortent, les quatre autres ayant seuls chacun une logette amylacée. Amylotheca sumbawensis. — Récoltée par Zollinger à Sum- bawa et distribuée sous le n° 3425, sans autre mention, cette plante ressemble beaucoup à la précédente, dont elle est pourtant spécifiquement distincte. L'inflorescence y est aussi une grappe de triades à fleurs sessiles et le calice, non renflé à la base, ne conserve aussi, aprés l'épanouissement, qu'un tube court portant les six sépales. Dans les fleurs examinées, le pistil n'avait que trois car- pelles bien développés, avec trois logettes amylacées correspon- dantes. Ensemble, les cinq espéces qu'on vient d'étudier forment un genre distinct, qui ira sans doute croissant par la suite (1), et ce genre est beaucoup plus voisin des Macrosolen que ne le sont les Loxanthera. Il ne diffère guère, en effet, des Macrosolen que par la disposition constante des fleurs en triades, c'est-à-dire à peu prés comme, parmi les Loranthées, les P hihirusa diffèrent des Dendropemon . 3. SUR LE GENRE NOUVEAU TREUBELLA. Le genre Treubella se compose, pour le moment, de quatre espèces à calice dialysépale, déjà décrites et nommées comme Loranthus, savoir : le Loranthus Forsterianus Schultes, des îles de la Société, le L. viliensis Seemann, de Viti, le L. indicus Des- rousseaux, de Timor et le L. triflorus Spanoghe, également de Timor (2). (1) Depuis la séance du 13 avril, en étudiant les Loranthacées récoltées à la Nouvelle-Calédonie par Deplanche, Pancher et Balansa, j'y ai reconnu huit espèces nouvelles voisines des Amylotheca, mais devant probablement con- stituer un genre distinct. (Note ajoutée pendant l'impression.) : : (2) Je n'ai pas encore pu étudier le L. signatus F. Mueller, d Australie, trés voisin, paraît-il, du L. indicus, et qui est probablement aussi un Treubella. 266 SÉANCE DU 13 AVRIL 1894. Pour étudier l'organisation florale de ces plantes, prenons pour type le Treubella Forsteriana; il suffira ensuite d'ajouter quelques mots sur chacune des deux autres espéces. Treubella Forsteriana (Schultes). — Cette plante, récoltée aux iles de la Société par Forster, a été nommée et décrite comme Loranthus, en 1829, par Schultes. J'en ai étudié les fleurs sur un échantillon de Forster et sur plusieurs autres échantillons rap- portés de Taiti par Bertero et Meehrenhout, en 1831, et depuis par divers autres voyageurs. L'inflorescence est une grappe axillaire de triades à fleur mé- diane sessile et à fleurs latérales pédicellées. Le calice est formé de six sépales, entiérement libres à l'épanouissement, et portant cha- cun une étamine superposée à anthére basifixe. La section longitudinale axile de l'ovaire infére montre que le parenchyme externe, ainsi que le calicule, sont dépourvus de sclé- rites, que la cupule lignifiée est étroite et longue, en forme de doigt de gant, que la base du style, dépourvue de bourrelet libre, est renflée en pyramide et persistante, enfin que le parenchyme central est traversé dans toute sa longueur, jusque dans la base persistante du style, par deux faisceaux de cellules à amidon, oc- cupant la place de deux logettes primitives oblitérées. La série des coupes transversales de l'ovaire infère montre, à la base de la cupule lignifiée, six faisceaux libéroligneux externes pour les sépales et les étamines superposées, et six faisceaux in- ternes plus petits, alternes avec les premiers, pour les carpelles. En montant, ces derniers se réduisent bientót à trois, vis-à-vis de chacun desquels se forme une logette, remplie par les cellules épi- dermiques amylacées. Des six carpelles représentés dans le plan de la fleur par leurs faisceaux libéroligneux, trois seulement se développent donc et se ferment, en constituant autant de loges, les trois autres avortent. Par tous ces caractères, la plante se montre bien une Élytran- thée, non une Loranthée. A cet égard, il est intéressant de re- marquer que A.-P. de Candolle, aprés l'avoir classée dans la section 1, Stylosi de son genre Loranthus, ajoutait aussitót : « An hujus sectionis (1)? » On voit aujourd'hui combien ce doute était fondé. (1) A.-P. de Candolle, Prodromus, IV, p. 295, 1830. VAN TIEGHEM. — SUR LE GENRE NOUVEAU TREUBELLA. 267 Treubella vitiensis (Seemann).— Cette plante, récoltée par Seemann aux îles Viti, a été décrite par lui, en 1865, comme Loranthus (1). L'inflorescence est une grappe de triades; le calice est dialysé- pale; l'ovaire est triloculaire, avec base du style persistante : en un mot, l'organisation florale est la même que dans le T. Forste- riana. Cette espèce est donc aussi un Treubella. Treubella indica (Desrousseaux). — Cette plante, qui croît à Timor, a été décrite comme Loranthus par Desrousseaux, en 1809, dans le Dictionnaire de Lamarck. L'inflorescence est une grappe axillaire assez longue, à courts et nombreux pédicelles, rejetés d’un même côté, terminés chacun par une triade de fleurs sessiles. Le calice a six sépales entière- ment libres et portant chacun une étamine superposée à anthère basifixe. La structure du pistil est exactement la même que dans les T. Forsteriana et vitiensis, avec trois logettes amylacées et trois carpelles avortés. Treubella triflora (Spanoghe). — Ce n'est pas sans quelque hésitation que je rapporte au Loranthus triflorus décrit par Spanoghe, en 1844, les échantillons récoltés par Hombron, en 1841, dans la méme localité, c’est-à-dire aux environs de Koepang, à Timor; les épis y sont, en effet, axillaires, tandis que Spanoghe les dit terminaux. Miquel a rapproché avec doute ce Loranthus triflorus de Spanoghe des Macrosolen (2); on va voir que ce rap- prochement est parfaitement fondé. L'inflorescence est un épi axillaire, formé de triades à fleurs toutes sessiles. Le calice a six sépales libres, portant chacun une étamine superposée à anthére basifixe. La structure de l'ovaire infére est de tout point la méme que dans les trois espéces précé- . dentes, à la seule différence près qu'ici, sur les six carpelles, deux seulement avortent, d'ordinaire, les quatre autres se développant avec leurs logettes amylacées. Ensemble, les quatre espéces qu'on vient d'étudier, et dont le (1) Seemann, Flora vitiensis, p. 120, 1865. (2) Miquel, Flora der ned. Indié, p. 831, 1855. 268 SÉANCE DU 13 AvRIL 1894. nombre ira sans doute croissant par la suite (1), constituent un . genre distinct, appartenant à la tribu des Élytranthées, mais dif- férant de tous les genres actuellement connus de cette tribu par le calice dialysépale. C'est des Amylotheca que ce genre se rap- proche le plus; il n'en diffère guère que par l'indépendance des sépales, à peu prés comme, parmi les Loranthées, les Loranthus proprement dits différent des Dendrophthoe. 4. CONSTITUTION ACTUELLE DE LA TRIBU DES ÉLYTRANTHÉES. Par tout ce qui précède, on voit que la tribu des Élytranthées, établie dans ma précédente Note avec trois genres seulement : Macrosolen, Elytranthe et Lepostegeres, en compte maintenant six. Et comme les trois genres nouvellement introduits différent plus des anciens que ceux-ci ne différent entre eux, il en résulte que, par là, cette tribu se trouve notablement élargie. On y ob- serve, en effet, maintenant, à la fois dans l'inflorescence et dans l'organisation florale, plusieurs modifications paralléles à celles qu'on remarque d'un genre à l'autre dans la tribu des Loranthées. Elle a, par exemple, des types à fleurs en triades, à côté des types à fleurs solitaires munies de trois bractées qu'elle avait seuls jus- qu'ici; elle possédeun genre à calice dialysépale, à cóté des genres à calice gamosépale qu'elle possédait seuls jusqu'à présent; elle renferme, enfin, un genre à anthéres dorsifixes et où le style muni d'un bourrelet tombe en entier, à côté des genres à anthères basi- fixes et où le style sans bourrelet laisse persister sa base renflée, qu'elle renfermait seuls tout d'abord. Pour terminer, il est utile de résumer, dans le tableau suivant, la constitution actuelle dela tribu des Élytranthées et les caractères principaux des six genres qui la composent : ELYTRANTHÉES. dialysépale. Grappe de triades;.. i. 53. e sac ves. Treubella. Calice gamosépale. dorsifixes. Grappe de triades......... Lozanthera. Anthères basifixes. / en triades...... SU DUAE UU Amylotheca. l Fleurs | en grappe..... Macrosolen. solitaires | en épi.......- - Elytranthe. en capitule.... Lepostegeres. L'étude de la structure de l'appareil végétatif et de l'organisa- (1) Depuis la séance du 13 avril, j'ai trouvé une cinquième espèce de Treubella, dans une plante récoltée à Nouka-Hiva (Marquises), par M. Mercier; en 1847. (Note ajoutée pendant l'impression.) GAGNEPAIN. — NOUVEAUX CAS TÉRATOLOGIQUES. 269 tion florale dans les diverses espéces qui composent la tribu des Loranthées ne m'a pas conduit seulement à en exclure quelques- unes de cette tribu pour en former des genres nouveaux dans une tribu différente, comme on vient de le voir dans la présente Note, elle m'a fait voir aussi la nécessité d'en constituer d'autres à l'état de genres distincts dans cette méme tribu. C'est ce que j'espére montrer à la Société dans une prochaine communication. M. le Secrétaire général donne lecture de la communica- tion suivante : NOUVEAUX CAS TÉRATOLOGIQUES, par M. GAGNEPAIN. 1. SALIX ALBA Linné. Un bouton terminal se développe et forme une rosette de feuilles de 07,06 de diamètre, comptant de dix-huit à vingt feuilles; cha- cune d'elles est linéaire-ovale aigué avec des nervures saillantes inférieurement. A ce moment elles sont sèches, raides et gardent une certaine glaucescence. Aucune des feuilles normales n’est restée; les bourgeons immédiatement inférieurs se sont développés en deux longues branches de 0",35 et 0",40 divisées elles-mêmes au sommet, tandis que la branche qui porte la rosette ne mesure que 0",07. L'écorce porte de nombreuses cicatrices produites par des grélons et qui s'élèvent à 0",25 au-dessous du sommet des branches latérales. Donc la gréle n'a pas déterminé la formation de ces branches. Beaucoup de Saules portent de ces rosettes, qui sont d'autant plus apparentes que les branches sont dénudées complétement. Dans toute la vallée de l' Aron, aux environs de Cercy-la-Tour. — 6 février 1894. 2. SALIX ALBA (Linné), staminé. L'arbre qui présente ce cas extraordinaire est élevé, plein de vigueur et ne porte aucune branche morte; il croit à 1 métre au- dessus du niveau de l'Aron et fait pénétrer ses racines dans une digue qui empéche l'érosion de la rive. Aujourd'hui il porte de nombreuses touffes, noirâtres, desséchées; elles se comptent par centaines sur ce méme arbre, qui a donné naissance à de nom- 270 SÉANCE DU 13 AVRIL 1894. breuses rosettes du cas précédent. Ces végétations anormales sont des bourgeons développés en chatons l'été dernier. Il n'y a aucune ressemblance avec la floraison normale. Dans le cas que j'ai sous les yeux, une branche latérale se pro- longe à 10 centimètres de l'aisselle en une grappe composée. Les fleurs sont mâles et les écailles triangulaires, presque foliacées, espacées, portent, à leur aisselle, de nombreuses étamines avor- tées, pressées en une sorte de capitule de 2 millim. de diamètre. La grappe a environ treize axes secondaires portant quarante chatons; elle mesure environ 10 centimétres de haut et autant de diamétre à la base. Cà et là je remarque plusieurs cicatrices pro- duites par la gréle; une de ces plaies se montre sur l'axe primaire de la grappe et démontre que la mutilation par la grêle n'est aucunement cause de cette monstruosité. D'ailleurs la gréle étant tombée le 28 juin, la formation de ces grappes est forcément antérieure à cette époque. Dans le Saule, une floraison estivale en grappe où chaque fleur compte une dizaine d'étamines me semble étre un cas rarement observé. Bords de l'Aron, rive droite, 500 métres en aval de Cercy. — 23 février 1894. Je viens de découvrir un second Saule (probablement Saliz alba L.) qui porte plus nombreuses et plus fournies les mêmes touffes. Chaumigny, prés du parc Morlon, dans un endroit humide presque marécageux. — 15 mars 1894. 9. SALIX ALBA (L.), pistillé. Une seule branche m'offre cette anomalie sur l'arbre qui nous occupe; il est baigné dans la Canne, prés du pont Canneau, et il croit en tétard qui n'a pas été émondé depuis trois ou quatre ans. Une longue branche de 2 mètres, droite, vigoureuse, donne nais- sance à 0",30 du sommet à une touffe unilatérale résultant d'un bourgeon latent développé contre nature. Il s'épanouit à trois axes, trés courts, divergents, portant chacun de quinze à vingt chatons femelles, rabougris, recourbés, formant un amas com- pact. Les écailles serrées, imbriquées ne peuvent étre distinguées des pistils convertis eux-mémes en bractées courtes de 1-2 milli- métres de long et de 1 millimétre de large. Bords de la Canne, pont Canneau, 1* mars 1894. GAGNEPAIN. — NOUVEAUX CAS TÉRATOLOGIQUES. 274 4. DRABA VERNA. En inaugurant mes herborisations pour 1894, j'ai été surpris de trouver, dans un talus sableux de la route de Vandenesse, prés Cercy, des rosettes semblables à celles du Draba verna, mais qui avaient cependant certaines différences qui me firent douter de l'authenticité de ma plante. Je suivis attentivement depuis ce jour la floraison de mes rosettes et leur fructification; j'en recherchai de semblables dans d'autres habitats et à d'autres expositions, j'en trouvai en grand nombre; mais quelle ne fut pas ma surprise quand je reconnus, stupéfait, que j'avais affaire au Draba verna si commun dans les sols sablonneux et qui émaille si agréable- ment les gazons naissants de ses petites corolles blanches et de ses sépales rosés? Je ne lui connaissais point cet aspect insolite depuis une dizaine d'années que je le cueille aux premiers soleils et J'en arrivai à remarquer que cette année les Draba verna offrent trois facies qui font douter à première vue d'une seule espèce. a. Feuilles larges, glabres, sauf à la périphérie qui porte des poils ramifiés, d'un vert pâle, dentées lâchement; rosettes attei- gnant jusqu'à 6 centimétres de diamétre. Avant la floraison on croirait être en présence d'un Bellis perennis peu vigoureux. b. Feuilles de 4 à 5 millimétres de large, pubescentes à poils nombreux ramifiés, dentées; rosettes atteignant 3-4 centimètres de diamétre. Forme intermédiaire. c. Feuilles de 1 à 1 1/2 millimètre de large, en fer de lance, à pétiole presque filiforme d'un rouge vineux foncé; limbe non pubescent. Rosettes à 5-6 feuilles, diamétre ne dépassant pas 1-2 centimétres. La forme a aime les prés méme humides, les champs; les deux autres souvent sont mélangées dans le méme habitat, mais toujours distinctes. Ces formes ont-elles été déjà remarquées et décrites (1)? Pour la variété c, l'érythrisme ne jouerait-il pas un róle sur la graine, comme sur la fleur, et par conséquent sur la plante qui en est née? (1) Boreau (Flor. centr. 3° édit.) ne mentionne pas la forme c, ni la colo- ration rouge vineux. 272 SÉANCE DU 13 AVRIL 1894. Et comme corollaire, les trois formes ne seraient-elles pas nées de graines de différents âges, qui n'auraient pas rencontré, au printemps qui a suivi la déhiscence, les conditions nécessaires et favorables pour germer ? J'ai parcouru un champ de Blé où abondent des individus de la forme a; je n’en ai pas trouvé un seul autre, malgré des recherches longues et patientes, et je me crois fondé à penser que l'ensevelissement profond par le labour ou autrement est la cause de la forme a. Toutefois ce sont autant de questions dont je laisse les réponses à des botanistes plus autorisés. Quoi qu'il en soit, mes plantes se rapportent exactement au Draba verna et, sous prétexte d'éclairer la nomenclature, je ne me crois pas le droit d'y apporter la confusion en imposant un nom spécifique aux trois manifestations d'une méme plante. M. Malinvaud donne lecture de la communication sui- vante : L'ARISTIDA CILIARIS Desf. ET LES FOURMIS, par M. L. TRABUT. Certaines espèces du genre Aristida sont bien connues déjà pour donner aux Fourmis de véritables moissons; l'Aristida oligantha du texas est nommé Blé de Fourmi, car les Fourmis passent pour protéger cette Graminée qui leur fournit du grain. L'Aristida pungens du Sahara, le Drinn des Arabes, produit en abondance un petit grain que les nomades récoltent parfois sur la plante, mais le plus souvent dans les fourmiliéres où ils en trouvent de grands approvisionnement, la plante couvrant d'im- menses surfaces dans les areg ou sables désertiques. Ce grain; que les indigénes nomment Loul, est surtout recherché dans les moments de disette. L'Aristida ciliata, qui est aussi une plante saharienne, présente nn caractére fort remarquable qui attire immédiatement l'atten- tion, c'est un anneau de longs poils divariqués i insérés sur le mi- lieu du nœud. Pour les naturalistes qui étudient les relations entre les plantes et les insectes, il est facile de retrouver, dans cet anneau de longs cils, les chevaux de frise qui constituent la protec- TRABUT. — ARISTIDA CILIARIS ET LES FOURMIS. 213 tion la plus efficace contre les insectes aptères; les exemples de ces adaptations sont déjà si nombreux que l'étude d'une nouvelle combinaison n'offrirait qu'un intérét médiocre. Ce qui m'a décidé à publier cette Note, c'est la découverte, à Ain Sefra dans le Sud oranais, d'une forme d'A. ciliata en tout conforme au type, tou- tefois sans collerette ciliée aux nœuds, mais non sans défense contre les Fourmis. Les chevaux de frise ne sont représentés que par quelques poils mous que l'on ne découvre qu'avec la loupe, mais la partie de l’entre-nœud voisine du nœud sur une longueur d'un centi- mètre et demi est visqueuse; le reste de l’entre-nœud, comme sur le type, est excessivement lisse. Sur de nombreux échantillons ciliés je n'ai pas trouvé trace de viscosilé. On sait que, sur les échantillons secs, les parties visqueuses se reconnaissent trés vite au sable ou autres corps ténus qui y adhérent. Cette Graminée offre donc un exemple de deux moyens de dé- fense bien différents sur des individus ne présentant d'ailleurs aucun caractère permettant de les séparer comme races OU va- riélés. M. Duchartre entretient la Société d'une communication Tx (SÉANCES) 18 2314 SÉANCE DU 13 AVRIL 1894. qui a été faite hier à la Société nationale d'Horticulture par l'un de ses membres, M. P. Chappellier. On sait, dit-il, que le tubereule de l'Igname de Chine (Dioscorea Batatas Dene) se développe en s’enfonçant profon- dément en terre, jusqu'à 0",75-0",80, ce qui en rend l'arra- chage fort pénible, et ce qui diminue beaucoup l'extension que prendrait sans cela la culture de cette excellente plante alimentaire. Pour l'empécher de s'enfoncer ainsi dans le sol, M. P. Chappellier a imaginé de lui opposer un obstacle insurmortable. Dans ce but, à chaque place que devait occu- per un pied d'Igname, il a enterré un pot à fleurs, dont le bord supérieur se trouvait à 07,95 sous la surface du sol. Le tubercule, dans son allongement de haut en bas, n'a pas tardé à pénétrer dans la cavité du potdont le fond l'a complétement arrêté. Sa croissance en longueur n'a pas cessé pour cela, mais ne pouvant plus avoir lieu en sens rectiligne, elle s'est opérée en spirale et finalement il a rempli le pot d'une spire à tours serrés dont la longueur réelle égale certainement celle qu'il aurait eue s'il avait pu se développer librement en ligne droite, selon sa tendance naturelle. M. P. Chappellier a re- connu que ce contournement en spirale du tubercule s'est opéré dansle méme sens que celui selon lequel la tige aérienne de l'Igname de Chine s'enroule autour de ses supports, ce qui vient à l'appui de l'idée que le tubercule de cette plante n'est pas autre chose qu'un rhizome. Toutefois, sur 24 pieds qui ont fourni chacun une pareille production spiralée, il s'en est trouvé un dont le tubercule s'était tordu en sens contraire. M. le Secrétaire général indique les titres de communica- tions écrites de MM. A. Chabert, Clos et Boudier, dont la lecture, par suite de l'heure avancée, est remise à la pro- chaine séance. SÉANCE DU 27 AVRIL 1894. PRÉSIDENCE DE M. GUIGNARD. M. Jeanpert, vice-secrétaire, donne lecture du procés-ver- bal de la séance du 13 avril, dont la rédaction est adoptée. M. le Président a le regret d'annoncer à la Société qu'elle a perdu, au commencement de ce mois, un membre trés dis- tingué : M. Henri Faré, ancien conseiller d'État, ancien secrétaire général du Gouvernement de l'Algérie, ancien di- recteur général des foréts, commandeur de la Légion d'hon- neur, officier de l’Instruction publique, est décédé à Pau, le 9 avril dernier. M. le Secrétaire général donne lecture de la communication suivante : NOTE SUR DEUX CYPERUS DE LA RÉGION MÉDITERRANÉENNE (C. PALLES- CENS Desf. ET C. TURFOSUS Salzm.), par M. J. DAVEAU. Nous avons déjà tenté, dans un précédent travail (1), de démon- trer que le Cyperus pallescens Desf. n'existait pas dans la Pénin- sule hispanique, bien qu'il y ait été cité par plusieurs auteurs, et qu'il fallait en conséquence le supprimer dela flore de cette région. La méme espèce ayant été de nouveau indiquée en Espagne dans un récent ouvrage, nous en avons repris l'étude d'aprés les échan- tillons provenant dela localité citée, ce qui nous permet aujour- d'hui de confirmer notre premiére opinion. Par suite d'un enchainement tout naturel, nous avons été amené en méme temps à rechercher le nom légitime d'une autre espéce de Cyperus, confondue avec le C. pallescens Desf. par les uns et dénommée par d'autres botanistes sous divers vocables. Cette Note comprendra donc deux parties : I. C. pallescens Desf.; II. C. tur- fosus Salzm. (1) Cypéracées du Portugal, p. 21 (Extrait du Boletim da Sociedade Bro- teriana, vol. IX, 1892). 276 SÉANCE DU 27 AVRIL 1894. I. Cyperus pallescens Desf. Décrit pour la première fois en 1798, dans le Flora atlantica de Desfontaines, ce Cyperus est encore peu connu aujourd'hui. La description de l'auteur, suffisamment explicite, est accompagnée d'une gravure qui donne une idée exacte de la plante algérienne, mais celle-ci ne se trouve pas dans les herbiers, à part celui de l'auteur; ce qui explique les diverses interprétations auxquelles elle a donné lieu. On a indiqué le C. pallescens, outre la localité classique de La Calle, en Espagne, en Portugal, en Égypte. L'espéce fut découverte, nous l'avons dit, à La Calle (Algérie), où MM. Battandier et Trabut l'ont retrouvée en 1890, croissant pour ainsi dire au méme endroit, sur les bords du lac Hourbeira, d’où ils nous l'ont envoyée. Webb la cite « inlocis inundatis Bæticæ » et Agardh « in paludibus circa urbem Malaga ». Nous reproduisons ces indi- cations d’après M. Willkomm (4), qui n'a pas vu ces plantes; car ilajoute: « n. v. »; mais nous ne savons de queile espèce il s’agit ici. Il est cependant à remarquer que Boissier ne cite pas cette espéce, quoiqu'il ait eu connaissance des exsiccatas de Webb. Le C. pallescens figure encore dans le catalogue des récoltes de M. Reverchon, aux environs de Gibraltar et d'Algésiras, dressé par M. G. Rouy (2). Cette plante fut, à la même époque (1887), distri- buée en exsiccata, par M. Reverchon, sous le n° 50; aussi la trouvons-nous citée de nouveau par MM. Debeaux (3), Colmeiro (4), Willkomm (5). D'aprés les beaux échantillons qui nous ont été fort obligeamment communiqués par M. l'abbé Hervier, provenant de son herbier particulier, et par MM. Barbey et Autran, qui nous ont soumis ceux de l'herbier Boissier, nous avons pu établir que la plante d'Algésiras, publiée sous le n° 50, n'avait aucun rapport avec le C. pallescens Desf. La forme des akènes et le nombre des divisions du style le classent méme dans une autre section que celui-ci. En effet, la plante algérienne, aux akénes trigones sur- (1) Prodromus Flore hispanica, vol. I, p. 139. (2) Bulletin Soc. bot. de France, 1887, p. 438. (3) Synopsis de la flore de Gibraltar, p. 218. (4) Enumeracion y revision de las plantas de la Péninsule hispano-lu- sitana, vo.. V. (9) Supplementum Prodromi flore hispanicæ (1893), p. 35. DAVEAU. — DEUX CYPERUS DE LA RÉGION MÉDITERRANÉENNE. 277 montés d'un style à trois divisions, appartient à la section Eucv- PERUS; celle d'Algésiras, aux akénes comprimés et au style bifide, appartient à la section Pycreus que Palisot de Beauvois earacté- rise ainsi : « Stylus bifidus, caryopsi lenticulari compressa ». Nous reviendrons plus loin sur cette intéressante espéce, que nous rapportons sans aucune hésitation au C. lurfosus Salzmann. Outre la localité d'Algésiras, M. Willkomm en cite une autre : « in Aragonia australi : abundat in campis arenosis ad flum. » Iberum (Loscos) ». D’après les échantillons de l'herbier médi- terranéen de M. Willkomm, recueillis par Loscos à cette. même localité, nous avons établi, dans un précédent travail (1), que la plante portant le nom de C. pallescens était une forme à glumes pâles du C. rotundus L. (C. olivaris Targ.). En Portugal, c'est le C. esculentus, recueilli à Valladares, prés Porto, par M. Edwin Johnston, qui fut publié sous le nom de C. pallescens par la « Sociedade Broteriana » (exsiccata n° 8881). En dehors de la Péninsule, le C. pallescens est encore mentionné en Orient par Boissier (2), d’après les échantillons recueillis par Letourneux : « in paludosis ad canalem Alexandrie Ægypti » (exsicc. n° 152 sub nom. C. longus var. pallidus), et par Schwein- furth : « prope Cahiram » et « ad Tell Kebir in ouadi Gora » (exsicc. 2019 sub. nom. C. rotundus L.). Dans l'herbier Boissier, nous trouvons en outre, réunis sous le nom de C. pallescens, plu- sieurs autres échantillons; l'un recueilli par Schweinfurth à Bemba el Assal (exsicc. n° 2017), étiqueté C. longus var. pallidus Bóckeler; les autres exemplaires récoltés par Kotschy, « in finibus Cordofanis, versus Tekele ad montem Kohn », portent le nom de C. Lamarckianus (Iter nubicum, exsicc. n° 222). Tous ces exem- plaires se rapportent bien évidemment à la méme espèce. M. Büc- keler en a fait la variété pallidus du C. longus, mais Boissier (loc. cit.) dit avec raison : « Specifice a C. longo, preter. spiculas pal- lidas, radicis indole distinctus, rhizoma non crassum et longe re- pens sed brevissimum globosum fibras longas el rarissime slolonem emittens. » Les caractères invoqués par Boissier, pour séparer ces plantes du C. longus, ou du moins ceux qui se rapportent au rhizome, nous (1) Daveau, Cypéracées du Portugal, p. 21 (Extrait du Boletim da Socied. Broter. vol. IX, 1892). (2) Boissier, Flora Orientalis, V, p. 316. 278 SÉANCE DU 27 AVRIL 1894. servent également à les éloigner du C. pallescens de Desfontaines; car les rhizomes de cette dernière espèce sont encore plus gros, plus robustes que ceux du C. longus L. En somme, le C. pallescens de Boissier (C. longus var. pallidus Bóckeler), espéce de Souchet à tubercules, semble étre une forme trés vigoureuse du C. esculentus L. Il diffère de l'espéce de Desfontaines : par la nature de son rhi- zome; par ses feuilles non dentées sur leurs bords, trés longues, atteignant et dépassant l'anthéle, celles de l’involucre beaucoup plus longues que les épis; par son chaume dont la longueur ne dépasse pas 60 centimétres, plus mince de moitié, triquétre et à angles aigus; par ses épillets beaucoup plus longs (11-22 mètres), à squames lâchement imbriquées, multinervées. Le C. pallescens Desf. est une grande espéce se rattachant de prés aux C. longus L. et C. badius Desf., dont il a le port et le mode de végétation, mais dont il diffère par de nombreux carac- téres. Son rhizome, beaucoup plus épais, plus robuste que celui de ses deux congénéres, offre des différences notables, principale- ment à l'insertion des chaumes; il se forme en ce point un renfle- ment sphérique, persistant méme aprés la destruction du chaume et qui atteint un diamètre bien supérieur à celui du rhizome pro- prement dit. Ainsi, tandis que la coupe transversale du rhizome ne mesure que 5 millimétres, celle de cette sorte de pseudo-bulbe en mesure 15. Ce caractére est tellement net qu'il donne aux portions de vieux rhizomes dépourvus de leur chaume l'aspect caractéristique de ceux du Sceau de Salomon (Polygonatum). L'échantillon de l'herbier Desfontaines n'a pas de rhizome, mais un fragment encore attaché à la base du chaume démontre nette- ment qu'il était fixé à une souche robuste. D'aprés l'expression de Desfontaines, les chawmes sont (à la base) de la grosseur du petit doigt et ils atteignent jusqu'à 17,20 de hauteur (1). Nous ajouterons que les angles en sont arrondis surtout àla base; mais, quoique plus sensiblement marqués vers le haut, ils sont toujours très obtus; les feuilles peu nombreuses, trés longuement engainantes mais à limbe court, canaliculé, à (1) L'échantillon typique mesure méme 17,50. Outre l'étiquette qui porte la description de la main de l'auteur, description identique à celle du Flora atlantica, une autre étiquette est ainsi rédigée : « Cyp. excelsus N. à finis Cyp. haspan Rottb., 36, t. 6, f. 2. » DAVEAU. — DEUX CYPERUS DE LA RÉGION MÉDITERRANÉENNE. 279 caréne trés obtuse, finement denté sur ses bords, sont réunies à la base du chaume, lequel reste longuement nu; les feuilles de l'in- volucre sont ordinairement plus courtes que l'anthéle qui est com- posée d'épis d'un roux pâle, mesurant de 9 à 11 millimètres de long sur 4 millimètre de large, à glumes petites, concaves, lar- gement membraneuses sur leurs bords et fortement imbriquées, Ces caractères sont trés nets, et il est impossible de confondre cette espéce avec le C. longus L. Nous pouvons donc, pour conclure, établir de la maniére sui- vante l’état civil du C. pallescens : CYPERUS PALLESCENS Desf. Flora atlant. I, p. 45, t. 9! — Bat- tandier et Trabut in litt.! — Flore d'Alger, p. 425 (pro parte). Il faut en séparer : Cyperus pallescens Sieb. herb. cret. = C. esculentus L. (ap. Kunth, Bóckel., etc.), — — Willkomm, Prodr. fl. hisp. = C. sp.? — — Willkomm, Herb. méditerr. — C. rotundus L. — — Rouy, Cat. pl. Andalousie — C. turfosus Salzm. — — Edwin Johneton, exsicc. 888 — C. esculentus L. — — Debeaux, Flore de Gibraltar — C. turfosus Salzm. — — Nyman, Conspectus fl. europ. = C. lurfosus Salzm. — — Willkomm, Supplément flor. hisp. et auctorib. hispan., pour l'Aragon — C. rotundus L. — — Willkomm, ibid., pour l'Andalousie = C. turfosus Salzm. — — Boissier, Flora Orientalis = C. esculentus L. var. En résumé, le vrai C. pallescens Desf. reste localisé sur les bords du lac Hourbeira, près La Calle (Algérie), seule localité connue. II y à donc lieu de le supprimer de la flore hispano-portugaise et aussi de la flore d'Orient. II. Cyperus turfosus Salzmann. Ce Cyperus a été trouvé successivement au Maroc (Pavon, Schousboé, Salzmann), au cap de Bonne-Espérance (Krauss? (1) ex herb. Boiss. !), au Sénégal (Perrotet), en Libye (Rohlfs, Ascher- (1) In paludibus dunarum Zezikama P. B. S. Krauss Mary, 39 (1845), sub C. Eragrostis L. 280 SÉANCE DU 27 AVRIL 1894. son), enfin en Europe sur le littoral de l’ Andalousie (Webb, Hæn- scler, Reverchon). Cette dernière province forme, avec le Maroc et la Libye, la zone de dispersion de l'espéce dans la région mé- diterranéenne. La premiére indication en Europe en a été donnée, en 1839, par Boissier (1), qui l'appelle C. turfosus Salzm. Un nom vulgaire, « Juncia olorosa », semble prouver que cette espéce est bien con- nue des paysans et écarte en quelque sorte l'idée d'une introduc- tion. Établissons en quelques lignes la synonymie de cette Cypéracée. Dans Pherbier Pavon, on la trouve sous le nom de « C. caule erecto glaberrimo, Tanger, in cæspitosis » (herb. Boiss. !). Schousboëla recueillait en 1802 « ad lutosas ripas prope Tanger », et elle figure dans son herbier sous les noms de C. strictus et C. foliosus (exsice. n° 152, ex herb. Boiss. !). L'herbier de Salzmann, conservé à l'Institut de botanique de Montpellier, en contient plusieurs exemplaires récoltés « in locis turfosis circa Tingidem ». Salzmann lui donne le nom de C. tur- fosus, et ce nom figure pour la première fois dans le Catalogue publié par l'auteur en 1827 (2). Kunth (3) n'admet le C. turfosus qu'en synonymie du C. Era- qrostis Vahl, mais il fait remarquer cependant que, dans la plante de Salzmann, l'involucre plus court est composé de cinq folioles au lieu detrois et que le dos des squames est dépourvu de ponc- tuations. Nous ajouterons que, d'aprés la description de l'échan- tillon authentique de l'herbier de Vahl (4), ce Cyperus est : « Sub- stoloniferus, culmis inferne pauci-pluri-foliatis squamis remotius- culis patulis lato ovatis... carina virente superne vix acutis », et que ces caractéres ne peuvent guére se rapporter à la plante de Tanger, ni à celle d'Espagne. Boissier (loc. cit.) invoque précisément les réserves formulées par Kunth pour séparer cette espèce du C. Eragrostis Vahl. ll reprend en conséquence le nom de Salzmann, C. Lurfosus, et in- (1) Voyage en Espagne, p. 626. i (2) Salzmann, Plante lectæ in itinere hispanico-tingitano. Index fasciculi tertii et ultimi, 1827. (3) Enumeratio plantarum, Il, P. * A (4) Bóckeler, Die Cyperaceen der Keniglichen Herbar. zu Berlin (m Linnæa, vol. XXXV, p. 443!). 281 dique cette espèce : « in palustribus region. calidæ circa Chur- riana et Estepona » d’après les récoltes de Webb et d'Hænseler. Pour Steudel, le C. turfosus est synonyme de son C. disticho- phyllus (1), espèce abyssinienne recueillie en 1838 par Schimper : « in paludibus prope Adoam (2) ». Mais M. Bôckeler fait remar- quer (3) que ces deux espèces sont trés dislinctes (4), opinion que Boissier, nous le verrons plus loin, ne partage pas. En 1870, M. Willkomm reprend le nom de C. Eragrostis (5), d'aprés Kunth, dontil adopte la synonymie ; maisil déclare n'avoir pas vu lui-méme l'espéce en question. Les localités sont celles déjà citées par Doissier. Le C. Eragrostis est encore indiqué par Nyman (6) (Grenade, Estepona), c'est évidemment du C. turfosus qu'il est question; car le véritable C. Eragrostis Vahl n'existe pas en Europe à l'état spon- tané; c'est une plante de l'Asie austro-orientale (7). Lesavant monographe des Cypéracées de l'herbier de Berlin, M. Bôckeler, assimile notre plante au C. Mundlii Nees (8), bien à DAVEAU. — DEUX CYPERUS DE LA RÉGION MÉDITERRANÉENNE. (1) Steudel, Synopsis Cyperacearum, p. 11, n° 94! (2) Iter abyssinicum, exsicc. n? 745-760 ! (Herb. Boiss. et herb. monspel.!). (3) Op. cit. pp. 488-489. (4) Elles diffèrent en effet par les caractères suivants : CYP. TURFOSUS Salzm. (Région méditerranéenne). CYPERUS DISTICHOPHYLLUS Steud. (Abyssinie). Feuilles raides condupliquées, vè- Feuilles planes et molles, ne vè- tant presque totalement le chaume, atteignant ou dépassant souvent lan- thèle; celles de l'involucre du double au moins plus longues que les rayons. Ceux-ci au nombre de 4-5 très courts (10-15 millimètres), épaissis, portant 3-4 épillets courts (3-4 millimètres), ovales, presque renflés, portant 8-12 fleurs. Glumes coriaces, luisantes, d’un brunfoncé. Styleet stigmates courts. tant que les deux tiers ou les trois quarts du chaume; celles de l'invo- lucre égales ou plus courtes que l'anihéle (sauf avant l'entier dévelop- pement de celle-ci). Anthéle compo- sée de 6-12 rayons minces, longs de 2 à 5 centimètres, portant 5-8 épillets oblongs-lancéolés, longs de 5-9 mil- limètres. Glumes d’un roux plus ou moins foncé, carène verdâtre. Style allongé, profondément bifide. Nota. — Ces différences sont très saillantes si l’on examine comparative- ment les échantillons, mais il est possible qu’elles proviennent du développe- ment incomplet des exemplaires abyssiniens ? C’est peut-être ce qu'a pensé Boissier, puisqu'il réunit ces deux types. (5) Prodromus Flore hispanicæ, 1, p. 198. (6) Conspectus Flore europee, p. 160. (1) Bóckeler, op. cit. XXXV, p. 444. (8) Bóckeler, op. cit. XXXV, p. 448. 282 SÉANCE DU 27 AVRIL 1894. tort, nous le verrons plus loin, et il admet les synonymes suivants : C. sanguinolentus Willd.; C. Eragrostis var.; C. turfosus Salzm. Il en séparele C. distichophyllus Steud., ainsi qu'il est dit plus haut. J. Ball, l'auteur de la Flore du Maroc (1), admet le nom de C. Mundtii Nees pour la plante marocaine, qu'il circonscrit au point de vue synonymique, dans les limites indiquées par l'auteur précédent. Boissier (2) accepte le nom de C. Mundtii Nees, lui réunit de nouveau le C. distichophyllus Steud., le C. turfosus Salzm. et le C. Eragrostis Kunth (non Vahl!). Les exsiccatas cités sont ceux recueillis en Libye, par Rohlfs et Ascherson, sous les n” 528, 530 et 2302! (ex herb. Boiss. !). Le nom de C. Mundlii est également adopté par Richter (3), pour la plante d'Andalousie. C'est cette méme espèce qui a été confondue avec le C. pallescens, ainsi qu'il a été dit à propos de ce dernier. Nous connaissons maintenant le véritable C. pallescens Desf.; notre plante n'est pas non plus le C. Mundtii pour les raisons suivantes : Dien que les descriptions de Bóckeler et de Boissier cadrent parfaitement avec les caractères du Cyperus méditerranéen, nous ferons remarquer que ces deux descriptions différent sur plusieurs points très importants de la diagnose primitive, telle que l'auteur la donne (4) et telle qu'elle a été reproduite par Kunth (5). Aussi, quoique la plante récoltée par Mundt au cap de Bonne-Espé- rance (6) ne nous soit connue que par la description de Nees, nous sommes convaincu qu'il s'agit d'une espéce différente du C. turfosus Salzm. En effet, d’après l'auteur de l'espèce, le C. Mundtii possède les caractéres suivants : Radice repente crassa, culmi caspitosi..., umbella 3-4 radiata..., (4) Spicilegium Flore maroccanæ, p. 700! (2) Flora Orientalis, V, p. 366. (3) Plante europee, 1, p. 132. (4) Nees, in Linnea, vol. X, p. 131. (5) Enumerat. plantar. lI, p. 17. (6) Le C. turfosus a été trouvé au cap de Bonne-Espérance, ainsi qu'il est dit plus haut, mais nous n'avons pu voir la plante de Mundt. DAVEAU. — DEUX CYPERUS DE LA RÉGION MÉDITERRANÉENNE. 283 squamis ovatis obtusis levibus, dense brunneo irroratis margine invo- lutis. Caryopsi obovata levi. Tandis que Bóckeler lui donne : Rhizomate descendente interdum flagellifero raro diviso; culmis solitariis vel pluribus...; wmbella 5-1 radiata..., squamis dense im- bricatis tenui membranaceis nitidulis oblongis, juxta carinam subsul- catis dorso obsolete pluri nervatis, sordide flavidis, lateribus superne brunneis; vel fusco purpureis interdum ex toto brunnescentibus margi- nibus parum incurvis; caryopsi minutula obovata..., margine obtusa rugulosa ac punctulata (op. cit. vol. 35, p. 4481). Et d'aprés Boissier : Rhizomate sarmentoso longe repente flagellifero; umbellæ radiis 9-10..., glumis oblongis obtusis obsolete plurinerviis, carina sulcata virentibus latere brunneo-purpureis (Flor. Oriental. V, p. 3661). Il est clair que nous sommes en présence de deux espéces dis- ünctes : 1° celle du cap de Bonne-Espérance, décrite par Nees et à laquelle appartient le nom de C. Mundlii : au rhizome épais, aux chaumes cespiteux, aux caryopses lisses; 2* celle de la région mé- diterranéenne, dont le rhizome est au contraire mince et débile, les chaumes solitaires, les caryopses ponctués et qui répond aux descriptions de Bückeler et de Boissier. Pour cette dernière, le nom de Salzmann, C. turfosus, s'impose; il a d'ailleurs pour lui le droit de priorité (1827) sur le nom de C. Mundtir (1835). En voici la description : CYPERUS TURFOSUS Salzmann (teste specim. authentico in herb. Inst. bot. Monsp.). Planche IV (1). Rhizomate sarmentoso longe repente flagellifero ; culmo adscendente vel erecto (35-40 cent.), tenui debili compresso, infra apicem triangulari, ad medium usque vel sæpissime ultra medium foliato. Foliis alternis sub- distichis longe vaginatis, lamina late lineari acuminata patenti 5-9 cent. longa, 5 mill. lata, margine a media parte usque ad apicem tenuissime adpresso spinulosa. Umbellis 5-10 radiatis subæquilongis, centrali sessili. Involucri phyllis 5-7 inæqualibus, margine spinulosis radios subæquantibus vel parum superantibus (precipue in statu juvenili); (1) Exécutée d’après les exemplaires de l'herbier de M. l'abbé Hervier, de Saint-Étienne. 284 SÉANCE -DU 27 AVRIL 1894. spiculis in unoquoque radio 4-9 confertis, patentibus compressis oblon- vo-lanceolatis acutiusculis, glumis imbricatis oblongis obtusis, tenui- membranaceis obsolete plurinerviis, carina sulcata virentibus latere fulvo purpureis interdum brunnescentibus. Caryopsi minutula obovata breviter mucronato apicata rugulosa et striato punctulata. Stylo elongato profunde bifido. — Boissier (Voyage en Espagne, p. 626! Reliqui ma- roccanæ ex herb. Schousboé, exsice. n° 152! — C. distichophyllus Steud. Synop. Cyper., p. 11, n^ 94 (pro parte). — C. Eragrostis Kunth Enum. plant. II, p. 7 (pro parte); Willkomm, Prodr. fl. hisp. I, p. 138!; Nyman, Conspect. fl. europea, p. 160! (NoN Vaur). — C. Mundtii Bóckeler, Die Cyperaceen der Kenigl. Herb. zu Berlin (in Linnæa, 35, p. 488, n° 58!); J. Ball, Spicileg. fl. maroccane, p. 100; Boissier, Fl. Orient. V, p. 366!; Richter, Plant. europee, Y, p. 132"; Rohlfs et Ascherson, Exped. fl. Libycæ, exsicc. n° 528, 530, 2302! ex herb. Boiss. (xon Nees nec Kunta). — C. pallescens ap. Rouy, Bull. Soc. bot. de France (1887), p. 438; Deb. et Dautez Synopsis fl. Gi- braltar., p. 218!; Willkomm, Supplem. Prodr. Fl. hisp. p. 35! (pro parte) ; Reverchon, Piant. d Andalousie, exsicc. n° 50! (xon DesF.). On peut objecter contre, l'adoption du nom de Salzmann, que cet auteur n'a publié aucune description, mais seulement une liste de ses exsiccatas. Cependant les récoltes de ce botaniste, largement distribuées pour l'époque, se rencontrent dans beaucoup d'her- biers et sont étiquetées de sa main. En somme, aucune équivoque ne peut se produire sur le nom de C. turfosus Salzm. et sur la plante qu'il désigne; il n'en est pas de méme, on l'a vu, des autres noms successivement appliqués à celte espéce. M. Danguy, secrétaire, donne lecture de la communica- tion suivante : VUILLEMIN. — STRUCTURE DU PÉDICELLE DES TÉLEUTOSPORES. 285 SUR LA STRUCTURE DU PÉDICELLE DES TÉLEUTOSPORES CHEZ LES PUCCININÉES ; par M. Paul VUEILLEMI N. J. DESCRIPTION DE L'Üromgces verrucipes sP. NOV. Comme introduction à cette étude, je décrirai une nouvelle espèce d’ Uromyces, qui m'en a fourni les principaux éléments. Nos Euphorbes indigénes sont particuliérement prédisposées aux attaques des Puccininées du genre Uromyces. Ces parasites se trouvent, tantótà l'état d'écidioles et d'écidies : tel est le cas de l'Uromyces Pisi; d'autres forment leurs téleutospores et leurs urédospores sur les feuilles et sur les tiges des Ewphorbia. Parmi ces derniers, l'Uromyces scutellatus est l'espéce la plus connue. Elle a souvent été confondue avec ses congénères, et ce n'est pas sans raison que Saccardo fait suivre sa description de l'avertisse- ment suivant: « Cave ne confundas cum affinibus Urom. Kalmusii Sacc. et Urom. præminenti Lév. (1). » Ces trois espèces ne sont pas les seuls Uromyces, que l'on ren- contre en France, à l’état d’urédospores et de téleutospores sur les feuilles des Euphorbia. J'ai trouvé, aux environs de Nancy, une espèce nouvelle, qui diffère totalement des Champignons cités ci-dessus et des formes voisines récoltées dans les autres parties du monde. En voici les caractères : Les urédospores et les téleutospores sont réunies, sans mélange de paraphyses, dans des coussinets, auxquels les urédospores com- muniquent une vive coloration d’un rouge brique. Les coussinets, arrondis ou oblongs sur les feuilles, allongés sur les tiges, mesu- rent de 200 à 500 v de diamètre ou 650 p de longueur sur 300 y de largeur sur les feuilles, jusqu'à 900 y. de longueur sur les tiges. Les urédospores sont portées sur un pédicelle incolore, transpa- rent, lisse, caduc, long seulement de 4-5 v. Les spores sont ovales, un peu atténuées vers l'insertion, ou bien elliptiques, ou méme parfaitement sphériques; elles possédent un pore germinatif ter- minal et quatre pores dans le plan de l'équateur. Elles mesurent 16-19 sur 14,5-16 5. ; ces dimensions sont notablement inférieures 9 LI (1) Saccardo, Sylloge Fungorum, t. VII, 1888, p. 55 286 SÉANCE DU 27 AVRIL 1894. à celles de l Uromyces præminens et sont dépassées par la majorité des urédospores de l Uromyces scutellatus. La membrane est for- mée de trois assises, dont l'externe, trés délicate, est moulée sur les aspérités de l'assise moyenne. Celle-ci est Ja plus considérable; elle offre la striation radiale bien connue chez les urédospores de la plupart des Puccininées; les couches sombres, semblables à des bátonnets, font une saillie notable à l'extérieur, et la surface est hérissée de ponctuations en relief relativement grosses, écartées d'environ 15,25. Leur contenu est fortement coloré d'une teinte orange. Les téleutospores sont d'un brun påle. Le pédicelle, large de 4p dans sa portion moyenne, se dilate vers la base en une sorte de tubercule claviforme de 6 y de diamètre. La membrane du pédi- celle est construite sur le même type que celle des Phragmidium. Comme dans ce dernier genre, la couche moyenne, fortement épaissie, réduit la lumiére à un canal filiforme, dans la portion cylindrique du pédicelle. Ce canal aboutit, vers le sommet, à un espace conique, fermé par la base de la spore. Au niveau du ren- flement inférieur, la cavité du pédicelle s'élargit beaucoup; la couche moyenne, quoique atteignant en ce point son maximum d'épaisseur, ne parvient pas à la combler. La membrane ne subit pas, dans le tubercule, le gonflement excessif qui caractérise les Phragmidium. C'est là pourtant le point de moindre résistance ; et c'est vers la base du tubercule, où la membrane s'amincil brusquement, que le pédicelle se brise pour étre emporté avec la spore. ; Le pédicelle, fortement adhérent à la spore, atteignant 48-50 p de longueur, se distingue d'emblée du pédicelle court et caduc des autres parasites des Euphorbes. La spore, sphérique ou un peu atténuée à la base, mesure 26,9- 28 sur 24-27 p; les autres Uromyces des Euphorbes ont une forme plus allongée. Les deux assises internes de la membrane sont lisses et hyalines; l'assise externe, trés ferme, se continue, sans ligne de démarcation, sur le pédicelle, où elle garde la méme structure que sur la spore. La membrane, dépourvue au sommet de la papille obtuse, et sur le pourtour des stries longitudinales qui caractérisent l Uro- myces Kalmusii, est ornée de grosses verrues comme les téleu- tospores de l Uromyces prominens. Chez l Uromyces præminens; VUILLEMIN. — STRUCTURE DU PÉDICELLE DES TÉLEUTOSPORES. 287 les verrues sont également réparties sur toute la surface de la spore et manquent au pédicelle; chez l'Uromyces scutellatus, les eranulations, plus fines, tendent à prédominer au sommet. Chez notre espèce, les verrucosités s'agelomérent à la base, laissant le sommet lisse et arrondi; parfois aussi, elles couvrent uniformé- ment toute la surface. Dans tous les cas, elles se retrouvent dans toule l'étendue du pédicelle; ce dernier caractère est spécial à cette espéce, je ne l'ai observé, ni vu mentionné dans les téleutospores d'aucune autre Puccininée. Les verrues sont creuses, d'ordinaire elliptiques, mesurant en moyenne 1 de largeur sur 2 de lon- gueur. Sur les pédicelles ágés, elles s'aplatissent et deviennent plus difficiles à discerner. L'ornementation du pédicelle, son adhérence à la spore, l'appa- rition tardive de la cloison qui l'isole de cette derniére, prouvent que, dans cette espéce, la cellule fertile et son support sont plus étroitement solidaires que chez les autres Uromyces parasites des Euphorbes. C'est à ce caractére frappant qu'il convient d'emprunter le nom de l'espèce; j'en ferai l’ Uromyces verrucipes. Habitat. — J'ai rencontré d'abord l'Uromyces verrucipes sur les feuilles et sur les rameaux de Euphorbia Peplus, à Laxou, prés de Nancy, le 19 octobre 1891, sous des haies vives et dans un champ voisin, exposé au soleil. Malgré la saison avancée, les urédospores étaient aussi nombreuses que les téleutospores. J'ai retrouvé ce parasite sur l'Euphorbia dulcis, pendant l'automne, en divers points de la forét de Haye, entre Nancy et Toul. Parasitisme. — Le port de la plante hospitaliére n'est pas altéré comme celui des Euphorbes attaquées par l Uromyces scutellatus. Sous l'influence de ce dernier parasite, les fleurs deviennent fré- quemment, d'aprés Hieronymus (1), proliféres et virescentes et donnent rarement des fruits; Winter (2) constate méme que, le plus souvent, les fleurs font défaut. De plus les tiges n'émettent pas de ramifications; les feuilles sont généralement écartées, élargies, raccourcies ou un peu charnues. - (4) Hieronymus, Einige Bemerkungen über die Blüthe von Euphorbia und zur Deutung sogenannter axiler Antheren (Botan. Zeitung, t. XXX, 1872, p. 201). (2) Winter, Bab. Krypt.-Flora. Die Pilze, t. 1, 1884, p. 145. 288 SÉANCE DU 27 AVRIL 1894. L’ Uromyces verrucipes, au contraire, n’altère en rien le port de l'Euphorbia Peplus; il se comporte à cet égard comme l Uromyces præminens, au dire de Winter (1). J'ai observé, il est vrai, sur certains individus attaqués par la nouvelle espéce, des rameaux floraux gréles et allongés, munis de nombreuses bractées alternes; mais celte forme s'observait uniquement à l'ombre d'une haie; les individus indemnes, développés dans les mémes conditions, pré- sentaient exactement le méme port. Les fruits avortaient sur les uns et les autres. Dans un champ voisin, des plantes développées au grand air et au soleil ne différaient en rien du type habituel, malgré la présence de nombreuses fructifications du parasite sur les tiges et sur les feuilles. Si l'on a soin de bien séparer l'action parasitaire des influences générales de la station, on ne trouve, dans l'apparence des Euphorbes, aucun changement imputable au Champignon. IIl. HOMOLOGIE DU PÉDICELLE ET DES CELLULES FERTILES DES TÉLEUTOSPORES. Dans les téleutospores jeunes, la cavité du pédicelle se confond avec celle des cellules fertiles. Quand un cloisonnement transversal, parfois tardif (notamment chez l Uromyces verrucipes), sépare la spore proprement dite de son support, l'homologie des deux cel- lules-sceurs est encore évidente. Chez la plupart des Puccininées, on a retrouvé, dans le pédi- celle des téleutospores, les trois assises principales de la membrane des spores; mais le róle spécial assigné à chaque partie altére plus ou moins profondément les ressemblances initiales. L'opposition atteint son maximum dans les spores rapidement caduques. Chez certains Puccinia, dès que les couches interne et externe du pédicelle se sont nettement individualisées dans la paroi pri- mitivement homogène, la couche moyenne, peu épaissie, se dis- sout; la spore, insuffisamment soutenue par les assises extrémes, incolores et trés minces, se détache sous la moindre pression ou sous l'influence du plus faible ébranlement. Dans les téleutospores à pédicelle persistant, la membrane s'af- (1) Winter donne cette espèce sous le nom d Uromyces tuberculatus Fuckel; mais le nom d’Uromyces præminens Lév. (Uredo præminens Duby) à la priorité. VUILLEMIN. — STRUCTURE DU PÉDICELLE DES TÉLEUTOSPORES. 289 fermit par deux procédés distincts. Dans le premier cas, la mem- brane s'imprègne de matières colorantes brunes qui la rendent. imperméable et rigide. Ces matiéres se déposent dans toute l'épaisseur de la paroi, dont les couches, assez puissantes, restent intimement unies, sans se décoller comme dans beaucoup de pé- dicelles cadues. Dans le second cas, la consolidation du pédicelle repose sur la différenciation de l'une des deux couches extérieures, avec ou sans imprégnation de matière brune. L'assise externe continue celle de la spore sans s'amincir au niveau de l'insertion; l'Uromyces ver- rucipes nous a montré, dans cette assise, la méme ornementation qu'à la surface des cellules fertiles. Quand la gélification de la couche moyenne des Phragmidium fait éclater le mince revéte- ment superficiel, celui-ci, brusquement refoulé, prend des plisse- ments transversaux ou obliques dans le sens de la pression qu'il subit. Cette striation mécanique ne doit pas étre confondue avec l'ornementation propre de la membrane. L'assise moyenne offre une alternance de couches de réfringence inégale, perpendiculaires à la surface, donnant à la eoupe optique un aspect bacillaire, bien connu chez les urédospores, souvent visible sur les cellules fertiles des téleutospores Jeunes, avant que le pigment brun les ait imprégnées. Cette structure du pédicelle, que j'ai observée, entre autres espéces, chez le Puccinia Grami- nis, a pour effet de diminuer la fragilité du pédicelle et de lui permettre de subir des flexions sans se rompre. Le plus bel exemple de cette striation transversale est offert par le Puccinia Phrag- mitis (1). Chez cette espéce, le pédicelle atteint la longueur inso- lite de 110 à 200; grâce à la striation transversale, il est- peu fragile, non caduc, quoique sa paroi soil relativement mince. Les matières colorantes manquent totalement dans la portion (1) Le Puccinia Phragmitis (Schum.) Kórn., décrit à l’état de téleutospores chez les Phragmites, Arundo, Spartina, Andropogon, existe également sur le BLÉ; je l'ai observé dans les champs des environs de Nancy, en 1889. Les OskiLLES et les PATIENCES doivent, en conséquence être ajoutées à la liste des plantes nuisibles aux céréales, et capables de leur causer la maladie de la RovuiLLE. M. Plowright (Proc. Royal Soc. London, n° 228, 1883) a dé- montré que le Puccinia Phragmitis a pour écidie l’Æcidium Rumicis Pers. (Æcidium rubellum Pers.), qui se développe chez les Rumez Acetosa, alpi- nus, conglomeratus, cordifolius, crispus, Ecklonianus, Hydrolapathum, obtusifolius, chez les Rheum officinale et Rhaponticum. T. XLI. (SÉANCES) 19 290 SÉANCE DU 27 AVRIL 1894. inférieure, où la striation atteint la plus grande netteté. Elles imprègnent faiblement la partie supérieure du pédicelle et se con- centrent davantage au voisinage des cellules fertiles. La teinte brune s'aecentue progressivement jusqu'au sommet de la spore. Les pédicelles persistants et faiblement colorés se maintiennent donc à un état qui caractérise une période moyenne de dévelop- pement des cellules fertiles, ou bien passent insensiblement à la structure définitive de ces derniéres. Les détails de structure de la spore s'étendent au pédicelle, dés qu'une adaptation spéciale favo- rise leur maintien. La concordance se retrouve dans la structure de la portion vivante. Chez les Phragmidium, où la cavité du pédicelle est trés développée, on observe deux noyaux semblables à ceux qui existent au début dans chaque cellule fertile; mais la conjugai- son ne s'opére pas dans le pédicelle comme dans la spore. Les vieilles téleutospores ont encore deux noyaux distincts dans le pé- dicelle, tandis que leurs autres cellules fusionnent les noyaux, dés que la membrane commence à s'épaissir. Plusieurs Puccinia ont aussi deux noyaux dans le pédicelle. Enfin le pédicelle peut émettre un filament germinatif. Jai observé un cas de ce genre chez le Puccinia coronata, sur une téleutospore non germée, encore adhérente à une feuille desséchée d'avoine. Un tube, étranglé à la base, sortait du pédicelle. Il avait l'aspect d'un promycélium. Malheureusement il était brisé à 204 de son origine, non cloisonné ni ramifié jusque-là. Je ne saurais dire s'il représentait une protobaside ou un début de mycélium ordinaire. M. Malinvaud donne lecture des communications sui- vantes : DU DÉMEMBREMENT DU GENRE HYPERICUM ET D'UNE SINGULIERE MÉPRISE AFFÉRENTE A L’HELODES d’Adanson, par M. D. CLOS. I. Peu de genres ont été soumis à plus de vicissitudes que le grand genre Hypericum, représentant à lui seul, aux yeux de maint floriste, la famille des Hypéricinées en France, tandis que plusieurs phytographes en séparent soit l'H. Androsemum L., rétablissant CLOS. -— GENRES HYPERICUM ET HELODES. 291 le genre Androsæmum Tourn., soit l'H. Helodes L., devenu pour Spach Helodes palustris, soit les deux, conformément à l'avis exprimé par A.-L. de Jussieu, à la suite de sa description de P Hy- pericum : « Genus subinde in plura dividendum qus sunt : 1° Ascyrum... X Hypericum.. . 3 Androsemum... Helodea (1) Adanson... » (Genera plant. 955). Mais que sont ces coupures auprés des quinze genres proposés, en 1836, par M. Ed. Spach (in Annales sc. nat., Bor. 9* sér. V, 949, et Végét. phanér. V, 340-464), et portés ensuite à 17? Cette pulvérisation d'un genre si naturel ne pouvait passer sans protes- tations, bientôt repoussée par Meisner (Genera plant., 44), par Endlicher (Genera plant., 1032) qui rapporte ces genres de Spach à titre de sections ou de sous-sections au genre Hypericum avec cette remarque : « Utrum generis sectiones vere naturales præ- beant, partimve typos in genera propria erigendos contineant, cautius est inquirendum », par Asa Gray, plus explicite encore : « It is doubtless to be divided hereafter, but not to be dismem- bered to the extent proposed by Spach » (Genera plant. I, 94). En 1861, L.-C. Treviranus refuse nettement l'autonomie à ces nom- breux genres (Hyperic. Gener. el Speci. Animad.), imité par Ben- tham et Hooker qui les déclarent nimis artificialia (Genera plant. I, 165), par Lindley (Veget. Kingd., 406) et par M. Baillon, disposé pourtant à les qualifier de sous-genres (Hist. géner. des plant. VI, 391). Choisy, dans un Mémoire spécial sur les Hypéricinées (Genève, 1821, in-4), et ultérieurement dans son élaboration de la famille parue en 1824, pour le premier volume du Prodromus de de Candolle, pp. 543-555, avait divisé le genre Hypericum en cinq sections, auxquelles répondent à peu près à la deuxième Tridesmos le genre Tridesmis Sp., à la troisiéme Helodea le genre Helodea, à la cinquième ou Brathys la section Brathydinées Sp. En 1867, Boissier ayant à traiter, dans son Flora Orientalis (I, 783-816), des Hypéricinées et notamment de 75 espèces d’Hy- (1) Adanson, Linné, Endlicher et, à leur suite, la plupart des phytographes modernes, à l'exception de Cosson et Germain, Ch. Royer, etc..., écrivent He- lodes; Pursh, Nuttal, Asa Gray, Spach, Endlicher Helodea; il convient de le rappeler pour la fidélité des citations, tout en admettant, avec la Rédaction du Bulletin, la nécessité de la rectification orthographique réclamée par l'esprit rude dela première lettre d'ixó5nc. 292 SÉANCE DU 27 AVRIL 1894. pericum d'Orient, apprécie judicieusement les genres de Spach, n'admettant de ceux afférents à ces espèces que le Triadenia, ré- duisant le genre Eremosporus au rang d’espèce dans la sous-sec- tion Tœniocarpia d’ Hypericum, et formant dans ce dernier soit des sous-sections des genres Olympia, Drosanthe, Thymopsis, soit des sections des genres Eremanthe, Campylosporus, Andro- senum. On peut se faire une idée du degré de validité des genres de Spach par l'examen des caractéres de deux d'entre eux, Drosanthe et Thymopsis (1), trois espèces du premier, les D. fimbriata, hir- tella, helianthemoides de Spach et le Thymopsis aspera Sp. étant figurés, avec accompagnement d'analyses florales, dans les Zllus- rationes plantarum orientalium de Jaubert et Spach (II, 34, 35, 36, 37). Ces figures confirment cette déclaration des auteurs, que le genre Drosanthe diffère de l'Hypericum, dont il a toutes les apparences, par ses ovules en nombre défini dans chaque loge et par ses fruits à placentaires et valves trés caducs, carac- téres vraiment insuffisants en tant que génériques. Quant au Thymopsis, la particularité de son calice monosépale campanulé à cinq lobes courts toujours dressés, et cette autre d'ovules en nombre limité; semblent de nature à lui valoir le rang de section dans le genre Hypericum; et il en est ainsi des deux genres de Spach Eremanthe (pour Hyp. calycinum L., si répandu dans les jardins), aux sépales coriaces inégaux, accrescents, aux grands pétales dolabriformes rétrécis, persistants, et à cinq androphores larges, courts décidus, etc., et Campylopus (pour H. rhodopeum Friv., Campylopus cerastoides Sp., aux trés nombreuses étamines libres plurisériées, avee un disque hypogyne urcéolaire, et des graines dites à trois téguments), formant pour Boissier les sections II et IV du genre Hypericum. Devront peut-étre prendre le titre de sous-genres dans ce der- nier les genres Psorophytum Sp. et Norysca Sp.; l'un représenté par un arbuste trés rameux des Baléares (Hyp. balearicum E) cultivé dans les Jardins botaniques, d'une apparence toute spé- ciale par ses petites feuilles persistantes, elliptiques oblongues, (t) Il a paru superflu de reproduire ici les caractères assignés par Spach à ses genres dans les deux publications citées, car ils figurent en outre aux sections ou sous-sections qui leur correspondent dans le Genera plantarum d Endlicher et les Natürlichen Pflanzenfamilien d’ Engler et Prantl. F} CLOS. — GENRES HYPERICUM ET HELODES. 293 sessiles, opposées-croisées, coriaces, ondulées, uninerviées, glan- duleuses aux bords, bosselées en dessous, par les fleurs terminales solitaires, brièvemeut pédonculées, à sépales larges, coriaces, arrondis, accompagnés de deux bractées et réfléchis après l'an- thèse, par son ovaire ovale-pyramidal; l'autre (H. chinense L. reproduisant le type Hypericum, à cette modification près que l'ovaire est surmonté d'un seul style à cinq branches stigmatiques courtes, caractère qui lui avait valu de Miller le nom d'H. mono- gynum (Icon. t. 151, f. 2). Seringe a adopté le genre Norysca dans sa Flore des Jardins, II, 84. Quant aux genres Roscyna (pour les Hypericum Ascyron L., Gebleri Led., amplexicaule Des Rouss.), Isophyllum, Brathys, le premier ne paraît guère distinct de l Hypericum que par son placenta persistant et à cinq crêtes séminifères ; le second a été, depuis la monographie de Spach, rapporté au genre Ascyrum L. par Asa Gray, mais avec doute (Gen. plant. I, 215) et par Lindley (Veget. Kingd., 406). Enfin Bentham a rejeté le genre Brathys, aux nombreuses étamines libres, rétablissant les Hypericum japo- nicum Thunb., gramineum Forst. (Flora austral. I, 182). Y a-t-il lieu de maintenir les genres Webbia et Androsemum ? - Webbia. — Nous cultivons de longue date, à l'École de bota- nique de Toulouse, le W. platysepala Sp., et l'on peut se faire une bonne idée de ce genre par les trois belles planches que P. Barker-Webb a consacrées à trois espèces : les W. floribunda Sp., canariensis Webb, platysepala dans son Phylographia canarien- sis, tt. 4^, 4°, 4 (faisant partie de l'Histoire naturelle des Canaries de Webb et Berthelot). Ce sont des sous-arbrisseaux de méme port, mais ne s'éloignant pas sensiblement à cet égard des Hypericum, au calice campanulé 5-lobé, aux pétales onguiculés, cucullés, aux filets staminaux dressésdurant l'anthése, et surtoutaux graines fon- gueuses. Ce petit groupe d'espéces originaires des Canaries ou de Madére semble avoir quelques droits à constituer sinon un genre distinct, tout au moins un sous-genre. Spach l'a classé dans sa section II des Hypérinées (tribu des Hypéricées), en compagnie des genres Hypericum et Olympia. Androsemum (1). — Bien que ce nom générique remonte à (1) Ce genre a donné son nom à la section Androséminées Sp., caractérisée surtout par cinq androphores persistants oppositipétales, et qui comprend en 294 SÉANCE DU 27 AVRIL 1894. G. Bauhin (Pinaz, 280) et ait été admis par Dodoens (Pempt., 78), Joach. Camerarius (Hort., 15), Ray (Hist. I, 1020) et Morison (Hist. II, 472), c'est à Tournefort qu'est due la constitution du genre, bien à tort attribué par la plupart des phytographes à Allioni qui, lui-même (Flor. pedem., n° 1440), le rapporte à son devancier. Or l'auteur des Institutiones Rei herbariæ en donne le caractère (que le botaniste italien s’est borné à reproduire), mais il range Andro- - semun et Hypericum dans deux sections différentes de sa sixième classe d'aprés le fruit unicapsulaire (p. 251) ou multicapsulaire (p. 954). Calice plus long que le fruit et à deux sépales plus petits que les autres; trois styles plus courts que l'ovaire et recourbés; irois placentas pariétaux dont la lame, d'abord simple, se divise en deux parties divergentes; fruit subglobuleux, d'abord un peu charnu, puis chartacé, fragile, indéhiscent, mais aisément tripar- tible, et tombant aprés la maturation des graines; tels sont les caractères essentiels de l'Androsemum Tourn., dont l'espèce était dénommée par Lamarck Hypericum bacciferum (Flor. franç., 710), et par J. Gærtner, qui distingue encore le genre par le raphé saillant des graines, Androsemum vulgare (De fruct. et semin. Í, 282). Mais voilà que, dans son remaniement des Hypéricinées, Spach a dépouillé ce genre de ses principaux attributs floraux et car- piques en lui associant, à titre de section distincte il est vrai, quelques espéces analogues par le port, par la taille, par la gran- deur des feuilles (à une exception prés), mais dont le calice est généralement pelit et tombe de bonne heure, l'ovaire étant trilo- culaire avec trois longs styles et la capsule déhiscente au sommet : tels les Androsemum pyramidale Sp. (Hyp. elatum. Ait.) (1), Webbianum Sp. (H. grandifolium Chois.), hircinum Sp. (Hyperi- cum L.), zylosteifolium Sp. (H. inodorumW.) (loc. cit., pp. 415- 491). Cette adjonction, véritable transformation du genre, doit le faire attribuer désormais à Spach, avec la mention emend. ou extens. outre les six genres de Spach suivants : Campylopus, Psorophytum, Ere- manthe, Norysca, Campylosporus, Roscyna, dont il a été question ci-dessus à l'exception des deux derniers. (1) Au commencement de ce siècle, A.-L. de Jussieu écrivait de cette espèce : « a beaucoup d'affinité avec la toute-saine (Hypericum Androsæ- mum)», et il indique ses rapports et ses différences, en méme temps qu'il en donne une figure (in Annal. du Mus. II, 162, tab. 17). CLOS. — GENRES HYPERICUM ET HELODES. 295 dans les livres où il comprendra, en plus de l'Androsemum offici- nale, ces quatre espéces ou quelqu'une d'entre elles, ou méme celles-ci ou l'une d'elles sauf PA. officinale (1). Mais, dans la plu- part des Flores locales où cette dernière figurera seule, elle per- mettra de restituer à Tournefort la paternité du genre, à la con- dition de n'y exprimer que les caractères floraux qui lui sont propres. Le maintien du genre Androsæmum, en tant que limité à PA. officinale All., a pour lui la tradition, adopté par Ludwig, Allioni, J. Gærtner, de Candolle, Duby, Gaudin, Gussone, Mutel, Koch, de Notaris, Pasquale, Meisner, Cosson et Germain, Boreau, Lamotte, Le Grand, Lloyd et Foucaud, etc... Mais ce genre a été rejeté par Linné, Villars, A.-L. de Jussieu, Savi, Balbis, Sebastiani et Mauri, Bartling, Endlicher, Lecoq, Bentham, et Hooker, Ardoino, Parla- tore, Cariot, Camus, etc... Grenier et Godron, MM. Willkomm et Lange, Parlatore font dans le genre Hypericum une section, à tort attribuée à Allioni, des H. Androsæmum et hircinum. Le consciencieux travail de Spach a puissamment contribué à une connaissance plus approfondie des Hypéricées, mais en lais- sant les auteurs de traités généraux de phytographie justement réfractaires à l'adoption de la plupart de ses genres; car aux noms déjà cités au début, on peut ajouter ceux de Torrey et Gray (Flor. of north Amer.), Vaucher (Hist. physiol. des pl. d'Eur.), D.-N.-F. Dietrich (Synopsis), Jacques et Hérineq (Man. gén. des pl.), de Tchihatcheff (Asie-Min.), Le Maout et Decaisne (Traité gén. de bot.), Parlatore (Flor. ital.). Un dernier coup était récemment encore porté à ces genres par MM. Engler et R. Keller dans les Natürlichen Pflanzenfamilien d'Engler et Prantl (95* livr., pp. 208-214, de 1893), le premier, qui englobe les Hypéricinées dans les Guttiféres, ne distinguant (1) De Tchihatcheff, traitant des Hypéricinées [Asie-Min., Bor. 1,257 (1866)], fait, comme Boissier, rentrer dans l'Hypericum un certain nombre de genres de Spach, conservant de ce dernier auteur l'Androsemum (pour A. officinale et A. aylosteifolium Sp.), et de Jaubert et Spach l'Adenotrias (section du genre Triadenia pour Boissier). Dans sa Flore complète de la Belgique, 409, où le genre Androsæmum est attribué à Allioni, M. de Vos inscrit dans ce genre trois espèces, les A. calycinum, fœtidum, officinale; mais ce n'est ni le genre d'Allioni (lisez Tournefort), ni celui de Spach qui a fait de la pre- mière son genre Eremanthe. 996 SÉANCE DU 27 AVRIL 1894. dans le groupe des Hypericeæ que les deux genres Ascyrum et Hypericum, le second divisant ce dernier en dix-huit sections y compris À ndrosæmum (subdivisé en Eu-Androsæmum et Pseudo- Androsæmum), et dont la plupart répondent aux genres de Spach.. . Toutefois, il est un petit groupe de genres en quelque sorte parallèle à celui des Hypéricées et dont Spach a formé sa troisième section d'Hypéricacées, sous le nom d'Hélodéinées (loc. cit., 362). Les trois genres qu'il y admet, ainsi désignés Helodea Adans. Pursh, Helodes Spach, Triadenia Spach (1), méritaient, comme on va le voir, d'étre l'objet d'une discussion, et bien que suffisam- ment distincts par le port et les caractères, ils ont été considérés par Endlicher (Gen., 1034) et par Meisner (Gen., 44) comme sous-genres de l’Helodea attribué par eux à Adanson. Il. a. En 1765, Adanson inscrit le genre Helodes dans sa 54 famille les Cistes, en compagnie et au voisinage des genres Hypericum, Androsemum, Ascyrum, etc. (Fam. des plant. II, 444). Vingt-quatre ans après, A.-L. de Jussieu, comme il a été dit au début de cette Note, assigne aux Hypéricinées Helodea Adans. au lieu d'Helodes (loc. cit.), erreur qu'il reproduit en 1819, dans le grand Dictionnaire des sciences naturelles, XIV, 355 (2). Dans son Tableau du règne végétal, t. MI, 144 (An vu ou 1798- 1799), Ventenat inscrit, dans les Hypéricoides, !Helodea d'Adan- son, genre qu'il accompagne des caractères donnés par cet auteur à l Helodes, mais sans désignation d’espèces. En 1805, Jaume Saint-Hilaire suit le méme exemple, mais en rapportant au prétendu Helodea Adans. les Helodea palustris et nummularia (Expos. des Fam. nat. Il, 24). (1) H faudrait y joindre un quatrième genre, l'Adenotrias, dont l'espèce seule ou principale, A. phrygia, est figurée dans les Illustrationes planta- rum orientalium de Jaubert et Spach, t. 39; mais, si ce genre est admis par de Tehihatcheff (Asie-Min., bor. I, 257), il est rapporté par Boissier (loc. cit. I, 783), comme section, au genre Triadenia sous le nom de T. Russeggeri, et n'en diffère guère que par ses loges à deux ovules à micropyle, supérieur pour l'un, inférieur pour l'autre. - (2) « Sous ce nom, écrit-il, Adanson avait séparé du genre Hypericum quelques espéces remarquables par un disque glanduleux, des pétales à onglet pareillement glanduleux, des filets d'étamines réunis jusqu'à leur milieu en trois ou cinq faisceaux... De ce nombre est l'Hypericum Helodes, ce genre mériterait d'étre adopté. » - CLOS. — GENRES HYPERICUM ET HELODES. 29T Mais, en 1824, letome VI du Dictionnaire classique d'histoire nalurelle insérait ces deux lignes au mot Helodes, par Bory de Saint- Vincent : « Adanson appelait ainsi un genre formé aux dé- pens des Millepertuis et dont l'Hypericum Helodes était le type. Ce genre n'a pas été adopté. » Une si juste rectification ne fut pas entendue, et Pursh (Flor. Amer. septentr. V, 379), Spach (loc. cit.), Torrey et Gray (Flor. of North Amer. I, 167), Gray (Gen. plant. I, 215), Endlicher (Gen. plani., 1033), Meisner (Gen. plant., 44), Steudel (Nomencl. bot., 2* édit., 550), Ledebour (Flor. ross. 1, 452, où il désigne l Hype- ricum Helodes L. sous le nom d'Helodea palustris), Walpers (Repert. Botan. 1, 390 et Annal. Bot. I, 1052), l'auteur de Par- ticle Helodea du Dictionnaire universel d'histoire naturelle, etc., inscrivent à l'envi Helodea Adans. (1). Aussi, en 1857, Payer était- il autorisé à dire dans son Traité d'Organogénie, p. 2, au bas en note: « Dans Endlicher et dans tous les auteurs modernes, on trouve un genre ainsi désigné Helodea Adans. Or Adanson n'a jamais créé de genre Helodea. Voici d’où vient cette fausse attri- bution. Par suite sans doute d'une faute typographique ou de copiste, A.-L. de Jussieu (Gen. plant., p. 255), rappelant les divers genres établis par Adanson aux dépens du genre linnéen Hyperi- cum, a mis Helodea au lieu d'Helodes, et comme on remonte rarement aux sources mémes dans les travaux monographiques, Helodea Adans. a pris la place d'Helodes Adans. » : MM. le D" Tison (in Baillon, Dict. de Bot. 11, 510), Cariot (Etude des fleurs, 4 édit. II, 99) et Pfeiffer (Nomencl. bot. I, 2* partie, 1188) mettent à profit cette remarque et rapportent Helodes à Adanson. Mais aprés eux reparait l'erreur, et les auteurs assignent le genre Helodes à Spach, qui se l'était attribué (loc. cit., 369), faisant, comme lui, honneur à Adanson de l'Helode« aux espèces origi- naires de l'Amérique du Nord (2). C'est une méprise des plus regrettables au point de vue de la (1) Pursh paraît avoir le premier considéré l'Helodea Ad. comme nom générique d'espéces américaines (loc. cit.); aussi Spach et Meisner, adhérant à cette interprétation, font-ils suivre Helodea des mots « Adanson, Pursh » (loc. cit.). (2) Dans son Cours élémentaire de Botanique, p. 391 (1876), A. Bellynck attribue encore le genre Helodea à Adanson. 298 SÉANCE DU 27 AVRIL 1894. nomenclature botanique; on va en juger. En effet, si le genre Helodea n'est pas d'Adanson, ce nom générique doit disparaitre de la famille des Hypéricinées, Michaux ayant créé, en 1803, pour une Hydrocharidée, son genre Helodea avec l'espèce H. cana- densis, tracant les caractéres propres à l'un et à l'autre (Flora bo- reali-americ. I, 20). Ce genre de Michaux a été adopté par Caspary (in Pringsh. Jahrb. I, 497), par Bentham et Hooker (Gen. plant. III, 450), par M. Van Tieghem (Traité de Bot., 1390), par Eichler (Blüthendiagr., 92), par M. Durand (Index Generum P haneroga- morum, n° 6720), etc. Pursh, Torrey et Gray, Spach donnent, pour premier synonyme de l’Helodea Adans., Triadenium Rafin. (dé- crit in New-York medic. Repos. IL, hexad. V, 350), et, si l'on admet la validité du genre, c'est à lui, malgré sa ressemblance avec Triadenia (et plutôt qu'à Martia Spreng. Syst. Ill, 330, deuxième synonyme) que devront étre rapportées soit les six espéces d'Helodea admises par Spach (loc. cit., 364-368) (1), soit les deux auxquelles, d'aprés Torrey et Gray, il convient de réduire les six (loc. cit., 167-168) (2). Triadenium était admis du reste par Bartling, en 1830, dans ses Ordines naturales, p. 292, et par Lindley, en 1836 (Natur. Syst. of Bot., 78). b. Le genre Helodes d'Adanson répond-il à l'Helodes de Spach? On a vu plus haut l'assentiment de Bory de Saint-Vincent, de Payer, de M. Tison, de Cariot, de Pfeiffer. Adanson, il est vrai, à pris le soin de rapporter son Helodes à P Hypericum 9 Lin. Sp.» 784. Or, à cette page du Species, 1'* édition, ne comprenant que 22 espèces (sans mention de l H. Helodes, figurant dans la 2° édition au n° 23, p. 1106), le n° 9 est représenté par VH. ægyptiacum L., devenu le Triadenia microphylla Sp., le genre Triadenia Sp., composé d'arbrisseaux d'Orient, ayant, contrairement à l’Helodes Sp., les pétales munis d'un appendice cucullé et un ovaire trilo- culaire. Donc, par droit de priorité, le nom d’Helodes Adans. devrait remplacer Triadenia Sp., qui en deviendrait synonyme, passant au second rang, réforme qui entrainerait à sa suite le chan- gement du nom d’Helodes Sp. (afférent à l'Helodes palustris Sp.) et conséquemment une déplorable confusion dans la synonymie (1) Les Helodea virginica, Drummondii, Fraseri, pauciflora, floribunda, axillaris. (2) Les Helodea virginica Nutt., petiolata Pursh. CLOS. — GENRES HYPERICUM ET HELODES. 299 de ces plantes. Mais, en inscrivantau tableau de ses genres dans sa famille des Cistes le genre Helodes, Adanson était-il autorisé à lui assigner pour type, comme il semble résulter de cette indication 9 Lin. Sp., l'Hypericum œgyptiacum L., espèce restée inconnue jusqu'en 1753, dont la patrie est Zanthe et Céphalonie et man- quant à l'Égypte (Parlatore) (1), signalée et décrite à cette date pour la première fois par Linné et plus tard illustrée par lui (Aman. acad. VIII, 323, f. 3, 1776)? N'y a-t-il pas eu là quelque inadvertance de la part d'Adanson? Remarquez en effet que cet auteur fait suivre le mot Helodes de Clus. Hist. Or de l'Écluse avait distingué l'espéce, qui, manquant à la premiére édition du Species (où elle est confondue avec l’ Hypericum tomentosum), est inscrite dans la seconde sous le nom d’H. Helodes, la dénommant Ascyrum supinum ións (Hisl. app. alt.); et elle se trouve figurée dans de L'Obel (Plant. s. stirp. Hist., p. 218, t. 486 et Plant. Icon., 400), Dodoens (Pempt., 78), Clusius (Hist. CLXXVL), Daléchamps (Hist. gén. plant., édit. 1653, II, 54), J. Bauhin (Hist. plant. univ. IT, 384). De l'Écluse, dans son dernier ouvrage cité, la qualifie d Hypericum supinum tomentosum ALTERUM pour la sépa- rer de H. supinum tomentosum, et reproche à de L'Obel, qui avait observé la premiére à Montpellier, de la confondre avec la seconde (2). L'érudit Adanson devait avoir connaissance de ces faits, et l'on est porté à croire qu’il a voulu fonder son genre Helodes sur le Millepertuis de nos marais. Il assigne bien à son genre, il est vrai, 1* cinq pétales et une écaille sur chacun, caractéristique du genre Triadenia et que montre l Hyp. egyptiacum (Triad. ægyp- liaca Boiss.); mais celui-ci a, en outre, comme l’Helodes palustris, trois méridisques, dits glandes ou écailles, alternes aux andro- phores, et que ne signale pas Adanson; très petits dans cette dernière espèce ils ont pu facilement échapper à ses investigations (3); (1) Cet auteur, en 1875, se refusant en outre à reconnaître le genre Tria- denia dont plusieurs des espèces admises par Spach et Boissier ne sont à ses yeux que des formes hétérostylées, n'hésite pas à substituer, à Hypericum egyptiacum L., H. heterostylum Parlat. (Flora ital. V, 550). ; (2) « Alterum est Hyperici supini genus, etiam tomento obsitum a nostro Lobelio observatum Monpelliano agro, quod palma non majus esse asserit; meum autem modo descriptum, esse quod censeat, mihi injurius est : nam plantze dissimiles... » (loc. cit., cuxxxj). ; (3) Adanson signale la famille des Cistes comme une des trois dont il n'est pas tout à fait content, écrivant : « Le disque qui se trouve tantót sous 300 SÉANCE DU 27 AVRIL 1894. 2^ Caps. trois loges, trois valves sans cloisons. La capsule de l’ H. Helodes est uniloculaire, celle des Triadenia triloculaire, et le doute est permis touchant l'espéce visée par Adanson. c. La plus grande confusion a régné à propos des Hypericum tomentosum et Helodes : 4° On a vu que Clusius blâme de L'Obel de n'avoir pas distingué son Millepertuis de Montpellier, du to- menteux. 9" G. Bauhin (Pin.) et Tournefort (Instit., 255) considèrent à tort comme deux espèces distinctes les Hyper. supinum lomen- tosum minus vel monspeliacum (Pin., 279) et l'Ascyrum supi- num £Xó5e; Clus., appelé par G. Bauhin Ascyrum supinum villo- sum palustre (p. 280) (1). 3 Linné, à son tour, aprés avoir, dans sa seconde édition du Species, distingué et admis comme espéces différentes les H. to- mentosum et Helodes, a le tort de rapporter au premier l Hyp. supinum tomentosum minus el (pour vel) monspeliacum Bauh. et lH. supinum. tomentosum alterum Clus., deux dénominations synonymes du second ou H. Helodes (2). 4 Il est étrange de voir cette dernière espèce d’abord confondue avec la première par Linné qui, plus tard, semble l'en séparer à regret écrivant de PH. Helodes : « affine nimium H. tomentoso »; réduite par Lamarck à l'état de variété 8. de celle-ci (Flor. franç., 770, n° 18), rétablie par lui en 1795 (Dict. encycl. Bor. IV, 174), admise par de Candolle, par Duby, élevée par Spach au rang de genre (loc. cit.); et celui-ci, Helodes, repoussé par Koch, Ben- tham et Hooker, Caruel, Parlatore, Lecoq, Van Tieghem, est validé par Grenier et Godron, Payer, Kirschleger, Reichenbach, Gillet et l'ovaire,tantót sous les étamines, tantôt sous la corolle ou méme sous le calice, dans nombre des familles où il sert presque seul de caractère, ayant échappé jusqu'ici à l'attention des botanistes, nombre de plantes polypétales où il n’a pas été remarqué et que j'ai rapportées pour cette raison à la famille des Cistes, pourraient bien appartenir à des familles différentes (loc. cit., Préface, excjx et cxeviij) ». De son côté, Reichenbach déclare n'avoir pu assez bien voir les écailles de l’Helodes sur les échantillons secs pour les dessiner (Icon. Flor. germ. VI, p. 68). dee Vaillant a reconnu l'identité de ces deux prétendues espèces (Bot. paris. (2) La méme erreur en ce qui concerne PH. supinum tomentosum alte- rum Clus. est reproduite par Lamarck, au t. 1V, p. 175 du Dictionnaire bota- nique de l'Encyclopédie méthodique. CLOS. — GENRES HYPERICUM ET HELODES. 301 Magne, Boreau, Cariot, Ch. Royer, Bras, A. de Vos, Revel, Lloyd et Foucaud. Le genre Helodes diffère des genres Triadenium et Triadenia par ses sépales bordés de glandes stipitées, les onglets des pétales munis d'un appendice frangé, les étamines au nombre de neuf en trois phalanges, séparées par autant d'écailles bifides, l'ovaire uni- loculaire avec deux rangs d'ovules aux placentas, le genre Triade- nium ayant quinze étamines en trois phalanges séparées par des écailles entiéres, et le T'riadenia (formé d'arbustes) l'onglet des pétales à appendice cucullé et ses trois longues phalanges à neuf- quinze étamines alternant chacune avec une glande charnue. CoNcLusioNs : 1° Des nombreux genres créés par Spach aux dépens de l’ Hypericum L. il ne convient ce semble, de conserver que Zriadenia, et bien que Webb ait admis Webbia, Seringe Norysca, de Tchihatcheff Adenotrias, ces coupures, y compris Psorophytum si distinct de port, ne sauraient valoir que comme sous-genres, les autres ayant rang de sections ou de sous-sections. 2* Le genre monotypique Androsæmum de Tournefort et des auteurs jusqu'en 1836 doit être distingué de l’Androsæmum Spach grossi d'espèces d’ Hypericum aux caractères carpiques différents. 3 Adanson en inscrivant dans sa famille des Cistes le genre Helodes, erronément transcrit Helodea par ses successeurs, a-t-il eu en vue le type d'espéces américaines rapportées par Pursh et par Spach au genre Helodea, ou l Hypericum œgyptiacum L., ou chose plus probable, l'34ó34; de Clusius, devenu Hypericum He- lodes L., transformé en genre Helodes par Spach qui se l'est attri- bué et auquel on en fait honneur? % Le nom générique d'Helodea doit disparaître de la famille des Hypéricinées, la priorité appartenant à une Hydrocharidée, l'Helodea de Michaux, et l Helodea admis par Pursh et par Spach doit passer à l'état de synonymie de Triadenium Rafin., nonob- stant la ressemblance de cette dénomination avec Triadenia. 5 La synonymie, afférente aux dénominations anciennes des Hypericum tomentosum et Helodes et inscrites aux Institutiones de Tournefort et au Species de Linné (2° édit.) doit être rectifiée. M. F. Camus fait à la Société la communication suivante : 302 SÉANCE DU 27 AVRIL 1894. DÉCOUVERTE PAR M. MORIN DE L’'HYMENOPHYLLUM WILSONI Hook. DANS LES COTES-DU-NORD ; par M. F. CAMUS. L’ Hymenophyllum Wilsoni est une Fougère fort rare en France. Elle a d'abord été signalée dans la Manche, aux environs de Cher- - bourg, par Besnou et Bertrand-Lachénée (Catalog. arrond. Cher- bourg, 1862). Je l'ai moi-méme trouvée, en 1878, dans plusieurs localités du Finistère (voy. Lloyd, Flore de l'Ouest); elle n’a pas été rencontrée en France en dehors des deux départements précités. J'ai recu, il y a quelques années, de M. l'abbé François Morin, de Dinan, des échantillons d Hymenophyllum Wilsoni, recueillis par lui dans le département des Cótes-du-Nord. Cette découverte n'a été consignée dans aucun Recueil; elle a, je crois, assez d'in- térét pour ne pas tomber dans l'oubli. Avec l'assentiment de M. Morin, je signale donc l'habitat, dans les Cótes-du-Nord, de l Hymenophyllum Wilsoni avec la localité précise : Rochers granitiques dans le lit du Blavet à Toul-Goulic, entre Lanrivain et Trémargat, aoüt 1890. M. Morin m'annonce également qu'il a trouvé le Lycopodium Selago assez abondamment dans les landes entre Brusvily et Tré- bédan. Cette plante est connue de plusieurs localités de la partie élevée du Finistère et des Côtes-du-Nord; Brusvily et Trébédan, situés à quelques kilomètres de Dinan, sont en dehors du massif montagneux bas-breton. Bien que le Lycopodium Selago se montre parfois en plaine, le fait est bon à signaler. M. Morin d également trouvé le L. inundatum dans la méme région. LES VARIATIONS A FLEURS ROUGES DE CERTAINS GALIUM; par M. Alfred CHABERT. Dans la séance du 12 janvier dernier, M. Gillot a décrit une variation à fleurs rouges du Galium silvestre Poll., à laquelle il a donné le nom de variété rubriflorum et en même temps le nom spécifique de G. sabaudum. Jadis on donnait un nom aux plantes; aujourd'hui l'on en donne deux, et il est des esprits chagrins qui prétendent que la science ne fait pas de progrés! Par l'imposition de deux noms différents, on croit peut-étre satisfaire tous les bota- nistes, qu'ils appartiennent ou non à l'école micromorphiste, et CHABERT. — VARIATIONS A FLEURS ROUGES DE CERTAINS GALIUM. 303 enrichir la science d'un nom spécifique nouveau. Mais est-ce bien « enrichir » qu'il faut dire? S'enrichit-on en s'encombrant de choses inutiles et vouées d'avance au néant? Cette foule de noms spécifiques que l'on prodigue de nos jours aux variétés, aux va- riations, aux états individuels ou accidentels, comme aussi aux hybrides, a-t-elle quelque chance de vie? Certainement non. Aucun botaniste, quelque vaste que soit sa mémoire, ne pourra s’y reconnaitre. Il faudra toujours pour se faire comprendre, citer, aprés ces binómes fantaisistes, le nom de l'espéce type; et dés lors à quoi bon les créer? Un membre de notre Société, mort depuis quelques années, avait imaginé de décrire, comme caractérisant autant d'espéces différentes, les diverses colorations des fleurs du Vinca minor L. Qui s'en souvient aujourd'hui? et qui saura, lorsqu'il entendra citer le V. violacea, par exemple, qu'il s'agit tout simplement de la petite Pervenche ? En baptisant une variation d'un nom spécifique, M. Gillot n'a fait que suivre l'exemple de quelques botanistes de France, de Suisse, d'Autriche, d'Espagne, etc., au milieu desquels il est en excellente compagnie; mais, quoi que chacun d'eux puisse faire, jamais ils n'atteindront le sagace observateur qui n'a pas craint récemment de décrire une espéce nouvelle: « sp. nova. Espéce... peu élégante (inconcinna), plutôt caractérisée par l'absence de caractéres saillants (1) ». Cette absence de caractéres saillants, qui caractérise une espéce nouvelle, fait réver! Quels vastes horizons elle découvre aux micromorphistes! La variation érythrine du G. silvestre observée par M. Gillot, à Bonneval (Maurienne), se trouve çà et là, mais toujours trés rare, dans les clairiéres et les prairies des grandes Alpes, entre 1200 et 2009 mètres. J'en ai vu et récolté un seul pied à fleurs roses et trés odorantes, en août 1858, dans la forêt de Sapins de Notre-Dame du Charmaix, prés Modane, et deux individus à fleurs d'un rouge vif, en aoüt 1876, dans les prairies du col de la Madelaine (Mau- rienne). Plus tard, en aoüt 1892, sur la montagne de Huez, en descendant des Grandes-Rousses au Bourg-d'Oisans (Isére), j'en ai observé une touffe à moitié détruite par la dent des animaux. C'est donc un total de quatre individus que j'ai rencontrés dans les Alpes depuis quarante ans que je les parcours, et jamais je n'ai (1) Bulletin herb. Boissier, t. I, App. Il, p. 34. 304 SÉANCE DU 27 AVRIL 1894. pu en trouver un seul lorsque j'ai exploré de nouveau les mêmes localités. De cette rareté excessive je crois devoir conclure que la colora- tion rouge des fleurs du G. silvestre indique, non pas méme une variété, mais une variation purement accidentelle, un état indi- viduel causé par la nature du substratum où la plante puise sa nourriture. Les Galium cinereum. All., Morisii Spr., silvestre Poll., my- rianthum Jord. et uliginosum L., cités par M. Gillot, ne sont pas les seuls dont les fleurs naturellement blanches se montrent parfois roses ou rouges. Dans mes Recherches botaniques sur les Alpes de Maurienne (1), j'ai signalé un Galium à fleurs roses, voisin du G. erectum, croissant dans les bois montueux d'Albane, au-dessus de la Roche de la Ravoire. Cette plante, dont en 1879 je n'ai observé qu'une seule touffe et que je n'ai pas revue les années sui- vantes, n'est qu'une variation érythrine du G. dumetorum Jord., dont elle ne se distingue par aucun caractère. M. Songeon en a vu aussi un pied unique dans une localité distante de 10 kilomètres, à Valmeinier, dans les broussailles. Enfin, M. Songeon et moi avons trouvé, en aoüt 1877, un seul individu du G. anisophyllon Vill., à fleurs d'une belle couleur purpurine, sur les pentes herbeuses du Goléon, vers 2400 métres. Comme pour le G. silvestre, l'érythrisme de cette espèce et du G. dumetorum doit être attribué à la nature chimique du terrain nourricier ou à quelque engrais accidentel, car le sol n'avait Ja- mais été remué. M. Gillot (2) pense que ces phénoménes de chro- matisme sont en rapport avec la chaleur et la sécheresse de la saison; mais ceux que j'ai observés l'ont été pendant des étés humides ou normaux, et, chaque fois, sur une ou deux plantes au milieu d'une foule d'autres restées normales. Quant aux variations de couleur du G. myrianthum, je les crois parfois dues à l'état physique du sol. Lorsque la route du col du Télégraphe à Valloires eut été construite, les talus formés de terres rapportées et meubles ont été couverts, pendant deux ans, de plantes de cette espéce qui toutes avaient les fleurs blanches, tandis que, dans les clairiéres voisines et sur le reste de la mon- (1) Bull. Soc. bot. Fr. t. XXX, ed p. 10. (2) Bull., t. XL, p. 381. CHABERT. — VARIATIONS A FLEURS ROUGES DE CERTAINS GALIUM. 305 tagne, elles étaient jaune paille ou rougeátres. Commun aux envi- rons de Chambéry et dans une grande partie de la Savoie, le G. myrianthum présente quelquefois dans les lieux secs et chauds, lorsque les boisont été coupés, des inflorescences passant du jaune paille au rouge, ce qui confirme, pour lui, l'opinion émise par M. Gillot. M. Duchartre dit que les horticulteurs ne peuvent se passer, dans leur nomenclature spéciale, des noms de variétés, et que souvent les botanistes aussi s'en servent utilement, mais doivent éviter de les appliquer à des formes accidentelles. M. Malinvaud présente les observations suivantes : Les vues particuliéres à quelques auteurs sur la hiérarchie et la gra- dalion des groupes subordonnés à l'espéce donnent lieu parfois à des difficultés d'interprétation assez embarrassantes si l'on veut s'en tenir , aux règles ordinaires de la nomenclature. Ainsi, à propos d'une des plantes déjà citées, un botaniste réducteur qui regarderait le G. Prostii comme une variété pourrait écrire, dans un traité descriptif : GALIUM oBLIQUUM Vill. subsp. myrianthum (G. myrianthum Jord.), var. rubriflorum (G. Prostii Jord.). Mais comment désignera-t-il cette plante en la citant, par exemple, au milieu d'une liste d'herborisation? Le plus court serait Galium Prostii Jord., mais on donnerait un nom d'espéce à une variété; Galium obli- quum var. rubriflorum serait insuffisant, les autres sous-espéces du méme type pouvant offrir des variétés rubriflores. Si l'on dit Galium myrianthum var. Prostii, on élève une sous-espèce à la dignité d’espèce. D'autre part, les formules telles que « GALIUM oBLIQUUM subsp. myrian- thum var. rubriflorum » accuseraient une tendance à revenir aux phrases descriptives des anciens auteurs. Ici le terme Prostii, créé par Jordan et retenu comme nom de variété, permet de dire Galium obli- quum var. Prostii; la difficulté est d'autres fois beaucoup plus grande (1). (1) Dans une Flore récente, dont les auteurs considérent la forme comme synonyme de la race en horticulture et par suite « d'un degré supérieur dans l'échelle de la classification à la variété », nous voyons des combinaisons telles que : THALICTRUM MINUS L. subsp. majus Jacq. (pro specie), form. auri- geranum Baill. et Timb. (pro specie), 8. preruptorum Jeanb. et Timb. (pro specie) — ou RANUNCULUS ACRIS L. subsp. Boræanus Jord. (pro specie), form. rectus Bor. (pro specie), sous-var. pumilus (R. parvulus Clairv. non L.), etc. L'enchainement ainsi indiqué correspond à une conception trés admissible de la subordination des groupes, mais difficile à traduire, à l'aide des for- mules habituelles, dans le langage courant. T. XLI. (SÉANCES) 20 REVUE BIBLIOGRAPHIQUE Recherches sur les plantules des Conifères; par M. P.-A. Dangeard (Le Botaniste, 3° série, 4° fascicule, 1893). Ce travail est tout entier dominé par l'idée, renouvelée du botaniste Gaudichaud, de la tige feuillée considérée comme une colonie de phy- tons. Par phyton, on entend une individualité organique, différenciée dans la majeure partie des plantes en deux portions : l'une inférieure, caulinaire, qui constitue un secteur de tige; l'autre terminale et libre, simple épanouissement de la précédente et qui est la feuille proprement dite. Dans cette construction, la tige résulte de la coalescence plus ou moins compléte de l'ensemble des rachis phytonaires. La théorie phytonaire semble effectivement traduire les faits dans des cas assez nombreux, notamment dans les plantes où les « rachis » sont séparés les uns des autres par des sillons longitudinaux, comme dans la tige de diverses Coniféres, ou par des ailes, comme dans les Lathyrus, Onopordon, etc. Pareillement, l’hypocotyle de certaines plantules, telles que les Capsella, montrent des rachis distincts jusqu'à leur con- fluence avec la racine. L'expression courante de décurrence foliaire ne serait pas autre chose qu'une sorte d'affirmation de la structure phyto- naire, les divers éléments de la tige, séparés par des sillons longitudi- naux, représentant simplement, d'aprés l'auteur, les bases incompléte- ment fusionnées des phytons. Mais, dans le plus grand nombre des cas, la fusion des rachis est compléte, et rien, au dehors, ne laisse soup- conner la nature associée de la tige. Guidé par la théorie du phyton, M. Dangeard a été amené à montrer que les canaux sécréteurs des feuilles des Pinus, loin de s'arréter à la base de ces dernières, — ce qui pourrait avoir lieu, si la feuille était vé- ritablement un membre autonome, entier, — se continuent directement avec ceux de l'écorce de la tige : il doit effectivement en étre ainsi si la feuille totale ou phyton a une base caulinaire. Ces Conifères présentent ainsi à distinguer un système sécréteur cortical ou phytonaire, qui regne dans toute l'étendue de la tige, y compris l’hypocotyle, et un sys- téme profond, propre au bois. On pourrait objecter que cette disposition, que l'auteur considére comme favorable à la théorie phytonaire chez les REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 307 Pinus, n'existe pas originairement chez les Abies. D’après M. Godfrin, en elfet (Bull. Soc. bot., 1892), les deux canaux résineux de la feuille naissent isolément, sans liaison avec les canaux corticaux, que l'auteur qualifie en conséquence de caulinaires, et ce n'est qu'à une certaine distance du sommet des rameaux que ces canaux corticaux se raccordent, par des anastomoses latérales, avec les canaux foliaires. Il est bien pro- bable que la connaissance détaillée du développement de la structure des feuilles et de sa liaison vasculaire avec la tige apporterait des éclaircissements importants, sinon méme indispensables à l'apprécia- tion du phyton. À supposer qu'elle doive étre reprise et tenue pour une interpréta- tion plus satisfaisante des faits, la théorie phytonaire aurait l'avantage de faire étudier la tige feuillée en procédant du simple au composé, de l'élément à l'association. Le point de départ serait en effet la portion libre du phyton, c'est-à-dire la feuille, qui joint d'ailleurs à son carac- tére d'individu structural celui d'individu physiologiquement prépon- dérant; on descendrait ensuite des feuilles à la tige, c'est-à-dire au complexe coalescent des rachis phytonaires. Et encore pourrait-on remarquer qu'on exprime couramment l'idée qui sert de base à la théorie précédente, à une interversion prés, c'est- à-dire en laissant à la tige son individualité propre et son caractère de priorité anatomique. N'interpréte-t-on pas, en effet, la structure foliaire, en disant que la feuille entraine en quelque sorte, pour se constituer, un segment de tige, c'est-à-dire une portion d'épiderme, d'écorce et une méristéle. Des données nouvelles sur le développement de la feuille permet- tront seules, à ce qu'il semble, d’être fixé sur le degré de vérité que renferme l'idée de la tige subordonnée aux feuilles, et par suite sur la valeur de la théorie phytonaire. E. BELzuwc. Recherches anatomiques sur la distribution des com- posés pectiques chez les végétaux; par M. L. Mangin (Extrait du Journal de Botanique, 1893). M. Mangin s'est appliqué à déterminer anatomiquement la localisation des principes pectiques, qui ont occupé tant de chimistes depuis une cinquantaine d'années. Si les résultats essentiels des travaux purement chimiques sont restés comme oubliés, en dehors de ce qui constitue la science acquise, cela tient en grande partie à ce que ce genre de com- posés n'offrent pas de formes définies, qu'ils ne cristallisent jamais; d'où il suit qu'ils sont difficiles à isoler de leurs mélanges avec les produits organiques qui les accompagnent, et que le doute peut rester sur les propriétés attribuées à tel ou tel principe pectique, quand ces propriétés 308 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. appartiennent peut-étre à un ensemble de substances non encore iso- lées. M. Mangin s'est donc nécessairement trouvé amené, au cours de ses propres recherches, à faire revivre tout d'abord ce qui est digne de subsister dans l’œuvre passée. 1. — Les principes pectiques sont, on le sait, au nombre de trois essentiels : la pectose, insoluble dans l'eau, connue non comme telle, mais sous la forme des deux corps suivants, qui en sont les dérivés ordi- naires, savoir : la pectine, soluble et gélatinisable dans l'eau, et l'acide pectique, insoluble dans ce même liquide. La solution d'acide pectique dans l'oxalate d'ammonium offre ce caractére particulier d'étre trés fluide, de filtrer par conséquent avec facilité, à l'inverse des dissolutions du méme corps dans les carbonates alcalins, etc., lesquelles ont plus ou moins la consistance mucilagineuse; le premier de ces réactifs per- met donc de séparer facilement l'acide pectique ou les pectates des autres corps (cellulose...) auxquels ils sont associés. Les principes pectiques accompagnent la cellulose dans les mem- branes; on les rencontre par conséquent aussi dans les produits dérivés de ces dernières, notamment dans la gomme adragante. Ce mucilage renferme en effet jusqu'à 70 pour 100 d'un composé (pectose), qui se dissout dans l'eau par une macération suffisamment prolongée et qui, en présence des alcalis étendus et à chaud, se convertit en acide pec- üque, précipitable de sa combinaison par l'acide chlorhydrique, sous forme d'une pâte fibreuse blanchàtre. 2. — L'auteur est arrivé à distinguer les deux éléments constitutifs de la membrane cellulaire normale, savoir, la cellulose et les principes pectiques, par le moyén, déjà recherché par plusieurs auteurs, de colo- rants appropriés; les réactions microchimiques qui pourraient être invoquées dans ce but sont tout à fait insuffisantes, quant à présent du moins. Cette distinction est fondée sur ce que la cellulose a- le pouvoir spé- cial de fixer les colorants acides, surtout quand elle a été amenée, par l'action préalable des acides ou des alcalis, à l'état qualifié d'hydrocel- lulose. Parmi ces colorants acides, les uns (azorubine, noir naphtol,..-) agissent en milieu acide ou neutre, les autres (rouge Congo, benzopur- purine,...) en milieu alcalin. Les principes pectiques, au contraire, restent inertes, complétement incolores, en présence des colorants propres à la cellulose. Mais il n'en est plus de méme quand on fait intervenir les couleurs basiques (brun Bismarck, vert d'iode, safranine, bleu de méthyléne,...) qui, toutes solubles dans l'eau, manifestentune affinité suffisamment nette pour ces REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 309 composés, à condition toutefois que le milieu dans lequel s'exerce leur aclion soit neutre ou légérement acide, ce qui évite leur précipita- tion. Le réactif le plus souvent employé par l'auteur est le mélange de bleu de naphtyléne et de vert acide : le premier de ces colorants teint en violet les composés pectiques, le second colore en vert les matiéres azotées, la lignine et la eutine. Employé seul, le bleu de naphtylène, comme du reste les autres colorants basiques, se fixe plus ou moins sur tous ces corps à la fois. Il résulte de ce qui précède qu'une coupe végétale, traitée préalable- ment par une solution étendue de potasse à l'ébullition, qui s'empare des principes pectiques, neréagit qu'aux colorants acides, tandis que, sou- mise à l'action de la liqueur de Schweizer, elle se dissout dans l'oxalate d'ammoniaque, fixe les colorants basiques, comme le bleu de méthylène, et demeure indifférente à l'acide phosphorique iodé et aux colorants propres de la cellulose. 3. — Les principes pectiques sont extrêmement répandus dans les membranes cellulaires normales, c'est-à-dire dans celles qui ne sont ni lignifiées, ni subérifiées; toutefois diverses familles de Champignons en manquent totalement. Associés à la cellulose, on trouve le plus ordinairement, dans les membranes, la pectose et l'acide pectique, ce dernier sous forme de combinaisons calciques. C'est notamment le pectate de calcium qui forme le ciment intercellulaire (lamelle moyenne), ce qui rend compte dela dissociation rapide des tissus en présence de l'oxalate d'ammonium, aussi bien du reste que sous l'intervention du Bacillus Amylobacter. En outre, dans l'épaisseur méme dela membrane proprement dite, la cellulose est comme imprégnée de pectose, soluble dans les alcalis, mais insoluble dans l'oxalate d'ammonium. Dans les tissus jeunes, la formation des méats intercellulaires est rendue possible par la facile gélatinisation des pectates de la lamelle moyenne des membranes, aux sommets des cellules, sous la pression croissante qui s'établit alors dans les tissus et qui provoque le dédou- blement; les pectates ainsi convertis en mucilage s'accumulent de pré- férence, par raison de capillarité, le long des angles des meats, oi ils constituent les cadres d'union plus ou moins saillants des cellules. Les bàtonnets ou verrucosités, qui tapissent dans bien des plantes les espaces intercellulaires (Equisetum, Marattiacées, etc.), sont altribuables au méme processus et consistent essentiellement aussi en peclate de cal- cium ; il peut méme arriver que ce dernier corps remplisse plus ou moins complétement les méats (Iris, Narcissus), àla suite d'une sorte d'ex- 310 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. sorption de ce composé, opérée au travers méme de la trame cellulo- sique de la membrane. L'état primordial, purement pectique ou peut-étre déjà pectoso-cel- lulosique, des cloisons cellulaires reste à déterminer; toujours est-il que la connaissance histologique de la membrane adulte a fait un pas important. E. BELZUNG. Observations on Karyokinesis in Spérogyra (Observa- tions sur la division du noyau chez les Spirogyres); par M. J. W. Moll (Verhandl. der koninklijke Akademie; Amsterdam, 1893, avec deux planches). Aprés divers auteurs, M. Moll a repris l'étude du noyau des Spiro- gyres, d'abord au repos, puis au moment du dédoublement. Gràce à une méthode spéciale d'inclusion, décrite en détail dans ce Mémoire, l'auteur a pu suivre, une à une, toutes les phases de la division nucléaire, dans des cellules auxquelles le traitement préalable, malheureusement bien long, n'imprime aucune altération. 1. — Qu'il nous suffise de dire ici que les filaments vivants sont fixés d'abord par la liqueur de Flemming, puis traités par de l'alcool de con- centration croissante, cela par l'intermédiaire d'un dialyseur. Ils sont ensuite inclus, par fragments d'environ deux millimétres, dans la cel- loidine, préalablement colorée au violet de gentiane, ce qui permet de les reconnaitre et de les orienter àla fin du traitement. Cette dissolution de celloidine est versée par gouttes sur une lame de verre, où elle s'étale en couches minces que l'on découpeen petits carrés, dés qu'elles sont suffisamment affermies. On traite ensuite successivement les frag- ments de Spirogyres ainsi inclus, par l'aleool pur, additionné du colorant précité, puis, avec les précautions voulues, par l'essence de Marjo- laine, qui permet le transport des lames de celloidine dans la paraffine; mais l'inclusion définitive dans ce dernier milieu n'a lieu qu'aprés une série de passages dans des solutions de plus en plus concentrées de paraffine dans l'essence de Marjolaine; les cellules non sectionnées des fragments de filaments se montrent à la fin exactement remplies de paraffine. Grâce à la coloration des lames, on peut orienter le bloc de paraffine comme il convient, pour les sections longitudinales ou transversales des filaments. Enfin, aprés un passage des coupes dans l'essence de térébenthine, puis dans l'aleool, on monte au baume de Canada. 2. — L'espéce étudiée par l'auteur est rapportée par lui, avec les restrictions que comporte souvent la détermination des Spirogyres, au Spirogyra crassa Kiz. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 311 Au repos, le noyau est disciforme et d'épaisseur inégale ; il renferme un ou deux nucléoles, de structure filamenteuse et vacuolaire. Sur la tranche, ces nucléoles se montrent plus ou moins épais que le noyau lui-même, selon la place qu'ils y occupent; la membrane nucléaire est nette. Le violet de gentiane n'est fixé énergiquement que par les nucléoles. Le protoplasme du noyau a une structure finement réticulée, qui persiste jusqu'au stade de la plaque nucléaire; au repos, il ne renferme pas de substance chromatique. Les filaments chromatiques y appa- raissent seulement au moment de la division, au nombre de douze dans tous les cas observés par l'auteur, sauf un où il en a reconnu treize. La membrane du noyau et le protoplasme réticulaire se résorbent vers le moment où se constitue la plaque nucléaire; les phases suivantes (scission longitudinale des segments, cheminement des moitiés vers les pôles opposés de la cellule...) s'accomplissent comme d'ordinaire. Pendant que les deux noyaux filles commencent à s'organiser, une large vacuole, qui va en se dilatant, apparait entre eux, accompagnée parfois de quelques autres plus petites, et séparée du suc cellulaire par une fine enveloppe protoplasmique; l'auteur n'a pu décider si cette vacuole est de formation actuelle, ou si au contraire elle préexiste. Les segments ehromatiques des deux nouveaux noyaux sont nombreux el apparaissent en sombre dans une substance à peine colorée, disposée non en un simple filament, mais en un réseau. Plus tard ces fragments chromatiques inclus disparaissent: les nucléoles, qui viennent de se constituer, subsistent, ainsi que le réseau protoplasmique, et le noyau passe de nouveau à l'état de repos. La cloison cellulaire commence le plus ordinairement à apparaitre au stade de la plaque nucléaire; trés exceptionnellement déjà quand les segments chromatiques viennent de se constituer. Parfois, au contraire, les deux noyaux filles peuvent être à peu près formés que la cloison ne se manifeste encore par aucune trace périphérique. Un point indécis est de savoir si, comme le pensent certains auteurs, ce sont les nucléoles qui fournissent aux segments nucléaires leur sub- stance chromatique; or on a vu plus haut que cette derniére n'existe pas en dehors des nucléoles en quantité appréciable, dans le noyau au repos. A la vérité, les phases transitionnelles entre les nucléoles d'une part, et les segments nucléaires pourvus de chromatine d'autre part, manquent entiérement. M. Moll admet néanmoins le passage de cette dernière substance des nucléoles dans le filament nucléaire, qui la montre toujours au premier stade de la division : cette opinion est cor- æoborée par ce fait, que les nucléoles disparaissent au moment méme de 312 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. l'apparition. des segments pourvus de chromatine, et qu'un peu aupara- vant ils offrent un certain nombre de vacuoles. En somme, il ressort de l'observation détaillée des diverses phases de la division du noyau chez les Spirogyres, que ce phénomène ne diffère pas sensiblement, contrairement à l'opinion de quelques auteurs, de ce que l'on connait chez les plantes supérieures. E. BELzUNG. Die Gattung Actinococeus (Le genre Actinococcus) ; par M. Fr. Schmitz (Flora, 1893, pp. 307-418, avec une planche). Kützing créa le genre Actinococcus, en 1843, dans le Phycologia generalis pour une Floridée parasite du Coccotylus (Phyllophora) Brodiæi, qui lui avait été envoyée par Suhr sousle nom de Rivularia rosea. J. Agardh admit le genre et le placa parmi les Squamariacées, sans avoir vu la plante et d’après la seule description de Kützing, comme il nous l'apprend lui-méme. Son exemple fut suivi par Harvey et cha- cun de ces deux auteurs ajouta une nouvelle espèce à l'Actinococcus roseus, la seule décrite dans l'origine. On ne trouve plus rien ensuite sur l'Actinococcus jusqu'à Hauck, qui le cite à nouveau dans ses Meeresalgen. Pour lui, toutefois, ce n'est plus un genre autonome ; la production regardée par Kützing comme un parasite appartient en réalité à la plante qui lui sert de support et n'est autre chose que sa fruclification. M. Reinke a récemment admis cette manière de voir aprés avoir d'abord adopté l'opinion contraire, d’après les idées que lui avait communiquées l'auteur du travail que nous analysons. De cette divergence d'opinions est résulté un Mémoire des plus inté- ressants et rempli de faits nouveaux, où M. Schmitz, aprés avoir défi- nitivement tranché la question du parasitisme pour le Phyllophora Brodici, examine si elle ne doit pas être également posée pour le fruit de beaucoup d'autres Gigartinées. Dans la plupart des cas elle devrait étre, suivant lui, résolue par l'affirmative. Les protübérances tuberculeuses auxquelles on a donné le nom d'Ac- tinococeus occupent deux places différentes sur le Phyllophora. Les unes, sessiles sur le thalle, ont été prises par J. Agardh et par Hauck pour des cystocarpes; les autres, portées sur de courts pédoncules, pour des réunions de filaments sporifères, ou némathécies. En réalité, quelle que soit leur place, ces productions sont de méme nature et de structure identique. Cette structure est bien différente de celle des vraies néma- thécies telles qu'on en rencontre par exemple chez le Phyllophora mem- branifolia. L'étude de la plante à son premier état de développement, comme celle de la plante adulte, montre que les prétendus fruits du Phyllophora Brodiæi sont dus en réalité à la réunion de deux orga- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 313 nismes, une plante nourriciére et un parasite. Celui-ci comprend une partie endophyte composée de rhizoides qui pénétrent entre les cellules médullaires de l'hóte et une partie épiphyte, en forme de coussinet aplati, débordant latéralement sur le cortex du PAyllophora. L'enve- loppe de ce coussinet est. formée par des chapelets de tétrasporanges appartenant au parasite, le 'centre est occupé par une expansion du tissu médullaire de la plante nourriciére localement hypertrophié. Pour Kützing, la partie épiphyte composait à elle seule l'Actinococcus ; ce nom doit maintenant s'appliquer à l'ensemble de l'organisme et les caractères du genre doivent être modifiés dans ce sens. A l’Actinococcus appartiennent d'ailleurs tous les prétendus fruits de Phyllophora Brodiæi qui se rencontrent dans les herbiers, de sorte que la reproduction de cette plante serait totalement inconnue si, à une date toute récente, le D" Kuckuck n'en avait observé les eystocarpes. Ajoutons que leur structure n'est aucunement celle qu'on leur attribuait jusqu'ici. L'étude des Gymnogongrus a donné à M. Schmitz des résultats non moins curieux que celle des Phyllophora. Eu passant en revue toutes les espéces chez lesquelles on a décrit des némathécies, il a reconnu que ces prétendus fruits sont également des Floridées parasites dont le plan général de structure rappelle, dans ses points essentiels, celui de l Acti- nococcus roseus. D’après quelques différences dans la forme ou la dimension des coussinets, suivant que les spores sont divisées ou non, on peut les répartir dans trois espéces : Actinococcus aggregatus, pel- teformis et latior. Comme le fruit tétrasporique du Phyllophora Bro- ' diei, celui des Gymnogongrus est donc encore à trouver. L'attention de l'auteur devait être attirée également sur les Ahn- feltia, dont les rapports avec les Gymnogongrus sont si étroits que les deux genres ont parfois été réunis. Ici la solution dela question est plus malaisée que partout ailleurs à cause de la densité des tissus et de la petitesse de leurs éléments. C'est chez l’Ahnfeltia setacea (Gymno- gongrus Kützing) que cette étude est la plus facile, mais on obtient les mémes résultats en s'adressant à une autre espéce assez répandue sur nos côtes, Ahnfeltia plicata. Dans les deux cas les productions re- gardées jusqu'alors comme des némathécies sont de nature parasitaire, mais elles different trop de celles dont nous avons parlé plus haut pour pouvoir étre rangées dans le genre Actinococcus. Leur appareil endo- phyte est des plus réduits; il se compose seulement de courts filaments qui pénétrent dans la zone corticale de l'hóte sans atteindre sa région médullaire. Un tissu dont la densité rappelle celui de l’Ahnfeltia dis- tingue également ce parasite auquel l'auteur donne le nom générique de Sterrocolax. 314 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Faute de matériaux suffisants, M. Schmitz avait du laisser de côté, dans la première partie de son Mémoire, les espèces que J. Agardh a réunies dans sa section des Phyllophora-Phyllophora. Des échantillons, fournis par l'herbier du Muséum de Paris, lui ont permis de combler cette lacune. La localisation des némathécies chez les Phyllophora nervosa, rubens et Heredia, qui forment le groupe en question, semble à première vue exclure toute idée de parasitisme. On ne les rencontre, en effet, qu'à la base de petites prolifications insérées sur le thalle. Bien plus, dans le Phyllophora Heredia, les prolifications fertiles sont d'une autre forme que les prolifications stériles. Un examen plus approfondi conduit ce- pendant à une conclusion différente. Des coupes pratiquées à travers ces fructifications montrent que les filaments sporifères sont en discordance à leur base avec les filaments corticaux du Phyllophora, contrairement à ce qui se passe dans les vraies Némathécies. Dans sa région centrale, le parasite se soude étroitement avec le tissu de la plante principale, mais ses bords s'étalent librement sur l'écorce de cette dernière en lais- sant subsister une ligne de séparation bien évidente. Comme dans le Sterrocolaæ, la pénétration de ces parasites dans le tissu de la plante hospitalière n'est jamais profonde; jamais on ne voit les rhizoides pénétrer dansla région médullaire. La forme extérieure du thalle, qui est crustacé et non pulviné, doit étre prise aussi en con- sidération, bien qu'elle ne puisse étre regardée que comme un caractére de second ordre. Ces différences justifient l'établissement du genre Colacolepis rencontré seulement jusqu'ici sur les Phyllophora de la section Phyllophora. Notons en terminant quelques particularités qui ne sont pas ce qu'offre de moins remarquable l'histoire de ces singuliéres productions. D'abord, parasites et plantes hospitalières appartiendraient, suivant l'auteur, à la méme famille ; ce serait à tort que J. Agardh aurait placé le genre Acti- nococcus dans les Squamariacées dont il n'a pas la base parenchyma- teuse caractéristique. En second lieu, on ne connait jusqu'ici aux parasites que la fructifi- cation tétrasporique et, d'autre part, on ne connait plus désormais celle des plantes qui les nourrissent. Bien plus, deux d'entre elles, le Gym- nogongrus Griffithsiæ et Y Ahnfeltia plicata, sont maintenant dépour- vues de tout mode de reproduction connu, ce qui ne les empéche pas d'étre assez abondamment représentées sur différents points du globe. La concomitance de ces faits est-elle fortuite, ou indique-t-elle entre le parasite et son hóte des rapports plus étroits que ceux qui ont été vus Jusqu'ici? L'étude des matériaux d'herbier, si attentive qu'elle soit, ne peut résoudre cette question; elle ne pourra fl être que par l'observa- REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 315 tion des plantes vivantes et à l’aide de cultures entourées de toutes les garanties désirables. L'intérét du sujet nous fait d’ailleurs espérer qu'il sera repris à nouveau dans le sens biologique. Actuellement les faits de parasitisme découverts par M. Schmitz sont acquis; l'examen que nous avons fait de plusieurs des plantes citées dans son Mémoire nous en a convaincu personnellement. Il est possible néan- moins que ses observations rencontrent des incrédules, comme tout travail qui renverse des idées auxquelles on est habitué. Aussi nous paraît-il regrettable que cet intéressant Mémoire soit accompagné seu- lement de quelques figures à peu prés schématiques, comme l'auteur l'avoue lui-méme. Des dessins exécutés à un plus fort grossissement et avec une fidélité rigoureuse auraient été le moyen le plus efficace de convaincre les contradicteurs. MAURICE GOMONT. Flore analytique du Berry: par Antoine Le Grand, 2* édition. Un volume in-12 de xxx-432 pages. Dourges, Léon Renaud, 1894. — Prix : cartonné, 6 franes. Nous avons rendu compte, en 1887 (1), de la première édition de cet ouvrage, comprenant 1368 espéces numérotées, dont 59 plantes culti- vées ou hybrides. Gràce aux persévérantes recherches de l'auteur, ce nombre s'éléve aujourd'hui à 1446 espèces, sans les hybrides qui ne sont plus numérotées et avec les Characées (n° 1431 à 1446), que ne contenait pas la premiére édition. Un monographe autorisé, M. l'abbé Hy, d'Angers, a rédigé ce chapitre additionnel et y a méme introduit, en les distinguant par des numéros bis, quelques espèces non encore con- statées dans le Berry, de maniére à offrir un tableau complet des Cha- racées du centre de la France. Il en signale 4 genres et 20 espéces, à savoir : Nitellopsis* [genre créé par M. Hy pour le Chara stelligera Bauer (2)], 7 Chara (coronata Ziz., imperfecta Braun, fetida Braun, hispida L., aspera* Willd., fragilis Desv., fragifera* DC.), 2 Toly- pella (glomerata et intricata Leonh.), 10 Nitella (syncarpa Chevall., capitata Ag., opaca Ag., flexilis Ag., translucens Ag., mucronata* Kütz., flabellata Wallm., gracilis Ag., tenuissima Kütz., batracho- sperma Braun.) (3). ; Un autre article important est celui des Rosa, dont la rédaction est due à M. Fr. Crépin. On sait que Déséglise et Ripart étudiérent avec passion les Roses de leur département, et leurs recherches rhodolo- giques ont valu à la flore du Cher une véritable célébrité. « Seulement . (1) Voy. le Bulletin, t. XXXIV, Revue bibliogr., p. 151. (2) Voy. le Bulletin, t. XXXVI (1889), p. 397. ; (3) Nous avons marqué d'un astérisque les espèces non encore constatées dans le Berry. à; 316 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. l'un et l'autre, entrainés par les principes de spécification que leur avait inspirés Boreau, en sont assez souvent arrivés.à prendre pour des espèces de simples variations. C'est ainsi que Déséglise a pu attribuer au seul département du Cher 119 espèces de Rosa, et ce nombre serait bien plus considérable si l'on y voulait ajouter toutes les espèces inédites qui se trouvent dans l'herbier Ripart. » M. Crépin réduit ce nombre à 13 espèces : R. arvensis Huds., stylosa Desv., gallica L., Jundzilli Bess., canina L., obtusifolia Desv. (incl. tomentella Lem.), glauca Vill., rubiginosa L., micrantha Sm., graveolens Gren., sepium Thuill., tomentosa Sm., pimpinellifolia L.; — et quelques hybrides : R. arcensis x gallica, gallica X canina, gallica x sepium, pimpi- nellifolia X rubiginosa, pimpinellifolia X canina. Sur d'autres points, par exemple au sujet de la nomenclature des OEnanthe, des Equisetum, etc., l'ouvrage est mis au courant des dé- couvertes et des travaux les plus récents. L'auteur ne s'écarte pas de la nomenclature normale; ce n’est pas sous sa plume qu'on verra les traditionnels Ranunculus chærophyilos, R. aquatilis, Bupleurum aristatum, se métamorphoser en Ranuncu- lus flabellatus, R. diversifolius, Bupleurum opacum, et. Il n'a eu garde de semer dans son livre ces germes de confusion. Par contre, on remarque une innovation de nomenclature qui a sa raison d'être : l'Ophrys Pseudospeculum auct. figure sous le nom d'O. aranifera var. precoz (1). Parmi les espéces dont la flore du Berry s'est enrichie depuis 1881, nous citerons : Ranunculus Lenormandi, R. confusus, Anemone mon- tana, Viola stricta, Biscutella levigata, Lychnis coronaria, Hype- ricum linearifolium, Oxalis corniculata, Geum rivale, Sempervivum arachnoideum, Pastinaca opaca, Conopodium denudatum, Anthemis collina, Gentiana germanica, Cuscuta europea, Lindernia gratio- loides, Calamintha | ascendens, Scutellaria hastifolia, Vallisneria spiralis, Scilla Lilio-Hyacinthus, Potamogeton nitens, P. acutifolius, P. mucronatus, Scirpus supinus et Holoschenus, Carex canescens et cyperoides, Poa serotina, Bromus maximus, Polypodium Dryopteris, Asplenium germanicum et fontanum, Equisetum Telmateia et occi- dentale, etc. (2). Pour les espèces intéressantes, l'auteur a indiqué le plus possible de nombreuses localités. EU, Par suite d'une erreur d'interprétation, récemment signalée par M. Co- pineau, le véritable Ophrys Pseudospeculum DC. ne correspond pas à la plante connue généralement et décrite sous ce nom dans la plupart des Flores (voy. Bull. Soc. bot. de Fr., t. XXXVIII, p. 259). (2) Ces diverses acquisitions pour la flore du Berry avaient été signalées par M. Le Grand dansune série de Notices analysées en leur temps dans cette REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 317 En résumé, indépendamment de données précises et d'un intérêt général sur la géographie botanique du centre de la France, cet élégant petit volume renferme, sous un format portatif, tout ce que les botanistes du Berry ont besoin de savoir pour apprendre à connaître et à bien nommer les plantes vasculaires spontanées et les Characées de leur flore Ern. MALINVAUD. locale. Scrinia floræ selectæ; Directeur, M. Charles Magnier. Bulletin, xiu (1894), pp. 299-336. Saint-Quentin, chez l'auteur, 7, rue de Dagatelle. — Prix : 2 francs (et avec le fascicule correspondant de l'exsiccata, 62 franes). L'intéressante publication de M. Ch. Magnier s'est accrue cette année de 269 numéros (3183 à 3451), fournis par 51 collaborateurs habituels avec le concours de 15 autres botanistes. Le Bulletin renferme les notes suivantes : D" GizLor, Thlaspi sil- vestre Jord., Veronica anagalloides Guss. — Ch. Crame, Polygala vulgaris var. versicolor. — H. CosrE, Alsine lanuginosa Coste, Scle- ranthus fasciculatus Gill. et Coste. — H. CosrE et Mouxer, Lythrum bibracteatum var. minus Coste et Mouret, Helichrysum bitterense Coste et Mouret. — BouLLu, Rosa echinoclada. — V. GÉnAnp, Sorbus Aria X Chamæmespilus Kirschl., Galium vogesiacum F. Gér. sp. nov., Scu- tellaria galericulata L. var. arvensis F. Gérard. — Rouy, Jussiæa grandiflora. — Conwaz, Artemisia Seileri Wolf., Euphrasia Christii Favrat. — Depraux, Mentha Garroutei Deb. (M. candicans X rotun- difolia). — Buser, Salix caprea X purpurea. — CaLLieER, Note sur quelques formes de la section Gymnothyrsus Spach du genre Alnus distribuées dans le Flora selecta en 1894. — F. Hy, Isoetes tenuissima Bor. et I. Viollæi F. Hy. D’après M. Ch. Claire, qui étudie avec soin les caractères et la syno- nymie du Polygala vulgaris var. versicolor des Vosges, cette forme serait identique avec les P. dunensis Dumort. et Michaleti Gren.; ce serait une variété silicicole « probablement due à la nature du sol sur lequel elle croit ». L'Alsine lanuginosa Hip. Coste est l'A. mucronata var. pubescens Lec. et Lamot. Catal., p. 102. Cette Alsinée, d'aprés M. H. Coste, « ne » saurait étre rattachée à l'A. mucronata comme simple variété; elle » doit s'en distinguer au moins à titre de race stationnelle ou d'espéce » de second ordre ». SM Le Rosa echinoclada Boullu, forme trés rare et voisine du R. subdola Revue, voy. le Bulletin, t. XXXVII (1890), Revue bibliogr. p. 194, 1. XXXI (1892), Revue, p. 105, et t. XL (1893), Revue, p. 119. 318 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Déségl. et Klukii Bor. (non Besser), serait peut-être, d’après M. Crépin, un hybride d'une Rose gallicane et d'une Rose rubigineuse. Le Lythrum bibracteatum var. minus Coste et Mouret, variété nou- velle découverte à Lespignan, prés Béziers (Hérault), « différe du type, à cóté duquel elle croit : par sa petite taille (5-12 centimétres), sa tige gréle, simple ou rameuse, à rameaux courts et dressés, et par ses fleurs moins nombreuses et plus espacées ». Le Galium vogesiacum F. Gér. nov. sp. se distingue, d’après son auteur, « du G. boreale par ses feuilles ovales-lancéolées et non linéaires lancéolées, par sa tige plus grosse, son port plus trapu et par sa station (ravins secs et rochers, le G. boreale vient dans les prés humides) ». L Artemisia Seileri Wolf parait être hybride des A. glacialis et Mu- tellina. Helichrysum biterrense Coste et Mouret (Béziers, en latin Biterra), forme remarquable du groupe de l’H. Stechas. Veronica anagalloides Guss. (qui serait mieux nommé, comme le fait remarquer M. Gillot, V. anagallidioides), regardé par quelques auteurs comme espéce légitime (Gussone, Caruel, Gren. et Godr., etc.), par d'autres comme une simple variété du V. Anagallis (V. Anagallis var. minor Tenore, Willk. et Lange, etc.), est, pour notre confrère d'Autun, une sous-espéce du V. Anagallis et se relie à ce type par des formes intermédiaires, V. anagalliformis Bor., etc. (1). Euphrasia Christii Favr., espèce remarquable par ses fleurs d'un jaune doré et voisine de PE. alpina Lamk, décrite dans le Bulletin de la Société vaudoise des sciences naturelles, t. XXIV (1888), p. 11. Mentha Garroutei Debeaux, hybride, d’après M. Debeaux, du M. can- dicans var. angustifolia, plante mére, et du M. rotundifolia, porte- pollen. Salix caprea X purpurea Wimm. est synonyme, d’après M. Buser, de : S. Pontederana Schleich. et multor.; S. discolor Host non Mühlenb.; S. oleifolia Host non alior.; S. Wimmeriana G. Godr. (non S. Wim- meri Kern.); S. mauternensis Kern.; S. Grenierana And.; S. Rapini Ayasse (1883). — On a ainsi un aperçu du désaccord des auteurs au sujet des Saules. Isoetes Viollei Hy, espèce nouvelle précédemment rapportée à IT. te- (1) « Bien que le Veronica anagalloides, dit M. Gillot, soit habituellement de petite taille et souvent à tige naine et simple (V. tenella Jan.), il atteint cependant, d'aprés Gussone lui-méme, la hauteur d'un pied ». Nous avons fréquemment observé, dans le département du Lot, une de ces formes dou- teuses à inflorescence glanduleuse (Veronica anagalloides ou V. anagal- liformis), offrant au méme endroit des individus nains (environ 1 décimètre de longueur) et d’autres, souvent très ramifiés, atteignant jusqu’à 1 mètre (Ern. M.). REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 319 nuissima et publiée sous ce nom dans le Flora selecta, n° 1036 et dans l'exsiccata de la « Société pour l'étude de la flore française » en 1892. EnN. MALINVAUD. Note sur les Zsoetes amphibies de la France centrale; par M. l'abbé F. Hy (Journal de Botanique du 16 février 1894). Tirage à part de 6 pages in-8°. De cette Note et d'une précédente (1) sur le méme sujet, l'auteur tire les conclusions suivantes : 1° Les diverses espèces d'Isoetes amphibies croissant dans la France centrale, qui ont été primitivement confondues sous le nom collectif d'Isoetes tenuissima, comprennent de fait : A. le véritable 7. tenuis- sima Bor. découvert d'abord au Ris-Chauvron (Haute-Vienne) par l'abbé Chaboisseau en 1847, puis retrouvé à Saint-Léomer (Vienne) par M. l'abbé Violleau, en 1893; — B. PI. Violeæi F. Hy, confondu avec le précédent à l'étang du Ris-Chauvron (notamment dans la récolte publiée par M. Hariot in exsiccatas de la Société pour l'étude de la flore française en 1893, n° 219); — PI. Chaboissæi Nyman, largement ré- pandu en Brenne et en Sologne, mais récolté aussi par Durieu à l'étang du Ris-Chauvron. 2» On ne trouve dans le centre de la France ni lI. velata Braun, ni PI. adspersa Braun, comme l'admettent les auteurs les plus récents qui ont écrit sur la flore de cette contrée. 3 L'I. adspersa se retrouve pourtant en France sur le littoral médi- terranéen de Provence : c'est à cette espèce, et non à une variété de PI. velata, que doit se rapporter la plante de Saint-Raphaël (Var). 4^ L'I. velata typique ne semble pas avoir été jamais encore observé sur le sol francais. Erv. M. NOTE RECTIFICATIVE. Dans une précédente analyse du Muscologia gallica, j'ai dit que M. Husnot avait placé les espèces du genre Rhynchostegium Sch. dans le genre Eurhyn- Chium, ce qui augmente la synonymie. M. Husnot m'écrit qu’il n'a fait en cela que prendre les noms de Milde (Bryologia silesiaca), et que ce n'est pas lui qui a augmenté la synonymie. Je ne fais aucune difficulté de reconnaitre la justesse de son observation. Ém. BESCHERELLE. (1) Voy. Journal de Botanique, n° du 1* décembre 1893. 320 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. NOUVELLES Les nombreux amis de M. le D' Saint-Lager seront heureux d'apprendre que notre distingué collègue, l'érudit et persévérant défen- seur des réformes qu'exigerait la pureté du langage scientifique, a été nommé Officier de l Instruction publique. Notre confrère en a recu les insignes le 24 juin dernier, à Lyon, des mains du chef de l'État ; quelques heures plus tard, dans la soirée de ce jour tristement mémo- rable, le vénéré Président de la République, M. Carnot, était mortelle- ment atteint par le poignard d'un misérable assassin. — La Société vient de recevoir pour sa bibliothéque un ouvrage (qui sera analysé dans la Revue bibliographique), intitulé : « Tableaux synoptiques des plantes vasculaires de la flore de France par Gaston BONNIER, professeur de botanique à la Sorbonne, et Georges de LAYENS, lauréat de l'Académie des sciences, avec 5289 figures représentant les caractères de toutes les espèces, qui sont décrites sans mots techniques, et une carte des régions de la France ». — Prix de l'ouvrage broché, 9 francs; avec reliure anglaise, 10 francs : Paul Dupont, éditeur, rue du Bouloi, 4, à Paris. — Ce volume est le premier d'une série, publiée sous les auspices du Ministère de l'Instruction publique et dont le titre général est : Végétation de la France. Il a pour but de donner une vue d'ensemble. de la flore de France et de faciliter la détermination des espèces. Les suivants traiteront de la distribution des plantes françaises spontanées où de grande culture, de la Géographie botanique et agricole de la France, de la description détaillée (avec planches à l'appui) des espèces, sous-espèces et variétés, etc. Le Secrétaire général, gérant du Bulletin, E. MALINVAUD. 16197. — Libr.-Impr. réunies, rue Mignon, 2, Paris. — May et MoTTEROZ, directeurs. Bull. Soc. bot. de France Tome XLI (troisième série, t, 1) Pl. IV Phototypie Bellotti, à Saint-Etienne CYPERUS TURFOSUS SALZM. T 2/3 ` TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE NUMÉRO. ` SÉANCE DU 13 AVRIL 1894, Décès de M. Alph. Derbès............. emet rene 241 Admission de M. Gaillard................................... 241 Subvention de 1000 francs du Ministère de l'instruction pu- blique.... .................... eret here esse... eS 241 Dons faits à la Sociélé....................................., 241 P. Duchartre......... Note sur des fleurs soudées d'un Bégonia tubéreux.......... . 242 Gain................. Sur une galle du Chondrilla juncea..........,.......,,..... 252 Bourquelot........... Sur la nature des hydrates de carbone insolubles entrant dans la composition du Lactaire poivré..................,...... 254 Van Tieghem........ . Sur les Loxanthera, Amylotheca et Treubella, trois genres nou- , veaux pour la tribu des Élytranthées dans la famille des Loranthacées............................................ 257 Gagnepain ........... Nouveaux cas tératologiques..... ....,.................... 269 Trabut............... L'Aristida ciliaris et les Fourmis........................... 279 Observations de, M. Duchartre sur un cas de croissance en j spirale du tubercule de l'Igname de Chine................. 273 SÉANCE DU 27 AVRIL. Décès de M. Faré................................. se so à 275 Daveau............... Note sur deux Cyperus de la région méditerranéenne (Pl. 1V)... 275 P. Vuillemin......... Sur la structure du pédicelle des téleutospores chez les Pucci- DINÉES.....,......4..... ee... dusrresssts 285 Clos................. Du démembrement du genre Hypericum et d'une singulière méprise afférente à l'Helodes d'Adanson................... 290 F. Camus ............ Découverte par M. Morin de l’'Hymenophyllum Wilsoni Hk. dans les Côtes-du-Nord.........................,,...... . 302 A. Chabert........... Les variations à fleurs rouges de certains Galium ........... 302 Observations de MM. Duchartre et Malinvaud.......... secus MOD. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE Recherches sur les plantules des Coni- Le genre Actinococcus; Fr. Schmitz.... 312 - feres; A. Dangeard................. . 306 | Flore analytique du Berry, 2° édition; Recherches anatomiques sur la distribu- À. Le Grand........ nr tion des composés pectiques chez les Scrinia floræ selecte, Bulletin XIII; Ch. végétaux; L. Mangin................ 307|. Magniet......-..... et (e BUTS Observations sur la division du noyau Note sur les /soefes amphibies de la chez les Spirogyres; W. Moll........ . 910 France centrale; F. Hy.............- 319 Note rectificative de M. Ém. Bescherelle .......... si due ee eos couv ces re deci S... 819 320 arius MERERI MARRE POLEN RTIEN duo és aso SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE Les séances se tiennent à Paris, rue de Grenelle, 84, à huit heures du. soir, habituellementles deuxième et quatriéme vendredis de chaque mois. JOURS DES SÉANCES ORDINAIRES PENDANT L'ANNÉE 1894 12 et 26 janvier. | 43 et 27 avril. | 13 et 27 juillet. 9 et 23 février. | Al et 25 mai. | 9 et 23 novembre. 9 mars. | 8 et 22 juin. | A4 et 28 décembre. La Société publie un Bulletin de ses travaux, qui paraît par livraisons mensuelles. Ce Bulletin est délivré gratuitement à chaque membre et se vend aux personnes étrangères à la Société au prix de 30 fr. par volume annuel terminé (sauf les exceptions spécifiées ci-après), 32 fr. par abonne- ment. — Il peut être échangé contre des publications scientifiques et pério- diques. Les 25 premiers volumes du Bulletin, à l'exception des t. IV (1857) et XV (1868), sont cédés au prix de 10 fr. chacun, et les suivants (2° sér.) au prix de 15 fr. chacun (à l'exeeption du tome XXXVI), à MM. les nouveaux membres qui les font retirer à Paris, aprés avoir acquitté leur cotisation de l'année courante. N. B. — Les tomes IV et XV, étant presque épuisés, ne sont plus vendus séparément. Le tome XXXVI (1889) renferme les Actes du Congrès de botanique tenu d Paris en août 1889; le prix de ce volume est de 40 fr. pour les personnes étran- géres à la Société et de 20 fr. pour les membres de la Société. Les frais d'envoi de volumes ou numéros anciens du Bulletin, ainsi que des numé- ros déjà parus lorsqu'un abonnement est pris au milieu de l'année, sont à la charge de l'acquéreur ou de l'abonné. AVIS Les notes oucommunications manuscriles adresséesau Secrétariatpar les membres de la Société, pourvu qu'elles aient trait à la botanique ou aux sciences qui S'y rat- tachent, sontlues en séance et publiées, en entier ou par extrait, dans le Bulletin. Tous les ouvrages ou mémoires imprimés adressés au Secrétariat de la Société botanique de France, rue de Grenelle, 84, prennent place dans la bibliothèque de la Société. Ceux qui seront envoyés dans l'année méme de leur publication pourront être analysés dans la Revue bibliographique, à moins que leur sujet ne soit absolu- ment étranger à la botanique ou aux sciences qui s'y rattachent. MM. les membres de la Société qui changeraient de domicile sont instamment priés d'en informer le Secrétariat le plus tót possible. Les numéros du Bulletin qui se perdraient par suite du retard que mettraient MM. les membres à faire connaitre leur nouvelle adresse ne pourraient pas étre remplacés. N. B. — D'après une décision du Conseil, il n'est donné suite, dans aucun cas» aux demandes de numéros dépareillés, lorsque le volume auquel ils appartiennent est terminé depuis plus de deux ans. ll en résulte que, pour se procurer une partie quelconque du tome XXXVIII (1891) ou d'une année antérieure, on doit faire l'acquisitior du volume entier. — Aucune réclamation n’est admise, de la part des abonnés, pour les numéros publiés depuis plus de trois mois. Adresser les lettres, communications, demandes de renseignements, réclama- tions, etc., à M. le Secrétaire général de la Société, rue de Grenelle, 84, à Paris. jo 10797. — Lib.-Imp. réunies, rue Mignon, 2, Paris. — May et MOTTEROZ, direct. AVES. — Dans le courant du mois d’août paraitra un second fascicule des Comptes rendus de la session de Montpellier (1893), et en septembre le numéro 6 des Bulletins de 1894. © BULLETIN DE LAÀ SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE FONDÉE LE 23 AVRIL 1854 ET RECONNUE COMME ÉTABLISSEMENT D'UTILITÉ PUBLIQUE PAR DÉCRET DU 17 AOUT 1875 TOME QUARANTE ET UNIÈME (Troisième Série. — TOME I") 1894 9 SÉANCES DE MAI 1894. PARIS AU SIEGE DE LA SOCIÉTÉ RUE DE GRENELLE, 84 Publié en juillet 1894. STATUTS DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE Adoptés dans la séance du 24 mai 1854, et modifiés dans celles du 25 juillet 1875 et du 22 avril 1887, pour les mettre en concordance avec la jurisprudence du Conseil d'Etat, ARTICLE 1%., La Société prend le titre de Sociélé botanique de France. ART. 2. Elle a pour objet : 1° de con- courir aux progres de la Botanique et des sciences qui s'y rattachent; 2° de faciliter, par tous les moyens dont elle peut disposer, les études et les travaux de ses membres. ART. 3. Pour faire partie de la Société, il faut avoir été présenté dans une de ses séances par deux membres qui ont signé la présentation, et avoir été proclamé dans la séance suivante par le Président. — Les Français, quel que soit le lieu de leur rési- dence, et les étrangers, peuvent également, et au même litre, être membres de la Société. — Le nombre des membres résidant à Paris ne pourra pas dépasser quatre cents. Celui des membres résidant dans les départements ou à l'étranger est limité à six cents. ART. 4. La Société tient ses séances habi- tuelles à Paris. Leur nombre et leurs dates sont fixés chaque année, pour l’année sui- vante, dans la dernière séance du mois de décembre. — Tous les membres de la Société ont le droit d'assister aux séances. Ils y ont tous voix délibérative. — Les délibérations sont prises à la majorité des voix des mem- bres présents. ART. 9. Les délibérations relatives à des acquisitions, aliénations ou échanges d'imn- meubles, et à l'acceptation de dons ou legs, sont soumises à l'autorisation du Gouverne- ment, préalablement à toute exécution. ART. 6. L'administration de la Société est confiée àun Bureauet à un Conseil, dont le Bureau fait essentiellement partie. ART. 7. Le Bureau est composé : d'un président, de quatre vice-présidents, d'un secrétaire général, de deux secrétaires, de deux vice-secrétaires, d'un trésorier et d'un archiviste. ART. 8. Le président et les vice-présidents sont élus pour une année. — Le secrétaire général est élu pour cinq années; il est rééligible aux mémes fonctions. — Les se- crétaires, les vice-secrétaires, le trésorier et l'archiviste sont élus pour quatre années ; ces deux derniers sont seuls rééligibles, — Le Secrétariat est renouvelé par moitié tous les deux ans. ART. 9. Le Conseil est formé en outre de douze membres, dont quatre sont remplacés chaque année, ART. 10. Le Président est choisi, à la pluralité des voix, parmi les quatre vice- présidents en exercice. Son élection a lieu dans la derniére séance du mois de décembre. Tous les membres de la Société sont appelés à y participer directement ou par corres- pondance. — Les autres membres du Bureau et les membres du Conseil sont élus dans la méme séance, à la majorité absolue des voix des membres présents. ART. 11. La Société pourra tenir des séances extraordinaires sur des points de la: France qui auront été préalablement déter- minés. — Un Bureau sera spécialement or- ganisé par les membres présents à ces réunions. ART. 12. Un Bulletin des travaux de la Société est délivré gratuitement à chaque membre. | ART. 13. Chaque membre paye une coti- sation annuelle de 30 francs. — La cotisation annuelle peut, au choix de chaque membre, étre remplacée par une somme de 400 fr. une fois payée. Tout membre qui a payé régulièrement la cotisation sociale pendant au moins dix ans peut devenir membre à vie en versant seulement 300 fr. , ART. 14. La Société établit chaque annee son budget pour l'année suivante. Dans la première séance du mois de mars de chaque année, le compte détaillé des recettes et des dépenses de l'année précédente est soumis à son approbation. Ce compte est publié dans le Bulletin. 2. ART. 15. Les fonds libres sont déposés dans une caisse publique jusqu'à leur emploi définitif. — Les sommes reçues, qui n'ont pas été employées dans le cours d'un exer- cice, sont placées en rentes sur l'État, en obligations de chemins de fer francais (dont le minimum d'intérét est garanti par l'État) en actions de la Banque de France, ou en obligations du Crédit foncier, sauf celles que la Société juge nécessaires pour couvrir les dépenses de l'exercice suivant. — Les valeurs ainsi acquises ne peuvent étre alié- nées qu'en vertu d'une délibération de la Société. . ART. 16. La Société est représentée, dans les actions judiciaires qu'elle a à exercer ou à soutenir, et dans tous les actes passés en vertu de ses délibérations, par le Trésorier ou par l'un des membres du Conseil qu elle a désigné à cet effet. . ART. 17. En cas de dissolution, tous les membres de la Société sont appelés à déci- der sur la destination qui sera donnée à ses biens, sauf approbation du Gouvernement. ART. 18. Les Statuts ne peuvent étre modifiés que sur la proposition du Conseil d'Administration ou sur une proposition de vingt-cinq membres présentée au Bureau. Dans l'un ou l'autre cas, la proposition doit étre faite un mois au moins avant la séance dans laquelle elle est soumise au vote de la Société. .. L'assemblée extraordinaire, spécialement convoquée à cet effet, ne peut modifier les Statuts qu'à la majorité des deux tiers es membres présents ou votant par corres- ondance. P Le nombre des membres présents à la séance ou votant par correspondance — étre égal, au moins, au quart des mem res de la Société. Ces slatuls ont été délibérés et adoptés par le Conseil d'État, dans sa séance du 5 août 1875; ils ont été modifiés en 1887 avec l'autorisation du Gouvernement. SÉANCE DU 11 MAI 1894. PRÉSIDENCE DE M. GUIGNARD. M. Jeanpert, vice-secrétaire, donne lecture du procés-ver- bal de la séance du 27 avril, dont la rédaction est adoptée. Dons faits à la Société : Acloque, Flore de France. H. Brochon, Sur une Note de M. Foucaud relative au Muscari Mo- telayi. — Compte rendu botanique des excursions trimestrielles de la So- ciêté Linnéenne de Bordeaux, 1891-94, quatre brochures. — Sur l'Anchusa italica de la Gironde. — Sur diverses plantes recueillies à Saint-Mariens. —— — Sur le Cirsium anglicum var. diversifolium de Cestas. — Observations au sujet d'une lettre de M. Saint-Lager. — L'Hypericum linearifolium et sa variété radicans. — Forme pseudo-confluens du Pteris aquilina. F. Camus, Nouvelles glanures bryologiques dans la flore pari- sienne. | Comère, Diatomées de la glairine des eaux sulfureuses de la station des Graüs d'Olette(Pyr.-Or.). Husnot, Aperçu sur la flore du département du Calvados. — Excursion botanique aux environs du Plessis-Grimoult. Magnier, Scrinia flore selecta, fasc. XIII (1894). M'* Mayoux, Recherches sur la production du tanin chez les fruits des Pomacées. Mesnard, Recherche sur la formation des huiles grasses et des huiles essentielles dans les végétaux. Mottet, Dictionnaire pratique d horticulture et de jardinage, 25° li-. vraison. Chodat, Laboratoire de Botanique, 2° série, fasc. IV. Chodat et Huber, Développement des Pediastrum, etc. Oudemans, Contributions à la flore mycologique des Pays-Bas, XV. Beck v. Mannagetta, Mélanges de botanique et d'horticulture. - F: Cohn, Ueber. Formaldehyd und seine Wirkungen auf Bacterien. T. XLI, (SÉANCES) 21 322 SÉANCE DU 141 mar 1894. Centenaire de la fondation du Muséum d'histoire naturelle. — Vo- lume commémoratif publié par les professeurs du Muséum. Mémoires de la Société nationale d'Agriculture, Sciences et Arts d' Angers, année 1893. M. Delacour, Trésorier, donne lecture du Rapport suivant : NOTE SUR LA SITUATION FINANCIERE DE LA SOCIÉTÉ A LA FIN DE L'EXERCICE 1893 ET PROPOSITIONS POUR LE BUDGET DE 1895. fr € La Société avait en caisse à la fin de l'exercice 1892........... .. 49,341 31 Elle à rech pondant l'exercice 1893.:.....:...:.:.,5.... 4 15,186 65 Gest Bí Nd ARM QU de cire ses 51,527 96 Les dépenses ont ete de.. 2: a eh ossi is 12,961 25 L'excédent des recettes est ainsi de.................. 44,566 71 Cet excédent est représenté par les valeurs ci-après : Rente sur l'État ayant coûté. .......... 35,039 06 | 566 71 Dépôt au Comptoir national d'escompte. 9,527 65 zu Total (comme ci-dessus) .. ..... 44,566 71 Les recettes et les dépenses se décomposent comme suit : RECETTES. Solde en caisse à la fin de 1892.43. 555 ire Niro Vie 49,341 91 Cotisations pour 1894... iri Rooms 30 » -— 1892............ 4 à 450 » — 1893. ...........-. a 8,350 » _— #894.:.:..,., SEES 90 » 2 BINE AV: no 800 » S momes E Mts. laici error ide 15 » '65 Vente du Bulletin et abonnements.,................ 1,986 » eec Remboursement de.gravures, ................... ue. 15 » Subvention du Ministère de l'Instruction publique. ... 1,000 » Subvention du Ministère de l'Agriculture............ 1,000 » Arrérages de rente sur l'État: feu. 1,400 » Intérêt du dépôt au Comptoir national d’escompte. . . 45 65 ! DELACOUR. — SITUATION FINANCIÈRE DE LA SOCIÉTÉ. 323 DÉPENSES. Impression du Bulletin (pour 1892, 1,943 francs; pour 1893, 3,519 fr. 10 cent.). 5,462 10 Revue bibliographique et Tables..... 892 » | Frais de gravure (275 fr. 20 cent. pour 1892 et 703 francs pour 1893)....... 978 20 Frais de brochage (296 fr. 10 cent. pour 1899, et 333 fr. 90 cent. pour 1893).. 630 »( $8,909 95 | Port du Bulletin et affranchissements d'imprimés (159 fr. 80 cent. pour 1892, et 248 fr. 60 cent. pour 1893)........ 408 40 Impressions diverses................. 139 25 + 1,400 40 12,961 25 Chauffage et éclairage. ............... 200 Dépenses diverses (impositions, assu- 3,151 30 rances, ports de lettres, timbres, ete.). 4,022 35 Bibliothéque, herbier et mobilier..... 528 55/ Honoraires du conservateur de l'herbier. 500 » | Honoraires du trésorier adjoint........ 500 » 1,300 » Gages du garçon de bureau............ 300 », Excedent (comme CHAN. ei Legi ed d 7 44,566 71 SITUATION EN FIN D'EXERCICE. Exercice 1892. — L'exercice 1892 se soldait avec une encaisse de. 42,341 34 Nos dépenses à solder pour 1892, évaluées à 2,900 francs, se sont ll UE Mh del D MM TH ROSE CONT as don eue 2,674 10 Il en résulte que notre actif réel se trouvait à la fin de 1892 de... 39,667 21 Exercice 1893. — La situation pour l'exercice 1893 serait la sui- vante : Encmsse au 34 décembre 4803..... 3...2 Lecco voe een 44,566 71 Dépenses à solder d’après factures : Impression dela Revue bibliographique, C-D. ...... 380 35 Compte rendu des séances, 4-6.................... 1,327 45 Dé ` epenses probables : 3.907 80 Session de Montpellier, 2° fascicule......,.......... 9 » Table (impréssion)...:.. ee ecce ee en Bi e dh 350 » Btoctagé ot port... -< eee. essieu ase EIC nd 450 » Gfavüres..; E. OT a 500 » Ce qui porterait l'avoir effectif de la Société à la fin de 1893 (1) à. 40,658 91 (1) Si les 1400 francs de rente que possède la Société, au lieu d’être portés comme nous l’avons fait plus haut au prix d’achat, étaient évalués au cours actuel de la rente, l'avoir actuel de la Société dépasserait 51,000 francs. 394 p SÉANCE DU 11 Mar 1894. BUDGET DE 1895. = Le nouveau mode de publication adopté pour 1894 et le changement de justification ne permettent pas de se baser aussi nettement que d'or- dinaire sur les résultats antérieurs pour préjuger les frais de publication de notre Bulletin ; il y a cependant lieu d'espérer que la dépense habi- tuelle ne sera pas dépassée, et sous cette réserve, voici comment je considére que pourrait s'établir notre budget de 1895. RECETTES. . Voici. les prévisions pour les recettes : 200 cotisations annuelles, à 30 francs.................,...,... 8,700 » 1 cousalionia Ve E 400 » 4 dipomes, à 5 frants- = e ae rere mores Et 20 » Vente du Balletin et abonnements... 22e... 2,000 » Excedent dé pages- oo e ia M dim loe OIN CHAOS 100 » Subvention du Ministère de l'Instruction publique.............. 1,000 » Subvention du Ministère de l’Agriculture................,..... 1,000 » Rente sur bkta. uo d oo I. Up Le 1,400 » Intérêts du dépôt au Comptoir national d’escompte............. 50 » Totál- an. rer roots: 14,670 » DÉPENSES. ~ Les dépenses pourraient être évaluées comme suit : | Impression du Bulletin.....:...,.....,..... 6,500 »' z Samen. o ss 22 feuilles. 2 Rene TS 15 > $ Session et Table. 8 — To TET © E 45 feuilles. 9,500 » Z 5 j Revue bibliographique et Table (rédaction). . 900 » [-5] H & Į Frais de gravures... S S VE 800 » 2 Bróchage- du Bàllétinz i... us E 650 » $ |Pottdu Bulenm::.::i:12.::: ren 500 » | \ Circulaires et impressions diverses... ....... 150 .» | C7 L0yOoR........ cocos cL S 1,400 » \ Layer et frajs Chauffage et éclairage. ...........:.. 200 » Pre Frais divers (assurances, impositions, 3.300 > Habite: 5 timbres, ports de lettres et autres Tu MEDUS fràis)....... odo eere 1,000 » À Bibliothèque, herbier et mobilier... 100 »; Honor. du conservateur de QE 500 » i Personnel. ; Honoraires du trésorier adjoint...... 5900 > 1,300 » Gages du garcon de bureau.......... 300 » ) ò Total pour les dépenses. .:.,..:....... ‘14,100 » ROUY. — PLANTES NOUVELLES POUR LA FLORE EUROPÉENNE. 325 . Ce qui nous laisserait en fin d'exercice un excédent de 570 francs. J'ai l'honneur de demander à la Société d'ordonner le renvoi du compte de 1893 à la Commission de comptabilité et d'approuver le projet de budget ci-dessus pour 1895. Les conclusions de ce Rapport sont adoptées par un vote unanime, et M. le Président adresse à M. le Trésorier les remerciements de la Société. M. le Président donne lecture d'une lettre de M. le Ministre de l'Agriculture, l'informant qu'il a aceordé une subvention de 1000 francs, au nom du Gouvernement de la République, à la Société botanique de France. M. le Président a écrit à M. le Ministre pour le remercier au nom de la Société. Sur la proposition de M. le Président et à la suite d'éclair- cissements donnés par le Secrétaire général, l'assemblée vote la résolution suivante : La Société botanique de France se réunira à Genève, le 5 août prochain, avec la Société botanique Suisse, qui l'a invitée à tenir en commun une session extraordinaire consacrée à des herborisations dans les Alpes du Valais. M. Rouy fait à la Société la communication suivante : PLANTES NOUVELLES POUR LA FLORE EUROPÉENNE, par M. G. ROUX. SrATICE TREMOLSIT Rouy, in herb. 1879; S. salsuginosa Tré- mols, non Boiss. — Sect. Globulariastrum Gren. et Godr. Fl. Fr., 2, p. 744 (4). — Souche ordinairement robuste. Scapes flexueux, de 10-25 centimétres, glabres ou pubescents inférieurement, dres- sés, ascendants ou étalés, non tuberculeux. Feuilles uninervées, largement linéaires-oblongues ou étroitement lancéolées-spatu- lées, obtuses-mucronées, ni rétuses ni échancrées, épaisses, forte- ment ridées-bulleuses, longuement atténuées à la base, à pétiole court, étroitement marginées-blanchátres à bords un peu retournés en dessous, Rameauz lisses; les inférieurs stériles, alternes, peu f (4) Sect. Limonium Boiss. ap. DC. Prodr., XI, p. 643, sous-sect. Steiro- clade Boiss., l. c., p. 653. i 326 SÉANCE DU 11 Mar 1894. nombreux, courts, raides, glauques, les moyens un peu plus longs, ordinairement stériles mais portant parfois 1-5 épillets au sommet, les supérieurs à épillets 2-4-flores, écartés, droits, disposés en épis courts dressés ou peu élalés-incurvés, plus rarement un peu plus allongés et plus étalés (var. dissitiflora Rouy), non recourbés en arc. Bractées externes ovales-aigués ou obtusiuscules, carénées, égalant le tiers de la bractée interne obtuse, ouverte, large, caré- née sur le dos. Calice à tube faiblement courbé, grêle, pubescent à la base, à limbe à peine plus court que le tube, à lobes oblongs- obtus, à nervure épaisse et rougeâtre. — Juillet-aoüt. HAB. — EspAcNE : Catalogne : cap Creus, près Figueras (D' Trémols in herb. Rouy). — France : Hérault : derrière le cime- tière de Palavas (Lombard-Dumas in herb. Rouy).— A rechercher dans l'Aude et les Pyrénées-Orientales. Espéce à rapprocher seulement du S. virgata Willd. (et de ses nombreuses formes); car, par ses rameaux stériles et son calice, elle s'écarte nettement des S. minuta L. et minutiflora Guss., et, par la forme des feuilles, du S. cordata L.; elle s'éloigne encore plus des S. dictyoclada Boiss. et articulata Lois. Elle se distingue du S. virgata par sa taille moins élevée, les rameaux stériles bien moins nombreux, écartés, moins rigides, glaucescents, les feuilles ridées-bulleuses, épaisses, petites, li- néaires-oblongues, obtuses-mucronées, non rétuses, les bractées plus largement blanches-scarieuses aux bords, l'interne large, ouverte, trois fois plus longue que l'externe, le calice à tube moins incurvé et à limbe plus long, les épillets dressés, disposés en épis courts, presque droits. Cette plante diffère du S. salsuginosa Boiss. , nom sous lequel elle m'a été envoyée, il y a quinze ans, par M. le D' Trémols, par les rameaux stériles plus abondants, les feuilles linéaires-oblongues mucronées, uninervées, les épillets 2-4-flores, la bractée interne trois fois seulement (et non 4-5 fois) plus longue que l'externe, la panicule florifére bien moins ample. CAMPANULA OLIVERI Rouy et Gautier. — Plante très hispide, subdcaule. Rhizome gréle; tige trés courte, trés feuillée à la base. Feuilles trés rapprochées, oblongues-lancéolées, obtuses; les inférieures atténuées insensiblement en un large pétiole engai- ROUY. — PLANTES NOUVELLES POUR LA FLORE EUROPÉENNE. 327 nant; les supérieures, également obtuses, amplexicaules, toutes crénelées et munies de soies rétrorses aux bords et souvent sur la nervure en dessous. Fleurs 1-2, dressées; pédoncules courts (1/2-1 centimètre) hispides, non bractéolés; appendices du calice lancéolés, 3-4 fois plus courts que les divisions calicinales lan- céolées égalant les trois quarts de la corolle campanulée, hispide sur les angles. Capsule... — Juin. Bien distinct, par l'ensemble de ses caractéres, des C. speciosa Pourr., affinis R. et Sch., barbata L. et alpina Jacq., dans le groupe desquels il vient prendre place. M. Gaston Gautier et moi dédions cette intéressante plante au regretté Oliver, qui l'avait récoltée sous le nom de C. speciosa Pourr. HAB. — Pyrénées-Orientales : château de Quiribus, prés Maury, sur le calcaire. Narcissus anceps Rouy, in herb.; N. lorifolius var. anceps Schultes Systema, 7, M4; Ajax lorifolius g. anceps Haw. Monogr., 2, n* 7; et var. anceps Haw Rev., 119; Ajax bicolor Salisb. in Hort. Transs., 4, 344, var. anceps Kunth Enum., 5, p. 714. — Herbert Amaryllidaceæ, 303, t. 38, f. 36. — Cette intéressante plante m'a été jadis communiquée, provenant des montagnes de Gédre (Hautes-Pyrénées), par Bordére sous le nom de N. Pseudo- narcissus forma, et notre confrère M. F. Townsend me l'a envoyée récemment de la région montagneuse de Bigorre. On sait, d'autre part, que le Narcissus lorifolius R. et Sch. a été découvert par MM. Gillot et Richter, dans les Basses-Pyrénées, aux environs de Saint-Jean-Pied-de- Port. MELANDRIUM cLuTINOsUM Rouy in herb.; M. viscosum Mariz Subsidios para o estudo da flora Portugueza (in Bol. Socied. Brote- riana (1887), cum icone); non Celakowsky in Lotos (1868) et in Prodr. fl. Bóhm, p. 512. — J'ai dà changer le nom de ce Melan- drium, puisque, dés 1868, M. Celakowsky avait fait rentrer le Silene viscosa Pers. dans le genre Melandrium en l'appelant M. viscosum. La plante reconnue, pour la premiére fois, par M. J. de Mariz est une bonne espéce bien distincte des M. dicline Willk. (Lychnis diclinis Lag., Agrostemma dioica Duf., Melandrium sæ- 338 SÉANCE DU 11 mai 1894. tabense J. Gay) et du M. silvestre Róhl.; elle existe non seulement en Portugal, mais aussi en Espagne, au Puerto de Menga, prés Avila, où je l'ai récoltée en 1889, et à Béjar, où M. de Coincy l'a recueillie en 1892. M. le Secrétaire général donne lecture de la communi- cation suivante : HIERACIUM NOUVEAUX POUR LA FRANCE OU POUR L'ESPAGNE; par MM. ARVET-TOUVET et G. GAUTIER. PREMIÉRE PARTIE DIAGNOSES Sect. AURELLA Groupe VILLOSA HIERACIUM ERIGERONTINUM Arv.-T. herb. — Tient du dentatum et de l'elongatum, avec des caractères qui lui sont propres; feuilles plus ou moins ondulées-denticulées sur les bords, blanches fari- neuses en dessous, principalement sur la nervure dorsale, et cou- vertes ou semées ordinairement sur les deux faces de poils simples, un peu raides el argentés comme duns les Echium; son péricline velu-argenté est d'abord ovoide, puis se renfle et s'arrondit à la maturité; ses écailles sont acuminées-aigués, les extérieures plus étroites que les moyennes el les intérieures et appliquées ou sub- étalées; ses ligules ont les dents glabres etles styles ordinaire- ment jaunes; ses akénes sont noirs à la maturité et ses aigrettes d'un blanc roussátre. Toute la plante est assez fortement vireuse ! Hab. Vallée de Larche et tous les vallons latéraux et adjacents du Lauzannier, d'Üronaye, de Parassac, etc. (Basses-Alpes). — Juillet-aoüt. Oss. — La plante décrite, Hier. Alp. franc. p. 31, sous le nom ARVET-TOUVET ET GAUTIER. — HIERACIUM NOUVEAUX. 329 d'H. scerzonerifoliwm Vill. var. flexuosum fait une espèce dis- üncte (H. squamatum Arv.-Touv.) et vient, en dehors du Mont- Genis et des Alpes jurassiques, dans les Alpes Grées : vallon de Séa et dans les Basses-Alpes, aux environs de Larche, vallon d'Oronaye, etc. Sect. HETERODONTA H. CRYPTADENUM Arv.-Touv. herb. — H. humile X villosum, H. dentatum var. ambiguum Arv.-Touv. Hier. Alp. franc. p. 34; H. pseudodentatum et subdentatum Arv.-Touv. non alior.! — Plante tenant à la fois du villosum et de humile, mais dans des proportions assez inégales et portant sur les feuilles, mélés aux poils simples, de petits poils glanduleux assez rares ou assez nombreux. Hab. Chaine calcaire de Grenoble à Gap : col Vert, les Fauges- en-Lans, la Moucherolle, etc. Sect. PSEUDOCERINTHOIDEA Groupe BALSAMEA H. LvcopowTUM Arv.-Touv. et Gautier (H. nobile Oliver herb.! non G. G.!!). — Intermédiaire entre H. glaucophyllum Scheele et H. pulmonarioides Vill. — Différe du glaucophyllum, dont il a le port, la ramification, la teinte trés glauque et la pilosité, par sa tige plus élevée (4-6 décim.) non ériopode, par ses feuilles radi- cales bien plus nombreuses et plus développées, les caulinaires atténuées à la base et non demi-embrassantes, enfin par ses akénes noirátres à la maturité et non roussátres; s'éloigne du pulmonarioides, par son port, sa ramification, sa teinte trés glauque, ses feuilles trés longuement cuspidées-dentées et trés longuement poilues-hérissées surtout sur les pétioles, les cauli- naires plus distantes, plus réduites et plus atténuées vers la base; enfin de tous les deux par sa floraison plus précoce. — Mai-juin. Hab. Arboussols (Pyrénées-Orientales), in Oliver herb. !. etc. 330 SÉANCE DU 11 mat 1894. Seet. CERINTHOIDEA Groupe MICROCERINTHEA H. CATARACTARUM Arv.-Touv. et Huter. — Phyllopode; scape gréle de 5-15 centim., ascendant ou dressé, ordinairement lisse et glabre, mono-oligocéphale au sommet ou bifurqué dés la base, à pédoncules étoilés-farineux et finement glanduleux ainsi que le péricline; celui-ci assez petit, ovoide ou à la fin subhémisphérique, à écailles lancéolées-obtusiuscules, barbelées au sommet, d'un vert foncé ou un peu noirátre sur le dos, blanchátres subscarieuses sur les bords; ligules à denis glabres ou à peine ciliolées et styles ordinairement jaunes; réceptacle cilié- hérissés akénes de 3 millim. environ, bais-rougeátres ou bais-marrons à la maturité; feuilles généralement petites, d’un vert foncé et ordinairement marbrées de brun en dessus. plus pâles et glaucescentes en dessous, glabrescentes ou poilues-ciliées sur les bords et sur les nervures en dessous, elliptiques-ovales ou elliptiques-lancéolées, obtuses- mucronées ou les plus intérieures subacuminées, contraclées ou subatténuées en pétiole étroit, poilu-hérissé et ordinairement court ou peu allongé; les caulinaires nulles ou bractéiformes et sublinéaires, croissant à la bifurcation des pédoncules. Cette plante ressemble un peu au farinulentum Jord., mais ses poils sont simples et son réceptacle cilié-hérissé. — Juillet. Hab. Regnum murcicum, in rupium fissuris cataractarum los Chorros, sol. calc. 800- 1000 m. Porta et Rigo ex Itinere hispa- nico, II, 1891, n° 395. H. scaposum Arv.-Touv. herb. (H. Soda Timb.-Lag. p. P- non alior.!). — Subériopode, d'un vert glauque ou glaucescent; tige grêle, scapiforme et aphylle, de 1-3 décim. environ, ascen- dante ou dressée, subflexueuse, glabre ou glabrescente, monocé- phale ou fourchue-2-4-céphale, I premier rameau ou pédoncule commencant souvent dés la base et ascendant-redressé, les uns et les autres munis de petites bractées et éloilés-farineux sous le péricline ; celui-ci assez petit, ovoide, glabrescent ou pulvérulentet ordinairement non glanduleux ainsi que les pédoncules, à écailles barbelées au sommet et atténuées-aigués ou subaiguës, les exté- rieures lâchement appliquées ou subétalées et se continuant en ARVET-TOUVET ET GAUTIER. — HIERACIUM NOUVEAUX. 334 bractées sur les pédoncules; ligules à dents ciliolées et styles jaunes; feuilles assez petites, elliptiques-mucronées ou les plus intérieures seulement acuminées-aigués, crénelées-dentées ou presque très entières, láchement poilues sur les deux faces ou gla- brescentes en dessus, atténuées en pétiole ordinairement très court et très poilu, les caulinaires nulles et remplacées par des bractées. — Juillet. Cette plante fait fe passage des Microcerinthea aux Erioce- rinthea. Hab. Hautes-Pyrénées : cascade des Demoiselles, éboulis de la Glère à Luchon, etc. Groupe ERIOCERINTHEA H. ÆmuLcum Arv.-Touv. et Gautier (H. pallescens Timb.-Lagr. p. p. in herb. Gautier non alior.!; H. Ramondi Timbal p. p. non Grisb.!; H. saxatile Timb. p. p. non Vill.). — Plante voisine du saxatile Vill. dont elle se distingue surtout par ses feuilles gla- brescenles ou peu poilues si ce n'est sur les bords et sur les nervures, très manifestement sinuées-dentées ou denticulées, les radicales atténuées en pétiole court ou allongé mais toujours très distinct du limbe, les caulinaires nulles ow une seule atténuée- cunéiforme ow atténuée sessile et subembrassante, mais bien moins manifestement que dans le saxatile, et enfin par son réceptacle fortement marginé-denté en méme temps que ciliolé. — Juin- juillet. Hab. Vallée de Llo (Pyrénées-Orientales), Guillon; pic de Bu- garach et rochers de Camps dans les Corbières, etc., Gautier ; Albacete, in pascuis nemorosis Sierræ de Alcaraz, sol. calc. 1500- 1800 métres, 95 Jun. Porta et Rigo, Iter III, hispanicum, 1891, n° 396 (cum- Hier. prasiophæo Arv.-Touv. mixtum). H. m&rTICUM Arv.-Touv. et Reverchon. — Souche plus ou moins ériopode, produisant une ou plusieurs tiges scapiformes et ordi- nairement aphylles, de 1-3 décim., ascendantes ou dressées, lâchement poilues-pubescentes ou glabrescentes, monocéphales ou fourchues-oligocéphales ou plus rarement fourchues-subcorymbi- formes au sommet, à pédoncules appuyés par une écaille ou brac- tée linéaire, plus ou moins étoilés-farineux-aranéeux et glandu- 332 SÉANCE DU 11 war 1894. leur ainsi que le péricline; celui-ci médiocre, arrondi-ovoide ou ovoide, à écailles lancéolées-acuminées, mais obtusiuscules, ou les plus intérieures seulement atténuées-aigués ; ligules à dents glabres ou glabrescentes; styles ordinairement jaunes; akénesde 5 millim. environ, noirátres à la maturité; réceptacle denticulé-fibrilleux plutót que ciliolé; feuilles toutes radicales, poilues-soyeuses ordi- nairement sur les deux faces et surtout sur les pétioles, par des poils denticulés et trés blancs (sur le vif), ovàles elliptiques, oblon- gues et obtuses-mucronées ou les intérieures seules lancéolées- acuminées, sinuées-dentées surtout inférieurement ou presque trés entières; les caulinaires nulles ou très rarement, une seule réduite et atlénuée en péliole. — Juin-juillet. Plante tenant autant, si ce n'est plus, des Pulmonaroides que des Cérinthoides. Hab. Andalousie : Sierra de la Niéve, les rochers calc. 12 juil- let (Reverchon). — Regnum murcicum, in rupibus Sierræ Palomera inter Yeste et Segura, sol. calc. 1200-1500 métres. 10 Jul. Porta et Rigo, Iter. III, hispanicum, 1891, n° 399. — Regnum Valentinum, in rupium rimis Sierre Mariola, sol. calc. 1400-1700 mètres (11 Jun. Porta et Rigo, ibid., n° 394). H. Euisæanum Arv.-Touv., mss. — Phyllopode et ériopode; scape grêle, ascendant ou dressé, fourchu-rameux-oligocéphale dès la base ou dès le milieu, ow au sommet seulement, glabre ou pubescent surtout à la base, à pédoncules monocéphales et ascen- dants-redressés, étoilés-farineux et finement pubescents-glandu- leux ou non, ainsi que le péricline; celui-ci petit, arrondi-ovoide ou ovoide, à écailles atténuées-aigués et cendrées-grisâtres; ligules à dents ciliolées et styles jaunes; akènes de 21/2 à 3 millim., noirâtres à la maturité; réceptacle poilu-ciliolé ; feuilles générale- ment assez petites et assez étroites, glauques ou glaucescentes, sinuées-dentées ou presque très entières, poilues-hérissées ordinai- rement sur les deux faces, mais surtout en dessous et sur les pétioles par des poils dentés plutót que subplumeux, les radicales exté- rieures elliptiques ou oblongues-obovales et obtuses mucronées, les intérieures lancéolées et aigués, atténuées en pétiole ordinaire- ment plus court que le limbe, les caulinaires nulles ou 1-2 réduites ou méme bracléiformes, à la naissance des pédoncules. — Juin- juillet-août. ARVET-TOUVET ET GAUTIER. — HIERACIUM NOUVEAUX. 333 Hab. Province de Valence (Espagne) : Sierra de Javalambre sur les rochers calcaires (Reverchon, n° 3, Plantes d'Espagne, 1891). — Province de Teruel (Espagne), Sierra de Javalambre, sur les rochers calcaires escarpés à 2000 métres (Reverchon, plantes d'Es- pagne, 1892). — Albacete, in rupium fissuris sierræ de Alcaraz, sol. cale. 1800-2000 mètres (Porta et Rigo, Iter. I, hispanicum, 1891, n° 323). — Regnum Granatense : Sierra-Nevada, in rupium fissuris mont Dornago, sol. cal. 2200 métres (Porta et Rigo, Iter. II, hispanicum, 1891, n° 564). — Regnum Granatense : Sierra- Nevada, in rupibus ad Vilar et Trevenque, sol: dolomit. 2100- 2200 métres. Porta et Rigo, ibid., n" 666 (primum sub nomine falso, H. flocciferi Arv.-Touv.). H. rLocciFERUM Arv.-Touv., in Revue de bot., t. IX, n° 97, p. 31 (H. sericeum, saxatile, Lausonii, tomentosum et candidis- simum p. p. Timb.-Lagr. in herb. Gautier ! non alior.!). — Tient le milieu entre candidum Scheele, cryptanthum et saxatile. Comme le cryplanthum, il a les feuilles sinuées-dentées, les pé- doncules poilus-glanduleux ainsi que le péricline qui est égale- ment grisâtre ou un peu blanchâtre par la présence de poils bar- belés et étoilés, mais sa pilosité est plus laineuse-entrelacée et donne aux feuilles une apparence feutrée comme celle du candi- dum. Ces caractères le distinguent facilement de PH. saxatile Vill., avec lequel on le confond souvent. — Juin-juillet. Hab. Tout le massif des Corbiéres, dans les départements de l'Aude et des Pyrénées-Orientales et jusque dans l'Ariége, notam- ment : sur les rochers des gorges de La Fraux, entre Fougax et Comus (Ariège). — Sur les rochers de la Pierre-Lisse, près deQuil- lan; entre Axat et la Pierre-Lisse ; route d'Axat à Sainte-Colombe sur l'Aiguette, au-dessus du confluent de l'Aiguette avec l'Aude, ainsi qu'à la naissance de la gorge du Llauzeret, dans les gorges de Saint-Georges ; entre les bains d'Usson et ceux de Carcaniéres, sur les rochers de la route; de Gincla à Salvanére (Aude). — Entre Rabouillet et Sournia; route de Caudiés à Fenouillet (Pyrén. Or.), etc. (G. Gautier), manque totalement dans les Alpes! H. AncynREUM Arv.-Touv. et Gautier. — Feuilles trés entières ou simplement denticulées, parfois un peu ondulées sur les bords, couvertes ordinairement sur les deux faces d'un tomentum lai- neux-subplumeux et plus ou moins soyeux-argenté; les basilaires 334 SÉANCE DU 11 MAI 1894. lancéolées ou étroitement obovales-lancéolées; les caulinaires nulles ou plus souvent 1-3, lancéolées-acuminées et demi-embras- santes à la base marquée de violet, l'inférieure parfois un peu panduriforme; tige grêle mais ferme et dure, de 1-3 décim., glabre et lisse dans le milieu de sa longueur, monocéphale ou fourchue-oligocéphale, à pédoncules gréles, arqués-ascendanls, finement étoilés-farineux et glanduleux dans le haut ainsi que le péricline; celui-ci assez petit, à écailles-alténuées-obtuses ou les plus intérieures atténuées-aigués ; ligules à dents ciliolées et styles jaunes. — Juillet. Hab. Bielsa, Aragon, Espagne (Bordére et Gautier). H. TRICHOCERINTHE Arv.-Touv. mss. et herb. — Phyllopode et plus ow moins ériopode; tige de 1-3 décim., ascendante ou dressée, mollement hérissée dans toute sa longueur par des poils flexueux et subplumeux, peu feuillée, simple, monocéphale ou fourchue-rameuse-oligocéphale, à pédoncules allongés, naissant à l'isselle des feuilles eaulinaires, étoilés-farineux et poilus- hérissés, mais non glanduleuz, ainsi que le péricline qui est un peu velu, celui-ci médiocre, arrondi-ovoide, à écailles lancéolées- acuminées mais subobtuses ou les plus intérieures seules atté- nuées-aigués; ligules à dents longuement ciliées ou non et styles jaunes; feuilles glauques ow glaucescentes surtout en dessous, très entières ou superficiellement sinuées-denticulées, mollement poilues-hérissées ordinairement sur les deux faces, mais surtout en dessous et sur les pétioles; les radicales elliptiques-lancéolées ou les plus extérieures étroitement obovales, obtuses-mucronées ou briévement acuminées au sommet, atténuées vers la base en péliole très étroit et presque égal au limbe; les caulinaires 9-4, lancéolées-acuminées, l'inférieure atténuée en pétiole ailé, les autres sessiles-subembrassantes à la base, se continuant par des bractées sur les pédoncules. j Cette plante tient à la fois du longifolium Schl., du cerin- thoides L. et du Neocerinthe Fries, mais elle en est très distincte par les caractères indiqués et en particulier par l'absence totale de poils glanduleux. — Août-septembre. Hab. Les Eaux-Bonnes à la Coume d'Aas et col de Tortes (Basses-Pyrénées) (Mouillefarine). ARVET-TOUVET ET GAUTIER. — HIERACIUM NOUVEAUX. 335 Groupe EUCERINTHEA . H. srENocLINIUM Arv.-Touv. et Gautier (H. vulgatum et palli- dum Timb.-Lagr. in herb. Gautier! non alior.!). Voisin du Gouani Arv.-Touv. Spicileg. Hier. supplem. 2, p. 47; en différe surtout par son péricline plus étroit, subcylindrique et à écailles subaigués ou obtuses presque comme dans le H. prenanthoides Vill.; par ses feuilles plus ou moins dentées ou denticulées, les caulinaires lan- céolées et plus ow moins atténuées-resserrées au-dessus de la base demi-embrassante, ce qui les rend un peu panduriformes ou les supérieures réduites, sessiles-acuminées ou méme sublinéaires, enfin par son réceptacle moins hérissé et ses akénes d’un bai pourpre à la maturité. Hab. Hautes-Pyrénées espagnoles : sentier du col de Bonaigo, au delà du Rio-Ruda, dans le val d'Aran, etc. (Gautier). Peut se retrouver dans les Hautes-Pyrénées francaises. H. BouriGNYANUM Arv.-Touv. mss. et herb. et in herb. Grenier nune Mus. Par. — H. vogesiacum Boutigny exsicc. 1853 (non Moug.). — H. cerinthoides var. Boutignyanum F. Schultz in litt., non H. Boutignyanum Fr. Schultz Herb. norm. cent. ll, n° 1094 (qui n'est autre chose que H. Loreti Fries, ou plutôt une simple variété villosa ou pilosissima du cerinthoides L.). — H. arnicoides p. p. Grenier herb., nunc Mus. Paris. (non H. ar- nicoides G. G., Fr. 2, p. 371!). — Phyllopode; tige de 2-3 décim. environ, ferme, dressée, glabrescente ou plus ou moins poilue- pubescente, terminée au sommet par quelques capitules (3-5 ou plus) portés sur des pédoncules plus ow moins étalés-divariqués et arqués-redressés en crochet, étoilés-farineux et poilus-glanduleux ainsi que le péricline qui est en méme temps un pew velu; celui-ci arrondi-ovoide et un peu ventru, à écailles atténuées-subaigués ; ligules à dents fortement ciliolées; styles jaunâtres ou livides ; ré- ceptacle cilié-hérissé ; feuilles très entières ou finement cuspidées- denticulées sur les bords, longuement barbues-hérissées à la base, sur les pétioles et sur la nervure en dessous, du reste glabrescentes ou lâchement poilues-ciliées sur les bords et sur les faces; les radicales élégamment elliptiques-ovales, obluses-mucronées ow les intérieures à peine acuminées, atténuées-subcontractées à la base 336 SÉANCE DU 11 Mar 1894. en pétiole barbu-hérissé el généralement assez court; les caulinaires 2-3, décroissantes, ovales-lancéolées, brusquement acuminées au sommet, atlénuées-sessiles ow à peine un peu embrassantes à la base, les supérieures souvent réduites et se continuant en bractées sous les pédoncules. — Juin-juillet. Hab. Hautes-Pyrénées : rochers calcaires à Lourdes, juin 1873 (Boutigny in herb. Arvet-Touvet); rochers calcaires à la grotte des Espélugues, près Lourdes, juin 1856 (Boutigny in herb. Grenier, nunc Mus. Paris, n° 26 de Boutigny). Groupe ALATA H. EXALTATUM Arv.-Touv. Spicileg. Supplem. 1, p. 41 (1886). — H. macrophyllum Timb.-Lagr. p. p.! (non Scheele!). — H. spectandum Timb.-Lagr. (ex loco natali) Capsir, p. 153 (1887). — H. Scheelei Timb.-Lagr. p. p. in herb. Gautier! (non Willk. !). — Hypophyllopode et gymnopode; tiges de 4-7 décim. environ, bien feuillées, souvent rassemblées en assez grand nombre sur le méme pied, plus ou moins pubescentes ou glabrescentes, subpa- niculées-oligocéphales au sommet ow rameuses dés le milieu ou parfois méme presque dés la base, à rameaux alors allongés, feuillés, mono-oligocéphales au sommet et subfastigiés ; péricline un peu moins grand que celui du cerinthoides type, arrondi- ovoide, d'un vert olivâtre ou noirátre, à écailles lancéolées-aigués ow subaigués, plus ou moins poilues-glanduleuses ainsi que les pédoncules; ligules à dents ciliées et styles jaunes; akènes de 4 millim. environ, bais-marrons à la maturité; réceptacle poilu- hérissé; feuilles d’un vert plus ou moins glauque, roussissant facilement par la dessiccation, trés entières ou superficiellement denticulées, ciliées-pubescentes sur les bords et sur la nervure dor- sale, ordinairement glabres et un peu luisantes en dessus; les radi- cales obovales ou oblongues, atténuées en pétiole plus ou moins allongé et marginé ou ailé, souvent détruites au moins en partie sous l’anthèse; les caulinaires inférieures presque semblables aux radicales, mais atténuées en pétiole plus largement ailé et dilaté- subembrassant à la base; les moyennes et les supérieures cordi- formes-embrassantes et brièvement acuminées-subaigués ou aiguës jusqu'à ce qu'elles deviennent bractéiformes sur les pédoncules.— Juillet-août. a ARVET-TOUVET ET GAUTIER. — HIERACIUM NOUVEAUX. 331 Hab. Pyrénées-Orientales : le Capsir, vallée de Galba, rochers de Caruby, etc. — Hautes-Pyrénées espagnoles : prairies de Rio- Ruda, au-dessus de Trédos dans le val d'Aran!, etc. (Gautier). — Trés belle plante et bien caractérisée! H. FoucaUDIANUM Arv.-Touv. mss. — Très rapproché d'Hier. exaltatum Arv.-Touv. Spicil. supplém. 1, p. 44. — Hypophyllo- pode et gymnopode; tige de 5-7 décim., bien feuillée, lâchement et mollement poilue-hérissée inférieurement, portant vers le mi- lieu et dans le haut de petits poils noirátres renflés à la base qui la rendent plus ow moins rude, paniculée-subcorymbiforme supé- rieurement, à pédoncules ascendants ou arqués-redressés, très poilus-glanduleux ainsi que le péricline; celui-ci noirátre, assez grand, arrondi-ovoide, à écailles acuminées-aigués, appliquées ou 1-2 extérieures subétalées; ligules à dents ciliolées; styles d'un jaune plus ou moins livide ou même à la fin brunátre ; akènes de ^ millim., d'un bai noirâtre à la maturité; aigrette roussátre ; réceptacle courtement poilu-hérissé; feuilles plus ou moins glauques en dessous, noircissant facilement par la dessiccation, poilues-hérissées au moins sur les bords et sur la nervure dorsale, trés entiéres ou superficiellement sinuées-denticulées; les basi- laires atténuées en long pétiole trés étroitement ailé, souvent dé- truites au moins en partie sous l'anthése; les caulinaires inférieures conformes aux basilaires, les suivantes rétrécies-cunéiformes en pe- tiole plus largement ailé, les moyennes et les supérieures sessiles- sub-embrassanles à la base et décroissant en bractées lancéolées sous les pédoncules. Racine en forme de rhizome allongé-flexueux. — Août. Hab. Hautes-Pyrénées : la Peguére, près de Cauterets, altitude 1900 métres environ (Foucaud). H. Neoporonicum Arv.-Touv. et Gautier; H. cyclophyllum et H. rubricaule Timb.-Lagr. p. p. Massif du Laurenti, p. 410 (non H. rubricaule Dumort. Belg., p. 42). — Phyllopode et gymno- pode; tige de 3-6 décim., peu feuillée, glabrescente ou ciliée- hérissée, subpaniculée-oligo- -pléiocéphale au sommet, à rameaux et pédoncules ascendants-dressés; péricline arrondi-ovoide ou ovoide, presque aussi grand que celui du cerinthoides type, d'un vert olivâtre ou un peu noirátre, à écailles atténuées-subaigués ou aigués, plus ou moins poilues-glanduleuses ainsi que les rameaux T. XH. (SÉANCES) 22 338 SÉANCE DU 11 Mar 1894. et pédoncules; ligules d'un jaune ordinairement pâle, à dents courtes, ciliolées ou glabrescentes et styles ordinairement livides; akénes bais-roussátres ou bais-marrons à la maturité; feuilles d'un vert plus'ou moins glauque ou glaucescent, surtout en dessous, mais jaunissant facilement par la dessiccation, glabres ou glabres- centes et poilues-ciliées seulement aux bords et sur la nervure dorsale, ondulées-denticulées ou plus ou moins dentées, surtout inférieurement, parfois tachées ou lavées de pourpre en dessous ainsi que la tige inférieurement; les radicales obovales-subar- rondies ou ovales-elliptiques, trés obtuses-mucronées ou briéve- ment acuminées au sommet, contractées-subatténuées en pétiole vers la base; les caulinaires peu nombreuses, 2-4, elliptiques ou ovales-acuminées, les inférieures, 1-2, plus ou moins rétrécies el demi-embrassantes à la base, la moyenne plus ou moins cordi- forme-embrassante, la supérieure simplement sessile, se continuant en bractées sur les pédoncules et à leur base. Hab. Pyrénées de l'Ariége, massif du Laurenti : val de Pailliéres au roc de Lorry et à Soucarrat; cabane des Aiguettes en montant au cirque des Aiguettes ; vallon de Counq; lac du Laurenti; escale de Valbonne, etc. (Gautier et Timbal). H. BARRERANUM Arv.-Touv. et Mailho. — Phyllopode et gym- nopode; tige de 3-7 décim., trés manifestement striée ou sillon- née, assez fragile et compressible, poilue-hérissée inférieurement et très glanduleuse dans le haut, médiocrement ou peu feuillée, terminée par un corymbe oligocéphale ou rameuse dès le milieu ou presque même dès la base, à rameaux alors allongés et subfas- tigiés, à pédoncules ascendants-redressés et très poilus-glanduleuz ainsi que le péricline; celui-ci d'un vert noirátre olivátre comme les poils glanduleux qui le couvrent, ovoide-subturbiné à la base, un peu moins grand que celui du Neodoronicum, mais plus grand que celui de l’alatum Lap., à écailles atténuées-aigués ou sub- aiguës; ligules d'un jaune doré ou parfois un peu pâle, à dents assez profondes et ciliolées ou glabaescentes; styles brunâtres ou livides ; akènes de 3 1/2 à 4 millim., d'un bai noirâtre à la matu- rité; réceptacle denté-fibrilleux et à peine ciliolé; feuilles jaunts- sant facilement par la dessiccation, poilues-hérissées principale- ment sur les pétioles, sur la nervure dorsale etsur les bords, glabres ou glabrescentes en dessus ; les radicales ovales-arrondies ARVET-TOUVET ET GAUTIER. — HIERACIUM NOUVEAUX. 339 el ordinairement très entières au sommet, plus ou moins dentées inférieurement, tronquées ou subéchancrées à la base et brusque- ment contractées en péliole; les caulinaires, 2-4, très espacées, profondément dentées ou même incisées-dentées inférieurement, contractées-suballénuees en péliole ailé et demi-vaginant ou ses- siles-subembrassanles à la base, se continuant par des bractées linéaires-acuminées à la base des pédoncules et jusque sous le péricline. — Juin-juillet. Hab. Saint-Sauveur à Foix (Ariège) [abbé Mailho, etc. ]. H. ALATOM Lap. Abrég., 478; G.G. FI. Fr., 9, p. 368!. — Descriptio optima!— H. arbascense Timb.-Lagr., Massif d Arbas, p. 98et Massif du Laurenti, p. 2651. — La description de Gre- nier ne laisse rien à désirer, sauf pour ce qui concerne la panicule qui est parfois très rameuse et trés développée; mais toujours les rameaux et pédoncules sont très ouverts et presque divariqués; les feuilles caulinaires sont toujours nombreuses ou assez nombreuses et plus ou moins incisées-dentées, les basilaires atténuées en long pétiole trés hérissé!, etc. Hab. Pyrénées-Orientales et Pyrénées de l'Ariège : vallée d'Eynes; mont de Cagire, Trés-Seignous; massif du Laurenti : Estagnet, val de Pailléres, versant oriental; pic de Mounégou ; pointe de Lesquerde, etc. Oss. — Timbal-Lagrave, dans plusieurs de ses publications, a avancé que I'H. alatum Lap. était un hybride de H. Neocerinthe Fries et du Crepis paludosa Mænch. Cette opinion, plus que fantaisiste et absolument erronée, se trouve confirmée dans l'herbier Marcailhou d'Aymérie, par deux déterminations de Timbal lui-màme! Or veut-on savoir ce que réprésentent les plantes ainsi déterminées? L'une est une forme du Crepis grandiflora Tausch, et l'autre une forme du Crepis suc- cisæfolia Tausch !. — On voit par là, et par une multitude à peine croyable d'autres erreurs et confusions de cette force ou à peu prés qui fourmillent malheureusement partout, le cas que l'on peut faire, dans ce genre, de ses trop nombreuses publications qui mériteraient un jugement plus sévére encore, s'il se peut, que celui porté par Fries, Epicrisis, pp. 93, 96 et 62, sur celles de Schleicher et de Lapeyrouse. 340 SÉANCE DU 14 Mar 1894. H. ATTRACTUM Arv.-Touv. mss. (H. doronicoides var. olivas- cens Arv.-Touv. prius). — Plante d'un vert plus ou moins oli- vátre; phyllopode et gymnopode ou un peu ériopode; tige de 3-7 décim., souvent colorée de violet au moins inférieurement, ferme, dressée, glabrescente ou plus ou moins pubescente, mé- diocrement feuillée, terminée au sommet par quelques calathides inégalement pédonculées ou par une panicule subcorymbiforme, à rameaux et pédoncules ascendants-redressés, trés étoilés-farineux et poilus-glanduleux ainsi que le péricline; celui-ci médiocre ou assez grand, d'un gris plus ou moins noirâtre, à écailles lan- céolées-aiguës ou subaigués; ligules à dents ciliolées ou glabres- centes et styles ordinairement jaunátres; akénes noirátres à la maturité; réceptacle cilié-hérissé; feuilles poilues-hérissées au moins sur les bords, sur les nervures en dessous et sur les pétioles, plus ou moins dentées surtout inférieurement ou presque très entières; les radicales obovales ow obovales-lancéolées, obtuses- mucronées ou briévement.acuminées au sommet, alténuées ou subcontraclées en pétiole étroitement marginé et ordinairement plus court que le limbe; les caulinaires 3-7, très décroissantes, allénuées en pétiole marginé ow atténuées-sessiles et subembras- santes à la base, se continuant en bractées sur les pédoncules el à leur base. — Juin-juillet. Plante ayant des rapports avec H. alatum Lap., Neocerinthe Fries et vogesiacum Moug. Hab. Bois du Pech sous le Bigné, alt. 900 m. etéboulis du Pech au Bigné, près Foix, alt. 800 mètres (Ariège) [Sudre et Guilhot] ; se retrouve dans le canton d'Ax, etc. H. poRowicorpEs Arv.-Touv. mss. (H. doronicoides var. vires- cens Arv.-Touv. prius). — Phyllopode ou hypophyllopode et gymnopode; tige de 3-6 décim., verte-striée, fragile et facilement compressible, médiocrement ou assez feuillée, glabrescente ou Un peu poilue-hérissée inférieurement, terminée au sommet par une vanicule ordinairement oligocéphale, à pédoncules dressés ou dressés-étalés, médiocrement étoilés-farineux et très poilus-glan- duleux ainsi que le péricline; celui-ci médiocre ow assez petit, d'un verl plus ou moins grisátre, à écailles lancéolées-aigués 0U subaigués; ligules ordinairement d'un jaune pâle, à dents ciliolées et styles jaunátres; réceptacle très courtement ciliolé-hérisse ; ARVET-TOUVET ET GAUTIER. — HIERACIUM NOUVEAUX. 341 feuilles d'un vert gai, ciliées-hérissées sur les bords, sur les nèr- vures en dessous et sur les pétioles, plus ow moins sinuées-denti- culées sur les bords; les radicales obovales ou ovales-lancéolées, obtuses-mucronées ou briévement acuminées; les caulinaires, 3-7, ovales-lancéolées ow lancéolées et peu décroissantes, Vinfé- rieure atténuée en pétiole ailé, les autres sessiles-embrassantes ow subembrassantes à la base, se continuant en bractées sur les pédoncules et à leur base. Plante ayant un peu la couleur, le port et l'aspect de l’ H. doro- nicifolium Arv.-Touv. Hab. Bois du Bigné au Pech de Foix, alt. 800 m. et bois du Pech vers Montgaillard, alt. 800 mètres (Ariège). — Juin-juillet. — Sudre. H. ovarum Arv.-Touv. mss. (H. cyclophyllum Timb.-Lagr. p. p. exsiec. ab ipso missum, non Massif du Laurenti, p. 410); (H. doronicoides var. lutescens Arv.-Touv. prius). — Phyllopode et gymnopode ; tige de 3-5 décim., souvent violacée inférieurement, ferme et dure, peu feuillée, glabrescente ou un peu poilue-héris- sée au moins inférieurement, terminée au sommet par une pani- cule oligo-pléiocéphale et subcorymbiforme, à pédoncules ascen- dants-dressés, étoilés-farineux et poilus-glanduleux ainsi que le péricline; celui-ci médiocre ou assez petit, d'un noir grisátre, à écailles lancéolées-aigués ou subaigués; ligules ordinairement d'un jaune foncé, à dents ciliolées et styles jaunes; réceptacle finement et courtement cilié-hérissé; feuilles d'un vert jaunâtre (sur le sec), poilues-hérissées sur les bords, sur les nervures en dessous et sur les pétioles, plus ow moins sinuées ou subincisées- dentées inférieurement ; les radicales obovales ou ovales et obtuses- mucronées au sommet, contractées ow subatténuées en pétiole étroitement ailé et égalant souvent le limbe; les caulinaires, 3-4, espacées el ovales-acuminées, l'inférieure atténuée en pétiole ailé, la moyenne sessile-subperfoliée à la base, les supérieures sessiles- subembrassantes, se continuant en bractées sur les pédoncules et à leur base. — Juin-juillet. ; Plante ayant le portet l'aspect de certaines formes du subalpi- num Arv.-Touv. Hab. Coteaux des bords de la Garonne, aux environs de Tou- louse (Haute-Garonne) : coteaux d'Eunes, etc. 342 SÉANCE DU 11 mar 1894. . H. cuneatum Arv.-Touv. et Gautier; H. alatum Timb.-Lagr. p- p., plante d'Eunes, prés le Fango (non Lap.!) ; H. arbascense Timb.-Lagr. p. p., non Massif d'Arbas, non Massif du Laurenti!). — Phyllopode et gymnopode; tige de 4-8 décim., glabre ou gla- brescente, médiocrement ou pew feuillée, subpaniculée-oligo-pléio- céphale au sommet ou rameuse-polycéphale dés le milieu ou parfois méme dès la base, à rameaux alors allongés et sub[asti- giés; péricline arrondi-ovoide ou ovoide, à peu prés de la grandeur de celui de l'alatum, d'un gris noirâtre, à écailles atténuées- aigués ou subaigués, poilues-glanduleuses et étoilées-farineuses ainsi que les rameaux et pédoncules; ligules à denis glabres ou glabrescentes (ciliées dans alatwm) et styles ordinairement livides (jaunes dans alatum et la forme arbascense) ; akènes noirâtres à la maturité et réceptacle ciliolé; feuilles d'un vert glauque ou glau- cescent, s'obscurcissant ou se décolorant facilement par la dessic- cation, ordinairement glabres ow glabrescentes et simplement ciliées sur les bords, sur la nervure dorsale et sur les pétioles, sinuées-denticulées ow plus ow moins dentées, ordinairement toules atténuées-cunéiformes vers la base ; les radicales obovales, obo- vales-lancéolées ou oblongues, plus ou moins longuement pé- tiolées; les caulinaires 3-5, dont l'inférieure presque semblable aux radicales et les autres moins étroitement et plus courtement atténuées-cunéiformes à la base et acuminées très aiguës au som- met, continuées par des braetées cuspidées sur les pédoncules et à leur base. — Juin-juillet. Hab. Coteaux de la Garonne dans les environs de Toulouse : coteaux d'Eunes, près le Fango (H. alatum Timb.-Lagr. eæsice. et in herb. Gautier!). — Massif d'Arbas, grotte de Bourusse et au- dessus (H. alatum p. p. et arbascense p. p. Timb.-Lag.! etc.) (Haute-Garonne). H. LusrRATUM Arv.-Touv. et Guilhot. — Hypophyllopode et gymnopode; tige de 3-5 décim., luisante, facilement compressible et trés fragile, flexueuse, finement pubescente dans le bas et glan- duleuse dans le haut, médiocrement ou peu feuillée, mono-oligo- céphale au sommet, à pédoncules allongés, ascendants-dressés ou d'abord peuchós-recourbés, étoilés-farineux et poilus- -glanduleux ainsi que le péricline qui est en méme temps un peu velu; celui-ci assez grand ow médiocre, d'un noir grisátre olivátre, à écailles ARVET-TOUVET ET GAUTIER. — HIERACIUM NOUVEAUX. 343 très alténuées-aigués el comme subulées, les extérieures subétalées, accompagnées de longues bractées au sommet du pédoncule; ligules à dents plus ou moins ciliolées et styles ordinairement jaunes; aigrette blanchâtre; feuilles molles, membraneuses et plus ou moins luisantes parfois sur les deux faces, très entières ou super- ficiellement ondulées-dentées ou denticulées, poilues-pubescentes principalement sur les pétioles, sur la nervure dorsale et sur les bords; les basilaires généralement peu nombreuses, cunéiformes à la base et insensiblement atténuées en long pétiole étroitement bordé et souvent, au moins en partie, détruites sous l’anthèse; les caulinaires assez distantes, les inférieures atténuées en pétiole ailé et subvaginant à la base, les moyennes ovales-lancéolées, acu- minées au sommet et subvaginantes ou comme subperfoliées à la base, les supérieures réduites ou bractéiformes et simplement sessiles. Plante trés distincte des espèces voisines! — Juillet-août. Hab. Rochers schisteux des montagnes de Brassac (Ariége), alt. 1500 métres (Guilhot). H. TOLPIDIFOLIUM Arv.-Touv. mss. et in herb. Marcailh. et Sudre. — Phyllopode ou hypophyllopode; tige de 3-7 décim. com- pressible, élancée, droite ou flexueuse, glabrescente ou plus ou moins hérissée dans toute sa longueur, pew feuillée, mono-oligo- céphale au sommet ou fourchue-paniculée-oligo-pléiocéphale, à pédoncules étoilés-farineux et poilus-glanduleux ainsi que le péri- cline; celui-ci médiocre ou assez petit, d'un gris olivátre ou plus ow moins noirátre, à écailles acuminées-aigués ou subaigués; ligules à dents ciliolées ou glabrescentes et styles ordinairement jaunes; réceptacle poilu-hérissé; feuilles minces, membraneuses et d'un vert plus ou moins glauque surtout en dessous, mais s'obs- eurcissant facilement par la dessiccation, presque trés entières ow plus ou moins dentées ou méme subincisées inférieurement, à dents en forme de mucron ou cuspidées, glabrescentes ou poilues-héris- sées sur les.bords, sur la face inférieure et sur les pétioles; les radicales parfois détruites sous l'anthése, obovales ou oblongues loujours atténuées et jamais contractées en pétiole court ou plus souvent allongé, obtuses-mucronées ou subacuminées-aigués ; les caulinaires 2-3 trés espacées, l'inférieure presque semblable aux radicales et atténuée en pétiole allongé plus ou moins ailé et demi- 344 SÉANCE DU 11 Mar 1894. vaginant à la base, la moyenne sessile ow subembrassante à la base, les supérieures réduites, se continuent en bractées sur les pédoncules et à leur base. — Juin-juillet. Plante remarquable, ayant le port, la couleur et les feuilles de certains Tolpis; varie à pilosité parfois assez abondante, surtout inférieurement, ou rare et clairsemée. Hab. Pyrénées de l'Ariége : Bois de Gourdon-sous-Ignaux et rochers de la Capullo aux environs d'Ax; bords du ruisseau d'Echenac sur les rochers humides; bords de la route nationale au premier lacet sur l'Hospitalet à 1450 m.; canton d’Ax-les- Thermes, etc. (Marcailhou d'Aymeric); bois du Pech-de-Fois, sol, argil. calc., alt. 800 mètres et bois du Pech vers Montgaillard (Ariège) [Sudre]. Groupe POGONATA Plantes se distinguant des espèces du groupe Olivacea par leurs feuilles trés poilues-hérissées ou plus ou moin: barbues-laineuses. H. POGONATUM Arv.-T. mss. et in herb. Gautier et Marcailhou d'Aymeric; H. vestitum Rchb. Ic. t. 131, f. 1? (non G. G.!) ; H.se- riceum Rchb. Ic. t. 131, f. 2? (non Lap. nec G. G. nec alior.!}; H. vestitum p. p., oreades p. p., sericeo-lividum, lividum var. e lanceolatum Timb.-Lagrave in herb. Marcailhou d'Ayméric!). — Phyllopode et ériopode; souche ordinairement forte, laineuse et conservant plus ou moins les débris des anciennes feuilles, produi- sant une ou plusieurs tiges de 2-4 décim. environ, un peu fragiles et compressibles, mollement barbues-hérissées inférieurement et souvent même dans toute leur longueur, mono-oligocéphales au sommet ow fourchues-rameuses et subcorymbiformes, à rameaux et pédoncules très inégaux, couverts ou parsemés, ainsi que le péricline, de poils glanduleux noirátres ou d'un jaune olivátre au sommet, mêlés ou non de poils simples et de poils étoilés; cala- thides assez grandes; péricline ovoide ou à la fin arrondi-ovoide, à écailles d'un vert plus ow moins noirátre sur le dos, scarieuses sur les bords et atténuées-aigués au sommet; ligules à dents ciliolées et styles jaunes; akènes d'un bai passant au violet puis au noir à la maturité, de 3 1/2 millim. de long environ; réceptacle denté ou denticulé-fibrilleux et subciliolé; feuilles couleur d'étain ou glauques-cendrées surtout en dessous, élégamment elliptiques 0u ARVET-TOUVET ET GAUTIER. — HIERACIUM NOUVEAUX. 345 subovales-lancéolées ow oblongues, entiéres ou peu dentées, barbues- hérissées surtout en dessous et sur les pétioles par de longs poils fleœueux et soyeux; les caulinaires nulles ou 1-2, réduites et lan- céolées ou sublinéaires. Mai-juin sur les basses montagnes, juillet-aoüt sur les hauteurs. Plante trés distincte, presque inter- médiaire entre les Cerinthoidea groupe Eriocerinthea et les Oreadea, et faisant probablement une espèce de premier ordre. Hab. Parait assez répandue dans les Pyrénées de l'Ariége et les Pyrénées-Orientales : Ax, roche de la Capullo; rochers sous le village d'Ignaux et bois de Gordon-sous-Ignaux ; rochers de la voie ferrée, prés du grand pont du chemin de fer, au Castelet; parc du Castelet, rochers de la rive gauche du Lagal, en face de la cha- pelle; rochers de la gorge de Mérens, prés le pont de Runac; Ax, rochers d'Encastel et roche de la Capullo sous le chemin de Pointe-Couronne; rochers du chemin de Perle à Unac; vallon du Crémal, ruisseau sous fasse du Tranquet, à 1800 métres et rochers du Port-de-Paillères à 1900-2000 mètres, etc. (Marcailhou d'Ayméric); vallée de Llo (Guillon et Gautier); vallée d'Eynes; route de Fontpédrouse à Mont-Louis; environs de Mont-Louis; environs d'Olette, chemin de Nyer, etc. (Gautier). H. rRICHODERMUM Arv.-Touv. et Gautier (H. olivaceum Timb.- Lagr. p. p. in herb. Gautier!) (non G. G.!); H. sessilifolium Timb.-Lagr. p. p. in herb. Gautier! (non H. sessilifolium ab ipso largitum!); H. pilosissimum Pourret sec. Timb.-Lagr. p. p. Reliq. Pourret. p. 68? (non alior.!). — Phyllopode et ériopode ; lige de 2-3 décim. ou méme plus, ascendante ou dressée, poilue- hérissée ordinairement dans toute sa longueur ou au moins infé- rieurement, aphylle ou oligophylle, mono-oligocéphale aw sommet ow pléiocéphale-subcorymbiforme, à pédoncules ascendants-dressés ow arqués-redressés, plus ou moins étoilés-farineux, surtout dans le haut, en méme temps que poilus et glanduleuz ainsi que le pé- ricline; celui-ci assez grand ou médiocre, arrondi-ovoide ou ovoide, d'un noir grisátre, à écailles atténuées-aigués ou sub- aiguës, proéminentes el chevelues-barbelées avant l'anthése; li- gules à dents glabres ou glabrescentes et styles ordinairement jaunes; réceptacle ciliolé-hérissé; feuilles un peu épaisses, entières ou plus ou moins dentées inférieurement, couvertes sur les deux faces et très abondamment à la base en dessous et sur les pétioles, 346 SÉANCE DU 141 Mar 1894. par des poils flezwewx un peu criniformes qui rendent la souche laineuse; les radicales ovales-lancéolées ou elliptiques, obtuses- mucronées ou les intérieures acuminées au sommet, contractées ou subatténuées en péliole court ow plus ow moins allongé (parfois caché dans le fomentum laineux (H. sessilifolium Timb.-Lagr.), parfois égalant presque les feuilles); les caulinaires nulles ou 1-2 développées, dont l'inférieure atténuée en pétiole, la supérieure ou l'unique, sessile ou atténuée-subvaginante à la base. Plante bien caractérisée, mais assez variable; trés développée, formant de grosses louffes à souche très épaisse et pluricaule ou réduite à souche bien moins épaisse et unicaule, mais toujours, dans son ensemble, étant un peu trapue dans toutes ses parties. Floraison très précoce. — Mai-juin. Hab. Tout le massif des Corbiéres : le mont Alarie, dans la Coume-de-la-Saumo, alt. 350 mètres environ (forma genuina, opima H. olivaceum Timb.-Lagr. p. p. in herb. Gautier!); mon- tagne de Saint-Victor ; rochers calcaires du plateau de Fontjoncouse qui regardent Saint-Victor; montagne de Périllous, prés de Feuilla, au-dessus de Hortoux ; vallée du Rébenty, dans les gorges de Jo- cou (Aude), etc. (Gautier). H. AvwEniCIANUM Arv.-Touv. mss. et in herb. Marcailhou d'Ay- méric. — Dun vert olivâtre subglaucescent ou plus ou moins sombre-noirátre sur le sec; tige de 1-3 décim., scapiforme, droite ou contournée-flexueuse, poilue-hispide, au moins inférieurement et parfois dans toute sa longueur, mono-oligocéphale au sommet, à pédoncules éloilés-farineux et plus ow moins poilus et glandu- leux ainsi que le péricline; celui-ci arrondi-ovoide, de la grandeur de celui du lividum, d'un noir plus ou moins grisátre, à écailles atténuées-aiguës ou subaigués, les extérieures lâchement appli- quées-subétalées, se prolongeant souvent sur le pédoncule en forme de bractéoles; réceptacle denticulé-fibrilleux et subciliolé ; ligules à dents ciliolées; styles ordinairement jaunes; akènes de 3 1/2 à 4 millim., d'un bai noir à la maturité: feuilles sinuées- denticulées ou plus ou moins profondément sinuées-dentées, sur- tout inférieurement, poilues-hispides ordinairement sur les deux faces et particulièrement sur les nervures en dessous et sur les bords, semées en outre, sur la face inférieure et sur les bords, de petits poils glanduleux, de poils étoilés et de quelques autres ARVET-TOUVET ET GAUTIER. —- HIERACIUM NOUVEAUX. 347 rameux comme dans certains Leontodon ; les radicales lancéolées, elliptiques-lancéolées ou oblongues, atténuées ou contractées en pétiole ordinairement plus court que le limbe et parfois méme très court; les caulinaires nulles ou 1-2 distantes et réduites, se continuant en bractées ou bractéoles sous les pédoncules et sous le périeline. Souche ordinairement trapue et assez forte, conser- vant plus ou moins les débris de la base des anciennes feuilles. — Juillet-août. Hab. Pyrénées de l'Ariège : vallée de Fontnègre, jonction du ruisseau de Ribenfut avec l'Ariège à 1935 mètres; roches schis- teuses du Pech-de-Rolland sur le pont de Lareng à 1190 mètres ; roches de gneiss du pic d'Auriol, versant de Bésines à 2520 mètres; vallon de Saint-Joseph ou de Cémens à 2220 mètres; la Pinouse de Paillères à 2020 mètres; pelouses sous le roc de Bragués à 2170 mètres; sommet du pic de Lafajolle à 2027 métres(Marcailh. d'Avméric). Groupe OLIVACEA H. masriLE Arv.-Touv. et Gautier; H. petrophilum Timb.- Lagr. le Capsir (1887) p. 182, pl. 8? (non H. petrophilum Arv.- Touv. Spicileg. Supplem. 2, p. 46! 18861); H. capsiriense Timb.- Lagr. p. p. in herb. Gautier! (non Timb.-Lagr. le Capsir, p. 152!); H. rupicola Timb.-Lagr. p. p. in herb. Gautier! non Jord.!. — Phyllopode et ériopode; tiges de 1-3 décim., souvent plusieurs sur la même souche, glabres ou glabrescentes, simples mono- oligocéphales au sommet ou plus souvent fourchues-rameuses, dès le milieu ou méme dés la base, à pédoncules pubérulents-étoilés- farineux au sommet, mais non ou à peine glanduleux ainsi que le péricline; celui-ci médiocre, ovoide, grisâtre, à écailles atté- nuées-aigués ou subaigués, barbelées au sommet et porrigées avant l'anthése; ligules à dents ciliolées et styles ordinairement jaunes ; feuilles glauques, mollement poilues-hérissées par des poils subplumeuz ou presque glabrescentes, très entières, sinuées-den- ticulées ou plus rarement presque roncinées-dentées ; les radicales hastées-lancéolées ou étroitement obovales-lancéolées subobtuses- mucronées ou brièvement acuminées-aigués au sommet, alténuées- cunéiformes vers la base, en pétiole étroit ouailé, courtou allongé ; les caulinaires nulles ou 1-2, trés espacées et décroissantes, atté- 348 SÉANCE DU 11 Mar 1894. nuées ow sessiles et subvaginantes à la base, acuminées-trés aiguës et comme cuspidées aw sommet, se continuant en bractées ou bractéoles sous les pédoncules supérieurs et sous le péricline. — Juin-juillet. — Plante trés bien caractérisée et trés distincte de toutes les espèces voisines ! Hab. Pyrénées-Orientales : vallée de Galba, aux rochers de Caruby et au-dessous de ces rochers, dans le Capsir (Gautier); Pyrénées de l’Ariège : rochers siliceux du ruisseau de Becq, alti- tude 700 métres (Sudre), etc. H. TiwBALIANUM Arv.-Touv. et Gautier (H. vestitum type Timb.- Lagr. in herb. Gautier! non G. G.!) (H. sessilifolium Timb-Lagr. p. p. ex speciminibus ab ipso acceptis!). — Phyllopode et plus ou moins ériopode; tiges de 2-3 décim., poilues-hérissées inférieure- ment, poilues-glanduleuses supérieurement, portant 1-3 feuilles, oligocéphales au sommet, à pédoncules un peu épais, couverts de poils à base noire el la plupart glanduleux ainsi que le péricline; celui-ci médiocre ou assez grand, arrondi-ovoide et d'un noir oli- válre ou couleur de pois, à écailles lancéolées-acuminées subob- tuses et les plus intérieures aiguës; ligules à dents plus ou moins ciliolées; réceptacle denticulé, non ow à peine ciliolé; feuilles ovales et obtuses-mucronées ou les plus intérieures seulement sub- acuminées, denticulées ou dentées surtout inférieurement, poilues- hérissées sur les deux faces et surtout sur les pélioles généralement assez courts et n'égalant pas la longueur du limbe; les caulinaires 1-3, fortement acuminées au sommet, sessiles ow subembrassantes à la base, se continuant en bractées sous les pédoncules. Souche zénéralement assez épaisse et planle un peu trapue, ayant le port de H. hypochærideum. Hab. Les Corbières : rochers et château de Gamps (Timb.- Lagr. et Gautier) ; Mirailles, au-dessous de Mato-Fagino, près de Massac (Gautier). H. vipUATUM Arv.-Touv. mss. et in herb. Gautier et Marcailhou d'Ayméric (H. vulgatum Boutigny, Bordére, Timb.-Lagr. p. P- m herb. Gautier et exsicc., non Fries!) (H. Retzii et rupicolum Timb.-Lagr. p. p. in herb. Gautier!). — Phyllopode et gymnopode; tige de 2-5 décim., glabre ou pubescente dans le bas ou même dans toute sa longueur, 1-3 phylle, 1-oligocéphale aw sommet ou fourchue-pléiocéphale, à pédoncules courts ou allongés, poilus- ARVET-TOUVET ET GAUTIER. — HIERACIUM NOUVEAUX. 349 glanduleux ainsi que le péricline; celui-ci ovale, presque de la grandeur de celui du lividum, d'un noir livide ou grisâtre oli- válre, à écailles atténuées-aigués ou subaigués, dressées et couron- nant le bouton avant l'unthése; ligules à dents ciliolées ou gla- brescentes; styles jaunátres ou brunátres; akénes d'un pourpre noirátre à la maturité, de 3 1/2 millim. environ; réceptacle sub- ciliolé; feuilles d'un vert olivâtre ou jaunátre en dessus, glauques ou glaucescentes en-dessous, parfois maculées de pourpre, s'obs- curcissant facilement par la dessiccalion, très entières ou peu den- tées, plus ou moins poilues-pubescentes au moins sur les pétioles, sur les nervures en dessous et sur les bords ou parfois méme sur les deux faces; les radicales elliptiques, obovales-lancéolées ou oblongues, obtuses-mucronées ou subacuminées, alténuées ou contractées en pétiole court ou allongé; les caulinaires nulles et bractéiformes ou 1-3 atténuées en pétiole vers la base ow sessiles. — Juillet-aoüt. — Port d'un vulgatum oligocéphale ! — Présente plu- sieurs formes ou variétés, dont une var. ellipticum a les feuilles elliptiques, ordinairement trés entières, les caulinaires 2-3 de méme forme, atténuées vers la base, etc. Plante trés répandue dans les Hautes-Pyrénées où elle a été souvent prise pour le vulgatum Fr. Se retrouve également dans les Pyrénées de l'Ariége : Gédre, Gavarnie, chaos de Gavar- nie!, etc. (Bordére); schistes micacés dans la gorge de Luz, rive droite du Gave, prés le pont de Villelargue; petit Gers de Lourdes; Saint-Pé; Spéluque; Pont-d'Espagne, etc. (Boutigny); rochers de la vallée du Nagear et rochers en montant des Esquers à Pra- Redoun; pelouses prés la jonction de l'Ariége avec le ruisseau d'en Garcias, à 1590 métres, canton d'Ax-les-Thermes (Marcailhou d'Ayméric). H. PnasroPH.EUM Arv.-Touv. et Gautier (H. cæsium, bounophi- lum, incisum, Willkommii, marmoreum, pilosissimum, Pour- retianum, palulipes, furcillatum, rarinevum, Pollichie, hepati- cifolium, fragile, glaucinum, crassipes, sylvularum, levicaule, medium, petiolare, pallescens Timb.-Lagr. p. p. in herb. Gautier !). — Phyllopode et le plus souvent, ériopode; tige de 2-5 décim., dressée ou courbée-ascendante, poilue-hérissée inférieurement et parfois presque dans toute sa longueur, 2-oligocéphale au som- met ou, plus souvent, pléiocéphale ou méme polycéphale et sub- 350 SÉANCE DU 141 Mat 1894. corymbiforme à pédoncules arqués-ascendanls ou élalés-subdiva- riqués ou enfin étalés-dressés, étoilés-farineux et glanduleux ainsi que le péricline qui porte aussi parfois d'assez nombreux poils simples; celui-ci, un peu plus grand que dans precoz, ovoïde ou arrondi-ovoide, d'un gris plus ou moins noirâtre, à écailles acu- minées et atténuées-aiguës ou subaigués; ligules d'un jaune ordi- nairement assez pâle (ochroleucæ), à dents ciliolées ou glabres- centes; styles jaunâtres ou brunátres ; réceptacle denté et subciliolé ou presque nu; akènes noirâtres à la maturité, de 8 à 31/2 millim.; feuilles d'un vert gai ou jaunâtre ou olivâtre et le plus souvent marbrées ou tachées de pourpre brun, poilues-hérissées principa- lement sur les bords, sur les nervures en dessous et surtout sur les pétioles, presque très entières ou dentées ou même inci- sées et subpinnatifides à la base, ovales-lancéolées, lancéolées ou oblongues, courtement ow parfois très longuement pétiolées; les caulinaires nulles ou 1-2, atténuées ou sessiles el subvaginantes à la base, se continuant par des bractées sous les pédoncules et sous le péricline. Plante précoce, très répandue dans toutes les Pyrénées-Orientales, l'Aude, tout le massif des Corbiéres, une partie de l'Ariége et jusque dans les Hautes-Pyrénées. Se retrouve en Espagne dans la Catalogne et à Albacéte « in pascuis nemorosis Sierre de Alca- raz », sol. calc. 1500-1800 mètres (Porta et Rigo, Iter III hispa- nicum, 1891, n° 396 ^), etc. Oss. — Les Hieracium Timbalianum, viduatum, prasiophœum el Coderianum, très rapprochés les uns des autres, avec des inter- médiaires embarrassants, pourraient bien n'étre que des formes ou variétés d'une seule et méme espéce trés polymorphe. H. CopERJANUM Arv.-Touv. et Gautier. — Plante trés rappro- chée du prasiopheum ! — Phyllopode ; souche assez forte et tenace; teinte et aspect d'un murorum feuillé ou plutót d'un sub- alpinum ; tige de 3-4 décim., à 2-8 feuilles trés écartées, plus ou moins barbue ou poilue-hérissée à la base et parfois dans toute Sa longueur, terminée au sommet par une panicule lâchement sub- corymbiforme ou irrégulière, comme celle d'un murorum, à rameaux et pédoncules trés inégauz, étoilés-farineux et glandu- leux ainsi que le péricline; celui-ci presque semblable à celut d'un murorum, à écailles atténuées-aiguës ou subaigués; ligules ARVET-TOUVET ET GAUTIER. — HIERACIUM NOUVEAUX. 301 à dents ciliolées ou glabrescentes ; réceptacle cilié-hérissé; feuilles très variables, d’un vert gai ou jaunâtre ou plombé en dessus, glauques ou glaucescentes en dessous, sinuées-denticulées ou den- tées ou méme subincisées inférieurement, plus ou moins poilues- hérissées, principalement sur les bords, sur les nervures en dessous et surtout sur les pétioles courts ou allongés; les radicales ovales- lancéolées ou oblongues, brusquement contractées ou atténuées à la base parfois subéchancrée, obtuses-mucronées ou les intérieures subacuminées au sommet; les caulinaires 2-3 espacées, sessiles- subembrassantes ou subvaginantes à la base, se continuant par des bractées sous les pédoncules et sous le péricline. Hab. Pyrénées de l'Aude (Chevallier); Ariège : forét du Car- canet (Gautier); bois des Goultines, fontaine des Ivrognes, Cré- made de Gnoles, dans le canton d'Ax (Marcailh.) ; Foix sur le Pech, Sabart, environs de Tarascon, Vic-Dessos, ete. (abbé Mailho). Pyrénées-Orientales : montagne de Paracols prés Molitg, le Canigou sur le chemin de Balach, etc. (Gautier). H. LACHNOPsILON Arv.-Touv. mss et herb. — Phyllopode et gymnopode ; tige de 3-5 décim., glabrescente et lisse inférieure- ment, plus ou moins étoilée-farineuse et pubescente-glanduleuse supérieurement, à 2-3 feuilles espacées et trés décroissantes, ter- minée au sommet par une panicule subcorymbiforme, à pédon- cules arqués-ascendanls ou élalés-subdivariqués, étoilés-farineux et glanduleux ainsi que le péricline; celui-ci médiocre ou assez petit, à écailles atténuées-aigués; ligules... ; réceptacle denticulé- subfibrilleux; akènes noirs à la maturité, de 3 millim. environ; feuilles d'un vert clair ou jaunátre et subglaucescentes, couvertes ou parsemées en dessous d'un duvet très fin el ras composé de poils étoilés et de petits poils glanduleux, augmenté de quelques cils ou poils rares sur les nervures et sur les bords, cuspidées-dentées ow denticulées dans la moitié inférieure; les radicales ovales- oblongues, atténuées en pétiole pubescent-duvelé el ordinaire- ment allonge; les caulinaires 2-3, trés décroissantes, fortement acuminées au sommet, l'inférieure atténuée vers la base en pétiole ailé et les autres sessiles-subvaginantes. — Juin-juillet. Cette plante, qui paraît tenir un peu à la fois du pulmonarioides Vill. et du fragile Jord., se place à côté de l'H. olivaceum G. G. 352 SÉANCE DU 11 Mar 1894. qui a également des poils glanduleux sur les feuilles et semble le relier, quoique de loin, à PH. salvifolium du groupe suivant, Hab. Pyrénées-Orientales : ravins à Molitg, ete. (Guillon). Groupe SONCHOIDEA Plantes ayant plus ou moins le port des Sonchus et reliant les Olivacea et aussi un peu les Vulgata et les Alpestria aux Compo- sita; péricline à écailles atténuées-aigués ou subaigués et très poilues-glanduleuses ainsi que les pédoncules. Feuilles: poilues-glanduleuses. H. sALVIFOLIUM Arv.-Touv. et Gautier (H. hirsutum Timb.- Lagr. p. p. in herb. Gautier! non alior. !). — Souche forte, phyllo- pode et ériopode; tige un peu épaisse, poilue-hérissée dans toute sa longueur el trés glanduleuse dans le haut où elle est souvent d'un brun violacé olivàtre, assez feuillée, terminée au sommet par une panieule agglomérée-subracémiforme, oligo-pléiocéphale, à pédoncules courts ou très courts, ascendanis-dressés et très glanduleux, ainsi que le péricline, par de longs poils olivátre roussátre; celui-ci médiocre ou assez petit, d'un noir oliválre grisátre, à écailles lancéolées-subobtuses, barbelées au sommet de poils blancs avant l'anthése; ligules à dents fortement ciliées ; feuilles un peu épaisses, d’un vert jaunâtre, sur le sec, poilues- hérissées surtout à la base, sur les pétioles et sur la face inférieure ou méme sur les deux faces, par des poils forlement denlés ou subplumeux, mélés de poils glanduleux rares ow assez nombreux, presque crénelées sur les bords ou inégalement sinuées-dentées ou méme incisées vers la base; les radicales ovales-elliptiques ou ovales-lancéolées, obtuses-mucronées au sommet ou subacumi- nées, contraclées à la base ou subatlénuées en pétiole court ou un peu allongé; les caulinaires 3-5 ou plus, ovales-lancéolées ou lan- céolées, acuminées, les inférieures atténuées en pétiole et presque semblables aux radicales, les supérieures sessiles-subatténuées ou subvaginantes à la base et plus manifestement glanduleuses que les autres. — Juin-juillet. Hab. Massif des Corbières : rochers le long de la route à la Roque-de-Fa, etc. (Gautier). ARVET-TOUVET ET GAUTIER. — HIERACIUM NOUVEAUX. 353 Feuilles poilues non glanduleuses. H. XATARDIANUM Arv.-Touv. mss. et herb. — H. Gougetianum Rouy in herb. Chevallier! (non G. G.!). — H. Willkommii Timb.- Lagr. p. p. in herb. Giraudias! (non Scheele!). — Phyllopode et plus ou moins ériopode; tige de 3-7 décim., barbue-hérissée infé- rieurement et poilue ordinairement dans toute sa longueur, droite ou flexueuse, médiocrement ou peu feuillée, terminée au sommet par quelques calathides pédonculées et disposées en corymbe, ou rameuse dés le milieu ou méme dés la base(H. polycladum Arv.- Touv. Spicil. Supplém.1, p. 44), à rameaux alors allongés et sub- fastigiés, éloilés-farineux et très poilus-glanduleur au sommet, ainsi que les pédoncules et le péricline ; celui-ci ovoide, médiocre, environ de la grandeur de celui du sonchoides, à écailles atténuées- aiguës ou subaigués et d'un vert plus ou moins grisâtre extérieu- rement; ligules à dents ciliolées et styles jaunâtres ou brunátres; réceptacle cilié-hérissé; feuilles d'un vert gai ou plus ou moins olivâtre en dessus, cendrées-glaucescentes en dessous, sinuées-den- tées ou méme incisées-dentées surtout inférieurement ou presque très entières surtout dans la moitié supérieure, barbues-héris- sées sur les pélioles et sur la nervure dorsale, poilues sur les bords et sur la face inférieure et ordinairement glabres ou gla- brescentes en dessus; les basilaires contractées ow allénuées en pétiole court ou assez allongé; les caulinaires peu nombreuses, espacées et décroissanles, les inférieures atténuées-subvaginantes à la base, les moyennes et les supérieures subvaginantes également ow sessiles el plus ow moins embrassantes, se continuant par des bractées sous les pédoncules et sous le péricline. — Juin-aoót. Plante assez rapprochée du sonchoides et paraissant trés répan- due dans le dépariement de l'Ariége. a. Simplex. Tige simple, terminée au sommet par quelques calathides pédonculées. b. Ramoso-corymbosum. Tige ramifiée, à partir du milieu ou au-dessus en panicule subcorymbiforme. c. Ramoso-fastigiatum (H. polycladum Arv.-Touv. l. c. p. 44). — Tige ramifiée dés la base ou presque dés la base, à rameaux disposés en large corymbe subfastigié. T. XL. (SÉANCES) 23 354 : SÉANCE DU 14 Mar 1894. Hab. Ariége: bois pierreux du Pech, de Sabart, de Saint-Sau- veur, prés Foix (abbé Mailho, Guilhot, Giraudias); environs d'Ussat (Guillon); Aude : Véraza, prés d'Alet, bois des terrains calcaires (Chevallier). H. soNcHorDES Arv.-Touv. Supplém. à Monog. Pilos. et Hier., p. 8.— Soc. Dauph. exsicc. n° 4613! — (H. franconicum, H. son- choides var. laricense et H. alaricense Timb.-Lagr. p. p. in herb. Gautier!). — Phyllopode et ériopode; souche forte, épaisse, uni- pluricaule; tiges de 3-5 décim., tachées ou lavées de violet au moins à la base, droites ou trés flexueuses, médiocrement ou assez feuillées, poilues-hérissées surtout inférieurement et souvent dans toute leur longueur, terminées dans le haut par une panicule étroitement subcorymbiforme, parfois augmentée de rameaux laté- raux naissant à l'aisselle des feuilles; rameaux et pédoncules ascendants ou étalés-dressés, souvent contournés-flexueux, très étoilés-farineux el glanduleux ainsi que le péricline: celui-ci médiocre, généralement plus petit que celui du vogesiacum, mais parfois aussi l'égalant, d'un vert noirátre grisátre, à écailles atté- nuées-aigués, couronnant le péricline avant l'anthése; ligules à dents ciliolées; akénes d'un bai noirâtre à la maturité, de 3 1/2 millim. environ; réceptacle poilu-hérissé ; feuilles d'un vert oliválre en dessus, glaucescentes en dessous, presque toujours marbrées ow lachées de pourpre vineux, poilues-hérissées ou méme parfois barbues-hérissées, principalement sur les pétioles, sur les nervures en dessous et sur les bords; les basilaires ovales- lancéolées ou oblongues-obovales, obtuses-mucronées ou les intérieures acuminées-aigués, presque toujours inégalement et assez fortement dentées ou méme subroncinées vers la base, alté- nuées ou subcontractées en pétiole court ou allongé; les cauli- naires 3-6 décroissantes, lancéolées-acuminées, ou plus rarement ovales-lancéolées, entières ou incisées-dentées ou denticulées infe- rieurement, le plus souvent tachées de violet à la base, l'inférieure souvent atténuée en pétiole ailé et embrassant la tige en forme de gaine; les autres arrondies-embrassantes ou, plus exactement, sub- vaginantes à la base, les supérieures souvent bractéiformes et soutenant les pédoncules. — Juin-juillet. Hab. forma opima : Mont-Dore, le Capucin, seule localité authentique pour cette région; — forma subgenuina, media : ARVET-TOUVET ET GAUTIER. — HIERACIUM NOUVEAUX. 