FLORE MÉDICALE FLORE MÉDICALE DÉCRITE PAR MM. CHAUMETON, POIRET, CHAMBERET PARMP EP ET PAR M. J. TURPIN NOUVELLE PUBLICATION — — _» # TOME TROISIÈME. ds PARIS IMPRIMERIE DE C. L. F. PANCKOUCKE CHEVALIER DE L'ORDRE ROYAL DE LA LÉGION D'HONNEUR RuE DES POITEVINS, N. 14 M DCCC XXX. Mo. Bot. Garden 1909 ne Ù : Le pin 2. : nee Zambert. 7° send. ’ ES, CIICORÉE. td: CXVIL £ ds | CHICOREE. M Ghetrnimetre ess e: D 600 ci LE KI WPIOV ; HEYOPIQVS RIYOPA > KIY CICHORIUM SYLVESTRE , SÂVE OFFICINARUM ; Re SE hb. 3, sect, 6. Tot tort clas. 13, sémiflosculeuses. Latin... ... CICHORIUM INTYBUS ; flopibus gepeivis, a ad , Joliüs runcinatis ; Linné , clas. 19, syng polre 0 Jussieu , clas. 10 , ord. r, chicoracées. PR En M 7 2 CICORTA ; CICOREA ; RADICCHIO, Espagnol... # . ACHICORIA ; CHICOR Francais... . ..... CAICORÉE; CHICORÉE SAUYAGr. ANRBORÈNE SEE SUGCORY; CICHORY; WILD SUCEORY. Allemand... ...., ZICHORIEN; WEGWART ; HINLIÆUTT, ollandais. . ... .- CICHORY; WILDE CICHORY ; BITTERSTE CICHORY. “SORT... 1,1: | WÆGWARDA. * Polonais. 3 ET: roDROsznIk , Erndtel. ConverTIE en plante potagère, la chicorée sauvage s’offre par- tout à nos regards le long des chemins, sur le bord des champs. Le réceptacle de ses fleurs garni de paillettes la distingue de la laitue; son calice, composé d’un double rang d’écailles, empêche de la con- fondre avec d’autres genres dont le técopeaele est contain pourvu de paillettes. Sa racine est longue, fusiforme, remplie d’un suc laiteux. Ses tiges sont droites, médiocrement rameuses, glabres, striées. Les feuilles un peu velues, plus souvent glabres, alternés, sessiles, allongées, profondément découpées, plus peser à mesure qu’elles approchent du sommet des tiges. Les fleurs sessilés, d’un cuetois blanches ou rou- geâtres, très-souvent réunies deux ensemble le long des rameaux et des tiges : les écailles du calice ciliées; les extérieures courtes, les intérieures étroites, allongées, de même longueur, rapprochées en cylindre; la corolle composée de demi-fleurons, prolongés en une languette linéaire, tronquée, à cinq dents au sommet, renfermant cinq étamines , les anthères réunies en cylindre traversé par un style à deux stigmates. 31€ Livraison. CHICORÉE. Les semences sont petites, anguleuses, surmontées d’un petit re- bord à cinq dents. La plante cultivée est beaucoup plus forte, plus élevée; les feuilles amples très-glabres. Peut-être a-t-elle produit la chicorée endive, plus généralement connue sous le nom de scarole ou scariole, que quel- ques auteurs pensent être originaire des Indes Orientales. La chëco- rée frisée n’en est qu’une variété : on en connaît encore plusieurs autres, telles que la barbe de capucin, etc., toutes produites par les moyens que la culture emploie pour adoucir l’amertume de la chi- corée, en privant cette plante de l’action immédiate de la lumière ou de l’air. ( P.) Toutes ses parties ont une saveur fraîche, amère, beaucoup plus prononcée dans la plante sauvage que dans celle qui a été modifiée par la. culture. Elle renferme un suc laiteux, savonneux, amer et lé- gèrement styptique, auquel elle paraît redevable des vertus stoma- chique, stimulante, rafraïchissante, fondante, apéritive, résolutive, désobstruante, etc., etc., dont elle a été fastueusement décorée. « Par sa douce amertume, la chicorée, dit Geoffroy, affermit les fibres relâchées de l'estomac, elle excite l'appétit, elle aïde la diges- tion, elle purifie les conduits urinaires, souvent elle facilite la trans- piration et l’expectoration. » Murray n’est pas éloigné de la croire utile dans l’ictère, la cachexie, la mélancolie, lhypocondrie, léthi- sie, etc. Selon divers praticiens, elle aurait été employée avec succès contre la phthisie, et dans les inflammations de la gorge et de la poitrine. Au rapport de Van Swiéten, la racine de chicorée opère des merveilles dans les obstructions des viscères et les maladies qui en dérivent. Si l’on en croit certains observateurs, une femme hys- térique aurait été guérie par l'usage du suc de cette plante; la mé- lancolie hypocondriaque aurait cédé à l'emploi des bouillons; et la décoction, qu’on en prépare, soit seule, soit associée au petit lait, aurait eu les plus grands succès dans le traitement de la fièvre lente, et aurait opéré la guérison d’un ulcère. Quelques auteurs ont pré- tendu que ses feuilles sèches'et pulvérisées, à la dose de quatre gram- mes (un gros), deux fois par jour, produisent les meilleurs effets dans les maladies de la peau, la goutte et les rhumatismes. Leur suc exprimé, épuré ou non, soit seul , soit uni à un seul purgatif, a été CHICORÉE. quelquefois administré avec succès, à la fin des fluxions de poitrine, dans les engorgemens des viscères abdominaux. Associé au sel am- moniac ou autres substances excitantes, plusieurs médecins se sont bien trouvés de son emploi dans les fièvres intermittentes; mais dans la plupart de ces circonstances, n’est-on pas redevable d’une grande partie des bons effets qu’on lui attribue aux substances acti- ves auxquelles on l’associe ? Les fleurs de chicorée long-temps placées au rang des quatre fleurs cordiales, quoique moins amères et plus visqueuses que les autres parties de la plante, étaient assez mal à propos regardées comme excitantes, à la même époque où lon en retirait une eau distillée, à peu près inerte, qui a été long-temps préconisée comme une merveille contre les hémorragies, contre l’ophtalmie et autres maladies des yeux. C'est avec beaucoup plus de raison que ses graines forment une des quatre semences froides mineures. L'eau et la grande quantité d’huile douce qu’elles renfer- ment , leur donnent en effet toutes les qualités adoucissantes des sub- stances émulsives dont elles peuvent remplir tous les usages. On voit par ce résumé que les auteurs n’ont pas été plus avares envers la chicorée qu’ils ne l'ont été à l’égard d’une foule de plantes, tout aussi peu actives et souvent bien plus inertes. Quoiqu’elle ne justifie pas toujours une semblable libéralité, on ne peut s'empêcher de reconnaître à sa racine et à ses feuilles la propriété de fournir par l'infusion ou par une légère décoction dans l’eau une boisson tempérante rafraichissante, un peu amère et légèrement laxative, qu’on peut employer avec avantage dans les embarras des premières voies , dans la plupart des fièvres primitives, surtout dans les fièvres Hihesqis et muqueuses; dans les fièvres intermittentes et dans la plupart des phlegmasies. C’est dans de semblables circonstances qu’elle a pu quelquefois provoquer les urines, la sueur, et favoriser l'expectoration; mais cela ne peut avoir lieu, on le pense bien, que lorsqu'il y a un état d'érétisme, de la sécheresse et de la chaleur; car, dans les cas contraires, c’est-à-dire, lorsque le malade est dans l’atonie et le relâchement, il faudrait recourir à des moyens beau- coup plus énergiques pour produire les mêmes effets. A raison de son principe amer très-propre à solliciter doucement l’action de l’es- tomac et de l’intestin, nous ajouterons que la tisane de chicorée CHICORÉE. nous parait en général bien plus convenable que la plupart des so- lutions gommeuses, glutineuses, et des décoctions mucilagineuses, plus ou moins affadissantes et plus ou moins difficiles à digérer, dont on ne cesse de gorger les malades dans presque toutes les affections aiguës et chroniques. Toutefois, aux assertions exagérées de la plu- part des auteurs de matières médicales en faveur de cette plante, nous opposerons le jugement sévère de M. Alibert, qui regarde au moins « comme hasardé tout ce qu'on a écrit des vertus de la chico- : rée pour résoudre les obstructions, pour remédier aux fièvres inter- mittentes, et qui croit peu convenable de lui assigner, comme on l’a fait, une efficacité particulière contre certaines maladies. » La racine et les feuilles se donnent en décoction à la dose de quinze à trente grammes (demi-once à deux onces), pour un kilogramme (deux livres) d’eau. La dose ordinaire du suc qu’on en exprime, est de trente à cent trente grammes ( une à quatre onces) par jour. Le plus souvent on l’associe à un sel purgatif, au kermès minéral, au sel ammoniac, etc., et presque toujours on l’édulcore avec un si- rop apéritif, L'eau distillée des fleurs de chicorée, la conserve et le sirop qu'on préparait jadis avec ses feuilles, ne sont plus d'aucun usage; mais on emploie souvent et avec succès, comme un purgatif très-commode pour les enfans, le sirop de chicorée composé avec la rhubarbe. Sa dose est de quinze à trente-cinq grammes (demi-once à une once). La racine de chicorée entre, comme on sait, dans la composition du catholicon double. Cette même racine a été proposée comme succédanée du café : sous ce rapport, on en fait un grand usage dans plusieurs contrées du Nord, et parmi nous, on l'emploie souvent pour sophistiquer le café que lon vend en poudre dans les boutiques. On récolte la ra- cine de chicorée vers la fin de l’automne, on la nettoie exactement, on la coupe en tranches, on la fait sécher au four , et, après l’avoir torréfiée et pulvérisée, on l’emploie en infusion ou en décoction dans l’eau, pour former une boisson qui a toutes les apparences et l’amertume du café, sans avoir les autres précieuses qualités de cette utile boisson. On s’en sert néanmoins aux mêmes usages, soit seule, soit associée au lait, à la crême, ete. Il est utile d’être prévenu que la poudre de racine de chicorée torréfiée est susceptible de s’enflammer S CHICORÉE. spontanément lorsqu'elle est en grande masse. Murray rapporte que cinq maisons d’Augsbourg furent consumées par un incendie qui avait pris naissance dans un magasin, au milieu d’une grande quan- tité de cette substance. Les Égyptiens font une immense consommation de la chicorée; les Grecs leur ont même emprunté le nom de cette plante. La dé- nomination générique cichorium , dont nous avons fait chicorée , dé- rive en effet du mot grec xxwp10v, qui est lui-même d’origine égyp- tienne. En Europe, elle est cultivée dans les jardins pour les usages économiques et pharmaceutiques. Les bestiaux recherchent avec avidité les feuilles de celle qui se rencontre à la fin de l'hiver dans les ee On la cultive en grand dans quelques contrées; elle vient aisément dans toutes sortes de terrains; elle brave la séche- resse, résiste aux orages et aux pluies, ne craint ni la gelée ni les grands froids; elle croît d’ailleurs de très-bonne heure et forme un excellent fourrage printannier. Par la culture. dans les jardins, elle se décolore, devient plus douce, plus succulente, plus agréable au goût. Dans cet état, on la mange crue en salade, et on la sert cuite, soit au gras soit au maigre, et son usage s'allie parfaitement avec celui des viandes rôties. Elle convient particulièrement aux jeunes gens, aux tempéramens sanguins et bilieux; on pourrait même la considérer comme un aliment très-utile dans certains cas. Geoffroy a vu plusieurs fièvres intermittentes céder à l’usage de la salade de chi- corée, après avoir résisté à tous les autres moyens. CAMERARIUS Pres rl De cichorio, Diss. inaug. resp. Hælderlin ; in-4°. Tubinge , 1670. — Dis ss. secunda ; Ib., 16917. è DE LA PLANCHE. (La pt est de grandeur naturelle.) 1. Fleuron hermaphrodite de grandeur na- 2. Fruit de grandeur naturelle, turelle. 3. Le mème grossi. A . CHIEXDENT , CX VIIL. CHIENDENT. RÉEL GTR s ne + pires aypwati ; Théophraste, Dioscorides. GRAMEN CANINUM ARVENSE , SIVE GRAMEN DIOSGORIDIS ; Bauhin, Tlivaf , hb, r GRAMEN LOLIACEUM , RADICE REPENTE, SiVe x ; Tour- Latin. +55. nefor 5, TRITICUM REPENS ; Res güadrifis, subulatis , acuminatis , foliis planis ; Linné , clas. 3, triandrie digynie. Jussieu, elas, 2, ord, 4, graminées. É Tialieni. SEE, + + GRAMIGMA; CUPRINELLA , DENTE CANINO. Espagnol... .. + ++ GRAMA; GRAMA DE LAS BOTICAS. EPA GE 4 ere CHIENDENT ; FROMENT RAMPANT, Lamarck, TRIO LVL PT DOG’S-GRASS ; COUCH-GRASS; COUCH-WHEAT. AVR: À. QUECKGRAS ; QUECKEN3; HUNDSGRAS. Hollandais... .. HONDSGRAS ; KWEEK ; KWEEK-GRAS DUR. à Ve o QUICK-HWETE, Polonais... . CETTE graminée, le désespoir des cultivateurs, échappe à leurs malédictions dans les laboratoires de pharmacie, où, par les quali- tés médicales de ses racines, elle a long-temps joui d’une réputation aujourd’hui réduite à sa juste valeur. La description que Théophraste nous à donnée du caractère et des propriétés de ses racines, n’est applicable à aucune autre plante : il est cependant bien important de ne pas la confondre avec le ériticum sepium ; Lam., le froment des haies, Encyel., elymus « aninuus ; L., qui lui ressemble beaucoup, mais dépourvu de souches ulées et rampantes. Le chiendent offre die la position de ses fleurs le caractère que Linné assigne au genre ériticum , savoir : un épi simple composé d’épillets sessiles , alternes, solitaires, placés à chaque dent d’un axe commun; une balle calycinale à deux valves, renfermant plusieurs fleurs bivalves avec ou sans barbe. Les racines, dans le chiendent, sont composées de fibres menues, produites par bis nœuds de étahes fort longues, rampantes, articu- lées , blanchâtres, profondément enfoncées. 31° Livraison, 4 CHIENDENT. Les tiges sont droites, cylindriques, longues de deux pieds et plus, divisées en trois ou quatre articulations. Les feuilles molles, allongées, larges de deux ou trois lignes, lé- gèrement velues à leur face supérieure. | Les fleurs disposées en un épi droit un peu grêle, terminal, long de trois ou quatre pouces; les épillets sessiles, distincts, renfermant quatre à cinq fleurs à valves aiguës, ordinairement dépourvues d'a- : rête ou de barbe : trois étamines, deux stigmates velus. Les semen- ces solitaires, un peu étroites, allongées, traversées à une de leurs faces par un sillon longitudinal. (P.) Les racines de chiendent d’un blanc jaunâtre , d’une saveur dou- ceâtre, un peu sucrée ét légèrement styptique, renferment une moelle succulente, douce et légèrement nutritive, sous une écorce dure, ligneuse, qui a quelque chose d’astringent. À mesure que la plante vieillit, cette écôrce augmente de consistance et d'épaisseur, au point qu’au bout de deux ou trois ans I racine, devenue entièrement li- gneuse, se trouve dépourvue du suc doux et mucilagineux auquel elle doit ses principales vertus, et offre ainsi des propriétés tout-à- fait différentes de celles qu’elle avait dans le premier âge : observa- tion à laquelle les auteurs n’ont pas fait assez d’attention, et qui ex- plique jusqu’à un certain point les qualités en quelque sorte contra- dictoires qu’on lui a trop libéralement attribuées. Quelque faibles que soient les propriétés médicales du chiendent, les livres de l’art retentissent de ses qualités émolliente, rafraîchis- sante, résolutive, désobstruante, apéritive, vulnéraire, fébrifuge, anthelmintique, etc. Comme tel , On l’a employé dans un grand nom- bre de maladies très-différentes les unes des autres, et souvent de nature entièrement opposée, Son usage est devenu si commun, qu'il n'y a peut-être pas de plante aussi fréquemment ni aussi universelle- ment en usage. En France surtout, il a tellement captivé la confiance des médecins routiniers, et du peuple de toutes les classes, qu’il est la base nécessaire de presque toutes les tisanes, dont on a parmi nous la funeste coutume de surcharger l'estomac des malades. Il est même devenu aux et la prescription he yeux du vulgaire comme uné sorte de panacée , banale des commères et des médicastres ; trop ureux les malades envers lesquels cette fureur de médicamenter ne CHIENDENT. s'exerce qu'avec des moyens aussi innocens. Sans doute, la décoction de la racine de chiendent peut être employée sans inconvénient dans les maladies du foie, dans l’ictère, dans les coliques qui sont dues à la présence des calculs biliaires, dans la néphrite, ainsi que dans les fièvres intermittentes. On ne peut pas nier que le suc mucilagi- neux et sucré qu’elle renferme, ne puisse par sa dissolution dans l’eau former une boisson utile dans les fièvres inflammatoires et bi- lieuses, dans certaines fièvres ataxiques, dans la première période des fièvres muqueuses, au début des fièvres putrides, etc. Son usage peut être également avantageux dans les phlegmasies thorachiques et abdominales, et dans une foule de cas -où il ne s’agit que de cal- mer la soif ou de satisfaire l'imagination de certains malades par une prescription insignifiante. Mais, à l'exemple de quelques auteurs, doit-on lui attribuer la propriété de guérir la toux et l’asthme pro- duits par la pituite ? Quelle que soit notre déférence pour le témoi- gnage de Boerhaave, pouvons-nous la regarder avec ce grand mé- decin comme un remède efficace dans les engorgemens du foie ? Faut-il en croire sur parole ceux qui la considèrent comme un moyen infaillible dans le traitement des fièvres intermittentes rebelles, ou la recommander avec d’autres, contre la cachexie, l’hydropisie, la chlorose, les obstructions, les hémorragies et autres maladies chro- niques qui résistent le plus souvent aux remèdes les plus énergiques et aux méthodes thérapeutiques les mieux entendues ? Enfin, dans l'état actuel de la science, peut-on croire de bonne foi, avec M. Schenk, que la racine du chiendent à une efficacité toute particulière dans les maladies organiques du foie et de l'estomac? M. Alibert nous paraît avoir bien mieux apprécié les propriétés médicales de cette racine, en lui refusant toute espèce d'action spéciale contre ces ma- ladies, et en lui reconnaissant pour toutes vertus « l'avantage de former une tisane aussi commode qu'agréable, et qu’on peut tout au plus regarder comme rafraîchissante. » Pour obtenir avec la ra- cine de chiendent une boisson de ce dernier caractère, il n'est pas inutile de remarquer qu'avant de Ja faire bouillir, il faut la con- casser fortement pour briser la partie corticale. Sans cette précau- üon, le suc de la racine, resté intact sous son écorce , ne se dissout point dans le liquide, et, au lieu d’une boisson adoucissante et mu- cilagineuse, on n’a qu’une tisane légèrement excitante. CHIENDENT. Quoique la plupart des auteurs de matière médicale ne parlent que de la racine de chiendent, ses feuilles et ses jeunes tiges, au rapport de Fourcroy, ont des vertus bien prononcées. On en retire un suc verdâtre, d’une saveur herbacée, douceâtre, regardé comme savonneux, et auquel le célèbre chimiste attribuait les principales vertus du chiendent. On sait que les chats, et les chiens surtout, guidés par leur instinct naturel, mangent et avalent les jeunes feuilles pour se faire vomir et pour se purger". Sylvius et plusieurs autres observateurs après lui ont remarqué que les bœufs si souvent affec- tés de concrétions biliaires pendant l’hiver, guérissent au printemps en mangeant cette plante dans les pâturages. Van Swiéten a fait une observation semblable sur un homme qui fut guéri d’une jau- nisse rebelle, par l'usage du chiendent et autres plantes sauvages dont il faisait presque son unique nourriture. Cependant, en bonne logique, peut-on attribuer ces heureux effets à l’action exclusive du chiendent ? N’est-il pas plus rationnel de regarder la fonte des cal- culs biliaires des bœufs, en grande partie au moins, comme le ré- sultat de la salutaire influence du régime auquel ces animaux sont soumis au printemps, dans les vastes prairies où ils paissent et se meuvent à volonté ? La racine de chiendent s'emploie en décoction à la dose de quinze à trente grammes (demi-once à une once), pour un kilogramme (deux livres ) d’eau. Par l’'évaporation de cette décoction, on peut obtenir, suivant le procédé de M. Cadet de Gassicourt, un extrait de chien- dent qui se conserve long-temps sans altération, et qui s'emploie aux mêmes usages que la racine. Le suc de cette dernière entre dans la composition du sirop de Fernel et du sirop de chicorée com- posé. On en retirait jadis une eau distillée, qui a été préconisée contre les hémorragies et contre les vers; mais elle n’a pas plus de vertus que leau pure, et mérite l’oubli où elle est tombée. Le suc exprimé des feuilles et des Jeunes tiges a été administré comme fon- dant des calculs biliaires, depuis la dose de soixante-cinq ou cent * S'il faut en croire Théis, le chiendent doit ce nom à ses ergots blancs, aigus et fermes , qui ressemblent exactement à une dent de chien , et non, comme on le dit souvent, au goût des chiens pour cette plante. - Ft CHIENDENT. grammes ( quelques onces ) jusqu’à celle de cinq hectogrammes (une livre) par jour. Le suc exprimé des racines a fourni à Margraf une certaine quantité de sucre. Abandonné à tui-même à une douce température, il fermente avec une grande facilité, forme d’abord une sorte de li- queur vineuse; et, lorsqu'on n’arrête pas la fermentation, il passe bientôt à l’état acide. Cette racine coupée, contuse, cuite dans l’eau et mêlée à du ferment, a été employée avec succès à la fabrication - de la bière. On en retire aussi un alcool d’excellente qualité; dans quelques pays on l’emploie à la nourriture des bœufs et des bêtes de somme. Les Polonais en font du gruau; lorsqu'elle est réduite en poudre, on en retire de l’amidon, et; dans cet état, les habitans du nord de l’Europe la mêlent avec un peu de farine, et en font un pain nourrissant et précieux dans les temps de disette. Les vergettiers enfin emploient cette racine pour faire des brosses ; et lorsqu'elle est sèche et en grande quantité, les agriculteurs la brülent et fécondent les terres avec ses cendres. PFANZ (sean) , Descriptio graminis medici plenior, ex varüs haud infimæ notæ scriptoribus, e nomine, Pre , Loco, tempore, qualitatibus ac viribus, etc.; in-4°. Ulme , 1656. sNiPHOr ( sean-vérôme ), De gramine levidensi ac præcellentissimo , Diss. inaug. resp. Berth. ; 47. SCnREBER (sean-chrétien-paniel), Beschreibung der quecke, etc. ; c'est-à-dire, Description du chiendent , avec la figure de cette plante d’après nature ; in-4°. Leipsick, 1773. EXPLICATION DE LA PLANCHE. (La plante est de grandeur naturelle.) 1. Épillet composé d'une &lume bivalve , 3, Tige traçante , souterraine , et à laquelle renfermant quatre à cinq fleurs. on donne , dans les pharmacies , le nom 2. Fleur entière grossie. , impropre de racines. GET Te ne xpauCn. eraAssicaA; Bauhin, ivaË, lib. 3, sect. 3. Tournefort, elas. 5, eruct- 4 ormes. cils OPUS BRASSICA OLERACEA ; radice caul te, tereti, carnosd ; Linné, clas. 15, tétradynamie siliq Jussieu, clas. 13, ord. 3, crucifères. Jtalien::sie 3er. CAVOT.O. rspagnol.. . . . . +. COL, ; BERZA. Français. ...".. .. CHOU !, % ; noel: :% FT 8 à CABBAGE; COLEWORT. Allemand. . KOHT, : Hollañieis.. 5. KOOT. dois. ZRVEUTRUARE Poloñdet tes. : KAPUSTA ; IARMWZ L'ivrropucrion du chou dans les jardins potagers, comme plante alimentaire, se perd dans l'obscurité des premiers siècles. On le trouve mentionné dans Théophraste, Pline et Dioscorides, qui en citent plusieurs variétés : elles se sont présentées depuis sous tant de formes différentes, qu'il est difficile aujourd’hui d'y reconnaître le caractère de l'espèce primitive et sauvage : cette dernière laisse même des doutes sur sa véritable patrie. On la trouve cependant sur les côtes d'Angleterre, dans quelques cantons de la France; je lai également Rare sur les côtes de Barbarie. Mais il serait - possible que ces plantes dussent leur origine aux semences du chou cultivé. Quoi qu’il en soit, le chou sera toujours facile à distinguer par son « caractère site offrant dans ses fleurs un calice en bosse à sa * M. Théis, beaucoup trop Sons en Loue de la langue celtique, dérive le mot brassica de bresic, et chou, de cawl. La première de ces étymologies est aussi peu vraisemblable, et par conséquent aussi peu admissible que celles ima- ginées par Warron , Bauhin, Ray 7 _— je la FER comme absolument ignorée. Le mot chou est e l’ancien terme français chaulr ; celui-ci vient du latin caulis, lequel a pour radical »avxoc. Louis Le Pelletier auteur d’un bon Dictionnaire bas-breton ou celtique, et Bas-Breton lui-même , avoue cependant que ses compatriotes ont emprunté du grec »aunos / leurs dégotiinatinhe caul et cawl. 3r° Livraison. ; CHOU. base, à quatre folioles caduques, serrées et non étalées, comme celles de la moutarde; quatre pétales en croix; six étamines, dont deux plus longues : un style très-court, le stigmate émoussé, une capsule allongée à deux valves séparées par une cloison plus longue que les valves. 4 Les caractères particuliers à cette espèce sont plus difficiles à re. connaître, étant plus ou moins altérés par le grand nombre de va- riétés; on n’indiquera que les plus constans. La racine est presque simple, épaisse, charnue, blanchâtre; son collet se prolonge en une souche droite, cylindrique, plus ou moins grosse, chargée d’une touffe de feuilles du centre desquelles sort une tige droite, glabre, rameuse, cylindrique, haute d’un à quatre pieds. Les feuilles sont vertes, lisses, très-glabres, quelquefois d’un blanc bleuâtre ou teint de rouge et de violet; les inférieures, pétiolées, un peu découpées à leur base, sinuées à leurs bords; celles des tiges, beaucoup plus petites, alternes , amplexicaules , très-entières. Les fleurs sont disposées en grappes paniculées, lâches, termina- les : la corolle est jaune, quelquefois blanchâtre : le limbe des péta- les ovale; leur onglet de la longueur du calice. Le fruit consiste en une silique allongée, un peu arrondie, termi- née par une corne cylindrique un peu obtuse, renfermant des se- menses nombreuses, lisses, globuleuses. Les principales variétés du chou sont : à 1°. Le chou-cabu où pommé , remarquable par ses grandes feuilles concaves, qui se recouvent les unes les autres, et forment une très- grosse tête arrondie et serrée ; 2°. Le chou-vert. Ses feuilles sont vertes, larges, point concaves; elles ne forment point de pomme, comme la variété précédente; 3°. Le chou-fleur ou brocol est une production monstrueuse; produite par une déviation de la sève dans les rameaux de la tige florale qui les convertit en une masse épaisse, tendre, charnue, ma- melonnée ; 4°. Le chou-rave, dont la souche ou le collet de la racine forme un renflement volumineux, et se convertit en une masse succulente et tubéreuse ; CHOU. 5°. Le chou-cavalier, ainsi nommé à cause de la hauteur de ses tiges de huit à dix pieds. Ses feuilles sont amples, grandes et entiè- res, portées sur de larges pétioles; 6°. Le colza, que l’on soupçonne être la souche primitive des nombreuses variétés du chou. Ses feuilles sont plus étroites, sinuées ; ses tiges rameuses. Le navet, la rabioule ou grosse rave, la ro- quette, etc., etc., sont autant d'espèces différentes qui appartiennent au même genre. (P.) , À peine douées d’une légère odeur fade, toutes les parties du chou ont une saveur herbacée, douceâtre et légèrement âcre. Ses feuilles, que la plupart des herbivores broutent avec avidité, acquièrent par la cuisson un goût sucré qui en fait un aliment savoureux et plus où moins agréable. Tout le monde sait que, par la coction, le chou communique à l'eau une odeur forte et repoussante ; qu’abandonné à lui-même , il se putréfie promptement en répandant une fétidité insupportable , et qu’il se rapproche en outre des matières animales par une certaine quantité d’ammoniaque qu’il fournit à la distillation. En usage et même en vénération parmi les hommes, dès la plus haute antiquité, il est peu de végétaux qui aient joui en médecine d'une aussi grande réputation. Ses vertus ont été célébrées par Pytha- gore. Hippocrate le regardait comme propre à évacuer la bile. Caton l’ancien l’administrait avec une confiance aveugle dans presque toutes les maladies ; et ce grand homme, alliant une crédulité extrême à sa haine contre les médecins, eut bien la faiblesse de croire que lui et sa famille avaient été préservés de la peste par les vertus prodigieuses de ce végétal. Pline ne se montre pas moins crédule sur les propriétés médicales du chou ; il parle de son efficacité dans le traitement de plusieurs maladies, et notamment contre la goutte. Aristote, et pres- que tous les philosophes , les médecins et les naturalistes de l’anti- quité, ont fait mention de sa singulière propriété de prévenir et de faire disparaître l'ivresse. Personne, d’après la remarque de M. Mon- tègre, n'a encore constaté, par des expériences, la vérité ou la faus- seté d’un fait aussi remarquable ; mais le judicieux Spielmann pense que cette opinion tient à l’idée, beaucoup plus anciennement répan- due chez les peuples grecs , d’une prétendue antipathie entre la vigne et le chou; idée à laquelle on ne peut guère reconnaître d'autre CHOU. origine que l'imagination des poètes, puisque les observations agro- . # S 4 . £ nomiques en démontrent chaque jour la fausseté. On a attribué au chou beaucoup d’autres propriétés diverses, souvent même contra- dictoires. L'école de Salerne le regardait à la fois comme relâchant et comme astringent : Jus caulis soit cujus substantia stringit. Enfin, l'enthousiasme pour cette plante a été porté si loin , qu’on a été jus- qu'à attribuer la vertu imaginaire de guérir les fistules , les dartres, | les cancers, etc., à l'urine des personnes qui s’en nourrissent. Quoique le chou soit prodigieusement déchu parmi nous de son antique réputation , les médecins modernes ne laissent pas que de lui reconnaître quelques qualités réelles. Ainsi on le place , à juste titre, au rang des antiscorbutiques ; et, à raison de ses qualités mucilagi- neuses , plusieurs de ses préparations figurent parmi les béchiques et les pectoraux. Il serait difficile de se rendre raison de la préférence que le chou rouge a obtenue dans presque tous les livres de matière médicale sur les autres variétés de la même espèce : toutefois c’est le seul qui soit employé aux usages de la pharmacie. La tige de ce chou, selon Murray, lorsqu'on y fait des incisions longitudinales en automne, laisse couler un suc mielleux qui, au rapport d’'Hofmann, agit comme un doux laxatif. Si l’on en croit Pauli, ce suc a une si grande activité, qu'il suffit d’en frotter les verrues pour les guérir radicalement. Geoffroy rapporte à ce sujet l'histoire d’une servante qui, par ce seul moyen, fut complètement débarrassée, en quatorze jours , de cette sorte d’excroissance dont elle avait les mains couvertes. Appliquées chaudes sur la poitrine, les feuilles de chou ont quel- quefois diminué ou fait disparaître des points de côté. Leur applica- tion sur les plaies des vésicatoires a donné lieu à l’exhalation d’une grande quantité de sérosité. Murray les regarde comme très-propres à la détersion des ulcères. Geoffroy, Murray luismême, et une foule de praticiens, recommandent leur application, en cataplasmes , sur les mamelles, pour préveniret pour diminuer l’inflammation de ces organes, pour résoudre les engorgemens qui se manifestent à la suite des couches, et pour s'opposer à l'accumulation du lait chez les femmes qui n’allaitent pas. La décoction de chou a été préconisée dans le traitement des catarrhes pulmonaires , contre l’enrouement , CHOU. la toux et la phthisie pulmonaire. On ne l'emploie cependant qu'as- sociée avec des substances gélatineuses où mucilagineuses , telles -que le bouillon de veau, de poulet, de limaçons, de tortue, d’écrevisses, de grenouilles, etc., ou unie avec le sucre ou le miel. On en prépare un sirop qui à joui autrefois d’une grande vogue, et que certains apothicaires vendent encore aux gens crédules, et fort cher, contre la phthisie. On en fait aussi une marmelade qui a été quelquefois ad- ministrée dans les maladies de poitrine. Si l’on en croit Lobb, la décoction de choux aurait quelquefois réussi à dissoudre les calculs urinaires dans la vessie; mais le judicieux Murray remarque que cet heureux résultat a dû être bien rare, et il semble porté à croire que cette prétendue propriété lithontriptique a été trop légèrement fon- dée sur le ramollissement qu’auront éprouvé quelques calculs mis en macération dans cette liqueur. Quoique la décoction vineuse du chou ait été moins préconisée que les autres préparations, Camérarius lui attribue une grande effi- cacité contre les ulcères et contre la lèpre. Heurnius et Velschius, cités par Geoffroy, rapportent que plusieurs sujets, affectés d’hydro- pisie et de scorbut, ont été guéris par son usage. On ne peut en effet s'empêcher de lui reconnaître des qualités réellement excitantes et antiscorbutiques, qui nous paraissent beaucoup plus dignes de la confiance des thérapeutistes que toutes les vertus pectorales, bé- chiques et antiphthisiques qu’on lui a beaucoup trop libéralement accordées. M. de Montègre nous paraît du reste avoir apprécié ces dernières propriétés du chou à leur juste valeur, en considérant les préparations dans lesquelles le suc de cette tétradyname est tout-à-fait enveloppé, comme un de ces moyens innocens que le médecin em- ploie pour contenter son malade, sans y attacher lui-même aucune importance. Îl est si facile d’ailleurs de suppléer aux faibles proprié- tés médicales de ce végétal, par un grand nombre de substances tout aussi communes et beaucoup plus propres à remplir les mêmes in- dications, que plusieurs auteurs, parmi lesquels nous citerons M. Ali- bert, ont cru devoir l’exclure de la liste des médicamens. Le chou, en effet, est bien plus recommandable par ses usages économiques que par ses qualités médicamenteuses. Chez les anciens , il était regardé comme un aliment aussi agréable que salutaire ; il CHOU. constitue une grande partie de la nourriture habituelle de plusieurs peuples du Nord : les habitans des campagnes et la classe laborieuse des villes en retirent à peu de frais parmi nous un mets précieux ; el modifié par l'art culinaire, il n’est pas dédaigné sur les tables le mieux servies. On a remarqué néanmoins que certains estomacs le digèrent difficilement, qu’il détermine le développement de beaucoup de gaz dans l'appareil digestif, et donne lieu à la tension du ventre et à des éructations fétides et incommodes. Geoffroy lui reproche même d’émousser l'esprit et de troubler le sommeil. Le proverbe, grec, de xpauGy Oavaros, deux fois du chou c’est la mort, semble même indiquer que ces inconvéniens n’ont pas été inconnus des an: ciens. À moins qu'il ne soit associé à des condimens et à des assai- sonnemens propres à exciter l’action de l'estomac et à en favoriser la digestion, le chou est donc en général peu convenable aux personnes faibles et délicates , aux convalescens , aux vieillards, à ceux qui sont épuisés par les excès du luxe et de la mollesse, ou dont la constitu- tion a été sourdement minée et par nos institutions détestables et par l'horrible corruption de nos mœurs ; mais, dans les circonstances contraires ;, et particulièrement chez les individus robustes et qui mènent une vie active et fortement exercée, il constitue un aliment d'autant plus utile, que, réunissant à ses qualités nutritives la pro- # : L priété antiscorbutique des plantes crucifères, il peut être considéré # comme un aliment diététique très-avantageux dans beaucoup de cas. En faisant subir au chou un commencement de fermentation qui y développe un principe acide, on obtient le sauer craut , mot alle- mand d’où nous avons fait les expressions chou croûte, chou aigre;. | chou confit, sous lesquelles nous désignons cette substance alimen- taire. Pour l'obtenir, selon M. de Montègre ; on coupe les feuilles de chou en tranches minces ou en rubans effilés, qu'on étend dans un tonneau par couches de trois ou quatre pouces d'épaisseur, en faisant | alterner chaque éouche de chou avec une couche de sel. Il faut avoir soin de placer préalablement un lit de sel au fond du tonneau ; et, quand ce dernier est rempli, on couvre la dernière couche de chou d’un lit de sel semblable à celui du fond. La quantité de sel marin qu'on emploie dans cette opération, est ordinairement d’une livre pour cinquante ou soixante livres de choux. Après avoir fortement | CHOU. comprimé le tout, on place sur le dernier lit de sel de grandes feuilles de chou entières, sous lesquelles on étend une toile humide, et l'on recouvre cet appareil d’un couvercle chargé d’un poids assez consi- dérable pour empêcher la masse de se soulever pendant la fermenta- tion. Bientôt les choux ainsi comprimés abandonnent leur eau de végétation ; qui coule extrêmement fétide et boueuse à l’aide d’un robinet placé à cinq ou six pouces du bord supérieur du tonneau. On y substitue alors une autre saumure qu’on change de même au bout de quelques jours, et qu’on renouvelle ainsi successivement jus- qu'à ce qu’elle sorte nette et sans odeur, ce qui arrive ordinairement du quinzième au vingtième jour. | La chou-croûte, ainsi préparée, se conserve très-long-temps sans altération, pourvu qu’elle soit constamment recouverte d’un ou deux pouces dé saumuré pour là préserver du contact de l'air. On en fait un très-grand usage en Angleterre, en Allemagne et autres contrées du Nord. Elle est rarement agréable à ceux qui en mangent pour la première fois; mais on s’y accoutume bientôt, et on finit par lui trou- ver un goût fort appétissant. Elle est beaucoup plus facile à digérer que le chou non fermenté, et présente plus rarement les inconvé- . miens que ce dernier fait éprouver aux estomacs faibles. « La très- grande utilité qu’on pourrait en retirer, dit Peyrilhe, soit à titre d’a- liment et de condiment, soit comme antiscorbutique diététique, de- vrait en étendre la préparation à tous les départemens de la France, et surtout en introduire l’usage dans les lieux de détention, dans les dépôts de mendicité, dans les hospices, etc., où des milliers de victimes sont sans cesse exposées à toutes les causes d’insalubrité. » Nous ne pouvons que réunir nos faibles vœux à ceux de ce médecin philanthrope, pour que l'autorité recônnaisse un jour la nécessité d’en approvisionner les vaisseaux et les places fortes. Rien ne serait plus utile pour prévenir le scorbut qui exerce si souvent ses ravages dans les garnisons pendant les longs sièges. De grands et remarquables succès en ont déjà constaté l’efficacité dans les voyages de long cours. C’est en grande partie à l’usage de cet aliment que l’illustre Cook dut la conservation presque miraculeuse de la santé de son équipage, dans son voyage autour du monde, pendant une longue et pénible navigation de trois ans. Le scorbut, qui moissonnait chaque année CHOU. : une grande partie de l’armée que le gouvernement anglais entrete- nait en Amérique pour asservir les généreux habitans de ce payspen- | dant leur dernière révolution, cessa d’y exercer ses ravages aussitôt que la Grande-Bretagne eut pris des mesures pour approvisionner son armée de chou-croûte. neue (étienne de |’), en latin aquæus, Encomium brassicarum , sive caulium ; in-80. Pari- sis, x531. L ROSENBr AD ( Éverard) , De viribus brassicæ in sanitatem humanam ; Diss. in- 4°. Londini Go- 6. thorum , 197 EXPLICATION DE LA PLANCHE. (La plante est de grandeur naturelle.) x. Calice quadriphylle caduc fermé ; con- 4. Silique ou fruit de grandeur naturelle, nt les parties sexuelles. dont un des battans ou valves com- >. Étamines ét pistil; quatre glandes à la mence à s’ouvrir de bas en haut ase des filamens. 