355 Corbières de l'Aude : mont Alaric, etc.; — forma gracilenta : Pyrénées-Orientales : fontaine de Mato-l'Ouliou, sur le chemin de Caramany à Trévillach, par le col de Las-Coulomines, etc. (Gautier). H. anaciorDES Arv.-Touv. et Gautier (H. cordatum Timb.-Lagr. p. p. in. herb. Gautier!) (non Scheele !). — Trés voisin du son- choides, dont il différe surtout par sa souche moins épaisse, par sa tige plus élancée, plus feuillée, terminée par une panicule moins étroitement subcorymbiforme et généralement plus développée, par son péricline plus petit, par ses feuilles basilaires moins gros- siérement dentées, contractées ou subatténuées en pétiole plus gréle et plus étroit, par ses feuilles caulinaires plus développées ovales-acuminées et plus généralement dentées, V'inférieure atté- nuée-sessile ou alténuée en péliole étroit ne touchant la tige que par un point et non embrassant-vaginiforme comme dans le son- choides ; les supérieures subembrassantes ou sessiles, mais nulle- ment vaginantes à la base, etc. — Juin-juillet. Hab. Pyrénées-Orientales : vallée de Py, etc. (Gautier). H. PLECOPHYLLUM Arv.-Touv. et Gautier. — Trés voisin également du sonchoides, dont il diffère surtout par sa souche encore plus ériopode, par sa tige plus forte, plus élevée, plus feuillée, plus barbue-hérissée, avec une panicule plus rameuse et bien plus développée, par son péricline à écailles moins aigués et moins proéminentes avant l'anthése, par son réceptacle plus poilu- hérissé, par ses feuilles plus grandes, plus développées, les basi- laires parfois trés longuement atténuées en pétiole ailé et dilaté- subvaginant vers la base; les caulinaires 5-8, oblongues ou les supérieures ovales-acuminées, cordiformes-embrassantes à la base et comme perfoliées ; les raméales ou bractées moins longuement acuminées. — Juin-juillet. Hab. Massif des Corbiéres : Belviannes prés Quillan (Aude), etc. (Gautier). Groupe COMPOSITA H. PERIPLECUM Arv.-T. et Gautier. — Souche trés forte; phyl- lopode et subgymnopode; tige forte, nerveuse-striée, de 3-4 décim., plus ou moins pubescente, droite ou flexueuse, peu feuillée, ter- 396 : SÉANCE DU 11 Mar 1894. minée au sommet par une panicule subcorymbiforme ow rameuse presque dés la base, à rameaux dressés ou ascendants-redressés ainsi que les pédoncules; ceux-ci étoilés-farineux et très poilus- glanduleux ainsi que le péricline ; celui-ci médiocre, d'un noir olivätre ow grisátre, à écailles acumineées-aiqués ow subaigués ; ligules à dents ciliées ; feuilles très entières ou superficiellement sinuées-dentées, d'un vert jaunátre (sur le sec) ou plus ou moins glaucescentes en dessous, mollement et assez courtement poilues- hérissées sur les bords et surtout sur la nervure dorsale en dessous et sur les pétioles; les radicales ovales-oblongues ou oblongues- obovales, obtuses-mucronées au sommet, atténuées vers la base en large et court pétiole peu distinct du limbe; les caulinaires 3-5, très espacées, les inférieures ovales ou ovales-lancéolées, obtuses ou peu aiguës au sommet, cordiformes-embrassantes et comme perfoliées à la base, les supérieures très décroissantes, acuminées- aiguës au sommet et subembrassantes à la base, se continuant en bractées ou bractéoles sous les pédoncules supérieurs et sous le péricline. — Juillet-août. Hab. Pyrénées-Orientales : chemin d'Eynes à Llo, altitude 1500 métres environ (Gautier), etc. Groupe PYRENAICA H. BunsERIANUM Arv.-Touv. herb. et in herb. Foucaud et Gau- tier ! (non herb. Grenier!); 4. nobile Soc. Dauph. ezsicc. n° 4175! (non G. G. !). — Hypophyllopode ; tige bien feuillée, de 4-8 décim., barbue-hérissée inférieurement et plus ou moins poilue-hérissée supérieurement, par de longs poils mous, [leæueux ou étalés hori- zontalement, terminée par une panicule généralement appauvrte, réduile à quelques capitules brièvement pédonculés et plus ou moins agglomerés au sommet de la lige ou, dans les échantillons très développés, augmentée de rameaux axillaires plus ow Moms allongés et en corymbe au sommet, à rameaux et pédoncules très étoilés-farineux et non glanduleux ainsi que le péricline; celui-ci ovoide ou, à la fin, arrondi-ovoide, assez semblable, comme forme et comme grandeur, à celui du boreale, à écailles obtuses, conmt- ventes avant l'anthése; ligules à dents peu ciliolées ou méme gla- brescentes ; styles fuligineux; akènes de 3 1/2 à 4 millim., bats- roussáires ow bais-marrons à la maturité; réceptacle pourvu de ARVET-TOUVET ET GAUTIER. — HIERACIUM NOUVEAUX. 351 longues soies fibrilleuses comme dans le boreale et en outre de quelques cils piliformes ; feuilles cuspidées-dentées ou cuspidées- denliculées, poilues-hérissées surtout en dessous sur les nervures ou à la base et sur les pétioles; les inférieures parfois détruites en partie sous l'anthése et ne formant pas une rosette ou fausse-ro- sette fournie et régulière comme dans l H. pyrenaicum et (en parti- culier dans sa forme luxuriante appelée par Grenier H. nobile) ovales-lancéolées ow oblongues, atténuées en pétiole plus ou moins élargi et vaginant à la base; les moyennes et les supérieures ovales-acuminées et plus ou moins cordiformes-embrassantes à la base, décroissant insensiblement jusque sous les pédoncules où. elles sont réduites à des bractées. Plante d’un vert glauque ou glaucescent, tardive (aoüt-septembre), tenant à la fois du pyre- naicum et du boreale et faisant une espéce trés distincte répan- due dans une grande partie des Pyrénées. Hab. Chaine des Pyrénées de Mont-Louis aux Eaux-Bonnes : montagne de Paracols prés Molitg (Pyrénées-Orientales) (Gautier); bois entre Pierrefite et Cauterets (Hautes-Pyrénées) (Foucaud); les Eaux-Bonnes (Basses-Pyrénées) (Mouillefarine) ; route des Eaux- Chaudes à Gabas, sur rochers granitiques entre 700 et 900 métres (Basses- Pyrénées) (Doassans), etc. Oss. — L'H. nobile G. G. (Fr. 2, p. 376), que nous avons vu dans l'herbier méme de Grenier, gráce à l'obligeante communica- tion de M. le D' Bonnet, est trés exactement une forme luxuriante du pyrenaicum Jord.! Aucun doute ni aucune contestation ne sont possibles à cet égard ! La description elle-méme de Grenier confirme d'ailleurs pleinement ce fait! Dans ce méme herbier de Grenier, nous avons vu une autre plante que nous avons rapportée à tort à notre H. Burserianum. C'est trés exactement, d’après des échantillons récoltés par Lange lui-méme à Bagnéres-de-Luchon, bosquet des bains (localité et auteur cités par Fries), VH. hirsutum Fries, Epic., p. 199! et, d'aprés une note de la main de Scheele insérée dans cet herbier, c'est trés exactement aussi le H. hirsutum Scheele! Mais ce n'est point le H. hirsutum Fries Symbol. p. 166, ni celui de Bernhardi, Tausch, G. G., Reichenbach (Jc. t. 185 5), lequel n'est autre que la plante appelée par Loret et Timbal H. pseudo-eriophorum et par Scheele H. Grenieri! — Cet H. hirsutum de Fries, Epic. et de Scheele, que l'on peut trés bien appeler H. 358 SÉANCE DU 14 Mat 1894. Friesianum en l'honneur de Fries, puisque le H. Friesii Hn. n'est qu'une forme du rigidum, se distingue de notre Burserianum par sa panicule généralement trés développée et rameuse-subco- rymbiforme, par son péricline plus arrondi et moins ovoide, par ses ligules à dents toujours ciliolées, par ses akènes noirâtres à la maturité, par son réceptacle finement et abondamment cilié-hérissé et dépourvu de longues soies fibrilleuses, enfin par sa teinte verte ou jaunátre sur le sec et non glauque. Elle vient dans les Pyrénées centrales : sur les granits de la vallée du Lys (Philippe, 1851, in herb. Grenier !) et à Bagnéres-de-Luchon, bosquet des bains (Lange, 1836, in herb. Grenier !) et Teste Scheele ! et Fries Epic., p. 122! Sect. ANDRYALOIDEA Groupe LANATA H. PHLOMIDIFOLIUM Arv.-Touv. Spicileg. Supplém. 1, p. 42. — Hier. Alp. fr., p. 36. — Phyllopode ; poils laineux aussi longs ou méme plus longs que dans lanatum Vill., mais moins fortement plumeux, moins entrelacés, moins abondants et laissant mieux voir la couleur de la plante; tige de 1-3 décim., ascendante ou dressée, généralement trés flexueuse, médiocrement ou trés peu feuillée, mono-oligocéphale au sommet ou rameuse presque dés la base et alors plus ou moins polycéphale, à rameaux et pédoncules ascen- dants-redressés, généralement allongés et trés flexueux, surtout avant l'anthése; péricline ovoide, plus petit que dans lanatum, à écailles trés finement alténuées-aigués et longuement proémi- nentes avant l’anthèse ; ligules à dents glabres ou glabrescentes et styles ordinairement jaunes; feuilles plus ou moins sinuées-dentées ou même incisées-dentées inférieurement ou presque très entières; les basilaires ovales-lancéolées ou oblongues; les caulinaires atténuées-subsessiles ow sessiles-subembrassantes à la base, les moyennes el supérieures acuminées en pointe plus ou moins allongée et très aiguë. — Juillet-août. Cette plante est assez exactement intermédiaire entre H. plero- pogon Arv.-Touv. et lanatum Vill. — La forme primitivement décrite est une forme anormale (var. anomalum) croissant dans les graviers et le sable d'un torrent qui, ayant recouvert, au mom» en partie, la souche, les feuilles basilaires et la portion inférieure ARVET-TOUVET ET GAUTIER. — HIERACIUM NOUVEAUX. 359- de la tige, les avait transformées et en partie détruites; mais la plante est bien véritablement phyllopode et non hypophyllopode. Hab. Elle vient, dans le massif du Viso, à la Monta, et sur les rochers du torrent qui y descend et bien plus communément en Italie, dans la vallée d'Aoste : éboulis entre la Chapelle du Crêt et Chavanis, rocailles entre Champlong et Chavanis et Notre-Dame des Neiges dans la vallée de Cogne et dans les Alpes-Maritimes : vallée de Pallanfré, zone de Vernante ; sur les rochers du col de Vaccaril et du col de Carbonne ; sur les rochers de la Ferrera, en allant au refuge n° 9, etc. (Chenevard, Belli et Ferrari). Sect. PULMONAROIDEA Groupe OREADEA H. ERYTHRELLUM Arv.-Touv. mss. et herb.! — Phyllopode : verte- pourprée-subglaucescente ou pourprée-bleuátre; tige de 2-4 déc. environ, très dure, finement poilue-hérissée ou glabrescente, ter- minée au sommet par une panicule subcorymbiforme-oligocéphale ou plus rarement fourchue-rameuse dés le milieu ou presque dés la base, à rameaux et pédoncules ascendants-dressés ou subdivari- qués, étoilés-farineux et finement poilus-glanduleux ainsi que le péricline; celui-ci plus petit que dans trachyticum et à peu prés de la grandeur et de la forme de celui du cerulaceum, d'un noir grisâtre, à écailles acuminées-subaigués ou aiguës ; ligules à dents ciliolées et styles jaunes ; akènes jaunâtres à la maturité et un peu plus courts que ceux du cærulaceuwm ; réceptacle à alvéoles margi- nés et denticulés-fibrilleux ; feuilles un peu fermes et souvent lavées ou tachées de pourpre, presque trés entières ou plus ou moins crispulées-denticulées sur les bords, à dents en forme de mucron, lâchement hérissées, surtout sur les bords, sur les nervures en dessous et sur les pétioles, par des poils assez courts et un peu séliformes ; les radicales elliptiques-lancéolées ou lancéolées, obtuses-mucronées ou brièvement acuminées-aiguës au sommet, alténuées en pétiole à la base ; les caulinaires 2-3, trés écartées el décroissantes, atténuées subvaginantes ou sessiles-subembrassantes à la base, la supérieure souvent très réduite, remplacée par des bractées et bractéoles à la base des pédoncules supérieurs et sous le péricline. — Juillet-aoüt. *360 : SÉANCE DU 14 mar 1894. Cette plante se place à côté des H. viride, trachyticum et ceru- laceum Arv.-Touv. Elle diffère du viride et du trachyticum par ses akénes jaunâtres à la maturité et par son réceptacle à marge des alvéoles denticulée-fibrilleuse et non déchirée en longues soies, et, en outre, du viride par sa teinte et du trachylicum par ses styles jaunes, etc. Elle s'éloigne du cerulaceum par ses ligules à dents ciliolées et ses styles jaunes, par ses akénes un peu plus courts et surtout par ses feuilles presque trés entières ou simple- ment denticulées. Hav. Pyrénées-Orientales : La Cabanasse, prés Mont-Louis, etc. (Guillon). Groupe AURELLINA H. CHALYBJEUM Arv.-Touv. mss. et herb. (H. plumbeum Fries var.?). — Phyllopode; d'un vert plus ou moins livide ou jaunâtre sur lesec ; tige de 15 à 95 centim. environ, lisse et glabre, aphylle ou à 1-5 feuilles trés réduites, monocéphale ou oligocéphale au sommel, à pédoncules généralement courts, dressés ou étalés-re- dressés, finement glanduleux et non ou à peine éloilés-farineux ainsi que le péricline; celui-ci assez grand, ovoide, d'un noir mat livide, à écailles manifestement imbriquées, atténuées-subobtuses ou les plus intérieures aiguës; ligules à dents glabres et styles jaunes; akènes allongés (4 millim.), noirâtres ou d'un bai noi- râtre à la maturité; feuilles elliptiques ou lancéolées, atténuées en pétiole à la base, mucronées ou acuminées au sommet, finement denticulées ou dentées, à dents terminées en forme de mucron, ciliées-hérissées principalement sur les nervures en dessous et sur les pétioles; les caulinaires nulles ou 5, étroitement lancéolées ou sublinéaires-acuminées, se continuant par des bractéoles sous les pédoncules et sous le péricline. — Juillet-août. Hab. Plateau central. de la France : Auvergne, Cantal sur les sommets (Héribaud), etc. H. ERUCOIDES Arv.-Touv. mss. et herb. — Phyllopode ; tiges de 2-5 décim., glabres et lisses, assez fragiles, dressées ou souvent contournées-flexueuses, parfois tachées-vipérinées, aphylles ou monophylles, monocéphales ow fourchues-oligocéphales ou poly- céphales et inégalement subcorymbiformes, à pédoncules dresses ou les latéraux plus longs que ceux du centre, écartés-redressés 0u ARVET-TOUVET ET GAUTIER. — HIERACIUM NOUVEAUX. 361 subdivariqués, à la fin un peu dilatés dans le haut, puis brusque- ment rélrécis sous le péricline qui est déprimé-ombiliqué à la base à la maturité, plus ou moins étoilés-farineux et non ow à peine glanduleuz, ainsi que le péricline qui est en outre souvent pourvu de poils argentés ; ligules à dents glabres ou subciliolées ; styles jaunátres ou à la fin un peu brunátres ; feuilles d'un vert glauque ou glaucescent, foujours plus ou moins marbrées de pourpre brun en dessus, cilites-pubescentes, principalement sur . les nervures en dessous et sur les pétioles; les radicales trés variables de forme el surtout de contours, ovales-lancéolées, ovales- arrondies, elliptiques ou oblongues et parfois avec toutes ces formes sur le méme pied, tantôt peu dentées, tantôt el plus souvent forte- ment dentées ou incisées-lobées ou méme subpinnatifides inférieu- rement, à lobes courbés en avant en forme de cornes ou élalés ou péliolulés et en forme de lance; les caulinaires bractéiformes et linéaires, ou une seule un peu développée et pectinée au moins à la base. — Juin-juillet. Hab. Vient trés abondamment sur les pentes méridionales du mont Séuse (Neyra) et probablement sur toutes les montagnes des environs de Gap. Se retrouve dans le massif du Viso, au vallon de Ségure en Queyras (Hautes-Alpes) vers 2200 mètres, etc. H. ACANTHODON Arv.-Touv. et Gautier; H. prasinifolium Timb.- Lagr. p. p. ex speciminibus ab ipso acceptis et in herb. Cheval- lier! (non Jord.!) ; H. pilosulum Timb.-Lagr., Mém. Acad. Tou- louse, t. VII, p. 467 et 468, Explor. scientif. Montolieu, p. 15; H. montolearense Timb.-Lagr. Explor. scient. Montol. p. 16; H. pilo- sulo x; montolearense Timb.-Lagr. l. c. p. 17; H. mucronulatum Timb.-Lagr. l. c., p. 25; H. bounophilum et rarinevum Timb.- Lagr. p. p. — Phyllopode; tiges de 2-3 décim. environ, ordinai- rement assez épaisses, aphylles ou monophylles, lâchement pubes- centes et étoilées-farineuses ou glabrescentes, terminées au sommet par quelques calathides assez grandes et disposées en corymbe trés irrégulier, à rameaux et pédoncules pourvus de poils simples, de poils étoilés et de poils glanduleux ordinairement peu abondants ou, parfois méme, presque nuls, ainsi que le péricline; celui-ci assez grand, arrondi-ovoide, à écailles atténuées-obtusesoulesintérieures aiguës, plus ou moins noirâtres sur le dos et scarieuses-blanchátres sur les bords; ligules à dents glabres et styles jaunátres ou brunátres ; 362. SÉANCE DU 11 Mat 1894. feuilles presque loujours marbrées de brun en dessus, finement ou parfois assez fortement poilues-pubescentes, principalement sur les nervures en dessous et sur les pétioles, les radicales ovales-ar- rondies ou ovales-lancéolées, contractées ou même tronquées et un peu en cœur à la base, grossièrement et fortement dentées inférieu- rement ou, parfois, presque très entières ; les caulinaires nulles et bractéiformes ou une seule développée et presque semblable aux radicales. — Juin-juillet. Hab. Plante assez répandue, sous plusieurs formes, dans la pro- vince de Languedoc : Revel, aux bords de la Rigole; Saint-Geniès près de Toulouse et bois de Pressac, sous Saint-Geniès ; Saint-Fer- réol et Lampy, dans les bois et aux bords du chemin; Saissac et 'environs de Montolieu; ermitage de Saint-Roch ; Saint-Victor dans les Corbiéres orientales, etc. H. rRICHOLEPIDUM Arv.-Touv. mss. — Phyllopode; plante d'un vert glauque voisine de H. expallens Arv.-Touv.; tige de 1-2 décim., mollement poilue-hérissée jusque sur les pédoncules, fowrchue- rameuse-oligocéphale souvent dés le milieu ou presque dés la base, à pédoneules allongés; péricline assez grand et velu, à écailles lon- guement et finement atténuées-aigués, dressées el longuement pro- eminentes avant l'anthése; ligules grandes, à dents glabres et styles ordinairement jaunes ; feuilles d'un vert glauque, mollement poilues- hérissées sur les bords, sur les nervures en dessous et sur- tout sur les pétioles, les extérieures plus ou moins dentées inférieu- rement et obtuses-mueronées au sommet, les intérieures acumi- nées en pointe au sommet et souvent lobées-dentées à la base, à lobes méme un peu réfléchis comme dans murorum ; les cauli- naires nulles ou bractéiformes. — Juillet-aoüt. Hab. Portes d'Entraunes (Alpes-Maritimes), Vidal, etc. Sect. PRENANTHOIDEA Groupe ALPESTRIA H. nEwIPLECUM Arv.-Touv. l. c. p. 89. — Une belle forme de cette plante, à feuilles presque trés entiéres, a été trouvée dans plusieurs localités du canton d'Ax (Ariége) par MM. Marcailhou d'Aymérie et Mailho, notamment vers la deuxième fontaine de Coumefrède ou del Rec, à 1600 mètres. ARVET-TOUVET ET GAUTIER. — HIERACIUM NOUVEAUX. 365 H. ruRRITIFOLIUM Arv.-Touv. mss. et herb. et in herb. Gautier (H. prenanthoides var. alpestre Fries ezsicc. non H. prenanthoides Vill. !); H. alpestre Bordére eæsicc. et in Boenitz Herb. Europ. non H. alpestre Jacq. nec alior. — Hypophyllopode ; tige de 2-5 décim. environ, généralement assez gréle et élancée, droite ou flexueuse, poilue-pubescente au moins dans le bas et souvent dans toute sa longueur, terminée au sommet par une panicule lâche et générale- ment oligocéphale, à pédoncules courbés-ascendants ou lâchement étalés, poilus-glanduleux ainsi que le péricline; celui-ci médiocre, arrondi-ovoide, d'un vert noirâtre ou grisâtre, à écailles obtuses ; ligules à dents ciliolées; akénes d'un bai clair ou foncé à la matu- rité; feuilles d'un vert gai en dessus, glauques en dessous ou parfois glaucescentes sur les deux faces, plus ou moins poilues-hérissées souvent sur les deux faces ou parfois presque glabres, très entières ou peu dentées; les basilaires lancéolées-obovales et atténuées en long péliole étroit, souvent détruites, au moins en partie, sous l'anthése; les caulinaires inférieures, presque semblables aux basi- laires, mais atténuées en pétiole moins allongé, plus largement ailé et subvaginant à la base; les moyennes et les supérieures ovales-lancéolées ou lancéolées el acuminées au sommet, auricu- lées-embrassantes et subperfoliées à la base ou simplement sessiles, espacées ou assez rapprochées et décroissant en bractées sous les pédoncules. — Aoüt-septembre. Hab. Hautes-Pyrénées : Gédre, Poueyboucon, col de Bué, pic de Somáoute, etc. (Bordére). Groupe PRENANTHEA H. sTENOPLECUM Arv.-Touv. et Huter; H. cydoniæfolium x pre- nanthoides Huter, ezsicc. 4881. — Cette plante, qui n'a rien d'hy- bride selon nous, se distingue nettement du juranum Fr. par sa tige franchement aphyllopode, par ses feuilles lancéolées, plus ou moins embrassantes à la base ou simplement sessiles et surtout par son péricline plus grand, arrondi-sublronqué à la base et non ovoide ou subeylindrique et atténué à la base comme dans toutes les formes dérivées du juranum, d'un noir olivátre et non plus ou moins grisátre, et par ses ligules d'un jaune assez semblable à celui de l'ochroleucum. 364 SÉANCE DU 11 Mar 1894. Hab. Tyrol central : buissons, lieux couverts et élevés vers la montagne de Janfen près Sterzing (Huter exsicc. 1881). Peut se retrouver dans nos Alpes. H. rsATIDIFOLIUM. Arv.-Touv. l. c. p. 94. — Cette plante, rare dans nos Alpes méridionales, vient très typique dans les prairies de Mantet vers les Cortals (Pyrénées-Orientales), à l'altitude de 1500 mètres (Gautier). Groupe COTONEIFOLIA H. pRAzETICUM Arv.-Touv. et Marcailh. — Hypophyllopode; d'un vert d'étain subglaucescent ou un peu olivâtre ou jaunâtre sur le sec; tige de 2-6 décim. environ, gréle ou assez forte, mais toujours très ferme et très dure, droite ou flexueuse, plus ou moins rude el poilue-hérissée ordinairement dans toute sa longueur, assez feuillée, mono-oligocéphale au sommet ou rameuse-subcorym- biforme, à rameaux et pédoncules ascendants ou dressés, étoilés- farineux et poilus-glanduleux ainsi que le péricline; celui-ci mé- diocre (assez grand pour la section), de 10-12 millim. de long sur 8-10 de large, ovoide-subturbiné ou subtronqué à la base, à écailles lancéolées-obtuses ou subobtuses ow les plus intérieures aiguës; ligules à dents ciliolées; styles fuligineux; akènes d'un bai clair ou foncé à la maturité; feuilles plus ou moins sinuées-denticulées, à dents brièvement cuspidées ou en forme de mucron et plus ou moins poilues-hérissées ordinairement sur les deux faces; les basi- laires souvent détruites sous l'anthése, étroitement obovales ou oblongues-lancéolées ainsi que les caulinaires inférieures ; ces der- nières atténuées en pétiole plus ou moins marginé ou ailé et dilaté- subvaginant à la base, les suivantes demi-embrassantes et mant- festement atténuées-resserrées au-dessus de la base et plus ow moins “’panduriformes ; les supérieures ovales-lancéolées ou lancéolées et acuminées, décroissant en bractées ou bractéoles sous les pédon- cules supérieurs et sous le péricline. — Juillet-août. Hab. Pyrénées de l'Ariége : pelouses avant d'arriver à la fon- taine du Drazet à 1460 mètres (Marcailhou d'Ayméric); bois du Drazet à 1450 métres (Guilhot) ; le Drazet (Mailho). H. PARCEPILOSUM Arv.-Touv. l. c. p. 103 (H. perfoliatum, cydo- niæfolium, doronicifolium et Scheelei Timb.-Lagr. p. p. in herb. ARVET-TOUVET ET GAUTIER. — HIERACIUM NOUVEAUX. 365. Gautier ! non alior.!). — Présente les variétés subperfoliatum, ses- silifoliwm, longifolium, dentatum, flexuosum, glabratum, hirsu- tum. ; Cette plante, très répandue dans nos Alpes et jusque sur les Alpes d'Autriche par sa var. longifolium, vient aussi, par sa var. subperfoliatum sur les hautes Pyrénées espagnoles, dans les prai- ries de Rio-Ruda au-dessus de Trédos et chemin de Trédos au col de Bonaigo, dans le val d'Aran, etc. (Gautier). H. corriANUM Arv.-Touv. l.c. p. 102. — En dehors de nos Alpes où elle est également trés répandue, cette plante vient dans le Tyrol central, in « pascuis graminosis in Alpe Venna ad Brenner », 2200 métres (Huter), et dans les Pyrénées centrales à Esquierry (Guillon), etc. | H. zocoNiANUM Arv.-Touv. mss. et herb. — Hypophyllopode; d'un vert jaunátre-glaucescent et souvent colorée de pourpre sur les feuilles; tige de 3-6 décim., trés ferme et très dure, mais tou- jours plus ow moins [lexweuse, médiocrement ou assez feuil- lée, assez courtement poilue-hérissée et plus ow moins rude dans toule sa longueur, terminée au sommet par une pani-. cule subcorymbiforme, réduite ow rameuse el plus développée, à rameaux et pédoncules ascendants ou étalés-dressés, étoi- lés-farineux et poilus-glanduleux ainsi que le péricline; celui-ci médiocre, assez grand pour la section, arrondi ow arrondi-ovoide tronqué à la base ow méme, à la fin, un peu déprimé, à écailles lancéolées-obtuses ow subobtuses, noirátres sur le dos, scarieuses-blanchätres sur les bords; ligules à dents glabres ow glabrescentes ; akénes de 3 1/2 millim., noirâtres à la maturité; feuilles presque très entières ou plus ou moins sinuées-denliculées et souvent froncées ow crispulées sur les bords, assez courtement poilues-hérissées ordinairement sur les deux faces; les basilaires souvent détruites, au moins en partie, sous l'anthése, assez étroi- lement obovales ow oblongues-lancéolées, ainsi que les caulinaires inférieures ; celles-ci atténuées en pétiole plus ou moins marginé ou ailé et demi-vaginant à la base ; les suivantes demi-embrassantes ow embrassantes-subawriculées, un peu atténuées-resserrées au- dessus de la base de manière à être un peu panduriformes; les supérieures ovales-lancéolées ou lancéolées et acuminées, décrois- sant en bractées sous les pédoncules supérieurs. — Juillet-août. 366 SÉANCE DU 11 Mar 1894. Hab. Mont Jocon, au-dessus du col de Grimone et de la Croix- Haute (Drôme), et probablement toutes les Alpes calcaires des environs de Die. H. aRoNIcIFOLIUM Arv.-Touv. Hier. Alp. fr. p. 102! (H. per- foliatum et imbricatum Timb.-Lagr. p. p. in herb. Gautier! non alior.!). — Cette belle plante bien caractérisée fait une trés bonne espéce et vient, en dehors de nos Alpes, au Canigou, dans la vallée de Saint-Vincent, à la Manade! altitude 1030 mètres (Pyrénées- Orientales) et dans la vallée de l’Estagnet! massif du Laurenti (Pyrénées de l’Ariège) (Gautier). H. DoraxuM Arv.-Touv. Spicileg. Hier., Supplém. 1, p. 43. — Cette plante trés remarquable est aphyllopode plutót que hypo- phyllopode, et ses feuilles basilaires et caulinaires inférieures sont presque toujours entiérement détruites sous l'anthése. Elle tient à la fois du lanceolatum Vill. par son port, par sa taille élevée et par sa panicule et surtout des espèces dela section Cerinthoidea, groupe Alata, à côté desquelles il serait peut-être préférable de la placer, par la grandeur relative, la couleur noirâtre olivâtre, la forme et la structure du péricline, par son réceptacle à alvéoles fortement marginés-fibrilleux et ciliés-hérissés, par ses ligules à dents fortement ciliolées, ainsi que par ses feuilles inférieures ailées et resserrées au-dessus de la base de manière à être plus ou moins manifestement panduriformes. — De même que IH. canta- licum, elle fait une espèce très distincte, ayant même valeur assu- rément que H. bohemicum Fr. — Son péricline, arrondi-ovoide ou ovoide, a les écailles extérieures et les plus intérieures seules acuminées-aigués ou subaigués; les moyennes sont obtuses ou obtusiuscules. Hab. Elle vient assez communément, péle-méle avec d'autres espèces de la sect. Prenanthoidea, au Mont-Dore, sur les pentes supérieures du val d'Enfer et de la vallée de la Cour, entre 1500 et 1600 mètres, ainsi que sur les pentes orientales du Puy-Pailleret, parmi les broussailles de Sorbus Chamæmespilus (Dumas-Damon) et il est vraisemblable qu'elle se retrouvera ailleurs sur bien d’autres points, quand on aura appris à la distinguer. L'H. cantalicum, qui vient assez communément sur les mon- lagnes du Cantal, vient aussi en abondance au Mont-Dore, dans ARVET-TOUVET ET GAUTIER. — HIERACIUM NOUVEAUX. 367 les prairies des sommités et dans les bois à la base du pic de Sancy, etc., selon M. Ozanon. L'H. striatwm Tausch appartenant au méme groupe et com- prenant, selon nous, comme simples formes ou variétés, les H. Tauschianum Uechtr., pachycephalum Uechtr., Fiekii Uechtr. vient également au Mont-Dore, au bois du Capucin et sur les pentes de la vallée de la Cour, etc. Sect. PICROIDEA Groupe LACTUCIFOLIA H. racruciFoLiUM. Arv.-Touv. l. c. p. 105! (H. prenanthoides var. grandiflorum Cosson et Germain in. herb. Grenier !). — Dans cette espéce, les feuilles sont toujours plus ou moins roncinées- dentées ou denticulées! La panicule, étroitement corymbiforme, est également trés caractéristique et ressemble à celle du lanceo- latum Vill.! Outre les localités citées l. c. p. 105, cette plante vient encore dans les Basses-Alpes à Colmars (herb. Grenier !), à Allos (Legré); dans la Drôme à Barbières, au col de Tourniol! aux environs de Beauregard, dans les bois à Muzan! (Chatenier) et dans les Alpes-Maritimes italiennes (Ferrari et Belli). H. scanioLACEUM Arv.-Touv. mss. et herb.! (H. viscidum Arv.-T. in. Soc Dauph. ezsicc. n. 5649, p. p.).— Aphyllopode ou pseudo- phyllopode; tige de 3-9 décim., dressée, paniculée-rameuse- subcorymbiforme au sommet seulement ou dés le milieu ou enfin presque dès la base, à rameaux et pédoncules dressés-étalés ou étalés-redressés, courts ow très allongés, ceux de la base et du milieu de la tige, quand ils existent, bien plus gréles que la tige centrale et portant des feuilles également réduites; péricline ovoide ou arrondi-ovoide, moitié plus grand environ que celui du conringifolium, à écailles atténuées-subaigués, dressées-porrigées ou láchement conniventes et couronnant le bouton avant l'anthése; ligules à dents fortement ciliées; réceptacle denté-fibrilleux et pourvu de nombreux petits cils glanduleux ; akènes de 4 millim. en- viron, bai pourpré ou bai foncé à la maturité; feuilles roussissant et noircissant facilement par la dessiccation, finement cuspidées-den- liculées ou sinuées-dentées ou presque très entières, manifestement veinées-réticulées en dessous; les caulinaires les plus inférieures 368 SÉANCE DU 11 Mari 1894. atténuées en pétiole plus ou moins étroitement marginé, court ou allongé et ordinairement détruites sous l'anthése; les suivantes atténuées en pétiole plus largement marginé ou ailé et les moyennes manifestement et parfois très longuement atténuées-resserrées au- dessus de la base dilatée-embrassante, de manière à êlre très dis- linclement. panduriformes; les supérieures ovales-acuminées au sommet et plus ou moins embrassantes-subperfoliées à la base ou enfin sessiles et lancéolées dans le haut de la panicule et se con- tinuant par des bractées et bractéoles sous les pédoncules et sous le péricline. — Aoüt-septembre. a. genuinum. — Tiges trés élevées et ramifiées souvent presque dés la base; feuilles moyennes et inférieures allongées, pouvant atteindre 15 cent. de long sur 5 cent. dans leur plus grande lar- geur, trés manifestement et longuement resserrées au-dessus de la base, avec bords parallèles sur toute la longueur de l'étran- glement. b. latifolium.— Feuilles de consistance plus épaisse et propor- tionnellement plus larges, mais généralement bien moins allongées, moins longuement et moins manifestement resserrées au-dessus de la base que dans a. E c. brevifolium (H. viscidum Arv.-Touv. in. Soc. Dauph. eæsicc. n. 5649!). — Plante moins élevée et plus gréle, à feuilles plus courtes, plus réduites, moins manifestement resserrées au-dessus de la base et par conséquent moins panduriformes. d. intermedium. — Plante un peu poilue-hérissée en méme temps que glanduleuse sur la tige dans le bas et sur les feuilles, ne noircissant ni ne jaunissant pas ou peu par la dessiccation. Hab. a, b, c : Massif des montagnes du Villard-de-Lans : ro- chers, bois rocailleux entre Saint-Nizier et Lans, et entre Lans et Corencon, les Liassiére, etc.; bois de Chabaud et des Cordilléres, entre le Villard-de-Lans et Méaudre (Neyra). Var. d., montagne de Lure (Basses-Alpes) (Legré), etc. H. Neopicris Arv.-Touv. Spicileg. p. 34et Hier. Alp. fr. p- 109. — Cette plante, bien caractérisée, vient dans le massif du Capsir (Pyrénées-Orientales), sur les oh en montant au lac d'Aude et autour de la Source, etc., et dans le massif du Laurenti : au Tar- bézou et au Port-de-Pailléres dans les Pyrénées de l'Ariége, etc ARVET-TOUVET ET GAUTIER. — HIERACIUM NOUVEAUX. 369 (Timbal-Lagrave). La panicule terminale, oligocéphale et subco- rymbiforme, est parfois augmentée de rameaux latéraux feuillés naissant inégalement à l'aisselle des feuilles inférieures. H. conyzoines Arv.-Touv. mss. et in herb. Gautier! (H. ochro- leucum et pallidiflorum Timb.-Lag. p. p. Massif du Laurenti, p. 271 et 424, Le Capsir, p. 186 et in herb. Gautier! (non alior.!); H. conyzoideum Lam. — Crepis grandiflora Tausch!). — Aphyl- lopode; toute glanduleuse en méme temps que plus ou moins poilue-hérissée sur la tige et sur les feuilles ; tiges de 2-4 décim., dressées, bien feuillées, mono-oligocéphales au sommet (rarement plus de 5-céphales), à pédoncules dressés ou ascendanls-dresses, appuyés par une feuille ou une bractée et munis de bractéoles, étoilés-farineux et couverts de poils glanduleux jaunâtres, rous- sâtres ou à base noirátre, ainsi que le péricline; celui-ci ovoide ou arrondi-ovoide (1 centim. et plus) à écailles obtuses ou les plus intérieures subaigués; ligules ordinairement d'un jaune påle (ochroleucæ) comme dans H. ochroleucum Schl. et picroides Vill., à dents ciliées; réceptacle cilié-hérissé; akènes de 3 1/2 à 4 millim., leslacés ou d'un bai rougeâtre à la maturité; feuilles ordinai- rement molles, sinuées-denticulées ou presque très entières, les inférieures atténuées en pétiole et flétries ou détruites sous l'an- thèse, les moyennes et supérieures sessiles-subembrassantes à la base et subacuminées ou acuminées au sommet, décroissant insen- siblement jusque sous les pédoncules. — Plante tenant beaucoup des H. ochroleucum Schl. et picroides Vill., mais à réceptacle cilié- hérissé comme dans H. viscosum et Neopicris Arv.-Touv. et faisant trés vraisemblablement une espéce de premier ordre. — Juillet- août, Hab. Massif du Laurenti : Mijanès au ravin de Canals ; Escale de Valbonne; jasse Bédeillére; pic de Canrusc, à la cabane de la Mire; roc d'Escrouts; Sarrat-d'en-Binada; Bosc-Négré; pic de Roco- Blanca, etc.— Massif du Capsir : lac d'Aude; rochers à gauche, etc. (Gautier et Timbal-Lagrave). — Pyrénées orientales espagnoles ou de la Catalogne : rochers de la Roxa vers 2400 mètres, etc. (Vayreda). To YLI. (SÉANCES) 24 310 SÉANCE DU 11 mai 1894. Groupe OCHROLEUCA H. Pseuporicris Arv.-Touv. Spicileg. Hier. Supplém. 1, p. 44; Hier. Alp. fr., p. 440! (H. cydonifolium Huter, lutescens Huter, macrocephalum Huter et ochroleucum Huter p. p. et Huter et Freyn p. p.). — Malgré les caractéres peu tranchés qui séparent cette plante de l'H. ochroleucum Schl., nous avons la conviction qu'elle fait une espèce particulière distincte et de deuxième ordre. Mais nous avons également la conviction que les formes que nous lui avons réunies en variétés ne sauraient en étre séparées! Sect. ACCIPITRINA Groupe UMBELLATA H. UMBELLATUM L. var. scaberrimum Arv.-Touv. et Gautier. — Plante hérissée-hispide et très scabre par la base tuberculeuse et persistante des poils; tige ordinairement élevée, trés dure et munie de cótes trés saillantes ; feuilles plus ou moins dentées, les infé- rieures largement. oblongues-lancéolées et souvent entassées au- dessous du milieu de la tige, les supérieures plus courtes, plus étroites et plus espacées ; rameaux et pédoncules étoilés-flocon- neus, poilus et glanduleux ainsi que le péricline; plante souvent très ramifiée en panicule subcorymbiforme ou fastigiée à partir du milieu de la tige. Port, taille, feuilles trés nombreuses et assez larges et souvent entassées comme dans certaines formes de la var. latifolium (H. latifolium Spreng. Fr.) qui vient dans les mémes lieux. — Aoüt-septembre. Hab. Pyrénées-Orientales : prés la fontaine, sous le Puig-Palats, prés Collioure! Herb. Oliver. : H. AMYGDALINUM Arv.-Touv. et Gautier ; H. wmbellatum L. var. amygdalinum ? — Plante d'un vert olivátre, lisse ou trés peu scabre, de 4-8 décim. environ; tige pourprée au moins dans le bas et manifestement striée dans toute sa longueur, finement el mollement hérissée ou glabrescente, terminée au sommet par une panicule subcorymbiforme, à rameaux et pédoncules láchement élalés-ascendants, étoilés-farineux ainsi que le péricline ; celui-e! ovoide, d'un vert plus ou moins pále ou méme glaucescent (jamais BOUDIER. — FILAMENTS CIRROIDES CHEZ LES CHAMPIGNONS. 371 d'un vert noirátre), à écailles extérieures lâchement appliquées ou élalées, mais non squareuses-recourbées ; style d'un Jaune à La fin livide ; akènes d'un bai roussátre ou marron à la maturité (non noirâtres) ; aigrette blanchâtre; feuilles d'un vert olivâtre en dessus, glaucescentes en dessous, parfois pourprées, denticulées ou dentées, les inférieures et les moyennes lancéolées ou oblongues- lancéolées, également ow presque également atténuées des deux côtés, parfois rassemblées plus nombreuses au-dessus ou au- dessous du milieu de la tige; les supérieures assez souvent brus- quement décroissantes ou méme bractéiformes avant d'arriver aux rameaux de la panicule. — Aoüt-novembre. a. lancifolium.— Feuilles-lancéolées ou oblongues-lancéolées. b. deltoideum. — Feuilles deltoides-lancéolées, à dents plus saillantes vers le milieu. Plante trés tardive, ayant parfois le port et l'aspect, par les feuilles, de certains Euphorbia du groupe Amygdalina. Hab. Pyrénées-Orientales : Consolation, bois au-dessous de la Chapelle (Herb. Oliver) ; vallée du Vernet et le Canigou à la vallée de Saint-Vincent (Gautier); var. b. Entre Corneilla et le Vernet (Herb. Gautier). SUR UNE NOUVELLE OBSERVATION DE PRÉSENCE DE VRILLES QU FILAMENTS CIRROIDES PRÉHENSEURS CHEZ LES CHAMPIGNONS, par M. E. BOUDIER. En examinant des échantillons du Sepultaria Sumneriana Cooke (Peziza lanuginosa var. Sumneri Berk. et Br.) qui m'avaient été bienveillamment adressés, d'abord d'Angers, par notre collégue M. Labesse, puis quelques jours aprés de Meaux, par notre con- frére M. Dumée, tous deux ayant, comme les auteurs anglais, ré- colté sous des Cédres cette espéce non encore signalée avec cer- titude en France, je fus frappé de trouver sur le mycélium ou plutót sur les poils mycéloides qui entourent les cupules d'un tomentum laineux plus ou moins épais des nodosités formées par l'extrémité d'autres filaments qui s'enroulaient aprés eux à la ma- niére des vrilles des Phanérogames. La présence de filaments cirroides préhenseurs, de véritables vrilles, n'a pas encore été indiquée fréquemment, que je sache, 312 SÉANCE DU 14 Mar 1894. chez les Champignons; il m'a donc paru utile de signaler le cas très remarquable que je rencontrais. Bien des fois on a vu et décrit des hyphes ou des poils plus ou moins contournés en spi- rale, soitdans l'intérieur des tissus, comme dans le genre Laccaria où les a signalés M. Patouillard, soitet plus fréquemment à l'exté- rieur, sous la forme de poils, comme on le voit sous les cupules de certaines Pezizes, par exemple le Pseudopleclania nigrella, quelques Lachnella, sur les périthéces de certaines Sphériacées, des Chœætomium surtout, ou encore chez les Mucédinées, où l'on rencontre en outre assez souvent un mycélium qui devient fréquem- ment d'apparence volubile, mais aucun de ces filaments ou poils ne sont préhenseurs. Ici, je dois citer certains faits bien connus, signalés primitive- ment par De Bary sur les Eurotium, concernant les premiers états de formation des périthéces de ces petits Champignons, sur le mycélium desquels on trouve de trés petits rameaux contournés en spires serrées, courtes et creuses auxquelles on a donné le nom d'ascogones et qui ont été remarqués aussi dans la suite chez d'autres Sphériacées. Ces petits organes ont au premier coup d'œil l'apparence des nodules dont je parle, mais ces spires ne sont pas enroulées sur des filaments, n'étant pas préhensives, et par conséquent sont vides à l'intérieur. Elles ne peuvent donc en aucun cas leur étre assimilées. De plus, ces organes se recouvrent rapidement de petits prolongements nés de leur base et qui les enveloppent entiérement pour former les premiers commence ments des périthéces. Chez le Sepultaria Sumneriana Cooke, au contraire, rien de semblable, les extrémités des filaments cirroïdes sont des organes simplement préhenseurs qui s'enroulent sur les filaments voisins en spires, par conséquent jamais creuses, et ne donnent pas naissance à d'autres filaments pour former des péri- théces. Il y a là une différence capitale qui ne peut se préter au moindre rapprochement. Il en est de méme des filaments qui accompagnent la formation des oogones, chez certains Phycomycétes, chez les Achlya princi- palement, signalés et figurés déjà depuis longtemps par MM. De Bary, Pringsheim et Cornu et quelques autres auteurs; mais là encore ces filaments, contournés ilest vrai, sont inhérents à la fructification de ces espèces et ne sont pas assimilables complète- ment au fait que je présente dans cette Note. BOUDIER. — FILAMENTS CIRROIDES CHEZ LES CHAMPIGNONS. 313 Les cirres chez le Sepultaria Sumneriana sont d'autant plus nombreuses, que le Champignon a poussé dans un sable plus gra- veleux, laissant entre les graines des espèces vides où les filaments se développent à l'aise et se rencontrent facilement. Ils sont au contraire plus rares dans les sols compacts, les extrémités des ra- meaux s'allongent d'autant plus qu'elles ne trouvent pas à s'en- rouler. On sait que les Sepultaria sont des Pezizes d'abord hypogées, se présentant alors sous forme d'une sphére ereuse qui s'ouvre ensuite en se fendant en étoile au sommet à la manière des Geaster, et devenant alors semi-hypogées, les rayons plus ou moins trian- gulaires se déjetant en dehors et repoussant ainsi la terre qui les couvre. L'extérieur est abondamment couvert de poils, générale- ment fasciculés à la base comme dans les Lachnea proprement dits dont hemisphærica est le type. Mais ces poils, en raison de leur évolution souterraine, sont trés allongés et flexueux et sem- blent devoir faire les fonctions d'un mycélium secondaire; ils sont souvent rameux et non simples, rigides et aigus comme dans ce dernier genre. Ces poils, qui contribuent peut-être à l'accroissement des cu- pules, sont de couleur fauve, septés, simples ou rameux comme je viens de le dire, à rameaux courts ou au contraire trés allongés, pénétrant la terre aux environs. Ce sont surtout les rameaux courts qui sont cirriféres. Cà et là on voit se former, sur les filaments principaux, d'abord de petits tubercules qui s'allongent en un petit rameau se contournant souvent (fig. a, b, c, d), et qui, au contact d'un autre filament, s'y enroule en plusieurs tours de spire, rarement plus de cinq, d'abord espacés (fig. f), puis trés serrés à la manière des vrilles de la Bryone (fig. e, g, h, à, j). Ces filaments sont le plus souvent sans communication avec celui qu'ils embras- sent, mais quelquefois l'anastomose se fait, comme il arrive, on le sait, fréquemment entre les hyphes des Champignons, et alors ils communiquent entre eux, le point de contact se résorbant sans qu'on puisse voir le moindre indice d'une conjugaison quelconque. Le filament sur lequel le cirre s'enroule n'est qu'un simple support et rien de plus; jamais je n'y ai constaté le moindre renflement ni le moindre changement dans le protoplasma. Tous ces filaments, tant principaux que ramifications, sont, comme je l'ai dit, à parois épaisses. Ils sont couverts de granulations trés fines analogues à 314 SÉANCE DU 11 Mai 1894. celles qui se voient sur les poils de nombre d'espéces de Champi- gnons, surtout des genres Cyphella, Dasyscypha, Lachnella, ce qui, avec leur point de départ des cellules extérieures de la cupule, me semble devoir les assimiler avec plus de certitude à des poils qu'à un mycélium vrai, quoiqu'on rencontre quelquefois chez ce dernier des filaments couverts de granulations analogues, chez les Elaphomyces par exemple. Ces granulations sont caduques et on trouve quelquefois des filaments qui en sont dégarnis totalement ou en partie. Une raison encore me les fait rapprocher des poils et non du mycélium primitif, c'est qu'on rencontre mélés parm! eux d'autres filaments septés aussi, mais incolores et qui appar- tiennent trés probablement à ce dernier. Les rameaux cirriféres sont ordinairement simples et cloisonnés, mais quelquefois ils se divisent en deux branches préhensives toutes deux (fig. h, j), ou dont l'une seule s'enroule, tandis que l'autre MANGIN. — MEMBRANE CHEZ LES CHAMPIGNONS. 315 s'allonge dans le terrain environnant. Souvent ces vrilles, ne trou- vant pas immédiatement de filaments dans leur voisinage, s'ap- pliquent le long de celui qui leur a donné naissance au-dessus de leur point de départ, et s’y-enroulent (fig. i). D'autres fois deux cirres voisines s'entremélent (fig. j), comme aussi on en rencontre qui, n'ayant pas trouvé de support à leur portée, se contournent seulement sur elles-mémes; mais, aussitót qu'elles se trouvent en contact avec une autre, la préhension a lieu. Ces filaments cirroides me semblent donc devoir représenter de véritables vrilles, à l'état le plus simple il est vrai, puisque ce ne sont que de simples filaments, et leur étre assimilés. Il résulte de ces diverses observations que des vrilles peuvent être rencontrées chez les Champignons supérieurs et que les poils extérieurs du Sepultaria Sumneriana et peut-être d'autres espèces du même genre sont susceptibles de former des ramifications cir- rifères et préhensives en nombre d'autant plus grand que ces fila- ments pénétrent un terrain plus granuleux et moins compact. M. Mangin fait à la Société la communication suivante : SUR LA CONSTITUTION DE LA MEMBRANE CHEZ QUELQUES CHAMPIGNONS, EN PARTICULIER CHEZ LES POLYPORÉES, par M. Louis MANGIN. Dans des communications antérieures, j'ai insisté à plusieurs reprises sur l'inconvénient de désigner la substance fondamentale de la membrane des Champignons par un terme unique, tel que celui de Pilzcellulose adopté par de Bary. Une telle expression pou- vait être admise, à la rigueur, quand on croyait encore àl'unité de composition de la substance fondamentale de la membrane. Cette hypothése est aujourd'hui erronée, méme pour les Phané- rogames où la constitution de la membrane est le plus simple. Chez les Champignons, ainsi que jel'ai annoncé, la constitution de la membrane est trés complexe : variable d'une famille à l'autre, souvent méme d'un genre à unautre genre, il n'est pas possible, méme en faisant abstraction des substances incrustantes, de la ramener à un type uniforme. Le terme de cellulose des Champi- gnons ou de Pilzcellulose doit donc étre abandonné, non seule- ment parce que la cellulose n'est pas la seule substance de la mem- brane, mais encore parce que, dans certaines espéces, il est im- 316 SÉANCE DU 11 Mar 1894. possible de trouver rien qui ressemble à la substance désignée Sous ce nom. Les observations que je veux présenter aujourd'hui à la Société, relatives à certaines Polyporées, ont été provoquées par de récents travaux sur cette question. Les données fournies sur la membrane des Champignons, peu nombreuses, ont été résumées avec une grande netteté ap 1884, par M. de Bary (1). Il y a quelques années, M. Hoffmeister (2) a consacré à la mem- brane des Champignons un chapitre de son travail sur la cellulose et ses formes. Ce travail n'ayant pas été cité dans les publications récentes, je l'analyserai briévement. Les objets à étudier sont soumis par M. Hoffmeister au traite- ment suivant : on les place dans l'eau additionnée d'acide chlorhy- drique et de chlorate de potasse, et on les y laisse séjourner à la température ordinaire jusqu'à ce que la masse devienne blanche. Les tissus du Bolet jaune qui ont subi ce traitement sont deve- nus mucilagineux et ne peuvent être lavés par filtration qu'avec une grande difficulté; si l'on ajoute de l'eau ammoniacale, les lavages sont plus difficiles. Néanmoins, en exécutant la filtration sous pression et pendant longtemps, l'auteur a pu obtenir un ré- sidu insoluble, blanc à l'état humide, corné et transparent à l'état sec. Ce résidu est encore impur, car il .renferme 7 pour 100 de cendres et 2 pour 100 d'azote. Pour le purifier, M. Hoffmeister le traite par la soude caustique à 5 pour 100, la plus grande partie se dissout ; on neutralise par l'acide chlorhydrique et on précipite par l'alcool, puis on lave. En renouvelant ce traitement à plusieurs reprises, on obtient une masse blanche exempte de cendres et d'azote. La masse blanche floconneuse ainsi obtenue se dissout inégale- ment dans les solutions de soude de 1 1/2 à 6 pour 100, et l'auteur distingue ainsi plusieurs formes dont deux principales : l'une flo- conneuse, soluble dans les solutions fortes; l'autre pulvérulente, soluble dans les solutions faibles. (1) De Bary, Vergleichende Mor T e und Biologie der Pilz, Mycetoz oen und Bacterien. Leipzig, 1884. (2) W. Hoffmeister, Die Rohfaser und einige Formen der Cellulosen (Land- wirthsch. Jahrbücher, Bd XVII, 1888). MANGIN. — MEMBRANE CHEZ LES CHAMPIGNONS. 311 Ces formes se dissolvent dans l'acide chlorhydrique, la forme pulvérine est insoluble dans le réactif cupro-ammoniacal ; la forme floconneuse, d'abord gonflée dans ce réactif, s'y dissout ensuite facilement. Aucune de ces formes ne donne, avec les réactifs iodés [chlorure de zinc iodé, iode et acide sulfurique], la coloration bleue caractéristique de la cellulose. Deux faits importants se dégagent de ces premières recherches : l'absence d'azote dans le produit obtenu et le résultat négatif des réactions colorantes habituelles de la cellulose. Plus récemment M. Vinterstein (1)a publié, sur la membrane des Champignons, le résultat de ses observations. Les recherches de cet auteur sont, par plus d'un cóté, semblables comme méthode à celle que je viens de rappeler et cependant, par une omission regrettable, on ne trouve, dans le travail de M. Vinterstein, aucune mention des résultats de M. Hoffmeister. M. Vinterstein a employé dans ses recherches les espéces sui- vantes : Boletus edulis, Polyporus officinalis, Agaricus cam- pestris. Voici la suite des opérations avec le Boletus edulis. Les Cham- pignons sont lavés à l'éther, puis à l'alcool à 90 degrés, et de nou- veau chauffés avec l'alcool étendu (2), on lave ensuite à l'eau froide tant qu'il se dissout des matières brunes. On traite alors par une solution de potasse à 1/2 ou 4 pour 100, pour éloigner les ma- tières protéiques ; aprés lavage à l'eau, on fait bouillir le résidu pendant plusieurs heures avec l'eau et l'on obtient une substance gélatineuse que l'alcool précipite. On laisse macérer pendant qua- torze jours dans le liquide de Schulze, aprés lavage à l'eau on laisse digérer avec l'ammoniaque étendue pendant une demi-heure; on décante et on lave sur le filtre à l'eau distillée jusqu'à dispari- Hon de la réaction alcaline. M. Vinterstein n'a pas été surpris, comme on le voit, de la difficulté d'opérer les lavages dans une solution alcaline. (1) Vinterstein (E.), Zur Kenntniss der Pilzcellulose (Bericht. der deutsch. Bot. Gesellsch. Bd, 11, 1893). : ; (2) L'auteur ajoute que les solutions alcooliques laissent déposer des cris- taux de tréhalose; il oublie de mentionner que M. Bourquelot avait signalé avant lui la présence de ce sucre, dans la méme espèce, dans le travail suivant : Sur la répartition des matières sucrées dans le Cèpe comestible (Boletus edulis Bull.) et dans le Cèpe orangé (Boletus aurantiacus Bull.) [Bull. Soc. mycol. de France, t. VIII, 1892]. 318 : SÉANCE DU 14 Mar 1894. Après lavage à l'éther et à l'alcool, on obtient une masse jaune clair faiblement friable, complétement soluble à froid dans l'acide chromique concentré, dans 75 pour 100 d'acide sulfurique, soluble aussi dans une solution chaude de potasse à 5 ou 20 pour 100. Il résulte des observations de M. Vinterstein, deux faits qui sont en contradiction absolue avec les résultats annoncés par M. Hoff- meister : d'une part, l'iode et l'acide sulfurique donneraient la coloration bleue ou violette caractéristique de la cellulose sur le produit obtenu avec le Boletus edulis; d'autre part, ce produit renfermerait une proportion d'azote assez considérable (2,90 pour . 100 chez le Boletus edulis; 2,64 pour 100 chez le Polyporus offi- cinalis ; 3,58 pour 100 chez l Agaricus campestris). Si M. Vinterstein avait pris connaissance du travail de M. Hoff- meister, il aurait pu constater que ce dernier auteur attribue l'azote trouvé dans le produit retiré de la membrane à des impu- retés, et qu'il a réussi à obtenir une substance privée d'azote. M. Vinterstein ne semble pas avoir songé à cette origine, ni cherché à éliminer cette cause d'erreur possible. Il- se borne à dire que deux acceptions sont possibles au sujet de la nature dela mem- brane : ou bien la substance obtenue se compose de cellulose et d'une substance azotée incrustante dont les propriétés seraient à établir; ou bien elle est semblable à la cellulose et s'en distingue essentiellement parce qu'elle renferme de l'azote (1). Quelques essais de contrôle n'eussent pas été superflus pour décider celle des deux hypothéses à laquelle se rattache l'auteur. Enfin, en soumettant à l'hydrolyse le produit ainsi préparé, M. Vinterstein a obtenu un suere dont l'osazone fond à 202 degrés ou 204 degrés et constitue par suite de la dextrose. ! L'auteur ajoute que les résultats obtenus avec le Polyporus officinalis et avec l'Agaricus campestris sont semblables à ceux qu'a fournis le Boletus edulis. On voit ainsi que M. Vinterstein est en contradiction absolue avec M. Hoffmeister au sujet de la nature de la membrane des Champignons. Pour M. Vinterstein, celle-ci possède les réactions colorantes de la cellulose, mais elle en diffère par la présence d'une certaine quantité d'azote. Pour M. Hoffmeister, la membrane du (1) « Oder es liegt hier eine ein Verhalten der Cellulose ühnlich Substanz vor, welche von letzterer sich aber durch unterscheidet, dass die Stickstoff- haltig ist ». Loc. cit., 443. i MANGIN. — MEMBRANE CHEZ LES CHAMPIGNONS. 319 Bolet jaune, débarrassée des matiéres incrustantes, est une sub- stance floconneuse blanche privée d'azote et ne donnant pas les réactions de la cellulose avec les réactifs iodés. Je ne me propose pas de chercher comment ces deux auteurs ont pu émettre sur le méme sujet, traité avec la méme méthode, des vues si diamétralement opposées; je me bornerai à signaler les résultats que m'ont fournis les recherches microchimiques appli- quées à l'étude de la membrane chez certains Champignons basi- diomycétes, et particuliérement chez les Polyporées. On verra que, dans la partie des recherches dont la méthode est semblable à celles qui viennent d'étre résumées, ces résultats confirment les idées de M. Hoffmeister et sont en opposition avec celles de M. Vinterstein. Différents Basidiomycètes, tels que : Boletus purpureus, Aga- ricus campestris, Cantharellus cibarius, Polyporus versicolor, P. fomentarius, P. igniarius, Dædalea quercina, etc., ont été traités, pendant vingt-quatre ou quarante-huit heures, par le mélange de M. Hoffmeister, c'est-à-dire par l'acide chlorhydrique étendu et le chlorate de potasse. Lorsque la masse est devenue blanche, on lave à l'eau et à l'ammoniaque faible par décantation ; car, ainsi que l'a reconnu M. Hoffmeister, il est impossible de filtrer la masse gélatineuse obtenue dans ces conditions. En examinant au microscope le résidu de ces divers traitements, on distingue nettement les filaments mycéliens. Leur membrane est assez mince quand on les observe dans un liquide acide; mais, dans un liquide alcalin (carbonate de soude, ammoniaque faible), elle se gonfle beaucoup et prend une apparence stratifiée trés nette. Sous l’action de l'acide phosphorique iodé à divers états de con- centration, ces filaments ne se colorent jamais en bleu ou en violet; ils prennent une teinte jaune. Méme aprés l'action de la potasse caustique en solution alcoolique saturée, la coloration bleue n'apparait pas. J'ai montré (1) que, dans tous les tissus qui renferment de la cellulose, l'action successive de la potasse en solution alcoolique et de l’acide phosphorique iodé permettait de mettre en évidence (1) L. Mangin, Sur les réactifs colorants des substances fondamentales de la membrane (Comptes rendus, 1890). 380 SÉANCE DU 141 Mar 1894. et immédiatement, avec une intensité colorante trés nette, la colo- ration bleue caractéristique de cette substance. Le résultat, tou- jours négatif, des nombreux essais que j'ai réalisés sur les espéces mentionnées ci-dessus avec les mémes réactifs m'autorise à dire que la cellulose, telle qu'on la définit aujourd'hui, n'existe pas dans la membrane de ces Champignons. Mes recherches confirment les vues exprimées par M. Hoffmeister sur le Bolet jaune et con- tredisent les faits avancés par M. Vinterstein et depuis plus long- temps par M. Richter (1). L'inertie des réactifs iodés sur les membranes ayant subi la ma- cération de Hoffmeister étant bien constatée, j'ai essayé d'autres réactifs colorants. Les coloranis tétrazoïques de la série benzidine ont été employés tout d’abord parce que ces colorants se fixent énergiquement sur la cellulose et sur la callose en bain alcalin (2). Le Congo, la benzo-purpurine, l'azo-bleu, l'azo-violet, la rosa- zurine, le benzo-bleu noir, etc., colorent nettement tous les fila- ments mycéliens des espéces que j'ai citées. Pour décider si ces colorations caractérisent la callose, j'ai employé le mélange de bleu soluble [bleu de triphénylrosaniline trisulfoné existant pur ou en mélange dans les produits commerciaux, tels que : bleus coton, bleus papier, bleus solubles à l'eau] et d'orseilline BB, qui teignent le premier la callose, le second la cellulose en bain acide. A l'aide de ce réactif, on peut séparer les espéces citées en deux groupes. L'un, comprenant le Boletus purpureus, l' Agaricus cam- pestris, le Cantharellus cibarius, renferme des espéces ne donnant pas les réactions de la callose, mais fixant l'orseilline plus ou moins énergiquement; l'autre, comprenant le Polyporus igniarius, le Polyporus versicolor, le P. fomentarius, le Dedalea quercina, renferme des espèces dont le mycélium se colore fortement par le bleu d'aniline et manifeste ainsi la présence de la callose. D'ailleurs, méme aprés l'action prolongée de la macération de Hoffmeister, la substance blanche obtenue n'est pas encore pure; si on la traite par un mélange de bleu naphtylène et de vert acide, (1) Richter (C.), Beitráge zur genaueren Kenntniss der chemischen Bes- chaffenheit der Zellmembranen bei den Pilzen (Sitzungsb. der Akad. math. natur. Classe I abth. Bd 83; Wien, 1881). (2) L. Mangin, loc. cit. (Comptes rendus, 1890). MANGIN. — MEMBRANE CHEZ LES CHAMPIGNONS. 381 ou de rouge de ruthénium et de violet acide 10 B, les filaments my- céliens dont elle se compose se teignent énergiquement en rose ou en violet, tandis que, dans la cavité cellulaire, on apercoit des masses protoplasmiques granuleuses colorées en vert on en violet foncé. La membrane renferme donc, outre la substance qui se colore avec les couleurs de benzidine, une autre substance qui fixe les colorants basiques et qui rappelle, par cette élection colorante, les composés pectiques. En ce qui concerne le premier groupe, Agaricus campestris, Boletus edulis, Cantharellus cibarius, la membrane renfermerait, aprés la disparition des matières importantes, deux composés dif- férents : l'un, inerte vis-à-vis des réactifs iodés, fixe les couleurs de benzidine en bain alcalin et l'orseilline BB en bain acide; on pourrait peut-être le rapprocher de la cellulose, dont il ne diffère que par son inertie vis-à-vis des réactifs iodés. Le terme d'hémi- cellulose appliqué, ainsi que je l'ai montré, à des substances qui n'ont aucune des réactions de la cellulose ordinaire, conviendrait bien, dans ce cas, à ce composé encore mal défini. L'hydrolyse des tissus de l’Agaricus campestris a fourni un sucre dont losa- zone fond à 186 ou 187 degrés, mais la quantité obtenue a été trop faible pour permettre de caractériser ce sucre. Je reviendrai plus lard sur cette question. Le deuxiéme groupe de Champignons, Polypores divers (P. igniarius, P. versicolor, etc.), Dædalea quercina, renferme des espèces dont le mycélium est incrusté de substances brunes com- parables à celles qui incrustent les cellules lignifiées ; aprés la dis- parition de ces substances, la membrane est formée en grande partie par la substance que j'ai désignée sous le nom de callose et par un autre composé fixant les colorants basiques et compa- rable, à ce point de vue, aux composés pectiques. J'ai employé surtout dans mes recherches le Polyporus ignia- rius, le P. fomentarius et l'Amadou du commerce. Les tissus de ces Champignons, traités par le mélange d'acide chlorhydrique et de chlorate de potasse, ne tardent pas, aprés plu- sieurs jours, à se transformer en une masse blanche, qui, aprés lavage et addition d'ammoniaque faible, donne une masse brune que des lavages répétés débarrassent de la substance colorante et transforment finalement en une pâte jaune bistre qui se désagrège 382 SÉANCE DU 14 MAI 1894. dans l'eau en une multitude de filaments. En soumettant de nou- veau cette pâte à l'action du mélange de Hoffmeister pendant quelques heures, on obtient une masse blanche qu'on lave et qu'on filtre sur un tamis de toile ou de crin. Les filaments s'en- chevétrent et forment une lame résistante qui constitue, aprés dessiccation, un papier ne contenant pas de cellulose et dont les filaments manifestent avec une grande netteté la coloration bleue de la callose. Le papier de Polypore ou d'Amadou prend une consistance gélatineuse en présence de l'ammoniaque et devient translucide par la dessiccation. Il est soluble dans le bichlorure d'étain, dans le chlorure de zinc, dans la potasse ou la soude cau- stiques. La solution sodique ou potassique étendue d'eau préci- pite par l'acide acétique et forme une masse gélatineuse qui, addi- tionnée d'orseilline BB et de bleu soluble, prend une magnifique coloration bleue. Dans les mêmes conditions, le Dædalea quercina fournit une masse gélatineuse qui, traitée à l'ébullition par le carbonate de soude, se dissout en grande partie; le résidu compact se colore en rose par l'orseilline BB et dénote la présence d'une substance analogue à celle de la membrane de l'Agaricus campestris, sub- stance que je désigne sous le nom d'Aémi-cellulose; le liquide filtré est précipité par l'aleool, et le résidu posséde toutes les réactions de la callose. | . J'ai voulu savoir si les réactions colorantes de la callose cor- respondaient à un principe immédiat défini et j'ai soumis le résidu blanc obtenu avec la macération de Hoffmeister, à l'hydrolyse par l'ébullition prolongée avec l'acide sulfurique à 4 ou 5 pour 100. La liqueur brune obtenue, neutralisée par le carbonate de ba- ryte et clarifiée, a fourni un sirop de sucre. Par l'action de la phé- nylhydrazine acétique on obtient deux osazones : l'une, insoluble dans l'eau bouillante, peu soluble dans l'alcool; l'autre, soluble dans l'alcool à froid et dans l'eau bouillante. La première osazone, purifiée par des lavages répétés à l'éther, à l'alcool et au chloroforme, fond à 193 degrés et représente la galactosazone ; la seconde, purifiée par des cristallisations succes sives dans l'eau, fond vers 182 ou 183 degrés. La premiére cor- respondrait au galactose, la deuxiéme au rhamnose. M. Vinterstein a trouvé dans les mémes conditions une seule osazone, fondant à 203 degrés, et qu'il rapporte à la glucosazone. MANGIN. — MEMBRANE CHEZ LES CHAMPIGNONS. 383 La différence des points de fusion entre la galactosazone (193 de- grés) et la glucosazone (203 degrés) est assez grande pour qu'il paraisse difficile de confondre ces deux produits. Cependant, en pratique, il n'est pas toujours commode de distinguer les osazones par leur point de fusion; car, malgré les purifications, ce point de fusion n'est pas constant. Ainsi la glucosazone obtenue avec du glucose pur et purifiée par des lavages répétés peut fondre à 195 degrés, quand elle est maintenue pendant un certain temps à cette température; ce fait se vérifie pour la plupart des osazones. Pour vérifier si l'osazone que j'avais obtenue était différente de celle que M. Vinterstein a préparée, j'ai toujours observé les points de fusion par comparaison et de la maniére suivante. Une capsule en porcelaine remplie de mercure est plongée dans un bain de sable, et le tout est porté à la température de 193 degrés. D'autre part, on prend des tubes en verre mince d'un diamètre de 2 à 3 mil- limétres, fermés à l'une des extrémités et contenant, l'un de la glucosazone pure, l'autre l'osazone du Polypore amadouvier; on plonge les deux tubes en méme temps dans le bain de mercure et l'on peut constater, au bout de quelques minutes, que l’osazone du Polypore fond la premiére et trés rapidement. La glucosazone fond à son tour et trés lentement, sans devenir complétement fluide comme la précédente. Je puis donc affirmer que l'osazone du Polypore insoluble dans l'alcool est de la galactosazone. Ces observations montrent que la détermination des sucres, par les points de fusion des osazones correspondantes, peut conduire à des erreurs en raison de la variabilité de ces derniers. Les essais ne seront concluants que s'ils sont exécutés comparativement. Nous pourrons formuler les résultats de cette premiére et in- compléte étude de la maniére suivante : La membrane de certains Basidiomycétes (Agaricus campestris, Boletus edulis, Cantharellus cibarius, Polyporus igniarius, P. fomentarius, P. versicolor, Dædalea quercina, etc.) ne présente pas, lorsqu'elle a été débarrassée des substances incrustantes, les réactions ordinaires de la cellulose avec les réactifs iodés, contrai- rement aux assertions de MM. Richter et Vinterstein. Parmi ces espéces, les unes, telles que l'Agaricus campestris, le Boletus edulis, le Cantharellus cibarius, possèdent dans la mem- brane une substance fondamentale qui se colore par les réactifs 384 SÉANCE DU 11 MAI 1894. Létrazoiques (colorants acides) de la cellulose : orseilline BB en bain acide, Congo en bain alcalin; ce serait une hémi-cellulose qui serait accompagnée d'une autre matière fixant énergiquement les colorants basiques. D'autres espèces, au contraire, telles que les Polyporus ignia- rius, P. fomentarius, P. versicolor, etc., présenteraient la callose associée aussi à une substance fixant les colorants basiques. Par l'hydrolyse, les tissus de ces espéces fourniraient deux sucres, l'un qui serait la galactose, l'autre qui par son osazone se rap- procherait du rhamnose. Je me propose d'étendre ces recherches et de vérifier prochaine- ment si les relations que ces résultats établissent entre la callose et la galactose sont bien fondées. M. le Secrétaire général donne lecture des communications suivantes : MALADIE BACILLAIRE DES VIGNES DU VAR, par MM. PRILLIEUX et DELACROIX. M. Marion, professeur à la Faculté des sciences de Marseille, a adressé, il y a quelques semaines, au laboratoire de Pathologie végétale, des ceps de Vigne malades qu'il avait reçus de M. Cochard, propriétaire à la Cadiére (Var). Ce sont des Vignes francaises, greffées sur diverses Vignes américaines, Riparia et autres. Le mal dont elles sont atteintes n'avait pas encore été observé dans la région; M. Marion décrit ainsi cette maladie : « Des souches ayant donné des masses de fruits se dépouillent » plus vite que les voisines. En mars, on les taille sans rien con- » stater de mauvais. Les sarments sont sains, verts, en sève, et » brusquement, en quelques jours, le desséchement atteint les » parties aériennes. La premiére année, la Vigne repousse du » pied; mais l'année suivante, aprés recépage, nouveau phéno- » méne identique, les parties souterraines se desséchent à leur ò tour et la Vigne meurt. » Dans les premiers jours de ce mois (mai), nous avons regu U! nouvel envoi de ceps malades, provenant d'un point éloigné du vignoble où avaient été observées les premières atteintes du mal. PRILLIEUX ET DELACROIX. — MALADIE BACILLAIRE DE LA VIGNE. 389 Il parait certain que la maladie s'étend dans le Var, elle se mani- feste en de nombreuses localités éparses, de préférence, nous dit- on, dans les terres fortes et humides ou du moins pouvant étre par moment exposées à l'humidité. Le bois des ceps malades coupés transversalement présente, sur la surface de la section, de nombreux petits points noirátres, tantôt éparpillés sur toute cette surface, tantót, et c'est le cas le plus fré- quent, rapprochés en ilots à contours mal limités et formant ainsi des taches dont le centre est coloré. A l'examen microscopique, on voit que l'altération porte parti- culiérement sur les vaisseaux, les cellules du parenchyme ligneux et les rayons médullaires. Les parois des vaisseaux prennent une couleur jaune brunátre, leur cavité est obstruée par une matière gommeuse également colorée en brun que l'on trouve aussi dans les cellules altérées. De plus, on voit,dans tous les éléments atteints ainsi de dégénérescence gommeuse, tourbillonner de nombreux Bacilles. La culture nous a permis d'isoler de ces tissus malades deux Bactéries allongées, dont l'une s'agrége en filaments articulés, comme cela se produit dans la forme Leptothriz. L'année dernière, nous avons recu de M. Costet, professeur d'agriculture à Tunis, des sarments de Vigne malade présentant tout à fait les mémes caractéres que ceux qui nous ont été envoyés cette année du Var; nous y avons alors signalé la présence d'un Bacille que nous avons isolé et cultivé. Il nous paraît identique à l'un de ceux que nous ont donnés les Vignes de la Cadiére. Il nous parait fort probable que cette maladie, considérée comme nouvelle dans le Var et en Tunisie, n'est autre que le mal nero des Italiens qui cause des ravages considérables dans l'Italie méri- dionale et la Sicile. | Déjà en 1879, M. Santo Garovaglio, avait observé la présence de Bactéries dans le bois des Vignes atteintes de mal nero. Les ré- centes recherches de MM. Becccarini et Cugini semblent bien éta- blir que cette maladie est réellement due à des Bactéries. À la Cadiére, la maladie a débuté sur des Vignes italiennes des « Maccaroli » provenant d'une pépiniére qui lesavait recues direc- tement d'Italie. En Tunisie de méme beaucoup de vignobles ont été constitués par des cépages italiens. Y XLi (SÉANCES) 25 386 SÉANCE DU 11 mar 1894. DE L'HERMAPHRODISME DANS SES RAPPORTS AVEC LA MESURE DE LA GRADATION DES VÉGÉTAUX; par M. Ad. CHATIN. J'ai fait connaitre la signification, pour la mesure de la grada- tion des espéces végétales, de la non-multiplication des parties homologues, de la variété et de la localisation des organes; j'étends aujourd'hui le méme ordre de recherches à l'hermaphro- disme. Pour se dégager d'une facon moins nette, et surtout moins réguliére que dans les études précédentes, la signification de l'her- maphrodisme n'est pas toutefois contestable. Je considére les végétaux par grands groupes, les Dicotylé- dones s'étageant dans l'ordre marqué à la fois par la limitation du nombre des parties homologues, par la variété des organes et leur localisation. L'Agamie, qui bientót ne sera plus qu'un nom dans l'histoire dela Botanique, voit chaque jour réduire son domaine, méme chez les Thallophytes, son dernier refuge. Déjà les anthérozoides avaient apparu chez des Algues. Quant aux Cryptogames cellulaires acrophytes, Hépatiques et Mousses, leur reproduction, qui s'opére par anthérozoides et ar- chégones, est nettement dioique ou monoique. : Il en est de méme des Cryptogames vasculaires, Fougères, Equi- sétacées, etc., qui fécondées peu après la germination des spores, et encore à l'état de thallus, développent alors des tiges qui, chaque année durant toute leur vie, laquelle peut étre séculaire, produi- ront des spores fertiles ; merveilleuse fécondation pérennante dont se rapproche, à quelques égards, celle de la reine des abeilles, qui n'est fécondée qu'une fois pour toute la durée de sa vie. Les Gymnospermes, déjà marquées d'infériorité par leurs fleurs sans enveloppes, par leurs ovules nus, leurs cotylédons multiples, le trés gros albumen et leur apparition hátive sur le globe, sont uniformément unisexuées, soit dioiques (Cycadées), soit ou dioi- ques ou monoiques (Conifères, Gnétacées). Il faut arriver aux Phanérogames pour voir apparaitre l'herma- phrodisme vrai, qu'il est instructif de suivre, dans son mouvement ascendant et parfois paralléle, dans les Monocotylédones et les Di- cotylédones. CHATIN. — L'HERMAPHRODISME DANS LE RÈGNE VÉGÉTAL. 38; Les Monocotylédones à fleurs nues (Naiadées vraies, Aroides) sont, comme les Gymnospermes, encore unisexuées. Les Glumacées non périanthées sont, les unes toujours uni- sexuées (Typhacées, Restiacées, Ériocaulées), d'autres seulement partiellement hermaphrodites (Graminées et Cypéracées). Quant aux Glumacées périanthées, elles se présentent aussi, ou généralement unisexuées (Palmiers), ou la plupart hermaphrodites (Joncées). L'hermaphrodisme devient plus fréquent chez les Monocotylé- dones à périanthe corolloide. C'est ainsi que, parmi les Inférova- riées, si les Hydrocharidées et les Dioscorées sont uniformément unisexuées, les Hypoxidées ne le sont qu'en partie et que l'herma- phrodisme est l'état régulier dans les belles familles des Orchidées, Broméliacées, Amaryllidées et Amomées. Parmi les familles supérovariées, on voit encore la Sagittaire monoique dans les Alismacées, mais l'hermaphrodisme existe seul chez les Commélinées, Xyridées, Liliacées et ordres de moindre importance. Au résumé, l'hermaphrodisme prend une place importante dans les Monocotylédones, où il se développe à peu prés parallèlement à la variété et à la localisation des organes. Le grand embranchement des Dicotylédones présente à son tour, en bas, des fleurs unisexuées ; en haut, mais plus nettement, plus exclusivement que les Monocotylédones, des fleurs hermaphro- dites. Dans les Apétales, les Amentacées en général, les Morées, Arto- carpées, Urticées et Cannabinées sont unisexuées ; viennent ensuite partiellement hermaphrodites, les Aristolochiées, Chénopodées, Daphnées, Laurinées, Polygonées, Protéacées, Santalacées, Thy- mélées. Les Dialypétales épigynes, qui comptent certaines espèces uni- sexuées dans les Ombellifères, Araliacées, Saxifragées, Rosacées, sont hermaphrodites chez les Bruniacées, Cactées, Mésembryan- thémées, Mélastomées, Myrtacées. Dans la série nombreuse des Dialypétales hypogynes, sont géné- ralement unisexuées : les Euphorbiacées, Bégoniacées, Cucurbi- lacées, Zanthoxylées, Bixacées, Papayacées. Viennent ensuite, plus ou moins encore unisexuées, prés de cinquante familles, parmi lesquelles les Renonculacées, Anno- 388 SÉANCE DU 11 mar 1894. nacées, Magnoliacées, Carvophyllées, Bombacées, Aurantiacées, Méliacées, Malpighiacées, Sapindacées, Rutacées et Légumineuses. Bien moins nombreuses les Dialypétales hermaphrodites, où l'on compte toutefois les Cruciféres, Papavéracées, Nymphéacées, Viola- riées, Portulacées, Malvacées, Buttnériacées, Géraniacées. A. Brongniart, voulant marquer l'infériorité des Thalamiflores de De Candolle, devenues, avec les Apétales, ses Dialypétales, a dit que la généralité de leurs ordres comptent des espèces apétales; il eüt pu ajouter, sans s'écarter beaucoup de la réalité, que la plu- part de ces ordres ont des représentants unisexués. Avec les Gamopétales l'hermaphrodisme devient la règle, les marquant ainsi d'un nouveau caractère d'élévation. Si, chez les Gamopétales épigynes, quelques familles importantes, Composées, Valérianées et Rubiacées, sont encore partiellement unisexuées, d'autres, Campanulacées, Dipsacées et Caprifoliacées, ne comptent que des espéces hermaphrodites. Mais c'est dans les Gamopétales hypogynes ou Corolliflores que l'hermaphrodisme se montre sans partage, ajoutant ainsi un caractére de plus à tous ceux qui élévent cette importante classe au- dessus des autres, y compris les Gamopétales épigynes. Si, tout au bas des Corolliflores, se trouvent encore : dans une Plantaginée aquatique, le Littorella monoique, et chez les parasiles l'Epiphegus polygame, à l'hermaphrodisme appartiennent exclusi- vement : les Éricacées et des Rhodendrées, diplostémones; le reste des Rhododendrées, les Plombaginées, Asclépiadées, Loganiacées, Solanées, Convolvulacées, Gentianées, Polémoniacées et Borra- ginées, isostémones; les Labiées, Globulariées, Verbénacées, Acan- thacées, Scrofulariées, Bignoniacées, Gesnériacées, méiostémones; en somme, l'ensemble des Corolliflores. Des faits qui viennent d’être exposés ressort, incontestée, cette proposition : l'hermaphrodisme, attribut naturel des végétaux, est, ainsi que la limitation du nombre des parties homologues; que la variété et la localisation des organes, caractére plus spécial des Corolliflores sous tous les rapports, les plus élevées de leurs espéces. C'est dire, une fois de plus, que ce sont les Corolliflores que les botanistes descripteurs devront à l'avenir placer au faite de la série des Dicotylédones, le rang subordonné des Thalamiflores et aussi des Gamopétales épigynes, étant surabondamment établi. CHATIN. — L HERMAPHRODISME DANS LE RÈGNE VÉGÉTAL. 389 Vai, en de précédentes études, montré la solidarité, le parallé- lisme qui existe entre végétaux et animaux quant à la non-multi- plication des parties homologues, à la variété et à la localisation des organes. Or, il faut le reconnaitre, l'aecord ne se maintient plus sur la question de sexualité. L'hermaphrodisme, attribut plus spécial des végétaux, devient au contraire l'exception chez les animaux. Mais, si la solidarité que j'ai signalée précédemment entre végé- taux et animaux fait ici défaut ; si méme, au lieu de solidarité, il y a opposition manifeste, c'est qu'un nouveau facteur, l'appareil nerveux, lequel préside à la vie de relation, impliquant la vo- lonté et la locomotilité, intervient, caractéristique du règne ani- mal. Les exceptions viennent confirmer la régle, en montrant que l'hermaphrodisme est l'apanage de certains animaux aux mouve- ments lents (Mollusques terrestres, Ténia, Douve, etc.), et surtout, de ceux qui vivent attachés pour toujours au sol (Huitre commune, la plupart des Bryozoaires, des Cirrhipédes, Tuniciers, ete.). Une derniére remarque : Si l'hermaphrodisme, relativement rare chez les animaux, trouve, chez ceux qui le présentent, sa raison d’être dans la perte de la locomotilité, on pourrait s'étonner que la séparation des sexes fût fréquente dans les plantes si l'on ne considérait que, en outre de quelques cas tout spéciaux (Vallisnérie, etc.) : 1* Dans beaucoup de végétaux inférieurs (quelques Algues cel- lulaires acrogènes et les Cryptogames vasculaires), l'élément mâle est représenté par des anthérozoides, sorte de pollen doué d'une locomotilité temporaire qui lui permet d'aller à la recherche des appareils femelles (archégones) et de pénétrer à leur intérieur pour féconder l'oosphére ; 2' Dans la plupart des plantes à fleurs unisexuées monoiques, les fleurs máles, entremélées aux fleurs femelles, ou méme placées au-dessus d'elles, n'ont qu'à ouvrir leurs anthéres pour que le pollen tombe sur les stigmates ; 3 Dans les plantes dioiques, le pollen est ordinairement d'une ténuité telle que son transport par les vents peut assurer [des faits nombreux, les uns d'observation journaliére, pluies dites de 390 SÉANCE DU {1 war 1894. soufre, les autres historiques (1), l'établissent] la fécondation à de trés grandes distances. On pourrait encore, avec Darwin, faire intervenir ici les insectes, quoique leur róle, nul dans les nombreuses plantes cléistogames, ait été singuliérement exagéré, comme d'autres conceptions du savant naturaliste anglais, continuateur de Lamarck et d’Étienne Geoffroy Saint-Hilaire. DE LA MARCHE A SUIVRE DANS LA DESCRIPTION DES GENRES : AUTONOMIE ET CIRCONSCRIPTION DE QUELQUES-UNS D'ENTRE EUX: par M. D. CLOS. I. Tournefort et Linné n'ont compris dans la description des genres que les caractères floraux. I semble que le grand Suédois, ayant méconnu l'importance de ceux-ci au début de sa carriére (2), ait voulu l'exagérer plus tard (Gen. plant., 1" édit. 1737). A.-L. de Jussieu, et les trois principaux auteurs modernes de Genera, Endlicher d'une part, Bentham et Hooker de l'autre, dé- crivent d'abord pour chaque genre les caractères floraux et, à leur suite, ceux de la végétation. Dans un ouvrage de Ludwig, rarement cité : Definitiones generum. plantarum, 1747, l'auteur, loin de suivre une marche uniforme, introduit la plus grande diversité dans la description des genres. Tantôt il se borne, comme ses deux devanciers cités, aux caractères floraux, tantôt, et fréquemment, il les fait précéder de ceux de la végétation, empruntés ici à la station (Planta aquatica, Hottonia), au port général (Vitis, He- dera, Cuscuta, Opuntia), à la présence du latex (A pocynum), à la durée (Cuminum), là à la racine (Ferula, Tordylium, etc.), aux feuilles (Fumaria, Crithmum, Fœniculum, Tamariscus, Erica), à l'inflorescence (Digitalis), méme à l'odeur (Pulegium) et à la ressemblance des feuilles de certains genres avec celles d'autres (Malvaviscus). C'était à coup sür aller beaucoup trop loin, c'était méme en ce dernier cas un fácheux retour en arrière, et cet (^) Palmiers du Jardin des Chartreux et du Muséum, de Brindes et d'O- trante. (2) A la suite de son aphorisme : « Fructificationis partes ssepius constan- tissimas differentias subministrant », l'auteur du Philosophia botanica ajoute : « Olim aliter sentiit Linnæus, nec fructificationem nisi præclusis ap viis, adiit, ob rationes quod brevis ævi esset flos, et quod partes ejus sæplu minutissimæ » (n° 225). CLOS. — GENRES BRASSICA, ERUCASTRUM, DIPLOTAXIS. 391 exemple ne doit pas être aveuglément imité. Mais ne convien- drait-il pas désormais, dans la description des genres, de donner le pas aux caractères végétatifs sur les floraux toutes les fois que les premiers seront assez accusés, soit pour faire reconnaitre de prime abord le groupe d'espéces que le genre représente, soit du moins pour fournir d'utiles indications et mettre sur la voie; tels les genres Erica, Tamarix, Umbilicus, Bryophyllum, Utri- cularia, Myriophyllum, Ceratophyllum, Trapa, Bupleurum, Carlina, Lappa, Silybum, Colletia, Clematis, Luzula et Jun- cus, etc. Le degré d'extension dans l'application de cette règle est natu- rellement affaire d'appréciation personnelle; et il va de soi qu'elle n'a pas sa raison d'être lorsque les caractères végétatifs du genre répondent à ceux déjà exprimés de la famille. On objectera peut-étre que, s'il s'agit d'un Genera, cette marche nuira à l'uniformité du livre; mais qu'importe, si ellea pour effet de faciliter les déterminations. J'ajoute que ce sera mettre en pra- lique cette juste observation d'A.-L. de Jussieu : « Natura aliquot signa foliis aut caulibus propria præponit interdum signis quibus- dam e flore aut fructu depromptis » (Introd. in histor. plant., 2* édit., 68). II. Le néophyte amené à consulter plusieurs Flores ne peut qu'étre étonné de la diversité qu'elles présentent dans la préfé- rence accordée à tel ou tel genre au détriment de tel autre, ainsi que dans la place générique assignée à certaines espéces, et le plus souvent sans indication des motifs de ces choix. La suite de cette Note comprend la discussion de l'autonomie et des limites d'un petit nombre de genres : 1. Brassica, EnucasTRUM, DiPLoTAXis. — Le petit groupe Eru- castrum a été tour à tour ballotté dans les genres Brassica et Diplotaxis, considéré comme section du premier par de Candolle (System. II, 598), du second par Grenier et Godron. Ces deux derniers botanistes établissent, en outre de cette troisiéme section Erucastrum, une première section Brassicaria comprenant les Diplotaxis repanda, humilis, saxatilis, et ils attribuent à ces deux sections des graines unisériées, la deuxiéme interposée à elles el représentant les vrais Diplotazis les ayant bisériées (Flor. de Fr. 392 SÉANCE DU 11 Mar 1894. I, 81). Loret et Barrandon rapportent aussi le Diplotaxis humi- lis DC. au genre Diplotaxis, auquel ils donnent, comme Grenier et Godron, des graines uni-bisériées (Flore de Montp. I, 34). Bien que Kirschleger ait écrit des graines bisériées du genre Diplo- taxis : « caractère trés peu solide et très arbitraire » (Flore d'Al- sace, I, 59), ne convient-il pas d'observer cette règle, si naturelle et si sage, établie par de Candolle, discutant la nomenclature des genres : que le nom m'exprime pas une idée contradictoire avec le caractère générique, sous peine de nullité (Théor. élém. de la Bot., 2* édit., 259)? D'ou la nécessité de réduire le genre Diplotacis à sa délimitation primitive d'espéces aux graines bisériées, de réta- blir le genre Erucastrum Spenn., admis du reste par nombre de phytographes modernes, Grenier (Flore chaín. jurass. , 40), Cosson (Compend. Flor. atlant. II, 171), Prantl (Nat. Pflanzenfamil. 55° livr., p. 176, etc...), et de comprendre les trois Diplotaxis repanda, humilis, saxatilis de Grenier et Godron dans le genre Brassicaria Pomel (Mat. fl. atl., p. 15), où MM. Gillet et Magne, qui l'admettent, font entrer encore, mais à tort, je crois, les deux Erucastrum (Nouv. Flore franç., 3* édit., p. 31). MM. Rouy et Foucaud maintiennent dans le genre Diplotaxis, sous le nom de D. bracteata Gr. God., l'Erucastrum Pollichii Spenn. (Flore de Fr., Introd. x). Cosson rapporte le Brassica humilis DC. à sa section 3 Brassicaria du genre Brassica, et le Brassica. repanda DC. en est à ses yeux une variété (loc. cit., 196). Prantl restitue également au Brassica les B. humilis et saxatilis, créant pour eux sa section 2 Oreobrassica (Naturl. Pflanzenfam., 55° livr., p. 177). M. Caruel rend les deux Erucastrum au genre Brassica (Flore ital. IX, 1004 et 1006). 2. ALLIARIA. — Ce mot figure déjà comme désignation de l'espéce, commune à la plus grande partie de l'Europe, dans les ouvrages des botanistes de la Renaissance, et comme générique avec un déterminatif spécifique dans l'Histoire générale des plantes de Daléchamps, 911. Le genre est admis d'abord par Scopoli (Carn; édit. 1, p. 515), ainsi que par Adanson (Fam. 1l, 418); mais le premier le renie plus tard dans la seconde édition de son ouvrage pour fondre l'espéce dans le genre Sisymbrium. Depuis lors, le plus grand désaccord a régné à cet égard parmi les phytographes. Pour Lamarck, comme pour ses prédécesseurs Tournefort, Bux- CLOS. — GENRE ALLIARIA. 393 baum, etc., la plante a été un Hesperis; pour Linné, Crantz, Willdenow, Wahlenberg, Bertoloni, Sibthorp et Smith, un Ery- simum, et elle l'est encore aujourd'hui pour MM. Lloyd et Foucaud ; la plupart y voient un. Sisymbrium, tels Endlicher, Grenier et Godron, Bentham et D. Hooker, Gillet et Mague, Cosson, Boreau, Caruel, Royer, Bras, Cariot, A. de Vos, Revel, Bonnet, Camus, etc., et plusieurs l'y font figurer à titre de section, tels : Dentham et Hooker, mais ceux-ci avec la restriction : Potius subgenus est Sisymbrii (Gen. plant. 1, 78); tandis que Koch, Kirschleger, Cosson et Germain forment dans le genre Sisymbrium une section aux fleurs blanches composée de l’espèce en question et de l'Ara- bis Thaliana L.; association peu naturelle, comme l'a reconnu plus tard Cosson (Compend.), placant ces deux plantes dans deux sections différentes de Sisymbrium. J'estime l'autonomie du genre Alliaria (comprenant deux espèces) suffisamment établie par cette déclaration de de Candolle : « Genus caracteribus ab Erysimo vix distinctum! Admisi tamen ob habitum diversum, flores constanter albos, calyces laxos, et siliquam non vere tetraedram » (System. Regn. veget. II, 489), et par cette autre de Boissier : « Seminibus striatis et habitu tamen distinctum » (Flor. Orient. I, 212). Par ces mêmes motifs, je ne saurais adopter l'opinion de Reichenbach, admettant, il est vrai, le genre Alliaria, mais faisant rentrer l'Arabis Thaliana (à conserver sous ce nom) dans son genre Conringia, où il jure au moins par le port (Flora germ. ezcursor., sect. 3, p. 686, et Icon. Flore germ. VI, t. 4379). Ces vicissitudes attachées à l'Arabis T haliana, de- venu tour à tour Hesperis, Sisymbrium, Conringia et méme Nasturtium (Andrz.), semblaient de nature à justifier la création pour lui d'un nouveau genre, ce qu'a réalisé, en 1870, Celakovsky sous la dénomination de Stenophragma (Prodr. Flor. bohem., 435). Mais celui-ci est-il suffisamment caractérisé par l'étroitesse de la cloison comparée aux valves (valvis turgidis, canaliculatis ideoque dissepimento latioribus), les autres différences assignées paraissant assez peu tranchées? Comme M. Caruel (Fl. ital. IX, 91, je me permets d'en douter; mais, contrairement à lui, je conserverai, malgré l'exception qu'il offre dans son genre par ses graines, Arabis Thaliana, à l'exemple de Bras, Gillet et Magne, Cariot, Lamotte, de Vos , Contejean, Camus, etc..., de méme qu'Alliaria officinalis, conformément à l'opinion de Mutel, Ch. 394 SÉANCE DU 11 vai 1894. Des Moulins et Durieu, Boissier, Willkomm et Lange, Lamotte, Prantl, etc. (D. 3. CoxRINGIA. — Quand, dans la famille des Cruciléres où, si fréquemment, les caractéres floraux des genres semblent se fondre et passer de l'un à l'autre, surtout dans la tribu des Sisymbriées, surgit la bonne fortune d'en rencontrer quelqu'un dont les espèces se signalent par l'uniformité de port, on devrait l'aceueillir sans hésitation; telest le genre Conringia Heist.-Reichb., aux feuilles trés entiéres, les caulinaires elliptiques-oblongues, am- plexicaules auriculées, ordinairement glauques, et à propos duquel on lit : « Genus habitu naturalissimum sed characteres diagnostici a siliqua sumpti nulli vel decipientes » (Bentham et Hooker, Genera plant. I, 79), et encore : « Genus naturalissimum » (Boissier, Flor. Orient. 1, 210). Rejeté par maint phytographe, Endlicher, Grenier et Godron, etc..., il est admis par Mutel (Flor. de Fr. 1, 62), par MM. Baillon (Hist. des pl. WII, 248), Fournier (2), Willkomm et Lange (Prodr. Flor. hisp. HT, 803), Cosson (Compend. Fl. atlant. II, 153). Mais, si la valeur du genre Conringia repose en partie sur les caractères végétatifs, il faut bien se garder, contrairement à l'exemple donné par un de ses fondateurs, Reichenbach (Flor. germ. excurs. II, 686, et Icones Flore german. Il, tab. Lx), et suivi par Mutel (loc. cit.), d'y introduire quelque élément hétérogéne à cet égard, l'Arabis Thaliana par exemple, devenu pour ces deux derniers auteurs Conringia Thaliana. 4. RAPHANISTRUM Tourn. — Admis par Gærtner, Medicus, Map- pus, Mœnch, Baumgarten, Wallroth, Reichenbach, Kirschleger, il était figuré en 1837, dans ses trois espèces (les R. segetum, Landra, maritimus), t. H des Tcones Flore germanice de Rei- chenbach, tt. 4172-4173, et décrit p. 656. (1) Fournier ayant reconnu dans l'Alliaría une structure des pétales sem- blable à celle des Sisymbrium à fleurs jaunes, a cru devoir le faire rentrer parmi les Sisymbrium, en particulier dans la section Norta du Systema de de Candolle (Rech. anat. et taxinom. sur la famille des Crucifères, p. 45). (2) Cet auteur dit avoir constaté dans toutes les espèces du genre Con- ringia une structure de embryon intermédiaire entre celles des Platylobées et des Orthoplocées et consistant en ce que « la radicule est placée dans une cavité produite par Ja demi-courbure des cotylédons » (loc. cit., p. 48). CLOS. — GENRES CONRINGIA, RAPHANISTRUM, FUMANA. 399 Mais la validité de ce genre ne tardait pas à être discutée en pleine compétence par B. Webb (Canar. HI, 83-84, tab. vint, en 1836-1840), et victorieusement combattue par les arguments sui- vants : On attribue au Raphanistrum une silique articulée (Tourn., Adans., Crantz, Gærtner), par allusion aux logettes; mais nul n'a distingué le véritable article sis à la base de la silique, trés court, asperme et développé au sommet en disque elliptique. Or cet article se retrouve chez Raphanus sativus à l'état sauvage ou cul- tivé en sol maigre, espèce dont le fruit se montre aussi parfois moniliforme, quoique avec moins de netteté, ne différant alors guère du premier que: « fungositate et membran:e internæ coarc- tatione... » Aussi, bien que maintenu par quelques rares phyto- graphes (Gillet et Magne, etc.), ce genre n'est-il plus considéré par la majorité d'entre eux que comme section du Raphanus. 9. FUMANA. — Si un petit nombre d'auteurs admet encore le genre Cistus à la facon de Linné, cependant la plupart, méme M. Baillon (Hist. génér. des pl. IV, 325), en distinguent généri- quement, depuis A.-L. de Jussieu (Gen., 294), Helianthemum (1) et MM. Willkomm et Lange en plus Halimium et Fumana (tenus par Dunal in DC. Prodr. I, 274, pour sections d'Helianthemum). Je ne dirai rien de l'Halimium embrassant dans le Prodromus Flore hispanicæ, III, 743, un groupe d'espèces de transition entre les Hélianthémes et les Cistes. Mais le genre Fumana Spach (in Annal. sc. nat., Bor., 2° sér. VI, 257, an. 1836), admis par Endlicher, Grenier et Godron, Boissier, E. Bonnet, Battandier, re- poussé par Reichenbach, Meisner, M. Baillon, Koch, Bentham et Hooker (2), Loret et Barrandon, M. A. de Vos, abbé Revel, M. Camus, etc..., offre-t-il des caractères végétatifs et floraux suf- fisants ? Ses espéces sont d'humbles sous-arbrisseaux, cespiteux, aux feuilles étroites linéaires ou sétacées, d'un port spécial, aux pédoncules finalement divariqués et réfléchis et aux fleurs jaunes. Elles possédent en propre des étamines extérieures stériles à filets (1) M. Baillon ne s'y résout qu'à regret, écrivant : « Autrefois compris dans le genre Cistus, les Hélianthèmes ne peuvent guère en être séparés que d'une facon artificielle » (loc. cit.). ; (2) Ces deux derniers auteurs disent du Fumana : « Nobis subgenus erit Helianthemi » (Gen. 1, 114). 396 SÉANCE DU 11 Mar 1894. moniliformes, des capsules à valves trés étalées avec des graines triangulaires munies d'un rebord saillant incomplet, représentant le raphé de l'ovule anatrope. Voilà, si je ne me trompe, de quoi justifier l'adoption du genre Fumana, basée sur les deux sortes de caractères, végétatifs et floraux. 6. BERGENIA. — ll est peu de plantes plus répandues dans nos jardins et méme dans les appartements, privilège dû à leur rusti- cité et à leur longue floraison, que ces fortes et robustes Saxi- fragées qu'on qualifie généralement de Saxifrages, mais qui s'éloignent à tant d'égards des vraies Saxifrages, hótes surtout des Pyrénées et des Alpes. En 1794, Mench créait pour elles le genre Bergenia (Method., 664), devenu Geryonia Schrank, Eropheron Tausch, Megasea Haw., réduit à l'état de section par Seringe (in DC. Prodr. IV, 37), Endlicher (Gen., 815), Bentham et Hooker (Gen. I, 635), et rejeté aussi par M. Baillon (Hist. génér. des pl. II). Spach (Phanérog. V, 59) et M. Engler ont seuls, que je sache, réhabilité un genre qui le mérite à tous égards, envisagé soit dans l'appareil végétatif, soit dans les parties florales, savoir : souche suffrutescente, à branches fortes et trés courtes; feuilles amples coriaces à limbe elliptique ovale, obovale ou arrondi, ponctuées en dessous, suppor- tées par un gros pétiole et une large gaine, persistantes et à pré- foliation involutée. Inflorescence de partition, manifestée par l'absence de bractées et par les cannelures du sommet des hampes, indice de la pro- chaine séparation des pédoncules subunilatéraux et nutants, carac- tère des plus notables. Fleurs grandes; réceptacle campanulé dont le bord émet à l'extérieur 5 sépales verts dressés à base élargie, arrondis dans leur pourtour, quinconciaux et persistants; inté- rieurement les 5 pétales roses ou blancs et les 10 étamines les uns et les autres marcescents et persistants ; deux et quelquefois trois carpelles coniques et sans connexion avec les parois de la coupe réceptaculaire, libres entre eux ou légérement connés par leur face interne; chacun à deux placentas un peu saillants. Ce type d'organisation si distinct au double point de vue des parties végétatives et florales, et dont la première espèce a été dé- CLOS. — GENRES BERGENIA, MULGEDIUM ET LACTUCA. 397 crite par Linné sous le nom de Saxifraga crassifolia (1), com- prend aujourd'hui sept autres espèces, savoir les B. cordifolia, purpurascens, Delavayi, ligulata, Stacheyi, ciliata, ornata (Sax. ornata Dcne), et en outre, d'aprés M. Engler, deux hybrides pro- bables, B. subciliata A. Br. (B. crassifolia X ligulata), B. media Haw. (B. cordifolia X crassifolia). M. Engler donnait récemment la sanction de son autorité au genre Bergenia (in Engler et Prantl Naturl.Pflanzenfam., livr. 54- 53, 1890), dont je reconnaissais déjà en 1861 la légitimité, arguant de la partition de ses axes (voy. ce Bulletin, t. VIII, pp. 14, 15, 18, Nouvel aperçu sur la théorie de l'inflorescence) ; aux caractères jusqu'ici constatés s'ajoutent la préfoliation, la marcescence des pétales. Si, dans le groupe Robertsonia Haw. (dont M. Engler forme sa section X du genre Saxifraga), l'ovaire est ordinairement supére, particularité si bien illustrée par Reichenbach (Icon. crit. VIT, tt. 620, 623, 627, 628), les deux carpelles de ce pistil n'en restent pas moins unis entre eux en un seul corps à la facon des autres Saxifrages inférovariées et sans la moindre assimilation avec ceux des Bergenia. 7. MurGEDIUM et Lactuca. — Lorsque de Candolle, aprés avoir admis les Sonchus alpinus et Plumieri de Linné, en 1815 (Flor. franc. IV, 44-15) et encore en 1828 avec Duby (Bot. gall. 1, 295), les eut fait rentrer, en 1838 (Prodr. VII, 247), dans le genre Mulgedium Cass., cette interprétation recut la sanction de nom- breux phytographes (Koch, Lecoq, Bouvier, Boreau, Willkomm et Lange, etc...). Mais bientôt le désaccord surgit, et le M. Plumieri DC., séparé de son congénére, est rapporté d'une part au genre Lactuca, comme étant pourvu d'un bec par Grenier et Godron (Flore de Fr. II, 322), de l'autre, par Schultz-bip. et par Kirschleger (Flor. d Als. I, 401) au genre Cicerbita Wallr. Toutefois, à la vue des deux espéces, tout botaniste ne peut qu'étre frappé de leurs rapports intimes à la fois dans les organes végétatifs et floraux, et j'ai vérifié que les achaines du M. Plu- (1) Elle est inserite par Linné (Systema vegelab.) avec ces deux carac- tères, entre autres : « caule nudo, panicula conglomerata ». 398 SÉANCE DU 11 MAI 1894. mieri ne sont surmontés que d'un bec trés court et bien différent de celuides Laitues. Aussi doit-on louer L.-C. Reichenbach d'avoir réintégré cette derniére espéce dans le genre Mulgedium d'aprés les motifs suivants, accompagnés des figures des deux espéces avec représentation des caractères floraux (Icones Flore germ., t. XIX, p. 30, tt. 1415-1416) : « A Soncho recedit (Mulgedium) achenii area terminali ampla, corpore bene tetragono, pappi setis apice non clavatis. A Lactucis differt capitulis polyanthis, pappo fragillimo, acheniis erostratis. Ab utroque annulo breve muricato intra pappum. » On ne saurait mieux dire, et l'auteur ajoute trés judicieusement : « Primum cum ill. Grenier et Godron satius duximus Mulgedium Plumieri sub Lactucis seponere ob achenio- rum corpus tantopere a Mulgedio alpino recedens. Tamen compages adeo varia acheniarum inter Lactucas Sonchosque vetat, ne nimis simus difficiles in distinguendis generibus ex hac nota. » Enfin, il fait remarquer que la coupe transversale des achaines n'a pas une grande valeur : « In plantis summopere affinibus valde varia », mais qu'il doit en étre autrement des appendices des anthéres : « Antheræ bases caudatæ in Mulgedio alpino certe optimum mo- mentum, dum in Mulgedio Plumieri bases ecaudatæ. » Mais est-ce le seul cas où l'on voie tel caractère, en général important, perdre exceptionnellement de sa valeur? 8. AsARINA. — Genre créé par Tournefort (Instil., p. 17, t. 76), admis par Quer (Fl. Esp. III, 415, t. 36), par Miller (Dict. n° 1), par Mænch (Method. suppl., 172), mais répudié par Linné, qui faisant rentrer dans le genre Antirrhinum les Linaria, dont quelques espèces (L. Elatine, L. spuria, etc.) ont le port de l'Asarina, crut, sans doute pour étre conséquent, devoir y ajouter aussi ce dernier. Quelques phytographes, et Vaucher, et Chavannes (Monograph. des Antirrh.), et à leur exemple Endlicher (Gen. 674), Bentham (in DC. Prodr.), Mutel, ont pris un moyen terme, élevant l Asa- rina au rang de section du genre Antirrhinum. Mais voilà que MM. Willkomm et Lange, trouvant cette distinc- tion insuffisante, n'ont pas hésité, en 1870, à rétablir le genre Asarina avec l'espéce A. Lobelii Quer, ce genre étant fondé sur la presque égalité de longueur des sépales et des deux lèvres de la corolle, sur la capsule globuleuse au péricarpe subpellucide bos- CLOS. — GENRES ASARINA ET GLECHOMA. 399 selé par la saillie des graines et à loges égales s'ouvrant chacune par un pore circulaire à trois dents (et non par trois trous comme chez les Antirrhinum), sur les graines obovoides oblongues, lacu- neuses, d'un brun noir. Si l'on ajoute des feuilles constamment opposées et pétiolées, des pédoncules axillaires recourbés à la ma- turité du fruit, la validité du genre ne semble guère pouvoir être contestée. Déjà le nom d'Asarina figure dans les Jcones de Lobel (1581), et l'espéce est successivement dénommée Asarina Lobelii par Daléchamps et par Tournefort, A. procumbens par Miller, A. cordifolia par Mœnch. Les deux auteurs du Prodromus Flore hispanicæ vont plus loin, écrivant du genre Asarina : « Maurandiæ speciebus magis quam Antirrhinis veris affine », t. II, p. 586. On cultive dans les jardins trois espèces de Maurandia,les M. semperflorens, Barc- klayana, et antirrhiniflora, ce dernier ne différant guère des autres que par sa corolle presque fermée, ce qui avait déter- miné Chavannes, Endlicher, Bentham à créer dans le genre Mau- randia deux sections. Mais dans leur Genera, IJ, 936, MM. Ben- tham et Hooker, empruntant à Asa Gray ses six sections du genre Antirrhinum, constituent la troisiéme de l'Asarina et la cin- quième ou Maurandella du Maurandia antirrhiniflora et de deux autres espèces. Je repousse cette combinaison comme peu natu- relle et rappelle que Willdenow, figurant et décrivant, dans son Hortus berolinensis, VIII, le M. antirrhiniflora, ajoute cette remarque : « Tota planta Maurandiæ semperflorenti simillima, diversa tantum foliis minoribus, floribus clausis personatis, c:eru- leo-violaceis. » 9. GLECHoMA L. — N'est-ce pas à tort que Bentham (in DC. Prodr. XII, 370), Bentham et D. Hooker (Gen. 1I, 1199), suivis de quelques phytographes, ont voulu faire rentrer ce genre, à titre de section, dans le Nepeta, les deux derniers cités l'accompagnant de ces mots : « floribus nullo caractere a Nepetis typicis distin- guendis? » Mais, outre que le mode si particulier de végétation du Glechoma hederacea ou plutôt ses mœurs, comme dit Vaucher (Hist. physiol. plant. WE, 630), l'éloignent des Nepela, la réunion de ses anthéres en forme de croix suffirait à le caractériser, et ca été l'opinion de Reichenbach, qui a cru devoir en reproduire avec la figure les particularités florales (Icon. Fl. germ. XVIII, tab. 400 SÉANCE DU 14 Mar 1894. 1241, f. 1). Le Lierre terrestre, Hedera terrestris de Brunsfels, ne saurait devenir une Cataire. 10. CurivopropiuM L. — Si la multiplication singulière des brac- tées ne semble pas valable aux yeux de maint phytographe pour séparer le Clinopodium du Calamintha, n'oublions pas que, dans la famille des Labiées, les caractéres génériques sont souvent peu tranchés (lubriques), et que les bractées, surtout dans nombre de représentants de ce grand groupe, sont, comme je l'ai prouvé ailleurs (1), des organes intimement reliés aux sépales. Toutefois la diversité d'appréciations quant à l'autonomie du genre Clinopo- dium ne pourrait guère disparaître que le jour où l'on décou- vrirait quelque nouveau caractère (histologique par exemple), propre à dissiper toute hésitation. M. Rouy est tout à fait d'accord avec M. Clos sur la valeur du genre Conringia (sensu stricto), caractérisé non seulement par les différences si notables de l'appareil végétatif, mais aussi par des cotylédons concaves canaliculés intérieurement et la radicule obliquement latérale. Le genre Alliaria esl également à conserver, se différenciant nettement des Sisym- brium par les siliques tétragones, à valves carénées. Quant à l'Arabis Thaliana (alias Sisymbrium Thalianum Gay, ou Con- ringia Thaliana Weichb., ou Arabidopsis Thaliana Schur, ou Erysimum Thalianum Beck.), il appartient bien à la tribu des « Sisymbriées » et doit rentrer dans le genre Steno- phragma Celakowsky, très distinct des genres Sisymbrium par les siliques subtétragones à valves carénées, Erysimum par les siliques à valves trinervées et les fleurs blanches, Alliaria par les siliques gréles, non toruleuses, plus longues que le pédi- celle filiforme, les feuilles oblongues, les radicales en rosette. M. Guignard dit que le genre Conringia, au point de vue histologique, diffère trés nettement des genres voisins; il ke est de méme du genre Alliaria, qui méme est caractérisé chimiquement. (1) Contribut. à la morphol. du calice, pp. 13-16 (extrait des Mém. Acad. sc. de Toulouse de 1884). SÉANCE DU 95 MAI 1894. PRÉSIDENCE DE M. GUIGNARD. M. G. Camus, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 11 mai, dont la rédaction est adoptée. M. le Secrétaire général a été informé de la mort de M. Hullé, professeur d'hydrographie en retraite et ancien membre de la Société, décédé à Blaye à la fin d'avril. M. Malinvaud fait l'éloge de ce regretté confrére qu'il a personnellement connu (1). M. le Président annonce une nouvelle présentation. M. le Secrétaire général donne lecture de la circulaire qu'il adressera à la fin de ce mois aux membres de la Société pour leur faire connaitre les décisions prises au sujet de la prochaine session extraordinaire et les inviter à y prendre part (2). M. Malinvaud présente à la Société des échantillons de Goodyera repens, non encore en fleur, récoltés sur des Pins sylvestres au carrefour du Sycomore (forét de Rambouillet) par M'* Beléze, à laquelle est due cette intéressante décou- verte. M. Mangin donne à la Société quelques détails sur une altération qu'il a observée chez des Begonia. M. Rouy fait à la Société la communication suivante : SUR QUATRE PLANTES RARISSIMES DE LA FLORE EUROPÉENNE, par M. G. ROUY. J'ai la satisfaction d'annoncer à la Société que j'ai pu me pro- curer récemment quatre plantes rarissimes de la flore européenne orientale : les Malabaila oblusifolia Boiss. (Peucedanum oblusi- folium S. et Sm.), Campanula lanata Friv., Globularia stygia Orph. et Stachys Iva Griseb. (4) Voy. plus haut, p. 238. (2) Voy. plus loin, p. 415. | ka. ? (SÉANCES) 26 402 SÉANCE DU 25 MAI 1894. Voici l'habitat de ces espèces d’après le Flora Orientalis, et ce qu'en dit Boissier dans cet ouvrage : MALABAILA OBTUSIFOLIA Boiss. — « Ad littora Ponti Euxini et in Beeotia (Sibth.). — A recentioribus non lecta. » CAMPANULA LANATA Friv. — « In fissuris rupium alpinarum Thraciæ prope Karlova (Hinke). — Vidi icon. inedit. et specimen mancum in herb. Emin. Arch. Haynald. » GLOBULARIA STYGIA Orph. — « In regionis alpinæ fissuris ru- pium, in monte Chelmos Peloponnesi supra Stygem rarissima (Orph. !). SraAcuvs Iva Griseb. — « In Macedonia australi inter Perlepe et Trojazchan 1400' (Griseb.!). — Vidi frustulum in herb. cl. Griseb. » Le Malabaila obtusifolia a été découvert récemment dans les sables des dunes prés de Domouzdéré (littoral européen de la mer Noire, non loin du Bosphore); il parait, à l'époque actuelle, n'exister plus que là. Le Globularia stygia n'a pas été récolté, que je sache, depuis 1846 par Orphanidés. Quant au Campanula lanata, il a bien été découvert récemment à une autre localité, dans la Macédoine centrale « in rupibus erectis vallis Allchar, solo calc. », mais il n'a pu en étre recueilli que trois pieds, telle y est sa rareté. Cette espéce appartient d'ail- leurs à une section comprenant trois autres espéces européenues des plus rares et que j'ai eu la bonne fortune de pouvoir égale- ment faire entrer dans l'herbier Rouy, les Campanula saæali- lis L., laciniata L. et anchusiflora Sibth. et Sm. Je transeris, en terminant, le passage de la lettre où m'était annoncé l'envoi du Stachys Iva, provenant également de la vallée d'Allchar : « Vous recevez le précieux Stachys Iva, dont je ne possède que bien peu d'exemplaires. Cette rareté de premier ordre manque dans {ous les herbiers et il n'est pas à prévoir que l'on pourra se reprocurer bientôt cette plante, car aucun botaniste ne se hasardera de sitôt dans la région que j'ai visitée. Moi-même je ne voudrais à aucun prix me résoudre à un nouveau voyage dans ce pays. » REVUE BIBLIOGRAPHIQUE De l'action des Moisissures sur l'albumine; par M. Émile Marchal (Bulletin de la Société belge de Microscopie, 1893). Les recherches de Nägeli ont démontré qu'un grand nombre de Champignons sont en état d'enlever à la fois le carbone et l'azote dont ils ont besoin aux substances albuminoides. Mais elles n'ont pas indiqué, d'une facon précise, en quels composés se trouve ainsi trans- formée cette albumine. Ce dernier point a fait le sujet des recherches de M. Marchal. Dans une premiére série d'expériences, l'auteur a fait usage de solu- tions, à 10 pour 100, de blanc d'œuf, sans aucune addition de substances nutritives. Sur ces solutions, bien stérilisées, un certain nombre de Moi- sissures ont été ensemencées ; entre autres, l'Acrostalagmus cinnaba- rinus, différents Aspergillus, le Botrytis cinerea, le Cephalothecium roseum, le Circinella umbellata, le Fusoma alba, VIsaria farinosa, différents Mucor, des Penicillium, etc. Au bout de quinze jours, pendant lesquels la température a été main- tenue à 20 degrés, le milieu de culture a été analysé, comparativement avec de l'albumine stérilisée et non ensemencée. Les résultats ont, en premier lieu, confirmé le fait déjà constaté par Nägeli : la plupart des Moisissures sont capables d'utiliser l'albumine, et de lui emprunter à la fois le carbone et l'azote qui leur sont néces- saires, Presque toutes les espèces étudiées ont, en effet, présenté, sur le milieu albumineux, un développement trés luxuriant. Les espèces qui ne se développent pas, ou qui se développent mal, sont en trés faible minorité; comme telles on peut citer : le Penicillium glaucum, l Asper- gillus glaucus,le Syncephalastrum elegans, qui n'ont qu'une croissance excessivement limitée; etle Circinella umbellata, le Fusoma alba, les Mucor spinosus, plumbeus, racemosus, qui ne produisent que des formes-levüres. Maintenant — et c'est là le résultat important du travail de M. Marchal — toutes les espèces qui se développent, et méme celles qui ne pro- duisent que des formes-levüres, ont toujours pour effet de transformer l’albumine en ammoniaque. En quinze jours, à 18 degrés, certaines 404 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. espèces, notamment l'Aspergillus terricola et le Cephalothecium ro- seum, ont converti en ammoniaque plus du tiers de l'azote carbonique mis à leur disposition. Une transformation du méme ordre s'est produite dans toutes les autres séries d'expériences faites par M. Marchal. Cultivé dans le lait, l'Aspergillus terricola a provoqué, en vingt jours, à 15 degrés, la for- mation de 8 grammes d'ammoniaque par litre de caséine. Dans le sérum sanguin, la quantité d'ammoniaque formée, en quinze jours, à 18 degrés, a été, par litre, de 07,812 pour Aspergillus terricola, et de 07,384 pour le Botryotrichum piluliferum ; dans le bouillon peptonisé, en vingt jours, de 19,356 pour le premier, et de 09,480 pour le second. Un fait qu'il convient, en outre, de signaler, c'est que, dans aucune des cultures, le sulfate de diphénylamine n'a révélé la présence de ni- trates ; ces sels manquent, aussi bien dans le liquide que dans les fila- ments et dans les spores. En résumé, beaucoup de moisissures ont la propriété de transformer l'albumine en ammoniaque, mais aucune ne parait en état de nitrifier cette ammoniaque. HENRI JUMELLE. Sur la production de l'ammoniaque dans le sol par les microbes ; par M. Émile Marchal (Bulletin de l'Académie royale de Belgique, 1893). Par une méthode en tous points identique à celle qui a été décrite dans le Mémoire analysé ci-dessus, M. Marchal, dans un second travail, a étudié, d'autre part, l'action que peuvent exercer sur l'albumine quel- ques-unes des Bactéries qu'on rencontre le plus fréquemment dans le sol. Les résultats sont tout à fait comparables à ceux que l'auteur a obtenus avec les Moisissures. De méme que celles-ci, beaucoup de Bactéries, mais non toutes, transforment l'albumine en ammoniaque. Les espéces AO. par exemple, présentent, avec le liquide de Nessler, une réaction ammoniacale trés intense : Bacillus arborescens ; B. coli- communis ; B. figurans ; B. fluorescens liquefaciens; B. me- sentericus vulgatus ; B. mycoides ; B. subtilis ; B. Termo ; B. janthi- nus ; Micrococcus albicans ; Proteus vulgaris ; Sarcina lutea. Entre toutes, c'est le Bacillus mycoides, si fréquent dans la terre, qui agit le plus énergiquement. En vingt jours, prés de la moitié de l'azote organique mis à la disposition de ce mieroorganisme est passée à l'état d'alcali volatil. Aussi est-ce ce microbe que M. Marchal a choisi pour étudier, d'une facon plus approfondie, les conditions d'action des Bac- téries sur les matiéres albuminoides. De ces recherches, il résulte que le dégagement d'ammoniaque, aux REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 405 dépens de l'albumine, doit étre rapproché de la production de soufre aux dépens d'hydrogène sulfuré, telle que M. Winogradsky l'a indiquée pour les Sulfobactéries. Sous l'influence du Bacille mycoide, l'oxygène se porte sur les élé- ments de l'albumine. Le carbone est transformé en acide carbonique, le soufre en acide sulfurique, une partie de l'hydrogéne en eau; et l'ammoniaque (comme le soufre dans la décomposition de l'hydrogène sulfuré) constitue le résidu final de la réaction. Les conditions optima, pour l'activité du microbe présentant cette pro- priété ammoniacale, sont : 1° une température élevée, voisine de 30 de- grés; 2° une aération complète; 3° une légère alcalinité du milieu; 4° une faible concentration des solutions albumineuses. Le Dacille mycoide s'est montré apte à transformer en ammoniaque, non seulement l'albumine de l’œuf, mais encore la caséiue, la fibrine, la légumine, le gluten, la myosine, la sérine et les peptones. La créatine, la leucine, la tyrosine et l'asparagine subissent les mémes modifications; au contraire, l'urée, le nitrate d'urée, ainsi que les sels ammoniacaux ne sont pas attaqués par le microbe, pour lequel ils ne constituent pas un aliment. Ainsi, la production d'ammoniaque dans la terre arable, qui, d’après les expériences récentes de MM. Muntz et Coudon, ne peut jamais se réaliser sous l'influence de facteurs purement chimiques, peut étre due soit aux Moisissures, soit aux Bactéries, puisqu'un certain nombre des unes et des autres sont capables de transformer les substances albumi- noides en ammoniaque. On peut alors se demander quelle est en réalité, de ces deux caté- gories d'organismes bien distincts, celle qui joue le róle le plus fréquent et le plus important dans le phénomène. D'aprés M. Marchal, ce pourrait étre tantót l'une et tantót l'autre, sui- vant les différents terrains. Dans la terre arable livrée à une culture intensive, les Moisissures n'existent qu'en quantités relativement faibles, en raison de la réaction alcaline du milieu et de l'absence de grandes quantités de matiéres or- ganiques. L'action des Bactéries doit alors étre prédominante. Au contraire, dans les sols ulmeux, acides, riches en matières orga- niques, dans l'humus des foréts, dans certains terreaux, on rencontre des mycéliums nombreux de Moisissures. Il n'est guére douteux que, dans ce cas, ce soient ces Champignons surtout qui interviennent active- ment dans la premiére phase de la minéralisation de l'azote organique, c'est-à-dire dans l'ammonisation. On sait que les deux phases suivantes, si bien étudiées par M. Wi- nogradsky, sont d'abord la nitrosation ou transformation de l'ammo- 406 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. niaque en nitrites; puis finalement, la nitratation, ou transformation des nitrites en nitrates. Il est à remarquer que, tandis que les deux derniers phénoménes ne peuvent étre produits que par des agents tout à fait spéciaux (le ferment nitreux et le ferment nitrique), le premier, au contraire, c'est-à-dire la formation d'ammoniaque aux dépens des matières organiques, peut résulter de l'activité d'un grand nombre de microorganismes. HENRI JUMELLE. Notions pour servir à l’étude du mouvement de la va- peur d'eau dans le sol et les massifs cellulaires: par M. Pierre Lesage (Bulletin de la Société scientifique et médicale de l'Ouest, 1893). Un certain nombre des faits établis par des observations antérieures sur le mouvement de l'eau à travers les plantes ont suggéré à M. Lesage l'idée de quelques remarques qui, d'aprés leur auteur, peuvent con- tribuer à éclaircir cette question encore si obscure. Les notes de ce genre ne prétant pas, par leur nature méme, à l'analyse, nous ne pou- vons que signaler l'article de M. Lesage aux botanistes que le sujet intéresse plus spécialement. H. J. Revision des tubercules des plantes et des tubercu- loides des Légumineuses; par M. D. Clos (Mémoires de l'Académie des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse). Le Mémoire de M. Clos comprend deux chapitres : le premier se rapporte aux tubercules des plantes en général, le second est exclusive- ment consacré aux tuberculoïdes des Légumineuses. Dans l'un et l'autre, M. Clos résume toutes nos connaissances actuelles sur ces deux ques- lions. Pour les tubercules, il a paru à l'auteur que les notions acquises aujourd'hui à leur sujet permettent de les soumettre à un groupement rationnel, dont il a tenté de tracer le cadre. Suivant l'époque de la formation, on peut d'abord établir une division primordiale en Tubercules de germination et Tubercules de gemma- tion. ]. LES TUBERCULES DE GERMINATION sont divisibles en : 1° T. hypocotyléens, formés : a. Par l'hypocotyle seul (Orchis, Trapa, Cocos, Aponogeton distachyon). REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 407 b. Par l'hypocotyle surmonté du cotylédon ou des cotylédons (Cyclamen, Crinum, Tamus, Dioscorea). c. Par l'hypocotyle, les cotylédons et le pivot (Umbilicus pen- dulinus, Araucaria Bidwilli, Pelargonium, Aconitum Lycoctonum, Sedum Telephium). d. Par l’hypocotyle, avec destruction des parties sus et sous- jacentes au tubercule (Eranthis hyemalis, Tropæolum brachyceras et tricolorum). 2° Tubercules dus à la portion supérieure de l'hypocotyle (Begonias tubéreux). 3 Tubercules dus à l'hypocotyle et à une portion du pivot (Lathy- rus tuberosus, etc.). 4° Tubercules dus à une portion de la racine primaire filiforme (Bunium Bulbocastanum, Corydalis solida, Cherophyllum bulbosum). 5° Tubercules-pivots dus au pivot, soit simple (Psoralea escu- lenta), soit rameux (Aconitum Napellus); à distinguer des tubercules du pivot dus à un renflement partiel de celui-ci (Phlomis tuberosa). 6° Tubercules dus à une racine adventive née de l'hypocotyle (Fi- caire, Dahlia). II. LES TUBERCULES DE GEMMATION sont divisibles en : À: Polyblastes. 1° Globuleux ou ovoides, sans yeux apparents (Geranium tubero- sum). 2° Globuleux, ovoides, oblongs ou cylindriques, à bourgeons appa- rents. a. espacés (Solanum tuberosum, Oxalis crenata). b. imbriqués (Helianthus tuberosus, Scrofularia nodosa). c. moniliformes (Apios tuberosa et Tropæolum pentaphyl- lum). B. Monoblastes (Symphytum bulbosum). Enfin on peut distinguer encore : II. TugERcULEs PsEUDORHIZES (racines adventives) des neeuds : 1° Fasciculés (Sedum Telephium, Ficaria, Batatas edulis, Dah- lia). 408 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. 2° Espacés et solitaires à chaque nœud (Stellaria bulbosa, Lathyrus tuberosus, Abobra viridiflora). IV. TuBERCULES DUS AU SYSTÈME ASCENDANT. — Ch. Royer qualifie de la sorte ceux du rhizome de l'Orobus tuberosus. Dans le second chapitre de son travail, M. Clos fait l'historique de la découverte des tuberculoïdes des Légumineuses, puis rappelle les noms des différentes espèces où ces tuberculoides ont été constatés et étudiés, chez les Papilionacées, les Césalpiniées et les Mimosées. En somme, dans une famille riche de prés de 7000 espéces, réparties en plus de 400 genres, les petits tubercules n'ont encore été observés que dans 160 espéces, appartenant à une cinquantaine de genres. Un certain nombre de plantes, dans les trois tribus, en paraissent toujours dépourvues. ` HENRI JUMELLE. Monographie des Oscillariées (Nostocacées homocystées) ; par M. Maurice Gomont, in-8°, 302 p. et 16 pl. Paris, G. Masson, 1893. Les Oscillariées (Nostocacées homocystées) demandaient depuis long- temps un monographe qui fit pour elles ce que MM. Bornet et Flahault avaient fait pour les hétérocystées. La méme méthode devait être employée, c’est-à-dire qu'il fallait se procurer le plus grand nombre possible de types authentiques, les descriptions originales dans la plu- part des cas ne pouvant étre d'aucun secours par ce fait qu'elles sont fondées fréquemment sur des caractéres imaginaires ou des particula- rités sans valeur. M. Gomont a mené ce travail à bonne fin et le monde algologique lui sera reconnaissant de l'excellente monographie qu'il lui offre, oà, à cóté de descriptions trés exactes, figurent une synonymie trés détaillée, des clefs dichotomiques faites avec soin et des planches qui représentent la plupart des espéces décrites. L'étude des plantes vivantes, poursuivie dans des conditions diverses aussi souvent qu'il lui a été possible de le faire, lui a permis de juger sainement les carac- téres imprimés par les variations biologiques et d'en tirer des résultats importants au point de vue de la détermination ou de la valeur spéci- fique. Avant de passer à la partie monographique proprement dite, l'auteur nous donne des indications précieuses sur la vie de ces végélaux infé- rieurs, leur structure, leur habitat, leur distribution géographique. Les milieux à la fois aérés et humides sont ceux qui leur conviennent le mieux ; elles recherchent les sources thermales méme les moins miné- ralisées et ne dédaignent pas non plus, malgré l'assertion de M. Kützing, les eaux froides des hautes montagnes. i Une question du plus haut intérêt est celle de savoir si les Oscillariées REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 409 fournissent des gonidies aux Lichens; il est probable, malgré le peu que nous en savons actuellement, que certaines espéces sont capables de jouer un róle dans l'association algo-lichénique. Quant au polymorphisme préconisé par certains algologues, il ne re- pose vraisemblablement que sur un vice de raisonnement et sur des observations mal interprétées. L'étude de la cellule des Oscillariées a donné lieu à de nombreux travaux. En résumé, M. Gomont reconnait que cette cellule « ne s'écarte pas autant de la loi commune qu'on l'avait eru dans l'origine ». Elle possède une membrane différenciée qui ne peut être fréquemment, il est vrai, mise en évidence que par l'emploi des réactifs. Le protoplasma avec son aspect et sa coloration spéciales; le manque de chromatophores et de noyaux constituent les points fondamentaux qui distinguent la cellule des Oscillariées de celle des autres Algues. Le trichome constitué par la réunion des cellules, avec son apparence rectiligne, ondulée ou flexueuse-spiralée, la présence et l'absence de la coiffe qui en couronne le sommet, fournissent d'utiles caractères pour la distinction spécifique. On invoquera avec succés les caractéres tirés de la gaine qui donnera des renseignements précieux pour le groupement en genres et en tribus. La gaine peut être de consistance muqueuse ou cartilagineuse. Les Strates qui la composent sont presque toujours parallèles et très rare- ment disposés en entonnoir comme dans les hétérocystées. Elle peut être colorée en brun plus ou moins jaune, ou teintée en rose, en rouge ou en bleu dans les Vaginariées. Au point de vue chimique, elle parait formée par une substance voisine de la cellulose, tandis que les parois de la cellule se rapprochent par leur composition de la cutine. Elle se colore en bleu par les réactifs iodés dans les plantes terrestres et d’eau douce, mais exceptionnellement dans les espèces marines. Sous l'ac- lion de l'air et de la lumière elle se cutinise. Les filaments sont toujours simples, sauf chez les Vaginariées, les Plectonema. 1 n'y a, somme toute, que production de faux rameaux qu'on retrouve assez fréquemment chez les Symploca et trés rarement chez les Lyngbya. La ramification, par suite méme de son mode d'ori- gine, est latérale chez ces derniers, tandis qu'elle est terminale dans les Vaginariées. Nous ne pouvons donner ici une analyse du chapitre consacré à la technique qui demande à étre lu attentivement. Pour M. Gomont, les Homocysteæ Bornet et Flahault constituent une sous-famille dans la famille des Hormogoneæ Thuret, du sous-ordre des Myxophyceæ Stizenberg., de l'ordre des Schizophyceæ Cohn. Elles sont formées de deux tribus : Vaginarieæ et Lyngbyec. 410 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Les Vaginariées sont caractérisées comme suit : « Trichomata, Por- phyrosiphone excepto, in filis bene evolutis duo vel plura intra vaginam inclusa. Vaginæ in speciebus pluribus luteo-fuscæ, rubræ, vel cæruleæ. » Elles renferment 6 genres : 1° Schizothrix Kütz. avec lequel l'auteur a réuni à titre de sous-genres les Inactis, Hypheothriæ, Symplocastrum et Chromosiphon avec 27 espèces dont 6 nouvelles : S. rubella de la Provence et de Suisse, mexicana, Lenormandiana d'Arromanches, Beccarii du nord de l'Abyssinie, Lamyi de la Haute-Vienne et de la Nouvelle-Zélande; 2 Porphyrosiphon, 1 espèce; 3° Hydrocoleum, 10 espèces dont 4 nouvelle : H. coccineum d'Antibes; 4 Dasyglea, 1 espèce ; 5" Sirocoleum, 2 espèces; 6° Microcoleus, T espèces dont À nouvelle : M. tenerrimus de l'ouest et du nord de la France et de la Guadeloupe. La tribu des Lyngbyeæ est divisée en deux groupes, suivant que le trichome est cloisonné ou non. Dans le premier cas, les caractères de séparation en deux sous-tribus seront tirés de la présence et de l'absence de gaines et de leur consistance habituelle. Dans certains cas, les gaines sont toujours parfaitement limitées; dans d'autres, quand elles existent, elles sont toujours à un état plus ou moins muqueux ; enfin elles peuvent faire absolument défaut ou ne paraitre que dans certaines condilions spéciales. Dans les Lyngbyées, la gaine est mince, demeure ouverte aprés la sortie des hormogonies, ne se contracte pas en pointe et ne prend jamais de coloration bleue ou rouge. C'est dans cette tribu qu'on rencontre les limites extrémes de dimen- sion des Oscillariées, variant entre moins d'un millième et six cen- tiémes de millimétre. L'extrémité du trichome est souvent calyptrée. Quant aux affinités, on doit constater qu'il existe des rapports mani- festes entre les Spirulina et les Bactériacées, entre les Plectonema el les Scytonema qui n'en diffèrent que par la présence d’hétérocystes ; entre les Phormidium (section Moniliformia) et les Anabena. La nature chimique du milieu ne semble pas avoir d'action sur la localisation. des Lyngbyées. Les genres Lyngbya, Trichodesmium, Arthrospira, Spirulina sont essentiellement aquatiques; les Oscillaria, Phormidium et deux espéces de Plectonema peuvent vivre sur la terre humide. Le genre Trichodesmium est exclusivement marin. En définitive, pour M. Gomont, les Lyngbyeæ se subdivisent en : Subtribus I. Lyngbyoideæ avec : Plectonema, Symploca, Lyngbya- Subtribus II. Oscillarioideæ avec : Phormidium, Trichodesmium, Borzia, Oscillatoria, Arthrospira. La sous-tribu des Spirulinoideæ, créée pour les Lyngbyées à trichome non cloisonné, ne renferme que le genre Spirulina. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 411 Signalons quelques espéces nouvelles : Plectonema purpureum, des environs de Montpellier; Symploca atlantica, du Croisic, de Biarritz et du pays de Galles; S. lete-viridis, de Key West; Lyngbya Bacu- lum, de Biarritz; L. spirulinoides, d'Angers; L. Rivulariarum, de Raguse; Phormidium Crouani, de la Guyane; P. setchellianum, du Connecticut; Trichodesmium Thiebautii, des Canaries et de la Guade- loupe; Oscillatoria acuminata, d'Italie ; O. numidica, d'Algérie. PauL HanroT. Monographiæ Phanerogamarum, Prodromi nunc continuatio, nunc revisio, editoribus et pro parte auctoribus Alphonso et Casimir de Candolle. Vol. viri. GUTTIFERZ, auctore Juliano Vesque. Parisiis, sumptibus G. Masson. Decembri mpccexcur. 1 vol. in-8°, 669 pages. Dans un court avant-propos, M. J. Vesque établit que depuis 1824, date à laquelle la famille des Guttifères a été l'objet d'une monographie complète, rédigée par Choisy pour le tome 1°% du Prodromus, et contenue tout entiére dans 8 pages, aucun travail d'ensemble n'a été entrepris sur les plantes de cette famille, qui pourtant s'est tellement accrue dans les collections que, pour citer seulement deux genres, le nombre des Clusia s'est élevé de 16 à 95 et celui des Garcinia de 9 à 179. On ne peut en effet considérer comme une Monographie, le Mémoire sur les Guttiféres de Planchon et Triana, publié en 1862, malgré l'im- portance des résultats dus à ce beau travail. Toutes les autres publica- tions ne sont que partielles; c'est le cas dela Monographie des Garcinia, de M. de Lanessan; de l'Énumération des Garcinia, introduite par M. Pierre dans la Flore forestière de Cochinchine, de Etude des Gutti- fères de l'Inde, par M. Anderson, de la Monographie des Guttifères du Brésil, par M. Engler. Toutefois, il faut bien reconnaitre que les matériaux d'herbier ont été utilisés complétement pour la rédaction de ces divers travaux et comme, depuis leur publication, les collections publiques et particuliéres ont reçu peu de plantes de cette famille, il en résulte que la besogne du monographe se trouvait réduite à un travail de revision. Les études anté- rieures de M. Vesque l'ont amené à entreprendre autre chose, c'est-à- dire à introduire dans l'étude des Clusiacées des éléments qui n'avaient point été mis à contribution pour l'étude des autres Familles monogra- phiées jusqu'ici pour le Prodromus ; ces éléments sont ceux que fournit l'anatomie systématique. Ici il faut citer textuellement M. Vesque : «Je ne pense pas qu’il existe encore aujourd’hui un seul botaniste qui ose sou- tenir que les caractères révélés par le microscope doivent être bannis de la botanique systématique et descriptive. En même temps que l'ana- tomie Systématique a fait de si grands progrès, les idées évolutionnistes 412 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ont trouvé un nombre rapidement croissant d'adhérents. Sa valeur intrin- séque (qu'il ne m'appartient pas de discuter) à part, un travail mono- graphique tel que celui-ci, reposant à la fois sur les caracteres morpho- logiques, sur la structure anatomique ou histologique des organes végétatifs et sur les doctrines évolutionnistes, sera donc peul-être un événement, mais à coup sür ne sera pas une surprise. » Convaincu que les micrographes doivent dorénavant faire des mo- nographies au lieu de se livrer à des discussions stériles et intermi- nables sur la valeur taxinomique de tel ou tel caractére, j'ai entrepris la monographie des Guttifères et je continuerai à travailler dans cette direction. » Cette citalion dit toute la pensée de l'auteur. Cette pensée se trouve complétée quelques pages plus loin, dans l'Introduction, ou le caractére dans lequel pourront être conçues, au moins quelques-unes des mono- graphies destinées aux futurs volumes du Prodromus, est indiqué avec une incontestable largeur de vues : « On comptera à M. Alph. de Can- dolle, notre vénéré doyen, comme un titre de gloire, l'admission dans son recueil des Monographie Phanerogamarum d’un travail aussi subversif que celui-ci. M. de Candolle va plus loin ou plutôt il voit plus Join que nous. Aprés avoir accepté sans la moindre difficulté les carac- téres anatomiques en botanique descriptive, comme il avait bravement accepté, l'un des premiers, les théories évolutionnistes, il m'écrit qu'aprés les caractéres anatomiques viendront les caracteres physiologiques, les caractéres chimiques, si l'on veut, et que le nom d'une famille ou d'un genre végétal sera suivi de quelque symbole de la chimie moderne. Certainement notre maitre a raison ; nous pouvons déjà inscrire la man- nite à la suite des Oléinées et le temps n'est pas loin où nous saurons trés bien distinguer les groupes des plantes qui font de l'amidon de celles qui n'en font pas. Mais laissons là ces prévisions et tàchons de faire ce qui est actuellement réalisable. » 3 M. Vesque prend la famille des Guttifères dans son ancienne délimi- tation, c’est-à-dire comme distincte des Hypéricacées et de quelques genres de Ternstremiacées. Toutefois il en sépare les Quiina qui pour lui, constituent une famille à part. Il ne voit d'ailleurs aucun inconvénient à réunir les Hypéricinées aux Guttifères, pas plus T les poils, les stomates ou les cristaux d'oxalate de chaux n'y faisant obstacle. i Ceci posé et toutes réserves faites sur les modifications qu'il pourrait être amené à introduire plus tard, l'auteur, désireux de préciser 5? méthode, propose la classification suivante des caractéres, classification plus nettement arrétée que celle donnée par lui antérieurement, bien que n'en différant pas au fond. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 413 I. CARACTERES PHYLÉTIQUES ou indépendants (les plus \ indépendants) de l'adaptation................. A. Caractères taxino- IT. CARACTÈRES ADAPTATIONNELS. : | miques. a. Adaptation au milieu animé, entre fleurs et insectes, à la dissémination, etc., etc..... j b. Epharmonisme ou adaptation au milieu phy- } B. Caractères éphar- sique, à l'éclairage, à la sécheresse, etc.. | moniques. Les descriptions anatomiques ont été, comme les autres, rédigées en langue latine ; mais pour arriver à ce résultat il a fallu créer un langage nouveau. Pour surmonter cette difficulté, l’auteur a fait appel aux con- naissances linguistiques de M. Ch. Naudin. Bien que ce nouveau langage anatomique soit facile à comprendre d'emblée pour toute personne experte en anatomie végétale, l'auteur a néanmoins fait précéder son travail d'un vocabulaire en trois langues : latine, francaise et allemande. Pour ceux qui sont appelés à faire usage du nouveau volume du Prodromus, il n'est pas douteux que ce vocabu- laire ne soit indispensable; aussi est-il permis de regretter que son développement ne soit pas plus considérable. Il faudrait plus d'espace qu'il n'est permis d'en disposer ici pour faire connaitre, avec les détails suffisants, toutes les particularités qui font de là monographie des Clusiacées un travail vraiment original. Ainsi aprés avoir exposé, dans chacune des quatre tribus qu'il admet (CLu- SIEÆ, MONOROBEZ, GARCINIEÆ, CALOPHYLLE.E), la série des genres, cha- cun avec ses caractères morphologiques suivis de son Epharmosis, l'auleur donne le conspectus phylétique, c'est-à-dire la généalogie des genres des trois premières, l'origine des Calophyllées étant entourée de trop d’obscurités pour qu'il ose en dresser un arbre généalogique; c'est la partie évolutionniste de son travail. lei encore, je ne crois pouvoir mieux faire que de citer textuelle- ment. CONSPECTUS PHYLETICUS GENERUM CLUSIEARUM CLUSIA notis taxinomicis definita et epharmosi distinguenda, divisa fuit in subgenera 4 et sectiones 9, nempe : I. Thysanoclusia. 1. Anandrogyne. 2. Criuva. 3. Stauroclusia. 4. Phloianthera. 9. Euclusia. A14 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. IIl. Cordyloelusia. 6. Cordylandra. 1. Retinostemon. III. GOmphaloclusia. 8. Gomphanthera. IV. Polythecandra. 9. Polythecandra. Tribus Clusiearum Clusia est genus primordialis, ezteris generibus manifeste e sectionibus singulis ejusdem ortis. Phyle A. — ex Anandrogyne.: Tovomita, Tovomitopsis et Chryso- chlamis, ovulis solitariis a Clusia diverse, cum symplagmate (1) nodali Clusiæ Ducu et trochiformis affiniores, inter se celerum parum diversas. Phyle B. — ex Phloianthera : Astrotheca et Clusiella e symplag- mate nodali Androstyliorum orta. Phyle C. — ex Euclusia : Oxystemon atque Cochlanthera, e sym- plagmate nodali Clusiæ nemorosæ deducend:e. Phyle D. — e Cordylandra : Rengifa et Havetia (Renghgeia, mihi ignota, potius eum Retinostemone affinis videtur). Omisi Pilosperma et Balboam, genera imperfecte nota. L'auteur ne s'est pas dissimulé que les procédés dont il s'est servi pour l'étude monographique des Clusiacées ne seraient pas familiers au plus grand nombre des botanistes ; aussi, pour faciliter les recherches et les déterminations d'espéces, a-t-il mis en tête de chaque genre un conspectus de tous les types spécifiques qu'il renferme. Ce conspectus, établi surtout d’après les caractères extérieurs de la plante, fleurs et feuilles, est d'un usage commode et il est à souhaiter que tous les futurs auteurs des monographies destinées au Prodromus, fassent précéder, tout au moins les grands genres qu'ils auront à traiter, d'un semblable résumé analytique destiné à préciser leurs distinctions spécifiques et à éviter ainsi beaucoup de recherches à ceux qui consultent leurs travaux. Pour conclure, ce qui frappe tout d'abord dans ce nouveau volume du (1) L'espèce a, considérée comme point végétatif ou sommet de rameau (d'un arbre généalogique), « étant le plus souvent disloqué en plusieurs formes, variétés ou espèces de moindre valeur, étant en somme une nébulosité vague au centre d'une constellation plus ou moins riche, je lui ai donné le nom de groupe nodal, Symplagma nodalis ». Vesque, Monographie, Introduction, p. 13. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. M5 Prodromus, c'est l'effort considérable de travail qu'il a nécessité chez son auteur, effort dont on se rend mieux compte encore quand on sait combien de Mémoires importants, exposant de minutieuses recherches ou les généralités les plus abstraites, l’ont précédé et préparé depuis plusieurs années. A. FRANCHET. Le Secrétariat a adressé, le 4* juin, aux membres de la Société une circulaire dont nous extrayons les passages suivants : Monsieur et cher confrère, Dans la séance du 11 mai dernier, la Société botanique de France, se ren- dant à une invitation dont nos précédentes circulaires vous ont donné con- naissance, a décidé qu'elle se réunirait extraordinairement à Genève, le 9 aoüt prochain, et s'y joindrait à la Société botanique suisse pour visiter en commun les Alpes du Valais. Nos confrères suisses ont constitué à Genève, sous la présidence de M. le professeur Chodat, un comité d'organisation qui s'occupe avec sollicitude de sa tâche difficile. On conçoit, en effet, que c'est un problème assez ardu d'assurer, à de hautes altitudes, les vivres et le couvert à un fort effectif de botanistes pendant une excursion de plusieurs jours dans les Alpes de ce pays. Un traité a été passé avec une agence spéciale, qui se charge de fournir les moyens de transport et de procurer les repas et le logement à un contingent pouvant s'élever à cent personnes, pendant neuf journées consécutives d'un voyage en montagne dont l'itinéraire a été étudié et arrété avec le plus grand soin. Comme il serait impossible, dans certaines localités, de loger plus de trente personnes et que, d'autre part, le degré de résistance aux fatigues de la marche en pays montagneux varie suivant l'àge et les aptitudes de chacun, l'effectif sera divisé en trois sections, comprenant : la première, les bons marcheurs (et pouvant être subdivisée, s'il y a lieu, en deux groupes); la seconde, les marcheurs moyens, et la troisième les non-marcheurs qui pour- ront, s'ils le veulent, accomplir entièrement le voyage presque sans aucune marche, l'agence s'engageant à leur fournir à prix réduit (en dehors des moyens de transport contractuels, chemin de fer et voitures) des chars, des mulets ou des chaises à porteurs, suivant les localités. Les voyageurs de la deuxième section n'auront à faire en moyenne que deux à trois heures de marche par jour, et, seulement à Zermatt, six heures au maximum. Ceux de la premiere section n'auront jamais plus de six heures de marche par jour. Des mulets ou voitures seront, moyennant le payement d’une taxe modique, à la disposition des personnes fatiguées. : L'ensemble du voyage sera à peu près le méme pour les trois sections, avec des étapes particulières pour chacune d'elles. : Pour l'exécution complète du programme de l'excursion en montagne devant durer neuf jours, le prix demandé par l'agence et convenu est de 155 francs par tête avec logement, autant que possible, pourvu de lits, et 170 francs pour les personnes exigeant la garantie de bons lits partout. 416 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Les intéressés recevront un programme détaillé. . . . ........... Nous vous engageons, Monsieur et cher confrère, à profiter de l'occasion particulierement favorable qui vous est offerte de faire, dans un pays voisin et ami dont la flore est si justement célèbre, sous la conduite des obligeants et chers collégues qui nous attendent, un charmant voyage et de fructueuses herborisations. Le merveilleux tapis végétal qui se déroulera sans cesse sous vos yeux vous rappellera sans doute en grande partie la flore des Alpes fran- caises voisines aux mêmes altitudes, et il sera aussi instructif, au point de vue des études de géographie botanique, de noter les différences. Les meilleurs ouvrages à consulter sur la flore du Valais sont les suivants : M. H. Christ, La flore de la Suisse et ses origines, trad. en francais, par Tièche. Gr. in-8, avec cartes et illustrations. Bâle, 1883. Chez H. Georg; prix : broché, 16 francs ; cartonné, 18 francs. Aug. Gremli, Flore analytique de la Suisse, trad. en francais sur la 5* édi- tion allemande par J.-J. Vetter, 1886, petit in-8° (portatif). Prix : cartonné, 1 francs; chez H. Georg. Rion, Guide du botaniste en Valais, publié par Ritz et Wolf. Librairie Galerini, à Sion, 1872. Prix : 5 francs. NOUVELLES La Société impériale d'acclimatation de Moscou vient de fonder une section florale spécialement chargée de réunir les matériaux néces- saires pour la publication d'une Flore de Russie. Par une circulaire largement répandue dans tous les gouvernements de ce vaste empire, elle fait appel au concours de tous ceux qui pourraient lui faire d'uliles communications. Les envois de plantes qu'on lui adressera seront cen- tralisés au Musée polytechnique à Moscou. — Nous nous empressons d'annoncer, comme devant paraitre au cours de l'hiver prochain, le Prodrome de la Monographie des Roses par M. Francois Crépin, qui formera 4 volume in-8° d'environ 500 pages. Prix : 10 francs. — On souscrit dés à présent chez MM. Mayolez et Audiarte, libraires-éditeurs, rue de l'Impératrice, 17, à Bruxelles (Bel- gique). Le Secrétaire général, gérant du Bulletin, E. MALINVAUD. 17473. -— Libr.-Impr. réunies, rue Mignon, 2, Paris. —'Mav et MoTTEROZ, directeurs. TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE NUMÉRO. SÉANCE DU 11 Ma: 1894. Dons faits à la Société..........,....,...,............... 321 Delacour .............. Note sur la situation financiére de la Société à la fin de l'exer- cice 1893 et propositions pour le budget de 1895.......... 322 Subvention de 1000 francs accordée par M. le Ministre de lAgriculture ...,.......,., .....................,.... 325 Rouy......... ........ Plantes nouvelles pour la flore européenne...,............ 325 Arvet-Touvetet Gautier. Hieracium nouveaux pour la flore de France ou pour lEs- PAYNE .........,....,.....,.,. esse retra 328 Boudier................ Sur une nouvelle observation de présence de vrilles ou fila- ments cirroides préhenseurs chez les Champignons...... . 371 L. Mangin............. Sur la constitution de la membrane chez quelques Champi- gnons, en particulier chez les Polyporées................ 315 Prilieux et Delacroix.. Maladie bacillaire des Vignes du Var...................... 384 A. Chatin .............. De l'hermaphrodisme dans ses rapports avec la mesure de la gradation des végétaux..... ....................,...... 386 Clos.... ............... De la marche à suivre dans la description des genres; auto- nomie et circonscription de quelques-uns d'entre eux..... 390 Observations de MM. Rouy et Guignard..,................. 400 SÉANCE DU 25 MAI. Décès de M. Hullé.......,............................... 401 Le Goodyera repens découvert par M'° Belèze, dans la forêt de Rambouillet.................................. - 401 M. Mangin présente des observations sur une altération pré- sentée par des Begonia............,,................... 401 Rouy.... ...... ..... Sur quatre plantes rarissimes de la flore européenne........ 401 REVUE BIBLIOGRAPHIQUE De l'action des Moisissures sur l'albumine; Revision des tubercules des plantes et des Émile Marchal...... epposessarsssaan 403| tuberculoïdes des Légumineuses; D. Sur la production de l'Ammoniaque dans CIOS.. se... 406 le sol par les microbes; É. Marchal... 404|Monographie des Oscillariées ; Maurice Notions pour servir à l'étude du mouve- Gomont.........,.......,.......... 408 ment de la vapeur d’eau dans le sol et Monographiæ Phanerogamarum, vol. VIII, les massifs cellulaires; P. Lesage..... 4061 Guttifere ; J. Vesque................ 411 Circulaire relative à la session extraordinaire. ...............-..................... . 445 416 NOUVELLES ...... ecce RR] hmmm Hh heme ss : SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE : Les séances se tiennent à Paris, rue de Grenelle, 84,à huit heures du soir, habituellementles deuxiéme et quatriéme vendredisde chaque mois. C7 JOURS DES SÉANCES ORDINAIRES PENDANT L'ANNÉE 1894 12 et 26 janvier. | 13 et 27 avril. 13 et 27 juillet. 9 et 23 février. 11 et 25 mai. 9 et 23 novembre. 9 mars. 8 et 22 juin. 14 et 28 décembre. cn, cv La Société publie un Bulletin de ses travaux, qui parait par livraisons mensuelles. Ce Dulletin est délivré gratuitement à chaque membre et se vend aux personnes étrangéres à la Société au prix de 30 fr. par volume annuel terminé (sauf les exceptions spécifiées ci-après), 32 fr. par abonne- ment. — ll peut être échangé contre des publications scientifiques et pério- diques. Les 25 premiers volumes du Bulletin, à l'exception des t. IV (1857) et XV (1868), sont cédés au prix de 10 fr. chacun, et les suivants (2€ sér.) au prix de 15 fr. chacun (à l'exception du tome XXXVI), à MM. les nouveaux membres qui les font retirer à Paris, aprés avoir acquitté leur cotisation de l'année courante. N. B. — Les tomes IV et XV, étant presque épuisés, ne sont plus vendus séparément. Le tome XXXVI (1889) renferme les Actes du Congres de bolanique tenu à Paris en août 1889; le prix de ce volume est de 40 fr. pour les personnes étran- gères à la Société et de 20 fr. pour les membres de la Société. Les frais d'envoi de volumes ou numéros anciens du Bulletin, ainsi que des numé- ros déjà parus lorsqu'un abonnement est pris au milieu de l'année, sont à la charge de l'acquéreur ou de l'abonné. AVIS Les notes ou communications manuscrites adresséesau Secrétariat par les membres de la Société, pourvu qu'elles aient trait à la botanique ou aux sciences qui s'y rat- tachent, sontlues en séance et publiées, en entier ou par extrait, dans le Bulletin. Tous les ouvrages ou mémoires imprimés adressés au Secrétariat de la Société botanique de France, rue de Grenelle, 84, prennent place dans la bibliothèque de la Société. Ceux qui seront envoyés dans l'année méme de leur publication pourront étre analysés dans la Revue bibliographique, à moins que leur sujet ne soit absolu- ment étranger à la botanique ou aux sciences qui s'y rattachent. MM. les membres de la Société qui changeraient de domicile sont instamment priés d'en informer le Secrétariat le plus tót possible. Les numéros du Bulletin qui se perdraient par suite du retard que mettraient MM, les membres à faire connaitre leur nouvelle adresse ne pourraient pas étre remplacés. N. B. — D'après une décision du Conseil, il n'est donné suite, dans aucun cas; aux demandes de numéros dépareillés, lorsque le volume auquel ils appartiennent est terminé depuis plus de deux ans. ll en résulte que, pour se procurer une partie quelconque du tome XXXVIII (1891) ou d'une année antérieure, on doit faire l'acquisitior du volume entier.— Aucune réclamation n'est admise, de la part des abonnés, pour les numéros publiés depuis plus de trois mois. Adresser les lettres, communications, demandes de renseignements, réclama- q tions, etc., à M. le Secrétaire général de la Société, rue de Grenelle, 84, à Paris. o 26 17173. — Lib.-Imp. réunies, rue Mignon, 2, Paris. — May et MoTTEROZ, direct. AVIS. — Ce numéro contient la planche V afférente au Mémoire de M. Roze sur les Ruppia: la planche VI, dont l'explication se trouve page 517, sera jointe à un des numéros suivants. BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE FONDÉE LE 23 AvRIL 1854 ET RECONNUE COMME ÉTABLISSEMENT D'UTILITÉ PUBLIQUE PAR DÉCRET DU 417 AOUT 1875 TOME QUARANTE ET UNIÈME (Troisième Série. — TOME I?) 1894 SÉANCES DE JUIN ET JUILLET 1894. 6-7 PARIS AU SIÈGE DE LA SOCIÉTÉ RUE DE GRENELLE, 84 Publié en septembre 1894. Le dernier fascicule de la session extraordinaire de 1893 paraitra le mois prochain. BUREAU ET CONSEIL D'ADMINISTRATION DE LA SOCIÉTÉ POUR 1894. Président : M. GUIGNARD. Vice-présidents : MM. Van Tieghem, Bonnier, Flot, H. de Vilmorin. Secrétaire général : M. E. Malinvaud. Secrétaires : | Vice-secrétaires : MM. G. Camus, Danguy. | MM. Jeanpert, Jumelle. Trésorier : | Archiviste : M. Delacour. | M. Éd. Bornet. Membres du Conseil : MM. Ed. Bonnet, MM. Drake del Castillo, MM. Prillieux, Chevallier (abbé), Duchartre, Roze, Costantin, Gomont, Russell, Daguillon, Matruchot, De Seynes. Tarif des tirages à part. 2 0 206 500 NOMBRE DE FEUILLES. sl das | mer. | mxexer. | stunt. Une feuille (16 pages), réimposition, papier, tirage, | fr. c. fr. c. fr. e. fr. c. fr. e. pliure, piqûre et enveloppe de couleur. . . . . 8 50 9 50 44 » 15 » 24 » Trois quarts de feuille (12 pages). . . . .. ... 8 » 9 » 10 50 44 » 92 » Demi-feuille (8 pages). .... ..... 2... 5 » 6 » 8» |, 12 » 18 >» Quart de feuille (4 pages . ... , ,... She A» 5 » T 9 » 44 » 2° feuille en sus de la première. . . ....... | 750 8 50 9 50 12 » 18 » Trois quarts de feuille en sus d'une feuille. . . . . T >» 8 » 9 » 11 50 16 » Demi-feuille en sus d’une feuille. . . , . . . .. 4 o» 5 » 6 50 8 50 h , Quart de feuille — ........ 3 » Á » 6 » 8 » 12? La composition d'un titre d'entrée spécial d’une demi-page est de 1 franc. . n: , . - : ier. La composition d'un grand titre d’une page est de 3 francs, En plus les frais de tirage et de pap La composition d'un faux-titre est de 2 francs. En plus les frais de tirage et de papier. A s, est de 2 francs Si "E . . " , La composition d’une couverture imprimée, avec encadrements et sans page d'annonce rel ouver- titre est la répétition de celui de la brochure, et de 4 francs si le titre est fait seulement pour la € ture. En plus les frais de tirage et de papier. S'il y a des corrections, elles sont comptées en sus 90 c. l'heure. Une gravure d'une page, intercalée dans le texte, entraine un supplément de tirage de 2 franes. Une gravure d'une demi-page, 1 fr. 50. .. es du Tout travail de remise en pages, c'est-à-dire entraînant une modification dans la disposition des pag Bulletin, sera fait en dehors du Tarif ci-dessus et à des prix qu'il est impossible de fixer. -—— M: SÉANCE DU 8 JUIN 1894 PRÉSIDENCE DE M. GUIGNARD. M. G. Camus, secrétaire, donne lecture du procés-verbal de la séance du 95 mai dernier, dont la rédaction est adoptée. Par suite de la présentation faite dans la précédente séance, M. le Président proclame l'admission de : M. Rapais (Maxime), professeur agrégé à l'École supé- rieure de Pharmacie de Paris, avenue de l'Obser- vatoire, 4, à Paris, présenté par MM. Bornet et Guignard. Dons faits à la Société : Bescherelle, Nouveaux documents pour la flore bryologique du Japon. CI. Duval, Guide pratique pour les herborisations et la confection générale des herbiers. Flahault, Revue des travaux sur les Algues. Fliche, Sur des fruits de Palmier trouvés dans le Cénomanien aux . environs de Sainte-Ménehould. J. Godfrin, Trajet des canaux résineux dans les parties caulinaires du Sapin argenté. Hy, A propos de la miellée de 1893. — Notes sur les Isoetes amphibies de la France centrale. Le Jolis, Remarques sur la nomenclature hépaticologique. Lignier, Végétaux fossiles de Normandie. Lothelier, Recherches anatomiques sur les épines et les aiguillons des plantes. Vilmorin-Andrieux et C'e, Les Fleurs de pleine terre, 4° édition. Caruel, Epitome Flore Europe, fasc. 2. Chodat, Laboratoire de Botanique, 2* série, fasc. V. Mémoires de la Société d'émulation du Doubs, 1892. Bulletin de la Société botanique suisse, n° 4. Verslag omtrent den staat van Slands plantentuin te Buitenzorg, 1892. T. NLI. (SÉANCES) 27 448 SÉANCE DU 8 JUIN 1894. M. Guignard fait à la Société la communication suivante : SUR QUELQUES PROPRIÉTÉS CHIMIQUES DE LA MYROSINE; par M. Léon GUIGNARD. En 1890 (1), j'ai montré que les principes spéciaux qui four- nissent les essences des Cruciféres, et qui sont représentés par la myrosine et par le myronate de potassium ou un glucoside analogue, peuvent étre mis en évidence sous le microscope, dans les cellules mémes qui les contiennent. Récemment (2), j'ai constaté que des principes semblables existent aussi chez les Capparidées, Limnanthées, Tropéolées, Résédacées et Papayacées, où leur localisation peut de même être reconnue par diverses réactions microchimiques. Il est assez curieux de rencontrer chez les Papayacées, qui ne présentent aucune affinité botanique avec les autres feuilles mentionnées, un ferment qui se comporte comme la myrosine et qui, par suite, est tout différent, par sa nature et sa localisation, de la papaine renfermée dans le latex de ces plantes. | L'existence de la myrosine est donc beaucoup plus répandue qu'on ne pouvait le supposer avant ces observations. Quant au glucoside, on savait qu'il varie, chez les Cruciféres, suivant les espéces, quoiqu'on n'eüt isolé que le myronate de potassium de la Moutarde noire et la sinalbine de la Moutarde blanche. A la diversité dans la composition chimique des essences doit, en effet, correspondre une différence dans les glucosides qui les fournissent. par leur dédoublement sous l'influence de la myrosine. Il en est de méme, à cet égard, pour les autres familles mentionnées, chez lesquelles les essences sont pour la plupart formées par le mélange d'un sulfocyanate et d'un nitrile variable, avec prédominance de l'un ou de l'autre de ces deux composés. On ne connait jusqu'ici qu'un seul caractére spécifique de la myrosine : c'est la propriété qu'elle posséde, à l'exclusion des (1) Recherches sur la localisation des principes actifs des Crucifères (Journal de Pharmacie et de Chimie, Journal de Botanique, 1890). (2) Recherches sur la localisation des principes actifs chez les Cappa- ridées, Limnanthées, Tropéolées, Résédacées et Papayacées (Journal de Botanique, n** 19, 20, 22, 23, 24, 1893 et n°: 4 et 5, 1894). GUIGNARD. — QUELQUES PROPRIÉTÉS CHIMIQUES DE LA MYROSINE. 419 autres diastases étudiées, de décomposer le myronate de potas- sium dans les conditions ordinaires oü s'exerce l'action de ces substances. Aussi longtemps qu'il ne sera pas démontré que le myronate de potassium peut aussi étre dédoublé par une autre diastase, on sera autorisé à croire que c'est bien la myrosine qui constitue le ferment trouvé dans les familles étudiées dans mes nouvelles observations, puisque les tissus intacts, qui ne renferment pas d'essence préformée, permettent d'extraire un ferment qui . dédouble le myronate de potassium. . En recherchant la localisation de la myrosine dans les divers organes des Crucifères (racine, tige, feuille et graine), j'avais constaté qu'elle s'accumule parfois dans des tissus où l'on ne pou- vait guére s'attendre au premier abord à la rencontrer. Tel est le cas de certaines graines, et en particulier de celle de la Lunaire, dont la grosseur et la structure spéciale permettent d'isoler faci- lement le tissu riche en myrosine. Ce tissu constitue la couche superficielle mince, qui recouvre la zone protectrice brune et sclé- rifiée du tégument séminal et forme l'aile circulaire de la graine. Une fraction de milligramme de cette aile suffit pour dédoubler trés manifestement le myronate de potassium. J'ai retrouvé la méme localisation et la méme abondance du ferment en question dans la graine des Papayers. Ici, la couche externe du tégument forme, sur la graine fraiche, une sorte de sac de consistance molle, d'une épaisseur variable suivant les espéces, souvent décrit à tort comme un arille. La couche interne, brune, est au contraire sclérifiée; elle porte des tubercules sur lesquels le sac se moule par la dessiccation en prenant l'aspect d'une mince pellicule transparente. En faisant macérer la graine dans l'eau pendant quelques heures, ce sac se gonfle, devient un peu mucila- gineux et peut être enlevé facilement. Il est trés riche en myrosine, tandis que le petit embryon de la graine en contient relativement fort peu; l'albumen n'en renferme pas du tout, mais il posséde le glucoside susceptible de donner l'essence sulfurée, qu'on peut retirer par la distillation de la graine. Les propriétés du ferment se conservent pendant des années dans la graine sèche; elles ne paraissent pas avoir sensiblement diminué, même plusieurs années aprés la disparition de la faculté germinative. Avec cette semence, on a donc une source abondante de myro- sine. Il faut remarquer, de plus, que les cellules qui la renferment 420 SÉANCE DU 8 JUIN 1894. appartiennent à un tissu mort, dont le contenu, à part la myrosine, se réduit presque à la substance qui se gonfle en mucilage au contact de l'eau et facilite ainsi la germination. La myrosine s'y trouve donc dans un plus grand état de pureté que dans les tissus de réserve, tels que la graine de la Moutarde blanche, d’où l'on ne peut l'extraire que mélangée avec une forte proportion des matiéres albuminoides. Sous ce rapport, l'aile de la graine de la Lunaire présente le méme avantage. Cette pureté relative du ferment dans la couche tégumentaire externe de ces deux graines appartenant à deux familles diffé- rentes permettait d'étudier, dans de bonnes conditions, les prin- cipales propriétés de la myrosine et de les comparer à celles du ferment qu'on peut extraire de la Moutarde blanche. Il suffisait, pour cela, d'isoler la couche en question, soit à l'état sec, avec la graine de Lunaire, soit aprés macération dans l'eau, avec la graine du Papayer. Comme celle-ci peut fournir beaucoup plus facilement que la premiére le poids de substance nécessaire pour des expériences répétées, c'est elle qui m'a servi le plus fréquem- ment. Au lieu de précipiter le ferment de sa solution aqueuse à l'aide de l'alcool, ce qui l'altére partiellement, on a simplement broyé le sac dans l'eau, aprés macération de quelques heures à la tempéra- ture ordinaire. Quant à la myrosine de la Moutarde blanche, elle a été préparée par deux procédés différents. Le premier consiste à faire macérer la graine pulvérisée dans l'eau vers 40° pendant quelques heures. Le liquide filtré est ensuite chauffé à 70° pour coaguler une partie des matières albuminoïdes, puis, après filtration, précipité par le double de son volume d'alcool à 90°. Le précipité était ensuite séché à l'étuve à 30°, puis lavé à l'éther. Dans le second mode de préparation, à l'infusion de Moutarde on ajoute son volume d'alcool à 86°; le liquide filtré est ensuite précipité par deux volumes du méme alcool, séché et lavé à l’éther. La poudre ainsi obtenue m'a paru un peu plus active, à poids égal, sur le myronate, que dans le cas précédent. Mais l'un et l'autre produits se comportent de la méme fagon sous l'in- fluence de la chaleur et des agents chimiques; j'aisurtout employé le premier. Pour étre aussi comparables que possible, les expériences faites GUIGNARD. — QUELQUES PROPRIÉTÉS CHIMIQUES DE LA MYROSINE. 4921 avec la myrosine, provenant des trois sources indiquées, devaient porter sur des quantités de substance possédant sensiblement la méme action sur le myronate de potassium. Cette action a été déterminée en dosant le soufre de l'essence de Moutarde (1) et, par suite, la proportion de cette essence obtenue en mettant en présence, pendant vingt-quatre heures, à la température ordi- naire, une solution de myronate de potassium, soit avec le tégument séminal du Papayer, soit avec l'aile de la Lunaire, soit avec la poudre ferment retirée de la Moutarde blanche. La quantité de glucoside employée dans ces essais comparatifs était naturellement supérieure à celle que le poids de substance active empruntée à ces trois sources pouvait décomposer. On a trouvé ainsi que les téguments retirés de 07,95 de graines de Papayer, et pesant en moyenne 07,02 à l'état sec, fournis- saient, par leur action sur un excès de myronate, 07,015 à 07,017 d'essence de Moutarde. Pour obtenir la méme propor- tion d'essence, il fallait employer environ 0",08 de l'aile de la graine de Lunaire et 07,10 de la poudre ferment retirée de la Moutarde blanche par le premier procédé. Ces trois poids de substance fermentaire peuvent donc étre considérés comme sensiblement équivalents quant à leur action sur le myronate. Dans cette étude, nous admettrons d'abord que les autres ferments, dont la myrosine est accompagnée dans les tissus qui la possédent, sont sans action sur le myronate de potassium, dont l'emploi servira à constater la persistance ou la disparition du pouvoir fermentaire de la myrosine. Dans un travail ultérieur, je montrerai que, chez le Papayer et la Moutarde noire ou blanche, il existe, à cóté de la myrosine, deux autres ferments qui se comportent, l'un comme l'invertine, l'autre comme Ja diastase de l'orge germée. L'expérience montre que ces deux zymases ne dédoublent pas le myronate de potassium. Séparé de la graine aprés macération de quelques heures dans l'eau distillée froide, le sac tégumentaire du Papayer était, comme (1) Les procédés de dosage seront indiqués dans un travail où j'exposerai une série de recherches sur la décomposition du myronate de potassium pen- dant la germination de la Moutarde noire. Il suffira de dire ici que le soufre de l'essence peut étre oxydé par le brome en excés et précipité à l'état de sulfate de baryte, ou transformé en sulfure par la potasse, soit en tube scellé, soit par ébullition prolongée dans un appareil à reflux, puis dosé par iode. 429 SÉANCE DU 8 JUIN 1894. on l'a dit, broyé et additionné d'eau; avec 5 grammes de graines, on préparait ainsi 100 centimétres cubes de liquide. On avait donc, dans 5 centimétres cubes, la substance active contenue dans le tégument de 07,25 de graines. La réaction du liquide était sensiblement neutre. Sauf indication contraire, c'est ce dernier volume de liquide, préparé au moment du besoin, qui a été employé dans chaque expérience. Quant à la poudre ferment retirée de la Moutarde blanche par les deux procédés mentionnés, la quantité employée en sera indiquée en poids. On la dissolvait d'abord dans l'eau et, suivant les cas, en présence du corps dont on voulait examiner l'influence; puis la solution était addi- tionnée de myronate de potassium, dans la proportion de 0",10 à 07,20 pour 100. 1. ACTION DE LA CHALEUR. — Les liquides à myrosine sont intro- duits au fond de tubes à essai et chauffés au bain-marie. Un ther- mométre vérifié est placé dans l'un d'eux ou dans un tube semblable renfermant le méme volume d'eau distillée. Le chauffage est réglé de facon que le temps nécessaire pour élever la température de 1° soit de deux minutes. Retirés successivement de deux en deux minutes, les tubes bouchés sont abandonnés au refroidisse- ment, puis additionnés de myronate cristallisé; on les laisse ensuite dix-huit à vingt-quatre heures à la température ordinaire (18° à 20°). Après ce laps de temps, on recherche quels sont ceux qui dégagent l'odeur de l'essence de moutarde; quand cette odeur est faible ou douteuse, les tubes fermés sont portés vers 40° ou 50°, de façon à la rendre plus facilement perceptible. L'odorat permet ainsi de reconnaitre les moindres traces d'essence et, par suite, la décomposition d'une quantité extrémement faible de myronate. On concoit, d'ailleurs, que, dans ces conditions, on ne puisse songer à doser l'essence de moutarde formée. Divers essais ayant montré que les liquides à myrosine con- servent toujours après chauffage à 80°, même pendant plus de deux minutes, une action rapide et énergique sur le myronate, les résultats suivants n'ont trait qu'à des températures plus élevées. A. Myrosine du Papayer. — On dispose une premiére série de tubes renfermant chacun 5 centimétres cubes de liquide ferment additionné de 5 centimétres cubes d'eau distillée ; aprés chauffage GUIGNARD. — QUELQUES PROPRIÉTÉS CHIMIQUES DE LA MYROSINE. 423 et refroidissement, on ajoute 09,02 de myronate. Au bout de dix-huit heures de séjour à + 20°, les résultats sont les sui- vants : Tube n^ 1, retiré à 80°, dégage odeur intense. — w2? — . 84* | — — — n3 — 82% — odeur forte. — m4 — 83 - odeur assez forte. - mp5 — 84° — odeur très faible. — m6 /— 8» — pas d'odeur. Dans le tube n° 5, chauffé à 84, l'odeur n'est perceptible que lorsqu'on le porte, après les dix-huit heures, vers 50°. La température de destruction du ferment est donc comprise entre 84° et 85°. Dans une autre série de tubes, les 5 centimètres cubes de liquide actif ayant été additionnés de 15 centimétres cubes d'eau distil- lée, de facon à avoir un liquide une fois moins riche en myrosine, On est arrivé à la même conclusion que ci-dessus. B. Myrosine de la Moutarde blanche. — Chaque tube a recu une solution de 07,05 de poudre ferment dans 10 centimètres cubes d'eau distillée, Celui qui a été chauffé à 83°, puis additionné de myronate, dégage, dans les mêmes conditions que précédemment, une odeur moins prononcée; dans celui qui a été soumis à la température de 84^, la formation d'essence de moutarde reste douteuse. Les résultats sont done analogues aux précédents, avec cette légère différence que, pour une quantité de substance sensiblement équivalente, quant à son action sur le myronate, à celle employée dans la seconde série d'expériences avec le sac tégumentaire du Papayer, l'activité de la poudre ferment retirée de la Moutarde blanche semble encore plus affaiblie à 83° et à 84° que celle de la myrosine du Papayer. Bien que la température à laquelle la myrosine offre son maxi- mum d'activité sur le myronate de potassium n'ait pas été fixée, il n’en est pas moins facile de remarquer, à l’aide des indications précédentes, que l'affaiblissement de celte substance se produit avec une grande rapidité à partir d'un certain degré de tempéra- ture, voisin de 80". 424 SÉANCE DU 8 JUIN 1894. Encore très ‘prononcé à 81°, son pouvoir fermentaire est totale- ment détruit à 85°. La courbe qui servirait à le représenter, si l'on avait pour cela toutes les données nécessaires, descendrait donc trés rapidement à partir de la température optimale. Par ce caractére, la myrosine ressemble aux ferments solubles tels que l'invertine et la diastase, pour lesquels cette courbe a été fixée avec l'exactitude approchée que comporte l'étude de ces sortes de sub- stances. En comparant la myrosine aux deux ferments ci-dessus, les mieux étudiés au point de vue de l'influence exercée sur eux par la chaleur, on voit que c'est de la diastase du malt qu'elle se rap- proche le plus quant à la température de destruction. Dans les expériences de Kjeldahl (1), en effet, l'action de l'invertine, qui atteint son maximum vers 53°,est entièrement supprimée vers 70", tandis que celle de la diastase, dont le maximum a lieu à 63°, dis- parait seulement à 86°, ainsi que l'indique la courbe établie par cet habile observateur. 2. ACTION DE L'ACIDE SALICYLIQUE. — En étudiant l'action de ce corps sur diverses diastases, Ed. Schaér (2) a constaté que si l'on traite par une solution à 0,10 pour 100 la poudre de Moutarde noire, la formation de l'essence n'est pas empéchée. Mais, en opé- rant de la sorte, les résultats ne peuvent étre qu'approximatifs, en raison des substances variées qui existent dans la poudre en ques- tion. Remarquons d'abord que l'acide salicylique en solution aqueuse, à la dose de 07,20 pour 100, aprés un séjour de vingt-quatre heures à 30° en présence du myronate de potassium, ne produit aucune décomposition du glucoside. L'addition de myrosine à ce liquide ne donne pas lieu non plus à la formation d'essence de mou- tarde. Il fallait donc essayer des doses moindres. En opérant à 30°, afin d'étre sür de maintenir l'acide salicylique en solution, on prend : (1) J. Kjeldahl, Recherches sur les ferments producteurs de sucre (Medd. fra Carlsberg Laborat., p. 187, t. 1, 1881). (2) Ed. Schaér, Ueber die Veränderung der Eigenschaften der Fermente- durch Salicylsaüre und einige andere antiseptische Mittel (Journ. für P rak- tische Chemie, 1875, p. 128). GUIGNARD. — QUELQUES PROPRIÉTÉS CHIMIQUES DE LA MYROSINE. 425 A. Myrosme du Papayer i oc eeu 5 c. cubes. Kau distillée 70. ni. 45 c. cubes. Acido EUH CHHIQUO eee CETERI eC es 097,05 Myronate de potassium................. 097,05 B. Myrosine de la Moutarde blanche........ 097,05 Ban distilléee. LUEGO. preuves de 90 c. cubes. Seide salicyhigue- de ee 097,05 Msronate de potassium =- 097,05 Après vingt-quatre heures de séjour à 30^, les tubes maintenus fermés dégagent l'odeur d'essence de moutarde. En opérant ensuite de la méme façon avec 0",15 d'acide salicy- lique pour 100, l'odeur est à peine sensible. On peut donc en con- clure que, dans les conditions ci-dessus et pour les quantités de ferment employées, l'action de la myrosine est presque entière- ment annulée par 0*,15 pour 100 d'acide salicylique. Des expériences comparatives sur la diastase montrent que le pouvoir saccharifiant de cette substance sur l'empois d'amidon est de méme supprimé par une proportion d'acide salicylique trés voisine de 0*,15 pour 100. La diastase employée avait été pré- parée en délayant dans deux parties d'eau tiéde de l'orge germée pulvérisée, puis en ajoutant au liquide son volume d'alcool à 86° et en précipitant ensuite la liqueur filtrée par un égal volume d'alcool. En dissolvant 07,05 de la poudre ainsi obtenue dans 90 centimétres cubes de liquide renfermant 0,15 pour 100 d'acide salicylique et 4 gramme d'amidon à l'état d'empois, on constate qu'il n'y a pas de saccharification après dix-huit heures à + 30°. Mais il y a formation d'une petite quantité de sucre réducteur quand on emploie seulement, dans les mémes conditions, 0,10 pour 100 d'acide salicylique. Si Kjeldahl admet que cette der- nière proportion d'acide supprime entièrement l'action de la diastase (1), c'est parce que la richesse des liqueurs diastasiques employées par lui dans ses expériences était plus faible (2). Il importe donc de préciser les conditions dans lesquelles on opère, (1) J. Kjeldahl, Recherches sur les ferments producteurs du sucre (Medd. fra Carlsberg Laborat., p. 15% t. 1, 1879). : (2) L'auteur s'est servi en effet, comme dissolution de diastase, d'une macé- ration de 1 p. malt dans 4 p. d’eau. 426 SÉANCE DU 8 JUIN 1894. 3. AcTION DU TANIN. — Une série de tubes renfermant pour 95 centimétres cubes de liquide, soit 5 centimétres cubes du liquide préparé avec le Papayer, soit 07,05 de myrosine de la Moutarde blanche, sont additionnés de tanin et de myronate et laissés pendant vingt-quatre heures à 20°. La proportion de tanin a été portée jusqu'à 1 gramme pour 100. On constate que l'odeur d'essence de moutarde est à peine sen- sible. Toutefois, en élevant la température vers 50°, on peut affir- mer qu'il y a eu décomposition du myronate dans les deux cas, mais l'odeur d'essence reste trés faible. Ce résultat est analogue à celui que j'ai signalé au point de vue de l'action du tanin sur l'émulsine (1). Il résulte, en effet, de mes observations à ce sujet, que ce composé, à la dose de 1 pour 100, n'empéche pas entiérement l'action de l'émulsine sur l'amygdaline, quand on opére avec une solution contenant, pour 100 centimètres cubes, 1 gramme d'amygdaline et 07,04 d'émul- sine des amandes douces. Si l'on combine l'action de la chaleur à celle du tanin, une faible proportion de ce dernier composé rend la myrosine inac- tive. C'est ainsi qu'en chauffant à 80° en présence de 07,05 de tanin pour 100, soit la myrosine du Papayer, soit celle de la Mou- tarde blanche, l'addition ultérieure de myronate ne donne pas lieu à la formation d'essence de moutarde. 4. ACTION DU CHLORAL. — Il est curieux de voir que le chlo- ral, qui se combine énergiquement aux matiéres albuminoides, n'exerce qu'une action relativement faible sur la myrosine. Déjà, l'on a fait semblable remarque à propos de l'émulsine (2), qui ne cesse pas de dédoubler l'amygdaline quand elle se trouve en présence de 3*,50 pour 100 de chloral. À. Myrosine du Papayer. — En opérant à 40° avec une série de tubes renfermant chacun 5 centimétres cubes du liquide ferment préparé avec le Papayer, 90 centimétres cubes d'eau contenant (1) Sur la localisation, dans les amandes et le Laurier-cerise, des prin- Ta qui fournissent l'acide cyanhydrique (Journal de Botanique, P» ^^ (2) Ch. Bougarel, Thése inaugurale, 1811, p. 44. GUIGNARD. — QUELQUES PROPRIÉTÉS CHIMIQUES DE LA MYROSINE. 427 des quantités croissantes de chloral et 0",02 de myronate, on obtient les résultats suivants : N° 1, avec chloral 1 pour 100, odeur d'essence après 1/4 d'h., très forte. N 9 — 2 == == 1/4 d'h., assez forte. Ne 3 BOIS Tu aes : 1/4 d'h., sensible. N° 4 sen eus B 112 dr ~ N° 5 — 5 — — 1 heure _ Dans le tube n° 5, l’odeur, devenue très manifeste après une heure et demie, n'avait pas beaucoup augmenté d'intensité après douze heures. A la dose de 5 grammes pour 100, le chloral ne supprime done pas entièrement l'action de la myrosine dans les conditions de l'expérience, mais il la diminue considérablement. Cette expérience n'a pas été poursuivie avec une proportion plus grande de chloral, parce qu'il devient impossible de distinguer l'odeur fournie par des traces d'essence de moutarde en pré- sence du chloral. B. Myrosine de la Moutarde blanche. — Si, pour les mêmes proportions de chloral et 95 centimétres cubes de liquide, on prend 0*,05 de cette myrosine, on constate les mêmes résultats. Mais en employant, dans des conditions semblables, seulement 07,01 de myrosine, l'odeur d'essence de moutarde devient à grand'peine reconnaissable dans le tube contenant 5 pour 100 de chloral. On voit par là qu'il importe de tenir compte des proportions de substance active et de préciser les conditions expérimentales, L'action de la température de 80°, en présence du chloral, dimi- nue considérablement le pouvoir fermentaire de la myrosine du Papayer, de la Moutarde blanche et de la Lunaire. En effet, si l'on chauffe pendant deux minutes à cette tempéra- ture, en présence du chloral, dans un volume total de 25 centi- métres cubes de liquide, comme dans les expériences précédentes, Soit 5 centimétres cubes du liquide ferment du Papayer, soit 0",05 de poudre retirée dela Moutarde blanche, soit 0,02 de l'aile de la graine de Lunaire, on supprime à peu prés totalement l'action de la myrosine quand la proportion de chloral est de 1 gramme pour 100. : En résumé, on voit que le chloral est beaucoup moins actif, à 498 SÉANCE DU 8 JUIN 1894. poids égal, que le tanin, aux températures où les expériences ont été faites. D. ACTION DE L'ALUN ET DU BORAX CRISTALLISÉS. — Íl m'a semblé qu'il y avait peu de différence dans l'action de ces deux sels sur la myrosine, et cette action est moins prononcée que celle du chloral. Des solutions de ferment semblables à celles employées précédemment ont été mises pendant vingt-quatre heures à la température de 30*, pour éviter la cristallisation du borax sur- tout, dans des tubes qui contenaient jusqu'à 10 pour 100 des sels en question. Aprés ce laps de temps, les tubes renfermant 6 grammes de borax ou d'alun n'offraient qu'une faible odeur d'essence; ceux qui en contenaient davantage ne paraissaient pas avoir donné lieu à une décomposition du myronate. Mais, en les portant tous ensuite simultanément, au bain-marie, à 50° pendant une demi- heure, on pouvait remarquer que méme à la dose de 8 grammes pour 100, l'alun ou le borax n'avaient pas supprimé absolument l'action de la myrosine. Il est à peine besoin d'ajouter que, dans toutes ces expériences, on s'assurait que le myronate de potassium mis seul, à la méme température et dans le méme volume de liquide, en présence des composés dont on voulait essayer l'action sur la myrosine, ne subissait pas le moindre dédoublement. M. Camus, secrétaire, donne lecture de la communication suivante : SUR UNE PLANTULE ANORMALE DE QUERCUS PEDUNCULATA Ehrh., par M. Edmond GAIN. À Quand on examine les plantules de Chêne qui portent encore leurs cotylédons, on ne tarde pas à observer de grandes variations dans la morphologie externe des deux cotylédons. Dans une germination normale, issue d'une graine normale- ment constituée, les deux cotylédons affectent chacun la forme réguliére d'un demi-ovoide, l'embryon est ordinairement place à la base du gland, au voisinage du fond de la cupule du gland, et les deux cotylédons égaux sont appliqués l'un contre l'autre par une face plane qui est orientée dans un plan longitudinal qui passe par le grand axe du fruit. GAIN. — PLANTULE ANORMALE DE QUERCUS PEDUNCULATA. 429 Quand la gemmule se développe, les deux cotylédons se séparent et pendent latéralement, de sorte que, à mesure qu'ils sont résorbés, ils prennent de plus en plus la forme de deux feuilles aplaties. Cet exemple est le cas général. Il subit de nombreuses varia- tions dues à l'inégalité des cotylédons; il arrive, en effet, fréquem- ment, que l'un d'eux est beaucoup plus volumineux que l'autre ; de sorte que le plan de séparation des cotylédons est oblique au lieu d'étre vertical, mais toujours orienté dans le sens longitudinal. Il résulte de cette disposition que souvent le sommet de l'ovoide appartient tout entier à l'un des cotylédons, de sorte que l'autre, trés aplati, a l'aspect d'une petite feuille charnue. Tous les inter- médiaires peuvent être observés; mais dans tous ces cas, qui constituent des germinations non réguliéres, mais normales, le reste de l'embryon n'est pas déplacé et se trouve toujours au póle inférieur de l'ovoide, à l'endroit où la cupule adhérait au fruit; . les deux cotylédons prennent donc, à la base, l'aspect d'une feuille insérée par un pétiole en général de 5 millimétres de longueur. J'ai eu l'occasion d'observer, dans la partie forestiére du Labo- ratoire de Biologie végétale de Fontainebleau, un cas tératologique bien différent des exemples cités plus haut. Le fruit était régulier de forme extérieurement; mais, quand la germination s'est produite, la radicule, au lieu de se trouver dans le fond de la cupule, était sur un point latéral, à peu prés à égale distance des deux póles du gland. Les deux cotylédons, sensiblement de méme grosseur, consti- tuaient : l'un la moitié supérieure, l'autre la moitié inférieure du gland. Leur face de contact était un plan transversal un peu oblique. Les deux masses cotylédonnaires avaient donc à peu prés la forme de masses hémisphériques. Les cotylédons étaient insérés sur la tigelle par des pétioles plus allongés que d'ordinaire et qui s'avancaient jusqu'au centre du gland. | La plantule s'était bien développée, car la racine, déjà longue de plusieurs décimétres, avait 9 millimétres de diamétre à sa partie supérieure. La tige issue de la gemmule par suite d'une blessure était écourtée à 9 centimétres de hauteur, et, dans l'angle d'insertion du plus gros cotylédon, on voyait un bourgeon qui allait donner une tige de remplacement. En somme, l'anomalie signalée dans la position de l'embryon et 430 SÉANCE DU 8 JuiN 1894. dans l'orientation extraordinaire des cotylédons ne semblait pas retentir sur la végétation du jeune Chéne issu de cette graine téra- tologique. Quant à l'origine de cette organisation étrange, il faut admettre qu'il s'est produit, au moment de la formation de l'embryon, une perturbation dans la segmentation. Selon toute vraisemblance, l'une des cellules méres des cotylé- dons s'est trouvée déplacée. Par leur accroissement ultérieur, les cotylédons ont repoussé le reste de l'embryon vers la partie moyenne de la graine. Les pétioles des cotylédons étaient légèrement tordus sur eux- mêmes ; leur étude anatomique ne m'a rien révélé d'anormal. Ils étaient seulement un peu plus gros que d’ordinaire et le tissu ligneux plus réduit était aussi un peu plus dissocié. En raison du grand nombre d'insectes qui produisent des cécidies sur les fleurs femelles du chéne, on peut se demander si la défor- mation signalée ici n'est pas simplement due à l'un de ces phéno- ménes qui, dans certains cas, comme on le sait, peuvent produire non seulement une déformation de la fleur ou du fruit, mais méme la castration dite parasitaire. M. G. Camus présente à la Société des échantillons d’Or- chis incarnata qu'il a récoltés à Meudon. M. Danguy, secrétaire, donne leeture de la communication suivante : SUR LES MODIFICATIONS PRODUITES DANS LES ÉPILLETS DU BROMUS SECALINUS L., INFESTÉS PAR LE PHYTOPTUS DUBIUS Nal.; par M. MOLLIARD. Les épillets de différentes espéces de Bromus hébergent assez souvent des Phytoptus et sont, de ce fait, profondément modi- fiés; j'ai eu l'occasion d'étudier ces modifications dans le Bromus secalinus sous l'influence du Phytoptus dubius. Les fleurs d'un méme épillet peuvent être toutes attaquées à la fois ou bien seulement les supérieures; les glumelles inférieures des fleurs atteintes s'accroissent en largeur et en longueur; elles deviennent plus molles et se recouvrent les unes les autres sur leurs bords dans presque toute leur longueur, de facon. que l'on MOLLIARD. — BROMUS SECALINUS INFESTÉ PAR PHYTOPTUS DUBIUS. 424 ne distingue plus les différentes fleurs dont l'ensemble forme une masse ovoide, alors que les fleurs saines sont parfaitement dis- tinctes et écartées les unes des autres. La couleur des glumelles est aussi différente, beaucoup plus pâle que celle des glumelles normales. Les transformations que subissent les différentes fleurs sont d'autant plus profondes que la fleur est plus voisine du som- met de l'épillet. Voici de quelle facon les choses se passent le plus souvent : supposons qu'à la base nous ayons une ou deux fleurs non attaquées ; elles présentent pour les échantillons que j'ai eus à ma disposition des fruits bien développés et voisins de leur maturité. Les fleurs plus haut placées dans l'épillet et que nous supposons attaquées en sont bien moins loin de leur développe- ment ou plutót elles sont restées jusqu'à ce moment à une phase bien antérieure de leur évolution, celle que présente une fleur qui va s'ouvrir. i La première de ces fleurs attaquées a sa glumelle inférieure agrandie ; la glumelle supérieure présente sur ses deux carénes de nombreuses petites dents assez serrées au lieu de grandes espa- cées les unes des autres; de plus, il se produit une petite échan- crure vers l'extrémité de cette glumelle dans son plan de symétrie ; les glumellules sont présentes sans particularité de forme; les étamines ont un filet épaissi et raccourci, et les anthéres qui ont cessé d'étre oscillantes offrent souvent sur la paroi de leurs sacs polliniques et surtout aux extrémités quelques poils trapus ; les styles normalement assez courts et couverts de trés nombreux et trés longs poils s'allongent en même temps que les poils deviennent moins nombreux et surtout plus courts. La deuxiéme fleur présente une glumelle inférieure encore plus molle que la précédente ; la glumelle supérieure s'échancre davan- tage et devient nettement bifide; les étamines sont plus réduites que dans la première fleur attaquée; le filet en est plus gros, plus court et les dimensions des anthéres sont considérablement réduites; l'ovaire s'ouvre et présente une boutonniére dans la partie qui regarde la glumelle supérieure; les deux styles se pré- sentent comme les prolongements des deux parties de l'ovaire situées de chaque côté de cette boutonnière ; ils sont encore plus longs que les précédents, et leurs poils stigmatiques se raccour- cissent et se raréfient. Dans les deux fleurs qui suivent, les modifications sont encore plus 439 SÉANCE DU 8 JUIN 1894. profondes. Les glumelles inférieures sont de plus en plus larges et plus molles; les glumelles supérieures se sont tellement échan- crées qu'elles se réduisent à deux lames parfaitement isolées l'une de l’autre et qu’on serait tenté de prendre pour les glumellules, n'était la situation qu'elles occupent par rapport aux autres organes floraux, et cette confusion serait d'autant plus facile que préci- sément à ce degré de transformation les glumellules jusqu'iei présentes disparaissent le plus souvent; les étamines offrent tous les états intermédiaires entre le dernier décrit et le suivant : le filet porte sur chacun de ses cótés deux lames trés développées qui se rejoignent à la partie supérieure de manière à former à droite et à gauche de la partie centrale du filet une sorte de gouttiére pré- sentant un rebord continu à la partie extréme ; les sacs polliniques restent compacts; dans chacune de ces lames on remarque plu- sieurs faisceaux libéro-ligneux dans lesquels les vaisseaux du bois se trouvent du cóté interne de la gouttiére; le faisceau libéro- ligneux primitif du filet subsiste avec son orientation normale. Le pistil dans son état de transformation la plus grande a la forme d'une lame foliacée épaisse recourbée sur ses bords et bifide à son extrémité. La dernière ou les deux dernières fleurs sont simplement réduites à leur glumelle inférieure. Je me réserve de revenir, dans un prochain travail, sur les con- séquences que ces transformations peuvent avoir au point de vue morphologique; en particulier, la transformation de la glumelle supérieure en deux organes foliacés nettement distincts, naissant sur l'axe en deux points éloignés l'un de l'autre, amène à la regarder comme formée par deux feuilles dont les nervures médianes cor- respondent à la double caréne de cette glumelle, opinion qua, d'ailleurs, soutenue Schacht en invoquant d'autres raisons. Je n'insisterai pas non plus sur les modifications histologiques que subissent les organes attaqués (disparition de la cutine, du sclé- renchyme et du collenchyme, de la chlorophylle, hypertrophie des cellules, etc.) ; j'en veux signaler seulement une, qui consiste dans la transformation de l'épiderme de tous les organes floraux atta- qués; soit, par exemple, l'épiderme interne de la glumelle infé- rieure ; il est normalement constitué par des cellules disposées en rangées longitudinales et sont de deux sortes qui alternent assez régulièrement dans chaque rangée; les unes sont des cellules VAN TIEGHEM. — ACIELLA, GENRE NOUVEAU DES LORANTHACÉES. 433 allongées ayant de face un contour rectangulaire, un cóté du rec- tangle étant environ quatre fois plus grand que l’autre ; les autres ont un contour sensiblement carré. Dans l'épiderme transformé les cellules peuvent avoir une surface libre cinq fois plus grande, leur arrangement et leur contour perdent toute régularité, et en méme temps le contenu cellulaire devient fort différent; le protoplasma est trés granuleux et se colore assez énergiquement par le carmin, comme les mucilages. Le noyau devient énorme et se colore beau- coup plus énergiquement que les noyaux des cellules profondes ; la substance chromatique est disposée à la surface d'une sphére qui présente à son intérieur un trés gros nucléole et se trouve percée de grandes fenêtres. 11 semble bien qu'on ait ici affaire à un épiderme sécrétant un liquide servant à la nourriture des Phy- toptus et semblable à celui qu'a signalé Lundstróm dans les aca- rodomaties du Tilleul. M. Van Tieghem fait à la Société la communication sui- vante : j ACIELLA, GENRE NOUVEAU DE LA TRIBU DES ÉLYTRANTHÉES DANS LA FAMILLE DES LORANTHACÉES, par M. Ph. VAN TIEGHEM. Dans une Communication précédente (1), on a vu que les Loran- thoidées à ovaire pluriloculaire et à fruit bacciforme qui com- posent la tribu des Elytranthées se groupent dans les six genres: Loxanthera, Amylotheca, Macrosolen, Elylranthe, Lepostegeres et Treubella. Depuis lors, l'étude des Loranthacées récoltées à la Nouvelle-Calédonie par Deplanche, Pancher et Balansa, qui sont conservées dans l'Herbier du Muséum, m'a fait connaitre plusieurs espèces nouvelles appartenant à cette méme tribu. Par l'ensemble de leurs caractères, c'est aux Amylotheca que ces espéces ressemblent le plus; mais elles en différent cependant assez pour qu'il paraisse nécessaire de constituer pour elles un genre nouveau. Rappelons d'abord que dans toutes les Élytranthées, à l'excep- (1) Ph. Van Tieghem, Sur les LOXANTHERA, AMYLOTHECA ef, TREUBELLA, trois genres nouveaux pour la tribu des Elytranthées dans la famille des Loran- thacées (Bull. de la Soc. bot., 13 avril 1894). T. XLI. (SÉANCES) 28 434 SÉANCE DU 8 JUIN 1894. tion des Loxanthera, le style est dépourvu de bourrelet autour de son insertion ; par contre, sa base est renflée en pyramide hexago- nale et persiste au sommet du fruit, tandis que le style se détache au-dessus d'elle. On s'assure facilement que les logettes oblitérées et amylacées de l'ovaire infére se prolongent côte à côte sans changement dans cette partie renflée; elle appartient donc en réalité à l'ovaire, dont elle est la région supérieure libre, non au style, dont elle serait la base persistante. Le véritable style necom- mence qu'au-dessus d'elle, au point où les logettes se fusionnent en un canal axile, et par conséquent il tombe tout entier. En d'autres termes, chez toutes ces Élytranthées, l'ovaire n'est pas en totalité, mais seulement en trés grande partie, infére ou adhé- rent. Dans les Loxanthera, immédiatement au-dessus de la sépara- mition du calice staminifére, les faces dorsales des carpelles proé- nent et forment un bourrelet hexagonal autour dela base non renflée du style. Celui-ci, long d'environ 9 centimètres, se com- pose de deux parties trés nettement séparées. La portion inférieure, qui forme les deux tiers de la longueur totale, soit environ 6 cen- timétres, est plus épaisse, brune, revétue, ainsi que le bourrelet basilaire, d'une épaisse cuticule lignifiée. Les logettes oblitérées et amylacées de l'ovaire, au nombre de quatre ordinairement, s'y prolongent cóte à cóte sans changement; à vrai dire, il faut y voir bien plutót la région supérieure libre de l'ovaire que la région inférieure du style. La portion supérieure, terminée par un stigmate claviforme, occupe le tiers de la longueur totale, soit environ 3 centimètres; elle est plus mince, jaunâtre, revêtue par une mince cuticule non lignifiée, et les logettes de l'ovaire Y ont conflué à la base en un canal axile; en un mot, il faut y voir le style vrai. Il est probable qu'aprés la chute du calice, ce style vrai tombe seul en se détachant au niveau du brusque changement de diamètre, où cesse aussi la cuticule lignifiée et où s'opére la confluence des loges, laissant adhérente toute la région ovarienne qui forme un long bec au sommet du fruit. Les matériaux que j'al eus à ma disposition ne m'ont malheureusement pas permis de m'assurer du fait. Quoi qu'il en soit, les Lozanthera ne différent pas seulement des autres Loranthoidées par l'insertion si singu- liére de leurs anthéres, mais encore par ce caractére remarquable que l'ovaire trés allongé n'y est qu'en trés petite partie, pour Un VAN TIEGHEM. — ACIELLA, GENRE NOUVEAU DES LORANTHACÉES. 435 septiéme environ de sa longueur totale, infére ou adhérent, le fruit ne se constituant, il est vrai, qu'aux dépens de cette partie infère. Le genre nouveau que la présente Note a pour objet d'établir offre dans son ovaire une conformation intermédiaire aux deux dispositions que l'on vient de rappeler. L'ovaire y est, en effet, beaucoup plus infére que dans les Lozanthera, mais beaucoup moins infére que dans les autres Élytranthées. Toutes les espéces qui le constituent ont les fleurs hexaméres, avec un ovaire infére dépourvu de sclérites, muni d'une cupule lignifiée étroite et profonde, en forme de tube ou de doigt de gant, creusé dans toute sa longueur de logettes paralléles bientót oblitérées par un épiderme amylacé, dans chacune desquelles se développe un sac embryonnaire, et produisant finalement un fruit bacciforme. Ce sont done bien des Élytranthées. Chez toutes, les anthéres sont basifixes et, aprés la séparalion du calice, le dos des carpelles ne produit pas de bourrelet, ce qui les éloigne des Loxanthera. Chez toutes, le calice est gamosépale, ce qui les sépare des Treubella. Chez toutes, les fleurs sont disposées en grappes de triades, ce qui les distingue à la fois des Macrosolen, des Elytranthe et des Lepostegeres, oà les fleurs sont respective- ment en grappe simple, en épi simple et en capitule. Par tous ces caractères aussi, c'est des Amylotheca qu'elles se rapprochent le plus; aussi ai-je cru tout d'abord pouvoir les classer dans ce genre. Elles en différent pourtant par plusieurs caractères, et surtout parce que la portion supérieure libre de l'ovaire y est beaucoup plus développée. La pyramide hexagonale tronquée qu'elle forme au-dessus de la ligne d'insertion du calice aprés la chute du style y atteint, en effet, dans certaines espéces, une longueur égale à celle de la portion inférieure et adhérente. En un mot, l'ovaire n'y est que semi-infére. La région inférieure adhérente de l'ovaire se développe seule pour former le fruit; la partie supérieure libre, non seulement ne grandit pas, mais se réduit plutôt en tous sens par dessiccation. En conséquence, le fruit se termine par une Pointe, d'autant plus marquée qu'il est plus jeune, circonstance qui m'a fait donner à ce genre le nom d'Aciella (1). ; Quelques mots mainlenant sur chacune des huit espéces (1) De acies, pointe. 436 SÉANCE DU 8 JUIN 1894. d'Aciella que j'ai pu reconnaitre jusqu'à présent parmi les plantes: néo-calédoniennes que j'ai eues à ma disposition. Aciella pyramidata. — Considérons d'abord, en la prenant pour type, la plante récoltée à deux reprises à l'ile des Pins par Pancher et distribuée par lui, d'abord en 1860 sous le n* 623, puis en 1870 sous le n* 4586. Elle y croit sur divers arbres, notamment des Méliacées (Milnea, Hartighsea) et des Dilléniacées (Dillenia, etc.), oà elle forme des touffes de plusieurs métres de largeur. Elle fleurit de février en avril et jusqu'en juillet, et ses fleurs, qui mesurent plus de 4 centimétres de longueur, sont de couleur jaune orangé. Autour de sa base renflée, fixée à l'arbre nourricier par un sucoir primaire, la tige émet des racines adventives qui rampent sur la branche hospitaliére en s'y attachant d'abord par des pla- ques adhésives de forme ovale, puis en y enfoncant autant de larges sucoirs secondaires. Cà et là, sur leur face supérieure libre, ces racines produisent d'abord un bourgeon, puis une tige adventive, qui à son tour se ramifie. C'est ce drageonnement progressif qui explique l'étalement de la plante et sa grande extension. Les feuilles sont opposées, brièvement pétiolées, à limbe ovale atténué à la base, arrondi au sommet, coriace, muni de nervures pennées saillantes sur les deux faces. Elles mesurent 9 à 10 centi- mètres de long sur 5 centimètres de large. Les fleurs sont portées par des pédicelles courts, fasciculés en assez grand nombre à l'ais- selle des feuilles. Chacun d'eux porte au sommet soit deux pédi- celles secondaires à bractée mére concrescente terminés par une fleur au-dessus de la bractée, soit un seul pédicelle semblable. L'ensemble du groupe floral peut donc étre considéré comme une ombelle sessile de triades, avec avortement de la fleur médiane et parfois aussi de l'une des fleurs latérales. Le calice est formé de six sépales jaunes, épais et opaques, longs de 4 centimètres et concrescents en tube dans leur moitié inférieure; dilaté brusquement en sac à sa base de manière à dé- border la petite collerette formée par le calicule, ce tube s'élargit ensuite progressivement jusqu'au milieu, puis se rétrécit dans le bouton jusqu'au sommet. A l'épanouissement, c'est dans le milieu de cette partie rétrécie que s'opére d'abord la séparation des sépales, qui progresse ensuite vers le haut et vers le bas. A chaque VAN TIEGHEM. — ACIELLA, GENRE NOUVEAU DES LORANTHACÉES. 437 sépale est superposée une étamine, à filet concrescent avec lui jusqu'au milieu de sa partie libre, à anthére étroite et basifixe, à pollen formé de grains profondément trilobés. Au-dessus de la séparation du calice, l'ovaire se prolonge en une pyramide hexago- nale, dont les arétes alternent avec les sépales et les étamines, et qui se termine par un style plus long que les sépales et les éta- mines, renflé en massue au sommet. La jonction de l'ovaire et du style est marquée dans le bouton par un étranglement, où s'opé- rera plus tard la séparation du style. Dans sa totalité, l'ovaire mesure 6 millimètres ou 6"",5, dont 3 millimètres ou 3"",5 pour -la région adhérente, inférieure à l'insertion du calice, et 3 mil- limètres, c'est-à-dire autant ou presque autant, pour la région supérieure libre. Il est donc bien exact de dire qu'il est semi-infére. Aprés la chute du calice staminifére, la région adhérente de l'ovaire se développe pour former le fruit; la pyramide tronquée qui la surmonte ne s’accroit pas et méme diminue en se dessé- chant; elle se réduit à une pointe, relativement de plus en plus petite, au sommet du fruit. C'est de l'existence de cette pyramide que nous tirerons le nom de cette espéce, en l'appelant Aciella pyramidata. Aciella Pancheri. — Pancher a récolté aussi à l'ile des Pins, en 1870, une plante trés voisine de la précédente, également à fleurs orangées, qui ne porte pas de numéro dans l'Herbier du Muséum. Elle en diffère par des feuilles plus grandes et plus larges, mesurant 10 centimètres sur 7, à base arrondie vers le pétiole. Elle en diffère aussi par l'inflorescence, qui est une ombelle axillaire pédicellée à trois ou quatre rayons, terminés chacun par une triade à fleur médiane sessile et fleurs latérales pédicellées. Ce sera l'Aciella Pancheri. Aciella lanceolata. — Deplanche a recueilli, de 1861 à 1867, à la baie de Tupiti, aux bords de la rivière de Toon du, une espèce du même genre, distribuée sous le n° 382. Elle diffère des précé- dentes, notamment par ses feuilles longues et pointues, lancéolées, mesurant 437,5 sur 5 centimètres. L'inflorescence y est une om- belle axillaire, longuement pédicellée, où chacun des cinq à sept pédicelles secondaires se termine par une triade à fleurs latérales pédicellées, à fleur médiane sessile. 438 SÉANCE DU 8 JUIN 1894. Le calice, dont la couleur à l’état vivant n’est pas indiquée, a ses six sépales concrescents en tube dans la moitié de leur longueur, comme dans les espèces précédentes, mais il est mince et transpa- rent. La partie supérieure libre de l'ovaire n'atteint ici que la moitié de la longueur de la partie inférieure adhérente. Le style est aussi plus court, ne dépassant pas la longueur des sépales et des étamines. À cause de la forme de ses feuilles, nous nommerons cette espéce Aciella lanceolata. Aciella lifuensis. — L'Herbier du Muséum posséde deux échan- tillons d'une plante récoltée à l'ile Lifu par Deplanche, sans date ni numéro, désignée seulement comme étant une Rubiacée (sic). Elle se distingue des précédentes, notamment par la forme des feuilles, qui sont largement ovales, et par l'inflorescence, qui est une grappe à axe gréle, noir, portant un petit nombre de pédicelles secondaires, terminés chacun par une triade à fleurs latérales pédi- cellées. Ce sera l’Aciella lifuensis. Aciella Deplanchei. — Le même collecteur a rapporté en 1861 une plante du même genre, figurant dans la collection du Muséum sous le n° 376, qui lui est commun avec une Loranthée à calice dialysépale et anthéres basifixes. Elle diffère des précédentes par ses feuilles ovales acuminées, à nervures beaucoup plus saillantes en bas qu'en haut. L'inflorescence y est une grappe axillaire ne portant que quelques pédicelles secondaires terminés par autant de triades. La partie libre de l’ovaire ne dépasse pas ici le tiers de la partie concrescente. Ce sera l’Aciella Deplanchei. Aciella rubra. — Balansa a récolté en 1869, dans les foréts si- tuées au-dessus de Téné, prés de Bourail, vers 600 mètres d' alti- tude, une espèce distribuée sous le n°1319. Comme elle se dis- tingue de toutes les précédentes par ses fleurs à calice rouge, n nous la nommerons Aciella rubra. Les feuilles y sont ovales lancéolées, plus petites que dans l'A. lanceolata, mesurant seulement 10 centimètres sur 4 centimètres, à nervures pennées trés peu saillantes, et demeurent d'un vert clair aprés la dessiccation. L'inflorescence se compose de petites 0M- belles à gros pédicelles, fasciculées aux noeuds et portant chacune VAN TIEGHEM. — ACIELLA, GENRE NOUVEAU DES LORANTHACÉES. 439 trois ou quatre triades à fleur médiane sessile. L'ovaire infére est brun; sa partie supérieure libre est jaunátre et ne mesure que la moitié de la partie concrescente. Le style ne dépasse pas la lon- gueur des sépales et des étamines. Aciella Balanse. — Le méme voyageur a rapporté du mont Mou, en 1870, une espéce à fleurs Jaunes qu'il a distribuée sous le n* 2780. Les feuilles y sont brunes aprés dessiccation, largement ovales, atténuées aux deux extrémités. L'inflorescence y est une petite ombelle axillaire de triades. L'ovaire infère est verdátre et d'aspect cireux. Ce sera l’Aciella Balanse. Aciella tenuifolia. — Enfin, du méme lieu, de la méme date et du méme collecteur, nous avons, sous le n° 2780 a, une espèce re- marquable par ses feuilles, qui sont étroites et longues, à bout arrondi, mesurant 10 centimètres sur 3 centimètres, coriaces, à nervures pennées trés peu marquées, et qui se conservent d'un vert clair aprés dessiccation. Les fleurs sont en petites ombelles de triades, fasciculées aux nœuds. Le calice, qui est jaune, mince et transparent, est concrescent en tube sur une plus grande longueur que dans toutes les espéces précédentes ; mais, par contre, il se fend plus profondément d'un seul cóté pour laisser sortir le style, phénoméne trés fréquent, comme on sait, chez les Dendrophthoe. L'ovaire infére est ver- dâtre, céracé, plus long qu'ailleurs, mesurant 5 millimètres. La région supérieure libre de l'ovaire est jaunátre et ne mesure que 2?" 5, soit la moitié seulement de la longueur de l'autre. À cause de l'étroitesse de ses feuilles, nous nommerons cette espéce Aciella tenuifolia. Ensemble ces huit espéces constituent le genre Aciella, voisin des Amylotheca, mais qui s'en distingue à la fois par l'inflores- cence, par la conformation du calice et surtout par l'ovaire, qui est, à divers degrés, semi-infére. Trés répandu, comme on voit, en Nouvelle-Calédonie, ce genre est-il propre à cette région? En attendant que des études ultérieures nous renseignent plus ample- ment sur cette question, il semble dés à présent certain que les Aciella croissent aussi en Australie. En effet, parmi les Amylotheca décrits dans une Note précé- 440 SÉANCE DU 8 JUIN 1894. dente, il en est un, originaire d'Australie, l'A. dictyophleba (Lo- ranthus dictyophlebus F. Mueller), qui s'éloigne de tous les autres par l'inflorescence, la conformation du calice et la longueur de la base pyramidale persistante du style. Tous ces caractéres précisé- ment rapprochent cette espéce des Aciella qui viennent d'étre décrits; à tel point qu'il parait préférable de la retirer des Amy- lotheca pour la classer désormais dans le genre Aciella. La dis- tinction des deux genres Amylotheca et Aciella en deviendra plus nette, puisque, aux différences tirées de la forme de l'inflorescence et de la conformation de l'ovaire, s'ajoutera la conformation diflé- rente du calice, à tube long, fortement gamosépale dans les Aciella, à tube court, faiblement gamosépale, dans les Amylotheca. M. Jeanpert, vice-secrétaire, donne lecture de la commu- nication suivante : L'ALLIUM SUBHIRSUTUM CULTIVÉ A BELLE-ILE-EN-MER ; par M. E. GADECEAU. Partageant l'opinion de l'auteur de la Flore de l'Ouest, qui connait à fond la végétation d'une ile où il a fait de fréquents et longs séjours pour la publication de ses Algues de l'Ouest de la France, je n'ai jamais cru, on le sait, à l'indigénat à Belle-Ile de l'Allium subhirsutum, espéce méditerranéenne, trés cultivée dans l'Ouest. Néanmoins, ayant lu récemment dans le Bulletin (1) le nouvel article de M. Le Grand sur ce sujet, et poursuivant, cette année, mes excursions botaniques à Belle-Ile, notamment à Loc-Maria, l'idée me vint de questionner, relativement à l'Ail dont il s'agit, le vétérinaire de l'endroit, M. Loréal, chez qui je logeais. 5a réponse, qui me parut bien typique, fut textuellement celle-ci : « Cel Ail pousse ici sans permission! » et, quelques instants aprés, son jeune fils m'en apportait un bouquet provenant du jardin du sacristain, où je le vis moi-même dans le voisinage de landes cou- vertes d'Ajones! Je visitai ensuite le cimetiére, et je constatai qu'il était garni de la méme plante, (1) Le Grand, Sur l'Allium subhirsutum de Belle-Ile ( Bull. Soc. bot. Fr, t. XLI, p. 35). GADECEAU. — L'ALLIUM SUBHIRSUTUM CULT. A BELLE-ILE-EN-MER. 441 Parcourant, dans un autre but, il est vrai, la plupart des landes qui bordent la cóte de Loc-Maria à Port-an-Dro, je ne l'ai, par contre, apercu nulle part. Mon honorable contradicteur est fort mal renseigné lorsqu'il écrit que l'Allium subhirsutum est trés rarement cultivé, si toute- fois il l'est. Dans l'Ouest, c'est le contraire qui est vrai. Déjà, M. Picquenard nous a appris qu'on le trouve, dans le Finis- tére, échappé des jardins (1). A Nantes, on peut dire, sans exagé- ration, que c'est une des plantes les plus cultivées pour bouquets. Actuellement (mai 1894) on peut voir, au marché aux fleurs et aux abords des cimetiéres, des milliers de bouquets dans lesquels entrent ses fleurs blanches trés appréciées du public. On sait avec quelle rapidité il se propage; il suffit d'un fragment de touffe rejeté d'un jardin pour l'introduire dans le voisinage, et son carac- tère envahissant l'expose à être souvent traité de la sorte. Il est à regretter que, lorsque cette plante a été trouvée à Belle- Ile, on n'ait pas communiqué le fait à un botaniste de l'Ouest, au courant de la flore de cette région ; on eût ainsi évité d’attribuer à la Bretagne une plante qui lui est étrangère et de dire qu'elle y est peu cultivée. . C'est uniquement dans le but d'empêcher que ces erreurs ne soient propagées de livre en livre avec tous les commentaires qui en découlent (ainsi qu'il est arrivé trop souvent pour des faits analogues) que je crois devoir emprunter, encore une fois, l'im- portante publicité du Bulletin pour faire connaitre le résultat de mon enquéte. (1) Picquenard, Les Amaryllidées et les Liliacées naturalisées dans le Fi- nistère (Bull. Soc. sc. nat. Ouest, t. III, p. 100). SÉANCE DU 22 JUIN 1894. PRÉSIDENCE DE M. GUIGNARD. M. Jeanpert, vice-secrétaire, donne lecture du procés- verbal de la séance du 8 juin, dont la rédaction est, adoptée. Sur un avis transmis par M. le Trésorier, M. le Président proclame membre à vie M. le D* Paul Vuillemin, de Nancy, qui a rempli les conditions exigées par les Statuts pour l'ob- tention de ce titre. M. Malinvaud présente à la Société, au nom des auteurs, MM. G. Bonnier et G. de Layens, un ouvrage intitulé : Tableaux synoptiques des plantes vasculaires de la flore de la France, et, de la part de M. G. Camus, une Monographie des Orchidées de France avec planches photographiées et colo- riées (1). M. Danguy, secrétaire, donne lecture de la communica- tion suivante : ASSOCIATION PARASITAIRE DE L'ÆCIDIUM (2) PUNCTATUM ET DU PLASMOPARA PYGMÆA CHEZ L'ANEMONE RANUNCULOIDES, par M. Paul VUILLEMIN. L'Anémone jaune des bois (Anemone ranunculoides) est sujette aux attaques d'un Champignon de l'ordre des Puccininées, l'Æci- dium punctatum. Les filaments du parasite cheminent entre les cellules de la tige et des feuilles et introduisent, à travers les pa- rois, des sucoirs qui plongent dans le protoplasma des cellules épidermiques ou parenchymateuses. Quand il pénétre loin du noyau de la cellule hospitaliére, le (1) Ces deux importantes publications seront analysées dans la Revue biblio- graphique. (2) D'aprés sa véritable étymologie, ce mot doit s'écrire OEcidium (voy. le Bulletin, t. XXVII, p. 288). Nous déférons au désir de M. Vuillemin en conservant, dans ses articles, lorthographe Æcidium adoptée, depuis Per- soon, par la majorité des mycologues. (Note du Secrétariat.) VUILLEMIN. — ASSOCIATION PARASITAIRE. 443 sucoir s'allonge beaucoup; au voisinage du noyau, il bourgeonne ou contourne son extrémité. Dans tous les cas, le noyau reste unique et de petite taille; sa forme est sphérique ou un peu ellip- tique. Le noyau de l'Anémone reste sain et même augmente de volume; l'irritation réciproque est donc favorable à la croissance des deux cellules mises en présence. J'insiste sur la forme spéciale et l'augmentation de taille que prend le suçoir lorsqu'il entre dans la sphère d'action directe du noyau; j'ai signalé récemment les mêmes phénomènes dans les sucoirs du Puccinia Desvauxii, pa- rasite des Thesium (1). On juge par là combien le parasite est sen- sible aux qualités chimiques de chaque région de la cellule, et l'on apprécie la part qui revient au noyau dans les phénomènes de nutrition. L'excitation produite par l'élément étranger compense assez exactement les emprunts faits à la cellule hospitaliére, car les organes végétatifs de l'Anémone ne paraissent pas souffrir. Les fonctions reproductrices seules sont compromises : les fleurs de- viennent rares ou partiellement stériles (2). La méme Anémone dépérit rapidement sous l'influence d'une Péronosporée, le Plasmopara pygmæa. Le thalle de ce Champi- gnon, formé de tubes continus, plus robustes que les filaments cloisonnés du précédent, occupe également les méats intercellu- laires et plonge ses sucoirs piriformes dans les cellules. Le pro- toplasma est raréfié au contact du sucoir, à moins que l'activité ne se réfugie avec le noyau à l'autre bout de la cellule. Tous les organes aériens se flétrissent prématurément. Si la feuille est envahie de bonne heure, les organes reproduc- teurs subissent des altérations plus profondes encore que sous l'action de l'ZEcidium punclatum. La plupart des pieds sont privés de fleur. La stérilité est constante, quand le duvet du Plasmopara couvre uniformément toute la feuille; si quelques pieds sont féconds, la fleur est presque toujours unique, méme dans les Stations où la majorité des exemplaires indemnes portent deux fleurs. La fleur est petite; le périanthe a rarement plus de cinq piéces; il tend ainsi à prendre un type mieux défini que dans les (1) P. Vuillemin, Les Puccinies des Thesium (Bull. de la Soc. mycologique de France, 10 mai 1894). : (2) A. Magnin, Sur la castration parasitaire de l'Anemone ranunculoides (Comptes rendus de l'Académie des sciences, 28 avril 1890). 444 . " ° SÉANCE: DU 22 JUIN 1894. spécimens ordinaires. Parfois on observe un début de difléren- ciation en calice et corolle. Dans deux spécimens fortement atta- qués, la fleur avait dix pièces d’enveloppe, disposées en deux cycles alternes. Le cycle extérieur comptait, dans un cas une pièce, dans l'autre cas deux pièces petites, concaves, d'un jaune verdâtre, rappelant les sépales du Ranunculus auricomus. J'ai rencontré une pièce sépaloide semblable dans une autre fleur qui n'en comptait que cinq en tout. L'influence du parasitisme sur le périanthe pro- voque donc une métamorphose dont l'effet est de rapprocher l'Anémone des genres voisins de la même famille. En général, le Plasmopara n'attaque que les feuilles jeunes. L'Anemone ranunculoides reste bien plus longtemps prédisposé à l'invasion de la Péronosporée quand il héberge déjà l'Zcidium punctatum. Cela tient à la localisation des écidioles qui, au lieu d’être hypodermées comme chez d'autres espèces, se forment dans l'épaisseur de la paroi externe de l'épiderme, entre la membrane celluloso-pectique et la cutieule. Celle-ci éclate bientôt sous la pression et ouvre au P/asmopara une porte qui fait défaut sur les feuilles adultes à l'état sain. Enchevêtrés. dans les mêmes méats, les deux parasites, pleins de vigueur, sont indifférents l'un à l'autre; ils ne contractent entre eux aucune soudure, aucun suçoir ne pénètre d'un filament dans l'autre. Ils n'entrent réellement en rapports réciproques que dans les cellules de parenchyme où ils ont simultanément intro- duit leurs organes suceurs. C'est un spectacle curieux que celui de trois protoplasma d’espèces différentes, enfermés dans les étroites limites d'une cellule d'Anémone, séparés par la membrane mince et perméable qui revêt les sucoirs de deux Champignons. L'excroissance piriforme du Plasmopara n'est pas modifiée. Les sucoirs de l’Æcidium se dilatent et se boursouflent à son contact. Le noyau, de sphérique ou elliptique qu'il était dans les sucoirs ordinaires et dans ceux qui occupent, au sein de la méme cel- lule, un point éloigné du suçoir du Plasmopara, devient long et étroit en augmentant de volume (1). La réaction de l'ZEcidium se manifeste par une hypertrophie. Quant à la cellule hospitaliére, intimement associée à la nutrition de l'Zcidium, elle garde un (1) La longueur du noyau qui, normalement, ne dépasse pas 2 y, Aron sous cette influence 3 y, exceptionnellement 54,75. L'épaisseur tombe de 1t, à 1 u environ. VUILLEMIN. — ASSOCIATION PARASITAIRE. 445 plasma dense et souffre moins de la présence du Plasmopara, que. si elle était abandonnée à elle-méme. Si la Puccininée permet l'entrée de la Péronosporée, elle en atténue l'influence nocive. Son action excitante, exaltée par le nouveau parasite, en compense l'action dépressive. Lui-même, l'ZEcidium n'est devenu sensible à l'irritation du Plasmopara que par la modification qu'il subit en pénétrant comme sucoir dans la cellule vivante, puisque, dans les méats, il est insensible au con- tact de l’autre Champignon. Cette atténuation directe, intracel- lulaire, retentit sur la vitalité générale du Plasmopara. Celui-ci, en effet, au voisinage des filaments d’Æcidium, forme ses organes sexuels, prélude de la vie latente, comme dans les milieux où l'accroissement du parasite est compromis. Il existe pourtant des portions de la feuille où la Péronosporée prend les devants sur son introducteur. Seule aux prises avec les cellules de l'Anémone, elle en épuise la vitalité. Dans ce cas elle balance l'influence hypertrophiante de l'écidie, et contribue à rétablir, dans l'économie de l'Anémone, l'équilibre ébranlé, pro- duisant l'effet d'une saignée surun sujet pléthorique. On s'explique ainsi que les individus envahis à la fois parle Plasmopara pyg- mua et l'Æcidium punctatum donnent assez souvent des fleurs grandes et fertiles, bien que chacun des parasites, considéré isolé- ment, exerce une action funeste sur les fonctions sexuelles. L'action combinée du Puccinia Desvauzii et du Tuberculina persicina (Ditm.) Sacc. produit sur le Thesium humifusum des effets analogues, ainsi que je l'ai établi antérieurement (loc. cit.). Tandis que les plantes ou tout au moins les rameaux envahis par la Puccinie seule manifestent une vigueur excessive de l'appareil végétatif et sont stériles, les exemplaires chez lesquels le T'uber- culina. affaiblit à la fois les écidies et les cellules du support se couvrent de fleurs. D'autres actions dépressives, indépendantes du. parasitisme, corrigent également l'excés de vigueur dà au Puccinia et régé- nérent, comme le Tuberculina, la fonction reproduetrice en affai- blissant l'appareil nourricier. Ainsi, j'ai vu souvent des fleurs sur les Thesium humifusum émaciés par une sécheresse précoce. La Puccininée, atteinte elle-même dans sa vitalité, substituait de bonne heure les téleutospores aux écidies. | Dans les associations parasitaires, les étres vivants mis en pré- A46 SÉANCE DU 22 jurix 1894. sence n'agissent l'un sur l'autre que par des procédés physico- chimiques et leurs effets ne différent pas essentiellement des modifications provoquées par les agents inertes. Leur étude est néanmoins instructive, car elle offre une rare occasion de saisir l'action immédiate des facteurs les plus divers dans l'intimité de la vie cellulaire. M. Jeanpert, vice-secrétaire, donne lecture de la commu- nication suivante, à l'appui de laquelle l'auteur a envoyé divers échantillons. NOTES TÉRATOLOGIQUES, par M. le B X. GILLOT. Il est regrettable que, depuis Moquin-Tandon qui a, le premier, publié un traité méthodique de Tératologie végétale (1), aucun botaniste francais n'ait écrit sur ce sujet un livre au courant de la science, surtout depuis les progrés réalisés par l'anatomie et la morphologie végétales. Les ouvrages de M. T. Masters, en Angle- terre (2), de Penzig, en Allemagne (3), sont peu familiers aux lecteurs francais, et la tâche de les faire connaitre, en les complé- tant, est bien faite pour tenter quelqu'un de nos savants col- légues. . En attendant, il est utile de recueillir les faits anormaux que peut faire constater l'observation de chaque jour, et c'est à ce titre que je présente quelques exemples récemment rencontrés. 1° CLÉMATITE A PROLIFICATION MÉDIANE. — Parmi les nom- breuses Clématites à grandes fleurs cultivées dans les jardins d'Autun, il en existe, dans la cour du grand séminaire, un pied d'une variété de Clematis florida Hort. (peut-être le C. Fortunei Hort. ?), dont toutes les fleurs présentent les anomalies suivantes : Au-dessus de la derniére paire de feuilles normales, l'axe de l'inflorescence s'allonge en plusieurs mérithalles ou entre-noeuds, portant des verticilles d'organes appendiculaires, au nombre de trois à cinq, et ainsi disposés de bas en haut : (1) Éléments de Tératologie végétale, 1841. (2) Vegetable Teratology, 1869. (3) Pflanzen Teratologie; 4890. GILLOT. — NOTES TÉRATOLOGIQUES. 