5. La même coupée D afin 3. Pistil, à la base duquel on distingue les de faire voir la clois quatre glandes. * 6. Graine sphérique grossie. Lambert F seu AA CXX. CIGUE GRANDE. CAC ete nee 33 HOVEIOY ; HOVEFOV. GICUTA Mayor ; Bauhin, HivaË, lib. 4, sect. 5. Tournelort, clas. 7, , ombellifères Less ne CONIUM MACULATUM ; seminibus striatis; Linné, clas. 5, pentandrie CICUTA MAJOR; caule basi maculato, sulcis seminum crenatis; La- marck, Encycl. méth, Jussieu, clas. 12, ord. 2, ombellifères. DE. Fos." LS CICUTA ; CICUTA GRAN Espagnol. . ...:.. CIGUTA, l'ANCAIS, . . . . .... CIGUE; GRANDE CIGUE; CIGUE ORDINAIRE. D don MMO. . Allemand. ....... SCHIERLING ; ERDSCHIERLING. Hollandais, , ..... CHEERLING. Des qualités malfaisantes, que la médecine a su rendre utiles dans certaines maladies, ont fait seules la réputation de cette plante : au- trement elle eût été oubliée dans les lieux intultes, le long des ma- sures et au milieu des décombres où elle est assez commune. Par les taches livides de son écorce, semblables à celles de la peau d’un ser- pent, la nature semble nous avertir de ses propriétés dangereuses. On sait que la ciguë chez les Athéniens fournissait un poison dont on se servait pour faire périr ceux que l’Aréopage avait condamnés à mort. Plusieurs auteurs pensent que notre grande ciguë est la même que celle des anciens ; mais cette assertion nous paraît au moins dou- teuse, Dioscorides et les autres botanistes de son siècle ayant exposé les propriétés et les usages de cette plante plutôt que ses caractères. Comme on donne le nom de ciguë à plusieurs autres plantes dif- férentes de celles dont il est ici question, il est important d’en bien connaître les caractères botaniques. Ses ombelles et ombellules sont accompagnées à leur base d’un involucre à trois ou cinq folioles réfléchies ; les fruits courts, presques ovales, à cinq côtes , légère- ment tuberculeux à leurs bords. Ces caractères sont suffisans pour la distinguer de la petite ciguë (æthusa cynapium ), dont les fruits sont 31e Livraison, - 4, CIGUE GRANDE. plus arrondis, point tuberculés ni-crénelés à leurs bords, point d'in volucre à l'ombelle universelle ; de la ciguë aquatique (cicuta viré 1 privée d'involucre universel, et les côtes du fruit point crénelées,« ayant d’ailleurs de grandes folioles lancéolées : on évitera encore de la confondre, comme cela est arrivé plusieurs fois, avec le persil sauvage (chærophyllum sylestre , L.), dont les fruits sont très-allon: | gés , presque cylindriques. Les racines sont blanches, épaisses, presque point ramifiées , de la grosseur du petit doigt, longues de huit à dix pouces. : Les tiges droites rameuses, hautes de trois à quatre pieds, fistu-. } leuses, glabres, d’un vert dei, parsemées surtout à leur a infé- rieure de taches purpurines ou noirâtres. Les feuilles grandes, alternes, un peu molles, deux et trois fois 1 ailées ; les folioles petites, pinnatifides, aiguës, d’un vert sombre, ui peu Heat: assez semblables à celles du persil sauvage. Les fleurs blanches, disposées en ombelles nombreuses , très-ou- | vertes, munies d’un involucre : à cinq ou trois folioles rabattues ; un | calice court, entier; cinq pétales inégaux, courbés en cœur ; Cinq étamines ; dx Hé courts. Le dE est court, ovale, un peu globuleux ; partagé en deux se- mences, convexes Né hearts relevées de .. côtes Wgtres ordscliet et tuberculeuses. (P. ) L'aspect repoussant de cette plante, son odeur nauséeuse, vireuse, spécifique, analogue à à celle des souris, ou à l’odeur du cuivre chauflé dans la main ; sa saveur amère, désagréable ; l'âcreté de toutes ses parties, de sa racine surtout, qui détermine rapidement ’inflamma- ton et le gonflement de la langue, sont un indice certain de ses qualités délétères. 1 Les chimistes n’ont pas encore procédé à son analyse avec toute l'attention convenable : on a retiré néanmoins de son suc une ma- hière extractive , de la gomme résine, dont Erhart a avalé un scrupule sans en éprouver aucun cffet ; du smile) une huile très-expansive, très-odorante , et dans boilé paraît essentiellement résider le prin- cipe vireux qui la rend si redoutable. Les chèvres et les moutons peuvent cependant la brouter sans in- convénient. Plusieurs oiseaux, et les étourneaux en particulier, se CIGUE GRANDE. nourrissent même de ses semences. Mais pour l’homme et les aulres espèces d'animaux , elle est un poison très-dangereux. Différens ob- servateurs rapportent que des ânes, des chiens, des loups, des cabiais, des mener etc., qui avaient accidentellement mangé de cette plante, à qui on en avait fait avaler par force, ont éprouvé une léthar- gie pie des palpitations , le tremblement, des convulsions, et souvent la mort. Ce dernier résultat paraît avoir été observé plus rarement chez l’homme que chez les autres animaux empoisonnés par la grande ciguë ; mais constamment elle a donné lieu à des acci- dens plus ou moins graves, tels que vertiges, cardialgie, vomisse- mens violens, irrégularité du pouls, palpitations, somnolence, délire quelquefois furieux, convulsions, paralysie, manie, démence, et diverses anomalies des fonctions nerveuses , comme la cécité, la sur- dité, etc. L’estomac des animaux morts victimes de cet empoisonne- ment a rarement offert des traces d’inflammation ; mais le ballonne- ment du ventre, l'injection des vaisseaux cérébraux par une grande quantité de sang noir, sont les altérations organiques qu’on a le plus souvent observées après la mort. De nombreuses expériences ont heureusement constaté l'efficacité des acides végétaux pour combattre les accidens que produit cette plante vénéneuse ; le vinaigre et l'acide du citron qu'on a presque toujours sous la main, sont surtout administrés avec succès dans cette espèce d’empoisonnement. On sent néanmoins que la première indi- cation à remplir consiste à débarrasser l'estomac de tout ce qu’il peut renfermer de vénéneux , en provoquant le vomissement, soit à l’aide de l’émétique, soit au moyen de la titillation de la luette, et d’une grande quantité d’eau tiède. Quant aux toniques recommandés par quelques auteurs, leur utilité n’est réellement bien manifeste que lorsqu'il s’agit de remédier à-un état de stupeur, ou à la faiblesse qui persiste quelquefois plus ou moins long-temps après la cessation des autres symptômes. La racine, les feuilles et le suc de la grande ciguë , long-temps con- sidérés comme adoucissans , calmans, résolutifs, désobstruans, etc. , étaient employés par les anciens dans les chutes de l'anus, dans les douleurs des yeux, contre la goutte, le rhumatisme , l’érysipèle et autres exanthèmes. Arétée l'appliquait à l'extérieur pour calmer le ' CIGUE GRANDE. spasme des organes génitaux ; on lui attribuait même la propriété = de détruire les désirs vénériens ; mais loin d’avoir confirmé cette pré- tendue propriété dans læ ciguë, quelques modernes ont eu lieu de reconnaître en elle une vertu aphrodisiaque. Avicenne en composait un emplâtre pour résoudre les tumeurs des testicules et des mamelles, et pour prévenir l’engorgement du lait, dans ces derniers organes. A une époque moins reculée, Etmuller, Paré, Lemery et autresont appliqué la grande ciguë au traitement des tumeurs squirreuses , car: cinomateuses, des prétendues engorgemens laiteux, des loupes, des ” ganglions et des obstructions viscérales. Reneaulme en faisait usageà l'intérieur contre les squirres du foie, de la rate et du. pancréas. Stoerck, non content de décerner à la ciguë toutes les propriétés mé: dicales, vraies ou fausses, qu’on lui avait attribuées avant lui, a fait long-temps retentir les écoles des succès prodigieux et en quelque sorte miraculeux qu'il croyait avoir retirés de l’emploi de cette plante vireuse dans le traitement des maladies chroniques de tout genre, et surtout contre les squirres et les cancers. Selon lui, les endurcisse- mens les plus solides des viscères, les squirres, quels que soient leur volume et leur ancienneté, ont cédé comme par enchantement à l'u- sage de la grande ciguë, après avoir résisté à tous les autres moyens. Il assure que les sinus fistuleux , les ulcères malins, les tumeurs œdé- mateuses , la cataracte, la goutte, le spina-ventosa, les maladies véné- riennes les plus rebelles, la leucorrhée, la: toux, les vomissemens chroniques , l'amaurose, l’ictère, la phthisie , etc., ete. , n’ont jamais résisté à cette plante ie Quarin, Locher, Palucci, Leber, Collin, et une foule de médecins français, anglais, allommades ita- liens, etc., entraînés par l’ascendant de larchiâtre allemand, ou aveuglés par leur enthousiasme pour un remède nouveau dont on proclamait de toutes parts, avec emphase, les effets merveilleux, confirmèrent les expériences de Stoerck, et concoururent ainsi à éta- blir sur des bases plus brillantes que solides la haute réputation dont la grande ciguë a long-temps joui comme médicament … Toutefois beaucoup d’observateurs recommandables, tout aussi | dignes de foi que les précédens, et d’un jugement bien plus sévère, firent entendre leur voix au milieu de ce concert unanime de lonan- ges outrées sur la ciguë. Ainsi André à vu des ulcères s'aggraver, ! É : CIGUE GRANDE. des tumeurs augmenter de volume , et les malades éprouver des ver- tiges, l’obscurcissement de la vue, la stupeur des membres, la pa- ralysie, etc., sous l'emploi de ce médicament. Lange a reconnu qu'il affaiblissait les malades, détruisait l'appétit, et rendait le can- cer plus douloureux. Dehaen n’a jamais obtenu la guérison d’un cancer ni d’un simple squirre par le moyen de la ciguë. Sur cent vingt malades auxquels il administra pendant long-temps cette plante, trente, affectés de ces dernières maladies, périrent misérablement , très-peu furent guéris de tumeurs cervicales, d’engorgemens du tes- ticule, d’ulcères et des fistules. Divers praticiens distingués en ont inutilement fait usage dans le traitement de la vérole, de la goutte et de rhumatismes; d’autres n’en ont pas obtenu plus de succès dans la cataracte, l’amaurose et les obstructions. Gesner, Fothergill, Schmucker, Farr et autres observateurs ne lui ont reconnu aucun avantage dans les affections cancéreuses. Enfin, entre les mains de ces médecins et de plusieurs autres, elle a été presque toujours inu- tile ou insuffisante, souvent même suivie de l'augmentation des ma- ladies contre lesquelles Stoerck et ses partisans avaient le plus pré- conisé son efficacité. La grande ciguë paraît cependant avoir été employée avec succès contre les maladies nerveuses et dans celles du système lymphati- que. Fothergill, Underwood en Angleterre; Hartenkeil en Allemagne, et plus récemment en France, M. Chaussier et M. Duméril, ont constaté ses bons effets dans plusieurs espèces de névralgies., M. But- ter et M. Odier assurent qu’elle modère et abrège le cours de la co- queluche. Quelques observations semblent également annoncer son utilité dans l’épilepsie. En 1815, M. Récamier en a retiré de grands avantages dans le traitement des tumeurs chroniques de lutérus, auquel il a fait concourir la méthode du eura famis ; mais il con- vient que son action a été entièrement nulle sur le squirre et le cancer de cet organe. «Il est peu de médicamens, selon M. Guersent, sur lesquels on ait autant écrit que sur la grande ciguë, et qui aient fait naître des Opinions aussi diamétralement opposées en thérapeutique. La cause de cette différence tient sans doute à quelques circonstances étrangè- res au médicament, telles que la détermination souvent peu exacte Ferme pernège. SEC CIGUE GRANDE. des maladies dans lesquelles on en fait usage; mais elle dépend aussi de la nature du remède lui-même et de la manière dont il est pré- paré et administré. La ciguë, comme presque tous les poisons vécé- taux; offre une grande anomalie dans sa manière d'agir sur les propriétés vitales, suivant l’idiosyncrasie des individus. Quélques- uns ont pris, en s’y habituant, plusieurs gros de ciguë, par jour, sans en éprouver aucun effet sensible, tandis que chez d’autres le même médicament, à la dose de demi-grain, a suffi pour exciter des accidens qui ont forcé d’en interrompre l'usage. On administre le suc exprimé, l'extrait, la poudre et l’infusion de ciguë. Dans ce dernier cas, on emploie depuis demi-once jusqu’à deux onces de ses feuilles pour deux livres d’eau. La dose ordinaire du suc dépuré est de dix gouttes à un scrupule et même au delà; mais on en fait rarement usage. On a bien plus souvent recours à l'ex- Wait; on commence à l’administrer par un grain, et l’on augmente successivement la dose jusqu'à un gros et plus par jour. Pour l'ob- tenir d’après le procédé de Stoerck, on fait évaporer le suc des feuilles fraîches à un feu lent, jusqu'à consistance d’un sirop épais. On } ajoute ensuite la quantité de poudre de la même plante, nécessaire pour donner au tout la forme pilulaire. La pharmacopée d'Édim- bourg compose un autre extrait de ciguë avec les semences bouillies de cette plantes maïs il mérite beaucoup moins de confiance que le précédent. Elle entre dans la composition de lemplâtre diabota- num, et forme un des principaux ingrédiens de l’'emplâtre de ciguë, d'un si grand usage parmi les chirurgiens dans le traitement des tumeurs froides et indolentes. On en fait encore des cataplasmes, et des infusions et macérations vineusés, acéteuses, laiteuses et hui- leuses, qu'on emploie comme topiques dans plusieurs maladies. EXPLICATION DE LA PLANCHE. { La plante est de grandeur naturelle.) 1. ‘Eronçon d'une tige, afin de faire voir qu'elle est fistuleuse, et les macules dont elle est bigarrée, 2. Fleur entièré grossie. 3, Frait entier grossi. | cpu Dr Oh MEET Eh 12 O. 4. TurpinP UE AQUATIQUE. CI ns a. À £ Ch) CIGUE AQUATIQUE, SIUM PALUSTRE ALTERUM FOLIS SERRATIS ; Torpglort, clas. 7, ombel- lifères. CICUTA VEROSA ; TS pesifelie péiolis, gangingtie ,; Obtusis ; Latin... "4... Linne, clas. 5, pentandrie digyni CLCUTARIA AQUATI CA; foliis duphhe-puas, foliolis serratis , invo- is umbellulä longioribus ; Lamarck, Æncycl. méth. Jussieu, ré 12, ord. 2, ppt ltahens, 4 0 GtCUrA AQUATICA. spagnol. fe... . © *AQUA 5 Frakhçars,,, 3: # CIGUE mere AQUATIQUE, Lamarck ; GIGUE VIRULENTE , ANA EE Eu 1 WATER-HEMLOCK. Allemand... .. . WAassERSCntERLING ; WUETTERI CH ; 3 WUETSCHERLING, Hollandais, ...... WATER -SCHEERLING. k uédois. . . Ÿ Z, 2.4 SPRANGORT IL a déjà été fait mention de cette plante à l’article de la grande ciguë, avec laquelle elle ne peut être confondue. Elle est tout aussi dangereuse. Ce sont sans doute ses qualités délétères qui lui ont fait improprement donner le nom de ciguë, et son habitation sur le bord des étangs et des fossés aquatiques, celui de cigué aquatique : on applique aussi très-souvent la même dénomination au phellandrium OS L., autre Fene eg Mn et à rs joe po les mê ? " nt ue repli d'un suc janäte, Er en parties garnies de fibres nombreuses. ei Ses tiges assez fortes droites, Sas fistuleuses et rameuses , hautes de deux ou trois pieds. ** Ses feuilles amples, alternes, pétiolées, deux et trois fois ailées, composées de folioles sessiles, lencéétéené vertes, glabres, icagucs d'environ un pouce, dentées en scie, un peu aiguës. Les fleurs sont blanches, disposées en ombelles , lâches, presque réguhères; point d’involucre universel, excepté rietituifoii une 2 ie foliole étroite. 32t Livraison. CIGUE AQUATIQUE. Les involucres partiels, composés de plusieurs folioles étroites, plus longues que les ombellules ; cinq pétales ovales, entiers, pres- que égaux, courbés au sommet; cinq étamines; deux styles. Le fruit est un peu court, ovale, cannelé, composé de deux $e- mences convexes en dehors, à cinq petites côtes très-entières, et non dentées ou tuberculeuses. (P.) Toutes les parties de la ciguë aquatique répandent, surtout dans l’état frais, une odeur analogue à celle de lache, quoique plus pi- quante et plus nauséeuse. Sa saveur, selon Peyrilhe, n’est point dé- sagréable comme celle de la grande ciguë , et se rapproche un peu de celle du persil. Sa racine plus âcre, plus vénéneuse que ses autres parties, contient une substance charnue, blanche, celluleuse, dont le goût se rapproche de celui du panais, avec lequel on l’a souvent confondue. Outre le suc âcre, jaunâtre que son écorce renferme, Wepler a remarqué sur les blessures des grandes tiges de petites ag- glomérations d’une matière bleuâtre, transparente, visqueuse, qui est d’une légère âcreté. : : D’après les expériences de Gadd, la ciguë aquatique fournit par la distillation un principe volatil narcotique d’ane odeur très-désa- gréable, très-pénétrante, et-un résidu à peu près inerte, qui n'a produit aucun accident chez un oiseau auquel il a été donné comme aliment. On a remarqué en outre qu'elle communique aux eaux stagnantes dans lesquelles elle végète, un liquide gras et -huileux qui paraît fort vénéneux. Toutefois ces données font vivement dési- rer des recherches chimiques plus précises sur cette plante vireuse Gunner rapporte que la racine de cette ciguë est employée en Norwège à la nourriture des chèvres, et comme remède pour les cochons. Gmelin pensait qu'elle n’était point vénéneuse pour les chevaux, mais les expériences de Gadd sont contraires à cette opi- nion. Elle est du reste extrêmement délétère pour l’homme et pour la plupart des animaux. Trois bœufs ont péri en Suède après en avoir mangé; deux autres bœufs ont succombé en Finlande pour avoir bu seulement de l'eau chargée du liquide huileux qui émane de sa tige. Linné semble lui attribuer la grande mortalité qui eut lieu à Tornéo en Laponie, parmi les ‘bestiaux. Wepfer a expérimenté qu'elle est extrêmement dangereuse pour les chiens. Ses feuilles , quoique beau- CIGUE AQUATIQUE. coup moins vireuses que sa racine fraîche, ont donné la mort à des oies; Boerhaave citait dans ses leçons l’histoire d’un jardinier qui éprouva des vertiges pour en avoir coupé en certaine quantité. Wep- fer, Schenck, Riedlin, et plusieurs autres observateurs, ont rapporté des exemples d’empoisonnement par la racine de ciguë aquatique, soit chez des adultes , soit chez des enfans. La plupart des individus qui avaient accidentellement avalé de cette: racine, ont succombé après avoir éprouvé les symptômes les plus graves , tels qu'éblouis- semens, obscurcissement de la vue, vertiges, céphalalgie quelquefois aiguë et déchirante ; démarche vacillante , agitation, anxiété précor- diale, cardialgie, sécheresse de la gorge , Soif ardente, éructations, vomissemens de matières verdâtres; serrement télanique des mà- choires; respiration fréquente, entrecoupée; lipothymies, léthargie, froid des extrémités; délire furieux, convulsions; attaques d’épilep- sie, particulièrement chez les enfans. Après la mort, on a générale- ment trouvé la surface intérieure de l'estomac et de l'intestin, rouge, enflammée, quelquefois même corrodée ou gangrénée dans les en- droits qui étaient en contact avec quelques morceaux de racine. Chez quelques sujets, le foie, et surtout les poumons, offraient un état de phlogose ou une infiltration sanguine; le cœur était flasque, ses cavités remplies d’un sang noir et fluide; les vaisseaux du cerveau étaient gorgés de sang, et ses ventricules renfermaient un peu de sérosité. À l'extérieur la plupart des cadavres étaient dans l’état na- turel; quelques-uns seulement offraient des taches livides, où des espèces d’ecchymoses. Le | t, ité surtout pardes moy mécaniques et par l’ingestion d’une grande quantité d’eau tiède, dès les premiers momens et avant que linflammation de l'estomac se soit développée, ensuite les boissons acides et mucilagineuses, sont les principaux moyens à employer contre cet empoisonnement , qui du reste a la plus grande analogie avec celui que produit la belladone. Depuis très-long-temps la ciguë aquatique est en usage comme topique dans le traitement de différentes maladies de la peau et du système nerveux. On lappliquait jadis en cataplasmes sur les abcès qui se manifestent dans le waren endémique de W. estphalie. Les habitans de la Sibérie guérissent, dit-on, les dartres syphilitiques, les névralgies sciatiques et les rhumatismes au moyen de frictions CIGUE AQUATIQUE. faites avec la racine de cette plante réduite en pulpe. Les mêmes moyens sont employés au Kamschatka dans le lumbago. Quoique ces faits, et surtout les qualités délétères de la cigué aquatique, doivent lui faire présumer des propriétés médicales très- actives, on manque de données positives sur sa manière d'agir comme médicament. Un malade auquel Bergius avait prescrit la décoction de cette ciguë pour un usage extérieur, en but quatre livres dans l’espace de deux heures sans en éprouver aucun effet. Une femme affectée de cancer a fait très-long-temps usage du suc épaissi de cette plante sans en éprouver ni bien ni mal, Toutefois, Murray redoute tellement ses qualités vireuses, qu'il n’a jamais osé l’administrer in- térieurement: Linné, dont l'opinion est ici d’un grand poids, lui sup- posait plus d'énergie qu’au conium maculatum , plante avec laquelle elle a du reste une grande analogie d'action, et c’est par son conseil qu'elle a remplacé cette dernière dans la pharmacopée danoise. Par les progrès de l’âge, et surtout par la dessiccation, la racine de cette ciguë perd son âcreté et même ses propriétés nuisibles , au point qu’en Finlande on la donne à manger aux bestiaux avec du sel. Dans les pharmacies, comme dans la plupart des livres de matière médicale, la ciguë aquatique a été et se trouve encore souvent COn- fondue avec la grande ciguë, conium maculatum, XL, quelquefois même avec d’autres plantes telles que l'&thusa cypianum, et le phellandrium aquaticum , 1. Sans cesse les auteurs de thérapeuti- que les prennent indistinctement l’une pour l'autre et appliquent à toutes ce qui ne convient qu’à l’une d'elles : cette mauvaise manière de procéder, une des principales causes de la divergence d’opinions et de la confusion qui règne depuis si long-temps dans l’histoire mé- dicale de ces plantes redoutables, nous oblige à réunir ici la biblio- graphie des deux ciguës dont nous venons de parler. WEPFER (ean-sacques) , Cicutæ aquaticæ historia et noxæ , commentario illustratæ ; in -4°: Basileæ , 1679. — Id., 1516. — Id., curd Theodori Zwinger ; in-8°. fig. Lugduni Ba* tavorum, 1733. Cet ouvrage précieux contient, sous un titre modeste , le détail des expériences nombreuses et très-importantes faites sur des animaux vivans ainsi què le résultat de l’autopsie cadavérique: oRes1G (sigismond-rrédére), De cicutà Atheniensium pœnd publicä, Diss. inaug. resp. Ste- ger; in-4°. Lipsie, 1734. t PR REC ANT ER pee CIGUE AQUATIQUE. sroercr (antoine), Libellus quo demonstratur cicutam non solum usu interno tutissimè exhi- eri, sed et simul remedium valdè utile in multis morbis qui huc usque curatu impossibiles dicebantur ; in-8°. Vindobonæ , 1760. L’auteur publia l’année suivante un second Opuscule , ensuite un Supplément , destinés à confirmer de plus en plus les vertus merveilleuses de la ciguë dans les cas ésespérés, e et no- tamment dans les affections cancéreuses, Ces divers écrits ont été traduits en français et en allemand , célébrés par l'ignorance , la crédulité ou la flatterie. Mais l’expérience raisonnée a démenti les promesses fastueuses de l’illustrissime archiâtre ; et le judicieux observateur Alibert a relégué pour jamais la ciguëé parmi les substances rarement efficaces, et souvent très-nuisibles. : QuaRIN (soseph}, Tentamina de cicuta ; in-80. F sig SO ÈS 17 6r. ORTEGA (casimir-comez), De cicutd commentarius ; in-8”. Matrit ciguë en chirurgie; in-8°. Vienn utric HOFMANN VS mn -Louis), Vom Gebrauche des PA he c’est-à-dire, De l’usage de la ciguë; in-8°, Munster, 1762. SALOMON (u0e el), De cicutæ a medicä, Diss. in-49. alæ , . ERBART (CES ) , De cicutä, De. ECS Argentorati , ï 763. LANGE (sean-nê ), Dubia cicutæ vexata, Diss. inaug. resp. nr, in-4°. Helnstadi, modo in corpus humanum , ejusque ‘inde deducté virtute, L’ auteur de cette Dissertation combat par des raisonnemens et pes des faits les assertions HAEN “ange de), Epistola de cicutà ; in-8°, Viennæ Austriæ , 1765. s cette Lettre adressée au docteur Tralles def Breslan, de Haen prétend que les proprié- tés médicales de la ciguë sont inférieures à celles de l'eau ti VIVENZI (3.), De cicutà commentarius ; in-8°. Neapoli, 1767. HARTMANN (pierre-emmanuel), Diss. e insignem cicutæ Stærckianæ efficaciam medicam singulari quädam observatione com peurs at ; in-4°. Traje 2 F. Lagos » 1772. SCHINDLER (michel), Observationes circà usum conii “+ “+ in scorbuto aliisque orbis, Diss.in-4°. Ulmæ, 1797. EXPLICATION DE LA PLANCHE. (La plante est de grandeur naturelle.) ë 1. Portion d'une feuille adulte. 3. Fruitentier de hu naturelle. 2. Fleurentière grossie, 4. Le même coupé horizontalement , grossi. CXXI. CIRIER. ER tatin OT SANTO iatés GERIFERA; foliis lanceolatis, subserratis, caule arborescente ; { Linné, diæcie tétrandrie, Jussieu, clas. 15, ord. 4, amentacées. FRMUEMS: does see ALBERO DELLA GER Espagnol A SET nd ARBOT, DE LA CERA. Français. sh 45}. CIRIER ‘ : Anglais. > 5, jte, CANDLEBERRY MYRTLE. Allemond.:: 25: KERZENBEERSTRAUCH Hollandais. . ... KAARS! don + Ww La découverte de l'Amérique nous a procuré la connaissance de cet intéressant arbuste, dont les baies fournissent aux naturels de ce pays une sorte de cire végétale, jusqu'alors inconnue aux Euro- péens. Les lieux humides et marécageux de la Caroline et de la Louisiane sont la patrie de cette plante aujourd’hui cultivée dans plusieurs jardins de l’Europe. Le caractère essentiel du genre consiste dans des fleurs dioïques ; les fleurs mâles sont réunies en chatons garnis d’écailles; une fleur pour chaque écaille; point de corolle; environ quatre étamines, les anthères à deux lobes : les fleurs femelles en chatons semblables aux -fleurs mâles, sur des individus séparés; pOint d’étamines; deux sty- les; une baie renfermant une seule semence. Cet arbrisseau est très-rameux, haut de six pieds, revêtu d’une écorce grisâtre; ses rameaux sont légèrement velus vers leur sommet. Ses feuilles sont alternes, médiocrement pétiolées, longues de deux ou trois pouces, larges d’un demi-pouce et plus, lancéolées , aiguës, dentées en scie à leur moitié supérieure , entières et rétrécies à leur base. Les fleurs disposées en chatons courts, axillaires, sessiles; leurs écailles lisses, mais non luisantes; quatre à cinq étamines sous cha- que écaille dans les fleurs mâles; dans les femelles un ovaire ovale, supérieur, surmonté de deux styles filiformes et de deux stigmates aigus. 32° Livraison. CIRIER. Les fruits consistent en de petites baies globuleuses, à peine de la grosseur d’un pois, uniloculaires, monospermes , couvertes d'une poudre blanche grenue, un peu onctueuse; réunies sur de petites grappes latérales et sessiles. Le myrica gale que nous possédons en France, qui croit à Saints Léger dans les environs de Paris et dans les contrées septentrionales de l’Europe, est du même genre que le cirier. Il ne fournit point de _ cire; mais ses fruits, de même que toutes les parties de la plante, sont un peu aromatiques. Ses feuilles sont grisâtres , lancéolées, per: sistantes, élargies et dentelées à leur partie supérieure. On a cru pen: dant quelque temps que cet arbrisseau était le véritable thé de la Chine. Aujourd’hui on est revenu de cette erreur. (P.) Lorsqu'il fait chaud et quand on les froisse, toutes les parties du cirier répandent une odeur résineuse qui porte à la tête, mais qui n’a rien de dangereux, et qui est même agréable. Lorsqu’on les mä- che, elles ont une saveur astringente, et, selon M. Tollard, elles contiennent du tannin. Des propriétés physiques aussi manifestes doivent faire présu- mer avec quelque fondement que cet arbrisseau recèle des vertus dont la thérapeutique pourra peut-être quelque jour tirer parti: M. Thiébaut de Berneaud rapporte que la liqueur où ce végétal à bouilli, et d'où l’on a retiré la cire, coulée et évaporée en consis- tance d'extrait, arrête les dysenteries les plus opiniâtres. Cette pro. : position, extraite d’un mémoire de M. Alexandre, inséré parmi È ceux de l'Académie des Sciences, mérite d’être confirmée par l'ob: mn servation, et doit servir à donner l'éveil aux praticiens zélés et aux observateurs qui seront placés dans des circonstances favorables pour soumettre les différentes parties du cirier à une série d’expé- è riences cliniques. D \ É l . « . . , < d ce : D'après l’ana ogie qui existe entre la cire que lon retire de végétal et celle que fournissent les abeilles, il est probable qu ‘on pourrait employer aux mêmes usages pharmaceutiques et économi- r. ques. Il est permis de croire par conséquent qu’elle pourra servir à la préparation du cérat , et entrer avec avantage dans la compositio! des différentes espèces d’emplâtres dont cette dernière constitue un des principaux ingrédiens. Dans les pays où elle est commune, il s€ id: #7 CIRIER. rait économique de l’employer pour cirer les meubles et les parquets. Déjà depuis long-temps on s’en sert à Charlestown et autres con- trées d'Amérique, pour faire des bougies, qui répandent en brûlant une odeur agréable, mais auxquelles on reproche de donner une lu- mière triste, à cause de leur couleur verte. Si ce léger inconvénient ne tient pas à d’autres causes, il est très-facile d'y remédier, puis- qu'il est reconnu que cette cire peut être parfaitement blanchie au moyen du chlore (acide muriatique oxigéné ). Pour retirer la cire végétale de la surface des graines du #yrica cerifera, autour desquelles elle forme une sorte de pellicule grisä- tre, mince, farineuse, les habitans de la Louisiane placent les fruits de cet arbuste sous une claie ou dans un sac de toile, au fond d’un vase rempli d’eau bouillante. La matière cireuse se fond par l’action de la chaleur, et vient gagner la surface du liquide d’où on la re- tire pour les usages auxquels on la destine. Une livre de graines donne environ deux onces de cire. On en trouve deux variétés dans le commerce : une jaune, l’autre verte. Fourcroy pense que celle-ci est obtenue la dernière et par une forte ébullition qui détache en même temps une partie de la matière extractive de la semence. Il ne faut pas confondre cette cire végétale avec la cire verte, dont on fait un fréquent usage dans les arts, qui est quelquefois employée en chirurgie, et dans l'emploi de laquelle il est toujours essentiel, selon la remarque de Fourcroy, de se rappeler sa compo- sition, à cause des accidens qu’elle peut produire : cire jaune, deux livres; poix résine, deux onces ; térébenthine, six onces; vert-de-gris, trois onces. Des botanistes et des agriculteurs, dit M. Tollard, attachant une idée fausse à l'effet que produisent les odeurs qui s’échappent des végétaux sur la salubrité de l'air, charmés par les émanations odo- rantes du cirier, proposèrent la plantation de cet arbre en Pensylva- mie, dans les lieux marécageux où croupissent des eaux impures et d'où s'élèvent des gaz délétères, dans l’intention de les assainir. Ils oubliaient que les plantes odorantes aromatisent l'air, mais qu’elles ne le purifient qu’à la manière des plantes insipides; et, sous ce rap- port, on ne peut accorder aucune préférence au cirier pour désinfec- ter les lieux marécageux. Mais, puisqu'il se plaît au bord des eaux , CIRIER. 4 il ne doit pas en être exclus et peut y figurer utilement à à côté! des autres arbustes aquatiques. Le myrica gale, végétal du même genre, vulgairement désigné! sous le nom de galé, myrte bätard, piment royal, a une odeur. forte, aromatique, étourdissante, nidoreuse, qui paraît être la base. des propriétés médicales très-actives dont Peyrilhe le croyait doué. On ne l’a cependant employé jusqu’à présent qu à l'extérieur da le traitement de la gale et contre les pous. On s’en sert pour teindre. en jaune; on la quelquefois employé à la place du houblon dans la fabrication de la bière. ba EXPLICATION DE LA PLANCHE. (La plante est de grandeur naturelle.) 1. Chaton. Vs de la chair , afin de mettre à dé grossi. 4 2. Fruit en ai - Le mème, dont on a enlevé une partie 4. Embryon isolé. CITRONNIER. bit tr == 1. 4-13 jivi.c SERRSESERS CXXIT. CITRONNIER. Grec, ...... 4.2 xitpiæ ; gnkeæ pend'iun, Théophrast “MALUS MEDICA ; Bauhin , IHvaf, tr 11, sect. 6. CITREUM VULGARE; Tournefort, clas. 21, arbres ? ÉD see eee ete CiTRUS MepiCA; petiolis linearibus ; Linné, clas. à volndelphie à ico- sandrie. Jussieu , clas, 13, ord. 10, oranger} Italien... .,..... cEDERNO ; cepRO Espagnol. ....... LIMON, Franials. CITRONNIER. ANBRRLE, 6 + 4 50 à GITRON-TREE Allemand. . . ... ++ ZITRONENBA Hollandais. + + + CITROENBOOM; LIMOENBOOM. Li Creer, te ITR Polonais. ........ CYTRYNA Les botanistes ont placé avec raison dans le même genre, comme espèces très-voisines, le citronnier et l’oranger, le premier n'étant distingué du second que par la forme de son fruit plus allongé, un peu ovale, terminé par une protubérance plus ou moins saillante, par une saveur différente, par ses feuilles plus aiguës et dont le pé- tiole est bien plus ailé : dans l’un et l’autre les fleurs offrent un ca- lice à cinq divisions ; cinq pétales, environ vingt étamines, dont les filamens comprimés sont réunis à leur base en plusieurs faisceaux ; un ovaire supérieur, surmonté d’un style et d’un stygmate en tête; une baie partagée dans sa longueur en plusieurs cloisons membra- neuses, entourée d’une écorce épaisse, glanduleuse, contenant des pepins cartilagineux. Le citronnier ne parvient dans nos sacdhnt qu’à une hauteur mé- diocre : dans l'état sauvage son tronc s'élève quelquefois jusqu’à soixante pieds, et ses branches sont hérissées d’épines. Les racines sont blanches en dedans, couvertes en dehors d’une écorce jaunâtre, fortes et ramifiées. Son tronc est droit , revêtu d’une écorce d’un vert pâle; son bois, blanc et dur : il se divise en rameaux nombreux , étalés, avec ou sans épines. 