447 . Un premier verticille de quatre à cinq folioles largement ovales, longuement pétiolées, à pétiole plus ou moins tordu, de méme forme mais un peu plus larges que les folioles des feuilles nor- males; quelques-unes sont panachées de blanc, et alors plus pe- Lites. Un second verticille de huit à dix folioles (ordinairement dix, rarement plus ou moins), de méme forme que les précédentes, mais plus petites et la plupart pétaloides, plus ou moins tachées ou bordées de blanc ou de blanc rosé; quelques-unes plus étroites, et rétrécies en onglet, commencent à présenter l'aspect des sépales pétaloides de la fleur. Le troisième verticille est composé de sépales pétaloides, longue- ment lancéolés, rétrécis à la base, acuminés au sommet, blancs ou lavés de rose, ordinairement au nombre de dix, quelquefois davan- lage; et en ce cas les sépales supplémentaires sont disposés en spirale irréguliére sur l'axe. Ces sépales sont absolument sem- blables à ceux de la fleur double. Au-dessus de ce verticille, et à une trés petite distance, l'axe est terminé en effet par une fleur double à nombreux sépales pé- taloides, issus par métamorphose des étamines, et portant au centre un certain nombre d'étamines normales ou en voie de trans- formation pétaloide incompléte, entourant le gynécée à carpelles et styles normaux. Le plus souvent les rameaux portent ces quatre verticilles à caractères floraux de plus en plus prononcés. Sur un rameau j'en ai compté cinq, la fleur proprement dite formant le cinquième; d'autres fois, trois seulement. Les carpelles se développent du reste trés bien et ne sont nul- lement avortés. Cette Clématite offre donc un exemple remarquable de prolifi- cation médiane ou de fleur floripare (Moquin-Tandon), avec dis- jonction des verticilles floraux, pétalodie de plus en plus accentuée des piéces de ces verticilles, sépales et étamines, et multiplication de ces organes (duplicature de la fleur). Cette anomalie se retrouve sur tous les rameaux de l'arbuste, et constitue par le fait une variété horticole tout au moins ori- ginale. E MESPILUS GERMANICA ATTEINT D'ÉRYTHRISME ET D'AVOR- 448 SÉANCE DU 22 JUIN 1894. TEMENT CARPELLAIRE. — J'ai signalé l'année dernière (Soc. bot. Fr., session extraord. à Montpellier, séance du 28 mai 1893) les variations rouges ou rosées, érythrisme, de fleurs habituellement blanches, et, parmi elles, celles du Néflier, Mespilus germa- nica L. J'ai observé de nouveau cette année (18 juin 1894) cette coloration anormale sur toutes les fleurs d'un Néflier cultivé dans un jardin à Tavernay, prés Autun. Cet arbrisseau, à larges feuilles, comme dans les races horti- coles, porte des fleurs également plus grandes que dans le type et d'un diamétre de 4 à 5 centimétres. Les sépales sont trés développés, élargis, et prennent une appa- rence pétaloide, d'un blanc rosé ou roses, à pointe restant verte. Les pétales grands, émarginés, ont une belle teinte rose qui s’accentue de plus en plus avec le développement de la fleur, et finit méme par passer au rouge vineux. Les étamines sont bien conformées pour la plupart et paraissent fertiles, à grains de pollen bien développés. Dans quelques fleurs cependant, le filet de certaines étamines s'élargit et se divise au sommet en forme de digitations portant les loges des anthères avortées et virescentes. Dans toutes les fleurs, les pistils avortent. Les styles existent bien, mais les carpelles ne se développent pas, et le fruit, réduit au seul accroissement du réceptacle charnu, est stérile et sans pépins. Malgré les grandes dimensions des feuilles et des fleurs, ces fruits ne deviennent jamais trés gros et restent fort médiocres. La coloration rouge des organes floraux tend à se retrouver dans les pétioles foliaires, qui sont également teintés de rouge à leur base. D'aprés cette régle qu'un accident tératologique est rarement isolé, mais que plusieurs organes sont le plus souvent atteints simultanément de monstruosité, ce Néflier offre à la fois plusieurs anomalies : érythrisme de la fleur, pétalodie partielle des sépales, avortement carpellaire, d’où la fleur unisexuée mâle et le fruit sans noyaux. 3 VALERIANA OFFICINALIS a mce pérormée. — Jai reçu, le 8 juin, de M. H. Lachot, instituteur à Magny-la-Ville (Côte-d'Or), une grande Valériane, Valeriana Mini L., dé- formée par une curieuse monstruosité. 1 GILLOT. — NOTES TÉRATOLOGIQUES. 449 La racine est normale. La tige est tordue en spirale de gauche à droite dés la base, tous les tours de spire se soudant intérieu- rement entre eux. Dans ce mouvement de torsion, la tige s'est évasée en forme de toupie ou de navet, à cavité centrale, réduisant à une hauteur de 12 centimétres une tige qui, d'aprés la longueur des mérithalles au nombre de six, et d'aprés la mesure que j'ai prise des tours de spire, dévrait avoir au moins 50 centimètres. En méme temps, toutes les insertions foliaires se sont trouvées déjetées sur une ligne oblique et superposées en forme de crête foliacée régulière. A la partie supérieure de son évasement en entonnoir, la tige fasciée s'est divisée en trois cordons aplatis et contournés qui ferment en partie l'orifice et sont surmontés par les corymbes floraux rapprochés en bouquet terminal. Les feuilles ont leurs caractéres ordinaires, mais sont plus courtes et à lobes plus étroits. Les fleurs et boutons paraissent normaux. Ce singulier cas de fasciation spiroide de la tige de Valériane a entrainé le raccourcissement de la taille et de tous les organes, et le déplacement des feuilles, avec leurs rameaux axillaires, sur une seule ligne de soudure oblique. 4° POMMES DE TERRE A TUBERCULES CAULINAIRES (Pommes de terre folles). — Les cultivateurs désignent sous le nom de Pommes de lerre folles la formation sur la tige aérienne du Solanum tube- rosum L., à la base des rameaux ou à l'aisselle des feuilles, de tubercules plus ou moins gros, colorés et verts quand ils sont exposés à l'air, et qui sont dus à une hypertrophie tératologique des bourgeons ou rameaux axillaires, véritables tubercules épigés ou aériens, analogues aux tubercules hypogés, qui sont, comme on le sait, des renflements ou hypertrophies de réserve des rameaux de la tige souterraine. Le cas parait cependant assez rare, car je ne l'ai rencontré qu'une seule fois (automne 1891) sur une tige de Pomme de terre, à Montrézy, commune de Curgy (Saóne-et-Loire). En signalant ce fait dans la Feuille des jeunes naturalistes, 21* année, n° 52, 1* oct. 1891, p. 256, j'ajoutais que la tige observée par moi était depuis longtemps brisée à sa base et n'adhérait à la souche que par la partie corticale externe, et qu'il avait dù se produire, parle fait de cette blessure, un trouble de circulation qui a fait con- T. XLI. (SÉANCES) 29 450 SÉANCE DU 22 Juin 1894. denser les réserves nutritives amylacées dans la tige et dans ses bourgeons axillaires. Un pied de Pomme de terre récolté à Branges, commune de Mon- thelon (Saóne-et-Loire), présente, à la base de plusieurs tiges, des tubercules anormaux dont la cause a été facile à expliquer. Le tubercule de plantation a été mangé par les rats, ainsi que la base des jeunes tiges auxquelles il avait donné naissance. Celles-ci se sont trouvées réduites à l'état de boutures et ont continué à végéter en émettant quelques faibles racines. Les fonctions de la plante ont également continué à s'accomplir, mais les substances amylacées élaborées dans les organes foliaires, ne pouvant plus être distribuées à la tige souterraine supprimée, se sont accumulées à la base des tiges, où de jeunes bourgeons et méme de jeunes rameaux se sont gonflés en tubercules blanchâtres dans la partie enterrée (parce que la plante avait été buttée selon l'usage), vires- cents dans les parties exposées à l'air. Ces tubercules ovoides, parfois allongés, irréguliers ou rameux, ne dépassaient pas la grosseur d'une noisette ou d'une petite noix, mais il est certain qu'ils auraient pu grossir etassurer la propagation de la plante. J'ai en effet planté en bonne terre, et d'aprés le mode habituel, des tubercules aériens, adventices, de la Pomme de terre observée en 1891; ils ont produit des plants tout à fait normaux, à tuber- bercules souterrains abondants, et sans aucune trace d'hyper- trophie des bourgeons caulinaires. 5° Je citerai, pour mémoire, les faits bien connus de ternalion foliaire des jeunes pousses du Lilas, Syringa vulgaris L., dont les feuilles sont normalement opposées. Toutefois, dans un cas que je viens de rencontrer, les feuilles ne sont pas régulièrement ver- ticillées par trois, mais alternes et seulement très rapprochées à chaque entre-nœud. Ce qu’il y a de particulier, c’est que le même phénomène s'est reproduit sur plusieurs jeunes pousses d'une méme racine, alors que les racines voisines du même arbuste émettaient des rejets à feuilles opposées. Il doit évidemment exister une disposition anormale des faisceaux vasculaires de la racine se propageant aux bourgeons et aux jeunes tiges, avec ten- dance à la production de faisceaux foliaires supplémentaires. 6° De même la Synanthie ou soudure de deux capitules est assez GILLOT. — NOTES TÉRATOLOGIQUES. 454 fréquente dans les Composées. J'ai cueilli récemment dans mon jardin un rameau de Pyrethrum roseum Lindl., chez lequel deux bourgeons floraux se sont soudés, émettant un pédoncule épaissi, légèrement fascié, muni à la base de feuilles bractéales alternes, et terminé par deux fleurs bien conformées, mais étroitement adossées par suite de la coalescence qui s’est étendue jusqu'à la base des capitules. 7° Enfin, un cas de Syncarpie dans les fruits d'un Pommier d'api cueilli à l'automne, et où deux fruits se sont intimement soudés, conservant au sommet leurs yeux distincts. L'intérêt de cette observation est que plusieurs fruits présentaient la méme syncarpie sur le méme arbre, par une tendance analogue à celle qui a déjà été signalée par M. Duchartre, dans le Bulletin de la Société botanique de France, XXXVIII (1891), p. 27. M. Malinvaud se rappelle avoir vu, il y a plusieurs années, des tiges aériennes de Pomme de terre qui offraient de petits tubercules à l'aisselle des feuilles, et il croit les avoir présen- tées à la Société; mais le nom du confrére qui les avait envoyées lui échappe, ainsi que la date éloignée à laquelle remonte cette communication. Au sujet des végétaux dont les feuilles, normalement oppo- sées, paraissent exceptionnellement verticillées par trois ou par quatre, M. Malinvaud a remarqué assez souvent cette anomalie, notamment sur divers Mentha, Scrofularia, sur le Chlora perfoliata et d’autres végétaux. Il a également observé, il y a quelques années, dans le causse de Rocamadour (Lot), un Carduus vivariensis offrant un cas de Synanthie très exagéré : cinq ou six capitules étaient soudés de manière à en former un seul d'un volume énorme. Le centre de cette inflorescence monstrueuse était habité par la larve d'un insecte parasite. M. Malinvaud donne ensuite lecture de passages d'une lettre de M. le professeur Antoine Magnin, de Besancon, qui rapporte les résultats d'une récente exploration des laes de 452 SÉANCE DU 22 JuIN 1894. Saint-Point et de Malpas. Il a vu en abondance le Potamo- geton nitens dans le premier, et dans le second les P. Zizi Roth et Friesii Rup. avec sa variété obtusus, ce dernier non encore fructifié. M. Magnin a aussi observé pour la pre- mière fois cette année l’Helodea canadensis dans le lac de Saint- Point. M. Danguy, secrétaire, donne lecture de la communication suivante : HERBORISATIONS DANS LE MASSIF DU PIC CARLITTE (PYRÉNÉES-ORIENTALES) ; par M. Michel GANDOGER. Mes derniéres excursions botaniques vraiment sérieuses dans les Pyrénées datent déjà de 1883 où, pendant prés de quatre mois. javais exploré les principaux pies des Hautes et des Dasses- Pyrénées (1). En aoüt 1892, à mon retour de la Suisse, la Société botanique de Toulouse m'ayant convié, quoique étranger, à prendre part à ses travaux, je crus devoir accepter l'honneur qui m'était fait, et le 17 août j'arrivai à Ax-les-Thermes (Ariège), où devait avoir lieu la réunion préparatoire. MM. Marcailhou d’Aymeric avaient composé un programme d'excursions des plus intéressants. Personne, du reste, ne pouvait, mieux que ces infatigables botanistes, combiner de fructueuses herborisations, des promenades charmantes, dans le pittoresque pays qu'ils habitent et dont ils m'ont fait les honneurs avec la haute bienveillance qui les caractérise. J'ajouterai que la flore du canton d'Ax-les-Thermes leur est familiére à ce point qu'ils mettent la derniére main à un vaste travail d'ensemble sur la végétation de celle région, encore peu connue, des Pyrénées. Leur herbier, trés riche en plantes alpines, contient d'innom- brables matériaux à l'appui de leurs découvertes et constitue, par la beauté et.le choix des échantillons, par son excellente tenue, Un modèle du genre. (1) Voy. M. Gandoger, Herborisations dans les Pyrénées, in-8° de 74 pages, Paris, 1884 (publié dans le Bulletin de la Société Ramond, à Bagnércs-de- Bigorre année 1883-1884). GANDOGER. — HERBORISATIONS AU PIC CARLITTE. 493 Je ne parlerai pas ici des diverses excursions faites par la Société qui m'avait invité, car elles ne rentrent pas dans mon cadre. Mais ce dont je veux entretenir mes col!ézues de la Société botanique de France, c'est de mon ascension au fameux pic Carlitte (Pyré- nées-Orientales), où j'ai trouvé une foule de plantes intéressantes qu'il me parait utile de cataloguer, et deux espéces nouvelles pour la flore francaise, le Montia lamprosperma Chamisso et le Leonlodon microcephalus Boissier, ainsi qu'une nouvelle localité du rare Bunium pyrenœum Lois. (sub Conopodium Nym.). M'étant donc séparé des autres botanistes, et notamment de notre éminent collègue M. le D" Gillot, d'Autun, je pris une voi- ture particuliére qui, le 18 aoüt, me déposait, avec mon attirail botanique, à l'Hospitalet, dernier village de la Haute-Ariège (1411 métres d'altitude), sur la frontiére de la République d'An- dorre, et point de départ pour le Carlitte. Le lendemain, à cinq heures du matin, accompagné d'un guide, je gravissais les premiers contreforts de la chaine de montagnes qui sépare l'Ariége des Pyrénées-Orientales. Mon guide était le méme que celui qui accompagne M. l'abbé Marcaillou d'Aymeric dans ses courses alpestres; j'avais donc des chances nombreuses de récolter bien des choses intéressantes. Eflectivement, sur une montagne protégée par l'administration forestiére contre les bestiaux, parce qu'elle y a établi des pépi- niéres pour le reboisement, je cueille les plantes suivantes : Ànemone alpina. Barbarea intermedia Bor. Helianthemum vulgare var. Viola canina, — monticola Jord. Dianthus superbus: — monspessulanus. — barbatus. Lychnis silvestris, Stellaria media var. — uliginosa. Hypericum quadrangulum. Geranium silvaticum. Genista sagittalis. Trifolium pratense var. pallidiflora. Rosa pyrenaica Gouan. — lagenaria Vill. — dumetorum Thuill. — pomifera Herm. Rubus idæus. Epilobium spicatum. Ribes petræum. Astrantia major. Pimpinella saxifraga var. alpestris Koch. Saxifraga geranioides. Sambucus racemosa. Galium papillosum Lapeyr. — vernum. — spurium. .— Succisa pratensis. Knautia silvatica. Carlina acaulis. — Cynara. Adenostyles albifrons. Chrysanthemum maximum. Achillea Millefolium car. Solidago Virga-aurea var. 454 SÉANCE DU 22 jviN 1894. Arnica montana. Scrofularia pyrenaica Gay. Doronicum austriacum. Euphrasia alpina. Gnaphalium norvegicum. Armeria Mulleri Huet (cette plante Antennaria dioica. n'est au fond que l'A. planta- Senecio viscosus. ginea Willd.). — adonidifolius. Rumex amplexicaulis Lapeyr. Leontodon pyrenaicus. — Acetosella. Prenanthes purpurea. Fagus silvatica. Hieracium murorum. Juniperus nana. — silvaticum. Pinus uncinata Ram. — prenanthoides. Allium Victorialis. Crepis lampsanoides. Luzula nivea. Jasione perennis. — maxima. Campanula rhomboidalis. Deschampsia cæspitosa. Gentiana Burseri. Aira montana. Vaccinium Myrtillus. Poa sudetica. Arbutus Uva-ursi. Festuca spadicea. Rhododendron ferrugineum. — Eskia Ram. Thymus pannonicus. Calamagrostis montana. Galeopsis leucantha Jord. Botrychium Lunaria. Brunella pyrenaica (Gren. et Godr.) | Polypodium vulgare. Philippe. Polystichum Filix-mas. — Et divers Rhinanthus minor. Mousses et Lichens indéterminés. Puis nous débouchons dans la large vallée d'En Garcias où på- turent plus de quatre cents bêtes à cornes et d'innombrables mou- tons — tristes sujets pour le botaniste. — Nous sommes dans les Pyrénées-Orientales et par 1900 métres d'altitude. Au fond se dressent les pies Pédrous (2828 et 2831 mètres), à la base desquels nous passerons dans une heure et demie. Malheureusement la saison est bien avancée, surtout en cette année torride de 1892 ; les bestiaux aidant, il n'y a presque rien à glaner pour le bota- niste. Les pentes voisines sont couvertes d'épais gazons de Fes- tuca Eskia, vulgairement Gispet, et de Sarolhamnus purgans, qu'évitent soigneusement les animaux. Ce n'est.que dans les fis- sures des rochers, lelong des ruisseaux et par hasard que je récolte : Aconitum Napellus, Sarothamnus purgans, Genista anglica, Epi- lobium origanifolium, Montia lamprosperma Chamisso (1), Sedum villosum, Cirsium acaule, Taraxacum pyrenaicum (1) Cette espèce, voisine du Montia rivularis Gmel., est nouvelle pour » France. Comparée avec mes échantillons de Russie et de Prusse orientale, Je n'y ai vu aucune différence. Elle se distingue du M. rivularis, surtout Par e feuilles plus étroites, ses tiges dichotomes, les graines luisantes peu 0u E chagrinées, etc. Elle croit cà et là le long du ruisseau de la vallée d'En Gar- cias, entre 1800 et 2000 métres d'altitude. GANDOGER. — HERBORISATIONS AU PIC CARLITTE. 455 Timbal, Carex Goodenowii, Agrostis vulgaris var., Polypodium alpestre. Mais voici la base des pies Pédroas; nous parvenons à plus de 2000 métres et, comme l'herbe n'a été que peu ou pas páturée, la récolte devient abondante : Cerastium trigynum. Gentiana campestris. Sagina Linnæi. — pyrenaica. Dianthus deltoides. Thymus nervosus Gay (avec une autre Silene acaulis. espèce qui m'est inconnue et qui — saxifraga. est probablement nouvelle; elle Stellaria uliginosa. ressemble beaucoup au T. ser- Alsine recurva. pylloides Bory, plante particu- Cherleria sedoides. lière à la sierra Nevada [Anda- Alchemilla alpina. lousie]). Saxifraga stellaris var. Euphrasia alpina. Sedum brevifolium. Pedicularis foliosa. Umbilicus sedoides. Veronica alpina. Galium Lapeyrousianum. Linaria alpina. Gnaphalium supinum. Luzula spicata. Chrysanthemum alpinum. Carex montana. — minimum Vill. (plante tomenteuse- | Nardus stricta. incane). Oreochloa disticha. Hieracium Auricula var.? Agrostis rupestris. — pumilum Lap. — pyrenæa Timbal (Reuter). Crepis lampsanoides. Avena sulcata. Phyteuma hemisphæricum. Festuca nigrescens. Jasione humilis. — scoparia Hackel. Azalea procumbens, — sulcata Hackel. Rhododendron ferrugineum. — Eskia Ramond. Androsace Laggeri Huet. — Crinum-ursi Ramond. Gentiana alpina. — consobrina Timbal. — Burseri. L'Umbilicus sedoides foisonne dans les rocailles jusqu'aux bords des neiges et forme le plus gracieux tapis rose et rouge que l'on puisse réver. Parvenus à 2500 métres, à la Porteille ou col de la Coume d'Or, il nous faut redescendre vers le lac de ce nom dont nous apercevons déjà les eaux azurées. C'est là un des incon- vénients de cette excursion; il faut à chaque instant monter trés haut pour redescendre très bas, d’où fatigue et perte de temps. Ici, la marche devient difficile; de sentier, pour ainsi dire point ; il faut escalader des roches escarpées, se garer des glissades par- fois dangereuses occasionnées par cette insupportable Festuca Eskia, la bienvenue en herbier, mais fort désagréable dans la 456 SÉANCE DU 22 JUIN 1894. montagne, enfin hâter le pas, car le vent d'antan ou d'Espagne commence à nous apporter quelques rafales de pluie. Bientót, en effet, elle commence à tomber avec violence, mélée de neige et de grésil, accompagnée de formidables coups de ton- nerre que les échos des pics voisins répercutent avec une effroyable sonorité. D'abris point, sauf une pointe de rocher où, aprés un quart d'heure de marche, nous parvenons juste quand la tour- mente commence à cesser et que le ciel se rasséréne. Je me console de celle mésaventure en récoltant : Silene quadrifida, Rhamnus alpina, Potentilla caulescens, Sempervivum | arachnoideum, Saxifraga Aizoon var., Leontodon autumnalis var. minimus DC. (Prodr. VII, p. 108; Willk. et Lange Prodr. fl. hisp. lI, p. 115), Umbilicus sedoides var. à fleurs presque blanches, abondant et formant de larges plaques au milieu du type qui est à fleurs d'un rose vif, Gentiana campestris var., Galeopsis Filholiana Timbal, Avena montana, Asplenium septentrionale, Cystopteris alpina. Le pic de la Coume d'Or (2826 mètres) est au-dessus de nous; en une heure on pourrait gravir le sommet et y cueillir, sans doute, d'excellentes espéces; mais il n'est point mon objectif. Je découvre tout à coup le célèbre lac de Lanoux (2154 mètres d'alti- tude), longtemps la seule localité pyrénéenne connue du Subu- laria aqualica, avec les petits lacs voisins. La pluie a cessé, le soleil se montre radieux, et, jusqu'à la nuit, nous jouirons du beau ciel bleu des Pyrénées. Le lac de Lanoux (lae noir, probablement à cause du bleu foncé de ses eaux) ést le plus considérable des Pyrénées ; il a 110 hec- tares de superficie, plus de 3 kilométres de longueur, sur une moyenne de 400 mètres de largeur et 40 mètres de profondeur. Par ces chiffres, on peut se faire une idée de la quantité d'eau qui serait déversée dans la vallée de Carol, si ses digues naturelles venaient à se rompre. Ce lac occupe le fond d'un vaste cirque entouré de cimes nues : Bésineilles (9503 mètres), Madides (2661 mètres), Castel-Izard (2690 mètres), Pédrous (2831 mètres) et Carlitte (2921 mètres). Le trop-plein de ses eaux se déverse, au sud, par une brèche et une belle cascade, et forme le ruisseau de Fontvive qui se jette dans la Ségre au-dessous de Puycerda (Espagne). Un habitant du pays y péche presque quotidiennement les excellentes truites qu'il nourrit. J'ai interrogé le pécheur sur la durée des glaces à la surface du lac. Le lac, m’a-t-il répondu, GANDOGER. — HERBORISATIONS AU PIC CARLITTE. 457 commence à dégeler dés la fin de mai, et, si l'air est un peu agité ou l'automne pas trés froid, la surface n'est complétement gelée qu'en décembre. Les guides officiels, Joanne entre autre, — lequel, soit dit en passant, fourmille d'erreurs, — se trompent donc en affirmant que le lac de Lanoux est gelé de septembre à juillet. Malgré cette haute altitude, cette nappe d'eau est assez vaste pour ne pas rester congelée un aussi long temps. Aprés avoir pris un copieux repas avec les provisions que nous avions apportées, je cueille, autour de la cabane du pécheur : Ranunculus aquatilis, Subularia aquatica, Trifolium Thalii, Taraxacum pyrenaicum, Veronica tenella, Polygonum nanum Bory (P. aviculare var.), Festuca scoparia, Isoetes lacustris. . Le Subularia aquatica, exclu à tort par Grenier et Godron de la flore de France, abonde dans les lagunes et sur les bords du lac, mêlé à l’Jsoetes lacustris. MM. Marcailhou d'Aymeric l'ont trouvé dans presque toutes les nappes d'eau des hautes montagnes de l'Ariége. Je suis convaincu que cette plante existe également dans ` toutes les Pyrénées; c'est aussi l'avis de M. Guillon, dont ja! eu l'honneur de faire la connaissance personnelle à Ax-les-Thermes. J'ai dans mon herbier de nombreux échantillons de Subularia récoltés aux lacs Carlitte, fin août 1852, par Huet du Pavillon, et qui m'ont été envoyés autrefois par H. Loret. Sous le nom de lacs Carlitte il faut entendre, je pense, les quatorze ou quinze nappes d’eau situées au-dessus de Mont-Louis et qu’on distingue si bien du sommet du pic Carlitte (1). Nos forces réparées et la cueillette faite, nous nous acheminons vers le fameux Carlitte qui se dresse devant nous, noir, dénudé et si en pente qu'il parait inaccessible. Nous nous engageons dans le vallon des Fourats, si tant est qu'on peut appeler vallon un amoncellement de rochers énormes, pointus, stratifiés, crevassés. Çà et là quelques bancs de neige. J'y récolte : Aconitum pyre- naicum, Parnassia palustris, Trifolium alpinum, Geum mon- tanum, Sibbaldiu procumbens, Saxifraga muscoides, Vaccintum uliginosum, Calluna vulgaris var. albiflora, Carex Davalliana, Polypodium rhæticum, Sparganium Borderi Focke, tout à fait semblable aux échantillons que Bordére m'a envoyés dans le temps . (1) MM. Mareailhou ont publié sur le lac Lanoux et le Carlitte une Notice intitulée : Excursion botanique au lac de Lanoux et au pic Carlitte (dans la Revue des Pyrénées, vol. II, p. 573). 458 SÉANCE DU 22 Juin 1894. et récoltés à Troumouse (Hautes-Pyrénées). C'est une forme assez remarquable du S. affine Schnizlein; elle abonde dans plusieurs petites mares aux Fourats, où j'ai pu en récolter un grand nombre d'exemplaires en bon état. Parvenus à 2400 métres environ, au pied du cóne terminal du Carlitte, c'est-à-dire au-dessus du petit lac de Fourat, nous nous disposons à escalader la montagne. On dit la chose trés pénible et parfois dangereuse. C'est ce que nous allons expérimenter. Voiei d'abord une longue pente couverte de roches éboulées, bizarrement entassées, dans les fissures desquelles croissent : Galium cometerrhizon, Senecio leucophyllus, Primula latifolia; puis l’immense coulée de schistes mouvants et de galets désa- grégés dont il faut faire l’ascension pendant plus d’une heure. Cette ascension est très rude; elle me rappelle celle du Buet (Mont-Blanc) et celle de la Dent du Midi, en Valais, que j'ai exécutée il y a quelques années. Ici, au Carlitte, cette pénible montée est adoucie, pour le botaniste, par la végétation variée qut y croit, tandis qu'elle est totalement absente vers le sommet des deux montagnes précitées. On se demande avec étonnement com- ment des plantes aussi délicates peuvent pousser dans des milieux si ingrats, sur des pentes si abruptes, comment toute une série nombreuse et variée d’espèces monte en colonne jusqu’au point culminant de la montagne. Ces réflexions, je les ai faites souvent, notamment dans mes ascensions du pic du Midi, de Bagnères-de- Bigorre, de Gabisos, du pic du Midi d'Ossau et autres sommités pyrénéennes, où il semblerait que les plantes les plus délicates de la région glaciale préférent surtout les endroits les plus tourmentés, à l'encontre de ce qui se remarque dans les Alpes. I! suffit de citer : Iberis spathulata, Papaver pyrenaicum, Cerastium pyre- naicum, Galium cometerrhizon, Jasione humilis, etc. — Mais l'homme est entouré de mystères, et il n'a qu'à s'incliner devant la puissance merveilleuse de Dieu qui se manifeste jusqu'aux plus extrémes limites de la création. Nous voici parvenus à la brèche qui partage le sommet en deux ; à gauche, se trouve un piton de 2915 mètres et, à droite, à 40 mètres du premier, le second piton haut de 2921 mètres ; c'est le point culminant du pic de Carlitte, la montagne la plus élevée des Pyrénées-Orientales. La plate-forme, couverte d'Alsine recurva, de Gerastium squalidum, de Saxifraga pentadactylis, de nombreux GANDOGER. — HERBORISATIONS AU PIC CARLITTE. 499 Lichens, est inégale, large de quelques métres, bordée de pointes rocheuses, gazonnée au sud, tout à fait à pic au nord. Le sommet de la montagne s’écroule peu à peu dans sa direction septen- trionale; à 500 métres plus bas, on en voit les débris successive- ment précipités par les avalanches et les eaux; de sorte que la pyramide de pierres qu'on y avait élevée a été aux trois quarts entrainée et, probablement aussi, depuis deux ou trois ans, le cylindre de fer-blanc caché sous une pierre, où chaque ascen- sionniste mettait sa carte. Malgré mes recherches, je n'ai pu le retrouver; il contenait, au dire de mon guide, environ 80 cartes. Dans peu d'années les rochers stratifiés et friables qui couronnent le faite du Carlitte seront tombés; j'estime alors que le pic, per- dant en hauteur un certain nombre de métres, ne sera peut-étre plus le géant des Pyrénées-Orientales. Il est vrai que le piton de 2915 mètres parait plus solide et pourrait bien, à son tour, devenir l'ainé, au moins en taille. Quoi qu'il en soit, du sommet de ce pic, le panorama est gran- diose. On voit surtout admirablement la Cerdagne, les principales sommités des Pyrénées-Orientales, de l'Ariége et celles de la partie orientale des Hautes-Pyrénées. Mais il convient d'ajouter que les paysages pyrénéens sont moins beaux que ceux des Alpes. Si les Pyrénées sont plus fraîches, plus gracieuses dans leur ensemble, elles sont moins grandioses, et, comme altitude, — qu'on me passe le mot, — ne sont vraiment que des taupiniéres en comparaison des grandes Alpes françaises, suisses et ita- liennes. Que dire d'elles, alors, si on les comparait à l'Himalaya ou méme à la Cordillére des Andes? C'est M. Henri Russell, l'infatigable explorateur des Pyrénées, qui, le premier, a gravi le Carlitte, en 1865, en compagnie de son ami Charles Packe. Depuis cette époque les ascensions ont été moins nombreuses qu'on ne serait tenté de le croire, à cause de l'isolement de la montagne et des difficultés relatives qu'elle présente. On concoit, en effet, que les naturalistes tentent, au prix de mille efforts, l'escalade d'un pic abrupt pour en étudier les productions naturelles ou la constitution; mais que les touristes, par la simple espérance d'un panorama souvent problématique, se donnent tant de peine pour gravir le Carlitte, cela est moins rai- sonnable. Aussi ces derniers y vont-ils bien plus rarement que les premiers. 460 J'ai récolté les plantes suivantes depuis la base du Carlıtte jus- qu'au sommet, c'est-à-dire de 2400 à 2921 métres. Je ne crois pas qu'il m'en soit échappé beaucoup, ayant donné tous mes soins à cette recherche, d'autant plus agréable qu'elle me permettait un SÉANCE DU 29 Jurn 1894. repos fréquent de la trés pénible ascension de la montagne : Papaver pyrenaicum. Erysimum lanceolatum. Cardamine resedifolia. Cerastium squalidum. — lanatum. — pyrenaicum. Silene ciliata. — acaulis. Cherleria sedoides. Arenaria grandiflora. Alsine recurva. Lotus corniculatus var. alpinus. Potentilla nivalis. Epilobium alpinum. Sempervirum montanum. Sedum annuum. — atratum. Saxifraga muscoides. — pentadactylis. — geranioides. — ladanifera Lap.? — bryoides. Galium cometerrhizon. Chrysanthemum alpinum, floribus roseis, Gnaphalium supinum. Aronicum scorpioides var. (peut-être PA. viscosum Freyn). Erigeron frigidus Boiss. Senecio leucophyllus. — Tournefortii. Crepis pygmæa. Leontodon pyrenaicus. — microcephalus Boiss. (1). Phyteuma hemisphæricum. Jasione humilis. Gregoria Vitaliana. Primula latifolia. Thymus nervosus. — angustifolius var. (ad T. serpyl- loides Bory vergens). Veronica alpina. Linaria alpina. — petræa. Armeria alpina. Oxyria digyna. Salix herbacea. Luzula lutea. Carex nigra. — curvula. Avena montana. Festuca nigrescens. — varia Henke(tout à fait semblable à mes échantillons de Suisse; d'Autriche, de Hongrie, elc.). Poa violacea Bell. — laxa. — alpina. — brevifolia DC. Allosorus crispus. Polystichum dilatatum. : Cetraria, Umbilicaria et autres Li- chens saxicoles. (1) Cette espèce est nouvelle pour la flore de France. Elle est assez abon- dante près la brèche terminale du Carlitte et ressemble de prime abord au L. pyrenaicus ; C'est méme de ce nom que je l'appelai, quand je la vis pour la première fois, tant j'étais loin de me douter de la présence, en cet endroit, d'une plante qui n'a, jusqu'à ce jour, été trouvée que dans la haute région de la sierra Nevada (Andalousie). J'ai comparé soigneusement mes échantillons pyrénéens avec ceux que je possède d'Espagne, récoltés en 1879, par MM. Hater, Porta et Rigo, et en 1891, par ces deux derniers, ainsi qu'avec d'autres envoyés par plusieurs botanistes; la plante est identique. M. le D” Gillot, avec qui j'ai fait cette étude, est du méme avis que moi. — Le Leontodon GANDOGER. — HERBORISATIONS AU PIC CARLITTE. 461 L'izard est assez commun dans le massif du Carlitte ; j'en ai vu ou entendu une quinzaine dans la journée. : La descente est bien plus facile que la montée. Il suffit de s'arc- bouter solidement en arriére sur son báton ferré pour dévaler rapidement jusqu'à la base du cóne, en ayant bien soin, toutefois, d'éviter les pointes rocheuses et de prendre une allure modérée. C'est ainsi que, sans encombre, j'opérai la descente pour rentrer, non à l'Hospitalet (Ariège), mais au village de Porté (Pyrénées- Orientales), en passant par le col Rouge. Ce col (tirant son nom des rochers rouges qui l'entourent) est ouvert à 2600 mèt. d'altitude entre deux pics, l'un de 2806 mètres ` et l'autre de 2836. Je ne conseillerai jamais aux excursionnistes de prendre ce chemin pour le retour; il est long et dangereux. De la base du Carlitte.il faut traverser une sorte de plateau circulaire trés tourmenté; puis, pendant 300 métres, remonter une im- mense coulée de pierres et de rochers trés raide, qui exige une tête sûre et un pied solide. En outre, la descente du col, par les rochers, offre des dangers réels tant à cause de leurs parois abruptes que de la durée de cette périlleuse descente qui fatigue énormément et finit par devenir vertigineuse. Du reste, le botaniste n'y trouve presque rien ; sauf une intéres- sante Ombellifère, le Conopodium pyrenœum Nyman Consp. fl. Eur. suppl. II, p. 144 (Bunium pyrenœum Lois), à peine puis-je citer: Chrysanthemum maximum, Gentiana alpina, Pinus uncinata, Carex ferruginea, Festuca spadicea. Le Conopodium pyrenawum vaut, cependant, à lui tout seul, les honneurs d'une ascension au col Rouge. Cette station est nouvelle pour la flore française, mais ne doit pas surprendre beaucoup, car E. Bourgeau a distribué, sous le n° 731, ce Conopodium récolté par lui en Andorre, dont on apercoit si bien les crétes d'ici. La plante se rapproche du C. denudatum dont, à mon avis, elle est assez distincte;par son port, ses feuilles, ses ombelles, etc. Je la posséde également des Pyrénées de Catalogne et de la sierra de Mosqueruela (Teruel, Espagne). Mais, au point de vue linnéen de l'école synthétique, il ne faut pas se dissimuler que le C. pyreneum n'est qu'une variété ou race locale du C. denudatum, tout comme les espéces microcephalus Boiss. appartient à la section Oporinia et [paraît former la transition entre ce groupe et celui du L. pyrenaicus. Je l'aifégalement récolté à la Porteille de la Coume d'Or, à plus de 2500 mètres d'altitude. 462 SÉANCE DU 22 JUIN 1894. créées par Boissier dans le méme groupe, C. subcarneum, C. capil- lifolium, C. brachycarpum, C. elatum Willk., y compris les C. ramosum Costa et C. Bourgæi Coss., ce dernier, pourtant, constituant un type assez distinct. Le botaniste futur qui voudra passer par le crible de l'école synthétique les nombreuses espèces crées par les bons auteurs contemporains — et réputées excel- lentes parce qu'on les a acceptées sur la foi des maitres et parce qu'elles avaient été créées par ces màmes maitres — ce botaniste, dis-je, devra faire descendre au simple rang de variétés ou races un grand nombre des espéces en question. Ce sera là, assurément, l'opinion de tout homme impartial. Mais je ferme cette parenthése déjà trop longue, pour en revenir à ma descente du col des rochers Rouges. Trompés par de faux renseignements, que n'avait pas su contróler mon guide, nous nous étions témérairements engagés dans ce redoutable passage, livrés au hasard, au milieu des précipices, à plus de 2500 mètres d'altitude et avec la nuit qui arrivait à grands pas. Ce ne fut qu'a prix des plus grandes difficultés, et aprés avoir erré à l'aventure des heures entiéres, que nous parvinmes au village de Porté, à dix heures et demie du soir, exténués de fatigue et de faim. Nous avions commencé notre journée à cinq heures du matin et, sauf environ deux heures pour les repas, marché, par con- séquent, quinze heures consécutives. Personnellement, je n'avais jamais fourni, dans mes voyages, une aussi longue traite ; j'espère bien qu'elle ne se renouvellera pas. Dans tous les cas — et je parle ici aussi bien pour les botanistes que pour les touristes — il est de mon devoir de prévenir les uns et les autres de ne pas ajouter foi aux récits plus ou moins fantai- sistes de certains guides officiels pour les Pyrénées : Joanne, par exemple, prétend qu'il faut deux heures du col Rouge à Porté. Or la seule descente des rochers Rouges demande plus d'une heure et encore pour des touristes exercés, nullement sujets au vertige, ayant le pied bien sür. De la base de ces rochers au lae de Font- vive une bonne heure et demie de marche au moins est encore nécessaire, à condition, bien entendu, de connaitre parfaitement les passages, souvent à peine tracés et, dans tous les cas, des plus difficiles. Du lae de Fontvive à Porté, encore prés de deux heures. Soit un total de plus de cinq heures de marche, en supposant toujours un piéton robuste et exercé. On voit donc combien sont MANDON. — PLANTES NOUVELLES POUR L'HÉRAULT. 463 faux les renseignements contenus dans Joanne — et j'en passe bien d'autres — renseignements pris ou donnés au hasard par des gens ignorants. En général, il faut se méfier des quarts d'heure de paysans ou de montagnards; ces quarts d'heure se traduisent par d'interminables heures de marche. L’indigène ou le natif est habituellement d'une parfaite ignorance pour tout ce qui touche son pays. Ne vous fiez donc pas toujours à tout ce qu'il vous dit. En somme, pour revenir du Carlitte, il faut redescendre au lac de Lanoux, suivre le sentier, assez bon, qui cótoie le torrent de Fontvive; on arrive ainsi à Porté sans trop de fatigue et, dans tous les cas, sans courir aucun danger. Que, si l'on se sent le courage d'allerà la conquête du Conopodium pyrenœum, il vaudra mieux, après être descendu du Carlitte, traverser le cirque ou plateau si encombré de rochers dont j'ai parlé plus haut, gravir les 300 mètres qui le séparent du col Rouge. On arrive ainsi à 2600 mètres, à l'unique et étroit passage que forme la base de deux pics voisins. C'est là, sur les pelouses, au milieu du Carex ferruginea, du Festuca spadicea que se trouve l'Ombellifére en question. Elle y est abondante, et il est impossible de la manquer. Pour le retour, et pour les motifs indiqués ci-dessus, je ne conseille pas la des- cente par les rochers Rouges; le botaniste n'y trouverait rien; il faut revenir parle cirque rocheux, gagner le Lanoux et, de là, le sentier de Porté. Le trajet est un peu plus long; mais il est plus facile et exempt de dangers. M. le Secrétaire général donne leeture de la lettre sul- vante : EXTRAITS: D'UNE LETTRE DE M. MANDON, A M. MALINVAUD. Montpellier, le 11 juin 1894. ++. Je me fais un plaisir de vous annoncer la découverte de plantes nouvelles pour notre flore de l'Hérault, savoir : 1° Botrychium Lunaria Sw. — Saint-Guilhem-le-Désert, dans les lerrains dolomitiques et sous le bois de Pinus Salzmanni, au-dessus du lieu dit l’Ermitage (frère Sennen et Mandon). 464 SÉANCE DU 22 Juin 1894. 2» Crepis biennis L. — Mauguio (Hérault), dans les prairies du Mas de Marot où elle abonde (frère Sennen et Mandon). Nouvelles localités de plantes rares pour notre région : 1* Centunculus minimus L. — Bois de la Moure, prés de Mont- . pellier (Mandon), espéce signalée dans la Flore de Grenier et Godron, comme devant manquer dans la région méridionale. Il est vrai de dire que les auteurs de notre Flore ont cueilli cette espèce dans la région montagneuse à Saint-Amans-de-Monins, mais elle n'avait pas été encore trouvée dans la plaine chaude de notre départe- ment. 2° Au voisinage de Pérols (Hérault), dans un champ inculte, j'ai ré- colté en abondance le Geropogon glaber L. Cette espèce est signalée dans notre Flore comme ayant été trouvée dans la plaine de Grabels (Hérault) (Herbier Dunal). Les auteurs de notre Flore ne l'ont jamais cueillie; aussi je suis à me demander si cette plante est réellement une espèce française, car elle se trouve dans une localité où l'on rencontre des plantes exotiques. 3° Phelipea lavandulacea F. Schultz. — Saint-Guilhem-le-Désert, dans les terrains caleaires, prés du chàteau de Don Juan (frére Sennen et Mandon). 4 Cistus laurifolio-monspeliensis Lor. et Barr. (non Timbal); C. Ledon Lamk. — Hérépian (Hérault); juin 1894. Sous les bois de Chàtaigniers où l'on en rencontre quelques pieds au milieu des parents (Mandon, Coste, Sennen). Cet hybride n'était signalé dans la Flore de l'ilérault qu'à Murviel- lés-Montpellier, dans le ravin de Fontvalés; c'est done une acquisition nouvelle pour notre région. Veuillez agréer, etc. SÉANCE DU 13 JUILLET 1894. PRÉSIDENCE DE M. GUIGNARD. M. Danguy, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 22 juin dernier, dont la rédaction est adoptée. M. le Président annonce une nouvelle présentation. Dons faits à la Société : G. Bonnier et de Layens, Tableaux synoptiques des plantes vascu- laires de la France. Debeaux, Flore de la Kabylie du Djurjura. Jadin, Du siège des principes médicamenteux dans les végétaux. E. Marchand, Note sur un cas de synanthie. Millardet, Note sur l'hybridation sans croisement. Millardet et de Grasset, Catalogue des hybrides de Vignes. F. Sahut, La culture fruitiére aux Etats-Unis. Zeiller, Sur la flore des couches permiennes de Trienbach (Alsace). Cavara, Ulteriore Contribuzione alla micologia lombarda. . — Intorno alla morfologia e biologia di una nuova specie di Hyme- nogaster. — Il carpo centrale dei fiori maschili del Buxus. Glautriau, L'azote dans les capsules de Pavot. — Localisation et signification des alcaloides. Raciborski, Die Morphologie der Cabombeen und Nympheaceen. Tognini, Contribuzione allo studio della organogenia comparata degli stomi. Trelease, Leitneria floridana. M. Malinvaud donne lecture d'une lettre du frére Héribaud- Joseph, du Pensionnat de Clermont-Ferrand, qui annonce la découverte récente, aux environs de cette ville, des Pirola chlorantha Sw. et secunda L. La première de ces deux plantes, nouvelle pour la flore d'Auvergne, a été trouvée par M. Dumas-Damon, botaniste clermontois, sous les Sa- pins du bois de Gravenoire, à une altitude de 700 mètres. M. Layé, jardinier chef du Jardin des plantes de Clermont, a T Eu (sÉANcES) 30 466 SÉANCE DU 13 JUILLET 1894, récolté dans le même bois le Pirola secunda, descendu du Mont-Dore, en compagnie probablement du Petasites albus qui habite la vallée de Royat, non loin de Gravenoire. Le frére Héribaud fait remarquer, à ce propos, qu'il est intéres- sant de constater dans la région de la Vigne une Pirole qu'on croyait propre à la région supérieure des Sapins. M. Roze fait à la Société la communication suivante : RECHERCHES SUR LES RUPPIA; par M. E ROZE. I L'étude biologique des plantes aquatiques submergées, et en particulier des phénoménes de leur fécondation, m'a paru devolr fournir des observations intéressantes. Mais les recherches, faites à ce point de vue, ont besoin d'étre suivies sur les plantes vivantes et celles-ci sont loin de se préter facilement à une sorte d'existence , temporaire dans le milieu liquide stable où l'on est obligé de les maintenir pour ce genre d'observations. A plus forte raison, sil - s’agit de plantes marines que l'on ne peut immerger dans une eau convenablement salée qu'à l'époque de leur floraison et aprés les avoir arrachées de leur station naturelle. Il y a donc, dans les recherches dont je vais exposer les résultats, une part à faire aux difficultés mémes du sujet. Je crois néanmoins que ces résultats suffiront pour appeler l'attention sur un genre de plantes dont l'histoire biologique est encore peu connue, d'autant que mes essais de culture ont été en somme plus heureux que je ne l'es- pérais. . Ala suite de mes recherches antérieures sur le Zannichellia, le Najas major et le Ceratophyllum demersum (1) et des rensei- gnements fournis par différents auteurs sur le mode de fécon- dation de plusieurs autres plantes submergées, savoir : Posidonia Caulini par Cavolini et Grenier (9), sur le Phucagrostis major par M. Bornet (3) et sur les Zostera par Hofmeister, Duval-Jouve; (1) Bull. 1892, t. XXXIX, p. 361. (2) Bull. 1860, t. VII, p. 362. (3) Ann. sc. nat. 5° série, 1860, t. I, p. 5. ROZE. — RECHERCHES SUR LES RUPPIA. 461 M. de Lanessan et Clavaud (1), un point important a été établi, c’est que le grain de pollen de ces plantes n'est entouré que d'une seule membrane cellulaire (intine) et que sa translation sur l'or- gane femelle a lieu dans l'eau méme où il est abandonné par l'an- thére. On peut donc considérer ces plantes comme de véritables hydrogames, les préliminaires de l'acte fécondateur s'effectuant, en dehors de l'air, dans le milieu liquide oü elles naissent et vivent. Or je me suis demandé si les Ruppia, plantes également submergées, comme celles dont il vient d'étre question, ne pré- sentaient pas, elles aussi, les mémes phénoménes de fécondation. .RupPrA MARITIMA L. — Notre aimable confrère, M. G. Gautier, de Narbonne, m'ayant gracieusement fait l'envoi, le 14 juin dernier, de nombreux échantillons vivants et florifères de ce Ruppia, pro- venant des eaux saumâtres de l'Étang de Leucate, je me suis hâté de les disposer dans d'assez grands récipients que j'ai remplis d'eau tenant en dissolution environ 3 pour 100 de sel marin; les rhi- zomes des Ruppia s'y trouvaient implantés dans des pots con- tenant du sablon trés fin. Ma premiére étude, on le comprend par ce que j'ai dit plus haut, fut celle des grains de pollen : je ne fus pas peu surpris de voir que les grains polliniques de ce Ruppia, au lieu de n'étre entourés que d'une seule membrane (intine), présentaient une exine assez bien caractérisée, et que, d'un autre cóté, sur la sur- face du stigmate, qui présentait cependant au centre une fente lon- gitudinale, s'élevaient un certain nombre de cellules qui pouvaient jouer le rôle de papilles stigmatiques. Les Ruppia, quoique plantes submergées, n'étaient donc pas des hydrogames; leur mode de fécondation avait toute l'apparence d'étre aérien : ce devaient étre des aérogames. Je faisais déjà différentes suppositions sur la manière dont le pollen pouvait arriver sur le stigmate, lorsque le lendemain matin l'examen de mes récipients me permit de constater des phéno- ménes assez singuliers. On sait que les gaines foliaires, larges et membraneuses, des Ruppia, leur tiennent lieu d'une sorte de spathe. Or le spadice, encore immergé, portant les étamines et les pistils, sortait de cette pseudo-spathe par l'allongement de la (1) Actes Soc. Linn. de Bordeauz, t. XXXII. 468 SÉANCE DU 13 JUILLET 1894. partie inférieure de son axe, et, à mesure qu'il s'élevait, les éta- mines, qui sont alors réduites à une anthére uniloculaire, se déta- -chaient une à une et venaient s'ouvrir sur l'eau en y répandant -leur pollen. Il en résultait que le spadice, continuantson ascension dans le liquide, ne présentait plus que deux fleurs pistilliféres lorsqu'il était prés d'émerger et que les stigmates avaient chance d'y recueillir le pollen, flottant à la surface de l'eau. Les grains polliniques, peu colorés isolément, paraissent ensemble d'un jaune pále, si bien que, deux jours aprés, l'eau de mes récipients était couverte comme d'une poussiére de fleur de soufre. Tels sont les faits que j'ai constatés pendant les quatre premiers jours de l'installation de ces pieds de Ruppia dans mes récipients. Mais les jours suivants, en màme temps que je voyais se réaliser, -mais plus rarement, les mêmes phénomènes, suivis de l'émersion des spadices pistilliféres, je constatai que d'autres spadices, el ceux-là stamino-pistillés, s'élevaient également au-dessus du liquide, et qu'alors les anthéres s'ouvraient dans l'air au lieu de s'étre détachées préalablement dans l'eau. J'étais d'abord porté à croire qu'il s'agissait là d'un fait résultant d'un affaiblissement de vitalité de mes échantillons, peut-étre aussi de leur position infléchie sur l'eau de mes récipients, car ceux-ci n'étaient pas assez profonds pour leur permettre de rester dressés dans le liquide, les tiges du R. maritima atteignant souvent prés d’un mètre de hauteur. Je le croyais d'autant plus, que certains -de ces spadices émergés présentaient alors des étamines d'un jaune safrané, signe d'altération, et que le pollen s'en échappait el tombait sur l'eau en petites masses solides au lieu de le faire en grains libres sous la forme d'une fine poussiére. Mais, dés le len- demain, d'autres spadices s'élevaient au-dessus de la surface de l'eau avec des étamines normalement constituées qui s'ouvraient dans l'air et ne se détachaient qu'aprés avoir répandu leur pollen. Peut-être cette ascension libre des étamines, détachées du spadice -avant son émersion, est-elle exceptionnellement réservée aux spa- dices les plus inférieurement placés sur la tige et les premiers dans l'ordre d'apparition et de développement, qui ont par cela méme une plus grande distance à parcourir, et dont le pédoncule plus long est doué de la faculté de se rouler en spirale aprés la fécon- dation ? D’après des renseignements intéressants que je dois à l'obli- ROZE. — RECHERCHES SUR LES RUPPIA. 469 geance de M. G. Gautier, l'émersion des spadices du R. maritima serait en tout cas un fait constant dans l'Étang de Leucate. « Ce Ruppia est toujours submergé, m'écrit-il; mais il arrive souvent que, par suite du niveau irrégulier de nos étangs, qui tantót se remplissent sous l'action des vents de mer et tantót, au contraire, se vident sous l'action des vents du nord, les pédoncules ont plus de longueur que la hauteur du fond d'eau; alors, ils viennent mollement flotter sur l'eau dans leur partie supérieure. Cependant le spadice, même dans le cas où le pédoncule flotte à la surface de l'eau, se redresse et émerge. » Mais cherchons par quelques études organogéniques à nous rendre compte des différents phénomènes dont il vient d’être question. Malgré l'état de développement assez avancé où se trou- vaient mes échantillons de R. maritima, j'ai pu néanmoins con- stater quatre phases de formation du grain de pollen et des pistils correspondants. Disons d'abord que le spadice de ce Ruppia peut étre représenté comme étant à quadruple face : sur chacune de deux de ces faces opposées se trouvent insérées quatre étamines libres superposées l'une à l'autre, sessiles, subréniformes, fixées à l'axe central du spadice par une petite proéminence dorsale, et réduites à une seule anthére biloculaire dont la cloison, séparant les deux loges, est résorbée à la maturité de l'organe; sur la troi- siéme face se trouve un groupe de huit pistils placés entre les quatre étamines du sommet, et, sur la quatriéme face, opposée à la précédente, un groupe de huit autres pistils insérés entre les quatre étamines de la base. Cette disposition peut étre interprétée comme constituant deux fleurs, chacune à huit pistils et quatre éta- mines, d'autant que par le développement subséquent et après la disparition des étamines, ces deux fleurs réduites aux pistils se distingueront nettement l'une de l'autre au sommet du pédoncule commun qui est une production spéciale de la partie basilaire de l'axe du spadice. À la première phase de sa formation, du moins à celle que j'ai pu observer, le grain de pollen se présente sous la forme d'une cel- lule presque sphérique, à membrane simple, hyaline, contenant dans son intérieur un plasma réfringent, grisátre; chaque pistil est alors composé d'un ovaire sessile, oblong dans le sens de la largeur, portant au-dessus de son point d'insertion une sorte de petit disque à rebord peu accusé, premier indice du stigmate. 410 SÉANCE DU 13 JUILLET 1894. Deuxième phase : le grain de pollen devient elliptique, trés légè- rement réniforme; sa membrane parait double, et l'exine, quoique hyaline, se montre, dans une coupe optique, avec l'apparence d'une ligne finement denticulée. Ce grain de pollen est rempli par un plasma hyalin tenant en suspension un trés grand nombre de gra- nules arrondis, transparents, amylacés, car la teinture d'iode les colore en beau violet. L'ovaire s'est quelque peu redressé; sa partie ventrale est légérement proéminente, et il est surmonté par un stigmate sessile, formant couronne avec concavité à la partie cen- trale. Troisième phase : le grain pollinique a pris la forme d'une sorte de V, à branches trés écartées, et renflé en demi-sphére à ses trois extrémités; l'exine prend l'aspect, en dehors de ces demi- sphéres, d'une sorte de membrane légérement papilleuse, ce qu'une coupe optique reproduit encore comme une ligne finement denticulée. Quant à l'intérieur du grain, il est de méme rempli de granules arrondis, transparents, amylacés ; l'ovaire a légèrement grossi et s'est redressé; il n'a pas encore perdu sa proéminence ventrale, mais la couronne du stigmate s'est un peu plus accusée. Quatrième et dernière phase : le grain de pollen conserve la méme forme; l'exine apparait, en dehors des trois demi-sphéres termi- nales, comme un fin réseau à trés petites mailles serrées. Dans l'intérieur du grain, les granules amylacés ont disparu, faisant place à un plasma à rares vacuoles, rempli de granulations plus ou moins perceptibles, et que la teinture d'iode colore, ainsi que les membranes, en jaune foncé ; la couronne stigmatique de l'ovaire, qui lui-méme est devenue plus régulièrement ovoide, présente au centre une dépression ou fente longitudinale. Si l'on étudie, à un plus fort grossissement, cette surface du stigmate, on remarque que cette fente longitudinale qui en occupe le centre, et qui me semble pouvoir se comparer à une sorte d'ouverture d'un canal stylaire, est entourée de cellules prismatiques assez semblables à celles plus étroites qui bordent le stigmate; entre ces deux rangs de cellules s'en trouvent d'autres à face pentagonale sur lesquelles émergent de plus grandes cellules à peu prés sphériques contenant un liquide réfringent, d'apparence huileuse : c'est, je crois, ce qui doit constituer les papilles stigmatiques, si toutefois la fente lon- gitudinale du centre du stigmaten'est pas destinée à faciliter seule la pénétration des boyaux polliniques. J'ajouterai qu'il m'a été possible de constater, sur une légére coupe de cet ovaire, quil ROZE. — RECHERCHES SUR LES RUPPIA. 471: contenait, presque à son centre, un ovule constitué par un nucelle entouré de deux enveloppes (primine et secondine), et que cet. ovule était suspendu à son sommet, à quelque distance du stig- mate. Ici se présentent deux questions fort intéressantes à résoudre. La première pourrait se formuler ainsi : à quoi attribuer la faculté qu'ont les étamines, une fois détachées du spadice, de monter à la surface de l'eau? Des recherches que j'ai faites sur les anthéres, il résulte que j'ai trouvé (troisiéme phase de formation du pollen) à la surface extérieure de leur tissu constitutif un assez grand nombre de cellules dépourvues de chlorophylle, mais remplies d'une sorte d'émulsion huileuse; cette émulsion, dans la quatriéme phase, s'était condensée et les cellules correspondantes s'y montraient complétement remplies de ce liquide huileux, comme celles des papilles stigmatiques. Le nombre assez grand de ces cellules con- tribue-t-il à rendre l'étamine plus légère que l’eau ? Il se peut qu'il en soit ainsi; mais ce qui doit augmenter encore la plus faible densité de l'organe, c'est que l'air se trouve en assez grande quantité dans l'anthére aprés la résorption de sa cloison longi- tudinale, et que cet air persiste sur l'eau, entre les files de grains de pollen qui y ont été répandus. La seconde question serait de savoir ce que devient le pollen à la surface de l'eau salée, sur laquelle il surnage pendant assez longtemps. Peut-étre les grains polliniques sont-ils devenus plus légers lorsqu'ils passent de la troisième à la quatrième phase de leur développement, et que leur plasma a cessé d'étre rempli de granules amylacés? Peut-étre aussi les trés fines aspérités du réseau de leur exine les empéchent-elles de prendre contact avec l'eau? Toujours est-il que je n'ai jamais pu faire de préparations microscopiques avec les grains de pollen recueillis sur le liquide de mes récipients, sans constater qu'ils s'y trouvaient toujours agglomérés plusieurs ensemble et entourés d'air de tous côtés. Quant à la persistance de leur état physiologique, en raison surtout de cette station aquatico-aérienne, je puis dire qu'elle m'a beau- coup surpris, car il m'a été impossible de leur voir émettre le moindre boyau pollinique, quelques expériences méme que J ate faites dans ce but. Tout semble donc concourir pour leur per- mettre d'attendre le moment favorable à cette émission, c'est-à- 472 SÉANCE DU 123 JUILLET 1894. dire l'arrivée du stigmate, ce qui pourrait aussi, dans de certains cas, favoriser, chez les Ruppia, la dichogamie. RUPPIA ROSTELLATA Koch.— M. Blanchard, chef du Jardin bota- nique de Brest, ayant eu l'extréme obligeance de m'adresser, le 9 juillet dernier, un assez grand nombre d'échantillons vivants et floriferes de ce Ruppia, recueillis par lui-mème à la Pointe du Bendic, prés de Brest, j'ai pu faire de nouvelles observations sur cette espéce. Les étamines et les pistils, avec leurs stigmates, m'ont offert les mémes phases de développement. Chaque étamine est également constituée par une anthére biloculaire qui devient uni- loculaire à la maturité de l'organe, aprés résorption de sa cloison médiane; le pollen présente la méme forme et la méme série de formations, avec une exine de semblable apparence. Le stigmate, de contour un peu plus anguleux, montre également à la surface les cellules particuliéres qui me paraissent pouvoir jouer le róle de papilles stigmatiques, et l'on y voit aussi, au centre, cette fente longitudinale qui est peut-être destinée à faciliter l'introduction des boyaux polliniques. Mais ce qui distingue ce Ruppia du R. maritima, c'est le nombre des pistils de chaque fleur qui n'est plus ici que de quatre. Ceci me parait étre un caractére de premier ordre; car, bien que l'on ait cherché à distinguer le R. maritima du R. rostellata en attribuant au premier d'étre seul à présenter des pédoncules se roulant en spirale aprés la fécondation, ce qui d'ailleurs n'a pas toujours lieu, j'ai pu constater sur plusieurs échantillons du R. rostellata que certains de ses pédoncules présentaient égale- ment ce phénoméne. Disposés de méme que les pieds de R. maritima dans un assez grand récipient rempli d'eau salée dans la méme proportion, ceux du R. rostellata n'ont pas perdu beaucoup de leur vitalité (1). Mais j'ai vu, en examinant ce Ruppia, si peu d'étamines se déta- cher et s'ouvrir à la surface de l'eau, si peu de pollen surnager, que, si je n'avais été prévenu par mes précédentes observations sur le R. maritima, j'aurais été porté à considérer ce fait comme (1) M. Blanchard a hien voulu me faire savoir qu'il avait réussi à conserver cette espèce dans le Jardin botanique de Brest, même dans l'eau douce, mais dépourvue de calcaire. ]] la plantait au printemps, elle fleurissait et ne dispa- raissait qu'à la fin de l'automne. ROZE. — RECHERCHES SUR LES RUPPIA. 413 tout à fait accidentel. Et, en réalité, il est probable que dans la nature il se manifeste peu. J'ai, au contraire, trés bien constaté l'émersion des spadices avec étamines et pistils, et la déhiscence, dans l'air et au-dessus de l'eau, des anthéres. Par suite, le R. ros- tellata serait certainement aérogame. Il est vrai de dire que cette espéce n'a pas le méme mode d'existence que le R. maritima : elle subit, en effet, lemouvement des marées, et sa fécondation à lasur- face de l'eau devenait très difficile, sinon impossible. Voici, du reste, ce que M. Blanchard a eu l'obligeance de m'écrire au sujet du R. rostellata, tel qu'il l'observe à Brest : « Ce Ruppia ne croit pas dans l'eau salée; je ne l'avais jamais trouvé qu'à l'embouchure des petites riviéres marines, dans les mares ou dans les étangs ren- fermés dans les estuaires que forment ces rivières en se jetant à la mer : il se développe là, dans une eau saumátre, à l'exclusion de toute autre espéce de plantes. Ses tiges sont submergées et l'on ne voit que les fleurs émerger au-dessus de l'eau. Prés du rivage, ses tiges ne dépassent pas 10 à 20 centimétres de hauteur; elles restent à découvert et s'étalent surla vase à marée basse, pour se redresser et se remettre à flot à la marée montante. Au milieu des rivières, les tiges sont plus hautes : elles atteignent parfois prés d'un mètre et forment alors de véritables prairies sous-marines. » S'il m'était permis de résumer, au point de vue physiologique, les faits qui ont été exposés ci-dessus, je serais conduit en premier lieu à me demander si les Ruppia n'offriraient pas une sorte de transition entre les végétaux à fécondation aquatique et ceux à fécondation aérienne. Que l'on voie un phénoméne de dégradation ou de plus grande simplicité d'organisation évolutive dans le mode de fécondation réellement aquatique, qui provoque comme un arrêt de développement des organes générateurs, il n'en est pas moins vrai que le petit nombre des végétaux chez lesquels se pré- sente ce phénoméne se séparent par cela seul de tous ceux dont la fécondation s'opére dans l'air et exige, par suite, des organes géné- rateurs plus complexes. Il y a donc quelque intérét à noter que les Ruppia, qui se rapprochent par tant de caractéres des végétaux submergés à fécondation aquatique, ne s'en éloignent précisément que par leur mode de fécondation. 414 SÉANCE DU 13 JUILLET 1894. II Tout en faisant les études biologiques dont je viens d'exposer les résultats, je cherchais à me rendre compte de ce qui avait été publié sur les Ruppia. Il m'a semblé que l'histoire de ce genre de plantes ne serait pas lue sans intérét. Les Péres de la Botanique n'ont pas été sans connaitre ces végé- taux marins, et le Gramen maritimum, fluitans, cornutum de G. Bauhin (Prod. 7.) a méme été assez bien figuré par J. Bauhin, d'aprés des échantillons à spadices encore enfermés dans leurs pseudo-spathes, sous le nom de Gramen aquæ innatans cum utriculis, sive Feniculacea marina (Hist. t. II, pp. 784-1651). Il explique méme ce mot utriculis dans les termes suivants : « Per extrema culmorum, foliorum pediculi coeuntes veluti utriculum efficiunt grano Aven: magnitudine et forma simile pellicula ob- ductum. . . ». De son côté, Plukenet figure un Ruppia d’après un échantillon fructifié, et c'est déjà pour Jui le Potamogiton mari- timus, gramineus, longioribus foliis, fructu fere wnbellato. Enfin Micheli, reconnaissant que ces plantes devaient former un genre nouveau, le publie sous le nom de Buccaferrea dans son Nov. gen. plantarum, p.72. Il en décrit deux espèces, la première sous le nom de B. marilima, foliis acutissimis, avec la synonymie des précédents auteurs, et la deuxiéme qu'il considère comme nou- velle, puisqu'il n'en cite aucun synonyme, et à laquelle il consacre une planche (tab. 35), sous le nom de B. maritima, foliis minus aculis. Il n'est peut-être pas inutile de reproduire ici la diagnose de ce nouveau genre Buccaferrea qui peint assez bien l'ignorance où l'on était alors (1729) des phénomènes de la fécondation : « Plantæ flore apetalo, dit Micheli, astemone, seu apode, apice aut potius capsula singulari constante, sed sterili, cujus embryo abit in fructum multicapsularem ». L'apice aut potius capsula... sterili, qu'il représente trés bien, est une étamine. Il semblait que ce genre nouveau, ainsi consacré par une dia- gnose et une planche faisant connaitre tous ses caractéres distinc- tifs, devait être tout au moins conservé par Linné. Il n'en fut rien. Linné avait décrit, dans son Hortus Cliffortianus, une plante ma- rine qu'il avait découverte prés de Leyde, sous le nom de Ruppia maritima et qui était la première espèce de Buccaferrea de Mi- ROZE, — RECHERCHES SUR LES RUPPIA. 475 cheli. Or, dans son Genera, loin de revenir sur cette détermination critiquable, il conserve ce nom de Ruppia, qui avait été appliqué par Móhring à une autre plante devenue son Zostera marina, et supprime ainsi tout simplement le nom de Buccaferrea créé par Micheli. Je me contenterai ici de signaler ce déni de justice, sans le faire suivre d'autres commentaires. Nous voici donc avec le genre Ruppia. Linné en donne du reste une diagnose beaucoup plus compléte que Micheli, surtout si on l'applique à chacune des fleurs du spadice : « Cor. nulla; Stam : filamenta nulla; antheræ quatuor, sessiles, æquales, subrotundz, subdidymæ; Pist : germina 4 s. 5, subovata, conniventia; stylus nullus; stigmata obtusa, ete. » Il y signale une sorte de spathe formée par les gaines foliaires, un spadice, la nullité du périanthe et les fruits en même nombre que les pistils, 4-5. Mais que vont devenir les deux espèces de Micheli ? Ici, le réformateur qui, dans son Hort. Gliff., avait considéré la seconde espéce de Buccaferrea comme variété de la premiére, sup- prime dans son Species la variété et n'admet plus qu'un type spécifique, sous le nom de Ruppia marilima, avec ce synonyme : Buccaferrea marilima, foliis acutissimis Mich. gen. 72, t. 29, c'est-à-dire qu'il associe à la phrase nominative de la première espèce de Micheli la planche où était figurée la deuxième espèce de cet auteur. Cette confusion était certainement regrettable. Il me semble toutefois qu’on pourrait aujourd’hui la trouver moins blàmable dans ses conséquences ultimes, car cette deuxiéme espéce de Buccaferrea, qui présente certains caractères du R. rostellata Koch, ne fut pas reprise ultérieurement par les phytographes, ce qui n'eüt pas manqué sans cela d'augmenter la confusion qui devait régner par la suite dans la désignation des espèces du genre Ruppia. | Koch, qui, antérieurement à la publication de son Synopsis Flore germanice (1837), avait publié, dans la Flore d'Allemagne (Mertens et Koch, 1833), une variété f. minor du R. maritima L., admet dans son Synopsis deux types spécifiques différents de Ruppia : le R. maritima L, et le R. rostellala, ancienne var. m- nor du premier, mais que ses courtes diagnoses devaient rendre bien difficiles à distinguer. Les caractéres qu'il donne des fleurs du genre Ruppia se modifient d'aprés les idées de Nees d'Esen- beck : ces fleurs n'ont plus que deux étamines à anthéres bilocu- 416 SÉANCE DU 13 JUILLET 1894. laires et quatre ovaires. J'ai cherché à me rendre compte de ce qui avait pu donner lieu à cette diminution du nombre des étamines. Je n'ai pu y parvenir, car je n'ai jamais trouvé dans les anthéres, méme jeunes, une adhérence, une soudure quelconque qui le fit supposer. Et il est bien certain qu'à la maturité des organes, il est impossible de ne pas reconnaitre que chaque fleur présente quatre étamines parfaitement libres, ce qui est le point essentiel. Du reste, Kunth (Enumeratio Plantarum, 1841) ne partage pas cette opi- nion, car il décrit la fleur comme ayant quatre étamines et méme comme présentant 4-6 ovaires. Ajoutons que cet auteur n'admet pas le R. rostellata Koch comme espèce distincte. Il la cite, en effet, mais seulement comme synonyme de la var. f. minor Mert. et Koch du R. maritima L. D'un autre cóté, si l'on consulte les Icones Fl. germ. de Reichenbach (1845), on retrouve décrites et figurées les deux espéces de Koch. Le R. rostellata précédant le R. maritima y est signalé comme : « Sequente tenuior; vaginæ angustiores exangulæ », et le second comme : « precedente quid- quam robustior; vagin: majores, apice utrinque angulatæ; spadices propter antheras longiores crassiores et in universum majores videntur; pedunculi serius longissimi haud raro spira- liter tortuosi ». Un de nos trés regrettés confrères, J. Gay, s'est beaucoup 0C- cupé de la question des Ruppia. Il a publié deux intéressants articles dans les Notes sur quelques plantes critiques, rares ow nowvelles, éditées par Cosson en 1848. Dumortier (Prodrome Fl. belg., 1827) avait donné au R. maritima L.le nom nouveau de R. spiralis. Dans son premier article, J. Gay accepte cette mo- dification, qu'il expliqueainsi: « R. maritima auct. mult. partim- que Linnæi, Ruppiam qui spiralem et R. rostellatam sub eodem nomine colligebat sine dubio ». « C'est, dit-il du R. spiralis, une plante fort répandue sur les cótes francaises de la Méditerranée... et fort rare sur les côtes françaises de l'Océan où domine le R. rostellata. Le principal caractère du R. spiralis réside dans ses pédoncules allongés qui, aprés avoir élevé les ovaires jusque prés de la surface de l'eau, se retirent à la maturité, en formant au-dessous de leur base une spirale très serrée et composée d'un grand nombre de tours. » J. Gay consacre son deuxième article à la description d’une troisième espèce de Ruppia, le R. brachypus (R. maritima 8. recta Moris) à podogynes trés courts. Les détails ROZE. — RECHERCHES SUR LES RUPPIA. 477 qu'il donne sur cette nouvelle espèce me paraissent devoir laisser quelque doute dans l'esprit au sujet de la persistance de ses carac- tères spécifiques, et l'on se demande s'il ne s'agit pas plutôt d'une forme naine du R. maritima. Antérieurement, dans les Addenda de son Synopsis Flore si- cule (1843), Gussone avait également fait connaitre une autre espèce de Ruppia, sous le nom de À. drepanensis Tin., avec la diagnose suivante : « Foliis setaceis flexuosis basi late vaginan- tibus, antheris ovalibus, nuculis ovatis erectis. Ic. nulla. Differt egregie a R. maritima tenuitate foliorum qu;e revera setacea ; vaginis floriferis latioribus; pedicellis apice fere clavatis ». Les figures qui manquaient pour représenter cette espéce existent dans l'Atlas de V Expl. scient. de l'Algérie, Bor., pl. 46 (1849). Il s'agit du R. trichodes DR., synonyme du R. drepanensis. Mais les trois figures qui s'y trouvent, et qui, d'aprés l'éditeur, ont été dessinées sur la plante vivante, sont certainement celles qui donnent la représentation la plus vraie du port des Ruppia, de leur spadice et de leur fruit. On y remarque méme un caractère oublié par Tineo dans sa description du R. drepanensis, c'est que les pédoncules de cette espéce se roulent aussi en spirale aprés la fécondation. Quant au spadice, il est figuré trés nettement avec ses huit étamines et les quatre pistils de l'une de ses fleurs. Dans la Flore de Prance de Grenier et Godron (vol. 1, 1856, Zostéracées, auctore Grenier), le genre Ruppia est très soigneuse- ment décrit. L'auteur admet la théorie de Nees d'Esenbeck et n'ac- corde à chaque fleur que deux étamines au lieu de quatre. Seule- ment on pourrait se demander ce que Grenier entendait par élamines à filets très courts et squamiformes et par anthéres grandes, extrorses, biloculaires, fixées par le milieu du dos. L'ovaire n'est signalé que comme formé de quatre carpelles libres. Trois espéces sont décrites : R. maritima L. (R. spiralis Dmrt.) à pédoncules très longs, se roulant par la base, aprés l'anthése, en spirale serrée et formée de tours nombreux, etc. — Aoüt-septembre (1). R. rostellata Koch, à pédoncules courts, jamais roulés en spi- rale, etc. — Aoüt-octobre (1). (1) Ces indications ne peuvent correspondre qu'aux époques de maturité des fruits. D'aprés mes observations, il faudrait citer ici juin-juillet comme époque de floraison. 478 SÉANCE DU 13 JUILLET 1894. R. brachypus Gay, à pédoncules courts, jamais en spirale, etc. — Août. Il y a lieu de regretter que Grenier n'ait pas été à même de re- prendre la question, comme il a pu le faire pour le Posidonia Caulini, sur lequel cet habile phytographe a laissé des pages magistrales que nous sommes heureux de posséder dans notre Bulletin. Dumortier, en 1869 (Bouquet du littoral belge), s'occupe de nouveau des Ruppia. Aprés avoir fait sommairement l'historique des espèces, il s'exprime ainsi : « En inspectant l'herbier de Linné, nous avons acquis la preuve que le véritable R. maritima de cet illustre auteur est le R. rostellata de Koch : l'échantillon type de l'herbier de Linné n'offre à cet égard aucun doute. Le R. mari- tima de Koch s'y trouve aussi, mais sous la dénomination de spi- ralis, écrite de la main de Linné, plutót comme variété que comme espéce, puisqu'elle ne se trouve dans aucun de ses ouvrages. Le nom de R. maritima est donc amphibologique : pour Linné, c'est le R. rostellata; pour Koch, c'est la forme spiralis de l'herbier de Linné; pour Gay, c'est le R. brachypus. D'après tout cela, s'il fallait rétablir la vérité des faits, c’est au R. rostellata que le nom de R. maritima devait s'appliquer; mais ce serait augmenter la confusion. Nous pensons donc que toutes les espéces de Ruppia étant maritimes, le mieux est de supprimer ce nom amphibolo- gique, comme cela s'est fait partout en de telles circonstances, que l'espèce linnéenne doit conserver le nom de R. rostellala et que le R. maritima de Koch doit prendre le nom de R. spiralis que nous lui avons donné dans notre Prodrome. » ll y a lieu de faire remarquer que si les Ruppia sont maritimes, les deux espèces critiques, R. maritima et R. rostellata, peuvent l'une et l'autre offrir, aussi bien que le R. drepanensis, des pédon- cules se roulant en spirale, et que par suite l’épithète de spiralis laisserait également à désirer. Mais n’est-il pas curieux de consta- ter combien est délicate l'attribution des noms spécifiques des Ruppia, dont on a peut-étre jusqu'alors cherché vainement à dis- tinguer les espéces en ne se basant presque que sur les formes du fruit? Dans les Pflanzenfamilien (Potamogetonaceæ, 1889), M. Ascher- son résume en quelques lignes les caractères des Ruppia. La dis- tinction spécifique des types déjà décrits est tranchée par lui de ROZE. — RECHERCHES SUR LES RUPPIA. 479 nouvelle façon. Il n'admet qu'une seule espèce, le R. maritima L., avec trois sous-espéces : spiralis Dmrt., rostrata M. et K. (R. ros- tellata Koch), et brachypus Gay. Mais est-ce bien simplifier la question ? Enfin, dans son Histoire des plantes (1899), M. Baillon donne la diagnose du genre Ruppia : il leur attribue deux étamines, mais avec doute, et il leur accorde plus de quatre pistils (car- pella 4, vel ultra). Sur l'une des figures qui représente les groupes floraux du R. maritima, on peut méme en compter jusqu'à sept dans la fleur supérieure. Puis il décrit avec soin la structure de l'ovule et du fruit. Je n'ai pas l'intention de publier ici des analyses nouvelles, caractérisant dans les plus grands détails les espéces ou sous- espéces, dont il a été question ci-dessus. Laissant de cóté le R. brachypus Gay, qui n'est probablement qu'une forme ou une variété du R. maritima, je crois qu'en négligeant le caractére tiré de l'enroulement du pédoncule, lequel est loin d’être de premier ordre, on peut répartir dans le genre les trois autres espéces de la facon suivante : 1° Fleurs à quatre étamines et huit pistils. — R. maritima L. P. p. (R. spiralis Dmrt.). 2* Fleurs à quatre étamines et quatre pistils. — R. rostellata Koch et R. drepanensis Tineo (R. trichodes DR.). La seule difficulté que l'on pourra rencontrer dans leur déter- mination proviendra du fait de l'avortement des ovaires, en par- ticulier chez le R. maritima. Mais les autres caractères et surtout les dimensions comparatives serviront ici, si l'on se souvient à ce propos que le R. rostellata a été déjà considéré comme une va- riété minor du R. maritima, ce qui est vrai en ce sens qu'il repré- sente ce type réduit dans toutes ses parties. Reste la question de nom du R. maritima. Convient-il de le remplacer par celui de R. spiralis Dmrt.? Certes, s’il ne s'agis- sait que de l'espèce linnéenne, je crois que ce serait de toute jus- tice. Mais cette espéce, si peu acceptable à l'origine et qui n'est plus en rapport avec le type de l'herbier de Linné, n'est-elle pas devenue, sous ce nom méme, avec le temps, une espéce nouvelle? Elle a été refaite plusieurs fois, et ce n'est guére que depuis Koch et Reichenbach qui l'ont, pour ainsi dire, baptisée de nouveau, qu'elle figure dans les Flores avec des caractéres distinctifs. Puis, 480 SÉANCE DU 13 JUILLET 1894, ce nom s’est perpétué jusqu’à nous et la dénomination de Dumor- tier est loin, nous l’avons vu, de rappeler un caractère qui soit particulier à son R. spiralis. Je crois donc qu'il convient de ne conserver ce dernier nom que comme synonyme, en nous rappe- lant l'art. 56 des Lois de la Nomenclature, ainsi conçu : « Lors- qu'on divise une espéce en deux ou plusieurs espéces, si l'une des formes a été plus anciennement distinguée, le nom lui est con- Servé. » Explication des figures (planche V de ce volume). Fic. 1. — Ruppia maritima L. p. p. (gr. nat.). Fic, 2. — Ruppia rostellata Koch. Un des pédoncules, portant des ovaires atrophiés, montre la tendance à l'enroulement en spi- rale (gr. nat.). Les figures 3 à 16 se rapportent au Ruppia maritima L. p. p. Fic. 3. — Le spadice à la sortie de sa gaine foliaire spathiforme (*?). Fic. 4. — Un ovaire à sa première phase de formation (32). Fic. 5. — Un grain de pollen, méme phase, en coupe optique (45°). Fic. 6. — Un ovaire à sa deuxième phase de formation (??). Fic. 7. — Un grain de pollen, méme phase, en coupe optique dn . Fic. 8. — Un ovaire à sa troisième phase de formation (?2 Fic. 9. — Un grain de pollen, méme phase, en coupe optique es e. Fic. 10. — Un ovaire à sa quatriéme phase de formation (32). Fic. 11. — Un grain de pollen, méme phase (252). Fic. 12. — Coupe de l'ovaire au moment de la fécondation (122). Fic. 13. — Une étamine détachée du spadice (28 Fic. 14. — La méme, coupée transversalement, TM voir la cloison médiane de l'anthére (25). Fic. 15. — Une anthére aprés sa déhiscolite et la perte de son pollen D). Fic. 16. — Surface du stigmate au moment de la fécondation (529). Fic. 17. — Un spadice de Ruppia rostellata Koch, à la sortie de sa gaine foliaire spathiforme (12 M. Van Tieghem fait à la Société la communication sut- vante : VAN TIEGHEM. — GENRES NOUVEAUX DE LORANTHÉES. 481 QUELQUES GENRES NOUVEAUX POUR LA TRIBU DES LORANTHÉES DANS LA FAMILLE DES LORANTHACÉES; par M. Ph. VAN TIEGHEM. La tribu des Loranthées comprend, comme on sait (1), toutes les Loranthoidées qui ont l'ovaire uniloculaire et la graine albuminée. Les nombreuses espéces qui la composent se répartissent tout d'abord en trois groupes nettement définis, suivant que le calice y est dialysépale avec étamines à anthéres basifixes, dialysépale avec étamines à anthéres oscillantes ou gamosépale avec étamines à anthéres basifixes. La quatrième combinaison, où le calice serait gamosépale avec étamines à anthéres oscillantes, n'y a pas été ren- contrée jusqu'à présent. Il ne sera question dans cette Note que du premier de ces trois groupes, celui où le calice est dialysépale et où-les étamines ont les anthéres basifixes. On y compte une cinquantaine d'espéces, parmi lesquelles le Loranthus europœus, et il comprend, pour MM. Bentham et Hooker (2), ainsi que pour M. Engler (3), cinq des sections de leur genre Loranthus, savoir : Euloranthus, Phœnicanthemum, Acrostachys, Plicopetalus et Heteranthus. Tout d'abord, il me parait évident que, contrairement à l'opi- nion des auteurs précités, ce groupe d'espéces doit constituer dans la tribu tout au moins un genre distinct. La question est seule- ment de savoir s'il y faut reconnaitre un seul genre ou plusieurs. Sans la traiter aujourd'hui dans son ensemble, je me bornerai à la résoudre en principe dans le second sens, en montrant qu'il y a dans ce groupe jusqu'à six lots d'espéces différant du reste et les uns des autres, par des caractères tirés à la fois de la morphologie externe et de la structure, assez fortement pour qu'il soit néces- saire de les considérer comme autant de genres distincts. Commençons par définir sommairement chacun de ces six genres par le plus frappant de ses caractères externes. Dans le premier, les fleurs étant disposées en une longue grappe axillaire, simple et spiciforme, l’axe de la grappe est enveloppé (1) Ph. Van Tieghem, Sur la classification des Loranthacées (Bull. de la Soc. bot., 23 février 1894). (2) Bentham et Hooker, Genera plantarum, II, p. 207, 1883. (3) Engler, Nat. Pflanzenfamilien, I, 1, p. 185, 1889. T. XLI. (SÉANCES) 31 482 SÉANCE DU 13 JUILLET 1894. à sa base par un grand nombre de bractées stériles, formant un involucre persistant, en forme de manchette. C'est le principal caractére externe du genre, d'aprés lequel je propose de le nommer Chiridium (1). Dans le second, l'inflorescence étant aussi une grappe axillaire simple, l'axe de la grappe est entouré à sa base par une courte gaine coriace, à bord irrégulièrement déchiré, plus développée d'ordinaire en arriére que sur les cótés et en avant, et qui semble assigner au rameau florifère une origine endogène. C'est de cette gaine que je tire, pour ce genre, le nom de Coleobotrys (2). En outre, tandis que, dans les Chiridium, le calice est court, renflé au sommet dans le bouton et renferme des étamines à an- théres ovales de conformation ordinaire, ici le calice est long, cylindrique, atténué au sommet dans le bouton, et contient des étamines à anthères étroites et longues, subulées, où les sacs pol- liniques sont partagés chacun en une série de logettes superposées, par des cloisons transversales formées de cellules stériles. Dans le troisiéme lot d'espéces, l'inflorescence étant encore une grappe simple, l'axé de la grappe n'offre à sa base ni involucre, comme dans les Chiridium, ni gaine, comme dans les Coleobo- trys. De plus, le calice y est pointu dans le bouton et les anthères ont leurs sacs polliniques subdivisés en logettes, comme dans les Coleobotrys. Le nom de ce genre n'est plus à chercher. Welwitsch, en effet, l'a distingué dés 1857 et l'a désigné, dans une éti- quette manuscrite de son Herbier d'Angola, sous le nom de Syco- phila (3). Dans le quatrième lot d’espèces, où l'inflorescence est toujours une grappe simple, le style est divisé, par une articulation vers le milieu de sa longueur, en deux régions trés distinctes : l'inférieure, plus épaisse, a la forme d'un prisme pentagonal et prolonge en une petite dent chacun de ses angles supérieurs; l'autre, plus mince, est cylindrique, terminée par un petit renflement stigma- que et posée sur la première à la facon d'une colonne sur un piédestal. Cette différenciation du style fournit le principal carac- tére externe de ce genre, qui existe déjà dans la science, sans (1) De ystpiótov, manchette. (2) De xodedç, gaine, et Góxpuc, grappe. [e (3) De ovxés, figuier, et és, ami, parce que la plante croît sur les Figuiers. VAN TIEGHEM. — GENRES NOUVEAUX DE LORANTHÉES. . 483 m été jusqu'à présent reconnu comme tel. L'une de ses espèces a élé décrite, en effet, par Presl, en 1849, comme type générique nouveau, sous le nom de Lanthorus, anagramme de celui de Loranthus (1). Dans le cinquiéme lot d'espéces, l'inflorescence étant une ombelle axillaire, simple et pauciflore, le style, uniformément prismatique, se termine par un large stigmate hémisphérique en forme de cha- peau, de maniére que le tout ressemble à un petit Agaric. D'ou le nom de Pilostigma, que je propose de donner à ce genre (2). Enfin, dans le sixiéme lot d'espéces, l'inflorescence étant une grappe axillaire composée d'ombelles triflores, le style, droit et mince dans sa partie inférieure, contourne sur elle-màme et pelo- tonne sa région supérieure, qui est plus épaisse. D'aprés cette con- formation du style, je nommerai ce genre Zleostylus (3). Reprenons maintenant un à un les six genres ainsi brièvement définis, pour en étudier d'un peu plus prés les caractéres et la composition, en nous bornant toutefois à l'essentiel et réservant tous les détails pour le Mémoire à publier plus tard. 1. Sur le genre nouveau Cniripium. — Les Chiridium ont, comme il a été dit plus haut, un involucre persistant à la base de la grappe, caractére qui ne se retrouve pas ailleurs dans la famille des Loranthacées et qui parait aussi trés rare en dehors de cette famille, Dans le jeune áge, ces bractées imbriquées recouvrent complètement et protègent le groupe floral, à la facon des écailles de la pérule dans les bourgeons végétatifs des arbres et arbustes de nos pays. A la fin, après la maturation des fruits et la chute de la gr appe, on les retrouve encore, disposées en cercle autour de la cicatrice, à l’aisselle de chaque feuille fertile. | À cecaractére externe s'en ajoute un autre tiré de la structure. La tige, la feuille, la fleur et le fruit de ces plantes ont, en effet, leur parenchyme traversé, suivant la longueur de l'organe, par de nombreuses sclérites, en forme d'aiguilles, attachées par le flanc, quelquefois doubles en H, à membrane trés épaissie et fortement (1) Presl, Epimeliæ botanica, p. 257, 1849. (2) De mis, chapeau, et ocxtyua, stigmate. (3) De stx£o, je pelotonne, et czjAoc, style. 484 SÉANCE DU 13 JUILLET 4894. lignifiée. Des sclérites de cette sorte ne se rencontrent pas ailleprs dans la famille, si l'on en excepte les Coleobotrys, dont il va être question; elles sont aussi, comme on sait, assez rares en dehors de la famille. Ainsi défini, à la fois par le dehors et par le dedans, le genre Chiridium compte actuellement trois espèces, déjà décrites comme Loranthus, savoir.: le Chiridium speciosum (L. speciosus Wallich, L. pulcher DC.), de l'Inde, le Ch. Lijndenianum (L. Lijndenianus Zollinger), de Java, et le Ch. setigerum (L. setigerus Korthals), de Bornéo. Ces trois espéces sont rangées par Miquel dans son genre Phœnicanthemum, par MM. Bentham et Hooker, ainsi que par M. Engler, dansla section Phenicanthemum de leur genre Loran- thus. L'involucre caractéristique parait avoir échappé comme tel aussi bien à Zollinger, en 1845, qu'à Korthals, en 1839. Miquel l'a signalé le premier, en 1855, mais sans en apprécier l'importance, puisqu'il sépare le P. setigerum du Ph. Lijndenianum par plu- sieurs autres espèces, qui en sont dépourvues. 2. Sur le genre nouveau CorroBorrys. — Les Coleobotrys ont, comme on l'a vu plus haut, l'axe de la grappe entouré à sa base, non d’un involucre, mais d’une gaine corticale irrégulière- ment déchirée, provenant de ce que le rameau florifère y est endo- gène. Ici aussi le groupe floral est donc protégé au premier âge, mais d’une tout autre façon. La tige, la feuille, la fleur et le fruit renferment des sclérites en forme de longues aiguilles, comme chez les Chiridium, ce qui prouve l'étroite affinité des deux genres. Pourtant, les Coleobotrys diffèrent encore des Chiridium par la conformation du calice, qui est cylindrique et pointu dans le bou- ton, et surtout par celle des étamines, dont les anthéres subulées ont leurs sacs polliniques transversalement cloisonnés. Malgré ce cloisonnement, l'anthére s'ouvre, comme à l'ordinaire, par deux fentes longitudinales intéressant chacune les deux séries de logettes du cóté correspondant. Ainsi caractérisé, à la fois par la morphologie externe et par la structure, le genre Coleobotrys comprend aujourd'hui six espèces. Trois d'entre elles ont été déjà décrites comme Loranthus, savoir : le Coleobotrys helerantha (Loranthus heteranthus Wallich), de l'Inde, le C. Macklottiana (L. Macklottianus Korthals}, de Bornéo VAN TIEGHEM. — GENRES NOUVEAUX DE LORANTHÉES. 485 et Sumatra, enfin le C. crassisepala (L. crassipelalus King), de Perak. MM. Bentham et Hooker séparent beaucoup ces espèces ; ils considèrent, en effet, la première comme le type d'une sec- tion spéciale de leur genre Loranthus, la section Heleranthus, tandis qu'ils incorporent la seconde à la section Phenicanthe- mum, où ils la placent à côté de nos Chiridium. Le cloison- nement transversal des sacs polliniques, qu'ils signalent dans le L. heteranthus, leur a échappé dans le L. Macklottianus. Les trois autres espéces n'ont été jusqu'ici ni nommées, ni dé- crites. Découvertes à Java par Zollinger, elles ont été distribuées sous les n° 1414, 1428 et 2259; les deux premières ont été récol- tées en 1843, la troisième en 1845. Je nommerai le n° 1414 Coleo- botrys Zollingeri ; le n° 1498, C. acuminata, à cause de ses feuilles ovales acuminées; le n* 2259, C. raphidophora, pour rappeler la forme en aiguille de ses sclérites. Ces trois espéces sont d'ailleurs irés voisines; on trouvera dans mon Mémoire le détail de leurs caractéres différentiels. À ces six espèces de Coleobotrys, il faudra peut-être joindre le L. cylindricus de Jack, que je n’ai pas pu étudier jusqu’à pré- sent. 3. Sur le genre Sycorniza Welw. mss. — Les Sycophila res- semblent aux Goleobotrys, comme il a été dit plus haut, par la con- formation du calice et des étamines, dont les anthéres subulées ont leurs sacs polliniques transversalement cloisonnés. Ils en dif- férent par l'absence de gaine à la base de la grappe, dont la sur- face est continue avec celle du rameau feuillé et qui est, suivant la règle, exogène. À cette différence externe s’en ajoutent plusieurs autres tirées de la structure. Laissons de côté la tige et la feuille, et ne consi- dérons que l'ovaire infére. Nous y verrons deux caractères frap- pants. D'abord sa paroi est entièrement dépourvue de ces sclérites en aiguille dont elle est bourrée dans les Chiridium et les Coleobo- trys; par contre, on y trouve de petits nodules de cellules sclé- reuses isodiamétriques, dont les plus externes renferment cha- cune un prisme d'oxalate de chaux. Mais surtout on n'observe pas ici cette cupule lignifiée, de forme variable, située plus ou moins haut suivant les genres et marquant chaque fois la base réelle du pistil, dont la présence est générale, comme on sait, chez les Loran- 486 . SÉANCE DU 13 JUILLET 1894. thacées. Elle est remplacée par une colonne massive de pareilles cellules à membranes minces et lignifiées, s'étendant suivant l'axe dans toute la longueur de l'ovaire jusqu'à la base du style et atté- nuée à ses deux extrémités en forme de fuseau. Seuls, les sacs embryonnaires, qui se développent, au nombre de trois à cinq, dans l'épaisseur de ce massif, échappent à la lignification. Sur la coupe longitudinale axile de l'ovaire, aprés double coloration au carmin et au vert d'iode, ce fuseau massif vert, remplacant la cu- pule ordinaire, tranche fortement sur le fond rose et permet de reconnaitre à l'oeil nu une espèce de ce genre. Ainsi défini, d'une part par la morphologie externe, de l'autre par la structure, le genre Sycophila comprend aujourd'hui trois espéces, originaires toutes les trois des colonies portugaises de la cóte occidentale d'Afrique. Welwitsch a découvert en 1857, vivant sur le Ficus pendulus dans l'ile de Calemba, sur le fleuve Cuanza, au sud de Loanda, entre Quisondo et Condo, une espéce qu'il a désignée, dans son Herbier des plantes d'Angola, appartenant à l'École polytechnique de Lisbonne, sous le nom de Sycophila combretoides. L'étiquette originale porte, en outre, cette mention : « Nov. gen. floribus 4-meris, racemosis et antheris bilocularibus loculis pluriloculatis (fere favosis) distinctum. » Des doubles de cette espéce ont été distribués sous le n^ 4859. La caractérisation du genre, ainsi basée par Welwitsch sur l'inflorescence en grappe, la tétramérie de la fleuret le cloisonnement transversal des sacs polliniques, était assurément suffisante. En effet, dans les Coleobotrys, qui ont aussi l'inflorescence en grappe et les anthéres cloisonnées, la fleur est pentamére, et dans les Elytranthe, qui ont également les an- théres cloisonnées, l'inflorescence est en épi et la fleur hexamère. On conviendra pourtant que c’est la substitution dans l'ovaire du fuseau lignifié axile à la cupule normale, caractère unique dans la famille, qui donne à ce genre encore inédit toute sa valeur, en méme temps qu'elle met en lumiére la perspicacité de Welwitsch, qui l'a apercu le premier. La seconde espèce a été récoltée par Mann, à l'ile Saint-Thomas, c'est-à-dire beaucoup plus au nord, sous l'équateur; elle a été dé- crite comme Loranthus, sous le nom de L. Mannii, par M. Oliver, en 1864. Sans doute à cause du cloisonnemeut des sacs polliniques, MM. Bentham et Hooker ont classé cette espéce dans leur section VAN TIEGHEM. — GENRES NOUVEAUX DE LORANTHÉES. 481 Heleranthus, à cóté du L. heteranthus Wall., qui est, comme il a été dit plus haut, un Coleobotrys. C'est en réalité un Sycophila, le S. Manni (Oliv.). Enfin, gráce à l'obligeance de M. Henriqués, professeur à l'Uni- versité de Coimbre, j'ai pu étudier une espèce récoltée par M. Quintas, en 1885, à l'ile des Tourterelles, prés de Saint-Thomas, et qui porte dans l'herbier de l'Université le nom de Loranthus Mannii Oliver. C'est bien, en effet, un Sycophila, mais différant spécifiquement du S. Manni. Les feuilles, notamment, y sont plus petites et surtout, au lieu d'étre opposées, comme dans les deux espèces précédentes, elles sont verticillées par trois à chaque nœud, disposition qui entrainecelle des grappes axillaires. C'est pourquoi je le nommerai Sycophila ternata. 4. Sur le genre LawTRORUS Presl. — Caractérisés par l'arti- culation du style, comme il a été dit plus haut, les Lanthorus ont la paroi de l'ovaire dépourvue de sclérites en aiguille; mais par contre, on y observe, comme dans les Sycophila, des nodules de cellules scléreuses isodiamétriques renfermant des prismes à la périphérie. Ils différent, en outre, des Chiridium par l'absence d'involucre et de sclérites en aiguille, des Coleobotrys par lab- sence de gaine et de sclérites en aiguille, ainsi que par la confor- mation normale des anthéres, des Sycophila, enfin, par la con- formation normale des anthéres et surtout parla présence dans l'ovaire d'une cupule lignifiée ordinaire et non d'un fuseau. Ainsi défini à la fois par la morphologie externe et par la struc- ture, le genre Lanthorus comprend actuellement six espéces. L'une d'elles, récoltée aux Philippines par Cuming et distribuée sous le n* 1949, a été décrite par Presl, en 1849, comme type d'un genre distinct, sous le nom de Lanthorus spicifer. Tout en attri- buant avec raison à l'articulation du style une valeur générique, Presl ignorait que ce méme caractère se retrouve dans deux espèces antérieurement décrites comme Loranthus, savoir le L. pentapetalus Roxburgh, de l'Inde, où Blume l'a signalé le pre- mier en 1830, et le L. macrostachys Korthals, de Bornéo, où Korthals l'a retrouvé en 1839. Faute de cette remarque, son genre n'a pas été admis jusqu'à présent; il est à rétablir. Le Loranthus pentapetalus de Roxburgh, retrouvé plus tard par Wallich, qui l'a nommé L. erythrostachyus, est donc à placer 488 SÉANCE DU 13 JUILLET 1894. dans le genre Lanthorus, à côté de l’espèce précédente, sous le nom de L. pentapetalus (Roxb.), ou mieux, de L. pentasepalus (Roxb.), puisque le périanthe est ici un calice, non une corolle. Miquel a classé cette espèce dans son genre Phænicanthemum, MM. Bentham et Hooker dans la section Phœnicanthemum de leur genre Loranthus. | Le Loranthus macrostachys de Korthals, qui diffère de l'espèce précédente notamment par la dimension plus grande de toutes ses parties, et que Miquel a placé dans son genre Phanicanthemum sous le nom de Ph. xestophyllum, est aussi un Lanthorus, le L. macrostachys (Korth.). À ces trois espéces déjà nommées, il faut sans doute ajouter celle qui a été décrite par Wallich sous le nom de Loranthus polycarpus, et que je n'ai pas pu étudier jusqu'à présent : ce sera le Lanthorus polycarpus (Wall.). Les deux dernières espèces n'ont pas encore été distinguées. L'une d'elles, découverte par Blume à Java et retrouvée plus tard par Korthals à Bornéo, a été décrite et figurée par lui sous le nom de Loranthus pentapetalus Roxburgh. Elle me parait pourtant bien distinete de la plante de l'Inde. Je la nommerai Lanthorus Blumeanus. L'autre, récoltée à Manille par Cuming et distribuée sous le n° 1975, est voisine du L. spicifer, dont elle diffère notam- ment par la forme des feuilles, -de la grappe et des fruits : je la nommerai Lanthorus Cumingii. Ainsi constitué, le genre Lanthorus se retrouve donc à la fois dans l'Inde, à Manille, à Java et à Bornéo. 9. Sur le genre nouveau PiLosriGuA. — Défini, comme on l'a vu plus haut, par la dimension et la forme du stigmate, le genre Pilostigma se distingue encore de tous les précédents par plusieurs autres caractéres externes, notamment par son inflorescence en ombelle pauciflore et par les fleurs hexaméres, ainsi que par divers caractéres de structure, notamment parce que l'ovaire renferme dans sa paroi, non pas des aiguilles comme chez les Ghi- ridium et les Coleobolrys, non pas des nodules scléreux à cristaux prismatiques, comme dans les Sycophila et les Lanthorus, mais des sclérites étoilées à longues branches. i Il se réduit jusqu'à présent à une seule espéce, découverte par M. F. de Mueller en Australie sur les Eucalyptus, aux bords de la VAN TIEGHEM. — GENRES NOUVEAUX DE LORANTHÉES. 489 rivière Victoria, et décrite par lui en 1859 comme Loranthus; sous le nom de L. sanguineus. Cette espèce a été classée par MM. Bentham et Hooker dans la section Heteranthus de leur genre Loranthus. Elle devient le Pilostigma sanguineum (Muell.). Il se peut que l'étude des diverses formes sous lesquelles elle a été signalée dans différentes autres régions de l'Australie permette d'y reconnaitre plus tard plusieurs espéces distinctes. 6. Sur le genre nouveau ILeosryLus. — Le pelotonnement du style, caractére unique dans la famille, distingue immédiatement, comme on sait, le genre Jleostylus. La fleur est petite et le calice est court dans le bouton, tandis qu'à l'intérieur le style devient beaucoup plus long : d’où ce tortillement singulier, qui persiste aprés l'épanouissement et méme aprés la chute du calice et de l'androcée. En outre, ce genre différe de tous les précédents par d'autres caractéres externes, comme d'avoir pour inflorescence une grappe composée d'ombelles triflores, et aussi par des carac- téres internes, comme de n'avoir dans la paroi de l'ovaire infère aucune sorte de cellules scléreuses. Il ne comprend jusqu'ici qu'une seule espèce, originaire de la Nouvelle-Zélande, décrite par M. J. Hooker, en 1864, comme Loranthus, sousle nom de L. micranthus. MM. Bentham et Hooker l'ont classée dans la section Euloranthus de leur genre Loranthus, mais en la séparant fortement de toutes les autres et en établis- Sant pour elle une sous-section distincte, sous le nom de Hete- roslylis. Cette dénomination, ayant déjà été employée, n'a pas pu étre transportée au genre nouveau. L'espéce en question devient donc l'Ileostylus micranthus (Hook. fil.). Défalcation faite des six genres qu'on vient d'établir, les autres Loranthées qui ont le calice dialysépale et les étamines à anthéres basifixes doivent-elles être toutes réunies dans un seul et méme genre, qui devrait alors porter le nom de Loranthus, ou bien au contraire doivent-elles être réparties entre plusieurs genres dis- tinets, dont l'un seulement portera le nom de Loranthus ? C'est la question que je me propose d'examiner dans une prochaine Gom- munication. M. Guignard demande ce que devient, aprés la féconda- 490 . sÉANCE DU 13 JUILLET 1894. tion, le tissu lignifié à forme de fuseau que M. Van Tieghem a décrit dans les Sycophila. M. Van Tieghem répond que les échantillons dont il dis- posait étaient trop jeunes pour lui permettre de suivre l'étude de ce tissu. M. le Secrétaire général donne lecture de la communi- cation suivante : SUR LA VARIATION DU POUVOIR ABSORBANT DES GRAINES ; par M. Edmond GAIN. |\ Différents auteurs ont observé, pour les graines d’une espèce donnée, de grandes variations dans le pouvoir absorbant. La Fève des marais, par exemple, d’après M. Coupin (1), a un pouvoir absorbant (2) qui peut varier de 193 à 183, soit une différence en valeur relative d'un tiers du pouvoir absorbant. Pour beaucoup d'autres graines, le chiffre n'est exact qu'à 10 ou 15 pour 100 prés. Cette présente Note a pour but de mettre en évidence, non pas l'unique, mais du moins la principale cause des variations signa- lées ci-dessus. Le phénoméne du gonflement des graines est d'ordre purement physique. Si la graine absorbe de l'eau, c'est que les cellules ren- ferment des substances hygroscopiques capables de retenir l'eau, soit par simple adhérence, soit en se combinant avec elle pour former des composés plus hydratés. Quand un sel minéral cristallisable se trouve en solution saturée, il cristallise un hydrate ayant n (H°0). Si l'on dilue la liqueur de facon à n'avoir qu'une solution trés étendue et que le sel soit ce- pendant susceptible de cristalliser dans cette liqueur, l'hydrate formé aura (nm) H°0. Si donc ces deux hydrates, K n (H?0) et K (n-]- m) HO, sont placés dans une atmosphére humide et sont déliquescents, il se (1) Variations du pouvoir absorbant des graines, en rapport avec id poids (voy. le Bulletin, 1893). , (2) Comme tous les auteurs, nous appelons pouvoir absorbant d'une graine le poids d'eau absorbée, quand la saturation est atteinte, rapporté 100 grammes de graines prises à l'état de dessiccation ordinaire. GAIN. — SUR LA VARIATION DU POUVOIR ABSORBANT DES GRAINES. 494 produira des deux cótés une attraction trés différente pour l'eau, Le premier sel sera capable d'absorber et de retenir par hygro- scopicité plus d'eau que le second, qui est préalablement plus voisin de son maximum d'hydratation. Cette conclusion théorique m'a suggéré l'idée que les condi- tions dans lesquelles se sont opérées les migrations des réserves vers la graine influent beaucoup sur le pouvoir absorbant lors de la germination. Siles réserves se sont emmagasinées en présence d'un liquide trés aqueux, ces substances doivent étre moins hygroscopiques et par suite le pouvoir absorbant devra étre moins élevé. Expérimentalement il est possible de réaliser cette condition. Au cours de mes recherches sur l'influence de l'humidité du sol, j'ai installé des cultures comparables, mais dont le sol était à des degrés d'humidité trés différents. Dans ces expériences, au moment qui suit la floraison, la teneur en eau du végétal ayant été dosée, on trouve, pour la plante du sol humide, une proportion centési- male de poids sec beaucoup moins élevée qu'en sol sec. Pour le Lupin, par exemple, quinze jours aprés la floraison, alors que s'accomplit la fructification, la teneur des rameaux était au méme jour : Poids sec, Eau. — a— a P Nm. d agen En soltec...,,........ 30 pour 100 70 pour 10 En sol humide......... 22 pour 100 78 pour 100 Des différences analogues ont pu étre observées pour le Radis, le Sarrasin, l'Orge, la Féve, le Haricot, etc. La fructification et la maturation des graines se sont donc opé- rées, dans le premier cas, au sein d'un dissolvant beaucoup moins concentré que dans le second cas. Les graines ayant été récoltées de façon à être bien comparables, on a alors déterminé leur pouvoir absorbant. Méthode employée. — Pour les grosses graines (Lupin, Féve, Haricot), on a opéré simultanément : 1* Sur un lot de cinq graines de méme poids dans les deux cas; 2^ Sur une seule graine. La graine a été plongée dans l'eau, puis on l'a séchée, avant la pesée, en la passant dans du papier Joseph. 492 SÉANCE DU 13 JuiLLET 1894. Pour les petites graines, on a pris d'une part unlot de 300 graines et d'autre part un lot de 100 graines. Avant chaque pesée, on presse dans du papier filtre et les graines sont prises rapidement à la main, par deux ou trois, pour enlever l'excés d'eau. La graine du Datura, par exemple, est ensuite d'un noir mat qui indique qu'elle est ressuyée. L'exactitude du procédé a été vérifiée de la façon suivante : Aprés une pesée, les graines ont été replongées dans l'eau deux minutes, en agitant pour chasser l'air; si l'on recommence à les sécher comme précédemment, on obtient toujours le méme poids à 3 milligrammes prés sur un lot de 100 graines; soit une appro- ximation de 0",00003 par graine. Le procédé est donc valable comme exactitude. Si l'on compare le pouvoir absorbant des grosses graines entre elles et celui des petites graines, on trouve une variation qui n'est pas toujours dans le méme sens pour des espéces différentes, ni méme pour une espéce déterminée. Le poids d'une graine dépend d'un grand nombre de facteurs. Une plante naine, par exemple, peut avoir de plus grosses graines qu'un échantillon trés vigoureux et trés grand. Dans certains cas, c’est le contraire qui a lieu. Le nombre des graines, sur un rameau ou sur la plante entiére, influe aussi sur leur poids. ll est donc naturel que le pouvoir absorbant puisse ne pas varier propor- tionnellement au poids de la graine. kd Dans nos recherches nous avons comparé entre elles des graines de méme poids provenant de sol humide et de sol sec, et, pour - montrer que le poidsest un facteur secondaire sinon étranger, nous avons fait nos comparaisons d'une part avec des grosses graines et d'autre part avec des petites graines. Quand on récolte les graines sur les plantes des sols secs, on remarque certains fruits qui ont été arrétés dans leur développe- ment par la sécheresse et qui cependant ont des graines saines, mais trés peu développées. Leur arrét de développement étant dà à la dessiccation de la plante, par suite à la concentration trop forte, qui a arrété la migration, si notre hypothèse est exacte, ces graines devront avoir un pouvoir absorbant plus fort que les autres graines bien for- mées. Si celte déduction était réalisée, c'était donc un fort appoint pour décider de l'exactitude du fait à vérifier. GAIN. — SUR LA VARIATION DU POUVOIR ABSORBANT DES GRAINES. 493 Voici quelques résultats obtenus, nous donnons seulement les moyennes : A. Phaseolus vulgaris (Haricot cultivé). GRAINES PROVENANT DE SOL SEC. Poids de la graine Poids de la graine Pouvoir desséchée à l'air. gonflée. absorbant. n gr. S G hu | o Au ie rosses graines | 0,415 1.051 191,3 Peti : 0,204 0,472 130,6 etites graines (1). | 0,210 0,480 198,9 Graines arrétées (2) dans leur déve- loppement par la ) 0,227 0,530 133,4 dessiccation de la plante. GRAINES PROVENANT DE SOL HUMIDE. Poids de la graine Poids de la graine Pouvoir desséchée à l'air. gonflée. absorbant. ge. gr. 0,458 0,954 108,1 Grosses graines.... | 0,460 0,963 109,3 0,490 0,967 97,5 Petit : ( 0,282 0,556 F DOE ET. T "0903 0,510 93,9 B. Raphanus sativus (Radis cultivé). Graines provenant de sol sec. Graines provenant } de sol humide. 4 l Pouvoir absorbant moyen = 133,5 Pouvoir absorbant moyen — 116 _ Graines provenant des fruits arrêtés | 4° lot..... Pouvoir absorbant 175 dans leur dévelop- ; 2° lot..... RF 205,6 pement par la sé- | 3° lot..... — 181,5 cheresse. (1) Ces petites graines proviennent de gousses bien développées renfer- mant d'autres graines plus grosses. (2) Moyenne de cinq graines. Ces graines sont les plus grosses de celles qu'on trouve dans les fruits arrêtés dans leur développement par la séche- resse.- i ; ; : 494 . SÉANCE DU 13 JUILLET 1894. C. Datura stramonium (Pomme épineuse). Graines provenant | {* lot... Pouvoir absorbant moyen 33,2 de sol sec. Je. lot; -~ 36,8 Graines provenant | I" Tot- — 30 de sol humide. 2e t- — 32,4 Avant de conclure, nous croyons devoir faire remarquer que les graines provenant de sol humide sont en général, à l'état sec, beaucoup plus ridées que les graines de sol sec. Au moment de la fructification, en effet, la graine et le fruit sont beaucoup plus aqueux en sol humide. Aprés la récolte, les graines, ainsi que je l'ai constaté, arrivent sensiblement à un méme degré de dessiccation, la teneur en eau des graines est alors la méme dans les deux lots. Les graines provenant de sol humide ayant perdu une plus grande quantité d'eau, on constate qu'elles sont ridées, tandis que les graines de sol sec sont restées bien gonflées. Si donc, pendant le gonflement, il y a de l'eau libre entre le tégument et l'amande, c'est surtout dans les graines ridées qu'elle doit étre abondante. La différence d'eau absorbée par les graines ne peul donc pas étre mise sur le compte de l'eau libre, mais seulement sur le compte de la différence d'hygroscopicité des substances qu'elles renferment. CowcLusioN. — Comme on a pu le constater, ce qui fait varier le pouvoir absorbant, c'est donc bien plus la facon dont se sont déposées les substances de réserve que leur plus ou moins grande abondance dans une graine. Le poids des graines étant seulement la résultante d'un grand nombre d'influences, il n'y a pas de rela- tion directe entre ce poids et le pouvoir absorbant des graines. Il yaau contraire une relation qui parait étre trés importante entre le pouvoir absorbant et la concentration des liquides internes au moment de l'emmagasinement des principes de réserve; plus l'eau a été abondante à ce moment, moins le pouvoir absorbant sera élevé à l'époque du gonflement. | Cette conclusion met en évidence un fait important : c'est que; pour une méme espéce végétale, le pouvoir absorbant des graines pourra être tantôt plus grand, tantôt plus petit pour les grosses SÉANCE DU 27 JUILLET 1894. 495 graines que pour les petites. Elle explique en outre pourquoi deux graines de méme grosseur peuvent avoir des pouvoirs absorbants différents : les conditions de végétation des différents pieds étant trés variables à ce point de vue. Il faut en outre remarquer que les graines qui se forment trés tardivement, alors que la plante est déjà dans un stade de dessiccation avancée, sont aussi dans des con- ditions très différentes de celles dont disposaient les premières graines formées. Les dernières graines formées doivent avoir un pouvoir absor- bant plus élevé : c’est un fait qu’il serait peut-être bon de vérifier directement, mais qui me paraît démontré par le calcul que j'ai fait du pouvoir absorbant des graines arrêtées dans leur dévelop- pement par la sécheresse. SÉANCE DU 27 JUILLET 1894. PRÉSIDENCE DE M. GUIGNARD. M. Danguy, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de la séance du 13 juillet, dont la rédaction est adoptée. M. le Secrétaire général a été informé ces jours derniers de la mort de M. l'abbé Sauze, curé de Marcieu (Isére), dont l'admission remontait au 24 juillet 1868. Cette pénible nou- velle, confirmée depuis par une lettre de M. Burnat, était d'abord parvenue au secrétariat par les soins de la Poste qui avait renvoyé, avec la mention « pour cause de décés », un Bulletin adressé au défunt. Pour ajouter quelques renseigne- ments sur ce regretté confrére, M. Malinvaud les a demandés à M. l'abbé Faure, de Grenoble, puis à un autre botaniste de l'Isère, M. Adolphe Pellat, qui a trés obligeamment répondu par les lignes suivantes : 496 SÉANCE DU 27 JUILLET 1894. EXTRAIT D'UNE LETTRE DE M. Ad. IPELILA'T A M. MALINVAUD. ... J'ai herborisé une fois seulement, au mont Seneppe, avec le regretté confrére que nous avons perdu, et je le connaissais peu. Il était d'un caractére obligeant, mais son extréme surdité depuis quelques années rendait avec lui les relations difficiles. D'abord professeur au petit séminaire du Rondeau, il desservait depuis longtemps la paroisse de Marcieu (canton de la Mure), au pied du Seneppe, montagne souvent explorée par les botanistes, notamment par Mutel. L'abbé Sauze en avait visité tous les coins et recoins, et je crois qu'aucune des rarelés que celte riche localité peut recéler ne lui avait échappé. Il y a signalé une foule de plantes intéressantes, dont plusieurs nouvelles pour la flore dauphinoise, entre autres les Cytisus Ardoini [depuis C. Sauzeanus (1)], Polygala exilis, Poa hybrida, un grand nombre d'Hieracium rares : H. rupestre, hemiplecum, parcepilosum, aronicifolium, urtica- ceum, etc. Il avait fait partie de la Société dauphinoise depuis sa fon- dation, et il en a été jusqu'à la fin un des membres les plus zélés. . . - Par suite de la présentation faite dans la dernière séance, M. le Président proclame membre de la Société : M. GÉRARD, recteur de l'Académie de Montpellier, pré- senté par MM. Flahault et Granel. Dons faits à la Société : Bergevin, Liste de quelques plantes récoltées en Algérie. Boyer et de Jaczewski, Matériaux pour la flore mycologique en environs de Montpellier. Gillot, Notes sur quelques plantes hybrides ou litigieuses de la flore francaise. Gomont, Note sur un Mémoire récent de M. Schmitz. Fr. Héribaud-Joseph, Éléments d'histoire naturelle. Botanique. Abbé Hue, Lichens des environs de Paris, fasc. II. (1) Ce Cytise, publié sous le nom de C. Ardoini E. Fourn., en 1883, qne les collections de la Société dauphinoise, n° 68 bis, a été depuis distingue v» C. Ardoini type, des Alpes-Maritimes, et trés soigneusement décrit sous le nom de Cytisus Sauzeanus Burn. et Briqu. [voy. les Études sur les Cytises des Alpes-Maritimes de M. John Briquet, pp. 71 et suiv. (juin 1894), Mene faisant partie des « Matériaux pour servir à l'histoire de la flore des Alpes- Maritimes » publiés par M. Ém. Burnat.] . VAN TIEGHEM. — GENRES DANS LES LORANTHACÉES, 491 - Hue, Revue des travaux sur les Lichens (1892-93). Husnot, Muscologia gallica, livr. 13. Le Breton et Niel, Champignons nouveaux ow peu connus récoltés en Normandie. Louis Planchon, Produits fournis à la matière médicale par la fa- mille des Apocynées. Sahut, La crise viticole, ses causes et ses effets. Baccarini, Sul mal nero delle Viti. — Sulla Petecchia o vaiolo degli Agrumi. E. Levier, Tesselina pyramidata e Riccia macrocarpa. — Riccia Michelii Raddi. — Riccia Henriquesii. Martinez, Monografia cientifica della Provincia del Tunguragua. Tassi, Anormalila di struttura dei fiori dello Stenocarpus Cunnin- ghamii R. Br. — Dell evoluzione dei granuli di polline. O. Kuntze, Nomenclatur- Studien. Bulletin de la Société des sciences naturelles de l'Ain, 1* semestre, 1894. Société d'histoire naturelle d Autun, sixième Bulletin, 1893. M. Van Tieghem fait à la Société la communication sui- vante : SUR LE GROUPEMENT DES ESPÈCES EN GENRES DANS LES LORANTHACÉES A CALICE DIALYSÉPALE ET ANTHÈRES BASIFIXES; par M. Ph. VAN TIEGHEM. On sait, par une Note précédente (1), qu'il existe, dans le groupe des Loranthacées à calice dialysépale et à anthéres basifixes, jus- qu'à six lots d'espéces qu'il y a lieu de constituer en autant de genres distincts, savoir : Chiridium, Coleobolrys, Sycophila, Lanthorus, Pilostigma et Ileostylus. Défalcation faite de ces six genres, il reste dans ce groupe une trentaine d'espéces que l'on peut à leur tour, d'aprés des caractéres tirés à la fois de la mor- phologie externe et de la structure, répartir en onze genres diffé- rents. L'objet de la présente Communication est d'abord de fixer (1) Ph. Van Tieghem, Quelques genres nouveaux pour la tribu des Loran- thées dans la famille des Loranthacées (Bull. de la Soc. bot., 13 juillet 1891). T. XLI. (SÉANCES) 32 498 SÉANCE DU 27 JUILLET 1894. cette nouvelle répartition, puis de résumer dans un tableau d'en- semble les principaux caractéres des dix-sept genres qui com- posent le groupe tout entier. Certaines espéces ont les fleurs disposées en épi, terminal ou axillaire, hexaméres, à ovaire dépourvu de cellules scléreuses ; on les groupe autour du Loranthus europæus, pour former le genre Loranthus (Linné). . Chez d'autres, l'inflorescence est aussi un épi axillaire, pauci- flore et pouvant se réduire à une fleur unique, mais la fleur est tétramére; de plus et surtout, l'épi ou la fleur naissent à l'inté- rieur du rameau et sont au début enveloppés d'une poche, qui persiste plus tard en forme de gaine autour de leur base; on les réunit dans le genre nouveau Perazilla (1). D'autres ont les fleurs groupées en capitule axillaire, sessile et sans involucre, tétraméres, à ovaire muni de nodules de cellules scléreuses; elles constituent le genre Barathranthus (Korthals) Miquel. Chez d’autres, les fleurs sont rapprochées aussi en capitule axil- laire, mais le capitule est pédicellé et enveloppé d'un involucre de deux larges bractées foliacées, appliquées l'une contre l'autre par toute leur face interne jusqu'à l'épanouissement; elles forment le genre nouveau Diplatia (2). D'autres ont les fleurs disposées en grappe axillaire simple, tétraméres, à calice rouge, à ovaire muni de nodules scléreux; on les réunit dans le genre Phenicanthemum Blume. Chez d'autres, l’inflorescence est aussi une grappe axillaire simple, mais les fleurs sont pentaméres et ont un calice blanc : elles forment le genre nouveau Leucobotrys (3). Chez d'autres, l'inflorescence est encore une grappe simple à fleurs tétraméres, mais la grappe est terminale, les sépales sont munis sur la face interne de plis obliques descendants de chaque côté du filet staminal concrescent, et la paroi de l'ovaire infère, dépourvue de cellules scléreuses, renferme des cellules sécrétrices spéciales; elles constituent le genre Acrostachys (Bentham et Hooker). (1) De pera, proche, et azilla, aisselle. (2) De rhareta, chose plate, et à:, deux. (3) De zsvxós, blanc, et Pérpus, grappe. VAN TIEGHEM. — GENRES DANS LES LORANTHACÉES. 499 D'autres ont les fleurs groupées en ombelle simple pauciflore, terminale ou axillaire, pentaméres, avec des sépales plissés sur la face interne, un style tortueux et un ovaire muni de cellules sclé- reuses; elles forment le genre Plicosepalus (Bentham et Hooker). Chez d'autres, l'inflorescence est aussi une ombelle, terminale ou axillaire, mais les fleurs sont tétraméres, avec des sépales non plissés et un style droit, et surtout la plante offre un port tout particulier et trés remarquable. Chaque branche porte un verti- cille de quatre feuilles, au-dessus duquel elle ne se prolonge pas ; à l'aisselle d'une de ces feuilles se forme un rameau, qui se ter- mine de méme par un verticille de quatre feuilles, et ainsi de suite. Il en résulte un sympode, muni d'une couronne de quatre feuilles à chaque articulation. Cà et là, il se fait deux, trois et méme quatre rameaux axillaires et le sympode se ramifie dans autant de directions différentes. On réunit ces espéces dans le genre nouveau Stemmatophyllum (1). D'autres ont les fleurs groupées en une ombelle axillaire com- posce de triades, pentaméres, avec ovaire muni de cellules sclé- reuses; elles forment le genre nouveau Amyema (2). Chez d'autres, enfin, les fleurs sont aussi disposées en une ombelle axillaire composée de triades et l'ovaire infère y est aussi pourvu de cellules scléreuses, mais les feuilles y sont verticillées en plus ou moins grand nombre, suivant le diamétre plus ou moins grand des branches; elles constituent le genre nouveau Neophylum (3). Quelques mots maintenant sur chacun des onze genres ainsi sommairement définis, pour en préciser un peu plus les caractéres ella composition, sans entrer toutefois dans les détails descrip- tifs, qui trouveront place plus tard dans un Mémoire d'ensemble. 1. Sur le genre Loranraus (Linné). — Défini par l'inflores- cence en épi, la fleur hexamére et l'ovaire infère entièrement dé- pourvu de cellules scléreuses, le genre Loranthus ne comprend actuellement que trois espèces, savoir : le L. europeus Linné, d'Europe et d'Asie, qui est dioique, le L. Grewinkii Boissier et (1) De orippa, couronne, et q2Xxov, feuille. — ie (2) Nouveau, non encore enseigné, de ^ privatif et uico, j enseigne. (3) De véos, nouveau, et g5hov, race. 500 : SÉANCE DU 27 JUILLET 1894. Buhse, du nord de la Perse, et le L. odoratus Wallich, de l'Inde, qui sont hermaphrodites. Peut -étre y faut-il rattacher aussi le L. Lambertianus Schultes, de l'Inde, espéce que je n'ai pas encore pu étudier. Ainsi étroitement limité, ce genre ne comprend, de la section Euloranthus de De Candolle, que les deux sous-sections des Vis- coidei et des Odorati. De la section Euloranthus de Bentham et Hooker, adoptée aussi par M. Engler, il ne renferme que la sous- section Europæicola et une partie de la sous-section Barathran- thus. 9. Sur le genre nouveau PERAXILLA. — Par l'origine endo- gène du bourgeon florifère et la gaine qui persiste autour de la base du groupe floral, les Peraxilla ressemblent aux Coleobo- trys, dont ils diffèrent notamment par la tétramérie de la fleur et par l'absence complète de sclérites en aiguille dans l'ovaire in-. fère. Ce genre comprend actuellement trois espèces, toutes de la Nouvelle-Zélande. Deux d'entre elles ont été déjà décrites comme Loranthus, savoir : le P. Colensoi (Loranthus Colensoi Hooker fil.), dont l'inflorescence est un épi pédicellé, court et pauciflore, et le P. tetrapetala (L. tetrapetalus Linné fil.), dont les fleurs sont solitaires et pédicellées, disposées cóte à cóte à l'aisselle de la feuille soit trois par trois, soit deux par deux de part et d'autre du rameau végétatif, toujours entourées chacune d’une gaine spé- ciale (1). La troisième n’a pas été distinguée jusqu’à présent. Comme dans le P. tetrasepala, les fleurs y sont solitaires et pédicellées ; mais ici il n'y a qu'une seule fleur à l'aisselle de chaque feuille fertile; c'est pourquoi je nommerai cette espèce P. uniflora. Elle différe d'ailleurs du P. tetrasepala par plusieurs caractéres, no- tamment par la forme de ses branches et de ses feuilles, par son pédicelle plus gros et plus court, etc. C'est elle qui parait avoir servi de Lype à M. Hooker pour la description du L. tetrapelalus dans sa Flore de la Nouvelle-Zélande; de là les discordances que l'on remarque entre cette description et celles de Schultes et de De Candolle. La comparaison des échantillons originaux de (1) Il serait plus correct de dire P. tetrasepala, puisque le périanthe ai ici, comme on sait, un calice, non une corolle. VAN TIEGHEM. — GENRES DANS LES LORANTHACÉES. 501 Forster pour le P. tetrasepala et de Colenso pour le P. uniflora m'a montré qu'il y a là, en réalité, deux espéces bien distinctes. Les L. tetrapetalus et Colensoi ont été rangés par Bentham et Hooker dans leur section Heteranthus; mais, malgré l'étroite affinité qui les unit, ils y ont été répartis dans deux sous-sections différentes. 3. Sur le genre BAnATHRANTHUS (Korthals) Miquel. — Carac- térisé par l'inflorescence en capitule axillaire, sessile et sans invo- lucre, la fleur tétramére et l'ovaire infére pourvu de nodules scléreux dont les cellules périphériques contiennent chacune un cristal prismatique d'oxalate de chaux, le genre Barathranthus comprend actuellement quatre espéces, déjà décrites comme Loranthus, savoir : le B. axanthus (L. axanthus Korthals), de Sumatra, le B. nodiflorus (L. nodiflorus Thwaites), de Ceylan, le B. Lobbii (L. Lobbii Hooker fil.), de l'Inde (Penang), et le B. productus (L. productus King), également de l'Inde (Perak). Toutefois, cette derniére espéce différe des autres parce que le capitule s'y réduit à une ou deux fleurs et que chaque fleur est entourée à sa base par un involucre cupuliforme. La premiére espéce a été reconnue dés 1839, par Korthals, comme étant le type d'une section spéciale du genre Loranthus, qu'il a nommée Barathranthus (1). Cette section a été érigée par Miquel à l'état de genre distinct, en 1855. Au contraire, Bentham et Hooker, suivis par M. Engler, l'ont réduite à l'état de sous- section de leur section Euloranthus, et y ont placé, à cóté des espèces précédentes, les L. Grewinkii, odoratus et Lambertianus, qui ont, comme il vient d'étre dit, l'inflorescence en épi et la fleur hexamère. 4. Sur le genre nouveau DiPLATIA. — Défini par son inflo- rescence en capitule axillaire pédicellé, entouré d'un involucre de deux larges bractées foliacées, par sa fleur pentamére et son ovaire muni de cellules scléreuses à cristaux prismatiques, le genre Diplatia ne comprend jusqu'ici qu'une seule espéce, découverte en Australie par M. F. de Mueller et décrite par lui comme Loran- (1) De 8ápa0pov, fossette, et vôos, fleur, parce que les fleurs y sont nichées dans autant de fossettes à l'aisselle de la feuille. * 502 SÉANCE DU 27 JUILLET 1894. thus, sous le nom de L. grandibracteus : c'est le Diplatia grandi- bractea (Mueller). Bentham et Hooker l'ont classé dans leur section Heleranthus. Il semble pourtant que la comparaison attentive des diverses formes sous lesquelles ce type a été rencontré dans les différentes régions de l'Australie (Queensland, New South Wales, Australie septentrionale) permettra d'y reconnaitre plusieurs espéces dis- tinctes. Ainsi, par exemple, la plante du New South Wales a des feuilles plus larges et moins longues, munies de trois nervures. paralléles trés distinetes, notamment sur la face inférieure, et les deux bractées y sont largement ovales : on pourra lui réserver le nom de D. grandibractea. La plante du Queensland, au contraire, a des feuilles beaucoup plus étroites et plus longues, à une seule nervure à peine visible, et les deux bractées y sont moins larges et prés de deux fois plus longues que dans la forme précédente : on pourra la nommer D. tenuifolia. i 5. Sur le genre PuaNicANTIEMUM Blume. — Caractérisé par l'inflorescence en grappe simple, la fleur tétramére à calice rouge et l'ovaireinfére muni de nodules scléreux à cristaux prismatiques, le genre Phœnicanthemum, établi par Blume dés 1830, mais que Miquel a été seul depuis à reconnaitre comme tel, compte aujour- d'hui au moins sept espéces, toutes de l'Inde, déjà décrites comme Loranthus, savoir : le Ph. coccineum (L. coccineus Jack), le Ph.po- lystachywm (L. polystachyus Wallich, L. Wallichianus Schultes), le Ph. intermedium (L. intermedius Wight), le Ph. obtusatum (L. obtusatus Wallich), le Ph. Hookerianum (L. Hookerianus: Wight et Arnott), le Ph. ligustrinum (L. ligustrinus Wallich) et le Ph. terrestre (L. terrestris Hooker fil.). Peut-être y faut-il ajouter le L. Arnottianus Wight, le L. Bennettianus Miquel, le L. Pari- shii Hooker fil. etle L. Wightii Hooker fil., tous aussi de l'Inde, espéces que je n'ai pas encore pu étudier. ; Les Phænicanthemum ligustrinum et terrestre sont particu- lièrement intéressants, parce que, comme on sait, ils vivent sur la terre, où ils enfoncent directement leurs racines. Ils ne sont pas, comme la plupart des Loranthacées, parasites sur tige; le sont- ils sur racine? C'est ce qu'on ignore, mais ce qui parait peu pro- bable. À ces sept (ou onze) espéces connues, il convient d'en ajouter VAN TIEGHEM. — GENRES DANS LES LORANTHACÉES. 503 une nouvelle, récoltée en 1888, à Bat-Bac au Tonkin, par Balansa et distribuée sous le n° 2331. Elle ressemble beaucoup aux Ph. li- gustrinum et terrestre, à côté desquels elle vient se placer; mais ce qui en fait l'intérét propre, c'est qu'elle est parasite. On ne peut donc pas dire que les caractères par lesquels ces deux espèces S'écartent un peu de leurs congénères, notamment leur inflo- rescence, soient en relation avec leur défaut de parasitisme. Ce sera le Phœnicanthemum Balansæ. Il diffère des deux précédents par la forme de ses feuilles, moins acuminées, et se rapproche du Ph. terrestre plus que de l'autre par sa grappe pauciflore, à axe gréle et à fleurs espacées. Les autres espèces classées dans le genre Phænicanthemum par Miquel, en 1855, dans la section Phenicanthemum du genre Lo- ranthus par Bentham et Hooker, en 1883, doivent en être distraites désormais : tels sont, notamment, les Ph. pentapelalum et xesto- phyllum, qui sont des Lanthorus, les Ph. speciosum, Lijndenia- num et setigerum, qui sont des Chiridium, le Ph. Macklottianum, qui est un Coleobotrys, les Ph. trianthum et triste, qui sont des Amyema, enfin le Ph. ensifolium, dont la fleur est inconnue et par conséquent la place incertaine, mais qui n'est sürement pas un Phœnicanthemum. 6. Sur le genre nouveau LEUcOBOTRYS. — Ressemblant aux Phenicanthemum par l'inflorescence en grappe simple axillaire, sans involucre ni gaine à la base, par la petitesse de ses fleurs et par l'ovaire pourvu de nodules scléreux, mais en différant par la pentamérie et la couleur blanche du calice, le genre Leucobotrys ne comprend actuellement que deux espéces nouvelles, rapportées du Tonkin par Balansa. La premiére, récoltée à Than-Moi sur un Figuier, en 1886, et distribuée sous le n* 1098, a des sépales dilatés au sommet et à la base, où leurs bords sont reployés en dehors; de telle sorte que, dans le bouton, le calice est fortement renflé en haut et en bas, où il porte cinq replis saillants, comme dans les Lanthorus. Ce sera le Leucobotrys inflata. En outre, les étamines ont une portion de leur filet libre et les feuilles ont le limbe atténué versle pétiole et vers l'extrémité, en forme de losange allongé. La seconde, récoltée à Tu-Phap, en 1887, et distribuée sous le n* 2334, a des sépales étroits à la base et le calice n'a pas de ren- 504 SÉANCE DU 27 JUILLET 1894. flement inférieur. Dans le jeune âge, et jusqu'aprés l'épanouisse- ment, les fleurs sont redressées et comme couchées cóte à cóte le long de l'axe de la grappe; elles s'ouvrent aussi beaucoup plus tôt que dans l'espèce précédente. Ce sera le Leucobotrys adpressa. En outre, les anthéres sont presque sessiles sur les sépales et les feuilles ont un limbe plus large, atténué au sommet, mais arrondi vers le pétiole. x 7. Sur le genre AcnosrAcHYys (Bentham et Hooker). — Défini par son inflorescence en grappe simple terminale, par la tétra- mérie de la fleur, par ses sépales plissés et par son ovaire dépourvu de cellules scléreuses, comme chez les Loranthus, mais muni, par contre, de cellules sécrétrices spéciales, le genre Acrostachys ne renferme jusqu'ici que deux espèces, originaires de la côte orien- tale d'Afrique, déjà décrites comme Loranthus, savoir : l'A. Kir- kii (L. Kirkii Bentham), du Zambéze, que j'ai pu étudier récem- ment, et PA. Sandersoni (L. Sandersoni Harvey), de Natal, que je n'ai pas encore eu à ma disposition. Pour ces deux espéces, Bentham et Hooker ont établi, dans leur genre Loranthus, sous le nom d'Acrostachys, une section spéciale, qui se trouve maintenant érigée à l'état de genre dis- tinct. 8. Sur le genre PLicosepazus (Bentham et Hooker). — Carac- - térisé par son inflorescence en ombelle pauciflore, sa fleur penta- mére, à sépales plissés comme dans les Acrostachys, son style ondulé, son ovaire muni de nodules scléreux et son fruit dilaté en forme de cóne renversé, le genre Plicosepalus comprend aujour- d'hui trois espéces, originaires de l'Afrique orientale et australe, déjà décrites comme Loranthus. Ce sont le P. undulatus (L. un- dulatus Meyer), du Cap, où l'ombelle, ordinairement biflore, ter- mine un rameau feuillé; le P. curviflorus (L. curviflorus Bentham), d'Abyssinie, et le P. Fauroti (L. Fauroti Franchet), du pays des Somalis, où l'ombelle, formée de trois à huit fleurs, est axillaire. Pour ces trois espèces, MM. Bentham et Hooker ont établi, dans leur genre Loranthus, une section spéciale, sous le nom de Plicopelalus. Cette section se trouve ici élevée au rang de genre distinct, mais il convient d'en transformer le nom en celui de Pli- - cosepalus, puisque le périanthe est ici un calice, non une corolle. VAN TIEGHEM. — GENRES DANS LES LORANTHACÉES. 505 9. Sur le genre nouveau SrEMMATOPHYLLUM. — Défini surtout par sa végétation en sympode, portant à chaque articulation un verticille de quatre feuilles, parfois réduit à trois, le genre Stem- malophyllum a aussi ses fleurs disposées en ombelle, mais elles sont tétraméres, à sépales lisses et à style droit. De plus, l'ombelle y est tantót terminale et composée, tantót axillaire et simple; dans le premier cas, elle est longuement pédicellée; dans le second, elle est parfois pédicellée, parfois sessile. On connait actuellement cinq espéces de Stemmalophyllum, toutes originaires de Manille et de Bornéo; une seule a été déjà décrite comme Loranthus, les autres paraissent nouvelles pour la science. La première, récoltée à Manille d'abord par H:enke, plus tard par Cuming (n° 1964), est le St. luzonense (L. luzonensis Presl). L'ombelle y est, comme on sait, terminale, longuement pédon- culée et composée de triades à fleurs toutes pédicellées, c'est-à- dire d'ombelles triflores. En méme temps que l'espéce précédente, Cuming a rapporté de Manille, en 1844, trois espéces différentes du méme genre, non décrites jusqu'à présent, qu'il a distribuées sous les n" 1966, 1956, 1952 (et 1958). La première (n° 1966) et la plus remarquable a les articles du sympode très longs, mesurant de 12 à 15 centimètres; les feuilles, briévement pétiolées et penninerves, sont largement ovales, acu- minées et atténuées vers le pétiole. Outre les branches axillaires, il naît cà et là sur les articles du sympode, parfois méme très prés du verticille terminal, des rameaux adventifs, d'origine endogène, d'ailleurs conformés comme les autres. Les fleurs sont disposées en ombelles pauciflores, fasciculées à l'aisselle des feuilles fer- tiles; mais il se développe aussi cà et là de pareilles ombelles le long des articles du sympode, à l'aide de bourgeons adventifs endogénes. Je nommerai cette plante Stemmalophyllum Cu- mingii. ] La seconde (n° 1956) a les articles du sympode plus courts, ne dépassant pas 5 centimétres; les feuilles sont beaucoup plus pe- tites, sessiles, à nervure médiane seule et trés peu apparente, atténuées vers la base et vers le sommet, mais non acuminées. Les fleurs sont groupées en ombelle pauciflore axillaire, brièvement Pédicellée. L'échantillon ne porte aucun rameau adventif d'origine 506 SÉANCE DU 27 JUILLET 1894. " endogène sur les articles du sympode. Ce sera le Stemmatophyl- lum sessilifolium. Enfin la troisième (n° 1952 et n° 1958) a les articles du sympode encore plus courts, longs au plus de 2 ou 3 centimètres, ce qui rapproche d'autantles nœuds renflés. Les feuilles, sensiblement de méme grandeur que dans l'espéce précédente et à nervures aussi trés peu apparentes, sont pétiolées, atténués vers le pétiole, mais arrondies au sommet. Les fleurs sont disposées, à l'aisselle des feuilles, en ombelle pauciflore sessile. Ce sera le Stemmato- phyllum nodosum. Les articles du sympode y sont également dé- pourvus de tout rameau endogène, végétatif ou florifère. À ces quatre espéces de Manille, il faut en ajouter une de Bornéo. M. Beccari, en effet, y a récolté et distribué, sous le n* 688, une plante ayant le méme mode de végétation que les pré- cédentes, mais beaucoup plus robuste, à branches plus épaisses et à feuilles pétiolées plus grandes méme que dans le St. Cumingii, mesurant jusqu'à 10 centimètres de long sur 4 de large. Les fleurs y sont groupées en ombelles pauciflores, fasciculées en grand nombre à l'aisselle des feuilles fertiles. Ce sera le Stemmatophyl- lum Beccarii. Ainsi constitué avec les cinq espèces qu’on vient de décrire, le genre Stemmatophyllum est sans contredit l'un des mieux carac- térisés de la famille, puisqu'on le reconnait immédiatement à son mode de végétation, même en l'absence de fleurs. D’après l'inflo- rescence, on pourrait grouper les espéces en trois sections, sui- vant que l'ombelle est terminale, multiflore et composée (St. lu- zonense), ou axillaire, pauciflore et simple et, dans ce second cas, suivant qu'elle est pédicellée (St. Cumingii, sessilifolium) ou sessile (St. nodosum). 10. Sur le genre nouveau AMwYEMA. — Par la complication plus grande de leur inflorescence, qui est toujours une ombelle composée de triades, les genres Amyema et Neophylum, dont il nous reste à parler, se montrent les deux termes les plus éleves de la longue série que nous venons de parcourir. Seuls, le genre Ileostylus et, parmi les Stemmatophyllum, le St. luzonense, peuvent, sous ce rapport, leur être comparés. Défini par ses feuilles opposées, son ombelle de triades et aussi par sa fleur pentamére à ovaire muni de nombreuses sclérités VAN TIEGHEM. — GENRES DANS LES LORANTHACÉES. 507 transversales, le genre Amyema comprend actuellement un assez grand nombre d'espéces, dont la plupart ont été déjà décrites comme Loranthus et dont quelques-unes n’ont pas encore été étu- diées ni nommées. Ces espèces sont de trois sortes. Les unes ont, dans chaque triade, les trois fleurs également pédicellées; en d’autres termes, -la triade est une ombelle triflore et le groupe tout entier est une ombelle composée : il en est ainsi dans l'Amyema Miquelii (L. Miquelii Lehmann) et dans l'A. aurantiaca (L. aurantiacus Cun- ningham), tous deux d'Australie. D'autres ont, dans chaque triade, les trois fleurs également sessiles; la triade y est un capitule tri- flore et le groupe total est une ombelle de capitules : il en est ainsi dans l'A. triantha (L. trianthus Korthals, Phœnicanthemum trianthum Miquel), de Bornéo, dans l'A. tristis (L. tristis Zollin- ger, Ph. triste Miquel), de Java, et dans l'A. Quandang (L. Quan- dong Lindley), d'Australie. Les dernières, enfin, réalisent dans chaque triade à la fois ces deux dispositions. En effet, la fleur médiane est sessile, les fleurs latérales pédicellées, de telle sorte que le groupe tout entier est une ombelle de petites cymes bipares. C'est une différenciation plus grande et, par là, ces espéces se montrent plus perfectionnées que celles des deux autres groupes. Tels sont lA. linophylla (L. linophyllus Fenzl) et les espèces voi- sines à feuilles cylindriques, l'A. pendula (L. pendulus Sieber), l'A. congener (L. congener Sieber) et l'A. bifurcala (L. bifurcatus Bentham), tous originaires d'Australie : dans la dernière espèce, la fleur médiane avorte dans chaque triade, qui se réduit à une ombellule biflore et le pédicelle commun ne porte que deux pa- reilles ombellules. Peut-étre faut-il ajouter ici le L. maytenifolius À. Gray, d'Australie, où l'ombelle de triades, réduite aussi à deux pédicelles primaires, est terminale et non axillaire comme dans toutes les espéces précédentes; mais je n'ai pas encore pu étudier cette espéce. Sans parler ici des quelques espèces d'Amyema non encore décrites et que j'ai pu étudier, je ferai remarquer que, d'aprés les variations de l'inflorescence, les espéces qu'on vient de citer se répartissent en trois sections, qu'on peut nommer : Capilellulées (A. triantha, etc.), ombellulées (A. Miquelii, etc.) et cymulées (4. pendula, etc.). La première section s'étend à Java et à Bornéo, les deux autres sont limitées à l'Australie. Peut-être sera-t-on 508 SÉANCE DU 27 JUILLET 1894. conduit plus tard à ériger ces trois sections à l'état de genres dis- tincts. A l'exception des À. tristis et triantha, classés par Miquel dans le genre Phœnicanthemum, toutes les autres espèces ont été ran- gées, par Bentham et Hooker, dansla section Heteranthus de leur genre Loranthus. C'est le moment de faire observer qu'aprés tout ce qui précède cette section Heteranthus, extrèmement hétéro- gène d'ailleurs, a complètement disparu comme telle. En effet, les L. Forsterianus, vitiensis, insularum, indicus, signatus, et sans doute aussi le L. (Dendropthoe) verticillatus Scheffer, de la Nouvelle-Guinée, que je n'ai pas encore pu examiner, sont des Élytranthées du genre Treubella; le L. sanguineus est un Pilostigma; les L. heteranthus et Mannii sont des Coleobotrys; le L. grandibracteus est un Diplatia ; les L. tetrapetalus et Colensoi sont des Peraæilla; le L. luzonensis est un Stemmatophyllum ; enfin les L. linophyllus, pendulus, Quandang, bifurcatus, etc., sont des Amyema. M. Sur le genre nouveau NeopayLum. — L'étude des Loran- thées à calice dialysépale et à anthéres basifixes qui croissent à la Nouvelle-Calédonie, où elles ont été récoltées par Vieillard, Deplanche, Pancher et Balansa, m'a conduit à y reconnaitre un genre distinct, voisin des Amyema, auxquels elles ressemblent par leur inflorescence en ombelle composée de triades, ainsi que par leur ovaire muni de cellules scléreuses, mais dont elles dif- fèrent par plusieurs caractères constants, notamment par leurs feuilles verticillées. Cette disposition leur donne un aspect tout particulier, dont on juge mal par les échantillons d'herbier, et qui n'a qu'un rapport lointain avec les Stemmatophyllum, car ici la végétation n'est pas sympodique. Ainsi défini, le genre Neophylum comprend actuellement au moins treize espéces distinctes, qui, d'aprés les variations de l'in- florescence, se répartissent dans deux des trois groupes que nous avons distingués chez les Amyema. Les unes, en effet, et c'est le plus grand nombre, ont dans chaque triade toutes les fleurs Ses" siles; l'ombelle y est composée de petits capitules triflores, elles sont capitellulées. Les autres ont, dans chaque triade, la fleur médiane seule sessile, les deux latérales pédicellées; l'ombelle y VAN TIEGHEM. — GENRES DANS LES LORANTHACÉES. 509 est composée de petites cymes bipares triflores, elles sont cymu- lées. Considérons d'abord le premier groupe, celui des Capitellulées, qui comprend neuf espéces. Deplanche a récolté à l'ile Lifu et distribué sous le n* 60 (her- bier Vieillard, n* 2699) une plante de ce genre, remarquable par ses feuilles briévement pétiolées, presque rondes, mesurant 7 cen- timètres en long et en large, à nervures pennées visibles sur les deux faces : ce sera le Neophylum rotundifolium. Vieillard en a rapporté deux. L'une, de Canala, n° 639, a des feuilles ovales allongées, coriaces, rougeâtres en dessous, avec la nervure médiane seule visible : je la nommerai N. Vieillardi. L'autre, de Balade, n° 640, se distingue par des feuilles largement ovales, trés grandes, mesurant jusqu'à 20 centimétres de long sur 13 delarge, à limbe épais et coriace, à nervures pennées marquées surtout sur la face supérieure; ce sera le N. grandifolium. Pancher en a récolté trois à l'ile des Pins. La première, n° 624, a des feuilles ovales allongées, à sommet arrondi, rouge vineux en dessous, coriaces, à nervure médiane seule visible; ce sera le N. Pancheri. La seconde, sans numéro, a ses feuilles pareilles sur les deux faces, atténuées à la base et au sommet : ce sera le N. lanceolatum. La troisième, également sans numéro, a des feuilles ovales, arrondies vers le pétiole et des fleurs jaunes : ce sera le N. luteum. Balansa en a découvert quatre. La première, récoltée à la baie du Prang et distribuée sous le n* 498, a des feuilles ovales allon- gées, rouges en dessous, à nervure médiane visible seulement dans sa moitié inférieure; mais surtout elle se distingue entre toutes par son mode de végétation. Elle enfonce, en effet, ses racines dans le sol méme et grimpe au sommet des plus grands arbres, en formant cà et là d'autres racines qui y implantent des suçoirs. Je la nommerai N. scandens. La seconde, trouvée au Mont-Mi, -n° 1217, a dés feuilles longues et pointues, pareilles sur les deux faces, à nervure médiane seule visible tout du long : ce sera le N. acutifolium. La troisième, récoltée dans la méme région, 1317*, a des feuilles rougeâtres sur les deux faces, à nervure médiane visiblé seulement dans sa moitié inférieure : ce sera le N: rubrum. Enfin la quatrième, trouvée à Téné, prés de Bourail, LORANTHÉES A CALICE DIALYSÉPALE ET ANTHÈRES BASIFIXES. ore. 510 SÉANCE DU 27 JUILLET 1894. n° 1318, a des feuilles plus courtes et plus larges, à nervures pennées bien visibles : ce sera le N. latifolium. Le second groupe, celui des Cymulées, ne renferme jusqu'ici que trois espèces bien distinctes. Vieillard a récolté à Balade et à Poila, et distribué sous les n“ 629, 642 et 643, une espèce de cette section, remarquable no- tamment par l'étroitesse de sa fleur, qui est presque filiforme dans le bouton : ce sera le N. tenuiflorum. Pancher a rapporté de l'ile des Pins, et distribué sous le n* 625, une autre espéce à feuilles assez petites, rouges en dessous, à fleurs jaunes et à ovaire mi-parti jaune en bas et noir en haut; je la nommerai N. bicolor. Enfin Balansa a découvert à l'ile Art, et distribué sous len° 3170, une plante du méme groupe, qui se distingue par ses feuilles lar- gement ovales, acuminées, à nervures pennées peu visibles et ses ombelles à deux rayons : ce sera le N. Balanse. Ainsi établi, avec ses treize espéces actuellement connues, groupées en deux sections, qui pourraient peut-étre étre érigées plus tard à l'état de genres autonomes, le genre Neophylum offre, on le voit, une constitution parallèle à celle du genre Amyema. Il semble, jusqu'à présent, appartenir en propre à la Nouvelle-Calé- donie, où il remplace les Amyema de l'Australie et. de la Malaisie. 19. Résumé. — Il reste maintenant à joindre les résultats de cette Note à ceux de la Note précédente, pour réunir dans un tableau d'ensemble les dix-sept genres dans lesquels se répartissent toutes les espèces actuellement connues du groupe des Loranthens à calice dialysépale et à anthéres basifixes. épi sans gaine........ "oed eee tros pass cr Loranthus. | avec PAIN... Leone. es cse sedere E se etm Perazilla. capitule | Sessile, sans involuere......,.....,........ Ó é bee Barathranthus. pédicellé, avec involucre bivalve........... eee Diplatia. involucrée à la base. Anthères simples..... Tr "—""—— « Chiridium. . S grappe simple engainée à la base. Anthères cloisonnées...,.........-.e Coleobotrys: 8 sans involucre, ( cloisonnées .....,,.....,......:+.. d. s «+ ` Sycophila. S ni gaine. An- | non. ( articulé. , ...... e eee eene ro negra] $ theres.....,. l Style ) non. ç en chapeau. ............. Pilostig oes eve á: : Stigmate ? non, lisses.( tétramére. Phesidhathds z Sépales } Fleur | pentamère. Lescoe vs 5 plissés. ......-* Acrostac ^d . ombelle simple, Sépales U TT oo. i s coco coser qieccercpuses Plicosepa P s Sympode à à feuilles verticillées.........----- Stemmatophyllu grappe de triades. Style pelotonné.. ........ eee Iieostylus. Á .. Amyema. ombelle de triades, OPposées.. T Me S NER, Pal f verticillées.............sver.ee Neophylum. DU COLOMBIER. — CONTRIBUTION A LA FLORE BRYOLOGIQUE. 511 Le difficile probléme du groupement des espéces en genres dans la tribu des Loranthées se trouve ainsi résolu pour le premier des trois groupes d'espéces qu'on y distingue tout d'abord. Il y a lieu maintenant d'en poursuivre la solution pour les deux autres groupes, celui où le calice est encore.dialysépale, mais avec an- thères oscillantes, et celui où le calice est gamosépale. C'est ce qui fera l'objet d'une prochaine Communication. M. Malinvaud donne lecture des communications sui- vantes : CONTRIBUTION A LA FLORE BRYOLOGIQUE DU DÉPARTEMENT DU LOIRET, par M. Maurice DU COLOMBIER. J'ai publié, dans le premier Bulletin de cette année, un Cata- logue des Mousses que j'avais pu récolter aux environs d'Orléans. Depuis, notre confrére M. de Coincy m'a communiqué une petite collection faite par lui autour de son cháteau, c'est-à-dire dans la région de Montargis, région arrosée par la riviére de l'Ouanne. Naturellement cette collection se trouve formée en majeure partie des mémes plantes que la mienne : ces plantes déjà citées par moi, je crois inutile de les rappeler ici; mais je vais donner la liste de celles que je n'avais pas rencontrées de mon cóté. Voici cette liste : Pottia minutula B. E. Polytrichum gracile Dicks. Cinclidotus fontinaloides P. B. Fontinalis squamosa L. Ephemerum serratum Hampe. Antitrichia curtipendula Weiss. hyscomitrium piriforme Brid. Hypnum pumilum Wils. Je profiterai de cette occasion pour mentionner quelques nou- velles Mousses observées par moi, dans la région orléanaise, depuis ma précédente communication et que voici : Mnium undulatum Hedw. Hypnum alopecurum L. Physcomitrium ericetorum B. E. — varium P. B. Enfin, je désire faire connaitre que M. de Coincy a trouvé, en 1873, dans les marais des Landes, le Trematodon ambiguus Hornsch. qui n'avait encore été récolté que dans les marécages de l'Alsace et des Vosges. 512 SÉANCE DU 27 JUILLET 1894. NOTES D'HERBORISATION, par M. J.-A. BATTANDIER. Myosurus minimus L. — Mares sèches en été : le Dira d'Au- male, pied du Taguelsa au N.-O. de Boghar. Matthiola oxyceras DC. — De Teniet à Thaza. Alyssum montanum L. var. foliosum Nob. — Plante tranchant nettement par son port et son facies avec toutes les formes de cette espéce décrites par M. Pomel ou existant dans les herbiers. Cet Alyssum, dont j'avais déjà rencontré un pied l'an dernier sur l'Ouarsenis, abonde sur les rochers du sommet de l'Achaoun, prés de Thaza (1800 mètres). Il forme des touffes denses, trés feuillées, d'un vert sombre, à feuilles obovées, trés larges, avec une grappe compacte de fleurs d'un jaune d'or, trés grandes pour l'espéce. Cette grappe ne s'allonge pas à maturité, les siliques sont trés réguliérement orbiculaires. Le type de l'espéce se trouve sur les mémes lieux. En voyant notre plante soit sur le terrain, soit en herbier, on croit avoir affaire à une espéce nouvelle; pourtant aucun caractère de valeur ne permettrait de la définir nettement. Silene Pomeli Batt. — Trés commun de Teniet à Boghar et de Boghar à Médéa; c'est un des Silene les plus abondants de l'AI- gérie. - Silene clandestina Jacquin; S. arenarioides Desf. — J'ai com- paré avec les spécimens de Desfontaines la plante que je signalais avec doute sous ce nom, l'an dernier, à Aïn Lellout, région de l'Ouarsenis (Bull. Soc. bot. Fr. 1893, p. 262). L'identité est loin d’être frappante; néanmoins comme les différences n'affectent guére que le port, assez variable dans les Silene, je crois devoir maintenir cette détermination. On peut se faire une bonne idée de celte plante en se figurant un S. nocturna trés rameux et velu, qui aurait des corolles minuscules avec des graines de S. imbri- cala. Cerastium Boissieri Grenier. — Une forme géante et très grandiflore de cette espèce se trouve sur des crêtes rocheuses Vers le sommet du Dira.. *Herniaria incana Lamarck var. africana Nob. — Plus forte que le type dans toutes ses parties, à peu prés comme notre Her- BATTANDIER. — SUR QUELQUES PLANTES D'ALGÉRIE. 513 niaria hirsuta. Cette plante, nouvelle pour l'Algérie, a été trouvée par M. Julien sur le sommet du Rouis, montagne isolée du sud dela province de Constantine; c'est évidemment une épave des anciennes flores de la contrée. J'ai aussi du Rio Salado, prés d'Oran, récoltée par M. Doumergue, une plante que je considère comme une simple variété de l'Herniaria glabra et qui ne me parait pas différer de PH. scabrida Boissier. Ononis hirta Desf. Cat. hort. Par.; O. serrata Cosson, in Soc. Dauph., 1882, n° 3590, non Forskall; O. hirta var. cirlensis et 0. cirlensis Batt. Fl. d'Alg. et Suppl. — J'ai pu, grâce à l'obli- geance de M. Franchet, voir au Muséum de trés nombreux et trés beaux exemplaires de l'O. hirta d'Espagne, et constater qu'il ne différe pas de la plante d'Algérie, contrairement à ce que j'avais pensé d'abord, égaré par un mauvais spécimen de la plante espa- gnole. Astragalus narbonensis Gouan.— M. De Bunge, dans sa Mono- graphie des Astragales, p. 104, sépare de cette espèce, sous le nom d'A. africanus, une plante des environs de Batna qu'il décrit plus robuste, plus grande dans toute ses parties, plus glabre, à ailes moins gibbeuses et moins atténuées au sommet. Toutes ces différences sont de peu d'importance; beaucoup de plantes sont plus puissantes en Algérie que dans le midi de l'Europe; la villo- sité varie beaucoup d'une station à une autre. A Téniet, j'ai trouvé celle plante encore plus robuste qu'à Batna et plus velue qu'à Narbonne méme. Ce type spécifique présente bien d'autres varia- tions dans la région des Hauts Plateaux ou il est trés répandu, quoique toujours rare. En voici une bien meilleure variété déjà mentionnée, d'aprés un mauvais échantillon en fruits, dans la . Flore de l'Algérie. Je la dédie à mon regretté correspondant, le D' Clary, qui le premier me l'avait fait connaitre. Astragalus narbonensis var. Claryi.— Plus petit que l’A. nar- bonensis, tiges rigides, violettes ainsi que le rachis des feuilles, celles-ci très étalées, d'un vertsombre, à 12-15 paires de pinnules; capitules hémisphériques, bractées sétacées, ne dépassant guére le tube du calice; fleurs plus petites et surtout calice bien plus court (12 millimétres au lieu de 22 dans l'africanus), à dents subégales (5 millimétres), l'inférieure étant plus longue dans les autres variétés, Les capitules ne sont nullement plumeux, ce qui T. XLI. (SÉANCES) 33 ol4 stance DU 27 JUILLET 1894. donne à cette plante un cachet très particulier. Les ailes sont étroites, parfois bilobées au sommet. La caréne est brusquement coudée plus qu'à angle droit, les deux branches formant toujours un angle aigu arrondi au sommet. L'étendard est insensiblement atténué à la base. La gousse assez grosse et subglobuleuse est ter- minée en un long mucron redressé et robuste, formé par la base du style. — Daya (Clary), El Aricha, Garouban (Trabut). Rosa stylosa Desv. — Cette espéce n'avail été trouvée qu'une seule fois en Algérie, au Zaccar de Miliana, par M. Pomel. Cette année j'en ai encore rencontré un pied unique sur les pentes N.-0. du Dira. J'ai constaté la synstylie sur le vif. Bunium mauritanicum var. crassifolium. — Curieuse plante, plus humble que l'espèce à laquelle je la rapporte et à feuilles charnues et luisantes comme celles du Daucus qummifer, à seg- ments bien moins finement divisés que dans le type. Ces caractères ne se modifient pas par la culture, peut-étre est-ce une espéce à part. — Bords de la mer au cap de Garde, prés Bône. Pulicaria dentata DC.; Cupularia Clausonis Billot. — Rem- plit le fond de certaines petites mares du sommet du Dira, comme d'autres sont remplies soit par le Ranunculus laleriflorus, soit par le Myosurus minimus. Lactuca à feuilles décurrentes. — Ce n'est sûrement pas dans les herbiers qu'il convient de chercher des éclaircissements sur ce groupe, mais bien sur le terrain. Autant on trouve de confusion dans les herbiers, autant il est facile de distinguer dans nos mon- tagnes deux types que personne ne songerait à rapprocher en voyant leurs organes de végétation, tandis que leurs somimités fleuries, que l'on s'attache surtout à conserver, présentent beau- coup moins de différences. Nous avons : 1° Une Laitue poussant d'une souche indurée plusieurs tiges, généralement ramifiées dés la base, assez longuement effilées, à feuilles inférieures glabres pinnatilobées à lobes linéaires- -aigus, le médian trés long à peu prés comme dans le L. saligna, les supé- rieures linéaires et entières. Les fleurs ont des ligules jaunes à partie saillante aussi longue que le capitule. C'est cette plante, que j'ai longtemps connue seule dans nos montagnes, qui est dési- gnée dans la Flore de l'Algérie sous le nom de L. viminea, nom qu'elle porte également dans l'herbier Cosson et les exsiccalas BATTANDIER, — SUR QUELQUES PLANTES D'ALGÉRIE. 515 marocains de cet auteur. J'inclinerais à croire qu'elle se rap- proche davantage du L. ramosissima Gren. et Godr.; L. Grenieri Loret. J'espére pouvoir trancher la question par la culture simul- tanée de ces plantes. 2^ Lactuca numidica Batt. Fl. d'Alg. et Bull. Soc. bot. Fr., 1891. — Cette plante dont je n'ai connu d'abord que des échantil- lons géants des rochers de Tadjenent, sur les pentes du Dréat, est assez répandue dans nos montagnes; on la retrouve au Dira d'Au- male, à Téniet, à Thaza, sur l'Achaoun, à Michelet, etc. Elle est bisannuelle ou vivace et pousse une tige unique, robuste, grosse souvent comme le petit doigt, bien feuillée, ne se ramifiant qu'à une certaine hauteur; ses feuilles parfois glabrescentes, parfois velues, sont lyrées-pinnatipartites à lobe terminal souvent plus large que long, ovoide ou triangulaire, les premières feuilles sont parfois entières ou simplement érodées-dentées, les décurrences très longues et la partie saillante des ligules presque aussi large que longue. Quoique bien caractérisée comme espéce, cette plante rappelle un peu à maturité le L. chondrillæflora Boreau. Verbascum granatense Boissier. — Je crois devoir réunir sous ce nom les V. pulverulentum et granatense de la Flore de l'Al- gérie. Ces deux espèces fort voisines ne sont pas toujours faciles à distinguer en herbier. Les plantes de ce type sont assez répandues dans la région montagneuse, quoique peu fréquentes : Daya, Aflou, Lambése, de Téniet à Boghar, Ben Chicao. Dans ces deux derniéres stations je n'ai vu la plante qu'en feuilles. J'ai dé Tlemcem les feuilles radicales d'un Verbascum bien différent, peut-étre le V. Warionis Franchet. Linaria spurio-lanigera et lanigero-spuria. — J'ai trouvé à Tizi-Ouzou, au contact des Linaria spuria et lanigera, tous les intermédiaires possibles entre ces deux espéces, vraisemblable- ment de nature hybride. Thymus dreatensis Batt. — Cette plante, qui est probablement identique avec le Th. Serpyllum var. atlanticum Ball, du Maroc, couvre le sommet du Dira comme celui du Dréat. Elle est fort voisine du Serpolet. Euphorbia granulata Forskahl; E. Forskahlii Gay var. a. — C'est à cette plante qu'il faut rapporter l'Euphorbe de Tunisie, que j'avais décrite dans la Flore de l'Algérie, sous le nom d'E. 516 SÉANCE DU 27 JUILLET 1894. Kralikii Cosson inédit, nom sous lequel M. Letourneux m'en avait remis quelques débris, peut-étre par confusion avec le nom d'E. Forskahlii. Je doutais d'autant moins de la légitimité de cette espéce, donnée par M. Letourneux comme nouvelle, que, l'ayant cultivée plusieurs années de suite, elle s'était montrée annuelle et dressée dans mes cultures, tandis que VE. granulata est vivace, sous-ligneux à la base et à rameaux couchés, et que la culture y avait extraordinairement développé les appendices pétaloides des glandes. C'étaient autant de leurres. Les nombreux échantillons tunisiens que m'a montrés M. le D' Donnet ne me laissent aucun doute sur l'identité de cette plante. Elle appartient seulement à la variété hirsute, tandis que l'E. granulata d'Algérie appartient à la variété glabre; mais à l'état sauvage les deux variétés sont vi- vaces et couchées. Endymium cedretorum Pomel. — Sur le Dira. Platanthera algeriensis Batt. et Trab. — M. Trabut a trouvé cette année une nouvelle localité de cette plante, toujours prés d'Alger, sur les limites des communes de Maison-Carrée et de Kouba, les bractées étaient un peu moins développées et la grappe un peu plus étalée que dans les spécimens trouvés par moi à la Rassanta; la plante ressemblait, en un mot, plus à un Platanthera et moins à un Orchis, mais les caractères de l'espéce étaient bien les mémes. M. Trabut a pu en prendre sur le frais de bonnes pho- tographies et en dessiner les détails, ce qui nous permet de figurer aujourd'hui cette curieuse et rare espéce dont la descrip- tion a été donnée dans ce Bulletin, 1892, p. 75. Autres plantes curieuses à signaler. 1° A AUMALE. Ononis serotina Pomel, Onobrychis venosa Desf., Helichrysum numi- dicum Pomel, Stæhelina dubia, Seriola levigata, Sideritis virgata, Thymus algeriensis, etc. 2° Au DIRA: Ranunculus millefoliatus, R. lateriflorus, Berberis hispanica, Thlaspi Tinnæanum, Arabis albida, Barbarea vulgaris, Geranium pyrenaicum, G, malvæflorum, Cerastium atlanticum, C. dichotomum, C. pumilum, Polycarpon Bivonæ, Trifolium ochroleucum, Tr. Durandoi, Tr. leucan- thum, Tr. lævigatum, Lathyrus Nissolia, Geum silvaticum, Cratzgus Ld BATTANDIER. — SUR QUELQUES PLANTES D'ALGÉRIE. 517 laciniata, Spiræa Filipendula, Amelanchier vulgaris, Valerianella oli- toria, Jasione sessiliflora, Inula montana, Catananche montana, C. cæ- rulea, C. acaulis; une Centaurée non fleurie, probablement C. amara, commune dans les pâturages; Lamium longiflorum, Betonica alge- riensis, Myosotis stricta, etc. Essences forestières : Chéne-vert, Pin d'Alep, Oxycèdre. 3° L’AcHaouN (montagne de 1800 mètres, prés de Thaza). Ranunculus millefoliatus, R. blepharicarpos, Draba hispanica, Arabis albida, A. pubescens, A. parvula, Viola tricolor, Silene cinerea Desf., Polycarpon Bivonæ, Herniaria glabra, Trifolium ochroleucum, Prunus prostrata, Spiræa Filipendula, Lathyrus Nissolia, Sedum acre, Pyre- thrum corymbosum, Catananche cærulea, Veronica hederifolia, Teu- crium Chamædrys, Phlomis Bovei, Myosotis stricta, Asphodelus luteus, Orchis Markusii, etc. Essences forestières : Amandier, Pistacia atlantica, Oxycèdre, Chêne-vert, Chêne Zen, Érable de Montpellier. Nous n'y avons vu ni Viola odorata, ni Viola Munbyana. Près de Boghar, nous avons vu l'Ononis fruticosa déjà signalé par M. Chabert. Explication de la planche VI de ce volume, Fic. 1. — Platanthera algeriensis, 1/3 de grandeur naturelle. Fic. 2. — Inflorescence, grandeur naturelle. Fic. 3. — Fleur vue de face, grossie. Fic. 4, — Fleur vue de cóté, grossie. Fic. 5. — Fleur, grandeur naturelle. Fic. 6. — Fleur de Platanthera montana, grandeur naturelle. Fic. 7. — Fleur disséquée. Fic. 8. — Pollinie grossie. M. Poisson annonce qu'il a recu une lettre lui annonçant la mort de M. Paul Maury, l'ancien secrétaire du Congrès de Botanique tenu sous les auspices de la Société en 1889, décédé au Mexique. Dés qu'il aura d'autres détails, M. Poisson s’empressera de les communiquer à la Société et donnera une Notice sur ce regretté confrère. 518 SÉANCE DU 27 JUILLET 1894. M. Copineau a adressé à M. Malinvaud la lettre suivante : EXTRAIT D'UNE LETTRE DE M. COPINEAU A M. MALINVAUD. ... Dans le récent article de M. Gagnepain, intitulé : Nouveaux cas tératologiques (1), certains faits qu'il a observés sur le Salix alba ont attiré mon attention. Il s'agit, si je ne me trompe, de piqüres d'insectes. On peut lire en effet, page 93, dans le numéro de mars 1891 de la Feuille des jeunes naturalistes : « Sur le Saule, une autre galle, ana- » logue à celle en artichaut dont je viens de parler (pour les bourgeons » du Chéne) est occasionnée à l'extrémité des rameaux par un minus- » cule diptére du genre Cecidomya; c’est la galle en rose... (2) », et dans le numéro d’août 1891 du méme Recueil, page 209, au cours d'un travail sur les Diptérocécidies de Lorraine, M. l'abbé Kieffer s'exprime ainsi : « 139. Cecidomya rosaria H. Lev. est l'auteur des cécidies » dites « roses du Saule », visibles surtout en hiver quand les feuilles » ont perdu leurs feuilles et consistant en une rosette terminale, com- » posée de feuilles sessiles, raccourcies, élargies et étalées, au centre » de laquelle se trouve un faisceau d'écailles linéaires, dressées, recou- » vrant une larve qui se transforme au méme endroit au printemps » suivant. Ces rosettes sont plus ou moins grandes suivant les différentes » espèces de Saule... » J'avais eu déjà l'occasion de remarquer ces rosettes du Saule et jen avais envoyé quelques-unes à M. Carpentier, membre de la Société Linnéenne du Nord de la France, qui s'occupe spécialement des insecles nuisibles, Il me répondit à ce sujet le 43 avril 1889 : « La galle de » Saule que vous m'avez adressée est produite par un petit diptère, le » Cecidomya rosaria, ainsi nommé parce que la présence de sa larve » produit, à l'extrémité des branches du Saule, des rosettes de feuilles. » Il est commun sur toutes les espèces de Saule de notre région, mais » il respecte les autres essences. Une espéce voisine produit aussi des » rosettes sur l'Aubépine. Je crois qu'il n'est pas nuisible à la plante; » mais, au point de vue industriel, en arrétant la pousse du bourgeon » terminal, il détermine la production de bourgeons latéraux qui don- » nent des jets défectueux pour la vannerie. Quant aux moyens de » destruction, il n'y a d'autres remède que de couper les jeunes rosettes » avant l'éclosion des Cécidomyes; cela ne sauve pas la tige attaquée, » mais diminue la propagation... » (1) Voy. plus haut, p. 269. (2) Les galies et leurs habitants, par Edmond André. SÉANCE DU 27 JUILLET 1894. 519 Parle méme courrier, je vous envoie des rosettes de l'an dernier, avec les résultats comme pousses, et d’autres fraiches qu’on pourrait cultiver et faire éclore... Les échantillons qui accompagnaient la lettre précédente sont mis à la disposition des personnes présentes. M. Malinvaud présente ensuite à la Société des échantil- lons d'Amsinckia intermedia Fisch. et Mey., Borraginée amé- ricaine découverte, le 95 mai dernier, par notre confrère M. Gagnepain, sur les bords de la Loire, prés de Decize (Nièvre). Cette plante adventice, signalée déjà dans plusieurs départements, parait se répandre en France et finira peut- être par s'y fixer si elle rencontre une station favorable, comme naguère le Lepidium virginicum aux environs de Bayonne, le Glyceria Michaucii dans le bois de Meudon, etc. M. le Secrétaire général attire l'attention sur l'ouvrage de notre confrére M. O. Kuntze, contenant de nouvelles Études de nomenclature, présenté au commencement de la séance et dont quelques exemplaires sont déposés sur le bureau de la Société. M. Malinvaud, à ce propos, donne lecture d'une lettre qu'il a recue de M. Kuntze etil rend hommage à la vaste érudition de ce savant botaniste dont les écrits substantiels en matière de nomenclature offriront, méme à ceux qui n'en adopteraient pas toutes les conclu- sions, une large base et un programme détaillé de discus- sion lorsque s'ouvrira le débat nécessaire que réclament ces questions controversées. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE Étude monographique de la famille des Globulariées ; par M. Ed. Heckel, avec six planches. Paris, Masson, 1894. Frappé de la diversité d’appréciation des auteurs dans la limitation . des espèces fondées uniquement sur la morphologie externe, M. Heckel a voulu rechercher dans quelle mesure les caractères de structure peuvent venir en aide aux caractères purement extérieurs pour la fixation et le groupement généalogique des espèces végétales. Dans ce but il s’est adressé au groupe restreint des Globulaires, dans lequel les mor- phologistes reconnaissent onze espèces, mais de valeur très inégale selon les auteurs. En règle générale, anatomie confirme purement et simplement les interprétations de la morphologie externe. Par exemple, toutes les va- riétés admises pour le Globularia vulgaris, espèce dont l'aire géogra- phique est considérable, ont méme structure fondamentale, et les diffé- rences purement quantitatives qu'on y observe, trop fugaces pour pouvoir étre utilisées, sont simplement le fait d'adaptations locales. Par contre, le Gl. tenella, considéré ordinairement comme une espèce autonome, ne représenterait, d'aprés l'auteur, qu'une simple variété du Gl. vulgaris. Les caractéres anatomiques, déjà intéressants quand ils confirment les groupements des morphologistes, puisqu'ils justifient par là méme la légitimité de la méthode anatomique, acquièrent surtout de la valeur quand, à eux seuls, ils permettent de reconnaitre les espèces. A cet égard, les renseignements consignés dans les tableaux qui accompagnent la description de chaque espéce semblent un peu élastiques et rendraient peut-étre assez délicate, si nous ne nous trompons, la déterminalion d'une Globulaire queleonque, par le seul examen d'un fragment de tige et de feuille. Exceptionnellement, cependant, la feuille du Gl. Alypum se distingue de celle des autres espéces par la présence de cristaux nets d'oxalate de caleium dans l'épiderme; ces cristaux peuvent méme se présenter quss! dans le parenchyme vert et caractérisent alorsla variété arabica de cette méme espèce. Et encore remarquera-t-on que la richesse en 0X27 late cristallisé est soumise à d'assez sensibles fluctuations selon le REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 591 milieu, les types xériques et héliophiles en étant d'ordinaire plus abon- damment pourvus; l'auteur constate lui-méme que, dans diverses plantes provenant d'un climat chaud et obtenues de semis en France, il a bien des fois observé la disparition des cristaux : le caractère est donc des plus épharmoniques. Une autre détermination anatomique est celle du Gl. nudicaulis, qui se laisse reconnaître à ses papilles glandulaires quadricipitées, c'est-à- dire terminées par quatre cellules en croix; les autres espéces de Glo- bulaires ne possédent que des glandes bicipitées, caractéristiques de l'ensemble du groupe, et que l'on retrouve d'autre part chez les Séla- ginées et les Gymnandrées, deux familles affines des Globulariées. L'auteur a tenté, à la fin de son Mémoire, de dresser le tableau généa- logique des Globulaires, en faisant intervenir ceux des caractères épharmoniques dont la fixité est assez marquée pour qu'on puisse les considérer comme définitivement héréditaires. Le plus important critérium à cet égard est fourni par les connexions du faisceau de la nervure médiane de la feuille. Ce faisceau est tantôt immergé, c'est-à-dire complètement entouré de parenchyme vert, tantôt suspendu, auquel cas il est séparé du parenchyme vert par du collen- chyme, des faisceaux fibreux, etc. La première de ces dispositions caractérise les Globulaires du groupe des cordifolia; la seconde, les espéces plus nombreuses du groupe des vulgaris. Un autre caractère de classification, susceptible d'aider à résoudre des espèces ou des variétés litigieuses, est donné par les glandes bicipitées, qui, chez les espèces notoirement xériques, sécrètent une écaille cal- caire plus ou moins marquée, tandis qu'ailleurs ces mêmes petites glandes restent nues. La Monographie purement botanique de M. Heckel est suivie d'une partie chimique de M. Schlagdenhauffen et d'une partie thérapeutique, due à M. le D" Moursou. La constitution chimique des Globulaires a été étudiée dans trois espéces, choisies parmi celles dont le port et l'habitat sont très différents (Gl. vulgaris, nana et Alypum) ; elle n'a révélé que des différences quantitatives dans les principes essentiels de ces végé- laux, principes parmi lesquels il y a lieu designaler l'acide cinnamique. E. BELZUNG. Sur la présence d'une Araliacée et d'une Pontédériacée fossiles dans le calcaire grossier parisien; par M. Ed. Bureau (Comptes rendus de l'Académie des sciences, 26 décembre 1892). Parmi les empreintes végélales recueillies dans le calcaire grossier du Trocadéro, M. Ed. Bureau a remarqué une feuille dont le pétiole 522 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. long et gréle lui a paru dénoter plutót une foliole détachée d'une feuille composée digitée, qu'une feuille simple; la comparaison qu'il en a faite avec divers types vivants lui a montré qu'en effet il s'agissait là d'une foliole d'Araliacée ressemblant étonnamment au Macropanax oreophi- lum de Java, il la désigne en conséquence sous le nom d’Aralia (Ma- cropanax) eocenica. L'une des formes le plus abondamment représentées dans les couches à plantes du Trocadéro a été reconnue depuis longtemps pour une plante aquatique : Ad. Brongniart, qui l'a décrite primitivement sous le nom de Phyllites multinervis, y voyait un Potamogeton ; M. de Saporta l'a rapportée, de son côté, au genre Ottelia. Une étude attentive de la forme et de la nervation a convaincu M. Bureau qu'il ne s'agissait là ni d'une Potamée, ni d'une Hydrocharidée, non plus que d'une Aponogétée. En revanche, il a trouvé une nervation absolument identique parmi les Pontédériacées, dans le genre Monochoria, à ce point que certaines espèces, notamment les Monoch. pauciflora, M. plantaginea, M. Kor- sakovii, different plus de leurs congénéres vivants que de l'espéce éocéne, pour laquelle l'auteur propose le nom de M. parisiensis. Ces ressemblances entre des espèces du Trocadéro et des espèces de l'Inde, de la Malaisie, de la Chine ou du Japon, confirment les affinités, déjà signalées, de la flore du Caicaire grossier avec la flore asiatique actuelle. R. ZEILLER. Végétaux fossiles de Normandie. Structure et affinités du Zennettites Morierei Sap. et Mar. (sp.): par M. 0. Lignier. Caen, in-4, 78 pages, 6 planches (Mém. Soc. Linnéenne de Normandie, t. XVIII, fasc. 1). L'échantillon étudié par M. O. Lignier a été trouvé, en 1865, dans l'Oxfordien des Vaches-Noires, prés de Villers-sur-Mer; c'est une fruc- tification de forme ovoide, essentiellement constituée par un réceptacle faiblement convexe, sur lequel s'insérent de nombreux pédoncules, trés serrés, dont chaeun porte une graine à son sommet; le tout est enve- loppé, du moins en partie, par de longues bractées involucrales, qui semblent partir du bord du réceptacle, mais qui en réalité s'inséraient au-dessous de celui-ci sur l'axe fructifère. Cette constitution est exacte- ment celle des fructifications du Bennettites Gibsonianus, ainsi que le présumait M. le comte de Solms-Laubach, qui avait émis l'avis qu'on avait affaire ici au genre Bennettites plutót qu'au genre Williamsonid, auquel MM. de Saporta et Marion avaient rapporté l'échantillon recueilli par Morière. La bonne conservation de cet échantillon a permis à M. Lignier d'étudier en détail la structure des différents organes qui le com posent, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 923 et de rectifier sur divers points les interprétations de MM. Carruthers et de Solms-Laubach relatives aux organes homologues du Bennettites Gibsonianus. Les bractées involucrales sont parcourues par plusieurs cordons libé- roligneux ; les uns plus rapprochés de la face postérieure et plus déve- loppés, les autres plus voisins de la face antérieure, plus gréles et beau- coup moins nombreux, orientés en sens inverse des premiers; l'examen de ceux-ci et des branches auxquelles ils donnent naissance semble prouver que les faisceaux antérieurs ne sont simplement que des lobes détachés des faisceaux postérieurs. En tout cas, les ramifications des uns et des autres et l'écartement graduel de leurs branches montrent que ces bractées, qui sont actuellement terminées en pointe obtuse, ne sont en réalité pas complétes et qu'elles devaient porter à leur sommet un limbe terminal, probablement d’assez petite taille, à nervures divergentes dés la base. Ces cordons libéroligneux présentent un bois centrifuge avec liber externe, accompagné sur son bord interne d'éléments fibreux qui semblent devoir étre considérés comme un bois centripéte peu déve- loppé, similaire de celui qu'on observe dans les coussinets foliaires du B. Gibsonianus. De méme que ces coussinets, les bractées involucrales du B. Morierei portent à leur surface de nombreux poils lamelleux, ressemblant beaucoup à ceux des Fougères. Les organes qui s'insérent sur le réceptacle sont de deux sortes : des pédoncules séminiféres, et, entre eux, des écailles interstitielles forte- ment comprimées et aplaties, mais renflées en massue à leur sommet à la façon des écailles des cônes de Conifères, de manière à recouvrir et à protéger les graines, dont le bec seul affleure la surface externe. Un point intéressant était resté incertain dans l'étude du B. Gibsonianus, à savoir les rapports de ces organes interstitiels avec les pédoncules séminiféres : M. Lignier a pu s'assurer, sur le B. Morierei, que ces écailles, qu'il désigne sous le nom d'écailles interséminales, étaient, à lous les niveaux, indépendantes des pédoncules et exclusivement insérées sur le réceptacle. De plus, l'examen de pédoncules atrophiés lui à permis de reconnaitre chez ceux-ci une structure entiérement conforme à celle des écailles interséminales, de telle sorte que ces deux sortes d'organes doivent étre regardés comme étant de méme nature, à savoir des organes foliaires réduits et spécialisés, avec cette seule différence que les uns sont fertiles et les autres stériles. Les pédoncules, disposés en quinconce sur le réceptacle, sont par- courus chacun par un cordon libéroligneux trés réduit, assez mal carac- térisé, et dont il est fort difficile de déterminer l'orientation. Ceux qui ne sont pas arrivés à leur développement complet sont munis à leur périphérie d'un épiderme trés net, à cellules épaissies sur leur bord 524 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. , interne, absolument semblables à celles qui constituent l'épiderme des écailles interséminales ; mais, sur ceux qui se sont complètement déve- loppés, cet épiderme se transforme, un peu au-dessus du réceptacle, en une épaisse enveloppe tubuleuse, formée de tubes très nombreux, pro- venant manifestement du recloisonnement tangentiel et radial des cel- lules épidermiques primitives. Vers le haut, cette enveloppe tubuleuse diminue d'épaisseur, et à la base de la graine elle arrive à se réduire à deux assises, l'une externe, formée de tubes gréles, l'autre interne, formée de cellules à parois radiales plissées ; en approchant du sommet de la graine, cette dernière se transforme en une assise résistante com- posée de tubes dirigés radialement, qui forme une sorte de bonnet carré ou pentagonal, à angles plus ou moins saillants en forme d'ailes, à tra- vers le sommet duquel passe le canal micropylaire. Quant au faisceau libéroligneux, il se termine par une large chalaze cupuliforme qui ne s'éléve guère au-dessus de la base du nucelle. La plus grande partie de ce dernier est occupée par un gros embryon charnu, dicotylé, à radicule tournée vers le sommet du nucelle. Entre lembryon et la chambre pollinique, trés développée, se trouvent quelques restes de tissus frippés, à l'intérieur desquels M. Lignier a aperçu, dans une des graines, deux globules noirs qui lui semblent pou- voir étre des corpuscules. Les écailles interséminales sont disposées, comme en roselte, au nombre de einq ou six, autour de chaque pédoncule ; celles de la région centrale, trés aplaties, sont parcourues par un seul faisceau libéroligneux trés réduit, unipolaire, peut-étre diploxylé; celles de la périphérie, plus épaisses et plus larges, sont parfois munies de plusieurs faisceaux. L'épiderme de ces écailles est semblable à celui des pédoncules atro- phiés, mais il est trés souvent décollé de l'assise sous-épidermique et appliqué contre les pédoncules ; il semble alors faire corps avec ceux-Cl et représenter leur épiderme, ce qui avait induit en erreur MM. Carru- thers et de Solms-Laubach dans leur étude du B. Gibsonianus. À la hauteur du sommet des graines, les écailles interséminales présentent un large renflement, dû au développement de leur tissu fondamental, en grande partie sclérifié, et elles se terminent par un mucron obtus, auquel vient aboutir l'extrémité du cordon libéroligneux. Une question importante était de savoir quelle était la disposition re- lative des écailles interséminales et des pédoncules; malheureusement l'insuffisance de la conservation du réceptacle n'a pas permis à M. Lignier de la résoudre, et il a dà se borner à cet égard aux déductions quil à pu tirer de l'examen de ces deux groupes d'organes. Il lui a paru que les écailles interséminales étaient toutes orientées de méme, comme des feuilles qui seraient portées directement par le rameau fructifère; mais, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 525 bien qu'il ne lui ait pas été possible de déterminer l'orientation des cordons libéroligneux des pédoncules séminilères, il est porté à admettre, d'aprés la position qu'ils affectent par rapport aux écailles intersémi- nales, que les pédoncules ne font pas partie du même cycle que les écailles; Ils représenteraient alors des feuilles fertiles appartenant, non pas au réceptacle, mais à des bourgeons unifoliés insérés sur celui-ci, et qui devraient être considérés comme des rameaux de l'axe fructifère. L'inflorescence des Bennettitées serait ainsi nettement différente de celle des Cycadées : ce serait en effet une inflorescence composée, formée d'un axe de deuxième ordre portant des bourgeons fertiles de troisième ordre unifoliés, tandis que, chez les Cycadées, l’inflorescence est simple, formée d'un bourgeon de deuxiéme ordre portant un grand nombre de feuilles fertiles disposées en cóne ou en rosette (1); de plus l'ovule est terminal et dressé, tandis qu'il est latéral chez les Cycadées, dressé, il est vrai, chez les Cycas, mais pendant chez toutes les autres. Enfin les graines sont ici beaucoup plus réduites, mais cette réduction est consécutive à la constitution de l'inflorescence. M. Lignier regarde cette constitution plus complexe, caractérisée par l'agglomération et la réduction consécutive des bourgeons sexués, comme indiquant que les Bennettitées sont postérieures aux Cycadées, du moins en ce qui regarde l'appareil reproducteur. Néanmoins c'est encore des Cycadées qu'elles lui semblent le plus voisine, plutót que des Cordaitées et surtout que des Coniféres, bien que leur inflorescence ne soit pas sans quelques rapports avec celle de ces dernières; elles descendent probablement, non pas des Cycadées, auxquelles elles seraient plutôt antérieures, mais d'ancétres communs avec les Cycadées. C’est de ces ancètres communs qu’elles tiendraient, les unes et les autres, les caractères qui les rapprochent, tels que la forme de leurs troncs, le double bois de leurs faisceaux foliaires, la Structure particulière de certains de leurs tissus et l'origine foliaire de leurs ovules. R. ZEILLER. Catalogue des plantes vasculaires et spontanées des environs de Romorantin; par Emile Martin. Romorantin, 1894, in-8°, 553 pages. Cette deuxième édition est rédigée sur le même plan que celle qui l'a (1) Il est à remarquer que cette différence, par rapport aux Cycadées, S'effacerait si l'on venait à reconnaitre que les pédoncules séminifères appar- tiennent au même cycle que les écailles interséminales, ce qui ne semble pas impossible: l'inflorescence serait alors simple, comme celle des Cycadées, formée d’un axe de second ordre portant un grand nombre de feuilles, les unes fertiles et les autres stériles. (R. Z.) 596 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. précédée en 1875; M. E. Martin y résume l'ensemble de toutes ses her- borisations antérieures et postérieures à 1875, faites sans interruption de 1849 à 1893. Aucune plante n'est signalée, aucune localité n'est men- tionnée, qu'aprés vérification; il y a si peu d'exceptions à cette régle que s'est imposée l'auteur, que l'on peut dire que toutes les plantes citées dans ce Catalogue ont été vues par lui dans toutes leurs stations ; c’est un gage d'authenticité bien rarement fourni par les ouvrages de ce genre, trop souvent déparés par des indications erronées. Parmi les espéces intéressantes découvertes dans l'arrondissement de Romorantin depuis la publication de la première édition du Catalogue il faut citer : Pirola rotundifolia, Rubus idus, Eriophorum gracile, Carex ampullacea, Berberis vulgaris, Agrimonia odorata, Allium paniculatum, Galanthus nivalis, Phalangium Liliago. D'autre part, certaines espéces ont disparu, tout au moins des loca- lités précédemment citées. Pour éviter des recherches inutiles aux botanistes qui auraient occasion de revoir ces localités, l'auteur a eu soin de les mettre en caractères italiques dans sa deuxième édition. Gràce aux minulieuses précautions prises pour ne fournir aucun ren- seignement hasardé et pour ne dire que ce qui est, au moment méme où le livre a été imprimé, le Catalogue des plantes des environs de Romorantin restera comme un modéle de conscience et d'exactitude pour tous les ouvrages traitant de la flore d'une région. A. FRANCHET. Plantes vasculaires de larrondissemenít de Vitry-le- Francois (Marne), d'aprés les herborisations de MM. Thiébaut, Richon, Guillot, L. Bazot; Catalogue avec notes de géographie bota- ne par L. Bazot. Un volume in-8° de 269 pages. Vitry-le-Francois, En attendant que notre littérature botanique régionale s'enrichisse d'une bonne Flore du département de la Marne, le Catalogue, soigneu- sement dressé, des plantes d'un de ses arrondissements comble sur un point cette lacune et prépare des matériaux pour une publication plus étendue. Parmi les généralités qui occupent les vingt premiéres pages, on remarque d'intéressants détails sur la topographie, la géologie et le climat du pays, suivis de notions de géographie botanique qui dénotent une prédilection de l'auteur pour ce genre d'études. « Hl m'a paru difficile, dit notre confrère dans la préface, de ne pas » réunir aux végétaux spontanés ceux qui sont cultivés généralement, » arbres et plantes herbacées, et qui donnent souvent au pays son aspect » le plus saisissant, Avec cette extension, le Catalogue comprend » 1095 espèces. Au moyen des mentions faites des plantes cultivées, REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 527 » subspontanées, adventices, hybrides, il sera facile de se faire une » idée de notre flore, aux différents points de vue auxquels on voudra se » placer. J'estime qu'elle contient environ 1000 espèces, tant spontanées » que cultivées involontairement. Ce nombre approchera certainement » de 1050 quand le pays sera plus attentivement exploré sur tous les » points. » Daus l'arrondissement de Vitry, la craie parait étre le terrain domi- nant; aussi les espéces habituellement calcicoles sont en grand nombre : Thalictrum minus, Anemone Pulsatilla, Camelina silvestris, Neslia paniculata, Calepina Corvini, Thlaspi perfoliatum, Reseda Phy- teuma, Polygala calcarea, Saponaria vaccaria, Linum tenuifolium el Leonii, Althœa hirsuta, Ononix Natrix, etc. Par contre, dans la petite région que l'auteur nomme la Plaine, comprenant le Perthois au Nord, le Bocage au Sud, le sol argilo-calcaire, avec affleurement sur plusieurs points de sables quartzeux ou grés verts, nourrit quelques plantes silicicoles : Impatiens Noli-tangere, Lythrum Hyssopifolia, Peplis Portula, les deux Chrysosplenium, etc. Signalons encore, comme élément caractéristique dans la composition de cette florule, ` quelques espèces particulières à l'Est ou rares ailleurs, telles que : Si- symbrium supinum, Viola elatior, Silene noctiflora, Cytisus decum- bens, Rubus serpens, Luzula albida, etc. Ern. MaALINVAUD. Observations sur la flore du Plateau central: par M. Oc- tave Meyran, 32 pages, gr. in-8°. Lyon, 1894. Aprés avoir tracé les limites du Plateau central et ajouté quelques renseignements sur la nature des terrains qui le composent, l'auteur, passant en revue cinquante-trois espèces dont cette région serait, d’après lui, le centre de création, s'attache à l'étude de leur dispersion géographique et finalement les répartit en plusieurs groupes, selon qu'il les considère comme : 14° exclusivement propres au Plateau cen- tral, 2 ayant envoyé des colonies dans les Vosges, 3° communes au Plateau central et aux Pyrénées, 4° existant à la fois dans ces deux ré- gions et dans les Vosges, 5° s'étendant dans l'Ouest, 6° dans l'Ouest et les Pyrénées, T° existant dans le Centre, l'Ouest et les Vosges (Sedum elegans), & communes au Plateau central, à l'Ouest, aux Vosges et aux Pyrénées. Afin de mieux faire ressortir le caractère original de la végétation sili- cicole du Piateau central, l'auteur fait suivre les observations relatives aux 53 espèces précédentes de listes des plantes propres aux terrains calcaires jurassiques situés autour de Vilot primitif. Il discute ensuite quelques assertions émises par M. Beille dans un travail précédemment 528 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. analysé (1). Au sujet de l'origine probable de la flore du Plateau cen- . tral, tout en admettant avec Lecoq que la plupart des plantes qui habitent les sommités de ce massif ont pu venir des Alpes, il est porté à croire que plusieurs espèces de la région subalpine ayant dans la chaine des Alpes une distribution irrégulière et sporadique sont au contraire originaires du Massif central, par exemple : Sisymbrium pinnatifidum, Trifolium alpinum, Sempervivum | arachnoideum, Ribes petreum, Meum athamanticum, Valeriana tripteris, Cirsium rivulare, C. erisithales, Sonchus Plumieri. I] serait très probable, d'aprés M. Meyran, que l'ile primitive de la France a été le centre d'expansion des espéces silicicoles des plaines et des collines de l'Eu- rope; on devrait y voir « non comme un carrefour oü, suivant Lecoq, » se sont réunis des émigrants venus de tous les cótés, mais bien un » des centres les plus importants de création des espéces végétales ». Ern. MaLINVAUD. NOUVELLES — Parmi les distinctions accordées cette année à l'occasion de la féte nationale du 14 juillet, nous sommes heureux de relever les noms de plusieurs de nos confréres. Ont été nommés Officiers de l'Instruction publique : MM. Bourquelot, Courchet, Lachmann et Trabut, — et Offi- ciers d'académie : MM. Danguy, Lesage et Matruchot. . (1) L. Beille, Essai sur les zones de végétation du Massif central de la France [Voy. le Bulletin, t. XXXVII (1890), Revue bibliogr., p. 135.] Le Secrétaire général, gérant du Bulletin, E. MALINVAUD. 17733. — Libr.-Ilmpr. réunies, rue Mignon, 2, Paris. — May et MoTTEROZ, directeurs. Bull. Soc. bot. de France. Tome XLI (3° Série, tI.) Pl. V. RUPPIA maritima Lpp. et rostellata KocH. TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE NUMÉRO. Molliard.......... Van Tieghem..... Gadeceau......... Mandon.......... Roze............. Pontédériacée fossiles dans le Calcaire grossier parisien; Ed. Bureau......... 921 SÉANCE DU 8 JUIN 1894. Admission de M. Radais........ eresse ARRET TETE EEE I TET ETS M7 Dons faits à la Société......................................... M7 Sur quelques propriétés chimiques de la myrosine................ A8 Sur une plantule anormale de Quercus pedunculata.............. 428 Orchis incarnata récolté par M. G. Camus à Meudon............. 430 Sur les modifications produites dans les épillets du Bromus secali- nus infestés par le Phytoptus dubius.................. ess ss. 430 Aciella, genre nouveau de la tribu des Élytranthées dans la famille des Loranthacées............... MM e... 433 L'Allium subhirsutum cultivé à Belle-[le-en-Mer................. 440 SÉANCE DU 22 JUIN. M. Paul Vuillemin proclamé membre à vie..... ee ou 442 Ouvrages offerts à la Société............................ et 442 Association parasitaire de l'(Ecidium punctatum et du Plasmopara pygmæa chez l'Anemone ranunculoides............... eth n 442 Notes tératologiques...............................e.. sense 446 Observations de M. Malinvaud................. eee ehh hmm 451 Plantes observées par M. Magnin dans divers lacs............... . 41 Herborisations dans le massif du pic Carlitte (Pyrénées-Orientales). 452 Plantes nouvelles pour la flore de l’Hérault...................... 463 SÉANCE DU 13 JUILLET. Dons faits à la Société.............,............ss.esssssssess 465 Pirola chlorantha et secunda trouvés près de Clermont-Ferrand... 465 Recherches sur les Ruppia....-.................. ee mmt 466- Quelques genres nouveaux pour la tribu des Loranthées dans la fa- 481 mille des Loranthacées.............................sssserese Observation de M. Guignard et réponse de M. Van Tieghem... 489-490 Gain............. Sur la variation du pouvoir absorbant des graines................ 490 SÉANCE DU 27 JUILLET. Décès de M. l’abbé Sauze........... essoossseseeeeso penseseeseeo 495 Lettre de M. Pellat à M. Malinvaud................ ees sss. 496 Admission de M. Gérard........ MEME" 496 Dons faits à la Société...............,...., HII 496 Van Tieghem..... Sur le groupement des espèces en genres dans les Loranthacées à calice dialysépale et à anthères basifixes...... ertt Ses. 497 Du Colombier.... Contribution à la flore bryologique du département du Loiret. ..., 511 Battandier....... Notes d’herborisation........... MEN eseroseesepasenes .. 512 . Décès de M. Paul Maury, annoncé par M. Poisson............--.. 517 Copineau......... Lettre à M. Malinvaud (Les roses du Saule)..... Poor soso. 918 M. Malinvaud présente des échantillons d'Amsinckia inlermedia découvert par M. Gagnepain dans la Nièvre............. mousse 519. Observations de M. Malinvaud au sujet d'un ouvrage de M. Otto Kuntze sur les questions de nomenclature......-...... es. .e. 519 REVUE BIBLIOGRAPHIQUE Étude monographique de la famille des Catalogue des plantes vasculaires et spon- Globulariées; Ed. Heckel...........- 520| tanées des environs de Romorantin; . Sur la présence d'une Araliacée et d'une Émile Martin......... e OPEM 525 Plantes vasculaires de l'arrondissement de Vitry-le-François (Marne); L.Bazot. 526 égétaux fossiles de Normandie. Struc- Observations sur la flore du Plateau cen- ture et affinités du Benneitites Mo- tral; O. Meyran.................... < 927. rèerei Sap. et Mar.; O. Lignier....... . 522} NOUVELLES .....,,,...,................... MED BENNJJJWJglJlJgggs 528 : |. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE Les séances se tiennent à Paris, vue de Grenelle, 84,à huit heures du soir, habituellementles deuxième et quatrième vendredis de chaque mois. JOURS DES SÉANCES ORDINAIRES PENDANT L'ANNÉE 1894 12 et 26 janvier. | 13 et 27 avril. | 18 et 27 juillet. 9 et 23 février. 11 et 25 mai. | Q et 23 novembre. 9 mars. 8 et 22 juin. 14 et 28 décembre. La Société publie un Bulletin de ses travaux, qui parait par livraisons mensuelles. Ce Bulletin est délivré gratuitement à chaque membre et se vend aux personnes étrangères à la Société au prix de 30 fr. par volume annuel terminé (sauf les exceptions spécifiées ci-aprés), 32 fr. par abonne- ment. — Íl peut être échangé contre des publications scientifiques et pério- diques. Les 25 premiers volumes du Bulletin, à l'exception des t. IV (1857) et XV (1868), sont cédés au prix de 10 fr. chacun, et les suivants (2 sér.) au prix de 15 fr. chacun (à l'exeeption du tome XXXVI), à MM. les nouveaux membres qui les font retirer à Paris, aprés avoir acquitté leur cotisation de l'année courante. N. B. —Les tomes IV et XV, étant presque épuisés, ne sont plus vendus séparément. Le tome XXXVI (1889) renferme les Actes du Congrès de bolanique tenu à Paris en août 1889; le prix de ce volume est de 40 fr. pour les personnes étrau- géres à la Société et de 20 fr. pour les membres de la Société. Les frais d'envoi de volumes ou uuméros anciens du Bulletin, ainsi que des numé- ros déjà parus lorsqu'un abonnement est pris au milieu de l'année, sont à la charge de l'aequéreur ou de l'abonné. Les notes ou communications manuscrites adresséesau Secrétariat par les menibres de la Société, pourvu qu'elles aient trait à la botanique ou aux sciences qui $ y rat- tachent, sontlues en séance et publiées, en entier ou par extrait, dans le Bulletin. Tous les ouvrages ou mémoires imprimés adressés au Secrétariat de la Société botanique de France, rue de Grenelle, 84, prennent place dans la bibliothèque de la Société. Ceux qui seront envoyés dans l'année méme de leur publication pourront étre analysés dans la Revue bibliographique, à moins que leur sujet ne soit absolu- ment étranger à la botanique ou aux sciences qui s'y rattachent. MM. les membres de la Société qui changeraient de domicile sont instamment priés d'en informer le Secrétariat le plus tót possible. Les numéros du Bulletin qut se perdraient par suite du retard que mettraient MM, les membres à faire connaitre leur nouvelle adresse ne pourraient pas étre remplacés. N. B. — D'après une décision du Conseil, il n'est donné suite, dans aucun en aux demandes de numéros dépareillés, lorsque le volume auquel ils appartiennen est terminé depuis plus de deux ans. Il en résulte que, pour se procurer une partie quelconque du tome XXXVIII (1891) ou d'une année antérieure, on doit faire l'aequisitior du volume entier.— Aucune réclamation n’est admise, de la part des abonnés, pour les numéros publiés depuis plus de trois mois. Adresser les lettres, communications, demandes de renseignements, réclama- tions, etc., à M. le Secrélaire général de la Société, rue de Grenelle, 84, à Paris. 17133. — Lib.-Imp. réunies, rue Mignon, 2, Paris. — /MAY et MoTTEROZ, direct. AVES.— LaTable des matières du tome XL (1893) est à l'impression. SU DN BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE FONDÉE LE 23 AvRIL 1854 ET RECONNUE COMME ÉTABLISSEMENT D'UTILITÉ PUBLIQUE PAR DÉCRET DU 47 AOUT 1875 TOME QUARANTE ET UNIÈME (Troisième Série. — TOME I7) 1594 SÉANCES DE NOVEMBRE ET DÉCEMBRE 1894. 8-0 PARIS ^ AU SIÈGE DE LA SOCIÉTÉ RUE DE GRENELLE, 84 . ME EE Em Février 1895. Ce numéro renferme la planche VI, dont on trouvera l'explication à la page 517. BUREAU ET CONSEIL D'ADMINISTRATION DE LA SOCIÉTÉ POUR 1895. Président : M. VAN TIEGHEM. Vice-présidents : MM. A. Chatin, G. Camus, Fliche, Gomont. Secrétaire général: M. E. Malinvaud. Secrétaires : Vice-secrétaires : MM. Danguy, Jeanpert. MM. Guérin, Hua. Trésorier : Archiviste : M. Delacour. M. Éd. Bornet. Membres du Conseil: MM. Ed. Bonnet, | MM. Daguillon, MM. Maugeret, Bureau, | Drake del Castillo, Prillieux, Camus (F), Guignard, Russell, Chevallier (abbé), Matruchot, Zeiller. COMMISSIONS. 1° Commission de Comptabilité : MM. Bornet, G. Camus et Roze. 2° Commission des Archives : MM. Delacour, abbé Hue, Maugeret. 3° Commission du Bulletin : MM. Ed. Bornet, Bureau, G. Camus, À. Chatin, Guignard, Prillieux et MM. les membres du Secrétariat. 4° Comité de détermination des plantes de France et d'Algérie soumises ü l'examen de la Société : MM. Boudier, F. Camus, G. Camus, Franchet, abbé Hue, Luizet, Poisson et Rouy. 5° Commission chargée de formuler un avis au sujet de la prochainc Session eætraordinaire : MM. Bonnet, Bureau, F. Camus, A. Chatin, Fliche, Hua, Guignard et Niel. ART. 25 du Règlement. — Le Président et le Secrétaire général font partie de drei toutes les Commissions. SÉANCE DU 9 NOVEMBRE 1894. PRÉSIDENCE DE M. GUIGNARD. M. le Président, aprés avoir fait connaitre deux nouvelles présentations, annonce à la Société la grande perte qu'elle vient de faire dans la personne de M. Pierre Duchartre, dé- cédé à Paris,le 5 novembre dernier, en son domicile de la rue de Grenelle, dans la quatre-vingt-troisième année de son àge. M. le Président s'exprime en ces termes : Au cours de ses quarante années d'existence, la Société bota- nique a déjà connu bien des deuils : jamais elle n'en a éprouvé de plus saisissant que celui dont elle vient d’être atteinte. Elle perd dans la personne de M. Duchartre, en méme temps que le dernier survivant de ses fondateurs, l'un de ses membres les plus émi- nents, comme aussi l'un des plus dignes de son affection et de ses regrets. C'est qu'à partir du jour où il avait concouru à la fondation de notre Société, M. Duchartre lui a donné son entier dévouement. ll la considérait comme sa famille scientifique; l'an dernier encore il l'honorait pour la sixiéme fois de sa présidence. Nul ne l'a plus aimée que lui, et l'on peut dire aussi que nul n'en a été plus aimé; nul n'a plus contribué à son développement et n'en a suivi avec un plus vif intérét les travaux et les séances. Voilà pourquoi, dans ce lieu de nos réunions oü nous avions coutume de le voir prendre place au milieu de nous, où nous aimions à le saluer respectueusement, heureux de pouvoir admirer une vieillesse aussi belle et aussi active, nos regards chercheront, longtemps encore, la physionomie si franche, le sourire empreint d'une si grande bienveillance du maitre vénéré, dont la haute Situation scientifique n'a jamais altéré la modestie. Ce n'est pas le moment de rappeler les titres du savant, dont la T. XLI. (SÉANCES) 34 530 SÉANCE DU 9 NOVEMBRE 1894. mort va laisser parmi nous un si grand vide. Un collégue autorisé, ami personnel de M. Duchartre, voudra bien, nous l'espérons, se charger de ce pieux devoir. Il est d'ailleurs peu d'exemples d'une carriére aussi bien remplie : c'est, en effet, de 1828 que datent les premières études botaniques de M. Duchartre. A partir de la fondation de notre Société, en 1854, il lui communiqua la plupart de ses recherches, dont la série s'est déroulée ininterrompue jus- qu'à ce Jour. Mais, pour apprécier la part qu'il a prise à nos travaux, il faudrait se reporter pour ainsi dire à chacune de nos séances, à ces discussions intéressantes dans lesquelles, à l'autorité d'un grand savoir, il joignait l'élégance d'une parole dont la parfaite courtoisie restera la marque et comme l'auréole personnelle de cet excellent maitre. Cette voix que nous aimions à écouter, cette parole toujours bienveillante, nous ne les entendrons plus! Mais nous garderons pieusement le souvenir de l'un des hommes qui, par la science, la probité scrupuleuse, la dignité du caractère, ont le plus honoré la Société botanique; il lui a donné quarante années de services el de dévouement dans toutes les circonstances, et restera une de ses plus hautes personnifications. Nous adressons à son fils, M. Henri Duchartre, et à sa famille en deuil, le témoignage de notre profonde sympathie. La séance est levée en signe de deuil. SÉANCE DU 23 NOVEMBRE 1894. PRÉSIDENCE DE M. GUIGNARD. M. G. Camus, secrétaire, donne lecture du procés-verbal de la séance du 9 novembre dernier, dont la rédaction est adoptée. M. le Président, par suite des présentations faites dans la dernière séance, proclame membres de la Société : MM. Grecescu (D° D.), professeur à l’Université de Bu- carest, strada Verde, 3, à Bucarest (Roumanie), présenté par MM. Guignard et Payot. VioLLEAU (abbé), professeur au petit séminaire de Montmorillon (Vienne), présenté par MM. Le Grand et l'abbé Hy. M. le Président annonce une nouvelle présentation. Dons faits à la Société : Ed. Blane, La culture du Coton en Asie centrale et en Algérie. — Note sur le Kendir. G. Bonnier, Influence du terrain sur la production du nectar des plantes. — Structure des plantes du Spitzberg et de l'ile Jan-Mayen. — La Géographie botanique. Comére, Les Diatomées des Pyrénées, P. Constantin, Le Monde des Plantes, 1* fascicule. Corbiére, Nouvelle Flore de Normandie. Daveau, Sur une Graminée nouvelle. Debray, Sur la Brunissure, 2 brochures. Fliche, Étude sur les flores de l'Aube et de l'Yonne. Franchet, Les Adonis vivaces et leur répartition géographique. Gadeceau, Sur quelques Narcisses du groupe Ajax. — Note sur les Platanes. 532 SÉANCE DU 23 NOVEMBRE 1894. Gain, Précis de Chimie agricole. Gallé, Floriculture. Husnot, Muscologia gallica, 14 livraison. M. de Laplanche, Dictionnaire iconographique des Champignons. Magnin, Arabis arenosa, Cardamine trifolia, etc. — Note sur divers Nuphar, etc. 9 Mieg, Bleicher et Fliche, Contribution à l'étude du terrain tertiaire d'Alsace. Petit, Note rectificative. Pierre, Flore forestière de la Cochinchine, 20° fascicule. Ravaz et Gouirand, Recherches sur l'affinité des Vignes greffées. Viaud-Grand-Marais et Ménier, Catalogue des plantes vasculaires de l'ile d Yeu. Zeiller, Revue des ouvrages de Paléontologie vegétale publiés en 1892. — Rapports de la flore du bassin houiller de Douvres avec la flore du bassin du Pas-de-Calais. — Sur l'áge des dépót houillers de Commentry. C. de Candolle, Piperaceæ africanæ et madagascarienses. — Meliaceæ nove. — Undescripted plants from Guatemala, etc. Correvon, Flore coloriée de poche. E. Chr. Hansen, Recherches sur les Bactéries acétifiantes. Chr. Nielsen, Sur le développement des spores du Saccharomyces membranæfaciens. Brotherus, Some new species of australian Mosses described, fasc. 1 et 2. — Contributions à la flore bryologique du Brésil. — Enumeratio Muscorum Caucasi. — Musci novi papuani. — Musci Schenkiani. Deway, The russian Thistle. Galloway, Some destructive Potato diseases. Macoun, Contributions from the herbarium of the geological Survey of Canada. Masters, The Cedar of Goa. Erwin F. Smith, Experiments with fertilizers jor. the prevention and cure of Peach yellows, 1889-1892. Smith, Undescripted Plants from Guatemala. PA Ned Botanical Garden (Missouri), fifth. annual Report, Waite, The pollination of Pear flowers. Nicholson, Dictionnaire pratique d'Horticulture, etc., trad. et mis à jour par Mottet; 3 livraisons. VAN TIEGHEM. — COMPLÉMENTS A L'ÉTUDE DES LORANTHÉES. 533 Baccarini Pasquale, I! mal nero della Vite. Bulletin de la Société d'études scientifiques de l' Aude, t. V. Mémoires de l'Académie de Stanislas, 1893. Société des sciences naturelles de la Charente-Inférieure. Annales de 1893. Chambre d'Agriculture de Tunisie, procès-verbaux des séances, juin-juillet 1894. Mémoires et Comptes rendus de la Société royale du Canada, t. XI. Journal and Proceedings of the Royal Society of New South Wales, 1893. Smithsonian Report, 1892. Proceedings of the Indiana Academy of science, 1893. U. S. Departement of Agriculture. Vegetable Pathology, n° 4 et 5. Verslag omtrent den Staat van 'slands plantentuin te Buitenzorg over het Jaar 1893. Mededeelingen uit 'slands Plantentuin, n* XI et XII. M. Jeanpert offre à la Société, au nom de M. Molle, un Catalogue des plantes des environs de Beauvais. M. Van Tieghem fait à la Société la communication sui- vante : QUELQUES COMPLÉMENTS A L'ÉTUDE DES LORANTHÉES A CALICE DIALYSÉPALE ET ANTHÈRES BASIFIXES, OU PHÉNICANTHÉMÉES; par M. Ph. VAN TIEGHEM. La tribu des Loranthées comprend, comme on sait (1), trois groupes de genres, ou sous-tribus, nettement définis par la confor- mation du calice et de l’androcée. Dans le premier, le calice est dialysépale et les étamines ont les anthéres basifixes; ce sera, si l'on veut, la sous-tribu des Phénicanthémées. Dans le second, le calice est encore dialysépale, mais les étamines ont les anthères dorsifixes et oscillantes : ce sera la sous-tribu des Struthanthées. Dans le troisiéme, le calice est gamosépale et les étamines ont les anthéres basifixes : ce sera la sous-tribu des Dendrophthoées. La Quatrième disposition, celle où le calice serait gamosépale et ou (1) Ph. Van Tieghem, Sur la classification des Loranthacées (Bull. de la Soc. bot., 93 février 1894, p. 138). 534 SÉANCE DU 23 NOVEMBRE 1894. les étamines auraient des anthéres dorsifixes et oscillantes, n'y a pas été observée jusqu'à présent. Dans une communication antérieure (1), on a vu comment les espéces qui composent la sous-tribu des Phénicanthémées se groupent en dix-sept genres. J'ai fait, naturellement, la méme étude pour les deux autres tribus; mais, avant d'en soumettre les résultats à la Société, je crois nécessaire de revenir un peu sur la premiére pour introduire dans plusieurs des genres précédemment établis quelques espàces nouvelles qui permettent d'en mieux pré- ciser les caractéres, et aussi pour y ajouter deux genres nouveaux. Tel est le double objet de la présente Note. La sous-tribu des Phénicanthémées comprend, comme on sait, deux catégories de genres, suivant que l'inflorescence y est simple ou composée de triades. Considérons successivement ces deux catégories. I. — GENRES A INFLORESCENCE SIMPLE. L'inflorescence simple est un épi (Loranthus), un capitule (Barathranthus, Cyathiscus, Diplatia), une ombelle (Pilostigma, Plicosepalus), ou une grappe (Chiridium, Coleobotrys, Lantho- rus, Sycophila, Acrostachys, Phonicanthemum, Leucobotrys)- Prenons un à un les genres dans cet ordre, en commençant par le plus ancien, le genre Loranthus. 4. Sur le genre Loranraus Linné em. — Réduit comme on sait, le genre Loranthus ne comprenait jusqu'ici que trois espéces, savoir: le L. europeus Linné, où lépi est terminal, et qui est dioïque; le L. Grewinkii Boissier et Buhse, où l'épi est terminal aussi, mais qui est hermaphrodite; le L. odoratus Wallich, où l'épi est axillaire, et qui est hermaphrodite. Le Muséum a recu de M. l'abbé Delavay, sous les n° 9312, 3667 et 4653, un Loranthus récolté par lui à deux reprises, en jan- vier 1887 et janvier 4888, en Chine, province du Yunnan, dans les bois de Mougnichan prés de Tapintze. Cette plante, qui croit aussi sur les Chénes, ressemble au L. odoratus par son épi axillaire et (1) Ph. Van Tieghem, Sur le groupement des espéces en genres dans les Loranthacées à calice dialysépale et à anthéres basifixes (Bull. de la Soc. bot., 27 juillet 1894, p. 497). VAN TIEGHEM. — COMPLÉMENTS A L'ÉTUDE DES LORANTHÉES. 535 ses fleurs odorantes, mais en diffère nettement par sa dicecie. C'est une espéce bien distincte, que je nommerai Loranthus Delavayi. Le n° 2312 et le n° 4653 comprennent des échantillons mâles et femelles, le n° 3667 seulement des échantillons mâles. Les fleurs mâles ont des sépales plus larges, portant des anthères normale- ment conformées, avec un style mince, effilé au bout. Les fleurs femelles ont des sépales plus étroits sur lesquels l'anthére n'est re- présentée que par une petite écaille ou tout à fait avortée, avec un épais, style renflé en stigmate au sommet. Suivant les échantillons, les feuilles sont de forme un peu diffé- rente, et l'on peut y distinguer deux variétés. Dans l'une, que l'on peut considérer comme le type normal (n* 2312), elles sont assez longuement pétiolées et leur limbe, plus étroit et plus long, mesure environ 11 centimètres sur 2 centimètres. Dans l'autre, qui sera la variété latifolia (n^ 3667), elles sont briévement pétiolées et leur limbe, plus large et plus court, mesure environ 9 centimètres sur 4 centimètres. Le n° 4653 a des feuilles de forme intermédiaire. Le Jardin royal de Kew a donné au Muséum en 1889, comme étant une variété du L. odoratus, un échantillon récolté par M. Henry en Chine, à Ichang, province de Hupeh, sous le n° 7849. Cette plante n'est autre chose qu'un pied mâle du L. Delavayi var. latifolia. J'ai pu étudier, dans l'herbier de Martius, l'échantillon type du Loranthus Lambertianus de Schultes et me suis assuré que, par tous ses caractères, cette plante est un vrai Loranthus. L'épi y est terminal, comme dans les L. europœus et Grewinkii, et les fleurs Y sont hermaphrodites, comme dans le L. Grewinkii; mais elle différe de ces deux espéces à la fois par la pentamérie des fleurs. C'est donc à tort que Bentham y dit les fleurs hexaméres (Genera, Ill, p. 208, 1883), et que M. Hooker la regarde comme probable- ment identique au L. pentapetalus Roxburgh (Flora of brit. India, p. 998, 1890). Il est regrettable qu'on n'en connaisse pas avec certitude le lieu d'origine. ; Par ces deux additions, le genre Loranthus se trouve done actuellement composé de cinqespéces, formant deux sections bien distinctes et parallèles. La section Euloranthus, où l'épi, toujours solitaire, est terminal et où les fleurs sont simplement sessiles, comprend le Loranthus europæus, qui est dioique, le L. Gre- winkii et le L. Lambertianus, qui sont hermaphrodites. La 536 SÉANCE DU 23 NOVEMBRE 1894. section qu'on peut nommer Cyttarellus (1), où l'épi, solitaire ou accompagné de deux épis latéraux, est axillaire et où les fleurs sont enfoncées dans autant d'alvéoles du pédoncule, comprend le Loranthus Delavayi, qui est dioïque, et le L. odoratus, qui est hermaphrodite. Dès l'année 1830, P. de Candolle distinguait ces deux sections sous les noms de Viscoidei, pour la premiére, et de Odorati, pour la seconde; mais, à cette époque, chacune d'elles ne renfermait qu'une seule espéce. Peut-étre devront-elles plus tard étre érigées à l'état de genres distinets. Ces cinq espéces ont en commun un caractére morphologique qui ne parait pas avoir été remarqué jusqu'ici. Tous les rameaux, à la fois feuillés et floraux dans les Euloranthus, les uns feuillés, les autres floraux dans les Cyttarellus, sont munis d'une pérule, composée de plusieurs paires d'écailles brunes, qui dans le Jeune ‘âge enveloppent et protègent le bourgeon. Dans les rameaux feuillés et floraux, ou exclusivement feuillés, les écailles des paires externes se détachent à la base et tombent à l'épanouissement, laissant à leur place une sorte de gradin circulaire; celles de la paire la plus interne, au contraire, subissent à leur base une croissance inter- calaire qui les allonge en feuilles vertes, écailleuses et brunes au sommet. Dans les rameaux exclusivement floraux, la pérule se réduit à deux paires d'écailles, qui tombent toutes sans s'accroitre. On voit par là que l'épi axillaire des Cyltarellus ne diffère de l'épi terminal des Euloranthus que par l'absence des deux paires de feuilles vertes qui se développent habituellement chez ces derniers entre les écailles de la pérule et les bractées florales. En somme, l'existence d'une pérule autour de tous les bour- geons et plus tard d'un gradin circulaire à la base de tous les rameaux est une disposition commune à tous les Loranthus et qui doit figurer désormais dans la caractéristique du genre. 2. Sur le genre BAnATRANTHUS (Korthals) Miquel. — Pour son Loranthus axanthus de Sumatra, Korthals a établi, dès 1839, sous le nom de Barathranthus, une section spéciale (2), érigée en genre par Miquel en 1855 (3). Les fleurs, entourées chacune d'une bractée circulaire, y sont groupées en capitules sessiles et ces cap (4) De xóv:apoc, alvéole. (2) Korthals, Verhandl. van het Batav. Genootschap, XVII, p. 262, 1839. (3) Miquel, Flora van ned. Indié, p. 834, 1855. 3 VAN TIEGHEM. — COMPLÉMENTS A L'ÉTUDE DES LORANTHÉES. 537 tules y sont dits axillaires. Il n'en est pourtant pas ainsi; mais, pour l'avoir cru, le caractére le plus frappant de ce genre a été jusqu'à présent méconnu. Normalement, en effet, les capitules ne naissent pas à l'aisselle des feuilles, qui sont opposées, mais tout le long des entre-nœuds et d'une maniére trés réguliére. A quelque distance au-dessus du nœud, on rencontre d'abord deux capitules diamétralement oppo- sés et en croix avec les feuilles inférieures, puis deux autres capi- tules opposés en croix avec les premiers, puis une troisiéme paire superposée à la première, une quatrième superposée à la seconde, et ainsi de suite. Le nombre des paires de capitules ainsi dis- posées, ainsi que leur distance longitudinale, varient d'un entre- nœud à l'autre; j'en ai observé jusqu'à huit dans les entre-nœuds les plus longs. C'est sans doute cette disposition régulière, opposée décussée, des capitules qui les a fait croire axillaires. En réalité, on ne trouve au-dessous d'eux aucune trace de feuille, ni normale, ni réduite par avortement à quelque écaille. Les entre-nœuds jeunes en sont encore dépourvus; ils n'y naissent qu'assez tard et, semble-t-il, aux dépens de bourgeons endogénes, à en juger du moins par Ja boutonniére qui en entoure la base et qui provient de la rupture de l'épiderme et du liège. Cà et là, mais exceptionnellement, la première paire de capitules se forme immédiatement au-dessus du nœud et en superposition avec les feuilles, en un mot, est axillaire. D'ordinaire, les nœuds sont stériles. Une telle disposition des groupes floraux le long des entre- nœuds, loin des feuilles, mais pourtant régulière et régie, malgré l'origine endogène, par la même loi qui gouverne l'arrangement des feuilles, est un fait trés remarquable en méme temps que trés rare, sinon unique, et qui doit, en conséquence, figurer en.pre- mière ligne dans la caractéristique du genre. On le retrouve, en effet, non seulement dans le Barathranthus Lobbii Hook. fil. de Pinang, mais encore dans plusieurs formes Spécifiques nouvelles récoltées les unes par M. King et par le P. Scortechini à Perak, dans la péninsule malaise, les autres par M. Beccari à Bornéo. M. King ou ses collecteurs ont trouvé à Perak, de 1882 à 1886, deux espéces de ce genre et le P. Scortechini en a récolté une troi- sième dans la mème région. Toutes les trois ont été distribuées 538 SÉANCE DU 23 NovEMBRE 1894. sous le nom de Barathranthus Lobbii Hook. fil. Les feuilles y sont pourtant pétiolées, le pétiole atteignant 6 à 10 millimétres de longueur, tandis qu'elles sont sessiles dans le B. Lobbii. Ce sont donc trois espèces différentes du B. Lobbii; elles sont aussi bien distinctes l'une de l'autre. La première (King, Perak, n° 2643 et n^ 6294) a des feuilles plus larges, dont les deux moitiés sont souvent inégales, pareilles sur les deux faces, à nervures latérales bien visibles, méme sur la face supérieure : ce sera le Barathran- thus Kingii. La seconde (Scortechini, Perak, sans numéro) a des feuilles encore pareilles sur les deux faces, mais sans nervures laté- rales visibles ni sur l'une ni sur l'autre : ce sera le B. Scortechinii. La troisième (King, Perak, n° 4486 et n° 11 024) a des feuilles à faces dissemblables, la face inférieure y étant jaune rougeûtre : ce sera le B. bicolor. M. Beccari a rapporté de Bornéo deux espèces de Barathranthus. La première (n° 1295, Salak) parait très voisine du B. axanthus, dont elle diffère notamment par ses feuilles plus petites, plus brié- vement pétiolées, dont les deux moitiés sont souvent inégales : ce sera le B. Beccarii. La seconde (n° 2378, Lundu) a des feuilles plus grandes, à limbe arrondi à la base, atténué en pointe au sommet, mesurant environ 12 centimétres sur 5 centimétres, sans nervures latérales visibles, méme sur la face inférieure; elles sont brié- vement pétiolées, le pétiole ne mesurant pas plus de 5 millimètres. Ge sera le B. acuminatus (1). Composé désormais de ces sept espèces et répandu à la fois dans la péninsule malaise, à Sumatra et à Bornéo, le genre Barathran- Lus se trouve défini entre tous par son inflorescence si singuliére en capitules internodaux, opposés décussés. E Sur le genre nouveau Cxarmiscus. — Dès lors, il devient nécessaire d'en séparer génériquement les deux espéces que, dans ma communication précédente (2), j'y avais classées à cause de leurs fleurs entourées aussi chacune à sa base d'une bractée en forme de godet ou de cupule et groupées aussi en capitules ses- siles, savoir : le Loranthus nodiflorus Thwaites, de Ceylan, et le (1) M. Hooker, n'ayant eu à sa disposition que des échantillons incomplets de cette plante, a eru pouvoir l'identifier avec son B. Lobbii (Flora of brit. India, p. 204, 1890). (2) Bull. de la Soc. bot., 27 juillet 1894, p. 501. VAN TIEGHEM. — COMPLÉMENTS A L'ÉTUDE DES LORANTHÉES. 539 L. productus King, de Perak. En effet, dans ces deux plantes, les capitules sont bien réellement et exclusivement axillaires des feuilles, qui sont isolées chez la première, opposées décussées dans la seconde. Elles doivent donc constituer, à cóté des Barathranthus, un genre distinct, que je nommerai Cyathiscus (1); ce seront désor- mais, respectivement, le Cyathiscus nodiflorus (Thwaites) et le C. productus (King). 4. Sur le genre DiPLATIA. — Les espèces australiennes de Diplatia dont il a été question dans ma précédente Note (2), savoir le D. grandibractea (F. Muller) du New South Wales (Barrier- range) et le D. tenuifolia du Queensland (Suttor river et Port Denison) ont les feuilles pétiolées, à limbe rubané, plus large avec trois nervures paralléles chez la premiére, plus étroit avec une seule nervure dans la seconde. M. d'Albertis a récolté, en 1877, au bord du fleuve de la Mouche (Fly river), dans la région méridionale de la Nouvelle-Guinée, aujourd'hui colonie anglaise, une espéce de ce méme genre, que Jai pu étudier dans l'herbier de M. Beccari. Elle est bien diffé- rente des deux autres. Les feuilles, toujours opposées, v sont en effet, sessiles, à limbe penninerve, largement ovale, légè- rement atténué à la base et au sommet, mesurant jusqu'à 17 centimètres de long sur 8 centimètres de large : ce sera le Diplatia Albertisii. Les deux larges bractées foliacées qui entourent le capitule et qui restent, comme dans les deux autres espéces, indéfiniment appli- quées l'une contre l'autre par leurs bords en forme de double plaque, ne se séparant qu'au sommet pour laisser par la fente Sortir et s'épanouir les fleurs, y sont aussi larges que longues, mesurant dans les deux sens environ 3 centimétres, presque cir- culaires. Ün voit maintenant que le genre Diplatia s'étend de l'Australie orientale et septentrionale à la Nouvelle-Guinée méridionale, nou- vel indice, ajouté à tant d'autres, de la primitive continuité de ces deux terres, que sépare aujourd'hui le détroit de Torrès. (1) De xuaótoxoc, godet. (2) Loc cit., p. 501. 540 SÉANCE DU 23 NOVEMBRE 1894. 5. Sur le genre PiLosriGwA. — Le genre Pilostigma a pour type, comme on sait (1), le Loranthus sanguineus F. Muller, qui croit sur la côte occidentale de l'Australie. La comparaison des échantillons que F. de Muller a bien voulu m'adresser, provenant les uns de Rockingham bay, les autres de Albert river, avec ceux de Victoria river sur lesquels il a établi son Loranthus sanguineus, m'a permis de m'assurer qu'il y a là deux espéces, distinctes entre elles et de l'espéce type, ce qui porte à trois le nombre des espéces actuellement connues de Pilostigma. Toutes les trois ont les fleurs en ombelle axillaire, simple et pauciflore. La plante de Albert river a les feuilles plus courtes, falciformes, mesurant environ 6 centimètres de long sur 4 centi- métre de large, atténuées à la base, mais sans pétiole distinct. L'ombelle a ses pédicelles plus longs et plus gréles. Ce sera le Pilostigma Mulleri. La plante de Rockingham bay a des feuilles plus étroites et plus longues, mesurant environ 12 centimétres de long sur 6 centimétres de large, à pétiole trés marqué; mais sur- tout, le pédicelle primaire et les pédicelles secondaires de l'om- belle y sont plus courts et plus épais. Ce sera le P. brevipes. 