32: Livraison. + CITRONNIER. Les feuilles alternes pétiolées, luisantes , coriaces , d’une belle coù-« leur verte, ovales, lancéolées , aiguës, entières, ou un peu denticu lées à leur contour : leur pétiole court, point ou presque point ailé. Les fleurs sont blanches, odorantes, réunies en bouquets vers \ l'extrémité des rameaux; leur calice court, épais, à cinq dents ob tuses ; les pétales allongés, presque elliptiques; les filamens droits, en alène; les anthères allongées; le style épais, de la longueur des étamines; le stigmate globuleux. Le fruit est une baie un peu allongée, recouverte d’une écorce épaisse, ridée, raboteuse, d’un jaune päle, chargée de vésicules, | d’où s'échappe une huile essentielle; elle est connue sous le nom de zeste de citron. | 51 Le citronnier paraît être originaire de la Médie et de l’Assyrie, : et a été connu des anciens : il est même à présumer que les fruits, qu'ils nommaient »2ala aurea se rapportent plus au citronnier qua oranger, ce dernier n’ayant été découvert que dans des temps pos. térieurs. ( f’oyez ORANGER ). De nombreuses variétés ont été produites par la culture de cet | arbre précieux. Les principales sont connues sous les noms de 4 ; mon, de bergamotte, de cedrat, et se distinguent par leur forme; \ leur odeur, leur saveur, et quelquefois aussi par leur port et la figure des feuilles. (Pa) ot Le citron a une belle couleur jaune-pâle, une odeur suave et fra: ï grante. La saveur de son écorce est chaude, aromatique, très-amèêre Son suc est au contraire d’une acidité très-piquante et très-agréable. È Ses semences, caractérisées par des propriétés physiques encore die férentes, sont âcres, et d’une amertume qui a quelques rapports avec. celle de l'acide prussique. : Les propriétés médicales des différentes parties de ce fruit acide : ne varient pas moins que leurs propriétés physiques. L’écorce, pal. son amertume prononcée, et par l’huile essentiélle que renferment 1 les nombreux points saillans dont elle est extérieurement parsemée» : est tonique, Stomachique , carminative.. On peut l’employer avet : avantage dans l’atonie du canal intestinal et de l'estomac, pour fact 1 liter la digestion , pour favoriser l’expulsion des vents. On s'enseif | comme d'un excellent masticatoire dans la puanteur de l’haleme: CITRONNIER. dans le relâchement des gencives. Son infusion chaude peut être utile dans les affections catarrhales anciennes, dans les fleurs blan- ches et dans la chlorose, et constitue une boisson avantageuse dans les affections nerveuses, dans les fièvres muqueuses , dans la plupart des fièvres intermittentes, dans les fièvres putrides. Enfin, elle a été quelquefois administrée en infusion chaude, comme sudorifique, et en poudre, contre les vers. L’acidité franche, agréable et très-prononcée du suc de citron, le rend en général préférable à tous les autres acides végétaux pour calmer la soif, et pour former, par son association avec l’eau, le su- cre et autres substances, une boisson rafraîchissante, délayante, diurétique, etc., etc, qui est aussi agréable que salutaire à la plu- part des malades. Nous ne pouvons qu’applaudir ici à l'usage pres- que universel qu’on en fait dans presque tous les besoins de la’ vie. Mais si son usage modéré donne de l’activité au système digestif et excite l'appétit, nous remarquerons avec l’illustre Fourcroy que son abus à l'inconvénient d’épuiser rapidement les forces de estomac et d’altérer les fonctions digestives. Les fièvres aiguës ne sont pas les seules maladies dans lesquelles le suc de citron ait été employé avec succès. Il est d’une grande effi- cacité dans les cas d’empoisonnement par les narcotiques et par les substances âcres el vénéneuses, comme la ciguë, la pomme épi- neuse, etc. On l’'oppose avec avantage aux embarras des premières voies de caractère bilieux; il fait disparaître les nausées, les dégoûts ; des vomissemens bilieux ont souvent cédé à son usage; il a été ad- ministré avec succès contre l’ictère, contre les calculs biliaires et autres maladies du foie. Au rapport de Michaelis, il a quelquefois apaisé les coliques bilieuses. Whytt a vu des palpitations nerveuses, rebelles à tous les autres moyens, céder comme par enchantement à quelques cuillerées de ce suc. Fernel le met au rang des lithontriptu- ques; et quoique , selon nous , cette propriété soit plus que douteuse, on ne peut s'empêcher de lui reconnaître une action prononcée sur les reins, et la faculté d'augmenter la sécrétion de l'urine. Il peut également provoquer la sueur, lorsque le corps est soumis à une douce température. Mon ami, le docteur Albarracin, médecin de Grenade, à tiré parti de cette dernière propriété du sue de citron ; CITRONNIER. | pour trailer, avec succès , la maladie vénérienne sous le ciel brülant du midi de l'Espagne sans autre secours. Le suc de citron est sur: tout recommandable par ses bons effets dans le scorbut. On l'em- ploie avec un égal succès dans les fièvres ardentes, bilieuses, putri: des, malignes, dans le typhus, dans la fièvre jaune et dans la peste du Levant. On lui a même abusivement attribué la vertu de prévenir la contagion de ces dernières maladies, et c’est dans cette vue que les Égyptiens, les Grecs et autres peuples méridionaux ont coutume, dans les temps d’épidémies, de porter sur eux uncitron entouré de clous de gérofle, avec l'attention de le flairer souvent et de le mâ-« cher de temps en temps. Le suc de citron peut être également utile en boisson dans les douleurs néphrétiques, et dans les inflamma- tions de la plupart des organes de la tête et de l'abdomen. Mais, comme l'impression des acides excite ordinairement la toux, on doit s’en abstenir dans la pleurésie, la pneumonie et autres phlegmasies du poumon , de la glotte et de la trachée. Selon Fourcroy, on em- ploie encore le suc de citron, pour guérir les aphtes et les petits: ulcères de l’intérieur de la bouche, des lèvres, du palais, des amyg: dales, lorsqu'il est nécessaire de borner les effets de l’éruption aph- “1 teuse. à La manière la plus ordinaire d’employer le suc de citron à l'inté- rieur est de l’étendre d’une certaine quantité d’eau et de l'adoucin… avec le sucre. Cette préparation, que l’on conmaît sous le nom deb: monade, peut être faite de plusieurs manières différentes. La plus Me a . « Sie . F 4 simple, et souvent la meilleure, consiste à exprimer un citron coupé f par le milicu, dans l’eau, jusqu’à ce que celle-ci ait pris le degré de d’acidité qu’on désire ; on l’aromatise avec du sucre qu'on a frotl sur son écorce et qui s’est chargé de son huile volatile. En laissant à nine e tremper dans l’eau les tranches de citron muni de son écorce, on fait une limonade un peu amère, qui peut avoir quelquefois son avale tage. On diminue la force et l'acidité de ce suc en le faisant bouill dans Peau pour préparer ce qu’on nomme une monade cuite. Ces di vers procédés sont à peu près indifférens dans la plupart des cas; cepel dant le premier est préférable dans les maladies inflammatoires: dans les affections bilieuses, aiguës et calculeuses; le second convient | mieux chez les personnes qui ont l'estomac faible, qui digèrent mal, CITRONNIER. ainsi que dans les fièvres muqueuses, putrides, malignes, dans les affections nerveuses, etc. Le suc de citron n’est pas d’un usage moins utile dans les diffé- rens besoins de la vie, que dans le traitement des maladies. C’est un assaisonnement des plus sains et des plus agréables de la plupart de nos alimens. Il entre comme ‘condiment dans presque toutes les sauces et dans beaucoup de mets dont il relève le goût. En Grèce, en Italie, en Espagne et autres contrées méridionales, on l’associe constamment à toutes les viandes rôties, à tous les ragoûts, au pois- son, au gibier dont il rend la saveur plus agréable. En l’associant en diverses proportions au sucre, au vin, à l’eau-de-vie, les limona- diers en préparent des limonades, du punch, des sorbets, des gla- ces, dont on fait une grande consommation dans les grandes villes. Les confiseurs le mêlent au sucre et en font des sirops, des conser- ves, divers genres de confitures, et des espèces de candis secs ou des tablettes acidules, propres à calmer la soif quand on les laisse fondre dans la bouche. : Dans l’art de la toilette, le suc de citron est employé à l’extérieur pour nettoyer la peau, et enlever les corps étrangers qui ternissent son éclat. Mais Fourcroy remarque avec raison que si l’on s’en sert pour faire disparaître les boutons du visage ou autres éruptions cu- tanées, on s'expose à tous les accidens qui résultent de l’action des répercussifs. Il n’est pas moins dangereux de s’en servir pour nettoyer les dents, puisqu’en dissolvant le phosphate calcaire de l'émail, il les ramollit, les corrode, les déchausse et finit par les faire tomber. ‘écorce de citron, soit fraiche, soit sèche, est employée sous le nom de zeste à une foule d’usages pharmaceutiques , soit en poudre, soit en infusion. On en prépare une teinture al oolique qui, à la dose de quelques gouttes, est tonique et très-excitante , et qu’on administre comme telle, soit seule, avec du sucre, soit associée à des potions excitantes, à des juleps cordiaux , et qu’on fait souvent entrer dans des électuaires du même genre. On en fait aussi un sirop amer et. aromatique, d’un usage très-commode. L'huile volatile de l'écorce de citron, dont plusieurs villes d'Italie font un grand commerce, s'obtient soit par des moyens mécaniques, soit par la distillation. Dans le premier cas elle est plus aromatique , CITRONNIER. plus agréable, mais se conserve moins long-temps : on s’en sert frés quemment dans les pharmacies pour aromatiser certaines potions d’une odeur désagréable ou d’un goût repoussant. Cette huile volatile, mêlée avec le sucre, forme instantanément un oleo-saccharum , que l’on emploie avec avantage pour aromatiser les tisanes , les potions et autres médicamens. On peut même se procurer soi-même à chaque instant cet oleo-saccharum, en frottant l'écorce du citron avec du sucre. On sait que cette huile essentielle est la base des différentes espèces de liqueurs en usage à la fin des repas, et plus agréables que salutaires, . Le citron entier est employé, comme on sait, par les confiseurs pour faire diverses confitures d’un excellent goût. En Allemagne on le fait macérer pendant un certain temps dans la saurmure à la ma- nière des olives, et on le conserve ainsi dans les ménages comme condiment. Les tranches de citron appliquées sur les lèvres ou sucées calment parfaitement la soif, et sont, sous ce rapport, d’une grande utilité dans les maladies où il est dangereux de laisser boire les malades. | L'acide citrique, quoique en très-grande quantité dans le suc de citron , n'appartient pas exclusivement à ce fruit, ainsi que semble- rait l'indiquer son nom. On le trouve dans un grand nombre de substances végétales : néanmoins, comme il réunit à un haut degré toutes les propriétés du suc de citron, on peut l’employer aux mêmes usages. Par sa pureté, par sa fixité et par son état cristallin, il est même susceptible de se conserver beaucoup plus long-temps, et, sous ce rapport, il peut être d’une très-grande utilité dans les voyages de long cours, où l’on devrait toujours s’en approvisionner comme ul des moyens les plus propres à prévenir et à guérir le scorbut. Les feuilles du citronnier peu aromatiques et légèrement amères jouissent , dit-on, d’une propriété antispasmodique, et sont quel- quefois employées avec succès en infusion, dans l'inappétence ; l'hypocondrie, etc. CITRONNIER. 1514. Réim primé p rex de r PONTANUS ( sean- oe Horti hesperidum libri duo, quibus Li pe de citrio fructu et arbore, “ in-12. ere æ , isolément , soit dans la collec- ntanus , soit dans divers autres pr ; traduit en italien, etc. GRUBE pre ; Analysis mali citrei, compendiosa ; ad botanices, philosophiæ , juxtà ac medicinæ , dftiuram reducta ; in-8°. Hafn FRANK (Georges : iæ, 1668. , De malo citreo , Diss. inaug. resp. Dan. Nebel ; in-4°. Heidelbergæ , 1686, LANZONI (soseph), Citrologia, seu curiosa citri descriptio , ad normam academiæ naturæ cu osorum SÉRNES à ;: in-12. Ferrariæ : 1 J: in-4°. ae TE Diss. paie resp. Schmidt, EXPLICATION DE LA PLANCHE (Le rameau représentant un bouquet : ge $ Tv À + réduit Le naturelle, “à | Le Coupe horizontale d'un fruit, pour faire voir que dans les F tiers 3. Graine entière, dix loges, remplies ,. La même, dépouillée de son tégument i ès extérieur , au sommet de laquelle on petit nombre de graines se déve- disti istingue une chalaze colorée, à la- :. quelle tient un cordon ombilical in 2. Pistil. terne, Dubois seul de CITROUILLE : e 2 CXXIIT. CITROUILLE. Grec TIAU&. CUCURBITA MAJOR ROTUNDA ; flore luteo , folio aspero ; Bauhin, Tivag, ATP RES ES ‘7 lib. 8, sect. 4. Tournefort, clas. +, campaniformes. CucuRBITA PEPO; foliis lobatis , pomis lævibus ; Linné, clas. 21, monœ- cie syngénésie. Jussieu , clas. 15, ord. 2, cucurbitacées. Italien: SEE. SE. Thébéat Espagnol. us: (a A Français... ....,. crroures. AT ES à CITRUL; GREATER ROUND GOURD; POMPION ; PUMPKIN. and... ., 4... MANDECKUERBIS; PFEBENRKUERBISS, Gmelin. Hollandais. ...... POMPOEN PRE ni pen POMPA. Polonuis:. 3: = DYNIA ; BANIA. Des fruits d’une grosseur monstrueuse, nourris par une simple plante herbacée et rampante, produits par des fleurs femelles que fécondent , par l'émission de leur pollen, des fleurs mâles nées sur des pédoncules séparés, mais sur le même individu, tels sont les phénomènes qu’offrent à notre admiration les citrouilles , les potirons, les pastèques , et plusieurs aut pè PP t'au même genre, qui se distingue par des fleurs monoïques ou de deux sortes , les unes, mâles, composées d’un calice divisé à son limbe ou cinq découpures en alène, droites ou renversées ; d’une corolle adhérente au calice campanulé, en cinq découpures , ovales, aiguës, un peu crépues ; de trois étamines courtes, les filamens libres à leur base, réunis à leur sommet ; les anthères rapprochées en un seul corps : les fleurs femelles sont semblables aux fleurs mâles, mais les filamens sont stériles, réunis en anneaux à leur base, pourvus d'un ovaire inférieur, sur- monté d'un style court et de trois stigmates fourchus : une grosse baie charnue à trois ou cinq loges, non pulpeuse, renfermant des semences elliptiques , renflées à leurs bords, entières où échancrées à leur sommet. C’est particulièrement par les semences entourées d'un bourrelet, et par les loges non pulpeuses, que les citrouilles se distinguent comme genre des concombres. 32e Livraison, E CITROUILLE, Ses racines sont courtes, fibreuses, peu touffues. Ses tiges rampent au loin sur la terre : elles sont sarmenteusés, hérissées, rameuses, garnies de vrilles. Les feuilles sont fort amples, alternes, pétiolées, arrondies, un peu en cœur, dentées à leur contour, un peu anguleuses, presque pubescentes, douces au toucher. Les fleurs sont axillaires, de couleur jaune un peu pâle, portées sur des pédoncules courts, durcis, renflés, striés à la maturité des fruits. La corolle se rétrécit à sa base en forme d’entonnoir ; elle offre dans son centre une cavité recouverte en partie par la base des éta- mines ; le limbe droit, divisé en cinq découpures veinées, ovales, aigués, un peu crépues à leur contour. Le fruit est ovale ou un peu arrondi, point comprimé à ses deux extrémités, comme celui du potiron, de couleur jaune panachée de vert ; très-variable, par le mélange de ces deux couleurs, par sa gros- seur et sa forme. Cette espèce présente , ainsi que toutes les autres , des variétés à l'infini, très-difficiles à bien caractériser : les plus remarquables sont la citrouille musquée où la melonnée, dont la chair est ferme, la saveur musquée, très-agréable ; les fausses oranges et fausses colo- quintes ont les fruits sphériques , d’une grosseur médiocre ; leur chair est jaunâtre, un peu amère. Dans les barbaresques , les fruits sont plus gros, plus fermes, souvent bosselés à l'extérieur, d’un jaune panaché de vert; ils sont plus allongés dans les giraumons ; aplatis à leur sommet, tuberculés , formant une sorte de couronne dans les Pastissons ou bonnets de prétre , couronne impériale, artichaut d’Es- pagne , ete. Mais il est une foule de variétés intermédiaires qui altè- rent les caractères. On distingue comme espèces appartenant au même genre, 1°. la calebasse où gourde des pélerins, à feuilles molles, lanugineuses, à fleurs blanches , très-évasées ; les fruits en forme de bouteille; ou très- allongés et en forme de trompette, dans la courge trompette ; 2°. la pastèque distinguée par ses feuilles plus profondément découpées, par ses fruits, lisses, ovales ou orbiculaires : les pastèques dont la chair -est fondante portent le nom de melons d'eau, les espèces offrent, comme la précédente , des variétés très-nombhreuses. (P.) L CITROUILLE. Le volumineux fruit de la citrouille renferme, sous une écorce dure, lisse et comme ligneuse, une chair jaunâtre, pulpeuse, ferme, remplie d’un suc insipide. Son odeur est fade, sa saveur fraîche, légèrement nauséabonde, désagréable pour quelques personnes , tan- dis que d’autres y trouvent un goût légèrement sucré. Quoique Hippocrate ait reconnu une propriété réfrigérante et détersive dans la substance insipide de la citrouille, elle est beau- coup plus recommandable par ses qualités nutritives que par ses vertus médicamenteuses. Réduite en pulpe, on l’a quelquefois em- ployée avec succès en épithèmes sur la tête pour calmer les cépha- lalgies ; on s’en est épionent servi dans la brélire; dans les douleurs des yeux ; comme top mollient et réfrigérant , on peut l'appliquer aux cataplasmes sur ; des phlegmons, sur ue) tumeurs doulou- reuses, et sur les parties enflammées dans tous les cas où il faut diminuer la chaleur et la tension locales ; mais à l’intérieur on en fait rarement un usage médical. Ses semences, placées au rang des quatre semences froides majeures à raison de l’eau et de l’huile douce qui entrent dans leur composition, sont regardées à juste titre comme calmantes, adoucissantes, ra- fraîchissantes, laxatives, et, comme telles, on en prépare des émul- sions très-utiles dans les fièvres ardentes , dans les phlegmasies très- aiguës, et particulièrement dans la phrénésie, dans la néphrite, dans la gonorrhée intense, contre l’ischurie, les calculs des reins , et dans tous les cas où l’on a pour but d’opérer une médication atonique. Leur dose est ordinairement d’une once pour une ou deux livres d’émulsion; on peut y ajouter de l’eau d’orge, y mêler du sucre, de l'eau de fleurs d'oranger. On y associe des sirops de différens genres, et l’opium même, pour les rendre plus calmantes. Les parfumeurs préparent, avec les semences de cette cucurbita- cée, des pâtes qui ont une grande réputation dans l’art de la toilette, pour amollir, adoucir la peau et enlever les taches cutanées. L'huile douce qu’on en retire est employée à différens usages cosmétiques ; on s’en sert aussi pour brüler. La citrouille, lorsqu'elle est cuite, fournit un aliment aqueux, doux, rafraïchissant, dont on fait un grand usage dans certaines contrées. Elle convient aux jeunes gens, aux tempéramens sanguins CITROUILLE. sucre, la fécule ; on en fait d'excellentes soupes, des beignets et un gvist nombre F4 mets agréables et délicats que l’art culinaire peut varier à l'infini, On peut, selon Scopoli, en la mêlant avec de la farine de froment, en faire du pain. Coupée par morceaux et dessé- chée au four, on s’en sert dans quelques cuisines pour donner at bouillon la couleur brun-doré que quelques personnes recherchent. Dans les pays où la citrouille est commune, on s’en sert avec avantage pour es les cochons. Les vaches et plusieurs autres animaux domestiques s’en trouvent bien , et l’économie rurale pourrait … à ainsi en tirer parti sous ce rapport. EXPLICATIONS. PLANCHE 123. (La plante est réduite au quart de sa grandeur naturelle. ) Fleur mâle, 2. Fleur femelle, faire voir les étamines réunies. 