6. Sur le genre PuicoseraLus (Bentham et Hooker). — Le genre africain Plicosepalus demeure, pour le moment, formé des trois espéces qu'on y a réunies (2). Remarquons seulement que ces irois espéces se répartissent en deux sections, suivant la dispo- sition de l'inflorescence, qui est toujours une ombelle pauciflore. Dans la premiére, Euplicosepalus, l'ombelle termine un court rameau feuillé, qui ne porte, il est vrai, qu'une seule paire de feuilles assez différenciées par rapport aux feuilles ordinaires : elle ne comprend jusqu'ici qu'une seule espèce, le Pl. undulalus (Meyer), originaire du Cap. Dans la seconde, qu'on peut nommer Climacosepalus, l'ombelle est axillaire; elle renferme le Pl. cur- viflorus Bentham, d'Abyssinie, et le Pi. Fauroti Franchet, du pays des Somalis. 7. Sur le genre Cairinium. — Le genre Chiridium commence la longue série des Phénicanthémées où l'inflorescence est une (1) Loc. cit., p. 488. (2) Loc. cit., p. 504. VAN TIEGHEM. — COMPLÉMENTS A L'ÉTUDE DES LORANTHÉES. 541 grappe simple. On sait qu'il comprend actuellement trois espéces : d'abord le Ch. Lijndenianum (Zollinger), de Java, et le Ch. seligerum (Korthals), de Bornéo, où la grappe est axillaire et porte la pérule à sa base; puis le Ch. speciosum (Wallich), de l'Inde, où la grappe est terminale et où, par conséquent, la pérule est reportée à la base du rameau feuillé (1). J'ai pu m'assurer récemment que la plante de Sumatra, classée par Miquel dans le genre Phœnicanthemum sous le nom de Ph. longissimum, posséde tous les caractéres morphologiques externes et internes qui distinguent les Chiridium à grappe axillaire : c'est donc le Chiridium longissimum (Miquel). La plante récoltée en 1865, à Bornéo (Kuteing), par M. Beccari et distribuée sous le n° 586 est aussi un Chiridium à grappe axillaire, qui constitue une espèce distincte des précédentes, res- semblant au Ch. Lijndenianum par la forme et la grandeur de ses feuilles, au Ch. speciosum par la conformation de ses fleurs : je la nommerai Chiridium Beccarii. Le P. Scortechini a découvert à Perak, dans la péninsule ma- laise, une espéce du méme genre, distribuée avec le n* 231 sous le nom de Loranthus pulcher DC. Elle diffère profondément du Ch. speciosum (Wallich) (= Loranthus pulcher DC.) par ses grappes axillaires et s'en distingue encore, ainsi que de toutes les autres espéces, par ses feuilles étroites et longues, atténuées à la base et au sommet, mesurant environ 9 centimètres de long sur 1 centi- métre de large. Ces feuilles sont isolées, mais rapprochées par cycles de cinq, qui alternent. Au sommet du rameau, le dernier cyele est un vrai verticille, avec une grappe spiciforme à l'aisselle de chacune de ses feuilles. Ce sera le Chiridium verticillatum. Les écailles de la pérule y sont moins développées que dans les autres espèces et les bractées sous-florales y sont aussi plus petites, non prolongées en bosse ou en éperon sur leur face inférieure. Par ces trois additions, le genre Chiridium comprend mainte- nant six espéces, répandues dans l'Inde, la péninsule malaise, Sumatra, Bornéo et Java. Ces six espéces se répartissent en deux sections. La première, Euchiridium, où la grappe est axillaire et où la pérule forme un involucre à sa base, comprend les Ch. ver- (1) Loc. cit.. n. 483. 542 SÉANCE DU 23 NOVEMBRE 1894. licillatum, longissimum, setigerum, Beccarii et Lijndenianum, de la presqu'île malaise et de la Malaisie. La seconde, qu'on peut nommer Chiridiocladus, où la grappe est terminale et où la pérule est reportée à la base du rameau feuillé, se réduit jusqu'à présent au seul Ch. speciosum, qui est de l'Inde. 8. Sur le genre CovgoBoTRys. — Le genre Coleobotrys compre- nait jusqu'à présent six espéces, toutes à grappe axillaire; une de l'Inde (C. heterantha), une de la péninsule malaise (C. crassise- pala), une de Sumatra et Bornéo (C. Macklottiana) et trois de Java (C. Zollingeri, acuminata, raphidophora) (1). Mes nouvelles études me permettent d'y ajouter deux autres espéces. L'une a été récoltée par Lobb à Java, et distribuée sous le n° 56. Ayant, comme toutes les précédentes, la grappe axillaire, elle s'en distingue notamment par la couleur rouge brun de ses pédicelles, primaires'et secondaires, de ses ovaires et de ses calices: ce sera le Coleobotrys rubra. L'autre a été trouvée à Sumatra, au mont Singalan, à 1600 métres de hauteur, par M. Beccari, en 1878; elle porte dans son herbier le n* 11. Elle différe de toutes les autres espéces d'abord par sa grappe terminale, ensuite par la forme singuliére des pédicelles secondaires de la grappe, qui sont trés longs et aplatis transversa- lement dans toute leur longueur en forme de lame ou d'aile : je la nommerai Coleobotrys alata. Du méme coup, la gaine corticale qui, dans les autres espéces, entoure la base de la grappe axillaire, se trouve ici reportée à la base du rameau feuillé que la grappe termine. Par là, cette espéce occupe donc, dans le genre Coleobo- trys, une place correspondante à celle du Ch. speciosum dans le genre Chiridium. Il en résulte que, tout aussi bien que les Chiridium, les huit espèces qui composent aujourd’hui le genre Coleobotrys peuvent se répartir en deux sections. La première, Eucoleobotrys, Ou la grappe est axillaire et entourée d'une gaine à la base, renferme les C. heterantha, crassisepala, Macklottiana, Zollingeri, acum- nata, raphidophora et Lobbii. La seconde, qu'on peut nommer Coleocladus, où la grappe est terminale et où la gaine est reportée à la base du rameau feuillé, ne comprend jusqu'ici que le seul (1) Loc. cit., p. 484. VAN TIEGHEM. — COMPLÉMENTS A L'ÉTUDE DES LORANTHÉES. 543 C. alata. Ce genre a d'ailleurs la méme distribution géographique que les Chiridium. 9. Sur le genre Lanrnorus Presl. — Le genre Lanthorus demeure, pour le moment, constitué par les six espéces que l'on ya réunies et chez lesquelles la grappe est toujours axillaire (1). Il a, comme on sait, à peu près la méme répartition géographique que les deux précédents, puisqu'il se retrouve à la fois dans l'Inde, à Manille, à Bornéo et à Java. 10. Sur le genre SycorniLa Welw. mss. — Le genre Sycophila reste aussi, jusqu'à présent, réduit aux trois espéces dela cóte occi- dentale de l'Afrique tropicale que l'on y a groupées et qui ont toutes la grappe axillaire, savoir : S. combretoides Welwitsch mss., S. Mannii (Oliver) et S. ternata (2). Aussi me bornerai-je ici, à son sujet, à une seule remarque. Dans son important Mémoire, récemment paru, sur les Loran- thacées d'Afrique (3), M. Engler continue à regarder le Loranthus Mannii Oliver comme une espèce appartenant à la section Heteran- thus du genre Loranthus, et il y rattache, à titre de simple variété combretoidea, la plante d'Angola n° 4852. L'existence du genre Spécial, reconnu et nommé dans son herbier dés 1857 par Wel- witsch, lui a échappé. Il ne signale méme pas le fait de cette distinetion générique, pourtant si bien fondée, comme je crois l'avoir fait voir, et de cette dénomination, qui doit étre acceptée. 14. Sur le genre Acrosracuys (Bentham et Hooker). — Le genre africain Acrostachys continue à ne comprendre que les deux espèces déjà connues, savoir : A. Kirkii (Oliver), du Zambéze, el A. Sandersoni (Harvey), de Natal (4). Contrairement à ce qui se passe dans les deux genres précédents, la grappe y est toujours terminale. (1) Loc. cit., p. 487. i uw qn P g (2) Loc. cit., p. 485. A propos du S. Mannii, je dois corriger ici ne err typographique qui s'est glissée dans ma dernière communication ped j i P- 508). A cette page, ligne 13 en descendant, au lieu de : les Lorant teranthus et Mannii sont des Coleobotrys, il faut lire : Le L. heteranthus est un Coleobotrys ; e L. Mannii est un Sycophila. i ia (3) Engler, Loranthaceæ africanæ (Bot. Jahrbücher für Systematik, A^, P- 81, 1894). (4) Loc. cit., p. 504. 544 SÉANCE DU 23 NOVEMBRE 1894. 12. Sur le genre PHŒNICANTHEMUM Blume. — Aux huit espèces que l'on a rangées avec certitude dans le genre Phænicanthe- mum (1), il est possible maintenant d'en ajouter plusieurs autres. D'abord j'ai pu m'assurer que le Loranthus Bennellianus Miquel, découvert à Banka par Horsfield, a tous les caractères morphologiques externes et internes des Phænicanthemum : c'est donc le Ph. Bennettianum (Miquel). M. King a récolté en 1884, aux iles Andaman, une plante qu'il a distribuée avec le n° 444 sous le nom de Loranthus pentapetalus Roxburgh (= Lanthorus pentasepalus). Il y a là une erreur de détermination. La fleur y est, en effet, tétramére avec un style con- tinu, et non pentamére avec un style articulé, comme dans tous les Lanihorus. Cette plante a tous les caractères externes et internes des Phenicanthemum, parmi lesquels elle constitue une espèce nouvelle, que je nommerai Ph. Kingii. Le rameau s'y termine par une grappe spiciforme, au-dessous de laquelle les cinq à six der- niéres feuilles, qui sont isolées, portent autant d'autres grappes spiciformes axillaires. Il en résulte l'apparence d'une grappe composée terminale. À ces deux espéces nouvelles, l'étude des plantes rapportées de Dornéo par M. Beccari m'a permis d'en joindre plusieurs autres dont la description sera donnée dans mon Mémoire, en sorte que le genre Phœnicanthemum compte aujourd'hui plus de quinze espèces distinctes, répandues dans l'Inde, la péninsule malaise, le Tonkin, Andaman, Banka, Bornéo. Ces espèces se répartissent en trois sections. La première, Euphæœnicanthemum, où les pédi- - celles secondaires sont courts et nombreux, ce qui rend la grappe spiciforme, renferme la majorité des espéces (Ph. coccineum, polystachyum, intermedium, obtusatum, Bennettianum, Kin- gii, etc.). La seconde, qu'on peut nommer Stachyanthemum, où les fleurs sont tout à fait sessiles et où l'inflorescence est un véri- table épi, se réduit au seul Ph. Hookerianum. La troisième, qu'on peut nommer Peneanthemum, où les pédicelles secondaires sont assez longs et surtout peu nombreux, où la grappe est courte, pauciflore, par conséquent, et longuement pédicellée, comprend les Ph. ligustrinum, terrestre et Balansa. (1) Loc. cit., p. 502. VAN TIEGHEM. — COMPLÉMENTS A L'ÉTUDE DES LORANTHÉES. 545 13. Sur le genre LEUCoBOTRYS. — Aux deux espèces du Tonkin qui composent actuellement le genre Leucobotrys (L. inflata, L. adpressa) (1), on est conduit aujourd'hui à en ajouter une troisième. Zollinger a récolté, en 1848, à Sumbawa et distribué, sous le n° 3415, un Loranthus, parasite des Stadmannia. Les fleurs, que je wai pu observer qu'en boutons, y sont rares; elles sont dis- posées en grappes axillaires, sans involucre, ni gaine à la base, toutes couvertes dans le jeune âge, ainsi que les bractées et les pédicelles, d’un duvet blanchâtre. Le calice est dialysépale, penta- mère, jaunâtre et les étamines insèrent leurs filets très bas sur les sépales. La plante se rattache donc aux Leucobotrys mieux qu'à toutautre genre : ce sera le Leucobotrys pilosa. Toutefois les feuilles y sont isolées et non opposées comme dans les autres Leucobotrys. Elles sont pétiolées et le limbe a la forme d’un étroit ruban, atténué à la base etau sommet, mesurant 20 centimètres et jusqu'à 24 centimètres de long sur 1 à 2 centimètres de large; la nervation est pennée, à nervures latérales, d'abord recourbées vers le haut, puis parallèles à la médiane. A l’état sec, la feuille est enroulée en long, en forme de gouttière à bords gondolés. Par ses divers caractères, notamment par la forme et la dis- position de ses feuilles, cette espèce diffère donc beaucoup plus des deux autres espèces de Leucobotrys que celles-ci ne diffèrent entre elles. Aussi n'est-ce qu'avec quelque hésitation et provisoi- rement que je la rattache à ce genre. If. — GENRES A INFLORESCENCE COMPOSÉE. Nous arrivons maintenant aux genres de Phénicanthémées qui ont une inflorescence composée. Cette inflorescence composée est le plus souvent une ombelle de triades (Stemmatophyllum, Amyema, Neophylum), quelquefois une grappe de triades (Iico- stylus, Dactyliophora). Étudions les genres dans cet ordre. 14. Sur le genre SrEMMATOPHYLLUM.— Le genre Stemmalophyl- lum comprenait jusqu'ici cinq espéces, quatre de Manille, une de LA , . , . d , Bornéo, réparties en deux catégories ou sections. Dans l'une, dont (1) Loc. cit., p. 503. T. XH. (SÉANCES) 35 546 SÉANCE DU 23 NOVEMBRE 1894. le Stemmatophyllum luzonense (Pres!) est le seul représentant, l'inflorescence est une ombelle terminale, composée de triades à fleurs toutes les trois pédicellées, le pédicelle médian étant plus court que les deux autres, en un mot d'ombellules triflores. Dans l'autre, ce sont de petites ombelles simples, pauciflores, fasciculées aux nœuds âgés du sympode, tantôt pédicellées (St. Cumingii, sessilifolium), tantôt sessiles (St. nodosum, Beccarii) (1). Ce second mode d'inflorescence doit étre considéré comme une dégra- dation du premier, qui réalise le type le plus complet du genre. A cette seconde section vient s'ajouter maintenant une espéce nouvelle, trouvée par M. Beccari à Bornéo (Tandgiou Data), en 1867, et qui porte le n* 3533 dans son herbier. Elle est remar- quable par ses entre-nœuds longs de plus de 10 centimètres et surtout par ses grandes feuilles coriaces, pétiolées, penninerves, à limbe semblable sur les deux faces, atténué à la base, arrondi au sommet, à bord parfois entier, mais d'ordinaire irréguliérement lobé : ce sera le Stemmatophyllum irregulare. Une autre espèce du méme genre, récoltée par Cumingà Manille et distribuée sous le n* 1973, offre un grand intérét par la dispo- sition de son inflorescence, qui en fait le type d'une section spé- ciale. Les feuilles, verticillées par quatre, y sont pétiolées, atté- nuées à la base, pointues au sommet, mesurant environ 7 centi- métres de long sur 2 centimétres de large : ce sera le Slemmato- phyllum acutum. Au-dessus de chaque verticille de feuilles, le bourgeon terminal du rameau avorte complétement, comme dans toutes les espèces de la seconde section; l'inflorescence y est donc nécessairement axillaire, mais elle l'est d'une tout autre maniére que dans ces espéces. En effet, à l'aisselle de toutes ces feuilles terminales, ou seulement de deux d'entre elles, il se fait de bonne heure une ombelle composée, portant d'ordinaire deux pédicelles secondaires seulement, terminés chacun par une ombellule triflore dans laquelle le pédicelle médian est plus court que les deux latéraux. Quoique axillaire, parce qu'elle est précoce et soli- taire à l'aisselle, l’inflorescence est donc ici une ombelle composée, (1) Loc. cit., p. 505. Le St. Beccarii produit, tout autour du point d'at- tache primitif, des racines aériennes, qui enfoncent de nombreux suçoirs dan la plante nourricière, et d’où procèdent de nouvelles tiges dressées. J'ai vu deux de ces racines cheminer parallèlement en contact l'une avec l'autre, €n s’enfonçant l’une dans l'autre de nombreux sucoirs. VAN TIEGHEM. — COMPLÉMENTS A L'ÉTUDE DES LORANTHÉES. 547 tout aussi bien que dans le St. luzonense, moins fournie seule- ment. Cette espèce, et c'est son intérêt propre, représente donc dans le genre une troisième section intermédiaire aux deux autres, en méme temps qu'elle nous fait mieux comprendre par quelle série de dégradations l'ombelle composée, multiradiée et terminale du St. luzonense s'est réduite d'abord à l'ombelle composée, pauci- radiée, axillaire et précoce du St. acutum, puis à l'ombelle simple, axillaire et tardive, mais encore pédicellée, des St. Cumingii et sessilifolium, enfin à l'ombelle simple, axillaire et tardive, mais sessile, des St. nodosum et Beccarii. Enfin l'Herbier du Muséum posséde, rapportés de Taiti par M. Vesco, en 1847, des échantillons d’un Stemmatophyllum remarquable par ses grandes feuilles verticillées par cinq, longue- ment pétiolées, à limbe penninerve, assez mince et gondolé, atténué à la base et au sommet, mesurant jusqu'à 20 centimètres de long sur 7 centimétres de large : ce sera le St. grandifolium. Le bourgeon terminal étant avorté à chaque nœud du sympode, il est probable que l'inflorescence y est axillaire et que l'espéce appartient, en conséquence, à l'une des deux derniéres sections. À laquelle? C’est ce qu'il est impossible, pour le moment, de décider, aucun des échantillons ne portant de fleurs. En somme, avec les huit espéces qu'il comprend maintenant, le genre Stemmatophyllum s'étend à Manille, à Bornéo, à Taiti, et se divise en trois sections. La première, Eustemmatophyllum, où l'ombelle est terminale et composée de triades, se réduit au seul St. luzonense. La seconde, qu'on peut nommer Stemmatium, où l'ombelle est axillaire, précoce et composée de triades, se réduit au seul St. acutum. La troisième, qu'on peut nommer Arthro- stemma, comprend les St. Cumingii (1), sessilifolium, nodosum, Beccarii, irregulare et peut-étre aussi le St. grandifolium. 15. Sur le genre Amyema. — Le genre Amyema comprend, (1) Depuis ma dernière communication, j'ai appris que mon Stemmato- phyllum Cumingii a été étudié autrefois par MM. Van Heurck et J. Muller. Frappés de ses caractères remarquables, ces botanistes lui ont donné le nom de Loranthus mirabilis, sous lequel il figure dans les herbiers Van Heurck, De Candolle et Boissier. Mais aucune description de cette espèce n'ayant été Publiée, ce nom doit, suivant la règle, rester à l'état de synonyme de St. Cu- mingii. 548 SÉANCE DU 23 NOVEMBRE 1894. comme on sait (1), un assez grand nombre d'espéces, presque toutes australiennes, réparties d'aprés les caractéres de l'inflores- cence en trois sections : ombellulées, capitellulées et cymulées. À ces espéces, on peut aujourd'hui en ajouter plusieurs nouvelles; mais, comme l'intérét du genre ne s'en trouverait pas notablement accru, jen réserveraila description pour mon émoire. Je ferai remarquer seulement qu'il faut exclure du genre Amyema, à cause de son inflorescence, qui est une ombelle simple pauciflore, et deses fleurs, qui sont hexaméres, le Loranthus Casuarinæ que Miquel (2) a distingué en 1844 du L. linophyllus Fenzl, mais qui a néanmoins continué à être identifié avec cette espèce, à cause de ses feuilles cylindriques (3). Cette espèce diffère d’ailleurs des Amyema par des caractères bien plus importants. L'ovaire, notamment, y est pluriloculaire. Ce n'est donc pas une Loranthée, mais bien une Klytranthée, et dans cette tribu des Élytranthées elle constitue un genre à part, comme je le montrerai dans une prochaine communication. Aux Amyema à feuilles cylindriques, qui appartiennent à une sous-tribu des Loran- thées, correspondent donc, dans une sous-tribu des Élytranthées, une ou plusieurs espèces à feuilles également cylindriques. Nul exemple, à mon avis, ne montre plus clairement toute l'étendue des erreurs que l'on s'expose à commettre, et que l'on a commises en réalité, en s'obstinant à n'estimer les affinités des plantes que d'aprés leur forme extérieure. 16. Sur le genre NeopuyLum. — Dès son établissement, le genre néo-calédonien Neophylum comprenait treize espèces réparties en deux sections : capitellulées et cymulées (4). On y peut main- tenant ajouter une nouvelle, récoltée par Baudouin à la Nouvelle- Calédonie et figurant dans son herbier sous le n° 644 : ce sera le Neophylum Baudouini. 17. Sur le genre ItgosrYtLus. — Se distinguant des précédents par son inflorescence, qui est une grappe d'ombellules triflores, le genre néo-zélandais Jlerstylus demeure, jusqu'à présent, forme (1) Loc. cil., p. 506. (2) Lehmann, Plante Preissianæ, 1, p. 279, 1844. (3) Bentham, Flora australiensis, I, p. 394, 18606. (4) Loc. cit., p. 508. VAN TIEGHEM. — COMPLÉMENTS A L'ÉTUDE DES LORANTHÉES. 549 d'une seule espèce, l'I. micranthus (Hook fil.), et il n'y a pas lieu d'y insister. 18. Sur le genre nouveau DactTYLIOPHORA. — Dans ma dernière communication (1), j'ai admis que la plante récoltée à Doreh, dans la Nouvelle-Guinée, par Teijsmann, et décrite par Scheffer sous le nom de Dendrophthoe verticillata, était, conformément à l'opinion exprimée par Scheffer (2), trés voisine du Loranthus Forsterianus Schultes et du L. insularum A. Gray, et devait, en conséquence, être rangée, comme eux, parmi les Élytranthées, dans le genre Treubella. Ayant pu récemment, gráce à l'obli- geance de M. Treub, étudier un échantillon de cette plante, j'ai reconnu qu'il en est, en réalité, tout autrement. L'ovaire y étant uniloculaire, il s'agit ici d'une Loranthée, non d'une Élytranthée, et comme le calice y est dialysépale avec anthéres basifixes, nous avons bien affaire à une plante du groupe que nous étudions aujourd'hui, c'est-à-dire à une Phénicanthémée. L'inflorescence étant composée de triades, c'est à la seconde caté- gorie des genres de cette sous-tribu, et les triades étant disposées en grappe, c'est au genre Jleostylus que cette espèce se rattache le plus intimement. Mais en même temps elle se distingue de ce genre par tout un ensemble de caractères importants et doit constituer, à cóté de lui, un type générique nouveau. La grappe est axillaire et son pédicelle primaire, gros et court, porte des pédicelles secondaires disposés en verticilles, ordinaire- ment au nombre de quatre. Dans les exemplaires étudiés, le premier et le second verticille, à partir de la base, comptaient 10 à 12 pédicelles secondaires, le troisième 6 à 8, le quatrième 3 ou 4. Chaque pédicelle secondaire se termine par une triade à fleur médiane sessile et à fleurs latérales brièvement pédicellées, en un mot, par une cymule. Après la chute des pédicelles secondaires, il reste à la surface brune du pédicelle primaire quatre anneaux de cicatrices rondes et blanchâtres, ressemblant à autant de bagues de perles : d'ou l'on tire, pour ce genre, le nom de Dactyliophora. La fleur est hexamére et chaque sépale porte, à deux millimétres environ de sa base, une écaille réfléchie vers le bas. Ce sont encore (1) Loc. cit., p. 508. (2) Ann. du Jardin bot. de Buitenzorg, 1, p. 27, 1876. PHÉNICANTHÉMÉES. 550 SÉANCE DU 23 NOVEMBRE 1894. là deux caractéres du genre. La plante sera donc, désormais, le Dactyliophora verticillata (Scheffer). III. — CONCLUSIONS. En somme, par le travail actuel qui compléte le précédent, on voit que bon nombre des genres étudiés dans la derniére commu- nication ont recu, en bien peu de temps, un très notable accrois- sement en formes spécifiques et par conséquent aussi en impor- tance. Il est probable que ce développement continuera, maintenant que l'attention des botanistes est attirée sur eux. De plus, l'intro- duction des genres nouveaux Cyathiscus et Dactyliophora estvenue porter à dix-huit le nombre total des genres entre lesquels se répartissent désormais les nombreuses espéces de la sous-tribu des Phénicanthémées. Le tableau suivant résume les caractéres différentiels de ces dix-huit genres (1) : épi ————————————————— POP Loranthus. Dobla sans (internodal.s 415. Barathranthus. S | capitule involucre, | oo. MITTERET TO pou vices Cyathiscus. * pédicellé, avec involucre bivalve ..................... Diplatia. à. Sépales lisses, stigmate en chapeau..........,........ Pilostigma. E ombelle i Sépales plissés, stigmate sphérique. ................e. Plicosepalus. si. involuerée à la base. Anthères simples. ............. ; Qhridium. E engainée à la base. Anthères cloisonnées............. Coleobotrys. $ grappe | sans involucre, ( articulé... ............. PNE E .,. Lanthorus. È ni gaine. non. cloisonnées ...........+... SLA eoe d a Style... autres) non. lissea 2. crostachys. ^ 1 Sépales ( dg \ tétramère.. Phæœnicanthemum. l Fleur / pentamère. Leucobotrys. ^ = [ ombelle de triades. ( ©" SYmpode à feuilles verticillées.......... Stemmatophyllum. £ Pas. . HUM: | RENE. rl fai Amyema. H < A Feuilles | verticilbok: 17 eos ve Neophylum. E f quppede triades: |peicipuné. li Lectrii.col. aeoe Eh he Ileostylus. y Style.......... droll 11 css nee dan ME ade LEE lat Dactyliophora. Ce résultat obtenu pour les Phénicanthémées, il y a lieu de faire une étude similaire pour les Struthanthées et les Dendro- phthoées. Elle fera l'objet de communications ultérieures. (1) Le genre néo-zélandais Perazilla ne figure pas dans ce tableau. Depuis ma derniere communication, je me suis assuré, en effet, que ces plantes ont l'ovaire quadriloculaire, avec une cupule lignifiée trés profonde et sans bour- relet autour du style. Ce genre appartient donc non à la tribu des Loranthées, mais à celle des Élytranthées, où il occupe une place à part, à côté des Treu- bella, On y reviendra prochainement. VUILLEMIN. — POLYMORPHISME DANS LE CORNUS SANGUINEA. 9591 M. Camus, secrétaire, donne lecture de la communication suivante -: POLYMORPHISME NORMAL DANS LES FLEURS DU CORNUS SANGUINEA ET FAITS TÉRATOLOGIQUES ANALOGUES ; par M. Paul VUILLEMIN. Chez plusieurs espéces végétales, la fleur terminale présente d'autres caractéres que les fleurs latérales. Elle se distingue, tantót par le coloris, tantót par le nombre des piéces qui constituent chaque cycle. L'origine du premier cas est fort obscure. La colo- ration pourprée, limitée à la fleur centrale dans une ombelle blanche de Carotte, a été tout d'abord déterminée par les condi- tions de la nutrition, au méme titre que les taches ou les lignes qui tranchent sur la couleur fondamentale des pétales d'un grand nombre de fleurs. Une fois produite, la différenciation chroma- tique, dans l'inflorescence comme dans la fleur, est devenue justi- ciable de la sélection naturelle, puisqu'elle se rattache aux pro- priétés attractives des espéces entomophiles. La fleur pourprée de la Carotte est parfois remplacée par une ombellule, dont les fleurs, aussi nombreuses que celles des ombellules blanches, sont toutes colorées. Malgré son extension, le coloris insolite reste localisé au centre de l'inflorescence. Les variations numériques dépendent, dans certains cas, des lois phyllotaxiques. Ainsi le typecinq dans la fleur terminale des Ruta, le type quatre dans la fleur terminale des Adoxa, sont en rapport avec la disposition des faisceaux dans des tiges qui portent des feuilles : sur cinq orthostiques dans le premier cas, sur quatre dans le second; tandis qu'un type différent s'est fixé dans les ramifications de l'inflorescence, qui ne donnent pas de feuilles végétatives. Les anomalies obéissent parfois à cette règle. Chez l'Ozalis cor- niculata, Jai trouvé constamment la fleur terminale pentamére. Les fleurs latérales, opposées, sont souvent tétraméres. Tantót la tétramérie s'étend à tous les cycles, tantót elle est limitée aux deux cycles protecteurs; l'androcée posséde alors cinq grandes étamines et quatre ou cinq petites, le pistil est normal. Une fleur latérale avait quatre sépales, quatre. pétales, cinq longues éta- 552 SÉANCE DU 23 NOVEMBRE 1894. mines, quatre étamines courtes et six carpelles; le carpelle sup- plémentaire occupait la place de l'étamine absente, sur le plan médian. C'est la méme étamine courte du plan médian qui man- quait dans les autres fleurs à neuf étamines. L'influence de l'appareil végétatif sur la disposition des piéces florales se manifeste encore d'une autre maniére. Dans le Poirier, la fleur terminale, généralement absente, se développe dans les inflorescences allongées qui apparaissent en automne sur les ra- meaux feuillés. Cette fleur peut étre absolument normale; elle ne se distingue que par sa situation et par l'absence de bractée ou de feuille axillante; j'en ai observé des exemples au mois d'octobre 1886. M. Penzig a décrit un cas, dans lequel les fleurs terminales avaient les sépales foliacés et les pétales sépaloïdes disposés en spirale comme les feuilles ordinaires. Dans une seconde catégorie de faits normaux ou tératologiques, la fleur terminale s'éloigne plus de l'appareil végétatif que les fleurs latérales. Tel est le cas de polymorphisme normal que j'ai observé dans les fleurs du Cornus sanguinea. Les Cornus sont considérés comme des plantes à fleurs tétra- méres. Or j'ai constaté que la fleur terminale porte cinq piéces aux trois verticilles externes, tandis que le pistil comprend tou- jours deux carpelles; les fleurs latérales sont bien plus rarement pentaméres. Ce dimorphisme n'a pas été signalé, à ma connais- sance, bien que ce soit un phénoméne normal et non pas un accident tératologique; l'ignorance de ce détail s'explique aisé- ment. Dans la plupart des inflorescences, la fleur terminale fait défaut. L'axe principal avorte, après avoir produit deux ou {rois paires décussées d'axes secondaires; ou bien il se prolonge en un rudiment stérile; ou bien encore l'axe prolongé s'épuise, en émet- iant sans ordre quelques pédoncules latéraux, isolés ou fasciés, qui portent des fleurs tétraméres. . Une inflorescence tardive, épanouie au mois de novembre, était terminée par une fleur munie de deux styles et dix sépales. Les pétales et les étamines étaient tombés; l'ovaire était divisé paT deux sillons opposés. Il s'agissait d'une synanthie dont les fleurs composantes étaient pentaméres, ou plutót, si l'on en juge d'apres l'absence de bractée, d'une fleur terminale pentamére dédoublée incomplétement en deux éléments de méme type. Le polymorphisme normal des Cornus se retrouve, chez les VUILLEMIN. — POLYMORPHISME DANS LE CORNUS SANGUINEA. 558 Lonicéracées, à titre d'anomalie ; jen donnerai deux exemples, concernant les Lonicera et les Viburnum. Le Chévrefeuille vulgaire est trés sujet à la virescence; j'ai ren- contré un rameau présentant cette anomalie dans une haie, à Épinal, le 9 septembre 1894. Comme dans des exemplaires ré- coltés antérieurement dans une autre haie de la méme localité, la virescence était accompagnée de la suppression de l'ovaire infère ; le réceptacle, saillant, portait des étamines dégagées de la corolle et soudées en tube par la base des filets. Le cycle suivant, inséré encore un peu plus haut et tenant lieu de pistil, formait égale- ment un tube, divisé au sommet en filaments stériles ou en éta- mines. Dans les deux séries de fleurs virescentes, les organes femelles étaient absents, mais remplacés, soit par des organes máles, soit par des piéces asexuées. Tandis que les fleurs de la premiére série, rassemblées en grand nombre sur des rameaux vigoureux, étaient toujours pentaméres dans le calice et la corolle, les fleurs de la seconde série avaient subi des modifications phyllotaxiques. Sur la branche terminée par une inflorescence virescente, les deux rameaux inférieurs ont seuls épanoui leurs fleurs. L'un d'eux est réduit à une fleur pen- tamére, déjà flétrie; l'autre rameau forme une cime contractée, comprenant une fleur terminale et deux fleurs latérales. Les fleurs latérales sont privées de piéces impaires dans le calice, la corolle et l'androcée. La lévre antérieure de la corolle fait défaut; on compte quatre sépales, quatre pétales, quatre étamines; le tube pistillaire est surmonté de deux anthéres biloculaires dans une fleur, d'une anthére biloculaire et d'un filet styliforme dans l'autre. Par conséquent, ces fleurs sont tétraméres dans les trois cycles externes, normalement pentaméres; le pistil trimére est devenu dimére, c'est-à-dire formé, comme les autres cycles et comme les feuilles végétatives, de pièces opposées. La fleur terminale, malgré la virescence, a conservé le calice et la corolle pentamères. Le pistil est remplacé parun tube surmonté d’un filet capillaire et d’une languette divisée, au sommet seule- ment, en deux petits lobes aigus avec des demi-anthères. Le pistil est donc intermédiaire entre le verticille trimère des fleurs nor- males et le verticille dimère des fleurs latérales; l'androcée seul présente la même réduction que dans les autres fleurs. Les quatre étamines sont groupées deux à deux latéralement ; les deux paires 554 SÉANCE DU 23 NOVEMBRE 1894. confluent en tube à la base. La fleur terminale est donc peu modi- fiée; les fleurs latérales reproduisent le type phyllotaxique de l'appareil végétatif. Cette anomalie s'accompagne d'une autre manifestation des caractéres foliaires dans la fleur, puisque la corolle est verte, sans toutefois présenter autrement la structure des feuilles. Le Viburnum Opulus offre des exemples de modifications ana- logues. A l'état sauvage, tel qu'il croit dans les bois des environs de Nancy, le Viburnum possède souvent des corolles tétramères dans la couronne de fleurs stériles. La réduction du typecinq se fait par deux procédés : tantót par fusion de deux pétales, tantót par avortement d'un pétale. On trouve, d'une part, toute la série des transitions entre deux pétales distincts et deux pétales con- fondus. On observe, d'autre part, des exemples de pétale amoindri. Ainsi, dans une fleur en apparence tétramére, la piéce avortée avait laissé un vestige de son existence, sous la forme d'un bour- relet étroit, alternant avec les deux pétales extérieurs et libéré seulement au sommet. Les rudiments d'étamines étaient réduits à quatre; le plus petit touchait la languette, mais lui était juxtaposé et non superposé, Le polymorphisme floral du Cornouiller et des Lonicéracées ne se prête pas à une explication aussi simple que celui des Ruta et des Adoza, car ce sont les fleurs latérales qui répondent au type de l'appareil végétatif. Cependant la famille des Cornacées nous offre elle-même un argument en faveur de la théorie émise au sujet de l'influence de l'appareil végétatif sur le nombre des piéces florales. Le genre Corokia, exceptionnel par ses fleurs pentaméres, ne l'est pas moins par ses feuilles alternes. Cela donne à penser que les Cornacées dérivent de plantes à fleurs pentaméres et à feuilles alternes, hypothése fort vraisemblable, si l'on considére la rareté de la tétramérie dans le régne végétal. Les Lonicéracées qui, malgré leur corolle gamopétale, constituent une famille étroitement unie aux Cornacées, en sont à un degré moins avancé de la même transformation. Tandis que les feuilles sont opposées, les fleurs restent pentamères, mais manifestent une tendance à transformer leur type floral pentamére en type tétramére à partir de la périphérie de l'inflorescence. Chez le Viburnum Opulus et le Lonicera periclymenwm, il s'est produit sous nos yeux une MARCAILHOU. — LE SUBULARIA AQUATICA DANS LA HAUTE ARIÈGE. 55i» modification de méme ordre que celle qui a réalisé le type tétra- mère aux dépens du type pentamére chez les Cornacées. La convergence de l'appareil floral vers l'appareil végétatif semble liée, dans ce cas, à un affaiblissement. Parmi les Caryophyle lées et les Rubiacées, la tétramérie normale s'observe principale- ment chez les espèces à petites fleurs. Chez le Viburnum, elle apparait dans des fleurs en partie avortées, chez le Lonicera dans des inflorescences appauvries. Les fleurs latérales reçoivent moins facilement la nourriture que la fleur terminale. La tétramérie, produite d'abord comme accident atrophique chez des fleurs pen- tamères, s'est peu à peu maintenue et généralisée comme étant mieux en harmonie avec la structure générale des espèces à feuilles opposées. La fleur terminale pentamére du Cornus sanguinea est le vestige d'un état primitif. Son apparition, qui est exceptionnelle, le poly- morphisme, qui résulte de sa présence, sont une double manifes- tation de l'atavisme. M. Malinvaud donne lecture des communications sui- vantes : EXTRAITS D'UNE LETTRE DE M. H. MARCAILHOU D'AYMERIC A M. MALINVAUD. Monsieur le Secrétaire général, Je dois à l'obligeance de M. le D* X. Gillot la récente communica- tion de l'article publié par M. Gandoger « Sur une herborisation dans le massif du pic Carlitte (1) ». L'auteur s'y plait à reconnaitre (p. 457) que M. l'abbé Marcailhou d'Aymeric, mon frère, et moi avons trouvé le Subularia aquatica daus presque toutes les nappes d'eau des mon- tagnes de la haute Ariège, mais il omet de dire que la priorité de la découverte, en aoüt-octobre 1891, de cette minuscule Crucifére et des Isoetes Brochoni Motelay et lacustris L., dans les lacs poissonneux du bassin de Lanoux (Font-Vive, Lanoux, Pouget, Lanouzet), nous appar- tient. M. Gandoger lui-même, auquel nous avons fait part de notre récla- mation, nous a gracieusement écrit, à la date du 12 novembre 1894, (1) Voy. plus haut, pp. 452-463. 556 SÉANCE DU 23 NOVEMBRE 1894. qu'il ignorait notre découverte dans le lac de Lanoux. Nous avons eu le bonheur de constater l'existence du Subularia aquatica dans plus de douze lacs de nos environs (Ariège et Pyrénées-Orientales), et cette rare plantule y était le plus souvent enchevétrée avec les racines des Jsoetes Brochoni et lacustris... LETTRE DE M. J. DAVEAU A M. MALINVAUD. Monsieur et cher confrère, Je vous adresse, en méme temps que celte lettre, un certain nombre d'échantillons d'une Graminée nouvelle, l'Eragrostis Barrelieri dont il a été question déjà dans le Journal de Botanique (1) et dans le Bulletin de l'Herbier Boissier (2), qui en a publié une figure. Cette espéce, con- fondue jusqu'ici avec l'E. minor Host (ou l'un de ses synonymes), m'en parait trés nettement distincte par des caractéres dont j'ai reconnu la con- stance sur Tous les échantillons que j'ai été à méme d'examiner. Je prends comme type de l'E. minor Host l'espéce décrite dans les Flores du centre de l'Europe, en excluant une partie de la synonymie; la gravure de Host (Gramin. austriac. II, t. 69!) et celles de Barrelier (Icon. 43 et 143); les échantillons espagnols de la sierra Nevada (Alpu- jarras); en France, ceux de la Société Rochelaise (exsicc. 29691), de la Corse (Mabille, exsice. 409!), de la Lozère (Prost!), du Gard (Lombart- Dumas !), de l'Aveyron (abbé Coste!), de l'Hérault (Lebel, 1846! Fehl- mann, Daveau, 18941), en excluant pour ce département et pour le reste du littoral méditerranéen francais tous les autres échantillons cités d'autre part. Rentrent également dans PE. minor Host tous les échantillons de Suisse (Reuter!), d'Allemagne (Rchb, exsicc., 5211), d'Autriche, Bohéme, Moravie; d'Italie centrale et boréale (herb. de Florence!), de Gréce (herb. Heldreich !), de la Russie méridionale; de la Cappadoce (Balansa!), de la Syrie (Schweinfurth, Schimper, exsicc., 266!); de Arménie (Haussknecht!), de la Perse et d'Hérat (Bunge!), du Turkestan (Regel!), de l'Afghanistan (Griffith!), du Thibet et du Pandjab (herb, Barbey, exsicc., 5415! et 11081 !), enfin de La Mecque (Arabie), où elle croît avec l’espèce suivante. L'Eragrostis Barrelieri, bien qu'il ait été pris pour PE. minor Host, est trés bien décrit par Desfontaines (Flora Atlant.!), Gussone (Sy? fl. sicule!), Loret et Barrandon (Flore de Montpellier !). Cette espèces d'aprés Gussone et Desfontaines, est représentée par Barrelier (Icon. (1) 1894, n» 17, p. 289. (2) Vol. II, n° 41, tab. 32, p. 651. DAVEAU. — LETTRE SUR L'ERAGROSTIS BARRELIERI. 951 44, fig. 21), mais la description nous semble se rapporter plutôt à l'E. pilosa, bien que la gravure soit la représentation de notre Era- grostis Barrelieri. Nous lui rattachons les exsiccatas de Madére, de Ténériffe (Bourgeau, 1070!), d'Algérie (Balansa, 734! Jamin!); de la Sicile (Gussone!, Gasparrini!, Todaro!, Lojacono !), du littoral espagnol, Malaga (Salzmann!, Prolongo!), El Segara (Costa!), du littoral médi- terranéen francais, du moins en grande partie (Warion, Société dau- phinoise, 1027 bis /; exsicc. Billot, 2589, leg. Duval-Jouve!), enfin à l'Orient, le nord de l'Égypte (Ascherson, 336!); La Mecque, Mascate (Aucher-Éloy, 9456!). Cette dernière espèce a donc une distribution géographique nettement littorale et caractérise surtout le littoral médi- terranéen dans ses parties occidentales et austro-orientales, tandis que l'Eragrostis minor proprement dit est plutôt une espèce de la région des collines et des montagnes dn centre de l'Europe et de l'Asie et aussi de la partie boréale-orientale du bassin méditerranéen d’où l'E. Barre- lieri est précisément absente. La carte communiquée, jointe à cette lettre, met bien en évidence la distribution de chaque espèce. Les caractères différentiels sont les suivants : L'E. minor Host est caractérisé par ses chaumes couchés sur le sol, toujours plus ou moins rameux et à ramifications pourvues d'une ou Plusieurs feuilles ; les feuilles ont leurs bords munis de tubercules glanduliformes et leurs gaines sont toujours vides lorsqu'elles m'ac- compagnent pas un rameau secondaire. En outre les glumes sont ovales oblongues, et les caryopses subsphériques. DE. BannELIERI Daveau (1) a les chaumes constamment simples (jamais rameux, c'est-à-dire pourvus de ramifications secondaires feuil- lées), les feuilles ont les bords complétement dépourvus de tubercules glanduliformes et chacune de leurs gaines plus ou moins renflées ren- ferme toujours une panicule axillaire, laquelle est tantót plus ou moins développée et faisant saillie hors de la gaine, d'autres fois plus rudimen- taire (par exemple dans les chaumes trop jeunes) et incluse, mais dont il est facile avec quelque soin de constater l'existence. Enfin les glumes sont lancéolées, les caryopses nettement oblongs et tronqués oblique- ment à leur base. Au point de vue de la valeur spécifique, l'E. Barrelieri est donc bien distinct; il ne peut être rallié à PE. minor, non seulement à cause de ses chaumes toujours simples et de la forme de ses caryopses, mais Surtout à cause de l'absence des glandes marginales sur le bord des (1) Syn. : E. minor Loret et Barrandon, Fl. Montp.! (non Host); E. poæoides auct. plurim. pro parte (non Beauv.); E. poæformis Duv.-Jouve, in herb. et exsicc., Billot, 2589! (non Link); Poa Eragrostis Desf. Fl. atl.! — Gussone, Syn. FL. sicul.! (non L.). 558 SÉANCE DU 23 NOVEMBRE 1894. feuilles. Ce caractère anatomique réunit, au contraire, dans un même groupe les Eragrostis minor Host (— E. poæoides Beauv.), E. major Host (=E. megastachya Link), E. brizoides Costa, E. suaveolens Becker, etc., qu'on pourrait sans inconvénient considérer comme des variétés d'un méme type spécifique : E. vulgaris Cosson, de la Flore parisienne (mais non pas de la Flore algérienne)... TRUFFES (TERFAS) DE TUNISIE ET DE TRIPOLI; par M. A. CHATIN. Àu commencement du mois de mars dernier, je priai M. Hano- taux, alors directeur des Consulats et mon collégue au Comité consultatif d'hygiène publique, aujourd'hui Ministre des Affaires étrangéres, de vouloir bien faire rechercher, par nos consuls et ministres plénipotentiaires, les Truffes (groupe des Terfàs) que je conjecturais pouvoir exister, d'aprés la situation géographique, en certains pays d'Afrique et d'Orient, notamment à Tunis, Tripoli, Tanger, Salonique, Athènes, Ispahan et Téhéran. L'existence, que j'ai signalée en ces derniéres années, de diverses Truffes en Algérie, à Damas, Alep, Smyrne, Caucase, paraissait justifier des conjec- tures, qui, on va le voir, n'ont pas été décues. En exécution des instructions, qu'avec une grande obligeance M. Hanotaux s'était empressé de donner, des envois étaient faits, désle mois d'avril, par le résident général de France à Tunis et par notre consul à Tripoli. Un autre envoi était annoncé de Téhéran. TRUFFE (TERFAS) DE TUNISIE. Résumant la communication de M. Rouvier, résident général, M, Hanotaux m’écrivait à la date du 4” mai : € On ne connait dans la Régence qu'une Truffe blanche appelée Terfess (Terfez ou Terfás) par les indigènes. Le Terfess, qui pousse dans les terres argileuses et humides (?) du Sud, ne vient pas sous certains arbres, comme la Truffe de France: d’après les indigènes, sa présence est toujours décelée par une petite plante à laquelle ils ont donné le nom de Arong-Terfess, ce qui veut dire racines de Terfess. » La lettre était accompagnée d'un paquet renfermant quelque? tubercules, de la terre et des spécimens de l'herbe dite Arong- Terfess, provenant d'un mème point de la Truffiére. t CHATIN. — TRUFFES DE TUNISIE ET TRIPOLI. 559 Par leur poids (de 60 à 100 grammes), par leur forme, par leur périderme lisse et peu coloré, par leur chair blanchátre assez homogéne, par leurs sporanges presque ronds et à huit spores, enfin par les spores arrondies d'un diamètre de 0"",99 à 93, fine- ments réticulées, à réseau variable et non verruqueux, les Terfess de Tunisie sont spécifiquement identiques au Kamé de Damas et à l'un des Teríás d'Algérie que j'ai nommé Terfezia Claveryi. Le Terfezia Claveryi a d'ailleurs été signalé en Tunisie, en méme temps que d'autres Tubéracées, par M. Patouillard. Quant à l'Arong-Terfess, connu aussi des indigènes sous les noms de Reguy et de Samori, il ressort de la détermination qu'en a faite le D' Bonnet, à qui la flore de la Tunisie est familière, que c'est l Helianthemum sessiliflorum Pers. (Cistus sessiliflorus Desf.), trés petite Cistacée vivace et à tige sous-ligneuse (1). Dans la terre, assez légére et de teinte ocracée, obtenue par le lavage des tubercules et des racines de l'Hélianthéme, il y avait approximativement, sur 100 parties, 5 de chaux, 2 d'oxyde fer- rique, 0,10 d'azote, fortes traces d'iode et de chlorures, d'acide: phosphorique et sulfurique. TRUFFE (TERFAS) DE TRIPOLI. Avec la Truffe de la Tunisie, M. Hanotaux me faisait tenir, en même temps qu'un certain nombre de tubercules, la lettre sui- vante : « J'ai l'honneur de vous transmettre ci-joint quelques spécimens de l'unique espéce de Truffes blanches que l'on récolte, vers les pre- miers jours du mois d'avril, dans la Tripolitaine. D'aprés les renseignements recueillis par le consul général de France à Tripoli, la production de ce tubercule n’atteint guère plus de 3000 ki- logrammes, méme dans les années oü les pluies sont abondantes au mois de février (2). (1) Tous les pieds d'Helianthemum faisant partie de l'envoi (et il y en avait une douzaine) étaient couverts de Cuscuta planiflora. On voit à quel triste etat serait réduit, dans l'hypothese du parasitisme des Truffes, la petite Cis- ai attaquée à la fois par deux suceurs de sa sève, l'un souterrain, l'autre ue : . . (2) C'est. une remarque faite en tous les pays, que les pluies, en certaines saisons, correspondant à celles des premiers développements des Truffes, leur sont favorables. 560 SÉANCE DU 23 NOVEMBRE 1894. On récolte les Truffes dans les environs de Tripoli à Gharsan, dans le Djebel tripolitain, ainsi qu'aux environs de Tliten et de Mesrata, localités situées sur la cóte orientale du vilayet. La qualité de Mesrata est réputée la meilleure (1). Il résulte d'informations recueillies par nos représentants à Tanger et à Salonique que la Truffe n'existerait ni au Maroc (2), ni à Salonique, ni dans les vilayets de Janina, Kossovo, Macédoine et Monastir, ni à Athènes. » Les tubercules de la Tripolitaine, de la grosseur d'un œuf et plus ou moins piriformes, ont le périderme lisse et peu coloré, la chair d'un blanc jaunâtre, les sporanges à six ou huit spores; les spores, arrondies et du diamètre de 0"7,020-0"",026, sont relevées de courts festons répondant à de multiples et fines granulations. À ces caractères on reconnait le Terfezia Boudieri que j'ai dé- crit pour la première fois sur des tubercules recueillis dans le sud de l'Algérie (Barika, Biskra, Tougourt, etc.), et dont une variété, Terfezia Boudieri var. arabica, me fut envoyée de Damas avec le Terfezia Claveryi. De Tripoli ou de Tunisie, les Truffes appartiennent à ce groupe des Terfàs, à odeur et saveur nulles ou faibles, qui entrent sur- tout dans l'alimentation des peuplades du désert, ayant pour caractéres communs l'habitat en climat tempéré chaud, la ma- turation printaniére, des herbes et non des arbres pour nourrices, un périderme lisse, la chair blanche ou blanchátre. J'ai dit des Terfàs, en général, qu'ils étaient de peu de saveur el d'arome; tel n'est pas l'avis du commandant d'artillerie Bernard, qui, dans une lettre à la Société de Géographie, déclare faire ses délices, dans la région de Ghardaia-Ouargla, du T erfezia Bou- dieri, qui y est d'une grande abondance. (1) Serait-ce une espèce distincte? J'espere ètre fixé sur ces points en avril 1895, : ,. (2) Cependant le Tirmania africana etle Terfezia Leonis paraissent avoi" été trouvés au sud de la province d'Oran, dans la région des chotts El R'arbi et Chergui, frontière du Maroc. On peut seulement inférer du renseignement recueilli que les Terfàs n’auraient pas de marchés importants au Maroc. DAGUILLON. — OBSERVATIONS TÉRATOLOGIQUEs. 561 QUELQUES OBSERVATIONS TÉRATOLOGIQUES; par M. Aug. DAGUILLON. Cette Note a pour objet de soumettre à la Société quelques observations tératologiques intéressant la morphologie de la feuille. Correspondant à des cas connus et classés, ces observations ne sauraient introduire en tératologie aucune notion nouvelle; mais il m'a semblé que, dans cette branche de notre science, il n'est jamais inutile de signaler de nouveaux exemples des types classiques d'anomalies. Ma premiére observation a porté sur un pied de Fuchsia ful- gens. On sait que, dans cette espèce, les feuilles, trés amples et cor- diformes, sont opposées et que l'angle de divergence de deux verticilles consécutifs est de 90 degrés, en un mot, que les feuilles sont décussées. Or j'ai observé sur une pousse florifére et non loin de l'inflo- rescence, dont il n'était séparé que par un verticille normal de deux petites feuilles, un groupe de feuilles en apparence opposées dont l'une présentait un aspect assez particulier pour fixer immé- diatement l'attention. Plus large que celui d'une feuille normale, le limbe de cette feuille présentait vers le milieu de sa face supérieure une partie bombée et creusée suivant le plan de symétrie d'une sorte de sil- lon longitudinal: sur la face'inférieure du limbe, ce sillon se mani- lestait comme une sorte de crête saillante. Sur chacun de ses deux flancs, la région bombée était bordée d'une nervure qui envoyait ses ramifications pennées d'une part vers le bord de la feuille, d'autre part vers le sillon médian. Ces deux nervures se rappro- chaient vers le sommet de la feuille et venaient se perdre, au bord du limbe, dans deux petites dents trés voisines qui occupaient la place du sommet simple dans une feuille normale. Du cóté op- posé, c’est-à-dire du côté de la base du limbe, les deux nervures se réunissaient pour se continuer par le pétiole de la feuille. La feuille opposée à celle qui vient d’être décrite présentait des Caractères normaux. On pouvait se demander si l'organe ainsi déformé provenail de T. XLI. (SÉANCES) 36 562 SÉANCE DU 23 NOVEMBRE 1894. la division anormale d’une feuille normalement simple ou, au contraire, de la soudure de deux feuilles rapprochées; dans ce dernier cas, il fallait admettre l’existence primitive de trois feuilles dans le verticille, qui en comporte normalement deux. | L'aspect des deux faces du pétiole appartenant à la feuille anor- male, et en particulier de la face inférieure, permettait d'incliner plutót vers cette derniére explication. Cette face était effective- ment creusée d'un sillon longitudinal et médian assez marqué pour que le pétiole parüt formé par la réunion de deux organes paral- lèles et concrescents. Une série de coupes transversales pratiquées dans la tige un peu au-dessous du nœud qui correspondait au verticille anormal ne pouvait laisser de doute à cet égard. Elles n’affectaient pas la forme elliptique des coupes faites au-dessous d’un verticille normal; leur forme était plutôt celle d’un triangle isocèle dont la base corres- pondait à la feuille anormale. La même forme se retrouvait dans le cylindre libéro-ligneux. Des trois angles de ce dernier se déta- chaient progressivement trois arcs libéro-ligneux ou, plus exacte- ment, trois « méristèles », pour employer le terme proposé par notre savant confrère M. Van Tieghem : l’une se rendait à la feuille normale, les deux autres à la feuille anormale. Une coupe transver- sale, faite tout à fait à la base du pétiole de cette dernière, permet- tait de distinguer encore ces deux méristèles avec la plus grande netteté; un peu plus haut, les méristèles se rapprochaient de manière à se toucher par leurs bords voisins, sans qu'il fût possible cependant de confondre la coupe transversale obtenue à ce niveau avec celle que fournit au méme niveau un pétiole normal; plus loin, au point de bifurcation de la nervure médiane, les deux méristéles se séparaient de nouveau pour suivre chacune des deux nervures secondaires. Eu égard au rapprochement des deux feuilles soudées, il me semble qu'on pouvait les considérer, théoriquement au moins, eomme provenant du dédoublement de l'une des feuilles normale- ment opposées. L'anomalie que j'ai observée sur un pied de Fuchsia fulgens consistait donc : 1° En une augmentation du nombre normal des feuilles d'un verticille, qu'on pouvait attribuer au dédoublement d'une feuille; 2 En une soudure incomplète des deux feuilles résultant de ce dédoublement. ) DAGUILLON. — OBSERVATIONS TÉRATOLOGIQUES. 063 A l’aisselle du couple anormal de feuilles que je viens de dé- crire, s'était développé un rameau unique dont un verticille pré- sentait la même anomalie, à cette différence près que la concres- cence des deux feuilles anormales paraissait plus complète encore : les deux nervures, rapprochées à la base du limbe commun, se séparaient plus haut que dans le cas précédent. Un autre pied de la même espèce de Fuchsia, voisin du pre- mier, montrait aussi la méme anomalie sur une de ses branches florifères; mais elle se manifestait dans le verticille précédant immédiatement l'inflorescence, le sillon de séparation des deux limbes soudés était d'ailleurs moins marqué. J'ai enfin observé l'anomalie sur un troisième pied où elle affec- tait l'extrémité d'une branche non florifére ou qui, du moins, n'avait pas encore produit d'inflorescence. A partir du sommet végétatif de cette branche, on observait deux petites feuilles nor- males et opposées, puis un second groupe de feuilles un peu plus grandes, et enfin le verticille anormal. De plus, la concrescence des deux feuilles était poussée plus loin encore que dans le petit ra- meau axillaire dont j'ai parlé plus haut : le sillon médian du pé- tiole commun était à peine indiqué. J'ai observé la méme anomalie sur un pied de Fusain (Evony- mus japonicus), dont un verticille foliaire était composé de trois feuilles : l'une de ces feuilles, de forme et de structure normales, était opposée au groupe formé par les deux autres, soudées pétiole à pétiole et limbe à limbe; le pétiole commun se montrait creusé, sur chacune de ses faces, d'un sillon marqué surtout à la face inférieure; il se prolongeait dans le limbe commun par deux ner- vures qui, d'abord divergentes, tendaient à se rapprocher vers le sommet de la feuille. C'est un phénoméne différent, mais qu'on pouvait au premier. abord confondre avec le précédent, que j'ai observé sur un pied de Lierre (Hedera Helix). De nombreuses feuilles de ce pied, qui couvrait de ses rameaux un mur long de plusieurs métres, au lieu dese terminer par un lobe impair plus développé que les autres, comme il arrive normalement, étaient échancrées dans le plan de symétrie, de maniére à offrir un aspect assez analogue à celui des feuilles normalement bilobées de Liriodendron tulipiferum. 564 SÉANCE DU 23 NOVEMBRE 1894. En recueillant un nombre suffisant de ces feuilles anormales, il était facile d'établir une série ininterrompue d'intermédiaires entre la forme normale, à lobe médian plus grand que les autres, et la forme qui présentait le maximum d'altération, dans laquelle on pouvait distinguer deux limbes séparés, plus ou moins symé- triques, portés à l'extrémité d'un pétiole commun. Dans les feuilles les moins déformées, le sommet du limbe présentait simplement une légére échancrure au fond de laquelle venait se terminer celle des cinq nervures principales qui occupait le plan de symétrie. Dans d'autres feuilles, l'échancrure était sensiblement plus pro- fonde; la nervure médiane, dirigée versle fond de cette échan- crure, se bifurquait avant de l'atteindre et envoyait latéralement dans les deux moitiés du limbe ses deux rameaux symétriques. Enfin l’échancrure atteignait l'extrémité du pétiole, et la nervure médiane se divisait dés sa naissance en deux nervures d'égale va- leur. Chaque moitié du limbe recevait ainsi trois nervures prin- cipales, ce qui portait à six le nombre total des nervures; elle tendait en méme temps à prendre la symétrie bilatérale qui carac- tériserait un limbe indépendant ou une foliole, et la nervure moyenne de chaque demi-limbe acquérait un développement plus considérable que les deux extrêmes. Dans certaines feuilles, où l'anomalie était poussée plus loin encore, le pétiole commun était bifurqué à son extrémité, et ses deux branches, d'une longueur de quelques millimétres, portaient, chacune une des moitiés du limbe. On pouvait se demander si l'anomalie consistait, comme dans le cas précédemment étudié, en une augmentation du nombre normal des feuilles accompagnées de leur soudure deux à deux, ou plutôt en une bifurcation de certaines feuilles dont le nombre total n'a rait pas étéaugmenté. La question était facile à résoudre. Le cycle foliaire n'était nullement modifié par l'anomalie : pre mière présomption en faveur de la seconde interprétation. D'autre part, les coupes faites, soit dans la tige immédiatement au-des- sous du nœud correspondant à une feuille anormale, soit dans le pétiole de cette dernière à différents niveaux, ne pouvaient laisser aucun doute : la disposition des faisceaux libéro-ligneux du pê- tiole sur un seul arc montrait nettement que le pétiole était réelle- ment simple; ce n'est qu'au voisinage de l'extrémité distale du pétiole qu'on vovail Jes faisceaux libéro-ligneux s'écarter de ma- DAGUILLON. — OBSERVATIONS TÉRATOLOGIQUES. 565 nière à se disposer sur deux arcs opposés correspondant aux deux moitiés du limbe bifurqué. Dans ce second cas, l'anomalie consistait donc simplement en une bifurcation plus ou moins compléte du limbe. La méme anomalie s'est présentée dans une feuille de Begonia appartenant à une variété dite « Hélène Uhder ». Un pétiole, simple à la fois dans sa forme extérieure et dans sa structure interne, portait un limbe bifurqué à son sommet. On sait que le limbe des Begonia est normalement dissymétrique, de manière à présenter un bord long et un bord court. Le limbe de la feuille anormale que je signale actuellement paraissait composé de deux limbes normaux, rapprochés et partiellement soudés par leurs bords courts : la soudure était localisée à la région voisine du pétiole; les sommets des deux limbes secondaires étaient entière- mentlibres. Chacun de ces limbes possédait une nervure prin- cipale qui distribuait de part et d'autre ses ramifications suivant le type normal et se terminait à la pointe extréme du limbe. L'un des limbes secondaires (que j'appellerai celui de gauche, en sup- posant que nous regardions la feuille par sa face supérieure, le pétiole dirigé vers le bas) semblait dépasser légèrement la ligne de soudure, à droite de laquelle il formait une sorte de créte saillante, trés étroite d'ailleurs. La ligne méme de soudure était bordée par une nervure marginale, appartenant au limbe gauche, dont la partie libre, sensiblement plus développée que celle du limbe droit, la recouvrait partiellement; du cóté du pétiole c'était, au contraire, la base du limbe droit qui recouvrait celle du limbe gauche. Dans ce cas encore, on pouvait se demander, au premier abord, si l'anomalie était due à la concrescence de deux feuilles normale- ment distinctes ou au dédoublement d'une feuille normalement simple. Il faut convenir que l'examen de la limite de séparation entre les deux moitiés du limbe, qui vient d'étre décrite, inclinait plutót l'observateur vers la premiére hypothése. C'est encore l'étude morphologique de la disposition phyllotaxique sur le pied affecté par l'anomalie, jointe à l'étude anatomique du pétiole, qui permettait de résoudre ce petit probléme. Aucun trouble ne se manifestant ni dans le cycle foliaire, ni dans la structure du pé- tiole, il fallait admettre, contrairement à une premiére apparence, 566 SÉANCE DU 23 NOVEMBRE 1894. que le limbe, normalement simple, avait subi une bifurcation partielle. NOUVELLES ADDITIONS A LA FLORE D'AUVERGNE; par le Frère HÉRIBAUD JOSEPH. Au cours d’une excursion bryologique que je viens de faire dans le Cantal, j'ai eu la bonne fortune de découvrir plusieurs Phané- rogames nouvelles pour la flore d'Auvergne, et bon nombre d’espèces rares observées dans des localités non encore signalées, notamment : Ranunculus diraricatus Schrank. — Étang de Sion, près de Mauriac. Nymphœæa alba 8. minor Rchb. — A propos de cette forme intéressante, j'ai eu le regret de constater sa disparition de l'étang du Trioulou, prés de Maurs, desséché depuis plusieurs années. Iberis amara L. — Champs à la base de la garenne de Saint- Santin. Lepidium ruderale L. — Terrains vagues, près dela gare d'Àu- rillac, oà il abonde. Cistus salvifolius L. — Rochers entre Cassaniouze et Saint- Projet; rochers des bords du Lot, entre Saint-Projet et Vieillevie, où il est trés commun. Silene Armeria L. — Vallée du Cornillou sous Condat. S. saxifraga L. — Rochers de la Peyrade, près de Salers. S. gallica L. — Lachourlie. Linum gallicum L. — Vieillevie; Saint-Projet. L. angustifolium Huds. — Saint-Projet. Radiola linoides Gmel. — Talus de la route d'Entraigues à Leynhac. Tilia silvestris Desf. — Abonde dans la vallée du Cornillou, depuis Condat jusqu'à Champs. Hypericum Helodes L. — Fossés des prairies de Madic; Mau- riac; Leynhac. H. pulchrum L. — Vallée du Cornillou; Saignes. HÉRIBAUD. — NOUVELLES ADDITIONS A LA FLORE D'AUVERGNE. 567 H. linarifolium Vahl. — Saint-Projet; Vieillevie, Cassaniouze. H. montanum L. — Vallée du Cornillou. Androsæmum officinale AM. — Vallée du Cornillou; Saint- Projet; vallée du Célé, prés de Saint-Constant. Geranium nodosum L. — Vallée du Cornillou; Lachourlie ; Leynhac ; Vieillevie. Oxalis stricta L. — Pradayrols; Calvinet. O. corniculata L: — Maurs; trés fréquent entre Saint-Projet et Vieillevie. Trifolium glomeratum L. — Garenne de Saint-Santin. T. scabrum L. — Garenne de Saint-Santin. Lotus angustissimus L. — Saint-Projet; Vieillevie; base de la garenne de Saint-Santin. | Ervilia sativa Link. — Champs à la base de la garenne de Saint-Santin. Lathyrus hirsutus L. — Base de la garenne de Saint-Santin. Rosa Pouzini Tratt. — Saint-Projet; puy de Gratacap, près de Saint-Santin. Epilobium alpinum L. — Puy Violent. Circæa alpina L. — Puy Violent. Sedum Cepæa L. — Salers; Leynhac; Saint-Projet; Vieillevie; rocher de Carlat. Eryngium campestre R. — Commun à Vieillevie; Saint- Projet. Seseli montanum L. — Sommet de la garenne de Saint-Santin. Peucedanum palustre Mœnch. — Bords de l'étang de Fleurac, prés de la gare de Saignes-Ydes. Tordylium maximum L. — Saint-Projet; Vieillevie. Galium boreale L. — Puy Violent. G. anglicum Huds. — Montmurat; Saint-Projet. Tanacetum vulgare L. — Lachourlie; Pradayrols. Artemisia Verlotorum Lamotte. — Cimetière d'Aurillac. Anthemis nobilis L. — Cassaniouze; Lachourlie; Saint-Projet. Gnaphalium luteo-album L. — Vallée du Célé, près de Saint- Constant. 568 SÉANCE DU 23 NOVEMBRE 1894. Inula graveolens Desf. — Saint-Constant. Filago gallica L. — Cassaniouze; Saint-Projet; Vieillevie ; Saint-Santin. Cirsium palustri X rivulare Næg.— Prairies de Marcenat. Carduus vivariensis Jord. — Bords de la route de Cassaniouze à Saint-Projet; Vieillevie; Saint-Projet; garenne de Saint-Santin. Cenlaurea pectinata L. — Rochers entre Cassaniouze et Saint- Projet; Vieillevie; vallée du Célé, près de Saint-Constant; Saint- Projet. Lappa intermedia Rchb. -— Vallée de Royat, plante nouvelle pour la flore d'Auvergne (1). Tolpis barbata Willd. — Rochers au-dessus de Saint-Projet, où il est assez commun. — Plante nouvelle pour la flore d'Au- vergne. : Leontodon proleiformis Vill. B. crispus Godr. — Garenne de Saint-Santin. Tragopogon crocifolius L. — Garenne de Saint-Santin. Plante nouvelle pour la flore du Cantal. Crepis agrestis W. et Kit. — Mauriac; Saignes; Vieillevie; Cas- saniouze ; Calvinet. Hieracium piliferum Hoppe. — Sommet du puy Violent. Lobelia wrens L. — Pâturages humides, près de Saint-Santin. Erica: Tetraliz L. — Landes humides, prés de la gare de Nieu- dan-Saint-Victor. Utricularia vulgaris L. — Étang de Sion, prés de Mauriac. Chlora perfoliata L. — Garenne de Saint-Santin. Solanum nigrum L. 8. miniatum Bernh. — Vieillevie, Saint- Projet. Verbascum maiale DC. — Rochers entre Saint-Projet et Vieil- levie. — Plante nouvelle pour le Cantal. (1) Je l'avais d'abord nommé avec doute L. tomentosa Lamk; M. G. Camus, qui a fait récemment une étude attentive des formes litigieuses de ce groupe; m'annonce qu'il a reconnu l'identité de mon échantillon avec une plante prove- nant de Vichy et représentant à son avis le L. intermedia Rchb., espèce peu connue et rarement mentionnée par les floristes français. HÉRIBAUD. — NOUVELLES ADDITIONS A LA FLORE D'AUVERGNE. 969 Scrofularia canina L. — Sables des bords du Lot, à Vieil- levie. Antirrhinum Asarina L. — Rochers des bords du Lot, entre Saint-Projet et Vieillevie. — Plante nouvelle pour l'Auvergne. Linaria Elatine Mill. — Cassaniouze; Saint-Projet; Vieil- levie; Saint-Santin; Saint-Constant. Bartsia alpina L. — Puy Violent. Odontites lutea Rchb. — Garenne de Saint-Santin. Mentha citrata Ehrh. — Voisinage d'un jardin, à Saint-Projet. Calamintha ascendens Jord. — Saint-Projet; Vieillevie. Melissa officinalis L. — Haies à Mauriac; Salers; Lachourlie; Vieillevie; Saint-Projet. Stachys germanica L. — Champs à la base de la garenne de Saint-Santin. Scutellaria minor L. — Bords du lac de Madic. Globularia vulgaris L. — Base de la garenne de Saint-Santin. Chenopodium Vulvaria L. — Aurillac. C. Botrys L. — Saint-Projet; bords du Lot, à Vieillevie. Passerina annua Spreng. — Base de la garenne de Saint- Santin. Callitriche hamulata Kütz. — Étang de Sion, prés de Mauriac. Alisma natans L. — Étang de Sion, prés de Mauriac. Hydrocharis Morsus-ranæ L. — Bords du lac de Madic. Sparganium simplex Huds. var. minimum Fr. — Fossés des prairies de Madic. Neottia cordata Rich. — Bois-Noir, prés du Falgoux. Polystichum Thelypteris Roth. — Bords de l'étang de Fleurac, prés de la gare de Saignes-Ydes. Asplenium Halleri DC. — Cassaniouze; Saint-Projet. En ajoutant à mon herborisation dans le Cantal la découverte du Pirola chlorantha Sw. à Gravenoire, prés de Clermont, par M. Dumas-Damon; du Cicendia filiformis Delarb., trouvé prés de Charensat (Puy-de-Dôme) par notre confrère M. Montel, et celle, par nous, du Lindernia pyxidaria à Dorat, près de Thiers, on 910 SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE 1894. voit que les deux premiéres saisons de 1894 ont été fructueuses pour la flore d'Auvergne. Au puy Violent, prés de Salers, j'ai eu le plaisir de constater que. le rarissime Woodsia hyperborea R. Br. s'y trouvait assez abondant pour qu'il m'ait été possible de le récolter en quantité suffisante pour étre distribué à mes confréres de la Société pour l'étude de la flore franco-helvétique. Mes récoltes bryologiques seront publiées dans les Muscinées d'Auvergne, en préparation. M. le Secrétaire général fait observer que la communica- tion du frére Héribaud signale des faits nouveaux tout à fait inattendus et d'autant plus remarquables, tels que la pré- sence dans le département du Cantal d'une plante aussi méridionale que le Verbascum maiale. M. Malinvaud croit pouvoir annoncer que les récoltes bryologiques du Frére Héribaud, qui en fera l'objet d'une publication spéciale, sont des plus importantes et offriront un ensemble d'un grand intérêt. SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE 1894. PRÉSIDENCE DE M. GUIGNARD. M. Jeanpert, vice-secrétaire, donne lecture du procès- verbal de la séance du 23 novembre dernier, dont la rédac- tion est adoptée. M. le Président a le regret d'annoncer à la Société la mort d'un de ses membres les plus anciens, M. Gaston de Lavau, décédé au château de Moncé, par Pezon (Loir-et-Cher). Cette pénible nouvelle est parvenue à la connaissance du Secrétaire SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE 1894. 511 général par une lettre de M. de Lavau fils, en date du 2 dé- cembre dernier, ne contenant aucun autre détail. Le nom de M. de Lavau était inscrit sur la première liste des membres de la Société, arrétée au 15 juin 1854 (1), et se retrouve sur toutes celles qui ont été publiées depuis cette époque, don- nant ainsi l'exemple d'un invariable attachement à notre compagnie. M. le Président, par suite de la présentation faite dans la précédente séance, proclame membre de la Société : M. BonwaiT-LEGUEULE, 7, rue Faustin-Hélie, à Paris, pré- senté par MM. G. Camus et Malinvaud. Lecture est donnée d'une lettre de M. l'abbé Violleau, qui remercie la Société de l'avoir admis au nombre de ses membres. M. Bureau fait hommage à la Société des ouvrages sui- vants : Revision du genre Catalpa. Les collections de botanique fossile du, Muséum d'histoire naturelle. M. le Président rappelle que les élections statutaires pour le renouvellement partiel du Bureau et du Conseil d'admi- nistration de la Société auront lieu dans la séance du 28 dé- cembre prochain; à ce propos, il donne lecture d'un décret daté du 8 août 1894, dont M. le Préfet de la Seine lui a transmis l'ampliation et portant modification de l'article 10 des Statuts, conformément à la décision prise par la Société dans la séance du 9 mars dernier. Voici la teneur de ce décret qui a été signé par le Président de la République et contresigné par le Ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts, (1) Sur les 164 noms que portait cette premiere liste, on en retrouvait seulement 19 sur le rôle de la Société au 1*7 janvier 1895. (Note du Secretariat.) 519 SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE 1894. LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE, SUR LE RAPPORT DU MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE ET DES BEAUX-ARTS. Vu la demande de la Société botanique de France, en date du 19 avril 1894; Vu l'extrait du procés-verbal de la séance tenue le 9 mars 1894 par ladite Société ; Vu la circulaire de convocation ; Vu le décret du 17 août 1875, qui a accordé à cette Société la recon- naissance d'utilité publique, notamment l'article 10; Vu l'avis du Préfet de la Seine; La section de l'Intérieur, de l'Instruction publique, des Beaux-Arts, des Cultes, entendue; DÉCRETE : ART. 1°". L'article 10 des Statuts de la Société botanique de France est mo- difié ainsi qu'il suit : Le Président, les autres membres du Bureau et les membres du Conseil d'administration sont élus, à la pluralité des voix, dans la derniere séance du mois de décembre. Tous les membres de la Société sont appelés à parti- ciper à ces élections, soit directement, soit par correspondance. Le Prési- dent est choisi parmi les quatre Vice-Présidents en exercice. ART. 2. Le Ministre de l'instruction publique et des Beaux-Arts est chargé de l'exécution du présent décret. Le changement introduit dans les Statuts par le décret ci-dessus a été annoncé à tous les membres de la Société pa! une circulaire du Secrétariat. M. G. Camus, secrétaire, donne lecture de la communi- cation suivante : COSTE ET SENNEN. — CENTAUREA ET TEUCRIUM HYBRIDES. 573 DIAGNOSES DE QUELQUES NOUVEAUX CENTAUREA ET TEUCRIUM HYBRIDES, DÉCOUVERTS DANS L'HÉRAULT ET DANS L'AVEYRON; par MM. l'abbé H. COSTE et le Frère SENNEN. I. L'HYBRIDITÉ DANS LE GENRE Centaurea. — Les cas d'hybri- dité dans le genre Centaurea ne sont pas moins fréquents que dans ses voisins, les genres Cirsium et Carduus. La Flore de France de Grenier et Godron, il est vrai, ne signale que trois Centaurea dont l'origine hybride soit bien établie, à cóté de quelques autres d'une authenticité douteuse. Mais, dans ces der- niers temps, leur nombre s'est considérablement accru, avec les progrés de la science, et plus d'un d'entre eux précédemment élevé au rang d'espéce et enveloppé d'une grande obscurité a été mis à sa place à la suite d'observations nombreuses. Le Catalogue de M. G. Camus, publié en 1888, n'en mentionne pas moins de quatorze pour la France et la Suisse, et ce chiffre sera sans doute notablement augmenté dans la suite. L'un de nous a publié l’année dernière, dans le Bulletin (1), la description de l'un des plus curieux produits de ce genre, le C. calcitrapo X pectinata, voisin par ses caractères des C. calci- trapo X pratensis (C. Nouelii Franch.) et C. jaceo x calcitrapa Chabert (C. trichacantha DC.). Cet hybride a été retrouvé depuis en plus grande quantité dans la méme vallée du Cernon, et le nom de C. arisitensis (du Larzac) pourrait lui étre avec juste raison appliqué par les non-partisans de la nomenclature de Schiede. Cette année, nos recherches communes dans le département de l'Hérault, aux environs de Bédarieux, Béziers, Montpellier, ont mis au jour quatre nouveaux Centaurea, que nous nous empres- sons de communiquer à la Société. Nos Centaurea, comme d'ailleurs tous les hybrides, sont inter- médiaires entre leurs parents et se partagent à peu prés les carac- léres des deux espèces génératrices. Toutefois, ils semblent sou- vent plus rapprochéstantót de l'une, tantót de l'autre, et ils offrent, sous ce rapport, tant de variations qu'on ne trouve peut-être pas . (1) Note sur le Centaurea calcitrapo X pectinata, hybride nouveau, etc., in Bull. Soc. bot. Fr., t. XL, p. 283. 514 SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE 1894. deux individus semblables. Leur port particulier, la forme des capitules et des involucres les font cependant reconnaitre aisément au milieu des parents. Quand on les étudie de plus prés, les fo- lioles de l'involucre fournissent les caractéres différentiels les plus importants. Les organes de la végétation, les feuilles et les tiges, ont ici un rôle trés secondaire. A cause de ce mélange commun des caractères empruntés au porte-pollen et au porte-graine, le meilleur moyen de les décrire consiste, selon nous, à présenter leur diagnose sous forme de tableau svnoptique en mettant en regard sur une triple colonne leurs caractéres différentiels. C'est la méthode que nous suivons généralement dans ce travail. II. Centaurea diffuso X paniculata (C. peregrina) Nob. — Le C. diffusa Lamk est une espéce originaire d'Orient (Archipel, Asie Mineure, etc.), qui s'est introduite chez nous, vers la fin du siècle dernier, avec l'industrie des laines étrangères. On la trouve aujourd'hui répandue sur plusieurs points de la Provence et du Languedoc, et on peut, croyons-nous, la considérer comme com- plétement naturalisée dans notre Midi. Dans l'Hérault, c'est au Port-Juvénal, prés de Montpellier, qu'elle a fait d'abord son ap- parition au commencement du siécle. Elle a été plus tard signalée aux environs d'Aniane, et l'un de nous, en 1888, l'a découverte à Bédarieux, dans la vallée de l'Orb, où elle est trés abondante au-dessous des lavoirs à laine (1). Le C. diffusa croissant dans cette localité en société avec plu- sieurs autres espéces, notamment avec le C. paniculata L., nous eümes la pensée d'y rechercher des hybrides. Nos recherches furent couronnées du plus heureux suecès. Le 21 août, en effet, nous découvrimes sans peine d'assez nombreux individus inter- médiaires entre ces deux espéces, plus voisins du C. paniculala par leur port, mais à fleurs blanches comme dans le C. diffusa. La plupart croissaient cà et là pêle-mêle au milieu des parents; quelques-uns cependant au pied du C. paniculata et à quelque distance du C. diffusa, ce qui nous a déterminés à les nommer C. diffuso X paniculata ou, pour ceux qui n'admettent pas la (1) Voyez notre travail sur les Plantes adventices observées dans la vallée de l'Orb à Bédarieux, etc., dans le Bulletin, plus haut, p. 98 et suiv. Voyez aussi le Bulletin de la Socièté Rochelaise, année 1893, p. 36, où nous avons publié une description étendue du C. diffusa Lamk. COSTE ET SENNEN. — CENTAUREA ET TEUCRIUM HYBRIDES. 919 nomenclature de Schiede, C. peregrina (allusion à la patrie étrangère du C. diffusa). Voici la diagnose comparative de ces trois plantes : C. DIFFUSA. Panicule large, trés fournie, diffuse, à rameaux très étalés, rapprochés, souvent entrelacés. Capitules très petits et très nombreux, blanchà- tres, ovoides, un peu atté- nués à la base. Folioles de l'involuere lisses sur le dos, entière- ment recouvertes par les cils des appendices. Appendice blanchâtre, plus long que la foliole. , Épine terminale fine, étalée-dressée, un peu vulnérante, 2-3 fois plus longue que les 4-5 cils latéraux. Fleurs blanches, trés rarement purpurines. , Akénes obconiques, pe- üts, brunâtres ou noi- râtres, glabres. Aigrette très courte et 4 peine visible, parfois nulle. C. PANICULATA. Panicule allongée, là- che, non diffuse, à ra- meaux étalés, souvent nombreux, mais assez écartés. Capitules petits, assez nombreux, un peu fauves, ovoides-oblongs, à peine atténués à la base. Folioles de l'involucre marquées de 3-5 nervures distinctes sur le dos, toutes à découvert et non cachées par les appen- dices. Appendice fauve,'court, égalant à peine la moitié de la foliole. Épine terminaleépaisse, appliquée, non vulnérante, plus forte que les cils la- téraux, mais à peine plus longue qu'eux. Fleurs toujours purpu- rines. Akènes oblongs, gri- sátres, finement pubes- cents. Aigrelte blanche, éga- lant environ le tiers de l'akéne. C. DIFFUSO X PANICULATA. Panicule assez allon- gée, dressée-étalée ou un peu diffuse, moins large et moins fournie que le C. diffusa, ayant le port du C. paniculata. Capitules assez petits, nombreux, blanchâtres, rarement un peu fauves, ovoides-coniques, légère- ment atténués à Ja base. Folioles de l’involucre obscurément nervées sur le dos, presque entière- ment recouvertes par les cils des appendices. Appendice blanchátre ou un peu fauve, à peu prés de la longueur de la foliole. Épine terminale fine, appliquée ou un peu dressée-étalée, non vul- nérante, environ une fois plus longue que les cils latéraux. Fleurs blanches, plus rarement purpurines. Akènes obconiques, pe- tits, brunátres, glabres ou glabrescents. Aigrette 5-8 fois plus courte que l’akène, rare- ment nulle. lll. Centaurea calcitrapo x diffusa (C. leptocephala) Nob. — Ce curieux hybride a été rencontré par nous, avec le précédent, dans les sables de l'Orb à Bédarieux, dans la journée du 21 août. Il était, comme lui, en pleine floraison. Mais, si le C. diffuso x pa- niculata se montrait assez abondant càet là au milieu des parents, il n'en est pas de méme de celui qui nous occupe. Toutes nos recherches les plus minutieuses n'aboutirent à la découverte que 216 SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE 1894. d’un seul individu, mais d’un individu à tiges rameuses, qui nous a fourni plusieurs parts d’herbier et nous a permis d'en faire une étude approfondie. Le C. calcitrapo X diffusa a été ainsi nommé parce qu'il croissait au pied du C. diffusa Lamk et à quelque distance du C. Calcitrapa L. Il se rapproche de l'espéce de Lamarck par la forme des feuilles et la gracilité des rameaux, mais ses capitules hérissés d'épines étalées le font ressembler davantage au C. Calcitrapa. Les capitules allongés, étroits et minces le distinguent de l'un et de l'autre et justifient la dénomi- nation du C. leptocephala que nous lui donnons pour les non- partisans de la nomenclature de Schiede. Mais le tableau suivant fera mieux ressortir les caractères différentiels soit de l'hybride, soit de ses parents. C. CALCITRAPA. Tige presque lisse, ra- meuse en buisson, à ra- meaux robustes, divari- qués, peu serrés. Feuilles molles, vertes, pubescentes, les cauli- naires peu divisées, à lobes linéaires-lancéolés, les raméales supérieures nombreuses, entourant le capitule. Capitules gros, assez nombreux, axillaires, et terminaux, brièvement pé- donculés, disposés en pa- nicule assez serrée, diva- riquée. Involucre ovale, arrondi à la base, d’un vert jau- nâtre, à folioles très co- riaces, toutes à découvert, contractées sous l'appen- dice. Épine terminale trés étalée, robuste, canali- culée à la base, trés pi- quante, plus longue que les fleurons et que lin- volucre, les latérales deux C. DIFFUSA. Tige trés rude, très ra- meuse-diffuse, à rameaux raides, trés étalés et trés serrés. Feuilles trés rudes, d'un vert grisâtre, pubes- centes ou un peu coton- neuses, les caulinaires pennatiséquées, à lobes linéaires, les raméales supérieures très peu nom- breuses, éloignées du ca- pitule. Capitules petits, trés nombreux, terminaux et axillaires, briévement pé- donculés, disposés en pa- nieule large, trés serrée, étalée-diffuse. Involucre court, ovoide, atténué à ]a base, blan- chàtre, à folioles minces, cachées par les cils des appendices, non contrac- tées sous l'appendice. Épine terminale étalée- dressée, mince, non cana- liculée à la base, un peu vulnérante, plus courte que les fleurons et que l'involucre, les latérales C. CALCITRAPO X DIFFUSA. Tige un peu rude, peu rameuse, à rameaux tres gréles, allongés, divari- qués, écartés. Feuilles trés rudes, d'un vert grisàtre, pubescentes- cotonneuses, les cauli- naires pennatiséquées, à lobes étroitement linéai- res, les raméales supe rieures peu nombreuses, rapprochées du capitule. Capitules médiocres, peu nombreux, solitaires au sommet des rameaux, longuement pédonculés, disposés en panicule trés làche, divariquée. Involucre ovale-oblong; mince, étroit, atténué à la base, d'un blanc jaunâtre, à folioles un peu coriaces, toutes à découvert, à peine contractées SOUS l'appendice. : Épine terminale tres étalée, assez robuste, vul- nérante, non canaliculée à la base, plus courte que les fleurons, égalant à peu près l'involuere, les laté- COSTE ET SENNEN. — CENTAUREA ET TEUCRIUM HYBRIDES. C. CALCITRAPA. de chaque cóté, un peu fortes et écartées, 5-6 fois plus courtes que la ter- C. DIFFUSA. 4-5 de chaque côté, très fines et rapprochées, 2-3 fois plus courtes que la 971 C. CALCITRAPO X DIFFUSA. rales quatre de chaque côté, très fines, écartées, 3-9 fois plus courtes que la terminale. Fleurs blanches. Akhénes blanchâtres, tous avortés. Aigrette nulle. terminale. Fleurs blanches. Akènes brunâtres noirátres, obconiques. Aigrette très courte, parfois nulle. minale. Fleurs purpurines. Akènes blanchâtres ou marbrés de noir, obovales. Aigrette nulle. ou IV. Centaurea calcitrapo x; paniculata (C. Loreti) Nob. — Cette plante a été rencontrée par l'un de nous, le 18 septembre, aux environs de Montpellier, dans un champ inculte prés de Mauguio. Dans le voisinage, il ne croissait d'autres espéces que les C. Calcitrapa L. et C. paniculata L., dont elle est sürement un hybride. Nous la dédions à notre regretté maitre H. Loret, par la raison que ce savant botaniste a indiqué comme croissant dans la méme région un C. paniculato X calcitrapa (1), qui doit avoir de grandes affinités avec le nótre. Malheureusement nous ne pou- vons songer à établir une comparaison. L'illustre auteur de la Flore de Montpellier n'a jamais décrit sa plante. Il s'est contenté de nous donner l'indication suivante : « Lattes, à Maurin, au mi- lieu des parents, dont il partage à peu prés les caractéres. » Dans les lignes qui précédent, nous nous sommes suffisamment étendus sur les caractères spécifiques des C. Calcitrapa et C. pa- niculata, pour qu’il ne soit pas nécessaire d’en donner une nou- velle description. Nous nous contenterons donc, dans la diagnose Suivante, de mettre en évidence les principaux traits de notre C. calcitrapo X paniculala. Tige robuste, à rameaux rudes, dressés-étalés. Feuilles vertes, fortement ponctuées, la plupart pennatifides, à lobes plans, non enroulés par les bords. Capitules assez gros, très brièvement pé- donculés, rapprochés au sommet des rameaux et formant une panicule dressée-étalée. Involucre ovoide-conique, arrondi à la base, à folioles obscurément nervées sur le dos, non contractées sous l'appendice. Appendice à 5-7 épines, la terminale plus forte, vulnérante, non canaliculée, dressée-étalée ou appliquée, égalant (1) Voy. Loret et Barr., Flore de Montpellier, édit. 2, p. 279. T XLE (SÉANCES) 37 518 SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE 1894. la foliole ou plus courte, tantôt (sur le même rameau) dépassant à peine les épines latérales, tantôt une ou deux fois plus longue. Akènes avortés, surmontés d’une aigrette presque aussi longue qu'eux. L'hybride que nous venons de décrire a du C. Calcitrapa les tiges et les rameaux robustes, les feuilles vertes, à bords non enroulés, les capitules assez gros, arrondis à la base, les folioles de l'involucre coriaces, l'épine terminale plus longue que les latérales, vulnérante, souvent étalée. Il emprunte au C. paniculata les tiges et les rameaux rudes, les feuilles caulinaires pennatifides, toutes fortement ponctuées, les capitules rapprochés au sommet des ra- meaux, non entourés de feuilles florales, les folioles de l'involucre obscurément nervées sur le dos, non contractées sous l'appendice, enfin l'appendice un peu fauve, à épine terminale non canali- culée, souvent appliquée et plus courte que la foliole, et les akénes surmontés d'une aigrette. V. Centaurea calcitrapo X preetermissa (C. confusa) Nob. — Nous avons trouvé l'hybride ainsi nommé, pendant le mois de septembre, en trois endroits différents autour de Montpellier, el une fois aux écluses de Fonserane, prés de Béziers. Dans toutes ces localités, il eroissait à côté du C. pretermissa de Martrin, non loin du C. Calcitrapa L., et à distance de la forme typique du C. aspera L. On sait, en effet, que cette dernière espèce se pré- sente, dans le Midi, sous deux formes bien distinctes en apparence, mais qui ne sauraient étre spécifiquement séparées. La forme typique, décrite par tous les auteurs sous le nom de C. aspera E est remarquable par les épines des capitules assez allongées, éta- lées ou réfléchies. La variété, qu'on trouve presque partout avec le type, mais qui est un peu moins commune, se reconnait aux épines des capitules toutes trés courtes, appliquées et parallèles. De Candolle en avait fait une simple variété « subinermis » du C. aspera; mais, plus tard, de Martrin-Donos, l'ayant découverte dans le Tarn, crut avoir mis la main sur une espèce innommée et la baptisa du nom de C. pretermissa (1). Telle est la plante que nous considérons comme le porte-graine de l'hybride qui nous occupe. Voici maintenant la diagnose comparative de nos trois Gentaurea. (1) Voy. Florule du Tarn (1864), p. 388. COSTE ET SENNEN. — CENTAUREA ET TEUCRIUM HYBRIDES. C. CALCITRAPA. Tiges dressées, à ra- meaux divariqués, pres- que lisses. Feuilles molles pubes- centes, vertes, dépourvues d'aspérités, la plupart pennatipartites. Capitules terminaux et latéraux, ceux-ci presque sessiles, naissant au-des- sus des bifurcations des liges ou épars le long des rameaux. Involucre ovale, à fo- lioles trés coriaces, d'un vert jaunâtre, contractées sous l'appendice. Appendice blanchâtre, parfois rougeâtre infé- rieurement, penné, à cinq épines, la terminale très grande, vulnérante, cana- liculée à la base, très éta- lée, plus longue que l'in- volucre et que les fleu- rons; les quatre latérales 5-6 fois plus courtes que la terminale. Fleurs toutes égales. Akènes d’un gris marbré de brun. Aigrette nulle. C. PRÆTERMISSA. Tiges ascendantes, à rameaux allongés, tom- bants, scabres. Feuilles rudes, munies de petites aspérités cal- leuses et grisátres, toutes sinuées-dentées. Capitules solitaires au sommet de la tige ou des rameaux, tous terminaux. Involucre ovoide-sub- globuleux, à folioles peu épaisses, souvent rou- geâtres au sommet, non contractées sous l'appen- dice. Appendice jaunâtre, corné, en demi-cercle, di- gité, à 3-5 épines courtes, presque égales,appliquées et parallèles, un peu pi- quantes, non canáliculées, plus courtes que l'invo- lucre et que les fleurons. Fleurs de la circonfé- 579 | C. CALCITRAPO X PRÆ- TERMISSA. Tiges dressées ou as- cendantes, à rameaux dres- sés-étalés, assez rudes. Feuilles rudes, plus ou moins munies d'aspérités, d'un vert un peu grisåtre, sinuées ou pennatifides. Capitules tous termi- naux, ou les uns termi- naux et les autres laté- raux, ceux-ei portés sur de courts rameaux. Involucre ovoide-coni- que, à folioles assez co- riaces, d'un vert jaunâtre, peu ou point contractées sous l'appendice. Appendice d'un blanc jaunátre, corné, digité, à cinq épines inégales, la terminale plus grande, piquante, non canaliculée à la base, appliquée ou un peu étalée (sur les mêmes rameaux), plus courte que l'involuere; les quatre latérales une fois environ plus courtes que les laté- rales. Fleurs toutes égales. rence un peu plus grandes. Akènes blanchátres. Aigrette blanche ou rousse, égalant la moi- tié de l’akène. Akènes blanchâtres, avortés. Aigrette blanche, aussi longue que l'akene. Nous avons ajouté à la plante que nous venons de décrire la dénomination du C. confusa. En voici la raison. Si l'on compare cette diagnose avec celle que Godron, dans la Flore de France, a donnée de son C. aspero x calcitrapa, on observera qu'elles sont presque identiques. Godron attribue à son hybride des épines appliquées contre l'involucre. Mais ce caractére n'est pas et ne peut étre constant; il est en contradiction avec l'observation des 580 SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE 1894. faits et le témoignage des auteurs. De Pouzolz (1), par exemple, dit du C. aspero X calcitrapa G. G. : « appendice prolongé en épine peu étalée ». D'ailleurs, si cet hybride est le descendant des parents qu'on lui attribue, on ne s'explique guére comment il peut avoir les épines involucrales appliquées, les deux espéces généra- trices les ayant étalées. D'autre part, si l'on considére que Godron n'a pas distingué dans le C. aspera les deux formes dont nous avons parlé, on sera obligé d'admettre avec nous que le C. aspero x calcitrapa de la Flore de France est le méme que notre C. calcitrapo X praetermissa, et qu'on doit réserver la dénomina- tion de Godron pour le produit du C. Calcitrapa et de la forme typique du C. aspera, produit qui ne peut sensiblement différer du C. calcitrapo X aspera du méme auteur. Ce dernier hybride est de beaucoup le plus répandu dans la région méditerranéenne. On le rencontre au bord des champs, le long des chemins, dans les alluvions des riviéres et un peu partout où les parents croissent ensemble. Son port est surtout celui du C. Calcitrapa, auquel il ressemble davantage, et c'est fort jus- tement que Gouan l'a nommé C. calcitrapoides. I diffère du C. calcitrapo X prætermissa Nob. (C. aspero X calcitrapa G. G.), par ses rameaux et ses capitules plus allongés, par ses involucres oblongs-coniques, à folioles contractées sous l'appendice, et sur- tout par l'épine terminale plus forte, très étalée, plus longue ou au moins aussi longue que la foliole, les latérales 2-3 fois plus courtes que la terminale (3). VI. EXEMPLES D'HyBRIDITÉ DANS LE GENRE Teucrium. — Les exemples d'hybridité dans le genre Teucrium sont loin d'étre aussi nombreux que dans legenre Centaurea, et méme, jusqu'à ces der- niers temps, ils faisaient complétement défaut. Le premier hybride que l'on a signalé en France, à l'état spontané, dans ce genre des Labiées, est le T. montano x pyrenaicum, trouvé par M. Conte- Jean prés les bains d'Ussat (Ariège) (3). La méme plante fut re- trouvée, en 1888, aux mêmes lieux, entre Ussat-les-Bains et Ussat- (1) Flore du Gard (1869), t. I, p. 987. (2) Voy. Loret et Barr., Flore de Montpellier, édit. 2, p. 279. (3) Voy. Note sur quelques plantes rares ou critiques du midi de 18 France, in Bull. Soc. bot. Fr. XII (1865), p. 217. " COSTE ET SENNEN. — CENTAUREA ET TEUCRIUM HYBRIDES. 581 le-Vieux, par M. Giraudias, qui l'a décrite sous le nom de T. Con- lejeani (T. montano x pyrenaicum Contejean?), « plante, dit-il, intermédiaire entre les T. pyrenaicum et montanum, dont elle est certainement un hybride (1) ». Deux ans plus tard, dans le méme département de l'Ariége, M. l'abbé Mailho découvrait à Génat un nouveau Teucrium hy- bride que M. Giraudias publiait, la màme année, sous le nom de T. Mailhoi, « curieuse plante, ajoutait-il, intermédiaire entre les T. aureum et pyrenaicum, au milieu desquels elle croit, et dont elle est probablement un hybride (2) ». Le 12 juin 1888, pendant la session extraordinaire de la Société botanique dans les Corbiéres, notre confrére M. Fliche rencon- trait dans l'Aude, sur le mont Alaric, deux pieds d'un autre Teu- crium, trés voisin de celui que nous allons décrire et sur lequel nous reviendrons, le T. aureo X montanum Fliche (3). Enfin, cette année méme, les études et les recherches de l'un de nous sur les différentes espèces de Teucrium de la section Polium ont amené la découverte, sur les causses des Cévennes, de trois nouveaux Teucrium hybrides. Deux d'entre eux appartiennent à l'Aveyron et croissent sur le Larzac au-dessus de Saint-Paul-des- Fonts; et le troisième, dont nous allons parler, vient dans la vallée de l'Orb et fait partie du domaine de la Flore de-Montpellier. . (4) Cf. Notes critiques sur la flore ariégeoise, in Bull. Soc. étud. scienti- lifiques d'Angers, année 1888, p. 16. — Ce Recueil n'ayant pas une grande publicité, nous croyons utile d'insérer ici la description que M. Giraudias a donnée de son C. Contejeani : « Fleurs blanchâtres, en capitules terminaux, serrés, déprimés, entourés de feuilles rapprochées. Fruits avortés. Feuilles de consistance ferme, d'un vert obscur et mates en dessus, blanchâtres-to- menteuses en dessous, roulées sur les bords, dentées dans leur moitié supé- rieure, à dents obtuses, oblongues-lancéolées, longuement atténuées en coin et entières à la base, non pétiolées. Tiges nues à la base, radicantes, couchées en cercle, flexueuses, très rameuses, très velues au sommet. » (2) « Elle ressemble beaucoup, ajoutait-il encore, au T. pyrenaicum, mais les feuilles, cunéiformes à la base, sont plus étroites, plus blanchátres, presque cotonneuses en dessous, et l'inflorescence trés compacte est couverte de poils jaunes. Les fleurs sont, en outre, plus petites, et les feuilles plus aigués que dans le T. pyrenaicum. » (Méme Recueil, année 1890, p. 56.) (3) Voy. le Bulletin, t. XXXV, session extraordinaire à Narbonne, p. xci. Notre excellent confrère M. Foucaud a aussi rencontré, en 1893, sur la méme montagne, en compagnie de M. G. Gautier, un T. montano X aureum, nommé par lui (in herb.) T. Gautieri, mais qui différe sensiblement de notre T. ce- bennense. (Note ajoutée pendant l'impression.) 582 VII. Teucrium montano x aureum (T. cebennense) Nob. — Cette plante a été découverte, le 6 juillet 1894, sur l'un des der- niers contreforts méridionaux des Cévennes, dans un terrain dolo- mitique, le long de la route de Bédarieux à Carlencas. Nous en avons rencontré une seule touffe, dans un état de floraison un peu avancé; mais cette touffe était énorme et nous a fourni prés de quarante parts d'herbier. Elle était placée au milieu du T. au- reum, abondant dans cette station, et à quelque distance du T. montanum, peu répandu autour de Bédarieux. L'hybride étant exactement intermédiaire entre ces deux espèces, il était de toute évidence que nous avions affaire à un T. montano X aureum. Nous lui avons appliqué, à l'usage des botanistes qui n’acceptent pas la nomenclature de Schiede, le nom simple de T. cebennense, qui a l'avantage de rappeler son pays d'origine. Mais il est temps de faire connaitre, par une diagnose comparative, les principaux caractéres qui l'éloignent ou le rapprochent de ses deux parents. On remarquera, dans ces analyses, que les organes de la végéta- tion, tiges et feuilles, remplissent, dans les hybrides du genre Teucrium, un rôle bien autrement important que dans ceux du genre Centaurea. SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE 1894. T. MONTANUM. T. MONTANO X AUREUM. Tiges trés nombreuses, T. AUREUM. Tiges et rameaux eou-| Tiges ascendantes ou chés en cercle sur la terre, gréles, peu fragiles, pubé- rulents, très feuillés. Feuilles fermes, gla- bres, luisantes et d’un beau vert en dessus, blanches-tomenteuses en dessous, linéaires-lancéo- lées, entières, atténuées en un court pétiole, rap- prochées sur les tiges et toujours bien plus longues que les entre-nœuds. Fleurs en capitules glo- buleux, déprimés, soli- dressées, à rameaux épais, très fragiles, abondam- ment laineux, lâchement feuillés. Feuilles molles, blan- ches-tomenteuses sur les deux faces, plus fortement en dessous, oblongues-ob- tuses, crénelées dans les deux tiers supérieurs, sessiles, brièvement cu- néiformes et entières à la base, espacées sur les tiges florifères et ordinai- rement plus courtes que les entre-nœuds. Fleurs en capitules ovoides, non déprimés, couchées-redressées, à ra- meaux peu épais, fragiles, un peu laineux, assez là- chement feuillés. Feuilles un peu fermes, vertes-pulvérulentes en dessus, blanches-tomen- teuses en dessous, oblon- gues, irrégulièrement crê- nelées dans la moitié ou les deux tiers supérieurs, subsessiles, brièvement cunéiformes et entières à la base, un peu écartées sur les tiges florifères; mais presque toujours plus longues que les entre- nœuds. Fleurs en capitules ovoïdes, non déprimes, COSTE ET SENNEN. T. MONTANUM. taires, verdâtres comme la plante. Bractées linéaires-lan- céolées, atténuées aux deux bouts, glabres, éga- lant presque le calice. Calice grand, évasé, très visiblement nervé, glabre, luisant, d'un vert påle ou rougeâtre, à dents longues, lancéolées, acu- minées-subulées. Corolle blanchátre , grande, longuement sail- lante. Graines chagrinées au sommet. Plante à odeur agréa- T. solitaires ou agglomérés sur les rameaux, d’un jaune doré, ainsi que le sommet de la plante. Bractées spatulées, ob- tuses et élargies au som- met, pétiolées, velues, bien plus courtes que les fleurs. Calice petit, contracté, sans nervures, couvert de longs poils jaunes étalés, à dents courtes, lancéo- lées, peu apparentes. AUREUM. Corolle jaunátre, pe- tite, peu saillante. Graines réticulées-exca- vées. Plante à odeur forte et — CENTAUREA ET TEUCRIUM HYBRIDES. 583 T. MONTANO X, AUREUM. toujours solitaires au som- met des rameaux, d'un jaune blanchâtre. Bractées linéaires-spa- tulées, atténućes au som- met, pétiolées, briève= ment velues, plus courtes que les fleurs. Calice largement évasé, distinctement nervé, fine- ment pubérulent, non lui- sant, d'un jaune påle, à dents assez longues, trés apparentes, lancéolées- subulées. Corolle d'un blanc jau- nàtre, assez petite, peu développée. Graines toutes avortées. Plante à odeur agréable ble. pénétrante. assez prononcée. Le T. aureo X montanum Fliche du mont Alaric est très voisin de notre hybride, et incontestablement produit par les mêmes parents, mais dans un ordre inverse. Le nom de T. corbariense pourrait fort justement lui étre appliqué par les non-partisans de la nomenclature de Schiede. Il se distingue, d'aprés son auteur (1), par ses ses tiges moins allongées que dans le T. montanum; par ses feuilles plus larges que dans le T. aureum, dentées seulement dans leur moitié ou méme leur tiers supérieur, vertes, mais cou- vertes d'un tomentum blanc en dessus; par ses capitules déprimés; par ses calices velus, à nervation en partie visible, à poils gris, jaunátres seulement vers les extrémités ; enfin par la corolle jaune, comme dans le T. aureum. Aucun de ces caractéres ne saurait convenir à la plante des Cévennes, qui a les tiges au moins aussi allongées que dans le T. montanum ; les feuilles, la plupart plus étroites que dans le T. aureum, dentées presque toujours dans les deux tiers supé- rieurs, trés briévement pubescentes en dessus; les capitules (1) Ibid., p. xci, en note. 584 SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE 1894. ovoides-subglobuleux, non déprimés; les calices non velus, mais trés finement pubescents, distinctement nervés, d'un jaune très pâle; enfin la corolle d'un blanc jaunâtre, comme dans le T. montanum. VIII. Teucrium gnaphalodi x; montanum (T. arisitense) Nob. — Cest sur le plateau du Larzac, au-dessus de Saint-Paul-des- Fonts, à 800 mètres d'altitude, que nous avons découvert et étudié cet hybride, pendant les mois de juillet et d'aoüt : ce qui nousa engagés à lui donner le nom du célébre plateau, qui compte parmi les plus riches de la flore francaise. Il y croit, d'ailleurs, en petite quantité, et toutes nos recherches n'ont abouti qu'à la rencontre de quatre ou cinq individus plus ou moins rameux. Mais, avant de faire connaitre notre découverte, nous devons dire quelques mots du T. gnaphalodes Vahl. (1). Cette plante est généralement peu connue des botanistes et souvent confondue par eux soit avec le T. Polium, comme l'a fait Bras dans le Catalogue des plantes de l'Aveyron, soit avec le T. aureum, à l'exemple de Godron, de de Pouzolz, etc. Presque intermédiaire entre ces deux espèces, elle ressemble à la première par son tomentum blanchâtre, mais elle est en réalité bien plus voisine du T. aurewm, dont on peut, croyons-nous, la considérer comme une forme des lieux plus élevés et moins méridionaux. « Ces deux Teucrium, a dit Lamotte (2), ne sont probablement que deux formes de la méme espèce ; ils croissent dans les mêmes lieux et le T. aureum est toujours plus rare. Ils varient l'un et l'autre à feuilles enroulées sur les bords ou entiérement étalées. » Cette observation du botaniste de Clermont s'applique à la région des causses, où le T. gnaphalodes est très abondant et le T. aureum trés rare. Ils sont, d'ailleurs, rattachés l'un à l'autre par deux variétés, récemment nommées parl'un de nous: flaviflorum et pseudo-aureum (3). Quoi qu'il en soit, il importe de mettre en évi- dence les caractères distinctifs de ces trois plantes. (1) Nous n'ignorons pas que, d'après M. G. Rouy, le vrai T. gnaphalodes Vahl serait une plante à fleurs rouges tout à fait différente de la nôtre et spe- ciale à la péninsule hispanique. Sans contester en aucune facon la maniere de voir de notre savant confrére, nous avons préféré suivre, dans ce travail, la nomenclature la plus anciennement et généralement recue. (2) Prodrome de la flore du Plateau central, p. 616. (3) Voy. le Bulletin, t. XL, session extraordinaire de Montpellier, mai 1893, p. CXXXI. COSTE ET SENNEN. — CENTAUREA ET TEUCRIUM HYBRIDES. T. PoLiUM. médiocres, brièvement cotonneux- tomenteux, d'un blanc argenté, ainsi que toute la plante. Capitules Calice couvert d'un to- mentum blanc, court et appliqué, à dents courtes, toutes subaigués, peu ap- parentes. Corolle blanche, à lobe de la lèvre supérieure ovale, pubescent. Feuilles linéaires- oblongues, munies envi- ron dans leur moitié supé- rieure de crénelures assez fines, toutes blanches et brièvement tomenteuses, presque toujours plus longues que les entre- nœuds, Tiges peu épaisses, brièvement cotonneuses. T. AUREUM. Capitules assez gros, abondamment laineux-to- menteux, d'un jaune doré, ainsi que le sommet de la plante. Calice hérissé de longs poils étalés,à dents aigués, saillantes, mais cachées par les poils dorés. Corolle jaune, à lobe de la lévre supérieure subor- biculaire, velu. Feuilles oblongues- obtuses, munies environ dans les deux tiers supé- rieurs de crénelures assez fortes, les supérieures souvent dorées, les autres blanchâtres, laineuses, les caulinaires souvent plus courtes que les entre- nœuds. Tiges épaisses, molle- ment cotonneuses. 585 T. GNAPHALODES. Capitules gros, plus fortement laineux, tomen- teux, d'un blanc grisátre, ou parfois un peu jau- nâtre, ainsi que le sommet de la plante. Calice trés hérissé de poils laineux, longs, éta- lés, à dents aigués, sail- lantes, un peu cachées par les poils blanchàtres. Corolle blanchâtre, par- fois jaunâtre, à lobe de la lèvre supérieure arrondi, velu. Feuilles largement oblongues-obtuses, mar- quées dans la moitié ou les deux tiers supérieurs de crénelures profondes, toutes d'un blanc grisâtre ou un peu jaunâtre, lai- neuses, ordinairement plus longues que lesentre- nœuds. Tiges plus épaisses et plus abondamment velues- laineuses. Voici maintenant la diagnose du T. gnaphalodi x; montanum : Tiges peu nombreuses, couchées-étalées, à rameaux redressés, assez gréles, brièvement tomenteux-blanchátres. Feuilles oblon- gues-cunéiformes, crénelées seulement dans leur tiers supérieur, entiéres et longuement atténuées en un coin trés étroit à la base, un peu fermes, vertes, pubérulentes et parfois luisantes en dessus, blanches-tomenteuses en dessous, assez serrées sur les rameaux, toutes plus longues que les entre-nœuds. Capitules ovales ou glo- buleux, non déprimés, d'un vert jaunátre, solitaires ou agglomérés au sommet des rameaux ; bractées linéaires-spatulées, aiguës, pé- Uolées ; calice assez évasé, pubescent, non luisant, d'un vert un peu jaunátre, à nervation en partie visible, à dents bien apparentes, assez longues, lancéolées-subulées ; corolle d'un blanc jaunâtre, assez développée; graines toutes avortées. Plante d'un vert gri- Sâtre, à odeur agréable et assez forte. Notre Germandrée du Larzac a évidemment de grandes affinités 586 SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE 1894. avec ses congénères de Bédarieux et du mont Alaric. Pour saisir ses caractères différentiels, il suffira de comparer la diagnose qui précède avec celles que nous avons données des T. montano X au- reum et T. aureo X montanum. Il nous reste enfin à étudier un dernier hybride, et non le moins intéressant, du genre Teucrium, le T. Chamædri x gnaphalodes. IX. Teucrium chamedri x gnaphalodes (T. ruthenense) Nob. — Nous avons donné à cette plante, curieux produit de deux espèces tout à fait disparates, le nom de T. ruthenense (du touergue) en souvenir de notre cher pays d'origine et du départe- ment où elle a été découverte. C'est au-dessus de Saint-Paul-des- Fonts, au pied des grands rochers du Larzac, que l'un de nous l'a observée pour la premiére fois, le 19 juillet dernier. Les fleurs commençaient à s'ouvrir et elles se sont succédé sans interruption jusqu'au milieu de septembre. Nous n'en connaissons encore qu'une seule touffe, croissant à cóté du T. gnaphalodes, très abon- dant dans le voisinage, et non loin du T. Chamædrys, qui couvre les coteaux d'alentour. Parson feuillage d'un beau vert et sa villosité peu abondante, elle rappelle, au premier coup d'cil, le T. Chamædrys, mais son inflorescence en capitule et ses fleurs jaunátres la rattachent bien plus intimement au T. gnaphalodes. Une étude plus attentive dé- montre qu'elle est presque intermédiaire entre les deux espèces génératrices. Fidèles jusqu'à la fin à la méthode que nous avons exposée, nous allons terminer cette étude par le tableau comparatif des caractères différentiels de chacune de ces trois plantes. T. CHAMÆDRI X GNAPHA- T. CHAM EDRYS. LODES. T. GNAPHALODES. Tiges gréles, vertes, parsemées de poils blancs, longs, étalés, clairsemés. ^ L Tiges assez grêles, d rs vert grisâtre, couvertes de poils laineux peu serrés. Tiges épaisses, blan- châtres, couvertes d’un tomentum laineux très serré. Feuilles molles, gri- : : Er : u Feuilles fermes, vertes, Feuilles minces, un pe glabres, luisantes en des- sus, plus páles en dessous, à nervures translucides, à pétiole hérissé de poils éta- lés, à limbe fortement cré- nelé tout autour, planes, ovales ou lancéolées, brus- sátres en dessus, blan- châtres en dessous, to- menteuses sur toute leur surface, opaques, non luisantes, oblongues, ob- tuses, à bords un peu en- roulés, crénelées dans la molles, vertes, presque luisantes en dessus, plus pàles en dessous, pubes- centes sur toute leur sur- face, surtout au bord et à la base, à nervures trans- lucides, planes,oblongues» GILLOT. —- T. CHAMÆDRYS. quement rétrécies en pé- tiole, les supérieures sub- sessiles. Fleurs en grappe assez lâche, feuillée, oblongue, unilatérale, toutes distinc- tement pédicellées à lais- selle des feuilles brac- téales ovales-lancéolées, entiéres ou dentées. Calice rougeâtre, dis- tinctement nervé, par- semé de poils blancs étalés, à dents longues, lancéolées, ^ acuminées, trés aigués. Corolle purpurine, grande, bien développée. Graines petites, papil- leuses au sommet. Plante peu odorante. VALÉRIANES A TIGES MONSTRUEUSES. T. GNAPHALODES. moitié ou les deux tiers supérieurs, largement cu- néiformes et entières à la base, toutes sessiles. Fleurs en capitules so- litaires ou agglomérés, très serrés, bractéolés ovales, toutes sessiles ou subsessiles, entremêlées de bractées pédicellées, linéaires-spatulées, en- tières. Calice blanchâtre, sans nervures apparentes, hé- rissé de poils laineux trés serrés, à dents courtes, aigués, presque cachées par les poils. Corolle blanchâtre ou un peu jaunâtre, petite, peu développée. Graines assez grosses, réticulées-excavées. Plante à odeur forte. 587 T. CHAMÆDRI X GNAPHA- LODES. fortement dentées-créne- lées sur presque tout le pourtour, insensiblement atténuées en court pétiole, les supérieures sessiles. Fleurs en capitules soli- taires, serrés, bractéolés, ovales ou ovales-oblongs, les inférieures brièvement pédicellées à l'aisselle des feuilles, les autres sessiles à la base des bractées pé- dicellées, oblongues-spa- tulées, entières. Calice verdâtre, très distinctement nervé, cou- vert de poils blancs peu serrés, à dents brièvement acuminées, très aiguës. Corolle d’un blanc jau- nâtre, assez petite, peu développée. Graines assez grosses, réticulées-excavées. Plante à odeur assez forte. M. le Secrétaire général donne lecture des communications suivantes : VALÉRIANES A TIGES MONSTRUEUSES; par M. le D" X. GILLOT. Dans mes « Notes tératologiques » présentées à la séance du 22 juin 1894, j'ai décrit une déformation caulinaire de Valeriana officinalis L., que j'ai nommée fasciation spiroide. J'ai retrouvé récemment la mention d'un cas tératologique ana- logue par M. Viviand-Morel, de Lyon, sous le titre de « Torsion vésiculeuse observée chez le Valeriana dioica L. » (Ann. Soc. bot. Lyon, N (1876-1877, p. 46). Comme dans le cas rapporté par moi, la tige était ‘raccourcie à 10 centimètres de hauteur, fistuleuse et renflée, affectant « une forme biconique, c'est-à-dire qu'elle pou- vait étre représentée par deux cónes réunis par leur portion la plus 588 SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE 1894. large »; les stries longitudinales de la tige étaient également dis- posées en spirale oblique, et les feuilles toutes refoulées sur le côté, en série linéaire, à mérithalles nuls. Il est bon de rappeler également que Moquin-Tandon (Térat. . végét., p. 181) avait déjà signalé des phénomènes de torsion à peu prés semblables, observés sur les Valérianes par Lapierre de Roane, Gilibert et Viviani. RECHERCHES SUR LA DIVISION DU NOYAU CELLULAIRE CHEZ LES VÉGÉTAUX; par M. Charles DEGAGNY. PREMIÈRE PARTIE : JUSQU'A LA DISPARITION DE LA MEMBRANE. A CHEZ LES LILIACEES. La période la plus rapide de la division, comme on peut le constater sur les noyaux des Spirogyra ou des Tradescantia à l'état vivant, est celle qui aboutit à la disparition de la membrane nu- cléaire; celle-ci serait, dit-on, le résultat de causes qui résideraient dans le cytoplasme. Quelques phénomènes qui la précèdent ont complètement échappé à l'observation. Les modifications de la membrane ne sont que la suite d'autres modifications qui com- mencent dans le filament et se propagent plus tard jusqu'à elle, par l'intermédiaire du suc nucléaire, mais du suc nucléaire modifié, comme on le verra, et comme on ne l'a pas constaté, à certaines époques. On a remarqué deux phases ultimes d'un phé- noméne dont la phase intermédiaire est restée inapercüe. Ainsi M. Flemming a constaté, dans le noyau des cellules mères des spermatozoïdes de la Salamandre, les modifications de la nu- cléine et de la linine qui précèdent la formation des segments nucléiniens. M. Van Beneden a constaté les mêmes faits dans l'œuf de l'asca- ride. Les segments nucléiniens sont les produits, ici encore; de condensations, de remaniements successifs de la nucléine et de la linine; de maniére qu'à un moment donné la nucléine forme des amas plus volumineux, dont la surface en rapport avec le suc cel- lulaire est nécessairement moins considérable que quand elle était disséminée. DEGAGNY. — SUR LA DIVISION DU NOYAU CELLULAIRE. 589 M. Hertwig a fait les mêmes constatations dans les œufs des échinodermes. M. Strasburger a vu le même phénomène dans les cellules mères polliniques, ainsi que M. Guignard. Dans ce dernier cas, non seulement la nucléine subit des trans- formations qui aboutissent à sa condensation, mais la linine s'épaissit fortement autour d'elle. La surface de la nucléine en contact avec la linine, avec le suc nucléaire, devient moins grande, et elle est séparée davantage de ce dernier. Voilà certainement des transformations bien visibles, amenant des changements de rapports non moins visibles, et que lon ma pas signalées, tout au moins comme causes prochaines des modi- fications que subit ensuite la membrane. Il était donc du plus haut intérêt de relever avec soin tout ce qui se passe de visible, de constatable à la plus simple observation dans le noyau, avant de penser à ce qui se passe en dehors de iui, pour arriver à expliquer un phénoméne aussi général que celui de la disparition de la membrane nucléaire, phénoméne qui est chronologiquement postérieur aux changements remarqués par tous les observateurs sur la nucléine et sur la linine, c'est-à-dire sur le filament. MM. Strasburger et Guignard ont été plus loin dans leurs con- statations sur les cellules mères polliniques. Ils ont parfaitement remarqué les fils achromatiques qui se forment entre les extrémités des bátonnets. M. Guignard a fait depuis longtemps une autre observation qui se rapproche encore davantage de ce que je ferai connaitre tout à l'heure. M. Guignard a vu, dés 1885 (Annales, Botanique, 1885), du pro- toplasma granuleux à cóté des bátonnets dans le noyau primaire du sac embryonnaire des Lis. Enfin tous les auteurs qui ont regardé dans le noyau des Spiro- gyra connaissent les changements qui se passent avant la dispari- tion de la membrane. Ils savent qu'on ne voit plus que confusé- ment daus le noyau à cette époque, à travers un suc nucléaire qui s'épaissit, qui augmente de plus en plus de densité, et au milieu duquel le nucléole, immobile auparavant, change de place à chaque instant. La disparition de la membrane constitue donc un fait commun 590 SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE 1894. à tous les noyaux, aussi bien animaux que végétaux, qui mérite d’être étudié; car il est ceriainement, partout, l'effet d'une cause qu'il est important de connaitre. Aprés avoir fait de longues recherches depuis quelques années sur les Spirogyra, j'ai voulu savoir si les phénoménes qui pré- cédent la disparition de la membrane chez ces plantes se réalisent, et sous quelle forme, chez les Phanérogames. J'ai donc repris une étude de la division faite par tant d'observateurs chez ces der- niéres. Je suis arrivé à reconnaitre des faits qui n'ont pas été remarqués, ni décrits jusqu'ici; ils se passent en effet avec une grande rapidité. Leur étude permet de reconnaitre les causes de la disparition de la membrane ; elle permet de se rendre compte de plusieurs phénoménes importants que l'on explique aujourd'hui d'une facon différente, en attribuant aux sphéres directrices une action que celles-ci ne peuvent pas exercer à travers la membrane qui reste intacte pendant la première partie de ces phénomènes. Cette étude permet en second lieu de reconnaitre l'origine des transformations successives qui commencent dans le noyau et se terminent, momentanément, par les transformations de la mem- brane et par sa disparition. Je me propose de faire connaitre les faits que j'ai pu recueillir au cours de mes recherches sur ces phénoménes rapides, tant sur les Spirogyra que sur les plantes de la famille des Liliacées. Pour les Spirogyra, je choisirai trois espéces faciles à cultiver et à examiner vivantes : les Spirogyra crassa, seliformis el nilida. Pour les Liliacées, je décrirai seulement les faits que j'ai trouvés surle Lis blanc, dans le noyau primaire du sac embryonnaire. Comme je m'en suis assuré, ils sont les mémes chez les autres Lis et chez les Fritillaires; je puis l'établir par mes préparations. Le noyau primaire du sac embryonnaire a un diamétre double de celui des cellules polliniques; il est de 50 p. Celui des cellules polliniques, des noyaux des spérmatomères de Salamandre, des noyaux des œufs de l'Ascaris, n'est généralement que de 20 à 25 y, c’est-à-dire moitié moindre. Le premier est donc extrême- ment avantageux pour l'observation, et c'est par lui que je vais commencer mon étude, que je continuerai, avant de prendre des conclusions, par l'examen du noyau des Spirogyra. Le noyau primaire du sac embryonnaire des Lis a été étudié en DEGAGNY. — SUR LA DIVISION DU NOYAU CELLULAIRE. 591 France par M. Guignard, à plusieurs reprises différentes (Annales, Botanique, 1885, 1891). D'aprés ce savant maitre, au moment où les bátonnets sont formés, les sphéres directrices viendraient se placer aux deux bouts d'un diamètre du noyau placé dans la direc- tion des póles futurs, qui seraient ainsi déjà constitués. Dés cet instant, les sphéres commenceraient à agir, tant sur les fils achromatiques que par l'intermédiaire de ceux-ci sur les bâtonnets. Au premier stade, le noyau contiendrait des matières protoplasmiques granuleuses, qui auraient pénétré dans le noyau à travers la membrane ramollie déjà à cette époque. La membrane disparaitrait dans les points en contact avec les sphéres directrices ; et par là s'introduiraient de nouvelles quantités de cytoplasme, qui formeraient les fils achromatiques orientés déjà, à travers le noyau, d'un póle à l'autre. En effet, le noyau en question renferme une grande quantité de granulations et de matiéres protoplasmiques hyalines, au milieu desquelles une partie des bátonnets se trouvent enveloppés dans la région supérieure du noyau, vers le micropyle. La région infé- rieure du noyau, vers le faisceau funiculaire, contient, comme il est aisé de le voir, un suc nucléaire beaucoup moins dense, où se trouvent les autres bâtonnets. Puis le protoplasma granuleux es! disséminé régulièrement dans le noyau, enveloppant tous les bátonnets, ainsi que le nucléole. Cette phase correspond à une période extrêmement rapide, que je ferai connaitre chez les Spiro- gyra, et que l'on rencontre trés rarement chez les Lis. Cependant j'en ai obtenu un certain nombre de préparations, une sur dix ovaires examinés. Elle n'a point été remarquée, ni celle qui la suit, et qui, au point de vue des théories admises jusqu'ici sur le noyau et sur ses fonctions, a une importance capitale. Quand le protoplasma granuleux a été disséminé dans tout le noyau, il disparaît, et il est remplacé par des fils achromatiques, en quantité innombrable, qui sillonnent dans tous lessens la cavite nucléaire encore dépourvue de sa membrane. Les préparations où l'on trouve ce phénomène si important sont encore assez nombreuses, et il est étonnant que le fait n'ait pas été constaté, En coupant des ovaires de Lis en travers, on détériore, comme on le sait, une certaine quantité de noyaux. Mais, même dans ces conditions, et sans qu'il soit besoin de recourir aux coupes plus méthodiques par inclusion sur un seul plan, dans la 592 SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE 1894. paraffine ou le collodion, on trouve généralement deux ou trois fois le phénomène sur dix ovaires débités par coupes transversales. Chaque ovaire pouvant donner environ 150 coupes; par conséquent, sur 1500 coupes, on trouve deux ou trois coupes où se trouve la métamorphose si importante à connaitre du protoplasma granu- leux changé en fils achromatiques. Il est bien entendu que la membrane nucléaire existe toujours; elle existe si bien après la formation des fils, j'entends la formation compléte, qu'elle empéche le noyau de crever dans le cytoplasme. La turgescence de celui-ci, à cette époque, est devenue telle, que les matiéres qu'il contient tendent à faire irruption dans le sac embryonnaire. La membrane ramollie moins résistante, mais per- méable seulement aux matiéres les plus liquides, se déforme. Il se produit des ampoules à sa surface, comme chez les Spirogyra; ampoules considérables, égales quelquefois au quart du noyau. Ainsi, nous voilà donc loin de l'épanchement, de l'irruption des matiéres cytoplasmiques dans la cavité nucléaire. À un certain moment, on voil donc que la membrane est modi- fice, qu'elle se ramollit. C'est précisément cette modification, que l'on a tout le temps d'étudier et d'examiner, qui met fin momentanément à la rapidité des phénoménes qui se sont passés dans le noyau. La modification de la membrane, beaucoup plus lente que celle du protoplasma granuleux, permet de se rendre'compte de ce qui s'est passé. Qu'est-ce que c'est d'abord que ces granulations interposées au filament, dont la multiplication, dont la croissance semble liéeà la sienne, coincider avec les réactions de plus en plus énergiques, de plus en plus visibles dela nucléine ; avec la réduction progres- sive des rapports de la nucléine et de la linine? Nous venons de le voir, elles ne peuvent venir du cytoplasme ; au contraire, elles ont plutót des tendances à y aller, à s'épancher en dehors du noyau. En réalité, pour se rendre compte de la nature de ces granula- tions, de ce protoplasma granuleux, il ne faut pas perdre de vue ce qui se passe aussitôt que la membrane nucléaire est modifiée. Les phénomènes d’osmose, jusque-là, restent à l'état normal, Aussitôt qu'elle est modifiée, le suc cellulaire pénètre plus abon- damment dans le noyau. C'est précisément alors que les fils achro- matiques se forment. Entrela répartition du protoplasma granuleux DEGAGNY. — SUR LA DIVISION DU NOYAU CELLULAIRE. 093 et leur apparition, il s’est passé un autre phénomène. Les fils ne sont pas formés de granulations placées bout à bout, chose qu'il faudrait encore expliquer; ils sont formés d’une matière homogène très résistante, s'étendant dans tout le noyau. Le protoplasma gra- nuleux a donc été dissous, profondément modifié; et, à la place de ces matières dissoutes, liquides, solubles dans le suc nucléaire, si l'on veut, qui se sont formées entre les bâtonnets, à un moment donné, quand la membrane nucléaire a été atteinte, quand le suc cellulaire a pénétré plus abondamment, les fils sont apparus, par condensation, par coagulation de matiéres moins solubles que l'instant d'avant, dans un suc nucléaire différent. Il résulte de ce qui précéde que le noyau a contenu, à un mo- ment donné, des matières protoplasmiques granuleuses qui ont enveloppé le nucléole et les bâtonnets, et qu'à ce moment les gra- nulations dissoutes ont été changées en fils achromatiques. La transformation s'est donc opérée au moment où le suc nucléaire qui entourait les bátonnets est devenu plus épais, au moment où sa densité a augmenté. En second lieu, quand le suc nucléaire a acquis cette densité, l'aetion produite sur les granulations s'est prolongée jusqu'à la membrane, et a produit sur celle-ci les mémes effets; ellea pro- voqué son ramollissement, puis sa dissolution. Mais la dissolution du protoplasma granuleux a été précédée de phénoménes analogues dans le filament et aussi sur le nucléole; car, aprés la formation des fils achromatiques, on trouve que les bàtonnets sont moins gros et plus colorés. Le nucléole a aussi diminué de volume. Méme sur des préparations colorées d'une facon insuffisante, il est facile de voir la différence de colorabilité des bátonnets, quand on compare leur grosseur et leur couleur pen- dant la dissémination des granulations à leur grosseur et à leur couleur aprés la formation des fils achromatiques. On est donc obligé de reconnaitre que l'on se trouve en présence d'un seul et unique phénomène qui a commencé dans le filament, qui s'est propagé au protoplasma granuleux, puis à la membrane, que la nucléine s'est dissoute, qu'elle a transfusé à travers la linine en la ramollissant, qu'elle a pénétré dans le protoplasma granu- leux contigu aux bátonnets, qu'elle a dissous les granulations, puis la membrane. On est encore amené à reconnaitre que les effets de la nucléine; T. XLI. (SÉANCES) 38 594 SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE 1894. que ses effets visibles, tout au moins, ont été précédés, provoqués parles mémes causes. La nucléine n'agit que dans un milieu trés dense, que dans un milieu où la diffusion des matières solubles se fait de plus en plus difficilement. Tant que le suc nucléaire ne devient pas épais, la nucléine n’agit que dans le filament; son action s'arréte aux limites de celui-ci. Or le filament est en contact avec le suc nucléaire ; celui-ci est en rapport avec la membrane, avec le suc cellulaire. Quand la nu- cléine comme dans les noyaux animaux, comme dans les cellules polliniques, dont il a été question plus haut, s'est d'abord con- densée; quand ses grains, trés petits d'abord, ont difflué, se sont réunis en grains plus gros, il est évident que ses surfaces en rap- port avec le suc nucléaire, avec la membrane, avec le suc cellulaire, ont diminué. Il est certain que ces rapports ont encore diminué par suite de l'épaississement du filament, puis de l'épaississement des bâtonnets, et enfin, à une certaine époque, encore davantage, par l'interposition, que l'on n'a pas remarquée, entre ce filament réduit en bâtonnets et la membrane nucléaire, d'un suc nucléaire épaissi par la dissémination du protoplasma granuleux. Alors la nucléine agit comme dans le filament, dans les bátonnets, son action se prolonge jusqu'à la membrane. Il n'est donc pas douteux que tous les effets qui se sont succédé dans le noyau : condensation de la nucléine; diffluence et conden- sation de la linine; dissolution et condensation en fils achroma- tiques du protoplasma granuleux; diffluence et condensation en granulations de la membrane; que tous ces effets constituent, à proprement parler, un seul et unique phénoméne : la transforma- tion de la nucléine dans un milieu qui change autour d'elle, jus- qu'au moment où la membrane est modifiée. Alors la diffusion du suc cellulaire augmente, et la nucléine ne peut plus produire les mêmes effets. : Généralement la membrane est transformée complètement; mal les produits de sa dissolution ne forment plus de fils achroma- tiques. Les matières qui la composaient sont moins profondément remanices, l'activité de la nucléine étant atténuée. Il ne se forme plus que des granulations qui s'ajoutent à celles du cytoplasme voisin, de manière qu'autour du noyau on aperçoit souvent un bourrelet de granulations plus nombreuses. En un mot, la nucléine, CER ERIS DEGAGNY. — SUR LA DIVISION DU NOYAU CELLULAIRE. 595 en présence du suc cellulaire, ne refait plus que des granulations, comme elle en faisait entre les replis du filament, quand le suc cellulaire arrivait plus facilement dans le noyau. Car, avant d'ac- quérir le pouvoir de produire les effets ultimes que nous lui avons vu produire, la nucléine a produit antérieurement des effets ana- logues, mais moins sensibles. Quand elle posséde sa puissance d'action maximum, il n'existe plus dans le noyau de produits solides, sauf les bátonnets et le nucléole. Toutes les matières nucléaires sont à l'état liquide; le suc nucléaire acquiert une densité maximum. Aussitót que le suc cellulaire apparait dans ce milieu, les matières protoplasmiques se condensent sous formes de fils achromatiques. Quand les granulations se sont formées, elles se sont formées dans les mêmes conditions, à des époques où le suc nucléaire acquérait momentanément une densité plus grande, à l'époque des remaniements et des transformation successives du filament et de la nucléine. Alors la perméabilité de la membrane, en présence d'un suc nucléaire plus dense, augmentait momentanément, le suc cellulaire pénétrait plus abondamment et mettait une limite à l'activité de la nucléine, du filament. Mais, comme l'ont montré les derniers phénoménes qui ont précédé la dissolution de la membrane, la nucléine n'acquiert son maximum d'activité qu'au moment oü les matiéres interposées sont devenues assez abon- dantes pour emplir tout le noyau, pour envelopper tous les báton- nets, et à ce point de vue il n'est pas possible de méconnaitre la concordance compléte de tout ce qui se réalise autour d'elle pour que son action puisse se prolonger jusqu'à la membrane, aussi bien dans les noyaux animaux que-dans les noyaux végétaux. Il ressort encore de ce qui précède qu'en aucun cas on ne peut attribuer la destruction de la membrane aux sphéres directrices qui contracteraient avec la membrane des contacts seulement locaux. Les modifications que subit la membrane se font dans toutes ses parties à la fois, par l'intermédiaire du protoplasma gra- nuleux qui s'est mis en rapport avec elle sur tous les points de sa surface. Le suc cellulaire pénétre. partout à la fois. Il agit au méme moment sur toutes les matières dissoutes, sur tous les bâtonnets. La nucléine recoit sur toute sa surface, au méme moment, la méme influence, elle acquiert partout les mémes qualités. Progressive- 596 SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE 1894, ment. toutes ses parties ont été condensées; progressivement elles ont été amenées, au fur et à mesure de la condensation des fila- ments, en méme temps, aux mêmes époques, en contact avec la membrane, avec le suc cellulaire. Elles ont été séparées aux mêmes époques. De sorte qu'à un moment donné elles seront aptes à agir dans toutes leurs parties les unes sur les autres, à se diviser en une seule fois. . La présence, dans le noyau primaire du sac embryonnaire des Liliacées, de matiéres interposées au filament permet donc de reconnaitre l'origine, le point de départ de l'action qui se réalise à un moment donné sur la membrane du noyau, tant chez les ani- maux que chez les végétaux. Dans le noyau des tissus animaux étudiés jusqu'ici, on a bien aperçu les modifications qui se passent au contact de la nucléine ; on a bien noté les transformations que celle-ci subit. On n'a pas pensé à rattacher ces transformations, beaucoup moins apparentes que celles que l'on remarque dans le noyau du sac embryonnaire, aux transformations de la membrane. MM. Strasburger et Guignard ont bien constaté des fils achro- matiques dans le noyau des cellules polliniques, M. Guignard a bien vu les granulations du noyau primaire du sac embryonnaire; mais ces deux observateurs ne pouvaient penser que les fils suc- cédent aux granulations. - Granulations, fils achromatiques, sont des produits figurés vi- sibles, indiquant, à certaines époques, le degré d'activité du fila- ment, de la nucléine ou, si l'on veut, du suc nucléaire contigu au filament. Nous verrons plus tard de quelle] manière on peut penser que s'exerce cette activité. L'auteur avait joint à l'envoi du manuscrit divers dessins et préparations venant à l'appui de son travail, et qui sont communiqués aux personnes présentes. M. Van Tieghem fait à la Société la communication sul- vante : VAN TIEGHEM. — TROIS GENRES NOUVEAUX DE LORANTHACÉES, 597 TRITHECANTHERA, LYSIANA ET ALEPIS, TROIS GENRES NOUVEAUX POUR LA FAMILLE DES LORANTHACÉES ; par M. Ph. VAN TEEGHIEM. Les trois genres nouveaux de Loranthacées découverts il y a plus de deux mois, que, pour prendre date, je présente aujour- d'hui àla Société, appartiennent tous les trois à la sous-famille des Loranthoidées : le premier, puisque l'ovaire y est uniloculaire, à la tribu des Loranthées; les deux autres ensemble, puisque l'ovaire y est pluriloculaire, à la tribu des Élytranthées. 1. Sur le genre nouveau TRITHECANTUERA. On sait que la tribu des Loranthées se décompose, d'aprés la conformation du calice et de l'androcée, en trois sous-tribus : les Phénicanthémées, qui ont le calice dialysépale et les anthéres basifixes; les Struthanthées, qui ont le calice dialysépale et les anthéres dorsifixes et oscillantes; les Dendrophthoées, qui ont le calice gamosépale et les anthéres basifixes (1). C'est à la sous-tribu des Dendrophthoées que se rattache le genre nouveau qui fait l'objet de la premiére partie de cette Note. La plante a été trouvée à Bornéo, province de Sarawak, à la source du Batang-Lupar, par M. Beccari, en mars 18067, et porte dans son herbier le n* 3148. A en juger par les sommités de branches qui composent les échantillons et qui mesurent 10 à 15 millimétres de diamétre, la plante est trés vigoureuse et de grande taille. Les feuilles y sont verticillées par quatre au sommet et, au centre du verticille, se voit le bourgeon terminal avorté. Le verticille se compose de deux paires de feuilles opposées, insérées l'une un peu plus bas, l'autre un peu plus haut. Elles sont grandes, pétiolées, à limbe coriace, ovale, atténué à la base etau sommet, à nervures pennées, concaves vers le sommet, bien visibles sur les deux faces, qui sont dissemblables. Le pétiole mesure 2,5 à 3 cen- timètres de long, le limbe 27 à 30 centimètres de long sur 10 à 12 (1) Ph. Van Tieghem, Quelques compléments à l'étude des Loranthées a calice dialysépale et anthères basifixes ou Phénicanthémées (Bull. de la Soc. bot., 16 novembre 1894). * 598 SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE 1894. de large. Palissadique en haut, l'écorce du limbe est traversée en tous sens par des sclérites étoilées, à membrane trés épaisse et fortement lignifiée. A l'aisselle des deux feuilles de la paire la plus haute du verti- cille, se forment déux rameaux floriféres, qui divergent en forme de V. Chacun de ces rameaux, longs de 35 à 40 centimètres, se compose de deux régions. La région inférieure, arrondie ou plus exactement octogonale à angles émoussés, mesurant 10 à 15 cen- timétres de long avec plus d'un centimétre de diamétre à la base, porte des bractées rigides et noires, creusées en forme de demi- nacelles, disposées par verticilles de quatre réguliérement alternes, dont il y a de six à huit; les bractées d'un verticille sont parfois situées à des hauteurs un peu différentes. La région supérieure, quadrangulaire, longue d'environ 25 centimétres, atténuée pro- gressivement vers le sommet, où elle finit en pointe mousse, ne porte aucune bractée. Elle constitue un long appendice stérile, comparable à celui de l'inflorescence de beaucoup d'Aracées. Ce caractère, unique jusqu'à présent dans la famille, permet déjà de reconnaitre ce genre entre tous. A l'aisselle de chacune des bractées en nacelle de la région infé- rieure, se trouve enchássée une grande fleur sessile; l'inflores- cence est donc un épi. L'ovaire infère, luisant et noir, mesure environ 4 centimètre de hauteur et porte, en dedans d'un calicule peu développé, un calice gamosépale tubuleux à cinq lobes, épais et coriace, qui mesure 43 à 45 centimètres de long : 9 à 11 pour le tube, 4 environ pour la partie libre des sépales. Chaque filet d'étamine est concrescent avec le sépale superposé dans toute sa longueur et jusque vers le milieu de la partie libre du sépale; lanthére est donc sessile. Elle est étroite et longue, mesurant 16 à 17 millimètres de long sur 2 millimètres de large. Outre les deux sacs polliniques qu'elle porte, comme à l'ordinaire, sur cha- cun de ses flancs, elle en offre une paire au milieu de sa face interne ou ventrale. A la maturité, elle a donc trois loges, deux latérales et une médiane, s'ouvrant par autant de fentes longitu- dinales. En un mot, l'anthére est triloculaire et cette structure, unique dans la famille des Loranthacées, trés rare aussi ailleurs, me parait constituerle caractére le plus saillant de ce genre nou- veau que, d’après lui, je nommerai Trithecanthera (1). (1) De zp, trois, 67:7, loge et ävônp, anthère. VAN TIEGHEM. — TROIS GENRES NOUVEAUX DE LORANTHACÉEs. 599 L'ovaire infère a, dans son écorce, une couche de cellules sclé- reuses à quelque distance de l'épiderme; la cupule lignifiée y a la forme d'un verre à boire. Le pistil se compose de cinq carpelles ouverts alternisépales, circonscrivant une cavité centrale, bientót oblitérée. Le style, persistant et rigide, qui a la méme longueur que le calice, c'est-à-dire jusqu'à 15 centimétres, est entouré à sa base d'un bourrelet pentagonal, et son sommet est légérement renflé en stigmate. D'aprés l'appendice stérile quadrangulaire, qui prolonge l'axe de l'épi en forme de dague ou de fleuret, je propose de nommer cette espèce Trithecanthera æiphostachya (1). Ainsi définie, cette plante est certainement l'une des plus re- marquables de la famille des Loranthacées. 9, Sur le genre nouveau LYSIANA. La tribu des Élytranthées se décompose, d'aprés la conforma- tion du calice et de l'androcée, en trois groupes de genres ou sous- tribus, savoir : les Treubellées, où le calice est dialysépale et Ies anthéres basifixes, qui correspondent aux Phénicanthémées dans la tribu des Loranthées ; les Macrosolénées, où le calice est gamo- sépale et les anthéres basifixes, qui correspondent aux Den- drophthoées dans la tribu des Loranthées; enfin les Loxanthérées, où le calice est gamosépale etles anthéres dorsifixes, quoique non oscillantes. Cette troisiéme sous-tribu n'a pas son pendant parmi les Loranthées, de méme que, chez ces derniéres, la sous-tribu des Struthanthées n'a pas son pendant parmi les Elytranthées. C'est aux Macrosolénées, puisque le calice y est gamosépale et les an- théres basifixes, que se rattache le genre nouveau qui fait l'objet de la seconde partie de cette communication. Preiss a récolté en 1839, 1840 et 1844, sur la côte occidentale d'Australie, au bord du fleuve des Cygnes, prés de Perth, quatre Loranthacées ayant en commun ce caractère d'avoir des feuilles opposées, étroites et cylindriques, ce qui leur donne sensiblement le même port; Miquel les a étudiées en 1844 (2). Dans l'une d'elles (n^ 1614), parasite sur les Casuarina, il a reconnu le Loranthus (1) De Etyos, épée et ecáyvc, épi. (2) Lehmann, Plante Preissianæ, 1, p. 219, 1844. 600 - SÉANCE bU 14 DÉCEMBRE 1894. linophyllus Fenzl, découvert dans la méme région en 1833, par Hügel et décrit par Fenzl en 1837; les trois autres ont été distin- guées spécifiquement sous les noms de Loranthus Casuarinæ (n°1615), L. Preissii (n^ 1611) et L. scoparius (n° 1612). La der- niére n'ayant pas été trouvée en fleur, on n'en peut rien dire. Le L. linophyllus et le L. Preissii ayant les fleurs disposées en om- belle de triades, pentaméres, à calice dialysépale et à ovaire unilo- culaire, sont tous deux des Loranthées de la sous-tribu des Phéni- canthémées et du genre Amyema. Quant au L. Casuarinæ, Miquel remarque bien que l'inflorescence y est différente et le type floral différent, mais sans attacher à ces caractères l'importance qu'ils méritent, puisqu'il n'en intercale pas moins cette espéce entre le L. linophyllus Fenzl et son L. Preissii. Les auteurs qui ont suivi, et notamment les deux botanistes les plus compétents pour la flore australienne, Bentham et M. F. de Müller, ont méme tout à fait méconnu ces différences, puisqu'ils ont identifié le L. Casuarinæ de Miquel, aussi bien que son L. Preissii et son L. scoparius, avec le L. linophyllus de Fenzl. Il y a là, comme on va Voir, une erreur grave. Le L. Casuarinw, non seulement est une espéce distincte des trois autres dela màme région qui ont la même forme de feuilles, comme l'a bien vu Miquel, mais encore, contrairement à l'opinion de ce botaniste, elle en est trés éloignée. Elle appartient, en effet, à une tribu dil- férente, oà du méme coup elle vient constituer le type d'un genre nouveau. : L'inflorescence est une ombelle simple, pédicellée et ordinai- rement biflore, et non une ombelle de triades, comme dans le L. linophyllus et tous les Amyema. Le type floral est hexamére, el non pentamére, comme chez les Amyema. Le calice est gamo- sépale, et non dialysépale, comme dans les À myema (1). Ces trois différences externes suffisent déjà pour montrer qu'on a affaire à un genre distinct ; l'étude de la structure vient en ajouter de bien plus importantes. Laissons de cóté l'appareil végétatif, non sans avoir b (1) Miquel dit bien, il est vrai, que les sépales, cohérents en tube dans le outon, se séparent à la fin, ce qui rendrait le calice dialysépale, mais il doit y avoirlà une erreur matérielle. Je me suis convaincu, en effet, par des coupes transversales successives du tube calicinal, que les sépales sont réelle- ment concrescents dans leur région inférieure et qu'ils ne s'y séparent à aucune époque. VAN TIEGHEM. — TROIS GENRES NOUVEAUX DE LORANTHACÉEs. 601 remarqué pourtant que la feuille du L. Casuarinæ a son écorce dépourvue des sclérites que possède celle du L. linophyllus, dif- férence qui, entre des plantes vivant dans le même lieu en para- sites sur les mêmes arbres, a bien son importance. Bornons-nous à indiquer sommairement la structure de la fleur. L'ovaire, qui se prolonge un peu au-dessus de la séparation du calice en formant un renflement au-dessous de la base du style, a sa zone externe dépourvue de cellules seléreuses, et la cupule lignifiée y est trés longue, en forme de doigt de gant. Au niveau de la base de la cupule, il y a six faisceaux externes plus grands pour les sépales staminiféres, et six plus petits alternes, sur un cercle plus intérieur, pour le pistil. Deux de ces derniers s'arrétent bientót, et vis-à-vis des quatre autres le parenchyme central se creuse d'autant de logettes, de bonne heure oblitérées par un épi- derme amylacé. Ces quatre logettes se prolongent côte à côte dans la partie supérieure libre de l'ovaire jusqu'à la base du style, où elles confluent en un canal axile, autour duquel les quatre fais- ceaux carpellaires continuent jusqu'au stigmate. Cette structure pluriloculaire de l'ovaire prouve que la plante appartient non à la tribu des Loranthées, comme les Amyema, mais bien à celle des Élytranthées et, puisque le calice y est gamo- sépale et les anthères basifixes, à la sous-tribu des Macrosolénées. Que dans cette sous-tribu elleconstitue un typegénérique nouveau, C'est ce qui reste à démontrer. Chez les Macrosolénées, l'inflorescence n'est simple que dans les Macrosolen, où c'est une grappe, les Elytranthe, où c'est un épi, et les Lepostegeres, où c'est un capitule. Dans les deux premiers genres, chaque fleur est entourée à sa base par trois bractées, la bractée mère et deux bractéoles; c'est seulement chez le dernier, qu'elle ne possède qu'une seule bractée à sa base, comme dans la plante que nous étudions. Mais, dans les Leposte- geres, l'inflorescence est un capitule involucré; ici, c'est une ombelle nue; cette différence suffit à montrer que ces deux genres sont bien distincts. à Àu genre nouveau de Macrosolénées ainsi établi, je donnerai le nom de Lysiana (1) et la plante en question deviendra le Lysiana Casuarinc (Miquel). (1) De Xw, je délivre, allusion à ce fait que la plante est désormais affran- chie de la servitude où la tenait son identification avec le L. linophyllus. 602 SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE 1894. On voit par là que certaines Élytranthées, vivant dans les mêmes conditions de milieu que certaines Loranthées, donnent à leurs feuilles la màme forme aciculaire et prennent le méme port, au point de simuler des individus différents d'une seule et méme espéce et de tromper ainsi les observateurs les plus habiles. Nul exemple, à mon avis, ne montre plus clairement toute l'étendue de l'erreur que l'on s'expose à commettre en s'obstinant, comme on fait, à ne vouloir classer les plantes phanérogames que d'aprés leur forme extérieure. Il y a longtemps que, pour les plantes cryp- togames, on est sorti de cette période d'enfance, et l'on s'en trouve fort bien. M. Tate a décrit en 1883, sous le nom de Loranthus Murrayi, une Loranthacée trouvée par lui dans la région centrale de l'Aus- tralie (1). Grâce à l’obligeance de M. F. de Mueller, j'ai pu étudier des échantillons de cette plante. Les feuilles y sont isolées, linéaires mais plates, canaliculées en haut, mesurant 25 millimètres de long sur 1 millimètre de large. À leur aisselle, on voit souvent des touffes de feuilles plus petites, portées par un rameau trés court. Les fleurs sont ordinairement groupées par deux côte à cóte à l'aisselle des feuilles, formant une ombelle biflore sessile : çà et là on en trouve aussi de solitaires. Le pédicelle, long de plus de 10 millimètres, porte sous la fleur une bractée assez large e! engainante. Le calice, jaune rouge, est gamosépale à six divisions; les anthéres sont étroites et basifixes. L'ovaire, dépourvu de sclérites, a une cupule lignifiée profonde en forme de doigt de gant, et se prolonge au-dessus du départ du calice en formant, sous la base du style, un renflement qui persiste aprés la chute de ce dernier. Au niveau dela base de la cupule, il y à six gros faisceaux externes pour les sépales staminifères et SIX petits alternes sur un cercle plus intérieur pour les carpelles ; deux de ceux-ci s'arrêtent bientôt et le parenchyme central bs creuse en face des quatre autres d'autant de logettes, oblitérées par l'épiderme amylacé, qui se continuent dans la partie libre de l'ovaire jusqu'à la base du style, où elles confluent dans le canal Stylaire. m Tate, Proceedings of the Roy. Soc. of South-Australia, Vl, p. 109, VAN TIEGHEM. — TROIS GENRES NOUVEAUX DE LOnANTHACÉES. 603 Tous ces caractères prouvent que cette plante est une Élytran- thée de la sous-tribu des Macrosolénées et, comme l'inflorescence y est la méme que dans l'espéce précédente, elle doit faire partie du méme genre : ce sera donc le Lysiana Murrayi (Tate). Elle diffère surtout du L. Casuarinæ par ses feuilles plates et non cylindriques, isolées et non opposées, ainsi que par son ombelle biflore sessile et non pédicellée. Le Loranthus Exocarpi Behr se rattache encore au méme genre. En effet, les fleurs y sont disposées à l'aisselle des feuilles en ombelles simples pédicellées, ordinairement biflores, et le calice y est gamosépale à six divisions. L'ovaire, dépourvu de sclérites, muni d'une cupule en doigt de gant, se prolonge au-dessus du départ du calice en formant un renflement sous la base du style. Àu niveau de la cupule, il y a six faisceaux pour le calice stami- nifère et six plus petits alternes, dont deux avortent, pour le pistil. Plus haut, se forment, vis-à-vis des quatre faisceaux carpellaires, autant de logettes oblitérées par un épiderme amylacé, qui se prolongent dans le renflement supérieur et confluent dans le canal stylaire. Par cet ensemble de caractères, on voit que la plante est une Macrosolénée et qu’elle appartient au genre Lysiana : ce sera le Lysiana Exocarpi (Behr). Enfin, il est très probable que le L. linearifolius Hooker fil., récolté par Mitchell au Queensland, en 1846, sur les Acacia, est une quatrième espèce du méme genre, ressemblant au L. Casua- ring par ses feuilles cylindriques. L'inflorescence en ombelle simple biflore, le type hexamère de la fleur et sa gamosépalie, semblent du moins le faire supposer, en attendant qu’on puisse s'en assurer par la structure pluriloculaire de l'ovaire. Ce serait alors le L. linearifolia (Hooker fil.). Ainsi caractérisé et composé pour l'instant de ces quatre espèces, deux à feuilles cylindriques (L. Casuarinæ, Li linearifolia), deux à feuilles plates, mais étroites (L. Murrayi, L. Exocarpi), le genre australien Lysiana se montre le plus simple de tous ceux qui composent, dans la tribu des Élytranthées, la sous-tribu des ‘Macrosolénées. A côté de lui prend place le genre Lepostegeres, qui n'a aussi qu'une bractée sous chaque fleur. 604 SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE 1894. 3. Sur le genre nouveau ALEPIS. C'est encore à la tribu des Élytranthées et à la sous-tribu des Macrosolénées, puisque le calice y est gamosépale et les anthères basifixes, que se rattache le genre nouveau qui fait l'objet de la troisième partie de cette Note. | — M. Berggren a rapporté de la Nouvelle-Zélande (ile australe), en 1874, des échantillons de Loranthus flavidus Hooker fil., ré- coltés sur le Fagus Solandri dans les montagnes au bord du : fleuve Bealey. J'ai pu en faire l'étude dans l'herbier Boissier et je me suis convaincu que cette plante n'est pas un Loranthus, ni méme une Loranthée, mais doit être classée parmi les Élytranthées de la sous-tribu des Macrosolénées, où elle vient constituer, à côté des Lysiana, un genre nouveau. Les feuilles, opposées aux nœuds qui sont renflés au-dessus d’elles en deux bosses saillantes, sont très brièvement pétiolées, ovales, mesurant 48 à 20 millimètres de long sur 10 millimètres de large, rouge brun, sans nervures visibles. Les fleurs sont dis- posées en une grappe axillaire simple, dont l’axe, assez gros, porte cinq à six paires espacées de pédicelles opposés, épais et mesurant 2 millimètres de long. Il n'y a pas trace de bractée, ni sous chaque pédicelle naturellement, ni sous chaque ovaire : c'est là un pre- mier caractère remarquable, d’où l'on tire pour le genre le nom d'Alepis (1). Cette absence de bractée sous l'ovaire provient-elle d'un avortement complet, ou d'une précoce caducité? C'est ce que l'état des échantillons ne m'a pas permis de décider. Le calice est jaune, gamosépale, tétramére. L'ovaire, dépourvu de sclérites, est muni d'une cupule lignifice, profonde, en forme de doigt de gant; il se prolonge, au-dessus du départ du calice, en une portion renflée surmontée par le style et persistant apre sa chute. Au niveau de la base de la cupule, il y a quatre faisceaux externes pour le calice staminifère et quatre plus petits internes, alternes avec les premiers, pour le pistil. Vis-à-vis de chacun de ceux-ci, le parenchyme se creuse d'une logette, bientót oblitérce par l'épiderme amylacé, et ces quatre logettes, avec les quatre pue ceaux correspondants, se prolongent dans le renflement supérieur (1) De a privatif et eriç, écaille. VAN TIEGHEM. — TROIS GENRES NOUVEAUX DE LORANTHACÉES. 605 jusqu'à la base du style, où elles confluent dans le canal stylaire. Il n'y a donc pas ici d'avortement partiel dans le pistil, comme chez les Lysiana. Ces caractères sont précisément ceux des Élytranthées du groupe des Macrosolénées. Mais la plante diffère de toutes les Élytranthées, notamment des Macrosolen, qui ont aussi les fleurs en grappe simple, par l'absence totale de bractée sous l'ovaire, ainsi que par la tétramérie de la fleur. Elle devient ainsi le type d'un genre nouveau : ce sera l'Alepis flavida (Hooker fil.). M. Colenso a récolté à la Nouvelle-Zélande, dans le bois de Norsewood, comté de Waipawa, en 1884, parasite aussi sur le Fagus Solandri, une Loranthacée qu'il a nommée Loranthus poly- chrous. Par tous ses caractéres, notamment par son inflorescence en grappe dressée, à pédoncule épais et quadrangulaire, à pédi- celles décussés, entiérement dépourvus de bractée sous la fleur, par son calice gamosépale tétramére, etc., cette plante se montre trés voisine de l'Alepis flavida et se rattache très probablement au méme genre. L'étude de la structure de l’ovaire, quand elle pourra étre faite, en fournira la preuve définitive. Ce sera l'Alepis poly- chroa (Colenso). Ainsi caractérisé, avec les deux espéces qui le composent pour le moment, le genre néo-zélandais Alepis prendra place, dans le groupe des Macrosolénées, à cóté des Lepostegeres et des Lysiana, dont il différe par l'inflorescence en grappe, par l'absence de brac- tée sous-florale et par la tétramérie de la fleur. M. Gagnepain fait àla Société la communication suivante : NOUVELLES NOTES TÉRATOLOGIQUES; par M. GAGNEPAIN. La fasciation parait assez fréquente sur le Fréne. Une branche seule sur tout un arbre présente ordinairement cette monstruosité, et l'insertion latérale ou sommitale ne peut intervenir d'une façon certaine dans la cause de cette déformation, puisqu'on trouve dans les branches fasciées des exemples de l'une et l'autre insertion. Qui n'a remarqué aussi avec quelle fréquence le Cichorium Intybus L. est comprimé sur toute l'étendue de sa tige et méme de ses rameaux? Dans les sols pierreux, l'exception parait étre la règle. Tout récemment encore le pédoncule d'un Taraxacum 606 SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE 1894. officinale des environs de Cercy, cueilli dans un maigre terrain calcaire, était large de 15 millimètres et à peine épais de 1 milli- mètre et comprimé de la base au capitule, qui atteignait lui-même une largeur extraordinaire. Enfin une tige d'Asparagus officinalis qu'on cultive dans le jardin de l'école, s'est reproduite invariable- ment plusieurs années avec une fasciation trés compléte. Parmi plusieurs cas de fasciation du Fréne, nous ne citerons que le suivant qui nous parait le plus remarquable. 4° FRAXINUS EXCELSIOR L.— A Cercy, au confluent de la Canne, sur un individu vigoureux, à 3 millimétres de hauteur environ, croissait horizontalement une branche de deux ans qui a aequis une longueur totale de 60 centimétres étant développée et de 40 centimétres en ligne droite. Sa base, à section elliptique régu- liére, a 2 centimétres de grand axe et 1 de petit ; à 25 centimétres de là, la section transversale s'amincit à une de ses extrémités, de sorte que la branche offre grossièrement la forme d'une lame de rasoir ayant 25 millimètres de large, sur 8 et 3 d'épaisseur avec des côtes longitudinales bien accusées. La branche s'infléchit pro- gressivement vers la droite, fait un coude arrondi vers la gauche et s'éléve ensuite sous un angle de 75° avec l'horizontale, de telle sorte que l'extrémité constitue une surface hélicoidale d'à peu prés un tour de spire et mesurant 19 centimétres dans sa plus grande largeur. Première pousse.— La branche a crû sur une longueur de 45 cen- limètres la première année jusqu'au coude qui accuse nettement l'hélice; en ce point, la branche est un ruban avec des cótes plus nombreuses et plus accusées qui se terminent toutes par un ramus- cule ou un bourgeon latent. Enfin l'extrémité de la première pousse porte une vingtaine d'yeux avortés et contigus qui se sont formés à l'aisselle de feuilles ou d'écailles foliacées sur la forme et la na- ture desquelles il est difficile de se prononcer, car elles ont disparu et ne laissent comme trace qu'une cicatricule. Deuxième pousse. — Elle n'a que 15 centimètres de longueur environ; la fasciation est aussi prononcée que possible, car le ruban hélicoidal mesure 6 centimètres de largeur;avec toujours la présence des cótes longitudinales aboutissantà un bourgeon latent. Ces convexités ne sont autre chose que les contreforts aisselliers des bourgeons ou des rameaux, contreforts toujours trés pronon- GAGNEPAIN. — NOUVELLES NOTES TÉRATOLOGIQUES. 607 cés dans le Frêne et qui offrent ici une longueur démesurée en raison de l'extréme fasciation. La branche finit par une frange d'yeux contigus et avortés au nombre de cinquante environ. Phyllotaxie. — Dans la branche normale d'un Frêne, les yeux sont opposés deux à deux; ici pas de symétrie dans la disposition des yeux et par conséquent des feuilles, qui ont poussé sans ordre et sans souci de la phyllotaxie. Enfin quelques ramuscules, s'étant développés pendant la deuxième année sur la pousse de la pre- miére, offrent cette particularité remarquable qu'ils s'éloignent perpendiculairement de la surface qui les porte. Comme on pour- rait s’y attendre, ceux qui sont nés à la partie inférieure devraient remonter pour trouver la verticale ascendante, ce qui est le propre de la végétation épigée; non seulement il n'en est rien, mais encore les rameaux qui naissent à la face inférieure ne sont pas sensiblement plus courts que ceux de la face opposée. D'autres différences qu'on s'attendrait à trouver n'existent pas, et les uns et les autres ont des yeux opposés comme dans leurs homologues normaux. D'autres ramuscules naissant exactement sur les tran- chants de la branche optent pour l'une ou l'autre direction : Le premier vers la base de la branche en haut; Le deuxiéme — en bas; Le troisiéme — en haut ; Le quatrième (avorté) — en haut; Le cinquiéme — en bas. Multiplication anormale des yeux. — L'examen comparatif de plusieurs branches d'égale longueur et de force ordinaire ne nous à donné qu'une moyenne de douze yeux par année; or, sur celle qui nous occupe, il y en a cinquante environ sur la première pousse et plus de cent dans la deuxiéme. Avortement d'yeux. — A la base de la pousse de la deuxième année se trouvent un grand nombre de cicatricules en accent cir- conflexe retourné. Plusieurs de ces cicatricules, produites par la chute des feuilles, ne sont voisines d'aucun œil visible, méme à la loupe. C'est un cas qui se montre trés rarement dans les branches nor- males et qui doit étre une conséquence immédiate de la multipli- cation des yeux. 608 SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE 1894. Atrophie partielle de la branche. — La partie gauche très amincie est desséchée à l'intérieur de l'hélice; soit que, contournée ainsi, la branche était gènée par son propre voisinage ou soit que la séve a toujours manifesté une tendance à se diriger vers la droite, c'est-à-dire vers l'intérieur. En résumé cette branche avec la fasciation offre encore : 4° Anomalie de direction par elle-même ; 2 Anomalie de direction par ses ramuscules ; 3° Asymétrie complète des veux ; 4 Multiplication extrême de ces organes ; 5° Leur avortement partiel, ce qui produit le cas remarquable de feuilles n'ayant pas d'yeux à leur aisselle; 6° Atrophie partielle de l'aréte gauche ou interne. 2° RANUNCULUS PHILONOTIS var. HIRSUTUS. — Cueillie près du pont de Chaumigny, commune de Saint-Gratien-Savigny (Nièvre), la tige de cet individu, haute de 40 centimétres environ, est aplanie un peu torse; elle a 2 centimétres dans sa plus grande largeur. Sa direction est verticale avec déviation au tiers supérieur qui est faleiforme. Trés striée longitudinalement, elle se termine par une seule téte qui montre trés bien, par des vestiges de pétales, que la fleur a dà être monstrueuse. A 45 centimètres du sommet se montre une touffe de feuilles caulinaires à segments linéaires lancéolés; chaque feuille porte à son aisselle élargie un long rameau dont l'ensemble dépasse le sommet de la tige principale. Au-dessus, à 5 centimètres de la touffe, quelques autres feuilles prennent naissance, trés semblables aux premières, mais plus petites à me- sure qu'elles se rapprochent du capitule qui en porte une petite à sa base. .Les neuf rameaux, et par conséquent les feuilles de leurs bases, sont irrégulièrement disposés, isolés ou géminés ; ils ne présentent aucun cas de fasciation bien tranché et portent des tétes norma- lement constituées oü presque tous les akénes sont bien déve- loppés. Le capitule terminal de la tige principale est creusé à sa partie centrale qui porte des vestiges de pétales surnuméraires; les akènes, au nombre de plus de cent, disposés en couronne, sont tous avortés, sauf un seul. Le calice et la corolle ont dà être formes GAGNEPAIN. — NOUVELLES NOTES TÉRATOLOGIQUES. 609 d'un nombre considérable de parties, car le capitule est 4-5 fois plus gros que dans une plante normale. Conclusion. — Tout indique ici que nous avons affaire à une fasciation par soudure. En effet, dans le type de cette variété, il y a toujours 2-6 tiges, quelquefois plus, naissant dés la base, et icinous n'enavons qu'une seule grosse, fistuleuse, à cótes, qui semblent indiquer la soudure. Dans le type, les feuilles sont espacées sur chaque tige et fixées ordinairement aux dichotomies ; ici, les feuilles sont disposées en touffes et sans ordre comme il résulterait en rapprochant les di- chotomies du type, ce qui mettrait les feuilles à diverses hauteurs assez voisines les unes des auíres. Dans le type, les capitules présentent rarement plus de vingt akènes ; ici, il y en a plus de cent, et la fleur terminale porte des parties foliacées ou pétaloides comme en porterait un groupe de fleurs qu'on aurait rapprochées. Ce fait que la plante était poudrée par les végétations d'une Pé- ronosporée (peut-être Peronospora Ficaric Tul.) ne prouve certai- nement pas la cause de la fasciation. 3 Nous ne citerons que pour mémoire un commencement de fasciation par soudure remarqué sur Viola segetalis Jord. Le pé- doncule de la fleur inférieure était soudé sur plusieurs centimétres de long, presque jusqu'au niveau des bractées placées sur la cour- bure, de telle sorte que la fleur immédiatement supérieure semblait inférieure à première vue. Dans toute l'étendue de la soudure, la tige, plus large, présentait un léger sillon qui différenciait parfai- tement d'avec la tige le pédoncule de la fleur en question. 4^ En septembre, nous avons récolté dans la prairie du Mazou, à Forét, commune de Chasnay (Niévre), un Bellis perennis dont le capitule mutilé par le pied ou la dent du bétail était réduit à quelques fleurons ou demi-fleurons ; un fleure au centre avait un pédoncule de quelques millimétres qui portait un anthode à plusieurs fleurs bien constituées. Ce cas de prolifération par mutilation est une transition natu- relle pour arriver au cas suivant de prolifération par exposition. 5° CIRSIUM ARVENSE Scop. — A Usseau, commune de Parigny- T. XLI. (SÉANCES) 39 610 SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE 1894. les-Vaux, dans une petite marniére en forme de fer à cheval creusée dans la pente de la hauteur de Mimont, se trouva;ent, en septembre 1894, une vingtaine d'individus de ce Cirse; ils étaient exposés de facon que la plupart ne recevaient les rayons du soleil que très obliquement; quelques-uns, protégés par la paroi verti- cale et sud de l'excavation, ne voyaient la lumière que trés tard et au moment où déjà les rayons étaient très affaiblis. Les seuls individus placés ainsi à l'ombre presque tout le jour offraient tous la prolifération sur le plus grand nombre de leurs capitules. Une sommité que nous décrivons sur le vif porte six anthodes. L'inférieur, semi-globuleux, a 20 petits capitules trés serrés insérés sur le disque subligneux ; des écailles entourent chacun d'eux. Les quatre anthodes immédiatement supérieurs s'allongent; les petits capitules ont des pédoncules qui varient entre 4 et 9 mil- limétres de haut, un peu laineux et munis vers la partie moyenne d'écailles épineuses au sommet. L'anthode supérieur a 30 miilimétres de long; les capitules ont des pédoncules très laineux, filiformes, variant entre 7 et 20 milli- métres de haut. Les plus courts de ces pédoncules sont munis de capitules réduits à un involucre de bractées filiformes et spines- centes; les autresont, à leur milieu ou un peu au-dessus, un invo- lucre semblable qui a l'apparence de bractéoles verticillées, et l'axe se prolonge encore quelques millimétres pour porter les capitules -qui ont 3 millimètres de large et 4 de haut en moyenne. Comme on peut s'y attendre, aucun fleuron n'est fertile et les organes sexuels sont remplacés par des paillettes où l'on ne distingue ni étamines, ni corolles, méme rudimentaires. Il nous semble que, dans cet anthode supérieur, il y a double prolifération; car les verticilles de bractées à la partie moyenne des longs pédoncules ne sont autre chose que des capitules portant eux-mémes les capitules supérieurs. Ce fait s'explique du reste par l'ascension de la séve qui se porte toujours de préférence au* parties supérieures, et c'est une conséquence logique de ce que nous avons observé sur l'anthode inférieur de cette sommité, la prolifération de ce dernier étant plutót indiquée que compléte. Selon nous, il n'est guére permis de douter ici de l'influence qu'a exercée l'ombre sur cette monstruosité; la disposition, la forme de la marniére, l'exception faite par les individus mieux exposés, plaident en faveur de notre conclusion. GAGNEPAIN. — NOUVELLES NOTES TÉRATOLOGIQUES. 611 6° LONICERA PERICLYMENUM L. — Cueilli au village Gaudry, près _Cercy, sur le côté de la route des Bresillats exposé au nord, et croissant au bas du talus (2 août 1894). Fleurs en capitules terminaux trés compacts, virescents. Pédon- cules de 4-5 millimètres de long, recourbés, peu glanduleux ; calice à cinq dents trés courtes, à tube glanduleux n'ayant pas 2 milli- mètres de haut et autant de large. Tube de la corolle ayant 2 millimétres de large à la base et 4 millimètres de haut, couleur verdâtre ou jaune verdâtre; corolle à deux lévres, la supérieure quadrilobée, l'inférieure unilobée, vertes au sommet, de 1 centimétre de large et 5 millimétres de haut non compris le tube. Étamines à filets velus, renflés au-dessous de l'anthére, jau- nâtres ; anthères stériles tachées de noir sur toute l'étendue de la commissure des lobes; 5 millimètres de haut, dont 2 millimètres pour l'anthére. Style caché au fond du tube, très vert et trés glanduleux : haut de 4 millimétres, bifide sur la moitié supérieure, une des parties plus minces, ordinairement celle qui est opposée à la lévre supé- rieure de la corolle; ovaire paraissant toujours stérile. Dans bien des fleurs les étamines sont converties en feuilles vertes; les deux stigmates le sont eux-mémes, ce qui a l'apparence d'un calice anormal. Sur les tubes des corolles des pucerons aptères à différents états, des dépouilles peu nombreuses de ces insectes desséchés. Sur d'autres capitules ayant subi cette déformation accompagnée de virescence, il n'y a pas traces de pucerons et sans doute il faut rejeter l'idée que ces insectes ont été la cause du phénoméne. Deux corollaires découlent de la description précédente : 1° L'allongement du pédoncule est en relation directe et constante avec la phyllomorphie de la corolle et des organes générateurs. 2 Les fleurs centrales des glomérules supérieurs conservent plus facilement la coloration naturelle; les inférieures ou latérales atteignent la coloration des feuilles. Il ne faudrait sans doute pas penser que l'ombre est la cause exclusive de cette monstruosité, car l'extrémité de la branche se trouvait au-dessous des racines par la disposition du talus et la faiblesse de la tige. 612 SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE 1894. DEUXIÈME NOTE SUR LA FLORE MARITIME DU DÉPARTEMENT DE LA MANCHE; par M. L. GÉNEAU DE LAMARLIERE. Dans une Note précédente (1), j'ai essayé de montrer dans un tableau succinct l'aspect de la flore maritime aux environs du petit village de Quinéville (Manche). Des quelques observations que j'ai pu faire dans cette localité assez restreinte, il ressortait clairement que la végétation des dunes et de la zone maritime pro- prement dite différait peu de celle que présentent les stations de méme nature dans le nord de la France. Aujourd'hui je me propose de jeter un coup d'œil sur un certain nombre d'autres localités du littoral oriental du département de la Manche. SAINT-VAAST-LA-HOUGUE. Plusieurs excursions faites en septembre 1893 et 1894, en com- pagnie de M. le D" Chéron, m'ont permis de prendre une idée assez exacte de la végétation maritime de cette localité. Aux environs immédiats de Saint-Vaast, il n'y a pas de dunes. Au sud comme au nord de la ville, jusqu'à l'embouchure de la Saire, l'influence du sel marin et du climat maritime parait ne se faire sentir que jusqu'à une assez faible distance du bord de la mer. La bande de terrain contenant les plantes caractéristiques du littoral dépasse rarement 100 mètres, et bien souvent elle n'atteint pas cette largeur. Ce fait s'explique en partie par la présence de digues artificielles en maçonnerie, derrière lesquelles les prairies ou les cultures commencent immédiatement. I. — En suivant la cóte de Morsalines à Saint-Vaast, j'ai pu con- stater que la végétation était identique à celle que j'ai décrite pour le littoral de Quinéville. Je n'ajouterai à cette description que le nom de quelques Champignons des plus communs observés au hasard d'une marche forcée; ce sont : Pleurotus Eryngü, AC.; Hygrophorus conicus, C. ; Entoloma Speculum, AC. ; Eccilia par- kensis, R. ; Galera tenera var. ovalis, AR. (1) Voy. plus haut, p. 133, GÉNEAU DE LAMARLIERE. — FLORE MARITIME DE LA MANCHE. 613 J'ai observé également le Claviceps purpurea sur Lolium pe- renne, Agropyrum junceum, Psamma arenaria, et Festuca oraria Dumort., le Coleosporium Euphrasiæ sur l'Euphrasia officina- lis, le C. Senecionis sur le Senecio vulgaris, et les Phragmidium violaceum et Rubi sur quelques Ronces. II. — La mer au nord de Saint-Vaast est contenue par une belle digue qui se prolonge jusqu'à l'embouchure de la Saire. Au pied de la digue et sur la face tournée du cóté de la mer, la végétation est presque toujours nulle. Sur le glacis qui la couronne et surtout sur la pente qui fait face à la terre, on voit se développer la végé- tation maritime. Mais il faut noter qu'elle présente un mélange des espéces de toutes les zones. Ainsi on voit cóte à cóte les espéces des dunes: Psamma arenaria, Agropyrum pycnanthum, Festuca oraria, Agropyrum junceum, A. pungens, Eryngium maritimum; les espèces des falaises et des rochers, comme Crithmum mariti- inum (très abondant) et Armeria maritima ; les espèces de la zone de bordure des hautes mers, comme Beta maritima, Atriplex fari- nosa, Obione portulacoides, Cakile maritima (très rare); les espèces des vases marines, comme Spergularia marina, Glaux maritima, Suæda fruticosa, Plantago maritima, Triglochin mari- timum, Glyceria conferta, et les espèces qui paraissent attirées sur le littoral par la douceur du climat, comme Juncus maritimus, Bupleurum tenuissimum et Scleropoa rigida. Il faut de plus ajouter bon nombre de plantes venues de l'in- térieur des terres, qui se mélent aux précédentes, ce sont généra- lement des plantes vulgaires : Papaver Rhœas, Sinapis arvensis, Senebiera Coronopus, Cerastium vulgatum, Medicago maculata, M. Lupulina, M. denticulata, Trifolium fragiferum, T. repens, Senecio vulgaris, Gnaphalium uliginosum, Sonchus oleraceus, Erythræa pulchella, Chenopodium album, Atriplex hastata, Polygonum aviculare, Carex muricata, Dactylis glomerata, Lolium perenne, Bromus sterilis, Hordeum murinum. En approchant de l'embouchure de la Saire, la végétation de la digue se modifie quelque peu; car, à cet endroit, elle est entiére- ment gazonnée. On y voit,en plus des espéces précédentes : Tri- folium campestre, Torilis nodosa, Orobanche amethystina, Salsola Kali, Hordeum maritimum, Lepturus filiformis, Phleum arena- rium. 614 SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE 1894. III. — Deux localités principales aux environs de Saint-Vaast peuvent se rattacher d'une facon trés nette à la zone des vases ma- rines: la première est située au fond du port de Saint-Vaast, le long de la digue qui réunit la ville à l'ile de la Hougue; la seconde est à l'embouchure de la Saire. Dans la première de ces localités, on peut voir un tapis continu formé de Spergularia marina, Aster Tripolium, Statice Limonium, Armeria maritima, Plantago ma- ritima, Suæda maritima, Suæda fruticosa, Salicornia herbacea, Obione portulacoides, Triglochin maritimum et Spartina stricla. A part la présence du Suæda fruticosa et du Spartina stricta, la végétation présente absolument le même aspect que sur les côtes du nord de la France. La digue qui borde cette localité porte Cochlearia anglica el C. danica,Tamarix anglica, Eryngium maritimum, E. campestre, Matricaria maritima, Orobanche amethystea, Plantago Coro- nopus, Beta maritima, Atriplex farinosa, A. hastata (variétés diverses), Glyceria conferta, divers Agropyrum, Hordeum mari- timum, c'est-à-dire une flore assez mélangée. IV. — À l'embouchure de la Saire, les vases marines sont bor- dées de sables qui indiquent un commencement de dunes, on y voit alors en abondance : Euphorbia Paralias, Convolvulus Sol- danella, Beta maritima, Glaucium flavum, Psamma arenaria, Lepturus filiformis, Agropyrum pycnanthum. Dans les vases se trouvent les espèces ordinaires de cette station : Aster Tripolium, Glaux maritima, Plantago maritima, Obione portulacoides, Salicornia herbacea, Triglochin maritimum, Juncus maritimus, Scirpus maritimus, Carex extensa, Agrostis maritima. En résumé, la flore maritime aux environs de Saint-Vaast pré- sente les mêmes espèces que dans le nord de la France — quelques-unes en plus cependant), mais leur mode de répartition n'est pas en général aussi net que dans cette dernière région. BARFLEUR ET GATTEVILLE. La côte, à Barfleur et à Gatteville, est formée de rochers gra- nitiques; son élévation est toujours trés faible, les découpures du rivage et les anses sont nombreuses. Cà et là de petites dépres- GÉNEAU DE LAMARLIÈRE. — FLORE MARITIME DE LA MANCHE. 615 sions marécageuses, en arriére du rivage, peuvent se rapporter comme végétation aux vases marines. Depuis Barfleur (en passant derrière la batterie du Vieux-Fort) jusqu'à l'embouchure du petit ruisseau du Port-au-Févre, la mer est bordée d'une digue bien entretenue, qui bannit presque com- plétement toute végétation maritime. Cependant, cà et là, on voit d'assez nombreux pieds des Atriplex communs à ces localités salées. Je citerai de plus la présence, à proximité du Vieux-Fort, du Lavatera arborea en quelques individus et, un peu plus dans l'intérieur des terres, de l'Artemisia Absinthium très bien déve- loppé et attaqué par une Urédinée, le Puccinia Tanaceti. Un peu avant d'atteindre le ruisseau du Port-au-Févre, la cóte prend cet aspect tourmenté qui caractérise si bien le Raz de Dar- fleur. Dans cet endroit que l’on peut assimiler aux falaises, la flore maritime est trés pauvre. En effet, le granit est à nu, et ce n'est que dans les intervalles des rochers ou les fentes des pierres que la présence d'un peu de terre végétale permet à une maigre végé- tation de s'installer. Cependant, un peu en arriére des rochers, du cóté du continent, on voit se former quelques localités séches, à sol sableux ou graveleux, provenant de la décomposition des roches voisines, où la flore devient un peu plus riche. Cet ensemble, que l'on peut comparer en partie aux falaises, en partie à la zone de bordure des hautes marées, présente mélangées les espèces carac- téristiques des deux sortes de stations. D'une part, en effet, l'on voit: Armeria maritima et pubescens, Silene maritima, Crith- mum maritimum; d'autre part : Glaucium flavum, Cakile mari- tima, Honkeneja peploides, Eryngium maritimum, Convolvulus Soldanella, Atriplex farinosa, Salsola Kali, Beta maritima, Poly- gonum maritimum, Psamma arenaria, divers Agropyrum, Hor- deum maritimum, Glyceria distans. On voit même des espèces communes dans les localités vaseuses ou humides se mêler aux pré- cédentes : Spergularia marina, Juncus maritimus. Pêle-mêle avec les représentants de la flore maritime, on voit plusieurs espèces du continent : Sedum acre, Sedum anglicum, Erodium moschatum, une forme maritime du Trifolium pratense et le T. striatum, Torilis nodosa, Sonchus oleraceus, Senecio vul- garis, Helminthia echioides, Carduus tenuiflorus, Solanum nigrum, Polygonum Fagopyrum, Plantago major. Quelques dépressions humides situées en arrière des rochers 616 SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE 1894. montrent une flore des vases assez caractérisée, au moins dans les parties qui ont été inondées : Aster Tripolium, Glaux maritima, Plantago maritima, Suæda maritima, Salicornia herbacea, Tri- glochin maritimum, Glyceria maritima, Scirpus maritimus, Agrostis maritima, auxquelles il faut ajouter : Œnanthe Lache- nalii, Samolus Valerandi, Erythræa pulchella, Juncus bufonius, Sagina nodosa, Polypogon monspeliensis. Sur les talus qui bordent ces dépressions, on peut remarquer : Sedum anglicum, Trifolium fragiferum, Euphrasia officinalis, Eufragia viscosa, Orobanche amethystea, Scilla autumnalis, Spi- ranthes autumnalis. Les localités que je viens de passer en revue sont situées au nord de Barfleur et au sud-est de Gatteville ; au nord-est de ce dernier village se présente une autre localité bien intéressante : c'est celle de Gattemare. En ce point, les rochers de granit qui bordent la mer au Raz de Barfleur ont fait place à une digue naturelle qui est formée de débris granitiques de grosseurs diverses, mais qui tiennent géné- ralement le milieu entre le grain de sable grossier et les galets. Le tapis végétal est trés maigre, mais en revanche la flore y est assez riche. On y trouve en effet communément : Euphorbia Paralias, Glaucium flavum, Crambe maritima, Eryngium maritimum, Convolvulus Soldanella ; puis, un peu plus rares : Silene mart- tima, Honkeneja peploides, Diotis candidissima, Crithmum maritimum, Beta maritima, et divers Agropyrum. Sur la face de la digue tournée vers le continent, le sable est beaucoup plus fin; les Graminées y deviennent assez abondantes, mais là do- minent surtout les Eryngium maritimum et Jasione montana. On y voit également, sur certains points, Corrigiola littoralis, Matricaria maritima, Linaria arenaria, Glaux maritima, Ar- meria mariiima, Cynodon Dactylon, Peltigera canina et Cladoma furcata. La flore de cette digue participe donc de celle des dunes et de celle des bancs de galets proprement dits; ce qui s'explique par l'état physique du sol, qui est lui-même intermédiaire entre ces deux sortes de stations. En arrière de la digue s'étend la lagune qui porte, à proprement parler, le nom de Gattemare. J'en ai parcouru les bords, et J Y ?! vainement cherché quelques plantes qui pussent attester l'influence GÉNEAU DE LAMARLIÈRE. — FLORE MARITIME DE LA MANCHE. 617 du sel marin. Je n'y ai vu, en effet, que des plantes continentales, telles que : Nymphœa alba, Hydrocotyle vulgaris, Lythrum Salicaria, Bidens tripartita, Utricularia vulgaris, Alisma Plan- lago, A. ranunculoides, Typha lalifolia, T. angustifolia, Juncus lamprocarpus, Heleocharis palustris, Scirpus Tabernæmontani, Phragmites communis. En résumé, des observations que j'ai pu faire sur le littoral oriental du Cotentin, aussi bien aux environs de Quinéville que dans ceux de Saint-Vaast et de Barfleur, on peut tirer quelques conclusions intéressantes : 1* La flore de cette partie du littoral de la Normandie ne diffère pas bien essentiellement de celle des stations analogues que l'on rencontre sur les rivages de la région du nord de la France si bien étudiées déjà par M. Masclef. Les espéces communes sont les mêmes des deux côtés, et, s’il y a quelques différences dans les espéces rares, on peut simplement les attribuer à ce fait que le Cotentin, étant situé plus près de l'Océan, possède quelques-unes des espéces qui sont abondantes sur les rivages de ce dernier. Voici les principales de ces plantes qui manquent au nord de la France ou qui n'y ont pas encore été signalées : Sinapis incana, Spergularia rupestris, Lavatera arborea, Erodium maritimum, Trigonella ornithopodioides, Trifolium maritimum, T. suffoca- tum, Polycarpon tetraphyllum, Diotis candidissima, Linaria arenaria, Salicornia fruticosa, S. radicans, Suæda fruticosa, Juncus acutus, Spartina stricta, Polypogon monspeliensis, P. littoralis. 2 La bande où se développe la flore littorale est ordinairement fort étroite, et il n'est pas toujours possible d'y distinguer des zones véritables, On voit, dans ce cas, croître pêle-mêle des espèces qui ailleurs demandent des stations fort distinctes ; on en trouve un bel exemple à la digue de Saint-Vaast et à la pointe de Bar- fleur. M. Bureau est d'avis que la plante mentionnée dans la communication précédente sous le nom de Spergularia ma- rina serait plutót le S. media, dont la station habituelle est dans les terrains vaseux, tandis que le S. marina croit d'ordi- naire sur les rochers ou dans les sables un peu humides. 618 SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE 1894. UN POTAMOGETON STÉRILE RÉCOLTÉ DANS LE CHER (P. COMPRESSUS L.); par M. Ant. LE GRAND. Dans une herborisation récente (31 août 1894), faite en com- pagnie de M. Samuel Buchet, sur les bords de la Loire, dans le but d'explorer les nombreuses mares, fort souvent intéressantes, qui persistent au milieu des sables et des oseraies, j'ai récolté assez abondamment un Potamogeton stérile, dont le facies nous impres- sionna vivement et qui tout d'abord le plaçait à côté des aculifo- lius et obtusifolius. Malheureusement il n'avait ni fleurs ni fruits; ces derniers auraient été de nature à lever tous les doutes. Les tiges trés comprimées permettent d'éliminer de la compa- raison le P. obtusifolius. Elles sont, d'autre part, plus largement aplaties, plus foliiformes que dans l'acutifolius; leur largeur atteint constamment 3 millimétres sur le frais. Les feuilles sont extrémement remarquables par leur dévelop- pement, atteignant 16 et méme 17 centimétres de longueur sur 9 millimètres de largeur. Le développement de ces organes justifie bien le nom de zosteræfolius appliqué au P. compressus. Leur sommet est absolument arrondi, presque semi-circulaire, subite- ment terminé par un mucron trés court, parfois à peine visible, et méme nul dans les feuilles des jeunes bourgeons. Dans l'acuti- folius, les feuilles sont infiniment moins longues, n'atteignaní guére que 6 à 7 centimètres, exceptionnellement 10, leur largeur ne dépassant pas 3 millimétres; de plus le sommet des feuilles est atténué en pointe aiguë et non subitement mucroné. Cet ensemble de notes permet de conclure que notre Polamo- geton appartient au compressus L. : Nous l'avons rencontré dans une trés petite mare ombragée prés du Pezeau, commune de Boulleret. C'est une espèce rare en France; Je ne l'y vois citée que dans les départements suivants : Loiret, Loir-et-Cher, Aveyron, Isère, Haute-Saône, Jura, Meurthe, Nord. J'ajouterai, pour terminer, que le Cher s'est enrichi presque coup sur coup de deux Potamogeton nouveaux, M. Samuel Buchet ayant découvert dans l'étang de Sautrouges le P. obtusifolius M. et K.; ce qui porte à 17 le nombre des espéces de ce genre constatées à ce jour dans notre département. ÉLECTIONS. 619 M. Buchet présente à la Société diverses plantes : Potamo- geton compressus, obtusifolius et acutifolius du département du Cher; — Wolffia arrhiza Coss. et G., mare de la Loire à Sarda (Boulleret : Cher), déjà signalé dans une autre mare de la commune de Léré, en aval; — Vallisneria spiralis, largement introduit dans le canal latéral où il abonde dans toute sa partie berrichonne (les échantillons proviennent de Léré, septembre 1894, à 5 kilomètres des frontières du Loiret; il existe sans doute plus au nord) ; — Chenopodium Botrys, récolté à Léré, plante commune des sables de la Loire, dans sa partie niverno-berrichonne ; — Polycnemum verrucosum Lang., non mêlé au P. majus A. Br., champs dans le voisinage immédiat de la Loire, Léré, Boulleret. M. Malinvaud donne lecture, au nom des auteurs, de deux communications intitulées : Truffe (Domalan) de Smyrne, par M. Ad. Chatin, et Sur un Penicillium végétant dans des solu- lions concentrées de sulfate de cuivre, par M. L. Trabut (1). SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE 1894. PRÉSIDENCE DE M. GUIGNARD. M. Jeanpert, vice-secrétaire, donne lecture du procés- verbal de la séance du 14 décembre, dont la rédaction est adoptée. M. le Président annonce trois nouvelles présentations. Il est procédé, conformément à l'article 10 des Statuts, aux élections annuelles pour le renouvellement partiel du Bureau et du Conseil d'administration. Lesnominations à faire cette année sont au nombre de quatorze : le Président, les quatre vice-présidents, le secrétaire général, un secrétaire, les deux vice-secrétaires et cinq membres du Conseil. (1) Ces deux articles seront publiés dans le premier numéro du Bulletin de 1895. (Note du Secrétariat.) 620 SÉANCE DU 98 DÉCEMBRE 1894. Pour la première fois, en vertu des modifications appor- tées dans les Statuts par le décret dont lecture a été donnée à la séance précédente, les membres ne pouvant assister à la séance avaient la faculté de voter par correspondance pour toutes les élections. Après le vote des personnes présentes dont les bulletins sont jetés dans l’urne contenant déjà ceux qu’on avait reçus par correspondance, la clôture du scrutin est prononcée à huit heures et demie, puis le dépouillement des votes est opéré, sous la direction de M. le Président, par les soins des secrétaires, auxquels des confrères de bonne volonté veu- lent bien prêter leur concours. Les résultats proclamés sont les suivants : Après annulation de huit bulletins viciés par diverses causes (1), ceux qui sont comptés et valables étant au nombre de 234 (2), M. VAN TrEGHEM, premier vice-président sortant, est élu Président, pour l'année 1895, par 193 suffrages; M. Henry de Vilmorin en a obtenu 44, M. Bonnier 4, MM. Chatin et Flot chacun 4; il y avait 21 bulletins blancs. Sont ensuite élus avec les suflrages ci-après : . (1) De ces huit bulletins, deux ont été annulés parce que le votant avait écrit son nom sur la seconde enveloppe contenant son vote et que par pes on ne pouvait ouvrir, dans un scrutin secret. Les six autres annulations étaient motivées par l'absence, dans la première enveloppe, du feuillet por- tant la signature du votant, ou parce que ce feuillet n'était pas signé; on ne pouvait, dans les deux cas, admettre le vote d'une personne inconnue. D'autre part, sept lettres contenant des bulletins de vote sont parvenues au Secrétariat aprés la clóture du scrutin. Le nombre réel des votants était donc de 249. (Note du Secrétariat.) (2) Les 234 membres dont les votes ont été comptés sont : MM. Abzac de la Douze (d, Alanore, Alias, Amblard, André, Arbaumont (d), Arbost, Arnaud, Audigier, Avice, Bach, Barla, Barnsby, Barrandon, re ratte, Battandier, Bazot, Beautemps-Beaupré, Belèze (M!*), Belzung, vni relle, Billiet, Blanc, Blottière, Bobard (M'*), Bocquillon, Bois, bonafons; e Bornet (Amédée), Bornet (Édouard), Boulay, Boulet, Boullu, Bourquelo Boyer, Briard, Brochon, Buchet, Bucquoy, Bullemont (de), Bureau, Cadix, ies meil, Camus (F.), Camus (G.), Caron (E.), Caron (H.), Castanier, IE Charras, Chevallier (L.), Cintract, Clos, Coincy (de), Gomar, Constant, Copr neau, Cosson, Coste (A.), Coste (H.), Courchet, Crépin, Daguillon, Daingean Danguy, Daveau, Deflers, Degagny, Delacour, Des Méloizes, Dismier, mS ÉLECTIONS. 621 Premier vice-président : M. A. CuariN, 223 suffrages. MM. Bu- reau, Fliche, Franchet, Poisson, Rouy, Roze, H. de Vilmorin et Zeiler ont obtenu chacun 1 voix ; il y a eu 3 bulletins blancs. Vice-présidents : MM. Gustave Camus, FLICHE, GoMoNT, respec- tivement 223, 298 et 224 suffrages. Puis ont obtenu : M. F. Camus, 3 voix; M. Costantin, 3; M. Maugeret, 2; M. Boudier, 2; MM. Bon- nier, Daguillon, Drake del Castillo, Franchet, Hue, Jumelle, de Layens, Morot, chacun 1 voix. On a compté 9 bulletins blanes. Secrétaire général : M. MariNvAUD, 231 suffrages. MM. Camus, Masclef et Rouy, chacun 1 voix. : Secrélaire : M. JEANPERT, 227 suffrages. M. Mesnard a eu 3 voix; MM. Danguy, Gain, Hua, chacun 1 voix. 1 bulletin blanc, Vice-secrétaires : MM. Guérin et Hua, 228 et 208 suffrages. MM. Gain, Jeanpert et Landel, chacun 1 voix; 29 bulletins blancs. Membres du Conseil : MM. GuiGnarD, BUREAU, F. Camus, MAUGERET et ZEILLER, ont eu respectivement 229, 219, 225, 220 et 223 suffrages. Puis M. Bonnier, 4; M. Poisson, 2; M. Van Tieghem, 2; MM. Bescherelle, Bocquillon, Bonnet, G. Gamus, 7o Chatin, Cintract, Costantin, Daguillon, Drake del Castillo, Flahault, Flot, Gauchery, Gautier, Géneau de Lamarlière, Hy, Mangin, Adanson, Douteau, Drude, Du Colombier, Duffort, Duffour, Dupuis, Dupuy, Durand (Eug.), Duroux, Dussaud, Duval, Duvergier de Hauranne, Emery, Estève (vicomte), Fischer, Flahault, Fliche, Fortier (M!'*), Franchet, Gadeau de Kerville, Gadeceau, Gagnepain, Gain, Galavielle, Gallé, Gandoger, Gar- route, Gautier (G.), Gave, Gay, Géneau de Lamarliere, Genty, Gérard (A.), Gérard (R.), Gillot, Giordano, Giraudias, Godet, Godfrin, Gomont, Gonod d'Artemare, Gonse, Gontier, Grand'Eury, Granel, Guédon, Guérin, Guiard, Guignard, Guillon, Guinier, Hannezo, Hariot, Harmand, Heckel, Hérail, Héribaud (frére), Hervier, Hollande, Hua, Huber, Hue, Hy, Ivolas, Izambert, Jadin, Jeanpert, Jousset, Klincksieck, Kuntze, Lachmann, Lamie, Lechevallier (Mme), Lecœur, Lecomte, Le Grand, Legré, Legrelle, Legué, Lemaire, Le- moine, Le Monnier, Léveillé, Lignier, Lindau, Lombard-Dumas, Magnin, Malinvaud, Malo, Mandon, Mangin, Martin (E.), Martin (J. de), Maugeret, Maugin, Mège, Ménager, Ménier, Mer, Monod, Morot, Motelay (L.), Motelay (P.), Mouillefarine, Mouret, Nanteuil (de), Niel, Olivier (E.), Orzeszko, Oza- non, Paris, Parisot, Pascaud, Péchoutre, Pellat, Peltereau, Pénicaud, Perrot, Petit, Piquot, Planchon (G.), Planchon (L.), Poisson, Poli (de), Pons, Pril- lieux, Radais, Ramond, Ravaz, Réchin, Renard, Respaud, Reynès, Rodriguez, Rolland, Rouy, Roze, Saccardo, Sahut, Saint-Lager, Sambuc, Sargnon, Sau- Mvageau, Schœnefeld ("° de), Séjourné, Seynes (de), Soulié, Thériot, Théry, Trabut, Vendryès, Vesque, Viala, Viallanes, Vidal (Gabr.), Vidal (Gustave), Vilmorin (Henry de), Vilmorin (Maurice de), Vuillemin, Wignicr, Zeiller. 622 SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE 1894. Matruchot, Mer, Molliard, Prillieux, Rouy, Roze, Seignette, de Seynes, Viala, chacun 1 voix. Il y avait 23 bulletins blancs. M. le Président proclame les élus. Par suite de ce renou- vellement partiel, le Bureau et le Conseil d'administration de la Société seront composés en 1895 de la manière suivante : Président. M: VAN TIEGHEMX- Vice - présidents. MM. A. Chatin, - MM. Fliche, Gustave Camus, | Gomont. Secrétaire général. M. Malinvaud. Vice-secrétaires. MM. Guérin, Hua. | Secrélaires. MM. P. Danguy. Ed. Jeanpert. Trésorier. | Archiviste. M. Delacour. M. Éd. Bornet. Membres du Conseil. MM. Edm. Bonnet, MM. Léon Guignard, Bureau, Matruchot, Fernand Camus, Maugeret, Chevallier (abbé L.), Prillieux, Daguillon, Russell, Drake del Castillo, R. Zeiller. Avant de se séparer, l'assemblée, sur la proposition de .M. Malinvaud, vote, par de chaleureux applaudissements, des remerciements unanimes à M. Guignard, Président sor- .tant. 1 NOUVELLES. 623 NOUVELLES (25 février 1895). — M. le professeur V. Pringsheim est décédé à Berlin, le 6 octobre dernier, à l’âge de soixante et onze ans. — Nous empruntons les passages suivants à l'éloge de ce savant prononcé par M. le D' Bornet (1): « M. Pringsheim est l'auteur de deux découvertes qui font époque dans l'histoire de la sexualité chez les êtres vivants Lorsqu’ il vit s'opérer sous ses yeux le mélange d'un anthérozoide et d'un oogone d'OEdogo- nium, il assistait à un spectacle qui n'avait jamais été contemplé el constatait, le premier, le mécanisme de la formation de l'euf... Ce sont encore des Algues qui fournirent à M. Pringsheim l'occasion de sa seconde découverte. Il vit, en étudiant certaines Volvocinées, que chez elles l’œuf résulte de l'union de deux zoospores parfaitement sem- blables et que, par conséquent, la différenciation extérieure des gamétes, si marquée dans un grand nombre de cas, n'est pas une condition essen- tielle de la sexualité, comme on était porté à le eroire. » Ce savant s'est encore distingué par une série de Mémoires importants sur les Sapro- légniées, puis par ses recherches sur la chlorophylle et la fonction chlo- rophyllienne. Il fut nommé en 1869 Correspondant de l'Institut. de France. Enfin il avait rendu à la science un autre genre de services en créant un Recueil de Mémoires botaniques qui compte parmi les plus estimés et qu'il dirigea pendant vingt-quatre ans. — Plus récemment la botanique eryptogamique a perdu deux de ses représentants les plus distingués. M. J. Schróter, bien connu par ses travaux sur les Champignons, collaborateur de la Flore cryptogamique de Silésie et des Familles végétales d'Engler, est mort à Breslau, le 12 décembre dernier, dans sa cinquante-septième année, — M. Friedricl, Schmitz a disparu plus jeune encore. Il n'avait pas accompli sa quarante- cinquième année, lorsqu'il a été enlevé par une courte maladie le 28 janvier, à Greifswald, en Poméranie. Les recherches de M. Schmitz sur le noyau des thallophytes, sur les chromatophores des Algues sont devenues classiques. En 1883, il commença d'étudier les Floridées. Il suivit le développement du fruit depuis sa première apparition, de ma- nière à obtenir, pour une classification de cette classe d'Algues, une base plus étendue que celle dont on se sert actuellement, la structure du fruit complètement développé. Cette grande œuvre était presque termi- née lorsque la mort est venue l'interrompre. — Enfin nous venons d'apprendre la mort de M. Jean -Édouard (1) Compt. rend. Académie des sciences. 624 NOUVELLES. Bommer, professeur à l'Université libre de Bruxelles et conservateur au Jardin botanique de l'Etat, décédé à Bruxelles, le 19 février 1895, dans sa soixante-sixiéme année. — Notre confrére M. Léon Guignard, professeur à l'École supérieure de Pharmacie, présenté en premiére ligne par la section de Botanique, a été élu, le 11 février dernier, membre de l'Académie des sciences, en remplacement de M. Duchartre. — L'Académie des sciences, dans sa séance publique annuelle du 17 décembre dernier, a décerné deux prix Montagne, l'un à M. Husnot pour son Muscologia gallica récemment terminé, l'autre au Frére Héribaud pour sa belle publication sur les Diatomées d'Auvergne. — Nous avons reçu le CONSPECTUS FLORE AFRICE ou Énumération des plantes d'Afrique par MM. Th. Durand, aide-naturaliste au Jardin botanique de l'État à Bruxelles, et Hanz Schinz, professeur à P Univer- sité et directeur du Jardin botanique à Zurich; volume V (Monocotyle- donec et Gymnospermec), de 977 pages grand in-8°, imprimé sur beau papier et en caractéres neufs. A Paris, chez Paul Klincksieck, rue des Écoles, 52 (Prix : franco 25 francs). Les Monocotylédones n'étant pas traitées dans les grands ouvrages les plus récents et le tiers environ des 19 500 espéces connues de cet embranchement faisant partie de la flore africaine, les auteurs ont cru devoir faire paraître d'abord le tome V contenant 660 Iridées, plus de 1000 Orchidées, autant de Graminées, 814 Cypéracées, ete. Le premier volume consacré aux Dicotylédones doit paraitre dans le courant de l'été. Cette fort importante publication, où l'on trouvera la description des espèces nouvelles découvertes dans ces derniers temps, sera le premier ouvrage d'ensemble sur la flore d'Afrique et rendra des services analogues à ceux du Conspectus flor? europee de Nyman, dont il diffère avantageusement par une disposition typographique plus claire et des indications synonymiques et bibliogra- phiques trés nombreuses et précises. L'ordre systématique adopté est le même que celui de Index generum phanerogamorum de M. Th. Durand. Le nouveau Conspectus offrira à tous ceux qu'intéressent, à divers points de vue, les plantes d'Afrique un utile répertoire en rapport avec l'état actuel des connaissances sur la flore de cette partie du monde. Le Secrétaire général de la Société, gérant du Bulletin, E. MALINVAUD. 19125, — Lib.-Imp. réunies, rue Mignon, 2, Paris, — May et MoTTEROZ, directeurs. Bull. Soc. bot. de France. : wor XIL R VI. Trabut del. Imp. Edouard Bry, Paris. B. Herincq lith. PLATANTHERA ALGERIENSIS. Batt. et Trab. TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE NUMÉRO. Van Tieghem......... Vuillemin ....... e H. Marcailhou........ Daveau............... Daguillon ............ Héribaud-Joseph..... H. Coste et Fr. Sennen. tts) t. llt n | Van Tieghem. ........ Gagnepain.......... e. Géneau de Lamarliére. SÉANCE DU 9 NOVEMBRE 1894. Décés de M. P. Duchartre. Hommage rendu à sa mémoire... 529 SÉANCE DU 23 NOVEMBRE. Admission de MM. Grecescu et Violleau.......... ....,..... 531 Dons faits à la Société..................................... 534 Quelques compléments à l'étude des Loranthées............. 533 Polymorphisme dans les fleurs du Cornus sanguinea.......... 551 Lettre à M. Malinvaud (Subularia aquatica dans l'Ariege)...... 559 Lettre sur l'Eragrostis Barrelieri........................... 556 Truffes (Terfàs) de Tunisie et de Tripoli.........,........,./. 598 Quelques observations tératologiques....................... 561 Nouvelles additions à la flore d’Auvergne.................... 566 Observation de M. Malinvaud............................... 970 SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE. Mort de M. Gaston de Lavau............................... 570 Admission de M. Bornait-Legueule.......................... 571 Ouvrages offerts à la Société par M. Bureau................. 571 M. le Président donne lecture d’un décret qui modifie l'ar- ticle 10 des Statuts....................................... 971 Diagnoses de quelques nouveaux Centaurea et Teucrium hy- brides ................................. ronssossree "o 573 Valérianes à tiges monstrueuses..................,......... 587 Recherches sur la division du noyau cellulaire chez les végé- In QNNM 588 Trois genres nouveaux pour la famille des Loranthacées..... 597 Nouvelles notes tératologiques .............................. 605 Deuxiéme Note sur la flore maritime du département de la Manche ................,.........................,...... 612 Observation de M. Bureau.................................. 617 Le Potamogeton compressus L. récolté dans le Cher.......... 618 Présentations de diverses plantes par M. Buchet.............. 619 Lecture de communications de MM. A. Chatin et Trabut....... 619 SÉANCE DU 28 DÉCEMBRE. Élections....... eee hme herr then 619 Bureau et Conseil d'administration de la Société pour 1895... 622 La Société vote des remerciments à M. Guignard, Président sortant....... cere mtn edeeo nest tueohesochse Vases? 622 NOUVELLES ..... ses mh HH e he net na 623 * SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE Les séances se tiennent à Paris, rue de Grenelle, 84, à huit heures du soir, habituellementles deuxiéme et quatriéme vendredisde chaque mois. JOURS DES SÉANCES ORDINAIRES PENDANT L'ANNÉE 1895 11 et 25 janvier. | 26 avril. | 12 et 26 juillet. 8 et 22 février. | 10 et 24 mai. | 8 et 22 novembre. 8 et 22 mars. | 14 et 28 juin. | 13 et 27 décembre. La Société publie un. Bulletin de ses travaux, qui parait par livraisons mensuelles. Ce Bulletin est délivré gratuitement à chaque membre et se vend aux personnes étrangères à la Société au prix de 30 fr. par volume annuel terminé (sauf les exceptions spécifiées ci-après), 32 fr. par abonne- ment. — Il peut être échangé contre des publications scientifiques et pério- diques. Les 25 premiers volumes du Bulletin, à l'exception des t. LV (1857) et XV (1868), sont cédés au prix de 10 fr. chacun, et les suivants (2e sér.) au prix de 15 fr. chacun (à l'exception du tome XXXVI), à MM. les nouveaux membres qui les font retirer à Paris, aprés avoir acquitté leur cotisation de l'année courante. N. B. —Lestomes IV et XV, étant presque épuisés, ne sont plus vendus séparément. Le tome XXXVI (1889) renferme les Actes du Congrès de bolanique tenu à Paris en août 1889; le prix de ce volume est de 40 fr. pour les personnes étran- gères à la Société et de 20 fr. pour les menibres de la Société. : Les frais d'envoi de volumes ou numéros anciens du Bulletin, ainsi que des numé- ros déjà parus lorsqu'un abonnement est pris au milieu de l'année, sont à la charge de l'aequéreur ou de l'abonné. AVIS Les notes ou communications manuscrites adressées au Secrélariatpar les membres de la Société, pourvu qu'elles aient trait à la botanique ou aux sciences qui s'y rat- tachent, sontlues en séance et publiées, en entier ou par extrait, dans le Bulletin. Tous les ouvrages ou mémoires imprimés adressés au Secrétariat de la Société botanique de France, rue de Grenelle, 84, prennent place dans la bibliothèque de la Société. Ceux qui seront envoyés dans l'année méme de leur publication pourront être analysés dans la Revue bibliographique, à moins que leur sujet ne soit absolu- ment étranger à la botanique ou aux sciences qui s'y rattachent. MM. les membres de la Société qui changeraient de domicile sont instamment priés d'en informer le Secrétariat le plus tót possible. Les numéros du Bulletin qut se perdraient par suite du retard que mettraient MM. les membres à faire connaitre leur nouvelle adresse ne pourraient pas étre remplacés. N. B. — D'aprés une décision du Conseil, il n'est donné suite, dans aucun ie aux demandes de numéros dépareillés, lorsque le volume auquel ils appartiennee, est terminé depuis plus de deux ans. ll en résulte que, pour se procurer une Poire quelconque du tome XXXIX (1892) ou d’une année antérieure, on doit PE l'aequisitior du volume entier. — Aucune réclamation n'est admise, de la par abonnés, pour les numéros publiés depuis plus de trois mois. Adresser les lettres, communications, demandes de renseignements, ré tions, etc., à M. le Secrétaire général de la Société, rue de Grenelle, 84, à Paris. o 25 19125. — Lib.-Imp. réunies, rue Mignon, 2, Paris. — /MAY et MoTTEROZ, direct. à On est prié de lire l'AVIS placé à la page 2 de la couverture. BULLETIN SOCIÈTÉ BOTANIQUE DE FRANCE FONDÉE LE 23 AVRIL 1854 ET RECONNUE COMME ÉTABLISSEMENT D'UTILITÉ PUBLIQUE PAR DÉCRET DU 17 AOUT 1875 TOME QUARANTE ET UNIÈME (Troisième série. — Tome Ie) 18594 10 Fin ‘de la Revue bibliographique et Tables du volume. (La couverture du volume XLI est incluse dans ce numéro). PARTS AU SIÈGE DE LA SOCIÉTÉ RUE DE GRENELLE, 84 Ce numéro termine le tome XLI. AVIS Ce numéro contient : 1° Deux feuilles de Revue bibliographique faisant suite au Compte rendu des séances de Décembre, dont elles continuent la pagination (en chiffres arabes). 2 Les Tables des matières du volume, dont la pagi- nation (en chiffres romains) fait suite à celle de la session extraordinaire. 3° La couverture du volume XLI pliée dans le fascicule. Tarif des tirages à part. [ | 0 NOMBRE DE FEUILLES. S rl | ud n 1 0 aL E E Une feuille (16 pages), réimposition, papier, tirage, fr. c. fr. c. fr. ec. fr, e. fr. e. pliure, piqüre et enveloppe de couleur. . . . . 8 50 9 50 AU » 15 » 24 » Trois quarts de feuille (49 pages)... . .. ... 8 » 9 » 10 50 14 » 22 » Demi-feuille (8 pages). . ............. 5» 6 œ 8 » 19 » 18 » Quart de feuille (4 pages . ............ 4 o» 5 » io» 9» 5 2* feuille en sus de la première. . ........ 1 50 8 50 9 50 12 » 18 » Trois quarts de feuille en sus d'une feuille. . . . . T» 8 » 9 » 11 50 16 » Demi-feuille en sus d’une feuille. . . . . .... À o» 5 » 6 50 8 50 44 » Quart de feuille — ODE 3 » 4 » 6 » 8 » 12» La composition d'un titre d'entrée spécial d'une demi-page est de 4 franc. . La composition d'un grand titre d'une page est de 3 francs, En plus les frais de tirage et de papier- La composition d'un faux-titre est de 2 francs. En plus les frais de tirage et de papier. . La composition d'une couverture imprimée, avec encadrements et sans page d'annonces, est de 2 fraucs sile titre est la répétition de celni de la brochure, et de 4 franes si le titre est fait seulement pour la couver- ture. En plus les frais de tirage et de papier. l S'il y a des corrections, elles sont comptées en sus 90 c. l'heure. Une gravure d'une page, interealée dans le texte, entraine un supplément de tirage de 2 francs. Une gravure d'une demi-page, 4 fr. 50. Tout travail de remise en pages, c'est-à-dire entraînant une modification dans la disposition des pa Bulletin, sera fait en dehors du Tarif ci-dessus et à des prix qu'il est impossible de fixer. ges du REVUE BIBLIOGRAPHIQUE (SUPPLÉMENT) La végétation de la France. |. TABLEAUX SYNOPTIQUES DES PLANTES VASCULAIRES DE LA FLORE DE LA FRANCE, par Gaston Bon- nier et Georges de Layens. Un vol. in-8° de xxvii-412 pages; avec 9289 figures représentant les caractères de toutes les espèces qui sont décrites sans mots techniques, et une carte des régions de la France. Paris, Paul Dupont (1). — Prix : broché, 9 francs, avec reliure an- glaise, 10 francs. M. Gaston Bonnier donne en tête de l’ouvrage l’explication suivante : Sous le titre général de « Végétation de la France », il doit être pu- blié, sous les auspices du Ministère de l Instruction publique, un cer- tain nombre de volumes. Le premier volume, rédigé en collaboration avec M. de Layens et qui parait aujourd'hui, renferme des tableaux synoptiques qui ont pour but de donner une vue d'ensemble de la flore de la France et de faciliter la détermination des espéces. Les autres volumes traiteront de la distribution des plantes fran- çaises spontanées ou de grande culture, de la géographie botanique et agricole de la France, de la description détaillée, avec planches à l'appui, des espéces, sous-espéces et variétés, etc. Ce premier volume contient des séries de tableaux synoptiques con- duisant à la détermination des familles, des genres et des espéces. On y trouve toutes les espèces de premier ordre ou collectives et les prin- cipales espèces de second ordre. « Les caractères des plantes, disent les auteurs dans la préface, y sont décrits de facon à éviter le plus pos- sible les mots techniques et, grâce aux nombreuses figures qui sont intercalées dans le texte, on peut apprécier d'un seul coup d'œil, les ressemblances et les différences des espèces. » (4) L'ouvrage n’est point daté, il a été offert à la Société le 13 juillet 1894. T. XLI (SÉiNCEs) 40 626 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Les auteurs ont compris la flore de l'Alsace-Lorraine dans leur ouvrage, ils en ont au contraire exclu celle de la Corse qui est, à leur avis, « tellement spéciale qu'elle mérite d'étre traitée à part »; elle sera peut-être ultérieurement l'objet d'un Supplément. La carte, placée à la fin, représente les différentes régions mention- nées à propos des espèces. « En consultant cette carte, comme il est dit dans la préface, on peut se rendre compte de ce que signifient les expressions telles que Région méditerranéenne, Plateau central, Ouest, etc. » En résumé, les auteurs ont étendu à l'ensemble de la flore francaise l'ingénieux systéme d'exposition que nous avons précédemment décrit en rendant compte de leur Nouvelle Flore (1). L'agrandissement du cadre primitif avec le méme plan est la conséquence du succés obtenu par cette méthode. Env. MALINVAUD. Nouvelle Flore de Normandie, contenant la description des -plantes qui croissent spontanément ou sont cultivées en grand dans -les départements de la Seine-Inférieure, l'Eure, le Calvados, l'Orne et la Manche; par L. Corbière. Un vol. in-12 de xvi-716 pages; Caen, 1894; chez E. Lanier, éditeur. — Prix : broché 7 fr. 50 (franco par la poste, 8 francs); reliure souple pleine toile, 9 francs (franco, 9 fr. 15). M. de Brébisson, qui fut un des plus savants botanistes du milieu de ce siècle, publiait en 1836 sa Flore de la Normandie, dont cinq éditions en cinquante ans ont affirmé le succès. Quel que soit le mérite d'un tel ouvrage, si complet qu'il paraisse au moment de sa publication, les années lui enlèvent graduellement ce privilège, les éditions « revues et augmentées » finissent par s'épuiser et font place, un jour ou l'autre, à un livre entiérement nouveau que réclame le progrés incessant des con- naissances. C'est toutefois une tâche particulièrement ardue pour le nouvel auteur, quand le traité qu'il entreprend de remplacer a acquis et conservé pendant une longue période la réputation légitime d'un ouvrage classique. M. Corbière a surmonté trés heureusement cette difficulté en produisant une œuvre trés personnelle; nul d'ailleurs n'y était miens préparé que lui par l'ensemble de ses travaux antérieurs el par vingt- cinq années d'herborisations. Ses descriptions ne sont jamais copiées Sur celles de son prédécesseur, elles sont plus analytiques, toutes faites, à de rares exceptions prés, sur des échantillons vivants pris dans la region de la Flore, et d'aprés une méthode expliquée dans la préface. Des clés dichotomiques, élaborées avec beaucoup de soin et qui dénotent une .(4) Voy. le Bulletin, t. XXXIV (1887), Revue, p. 37. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 621 grande expérience du sujet, mettent les déterminations les plus déli- cates à la portée des commengants. L'auteur, évitant sagement d'exagérer les subdivisions de l'espéce, distingue (à l'aide de caractères particuliers qui expriment graphique- ment la subordination relative de ces divers groupes) : « l'espece de premier ordre ou STIRPE, sans transition connue à l'époque actuelle avee les stirpes voisins (telles sont la plupart des espéces linnéennes); les espèces de deuxième ordre ou SOUS-ESPÈCES, qui, tout en offrant une certaine autonomie, peuvent être rattachées à un stirpe commun; les VARIÉTÉS ou races, à caractères différentiels moins stables et souvent difficiles à distinguer des simples formes déterminées par le milieu, l'exposition, etc. ». On voit qu'ici le terme forme a conservé le sens habituel. On remarquera une innovation que tous les floristes devraient adopter. « Sachant par expérience, dit l'auteur, combien, lors de la détermina- tion d'une plante, les expressions grand, médiocre, petit, plus grand, plus petit, etc., embarrassent le débutant, qui généralement ignore les deux termes de la comparaison, j'ai essayé, toutes les fois que cela m'a paru nécessaire, de remédier à cet inconvénient par l'indication, aussi précise que possible, des dimensions des objets ». Un décimetre, imprimé au commencement et à la fin du volume, permet de faire, sur le terrain, les comparaisons voulues. L'auteur a eu soin de décrire, en les distinguant des espéces sponta- nées ou naturalisées de longue date par l'impression en petit texte des diagnoses, 1° les espèces cultivées en grand, 2° celles d'introduction ré- cente et ne paraissant pas encore définitivement acquises, 3° enfin quelques plantes rares disparues des localités où elles existaient na- guère, mais que l’on peut espérer retrouver un jour sur d’autres points. Ce qui a été ajouté à la Flore de de Brébisson, notamment dans les genres Rosa, Rubus, Erythrea, Potamogeton et quelques autres, re- présente un labeur original considérable. Signalons rapidement quelques nouveautés : Ranunculus sceleratus L. var. AUFRAYI Corb., plante à inflorescence couverte d'une pubescence abondante et présentant les akénes réunis en tête globuleuse ou subsphérique, caractère qui rap- pelle le R. globosus Freyn, dont le capitule est beaucoup plus gros; — Batrachium heterophyllum Fries 8. PsEupo-LENonmawpi Corb., dont toutes les feuilles sont réniformes-lobées; — ALSINE DUNENSIS Corb. (du groupe de PA. tenuifolia), calices et sommet des pédicelles velus glanduleux; — Daucus MascLEri Corb., se distinguant, surtout par les aiguillons du fruit trés gréles et subulés dés la base, du D. gummifer type qui les a trés courts, élargis ou confluents à la base; — GALIUM GviLLEMOTII Corb., hybride des G. erectum var. dunense Corb. et G. ve- 6285 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. rum var. littorale Bréb.; — Linaria BnEBIsSONIU Corb. (L. Elatine- spuria Dréb.); — OpoxTiTES LONGIFOLIA Corb., sous-espèce de lO. verna Rchb., dont il est distinct par sa floraison tardive et ses longues fleurs pàles, tandis que ses longues bractées et ses épis làches l'éloignent de lO. serotina Rchb. (toutes ces formes appartenant d'ailleurs à la méme espèce); — AJUGA LONGIFOLIA Corb. (— A. genevensis var. lon- gibracteata Bréb. non Coss. et G.); — MENTHA ANGUSTIFOLIA Corb. (= M. rotundifolia var. angustifolia F. Schultz), certainement hy- bride, le M. rotundifolia étant un des parents et l'autre probablement le M. viridis ou l'une des variétés du M. silvestris (1); — SALIX GRE- NIERI Corb. (— S. viminalis-cinerea et S. cinerea-viminalis Wimm.). M. Corbiére, et nous l'en félicitons, s'est raremeut écarté de la nomen- clature usuelle. Il fait revivre les genres RAPHnaNisTRUM Tournef. (R. in- .); — ConowoPus Hall. (C. procumbens Gilib. — Senebieru Coronopus Poir.); -- MyceLis Cass. (M. muralis Rchb.); — Lycra Fasan. (— Stellera L.), et quelques autres. Somme toute, notre confrére a eu la sagesse de ne pas exagérer l'exercice d'un droit dont les floristes de nos jours sont trop souvent portés à faire abus; il n'a pas été atteint de la contagion du zéle révolu- tionnaire de certains novateurs. La forme de l'ouvrage est trés soignée et généralement correcte; (à et là un tréma inopportun sur li dans quelques noms latins, légère verrue typographique qui disparaitra à l'édition suivante. Pour conclure, le volume portatif publié par M. Corbière rendra tous les services qu'on peut attendre d'une excellente Flore régionale. EnN. MALINVAUD. Flore du Haut-Poitou, ou analyse des familles, des genres, des espéces et description des plantes qui eroissent spontanément ou qui sont l'objet d'une culture en grand dans les départements des Deux- Sèvres et dela Vienne, par M. B. Souché. Niort, 1894. Un vol. in-8° de xLu-332 pages. — Prix, 4 francs : au siège de la Société bota- nique des Deux-Sèvres, rue du Musée, à Niort, ou chez l'auteur, à Pamproux (Deux-Sèvres). Sauzé et Maillard s'étaient proposé d'extraire de leur Flore des Deux- Sèvres les éléments d'un ouvrage plus concis destiné aux écoles pri- maires. Se sentant isolé par la mort de son collaborateur, survenue en 1883, Sauzé, qui devait le rejoindre dans la tombe en 1889, renonça à entreprendre seul un nouveau travail et engagea son ami M. Souché * (1) Il y a un Mentha angustifolia Schreb. (in Schweig. et Fr. Koerte Flora Erlangensis, ann. 1811), qui est du groupe des Satíva. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 629: à rédiger la flore populaire projetée. Telle a été l'origine de ce livre élé-: mentaire, dont l'auteur a élargi le cadre en ajoutant le département de la Vienne à celui des Deux-Sèvres. La Flore de la Vienne de Delastre, ` qui remonte à plus d'un demi-siécle(1), est presque épuisée en librairie. Il en est de méme de l'ouvrage de Sauzé et Maillard, d'ailleurs trop développé et d'un prix trop élevé pour la plupart des commençants (2). La nouvelle Flore vient donc à propos; elle est abrégée et condensée, comme le comporte sa destination. Après une courte préface, l'analyse. des familles, suivie d'un vocabulaire des principaux termes techniques; clés analytiques en téte des familles pour arriver au nom du genre et en tête des genres pour déterminer l'espéce, descriptions réduites aux traits essentiels, genres litigieux limités aux types nettement caractérisés et universellement admis, table alphabétique des groupes, tout est mo- destement proportionné au but didactique de la publication. Les stations habituelles des plantes sont indiquées, mais non les loca- lités. Les renseignements complémentaires à cet égard feront l'objet d'une seconde partie sous le titre de Matériaux pour une géographie botanique régionale. Erv. M. Trois herborisations aux environs d'Allos (Basses-Alpes), en juillet et août 1893, par M. Ludovic Legré (Revue horticole des Bouches-du-Rhône). 16 pages in-8°, Marseille, 1894. L'auteur fait le récit de la difficile ascension, par lui recommencée deux fois et finalement couronnée de succès, du mont Pela (3053 mètres d'altitude), point culminant du cirque de hautes montagnes dont le lac d'Allos représente l'aréue. Ce lac, situé à 2200 mètres, est alimenté par la fonte des neiges et remarquable par l'étendue de ses dimensions; son plus grand diamétre mesure 1 kilométre et demi. La végétation est, dans toute cette contrée, d'une merveilleuse ri- chesse, et le botaniste y peut compter sur d'abondantes récoltes. Elle a (1) DELASTRE (Ch.-J.-Louis), Flore analytique et descriptive du départe- ment de la Vienne. Poitiers, 1842. Le méme auteur avait publié en 1835 un Aperçu Statistique de la végétation du département de la Vienne (16 pages), et il fit paraître un court Supplément à sa Flore, en 1842, dans les Annales des sciences naturelles ; — M. J. Poirault a donné en 1875 un excellent Cata- logue des plantes vasculaires du département de la Vienne, avec Supplément en 1885, mais sans descriptions, comme l'indique le titre. (2) Sauzé (G.-C.) et MatLLARD. (P.