3. Fleur mâle, dont on à coupé circulaire- 4. Pistil d’une fleur femelle PLANCHE 123 bis. Cle Lots LE | ( it au tiers de grandeur maturelle.} era horizontale dans Jaquelle on distin tant chacun deux séries de graines. d. Graine ou pépin de grandeur naturelle, et bilieux ; mais on lui reproche avec raison d’être flatulente ; sous ce rapport, elle est peu propre aux estomacs faibles et aux-personnes ! qui mènent une vie sédentaire. On la mêle avec le lait, le beurre, lé M ment le calice et la corolle, afin de gue une seule loge, trois placentas pariétaux, 125 ZX. Lambert 7 scesp T'ur pin P # CE CITROUILLE D. 124 Lamberl I seule + JLurpin À CLEMATITE . CXXI V. CLÉMATITE. GPECE ss See rss 0 MNNMATETIE CLEMATITIS SYLVESTRIS LATIFOLIA ; Baubhin, Tiva£ , ib. 8, sect. 2. Tour- nefort , clas. 6, rosacées. Latin........... CLEMATIS VITALBA ; polis pinnatis, foliolis cordatis, scandentibus : ; Linné, class. 13, polyandrie polygynie ; Jussieu , clas. 13, ord. noncula Italien... ... ++ . CLEMATIDE; CLEMATITE Æspagnol, CLEMATITE ; MUERMERA. FRAIS LES CLÉMATITE ; HERBE AUX GUEUX. NEIGE RS TRAVELLER'S JOY ; VIRGIN’S BOWER ; WILD CLIMBER. Allemand. ....... WALDREBE. Hollandais. ... ..., 1wwe. Lorsque, vers le milieu de l'été, nous dirigeons nos pas le long des haies, vers les décombres et 7 vieux murs, souvent une odeur douce et suave vient flatter agréablement notre odorat : elle est pro- duite par les fleurs de la clématite, arbrisseau grimpant dont les tiges sarmenteuses s’entrelaçant avec les plantes qui les avoisinent ?, s’éten- dent en longs festons, retombent en guirlandes , ou forment des touffes épaisses de verdure et de fleurs. Les rameaux sont nombreux, rudes, ni rie : quelquefois tétgs de six pied. « VS pate ns À PE ans leur forme ,sontopposées, pétiolées , toutes ailées, composées ordinairement de cinq folioles pédicellées , presque ovales, en re aiguës à leur sommet, vertes | à leurs * Je présume avec Bauhin que la ANA UT de Dioscorides est effectivement notre clématite. Sprengel n'est pas de cet avis ; il pense que la *Anparuri désigne la clematis viticella , L., tandis que la clématis vitalba se rapporte du nm a grec. clématite a recu cette dénomination , parce que , comme les rameanx sar- menteux de la vigne (xmuara), elle grimpe et s’entortille autour des COrps voi- sins. AU J'agvosrd'ec 33 Livraison. CLÉMATITE. deux faces, à grosses dentelures , presque lobées , ou quelquefois entières : les pétioles roulés en forme de vrille. Les fleurs, d’un blanc un peu cendré, sont pe en panicule à l'extrémité des rameaux; les ramifications opposées, plusieurs fois trifides : point de calice; il est quelquefois remplacé par deux petites bractées concaves ou foliacées, situées un peu au dessous de la fleur: quatre où cinq pétales allongés, obtus, pubescens; environ vingt étamines , dont les extérieures se changent quelquefois en pétales étroits : lesanthères allongées ; des ovaires nombreux surmontés d'un long style soyeux, auxquels succèdent autant de capsules ovales, comprimées, terminées par une longue queue plumeuse, formée par le style persistant. Ces fruits nombreux et touffus forment, par eur réunion , Vers l’époque de la maturité, de beaux chiite blancs et soyeux, très- abondans et d’un aspect agréable. | Cette espèce est la plus commune, surtout dans nos départemens septentrionaux ; on en distingue encore plusieurs autres, telles que la clematis recta , facile à reconnaître par ses. tiges droites, no! grimpantes, par ses folioles pubescentes en dessous : la clemahs flammula dont les fleurs sont plus petites , plus odorantes; les folioles {ort petites : elle croît dans le midi de la France. (P.) À une saveur astringente, légèrement acide, la clématite joint une âcreté remarquable; ses feuilles, dans l’état frais, déterminent un sentiment d’ardeur brûlante sur la langue et dans l’arrière-bouche. La rubéfaction et la vésication sont le résultat de leur action sur la peau; par une application prolongée, elles l’ulcèrent même profon- dément. Les mendians ont su tirer parti de cette propriété caustique de la clématite pour se procurer des ulcères à volonté sur diverses parties du corps; ce qui lui a fait donner le nom d'herbe aux ŒUEUXT ; sous lequel on la désigne vulgairement. La composition chimique de cette plante n’a pas encore été con- venablement dévoilée. Toutefois on retire de ses feuilles une eau distillée laiteuse, qui répand l’odeur de l’anémone pulsatile , et excite un sentiment d’ardeur dans la gorge. Cette eau distillée doit ses propriétés à une huile essentielle, jaunâtre, d’une saveur brûlante, mais en trop petite quantité pour être obtenue séparément. CLÉMATITE, Les feuilles de clématite contuses, appliquées à l'extérieur, ont fait quelquefois disparaître la céphalalgie, des douleurs de goutte et de rhumatisme, Le peuple d'Avignon avait autrefois l'usage de traiter la gale par des frictions avec de lhuile, dans laquelle cette plante avait été macérée et broyée. Comme elle irrite, rougit vivement la peau et y produit le soulèvement de l’épiderme, on peut se servir de ses feuilles contuses comme d’un vésicatoire. IE paraît que les anciens l’'administraient intérieurement avec succès dans différentes maladies. Dioscorides lui attribue la propriété de guérir la lèpre; Mathiole parle de son efficacité dans le traitement de la fièvre quarte, Tragus de ses bons effets contre l’hydropisie; selon Mueller, on en a obtenu de grands avantages dans les scrofu- les, dans une céphalée rhumatismale, et dans une vérole constitu- tionnelle accompagnée de marasme, de fièvre hectique et de sueurs colliquatives. À l'exemple de presque tous les médicamens, même les plus héroïques, on sent bien qu’elle n’a pas constamment pro- duit des effets aussi remarquables ; mais il suffit qu’elle ait été souvent administrée avec un plein succès, pour engager les médecins-praticiens à en faire usage. On doit même regretter que les modernes aient laissé presque tomber dans l'oubli une plante aussi énergique, et qui peut être d’un grand secours à la thérapeutique. M. Biett observe judicieusement qu’on prodigue de vains éloges à des substances mé- dicamenteuses faibles ou inertes, dont l’administration ne semble offrir d’autres avantages que de ne point troubler les mouvemens conservateurs de la nature ; tandis qu’on laisse dans l'oubli des plantes douées de propriétés énergiques, puissantes , les plus propres à opérer de grands effets dans les maladies qui résistent à des efforts ordinaires. Comme topique, on peut varier à volonté le mode d'application de laclématite. A l’intérieur on l’administre en extrait depuis un demi- grain jusqu’à deux grains, en poudre de deux à six grains; mais on doit commencer par des doses extrêmement légères, à cause de sa causticité. Dans quelques contrées de la France , ses bourgeons sont en usage comme aliment. La clematis recta, également douée d’une grande äâcreté, a été vantée par Stoerck dans le traitement du squirrhe, du cancer, des CLÉMATITE. auteur la confiance qu'elles méritent, il faut convenir que les pro: priétés médicales de cette plante ont besoin d'être constatées js e: nouvelles 2 cliniques. 54 FLOREMBENT (ramphile), Epistola ad Mathiolum à os altera clematide, Paymi les Epistolæ medicinales Mathioli Su rs 4 sroercr (antoine), Libellus quo da herbam veterib d icti one Jovis posse tuto et magnà cum utilitate echibé Se ie CE in-80. fig. Vindobone ,1769. Stoerck assure que la dessiccation enlève à la plante teleniass recta, L.) une grand partie de son âcreté, et que, dans cet état, administrée extérieurement et à l'intérieur, ell offre un remède très-puissant contre les tumeurs squirrheuses, les ulcères les plus sordides , € même PRCHOMAICUE, le me sr. 2 rs ‘ete. Mais on sait à quoi s’en tenir sur h. ms :tions, , de en et de ses prôneurs. PA % © MUELLER (senabrahars) : De clematide vitalbé 1 Linnei, ejusque usu medico, Diss. in- 44 . angæ, 1786. .# . *, ; 5 La AE Li EXPLICATION DE LA PLANCHE. . * n k, = 4 (La plante est de grandeur naturelle.) ; # mn 7 1. Pistils à la base desquels on a laissé une étamine, : 2. Étamine grossie. $ ; 3. Fruits réunis en tête, * 4. Fruit isolé. Lambert Le re dy. à COCHLE ARIA. ; Ë CXXV. COCHLÉARIA. \ ; é Ee COCHLEARIA FOLIO SUBROTUNDO; Bauhin, TlivæË , lib. 3, sect. 2. Tour- nefort, clas. 5, cruciform Latin........... COCHLEARIA OFFICINALIS ; polis radiale cordato-subrotundis, cauli- nis M rh EEE Linné, 15, tétradynamie siliculeuse. : 5 cl , ord. 3, db Ttalien. ua PER COCLEARIA. Espagnol. 6 + COCHLEARIA Français... .,.... COCHLÉARIA; HERBE AUX CUILLERS. Anglais. VV. SCURVY-GRASS ; SCRUBY-GRASS. Allemtnd ire 1 LOEFFELKRAUT ; LOEFFELKRESSE ; LOEFFELBLATT, Hollandais. . ..... LEPEL-KRUID ; LEPEL-BLAD Née dans la fange des marais ou sur les bords de la mer, cette plante, dépourvue des agrémens extérieurs qui fixent les regards, eût été à peine remarquée sans les qualités précieuses qui la font rechercher pour les maladies scorbutiques. 11 ne paraît pas qu’elle ait été connue des anciens. Dodonée est le premier qui en ait traité avec quelques détails. Elle appartient à la famille des crucifères. Un calice composé de quatre folioles concaves; quatre pétales ouverts en croix; six étamines, dont deux plus courtes; un style court; de petites siliques globuleuses, presque entières au sommet, à deux valves épaisses, obtuses, relevées en bosse, à deux loges renfermant une ou deux semences : tel est le caractère essentiel de ce genre. Les racines sont allongées, blanchâtres, un peu épaisses, garnies de fibres nombreuses, capillaires. Ses tiges faibles, un peu anguleuses, buchées. à léur partie infé- rieure, plus ou moins redressées. Les feuilles de forme variable; les radicales longuement pétiolées, nombreuses, arrondies, épaisses, succulentes, un peu concaves; celles de la tige très-médiocrement pétiolées, plus petites, un peu anguleuses ; les supérieures sessiles, amplexicaules, ovales, un peu aiguës, pourvues à chacun de leurs bords d’une dent aiguë. 3 33° Livraison, COCHLÉARI A. Ses fleurs sont blanches, petites, réunies en bouquets plus où moins touffus à l'extrémité des rameaux; leur calice est olabre, à quatre folioles caduques, la corolle presque une fois plus grande que le calice; un ovaire ovale, surmonté d’un style court, persistant. Son fruit est une petite silique courte, assez grosse, un peu glo- buleuse, ordinairement entière à son sommet. Le genre cochléaria renferme une autre espèce également em: ployée en médecine, connue sous le nom de grand raifort où raifort sauvage (cochlearia armoracia, Lin.). 11 se distingue par ses gros ses racines, par ses grandes feuilles radicales très-longues, droites, crénelées ; celles de la tige incisées, pinnatifides. Il croît sur les bords des ruisseaux. (P.) Le cochléaria présente une odeur forte et piquante qui suffit quel: quefois pour exciter l’éternuement et l'écoulement des larmes. Sa & veur est chaude, amère, irritante et âcre. Il renferme une huile vola- tile d’une odeur pénétrante, qui frappe vivement l’odorat et agit avet énergie sur le système nerveux. Il contient aussi une certaine quan- tité de soufre et d’azote, principes qui établissent une sorte d’analo- gie entre les plantes crucifères et les matières animales, à l'exemple desquelles le cochléaria se putréfie promptement en répandant de lammoniaque et une puanteur extrême. Plusieurs observateurs rapportent qu'à la suite de différens voya ges de long cours, des marins en proie aux affections scorbutiques les plus graves ont été guéris aussitôt après leur débarquement sur des plages fertiles en cochléaria par le seul usage de cette plante. On doit attribuer sans doute une partie de ces succès à la pureté de l’air, aux alimens frais, à l’eau salubre, aux exercices du corps; et autres conditions favorables, sous l’heureuse influence desquelles ces malades se sont trouvés placés après leur débarquement. Fo fois le cochléaria tient à juste titre un des premiers rangs parmi les antiscorbutiques. La nature semble se complaire à le multiplier dans les contrées où le scorbut est le plus fréquent et porté au plus haut point d'intensité, comme dans les îles de la mer du Sud et sur le plages du Groënland. Cette plante salutaire n’agit pas seulemenf avec une grande efficacité contre la plupart des affections scorbuti- ques : tous les médecins s'accordent à la regarder comme stimulant; Rs A mg ser r dé télé | COCHLÉARIA. tonique, apéritive, incisive, diurétique, etc. On l’emploie journelle- ment avec plus ou moins de succès dans les engorgemens atoniques des viscères abdominaux, dans les hydropisies avec relâchement, contre l’hypochondrie, la paralysie, les scrofules et la leucorrhée; Desbois de Rochefort prétend même l'avoir vue réussir dans les cal- culs urinaires. Son usage a été souven#suivi de succès dans les af- fections chroniques de l'estomac et du poumon accompagnées d’ato- nie. Moi-même j'ai eu occasion de constater son efficacité chez une femme âgée et leucophlegmatique, contre un catarrhe pulmonaire chronique qui avait résisté pendant près d’un an à tous les autres moyens. On peut en retirer de grands avantages dans l’œdème et la cachexie, à la suite des fièvres muqueuses et des fièvres intermitten- tes. Comme emménagogue, on peut l’administrer avec confiance aux femmes dont la peau est flasque et décolorée, et chez lesquelles l’a- ménorrhée est le résultat d’une faiblesse, soit générale, soit locale. Son esprit ardent est souvent employé dans le traitement du rhuma- üisme chronique, et de diverses maladies de la peau: Comme topi- que, on s’en sert contre les ulcères atoniques de cet organe et contre les aphtes. Enfin, ses feuilles sont fréquemment en usage comme -masticatoire pour remédier au gonflement des gencives chez les scorbutiques. À raison de ses qualités vivement stimulantes, le co- chléaria ne convient cependant point, en général, aux personnes qui sont sujettes aux rougeurs du visage, aux palpitations , aux su- perpurgations , aux douleurs de tête; ni à ceux dont les organes pul- monaires sont doués d’une grande sensibilité, ou qui sont sujets à la toux et à l’hémoptysie. Dans tous ces cas, il est nécessaire de s’en abstenir, à moins qu’on ne mitige son action en l’unissant au lait, au petit-lait, au bouillon de veau, de poulet, ou autre moyen pro- pre à adoucir l’âcreté de ses principes volatils. Très-souvent aussi dans le scorbut, il est utile de l’associer aux acides végétaux. C'est ainsi que Sydenham l’administrait fréquemment avec le suc d’orange et de citron, et qu’au Groënland on l’associe ordinairement à l’o- seille. Les feuilles sont les seules parties du cochléaria dont on fasse usage en médecine : mais il faut qu’elles soient fraîches et récem- ment cueïllies. Nonobstant l’assertion contraire de quelques auteurs, COCHLEARIA. | les semences de cette plante. crucifère jouissent de la vertu antiscor- butique à un trop faible degré, pour qu’on puisse y avoir recours. On fait mâcher les feuilles de cochléaria pour nettoyer les dents et pour fortifier les gencives. On en exprime un suc que l’on prescrit clarifié, depuis trente-deux grammes (une once), jusqu’à vingt-cinq décagrammes (huit onces Jilpar Jour, même au delà, et qui entre dans la composition de différens élixirs odontalgiques. L’eau distil- lée de ces mêmes feuilles fait partie de plusieurs topiques et autres préparations pharmaceutiques excitantes. L'esprit ardent qu'on en retire s'obtient par la distillation des feuilles de cette crucifère, avec la racine de raifort sauvage sur l'alcool : mais son extrême âcreté ne permet de l’employer qu’à très-petite dose. Cette même plante est la base du sirop antiscorbutique fréquemment en usage dans les mala- dies des enfans , depuis une once jusqu’à quatre onces par jour. On peut en faire des infusions dans l’eau, dans le lait, le petit-lait, dans lhuile, le vinaigre , dans le vin, dans la bière et dans l'alcool, et en préparer ainsi diverses bb du plus ou moins utiles selon les circonstances où l’on se trouve. Enfin on fait entrer la plante qui nous occupe avec l’oseille, l'orge et autres substances diverses dans les bouillons de viande doses on fait usage dans certaines contrées où le scorbut est comme endémique. Il ne faut pas perdre de vue que les principes du cochléaria étant très-volatils, cette plante perd toutes ses vertus par lébullition. * Dans plusieurs pays on mange le cochléaria en salade. En Islande on en prépare différens mets avec le lait, le petit-lait, le beurre, etc; et on le conserve en le disposant par she avec diverses substan- ces aromatiques, du sel, etc. , pour s’en servir comme condiment: libro agitur de cochleariæ nomine, pre ; roi ejus loco natali, et sempore, qualitatibus et virtutibus, de Præparatis ex eù in genere et in specie, + in-8°. Lipsiæ, 1674 ; Ibid, 1746, traduit en anglais mas Shirley, in-8°, Lo 167 ne fastidieuse prolixité, la détermination peu exacte des différentes 74 de cochiéa- ria ; et une polypharmacie indigeste caractérisent cet ouvrage. EXPLICATION DE LA PLANCHE. ( La plante est de grandeur naturelle.) . Racine et feuilles radicales au trait. 3. Pistil et étami 2. Fleur entière grossie. 4. Fruit ou siligule sphérique. COIGNASSIER. CXXVL COIGNASSIER. GPS + et ue Ms: xud'@Vi06; YpuUTounAre. MALUS COTONEA SYLVEsrRis; Bauhin, Ilv2Ë, lib. 11 , sect. 6. CYDONIA VULGARIS; Tournefort. clas, 21, arbres rosacés. Latin... PYRUS CYDONIA ; foliis integerrimis, floribus solitariis; Linné, clas. 12, icosandrie pentagynie. cyponrA; Jussieu, clas, 14, ord, 10, rosacées. talens 4 SR COTOGNO. . Espagnol; 7, MEMBRILLO ; MEMBRILLERO. Français... ..... 1 COIGNASSIER; COGNASSIER. PTE Re QUINCE-TREE Allemand... .,.,.. QUITTENBAUM Hollandais, ...... QUEEPEEREN-BOOM ; QWEEPEEREN-BOOM, Polonais... ...... proewa LE coignassier, connu depuis long-temps, aujourd’hui naturalisé en Europe, et que l’on trouve dans son état sauvage dans nos dé- partemens méridionaux , est originaire de l’île de Crète. D’après le témoignage de Pline, il était très-commun dans les environs de l’an- cienne ville de Cydon, dont il porte le nom. Tournefort en avait fait un genre particulier que les agriculteurs ont conservé , et quéLinné a réuni à son genre pyrus. En effet, le coignassier ne diffère du poirier que par'ses fruits, revêtus d’un léger duvet et très-odorans. Son tronc est légèrement tortueux et s'élève peu; il se divise en rameaux diffus, cotonneux dans jouer de Lara brune à mesure qu’ils dite # Les feuilles sont molles, er to: ovales, très-entières , vertes en dessus, Late et cotonneuses en dessous. Les fleurs sont blanches avec une teinte rougeâtre, axillaires, solitaires, médiocrement pédonculées; elles offrent un calice velu, à cinq défaire légèrement dentées à leurs bords; une corolle assez grande ; cinq pétales concaves un peu arrondis, insérés sur le calice, ainsi que les étamines au nombre de vingt et plus : l'ovaire est pu- bescent, surmonté de cinq styles. Le fruit est une pomme charnue, jaunätre, ombiliquée à son som- 33° Livraison, ä. COIGNASSIER. met, très-odorante, couverte d’un duvet fin, contenant, dans le centre d'une pulpe ferme et charnue, cinq loges cartilagineuses, connues sous le nom. de pépins, qui renferment une seule semence. La forme des fruits diffère selon les variétés : ils sont plus ou moins gros, arrondis ou en forme de poire, d’autres fois très-allongés. ( P.) Ces fruits, désignés par les Latins sous le nom de mala cydonia, mala cotonea, mala cana , et en français sous celui de coings, exha- lent une odeur suave, fragrante, qui adhère fortement aux substances qui en sont parfumées, et s’y conserve longtemps. Leur saveur äpre, austère, un peu acide et très-astringente, s’affaiblit avec le temps, disparaît en partie par la dessiccation, et se transforme par la cuisson en un goût sucré, aromatique et extrêmement agréable. Quoique les chimistes n’aient pas complètement analysé les principes constituans du coing, ils y ont découvert la présence de lacide malique. Ses pépins renferment, sous une écorce brune et coriace , une substance blanche, douce , mucilagineuse , tellement abondante qu’une drachme de ces semences donne la consistance du blanc d'œuf à quatre onces d’eau. À cause de l'odeur vivement pénétrante et de l'extrême âpreté du coing, M. Alibert pense que ce fruit est plus propre à servir de mé- dicament que d’aliment. Selon M. Biett , le suc qu’on en exprime jouit d’un certain degré d'utilité, dans la débilité des ‘organes digestifs, et particulièrement dans les diarrhées atoniques. Geoffroy parle de ce fruit comme d’un excellent stomachique; il lui attribue même la propriété d'arrêter le vomissement, le cours du ventre, le crachement de sang , laménorrhagie, le flux trop abondant des hémorrhoïdes , etc. Sans admettre comme autant de vérités des assertions aussi exagérées les propriétés toniques et astringentes de ce fruit acerbe peuvent faire présumer avec quelque raison l'utilité de son emploi dans le traite- ment de ces différentes maladies , lorsqu’elles sont exemptes d'inflam- mation , et qu’elles tiennent à un état d’atonie et de relâchement mais il faut convenir que ses propriétés médicales n’ont pas encore été constatées par un assez grand nombre d'observations cliniques. Toutefois le vin aromatique que l’on prépare dans les pharmacies : soit en faisant fermenter le suc de coing avec le miel, soit par l macération de ce fruit coupé en tranches dans le vin lui-même, p°" COIGNASSIER. être d'un usage aussi utile qu'agréable aux personnes faibles, aux vieillards, aux convalescens. La gelée, le rob et le sirop de coing qu'on prépare avec le suc de ce fruit, associé au sucre et convena- blement évaporé, ont les mêmes avantages. Ce sirop peut être même rendu plus tonique en yÿ ajoutant diverses substances aromatiques , ainsi que cela a lieu dans le sirop de coing composé, dont la dose est de trente à cent vingt-cinq grammes (une à quatre onces) par jour. Le suc de coing entre dans la composition de divers élixirs toniques et cordiaux, ainsi que dans la teinture de mars cydoniée. En faisant bouillir dans l’huile ce fruit coupé en tranches avant sa maturité, on obtient une huile astringente qui était jadis employée à différens usages extérieurs. Les semences du coïng sont d’un emploi bien plus fréquent et bien plus utile. Les Arabes paraissent être les premiers qui en aient fait un usage médical. Leur mucilage doux et visqueux a toutes les qualités adoucissantes, lubréfiantes, rafraïchissantes de la gomme arabique, et peut être émployéaux mêmes usages. On s’en sert avec succès comme topique dans le traitement de la brûlure, pour panser les gercures des lèvres et les crevasses des mamelles. On en fait des collyres adoucis- sans, très-utiles dans l’ophthalmie et autres maladies des yeux. Il entre dans la composition de différens gargarismes, et pourrait remplacer la gomme arabique dans les potions, les juleps et les loochs où l’on emploie cette substance, On en prépare des lavemens émolliens d’un grand avantage dans la dysenterie et contre les douleurs hémor- rhoïdales. Dans les pharmacies, le mucilage des semences de coing est fréquemment employé pour favoriser l’incorporation et la solution des résines et des gommes-résines avec différens médicamens. Chez les anciens, le fruit du coignassier était consacré à Vénus ct regardé comme l'emblème du bonheur et de l’amour. Dans quelques contrées étrangères aux progrès du luxe, et où les traces de la sim- plicité des mœurs primitives ne sont point entièrement effacées, il jouit encore de nos jours d’une sorte de vénération , et les femmes le conservent avec un soin religieux pour parfumer leurs armoires et leurs vêtemens. Les ménagères, les cuisiniers et les confiseurs, en l’associant au sucre et à différens aromates, en composent des gelées, des pâtes et des compotes d’excellent goût. COIGNASSIER. Les jardiniers et les agronomes cultivent le coignassier en grand dans des pépinières , et le préfèrent au poirier sauvageon pour greffer toutes les espèces de poirier, parce que les fruits qui en résultent sont plus précoces et beaucoup plus beaux que lorsque cet arbre à été greffé sur sauvageon. cLAr (cyriaque-ruc de), De ligni cotonei naturd, viribus et facultatibus libellus;. in-4°. In- golstadii, 1580. : e TUNG (ceorge-sébatien), Ypurounnov, seû malum aureum > Guugurov, SYMmphytum , consolida, con soude , à cette , Cicatrisante , consolidante : car le mot latin consolidare.est Ja traduction exacte du mot grec cuuvetr. CONSOUDE. suite d'erreurs que, sur ce point comme sur tant d’autres, on est enfin parvenu à des idées plus saines et plus conformes à la vérité et à la raison. C'est moins à des propriétés bien constatées qu’à une sorte d’ha- bitude peu réfléchie, dit M. Biett, qu'il. faut attribuer l'emploi si fréquent de la grande consoude. Cependant il ne faut point la re- garder comme inerte. La combinaison. de l’acide gallique avec un mucilage abondant, peut la faire prescrire avec une sorte d'avantage dans les affections’ catarrhales chroniques, accompagnées d’irrita- tion; ét c’est ainsi qu’on la conseille vers la fin de la dysenterie, des diarrhées copieuses, de la blennorrhagie, etc. Mais quel succès peut-on espérer de l'usage de cette plante dans les hémorrhagies passives, toujours accompagnées d’une faiblesse gé- nérale qui réclame les secours les plus puissans? Son emploi dans les hémorrhagies actives n’est plus rationnel. Le principe astringent qu'elle renferme, bien qu’en petite proportion, ne peut être que nuisible dans ces derniers cas, où les moyens adoucissans et relà- chans sont particulièrement indiqués. Si l'administration intérieure de la grande consoude ne mérite pas la confiance qu’on lui a gra- tuitement accordée contre plusieurs maladies inflammatoires et contre les hémorrhagies , que doit-on penser des éloges que Parkin- son, Etmuller, Ray, Hermann, Bourgeois, etc., ont prodigués aux cataplasmes qu'on en prépare; dans le traitement des plaies, des hernies, des fractures et des luxations ? A la vérité, quelques faits particuliers rapportés par Tachenius, Rulland et Murray semble- raient constater l'efficacité de ces topiques contre la sciatique et les douleurs de goutte : mais ne doit-on pas attribuer la plus grande partie de leurs succès à leur haute température, et à l’action de la chaleur et de Phumidité, dont ils sont l’excipient ? La consoude est ordinairement administrée en décoction, à la dose de trente ou cinquante grammes (environ une once et demie ) sur un kilogramme (deux livres) d'eau. On édulcore ce liquide, et on le fait prendre par verres. Mais on ne doit jamais se servir de vaisseaux de fer pour cette préparation, à cause de l’action de l'acide gallique sur ce métal. Outre le sirop de consoude, dont on fait un grand usage parmi nous, cette plante entre dans la composition des Ù CONSOUDE. sirops astringens de Fernel , simple de Lemery ; dans l’eau vulnéraire, dans le baume polychreste, dans le mondicatif d’ache, dans les em- plâtres de Charas et du prieur de Cabrières pour les hernies, dans l'emplâtre contre les fractures et les luxations, et autres prépara- lions inusitées et dignes d’un éternel oubli. EXPLICATION DE LA PLANCHE. ( La plante est de grandeur naturelle.) . Faible portion d’une racine. les divisions , et, entre chacune d'elles, & Feuille radicale au trait. e lame garnie de papilles. istil. 5, Hé composé de quatre petites noix _ dans laquelle on dis- contenues dans le calice persistant. cinq étamines alternes, avec 6., L'une.des noix isolée. 191. Lambert JS seule ’ CONERAYERV A. nn... PATATE CXXXL. CONTRAYERVA. CYPERUS LONGUS ODORUS PeRUANUS; Bauhin , ITv2Ë, lib. x, sect. 2. Tour- : nefort, clas. 15, apét Latin........... DORST scapis radicatis; foliis pinnatifido-palmatis 3 serratis , s, recptaculi rte on Linné , clas. 4, tétandrie mono- rynie. Jussieu , clas. 15, ord. 3, Italienssssmte aie CONTRAJER VA ; module: A Espagnol. ....... CONTRAYERVA; CONTRAYERBA. FPOTRT + 10e 7 NTRAYERVA. An oh ds GONTRAYERVA. Allemand... 3 KONTRAYERWA ; BEZOARWURZEL; GIFTWURZEL. Hollandais ©... CONTRAYERWA ; KOORTSWORTEL ; TEGENGIFTWORTEL. La racine de cette plante fut remise à Lécluse vers la fin du seizième siècle , par le célèbre Drake , qui l'avait rapportée du Pérou. où elle jouissait d’une grande réputation dans la matière médicale de ce pays; elle reçut de Lécluse le nom de drakéna radix (racine de Drake), la plante entière n'étant pas encore connue : elle le fut ensuite par Plumier, qui lui donna le nom du botaniste Dorsten (dorstenia), nom conservé par Linné, ainsi que le mot espagnol contrayerva (contre-poison). Cette plante est très-remarquable-par ses fleurs réunies en grand nombre sur un réceptacle épais, charnu, élargi, anguleux, presque quadrangulaire, assez semblable à celui de la figue, mais plane, très-ouvert et non fermé: Chaque fleur-offre un calice à quatre découpures obtuses; point de corolle; quatre éta- mines , souvent deux stériles très-courtés ; un ovaire Supérieur, muni d’un style court et d’un stigmate simple; les semences sont enfoncées dans la substance pulpeuse du réceptacle; quelquefois des fleurs mâles se trouvent mélangées avec: des fleurs. femelles ; il en est aussi d’hermaphrodites. Les racmes de la contrayerva sont noueuses, épaisses, un peu tu- béreuses, odorantes, garnies de longues fibres rameuses, étalées. Du collet de la racine sortent plusieurs feuilles longuement pétio- lées, élargies, pinnatifides, presque palmées, d’un vert foncé; 35e Livraison. 2. CONTRAYER VA. longues de deux ou trois pouces, un peu plus larges, parsemées de quelques poils courts et rudes; les lobes ovales lancéolés , aigus, iné- galement sinués ou dentés à leur contour. Les fleurs s'élèvent immédiatement des racines, soutenues par un pédoncule simple, au moins de la longueur des feuilles, qui se ter- mine par un réceptacle quadrangulaire, large d’un pouce, sinué ou anguleux à ses bords, aplati en dessus, chargé d’un grand nombre de petites fleurs “re, 34 Le fruit consiste dans la réunion de plusieurs semences solitaires, arrondies , enfoncées dans la partie charnue du réceptacle commun. Cette plante, découverte au Pérou, a été depuis observée au Mexique, à l’île de Saint-Vincent et dans HÉRIGIES autres contrées de l'Amérique. (P.) La racme de contrayerva, d’un rouge Sr à l'extérieur et d’un blanc pâle intérieurement, a une odeur aromatique, une saveur amère et'une sorte d’âcreté qui laisse long-temps dans la bouche une sensation brûlante; quoi qu’en ait dit Geoffroy, les chimistes n'y ont rien trouvé d’astringent; mais elle renferme une si grande quantité de matière mucilagineuse, que sa décoction aqueuse peut à peine passer sur le filtre. On en retire un extrait aqueux et un extrait al- coolique. Le premier est plus abondant et beaucoup plus pesant que le second; ce dernier a une saveur plus prononcée, et paraît avoir plus d'énergie. Des qualités physiques aussi manifestes semblent justifier jusqu'à un certain point la réputation dont cette plante a joui en médecine, comme stomachique, cordiale, excitante, diaphorétique , ete, À cet égard, si elle ne mérite pas entièrement l’oubli où elle est tombée de nos jours, elle n’est pas plus digne des éloges fastueux qu'on lui a prodigués sous d’autres rapports. Rien n’est plus douteux, par exemple, que la vertu anti-vénéneuse qui lui a été gratuitement accordée par les Espagnols. Doit-on plus de confiance à l’assertion de Clusius, Jorsqu il prétend que les feuilles de contrayerva sont ex- trêmement vénéneuses, mais que sa racine en est l’antidote ainsi que de la plupart des père végétaux ? C’est cependant d’après de semblables suppositions qu’on a piéonmisé l'action alexitère , diapho- rétique, etc., de cette racine ; qu'on a exagéré ses succès dans le CONTRAYERVA. traitement des fièvres putrides, de la peste et des fièvres malignes. A l’époque où l’on s'imaginait que toutes les maladies de ce dernier caractère étaient produites par des venins particuliers, on a pu sans doute avoir une pareille opinion; mais cette erreur a dû nécessaire- ment s'évanouir avec la fausse théorie qui lui servait de base. Au lieu d'admettre sur parole les grands avantages que Willis, Pringle et Huxham lui attribuent contre les fièvres putrides et nerveuses, il est donc plus rationnel de douter avec Mertens et Cullen de ses succès dans ces affections. M. Alibert a sagement déterminé, d’après Grimaud, les circonstances dans lesquelles il peut être utile de l'ad- ministrer aux pe affectés de fièvre lente nerveuse, et celles bien plus fréquentes où il serait nuisible d'y avoir recours. Geoffroy, qui doute avec raison de son efficacité contre ces fièvres , semble lui re- connaître la propriété d'activer la circulation, d'augmenter l’action de l’estomac et de l'intestin, de favoriser l'expulsion des vents, et de faciliter les éruptions cutanées lorsque les fonctions de la peau sont languissantes, Sous ce dernier rapport, Huxham recommandait la contrayerva dans certains cas de variole et autres maladies exanthé- matiques. Au rapport de Murray, eHe a été également employée en gargarisme dans l’angine gangréneuse. Toutefois, si la manière d’a- gir de cette racine peut, avec quelque fondement, faire présumer son utilité dans la plupart de ces maladies, il faut avouer que ses propriétés médicales ont besoin d'être constatées par de nouvelles observations cliniques. Du reste on ne peut admettre son efficacité dans la dysenterie, quand on réfléchit que cette affection , lorsqu'elle est aiguë, repousse toute espèce d'excitant. Cette racine est administrée en poudre depuis deux jusqu’à huit grammes (de demi à deux gros ), ou en infusion à une dose un peu plus forte. On en fait une teinture et un sirop rarement en usage. Elle entre aussi dans un grand nombre de préparations pharmaceu- tiques, telles que la poudre bézoardique de Londres, la poudre de pattes d’écrevisses de Charas; la poudre de contrayerva compo- sée, etc. La contrayerva, aujourd'hui cultivée dans quelques jardins de Paris, permet aux observateurs zélés pour les progrès de la science, de soumettre ses propriétés à de nouvelles épreuves. CONTRAYERVA. vener, (Georges-wolfsang), De contrayervä, Diss. inaug. resp. Joan. Pet. Déllin ; in-4°. æ, 1712. L'auteur accumule les autorités, et cite sa propre expérience à l'appui des vertus alexi- Nr sé fébrifuge, antispasmodique de la contrayerva ; mais tous ces éloges n’ont pu la réserver de l'abandon presque total dans lequel elle est tombée. HOUSTON FC auillsnie) ; rt it of the contrayerv. Cette Description , insérée dans les és: philosophiques de Londres , année 1731, n° Le ,art. 2,aété sem en français dans diverses collections; en latin ft M le Com- cium litterarium Noribergense , année 1733. sussæu (s0seph), Description d’une plante du Mexique , à la racine de laquelle les Espagnols ont donné le nom.de contrayerva (insérée dans les Mémoires de l'Académie des sciences de Paris, année 17 soTTERt ( sébastien) , De contrayerv , Diss. in-4°. Taurini, 1765. rRoSouEr. (menri-rhéophile-vépomucène), Experientiæ , rationes et auctoritates de dosi et vi- ribus radicis contrayervæ , ad ductum observationis et in-8°. Farsoviæ, 1767. > EXPLICATION DE LA FRE 1. Coupe verticale , très-grossie, d’une por- dans des alvéoles superficielles , com- - tion du placenta, Re ou cala- posées de deux étamine r ur mage dans laquelle on a représenté elles-mêmes, et de deux autres filets, en «a, dans des aise profondes, ‘ou d’étamines très-courts et es urs femelles, composées d’un extérieu ovaire stipité, à pe latéral et dogs 2. Fruit de rose naturelle. n à, plusieurs fleurs mâles, situées 3. Le même gross te plante, vraiment singulière par son mode d’inflorescence , se rattache , on ne fpeut plus visent à la fam -2 des urticées ; elle forme partieu ulièrement un groupe avec les am- , les figuiers , les artocarpus ( arbre à pain ), les müriers , etc. , etc. , qui ravit l'âme du na- raie 8 lequel l'étude des affinités est la seule et vraie botanique. re et ingénieux Lamarck, que la botanique regrette comme une de ses + grandes sut est le premier qui ait saisi et ie ce rapp ement , qui mérite d'être ci « Il est fort curieux, dit-il, de remarquer que dans les, | FE , le réceptacle Ré est entièrement fermé , et nvitient la M 22 Rai que ce même réceptacle est en partie ouvert les ner bre , Commerson ; fambourrissa , Sonnerat; ambora , J ussieu ), qu’ est entièrement dans les orstènes, où il présente nne surface aplatie, couverte de fleurs ; et qu'enfin jacquiers (arbre à pain , artoca arpus , Linn. suppl.) ,il est replié sur lui-même , be cree Le se ds ee pe Pure ne ce frocticaten. jen Lo de ce # rvrent , vous aurê le mbrier. » cr gg us, page 316. nnant que cette plante qui est bien décidément pa mi diandre (faisant abstract”, re des deux étamines avortées , à peine visibles), ait été placée , par les linnéistes, tantôt dans une classe , tantôt dans une autre. Linné , sans égard pour sa monœcie bien carac érisée, l'a mise dans sa tétran : rain Persoon nn es examiné gr de gras e plas près , _ enfin décrite dans sa pr hé tétrandrie- Les graines le pi est leur dissémination par las ticité; la seconde , que , à quel s jà connues , telles que l’angélique ; Fi exemple; elles ne germent que Torsqu les se tèment élles-mé mes. @ À HE e ®œ .