-N.), Flore du département des Deux- Sèvres, publiée dans les Mémoires de la Société de statistique, sciences, lettres et arts du département des Deux-Sevres (2° série, tomes AL XV, XVII, 1871-1880, ensemble 1150 pages grand in-8). Les mèmes auteurs avaient mp en 1854 par un Catalogue des plantes phanérogames de leur dépar- - ent. 630 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. été parcourue à diverses reprises par d'illustres devanciers : De Can- dolle, au commencement de ce siécle, découvrit prés d'Allos le Ranun- culus Seguieri Vill. (1), que notre confrère a eu la satisfaction de retrouver, mêlé au R. glacialis, mais moins abondant, sur les rives du petit lac de Cayolle, situé vers 2600 métres. Parmi les autres espéces mentionnées, nous remarquons : Delphinium elatum, Erysimum pu- milum, Bupleurum petrœum (déjà signalé au mont Pela dans la Flore de France de Grenier et Godron), Sibbaldia procumbens, Leontopodium alpinum, Adenostyles leucophylla, Saussurea depressa, Agrostis al- pina, Deschampsia cespitosa var. alpina. Voici la liste des plantes dont M. Ludovic Legré a constaté la présence sur le flanc de la montagne depuis le faite jusqu'à la partie de la base qui forme un des cótés du vallon de Méouilles : Silene acaulis, Are- naria ciliata, Geum reptans, Saxifraga muscoides et oppositifolia, Leucanthemum alpinum et coronopifolium, Achillea nana, Berardia subacaulis, Crepis pygmæa, Valeriana saliunca, Campanula Al- lionii, Linaria alpina, Festuca violacea. Ces espèces étaient récoltées le 28 août. EnN. MALINVAUD. Études sur les Cytises des Alpes maritimes, com prenant un examen des affinités et une revision générale du genre Cytisus ; .par John Briquet. Un vol. in-8° de x11-204 pages et 3 planches. Genéve et Dàle, Georg et C^, juin 1894. Ce volume fait partie des Matériaux pour servir à la Flore des Alpes maritimes publiés par M. Émile Burnat. D'aprés une note qui fait suite à la préface, « M. Briquet prend seul la responsabilité du pré- sent travail ». ; « Plus nous avancons, dit l'auteur dans la préface, plus nous sommes convaincu que la systématique de l'avenir sera la synthèse de la bota- nique descriptive sous toutes ses formes, qu'il s'agisse d'anatomie, : morphologie ou de physiologie spéciale. Le temps est proche ou e murailles étroites que l'on s'est plu à élever autour de l'ancienne phyto- graphie tomberont de toutes parts, où il ne sera plus permis, dans les Monographies, de spéculer sur des étres dont on ne connait que la ep face, et où la systématique, élargie et épurée, devenant vraiment scienti- fique, reprendra un rang égal aux autres branches de la botanique; rang qui lui est encore trop souvent disputé. » Lord Joignant l'exemple au précepte, l'auteur fournit, dans son Mémoire, (1) « RENONCULE DE SEGUIER : je l'ai trouvée fort abondante près d'Allos, sur le mont Pela, qui forme la plus haute sommité des Alpes de Provence. [De Candolle, Flore française, 6* volume (1815), p. 636.1 REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 631 une démonstration brillante de l'utilité du concours apporté par l'ana- tomie aux études de systématique. Le sujet est divisé en sept chapitres, dont les quatre premiers sont consacrés à l'étude des sections suivantes du genre Cytisus : 1° section TELINE (Cytisus monspessulanus et linifolius), 2° sect. SAROTHAMNUS (Cytisus scoparius), 3° sect. ALBurNoines (Cytisus purgans, C. sessili- folius, C. Ardoini Fourn., C. Sauzeanus Burn. et Briq., C. triflorus), 4 sect. WiBoRo1A (Cytisus hirsutus et supinus). La distribution de chaque espèce, sa morphologie, ses affinités et ses variations sont exami- nées successivement. Le chapitre V a pour objet l' « Anatomie comparée de la tige des Cytises des Alpes maritimes ». On y trouve une observation trés remar- quable à l'appui de l'importance des caractères que l'anatomie révèle pour la distinction de certaines espéces. Le Cytisus Sauzeanus Burn. et Briq., de l'Isére, est tellement semblable au C. Ardoini Fourn., des Alpes-Maritimes, que M. Burnat déclarait impossible d'y voir des diffé- rences. C'est à peine si, avec une bonne loupe, on peut constater que la tige du C. Sauzeanus est pentagonale, tandis que celle du C. Ardoini est octogonale, et que les saillies caulinaires de la seconde espèce sont munies de microptères en T, tandis que celles de la première en sont dépourvues; mais l'analyse anatomique comparée montre, dans les deux tiges, des différences de structure considérables. Ce fait est des plus curieux. Le chapitre VIa pour titre : « Observations générales sur la systéma- tique du genre Cytise et des genres voisins ». L'auteur y traite, dans autant de sous-chapitres, les questions suivantes : 1° Histoire taxino- mique du genre Cytisus, 2" Discussion des caractères génériques, 3 Subordination de ces caractères, 4° Additions au genre Genista, la grande majorité des types classés jusqu'ici parmi les Argyrolobium sont réunis au genre Genista, 5° Subdivision du genre Cytisus, 6° Valeur phylogénique de la classification proposée. Le chapitre VII est intitulé : « Revision générale du genre Cytisus. » Les planches sont fort démonstratives. La première représente, par deux figures, « une section transversale d'ensemble d'une pousse du Cytisus Ardoini » et « une section analogue observée sur le C. Sau- 3eanus ». La planche II donne des « sections longitudinales tangen- lielles dans le bois secondaire des deux mêmes espèces ». Enfin la planche II offre la « section transversale d'un macroptére chez le Cyti- sus tridentatus ». : : - M. Briquet était fondé à dire, dans sa préface, que, s'il n'a point écrit une Monographie au sens propre du mot, il a « sérieusement préparé le terrain pour les futurs monographes et obtenu des résultats impor- 632 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. tants soit pour la systématique des Papilionacées, soit pour l'anatomie de cette trés intéressante et vaste famille. » ERN. MALINVAUD. Indications d'Éperviéres rares ou nouvelles pour les Alpes Lémaniennes, la Suisse et le Jura, d'aprés les déterminations de M. Arvet- Touvet, par John Briquet(Bull. Herb. Boissier, t. I, n° 10, octobre 1894, pp. 617-632). Voici les Species nove : HIERACIUM FULCRATUM Arv.-Touv.— Voisin de l'A. falcatum du méme auteur. H. ASTERINUM Arv.-Touv. et Briq. Arv.-Touv. H. axIFLORUM A.-T. et B. — Très voisin de PH. dasytrichum A.-T. H. LEONTODONTOIDES A.-T. et B. — A classer, dans les Alpina, à côté de FH. rheticum Fries. H. AvRICULIFOLIUM. A.-T. et B. — Intermédiaire entre H. amplexi- caule L. et H. viscosum A.-T. H. BniovETIANUM A.-T. — Affinités avec H. longifolium Schleich. H. MunmuaNvw A.-T. — Plante intermédiaire entre les H. dentatum et murorum. H. VERNANTIANUM A.-T. et B. — Du groupe Pulmonarea A.-T. et trés rapprochée de PH. melanops. . H. grrusuu A.-T. et B. — Plante voisine d'H. macilentum Fries. Ern. M. A rapprocher de lH. Gremlii, Flore de la Kabylie du Djurdjura, ou Catalogue méthodique et raisonné de toutes les plantes vasculaires et spontanées observées jusqu'à ce jour dans cette contrée, par M. O. Debeaux. Un vol. in-8° de 472 pages. Paris, chez Paul Klincksieck, 1894. Prix : 10 francs. L'auteur donne, dans son Avant-propos, un apercu topographique gs la Kabylie djurdjurienne ou grande Kabylie; il en trace les limites et en fait connaitre sommairement l'hydrographie, le système orogra- phique et la constitution géologique, puis il mentionne les botanistes qui l'ont parcourue et rappelle ses propres recherches ainsi que les “e Il ajoute à ces généralités quelques indications bibliographiques es annonce qu'il ne bornera pas son travail à une simple énumération des plantes observées dans la région considérée, mais qu'il décrira « dans de courtes diagnoses les espéces, variétés et formes rares les plus pi ressantes ou nouvellement signalées dans cette contrée ». Une addition - opportune dans la synonymie est la citation des noms donnés soit par REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 633 les Kabyles, soit par les Arabes, aux plantes les plus connues ou qui reçoivent une application quelconque dans la thérapeutique indigène ou - dans les usages domestiques. Le corps de l'ouvrage offre un inventaire détaillé, avec nombreuses notes et diagnoses, de la flore de la Kabylie du Djurdjura; toutes les localités ou stations où a été indiquée chaque espèce sont soigneusement relevées. Un « Aperçu de la géographie botanique » de cette contrée termine le volume. Quatre régions sont nettement délimitées : 1° sables et falaises du lit- toral, 2° plaines et vallées inférieures, 3° les contreforts, 4* le Djurdjura avec ses trois zones : inférieure, moyenne et supérieure. L'auteur note les associations végétales caractéristiques dans chacune de ces régions. Les familles qui comptent le plus de représentants sont : les Composées avec 215 espéces (soit environ le huitiéme de la flore, sur 1710 espéces énumérées); Légumineuses, 195; Graminées, 142; Crucifères, 81; Om- belliféres, 80; Labiées, 75; Caryophyllées, 70; Serofularinées, 44; Re- nonculacées, 40, etc. Enfin, au point de vue des affinités géographiques, l’auteur constate que, sur les 1710 espèces de son Catalogue, 464 (soit 27 pour 100) se retrouvent dans une grande partie de l'Europe; 449 (ou 26 pour 100) Sont répandues dans toutes les parties de la région méditerranéenne, 234 seulement dans la partie occidentale de cette région, et 45 dans la partie orientale; 159 appartiennent à la région hispano-portugaise, y Compris les iles Baléares; 71 sont originaires d'Italie, Sicile et Sar- daigne; 19 de l'Asie occidentale et des déserts de l'Égypte, de l'Arabie Pétrée ou de l'Abyssinie; 227 n'ont été observées jusqu'à présent que dans le nord de l'Afrique (Maroc, Algérie, Tunisie); enfin 49 sont spé- ciales, c'est-à-dire paraissent propres à la Kabylie (région montagneuse ou littorale), quelques-unes ont été rencontrées seulement dans la chaine des Aurés et les Babor en dehors du territoire kabyle. Notre laborieux confrère n'a rien négligé, comme on voit, pour rendre cette Monographie aussi complète que possible; elle offrira un utile et consciencieux répertoire à tous ceux qu'intéresse la flore de l'Algérie. Eryn. M. Annales des sciences naturelles, septième série. Botanique, comprenant l'anatomie, la physiologie et la classification des végé- taux vivants et fossiles, publiée sous la direction de M. Ph. Van Tieghem. Tomes XIX et XX. Paris, G. Masson, 1894-1895. T. XIX (368 pages in-8° et 15 planches). JADIN (F.), Recherches sur la structure et les affinités des Térébin- 634 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. thacées. — Rapais (M.), Contribution à l'étude de l'anatomie comparée du fruit des Coniféres. — RosENviNGE (K.), Les Algues marines du Groenland. T. XX (360 pages et 16 planches). BESCHERELLE (E.), Florule bryologique de Tahiti et des iles Nukahiva et Mangareva. — Bonnier (G.), Recherches expérimentales sur l'adap- tation des plantes au climat alpin. — Gain (E.), Recherches sur le rôle physiologique de l'eau dans la végétation. Revue générale de Botanique, dirigée par M. Gaston Bonnier, tome sixième (1894); n° 61 à 72. Un vol. in-8° de 544 pages el 21 planches. Paris, Paul Klincksieck, 1894. Bazor (L.), Considérations générales sur la géographie botanique du département de la Cóte-d'Or. BoxwrER (Gaston), La vie et la carrière de M. Duchartre. — Les plantes arctiques comparées aux mêmes espèces des Alpes et des Pyrénées. Boutroux (Léon), Revue des travaux sur les Bactéries et les fermenta- tions, publiés pendant l'année 1891. Costantin (J.), Revue des travaux publiés sur les Champignons pendant les années 1891 à 1893. — et Marrucuor, Recherches sur le Vert-de-gris, le Plàtreet le Chanci, maladies du blanc de Champignon. DANIEL (L.), Recherches morphologiques et physiologiques sur la greffe. — Sur quelques applications pratiques de la greffe herbacée. Durour (Léon) et Hicker (Robert), Les ennemis du Pin dans la Champagne crayeuse. l'LAHAULT (Ch.), Revue des travaux sur les Algues publiés de 1889 à 1892. FLoT (Léon), Quelques procédés pratiques de micrographie. GÉNEAU DE LAMARLIERE (L.), Sur trois espéces nouvelles de Sphéria- cées. (Description du genre nouveau Massarinula et des espèces nouvelles : Massarinula quercina, Pleospora Luciæ el Septoria bupleurina.) HovurgerrT (C.), Recherches sur les propriétés optiques du bois. Hve (abbé), Revue des travaux sur la description et la géographie y Lichens publiés en 1892 et 1893. Hy (abbé), Les inflorescences en botanique descriptive. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 635 JUMELLE (Henri), Revue des travaux de physiologie et chimie végétales parus de 1891 à 1893. Lunn, Note sur l'influence de la dessiccation sur la respiration des tubercules. Mer (Émile), Le chaudron du Sapin. Mesnard (Eugène), Étude critique et expérimentale sur la mesure de l'intensité des parfums des plantes. Navin (Ch.), Observations sur le climat et les productions du littoral de la Provence. PALLADINE (W.), Sur le rôle des hydrates de carbone dans la résistance à l'asphyxie chez les plantes supérieures. PRUNET (A.), Sur un nouveau mode de propagation du Pourridié de la Vigne. — Influence du mode de répartition des engrais sur leur utilisation par les plantes. SAPORTA (Marquis de), Étude monographique sur les Rhizocaulon. Tragur (L.), Note sur les Marsilia d'Algérie. — Sur une Ustilaginée parasite de la Betterave (OEdomyces leproides). Journal de Botanique, paraissant le 1* et le 16 de chaque mois; directeur, M. Louis Morot. 8° année, 1894, in-8 de 404-xcv1 pages et3 planches. Paris, 1894, aux bureaux du journal (9, rue du Regard), et à la librairie J. Lechevalier, 23, rue Racine. Principaux articles originaux : BELzuxG (E.), Rectification à propos de l'article de M. Famintzine « Sur les grains de chlorophylle des graines et des plantules ». — Sur l'existence de l'oxalate de calcium à l'état dissous. BERTRAND (G.) et MarLEvnE (A.), Recherches sur la pectase el sur la fermentation pectique. BESCHERELLE (Éin.), Selectio novorum Muscorum. BONNET (Edm.), Notes sur quelques plantes rares, nouvelles ou critiques de Tunisie. CAMUS (G.) et JEANPEnT, Une œuvre peu connue d'Hippolyte Rodin. Cuonar (R.), Golenkinia, genre nouveau de Protococcoidées. Curisr (H.), Une liste de Fougères du Tonkin français. Coincy (Aug. de), Plantes nouvelles de la flore d’Espagne (Paronychia Rouyana, Kundmannia sicula var. longiseta, Echium frutices- cens, Teucrium floccosum, Agrostis gaditana, Viola cochleata, 636 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Origanum compactum var. Rouyana, Phalaris hispanica, Pani- cum eruciforme var. brevifoliat«). Daveau (J.), Note sur une Graminée nouvelle (Eragrostis Barrelieri Dav.). — Sur l'aire d'extension du Pin sylvestre dans la péninsule ibérique. FnaxcnET (A.), Les Cypripedium de l'Asie centrale et de l'Asie orien- tale. (Espèces nouvelles : C. yunnanense, fasciolatum, corruga- tum, micranthum, Fargesii.) — Note sur le fruit du Strophanthus glaber et sur quelques Strophan- thus de l'Afrique tropicale. — Observations sur le Centaurea fraylensis Schultz-bip. — Plantes nouvelles de la Chine occidentale (Clematis Fargesii, Tha- lictrum clematidifolium, Isopyrum sutchuenense ; Delphinium hirticaule, celestinum; Aconitum racemulosum, scaposum ; At- tinidia melanandra, trichogyna; Clematoclethra Faberi, cordi- folia, tomentella, strigillosa; Parvatia chinensis; Epimedium Fargesii, sutchuenense; Corydalis Souliei, lopinensis, Prattii, trisecta, cheirifolia, tongolensis, acuminata, triternata, Farge- sii, temulifolia, thalictrifolia, tomentella, hamata; Chelidonium sutchuenense; Acer sutchuenense; Rubus Fargesii; Saxifraga flabellifolia, sanguinea; Ainsliæa sutchuenensis, rubrifolia, gracilis, grossedentata; Jurinea Souliei, edulis; Saussurea thibetica, eriocephala, dzeurensis, virgata, dimorphæa, flexuosa, stricta, macrota, carduiformis, Fargesii, saligna, sutchuenensts, mollis, pachyneura, nobilis; Senecio arachnanthus, kouala- pensis, latipes, taliensis, tricuspis, begoniæfolius, Vespertilio, rufipilis, leucocephalus, phyllolepis, ainsliæflorus, janthophyllus, cyclaminifolius, viliferus, yunnanensis, Delavayi, pterido- phyllus, pleurocaulis). GASILIEN (Frére), Lichens des environs de Saint-Omer. Gowowr (Maurice), Note sur un Mémoire récent de M. Fr. Schmitz, intitulé « Die Gattung Actinococcus Kütz. » GurGNARD (Léon), Recherches sur certains principes actifs encore incon nus chez les Papayacées. — Sur l'origine des sphères directrices. Hy (abbé F.), Note sur les Isoetes amphibies de la France centrale. LEMAIRE, Sur deux nouvelles formes de Cœlastrum Nàg. ParoviLLAnD, Les Terfaz de la Tunisie. — Quelques espèces nouvelles de Champignons du nord de l'Afrique. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 631 ParoUiLLARD et Monor, Quelques Champignons du Congo. PorRAuLT (Georges), Les Urédinées et leurs plantes nourricières. Rouy (G.), Cypripedilon Marianus Rouy et Carex caryophyllea La- tourrette. Roze (E.), Le fruit de l'Ecballium Elaterium. SAUVAGEAU, Notes biologiques sur les Potamogetou. VESQUE (J.), La tribu des Clusiées. Bulletim de la Société d'études scientifiques d'Angers. Nouvelle série, XXIV* année, 1894. Angers, 1895. DaxiEL (Lucien), Recherches historiques sur les botanistes mayennais el leurs travaux (suite). — Les botanistes mayennais dont les dé- couvertes sont mentionnées dans cet article sont Michelin et Brayer- Langlois. On trouve dans les Flores de Mutel et de Desportes l'in- dication de 18 espèces récoltées par Michelin dans la Mayenne, et lherbier Thiébault de Barnéoud renferme 28 plantes, récoltées par Brayer de Langlois aux environs de Laval et de Mayenne. LavExiER, Note sur un Champignon épiphyte. — Ge Champignon, déterminé par M. Boudier, est le Peziza lanuginosa var. Sumneri Berk. et Br. (Sepultaria Sumneriana Cooke), trouvé sous des Cédres à Sainte-Gemme-sur-Loire et qui n'était encore connu qu'en Angleterre. Il a été depuis rencontré à Meaux par M. Dumée, en Anjou par M. l'abbé Hy et prés de Nantes par M. Ménier. Bulletin de la Société botanique des Deux-Sèvres (1); 1893 (106 pages) et 1894 (156 pages), 2 fasc. in-8°. Niort, 1894-1895. FascicuLE V (1393). Outre de nombreux Rapports sur des herborisa- lions dans les Deux-Sévres, nous remarquons : p. 36, Note sur un cer- lain nombre de Bolets récoltés pendant les années 1892 et 1893, dans les environs de La Mothe-Saint-Héray, par Vietor Dupain (23 Boletus, clef et diagnoses) ; — p. 64, Note sur un Ornithopus (0. medius Guyon). Cet Ornithopus, présumé hybride des O. compressus el perpusillus, fut découvert le 17 juin 1856, dans la commune de Saint-Loup, par M. l'abbé Guyon; d’après M. Souché, il aurait la priorité sur l'O. Martini Giraudias publié sous le n° 759, en 1881, par la Société Rochelaise (2); (1) Voy. l'analyse des premiers fascicules dans le; Bulletin, t. IX (1893), Revue, p. 165. : . (2) La priorité date de la première publication; si la note trouvée dans l'herbier de l'abbé Guyon est restée inédite jusqu'en 1893, le nom donné en [881 par M. Giraudias est seul valable. . $938 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. — pp. 68 et suiv., Excursions botaniques dans les Basses-Pyrénées, par MM. Foucaud et Gamin. Le FascicutLE VI (1894) renferme, comme le précédent, des listes d'herborisation où l'on trouve d'abondantes indications sur la géogra- phie botanique de la contrée. Nous y relevons : pp. 35 et suiv., La description d'une singulière Orchidée, monstrueuse ou hybride, ren- contrée par M. Grelet, qui croit y voir un genre nouveau et le nomme Rauranita paludosa (1) ; — p. 39, La découverte de trois plantes nou- velles pour les Deux-Sèvres (Ranunculus nodiflorus, Trigonella orni- thopodioides, Cardamine parviflora) ; — p. 61, Histoire d'une Violette, par M. Souché, ou récit, avec citations épistolaires à l'appui, des vicis- situdes d'un Viola pumila géant, nommé d'abord V. celtica par Sauzé. et par lui soumis, de 1852 à 1854, aux botanistes francais les plus com- pétents à cette époque, qui le nommèrent successivement Viola stricta Hornem. (Grenier), V. lancifolia Thore (Boreau), V. stagnina Kit. (Delastre), V. montana (Chaubard), etc.; — p. 78, Note sur une ano- malie florale du Tulipa silvestris L., par M. Dangeard (Tulipa à fleur régulière, mais dont tous les verticilles, au lieu d’être triméres, sont tétramères, la capsule est tétragone et formée de quatre carpelles égaux); — p. 80, Bolets des environs de La Mothe-Saint-Héray, Note supplémen- taire par M. Dupain; — p. 85, Muscinées nouvelles pour la Vienne ou les Deux-Sèvres, par M. l'abbé Violleau (16 nouvelles pour le premier de ces départements et 8 pour le second); — pp. 129 et suiv., Excursions botaniques dans les Pyrénées centrales, par M. Gamin. Mémoires de la Société d'émulation du Doubs, sixiéme série, vol. IX (1894). Besancon, 1895. FLaGey, Flore des Lichens de Franche-Comté et de quelques localités environnantes. — MaGnix (Antoine), Communication sur la flore des Saules tétards; — Annotations et additions aux flores du Jura et du Lyonnais, et remarques sur l'inégale répartition de quelques plantes considérées comme communes. — PanwENTIER (Paul), Les Abiétinées du département du Doubs au point de vue de l'arboriculture et de la silviculture. Société d'histoire naturelle d'Autun, septième Bulletin, 1894. Dans la premiére partie, consacrée aux Mémoires, de ce volume, la botanique est représentée par deux ouvrages considérables; Pun est de (1) Ce prétendu genre nouveau n'est en réalité qu'un lusus de l'Orchis pa- lustris. Un cas tératologique analogue a été observé sur l'Orchis laxiflora Lamk. [Voy. G. Camus, Monographie des Orchidées de France, in Moroi, Journal de Botanique, t. VI (1892), p. 152.] REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 639 M. Paul Parmentier et intitulé : Flore nouvelle de la chaine jurassique et de la Haute-Saône à l'usage du botaniste herborisant. Le second travail a pour titre : Communication sur quelques Bactéries des temps primaires; son auteur est M. B. Renault. La seconde partie, Procès-verbaux des séances, renferme les Notes suivantes : Camusar, Sur la présence du Digitalis lutea dans les terrains grani- tiques des environs du Creusot. — D’après l'auteur, cet habitat ne serait qu’en apparence anormal, parce que, si l’ensemble du sol est essentiellement siliceux, « il s'y rencontre cependant des zones dont la composition chimique est propre à entretenir une végétation caleicole ». — De la présence des plantes calcicoles dans les terrains siliceux. — L'explication est analogue à celle donnée dans le cas précédent. — Observations relatives à l'habitat du Genét à balais. — L'auteur, . ayant constaté dans les cendres du Genét à balais, plante caracté- ristique par excellence des terrains siliceux, l'existence d'une forte proportion de chaux, propose une explication de ce fait fondée sur une étude analytique du sol sur lequel croit le Genét. GizLor, Contribution à la Flore du Charolais; Notes de botanique populaire. RENAvLT (B.) et Rocue (A.), Sur le Cedroxylon varollense, Conifère fossile. Le monde des Plantes, Revue bimensuelle, publiée sous la direction de M. Hector Léveillé, 3* année, 1893-1894. Un volume de 440 pages, illustré de nombreuses gravures. Le Mans, chez Edmond Monnoyer. Les articles de vulgarisation, botanique récréative, bibliographie, mélanges divers, tiennent une grande place dans ce Recueil bimensuel. Ün y trouve aussi une série assez nombreuse de Notes de géographie botanique, consacrées principalement à la famille des Onagrariées, dont M. Hector Léveillé a entrepris l'étude àce point de vue; ayant ouvert une enquête sur cette question, il publie les renseignements qu'il areçus de ses correspondants, notamment de MM. Jepson pour l'Ouest amé- ricàin, Debeaux (Chine), de Heldreich (Grèce), D" Lisboa (Bombay), Marcailliou d'Aymerie (bassin de-la Haute-Ariège), Ch. Le Gendre (Limousin), Capoduro (Var), Gillot (Saône-et-Loire et Morvan), etc. D'autres Notes sont des contributions à l'inventaire de flores locales, celles de la Mayenne (Daniel, Monguillon), de la Sarthe (Léveillé), du Var (Capoduro). Signalons un « Catalogue des plantes des gouverne- 640 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ments de Vologda et d'Archangel (1) », par M. Ivanitzky, et un Mémoire « sur la flore de Coonoor », par M. Ch. Gray. Mentionnons encore les articles suivants : A. ACLOQUE, Un Agarie irrégulier, la Cyme, l’Ombelle, le Verticille, Inflorescences (Adoxa, Chévrefeuille, Périclyméne, Cornouiller sanguin), Morphologie géné- rale des plantes cellulaires; — Booinier, Le Polemonium caeruleum à Pékin, Jussieua repens dans l'ile de Hong-Kong; — Dupuis, Dimor- phisme chez une Aroidée ; — Gianp, Fleurs pièges; — F. von MUELLER, Mimétisme parmi quelques Crucifères, etc. Bulletin de la Société Linnéenne de Normandie, 4° série, 6* volume (2), aunée 1892. Caen, E. Lanier. Paru le 25 mars 1893. Principaux artieles de botanique : Corbière (L.), p. 231 : Excursions botaniques aux environs de Vernon et des Andelys (Eure). Guérin (Ch.), p. 183 : Notes sur quelques particularités de l'histoire naturelle du Gui (Viscum album). Letaeq (l'abbé A.-L.), p. 157 : Excursions botaniques dans les marais de Briouze et aux environs de Bagnoles (Orne). Letellier (A.), p. 115 : Pourquoi la racine se dirige vers le bas et la tige vers le haut. Lignier (0.), p. 22 : Développement comparé du boyau pollinique des Phanérogames et de la macrospore des Casuarinées. — p. 65: La nervation tænioptéridée des folioles de Cycas et le tissu de transfusion. Bulletin de la Société royale de Botanique de Belgique. tomes XXXI et XXXII (années 1892 et 1893), 2 volumes in-8°. Bruxelles, au siège de la Société, Jardin botanique de l'Etat; 1892- 1894. Tome XX x1 (1892). Première partie. Wesmael (Alfred), p. 69 : Monographie des espèces du genre Fraxi- nus. Durand (Th.) et Pittier (H.), p. 119: Primitie Flore costaricensis. — L'étude des Composées a été confiée à M. F. W. Klatt, qu à (1) Voy. l'analyse de ce Mémoire dans le Bulletin, t. XLII (1895), p- BE (2) Voy. l'analyse du 5° volume (1891) dans le Bulletin, t. XXXIX (1892), p. 180. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, 641 nommé et décrit les espèces nouvelles suivantes : PIPTOCARPHA COSTARICENSIS ; EUPATORIUM ANISOCHROMUM, E. BADIUM, È. CHLO- ROPHYLLUM, E. VALVERDEANUM, E. DuranDi, E. HyMENOPHYLLUM, E. THIELEANUM, E. PITTIERI; E. PRATENSE, E. nosEUM ; MIKA- NIA OLIVACEA, M. PUNCTATA, GYMNOLOMIA SILVATICA ; MONTANOA DUMICOLA ; ASPILIA COSTARICENSIS; ZEXMENIA VIRGULTA; VIGUIERA SILVATICA, V. STRIGOSA; CALEA PELLUCIDINERVA ; LIABUM POLYAN- THUM; SCHISTOCARPA PANICULATA; SENECIO DURANDI, S. ERIOCE- PHALUS, S. MIRUS. Nypels (Paul), p. 216 : Observations anatomiques sur les tubercules d'Apios tuberosa et d'Helianthus tuberosus. Deuxième partie. Cardot (Jules), p. 123 : De l'inégalité de valeur des types spécifiques. Crépin (Francois), p. 42: Les Roses de l'ile de Thasos et du mont Athos. — p. 57 : La distribution géographique du Rosa phænicia Boiss. — p. 66: Tableau analytique des Roses européennes. — p. 133 : La distribution géographique du Rosa stylosa Desv. Micheels (Henri), p. 162: Remarques au sujet des fruits du Didymo- sperma porphyrocarpum Wend. et Drud. — p. 174: Sur la forme des embryons de Palmiers. Müller (J.), p. 22: Lichenes Knightiani, in Nova Zelandia lecti. Renauld (Fr.) et Cardot (J.), p. 100: Musci exotici novi vel minus cogniti, adjectis Hepaticis quas elaboravit Stephani. Saccardo (P. A.), p. 224 : Fungilli aliquot Herbarii regii Bruxel- lensis. Tonglet (A.), p. 93 : Notice sur six Lichens nouveaux pour la flore de Belgique. Wildeman (E. de), p. 14 : Les récentes recherches de M. Treub sur les Casuarinées. IN MB: Quelques mots sur le genre Scenedesmus Turp. Tome Xxx (1893). Première partie. Massart (Jean), p. 7 : La biologie de la végétation sur le littoral belge, Crépin (Fr.), p. 45 : Mes excursions rhodologiques dans les Alpes. Renaud (F.) et Cardot (J.), p. 101: Musci exotici novi vel minus T. XLI. (SKANCES) 41 642 - SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. cogniti, adjecta « Enumeratione Hepaticarum insularum austro- africarum, quam disposuit F. Stephani ». Durand (Th.) et Pittier (H.), p. 122 : Primitiæ flore costaricensis, 3° fascicule. — On y trouve : 1^ Lichenes, seconde énumération, auctore D" J. Müller, et 2 Musci, auctoribus F. Renaud et J. Cardot. Deuxième partie. Clerbois (Paul) et Mansion (Arthur), p. 44: Découverte du Phascum Floerkeanum en Belgique. Crépin (Fr.), p. 52 : L'obsession de l'individu dans l'étude des Roses. — p. 401: Les Roses de l'herbier de Koch, l'auteur du Synopsis Flore germanice et helvetica. — p. 115 : Quelques mots sur les Roses de l'herbier du Tarn de Mar- -trin-Donos. Delogne (C. H.), p. 40 : Champignons basidiomycétes nouveaux où rares pour la flore belge. — p. 56: Note sur le Lejeunia calcarea Lib. et le L. Rosettiant Massal. — p. 86 : Note sur le Lejeunia microscopica Tayl., espéce nouvelle pour le eontinent européen. Renaud (F.) et Cardot (J.), p. 8: Musci exotici novi vel minus co- gniti, adjectis Hepaticis quas elaboravit F. Stephani. Wildeman (E. de), p. 88 : Contribution à l'étude des Algues de Del- gique. The Journal of botany british and foreign, edited by James Britten, vol. XXXII (1894) ; n* 373 à 384. London : West, Newman and C^, 54, Hatton Garden. Un vol. in-8° de 392 !pages et 9 planches. Londres, 1894. : Areschoug (W. C.), p. 70 : Artemisia stelleriana Bess. in Europe. Baker (Edm. G.), p. 35 : Supplement to synopsis of Malvec. - p. 65 : African species of Lobelia sect. Rhynchopetalum. — Deux espèces nouvelles sont figurées: LonELIA GnEGonIANA et L. Tay- LORIANA (tab. 310 et 341). : — p. 140 : A new tree Senecio from tropical Africa (Un nouveau Seneçon arborescent de l'Afrique tropicale). —j SENECIO KE- NIENSIS, récolté sur le mont Kenia, dans l'Afrique équatoriale. — p. 299: Dotany of High-cup Nick, Westmoreland. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 643 Baker, p. 360 : Notes on Guttiferæ. — Espèces nouvelles : Sywrito- NIA OLIGANTHA, S. HILDEBRANDTII. Beeby (W. H.), p. 1 : Murbeck on Gentians. Benbow (John), pp. 106, 369 : Middlesex Mosses. Bennett (Arthur), p. 153 : Potamogeton prelongus X perfoliatus ? - p. 194 : Potamogeton undulatus Wolfg. — p. 203: Notes on Potamogetons. — P. helodes Dumort. (petite forme du P. coloratus Hornem.); P. mucronatus Schrad.; P. pectinatus var. mongolicus ; P. longifolius Bab. non Gay; P. præ- longus. — p. 214 : Ledum palustre in Scotland. — p. 310 : Pirola rotundifolia L. var. arenaria Koch. — p. 364 : Notes on british plants : STATICE. Bolus (Harry), p. 233 : Contributions to the Flora of South Africa. — Ericaceæ, species nove : Erica Guranrier, E. Junonia, E. ScHLECH- TERI, E. FRIGIDA, E. Farri, E. NUBIGENA, E. Woopir, E. MARLO- THU, E. FLANAGANI, E. ALGIDA, È. ORESIGENA, E. w&sTA; BLERIA FLAVA; EREMIA RHODOPIS; SIMOCHILUS VISCOSUS. Boswell (Henry), p. 78 : Some new Zealand Mosses and Hepaticæ. Bretschneider (E.), p. 292 : On some old collections of chinese plants (Sur quelques anciennes collections de plantes de Chine). Britten (J.), p. 21 : Orchis strateumatica L. — p. 38 : Linociera cotinifolia (— Chionanthus virginicus). — pp. 84, 168 : Notes on Convoloulaceæ, chiefly african. — p. 180: Bibliographical Notes V. The Dating of Periodicals (De la manière de dater les Recueils périodiques). Clarke (Will. A.), pp. 13, 111, etc. : First records of british flowering plants (Première mention de diverses plantes dans les Iles Bri- lanniques). — C’est une curieuse compilation, remontant aux Pères de la botanique et intéressante au point de vue historique. Les phrases des anciens auteurs étant traduites en formules de la nomenclature binaire, on y voit, par exemple, que, sur cinq Utri- culaires, la première signalée dans les Iles Britanniques a été U. vulgaris dès 1641 (« Millefolium palustre galericulatum » John- son Mercurii botanici pars altera), puis U. minor en 1677, U. intermedia (1812), U. neglecta (1867), U. Bremii (1876), etc. Il serait très désirable de pouvoir établir une semblable chrono- logie pour la flore de chaque pays. Druce (G. Claridge), p. 181 : Sagina Reuteri Boiss. in Britain. 644 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Druec, p. 240: Varieties of Sherardia arvensis L. Dunn (S. F.), p. 23: Wilts plants. Farmer (J. Bretland), p. 327: The stipules of Blepharistemma tricho- phyllum. Fryer (Alfred), p. 97 : Potamogeton polygonifolius var. pseudo-flui- lans (avec une planche, tab. 342). — p. 331 : Potamogeton rivularis Gillot (1). — Cette plante serait, d’après l'auteur, une variété du P. lanceolatus Smith, lequel serait lui-inéme hybride du P. heterophyllus et d'un autre Potamogeton du groupe des Graminifolii, par exemple P. Friesii, P. pusil- lus, etc. — p. 345 : Potamogeton nitens. Gray (Asa), p. 19 : Last Words on Nomenclature (Ses dernières paroles en matiére de nomenclature). Hanbury (Frederick J.), p. 225 : Notes on british Hieracia. — Species nove : H. CUMBRIENSE, LEYI, CARENORUM, RUBIGINOSUM, CAM- BRICUM, SURREJANUM, CANTIANUM, et un hybride, H. boreale X sciaphilum. — Sous le titre de A tentative List of british Hieracia published at the request and for the convenience of botanists, as a quide to the arrangement of their herbaria, l'au- teur a dressé le tableau synoptique de toutes les Épervières con- nues de la Grande-Bretagne. La liste systématique occupe une longue colonne et, à cóté de chaque nom d'espéce ou variété, est mentionné, dans une seconde colonne paralléle à la premiére, l'euvrage, Recueil ou Exsiccata oü l'on trouve la description de la plante. Jackson (B. Daydon), p. 279 : Réponse à M. O. Kuntze, à propos de l'article « Linnæa or Obolaria » de ce dernier. Kirk (T.). p. 182 : New Zealand Sow-Thistles (Sonchus de la Nouvelle- Zélande). — Spec. nov. : SONCHUS GRANDIFOLIUS. Euntze (0.), p. 276 : Linnæa or Obolaria. Ley (A.), p. 142 : Three new Bramble forms (Trois nouveaux Rubus). Rubus nemoralis Müll. var. SiLURUM n. var., R. CURVIDENS n. Sp» R. Borreri Bell. var. vIRGULTORUM n. var. . (1) Ce Potamogeton, signalé par M. Gillot, avait été d'abord rapproché du P. alpinus Balb. (voy. Bull. Soc. bot. de Fr., séance du 10 décembre 1886. t. XXXIII, p. 554); puis notre confrère l'a décrit, sous le nom de P. rivularis Gillot, dans le 14* Bulletin de la Société Dauphinoise (1887), p. 584, et dans le fasc. VI (1887), p. 118, des Scrinia flore selecte de Ch. Magnier. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 645 Linton (E. F.), p. 23 : Rubus podophyllus Müll. — p. 108 : Rubus Gelertii and some of its english forms. — p. 186 : Potamogeton crispus var. cornurus Linton. — p.201: Two new Willow-hybrids (Deux nouveaux Saules hy- brides). — Sazix CaPREA X MYRSINITES nov. hybr. et S. CERNUA n. hybr. vel n. sp. — p. 213 : A new british Rubus. — Rupvs Rocknsi n. sp. Marshall (E. S.), p. 185 : Salix aurita x herbacea. — p. 212: Salix Sadleri Syme. — p.216: Hieracium dovrense Fries var. SPECTABILE n. var. — p.289: On a apparently undescribed Cochlearia from Scotland (Un Cochlearia d'Écosse probablement inédit, C. MICACEA m. 8p.) (Planches 345 et 346). Masters (Maxwell T.), p. 248 : Avena elatior var. bulbosa. Moore (Spencer Le M.), p. 129 : New Acanthaceæ from tropical Africa (avec une planche). — HowrLAcawTHUS GREGORI! gen. et sp. nov. (t. 343); autres espèces nouvelles: THUNBERGIA GREGORII, TH. GIBSONI, MELLERA NYASSANA, RUELLIA MEGACHLAMYS, CRABBEA VELUTINA, ASYSTASIA LINEARIS, ÉCBOLIUM AMPLEXICAULE, JUSTICIA LEIKIPIENSIS, J. GnEGORU. Newdigate (C. A.), p. 114 : Hermaphrodite Hazels (Noisetiers herma- phrodites). Pearson (W. H.), p. 328 : Frullania microphylla. , Praeger (R. Lloyd), pp. 75, 359 : Some irish Rubi. Purchas (W. H.), p. 130 : RUBUS RUBICUNDUS sp. nov. — Plus loin, p. 187, l'auteur remplace le nom spécifique rubicundus, que Müller et Wirtgen avaient déjà employé dans le méme genre, par rubriflorus. Reevez (Jesse), p. 33 : On the development of the stem and leaves of Physiotium giganteum (Sur le développement de la tige et des feuilles du Physiotium giganteum Weber). — Avec une planche (tab. 339). Rendle (A. B.), p. 100 : Grasses from Johore (Graminées de Johore). — Species nov : IscHÆMUM FEILDINGIANUM et I. MAGNUM. — P. 161 : Two new tropical african Asclepiadeæ. — ÜDONTOSTELMA Wezwirscuir gen. et sp. nov. (tab. 344), XYSMALOBIUM FRITIL- LARIOIDES sp. n. — pp. 171,214 : New tropical african. Convolvulacee. — leowca 646 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. ANDONGENSE, [POMŒA PORRECTA, l. ADUMBRATA, I. PROTEA, I. ARENICOLA, Î. HUMIFERA, I. SALTIANA, I. SIMONSIANA, MERREMIA SPONGIOs&. Les six premières espèces ont pour auteurs MM. Rendle et Britten ; les trois dernières sont de M. Rendle seul. Rendle, p. 321 : Tropical african Screw Pines. — Espèces nouvelles : PaNpANus BarTERIANUS, P. WezwiTscuit (tab. 347), P. Krnkir, P. LiviNGSTONIANUS. Rogers (W. Moyle), pp. 40, 374 : Rubi Notes. — Espèces nouvelles : R. MOLLISSIMUS, R. POWELLII, R. BRITANNICUS. Sehlechter (R.), p. 257 : Contributions to south african asclepiadology. Deeas I. — Espèces nouvelles : PENTOPETIA NATALENSIS, Gom- PHOCARPUS STENOGLOSSUS, G. Wooni, SCHIZOGLOSSUM ÆMULUM, S. EXCISUM, S, GLANDULIFERUM, S. OBLONGUM, S. TOMENTOSUM, DICHÆLIA PYGMÆA. — and Bolus (H.), p. 330 : On the genus Acrolopha. Whitehead (J.), p. 193 : North Derbyshire Mosses. Williams (F. N.), f. 10: Primary subdivisions in the genus Silene. — p. 163 : A new Silene from Teneriffe (S. BREVISTIPES). The botanical exchange Club of the british Isles: Re- port for 4893 (Société botanique d'échange des Iles Britanniques. Rapport de M. James Groves sur les distributions faites en 1893). Broch. de 34 pages in-8°. Manchester, 1894. 4238 échantillons, représentant les envois de 32 membres, ont été dis- tribués. Nous signalerons les notes suivantes : H. et J. Groves, R. Bau- dotii X Drouetii, hybride observé au milieu des parents; — Cl. DRUCE, Cardamine palustris Peterm. in Deutschl. Flora, p. 32 (1849), va- riété ou sous-espèce du C. pratensis, à fleurs ordinairement lilas et à feuilles radicales offrant trois paires de folioles distinctement pétiolées et cordiformes, tandis que dans le C. pratensis type les fleurs sont habi- tuellement blanches et les feuilles radicales présentent cinq à hu! paires de folioles sessiles à base arrondie, mais non échancrée en coeur. Le C. palustris serait plus répandu que le véritable pratensis dans les Iles Britanniques (1); — Wolley Don, caractères différentiels des Malva borealis et parviflora; — W. M. Rocers, remarques sur divers Ru- bus; — BeEBy, Potentilla reptans X Tomentilla ;— Crépin, Notes sur (1) Il est à peine besoin d'ajouter qu'entre les deux types, palustris et pra- tensis, caractérisés comme ci-dessus, on observe de nombreuses formes inter- médiaires. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 647 divers Rosa ; — Ch. Druce, Linaria Baxterii (L. vulgaris X repens) ; — À. BENNETT, intéressantes annotations au genre Potamogeton ; — E. F. Linton, Spartina Townsendi H. et J. Groves. Ern. MALINVAUD. Catalogue des Mousses, Hépatiques ct Lichens de la Corrèze; par M. Ernest Rupin (in Revue scientifique du Limousin, 1893-1895). Tirage à part chez M"* veuve H. Ducourtieux, libraire à Limoges. Ce Catalogue renferme l'énumération de 164 espèces de Mousses, de 46 Hépatiques et de 219 Lichens. Toutes les espèces ont été revues par Lamy de la Chapelle et les espéces douteuses, parmi les Lichens, ont été soumises à l'examen de M. Nylander. Le nombre de 164 Mousses indiquées par l'auteur parait loin de repré- senter la flore bryologique de la Corréze. M. Rupin, ainsi qu'il le fait connaitre dans sa préface, n'a guére herborisé que dans l'arrondissement de Brive et son travail présente de trés nombreuses lacunes pour les arrondissements de Tulle et d'Ussel; pour combler, dans la mesure du possible, ces lacunes, l'auteur a étendu l'horizon de la flore corrézienne en mentionnant quelques plantes récoltées dans le département du Lot, dont les plateaux calcaires se rattachent à la partie méridionale de la Corrèze, ou: dans le département du Cantal dont les terrains granitiques voleaniques ont plusieurs points de similitude avec les montagnes éle- vées d'Ussel. ; Si restreint que soit ce Catalogue, il n'en est pas moins intéressant et il est à désirer que l'auteur le complète par l'indication des espèces qu'il ne peut manquer de rencontrer dans les arrondissements de Tulle et d'Ussel. Ew. BESCHERELLE. Musci novi Papuani, descripsit V.-F. Brotherus (in Engler's Bo- | tanischen Jahrbüchern, 1893, pp. 415-481). Description en latin de 13 Mousses nouvelles de la Nouvelle-Guinée, récoltées par M. L. Kærnbach, savoir : Fissidens Kærnbachii, voisin des F. lagenarius Mitt. et F. scabrisetus Mitt.; Arthrocormus subden- latus. différent de lA. dentatus C. Müll. par les feuilles linéaires-ligu- lées, obtuses, plus finement denticulées; Leucophanes (Trachynotus) Subscabrum, qui differe du L. scabrum (C. Müll.) par ses feuilles obtuses plus finement denticulées et par les poils de la nervure plus Courts; Calymperes Kærnbachii, proche du C. Dozyanum Mitt., mais qui s’en éloigne par la nervure très scabre au sommet et par l’absence ` de dents aux marges de la partie basilaire de la feuille; Splachnobryum Nove-Guineg, se distinguant de ses congénères par la forme et le réseau des feuilles; Hookeria (Callicostella) pterygophylloides, espéce remar- 648 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. quable par son port semblable à celui des Pterypophyllum ; Thuidium subbifarium, trés voisin du T. bifarium (Br. Jav.), mais plus robuste et à cellules des feuilles raméales plus petites et obscures; Th. pe- lekioides, Hypnum (Rhynchostegium) fissidentoides; Trichosteleum Kærnbachii, proche du T. isocladum (Br. Jav.), mais à port beaucoup plus modeste et à feuilles plus briévement acuminées, serrulées, ornées de quelques rares cellules alaires; Ectropothecium tophigerum, à feuilles trés semblables par le réseau à celles de l'Ect. reticulatum Doz. Molk., mais serrulées, plus briévement et plus largement acuminées; Ect. loricatifolium, différent de l'Ect. inflectens (Brid.) par ses feuilles plus fermes, non modifiées par la dessiccation, ni infléchies, ovales, obtuses ou terminées par un trés court apicule; Ect. plano-falcatulum, trés voisin de l'Ect. sodale (Sull.), mais un peu plus robuste, plus rigide et à rameaux beaucoup plus aplanis. Ém. BESCHERELLE. Musci africani. I, par M. V.-F. Brotherus; in Engler's botanis- chen Jahrbüchern, XX Band, 1894, pp. 176-218. Ce Mémoire, qui n'est précédé d'aucune introduction, comprend l'énu- mération de 75 espéces de Mousses déjà connues et la description de 59 espèces nouvelles. Elles ont été recueillies dans l'Afrique orientale allemande, à Kilima-Ndjaro, par M. Volkens, et à Usambara, par MM. C. Holst et Fisher; dans l'ile de Zanzibar, par M. Stuhlmann, dans le Togo- land (pays situé entre la Guinée et le Dahomey), par M. Büttner et dans les monts Cameroun, par M. Preuss. Quelques-unes ont été rapportées de l'Afrique centrale par M. Stuhlmann, mais le plus grand nombre provient d'Usambara (105), oà M. Holst a fait de trés intéressantes dé- couvertes. Ew. B. Musci Schenckiani, ein Beitrag zur Kenntniss der Moosflora Bra- siliens, von V.-F. Brotherus (in Hedwigia, Band XXXIII, 1894). Énumération et description des Mousses récoltées par le D" H. Schenck au Brésil. Les espèces cataloguées par l'auteur sont au nombre de 79, dont 5 sont nouvelles; ces dernières sont les suivantes : Streptopogon Schenckii, Barbula Schenckii, Zygodon Schenckii, Brachymentum brevipes et B. Schenckii. Ew. B. Florule bryologique de Tahiti et des iles de Nukahiva et Mangareva; par Ém. Bescherelle (in Annales des sciences na- turelles, T° série, t. XX, 1894). L’auteur, continuant la série de ses publications sur la flore utt gique des colonies françaises, vient de faire paraître la florule des s Tahiti, et accessoirement celle des iles Gambier et Marquises où €" REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 649 moins l'énumération de toutes les Mousses connues jusqu'ici dans ces pays. Son Mémoire commence par l'indication des voyageurs et collec- teurs qui en ont rapporté des Mousses; puis vient la partie bibliogra- phique qui renferme des renseignements détaillés sur les ouvrages à consulter, sur les espèces qui y sont mentionnées et sur leur distribu- tion géographique. La disposition méthodique des espèces occupe 4i pages; l'ensemble des échantillons examinés s'éléve à 216, se répartissant entre 91 types, chiffre relativement élevé eu égard à la superficie explorée. Parmi ces 91 types spécifiques se trouvent 29 espèces nouvelles et 62 décrites antérieurement. Les espèces nouvelles sont les , suivantes : Wilsoniella Jardini, Campylopodium tahitense, Dicra- num rufifolium, Campylopus Nadeaudianus, Leucophanes nukahi- vense, Fissidens Nadeaudii, Calymperes Angstrômii, Racomitrium papeetense, Macromitrium Savatieri, Philonotula Vescoana. P. Jar- dini, Pogonatum tahitense, Leucodon pacificus, Garovaglia tahitensis, Homalia pseudoexiqua, Distichophyllum Nadeaudii, D. tahitense, Hookeria Vescoana, H. chlorina, H. nukahivensis, Brachythecium tearapense, Rhynchostegium | obscurum, Sematophyllum Lepinei, Microthamnium macroblepharum, Mniodendron tahiticum, Hypno- dendron Vescoanum, Rhacopilum microphyllum, Hypopterygium Na- deaudianum, Cyathophorum tahitense. Ern. M. Hepaticæ chinenses; par M. F. Stephani (in Mém. Soc. sc. nat. et mathém. de Cherbourg, t. XXIX, 1894). Les Mousses récoltées au Yunnan (Chine) par M. l'abbé Delavay dans le cours des années 1883-1890 ont été décrites par nous dans les Annales des sc. natur., T° série, Bor., t. XV, 1892 (1). M. Stephani à, de son côté, étudié les Hépatiques de la région, et la liste des espèces recueillies au Yunnan a été publiée dans la Revue bryologique de M. Husnot (1893, p. 106). Le savant hépaticologue de Leipzig donne aujourd’hui les descriptions des espèces nouvelles. Il fait remarquer que la flore hépaticale des montagnes explorées par M. Delavay est princi- palement boréale et montre moins d'espéces appartenant à la flore de l'Asie tropicale. Ainsi on y trouve nos Jungermannia orcadensis et quin : quedentata, Blepharostoma trichophyllum, des espèces des genres Marsupella, Scapania et Lepidozia, qui préférent le climat tempéré et dont quelques-unes croissent dans lés hautes montagnes de l'Himalaya. D'autres espèces des genres Plagiochila, Frullania, Pleuroschisma, qui sont nombreuses et largement répandues dans l'Asie tropicale, n'en Porlent pas le caractére et sont plus voisines des espéces du nord de (1) Voy. Bull. Soc. bot. de Fr., t. XXXIX, Revue bibliogr., p. 151. $50 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. l'Europe. Seul, le Lejeunea cordistipula a un caractére entiérementtro- pical, de méme que Schisma chinensis et Chandonanthus. Un seul genre est nouveau ; il a été dédié à M. Delavay et porte le nom de Delavayella ; il est caractérisé ainsi qu'il suit : Plant: bilaterales, molles, cespitantes, erectæ, parum ramosi, ramis ubique lateralibus, a basi caulis solum radicantes. Folia conferta, dis- tiche patula, medio infero conduplicata, supero aperta, dimidio postico plano erecto, ad basin in sacculum commutato, antico decurvo revoluto in caulem longe decurrente, apice bifida, serrata, acuta. Cellule magne, trigonis distinetis instructæ. Flores Q terminales; pistilla numerosa; folia floralia 2, perianthium vaginatim amplectantia, longe carinata, superne bifida, patula, serrata. Perianthium valde elongatum, compresso- cylindricum, haud plicatum, ore aperto quadrifido dentato. Propagula in apice caulis subnudi, e margine squamarum orta, hyalina, globosa. Inflorescentia dioica, 5 ignota. Les espéces nouvelles, au nombre de 32, sont les suivantes : Acrole- jeunea cordistipula, Aitonia (Plagiochasma) fissisquama, Aneura barbiflora, Cincinnulus (Kantia) cordistipulus, Delavayella serrata, Frullania Delavayi, F. muscicola, F. rotundistipula, F. yunnanensis, Jungermannia erectifolia, J. reticulato-papillata, Lepidozia hokinen- sis, L. macrocalyx, L. robusta, Madotheca cespitans, M. chinensis, M. densifolia, M. nitens, Marchantia grossibarba, Marsupella (Sar- coscyphus) Delavayi, Pleuroschisma (Mastigobryum) alpina, P. biden- tula, P. cordifolia, Plagiochila chinensis, P. corticola, P. Delavayt, P. yunnanensis, P. zonata, Scapania secunda, S. parva, Schisma chinense et Sch. Delavayi. Ém. BESCHERELLE. Flore bryologique du Japon (Nouveaux documents pour la); par M. Em. Bescherelle, in Ann. sc. nat., BoT., 1° série, t. VII (1893). Les Mémoires concernant la bryologie du Japon ne sont pas très nom- breux. Thunberg (Flora Japonica, 1184), Dozy et Molkenboer (1844- 1847), Van der Sande Lacoste (Prolusio flore japonicæ, 1865-1867), M. W. Mitten (1865), Sullivant et Lesquereux (Eæpéd. amér. 1859), Lindberg (1872) et Duby (1877-1879) sont les seuls qui se soient occupés de l'étude des Mousses de la région jusqu'en 1890, et le nombre des espéces signalées dans leurs ouvrages ne s'éléve qu'à 160. En 1891, M. Mitten publia, dans les Transactions de la Société Linnéenne, l'énumération de toutes les Mousses japonaises en y comprenant les col- lections rapportées par les botanistes du Challenger et par MM. Bisset, Maingay et Dickens, dans lesquelles il trouva 55 espèces nouvelles, ce qui portait à 216 le bilan de la flore bryologique du Japon. Pendant que REVUE DIBLIOGRAPHIQUE. 651 M. Mitten dressait son inventaire, le Révérend Père Faurie, missionnaire, explorait l'ile de Yézo, ainsi que les provinces du nord du Nippon, qui n'avaient jamais été visitées, et envoyait ses récoltes au Muséum d'his- toire naturelle. Les Mousses recueillies par cet ecclésiastique, jointes à celles que le D' Savatier avait récoltées aux environs de Yokoska, cons ütuent un apport considérable. Le nombre des espèces inscrites dans le document dont nous rendons compte s'éléve à 176; on y trouve 98 espèces et 13 variétés nouvelles et deux nouveaux genres, l'un le genre Fauriella, de la famille des Leskéées, l'autre le genre Myuro- clada, formé pour Hypnum concinnum Wils. (Myurella Lindb.), qui n'était connu jusqu'ici qu'à l'état stérile et doit rentrer dans la famille des Brachythéciées. Kx. B. La nomenclature des Hépatiques; par M. A. Le Jolis (in Revue bryologique, 1894, n* 5). Nous avons déjà fait connaitre, dans une récente Note (1), le résultat de la campagne entreprise par notre confrère pour le rejet de la nomen- clature des genres d'Hépatiques créés par S.-F. Gray, en 1821, et repris dans ces derniers temps par S.-0. Lindberg et ses élèves. M. Stephani, le savant hépaticologue de Leipzig, avait fini par adopter les propositions de M. Le Jolis, à l'exception de trois noms : Mesophylla, Sendtnera et Blepharozia, auxquels il préfère Alicularia, Mastigophora et Ptili- dium. Dans sa réponse, M. Le Jolis fait remarquer que si Dumortier à varié quant aux limites de son genre Mesophylla, qu'il avait créé en 1822 pour les Jungermannia compressa et J. scalaris, il ne l’a jamais abandonné ; il a adopté, il est vrai, le genre Alicularia Corda pour le J. scalaris, mais son premier genre a toujours été conservé par lui comme type de la tribu des Mésophyllées et il doit étre maintenu comme plus ancien. Endlicher a créé le genre Sendtnera pour le J. Wood- sii et des espèces exotiques et l'a distingué du genre Schisma Dum. En 1845, Nees réunit ces deux genres sous le nom de Sendtnera et, depuis, ce genre n'a pas reçu d'autre acception, tandis que le genre Mastigo- Phora, appliqué par Nees d'abord au J. reptans puis au J. Woodsii et enfin aux Mastig. juniperina, M. Sendtneri et M. adunca, par MM. Mitten, Stephani, etc., au J. Woodsii, par Lindberg et autres au J. reptans, a produit des erreurs, des équivoques et doit étre rigoureu- sement proscrit en vertu des Lois de la nomenclature. Quant à Blepha- rozia (1830), qui renfermait le type J. ciliaris outre le J. Woodsii, il est vrai, il est moins bien limité que le genre Ptilidium (1833), qui ‘désigne le seul J. ciliaris ; mais Nees n'avait pas le droit, en étendant (1) Voy. le Bulletin, t. XL (1893), Revue, p. 111. 652 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. les limites du genre Ptilidium, de supprimer arbitrairement le nom de Blepharozia plus ancien; d'ailleurs Ptilidium est presque identique à Ptelidium (Pet. Th., 1805). Le genre Blepharozia, adopté par Lind- berg, Trevisan, etc., a la priorité sur Ptilidium et doit étre maintenu, de préférence à ce dernier. Nous espérons que les nouvelles observations présentées par M. Le Jolis mettront fin au conflit. Ém. BESCHERELLE. Eléments d'histoire naturelle : Botanique ; par F. J. Un volume in-12 de 226 pages, avec 219 figures dans le texte. Tours, A. Mame et fils. Paris, Poussielgue, 1894. On retrouve dans cette édition nouvelle les qualités qui ont assuré à l'ouvrage dés son apparition un légitime succés. Le plan général et la disposition des parties, qui font de l'ensemble un Manuel complet de botanique élémentaire, ont été exposés avec détails dans le Bulletin (t. XXXVII, p. 97); il n'y a pas lieu d'y revenir, sinon pour signaler les améliorations apportées. L'auteur, pour répondre aux vœux exprimés par nombre de lecteurs, et en vue d'attacher à son œuvre un caractère de popularité plus grande encore, a su lui donner une forme plus con- densée sans nuire à son intégrité. Les élèves, auxquels il est destiné, apprécieront surtout l’avantage de trouver résumée dans un petit nombre de pages la science entière des végétaux. Avec son apparence modeste, ce livre du frére Joseph-Héribaud demeure cependant trés riche de faits et de théorie, et la lecture en est attrayante grâce à l'excellence de la méthode, aux nombreux exemples cités, ainsi qu'au choix judicieux des figures destinées à faciliter l'intelligence du texte. Nul doute Les ce Manuel n'obtienne du public des écoles toute la faveur qu'il mérite. F. Hx. Recherches sur les Bactéries acétifiantes: par M. Émil-Ch. Hansen (Annales de Micrographie, août 1894, 41 pages). Kützing, en 1837, fit connaitre l'Ulvina aceti dans lequel il recon la cause de la fermentation acétique, mais il admettait que cette orga- nisme se développe par génération spontanée. En 1868, M. Pastor" publia ses études sur la fermentation acétique et la fabrication du vi naigre et conclut de ses recherches que le micro-organisme qui sasea la formation de l'acide acétique est le Mycoderma aceti, nom par leque Thomson avait, en 1852, remplacé celui d'Ulvina. En 1819, M. Hansen démontre que sous le nom de Mycoderma aceti se cachaient au moins deux espéces nettement distinctes, toutes deux extrémement polymorphes- Outre les chapelets de petites bactéries, elles se présentent encore px forme de longs bàtonnets, de filaments, de cellules renflées, eic. LE nut REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 653 recherches figurent parmi les premiéres preuves expérimentales de la possibilité qu'une seule et méme espèce conslitue toute une série de formes différentes les unes des autres. Les Bactéries acétifiantes appartiennent au genre Baclerium et peuvent étre réparties en deux groupes : A. Espèces à membranes faciles à séparer et dans lesquelles la forma- tion gélatineuse ne peut s'observer qu'à l'aide d'une préparation spé- ciale. : 1. Gelée non colorée par la solution d'iode, ni par l'iodure de potas- sium iodé, Bacterium aceti (Kützing) Zopf. 2. Gelée colorée en bleu. B. Pasteurianum (Hansen) Zopf. B. Kützingianum Hansen. B. Espèces à membranes où la formation de la gelée devient cartila- gineuse et coriace. B. œylinum Adr. J. Brown. À 34 degrés, au bout de vingt-quatre heures, en culture pure pratiquée avec de la biére double, il se forme un voile complet, trés différent d'aspect suivant l'espéce ensemencée. Le voile du B. aceti est glaireux et uni, celui du B. Pasteurianum est see, ridé et plissé; celui du B. Kützingianum est voisin du précédent, il a une tendance à grimper le long des parois du matras et de plus, pour cette dernière espèce, la bière de culture abandonnée à la température de l'habitation se ternit rapide- ment. On trouve également des différences dans l'examen microscopique. La gelée qui entoure les cellules n'est visible que par l'application d'un maniement convenable consistant à faire agir des réactifs iodés. Toutefois la réaction peut faire défaut dans certains cas et étre exaltée dans d'autres. Les espéces se distinguent également en culture sur gélatine (avec mélange. d'extrait de viande, de peptones, de moût de biére double, d'agar-agar). Tantôt c’est la forme des voiles qui diffère, tantôt ce sont les caractères microscopiques qui permettent de reconnaitre les espéces avec certitude. De ses recherches sur les transformations morphologiques, M. Hansen conclut que le facteur morphogénique est la température de 34°-40° 1/2, à la seule condition que la culture ait lieu dans un milieu nourricier favorable et riche. Un troisiéme élément intervient encore pour une certaine part, savoir l’âge des cellules au début de l'expérience. On peut donc à volonté produire le type que l'on veut en passant de la forme en 654 SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE, filament à celle en chaine par les formes renflées qui constituent un chainon intermédiaire dans le cycle d'évolution. Ces recherches n'ont pas duré moins de six années, aussi l'auteur a-t-il pu s'assurer de la limite de vitalité des espéces soumises à l'expé- rience. C'est dans la biére basse de garde qu'elles se sont maintenues vivantes le plus longtemps : le B. aceti environ quatre ans et demi, le B. Kützingianum prés de cinq années, le B. Pasteurianum plus de six ans et demi. On doit donc, d’après ce qui précède, considérer la bière basse de garde comme le meilleur moyen de conserver les bactéries acétifiantes. Ces dernières ne sont pas aussi dangereuses qu'on l'a cru : dans les brasseries à {fermentation basse elles manquent des conditions voulues pour sejdévelopper, dans les brasseries à fermentation haute elles sont plus sujettes à causer des dégâts. Il importe, avant tout, que les fûts et les bouteilles servant au transport soient soustraits au libre accès de l'air en étant bien bouchés et bien remplis. P. Hanior. Développement des Pediastrum ; par MM. B. Chodat et Huber (Archives des sciences physiques et naturelles, XXXI, n° 4; 15 avril 1894). Les auteurs ont observé que l'on pouvait, en faisant varier la concen- tration de la solution nutritive de culture, retarder à volonté l'émission des vésicules gélatineuses remplies d'individus nés par bipartition suc- cessive du protoplasma de la cellule-mére. Dans un liquide à 10 pour 100 cette formation n'a plus lieu, elle est remplacée par des colonies dépourvues des vésicules dans lesquelles les individus sont, au moment de leur sortie, entourés d'une membrane. C'est là une forme celastroide. On peut aussi observer des divisions purement végétatives dans les cellules-méres. Il ressort de ces recherches que les Pediastrum, par leur double mode de reproduction, conslitue- raient un intermédiaire entre les Hydrodictyées et les Scénédesmées. p. H. Remarques sur le système des Algues vertes infé- rieures; par MM. R. Chodat et Huber (loc. cit., pp- 3-10). Les Palmellacées peuvent se reproduire et se multiplier de trois fa- cons : par division lente et successive sans qu'il se forme de membrane ferme autour de chaque protoplaste; par macrozoospore née indivi- duellement dans une cellule et dépourvue de membrane; par uen sporangiale et formation d'un zoosporange pouvant contenir de 4 à 68 zoospores et entouré par une membrane. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. 695 Les Volvocinées peuvent être considérées comme dérivées des Palmel- laeées; ce seraient des Palmella à phase mobile prépondérante. Quant . aux Pediastrum, ils se rattachent étroitement aux Volvocinées par le Pandorina : c'est une Pandorine dont la masse gélatineuse est devenue solide autour des points de division. Dans le groupe des Protocoecoidées la division sporangiale est pré- pondérante. Mais ces Algues se rattachent aux Palmellacées par la for- mation possible d'un état palmelloide et l'existence de types intermé- diaires. Dans les Pleurococcoidées, au contraire, c'est la tendance à une division végétative par cloisonnement qui domine. C'est là l'état pleuro- coccoide qui peut être dérivé directement de l’état palmelloïde, mais les deux cellules qui résultent de la bipartition d'une cellule-mére sont Séparées par la formation d'une lamelle cellulosique, au lieu d'étre éloignées par interposition d'unelamelle mucilagineuse. Le Monostroma bulbosum ne se distinguerait du Tetraspora lubrica que par son cloi- sonnement pleurococcoide. Quant aux Chlorosphéracées, on peut les caractériser par ce fait qu'elles possèdent, à côté de la division végétative, une reproduction par zoospores. De l'étude de MM. Chodat et Huber, il résulte que les Pleu- rococcus doivent probablement rentrer dans le groupe des Chlorosphé- racées, les Pleurococcacées renfermant des formes hétérogènes appar- tenant à des séries très différentes. Quant aux Chétophoracées dans lesquelles a lieu la fixation dans la formation du thalle, elles se relient aux Chlorosphéracées par le genre Stigeoclonium, qui en constitue le représentant le plus inférieur. IE Nouvelles recherches sur les Zhephidium ; par M. R. Chodat (loc. cit., p. 2). Les Rhaphidium se divisent par quatre aux dépens du protoplasma à l'intérieur de la cellule-mére sans cloisonnement correspondant visible. Ces produits de division sont mis en liberté dans l'eau par diffluence de la membrane générale. M. Chodat a obtenu la fixation des Rhaphidium sur des Algues fila- menleuses et, dans ce cas, ils ressemblent à un Characium longipes. Dans ces conditions, les produits de la division sortent par le sommet de la membrane de la cellule-mère en donnant naissance à de gracieux arbuscules qui rappellent la disposition des Sciadium. p ll en résulterait que ces trois genres d'Algues constituent une série de formes affines : Characium étant le type le plus mobile et Rhaphi- dium le plus immobile. Ils s'éloigneraient des Pleurococcus, auxquels ils ont été réunis, en ce que le vrai cloisonnement leur manque. P. H. c. ot c. SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE. Essences forestières des Pyrénées-Orientales; par M. Ju- lien Calas (XXIV*. Bull. Soc. agric. scient. et littér. des Pyr.-Or.). Tirage à part de 115 pages. Perpignan, 1893. Dans une première partie intitulée : Les producteurs, l'auteur, qui est Garde général des forêts, énumère les principales essences qui com- posent les boisements des Pyrénées-Orientales. Le Pin à crochets (Pinus uncinala) serait l'essence la plus importante qui peuple à elle seule presque toute la Cerdagne et le Capsir, où il ne forme de massifs à l'état pur qu'aux plus hautes altitudes. Le Pin sylvestre et le Sapin n'occupent que de faibles parties de la surface boisée. Parmi les arbres feuillés, le Chàtaignier et le Chéne-vert couvrent, à: eux deux, prés du trentiéme de la superficie forestière; le Chéne-vert monte à 1400 métres à l'exposition sud; quant au Chátaignier, il s'éléve dans le Canigou jusqu'à 1500 métres. Le Hétre vient ensuite. Quant au Chéne-Liége, il est disséminé dans l'arrondissement de Céret, ne dépas- sant pas 700 métres. Le Chéne Rouvre est rare à l'état de massif et ne vient guère qu'en mélange avec le Hêtre et le Châtaignier dans la vallée du Tech. Les autres essences présentent trop peu d'importance pour étre citées. La seconde partie est consacrée aux produits classés en deux grandes catégories : bois d'œuvre et bois de chauffage. Comme bois de chauffage, c'est le Chéne-vert qui vient en téte ; comme bois de service, ce sont les Pins à crochets, sylvestre et le Sapin qui présentent le plus d'importance. P. HARIOT. Le Secrétaire général, gérant du Bulletin, ERN. MALINVAUD. 7130. — Lib.-Imp. réunies, rue Mignon, 2, Paris. — MOTTEROZ, directeur. S m BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE FONDÉE LE 23 AVRIL 1854 ET RECONNUE COMME ÉTABLISSEMENT D'UTILITÉ PUBLIQUE PAR DÉCRET DU 17 AOUT 1875 TOME QUARANTE ET UNIÈME (Froisième Série. — TOME I") 1894 SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. (PREMIÈRE PARTIE). PARIS a AU SIÈGE DE LA SOCIÉTÉ RUE DE GRENELLE, 84 Janvier 1895. BUREAU ET CONSEIL D'ADMINISTRATION DE LA SOCIÉTÉ POUR 1895. Président : M. VAN TIEGHEM. Vice-présidents : MM, A. Chatin, G. Camus, Fliche, Gomont. Secrétaire général: M. E. Malinvaud. Secrétaires : Vice-secrétaires : MM. Danguy, Jeanpert. MM. Guérin, Hua. Trésorier : Archiviste : M. Delacour. | l M. Éd. Bornet. Membres du Conseil: MM. Ed. Bonnet, | MM. Daguillon, ( MM. Maugeret, Bureau, Drake del Castillo, Prillieux, Camus (F), | Guignard, Russell, Chevallier (abbé), Matruchot, | Zeiller. COMMISSIONS. 1* Commission de Comptabilité : MM. Bornet, G. Camus et Roze. 2 Commission des Archives : MM. Delacour, abbé Hue, Maugeret. 3° Commission du Bulletin : MM. Ed. Bornet, Bureau, G. Camus, A. Chatin, Guignard, Prillieux et MM, les membres du Secrétariat, 4° Comité de détermination des plantes de France et d'Algérie soumises à l'examen de la Société : MM. Boudier, F. Camus, G. Camus, Franchet, abbé Hue, Luizel; Poisson et Rouy. 5° Commission chargée de formuler un avis au sujet de la prochainc Session extraordinaire : MM. Bonnet, Bureau, F. Camus, A. Chatin, Fliche, Hua, Guignard et Niel. | . it de ART, 25 du Règlement. — Le Président et le Secrétaire général font partie de droit toutes les Commissions, SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE SESSION EXTRAORDINAIRE TENUE EN SUISSE AU MOIS D'AOoUT 1894. Les Sociétés botaniques de France et de Suisse, ayant décidé de tenir en commun leur session extraordinaire de 1894 (1), s'étaient donné rendez-vous et se sont réunies le dimanche 5 août à Genève, dans cette antique et célèbre cité, dont le grand nombre d'hommes illustres qu'elle a produits rappelle si souvent le nom dans l'histoire des sciences et de la civilisation. Les premières séances de la session ont eu lieu à Genève, les 5 et 6 août, et elles ont été suivies d'une série d'herborisa- tions qui se sont terminées par une séance de clôture tenue à Sion, le 15 août. Ont pris part à la session les membres suivants des Sociétés botaniques francaise et suisses : 1* De la Société botanique de France (nous marquons d'un astérisque les noms de ceux qui appartiennent en méme temps aux Sociétés suisses) : (1) Voyez plus haut dans ce volume, pp. 325 et 415. T. XLI. A II SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. MM. Arbost. Bazot. Bois. Bonnet. Boudier. Bourquelot. Buchet. * Burnat. Camus (Fernand). Camus (Gustave). * Candolle (C. de). Castelnau. Chabert. Charras, Chatenier. * Chodat, Combres. * Crépin. Danguy. Douteau. MM. Drake del Castillo. Dumée. Estève (vicomte H.). * Fischer. Flahault. Fliche. Gadeceau. Gallé. Gérard (de Montpel- lier). Gerber. Gillot. Guérin. * Guignard. Heckel. Hua. * Huber. * Jackzewski (de). Klincksieck. Legré. MM. Lombard-Dumas. Magnin. Mangin. Ménier. * Micheli. Olivier (Ernest). Péchoutre. Peltereau. Perrot. Poirault. Réchin. Rouy. Sauvageau. * Schróter. Seynes (de). Viallanes. Vilmorin (Ph. de). * Wilezek. M'* Belèze. Mr: Rouy. 2 Des Sociétés botaniques de Suisse, Genève et Valais : MM. Amann (Jules). Arnaud. Autran (Eug.). Baladoine (E.). Besse (Maurice). Briquet (John). Chenevière (Ch.). Christ (Hermann). Correvon (H.). Cottier (Edouard). MM. Cruchet (F.). Duflon (Francois). Dufour (Jean). Grandjean. Guinet (A.). Hochreutiner (G.). Jaccard (Paul). Koch (Auguste). Lesniewski (V.). MM. Martin (Charles), à Carouge. Martin (Ch.), à Nyon. Nitschner (G.). Paiche (Philippe). Pittet (Francois). Romieux (Henri). Thury (Marc). Tripet (F.). Wolf. 3° Enfin d'éminentes personnalités politiques ou univer- sitaires de la Suisse ont bien voulu témoigner, par leur présence à quelques-unes des réunions, l'intérêt qu'elles prenaient à cette fête scientifique, et un grand nombre de personnes étrangères aux Sociétés botaniques des deux pays ont assisté à diverses parties de la session; nous signalerons notamment : MM. DUNANT, conseiller d'État pour le département de l'Instruction publique à Genéve. J. M. DE CHASTONAY, conseiller d'État à Sion. VAGNION, délégué du Conseil administratif de la ville de Genève. Le professeur MARTIN, recteur de l'Université de Genéve. MM. MM. SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. IŁ Le colonel P. CÉRÉSOLE, commandant le 4°" corps d'armée à Lausanne. DUPUIS, préfet du district de Vevey. BORNAND, pasteur, à Corsier (Vaud). BOUBIER, étudiant, à Genève. Bris, ingénieur de la Vieille-Montagne, près Liège. CÉRÉSOLE (A.), pasteur, à Saint-Légier-sur-Vevey. CHATENIER (A.), de Saint-Bonnet-de-Valclérieux (Drôme). CHEVAILLER (abbé), d'Autun (Saóne-et-Loire). CLARKE, président de la Société Linnéenne de Londres. Coomans (Léon), trésorier de la Société royale de Belgique, à Bruxelles. Coomans (Victor), chimiste, à Bruxelles. Cossy, à Corsier. COUVREU, à Corsier. CURRAT, notaire, à Bulle (Fribourg). DELAFONTAINE, à Corsier. DEMILLY, jardinier en chef de l'École supérieure de Pharmacie de Paris. Dissanp, licencié ès sciences, à Paris. Dumonr, de Saint-Mandé (Seine). GiLLoT (Louis), étudiant, à Lyon. GOLENKIN (D"), privat-docent à l'Université de Moscou. Hua (A.), d'Écouen (Seine-et-Oise). LAURENT, professeur à l'Institut agricole de Gembloux (Belgique). LEGRAND, interne des hópitaux, à Paris. LowBanD (Louis), licencié ès sciences, à Sommières (Gard). MATAGNE (Dr), de Bruxelles. MULOCHEAU, directeur d’Institution, à Mamers (Sarthe). PAALZOw (R.), à Genève. Renoux, de la Palisse (Allier). Tis, à Genève. Tissor, instituteur (Haute-Savoie). TURIN, docteur en médecine, à Vevey. VANPÉ, directeur honoraire d'École moyenne, à Forest, près Bruxelles. Von Eicken, étudiant, à Genève. WeLrER (H.), professeur, à Genève. WitpEwAN (E. de), préparateur au Jardin botanique de Bruxelles. M= Bazor, G. Camus, CHonar, Dissarp, GÉRARD, Hougiow, Hua, de WILDE- MAN. M'es G. Camus, CHopar, GÉRARD, Mauray; M'* RODRIGUE, docteur ès sciences, etc. T SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. Dés le samedi 4 aoüt, des membres du Comité d'organisa- tion prenaient la peine d'attendre nos confréres à l'arrivée de tous les trains venant de France ou de Suisse, pour les guider et les renseigner sur les hótels. Au laboratoire de Botanique systématique de l'Université, un groupe de membres du Comité siégeait en permanence pour recevoir les arrivants, et MM. Ruffieux et Ruchonnet, de Lausanne, qui s'étaient chargés de l'organisation maté- rielle des excursions en montagne, avaient installé un bu- reau dans l'une des salles de l'Université, où ils se tenaient à la disposition des personnes désireuses de prendre auprés d'eux des renseignements. Le dimanche matin, ces Messieurs inscrivaient les noms des personnes qui voulaient prendre part aux excursions et distribuaient des cartes d'identité donnant droit aux parcours en chemin de fer et voitures, ainsi qu'au logement, à la nourriture et au transport des bagages, conformément au programme arrété parle Comité. Réunion préparatoire du 5 août 1894. Le rendez-vous était donné, pour deux heures de l'aprés- midi, au laboratoire de Botanique de l'Université qui avall été mis gracieusement à la disposition de la Société. La réunion est présidée par M. L. Guignard, président de la Société, assisté de MM. E. Autran, John Briquet, C. de Can- dolle, R. Chodat, H. Christ, E. Fischer, A. Guinet, Marc Micheli, C. Schrœter et E. Wilczek, membres du Comité d'organisation. : M. Guignard prie M. Dunant, conseiller d'État pour !¢ département de l'Instruction publique à Genéve, de prendre place au Bureau. Il donne ensuite la parole à M. le profes- seur R. Chodat, président du Comité d'organisation. RÉUNION PRÉPARATOIRE. — ALLOCUTION DE M. CIIODAT. Y M. Chodat s'exprime en ces termes : ALLOCUTION DE M. R, CHODAT. Messieurs et chers confréres, C'est au nom du Comité d'organisation (nommé par la Socicté . botanique de Genève) de cette session extraordinaire des Sociétés botaniques de France et de Suisse, que je viens vous souhaiter la bienvenue à Genéve. Vous le savez, l'an dernier les botanistes fran- çais réunis à Montpellier ont émis le vœu, à la suite d'une invita- tion faite.par la Société botanique suisse et sur le projet que j'eus l'honneur de leur présenter, que la session extraordinaire de 1894 fût tenue en Suisse. L'unanimité et l'enthousiasme qui présidérent à cette décision avaient été, pour les botanistes suisses présents, un encouragement et une espérance. Je vous remercie, Messicurs les botanistes français, d’être accourus si nombreux à notre appel. Votre présence ici témoigne de l'intérét que vous portez à cette jeune sœur la Société botanique suisse. Nos confrères n'ont rien épargné pour vous rendre le séjour agréable dans notre modeste pays, et, si vous ne retrouvez pas chez nous l'exubérance du beau pays de Montpellier, vous trouverez des confréres désireux de vous faire connaitre de plus prés les richesses botaniques de nos mon- lagnes. Je salue ici encore nos confrères belges et ceux d'autres nationalités qui veulent bien se joindre à nous et augmenter par leur présence la réussite de cette session. Je remercie enfin nos amis venus des diverses parties de la Suisse, nos confréres régionaux et la Société Murithienne du Valais qui, de prés ou de loin, ont. tra- vaillé à l'organisation des excursions projetées. Que le départe- ment de l'Instruction publique, représenté ici par M. le conseiller d'Etat Dunant, recoive aussi mon remerciement pour l'appui qu'il nous a donné, Dés le début, le Comité d'organisation avait pensé associer à cette féte botanique le souvenir des services rendus à la Botanique génevoise, suisse, francaise et internationale, par la famille De Candolle. Il y a, Messieurs, en effet cent ans aujourd'hui que l'il- lustre A.-Pyr.- De Candolle fondait son herbier et s'adonnait à l'étude de la science qui nous'est chère; il parcourait les bois, fai- sant ses observations sans parti pris, et c'est à quelques pas d'ici VI SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. qu'il entendait pour la premiére fois le cours de l'algologue Vaucher. Malheureusement un deuil récent, la perte de M. Alph. De Candolle, ce vénéré doyen de la Botanique génevoise, est venu jeter une ombre de tristesse sur cet heureux anniversaire. Nous ne voulions néanmoins pas laisser passer cette date mémorable sans l'associer à celle de la première rencontre, à Genève, de la Société botanique de France avec celle de Suisse. Messieurs, dans quelques jours nous vous conduirons dans ce beau pays du Valais; il est à la fois âpre et riant, comme sa végé- tation, et malgré l'époque avancée, j'espére que vous y ferez une ample récolte de plantes et d'observations. Le peu que nos modestes Sociétés suisses peuvent vous offrir, elles vous l'offrent de tout cœur. C'est en vous souhaitant à tous un heureux séjour dans notre pays que je déclare ouverte la session extraordinaire des Sociétés botaniques de France et de Suisse réunies. De longs applaudissements accueillent cette allocution. M. Dunant prend alors la parole pour souhaiter au nom du Gouvernement la bienvenue aux botanistes étrangers réunis à Genéve. Il rappelle qu'étant fils de botaniste, d'un père qui a étudié à Montpellier sous de savants maîtres, qu'ayant été lui-même l'hóte et l'ami de J.-E. Planchon dans cette ville, il a pour la Botanique une sympathie toute particuliére. À ses devoirs comme membre du Gouvernement se joint le grand plaisir personnel qu'il éprouve à seconder les efforts des représen- tants d'une science qui lui est particuliérement chère; elle élève l’âme et l'esprit et, plus que la plupart des autres sciences, elle tend à rendre amicales les relations entre Ceux qui la cultivent. M. Dunant exprime le vœu que cette session resserre encore les liens déjà si nombreux entre les bota- nistes qui ont répondu à l'appel du Comité. Ses paroles sont vivement applaudies. M. L. Guignard, président de la Société botanique de France, s'exprime en ces termes : RÉUNION PRÉPARATOIRE. — ALLOCUTION DE M. GUIGNARD. VII ALLOCUTION DE M. Léon GUIGNARD. Messieurs et chers confréres de Suisse, La Société botanique de France s'est rendue avec joie à votre invitation. Nous nous faisions un plaisir de venir au milieu de vous; nous nous attendions à un accueil sympathique, cordial : mais déjà les témoignages affectueux qui nous entourent dépassent loutes nos espérances. Votre hospitalité prend une forme tou- chante qui nous va droit au cœur, et je tiens tout d'abord à vous dire, au nom de la Société botanique de France : merci! Je remercie particulièrement le président du Comité d'organi- sation, M. le professeur Chodat, MM. les membres du Comité et tous nos confrères de Suisse, qui, de prés ou de loin, se sont empressés d'apporter leur concours à cette session. Si grande qu'elle puisse être, notre gratitude ne saurait égaler le dévouement qu'ils ont mis à en assurer la réussite. Aux paroles de bienvenue qu'il vient de nous adresser au nom du Gouvernement, M. le Conseiller d'État veut bien ajouter le lémoignage flatteur de ses sympathies personnelles, en rappelant les liens qui l'unissent à la Botanique. Je suis heureux de lui exprimer notre reconnaissance et de pouvoir saluer, dans la per- sonne de l'un des représentants les plus éminents des pouvoirs publics, un ami dévoué de la science qui nous est chère. Je re- mercie également MM. les membres du Conseil administratif de la Ville et de l'Université de Genéve, qui nous font l'honneur d'as- sister à cette fête commune, nouveau témoignage de l'union étroite qui existe entre nos deux patries. En tenant une session hors des frontiéres de son pays, la Société botanique de France semble déroger cette année à une régle tra- ditionnelle. Cependant, elle s'est déjà réunie, en 1873, à sa sœur de Bruxelles, et le souvenir de la fraternisation des deux Sociétés est resté trés vivace dans le cœur de nos aînés. On conçoit, en effet, que les études de géographie botanique, Principal objet de nos sessions extraordinaires, après avoir porté Sur les régions les plus intéressantes de la flore française, doivent être complétées, dans une certaine mesure, par des recherches vir . SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894.- analogues poursuivies dans les contrées limitrophes. Serait-il possible, par exemple, d’apprécier exactement la. végétation de certaines de nos Alpes, si l'on en bornait l'exploration à l'un des versants ou à une partie de leur étendue, restreignant par là le champ des comparaisons fructueuses que peut fournir la con- naissance des chaines voisines? | Des considérations d'un autre ordre sollicitaient aussi notre venue dans ce pays hospitalier. Nous voulons parler des liens de confraternité, fondés sur des relations séculaires, qui existent entre les botanistes des deux nations. Ne voyez pas en nous seule- ments des confréres acceptant une attrayante invitation, mais des amis rendant visite à des amis. - Cette cordialité de relations entre savants des deux pays a porté d'heureux fruits dans notre littérature botanique : nous lui avons dû, au commencement de ce siècle, la collaboration féconde, pour un ouvrage impérissable, de deux hommes illustres entre tous, notre Lamarck et votre Pyrame de Candolle; et nous en retirons de nos jours de précieuses contributions à des études de géogra- phie botanique qui nous intéressent directement, par exemple cette série de monographies dues à l'un des vótres (1), et dont chacune est un modéle de savoir et de précision, sur la région la plus riche peut-étre de la flore francaise, celle de nos Alpes mé- diterranéennes. Votre noble pays est doublement privilégié. Si la nature l'a merveilleusement doté, la haute culture intellectuelle et le génie de ses habitants ont produit, dans toutes les branches de la science, des hommes d'élite, dont les travaux immortels ont puissamment contribué à agrandir le domaine des connaissances qui forment le patrimoine commun de l'humanité. Pouvons-nous oublier, en ce qui nous touche, que nous sommes dans la patrie des Bauhin, des Gessner, des Haller, des Bonnet, des de Saussure, des Gaudin, des Heer, des Boissier, enfin des de Candolle, dont le grand nom domine toute la Botanique du siècle? Nous rendons hommage 2 ces mémoires justement célèbres. Dans ce magnifique pays oü, gráce à une situation géographique spéciale, les divers climats de l'Europe se rencontrent et réagissent les uns sur les autres pour donner à la végétation une richesse et (4) M. Émile Burnat. RÉUNION PRÉPARATOIRE. — ` DISCOURS DE M. CHRIST. IX uhe variété exceptionnelles, vous avez pensé à nous faire parcourir la région que votre grand Haller appelait avec raison « l'Espagne de la Suisse ». Vous ne pouviez faire un choix plus heureux. Déjà, un maitre éminent nous a donné, dans un exposé des plus sédui- sants de la flore du Valais, un apercu des surprises qui nous attendent : que M. le D' Christ veuille bien accepter nos plus sin- céres remerciements. Je dois enfin, Messieurs, vous exprimer les regrets de plusieurs confréres, que divers obstacles ont empéchés de se joindre à nous, en particulier notre dévoué Secrétaire général, M. Ernest Malinvaud, retenu à Paris par des circonstances de force majeure. Il aurait été heureux de prendre sa part d'une session dont, un des pre- miers, il avait eu la pensée, et à la réalisation de laquelle il a beau- coup contribué. Ce discours est chaleureusement applaudi. M. H. Christ, président de la Société botanique suisse, s'exprime à son tour en ces termes : DISCOURS DE M. H. CHRIST. Mes chers confréres, Permettez-moi, de mon cóté aussi, de souhaiter la bienvenue de nos collégues de France sur notre territoire suisse. On vous a invités, chers confréres de France, au nom de deux Sociétés : la Société botanique suisse et la Société botanique de Genéve, Il faut que je vous explique un peu ce que sont ces deux corporations. L'ainée, qui a déjà un áge respectable, dont le Bul- letin est une importante publication, c'est la Société de Genéve; C'est à elle aussi qu'on doit l'heureuse idée de cette invitation, et non seulement l'idée, mais aussi l'exécution. L'accueil qu'on vous fait ici dans la vieille cité de Genève et dans ses environs enchan- leurs, la promenade qu'on a organisée dans nos grandes Alpes; tout cela émane de la Société génevoise. La Société botanique suisse est un tout petit bébé à cóté de cette matrone; elle ne date que d'hier, sa fondation remonte à 1890 seulement. Elle est loin d'avoir atteint la belle prestance de Sa Sœur de Genève, quoiqu'elle ait, en sa qualité de Société sulsse, + >i SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. la prétention, non contestée du reste, d'englober la Société can- tonale de Genéve, comme les Sociétés d'autres cantons. Inutile de dire que la Société suisse a salué avec des transports de joie l'ini- tiative de Genéve, et qu'elle s'est jointe à cette invitation. Tou- jours est-il que, de fait, nous tous qui sommes ici présents, Société francaise et Société suisse, nous sommes les hótes de nos excellents amis de Genéve. A tout seigneur tout honneur; vous comprendrez, Messieurs, qu'en ma qualité d'humble président de la Société suisse, je ne saurais passer sous silence que le mérite. de notre fête de famille revient tout entier aux Français qui sont venus, et aux Génevois qui nous reçoivent. Je pense donc qu'il ne messied pas de dire en quelques mots à nos confréres de France ce qu'est cette ville de Genéve, sous le rapport dela Botanique. Eh bien! c'est simplement la cité bota- nique par excellence et aucun autre endroit de notre belle Suisse n'eüt été aussi digne de recevoir une phalange de botanistes comme la vôtre. C'est le nom, déjà prononcé tout à l'heure, de la famille de Candolle qui se rattache à ce développement scientifique. Auguste-Pyrame de Candolle naquit à Genève en 1778, l'année même qui est marquée par la mort de Linné. Son père était l'un des premiers magistrats de cette petite république; mais sa famille est originaire de France, de cette Provence qui a été le berceau de tant d'hommes de génie. L'un de ses ancétres était venu s'établir à Genéve, fuyant les persécutions religieuses qui enrichirent gi ville de tant d'hommes puissants par l'intelligence et par l'éléva- tion du caractére. De Candolle, Francais de race, citoyen génevois, a partagé entre les deux pays sa vie et ses travaux. Pendant un séjour de huit ans à Montpellier, pendant des séjours réitérés à Paris, il a travaillé tout aussi bien pour la France que pour sa cité natale; n'oublions pas que c'est lui qui, avec Lamarck, a publié la première Flore française. A Genève, où il a passé et fini sa vie, comme professeur d'abord, puis comme simple savant, il a créé une école botanique qui est encore en pleine floraison. Cette école comprend, en pre mier lieu, sa propre famille; il est inutile d'insister sur les mé- rites de son fils, Alphonse de Candolle, que la mort vient de nous enlever aprés une carriére longue et fructueuse, et de son petit- fils, Casimir de Candolle, qui est présent parmi nous, de sor uq ma bouche doit se taire à son sujet, RÉUNION PRÉPARATOIRE. — DISCOURS DE M. CHRIST. XI Jugez maintenant de l'influence puissante, durable, qu'une série de botanistes de cette force et de la méme famille a dû exercer, pendant un siècle entier, sur une ville laborieuse, vouée aux études sérieuses, comme Genéve l'a toujours été. Genéve est devenue, en effets la ville des herbiers et des botanistes. Je n'ai qu'à nommer Vaucher, Senebier, Seringe, Edmond Boissier, l'auteur éminent de la Flore de l'Espagne méridionale et de l'Orient, son collaborateur Reuter, Duby, l'auteur du Botanicon gallicum, Choisy, le mono- graphe des Convolvulacées, pour ne point parler des vivants, qui, certes, ne font pas déshonneur à de tels maitres. Voilà pour les hommes! Et pour les herbiers? — C'est à Genéve que vous trouverez l'herbier du Prodrome, contenant les exem- plaires authentiques des espéces décrites dans le Prodromus de de Candolle; l'herbier personnel des trois de Candolle, conte- nant, entre autres celui de L'Héritier de Paris, l'herbier immense de Boissier, si confortablement installé par son gendre, M. Wil- liam Barbey, dans une propriété entourée d’un jardin admirable, à Chambésy, à deux pas de Genève; l’herbier, également immense, de Benjamin Delessert, Français, vous le savez, mais qui a estimé que ses trésors ne sauraient être mieux que sous les yeux des de Candolle; l'herbier lichénologique de M. Muller, l'un des plus riches qui existe. — Ajoutons à cela le Jardin botanique de l'Uni- versité, riche en bonnes plantes, le Jardin botanique de notre con- frére M. Micheli, du Crét, que nous verrons ce soir, le Jardin alpin de M. Barbey, à Valleyres, créé par Edmond Boissier, celui de M. Correvon à Genève, et vous en conviendrez : Genève vaut la peine d’être visitée par les botanistes, même les plus blasés. Ce n’est pas tout; autour de Genève se déroule un paysage, si riche en localités diverses, de la plaine embrasée jusqu'aux neiges éternelles, qu’on peut dire que cette heureuse cité ne forme que le centre d’un immense jardin botanique naturel, créé tout exprès par les mains de Dieu pour vous enchanter. C’est précisément de ce jardin-là que nos amis de la Société de Genève veulent nous faire les honneurs. — Mardi prochain, notre ami M. Burnat veut nous conduire à son domaine au bout du lac Léman; la vue en est l’une des plus belles de Suisse; après, nous courrons ensemble, joyeux Comme les écoliers en vacances, vers les hautes Alpes du Valais. J'ai osé, chers confréres, vous offrir un petit apercu de la flore de ces régions. Hélas! il faut vous faire un aveu : vous savez par XII SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. expérience que Flore est une dame qui répand ses trésors d'une manière fort inégale, non seulement dans l'espace, mais aussi sui- vant les saisons. Eh bien, pour le Valais où nous voulons vous conduire, la mi-aoüt est un peu trop tard; bon nombre des espéces citées dans mon apercu auront passé fleur au moment de notre arrivée. Ne m'en voulez pas, je vous en prie! D'ailleurs, je puis vous consoler! Si ce n'est plus une moisson ample et à pleines gerbes que nous ferons, ce sera toujours une charmante glanure, assez riche pour vous donner une idée de notre mer- veilleuse flore printanière. Et puis, ce ne sera pas la dernière fois, je l'espére, que vous viendrez chez nous; cela nous va assez de ne pas vous servir tout à la fois, il ne s'agit que de réveiller votre appétit botanique pour vous engager plus sûrement à revenir à la charge. C'est notre souhait à tous! Ce discours est à plusieurs reprises interrompu par les applaudissements et les signes d'approbation de l'assemblée. M. Guignard, donne ensuite lecture du Réglement relatif à la tenue des sessions extraordinaires; puis il est procédé, conformément à l'article 11 des Statuts, à l'élection du Bureau spécial qui doit être organisé par les membres pré- sents pour la durée de la session. Sont nommés à l'unani- mité : Président : M. Hermann CHRIST, de Bâle, président de la Société botanique de Suisse. Vice-présidents : MM. Crépin, directeur du Jardin botanique de l'État, à Bruxelles. A. CHABERT, médecin principal en retraite, à Chambéry.. P. FLICHE, professeur à l'École nationale forestière de Nancy- J. Génanp, recteur de l'Académie de Montpellier. Ed. HECKEL, professeur à la Faculté des sciences de Marseille. Secrétaires : MM. Ch. Framaurr, professeur de l'Université de Montpellier. 't Bris, ingénieur de la Compagnie de la Vieille-Montagne à Liége (Belgique). PROGRAMME PRÉSENTÉ PAR LE COMITÉ D'ORGANISATION. XIH MM: E. FiscnER, professeur de l'Université de Berne. F. PÉCHOUTRE, professeur au lycée de Bordeaux. C. SAUVAGEAU, maitre de conférences à la Faculté des Sciences de Lyon. M. R. Chodat, président du Comité d'organisation, donne lecture du programme suivant proposé par le Comité : DIMANCHE 5 aourt. — A 2 heures, séance préparatoire consacrée à l’organisation de la session. — A 2 heures 1/2, séance publique. — À 5 heures, réception chez M. Marc Micheli, au château du Crét, à Jussy. — Retour par train spécial. LuNpr: 6 AOUT. — Séance au laboratoire de Botanique systématique de l'Université. — A 11 heures, visite à l'herbier De Candolle et à lherbier Delessert. — A 3 heures, des voitures, mises à la disposition de la Société par le Comité d'organisation, la conduiront à Chambésy où M. Autran fera les honneurs des herbiers Boissier et Barbey. — A 8 h. 1/2, banquet à l'Hótel national. Manni 7 aout. — Réception chez M. Émile Burnat à Nant-sur-Ve- vey. — À 8 heures, départ de Genéve à bord du bateau Winkelried, mis àla disposition de la Société par M. Burnat; lunch à bord. — Débar- quement à Vevey et visite de l'herbier Burnat à Nant. — A 1 h. 1/2, concert au Grand Hótel de Vevey. — A 3 h. 1/2, diner; à 5 h. 45, départ en bateau pour Villeneuve ; 6 h. 15, arrivée à Villeneuve; départ pour Vernayaz et Martigny). À Villeneuve, les botanistes se diviseront en trois sections, compre- nant la première les bons marcheurs; la seconde, les marcheurs moyens et la troisiéme, ceux qu'on est convenu d'appeler les non-mar- cheurs, parce qu'ils auront la possibilité, s'ils le jugent à propos, d'ac- complir les excursions à peu prés sans aucune marche. (Disons tout de Suite qu'aucun des membres de la 3° section n'a voulu user de ces avantages. Dès le mardi soir, la 1'** et la 2° section logeront à Martigny; la 3' section logera à Vernayaz. Mercrenr 8 aour. — La 1'* section herborisera au Val de Bagnes. — Départ de Martigny à 6 h. 1/2 du matin; arrivée à Fionnay à midi et demi; lunch. — Elle se subdivisera alors en deux groupes ; le groupe A atteindra en deux heures de marche le gite de Mauvoisin et y Passera la nuit; le groupe B restera à Fionnay et y logera. La 2* et la 3* section visiteront le Val d'Entremont; elles partiront de Martigny et de Vernayaz à 6 heures pour arriver au Bourg Saint- XIV SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. Pierre vers midi, y déjeuner et visiter le Jardin botanique alpin de la Linnæa dirigé par M. H. Correvon; elles atteindront ensuite, en passant par la Cantine de Proz,VHospice du Grand-Saint-Bernard, où elles passeront la nuit. Jeupt 9 AovT. — Le groupe A de la 1'* section atteindra à pied la Cabane de Chanrion établie par le Club alpin suisse, à 2410 métres; elle y déjeunera et y passera la nuit. — Le groupe B ira de Fionnay à Mauvoisin (1824 mètres), y déjeunera et y logera. La 2* et la 3° section passeront la journée dans le massif du Grand- Saint-Bernard et reprendront à l'hospice les logements de la veille. VENDREDI 10 Aour. — Les deux groupes de la 1"* section descen- dront, le premier de la Cabane de Chanrion, le second de Mauvoisin, pour se rejoindre à Fionnay, y déjeuner, atteindre Lourtier à pied et revenir de là en voiture aux gites du mardi 7. La 2* et la 3* section descendront en voiture de l'hospice Saint-Ber- nard par la Cantine de Proz et Liddes jusqu'à Martigny ; la 2* y reprendra ses logements du 7; la 3* prendra le chemin de fer pour aller coucher à Sion. SAMEDI 11 AOUT. — Les trois sections quitteront leurs cantonnements respectifs pour se rencontrer à Viège, y prendre le train à 11 heures pour Zermatt, où elles arriveront ensemble à 1 h. 1/2. — Déjeuner. - La l'* section partira ensuite à pied pour l'Hôtel du lac Noir (2589 mètres); elle y arrivera avant la nuit et y couchera. La 2* section partira à pied pour l'Hôtel de Riffelhaus (2560 mètres), en passant par les Gorges du Gorner ; elle passera la nuit à l'hôtel. La 3° section herborisera aux environs immédiats de Zermatt. DIMANCHE 12 AOUT. — La 1" section passera la matinée à herboriser au Hórnli (2893 métres); elle déjeunera à l'hótel du lac Noir. — À 1 heure, départ, traversée du glacier de Gorner; arrivée à Riffelhaus; on atteindra le sommet du Gornergrat (3136 mètres); un groupe redes- cendra à Riffelhaus, un autre atteindra l'Hótel de Riffelalp (2221 mètres) pour y passer la nuit. La 2° section, aprés avoir été au Gornergrat le matin, déjeunera à Riffelhaus et gagnera l’hôtel du lac Noir par le chemin suivi en Sens inverse par la 1** section; elles se rencontreront sur le glacier de Gorner; la 2 section prendra à l'hótel du lac Noir les logements occupés la veille par la 4”. La 3* section herborisera aux environs de Riffelalp et reprendra ses logements à Zermatt. Lunn 13 aout. — La 1" section réunie déjeunera à Riffelalp, qu'elle quittera à 11 heures; elle herborisera dans la Vallée de Findelen et sur PROGRAMME DES EXCURSIONS. XV les pentes du Rothhorn qui dominent le glacier de ce nom ; elle arrivera à Zermatt à 2 h. 1/2 La 2* section, aprés avoir herborisé au Hórnli, descendra à Zermatt où elle déjeunera à 1 heure. La 3° section, demeurée à Zermatt, herborisera dans les environs et déjeunera avec la 2*. Les trois sections réunies quitteront Zermatt en chemin de fer à 3 heures, et arriveront à 7 h. 1/2 à Brigue où elles se distribueront entre les différents hôtels. Magni 14 aout. — Les trois sections réunies, partiront de Brigue en voiture et déjeuneront à Bérisal à 10 heures. — Arrivée à l’Hospice du Simplon (2001 mètres) à midi et demi; herborisation au Col du Sim- plon et sur les montagnes environnantes. — Diner et logement à Phos- pice. MERCREDI 15 aour. — Départ simultané des trois sections à 6 h. 1/2, en voiture; arrivée à Drigue à 9 heures et à Sion en chemin de fer à 10 h. 43. — Déjeuner à midi. — Visite du Jardin botanique et des édi- fices. — A 2 heures, séance de clôture dans la grande salle du Conseil du Gouvernement. — Banquet. — Départ de Sion en chemin de fer à 7 h. 33. — Arrivée à Lausanne à 11 h. 10, à Genève à 12 h. 55. Sont désignés et agréés comme guides, dans les excursions en mon- tagne, de la 1'* section : MM. Chodat, Schröter, Jaccard et Romieu ; de la 2* section : MM. Fischer, Wolf et Besse; de la 3* section: M. Wilczek. M. Chodat donne des explications détaillées sur ce pro- gramme que la Société adopte à l'unanimité. MM. C. de Candolle, Autran et Micheli, ce dernier parlant en son nom et au nom de M. E. Burnat, veulent bien inviter tous les botanistes présents à se rendre aux visites des collec- lions mentionnées au programme et aux gracieuses récep- tions dont elles seront l’occasion. Des applaudissements unanimes accueillent ces aimables invitations. -XVI SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. SÉANCE DU 5 AOUT 1894. La séance a lieu, à l'issue de la réunion préparatoire et dans le même local que celle-ci. M. Guignard prie M. Christ de vouloir bien occuper le fau- teuil de la présidence, et engage les autres membres du Bureau à prendre les places qui leur sont destinées. M. H. Christ remercie l'assemblée de l'honneur qu'elle vient de lui faire et, l'ordre du jour étant trés chargé, donne aussitôt la parole à M. le D" Gillot pour une communication. INFLUENCE DE LA COMPOSITION MINÉRALOGIQUE DES ROCHES SUR LA VÉGÉTATION; COLONIES VÉGÉTALES HÉTÉROTOPIQUES ; par M. le D' F. X. GILLOT. Le botaniste, au cours de ses herborisations, surtout dans les régions qui lui sont familières, rencontre souvent des espèces isolées ou des groupes d'espéces associées qui l'arrétent et l'éton- nent. Je ne parle pas des plantes exotiques ou échappées des cul- tures dont l'existence adventice est le plus souvent fugace, mais des espèces indigènes que l'on est accoutumé de rencontrer Sur certains sols, et dont la présence semble au premier abord anor- male sur un terrain à détermination différente, où elles forment des colonies qu'on peut appeler hétérotopiques. Ces faits ont été maintes fois observés et ont recu des explications fort diverses; ils ont été notamment l'objet d'une attention toute particuliére de la part de Thurmann et de mon savant ami M. le D" A. Ma- gnin, qui les ont décrits sous le titre de contrastes en petit ou contrastes locaux (1). Depuis que les travaux récents de géographie botanique ont (1) J. Thurmann, Essai de phytostatique appliquée à la chaine du inis et des contrées voisines. Berne, 1849. 1, chap. 12, Que la flore et la végeta- tion different sur certaines roches sous-jacentes différentes, et que les Con- trastes à cet égard ont lieu non seulement d'une contrée à une autre sur un? grande échelle, mais jusque dans les détails, p. 253. — A. Magnin, Obser- valions sur la flore du Lyonnais, in Ann. Soc. bot. Lyon, XII (1884), pp. 175, 180. .GILLOT. — COLONIES VÉGÉTALES HÉTÉROTOPIQUES. XVII conduit la plupart des auteurs à attribuer à la composition chi- mique du sol une influence prépondérante sur la distribution des végétaux, on s'est beaucoup occupé de la répartition des espéces végétales d'aprés la nature du sol. La question a été traitée dans des livres ou Mémoires spéciaux par H. Lecoq, Le Jolis, Contejean, A. Magnin, Saint-Lager, J. Vallot, G. Bonnier, etc., et il est peu de Flores locales qui ne lui aient consacré, dans ses détails, un chapitre de statistique botanique, avec des appréciations très variables, il est vrai. On s'accorde généralement à ranger la soude (sous forme de chlorure de sodium), la chaux et la potasse parmi les facteurs principaux, dont l'action sur la nutrition des plantes imprime au tapis végétal un aspect caractéristique, de sorte qu'on a pu classer les végétaux en trois grands groupes, les plantes salicoles ou halophiles, calcicoles et silicicoles. Cette derniére dé- nomination propre aux plantes des terrains primitifs, dans lesquelles la potasse se substitue habituellement à la chaux (1), est quelquefois remplacée par celle de kaliphiles, et l'on a en outre distingué des espèces calcifuges (Contejean) ou silicicoles exclu- sives, dont la moindre quantité de chaux suffit pour entraver le développement, et des espèces préférentes ou indifférentes, suivant qu'elles paraissent croitre avec plus ou moins de vigueur dans des sols à peu près dépourvus d'éléments calcaires ou en renfer- mant une certaine quantité. Cette maniére de voir me parait trop vague et ne donne pas une explication suffisante des faits obser- Vés, notamment de certaines colonies hétérotopiques. Il en est quelques-unes dont l'origine est évidente, par exemple ces colo- nies de végétaux propres au littoral maritime, et que la présence du sel marin ou chlorure de sodium permet de retrouver autour des sources thermales chlorurées au centre des continents, à plu- Sieurs centaines de kilomètres de la mer et à plus de 1000 mètres d'altitude, en Auvergne, en Bohéme, etc.; ou encore de nom- breuses espèces calcicoles groupées sur un îlot calcaire enclavé dans les terrains siliceux, granitiques ou gréseux, comme sur le (1) Quelques auteurs, pour expliquer la présence de certains végétaux sur un sol granitique, ont même pensé que la chaux pouvait être remplacée par la Potasse dans ces végétaux (Malaguti et Durocher, N. Boubée, Ræthe, etc.). Cf. D* Saint-Lager, Étude sur l'influence chimique exercée par le sol sur les plantes, in Ann. Soc. bot. Lyon, IV (1873-1876), p. 53; J. Vallot, Re- cherches physico-chimiques sur la terre végétale (1883), p. 40. T. XLI. XVIII SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. “calcaire à gryphées de Curgy, près Autun. Mais des exemples, bien autrement nombreux, se voient de petites colonies végétales crois- sant sur un sol qui, d'aprés les notions généralement adoptées, semble leur étre étranger, tels que l'adaptation de certaines “espèces hydrophiles à des stations en apparence trés sèches, ou la présence de plusieurs espéces calcicoles en plein terrain siliceux, -ou réciproquement celle de végétaux silicicoles sur un sol d'appa- rence calcaire. On a, pour expliquer l'apparition de cette végéta- tion hétérotopique, par exemple la persistance en sol granitique, et par conséquent siliceux, de quelques espéces regardées comme calcicoles, invoqué diverses hypothèses : tantôt l'apport de débris calcaires, coquilles d'huitres ou de mollusques, décombres, voi- sinage d'anciennes constructions, tantót le chaulage des terres, tantôt le voisinage de roches calcaires; et c’est alors qu'on a tranché ]a difficulté en qualifiant un grand nombre de ces espèces de l'épi- théte d'indifférentes, alors qu'il n'en est rien. Les botanistes qui ont le mieux étudié les rapports de la géologie et de la botanique, en particulier Godron, Contejean, J. Vallot(1), se sont bornés à classer les sols d’après la nature des roches sous-jacentes et leur analyse générale (terre végétale, débris de roches, etc.), sans s'occuper de leurs éléments constitutifs. Il y a lieu, au contraire, d'en tenir grand compte, et l'analyse minéra- logique, en révélant dans la structure de ces roches la présence de composés chimiques capables de se désagréger ou de se dissoudre sous certaines influences météorologiques, et de fournir alors à la terre végétale les éléments qui lui font défaut, permet d'expliquer bien des faits observés. Albert Le Play avait déjà démontré, pour les terrains primitifs du Limousin, que le gneiss décomposé fournit aux plantes la quantité de chaux nécessaire à leur nourriture (2), et Parisot, dans un rapport souvent cité sur une herborisation faite au Kaiserstuhl (3), attribue la végétation calcicole de cette loca- lité, si intéressante pour l'étude de l'influence des terrains géolo- (1) A. Godron, Essai sur la géographie botanique de la Lorraine. Nancy, 1863. — Ch. Contejean, Géographie botanique. Influence du terrain sur la végétation. Paris, 1881. — J. Vallot, Recherches physico-chimiques sur 4: terre végétale et ses rapports avec la distribution géographique des p ee . Paris, 1883. (2) J. Vallot, loc. cit., p. 35. pun Soc. bot. France, V (1858), session extraordinaire à Strasbourg; p. 535. GILLOT. — COLONIES VÉGÉTALES HÉTÉROTOPIQUES. XIX giquessur la dispersion des plantes, à là décomposition, par l’action de l'eau et de l’äir, de la dolérite (composée de labrador et ‘de pyroxéne, silicates à base d'alumine et de chaux) en carbonate de chaux, comme il est facile de s'en convaincre par l'effervescence que produisent les acides versés sur la terre végétale. Mais il semble que cette question n'ait pas fait beaucoup de progrés depuis les recherches et les analyses de Malaguti et Durocher (1), repro- duites et complétées par Contejean (2), et les travaux importants d'A. Le Grand et du D" Ant. Magnin qui ont soupçonné et indiqué sommairement l'influence probable des feldspaths à base de chaux, albite, oligoclase, et d'autres minéraux, pyroxène, grenat, apatite, etc., sur la composition des terrains (3). Les observations que j'ai été à méme de faire aux environs d'Autun, où le relief orographique est entièrement composé de roches éruptives, m'ont permis d'y apporter plus de précision, grâce aux progrès de la minéralogie et de la pétrographie moderne, et grâce au concours qu'a bien voulu me prêter un minéralogiste obligeant et habile, M. J. Camusat, du Creusot. La minéralogie micrographique, qui date d’hier seulement (4), à singulièrement élargi le champ de la science, en nous révélant (1) Malaguti et Durocher, Recherches sur la répartition des éléments inorganiques dans les principales familles du règne vegetal, in Ann. de Chimie et de physique, 3° série, LIV (1858), p. 267, et Ann. sc. nat. 4° série, Botanique, 1X (1858), p. 122. ; 45 (2) C. Contejean, loc. cit., pp. 21, 24, 75, et chap. VI, Action particulière des composés minéraux, p. 82. de . : (3) A. Le Grand, Statistique bot. du Forez, Saint-Étienne (1875), Consti- vet géolog. du sol et des rapports avec la végétation, p. 43; A. Maguin, OC. cit., p. 53. (4) La UE EIE microscopique est d'origine toute récente. Quelques études avaient bien été tentées, mais l'attention du monde savant ne fut défi- nitivement attirée sur ce mode d'observation que par les travaux de Sorby, en Angleterre, sur le marbre et la barytine (1856), et sur le granit et ses inclu- "1013 (1858), puis en France par Des Cloizeaux. Les principaux ouvrages pu- bliés sur ce sujet sont : Sorby, On the microscopical structure of crystals, In Quart. Journ. London, 1858; Des Cloizeaux, Manuel de mineralogie, Paris, 1862; Rosenhusch, Mikroskopische Physiographie der petrographisch wichtigen Mineralogien, 18713; Mikroskopische Physiographie der massigen Gesteine, Stuttgart, 1877; et surtout Minéralogie micrographique : Roches (luplives françaises, par F. Fouqué, professeur au Collège de France, et À. Michel-Lévy, ingénieur au corps des mines, Paris, À. Quantin, 1879, texte et atlas in-4°, ouvrage publié sous les auspices du Ministère des Travaux publics, Mémoires pour servir à l'explication de la carte géologique détaillée de rance, "XX SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. des groupements trés différents des mêmes éléments pétrogra- phiques dans les roches d'une méme famille. « La structure d'une roche est la conséquence immédiate de son mode de formation et de la facon dont la consolidation s'y est opérée. Or la plupart des roches éruptives se sont formées en plusieurs temps, dans chacun desquels la cristallisation a affecté des caractères particuliers; l'apencement des minéraux s'y est surtout effectué diverse- ment (1). » Il en résulte que les roches éruptives, granit, granu- lite, micro-granulite, etc., offrent de nombreuses variétés suivant les proportions de leurs minéraux constitutifs (2), et se conduisent par conséquent de facons fort différentes dans leur décomposition sous l’action des agents extérieurs, et dans leur influence sur la composition de la terre végétale qui en résulte. A cet égard, mes observations sur la flore des environs d'Autun (Saóne-et-Loire) m'ont paru offrir quelque intérét et apporter de nouveaux apercus sur la distribution géographique des végétaux et notamment sur l'existence de colonies hétérotopiques de plantes regardées généralement comme calciphiles, et dont la présence sur un sol essentiellement granitique peut étre expliquée par l'analyse des roches éruptives qui le constituent. Mais je dois dire, au préalable, que je considére comme plantes calciphiles, plutôt que calcicoles, non seulement des espèces spé- ciales aux terrains calcaires (à roches et sous-sol calcaires), mais d’autres encore qui, habituellement communes sur un sol calcaire, se retrouvent çà et là, quoique en moindre quantité et dispersées, sur Certains points des terrains siliceux (à sous-sol formé de roches éruptives), et que pour ce motif on a appelé les unes calcicoles préférentes, les autres indifférentes. J'en ai relevé les noms dans les listes dressées par les phytographes : Carion, Thurmann, Lecoq, Contejean, Vallot, Magnin (3), par exemple : Clematis Vitalba, Helleborus fœtidus, Chelidonium majus, Helianthemum vulgare, Dianthus prolifer, D. carthusianorum, Potentilla verna, Sedum reflexum, Scabiosa Columbaria, Cirsium eriophorum, C. acaule, (1) F. Fouqué et A. Michel-Lévy, Minéralogie micrographigue... Essai de classification des roches éruptives, p. 151. (2) Fouqué et Michel-Lévy, loc. cit., p. 159. d (3) D" Carion, Sur la distribution de la végétation naturelle sur le sol té l'arrondissement d'Autun, in Compte rendu des travaux de la sess Eduenne de 1836 à 1837, Autun, 1839, pp. 87-116; Thurmann, Essai de phy- GILLOT. — COLONIES VÉGÉTALES HÉTÉROTOPIQUES. ÉA Centaurea Scabiosa, Verbascum Lychnitis, Digitalis parviflora, Calamintha officinalis, Euphorbia Cyparissias, Anthericum ra- mosum, Epipactis atro-rubens, Festuca glauca, etc., etc. D’après mes constatations maintes fois répétées dans l'est de la France, ces espèces ne sont nullement indifférentes, mais plus ou moins calciphiles, et l'on verra plus loin comment elles trouvent dans la décomposition de certaines roches siliceuses (granits, tufs ortho- phyriques, porphyritiques, etc.) l'élément alcalino-terreux, cal- caire ou phosphato-magnésien qui leur est nécessaire, et, comme c'est le plus souvent aux dépens des feldspaths qu'il est produit, on pourrait désigner ces espéces par la dénomination de feldspa- lhiques. Je dois ajouter cependant qu'il existe un grand nombre de plantes qui paraissent réellement indifférentes à la nature du sol. Les unes se retrouvent à peu prés partout, espéces ubiquistes, les autres à aire de dispersion plus restreinte, mais que cependant je récolte aussi bien sur les granits du Morvan que sur les cal- caires jurassiques de la vallée de la Dheune, par exemple : Silene nutans, Linum catharticum, Genista pilosa, Prunus spinosa, . Solidago Virga-aurea, Melampyrum pratense,etc. Je citerai donc, dans ces notes, seulement les espèces qui, dans le rayon limité de mes excursions botaniques, me semblent plus ou moins calci- philes et ne se rencontrent dans les terrains primitifs ou siliceux qu'en colonies restreintes et disséminées. 1° Bois GaurRERON. — La colline qui sépare le Creusot de Mar- magne, arrondissement d'Autun, est entièrement de formation granitique, et la flore en est essentiellement silicicole : Brassica Cheiranthus, Sarothamnus scoparius, Senecio adonidifolius, Ja- stone Carioni, Anarrhinum bellidifolium, Digitalis purpurea, Galeopsis ochroleuca, etc., etc. Sur certains points cependant, notamment au bois Gautheron, situé sur le revers occidental de la montagne, on observe toute une colonie de plantes, les unes classées sans conteste parmi les calcicoles : Digitalis parviflora toslatique appliquée à la chaîne du Jura et des contrées voisines, Berne, 1849, p. 265; H. Lecoq, Études sur la géographie botanique de l'Europe, Il, chap. XVII, De la classification des espéces relativement à l'action chi- mique du sol, pp. 53, 61 et vi-ix passim; Contejean, loc. cit., p. 26; J. Vallot, Recherches chimiques sur la terre végétale, p. 291; A. Magnin, Observ. sur la flore du Lyonnais, in Ann. Soc. bot. Lyon, IX (1880-1881), P- 203, et XII (1884), pp. 74, 125. XXII SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. Lamk, Epipactis alro-rubens Hoffm., les autres parmi les indiffé- rentes, mais que je considére, tout au moins dans notre région, comme préférentes du sol calcaire, et qui exigent la présence d'une certaine proportion de chaux dans le sol végétal : Helian- themum vulgare Gærtn., Dianthus prolifer L., Sedum reflexum L., Scabiosa Columbaria L., Centaurea Scabiosa L., etc. Ces espèces y sont abondantes, alors qu'elles manquent dans les environs et qu'on ne peut invoquer ni le chaulage agricole des terres, ni l'apport de chaux par le vent ou tout autre agent pour modifier la nature du sol. La montagne est presque entiérement constituée par le granit porphyroide; mais, tandis que vers le Creusot il est assez résistant et passe au granit proprement dit, au bois Gautheron il est peu cohérent et forme facilement des arènes. La composition minéralogique du granit porphyroide, quand il est trés cohérent, se rapproche sensiblement de celle du granit. proprement dit : Première consolidation : Apatite, sphéne, mica noir, oligo- clase. Deuxième consolidation : Orthose, quartz (1). Mais, lorsqu'il est plus facilement décomposable en arène, il ne contient presque pas de quartz et de mica, et sa friabilité est due à la présence d’une plus grande quantité d’oligoclase en petits cristaux cimentant les grands cristaux d'orthose. : : On sait que de tous les feldspaths (2), qui sont les minéraux les plus importants en pétrographie, l'oligoclase est un des plus uni- versellement répandus dans toutes les séries des roches éruptives, soit en grands cristaux de première consolidation, soit en micro- lithes de seconde consolidation. Cet oligoclase (feldspath sodico- (1) D’après la légende de la Carte géologique détaillée de France à Péchelle de 1/80 000°, feuille 236, Autun. ; : D'aprés Fouqué et Michel-Lévy, loc. cit., p. 159, la composition du grani, serait : I. Mica noir, oligoclase, orthose; accessoirement hornblende, sphène, apatite, fer oxydulé. II. Orthose, microcline et albite, quartz. (2) Les feldspaths sont des silicates alumineux, dépourvus de fer, à base de . protoxyde alcalin ou. alcalino-terreux, qui sont, en commencant par les plus acides : orthose, microcline, albite, oligoclase, labrador, anorthite, amphi- géne, néphéline, et parmi lesquels l'oligoclase et le labrador seuls renferment de la chaux (calcium). Fouqué et Michel-Lévy, Joc. cit., pp. 203, 204. . . GILLOT. — COLONIES VÉGÉTALES HÉTÉROTOPIQUES. XXIII. calcique) est toujours altéré à la longue par les actions secondaires, et se désagrége facilement sous l'influence des agents atmosphé- riques pour former des terres dans lesquelles on retrouve absolu- ment intacts tous les débris d'orthose de la roche (1). L'oligoclase dont la composition chimique moyenne est repré- sentée par la formule : 2 (Na0,Ca0), 2 AI207,9 SiO? correspond à peu près à : silice— 62,06 pour 100; alumine — 23,69 pour 100; chaux et soude — 14,25 pour 100. . On peut la considérer, quand elle est pure, comme un mélange à proportions définies d'albite et d'anorthite, et il y a, entre les quantités de soude, de chaux et de silice, une relation qui peut s'établir ainsi : Albite. Anorthite, æ (Na0,A120,6 SiO?) + y (CaO,AP03,2 SiO?) = Oligoclase. — [x NaO + y Ca0],2 AI05,9 SiO?, ou plus simplement : Oligoclase — m albite +1 anorthite, dans laquelle m peut varier de 1,5 à 3. Pour la composition : 3 albite + 1 anorthite, la quantité de chaux contenue est de 5,2 pour 100 et celle de soude de 9- pour 100, et ces proportions peuvent atteindre jusqu’à 10 pour 100 pour la chaux, et 4,5 pour 100 pour la soude, lorsque l'oli- goclase se rapproche de la composition : 1,5 albite + 1 anor- thite (2). Ces chiffres, fournis par M. Camusat, portent sur l'ensemble des sels alcalino-terreux, de la chaux notamment, considérés en toutes combinaisons dans la roche, alors que la chaux soluble ne dépasse guère, en réalité, dans le sol, la teneur de 1 pour 100 à 9 pour 100 et s'abaisse même à quelques mil- (1) J. Camusat, in Bull. Soc. hist. nat. d Autun, Procès-verbaux des séances de 1894, p. 131. px (2) J. Camusat, loc. cit., p. 134. A. Le Grand, loc. cit., p. 44, avait déjà écrit que sur les granits renfermant de l'albite, feldspath à base de chaux, on pourrait relever des faits particulièrement intéressants, notamment lexis- ience des plantes qui d'habitude préfèrent les terrains calcaires : Digitalis lutea, Teucrium Botrys, etc. XXIV SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. liémes, proportion suffisante pour la vie de quelques plantes calciphiles (1). Au bois Gautheron, si nous considérons la partie terreuse du sol, c'est-à-dire propre à la végétation, comme formée presque exclusivement par l'oligoclase (l'orthose étant trés réfractaire à la décomposition), nous nous trouvons en présence d'un terrain con- tenant 5 pour 100, et méme plus, de chaux et environ 9 pour 100 de soude. Le mica noir passe également aux terres, mais il est peu abondant; en tout cas, il ne peut que favoriser la présence des plantes calcicoles, car, outre qu'il contient de l'apatite (phosphate de chaux), ses proportions assez importantes de magnésie et de fer ne peuvent que contribuer à rendre le sol plus basique. Dans une terre ainsi formée, l'atmosphére du sol riche en acide carbonique, qui peut y atteindre des doses variables de 4 à 10 pour 100, transforme assez rapidement les silicates et phosphates cal- caires en carbonate, puis en bicarbonate de chaux trés soluble puisqu'un litre d'eau du sol peut renfermer de 33 à 185 mil- ligrammes de sel caleaire (2): La soude, plus soluble encore à l'état de carbonate, disparait presque entiérement sous les lavages opérés par les pluies, et la proportion de chaux, qui ne fait qu'augmenter par la disparition dela soude, peut donc favoriser la végétation de certaines plantes nettement calcicoles; mais, si nous tenons compte que le carbonate de chaux, qui subsiste à la surface du sol, peut être plus facilement dilué dans les eaux de pluie qui contiennent un peu d'acide carbonique et entrainé par le ruissellement pour étre déposé en certaines places, où la con- figuration du sol arréte ou divise ce ruissellement, on voit que la richesse en chaux sera considérablement accrue dans ces lieux de dépót et qu'elle pourra atteindre jusqu'à 10 pour 100 et méme plus (3). Cette proportion est donc plus que suffisante pour le développement des plantes calcicoles isolées ou en colonies, sur- tout si l'on admet, avec Drude, qu'un terrain doit être consi- déré comme calcaire quand il renferme plus de 3 pour 100 de chaux (4). Le mélange de plantes du calcaire associées à celles (1) Cf. Contejean, loc. cit., p. 75. (2) E. Gain, Précis de chimie agricole, Paris, 1894, p. 65. ` (3) J. Camusat, loc. cit., p. 132. : . (4) DO. Drude, Manuel de géographie botanique, trad. par G. Poirault, livraison I (1893), p. 43. GILLOT. — COLONIES VÉGÉTALES HÉTÉROTOPIQUES. XXV de la silice peut donc s'expliquer, comme l'a déjà démontré Con- tejean, par le fait que le sol renferme assez de chaux pour suffire aux calcicoles et n'en contient pas assez pour repousser les calci- fuges. En revenant du bois Gautheron au Creusot, soit par la route de Montcenis, soit par la combe Denis, on voit le massif granitique traversé sur le sommet de la montagne par des filons de schistes et quartzites dévoniens, autrefois confondus sous le nom général de Grauwacke avec d'autres roches argileuses de formation dévo- nienne (1). ; Ces filons sont orientés du N. au S., et facilement reconnais- sables à leur teinte d'un gris bleuátre ou noire. Tous ces schistes ont subi un métamorphisme général considérable produit par des filons de micro-granulite qui ont fait éruption au voisinage, et ont occasionné dans les joints un développement considérable de cal- cile, comme on peut s'en rendre compte en examinant des schistes prélevés dans des coupes fraiches et n'ayant pas encore subi l'action des agents atmosphériques. Cette calcite, qui est entiérement com- posée de carbonate de chaux, trés friable et peu adhérente aux schistes, passe aux terres dès le début de l’altération, tandis que la roche proprement dite est beaucoup plus résistante et ne forme que des terres peu abondantes dans lesquelles on retrouve en grande quantité de menus débris prismatiques de schistes et de quartzites. En éliminant ces débris de roches non altérés, pour ne considérer que la terre qui, seule, entretient la végétation, on voit donc qu’en certaines places, correspondant à des délitages de Jants calcariféres, on trouvera une proportion assez importante de chaux (2). La composition de ces schistes est du reste trés va- riable, et, bien qu'on ne puisse guére estimer la quantité de chaux qu'ils renferment en général à plus de 0,5 ou 4 pour 100, elle est Souvent rendüe bien plus considérable par la calcite développée dans les joints par les influences métamorphiques. C'est au niveau de ces schistes plus ou moins calcarifères qu'on Peut cueillir quelques espèces de plantes communes dans les ter- rains calcaires, mais rares dans cette région granitique où elles . 4) J. Camusat, De la présence des plantes calcicoles dans les terrains si- liceux, in Bull. Soc. hist. nat. d'Autun, Procès-verbaux des séances de 1894, Séance du 30 septembre, p. 160. - (2) J. Camusat, loc. cit., p. 162. XXVI SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. ne se trouvent que sur les points cités : Calamintha officinalis Mœnch, Ornithogalum pyrenaicum L., et surtout à l'automne Scilla autumnalis L., espèce calcicole, si étroitement cantonnée sur la roche dont il s’agit que l'on peut suivre les filons de schistes à l'aspect des jolis épis bleus des Scilles qui, à l'arriére-saison, recouvrent à leur niveau la surface du sol en bandes longues et étroites, comme j'ai pu le constater dans une excursion faite au mois de septembre en compagnie de MM. Ch. Quincy et J. Ca- musat, du Creusot (1). La culture les fait disparaitre assez vite, ce qui peut s'expliquer par l'éparpillement et l'épuisement rapide de l'élément calcaire, qui devient alors insuffisant. 9" VALLON DE LA GAGÈRE. — Tout le massif montagneux du Morvan autunois est constitué par des roches éruptives, granit, granulite, micro-granulite, porphyres, etc., dont la désagréga- tion séculaire a formé un sol à caractére siliceux, et sur lequel la flore est par conséquent nettement silicicole dans son ensemble. Il n’est pas rare cependant de rencontrer sur certains points des plantes dont l'habitat préféré est le terrain calcaire, mais que leur apparition sur des sols d'apparence siliceuse a fait qualifier d'in- différentes. Comme je l'ai déjà dit plus haut, cette appréciation n'est pas toujours exacte. Ces plantes doivent étre considérées non comme des calcicoles exclusives, mais comme des calciphiles, et indiquent dans le sol la présence d'éléments calcaires en propor- tion plus élevée que dans le reste de la région; et les différences. de cette teneur en chaux proviennent également de différences dans la structure minéralogique des roches, dans les combinai- Sons trés variables de leurs éléments pétrographiques, dans leur (1) Une localisation analogue, sur une étroite bande calcaire noyée dans des schistes, a été signalée pourl'Helianthemum Fumana Mill., en Belgique; par Ch. Aigret (Bull. Soc. roy. bot. Bel., XXI (1882), 2* partie, p. 43). On rapprochera avec intérét de ces faits ceux de l'apparition d'espéces caleicoles sur les basaltes (A. Le Grand, loc. cit., p. 51) et sur quelques points des terrains volcaniques d'Auvergne, dont le D* Saint-Lager a fourni l'explication par la transformation du silicate de chaux des feldspaths labra- doriques en carbonate de la méme base sous l'influence de l'acide carbonique; par la pénétration violente des éruptions basaltiques à travers le calcaire, le métamorphisme qui en a été la conséquence, et l'introduction du carbo- nate de chaux dans les roches volcaniques (Ann. Soc. bot. Lyon, VI (1877- 1878, p. 25). GILLOT. — COLONIES VÉGÉTALES HÉTÉROTOPIQUES. XXVII plus ou moins grande résistance à la désagrégation et à la trans- formation. Il y a déjà longtemps que mon attention avait été attirée sur ces faits et que j'en avais cherché l'explication dans des apports acciden- tels de chaux, engrais calcifères, voisinage de décombres, etc. (1). Mais nulle part le phénoméne ne m'avait paru plus frappant que dans le petit vallon morvandeau de la Gagère, creusé en pleines roches éruptives, entre Lucenay-l'Évéque et Cussy-en-Morvan. Au milieu de la végétation silicicole qui recouvrela plus grande partie du Morvan : Teesdalia nudicaulis, Hypericum pulchrum et humi- fusum, Malva moschata, Sarothamnus scoparius, Scleranthus pe- rennis, Senecio adonidifolius, Calluna vulgaris, Digitalis pur- purea, Galeopsis ochroleuca, A ira flexuosa, Danthonia decumbens, Pteris aquilina, etc., apparaît au fond de cette étroite vallée tout un groupe de plantes calcicoles, ou tout au moins préférentes des terrains calcaires : Clematis Vitalba, Helleborus fætidus (2), Che- lidonium majus, Dianthus carthusianorum, Trifolium medium, Potentilla verna, Laserpitium latifolium, Ribes alpinum, Sedum reflezum, Cirsium eriophorum, Erythræa Centaurium, Verbas- cum Lychnitis (3), Euphorbia Cyparissias, Ornithogalum pyre- naicum, Phalangium ramosum, Festuca glauca, etc. Cette colonie végétale hétérotopique trés caractérisée m'avait singulièrement intrigué, et j'avais concu tout d'abord l'opinion qu'elle pouvait avoir été favorisée par l'existence, en un point supé- rieur à cette vallée, de calcaire à Saccamina, marbre trés compact, d'un noir profond, dont les innombrables fissures sont incrustées de calcite blanche, et qui forme, près du hameau de Faye, com- mune de Cussy, un lambeau enclavé dans les porphyres et complète- ment séparé des masses stratifiées dela région. Les eaux auraient (1) D" X. Gillot, Notice sur les modifications de la flore phanérogamique Autun et de ses environs in Congrès scientifig. de France, 42* session tenue à Autun (1876), pp. 342-376. (2) L'Helleborus fœtidus L. est considéré comme calcicole par tous les Auteurs, et méme caractérisé de « fidèle au sol calcaire ». (J. Vallot, loc. cit., p. 292). H. Lecoq insiste également sur sa préférence pour les terrains cal- Ting et son association habituelle avec l'Euphorbia Cyparissias (loc. cit., » P- 498). (3) Le Verbascum Lychnitis L. à fleurs jaunes, tel qu'il se trouve dans le vallon de la Gagère, affectionne les sols calcaires ou tout au moins imprégnés * quelques sels de chaux en minime quantité. Dans les sols purememt sili- ceux, il est remplacé par la variété à fleurs blanches, V. album Mill. J XXVIII SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. pu, au contact de ce marbre, se charger d'une petite quantité de carbonate de chaux qu'elles auraient ensuite déposé dans la vallée (1); mais l'éloignement de cette poche calcaire, la densité de ses éléments, l'absence habituelle d'eau courante, démontrent le peu de fondement de cette hypothése, et l'examen minutieux des roches, lors d'une récente excursion au vallon de la Gagére, avec M. J. Camusat, me parait fournir une explication bien plus plau- sible du phénoméne. A la partie inférieure de la vallée de la Gagére, les roches qui affleurent au sol sont des tufs orthophyriques, de l'époque du Culm, des granulites à mica noir, et plus haut des micro-granu- lites, de la kersantite, des schistes et des quartziles dévoniens métamorphosés par les éruptions granulitiques (2). Rien n'est plus intéressant que de constater les variations de la flore au passage d'une roche à l'autre, si bien qu'en parcourant la vallée il est possible à un œil exercé de reconnaître, à quelques- unes des plantes qu'elle supporte, la nature de la roche sous-ja- cente. Les micro-granulites, de méme que les granits porphyroides, qui alternent avec les tufs orthophyriques au voisinage de Lucenay- l'Evêque, sont trés durs, trés denses, à grain fin et compact, com- posés de cristaux d'orthose trés raccourcis, de fins granules de quartz trés abondants, peu riches en oligoclase, et constituent par conséquent des roches extra-siliceuses, habitées par des végé- taux exclusivement silicicoles ou calcifuges : Silene Armeria, Peu- cedanum Oreoselinum, Scleranthus perennis, Senecio adonidi- folius, Galeopsis ochroleuca, etc. Le Peucedanum Oreoselinum Moench, surtout, parait, dans la vallée de la Gagère et sur les mon- tagnes voisines, presque caractéristique de la micro-granulite et des roches granitiques les plus siliceuses. Les granuliles à mica noir dominent dans une grande partie de la vallée; elles sont riches en oligoclase (felspath triclinique à base de soude et de chaux) et en apatite (phosphate de chaux), et la terre noire qui résulte de leur désagrégation renferme une notable proportion de chaux. Les espéces précédentes s'y retrouvent, avec (1) Cf. Bull. Soc. hist. nat. d'Autun, \ (1888), pp. 232, 295. E (2) Voyez la Carte géologiq. détaillée de France au 1/80 000°, feuille 124, Cháteau-Chinon. GILLOT. — COLONIES VÉGÉTALES HÉTÉROTOPIQUES. XXIX toute la flore des terrains primitifs ou siliceux : Illecebrum verti- cillatum, Galium saxatile, Jasione montana, J. Carioni, Sam- bucus racemosa, Digitalis purpurea, Rumex Acelosella, etc., et quelques espèces commencent à s'y mélanger auxquelles une petite quantité de chaux me parait indispensable : Clematis Vitalba, Viola hirta, Potentilla verna, Sedum reflexum, Pimpi- nella saxifraga, Inula Conyza, Verbascum Lychnitis, etc. Quant aux tufs orthophyriques, ils se désagrègent facilement et forment une terre arénacée déjà trés alcaline, parsuite de la décom- position del'oligoclase trés abondante et du mica magnésien avec cristaux d'apatite. De nombreuses plantes calciphiles, ou, si l'on veut, feldspathiques, croissent sur ces roches ou sur la terre qu'elles ont formée; c'est là qu'apparaissent Helleborus fœtidus L., Helianthemum vulgare Gærtn., Trifolium medium L., Euphorbia Cyparissias L., ete. Les rochers sont couverts de Potentilla verna L., Sedum reflexum L., Festuca glauca Schrad., tandis qu'un peu plus haut les granulites et micro-granulites, plus denses et plus siliceuses, voient cette derniére espéce remplacée par Fes- tuca tenuifolia Sibth. Si l'on examine un fragment de ces tufs en voie d'altération par leur affleurement à l'air atmosphérique, on constate aisément à la loupe que les racines des plantes, qui ont pénétré par les fissures superficielles, atteignent et désagrégent l'oligoclase grisátre et terreuse, et mettent en liberté, sans les modifier sensiblement, les cristaux d'orthose plus durs et enclavés dans l'oligoclase, dont ils se distinguent par leur teinte rosée. Enfin, les schistes dévoniens ou quartzites schistoides, que j'ai signalés dans le vallon de la Gagère et sur les collines qui le do- minent, jouent un rôle important dans la répartition de la flore par les éléments calcaires qu'ils renferment sous forme de calcite se- condaire, développée dans leurs joints sous l'influence du méta- morphisme et facile à déceler par l'effervescence aux acides. Cette calcite, qui se retrouve aussi dans les kersantites du voisinage, n'est autre chose que du carbonate de chaux facile à dissoudre, et c'est à son action que j'attribue la présence, dans les dépressions de la vallée et au voisinage des gisements les plus abondants de ces schistes dévoniens, de quelques-unes des espèces les plus cal- cicoles que j'ai récoltées : Dianthus carthusianorum L., Laser- pitium latifolium L., Cirsium eriophorum L., Phalangium ramosum Lamk, etc. XXX SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. Les analyses entreprises par M. A. Bouvet, pharmacien-chimiste à Autun, ont confirmé les idées préconcues à l'aspect des roches et de la végétation du vallon de la Gagère. Les échantillons de terre noire (terre de Bruyére) prélevés tout en haut du coteau, sur les granites et les micro-granulites, peuvent étre considérés comme dépourvus de chaux ou n'en renfermant que des traces insigni- fiantes. Au fond dela vallée, sur le bord des bois et surtout au bas des petites ravines, où croissent de préférence les Clematis Vi- talba, Helleborus fœtidus, Sedum reflexum, etc., la terre est toujours noire par la décomposition et l'oxydation du mica, et ne fait pas effervescence avec les acides, mais l'analyse y révéle cepen- dant une quantité appréciable de chaux. C'est surtout à l'entrée de la vallée, et dans quelques cuvettes, que la terre jaunâtre formée aux dépens des tufs orthophyriques ou des schistes dévoniens dé- gage manifestement de l'acide carbonique à l'analyse et révéle des proportions de chaux variant de 0,05 à 2 pour 100. Il est à désirer que ces études soient poursuivies et portent surtout d'une facon plus précise sur l'analyse de chacun des éléments minéralogiques qui entrent dans la structure des roches, notamment des diffé- rentes variétés de feldspaths. On y trouvera, je crois, de grandes différences de composition chimique, et par conséquent des don- nées importantes et pratiques sur la formation des terrains ; c'est affaire aux minéralogistes et aux chimistes plus compétents et mieux outillés. 3 Morvan AuTUNOIS. — Les schistes ou quartzites dévoniens se retrouvent sur de nombreux points du Morvan autunois, Roussil- lon, Petite-Verriére, Anost, etc., et les tufs orthophyriques, à Reclesnes, la Petite-Verrière, Menessaire, etc., en petits gisements disloqués et épars, et partout où je les ai constatés, j'ai vu appa- raitre quelques plantes étrangères à la flore fondamentale du pays, que nous ne sommes guère habitués à récolter que sur des sols calcaires, et que l'on peut considérer comme hétérotopiques : Helleborus fœtidus, Helianthemum vulgare, Dianthus prolifer, Genista sagillalis, Lathyrus hirsutus, Carum Carvi, Torilis An- thriscus, Caucalis daucoides, Valerianella Auricula, Knautia ar- vensis, Inula Conyza, Filago arvensis; Picris hieracioides, Lactuca virosa, Barkhausia fætida, Campanula glomerata, Cynoglossum officinale, Calamintha Acinos, Salvia pratensis, Plantago medit, -GILLOT. — COLONIES VÉGÉTALES HÉTÉROTOPIQUES. XXXI Carex glauca, Poa compressa, Festuca glauca, Bromus erec- lus, etc. Ces espéces, qui appartiennent en grande partie à la liste que Contejean a dressée sous le titre de « calcicoles presque indif- férentes, cependant plus nombreuses sur le sol calcaire (1) », ne sont hétérotopiques qu'en apparence, l'élément calcaire fourni au sol par la désagrégation des roches précitées suffisant à expliquer leur végétation. Je ne doute pas qu'en poursuivant des recherches méthodiques dans la voie que je viens seulement de tracer, on n'arrive à expli- quer bien des faits de dispersion végétale singuliers en apparence, et qu'on ne puisse un jour dresser des listes de plantes d'aprés leur affinité pour tel ou tel élément minéralogique, par exemple en série progressive d'aprés la prépondérance croissante des élé- ments alcalino-terreux, en première ligne de la chaux. J'ai peine à croire qu'une plante nettement calcicole dans une région devienne caleifuge dans une autre, comme l'ont avancé les auteurs les plus recommandables (2). Il est probable que, dans les cas cités à l'ap- pui, comme dans ceux que j'ai relatés, on trouvera non plus dans le seul examen géologique des roches du sous-sol, mais dans l'ana- lyse de leurs éléments minéralogiques, l'explication de ces adap- tations en apparence contradictoires. Il faut en outre tenir compte des autres éléments chimiques, potasse, magnésie, etc., dont le rôle n'est pas aussi nettement défini. Il serait possible méme, dàns une certaine mesure, et avec plus d'exactitude qu'on ne le fait aujourd'hui, de conclure de l'aspect de la flore à la constitu- tion minéralogique du sol, et réciproquement, au grand profit de la géographie botanique, et de ses applications pratiques à l'agri- culture et à la naturalisation des végétaux. Les détails sur lesquels j'ai insisté pourraient m'attirer le re- proche d'étre trop exclusif et de ne tenir aucun compte des influences physiques du sol sur la végétation. Je suis persuadé, au contraire, que les états variables de division des roches, de leur hygroscopicité, les conditions différentes d'exposition, d'in- solation, etc., ont une part incontestable dans le développement (1) Contejean, loc. cit., p. 126. (2) G. Bonnier, Quelques observations sur tion des Phanérogames et la nature chimique France, XXVI (1879), p. 338; et Végétation de la c Revue gén. de botanique, I, p. 206. les relations entre la distribu- du sol, in Bull. Soc. bot. de haine du Mont-Blanc, in XXXII SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. des végétaux ; mais ce sont des influences limitées, stationnelles, et subordonnées à l'influence chimique prépondérante. C'est ainsi que la plupart des espéces que j'ai citées plus haut comme plus ou moins calciphiles, mais apparaissant d'une façon hétéro- topique en sol granitique, n'y prospérent que dans les vallons secs et pierreux, ou sur les coteaux chauds et ensoleillés, qui réalisent les conditions physiques de leur habitat préféré en sol calcaire. L'étude des Cryptogames, Muscinées et Lichens fournirait sans doute des preuves encore plus précises sur les affinités d'un grand nombre d'espéces pour tel ou tel élément minéralogique, comme je crois l'avoir observé, mais avec trop peu de compétence pour en tirer des conclusions absolues. Mon savant ami, M. l'abbé Boulay, a déjà signalé des faits bien intéressants sous le rapport, non seulement de la préférence, mais de l'appétence exclusive de plusieurs Mousses pour des roches ou des éléments minéralogiques déterminés. Il cite notamment l'exemple du Grimmia trichophylla, espéce silicicole par excellence, qu'il fut un jour étrangement sur- pris de rencontrer sur la paroi d'un rocher calcaire. Mais, en dé- tachant un fragment de la roche qui portait cette Mousse, « au premier coup de marteau, des étincelles jaillirent et, sur le revers du morceau emporté, on remarqua des grains de quartz au-dessous des points occupés par le Grimmia (1) ». Il relate également ce fait significatif que les espèces indifférentes sont beaucoup moins nombreuses parmi les Mousses que parmi les Phanérogames (2), ce qui tient sans doute à ce qu'il est plus facile d'apprécier lin- fluence chimique de leurs stations. Des études plus précises pour- ront encore restreindre le nombre des espèces restées douteuses, 2 plus forte raison pour les Lichens (3). Des explications analogues à celles que je viens d'exposer peuvent étre également fournies sur la présence de colonies hé- térotopiques de végétaux silicicoles en plein terrain calcaire, soit par la désagrégation difficile de roches calcaires particulièrement denses ou mème silicifiées, comme certaines dolomies, soit par la (1) N. Boulay, Étude sur la distribution géographique des Mousses en France, 1877, p. 17. (2) Ibid., p. 98. . (3) Voyez également sur ce sujet : Contejean, loc. cit., pp- 32, 35; A. Ma- id Observ. sur la fl. du Lyonnais, in Ann. Soc. bot. Lyon, Xll (1884), p. 176. GILLOT. — COLONIES VÉGÉTALES HÉTÉROTOPIQUES. XXXIII présence de rognons siliceux, etc. C'est ainsi qu'on a signalé des colonies hétérotopiques de plantes silicicoles, Sarothamnus sco- parius, Digitalis purpurea, etc., sur des calcaires dolomitiques, mais là seulement où ces calcaires sont recouverts de sables quart- zeux presque entièrement dépourvus de carbonate de chaux, ou de marnes sidérolithiques pénétrant dans leurs fissures, ou quand ils ont été eux-mémes silicifiés et transformés en jaspe faisant feu au briquet (1); également dans le Mont-d'Or lyonnais sur des cal- caires jurassiques, principalement de l'étage bajocien, fortement imprégnés de silice et impropres à la fabrication de la chaux (2). Le Digilalis purpurea a été observé sur le calcaire mélangé de rognons de silex; le Pteris aquilina, sur les chailles de l'Oxfordien qui renferment parfois jusqu'à 80 pour 100 de silice (3). Mais ces faits me sont moins familiers, et les quelques observa- tions que j'ai relatées, dans le champ habituel de mes études bota- niques, suffisent à démontrer l'utile concours que doivent se prêter aujourd'hui les différentes branches des sciences naturelles, et pourront, au point de vue de « l'action chimique de la composition des roches sur la végétation », engager d'autres botanistes, non seulement à faire « des expériences sur la distribution des espéces sur le terrain granitique comparé aux terrains calcaires, pour dé- terminer celles de ces espéces qui peuvent se trouver exclusive- ment sur l'un ou l'autre terrain » (Godet) (4), mais encore à rechercher quelles sont dans chaque terrain les espàces particu- liérement propres à telle ou telle roche, et dont la végétation est en rapport avec les éléments constitutifs ou pétrographiques de cette roche. En résumé, les considérations précédentes me paraissent dé- montrer : 1° L'adaptation, bien connue déjà, des plantes au sol, d’après (1) D" Saint-Lager. Ann. Soc. bot. Lyon, IV (1875-1876), p. 134. (2) Cusin, Debat, etc., Ann. Soc. bot. Lyon, V (1876-1871), p. 179 ; A. Ma- 8n, loc. cit., XII (1884), pp. 179, 187. panana (3) Godron, De l'espèce et des races dans les étres organisés, 1859, pp. 94, 00; Contejean, loc. cit., p. 22. 2 : (4) Bulletin de la Soc. Murithienne du Valais, V (1873), p. 53, où une communication du chanoine Besse, sur les rapports intimes de la botanique et e la minéralogie, et une note du professeur Godet (de Genève), sur le même sujet, m'ont engagé à présenter les observations ci-dessus, à la session extra- ordinaire des Sociétés botaniques française et suisse à Genève. T. XLI. XXXIV SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. les éléments chimiques nécessaires à leur développement, quelles que soient les combinaisons et la proportion de ces éléments dans le sol; 2° La faculté qu'elles possèdent de puiser ces éléments nutritifs dans la désagrégation et la décomposition des minéraux consti- tutifs des roches, devenant ainsi les agents générateurs prépondé- rants des terres; .? Par conséquent, la nécessité de considérer les rapports des espéces végétales non seulement avec les terrains et les roches sous-jacentes, prises dans leur ensemble, mais avec les minéraux particuliers qui les composent en combinaisons trés diversifiées; 4" L'explieation, qui en résulte, des colonies végétales hétéro- topiques, c'est-à-dire la présence de certaines espéces végétales, ordinairement associées, sur des terrains en apparence différents de leur habitat ordinaire. Note ajoutée pendant l'impression. — M. J. Camusat a recueilli à la localité du bois Gautheron deux échantillons de terre, dont l'analyse a été exécutée par M. Balvet, chimiste au Creusot. Voici le résultat d'aprés les notes de M. Camusat : L'échantillon n° 1 a été prélevé sur un point où croit une colonie hétérotopique de plantes calciphiles, en particulier le Digitalis parvi- flora Lamk, qui est trés abondant; l'échantillon n° 2 provient d'une partie du bois où l'on ne rencontre aucune plante calcicole. Ces deux terres ont été passées au tamis n° 40 (mailles de 077,067). La partie fine, rejetée par le tamis et qui entre pour 10 pour 100 envi- ron dans le poids total de chaque échantillon, a seule été analysée. Les résultats obtenus, déduction faite de la perte au feu correspon- ` » LE] 2 è dant à l'eau et aux matières organiques, sont consignés dans le tableau ci-dessous : Échantillon n? 4. Échantillon n? 2. Éléments. p. 100. p. 100. Silité ii fr enr 63,56 65,20 Chaux. o.i Saa a 2,50 1,34 Magnis... sS ss 212 » Oxyde de fer (FeO-I-Fe?0?)..... 5,67 5,85 Alumine et divers............ 96,15 27,61 100,00 100,00 Fer métallique. ...... Se e 4,07 4,20 GILLOT. — COLONIES VÉGÉTALES HÉTÉROTOPIQUES. XXXY La quantité importante de fer décelée par les analyses est assez diffi- cile à expliquer. Cette proportion, ainsi que cela se présente pour tous les granits, ne devrait pas dépasser 1,5 pour 100. Le dosage du fer étant fait par coloration, les erreurs qui peuvent en résulter ne devraient pas donner des écarts aussi considérables, et peut-étre faut-il admettre que tout le fer de la roche étant à un état d'oxydation trés avancée, passe de suite aux terres fines. Des analyses exécutées sur le refus de tamis à mailles plus grandes pourraient nous éclairer à ce sujet. La chaux est fournie par l'oligoclase du granit porphyroide qui, au bois Gautheron, donne à l'analyse 5,025 pour 100 de chaux. La propor- tion de chaux fournie par les analyses de l'échantillon n° 1 n'étant que 2,9 pour 100, soit environ la moitié de la proportion contenue dans l'oligoclase, il ressort de ce fait que l'oligoclase, qui est trés altérée et passe de suite aux terres, se trouve mélangée d'un poids égal de parties fines provenant des autres éléments de la roche. En effet, l'examen à la loupe de la terre soumise à l'analyse décéle une multitude de petits grains qui ont de 3 à 6 dixièmes de millimètre de diamètre, graviers presque exclusivement composés d'orthose et de rares grains de quartz. Tous ces éléments sont, en général, assez réfractaires à l'assimilation par les plantes, etla partie terreuse qui, seule, est réellement assimi- lable, fournirait probablement une proportion de chaux bien plus importante. Ges analyses confirment le róle prépondérant de la chaux, puisque cer- taines plantes, Digitalis parviflora, Helianthemum vulgare, Scabiosa Columbaria, Epipactis latifolia, etc., croissent là seulement où la chaux atteint 2,5 pour 100 dans le sol, tandis qu'elles font défaut quand la proportion de cet élément n'est que de 1 à 1,5 pour 100 (1). Une considération qui découle encore de ces analyses, c'est la basicité relative du sol, basicité qui n'est pas sans jouer un róle important dans la présence des espèces calciphiles à un faible degré. (1) On consultera encore avec intérét sur ce sujet le chapitre que Alph. de Candolle (Géogr. bot. 1855, I, p. 422) a consacré à la nature minéralogique u sol, et où il signale (p. 440), dans les organes des plantes, la présence de certaines substances, silice, chaux, quelle que soit la petite proportion qu en contienne le sol, et la thèse de pharmacie de G. L. Beille (Essai sur les zones de végétation du massif central de la France, Toulouse, 1889), dans laquelle, 4 propos de la nature du sol, il explique la végétation d'un certain nombre de plantes calcicoles sur les roches volcaniques, basaltes, labradorite, andé- Site, par la présence de l'apatite (chloro-fluo-phosphate de chaux) que le microscope polarisateur y a fait découvrir; aussi les plantes calcicoles se localisent-elles sur les roches en décomposition, tandis que la roche non altérée ne porte que des espéces silicicoles. XXXVI SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. A la suite de cette communication, des observations et réflexions sont échangées entre son auteur et MM. Magnin, Christ, Chatenier et Wilezek. M. le Président encourage tout particuliérement M. Gillot à continuer, en usant de toutes les ressources que la chimie a mises entreles mains des agro- nomes et des géologues, l'étude d'un probléme si longtemps discuté, et qui n'a pas été résolu faute d'avoir été abordé avec des moyens suffisants. M. Chodat donne lecture de la communication suivante qu'il a recue de M. H. Jaccard (d'Aigle). SUR UNE NOUVELLE VARIÉTÉ D'ECHIUM (E. VULGARE var. VALESIACUM), LONGTEMPS CONFONDUE AVEC L'E. ITALICUM; : par M. H. JACCARD. Les botanistes observeront peut-étre sur les coteaux du Das- Valais un Echium d’un faciès particulier. C'est un E. vulgare, mais qui est probablement l’origine des mentions faites à plu- sieurs reprises de l'E. italicum dans le Bas-Valais. En effet, Haller (1) le signale déjà, sousle n° 604, d'une manière générale, « in Valesia »; Murith (2) l'indique, sine loco, « dans les lieux arides exposés au soleil »; Gaudin (3) nous dit qu'il n'est « pas rare, dans les parties chaudes du Valais inférieur ». Il en aurait été retrouvé, d'aprés Rhiner (4), par Morthier, en 1858, « dans les environs de Brancon, trois ou quatre buissons ». Comment cette espéce, qui n'était « pas rare » du temps de Murith et de Gaudin, aurait-elle disparu? Cette affirmation méme me fait douter de sa présence, et je pense qu'il s'agit partout de la (1) Haller, Enumeratio methodica stirpium Helvetie indigenarum, l, p. 914 (ann. 1742). — Historia stirpium indigenarum Helvetiæ, b pos n? 604 (ann. 1768). ith (2) Murith, Le Guide du botaniste qui voyage dans le Valais, p. 66. Muri renvoie au n° 604 de Haller, nomme la plante E. pyrenaicum L. et ajoi « Caulis asperrimi pilis longis durissimis bulbosis, flores perpetuo gius cærulei. Hall. Hist. » ient ! (3) Gaudin, Flora helvetica, M, p. 33. — Gaudin et Rhiner emploient '? nom E. italicum L. : s (4) Rhiner, Prodrom der Waldstátten Gefässpflanzen, p. 209. [Nous devori à l'obligeance de M. Burnat les renseignements contenus dans cette nole y les trois précédentes. (Ern. M.)] - BOURQUELOT. — L'ÉTHER MÉTHYLSALICYL. DANS LES PLANTES. XXX VIE forme d' E. vulgare que je signale ici et que je me propose d'ap- peler E. vulgare var. valesiacum (E. italicum Haller, Murith, Gaudin, etc., quoad loc. vales.), en l'accompagnant d'une petite diagnose dans mon Catalogue de la flore valaisanne en cours d'im- pression. La plante est plus ramassée que le type de l'E. vulgare; c'est principalement une forme des coteaux secs pauvres en pluie, courte, d'aspect cendré, grisâtre; à tiges souvent blanchâtres ou grises canescentes ; à feuilles caulinaires lancéolées linéaires; à grappes toujours simples et jamais bifurquées comme dans PE. italicum; à corolle de moitié plus petite que dans le type de P'E. vulgare, bleue, quelquefois rose ou trés rarement blanc bleuâtre; à lobes du calice trés étroits et trés hispides, grisátres comme toute la plante. Coteau de Brancon, Tassonnières, entre Mazembro et Saillon ; vers Saillon, observé une fois à fleurs blanc bleuátre; vers Ardon, et digue de la Lizerne en descendant à la station; vers Vétroz. N. B. — Les diagnoses données par Haller et Gaudin se rap- portent bien à PE. italicum L., mais elles n'ont sans doute pas été faites sur des échantillons du Valais. M. Bourquelot fait la communication suivante : SUR LA PRÉSENCE DE L'ÉTHER MÉTHYLSALICYLIQUE DANS QUELQUES PLANTES INDIGENES; par M. Ém. BOURQUELOT. L'éther méthylsalicylique ou salicylate de méthyle (CHPC'IPO?) n'a été signalé jusqu'ici que dans un petit nombre d'espéces. Il l'a été en premier lieu dans une Éricacée de l'Amérique du Nord, le Gaultheria procumbens L.; toutes les parties de cette plante, mais surtout la fleur renferment une huile essentielle, souvent désignée dans le commerce sous le nom d'essence de Winter-green, qui est, comme l'a établi Cahours, en 1843 (1), composée presque en tota- lité d'éther méthylsalicylique. : Quelque temps aprés (2), Procter le découvrait dans l'essence (1) Journ. de Pharmacie, mai 1843 et Ann. de chim. et de phys. [3], X, P- 327, 1844. : (2) Observations on the volatile oil of Betula lenta, eic. (The American Journal of Pharmacy, XV, p. 241, janvier 1844). XXXVIII SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. obtenue par distillation, en présence de l'eau, de l'écorce du Be- tula lenta Willd., arbre du Canada et de la Caroline. En 1876, Broughton (1) le signalait dans l'essence d'une deuxiéme espéce de Gaultheria (non d'Andromeda), le G. Lesche- naultii DC., plante des monts Nilgherries dans l'Hindoustan. En 1879, H. Köhler (2) le trouvait encore dans les essences pro- venant de deux autres Gaultheria, le G. punctata Blume, plante qui croit sur les sommets du mont Gëèdeh et le G. leucocarpa Blume, commun dans les foréts de l'ile de Java. En 1881, Langbeck (3) réussissait à en démontrer la présence dans la racine de Polygala des officines fournie par le Polygala Senega L., plante de l'Amérique du Nord. Enfin, plus récemment, en 1889, Ludwig Reuter (4) le retrou- vait à l'état de traces dans une racine quelquefois mélangée à celle de Polygala Senega, la racine de Polygala alba?, plante croissant également en Amérique. L'éther méthylsalicylique a donc été trouvé dans sept espèces seulement, toutes exotiques. Je l'ai rencontré au contraire dans quatre espèces indigènes, trois appartenant au genre Polygala et la quatrième au genre Monolropa. La premiére espéce sur laquelle ont porté mes recherches est le Polygala vulgaris L. La racine de cette plante a été usitée autre- fois en médecine; elle est indiquée dans les auteurs comme prè- sentant une odeur faible non désagréable (?). La vérité est que, lorsqu'elle est fraiche, si on l'écrase avec précaution entre les doigts, elle répand une odeur trés nette d'éther méthylsalicylique. Pour mettre ce composé en évidence, j'ai eu recours au procédé suivant, indiqué par Reuter (5). : On écrase, dans un mortier de porcelaine, 5 grammes de racine fraiche et récemment récoltée, que l'on fait macérer dans 40 cent. (1) D'après Jahr. der Chemie, 1876, p. 588. ped (2) Ber. d. d. chem. Ges:ll., XI, p. 246, 1879. Ces essences avaient ái préparées à Java, en 1859, par M. De Vry. Les plantes avaient ete détermi nées par M. Junghuhn (Renseignements fournis par M. De Vry). p M um Jahresbericht für Pharmacie, Pharmakognosie et Toxikologte; 82. ; A © (4) Zur Kenntniss der Senegawurzeln (Arch. der Pharmacie (31, XXVII, p. 927, 1889). (5) Weitere Beiträge zur Kenntniss der Senegawurzel (Arch. der Pharm- [3], XXVII, p. 459, 1889). - - : BOURQUELOT. —- L'ÉTHER MÉTHYLSALICYL. DANS LES PLANTES. XXXIX cubes d'eau à 60 degrés. Au bout d'un quart d'heure on jette sur un filtre, on acidule le liquide filtré avec 3 gouttes d'acide chlo- rhydrique, et on agite avec 50 cent. cubes d'éther ordinaire. Aprés quelques instants de repos, on sépare la solution éthérée qu'on verse dans une petite capsule et qu'on laisse évaporer. On reprend le résidu avec 20 cent. cubes d'eau à 60 degrés, aprés quoi on ajoute au liquide une goutte de solution étendue de perchlorure de fer. La présence d'acide salicylique dans le liquide, acide provenant dela décomposition du salicylate de méthyle, est révélée par la production d'une coloration bleu violacé. L'éther méthylsalicylique en solution dans l'eau donne lui- méme directement une coloration violette avec le perchlorure de fer; mais cette coloration disparait dés qu'on agite la solution, soit avec de l'éther sulfurique, soit avec de l'éther de pétrole, tandis que, si elle est produite par l'acide salicylique, elle ne disparait pas. En opérant de méme avec la racine de P. depressa Wenderoth et avec celle de P. calcarea F. Schultz, racines qui, lorsqu'on les écrase, répandent la méme odeur que celle de P. vulgaris, on observe la méme 'coloration violette. Donc la racine de ces trois espéces de Polygala renferme, comme celle de P. Senega, de l’éther méthylsalicylique. Dans le Monotropa Hypopitys L., c'est surtoutla tige qui est riche en salicylate de méthyle. Cette tige est simple et plus ou moins renflée à la base; il suffit de la briser à la hauteur du ren- flement et d'attendre quelques secondes pour en sentir nettement l'odeur. Il y en a également dans la partie qui porte les fleurs, les- quelles sont disposées en une sorte d'épi terminal; mais, lorsqu'on écrase cette partie, l'odeur de salicylate de méthyle est mélangée à une odeur herbacée qui masque la première et la rend difficile à percevoir. Pus Pour mettre en liberté l'acide salicylique et le caractériser, jai dù employer un procédé différent de celui que jai exposé ci- dessus, Les tiges brisées à la main ou écrasées dans un mortier de por- celaine ont été traitées par de l'alcool à 90 degrés bouillant. La Solution alcoolique a été ensuite séparée par expression, puis fil- trée et distillée. L'éther méthylsalicylique, qui bout à 223 degrés, XL SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. reste, au moins en partie, dans le résidu de la distillation. Aprés refroidissement, on a agité celui-ci à plusieurs reprises avec de l'éther de pétrole. Les liquides éthérés étant rassemblés, on les a additionnés d'un peu de lessive de soude étendue et abandonnée pendant les qua- rante-huit heures, en ayant soin d'agiter fréquemment et vive- ment. Dans ces conditions, il y a saponification du salicylate de mé- thyle et formation de salicylate de soude qui passe en solution dans l'eau, tandis que les matiéres grasses et colorantes restent en solution dans l'éther. On a alors soutiré le liquide aqueux, on l'a acidulé avec de l'acide sulfurique, puis agité avec de l'éther ordinaire pour enle- ver l'acide mis en liberté. En laissant évaporer la solution éthérée, on a obtenu des cristaux en aiguilles presque entièrement blancs présentant les propriétés de l'acide salicylique. MM. Chodat et Guignard échangent quelques observations avec l'auteur au sujet de cette communication. M. Chodat rappelle notamment qu'il a trouvé un sucre nouveau, la polygalite, dans les Polygala indigènes et notamment dans le P. amara. M. L. Mangin fait la communication suivante : SUR UN ESSAI DE CLASSIFICATION DES MUCILAGES, par Mi. Louis MANGIN. Les mucilages, si répandus dans les diverses parties du corps de la plante, ne sont pastoujours constitués par des composés chimi- quement définis; la nature colloidale de ces corps ne permet pas de séparer facilement les principes immédiats qui les composent. Bien que plusieurs d’entre eux puissent être obtenus en assez grande quantité pour être soumis à l’analyse, nos connaissances sont encore peu avancées sur leur composition. Quant aux mucilages qui existent, dans les tissus, en trop petite quantité pour étre extraits à l'état de pureté, leur histoire est à peine connue. En dehors des travaux publiés par les chimistes sur les mucilages les plus employés, les seules données que nous possédons sont rela- MANGIN. — CLASSIFICATION DES MUCILAGES. XLI lives à l'analyse micro-chimique réalisée au moyen des réactifs de la cellulose; elle se traduit par la division (1), déjà ancienne, en mucilages cellulosiques, possédant les réactions de la cellulose, et vrais mucilages, qui ne présentent pas cette réaction. Cette divi- sion offre deux inconvénients : d'une part elle exclut l'idée de l'existence de mélanges entre les divers principes immédiats; d'autre part, elle caractérise un groupe important, celui des vrais mucilages, par un caractère négatif. Il était done nécessaire de remanier le groupement des muci- lages pour le mettre d'accord avec les idées nouvelles sur la com- position de la membrane. C'est le but du travail que j'ai l'honneur de présenter à la Société. La rapidité avec laquelle les masses mucilagineuses se gonflent et se déforment dans les liquides aqueux nécessite avant tout l'em- ploi de réactifs destinés à les coaguler avant ou pendant le gonfle- ment; on peut ensuite faire usage des colorants, de manière à étudier le mode de formation et les relations de ces mucilages avec les membranes. Les substances qui coagulent les mucilages sont assez nom- breuses, je signalerai particulièrement : l'acétate tribasique de plomb, l'acétate de mercure proposé par M. Perrot, l'acétate neutre de plomb, le chlorure de plomb, l’alun ordinaire ou po- lassique, l'alun de chrome, le sulfate de fer, le sublimé cor- rosif, etc. : On ne peut formuler aucune règle au sujet de la coagulation des mucilages par ces divers réactifs; car leur emploi varie non seulement avec les diverses espèces, mais encore avec la nature des manipulations destinées à fixer les matières colorantes; on doit éviter en effet, soit d'annuler l'action des coagulants, soit de déter- miner des décompositions qui font apparaitre un précipité cris- tallin dans la préparation. Ainsi l'acétate tribasiqne de plomb ne doit pas être employé pour les colorants agissant en bain acide ou dans un bain aluné; d'autre part, l'acétate de mercure qui, dans beaucoup de cas, coagule trés bien les mucilages, a l'inconvénient de rendre difficile la coloration des masses protoplasmiques que l'on veut en distinguer. (1) Tschirch. Angewandte anatomie. XLII SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894, D'autre part, la coagulation est plus ou moins complète; ainsi Palun ordinaire coagule la gomme des Rosacées, de l'Astragalus gummifer, mais ne coagule pas le mucilage du Lin, du Tilleul; l'acétate neutre de plomb coagule bien le mucilage du Lin commun, mais il a peu d'action sur le mucilage du Lin à grandes fleurs, etc. C'est par de nombreux essais que l'on pourra, dans chaque cas particulier, trouver le réactif qui convient le mieux. Il peut étre utile en outre, dans certaines circonstances, de suivre les diverses phases du gonflement ; l'immersion des objets à étu- dier dans des sirops de glucose de diverses concentrations et colo- rés permet d'arriver à ce but, j'en ai cité un exemple dans l'étude du mucilage de la graine de Lin (1). Ceci établi, examinons de quelle maniére on peut grouper les mucilages. Nous distinguerons d'abord deux divisions, les mucilages sim- ples et les mucilages mixtes. Les premiers ne renferment qu'une seule substance colorable par les réactifs et paraissent homogènes; les seconds, toujours hétérogènes, renferment au moins deux substances différentes que l’on peut colorer alternativement. MUCILAGES SIMPLES. Ils forment, au point de vue de l'élection des colorants, trois groupes correspondant aux trois substances fondamentales que J'ai distinguées dans la membrane, ce sont : 1° Les mucilages cellulosiques; 2" Les mucilages pectosiques ; 3° Les mucilages callosiques. 1° Mucilages cellulosiques. — Ces mucilages sont coagulés par un mélange d'acide chlorhydrique et d'alcool, et restent insolubles sans se gonfler dans une solution d'oxalate d'ammoniaque qui dis- socie les tissus; ils se gonflent lentement dans l'eau, ils jouissent des propriétés optiques de la cellulose et s'illuminent de teintes irisées entre les nicols croisés. Ces mucilages se colorent facilement à l'aide des colorants de la H . N l. (1) L. Mangin, Observations sur le mucilage de la graine de Lin (Bul Soc. bot. de France, t. XL, p H9. MANGIN. — CLASSIFICATION DES MUCILAGES. XLIII cellulose, surtout aprés l'action de la potasse caustique. Ce sont les colorants tétrazoiques qui forment deux séries : l'une compre- nant l'orseilline BB, le noir naphtol, etc., agissant en bain acide ; l'autre comprenant le rouge Congo, la benzopurpurine, la delta- purpurine, la benzoazurine, etc., agissant en bain alcalin. L'action des réactifs iodés (acide phosphorique et iode, chlorure de caleium iodé, etc.) est en général nulle ou trés faible; le mu- cilage prend seulement une teinte jaune plus ou moins foncée, par- fois brune. Les mucilages cellulosiques ne se colorent jamais avec les colorants, basiques quels qu'ils soient. ins mucilages sont rares; je n'en ai jusqu'ici rencontré qu'un seul exemple, constitué par les mucilages des bulbes d'Orchidées, désigné sous le nom de salep. Àu sujet de l'action des réactifs iodés, Franck (1) dit que l'acide sulfurique et l'iode colorent ce mucilage en bleu violacé; pour ma part, en employant l'acide phosphorique et l'iode, je n'ai jamais obtenu cette coloration avec les espèces indigènes : Orchis fusca, ©. militaris, O. maculata, etc. X Mucilages pectosiques. — Ce groupe comprend les substances les plus nombreuses, et notamment une grande partie de celles qu'on désigne conimunément sous le nom de vrais mucilages. Ils se gonflent assez rapidement dans l'eau et se liquéfient presque entièrement; la solution filante ou visqueuse filtre trés lentement, elle devient fluide par l'ébullition avec les alcalis ou les acides étendus. La plupart des sels que j'ai signalés plus haut coagulent plus ou moins complétement les mucilages pectosiques. Ils ne se colorent jamais avec les réactifs de la cellulose, prennent une teinte jaune avec les réactifs iodés et sont inactifs dans la lumiére polarisée. Tous les colorants basiques se fixent en bain neutre sur ces mucilages, la coloration disparait parfois rapidement dans les acides, la glycérine, l'aeétate de potasse et méme l'alcool. Les réactifs les meilleurs sont : le brun Bismarck (brun vésuvien), le bleu de méthyléne, le vert de méthyle, le bleu de Nil, le bleu de naphtylène (bleu de Meldola), le rouge neutre, l'hématozyline (1) Franck (A. B.), Zur Kenntniss der Pflanzenschleime (Erdemann Journ. f. prakt. Chemie, 1865, Bd 95, p. 479). XLIV SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. vieille, etc. On peut conserver les préparations pendant quelque temps dans une solution d'acide borique à 1 ou 2 pour 100. La nécessité de distinguer les mucilages des substances pro- téiques exige l'emploi d'un mélange de réactifs destinés à fournir des colorations doubles; j'emploie ordinairement dans ce but le bleu de naphtylène et le vert acide JEEE, ou le mélange de rouge neutre et de vert acide. Ce dernier, sans action sur les composés . pectiques, colore les masses protoplasmiques en vert. Ces divers réactifs ne permettent pas d'obtenir des préparations persistantes au baume de Canada, à cause de la décoloration rapide des tissus dans l'alcool. Aussi est-il préférable d'employer, pour l'analyse des mucilages, un réactif d'une extrême sensibilité, le rouge de ruthénium, qui fournit des colorations persistantes après l'hydratation et montage dans le baume. Les préparations inclues dans la gélatine glycérinée se conservent moins longtemps à cause de l'acidification de la masse qui décolore peu à peu les coupes. Les mucilages pectosiques ne se colorent pas avec les réactifs de la cellulose, ils sont optiquement indifférents, à moins qu'on ne les observe à l'état sec ; dans ce cas, si la dessiccation a eu lieu rapidement à la surface, il peut apparaitre, dans les couches ainsi desséchées, une biréfringence analogue à celle que Seerbeck (1) a depuis longtemps signalée dans les lamelles de gomme arabique desséchée. Les mucilages pectosiques sont les plus répandus, signalons : les mucilages des Malvacées, des Tiliacées, des Rosacées, des Abié- tinées qui sont renfermés dans des cellules spéciales isolées dans le parenchyme des tissus; le mucilage des cellules du parenchyme vert des feuilles de Taxus (2), le mucilage des cellules à raphides (Œnothera, Vitis); le contenu des canaux mucilagineux des Til- leuls, des Cycadées, de l'Ailante, etc.; le mucilage de la région externe de l'intine dans le pollen du Genévrier; la gaine mucilagi- neuse de certaines Algues (Zygnema, Glæosporium, Nostoc), le mucilage de certains Ascomycétes, comme les Ascobolus, la Bul- garia inquinans, chez cette dernière espèce le mucilage remplit les interstices laissés entre les hyphes qui forment l'appareil spo" (1) Seebeck, Einige neue Versuch und Beobachtungen über Spiegelung und Brechung der Lichtes (Schweigger Journ., t. VIL, 1813, pp- De (2) L. Mangin, Sur les cellules mucifères et résinifères de VIf (Bull. 904 bot. de France, 1893, t. XL, p. 313). MANGIN. — CLASSIFICATION DES MUCILAGES. XLV rifére; le mucilage qui englobe les conidies des Nectria, Sphace- loma, etc. 3 Mucilages callosiques. — Ces mucilages sont trés différents des précédents par leurs propriétés physiques : ils se gonflent à peine d'abord, puis brusquement se liquéfient sans présenter la phase de gonflement plus ou moins longue que l'on observe avec les précédents. Quand ils sont encore à l'état concret, avant la pé- riode de liquéfaction, ils se gonflent et se dissolvent dans l'acide phosphorique, le chlorure de calcium et le bichlorure d'étain concentrés; ils se dissolvent sans gonflement préalable dans les alcalis caustiques étendus, ils se gonflent sans se dissoudre dans l'ammoniaque et les carbonates alcalins. Les mucilages callosiques sont colorés : 1° Parle bleu d'aniline soluble à l’eau ou bleu de triphénylro- saniline trisulfoné (bleus coton, bleus papier, bleus marins, etc.), dans un bain acidulé par l'acide acétique ou l'acide formique ; 2* Par la coralline en solution dans le carbonate de soude; 3° Par les colorants tétrazoiques, tels que la rosazurine B. et C. en bain alcalin. Le dernier groupe de ces colorants se fixe aussi, comme nous l'avons vu plus haut, sur les mucilages cellulosiques. Tantót la coloration est uniforme (rouge Congo, benzopurpurine, deltapur- purine, pourpre de Hesse, etc.), mais d'autres fois la coloration est différente (benzoazurine, azobleu, azoviolet); avec lazoviolet notamment, les mucilages cellulosiques se colorent en bleu et les mucilages callosiques prennent une teinte violette. D'ailleurs l'emploi d'un mélange d'orseilline BB et de bleu d'aniline permet d'éviter la confusion que pourrait faire naitre l'identité de colo- ration des réactifs tétrazoiques de la série benzidique; car, dans ces conditions, les mucilages callosiques se teignent en bleu et les mucilages cellulosiques en rose. ; Si l'on veut distinguer les masses de mucilage callosique des substances azotées, on peut encore associer le brun vésuvien acide au bleu d'aniline, qui teint les matières protéiques en noir violacé. ; Les mucilages callosiques sont optiquement indifférents, ils sont inertes vis-à-vis des colorants basiques; ils ne se coagulent pas et ne se teignent plus quand ils sont en pleine liquéfaction. Ces mucilages se rencontrent dans tous les tissus ou les mem- XLVI SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. branes exposés à une prompte liquéfaction : je signalerai notam- ment le cal des tubes criblés; la membrane du sporange des Mu- corinées, tantôt entièrement callosique et liquéfiable comme chez les espèces du genre Mucor, le Phycomyces nitens; tantôt par- tiellement, comme chez les Pilobolées où la liquéfaction n’a lieu qu'à la partie inférieure du sporange dans la région non colorée; le mucilage des cellules-méres des grains de pollen, qui se liquéfie au moment de la mise en liberté de ceux-ci. Il manque chez les plantes à pollen composé (Lugules, Éricacées, Orchidées, etc.), ou à pollinies (Orchidées, Asclépiadées); la cloison qui rattache les conidies des Péronosporées (Cystopus et Peronospora), par sa liquéfaction celles-ci sont dispersées. MUCILAGES MIXTES. Théoriquement on peut concevoir trois sortes de mucilages mixtes, constitués par le mélange deux à deux des mucilages pré- cédents et correspondants aux membranes mixtes de cellulose et de pectose chez les Phanérogames et la plupart des Cryptogames; de cellulose et de callose chez les Péronosporées ; de callose et de pectose chez les Polypores, etc. En réalité, je n'ai rencontré jusqu'à présent qu'un seul groupe de mucilages mixtes, formé par l'association, en proportions très inégales, de mucilages cellulosique et pectosique; ce fait n'a rien d'étonnant, puisque les membranes des tissus mous sont presque toutes formées par l'association de la cellulose et des composés pectiques. On distingue ces mucilages parce qu'ils se teignent à la fois per les colorants basiques et notamment par le rouge de ruthénium, et par les colorants acides tels que la benzoazurine, surtoul apres l'action de la potasse caustique. Ils sont optiquement actifs. Ce groupe renferme des mucilages considérés jusqu'à présent, soit comme des mucilages cellulosiques (graines de Coing (1), de Sinapis nigra et alba, fruits de Salvia), ou comme des mucilages (1) M. Giraud avait déjà reconnu que le mucilage de Coing renferme de la cellulose et des composés pectiques, il en faisait un type spécial dans une classification qui n'a d'ailleurs pas été adoptée. Giraud, Étude comparati des gommes et des mucilages (Compt. rend., t. LXXX, p. 477, 1875). MANGIN. — CLASSIFICATION DES MUCILAGES. XLVIE vrais (graines de Lin, de Plantain, Algues : Chondrus crispus, Chorda Filum, ete.). Les mucilages mixtes cellulosiques et pectosiques sont assez dif- férents par la proportion relative des corps en mélange. Tantót le mucilage cellulosique y domine et les rapproche des mucilages simples cellulosiques dont ils partagent les propriétés physiques (coagulation par les acides, gonflement trés lent, etc.). C'est le cas notamment pour le mucilage des graines de Crucifères (Sina- pis alba et nigra), pour celui du Coing; la présence manifeste des composés pectiques ne permet pas d'en faire des mucilages simples. ; Tantôt, au contraire, les mucilages pectosiques dominent et la proportion de cellulose demeure faible; ce cas se présente chez lé Chondrus crispus et surtout chez le mucilage de Lin, qui nous améne ainsi au groupe des mucilages pectosiques purs. Les mucilages mixtes pectosiques et cellulosiques sont toujours lormés aux dépens des membranes en contact avec l'air (épiderme et membrane des grains de pollen), ils représentent tout ou partie de celles-ci; on trouve d'ailleurs tous les intermédiaires entre les membranes concrétes et les mucilages. Ainsi, chez un grand nombre de graines, la membrane épidermique incapable de se transformer en mucilage peut se gonfler légérement en absorbant de l'eau, et sa partie extérieure se désorganise; le tégument de la graine devient visqueux. C'est ce qu'on observe chez les Pomacées (Pirus, Malus, etc.) et chez l'Oranger. Si l'on groupe alors les surfaces épidermiques par ordre croissant de gélification, on aura le tableau suivant : Epiderme normal. Epiderme du tégument des graines du Pommier. Tégument des graines de Sinapis. Tégument des graines de Coing. Tégument des graines de Lin. l'autre part, il n'existe pas de distinction précise entre les mu- cilages et les gommes. Celles-ci peuvent se rapporter à deux Sroupes : les gommes vraies ou gommes proprement dites qui ont exactement les mêmes réactions colorantes que les mucilages pec- losiques ; et les gommes mixtes renfermant en outre de la cellulose. u premier groupe appartiennent les gommes du pays (gomme de XLVIII SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. l'Abricotier, du Pécher et du Cerisier, etc.), la gomme de la Vigne, du Tilleul, de l'Ailante; la gomme arabique, des divers Aca- cias, etc. Au second groupe appartient la gomme adragante qui se colore à la fois par le rouge de ruthénium d'une part et par les réactifs de la cellulose d'autre part. | MUCILAGES INDÉTERMINÉS. Il existe un certain nombre de mucilages qui ne rentrent dans aucune des catégories précédentes. En employant les réactifs colo- rants les plus divers, il m'a été impossible d'observer jusqu'ici une élection de ces colorants; je ne puis donc indiquer pour eux de caractéres positifs, et je les grouperai provisoirement sous le nom de mucilages indélerminés. On les rencontre dans l'albumen d'un certain nombre de graines, et notamment dans l'albumen du Caroubier. En groupant ainsi les divers mucilages, j'ai voulu faire con- naître les caractères histologiques de ces productions et appeler de nouveau l'attention sur les services que peut rendre, lorsqu'il S'agit de corps aussi mal définis, l'emploi méthodique des réactifs colorants. En présence de l'incertitude des résultats fournis jusqu'ici par l'analyse chimique sur la constitution des mucilages, j'ai pensé qu'une classification provisoire basée sur des réactions colorantes, définies et constantes offrirait quelque intérét aux anatomistes. Les termes de mucilages cellulosiques, pectosiques et callosiques, que j'ai employés, doivent étre compris comme résumant des caractères histologiques déterminés, ils ne sauraient en aucune façon être considérés comme une affirmation de la composition chimique, affirmation qu'il serait téméraire de formuler en raison de l'insuffisance de nos connaissances actuelles. On trouva ci-joint un tableau résumant les caractères des principaux mucilages. XLIX MANGIN. — CLASSIFICATION DES MUCILAGES. *2,9 '1orqnod -*) :souru$ sour199 op ueumnq[e, op ISen *juopqog4d mb SOJUBIO[O9 suomoeoi sop snamodoq *'S3NIWW3IJOINI S35VTIIOQnN — ‘A ‘239 ‘sogiodsouoi -əd S2P So1piu09 sop uorjeuedos op uosio[) '$919q]uv sop so1qui-so]nj[oo sop oSv[ronj ‘(939 *snjoqopq *s2ofiuoofigq *4oonp) S9QUIIOONH op so2ueJods sop oueiqtuopy 'S9[qr1o soqnj sop 189 ‘apne ureq uo ourrue,p nəq : ouniu1guu]fiuoudi[ c *urpeo]|e ueq uo nəq -0zv *joporAoze 'ourinzeso4 : $2nD10224]2,], o) '$9p190 $1u040]07) 'sjovur juourenbrjdo — -uorjvjonbi] 9p jvjo.[ e sopqe[n2v02 uou 9 so[qeIo[0o UON — "19juo$ os suvs quouroprder juogonbi[ oq — ‘939 ‘ureja, p eundo[gorq o[ ‘onbuoydsoqu 9proe ‘SIVIL so[ suep PIOIJ v so[qn[og 'S3001S0TTV2 — III '(senbrsojood jo senbiso[nipoo) SILXIN SSDV'TIOnW — ‘AI nod e ‘MAS ep sqymajj sop eurioprdq ‘std sop 39 so10d sop neoaiu ne uojpod 9p sure13 sop ounu[ 'surmjuv]q SIDAIP op soureJ3 sop euuopidq d ‘snds119 snapuoy) np aeng "urq op our e op IeM Y N ‘sidourS op soure1d sop eony 'Sutoo op eony Y "snonjg op so[ovjdoouoo sop eSv[ronp "93e MJI (mut -»Bjnq : suouSidueyn surea op o2epiony '93e *un4odsoom,r) *pwuoubfiz : Sen3[y seurej109 op osnouiSe[ronur suwy ‘299 *191149u9*) : uoj[od op uiva8 np ounu| "eJreurure' *ojuepry fsogpvofr ‘nor : xnourSv[ronur xnvuwr) ‘939 SIA ‘vuəayjoum soptjde1 g so[n]|o) '939 JI 'setq y ‘SIPIL '$999vsoy *sogovA[eq : oSeronur g so[ni[o?) '91jmou ureq uo urnruou]ni op o3no1 jnojins Jo oujnou o3noí *oug|Kjgdeu op nəq fourueijes *ouo|fgjour op ne[gq 'sanbisnq $)un40]07) 'sjovur juouenbijdo — :sjuvimoq Soproe so[ 19 SLIPE SO] 2048 opinj juolAop uornjos v[ :juouroJorjuo onbso1d juoAjossip Əs 79 nvo[[suep juouroprder juojuo$ og 'Sa3n001S01L23d — 'II '(dejvs) seopruo10,p seqmq sop Sem *ui[eope ureq uo so&ojduio ourinze -0zuoq *eurindiud-ozuoq ‘o8uorn ono o% ‘ope ureq uo sofojdure 'pojudea arou ‘gg ourprosaQ oT *sonbioz4]9] *sopio» sjuv40]07) "sjrjoe juo -oubndQ — ‘nvo,j suep juourojuo[ quoyuo8 eS — ‘onberuowue.p ojejexo, suep so[qn[ -osur ‘onbrpAuyioqyo [ooo[e,] aed so[n8e07) 'S13001S0 In TT39 — 'I ‘Sopduis soSu[nomnmA S42V'HO(N XAVdIONIUd SAA SHUALIVUVI SAT INVNASAU AVATAVL T. XLI. L SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. M. Hua fait à la Société la communication suivante : OBSERVATIONS SUR LE GENRE PALISOTA A PROPOS DE TROIS ESPÈCES NOUVELLES DU CONGO; par M. Henri HUA. Paraissant confiné, d'aprés nos connaissances actuelles, dans l'Afrique tropico-occidentale, du Sénégal à l'Angola, avec péné- tration d'une des espèces (P. Schweinfurthii) dans l'intérieur par le bassin du Congo et de l'Oubangui jusqu'à la région du Haut- Kémo et aux territoires des Niamniam et de Mombouttou, le genre Palisola est digne d'attention tant comme caractéristique de la flore africaine propre que pour son organisation particuliére. . A cause du fruit non déhiscent, à parois plus ou moins succu- lentes, on l'a mis à part parmi les CowwÉLINACÉESs, dans une tribu des Polliées, avec les Pollia Thunb. et les Athyrocarpus Schlecht. (Phæosphærion Hassk.). Sans aucun rapport d'ailleurs avec ce dernier genre trés proche des Commelina et dont les quatre espèces connues sont américaines, les Palisola se rapprochent davantage des Pollia, dont le maximum de développement se trouve dans la région Indo-malaise, mais qui passent en Afrique avec le P. gracilis de C. B. Clarke, rapporté par Boivin des Co- mores, et les P. condensata et Mannii du méme auteur, tous deux fréquents dans la région du golfe de Guinée. : Ils s'en séparent pourtant trés nettement tant par leur appareil végétatif que par leur appareil florifère. Leurs larges feuilles bordées d'une ligne serrée de poils soyeux, sessiles ou non sur les gaines ordinairement courtes, toujours groupées en touffes au ras du sol chez les quelques espéces acaules (P. Barleri, bracteosa, bicolor), ou en rosettes successives sépa- rées par des entre-nœuds plus ou moins allongés le long d'une tige souvent assez haute (2 mètres chez le P. congolana, d'apres M. Lecomte), sont assez particuliéres. L'appareil florifère, désigné dans les descriptions sous le nom de panicule, est, comme chez les Pollia, une grappe, ordinaire- ment dressée, de cymes scorpioides simples étagées, à l'aisselle de bractées plus ou moins importantes, le long de la partie supe- rieure d'une hampe sortie du centre ou des aisselles supérieures des feuilles constituant les touffes ou rosettes. Seulement, outre que HUA. — SUR LE GENRE PALISOTA. LI l'ensemble est plus allongé, chaque cyme élémentaire est caracté- risée par l'absence constante de bractéoles en dessous des fleurs rangées en deux séries à la face supérieure du sympode. Dans ces fleurs mémes, petites et presque réguliéres, comme celles des Pollia, avec leurs six piéces presque semblables (variant du blanc roséau bleu violet foncé), l'androcée est tout à fait carac- téristique, constitué par trois élamines fertiles, dont une, opposée au sépale extérieur, diffère des autres avec son anthére variant de forme suivant les espéces, et trois (ou par avortement deux) sta- minodes formant entre les étamines des houppes plus ou moins fournies de poils moniliformes. Longtemps on ne connut qu'une seule espèce de Palisota, le - Commelina ambigua de Palisot de Beauvois (1), auquel Reichen- bach (2) donna le nom de cet auteur, qui déjà avait remarqué combien ce type était différent des autres Commelina. Bentham (3) crutun moment pouvoir confondre sous le même vocable, P. thyr- siflora, l'ancien type et une forme, fort différente en somme, rap- portée depuis en quantité dans les herbiers où le P. ambigua parait plus rare. M. C. B. Clarke (4) distingua définitivement ces deux espèces, et en y joignant les P. Barteri Benth. et P. bicolor Masters, plus quatre espéces nouvelles, arriva au nombre de huit espèces. L'étude des collections récoltées par divers voyageurs fran çais (5), dans les colonies du Gabon et du Congo, et conservées au Muséum permet d’ajouter encore trois espèces qui ont donné lieu à quelques remarques intéressantes. En voici la description : P. Tholloni n. sp. — Caulescens, internodiis 4-9 cent. longis, flocculosis mox glabratis, Folia elliptica acuminata, brevissime petiolata, subtus albescentia, in costa glabrata, cent. 10-15 longa, 4,6-3,7 lata, in quoque verticillo circ. 5, quorum exterius interioribus brevius latiusque; petiolo mm. 8-17 longo. Paniculæ ample thyrsoidez, terminales v. e verticillo superiore plures, cm. 17-12 longæ, basi 2-1 latze ; pedunculis cm. 6-8 longis quam regione flori- fera brevioribus, glabrescentibus, 1-2 bracteis vacuis ad medium instructis, (1) Fi. d'Oware ei de Bénin, I, p. 126, tab. 15. (2) Conspectus, p.91. (3) Hooker's Niger flora, p. 944. (4) In A. et C. De Candolle, Monogr. Phanerog. II, p. 131. ; (5) Le R. P. Duparquet; MM. Griffon du Bellay, J. de Brazza et Tholon, Dybowski, Lecomte. LII SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. .Bracteæ cymiferæ acute, mm. 8-9 longo, 3 latæ, patentes mox reflexæ. Cyme patentes, pedunculo nudo longiusculo, pulverulento, subtus suleato glabro. Flores conspicui, pallide violacei (Thollon), numerosi (12-20 in quaque cyma), multi haud fructificantes caduci, pedicello brevi recto robusto,2 mm. longo, ima basi articulato. Sepala pulverulenta petális parum breviora. Stamina pa- rum inæqualia : 2 antheris subhastatis obtusis longioribus, 1 anthera arcuata breviore. Staminodia 3 dense barbata. Ovarium glabrum, stylo rectiusculo, apice stigmatoso; ovulis in quoque loculo 5-6 biseriatis. Fructus globosus erectus ? (ex exemplario Lecomtei imperfecto). Brazzaville, bord des bois, nov. 1884; (Thollon) (Lecomte). Voisin du Palisota thyrsiflora, mais bien distinct en particulier par ses feuilles moindres à cóte glabre, et par l'anthére de l'éta- mine impaire, ici arquée en arrière au lieu d’être elliptique droite. P. plagiocarpa n. sp. — Caulescens : ramorum internodiis inferioribus quam folia longioribus (cm. 8-20), superioribus brevioribus (em. 4-7). Folia mediocria, p. 2-5 verticillata, obovata ad summum latiora, cm. 12-15 longa, 4-5 lata, basi attenuata et vagina rufo ciliata, pagina inf. canescente, juniore sericea. Panicula foliis brevior, cum pedunculo circa cm. 8-10 longa, cylin- drica, fructifera cm. 2,5 lata. Bracteæ demum caducæ. Cymæ breves, patentes, pedunculo abbreviato, sympodio crassiusculo, subtus late canaliculato, supra nodoso, florum lapsu sigillatim impresso. Stamina inæqualia : 2 antheris oblongis acuminatis, 1 anthera difformi recurva. Ovarium glabrum. Fructus bacciformis oblongus, mm. 7 X 4, trisulcatus (an in sicco tantum?), apice stylo obliquo acuminatus, in pedunculo recto obliquo inverse obliquus. Semina mox 1-3 uniseriatim mox 4-6 biseriatim in loculis disposita, radiatim sulcata ; si unica elliptica; si pluria duo extrema pyramidata, alia diverse compressa. Exemplaria florifera Brazzeana vaginis brevioribus, foliis junioribus, sub- tus albo, in costa rufo sericeis. Gabon (Griffon du Bellay); Brazzaville, fin d'octobre 1884 (J. de Brazza). Cette espèce diffère de P. prionostachys C. B. Cl. par l'ovaire glabre et l'anthére impaire contournée en arrière; ce dernier carat- tère la rapproche de P. congotana, dont elle se distingue absolu- ment par son fruit obliquement dressé au lieu d’être pendant. P. congolana n. sp. — Caulescens, internodiis floceulosis mox glabrat Folia ampla, cm. 22-32 longa, 7-14 lata, breviter acuminata, in vaginis rufo barbatis basi attenuata sessilia, pagina inf. flocculosa canescente demum gla- brescente, costa ad basim rufo pilosa demum glabra; per 7-8 pseudo verticil- lata. Panicula oblonga, em. 7-20 longa, 1,5-4 lata, pedunculo 8-15 cm. longo basi duobus foliis haud evolutis sæpissime vestito, supra medium bractea angusta nonnunquam fertili instructo, bracteis cymiferis acutis mox reflexis HUA. — SUR LE GENRE PALISOTA. LIII inconspicuis. Cymæ p. m. pedunculatæ erectæ, pedunculo crasso subtus late sulcato glabro, lateribus sicut florum partes omnes pulverulento, sympodio cras- siore florum lapsu supra nodoso. Flores albi(Duparquet), pedicello crassius- culo, erecto, fere omnes haud fructificantes labentes. Stamina subæqualia : 2 antheris longioribus ovatis acutis, 1 anthera breviore crassa subcochleatim revoluta. Ovarium glabrum : ovulis in quoque loculo 4 (an pluribus?) biseria- tis. Fructus bacciformis, cæruleus, globosus, stylo p. m. persistente api- culatus, pedicello vix aucto nutante. CC. Gabon, décembre 1862 (Duparquet) ; Brazzaville, 30 juillet 1891 (Dybowski); Kakomocka, 22 octobre 1893 (Lecomte). Absolument différent de tous les types connus par l'aspect de ses panicules à rameaux obliquement dressés et par ses fruits pendants. Ces trois espéces ont les graines généralement assez nombreuses et disposées en deux séries dans les loges ; elles enrichissent donc la série Distichos de M. Clarke, comprenant jusqu'ici seulement le type P. thyrsiflora et le P. prionostachys. Seulement, chez le P. plagiocarpa, on observe la plus grande variété dans le nombre et la disposition des graines. Par exemple, dans un même fruit, une loge avait quatre graines, dont les trois inférieures alternant sur deux rangs, la supérieure étant super- posée à la précédente; la deuxième loge avait deux graines super- posées; la troisième n'en contenait plus qu'une, un peu plus grosse et parfaitement ovale. Un autre fruit avait de quatre à six graines par loge, et alors la disposition en deux séries était constante. Comme jusqu'ici, dans le genre Palisota, la disposition unisé- riée, caractéristique de la série Monostichos de C. D. Clarke, n'a été observée que dans des fruits à loges paucispermes, on se de- mande si ce caractère a ici la méme importance que pour des genres où les deux dispositions se voient avec un même nombre de graines par loge : ainsi, chez les Aneilema, certaines espéces de la section Euaneilema peuvent avoir jusqu'à 5-6 graines super- posées (A. scapiflorum Wigth, Thomsoni C. B. Clarke, etc.), tandis que les espéces de.la section Dichospermum ont des graines en nombre analogue alternant sur deux séries. Chez les Palisota, comme dans une méme espéce on voit les graines se ranger en une série si elles sont moins de quatre par loge (cas constant dans la série Monostichos), en deux si elles sont plus nombreuses, on a pensé qu'il vaudrait mieux faire appel pour LIV SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. classer les espéces à un autre caractére semblant répondre davan- tage à une différence essentielle entre les types. Il parait exister dans l'inflorescence. A. Chez certaines espéces, les pédicelles propres de chaque fleur sont gréles, plus longs que le périanthe refermé aprés l'anthése, et persistants; le pédoncule de chaque cyme, plus ou moins long sui- vant les espéces, est également gréle et arrondi; la panicule a un aspect particuliérement dense. C'est ce qui existe chez les Monos- tichos de C. B. Clarke, sauf chez le Palisota ambigua. Les ovules paraissent étre constamment au nombre de deux par loge et super- posés dés l'origine. Les espéces se distinguent entre elles par le fruit et par quelques caractéres de végétation, la fleur semblant étre assez uniforme. B. Ailleurs, ce qui répond exactement à la définition du Genera plantarum (III, p. 847), les pédicelles propres de chaque fleur, plus ou moins épais, n'atteignent pas ou acquièrent à peine la longueur de la fleur refermée aprés l'anthése et se détachent, par une articulation, du sympode sur lequel ils laissent, en tombant, des cicatrices plus ou moins accentuées suivant les espèces. Le pédoneule commun de chaque cyme est généralement épaissi et plus ou moins aplati ou canaliculé en dessous; il ne parait arrondi que chez le P. thyrsiflora, qui d'ailleurs semble, plus que les autres espèces de la section, se rapprocher de la précédente. Les principales différences entre les espéces seront tirées surtout de la disposition du fruit, de la forme de l'anthére dans l'étamine impaire, et de l'aspect général des inflorescences dà aux diverses maniéres d'étre des sympodes composants. Nous avons cherché à résumer ces différences dans le tableau suivant : TABLEAU SYNOPTIQUE DES ESPÈCES DU GENRE PALISOTA. - À. Pédicelles gréles et non articulés sur le sympode. a. Acaules. +. Bractées dépassant les limites de l'inflorescence ; fruit d'un beau rouge, aigu au sommet.......... . 1. P. bracteosa C. p. Cl. Ti. Bractées non proéminentes ; fruit E Obins s aine ciradubdos»e .... LA] 2. R- Barteri Hook. f. HUA. — SUR LE GENRE PALISOTA. .LV b. Caulescents. +. Bractées dépassant par leur pointe les limites de l'inflorescence..... 3. P. Mannii C. B. CI. Ti. Non : fruit gros, rose, tacheté de pourpre (Schweinfurth)......... 4. P.Schweinfurthii C.B.Cl. B. Pédicelles courts et épais, articulés et caducs (Pl. caulescentes). a. Pédoncules des sympodes arrondis; f. à nervure médiane hirsute; étamine im- paire à anthère ovale, à loges étroites; fruit dressé... ee ese 5. P. thyrsiflora Benth. b. Pédoncules des sympodes p. m. aplatis ou canalieulés en dessous; sympodes p. m. noueux en dessus. +. Étamine impaire à loges oblongues; : ovaire un peu hirsute........... 6. P. prionostachys C.B.Cl. ++, Étamine impaire à loges arquées en arrière; ovaire glabre. * Panicule grande; fl. grande violet pâle; deux rangées d'ovules par loge 5 . . 7. P. Tholloni Hua. ** Panicule! étroite, lâche; fl. petite, d'un violet bleu foncé; 2-3 graines par loges, sur un ang... ss 8. P. ambigua C. B. Cl. ttt. Étamine impaire à loges complète- ment enroulées en arrière. * Cymes étalées; fruits obliques sur des pédoncules droits obliques... 9. P. plagiocarpa Hua. ** Cymes obliquement dressées; fruits pendanta. ...... eoe oo ooo. : 10, P, congolana Hua. C? Espèce imparfaitement connue, analogue par son port aux P. Barteri et bracteosa .... 11. P. bicolor Masters. L'ordre du jour étant épuisé, M. le Président lève la séance et rappelle qu'un train-tramway spécial embarquera à 5 h. 22, Cours de Rive, les botanistes participant à la session qui ont accepté la gracieuse invitation de M. Marc Micheli à se rendre ce soir à son cháteau du Crest, à Jussy. Ün trouvera plus loin le compte rendu de cette charmante réception. LVI SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. SÉANCE DU 6 AOUT 1594. PRÉSIDENCE DE M. 'H. CHRIST, PRÉSIDENT. La séance est ouverte à huit heures dans la grande salle du laboratoire de Botanique systématique, à l'Université. M. le Président annonce cinq présentations nouvelles. L'ordre du jour appelle les communications suivantes : PROJET DE CARTE BOTANIQUE, FORESTIERE ET AGRICOLE DE LA FRANCE; par M. €h. FLAHAULT. « Le monde qui vient a soif de recomposition. . . il demandera qu'on lui fasse de grandes lignes directrices, avec cette multitude de points brisés oü notre cil s'est trop complu. » — E. M. de VocUÉ (Heures d'histoire). Les sciences, celles méme qui semblent le plus voisines et qui paraissent devoir suivre une marche paralléle, sont loin pourtant d'avoir les mémes destinées. Telle, nouvellement éclose, à pris un libre et rapide développement; telle autre, depuis longtemps en honneur, semble avoir "quelque peine à supporter le poids de ses traditions et à se dégager de ses méthodes vieillies. La Géologie, née d'hier, a pris une place d'honneur parmi les sciences naturelles. Elle est arrivée en peu d'années à des méthodes süres; elle a usé de tous ses moyens. Sans négliger aucun des points de vue sous lesquels elle pouvait envisager l'objet de ses études, elle en est venue déjà à formuler des hypothéses générales; si ce ne sont pas encore des lois démontrées, du moins s’appuient- elles sur une masse considérable d'observations poursuivies avec le sentiment bien net du but commun : connaître l’histoire de la terre. i Il faut remonter bien haut dans l'histoire pour trouver les ori- gines de la Botanique. La connaissance des simples remonte aux origines des sciences d'observation; pendant de longs siècles, la FLAHAULT. — CARTE BOTANIQUE, ETC., DE LA FRANCE. LYU science des plantes s'est bornée là. Nos contemporains ou peu s'en faut se sont avisés de sonder la structure intime de la plante, de lui demander les secrets de sa vie. Ils ont cherché à reconstituer l'histoire du monde végétal, à remonter à ses sources; aux plantes qui vivent autour de nous, ils ont cherché des ancétres dans les couches du sol. Ces efforts ont été couronnés de succès. Il reste pourtant beaucoup à faire, et les problémes à résoudre sont bien nombreux encore, eu égard à ceux qui sont résolus. Il nous semble (qu'on nous permette de l'avouer) que le but de la Botanique échappe parfois aux botanistes. Connaitre les plantes, leur vie et leur structure, leurs rapports multiples entre elles et avec le monde extérieur, en établir l'histoire dans la série des temps comme dans le monde actuel, chercher les liens qui les rat- tachent aux autres étres doués de vie, en d'autres termes, déter- miner les lois de la vie et la part qui revient à notre science dans l'harmonie générale de la nature, c'est, si je ne m'illusionne, le sommaire du programme du botaniste. Pour le développer, il ne suffit pas que nous nous enfermions de parti pris dans une spécialité et que nous y demeurions con- finés; nous ne pouvons nous contenter de considérer tel ou tel détail, comme les myopes qui ne peuvent embrasser l'horizon et voir l'ensemble du paysage. Si méritoires et si approfondies qu'elles soient, des études fragmentaires demeurent comme des pierres éparses, comme des matériaux informes; personne ne semble prévoir par quel effort de synthése ils s'uniront pour de- venir un monument. Nos efforts sont éparpillés, nous méritons le reproche qui pèse sur notre fin de siècle; il est tout entier au document, au détail, aux minuties, au désordre de la recherche Sans but défini. Sans doute, ce désordre est nécessaire; il est la conséquence de la liberté de la recherche; une armée de penseurs Y apporte l'infinie variété des aptitudes propres à chacun. La syn- thése s'en dégagera un jour, sürement, fatalement; nous semblons oublier parfois qu'elle est le but oi nous devons tendre. : Il convient que nous rassemblions les fragments chaque fois qu'ils peuvent être rapprochés. La branche isolée n'est qu'un débris, comme le membre séparé du corps; en réalité les branches S'enchevétrent et se ramifient, les rameaux s'entre-croisent et se confondent, mais ils sont reliés à un tronc commun et, par leur ensemble, ils constituent un tout, un arbre. LVIII SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. Les botanistes ont-ils bien présent à l'esprit le but qu'ils pour- suivent? Quelques-uns paraissent étrangers à ceux qui tendent au méme point par un autre chemin; ils ne cachent pas leur dédain pour d'utiles collaborateurs. Par un étrange malentendu, certains semblent croire que la connaissance des espèces est chose inutile, qu'elle ne fait pas partie de la science; ils se privent volontairement du concours qu'elle devrait leur préter. Il en résulte plus d'une faute; le crédit de certains savants et la confiance en leurs travaux en sont amoindris. Anatomie, physiologie, systématique n'appa- raissent pas d'une manière assez évidente aux yeux de tous comme les différents chapitres d'une méme étude concourant, chacun pour sa part, à faire l'histoire générale des végétaux. Les liens manquent souvent; il n'y a pas de chaine, il n'y a que des anneaux qu'il faut unir. Nous n'avons pas de vue d'ensemble; les arbres cachent la forét. Pour développer notre programme, il ne suffit pas de connaitre trés bien les espéces et les formes, l'anatomie ne suffit pas davan- tage, la physiologie est impuissante à elle seule; la paléontologie se lie nécessairement à l'étude des formes actuelles. Le défaut d'unité dans les efforts a nécessairement entravé les progrés de notre science. Les géologues, au contraire, n'ont pas perdu de vue le but commun; ils ont uni leurs efforts, ce qui leur permet d'espérer la solution prochaine de grands problémes. Le travail que j'ai l'honneur de vous présenter est un projet de groupement de faits connus dés longtemps. Il s'agit simplement de tirer parti des innombrables données que nous possédons sur la composition de la flore de France pour contribuer à la connais” sance de la géographie botanique de notre pays. Get effort répond à une préoccupalion ancienne. La première Flore francaise n'avait pas fini de paraitre qu'A. P. De Candolle songeait à appliquer à une ceuvre synthétique les faits énumérés dans les six volumes qu'il consacrait aux plantes de France. Il traca méme un projet sur lequel nous reviendrons tout à l'heure et qu'il ne put réaliser. Hors des limites de notre pays, les mémes préoccupations Sê sont fait jour et ont donné lieu à des publications importantes. En Suisse, en Allemagne, en Russie, dans les pays scandinaves, en Amérique méme, les Flores sont devenues la base de travaux con- FLAHAULT. — CARTE BOTANIQUE, ETC., DE LA FRANCE. LIX sacrés à la recherche des causes et des lois dela distribution des plantes. Le Congrés botanique de Paris en 1889 a été en partie l'expres- sion de la méme préoccupation. Les discussions auxquelles a donné lieu le projet d'exécution de cartes botaniques internationales ont montré surtout, pensons-nous, que ce projet était prématuré. Les cartes bolaniques internationales, figurant la répartition des végétaux « sur le globe », ne peuvent être réalisées si l'on n'a d'abord exécuté un travail moins universel. Une Commission a pourtant été nommée, des décisions ont été prises et des critiques formulées au sujet de ces décisions. Bien qu'oceupé depuis longtemps de recherches de géographie botanique, je n'ai pas pris part au Congrés de 1889. Le programme m'en a paru trop étendu pour me laisser espérer que je pusse con- tribuer à son succès. Je cherchais moi-même une solution plus étroite, je soumettais mes tentatives à une épreuve qui n'était pas achevée ; ce sont mes excuses. La publication des Actes du Congrès ne m'a pas fait regretter mon abstention. Je continue à croire que la synthése ne doit pas se faire brusquement, tout d'une piéce, pour le monde entier, qu'elle ne saurait se faire de cette maniére, mais que nous devons, pour le moment, nous contenter de donner le plus de précision possible à la connaissance de la distribution des espéces dans des régions relativement restreintes, pour les- quelles nous possédons des statistiques aussi complétes qu'on peut le souhaiter. J'ai pensé qu'on pourrait appliquer à notre petit coin de terre de France un essai de synthése au premier degré. Je n'ai eu pour cela qu'à reprendre la pensée de De Candolle. En 1806, il avait été chargé par le Ministre (c'était alors le Ministre de l'Intérieur) de parcourir en cinq ans toute la France, pour en étudier la botanique dans ses rapports avec la Géographie et l'Agriculture. Sur la proposition de De Candolle lui-même, on lui avait alloué 4000 francs par an pour frais de voyage. Malgré les transformations incessantes de nos frontiéres, il accomplit exactement les voyages dont il avait soumis le projet à M. de Cham- Pagny, et publia d'importants rapports sur plusieurs parties de l'Empire. C’est alors qu’il conçut le plan d’une œuvre considérable Sur laquelle nous devons insister. Laissons d'ailleurs parler De LX SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. Candolle; il a pris soin d'exposer cet important projet et les motifs de son abandon; ce nous sera une précieuse enquéte (1). . « Pendant mes six années de voyage... j'avais beaucoup pensé àla maniérela plus avantageuse de lier les faits nombreux que j avais recueillis sur l'histoire des plantes de France et d'en rendre compte au public. J'étais arrivé à un plan vaste et nouveau qui, je le crois, aurait produit un ouvrage assez important. Je me mis à l’œuvre avec ardeur; mais l'immensité du travail, l'attrait que m'inspirait la botanique proprement dite et le découragement que m'inspira, en 1814, le changement des limites de la France, sous ce point de vue qu'il entrainait un remaniement complet de mon travail, ces diverses causes réunies ont fait que je n'ai pas achevé mon entreprise : j'en ai des fragments considérables ter- minés, mais il est plus que probable que je ne donnerai jamais suite à ce travail... Je crois que cet ouvrage aurait eu de l'intérêt et aurait eréé un nouveau genre de livres, intermédiaire entre les Flores et les Statistiques. Je me proposais de le nommer Statis- lique végétale de la France. Peut-être me sera-t-il permis d'en tracer ici le: plan, afin que, si ces feuilles sont jamais lues, un autre plus heureux que moi puisse exécuter et améliorer ce que je n'ai fait qu'esquisser. » La Statistique végétale devait laisser de cóté les descriptions des espéces, les classifications puremeni botaniques, la synonymie didactique et la désignation des localités spéciales des plantes. Tout cela fait partie de la Flore proprement dite; mais, en consi- dérant le régne végétal sous un rapport plus étendu, elle devait présenter : 1° la distribution des végétaux sauvages ou la géographie botanique de la France, et 2 les rapports des plantes de la France avec les besoins divers des hommes. » Dans la première partie, aprés une exposition abrégée de la géographie botanique, je divisais la France en un certain nombre de régions physiques; je peignais pour chacune d'elles sa végéta- tion et j'exposais les circonstances du climat qui pouvaient avoir influé sur elle... Puis, reprenant les mémes objets d'une maniére plus détaillée, je donnais la théorie des stations proprement dites, et je faisais l'histoire des plantes de France marines, maritimes, (1) A. P. De Candolle, Mémaires et Souvenirs, écrits par lui-même et pu- bliés par son fils, p. 205 et suiv. ; Genève, 1862. FLAHAULT. — CARTE BOTANIQUE, ETC., DE LA FRANCE. LXI aquatiques, des marais, des prés, des guérets, des sables, des rochers, ete. Dans ce double cadre rentraient tous les faits géné- raux relatifs à la distribution des plantes sur la surface du sol. » Dans la seconde partie..., j'exposais d'abord les lois dela géo- graphie botanique agricole, et je montrais les grandes différences de la distribution des plantes cultivées et des plantes sauvages... » À cet ouvrage devait être joint un atlas que j'avais combiné de maniére à en faire par lui-méme une publication de quelque importance : je voulais y représenter les régions botaniques et agricoles, les divisions physiques qui influent sur la végétation, telles que la nature minéralogique de la surface, les hauteurs au- dessus du niveau de la mer, etc... » Ce n'est pas par paresse ni par découragement non motivé que j'ai abandonné cette entreprise. J'ai déjà indiqué un des motifs, le changement de circonscription en 1815... Une autre difficulté m'obligea à rentrer dans le domaine de la botanique pratique. La base de tout mon travail devait étre une énumération soignée des végétaux dont je voulais faire l'histoire. Je dus donc m'occuper de l'étude détaillée des plantes que j'avais recueillies dans mes voyages, afin de compléter la Flore francaise. » La Flore francaise fut achevée et considérée avec raison comme un monument scientifique de premier ordre. Les frontiéres de la France fixées par le traité de 1815 ne devaient de longtemps subir aucune modification et De Candolle eût sans doute repris le projet qu'il avait formé si l'intolérance politique ne l'avait décidé à quitter Montpellier et la France. Nous le retrouvons en effet, quelques années aprés, occupé de projets analogues en Suisse. Il publiait à Genéve, en 1821, son Projet d'une flore physico-géogra- Phique de la vallée du Léman. On y retrouve l'indication du méme butà atteindre, mais avec un plan nouveau, adapté aux condi- lions spéciales du pays; nous n'y insisterons pas. Malgré tous les avantages que présentait la Suisse, les difficultés demeuraient Insurmontables; la flore de la Suisse était mieux connue que celle de tous les autres pays, mais cette connaissance manquait de précision, les bonnes cartes faisaient défaut. La géologie des Alpes était relativement avancée, mais il n'y avait pas de lien suffisant entre les observations géologiques et botaniques. En un mot l'ana- lyse des faits n'était pas poussée assez loin ; elle ne pouvait l être, avec les moyens dont la science disposait alors, et le puissant LXII SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. esprit de De Candolle ne pouvait suffire à combler les trop nom- breuses lacunes qu'il rencontrait. D'ailleurs il fut bientót entrainé par d'autres travaux, non moins considérables, mais pour l'accomplissement desquels il était en mesure de réunir tous les moyens d'information. Les conditions ont bien changé depuis le commencement du siècle. Aux notions générales, incertaines, vagues et souvent frag- mentaires a succédé une connaissance suffisamment précise de la distinction et de la distribution des espèces. Leur répartition actuelle peut être considérée comme connue d'une manière satis- faisante sur toute la surface de la France. Les causes de cette répartition peuvent étre étudiées aussi avec une rigueur dont on n'avait pas l'idée jadis. A la Flore francaise ont fait suite une foule de Flores, de Cata- logues, de Statistiques locales ou départementales, une masse d'articles de Revues et de descriptions qui ont précisé les données de la géographie botanique de la France. En méme temps que s'achève cette analyse détaillée embrassant la majeure partie du territoire, les efforts de synthése se manifestent, de plus en plus nombreux; nous possédons d'excellentes Flores de diverses pro- vinces, de circonscriptions étendues et à peu près naturelles : Flores de l'Ouest, de Lorraine, du Plateau central, Catalogue des plantes de Provence, ete., ete. Nous n'avons pas à rappeler le légi- time et durable succès qu’obtint la Flore de France de Grenier et Godron; les entreprises multiples, réalisées en partie, pour com- pléter et remplacer cet ouvrage prouvent assez son importance. Sans doute, il reste encore des vides à combler : nous regrettons de ne pas posséder de statistiques définitives de la flore de nos principaux massifs montagneux, de certaines régions trés natu- relles, comme le Roussillon et quelques autres. Malgré ces lacunes, on a osé entreprendre la publication de Flores dé France; nous osons de méme songer à en synthétiser les données. De Candolle n'avait à son service que la carte de Cassini. Nous disposons aujourd'hui d'un grand choix de cartes topographiques d'une exactitude parfaite, permettant la notation rigoureuse des localités et de tous les faits de distribution qu'on juge utile de déterminer avec précision. La Géologie de la France n'avait pas encore mesuré le champ de FLAHAULT. — CARTE BOTANIQUE, ETC., DE LA FRANCE. LXIII ses études au commencement de notre siécle. La nouvelle carte géologique détaillée de la France, exécutée ou en cours d'exécu- tion pour toutes celles de nos provinces où il s'est trouvé des géo- logues, sera bientôt terminée. Grâce aux explications qui l'ac- compagnent, elle fournit au botaniste toutes les notions qui lui sont nécessaires pour résoudre les problémes qu'il aborde, et ne lui laisse à peu prés rien à désirer. La Météorologie elle-même s'est développée et commence à nous préter son concours. Cependant elle manque encore de rigueur; les observations qu'elle nous fournit ne sont pas toujours compa- rables. Les stations où se font les observations ne sont pas non plus déterminées avec assez de précision. Voilà pour les conditions extérieures. Quant aux conditions propres aux plantes elles-mémes, elles étaient méconnues ou igno- rées autrefois. On ne connaissait des végétaux que la structure superficielle; elle ne fournissait aucun renseignement sur les rap- ports des étres avec le milieu. La structure intime en est aujour- d'hui connue; nous commençons à saisir, dans l'organisation pro- fonde des tissus, le mode d'action des milieux physiques. Bien plus, nous eommencons à voir comment la structure interne retentit sur les formes extérieures, comment les formes s'adaptent aux milieux. La Physiologie végétale était inconnue. Elle n'a pas fait tous les progrés désirables; cependant quelques lois ont été découvertes et confirmées, on en a saisi les diverses manifestations et on a pu les appliquer à la distribution des plantes. Si peu nombreuses qu'elles soient, elles sont d'un grand secours au botaniste géo- graphe. La morphologie et la physiologie donnent à l'étude de la répar- tition actuelle des végétaux un intérêt que nos devanciers n’ont pu soupconner. Il ne suffirait pas pourtant, pour expliquer la répartition actuelle des plantes, de consulter les statistiques les plus exactes et de déterminer, s'il était possible de le faire, comment chaque espèce s'adapte aux conditions du milieu extérieur et de quelle Manière ce milieu exerce sur elle son influence. La répartition actuelle est fonction d'un état antérieur, et nous ne pouvons chercher à résoudre cette partie du problème sans le secours de la Paléontologie et de la Géologie stratigraphique. Or, LXIV SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. la paléontologie végétale est un trés jeune rameau de la science. À peine soupconnait-on, au commencement du siècle, l'existence de formes végétales fossiles; on ne possédait encore aucune donnée utilisable. Les renseignements sont chaque jour plus nombreux et nous permettent, sinon de résoudre, du moins de préciser une foule de problémes. - En résumé, l’œuvre si considérable que De Candolle n'a pu me- ner à bonne fin est d'une réalisation relativement facile aujourd'hui. La tentative était alors prématurée ; les difficultés se sont aplanies. L'intérét et l'utilité de cette ceuvre se sont singuliérement accrus, grâce à la multiplicité des points de vue nouveaux sous lesquels les problémes peuvent étre envisagés, gráce à la précision avec laquelle on peut les poser. En quoi consistent aujourd'hui les documents botaniques qu'il s'agit de synthétiser? Les travaux locaux sur les plantes de France, Flores ou Catalogues, sont des statistiques dont un grand nombre sont dressées avec beaucoup de soin et font honneur à la sagacité de leurs auteurs. Un nombre considérable d'espéces vasculaires, qui atteint environ 4000, sont distinguées, décrites, énumérées et attribuées exactement à leurs stations et localités respectives; quelques auteurs ont même essayé de révéler, dans ces sortes de travaux, la subordination probable des formes les unes aux autres. Sur ce terrain de la distinction des formes entre elles, les Flores laissent peu à désirer. Mais ne pouvons-nous pas espérer qu'une si grande somme d'excellent travail nous fournisse les éléments de la solution d'autres problémes ? Nous regrettons que cela ne soit guére possible. Les espèces sont habituellement énumérées suivant un ordre à peu près invariable, considéré sans discussion comme étant le plus naturel; cela rend les statistiques faciles à consulter, mais c'est le seul avantage qu'on en puisse espérer. Malgré les conseils renouvelés à plusieurs reprises par Alph. De Candolle (1), l'indica- tion des rapports numériques des individus ou du degré de fré- quence relative des espéces est presque toujours trop vague; les renseignements sur les stations, l'altitude, la nature du sol sont (1) Géographie botanique raisonnée, I, p. 458; La Phytographie, pp. 151 et suivantes. FLAHAULT. — CARTE BOTANIQUE, ETC., DE LA FRANCE. LXV trop négligés. De ces lacunes résulte un grand inconvénient pour la géographie botanique : la lecture d'une Flore ou d'un Catalogue, choisi méme parmi les meilleurs, permet rarement de se faire une idée juste de la végétation d'un pays. A plus forte raison est-il impossible de préciser les faits généraux de la répartition des espéces. Nous nous trouvons donc en face d'énumérations nom- breuses d'une masse considérable d'espéces de plantes vasculaires dont le chiffre atteint environ 4000 pour la flore de la France. Admeltons (ce chiffre est un minimum) qu'il faille consulter 200 Flores ou Catalogues avec une moyenne de 1000 espéces. Il faudra combiner, interpréter, condenser cette masse énorme de deux cent mille observations pour aborder l'étude de la distri- bution géographique des plantes d'un territoire aussi restreint que la France. On comprend qu'on y ait renoncé. Remarquons cependant que certains faits sont répétés sans va- riation dans toutes les statistiques que nous devons consulter. Si nous interrogeons les ouvrages consacrés à n'importe quelle pro- vince de notre pays, nous constatons que 142 espéces phanéro- games sont indiquées partout comme très répandues sur tous les points du territoire. La majorité màme de ces espéces est trés ré- pandue par toute l'Europe et 34 s'étendent beaucoup au delà. Il ne faudra pas demander à ces espéces ubiquistes la caractéristique d'un territoire restreint. 33 espéces phanérogames se rencontrent, en Europe, des bords de la mer à la zone des prairies alpines; dés lors elles ne peuvent évidemment pas, en Europe, caractériser une zone d'altitude. S'il était admis, une fois pour toutes, que l'énumération sans cesse renouvelée de ces espèces ubiquistes est inutile, on débar- rasserait d'autant les statistiques; ce serait déjà quelque chose. Nous cesserions de retrouver partout les noms des Thlaspi Bursa- pastoris, Stellaria media, Sonchus oleraceus, Urtica urens et dioica, Poa annua, Juncus bufonius et de tant d'autres qui ne NOUS apprennent rien qui ne soit commun à plus de la moitié du monde. L'esprit et la mémoire en seraient soulagés. Au contraire, on sait depuis longtemps que certaines espéces, d’ailleurs très répandues, occupent pourtant des stations ou des Zones d'altitude bien délimitées. Le Chéne-vert, le Chêne Rouvre, Te XU. E LXVI SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. le Hétre, par exemple, révélent une étroite dépendance à l'égard du climat. Le Chátaignier ne vit que sur certains sols. Presque partout, l'homme le moins expérimenté dira sans hé- siter le caractère frappant de la végétation qui l'environne; il en distingue la note dominante qui peut se résumer à peu prés tou- jours dans l'indieation d'une ou deux espèces principales. Ces espéces occupent dans la flore une place prépondérante, four- nissent à elles seules une caractéristique suffisante de tel ou tel niveau, de telle ou telle station. Or d'autres espéces, représentées par un nombre moins grand d'individus, ou tenant moins de place dans le paysage gráce à leurs dimensions plus faibles, sont cepen- dant toujours associées aux premières. C'est ainsi qu'avec le Chéne-vert on rencontre toujours, en France : Cistus monspeliensis. Smilax aspera. — albidus. Quercus coccifera. Lavandula latifolia. Phillyrea angustifolia. Thymus vulgaris. Pistacia Terebinthus. Genista Scorpius. Dorycnium suffruticosum. Daphne Gnidium. Juniperus Oxycedrus. Brachypodium ramosum. Toutes ces espèces forment par leur ensemble le cortège con- stant du Chêne-vert. Presque toujours, d'une manière moins exclusive toutefois, on observe dans la méme zone : Pistacia Lentiscus, Rosmarinus offi- cinalis, Cneorum tricoccum, Spartium junceum, Rhamnus Ala- lernus, Paliurus australis, Cercis Siliquastrum, Erica multiflora. D'autre part, les : Vaccinium Myrtillus. Lysimachia nemorum. Rubus idæus. Malva moschata. Oxalis Acetosella. Hypericum humifusum. Mercurialis perennis, Maianthemum bifolium. Potentilla Tormentilla. Paris quadrifolia. Anemone nemorosa. sont les associés constants du Hétre. Avec le Châtaignier on rencontrera toujours Sarothamnus SC" parius, Teucrium Scorodonia, Veronica officinalis, D igitalis purpurea, Aira precoz, Deschampsia flexuosa, Calluna vulga- ris, Pteris aquilina, Rumex Acetosella. FLAHAULT. — CARTE BOTANIQUE, ETC., DE LA FRANCE. LXVII Le Chéne-vert, le Hétre, le Chátaignier sont les réactifs spéci- fiques de zones ou de stations qu'ils suffisent à caractériser; on trouvera toujours avec eux tout un cortège d'espéces qui ne leur manque jamais. Ce fait étant établi, quelle simplification n'en résulte-t-il pas pour les études de géographie botanique? Nous ne parvenons pas à nous faire une idée générale de la composition d'une flore par l'étude de travaux statistiques où les végétaux sont énumérés les uns à la suite des autres, sans souci de leur distribution géogra- phique; nous devons leur demander autre chose. Si excellents qu'ils soient, ils pourraient nous donner plus et mieux, s'ils ne visaient pas à être uniquement des statistiques, si leurs auteurs prenaient souci de répondre ,à la fois à des problèmes multiples. Nous n'avons, pour y réussir, qu'à imiter les géologues. A l'étude méthodique des formes, à la recherche de leurs rapports naturels, ils ont associé, dés le début, d'autres études; ils ont compris que l'histoire de la terre ne leur livrerait ses secrets qu'à la condition de lui demander les relations qui existent entre chacune des formes qui ont vécu à sa surface et les conditions iufiniment variées du milieu où elles ont vécu. La nécessité de la méthode a été la con- séquence de l'extréme complexité du probléme. Il s'agissait, en eflet, d'établir les rapports d'un nombre illimité d'espéces ou de lormes avec des conditions de vie qui ont varié à l'infini, dans la série des temps comme dans l'espace, depuis la surface de notre globe jusque dans ses profondeurs, sans cesse modifiées et re- maniées, Ils ont été conduits dés l'origine à chercher, dans l'ensemble des faits qu'ils examinaient, ce qu'il y a d'essentiel, à dégager les faits importants des faits accessoires, à les subor- donner. De bonne heure ils ont reconnu que certains étres, en marquant de leur empreinte les dépôts où ils ont vécu, ont fixé les condi- tions de la formation de ces dépóts. Ils ont établi que la présence de tel organisme permet de fixer l’âge d’un dépôt et qu'une série d'autres organismes lui forme un cortége assuré. Certains dépôts, particulièrement puissants dans le bassin de P aris, renferment en abondance le Cerithium giganteum ; ce fos- sile est caractéristique d'un certain niveau rigoureusement déter- miné, l'étage lutétien; avec lui on trouve certaines espèces de Nummulites, d'Huitres, de Cardites, de Turritelles, etc. LXVIII SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. L'étage lutétien n'est pas partout identique avec lui-même. Tel fossile se trouve plus abondamment ici que là; tel autre, abondant d'un côté, manque ailleurs. Mais l'ensemble reste le méme, si bien que le fossile principal,le Cerithium giganteum, vint-il à manquer, les géologues n'hésiteraient pas pourtant à admettre le synchro- nisme de dépóts parfois trés éloignés les uns des autres. On a bien essayé d'appliquer la méme méthode aux études de géographie botanique, on a caractérisé des zones ou des régions : zones des plantes littorales, du Chéne-vert, du Hêtre, du Sa- pin, etc.; mais, sauf quelques exceptions, on l'a fait timidement, sans oser s'y arréter, ce semble; on s'en est tenu à des indications générales, sans précision. Je pense qu'on peut arriver à établir les conditions de la distri- bution des espéces dans un pays, en employant ce procédé avec la rigueur qu'il comporte. Cette rigueur peut étre trés grande. Dans un méme pays, Sur une étendue de territoire restreinte, la composition essentielle de la flore restant la màme dans une méme zone, il s'y manifeste pourtant des variations de détail en rapport avec des modifications secondaires dans le milieu topographique ou climatérique. La zone des terrains salés, par exemple, si nettement caracté- risée par un ensemble de plantes telles que les Salsolacées, les Statice, les Armeria, un certain nombre de Graminées, etc., se décompose en stations aussi faciles à distinguer par leur flore qué par leur aspect; les dunes, les rochers maritimes, les plages, les marais salants, les dépóts d'estuaires pénétrés par les eaux douces sont autant de stations ayant chacune ses espéces caractéristiques. La zone alpine, si bien caractérisée par les Gentianes, les sd mevères, les Saules rampants, quelques Festuques et des Cypéra- cées naines, etc., se subdivise avec la mème netteté en pelouses, en rochers fixes, en éboulis, en tourbières, en combes à neige, formant autant de stations botaniques tout à fait distinctes et que quelques espéces végétales suffisent à caractériser. De méme pour les autres zones. D'autre part, si l'on compare les éléments de l'une quelcon de ces zones naturelles sur des points assez distants les uns des autres, on s'apercoit sans peine que des différences interviennent. Les bois caractérisés par le Chéne-vert n'ont pas exactement la méme flore, qu'on les considère aux environs de Montpellier, dans que FLAHAULT. — CARTE BOTANIQUE, ETC., DE LA FRANCE. LXIX les collines des basses Corbiéres ou dans l'Estérel aux environs de Cannes. L'altitude est la méme et pourtant nous n'aurons pas de peine à reconnaitre que la colline de Sainte-Lucie, prés de Nar- bonne (1), par exemple, ou les collines d'Antibes (2) représentent un type un peu différent de celui qui se développe aux environs de Montpellier. Ges deux points appartiennent à une subdivision de la zone du Chéne-vert, plus chaude que le type que nous avons établi, et caractérisée par le Myrte. Cette zone secondaire acquiert en France son complet développement dans la Provence littorale, sous l'abri des Alpes et de leurs contreforts, dans les chauds val- lons des Albéres, du Roussillon et des basses Corbiéres; elle vient mourir à l'ouest de Montpellier, aux collines de la Gardiole. Le Pistacia Lentiscus y devient prédominant. Aux espèces ca- ractéristiques mentionnées plus haut viennent s'ajouter, avec des variations dues à diverses causes : Myrtus communis. Anagyris fœtida. Cneorum tricoccum. Erica arborea. Calycotome spinosa. Thapsia villosa. Anthyllis cytisoides. Ferula nodiflora. — Barba-Jovis. Cistus ladaniferus. Hyoseris radiata. — crispus. Convolvulus althzeoides. — populifolius. Teucrium fruticans. Vitex Agnus-castus. Orchis longibracteata. Thelygonum Cynocrambe. „Au contraire, si nous nous élevons successivement vers les limites supérieures de la zone du Chéne-vert, quelques-unes des espéces qui y sont le plus répandues disparaissent, comme Quer- cus coccifera, Smilax aspera; on ne se trompe pas pourtant sur l'interprétation des espéces suivantes, qui font bien partie du cortège ordinaire du Chène-vert et qui suffisent, par leur ensemble, à caractériser la zone, le Chéne-vert lui-même manquát-il par accident : Genista Scorpius. Thymus vulgaris. Psoralea bituminosa. Euphorbia Characias. edum altissimum. Jasminum fruticans. ubia peregrina. Ægilops ovata. arlina corymbosa. Brachypodium ramosum. Vandula latifolia, Asparagus acutifolius. (1) G. Gautier, in Bull. Soc. bot. de France, XXXV, p. LXXIX, 1888. (2) Flahault et Malinvaud (ibid.), XXX, p. cxt et suiv., 1883. LXX SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. Doryenium suffruticosum. Ononis minutissima. Rhamnus Alaternus. Scabiosa maritima. Spartium junceum, Catananche cærulea. Toutes ces espèces dépassent l'altitude de 1100 mètres dans les Pyrénées du Roussillon et les hautes Corbières (vallées de l’ Aude et du Rébenty) et y atteignent parfois celle de 1400 mètres (sur le versant méridional du mont Coronat dans la vallée de la Tét, et du Canigou au-dessus de Corsavy, dans le bassin du Tech). Lorsque la majorité de ces espéces cessent de se montrer, lors- qu'on ne les rencontre plus qu'en mélange avec une majorité d'autres espéces auxquelles elles sont numériquement subordon- nées, on a quitté la zone du Chéne-vert, soit qu'il s'agisse d'alti- tudes élevées dans les montagnes bordant le bassin méditerranéen, soit qu'il s'agisse de points éloignés des influences de la Méditer- ranée, dans la vallée moyenne du Rhóne en amont de Valence, ou vers l'Ouest dans la dépression du col de Naurouze. Ce que je viens de dire pour la zone du Chêne-vert s'applique à toute autre zone. Pour chacune d'elles, on peut déterminer une espèce ou un très petit nombre d'espéces tout à fait caractéris- tiques; ce sont des arbres ou des espèces sociales exprimant le caractère dominant. Quelques plantes sont invariablement asso- ciées aux précédentes; d'autres le sont habituellement. D'autres ne se rencontrent pas partout dans la zone, mais seulement dans une Station déterminée ou vers les limites d'altitude inférieures ou supérieures, ou bien encore dans telle ou telle direction, au Nord, au Sud, ou dans tel massif montagneux, etc. Ces espéces-là ne sauraient entrer dans la caractéristique générale d'une zone pas plus que les espèces qui y sont rares; elles représentent des particularités; leur présence soulève des problèmes qu'il s’agit de résoudre ou tout au moins de poser (1). d Est-ce à dire que l'espéce caractéristique se trouvera effective- ment et sans exception en tous les points de la zone qu'elle carac- térise? — Non. ub Elle peut, par exception, faire défaut en telle ou telle localité; exclue par des conditions très naturelles et facilement explicables- (1) Sur ce terrain du choix des espéces à prendre en considération et 3 l'importance qu'il convient de leur accorder, je suis à peu près comp pig is d'accord avec les idées exprimées par M. Drude à l'occasion du Congrès bo nique de Paris (Voy. le Bulletin, XXXVI, p. xxxv, 1889). FLAHAULT. — CARTE BOTANIQUE, ETC., DE LA FRANCE. LXXI Que dans la zone du Chéne-vert, il se trouve une plaine à sol mar- neux imperméable, retenant les eaux, le Chéne-vert ne s'y ren- contrera pas. Mais atteignons le bord de cette station, trouvons-y seulement une légére éminence émergeant au-dessus de la masse et suffisamment drainée par la nature, et le Chéne-vert y fournira le témoignage que nous nous trouvons bien dans la zone qu'il caractérise. Ajoutons à cela que l'état actuel de la végétation dans nos pays depuis longtemps civilisés ne représente plus l'état primitif. Dans les plaines, de vastes étendues ont été complètement dépouillées de leur végétation spontanée; il est trés difficile d'en retrouver la trace, Dans les pays couverts encore de vastes foréts, il est bien rare qu'au cours des siécles des abus ou des vices d'exploitation n'aient pas modifié la forét en détruisant inconsciemment une ou plusieurs essences prédominantes; elles ont été, dans ce cas, rem- placées par d'autres. La forét domaniale de Haye, prés de Nancy, en fournit un exemple classique. Le Hétre, l'essence spontanée pré- pondérante dans cette partie de la Lorraine, forme le fond de la végétation dans les profondeurs de la forét, mais il a presque dis- paru des fourasses ou lisiéres, pendant longtemps sacrifiées aux besoins des riverains. Le Charme, le Chéne Rouvre et le Chàne pédonculé ont remplacé le Hétre ; nous verrons plus loin par quel mécanisme. Dans toutes nos montagnes de France, l'abus d'exploitation des bois en amène fatalement la destruction. Dans la région médi- terranéenne, beaucoup de montagnes sont mises à nu. On pour- rait eroire, à premiére vue, qu'elles n'ont jamais été couvertes de végétation; mais il n'est pas difficile de reconnaitre que, presque partout, le Chéne-vert les a couvertes autrefois et qu'il a disparu peu à peu sous l'action destructrice de l'homme. Suivant les conditions du climat, le Chêne Kermés, le Buis, la Bruyére, le Ciste à feuillede laurier, le Bouleau, les Chénes Rouvre et pédonculé, diverses espèces de Pins, l'Epicéa prennent la place des espèces disparues. Nous reviendrons sur ce point. Qu'il nous suffise pour le moment de dire que, dans le cas particulier où les espèces caractéristiques ont disparu par accident, la majorite des espèces qui forment leur cortège accoutumé existent néanmoins et suffisent à établir la zone dont il s'agit. LXXII SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. Si nous possédions une description méthodique d'un certain nombre de régions naturelles bien limitées, comme le massif des Vosges, la Sologne, les Landes, le plateau central, la chaine des Pyrénées, la Bretagne, la plaine de Flandre avec le Pays-Bas, ou de pays à limites arbitraires, mais d'étendue assez restreinte comme le sont la plupart des pays d'Europe, il nous deviendrait facile de nous faire une idée juste de la végétation de ces régions. Bien des espéces pourraient étre passées sous silence, que cela ne nuirait en rien à l'exactitude de la description. Un portrait peut étre d'une parfaite ressemblance, bien que l'artiste n'ait pas la prétention de reproduire un à un les détails les plus minutieux de la figure qu'il peint. On ne nous nommerait pas les Berberis vulgaris, Sinapis alba, Barbarea intermedia, Sisymbrium Sophia et cent autres, comme appartenant à la flore de Montpellier (où elles sont trés rares), que nous serions aussi bien éclairés sur les caractéres généraux de cette flore. Peut-étre méme le serions-nous mieux, parce que l'idée d'ensemble se dégagerait mieux d'une description dans laquelle on n'hésiterait pas à sacrifier des détails. Cette description méthodique des régions naturelles compren- drait plusieurs parties. 1° Elle indiquerait la place de la région en question dans un ensemble plus vaste, ce qui élimine la nomenclature de toutes les espéces communes à l'ensemble, les espéces dites ubiquistes; nous apprendrions, par exemple, que le massif des Vosges fait partie de la région des foréts de l'Europe centrale, qu'elle constitue un massif de roches particulièrement riches en éléments siliceux au milieu d'un pays où dominent les roches à éléments calcaires. 2° Elle en indiquerait la subdivision en zones naturelles, déter- minées par l'altitude et par des détails climatériques et topogra- phiques; nous verrions ainsi, dans les Vosges encore, la zone des prairies subalpines superposée à celle du Hétre, dominant elle- méme celle du Sapin qui se confond en partie avec elle, -et nous apprendrions que la base commune de tout cela est la zone com- mune au Chéne Rouvre et au Chéne pédonculé. 9* Pour chacune de ces zones, dans ce méme massif, on NOUS ferait connaitre les stations diverses : les hautes prairies de Nar- dus stricla avec leurs quelques espéces alpines; les combes où les neiges demeurent longtemps au printemps, les pentes tour- FLAHAULT. — CARTE BOTANIQUE, ETC., DE LA FRANCE. LXXIII beuses, les rochers escarpés avec leurs espèces les plus fréquentes; les forêts de Hétres rabougries au sommet, de plus en plus épaisses à mesure qu'on descend; les ruiss»aux bordés de grandes espèces herbacées : Adenostyles albida, Mulgedium alpinum, Spiræa Aruncus, Ranunculus aconitifolius, Petasites albus, Senecio sara- cenicus, etc.; les clairiéres peuplées de Myrtilles, de Bruyères et de Framboisiers, et ainsi de suite. 4" La description mentionnerait les espéces rares ou trés rares, qui peuvent être particulièrement intéressantes, non parce qu'elles Sont rares, mais parce qu'elles sont les données de problémes à résoudre. Pour les mêmes raisons, on ne négligerait pas d'appeler l'attention sur les espéces qu'on s'attendrait à trouver dans telle ou telle zone et qui ne s'y rencontreraient pas. La présence des unes et l'absence des autres peuvent être également instructives el nous intéresser au méme degré. L'absence des Lamium album, Mentha arvensis, Linaria vulgaris, Heracleum Sphondylium, l'extréme rareté du Glechoma hederacea aux environs de Mont- pellier, par exemple, nous instruisent singuliérement sur les con- | ditions générales dela flore du Bas-Languedoc. Ün a souvent tenté des descriptions telles que celle que nous ve- nons de supposer; sous forme d'introduction, les auteurs de plu- sieurs flores locales ou régionales ont donné de bons essais de ce genre; ils sont rarement aussi complets que nous le voudrions. Presque toujours il semble que l'auteur s'est surtout préoccupé de faire valoir l'abondance des espéces comprises dans la circonscrip- lion dont il a entrepris l'étude. Nous pouvons cependant citer une exception parmi les ouvrages contemporains. En écrivant son beau travail sur « la Flore de Suisse et ses origines », M..H. Christ a répondu, aussi exactement qu'on peut le faire par des descriptions, au programme que nous venons de tracer. On sait avec quelle faveur fut accueilli ce livre, qui eut bientót les honneurs d'une traduction francaise. Les cartes qui l'aecompagnent, si sommaires qu'elles soient, en facilitent Singulièrement la lecture en précisant les faits de la manière la Plus efficace. M = . " . L , + Quoi qu'il en soit, les descriptions, si exactes qu elles puissent êlre, ne suffisent pas pour établir tous les faits avec la rigueur que nous devons désirer. Elles ne peuvent être que la premiére partie LXXIV SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. du travail. Les descriptions, isolées, laissent toujours dans l'esprit une certaine incertitude. Si, au contraire, les descriptions servent d'explication à des cartes dressées avec soin, les renseignements fournis par ce double travail prennent un caractère de rigueur extrême. Je ne sache pas qu'on ait tenté jusqu'à présent de dresser des cartes botaniques à grande échelle. Les essais que j'ai faits dans ce sens sont encou- rageants ; ils ont porté sur une étendue du territoire francais com- prenant environ 48000 kilomètres carrés, soit à peu prés la dixiéme partie de notre territoire. J'ai l'honneur de mettre sous les yeux de la Société huit feuilles d'une carte botanique de France au 200 000°. Il ne me parait plus douteux qu'une carte pareille, exécutée pour tous les pays dont la flore est bien connue, jetterait quelque lumiére sur des problémes scientifiques importants et qu'elle deviendrait nécessairement en même temps une carte agri- cole et forestiére. Avant de montrer par des exemples ce qu'on peut espérer de ces cartes botaniques accompagnées d'explications, il convient que nous nous occupions des cartes qui serviraient de base à un tra- vail de cette nature. J'ai dà me préoccuper, en effet, du choix d'un type de carte qui se prétát aussi bien que possible au but que je me proposats. Le service géographique de l'armée m'en offrait plusieurs. Depuis quelques années, la carte dite de l'État-major, au 80 000°, me servait de carte de pointage et me permettait de noter les observations sur le terrain au moyen de teintes et lignes conventionnelles. Comme carte définitive, elle présentait un avan- tage considérable; elle est à la méme échelle que la carte géolo- gique détaillée de la France dont le Ministère des Travaux publics poursuit activement la publication; de plus, elle permet de figu- rer avec beaucoup de détail la répartition des végétaux, meme dans les pays les plus accidentés. D'autre part, elle présente des inconvénients. Le relief du terrain figuré par des hachures masque les détails de la planimétrie et obscurcit singuliérement les teintes plates au moyen desquelles on figure les diverses zones de végeta- tion. En outre, si cette échelle permet de noter tous les détails dans les massifs montagneux, il faut reconnaitre qu'elle est inutile ou incommode lorsqu'il s'agit de pays de collines ou de plaines à FLAHAULT. — CARTE BOTANIQUE, ETC., DE LA FRANCE. LXXV végétation trés uniforme; il pourrait arriver qu'une seule teinte, ou peu s'en faut, couvrit la surface entière d'une feuille. La réduction au quart de la carte de l'État-major;au 390 000°, présente le même inconvénient que la première quant aux ha- chures. J'ai longtemps hésité à l'adopter. Les essais que j'ai réa- lisés pour y figurer les détails de la distribution géographique des végétaux des Pyrénées du Roussillon et de l'Ariége m'ont montré que je serais obligé de négliger des faits importants relatifs à la distribution des plantes dans les montagnes; j'y ai renoncé. Par l'emploi de ce type, la carte botanique de France aurait compris 33 feuilles de 80 x 50 centimètres; elle occuperait un carré d'en- viron 3",50 de côté. Les cartes gravées en couleurs échappent à l'un des défauts que je voulais éviter. Entre toutes, la carte au 200 000*, gravée sur zinc en six couleurs, m'a paru appropriée au but que je voulais at- teindre. Les hachures y sont remplacées par des courbes de niveau équidistantes relevées par un estompage gris bleuté réglé par un diapason où l'intensité de la teinte augmente en raison directe de celle de la pente; les six couleurs adoptées par le service géogra- phique ne donnent lieu à aucune erreur à la suite de l'application des teintes figurant les différentes végétations. On obtiendrait faci- lement, d'ailleurs, en vue d'une publication, un tirage où l'on Supprimerait la figuration des bois en vert. L'équidistance des courbes est de 20 métres, ce qui facilite la lecture générale des altitudes dans la mesure où il importe de l'assurer; des indications au moyen de cotes chiffrées permettent une exactitude rigoureuse chaque fois qu'elle est utile. La carte au 200000° comprend 82 feuilles. Chaque feuille, correspondant exactement à 4 feuilles au 80 000*, mesure 64 x 40 centimètres; la carte entière forme un carré de 57,9. Restait encore la carte au 500 000°, dite autrefois carte du dépót des fortifications. Les pays étrangers voisins du nôtre ysont traités avec les mêmes détails que la France; c'est un avantage. Elle est divisée en 15 feuilles et imprimée en cinq couleurs. L'échelle en est trop faible pour que j'aie pu y figurer, en montagne, tous les détails qu'il parait indispensable de noter. J'ai dù y renoncer; mais, lorsque la carte à grande échelle sera terminée, celle-ci pourra devenir la base d'une réduction qu'on pourra pousser uti- lement jusqu'au 4000 000*, comme l'a fait le service de la carte LXXVI SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. géologique de la France (1). La carte au 500 000° a 27,04 sur 2",50 de côté; la carte au 1000 000° a 17,6 sur 1 mètre. J'ai donc fait choix de la carte au 200 000* comme permettant mieux que toutes les autres la représentation des faits qu'il paraîl nécessaire de figurer. Il sera possible ultérieurement de la réduire. La carte au 80000* est adoptée comme carte de pointage et de travail sur le terrain; dans quelques cas particuliers où des détails importants demanderaient à étre figurés, des fragments de cette carte accompagneraient les explications. . La carte botanique, forestière et agricole de la France au 200 000° se composerait de 82 feuilles, mais 21 d'entre elles com- prennent une trés faible étendue de territoire, 7 autres ont encore moins de la moitié de leur surface occupée; ce qui revient à dire qu'au point de vue des études sur le terrain, le travail por- terait sur moins de 60 feuilles occupées en totalité par les terres. J'ai l'honneur de vous en présenter huit, à peu prés achevées (3). Un homme pourrait, sans trop de témérité, songer à compléter l’œuvre, mais il faudrait lui supposer une activité et des loisirs peu ordinaires. Il me parait bien préférable que j'aie recours à la collaboration d'un certain nombre de nos confrères qui ont bien voulu me la faire espérer et sur la science desquels je compte pour donner au travail que j'ai entrepris le degré de perfection dont il est susceptible. En résumé, je propose la publication d'une carte botanique détaillée de la France, et d'explications qui pourraient accompagner chaque feuille ou mieux encore certaines séries de feuilles compre- nant une méme région naturelle. Ces explications formeraient des sortes de monographies, des études ayant leur autonomie. Elles seraient consacrées à la description botanique des régions natu- (1) On peut regretter qu'il n'existe pas, dans- le commerce, de carte de Ja France au 1000 000*. Le service de la carte géologique a fait dessiner as quil a publiée comme réduction de la carte géologique détaillée. (2) Je profite de cette occasion pour rendre hommage à la bienveillance - M. Blane, conducteur des Ponts et Chaussées à Montpellier, qui a mis pé obligeamment à mon service ses connaissances en fait de travaux graphiques de cartographie. J'ai pu, avec son aide, résoudre toutes les difficultés d'exe- cution que j'ai rencontrées jusqu'à présent. M. Thomas, garde-mine, ve des travaux graphiques de la carte géologique de France à Paris, a bien eds lui aussi, mettre à mon service la grande expérience qu'il a acquise ue les travaux de ce genre. FLAHAULT. — CARTE BOTANIQUE, ETC., DE LA FRANCE. LXXVII relles, à mesure que les cartes en seraient publiées, à la compa- raison de plusieurs régions entre elles, à l'étude de questions spé- ciales connexes. On aurait, par exemple, des études sur la zone littorale atlantique, sur la Zone littorale de la Méditerranée fran- caise, sur la comparaison de la flore littorale atlantique et médi- terranéenne, sur l'origine et le maintien des plantes adventices, sur le peuplement des dépóts contemporains, sur les modifications introduites dans la végétation spontanée par les vices d'exploita- tion des foréts. Le champ de ces études est trés étendu ; beaucoup d'entre elles souléveraient des problèmes nouveaux. J'ai essayé de montrer comment il est possible de synthétiser les documents innombrables que nous possédons sur la flore et sur la géographie botanique de la France au moyen d'une carte botanique expliquée. Ce travail a été considéré par De Candolle, il ya trois quarts de siècle, comme le complément nécessaire des études qu'il avait entreprises; mais il était alors irréalisable. On peut le réaliser aujourd'hui, je l'ai tenté avec un succés encoura- geant; il est de plus en plus désirable qu'il soit exécuté, en raison de la masse énorme des faits où il faut mettre l'ordre. Il me reste à montrer comment le travail de synthèse que j'en- treprends élargit le cadre des études floristiques et quel champ nouveau il ouvre à la sagacité des naturalistes qui observent et étudient directement la nature. On doit regretter qu'ils aient pour- suivi trop exclusivement la solution d'un seul probléme, la dis- linetion et l'énumération aussi compléte que possible des espéces et des formes. Quand on aura déblayé le terrain comme je le pro- pose, lorsque des descriptions méthodiques, accompagnées de cartes, auront précisé les faits généraux et subordonné les détails aux traits essentiels, des problémes de diverse nature se dégage- ront de l'ensemble et s'offriront àla curiosité des chercheurs. Contentons-nous d'en signaler quelques-uns parmi ceux qui apparaissent dés maintenant. On peut les distribuer en plusieurs catégories ; commençons par ceux qui ont le plus de rapports avec les préoccupations habituelles aux floristes contemporains. Et d'abord, la distinction et la subordination des formes fixe- ront d'autant plus l'attention, que les difficultés qu'elles soulévent seront mieux dégagées des faits admis sans conteste. Quelques genres à variations multiples, où l'espéce ne parait pas fixée, se LXXVIII SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. recommandent à l'attention des botanistes. Quelques savants ont abordé avec autorité l'étude de quelques-uns de ces genres, Ou bien ils se limitent à l'étude approfondie des formes comprises dans une circonscription restreinte (c'est ainsi que nous possédons d'excellentes études sur les Roses des Alpes-Maritimes, sur les Hieracium de la méme région); ou bien ils s'efforcent de compa- rer toutes les données relatives à un méme genre. Nous avons des travaux attentifs et très précieux sur les genres Rosa, Hieracium, Rubus, Mentha, Viola et bien d'autres. Il n'est pas douteux que le changement d'orientation que nous souhaitons dans les études floristiques fournisse d'utiles collaborateurs aux monographes de ces genres difficiles; beaucoup trouveront de ce cóté l'utilisation de leurs aptitudes spéciales et contribueront ainsi directement à la solution de problémes philosophiques. L'étude des problémes posés par les espéces rares et de quelques problémes connexes répond à peu prés aux mémes aptitudes intellectuelles; elle exige cependant la mise en œuvre de données plus variées. Pourquoi une espéce répandue dans une région naturelle est- elle rare ailleurs? Pourquoi tel genre ou telle espéce sont-ils localisés dans telle ou telle région? Sont-ils à la limite de leur aire d'extension? Quels sont leurs rapports et leurs liens actuels avec le centre de développement du genre ou de l'espéce? On prévoit, par exemple, pourquoi le Lathyrus maritimus est très rare en France; ses stations sur les côtes de Picardie repré- sentent la limite extréme d'une aire qui embrasse la totalité de l'Europe boréale. Des problémes de cette nature se posent pour une foule d'es- péces et ne sont pas résolus. La présence du Lobelia Dorimanna aux environs de Bordeaux, alors qu'il faut aller jusqu'aux confins de la Hollande pour retrouver cette plante; l'isolement de l'Adonis vernalis et du Saponaria bellidifolia dans un point de nos Cé- vennes; les stations pyrénéennes du Ligularia sibirica, sont autant d'énigmes dont nous cherchons le mot. Et ainsi de centaines d'autres espèces disjointes, espèces endémiques, témoins d'un état antérieur modifié par le temps ou productions récentes de la nature, ce sont bien là de bonnes plantes comme nous les enten- dons nommer souvent, non parce qu'elles sont rares, mais parce FLAHAULT. — CARTE BOTANIQUE, ETC., DE LA FRANCE. LXXIX qu'elles posent des problémes. À cet égard, des espéces trés répandues dans certaines régions, prépondérantes méme, ont autant d'intérét que les espéces les plus rares. Pourquoi, dans un pays, rencontre-t-on en abondance un espéce unique d'un genre ou d'une famille représentés ailleurs par un grand nombre d'espéces? Pourquoi le Rhododendron ferrugineum est-il le seul représentant du genre dans les montagnes de France? — Pourquoi les Smilax aspera, Coriaria myrtifolia, Myrlus communis sont- ils, dans notre Europe, les seuls représentants, ou à peu prés, de groupes naturels largement développés bien loin d'ici? — Par quels liens plus ou moins étroits le Cneorum tricoccum, le The- lygonum Cynocrambe, ces types isolés, se rattachent-ils à d'autres groupes ‘naturels? — Pourquoi le Bouleau nain, l'espéce pré- pondérante des toundras du nord de l'Europe, se retrouve-t-il dans les tourbiéres au sommet du Jura? — Pourquoi le Pin à crochet (Pinus uncinata), l'essence prédominante à peu prés exclusive des hautes foréts des Pyrénées, est-il représenté par quelques exemplaires misérables sur les tourbes des Vosges, à une altitude bien inférieure à celles qu'il occupe aux Pyrénées? — Pourquoi ces disjonctions dont nous pourrions citer cent autres exemples? Ce sont autant de problémes que la géographie bota- nique met en relief et précise, et dontla solution exige des qua- lités particuliéres. Aucun d'eux n'est simple, en effet; il faut, pour les résoudre, consulter la géographie physique actuelle, connaitre exactement la distribution actuelle de l'espéce considérée, en ne négligeant aucune des conditions physiques qui agissent peut-étre sur elle. Il faut, autant que cela est possible, connaitre l'histoire paléontologique de l'espéce ou du groupe auquel elle appartient (on n'en posséde que quelques indications, pour les périodes rap- prochées de la nótre, et seulement pour un petit nombre d'es- pèces); il faudra connaitre aussi les caractères morphologiques qui précisent les rapports de parenté avec les types les plus voisins. En d’autres termes, il faudra déterminer les limites des aires d'extension, les migrations pendant la période actuelle, l'ori- gine paléontologique, chaque fois que ce sera possible et dans la mesure où on le pourra. Cette détermination, importante pour loutes les espéces, sera particuliérement intéressante quand il $ agira de familles ou de genres monotypes, d'espéces, de genres ou de familles disjointes, d'espéces endémiques. LXXX SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. D'autres problémes encore trouveront dans les observations de la géographie botanique des éléments précieux pour leur solution; ce sont ceux que, par une interprétation trop étroite d'un motan- cien, on nomme volontiers biologiques. L'adaptation aux milieux physiques, l'adaptation à la lutte pour la vie préoccupent avec rai- son les naturalistes; de quelque côté qu'on les aborde, c'est dans la nature qu'il faut commencer à les étudier par la connaissance exacte des espéces et l'examen attentif des conditions de leur vie. Aucune des questions que nous venons de rappeler n'a complé- tement échappé aux botanistes; mais, gráce à la méthode appli- quée par les floristes, les observations auxquelles elles ont donné lieu de leur part ont été presque toujours perdues au milieu de longues énumérations statistiques. Grâce au défaut de lien entre les différentes branches de la science, ces observations ont été trop souvent ignorées de ceux qu'elles devaient le plus intéres- ser, et sont demeurées sans profit pour la science. Nous n'avons d'autre prétention que de les mettre en relief, en les dégageant d'un ensemble de faits connus ou moins intéres- sants, et d'appeler sur eux l'attention qu'on leur a trop refusée jusqu'à présent. D'autres questions paraissent avoir été négligées jusqu'ici par les botanistes. Quelques-unes d'entre elles présentent un intérêt capital, au point de vue scientifique comme à celui des applica- tions pratiques qu'elles comportent. Ces problémes sont de telle nature que le tracé d'une carte bo- tanique détaillée implique nécessairement la recherche de leur solution; or leur solution exige beaucoup d'observations pour- suivies comparativement sur de grandes étendues de territoire, les éléments en sont répandus partout. Grâce à cette exigence, la carte botanique prend un caractère particulier d'utilité pratique; elle devient en méme temps une carte agricole et forestière. Cette série de problémes me parait pouvoir se distribuer en trois groupes. Ils consistent : 1° A distinguer l'état primitif spontané, ou l'état naturel de la végétation à travers l'état actuel résultant de destructions et de transformations dues à l’action de l’homme ; : X A déterminer les procédés suivant lesquels le sol modifié par FLAHAULT. — CARTE BOTANIQUE, ETC., DE LA FRANCE. LXXXI les efforts de l'homme et abandonné par lui fait retour à la végé- lation primitive (1); 3° À élablir les conditions suivant lesquelles les espèces intro- duiles par accident ou par la volonté de l'homme prennent défini- tivement leur place ou disparaissent. L'observation directe poursuivie pendant longtemps et sur de grandes étendues de pays, l'observation comparée, pourrais-je dire, fournit les éléments des réponses à ces questions; l'archéo- logie et la linguistique nous aident parfois à les résoudre. J'espére démontrer par quelques exemples qu'elles ont bien l'importance qu'on leur attribue. I. Comment parvient-on à distinguer l'état primitif spontané, l'état naturel de la végétation, à travers l'état actuel ? Jai fait remarquer plus haut (page Lxxi) que des plaines étendues ont été si bien dépouillées de leur végétation spontanée par les efforts séculaires de l'agriculture ou de l'industrie qu'il est difficile d'en retrouver la trace. La plupart de nos grandes plaines cultivées de France, la Flandre et l'Artois, la Beauce, la Brie ne nous apprennent à peu près plus rien sur leur état originel. La culture y est depuis longtemps inten- sive; les espèces arborescentes spontanées ont disparu depuis des siècles, détruites avec les forêts, pourchassées jusque sur les bor- dures des champs réduites à un sillon et à un terme de pierre; les herbes spontanées ont cédé à des sarclages incessants. Des espèces adventices venues de loin avec la semence à cultiver ont pris leur place; elles sont originaires de Russie, de Syrie, d'Amérique, d'ailleurs encore, et troublent l'observateur qui cherche à re- trouver au milieu de ces immigrées les restes des premiers habi- lants, Comment faire alors? Consulter l'histoire ou l'archéologie ? Fouiller les chartes et dépouiller les actes conservés dans les ar- chives? Je l'ai essayé sans résultat. Que les historiens latins ne nous aient pas signalé les espèces qui formaient les foréts de la Gaule « amena lucis immanibus », il ne faut pas s'en étonner ; César v voyait un moyen de défense ou d'attaque, la forét n'avait EU Il est à peine besoin de dire que nous entendons par végétation primi- live celle qui couvrait la terré à l'époque géologique actuelle, mais avant que homme l'eàt modifiée, altérée ou détruite. > T. XLT. F LXXXII SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. pour lui qu'un intérêt stratégique. Plus tard seulement, quand l'administration romaine s'établit réguliérement sur la Gaule, on distingua les forêts en silve materiariæ (futaies) et en silve cedue (taillis); c'est tout. On pourrait s'attendre à trouver des rensei- gnements plus précis dans les chartes et les actes des temps mo- dernes où il est constamment question de forêts aujourd'hui détruites : Sauve-Cane, Sylve Réal, Sylve de Cambaran, etc. Les espèces dont l'exploitation assurait le revenu aux possesseurs n'y sont à peu prés jamais mentionnées. Il faut donc renoncer à cher- cher là une source d'informations. Il ne reste, dans ce cas, d'autre ressource que de demander la réponse aux témoins du temps passé, s'il en reste quelques-uns. En Flandre, de petits bouquets de bois ont été respectés cà et là, parce que le sol était moins fertile qu'ailleurs. De vieilles foréts domaniales y sont méme conservées et l'on y garde comme des monuments de l'histoire quelques arbres dont le grand âge impose le respect; le Berry, la Brie, la Beauce et la plupart des plaines cultivées moins étendues possèdent encore des bois ou des forêts. Elles ont subi, pour la plupart, des modifications importantes, mais une étude attentive et des observations comparatives per- mettent souvent de reconnaitre les principales espéces qui les for- maient jadis. Dans ce cas d'ailleurs, la solution a un intérét pure- ment scientifique. J'ai fait remarquer aussi que dans les pays couverts encore de foréts étendues, des abus ou des vices d'exploitation ont, dans bien des cas, modifié la forét en détruisant inconsciemment uné ou plusieurs espéces prédominantes, que d'autres espèces ont rem- placées. J'ai cité l'exemple de la forêt de Haye, prés de Nancy; le Chéne Rouvre, le Chéne pédonculé et le Charme y ont en parue remplacé le Hêtre (1); les exemples de ces transformations sous l'action de l'homme sont partout en France. Ils sont particuliére- ment faciles à observer dans les montagnes; c'est ainsi que l'abus d'exploitation du Sapin (Abies pectinata) améne fatalement la destruction des foréts de cette essence. L'abus d'exploitation du Hêtre (Fagus silvatica) a pour conséquence non moins certaine la disparition de cet arbre. Le Chéne-vert (Quercus Iles), l'arbre de tous le plus tenace, celui qui semble résister aux traitements ` (1) Fliche, Bull. de la Soc. des sc. de Nancy, 1886. FLAHAULT. — CARTE BOTANIQUE, ETC., DE LA FRANCE. LXXXIII les plus barbares, qui se cramponne aux fissures des roches brûlées par le soleil du Midi, le Chéne-vert lui-même finit par succomber, et ainsi de beaucoup d'autres (1). La disparition d'une espèce laisse pourtant rarement le sol à nu, — La dénudation complète, définitive, la ruine totale qui a si vive- ment frappé ceux qui ont visité la Judée, la Grèce, l'Espagne méri- dionale et nos Alpes de Provence, la transformation de la mon- tagne productive en un élément de ruine, en un objet de terreur pour le pays environnant, tout cela est le résultat d’efforts renou- velés sans trêve, pendant des années et des années, par l'ignorance aveugle des hommes, par la dent et le pied des troupeaux, par les pluies et les orages. Ce n'est pas le lieu d'y insister; cela nous éloignerait de notre sujet. j Il importe seulement de constater, ce que nous établirons plus loin, que, suivant les conditions du climat, certaines espéces dé- truites sont bientôt remplacées par d'autres. Le Chéne-vert aban- donne le terrain au Chène-Kermès (Quercus coccifera) ou au Genét épineux (Genista Scorpius); le Hètre est remplacé, suivant les climats, par le Chêne Rouvre ou le Chéne pédonculé, par le Ciste à feuille de Laurier (2), par le Buis ou la Bruyère commune. Les Chênes Rouvre et pédonculé, détruits à leur tour, laissent la place au Bouleau, au Buis, à la Bruyère commune. L'Epicéa, le Pin sylvestre et ailleurs le Pin Laricio peuvent reconstituer sous une autre forme la forét de Sapins déiruite. ; Divers procédés permettent de retrouver, dans ce cas, l'indica- lion de la végétation primitive : : 1° C'est d'abord l'observation directe des témoins qui demeurent parfois, jalonnant d'anciennes stations ou le domaine autrefois continu d'une espèce ; - 2 La linguistique donne parfois de précieux renseignements. Dans certaines parties des Cévennes où il n'existe plus un Hétre, beaucoup de lieux portent le nom de Fau, la Fage, la Fujole, la (1) ll n'est pas inutile d'insister sur ce point que tous les exemples signalés dans cet exposé sont empruntés à la région qui s'étend sur la rive droite du lóne, des monts du Vivarais aux Pyrénées de l'Ariège, englobant ainsi plus de là moitié du bassin méditerranéen français et les montagnes qui l'en- tourent, Je prie instamment qu'on veuille bien ne pas m'attribuer. l'intention de généralixer ici. Je ne veux que poser des principes et les appuyer sur des exemples précis. > (2) Dans les Pyrénées du Roussillon. LXXXIV SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. : Fajouse, etc. Ailleurs, l'ancien domaine du Chêne Rouvre nous est indiqué par les dénominations de Roubiac, de la Rouvière; nous savons une métairie nommée le Sapet, et plusieurs endroits s'appellent le Bosc nègre au milieu des pelouses du Mont-Lozére que tout démontre avoir été jadis couvert de foréts de Sapins; 3 L'archéologie peut être utilisée. M. Fliche a montré (1), par l'étude de charbons datant d'une époque antérieure à l'occupa- tion romaine, que les lisiéres ou fourasses de la forét de Haye, prés de Nancy, étaient autrefois peuplées de Hétres, à l'exclusion des Chénes qui en forment aujourd'hui l'essence principale. J'ai pu moi-méme déterminer quelle a été la végétation arbo- rescente de certaines vallées du Canigou dépouillées maintenant de tout bois, en reconnaissant le Pin de montagne (Pinus unci- nata Ramond) et le Hêtre dans les charbons qui ont alimenté jadis les forges catalanes; | 4 Nous pouvons enfin profiter de l'expérience que l'adminis- tration des Foréts poursuit depuis longtemps, en comparer les résultats et en tirer des conclusions, qui, jointes aux données pré- cédentes, prennent la valeur de preuves. J'en veux citer un exemple. J'ai dit, il y a un instant, que l'abus d'exploitation du Sapin améne nécessairement la destruction des foréts de cette essence. Des Pyrénées méditerranéennes et des hautes Corbières, où il forme les plus belles forêts de France, aux montagnes du Vivarais, oà il tient encore une place importante, des statistiques récentes ne signalaient pas de plantations an- ciennes de Sapin (2). On en connait aujourd'hui quelques ilots : 1* dans les Corbiéres orientales, au nord et au sud du village de Fourtou; ils y sont compris dans un périmétre de reboisement de récente création. Aucun Sapin n'a été planté autour de deux ilots anciens; mais il s'en développe spontanément sous l'abri des Hétres, des Pins, des Épicéas plantés depuis vingt ans. À quelques kilométres de là, dans la forét de l'Orm mort, acquise il y a peu d'années et protégée depuis, des Sapins naissent spontanément sous les taillis de Hêtres, bien qu'il n'y ait aucun Sapin ancien, aucun porte-graine dans la forêt. Dans la Montagne-Noire, COU- verte de forêts de Chénes pédonculés et de Hétres, les Sapins plan- (1) Bulletin de la Société des sciences de Nancy, 1885. (2) Statistique forestière par cantonnement. Paris, 1879. FLAHAULT. — CARTE BOTANIQUE, ETC., DE LA FRANCE. LXXXV tés il y a environ quatre-vingts ans végétent bien, tandis que les Épicéas et les autres essences introduites succombent ou paraissent devoir succomber à bref délai. Dans le Vivarais aussi, le Sapin tend à envahir la forét, à la condition qu'il se développe sous l'abri des Hétres et des Pins utilisés pour le reboisement. Cette extension spontanée du Sapin dans les massifs montagneux qui s'étendent des Pyrénées aux monts du Vivarais est un témoi- gnage précieux qu'il faut joindre aux précédents; ne permettent- ils pas de penser que le Sapin a occupé, dans nos montagnes méri- dionales, une place dont il a été dépossédé depuis longtemps ? Avec un degré de certitude variable, mais dans beaucoup de cas avec une certitude rigoureuse, on peut reconstituer la végétation primitive de notre pays par la combinaison de ces différents moyens. Qu'on en puisse tirer des conclusions d'unegrande impor- lance pour la pratique de la sylviculture, ce n'est pas douteux; un exemple nous le prouvera. Sur tout le pourtour du bassin méditerranéen francais qui s'étend à l'ouest du Rhône, des Pyrénées au promontoire des Coi- rons en face de Valence, la limite supérieure du Chátaignier est facile à reconnaitre. Il cesse à peu près complètement où le Hêtre commence. Lorsqu'il se trouve au-dessus du niveau inférieur du Hétre (variable suivant les points), le Chátaignier fructifie rare- ment et végète mal. Il ne fournit plus de produits utiles. Or, il a été introduit en abondance dans le bassin du Tech, en Roussillon, depuis le commencement de ce siècle. La vallée avait été ruinée par l'abus du pâturage; les premiers essais réalisés dans le fond de la vallée ont été si encourageants que les propriétaires ont suc- cessivement étendu les plantations sur les pentes; de proche en proche, ils ont dépassé l'altitude de 1000 métres, méme dans les vallons exposés au Nord, dépassant de 350 mètres environ Ja limite inférieure du Hêtre. C'était une imprudence que la connais- Sance des conditions propres à cette espèce eût permis d'éviter. En réalité, là comme ailleurs (dans les limites dela région considérée, bien entendu), le Chátaignier ne peut fournir de produits utiles au delà de la limite inférieure du Hétre; les reboiseurs ont commis une imprudence en l'y plantant. a IL. Comment peut-on déterminer par quels procédés le sol qui a ‘lé modifié par les efforts de l'homme est reconquis par la végéla- LXXXVI SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1804. lation spontanée, lorsque cesse l'action de l'homme? En d'autres termes, comment la végétation spontanée se reforme-t-elle ? La réponse à cette question n'est pas sans importance pour le sujet qui nous occupe. S'il suffit que la terre soit abandonnée par l'homme pour qu'elle revienne à l'état de nature, les observations du botaniste géographe sont faciles; il lui suffit de profiter des eirconstances qui déterminent l'abandon de certaines cultures pendant de longues périodes et de suivre, d'année en année, la réapparition des espéces; mais nous savons déjà qu'il n'en est pas ainsi, Nous savons que les espèces arborescentes tout au moins ne reprennent pas sûrement possession du sol d’où on les a chassées, nous savons méme que quelques-unes d'entre elles sont incapables de reconquérir le sol d’où elles ont disparu; les espèces frutés- centes et herbacées ne se comportent pas, à cet égard, autrement que les arbres. Ce sujet mérite une longue étude. M. Fliche a publié les résul- tats d'une recherche de ce genre patiemment poursuivie par lui en Champagne (1); ils nous dispenseront d'entrer maintenant dans de longs détails. Nous poursuivons des recherches du méme ordre en quelques points du Languedoc ; notre confrére et ami M. Lom- bard-Dumas a recueilli des observations ininterrompues depuis vingt ans sur des terres autrefois cultivées en vignes aux environs de Sommières (Gard), et se recouvrant de bois par l'abandon de la culture. Nous nous contenterons de résumer les résultats acquis : 1* Le sol abandonné se couvre d'espéces adventices, annuelles en majorité, que remplace d'année en année un nombre plus grand d'espéces vivaces. Aprés cinq ans, le nombre des espéces annuelles n'est plus supérieur au nombre moyen des espéces annuelles dans les sols découverts du pays environnant. J 2° Certaines plantes vivaces, ne redoutant pas la pleine lumiere; apparaissent les premiéres; ce sont, par exemple, dans la zone du Chéne-vert : Psoralea bituminosa, Helichrysum Stæchas, Thymus vulgaris, Dorycnium suffruticosum, Lavandula latı- folia. . 3 Des arbustes et des arbres apparaissent ensuite; ce sont aussi, pour commencer, des espèces qui aiment la pleine lumière : Ge- :(1) Fliche, Un reboisement (Annales de la sc. agron. française et étran- gère, L, 1888)- FLAHAULT. — CARTE BOTANIQUE, ETC., DE LA FRANCE. LXXXVII. nista Scorpius, Quercus Iex, Pinus halepensis, Juniperus Oxy- cedrus. 4' Les espèces qui ont besoin d'ombre n'apparaissent qu'aprés de longues années, lorsque l'ensemble des conditions qui leur. sont nécessaires a pu s'établir; ces conditions sont complexes. Nous évaluons à un demi-siécle au minimum le temps nécessaire pour que certaines espéces arborescentes puissent recommencer à se développer sur le sol qu'elles ont occupé autrefois et d'ou elles ont disparu. Ceci me conduit à discuter une opinion émise autrefois et adop- tée par un certain nombre de forestiers. Depuis que la composi- tion des foréts a donné lieu à des études réguliéres, on a constaté. des modifications importantes dans la distribution des essences. Des foréts composées surtout de Hétres, il y a deux siécles ou plus, sont aujourd'hui de belles forêts de Chênes pédonculés; d’autres, formées autrefois à peu prés exclusivement de Sapins, renferment surtout des Hétres et dés Épicéas; ailleurs le Bouleau a remplacé le Hétre, le Chène-Kermès a remplacé le Chéne-vert. On a cru pouvoir attribuer ces transformations de la forét à une loi d'alter- nance, le sol forestier épuisé par une espèce ne lui fournirait plus un aliment satisfaisant; une autre espéce remplacerait celle qui a occupé le sol pendant des siècles, ce serait une sorte d'as- solement. M. Fliche a montré incidemment que, dans quelques cas au moins, il faut attribuer à l'homme seul les substitutions d'essences qu'on a constatées. Les observations que je poursuis depuis quatorze ans m'ont convaincu que, dans tous les cas, les substitutions d'essences fores- tières doivent être attribuées à l'intervention de l'hommé, que cette intervention soit volontaire ou inconsciente. Comme l'a dit le savant professeur de l'École forestière, « l'état actuel de nos foréts est souvent artificiel... et l'homme reste puissant pour bare riger ou réparer ce qui est son œuvre, tandis qu'il n'aurait qu'à s'incliner devant une force naturelle ». i Je crois pouvoir généraliser la conclusion de M. Fliche, en éta- blissant sur des faits précis que toute espèce qui succombe et fait place à une autre disparaît parce que l'homme a méconnu les conditions nécessaires à son développement, à sa vie et à son main- tien dans l’ensemble qui l'entoure. : j Je ne puis songer à discuter ici l'ensemble des faits qui appuient LXXXVIII SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. cette opinion; il faudrait examiner une à une les essences qui semblent condamnées par la prétendue loi d'alternance, rappeler les conditions de leur vie et démontrer, pour chacune d'elles, que des vices ou des abus d'exploitation ont altéré ces conditions nécessaires de leur existence, en déterminant la destruction fatale de la forêt. Pour certaines espèces, il convient cependant de signaler le point de départ de ces substitutions qui est du reste le même pour beaucoup. Si la forêt de Sapins cesse de se régénérer, si elle finit par succomber, c’est que les jeunes Sapins ayant un besoin rigoureux d'abri, de couvert, ne peuvent se développer lorsque l'exploitation de la forét laisse des vides ou des clairiéres, à plus forte raison lorsque l'on fait des coupes à blanc. Dans ces condi- tions, le Sapin ne se régénére nulle part en France, et à aucune altitude. Àu contraire, lorsque les éclaircies sont modérées, lorsque la forét est jardinée, comme disent les forestiers, la régénération du Sapin est parfaitement assurée. r S'il s'agit de reboisement, on sait que le Sapin ne peut étre uti- lisé pour former une forét sur un sol nu; le Sapin n'est pas une essence de reboisement, toujours pour les mémes raisons. Mais que le Pin Laricio ou le Pin sylvestre qui recherchent la pleine lumière couvrent le sol, et le Sapin, sous leur abri, pourra $c développer, prospérer, les dépasser souvent et les remplacer défi- nitivement, pour peu que les conditions climatériques lui soient favorables. C'est ce qui tend à se produire en certains points, nous l'avons vu. Le Hétre, avec une souplesse plus grande, qui lui permet de s'adapter à des conditions plus variées que le Sapin, exige aussi le couvert et l'abri pour se régénérer. Gráce à ses exigences moins impérieuses, l'exposition au Nord sur le versant des montagnes suffit à l'abriter dans le Midi. Il descend jusqu'à 350 métres à cette exposition dans les Corbières et jusqu'à 250 mètres dans la Mon- tagne-Noire et lutte avec énergie contre la destruction à ces basses altitudes; au contraire, à l'exposition du Midi, il est détruit où trés menacé au-dessous de 1400 métres dans les Pyrénées médi- terranéennes, de 1900 mètres dans les Cévennes. A un niveau plus élevé, où l'humidité de l'air le favorise, il prend volontiers la place du Sapin. FLAHAULT. — CARTE BOTANIQUE, ETC., DE LA FRANCE. LXXXIX Aux basses altitudes, entre 600 et 1000 métres environ dans les Cévennes, le Chêne Rouvre remplace habituellement le Hétre dé- truit; c'est ce qui parait avoir eu lieu sur toute la surface des Causses cévenols. D'autres essences se développent volontiers en pleine lumière. Sous quelque forme que se soient produits les vices ou les abus d'exploitation, elles sont appelées à remplacer celles qui exigent un abri dans leur jeune áge lorsque cet abri leur est refusé. Le Chêne Rouvre, le Chéne-Kermés, le Coudrier, le Ciste à feuille de Laurier, les Pins en général sont les meilleurs exemples de ces espéces amies de la lumiére, à diverses altitudes; les forestiers apprécient fort justement leurs avantages et font de plusieurs d'entre elles des essences de reboisement. Qu'on ne s'y trompe pas pourtant! La plupart d'entre elles ne sont pas appelées, comme on le pense parfois, à constituer des foréts d'avenir. Les forestiers ont pour mission de réparer les ruines accumulées pendant des siècles; on ne reforme pas le sol, la forét et la montagne en quelques années. Les efforts poursuivis, depuis un demi-siécle surtout, avec un dévouement qui devrait être mieux encouragé, ne sauraient prétendre à remédier brusquement à des maux an- ciens et profonds. La plupart des reboisements réalisés aujourd'hui, sur des sur- faces presque toujours mises à nu, n'ont pu se faire que gràce aux essences que nous venons de nommer; mais ce sont là des travaux préparatoires. Sous ces abris artificiels, temporaires, la forêt re- naitra d’elle-même, dans les conditions normales; les essences introduites, les seules qui aient pu être plantées, passeront et, sous les ruines de ces foréts transitoires, les espéces spontanées du pays, imprudemment détruites, reviendront; on pourra les y aider ; mais l'œuvre sera facile lorsque les travaux actuels auront refait le sol et l'abri disparus. La solution du probléme posé au sujet de la reconstitution de la végétation spontanée, qui semble, à premiére vue, n'avoir qu'un intérêt scientifique, est, on le voit, capitale au point de vue des applications à l'art forestier; nous formulerons dans un instant les conclusions logiques de nos recherches sur ce point. III. En attendant, il nous reste à nous occuper des conditions suivant lesquelles les espèces introduites, par accident ou par " XC SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. volonté de l'homme, prennent définitivement leur place ou dis- paraissent. a Ici se pose une question préalable. Comment reconnait-on qu'une espéce a été introduite à une époque plus ou moins éloi- gnée? — Dans beaucoup de cas, il n'existe aucun doute; on sait, exactement d’où est venue telle ou telle plante adventice, et on sait. à peu prés, par quelle suite de migrations elle est venue jusqu'à nous. C’est le cas pour un grand nombre d'espéces immigrées de pays lointains avec les laines, avec les semences, avec le lest des navires, avec des produits minéraux; c'estle cas aussi pour beau- coup d'espéces introduites par l'homme dans ses cultures ou ses jardins. Souvent encore, sans que les diverses étapes puissent étre indiquées, on sait le point de départ, le lieu et la date approxima- Live de l'arrivée chez nous. Ce sont les données essentielles du pro- bléme; le nombre des espèces pour lesquelles elles sont connues nous permet d'étudier la maniére dont elles se comportent et d'en tirer quelques conséquences. J'ai étudié ailleurs (1), pour une région trés restreinte, cette question des naturalisations. J'ai fait remarquer que peu de régions . semblent plus favorables que la plaine méditerranéenne à la dissé- mination et à l'envahissement d'espéces étrangéres. Chacun de nos départements baignés par la Méditerranée compte plusieurs centaines de mille hectares de terrains dénudés, dépouillés de leur végétation primitive et naturelle; ils semblent favorables entre tous à l'introduction d'espéces nouvelles, que les moyens de com- munication les plus variés y disséminent nécessairement. Il est pen de régions où un plus grand nombre de graines étrangères soient apportées avec plus de chance de se reproduire. On a compté de- puis un demi-siécle plusieurs centaines d'espéces se développant, mürissant leurs graines et se maintenant pendant plusieurs années aux environs de Montpellier; or une quinzaine seulement d'entre elles sont réellement établies dans le payset s'y maintiennent spon- tanément. Nous n'en pouvons citer que seize qui soient natura- lisées en France depuis la découverte de l'Amérique. Dès lors, il parait légitime de croire qu'il faut peu compter sur les efforts tendant à acclimater les espèces d'un pays dans des régions (1) La distribution géographique des végétaux dans un coin du Langne 1893, p. 157 et suiv. (Extr. de la Géographie générale de l'Hérault, pu par la Soc. languedocienne de Géographie). FLAHAULT. — CARTE BOTANIQUE, ETC., DE LA FRANCE. XCL éloignées de leur patrie. On ne saurait conclure pourtant qu'aprés une étude attentive relative à chaque espéce. -Il faudra d'ailleurs déterminer parfois si une espèce. établie dans un pays y a été réellement introduite à une date plus ou moins éloignée ou si elle y est spontanée. Cette. détermination est souvent difficile et exige des recherches délicates. Qu'on se rap- pelle à combien de sources diverses A. De Candolle a puisé pour rechercher l'origine des plantes cultivées (1). Je rappellerai, seulement, pour citer un exemple, que nous n'avons pas de certitude au sujet de la spontanéité de la Vigne ou du Figuier dans la France méridionale, pendant la période géolo- gique actuelle. On sait qu'elles se trouvent à l'état fossile dans les tufs qualernaires du Midi, mais rien ne prouve qu'elles se soient maintenues à travers les changements. climatériques de cette pé- riode, et l'on n'est pas en état de décider si elles ont, ou non, été rapportées en Gaule par les conquérants phéniciens ou latins, avec le Grenadier, l'Olivier, l'Abricotier et la plupart des arbres frui- tiers que nous cultivons. Le Châtaignier, le Pin d'Alep, le Pin maritime, le Pin Pignon, le Laurier n'ont-ils pas été introduits, eux aussi, par l'homme? Le probléme se pose pour plusieurs espéces;il ne peut étre résolu que par une étude individuelle attentive où l'histoire et l'archéo- logie tiennent leur place à cóté de la géographie botanique. La réponse à l'ensemble de la question se déduira naturellement de l'ensemble des réponses individuelles. Pour le moment, il y a lieu de penser, d'aprés ce que nous Savons déjà, qu'une naturalisation, c'est-à-dire l'introduction définitive d'une espèce, persistant et se multipliant sans la protec- tion de l'homme est un fait exceptionnellement rare. De tout ce que nous venons de voir je pense qu'il est permis de lirer quelques conclusions dont l'énoncé sera le résumé de la der- nière partie de ce travail. : 1° La carte botanique et forestière dont j'ai dressé une parte conduit nécessairement à rechercher l’état primitif de la végéta- tion, à rechercher surtout, à travers des transformations séculaires ou millénaires, quels sont les espèces arborescentes qui formaient la végétation dominante des forêts primitives; (1) A. De Candolle, Origine des plantes cultivées. Paris, G. Baillière, 1883. . XCII SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. % Elle nous entraine à déterminer comment la végétation modi- fiée peut revenir à sa forme primitive. A cet égard, les observa- tions que j'ai accumulées depuis quatorze ans me font penser que ce retour à la végétation primitive tend à se produire, lente- ment, méthodiquement, suivant une marche logique, et que les espéces primitives détruites semblent destinées à reconquérir leur place pourvu qu'on leur fournisse aide et protection; tout porte à croire même que ces espèces indigènes primitives sont, dans la plupart des cas, les seules qui doivent se maintenir définitivement, et que les espéces étrangéres facilitant la reprise de possession du sol par la forêt, doivent être considérées comme passagères et purement transitoires ; 3° En déterminant exactement les limites primitives des végéta- tions spontanées, j'ai donc la confiance d'indiquer, à ceux qui ont la mission de reconstituer nos forêts et nos montagnes, les espèces que leurs efforts doivent tendre à établir finalement à tel niveau, sur tel versant, sous tel climat. Connaissant le but, ils pourront y tendre plus directement et assurer le succés final en dirigeant avec plus de sûreté les travaux transitoires; 4 La détermination exacte des limites primitives aura encore pour résultat d'éviter des erreurs fréquentes au sujet de la limite utile de certaines plantations; les espéces spontanées offriront toujours les meilleures garanties pour la reconstitution finale des forêts, à la condition, naturellement, qu'on les maintiendra dans leurs limites naturelles. Toute espéce étendue au delà de ses li- mites naturelles s'y comporte comme une espéce étrangére mal adaptée et mal armée pour la lutte; 9' Enfin l'examen de la possibilité des naturalisations qu'en- traîne le travail entrepris parait indiquer que les espèces sponta- nées indigènes offrent à peu prés seules des garanties au sujet de l'avenir définitif de la végétation forestiére d'un pays. Est-ce à dire qu'il faille forcément que toutes nos foréts fassent retour à leur type primitif? Loin de moi cette pensée! L'homme y apporte parfois des modifications voulues et préparées qui la met- tent mieux en harmonie avec les besoins qu'elle doit satisfaire. Il importe seulement que ces modifications soient amenées par um étude logique des conditions naturelles. C'est cette étude logique que je poursuis et que j'espére mener à bonne fin. - SÉANCE DU 6 AOUT 1894. XCIII MM. Chabert, Fliche et de Seynes posent diverses ques- tions à l'auteur de cette communication, et ajoutent divers renseignements à l'appui de ceux qui viennent d’être donnés. À la suite de cette communication, M. Guignard prend la parole. 11 appelle l'attention sur l'importance des études inaugurées par M. Flahault, qu'on les considère au point de vue purement scientifique ou du cóté des applications pra- tiques qui en découlent. Dans le domaine de la science pure, on vient de nous montrer comment cette étude synthétique est de nature à jeter une vive lumiére sur quelques-uns des problémes qui préoccupent depuis longtemps les natura- listes. Dans le domaine pratique, l'Agriculture et en parti- culier la science forestiére en tireront nécessairement profit. En reconstituant l'état naturel de la végétation forestiére de nos montagnes par de patientes observations comparatives, M. Flahault fournit aux travaux de l'administration des foréts une base solide. Ces recherches étendues à tout le territoire permettraient à l'administration d'éviter les tâtonnements si coûteux en matière forestière, si fâcheux aussi, parce qu'ils ajournent le succès définitif d'efforts dont l'urgence est depuis longtemps évidente. ; ll serait honorable pour les deux Sociélés botaniques réunies ici, ajoute M. Guignard, de demander et d'obtenir que, pour poursuivre une ceuvre aussi utile, M. Flahault ne füt pas abandonné à ses seules forces. Les pouvoirs publies se font un devoir d'encourager les études dont le pays doit tirer à la fois honneur et profit. I1 convient que nous les lui Signalions. : En conséquence, je propose aux Sociétés botaniques de France et de Suisse d'exprimer à Messieurs les Ministres de l'Instruction publique et de l'Agriculture, à Paris, le vœu Suivant : « Les Sociétés botaniques de France et de Suisse, deg en session extraordinaire à Genève, expriment le vœu que les pouvoirs publics accordent leur appui à M. Flahault, pour XCIV SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. lui permettre de continuer les études qu'il a entreprises en vue de l'exécution d'une carte botanique et forestière de France ». | Ce vœu, mis aux voix, est adopté par acclamation. M. J. Huber fait la communication suivante : SUR L'APHANOCHÆTE REPENS A. Braun ET SA REPRODUCTION SEXUÉE, par M. Jaeques HUBER. Dans la série des Chlorophycées Confervoidées, l'acte sexuel con- siste ou bien dans la fusion de deux isogamétes mobiles (Ulothriz, Stigeoclonium, etc.), ou bien dans la fécondation d'une oosphére immobile par un anthérozoide mobile (Cylindrocapsa, Œdogo- nium, Coleocheæte, etc.). On supposait un terme intermédiaire qui consisterait dans l'union de deux hétérogamétes mobiles. Ge terme était déjà connu dans d'autres séries d'Algues, comme par exemple dans les Protococcoidées (Phyllobium) et dans les Phéophycées (Zanardinia), mais dans les Confervoidées il était encore inconnu. J'ai eu la bonne fortune de l'observer dans une petite Algue épi- phyte du groupe des Chétophoracées qui porte le nom d'Aphano- chete repens A. Braun. Comme j'ai ailleurs (1) donné un autre nom à cette plante, il me parait nécessaire de revenir aussi brièvement que possible sur la question assez compliquée de sa synonymie. Dans le Mémoire Cité, J'ai réuni dans le genre H erposleiron Nàg. les Chétophorees épiphytes à poils unicellulaires insérés sur le dos des cellules vege- latives, et j'ai cité comme espéces provisoires les suivantes (I. c. pp. 286-290) : Herposleiron confervicola Nàg., H. repens Näg. (mser.), H. Braunii Nüg. (mser.) (— Aphanochete repens A. Braun), H. Berlholdii mihi (— Aphanochæte Berthold). Mais, d'une part, j'ai déjà insisté sur le fait que toutes ces espéces Se ressemblaient beaucoup et devaient probablement être réunies plus tard en une ou deux seulement (l. c., p. 290); d'autre part B me suis prononcé pour la manière de voir de M. Klebahn, qu! était d'avis qu'il fallait abandonner le genre Herposteiron à cause de sa diagnose inintelligible ou méme erronée (l. c., p. 285, Nole ajoulée pendant l'impression, cf. aussi, p. 286). (1). Contributions à la connaissance des Chétophorées épiphytes el endo- phytes (Ann. des sc. nat., 1* série, BoT., t: XVI, 4893). -HUBER. — SUR L'APHANOCHJETE REPENS A. BR. xcv La question a beaucoup avancé gráce au travail de M. Klebahn, intitulé : Zur Kritik-einiger Algengattungen (1). Nous en tirons les conclusions suivantes : 1* Le genre Herposteiron doit étre complétement abandonné. X Le genre Aphanochæte A. Braun comprend l'Herposteiron confervicola Nàg., l'espéce d'Al. Braun et l'Aphanochoete Berthold, qui sont probablement tous les trois identiques. 3° Le genre Chætosphæridium Klebahn contient, en dehors du Ch. Pringsheimii Kleb., le Ch. globosum (Nordst.) Kleb. (= Her- posleiron [Aphanochete] globosa Nordst.). 4 Le genre Nordstedlia, créé par M. Borzi pour une Algue trouvée sur des cránes humains et que ce savant avait identifié à tort avec l’Aphanochæte globosa Nordst., doit être réservé exclusi- vement pour la premiére plante. 9' Le nouveau genre Dicoleon Kleb. avec l'espéce Dicoleon Nordstedtii Kleb. est créé pourl'Aphanochete globosa forma paulo major Nordst. 6° Le nouveau genre Conochæte Kleb., avec les espèces C. poly- tricha et C. comosa, est créé pour des plantes réunies jusqu'ici sous le nom de Aphanochete polytricha Nordst. 7° Comme espèces douteuses doivent être considérées : Apha- nochæte vermiculoides Wolle, Herposteiron polychete Hansgirg, H. globiferum Hansg., H. Hyalothecæ Hansg. Les espéces réunies jusqu'ici dans les deux genres Herposteiron et Aphanochæte seraient donc maintenant distribuées dans les quatre genres suivants: Aphanochete A. Braun, Chœtosphæridium Klebahn, Dicoleon Klebahn, Conochæte Klebahn. À D’après M. Klebahn, il n'y aurait qu'une seule espèce bien établie dans le genre Aphanochæte. Ce serait PA. repens A. Braun ; l'A phanochæte de Berthold en constituerait à peine une variété. Mes expériences m'ont amené au méme résultat, vu la grande va- riabilité de l'A. repens dans différentes conditions de culture. Je suis méme arrivé à considérer l'Aphanochele de Berthold comme simple synonyme de l'A. repens. La synonymie de lA. repens serait donc la suivante : Aphanochete repens À. Braun (Herpos- leiron confervicola Näg., H. repens [A. Br.] Wittr., H. Braunu (1) Pringsheims Jahrbücher für wissenschaftliche Botanik, Bd. XXV, Pp. 278-321, Taf. XIV, 1893. XCVI SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. Näg. (mser.), Aphanochæte Berthold [Herposteiron Bertholdüi Huber] (1). | L'Aphanochete repens A. Braun est une Algue très répandue en Europe; elle ne peut guére échapper à l'attention d'un botaniste qui s'occupe d'Algues d'eau douce. Elle se trouve en filaments généralement peu ramifiés appliquée sur différentes Algues d'eau douce, notamment sur les (Edogonium, les Cladophora et les Mougeotia, et se reconnait facilement par les poils unicellulaires et hyalins que les cellules végétatives portent sur leur dos. En culture, cette Algue manifeste cependant une assez grande varia- bilité. Les filaments, au lieu de s'appliquer étroitement sur le substratum, peuvent devenir ascendants (fig. 1). Mais ils se re- courbent alors à leur extrémité et peuvent méme s'enrouler en spirale. Quelquefois il se développe méme de véritables rameaux dressés qui naissent directement sur le dos des cellules du thalle épiphyte, là où naissent ordinairement les poils (fig. 8). Ces rameaux sont donc homologues aux poils. Mais ils restent toujours courts et je ne les ai jamais constatés dans la nature. On peut donc dire que, dans les conditions ordinaires de la plante, les rameaux dressés sont complétement remplacés par des poils unicellulaires. Les zoospores naissent au nombre d'une ou de deux, ou méme par quatre, dans chaque cellule. Dans les filaments rampants, elles commencent par se former dans les cellules centrales (fig. 2); dans les filaments ascendants, au contraire, elles se forment d'abord à l'extrémité du filament (fig. 1). Les divisions qui donnent nais- sance aux zoospores sont tantôt transversales, tantôt longitudinales par rapport à l'axe du filament (2). S'il y a division en quatre zoospores, les deux modes de division peuvent être combinés (fig. 1). Dans un milieu riche en sels nutritifs (liq. Nägeli 3 pour 100), les zoospores ne sont souvent pas mises en liberté; elles s'en- tourent d'une membrane à l'intérieur de la cellule-mére. Par la , (1) Comme espèces douteuses du genre Aphanochæte, on doit encore con sidérer : 1° Herposteiron repens Näg. mser.; 2 H. polychæte Wansg; 3 H. globiferum Hansg.; 4* H. hyalothecæ Hansg. Aphanochete vermiculoides parait étre, d'aprés les figures de Wolle (Freshw. Algue of the U. S., tab. 105, fig. 9-10), plutót une Protococcoidée qu'une Confervoidée. , (2) C'est une raison de plus de réunir l'Aphanochete de Berthold avec l'Aphanochete repens A. Br. (voy. Klebahn, l. c., p. 287). | HUBER. -— SUR L'APHANOCH.ETE REPENS A. BR. XCVII déchirure et la diffluence de la membrane des cellules-méres, il en résulte des amas de petites cellules qui peuvent continuer à se diviser. D'autres cellules s'agrandissent et commencent à bour- geonner en constituant un état particulier, quoique pas aussi prononcé, que pour celles que j'ai décrites récemment à propos du Chetonema irregulare (1). Quand il y a formation de véritables zoospores, celles-ci sont mises en liberté par déchirure de la membrane de la cellule-mére. L'émission se fait d'ailleurs, comme l'a décrit M. Berthold (2), dans une vésicule (fig. 29), qui correspond à la membrane interne du sporange. Braun n'a pas vu cette vésicule; aussi mes expó- riences m'ont-elles donné la conviction qu'elle peut devenir indis- tincte dans certaines conditions, qu'il m'est cependant impossible de préciser. La forme et les dimensions des zoospores sont assez variables, et cette variabilité explique bien des divergences qu'on trouve dans les descriptions des auteurs, notamment chez Braun et Berthold. Le plus souvent j'ai trouvé la forme arrondie avec une faible différence des 2 diamètres. Une longueur de 11 y. sur une largeur de 10 & m'a semblé le cas le plus fréquent, mais j'ai rencontré aussi les dimensions 124 sur 8y ou méme 14 sur M v (fig. 2c). Je n'ai rencontré ces grandes zoospores qu'aprés une culture prolongée; elles fournissent des germinations d'un aspéct un peu aberrant (fig. 5 et 6). Les zoospores normales sont pourvues, à peu prés au milieu de leur longueur, d'un point ocu- liforme, qui est trés visible dans les cultures à l'ombre, mais moins apparent dans les cultures bien éclairées. Dans certaines condi- tions, sur lesquelles je reviendrai plus loin, le point rouge parait: méme manquer complétement. L'extrémité antérieure de la zoo- Spore est munie de quatre cils qui dépassent ordinairement de beaucoup la longueur du corps, et contient deux vacuoles pulsa- tiles qui se contractent alternativement. A côté du pyrénoïde, qui se trouve dans la partie postérieure du chromatophore, les zoo- Spores contiennent quelquefois des gouttelettes huileuses ou des granulations d'amidon plus ou moins nombreuses. Aprés un mou- vement plus ou moins prolongé, la zoospore se fixe sur le substra- (1) Huber, Sur un état particulier du Chætonema irregulare Nowakowski (Bulletin de l'herbier Boissier, t. Il, 1894, pp. 164-166, pl. I). (2) Berthold, Untersuchungen über die Verzweigung einiger Süsswasser - Algen (Nov. Act. Acad. Leop.-Carol., vol. XL, 1878, p. 215). T. XLI. G XCVIII SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. tum parson extrémité antérieure, s'aplatit légèrement et s'entoure d'une membrane. D'aprés M. Berthold et d'aprés mes propres recherches, l’accroissement de la plantule se faisant le plus sou- vent dans deux directions opposées, il en résulte un thalle bila- téral (fig. 4 et 5). Plus rarement l'aceroissement de la plantule n'a lieu que dans une direction, et le thalle devient unilatéral (fig. 6, 7, 13). Ce cas se présente exceptionnellement dans la na- ture, on le trouve réalisé plus souvent dans les cultures prolongées en solution nutritive. Reproduction sexuée. — Je l'ai observée dans une culture qui contenait l'Aphanochete à létat presque pur, fixé sur deux espèces différentes d'GZdogoniwm ; la culture avait été commen- cée le 1* mars, avec une solution nutritive de 2 pour 100 (1). Au début il y avait eu formation abondante de zoospores, de sorte que, vers la fin du mois de mars, certains filaments d'(Edo- gonium étaient complètement recouverts de thalles épiphytes de dimensions variables, à commencer par les petits thalles de equatre à cinq cellules jusqu'aux thalles ramifiés composés d'un vingtaine ou méme d'une trentaine de cellules. C'est dans ces thalles petits et grands que se différenciaient les cellules sexuelles. Lorsque j'examinai la culture le 3 avril, je constatai que dans la plupart des thalles les cellules centrales (dans les thalles unila- téraux c'étaient les cellules d'un cóté) avaient notablement grossi et qu'elles étaient devenues opaques par l'accumulation d'une quantité considérable de matières amylacées et oléagineuses, parmi lesquelles une grosse gouttelette huileuse se faisait surtout remar- quer (fig. 13 et 23). Les cellules périphériques des thalles parais- saient au contraire presque incolores, beaucoup plus petites et souvent groupées d'une facon particulière (fig. 9-12). L'analogie avec les Coleochete me les fit reconnaitre pour des anthéridies; les cellules centrales ne pouvaient donc étre que des oogones. Entre ces deux éléments se trouvaient ordinairement quelques cellules d'aspect normal. Aussi je ne tardais pas à voir la sortie des ga- mètes mâles et femelles et leur fusion à l'état mobile. Je l'ai vue pour la premiére fois le 4 avril, entre onze heures et midi, et j'ai (1) La culture était placée dans un flacon Erlenmeyer, à large ouverture et bouché avec du coton; elle était installée à quelques centimètres d'une fenêtre tournée vers le nord-ouest. HUBER. — SUR L'APHANOCHJETE REPENS A. BR. XCIX été assez heureux pour pouvoir contrôler mes observations plu- sieurs jours de suite, toujours à peu près à la méme heure du jour. L'oosphére est mise en liberté par le gonflement et la déchirure dela membrane de l'oogone à son sommet. Elle est expulsée assez vivement et reste entourée d'abord d'une vésicule hyaline, tout à fait comme les zoospores, dont elle ne différe que par ses dimen- sions plus considérables etson contenu plus riche en matiéres de réserve. Sa forme est sphérique (avec 18 à 20 y. de diamétre), mais il est facile de distinguer un póle antérieur qui est incolore et porte quatre cils trés longs et trés minces. Ce póle antérieur doit contenir des vacuoles pulsatiles; car, si on l'observe attentivement, on en peut apercevoir des contractions rythmées trés faibles. Je mai pas vu de point rouge. La plus grande partie de l'oosphére est occupée par le chromatophore qui est rempli de grains d'amidon et par une (rarement deux) grosse gouttelette huileuse (fig. 15). Dans tous les cas que j'ai observés, l'oosphére, enfermée dans sa vésicule hyaline, ne présentait que des mouvements trés faibles ou presque nuls, et c'est dans cet état qu'elle attendait l'anthérozoide. Comme les zoospores dans les cellules ordinaires, les anthéro- toides naissent dans les anthéridies par un ou par deux; comme les premiéres ils sont entourés d'abord par une vésicule hyaline. Celle-ci difflue bientót et les anthérozoides, qui présentent des mouvements trés vifs, sont mis en liberté et parcourent rapide- ment le liquide. Ils sont de dimensions assez variables, mais tou- jours plus petits que les zoospores; le chromatophore y est trés réduit et l'extrémité antérieure étirée en bec hyalin qui porte quatre cils vibratiles. Dans le bec incolore on remarque une va- cuole pulsatile relativement grande; il est méme probable qu'il y en a deux à contractions alternantes, comme c'est le cas dans les Z00spores. Je n'ai pas toujours pu constater un point oculiforme, Par un mouvement trés rapide, les anthérozoides arrivent bientôt au voisinage d'une oosphére, où ils vont et viennent sou- vent pendant quelque temps, probablement génés par la vésicule diffluente qui l'entoure encore. Quand un anthérozoide a pu péné- trer jusqu'au corps de l'oosphére, il se promène autour d'elle Jusqu'à ce que son bec incolore soit en contact avec le póle anté- rieur de l'oosphére. C'est alors que la fusion peut s'opérer presque C SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. instantanément. L'anthérozoide se jette sur le cóté et se confond trés rapidement avec l'oosphére dans laquelle il disparait en pro- duisant un mouvement ondulatoire qui se manifeste encore pen- dant un moment sur le bord antérieur de l'oosphére. Celle-ci se contracte légérement, commence à tourner autour de son axe et finit par se promener assez rapidement dans l'eau ambiante. C'est aprés quelques minutes seulement qu'elle s'arréte et s'entoure d'une membrane. Comme tous ces phénoménes se passent trés ra- pidement, il m'a été impossible de constater le nombre des cils sur l'oosphére fécondée (1). Dans la culture, j'ai trouvé bientót des œufs qui avaient formé une seconde membrane (interne), et chez lesquels la gouttelette huileuse s'était colorée en rouge brique (fig. 28). Mais, à cóté de ces cellules que je n'hésite pas à considérer comme des œufs durables analogues à ceux des Œdo- goniacées, j'ai trouvé d'autres cellules, dont les dimensions et le contenu indiquaient une provenance semblable. Ces cellules, au lieu de s'entourer d'une membrane double, se cloisonnaient plusieurs fois, de maniére à constituer de petits massifs cellu- laires, quelquefois méme pourvus de poils (fig. 16-22). Au pre- mier abord, j'y crus reconnaitre des zygotes qui avaient germé à la manière des œufs de Coleochæle, mais j'ai bientôt abandonné cette manière de voir. Quelquefois j'ai trouvé en effet, dans ces corps cellulaires en question, les trois types cellulaires qui com- posent les thalles sexués (comparez fig. 19 et 21 avec figure 13); représentés d'une facon trés nette. Or il est trés peu probable que les œufs fécondés donnent immé- diatement naissance à un petit thalle sexué. Il faut done trouver une autre explication. Celle qui me parait la plus probable, c'est que ces thalles sphériques résultent de la germination de grandes zoospores, qui, ne différant guére des oosphéres, n'étaient plus capables de se fixer sur un substratum et de reproduire la plante typique comme les zoospores ordinaires. Il me semble que, dans les grandes zoospores qui ont donné naissance à des thalles, comme les représentent les figures 5 et 6, nous avons un terme de passage à ces zoospores encore plus grandes et par là aux oosphères. Car (1) Voyez les figures 24, 25, 26, où les cils ne sont pas dessinés, malgré qu'ils doivent persister en réalité. 1l est probable qu'ici, comme dans le Phyl- lobium, les cils du gamète mâle se fusionnent avec le corps de l'oosphére; tandis que celle-ci conserve ses quatre cils intacts. HUBER. — SUR L'APHANOCHJETE REPENS A. BR. CI il ne me parait pas douteux que les oosphéres sont ici homologues des zoospores et non pas des moitiés de zoospores. Il en est de méme pour les anthérozoides, qui ont quatre cils comme les zoospores. On ne peut donc faire dériver les gamétes d'Apha- nochæte d'isogamétes semblables à ceux d'Ulothriz, de Stigeoclo- nium et d'Endoclonium, oà chaque gaméte représente la moitié d'une zoospore. Si nous prenons la moyenne entre le gamète mâle et le gaméte femelle, nous arrivons à quelque chose qui res- semble parfaitement à une zoospore. Il faut donc admettre que les hétérogamétes d’A phanochæte dérivent ou bien d'isogamétes semblables aux zoospores, ou bien qu'il n'y a jamais eu ici d'iso- gamétes et que la fusion de gamétes n'est intervenue que lorsque la différenciation en grandes et petites zoospores a eu atteint un certain degré. Dans ce dernier cas, l'hétérogamie serait ici le phénoméne pri- mitif de la sexualité. C'est ce qui me semble également admissible pour les autres Confervoidées hétérogames, qui ont toutes des anthérozoides homologues aux zoospores, c'est-à-dire pourvus du méme nombre de cils. Pour la résolution du probléme posé, l'Aphanochete sera cepen- dant le terme le plus important, d'abord parce qu'il possède encore des oosphéres pourvues de cils et ensuite parce que son affinité étroite avec le genre Stigeoclonium et avec les autres Chétophorées permet plus facilement d'établir des homologies. De nouvelles ob- servations serviront peut-étre à résoudre la question importante de l'erigine de l'hétérogamie dans les Chlorophycées confervoidées. ll me reste encore à dire quelques mots d'une expérience, que m'ont suggérée les belles recherches de M. Klebs sur l'influence de la lumiere sur la reproduction des Algues. La moitié de la culture, dans laquelle les phénoménes de fécon- dation se passaient jour par jour, a été transportée de la fenêtre à un endroit moins éclairé au milieu du laboratoire. D'abord il y eut encore émission d'oospores, mais la formation d'anthéridies (et de poils) a cessé complétement. Par contre il y eut, dés la seconde journée, émission de zoospores en trés grande quan- tité (1). Ces zoospores se formaient non seulement aux dépens des (1) L'émission des zoospores avait lieu ordinairement le matin entre huit et neuf heures. Elle continuait dans cette culture jusqu'au delà du vingtième Jour. CII SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. cellules végétatives, mais aussi d'oogones déjà plus ou moins dif- férenciés (fig. 30) et méme des grandes cellules citées plus haut. Certaines de ces cellules avaient déjà développé un poil (fig. 31) ou s'étaient cloisonnées (fig. 32), d'autres (et je soupconne qu'il y avait des oosphéres fécondées parmi elles) avaient divisé leur contenu directement en un certain nombre de zoospores (fig. 33 et 34). La grosse gouttelette huileuse, si caractéristique pour les oospores, était alors contenue dans une zoospore un peu plus grande que les autres (fig. 31, 33, 34). La figure 35 représente deux de ces zoospores; un point rouge semble leur manquer. Cette expérience, qui malheureusement n'a pas pu étre répétée faute de matériaux suffisants, montre pourtant la grande influence de la lumière sur la reproduction de l'Aphanochete. On peut la résumer dans cette conclusion, que la diminution de la lumiére peut favoriser la formation de zoospores au détriment de la repro- duction sexuée. Explication des figures de la planche VII de ce volume. Fic. 1. — Filament d'Aphanochete repens sur Cladophora. Produc- tion de rameaux ascendants en culture. (Grossissement de 350 diam. environ). Toutes les figures suivantes se rapportent à une culture dans le liquide nutritif à 2 pour 100, où les Aphanochete se trouvaient sur deux espèces différentes d'OEdogonium. Ces figures ont toutes été dessinées à un grossissement de 600 diam. environ. Fic. 2. — Production de zoospores dans les cellules centrales d'un thalle vu d'en haut. Fic. 3, a, b, c. — Trois Zoospores. Fic. 4. — Zoospore fixée sur un filament d'OEdogonium. Fic. 5, 6 et 7. — Jeunes plantules à formes variées. Fic. 8. — Thalle avec deux petits rameaux dressés. Fig: 9, 10, 41, 12. — Dispositions différentes d'anthéridies. Fic. 13. — Petit thalle unilatéral avec un oogone et trois anthéridies. Fic. 14. — Anthérozoides. Fic. 15. — Oosphére. Fic. 16-22, — Thalles libres sphériques. Fic. 24, 25, 26. — Divers stades de la fécondation. Comme ces figures sont dessinées d'aprés la plante vivante, les cils n'ont pas pu étre indiqués. | GUIGNARD. — L'ÉMULSINE DANS LE GENRE MANIHOT. CII Fic. 27, 28. — Œufs fécondés. Fic. 29 et 30. — Formation de zoospores à l'ombre. Fic. 31-34. — Formation de zoospores à l'ombre, aux dépens de grosses cellules libres. Fic. 35, a, b. — Zoospores formés aux dépens des grosses cellules libres. M. Guignard fait la communication suivante : SUR L'EXISTENCE ET LA LOCALISATION DE L'ÉMULSINE DANS LES PLANTES DU GENRE MANIHOT, par M. ILéon GUIGNARD. Parmi les plantes dont les racines tubérifiées sont employées, dans l'Amérique du Sud, à l'extraction de la fécule de Manioc, il en est qui possédent des propriétés vénéneuses trés prononcées, que l'on a rapportées depuis longtemps à l'acide cyanhydrique. La volatilité de ce principe toxique et la facilité avec laquelle il est détruit, par la fermentation du suc de la racine et par l'ac- tion de la chaleur, expliquent comment on retire de cet organe un aliment sans danger. Deux espèces principales, le Manihot palmata Pohl et le Ma- nihot utilissima Pohl, sont considérées comme la souche de la plupart des variétés cultivées au Brésil et dans les contrées limi- trophes. A ]a premiére se rattache le groupe des Maniocs doux ou blanes, à la seconde celui des Maniocs amers ou rouges. Plusieurs auteurs, et en particulier Th. Peckolt, auquel on doit une étude chimique assez récente de ces végétaux, pensent également que beaucoup de variétés proviennent d'autres espéces sauvages, qui loutes se ressemblent par les feuilles et peuvent, sous l'influence de la culture, tuberculiser leurs racines normalement ligneuses et non utilisables pour l'extraction de la fécule. Th. Peckolt (1) a constaté que les Maniocs doux renferment beaucoup moins de latex dans leur racine que les Maniocs amers. Bien qu'on ait admis que les premiers ne contiennent aucun principe dangereux et que leur racine peut étre mangée crue sans Inconvénient, cet auteur en a pourtant retiré une petite quantité (t) Monographia do Milho e da Mandioca, Rio de Janeiro, 1878 ; et Pharm. Rundschau, 1886, CIV . SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. d'acide cyanhydrique. Il n’est donc pas tout à fait exact de dire que les deux sortes de Maniocs rappellent l'opposition qui existe entre les amandes douces et les amandes améres. C'est au moment de la floraison que la quantité d'acide cyanhydrique est la plus élevée : ainsi 1000 grammes de tige de Manioc doux ont donné 07,024 d'acide cyanhydrique, tandis que le méme poids n'en a plus fourni que 07,002 à la maturité. Th. Peckolt a conclu de ses expériences que l'acide cyanhydrique/n'est pas préformé dans les organes (1); il prendrait naissance sous l'influence de l'air. Il n'a trouvé d'amygdaline ni dans les Maniocs amers, ni dans les Ma- niocs doux ; mais, dans ces derniers, il existerait un corps amorphe qui donne, au contact des amandes douces, une forte odeur de Pelargonium, déterminant facilement des vertiges. Les Maniocs amers renfermeraient trois substances principales : l'acide man- nihotique, la mannihotine et la mannihotoxine, auxquels il faut ajouter la sepsicolytine, principe doué d'une action antiputres- cible. À la mannihotoxine l'auteur rapporte une partie de l'ac- tion des Maniocs amers, parce que la proportion d'acide cyanhy- drique, contenue dans ces derniers, ne suffirait pas pour en expliquer la toxicité : de 22,680 grammes de racine volumineuse, il n'a, en effet, retiré que 07,38 d'acide cyanhydrique. La racine des Maniocs amers parait d'autant plus toxique qu'elle contient plus de latex. Mais la richesse en acide cyanhydrique n'est pas propor- tionnelle à la quantité de latex, très abondant par exemple dans les variétés appelées Mandioca Cambaia, M. Pury, M. Surucura. Une espéce sauvage, le Manihot Pohliana M. Arg., en fournit plus que les Maniocs cultivés les plus toxiques. Il était à supposer que la réaction qui donne naissance à cel acide est semblable à celle qui se produit avec les amandes amères au contact de l'eau, et l'on pouvait se demander si l'émulsine qui se trouve dans ces derniers, n'existait pas aussi dans les Maniocs. C'est en effet ce que l'expérience m'a montré. Après avoir Con- staté la présence de ce ferment soluble, grâce à l'action quil exerce sur l'amygdaline, j'ai cherché à savoir quelle est sa locali- sation dans la plante. Tout d'abord, on peut obtenir les réactions de l'acide cyanhydrique avec un faible poids de feuilles, de ra- , (1) La non-préexistence de cet acide avait déjà été entrevue par Decoreis. Etude sur le Manioc, thèse de l'École de pharmacie de Montpellier, 1879. GUIGNARD. — L'ÉMULSINE DANS LE GENRE MANIHOT. Cv cine, ou de fleurs ; avec la tige, il faut un poids de substance plus élevée. Des pieds de Manihot utilissima et de Manihot cartha- .ginense M. Arg., cultivés en serre, et dont les racines n'étaient pas tuberculisées, ont servi aux expériences suivantes. En broyant dans l'eau 1 gramme de racine (ayant à peine 1/2 centimétre de diamétre), on percoit manifestement l'odeur de l'aeide cyanhydrique. Le liquide, filtré aprés vingt-quatre heures, donne avec l'acide picrique la coloration rouge de l'acide isopur- purique et la réaction de Schoeenbein; mais la formation du bleu de Prusse ne peut étre obtenue avec assez de netteté, à cause dela trés faible quantité d'acide cyanhydrique formé. Si l'on ajoute de l'amygdaline au même poids de racine écrasée en présence de l’eau, les réactions précédentes sont plus accentuées après vingt-quatre heures ; d’où l'on peut conclure que le dédou- blement de ce glucoside est dû à de l'émulsine, car jusqu'ici on ne connait pas d'autre ferment soluble capable de dédoubler l'amygdaline. L'odeur eyanique de la feuille est plus marquée, à poids égal, que celle de la racine, et il suffit de 0",50 pour obtenir des réac- tions analogues aux précédentes. A en juger par la différence dans l'intensité de la coloration obtenue avec l'acide picrique, avant et aprés l'addition d'amygdaline, la feuille doit être relati- vement plus riche en émulsine que la racine. En distillant 10 grammes de feuilles dans l'eau, de façon à re- cueillir quelques centimétres cubes de liquide, on peut obtenir non seulement la réaction isopurpurique et celle de Schonbein, mais aussi la formation du bleu de Prusse. On arrive aux mêmes résultats par la distillation de cinq fleurs femelles, pesant seulement ensemble 17,50. Ayant à ma disposition une petite quantité de graines assez récentes de M. Glaziovii M. Arg., espèce appartenant au groupe des Maniocs doux, jai vu que 0,30 d'amande (albumen et embryon), séparés du tégument, ne dégagent pas d'odeur sensible d'acide cyanhydrique aprés contusion dans l'eau et repos de vingt- quatre heures; toutefois, l'addition d'amygdaline permet d'ad- mettre la formation de traces de ce corps. La graine parait donc renfermer aussi de l'émulsine, mais la faible quantité de substance dont je disposais ne m'a pas permis de rechercher si le ferment CVI SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. se trouve dans l'albumen ou dans l'embryon. Il faut remarquer en outre qu'il s'agissait ici d'une graine de Manioc doux. En sectionnant les pétioles foliaires, on peut recueillir une quantité de latex suffisante pour des essais analogues aux précé- dents. Le latex se coagule presque aussitót aprés son extraction. Dans une première expérience, 0",30 de ce produit ont été divisés dans quelques centimétres cubes d'eau et laissés pendant un jour à la température ordinaire. L'odeur du liquide n'était pas celle de l'acide cyanhydrique, les réactions caractéristiques de ce composé faisaient défaut. Mais, dans les mémes conditions, l'ad- dition d'amygdaline permet d'obtenir ces réactions. En répétant l'expérience avec 07,10 de latex seulement et quelques centi- grammes d'amygdaline, la réaction de Schenbein et la forma- tion de l'acide isopurpurique se manifestent encore d'une facon trés prononcée. Par conséquent, si lelatex ne fournit pas d'acide cyanhydrique en présence de l'eau, c'est parce qu'il ne renferme pas de composé analogue à l'amygdaline. En comparant l'intensité des réactions obtenues avec le latex seul, méme à dose trés faible, et avec les divers tissus de la plante, on est conduit à penser que l'émulsine n'existe que dans les laticifères et que la formation de l'acide cyanhydrique dans les tissus est subordonnée à l'existence des laticiféres dont ils sont toujours pourvus. Mais, comme il est impossible d'opérer avec une portion de tissu privée de laticifére, la preuve ne peut en étre donnée d'une facon absolument com- pléte. Si l'émulsine existe réellement dans la graine, ainsi que l'expé- rience mentionnée plus haut semble l'indiquer, il y a tout lieu de croire qu'elle ne doit se trouver que dans l'embryon, à l'intérieur des cellules qui représentent les laticifères, lesquels se différen- cient de trés bonne heure chez les Euphorbiacées. Par conséquent, on doit admettre que la localisation de l'émul- sine, chez les Maniocs, est la méme que celle de la papaine chez les Papayers. Quant à la myrosine, dont j'ai démontré la présence chez ces derniers, elle se trouve, au contraire, localisée en dehors des laticifères. J'ajouterai enfin que d'autres Euphorbiacées n'appartenant P au genre Manihot, telles que les Euphorbia Esula, E. Lathyrts; GUIGNARD. — L'ÉMULSINE DANS LE GENRE MANIHOT. CVII E. helioscopia, E. verrucosa, E. splendens, etc., Ricinus com- munis, etc., ne renferment pas d'émulsine. M. Ernest Olivier dépose sur le bureau plusieurs spécimens de Battarea phalloides Pers. et donne les détails suivants sur le développement de ce curieux Gastéromycète : Le Battarea phalloides Pers. est un Champignon fort rare qui n'était connu en Europe que de quelques localités d'Angleterre et d'Italie. En 1892, je l'ai découvert dans ma propriété des Ramillons, prés Moulins (Allier), dans l'intérieur d'un vieux Chéne creux, oü il végéte sur une couche épaisse de feuilles séches, de débris d'écorce et de bois décom- posé; en 1893, j'en ai trouvé une seconde station dans les mémes con- ditions, dans un arbre distant d'environ 700 mètres du premier : cette année, mes deux Chénes m'ont donné une douzaine de Battarea. Cette Cryptogame apparait à la fin de juillet et au commencement d'aoüt. On voit, à cette époque, saillir hors de la surface du terreau une masse ovoide d'un blanc de lait présentant l'aspect d'un Lycoperdon : c'est la valve du Battarea qui, presque aussitôt arrivée au jour, se par- tage en deux parties : une supérieure constituant une calotte qui re- couvre exactement le péridium, l'autre, inférieure, en forme d'urne qui reste souterrainement à la base du stipe. Ce dernier grandit alors avec une rapidité extréme et atteint en vingt-quatre heures toute sa crois- sance (13 à 20 centimètres). Dans ce court intervalle, la calotte du péridium s'est desséchée, racornie et est tombée d'une seule piéce sur le sol, laissant échapper les spores, agglomérées en quantité innom- brable à la face supérieure du péridium. Le stipe se dessèche et persiste souvent jusqu'à l'année suivante avant de se décomposer. J'ai donné le dessin de ce Champignon dans le Bulletin de la Société Mycologique de France (1892), dans la Revue scientifique du Bour- bonnais et du centre de la France (1892) et dans plusieurs autres Recueils. Il est trés probable qu'il est plus répandu en France qu'on ne le croit, et j'appelle l'attention des mycologues sur son habitat dans de Vieux Chénes creux : on devra le retrouver sur plusieurs points dans des Slations analogues. M. E. de Wildeman signale la découverte en France du Vaucheria De Baryana Woronine. Il a récolté cette intéres- sante espèce vers la fin du mois de mai, entre Maxéville et Champigneuilles (environs de Nancy), dans un fossé qui borde la route. Cette espéce n'a pas été signalée souvent CVIII SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. depuis qu'elle a été décrite, en 1880, dans le Botanische Zei- tung. On la connait de Montreux (Suisse) [Woronine!]; de Halle sur Saale [de Bary!], prés de Prague, S. Rokop, de nova Ves. [Hansgirg!]; de Hollande |M"* Weber!]|; de Belgique, où M. de Wildeman l'a observée en deux localités. Il est pro- bable qu'elle se retrouvera ailleurs; elle est le plus souvent mélangée à d’autres espèces du même genre. M. Magnin fait la communication suivante : CONTRIBUTIONS A LA CONNAISSANCE DE LA FLORE DES LACS DU JURA SUISSE; par M. Ant. MAGNIN. Dans le cours de mon exploration des lacs du Jura (1), je ne me suis pas arrêté à la frontière franco-suisse; le Jura est une de ces régions heureusement situées entre deux États, dont les peuples, suivant le mot si souvent redit, mais toujours si humain et aujour- d'hui si vrai, se donnent la main par-dessus les frontiéres; à plus forte raison, doit-il en être de méme des botanistes! J'ai donc visité aussi vos beaux lacs du Jura vaudois et neuchátelois, et, malgré la rapidité de cette premiére investigation, il m'a été donné d'y faire quelques observations intéressantes, dont je Suis heureux de pouvoir présenter un apercu à cette réunion de bota- nistes des deux pays amis. On sait que le Jura ne possède des lacs que dans ses parties méridionales et centrales; si on laisse de cóté les étangs d'allure lacustre du plateau des Franches-Montagnes (2), on ne rencontre pas une seule de ces stations particulières, au nord et à l'est d'une ligne passant par Morteau, le Locle et Neuchátel, c'est-à-dire dans tout le Jura septentrional et oriental. zi. Mais, des soixante-six lacs ainsi localisés dans la moitié men. dionale du Jura, cinq seulement sont situés sur le territoire SUISSe; (1) Voy. Comptes rendus, t. CXV, 1892, 10 oct. et 1893, 24 avril; — s sur la végétation des lacs du Jura dans Revue génér. de botanique, 189 : pp. 241-257, 303-316 et 515; — j'y ai résumé les caractères de la flore c soixante-six lacs que j'ai explorés de 1890 à 1893. (2) Thurmann, PAytostatique du Jura, 1849, t. I, p. 166. MAGNIN. — FLORE DES LACS DU JURA. CIX deux dans le Jura neuchátelois (lac des Talliéres et lac de Chail- lexon), trois dans le Jura vaudois (lac de Joux, lac Brenet et lac Ter) (1). Leur altitude est élevée : Talliéres est en effet à 1037 métres au- IA —7 Neufthétel Distribution géographique E des LACS DU JURA f €, EM. ^ v Occiden I. Région septentrionale = Groupes 1-15. A. Troisième plateau — 1-7. B.Deuxième plateau = 8-12. C.Rive droite de /Ain-13. D.au sud de la Bienne=14-15. - ; falaise IL Région méridionale =Groupes 16-24. E.C/use et Mont de Tantaine-16-17. F. Bassin de Belley=-18-21. G. Mont- du-Chat- 22-25. a Cha mbér Y 23 Ai quebelette 1. Lacs de Joux, Brenet, Ter (et Rousses); — 3. Lac des Tallières; — 4. Lac de Chaillexon. dessus du niveau de la mer; Ter à 1023 mètres, Joux et Brenet à 1008; Chaillexon seul n'atteint que 752 mètres. Parmi leurs principaux caractères physiques et chimiques, je rappellerai seulement les suivants : Leur coloration n'est jamais bleue, mais toujours vert jaune, correspondant au n° VII de la gamme Forel pour les lacs de Joux et Brenet, au n° IX noirátre pour celui des Talliéres, aux n* IX- XI pour le lac de Chaillexon : c'est l'indice de l'abondance des matières en suspension. | Aussi la transparence de l'eau est-elle faible, de 17,50 à 5 mètres, (1) Voy. groupes 1, 3 et 4 de la carte ci-dessus, d SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. du moins en été, particularité intéressante, la distribution des végétaux en profondeur étant en relation directe avec l'absorption plus ou moins grande des radiations par l'eau. La composition fortement calcaire des eaux et des vases est un autre caractére important qui influe sur la nature et l'abondance du tapis végétal lacustre, en favorisant notamment le développe- ment des plantes calcicoles. Enfin la distribution de la température en profondeur pré- sente, pendant la période de végétation, cette particularité de déterminer dans les lacs profonds (Joux, Chaillexon) : 4° une région superficielle, s'étendant de la surface jusqu'à environ 15 métres de profondeur, dont la température subit des variations assez considérables, mais reste en moyenne supérieure à 9 degrés, et dont la partie comprise entre 7 et 15 mètres subit une décrois- sance assez rapide; 2 au-dessous de 15 mètres, une région où la température reste constamment basse, oscillant entre 9 et 5 de- grés; l'influence de ces basses températures contribue probable- ment aussi à arréter la limite inférieure de la flore macrophytique à la profondeur moyenne de 5 à 6 métres, et à la profondeur maximale de 12 à 15 métres. Je vais donner successivement le tableau de la végétation de chacun des cinq laes du Jura suisse et des considérations géné- rales sur leur flore. 1° Lac DE CHAILLEXON (1). Altitude : 752 mètres; longueur, 3:",500; largeur moyenne, 130 mètres ; surface, 58 hectares; profondeur maximale, 31",5 (2); (1) Lac de Chaillexon, ou lac des Brenets, bassins du Doubs, bassins des Brenets, bassins de Chaillexon; la dénomination de lac de Chaillezon (pron. Cha-ye-sson) me parait préférable, car elle permet de le distinguer des autres lacs qui portent aussi le nom de Brenet (par exemple, lac Brenet faisant sulte au lac de Joux; lac des Brenets dans le bassin de Grandvaux, département du Jura), auxquels il n'est pas possible de donner un autre nom. : (2) Voy. pour l'Hydrographie, DELEBECQUE (Atlas des lacs français, 1892- 1893, pl. VI); pour les sources profondes, JURGENSEN (Soc. d'Emulal. du Doubs, 1875, p. 530), JaccanD dans ForeL (Faune profonde, 1885, p. 1) " dans la Nature (6 janvier 4894), ainsi que mes observations personnelles sur une source non signalée encore, située sous le hameau de Chaillexon dont j?! étudié la température et la flore particulière les;21 et 24 mai 1893. MAGNIN. — FLORE DES LACS DU JURA. CXI fond vaseux, incliné par étages, depuis l'embouchure du Doubs (lettre D du plan n° 1, planche IX) jusqu'à l'entonnoir et au barrage (e, A), qui précédent le Saut-du-Doubs (1). Le lac de Chaillexon, qui n'est qu'un élargissement de la ri- viére le Doubs, se compose de deux parties : La moitié méridionale (D-B), ou partie d'amont (2), continue le fond du synclinal néocomien du Villers; elle est caractérisée par sa largeur plus grande, sa faible profondeur (5-10 métres), ses bords doucement inclinés formant une gréve de vase, de graviers, de rocailles, à végétation assez abondante, mais différant notable- ment de celle de la majorité des lacs du Jura : on n'y observe en effet ni ceinture littorale de plantes palustres (Phragmites vul- garis, Scirpus lacustris), ni ceinture plus interne de Nuphar luteum, mais de vastes tapis de Ranunculus trichophyllus, Poly- gonum amphibium, Hippuris vulgaris, auxquels s'ajoutent : Callitriche sp., Veronica Anagallis, Roripa amphibia, etc., dans les parties de la grève alternativement submergées et émergées; plus en dedans, d'abondantes prairies de Phellandrium aquati- cum; enfin, dans une troisiéme zone plus profonde, le Potamo- geton lucens, par 3 à 4 mètres de profondeur moyenne, variable suivant la hauteur du niveau du lac. Le Nuphar luteum parait complètement absent, ainsi que le Nympha alba; j'ai cependant fini, en opérant des dragages, par rencontrer quelques pieds de Nuphar, à l'entrée dela baie des Pargots (b) et sur les bords du creux conique de la source profonde de Chaillexon (a), mais tou- jours réduit aux feuilles submergées translucides, et dépourvu de fleurs et de feuilles flottantes. Au deuxième quart, — de la Roche-au-Pécheur (C, f), au com- mencement des Bassins (B), — des rochers bas commencent à se montrer sur les bords; quelques rares touffes de Scirpus lacustris (1) Le plan ci-joint (planche IX, n° 1)est une réduction de la carte de M. Delebecque, dressée à une échelle double (1/10 000*) et avec des courbes Isobathes de 5 mètres; j'y ai ajouté les sources profondes, la nature des bords et la position des principales pointes de rochers. Explorations person- nelles à diverses reprises, notamment les 11 et 12 juin 1892, les 21, 23 et 24 mai 1893 : coloration — IX-X (3 h. p. m., sur fond de 12 mètres), XI (9 h. à m., sur fond de 5 m.) ; transparente — 27,40 (3 heures ; fond de 12 mètres), 15,20 (9 h.; 5 m.). (2) Les lettres placées entre parenthèses se rapportent aux mêmes lettres es plans accompagnant cette communication. CXII SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. apparaissent alors dans les rocailles submergées à leur base ou dans leurs échancrures, et plus profondément Potamogeton per- foliatus, Myriophyllum spicatum, et rarement Pot. crispus et Pot. densus. La moitié septentrionale (B-A), ou partie d'aval, est un véri- table cañon, ouvert dans les roches du Kimméridien formant le cinquième anticlinal du massif jurassique; ses parois plongeant verticalement dans l'eau ne laissent pas de place à la végétation. Cependant, dans quelques points, des éboulis ont formé une grève inondée où croissent Phellandrium, Hippuris, Myriophyllum, Ranunculus trichophyllus, Potamogeton lucens, P. perfoliatus, P. densus, Fontinalis antipyretica; la gréve de l'extrémité sep- tentrionale du lac (A) possède les mêmes plantes. Dans cette deuxième partie, le fond du lac s'abaisse successive- ment à 10, 15, 20, 25, 30 mètres de profondeur (1); dans la vase recueillie par un fond de 12 mètres, en face de la grotte de Tof- fière, j'ai observé une assez rare Diatomée, l'Asterionella for- mosa (2). Retenons l'écoulement du lac par un canal souterrain (e) et par un chenal aérien (j), mais qui aboutit à une chute de 27 mètres; ces obstacles empéchent évidemment la remontée des animaux et des plantes et par conséquent le peuplement des bassins ou les rendent trés difficiles; aussi la flore du lac est-elle relative- ment pauvre, certainement moins riche que celle des rives du Doubs, en amont et en aval. 2 et 3 Lacs DE Joux Er Brener (Planche X, n” 2 et 3). Altitude, 1008 mètres; Lac de Joux, long. 10,500; largeur (1) Le maximum de profondeur (317,5) correspond à un entonnoir situé a l'extrémité septentrionale du lac (e), au pied du barrage naturel qui a per miné sa formation. (2) Cette intéressante Diatomée est signalée dans le Jura et les Alpes, par M. Brun : « Cette belle espèce habite surtout les eaux limpides des Alpes élevées... Cà et là dans le lac de Genève et au pied du Jura... » (Diatomets des Alpes et du Jura, 1880, p. 127). Asterionella se trouve aussi dans les lacs d'Auvergne, mais elle est inconnue dans les Pyrénées. Voy. Belloc, Aperft général de la végétation lacustre des Pyrénées (Association francaise, Pau, 1892, p. 424); Héribaud, Diatomées d'Auvergne, 1893, p. 112 ; Ch. Bruyant, Biographie raisonnée de la Faune et de la Flore pélagique des lacs d'Au- vergne, 1894, p. 28. . 8 MAGNIN. — FLORE DES LACS DU JURA. CXIII moyenne, 1500 métres; surface, 865 hectares; prof. moyenne, 15",0; prof. maxim. 33",6; — lae Brenet : long. 1900 mètres; larg. moyenne, 500 métres; superf. 79 hectares; prof. moyenne, 157,6; prof. maxim. 193,5 (1). La vallée de Joux est formée de deux synclinaux néocomiens parallèles, séparés par une mince crête portlandienne (anticlinal, bord occidental du lac de Joux). Le synclinal oriental, le plus large, contient le lac de Joux; le synclinal occidental renferme le lac Brenet, qui fait suite au précédent, et le petit lac Ter, placé dans une dépression un peu plus élevée (1023 métres). Les lacs de Joux et Brenet sont placés sur le trajet de l'Órbe et recoivent par conséquent les eaux du lac des Rousses; mais, comme la vallée est barrée, à l'aval, par la montagne d'Orziéres, les eaux ne > peuvent s'écouler que par les en- Sr = tonnoirs, au nombre d'une quin- X. — zaine, placés sur le bord occidental CR 2 des laes, c'est-à-dire le long de 7777 l'antilinal. Elles vont ressortir à 3 kilomètres de distance de l'entonnoir le plus rapproché (enton- noir du Bon-Port), à la source vauclusienne de l'Orbe. Il faut distinguer, dans le lac de Joux, ses deux bords oriental et occidental et ses deux extrémités (2). A l'extrémité septentrionale, en face du village du Pont (A du plan), la gréve inondée et la beine (3) qui lui fait suite sur une (1) Coloration : Joux, VII (15 juillet, 11 h. a. m.); Brenet, VII (16 juillet, | 8. m.); transparence : Joux, 57,15 (16 juillet, 10 h. a. m.); Brenet, 57,15 (16 juillet, 9 h. a. m.); congélation, durée moyenne 94 jours (du 1°% janvier au avril). Mes explorations ont eu lieu : 1°" août 1884 (les bords seuls); 15 et 16 juillet 1893; 29 juillet 1894 (extrémité septentrionale); 30 juillet 1894 gréve méridionale). (2) La carte ci-jointe est en partie la réduction de celle de Hærnlimann, au 1/25 090* (feuille Le Lieu de l'Atlas Siegfrid, 1891) ; j'ai transformé les courbes IS0hypses, ou de méme altitude au-dessus du niveau de la mer, en courbes iso- bathes ou de méme profondeur au-dessous de la surface du lac, pour rendre cette carte comparable aux cartes françaises. (3) Les lacs véritables, profonds, non comblés en partie par l'alluvion, ont “n profil caractéristique comprenant les différentes régions figurées ci-dessus : ne d'érosion; de, beine (formée de la beine d'érosion dc et de la beine xi AVION ce); eb, mont; ces trois régions sont produites par le jeu des agues, aux dépens du bord primitif ab; bf, talus (suite du bord primitif); fg, Plafond du lac. T. XLI. H EXIV SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. centaine de mètres environ de largeur sont couvertes d'un abon- dant tapis de plantes; on trouve plus ou moins mélangés : Ra- nunculus trichophyllus, Potamogelon densus, P. pectinatus, P. nilens! , Hippuris vulgaris ; plus en dedans, P. perfoliatus, P. ni- lens! et un fond entièrement couvert de Chara jurensis Hy, Ch. fragilis, Tolypella glomerala (1), jusqu'à la profondeur moyenne de 2 mètres (2). Le bord oriental B-C présente une beine assez large, mais pauvre, souvent dépourvue de plantes sur de grandes étendues. Sur la gréve on observe, par places, Baldingera, Heleocharis pa- lustris, quelques touffes de Scirpus lacustris, puis, en avançant dans le lac, Polygonum amphibium, Veronica Anagallis, Ranun- culus trichophyllus, Hippuris, Potamogeton perfoliatus, P. Zizii ou P. nitens? (à vérifier), et un fond tapissé de Chara, notamment Ch. aspera et la forme Ch. curta jusqu'à 3 métres de profondeur (ou 4 mètres si le niveau — 1008 mètres); en arrivant vers l'extré- mité méridionale, les Scirpus deviennent plus fréquents et les Phragmiles vulgaris apparaissent. Cette extrémité méridionale (CDEF) est, dans toute sa largeur et sur plus d'un kilométre de longueur, occupée par une plaine de graviers ou de vase, n'atteignant jamais la profondeur de 5 métres, n'ayant méme que 17,50 à 07,50 d'eau sur une grande étendue; J'Y ai observé d'abord Pot. perfoliatus en îlots par 17,50, puis Hip- puris, Pot. perfoliatus, Pot. Zizii? (3), Chara aspera, par 17,10; du reste tout ce fond est garni de Chara, notamment du Ch. as- pera, d' Hippuris, etc., par les profondeurs de 17,50, 17,20, 07,90, 07,70, 07,50; Scirpus lacustris est assez abondant surtout au voi- sinage de l'embouchure de l'Orbe (CE); toutes les parties voisines (CF) sont envahies par un vaste champ de Phragmites vulgaris, (1) Tolypella glomerata n'est pas encore indiqué en Suisse dans l'ouvrage le plus récent sur les Characées, celui de MicuLa (Rabenhorst, Cryplog- Flora, Bd V, fasc. 4, 1890, p. 232). : (2) 17,20, le 15 juillet 1893, avec niveau du lac égalant 1007,10, soit 07,90, au-dessous de la hauteur moyenne 1008 mètres (Atlas Siegfrid), 0U 17,90, au dessous de l'altitude 1009 mètres (carte Dufour); toutes les indica- tions de limite de végétation sont rapportées à ce niveau 1007,10. £i (3) N'ayant fait que plus tard la distinction des Pot. nitens et Zizii, je n 9! pas encore pu opérer cette vérification sur tous les points du lac où j'avais note primitivement l'existence d'un Potamogeton ressemblant au P. Zizit. MAGNIN. — FLORE DES LACS DU JURA. CXV qui arrivent jusqu'à la profondeur moyenne de 0",50 (soit 17,40, à la cote 1008 métres). En face de l'embouchure de l'Orbe, j'ai récolté, le 15 juillet 1893, sur un fond de gravier formant un petit monticule aligné en face et dans le sens de cette embouchure (lettre E du plan), et sous une profondeur de 0",20 d'eau, en nombreux exemplaires, le rare Pot. filiformis Pers. (P. marinus L.) qu'on ne connaissait alors, pour le Jura, que dans le lac des Rousses; il a été évidem- ment entrainé depuis ce lac par le courant de l’Orbe. A l'embouchure méme de l'Orbe (E), on observe la disposition suivante : 1° Phragmitaie; 2 Scirpaie avec Polygonum amphi- bium ; 3 Pot. perfolialus 17,50; Pot. lucens 2 mètres, et de plus: Sparganium simplex, Heleocharis palustris, Callitriche hamu- lata, Hippuris, Pot. heterophyllus type!, Pot. Zizii?, Chara fragilis. Le bord occidental est muni d'une grève et d'une beine assez large dans sa moitié méridionale (G-H); vers le Rocheray, les Scirpes s'étendent assez loin du bord, jusqu'à 17,80 de profondeur (27,70, à 1008) ; le fond pierreux et graveleux est tapissé de Chara aspera par 07,90, 17,20, 1",50, 17,70, avec Hippuris; le premier entonnoir, le plus méridional (à sec en ce moment) était garni d'Heleocharis palustris. Un peu plus au nord, grève caillouteuse avec Chara aspera, Ch. curta, Scirpus lacustris par places, Pot. perfoliatus à l'entrée du canal conduisant au deuxiéme entonnoir. Des Esserts-de-Rive à Rochefendue, la gréve inondée et la beine pierreuse supportent, par places, des touffes de Pot. perfoliatus (jusqu'à 2 mètres), P. nitens (3 mètres) et peut-être P. Zizii?; de nouveau le rare P. filiformis! (07,20 d'eau), notamment au voisi- nage des entonnoirs du Pré-Lyonnet (en face de la lettre). Ces trois entonnoirs contigus ne contenaient que de petites mares où crois- saient Heleocharis palustris, Scirpus lacustris, Potamogelon fili- formis! et Pot. heterophyllus (1); le profond entonnoir de Roche- fendue (quatrième du plan) n’avait que Pot. perfoliatus. Partout le fond pierreux est nu, presque complètement dépourvu des tapis de Chara, si fréquents sur le bord oriental. Dans la moitié septen- (D P. heterophyllus var. terrestris Schl. (Hort. berol. 1823, sub var.; cf. nes Nov. Fl. suec, 9» édit., p. 38), d’après M. Arth. Bennett, in li(t.; yai trouvé cette variété, remarquable par ses feuilles toutes élargies, aussi dans les flaques d'eau du bord du lac. CXVI SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. trionale (H-L) de ce bord, les rochers à pic ne laissent pas de place à la végétation; enfin, en atteignant l'extrémité septentrionale, on retrouve la beine vaseuse à Pot. densus, pectinatus, nitens, perfo- liatus, etc., et tapissée de Hippuris, Chara, etc. Une exploration que je regrette de n'avoir pu faire à ce moment est celle des dix-sept monticules sous-lacustres (1) dont le sommet, recouvert seulement, pour la plupart, de 5 métres d'eau, est, d'aprés M. Forel (2), entiérement formé et tapissé par des Charas fortement incrustées, rapportées par M. J. Muller à une variété du Ch. contraria (3). Lac Brenet (4). — Ce lac était autrefois beaucoup plus petit et plus indépendant du lac de Joux qu'il ne l'est aujourd'hui; une partie considérable constituait de bons prés et les eaux devaient former une chute, du lac de Joux dans la cuvette de Brenet (5). Quoi qu'il en soit, les deux lacs communiquent aujourd'hui libre- ment et sont àla méme altitude; mais les bords du lac Brenet se continuent insensiblement par une surface vaseuse, faiblement immergée et tapissée par de nombreux Chara (Ch. jurensis, Ch. strigosa, Ch. hispida, Ch. fragilis, Ch. aspera), des Hippuris, le Polygonum amphibium, etc. Dans le canal de communication (c) on trouve déjà : Hippuris, Chara, Polygonum amphibium, Potamogeton perfoliatus, Pol. pectinatus; plus loin des îlots de Scirpus lacustris par 0",25, 07,70, 0",80 de profondeur, et d'autres de Phragmites plus super- ficiels; puis, un prolongement des bords, couvert d'eau seulement lorsque la hauteur du lac atteint 1008 mètres (d), complètement envahi, par un champ de Phragmites; sur les bords eux-mêmes, Polygonum amphibium, quelques Scirpus lacustris, et plus pro- fondément Pot. perfoliatus, P. Zizii (ou nitens?) jusqu'à 2",90, Chara hispida, C. fragilis, C. strigosa et jurensis, de 1 à 4 métres de profondeur. (1) Leur énumération est donnée dans la légende qui accompagne le plan du lac de Joux. (2) Faune profonde, 1885, p. 217. (3) Les Characées génevoises (Bull. de la Soc. bot. de Genève, 1881, p.69). Migula se borne à reproduire le passage de l'ouvrage de M. (op. cit., fasc. 7, 1892, p. 426). (4) Anciennement lac Brunet. (5) L. Reymond, Notice sur la vallée de Joux, Lausanne, 1864, p. 9. n° 2, février Muller MAGNIN. — FLORE DES LACS DU JURA. CXVII En se dirigeant vers l'extrémité septentrionale (e), on trouve successivement sur les graviers du bord : Baldingera (qui s'ar- réte toujours à la limite des hautes eaux, 1008 mètres), Equisetum variegalum ; et sur la pente pierreuse immergée : Scirpus lacus- tris, Heleocharis palustris (07,50), Veronica Anagallis (1",50), Potamogeton perfolialus (3 mètres), Pot. Zizii ou nitens, P. pusil- lus (1), Chara aspera var. brachyphylla, Ch. strigosa (4 mètres). Notons encore : Equisetum limosum, Ranunculus aquatilis, Hippuris, Fontinalis; un premier entonnoir (f) avec Hippuris; les fonds voisins, couverts de touffes de Chara hispida épaisses, trés incrustées. La partie méridionale, située sous le village des Charbonniéres (g), est une plage très herbeuse, couverte de Poly- gonum amphibium, Hippuris, Pot. perfoliatus, Chara, etc. En résumé, les lacs de Joux et Brenet présentent comme parti- cularités : 1° l'absence d'une Phragmitaie, d'une Scirpaie et d'une Nupharaie continues; ® l'absence complète (ou la trés grande rareté?) des Nymphæa et des Nuphar (2); 3° l'absence (ou la rareté) des Potamogelon natans, Phellandrium, Myriophyl- lum, etc., fréquents dans les autres lacs; 4° la richesse relative des beines d'amont et d'aval (3) ; 5° la présence des plantes inté- ressantes suivantes : Potamogeton nitens Nolte. — Plante de l'Europe boréale (Nor- vége, Islande, Suéde, Danemark, Holstein, Schleswig, Mecklem- bourg, Russie septentrionale moyenne et méridionale, Prusse, Grande-Bretagne), signalée aussi en France, dans la Haute-Vienne (Lamy, 1862 !), et dans l'Orne et le Calvados (ConBiERE); c'est pro- bablement ce Potamogeton qui a été indiqué dans le lac de Joux, sous le nom de P. Zizii, par les floristes jurassiens (GRENIER, Fl. Jur., p. 797; MicnaLer, p. 302, avec doute), dont il diffère, no- lamment, par ses feuilles sessiles, arrondies demi-embrassantes. Le P. nitens du lac de Joux ressemble beaucoup à celui du comté (1) P. pusillus var. elongatus Art. Benn., variété remarquable « par ses feuilles allongées, son port qui la rapproche du P. rutilus Wolfg. » (In litt.); *n belles touffes atteignant 1 métre de hauteur. (2) Thurmann (Phyt. YI, p. 24) indique cependant le Nuphar luteum dans € lac de Joux; mais je nel'y ai pas encore vu. Les Nymphea et Nuphar existent dans un lac voisin, celui des Rousses; Nuphar dans le lac Ter. (3) J'ai donné l'explication de ce phénomène dans mon Mémoire sur la tgélation des lacs cité plus haut. CXVIII SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. de Surrey, de l'Écosse et du Schleswig-Holstein (= var. coriaceus); il est très voisin de la plante originale de Weber, d’après les échan- tillons contenus dans l'herbier de Kiel (A. Bennett, in litt.) (1). Il est trés fréquent dans les lacs de Joux et Brenet; je l'ai re- trouvé abondamment dans le lac de Saint-Point (1893) : ce sont les seuls lacs du Jura et les seules localités de la Suisse et de l'Est de la France actuellement connues; il n'avait pas encore été signalé en Suisse jusqu'à ce jour (2). Potamogeton filiformis Pers., 1805 (P. marinus L. sp. non Herb.!). — A été trouvé dans le lac des Rousses par Michalet en 1856 (Bot. du Jura, 1864, p. 303); on ne l'avait pas encore si- gnalé dans le lac de Joux, où il a été entraîné par l'Orbe (3). Il en sera probablement de méme des autres espéces rares du lac des Rousses, comme Pot. zosterifolius, P. coriaceus, etc. Chara jurensis Hy et Ch. strigosa Al. Br. — Je donne des ren- seignements sur ces plantes, plus loin, à propos du lac des Tal- liéres. Rappelons encore que la gréve exondée du lac de Joux posséde quelques autres plantes spéciales ou remarquables par leur dis- - tribution géographique, comme les Arenaria gothica Fr. (Ar. a- liata var. jugensis Gy), Linaria petrea Jord., Braya supina DC., Iris sibirica L., Littorella lacustris L., etc., bien connues par les notes qui leur ont été consacrées dans diverses publications (4). (1) On considère généralement P. nitens comme un hybride des P. hete- rophyllus et perfoliatus (cf. Fryer, Journ. of Botany, novembre 1894, p- 345); ces deux espèces existent en effet dans le lac de Joux. Quant au P. Zizii, qui se distingue par ses feuilles atténuées en un court pétiolule, on confond sous ce nom : 1° P. Zizii Roth, hybride des P. heterophyllus et lucens; 2° des variations extrêmes des P. heterophyllus et P. lucens, commè ` le P. gramineus var.'y. Zizii Gr. et Godr. (Fl. de Fr. III, p. 314). Cf. Frye", Journ. of Botany, 1892, p. 114. : (2) Je dois la certitude de sa détermination à M. Arth. Bennett, botaniste à Croydon, le savant monographe des Potamogétonées, qui a bien voulu revoir et annoter toutes mes récoltes de Potamogeton; je lui en exprime ici m^ vive gratitude. (3) Il est remarquable que cette plante se soit propagée jusque sur le. bord occidental du lae, à plus de 4 kilomètres de l'embouchure de l'Orbe, et SA „le secours d'un courant, sous l'influence seule des vagues et du vent dn Hm (4) Soc. bot. de France, session de Pontarlier, 1869; Grenier, FI. juras», addit., 1875, p. 47; Genty, in Magnier, Fl. select., Bull. XI, 1892, etc. MAGNIN. — FLORE DES LACS DU JURA. CXIX 4 Lac Ter (4). Petite cuvette, située au milieu de prairies marécageuses et tourbeuses, dans le synclinal néocomien occidental (qui renferme déjà le lac Brenet), mais à l'altitude de 1023 mètres : iong. 260 mètres larg. 160 mètres; surf. environ 3 hectares; prof. maxim. 11",6. Le lac se remplit de tourbe et ne formera plus, dans quelque temps, qu’un marais tourbeux. L'absence de bateau m'a empêché d'en faire l'exploration com- plète, notamment celle du fond ; en attendant, j'ai observé la dis- tribution suivante de la végétation en allant des bords au milieu : 1* Bords marécageux couverts de Carez sp. (a, du plan 4); X Bordure continue d'Equisetum limosum, large surtout au Nord, dans faible profondeur d'eau, avec Sparganium simplez, Hippuris, Chara hispida, Ch. fœtida (b); 3 Ceinture de Scirpus lacustris, développée surtout au Nord- Est et à l'Est, avec Polygonum amphibium (c); 4' Ceinture continue de Nuphar luteum, régnant presque tout autour, sauf à l'Est, en dedans des Scirpes (d). Le fond doit étre tapissé de Chara ? 5° Lac DES TALLIÈRES (2). Altitude, 1037 mètres; long. 1600 mètres, dont 250 mètres pour le petit lac; larg. moyenne, 200 métres; profond. 5-7 métres suivant l'élévation du niveau du lac (3). Le lac des Talliéres est situé dans le vallon tourbeux de la Bré- vine, qui occupe lui-même le fond d'une combe synclinale néo- comienne; c'est un bassin fermé, alimenté par les eaux du vallon, (1) Ce nom singulier parait provenir de l'appellation locale Laytel, ou petit lac, d’où Laiter et lac Ter ; cf. Reymond, op. cit., p. 11 et les lacs Lautel (petit lac), prés de Saint-Laurent-en-Grandvaux (Jura), Lauvitel dans les Alpes, etc. : (2) Lac d'Étallières dans quelques cartes ; commune de la Brévine, dans le canton de Neuchâtel. Voy. carte n? 5, planche IX. ; (3) Coloration, IX; transparence, 4 mètres; le 9 juillet 1893 (au point g du plan); le lac gèle ordinairement pendant 130-140 jours (du 15-20 novembre au 5-10 avril). Les trois explorations que j'y ai faites (19 juillet 1891, 14 juillet 1892, 9 juillet 1893) ont été génées ou interrompues par l'orage ou le mau- vais temps. cxx SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. ruisseaux ou sources sous-lacustres (1), et s'écoulant par un entonnoir placé sur le bord oriental du lac, communiquant avec les bassins souterrains d'alimentation dela source de la Reuse (2). Il aurait une origine historique, ayant apparu, entre les années 1487 et 1515, à la suite de l'affaissement du sol ou, suivant d'autres, à la suite de l'établissement d’un barrage devant l'en- tonnoir (3). La végétation marécageuse des bords a déjà été décrite par le D" Gillot (4) et la plupart des plantes intéressantes du lac méme (Potamogeton prælongus, P. zosterifolius, P. Friesii (sub obtu- sifolio), Chara jurensis (sub strigosa longispina) ont déjà été in- diquées par les floristes jurassiens, Godet, Grenier, ete. (5). La partie la plus riche est celle qui avoisine l'isthme qui sépare le grand et le petit lac (a, b, ce); en dedans d'une large zone de Scirpus lacustris et d'Equisetum limosum accompagnés de quelques touffes de Phragmites vulgaris, s'établit un fond vaseux et tourbeux tapissé de Chara (Ch. jurensis Hy, Ch. fragilis, Ch. aspera var. dasyacantha Al. Br.) (6), et d’où s'élèvent les tiges dressées du Potamogeton perfoliatus et les rameaux flexueux des P. zosterifolius et P. Friesii. Le canal de communication (b) est envahi par les Scirpus lacustris, Equisetum limosum, Carex vo- sicaria, C. (Ederi, Ranunculus divaricatus, Hippuris vulgaris; à sa sortie dans le petit lac (c), on peut récolter, outre Ranunculus divaricatus et Hippuris, les Potamogeton zosterifolius, P. F ries et P. prelongus. Un peu plus loin (d), prés du bord pierreux orien- tal à Baldingera, Equisetum limosum, Polygonum amphibium, Pot. zoslerifolius court, et un fond tapissé surtout par Chara [ra- gilis, à 07,80 (7); vers l'extrémité et sur le bord occidental (e), les (1) Jaccard, Soc. sc. nat. de Neuchátel, 1883, t. XIII, p. 11. (2) Expériences de Desor; de Jaccard, du 20 novembre 1884 (Soc. ne nat. de Neuchâtel, 1887, t. XV). (3) Voy. Ebel qui le fait remonter à l'année 1356, à la suite d'un tremble- ment de terre ; Jaccard, Mém. explicatif de la carte géologique suisse, fevi XI, 2* édit., p. 285. — Ce lac est aussi envahi par la tourbe; cf. Résal, 500: d'Emul. du Doubs, 1872, p. 458. (4) Herborisations dans le Jura central, 1891, p. 58 (Soc. bot. de Lyon; t. XVII, 1890, p. 130). (5) Godet, Fl. juras., 1852; Grenier, Fl. juras., 1875, etc. (6) Ce Chara a été trouvé dans « le lac de la Brévine par Lequereux e: A. Braun, Uebers. d. Schweiz. Charac., 1847, p. 21. (7) Les cotes de profondeur sont données d'aprés les résultats de mon explo- MAGNIN. — FLORE DES LACS DU JURA. CXXI bords deviennent tourbeux, et les trois Chara (Ch. aspera, fra- gilis, jurensis) apparaissent plus ou moins mélangés, ainsi que les Pot. zosterifolius, Pot. pectinatus, etc.; au milieu du petit lac (f), le fond de 5 métres (7 métres en hautes eaux) parait dé- pourvu de plantes ? Dans le grand lac on trouve aussi : 1° un bord oriental CD à grève pierreuse, portant quelques touffes disséminées de Baldin- gera et de Phragmites, et dans la partie immergée, mais assez rares, Scirpus lacustris, Equisetum limosum, Potamogelon na- lans, plus profondément, Pot. perfoliatus (1",50), les trois Chara (2",50); 9" un bord occidental, EF, marécageux et tourbeux, où abondent Equisetum limosum en large ceinture continue ou alternant avec des îlots de Scirpus lacustris, et dans les points plus profonds Potamogeton perfoliatus, pectinatus, zosterifolius, Chara sp.; sur les deux bords, la zone à Equisetum peut donner asile à Pol. natans et à Pot. perfoliatus ; 3° une extrémité méri- dionale (G) avec Sparganium simpler sur les bords, îlots de Phragmites, Equisetum, touffes de Ranunculus divaricatus, Pot. zosterifolius, Pot. perfoliatus. Le milieu du lac (5-7 mètres) est dépourvu de plantes. La distribution de la végétation est donc la suivante : 1° Bal- dingera; X Phragmites; 3 Equisetum et P. natans; 4 Scirpus ; 9" Pot. perfoliatus; 6° Pot. zosterifolius, prelongus, Friesii, Chara. Le lac des Tallières ne possède ni Nymphæa, ni Nuphar; je n'y ai pas observé Typha, Myriophyllum, Ceratophyllum, etc. (4). Voici quelques renseignements sur les plantes les plus carac- téristiques de ce lac : Potamogeton prælongus Wulf. est une espèce de l’Europe bo- réale qui n'était connue jusqu'ici, dans le Jura, que sur le terri- loire suisse, dans le lac des Tallières, où elle a été indiquée par Godet, vers 1848 (2); je l'ai trouvée récemment dans cinq lacs ou ration de juillet 1893; à cette époque, le lac, trés bas, était à 17,50 ou 2 mètres au-dessous de son niveau habituel. : j (1) On ya indiqué aussi Sparganium minimum (Grenier, Fi Juras., P. 815), Potamogeton crispus (Genty, in Gillot Herb., 1892, p. 51); mais ces plantes m'ont échappé. (2) Flore du Jura, 1852, p. 676. CXXII SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. étangs du Jura français, lacs de Saint-Point (altit. 851 mètres; 31 juillet 1892), — de Bellefontaine (altit. 1808 mètres; 7 juillet 1890), — du Boulu (1152 métres; 6 aoüt 1892), — de Val- Dessous (518 mètres; 3 juillet 1892), — étang de la Rivière (2 juillet 1893). Ce sont les seules localités françaises actuellement . certaines; l'espéce y présente des variations intéressantes que j'étudie dans un Mémoire spécial, la plante du lac des Tallières est une forme à feuilles longues et étroites. P. zosterifolius Schum., autre espèce rare, connue seulement, pour le Jura, dans les deux laes des Rousses (Michalet, 1860) et des Talliéres (Godet, 1845); c'est le P. compressus de la plupart des floristes (1), mais il est préférable de lui donner le nom de zoslerifolius, celui de compressus ayant été appliqué à plusieurs plantes voisines (P. acutifolius, P. obtusifolius, etc.). Le P. zos- terifolius parait rare en France, la plupart des localités indiquées étant fausses ou douteuses; c'est ainsi que la plante signalée sous ce nom à Charvieux, dans les Flores lyonnaises (2), est le P. acu- tifolius. J'ai de màme constaté que la plante indiquée dans la Haute-Saône, d’après Grandelément, par M. Renaud (3) est le P. obtusifolius (4); M. Corbiére a vu aussi que la plante de Nor- mandie est le P. Friesii (5). P. Friesii Rupr. est la plante indiquée dans le lac des Tallières, sous le nom de P, obtusifolius, par tous les botanistes juras- siens (6); il différe de cette espéce par le port, la forme des sti- pules, la nervation des feuilles, les caractères du fruit, etc., et ne (1) Godet, op. cit., p. 677; Grenier, op. cit., p. 199, etc. , . (2) Verlot l'avait déjà soupçonné (Cat., 1872, p. 334), et M. Boullu l'a indiqué positivement (Soc. bot. de Lyon, 10 décembre 1889, p. 110). J'ai mot- méme vérifié et expliqué l'origine de cette confusion dans plusieurs commu- nications sur des Potamogeton (voy. Échange ou Revue Linnéenne, 1" jan” vier 1893, pp. 6-7; Soc. bot. Lyon, 20 mars 1894 et t. XIX, août 1894, p. 80). (3) Catal. de la Haute-Saóne, 1883, p. 249. 7 d e) D’après des échantillons de Grandclément, communiqués par M. Ven- rely. (5) Nouv. Flore de Normandie, 1894, p. 543. (6) Godet, op. cit., p. 617; Grenier, op. cit., p. 800; Saint-Lager, Cal, p. T41 (le lac des Tallières n'appartient ni au département du Doubs, ni au bassin du Rhône); Gremli, 5° édit., trad. par Vetter, 1886, p. 479 que donc supprimer dans cet ouvrage « lac d'Étaliéres » à P. obtusifolius et T transporter à P. mucronatus Schrad.)! MAGNIN. — FLORE DES LACS DU JURA. CXXIII peut étre confondu avec elle. La plante des Talliéres devenant le P. Friesii, le P. obtusifolius ne ferait plus partie de la flore hel- vétique. P. Friesi? avait d'autre part été déjà signalé en Suisse, dans le lac de Zurich, sous le nom de P. mucronatus Schrad.; il parait rare en France, je l'ai trouvé dans le lac de Malpas (Doubs : altit. 925 mètres; 30 juillet 1892) et M. Corbiére l'indique en Normandie (Calvados, Manche; F1. cit., 1894, p. 544). Chara jurensis est une espéce nouvelle que M. Hy a établie pour la plante des Talliéres rapportée à tort par Al. Braun au Ch. strigosa, comme variété longispina (1); cette Characée diffère du Ch. strigosa, auquel elle ressemble beaucoup, surtout par sa tige haplostiquée. Elle forme, avec la sous-espéce Ch. Magnini et le Ch. contraria, un groupe trés naturel (Hy, in Litt.) (2), et me parait caractériser la flore lacustre du Jura septentrional; je l'ai en effet retrouvée dans une douzaine de lacs, depuis le lac de Joux jusqu'au lae d'Onoz (Jura), qui parait étre la limite méridionale de son aire dans le Jura lacustre. Elle croit souvent mêlée aux Chara aspera, Gh. fragilis, par exemple, dans les lacs de Joux, Brenet, Tallières, Rouges-Truites, etc. (3). CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES. — Les particularités les plus inté- ressantes de la végétation des lacs du Jura suisse peuvent se ré- sumer ainsi : 1° Deux lacs, — Ter et Tallières, — appartiennent au type (1) Al. Braun, Characeæ Europee, n° 43: « Ch. strigosa f. longispina, unter Chara fragilis, aspera f. dasyacantha, im Lac d’Étalières bei Neuchâtel im Juli 1857, ges. von O. Buhlnheim ». Le Ch. strigosa var. longispina A. Br., du lac des Talliéres, est conservé comme tel et longuement décrit sous cette dénomination dans Migula, op. cit., fasc. 8, 1893, p. 474. (2) M. Hy n'a pas encore publié la monographie impatiemment attendue des Characées de France; je le prie, en attendant, de recevoir l'expression de ma sincère gratitude pour la révision qu'il a bien voulu faire de toutes mes ré- coltes de Characées des lacs du Jura. (3) Migula, op. cit., indique encore : p. 442, Ch. contraria dans « le lac le la Brévine »; — p. 395, Ch. ceratophylla dans « le lac d'Étalieres, lac de Neuchátel, Murtnersee, Zürchersee... (A. Braun, Schweiz. Char.) ». Or je n'ai pas rencontré, dans le lac des Tallières, cette dernière plante cependant facile à reconnaitre et qui me parait préférer les lacs profonds, comme ceux de Neuchâtel, Zurich, Léman, etc., et ceux du Bourget et de Paladru, où je l'ai découverte récemment; Al. Braun ne l'indique pas non plus dans le lac des Tallières, dans son outrage Uebers. d. Schweiz. Charac., 1847, p. 19. CXXIV SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. caractérisé par le rôle que joue l’ Equisetum limosum, dans la cein- ture littorale des plantes élevées hors de l'eau, c'est-à-dire dans la Phragmitaie qu’il remplace au moins en partie. 2° Absence de la Phragmitaie, de la Scirpaie et de la Nupharaie dans le lac de Chaillexon et dans la plus grande partie des lacs de Joux, Brenet et Talliéres. Or, dans la plupart des lacs du Jura, cette distribution de la végétation en zones concentriques, plus ou MEX y KS AE > @ nbl m ADR M UK Wir B CL epo d Ail ja iif i iu m E [à Q 35 A y tii nea AREA EE (3)4 95 tie 194 ——— — à 2 9" re (1) $ Phragmitaie, Q) Sar ume (3) Q N upharaie; (4) Potamogétonase, (5)*^ C haragaie. - moins nettes, est caractéristique : on trouve, en effet, en dedans de la borde de plantes palustres courtes (Cariçaie), ordinaire- ment : 1° une large bande de Phragmites vulgaris et de Scirpus lacustris, autres plantes palustres, à tiges et couronnes de feuilles aériennes, les Phragmites s'arrétant vers 17,50 de profondeur, les Scirpes s'avancant plus loin sur la beine, jusqu'à 2 métres environ; dans cette zone croissent aussi Potamogeton natans, Nymphea alba, Polygonum amphibium, etc.; 9" une ceinture souvent con- tinue, formée par les feuilles ilottantes et les fleurs du Nuphar luteum, dont les rhizomes habitent de préférence la partie la plus MAGNIN. — FLORE DES LACS DU JURA. CXXV intérieure de la beine, par 2-4 mètres de profondeur; 3° plus en dedans, des Potamogeton, le P. perfoliatus dans les lacs profonds à mont pierreux, le P. lucens dans les lacs vaseux ou tourbeux, descendant jusqu'à 4 et 6 mètres de profondeur, associés à Hip- puris, Myriophyllum, Ceratophyllum (= Potamogetonaie) ; 4° les plantes de fond n'atteignant jamais la surface, Najas, Mousses, Chara, Nitella, qui tapissent les talus et le plafond du lac jus- qu'à 12 mètres environ de profondeur. Cette distribution, qui est parfois trés réguliére (lacs à beine et mont bien limités), subit de Zones de végétation dans les Zones de végétalion dans les lacs à beine. lacs de tourbière. a. Cariçaie; b. Phragmitaie; c. Scirpaie; d. Nupharaie; e. Potamogetonaie ; f. Characaie. nombreuses modifications que j'ai décrites ailleurs et qui sont représentées sur les figures ci-dessus; mais elle se retrouve dans toutes les stations aquatiques présentant la méme disposition du fond. La Commission d'exploration du lac Michigan (États-Unis), vient de la décrire dans le lac Sainte-Clair (1), en employant les mémes expressions dont je me suis servi, à l'exemple de MM. Stebler et C. Schróter (2), pour caractériser, d'un seul mot, chacune de ces zones de végétation : elle a retrouvé la Phrag- mitaie, la Scirpaie, la Potamogetonaie, et la Characaie, avec leurs mêmes caractères. La seule différence porte sur l'absence de la Nupharaie, ce qui s'explique parce que le Nuphar luteum, absent dans ce lac, y est remplacé par le N. advenum, plante qui a les (1) Bull. of the Michigan Fish Commission, n° 2, 1894; A.-J. Pieters, The Plants of the lake Saint-Clair, pp. 4, 6. dpi IE ho Beiträge zur Kenntniss der Matten und Weiden der Schweiz, X, p. T0, CXXVI SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. exigences de notre Nymphæa alba, c’est-à-dire habite la Phrag- mitaie. 9^ Présence du Chara jurensis Hy, espèce caractéristique des lacs du Jura septentrional. 4^ Richesse particulière du lac des Talliéres, étant données sa faible étendue et la présence des Potamogeton prelongus, zosleri- folius, Friesii, Chara jurensis, etc.; c'est là une circonstance d'autant plus digne d'étre notée que ce lac a certainement une origine récente. On a vu plus haut que sa formation aurait eu lieu vers 1500; on ne peut donc invoquer dans ce cas particulier, pour expliquer la présence des plantes boréales qu'il renferme, la persistance d'une flore remontant à la période glaciaire et qui se serait maintenue depuis lors, gráce aux caractéres particuliers du milieu et du climat de ces lacs de montagnes. Il faut admettre leur peuplement par l'intervention de facteurs actuels, par les agents propagateurs, tels que les oiseaux palmipédes qui jouent, ainsi qu'on l'a montré (1), un grand róle dans la dissémination des espéces lacustres, animales et végétales. 5° Le lac de Joux vient ensuite, l'intérêt de sa flore consistant dans la présence des Potamogeton nitens, P. Zizii ?, P. filiformis, Chara jurensis; il faut s'attendre à y voir apparaitre les Pot. zoste- rifolius et P. coriaceus du lac des Rousses, qui pourront peut-étre y parvenir en suivant le cours de l'Orbe, comme cela est arrivé pour le P. filiformis ? . 6 Une dernière particularité, importante à signaler, concerne les différences observées, d'une année à l'autre, dans la végétation des lacs, comme je l'ai constaté dans le cours de mes explorations. C'est ainsi que pour le lac des Talliéres, par exemple, je n'ai pas pu rencontrer, en juillet 1893, les Pot. Friesii et Pot. prælongus dans les points précis où ils étaient très abondants l'année précé- dente; au contraire, Phragmites vulgaris, que je n'avais pas vu en 1892, était bien représenté en 1893. Ces modifications dans la flore paraissent provenir surtout des différences survenues dans la hauteur de l'eau et dans la température du lac, trés élevé en 1892, trés bas en 1893; plusieurs plantes aquatiques présentent aussi dans leur évolution des intermittencestelles qu'elles peuvent (1) J. de Guerne, Sur la dissémination des organismes d'eau douce par les Palmipèdes (Soc. de Biologie, V, 24 mars 1888). MAGNIN. — FLORE DES LACS DU JURA. - CXXVII rester une année ou plus sans se développer. Ce sont des circon- stances dont il faut étre prévenu lorsqu'on se livre à l'exploration d'un lae et à la recherche des plantes qui y ont été signalées. Tel est le résumé des faits nouveaux que j'ai observés dans cette exploration rapide des lacs du Jura suisse : une étude plus appro- fondie, répétée à d'autres moments de l'année et pendant plusieurs années consécutives, révélera certainement bien d'autres particu- larités intéressantes et qui m'ont échappé. D'autre part, le Jura offre encore, sur ses sommités, dans ses cluses, dans ses lacs, dans ses tourbiéres, principalement comme végétation cryptoga- mique, Mousses, Characées, Diatomées, etc., un vaste champ d'ex- ploration, où les botanistes suisses et français pourront fraterniser de nouveau, et bientót je l'espére, comme ils le font ici aujour- d'hui et comme ils le feront encore mieux, dans quelques jours, au milieu de la nature et des splendeurs de la flore valaisanne; c’est pourquoi je prends la liberté de vous donner rendez-vous le plus tót possible, dans nos belles et riches montagnes du Jura! LÉcENDES DES CARTES. Planche IX, n° 1. Lac de Chaillexon. A. Extrémité septentrionale du lac. et de Mauvaise-Cóte. AB. Bassins du Doubs. . Grotte de Toffière. BC. Bords à rochers bas et gréve. . Entonnoir et fond de 317,5. D. Entrée du Doubs. . Roche au Pécheur. a. Source profonde de Chaillexon . Pointe des combes et roche de (43-14 mètres). Tête-Ronde. b. Baie ou anse des Pargots. . Tête de Louis-Philippe. €. Sources profondes de l’Arvoux . Téte de Calvin. -— ©" US +4 © C Planche X, n° 2. Lac de Joux. A. Extrémité septentrionale. E. Embouchure de l'Orbe. BC. Bord oriental. F. Extrémité méridionale. D. Beine d'amont. G-L. Bord occidental. Monts sous-lacustres. a. Mont de l'Abbaye....... son. 12 mètres.au-dessous de la surface (= 1008 m,)., ^" Mont Kond: ues Lie 5 r^ c. Mont ..... A e aee en LA pd d. Mont Chez-la-Musique...... = 9 €. Petits Monts; deux......... f. Mont Mousse,....,.. °.......e 5 CXXVII SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. E Grand Mont -e eo o eea 5 mètres au-dessous de la surface (= 1008 m.). h°-Mônt des Herbes... 6 — n Mont de la Bemet: s 5 — i. Monts des Esserts-de-Rive.... 5 — j. Mont de Pré-Lyonnet......... 5 — k. Mont de la Rochefendue...... 6 — Mont de Ia Capite — — a7: 5 — m. Monts des Écuelles; deux.... 10" et 12m — Planche X, n» 3. Lac Brenet. a. f. Bon-Port. |! d. Prolongement de la beine. b. Les Charhonnières. e. Extrémité septentrionale. c. Canal de communication avec g. Extrémité méridionale. le lac de Joux. Planche X, n° 4. Lac Ter. a. Carex sp. c. Scirpus lacustris. b. Equisetum limosum. d. Nuphar luteum. Planche IX, n° 5. Lac des Tallières. A. Petit lac. Sc. Scirpus lacustris. B. Grand lae. Phr. Phragmites vulgaris. CD. Bord oriental. Eq. Equisetum limosum. EF. Bord occidental. Pn. Potamogeton natans. G. Extrémité méridionale. Pp. P. perfoliatus. a. Entrée. Pz. P. zosterifolius. bc. Canal de communication. Ch. Chara. M. Chodat fait ensuite diverses communications. En pre- mier lieu il présente le résumé du travail d'une de ses élèves, M"° A. Rodrigue, docteur és sciences. Ce Mémoire considérable est accompagné de nombreux dessins el gra- phiques; il sera trés prochainement publié in extenso. CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES MOUVEMENTS SPONTANÉS ET PROVOQUÉS DES FEUILLES DES LÉGUMINEUSES ET DES OXALIDÉES; par Me A. RODRIGUE. Nous nous sommes proposé de rechercher au moyen de l'ana- tomie comparée unie à la physiologie : 1° Quels sont les principes qui président à la structure des or- ganes moteurs, chez les Oxalidées et les Légumineuses. 2" Si les mouvements et le sens des courbures de ces organes peuvent s'expliquer par l'anatomie. ea : RODRIGUE. — MOUVEMENTS DES FEUILLES. CXXIX 3 Si l'amplitude des mouvements (c'est-à-dire la sensibilité apparente) est en relation avec certaines dispositions anatomiques. En outre, chemin faisant, nous avons réuni quelques renseigne- ments relatifs au mode de transmission de l'irritation. Ils sont encore trop peu nombreux pour nous permettre de résoudre rationnellement le probléme, mais ils contribueront probablement à l'élucider. Nous avons choisi comme se prétant bien à une étude : Mimosa pudica, Phaseolus multiflorus, Acacia lophanta et Acacia Juli- brissin pour les Légumineuses; Oxalis Ortgiesii, O. pubescens, 0. hirta, O. basipetala, O. corniculata, O. rosacea, O. Acelosella et O. Bowiei pour les Oxalidées. Nous divisons notre travail en deux parties: l'une, physiolo- gique, consiste en observations des mouvements chez les espéces susnommées; l'autre partie comprend l'anatomie comparée des organes moteurs, des tiges, des pétioles, des limbes, etc., de ces mémes espéces. Nous avons observé chez les LÉGUMINEUSES des mouvements diurnes, des mouvements nocturnes et des mouvements nyctitro- piques provoqués. Pour les évaluer, nous opérons comme suit : nous choisissons sur chaque plante quelques feuilles en bonne santé, et nous marquons, à égale distance de l'articulation, deux points de repère, l’un sur les pétioles de ces feuilles, l'autre sur les tiges qui les portent. Quand la feuille se meut, la distance entre ces deux points augmente ou diminue; une série de mensurations nous permet de reconnaitre s'il y a eu mouvement, quel est le sens de ce mouvement et quelle est son amplitude. Les résultats que . NOUS avons obtenus sont les suivants : Rapport du nombre de mouve- Amplitude moyenne Espèces. ments observés au des Mouvement nombre total des observations. mouvements. maximal, mm. mm. Mimosa pudica........ 65 pour 100 6,9 11 Phaseolus multiflorus.. 50 — 4 9,5 Acacia lophanta....... M. — 2,9 4,5 Acacia Juliórissin..... 8 — 1,4 2 Pour les OxaLis, comme plusieurs des espéces que nous avons choisies ne possèdent pas de tige aérienne, nous manquons de Te ALL I €XXX SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. point de repére et, au lieu d'observer les mouvements des pétioles, nous observons ceux des folioles. Nous soumettons les plantes choisies à l'obscurité pendant un temps variable : trente minutes, une heure, deux heures, trois heures, etc., et nous notons à la fin de chaque expérience la posi- tion des folioles. Puis, dans une autre série d'observations nous placons nos plantes à l'obscurité pendant huit heures consé- eutives et nous notons d'heure en heure la position des folioles. Voici les résultats obtenus : RAPPORT DU NOMBRE DES MOUVEMENTS OBSERVÉS AU NOMBRE : TOTAL DES OBSERVATIONS. 1re série. 2e série. Oxalis basipetala........ run 13/13 6/6 ec pabeieee. 5.6... ... 11/13 6/6 p PEEL e rero eren 9/13 6/6 e. Acelosella 7/12 6/6 = Cmmculata = 6/13 5/6 DC ONE eese 3/13 4/6 S BODL e BN. 2/3 4/6 ro Ma. nil... 0/13 0/6 En nous basant sur les tableaux précédents, il nous est donc possible de classer les Oxalidées et les Légumineuses observées selon leur sensibilité apparente. Il nous reste maintenant à recher- cher si nous pouvons les classer aussi d'aprés leur structure. Avant d'aborder la partie anatomique de notre sujet, remar- quons que nos observations physiologiques, ayant eu pour objet les mouvements des pétioles chez les Légumineuses et ceux des folioles chez les Oxalidées, il nous faudra donc comparer anatomi- quement les renflements pétiolaires des unes aux renflements des folioles des autres. Comme ces organes occupent des positions différentes, nous devions nécessairement leur trouver des carat- téres différentiels. Mais, d'autre part, les mouvements des uns et des autres sont les mêmes et sont produits par les mêmes facteurs, ils peuvent donc avoir des caractéres communs. Ceci dit, voici le résumé de nos observations anatomiques. Les mouvements des organes moteurs sont liés aux caractères suivants : RODRIGUE. — MOUVEMENTS DES FEUILLES. CXXXI 1* La réunion des éléments résistants dans la partie axiale de ? . l'organe; 2" La présence de collenchyme, c'est-à-dire d'un tissu mécanique qui permette les courbures ; 3° Le développement excessif du tissu cortical. Ces caractères sont réalisés : Chez les Légumineuses. a. Par la réunion de trois faisceaux envoyés par la tige. b. Par la transformation de la moelle et du péricycle en collen- chyme. Chez les Oxalidées. a. Par la réunion des faisceaux qu'envoie le pétiole. b. Parla transformation du paren- chyme médullaire en collenchyme. La cause des courbures s'explique par la division de l'organe moteur en deux parties inégales : l'une inférieure, l'autre supé- rieure : Chez les Légumineuses. L'écorce est inégalement dévelop- pee en hauteur et en largeur. Chez les Oxalidées. Le faisceau est trés fortement el- liptique et divise diamétralement l'articulation. Le sens des courbures repose sur le fait que les variations de turgescence sont plus fortes du cóté inférieur de l'organe moteur que du cóté supérieur : Chez les Légumineuses. „Le côté inférieur possède plus de tissu sensible que le supérieur; Pir- ration et de là les variations de turgescence y sont plus accentuées. L'amplitude des mouvements Chez les Légumineuses. 1° Avec la structure de la moelle dans l'organe moteur. 2 La concentration plus ou moins Tapide des faisceaux envoyés par la tge, en un cordon central. 3° La subdivision plus au moins rapide de ce cylindre central au som- met du renflement. & La nature de l'anneau protec- teur du liber. Chez les Oxalidées. Le côté inférieur possède des élé- ments moins résistants et à parois plus minces que le supérieur. est en relation : Chez les Oxalidées. 1* Avec le développement du col- lenchyme fasciculaire. 9» La hauteur et l'épaisseur du faisceau comparées à celles du renfle- ment (en section transversale). CXXXII SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. L'influence de ces facteurs sur l'amplitude des mouvements est facile à expliquer; ainsi, chez les Légumineuses : I. Dans les renflements pétiolaires de Mimosa pudica la moelle est remplacée par du tissu selérifié, chez Phaseolus multiflorus et chez Acacia lophanta elle est collenchymateuse, tandis que c'est un parenchyme riche en ponctuations chez Acacia Julibrissin. Comme on sait, depuis Dutrochet, que la moelle n'est pas sen- sible et qu'ellene sert pas à la transmission des mouvements, son action ne peut être que mécanique; chez Mimosa pudica, ja moelle et le faisceau constituent un cylindre plein, tandis que chez Acacia Julibrissin nous avons une sorte de cylindre creux plus résistant aux courbures. Le collenchyme étant un tissu inter- médiaire, au point de vue mécanique, entre le tissu fibreux et le parenchyme, l'amplitude des mouvements, chez Acacia lophanta et Phaseolus multiflorus, doit étre intermédiaire entre celle des deux espéces précédentes. II. Un autre facteur est la concentration, dans le renflement, des faisceaux envoyés par latige. Cette concentration se fait à la base même du renflement chez Mimosa pudica, elle est moins rapide chez Acacia lophanta et Phaseolus multiflorus, elle est trés tardive chez Acacia Julibrissin. En outre le cylindre central du renflement pétiolaire se subdivise pour fournir au pétiole plu- sieurs faisceaux; cette subdivision, précoce chez Acacia Julibris- sin, s'effectue seulement au sommet du renflement chez les Sen- sitives. Or, plus les éléments résistants sont périphériques, moins les mouvements sont possibles, et, à surface égale, plus les fais- ceaux sont à la périphérie, plus il y aura de moelle et moins il y aura d'écorce. Comme c'est l'écorce qui est le tissu sensible, là où elle est abondante, les irritations sont fortes. MI. Le liber est entouré dansles organes moteurs par du collen- chyme; chez Acacia Julibrissin, on trouve, extérieurement à Ce collenchyme, du tissu fibreux. Comme ce tissu se préte peu aux courbures, une telle disposition diminue la motilité du renflement pétiolaire de cette espéce. Chez les Oxalidées, le faisceau de l'articulation de la foliole est collatéral, il n'y a donc pas de tissu médullaire; les renflements RODRIGUE. —- MOUVEMENTS DES FEUILLES. CXXXIII sont trop petits pour tenir compte dela rapidité de la concentra- tion des faisceaux. Le faisceau axial du renflement passe dans la nervure médiane de la foliole sans se subdiviser; chez toutes les espéces, le faisceau est exclusivement entouré de collenchyme. Done, pour des raisons diverses, aucun des caractéres qui entrent en ligne de compte chez les Légumineuses ne se rencontre chez les Oxalidées. Nous avons dit que l'amplitude de leurs mouvements dépend des dimensions du faisceau comparées à celles des arti- culations motrices. Nos mensurations nous indiquent que les espèces les plus sensibles sont celles où, en section transversale, le faisceau est très elliptique et horizontal. Le faisceau agit comme une charnière séparant l'écorce du renflement en deux parties; quand il est très elliptique, l'articulation est nettement bilatérale et le faisceau s'oppose aux échanges osmotiques entre l'écorce du cóté supérieur et celle du cóté inférieur. Mais, d'autre part, à surface égale, plus le faisceau est haut, moins il est large. Si la surface du faisceau est grande par rapport à celle de l'articulation, cette dernière est trés mobile; car la différence dans la surface des faisceaux réside surtout dans la différence de développement du collenchyme, tissu éminemment propre à faciliter les courbures. Ajoutons encore quelques mots concernant la transmission de l'irritation chez la Sensitive. Plusieurs théories ont été émises : la transmission se ferait : a. Par la partie ligneuse des faisceaux, soit de lumen à lumen, soit par l'intermédiaire des membranes; b. Par des filaments protoplasmiques réunissant les cellules de l'écorce; c. Par de larges et longs tubes libériens dont les parois transver- sales sont pourvues d'une seule grosse ponctuation. Si le bois servait réellement à la transmission des mouvements, celui de la Sensitive devrait, ou avoir une structure particuliére, Ou être plus développé; or le bois, quel que soit l'organe examiné, à la méme structure chez les quatre espéces de Légumineuses que nous étudions, et c'est chez la Sensitive qu'il est le moins puissant. Il en est de même pour le liber. Partout nous avons trouvé de larges tubes libériens dontles parois transversales n'avaient qu'une seule ponctuation. En outre, ces tubes n'existent pas dans les racines des Sensitives, quoique des expériences aient démontré que Pirr itation peut aussi être transmise par la racine. CXXXIV SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. Enfin, une opinion assez répandue est que, au moment de la courbure, le suc cellulaire de l'organe moteur passe des cellules. corticales dans les méats intercellulaires. Nous n'avons jamais vu de ponctuations faisant communiquer les cellules avec ces méats; il nous a toujours paru au contraire que les parois y sont plus épaisses qu'entre les cellules. Nous pensons en conséquence que les méats constituent un système à part non en relation spéciale avec les cellules, et que l'expulsion de l'eau dans cette direction doit être difficile et ne peut se faire aussi rapidement que l'indique la rapidité des mouvements. REMARQUES SUR LE MONOSTROMA BULLOSUM Thuret ; par M. R. CHODAT. Je n'ai pas l'intention de refaire toute l'histoire de cette Algue parfaitement décrite par M. J. Reinke, dans son intéressant travail « Ueber Monostroma bullosum Thur. und Tetraspora lubrica ». C'est ainsi que le contenu cellulaire, la division préalable du pyrénoide, l'émission des zoospores et des gamétes y sont traités d'une manière conforme à mes propres observations. Je ne puis donc que confirmer ses données sur ce sujet. Il semblerait donc inutile de revenir encore traiter d'une Algue dont le développe- ment est devenu classique. Cependant, au cours des études que j'ai entreprises sur les Algues inférieures (1), j'ai eu l’occasion de me convaincre du polymor- phisme extréme de ces organismes et en méme temps comprendre qu'aucun détail de leur vie et de leur morphologie n'est sans importance pour l'établissement des affinités naturelles. Il est aujourd'hui incontestable que la plupart des Algues vertes sont capables de se modifier profondément selon les circonstances extérieures, l’âge ou l'époque de l'année. J'ai donc pensé qui en soumettant cette Ulvacée à des conditions analogues à celles que javais employées dans mes recherches sur les Algues infé- rieures (2), j'obtiendrais des modifications qui auraient échappe à M. Reinke et qui pourraient élucider certains points encore obs- curs des affinités de cette Algue. (1) Chodat, Matériaux pour servir à l'histoire des Protococcoidées (Bull. Herb. Boiss., septembre 1894). (2) Bulletin de l'herbier Boissier, t. Il, p. 587. CHODAT. — LE MONOSTROMA BULLOSUM THURET. CXXXY Depuis Thuret, tous les auteurs la placent dans le groupe des Ulvacées, à côté du genre suivant. Outre que le thalle est con- situé par une couche unique qui la différencie d'Ulva, on a in- diqué, à la suite des observations de Reinke, qu'elle différait essen- tiellement de cette derniére dans son premier développement. Dans les Algues comme aussi chez les Cryptogames vasculaires, les états de jeunesse ont le plus souvent une importance aussi considérable pour la recherche des affinités que les états définitifs sporangiaux (1). On a souvent méconnu cette vérité et tout parti- culiérement à propos des Algues. J'ai démontré pour les Volvocinées des états prothalliens ou plus ou moins subordonnés, dont la connaissance jette un jour tout nouveau sur l'évolution de ces étres, chaque type supérieur pas- sant par une phase correspondant à l'état définitif d'un type moins évolué. Les Scenedesmus ont une phase Dactylococcus, etc. Le peu d'unité qui existe actuellement dans l'histoire du premier développement des Algues provient surtout du fait que l'histoire de ces étres est encore à faire et que plusieurs genres, considérés encore comme autonomes, ne sont que des phases d'autres Algues (Dactylococcus, Schizochlamys, Glæocystis, Pleurococcus p. p., Protococcus p. p.). Les premiers développements de notre Algue différent consi- dérablement de ceux décrits par Reinke. Comme il l'a observé, nous avons vu les zoospores se former par quatre et par huit. Elles étaient conformes aux dessins qu'il en donne et munies de deux cils; leur point rouge était latéral et leur chromatophore en plaque. J'ai aussi observé dans quelques cas leur fusionnement deux par deux. Les zygotes conservent pendant longtemps leurs deux points rouges, comme il est figuré dans la planche citée, figure 5. Le développement ultérieur de ces zygotes ou des zoospores (fig. 1) se fait de la maniére suivante (23). La cellule s'allonge et se subdi- vise en deux, perpendiculairement à l'axe principal (fig. 2); chacune (1) Goebel, Jugendformen der Pflanzen, Flora, 1889. (2) Il ne faudrait pas supposer que ce développement ne serait qu'apparent et qu'il résulterait de l'adhésion fortuite de zoospores. J'ai vérifié avec soin et Jà! trouvé constamment la production de courts filaments à quatre cellules "Pendant les premiers jours. Ces filaments étaient isolés et ne résultaient nul- lement d'une pression réciproque de zoospores. CXXXVI SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. des deux cellules ainsi formées (fig. 3 et 4) se subdivise à son tour en deux, il en résulte ainsi un filament court à quatre cel- lules (fig. 5 et 6). Ordinairement les deux premiéres cellules vont se renflant insensiblement vers la paroi centrale, ce qui fait que par leur subdivision ultérieure elles donnent naissance à deux cellules centrales plus larges que les deux terminales. Ce mode de développement est de beaucoup le plus répandu, les variantes suivantes sont plus rares. Des deux premiéres cel- lules l'une se subdivise comme précédemment; l'autre, plus large dés le début, se cloisonne perpendiculairement de maniére à pro- duire deux cellules cóte à cóte au-dessous de la seconde (fig. 8). Plus rarement enfin, cette bipartition répétée se fait en croix (fig. 10). Jai dit que les cellules moyennes du filament sont plus larges que les terminales; peu aprés leur formation elles s'ac- croissent activement perpendiculairement à l'axe principal. Le plus souvent les deux se comportent de méme et s'allongent éga- lement dans les deux directions (fig. 7). Moins souvent leur exten- sion ne se fait que d'un cóté (fig. 11), ou enfin alternativement à droite ou à gauche. De ces quatre cellules les terminales se subdivi- sent de nouveau comme précédemment, tandis que les deux inter- médiaires se dédoublent par un cloisonnement perpendiculaire. Dés ce moment, les cloisons ultérieures varient beaucoup. On volt souvent l'une des cellules moyennes divisée en trois, tandis que l'une des apicales seule est dédoublée. Dans l'Algue représentée par la figure 41, il s'est constitué un filament ramifié qui l'est plus encore dans la figure 12. Ce stade filamenteux peut continuer pendant quelque temps encore, mais il est ordinairement trés ra- pidement masqué par un cloisonnement rapide, dans des direc- tions alternativement contraires; ce qui produit les thalles rudi- mentaires, dans lesquels on peut encore reconnaître l'origine fila- menteuse. Ils s'aceroissent de plus en plus et, si leur cloisonnement est plus considérable à la périphérie qu'au centre, on obtiendra des thalles étalés. Si, au contraire, la multiplication se fait également 0u même plus rapidement dans la partie moyenne, il y aura produc- tion des vésicules bien connues pour cette Algue. J'ai pu observer un trés grand nombre de ces jeunes états et j'ai pu me convaincre que les vésicules ne naissent pas nécessairement de zygotes sphe- riques qui se cloisonneraient en boule creuse (v. 1. c., fig. 7 et 8, CHODAT. — LE MONOSTROMA BULLOSUM THURET. CXXXVII Reinke), mais peuvent se former aux dépens d'un filament, issu lui-même d'une zoospore (ou zygote). Ce premier état filamenteux différe donc essentiellement de ce qui était connu d'aprés la descrip- tion de Reinke. En faut-il conclure que la description donnée par ce dernier auteur est fautive? En aucune maniére ; les deux développements peuvent parfaite- ment coexister, sans que l'une des observations soit nécessaire- ment fausse. Je le répéte, on ne saurait trop se garder de généra- liser quand on parle des Algues inférieures. Des conditions souvent trés peu différentes, quelquefois méme actuellement inappré- ciables, peuvent donner au développement telle ou telle impulsion. Nous sommes encore trop novices dans la biologie des Algues inférieures pour pouvoir attribuer avec certitude un développe- ment donné à une cause déterminée. Néanmoins, pour plusieurs phénoménes, nous avons actuellement des données certaines, l'influence de la lumiére sur le développement des organes sexués el des zoospores (1), sur la transformation des zoospores en spores par l'augmentation de concentration des liquides nutritifs. Notre Algue a été récoltée le 3 avril et immédiatement mise en culture (Liq. I° Nägeli 0,8 pour 1000, II° 4 pour 1000, III* 3 pour 1000, IV* 4 pour 1000 et l'eau de Vichy, V° 4 pour 1000). Elle a donné des zoospores le lendemain et les jours suivants dans les trois premiéres solutions, tandis qu'elle n'en a pas formé dans les deux dernières. Les deux premières en ont donné abon- damment. Dans la derniére solution qui contenait 10 pour 1000 de nitrate de potasse et quelque peu de solution nutritive, 0,3 pour 1000, l'Algue n'a pas tardé à périr. Dans les autres flacons elle s’est parfaitement conservée aprés plus de trois mois de culture. La subdivision des cellules dans l'Algue primitive a présenté une particularité intéressante qui semble avoir échappé à M. Reinke. Avant de se subdiviser, chaque cellule s'allonge, divise son pyré- noide et se cloisonne. La membrane moyenne se gélifiant, les deux cellules sont séparées; l'inférieure, qui déjà un peu avant la division était plus renflée, s'allonge perpendiculairement à la direction de l'autre. Ce mode va se répétant à chaque nouvelle y, (1) Klebs, Zur Physiologie der Fortpflanzung von Vaucheria sessilis, in erhandl. Natforsch. Gesellschfft. zu Basel, Band X, Heft. 1 (Id.); Ueber den iib di Lichtes auf die Fortpflanzung, in Biolog. Centralblatt, Band CXXXVIII SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. division. Il est à remarquer que toute cellule du thalle est capable de subdivision. Il en résulte une disposition des cellules en T. Dans nos cultures, le Monostroma s'est progressivement modifié et a produit finalement deux états différents, mais coexistant par- fois, un état durable (hypnocyste et hypnothalle) et un état pas- sager, subordonné, Schizochlamys. J'ai pu suivre pas à pas cette transformation et je dois ajouter que les cultures ont été d'une pureté parfaite. Ce sont les thalles primitifs qui, aprés avoir donné naissance pendant quelque temps à des zoospores, ont accru fortement les cellules qui n'avaient pas pris part à cette production (fig. 13). Le diamétre de ces cellules renflées atteint jusqu'à quatre fois celui des cellules normales. En méme temps, la gelée qui sépare déjà primitivement les cellules normales augmente encore et les thalles perdent leur aspect étalé et deviennent nostocoides. Le 28 mai, on remarque que les thalles cultivés dans les flacons n* I et II sont en voie de transformation. La membrane de chaque cellule est inéga- lement épaissie; il est facile de voir déjà où se feront les ruptures (fig. 13-16). L'accroissement du thalle se fait maintenant dans plusieurs directions. La gelée ne se colore pas par le zn CI*4-J, mais la membrane propre de chaque cellule et tout particulière- ment l'utricule spécial. Le pyrénoide est encore visible. Il n'y à pas d'huile accumulée et les hypnocystes font défaut. On peut, en cherchant avec soin, trouver quelques états fran- chement Schizochlamys. Dans les autres cultures, cette formation n'est encore qu'im- diquée par le grossissement des cellules, par leur division en tétrade ou en croix. Dans le flacon n° HI, il y a beaucoup d'hyp- nocystes, c'est-à-dire des cellules encore plus grosses, à membrane uniformément épaisse (fig. 18-17), et à contenu fortement el grossiérement granuleux. Ces grosses cellules se détachent du thalle et peuvent dans un trés grand nombre de cas se subdiviser préalablement d'une manière extrêmement irrégulière, pour con- stituer des thalles, tantôt subfilamenteux chroolepoides, tantôt irréguliérement massifs ou étalés (fig. 47). Je leur donnera! le nom d'hypnothalles. Leur paroi externe ne se colore pas Par le chloroiodure de zinc, mais l'utricule spécial adhérant au proto- plasma prend une teinte bleu violacée. Les grains d'amidon nombreux sont groupés vers le centre - CHODAT. — LE MONOSTROMA BULLOSUM THURET. CXXXIX tout autour est localisée l'huile en gouttelettes. Aprés traitement à l'eau iodée, le pourtour du protoplasma devient homogène à cause dela diffluence des gouttes huileuses. Ces hypnocystes ou hypnothalles résistent à la dessiccation, c'est-à-dire à l'évaporation lente; il s'en forme principalement sur les bords du liquide. L'état Schizochlamys s'est particulièrement bien développé dans le flacon n° V, contenant l'eau de Vichy. Les thalles ont pris une apparence cérébroide, vert pâle; la gelée y a pris un grand développement. Le contenu cellulaire se subdivise en deux, puis en quatre. La membrane est cependant rompue méme avant la subdivision du contenu (fig. 14). Ces cellules contiennent d'ordinaire des grains d'amidon et de l'huile. Les images sont en tous points celles qu'on obtient avec le Schizochlamys gelatinosa ; les thalles sont sem- blables, la grandeur des cellules est voisine, la couleur est la méme, la forme des cellules varie de sphérique à ellipsoide comme dans le type. Il se pourrait donc que cet état du Monos- troma fut identique avec certain Schizochlamys gelatinosa A. Br., décrit par les systématiciens. Il n'y a cependant pas que Monos- troma qui possède cette particularité de passer par un état sem- blable. Richter (1), dans un travail que je considére comme peu convaincant pour la plupart des assertions qui y sont avancées, dit qu'il a observé la transformation d'un Hormospora transversalis en Schizochlamys. Jai eu l'occasion de constater la méme chose pour Hormospora Brebissonii et d'autres Ulothrix indéterminés. Je ne puis donc que confirmer ses opinions sur ce point spécial. Reinke (2) a vu aussi le Chlorotylium cataractarum passer à un état Glæocystis dont les membranes extérieures se déchirent comme chez Schizochlamys. Pour le moment, aucune des formes de Schizochlamys ne peut prétendre à une dignité générique en tant que type autonome. Il est au contraire plus que probable que ce genre n'est qu'une phase d'autres Algues comparable à la phase Pleurococcus ou Pal- mella de plusieurs Chlorophycées. Pour compléter l'histoire de cette Algue, il fallait encore pour- (1) Richter, Zur Frage ueber die möglichen genetischen Verwandtchafts verháltnisse einiger einzelligen Phycochromaceæ (Hedwigia, 1889). (2) Reinke, Zwei parasitische Algen (Bot. Zeit., 1879, 473 in nota). CXL SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. suivre le développement des hypnothalles ou des hypnocystes et des états Schizochlamys. | Pour déterminer si réellement les états à parois épaissies avalent la valeur de « spores durables », je les ai soumis à l'éva- poration lente et spontanée dans un des flacons à culture. Com- plétement desséchés, je les ai laissés pendant quelques jours, puis j'ai ajouté de l'eau de fontaine. Au bout de trois jours, les hypno- cystes et les hypnothalles qui avaient persisté ont modifié leur apparence; leur membrane qui était primitivement double s'est déchirée dans sa partie externe, puis cette déchirure s'est mani- festée sur la paroi interne. Ceci s'est produit par l’accroissement du contenu. La membrane s'est ainsi décomposée comme dans l'état Schizochlamys (fig. 21-22). En méme temps, l'amidon et l'huile accumulés dans les hyp- nocystes ont été digérés, partantle contenu est devenu plus uni- forme et le pyrénoide plus distinet. Ce dernier se divise bientôt, et à sa suite le protoplasma; on obtient successivement quatre masses, puis huit ou un plus grand nombre, ordinairement huit (fig. 18-23). Enfin les membranes étant complètement rejetées, les portions de protoplasma se développent en zoospores (gamétes) qui vont errer au loin (fig. 24, 25). Ces gamétes de forme ordinairement ovoide, avec un point rougeet une vésicule contractile, ont deux cils. Ils sont proportion- nellement plus courts que ceux figurés par Reinke; ils se fusion- nent trés rapidement et selon le mode décrit par cet auteur. Il en résulte un double gaméte auquel j'ai quelque peine d'attribuer le nom de zygote, vu qu'un mélange intime n'a ordinairement pas lieu. Ces zygotes, se disposant cóte à cóte, forment un thalle dont les éléments deviennent polyédriques par compression (4); on remarque encore pendant quelque temps les deux points rouges puis finalement ils disparaissent. Peu aprés, chaque protoplaste s'entoure d'une membrane et chacun se subdivise comme il a été indiqué au commencement. Le méme développement se fait aux dépens de l'état Schizochlamys; ce dernier peut cependant donner naissance directement, à partir des anciens thalles, à des états tétrasporoides (fig. 15). (1) Il ne faudrait pas confondre ces pseudothalles avec les états de germi- nation cités plus haut, et qui procédent tous d'un filament à quatre cellules. CHODAT. — LE MONOSTROMA BULLOSUM THURET. CXLI Si l'on compare le développement que je donne des hypnospores avec ce que Reinke dit de ses zygotes, on sera frappé de la simi- litude des deux phénoménes. D'autre part, les premiers dévelop- pements des zygotes donnés par lui concordent parfaitement avec ce que j'ai observé. Ne se pourrait-il pas que l'auteur ait fait erreur et qu'il ait pris pour des zygotes ce qui n'était que des hypnocystes? Pendant le premier développement des hypnocystes, il n'est pas facile de reconnaitre les gamétes; il se pourrait que, pour cette raison et à cause de la subdivision régulière de ces hypnocystes, il ait cru à une division végétative. En examinant ses figures, je ne puis m'empécher d'avoir cette impression. Des observations ultérieures démontreront si réellement les thalles peuvent naitre de la maniére indiquée par l'auteur allemand. Quoi qu'il en soit, il n'en est pas moins hors de doute que, dans mes cultures, les premiers états sont filamenteux et que le développe- ment et la constitution des hypnospores cadre avec celle des soi- disant zygotes de Reinke. Ces études sur le Monostroma m'ont amené à comparer cette espéce avec d'autres Algues d'eau douce. Les dessins donnés par Mobius pour Chætopeltis minor (1) et pour le premier dévelop- pement cadrent si bien avec ce que j'ai observé dans mon Algue, que je ne puis m'empécher de penser à une affinité étroite. L'ori- gine et le nombre des gamétes 4-8, leur mode d'union, le contenu cellulaire, tout est semblable. J. Huber (2) appuie l'opinion de Berthold (3), qui fait de Che- tropellis une Chétophoracée. Il trouve une grande ressemblance dans la formation des zoospores avec le genre Herposteiron (Apha- nochæte), mais cette ressemblance est plus grande encore avec Monostroma; les premiers développements du thalle sont si mani- festement semblables qu'il y a lieu, selon moi, de ramener Chæto- peltis, malgré ses soies muqueuses, vers les Ulvacées. Néanmoins dans leurs formes subordonnées les Chétophoracées rappellent beaucoup les Ulvacées inférieures (états palmelloides de Stigeo- (1) Mobius, Beitrag zur Kenntniss der Algen gattung Chatopeltis Berthold (Ber. d. d. bot. Gesellsch., 1888, p. 242, Taf. XII). s (2) J. Huber, Chétophoracées épiphytes et endophyles (Ann. sc. natur. l° sér., t. 16, pp. 300-302). (3) Berthold, Untersuchungen ueber di? Verzweigung einiger Süsswasser Algen (Nov. Acta Ac. Leop.-Caro!. Band 40, 1878, p. 215). CXLII SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. clonium), ce qui peut indiquer une communauté d'origine. Quant à l'affinité plus étroite de Chætopeltis avec Herposteiron (Apha- nocheæte), elle doit, d’après les nouvelles recherches de M. Huber, être définitivement rejetée (voyez, dans cette méme publication, son Mémoire sur l’Aphanocheæte). Le développement du Monostroma Wittrocki Bornet et Thuret (Notes algologiques, II, p. 177) diffère essentiellement de celui que nous connaissons pour M. bullosum. Mais les indications sont trop fragmentaires pour pouvoir-en tirer une conclusion. Quant à celui des Ulves, les auteurs sont loin d'étre d'accord. Borzi conteste les opinions de Thuret au sujet des premiers stades (Noti algologici) et trouve un état correspondant un peu avec ce qu'a décrit M. Reinke. SUR LE DÉVELOPPEMENT DE L'HARIOTINA Dangeard; par MM. R. CHODAT et J. HUBER. M. Dangeard a décrit, dans le quatrième fascicule de sa Revue (1), une Algue singuliére qu'il considére comme une Pleurococcacée voisine des Volvocinées. Il lui a donné le nom de Hariotina avec la diagnose suivante : Hariotina nov. gen. : colonies vertes, sphériques, de 4, 8-16 cel- lules, réunies dans une membrane continue; cette membrane présente à sa surface des épaississements localisés en réseau. Chaque cellule donne par bipartition successive une colonie fille; ces derniéres restent unies entre elles par des sortes de laniéres s’entre-croisant et formant un réseau à larges mailles ; ces laniéres proviennent des épaississements de la membrane de la cellule- mére; enkystement fréquent. Nous avons retrouvé cette Algue en grande abondance dans le petit étang de l'École de Médecine à Genève. Elle était mélangée au Pediastrum Boryanum, mais nous avons pu l'obtenir par divers procédés de lévigation dans un état de pureté assez grande pour pouvoir étudier son développement avec facilité. Quoique les conclusions auxquelles cette étude nous a amenes soient en tous points différentes de celles formulées par M. Dan- geard, nous n'hésitons pas à identifier ces plantes. (1) Dangeard, Le Botaniste, fasc. I V, p. 162. CHODAT ET HUBER. — DÉVELOPPEMENT DE L'HARIOTINA. CXLIII En effet, cet auteur dit que sa plante « se présentait sous une forme qui rappelait beaucoup celle d'une Pandorina, dont toutes les cellules ont donné naissance à une nouvelle colonie (il renvoie à sa figure 15); il y avait en effet un certain nombre de ces sphères vertes comprenant quatre, huit ou seize cellules. Ces sphéres étaient réunies par des filaments irréguliers en réseau ». Dans tout son exposé, ce paragraphe, qui exprime l'apparence de la plante, est le seul qui soit exact. Tout le reste y compris la dia- gnose est erroné; mais, avant de discuter les opinions émises par l'éminent botaniste, il nous faut établir notre point de vue. Intrie gués par cette disposition singuliére de colonies réunies par un réseau, nous avons procédé du simple au compliqué et nous avons étudié tout d'abord l’une des colonies les plus simples (fig. 1). Elle est formée de quatre cellules disposées en tétraédre. En sec- lion optique on en voit trois qui réunies au centre vont s'arron- dissant vers la périphérie. Leur membrane assez épaisse posséde des prolongements dont on ne voit que deux sur la section op- tique. Ces prolongements sont réunis deux par deux, ce qui fait que toute la colonie en section optique semble circonscrite par une membrane continue; on trouve au milieu de chaque cellule un gros pyrénoide que M. Dangeard a pris pour le noyau. En fai- sant varier l'insertion, on remarque que chaque cellule possède Plusieurs prolongements disposés régulièrement autour de son pôle externe, et que chacun de ces prolongements vient aboutir à celui d'une cellule voisine. Vue de face, c'est-à-dire par son póle externe, chaque cellule paraît rayonnée. Or, comme chaque cel- lule est réunie par ces derniers à ses voisines, il en résulte que la colonie parait présenter des sculptures en réseau. Au-dessous de chaque arc formé par la jonction de deux prolongements sc trouve un méat qui résulte de la forme arrondie des éléments. Ce que CXLIV SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. nous décrivons pour des colonies à quatre cellules se trouve vé- rifié par l'examen de colonies à individus plus considérables (huit ou seize cellules) (voy. fig. 2 et 3). A l’intérieur de chacune des cellules constituantes se forme, par bipartition successive, une nouvelle colonie qui sort tout armée (fig. 4, 5) et en tous points semblable à la colonie mére, par rupture de la membrane dans la région externe. Les membranes des cellules de la colonie mére restent unies et le plus souvent les colonies filles adhérent encore pendant longtemps à la périphérie de la corbeille formée par la première. M. Dangeard a donc pris pour la sculpture d'une membrane de cellule-mère ce qui est en. réalité le squelette des cellules de la colonie mère, le fameux réseau qui réunit les colonies filles (fig. 6). Chacune des nouvelles cellules possède un pyrénoide comme les cellules-méres. M. Dangeard place celte Algue prés des Pleurococcacées et vers les Volvocinées. Nous la considérons comme une Pédiastrée. En effet, ce groupe, carac- térisé dans le genre Pediastrum par la production de zoospores biciliées, qui sont expulsées en nombre déterminé dans une vé- sicule gélosique, peut, dans le genre Coelastrum, donner direc- Bull. Soc. bot. de France T XLI Session extraurd PL VI. Lith L. Combes , Montpellier « dphanochate POpen) . M. Braun.. Session extraord. PI VIL Pull Soc. bot. do France. 7: XLI. RRI 9:90 ©: Lith. L Combes, Montpellier R Chodat del. / hun. bu M los (470 .onoroma Bull. Soc. bot. deFrance. T. XLI. PLIX. 1? LAC DE CHAILLEXON 5 LAC DES TALLIERES. Chai]. . Chaillexon Echelie de Lo ooo? Bull. Soc. bot. de France. © LAC BRENFET. Echelle de 1/25000 Nord a, Bon Port .- b. Les Charbonnières — 4t? LAC TER. | Echelle 1/ 565€ TALI, PLEX 2? LAC DE JOUX. T | : ; LÀ ix Echelle Fi | | “| | fi de 1f; ooo jl / P / Grève 107be Greve et Marais TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE NUMÉRO. Gillot. ........ -.. Influence de la composition minéralogique des roches sur la . végétation; colonies végétales hétérotopiques. ....... - Observation de M. Christ...... "TERT POT RP ATE t H. Jaccard....... Sur une nouvelle variété d'Echium (E. vulgare var. valesia- ' cum), longtemps confondue avec l'E. italicum. (rot Bourquelot....... . Sur la présence de l'éther méthylsalicylique dans quelques ` | plantes indigènes... ...... III "T sisese > Observation de M. Chodat........ ebrei es és stores L. Mangin. ..... + Sur un essai de classification des mucilages............ e£ Hu... Observations sur le genre Palisota à propos de trois espèces nouvelles du Congo............... T" SESSION EXTRAORDINAIRE TENUE EN SUISSE, AOUT 1894. Listes des personnes qui ont assisté à la session....,...... RÉUNION PRÉPARATOIRE DU 5 AOUT. Allocution de M. Chodat.....,.....,........ ARPER esee Discours prononcé par M. Dunant.......... cote cerro Allocution de M. Léon Guignard.......................... Discours de M. Christ.......................,.......... el Constitution du Bureau spécial de la session............... Programme de la session............... nos prsnnree SÉANCE DU 5 AOÛT. SÉANCE DU 6 AOUT. Ch. Flahault...... Projet de carte botanique, forestière et agricole de la France. Vœu émis par l'assemblée, sur la proposition de M. Guignard, - à propos de la communication précédente....... ane ee Huber... -Sür l'Aphanochete repens A. Br. ct sa reproduction sexuée (Planche VII)........... sonore secs toose seen sivet Buignard......... Sur l'existence et la localisation de l'émulsine dans les plantes du genre Manihot.................................... Présentation du Battarea phalloides par M. Ernest Olivier... M. de Wildeman signale le découverte du Vaucheria De Ba- ryana aux environs de Nancy........ àeescecocorsoccoró Ant. Mágnin...., Contributions à la connaissance de la flore des lacs du Jura N^ Rodrigue . Chodat suisse (Planche IX et X). .......... Dee ertt -.. Contribution à l'étude des mouvements spontanés et pro- voqués des feuilles des Légumineuses et des Oxalidées.. TM Remarques sur le Monostroma bulbosum Thuret (Planche VI). E TR RM eene ee €t Huber. Sur le développement de l'Hariotina Dang............-.... H-IH XH | XIII-XV XVI > XXXVI ti XXXVI XXXVII LX LX Ll xeni .XCIV ! CHI CVII cvi cvin CXXVIII CXXXIV CXLII : SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE 2 Les séances se tiennent à Paris, rue de Grenelle, 84, à huit heures du soir, habituellementles deuxième etquatrième vendredisde chaque mois. JOURS DES SÉANCES ORDINAIRES PENDANT L'ANNÉE 1895 11 et 25 janvier. 26 avril. 12 et 26 juillet. 8 et 22 février. 10 et 24 mai. 8 et 22 novembre. 8 et 22 mars. 14 et 28 juin. 13 et 27 décembre. La Société publie un Bulletin de ses travaux, qui parait par livraisons mensuelles. Ce Bulletin est délivré gratuitement à chaque membre et se vend aux persounes étrangéres à la Société au prix de 30 fr. par volume annuel terminé (sauf les exceptions spécifiées ci-aprés), 32 fr. par abonne- ment. — Il peut être échangé contre des publications scientifiques et pério- diques. Les 25 premiers volumes du Bulletin, à l'exception des t. IV (1857) et XV (1868), sont cédés au prix de 10 fr. chacun, et les suivants (2e sér.) au prix de 15 fr. chacun (à l'exception du tome XXXVI), à MM. les nouveaux membres qui les font retirer à Paris, aprés avoir acquitté leur cotisation de l'année courante. N. D. — Les tomes IV et XV, étant presque épuisés, ne sont plus vendus séparément. Le tome XXXVI (1889) renferme les Actes du Congrès de bolanique tenu à Paris en août 1889; le prix de ce volume est de 40 fr. pour les personnes étran- gères à la Société et de 20 fr. pour les membres de la Société. . Les frais d'envoi de volumes ou numéros anciens du Bulletin, ainsi que des numé- ros déjà parus lorsqu'un abonnement est pris au milieu de l'année, sont à la charge de l'acquéreur ou de l’abonné. AVIS Les notes ou communications manuscriles adressées au Secrétariatpar les membres de la Société, pourvu qu'elles aient trait à la botanique ou aux sciences qui S y rat- tachent, sontlues en séance et publiées, en entier ou par extrait, dans le Bulletin. Tous les ouvrages ou mémoires imprimés adressés au Secrétariat de la Société botanique de France, rue de Grenelle, 84, prennent place dans la bibliothèque de la Société. Ceux qui seront envoyés dans l'année méme de leur publication pourront être analysés dans la Revue bibliographique, à moins que leur sujet ne soit absolu- ment étranger à la botanique ou aux sciences qui s'y rattachent. MM. les membres de la Société qui changeraient de domicile sont instamment priés d'en informer le Secrétariat le plus tôt possible. Les numéros du Bulletin qu! se perdraient par suite du retard que mettraient MM, les membres à faire connaitre leur nouvelle adresse ne pourraient pas étre remplacés. N. B. — D'après une décision du Conseil, il n'est donné suite, dans aucun CAS aux demandes de numéros dépareillés, lorsque le volume auquel ils appartiennent est terminé depuis plus de deux ans, Il en résulte que, pour se procurer une partie queleonque du tome XXXIX (1892) ou d'une année antérieure, on doit faire l'aequisitior du volume entier. — Aucune réclamation n'est admise, de la part des abonnés, pour les numéros publiés depuis plus de trois mois. , Adresser les lettres, communications, demandes de renseignements, réclama- tions, etc., à M. le Secrélaire général de la Société, rue de Grenelle, 84, à Paris. eo 19124, — Lib.-Imp. réunies, rue Mignon, 2, Paris. — {May et MoTTEROZ, direct.) BULLETIN DE LA SOCIETE BOTANIQUE DE FRANCE FONDÉE LE 23 AVRIL 1854 ET RECONNUE COMME ÉTABLISSEMENT D'UTILITÉ PUBLIQUE PAR DÉCRET DU 17 AOUT 1875 TOME QUARANTE ET UNIÈME (Troisième Série. — TOME I) 1894 SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. (DEUXIÈME ET DERNIÈRE PARTIE). PARIS AU SIEGE DE LA SOCIETE RUE DE GRENELLE, 84 Novembre et décembre 1895. BUREAU ET CONSEIL D'ADMINISTRATION DE LA SOCIÉTÉ POUR 1895. Président : M. VAN TIEGHEM. Vice-présidents : MM. A. Chatin, 6G. Camus, Fliche, Gomont. Secrétaire général : M. E. Malinvaud. Secrétaires : Vice-secrétaires : MM. Danguy, Jeanpert. | MM. Guérin, Hua. Trésorier : Archiviste : M. Delacour. M. Éd. Bornet. Membres du Conseil : MM. Ed. Bonnet, MM. Daguillon, MM. Maugeret, Bureau, Drake del Castillo, Prillieux, Camus (F.), Guignard, Russell, ' Chevallier (abbé), Matruchot, Zeiller. Tarif des tirages à part. 200 500 NOMBRE DE FEUILLES. iae | onn. our. | ex. | sx. RENE PR Une feuille (46 pages), réimposition, papier, tirage, fr. c. fr. c. fr. c. fr, c. fr. e. plinre, piqûre et enveloppe de couleur. . . .. | 8 50 950 | 45 | 15 » | 8? Trois quarts de feuille (49 pages). . .. .. ... 8 » 9 » 40 50 14 >» 22 >» Demi-feuille (8 pages). .,.,.,.,........ 5 » 6 » 8 » 42 » | 18 * Quart de feuille ($ pages . ............ 4 » 5 » 7» 9 » odi: 2* feuille en sus de la première. . ,...,... 7 50 8 50 9 50 12 » 18 ? Trois quarts de feuille en sus d'une feuille. , ,.. o» 8 » 9 » 11 50 s Demi-feuille en sus d'une feuille, . .., ,.,. 4» 5» 6 50 8 50 14 í Quart de feuille -— e» vs vei. s 3 » b» 6 » 8 » 13 La composition d'un titre d'entrée spéciald'une demi-page est de 1 franc. e La composition d'un grand titre d'une page est de 3 francs. En plus les frais de tirage et de papier: La composition d'un faux-titre est de 2 francs. En plus les frais de tirage et de papier. La composition d'une couverture imprimée, avee encadrements et sans page d'annonces, titre est la répétition de celui de la brochure, et de 4 franes si le titre est fait seulement ture. En plus les frais de tirage et de papier. S'il y a des corrections, elles sont comptées en sus 90 c. l'heure. Une gravure d'une page, interealée dans le texte, entraine un supplément de tirage de 2 francs. Une gravure d'une demi-page, 1 fr. 50, de Tout travail de remise en pages, c'est-à-dire entrainant une modification dans la disposition des "e Bulletin, sera fait en dehors du Tarif ci-dessus et à des prix qu'il est impossible de fixer. est de 2 franes sile pour la couver- —t CHODAT ET HUBER. — DÉVELOPPEMENT DE L'HARIOTINA. CXLV tement naissance à la nouvelle colonie sans passer par l'état zoosporé. Nous avons pu suivre chez les Pediastrum toute la transformation du stade à zoospores en celui à autospores. Les colonies nouvelles se forment déjà dans la cellule-mére. Il est à remarquer que de bonne heure le noyau qui est plus petit que le pyrénoide se divise en deux, qui vont se placer des deux cótés du pyrénoide, puis, chacun d'eux se subdivisant, il y a finale- ment formation de 16-32 ou un plus grand nonibre de noyaux avant qu'aucune indication de division du protoplasma ou du pyrénoide soit visible. Lorsque, dans les Pediastrum, il y a pro- duction d'une vésicule, cette derniére est formée aux dépens du revêtement interne cellulosique de chaque cellule. Ce revète- ment existe aussi chez l'Hariolina. Si on cultive les. Pediastrum dans des solutions nutritives de plus en plusconcentrées (1-5 pour 1000), non seulement on retarde l'émission des vésicules, mais on modifie trés profondément la constitution de la jeune colonie. La vésicule devient moins considérable, le mouvement des zoospores diminue et finit par étre complétement supprimé. A des concen- trations faibles encore, la nouvelle colonie ne s'étale plus, les individus se groupent en boule et sont alors munis d'un seul pro- longement. Plus tard, il s'en forme un second ou bien il demeure rudimentaire. Si la solution est plus concentrée, la vésieule dis- parait ou n'existe plus que comme une fine membrane autour des boules qui ressemblent alors à de jeunes Cœlastrum. Plus con- centrée encore, la solution produit l'apparition de colonies déjà revétues de leurs membranes et de leurs prolongements dans la cellule-mére; ce sont en général des colonies cœlastroïdes. Elles sont finalement expulsées par leur accroissement. Enfin, il peut se produire, à l'intérieur de la cellule-mére, des colonies nouvelles sans que les éléments s'arrondissent préalablement. Il y a, pour ainsi dire, un véritable cloisonnement et les cellules-mères paraissent comme divisées en cellules nombreuses. Les nouvelles parois ne S'allachent d'ailleurs pas à la membrane externe de la cellule- mère, puisque finalement ces colonies, à éléments irrégulièrement polyédriques par pression réciproque, finissent à cause de leur accroissement par sortir des cellules-méres. Ces nouvelles colonies Correspondent donc aux jeunes colonies normales de l Hariotina où des Colastrum, et il est permis de supposer que ces deux genres ont perdu la faculté de produire des éléments mobiles Si T. XLI. CXLVI - SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. nous pouvons ainsi suivre pas à pas chez les Pediastrum un état semi-volvocinée devenant typiquement immobile dans les genres terminus, il n'est pas déraisonnable de supposer une motilité plus grande à la base du groupe. C'est ainsi qu'on se trouve ramené vers les Volvocinées vraies et tout particuliérement vers le Pan- dorina. La ressemblance de l'Hariotina avec le Pandorina ne serait donc pas fortuite, mais résulterait des affinités que nous venons d'esquisser. | Malheureusement on connait fort peu de chose quant au déve- loppement des Coelastrum. Les indications de Pringsheim se rapportent selon nous certainement à une forme de Pediastrum, car les variétés et les modifications qu'on peut produire artifi- ciellement se retrouvent fréquemment dans la nature et nous avons constaté trés certainement que des Pediastrum vrais se compor- tent comme Pringsheim l'a indiqué pour les Cœlastrum. Les cultures que nous avons poursuivies pendant plus d'un an étaient d'une pureté remarquable et aucune confusion d'espéce n'était possible. On a cité le genre Sorastrum comme rentrant dans cette série des Pédiastrées. Néanmoins, ce qu'on en sait d'aprés le travail de E. de la Rue (1) ne confirme pas cette maniére de voir. Cette Algue appartient peut-être à une série parallèle. En résumé, nous pouvons dès maintenant affirmer que l Hario- tina est un terme parallèle aux Cœlastrum dans la série des Pé- diastrées. C'est ce qu'il importait d'élucider (2). M. Bonnet fait la communication suivante : (1) Ann. sc. nat. 6* série, Bor., t. XVII, pl: 17. ; (2) Note ajoutée pendant l'impression. — M. Borzi (Noterelle ficologiche, (La Nuova Notarisia, 1890, p. 383), identifie l'Hariotina reticulata Dang. avec le Celastrum verrucosum de Toni; il a en outre reconnu des pyrénoides. Il ne ressort pas cependant de ses observations qu'il n'admette pas la struc- ture aítribuée à cette Algue par M. Dangeard. Nos observations ont donc néanmoins toute leur valeur. BONNET. — NOTE SUR L'HISTORIA STIRPIUM HELVETIÆ. CXLVIT NOTE SUR UN EXEMPLAIRE DE L'HISTORIA STIRPIUM HELVETIÆ, annoté par Haller; par M. Ed. BONNET. Il y a quelques années, j'ai essayé de reconstituer (Journ. de bot. TIT, 354) l'histoire de l'herbier et des manuscrits d'Albert de Haller ; sans entrer alors dans les détails particuliers, je m'étais principalement attaché à retracer, au moyen des documents de l'époque : biographies, Journal officiel de la République francaise, bulletins et correspondances de l'armée d'Italie, etc., les vicissi- tudes subies par les collections du grand botaniste bernois; la réunion à laquelle nous ont si cordialement conviés les Sociétés botaniques suisses me fournit aujourd'hui une occasion toute naturelle de revenir sur ce sujet et 'd'ajouter quelques nouveaux détails à ma premiére Notice. Dans le travail précité, j'avais reproduit, plutót pour la réfuter que pour l'adopter, l'indication de Laségue (Mus. Delessert, 342) mentionnant l'existence d'un herbier de Haller à Milan; mais je n'avais pu fournir contre elle aucune preuve absolument décisive. Depuis lors, j'ai profité d'un voyage à Milan pour élucider défini- tivement cette question controversée, et je me suis assuré qu'il n'existait, dans les collections de cette ville, aucun herbier de Haller; en méme temps, je constatais à la Brera la présence d'un certain nombre de volumes imprimés provenant de la bibliothéque de Haller, ce qui confirme les renseignements donnés par de Mürr (Adnot. ad Bibl. Hallerianas, 62) sur la destinée de cette biblio- théque. Jai pensé que la partie la plus intéressante des collections Hallériennes conservées à Paris devait étre un exemplaire de I Historia stirpium. Helvetiæ interfolié et annoté par Haller lui- méme; mais, lorsqu'on compulse ces quatre gros volumes dont certaines pages sont presque entiérement couvertes d'une écriture fine et serrée, il est impossible de se faire, à première vue, une idée exacte de la valeur scientifique de ces annotations. En effet, parmi les botanistes du dix-huitiéme siécle, j'en connais peu dont l'écriture soit aussi mauvaise que la cursive adoptée par Haller à l'époque de sa vieillesse; chaque page, chaque ligne exige une étude minutieuse et souvent l'emploi de la loupe. On remarque CXLVIII SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. en outre, disséminés au milieu des notes autographes de Haller et sur plusieurs planches de l'ouvrage, un certain nombre de syno- nymes empruntés au Species de Linné; ces noms, d'une grosse écriture d'aspect germanique, ont été trés probablement ajoutés par Seopoli lorsque les collections de Haller furent données par l'empereur Joseph II à l'Université de Pavie. Quant aux annotations de Haller, il faut bien avouer qu'elles n'offrent plus aujourd'hui qu'un intérét de pure curiosité; car elles se composent presque uniquement d'indications bibliographiques, de résumés et d'extraits puisés dans les principales Flores parues soit postérieurement, soit à la méme époque que l' Historia stir- pium Helvetiæ (1768). Les auteurs les plus fréquemment cités sont, par ordre alphabétique, Allioni, Blacwell, Crantz, Gmelin, Gouan, Hill, Jacquin, Leers, Linné, Necker, (Eder, Pollich, Reichard, Sco- poli; il faut encore y ajouter la nouvelle édition de l'Agrostogra- phie de Scheuchzer publiée par Haller en 1775. L'action physiolo- gique de certains végétaux, leur application à la thérapeutique médicale ou vétérinaire, bien que déjà trés largement traitée dans V Historia stirpium, occupe encore une place notable dans les ad- ditions manuscrites; je citerai notamment, comme exemples, les articles consacrés à la Belladone, à la Jusquiame, à la Cigué, au Pavot à opium, dont l'étendue a presque doublé. Ce sont les indica- tions d'espéces et de localités nouvelles pour la flore helvétique qui tiennent le moins de place dans le manuscrit, et il semble qu'aprés la publication de l' Historia stirpium et du Nomenclator, Haller, affaibli parla maladie, fatigué par l'àge et immobilisé par ses fonc- tions administratives, n'a plus guère herborisé. J'ai réuni, dans la liste suivante, les principales indications d'espéces et de localités nouvelles disséminées dans les quatre vo- lumes interfoliés de YI Historia stirpium ; à la suite de l'Actea spicata et du Tozzia alpina, on voit figurer le nom d'Abraham Gagnebin, le zélé collaborateur de Haller, l'explorateur infatigable qui consacra plus de cinquante années de sa longue existence à l'étude de la flore et des productions naturelles de la Suisse (1). t (1) Cf. : Abraham Gagnebin de la Ferrière, Fragment pour servir à lhis- toire scientifique du Jura bernois et neuchátelois pendant le siècle dernier; par J. Thurmann ; Porrentruy, 1851, avec portrait et 2 pl. BONNET. — NOTE SUR L'HISTORIA STIRPIUM HELVETLE. CXLIX N" 9 (Tragopogon porrifolius L.) Cité d'Aoste et Courmayeur, non vera civis. 60 (Senecio viscosus L.) aux combes de Valanorm (?), aux charbonnières de la Jussienne, lieu dit le Breuchard. 68 (Cineraria alpina All.) au Biez (col de Bies). 90 (Arnica montana L.) aux Plombières nascitur. 287 (Teucrium Scorodonia L.) à la côte de Noiraigues, à Oroin. Saint- Imier, etc. 289 (Teucrium Botrys L.) prés de Renan, in campis vallis Saint-Imier. 298 (Tozzia alpina L.) Chasseral supra la Glacière (Gagnebin). 322 (Pedicularis rostrata L.) Saint-Imier. 333 (Antirrhinum majus L.) ad muros Schwiz, Lützelau (Gagnebin). 355 Spartium caule decumbente... ete. Hall. (Genista Halleri Reyn.) à la Chaux d'Abele (Cf. Reynier, Hist. phy. et nat. de lu Suisse. I, 211). 655 (Plantago uniflora L.) ad lacum Spiez. 676 (Lonicera nigra L.) infra val de Bérard. 696 (Campanula uniflora Vill.) Valorcine. 801 (Athamanta Libanotis L.) prope lacum les Brenets. 932 (Geranium silvaticum L.) var. y; (cette var. décrite par Haller n'est qu'une forme à fleurs roses). 1039 (Hypericum humifusum L.) Münster. 1076 (Actæa spicata L.) à la Javaye (Gagnebin). 1095 (Mespilus Amelanchier L.) sur le erêt de Fremières, aux rochers de Moron, aux Brenets, sur la roche de Chaye et des Corbeaux. 1113 (Fragaria sterilis L.; Potentilla fragariastrum Ehrh. et peut-être P. mi- crantha? Ram.) Biel. 1684 Chara flexilis L. in lacu Tigurino. 2177 Lycoperdon subterraneum Hall. (L. gulosorum Scop., Tuber brumale Mich.) Senouilly abundé. De méme que la plupart des Flores publiées au siècle dernier, l'Historia stirpium Helvetiæ contient tout à la fois les Phanéro- games et les Cryptogames cellulaires; mais, en raison de la nomen- clature adoptée par l'auteur, il est fort difficile, au moins pour les Champignons, de reconnaitre avec certitude les espéces énumérées dans cet ouvrage. Cependant Scopoli, dans le Flora carniolica édit. 9, et Scheffer, dans ses Icones fungorum, ont donné la syno- nymie de quelques Champignons mentionnés par Haller; le manus- crit qui fait l'objet de la présente Notice permet d'ajouter un certain nombre. de déterminations nouvelles et de modifier quel- ques-unes de celles proposées par Scopoli. Pour une cinquantaine d'espéces en effet, Haller a ajouté le nom et l'indication de la planche des Icones fungorum Bavariæ de Schiffer ; je transcris “après ces indications, espérant qu'elles pourront être de quelque utilité aux mycologues.suisses et, sans essayer une revision crl- -CL . SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. tique, je laisse à Haller la responsabilité des identifications pro- : posées. Afin d'éviter des longueurs inutiles, j'ai, comme précé- demment, cité, pour chaque espéce, le numéro d'ordre seul de l' Historia stirpium, sans reproduire la phrase qui l'accompagne. Ne 2174 Lycoperdon stellatum Scop. 1633, Schæff. tab. 182. 2190 Sphæria fragiformis Scop. 1417, Schæff. tab. 193. ::9192 Lycoperdon maximum Schæff. tab. 191. 2193 Valsa clavata Scop. 1413. 2194 Valsa digitata Scop. 1414. 92201« Clavaria flavescens Schæff. tab. 285. 2202a Clavaria cornuta Schæff, tab. 289. 2204 Clavaria pistillaris Scop. 1622, Schæff. tab. 169. 2206 Clavaria ophioglossoides Schæff. tab. 327. 2219 Helvella pulla Schæff. tab. 158. 2221 Helvella albida Schæff. tab. 151. 2245 Helvella spadicea Schæff. tab. 283. 2246 Helvella nigricans Schæff. tab. 154 (cf. insuper Scop. n° 1607 et Schæffer, texte des planches 159 et 162). 22464 Helvella infula Schæff. tab. 159. 29168 Helvella monacella Schæff. tab. 169 (cf. Scop. 1606 et Scheeff., texte de la pl. 154). 2248 Phallus impudicus Scop., Schæff. tab. 196-198, 2261 Helvella mesenterica Schæff. tab. 168. 2280 Agaricus xerampelinus Schæff. tab. 214. 2282 Boletus versicolor Scop., Schæff. tab. 136. 2283 Boletus annulatus Schæff. tab. 106. 2289 Boletus rugosus Jacq. Fl. austr. tab. 169. 2305 Boletus reticulatus Schaff. tab. 108 et B. cupreus Scheff. tab. 133. 2307 Boletus luridus Schæff. tab. 107. 2319 Hydnum gelatinosum Scop., Schæff. n° 203. 23198 Hydnum imbricatum L., Schæff. tab. 140. 2931 Agaricus hirsutus Schæff. tab. 76. 2333 Ag. alneus Scop. 1580, Schæff. tab. 246. 2337 Ag. mollis Schæff. tab. 213. 2338 Ag. semipetiolatus Schæff. tab. 208 (cf. Scop. n° 1550). 2339 Ag. candidus Schæff. tab. 295. 2344 Ag. albellus Scop. 1462, Schæff. tab. 78. 2345 Ag. plicatus Schæff. tab. 31. 2346 Ag. umbelliferus Scop. n° 1571, Schæff. tab. 309. 2351 Ag. androsaceus Scop. n° 1570, Schæff. tab. 239. 2353 Ag. bulbosus Schæff. tab. 941. 2357 Ag. ovatus Schæff, 7. d 2368 an Ag. flavidus Schæff. tab. 95 (dans le texte de l'Historia stirpium et dans le Nomenclator, Haller avait rapporté ce méme n* table 35 de Scheffer). F.. CAMUS. — NOTE SUR LE CRYPHÆA LAMYANA (MONT.). : CLI 2370 Ag. flavus Schæff, tab. 70. 2373 Ag. olivaceus Schæff. tab. 204. (Précédemment Haller avait rapporté ce méme numéro aux planches 214 et 215 de Scheffer, cf. en outra Scopoli n° 1459). 2374 Ag. roseus Scop. n° 1505, Schæft. 75. 2990 Ag. alliaceus Jacq. Fl. austr. tab. 82. 2393 Ag. galerrculatus Scop., Schæff. tab. 52, 2395 Ag. plumbeus Schæff. tab. 85-86, 2412 Ag. floccosus Schæff. tab. 61. 2421 Ag. psittacinus Schiff. tab. 301 var. yet Ag. coccineus Schoff. tab. 302 var. P, Scop. 1503. 2424 Ag. filamentosus Scop., Schæff. tab. 209. 2425 Ag. fragilis L., Schæff. tab. 230. 2430 Ag. Cæsareus Scop., Schiff. tab. 247. 2435 Ag. lateralis Schiff, tab. 71. 2443 Ag. arvensis Schæff. tab. 310-311 et Ag. campestris Scop. 1478, Schæff. tab. 33. 2450 Ag. spadiceus Schæff. tab. 60. 2452 Ag. leoninus Schæff. tab. 48. 2481 Ag. lateritius Schæff. tab. 49, .M. F. Camus fait la communication suivante : NOTE SUR LE CRYPHÆA LAMYANA (Mont.); par M. Fernand CAMUS. Le Cryphea Lamyana (Mont.) est une Mousse à peine connue des botanistes. Elle n'a encore été rencontrée que dans un trés petit nombre de localités et elle est fort rare dans les herbiers; les bryologues sont loin d’être d'accord sur sa valeur spécifique. Jai eu la bonne fortune de trouver cette plante en abondance dans une série de localités. Plus heureux que mes prédéces- seurs, qui, pour la plupart, n’ont eu à leur disposition que des échantillons d'herbier, j'ai pu observer le Cryphea Lamyana sur place. Mes observations, poursuivies pendant plusieurs années sur des centaines d'échantillons, léveront, je l'espére, tous les doutes Sur les points controversés de l'histoire de cette Mousse. Elle a été découverte en 1836 par Édouard Lamy de la Chapelle aux environs de Limoges, et adressée par lui à Montagne avec la Dole suivante : « J'ai trouvé cette belle Mousse sur des rochers baignés par les eaux de la Vienne à la fin de l'hiver... elle était mélée avec le Grimmia rivularis et le Cinclidotus fontinaloides à Ile prés Limoges. » Il faut croire que Montagne conçut quelques CLII SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. doutes sur la réalité de la station aquatique de cette plante, car Lamy lui récrivit: « Je vous adresse un nouvel échantillon du Dallonia heteromalla afin d'avoir l'occasion de vous assurer que c'est bien sur les rochers qui bordent la Vienne à Ile que j'ai récolté cette Mousse, elle était abondante dans cette localité et mêlée avec le Cinclidotus fontinaloides, le Grimmia rivula- ris, etc... (1). » Montagne, aprés quelques hésitations, reconnut là une espèce nouvelle et la dédia à Lamy sous le nom de Dal- tonia Lamyana. Il en publia la diagnose et la description dans les Annales des sciences naturelles pour 1836 (pp. 327-329) (2) et l'accompagna d'une figure, d'ailleurs fort médiocre (pl. 18, fig. 2). Voici cette diagnose : « Daltonia Lamyana (Montag. in Herb.) : aquatica, caule ra- moso, ramis paucis elongatis fluitantibus inferne denudatis, foliis imbricatis late ovatis concavis subacuminatis obtusiusculis nervo ultramedio, perichætialibus dentatis, thecis urceolatis bifariis perichætio immersis, operculo brevi conico-incurvo. » En méme temps Montagne rectifiait ainsi qu'il suit la diagnose du Daltonia heteromalla H. et T., passé depuis, comme le D. Lamyana, dans le genre Cryphaa, et devenu, de par les lois de la nomenclature botanique, le C. arborea (Huds.) Lindb. « D. heteromalla, arborea, caule decumbente inferne ramoso, foliis subimbricatis ovato-acuminatis concavis acutis carinatis nervo ultramedio, perichetialibus integerrimis, thecis oblongis heteromallis subsessilibus perichætio immersis, operculo conico- acuminalo recto! » Malgré l'omission du caractère important tiré de la coiffe et qui avait échappé à Montagne, ces deux diagnoses, en somme bien faites, pouvaient, complétées par le reste du texte, justifier la séparation spécifique des deux Daltonia. Montagne ajoutait : « Cette Mousse, que j'avais d'abord considérée comme une forme fluviatile du D. heleromalla, m'en parait, aujourd'hui que je l'ai étudiée à fond, essentiellement distincte : 1° par son habitat; 2 par son port remarquable dû en partie à la disposition des capsules et des fleurs femelles non encore développées, sur deux (1) Ces renseignements sont transcrits des notes manuscrites de Lamy de la Chapelle, qui, dans l'herbier Montagne, accompagnent la plante originale. (2) Montagne, Notice sur les Plantes Cryptogames récemment découvertes en France, in Ann. sc. nat., 2° série, t. VI, pp. 321-339, décembre 1837. F. CAMUS. — NOTE SUR LE CRYPHÆA LAMYANA (MONT.). CLHI rangs opposés le long des rameaux principaux et secondaires, en partie à l'allongement que le courant du fleuve où elle vit apporte dans ses tiges et ses rameaux; 3° par ses feuilles péri- chétiales autrement conformées et surtout denticulées; 4° par les aréoles du réseau, qui sont punctiformes et non linéaires ou en losanges; 5° enfin par son opercule brièvement conique et recourbé. » Ces réflexions sont moins heureuses. D'abord la disposition sur deux rangs des capsules, sur laquelle Montagne revient à plusieurs reprises, n'est pas spéciale au C. Lamyana, elle est commune aux deux espéces; puis la phrase sur les diffé- rences du tissu est vague, sinon inexacte; enfin l'habitat et la différence de port qui en résulte ne sont que des caractères de variétés. Restent les différences tirées de l'opercule et celles tirées des feuilles périchétiales sur lesquelles Montagne n'a pas assez insisté. Ainsi réduite, la somme de différences pouvait sembler insuffisante, aux botanistes qui n'avaient pas vu la plante en nature, pour élever au rang d'espéce le C. Lamyana; aussi n'est-il pas étonnant que depuis lors presque tous les botanistes aient subordonné le C. Lamyana au C. arborea à litre de variété. Quelques années plus tard, Lamy de la Chapelle, obligé par la nature de ses occupations de renoncer à la botanique, fit don de toutes ses collections cryptogamiques à Duby, qui pro- mettait une seconde édition du Botanicon gallicum. Quand, au bout de vingt ans, Lamy se remit à chercher des Mousses, le Cryphæa avait disparu. Voici en effet ce qu'il écrit en 1875 (1) : € La variété Lamyana (Dallonia Lamyana Mont.) croissait, il y à plus de trente ans, sur un rocher au milieu dela Vienne au- dessous du moulin de Romanet, prés d'Isle. La construction de la nouvelle route d'Aixe a, sur ce point, rétréci le lit de la rivière ; et cette circonstance, en produisant la submersion complète des rochers, a sans doute fait disparaître celte curieuse forme à tiges Souvent longues et nageantes, puisque, malgré mes recherches, Je n'ai pu réussir à la retrouver. Jadis j'en donnai tous mes exem- plairesà MM. Montagne et Duby; ce dernier a eu récemment l'obli- Seance de m'en rendre deux qui ont pris place dans ma nouvelle (!) Lamy de la Chapelle, Mousses et. Hépatiques de la Haute-Vienne, in Revue bryologique, 1875, p. 60. CLIV SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. collection (1). » Les lignes précédentes expliquent la rareté de la Mousse de Limoges dans les herbiers. Elles montrent aussi qu’en 1875, Lamy, suivant en cela l'opinion générale alors, considérait comme une variété la plante qu'il avait découverte. Pendant les années suivantes, en dehors d'une simple citation de de Notaris dans son Syllabus (1838), il n'est fait aucune mention de la plante de Lamy dans la littérature botanique. En 1844, M. C. Müller, dans un travail sur des Mousses exo- tiques (2), parle du Daltonia Lamyana dont il fait le Cryphæa Lamyana. Il n'en donne pas de description, cite simplement la localité de Limoges et ajoute : « Ex verbis auctoris Cryphæe heteromallæ proxima, mihi incerta. An a Cr. heteromalla diversa? In herbario Hampeano specimen, a cl. prof. de Notaris (ni fallor) missum, semel tantum vidi. » En 1851, le même auteur, dans son Synopsis Muscorum (Il, 168), rattache simplement notre plante au Pilotrichwm hetero- mallum P. B. comme variété &. aquatile. M est bon de rappeler qu'à cette époque le célèbre bryologue de Halle était trés réduc- teur, car il rattache encore à la méme espéce, comme variété y- filiforme, le Cryph. glomerata Sch., dont personne ne conteste aujourd'hui l'autonomie. Les auteurs du Bryologia europea (1850), qui ne semblent pas avoir eu la plante entre les mains, accordent à peine quelques mots au C. Lamyana, dont ils ne font méme pas une variélé. « Le Daltonia Lamyana Mont., disent-ils, ne se distingue du Cryphœa heteromalla ordinaire que par les feuilles un peu plus larges, différence qui peut très bien être expliquée par l'état humide de la plante. » En 1855, dans son Bryologia Britannica (pp. 420-421), Wilson relate la découverte de cette espèce dans deux localités du Devon- shire par les révérends Tozer et C. A. Johns. Il en fait lui aussi une var. aqualilis du C. heteromalla (We are unable to distin- (1) L'herbier de Lamy de la Chapelle est actuellement en la possession de M. Malinvaud, qui l'a mis bienveillamment à ma disposition. Les échantillons dont il est ici question se trouvent dans le deuxième carton supplémentaire» feuillet 29. (2) C. Müller, Beiträge z. einer Flora d. Æquinoctial-Gegenden, in Lin- nea, XVIII (1844), p. 680. Le texte porte incorrectement Lahmiana. F. CAMUS. — NOTE SUR LE CRYPHÆA LAMYANA (MONT.) -CLV guish it as a species from C. heteromalla), et la décrit du reste soigneusement. Dans son Synopsis Muscorum europæorum (1860, p. 463), Schimper l'admet cette fois comme variété 8. aquatilis et la carac- térise trés brièvement. La méme mention est reproduite dans la seconde édition de l'ouvrage (1876, p. 561) et exactement dans les mémes termes. Dans l'intervalle, M. T. Lange avait trouvé le C. Lamyana prés de Pise, sur le tronc d'un Saule croissant sur les bords vaseux de l'Arno. Cette localité nouvelle est annoncée sans descriptiou ni remarques dans un travail publié en 1868 (1). La plante y est nommée Cryphea heteromalla var. aquatilis. Un an aprés (1869), de Notaris (Epilogo d. Briolog. ital. p. 218), en rappelant la découverte de M. T. Lange, emploie l'expression : « Varietas aquatica Cryph. heteromallæ. » En 1872, M. Boulay, dans sa Flore cryptogamique de l'Est (p. 956), citant la plante de Lamy, rectifie le nom qu'elle doit porter en tant que variété : elle devient ainsi le Cr. heteromalla var. Lamyana. | Bref, tous les bryologues, y compris Lamy, étaient d'accord pour ne voir dans le Cryphea Lamyana qu'une variété, lorsque, pendant l'automne de 1880, M. Isaac Newton découvrit une nou- velle localité de cette Mousse prés d'Oporto en Portugal. Lindberg, à qui il en communiqua des échantillons, en prit occasion pour soumettre cette plante etle C. arborea à une analyse rigoureuse et comparative. Il conclut à la différence spécifique des deux espèces, et donna de chacune d'elles une description trés soignée dans un mémoire intitulé : De Cryphæis europæis (2). Lindberg y Passe en revue toutes les parties de l'une et de l'autre plante, il précise les caractères déjà connus, en signale d’autres, et fait res- sortir les dissemblances de la coiffe dans les deux espèces. Parmi tous les caractères énumérés, il en est de valeur trés inégale. Les remarquables qualités d'analyse de Lindberg l'ont entrainé quel- quefois un peu loin, et le temps n'a pas sanctionné toutes ses Créations. Est-ce ]a raison pour laquelle son Mémoire n'a pas con- (1) M. T. Lange, Toscanske Mosser, in Botan. Tidsskrift, I, p. 215. Une traduction italienne de ce travail a paru dans le Nuovo Giornale botanico ital. VII, 1875 (9) In Meddel. af Societas p. Fauna et Flora fennica, VI (1881), pp. 71-75. CLVI SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. vaincu tous les bryologues? Toujours est-il que, depuis 1881, parmi les auteurs qui, dans leurs publications, ont eu à parler du C. Lamyana, si les uns lui accordent une valeur spécifique, d'autres persistent à ne voir en lui qu'une variété du C. arborea. Aucune de ces publications n'ajoutant de fait nouveau à l'histoire du C. Lamyana, je crois inutile de les passer en revue. Ainsi qu'on a pu le voir par l'exposé historique ci-dessus, le C. Lamyana n'est encore connu que de quatre localités fort dis- jointes. Toutes ces localités appartiennent à la partie occidentale et austro-occidentale de l'Europe, qui est en méme temps la patrie du C. arborea. Cette similitude dans la distribution géographique des deux plantes a certainement dü étre invoquée comme un argu- ment en faveur de leur réunion en une seule espéce. Les localités que je vais faire connaitre appartiennent à l'ouest de la France, à la méme région botanique par conséquent. Elles sont dissémi- nées au nombre d'une douzaine sur la riviére la Sévre nantaise et deux de ses affluents. La Sévre nantaise, affluent de gauche de la Loire, est une rivière d’un débit assez faible, aux eaux lentes et un peu limoneuses, dont le bassin appartient à la région dénommée Bocage vendéen. Le sol du bassin tout entier est granitique, ce qui, soit dit en passant, donne une grande rigueur aux observations faites dans la région sur l'importance de la nature chimique du support chez les Mousses. La portion moyenne de la rivière, qui s'étend de Mal- lièvre à Clisson (1), est généralement encaissée entre des coteaux escarpés. Le cours en est sinueux et disparait souvent sous un épais rideau d'arbres, dont les racines baignent dans l'eau e parmi lesquels dominent les Chênes, les Frénes et les Aulnes; les Peupliers et les Saules y sont beaucoup plus rares. Des blocs de granit à gros grain encombrent cà et là le lit de la rivière; en quelques endroits ils sont trés nombreux et entassés les uns sur les autres d'une facon pittoresque. Ces blocs ont une partie émergée, baignée seulement en hiver lors des grandes crues, e pendant quelques jours seulement. Cette partie émergée est tantót nue, tantót recouverte d'une végétation abondante, sinon variée : les Sedum album et anglicum, Polypodium vulgare, Peltigera (1) La rive gauche, dans cette portion de la rivière, appartient tout entière au département de la Vendée; la rive droite aux départements des Deux-Sèvres; de la Vendée, de Maine-et-Loire et de la Loire-Inférieure. F. CAMUS. — NOTE SUR LE CRYPHÆA LAMYANA (MONT.). CLVII canina, les Barbula cylindrica et Brebissonii, Rhacomitrium aciculare, Bryum capillare, Plerogoniwm gracile, Eurhynchium crassinervium, Hypnum cupressiforme en sont les hôtes les plus caractéristiques. Au voisinage de l'eau, les mêmes espèces sont accompagnées du Thamnium alopecurum, de l'Isothecium myu- rum, du Scleropodium cæspitosum (très commun) et enfin du Cinclidotus fontinaloides — et moins souvent du Grimmia rivu- laris — dont les premières touffes marquent assez bien le niveau supérieur des eaux ordinaires. La base des rochers est presque constamment submergée. Une ceinture fournie et assez constante de Fontinalis antipyretica marque la limite inférieure habi- tuelle de l’eau dont le niveau devient encore plus bas pendant la période la plus sèche de l’année. Seuls, des Fontinalis, le Mado- theca Porella, et, dans quelques rares localités, le Conomitrium julianum. descendent dans cette zone normalement submergée. Entre la ceinture des Fontinales et l'horizon supérieur des Gin- clidolus, s'étend une zone d'environ 60 centimètres de hauteur, qui mesure lamplitude des variations du niveau de l'eau, en dehors des crues temporaires et des abaissements excessifs. Ces variations, trés fréquentes, reconnaissent surtout pour cause les exigences des établissements industriels établis sur cette partie du cours de la Sévre. On n'y compte pas moins de quatre-vingts barrages avec moulin à eau, sur une longueur rectiligne de 40 kilomètres environ, longueur plus que doublée, il est vrai, si l'on tient compte des sinuosités de la rivière. Cette multipli- cité des barrages réglemente, pour ainsi dire, le débit de l'eau. En hiver l’eau se maintient, rarement d'ailleurs sans interrup- lion, pendant quelques mois au niveau supérieur du Cinclidotus, niveau qui n'est dépassé que lors des grandes crues, toujours de courte durée : c'est une période d'activité ininterrompue pour les Moulins, Au contraire, pendant toute la belle saison, un moulin ne peut fonctionner que d’une manière intermittente, quand la Partie de Ja rivière située en amont de lui s’est suffisamment remplie. Le niveau ordinaire de l'eau est alors celui du Fonti- nalis (quand il ne tombe pas au-dessous), et l'on peut passer à pied sec les chaussées qui disparaissent sous une épaisse couche de Rhynchostegium rusciforme, souvent accompagné d'A mbly- Slegium fluviatile. C'est dans cette zone intermédiaire, où, à l'exception du Cincli- CLVIII SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. dotus fontinaloides, les Mousses sont rares, que se plait le Cry- phea Lamyana. Il semble préférer le côté des rochers opposé au courant, mais ceci n'est pas absolu. Il s'y étale en plaques qui peuvent dépasser un mètre en largeur. Le Cryphea Lamyana croit aussi sur les troncs d'arbres et, chose curieuse, son niveau s'éléve sensiblement sur ces troncs. Je l'ai vu une fois un peu au-dessus de la limite supérieure des crues d'hiver, limite facile à reconnaitre aux nombreux débris d'herbes abandonnés par l'eau dans les buissons riverains. Le Cryphea arborea descend dans plusieurs endroits sur la portion de ces troncs d'arbres atteinte par les crues d'hiver. Les deux affluents de la Sévre nantaise, la Maine et la Moine, qui m'ont aussi fourni le C. Lamyana, rappellent la Sévre dans leurs traits principaux. Leur cours est également situé tout entier sur le granit. En résumé, les conditions biologiques que trouvele C. Lamyana sur le cours de la Sévre nantaise et de ses affluents sont : un cou- rant lent, une période hivernale de plusieurs mois de submersion, et une période estivale et automnale beaucoup plus longue d'alter- natives de submersion et d'émersion. Tout compte fait, je suis porté à croire que la plante est bien plus longtemps émergée que submergée. Ses stations arboricoles, d'un niveau généralement plus élevé au-dessus de l'eau, me semblent confirmer cette opi nion. Il m'a paru bon de préciser les conditions biologiques de cette Mousse; elles mettront sur la voie de nouvelles localités el fourniront des points de comparaison. Je n'insiste pas sur la na- ture granitique des rochers de la Sévre. Dans la localité originale de la Haute-Vienne, le support est également granitique; mai Jignore s'il en est de màme dans les localités anglaises et portu- gaise et il en est certainement autrement dans la vallée de l'Arno. Voici le relevé exact des localités du Gryphæa Lamyana con- statées par moi dans le bassin de la Sèvre et de ses affluents. Sur la Sèvre même, en suivant le cours de la rivière : Saint-Laurent, saxicole, 19 août 1890 (1). (1) Je n'indique pour une localité que la date du jour où j'y ai constaté pour la première fois la présence du C. Lamyana. Plusieurs de ces localités ont été depuis lors revues par moi, soit en aoüt-septembre, soit au printemps: . Le mot barrage n'est employé ici que comme point de repère. Le Cryphæa ne se fixe jamais sur le barrage même, mais sur les rochers situés en aval. F. CAMUS. — NOTE SUR LE CRYPHÆA LAMYANA (MONT.). CLIX Saint-Hilaire, saxicole et arboricole, 9 avril 1890, sur la vaste agglomération de rochers coupée de plusieurs barrages, prés du pont. Evrunes, saxicole, 26 août 1890. : Le Longeron, moulin des Riviéres, saxicole, 27 aoüt 1891. Tiffauges, moulin dela Roche, saxicole, même jour. Boussay, barrage de Chaudron, saxicole et arboricole, 94 aoüt 1890; barrage de Rousselin, sur les blocs de granit servant de piles à la passerelle. C'est là que j'ai vu pour la premiére fois cette Mousse, le 34 aoüt 1888. Cugand, moulin de Fradet, arboricole, 98 aoüt 1891. De Gétigné à Clisson, saxicole, prés de plusieurs barrages et sur des blocs isolés dans la rivière, 28 août 1891. Sur la Maine : Aigrefeuille, saxicole, 31 mars 1891. Sur la Moine : en amont de Clisson, saxicole et arboricole, 14 août 1890; remonte, sur les arbres et les rochers, jusqu’au moulin du Tail, 10 septembre 1890. Lorsque je trouvai pour la première fois le Cryphea Lamyana, - je le pris tout bonnement pour une forme aquatique du C. arborea. Frappé depuis longtemps par le polymorphisme des Mousses aqua- tiques, il m'avait semblé que les conditions dans lesquelles vivait cette Mousse pouvaient expliquer les différences qui la séparent de sa congénère. Je ne fais aucune difficulté de l'avouer, cette opi- nion, basée sur un examen insuffisant, je l'ai gardée et défendue un certain temps. J'ai dû la modifier du tout au tout devant l'évi- . dence des faits. Bien qu'essentiellement réducteur par nature, je me suis vu forcé, en étudiant de plus près le C. Lamyana, de reconnaitre la valeur et la constance de ses caractères spécifiques différentiels, Cette opinion nouvelle a résisté à l'épreuve de plu- sieurs années, commandée par la prudence ; mes observations pour- suivies pendant ce temps, loin de l'infirmer, n'ont fait que la con- lirmer dans mon esprit. Le C. Lamyana possède toutes les qualités requises pour léta- blissement d'une bonne espéce : 1^ un ensemble suffisant de carac- tères spécifiques propres; 2° la constance de ces caractères; 3 l'absence — jusqu'ici du moins — de formes de passage entre lui et le C. arborea. Je ne puis, sans allonger outre mesure cette Note, faire ici l'exposé complet des caractères différentiels des deux Cryphæa. Je renvoie, à ce sujet, le lecteur au Mémoire de CLX SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. Montagne et surtout à celui de Lindberg. Je n'ai, du reste, aucun caractère nouveau à ajouter à ceux que ce dernier a énumérés et exposés avec sa précision habituelle. Je me contente d'insister sur les plus saillants, ceux dont la constatation a le plus d'importance dans la pratique, et dont je puis garantir la constance : une diffé- rence notable dans la forme de la feuille, dont le sommet est aigu ou obtus, les bords révolutés ou plans, le tissu formé d'éléments va- riant à la fois dans leur taille, leur forme et leur disposition; des feuilles périchétiales assez dissemblables pour permettre à elles seules de distinguer immédiatement l'une de l'autre les deux espéces; une capsule de forme différente ; un opercule surmonté d'un bec droit ou incliné; une coiffe qui, dans un cas, est nette- ment mitriforme et ne couvre que l'opercule, qui, dans l'autre, est toujours fendue latéralement et descend sur la partie supérieure dela capsule, voilà — sans compter des détails moins importants ou d'une constatation plus délicate — voilà, dis-je, certainement plus qu'il n'en faut pour justifier la séparation des deux Cry- phœa. Bien des espèces, acceptées par tout le monde, ne reposent pas sur un ensemble de caractéres aussi nombreux et d'égale valeur, caractéres tirés à la fois du systéme végétatif et des organes reproducteurs. Quelle est la part de l'influence de l'habitat dans les caractères du C. Lamyana? Sur le port de la plante, cette influence est in- contestable. Le C. arborea, lui, varie trés peu. On le trouve sur des arbres d'essence variée, dans les stations les plus diverses, sauf peut-être dans les forêts, sur les coteaux élevés, comme au voisinage de l’eau où il est quelquefois atteint par les crues de l'hiver. En pareil cas, il prend une teinte noirátre qui ne Jui est pas habituelle, mais qui ne rappelle en rien le vert foncé intense du C. Lamyana. Ce dernier a un port plus variable. Il est parfois presque aussi gréle que le C. arborea; parfois, au contraire, il reste court, trapu, et les branches stériles rappellent, à s'y mé- prendre, les formes mutiques (var. viridis) del Hedwigia albicans. La tige principale, complétement dénudée, sauf à la périphérie des plaques, ressemble à un fil noir; elle adhère fortement au support, dont il est trés difficile de la détacher, aussi est-elle généralement mal représentée ou absente sur les échantillons d'herbier. C'est surtout sur les branches que se fait sentir l'influence du courant de l'eau qui les effile et les dénude à leur base. Leur longueur est, F. CAMUS. — NOTE SUR LE CRYPHÆA LAMYANA (MONT.). CLXI d'aprés Montagne, de 2 à 4 pouces (5 cent. 1/2 à 11 cent. environ). Je posséde un exemplaire dans lequel elles atteignent 14 centi- métres de longueur; mais c'est là un cas exceptionnel. Dans la moyenne, elles ne dépassent guère la moitié de cette taille : l'allon- gement et la dénudation les rendent fragiles, et le courant les brise et les entraine. Pendant les périodes d'émersion, en perdant leur eau, ces branches se courbent en arc, etl'arc est d'autant. plus marqué que les fleurs et les fruits, qui en occupent le côté convexe, sont plus nombreux. C'est là un fait constant, non signalé jus- qu'ici, et que je n'ai jamais observé dans le C. arborea. Sur les échantillons d'herbier desséchés sous pression, le caractére dispa- rait; mais il reparait, dés qu'aprés ramollissement on laisse la plante se dessécher librement. On peut, à la rigueur, mettre sur le compte de la station aqua- tique la couleur des feuilles, leur forme élargie, leur sommet obtus, leurs bords plans et non révolutés, bien que la preuve du fait puisse être embarrassante à fournir ; mais l'influence de la station n'explique en aucune facon les différences radicales qui séparent les feuilles périchétiales des deux espéces. Dans le C. ar- borea, elles sont absolument entiéres et bordées, comme l'a fort bien observé Lindberg, d’une rangée de petites cellules carrées ou rectangulaires qui tranche sur le reste du tissu; elles se terminent brusquement en un sommet arrondi, longuement dépassé par la nervure, le long de laquelle le limbe ne se prolonge que trés étroi- tement et tout à fait à la base; leur tissu est absolument lisse. Dans le C. Lamyana, le bord est garni de dents trés fines, mais con- Slantes et les cellules marginales sont identiques aux autres ; le limbe se prolonge le long de la nervure qui le dépasse peu, de facon que le sommet de la feuille est progressivement atténué en une pointe plus ou moins longue. La face dorsale de la nervure et celle du limbe, formé d'éléments en majorité plus allongés que ceux du C. arborea, est rendue fortement rugueuse par la saillie apicale des cellules. ll n'y a rien, dans tous ces caractères, qui puisse trouver son explication dans une différence de milieu, Cette dernière cause n'explique pas davantage les différences offertes par les caractères tirés des autres parties de l'appareil re- producteur. Reste à savoir si ces caractéres sont constants, si des formes in- lermédiaires n'en diminuent pas la valeur en établissant une tran- T. XL K CEXII SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. sition entre les deux espèces. Les observations multipliées que j'ai pu faire sur place me permettent de répondre négativement sur ces deux points, et il est peu probable que des observations ulté- rieures viennent infirmer cette proposition. ; J'ai recueilli des quantités d'échantillons des deux espéces et dans un grand nombre de localités; j'ai vu les deux espéces crois- sant, presque confondues, sur le méme arbre (prés du moulin du Tail) : j'ai toujours rapporté sans difficulté ces échantillons soit au Gryphea arborea, soit au C. Lamyana; je n'en ai jamais trouvé un seul dont l'attribution füt ambigué et qui permit d'hésiter entre l'une ou l'autre espéce. Si le voisinage de l'eau avait vraiment une influence modifica- trice sur les caractères spécifiques de nos deux Mousses, on devrait trouver des formes qui, croissant à des hauteurs diverses par rap- port au niveau de l'eau, présenteraient dans tel ou tel caractère des modifications proportionnées à ces différences de niveau. Or cela n'est pas. Les pieds du C. Lamyana qui croissent sur les arbres riverains, à un niveau tel qu'ils sont tout au plus lavés quel- quefois l'hiver; ceux mêmes qui, ainsi que je l'ai observé une fois, dépassent le niveau des grandes crues, ces pieds, dis-je, sont aussi bien caractérisés que ceux qui croissent dans la zone des rochers alternativement émergés et submergés. D'autre part, j'ai vu plus d'une fois le C. arborea descendre au-dessous du niveau des crues d'hiver; j'en posséde en herbier des échantillons encore encombrés du limon laissé par le courant. Eh bien, ces échantillons sont aussi franchement arborea que ceux recueillis loin du bord de l'eau. | L'absence bien constatée de formes de transition, dans les con- ditions les plus propices au développement de ces formes, me semble fournir un argument solide en faveur de la constance des caractères distinctifs des deux Cryphæa, caractères, dont je crois avoir d'autre part. suffisamment démontré l'importance. La con- clusion à tirer de tous ces faits est la réalité de l'autonomie spéci- fique des deux espéces. Je pense que les bryologues seront de mon avis, et les échantillons en nature que je puis distribuer achèveront, je l'espère, de les convaincre (1). J'ai dit plus haut que, parmi les nombreux caractères énumérés (1) Le Cryphea Lamyana figurera dans le 18° fascicule des Musci Galliæ. F. CAMUS. — NOTE SUR LE CRYPHÆA LAMYANA (MONT.). CLXIII par Lindberg, il en est d'inégale valeur. J'ai trouvé, chez l'une et l'autre espéce, dans la longueur absolue et relative des dents des deux péristomes, des variations qui ne me permettent pas d'at- tribuer une grande importance aux caractéres tirés de cet organe: ainsi, par exemple, les processus du péristome interne du Cr. arbo- rea peuvent dépasser en longueur les dents du péristome externe, bien que Lindberg les dise plus courts d'un quart. Je ne crois pas non plus qu'il y ait de différence bien sensible dans le de- gré d'adhérence de l'anneau chez les deux espéces et dans la con- stitution de leurs fleurs mâles. Pas plus que Lindberg, je n'ai pu voir de stomates sur les capsules du C. Lamyana, mais il serait peut-étre prématuré de généraliser ce caractére. À propos du Cryphæa arborea, Lindberg dit: « Hab. ad truncos arborum campestrium, nunquam, quantum scimus, rupestris vel saxicola. » On connait quelques stations saxicoles du C. arborea. M. Husnot en cite deux (Muscol. gall., 10° liv., p. 289). J'ai moi- même recueilli cette Mousse prés de Langon (Ille-et-Vilaine), sur des dalles de schiste rouge silurien qui, dans cette contrée, servent de clôtures aux champs (1). Note ajoutée pendant l'impression. — Depuis la session de Genève, trois ouvrages ont paru, dans lesquels il est question du Cryphea Lamyana : la 1e livraison du Nomenclator bryologicus de M. Paris, la 24° livraison du Kryptogamen-Flora de M. Limpricht, et la 14° et dernière livraison du Mus- cologia gallica de M. Husnot. Dans les deux premiers ouvrages, la plante est rapportée comme variété au C. arborea. M. Husnot, qui, dans le cours de son ouvrage, avait adopté la méme manière de voir, reconnait, dans l'appendice audit ouvrage, les droits du C. Lamyana à l'autonomie. On le voit, les opi- nions sont toujours partagées sur la question. Puisse la présente Note mettre tout le monde d'aecord ! M. Flahault rend compte d'une correspondance échangée entre M. Otto Kuntze (le réformateur bien connu de la nomen- clature botanique) et quelques-uns de nos confrères de la Société botanique suisse. M. Kuntze souhaiterait que les Sociétés botaniques de France et de Suisse réunies prissent une décision favorable à la réunion prochaine d'un Congrès (1) M. P. de Loynes vient de m'informer qu'il a recueilli le C. arborea, sur un bloc de silex, servant de limite à un champ, sur la commune de Louvigné (Deux-Sèvres). CLXIV SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. de nomenclature botanique. A l'appui de sa proposition, M. Kuntze a adressé un certain nombre d'exemplaires de deux travaux récents qui ont été distribués à tous les bota- nistes présents à la session de Genéve (1). Des conversations échangées à ce sujet, il résulte que la réunion des Sociétés botaniques de France et de Suisse n'a pas qualité pour décider un Congrés de nomenclature, alors qu'il existe une Commis- sion internationale chargée de s'occuper des questions de cet ordre. Les botanistes qui assistent à la session déclarent d'ailleurs, à peu prés à l'unanimité, qu'il leur est impossible d'aborder, sans préparation, la discussion d'une question si complexe. En conséquence, ils demandent que des proposi- tions de ce genre ne viennent qu'aprés une étude préalable engagée par tous ceux qui veulent bien se consacrer à l'exa- men des difficultés de la nomenclature. L'ordre du jour étant épuisé, la plupart de nos confrères accompagnent M. Casimir de Candolle à la célébre maison de la Cour Saint-Pierre, où notre confrère leur fait les hon- neurs de l’herbier de Candolle. De là on se rend à l'herbier Delessert. Aprés le déjeuner, des voitures nous conduisent à Cham- bésy, où M. E. Autran se multiplie pour nous faire admirer l'herbier Boissier et l'herbier Barbev, avec les riches collec- tions de plantes et d'arbres vivants que les deux savants bota- nistes ont réunies sous leurs yeux. On trouvera plus loin le comple rendu de ces visites. — Le soir, un diner en commun à l’hôtel National, réunissait une dernière fois les congressistes à Genève. À côté des auto- rités locales, représentées par M. le conseiller d'État Dunant et M. le conseiller administratif Turettini, le Comité d'orga- nisation avait eu la délicate pensée d'inviter le représentant (4) O. Kuntze, Codex nomenclature botanicæ emendatus, broch. in-8*, : : XXXII pages (Extrait de Revisio generum plantarum, vol. III, 1893). t menclatur-Studien, broch. in-8° de 456-498 pages (Extrait du Bulletin de Vherbier Boissier, vol. 1I, n° 7). ALLOCUTION DE M. H. CHRIST. CLXV officiel de la France, M. le consul général Marcellin Pellet. Parmi les nombreux toast portés, notamment par MM. le conseiller Dunant, C. de Candolle, C.-B. Clarke, Fliche, etc., l'alleeution suivante prononcée par M. le D" H. Christ est particulièrement remarquée. ALLOCUTION DE M. H. CHRIST. Permettez-moi aussi, au nom de la Société botanique suisse, de saluer de cceur nos amis de France. Nous sommes ici entre botanistes; or vous savez que les bota- nistes sont une variété à part de l'espéce humaine. Le non-bota- niste, l'homme normal pour ainsi dire, nous observe, fait des remarques sur nous et ces remarques sont souvent un peu cri- tiques. Ainsi, l'homme normal nous reproche d’être des compa- gnons de voyage fort peu agréables, parce que nous restons tou- jours en arriére pour déterrer des racines. — En ceci, l'homme normal a raison. Puis, on nous reproche d'arracher les fleurs les plus délicates, les plus parfumées, pour les dessécher et en faire de vilaines momies noires et sèches. À cela nous ne pouvons répondre que ceci : Du foin des herbiers découle le lait de la science. On nous reproche encore de nous occuper seulement de choses mortes ou peu vivantes, d'herbes et de plantes, et de négliger les hommes. Si ce reproche était fondé, ce serait bien grave; car l'objet le plus digne de la science de l'homme, c'est l'homme. Mais je proteste contre ce dernier reproche, et notre réunion d'aujour- d'hui lui donne un démenti. Jose méme déclarer ici que la botanique est le meilleur pré- texte pour nouer des amitiés. Je suppose que nous sommes ici cent botanistes à peu près, de différentes nationalités. On parle beau- Coup de nationalités; c'est quelquefois un prétexte pours'entre-tuer. Nous autres Suisses, nous sommes aussi une nation, quoique nous Soyons différents de race et de langue. Mais j'affirme que nous sommes une nation; le ciment qui unit notre nationalité, c'est l'amour de la patrie, la charité, l'amitié. Je ne suis pas mathéma- licien, je ne puis faire le calcul que je suppose; mais, si les cent botanistes ici présents se prennent d'amitié les uns pour les autres, CLXVI SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. nous obtiendrons un chiffre respectable, car, s'il faut étre deux pour faire une amitié, chacun peut s'unir d'amitié avec chacun des autres, et nous aurons ainsi une quantité d'amitiés entre-croisées et mutuelles, que je désigne par æ pour le moment. Puisse cette réunion réaliser mon calcul; puisse la botanique créer un bon nombre d'amitiés parmi nous! Le lendemain; mardi 7 aoüt, nous quittions Genéve sur le « Winkelried », gracieusement mis à notre disposition par M. E. Burnat. Nous regrettons d'avoir été forcés par de tristes circonstances à n'aller qu'en petit nombre lui présenter nos hommages et nos remerciements pour la féte magnifique préparée en notre honneur, qui, au lieu de se dérouler dans sa belle propriété de Nant, dut avoir lieu dans les jardins du Grand-Hótel de Vevey. Le soir nous pénétrions daus le Va- lais. C'est en descendant des Alpes qu'une derniére séance réunit à Sion tous ceux qui ont pu jouir jusqu'au bout de cette incomparable féte scientifique. SÉANCE DU 15 AoUT 1894. CLXVIT SÉANCE DU 15 AOUT 1894. PRÉSIDENCE DE M. CHABERT, VICE-PRÉSIDENT. La séance est ouverle à deux heures dans la grande salle du Conseil à l'hótel du Gouvernement. M. le Président invite M. J.-M. de Chastonay, conseiller d'État, et le digne prési- dent de la Société Murithienne, le professeur F.-0. Wolf, à prendre place au bureau. M. le Président remercie le Conseil d'État du Valais, dans la personne de M. de Chastonay, de la bienveillance excep- tionnelle dont la Société botanique de France est l'objet dans ce pays; elle la doit, sans aucun doute, au caractère hospi- talier que le Valaisan partage avec tous les Suisses, et dont nous avons eu tant de témoignages depuis quelques jours, mais aussi, sürement, à l'amour des plantes si bien entretenu ici par le savant et zélé président de la Société Murithienne et par les ardents collaborateurs qu'il a su grouper autour de lui. M. le Président rappelle que, gráce à l'activité soutenue de ses membres, la Société Murithienne vient de publier son vingt-deuxième Bulletin annuel, et que cette publication renferme une foule de travaux importants sur la flore de la Suisse, Par suite des présentations faites dans la séance du 6 août, M. le Président proclame ensuite membres de la Société : MM. Cnopar (Robert), professeur à l'Université de Genève, présenté par MM. Guignard et Flahault. Fiscner (Édouard), professeur à l'Université de Berne, présenté par MM. Boudier et Bourquelot. PERnoT (Émile), licencié ès sciences, préparateur à L4 l'École supérieure de pharmacie de Paris, présenté par MM. Guignard et Bourquelot. CLXVIII SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. MM. SCHRŒTER (Carl), professeur au Polytechnikum de Zurich, présenté par MM. Guignard et Flahault. WirczEK (Ernest), professeur à l'Université de Lau- sanne, présenté par MM. J. Gérard et A. Chabert. L'ordre du jour appelle les communications suivantes : CONTRIBUTIONS A L'ÉTUDE DU GENRE COLEOSPORIUM; par M. Ed. FISCHER. On admettait généralement, depuis les recherches de R. Wolff, que le Peridermium Pini f. acicola était exclusivement la forme écidienne du Coleosporium Senecionis. Cependant déjà M. Plow- right (4), frappé d'avoir obtenu un nombre relativement grand de résultats négatifs en répétant les expériences de Wolff, fut amené à croire que plusieurs espèces différentes pourraient être cachées sous ce Peridermium. M. Klebahn (2), quelques années plus tard, fit la même observation : insuccès complet après avoir semé sur des Senecio les spores de Peridermium Pini acicolum prove- nant de certaines localités. Des réflexions ultérieures l'amenérent à répéter l'expérience avec des spores de la méme localité sur le Tussilago Farfara et, avec des spores d'autres localités, Sur l'Alectorolophus major, et, dans d'autres cas encore, sur un Melam- pyrum. Dix à vingt jours après, il vit l'Uredo apparaitre sur les feuilles infestées, et il en conclut que ce qu'on réunissait jus- qu'ici sous le nom de Peridermium Pini acicolum n'est pas une seule espéce, mais doit étre considéré comme forme écidienne de plusieurs Coleosporium : savoir C. Senecionis, C. Tussila- ginis, les Coleosporium du Rhinanthus et de l'Alectorolophus. Un assez grand nombre d'expériences que j'ai entreprises dans le courant des années 1892 à 4894 m'ont amené non seulement à confirmer les résultats de M. Klebahn, mais aussi à démontrer que le nombre des espéces contenues dans le Peridermium Pim (1) British Uredineæ and Ustilagineæ, 1889, p. 250. (2) Zeitschrift für Pflanzenkrankheiten, herausgegeben von P. Sorauers Bd II, Heft 5-6, Bd IV, p. 7, ff., p. 194. FISCHER. — CONTRIB. A L'ÉTUDE DU GENRE COLEOSPORIUM. CLXIX acicolum est encore plus considérable. Je donne ici un petit apercu de ces expériences (1). I. COLEOSPORIUM IwuLE Kze. — On trouve, aux environs de Berne, un Peridermiwm dans le voisinage duquel l'7nula Vail- lantii Vill. est occupée par le Coleosporium Inulæ Kze. identifié dans les Flores avec le C. Sonchi-arvensis (Pers.). En automne 1892 et 1893, les sporidies de ce Coleosporium furent semées sur de petits pieds bien portants du Pinus silvestris. Le printemps suivant, je vis apparaitre les spermogones et les œcidiums sur les aiguilles d'un certain nombre des pieds ainsi infestés. Des expé- riences en sens inverse eurent pour résultat l'apparition de l’Uredo {et des téleutospores) sur l'Inula Vaillantii et 'Inula Helenium, tandis que les autres plantes que j'avais ensemencées avec les spores du méme Peridermium, savoir : Senecio vulgaris, S. silva- licus, S. cordatus, Tussilago Farfara, Sonchus oleraceus, Adeno- styles alpina, Campanula Trachelium, C. rapunculoides, ne montrèrent pas trace d'infection. Conclusion : Le Coleosporium Inulæ ne peut pas être identifié avec les Coleosporium Senecionis, Tussilaginis, Sonchi-arvensis, Cacalie, Campanule. IL. CorEosporium Sowcmur-AnvENsis (Pers.). — Les sporidies d'un Coleosporium trouvé sur le Sonchus asper furent semées sur de jeunes pieds du Pinus silvestris, en octobre 1893. Dès le prin- temps je vis apparaitre les spermogones et les écidies sur les aiguilles. Ensuite je me servis des écidiospores ainsi obtenues pour ensemencer des pieds du Sonchus oleraceus, Senecio silva- ticus, Inula Vaillantii, Adenostyles alpina, Tussilago Farfara, Campanula Trachelium, mais un succès ne fut obtenu que sur le Sonchus oleraceus. Conclusion : Le Coleosporium Sonchi- ürvensis est une espèce hétéroique et non pas un Hemicoleo- Sporium, comme on l'admettait jusqu'ici. Il ne peut pas être identifié avec les C. Senecionis, C. Inule, C. Tussilaginis, C. Campanulæ. Ce résultat a été confirmé par les observations de M. Klebahn (2). (1) Une partie de ces résultats ont déjà été publiés dans les Mittheilungen der Naturforschenden Gesellschaft in Bern aus dem Jahre 1894. Silzungs- berichte, Sitzung vom 28 April 1894. Seulement les experiences faites pen- dant l'été 1894 y manquaient encore. o (2) Zeitschrift für Pflanzenkrankheiten, Band IV, Heft 4, 1894, p. 194. CLXX SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. IIl. CoreosporiuM SENECIONIS (Pers.). — Les sporidies du Coleosporium Senecionissur le Senecio silvaticus furent appliquées, en octobre 1893, sur cinq pieds du Pinus silvestris. Au printemps de 1894 les spermogones et les cecidiums apparurent sur trois de ces Pinus. Les écidiospores ainsi obtenues furent semées sur les Senecio silvaticus, cordatus, Adenostyles alpina, Inula Vaillantii, Sonchus oleraceus. L' Uredo ne se montra que sur le Senecio silva- ticus et encore ne fut-ce qu'en trés petite quantité. Conclusion : Le Coleosporium Senecionis ne peut pas étre identifié avec les C. Cacaliæ, C. Inulæ, C. Sonchi-arvensis. IV. Corrosporium Cacazræ (DC.). — En octobre 1893, j'ap- pliquai les sporidies du Coleosporium qu’on trouve si fré- quemment sur l'Adenostyles alpina dans les Alpes sur de pelits pieds du Pin sylvestre. Au printemps je vis apparaitre les sper- mogones en grand nombre, mais je n'ai pas observé les œci- diums. Malgré cette lacune, il est trés probable que le Coleospo- rium Cacaliæ possède aussi un Peridermium. V. CorLrosponrUM PrTasiTIS de Bary. — Les sporidies d'un Coleosporium trouvé sur le Petasites officinalis furent semées sur de petits pieds de Pin sylvestre. L'expérience avait été faite le 15 septembre 1893; je fus étonné de voir apparaitre les sper- mogones dés le 19 octobre de la méme année. Les œcidiums ne suivirent qu'au printemps suivant (1894). Les expériences en sens inverse n'ont pas été faites pour cette espèce. VI. CoLEOosPonIUM TUSSILAGINIS (Pers.). — En octobre 1893, des sporidies du Coleosporium Tussilaginis ont été appliquées sur de petits Pinus silvestris; j'en obtins les spermogones el ipe œcidiums au printemps 1894. Les spores de ces mêmes (cl diums furent semées sur les Tussilago Farfara, A denoslyles alp nt Inula Vaillantii, Sonchus oleraceus, mais je ne vis apparaitre l'Uredo (1) que sur le Tussilago Farfara. Conclusion : Le Coleo- sporium. Tussilaginis ne peut pas être identifié avec les C. Caca- (1) Une seule petite pustule d'Uredo apparut aussi sur le Sonchus am ceus, mais il faut l’attribuer à une infection involontaire par une arédospo- ; : ; ^ne voi- du Coleosporium Sonchi-arvensis cultivé en même temps dans une serre sine. FISCHER. — CONTRIB. A L'ÉTUDE DU GENRE COLEOSPORIUM. CLXXI lie, Coleosporium Inulæ et C. Sonchi-arvensis. M. Klebahn a aussi démontré qu'il n'est pas identique avec le C. Petasitis (1). VII. Coreosporium CAMPANULA (Pers.). — Les sporidies du Coleosporium Campanulæ furent semées sur de petits Pinus silvestris en octobre 1893; ce printemps (1894), je vis apparaitre les spermogones et les œcidiums. Les spores de ces derniers servirent à ensemencer les espéces suivantes : Sonchus oleraceus, Inula Vaillantii, Campanula Trachelium et des semis du C. ra- punculoides. Sur le C. Trachelium seul on vit apparaitre l'Uredo. Ce résultat confirme l'observation de M. E. Rostrup d'aprés laquelle le Coleosp. Campanulæ est en relation avec un Perider- mium des aiguilles du Pin sylvestre (2). Mes expériences semblent aussi démontrer la non-identité du Coleosporium sur le Campa- nula Trachelium et de celui du C. rapunculoides; mais, pour bien établir ce fait, il faudra des expériences plus nombreuses. Si nous résumons ces observations et celles de M. Klebahn, nous arrivons à ce résultat qu'il existe au moins neuf Perider- mium Pini acicolum différents, qui représentent les formes écidiennes d'autant d'espéces de Coleosporium. Ce nombre sera d'ailleurs probablement encore augmenté par des recherches ultérieures. Ce sont : Peridermium oblongisporum Fuck., forme écidienne du Coleosporium Sene- cionis (Pers.) sur les Senecio vulgaris et silvaticus. P. Plowrightii Kleb., forme écidienne du Coleosporium Tussilaginis (Pers.) surle Tussilago Farfara. P. Klebahnii Ed. Fischer, forme écidienne du Coleosporium Inulæ (Kze) sur l'Inula Vaillantii. P. Fischeri Kleb., forme écidienne du Coleosporium Sonchi-arvensis (Pers.) sur le Sonchus asper, S. oleraceus et S. arvensis (3). P. Boudieri nov. nom., forme écidienne du Coleosporium Petasitis (de By) sur le Petasites officinalis. P. Magnusianum nov. nom., forme écidienne du Coleosporium Cacaliæ (DC.) sur l'Adenostyles alpina. (1) Zeitschrift für Pflanzenkrankheiten, Bd. IV, p. 9. D’après une note de M. Klebahn, l. c., Bd. I, p- 5. ue "RA (3) Cette dernière plante est à citer comme hôte d’après l'expérience de M. Klebahn, citée L. C4. Bd, IV p- Ho CLXXII SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. Peridermium Stahlii Kleb., forme écidienne du Coleosporium Euphrasiæ (auctt. p. p.) sur l'Alectorolophus major. P. Soraueri Kleb., forme écidienne du Coleosporium Euphrasiæ (auctt. p. p.) sur Melampyrum. P. Rostrupi nov. nom., forme écidienne du Coleosporium Campanule (Pers.) sur le Campanula Trachelium. Nous avons donc ici une série d'espéces bien nettement dis- tinctes par leurs conditions biologiques, c'est-à-dire par les plantes hótes de leurs Urédospores et téleutospores. Quant à leurs différences morphologiques, M. Klebahn a démontré pour les espéces étudiées par lui, que leurs écidiospores, Urédospores et téleutospores montrent bien certaines différences, mais ce sont des différences si peu saisissables, qu'une détermination de ces espéces n'est guére possible sans tenir compte des plantes hótes. Nous nous trouvons ici en présence d'espéces pour lesquelles M. J. Schróter (1) a proposé la désignation : Species sorores, c'est-à- dire des espèces bien tranchées par leurs caractères biologiques, mais qui se rapprochent extrémement par leurs caractéres mor- phologiques. On sait d'ailleurs que ce phénomène n'est pas rare parmi les Urédinées : rappelons par exemple le Puccinia coronata Corda, qui, selon les recherches de MM. Plowright (2), Klebahn (2), Schróter (4) et les miennes, doit étre divisé en deux espéces dont l'une ne produit ses cecidiums que sur le Rhamnus cathar- lica, l'autre sur le Rh. Frangula, et qui cependant ne peuvent presque pas étre distinguées par leurs caractéres morphologiques. Les Puccinies du type du Puc. Hieracii doivent être divisées en plusieurs espèces selon leurs plantes hôtes, tandis que la forme et la sculpture de leurs spores ne montrent que de fort légères différences (5). On pourrait citer encore un grand nombre de cas semblables parmi les Urédinées. Le même phénomène se répète aussi dans d'autres groupes de Champignons : citons l'Ustilago Carbo (DC.) : les recherches (1) 71 Jahresbericht der schlesischen Gesellschaft für vaterländische Cul- tur, 1873. H Abtheilung, b. botanische Section, p. 31. (2) British Uredineæ und Ustilagineæ, 1889, p. 164. (3) Zeitschrift für Pflanzenkrankheiten, Bd IV, p. 129, ff. (4) Loc. cit. (5) Mittheilungen der naturforschenden Gesellschaft in Bern aus dem Jahre 1894. Sitzungsberichte, Sitzung vom 28 April 1894. FISCHER. — CONTRIB. A L'ÉTUDE DU GENRE COLEOSPORIUM. CLXXIII de MM. Brefeld (1) et Rostrup (2) ont fait voir que ce Champi- gnon doit être divisé en au moins cinq espèces qui différent les unes des autres par leurs plantes hótes et leur germination, mais non par les caractéres extérieurs de leurs spores durables. Pour citer un fait encore plus connu, nous rappellerons que, dans les Dactéries et dans les Levüres, les espéces sont fondées bien plus souvent sur les effets qu'elles produisent sur leur substratum que sur leurs différences morphologiques. Enfin, depuis les travaux de Jordan (3) qui ont trouvé leur réhabilitation par les recherches de Nägeli (4), de Bary, Rosen (5) et autres, nous savons qu'il existe aussi, parmi les Phanérogames, des groupes d'espéces, qui ne différent que par des caractères souvent trés petits ou peu saisissables. Seulement, dans ces cas-là, il est assez rare de voir des différences biolo- giques nous venir en aide; cependant cela arrive : citons les Anemone alpina et sulfurea, pour lesquelles M. Prévost-Ritter (6) a démontré que ce ne sont pas des variétés locales, mais deux espéces trés rapprochées, dont l'une s'accommode également au terrain siliceux el calcaire, tandis que l'autre refuse complétement la terre calcaire. M. A. Chabert et M. Fischer échangent à cette occasion quelques réflexions sur l'espeéce, confirmatives d'ailleurs de l'interprétation que vient d'en donner l'auteur de cette com- munication. (1) Neue Untersuchungen über die Brandpilze und die Brandkrankhei- vu (Nachrichten aus dem Club der Landwirthe zu Berlin, 1888, pp. 1592- 3. (2) Nogle Undersogelser angaaende Ustilago Carbo. Oversigt over d. K. Danske Videnskab. Selsk. Forhandl. 1890. Kopenhagen, 1890. (8) Nous citons entre autres : Remarques sur le fait de l'existence en so- ciété, à l'état sauvage, des espèces végétales affines, 1813. : (4) Nægeli und Peter, Die Hieracien Mittel-Europas. München, 1885. (5) Systematische und biologische Beobachtungen über Erophila verna (Botanische Zeitung, 1889, n% 35-38). (6) F. Prévost-Ritter, Anemone alpina L. et A. sulfure leur culture (Bulletin de l'herbier Boissier, vol. I, n^ 6, p. q. Expériences sur 305 et suiv.). CLXXIV ` SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. SUR TROIS NOUVEAUX HYBRIDES DU GENRE HIERACIUM ; par M. F.-0. WOLF. La montagne du Simplon, ce célébre et antique passage des Alpes où Napoléon I* a fait construire la plus belle et la plus hardie des routes alpestres, attire chaque été, par ses beautés naturelles, de nombreux admirateurs et en méme temps, par sa végétation variée, bien des botanistes. Déjà le chanoine Murith du Grand Saint-Bernard nous raconte, dans ses lettres à Thomas, le voyage botanique qu'il fit, en août 1803, sur le Simplon ; plus tard, c’est Villars de Montpellier qui est attiré par ses charmes, ainsi que Boissier, Reuter et Fauconnet; de Genève, le chanoine Rion de Sion, Muret et Favrat, de Lausanne, le D' Christ, de Bâle, et tant d'autres, qui tous vantent, dans leurs publications, la richesse de sa flore. En 1875, nous voyons le chanoine Favre, digne disciple de Murith, publier son Guide du botaniste sur le Simplon. Aussi, depuis trente ans et plus, bien rares sont les étés que j'ai passés sans visiter le Simplon et sans y trouver de nouveaux trésors : plusieurs espèces de l'Italie ont ici leur dernier refuge septen- trional. | Mais sa renommée est due surtout au grand nombre d'espèces du genre Hieracium qu'on trouve sur les deux versants de la montagne; le Simplon occupe bien, sous ce rapport, la première place en Valais. Le Grand Saint-Bernard, la vallée de Bagnes, l'Alpe de Thyon, le col du Sanetsch, Mattmark de Saas, les val- lées de Bin et d'Eginen et la Mayenwand de la Grimsel sont des localités valaisiennes renommées pour leur richesse en Hiera- cium; toutefois le Simplon les surpasse, aussi bien par la variété des espéces que par le nombre en individus, méme pour les ès- péces les plus rares. Déjà au-dessus de Brigue, dans les gorges de la Saltine, nous trouvons les H. arenicola God., lanatum Vill., pictum Schl., la- natellum Arv.-Touv. (lanatum x pictum) et Simpronianum F.-0. Wolf. Ces espéces se maintiennent jusqu'au Pont de Ganther. Dans la forét de Berisal, H. strictum Fr., prenanthoides Vill. et autres. Au refuge n° 4, commence le domaine des Pilosellinæ (Pelete- rianum, velutinum, tardans, ete., etc.) et, prés du Kosplloch, WOLF. — TROIS NOUVEAUX HYBRIDES DU GENRE HIERACIUM. CLXXV Hieracium amplexicaule L., ochroleucum Schl., picroides Vill. et intybaceum Wulf. — Prés du refuge n°5, nous remarquons, au-dessus et au-dessous de la route, une énorme moraine, vieux témoignage de l'ancienne extension du glacier de Kaltwasser. C'est la région privilégiée de plusieurs espèces rares d'Éperviére : H. Trachselianum Chris- tener (oxydon Fr.), atratum Fr., Bocconei Grisb., longifolium Schl., elongatum. Fról., speciosum Hornem., etc. Enfin le plateau du col est un véritable jardin d’Épervières : H. glaciale Reyn., Laggeri Schultz bip., alpicola Schl., piliferum et glanduliferum Hoppe (sous plusieurs formes), armerioides Arv.- Touv., alpinum L., lutescens Huter, rhæticum Fr., Schmidtii Tausch, alpestre Grisb., gothicum Fr., etc., etc. Impossible de citer ici toutes les formes intermédiaires, variations et hybrides que différents botanistes y ont récoltés; mais jamais personne Ra été assez heureux pour trouver des formes hybrides dans les- quelles entraient une combinaison avec l'alpicola Schl. ,cette espèce si caractéristique du Simplon et de la vallée de Saas. Nægeli même, dans sa grandissime monographie du sous-genre Pilosella, a été forcé de le reconnaitre. C'est seulement au mois de juillet de cette année que le hasard me fit découvrir trois différents hybrides avec l'alpicola Schl. J'ai Phonneur de les présenter à nos confrères : L rH. Laggeri X alpicola, qui réunissait bien distinctement les caractères des deux espèces parentes. M. Chabert (Alfred), médecin principal de première classeen retraite, à Chambéry (Savoie), a bien voulu me permettre que je le nommasse en son honneur H. Cha- berti F.-0.Wolf; ce sera pour les botanistes valaisiens un agréable Souvenir, qui leur rappellera l'aimable Président de ce jour. J'ai trouvé une belle et grande touffe de cette plante rarissime, de ma- nière que j'ai pu en offrir deux pieds à notre cher Président, en gar- der deux pour mon herbier et en planter encore un dans le jardin | botanique du collége de Sion. 9* Du deuxiéme hybride, par contre, H. alpicola X velutinum, j'ai seulement trouvé un seul pied ; je l'ai dédié à mon ami Linder-Hopf de Bâle sous le nom de H. Linderi F.-0. Wolf. Enfin, en mettant ma récolte de cette année en ordre, j'ai découvert parmi les plantes du Simplon une troisième hybride : H. alpicola x glandulifera; M. Rouy, le savant auteur de la flore de France, qui a montré, pendant nos excursions en Valais, tant d'intérêt pour notre flore, voudra bien me permettre de le lui dé- CLXXVI SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. dier en le nommant Hieracium Rouyanum F.-O. Wolf. Ce dernier a trois grands capitules, plutôt semblables à ceux de l'H. alpicola, couverts de poils trés longs et fins, trés abondants; la tige est garnie de quelques rares poils étoilés et de nombreux poils glan- dulifères, noirs, comme ceux de l'H. glanduliferum ; les feuilles enfin sont toutes pareilles à celles de PH. alpicola. M. Wolf profite de ce qu'il a la parole pour remercier la Société botanique de France et la Société suisse d'avoir choisi le Valais comme champ d'exploration. M. le Président, se faisant aussitót l'interpréte de toute l'assemblée, remercie chaleureusement M. Wolf d'avoir guidé nos herborisations dans ses montagnes avec tant d'autorité et de dévouement. La Société Murithienne ne publie pas seule- ment un excellent Bulletin et ne se contente pas de pour- suivre de fructueuses recherches, ajoute-t-il; elle fait aussi de très louables efforts pour la conservation des stations des espèces les plus précieuses de la Suisse. Profitant de la pré- sence de M. de Chastonay, il lui exprime le désir que nous avons tous de voir ces efforts encouragés. M. de Chastonay promet de tenir grand compte de l'avis de la Société; les modestes crédits affectés à la Société Murithienne dans ce but ne seront pas diminués; il espère qu'ils pourront être tout prochainement augmentés. Personne ne demandant plus la parole pour des communi- cations, M. le Président entretient la Société du sujet suivant : SUR LA CONSERVATION DU GENÉPY DANS NOS ALPES; par M. Alfred CHABERT. Sous le nom de Genépy ou de Genipi, les habitants des Alpes de la Savoie, du Dauphiné et du Piémont confondent trois espèces d'Absinthe, les Artemisia spicata Wulf, Mutellina Vill. et Villars" G.G., toutes les trois plus ou moins rares sur les rochers escarpes des hautes montagnes et sur les moraines des glaciers, à l'altitude de 2300 à 2900 mètres. Parfois on en retrouve quelques pieds SU" les graviers des torrents glaciaires ou dans les éboulis, mais guéT® CHABERT. — LA CONSERVATION DU GENÉPY DANS NOS ALPES. CLXXVII au-dessous de 2000 métres. Depuis des siécles, les paysans attri- buent à ces plantes prises en infusion chaude de grandes vertus médicatrices, dans les cas de coup de froid, de chaud et froid, noms sous lesquels ils confondent plusieurs maladies à leur dé- but: congestion pulmonaire active, pneumonie, pleurésie, bron- chite et parfois aussi rhumatisme articulaire. De fait, ces infusions bues chaudes sont trés diaphorétiques et un peu diurétiques (1); elles provoquent une transpiration fort abondante et, par suite, la résolution de la congestion ou de l'inflammation commencante, surtout lorsque le malade est robuste et jeune encore. J'en ai observé plusieurs fois les heureux effets chez mes compagnons de course aprés des chutes dans des crevasses de glaciers ou des tor- rents. Moi-méme, en aoüt 1878, surpris par la tourmente avec un ami et deux guides sur le glacier de Rochemelon et obligé comme eux à rester étendu sur la glace pendant une demi-heure pour ne pas étre enlevé par le vent, je fus atteint d'une violente congestion pulmonaire avec erachements de sang. Les guides m'emportérent sous une pluie battante dans un des chalets de l’Arselle, me mirent au lit, me couvrirent fortement et m'abreuvérent à satiété de ti- sane de Genépy. La diaphorése produite fut telle que mes couver- tures furent bientôt traversées par la sueur. Après une heure, j'éprouvai du soulagement ; une heure plus tard, ma respiration élait moins embarrassée, la toux et l'expectoration sanguine étaient devenues rares. Je m'endormis d'un sommeil lourd, interrompu à de longs intervalles par le guide le plus ágé qui s'était constitué mon garde-malade et qui me réveillait pour m'engorgeler son affreuse tisane. Le lendemain, j'étais guéri et je repartis à pied, ne conservant de ma maladie que le souvenir des bons soins qui m'avaient été donnés. Cette action thérapeutique si puissante du Genépy dans les ma- ladies qui atteignent le plus fréquemment les habitants des hautes montagnes explique pourquoi ils en cachent les stations avec le plus grand soin. Ce n'est souvent qu'à prix d'argent que l'on arrive à les connaitre, et aprés avoir fait la promesse de ne les révéler à per- Sonne, de ne pas déraciner les plantes et de n'en emporter que quelques tiges fleuries. J'ai voulu savoir si les rhizomes des Artemisia spicata et Mu- (1) Elles sont aussi vermifuges, comme les autres espèces d'Artemisia. T x0, L CLXXVIII SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. ‘tellina possédaient quelque efficacité, et j'en ai préparé des infu- sions et des décoctions. Or elles sont à peine aromatiques et non diaphorétiques. Les arracher dans un but thérapeutique est done un acte parfaitement inutile. . Désireux d'étudier les variations encore peu connues de nos trois espèces de Genépy, je les ai recherchées avec un soin tout par- ticulier depuis deux ans pendant mes nombreuses excursions dans les Alpes de Savoie, du Dauphiné et du Piémont. Or, depuis deux ans, je n'ai presque jamais parlé de Genépy aux paysans de ces hautes montagnes sans les entendre en déplorer la disparition pro- chaine. Les soldats des compagnies alpines, les Alpins, disent-ils, les recueillent partout où ils les trouvent, soit pour eux-mêmes, soit pour les distribuer à leurs parents et à leurs amis; mais, au lieu de se borner à en récolter les tiges fleuries, ils arrachent com- plétement la plante. Telle montagne ou le Genépy était assez ré- pandu auparavant et où les montagnards faisaient facilement leurs provisions pour l'année, n'en présente plus un seul pied, excepté sur les rochers inaccessibles. J'ai constaté son absence sur plusieurs des cols de la Maurienne et de la Tarentaise où, il y a vingt ans, il n'était pas trés rare. Nous ne possédons pas en France de Sociétés pour la conserva- tion des plantes alpines, comme il en existe dans d'autres pays. Quelques efforts isolés ont été tentés récemment dans ce but, no- tamment par le préfet de la Savoie, M. du Grosriez, pour empécher -la destruction du Cyclamen (1) de la montagne du Revard, au- dessus- d’Aix-les-Bains. Rien ne serait plus facile que de préserver nos Alpes de France de la destruction du Genépy..1l suffirait que M. le Ministre de la Guerre fit la défense aux soldats des troupes alpines d'en arracher les plantes, et leur permit seulement d'en couper les tiges, comme le font les montagnards. Les hautes som- milés de nos Alpes conserveraient ainsi des végétaux qui sont en méme temps une de leurs parures, un attrait puissant pour les botanistes, un objet de curiosité pour beaucoup de membres actifs ‘des clubs alpins et surtout enfin un remède très efficace pour les paysans qui passent la belle saison dans les chalets ou les grange situés à plusieurs lieues des villages et qui se trouvent habituel- lement dans l'impossibilité presque absolue de recevoir à temps les soins éclairés d'un médecin. (1) Ce Cyclamen est voisin du C. europæum L. SÉANCE DU 15 AOUT 1894. CLXXIX Je propose donc à la Société botanique de France d'émettre le vœu que M. le Ministre de la Guerre veuille bien défendre aux soldats des troupes alpines d'arracher le Genépy et ne leur per- meltre que d'en couper les tiges sans en abimer la plante. P. S. — V'Artemisia glacialis L. est connue sous le nom de Genépy bálard. Quoique aussi aromatique que les trois espéces citées, elle ne jouirait pas du tout des mémes propriétés thérapeu- tiques, au dire des montagnards de la Savoie et du Piémont qui n'en font aucun cas. Le faux Genépy, Achillea nana L., est un peu moins discrédité et s'emploie parfois en infusion. L'assemblée s'associe bien volontiers au vœu exprimé par M. Chabert. L'ordre du jour étant épuisé, M. le Président rappelle qu'il est d'usage que la Société botanique de France réunie en session extraordinaire émette ses vœux au sujet de la session de l'année suivante. En conséquence, il propose de donner la parole aux personnes qui voudront bien prendre la parole à ce sujet. | M. Charras croit qu'on pourrait réaliser le vœu des bota- nisles provençaux en se donnant rendez-vous à Marseille ou à Toulon. Il y a, dit-il, autour de ces deux villes et entre elles, une foule de localités qui unissent les charmes de beaux paysages à une flore trés riche. M. Legré serait disposé à appuyer la proposition de M. Char- ras, s’il pensait qu'une session à Marseille ou à Toulon, ou en Provence püt attirer beaucoup de confréres si peu de temps aprés la session de Montpellier, alors que depuis douze ans, il y a eu cinq belles sessions dans la région méditerranéenne française. Il craint, en outre, que les confrères, si clairsemés en Provence, ne parviennent pas à préparer en quelques mois une réunion à laquelle ils entendraient mettre tous leurs Soins. | M. L. Mangin demande alors la parole pour proposer que la Société botanique se rende au vœu des botanistes des CLXXX SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. Vosges et de Lorraine, en se réunissant à Nancy, pendant l'été de 1895 et en prenant les Vosges françaises comme but principal des excursions. La Société botanique n'a pas revu l'est de la France depuis 1858; elle s'est réunie alors à Strasbourg. Il croit pouvoir assurer qu'il y a en Lorraine un grand nombre d'amateurs de botanique qu'il serait utile de grouper autour de la Société. Dans tous les cas, aprés un intervalle de trente-cinq ans, des herborisations collectives dans les Vosges auraient au moins l'attrait de la nouveauté pour la grande majorité de nos confréres. En présence de ces deux propositions, M. Flahault émet l'avis que la Société accepte la pensée d'aller en 1895 dans les Vosges, certain du reste que nos confréres de Provence pourront, avec plus d'une année de loisir, préparer chez eux une session fructueuse pour l'année suivante (1896). M. Legré appuie cette manière de voir. M. le Président met aux voix : . 4* La question de savoir si la Société est disposée à accep- ter, en premiere ligne, la pensée de se réunir en Lorraine el d'herboriser dans les Vosges en 1895. Adopté à l'unanimité, moins deux abstentions; 2» Celle de savoir si elle est disposée à encourager nos confréres de Provence à préparer une session dans la Pro- vence pour 1896. Adopté à l'unanimité. M. Guignard demande la parole. Il remercie chaleureuse ment M. Chodat, président du comité d'organisation, et Ses dévoués collaborateurs qui peuvent aujourd'hui, avec nous tous, s'applaudir du succès de cette réunion; nos excellents guides, grâce auxquels, déchargés des soucis de détails inhé- rents à tout voyage, les botanistes qui ont pris part aux excursions ont pu se livrer tout entiers à l'admiration des superbes montagnes parcourues et à l'étude de la riche es intéressante végétation qui les recouvre; enfin, M. le prê- DISCOURS DE M. GUIGNARD. CLXXXI sident Christ, les vice-présidents et secrétaires, dont le dé- vouement ne s'est pas un instant démenti dans la tenue des séances si bien remplies. M. Chabert, président, se fait encore une fois, au nom de tous, l'interpréte de la reconnaissance de l'assemblée à M. le président du Conseil d'État et à M. de Chastonay, à la Société Murithienne et à son cher président. Il rend hommage, pour terminer, à la vaillance des Dames qui ont suivi nos her- borisations sans jamais reculer ni faiblir, et déclare close la session extraordinaire de 1894. La séance est levée. Quelques instants après, nous nous trouvions réunis dans la salle du banquet où le Conseil d'Etat du Valais voulait bien nous offrir les vins d'honneur et nous faire apprécier les qualités de ses produits. M. Guignard, prenant la parole au nom de la Société bota- nique de France, remercia dans les termes suivants M. de Chastonay, président du Conseil d'État du Valais, de l'accueil si cordial reçu dans le canton qu'il administre. — DISCOURS DE M. Léon GUIGNARD. Monsieur le Président du Conseil d’État, Depuis le jour où nous sommes devenus les hôtes de nos con- frères de Suisse, nous n’avons cessé d’être l’objet des manifesta- tions les plus affectueuses. La réception que vous avez voulu nous faire aujourd'hui dans la capitale du Valais nous touche d'une facon toute particuliére; elle marquera le couronnement d'une Session qui restera pour nous inoubliable. Mes confréres me per- mettront de devancer l'heure où je vais reprendre mes fonctions de Président annuel de la Société botanique de France, pour vous adresser, en son nom, le témoignage ému de notre profonde re- Connaissance. : Dans les diverses régions que nous venons de parcourir, nous avons été heureux de marcher pendant quelques jours sur les traces des botanistes valaisans qui se sont illustrés par l'exploration CLXX X1] SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. scientifique de leur patrie : Murith, qui nous a laissé, au commen- cement du siécle, des descriptions si charmantes de ses courses dans les Alpes; de la Soie, qui a si bien étudié les Rosiers du Valais; Favre, à la fois botaniste et entomologiste; Tissiére et Rion, dont les recherches ont fait de la flore de ce pays l'une des mieux connues et des plus intéressantes. Nous avons eu aussi la bonne fortune de posséder parmi nous les zélés continuateur de ces traditions scientifiques, M. le profes- seur Wolf et M. le chanoine Besse, qui ont prété à leurs confrères suisses un concours dont nous avons largement profité. Nous les en remercions de tout cœur. La session qui s'achéve aujourd'hui restera célèbre ‘dans nos Annales. En resserrant les liens qui nous unissaient à nos con- fréres suisses et à leur patrie, elle nous a permis de créer des amitiés qui dureront. Et, si nous quittons ce pays avec une riche moisson de documents et de plantes, nous en remporterons avant tout le souvenir ineffacable d'une des réceptions les plus cordiales et fraternelles qui aient jamais été faites à notre Société. Messieurs, je porte la santé du Président et des membres du Conseil d'Etat du Valais ! Puis, sur la proposition de M. Autran, les botanistes réunis au banquet ont adressé à M. Malinvaud, secrétaire général, le télégramme suivant, dont le texte a été adopté aux ap- plaudissements de l'assemblée : « Botanistes anglais, belges, francais et suisses réunis à Sion, envoient à M. Malinvaud leurs cordiales salutations et regrettent vivement son absence d'une session à la réussite de laquelle il a largement contribué. » Des remerciements et des regrets ont été adressés en méme temps à M. H. Christ, président de la session, et à M. Burnat, retenu loin de nous par un deuil récent. Peu d'heures aprés, le chemin defer nous emportait loin de ces merveilleuses vallées où nous avions recu un si chaleureux accueil, où nous avions vu tant de belles choses; nous re- grettions de voir défiler devant nous ces hautes cimes, Ce? vues du lae; nous éprouvions toutes les mélancolies des pénibles séparations. RAPPORTS SUR LES EXCURSIONS DE LA SOCIÉTÉ VISITE AUX HERBIERS DE CANDOLLE, DELESSERT, BOISSIER ET BURNAT. RAPPORT DE M. Emm. DRAKE DEL CASTILLO. Le programme de la session comportait la visite aux herbiers de Candolle, Delessert, Boissier et Burnat. Si les excursions au milieu des riches contrées du Valais étaient pleines d'attraits pour la Société, à ses yeux la visite aux collections botaniques de la région ne devait pas offrir un faible intérét. Herbiers de Candolle, Deles- sert et Boissier! Que de richesses dans ces trois collections! Que de souvenirs dans ces trois noms! Le premier rappelle le savant universellement réputé qui, tout en étant resté un fervent patriote dans son pays natal, peut laisser à la France l'honneur de revendi- quer une partie de sa gloire, puisque c'est à l'abri de ses institu- tions qu'il a perfectionné ses études et donné ses premiers ensei- nements. Le second nom, si respecté dans le monde savant pendant la premiére moitié de notre siécle, fut celui d'un Fran- Sais ami et bienfaiteur de la science. Le troisième enfin fut Porté par un homme modeste et laborieux qui, travaillant toute Sa Vie à sa science favorite, sut lui élever, parmi ses nombreux Ouvrages, un monument qui passe pour un modèle du genre. Les Visites à ces différentes collections ont été dirigées par MM. Casimir de Candolle et Buser, conservateur de l'herbier de Candolle ; par M. Briquet, sous-eonservateur de l'herbier Delessert, remplacant . M. Muller, cónservateur, absent de Genéve; par M. Autran, con- Servateur de l'herbier de Boissier, et par M. Burnat. La Société CLXXXIV SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. botanique de France a trouvé chez les uns et chez les autres la plus exquise complaisance et l'aecueil le plus cordial. HERBIER DE CANDOLLE. L'herbier de Candolle comptait en 1894 cent ans d'existence, car c'est en 1794 qu'Augustin-Pyramus de Candolle commença à réunir ses premiéres plantes séches, et, sans la mort du regretté M. Alphonse de Candolle, une certaine solennité aurait été donnée à la célébration de ce centenaire, digne d'étre noté dans les fastes dela Botanique. Les botanistes francais n'ont malheureusement pu apporter à M. Alphonse de Candolle d'autre hommage que celui de leur souvenir. Ce ne fut qu'en 1816, aprés son départ de Mont- pellier, qu'Augustin-Pyramus de Candolle vint installer à Genève ses livres et ses collections, au moment ou il venait d'achever la rédaction du Systema, et cinq ans avant qu'il entreprit celle du Prodromus. Depuis ce temps, l'herbier et la bibliothéque de Can- dolle n'ont pas quitté la place Saint-Pierre, où tant de botanistes sont venus mettre à profit ces riches matériaux scientifiques. La bibliothéque est installée dans la principale des piéces con- sacrées aux collections. Cette salle est pleine de souvenirs des deux illustres savants. Les deux plus anciens sont deux cahiers de cours : l'un est celui du cours que le botaniste Vaucher faisait dans le jardin de la Société de physique et d'histoire naturelle de Genéve, à une époque (1794) où Augustin-Pyramus, plus adonne jusqu'alors aux belles-lettres qu'à d'autres études, n'avait encore que peu songé à une science dans laquelle il brilla plus tard d'un si vif éclat; l'autre cahier est celui du cours d'anatomie professé par Cuvier en 1797. Des loupes ayant servi à Robert Brown, des vues du Jardin de Montpellier, les diplómes et insignes d'Au- gustin-Pyramus et d'Alphonse de Candolle, le buste de ce der- E complétent cette sorte de musée personnel des deux bota- nistes génevois. La bibliothéque comprend de huit à neuf mille volumes rangés, suivant les nécessités de l'emplacement, par format ou par ordre de matiéres, et catalogués sur fiches avec renvoi à la place que chacun occupe. Les brochures, trés nombreuses et reliées par ordre de matiéres, sont également cataloguées sur fiches spéciales à chacune d'elles avec renvoi au volume qui la contient. DRAKE DEL CASTILLO. — RAPPORT SUR LES HERBIERS VISITÉS. CLXXXV Quelques ouvrages inédits d'A.-P. de Candolle, un entre autres sur la statistique végétale de la France, se trouvent dans la biblio- thèque. On y voit aussi douze volumes in-folio renfermant les copies de dessins originaux de la Flore du Mexique de Mociño, qui avaient été communiqués par l'auteur à A.-P. de Candolle, mais le premier les réclamant à bref délai, ces dessins furent copiés ou calqués en dix jours par les dames et artistes de la ville de Genéve. L'herbier est installé dans plusieurs piéces situées au-dessus de la bibliothéque. La Phanérogamie comprend trois séries : 1* L'herbier du Prodromus. — Cet herbier renferme exclusive- ment la plus grande partie des types mentionnés dans l'ouvrage du savant génevois et de ses continuateurs. Ce fait seul montre l'intérét extréme de cette collection. Elle est la réunion des preuves palpables des descriptions renfermées dans le Prodromus. Elle est, à elle seule, un monument considérable élevé entiére- ment par les mains d'Augustin-Pyramus et Alphonse de Candolle ; aucune collection importante formée primitivement par d'autres botanistes n'y est entrée, sauf : l'herbier de L'Héritier (1801), dont le principal intérét est de renfermer les plantes recueillies à la Guyane par Patris et données à L'Héritier par le chevalier Tur- got; l'herbier de Thibaud (1813); celui de Puerari (1824), et celui de Daniel et Fr. Delaroche (1829). X L'herbier des Monographie Phanerogamarum. — Ce se- cond herbier est, à cet ouvrage, ce que le premier est au Prodro- mus. 3 Un herbier général. — Il renferme toutes les plantes qui n'ont pas été comprises dans le premier, et ne l'ont pas encore été dans le second. L'herbier cryptogamique, avec tous les ouvrages s'y rapportant, occupe une salle spéciale. Les paquets de l'herbier, disposés horizontalement sur des rayons ouverts, sont formés par deux cartons entre lesquels est maintenu, au moyen de sangles, un certain nombre de feuilles doubles ou chemises. Chaque chemise ne contient que les échan- tillons d'une même espèce : ces derniers, collés à leur étiquette CLXXXVI SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. particulière, sont placés et même généralement épinglés sur une feuille simple qui peut, s'il y a lieu, réunir des exemplaires de provenances diverses. Les chemises portent extérieurement, sur une étiquette, le nom de l'espéce qu'elles renferment; dans l'her- bier du Prodromus, chaque chemise est, en outre, munie d'un numéro renvoyant à l'ouvrage. Chaque groupe supérieur : section, sous-genre, genre, famille, est indiqué par une étiquette en carton fixée à une feuille à part, et faisant saillie au front du paquet. Avant d'étre disposées dans cet ordre, les plantes nouvellement arrivées sont placées chacune dans une chemise spéciale : elles sont d'abord distribuées par familles; puis, selon les besoins, la facilité que ce travail présente et le temps que l'on peut y consa- crer, par genres et enfin par espéces. | Le seul procédé employé pour la conservation de l'herbier est le sulfure de carbone ; autrefois, les possesseurs de l'herbier se servaient de sublimé corrosif. Il est impossible d'évaluer d'une maniére précise le nombre des espéces comprises dans ces collections. L'herbier du Prodro- mus se compose de 340 paquets, l'herbier des Monographie de 25, et l'herbier général de 770. Le chiffre des échantillons s'élevait, en 1879, à 291 965 et, en mai 1894, à 327 899. Les différentes. régions du globe sont toutes représentées d'une facon à peu prés égale dans l'herbier de Candolle, autant du moins que nos con- naissances sur chacune d'elles le permettent, et on y trouve les plantes de tous les collecteurs les plus importants. La liste sui- vante donne les noms des principaux d'entre eux. EUROPE. EUROPE CENTRALE : SUISSE, ALLEMAGNE, AUTRICHE-HONGRIE. — Bentham, Bernard, Borbas (de), Braun (A.) [Chara], Buchenau, Candolle (A. de), Char- let, Charpentier (de), Czetz[Transylvanie], Déséglise, Dunant, Favrat [Ronces suisses], Fries [Hieracia], Frælich, Geheeb [Mousses], Graf, Heer (Oswald), Hepp [Lichens], Heuffel, Hoppe, Host, Janka, Kitaibel, Koch, Keler, Lejeune, Libert (M"°), Lenormand, Mercier [Rubus], Mertens, Milde, Moritzi, Müller, Portenschlag, Rabenhorst [Cryptogamie], Reuter, Reynier, Rion, Roberge [Hypoxylis], Schleicher [Suisse], Schultz, Seringe, Siegfried [Potentilla], Steudel, Thomas, Thümen [Fungi], Wallroth, Wartmann, Schenk et Wirter [Cryptogamie helvétique], Welwitsch, Wirtgen [Menthes], Wolf. FRANCE ET CORSE. — Arvet-Touvet [Hieracium], Babey, Bastard, Bentham Bernard, Bonjean, Bordère, Bouchet, Bourgeau, Bro: ssonnet, Candolle (A. de); DRAKE DEL CASTILLO. — RAPPORT SUR LES HERBIERS VISITÉS. CLXXXVII Chartier, Chavannes, Clarion, Codel, Déséglise, Desportes, Dufour (L.), Duval- Jouve, Fleurot, Gandoger, Grenier, Godron, Guépin, Huet du Pavillon, Jordan, . Lamouroux, Lecoq, Lejeune, Le Jolis, Leman, Lenormand, Malinvaud |Men- thes], Mougeot, Muller (G.), Nestler, Nylander [Lichens], Prost, Puget [Rosa], Requien, Reynier, Risso, Robert, Roubieu, Salis-Marschins (de) [Corse], Salz- mann, Schultz, Schimper, Seringe, Soleirol, Thomas (P.), Thore, Thuillier, Walker-Arnoth, Xatard, et en général tous les correspondants 'cités dans la Flore francaise. ÎLES BRITANNIQUES. — Graham, Harvey (M':), Hooker, Jowett, Lyell, Wilson [Mousses], Winch. EUROPE SCANDINAVE ET RUSSE. — Andersson, Andrzeiowski, Beaupré [Cri- mée], Besser, Blytt | Lichens], Compére [Crimée], Fries (Th.), Godet [Crimée], Goldbach, Hornemann, Lefflu, Lessing, Malmgsen, Martins (Ch.), Meyer(C.-A)., Smith (C.), Sommerfeldt, Steven [Crimée], Tardent [Bessarabie], Tschernajeff, Wiekstróm, Winslow [Roses], Wittrock et Nordstedt. PÉNINSULE IBÉRIQUE ET BALÉARES. — Boissier, Bourgeau, Boutelou, Bro- tero, Cambessèdes, Cosson, De la Roche, Dufour (L.), Durieu, Graélls, Hæn- seler, Henriquez, Lagasca, Ruiz et Pavon, Salzmann, Schousboe. ITALIE ET SICILE. — Badaro, Balbis, Bellardi, Bertoloni, Bruni, Comolli, Ducommun, Garovaglio [Mousses], Gussone, Heldreich (de), Huet du Pavillon, Massalongo [Lichens], Moretti, Moricand, Moris, Notaris (de) [Cryptogames], Parlatore, Passy, Raddi, Reynier, Rostan, Savi, Schouw, Splitgerber, Thomas (P.), Tineo, Tornabene, Viviani, Welden (de). PÉNINSULE DES BALKANS, GRECE ET ARCHIPEL. — Balansa et Bourgeau [Rhodes], Diasoletto [Dalmatie], Candolle (C. de), Guebhard [Roumanie], Lurati [Algues de la Dalmatie], Margot, Parolini, Reuter, Sartori, Spruner, Thuret, Viviani [Dalmatie], Zuccarini. ASIE. ORIENT (limites de la Flore de Boissier). — Acerbi, Aucher-Eloy, Balansa, Barbey, Blanche, Bourgeau, Bové, Bunge, Castagne, Chesney, Dumont-d'Ur- ville, Fischer, Gaillardot, Hohenacker, Huet-du-Pavillon, Kotschy, La Billar- dière, Letourneux, Méryon, Meyer, Noë (de), Olivier, Pinard, Rousseau, Sieber, Steven, Szowitz, Tardent, Wilmsen. ARABIE. — Bovi, Schimper, Thomson [Aden]. ASIE SEPTENTRIONALE. — Besser, Bunge, Chamisso (de), Fischer, Kirilow, Meyer (C.-A.), Schrenk, Steven, Turczaninow. ; CHINE; JAPON, MaNpcuouniE. — Bunge, Fortune, Maximowicz, urezaninow, Oldham, Park, Rein, Seemann, Wawra, Zollinger. : HINDOUSTAN, HIMALAYA, CEYLAN, INDO-CHINE. — Balansa, Brandis, odia “lirke (C.-B.), Delessert (A.), Duthie, Edgeworth, Falconer, Griffith, Harvey [Algues], Helfer, Hohenacker, Hooker et Thomson, King, Leschenault, Main- gay, Metz, Perrottet, Roux (P.), Roxburgh, Royle, Scortechini, Thwaites, Wallich, Wight. : Karelin et Meyer et CLXXXVIII SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. AFRIQUE. ALGÉRIE, MAROC, TUNISIE. — Balansa, Bourgeau, Bové, Desfontaines, Hénon, Jamin, Kralik, Martins, Salzmann. ÉGYPTE. — Acerbi, Barbey, Bové, Coquebert, Delile, Galopin, Letourneux, Martins (C.), Raddi, Richard, Schimper, Schweinfurth, Sieber. CANARIES, AÇORES. — Berthelot, Bourgeau, Broussonet, Ledru, Leman, Lowe, Mandon, Smith (C.), Watson (H.-C.), Webb. SAINTE-HÉLÈNE. — Wallich. AFRIQUE TROPICALE OCCIDENTALE : SÉNÉGAMBIE, SIERRA-LEONE, ANGOLA, etc. — Bacle, Heudelot, Hooker f., Hóppfer, Leprieur, Méchow, Palisot de Beauvois, Perrottet, Sieber, Smeathman, Welwitsch. AFRIQUE TROPICALE ORIENTALE. — Bojer, Buchanan, Holst, Whyte. AFRIQUE AUSTRALE. — Boivin, Bolus, Burchell, Burke, Burmann, Drège, Ecklon et Zeyher, Forbes, Krebs, Lehmann [Hépatiques], Mac'Owan, Monteiro, Plant, Sickmann, Sieber. AMÉRIQUE. RÉGION ARCTIQUE : GROENLAND, TERRE-NEUVE. — Andersson, Horneman, Puerari, Pylaie (de la). États-Unis. — Bebb, Berlandier, Bigelow, Bolander, Bonaparte (C.), Boot, Bose, Bridges, Curtis, Darlington, Douglas, Elliot, Ellis [Fungi], Engelmann, Frank, Fraser, Gray (A ), Green (B.-D.), Greene, Hall et Harbour, Hartweg, Howell, Janin, Kellogg, Léman, Lemmon, Mann, Mercier, Mitchell, Musignano (prince de), Nuttall, Oakes, Parry, Pringle, Pylaie(de la), Rafinesque, Rügel, Sullivant et Lesquereux [Mousses], Torrey, Teinturier, Tuckermann (E.), Wright (C.), Werthmann [Algues]. MEXIQUE. — Allaman, Andrieux, Berlandier, Botteri, Bourgeau, Cuming, Erwendberg, Ghiesbreght, Hartweg, Kerber, Liebmann, Lucas, Mairet, Mendez, Pringle, Sumichrast, Virlet d'Aoust [Euphorbiacées et Cupuliféres]. AMÉRIQUE CENTRALE. — Bernoulli, Eggers, Lévy, Pittrer, Seemann, Smith (J.-D.), Wawra. ANTILLES. — Dadier, Bertero, Blauner, Ferrero, Hahn, Henriquez, Husnot [Fougères et Lycopodinées], Krug et Urban [Myrtacées], Lherminier, Murray, Ossa (de la), Perrottet, Poiteau, Sagra (R. de la), Santos Burat et Bordier, Sieber, Sintenis, Swartz, Wright, Wydler. COLOMBIE, EQUATEUR, GALLAPAGOS. — Andersson, Fraser, Hartweg, mn boldt et Bonpland, Holton, Jameson, Karsten, Linden, Moritz, Spruce, Triana. . VÉNÉZUELA, GUYANES. — Fendler, Leprieur, Patris, Parker, Perrottet, Sagot, Schomburgk, Spruce, Vargas, Weigelt. PÉROU, — Abadia, Dombey, Gaudichaud, Goudot, Lechler, Mathews, Pent- land, Peeppig, Spruce, Urville (d"). BOLIVIE. — Mandon, Orbigny (d’), Pentland. DRAKE DEL CASTILLO. — RAPPORT SUR LES HERBIERS VISITES. CEXEXIYX Dn£siL.— Allemäo (Frère), Bacle, Blanchet, Casaretto, Claussen, Decostera, Guillemin, Gardner, Gaudichaud, Gomes, Lhotoky, Lund, Martius, Poppig, Pohl, Riedel, Salzmann, Saint-Hilaire (A. de), Sellow, Spruce, Theremin, Vauthier, Warming, Wawra, Weddell. CHILI ET JUAN-FERNANDEZ. — Abadia, Bertero, Chamisso (de), Gaudichaud, Gay, Germain, Lechler, Philippi, Pœppig, Style (J.), Urville (d), Wawra. RÉPUBLIQUE ARGENTINE, — Bacle, Hieronymus, Lorentz, Urville (d), Schnyder. UruGuAY. — Isabelle (A.). Paraguay. — Balansa. AMÉRIQUE ANTARCTIQUE. — Hooker (J.-D). OCÉANIE. MALAISIE. — Baudin, Blume, Burck [Diptérocarpées], Cuming, Dozy [Mous- ses], Hoffmansegg, Junghuhn, Llanos, Perrottet, Sanda-Lacoste [Mousses], Savinierre (de La), Zollinger. NoUvELLE-GUINÉE. -— Beccari. NouvELLE-CALÉDONIE. — Cuming, Deplanche, La Billardière, Mac'Gillivray, Vieillard. POLYNÉSIE. — Abadie, Cuming, Gaudichaud, Harvey [Algues], Jardin, Lépine (J.), Morrenhout, Nadeaud, Urville (d), Vieillard. AUSTRALIE. — Baudin, Brown (R.), Cuming, Cunningham (A.), Drummond, Gunn, Harvey [Algues], La Billardière, Lenormand [Algues], Lindley [Or- Chidées], Muller (de), Patris, Sieber, Thozet, Verreaux. TASMANIE, — Hooker f., Verreaux. NOUVELLE-ZÉLANDE. — Hooker f., Raoul, Sinclair [Fougères]. HERBIER DE LA VILLE DE GENEVE (Delessert). La famille de B. Delessert donna, on le sait, en 1869, son riche herbier à la ville de Genéve, mais disposa de sa bibliothéque en faveur de l'Institut. de France. Vers 1871, une Commission com- posée de plusieurs botanistes génevois, entre autres MM. C. de Candolle, Fauconnet, M. Micheli, Muller, Rapin, Reuter, ete., Soccupa activement de son installation dans le Conservatoire botanique, et termina ce laborieux travail en 1874. Cependant le Conseil administratif de la ville de Genéve, ne trouvant pas les bàtiments du Conservatoire suffisants pour les importantes col- lections et la bibliothèque déjà considérables qu'ils renferment, a mis depuis quelque temps à l'étude un projet de réfection partielle de l'édifice ou mème de constructions nouvelles, permettant ainsi CXC SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. d'installer plus largement les herbiers et les livres, et de les laisser consulter plus facilement et plus commodément par les nombreux botanistes qui viennent chercher dans ces collections de si intéressants documents. Le rez-de-chaussée du Conservatoire botanique renferme la col- lection de bois et de fruits. Le premier étage est affecté aux her- biers et à la bibliothéque. Actuellement, les herbiers comprennent six collections dis- tinctes, savoir : 4° un herbier général, constitué par les fonds de l'herbier Delessert, auquel sont venues se joindre les nombreuses acquisitions faites par la ville de Genève depuis 1876 ; 2° un her- bier de France; 3° un herbier suisse, formé essentiellement par l'herbier du D' Fauconnet, qui est trés riche, et contient la plupart des types de Rapin, Reuter et autres floristes génevois; 4 un ancien herbier général, contenant surtout des plantes de jardin; D l'herbier de Thuillier ; 6° l'herbier de Burmann. On trouvera dans l'ouvrage de Laségue (Musée bolanique de M. B. Delessert, Paris, 1845) de nombreux renseignements relatifs au premier herbier et aux deux derniers. Il est inutile de les répéter ici. Cependant il n'est pas question dans ce livre des col- lections botaniques entrées dans l'herbier Delessert de 1845 à 1862. La liste suivante, dont les éléments sont dus à la complai- sance de M. J. Briquet, comble cette lacune et contient, en outre; l'indication des collections dont l'herbier de la ville de Genéve s'est enrichi depuis 1876. EUROPE. EUROPE CENTRALE : SUISSE, ALLEMAGNE, AUTRICHE- HONGRIE. — Billot, Blocki, Fauconnet, Huguenin, Mougeot et Nestler [Cryptogames], Opiz, Ra- benhorst [Cryptogames], Schröter, Schultz, Wartmann [Cryptogames]. FRANCE ET CORSE. — Augé de Lassus, Aunier, Bélanger, Billot, Boivin, Bordère, Bourgeau, Bouvier, Bubani, Chaubard, Déséglise [Muscinées], Des Étangs, Desmazières [Cryptogames], Desvaux, Enden. Feistmantel, Forestier (de), Gay, Graves, Grévin, Guillard, Hagucnin, Irat, Kralik, Lebel, Magnier, Montagne, Kitii, Nider [Lichens], Parseval (de), Puel et Maille, Requien, Schultz, Villiers de Terrage, Weddell. EUROPE SCANDINAVE ET RUSSE. — Lindeberg, Nyman, Sommerfeldt [Cryp- togames], Wickström. - PÉNINSULE IBÉRIQUE ET ÎLES BALÉARES. — Blanco, Bourgeau, Funck, Huter, Porta et Rigo, Lange, Reverchon, Webb. DRAKE DEL CASTILLO. — RAPPORT SUR LES HERBIERS VISITÉS. CXCI ITALIE ET SICILE. — Cosson, Durando, Heldreich (de), Huguenin, Massa- longo et Anzi [Lichens]. PÉNINSULE DES BALKANS, GRÈCE ET ARCHIPEL. — Guebhard, Heldreich (de), Lépagnier, Noé (de), Petter [Dalmatie], Pichler, Sartori, Sendtner, Schimper et Wiers [Géphalonie], Sintenis, Wagner. ASIE. ORIENT (limites de la Flore de Boissier). — Balansa, Blanche, Boissier, Bornmüller, Bourgeau, Clements, Heldreich (de), Hohenacker, Kotschy, Jau- bert, Pinard, Sintenis. ARABIE. — Arnaud et Vaysière, Hohenacker, Schimper. ASIE SEPTENTRIONALE. — Karo, Turczaninow, Wagner. CHINE, JAPON, MANTCHOURIE. — Fortune, Hillebrandt, Yatabé, Yvan, Zol- linger. HiNpoUusTAN, HIMALAYA, CEYLAN, INDO-CHINE. — Campbell, Dalhousie, Deschamps, Germain, Griffith, Harvey [Algues], Hooker, Metz, Thwaites, Walker, Wallich, Yvan. AFRIQUE. ALGÉRIE, TUNISIE, MAROC. — Balansa, Battandier et Trabut, Billot, Clos, Debeaux, Durando, Jamin, Kralik, Munby, Roussel [Cryptogames], Schousboé [Algues]. ÉcYPrE. — Kralik. CANARIES. — Bourgeau. AFRIQUE TROPICALE OCCIDENTALE. — Boivin, Hens, Lécard. AFRIQUE TROPICALE, ORIENTALE ET ÎLES. — Boivin, Germain, Lemne, Per- rottet, Rifaud, Robillard, Rochet d'Héricourt, Sabatier [Nil blanc], Schimper, Wallich. AFRIQUE AUSTRALE. — Boivin, Drège, Mac-Williams, Wallich. AMÉRIQUE. RÉGION ARCTIQUE. — Richardson. États-Unis, CANADA. — Beck, Chapman, Dalhousie, Geyer, Greene, Hart- mann, Howell, Jewett, Jones, Lesson, Patterson, Pringle, Rafinesque, Suck- dorf, Sullivant. MExiQuE. — Howell, Jurgensen, Kerber, Pringle, Schmidely. AMÉRIQUE CENTRALE. — Turckheim [Cryptogames du Guatemala} | ANTILLES. — Bélanger, Eggers, Fendler, F unck et Schlim, Lépagnier, Linden, Sintenis, Wright. . COLOMBIE, ÉovATEUR. — Goudot, Jameson, Linden, Schlim, Spruce. VÉNÉZUELA, GuvANES. — Fendler, Funck et Schlim, Hostmann et Kappler, Schomburgk, Spruce. CXCII SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. PÉROU. — Mathews. Boivie. — Bung, Mandon. BRÉSIL. — Glaziou, Spruce, Ule [Mousses]. CHILI. — Gay, Germain, Macræ, Schatzmann. RÉPUBLIQUE ARGENTINE. — Keck, Lorentz. UnuGUAY. — Webster. PARAGUAY. — Balansa. OCÉANIE. MALAISIE. — Llanos [Cryptogames], Lobb, Zollinger. NOUVELLE-CALÉDONIE. — Charpentier. PoLvNÉsiE. —- Hombron, Lapère. AUSTRALIE, TASMANIE. — Cunningham, Drummond, Harvey [Algues], Mac- Lean, Martin, Muller, Stephenson. NOUVELLE-ZÉLANDE ET RÉGIONS ANTARCTIQUES. — Chusemann, Hooker f., Lesson, Raoul. Il faut ajouter à cette liste quelques collections spéciales, telles que les Aracées d'Engler. les Potentilles de Siegfried, les Hiera- cium de Nxgeli et Peter, et des collections générales de Crypto- games, telles que : Mycotheca universalis de Thümen, les Lichens de Körber, les Hépatiques de Hübener et Genth, des Cryplogames. diverses de Ronn, etc. Dans l'herbier général, les échantillons sont fixés sur une feuille simple au moyen de bandelettes épinglées. Chaque part a sa che- mise spéciale, renfermée dans une chemise générale pour chaque espèce. Les paquets sont contenus dans des cartons s'ouvrant à la maniére des cartons de bureau. Les genres sont classés d'aprés le Prodromus, mais au fur et à mesure de l'apparition de Monographies, ils sont disposés dans l'ordre adopté par Bentham et Hooker, et dans ce cas l'étiquette saillante épinglée à droite des paquets porte un numéro d'ordre correspondant à celui qui lui est assigné dans l'ouvrage des auteurs anglais. La bibliothéque est considérable, puisqu'elle renferme plusieurs milliers de volumes, et l'on jugera de l'activité que le D' Müller a dà déployer pour la former lorsqu'on saura qu'en 1874 elle ne comptait que 160 volumes. Grâce à cette habile direction et à la générosité des botanistes Rapin et Fauconnet qui ont doté la bibliothéque de la ville d'une série d'ouvrages sur la flore euro- DRAKE DEL CASTILLO. — RAPPORT SUR LES HERBIERS VISITÉS. CXCIII péenne, on peut trouver dans cet établissement la série des Flores coloniales anglaises, la majorité des Flores exotiques, y compris les grandes publications telles que les Nova genera et species de Kunth, le Flora brasiliensis de de Martius, la plupart des Mono- graphies de Phanérogames, et un trés grand nombre de publica- tions, telles que les Botanical Register, Botanical Magazine, Bota- nische Zeitung, Gartenflora, Linnæa, Flora, etc. HERBIERS BOISSIER ET BARBEY-BoISSIER. Ces herbiers sont installés à Chambésy à peu de distance de Genève, dans la propriété de M. W. Barbey, où, sur les bords du lac, en face d’un site charmant dont la contemplation repose des travaux de l'esprit, une construction spéciale, terminée en 1887, leur a été affectée. On peut en voir la reproduction dans le supplé- ment du Flora orientalis. La facade de l'édifice du cóté du lac est formée par trois piéces : deux d'entre elles sont consacrées à la bibliothèque phanérogamique et au laboratoire; la troisième renferme la bibliothéque et l'herbier cryptogamiques. Une longue galerie, ornée à son extrémité du buste du fondateur de l'herbier, s'ouvre sur la pièce du milieu; elle est éclairée à droite et à gauche par plusieurs fenétres ; dans l'intervalle de celles-ci, des armoires vitrées sont dressées contre le mur, perpendiculairement à sa direction, et de manière à laisser entre elles un passage dans le milieu de la galerie. Là sont rangées les collections de bota- nique phanérogamique. Ces collections se composent de deux séries. La premiére est l'herbier Boissier proprement dit: c'est celui que le botaniste suisse avait formé et classé lui-même; il se compose environ de 880 paquets. La seconde est l'herbier Barbey- Doissier, et comprend toutes les collections que Boissier n'avait pas encore fait entrer dans son herbier, et celles qui ont été acquises depuis sa mort par le propriétaire actuel ; il se compose environ de 900 paquets. Boissier avait commencé son herbier vers 1820, sous les aus- pices de son grand-père maternel, le D" Butini, de Genève, qui lui fit faire, bien jeune encore, ses premières herborisations. On peut lire ailleurs (Notice sur la vie et les travaux botaniques d'Edmond Boissier, par le D' Christ, Flora Orientalis, supplément) E T: XLI. CXCIV SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. cet éminent botaniste et infatigable explorateur futamené à recueillir soit par lui-méme, soit par des collaborateurs ouc orrespondants, d'inappréciables matériaux pour la flore d'Espagne et surtout pour celle d'Orient. Doissier énumére, dans la préface du Flora Orientalis, les collections de plantes d'Orient qu'il possédait; ce sont elles qui font la grande richesse de son herbier, unique à ce point de vue; mais il ne négligea pas non plus les flores exotiques, et il s’occupa de réunir les collections les plus importantes publiées depuis 1840 ; son herbier est des plus complets pour la flore des États-Unis. L'ordre adopté par Boissier dans son herbier est à peu prés celui qu'il a suivi dans son Flora Orientalis, c'est-à-dire la série des familles telle qu'elle est établie dans le Prodromus, sauf quelques changements empruntés au Genera de Bentham et Hoo- ker. L'herbier Boissier est resté dans l'état où il était à la mort de son fondateur. Dans l'herbier Barbey-Boissier les genres sont disposés suivant l'ordre adopté dans l’Index de Durand, et les étiquettes servant à les indiquer portent le numéro correspondant à celui qui désigne chacun d'eux dans cet ouvrage. Elles sont collées sur le bord droit d'une feuille de papier de maniére à faire saillie en avant du paquet. Des étiquettes analogues servent à désigner les familles, les tribus, sous-genres ou sections. Les premières font saillie au front du paquet, à gauche; les autres entre le milieu et le bord droit du paquet. A la fin de chaque famille, des cases sont réservées aux plantes qui ne sont déterminées ni génériquement ni spécifi- quement. Dans chaque genre, les espèces sont rangées par ordre alphabétique. Leur nom est inserit sur une étiquette fixée au coin inférieur gauche de la chemise qui les renferme. Les échantillons sont fixés par des bandelettes gommées au verso de leur étiquette particulière, laquelle est épinglée sur une feuille de papier simple; des échantillons de provenances diverses peuvent être réunis sur une mème feuille, mais on cherche autant que possible à grouper les échantillons venant d’un même pays. Les paquets sont main- tenus entre deux cartons à l’aide de deux sangles. La collection eryptogamique est fort riche : la partie mycolo- gique renferme presque tous les exsiccatas parus; la partie bryolo- gique contient, outre une collection personnelle trés importante, un grand nombre d'exsiccatas, les herbiers Hedwig et Schwægri- chen, Nees ab Esenbeck, Duby; la partie lichénologique renferme DRAKE DEL CASTILLO. — RAPPORT SUR LES HERBIERS VISITÉS. CXCV l'herbier Schærer; enfin la partie des Hépatiques comprend, enire autres, une collection de Spruce de la province des Ama- zones. La bibliothéque phanérogamique comprend deux séries: les ouvrages originaux, fort nombreux, et presque tous les périodiques publiés. Dans chacune de ces séries les ouvrages sont rangés par format: in-folio, in-4° et in-8, et par ordre alphabétique. HERBIER BURNAT. La visite à l'herbier de M. Burnat était la dernière course scien- üfique que la Société botanique devait faire en Suisse pendant la premiére partie de sa session extraordinaire. D'autres raconteront l'éclat de cette journée, attristée malheureusement par le deuil qui devait retenir M. Burnat loin de nous pendant les fétes brillantes qu'il donnait aux Sociétés suisses et francaise; nous passerons donc leur récit sous silence, malgré tout le désir que nous aurions de remercier ainsi nous-méme M. Burnat de son aimable accueil, et nous nous renfermerons dans notre spécialité, empruntant une grande partie de ce qui va suivre à l'élégante brochure autogra- phiée que M. Burnat avait fait distribuer aux membres de la So- ciété (1). Nant-sur-Vevey, séjour de notre éminent collégue, est situé au- dessus de la ville de Vevey, en face d'un de ces splendides pano- ramas que le touriste ne se lasse jamais d'admirer dans ses excursions sur les bords du lac Léman. Les livres et les collections Sont installés dans une construction indépendante de la maison d'habitation et située au-dessus d'elle dans le parc. La biblio- théque occupe une salle du premier étage. Elle se compose de plus de 1400 volumes ; riche surtout en Flores européennes, elle ren- ferme en outre beaucoup de Flores exotiques, de traités généraux et une série importante de publications périodiques. Une salle vaste et bien éclairée, située au second étage, est réservée à l'herbier. De nombreux casiers garnissent entièrement les murs Sur toute la surface laissée libre par les portes et les fenêtres; tou- lefois un espace vide, permettant à l'air de circuler, a été ménagé (1) Notice sur l'herbier Burnat, 21 f. autogr., 1 photogr. représentant le timent contenant l'herbier et la bibliothèque. CXCVI SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. entre le mur et le fond des casiers; celte précaution a pour but de rendre ces derniers plus sains. Chaque case est destinée à une boîte, élégamment garnie de toile grise, et dépassant légèrement en profondeur et en largeur la longueur et la largeur d'une feuille ordinaire d'herbier. Cette boite est couchée dans l'intérieur de sa case, en présentant son couvercle en avant, de maniére que celui-ci puisse être enlevé sans déranger la boîte; à l'intérieur les chemises sont entassées librement sur un plateau en carton qu'il suffit d'amener à soi pour retirer en méme temps tout le contenu de la boite. Afin de faciliter les recherches, chaque boite porte sur son couvercle une étiquette indiquant la famille et le genre des plantes qu’elle renferme. Les échantillons sont extrèmement bien soignés et très souvent accompagnés, outre leur étiquette particu- lière, de notes complémentaires très intéressantes. Les collections de M. Burnat comprennent trois séries dis- tinctes : 1° un herbier général (les espèces provenant de la Suisse y sont placées dans des enveloppes spéciales) ; 2° un herbier des A lpes-Marilimes contenant tous les types de l’intéressant ouvrage en cours de publication de M. Burnat; 3° un herbier des Alpes- Maritimes de MM. Thuretet Bornet, don de M. Bornet, dans lequel Ardoino avait trouvé les principaux éléments de sa Flore. La liste suivante contient le nom des correspondants de M. Burnat ou des auteurs des exsiccatas qui sont représentés dans ses herbiers. EUROPE CENTRALE : SUISSE, ALLEMAGNE, AUTRICHE-HONGRIE. — Bamberger, Blocki, Borbas, Christ, Davall, Favrat, L. et A. Favrat [Rubi], Hohenacker, Huter, Janka (von), Leresche, Muret, Niessl (G. von), Pichler, Pittoni, Rastern, Rauscher, Richter-Lajos, Sandoz, Schneider, Schmidely [Rubi], Skofitz, Sonnklar (C. de), Stoizner, Strobl, Tauscher, Thomas, Tœppfer, Vetter, Vul- pins, Wartmann et Schenk [Cryptogames suisses], Wirtgen [Menthes], Wolf. FRANCE (non compris les Alpes-Maritimes) et ConsE. — Albert, André (A.); Arvet-Touvet, Autheman, Ayasse, Billot, Bonjean et Huguenin, Boissner et Reuter, Bordére, Brutelette (de), Burle frères, Debeaux (O.), Duchartre, Gérard-Martin, Huet (A.), Huet du Pavillon, Husnot [Mousses et Hépatiques], Le Grand, Loret, Mabille, Magnier, Michalet, Motelay, Moutin (R.), Parseval; Grandmaison (de), Philippe, Reverchon, Rouy, Roux, Saint-Exupéry (G. de). ALPES-MARITIMES. — Ardoino, Barbey, Barla, Barlet, Bicknell, Bornet, Bourgeau, Canut, Consolat, Contes (de), Derbés, Durando, Gentile, Goaty, Groves, Lacaita, Lorét, Moggridge, Panizzi-Savio, A. Pons, Potter, Sarato, Straforello, Reichenbach f., Vetter. DRAKE DEL CASTILLO. — RAPPORT SUR LES IIERBIERS VISITÉS. CXCVII ILES BRITANNIQUES. — Dabington et divers collecteurs. EUROPE SCANDINAVE ET RUSSE. — Ahlberg, Becker, Brotherus, Brown, Einweldt et Knabe, Godet, Hohenacker, Keck, Lindberg, Lindeberg [Hiera- cium], Scheutz, Société d'échanges d'Upsal, Tauscher, Wahlstedt [Characeæ suecice|, Wahlstedt et Nordstedt | Characeæ scandinavicæ], Zetterstedt.! PÉNINSULE IBÉRIQUE ET ÎLES BALÉARES. — Boissier, Bourgeau, Campos (P. del), Daveau, Huter, Leresche, Levier, Loscos, Porta et Rigo, Reuter, Rouy, Welwitsch, Willkomm, Winkler. ITALIE, SICILE ET SARDAIGNE. — Barbey, Boissier, Cesati, Caruel et Savi, Forsyth-Major, Grosrenaud, Groves, Huet du Pavillon, Huter, Porta et Rigo, Leresche, Levier, Lojacono, Marcucci, Reverchon, Rostan, Schlumberger (H.), Sommier, Strobl, Todaro. PÉNINSULE DES BALKANS, GRÈCE, CRÈTE ET ARCHIPEL. — Abd-ur-Raman- Nadji (L. Charrel), Baldacci, Barbey, Bicknell, Halaezy (de), Heldreich (de), Janka (von), Margot, Mellendorf, Murmann, Pantoezek, Pichler [Reliquiæ Or- phanidew], Reverchon, Sava Petrovic, Sintenis et Rigo, Spruner, Stribrny, Wagner. [l faut ajouter à cette liste les collections générales ou les eæsic- cata spéciaux, tels que : Société vogéso-rhénane d'échanges ; Société helvétique d'échanges ; Société dauphinoise d'échanges; Société pour l'étude de la flore française; Reliquiæ Mailleane; Wimmer et Krause, Collectio Salicum europearum ; Rabenhorst, Cryptogame vasculares 'europee ; Bryotheca europea; Schultz-bipontinus, Cichoriaceotheca ; Bœnitz, Herbarium europeum ; Malinvaud, Menthe exsic- cale; Schultz (F.), Herbarium normale; Magnier, Flora selecta exsiccata ; Peter, Hieracia Nogeliana ; Crépin, Herbier des Roses; Siegfried, Exsiccata Potentillarum. Enfin M. Burnat a considérablement enrichi ses herbiers par des voyages personnels en Suisse et dans les régions voisines (1844- 1870); à Marseille, à Toulon et en Corse (1847); dans les Alpes- Maritimes, les Basses-Alpes, le Var, la Ligurie et le Piémont méri- dional (1871-1894); dans le Tyrol méridional et la Vénétie (1873), la Toscane et les Alpes apuanes (1874-1891), dans l'Hérault (1880), en Espagne et aux iles Baléares (1881), en Grèce et à Constanti- nople (1889). CXCVIII SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. RAPPORT SUR LES JARDINS VISITÉS; par M. Philippe de VILMORIN. Les botanistes réunis à Genève en août 1894 ont eu l'occasion d'admirer, à cóté des magnifiques herbiers dont cette ville est si riche, de remarquables collections de plantes alpines et exotiques, des herbiers vivants pourrait-on dire, soit acclimalées à l'altitude relativement basse du lac Léman, soit, au contraire, dans leurs positions naturelles comme à Bourg-Saint-Pierre. Ce n'était pas là un des moindres attraits de la session de 1894. JARDINS DU CREST. Le 6 août, nous avons été invités par M. Mare Micheli à visiter son cháteau du Crest par Jussy. Je ne puis malheureusement pas rendre compte ici de la charmante réception qui nous avait été préparée par notre hóte. Il faudrait un rapporteur spécial et un compte rendu gastronomique pour célébrer dignement la facon dont on nous accueillit, tant à Jussy qu'à Chambésy, tant à Vevey qu'à Bourg-Saint-Pierre. Je m'en tiendrai done strictement à la description botanique des jardins. Si les raretés que possède M. Micheli sont nombreuses, elles ont de plus l'avantage d'étre groupées dans un fort petit espace. Les terrasses qui entourent le cháteau — couvert lui-màme de plantes grimpantes, Vignes et Grenadiers, et dominant une superbe vue sur le Mont-Blanc — sont disposées à la française, en plates- bandes droites et longues offrant la meilleure disposition possible pour sa collection de plantes vivaces; cette collection, depuis longtemps commencée, est des plus riches. Parmi les plantes encore très belles malgré la saison un peu avancée, on pouvait remarquer : Clematis Davidiana. Geranium armeniacum. — stans. Platycodon glandiflorum (ll. pl.) Delphinium Zali (Turkestan). Astrowskya magnifica (Turkestan). — cardinale (Amérique du Nord). (Enothera splendens (Amér. du Nord). Thalictrum glaucescens. Ipomæa pandurata. — Delavayi (Chine). Lysimachia clethroides. Romnaya Coulteri (Californie). Veronica subsessilis. P. DE VILMORIN. — RAPPORT Arnebia ectrioides. Aster bessarabicus. — Thomsoni. Chrysanthemum filiferum. Liatris callilepis. Sur le rocher alpin : Cyananthus lobatus. Onosma echioides. Trachelium roumeliacum. Campanula muralis. Antirrhinum glutinosum. Omphalodes Luciliæ. Actinella scaposa. Polygonum affine. Aquilegia californica. SUR LES JARDINS VISITÉS. — CXCIX Escallonia macrantha. Tritoma caulescens, Eremurus Holgæ. Antholysa paniculata. Crinum Pawelli, etc., etc. Rosa berberidifolia. Tschihatcheffia isatidea. Eryngium giganteum. Gnaphalium alpinum. Haberlea rhodopensis. Wulfenia archerstiana. Spigælia marylandica. Delphinium fusum. Pardanthus sinensis, etc. et une jolie collection d Erodium. Enfin un petit marécage artificiel permet à M. Micheli de cu.- tiver des plantes plus ou moins aquatiques, telles que: Iris lævi- gala, Astilbe Thunbergi, Primula japonica, Anemone japonica, Bletia hyacintina, etc. JaAnpiN BARBEY A CHAMBÉSY. ` Outre le célèbre herbier de M. Boissier, deux curiosités bota- niques nous attendaient à Chambésy : l'arboretum et les serres. L'arboretum contient une belle collection de Conifères parmi lesquelles nous avons pu noter les espèces suivantes : Pinus sabiniana (Californie). — Massoniana (Chine). — densiflora (Japon). — tuberculata (Californie). — uncinata (Pyrénées). ponderosa (Californie). Laricio var. earamanica (Syrie). Benthamiana (Amér. du Nord). Lambertiana (Californie). — Coulteri (Californie). — excelsa (Californie). muricata (Himalaya). — parviflora (Japon). Cedrus Deodara (Himalaya). — allantica (Atlas). Tsuga canadensis (Canada). Pseudo-Tsuga Douglasii (Am. du Nord). — — — — Picea nigra (Amér. du Nord). — orientalis (Portenvin). — commutata (Amér. du Nord). — Morinda (Himalaya). Abies alcokiana (Japon). — polita (Japon). — cilicica (Syrie). — lasiocarpa (Oregon). — Apollinis (Gréce). à — Pinsapo var. glauque (Espagne). — cephalonica (Grèce). — Loweriana. Araucaria imbricata (Chili). Sequoia sempervirens (Californie). Cupressus Lambertiana (Californie). Juniperus excelsa (Syrie). Toreya grandis (Japon). CC SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. Pour ce qui concerne les serres et les plantes qu'elles ren- ferment, je me contente de reproduire presque textuellement la note que m'a fournie, par l'intermédiaire de M. Autran, M. Limler, jardinier-chef. Les deux serres, d'une construction toute récente, sont établies d'aprés le systéme Cochu de Saint-Denis. Elles sont en bois de Pitch-Pine, à double vitrage et avec chaperon mobile. La pre- miére, de 28 métres de long sur 5 de large, est divisée en deux parties, l'une chaude et l'autre tempérée ; la seconde, de 18 métres sur 5, est destinée aux plantes de serre froide. Ces serres communiquent par un tunnel voüté avec les appareils de chauffage situés à une vingtaine de mètres, dans un petit båti- ment spécial. D'autre part elles sont en relation directe avec la maison d'habitation, au moyen d'un corridor vitré. SERRE TEMPÉRÉE. — Nous admirons dés l'entrée un gros tront d'arbre arrangé avec goüt et orné de différentes espéces de Plaly- cerium, telles que : Pl. grande, Willinki, biforme, Hilli, Alci- corne, Alcicorne var. majus; puis des Vanda cerulea, à belles grappes bleu de ciel; enfin, au milieu, un superbe Cattleya Lowiana, le tout sortant d'une fraiche verdure de Fougères exo- tiques. La serre contient en outre une forte collection de Bromé- liacées : Aechmea, Tillandsia, Nidularium, Bilbergia, Pitcair- nia, etc. Enfin beaucoup d’Orchidées différentes : Cattleya, Laelia, Calogine, cristata, etc.; Liparis, Brassia, Brassavole, Lycaste, Sobralia, Zygopetalum, Cymbidium, Leptotes, Oncidium ; Vanda tricolor , Cristata, suavis, striata, suspendues prés du vitrage; une trentaine d'espèces de Stanhopea, Gongora, Hartwegia, Fernan- dezea, etc., etc. SERRE CHAUDE. — Collection de Vanda, Aerides, Saccolabium, Dendrobium, Philodota conchoides, Renanthera mutulina, Cir- rhopetalum. Thouarsi; Bolbophyllum mandibulare, Lobbi, etc.; Broughtonia sanguinea; Echioglossa striata ; Phalenopsis schille- riana, Stuartium, violacea, Lowi, Esmeralda, Corvum-cerir, speciosa, grandiflora, amabilis, Luddemaniana; Cypripedium Lowi, exul, levigalum, Victoria, Mariæ, Stonei, Rotschildia- num, Haynaldianum, Charlesworthi, Ghamberlainianum, Dru- ryi, Sanderianum, neo-guinense, Wallisii, Schomburghianum, Parishi, et enfin le très rare Cypripedium Boissierianum. P. DE VILMORIN. — RAPPORT SUR LES JARDINS VISITÉS. CCI SERRE FROIDE. — Masdevallia, Odontoglossum, Mesospinidium ; Maaillaria; Oncidium; Ada aurantiaca; Epiphora pubescens; Helcia sanguinolenta; Lycaste; Sophronitis; Lelia anceps, Goul- diana, albida, autumnalis, monophylla; Stanhopea ligrina, etc. La collection d'Orchidées est, comme on le voit, considérable et encore n'est-il pas possible d'en donner ici un catalogue com- plet ; elle comprend plus de 400 espèces. Les Fougères sont aussi en trés grande abondance. NANT-sUR-VEVEY (7 août). Le douloureux événement qui empêchait M. Burnat de recevoir chez lui les membres du Congrès botanique, a privé beaucoup d’entre nous du plaisir de visiter l'herbier et les jardins de Nant. La propriété est située sur la pente assez abrupte d’un coteau qui domine le lac Léman avec ses vues grandioses et éternellement variées. Toute la campagne environnante est couverte de vignes propres et soignées, exemptes de maladies, les sulfatages étant ici obligatoires trois fois par an. Le parc de M. Burnat est loin d’être un jardin botanique et n'a aucune prétention à ce titre. Mais, s'il ne renferme pas une grande quantité d'espéces rares, du moins se peut-il remarquer par quelques beaux échantillons de Coniféres, par ses superbes arbres harmonieusement groupés, par l’heureuse disposition des pe- louses et massifs qui entourent l'habitation. Celle-ci est à elle seule tout un poème. C’est un grand chalet orné de balcons dé- Coupés et coiffé d’un immense toit, un de ces vrais vieux chalets que les Suisses les plus cosmopolites ont le bon goût de toujours aimer, dans cet heureux pays où la routine et l’art sont d’ac- Cord pour élever les plus jolies habitations du monde entier. Mais le chalet de M. Burnat, au lieu de se dresser dans quelque haut pâturage, plus ou moins désertique, s'abrite sous de grands arbres qui le dominent et l'entourent; une véritable parure de fleurs l'enveloppe et de chaque fenêtre tombent de gracieuses S'appes de Pélargonium rose. vds Sur une pelouse, M. Burnat avait fait dresser l'habitation, moins confortab]e quoique trés ingénieuse, dontil se sert dans ses longues CCII SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. pérégrinations alpines. C'est une tente construite sur le modèle de celles des officiers italiens; un mulet peut la transporter avec tous les accessoires. La mise en place et le pliage se font, parait-il, avec une rapidité merveilleuse. JARDIN DE L'ASSOCIATION POUR LA PROTECTION DES PLANTES, A GENÈVE. La description de ce jardin n'est pas ici à sa place chronolo- gique, mais à sa place logique, car il convient de la rapprocher de celle de la Linnea. Ce sont deux parties d'un méme tout. L'Association pour la protection des plantes alpines est connue de tout le monde, et chacun l'approuve de lutter contre le vanda- lisme mercantile qui menacait de destruction rapide plusieurs intéressantes espéces. Dans ce but, et autant qu'il est possible, elle multiplie par semis les plantes alpines et les offre aux amateurs à meilleur compte que les marchands spéciaux ne pourraient le faire de plantes arrachées à leurs habitats locaux; les plantes alpines d'ailleurs résistent ordinairement fort mal à la transplantation, tandis que leurs graines germent et leurs produits prospérent souvent aussi bien dans la plaine que sur les sommets. C'est là un phénoméne d'adap- tation bien naturel. ; À Genéve donc, l'Association posséde deux grands jardins, qui, gráce aux soins incessants et au dévouement de M. Correvon, don- nent les meilleurs résultats. Les graines sont semées avec soin, les jeunes plantes repiquées dans des godets, et on attend qu'elles aient pris une certaine VI- gueur pour les transporter dans un autre jardin où on les soumet aux aléas de la culture en pleine terre, sans pour cela cesser d'en prendre les plus grands soins. C'est dans ce second jardin que j'ai noté, vivant et prospérant aussi bien que dans la montagne, les plantes suivantes : Francoa sonchifolia. Dianthus papillosus (Montenegro). Geranium cinereum (Pyrénées). Campanula muralis. — argenteum (Tyrol). — excisa (Simplon). Viola pinnata. Centaurea præalta. Rudbeckia purpurea. Scabiosa graminifolia. Delphinium Zali (Turkestan). | Gentiana asclepiadea, P. DE VILMORIN. — RAPPORT SUR LES JARDINS VISITÉS. CCIII Erica carnea. Astragalus alopecuroides. Campanula pelviformis. Silene paradoxa. Symphyandra Hoffmani (Balkans). Daphne Cneorum var. superba. Alyssum argenteum. Clematis coccinea. Veratrum nigrum (Tessin). Pinguienla Reuteri. Eryngium amethystinum. Armeria setacea (Sierra Nevada). De plus nous avons remarqué une superbe collection d'Edraian- thus, plusieurs Opuntia rustiques et une magnifique serre à Fougéres contenant des plantes du Mexique, des États-Unis, de la Chine, du Japon, ete. Enfin un trés beau Rosier Banks à fleurs simples que M. Correvon tient d'Alphonse Karr. « Le jardin de Genève, nous dit M. Correvon, s'il ne fait pas de brillantes affaires financiéres, comble tout au moins une lacune et remplit un devoir. Nous publions trois catalogues que nous adres- sons sur leur demande à tous les amateurs, et nous donnons gra- tuitement les plantes aux jardins alpins dont le but est protecteur comme celui de la Linnæa. » La Lixxea DE BourG-SaiNT-PIERRE (1). Presque toutes les plantes alpines subissent, sans en souffrir, la culture à l'altitude de Genève. Quelques-unes cependant n'y Peuvent vivre, d’autres y perdent complètement leurs caractères spécifiques (quel monde de conséquences dans ce simple fait!). — Íl était donc intéressant au point de vue botanique de créer un jardin dans une situation telle que le plus grand nombre possible de plantes alpines indigènes ou étrangères y puissent prospérer. La création, de la Linnea de Bourg-Saint-Pierre (Valais), en 1889, résolut ce probléme. Ce jardin alpin d'acclimatation est le complément naturel et logique de ceux de Genève. Il est, comme eux, placé sous l'infatigable direction de M. Correvon. C'est l'aimable directeur lui-méme qui en fit les honneurs, le 8 août, aux botanistes en route pour le Saint-Bernard. Au jardin du Bourg-Saint-Pierre, on voit surtout des plantes provenant de tous les points des Alpes, plantes soignées et chéries (1) N'ayant pu visiter moi-même le jardin de Bourg-Saint-Pierre, je dois à l'obligeance de M. Correvon les documents qui m'ont permis de faire cette partie du Rapport sur les jardins. CCIV SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. entre toutes, qui viennent demander à la Linnca un refuge contre la destruction qui les guette. Mais autour de ces plantes indigènes, amenées seulement de leurs habitats souvent trés restreints de l'Alpe environnante, se réunissent, comme en un concile œcuménique, des étrangères habituées à d’autres monts et à d’autres voies, venues des chaînes voisines ou éloignées pour nous raconter les richesses florales des Pyrénées, de l'Oural, des Carpathes ou des Andes. Et loin d'étre dépaysées, comme elles semblent se plaire en cet hospitalier Valais! Sur 1900 espèces introduites à la Linnæa depuis sa création, 50 seulement n'en ont pu supporter le climat. Le jardin se trouve à une altitude de 1690 mètres; il a un peu plus d'un hectare et s'étale sur un monticule rocheux qui offre des pentes aux quatre points cardinaux. Ce monticule est formé de différents plateaux contenus par des arétes granitiques et l'un de ses flanes est couvert d'un bois de Mélézes. Plusieurs sentiers s'y engagent entre une douzaine de rocailles de différente importance. Quelques-unes sont exclusivement ré- servées à la flore de tel ou tel massif montagneux, tandis que d'autres renferment des espéces de toutes provenances. En raison du but protecteur du jardin, les espéces menacées de destruction sont particulièrement surveillées et soignées. C'est ainsi que le célèbre Senecio uniflorus All., l'une des plus rares plantes des Alpes valaisanes, est cultivé dans trois rochers différents et entouré de soins en vue de sa propagation. Les Silene pumilus Wulf. et Elisabeth® Jan., du Tyrol méridional et des Alpes lom- bardes, l’intéressant Campanula excisa du Simplon sont trés soigneusement multipliés. Quelques espèces étrangères : Primula sikkimensis Herk., Pa- paver nudicaule L., Dianthus neglectus Lois., Polemonium ceru- leum L., se multiplient au point de devenir encombrantes, tandis que d'autres se maintiennent avec peine. A ce point de vue la Linnea est un champ d'expérience des plus précieux. D'ailleurs son exemple n'a pas été stérile. Il s'est formé dans les Alpes de la France et d'Autriche une douzaine de jardins semblables, et il est à désirer qu'il s'en forme chaque année davantage. SAUVAGEAU. — JARDIN ALPIN € LA LINNÆA >»). CCV A PROPOS DE LA VISITE FAITE PAR LES 2 ET 3° DIVISIONS. AU JARDIN BOTANIQUE ALPIN « LA LINNÆA »; par M. €. SAUVAGEAU. Les plantes rares excitent toujours l'intérêt ou tout au moins la curiosité de ceux qui aiment la nature. Le botaniste ne les récolte qu'avec discrétion, car il craint de les voir disparaître, et il ne voudrait pas, comme on dit, « détruire la localité ». Une plante rare présente en effet pour lui bien des sujets d'études ; ses différents organes possèdent parfois des particularités lui permet- tant de mieux comprendre les affinités des groupes entre eux, ou des espéces entre elles, que les plantes plus fréquentes qu'il peut étudier à loisir. Le botaniste aime à suivre la plante rare dans son évolution et dans son extension, à pénétrer les causes de sa rareté, à rechercher quels sont les concurrents mieux armés qu'elle pour soutenir la lutte pour l'existence qui l'empéchent de s'étendre au loin..., ete... Ils sont nombreux parmi nos confrères, ceux qui visitent chaque année la station d'une plante rare pour suivre ses progrés et pour surveiller son extension ou plus souvent sa ten- dance à disparaître; ils gardent leurs observations pour eux et quelques initiés, ils n'y conduisent point de collectionneurs avides de centurier, ils protègent les plantes rares. En effet, les lois de l'évolution, de la dispersion ou de la disparition des espéces sont encore entourées d'obscurité pour nous, et l'observation continue de ces plantes à aire sporadique, disséminées sur des espaces res- treints, cantonnées parfois dans des localités uniques, ne contri- buera-t-elle pas à les faire découvrir? Nous sommes conduits, en effet, à admettre que les plantes rares ne le sont que parce qu'elles ne trouvent plus ou n'ont pas encore trouvé des conditions favorables à leur développement et à leur extension, sans toutefois pouvoir préciser, ni souvent méme pouvoir indiquer, quelles sont ces conditions; que les unes correspondent à des espéces vieillies, en train de disparaitre de notre globe comme l'ont fait tant d'autres aujourd'hui fossiles, comme l'ont fait tout récemment des animaux à la disparition desquels l'homme a assisté ; que les autres sont au contraire des espèces trop jeunes, apparues depuis trop peu de temps encore, qui actuellement tâtent le terrain et cherchent le milieu le plus CCVI SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. favorable à leur développement et à leur propagation. En plus de toutes les circonstances défavorables qui les entourent, elles trouvent. souvent dans l'homme un redoutable ennemi; c'est le touriste qui les récolte pour leur rareté et simplement parce qu'on ne les rencontre pas autre part, c'est le collectionneur qui s'em- presse d'en arracher des centuries pour en distribuer à d'autres collectionneurs. C’est encore l'herboriste qui arrache, pour les vendre, des masses énormes des espéces médicinales ou industrielles, sans précaution, sans mesure. Notre confrére M. Chabert nous signalait à Sion le danger qui menace les Génépy des Alpes (on comprend sous ce nom diverses Armoises des Alpes, en particulier Artemisia Mu- tellina), très estimés dans les Alpes comme révulsifs et sudori- fiques, et qui sont arrachés en quantité excessive par nos soldats alpins (voy. la séance de la Société à Sion le 15 aoüt). Si leur fleur est jolie et peut servir à l'ornementation, c'est le bouquetier qui les cueille en masse et les empêche ainsi de se repro- duire, c'est l'horticulteur qui en enlève non seulement des cen- turies, mais le plus qu'il peut pour son commerce; car moins ilen restera, moins facilement ses confrères pourront s'en procurer. Ne voyait-on pas tout derniérement le voyageur d'une maison an- glaise, en rapportant avec lui un certain nombre de pieds d'une superbe Orchidée de Madagascar, l'Eulophiella Elisabeth, se vanter d'avoir complétement détruit la plante sur les lieux d'origine? Certaines plantes à belles fleurs sont parfois l'objet d'un commerce tellement immodéré de la part des marchands de bouquets, qu'elles menacent de disparaitre, car ils ne se contentent souvent pas d'en couper la fleur, mais arrachent la plante entière, sem- blables aux négres de l'Afrique qui coupent les arbres à caout- chouc par la base, sans comprendre qu'ils suppriment ainsi pour l'avenir le principe méme de leur commerce. Il est bien rare que des règlements administratifs mettent bon ordre à cette dévastation; car, outre que cette question intéresse le plus souvent fort peu les administrateurs, il est plus facile de protéger des ruines historiques ou des blocs erratiques que d'humbles plantes. Cependant le préfet de la Savoie a pris en 1889 un arrêté interdisant larrachage du Cyclamen europeum dans tout son département; il parait aussi que la grande Gen- uane jaune devenait si rare dans le Tyrol, gráce aux fabricants SAUVAGEAU. — JARDIN ALPIN < LA LINNÆA ». CCVII d'eau-de-vie de Gentiane, que le gouvernement tyrolien a défendu par une loi d'arracher les pieds dont les tubercules mesurent moins de deux centimétres de diamétre. Mais qui donc interdirait d'arracher ces jolies petites Gentianes bleues dont on ne retire pas d'eau-de-vie? ou le Cerinthe alpina qui finira par disparaitre du Jura, l'Iris virescens qui se fait de plus en plus rare à Sion, PAn- drosace Charpentieri cantonné dans les Alpes du Tessin, et bien d'autres espéces encore? Mais l'une des plantes à qui l'on fait dans les Alpes une guerre plus acharnée encore qu'au Cyclamen et au. Cypripedium Calceolus, c'est l'Edelweiss dont l'alpiniste aime à orner son chapeau ou son béret. Combien de touristes en ont rapporté chez eux, qui étaient censés l'avoir cueilli eux-mémes sur les sommets d'accés difficile et l'avaient simplement acheté aux gamins qui les offrent à la porte des hótels; son commerce prend de si grandes proportions que nous avons tous vu, dans un bazar de Zermatt, des monceaux de boites spéciales servant à les expé- dier par la poste et qui peuvent en contenir une petite botte. L'Edelweiss n'est pas une plante spéciale à nos Alpes, puisqu'on la retrouve sur toutes les montagnes de l'Europe et qu'elle est parti- culièrement abondante sur l'Himalaya et en Sibérie ; méme si on le détruisait en Suisse ou en Savoie, on pourrait toujours s’en pro- curer. Cependant, récemment, plusieurs sections du Club alpin se sont émues à son sujet, et il est probable que le gouvernement suisse en interdira un jour l'arrachage. D'ailleurs, d’après la chronique scientifique du Temps du 6 janvier 1894, il paraitrait qu'on a trouvé un ingénieux moyen de protéger l'Edelweiss, on le falsifie; on fabrique « avec perfection et cynisme l'Edelweiss artificiel » €t cela « en quantité considérable et presque exclusivement avec l'épais drap gris des uniformes autrichiens. Réformées aprés les grandes manœuvres de la Triplice, les vieilles capotes militaires du service de l'Autriche sont artistement découpées et vont se Plaquer sur le cœur des Suisses et des Gretchen les plus élégantes.» Je n'ai cité que les plantes rares les plus connues, celles auxquelles la masse des touristes s'intéresse, et les seules qui puissent jamais compter sur une protection officielle; mais il y en à d'autres, plus rares, plus localisées, qui n'en sont pour cela que plus intéressantes, et à qui elle fera toujours défaut, car le public les ignore. Elles tendent à étre détruites, non seulement par le Ve Sement, par les troupeaux de plus en plus nombreux, par l'enva- CCVIII SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. hissement des cultures, mais aussi par les amateurs qui les arrachent pour en orner des rocailles alpines, où presque toujours elles périssent immédiatement par suite de leur brusque transplanta- tion. C'est pour défendre toutes ces plantes menacées que s'est fondée à Genève, en 1885, une Association pour la protection des plantes. Nous aimons à citer les deux premiers articles des statuts de cette Société : ART. 1. — L'Association pour la protection des plantes a pour but de protéger les plantes de nos plaines, de nos montagnes, contre la destruction qui menace une partie d'entre elles, recher- chées pour leur beauté ou leur rareté, et qui sont devenues un arlicle de commerce. ART. 2. — Elle s'efforce d'atteindre ce but : a. Par l'exemple et l'influence de ses membres qui auront pour principe de combattre la vente des plantes arrachées de leur sta- tion d'origine et transportées sur nos marchés ; b. Par des publications populaires qui pourront éclairer le public sur la maniére d'élever et de cultiver ces plantes; c. Par des démarches auprés des autorités lorsqu'elle le jugera convenable ; d. Par des encouragements décernés aux auteurs d'écrits utiles, aux horticulteurs qui se signaleraient par une bonne culture de plantes alpines ou aux personnes qui auront bien mérité de l'œuvre protectrice. Lors de sa fondation, les membres de l'Association n'étaient pas plus d'une trentaine; aujourd'hui ils sont plus de huit cents et non seulement Suisses ou Francais, mais de tousles pays du monde. Elle a obtenu de bons résultats déjà, résultats qui ne pourront que s'accentuer, surtout si le nombre des adhérents augmente, comme on doit l'espérer. Elle a réussi à intéresser à sa cause un certain nombre de clubs alpins qui versent régulièrement leur cotisation. C'est grâce à son influence, par exemple, que le Conseil communal d'Andelfingen (canton de Zürich), où existe la seule station suisse du rarissime Pirola umbellata, a pris un arrété en interdisant l'arrachage; et il parait, d'aprés son Bulletin, qu'on SAUVAGEAU. — JARDIN ALPIN € LA LINNÆA D. CCIX ne voit plus maintenant, sur le marché de Genéve, que des fleurs coupées d'Adonis vernalis, de Tulipa silvestris, d'Eryngium alpinum, au lieu des plantes arrachées d'autrefois. Et, moyennant une minime cotisation de 2 francs par an, les adhérents recoivent chaque année un intéressant Bulletin de 60 à 80 pages, rédigé en francais, où sont relatés les faits intéressant les plantes rares (1). Assurément le chiffre des membres de l'Association n'ira pas en grossissant indéfiniment ; elle n'aura jamais, comme la Société protectrice des animaux, à compter sur l'adhésion de toutes ces âmes compatissantes aux malheurs des vieux chats, des vieux chiens et autres vieilles bétes; son but est trop artistique et trop scientifique pour àtre compris de la grosse masse du public, et c'est pour cela que j'ai tenu à en signaler l'existence à ceux de nos confréres qui l'ignoreraient encore. Le but que se propose l'Association pour la protection des plantes est favorisé par le Jardin alpin d'acclimatation de Genéve, lout au moins en ce qui concerne les plantes alpines. Fondé en 1884, pour mettre en application les principes de l'Association, parune Société par actions, qui s'est bientót fatiguée des résultats financiers peu encourageants qu'elle obtenait, il est depuis 1893 la propriété de M. Correvon. Ce jardin alpin a pour objet de fournir aux jardins botaniques et aux amateurs de rocailles alpines non seulement des plantes adultes, élevées par semis et acclima- tées, mais surtout des graines de plantes alpines. En favorisant ainsi les semis, qui d'ailleurs réussissent presque toujours mieux que les transplantations d'individus pris dans leurs stations natu- relles, le Jardin alpin concourt à entraver les déprédations des Montagnes. Quelques-uns de nos confrères ont visité avec grand intérêt ce jardin alpin; mais beaucoup n'ont pu s'y rendre, retenus Par les réceptions si cordiales et si empressées dont nous étions l'objet à Genéve, et le trop grand nombre de choses à visiter. Mais le programme d'excursion des 2* et 3° sections compor- tait un arrêt au jardin botanique alpin « la Linnæa », à Bourg- Saint-Pierre, sur la route du Grand Saint-Bernard. Ce jardin a été fondé en 4889 par l'Association pour la protection des plantes à 1680 métres d'altitude, dans le but d'y cultiver toutes les plantes (1) Les cotisations peuvent étre adressées à M. H. Correvon, président du 9mité, à Genève. Elles peuvent être rachetées par un versement définitif de franes, qui donne le titre de membre à vie. CT YER N CCX SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. de montagne, européennes ou exotiques, sauf les plus banales, et de faciliter leur étude dans des conditions aussi voisines que possible de leurs stations naturelles ; on lui a donné le nom de LiNNxA pour rappeler celui du gracieux Linnca borealis en méme temps que celui du grand Linné. Le terrain sur lequel il est établi a été acheté par l'Association, mais celle-ci, n'étant pas personnalité civile, a constitué dans son sein, sous la présidence de M. Arthur deClaparéde de Genéve (1), un Comité international de 25 membres qui s'est formé en Société civile et posséde le jardin. Dans la liste des membres du Comité, je remarque, parmi les Anglais, sir John Lubbock et M. Romanes, et quatre Francais, M. Paul Joanne, édi- teur des Guides Joanne, deux de nos plus distingués confrères, M. Henry de Vilmorin, M. F. Sahut, de Montpellier et le D' Regels- perger, de Paris. M. Correvon est directeur du jardin. C'est le mercredi 8 août qu'eut lieu l'excursion au Saint-Der- nard. Des voitures doivent nous conduire jusqu'à la cantine de Proz, mais il est bien difficile à des botanistes de rester en voi- ture quand ils traversent une région neuve pour eux et où ils peuvent faire d'abondantes récoltes; aussi, mettons-nous fréquem- ment pied à terre, et nous arriverons à Bourg-Saint-Pierre trois quarts d'heure aprés l'heure annoncée. Deux ou trois kilométres avant d'y atteindre, on nous montre la Linnæa, située à la porte du village; elle occupe au point de croisement de la vallée de la Dranse et du Valsorey tout un monticule isolé contourné par la route du Saint-Bernard, et qui de loin se détache bien sur le fond des montagnes voisines et les sommets couverts de glace et de neige du mont Vélan et du Grand Combin. M. Correvon, qui nous attend avec impatience, nous aperçoit du haut de la Linnæa, sur le sommet de laquelle flotte un grand drapeau, et salue notre arrivée par des pétards et des fusées. Tout le village est en fête, et nous faisons notre entrée, sous les guirlandes de branches de Rhodo- dendron et de Méléze etles ares de triomphe garnis de fleurs élevés en notre honneur, entre les habitants qui forment la haie et nous examinent avec curiosité et sympathie. La musique de Liddes, venue tout exprès, joue la Marseillaise et l'hymne suisse; nous. sommes reçus par M. Correvon descendu de son observatoire, le D" Balley, médecin à Bourg-Saint-Pierre, vice-président du Comité (1) Le président actuel du Comité est M. Émile Thury, à Genève. SAUVAGEAU. — JARDIN ALPIN € LA LINNÆA ». CCXI^ de la Linnæa et notre compatriote M. Chaffanjon, l'explorateur de l'OÜrénoque, qui prépare un grand voyage dans le Nord et est venu à Bourg-Saint-Pierre pour s'entrainer à marcher dans la mon- tagne et à gravir les glaciers. On nous conduit à l'hôtel du Déjeu- ner de Napoléon Premier, qui a choisi cette enseigne depuis que Napoléon I" s'y arrêta quand il passa avec son armée le col du Saint- Bernard ; on montre encore le fauteuil dans lequel il s'est assis. Chacun trouve sur sa serviette un charmant bouquet de Rhododendron et d'Edelweiss, gracieuse attention de M"* Cor- revon. Durant tout le déjeuner, la musique de Liddes joue les meilleurs morceaux de son répertoire; on se croirait au Grand- Hôtel! Puis M. Correvon nous souhaite la bienvenue au nom du Comité de la Linnæa dont il nous explique rapidement le but et qu'il nous invite à visiter. M. le recteur Gérard, de Montpellier, qui avait déjà pris la parole à Genève au nom de la Société, la prend maintenant, au nom des 2° et 3° sections, pour remercier M. Balley, M. Correvon, M. Chaffanjon, les musiciens de Liddes, de leur charmante et cordiale réception ; ille fait, comme toujours, avec tant d'à-propos et de simplicité, et en termes rendant si bien la pensée de tous, que nous aurons encore souvent recours à lui les jours suivants pour remercier nos hótes suisses, qui tous ont rivalisé d'empressement envers nous pendant toute la durée de notre excursion. Ce qui nous frappe tout d'abord en nous dirigeant vers la Linnæa, c'est une immense croix de bois qui la surmonte et se voit de loin, tout près du drapeau qui flotte en notre honneur. Voici Son histoire. En 1889, le Comité international fit l'achat, pour établir la Linnæa, de 8640 mètres de terrain comprenant tout le versant nord et le point culminant de la colline du cháteau. La méme année, des religieux savoyardsvinrent prêcher une « mission » à Bourg-Saint-Pierre ; pour en perpétuer le souvenir, on résolut d'ériger une croix commémorative en un lieu bien en vue, et on la placa à quelques pas du sommet de la colline et de la propriété de la Linnza, L'année suivante, le Comité acquit deux parcelles de terrain contigués à la première et exposées au sud, soit 1 126 mè- wes, sur l'une lesquelles s'élevait la croix en question. Son président, M. de Claparède, s'exprimait ainsi à ce sujet dans son apport de 4890: «.S'il nous sembla inutile d'ériger dans un Jardin botanique une croix destinée à commémorer une mission CCXII SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. religieuse, nous ne songeons aucunement à y toucher, et l'Admi- nistration de la Linnæa aura pour elle le respect dû au grand symbole de la foi de tous les chrétiens.» Voilà comment la Linnæa est peut-étre le seul jardin botanique surmonté d'une croix. Naturellement, le jardin n'est pas publie; il est entouré d'une haie en ronces artificielles et le gardien, M. Jules Dalleys, forestier de la commune, n'en autorise l'entrée que moyennant une rede- vance de 50 centimes, redevance dont nous sommes gracieusement exonérés ; mais, comme l'entrée est gratuite pour les membres de l'Association pour la protection des plantes et pour ceux des diffé- rents clubs alpins qui accordent des subsides à l'Association, les droits d'entrée n'atteignent jamais un chiffre bien élevé. En 1890, le Conseil fédéral suisse a accordé au Comité international un subside de 1000 francs sous les conditions suivantes : « 1* Les plantes seront munies d'étiquettes exactes, indiquant aussi la patrie de la plante; 2° on tiendra un registre de l'histoire de chaque espéce de plante (origine, mode de végétation, époque de floraison et de fructification), et l'on créera un herbier de la Linnæa. » Les 1000 francs du Conseil fédéral n'ont pas été mal employés, car le jardin est fort bien tenu et chaque plante est prés de son étiquette, ce qui n'existe pas toujours dans bon nombre de jardins botaniques moins alpins que celui-là. Chaque année, une petite avalanche sillonne au printemps le flanc septentrional de la Linnza; pour lui former une barrière et prévenir ses dégâts, on a planté au bon endroit cent pieds d'Arolles (Pinus Cembro) et cent pieds de Mélézes. A part une fougeraie qui renferme déjà de nombreuses espéces, les plantes sont groupées à la Linnæa non d’après leurs affinités botaniques, mais suivant leur pays d'origine, le long des talus en gazon ou en rocailles, que contournent de petites allées fort bien dessinées et faciles à gravir; tout cela fait pour ainsi dire autant de petits jar- dins alpins distincts réservés aux Pyrénées, au Caucase, à l'Hima- laya, à la Nouvelle-Zélande, etc., et surtout aux Alpes. Mais, lorsque les plantes indigénes de la colline ne sont pas trop encombrantes, on les laisse croître librement, elles forment un sol et un abri à leurs voisines. Le Gentiana purpurea y abonde, et l'on en pour- rait cueillir de larges gerbes; Eryngium alpinum, avec son large involucre à bractées d'un beau bleu, forme de volumi- neuses touffes; une étrangére, le Rubus arcticus, à belles fleurs SAUVAGEAU, — JARDIN ALPIN € LA LINNÆA D. CCXHI roses, est presque aussi développé que les Ronces de nos haies. Le Linnea borealis, charmante Caprifoliacée à fleurs rose tendre, agréablement odorantes, étale ses rameaux élégants dans un « sous bois » qui lui a été ménagé du côté du levant. Les A ndro- sace, les Saxifrages, le Campanula cenisia sont en pleine fleur, et le Campanula excisa, que nous ne verrons pas sur place avant le Simplon, forme de larges corbeilles toutes garnies de fleurs; elle envahirait ses voisines, si on la laissait faire, et l'on se demande pourquoi, avec de pareilles allures, elle occupe dans la nature des espaces aussi restreints et quels sont les concurrents qui l'empéchent de se répandre davantage. Le Ramondia pyre- naica réussit aussi bien à Bourg-Saint-Pierre que dans les Pyré- nées, et beaucoup de nos collégues, qui ne l'ont jamais vu vivant, admirent ses belles fleurs bleues. Mais les plantes des calcaires, telles que le Gentiana lutea, le Gentiana angustifolia, le Rhodo- dendron hirsutum, parfois considéré comme une forme calcicole du Rh. ferrugineum, et d'autres, s'accommodent mal du sol gra- nitique de la Linnæa et ne réussissent guère, malgré les soins qui leur sont donnés et les pierres calcaires apportées de loin pour leur faire un sol approprié. Aussi se propose-t-on de tour- ner la difficulté; au lieu de laisser chaque espèce calcicole à sa place géographique, sur le flanc de la colline, où il est toujours assez difficile de lui faire un sol spécial, à cause de la pente trés forte, on réunira bientót toutes les plantes calcicoles sur la petite prairie qui couronne le sommet de la Linnæa, où les amendements seront moins pénibles et plus durables. M. Correvon, qui depuis Sept ans vient passer l'été à Bourg-Saint-Pierre, connait fort bien toutes les plantes alpines; il nous donne des détails circonstanciés Sur chacune d'elles, sur les soins que sa culture réclame, mais malheureusement tout cela se fait en courant, car le temps dont nous disposons est compté. ; Par suite de la difficulté d'obtenir à Bourg-Saint-Pierre un bon jardinier, sachant faire les semis et cultiver les jeunes plantes sur place ou sur couche, tous les semis destinés à la Linnæa se font à Genève, au Jardin alpin d'acclimatation, et c'est seulement au mois de juin que les jeunes plantes sont transportées à Bourg- Saint-Pierre, A part les espéces trop exclusivement calcicoles, presque toutes y viennent bien. En 1889, date de la fondation du jardin, 360 espéces de plantes montagnardes (Alpes, Pyré- 'CCXIV SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. nées, Caucase, Himalaya), faisant un total de prés de 2000 échan- tillons, furent transportées à la Linnæa; une douzaine d'espéces seulement ont péri durant l'hiver, ou plutót aprés la fonte des neiges, par les froids du premier printemps. En 1890, on a planté environ 300 espèces, parmi lesquelles 79 ont gelé; il est à remarquer que certaines, comme l’Hypericum orientale et le Mimulus cardinalis, recouvertes d'une forte couche de neige dans les endroits où ils étaient plantés, y ont résisté au froid, tandis qu'elles ont gelé à Genève. En 1891, on a planté 420 espèces, qui, paraît-il, ont triomphé de l'hiver. Mais, en 1892, l'hiver ayant été particuliérement rude, sur 286 espéces plantées, beau- €oup ont été perdues, en particulier : Anemone rivularis. Corydalis rosea. Armeria latifolia. Erinus hispanicus. Asperula taurina. Gypsophila arestioides. Athamantha vestina. Matthiola sinuata. Coronilla libanotiea. Morisia hypog:ea. — montana. Senecio cordatus. Enfin, 315 espèces ont été plantées en 1893, qui toutes ont résisté, et 385 espèces en 1894. Les résultats de cette culture expérimentale sont donc fort satisfaisants. La renommée de la Linnæa s'étend, les botanistes voyageurs s'y intéressent de plus en plus, et beaucoup y envoient des graines cueillies sur les plantes des montagnes exotiques ; c'est ainsi qu'elle possède toute la collection d’espèces caucasiennes rapportées par MM. Levier et Sommier; elles y ont en général fort bien réussi et ont les hon- neurs d'une rocaille spéciale qui n'est pas la moins intéressante. Presque toutes les plantes grainent bien à la Linnæa, sauf cependant les divers Androsace de l'Himalaya. Certaines es- pèces semblent y rencontrer des conditions tellement favorables à leur développement, qu’elles se ressèment d’elles-mêmes à pro- fusion, dans .es gazons, dans les allées; si l'on n'y prenait garde, elles deviendraient trop envahissantes et il faut en arra- cher ehaque année. De ce nombre sont : Æthionema saxatile. — Saxifraga cernua. — Thomasianum. — controversa. Braya alpina. — Cotyledon. Dianthus neglectus. — Huetti. La plupart des Draba. — longifolia. “Primula sikkimensis. + pu ME dos FS SAUVAGEAU. — JARDIN ALPIN « LA LINNÆA ». 17 CCXV D'autres, plus alpines que les précédentes, se ressément aussi naturellement, mais en rares exemplaires et seulement dans les environs de la plante-mére, comme : Androsace carnea. — ciliata. — cylindrica. — glacialis. Androsace pubescens. Eritrichium nanum. Senecio uniflorus. M. Correvon nous montre encore des espèces qu'il cultive très difficilement à Genève et qui réussissent si bien à la Linnæa qu'elles y deviennent génantes dans les rocailles : voici celles que j'ai notées : Campanula Wanneri. Achillea Herba-rota. Androsace oculata. Rubus areticus. Campanula Allionii. Silene alpestris. — carnica. — pumila. — cespitosa. Veronica Allionii. E Cenisia. : Viola calcarata. S excisa. — AZoyzii. — Rainerii. Les cas d'albinisme sont assez rares à la Linnæa; les seuls observés jusqu'ici sont ceux du Lilium Martagon et du Primula viscosa. Cependant M. Correvon nous dit qu'ils sont au contraire fréquents dans la contrée environnant Bourg-Saint-Pierre, c'est- à-dire dans la partie supérieure du val d'Entremonts. Voici la liste qu'il a bien voulu me communiquer des plantes qu'il y a trouvées lui-méme avec des fleurs blanches; quelques-unes sont bien connues comme susceptibles d'albinisme, mais je donnerai cependant cette liste en son entier, à cause de l'ensemble vraiment remarquable qu'elles forment pour une région assez limitée : Adenostyles albifrons. Gentiana brachyphylla. Aster alpinus. — nivalis. Campanula barbata. — purpurea. = Cenisia, — tenella. "4 pusilla. — verna. Geranium silvaticum. Globularia cordifolia. Lilium Martagon. Linaria alpina (1). Colchicum alpinum. Dianthus silvestris. Gentiana acaulis. ` — bavarica. (1) MM. Bonvalot et Chaffanjon ont trouvé cet été, dans les environs de Bourg-Saint-Pierre, un Linaria alpina à fleurs roses! CCXVI SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. Linum alpinum. Saxifraga oppositifolia. Primula farinosa. Silene acaulis. — viscosa. Thymus Serpyllum, Rhododendron ferrugineum. Viola calcarata. D'aprés les observations faites jusqu'à maintenant, les espéces exotiques ou celles des hauts sommets ne subissent pas de trans- formations par leur culture à la Linnæa; mais plusieurs qui s'y trouvent mieux que dans la nature, à cause des soins dontelles sont entourées, y prennent de plus amples proportions que daus leurs stations habituelles. Il est cependant à remarquer que les espèces à fleurs sessiles dans les hautes altitudes, l'Eritrichium na- num, par exemple, y développent des pédoncules plus ou moins longs. Le jardin alpin la Linnæa est de fondation encore bien ré- cente pour qu'il ait pu donner tous les résultats qu'on est en droit d'en attendre, mais il est appelé à rendre de réels services à la botanique, à tous ceux qui s'intéressent à la culture des plantes alpines et qui ne veulent pas voir disparaitre les plus rares d'entre elles, aux questions si intéressantes de la mobilité ou de la stabilité de l'espéce, des relations des fleurs avec les insecles, etc. C'est notre conviction à tous aprés l'avoir visité, et nous prions M. Correvon et le D" Balley de présenter au Comité international et au bureau de l'Association pour la protection des plantes, les remerciements et les félicitations des Sociétés botaniques de France et de Belgique. RÉCHIN ET F. CAMUS. — RAPPORT SUR LES MUSCINÉES. CCXVII RAPPORT SUR LES MUSCINÉES RÉCOLTÉES PENDANT LA SESSION EXTRAORDINAIRE. EN VALAIS; par MM. J. RÉCHIN et Fernand CAMUS. Admirablement combinées pour faire recueillir aux botanistes phanérogamistes une moisson exceptionnelle de bonnes espéces, les excursions de la session étaient beaucoup trop rapides pour permettre aux bryologues de chercher avec suite et méthode. Sauf sur quelques points où il nous a été loisible de nous isoler, force nous a été de récolter un peu au hasard. Malgré ces conditions défectueuses, la richesse des Alpes valaisanes est telle que nous avons pu rassembler un total de prés de 300 espéces de Muscinées comprenant beaucoup de raretés. La grande majorité de ces plantes provient dela région alpine; les seules foréts que nous ayons traversées (Zermatt) sont trop sèches et n'ont que peu grossi notre liste. La place trés mesurée dont nous disposons dans le Bulletin, et les traditions suivies pour la rédaction des Rapports sur les excur- sions de la Société, nous forcent — à notre grand regret — de ne donner qu'une simple liste d'espéces disposées par localités. Nous aurions été heureux de pouvoir nous étendre sur les caractéres de quelques espéces intéressantes et sur certains faits généraux de dispersion. I. EXCURSION DANS LE VAL DE BAGNES (Lourtier, Fionnay, Chanrion); par M. J. Réchin (8, 9 et 10 août 1894). Bovernier (631 métres) : Grimmia pulvinata Sm., f. longipila. | Hypnum Vaucheri Lesq. Champsec (910 métres) : Grimmia elatior Br. eur. | Thuidium abietinum Br. eur. ryum inclinatum Br. eur. Lourtier (1070 métres) : Didymodon rubellus Br. eur. Leskea nervosa Myr. : Barbula ruralis Hedw. — Plus petit | Thuidium recognitum d ! que le type. — Fruct. Pterogynandrum filiforme Hedw 25 Hedwigia albicans Lindb. et var. leu- | Hypnum commutatum Hedw. — Stér. cophaa. Madotheca rivularis Nees. CCXVIII SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. De Lourtier à Fionnay (1070-1497 métres) : Gymnostomum rupestre Sch. — Fruct. Weisia viridula Brid. Dicranum fuscescens Turn. — Stér. Barbula brevirostris H. et Grev. — Synoique! — muralis Trin., var. incana. — tortuosa W. et M. — subulata Brid. — ruralis Hedw. Grimmia plagiopoda Hedw. — trichophylla Grev. — Fr. — commutata Hüb. — Fr. « — montana Br. eur. — Fr. Rhacomitrium canescens Brid. Hedwigia albicans Lindb. Orthotrichum anomalum Hedw. Leptobryum piriforme Sch. — Fruct Mnium spinosum Schw. Philonotis calcarea Br. eur. Pseudoleskea atrovirens Br.eur. var. intermedia Boul. — catenulata Br. eur. Pterogynandrum filiforme Hedw., var. heteropterum. Brachythecium populeum Sch. Hypnum uncinatum Hedw. var. plu- mosum. . — falcatum Brid. — irrigatum Zett. --- Forme rabou- grie, très radiculeuse. Madotheca rivularis Nees. De Fionnay à Mauvoisin (1497-1824 mètres) : Dieranoweisia crispula Lindb. Dieranum longifolium Ehr. — scoparium Hedw. form. recurvata. Leptotrichum flexicaule Hpe. Distichium capillaceum Br. eur. Barbula tortuosa W. et M. et var. rigida. — aciphylla Br. eur. Encalypta ciliata Hedw. Bryum bimum Schreb. — pallens Sw. Bartramia Œderi Sw. '— Halleriana Hedw. Myurella julacea Br. eur. Mauvoisin (1824 mètres) : Dicranum scoparium Hedw. — Fruct. — Touffes très compactes et courtes, feuilles vivement den- tées sur les bords et la nervure. Forme remarquable. Campylopus turfaceus Br. eur. Leskea nervosa Myr. Pseudoleskea atrovirens Br. eur. var. filamentosa et intermedia Boul. — catenulata Br. eur. Pterogynandrum filiforme Hedw. Homalothecium sericeum Br. eur. Hypnum uncinatum Hedw. — commutatum Hedw. — Fruct. Alicularia scalaris Cord. Jungermannia lycopodioides Wallr. Metzgeria pubescens Raddi. Madotheca rivularis Nees. Marchantia polymorpha L. Preissia commutata Nees. Webera cruda Sch. Bryum pallens Sw. Hypnum Halleri L. — sulcatum Sch. var. subsulcatum. Plagiochila asplenioides M. et N., vaf". minor. De Mauvoisin à Chanrion (1824-2410 mètres) : Gymnostomum curvirostre Hedw. Fr. Dicranella Grevilleana Sch. E varia Sch. — Rare à cette altitude. Distichium inelinatum Br. eur. Desmatodon latifolius Brid., var. MU- ticus. Grimmia alpestris Schleich. Encalypta apophysata Br. eur. RÉCHIN ET F. CAMUS. — RAPPORT SUS LES MUSCINÉES. Webera nutans Hedw. — pulchella Sch. ‘Bryum fallax Milde. — cirratum H. et H. — pallens Sw. — turbinatum Schw. Amblyodon dealbatus P. B. Meesea uliginosa Hedw. Bartramia Œderi Sw. Pogonatum alpinum Röhl. Myurella julacea Sch. Pseudoleskea atrovirens Sch. et var. brachyclada. — catenulata Sch. CCXIX Lescurea striata Br. eur. Brachythecium collinum Br. eur. Eurhychium cirrosum Jur. Amblystegium filicinum De Not. Hypnum Halleri L. — stellatum Schreb. — falcatum Brid. — irrigatum Zett. — suleatum Sch. et var. subsulca- tum. — Heuferi Jur. — ochraceum Turn. Plagiochila asplenioides M. et N. et var. minor. Cirque de Chanrion (2380 mètres) : Gymnostomum curvirostre Hedw. — rupestre Schw. var. compactum. Anœæctangium compactum Schw. — Stér. — Forme des rochers secs; feuilles plus petites, 3/4 de mm., à peine contournées en spirale, touffes plus compactes. Cynodontium virens Hedw. — Type. Dicranum neglectum Jur. Distichium capillaceum Br. eur. — inclinatum Br. eur. Didymodon rubellus Br. eur. Desmatodon obliquus Br. eur. Grimmia apocarpa Hedw. — anodon Br. eur. — funalis Sch. — Stér. — montana Br. eur. — Stér. Amphoridium Mougeotii Sch. — Stér. ncalypta apophysata Br. eur. Vebera elongata Sch. E polymorpha Sch. rYum cirratum H. et H. — cuspidatum Sch. = pallescens Schleich. — pallens Sw. ~— Pseudotriquetrum Schw. — Fr. Amblyodon dealbatus P. p: „Meesea uliginosa Hedw. et var. minor. : Aulacomnium palustre Schw. Bartramia ithyphylla Brid. — @Œderi Sw. — Plante rabougrie; feuilles plus courtes, plus ri- gides. Philonotis fontana Brid. var. graci- lescens Sch. Timmia bavarica Hessl. Polytrichum gracile Menz. Myurella julacea Br. eur. — apiculata Br. eur. Pseudoleskea atrovirens Br. eur. Orthothecium intricatum Br. eur. — rufescens Br. eur. — Rameaux plus élancés que dans le type. Camptothecium nitens Sch. Ptychodium plicatum Sch. Amblystegium confervoides Br. eur. Hypnum intermedium Lindb. — uncinatum Hedw. forma alpina Renauld. — revolvens Sw. — falcatum Brid. Hylocomium pyrenaicum Spruce. Jungermannia triehophylla L. — bicuspidata L. — bicrenata Lindb. Plagiochila asplenioides M. et N. Grande Chermontane (2230 mètres) : Dicranoweisia crispula Hedw. Cynodontium virens Hedw. Istichium capillaceum Br. eur. Distichium inclinatum Br. eur. Grimmia conferta Funck. — alpestris Schleich. CCXX Rhacomitrium canescens Brid. Webera nutans Hedw. et var. stran- gulata. Bryum cirratum H. et H. — pseudotriquetrum Schw. — Fr. Meesea uliginosa Hedw. var. minor. Timmia bavarica Hessl. Pogonatum alpinum Röhl. SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. Polytrichum gracile Menz. Pseudoleskea atrovirens Br. eur. Heterocladium heteropterum Br. eur. var. fallax. Eurhynchium strigosum Br. eur. Hypnum fluitans var. submersum. — Heufleri Jur. Il. EXCURSION AU GRAND-SAINT BERNARD; par M. Fernand Camus (8, 9 et 10 août 1894). A Martigny-Combe, à la limite de la région des Vignes (500- 600 métres) : Camptothecium lutescens Sch. | Hypnum cupressiforme L. Entre Sembrancher et Douay (700-800 métres) : Gymnostomum curvirostre Hedw.var. cataractarum Sch. — Stér. | Hypnum commutatum Hedw. En sortant d'Orsiéres (950 mètres) : Leptotrichum flexicaule Hpe, var.den- sum. Grimmia apocarpa Hedw. Thuidium abietinum Br. eur. — recognitum Lindb. Homalothecium sericeum Br. eur. Camptothecium lutescens Br. eur. Hypnum Vaucheri Lesq. Madotheca platyphylla Dum. Route entre Orsiéres et le village de Fontaine-Dessous : Gymnostomum curvirostre Hedw. — rupestre Schw. var. stelligerum. Leptotrichum flexicaule Hpe. Barbula fallax Hedw. — convoluta Hedw. — inclinata Schw. Barbula ruralis Hedw. Bryum cirratum H. et H. Mnium serratum Brid. Myurella julacea Sch. Hypnum chrysophyllum Brid. Prés des villages de Fontaine-Dessous et de Rivehaute (1150- 1200 mètres) : Barbula ruralis Hedw. — Hornschuchiana Schultz. — Stér. Camptothecium lutescens Sch. Eurhynchium strigosum Sch. var. praecox et diversifolium. Hypnum Vaucheri Lesq. Entre Rivehaute et Liddes (1900-1350 métres) : Ceratodon purpureus Brid. | Cylindrothecium concinnum Sch. RÉCHIN ET F. CAMUS. — RAPPORT SUR LES MUSCINÉES. CCXXI Route de Liddes à Bourg-Saint-Pierre, entre les torrents de Pal- lazuil et d'Alléves (1450 métres environ): Gymnostomum rupestre Schw. — Fruet. Fissidens adiantoides Hedw. — Stér. Grimmia apocarpa Hedw. Bryum alpinum L. — Stérile.. Bryum pseudotriquetrum Schw. — Forme pourpre. Amblyodon dealbatus P. B. Hypnum falcatum Brid. Lophocolea minor Nees. Talus de la route, du pont du torrent d'Alléves à Bourg-Saint- Pierre (15-1600 métres) : Leptotrichum flexicaule Hpe. Barbula fallax Hedw. — recurvifolia Sch. — ruralis Hedw. — subulata Hedw. Rhacomitrium canescens Brid. Orthotrichum rupestre Schleich. Bryum argenteum L. — pallescens Schleich. Timmia austriaca Hedw. Myurella julacea Sch. Thuidium abietinum Sch. Climacium dendroides W. et M. Ptychodium plicatum Sch. Brachythecium glareosum Sch. — albicans Sch. — Forme. — populeum Sch. Eurhynchium strigosum Sch. Hypnum rugosum Ehrh. — Patientiæ Lindb. — Très rare. Cephalozia (divaricata ?). Prairie marécageuse, à droite de la route, un peu avant Bourg- Saint-Pierre : Bryum pseudotriquetrum Schw. — to Pruct. Mnium rostratum Schw. — Stérile. Thuidium decipiens De Not. Climacium dendroides W. et M. Brachythecium rivulare Sch. Hypnum stellatum Sch. — cuspidatum Sch. Pellia epiphylla Nees. Aneura pinguis Dum. En sortant de Bourg-Saint-Pierre (1650 métres) : Dicranoweisia crispula Lindb. Grimmia apocarpa Hedw. Orithotrichum rupestre Schleich. Encalypta ciliata Hedw. Bryum pallescens Schleich. ogonatum urnigerum P. B Bartramia Halleriana Hedw. Bartramia ithyphylla Brid. Leskea nervosa Myr. Pterogynandrum filiforme Hedw. Ptychodium plicatum Sch. Hylocomium triquetrum Sch. — splendens Sch. Autour de la cantine de Proz (Plan de Proz, lit de la Dranse, sables et éboulis, bords de la route, 4800-1900 mètres) : Dicranoweisia crispula Lindb. Gymnostomum rupestre Schw.— Stér. Cynodontium virens Sch. Dicranella subulata Sch. Dicranum longifolium Hedw. — Rare. Dicranum longifolium subalpinum Milde. — spadiceum Zetterst. — scoparium Hedw. ; — congestum Brid. et var. flexicaule. CCXXII Ceratodon purpureus Brid. Distichium eapillaceum Br. eur. Didymodon rubellus Br. eur. — cylindricus Br. eur. — Touffe unique. Desmatodon latifolius Br. eur. Barbula tortuosa W. et M. Grimmia apocarpa Hedw. — rivularis Schw. Rhacomitrium canescens Brid. — CC. Fruct. ; Webera cruda Sch. — polymorpha Sch. var. carpa. — commutata Sch. var. gracilis. — albicans Sch. var. glacialis. Bryum inclinatum Br. eur. — pallescens Schleich. — pallens Sw. — Schleicheri Schw., var.latifolium. Mnium orthorrhynchum Br. eur. Bartramia ithyphylla Brid. Philonotis fontana Brid. — Fruct. — calcarea Br. eur. — Très rare. Stérile. — seriata Mitt. — Fruct. Timmia austriaca Hedw. brachy- SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. Pogonatum urnigerum P. B. Polytrichum piliferum Schreb. Myurella julacea Sch. Pseudoleskea atrovirens Sch. Thuidium abietinum Sch. Lescuræa striata Sch. Ptychodium plicatum Sch. Brachythecium rivulare Sch. Eurhynchium strigosum Sch. var. di- versifolium. Hypnum Kueiffit Sch. — uncinatum Hedw. — falcatum Brid. — Heulfleri Jur. — ochraceum Wils. — alpestre Sw. — Schreberi Willd. Hylocomium splendens Sch. Sphagnum subnitens Russ. et W. Plagiochila asplenioides M. et N. Jungermannia lycopodioides Wallr. — Flærkei Funck. — trichophylla L. Lophocolea minor Nees. — Avec des périanthes stériles et des feuilles relativement peu érodées. Marchantia polymorpha L. Prairie marécageuse prés de la cantine d'En-Haut (1900 mètres) : Dicranella squarrosa Sch. Dicranum scoparium Hedw. — Forme. — Starkei W. et M. Bryum pseudotriquetrum Schw. — Fruct. Philonotis fontana Brid. var. falcata. Mnium punctatum Hedw. var. elatum. Hypnum Kneiffii Sch. — stramineum Dicks. Sphagnum teres Angst., var. squar- rosulum. Plagiochila asplenioides M. et N. Scapania undulata M. et N. Jungermannia albicans L. Cephalozia bicuspidata Dum. Pellia epiphylla Dum. Marchantia polymorpha L. Au Pas de Marengo (1950 mètres environ) : Grimmia torquata Grev. — Très rare. Rhacomitrium sudeticum Br. eur. Tayloria serrata Br. eur. — Stérile. Webera nutans Hedw. - — elongata Sch. Pogonatum alpinum Röhl. ^ Heterocladium squarrosulum Lindb. Brachythecium Starkei Sch. — reflexum Sch. Hypnum falcatum Brid. Jungermannia Flærkei Funck. Entre le Pas de Marengo et l'Hospitalet (2000-2100 métres) : ; RECHIN ET E. CAMUS. —- Dicranella squarrosa Sch. — subulata Sch. Dicranum albicans Br. eur. — Deux pédicelles. Ceratodon purpureus Brid. Grimmia rivularis Schw. Rhacomitrium sudeticum Br. eur. Webera commutata Sch. et var. gra- cilis. — nutans Hedw. — cucullata Sch. Pogonatum urnigerum P. B. Polytrichum piliferum Schreb. Diphyscium foliosum Mohr. — Stér. Pseudoleskea atrovirens Sch. RAPPORT SUR LES MUSCINÉES. CCXXIII Brachythecium rivulare Sch. Hypnum fluitans L., var. purpuras- cens. — Belle forme fructifiée du groupe exannulatum(Gümb:.) paraissant trés voisine de la va- riété brachydictyon Renauld. — ochraceum Wils. — dilatatum Wils. Sarcoscyphus Funckii ow confertus. Scapania undulata M. et N. — curta N. | Jungermannia Flerkei Funck. — bantriensis Nees. Philonotis seriata Mitt. — Stérile. — fontana Brid. — Fruct. Tourbière sur la rive gauche de la Dranse, prés du pont Nudrit (2200 métres) : Dicranella squarrosa Sch. Webera nutans Hedw. var. bicolor. . — albicans Sch. var. glacialis. Hypnum stellatum Schreb. — fluitans L. var. purpurascens. — sarmentosum Wahl. Sarcoscyphus emarginatus Spruce var. aquaticus. Alicularia scalaris Corda. Scapania curta Dum. — undulata Dum. var. purpurea. Southbya obovata Dum. Jungermannia alpestris Schleich. Cephalozia bicuspidata (L.). Dilæna norvegica Gottsche. Au niveau du pont Tronchet sur la Dranse (2270 métres), dans le lit du torrent : Grimmia rivularis Schw. Webera cucullata Sch. Hypnum molle Dicks. — ochraceum Wils. Sur les rochers voisins et les pentes : Dicranoweisia crispula Lindb. Cynodontium virens Sch. Dicranum Starkei W. et M. — albicans Br. eur. — Spadiceum Zett. Barbula fragilis Br. eur. Rhacomitrium sudeticum Br. eur. — canescens Brid. — Var. à feuilles mutiques. E Bartramia ithyphylla Brid. Pseudoleskea atrovirens Sch. Lescuræa striata Sch. Brachythecium Starkei. — Avec quel- ques fruits. Plagiothecium denticulatum Sch. Hypnum uncinatum Hedw. Gymnomitrium concinnatum Corda. 'Sarcoscyphus emarginatus Spruce. Jungermannia albicans L. — albescens Hook. Plagiochila interrupta Dum. Radula germana Jack. En remontant le long de la Dranse (2300-2350 mètres) : CCXXIV SESSION EXTRAORDINAIRE Dicranella subulata Sch. Desmatodon latifolius Br. eur. Rhacomitrium sudeticum Br. eur. Webera commutata Sch. var. gracilis. Philonotis seriata Mitt. — Stérile. — fontana Brid.— Fruct. Trés abon- dant. Polytrichum juniperinum Hedw. — sexangulare Fl.— Tous deux abon- dants et couverts de fruits. Brachythecium glaciale ? Hypnum fluitans L., v. purpurascens. EN SUISSE, AOUT 1894. Hypnum falcatum Brid. Sarcoscyphus sphacelatus Nees. — confertus Limpr. Alicularia compressa Hook. Scapania curta N. — undulata M. et N. Southbya obovata Dum. f. elongata. Jungermannia incisa Schrad. — julacea Lighf. Cephalozia albescens Dum. — bicuspidata Dum. f. concinna. Sur les rochers immédiatement au-dessous de l'Hospice (2450 mètres environ): Dicranoweisia crispula Lindb. et f. alrata. Barbula aciphylla Br. eur. Dissodon Frælichianus Grev. et Arn. Webera cruda Sch. — cucullata Sch. Bartramia ithyphylla Brid. Philonotis fontana Brid. — Forme grêle. Stérile. Pogonatum alpinum Röhl. Polytrichum sexangulare Fl. — Bien fruct. Pseudoleskea atrovirens Sch. — Fruct. Forme làche croissant sur des rochers souvent détrempés. Lescuræa striata Sch. Brachythecium salebrosum Sch. — reflexum Sch. Plagicthecium denticulatum Sch. Hylocomium splendens Sch. — pyrenaicum (R. Spruce). Andreäa petrophila Ehr. Gymnomitrium concinnatum Cord. Jungermannia Flærkei Funck. — quinquedentata Thed. — trichophylla L. — ventricosa Dicks. Sur les murs des annexes de l'Hospice (2472 mètres) : Didymodon rubellus Br. eur. Timmia bavarica Hessl. | Brachythecium collinum Sch. Sur les rochers voisins du lac de l'Hospice : Desmatodon latifolius Br. eur. Didymodon rubellus Br. eur. Barbula aciphylla Br. eur. Grimmia Hartmanni Sch. — Rabougri. Bryum Duvalii Voit. : Philonotis fontana Brid. Pseudoleskea atrovirens Sch. Brachythecium salebrosum Sch. Hypnum uncinatum Hedw. Fimbriaria pilosa Tayl. — Frondes stériles. Ascension de la Chenalette, vers 2500 métres : Barbula tortuosa W. et M.— Rabougri. Grimmia conferta Funck. — alpestris Sch. Rhacomitrium sudeticum Br. eur. Amphoridium Mougeotii Sch. — lapponicum Sch. Bryum Muhlenbeckii Br? eur. — Très rare. Stérile. RÉCHIN ET F. CAMUS. — RAPPORT SUR LES MUSCINÉES. Aulacomnium palustre Schw. Heterocladium squarrosulum Lindb. Andreæa nivalis Hook. Gymnomitrium concinnatum Cord. CCXXV Sarcoscyphus alpinus Gottsche. Alicularia geoscyphus De Not. Cephalozia bicuspidata Dum. Petits lacs de la Chenalette et éboulis voisins (2600 mètres) : Dicranoweisia crispula Lindb. Dicranum albicans Br. eur. — scoparium Hedw. — Forme com- pacte très curieuse. Barbula aciphylla Br. eur. Rhacomitrium sudeticum Br. eur. Desmatodon latifolius Br. eur. var. muticus. Webera polymorpha Sch. Conostomum boreale Sw. Polytrichum piliferum Schreb. — sexangulare F1. Pseudoleskea atrovirens Sch. Heterocladium squarrosulum Lindb. Brachythecium glaciale Sch.? Hypnum fluitans L. var. purpurascens, Gymnomitrium concinnatum Cord. Sarcoscyphus alpinus Gottsche. — confertus Limpr. — Fertile, pa- roique! Jungermannia tersa Nees? — alpestris Schleich. — albescens Hook. — julacea Light. Pentes de la Chenalette, versant est (2400-2500 métres) : Cynodontium virens Sch. — Wahlenbergii Hartm. Dicranum Starkei W. et M. — spadiceum Zett. Rhacomitrium sudeticum Br. eur. — lanuginosum Brid. Bartramia ithyphylla Brid. Conostomum boreale Sw. — Cà et là par petites touffes isolées, fruits très rares. Aulacomnium palustre Schw.— Forme alpine à longues tiges parallèles presque simples. Pseudoleskea atrovirens Sch. Heterocladium squarrosulum Lindb. Brachythecium glaciale Sch. Hypnum uncinatum Hedw. — fluitans L. var. purpurascens. — sarmentosum Wahl. — stramineum Dicks. Andreæa nivalis Hook. Andreæa petrophila Ehr. Sphagnum acutifolium (Ehr.) R. et W. — rigidum Sch. — Plusieurs formes. Gymnomitrium concinnatum Cord. — corallioides Nees. Sarcoscyphus alpinus Gottsche. Alicularia geoscyphus De Not. — compressa Hook. Scapania undulata M. et N. — resupinata Dum. Southbya obovata Dum. Jungermannia alpestris Schleich. — Flerkei Funck. — riparia Tayl. form. rivularis. — trichophylla L. ; Sphagnæcetis communis Nees.— Très rare et trés gréle. Ptilidium ciliare Nees. Dilæna norvegica Gottsche. — En bel état de fructification. Le retour à Martigny s'étant effectué d'assez bonne heure dans l'aprés-midi du 10 aoüt, j'en ai profité pour aller visiter, à quelques kilomètres de là, la cascade de Pissevache et les gorges du Trient. J'ai rapporté de la première localité : Ta XLI. CCXXVI SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. Gymnostomum curvirostre Hedw. — | Hypnum stellatum Schreb. var. pro- Fruct. tensum. — rupestre Schw. — Fruct. — molluscum Hedw. Barbula tortuosa W. et M. — commutatum Hedw. Geheebia cataractarum Sch. Preissia commutata Nees. Aux gorges du Trient, j'ai recueilli le Leptodon Smithit Mohr. La présence de cette plante méridionale et occidentale dans le Valais est un curieux cas de géographie botanique, déjà connu de Schleicher, qui avait découvert le Leptodon aux gorges de Salvan, localité voisine, où il existe encore. Bridel (Bryol. univ. I, 751) le signale, probablement d’après Schleicher, à Pissevache. Je suis étonné qu'il n'ait pas encore été indiqué aux gorges du Trient, ou il ne pouvait échapper aux yeux d'un bryologue méme inexpéri- menté. D’après le Catalogue de M. Amann, la plante aurait été rencontrée jusque dans le val d'Entremont. IH. EXCURSION DE ZERMATT AU RIFFEL ET AU LAC-NOIR; par MM. J. Réchin et Fernand Camus (11, 12 et 13 aoüt 1894). Au sortir des gorges du Gorner, visitées par tous les membres de l'excursion réunis, l'un de nous, suivant la première section, a herborisé des gorges du Gorner au Lac-Noir, au Hórnli, aux Planches de la Mort, prés du glacier du Gorner (où les deux sec- tions se sont croisées), puis entre les deux hôtels du Riffel et de là à Zermatt par la forét de Findelen. L'autre, attaché à la seconde section, a herborisé en suivant le trajet direct des gorges du Gorner au Riffelalp et au Riffelhaus, au Gornergrat, au passage du glacier du Gorner, au Lac-Noir, et, de ce point à Zermatt, par le chemin muletier direct (avec un crochet prés des chalets de l'Hermáttje)- Les localités principales ayant été parcourues, bien qu'en sens inverse, par chaeun de nous, nous avons cru pouvoir fondre en un compte rendu unique les résultats des recherches de l'un et de l'autre. Gorges du Gorner (1600-1700 mètres) : Dicranoweisia crispula Lindb. Webera cruda Hedw. Distichium capillaceum Br. eur. Mnium punctatum Hedw. var. elatum. Didymodon rubellus Br. eur. Bartramia Halleriana Hedw. Barbula ruralis Hedw. — Fruct. ` — ithyphylla Brid. Orthotrichum rupestre Schleich. Timmia austriaca Hedw, RÉCHIN ET F. CAMUS. — RAPPORT SUR LES MUSCINÉES. Pseudoleskea catenulata Br. eur. var. filescens. Lescuræa striata Sch. Pterogynandrum filiforme Hedw. Hypnum uncinatum Hedw. CCXXVII Hypnum palustre L. var. julaceum. Hylocomium splendens Sch. —- Fruct. Plagiochila asplenioides M. et N. Radula complanata Dum. Metzgeria pubescens Raddi. Ascension du Riffel par le chemin muletier sous bois, conduisant directement à l'hótel du Riffelalp. Immédiatement au sortir des gorges du Gorner (1700 mètres) : Dieranoweisia crispula Lindb. Dicranum scoparium Hedw. — fuscescens Turn. — Fruct. Leptotrichum flexicaule Hpe. Distichium capillaceum Br. eur. Barbula ruralis Hedw. — Fruct. Grimmia elatior Br. eur. — Fruct. Bartramia (Ederi Sw. Timmia austriaca Hedw. Pseudoleskea catenulata Sch. Lescuræa striata Sch. Pterogynandrum filiforme Sw. Hylocomium triquetrum Sch. Plagiochila interrupta Nees. Jungermannia lycopodioides Wallr. Suite du chemin, 17-1800 mètres (Ces bois très secs sont relati- vement fort pauvres) : Gymnostomum rupestre Schw. var. stelligerum Br. eur. Anœctangium compactum Sehw. Dicranum fuscescens Turn. — Fruct. Encalypta ciliata Hedw. — streptocarpa Hedw. — Stér. Tetraphis pellucida Hedw. Bryum pseudotriquetrum Schw. Mnium punctatum Hedw. var. elatum. Meesea uliginosa Hedw. Bartramia Halleriana Hedw. Timmia austriaca Hedw. — Fruct. Timmia bavarica Hessler. — Fruct. Pseudoleskea atrovirens Sch. Thuidium decipiens De Not. — Très rare. Hypnum uncinatum Hedw. Hylocomium splendens Sch. — triquetrum Sch. Jungermannia minuta Crantz. — tersa Nees. — trichophylla L. Lejeunea serpyllifolia Libert. Partie supérieure du bois (2000-2200 mètres) : Dicranum fuscescens Turn. — Fruct. Orthotrichum rupestre Schleich. Grimmia funalis Sch. — Stér. — elatior Br. eur. — Fruct. Rhacomitrium canescens Brid. Bryum pallens Sw. Bartramia ithyphylla Brid. l'immia austriaca Hedw. Ascension de Zermatt à l'hótel du Riffelalp par l Polytrichum juniperinum Hedw. Pseudoleskea atrovirens Sch. Lescuræa striata Sch. Pterogynandrum filiforme Hedw. Jungermannia lycopodioides Wallr. — Flærkei Funck. Radula complanata Dum. a forêt de Fins delen (1600-2227 mètres). Bois très secs : CCXXVIII SESSION EXTRAORDINAIRE Gymnostomum curvirostre Hedw. Dicranella Grevilleana Sch. Barbula fragilis Br. eur. — subulata Brid. Grimmia anodon Br. eur. — trichophylla Grev. Orthotrichum rupestre Schleich. — Sturmii H. et H.? — diaphanum Schrad. EN SUISSE, AOUT 1894. Mnium punctatum Hedw. var. elatum. — Stérile. Pogonatum alpinum Röhl. Pterogynandrum filiforme Hedw. var. heteropterum. Hypnum stellatum Schreb. — uncinatum Hedw. Metzgeria furcata Nees. Radula complanata Dum. Le long du chemin conduisant de l'hótel du Riffelalp à celui du Riffelhaus (2227-2569 mètres) : Dicranoweisia crispula Lindb. Dicranum Muhlenbeckii Br. eur. Ceratodon purpureus Brid. Distichium capillaceum Br. eur. Barbula tortuosa W. et M. — ruralis Hedw. — Stérile. — aciphylla Br. eur. var. mucronata. Encalypta commutata N. et H. —. apophysata N. et H. — Trés rare. Funaria hygrometrica Hedw. Dissodon Frælichianus Gr. et Arn. Webera cruda Sch. — nutans Hedw. — polymorpha Sch. var. brachycarpa. Bryum cirratum N. et H. Meesea uliginosa Hedw. form. minor. Aulacomnium palustre Schw. depau- peratum. Bartramia ithyphylla Brid. — (ŒEderi Sw. f. condensata. Timmia austriaca Hedw. — Stér. Heterocladium squarrosulum Lindb. Pterogynandrum filiforme Hedw. Eurhynchium strigosum Sch. var. praecox. — — var. diversifolium. Hypnum uncinatum Hedw. Gymnomitrium concinnatum Cord. Jungermannia albicans L. — julacea Light. — Très rare. Calypogeia trichomanes Corda. Alentours immédiats de l'hótel du Riffelhaus (2550-2600 m.) : Dichodontium pellucidum Sch. — St. Dicranum albicans B. eur. — congestum Brid. Fissidens osmundoides Hedw. — Trés rare. Distichium capillaceum Br. eur. Webera polymorpha var. brachy- carpa. Bryum pendulum Sch. — pallescens Schleich. — pseudotriquetrum Schw. var. com- pactum. — À innovations super- posées. ; Meseea uliginosa Hedw. var. minor et alpina. Philonotis fontana Brid. — Forme gréle, stérile. Brachythecium Starkei Sch. Jungermannia quinquedentata Thed. — trichophylla L. Cephalozia bicuspidata (L.). Hypnum falcatum Brid. Ascension du Gornergrat, le long et à gauche du sentier (2700- 2800 mètres) : Ceratodon purpureus Blid. Barbula aciphylla Br. eur. Dissodon Frælichianus Grev. et Arn. Lescuræa striata Sch. Brachythecium glaciale Sch. Hypnum Heufleri Jur. Andreæa nivalis Hook. Anthelia julacea (Light.). RÉCHIN ET F. CAMUS. — RAPPORT SUR LES MUSCINÉES. CCXXIX Autour des petits lacs du Gornergrat, à gauche du sentier, vers 2900 mètres : Dicranoweisia crispula Lindb. — Forme généralement noire, de taille variable, remarquable par la brièveté de ses feuilles. Distichium inclinatum Br. eur. Grimmia alpicola Sw. — mollis Br. eur. — Trés beau, mais stérile. Rhacomitrium sudeticum Br. eur. Encalypta commutata N. et H. Dissodon Frælichianus Grev. et Arn. Webera polymorpha Sch. var. bra- chycarpa. Bryum pseudotriquetrum Schw. var. compactum. Philonotis fontana Brid. — Stérile et rabougri. Polytrichum sexangulare Fl. — Abon- dant, mais stérile. — juniperinum Hedw. var. alpinum. Lescuræa striata Sch. Brachythecium albicans Sch. — Forme alpine. — glaciale Sch.? — collinum Sch. Hypnum uncinatum Hedw. — Stérile. Andreæa petrophila Ehr. Gymnomitrium concinnatum Cord. Sarcoscyphus alpinus Gottsche. Sarcoscyphus... Anthelia julacea Light. Au-dessus du niveau des lacs, vers 3000 mètres : Blindia acuta Br. eur. var. depaupe- rata. — Stérile. Ceratodon purpureus Brid. — Touffes . basses et compactes, stériles. Grimmia funalis Sch. — conferta Funck. Rhacomitrium lanuginosum Brid. Webera commutata Sch. — Forme trés gréle, encombrée de terre, stérile. W. albicans Sch. — Forme délicate, en touffes compactes à innova- tions superposées, croissant dans les fentes des rochers. Sté- rile. Bryum pseudotriquetrum Schw. — Compact. Brachythecium albicans Sch.? Hypnum Heuferi Jur. Descente du Riffelhaus au glacier du Gorner (Bodengletscher), 2500-2100 mètres : Gymnostomum curvirostre Hedw. var. . ballidisetum Br. eur. — Fruct. Dicranum spadiceum Zett. — Congestum Brid. Webera nutans Hedw. Heterocladium squarrosulum Lindb. Hypnum falcatum Brid.' Sur des moraines au milieu du glacier : Grimmia (deux espèces indéterminables). Rochers immédiatement aprés le passage du glacier (Planches de la Mort) : Gymnostomum rupestre Schw. —— Cuüurvirostre Hedw. Distichium capillaceum Br. eur. — inclinatum Br. eur. GCXXX Barbula ruralis Hedw. — Stér. Grimmia funalis Sch. Webera albicans Sch. var. glacialis. Bryum cirratum H. et H. — pallens Sw. — pseudotriquetrum Schw. Catoscopium nigritum Brid. Meesea uliginosa Hedw. var. alpina. Bartramia Œderi Sw. Myurella julacea Br. eur. Orthothecium rufescens Sch. SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. Eurhynchium strigosum Sch. — curvisetum Sch. Plagiothecium pulchellum Sch. Amblystegium confervoides Br. eur. Hypnum stellatum Schreb. — revolvens Sw.? — falcatum Brid. — sulcatum Sch. Plagiochila interrupta Nees. Jungermannia trichophylla L. — bantriensis Nees. Entre le glacier du Gorner et le Lac-Noir, le long du Furggbach, vers 2200-2300 mètres : Dicranum congestum Brid. Distichium inclinatum Br. eur. Ceratodon purpureus Brid. Barbula tortuosa W. et M. Amphoridium Mougeotii Sch. — Stér. — lapponicum Sch. — Fruct. Encalypta apophysata N. et H. Bryum pseudotriquetrum Schw. — Plusieurs formes. Mnium orthorrhynchum Br. eur. Meesea uliginosa Hedw. var. alpina. Bartramia Œderi Sw. var. condensata. Timmia austriaca Hedw. — Fruct. Lescuræa striata Sch. Brachythecium Starkei Sch. — salebrosum Sch. Hypnum stellatum Schreb. — intermedium Lindb. — falcatum Brid. — sulcatum Sch. var. subsulcatum. — filicinum L. ; Hylocomium triquetrum Sch. — pyrenaicum Lindb. Jungermannia quinquedentata Thed. Lacets en regagnant le chemin muletier du Lac-Noir : Desaatodon latifolius Br. eur. — Trés commun. Lac-Noir. — Par suite du temps trés compté, une parlie seule- ment du pourtour des deux lacs a pu être visitée (2560 mètres) : Weisia Wimmeriana Br. eur. — Très rare et en mauvais état. Dicranoweisia crispula Lindb. Cynodontium virens Sch. Dicranella subulata Sch. Dicranum Starkei W. et M. — congestum ou Muhlenbeckii. Campylopus subulatus Milde. — En . , petite quantité et peu développé. Fissidens osmundoides Hedw. Grimmia alpestris Schleich. Rhacomitrium canescens Brid. — Ra- bougri. Dissodon splachnoides Grev. et Arn. Webera polymorpha Sch. — cruda Sch. Bryum Duvalii Voit. — Quelques maigres brins. — pallescens Schleich. var. contex- tum. — pseudotriquetrum Schw. — Fruct. Mnium orthorrhynchum Br. eur- Meesea uliginosa Hedw. var. minor. Aulacomium palustre Schw. — Plu- sieurs formes dont une est au moins très voisine de la variété imbricatum. Bartramia ithyphylla Brid. Philonotis fontana. — Fruct. — Forme intéressante se rapprochant par quelques-uns de ses caracteres du P. alpicola Jur. On trouve RÉCHIN ET F. CAMUS. — RAPPORT SUR LES MUSCINÉES. dans l'eau du lac d'épaisses touffes de cette plante dont les tiges sont noircies par une longue submersion et dépouillées de leurs feuilles, et qui rappellent l'aspect des brosses grossières. Pogonatum alpinum Röhl. Polytrichum piliferum Schreb. " Lescuræa striata Sch. Hypnum stellatum Schreb. CCXXXI Hypnum sulcatum Sch. — uncinatum Hedw. — sarmentosum Wahl. — Forme sub- mergée. Jungermannia incisa Schrad. — lycopodioides Wallr. — polita Nees. — trichophylla L. Aneura pinguis Dum. Enfin un Riccia stérile. Il est regrettable que la plante ne puisse èlre identifiće avec certitude, les représentants du genre Riccia étant presque inconnus aux hautes altitudes. De l'hótel du Lac-Noir au Hórnli (2580-2890 mètres) : Dicranoweisia compacta Sch. — Très abondant sur les pentes du Hörnli vers 2700 mètres. Tissu différent de celui du D. crispula; parois cellulaires moins épaisses, non translucides. — erispula Lindb. — albicans Br. eur. v fuscescens Turn. Distichium capillaceum Br. eur. — inclinatum Br. eur. Didymodon tenuirostris Wils. Desmatodon latifolius Br. eur. Grimmia funalis Sch. — commutata Hub. — alpestris Schleich. — anceps Boulay (1). Encalypta commutata N. et H. ce ciliata Hedw. var. microstoma. Dissodon Froelichianus Grev. et Arn. (1) Coiffe eucullée, grande, atteignant la moitié de la ca Plagiobryum demissum Lindb. — Fr. Webera polymorpha Sch. — acuminata Sch. var. arcuata. — cruda Sch. — commutata Sch. Bryum cirratum H. — Daus quelques échantillons, surtout ceux du Hórnli, les fleurs sont polygames. — cuspidatum Sch. À Mnium orthorrhynchum Br. eur. Meesea uliginosa Hedw. Bartramia ithyphylla Brid. — Œderi Sw. Timmia bavarica Hessl. Polytrichum sexangulare Flôrk. Myurella julacea Br. eur. Pseudoleskea atrovirens Br. eur. Lescuræa striata Sch. Brachythecium Starkei Sch. — glaciale Sch. psule ; cellules basi- laires linéaires, formant une marge distincte, incolore; dents du péristome Papilleuses, pàles au sommet. Silana De Not. Ce dernier serait monoique, tan M. Venturi identifie cette plante avec le G. ses- dis que le G. anceps serait dioique, J'ai examiné avec soin un bon nombre d'exemplaires, et dans quelques touffes seulement j'ai trouvé des tiges máles, difficile de s'assurer si deux tiges appartiennent bien a mélées aux tiges femelles. Il est u méme pied, à cause sr : de la présence d'un tomentum radiculaire assez abondant. J'ai constaté que, Sur toutes Jes tiges portant des fleur femelles et réciproquement; de plus ment par une fleur et portent, sur de petits rameaux latéraux, 5 fleurs (Réchin). s màles, on ne trouvait pas de fleurs les tiges mâles se terminent ordinaire- 3, 4 et jusqu'à CCXXXII Eurhynchium strigosum Sch. et var. diversifolium. Hypnum stellatum Hedw. forma al- pina. — uncinatum Hedw. v. plumulosum. — Et autres formes. — sulcatum Sch. — Heufleri Jur. et var. pygmæum Mol. SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. Hypnum cupressiforme L. — Forme voisine du Vaucheri. Gymnomitrium concinnatum Cord. Sarcoscyphus adustus Spruce. Jungermannia sphærocarpa Hook. — cæspititia Lindenb.? — lycopodioides Wallr. — Trés pe- tite forme. Descente du Lac-Noir à Zermatt par le chemin muletier. De l'hótel à la limite supérieure du bois, 2200 métres (la plupart des récoltes ont été faites entre 2350 et 2450 mètres) : Cynodontium virens Sch. var. serra- tum. Trematodon brevicollis Horns. — Nous n'avons trouvé que quel- ques bien maigres touffes de cette rare espèce, disséminées sur quelques mètres carrés. Nous avons fouillé avec la plus grande attention le voisinage, sans réussir à en découvrir une seconde station. . Dicranella squarrosa Sch. — En ma- gnifiques touffes bombées attei- gnant 11 centimètres de profon- deur. Dicranum fuscescens Turn. — Bonjeani De Not. — Forme basse, irapue, noire, compacte, à feuilles non ondulées. Fissidens osmundoides Hedw. Blindia acuta Br. eur. Distichium capillaceum Br. eur. — inclinatum Br. eur. Desmatodon latifolius Br. eur. — Commun. Barbula tortuosa W. et M. — ruralis Hedw. — Stér. Grimmia elatior Br. eur. — alpestris Schleich. Encalypta rhabdocarpa Schw. — vulgaris Hedw. var. obtusifolia. — ciliata Hedw. var. microstoma. Dissodon splachnoides Grev. et Arn. — Frelichianus Grev. et Arn. Leptobryum piriforme Sch. var. mi- nus (Philib.). Webera nutans Hedw. var. bicolor. — nutans Hedw. var. cæspitosa. — polymorpha Sch. v. brachycarpa. Bryum pendulum Sch. — pallens Sw. — pseudotriquetrum Schw. — Plu- sieurs formes, dont une d'une belle teinte pourpre. Mnium orthorrhynchum Br. eur. — subglobosum Br. eur. — Fruct. Cinclidium stygium Sw. — Ster. Meesea uliginosa Hedw. var. alpina. Aulacomnium palustre Schw. var. 1m- bricatum. xoi Pogonatum alpinum Roht. Ne juniperinum Hedw. Myurella julacea Sch. Pseudoleskea atrovirens Sch. Camptothecium nitens Sch. Brachythecium salebrosum Br. eur. — Fruct. Hypnum intermedium Lindb. — uncinatum Hedw. — faleatum Brid. — Communément fructifié. — incurvatum Schrad. — sarmentosum Wahl. Sphagnum acutifolium Russ. et W. Jungermannia tersa Nees. — Flerkei Funck. — lycopodioides Wallr. — polita Nees. —- trichophylla L. Sous bois, au niveau des chalets de l'Hermáttje (2000-2100 m.): RÉCHIN ET F. CAMUS. — RAPPORT SUR LES MUSCINÉES. CCXXXIII Dieranoweisia crispula Lindb. Leptotrichum glaucescens Hpe.— Fr. Barbula fragilis Br. eur. — tortuosa W. et M. — ruralis Hedw. — Stérile. Grimmia conferta Funck. — apocarpa Hedw. var. gracilis. — Muhlenbeckii Sch. Orthotrichum alpestre Horns. — speciosum Nees. Encalypta ciliata Hedw. var. micros- toma. Bryum pallescens Schleich. Timmia austriaca Hedw. Mnium orthorrhynchum Br. eur. — punctatum Hedw. var. elatum. Pogonatum alpinum Röhl. Myurella julacea Sch. — apiculata Sch. Pseudoleskea atrovirens Sch. Pterogynandrum filiforme Hedw. Eurhynchium strigosum Sch. var. præcox. Plagiothecium pulchellum Sch. Hypnum stellatum Schreb. Jungermannia lycopodioides Wallr. Lophocolea minor Nees. Radula complanata Dum. Partie inférieure du bois en suivant le chemin direct de Zermatt (1850-1900 mètres) : Dicranella subulata Sch. Dicranum congestum Brid. var. flexi - caule. Webera cruda Sch. — proligera (Lindb.). — Curieuse espèce remarquable par ses pa- quets axillaires de corps repro- ducteurs vermiformes. Bartramia Œderi Sw. — Halleriana Hedw. Timmia austriaca Hedw. _Leskea nervosa Myrin. Hypnum fastigiatum Brid. — Stér. Jungermannia Flerkei Funck. — trichophylla L. Metzgeria pubescens Raddi. Descente du point 2000 métres environ dans la direction des gorges du Gorner (1600 métres) : Dicranoweisia crispula Lindb. Distichium capillaceum Br. eur. Grimmia apocarpa Hedw. — elatior Br. eur. Coscinodon cribrosus Spruce. Amphoridium Mougeotii Sch. Orthotrichum anomalum Hedw. — Tupestre Schleich. Encalypta vulgaris Hedw. Bryum cæspiticium L. (1) Cette plante est décrite comme d sur le même rameau, des fleurs måles plante en fruits à Gavarnie, et j'ai constaté aussi l dans le voisinage des fleurs femelles. Il en est de m Bartramia ithyphylla Hedw. Timmia austriaca Hedw. — Fruct. — bavarica Hessl. — Fruct. Pseudoleskea atrovirens Br. eur. el var. filamentosa. — çcatenulata Br. eur. Pterogynandrum filiforme Hedw. Thuidium abietinum Br. eur. Orthothecium intricatum Br. eur. (1). Hypnum fastigiatum Brid. ioique. Dans ces échantillons on trouve, et des fleurs femelles. J'ai trouvé cette a présence de fleurs mâles ême sur les échantillons de Chanrion. Les fleurs mâles sont très petites (Réchin). CCXXXIV IV. EXCURSION AU COL DU SIMPLON; SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. par MM. J. Réchin et Fernand Camus (14 août 1894). Cette excursion a été faite en commun. Entre Brigue et Bérisal (niveaux divers): Gymnostomum curvirostre Hedw. — Fruct. Distichium capillaceum Br. eur. Webera cruda Sch. Amblyodon dealbatus P. B. Philonotis calcarea Schw. — Fruct. Bérisal (1550 mètres), autour route du Simplon : Dieranoweisia crispula Lindb. Ceratodon purpureus Brid. Didymodon rubellus Br. eur. Barbula subulata Brid. — ruralis Hedw. Orthotrichum rupestre Schleich. var. minus. — alpestre Horns. Encalypta ciliata Hedw. Bryum pallens Sw. Mnium spinosum Schw. — Fruct. — stellare Hedw. — Fruct. Bartramia ithyphylla Brid. Atrichum undulatum P. B. Pogonatum alpinum Röhl. Leskea nervosa Myr. Orthotrichum rupestre Schleich. — pallens Bruch. | Hypnum commutatum Hedw. — Forme à rameaux très allongés. — irrigatum Zett. ? du bourg et à l'entrée de la Pseudoleskea atrovirens Br. eur. var. brachyclada. Pterogynandrum filiforme Hedw. Brachythecium albicans Sch. — velutinum Sch. Eurhynchium strigosum Sch. — piliferum Sch. Plagiothecium pulchellum Sch. — denticulatum Sch. Hylocomium triquetrum Sch. Jungermannia trichophylla L- Radula complanata Dum. Madotheca platyphylla Dum. — rivularis Nees. Blasia pusilla L. à Metzgeria pubescens Raddi. (à et là, le long de la route du Simplon : Gymnostomum rupestre Schw. Dicranoweisia crispula Lindb. Distichium capillaceum Br. eur. Funaria hygrometrica Hedw. Bryum cuspidatum Sch. — pseudotriquetrum Schw. Mnium orthorrhynchum Br. eur. Amhlyodon dealbatus P. B. Meesea uliginosa Hedw. et var. alpina. Bartramia ithyphylla Brid. — Halleriana Hedw. Pterogynandrum filiforme Hedw. Hypnum stellatum Schreb. — uncinatum Hedw. — commutatum Hedw. — sulcatum Sch. Hylocomium triquetrum Sch. , Jungermannia sphærocarpa Hook. Au niveau des dernières galeries (2000 mètres environ), avant le sommet du col : RÉCHIN ET F. CAMUS. — RAPPORT SUR LES MUSCINÉES. Distichium capillaceum Br. eur. Didymodon rubellus Br. eur. — Forme trés développée à dents foliaires très marquées. Barbula tortuosa W. et M. — mucronifolia Schw. Rhacomitrium sudeticum Br. eur. Leptobryum piriforme Sch. — Fruct. Webera albicans Sch. var. glacialis. CCXXXV Bryum cirratum H. et H. Mnium marginatum Lindb. — Fruct. — euspidatum Hedw. Timmia bavarica Hessi. — Fruct. Sauteria alpina Nees. — En belles plaques chargées de fruits sur les piliers de la Josefs-Gallerie. Jungermannia tersa Nees. Du point culminant de la route (2010 mètres), jusqu'à l'hos- pice, au bord de la route et dans les prairies marécageuses à droite : Gymnostomum rupestre Schw. TÉ curvirostre Hedw. — Fruct. Dicranoweisia crispula Lindb. Dichodontium pellucidum Sch.— Stér. Cynodontium virens Sch. Dicranum scoparium Hedw. Blindia acuta Br. eur. Ceratodon purpureus Brid. — dimorphus Philib. Barbula tortuosa. — Forme remar- quable à feuilles fragiles et presque toutes brisées, distincte cependant des variétés fragili- folia et rigida. Rhacomitrium sudeticum Br. eur. — canescens Brid. — Fruct. Aulacomnium palustre Schw. — Plu- Sleurs formes et avec pseudo- podes. Bryum pallens Sw. Mnium punctatum Hedw. Pogonatum alpinum Röhl. — urnigerum P. B. var. humile. Polytrichum formosum Hedw. et var. pållidisetum. Pseudoleskea atrovirens Sch. Heterocladium squarrosulum Lindb. Brachythecium collinum Sch.— Fruct. Eurhynchium strigosum Sch. Hypnum uncinatum Hedw. — fluitans L. var. pinnatum Boul. Hylocomium splendens Sch. Sphagnum cymbifolium Ehr. — Rare. — medium Limpr. — rigidum Sch. var. compactum. — platyphyllum (Sull.). — acutifolium Russ. et W. — Girgensohni Russ. Jungermannia trichophylla L. Près de Phospice du (Simplon 2000 mètres), sur les bords du petit lac et dans la vaste tourbiére semée de rochers qui s'étend au-dessous : Dicranoweisia crispula Lindb. — Avec formes noircies (var. atrata). Cynodontium virens Sch. icranella subulata Sch. —. squarrosa Sch. Dicranum falcatum Hedw. — Starkei W. et M. — congestum Brid. — Muhlenbeckii Br. eur. — Bonjeani De Not. — Avec quelques capsules (plusieurs formes). — Bergeri Bland. Leucobryum glaucum Hpe. Fissidens osmundoides Hedw. — Stér. Blindia acuta Br. eur. — Très rare en fruit. Plusieurs formes, dont la variété irrorata Pfeiff. Ceratodon purpureus Brid. Distichium capillaceum Br. eur. Desmatodon latifolius Br. eur. Barbula fragilis Br. eur. Rhacomitrium canescens Brid. — sudeticum Br. eur. — patens Sch. CCXXXVI Dissodon splachnoides Grev. et Arn. Splachnum sphæricum L. Meesea uliginosa Hedw. var. alpina. — Abondant. Webera cruda Sch. — nutans Hedw. — commutata Sch. — albicans Sch. — Fruct. Bryum cirratum H. et H. — pallens Sw. — pseudotriquetrum Schw. — Plu- sieurs formes. Bien fructif. — Schleicheri Schw. — Sur plusieurs points chargé de capsules. Mnium punctatum Hedw. var. ela- tum. — Fruct. Amblyodon dealbatus P. B. Bartramia ithyphylla Brid. Philonotis fontana Brid. Polytrichum juniperinum Hedw. var. alpinum. Pseudoleskea catenulata Sch. Heterocladium squarrosulum Lindb. Thuidium decipiens De Not. Climacium dendroides W. et M. Camptothecium lutescens Sch. Brachythecium salebrosum Sch. — Fruct. Hypnum stellatum Schreb.— Plusieurs formes. — uncinatum Hedw. — fluitans L. var. Rotæ De Not. — — var. purpurascens Sch. — Intermedium Lindb. — Formes typiques et autres formes incli- nant plus ou moins vers le H. revolvens Sw. — falcatum Brid. — callichroum Brid. — Patientie Lindb. — giganteum Sch. SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. Hypnum stramineum Dicks. — sarmentosum Wahl. — Plusieurs formes, dont lune a un aspect assez différent du type. — scorpioides L. Hylocomium splendens Sch. — pyrenaicum R. Spruce. Sphagnum medium Limpr. — rigidum Sch. — Plusieurs formes. — platyphyllum (Sull.).— Très rare. — subsecundum N. et H. — Très rare. — subnitens Russ. et W. — acutifolium Russ. et W. — Russowi W. — Très rare. — Girgensohni Russ. Gymnomitrium concinnatum Gorda. Sarcoscyphus alpinus Gottsche. — emarginatus Spruce. Alicularia scalaris Corda. — geoscyphus De Not. Scapania undulata M. et N. Jungermannia albicans L. — anomala Hook. — tersa ou sphærocarpa. — inflata Huds. — bantriensis Nees. d» — polita Nees. — Forme trés déve. loppée, avec quelques perian- thes. — lycopodioides Wallr. Cephalozia bicuspidata Dum. Sphagnæcetis communis Nees. — Très rare, plante mâle. Calypogeia Trichomanis Corda. Trés rare. Dilæna norvegica Gottsche. Aneura pinguis Dum. Marchantia polymorpha L. Fegatella conica Corda. BOUDIER ET ED. FISCHER. — RAPPORT SUR LES CHAMPIGNONS. CCXXXVII RAPPORT SUR LES ESPÈCES DE CHAMPIGNONS TROUVÉES PENDANT L'ASSEM- BLÉE A GENEVE ET LES EXCURSIONS FAITES EN VALAIS, PAR LES SOCIÉTÉS DE BOTANIQUE DE FRANCE ET DE SUISSE, DU 5 AU 15 AOUT 1894; par MM. E. BOUDIER et Ed. FISCHER. Bien que les excursions faites par les Sociétés de botanique de France et de Suisse aient eu principalement pour but la phanéro- gamie et aient été naturellement dirigées à cette intention dans les régions alpestres du Valais, si riches en plantes spéciales à ces contrées, il nous a été cependant possible de recueillir un certain nombre de Champignons. Nous avons pensé devoir en donner la liste, parce qu'elle nous à paru offrir un certain intérét, d'autant plus que la flore myco- logique du Valais n'a été étudiée d'une maniére un peu appro- fondie que pour les Hyménomycètes (par M. L. Rolland et surtout par M. B. Studer). Pour les autres groupes nous ne trouvons que fort peu d'indications publiées. m La majeure partie des espéces que nous allons énumérer ont été récoltées entre 1800 et 3100 mètres d'altitude, soit par nous, soit par quelques-uns de nos collègues s’occupant de mycologie ou S'y intéressant, qui nous en ont apporté un certain nombre. Cette liste eût été certainement bien plus considérable, si nos courses avaient plus souvent eu lieu dans les forêts qui couvrent les pentes des Montagnes et, pour les Champignons supérieurs, une quinzaine de jours plus tard, mais elle n'eut peüt-étre pas offert autant d'intérét en raison de l'altitude moindre. ; La plus grande partie des -espèces recueillies se trouvent aussi dans les pays de plaines et il n'y a (excepté pour les parasites et Surtout pour les Urédinées) certainement pas, dans la végétation mycologique de ces hauteurs, les différences si grandes que l'on remarque parmi les espèces de Phanérogames, de Mousses et de Lichens croissant aux diverses altitudes. Mais nous avons pu, malgré cela, en récolter quelques-unes qui nous ont paru nou- velles et propres à ces régions. Parmi les Urédinées, o quons un certain nombre d'espèces rares qui jusqu'ici n avaient Été trouvées en Suisse que dans l'Engadine. CCXXXVIII SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. PUBLICATIONS CONTENANT DES INDICATIONS SUR LA FLORE MYCOLOGIQUE pU VALAIS ET DE GENÈVE. Chodat (R.) et Martin (Ch.), Contributions mycologiques (Bulletin de la Société botanique de Genève, n° 5, 1889, pp. 221-227). Fortschritte der schweizerischen Floristik : Pilze, zusammengest. von Ed. Fischer (Bulletin de la Société botanique Suisse, livr. 2, 1892 et livr. 3, 1893). Jaczewski (A.), Champignons recueillis à Montreux et dans les envi- rons en 1891 et 1892 (Bulletin de la Société Vaudoise des sciences na- > turelles, vol. XXIX, 111, pp. 162-176; contient aussi quelques espéces du Das- Valais). — Florule cryptogamique d'Ecóne (Valais) (Bulletin des travaux de la Murithienne, fase. XXI-XXIT. Sion, 1894, pp. 121-130). — Compte rendu de l'excursion de la Société botanique Suisse au Grand-Saint-Bernard du 29 août au 2. septembre 1893. Champignons (Archives des sciences physiques et naturelles, 3* période, t. XXX, 1893, pp. 605-609). Martin (Ch.-Ed.), Contribution à la flore mycologique génevoise (Bulletin des travaux de la Société botanique de Genève, n° T, années _ 1892-1894. Genève, 1894, pp. 171-178) (1). “> Rolland (L.), Excursion à Zermatt (Bulletin de la Société mycolo- gique de France, vol. V, 1889, pp. 164-171). | Ad Studer (B. jun.), Beitrüge zur Kenntniss der schweizerischen Pilze b. Wallis. Mit einem Nachtrag von Ed. Fischer (Mittheilungen der naturforschenden Gesellschaft, in Bern aus dem Jahre, 1890, pp. 16-26). — Beiträge zur Kenntniss der schweizerischen Pilze b. Wallis. (Mittheilungen der naturforschenden Gesellschaft, in Bern aus dem Jahre 1895) (1). i PÉRONOSPORÉES. Cystopus Portulaeze (DC.) Lév., sur Portulaca oleracea. — Sion (leg. Wilezek.). : ASCOMYCÈTES. Erysiphe communis (Wallr.). — Sur le Polygonum Convolvulus. —- Sion (leg: Wilezek.). (1) Ce travail a paru depuis la rédaction de-la liste des Basidiomycètes dans cet article, BOUDIER ET ED. FISCHER. — RAPPORT SUR LES CHAMPIGNONS. CCXXXIX Leptosphzeria Silenes-acaulis De Not. — En abondance dans tous les pâturages alpestres sur les feuilles jaunies du Silene acaulis, à l'intérieur des touffes de cette plante. L. Crepini (West.). — A l'état de Phoma Crepini Karst. sur bractées de Lycopodium annotinum. — Simplon (leg. Wilezek.). Rhytisma salicinum Fr. — Sur les feuilles vivantes de divers Saules nains au Gornergrat et au Grand-Saint-Bernard. Niptera Rhododendri Ces. — Sur des capsules desséchées de Rhodo- dendron, en montant au-dessus de Zermatt. ,Mollisia Dehnii Rabenh.— Sous les feuilles desséchées d'une Poten- tille, près de l'hospice du Grand-Saint-Bernard. Lachnellula chrysophthalma Pers. — Zermatt, sur une branche morte de Méléze. Selerotinia Rhododendri Ed. Fischer (voy. Bulletin de la Soc. bot. Suisse, vol. IV, 1894, p. 1). — A l’état de sclérote remplissant les capsules du Rhododendron ferrugineum : Grand-Saint-Bernard, au-dessus de la cantine de Proz; Zermatt, au chemin du Lae-Noir et de la Riffelalp; Simplon, au sud-ouest de l'hospice. Il est très probable que cette espèce produit ses chlamydospores sur un Vaccinium, comme M. Woronin l'a démontré pour le Scl. Ledi Nawarschin (voy. Berichte der deutschen bot. Gesellschaft, 1894, p. 187). Ciliaria nivalis Boudier nov. spec. — Coprophile, de 1 centimétre environ de largeur, rouge orangé plus pàle extérieurement et cou- verte de poils bruns assez longs. Voisine de C. scutellata, elle s'en distingue par sa couleur plus orangée, ses poils plus longs attei- gnant vers la marge 1200p; par ses spores plus grandes (25-30 p X 17-18), lisses étant jeunes, mais devenant trés finement verru- queuses à leur maturité, et par son habitat sur les bouses. Elle diffère davantage de C. coprinaria Cook. trouvée par le D" Quélet, sur le méme habitat, sur les hauts sommets du Jura; mais cette dernière espèce plus petite a les spores hyalines, c’est-à-dire és gouttelettes intérieures, ce qui la rapproche du P. stercorea P. comme l'a déjà indiqué le D" Rehm. — Simplon : Prairies al- pines et tourbeuses, sur les bouses de vache, près de l'hospice (leg. Dumée). €. Bariæ Boud. — Sur la terre, sous des Mélèzes. Zermatt en montant à Riffelalp. cns C. umbrorum Fuck. (Cooke). — Bords du Lac-Noir prés de Zermatt, j 7 s ` os Là dans l'eau duquel elle était immergée, mais par saile d'une iN crue, comme le prouve l'examen microscopique d'une coupe mi CCXL SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. montrant la zone de théques et paraphyses normales surmontée d'une autre zone de thèques stériles et paraphyses allongées comme elles le deviennent en poussant sous l'eau. Galactinia badia Pers. — Sur la terre un peu humide, sous des Mé- lézes. Zermatt, en montant à Riffelalp (leg. Camus). Helvella (Leptopodia) alpestris Boudier nov. spec. — Cupuliforme et semblable à une Pezize stipitée, mais certainement affine aux Helvelles de la section Leptopodia B. Entièrement noire à marge blanche, à hyménium non réfléchi dans les échantillons récoltés. Se distingue des Hew. pulla Holm., pezizoides Afz., atra König et voisins par ses spores plus grandes (22-25 p X 15) dont la grosse gouttelette, centrale, est plus rarementaccompagnée d'autres plus petites, et par son indumentum velouté entiérement noir, méme sur le pied, formé de poils courts, claviformes, 2-3 sep- tés de 30-45 y. de longueur, ne se réunissant pas en faisceaux coniques comme chez ces derniéres espéces. Ceux de la marge sont incolores ou à peine teintés à la base et identiques de gran- deur. Pentes gazonnées du Hórnli (Zermatt). USTILAGINÉES. Ustilago major Schreter. — Sur Silene Otites, prés de la Batiaz (Mar- tigny) (leg. Wilczek.). U. marginalis (Link.). — Sur Polygonum Bistorta. La Pierraz (Grand- Saint-Bernard). U. Caricis (Pers.). — Sur Carex muricata L., Zermatt. — Sur Elyna spicata Schrad., non loin du Lac-Noir. U. Tragopogi pratensis (Pers.). — Sur Tragopogon spec. Val de Ba- gnes (leg. C. Schröter). URÉDINÉES. Uromyces (Mierouromyces) Solidaginis (Sommerfelt) Niessl. — Sur Solidago Virga-aurea. — Zermatt, chemin du Lac-Noir (dans la forêt). En Suisse cette espèce n’était connue jusqu'ici que des environs de Sanct- Moritz et Pontresina (Engadine). U. (Microuromyces) Cacalize (DC.). — Sur Adenostyles albifrons. — Bourg Saint-Pierre et non loin de l'Hospitalet (Grand-Saint-Ber- nard). Une expérience d'infection m'a. prouvé qu'il s'agit ici d'un Microuromyces et non pas d'un Uromycopsis, comme on l'admettait jusqu'ici : le mycélium BOUDIER ET ED. FISCHER. — RAPPORT SUR LES CHAMPIGNONS. CCXLI sortant des sporidies ne produit que des téleutospores. L'OEcidium qu'on trouve parfois sur l Adenostyles doit par conséquent appartenir à une autre espèce, probablement hétéroïque (Ed. Fischer) (1). U. (Mierouromyces) Alchemillæ-alpinæ Ed. Fischer nov. Spec. — Sur Alchemilla pentaphyllea. — Grand-Saint-Bernard. Cette espèce, qui ne semble pas être rare dans les Alpes sur les Alch. al- pina L. et Alch. pentaphyllea L., se distingue de l'Uromyces Alchemillæ Pers. (sur Alch. vulgaris) parle manque d'Urédo. Les téleutospores ne sont pas différentes de celles de l'Uromyces Alchemillæ (Pers.). U. (Hemiuromyces) Veratri (DC.). — Sur le Veratrum album L. — Bourg Saint-Pierre. U. (Hemiuromyces) scutellatus (Schrank.). — Sur Euphorbia Cypa- rissias. Forme à téleutospores finement verruqueuses : Zermatt : chemin du Lac-Noir, chemin de la Riffelalp, Riffelberg. Forme à téleutospores striées : Zermatt, chemin de Riffelalp. U. (Uromycopsis) minor Schröter. — Sur Trifolium montanum. Zermatt (altit. d'environ 1750 mètres). — Sur Trifolium pratense L. Grand-Saint-Bernard, côté sud du col. U. (Heteruromyces) Pisi (Pers.). — Téleutospores, sur le Lathyrus pratensis. — Zermatt (altit. d'environ 1750 mètres). Puccinia (Leptopuccinia) Veronicarum DC. — Sur Veronica urti- cæfolia. — Berisal (Simplon). P. (Mieropuecinia) Anemones-Virginianze Schw. — Sur Anemone alpina (incl. sulfurea). Grand-Saint-Bernard, cóté sud du col, en dessous de la cantine. J'ai obtenu directement les téleutospores de ce Champignon sur l'Anemone montana et sulfurea (?) en y appliquant les sporidies sorties ce primus (1895) des téleutospores récoltées au Grand-Saint-Bernard. ll s'agit donc d'une Micropuccinia (Ed. Fischer). P. (Mieropuceinia) conglomerata (Strauss). — Téleutospores sur Homogyne alpina. — Zermatt, au chemin du Lac-Noir, à environ 1800 metres. Selon J. Schröter (Schlesische Kryptogamenftora, Pilze, vol. I, p. 342) et Dietel (Hedwigia, 1891, p. 291 f.), cette Puccinia ne possede pas Erben Une expérience que j'ai faite avec les téleutospores rapportées de Zermatt m (1) Mittheilungen der naturforschenden EE in Bern aus dem Jahre 1895, Sitzungsberichte : Sitzung vom 25 mal . » T, XLI. CCXLII SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. prouvé qu'il en est en effet ainsi : le mycélium sortant des sporidies ne pro- duit que des téleutospores (Ed. Fischer). Puccinia (Micropuceinia) Dubyi Mull. Arg. — Sur Androsace gla- cialis Hopp. — Sommet du Gornergrat. La seule localité suisse connue jusqu'ici était l'Albula (Grisons) (Bull. de la Soc. bot. Suisse, livr. I, 1891, p. 44). P. (Micropuecinia) Morthieri Kórnicke. — Sur Geranium silvati- cum. — Non loin de la Gornerschlucht (Zermatt). P. (Micropuccinia) Geranii-silvatiei Karsten (P. semi-reticulata Fuck.). — Sur Geranium silvaticum. — Zermatt : dans la forêt au-dessous de l'hótel de Riffelalp, à environ 2100 métres, dans la forét au chemin du Lac-Noir. Jusqu'ici cette espèce n'avait été trouvée en Suisse que dans les environs de Sanct-Moritz et Pontresina (Engadine). P. (Micropuccinia) alpina Fuckl. — Sur Viola biflora. — Zermatt, au chemin de Riffelalp dans la forêt, à environ 1800 mètres. P. (Micropueccinia) Drabse Rudolphi. — Sur Draba frigida. — Zer- matt, au chemin du Lac-Noir, à environ 2400 métres(leg. Ménier). Cette espèce rare n'était connue jusqu'ici que sur le Draba aizoides et Draba longirostris Schott.; en Suisse, elle n'avait été trouvée que sur l'Al- bula (Grisons). P. (Hemipuccinia) Bistortæ (Strauss). — Téleutospores, sur le Poly- gonum viviparum. — Grand-Saint-Bernard. P. (Brachypuccinia) Hieraeii (Schum.) Mart. (1). — Sur Hieracium ochroleucum. — Grand-Saint-Bernard, côté sud du col, en des- sous de la cantine. P. (Brachypuccinia) Taraxaei Plowr. (1). — Sur le Tarazacum of- ficinale. — Grand-Saint-Bernard, non loin de la Pierraz. P. (Brachypuccinia) Cirsii Lasch. (1). — Sur Cirsium spinosissi- mum. — Grand-Saint-Bernard, non loin de la Pierraz. P. (Brachypuccinia) suaveolens (Pers.). Rostr. (1). —- Urédo sur Cirsium arvense. — Non loin d'Orsières. P. (Heter-Eupuccinia) Poarum Nielsen. — (Ecidium sur le Tussi- lago Farfara. — Zermatt, au chemin au Lac-Noir. (1) Pour la disposition des espèces du type du Puccinia Hieracii, nous suivons M. Magnus (Berichte der deutschen botanischen Gesellschaft. Vol. XI, 1893, p. 453). BOUDIER ET ED. FISCHER. — RAPPORT SUR LES CHAMPIGNONS. CCXLIII P. (Heter-Eupuccinia) Festueze Plowr. — (Ecidium (= OEc. Peri- clymeni Schum.) sur Lonicera cæruleaet Lonicera Xylosteum. — Gornerschlucht (Zermatt). Triphragmium (Mikro-Friphragmium) echinatum Lév.— Sur Meum athamanticum. — Entre Bourg Saint-Pierre et Liddes. Phragmidium (Aut-Euphragmidium) Rosæ-alpinsæ (DC.). — Téleu- tospores sur Rosa alpina. — Grand-Saint-Bernard (côté sud). P. (Aut-Euphragmidium) Potentillæ (Pers.). — Urédo sur Potentilla argentea. — Entre Orsières et Bourg Saint-Pierre. P. (Aut-Euphragmidium) Rubi-idæi (Pers.)..— (Ecidium, Urédo et téleutospores, sur Rubus-ideus. — Zermatt (non loin de Blatten). Gymnosporangium Sabinæ (Dicks.). — Spermogones sur Pirus com- munis. — Viège. €. confusum Plowr. — (Ecidium sur Cotoneaster vulgaris, Gor- nerschlueht, Zermatt; sur le Crategus monogyna Jacq., dans une haie à la gare de Viège et à Chambésy près Genève. S. juniperinum L. — (Ecidium sur le Sorbus aucuparia. — Gorner- chlucht (Zermatt). €. tremelloides À. Braun. — Spermogones sur Sorbus Aria. Viège. — Sur le Sorbus Hostii Jacq. (— S. Aria X Chamæmespilus). Mauvoisin (val de Bagnes) (leg. C. Schröter). — Œcidium sur Sorbus Chamæmespilus Host. Mauvoisin (leg. C. Schróter). L'Œcidium penicillatum (Müller) sur les Sorbus Aria et Chamæmespilus, Urédinée non rare dans les Alpes, doit être rapporté à un Gymnosporangium qui se développe sur le Juniperus communis, mais qui n’est pas identique avec le G. juniperinum (L.). A. Braun et Hartig l'ont nommé G. tremelloides or Ed. Fischer, Die Zugehörigkeit von OEcidium penicillatum, Hedwigia, 895, p. 1). Melampsora Salicis-eapreæ (Pers.) (pris dans le sens de Winter). — Urédo et téleutospores sur le Salix herbacea. Grand-Saint-Ber- nard. — Urédo sur le Salix helvetica. Hospitalet au Grand- Saint-Bernard. — Urédo sur le Salix serpyllifolia. En dessous du Lac-Noir, Zermatt, — Urédo sur le Saliz Arbuscula. Mauvoi- sin (leg. C. Schrôter). ; Coleosporium Campanuiæ (Pers.). — Urédo sur Campanula thyr- soidea cultivéé au Jardin botanique de Zermatt. Chrysomyxa Rhododendri (DC.). — Urédo sur Rhododendron fer- rugineum. — Grand-Saint-Bernard, entre la cantine de Proz et l'hospice. — Zermatt, au chemin du Lac-Noir. CCXLIV SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. Chrysomyxa Rhododendri est une des Urédinées les plus fréquentes dans les Alpes. Œcidium Thalictri-flavi (DC.). — Sur le Thalictrum fætidum.— Zer- matt, non loin de Blatten, à environ 1750 métres. Me semble mieux correspondre à l'OEc. Thalictri-flavi (DC.) qu'à la descrip- tion que donne Magnus (Erstes Verzeichniss der aus dem Kanton Graubün- den bekannt gewordenen Pilze. XXXIV Jahresbericht der naturforschenden Gesellschaft Graubündens), de son OEc. Thalictri-fœtidi. Uredo Polypodii Pers. — Sur Cystopteris fragilis. — Zermatt, non loin de Blatten, à environ 1750 mètres. U. Pirolze Gmelin. — Sur Pirola minor L. — Zermatt, au chemin du Lac-Noir. BASIDIOMYCÉTES. Le port de la généralité des Hyménomycétes récoltées dans ces hautes altitudes est celui des mémes espéces des vallées. Cepen- dant nous avons remarqué souvent une diminution dans la taille, un aspect plus court, plus trapu; chez l Amanita vaginata var. nivalis Grev. par exemple, chez le Clitocybe geotropa Bull., les divers Hygrophorus, le Psalliota campestris et plusieurs autres. Ici nous devons dire que M. Rolland, qui a habité quelque temps Zermatt et y a fait d'abondantes récoltes, n'a pas remarqué ce fait dans le Mémoire qu'il a publié en 1889, dans le Bulletin de la Société mycologique de France. Peut-être n'était-il donc qu'acci- dentel. Nous avons cependant pensé devoir le signaler pour attirer l'attention des mycologues sur ce point. (E. Boudier). Clavaria fragilis Holmsk. — Dans le gazon au parc de l'Ariana, Ge- nève. Exobasidium Vaceinti Wor. — Sous les feuilles rougies du Vacci- nium Myrtillus. — Entre la cantine de Proz et l’hospice du Grand-Saint-Bernard. E. Vaccinii-uliginosi. — Sous les feuilles rouges du Vaccinium uli- ginosum. — Au-dessus de la cantine de Proz. Espèce tout à fait différente de l'Exobasidium Vaccinii Wor. par ses grandes spores et ses basides à deux stérigmates. Les spores atteignent en BOUDIER ET ED. FISCHER. — RAPPORT SUR LES CHAMPIGNONS. CCXLV effet généralement 25-27, de longueur et exceptionnellement 30-32, sur 8-12 de largeur. Le plus souvent elles sont régulières, oblongues et granu- leuses intérieurement avec un hile bien marqué; mais quelquefois elles sont brusquement courbées à leur base prés du hile ou un peu ondulées. La croüte blanche que cette espéce forme sous les feuilles parait plus compacte que celle de l'Exobasidium du Myrtil et moins farineuse. — Fuckel (Symbole mycol. Suppl. Hl, p. 7) indique un Exobasidium sur Vaccinium uliginosum trouvé en Engadine, prés de Saint-Moritz, mais sans le distinguer autrement. Les divers caractères énoncés précédemment ne permettent pas de réunir ces deux espéces (E. Boudier). E. Rhododendri Wor. — Sur Rhododendron ferrugineum. — Ler- matt, au chemin de la Riffelalp. Polyporus confluens Alb. et Schw. — Zermatt, bois de Mélèzes. P. sulfureus Bull. — Sur un Méléze, à Zermatt; sur un Pommier, prés de Martigny. P. hispidus Bull. — Parc de l'Ariana, sur des Noyers, et vallée de Sion, sur le méme arbre. P. pinicola Fr. — Sur des Mélézes, au-dessus de Zermalt. Ganoderma valesiaeum Boudier nov. spec. — Sessile, semblable exté- rieurement aux Gan. carnosum Pat. et resinaceum Boud., mais s’en distinguant bien par sa chair blanchàtre légèrement teintée de fauve seulement vers les tubes, tandis qu'elle est fauve dans les espéces précédentes; par sa consistance plus charnue, sa chair étant formée d'hyphes incolores, plus fines, trés rameuses et à parois minces, par ses bords moins épais. Les spores sont verru- queuses comme celles du Gan. carnosum, mais un peu plus petites (10-12 v. X 7). Elles sont de la taille de celles du G. resinaceum, mais lisses. La chair blanche la distingue d'ailleurs de suite de tous deux. A la base d'un tronc de Méléze, en montant à Riffelalp (leg. Bour- quelot). Boletus eandicans Fr.— Dans le gazon, à l'ombre des arbres: parc de l'Ariana, Genéve. B. elegans Schum. — Zermatt, dans le gazon prés des Mélézes. B. tridentinus Bres. — Mémes localités. B. viscidus L. — Sous les Mélèzes, aux mêmes endroits. B. subtomentosus L. — Sous les arbres du parc de l'Ariana (Genéve); Zermatt. B. erythropus Pers. — Même localité de l'Ariana, dans le gazon. B. luridus Schæff. — Sous les arbres du méme parc. CCXLVI SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. kentinus lepideus Fr. — Assez fréquent sur les poutres et troncs de Sapin et de Mélèze. Vallée de Zermatt et environs de la cantine de Proz. Paxillus involutus Datsch. — En montant au Grand-Saint-Bernard. Russula emetica Harz. var. Clusii Fr. — Genève : pare de l’Ariana. fragilis Pers. — Genève : parc de l'Ariana. — — var. alpestris Boudier nov. var., plus petite, plus ferme, de cou- leur moins vive, se décolorant et souvent blanche, un peu moins àcre et lames moins blanches. Parmi le gazon des pàtu- rages alpestres au Grand-Saint-Bernard, au Hórnli et au Sim- plon. Est peut-étre une espéce distincte. badia Quél. — Un seul échantillon bien caractérisé, dans la vallée de Zermatt, sous des Mélèzes. Lactarius zonarius Bull. — Genève : parc de l'Ariana. — var. insulsus Fr. — Même localité. fuliginosus Fr. (azonites Bull.). — Parc de l'Ariana. pyrogalus Dull. — Méme localité. rufas L. — Bois de Mélézes, à Zermatt et au Grand-Saint-Bernard. . glyciosmus Fr. — Zermatt, bois de Mélèzes. . pornensis Rolland. — Un seul échantillon bien caractérisé parmi les Mélézes, à Zermatt. serifluus DC. — Pàturages prés du Riffelhaus. mitissimus Fr. — Dans les bois de Mélèzes, au Grand-Saint-Bernard et à Zermatt. Hygrophorus pratensis Pers. — Petite forme. Prairies au-dessous du Gonergrat et au Simplon. virgineus Fr. —Páturages prés de l'hospice du Grand-Saint-Bernard et du Simplon. coccineus Schæff. — Dans le gazon, au Simplon. . miniatus Fr. — Au Simplon et au Grand-Saint-Bernard dans les pàturages élevés et tourbeux. conicus Scop. — Assez fréquent dans les gazons des pàturages éle- vés. Grand-Saint-Bernard, Gornergrat et Simplon. Gomphidius maculatus Scop. — Sous les Mélèzes près de Zermatt. Cortinarius (Myxacium) alpinus Boudier nov. spec. — Espéce p raissant franchement alpine, voisine de Cortinarius collinitus Fr., mais s'en distinguant bien par sa taille trés courte quoique ro- BOUDIER ET ED. FISCHER. — RAPPORT SUR LES CHAMPIGNONS. CCXLVII buste, par son chapeau moins plan, moins glutineux, de couleur plus dorée, par son pied blanchâtre jamais violacé, assez forte- ment sillonné-cannelé entre la cortine et le chapeau. Elle est plus voisine de Cort. livido-ochraceus Berk., mais elle est de taille plus courte, ses spores sont plus grandes (16-20 y. X 7-9) et son pied n'est pas violacé au sommet comme l'indique cet auteur (Vid. Cooke Handb. of Brit. fung. I, p. 178). La chair est d’un fauve pâle plus foncé à la base du stipe qui est d'un fauve ochracé à la partie inférieure, mais recouvert d'un voile glutineux blan- chàtre. Pàturages alpins prés de l’hospice du Grand-Saint-Bernard et de celui du Simplon. Gornergrat, dans les endroits un peu hu- mides. Il parait assez répandu. Coprinus micaceus Dull. — Zermatt. Panæolus separatus L. — Deux spécimens de petite taille prés de hiffelalp. . P. campanulatus L. — Commun sur les vieilles bouses dans les pàtu- rages alpins, où il ne diffère pas de la forme des vallées. Psilocybe Feenisecii Pers. — Prairies prés de l'hospice du Grand- Saint-Bernard. P. atrorufa Schæff. — Pâturages alpins prés du sommet du Gorner- grat. Hypholoma fascienlare Huds. — Genève : pare de l’Ariana. B. appendiculatum Bull. — Parc du château du Crest, prés Jussy; Zermatt. Stropharia merdaria Fr. — Bord de la route en montant à l'hospice du Grand-Saint-Bernard. S. semiglobata Batsch. — Fréquent sur les crottins et les bouses dans les prairies des régions supérieures. Lac-Noir, Simplon, Grand- Saint-Bernard. Psalliota campestris L. — Pâturages près de la cantine de Proz, au Simplon et au Grand-Saint-Bernard. Forme trés trapue. Galera tenera Schæff. — Sur les pelouses alpines. G. hypnorum Batsch. — Mémes localités, mais un peu humides. Naucoria pediades Fr.— Gazons des prairies alpines au Grand-Saint- Bernard, au Gornergrat et au Simplon. N. scoleeina Fr. — Prairies alpines et tourbeuses, prés des buissons Alnus viridis. CCXLVIII SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. Inocybe rimosa Bull. — Parc de l'Ariana, prés de Genève. X. destrieta Fr. — Zermatt. I. hiulea Fr. — Zermatt, sous les Mélèzes. I. obscura Pers. — Zermatt. Leptonia solstitialis Fr. — Prairies alpines et un peu humides au Grand-Saint-Bernard. Clitopilus orcella Bull. — Genève, pare de l'Ariana; Zermatt, sous les Mélèzes. Entoloma sericeum Bull. — Cà et là, dans tous les pâturages élevés. Omphalia pyxidata Bull. — Pâturages alpestres du Gornergrat. ©. Fibula Bull. var. à chapeau fauve. — Gazons élevés; Grand-Saint- Bernard et Simplon. Myeena amieta Fr. — Bois de Mélézes un peu frais. Collybia maculata Alb. et Schw. — Zermatt, bois de Mélèzes. Clitocybe geotropa Bull. — Semblable à l'espéce des forêts de la plaine, mais à pied plus court. Zermatt, bois de Mélèzes. C. infundibuliformis Bull. — Sous les Mélézes et les Sapins. €. laeeata Huds. — De couleur plus brune que le type. Assez fré- quent, remonte jusque dans les pâturages alpins. Lac-Noir, Gor- nergrat, Grand-Saint-Bernard. Tricholoma nudum Bull. — Un seul spécimen trouvé à la partie movenne des forêts de Mélèzes à Zermatt. T. boreale Fr. — Pàturages alpins du Grand-Saint-Bernard et du Sim- plon. T. melaleueum var. polioleucum Pers. — Prairies alpines du Grand- Saint-Bernard, du Gornergrat et du Simplon. Amanita vaginata Var, fulva. Schæff. — Genève : parc de l'Ariana. — — Var. plumbea Sch. — Genève, dans le méme parc. — — Var. nivalis Grev. — Forme irapue et trés peu élevé. A la partie supérieure des forêts de Mélèzes en montant au Grand- Saint-Bernard. Bovista plumbea Pers. — Fréquent dans les pâturages secs. B. nigrescens Pers. — Au Gornergrat et au Simplon, dans les påtu- rages alpestres. à Lycoperdon pratense Pers. — Pàturages sablonneux. L. gemmatum Bull. — Zermatt, au bord de la forêt de Mélézes. CHODAT ET FLAHAULT. — PL. RÉCOLTÉES PAR LA 1'* SECTION. CCXLIX L. eselatum Bull. — Assez fréquent dans les pâturages alpestres. Can- tine de Proz, Zermatt et Simplon. L. piriforme Schæff. — Zermatt, sur la terre au pied d'un arbre. HYPHOMYCÈTES. Fusicladium Aronici Sacc., sur Aronicum scorpioides. — Grand- Saint-Bernard, prés du lac. LISTE DES PLANTES RÉCOLTÉES PAR LA PREMIÈRE SECTION ; dressée par MM. CHODAT et Ch. FLAHAULT 1° Vallée de la Dranse (8-10 août 1894). A. — De Martigny (477 métres) à Lourtier (1053 métres) (val de Bagnes) (1), exposition ouest et sud. — Sol — Gneiss et protogyne. Le trajet de Martigny à Lourtier a été fait en majeure partie en voiture. La liste des plantes est donc bien incompléte. De Martigny au Brocard, on observe en passant : Pastinaca opaca. Artemisia vulgaris. Artemisia Absinthium. Hippophae rhamnoides. On est en plein dans la région de la Vigne et du Chátaignier; ce dernier disparaît à Bovernier (621 mètres), tandis que la Vigne est cultivée jusqu'à 950 mètres sur le versant exposé au sud. — Les bois sont composés de : Fagus silvatica. Corylus Avellana. arix europea. Berberis vulgaris. Abies excelsa. Prunus Mahaleb. Pinus silvestris. Viburnum Lantana. etula verrucosa. Sambucus Ebulus. Quercus sessiliflora. Alnus incana. — — form. pubescens. Sambucus racemosa. Acer opulifolium. — Vers le bas. Myricaria germanica. (1) Pour la vallée de Bagnes, la liste a été complétée par celle dressée par - Ch. Jaccard, de Lausanne. CCL SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. Avant la galerie de Sembrancher (690 métres), on voit : Sambucus Ebulus. Sempervivum arachnoideum. — montanum. Achillea nobilis. — setacea. — Millefolium. Nepeta cataria. Gypsophila repens. Lappa minor. Verbaseum Thapsus. Euphorbia exigua. Artemisia campestris. Melica ciliata. Erodium cicutarium. Aprés la galerie, sur des escarpements : Bupleurum ranunculoides. Ononis Natrix. Stipa capillata. Brunella grandiflora. Leontodon pseudo-crispus. Lasiagrostis Calamagrostis. Astragalus Onobrychis. Equisetum ramosum. Andropogon Ischæmum. Hyssopus officinalis. Camelina sativa. Sedum album. Plus loin sur le calcaire : Lactuca Scariola. Echinops sphærocephalus. Echinospermum Lappula. Epilobium Fleischeri. Setaria viridis. Saxifraga Aizoon. Silene Otites. Carlina vulgaris. Teucrium montanum. Bromus squarrosus. Centaurea Scabiosa. Stipa capillata. Laserpitium Siler. Euphorbia Gerardiana. Turritis glabra. Campanula rhomboidalis. Helianthemum vulgare.. Bromus tectorum. Parnassia palustris. Sedum maximum. Sedum reflexum. Galeopsis intermedia. Lathyrus silvestris. Hypericum perforatum. — montanum. Euphorbia Gerardiana. Vesicaria utriculosa. Prunus Mahaleb. Verbascum thapso X nigrum, Bromus squarrosus. Festuca valesiaca. Erucastrum obtusangulum. Hieracium florentinum. Carduus nutans. Podospermum laciniatum. Crepis fœtida. Tetragonolobus siliquosus. Parnassia palustris. Asparagus officinalis. Oxalis Acetosella. Salvia pratensis. Veronica urticæfolia. Solidago Virga-aurea. Thymus Serpyllum. Linaria vulgaris. Senecio Jacobæa. Hypericum perforatum. Plantago media. Lotus corniculatus. Rumex scutatus. Après Bagnes (Le Châble, 835 mètres) : Chlorocrepis staticæfolia. - Luzula nivea. | Myricaria germanica. — Sur le : grèves. CHODAT ET FLAHAULT. — PL. RÉCOLTÉES PAR LA 1'* SECTION. Sous les prairies : Anthriscus silvestris. Heracleum Sphondylium. Pimpinella magna. Trifolium pratense. Polygonum Bistorta. Betonica officinalis. Mentha silvestris. Geranium silvaticum. CCLI Cannabis sativa. Cerasus avium. - Veronica spicata. Trifolium montanum. Pastinaca sativa. Vicia Faba. Fraxinus excelsior. Juglans regia. À partir de Champsec, le Méléze disparait momentanément; le Picea excelsa. devient prédominant et, sur ces pentes fortes, le Bouleau (Betula verrucosa) apparait. En montant à Lourtier (1170 mètres) : Ulmus montana. Viola alpestris. Potentilla rupestris. — argentea. B. — De Lourtier (1170 mètres) à Fionnay (1560 mètres) : Juneus alpinus. Astrantia major. Campanula urticæfolia. — rotundifolia. Cotoneaster vulgaris. Cerastium arvense. Sedum dasyphyllum. Asplenium septentrionale. — viride. Erigeron alpinus. Viola tricolor L. var. alpestris. Herniaria glabra. Anthoxanthum odoratum. Alchemilla alpina. Euphrasia salisburgensis. Veronica fruticulosa. Plantago montana. Alsine verna, Trifolium aureum. Allium sphærocephalum. — 1245 m. Dianthus Carthusianorum. rex frigida. — Escarpements hu- mides. Campanula barbata. irola secunda. Triticum caninum. Centaurea nervosa. eschampsia cæspitosa. Lychnis Flos-Jovis. cutellaria alpina. Alsine laricifolia. Epilobium rosmarinifolium. Calamagrostis montana DC. — Es- carpements humides. Sedum rupestre. Selaginella helvetica. Galium Cruciata. Pimpinella saxifraga. Silene inflata. Veronica Teucrium. Cystopteris fragilis. Lamium maculatum. Anthyllis Vulneraria. Senecio viscosus. Verbascum nigrum. Pinguicula vulgaris. — Suintements. Campanula pusilla. Saxifraga aizoides. Knautia arvensis. Carlina acaulis. Cardamine Impatiens. Juniperus communis. Festuca varia. — Sur escarpements et éboulis des terrains primi- tifs. Phyteuma betonicæfolium. — orbiculare. Erigeron rupestris Schleicher (Schlei- cheri Gremli). Asplenium Ruta-muraria. CCLII Erigeron acris. Cirsium eriophorum. Carduus defloratus. Gentiana campestris. Poa alpina. Salix caprea. Trifolium badium. Agrostis vulgaris — Dans les prairies subalpines. Imperatoria Ostruthium. Dianthus silvestris. Chærophyllum Cicutaria. SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. Rumex alpinus. Veronica officinalis. ` Anemone Hepatica. Luzula nivea. Saxifraga cuneifolia. — 1450 mètres. Melampyrum silvaticum. Vaccinium Myrtillus. — Vitis-idæa. Poa nemoralis L. Agrostis alba var. alpestris. Leucanthemum vulgare. Echinospermum deflexum. Dans les terrains primitifs Festuca varia occupe la place oc- cupée par Sesleria cerulea dans les terrains calcaires. C. — De Fionnay (1560 mètres) à Mauvoisin (1824 métres). Espèces dominantes : Picea excelsa. — Forme la masse des forêts. Alnus viridis. Vaccinium Myrtillus. Rubus idæus. Trisetum flavescens. — Domine dans les prés. Rhododendron ferrugineum. — À par- tir de 1700 mètres. Festuca rubra L. var. fallax Thuill. — Domine des niveaux infér. jusqu'à 2800 métres. Saxifraga cuneifolia. Espèces diverses moins abondantes : C alluna vulgaris Salisb. — Trés rare ici. Aspidium Lonchitis. — spinulosum. Viola biflora. Gnaphalium silvaticum. Digitalis ambigua Murray. Alsine laricifolia. Lycopodium annotinum. Mulgedium alpinum. Achillea macrophylla. Chærophyllum Villarsii. Aspidium rhæticum. Silene inflata. Luzula multiflora var. alpina. Cardamine resedifolia. Calamagrostis Halleriana. — Esp. caract, parmi les Rhododen- dron. Sempervivum tectorum. Phegopteris polypodioides. Aconitum Lycoctonum. Laserpitium latifolium. Equisetum variegatum. Gypsophila repens. — Sur les roches calcaires. Tofieldia calyculata. Silene nutans. Ox tropis campestris. Helianthemum vulgare. Kernera saxatilis. Saxifraga oppositifolia. Leontopodium alpinum. Adenostyles albifrons. Orchis viridis. Trifolium Thalii. Trisetum distichophyllum. Braya pinnatifida. Echinospermum deflexum. Hieracium glaciale. — florentinum. — piliferum. CHODAT ET FLAHAULT. — PL. RÉCOLTÉES PAR LA Í'* SECTION. CCLIII Gréves de la Dranse, à 1620 métres : Primula hirsuta All. Artemisia mutellina. Arenaria ciliata. Rhamnus pumila. Phaca astragalina. Oxytropis Lapponica. Pedicularis tuberosa. Chærophyllum Villarsii. Juncus alpinus. Scirpus compressus. Leontopodium alpinum. Erigeron Villarsii. Erigeron Schleicheri. — angulosus. Globularia cordifolia. Dryas octopetala. Linaria alpina. Salix serpyllifolia. — Formant des gazons étendus. Botrychium Lunaria. Loiseleuria procumbens. Globularia cordifolia. Euphrasia salisburgensis. Trisetum glareosum. Au-dessus de 1808 métres et au delà du pont sur la Dranse, sur la côte de Mauvoisin, le Larix europea devient prédominant. On trouve d'ailleurs : Alnus viridis. Sorbus aucuparia. Salix reticulata. Betula Murithi. Crepis blattarioides. Selaginella spinulosa. Aconitum Lycoctonum. Thalictrum foetidum. — minus. Veratrum album. Gentiana lutea. Sedum Anacampseros. Euphrasia minima. Pirola arenaria. Thesium alpinum. eronica saxatilis. Alchemilla Hoppeana Buser. Arabis hirsuta forma. Trisetum flavescens var. variegata. Epilobium spicatum. Rosa alpina. Empetrum nigrum. Daphne Mezereum. Sorbus Hostii. Arabis alpina. Arnica montana. Crepis aurea. Trollius europæus. Saxifraga rotundifolia. Gentiana purpurea. Hugueninia tanacetifolia. Achillea macrophylla. Rubus saxatilis. Ranunculus platanifolius. — aconitifolius. Lycopodium annotinum. Gentiana punctata. En arrivant à Mauvoisin (1824 mètres), la forêt cesse à peu prés; on ne trouve plus ensuite que des taillis bas. Rapprocher des indications relatives à lacóte de Mauvoisin celles qui suivent, jusqu'au-dessous du glacier de Gétroz. 9» Haute vallée de la Dranse en amont de Mauvoisia. Mauvoisin est à 1824 mètres, mais on commence par redescendre peu à peu jusque vers 1700 mètres, un peu au delà du glacier de Gétroz. CCLIV SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. A. — Pentes exposées à l'Est; rive gauche de la Dranse. Il n'y a plus d'arbres. — Les espèces frutescentes qui persistent encore et forment le fond de la végétation sont : Juniperus nana. Rhododendron ferrugineum. Rosa alpina. Alnus viridis. Rubus idæus. Lonicera cærulea. Salix hastata. — arbuscula. Daphne Mezereum. Et avec elles comme espéces herbacées dominantes : Festuca varia. Calamagrostis Halleriana. Saxifraga aizoides. Nardus stricta. — Arraché par les vaches. Et sur les points où le calcaire apparait : Sesleria cœæruleu. Autres espèces + abondantes : Ranunculus platanifolius. — aconitifolius. Rubus saxatilis. Aconitum paniculatum. Laserpitium latifolium. Epilobium spicatum. Thalictrum feetidum. Valeriana tripteris. — montana. Thalictrum Bauhini var. alpinum. Pedicularis vertieillata. Hedysarum obscurum. Primula viscosa. Salix grandifolia. — arbuscula. — Myrsinites. Tofieldia calyculata. Hieracium villosum. Carex mucronata. Erucastrum obtusangulum. Festuca violacea. Arabis pumila. Elyna spicata Schrader. Corallorhiza innata. — Rare. Carex ornithopoda. Primula farinosa, Arctostaphylos alpina. Carex clavæformis Hoppe. Festuca pumila Chaix. — Abondant. — Halleri. Agrostis alpina. Agrostis rupestris. Parnassia palustris. Galium silvestre var. anisophyllum. Silene inflata. Rumex scutatus. Trifolium Thalii. Geranium silvaticum. Lotus corniculatus. Cirsium spinosissimum. Veronica alpina. Arabis pumila. Gentiana verna. Phaca australis. Arabis bellidifolia. Festuca rupricaprina Hackel. Thymus Serpyllum. Alchemilla vulgaris. Campanula cenisia. Herniaria alpina. Chamæorchis alpina. Aspidium Lonchitis. Avena pubescens var. glabra. Antennaria dioica. — carpathica. um Leontodon autumnale form. alpina. Arctostaphylos Uva-ursi. Plantago alpina. Silene nutans. Saxifraga stellaris. Lycopodium Selago. Leucanthemum alpinum. CHODAT ET FLAHAULT. — PL: RÉCOLTÉES PAR LA 1"° SECTION. Cœloglossum viride. l Gnaphalium silvaticum var. Einse- leanum. Arenaria ciliata. Artemisia mutellina. Saxifraga Aizoon. — androsacea. — bryoides. Silene exscapa All. Artemisia glacialis. Parnassia palustris. Bartsia alpina. Pedicularis rostrata. Equisetum variegatum. Juncus triglumis. Polygonum viviparum. Erigeron Schleicheri Gremli. — alpinus L. Festuca violacea. Hutchinsia alpina. Trifolium glareosum. Linum catharticum. Scabiosa Columbaria. CCLV Carex ustulata. Petasites niveus. Gentiana tenella. Trifolium pratense. Trisetum distichophyllum. — Sur les graviers de la Dranse. Poa minor. Helianthemum vulgare. Leontodon hispidus. — Abondant. Alsine verna. Cerastium arvense. Aster alpinus. Carum Carvi. Astragalus leontinus. Gentiana utriculosa L. Carex vulgaris. Euphorbia Cyparissias. Plantago major. Urtica dioica. Scirpus compressus, — Pelouses hu- mides. Agrostis alba. Androsace glacialis Hoppe. Arrivée à Chanrion (2410 métres) : Carex sempervirens. — Capillaris. — atrata. Carex nigra. Campanula cenisia. Saxifraga cuneifolia. Autour de la dernière bergerie avant d'arriver au Lancet, vers 2000 mètres : Poa annua L. var. supina Schrader. hleum alpinum. Rumex alpinus. Chenopodium Bonus-Henricus. B. — Autour de la cabane de Chanrion (2410 mètres). La cabane de Chanrion est au niveau des prairies alpines. Le glacier de Breney et celui d'Otemma viennent finir au-dessous de la cabane. Plusieurs autres glaciers (de Fenétre, du mont Durand, de Zesetta) alimentent, avec les premiers, les sources de la Dranse qui roule ses eaux laiteuses à environ 300 métres au-dessous de la cabane, baignant les falaises qu'on nomme la grande Chermontane. Ón récolte dans les prairies alpines de Chanrion (de 2400 à 2700 mètres) : CCLVI SESSION EXTRAORDINAIRE Elyna spicata. — Dominant. Salix serpyllifolia. — Dominant, for- mant gazon. Silene acaulis. — Dominant. Salix reticulata. — Dominant. Carex curvula. — Dominant. Agrostis alpina. Et abondantes : Carex capillaris. — sempervirens. — ornithopoda. —- nigra. Festuca Halleri All. form. ruprica- prina Hackel. Sibbaldia procumbens. Alchemilla montana. Veronica alpina. — saxatilis. Luzula spicata. Primula farinosa. — viscosa. Gentiana campestris form. obtusi- folia. — acaulis. — tenella. — bavarica L. (imbricata Schleich). Saxifraga bryoides. — exarata. Alchemilla fissa. — pentaphyllea. Cerastium latifolium var. Arenaria ciliata. Veronica aphylla. Soldanella alpina. Polygala alpina. Erigeron uniflorus. Cherleria sedoides. Phyteuma hemisphæricum. Pedicularis rostrata. Galium silvestre var. anisophyllum. Erigeron uniflorus. Asplenium viride. Aspidium Lonchitis. Cystopteris fragilis. Leontodon pyrenaicus Gouan. Potentilla grandiflora. Juncus trifidus. Veratrum album. Hieracium strictum var. lanceolatum Villars. EN SUISSE, AOUT 1894. Nardus stricta. — 2610 mètres, limite supérieure. Festuca varia. Salix herbacea. Vaccinium uliginosum. — Myrtillus L. -— Rabougri. Empetrum nigrum. Draba tomentosa. — Johannis. Sesleria cærulea. Sempervivum tectorum. — arachnoideum. — montanum. Polygonum viviparum. Draba aizoides. — frigida. Euphrasia minima. Botrychium Lunaria. Geum montanum. Dryas octopetala. Loiseleuria procumbens. Achillea nana. Sedum atratum. Trisetum subspicatum. Cirsium spinosissimum. Gentiana verna. Homogyne alpina Cass. Gnaphalium supinum. Crepis aurea. : Potentilla salisburgensis Henk. (vil- losa Crantz). Taraxacum lævigatum DC. Luzula spadicea. — lutea. Selaginella spinulosa. Oxytropis neglecta Gay (cyanea auct., non Bieb.). Saxifraga Seguieri. Alsine recurva. Silene exscapa. Euphrasia minima. Artemisia mutellina. Ranunculus glacialis. Leontopodium alpinum. Soldanella pusilla. Plantago alpina. Campanula barbata. Solidago Virga-aurea. Poa alpina. CHODAT ET FLAHAULT. — PL. RÉCOLTÉES PAR LA 1" SECTION. Gaya simplex. Chærophyllum Villarsii. Hieracium glaciale. — piliferum. Veronica bellidifolia. Saussurea alpina. Asplenium viride. Lloydia serotina Reich. Thalictrum saxatile. CCLVII Anthyllis Vulneraria. Trifolium alpinum. "Arnica montana. Viola calcarata. Nigritella angustifolia. Centaurea nervosa. Aster alpinus. Myosotis alpestris. Leucanthemum alpinum. Avec ces plantes, les Lichens suivants : Lecidea geographica. Parmelia tristis. Platysma nivale. Thamnolia vermicularis. Cetraria islandica. Sticta scrobiculata. Umbilicaria cylindrica. Solorina erocea. Stereocaulon alpinum. Cetraria aculeata. — rangiferina. C. — Combes à neige (Schneethülchen) de Chanrion (2600 m.). Le Salix herbacea domine, et arrive à former jusqu'à 98 pour 100 du tapis végétal : Polytrichum septentrionale. Festuca Halleri. Alchemilla pentaphyllea. Festuea rupricaprina. Cherleria sedoides. Silene acaulis. — exscapa. D. — Graviers et moraines glaciaires du glacier de Breney (2600 métres) : Nardus stricta. Vaccinium uliginosum. Loiseleuria procumbens. Bartsia alpina. Cerastium filiforme. — latifolium. — glaciale Gaudin (uniflorum Mu- rith). Festuca Halleri. Taraxacum lævigatum DC. Veronica alpina. Ranunculus glacialis. Carex nigra. Trifolium glareosum. Gentiana bavarica L. (imbricata . Schleich.). ardamine resedifolia. Aronicum Clusii. Myosotis alpestris. Re Abi, Oxyria digyna. Gaya simplex. Agrostis alpina. Sibbaldia procumbens. Achillea nana. Sempervivum montanum. Festuca violacea. Saxifraga exarata. — oppositifolia. Artemisia spicata. Salix myrsinites. Androsace pubescens. — glacialis. — imbricata. — obtusifolia. : Senecio incanus. Saxifraga planifolia. — biflora. Epilobium Fleischeri. CCLVHI SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. Principaux Lichens : Placodium elegans. Lecidea geographica. Cetraria aculeata. Solorina crocea. Platysma cucullatum. E. — Tourbières au-dessous de Chanrion (2300 mètres environ): Carex ampullacea. — vulgaris. — capillaris. Scirpus cæspitosus. Tofieldia borealis. Viola palustris. Ajuga pyramidalis. Scirpus pauciflorus. Eriophorum angustifolium. Juncus triglumis. Saxifraga stellaris. Triglochin palustre. Eriophorum Scheuchzeri. Bartsia alpina. Primula farinosa. F. — Petits lacs de Chanrion (2300 mètres) : Menyanthes trifoliata. Eriophorum angustifolium. Potamogeton pusillus. Scirpus pauciflorus. Ranunculus trichophyllus var. con- fervoides. G. — Rochers-précipices dominant la Chermontane (de 2350 à 2000 mètres) : Festuca varia. — Domine. Avena Scheuchzeri. Cœloglossum viride. Carex sempervirens. — bicolor. Saussurea alpina. Androsace carnea. Draba tomentosa. : Senecio Doronicum. — Au pied des escarpements. 3 Haute vallée de Zermatt (11 août 1894). A. — De Zermatt (1850 mètres) à l'hôtel Schwarzsee (2589 m.), par les gorges de Gorner, Platten et l'Hermitage. Végétation arborescente dominante dans la partie inférieure : Larix europæa. Pinus Cembra. Berberis vulgaris... Sorbus aucuparia. Populus Tremula, Cotoneaster vulgaris. Rhododendron ferrugineum. Lonicera cærulea. Rubus idæus. Daphne Mezereum, Juniperus Sabina. . Vaccinium Myrtillus. Rhamnus pumila. Rosa alpina. Espèces herbac:es : CHODAT ET FLAHAULT. — PL. RÉCOLTÉES PAR LA 1'* SECTION. Aira flexuosa. Chærophyllum Villarsii. Artemisia Absinthium. CCLIX Campanula rotundifolia. Plantago serpentina. Homogyne alpina. Espéces plus ou moins abondantes : Bupleurum ranunculoides. Calamagrostis Halleriana. Thalictrum fœtidum. Cystopteris fragilis. - Erigeron alpinus. Astragalus leontinus. Erigeron Villarsii. Epilobium spicatum. Viola tricolor var. minima. Carlina acaulis. Senecio Doronicum. Alsine Jacquini. Kæleria cristata form. gracilis. Bupleurum stellatum. Hieracium niveum. — elongatum. — amplexicaule. Rhododendron ferrugineum (avec Chrysomyxa Rhododendri). Luzula nivea. Hepatica triloba. Orchis viridis. Asperugo procumbens. Potentilla argentea. Vicia Cracea. Lamium amplexicaule. Oxytropis campestris. Carum Dulbocastanum. Dianthus Carthusianorum var. vagi- natus. Selaginella helvetica. Galium lucidum (remplaçant G. Mol- lugo). Salix arbuscula. Allium sphærocephalum. — strictum var. Christii Janka. Stipa pennata. — Jusq. 1960 mètres. Globularia cordifolia. Pirola minor. Saxifraga cuneifolia. Trollius europæus. Arctostaphylos Uva-ursi. La limite supérieure du Lariz et du Pinus Cembra est à 2230 métres; au-dessus commence la prairie alpine. B. — Prairies alpines couvrant les pentes exposées au Nord, entre la limite supérieure des arbres(2230 mètres) et le Schwarzsee (2589 mètres) : Chamæorchis alpina. ardus stricta. Parnassia palustris. Lloydia serotina. arex echinata var. Grypus. — flava. — pallescens. — bicolor. — Davalliana. — sempervirens. — approximata. nr atrata. — juncifolia. — fœtida. Scirpus alpinus. Antennaria dioica. Equisetum variegatum. Juncus Jacquini. Plantago alpina. Ajuga genevensis. Agrostis alpina. Hieracium Auricula. — glanduliferum. — Pilosella var. niveum. — alpinum. Nigritella angustifolia. Callianthemum rutæfolium. Gentiana acaulis. Campanula Scheuchzeri. — cenisia. Silene rupestris. — acaulis. CCLX SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. Gnaphalium supinum. — norvegicum. Potentilla aurea. Phyteuma humile. — betonicæfolia. Salix serpyllifolia. — myrsinites. — arbuscula. — myrsinites X arbuscula. Loiseleuria procumbens. Euphrasia alpina. Primula farinosa. Trifolium glareosum. — badium. — alpinum. Saussurea alpina. Saxifraga stellaris, — aizoides. — Domiue. — aspera. — androsacea. — Seguieri., — planifolia. — biflora. — oppositifolia. Arctostaphylos Uva-ursi. — alpina. Viola palustris. »otrychium Lunaria. Achillea moschata, Alsine verna. Ranunculus montanus. — glacialis. Senecio incanus. — Doronicum. Leucanthemum alpinum. Hutchinsia brevicaulis. — alpina. Herniaria alpina. Tofieldia borealis. Gaya simplex. Leontodon pyrenaicus. Androsace obtusifolia. — glacialis. Veronica saxatilis. Sempervivum montanum. Carlina acaulis. Agrostis alba. Festuca violacea. — varia. Anthoxanthum odoratum. Galium silvestre var. anisophyllum. Sedum atratum. Myosotis alpestris. Cirsium spinosissimum. Trisetum distichophyllum. — subspicatum. — Espèce essentiel- lement nivale. Luzula spadicea. — lutea. — spicata. Poa alpina form. vivipara. — laxa. — minor. Thesium alpinum. Oxyria digyna. Geum reptans. Potentilia multifida. Polygonum viviparum. Arnica montana. Aronicum Clusii. Veronica bellidifolia. Juniperus communis var. nana. — À partir de 1800 metres. Thymus Serpyllum. Anthyllis Vulneraria. Homogyne alpina. Rumex nivalis. Bupleurum ranunculoides. "s Keleria cristata Pers var. gracilis Persoon. Lotus corniculatus. Pedicularis rostrata. Alchemilla pentaphyllea. — vulgaris. Thlaspi corymbosum. ; Cerastium glaciale Gaud. (uniflorum Murith). — trigynum. Arenaria ciliata. Erigeron uniflorus. Draba aizoides. Oxytropis cyanea. — lapponica. Arabis alpina. — cierulea. Cardamine alpina. Draba lapponica. CHODAT ET FLAHAULT. — PL. RÉCOLTÉES PAR LA 1'* SECTION. CCLXI C.— Crête du Hôrnli, au-dessus du Schwarzsee (de 2800 à 2890 mètres), au pied du Cervin : Campanula pusilla. — Scheuchzeri. — cenisia. Saxifraga oppositifolia. — Aizoon. — androsacea. — bryoides. Taraxacum lævigatum. Ranunculus glacialis. Arenaria biflora. Cerastium latifolium. Alsine Cherleri. — verna. Anthoxanthum odoratum. Geum montanum. Euphrasia minima. Galium silvestre var. anisophyllum. Gentiana verna. — brachyphylla. Carex nigra. — curvula. Poa alpina form. vivipara. Viola calcarata. Chrysanthemum alpinum. Sibbaldia procumbens. Myosotis alpestris. Polygonum viviparum. Phyteuma pauciflorum. Potentilla aurea. Gnaphalium carpathicum. Linaria alpina. Herniaria alpina. Festuca pumila. — violacea form. abbreviata. Salix herbacea. — serpyllifolia. Erigeron uniflorus. Trisetum subspicatum. — distichophyllum. Silene exscapa. Leontopodium alpinum. Artemisia spicata. Oxytropis fœtida. Aster alpinus. Thymus Serpyllum. Sempervivum arachnoideum. — montanum. Draba aizoides. — lapponica. — tomentosa. Oxytropis lapponica. Sedum atratum. Elyna spicata. Veronica alpina. Avena Scheuchzer1. Gaya simplex. Veronica saxatilis. Androsace obtusifolia. Lotus corniculatus. Hieracium piliferum. Soit, au total, 60 espèces Phanérogames ; avec elles : Stereocaulon alpinum. D. — Du Schwarzsee (2589 mètres) au Furggbach, à la base du glacier de Gorner (2150 métres), au Riffelalp (2569 métres) et au Gornergrat (3038 mètres) : Festuca glauca. — Vers 2300 mètres. Astrantia minor. Viscaria alpina. Anemone Halleri. hlaspi alpestre. Helianthemum œlandicum. Senecio incanus. Potentilla frigida. Carex clavæformis. yteuma pauciflorum. Calamagrostis tenella. Rosa alpina. Senecio Doronicum. Cerastium trigynum. — Au Gorner- grat, 3030 mètres. Arenaria biflora. — Idem. Cerastium filiforme. — Idem. Thlaspi corymbosum., — alpestre. CCLXII SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. E. — Sur les deux versants du glacier de Findelen (entre 2090 et 2450 métres) : Versant exposé au Nord : Larix europea. Pinus Cembra. Vaccinium Myrtillus. Versant exposé au Sud : Festuca glauca. — valesiaca. Artemisia Absinthium. Sisymbrium Sophia. Erysimum helveticum. Oxytropis Halleri. Bupleurum ranunculoides. Lotus corniculatus var. ciliata. Laserpitium Halleri. Dianthus silvestris. Galium lucidum. Biscutella lævigata. Silene nutans. Euphrasia alpina. Astragalus aristatus. Dianthus Carthusianorum var. vagi- natus. Oxytropis campestris. Allium sphærocephalum. Aster alpinus. Plantago serpentina. Berberis vulgaris. Trifolium pratense var. nivale Sieb. Phleum Bæhmeri. Empetrum nigrum. Juniperus nana. Calluna vulgaris. — Peu commun. Artemisia nana. — glacialis. Tragopogon major Jacq. Juniperus Sabina. — A 2400 métres. Salix lapponica. Viola biflora. Daphne Mezereum. Trisetum distichophyllum. Hieracium Auricula. : Leontodon hispidus var. pseudo-cris- pus. — 2400 metres. Rhamnus pumila. Bromus teetorum. Androsace imbricata. Pedicularis tuberosa. Potentilla grandiflora. Primula viscosa. Asplenium Ruta-muraria. Leontopodium alpinum. Sedum villosum. Poa concinna Gaudin. Lactuca perennis. Astragalus monspessulanus. Escarpements au Sud, au-dessus du glacier (2450 mètres) : Hieracium lanatum. Artemisia glacialis. Cerastium arvense form. viscidula. Alsine recurva. Hieracium rhæticum. Hieracium Pelleterianum. — niphobium N. P. Asplenium Ruta-muraria. Aretia vitaliana. Galium pusillum. 4 De Brigue au Simplon (14 août 1894). A. — Le long de l’ancien chemin dominant la rive droite de la Saltine (970-1400 mètres), expos. à l'Ouest : CHODAT ET FLAHAULT. — PL. RÉCOLTÉES PAR LA 1'* SECTION. CCLXIII Kæleria valesiaca. Spiranthes æstivalis. Festuca valesiaca. Carex lepidocarpa. Silene Otites. Triglochin palustre. Linum tenuifolium. Centaurea valesiaca. Ononis Natrix. Pinus silvestris. Andropogon Ischæmum. Astragalus Onobrychis. Agropyrum glaucum. Odontites lutea. Erysimum helveticum. Potentilla Gaudini. Seabiosa agrestis W. K. Globularia cordifolia. Astragalus monspessulanus. Sedum album. Chrysocoma Linosyris. Melica ciliata. Asperula montana. Viscum album (sur Pinus silvestris). Hieracium lanatum. Stipa capillata. — pictum. Matthiola valesiaca. Sesleria cærulea. Gypsophila repens. Oxytropis Halleri. Æthionema saxatile. Kernera saxatilis. Campanula spicata. Rhamnus pumila. Caucalis daucoides. Bromus tectorum. Gymnadenia conopea. Ononis Column:e. Onosma echioides. Dactylis hispanica. Astragalus exscapus. Ribes Uva-crispa. Equisetum pratense. Veronica spicata. D. — Au col du Simplon, autour de l'hospice et sur les hauteurs qui le dominent vers le Sud et l'Est (1900-2300 mètres). Végétation dominante : Juniperus nana. Arnica montana. Rhododendron ferrugineum. — Lim. | Calluna vulgaris. supérieure à 2250 mètres. Loiseleuria procumbens. Vaccinium Myrtillus. Sempervivum montanum. — uliginosum. Chrysanthemum alpinum. ~ Vitis-idæa. Agrostis alpina. Empetrum nigrum. Certaines parties exposées au Nord, plus froides et humides, Ont assez bien le caractére des toundras de Laponie. On y observe surtout : Arctostaphylos alpina. Lycopodium Selago. Empetrum nigrüm. Cetraria islandica. Loiseleuria procumbens. Cenomyce rangiferina. Agrostis alpina. Autour de P hospice et sur les hauteurs qui le dominent : Espèces diverses plus ou moins abondantes : CCLXIV Hieracium Trachselianum. — alpinum. Salix arbuscula. Campanula excisa. — barbata. Arenaria rubra. Allosorus crispus. Lycopodium Selago. — alpinum. — annotinum. Gentiana purpurea. — campestris. — obtusifolia. — nivalis. Carex pallescens. — sempervirens. Coeloglossum viride. Senecio incanus. Gymnadenia viridis. Alchemilla subsericea Reuler (var. de A. alpina). Myosotis palustris. Callitriche vernalis. Calamagrostis varia. Allium fallax. SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. Rhodiola rosea. Sesleria cærulea (remplace Festuca varia). Gymnadenia albida. l'otentilla Tormentilla. Luzula lutea. — spadicea. — multiflora var. nigrescens. Arctostaphylos Uva-ursi. Viola biflora. Phyteuma hemisphæricum. Aira flexuosa. Aspidium Lonchitis. Geum montanum. Crepis aurea. Avena Scheuchzeri. Calamagrostis Halleriana. Festuca rubra var. fallax. Anthoxanthum odoratum. Euphrasia minima. Juncus triglumis. Sedum villosum. Equisetum variegatum. Scirpus pauciflorus. — cæspitosus. Hybride? Sur les hauteurs qui dominent l'hospice du Simplon, vers le Sud et l'Est, exposées à l'Ouest (entre Anthyllis Vulneraria. Thymus Serpyllum. Alchemilla pentaphyllea. Salix herbacea. — reticulata. — serpyllifolia. Meum Mutellina. Crepis aurea. Gentiana campestris. Silene acaulis. Viola calcarata. Hieracium glaciale. Antennaria dioica, Helianthemum œlandicum. Linaria alpina. Polygonum viviparum. Carex irrigua. — Laggeri. 2150-2300 métres) : Saxifraga casia. Trifolium alpinum. Senecio incanus. Potentilla aurea. Carex curvula. — rupestris. Oxytropis lapponica. . Anemone vernalis. Leontodon hispidus. Dryas octopetala. Herniaria alpina. Bartsia alpina. Elyma spicata. Achillea nana. Asplenium viride. Saxifraga oppositifolia. Senecio uniflorus. —- incano X uniflorus (?). WILCZEK. — PLANTES TROUVÉES EN VALAIS, ETC. CCLXV NOTES SUR LES PLANTES TROUVÉES EN VALAIS, DE MARTIGNY AU GRAND- SAINT-BERNARD, A ZERMATT ET DE BRIGUE AU SIMPLON, par M. E. WILCZEK (1). 1° Environs de Martigny. Aux Marques et sur Martigny : Limodorum abortivum. Campanula spicata. Silene Pseudo-Otites Bess. Rhus Cotinus. Ünonis altissima Lamk. Potentilla parviflora Gaudin. — Gaudini Gremli. 4 A la Bâtiaz : Verbascum montanum Schrad. Koleria valesiaca Gaud. Veronica prostrata L. Oxytropis pilosa. Taraxacum lævigatum. Vicia Bobartii Forst. Stipa pennata. — capillata. Asperula montana. Medicago minima. Onosma helveticum. Lactuca perennis. Ranuneulus bulbosus var. velutina. Silene Otites. Anemone montana Hopp. Carex nitida. Plantago lanceolata var. capitata Ten. Quercus pubescens. Bromus squarrosus. Centaurea valesiaca Jord. (1) Cette liste comprend les plantes récoltées en 1894 par que au moins en fruits, lors des excursions de ia Société toutes ont été récoltées, Cynoglossum officinale. Artemisia Absinthium. — Répandu. — campestris. — Répandu. Podospermum laciniatum.— Cultures. Hieracium valesiacum Fr. Linaria italica Trev. Achillea nobilis. Hyssopus officinalis. Filago arvensis. Hutschinsia petræa. Poa bulbosa form. vivipara. Agropyrum glaucum P. B. Tunica Saxifraga. Achillea nobilis. Saponaria ocymoides. Bupleurum falcatum. Peucedanum Cervaria. Sempervivum arachnoideum. Linum tenuifolium. Galium rigidum Vill. Festuca valesiaca Schl. Campanula rotundifolia var. lanci- folia Koch. Veronica spicata. Anthericum ramosum. Seseli annuum. Farsetia incana. — Décombres. par l'auteur. Presque botanique. Toutefois notre liste ne saurait donner qu'un apercu app roximatif de la richesse des localités visitées. Voyez, pour publié par M. le professeur H. Jaccard, Catalogue de la flore Valaisane, plus de renseignements, le dans les Nouveaux Mémoires de la Société helvétique des sciences naturelles, vol. XXXIV (1895). — E. W. CCLXVI SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. 9» Route du Saint-Bernard. De Martigny à Sembrancher : Hieracium pseudocorymbosumGremli. — Le long de la route près Bo- vernier. Castanea sativa. — C. Hippophae rhamnoides. — C. Potentilla Murithii Besse (18923) — P. superalpicola De la Soye. — Gaudini Gremli sec. Siegfried. — Sembrancher, route des Vol- lèges. — Kerneri Borbas var. valesiaca Favrat = argentea + pallida Lehm. — Dans les vignes à Bovernier. — tenuiloba Jord. — Méme loc. — pallida Lehm. — Méme loc. Kernera saxatilis. — Rochers près de Sembrancher. Vesicaria utriculata. |. Oxytropis Halleri Bunge. — Pelouses sèches. Stipa pennata. — capillata. Marrubium vulgare. Astragalus monspessulanus. — Cicer. Tilia ulmifolia Scop. Prunus Padus. Ononis Natrix. Chondrilla juncea. Viscaria vulgaris. — Sur le Mariott y. Thlaspi brachypetalum Jord. —- Même localité. Rosa rubiginosa. — — var. umbellata (sp. ex Leers). — micrantha! Près d’Orsières : Linaria striata. — Vieille route de Liddes. Potentilla microphylla Tratt. Rosa graveolens. —- montana. — bovernierana Crep. — dumetorum. — wugrestis Sav. — intricata Déségl. — coriifolia. — pomifera Herrm. — tomentella. — valesiaca Pug. — Et de nom- breuses variétés (1). Hieracium arenicola Godet in Gremli (1881). -— Sembrancher. — Delasoiei Lagg. — cinerascens Jord. — Bovernier. — brunellæfolium A.-T. (Hier. des Alpes francaises, 69). — Bover- nier. — piloselloides Vill. Euphrasia odontites. Saponaria ocymoides. Medicago varia. Viola arenaria. Dianthus silvestris Wulf. Bromus tectorum. — floridus Gremli. Dianthus congestus Bor. — Mont Ra- voire au-dessus de Bovernier. Galium boreale. Aira Legei Bor. — CC. le long de la route. Koleria gracilis Pers.— Près Bover- nier. Potentilla inclinata. — Même loc. Hieracium valesiacum Fr. Rosa montana Chair. — graveolens Gren. — rubiginosa. (1) Déterminations de M. Crépin qui ne cite pour exemple que Rosa pomi- fera Werrm. var. — Consulter d'ailleurs les travaux de la Société Murithienne sur les Roses de cette région. WILCZEK. — PLANTES TROUVÉES EN VALAIS, ETC. Rosa pomifera Herrm. — glauca Vill. CCLXVII Rosa coriifolia var. Bellevalis (sp. ex Puget). ; Herniaria glabra. D'Orsiéres à Bourg Saint-Pierre : Erysimum virgatum. Brassica campestris. Phyteuma betonicæfolium. Asperula arenicola Reut. Galium silvestre forma. Alsine ləricifolia. Poa nemoralis var. glauca. — — var. montana. c — var. firmula. Vieia onobrychioides. Lathyrus heterophyllus. Bromus squarrosus. Rosa montana. — alpina var. pyrenaica. Hieracium rupicolum Fr. mec tar. lligerum A.T: — lanceolatum Vill. var. A.-T. -—.Sspeleum A T. (I. c., p. 50 et in BRIQUET, Bull. Herb. Boiss. ll, n? 10). strictum Hieracium berardianum A.-T. — piloselloides A.-T. — florentinoides A.- T. (Essai sur les plantes du Dauphiné, t. 40). — — var. laxiflorum A.-T. (Cat.). — Faurei A.-T. — Pilosella + gla- ciale. — rapunculoides A.-T. p. interme- medium A.-T. (Hier. des Alpes fr; p. 88)- — murorum A.-T. var. subatratum A TB — longifolium Schl. Erigeron alpinus. — rupestris. — Villarsii. Calamagrostis varia. Lasiagrostis Calamagrostis. Meum athamanticum. Colchicum alpinum. De la Cantine de Proz à l'Hospice : Festuca Halleri. Agrostis rupestris. Saxifraga exarata. Sedum Anacampseros. — Près Bourg Saint-Pierre. — annuum. Cherleria sedoides. Geranium lividum. Saxifraga androsacea. Potentilla rupestris. Phleum alpinum. Catabrosa aquatica. — La Pierraz. Chærophyllum elegans. — Même loc. Autour de l'Hospice : Festuca Halleri. Agrostis rupestris. Androsace glacialis. — obtusifolia. — glacialis + obtusifolia. aleriana celtica. Trisetrum distichophyllum. Juncus Jacquini. — filiformis. Calamagrostis tenella. — varia. — Halleriana D C. Poa sudetica. Festuca violacea. — — var. nigrescens. Poa nemoralis. — Formes diverses. Laserpitium Panax. Bupleurum ranunculoides. Saxifraga exarata. Cardamine alpina. Cherleria sedoides. Sedum annuum. Saxifraga androsacea. Phleum alpinum. CCLXVIII SESSION EXTRAORDINAIRE Carex lagopina. Juncus Jacquini. Alsine recurva. Phyteuma hemisphæricum. Alchemilla glabra Poir. inconcinna Buser. saxatilis Buser. decumbens Buser. subcrenata Buser. — frigida Buser. — tenuis Buser. — alpestris Schmidt. — minor Huds. Carex curvula All. — fœtida Vill. Trisetum flavescens var. variegata. Calamagrostis tenella var. nigrescens. Carex brunnescens Poir. — microglochin. — frigida. Au sud de l’ Hospice, les formes breuses : Hieracium brassicoides A.-T., sp. nov. (2). vulgatum (anfractum Fr.). berardianum A.-T., l. c., 60. glaciale var. Kochii Gremli. — var. Gaudini A. F. Ll c., AT,et Briq.,in Bull. Herb. Boiss. MI, n? 10. vulgatum var. reducta A.-T. subalpinum A.-T. form. alpestre A.-T., l. c., 88. — Ligules ci liolées; achaines p. m. pâles et non noirs à la maturité. glanduliferum. — var. angustifolium. alpinum. armerioides A.-T. EN SUISSE, AOUT 1894. Carex nigra. — Laggeri Wimm. Cerastium filiforme. Ranunculus glacialis (1). Gnaphalium supinum. Eriophorum Scheuchzeri. Azalea procumbens. Saussurea alpina. Cerastium trigynum. Achillea nana. — moschata. — intermedia Schleich. Euphrasia alpina. — — var. vestita. Leontodon autumnalis var. pratensis. — pyrenaicus. Meum Mutellina. Trisetum subspicatum. Luzula spadicea. — spicata. du genre Hieracium sont nom- Hieracium piliferum var. furcatum A-T. elongatum Willd. — var. gracilentum À.-T. strigulosum A.-T., l. €., 103. valdepilosum. alpinum var. gracilentum A.-T. — var. Halleri A.- T. kd ochroleucum Schleich. var. pilife- rum Gremli. — var. hirsutum À.-T. coarctatum A.-T., l c., 92. prenanthoides Vill. var. spicatum ACT, Lco; 99 UE spicatum All., forma). rapunculoides A.-T. var. alpestre. — forma rubens. (1) Malgré une recherche attentive, on n'a pas trouvé R. aconitoides — glacialis X aconitifolius. (2) Brassicoides sp. nov. — Voisin de par ses feuilles plus espacées et par ses H. isatidifolium A.-T., dont il a achaines d'un brun rougeàtre et no gris blanchâtre à la maturité, par son port plus grêle, etc... Différe du H. lan- ceolatum par son port gréle, ses feuilles panduriformes, ses achaines Tou- geàtres, ses feuilles caulinaires espacées; du H. prenanthoides par son Aa grêle, ses feuilles espacées, ses achaines rougeàtres et non grisàtres, €'*- (A.-T. in notá). WILCZEK. — PLANTES TROUVÉES EN VALAIS, ETC. CCLXIX Les autres plantes récoltées au sud de l'Hospice sont les sui- vantes : Sisymbrium pinnatifidum. Gentiana campestris. Draba Wahlenbergii. Rosa alpina. — Johannis. — — var. pyrenaica. Thlaspi rotundifolium Gaud. Potentilla rhætica. Arenaria biflora. — grandiflora. Calamagrostis tenella. — verna L. non Auct. Festuca Halleri. Hugueninia tanacetifolia. Pedicularis incarnata. Chrysanthemum montanum. Arenaria Marschlinsii. — alpinum. Alsine recurva. Pedicularis recutita. Sagina repens Burnat. — gyroflexa. Poa sudetica. — incarnata Jacq. Festuca varia var. acuminata. — rostrata. — violacea, ad F. nigricantem acce- | Saxifraga controversa Sfernbg. dens. Veronica fruticulosa. Avena Scheuchzeri. — bellidioides. Crepis grandiflora. Thalictrum feetidum. Trifolium alpestre. Saxifraga planifolia. Phaca alpina. Sedum Anacampseros. Rhaponticum scariosum. Erigeron uniflorus. Thalietrum majus. Arctostaphylos Uva-ursi. Plantago serpentina. Empetrum nigrum. Meum athamanticum. Centaurea nervosa. Erigeron Schleicheri Gremli. Laserpitium Panax. Festuca rubra var. planifolia Trautv. | Artemisia mutellina. Gentiana purpurea. l Sur un lambeau de calcaire à l'ouest de la « Baux », on a trouvé : Dianthus vaginatus Chair. Galium helveticum. — congestus Bor. Chamæorchis alpina. Mœhringia polygonoides. Leontopodium alpinum. Cerastium latifolium. Linaria alpina var. unicolor. Alsine verna. Leontodon Taraxaci. Gentiana bavarica. Ranunculus pyrenæus. — nivalis. Gypsophila repens. — tenella. Campanula cenisia. Euphrasia hirtella Jord. Autour de Saint-Rémy, sur le versant italien, MM. Besse et Crépin ont récolté les Roses suivantes : Rosa glauca Vill. — Versus montana | Rosa Lereschii Christ — alpina X Chaix. coriifolia. — rubiginosa. — montana. — graveolens Gren. — Chavini Rap. — pomifera var. — coriifolia var. CCLXX Rosa subcanina Christ. — canina var. lutetiana. SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894 Rosa canina var. dumetorum. = Subcollina Christi. 3° Vallée de Zermatt. A Viège, à l'entrée de la vallée, on trouve : Agropyrum glaucum. — Au bord de la rivière. — biflorum. — Méme localité. Hieracium ramosissimum Schl. (1). Lepidium virginicum — Gare de Viège. Centaurea transalpina. — Même loc. Sisymbrium lrio. — Église de Viège. Crocus sativus. — Cult. à Naters. Juniperus sabina. — Limite sup. Hieracium pictum. Hieracium lanatum. — rupicolum. Linaria italica. Erysimum helveticum. Potentilla inclinata. Achillea setacea. Triticum caninum. Onobrychis arenaria. Lactuca angustana. Daphne alpina. Echinops sphærocephalus. Sur les còtes de la rive gauche, au-dessous de Zermatt (1600- 1800 mètres) : Lactuca perennis. Erysimum helveticum. Leontopodium alpinum. Leontodon hispidus var. pseudocris- pus Schulz bip. Anthericum Liliago. Rosa pomifera. — glauca Vill. — alpina var. pyrenaica. — cinnamomea (fulgens Christ). — coriifolia. Hieracium lanatum Vill. — Jordani A.-T. var. A T. — rupicolum. Erigeron Schleicheri Gremli. — Villarsii. — alpinus. — acris. Thalictrum fœtidum. Fumaria Schleicheri. — Sur les talus du chemin de fer. Dianthus silvestris var. bracteatus. sublanatum | d Phyteuma betonicæfolium. — orbiculare. Allium strictum. — Pres de Zermatt. — — var. Christii. — fallax. Aster alpinus. Dianthus vaginatus. Artemisia campestris. — Interme- diaire avec A. nana Gaud. = A. parviflora Gaud. ? Bupleurum ranunculoides. Alsine Jacquini. Euphrasia alpina. — minima var. pallida. — lutea. Herniaria alpina. Zermatt. Oxytropis velutina. — campestris. Silene valesiaca. Astragalus leontinus. Viola pinnata. — Champs sous 4 De Zermalt au Gornergrat. Dans la région dés foréts au-dessous de Riffehlalp : WILCZEK. — PLANTES TROUVÉES EN VALAIS, ETC. Hieracium pseudojuranum A.-T. — cichoriaceum A.-T. (Suppl. à la monogr.des Hieracium du Dau- phine, p. 21). — — forma hypophyllopodes. — sabinum var. rubellum Koch. — piloselloides Vill. — jurassicum Griseb. Pedicularis rostrata. Alsine mucronata. — recurva. Trifolium pallescens. Pinus Cembra. Veronica fruticulosa. — bellidioides. Erigeron alpinum var. hirsutum. — Schleicheri. Alium montanum. — strictum. Poa nemoralis var. firmula Gaudin. Anthyllis Dillenii Schult. Anemone Halleri. Galium boreale. CCLXXI Saussurea alpina. Bupleurum ranunculoides. — stellatum. Thesium alpinum. Plantago serpentina. Rhodiola rosea. Astragalus leontinus. Laserpitium Panax. Ribes alpinum. Larix europæa. Picea excelsa. Acer Pseudoplatanus. Carex hispidula. — frigida. — sempervirens. Salix arbuscula X purpurea. Cerastium arvense. — — var. strictum. Pirola secunda. Euphrasia hirtella. — minima. — alpina. Cirsium heterophyllum. Au-dessus des forèts, jusqu'à l'hôtel supérieur du Riffel : Carex sempervirens. — 2800 mètres. — bicolor. — 2800 mètres. — nigra. — 2800 mètres. — incurva. — 2550 mètres. Senecio incanus. Festuca duriuscula var. crassifolia Gaud. Oxyria digyna. Euphrasia alpina var. vestita. Oxytropis lapponica. Thlaspi corymbosum. alix retusa. — reticulata. — arbuscula. — helvetica. — hastata. — nigricans. oa minor. — laxa. Trisetum subspicatum. — distichophyllum. Anthyllis Dillenii. Androsace obtusifolia. — A poils 3-4- . furqués (en dessous de l'hôtel). - Saxifraga Seguieri. —- exarata. Saxifraga oppositifolia. Gentiana tenella. — nivalis. — obtusifolia. Viscaria alpina. Thlaspi alpinum. Artemisia spicata. — Mutellina. Arenaria ciliata. Erigeron uniflorum. Achillea moschata. — nana. — intermedia. Cerastium filiforme. Agrostis rupestris. — alpina. Festuca Halleri. — violacea. Draba frigida. Alsine verna. Saxifraga planifolia. Leucanthemum alpinum. — minimum. Senecio incanus. Androsace glacialis. Gentiana campestris. CCLXXII Trifolinm saxatile. Hutchinsia brevicaulis. Scirpus alpinus. — Dans les petits torrents. — cæspitosus. Hieracium glaciale v. Kochii Gremli. Saxifraga bryoides. — aspera. Carex fœtida. — capillaris. —— atrata. — curvula. — incurva. — ferruginea. SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. Eriophorum Scheuchzeri. Lloydia serotina. Carex membranacea. Poa distichoph vlla. Phyteuma hemisphæricum. Ranunculus pyrenæus. — glacialis. Arabis bellidifolia. Hieracium Smithii A.-T. — glaciale + Pilosella. Erysimum pumilum Gaud. Centaurea nervosa. Polvgala alpina. Phaca frigida. Au Gornergrat et à la gelbe Wand (2750-2000 métres) : Hieracium glaciale var. Gaudini A.-T. (Hieracium des Alpes franc., p. 27). — Smithii A.-T. Carex nigra. Senecio incanus. Festuea duriuseula var. crassifolia. — — — subv. curvula Hack. Artemisia glacialis. — Mutellina. — spicata. Herniaria alpina. Oxytropis neglecta. Festuca pilosa. Trisetum distichophyllum. Anthyllis Dillenii. Erigeron uniflorus. Carex curvula. Adenostyles hybrida. Carex sempervirens. Festuca ovina var. duriuscula Koch. subv. brachyphylla Hack. — Halleri var. lutea. — violacea. Alyssum alpestre. Cerastium arvense var. strictum. Cerastium arvense var. viscidulum Gremli. Arenaria Marschlinsii Koch. Gypsophila repens var. aretioides. Oxytropis Halleri. Potentilla frigida. — villosa. — grandiflora. — valesiaca Huet = frigida + gran- diflora. — multifida. — minima. Leucanthemum minimum. Eritrichium nanum. Phyteuma humile. — Riffelhorn. — hemisphæricum. — pauciflorum. Gentiana imbricata. Androsace imbricata. Tofieldia glacialis Gaud. — Forme du T. calyculata. Festuca pumila. — varia. Hieracium fastigiatum Fr. sec. A.-T. — filiferum var. tubulosum. — — var. ramiferum. —"glanduliferum. En descendant vers le glacier des Gorner, on trouve, outre la plupart des plantes citées plus haut : Chamæorchis alpina. Astragalus leontinus. Oxytropis neglecta Gay. — Halleri. Juniperus nana. — Sabina. Kæleria gracilis. : Veronica fruticulosa var. pilosa. WILCZEK. — PLANTES TROUVÉES EN VALAIS, ETC. CCLXXIII 5° Lac-Noir. — Hôrnli. Les plantes citées plus haut presque toutes et en plus : Poa alpina var. frigida. Agrostis alpina. Festuca pumila. Trisetum distichophyllum. — subspicatum. Draba frigida. — Wahlenbergii. ! Draba Zahlbruckneri. Arabis cærulea. Crepis jubata. Potentilla frigida + villosa. Ranunculus lutulentus Perr. Song confervoides Fr. 6° Route du Simplon. Aux environs de Brigue : Galium rigidum. Caucalis daucoides. Erysimum helveticum. Peucedanum Oreoselinum. Muscari comosum. Onobrychis arenaria. Passerina annua. Teucrium montanum. Galium verum. — boreale var. hyssopifolium (sp. ~ pro Hoffm.). Linum tenuifolium. Silene Otites. Ononis Natrix. Campanula rotundifolia var. velutina. Leontodon pseudo-erispus. Bromus squarrosus. — tectorum. Bromustectorum var. floridus Gremli. Phleum Bohmeri. Poa concinna. Thalictrum fœtidum. Rapistrum rugosum. Alsine Jacquini. Vulpia Pseudo-Myuros Soy.- Will. Delphinium Consolida. Bunias Erucago. Chondrilla juncea. Campanula spicata. Asperula montana. Astragalus Onobrychis. Holosteum umbellatum. Equisetum ramosissimum. Euphrasia lutea. Nasturtium pyrenaicum. Le long de la montée jusqu’au premier plateau et au pont Napoléon : Hieracium cinerascens Jord. — Jordani 4.-T. var. sublanatum Ar. — lanatellum A.-T. forma genuina. — pietum. — — var. paradoxum 4.-T.— Pont Napoléon. — florentinum. — piloselloides. — tenuiflorum A.-T. forma elongata, in herb. Delli, Wilezek, etc. T. xu. Hieracium melanops A.-T. (Hier. des Alpes franc., 75). — glaucum. Erysimum helveticum. Astragalus monspessulanus. — excapus. — Dois de Pins sylvestres. Alyssum montanum. Aethionema saxatile. Matthiola valesiaca. Galeopsis angustifolia. CCLXXIV Sempervivum tectorum (1). — arachnoideum. Dianthus silvestris. — vaginatus. Ribes Uva-crispa. — 1100 mètres. Gypsophila repens. Alsine laricifolia. Allium sphærocephalum. — 800- Autour de Bérisal : Centaurea axillaris. Euphrasia alpina. Erigeron angulosum. Viola Thomasiana. Calamagrostis varia. Au-dessus de la galerie du Kaltwasser : Juncus Jacquini. — trifidus. Polygala alpina Perr. Sony. Saxifraga exarata. — androsacea. — bryoides. — aspera. Aronicum Clusii. Androsace obtusifolia. Poa minor. — laxa. Achillea moschata. — nana. — hybrida. Cerastium uniflorum Murith. Cardamine alpina. Festuca pumila. — Halleri. Senecio incanus. Erytrichium nanum. Oxytropis campestris. Saxifraga oppositifolia. — — forma stenopetala (2). Taraxacum nigricans. Herniaria alpina. Leontopodium alpinum. — 2700 m. SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. 900 mètres. Epilobium collinum. Vicia onobrychioides. Kæleria valesiaca. — gracilis. Hieracium arenicola Godet. — florentinoides A.-T. — Pilosella -+ florentinum. Equisetum pratense. — silvatieum. Hieracium jurassicum. — murorum forma membranacea. Campanula excisa. — 1490 mètres! Kaltwasser et sous le glacier de Trifolium alpinum, flore albo. Festuca violacea var. genuina. — — var. nigricans. Trisetum subspicatum. L Pedicularis rostrata. Artemisia Mutellina. Silene excapa. acaulis. — alpina. Aretia vitaliana. Carex pauciflora. — Stalden. — virigua. — teretiuscula. — leporina. — — var. atrofusca Christ. — membranacea. — Mittenbach. Festuca Halleri var. intermedia. — violacea var. flavescens. Carex curvula. — — war. B. major Gaud. Alchemilla glabra Poir. — pentaphylla. Campanula excisa. Elyna spicata. Arabis cærulea. Artemisia spicata. (1) Voyez dans les Bulletins de la Société Murithienne les travaux sur le genre polymorphe Sempervivum. (2) Pétales moitié plus étroits, acuminés, et plus longs que dans le type. WILCZEK. — PLANTES TROUVÉES EN VALAIS, ETC. Saxifraga biflora. — Kochii. Gentiana brachyphylla. — imbricata. Arenaria biflora. Primula hirsuta. — farinosa. Arenaria ciliata. Alsine recurva. Oxytropis lapponica. Androsace glacialis. Linaria alpina. Trifolium pallescens. Salix glauca. Lloydia serotina. Gentiana nivalis. Saxifraga Seguieri. Potentilla grandiflora. — aurea. — villosa. CCLXXV Potentilla Trefferi Siegfr. (1890) — supervillosa + aurea, — minima. Avena Scheuchzeri. Campanula Scheuchzeri. Gentiana obtusifolia, flore albo. Phyteuma orbiculare. — hemisphæricum. Lycopodium Selago. — alpinum. Azalea procumbens. Empetrum nigrum. Gentiana tenella. — purpurea. Phyteuma betonicæfolium. Silene rupestris. Agrostis alpina var. flavescens. Hieracium picroides Vill. (lutescens Huter). — Engeloch. Autour de l'hospice et sur les pentes du Schönhorn : Lycopodium Selago. — annotinum. — alpinum. Festuca rubra var. megastachya. Alchemilla subsericea. Saxifraga cæsia. Senecio incanus. — uniflorus. Senecio incanus + uniflorus. — uniflorus var. BELLIDIFOLIUS Mihi ined. Aronicum Clusii. Hypochæris uniflora. Gentiana obtusifolia. Eritrichium nanum. Campanula excisa. — En quantité, de 2200 à 2600 métres; sur les pentes du Schónhorn, dans les graviers des éboulis (1). Linaria alpina var. unicolor. Salix hastata. — — var. alpestris eg Gremli. (1) A « l'Alpe di Veglia », situ abondante dans les gazons courts, 1700 mètres. — Je l'ai trouvée en prés d'une forét humide. Je crois que c'est la station l nue. — Je l'ai retrouvée aussi à Alagna au col d'Olen Hieracium fennieum Norrl. — jurassicum Griseb. form. reducta. — pulmonarioides. — Pilosella. — alpicola. — — forma monocephala. — auricula forma alpestris submo- nocephala. — Faurei A.-T. (Monogr., p. 17, var. hypoleucum A.-T. — gla- ciale + velutinum. — Laggeri Sch. bip. — glaciale var. Gaudini A .-T. — — var. Kochii Gremli. — lanceolatum var. hirsutum A.-T., ined. — exilentum A.-T. (Hier. des Alpes franc., p. 90). — — forma ramosa. — Trachselianum Christ — oxydon Fr. — ustulatum A.-T., l. c., p. 36. ée de l'autre cóté du Schónhorn, elle est les fentes des rochers, et descend jusqu'à 1894 à Gussoney Saint-Jean à 1600 metres, a plus occidentale con- à 2000 métres. : CCLXXVI SESSION EXTRAORDINAIRE Hieracium piliferum. — — var. furcatum A.-T. — var. fuscatum A.-T. glanduliferum forma alpina ves- tita A.-T. — — forma calvescens A.-T. — amphigenum A.-T. — glandulife- rum + piliferum (1). EN SUISSE, AOUT 1894. Hieracium Smithii A.-T., L c., p. 7. Favreanum A .-T., l. c., p. 39. — armerioides A.-T. rhæticum. Bocconel. atratum Fr. var. olichatum A.-T. ochroleucum var. hirsutum A.-T. T° Sion (Tourbiilon et Valéria). Holosteum umbellatum. Veronica praecox. — triphylla. — verna. — — v. succulenta (sp. ex Allioni). Lolium pereune var. cristatum. Equisetum ramosissimum. Sisymbrium Sophia. Arabis saxatilis. — muralis. Hutchinsia petræa. Saxifraga tridactylites. — bulbifera. Bulbocodium vernum. Gagea saxatilis. Anthriscus trichosperma. Poa concinna. Festuca valesiaca. Koleria valesiaca. Muscari comosum. Cheiranthus Cheiri. Carex nitida. Trigonella monspeliaca. Scleranthus verticillatus. Vicia hirsuta. — lathyroides. — tenuifolia. — onobrychioides. — Bobartii. Scleropoa dura. Tragus racemosus. Medicago minima. Potentilla Gaudini Gremli. Hieracium tardans N. — Pilosella var. incanum. Silene Otites. Achillea tomentosa. Achillea setacea. Anemone montana Hopp. Papaver collinum Bogenh. — hybridum. Galium Vaillantii. Eruca sativa. Camelina microcarpa Andrz. Quercus pubescens. Bromus squarrosus. Stipa pennata. — capillata. Viola arenaria. — mirabilis. mirabilis + Riviniana. Beraudii Bor. alba var. virescens. tricolor var. valesiaca Thom. Asplenium fontanum. — septentrionale. Ceterach officinarum. Biscutella saxatilis. Artemisia campestris. — Absinthium. — vulgaris. — valesiaca. Filago arvensis. Teucrium Botrys. Asperula montana. Ephedra helvetica A. Mey. Hyssopus officinalis. Plantago lanceolata var. edpitata (sp- ex Ten). Isatis tinctoria var. Villarsii. tanunculus bulbosus var. brachiatus (sp. ex Schleich.). Amygdalus communis. Punica Granatum. (1) Ce n'est pas le H. fuliginatum Huter, du Tyrol, qui n’a pas encore été trouvé en Suisse (Arvet-Touvet, in nota). WILCZEK. PLANTES TROUVÉES EN VALAIS, ETC. CCLXX VII Telephium Imperati. Centaurea valesiaca Jord. Seseli annuum. Peucedanum Oreoselinum. Linosyris vulgaris. Turritis glabra. Asperula glauca. Eruca sativa. Mespilus germaniea. Papaver Argemone. Sisymbrium austriacum, Adonis æstivalis. Potentilla incrassata var. valesiaca Favrat — P. Besseana Siegfr. — Schrôteri Siegfr.—Gaudini + vil- Glycyrrhiza echinata. Androsæmum officinale. Opuntia vuigaris. Scabiosa agrestis W. K. Eragrostis minor. Ajuga Chamæpitys. Lepidium Draba. — ruderale. Herniaria glabra. Geranium molle. Festuca ovina var. duriuscula. — — var. crassifolia. Clypeola Gaudini Trachsel. Dianthus silvestris. Tulipa Gesneriana. — Didieri Jord. Vicia angustifolia. Arenaria leptoclados. Barbarea praecox. Erysimum repandum. Adonis flammea. Neslia paniculata. Rosa lutea. Fieus Carica. Salvia officinalis. Iris virescens. — germanica. — pallida. Lycium barbarum. Alopecurus agrestis. Cardamine impatiens. Jasminum fruticans. Poa bulbosa (fruct. et vivipare). Heliotropium europæum. Sisymbrium Irio. Euphrasia lutea. Polycnemum majus. Lathyrus tuberosus. losa. Veronica triphylla. Tulipa silvestris. Prunus Mahaleb. Orobanche loricata. Thalictrum fœtidum. Allium sphærocephalum. Ranunculus Rionii. Buffonia tenuifolia. — Ardon. Cytisus radiatus. — Ardon. Crupina vulgaris. Kentrophyllum lanatum. Xeranthemum inapertum. Selaginella helvetica. Podospermum laciniatum. Trisetum Gaudinianum Boiss. Ononis Natrix. Colutea arborescens. Hippophae rhamnoides. Sempervivum tectorum. — arachnoideum. — ld. — Laggeri. — Id. Coronilla” Emerus. CCLXXVIII SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. REMARQUES DE GÉOGRAPHIE BOTANIQUE RELATIVES AUX PLANTES RÉCOLTÉES DANS LES VALLÉES DE BAGNES ET DE LA VIEGE, ET AU SIMPLON; par M. R. CHODAT. En pénétrant dans le val de Bagnes, on remarque encore par places le Fagus silvatica, qui manque dans le haut Valais; c'est une plante qui préfère un climat plus humide (1). Le Châtaignier, au contraire, remonte plus facilement la vallée principale, et l'on en rencontre de fort beaux aux environs de Naters, prés de Brigue. C'est là aussi que, sous la conduite de M. Wilczek, les membres zélés ont pu déterrer les bulbes du Crocus sativus. L'Anemone nemorosa, qui est la fidèle compagne du Hètre en Suisse, manque aussi en Valais, ou ne se retrouve que d'une manière tout isolée. En pénétrant plus avant, nous devons donc nous attendre à voir disparaitre peu à peu les traits caractéris- tiques de la végétation atlantique, le Buis, le Houx, etc. &: Le Noyer est loin d’être aussi sensible; il s'accommode parfai- tement du climat du Valais et on le voit s'élever dans plusieurs vallées jusqu'à 1200 métres. De vieilles chroniques nous parlent d'altitudes plus élevées encore; selon Rupper et Tscheinen, dans les « Walliser Sagen », il y aurait à Zermatt une table faite d'un Noyer qui existait à F adele (2200 mètres). D'ailleurs, les rede- vances d'huile de noix imposées aux habitants de plusieurs des communes les plus élevées confirment ce fait que le Noyer a alleint, pendant la période historique, une altitude plus élevée qu'aujourd'hui. L'Hippophae est le fidéle compagnon de nos torrents alpins; il se plait sur les rives graveleuses où ne sauraient croître d'autres essences. Il est tout particulièrement intéressant à constater dans le sable infertile au pied des Follataires, prés de Martigny. p'im- menses berges stériles lui donnent asile et, dans cette station, il n'est géné par aucun concurrent. Les dépôts de boue glaciaire, (1) Néanmoins les forestiers ont établi des pépinières de cet arbre dans le haut Valais. CHODAT. — REMARQUES DE GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. CCLXXIX qui sont impropres à toute autre végétation, lui permettent de remonter assez haut les vallées alpines. Dans celle de Bagnes, on le suit jusqu'à Lourtier et mème bien au delà (au-dessous de Mauvoisin). Dans celle de la Viége, il atteint 1600 métres. En Finlande, il est confiné sur la cóte occidentale et dans la région basse. Sa distribution dans ce pays est assez singulière pour être signalée. Elle cadre exactement avec celle du Deschampsia bothnica et de l'Atriplez hastatum, v. salinum. Enfin, le Gentiana cam- pestris se trouve aussi confiné à cette région littorale. Il est curieux de constater que I' Hippophae, qui était primitive- ment arctique en Scandinavie, car a été retrouvé dans les tufs glaciaires avec Dryas, Betula nana et Salix reliculala par Nathorst dans le Jemtland, en a été plus tard chassé et est des- cendu le long des fleuves vers la mer. C'est comme si, avec l'amélioration des conditions, il devenait incapable de lutter avec les concurrents. Il manque complétement au Jura. Cerasus avium monte trés haut dans les Alpes. Kerner a cité sa présence à cóté des glaciers dans plusieurs vallées des Alpes, et s’est basé sur ce fait pour admettre que, pendant l'époque gla- eiaire, le terrain non occupé par les glaces pouvait avoir eu une végétation relativement méridionale. Je montrerai plus loin ce qu'il faut penser de ces conclusions, qui ont été répétées souvent. Quercus sessiliflora var. pubescens n'occupe dans le val de Bagnes que les parties chaudes et inférieures. Il est ici accompa- gné de l'Acer opulifoliwm. Ces deux essences se tiennent compa- gnie ordinairement et peuvent servir, en Suisse, à caractériser une région bien déterminée. Il semble, d'ailleurs, que ces deux espéces sont caleiphiles. On ne les retrouve plus au-dessus de Sembran- cher. Le Sapin rouge (Picea excelsa) est, avec le Mélèze, l'un des arbres caractéristiques de la vallée. En Valais, ces deux espèces se partagent plus ou moins les pentes relativement douces, le Mélèze, cependant, préférant les expositions sèches. Des pentes plus fortes sont occupées par les Bouleaux. Aussi bien dans le val de Bagnes que dans celui de Saint-Nicolas, et au- dessus de Naters, par exemple, les petites colonies de Bouleaux apparaissent sur les éboulis en pente, les endroits rocheux et CCLXXX SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. exposés. Il semble que cette plante est moins exigeante que les deux autres. Dans le Jura, cet arbre est limité aux endroits humides et aux tourbiéres. On l'a indiqué comme une espéce silicicole (Contejean). Je doute fort que son aversion pour le caleaire soit réelle, car je l'ai trouvée sur les pentes du bord du lac du Cenis, en dehors des marécages et dans une station bien franchement calcaire par sa végétation (Dryas octopetala, Atra- gene alpina, Anemone alpina, etc.). L'Arolle n'apparait pas en massifs dans cette vallée. Si Fon compare nos Alpes centrales avec la Scandinavie ou l'Asie septentrionale, on remarque que pour la végétation arbo- rescente, notre pays l'emporte de beaucoup sur la première de ces contrées. Il y manque, en effet, l'Arolle et le Mélèze, tandis que la Sibérie septentrionale possède la méme association forestière que nos Alpes; l'Arolle n'y fait pas défaut, l'Épicéa est remplacé par une variété que plusieurs considérent comme espéce représenta- tive (Picea obovala), enfin le Mélèze est chez lui, quoiqu'un peu modifié (L. sibirica). Il n'en faudrait pas tirer la conclusion que ces espéces n'ont pu nous venir de la Scandinavie, et que la grande ressemblance qui unit, en beaucoup d'autres points, la Sibérie septentrionale à notre pays soit une preuve de l'origine sibérienne de notre flore alpine. Ces espéces ont bien pu ne pas pénétrer à nouveau dans la Scandinavie après l'époque glaciaire, après l'avoir habitée précédemment. Le Pinus silvestris ne dépasse pas la région inférieure de la vallée, tandis que l'Épicéa et le Méléze montent jusqu'à Mauvoi- sin (1800-1900 mètres). On peut se demander quelle est la cause qui arrête si brusque- ment ces essences forestières, de facon à leur faire constituer un cordon qui se découpe nettement sur le pâturage. On sait que beaucoup de plantes dépassent la limite où elles produisent des semences et où elles peuvent les amener à maturité. Pour l'Arolle, la limite supérieure est aussi celle qui correspond à la maturation de ses semences. Mais l'Épicéa possède une limite supérieure où il croit encore parfaitement, mais où il ne saurait mürir ses sê- mences. Il faut, d’après les observations de Kerner et de Will- komm, pour le développement des feuilles de cet arbre une somme de température de 337-372 degrés C., tandis qu'il faut, au Pinus silvestris, 593 degrés C. On comprend que dans une vallée CHODAT. — REMARQUES DE GÉOGRAPIIIE BOTANIQUE. CCLXXXI fortement ascendante ou sur des pentes rapides l'arrét se fasse brusquement. Néanmoins, à supposer méme que la limite extrème de nos essences forestières soit dans beaucoup de cas déterminée par la possibilité du développement de semences müries souvent beaucoup plus bas, on ne saurait oublier que, pendant la période historique, la végétation forestière montait beaucoup plus haut. Plusieurs des cols de la chaine principale, actuellement couverts de glaces et devenus impraticables aux chevaux, étaient traversés par des routes bien entretenues; ainsi le passage du Monte-Moro, du Théodule et du col Fenétre. Les troncs qu'on retrouve au milieu du pâturage alpin sont encore plus probants. Nous nous trouvons portés à admettre que la limite supérieure de nos forêts en Suisse est une limite de refoulement dans la plupart des cas. Dans les régions arctiques, les Bouleaux et les Épicéas se par- lagent le cordon extréme forestier. Les derniers apparaissent sous forme de balais dans des endroits où le Bouleau a déjà disparu. Outre le facteur chaleur qui détermine la limite des foréts vers le haut, il en est un autre auquel on n'a pas donné l'importance qui lui revient; c'est l'influence desséchante du vent alors que le sol est encore couvert de neige. Or la vitesse du vent augmente avec l'altitude, et, pour Kihlmann, ce serait principalement à ce facteur qu'il faudrait attribuer la netteté avec laquelle la forét s'arréte dans les Alpes (1). | Il m'a semblé cependant que la vitesse du vent ne doit pas ètre l'unique cause de ce phénomène. La simple insolalion au prin- lemps suffirait à expliquer la destruction des arbres à un moment de l’année où le sol est encore gelé ou couvert de neige (2). On sait que dans les hauteurs, pendant l'hiver, la pureté de l'air est très grande. L'insolation y est trés forte, et tous ceux qui ont fait des ascensions en hiver savent combien cette insolation active la dessiccation. La vitesse du vent ne peut qu'augmenter, si elle est active, cette dessiccation. La limite d'extension des forêts dans nos Alpes sera donc en partie déterminée par deux facteurs, qui sont : 4° la somme des (1) Loc. cit., p. 85. qo ES (2) Pendant cette a nnée 1895, beaucoup d'arbustes ont péri à Genève pour Cette cause, CCLXXXII SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. températures nécessaire au développement des feuilles; 2° l'in- fluence desséchante de l'atmosphére dans la mauvaise saison. Si l'on appliquait d'une manière exclusive ce dernier théorème à nos Alpes valaisannes, on devrait trouver que la végétation arbo- rescente monterait moins haut dans les massifs centraux que dans les chaines de bordure, puisque la sécheresse y est plus grande. Or il n'en est pas ainsi. A Zermatt, les arbres montent plus haut que dans la vallée de Bagnes. La limite des Arolles et des Mélèzes est de 2300 mètres au Riffel, à Findelen et à Zmutt. Il faut cepen- dant remarquer que c'est exclusivement sur les versants tournés vers le Nord. Les versants méridionaux sont dégarnis de foréts à cette altitude. Ce contraste est trés saisissant dans le vallon de Findelen. Sans doute, sur les pentes au Nord le danger de dessic- cation est moins grand, et le facteur température y joue le róle prépondérant. IT Un fait important à constater, c’est la présence, à Mauvoisin, à la limite de la végétation, d’un Bouleau assez particulier pour qu'on lui ait attribué le rang d'espèce. Notre savant président, M. H. Christ, dans un travail récent, a indiqué quels sont, pour lui, les caractères essentiels qui distinguent cette forme. Les troncs sont plus courts, les branches noueuses, l'écorce ne pré- sente pas cette coloration blanche caractéristique de nos Bouleaux ordinaires. De plus, l'écorce des branches et des rameaux est absolument glabre, ce qui la distingue des formes de B. pubes- cens, qui sont toujours poilues. Les feuilles sont courtement pétiolées, et les dents sont plus ou moins rapprochées par 3-4, ce qui donne à la feuille l'apparence doublement dentée. — Jai fait étudier par un de mes élèves, M. A. Boubier, l'anatomie des Détulacées-Corylées et, en particulier, du B. Murithi. Les carac- tères qui ont été découverts sont assez précis pour que l'on puisse, dans beaucoup de cas, déterminer avec certitude les affinités. Or Belula Murithi diffère de tous ses congénères par l'absence de systéme mécanique fibreux, aussi bien dans le pétiole que dans le limbe. Christ en fait une espéce et je me range à son opinion, , out en faisant observer que la notion de l'espéce chez les Bou- leaux n’est pas chose facile. CHODAT. — REMARQUES DE GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. CCLXXXIII Il est intéressant de remarquer que, suivant KihImann, le Betula odorala présente, à l'extréme limite de la végétation forestière, la même forme tortueuse et à tronc noirâtre que les Petula de nos Alpes. Kihlmann, d’ailleurs, considère comme identique l'arbre qui forme la limite de la forêt aussi bien dans les Alpes du centre et du nord de l’Europe que sur la lisière de la tundra de Sibérie. La petite forêt qui tapisse la gorge de Mauvoisin n’a pas son analogue dans les autres vallées que la Société a explorées. A Zer- matt, le Bouleau est à peine représenté et ne semble atteindre nulle part la limite forestiére. Au Mont-Cenis, on rencontre au sud du lac une charmante forét de Bouleaux en miniature. C'est l'image exacte du rabougrissement polaire. Cependant, ce n'est pas notre arbre de Mauvoisin; de loin, l'écorce blanche le fait remarquer. De nouvelles recherches comprenant les formes arctiques et les formes alpines sont à désirer. D'ailleurs si, par l'apparence tortueuse des troncs el leur cou- leur noirâtre, notre Bouleau rappelle les types arctiques, les Épicéas, dans nos hautes régions, montrent des variations qui les rapprochent de la forme medioxima du nord de la Scandinavie, du Taijmyrland, de l'Amour et de la Dsoungarie, comme aussi du Jura septentrional. Il ne faudrait cependant pas attribuer trop d'importance à ce fait, car on sait que Picea excelsa est extrème- ment variable. Néanmoins, il est intéressant de constater que les Variations qui se répètent ainsi dans le Nord et dans nos Alpes ne sont pas nécessairement des variations produites par des condi- lions identiques aux dépens d'un méme type, quoi qu'il puisse paraitre au premier abord. Je rappelle que M. Fliche a découvert, aux environs de Nancy, dans les lignites, des cónes de Sapin qu il à rapportés en partie au Picea obovala Antoine, en partie au Picea medioxima. Si donc ces formes de l'Épicéa, qui sont, et notam- ment la première, spéciales au nord de la Sibérie, existaient dans le centre de l'Europe un peu avant la grande extension des glaciers Ou pendant la période qui a correspondu à leur prédominance, il Rest pas besoin d'avoir recours à l'hypothése séduisante de condi- tions semblables produisant des variations semblables pour l'expli- cation du parallélisme alpin et arctique. Il est bien plus simple et plus conforme aux faits observés d'expliquer ce phénoméne par là communauté d'origine. Je montrerai plus loin que tout ce que CCLXXXIV SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. nous savons de précis sur l’époque glaciaire vient confirmer cette manière de voir et combattre une théorie émise pour ia première fois par M. de Saporta, puis exagérée par M. Falsan dans son livre sur les Alpes françaises. Je ne m'arréterais pas à réfuter cette théorie, qui ne repose sur aucune base sérieuse, si M. Magnin, par sa collaboration à l'ouvrage de M. Falsan, ne lui avait donné, au point de vue botanique, une véritable valeur scien- tifique. L'idée fondamentale qui a servi de base à cette interprétation est que, pendant l'époque glaciaire, la zone qui séparait les gla- ciers des Alpes et le Drift du Nord devait être, quant à la tempé- rature, semblable ou à peu prés semblable à ce qu'elle est aujour- d'hui et impropre à héberger des types arctiques. C'est tout au plus si l'on veut bien admettre des tourbiéres entrecoupant le pays et permettant aux plantes arctiques de progresser par petites étapes jusqu'au pled des Alpes. Ces tourbiéres sont justement une preuve que le climat était froid, car on sait que le froid est une condition essentielle de leur formation. D'autre part, si le Picea obovata habitait les environs de Nancy, la tundra ne devait pas être bien éloignée et avec elle la limite des foréts. On objecte à cette théorie la présence de grands mam- miféres dans cette région. Or la plupart des animaux déterminés appartiennent justement à la faune de la tundra, et les mammouths eux-mêmes ne sont pas du tout incompatibles avec cette notion. Au nord de la grande forét sibérienne, la tundra est couverte par places de buissons de Saules et de Bouleaux nains. Nordens- kiôld dit avec raison de cette région qu'elle est relativement fertile, comparée aux régions subdésertiques qui nourrissent encore de nombreux mammifères. Aujourd'hui encore, le bœuf musqué, l'élan, le renne y trouvent une pâture abondante. On sait que ce dernier animal est encore commun au Spitzberg. Il est peu probable que ces animaux soient devenus moins exigeants depuis l'époque glaciaire, pendant laquelle ils abondaient dans nos régions. Ces raisonnements sont confirmés par les belles découvertes des paléontologues Nathorst, Heer, Schróter et Blytt. Déjà précédemment, il avait été établi, pour les tourbiéres de la Scandinavie, du Danemark, du nord de l'Allemagne et de la CHODAT. — REMARQUES DE GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. CCLXXXV Suisse (lignites), que, à partir des horizons inférieurs, on passe insensiblement de types végétaux qui caractérisent actuellement les régions arctiques avec leurs plantes nivales à ceux qui sont de l'époque actuelle. Blytt a, en outre, fait remarquer les oscil- lations séculaires du climat depuis la formation de ces tour- biéres (1). Le Salix polaris, qui a complètement disparu de la Suisse et de l'Europe moyenne, ne fait que rarement défaut dans l'horizon inférieur; il est accompagné de Dryas oclopetala; plus haut apparait Salix reliculala avec Betula nana, tandis que Saliæ polaris disparait. Puis viennent les Trembles, les Pins, les Aulnes, les Chénes. Outre le S. polaris, on trouve, dans l'horizon inférieur, Saliz herbacea, S. Lapponum (2). La présence du Betula nana dans la tourbe ne serait pas une preuve d'un elimat rigoureux, car on sait que cette espéce habite encore les tourbiéres jurassiques. Chose plus grave, ce Bouleau a été trouvé croissant directement sur le terrain, ce qui n'arrive que dans les régions arctiques. Enfin, la présence de l'Oryria digyna, la plante arctique par excellence, est convaincante. C'est ainsi que les lignites de la Hongrie, du Wurtemberg, du Schleswig-Holstein ont donné, outre ceux déjà indiqués, les fossiles suivants : À Azalea procumbens, Polygonum viviparum, Arctostaphylos Uva-ursi, Salix myrtilloides, Tofielda borealis, Alnus viridis, Pinus Cembra. On aurait pu objecter que les dépôts observés étaient relative- ment rapprochés des masses glacées soit des Alpes, soit du Nord. En laissant de côté les fossiles de Nancy, on pourrait toujours con- cevoir des doutes quant à l'apparence de l'Europe centrale pendant l'époque glaciaire. Les partisans dela théorie de de Saporta, qui admettent pour cette époque une température relativement élevée et la formation des glaciers due essentiellement à une augmentation d'humidité, représentent d'ordinaire notre pays dans des conditions sem- blables à celles qui régnent actuellement en Nouvelle-Zélande et à (1) Cette théorie est condamnée par Kihlmaun qui explique l'alternance des Yégétations par le jeu naturel des tourbiéres élevées, (2) Ce sont ces Saules qui, parmi les arctiques, s'avancent le plus vers le Sud (Bulgarie). CCLXXXVI SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. la Terre-de-Feu où les glaciers pénètrent au milieu d'une végéta- tion subtropicale ou au moins de massifs forestiers importants. « Les glaciers, dit Kerner, n'empéchent pas les Cerisiers de fleurir et de mürir leurs fruits à deux pas de là. » Ce raisonnement se laisse défendre pour autant qu'on s'adresse à une région montagneuse. Les glaciers, ces fleuves pâteux de nos Alpes, descendent beaucoup au-dessous de la limite des neiges éternelles, c'est-à-dire de la zone nivale, et il est parfaitement vrai que la présence de glaciers n'indique nullement un climat rigou- reux. Mais ce qui est vrai pour un massif montagneux cesse de l'étre pour une plaine comme celle du nord de l'Allemagne. L'envahis- sement des cótes de la Baltique par des glaces ne saurait étre attribué à une simple augmentation de l'humidité atmosphérique. . En réalité la température avait considérablement baissé; les espèces arctiques et de la tundra pénétraient jusqu'au cœur de l'Allemagne. Un mémoire récent de M. Nathorst est particulièrement intéres- sant à ce sujet. Il a trouvé à Deuben, en Saxe, à 220 m., dans des couches glaciaires : Salix herbacea, S. retusa, S. myrtilloides, Polygonum vivi- parum, Saxifraga oppositifolia, S. hirculus, S. aizoides, Erio- phorum Scheuchzeri et des Mousses polaires (Amblystegium ezannulalum, A. trifarium, A. (urgescens, A. sarmentosum, A. stillatuin). C'est une florule nivale par excellence. Et les insectes de cette station sont aussi arctiques. , Nathorst arrive à cette conclusion, qu'il donne comme impres- sion personnelle, que toute la région intermédiaire entre le drift et les glaces alpines (300 km.) était à peine couverte par places par le Betula odorata, tandis que la majeure partie du terrain était occupée par la flore glaciaire. La grande extension des glaciers correspond donc bien à une diminution de température, puisque dans le Riesengebirge la limite supérieure des foréts est actuelle- ment à 1100 m., tandis qu'alors il y avait à Deuben à 220 m. une flore nivale, ce qui reporte la limite des arbres plus bas. La zone forestière aurait donc été abaissée en moyenne de plus de 1000 m. D'autre part, Hildebrandt à démontré que l'Arolle, qui en Styrie CHODAT. — REMARQUES DE GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. CCLXXXVIEI ne descend pas actuellement au-dessous de 1500 m., s'avancait alors vers 300 m. dans cette région. On conviendra que tous ces faits donnent actuellement une grande certitude à la théorie d'aprés laquelle les flores alpines et arctiques glaciaires ont pu se mettre en communication, grâce à l'abaissement de température qui permettait aux espéces nivales de descendre dans les plaines de l'Allemagne moyenne. La répéti- lion des mémes espéces dans les régions arctiques et dans les hautes montagnes de la région tempérée doit être attribuée en majeure partie à l'échange qui a pu se faire pendant l'Époque gla- _Ciaire. Si ces faits ne laissent aucun doute, il n'en est pas de même de la question de l'origine précise des espèces arctico-alpines. Une plante actuellement représentée dans les Alpes et dans le Nord est- elle d'origine arctique ou alpine? Cette question demanderait plus de place que je n'en dispose, car il faudrait pour chaque cas établir la dispersion générale du genre et de la section auxquels appartient la plante. La présence d'espéces nombreuses dans la région tempérée alors qu'une seule est arclique plaiderait en faveur de l'origine alpine ou vice versa. Néanmoins ce procédé ne serait pas sans défauts, car on ne saurail oublier que la flore arctique actuelle ne représente plus qu'un débris de l'ancienne flore arctique pliocéne. Pour plusieurs botanistes, le Groenland et le Spitzberg n'auraient pu conserver aucune végétation pendant l'époque glaciaire; tandis que pour d'autres, et je crois qu'ils ont raison, une partie de la flore, et la plus résistante, a pu se maintenir sur les rochers dépourvus de glace. Le fait que ces régions avaient encore des places découvertes nous est prouvé par les immenses moraines chassées par les glaciers. Ce qui a persisté ne pouvait être qu'une faible partie de la flore précédente et une bonne partie de la flore arctique aussi bien que la flore alpine est d'immigration relativement récente. On sait qu'au Spitzberg plusieurs des plantes nivales qui l'ont habité pen- dant la période pré-glaciaire ont disparu : ainsi Dryas integri folia et Dryas octopelala. Si donc nous constatons actuellement la pré- sence de la premiére espèce au Labrador alors qu'elle manque au Spitzberg, nous ne sommes pas autorises à dire que cette espèce a une origine américaine. Malheureusement les observations CCLXXXVIII SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. ne portent que sur un trés petit nombre de cas. Pour les autres il faut être réservé et choisir les explications qui concordent le mieux avec les données paléontologiques générales. IH C'est ainsi que pour plusieurs espèces à la fois circompolaires et alpines la distribution peut être dérivée d'une simple migration pendant l'époque actuelle ou la période de l'époque précédente qui a eu le plus de ressemblance avec elle. Ce sont celles qui peuvent descendre jusque dans la plaine, les vraies ubiquistes des régions tempérées. Parmi celles-ei la suivante est souvent citée comme très remar- quable pour le val de Bagnes ou la Société l'a récoltée en arrivant au pont de Mauvoisin. Le Pirola rotundifolia var. arenaria Koch (Pirola arenaria Rapin, Guide du botaniste dans la région du Léman, 1862) est une espèce très répandue dans toute la région septentrionale et montagneuse de l'hémisphère boréal. On la reconnait facilement à la double courbure de son style et à la disposition des étamines après l'anthése. J'ai démontré autre part que ces flexions sont dues à un géotropisme particulier et qu 'eiles peuvent étre annulées ou modifiées par les conditions des expériences. Ona distingué de cette espèce le P. grandiflora Radius (non Raddi ut dicitur), du Groenland et du Labrador, dont les fleurs moins nombreuses sont plus grandes, et le P. incarnata de l'Utah et de l'Orégon, dont les fleurs sont roses. Il est actuellement diffieile de tracer une li- mite entre ces espèces, d'autant plus que notre espèce varie beau- coup quant à la grandeur et à la teinte de ses fleurs. J'ai passé en revue dans les herbiers de Genéve les matériaux secs et j'ai pu constater que le caractère sur lequel est basé l établissement de cette variété est de peu de valeur et qu'il ne suffit pas pour établir une preuve de filiation entre les plantes des stations disjointes indiquées. La description de Koch, « minor, foliis dimidio mino- ribus acutiuseulis, pedunculis calycem vix æquantibus, laciniis calycis latioribus oblongis obtusiusculis », se rapporte à la plante de Norderney de la Frise orientale. Grenier et Godron l'indiquent à Saint-Quentin dans les dunes à l'embouchure de la Somme ; la plante fournie par Billot, Fl. Gall. et Germ. exsicc., n° 1598 ter, CHODAT. — REMARQUES DE GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. CCLXXXIX correspond bien à cette description, mais les pédoncules ne sont pas si courts. Notre plante du Valais n'a pas toujours les feuilles deux fois plus courtes, les fleurs sont effet plus courtement pédi- cellées et les divisions du calice moins longuement acuminées que dans P. rotundifolia, mais un peu plus aigués que dans P. are- naria du littoral. Il y a, entre les plantes du Groenland et celles du Labrador, la méme différence quant aux sépales et ce caractére varie beaucoup dans les échantillons de l'Asie centrale. Quant au caractère des pédoncules floraux raccourcis, il se retrouve dans certaines formes valaisanes. Mais ces dernières n’ont pas les sépales de la var. are- naria ; les feuilles ont les pétioles très longs, le limbe orbiculaire et trés obtus ou ovale-orbiculaire (Thomas, environs de Bex, in Herb. Boissier). Conçu ainsi d'une manière tout artificielle, le Pirola arenaria a été constaté en Suisse aux environs de Mauvoisin, à Saint-Quen- tin, au Trépied prés d'Étaples (Pas-de-Calais), à Norderney, en Angleterre (A. W. Bennett, Journ. of Bot., XXXII, p. 311), en Chine (Henry, Central-Shina, n° 4731), au nord de la Sibérie vers le 71° 4/4 lat. (Fl. Boganida), au Groenland (Warming), en Laponie orientale (Fellmann, n° 162). Elle a été distinguée par les auteurs de l Herbarium musei fennici, 6d. 11, p. 84, sous le nom de Pirola rotundifolia var. chloranthoides Norrl. Dans le Sikkim, la forme à sépales obtus et courts a été trouvée par Hooker fils. Je le répète, ces diverses formes ne sont nulle part identiques et leur étude mériterait d'étre faite monographiquement. Il ne faudrait donc pas se baser sur la présence de cette plante dans des stations aussi disjointes pour étayer la question de l'origine polaire des plantes de nos Alpes. D'ailleurs le P. rolundifolia est variable et cela se comprend quand on tient compte de son immense exten- sion, car elle est essentiellement circompolaire et remonte Jusque vers 807-82» de latitude N. (1). Dans la vallée de Bagnes, M. Jaccard de Lausanne l'a récolté à la grande Chermontane a 2200-2300 m. Ceci nous prouve bien qu'elle est admirablement adaptée à sup- porter les rigueurs du climat. : M. Fliche a insisté sur la facilité avec laquelle ces plantes à (1) W. S. Meehan, A contribution of the flora cf Groenland, in Procee- dings of the Academy of natural sciences, Philadelphie. T- XLI S CCXC SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. semences scrobiformes peuvent se transporter au loin. La petitesse et la légèreté de leurs semences jointes à leur endurance leur ont permis d'acquérir ce domaine presque ininterrompu qui va des Pyrénées et de l'Himalaya jusqu'aux régions arctiques et qui com- prend tout le Canada. Sans nier l'influence du passé, on peut invoquer en faveur de sa dispersion l'influence de causes actuelles; j'ai signalé pour d'autres plantes à petites semences une extension analogue, à la fois américaine et africaine (1). On ne peut dire du Pirola rotundifolia que ce soit une plante alpine et encore moins une plante nivale, quoiqu'elle monte trés haut. Il en est de méme pour les plantes suivantes parmi celles que nous avons récoltées : Aconitum Napellus, Parnassia palustris, Anthyllis Vulneraria, Trifolium repens L., Solidago Virga-aurea, Antennaria dioica, Achillea Millefolium, Leontodon autumnalis, Taraxacum læviga- lum, Campanula rotundifolia, Vaccinium, Arctostaphylos Uva- Ursi, Rhinanthus minor, Euphrasia officinalis, Thymus Serpyl- lum, Ajuga pyramidalis, Triglochin palustre, Corallorrhiza innata, Tofieldia calyculata, Eriophorum angustifolium, certains Carex, Anthoxanthum odoratum, Deschampsia flexuosa, Poa annua, Pinguicula vulgaris, Calluna vulgaris; Nardus stricta. Il està remarquer qu'aucune de ces espèces, à la fois alpines, circompolaires et des régions intermédiaires inférieures, n'est éclectique au point de vue du sous-sol (calcaire ou siliceux). Six ou huit sur une trentaine sont des plantes de marécages, on sait combien ces dernières sont ubiquistes (2). Cinq sont des Composées à semences munies d’aigrette ; trois ont des semences fort petites (Parnassia palustris, Pirola Coral- lorrhiza, Tofieldia calyculata et Euphrasia officinalis). Les Vaccinium et Arctostaphylos ont des fruits charnus qui peuvent être transportés facilement par les oiseaux (3). Les Graminées énumérées sont cosmopolites ; méme. l'une d'entre elles se retrouve en Australie. Il n'y a donc rien d'éton- nant à les voir remonter aussi loin vers le Nord. i (1) Sur l'origine de l'espéce et des groupes dans la famille de Polyga- acées. (2) De Candolle, Géographie botanique raisonnée. (3) Kerner, Pflanzenleben, 1, pp. 800-801. CHODAT. — REMARQUES DE GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. CCXCI Beaucoup d'autres espéces de plaine qui n'atteignent pas les régions arctiques ou ne sont pas circompolaires montent jusqu'aux plus liautes altitudes dans notre domaine : Kernera saxatilis, Biscutella levigata, Helianthemum vulgare, Dianthus Carthusianorum, Saponaria ocymoides, Cerastium trigynum, Linum catharticum, Geranium silvaticum, Alchemilla vulgaris, Sempervivum tectorum, Bellidiastrum Michelii, Bellis perennis, Menyanthes trifoliata (arctique), Gentiana verna, Calamintha Acinos, Galeopsis intermedia, Scutellaria alpina (ces dernières pour Chanrion) (4), Lotus corniculatus, Dianthus silvestris (Findelen), Lactuca perennis, Berberis vulgaris, Tha- lictrum fætidum, Allium spherocephalum, Carum Bulbocasta- num, Lamium amplexicaule (2). Parmi les plantes de plaine arctico-alpines, À nthyllis Vulneraria n'est pas la moins intéressante; elle est connue du nord de l'Afrique, de la Sierra-Nevada d'Espagne, des Pyrénées et de l'Eu- rope centrale, de la Scandinavie, du Caucase et du Groenland. Grâce au calice membraneux qui entoure son fruit, ce dernier peut être emporté au loin par le vent, ce qui explique sa grande extension. Rhinanthus minor possède aussi un appareil de vol; les semences ont une aile membraneuse assez large. Le poids d'une semence de Parnassie est de 0,00003 gr.; celle de Pirola ne pése que 0,000004 gr.; c'est à peine si ce poids est excédé pour Corallorrhiza innata. Les fruits du Triglochin palustre sont à la maturité découpés en crochets, ce qui en facilite sans doute le transport par les animaux. Cette condition essentielle pour acquérir une grande extension, à savoir la présenee d'appareils de vol ou de semences légères, est réalisée pour la plupart des plantes alpines très répandues : Dryas octopetala. — Fruit à arête barbue. Rhodiola rosea. — Semence légère. Erigeron uniflorus. — Fruit à aigrette. E. alpinus. — Fruit à aigrette. — — Gnaphalium supinum. — Fruit à aigrette. Leontopodium. — Fruit à aigrette. (1) Chodat, La course botanique de la Société « La Murithienne », 1891. (2) Voy. aussi, Magnin in Falsan, Aipes frangaiszs. CCXCII SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. Oxyria digyna. — Fruit ailé. Polygonum viviparum. — Fruit ailé; bulbilles. Les Saules. — Semences cotonneuses. Sieversia. — Fruit à aréte plumeuse. Eriophorum. — Fruit longuement soyeux. Epilobium. — Semences poilues. Linnea borealis. — Fruits à crochets, etc. EY Parmi les espéces récoltées, prés de 120 sont circompo- laires, c'est-à-dire se retrouvent à la fois dans les massifs monta- gneux de l'hémisphére boréal et dans la région arctique des deux mondes: ** Aconitum Napellus, Ranunculus glacialis, Arabis alpina, * Cardamine alpina, **Braya alpina, Draba frigida, D. alpina, * Parnassia palustris, *Silene acaulis, Viscaria alpina, * Arenaria biflora, Cerastium trigynum, *C. alpinum, *Phaca alpina, Hedysarum obscurum, * Dryas octopetala, Rubus saxatilis, ** Po- tentilla nivea, P. multifida, ** Sibbaldia procumbens, Viola biflora, ** Rhodiola rosea, ame oppositifolia, S. Aizoon, 2: sans s aizoides, ** Erigeron uniflorus, ** E. alpinus, ** Solidago Virga-aurea, Gnaphalium norvegicum , G. supinum, * Antennaria dioica, *A. carpathica, **A. Mille- folium, Arnica montana, ** Saussurea alpina, ** Taraca- duimnofficimle, *Taraxaeum lævigatum, *Campanula rotundifolia, *C. Scheuchzeri, * Vaccinium Vilis-idæa, *V. M yrtillus, * V. uliginosum, Campanula barbata, ** Arctostaphylos Uva- -ursi, *A. alpina, * Azalea procumbens, * Pirola rotundifolia, Menyanthes trifoliata, ** Gentiana tenella, *G. nivalis, *Eritrichium nanum (E. villosum), Myosotis alpestris, * Veronica saxatilis, * V. alpina, Pedicularis verticillata, Bartsia alpina, * Euphrasia officinalis, Thymus Serpyllum, ** Primula farinosa, Oxyria digyna, ** Polygonum viviparum. *Empetrum nigrum, * Salis reticulata, S. Lapponum, S. myrsinites, S. herbacea, S. retusa, S. Blanca, S. arbuscula, *S. reticulata, Triglochin palustre; *Gymnadenia albida, Coralia innata, * Lloydia serotina, * Tofieldia calyculata, * T. borealis, Juncus arcticus, *J. trifidus, F. triglumis, J. alpinus, *J. biglumis, Luzula spadicea, wd. CHODAT. — REMARQUES DE GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. CCXCIII spicata, Scirpus pauciflorus, S. cæspitosus, Eriophorum angus- lifolium, E. Scheuchzeri, Carex bicolor, ** C. atrata, C. ustulata, * C. frigida, C. lagopina, *C. capillaris, **C. incurva, * Anthoxan- thum odoratum, ** Phleum alpinum, Deschampsia flexuosa, D. cæspitosa, ** Trisetum subspicatum, * Poa alpina, * P. annua, ** P. laxa, ** Festuca ovina, ** Nardus stricta, Juniperus nana, Festuca rubra v. violacea, Poa distichophylla, ** Aster alpinus, *Pinguicula vulgaris, Epilobium alpinum, Phaca astragalina, P. frigida, * Oxytropis campestris (4). Christ indique pour les hautes régions de la Suisse 90 es- pèces circompolaires; nous en avons trouvé au moins 120. — Une vingtaine d'espéces qui ne figurent pas dans la liste pré- cédente sont alpines-arctiques, mais leur distribution en Amérique est douteuse. Ce sont : Ranunculus trichophyllus var. confervoides Fries, Anthyllis Vulneraria, Trifolium repens, Potentilla aurea, Saxifraga oppositi- folia, Leontodon autumnalis, Rhinanthus minor, Thymus Serpyl- lum, Ajuga pyramidalis, Triglochin palustre, Carex irrigua, Carex glauca, Deschampsia flexuosa, Crepis jubata, Calluna vulgaris, Carum Carvi, Phaca frigida. Si l'on tient compte que, sur 650 plantes de basse et de haute montagne récoltées par la premiére section, 140 sont aussi arctiques, parmi lesquelles 120 au moins appartien- nent à la fois à l'Amérique arctique et à l'Ancien monde, Sans compter un nombre considérable d'espéces qui tout en n'existant pas dans la partie septentrionale de l'Amérique y ont cependant des espéces paralléles, on sera frappé de cette répétition dans les deux continents. Ce serait un travail fort intéressant que d'établir à propos de la flore alpine le nombre des parallé- lismes américains. Un coup d' cil donné à la Flore du Canada de Macoun fait entre- Voir beaucoup plus d'analogies qu'on n'en admet généralement. On sait que la plupart de nos arbres de l'Europe centrale ont en (1) Cette liste a été établie d’après des recherches originales. Les espèces marquées d'un astérisque se retrouvent dans les Montagnes Rocheuses, celles précédées d'un double astérisque sont à la fois communes aux Montagnes Rocheuses et à l'Himalaya; les espèces imprimées en italiques ont été trou- vées au Caucase. CCXCIV SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. Amérique des espéces correspondantes et je n'ai pas à revenir ici sur les faits qui prouvent que nos Châtaigniers, nos Bouleaux, nos Pins, Sapins, Mélézes, Érables ont une origine arclique comme les espéces correspondantes américaines. Nous savons que nos essences forestières tertiaires ont été progressivement refou- lées vers le Sud et remplacées par des types plus septentrionaux. Il est évident que cette marche a dù être semblable pour ies végétaux de petite taille et qu'une partie de notre végétation alpine dérive directement de la végétation arctique tertiaire mon- tagneuse. C'est avec raison que O. Heer insiste sur ce fait que, si la flore arctique était dérivée de régions méridionales, on y trouverait dans les différentes parties du monde les types les plus disparates. Au contraire la flore arctique montre une grande uniformité. Des espéces communes aux Alpes d'Europe, d'Asie et d'Amérique se retrouvent dans les contrées arctiques pour la plupart. Dans la liste que nous avons établie nous n'avons mentionné que des espèces circompolaires ou au moins communes aux deux conli- nents. Notre liste se serait fort allongée si nous y avions introduit les espèces arctiques localisées à l'un ou à l'autre des continents. D’après Christ, sur 693 espèces observées dans la haute et la basse région alpine (du mont Ventoux aux Alpes de Vienne), 422 ne se trouvent pas dans les contrées du Nord, 41 se trouvent, il est vrai, dans le Nord, mais elles y sont si disséminées qu'on peut admettre qu'elles proviennent des Alpes. Il reste 230 espéces qui sont à la fois arctiques et alpines. D'autre part, si nous établissons pour les chaines méridionales la proportion d'espéces circompolaires énumérées dans notre liste, nous verrons que cette proportion diminue rapidement à mesure que nous avançons vers le Sud, alors que cependant les montagnes sont assez hautes pour pouvoir convenir à des plantes circompolaires. En Bosnie nous trouvons encore : Dryas octopetala, Vaccinium Vitis-idæa, V. Myrtillus, Gentiana verna, Juniperus nana, Azalea procumbens, Sedum Rhodiola, Saxifraga oppositi- folia, Erigeron alpinus, Homogyne alpina, Polygonum vivipa- rum, Empetrum nigrum, Saxifraga Aizoon, Arabis alpina. .. On retrouve en Albanie : Cerastium alpinum, Oxytropis alpina, Dryas octopetala, Saxifraga aizoides, Aster alpinus, Erigeron unt CHODAT. -— REMARQUES DE GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. CCXCV florus, Gentiana nivalis, Polygonum viviparum, Oxytropis cam- pestris, Phleum alpinum, Poa alpina. J'ai relevé dans la Flore de Bulgarie de Velenowski la liste des espéces arctiques circompolaires : Arabis alpina, * Cerastium trigynum, * Rhodiola vosea, Saxi- fraga oppositifolia, S. stellaris, * Chrysosplenium alterni- folium, * Antennaria dioica, * Erigeron uniflorus, Campanula rotundifolia, * Vaccinium 3, Arctostaphylos Uva-ursi, Pirola rotundifolia, Gentiana nivalis, Menyanthes trifoliata, Bartsia alpina, * Pedicularis verticillata, * Oxyria digyna, * Polygonum viviparum, Salix Lapponum, *arbuscula et herbacea, Junipe- rus nana, Triglochin palustre, Gymnadenia albida, Carex lago- pina, atrata, Luzula spadicea, L. spicata, * Eriophorum vagina- tum, ¥* Scirpus pauciflorus, “Phleum alpinum, * Deschampsia cæspilosa, Festuca rubra, *F. ovina, Poa alpina, P. disticho- phylla, Pinguicula vulgaris. Soit à peu prés 40 espèces (les espèces marquées d'un astérisque se retrouvent au Caucase) dont 17 ne sont pas des plantes de hautes montagnes exclusivement et sont répandues partout. Si nous admettons le chiffre de 120 comme une moyenne appli- Cable à la flore alpine suisse, la Bulgarie aura donc une flore trois fois moins riche en espèces circompolaires. La flore alpine d'Albanie a fort peu de traits communs avec le Caucase, et le peu d'espéces communes aux deux massifs sont répandues dans tous les massifs septentrionaux. Parmi les espéces des hautes régions, 42 pour 100 sont alpines, peu sont circompo- laires. Un tiers des espéces est endémique et parmi celles-ci 91 pour 100 ont leurs correspondantes dans les Alpes, 37 pour 100 dans les montagnes de l'Orient, 37 pour 100 dans les Apennins, 31 pour 100 dans les Pyrénées. Si nous voulions donc nous faire une idée de Ja flore alpine tertiaire, il faudrait nous transporter en Albanie où nous trouverions dans ses massifs montagneux un grand nombre d'espèces correspondantes. M En Roumélie, le nombre des espéces arctiques diminue encore : Cerastium alpinum, Saxifraga stellaris, S. Aizoon, Aster alpi- nus, Gnaphalium supinum, Campanula rotundifolia, Vaccinium, Gentiana verna, Myosotis. CCXCVI SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. En Grèce, il n'y a plus que: Alsine verna, Saxifraga Aizoon, Erigeron alpinus. Plus au Sud, je ne trouve pour le Liban aucune espéce arctique citée, sinon Festuca ovina. D'autre part, Heer a déjà fait ressortir le fait que le Caucase ne posséde pas un certain nombre de types circompolaires répandus dans toute la chaine des Alpes et se retrouvant dans l'Altai et le nord dela Sibérie. Une migration des plantes alpines de l'Orient vers l'Occident devient extrémement improbable. Il y a, en effet, 30 espéces qui appartiennent à l'Altai et à nos Alpes, mais manquent au Caucase ; par contre, 16 espéces que le Caucase a en commun avec les Alpes, mais qui se retrouvent dans la région arctique, manquent à l'Altai. Ces espéces sont aussi peu venues de l'Altai que les 50 espèces nivales que la Scandinavie possède en commun avec nos Alpes et qui manquent à l'Altai ; ce dernier massif n'a que 6 espèces nivales qui manquent dans les régions arctiques. Un certain nombre d'espéces de hautes montagnes, des Mon- tagnes Rocheuses, qui manquent dans les régions intermédiaires, mais qui sont dans nos Alpes, ne peuvent s'expliquer que par leur origine arctique. De méme que nos végétaux arborescents sont dérivés de types arctiques, de méme la flore des hautes montagnes. Parmi les plantes qui ont habité le Spitzberg pendant l'époque qui a immé- diatement précédé la période glaciaire, on peut citer Equisetum variegatum, Salix polaris, Betula nana qui y habitent encore; mais Salix retusa y est rare, Dryas octopetala et D. integrifolia n'y sont plus. Sans doute, l'absence d'un certain nombre de plantes répandues dans les divers massifs montagneux doit s'ex- pliquer par une extinction. Festuca Halleri et Aronicum Clusii se retrouvent au Labrador, mais manquent à la zone arctique. Aster alpinus, Eritrichium nanum, Oxytropis uralensis sont absents du nord de l’Europe, mais existent dans la Sibérie arctique et les Alpes américaines. i Anemone alpina se retrouve dans l'Amérique arctique, d’où il De s'est pas répandu dans les Alpes américaines. En Europe cette espéce est répandue du Harz et des Vosges jusqu'aux Alpes et aux CHODAT. — REMARQUES DE GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. CCXCVII Pyrénées, et on la retrouve sur tous les massifs élevés de la chaine des Alpes jusqu'en Transcaucasie. Il serait cependant erroné de croire que toute notre flore nivale et alpine est d'origine étrangère. Beaucoup d'espéces appartenant aux genres suivants sont positivement alpines (1): Anemone, Trollius, Arabis (cærulea, bellidifolia, serpyllifolia, pumila), Cardamine (resedifolia), divers Alyssum, Draba, Ker- nera, Thlaspi, Biscutella, Hulchinsia, Aethionema, Viola (cal- carala, cenisia), plusieurs Polygala, Dianthus, Linum, Rham- nus, Trifolium, Astragalus, la plupart des Potentilles, des Alchemilles, Sedum, Sempervivum, Saxifraga, Achillea, Sene- cio, Crepis, Hieracium, Phyteuma, Campanula (sauf rotundi- folia), Gentiana, Veronica, Pedicularis, Plantago, Athamanla, Crocus (2). | Un bon nombre d'entre elles ont leurs correspondants en Amé- rique et en Asie ; s'il n'est done pas possible d'établir pour l'espéce une origine indubitablement arctique, cela n'offre pas toujours la méme difficulté quant au genre ou à la section. M Le Valais a souvent été considéré par les botanistes francais el suisses comme la partie supérieure de la vallée du Rhóne aussi bien au point de vue géographique qu'à celui plus spécial de la botanique. Christ s'exprime ainsi: « Pour assigner à la végétation de la partie inférieure du Valais sa vraie place dans la distribution générale des espéces, on peut envisager la vallée du Rhóne, de ses origines jusqu'à la mer, comme une région ininterrompue dont le Valais est la partie supérieure. Les types de la flore des chaudes régions de la partie francaise de la vallée du Rhóne ont pénétré jusque dans cette enceinte intérieure chaude et abritée, comme ils ont pénétré dans les vallées latérales du Dauphiné et de la haute Provence. Si, pour ses espèces méditerranéennes, la zone insu- brienne est tributaire de l'Italie, le Valais se rattache, quant à sa flore, aux contrées de l'Ouest. ll se mêle aux espèces de cette (1) C'est-à-dire des hautes montagnes de l'Europe centrale. ; (2) Voyez, pour la dispersion de ces espèces ou de ces genres, les excel- lents travaux de Christ. CCXCVIII SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. provenance un nombre considérable d'autres plantes provenant des Alpes méridionales et méme quelques espéces endémiques. » On voit que dans l'esprit de l'auteur de ce livre charmant qu'est la Flore suisse et ses origines, le Valais serait surtout une dépen- dance de la vallée du Rhóne. Je suis arrivé à la conviction tout à fait opposée et qui, en somme, est déjà contenue en fait dans le magistral exposé que mon excellent ami le D' Christ a fait de la flore du Valais. Pour moi, le Valais appartient au point de vue botanique au Piémont, et,si cela n'est pas devenu évident, c'est que cette région a été pendant longtemps délaissée ou mal connue, malgré les beaux travaux d'Allioni. Chercher dans le midi de la France et le Dauphiné l'origine des plantes valaisanes, c'est prendre le chemin de l'écolier. La flore des basses régions du Valais, comme celle des hautes altitudes, se rattache si étroitement à celle du Piémont que Christ lui-méme revient constamment sur ces affinités et donne les meilleurs arguments en faveur de la thése que je soutiens. Je vais essayer de l'étayer par quelques exemples pris parmi les plantes les plus remarquables que la Société a eu l'occasion de récolter. Deux plantes trés caractéristiques pour la vallée de Bagnes el qui présentent un intérét général sont Hugueninia tanacetifolia et Scutellaria alpina. On peut dire d'elles qu'elles sont à la fois dominantes et zonales. Hugueninia monte jusqu'au pont de Lancet et méme jusqu'à la grande Chermontane, 2200 mètres. Le Sculel- laria alpina devient abondant à partir de Fionnay; il atteint dans cette vallée sa limite orientale en Valais. L'Hugueninia, qui est abondant au Saint-Bernard, réapparait dans le val d'Arolla et Tourtemagne qu'il ne dépasse pas vers l'Est. Les deux sont plus répandues sur le versant méridional des Alpes pennines et tandis qu'ils manquent à la vallée de la Viège, on les retrouve sur le versant méridional. D'ailleurs Scutellaria alpina peut passer avec raison pour une plante méridionale ; on la connait des Alpes du Piémont, du Frioul, de la Serbie, d" Banat, dela Turquie d'Europe; des Abruzzes, de l'Altai et de la Sibérie ; elle ne manque pas à la région danubienne, à la Russie méridionale et moyenne et rattache ainsi ses stations occidentales avec les orientales et les sibériennes. Du Piémont elle passe aux Alpes Maritimes par le col de Fenétre, et en Maurienne par le CHODAT. — REMARQUES DE GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. CCXCIX Cenis. Elle remonte la vallée d'Aoste jusqu'au Théodule oü Favrat l'a trouvée à 2000 métres ; vers le Nord elle s'avance jus- qu'en Valteline et dans le Vicentin ; enfin, vers le Sud, elle atteint la Calabre, les Pyrénées et la Sierra-Nevada. En France, on la retrouve dans la Cóte-d'Or. Elle ne dépasse donc les Alpes que d'une manière très restreinte et sa dispersion est bien indiquée par cette indication sommaire : Sierra- Nevada, Pyrénées, Alpes méridionales, Balkan, Russie méridionale, Altai, Sibérie. En pénétrant dans le val de Bagnes à Sembrancher, nous avons récolté le Vesicaria utriculata en fruits, et plus haut le Braya pinnatifida. La première est connue du Piémont où elle est plus abondante (Grisanche et Rhème (1), Alpes Graies, Suse), de la Dalmatie, de la Hongrie, de la Turquie. En France elle n'occupe que l'Est et le Sud-Est montagneux. La seconde (Braya) est répandue depuis la Sierra-Nevada, les Pyrénées, l'Auvergne, la Savoie (Cenis), le Piémont (Cogne), le Tyrol, la Dalmatie et la Transylvanie. L'Hugueninia semble avoir son centre dans les Pyrénées d’où il passe en Dauphiné, en Piémont, où il est abondant dans les vallées méridionales des Alpes pennines. Au Saint-Bernard et dans la vallée de Bagnes il est facile de se rendre compte que ces diverses espèces ont pénétré dans nos val- lées par les cols venant du Piémont, et comme la plupart de ces raretés en Valais sont plus communes sur le versant méridional et que leur extension principale est essentiellement ou presque exclu- sivement méditerranéenne, il est évident qu'il faut chercher leur orieine vers le Sud et non vers l'Ouest, comme l'ont fait d'une maniére trop exagérée la plupart de nos floristes suisses qui cherchent à rattacher Ja flore du Valais à celle de la Savoie méri- dionale et du Dauphiné. ; Or le fait que la pénétration en France de plusieurs plantes qui n'existent en Suisse qu'au Valais a lieu principalement par la voie des cols de la Maurienne montre bien que l'analogie de ce dernier pays avec le Valais provient de leurs rapports avec le versant ita- lien des Alpes par des cols peu élevés et des vallées profondes et - (1) Rud. Beyer, Beiträge zur Flora der Tháler Grisanche et Rhêmes. CEC SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. sèches. La Savoie du Nord est trop humide et le Mont-Blanc forme devant elle une barrière presque infranchissable. Matthiola valesiaca confirme particulièrement cette manière de voir. La Société a pu récolter les fruits de cette rarissime Cruci- fère au-dessous de Berisal, en montant au Simplon. Elle appartient à un genre polymorphe dont l'étude systématique est à refaire. La délimitation des espéces est trés difficile et c'est ce qui explique le désordre inoui qui existe à son sujet dans la nomenclature. Notre plante a souvent été rapportée au M. iristis qui est la plante de l'Hérault ou au M. varia DC. du sud de l'Europe qui constitue un groupe d'espéces plutót qu'une espéce et qui est répandu de l'Espagne et du nord de l'Afrique jusqu'en Grèce. C'est à tort que divers auteurs ont appliqué aux Matthiola du Midi le nom de valesiaca qui doit étre réservé à la seule plante du Valais. Notre plante n'existe que dans la vallée de Binn, vers 2200 métres, et à Berisal. C'est donc une plante strictement loca- lisée. Tous nos auteurs suisses et francais l'ont confondue avec le M. tristis var. sabauda d'Allioni des environs de Modane et de la Maurienne. J'ai fait cette année une excursion au Mont-Cenis dans le but de vérifier certains parallélismes entre cette région et le Valais, et notamment pour élucider la question du Matthiola. Les fleurs du type de la Maurienne sont bien différentes de celles du M. valesiaca (sensu strictiore). Elles sont plus petites, le calice alteint en moyenne 8 millimétres de longueur, tandis que chez l'autre il atteint en moyenne 10 millimètres avec 9 millimètres comme minimum et 13 millimétres comme maximum. En outre les feuilles qui sont d'ailleurs exclusivement radicales et disposées en rosettes sont toujours plus ou moins dentées, tandis que, Sur 20 exemplaires de Berisal, aucun ne présente de dents accuses; les feuilles absolument entiéres et largement linéaires sont la règle. La pubescence est plus compacte dans l'espèce valaisane, tandis que les poils granduleux prédominent chez l'autre. Enfin, les fleurs sont absolument différentes. Les pétales de la plante valaisane sont de couleur violet passant au gris, les nervures ny Sont pas apparentes et on n'y découvre pas de teinte verte, tandis que la plante de la Maurienne les a nettement veinés de pourpre avec un fond verdâtre ou vert olivâtre-brunâtre. Je conclus à la CHODAT. — REMARQUES DE GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. CCCI séparation spécifique de ces deux plantes, et je conserve seulement pour la plante du Valais la dénomination de M. valesiaca, tandis que je nomme la plante de la Maurienne M. sabauda Chod. Une forme voisine de la plante de Berisal se trouve dans la vallée d'Aoste et de Cogne. Je n'ai pu vérifier si elle était suffisam- ment séparée pour pouvoir prétendre au rang d'espéce; néan- moins tous les auteurs s'accordent pour lui attribuer des fleurs brunes, et Gremli en fait une variété pedemontana. C'est tout aussi à tort qu'on indique le M. valesiaca comme existant aux environs du lac de Garde. La plante de cette localité est encore un type particulier séparé aussi nettement de notre plante que cette dernière l'est du M. tristis de l'Hérault. Néanmoins, si ces formes sont identiques, il est facile de se con- vaincre qu'elles sont issues d'une souche commune, le M. varia du Midi. Dans chaque région se sont formés des types différenciés d'aprés le sous-sol et adaptés au climat. Je reviendrai autre part sur cette question. VI Ces considérations m'aménent à parler des Senecio alpins et spécialement de Senecio incanus et de S. uniflorus. Ce sont encore des plantes qui se rattachent à des types méditerranéens et qui ont leurs correspondants dans les divers massifs montagneux dela chaine méridionale des Alpes. Aprés avoir examiné tous les exemplaires des deux espéces, qui élaient à ma disposition, soit dans mes propres collections, soit dans les herbiers de Genève, j'ai trouvé que dans le S. uniflorus, les soies de l'aigrette sont au moins 1/3-1/2 fois plus épaisses et plus rudes et à dents plus étalées que dans le S. incanus. La plupart des botanistes considérent ces deux plantes comme bien distinctes. Ils attribuent au S. incanus des achaines glabres, au S. uniflorus des achaines pubescents. En montant au-dessus du col du Simplon, la Société a pu récolter non seulement le magni- fique S. uniflorus, mais en méme temps des formes intermédiaires entre cette espèce et le S. incanus, c'est-à-dire des exemplaires à plusieurs capitules. M. Chabert (1) considére ces intermédiaires (1) Chabert, Soc. bot. de France, XXX, p. 17. CCCH SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. comme des hybrides. Il a donné la description de cet hybride dont il dit que les achaines sont stériles tout en étant presque aussi poilus. [I] est d'évident, d’après ce qui précède, que ce caractère n'a qu'une valeur extrèmement subordonnée et flottante. Le Senecio uniflorus de la source de l'Arc et du mont de Ré en Maurienne est identique à celui du Simplon, de Saas et de Zermatt. Allioni, qui a établi l'espéce, l'a cité dans les montagnes du Piémont, J'ai pu vérifier les indications suivantes (mont Verbano, col d'Olen versant sud (Wilezek), val Savaranche, val de Cogne). Quant au S. carniolicus que l'on a si souvent confondu avec le S. incanus, il s'en distingue facilement par ses achaines toujours glabres, tandis que (malgré les indications des auteurs) chez le second ils sont toujours plus ou moins pubescents, quelquefois il est vrai seulement au sommet. En outre les soies de l'aigrette sont constamment plus épaisses chez le S. carniolicus que chez S. in- canus; ce caractére est souvent méme plus accentué que chez S. uniflorus. Grâce à l'obligeance de M. le professeur Della Torre, mon collégue d'Insprück, j'ai pu étudier ces plantes au moyen des beaux matériaux de l'herbier du Tyrol. A part un échantillon, les Se- neçons alpins nombreux de cette série appartenaient tous au $. car- niolicus. Il se pourrait que l'attribution de l'échantillon en question soit douteuse pour le Tyrol. Dans un travail récent, M. Correns, qui n'a pas saisi les différences réelles entre les S. incanus el S. carniolicus, parait croire que dans une zone intermédiaire ces deux espéces se confondraient. Quoi qu'il en soit, le S. carniolicus est caractéristique pour les Alpes orientales et tessinoises, tandis que S. incanus l'est pour les Alpes occidentales. Ces Senecons sont fort intéressants en ce sens qu'ils repré- sentent sans doute un des types de l'ancienne flore alpine prégla- ciaire. Il est pour moi hors de doute qu'ils sont sortis d'une souche trés voisine du S. Cineraria, si répandu sur toutes les cóles de la Méditerranée à partir du Portugal jusque dans l'Archipel el le Péloponése. On le trouve aussi dans le midi de la France, en Ligurie, en Corse, etc. Cette espéce touche les Pyrénées à Banyuls et Port-Vendres, elle rejoint les Alpes à Digne. Or il est à remarquer que le S. leucophyllus des Pyrénées et de l'Ardéche n'est guere qu'un type dérivé de cette espèce. Le S. Pearsonti De Not. des Alpes maritimes répéte en petit le S. leucophyllus des CHODAT. — REMARQUES DE GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. CCCII Pyrénées. Ce dernier par ses capitules rappelle le S. Cineraria, comme le S. Pearsonii dont les feuilles sont plus voisines de celles du S. incano-uniflorus. Le S. incanus descend dans les Alpes françaises jusqu'aux environs de Gap. Les Pyrénées, l'Ardéche, les Alpes maritimes, le Dauphiné et les pennines et orientales auraient leurs espéces paralléles toutes voi- sines de S. Cineraria. C'est une loi générale, selon moi, que les anciennes formes alpines préglaciaires ont leurs correspon- dants dans les massifs montagneux plus méridionaux. Les Sene- cons de ce groupe ont produit dans les montagnes de la Grèce, de l'Arménie, de la Cappadocie, de la Mingrélie et de la Créte des espèces correspondantes (S. eriospermus, S. cilicicus Boiss., S. Heldreichii, S. thapsoides, ete.). : Nos Senecio incanus et uniflorus sont donc à notre avis des plantes alpines tertiaires sans doute refoulées de nos régions pendant l'époque glaciaire et qui auraient trouvé refuge dans le massif du Grand-Paradis, d’où avee le retrait des glaciers elles ont pénétré à la fois vers la Maurienne et vers le massif du mont Rose. - € Quoi de plus étrange et de plus inexplicable, au milieu de la végétation alpine, que la présence de l'Astragalus aristatus..... C’est un type d'un autre climat, d'un climat chaud et sec, qui ne peut étre que celui du plateau de l'Asie..... Ces plantes offrent une analogie si frappante avec les plantes des steppes qu'on peut hardi- ment les envisager comme provenant de ces contrées et, pour ce qui concerne les deux Astragales, ils sont une preuve évidente de cette origine, car leur port et la forme de leurs organes indiquent qu'ils ne sont nullement adaptés au climat humide des Alpes. » C’est ainsi que s'exprime Christ en parlant de cette plante qui a été récoltée à l'altitude de 2450 mètres au-dessus de Fendelen en compagnie d' Anemone Halleri, d'Aster alpinus, d'Artemista gla- cialis et d’ Androsace imbricata. Il est étrange au premier abord de trouver côte à côte les plantes nivales extrêmes et des plantes des régions inférieures (Androsace imbricala, Hieracium lanatum, Artemisia nana, Poa concinna, Sedum villosum). o Nulle part en Valais les plantes de la région odes ce montent si haut. L'été y est trés chaud et, plus on s'avance vers l'imposant massif central, plus les limites supérieures sont relevées. Ceci est dû sans doute à la sécheresse extréme de la vallée de Zermatt. Il tombe encore moins d'eau à Zermatt (520 mm.) qu'à CCCIV SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. Martigny. Cette sécheresse n'est dépassée que par celle de Grenchen dans la vallée principale, tandis que Sion a une humidité à peu prés égale. Si l'on tient compte, en outre, de l'influence calorifique de la masse des montagnes et de la pureté de l'air, on conçoit que les Seigles (1) puissent mürir à 2100 m. On a remarqué que le Seigle n'a besoin que de 38 à 40 jours pour mürir, mais la récolte est maigre ; dans le val d'Annivier il ne donne que le triple du semis pour les hautes altitudes, alors que dans les régions basses et sur le versant nord il produit deux à trois fois plus. Néanmoins la présence de l'Astragalus aristalus en cette station privilégiée ne doit pas étre interprétée comme résultant du climat si extréme, car elle se retrouve à la limite de la végétation ou à une grande altitude dans des régions qui ont une humidité plus grande (Alpes de Vaud et de Berne et du Tessin). Elle occupe en outre les hautes régions du Piémont, du Dauphiné, du Cenis, de l'Espagne septentrionale et de la Gréce. Elle est remplacée dans la sierra Nevada par lA. nevadensis. La section à laquelle appartient l'A. aristatus ne comprend que des plantes de hautes régions et notamment des plantes nivales. C'est presque une règle dans les hautes montagnes du bassin médi- terranéen et oriental que la présence de ces Astragales à la limite de la végétation. Kotschy, dans ses voyages au Liban et à l'Anti- liban, remarque ces petits buissons appliqués contre le sol et attri- bue cette prostration à l'effet de la neige. Dans l'Afghanistan, A. Ayfreidii Aitch. n'apparait qu'entre 3000 et 4000 m., A. macri- semius Deh. est caractéristique pour les Alpes de l'Elbrous; dans ce même massif lA. iodatropis Boiss. et Heldr. atteint l'altitude de 2400 m., tandis que dans la Perse australe l'A. Ghionobius ordinal- rement couché par les neiges n'existe qu'à la limite des neiges fon- dantes. Je ne saurais citer tous les Astragales de cette section qui sont caractéristiques pour les plus hautes altitudes. Comme ces plantes, si peu différentes de notre À. aristatus, ont actuellement une distribution toute méditerranéenne et orientale et qu'elles sont (1) Les Seigles sont souvent mürs au commencement d'aoüt, ordinairement vers la fin de ce mois ou au commencement de septembre. Il y a évidemment une acclimatation semblable à celles étudiées si bien par Linser, car tandis que la somme de température nécessaire en Écosse est 2100°, elle est en Alle- magne 2000", dans les Alpes septentrionales 1350», dans les vallées centrales du Valais 903, CHODAT. — REMARQUES DE GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. CCCV des plantes alpines de ces régions, nous sommes autorisés à penser que l'A. aristalus représente chez nous un élément isolé de la Flore alpine tertiaire qui, chassé de nos Alpes par la grande extension des glaciers, y a de nouveau pénétré en suivant le retrait de ces derniers. Pour la région qui nous concerne, comme sa distribution est semblable à celle du Matthiola et des Senecons, les mêmes causes ont dü agir dans sa distribution. Beaucoup d'espéces appartenant aux régions les plus diverses ont une histoire semblable. Le massif du Grand Paradis semble étre actuellement leur centre d'extension. Un certain nombre d'entre elles sont occidentales, plusieurs sont simplement de la région méditerranéenne orientale et australe. Cette répétition des espéces dans le Dauphiné et la Savoie méri- dionale (Maurienne) et dans le Valais a fait l'objet d'une disser- tation de MM. Perrier et Songeon (1). Ils attribuent ce phénoméne à l'influence du terrain anthracifére qui s'étend en partie du mont Cenis à Zermatt. Cette maniére de voir, qui pouvait être soutenue à ce moment-là, ne peut être dé- fendue actuellement qu'on sait combien est variée la constitution de cette région. Si l'explication n'est pas bonne, les faits sont bien constatés. Parmi les plantes récoltées et qui ont une distribution semblable, nous avons : Viola cenisia (Alpes pennines, val d'Aoste, Apennins, Piémont, Alpes maritimes, Cenis, Dauphiné, Alpes de Provence, Trentin). Artemisia glacialis (Alpes pennines, Piémont, Alpes du Dau- phiné et de la Provence, Pyrénées occidentales). Alyssum alpestre (Gornergrat versant méridional, versant méri- dional des Alpes pennines, Grand Paradis, Maurienne, Cenis, Pyrénées, Tyrol, Italie). M Anemone Halleri All. (Zermatt, Piémont, Alpes du Dauphiné, Maurienne, Styrie). us Aretia Vitaliana (Sierra-Nevada, Pyrénées (Hautes-Alpes), Cenis, Piémont, Tyrol méridional, Abruzzes). Pour moi ces espéces des hautes régions sont alpines tertiaires (c'est-à-dire préglaciaires) et se sont comportées comme Je l'ai dit plus haut à propos d’autres plantes. (1) Aperçu sur la distribution des espèces végétales dans les Alpes de la Savoie (Bull. Soc. bot. de Fr., 1863). T T. XU. CCCVI SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. Il n'est pas plus nécessaire d'admettre pour ces espéces une période aquilonaire (Kerner) qui aurait permis leur pénétration et dont elles seraient un restant que pour les espéces des basses régions du Valais qui ont une distribution semblable. Nous savons par des données irréfutables que des variations séculaires dans l'extension des glaciers ont rendu plusieurs de nos cols accessibles et dépourvus de glaces pendant la période historique; plusieurs des espéces des hautes régions ont pu passer par ce chemin : ainsi Scutellaria alpina, Hugueninia tanacetifolia, Astragalus aris- tatus; etc. L'extension en Valais de la plupart des plantes dont les bota- nistes de ce pays sont les plus fiers est toute naturelle. Il n'est pas nécessaire de faire intervenir, comme le veulent Kerner et ceux qui l'ont suivi, une période aquilonaire beaucoup plus séche et plus chaude que la période actuelle. En effet, la plupart de ces plantes sont beaucoup plus communes sur le versant sud des Alpes ou elles se rattachent naturellement à leur aire normale qui est médi- terranéenne. Si l'on en venait à expliquer toute discontinuité ne dépassant pas 100 kilomètres dans l'aire de l'espéce par le morcel- lemeni d'une aire primitivement continue, c'en serait fait de la théorie des migrations. Je veux bien admettre que des migrations à grande distance soient rares et souvent improbables, mais que dire d'une théorie qui n'admettrait pas la possibilité du transport de semences d'une vallée à une autre vallée à peine distante de 60 ki- .ométres? Le vent, les oiseaux, d'autres animaux et enfin l'homme, quoi qu'on en dise, ont pu continuellement agir et il n'y a rien d'étonnant en soi que la flore du Valais se trouve si semblable à celle dela vallée d'Aoste. Les conditions favorables trouvées par les plantes méridionales en Valais ont permis l'établissement de ces espéces, tandis que des conditions différentes les ont exclues des régions avoisinantes. Rien de plus instructif à ce sujet que le voyage de Suze en Maurienne à travers le Cenis. On peut suivre pas à pas la pénétration des espèces méridionales : au sommet du col l'Hugueninia, VAlyssum alpestre, le Trigonella, l'Astragalus aristatus, VÀ. monspessulanus, etc., sont bien en stations isolées, mais forment comme tout autant d'étapes entre l'aire italienne et celle de la Maurienne. uc Si ces plantes continuent à apparaitre en Maurienne, c'est gràce à la sécheresse du climat comparable à celui du Valais. Elles sont CHODAT. — REMARQUES DE GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. CCCVII d'ailleurs bien plus communes sur le versant méridional des Alpes qu'en Valais. : L'Ephedra distachya dont on a fait une espèce particulière, mais que le monographe du genre ne reconnaît pas, l'Erysimum helve- licum, V'Astragalus monspessulanus, le Trigonella monspeliaca, I Helianthemwum. salicifolium, Y Asphodelus albus, les Valeriana celtica, Campanula spicata, Achillea tomentosa, Linaria italica, Onosma stellulatum, Thalictrum fætidum, Poa concinna, Tri- setum Gaudini, Clypeola Jonthlaspi, etc., sont tous des plantes méridionales qui se rattachent tout naturellement aux stations du Piémont et ne sont certainement pas venues par la-voie de la vallée du Rhóne. À mesure qu'on s'avance plus vers le Sud, les espéces tertiaires alpines, c'est-à-dire non arctiques, augmentent en nombre. En Albanie la flore des hautes montagnes comprend plus d'un tiers d'endémismes, c’est-à-dire de types correspondant pour la plupart à d’anciennes souches tertiaires. Le parallélisme de certaines espéces dans les diverses péninsules de l'Europe nous montre ce refoulement des types alpins tertiaires des Alpes. Les circonstances n'étant pas redevenues suffisamment favorables, elles n'ont pu y pénétrer à nouveau. Ramondia pyrenaica est remplacé dans les Balkans par R. ser- bica; Rhododendron ponticum de la Transcaucasie a son analogue -en Portugal. = La flore de la Transcaucasie occidentale, telle qu'elle a été décrite par M. Albeff, nous donne une idée de ce que devait étre notre Îlore alpine tertiaire. | Il serait difficile de dire si Campanula excisa est encore de cette Catégorie. Il est cependant hors de conteste que nous sommes encore ici en présence d'une plante qui n'est représentée en Suisse que par des stations limites septentrionales. Comme la plante en herbier ne donne de son apparence qu'une idée trés imparfaite, nous renvoyons à l’excellente figure donnée par le Botanical Magazine, n° 7358. L'incision qui lui a valu son nom est en réalité une plicature à la base de chaque lobe de la corolle. C'est ce qu il est facile de saisir si aprés avoir fendu la fleur en long on étale la corolle sur un plan. Quant à la briéveté des organes de la repro- duction, que De Candolle avait déjà signalée comme caractère essentiel, elle est évidemment en rapport avec les ouvertures laté- CCCVIII SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. rales de la corolle. On ne connait pas encore actuellement les relations de cette fleur avec les insectes. Il me semble cependant probable que ces derniers doivent avoir accés à l'intérieur par les orifices latéraux, tandis que l'entrée normale leur est rendue diffi- cile par la connivence des lobes empéchés de s'étaler gráce aux plicatures basilaires. Tandis que, chez les autres Campanules, les lobes sont étalés, ici ils sont dressés, ce qui donne à cette fleur vue de profil une apparence peu gracieuse. Christ l'a considérée comme voisine du C. stenocodou du Piémont; je ne puis y voir qu'une espèce dérivée du groupe du C. rotundifolia. Elle croit avec le C. Scheuchzeri avec lequel elle semble ne pas former d'hybrides. En Suisse elle occupe les stations suivantes : Berisal-Simphon; vallée de Saas (Saas-Fee et de Saas im Grund à Maitmark), soit toute la haute vallée. On l'a retrouvée depuis peu sur le versant sud des Alpes bernoises vis-à-vis du Simplon. Elle est plus largement répandue du cóté italien. Sur le versant sud du mont Rose, on la trouve à Alagna, à Valdobbia, au-dessus de Macugnana, où elle remonte vers le Monte Moro qui la sépare de ses stations de la vallée de Saas. Dans le val d'Anzasca, au-dessus de Domo d'Ossola vers 2200 métres, dans la direction du Tessin à Caraveggia dans le val Vegezzo, dans le val Maggia et à la Furca di Bosco. Sur la foi de Simkovitch on l'a plusieurs fois indiquée en Transylvanie. Cette indication est erronée. Tout aussi fausse est l'indication relative au mont Cenis donnée par le Bot. Mag., l- ^ M. Buser, de Genéve, a priéle prof. Gibelli de Turin de vérifier si la plante existe provenant de cette localité dans l'herbier de Turin. Elle ne s'y trouve pas plus qu'au Mont-Cenis d’où personne ne l'a rapportée. L'indication du màme ouvrage qu'elle est com- mune dans les Alpes est erronée. Comme on le voit, Campanula excisa, pour avoir été découverte en premier lieu au Simplon, ne semble cependant pas y avoir son centre ; elle parait, elle aussi, étre une plante en voie de migration iu le Nord, et les stations suisses sont évidemment des stations imites. hd CHODAT. — REMARQUES DE GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. CCCIX BIBLIOGRAPHIE UTILISÉE. SOMMIER, Cenno sui resultati botanici di un viaggio al Caucaso, Soc. bot. It., 1892. PAYoT, Note sur la végétation de la région des neiges, Florule de Ia vallée de la mer de Glace. NoRDENSKIOLD, Voyage de la Véga. MEEHAN, A contribution to the Flora of Greenland. 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NaTHORST, Ueber den gegenwärtigen Standpunkt unserer Kenntnisse von dem Vorkommen fossiler Glacialplanzen, Bihang till K. Swenska Vet. Akad- Handlingar, tome 17. — Bemerkungen über professor D" O. Drude Aufsatz: Betrachtungen über die vegetationslosen Einóder in temperirten Klima der nórdlichen Hemi- sphäre zur Eiszeit, Engl. Jahrb. B. 13. VELENOWSKY, Flora Bulgarica. MACOUN, Han of Canadian Plants. TRAUTWETTER, Catal. plantarum, anno 1870 in Mongolia orient. lectarum (Act. Hort. Petropol. 1872). RuPRECHT, Flora der mittleren Tianschan (Mem. Ac. Petersbg., vil ser. t. XIV). — Herbarium musei fennici, Ed. sec., pl. vasculares. VALLOT, Période chaude entre l'époque actuelle et l'époque glaciaire (Journ. de Botanique, I, p. 167). KERNER, Über das sporadische Vorkommen sogenannter Schieferpflanzen im kalkgebirge. — Die naturlichen Floren in Gelände der deutschen Alpen. PannY, Alpien flora, Transact. of the Ac. of sc. Phil. — Enumeration of nat. pl. collected by s. 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Malgré tout l'attrait offert par le programme élaboré par la Commission d'organisation de la session, j'ai été obligé de me résigner à abandonner mon projet de suivre les excursions que la Société devait faire sous les auspices et la direction des maîtres de la Botanique suisse. A peine convalescent d'une attaque de rhu- matisme aigu, je n'osais me joindre à mes confréres, craignant d'étre, à un moment donné, un embarras pour eux, si je venais à subir un retour offensif de la maladie. Ne voulant pas cependant renoncer au plaisir d'herboriser dans ces belles montagnes du Valais, je résolus (suivant les conseils donnés par MM. R. Buser et P. Paiche) de me fixer à Morcles. La montagne de Morcles, dont le point culminant, la Grande-Dent-de -Morcles, atteint 2939 mètres, est située sur la rive droite du Rhóne, en face d'une autre haute montagne, la Dent-du-Midi, ayant une altitude de 3283 mètres. La vallée du Rhóne est trés resserrée ; à Saint-Maurice elle n'a que 200 métres environ, et présente un coude accentué à cet endroit. La base de la montagne de Morcles s'étend de Bex (S.-0.) jusque prés de Martigny (S.-E.). Au versant nord se trouve le glacier des Martinets, et l'altitude se maintient par des cols assez élevés qui relient Morcles à la chaine des Diablerets. Au S.-E., le Portail de Fully, (2200 métres), et le Creux-du-Dzéman relient Fully à Morcles. i Le hameau de Morcles, comprenant une douzaine de petits chalets, est situé dans un repli de la montagne, à une altitude de 1150 mètres, environ 100 métres plus bas que les ouvrages du fort qui couronne l’Aiguille-de-Morcles, et c'est cette Aiguille qui masque le hameau presque de toutes parts. Tous les ans, rk colonie francaise de plus de cinquante personnes nm x Morc es où elle trouve, à des prix modérés, une hospitalité bienveillante. Il y aun service télégraphique et un service postal avec deux distri- butions par jour. ; i t La montagne de Morcles est de nature calcaire, les pentes um souvent trés rapides et les parties boisées sont largement pourvues CCCXII SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. de clairières chères aux botanistes. Vers Bella-Créta, on trouve du schiste ardoisier. Pour se rendre à Morcles, s'arréter à la station de Saint-Maurice (Valais), suivre la route jusqu'à Lavey-les-Bains, traverser le Rhóne sur le pont, la route passe ensuite au milieu de l'établisse- ment thermal. Les principales herborisations que l'on peut faire sont : 4° Ascension à Morcles par le sentier de Lavey, qui est rapide, mal tracé et disparait quelquefois, dangereux en deux endroits. Cette pente est difficile à gravir, c'est une véritable escalade de l'Aiguille qui est presque verticale et dont une partie surplombe sur la vallée. Les genres Rosa et Sorbus sont bien représentés. 2 Ascension à Morcles par la route qui est praticable et dont les nombreux lacets favorisent l'examen du flanc de la montagne. Nous n'avons pu recueillir les échantillons des nombreux Rosa que nous avons rencontrés, faute de place dans notre boite. 3° Départ de Morcles, prairie élevée de la Roseline, Croix-de- Javerne, rocher des Martinets. 4 Départ de Morcles, lit du Torrent, Chalet-du-Haut ou Haut- de-Morcles, le Riondaz, rochers de la base de la Grande-Dent et de la Petite-Dent. Course d'une journée entiére, emporter des vivres. 5° Départ de Morcles, lit du torrent, le Sapin-Forestier, Bella- Creta, Creux-du-Dzéman, Roche-qui-Tremble ( Six-Trembloz). Les ravins de Bella-Créta et de la Roche-qui-Tremble sont trés riches, les éboulis mélés de schiste ardoisier le sont aussi. Cette excursion demande une journée entière. Il est bon d'avoir un guide pour éviter les pertes de temps et hésitations qui feraient rentrer de nuit. — On peut aussi franchir le col de Fully, moins élevé que la Roche-qui-Tremble, et aller au lac de Fully. Le temps nous a manqué pour faire cette excursion, qui demande deux Jours. Il faut coucher dans le chalet du Dzéman et emporter des vivres pour deux jours. Les quatre premiéres courses se font sur le territoire du canton de Vaud ; la cinquiéme, en grande partie dans le Valais. En donnant la liste des plantes que nous avons récoltées à Morcles, notre intention a été seulement de faire connaitre un peu la flore de ce pays, tout en laissant la priorité aux botanistes qui ont visité avant nous cette belle localité. L'un deux, M. Paiche, de E.-G. CAMUS ET M'' CAMUS. — PLANTES RÉCOLTÉES A MORCLES. CCCXIII Genéve, qui nous l'avait indiquée comme un jardin botanique naturel, pourrait, sans aucun doute, ajouter un nombre impor- tant d'espéces, soit parce qu'elles ont échappé à nos recherches, soit parce qu'elles étaient passées par suite de la saison avancée. Ranunculus alpestris. — Les Martinets, 2500 métres. R. glacialis. — Rochers des torrents : Croix-de-Javerne, base de la Dent, Roche-qui-Tremble, 2300-2400 métres. R. aconitifolius. — Prairies de Morcles, 1200-1500 mètres. R. parnassifolius. — Éboulis mélangés de débris de schiste ardoisier à la Roche-qui-Tremble, 2400 mètres. Thalictrum aquilegifolium. — Bella-Créta, 2300 mètres. T. præcox Jord. — Roche-qui-Tremble, 2400 mètres. T. majus Jacq. — Roche-qui-Tremble, 2400 mètres. T. alpestre Gaud. — Entre la Roche- poi et Della-Créta, 2400 mètres. Anemone sulfurea. — Abondant à la Roseline, 1900-2100 mètres. A. narcissiflora. — Prairies de Morcles, 1100-1500 mètres. A. Hepatica. — Vers le Sapin-Forestier, 1900 mètres. Aconitum. Lycoctonum. — Répandu vers 1800 à 2100 mètres. Aquilegia atrata. — Répandu vers 1800 à 2100 mètres. Berberis vulgaris. — Bords de la route, près de Lavey, 500 mètres. Erucastrum obtusangulum. — Saint-Maurice en Valais, prés du pont du Rhône. Draba aizoides. — Roche-qui-Tremble, 2400 métres. loeridella rotundifolia. — Roche-qui-Tremble, 2300-2400 mètres. Hutchinsia alpina. — Roche-qui-Tremble, 2300-2400 métres. Helianthemum grandiflorum. — Haut-de-Moreles sous la Dent, Roche- qui-Tremble, Bella-Créta, 2000-2400 mètres. Viola cenisia. — De Roseline à la Croix-de-Javerne, 1900-2200 m. Polygala alpestris. — Croix-de-Javerne, 2300-2400 mètres. P. vulgaris var. alpestris Koch.— Chalet-du-Haut de Morcles, 1800 m. Parnassia palustris. — Marais jusqu’à 2200 mètres. Melandrium silvestre. — 1800 mètres. Gypsophila repens. — Riondaz, 2200 mètres. Silene rupestris. — Sous la Roche-qui-Tremble, 2200 métres. S. acaulis. — Riondaz, 2200 mètres ; Roche-qui-Tremble, 2400 métres. CCCXIV SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. Saponaria ocymoides. — Chalet du Haut-de-Morcles, 2000 mètres. Dianthus silvaticus. — Dent-de-Morcles, Bella-Crêta, Roche-qui- Tremble, 2000-2400 mètres. Alsine verna var. alpina (A. Gerardi Willd.). — Creux-du-Dzéman, . 2000-2200 métres. A. Bauhinorum Gay. — Au-dessus du Creux-du-Dzéman, 2300 mètres. Cerastium trigynum.— Au-dessus du Creux-du-Dzéman, 2300 mètres. C. latifolium. — Roche-qui-Tremble, 2400 mètres. Linum alpinum. — Vers la Croix-de-Javerne, 2000-2200 mètres. Geranium silvaticum. — Prairies de Morcles, 1000-1200 mètres. G. aconitifolium. — Prairies de Morcles, 1000-1200 mètres. Hypericum quadrangulum. — Morcles, 1400 mètres. Genista sagittalis. — En allant au Chalet-du-Haut, 1500 mètres. Trifolium alpestre. — Prairies, 1100-1600 mètres. T. medium. — Prairies, 1000-1500 mètres. T. alpinum. — Vers la Roche-qui-Tremble, 2400 mètres. T. badium Schreb. — Prairies, 1100-1500 mètres. Oxytropis campestris. — Éboulis entre la Roche-qui-Tremble et Bella- Créta, 2400 mètres. O. fœtida. — Mème station. 0. montana. — Même station. 0. lapponica. — Même station. Phaca frigida. — Près du torrent de la Roche-qui-Tremble, 2400 m. Vicia.silvatica. — En alant à Bella-Créta, 2000 mètres. Hedysarum obscurum. — Près du torrent de la Roche-qui-Tremble, 2400 mètres. - Dryas octopetala. — Croix-de-Javerne, sous la Dent, Roche-qui- Tremble, 2200-2400 métres. Geum rivale. — Marais prés du torrent, en montant à la Croix-de-Ja- verne, 2100 mètres. | G. montanum. — Mème localité, les deux espèces sont assez abon- ` dantes dans une partie restreinte. — Nous avons recueilli une forme robuste, probablement hybride, se rapprochant du G. mon- tanum. Cette forme est remarquable par les akènes dont les styles ont un développement trés grand, ce qui donne à la plante le port d'une Anémone Pulsatille. Rosa alpina. — Vers le chalet du Haut-de-Morcles, 1900 mètres. E.-G. CAMUS ET M'' CAMUS. — PLANTES RÉCOLTÉES A MORCLES. CCCXV R. tomentosa. — Route de Morcles, 1200 métres. R. montana Chaix. — Route de Morcles, 1200 mètres. R. Blondeana Rip. — Route de Morcles, 1200 mètres. Alchemilla vulgaris. — Commun au-dessus de 1100 mètres. A. alpina. — Commun au-dessus de 1800 mètres. Cotoneaster vulgaris. — Sentier allant à Morcles, 1000 mètres, C. tomentosa. — Même station. Nous avons trouvé une forme intermédiaire entre ces deux espèces; nous croyons pouvoir la rapporter au C. intermedia Coste (C. tomen- tosa X vulgaris ap. Lamt.). X Sorbus confusa Gremli (S. Aria X torminalis). — Sentier de Morcles, 900 mètres. S. Chamæmespilus var. tomentosa Gren. et Godr. — Sentier de Morcles, 1000 mètres. Epilobium rosmarinifolium Wænk. — Abondant de.1600 à 2000 m., entrainé par les eaux jusque dans la vallée du Rhóne. Sempervivum valesiacum Lehm. — Rochers au delà du Sapin-Fores- tier, 1200 métres. Rhodiola rosea. — Rochers entre le Sapin-Forestier et Bella-Créta, 1500 mètres. Sedum corsicum Duby (S. dasyphyllum var. glandulosum Gren. et Godr.). — En allant vers Bella-Créta, 1600 mètres. Saxifraga cuneifolia. — Répandu entre 1100 et 2000 mètres. S. rotundifolia. — 1700-2000 mètres. S. aizoides. — Ravins des Martinets, des Pierriers-Blanes, de la Croix- de-Javerne, de la Dent, de Bella-Créta et de la Roche-qui-Tremble, 2000-2400 métres, entrainé quelquefois assez bas par les eaux du ravin de Mordlés; 1200 mètres. + aizoides var. crocea Gaud. — Mêmes stations. - exarata. — Rochers du Haut-de-Morcles, 1900-2000 mètres. + moschata.— Rochers au-dessus de la Croix-de-Javerne, 2100 mètres. + Aizoon. — Disséminé, 1600-2000 mètres. Laserpitium latifolium. — Sur la route de Bella-Créta, 1900 mètres. L. Siler. — Sur la route de Bella-Créta, 1900 mètres. L. Panax. — Éboulis vers Bella-Créta, 2000 mètres. Gaya simpleæ. — Éboulis vers la Roche-qui-Tremble, 2100 métres. Athamanta cretensis. — Éboulis de la Roche-qui-Tremble, 2200 m. n NNN CCCXVI SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. Libanotis montana var. daucifolium Scop. — Vers le Sapin-Forestier, 1500 mètres. Pimpinella magna. — Prairies de Morcles, 1000-1600 mètres. Carum Carvi. — Prairies de Morcles, 1000-1200 mètres. Myrrhis odorata. — Vers le chalet du Haut-de-Morcles, 1800 mètres. Imperatoria Ostruthium. — Vers le Sapin-Forestier, 1600 mètres. Eryngium alpinum. — Bella-Créta, 2200 métres. Astrantia major. — Abondant dans les prairies, 1100-1500 métres. A. minor. — A la limite des pentes boisées, Chalet-du-Haut, sous la Dent, 1900-2200 mètres. Sambucus racemosa. — Route de Morcles, 1000-1200 mètres. Galium austriacum. — Au-dessus du Chalet-du-Haut, 2000 mètres. G. pumilum. — Creux-du-Dzéman, 2100 métres. G. silvestre Poll. — Vers le Chalet-du-Haut, 1500 mètres. G. purpureum. — Vers le Chalet-du-Haut, 1800 métres. Valeriana tripteris. — Pentes boisées au-dessus de la Roseline, 1900- 2000 mètres. V. sambucifolia Mik. — Ravins de Morcles, 1500 métres. V. montana. — Vers le Chalet-du-Haut, 2000 métres. Scabiosa lucida. — Vers le Chalet-du-Haut, 1800 mètres. Adenostyles albifrons. — En allant au Chalet-du-Haut, 1900 mètres. A. alpina. — Méme station. Homogyne alpina. — Au-dessus de la prairie de Roseline dans les clairières, 2000-2200 mètres. Solidago Virga-Aurea 8. alpestris W. et K. — Pentes boisées, 1600- 1800 mètres. Erigeron drebachensis Mill. — Haut-de-Morcles, 2100 mètres. E. Villarsii Bell. — Form. diffusa et form. erecta Gillot; Roche-qui- Tremble, 2400 mètres. E. Schleicheri Gremli (E. alpinus p. p.). — Rochers au-dessus du Creux-du-Dzéman, 2100 mètres. E. uniflorus. — Roche-qui-Tremble, 2100 mètres. Aster alpinus. — Roche-qui-Tremble, Croix-de-Javerne, les Martinets, sous la Dent, 2000-2400 mètres. Bellidiastrum Michelii. — Haut-de-Morcles, Croix-de-Javerne, 1900- 2100 mètres. Doronicum Pardalianches. — Bella-Créta, 2300 mètres. E.-G. CAMUS ET M'* CAMUS. — PLANTES RÉCOLTÉES A MORCLES. CCCXVII Aronicum Clusii. — Éboulis du grand ravin dela Roche-qui-Tremble, 2100 mètres. A. scorpioides. — Un peu plus haut que l'espéce précédente, 2500 m. A. glaciale. — Même station, 2500 mètres. Arnica montana. — Les Martinets, Croix-de-Javerne, Bella-Créta; le Dzéman, 2200-2400 mètres. Senecio viscosus. — Route de Morcles, ravin, 1200-1500 mètres. S. Jacobea B. discoideus Koch (S. flosculosus Jord.). — Vers le Sapin- Forestier, 1500 métres. S. Fuchsii Gmel. — Vers le Sapin-Forestier, 1200-1400 métres. Artemisia Absinthium. — Route de Morcles, 700 mètres. A. campestris. — Oligosporus alpinus Jord., 1100 mètres. Achillea Millefolium 6. alpestris Koch. — Haut-de-Morcles, 2000- 2200 métres. A. atrata. — Croix-de-Javerne, 2300 mètres. A. macrophylla. — Près du Chalet-du-Haut, 1900 mètres. Inula salicina. —- Morcles, 1500-1800 mètres. Gnaphalium silvaticum var. nigrescens Gren. — 1200-2100 mètres, assez abondant à la Roseline. G. norvegicum Guss. — Peu abondant vers la Croix-de-Javerne, 2400 m. Antennaria dioica. — Croix-de-Javerne, 2200 mètres. Leontopodium alpinum. — Roche-qui-Tremble, prés du Dzéman, 2500 mètres. Cirsium rivulare. — Bords des torrents, 1200-2100 mètres. C. spinosissimum. — Creux-du-Dzéman, chalets de Roseline, Croix- de-Javerne, 2000-2400 mètres. C. eriophorum. — Chalets du Praz-Rion, 1600 mètres. X C. fissibracteatum Pet. (C. spinosissimum X acaule). — Un seul échantillon (1); entre la Croix-de-Javerne et les Pierriers-Blancs. Centaurea montana. — 900-1300 mètres. Carlina acaulis. — La forme caulescente est aussi commune que la forme acaule. C. longifolia. — Au delà du torrent de Morcles, 1200 métres. Leontodon alpestris Heg. — Croix-de-Javerne, 2200 métres. Lappa major. — Chalet prés du Sapin- -Forestier, 1500 mètres. Prenanthes purpurea. — Route de Morcles, 1000-1200 mètres. (1) Déposé actuellement dans l'Herbier Burnat, à Nant-sur-Vevey. CCCXVIII SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. Mulgedium Plumieri. — Vers le chalet, 1200-1300 mètres. Crepis aurea — Prés du Sapin-Forestier, 1300-1900 métres. C. blattarioides. — Vers le Sapin-Forestier, 1300-1800 métres. Hieracium amplexicaule. — Vers le Sapin-Forestier, 1600-1800 m. H. aurantiacum. — Vers le Sapin-Forestier, et prés du Chalet-du- Haut, 1600-2000 mètres. H. alpicolum Godr., H. præcox Jord. $. alpicola Gremli. — Sous la Dent, Roche-qui-Tremble, 2200-2400 mètres. H. longifolium Schl. — Sous le Haut-de-Morcles, 1800 mètres ; existe à la Dent-du-Midi (Praiche). Phyteuma orbiculare var. 6. lanceolatum Gren. et Godr. et var. ellip- ticum Gren. et Godr. — Abondant vers le Chalet-du-Haut (1500- 1900 métres), varie à fleurs blanches ou à fleurs bleues. P. spicatum var. cæruleum Gren. et Godr, — La variété à fleurs blanches s'y trouve aussi, mais elle est plus rare. Vers le Chalet- du-Haut, 1500-1900 mètres. P. nigrum (P. spicatum var. nigrum Fr. Gust. et Hérib.). — 1500- 1900 mètres. X P. adulterinum Wallr. — Vers le Chalet-du-Haut, 1900 mètres. Campanula barbata. — 1200-1600 mètres. C. spicata var. canescens Cariot. — Au-dessus du Creux-du-Dzéman, 2200 mètres. C. rhomboidalis Lap. an L.? — Varie à fleurs bleues et à fleurs blan- ches, 1200-1900 mètres. C. Scheuchzeri. — Rochers des torrents, 1200-1500 mètres. C. pusilla Hænk. — Ravin de Morcles, 1200-1500 mètres. C. cenisia. — Roche-qui-Tremble, 2400 mètres. Vaccinium Myrtillus. — 1600-2200 m. (la var. leucocarpum Fliche, près du Chalet-du-Haut). V. uliginosum. — Croix-de-Javerne, 2200-2300 mètres. V. Vitis-idæa. — Haut-de-Morcles, 1900-2000 mètres. Arctostaphylos alpina. — Chalet-du-Haut, Roche-qui-Tremble, 1900- 2400 métres. A. Uva-ursi. — Chalet. du-Haut, sous les Martinets, 1900-2400 m. Rhodendron ferrugineum. — 1900-2200 mètres. Pirola rotundifolia. — Bella-Créta, 2200 mètres. P. rotundifolia var. arenaria Koch. — Prés des ve de la Roche: qui-Tremble, 2400 mètres. ` E.-G. CAMUS ET M'* CAMUS. — PLANTES RÉCOLTÉES A MORCLES. CCCXIX P. minor. — Bella-Créta, le Dzéman, 2200 métres. Primula farinosa. — Croix-de-Javerne, 2200 mètres. Pinguicula alpina. — Croix-de-Javerne, 2300 mètres. Gentiana lutea. — Abondant entre Morcles et la Croix-de-Javerne, 1100-2000 mètres. G. purpurea. — Abondant dans la prairie de Roseline et au-dessous de la Croix-de-Javerne; Creux-du-Dzéman, 1800-2100 mètres. G. purpurea var. flavida Gremli. — Creux-du-Dzéman, 1900-2100 m. G. cruciata. — Bella-Créta, 2100 mètres. G. asclepiadea. — Bella-Crêta, 2100 mètres. G. Kochiana Perr. et Song. — La Roche-qui-Tremble, 2300 mètres. G brachyphylla? (1). — Bella-Créta, 2200 mètres. G. verna. — Bella-Crêta, 2200 mètres. verna var. elongata. — Bella-Créta, éboulis, 2200 mètres. - bavarica. —. La Roche-qui-Tremble, 2500 mètres. + nivalis. — Bella-Créta ; Haut-de-Morcles; sous la Dent; Croix-de- Javerne, 2300-2500 métres. Cuscuta europea. — Sur le Digitalis ambigua, 1800 mètres. Myosotis alpestris Schm. var. elatior Gaud. — Croix-de-Javerne, Roche- qui-Tremble, 2100-2300 métres. Verbascum nigrum. — Saint-Maurice, à la base de la Dent-du-Midi. Linaria alpina. — Ravius, sous la Grande et la Petite-Dent, Bella- Créta, les Martinets, 2000-2300 mètres; descend entrainé par les. eaux, souvent jusqu'à 1200 mètres. Veronica spicata. — Route-de-Morcles, 500-700 metres. V. spicata var. polystachia Cos. et Germ. — Saint-Maurice, Valais, 900 mètres. Le urticefolia. — Morcles vers les chalets de Roseline, 2000 mètres. V. fruticulosa. — Morcles vers le ravin, 1200 mélres. V. saxatilis. — Roche-qui-Tremble, 2400 mètres. Digitalis ambigua Greml. — Alt. 900-1800 métres. D. lutea (2). — Route de Morcles, 600-700 métres. Euphrasia minima var. bicolor Gremli. —- Roseline, Croix-de-Ja- verne, 1900-2200 métres. (1) Nous ne donnons cette détermination qu'avec doute, les échantillons que nous avons étant en fruits passés. : Morcle .. (2) Dans les pentes boisées qui sont à droite de la route, en allant à Morcles, il y aurait à rechercher le X D. media Roth. eoo CCCXX SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. E. salisburgensis Funk. var. procera Gren., E. cuprea Jord. — Entre la Praz-Rion et la Roseline, 1500-1900 mètres. E. salisburgensis var. subalpina Gren. — Roseline, 1800-1900 m. E. alpina. — Praz-Rion, Roseline, Croix-de-Javerne, 1500-2200 m. Bartsia alpina. — Haut-de-Morcles, 2100 métres. Pedicularis verticillata. — Haut-de-Morcles, Croix-de-Javerne, les Martinets, Roche-qui-Tremble, 1900-2300 métres. P. Barrelieri. — Entre la Roche-qui-Tremble et Bella-Crêta, 2300- 2400 mètres. Melampyrum silvaticum. — Abondant. Salvia glutinosa. — Route et sentier de Morcles; vers le Sapin-Fo- restier, 1100-1300 mètres. Brunella grandiflora. — Prairies de Morcles et de Praz-Rion, 1100- 1500 mètres. Teucrium montanum. — Vers Bella-Créta, 1900 mètres. Galeopsis angustifolia. — Morcles, 1200 mètres. Plantago alpina. — Croix-de-Javerne, 1900-2200 mètres. P. serpentina. — Croix-de-Javerne, 2000-2200 mètres. Globularia cordifolia. — Bella-Créta, dans les éboulis, 2300 mètres. Oxyria digyna. — Taillis des chalets de Roseline, 2100 mètres. Rumez scutatus var. glaucus Cariot. -— Taillis des chalets de Rose- line, 2100 métres. Polygonum viviparum. — Haut-de-Morcles, Croix-de-Javerne, 2000- 2200 métres. Daphne Mezereum. — Vers le Haut-de-Morcles, 1800-2000 mètres. Thesium pratense. — Croix-de-Javerne, Bella-Crêta, 2000-2300. Hippophae rhamnoides. — Bords des ravins Bella-Crêta, Roche-qui- Tremble, 1900-2200 mètres. | Alnus viridis. — Haut-de-Morcles; sous les Martinets, 2200-2300 m. Abies pectinata. — 1100-1900 mètres. Larix europea. — 1600-1900 mètres. Juniperus nana. — 1800-2000 métres. Salix incana. — Ravin de Morcles, AR., 1200-1800 mètres. . hastata. — Haut-de-Morcles. reticulata. — Croix-de-Javerne, sous les Martinets, 2200-2400 m. retusa. — Croix-de-Javerne, sous les Martinets, 2100-2400 mètres. serpyllifolia. — Croix-de-Javerne, sous les Martinets, 2100-2100 m. nant E.-G. CAMUS ET M'* CAMUS. — PLANTES RÉCOLTÉES A MORCLES. CCCXXI Veratrum album. — Prairies de Morcles, 1100-1300 métres. Tofieldia calyculata. — Roseline, 2000 mètres. T. calyculata var. glacialis. — Au-dessus de Roseline, vers les Mar- tinets, Croix-de-Javerne, 2200-2400 mètres. Lilium Martagon. — Creux-du-Dzéman, 2100 mètres. Phalangium Liliago. — Sentier entre Lavey et Morcles, 800 mètres. P. ramosum. — Prés du fort de Morcles, 1200 métres. Maianthemum bifolium. — Vers les chalets de Roseline, 1500- 1900 mètres. Traunsteinera globosa. — Sous les Martinets, 2300 mètres. Gymnadenia densiflora Diet. — Marais tourbeux, 1200-1900 mètres. Cœloglossum viride. — Prairies du Praz-Rion, 1300-1500 mètres. C. viride var. bracteata. — Près de Roseline, 1800 mètres, C. albidum. — Roche-qui-Tremble, Haut-de-Morcles, 2000-2300 m. Nigritella angustifolia. — Roseline, Croix-de-Javerne, 1800-2200 m. Epipactis palustris. — Marais, 1200-1800 métres. E. atrorubens. — 1300 métres. Limodorum abortivum. — Sentier entre Morcles et Lavey, 800 métres. Luzula albida. — Morcles, 1200-1700 mètres. L. nivea. — Haut-de-Morcles, 1600-2100 mètres. Carex gynobasis. — Rochers au-dessus dn Creux-du-Dzéman, 2300 m. .C. ustulata. — Croix-de-Javerne, 2200 mètres. C. sempervirens. — Croix-de-Javerne, 2200 mètres. C. clavæformis. — Croix-de-Javerne, 2100 mètres. €. Davalliana. — Toufbière au-dessus de Roseline, 2100 mètres. ‘Phleum alpinum. — Croix-de-Javerne, 2100-2300 mètres. Andropogon Ischemum. — Route de Saint-Maurice, Valais, 550 m. Melica nebrodensis. — Sentier entre Morcles et Lavey, 600 mètres. Deschampsia flexuosa. — En allant au Haut-de-Morcles, 2000 métres. Polypodium calcareum. — Morcles, 1800 mètres. Aspidium Lonchitis. — Au-dessus de Roseline, vers le Sapin-Fo- restier, 1600-2000 mètres. A. aculeatum. — Haut-de-Moreles, 1900-2000 mètres. Polystichum Filix-mas var. crenatum. — Au delà du Sapin-Forestier. . Cystopteris fragilis. — Haut-de-Morcles et sur les bords du sentier allant à Bella-Créta, 1600-200) métres. — T. XLI. j CCCXXII SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. Cystopteris alpina. — Bords du sentier allant à Bella-Crêta, 1600 m. Asplenium Trichomanes. — Vers le Sapin-Forestier, 1800 mètres. A. septentrionale. — Vers le Sapin-Forestier, 1800 mètres. Selaginella helvetica. — Saint-Maurice, à la base de la Dent-du-Midi, 930 mètres. l S. spinulosa. — Assez abondant à la prairie de Roseline, 1900-2000 m. NOTES SUR QUELQUES ASSOCIATIONS DE PLANTES RENCONTRÉES PENDANT LES EXCURSIONS DANS LE VALAIS; par M. €. SCHRŒTER. . Il n'y a rien de plus caractéristique pour une combinaison donnée de facteurs de climat et de sol que l'association de plantes qui s'est fixée à l'endroit en question. Les'besoins de l'espéce varient dans des limites bien plus étendues que les besoins de l'association. Pour donner une idée précise de la végétation d'une région quelconque, un apercu sur les associations de plantes nous rend de meilleurs services qu'un simple catalogue des espéces trouvées. Pour cette raison la géographie botanique s’est, dans ces der- niéres années, beaucoup occupée des « Formations de plantes ». Nous désignons par le terme « Formation » les unités supérieures d’association, caractérisées par le caractère biologique de leurs composants, comme : forêt, pré, buisson. ; Pour les unités d'ordre inférieur, caractérisées par les especes qui les composent, on peut employer le terme de «type ». On fait la diagnose d'un type de formation en citant l'espéce ou les. espèces dominantes dont le nom sert à désigner ce type et en ajoutant les espéces essentielles (voy. Lecoq, Traité des plantes fourragères, Paris, 1862) et les espèces accessoires el accidenlelles qui s'y joignent. On peut élargir la diagnose en groupant les espices d’après d'autres points de vue: en citant les éléments geo- €. SCHRŒTER. — ASSOCIATIONS DE PLANTES. CCCXXTII graphiques qui composent le type, ou les groupes biologiques qui s’y trouvent (1). J'essayerai, dans les lignes suivantes, de traiter les caractères de quelques-unes des formations les plus importantes que nous avons rencontrées dans l'excursion dont j'avais le plaisir de faire partie (val de Bagnes, Chanrion, Zermatt, Simplon, Sion). Daus la dénomination des types, on peut se servir de termes latins trés commodes, dérivés des noms, générique ou spécifique, de l'essence dominante auxquels on ajoute le suffixe etum : p. e. Nardetum, Curvuletum ; c'est Lorens qui, en 1858, a inventé ce systéme. Nous l'avonslargement adopté dans l'ouvrage cité ci-des- sous, et M. MAGNIN a suivi notre exemple, en francisant les mots latins (Phragmitaie, Caricaie). 1. Formation du Festuca valesiaca Schleicher. — C'est un type de steppe plutót que de prairie, parce que souvent le gazon n'est pas continu comme dans un pré, mais se compose de touffes isolées comme dans la vraie steppe. L'espéce dominante, Festuca valesiaca Schleicher (2), forme des touffes serrées, à feuilles capil- laires et glauques. Nous pouvons grouper les espéces essentielles de ce type d'aprés les caractéres de steppe suivants : 1. Une flore printaniére trés passagére, en partie composce de plantes bulbiféres: Gagea saxatilis (Tourbillon), Adonis vernalis (Follataires), Muscari comosum (Tourbillon). 2. La présence de plantes adaptées à la sécheresse (adaptations xérophytiques) : a. Par des feuilles pliées avec stomates placés dans des vallé- i Ó iträ iss der Matten (1) Voyez aussi Stebler et Schröter, Beiträge zur Kenntniss d und Weiden der Schweiz, Versuch einer Uebersicht über die Wiesentypen der Schweiz (types des prairies de la Suisse). Schweiz. landwirthschaftli- Ches Jahrbuch, Band VI (Annuaire suisse d'Agriculture, édité par le dépar- tement fédéral d'Agriculture, vol. VI), 1892. : (2) Cette re loin d'être endémique pour le Valais; elle ie ge dans toute l’Europe méridionale et orientale (France, Italie, Dalmatie : ròse, Autriche, Hongrie, Russie mérid., Caucase); puisen Sibérie (Altai, Alatau); Asie-Mineure, et même dans l'Amérique du Nord (Rocky Mountains). — CCCXXIV SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. cules incluses : Graminées de steppe telles que Festuca vale- siaca, Kæleria valesiaca Gaudin, Stipa pennata. Les deux der- niéres ont en outre, à la base du chaume, des « tuniques », em- magasinant et conservant l'eau, dans le Kæleria valesiaca; c'est une tunique de fibres croisées, formée par les masses fibro-vas- culaires persistantes de la gaine ; dans le Stipa, c'est un manteau de gaines cartilagineuses conservées en entier. b. Par la formation de bulbes (Gagea, Muscari) qui se trouvent méme sur deux Graminées : Poa bulbosa et Poa concinna Gaud. (Tourbillon, en fruits). c. Par une couverture épaisse de poils (Oxytropis Halleri Bunge, Artemisia valesiaca, Allioni). d. Par la succulence : Sempervivum arachnoideum L., à des endroits rocheux dans les prés. e. Par la réduction des feuilles : Onobrychis arenaria, Plan- tago serpentina Villars (Findelen). Outre ces espèces qui caractérisent surtout la nature xérophy- tique de ce type de végétation, nous pouvons encore citer comme espèces essentielles : Phleum Bæhmeri Wib., jusqu'à 2200 mètres, Koeleria cristata Pers. var. gracilis Pers., jusqu'à 2100 mètres, surtout près Findelen, Carex nitida Host (trouvée en fruits à Tour- billon), Anemone Halleri Allioni (en fruits à Findelen). Le type décrit ci-dessus se trouve en Valais partout où il y a des endroits secs, exposés au soleil et à couche de sol mince. Nous l'avons rencontré à Tourbillon, dans le val de Bagnes à maints endroits, dans la vallée de Zermatt jusqu'à Findelen (2200 mètres), où il se trouvait à côté des champs de Seigle si renommés par la hauteur exceptionnelle au-dessus de la mer où se font ces cultures. C'est là aussi que nous avons pu étudier l'influence considé- rable exercée sur cette végétation par l'irrigation. Qu'on me per- mette de citer ici deux analyses de prés à Findelen que M. Stebler et moi avons publiées dans un travail sur les effets de l'irrigation, en 1837 (1). (1) Voy. Stebler et Schróter, Beitráge zur Kenntniss der Matten und Weiden der Schweiz (les prés de la Suisse), III : Ueber den Einfluss der Bewásserung auf die Zusammensetzung der Grasnarbe der Wiesen (An- nuaire suisse d'Agriculture, vol. I). | C. SCHRŒTER, — ASSOCIATIONS DE PLANTES. CCCXXV En total, nous avons constaté sur les deux prés 84 espéces, dont 26 seulement leur sont communes ; 38 ne se trouvant que sur la partie irriguée, et 20 étant spéciales à la partie non irriguée. Si nous déduisons la végétation des places séches sur le pré irrigué, nous arrivons à 22 espéces communes seulement, 38 spéciales au . pré irrigué et 24 pour le pré non irrigué. Par le seul effet de l'irrigation, quel changement dans la com- position et l'aspect du gazon ! La steppe alpine, caractérisée par un mélange d'éléments xérothermiques et alpins, est remplacée par un pré subalpin peuplé d'essences triviales de la plaine et des montagnes, « la belle poésie de la nature sauvage est chassée par la prose d'une culture utile » (Kerner). La formation du Festuca valesiaca, représentée ici par le sous-typede Plantago serpentina, est remplacée par un des types de pré les plus répandus de nos Alpes : le type de l'Agrostis vulgaris With., qui peuple les prés bien irrigués (naturellement ou artificiellement, et souvent aussi fumés) de nos vallées subalpines de 800 métres à 1700 métres dans les Alpes suisses de l'Orient et du Centre et jusqu'à 2100 métres dans le Valais; ce sont toujours des prés à faucher, et ils fournissent à notre population alpine la plus grande partie du foin qui sert, pour une grosse part, de base à son existence. A côté d'Agrostis vulgaris With., c’est surtout le Trisetum fla- vescens P. B. qui embellit de ses panicules dorées le riche gazon de ces prés; souvent cette excellente Graminée domine, et la Seconde coupe (le regain) de ces prés semble alors souvent une Culture pure d'Avoine jaunátre. Les prés irrigués des vallées alpines du Valais appartiennent presque exclusivement à ce type ; mais ils sont parsemés d'innombrables fleurs de Campanula rhomboidalis, Polygonum Bistorta, Geranium silvaticum, Leon- todon hispidus, Heracleum Sphondylium, Chærophyllum Villar- sii, Silene inflata, Leucanthemum vulgare, qui diaprent de leurs couleurs variées la verdure des Graminées. Notre excursion avait malheureusement lieu à une époque où ces remarquabies prés fleuris étaient déjà fauchés. 2. La formation du Nardus stricta L. — Le Nardus est le fléau de nos prés alpins : dans la région de 900 à 2500 mètres cette mauvaise herbe domine dans les pâturages et les prés à faucher, Sur tous les sols : sur le gneiss, le granit, le micaschiste, la ser- CCCXXVI SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. pentine, le grès, les schistes des Grisons, la marne, le gault, la dolomitique. Cette végétation couvre surtout les endroits maigres et secs, alternant avec les buissons de Rhododendron et de Cal- luna. i De toutes nos Graminées, le Nardus est celle qui forme les touffes les plus serrées; les chaumes sont entourés à leurs bases d'une tunique solide de gaines cartilagineuses, les feuilles sont raides et solides comme du fil de fer, fortement silicifiées, de sorte que les vaches ne peuvent pas les brouter. A la fin de l'été, sil n'y a plus grand'chose à manger, les bêtes essayent d'attaquer ainsi le Nardus; mais, grâce à la ténacité des feuilles, elles le déracinent, et jettent au loin la touffe immangeable. Voilà pour- quoi, en automne, les páturages sont souvent parsemés des touffes séchées et blanchies du Nardus. Le Nardus est accompagné toujours d'une association de plantes aimant l’humus et la sécheresse; Anthoxanthum odoratum et Festuca rubra var. fallax Thuillier ne manquent jamais. À partir de 1800 mètres commencent Festuca rupricaprina Hackelet Halleri, puis Agrostis alpina et Festuca pumila. ; Souvent un élément de « Callunetum » entre dans la composi- tion du pâturage: Calluna vulgaris, les Vaccinium, Empetrum nigrum, Loiseleuria procumbens, parsemés des fleurs de l'Arnica montana, de l'Antennaria dioica, du Potentilla Tormentilla. Plus haut s'ajoutent l'Homogyne alpina et le Hieracium alpi- num. À la fin, cela devient entièrement un buisson de € Callu- netum » alpin, auquel s'ajoutent souvent le Rhododendron ferrugt- neum et régulièrement les panaches multicolores du Deschampsia flexuosa, de l Avena versicolor, et d’où sortent les feuilles larges et flexibles du Calamagrostis Halleriana qui accompagne fidè- lement le Rhododendron ferrugineum. Une foule d'espéces alpines des plus répandues ornent le « Nardetum » de leurs jolies fleurs : Campanula barbata et Scheu- chzeri, Sieversia montana, Soldanella alpina et pusilla, Ranun- culus montanus, Crepis aurea, Gentiana excisa, acaulis, Verna, bavarica et nivalis, Carlina acaulis, Trifolium alpinum. Cette dernière espèce se trouve sur les terrains primitifs SOU” vent en telle abondance qu'elle devient dominante, formant ainsi un sous-type du Nardetum. Au-dessus du chalet de Chanrion C. SCHR(ETER. — ASSOCIATIONS DE PLANTES. CCCXXVII nous avons trouvé à environ 2300 métres cette formation de Trifoliwm alpinum nettement caractérisée. Nous avons souvent parcouru la formation du Nardus et sur de longues étendues. Les pâturages de la Riffelalp jusqu'à 2700 m. sont en majeure partie du Nardetum ; à Chanrion et au Simplon, il y en avait également beaucoup. 3. La formation du Carex sempervirens. — Répandue dans la région de 1700 à 2600 métres sur les pentes raides exposées au Sud, sur les bandes de gazon, entre les rochers et dans les couloirs, c'est un gazon long et riche, ne formant jamais de pâturages, mais existant seulement dans des endroits où l'homme n'a pu toucher. L'espéce dominante forme des touffes épaisses, souvent énormes; les pousses latérales sont toutes intravaginales, pressées contre la lige mére et ne quittant pas la gaine de la feuille mére. Les vieilles gaines forment une épaisse tunique fibreuse entourant la base des pousses. Les feuilles desséchées persistent longtemps et forment, sur les places où le gazon reste intact, de grandes touffes brunes isolées sur des pentes escarpées, excellent appui pour le grimpeur. Ces pentes gazonnées à Carex sempervirens dominant sont sou- vent de vrais jardins, et, pour les botanistes, le refuge de nom- breuses espèces rares. Sur le calcaire où l'espéce dominante est souvent remplacée par le Sesleria cœærulea, elles sont riches en Papilionacées: Onobrychis montana DC., Hedysarum obscurum, Oxytropis campestris, Phaca frigida, Lathyrus luteus, Astragalus alpinus, Vicia silvatica, Trifolium montanum, badium, pratense, Lotus corniculatus L., Anthyllis Vulneraria. L'Édelweiss se plait Sur ces pentes, en compagnie des Hieracium Hoppeanum, villosum et de leurs congénéres. Parmi les Campanula, c'est surtout le lhyrsoidea ; parmi les Pédiculaires, ce sont les foliosa et recutita. Nous avons rencontré ces riches pelouses sur les pentes domi- nant le chemin de Mauvoisin à Torembey, puis sur les pentes pierreuses en descendant de Chanrion à la Grande Chermontane. À Zermatt, elles nous accompagnaient, en montant, du Bodengletscher au Riffel, où des endroits humides nous livraient le beau Carex clave formis Hoppe, pendant que le rarissime Carex hispidula Gaudin se mêlait à l'espéce dominante, et le Calamagrostis tenella étalait ses panicules fines. CCCXXVIII SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. En descendant du Schwarzsee au Bodengletscher, nous avons traversé des pentes assez raides, parsemées des touffes élégantes du Festuca varia, qui remplace ici le Carex sempervirens. Ce sont des gazons énormes à feuilles raides et piquantes, à tunique de gaines trés développée, à panicule pàle. Souvent on les confond avec les touffes trés semblables de Festuca duriuscula var. crassifolia Gaudin qui habite les mêmes pentes. Cette formation du Festuca varia est très répandue dans les Alpes centrales el tessinoises sur les pentes rocheuses, exclusivement sur le terrain primitif (gneiss, granit, micaschiste). Elle monte depuis la plaine jusqu'à 2400 mètres, nous l'avons rencontrée dans le val de Bagnes prés Lourtier et au-dessous du Schwarzsee. Il y avait là des endroits qui montraient d'une manière éclatante la « pétrophilie » du Festuca varia; le gazon était formé par un Nardetum pur sang, mais partout où le rocher affleurait le sol, il y avait une colonie de Fes- tuca varia. 4. La formation du Carex curvula. — Rien de plus caractéris- tique, pour la région subnivale des Alpes sur le terrain primitif, que ce « Curvuletum », depuis 2300 mètres jusqu'à 3000 mètres, formant les derniers gazons vers la région de la neige éternelle. L'espéce dominante, qui souvent forme à elle seulele gazon, croit en touffes bien serrées, mais qui ne s'élévent pas au-dessus du sol ; le gazon reste plat. Les pousses pressées l'une contre l'autre sont entourées de fortes tuniques; les feuilles toujours courbées et brunies dans leur partie supérieure donnent à cette végétation méme de loin un aspect brûlé, jaunâtre. Le Curvuletum n'aime pas les pentes abruptes ni les endroits humides; il préfère le sec, les pentes douces et les croupes arrondies, les plateaux et les cols. Son compagnon le plus fidèle est l’ Avena versicolor, dont les pani- cules multicolores égayent l'aspect sombre de cette végétation ; de méme, nos deux Graminées alpines les plus fréles et les plus gracieuses, Agrostis rupestris et Agrostis alpina. Des couleurs vives sont ajoutées par quelques Composées, surtout Hieracuum alpinum, Leontodon pyrenaicus et Senecio incanus. Pour les Pedicularis rostrata, Phyteuma pauciflorum et hemisphæricum, le Curvuletum est une station préférée. Nous avons rencontré cette végétation en plein développement C. SCHR(ETER. — ASSOCIATIONS DE PLANTES. CCCXXIX à Chanrion, puis sur le chemin de Gornergrat au-dessus du Riffel- haus, depuis 2600 mértes et au Hærnli au-dessus du Schwarzsee. Citons encore comme espéce accessoire une des Graminées les plus nivales des Alpes, le Trisetum subspicatum, qui se trouve en Suisse dans la région de 2300 à 3333 métres (Col Saint-Théodule prés Zermatt). Elle aime plutót le sol nu, mais s'égareaussi souvent dans le « Curvuletum ». Elle est intéressante par sa dispersion des plus disjointes : elle se trouve partout dans la zone arctique, et sur tous les systémes de montagnes de l'Europe, de l'Asie et de l'Amé- rique; elle suit les Andes jusqu'au détroit de Magellan, et végète méme aux Alpes de la Nouvelle-Zélande. 9. La formation des « vallons de neige, » ou « combes de neige » (Schnee-thaelchenflora), comme nous l'avons appelée d'aprés une expression sanctionnée par Oswald Heer en 1835, est la végétation des endroits arrosés par l'eau de neige, prés de la limite de la végé- tation gazonnante, sur des pentes douces exposées au nord, dans les petites dépressions où la neige reste longtemps entassée, et, plus haut aussi, sur des petits plateaux et cols. Il est équivalent du Curvuletum, celui-ci préférant les endroits secs, l'autre les hu- mides. Ces vallons de neige sont souvent caractérisés par un sol graphi- tique composé d'une poudre noire et fine, très riche en substances organiques. C'est le dépót de la neige fondante, composé de la poussière atmosphérique apportée par le vent. M. Ratzel a dernié- rement montré que cette poussiére contient jusqu'à 50 pour 100 de matiére organique, provenant surtout de débris végétaux; on peut s'expliquer par ce fait l'effet engraissant de la neige. La première végétation qui couvre ces plantes, l'avant-garde de la vie organique, est le plus souvent une Mousse, Polytrichum sep- tentrionale, qui couvre de son tapis d'un vert sombre des surfaces Souvent considérables de terrain. Nous avons rencontré ces pelouses de velours à Chanrion et au Gornergrat. Ce sont Cerastium trigynum et Arenaria biflora qui mêlent les premiéres couleurs au vert sombre du Polytrichetum, étalant leurs longs stolons sur la Mousse et la parsemant des étoiles blanches de leurs fleurs. Puis viennent s'y joindre les petites touffes de Car- damine alpina, Leucanthemum alpinum et Veronica alpina. Ou bien le Saule herbacé (Salix herbacea) couvre le sol CCCKXX SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. de ses pousses innombrables, arbrisseau souterrain, qui cache ses branches dans le sol protecteur, pour n'élever dans l'air que les extrémités de ses rameaux, développant deux petites feuilles et se terminant par un chaton. Souvent des espaces de grande étendue sont couverts d'un tapis continu de ce Saule gazonnant. D'autres « vallons de neige » se revétent d'un tapis grisátre de Gna- phalium supinum ; les plantules naines, à peine hautes d'un centi- mètre, formées d'une petite rosettede feuilles poilues, surmontées par un capitule minuscule, se pressent sur le sol noir. Elles sont trés souvent accompagnées de l'Alchemilla pentaphyllea, plante trés caractéristique des vallons de neige, qui couche ses longues tiges rouges sur le sol. Puis vient la plante fourragére par excellence de nos Alpes, le Meum Mutellina, Ombellifère à rhizome aromatique et à feuilles trésrecherchées par le bétail. Elle forme de longs stolons souterrains noirs, partant du col d'une racine à pivot trés forte, enfoncée trés profondément dans le sol; dans les herbiers, on ne trouve ordinairement qu'un stolon arraché. Par cette manière de sétaler la plante arrive en peu de temps à couvrir de grands espaces de terrain. Les deux Soldanelles (Soldanella alpina et pusilla) entrent aussi trés souvent dans la composition de cegazon. IH Les types de végétations dont nous avons parlé jusqu'à présent, appartiennent tous à la formation du « pré», c'est-à-dire à une association de plantes herbacées, couvrant le sol d'une couche continue de végétation. Les suivantes s'en distinguent par ce fait, qu'elles consistent en individus plus ou moins isolés, laissant entre eux le sol libre. 6. La « formation des herbes élevées », les « Karfluren », de Kerner. On pourrait désigner de ce nom la végétation du sol riche en humus au pied des rochers, sur les pentes buissonneuses de la région sulbapine et alpine, où se dressent en développement souvent gigantesque les rangées des Adenostyles alpina et albi- frons, des Mulgedium alpinum, des Aconitum Lycoctonum, Napellus et paniculatum, mélées du feuillage finement découpe de Cherophyllum Villarsii, des grandes ombelles d’ Imperatoria Ostruthium et des capitules blancs d’Achillea macrophylla. C. SCHRŒTER. — ASSOCIATIONS DE PLANTES. CCCXXXI Souvent cette formation envahit aussi le sol des foréts de Sapins clairsemées. Nous l'avons rencontrée en amont de Fionnay et en aval de Mauvoisin. Un sous-Ltype trés bien caractérisé de cette formation est la « Lägerflora », la flore des « reposoirs du bétail », c'est-à-dire des places voisines des bergeries, ou du pâturage où le bétail se rassemble et où le sol est trés riche en engrais. C'est une végétation luxuriante de plantes nitrophiles, que le bétail ne touche pas: Aconitum Napellus, Rumex alpinus, Chenopodium Bonus-Henri- cus, Urtica dioica et la forme vivace, tracante de Poa annua, la variété supina Schrader, qui souvent forme des tapis étendus d'un vert gai. Cette Graminée n'est broutée que par les porcs. Les buissons qui se mélent à la formation des herbes élevées prennent souvent peu à peu le dessus et forment à la fin une végé- tation close sous-arborescente. Au-dessus du chemin de Mauvoisin à Torrembey (rive gauche de la Drance, pentes exposées à l'Est), elle se composait de Rhododendron ferrugineum, Lonicera cœru- lea, Rubus ideus (à 1900 mètres), Salix arbuscula et hastata, Alnus viridis et Daphne Mezereum. 7. La « flore des éboulis » est aussi une de ces formations qui se composent d'individus séparés. Elle est naturellement bien différente selon les régions; prenons celle de la région alpine. Parmiles plantes formant colonies sur les éboulis alpins in- eultes, on peut distinguer deux types qui différent essentiellement dans la manière dont elles se sont adaptées à leur station. Les premières forment de longs stolons qui émergent toujours victorieusement des pierres qui menacent de les ensevelir ; elles s'allongent tout simplement et sortent cà et là avec des tiges flori- fères éparses; un seul individu peut de cette manière couvrir un espace considérable. Ainsi se comporte le Thlaspi rotundifolium que nous avons cueilli à Zermatt ; ainsi encore le Trisetum distichophyllum qui traversait de ses longs stolons les alluvions de Bonatschesse et les graviers de la Drance en amont de Mauvoisin ; le Petasites niveus et bien d'autres. Le second type oppose une résistance moins passive aux mau- vaises dispositions de la station : au lieu de se courber et de ramper, chaque individu forme un gazon compact, où des CCCXXXII SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. centaines de pousses se pressent l'une contre l'autre, le tout ancré par unelongue et solide racine à pivot. Souvent, par le mouvement des éboulis, le gazon descend la pente et semble de plus en plus suspendu à sa racine. Les pierres et la terre s'accumulent derrière l'obstacle formé par le gazon et, peu à peu, il se forme de cette maniére une sorte de marche d'escalier que l'alpiniste connait et apprécie. Le mouvement de la pente est ralenti et à la fois arrété de cette maniére; nos vaillants gazons forment les premiers points fixes, d’où le tapis végétal commence à prendre possession d'une pente auparavant stérile. C'est un chapitre intéressant de l'histoire du combat dela végétation alpine contre le climat et la station, combat qui ne manque pas d'intérét dramatique. Ce sont surtout quelques arbustes nains qui se comportent de cette manière : Dryas octopetala, Salix retusa et serpyllifolia. J'ai ramassé au col Bernina sur des éboulis de gypse à 2500 mètres un exemplaire de Salix serpyllifolia qui était suspendu à une racine longue de 4 mètres ; elle était tendue comme une corde, et le buisson formait, comme d'ailleurs toujours dans cette espéce, une sorte de treillage serré de branches formantangledroit avec la racine et figurant une grille qui retenait tout un amas de pierres en suspension. La courte tige «e cet arbrisseau avait 1™,54 de diamètre et montrait 70 couches innuelles ! Nous avons rencontré l’espèce se comportant de cette manière à Chanrion et au Schónhorn (Simplon); d'autres plantes d'éboulis de ce type récoltées par nous sont : Saxifraga oppositifolia, Li- naria, alpina, Alsine recurva, Galium helveticum. 8. De la « flore des rochers » qui est une troisième formation de plantes, à individus épars, je ne veux citer qu'une seule forme typique de plantes, qui est une des expressions les plus fidéles du climat alpin : ce sontles « Plantes à coussinet » (Polstespflanzen). On connait l'habitus de ces petites colonies végétales : ce sont des demi-boules reposant par leur base aplatie sur le rocher, plus rarement sur le sol, et consistant en pousses serrées, qui forment une surface unie, surmontée seulement par les fleurs ou les fruits. Les Androsace helvetica et imbricata (Findelen)et le Silene exscapa représentent au mieux ce type. Nous avons ramassé à Chanrion un coussinet de la dernière espèce ayant un diamètre et une hauteur extraordinaires ; la surface était comme faite au tour, une surface C. SCHR(ETER. — ASSOCIATIONS DE PLANTES. CCCXXXIII mathématique de sphére; les fruits enfoncés et se terminant au niveau des pousses vertes formaient autant de petits trous. En coupant un decescoussinets, on voit rayonner les pousses du col de la racine pivotante toujours trés vigoureusement développée pour bien fixer dans le sol ce bloc vivant qui pourrait sans cela étre enlevé par les vents furieux des hautes Alpes. Les pousses rayonnant et se multipliant en s'approchant de la surface restent longtemps couvertes de feuilles mortes; ainsi tout l'intérieur forme un systéme compliqué de capillaires, une sorte d'éponge végétale. Aussi cette éponge est capable d'absorber et d'emmagasiner de grandes quantités d'eau ; la couverture con- tinue formée par les pousses vertes serrées ralentit l'évaporation, et ainsi la plante se procure par son mode de croissance un réser- voir d'eau pour les temps de sécheresse. C'est une adaptation xérophytique pur sang, et nous la comprenons, car les localités où nos plantes se trouvent sont souvent trés pauvres en humidité : rochers nus, exposés au soleil ardent des grandes hauteurs, et n'offrant que de petites fentes remplies-de terre pour recueillir l'eau ; voilà bien une station de xérophytes ! Nous avons récolté l'Androsace imbricata sur les rochers au- dessus du glacier de Findelen au pied du Rothhorn à une altitude d'environ 2300 métres. Dans les pentes gazonnées au pied de ces rochers s'étalait, parmi le Semperviretum (formation du Carez sempervirens), le tapis vert des buissons de Juniperus Subina. Cette espèce, qui, dans les forêts de Pins et de Bouleaux, sur les pentes brülées, dans les parties inférieures de la vallée de Saint- Nicolas, couvre le sol sur de grands espaces et remplit l'air de son arome, cette espèce nettement « xérothermique » s'associe ici à une espèce nivale, ne descendant guère au-dessous de 2300 mé- tres. Ce contraste, ce contact du Midi et des hautes Alpes nous a beaucoup frappés. Il s'explique, d'un côté par l'influence de la station xérophytique, de l'autre par la nature robuste de l'arbuste en question : la forte insolation lui garantit la chaleur méridionale de sa région natale, la forte cuticule et la consistance robustes de ses feuilles squamiformes le protégent contre l'hiver long et dur des hauteurs, et contre le plus grand danger que courent les plantes toujours vertes dans les hautes Alpes : le risque de dessé- cher pendant la période du printemps, quand les feuilles trans- pirent déjà, tandis que le sol gelé ou trés froid ne permet pas aux CCCXXXIV SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE, AOUT 1894. racines de faire monter l'eau nécessaire! Voilà pourquoi tous les arbustes à feuilles persistantes de la région alpine ont des caractères nettement xérophytiques, des adaptations bien pronon- cées contre le desséchement. Nous avons reconnu dans le coussinet un réservoir d'eau; cette adaptation xérophytique est souvent complétée par une forte couche de poils protecteurs sur les feuilles (Androsace imbricata). En mème temps qu'une adaptation xérophytique, le coussinet est une adaptation « converse », faite pour tirer profit de la chaleur -du sol en s'appliquant contre lui; on sait qu'en montant, la chaleur relative du sol augmente beaucoup à cause de la plus forte insolation. En troisième lieu, le coussinet est une adaptation au manque d'humus sur le rocher: la plante, par la couverture épaisse et sans lacunes de ses pousses extérieures, protège l'humus formé par elle-màme contre le vent qui tend à l'enlever; plus encore, elle collectionne dans les plis innombrables de l'intérieur du coussinet les débris inorganiques et organiques apportés par ce méme vent et se crée de cette manière la terre dans laquelle ses racines pui- sent les substances nutritives. Cette faculté hwmifaciens offre une analogie trés curieuse avec celle des épiphytes des tropiques, qui, se fixant sur des branches d’arbres, ont souvent, comme l'a montré Goebel, des adaptations spéciales pour collectionner les détritus apportés par le vent et les pluies. Dans les deux cas, c’est la pauvreté en humus des substances qui provoque ces adap- tations. Outre les espéces déjà citées (Androsace helvetica, glacialis, imbricata, Silene acaulis et exscapa), nous avons observé les cous- sinets des plantes suivantes : Artemisia glacialis, Alsine Cherlen, Saxifraga bryoides, varians forma compacta, exarata, Gentiana bavarica var. imbricata, Draba tomentosa, Eritrichium nanum. Nous trouvons donc dans les plantes à coussinet l'expression la plus fidèle des influences de climat et de station qui agissent Sur la végétation des hautes Alpes! S'appliquant au sol chaud, elles évitent l'air froid, se garantissent des dégâts causés par les neiges entassées, profitent plus longtemps de la protection contre le froid offerte par la neige et évitent le danger d’être déchirées et déracinées par les ouragans furieux des cimes et. des crétes. Le C. SCHRŒTER. — ASSOCIATIONS DE PLANTES. CCCXXXV raccourcissement de toutes les parties végétales, le peu d'accrois- sement annuel montrent l'effet de la forte lumiére et de la courte durée de la période de végétation. Les qualités du coussinet comme éponge absorbant et gardant l'eau sont dues à la sécheresse de la station qui est augmentée par l'intensité de l'insolation, les vents forts, l'air raréfié; les poils protecteurs, qui le plus souvent cou- vrent ces plantes d'un feutrage blanc, leur servent à diminuer la transpiration, en modérant l'échauffement et en calfeutrant les Stomates. Les fleurs précoces qui recouvrent complétement de leurs couleurs éclatantes les coussinets, et font de ces plantules autant d'ilots coloriés sur le fond absolument stérile des rochers, ces fleurs montrent, par leur grandeur relative et leurs couleurs brillantes, la richesse de la lumiére alpine en rayons ultraviolets, en rayons « florigènes ». NOUVELLES (15 novembre 1895.) — Notre confrère, M. le D" Paul Vuillemin, a été nommé professeur titulaire de botanique à la Faculté de médecine de Nancy. — M. E. Reverchon, à Bolléne (Vaucluse), se propose de faire en 1896, un voyage botanique daus la Kabylie du Djurdjura, les environs de Ho, etc. Il prie les botanistes désireux de s "inscrire à ce voyage de s'adresser à lui avant le 1* mars 1896, pour les conditions et rensei- gnements. i Son nouveau Catalogue de 1895 (Albaracin, Origueta, sources du Tage, ete.), vient de paraître et sera envoyé snr demande. Le Secrétaire général de la Société, górant du Bulletin, E. MALINVAUD. —— 1136. — Lib.-Impr. réunies, rue Mignon, 2, Paris. — May et MOoTTEROZ, directeurs. TABLES DU VOLUME QUARANTE ET UNIEME (1804) (Troisième série. — TOME I"). L- ÉTAT DU PERSONNEL. Liste des membres de la Société au 1** mars 1894.......... baee cdi. à 5 Liste des membres rangés par pays et en France par départements..... 20 Membres: décóédés en 1000. :. 1.115555 oien eei NVORA Bcess 23 Membres rayés us de UE e C RC VT EI. i d es. 2 Hl. — COMPTES RENDUS DES SÉANCES TENUES A PARIS. SÉANCE DU 12 JANVIER 1894. Allocution du nouveau Président, M. Guignard............. FS LL. ue 25 Décès de MM. Hasskarl et D* Quindnaud...,.....,.,..44,....u.c.. s 25-26 MM. Bureau et Fliche récemment décorés reçoivent des félicitations... 26 Dons faits à la Société. : 1.2. 03 NN ee cc vs tie costa ERO 26-27 M. G. Camus signale des localités nouvelles de Poa palustris et de Stel- laria glauca ......ee eer ether à bó cte) edp ret md La Société adopte une nouvelle rédaction des articles 72 et 73 du Règle- | ment A coe er he 21 Gillot. — Variations paralléles à fleurs, rouges des espéces du genre Galium.. 28 Paris. — Lettre à M. Bescherelle (Index bryologicus)..............,.......... 30 Mangin. — Sur là constitution du mucilage de la graine de Lin............... Ard Le Grand. — Sur l'Allium subhirsutum de Belle-lle....................... - 95 Observations de M. Malinvaud.......................... 0 Ad 36 Flahault et Combres. — Sur la flore de la Camargue et des alluvions du , Rhóne. (PLANCHES I, Il nr IO eee etes doser che E 37 TO xb. CCCXXXVIIT TABLES DU VOLUME XLI. SÉANCE DU 26 JANVIER. Admission de MM. de Boissieu, Holm et Lachmann........... hio WE Commissions annuelles nommées par le Conseil d'administration..... ro Bonnier. — Remarques sur les différences que présente l'Ünonis Natrix cultivé sur un sob calcaire ou sur un sol sans calcaires... e. orooro . Van Tieghem. — Sur la structure et les af(inités des prétendus genres Nallogia CE TruariAron- a us QUE DE e ec Géneau de Lamarliére. — Excursions bryologiques dans le Bas-Boulonnais... Du Colombier. — Catalogue des Mousses rencontrées aux environs d'Orléans, dans un rayon de huit à dix kilomètres....,........,... aM AC Bescherelle. — Contribution à la flore bryologique du Tonkin (3* Note)........ W. Russell. — Observations sur quelques cas de fasciation............... 0 Lemaire. — Sur deux nouveaux colorants applicables à l'étude des méristèmes. Observation de M, Flot............ 3a6GCEUH CC nooncdobod5StaoOcoOoC SUO M. Mer fait connaitre un procédé qui a pour but de préserver les bois de ilr i Tr SOROUODUDE sos eee Coupin. — Sur l'eau libre dans les graines gonflées........... jooSocodoc bouc G. Gautier. — Extraits de lettres à M. Malinvaud (localités françaises des Saus- surea MACCOPRYLLA et GPN, EC)... E OO UU SÉANCE DU 9 FÉVRIER. Admission de MM. l'abbé Bach, Bourquelot, Guérin et Pouchin.......... Dons faits à la Société -—— EPI we. e» . ees H. Coste et Fr. Sennen. — Plantes adventices ee dans P vailés de l'Orb, à Bédarieux et à Hérépian (Hérault)................... fores Mesnard. — Localisation des huiles grasses pendant la formation des graines ot dos WIS o i re a a S Observations de MM. Mangin et Guignard; réponses de M. Mesnard..... Van Tieghem. — Structure de la racine dans les Loranthacées parasites. ...- Godfrin. — Une forme non décrite de bourgeon dans le Sapin argenté...... . Hue. — Lichens des environs de Paris, 2 partie...... IUVENI boca . SÉANCE DU 23 FÉVRIER. Admission du R. P. Gave et de MM. Godet et Guimond... ....---: e. Géneau de Lamarliére. — Flore maritime des environs de Quinéville (Manche). Van Tieghem. — Sur la classification des Loranthacées............ een th nnm. SÉANCE DU D MARS. Réunion en assemblée générale............... ennt secorre? Dons faits à la Société ior: o ex 1. Aun SS c FCRC Adoption par la Société d'une proposition de changement dé l'article 10 des Staluls cus Visite AME Mic e ELS der C EE er 161- 166 II. — SOMMAIRES DES SÉANCES. CCCXXXIX B. Martin. — Le Scleranthus uncinatus Sch. des Cévennes doit-il conserver son nom actuel ou prendre à l'avenir la dénomination de S. polycar- Dos LE... PE urine rosi salira A a dete Ta E es H. de Vilmorin. — Sur un Salpiglossis sinuata sans corolle......... rie A. Chatin. — Importance de la localisation des organes dans l’appréciation de Iólévation dés espèces Vépétales.. 15.5 4. soon LES UH OdOC SÉANCE DU 13 AVRIL. ' Décès de M. Alph. Derbès,.:-:. 1... a a E e DOSE Admission de M: Gaillard. o aaa a eo ca res erat ee Subvention de 1000 francs du Ministère de l'Instruction publique..... Dons faits à Dt Societé nno 0 orci Sorel eiae iE SE P. Duchartre. — Note sur des fleurs soudées d'un Bégonia tubéreux......... Gain: — Sur une galle du Chondrilla juncea L.................,.......,... Bourquelot. — Sur la nature des hydrates de carbone insolubles entrant dans la composition du Lactaire poivré............. bre cn ee re Van Tieghem. — Sur les Loxanthera, Amylotheca et Treubella, trois genres nouveaux pour la tribu des Élytranthées dans la famille des Loran- dliacées; nn nee eee. A IO a DU ari] Gagnepain. — Nouveaux cas tératologiques...... Au S Trabut. — L’Aristida ciliaris Desf. et les fourmis............... Dodo - Observations de M. Duchartre sur un cas de croissance en spirale du tubercule de l'Igname de Chine........ Socobesase dud ni EA SÉANCE DU 27 AVRIL. Décès de Mo Rare iiie.. SL OU a DEO TOC ape SOCO CCG D dc Daveau. — Note sur deux Cyperus de la région méditerranéenne (C. pallescens Desf et C- Turfüsus Salzm,) (BEANCHE IN): i. Ce ne P. Vuillemin. — Sur la structure du pédicelle des téleutospores chez les Puc- ET SECTE is ai Vi. cA roses iy Clos. — Du démembrement du genre Hypericum et d'une singulière méprise afférente. à l'Helode£ d'Adanson...................., OCCUPA F. Camus. — Découverte par M. Morin de l'Hymenophyllum Wilsoni Hook. dans les Cótes-du-Nord ....... 2000490012 0078 y e cM dE Pis . A. Chabert. — Les variations à fleurs rouges de certains Galium....... frise Observations de MM. Duchartre et Malmvaud.......... Si Sie Tao. i. SÉANCE DU 11 MAI. Bons faits à la SOCréLé 9... 4:15 2-0... ies ERO Delacour. — Note sur la situation financière de la Société à la fin de l'exercice 1893 et propositions pour le budget de 1895.............. eR pd T Subvention de 1000 francs accordée par M. le Ministre de l'Agriculture. Rouy. — Plantes nouvelles pour la flore européenne.................. ..... Arvet-Touvet et Gautier. — Hieracium nouveaux pour la France ou pour FBEAEBA. es cud E NU E 0 0 Boudier. — Sur. une nouvelle observation de OPES de PE ou filaments cirroides préhenseurs chez les Champignons.................,.,.... 203 216 217 241 241 241 241 242 252 254 257 269 272 273 275 275 285 290 302 302 305 321 322 325 325 328 371 CCCXL TABLES DU VOLUME XLI. L. Mangin. — Sur la constitution de la membrane chez quelques Champignons, en particulier chez les Polyporés........ né du dC a di tas du ec Prillieux et Delacroix. — Maladie bacillaire des Vignes du Var........ sé. A. Chatin. — De l'hermaphrodisme dans ses rapports avec la mesure de la gradation des végétaux...... 3o0nobcoooUUcOGOODeCdocQcOC 3ceooDoocc Clos. — De la marche à suivre dans la description des genres; autonomie et circonscription de quelques-uns d'entre eux....... OOo; sooouopoc . Observations de MM. Rouy et Guignard............. Jusocgk eno SÉANCE DU 25 MAI. DÉCES qi M: lülicosoocoobtododdonUgOU OG OOUOHBOOD C ondsoucooooG Le Goodyera repens découvert par M"* Beleze dans la forêt de Ram- bouillet..... wi Mil tU diets eee Anhurees e tuU M. Mangin présente des observations sur une altération présentée par GU BEJNA. ie sosie LL a su ae eee ce Se rd Rouy. — Sur quatre planies rarissimes de la flore européenne............... SÉANCE DU 8 JUIN. Admission: de M-.Radais. 5... eee ücetanoocodc secet quam e Dops fans à a S001616:;-. 520.7... eee soccer Guignard. — Sur quelques propriétés chimiques de la myrosine.......... ett Gain. — Sur une plantule anormale de Quercus pedunculala Ehrh........ L'Orchis incarnata récolté par M. G. Camus à Meudon. ........ je Molliard. — Surles modifications produites dans les épillets du Bromus secali- nus infestés par le Phytoptus dubius Nal............ E UR ee Van Tieghem. — Aciella, genre nouveau de la irit des Élytranthées dius la famille des Loranthacées............ a DoUto T Gadeceau. — L'Allium subhirsutum cultivé à Belle~Ile-en-Mer.... +» $e e SÉANCE DU 22 JUIN. M. Paul Yuillemin proclamé membre à vie.....,.......... xs B DC Ouvrages offerts à la Société............... neci ud TUE e Vuillemin. — Association parasitaire de l'(Ecidium punctatum et du Plasmo- para pygmaa chez l'Anemone ranunculoides............ Qu co en X. Gillot. — Notes tératologiques........ uuu E UR DE B OE Observations de M. Mahnvaud. 2... m HM UE M es.. Plantes observées par M. Magnin dans divers lacs....... t0 $ Gandoger. — Herborisations dans le massif du pic Carlitte (Pyrénées-Orien- tales). rov seed E UL e VU Dal ete sap dde eid. es ru rw V . Mandon: — Lettre à M. Malinvaud sur des plantes nouvelles pour la flore de LHérault- he uer rede zl re Me Ap SÉANCE DU 13 JUILLET. Dons faits à la;Société........ (x des clu. d (eeepc seuquese tre EE Pirola chlorantha et secunda trouvés prés de Clermont-Ferrand....--: 375 381 386 390 400 401 401 401 401 417 417 418 428 430 430 433 463 II. — SOMMAIRES DES SÉANCES. CCCXLI Rozo. — Recherches sur les Ruppia: (PLANCHE V).........s.eese esee sssesss 466 Van Tieghem. — Quelques genres nouveaux pour la tribu des Loranthées dans ..la famille des Loranthacées...... "rriv E rrers ii bacon v«sndehpss ABE Observation de M. Guignard et réponse de M. Van Tieghem........ 489-490 Gain. — Sur la variation du pouvoir absorbant des graines............. dés UD SÉANCE DU 27 JUILLET. Décés de M. l'abbé Sauze........... TST E ar sss 499 Lettre de M. Pellat (hommage rendu à la mémoire de M. l'abbé Sauze). 496 Admission de M. Gérard, recteur de l'Académie de Montpellier....... 2: 4906 Dons faits à la Sels rc E AUE e E O ON . 496 Van Tieghem. — Sur le groupement des espéces en genres dans les Loran- thacées à calice dialysépale et à anthéres basifixes....... UC Se. 497 Du Colombier. — Contribution à la flore bryologique du département du Loi- Xd eo aoocuoDcOgOE sodgocoopodadUod od ee scangaotucodgout ee: O1 Battandier. — Notes d’herborisation. (PLANCHE VI)......... Lan poires . 512 Décès de M. Paul Maury, annoncé par M. Poisson..................., > 917 : Copineau. — Lettre à M. Malinvaud sur les roses du Saule....... pesia 104.518 M. Malinvaud présente des échantillons d'Amsinckia intermedia décou- vert par M. Gagnepain dans la Nièvre................ ———— . 519 Observations de M. Malinvaud au sujet d'un ouvrage de M. Otto Kuntze intitulé Études de nomenclature. . ..... .. wo Kc c pp NC rire SÉANCE DU 9 NOVEMBRE. Décés de M. Pierre Duchartre. Hommage rendu à sa mémoire......... 529 La séance est levée en signe de deuil................ strate . 990 SÉANCE DU 23 NOVEMBRE. Admission de MM. Grecescu et l'abbé Violleau..................osc.e OSL DONS Taits à la SOCIE Cade eec eb ee -tecoeene o renocooeeeee cos. un] Van Tieghem. — Quelques compléments à l'étude des Loranthées à calice dia- lysépale et anthéres basifixes, ou Phénicanthémées.....,.,.......,.. 533 Vuillemin.— Polymorphisme normal dans les fleurs du Cornus sanguinea et faits tératologiques analogues...............,........ vasivsiovéioss OUI H. Marcailhou. — Lettre à M. Malinvaud sur le Subularia aquatica dans CREER) 555 FAFbge nn donc eee eeer-ecebsveo due vase koc te Daveau. — Lettre sur l'Eragrostis Barrelieri.............. SF sonne DUO A. Chatin. — Truffes (Terfàs) de Tunisie et de Tripoli........... T S vs 598 Daguillon. — Quelques observations tératologiques......................... 561 Héribaud-Joseph. — Nouvelles additions à la flore d'Auvergne...... laevi | Observation de M. Malinvaud.............. PU E d ODDO . 910 SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE. Décès de M. Gaston de Lavau.......................... Séheiveniers MIU 571 Admission de M. Bornait-Legueule............................. oo CCCXLII TABLES DU VOLUME XLI. Ouvrages offerts à la Société par M. Bureau....... JeGcooGcogoOodgucesc M. le Président donne lecture d'un décret qui modifie l'article 10 des Statuls- ons. ce e pacte D uode onc uboon dcoc H. Coste et Fr. Sennen. — Diagnoses de quelques nouveaux Centaurea et Teu- crium hybrides, découverts dans l'Hérault et dans l'Aveyron.......... Gillot- — Valéhanes à tiges joomifrueuses.... er cutie etes eiu EERCRERIS Degagny. — Recherches sur la division du noyau cellulaire chez les végétaux. Van Tieghem. — Trithecanthera, Lysiana et Alepis, trois genres nouveaux pour la famille des Doranthacéees--- nesre e soccer AGO bc Gagnepain. — Nouvelles notes tératologiques........................ se EE Géneau de Lamarliére. — Deuxiéme Note sur la flore maritime du départe- o ment de la Manche eee E E a a re Observauon de M. Barca: 2... ne. ce. -eoee ct . Le Grand. — Un Potamogeton stérile récolté dans le Cher (P. compressus L.). Présentation de diverses plantes par M. Buchet........................ Lecture de communications de MM. A. Chatin et Trabut........ sA nongde SÉANCE DU 14 DÉCEMBRE. Elections.. 3015101: rie Nbre edes £s sr as c Me sonores Bureau et Conseil d'administration de la Société pour 1895..... sec La Société vote des remerciements à M. Guignard, Président sortant... . 574 971 513 587 588 597 605 612 617 618 619 619 619 622 622 HI. — SESSION EXTRAORDINAIRE TENUE EN SUISSE. Listes des personnes qui ont assisté à la session... ..,............ RÉUNION PRÉPARATOIRE DU 5 AOUT 1894. Allocution de M. bhodil loo su 9 a rA Discours prononcé par M. Dunant.......... I IN Allocution do M. Güignard. ia a Discours de M. Christ......... Senec cel i T T Constitution du Bureau spécial de Ja session................,... Programme de la session....... euo TO De SAND SÉANCE DU 5 AOUT. Gillot. — Influence de la composition minéralogique des roches sur la végétation; colonies végétales hétérotopiques............. cac Observation de M. Christ................ e M oc H. Jaccard. — Sur une nouvelle variété d'Echium (E. vulgare var. va- lesiacum), longtemps confondue avec l'E. italicum. ........... Bourquelot. — Sur la présence de l'éther méthylsalicylique dans quel- ques plantes indigeénes............ sui sssaa slve rv e Ens «s Observation -dö Me Ohodits5,;.;:...,..,,..... 06 Abe e L. Mangin. — Sur un essai de classification des mucilages............ Hua. — Observations sur le genre Palisota à propos de trois espèces nouvelles du Congo............ él o vus Tex IPS d. Re SÉANOE DU 6 AOUT. Ch. Flahault. — Projet de carte botanique, forestière et agricole de la France.......... see S ODD UM Ag T Ar Vœu émis par lassemblée, sur la proposition de M. Guignard, à propos de la Communication précédente.......... AOHOOUUOOU OC Huber. — Sur l'Aphanochete repens A. Br. et sa reproduction MET (PLANCHE NV)... Los Bouc 2-5429409009.- 211955 0: 01e Guignard. — Sur l'existence et la localisation de l'émulsine dans les plantes du genre Manihot.............................,..... Présentation du Baitarea phalloides par M. Ernest Olivier....... JI-J11 XII XITI-XV XVI XXXVI XXXVI XXXVII XL Xt L LVI XCIHI XCIV Cil CVII CCCXLIV TABLES DU VOLUME XLI. M. de Wildeman signale le découverte du Vaucheria De-Baryana aux environs de NANCY... ce: 5 10e Ananas cvi Ant. Magnin. — Contributions à la connaissance de la flore des laes du Jura suisse. (PLANCBES IX et X)............. e eee erre CVIII M'° Rodrigue. — Contribution à l'étude des mouvements spontanés et provoqués des feuilles des Légumineuses et des Oxalidées..... CXXVIII Chodat. — Remarques sur le Monostroma bullosum Thuret. (PLANCHE EID ncn EIN nsu oc eue see ones CXXXIV Chodat et Huber. — Sur le développement de l’Hariotina Dang....... CXLI! Edm. Bonnet. — Un exemplaire de l Historia Stirpium Helvetiæ, annoté par Haller: e ee 5 ee e uo SO CO rec os CXLVII F. Camus. — Note sur le Cryphea Lamyana (Mont.).................. : CLí Proposition de M. Otto Kuntze relative à la réunion d'un Con- grés chargé de reviser les lois de la nomenclature botanique... CLXIII L'assemblée se déclare incompétente sur cette question.......... CLXIV Visite aux Herbiers de Candolle, Delessert et Barbey-Boissier..... CLXIV Banquet à Fb National... eere ren BUD B OUGC CLXIV Allocuton de M. Christ: -on E a e aae 5cdodoot CLXV Visite à l'Herbier Burnat, à Nant-sur-Vevey....... xe dd — CLXV! SÉANCE DU 15 AOUT. M. Chabert, vice-président, ouvre la séance par une allocution.... CLXVII Admission de MM. Chodat, Fischer, Perrot, Schræter et Wilezek.... CLXVII Ed. Fischer. — Contributions à l'étude du genre Coleosporium. .. . CLXVIIH Observations de MM. Chabert et Fischer........ ducc o o ARTE CLXXIII F.-0. Wolf. — Sur trois nouveaux hybrides du genre Hieracium... CLXXIV M. Wolf remercie les Sociétés française et suisses d'avoir choisi le Valais comme champ d’exploration................... por CLXXI Le Président de la séance répond à M. Wolf et fait l'éloge de la So6iót6 Muritienbe:...o. usse. annee endo verre . CLXXVI A. Chabert. — Sur la conservation du Genépy dant; nos Alpes......... CLXXI Vou tendant à l'interdiction de l'arrachage du Genépy.......... CLXXIS Proposition faite par M. Charras de tenir la prochaine session : extraordinaire à Marseille ou à Toulon........ eese CLXXIX Observations de MM. Legré et Mangin. — Vœux adoptés par la Société rt M À CLXXIX-CLXXX Remerciements adressés, au nom de la Société botanique de France, par M. Guignard, son président, au Comité d'organisation et au Bureau de la session............... us rare su Pied rousa SE" CLXXX Allocution de M. Chabert. — Clôture de la session............... CLXXXI Vin d'honneur offert par le Conseil d'État du Valais..... ...... 5 CLXXXI Discours. de M. L. Guignard: nii.. L En TS CLXXXI Télégrammes envoyés à M. Malinvaud, secrétaire général, et à MM. Christ et Burnat.. CLXXX!! III. — SESSION EXTRAORDINAIRE EN SUISSE. RAPPORTS SUR LES EXCURSIONS. Drake delCastillo. — Visite aux Herbiers de Candolle, Delessert, Boissier et Burnat 255-0909. esee cest ee uen voor. Ph. de Vilmorin. — Rapport sur les Jardins visités. ...... b dc en Sauvageau. — A propos de la visite faite au Jardin botanique alpin «ba LINNEA ie 40.2040 Srl OGGI COE Hit Réchin et F. Camus. — Rapport sur les Muscinées récoltées pendant la session extraordinaire en Valais........ D SiL ones Boudier et Fischer. — Rapport sur les espèces de Champignons trou- vées pendant l’assemblée à Genève et les excursions faites en Va- lais par les Sociétés botaniques de France et de Suisse......... Chodat et Flahault. — Liste des plantes récoltées par la première sec- oni ou d dd AERA Io LIEN LUE AREE RT EE SO et E. Wilczek. — Notes sur les plantes trouvées en Valais, de Marligny au Grand-Saint-Bernard, à Zermatt et de Brigue au Simplon....... R. Chodat. — Remarques de géographie botanique relatives aux plantes récoltées dans les vallées de Bagnes et de la Viège, ct au Simplon. G. Camus et M'* Camus. — Plantes récoltées à Morcles (canton de Vaud) et à la montagne de Fully (Valais)..................... C. Schreter. — Notes sur quelques associations de plantes rencontrées pendant les excursions dans le Valais............. Onguac uude CCCXLV CLXXXI1II CXCVIII CCv CCXVII CCXXXVII CCXLIX CCLXV CCLXXVIII CCCXI CCCXXII IV. — TABLE ALPHABÉTIQUE DES NOMS D'AUTEURS. Arvet-Touvet et Gautier (Gaston), 328. Battandier (J.-A.), 512. — Beleze (M'!* Marguerite), 401. — Bescherelle (Émile), 77. — Bonnet (Edmond), cxLvir. —. Bonnier (Gaston), 59. — Bornet (Éd.), 160. — Boudier (Émile), 371. — Boudier et Fischer, ccxxxvit. — Boulay (abbé N.), 236. — Bourquelot (Émile), 254, xxxvii. — Buchet (Samuel), 619. Camus (Fernand), 302, cL1; voy. J. Réchin. — Camus (Gustave), 27, 430. — Camus (G.) et Camus (M'*, cccxr. — Camus (M° Aimée), voy. G. Camus. — Chabert (Alfred), 302, CLXVIH, CEXXIH, CLXXVI, CLXXXI. — Charras (A.), cuxxix. — Chatin (Adolphe), 217, 386, 558, 619. — Chodat (R.) V, XL, CXXXIV, CCLXXVIIL — Chodat (R.) et Huber (J.), cx.u. — Chodat (R.) et Flahault (Ch.), cexLix. — Christ (Hermann), IX, xxxvi, CLxv. — Clos (D.), 290, 390. — Combres (Pierre), voy. Flahault. — Copineau, 518. — Coste (abbé H.) et frére Sennen, 98, 573. — Coupin (Henri), 91. Daguillon (Aug.), 561. — Daveau (Jules), 275, 556. — Degagny (Charles), 588. — Delacour (Théodore), 322. — Delacroix, voy. Prillieux. — Drake del Castillo (Em.), CLXXXIII. — Duchartre (Pierre), 242. — Du Colombier, 75, 511. — Dunant, V1. Flahault (Charles), Lvi, voy. Chodat. — Flahault (Ch.) et Combres (P.), 37. — Flot (Léon), 90. — Fischer (Édouard), CLXVIII, CLXXII; voy. Boudier. Gadeceau (Émile), 440. — Gagnepain, 269, 605. — Gain (Edmond), 252, 428. — Gan- doger (Michel) 452. — Gautier (Gaston), 93; voy. Arvet-Touvet. — Géneau de Lamarlière, 71, 133, 612. — Gillot (Xavier), 28, 446, 587, xvi. — Godfrin, 127. — Guignard (Léon), 25, 120, 418, 489, 529, VII, CIII, CLXXX, CLXXXI. Héribaud -Joseph (frère), 465, 566. — Hua (Henri), L. — Huber (Jacques), XCIV; Voy. Chodat. — Hue (abbé), 130, 166. Jaccard (H.), xxxvi. Kuntze (Otto), cxi. Le Grand (Antoine), 35, 618. — Legré (Ludovic), cxxix. — Lemaire (Ad.), 88. Magnin (Antoine), 451, cvi. — Malinvaud (Ernest), 36, 235, 238, 451, 519, 570. — Mandon (Edmond), 463. — Mangin (Louis), 32, 120, 375, 401, XL, CLXXIX. — Marcailhou d'Aymeric (H.), 555. — Martin (Bernardin), 203. — Mer (Émile), 90. — Mesnard (Eugene), 114, 190. — Molliard (Marin), 430. Olivier (Ernest), cvir. Paris (général), 30. — Pellat (Ad.), 496. — Prillieux (Édouard) et Delacroix, 384. Réchin (abbé J.) et Camus (F.), ccxvir. — Rodrigue (M"*), cxxviii. — Rouy ce 325, 401. — Roze (Ernest), 466. — Russell (William), 86. , Sauvageau (Camille), ccv. — Schroeter (Carl), cccxxir. — Sennen (frère), voy. abbé Coste. Trabut (Louis), 272, 619. Van Tieghem (Philippe), 61, 121, 138, 257, 433, 481, 490, 497, 533, 597. — Vilmorin a de), 216. — Vilmorin (Philippe de), cxcvirr. — Vuillemin (Paul), 285, 442, 91. Wilczek (Ernest), ccLxv. — Wildeman (de), cvir. — Wolf (Ferd.-Otto), CLXXIV; CLXXVI. V. — TABLE PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE DES NOMS D'AUTEURS DES PUBLICATIONS ANALYSÉES DANS LA REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. ACLOQUE (À.). Flore de France, 233. ARNOLD (F.). Fragments lichénologiques, 147. — Explorations lichénologiques dans le Tyrol, 154. Baroni (E.). Sur quelques Cryptogames récoltés prés de Tripoli, par le prof. R. Spigai, 145. — Contribution à la lichénographie de la Toscane, 146. — Lichenes pedemontani a cl. prof. Arcangeli in monte Cinisio et monte Rosa, annis 1876 ac 1880, lecti, 146. — Lichens récoltés par le prof. E. Rodegher dans l'Italie supérieure, 225. BAZOT (L.). Plantes vasculaires de lar- rondissement de Vitry-le-Francois (Marne), d'aprés les herborisations de MM. Thiébaut, Richon, Guillot, L. Bazot; Catalogue avec notes de géo- graphie botanique, 526. BESCHERELLE (Ém.). Énumération des Hé- patiques connues jusqu'ici aux Antil- les francaises (Guadeloupe et Marti- nique), 231. — Florule bryologique de Tahiti et des iles de Nukahiva et Mangareva, 648. — Flore bryologique du Japon, 650. BONNIER et de LAYENS. La végétation de la France. I. Tableaux synoptiques des plantes vasculaires, 625. BonweT (Ed.). Voy. C. Duval. BRIQUET (J.). Études sur les Cytises des Alpes maritimes, 630. — Indications d'Éperviéres rares ou nouvelles, 632. BROTHERUS (V. F.). Musci novi papuani, 647.— Musci africani, 1, 648.— Musci Schenckiani, 648. BUREAU (Ed.). Sur la présence d'une Ara- liacée et d'une Pontédériacée fossiles dans le calcaire parisien grossier, 521. — Voy. Acloque. CALAS (J.). Essences forestières des Pyré- nées-Orientales, 656. Camus (F.). Voy. C. Duval. CANDOLLE (A. de) et CANDOLLE (C. do). Monographie Phanerogamarum, etc. Vol. VIII. Guttifere, auctore Juliano Vesque, 411. CANDOLLE (Casimir de).Voy. A. de Candolle. CHODAT et HUBER. Développement des Pediastrum, 654. — Remarques sur le systéme des Algues vertes inférieures, 654. — Nouvelles recherches sur les Raphidium, 655. CLos (D.). Revision des tubercules des plantes et des tuberculoïdes des Lé- gumineuses, 406. ConBiERE. Nouvelle Flore de Normandie, 626. DANGEARD (P.-A.). Recherches sur les plantules des Conifères, 306. DEBEAUX (0.) Flore de la Kabylie du Djurdjura, 632. DuvaL (C.). Guide pratique pour les her- borisations et la confection générale des herbiers; avec la collaboration, pour les plantes cryptogames, de MM. Ch. Flahault, abbé Hue, F. Camus, Paul Hariot, abbé Hy et une lettre-in- troduction de M. Ed. Bornet, 232. FARNETI (R.). Mousses de la province de Pavie, 4° centurie, 231. FLAHAULT (Ch.). Voy. C. Duval. Foucaup (J.). Voy. Rouy. GowoNT (M.). Monographie des Oscilla- riées (Nostocacées homocystées), 408. HANSEN (Chr.). Recherches sur les Bac- téries acétifiantes, 652. HARIOT (P.). Voy. €. Duval. HECKEL (Ed.). Étude monographique de la famille des Globulariées, 520. HeDLUND (T.) Remarques critiques sur CCCXLVIII quelques espèces de Lichens des genres Lecanora (Ach.), Lecidea (Ach.) et Micarea Fr., 226. HÉRIBAUD. Voy. Joseph. HUBER. Voy. Chodat. HUE (abbé). Voy. C. Duval. HusNor (Th.). Muscologia gallica; 10° et 11* livraisons, 228. — Revue bryolo- gique, année 1892, 298; année 1893, . 299. HY (abbé). Essaisur les Lichens de l'An- jou, 153. — Note sur les Isoetes am- phibies de la France centrale, 319. — Voy. C. Duval. JATTA (A.). Lichens récoltés dans l'ile d'Ischia jusqu'au mois d'août 1891, 145. — La Pelligera rufescens Hoffm. var. innovans Flotow, 224. JosEPH (frére Héribaud). Éléments d'his- toire naturelle, Botanique, 652. KERNSTOCK (E.). Contributions lichénolo- giques, 224. LAYENS (de). Voy. Bonnier. LE GnAND (A.) Flore analytique du Berry; 2 édition, 315. LEGRÉ (Lud.). Trois herborisations aux environs d'Allos (Basses-Alpes), 629. LE Joris (A). La nomenclature des Hépa- tiques, 651. LESAGE (P.). Notes de Botanique : le Gui sur le Genét; le Lysimachia punctata L. dans l'Ile-et-Vilaine, 159. — Notions pour servir à l'étude du mouvement de la vapeur d'eau dans le sol et les massifs cellulaires, 406. LiGNIER (0.). Végétaux fossiles de Nor- mandie, Structure et afünités du Benneltites Morierei Sap. et Mar. (sp.), 522. MAGNIER (Ch.). Scrinia flore selectæ & Bulletin XHI (1894), 317. MANGIN (L.). Recherches anatomiques sur la distribution des composés pec- liques chez les végétaux, 307. MARCHAL (Em.). De l'action des Moisis- sures sur l'albumine, 403. — Sur la production de l’ammoniaque dans le sol par les microbes, 404. MARTIN (Em.). Catalogue des plantes vas- culaires et spontanées des environs de Romorantin (Loir-et-Cher), 595. TABLES DU VOLUME XLI. MASSEE (6.). Un nouveau Lichen marin, 147. MEYRAN (0.). Observations sur la flore du Plateau central de la France, 527. MicuELETTI (L.). Ochrolechia parella var. isidioidea Massal., 225. MorL (W.). Observations sur la division du noyau chez les Spirogyra, 310. MULLER (J.). Lichenes Knighliani in Nova Zelandia lecti, 148. — Lichenes Yatabeani in Japonia lecti et a cl. prof. Yatabe missi, 149. — Lichenes manipurenses a cl. D' G. Watt circa Manipur ad limites orientales Indie orientalis 1881-82 lecti, 150. — Liche- nes epiphylli Spruceani a cl. Spruce in regione Rio-Negro lecti, 151. — Lichenes Neo-Caledonici a cl. Ba- lansa in Nova-Caledonia lecti, 151.— Lichenes zambesici in Afric regione zambesica a cl. Menyharth lecti, 152. — Lichenes africani in variis ter- riloriis germanicis recenter lecti, 152. NAUDIN (Ch.). Voy. Sauvaigo. Rouy (G.) et Foucaup (1). Flore de France, ou Description des plantes qui croissent spontanément en France, en Corse et en Alsace-Lorraine, t. I, 155. RuPIN (Ern.). Catalogue des Mousses, Hépatiques et Lichens de la Corrèze, 647. Sauvaigo (E.). Les cultures sur le littoral dela Méditerranée (Provence, Ligurie, Algérie); avec une introduction de M, Naudin, de l'Institut, 235. ScmwiTz (Fr.). Le genre Actinococcus, 312. Soucm£ (B.). Flore du Haut-Poitou, 628. STEINER (J.). Contribution à la flore des Lichens de la Grèce el de l'Égypte, 227. STEPHANI. Hepaticæ chinenses, 649. STIZENBERGER. Les différentes CSpèces d'Alectoria et leur distribution gé0- graphique, 147. VESQUE (J.). Voy. A. de Candolle. ViAUD-GRAND-MaRAIS (A.). Note sur les Parmelia et les Physcia de l'ouest de la France, 154. V. — TABLE DE LA REVUE BIBLIOGRAPHIQUE. ZAHLRRUCKNER (A.). Contribution à la Flore des Lichens de la Basse-Autri- che, 148. — Sur la flore cryptoga- mique de la Haute-Autriche, 118. PÉRIODIQUES. Annales des sciences naturelles, 7° série, Botanique, tom. xix et xx, 633. Bulletin de la Société botanique des Deux-Sévres, ann. 1893 et 1894, 637. Bulletin de la Société d'études scienti- fiques d'Angers, 24* année (1894), 637. : Bulletin de la Société Linnéenne de Nor- mandie, année 1892, 640. CCCXLIX Bulletin de la Société royale de Bota- nique de Belgique, t. XXXI et XXXII (ann. 1892 et 1893), 640. Journal de Botanique, directeur.M. Louis Morot, 89 année (1894), 635. Le Monde des Plantes, 3* année (1893- 1894), 639. Mémoires de la Société d'émulation du Doubs, 1894, 638. Société — d'histoire naturelle 7* Bulletin, 1894, 638. Revue générale de Botanique, dirigée par M. G. Bonnier, t. VI (1894), 634. The Journal of Botany british and fo- reign, vol. XXXII (1894), 642. The bofanical exchange Club of the british Isles, Report for 1893, 616. d'Autun, NouveLLes, 96, 938, 320, 416, 528, 623, cccxxxv. NÉCROLOGIE : 25-26 (Hasskarl. Quinquaud), 160 et 241 (Derbès), 235 (ahbé Chabois- seau), 236 (D. Pierrat), 238 et 401 (A. Hullé), 275 (Faré), 495 (abbé Sauze), 529 (P. Duchartre), 570 (de Lavau), 623 (V. Pringsheim, J. Schröter, Ed. Bommer). Vl.— TABLE ALPHABÉTIQUE DES NOMS DE PLANTES. Les noms de genres nouveaux sont imprimés eh ÉGYPTIENNES MAJUSCULES, ceux des espèces, hybrides et variétés nouvelles en égyptiennes ordinaires. Abies, 127. ` ACIELLA Van Tiegh., 433. — A. Balan- sæ, Deplanchei, lanceolata, lifuen- sis, Pancheri, pyramidata, rubra et tenuifolia Van Tiegh., 436-439. ACROSTACHYS (Benth. et Hook.) Van Tiegh., 504, 543. — A. Kirkii et San- dersoni Van Tiegh., 504, 543. Æcidium. Voy. OEcidium. ALEPIS Van Tiegh., 604. — A. flavida et A. polychroa Van Tiegh., 605. Alliaria, 392, 400. Allium subhirsutum, 35, 36, 440. Alyssum montanum L. var. foliosum Batt., 512. Amsinckia intermedia, 519. AMYEMA Van Tiegh., 506, 547. — A. aurantiaca, bifurcata, congener, lino- phylla, Miquelii, pendula, Quandang, triantha et tristis Van Tiegh., 507. AMYLOTHECA Van Tieghem, 9261. — A. Cumingii,dictyophleba, Hollrungii, sumbawensis et Zollingeri Van Tieg., 262-965. Androsæmum, 293. Anemone ranunculoides, 442. Anomodon tonkinensis Besch., 84. Aphanochæte repens, xciv. Aristida ciliaris, 272. Artemisia glacialis, CLXXIX. — A. Mutel- lina, cuxxvi. — A. spicata, CLXXVI. — A. Villarsii, CLXXVI. Arthonia cinnabarina var. pruinata, 199. — A. dispersa, 900. — A. pruinosa, 200. Asarina, 398. Astragalus narbonensis et var. Claryi Batt., 513. Barathranthus, 501, 536. — B. acumina- tus, axanthus, bicolor, Beccarii, Kingii, Lobbii, nodiflorus, productus et Scortechinii Van Tiegh., 501, 538. Barbula scleromitra et sordida Besch., 80-81. Battarea phalloides, Cvil. Begonia, 242, 565. Bellis perennis, 609. Bergenia, 396. Botrychium Lunaria, 462. Brassica, 391. Broinus secalinus, 430. Bryum balanocarpum Besch., 82. Bunium pyrenæum, 453. Calicium traehelinum, 166. s Campanula lanata, 402. — C. Olivier Rouy et Gaut., 326. Carduus vivariensis, 451. : Carex curvula, cccxxvir. — C. sempervi- rens, CCCXXVII. Centaurea calcitrapo X diffusa (C. leptocephala), calcitrapo X pani- culata (C. Loreti), calcitrapo X pec- tinata (C. arisitensis), calcitrapo- prætermissa (C. confusa) ct diffuso X paniculata (C. peregrina) Coste et Senn., 573-580. Centunculus minimus, 464. Chara jurensis Hy et C. strigosa Al. Br., CXVIII, CXXIII. Chenopodium Botrys, 619. CHIRIDIUM Van Tiegh., 483, 540. — C. Beccarii, 541. — C. Lijndenianum, 484, 541. — C. longissimum, 541. — C. setigerum, 484, 541. — C. specio- sum, 484, 541. — C. verticillatum, 541. VI. — TABLE ALPHABÉTIQUE DES NOMS DE PLANTES. Chondrilla juncea, 252. Cicendia filiformis, 569. Ciliaria nivalis Boud., ccxxxix. Cirsium arvense, 609. Cistus laurifolio-monspeliensis, 464. Cladonia fimbriata et form. ceratodes, denticulata, furcellata, prolifera, sub- cornuta, tubæformis, 167, 168. — C. Floerkeana var. intermedia, 172. — C. macilenta var. styracella, 173. — C. pityrea var. crassiuscula, 169. Clematis florida, 446. Clinopodium, 400. COLEOBOTRYS Van Tiegh., 482, 484, 942. — C. acuminata Van Tiegh., 485, 542. — C. alata Van Tiegh., 542. — C. crassisepala, C. heterantha, C. Macklottiana, C. raphidophora Van Tiegh., 484-485, 542. — C. rubra Van Tiegh., 542. — C. Zollingeri Van Tiegh., 485, 542. Coleosporium, cLxvitgt. — €. Cacaliæ, CLXX. — C. Campanulæ, CLXXI. — €. Inulæ, CLxIX. — C. Petasitis, CLXX. — C. Senecionis, CLXX. — €. Sonchi-ar- vensis, CLxIX. — C. Tussilaginis, CLXX. Coniocybe furfuracea var. sulfurella, 167. Conomitrium aggestum Besch , 79. — C. faniense Besch., 78. Conringia, 394, 400. Cornus sanguinea, 551. Cortinarius alpinus Boud., CCXLVI. Crepis biennis, 464. Cryphæa Lamyana, CLl. CYATHISCUS Van Tiegh., 538. — C. no- diflorus et productus, 539. Cyclamen hederæfolium, 94. Cyperus pallescens, 275, 276. — C. tur- fosus, 275, 279, 283. DACTYLIOPHORA Van Tiegh., 549. — D.. verticillata, 550. Desmatodon tonkinensis Besch., 80. Dicranella custegia, 17. Dioscorea Batatas, 274. DIPLATIA Van Tiegh., 498, 501, 539, — D. Albertisii Van Tiegh., 536. — D. grandibractea, 502, 539. — D. tenui- folia Van Tiegh., 502, 539. Diplotaxis, 391. Draba verna; 271. Echium vulgare var. valesiacum Jaccard (E. italicum), xxxvi. CCCLI Élytranthées Hall. non L., 257, 268, 433. Eragrostis Barrelieri et E. minor, 556-557. Eriopus Bonianus Besch., 83. Erucastrum, 391. Euphorbia granulata, 515. Evernia furfuracea, 175. Evonymus japonicus, 563. Exobasidium Vaccinii-uliginosi Bou- dier, CCXLIV. Festuca valesiaca, CCCXXIII. Fissidens dongensis Besch., 79. — F. exilis, 74. Fraxinus excelsior, 606. Fuchsia fulgens, 561. Fumana, 395. Galium, 98. — G. cinereum var. rubriflo- rum (G. venustum), 29. — G. Morisii var. rubriflorum (G. corsicum), 30. — G. myrianthum var. rubriflorum (G. Prostii), 30. — G. silvestre var. rubri- florum (G. sabaudum), 30, 302, 305.— G. uliginosum var. rubriflorum, 30. Ganoderma valesiacum Boud., CCXLV. Geropogon glaber, 464. Glechoma, 393. Globularia stygia, 402. Goodyera repens, 401. Graphis scripta var. serpentina, 197. Grimmia anceps, CCXXXI. Hariotina, CXLII. Hedera Helix, 563. Helianthemum sessiliflorum, 559. Helodea canadensis, 452. Helodes, 290, 296. Helvella alpestris Boud., CCXL. Herniaria incana var. africana Batt., 512. Hieracium acanthodon Arv.-Touv. et Gaut., 361. — H. æmulum Arv.-Touv. et Gaut., 331. — H. alatum Lap., 339. — H. alpicola X glanduliferum Wolf, cLxxv.— H. alpicola-velutinum Wolf, cuxxv. — H. amygdalinum Arv.- Touv. et Gaut., 370. — H. aracioides Arv.-Touv. et Gaut., 355. — H. aroni- cifolium Arv.-Touv., 366. — H. argy- reum Arv.-Touv. et Gaut., 333. — H. attractum Arv.-Touv., 340. — H. Aymericiagum Arv.-Touv., 346. — H. bæticum Arv.-Touv. et Reverchon, 331. — H. Barreranum Arv.-Touv. et Mailho, 338. — H. Boutignyanum CCCLIT TABLES DU Arv.-Touv., 335. — H. brassicoides Arv.-Touv., ccLviri. — H. Burseria- num Arv.-Touv., 356. — H. catarac- tarum Arv.-Touv. et Huter, 330. — X H. Chaberti Wolf, c.xxv. — H. chaly- bæum Arv.-Touv., 360. — H. Code- rianum Arv.-Touv. et Gaut., 350. — H. conyzoides Arv.-Touv., 369. — H. cottianum Arv.-Touv., 365. — H. cryptadenum Arv.-Touv., 329. — H. cuneatum Arv.-T. et Gaut., 342. — H. doranum Arv.-Touv., 366. — H. doronicoides Arv.-T., 340. — H. drazeticum Arv.-Touv. et Marcailh., 364. -- H. Eliseanum Arv.-Touv., 332. — H.erigerontinum Arv.-Touv., 328. — H. erucoides Arv.-Touv., 360. — H. erythrellum Arv.-Touv., 359. — H. exaltatum Arv.-Touv., 336. — H. flocciferum Arv.-Touv., 333. — H. Foucaudianum Arv.-Touv., 337. — H. hastile Arv.-Touv. et Gaut., 347. — H, hemiplecum Arv.-T., 369. — H. isatidifolium Arv.-Touv., 364. — H. joconianum Arv.-Touv., 365. — H.lachinopsilon Arv.-Touv., 351. — H. lactucifolium Arv.-Touv., 367. — H. Laggeri X alpicola Wolf, CLXXV. — X H. Linderi Wolf, cLxxx. — H. lustratum Arv.-Touv. et Guilhot, 342. — H. lycodontum Arv.-Touv. et Gaut., 329. — H. Neodoronicum Arv.-Touv. et Gaut., 337. — H. Neo- pieris Arv.-Touv., 368. — H. nobile G. G., 357. — H. ovatum Arv.-Touv., 341. — H. parcepilosum Arv.-Touv., 364. — H. periplecum Arv.-Touv. et Gaut., 355. — H. phlomidifolium Arv.- Touv., 358. — H. plecophyllum Arv.- Touv. et Gaut., 355. — H. pogonatum Arv.-Touv., 344. — H. prasiophæum Arv.-Touv. et Gaut., 349. — H. Pseu- dopicris Arv.-Touv., 370. — X H. Rouyanum Wolf, cuxxv. — H. salvi- folium Arv.-Touv. et Gaut., 359. — H. scaposum Arv.-Touv., 330. — H. scariolaceum Arv.-Touv., 367. — H. . sonchoides Arv.-Touv., 354. — H. ste- noclinium Arv.-Touy? et Gaut., 335. — H. stenoplecum Arv.-Touv. et Buter, 363. — H. Timbalianum Arv.- Todv. et Gaut., 348. — H. tolpidi- VOLUME XLI. folium Arv.-Touv., 334. — H. Tricho- cerinthe Arv.-Touv., 334. — H. trichodermum Arv.-Touv. et Gaut., 345. — H. tricholepidum Arv.-Touv., 362. — H. turritifolium Arv.-Touv., 363. — H. umbellatum L. var. scaber- rimum Arv.-Touv. et Gaut., 370. — H. viduatum Arv.-Touv., 348. — H. Xatardianum Arv.-Touv., 353. Hymenophyllum Wilsoni, 302. Hypericum, 290. ILEOSTYLUS Van Tiegh., 489, 518. — I. micranthus (Hook. fil.), 489, 548. Lactarius piperatus, 255. Lactuca, 397, 514. — L. numidica Batt., 515. Lanthorus Presl, 487, 543. — L. Blu- meanus Van Tiegh., 488. — L. Cu- minghii Van Tiegh., 488. — L. ma- crostachys (Korth.), 487. — L. penta- petalus (Roxb.), 487. — L. spicifer Presl, 487. Lecanora admissa, 185. — L. calcarea f. concreta, 185. — L. calva, 181. — L. chlarona, 184. — L. conizæa, 184. — L. erythrella, 180. — L. exigua, 181.— L. galactina, 182. — L. lacustris, 185. — L. lobulata, 179. — L. horiza, 183. — DL. murorum et S obliterata, 179. — L. rugosa, 183. — L. subfusca var. allophana et var. glabra, 182, 183. — L. sympagea, 179. — L. ur- bana, 182. : Lecidea albo-atra var. ambigua, 195. — L. aromatica 191. — L. chalybeoides, 195. — L. crustulata, 193. — L. cyr- tella, 189. — L. expansa, 194. — L. Friesiana, 190. — L. fuscorubens, 188. — L. luteola, 190. — L. meto- spora, 193. — L. Metzleri, boe a L. Nægelii, 189. — L. Norrlini, 191. — L. parasema et var. elæochroma, 191-192. — L. porphyrica, 195. — L. sabuletorum, 190. — L. uliginosa, 188. — L. vermifera, 191. Légumineuses, CXXVIH. Aai microcephalus, 453, 460. Leptodon Smithii, CCXXVI. LEUCOBOTRYS Van Tiegh., 503, 545. — L. adpressa Van Tiegh., 504, 585. — L. inflata Van Tiegh., 503, 545. — L. pilosa Yan Tiegh., 515. VI. — TABLE ALPHABÉTIQUE DES NOMS DE PLANTES. Liliacées, 588. Lindernia pyxidaria, 569. Lonicera Periclymenum, 611. Loranthacées, 61, 191, 138, 257, 433, 481, 497, 533, 597. Loranthus, 499, 534. — L. Delavayi Van Tiegh., 535.— L. europæus, 499, 534. — L. Grewinkii, 499, 534.— L. Lam- bertianus, 500, 535. — L. odoratus, 900, 534. — L. polychrous, 605. Loxanthera 259, 434. — L. Beccarii Van Tiegh., 260. — L. speciosa, 259. Lycopodium Selago, 302. LYSIANA Van Tiegh., 599. — L. Casua- rin? (Miquel), 601. — L. Exocarpi (Behr), L. linearifolius (Hook. f.), L. Murrayi (Tate), 603. Malabaila obtusifolia, 402. Malus, 451. Manihot, citt. — M. Glaziovii, M. palmata, M. Pohliana, M. utilissima, CIL-CV. Melandrium glutinosum, 327. Mespilus germanica, 447. Mnium voxense Besch., 82. Monostroma bulbosum, cxxxiv. Montia lamprosperma, 453, 454. Mulgedium, 397. Nallogia, 61. — N. Gaudichaudiana, 62. Narcissus anceps, 327. Nardus stricta, CCCXXV. NEOPHYLUM Van Tiegh., 508, 548. — N. acutifolium, N. Balansæ, N. bicolor, N. grandifolium, N. lan- ceolatum, N. latifolium, N. luteum, N. Pancheri, N. rotundifolium, N. rubrum, N. scandens, N. tenuiflo- rum et N. Vieilardi Van Tiegh., 509-510. — N. Baudouini, 548. OEcidium punctatum, 442. Ononis hirta, 513. — O. Natrix, 59. Opegrapha atra var. hapalea, 198. — O. diaphora f. signata, 198. — O. herpe- tica, 199. — O. vulgata, 198. Orchis incarnata, 430. Orthothecium intricatum, CCXXXIII. Oxalidées, CXXVHI. Palisota. — P. congolana Hua, LII. — P. plagiocarpa Hua, Li. — P. Tholloni Hua, LI. Peltigera polydactyla var. collina, 177. PERAXILLA Van Tieghem., 498, 500. — P. Colensoi (Hook. f.), P. tetrapetala T. 311. CCCLIIf (L. fil.), P. uniflora Van Tiegh., 500. Pertusaria communis, 186. — P. leio- placa, 187. — P. velata, 185. Phelipæa lavandulacea, 464. Phénicanthémées, 533. Phœnicanthemum, 502, 544. — P. Ben- nettianum (Miquel), 544. — P. cocci- neum (Jack.), 502. — P. Hookeria- num (Wight), 502. — P. intermedium (Wight), 502, — P. Kingii Van Tiegh., 944. — P. ligustrinum (Wallich), 502. — P. obtusatum (Wallich), 502. — P. polystachyum (Wallich), 502. — P. terrestre (Hook. f.), 502. Physcia pulverulente et var. pityrea Ach., 178. PILOSTIGMA Van Tiegh., 483, 488, 540. — P. brevipes Van Tiegh., 540. — P. Mulleri Van Tiegh., 540. — P. san- guineum (Mull.), 489. Pirola chlorantha, 465, 569, — P. rotun- difolia var. arenaria, CCLXXXVIII. — P. secunda, 465. Plasmopara pygmæa, 442. Platanthera algeriensis, 516. PLICOSEPALUS Van Tiegh., 504, 540. — P. curviflorus (Benth.), 504, 540. — P. Fauroti (Franch.), 504, 540. — P. undulatus (Mey.), 504, 540. Poa palustris, 27. Polycnemum verrucosum, 619. Potamogeton acutifolius, 619. — P. com- pressus, 618, 619. — P. filiformis, cxviii. — P. Friesii, 452, CXXII. — P. nitens, cxvi. — P. obtusifolius, 618, 619. — P. prælongus, CXXI. — P. Zizii, 452. — P. zosterifolíus, CXXIL. Pyrethrum roseum, 451. Quercus pedunculata, 428. Ranunculus philonotis var. hirsutus, 608. Raphanistrum, 394. Ruppia, 466. — R. maritima, 467. — R. rostellata, 472. Russula fragilis var. rupestris Boud., CCXLVI. Salix alba, 269, 270, 518. Salpiglossis sinuata, 216. Saussurea alpina, 93, 94. — S. macro- phylla, 93. Scleranthus uncinatus et polycarpos, 203. Senecio incanus et uniflorus, CCCI X CCCLIV Sepultaria Sumneriana, 371. Silene clandestina, 512. Solanum tuberosum, 449, 451. Spergularia marina et media, 617. Spirogyra, 588, Stachys Iva, 402. Statice Tremolsii Rouy, 325. Stellaria palustris var. viridis, 27. STEMMATOPHYLLUM Van Tiegh., 505, 949. — S. acutum Van Tiegh., 540. — S. Beccarii Van Tiegh., 506, 546. — S. Cumingii Van Tiegh., 505, 546. — S. grandifolium Van Tiegh., 547.— S. irregulare Van Tiegh., 546. — S. luzonense (Presl), 505, 546. — S. no- dosum Van Tiegh., 506, 546. — S. ses- silifolium Van Tiegh., 506, 546. Subularia aquatica, 555. SYCOPHILA Welw., 485, 543. — S. com- bretoides Welw., 486, 543. — S. Mannii (Oliv.), 487, 543. — S. ter- nata Van Tiegh., 487, 543. Syringa vulgaris, 450. Terfezia Boudieri var. arabica, 560. — T. Claveryi, 559. Teucrium, 580. — X T. arisitense (gna- phalodi-montanum) Coste et Sen., 584. — T. aureum, 582, 585. — KT. cebennense (T. montano X aureum) Coste et Sen., 589 — T. Chamædrys, 586.— XT. Contejeani, 581. — T. gna- phalodes, 585, 586. — X T. Mailhoi, TABLES DU VOLUME XLI. 581. — T. montanum, 582. — T. Po- lium, 585. — T. ruthenense (cha- madri X gnaphalodes) Coste et Sen., 586. Trachylia stigonella, 166. Tradescantia, 588. Trematodon microthecius Besch., 78. TREUBELLA Van Tiegh., 257, 265. — T. Forsteriana (Schultes), T. indica (Desrousseaux), T. triflora (Spanoghe), T. vitiensis (Seemann), 266-267. Triarthron, 61, 67. TRITHECANTHERA Van Tiegh., 597. — T. xiphostachya Van Tiegh., 599, Uromyces Alchemillæ-alpinæ Ed. Fis- cher, cexLi. — U. verrucipes P. Vuill., 285. Valeriana dioica, 587. — V. officinalis, 448, 587. Vallisneria spiralis, 619. Vaucheria De-Baryana, CVII Verbascum granatense, 515. — V. maiale, 568, 570. Verrucaria fusca, 200. — V. integra, 201. — V. margacea var. dolosa, 200. — V. mertarii, 201. — V. muralis, 201. — Y. nitida, 201. — V. oxyspora, 202. — V. populicola, 202. Viola segetalis, 609. Webbia, 293. Wolffia arrhiza, 619. Woodsia hyperborea, 570. ERRATA Er ADDENDA COMPTES RENDUS DES SÉANCES ET REVUE. Page 94, ligne 17 (en remontant), au lieu de Elyne, lisez Elyna. Page — -—— — — lignes 14 et 15 (en remontant), au lieu de longiflora, lisez longi- folia, 119, ligne 11 (en remontant), au lieu de callospimum, lisez callopis- mum. — ligne 7 (en remontant), au lieu de sympagea, lisez sympageus. 183, ligne 17 (en remontant), au lieu de disques, lisez disque. 278, ligne 12, au lieu de mètres, lisez millimètres, 279, ligne 4, au lieu de 9 à 11, lisez 9 à 15. — ligne 19, au lieu de Johneton, lisez Johnston. 373, ligne 3, au lieu de entre les graines des espèces vides, lisez entre les grains des espaces vides. 477, ligne 17 (en remontant), au lieu de Prance, lisez France. 418, ligne 21, au lieu de devait, {isez devrait. 508, ligne 13, Au LIEU DE : les L. heteranthus et Manni sont des Coleobotrys, Lisez : le L. heteranthus est un Coleobotrys, le L. Mannii est un Sycophila. 549, ligne 4 (en remontant), au lieu du Lobbii, lisez rubra. 591, ligne 7 (en remontant), au lieu de dépourvue, lisez pourvue. 596, ligne 4, au lieu de elles ont été séparées, lisez elles en ont été séparées. SESSION EXTRAORDINAIRE. XCVI, ligne 10 (en remontant), au lieu de 100, lisez 1000. xcvi, ligne 13, au lieu de 2 pour 100, lisez 2 pour 1600. cit, ligne 17 (en remontant), au lieu de 100, lisez 1000. CIV, ligne 8 (en remontant), au lieu de derniers, lisez dernières. CXLIX, ligne 6, au lieu de Oroin, lisez Orvin. ccxx1, ligne 12 (en remontant), au lieu de Orithotrichum, lisez Or- thotrichum. ccxxvrL, ligne 12, au lieu de Sw., lisez Hedw. CCCLYI TABLES DU VOLUME XLI. Page cexLv, ligne 13 (en remontant), au lieu de mais lisses, lisez qui les a lisses. — . cccvil, ligne 14 (en remontant), au lieu de Albeff, lisez Alboff. — cccxxxit, ligne 9 (en remontant), au lieu de Polstespflanzen, lisez Pols- terpflanzen. Le Secrétariat, tout en apportant le plus grand soin à la correction des épreuves, ne saurait étre responsable des fautes échappées aux auteurs, et il ne se charge pas d'en faire le relevé ; mais celles qui lui sont signalées en temps utile peuvent être l'objet de notes rectificatives ou d’errata insérés à la fin du volume. AVIS AU RELIEUR. Planches. — Ce volume renferme dix planches qu'on peut réunir à la fix du volume ou placer de la manière suivante : Planches I, II et III (Végétation de la Camargue), en regard dela page 58 — IV (Cyperus turfosus Salzih)......... — 284 — V (Ruppia maritima et rostellata).... — 480 — VI (Platanthera algeriensis Batt. et T.). = 917 — VI (Aphanocheate repens Al. Braun).. (Session extraordin.). — UH — . VII (Monostroma bullosum Thur.).. . . — CXXXVI — IXet X (Flore des lacs du Jura suisse). — CXXVIII Classement du texte. — Comptes rendus des séances et Revue bibliogra- phique intercalée, 656 pages; Session extraordinaire et Tables, CCCLVI pages. Le Secrétaire général de la Société, gérant du Bulletin, E. MALINVAUD. 7150. — L.-Impr. réunies, rue Mignon, 2, Paris. — MOTTEROZ, directeur. En TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE NUMÉRO. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE La végétation de la France. I. Tableaux Synoptiques des plantes vasculaires ; Bonnier et de Layens................ 625 Nouvelle Flore de Normandie; L. Cor- UD uenauannuaannn no ........ 626 Flore du Haut-Poitou; B. Souché....... 628 -Trois herborisations aux environs d'Allos (Basses-Alpes); Lud. Legré.......... 629 tudes sur les Cytises des Alpes-Mari- times; J. Briquet ss... 630 Indications d'Épervieres rares ou nou- velles; J. Briquet.................... 632 Flore de la Kabylie du Djurdjura; 0. De- beaux.....,................. TEEPEE 632 Annales des sciences naturelles, 7° série, Botanique, tom. 19 et 20..,.,........ 633 Revue générale de Botanique, dirigée par M. G. Bonnier, t. VI (1894)........... 634 Journal de Botanique, directeur M. Louis Morot. 8° année ( (1894). ..... T 635 Bulletin de la Société d'études scienti - fiques d'Angers, 24° année (1894)..... 637 Bulletin de la Société botanique des Deux- Sèvres, ann. 1893 et 1894...... ...... 637 Mémoires de la Société d'émulation du Doubs, 1894....,.,........ ..... . 638 Société d'histoire naturelle d' Autun, T° Bulletin, 1894... 638 Monde des Plantes, 3° année (1893- 1894)...,.....,... T" es. 639 Bulletin de la Société Linnéenne de Nor- mandie, année 1892..... ees. 640 Bulletin de la Société royale de Bota- nique de Belgique, t. XXXI et XXXIT ss (aun. 1892 et 1893)..............,... 640 The Journal of Botany british and fo- reign, vol. XXXI (1894)............., 642 The botanical exchange Club of the british Isles, Report for 1893........ . 646 Catalogue des Mousses, Hépatiques et Li- chens de la Corrèze; Ernest Rupin... 647 Musci novi papuani; V. F. Brotherus.... 647 Musci africani, 1; V. F. Brotherus..... 648 Musci Schenckiani; V. F. Brotherus.... 648 Florule bryologique de Tahiti et des iles de Nukahiva et Mangareva; Besche- relle.........,,,,.,.,........... eO 648 Hepatic chinenses; Ste] ‘hani eret 649 Flore bryologique du Japon; Besche- relle ....,.,............sssssssses.. 650 La nomenelature des Hépatiques; A. Le Jolis............... TT 651 Éléments d' histoire naturelle, Botanique; | MS MD ees. 652 Recherches sur les Bactéries acétifiautes; Ch. Hansen..................,...... 652 Développement des Pediastrum ; Chodat et Hubert...... ssosecesococesoeo .... 654 Remarques sur le système des Algues vertes inférieures; Chodat et Hubert.. 654 Nouvelles recherches sur les Raphidium; Chodat...... MM ee. 655 Essences forestières des Pyrénées-Orien- tales; J. Calas......,........... ees. 656 CCCXXXVII ss s... STATUTS DE LA SOCIÉTÉ BOTANIQUE DE FRANCE ARTICLE 1*. La Société prend le titre de Société botanique de France. ART. 2. Elle a pour objet : 1? de con- courir aux progrés de la Botanique et des sciences qui s'y rattachent; 2° de faciliter, par tous les moyens dont elle peut disposer, les études et les travaux de ses membres. ART. 3. Pour faire partie de la Société, il faut avoir été présenté dans une de ses séances par deux membres qui ont signé la présentation, et avoir été proclamé dans la séance suivante par le Président. — Les Francais, quel que soit le lieu de leur rési- dence, et les étrangers, peuvent également, et au méme litre, étre membres de la Société. — Le nombre des membres résidant à Paris ne pourra pas dépasser quatre cents. Celui des membres résidant dans les départements ou à l'étranger est limité à six cents. ART. 4. La Société tient ses séances habi- tuelles à Paris. Leur nombre et leurs dates sont fixés chaque année, pour l'année sui- vante, dans la derniére séance du mois de décembre. — Tous les membres de la Société ont le droit d'assister aux séances. Ils y ont tous voix délibérative. — Les délibérations sont prises à la majorité des voix des meni- bres présents. ART. 5. Les délibérations relatives à des acquisitions, aliénations ou échanges d'im- meubles, et à l'acceptation de dons ou legs, sont soumises à l'autorisation du Gouverne- ment, préalablement à toute exécution. ART. L'administration de la Société est confiée à un Bureau et à un Conseil, dont le Bureau fait essentiellement partie. ART. 7. Le Bureau est composé : d'un président, de quatre vice-présidents, d'un secrétaire général, de deux secrétaires, de deux vice-secrétaires, d'un trésorier et d'un archiviste. ART. 8. Le président et les vice-présidents sont élus pour une année. — Le secrétaire général est élu pour cinq années; il est rééligible aux mémes fonctions. — Les se- crétaires, les vice-secrétaires, le trésorier et l'archiviste sont élus pour quatre années; ces deux derniers sont seuls rééligibles, — Le Secrétariat est renouvelé par moitié tous les deux ans. ART. 9. Le Conseil est formé en outre de douze membres, dont quatre sont remplacés chaque année, ART. 10. Le Président, les autres mem- bres du Bureau et les membres du Conseil d'administration sont élus, à la pluralité des voix, dans la derniére séance du mois de décembre. Tous les membres de la Société sont appelés à participer à ces élections, soit directement, Soit par correspondance. Le Président est choisi parmi les quátre vice- présidents en exercice. ART. 11. La Société pourra tenir des séances extraordinaires sur des points de la France qui auront été préalablement déter- minés. — Un Bureau sera spécialement or- ganisé par les membres présents à ces réunions. ART. 12. Un Bulletin des travaux de la Société est délivré gratuitement à chaque membre. ART. 13. Chaque membre paye une coti- sation annuelle de 30 francs. — La cotisation annuelle peut, au choix de chaque membre, être remplacée par une somme de 400 fr. une fois payée. Tout membre qui a payé régulièrement la cotisation sociale pendant au moins dix ans peut devenir membre à vie en versant seulement 300 fr. ART. 14. La Société établit chaque année son budget pour l'année suivante. Dans la première séance du mois de mars de chaque année, le compte détaillé des recettes et des dépenses de l'année précédente est soumis à son approbation. Ce compte est publié dans le Bulletin. , ART. 15. Les fonds libres sont déposés dans une caisse publique jusqu'à ieur emploi définitif. — Les sommes recues, qui n'ont pas été employées dans le cours d'un exer- cice, sont placées en rentes sur l'État, en obligations de chemins de fer français (dont le minimum d'intérêt est garanti par l'État), en actions de la Banque de France, ou en obligations du Crédit foncier, sauf celles que la Société juge nécessaires pour couvrir les dépenses de l'exercice suivant. — Les valeurs ainsi acquises ne peuvent étre alié- nées qu'en vertu d'une délibération de la Société. ART. 16. La Société est représentée, dans les actions judiciaires qu'elle a à exercer ou à soutenir, et dans tous les actes passés en vertu de ses délibérations, par le Trésorier ou par l'un des membres du Conseil qu'elle a désigné à cet effet. —— . . ART. 17. En cas de dissolution, tous les membres de la Société sont appelés à déci- der sur la destination qui sera donnée à ses biens, sauf approbation du Gouvernement. ART. 48. Les Statuts ne peuvem être modifiés que sur la proposition du Conseil d'Administration ou sur une proposition de vingt-cinq membres présentée au Bureau. Dans l'un ou l'autre cas, la proposition doit étre faite un mois au moins avant la séance dans laquelle elle est soumise au vote de la Société. . L'assemblée extraordinaire, spécialement convoquée à cet effet, ne peut modifier les Statuts qu'à la majorité des deux tiers des membres présents ou votant par corres- pondance. . . Le nombre des membres présents à la séance ou votant par correspondance doit étre égal, au moins, au quart des membres de la Société. Ces statuts ont été délibérés et adoptés par le Conseil d'État, dans sa séance du 5 août 1875; ils ont été modifiés en 1887 et en 1894 avec l'autorisation du Gouvernement. 7130. — L.-Imp. réunies, rue Mignon, 2, Paris. — MoTTEnOZ, directeur.