È w F 38 SE£ 8 £ 7 ” æ [r] © Hi 8 E] È n "É 8 È ae Ë 45 Lambert J° eulp ’ COPAHU. Le." CXXXIHI. COPAHU. Latin." à. .....\ COPAIFERA OFFrI ; Linné, clas. 10, décandrie monogynie. Jussieu, clas. 14, ord. 11, léguminenses. Hoheni "RME Te COPAIBA ; COPAIVA. Espagnol. . ...... coParpA; copaysa. Français... ...... COPAHU; COPAÏER ; COPAYER. Anglais. . ....... COPAIBA TREE, Allemand... ..,.. coParvasaum. + Hollandais, . ,.,.. copatmas wonD-Barsem-500m. . “À : Mancerave et Pison ont les premiers parlé du copahu, auquel ils ont donné le nom de copaiba*, dans leur Histoire naturelle du Brésil; après eux, Jacquin l’a décrit et figuré sous celui de copaiva et Linné sous le nom de copaifera officinalis. Cet arbre s'élève à la ‘hauteur de cinquante ou soixante pieds ; son bois est d’un rouge foncé, revêtu d’une écorce qui produit par incision une liqueur résineuse très-abondante; ses branches sont éta- lées, ses rameaux glabres, d’un brun cendré, un peu fléchis en zig-zag. Ses feuilles sont alternes, pétiolées, ailées, luisantes, un peu co- riaces, composées de trois ou quatre paires de folioles alternes, lé- gèrement pédicellées, ovales-lancéolées, glabres, entières, plus étroites d’un côté, longues d’environ trois pouces. Les fleurs, disposées en petites grappes alternes, paniculées vers l'extrémité des rameaux, sont blanches, petites, médiocrement pé- dicellées. Chacune d’elles offre, d’après Linné, quatre pétales étalés, étroits, aigus; point de calice; dix filamens libres, terminés par des anthères vacillantes et allongées; un ovaire pédicellé, comprimé, surmonté d’un style courbé, ainsi que les étamines. Le fruit consiste en une gousse ovale, divisée en deux valves, contenant une seule semence entourée d’une enveloppe pulpeuse. * D’après les naturels du Brésil, qui désignent cet arbre sous la même déno- mination, 35° Livraison. L7 COPAHU. Cet arbre croît au Brésil, dans la Guiane, dans la Nouvelle-Es- pagne; il est très-commun dans les environs d’un village nommé Ayapel, dans la province d’Antioche, à cent lieues de Carthagène, ainsi qu'aux environs de Tolu. (P.) Le suc qu’on en retire, désigné dans le commerce sous le nom de baume de copahu, s'obtient de la manière suivante : au printemps et en automne, on incise longitudinalement le tronc de l'arbre vers sa base, dans l’étendue de cinq à six pouces, de manière à diviser en- tièrement l'écorce et le liber, et l’on reçoit le liquide, qui s'écoule par cette incision, dans une calebasse ou autre vase disposé au pied de l'arbre pour cet objet. Lorsque cette opération est faite dans la belle saison, on peut recüeillir jusqu’à douze livres de baume dans l’espace de trois heures. Quand l'écoulement est achevé, si lon à soin de couvrir la plaie de l'arbre avec de la cire, on peut , en enle- vant cet appareil au bout de quinze jours, obtenir une nouvelle ré- _colte presque aussi abondante que la première. D'abord liquide, inodore et sans couleur déterminée, le baume de copahu acquiert bientôt la consistance d’une huile grasse et une cou- leur jaunâtre, sans perdre de sa transparence. Son odeur est suave et fragrante; sa saveur aromatique, un peu amère , chaude et légèrement âcre, adhère fortement à la langue. Celui qu’on rencontre quelque- fois dans les boutiques avec une apparence trouble, la consistance du miel , une certaine ténacité et une mauvaise odeur , est sophistiqué ou retiré de la décoction de l’écorce du copayer, et par cela même peu estimé. Ce baume est de la même nature chimique que la térében- thine; distillé avec de l’eau , il fournit environ la moitié de son poids d’une huile essentielle très-odorante, qui devient d’un blanc jaunätre avec le temps, et la matière qui reste dans la cornue est une résine inodore très-pure, qui brunit et qui devient cassante en vieillissant. Généralement regardé comme un excitant très-actif, il agit sur l'économie animale avec une grande promptitude, ainsi que le re- marque M. Nysten. Le baume de copabu occasione de l’ardeur, de l'âcreté à la gorge et de la chaleur dans l'estomac; il augmente la chaleur générale, la fréquence du pouls, la transpiration cutanée. Son action, néanmoins, se porte essentiellement sur les membranes muqueuses, et occasione souvent des nausées, des coliques et la COPAHU. purgation; il excite aussi la muqueuse bronchique, celle des voies urinaires, et augmente la sécrétion de l'urine. Selon la remarque de Fuller , il donne une saveur amère à ce liquide, et non point l'odeur de violette, comme la térébenthine. Les auteurs de matière médicale ne tarissent pas en éloges sur les vertus de cette substance, dans la leucorrhée, la blennorrhagie , la dysenterie et les différentes espèces de catarrhe; contre la fièvre hectique, le scorbut, la phthisie pulmonaire, l'aménorrhée, les hé- morrhoïdes ; dans le traitement de l’ulcération des reins, pour la gué- rison des plaies, des ulcères, et à la suite de la circoncision. Malheu- reusement l’expérience n’a pas confirmé des assertions aussi exagérées. Toutefois impression vive que le baume de copahu exerce sur les. organes digestifs, et les succès que plusieurs praticiens distingués en ont obtenus dans différentes maladies atoniques, surtout dans les affections catarrhales rebelles accompagnées de faiblesse et de relà- chement , ne permettent pas de méconnaître son utilité dans le trai- tement des écoulements anciens exempts de douleur , dans le catarrhe pulmonaire chronique , dans la diarrhée avec atonie. Chaque jour on en retire de grands avantages dans la blennorrhagie et la leucor- rhée, après que les symptômes inflammatoires ont disparu. Mais peut-on lui reconnaître la propriété de déterger les ulcères de la vessie, de guérir la toux et la phtisie pulmonaire, de dissoudre les tubercules du poumon? Le plus souvent, dans ces affections, ne . doit-on pas s'abstenir d’un médicament aussi stimulant; et dans la 2° plupart des maladies où il est le plus généralement employé, ne serait-il pas dangereux d’en faire usage lorsquw’il y a un état fébrile marqué, une sorte d'excitation générale ou d’irritation locale plus ou moins vive, des symptômes d’inflammation ou autres circon- stances qui contr'indiquent les-excitans? C’est ainsi que le baume de copahu, dont les empiriques font un si grand abus, lorsqu'il est: donné à contre-temps ou à trop haute dose, a souvent produit, au rapport de Spielmann, des douleurs de tête, la fièvre, des hémorrha- gies, l'inflammation de divers organes , des palpitations, des coliques, l’ardeur d'urine, et plus souvent l’altération profonde des fonctions de l'estomac. La dose ordinaire de ce médicament est de dix à trente gonttes, COPAHU. soit dans un œuf à la coque ou dans du vin, soit dans une potion mucilagineuse, ou tout autre excipient approprié. On en porte sou- vent la dose jusqu’à quatre ou huit grammes (un ou deux gros); mais alors il agit souvent comme purgatif. On l’administre égale- ment en pilules, en l’incorporant avec du sucre et une poudre inerte. L'huile essentielle qu'on en retire, associée à l’axonge, forme un onguent qui a été quelquefois employé en onctions dans la para- lysie. Le bois de copayer, à cause de sa dureté et de sa belle couleur rouge foncé, est recherché par les ébénistes et les menuisiers pour différens ouvrages de marqueterie ; il est également employé dans la teinture. Le baume qu’on en retire est souvent employé dans les arts; les peintres s’en servent dans la peinture à l’huile et pour la composition de plusieurs vernis; les singes aiment beaucoup ses se- mences ; l’amande qu’elles renferment, malgré son peu de saveur, pourrait même servir d’aliment à l’homme. “orre (rrédéric-euillaume), De balsamo copaybä, Diss. inaug. pres. Dan. Nebel, in-4°. Heidelbergæ ; 1710. EXPLICATION DE LA PLANCHE. L L L-2 / 1. Fleur entière grossie. 2. Pistil. Observ. Cette plante offre tous les caractères d’une térébinthacée , et parait avoir des rap- ports avec le genre bursera , malgré la différence du nombre des parties calicinales , et l'absence de Ja corolle dans le copaifera. Que l’on me permette de suspecter la nets du nombre quatre dans le calice , avec celui de dix dans les étamines (T.) Zambert J° seule. COQUE DU LEVANT . CXXXHIL. COQUE DU LEVANT. COGCULÆ OFFICINARUM; Bauhin, IivaË, lib, 12 , sect. 6. MENISPERMUM COCCULUS; foliis cordatis, retusis, mucronatis, caule L ‘ Latin... acero ; Linné, clas. 22, diœcie dodécandrie, Jussieu, clas. 13, ord. 17, ménispermes. 4 CISSAMP ; Poiret Italien}, Sas, + . COCCOLE D'INDIA. Espagnol, ..,., + + COCA LEVANTINA ; COGA DE LEVANTE. Frahcais COQUE DU LEVANT; COQUE-LEVANT ; PAREIRE À FEUILLES RONDES , Poiret. LU ER E de t INDIAN COCKLES; INDIAN BERRIFS. Allemand. ..... 2. FISCHKOERNERBAUM ; KOKKELSKOERNERBAUM. Hollandais. ......, 1npraansenr BEZIES; KOKLUS. Les coques du Levant ne sont point originaires du pays dont elles portent le nom; les premières qui ont été introduites en Europe, étaient apportées d'Alexandrie en Italie par la voie du commerce, ce qui à fait croire que la plante qui les produit devait croître en Égypte; elle'est restée long-temps inconnue. On a enfin découvert que ces fruits appartenaient à un arbrisseau sarmenteux de l'ile de Java, que Linné a placé parmi les menispermum , et auquel il attri- bue pour caractère essentiel, des fleurs dioïques, un calice composé de six à huit folioles. et plus, une corolle à six ou huit pétales et plus, seize étamines un peu plus longues que la corolle; dans les fleurs fe- melles huit étamines stériles, deux: ou trois ovaires pédicellés; autant de stigmates presque sessiles, deux ou trois baies coriaces > Arron- dies, chacune à une loge monosperme. : Ses tiges sont ligneuses, grimpantes, striées, cylindriques, très- ramassées,. Les feuilles alternes , pétiolées, glabres, ovales, obtuses, presque en cœur, coriaces, longues d'environ deux pouces, légèrement échancrées à leur base, terminées par une petite pointe mucronée, les nervures un peu confluentes vers les bords. Les fleurs blanchâtres, fort petites; les mâles disposées dans 35° Livraison, 4. COQUE DU LEVANT. Vaisselle des petites feuilles supérieures en paquets sessiles très- courts ; les fleurs femelles en grappes axiliaires allongées. Le fruit est composé de deux ou trois coques en forme de baie sèche, arrondie, presque en rein : une 10ge pour chaque coque, renfermant une semence un peu comprimée , orbiculaire, échancrée en rein. Observations. Les auteurs ne sont point d'accord sur la véritable espèce qui produit la coque du Levant. Celle que je viens de dé- crire, et qui a été figurée par M. Turpin, se trouve dans l’herbier de M. de Jussieu, chargée de jeunes fruits. Je ne crois pas qu'on puisse la rapporter à celle décrite par Willdenow, ou bien il faut convenir que les feuilles sont mal représentées dans la figure qu'il cite de Plukenet (tab. 344, fig. 2); celle de Rumphius ( Amb. 5, tab. 22) y convient encore moins, quoique citée par Linné; il faut également en exclure celle de Rhéed ( Hort. malab. 7, tab. 1), qui se rapproche davantage du céssampelos pareira, Linné. Les fruits de cette plante, qu'on nous envoie secs des Indes Orientales, sous le nom de coques du Levant, sont des baies sphé- riques , de la grosseur d’un pois, d’un brun noirâtre, inodores, ‘et d’une saveur amère et persistante. Principalement connues par la propriété qu’elles ont Hits et de donner la mort aux poissons, les coques du Levant, au rapport de Murray, exercent la même action délétère sur plusieurs oiseaux, et sont également vénéneuses pour les chèvres ét pour les vaches. Les expériences de M. Goupil semblent même prouver qu’elles sont un véritable poison pour différens animaux carnivores. Par analogie, on à supposé, avec assez de probabilité, que leur action sur l'homme n'était pas moins dangereuse. Plusieurs auteurs de matière médicale considèrent même la chair des poissons empoisonnés par cette sub- stance, comme susceptible de produire de graves accidens. En rap portant le résultat des expériences de M. Goupil, M. Cadet Gassi- court paraît admettre, avec ce médecin, que le principe vénéneux de la coque du Lérant résiste à l’action digestive, passe avec toutes ses propriétés dans les vaisseaux absorbans , et que la chair des pois- sons qui ont succombé à l’action délétère de cette substance agit sur l’homme comme la coque du Levant elle-même. Loin de confirmer COQUE DU LEVANT. cette assertion, l'expérience journalière, ainsi que le remarque ju- dicieusement Peyrilhe, prouve que la chair de ces animaux n’occa- sione aucun accident à ceux qui en mangent. Il est probable que, si dans quelques cas il est résulté des accidens de l'usage des poissons morts par l’action des fruits du renispermum cocculus, cela tient à ce qu'ils avaient été mal vidés, et qu'il était resté dans leur cavité abdominale une certaine quantité de ce poison. Toutes les parties de la coque du Levant ne sont pas Le Alemadit vénéneuses. M. Goupil a reconnu que le principe délétère réside es- sentiellement dans l’amande, et que la partie corticale de ce fruit n’a _ qu’une simple propriété vomitive. L'énergie avec laquelle ces pe- tites baies agissent sur l’économie animale doit faire présumer qu’elles recèlent des propriétés médicales très-actives. Sous ce rap- port, elles réclament toute l’attention des médecins observateurs. On n'en a cependant point encore fait usage à l’intérieur. Le seul emploi médical de cette substance se borne à quelques applications exté- rieures contre les pous. Pour cela on la pulvérise et on en répand une certaine quantité sur la tête. En mêlant la coque du Levant avec de la mie de pain, les pêcheurs en font une pâte dont les poissons sont très-avides. On la jette dans les rivières et les ruisseaux, et ces animaux , bientôt étourdis par l’ac- tion vénéneuse de cette substance, viennent nager. à la surface de l’eau, où on les prend avec facilité. Dans certaines contrées on se saisit facilement de plusieurs espèces d'oiseaux, en jetant dans l’eau des marres où ils vont se désaltérer, une certaine quantité de ces mêmes baies. copRoncut (saptiste ), Trastatus de baccis orientalibus , etc. Ce Traité fait partie de l'ouvrage du même auteur , intitulé : De christian et tutä me- dendi ratione ; in-4°, Ferariæ , 1591; in-4°. di : 1629. COQUE DU LEVANT. EXPLICATION DE LA PLANCHE. (L'individu femelle que nous figurons ici, est ésenté d d AL LT E Fa nalur ue ) 02 1. Épi de fleur femelle. 2. Fruit entier et tricoque du menispermum cocculus, copié de Gærtner. 5. Le même coupé longitudinalement, afin 3. Fruit entier de grandeur naturelle, tel de faire voir le placenta et la graine. il 1; se trouve dans le commerce. 6. Embryon isolé. 4. Le même dépouillé de sa première enve- loppe. Observ. De toutes les espèces de ménispermes qu'ont pu nous offrir les nombreux her- biers que nous avons visités, celle que nous représentons ici nous a semblé avoir le plus de rap- port par ses fruits avec ceux du commerce. CE HE He A. Panhkouke PP Zomshert Je rour: COOUELICOT . SAT, CXXXIV. COQUELICOT. Grece porc. ’ PAPAVER ERRATICUM MAJUS , Bauhin , MivaË , lib, 5, sect. 1. Tourne- fort , clas. 6, rosacées. PAPAVER RHOEAS; capsulis glabris, globosis ; caule piloso , multifloro , folis pinnatifidis, incisis; Linné, clas. 13, polyandrie monogy- nie. Jussieu , clas. 13, ord. 2, papavéracées. Italien, +: ‘+ PAPAVERO SALVATICO ; ONE ; ROSOT.ACCI. Espagnol. . ...:.. AMAPOLA; ABABOL; ADORMIDERA SILVESTRE. Français... ...... GOQUELICOT ; PONCEAU ; PAVOT RO ARBRE SET - # + RED POPPY; CORN-ROSE ; COP-ROSE ; HEAD-WARK. Men... WILDER MOHN; ROTHER MOWN; FELDMONN; KLATSCHROSEN ; KLAPPER- RÔSEN. Hollandais, . ..... ROODE KOORENBLOEM ; KOLBLOEM :WILDE HEUL KLAPHOOSEN :KANKER- F BLOEMEN. Polonais... ...... maczer, Erndtel. RÉPANDU partout avec profusion, il n’est point de bouquets cham- pêtres dont le coquelicot ne fasse l’ornement; il s'allie dans notre esprit à la richesse des moissons, à la beauté des prairies : poursuivi par l’agriculteur comme plante inutile, et même nuisible aux cé- _réales, il se sauve dans nos jardins, où ,' quittant les simples orne- mens de la nature champêtre, il étale un luxe imposant en doublant ses belles fleurs. Elles sont d’un rouge vif, quelquefois blanches, plus souvent panachées, les pétales frangés ou bordés d’un beau liseret blanc. La connaissance du pavot remonte à une époque très-reculée , surtout le pavot somnifère. Emblème du sommeil, il ornait l'entrée du palais de Morphée; c'était avec cette plante que ce dieu touchait ceux qu'il voulait endormir : la déesse des moissons était représentée tenant une faucille d’une main , et une poignée d’épis et de pavots de l'autre. Il est donc hors de doute que le pavot était connu des an- ciens ; cependant il est très-difficile de déterminer les cinq espèces mentionnées dans Dioscorides; Pline n’en cite que deux , le papaver somniferum et le rhœas. Théophraste n’en parle que d’une manière 36€ Livraison. * COQUELICOT. très-obscure '. Le caractère essentiel des pavots est facile à recon- naître : il consiste dans un calice à deux folioles concaves, très-ca- duques, quatre pétales, un grand nombre d’étamines beaucoup plus courtes que la corolle, insérées sur le réceptacle; un ovaire supérieur couronné par un large stigmate sessile, lobé, en forme de bouclier, à six ou douze rayons divergens ; une capsule globuleuse ou allon- gée, s’ouvrant sous le stigmate en plusieurs trous, divisée intérieu- rement en six ou douze demi-loges séparées par des cloisons mem- braneuses, renfermant des semences très-nombreuses, adhérentes à des placentas insérés sur les parois de la capsule. Ses racines sont grêles, presque simples, blanchâtres, munies de quelques fibres. Ses tiges droites, rameuses , légèrement pileuses, hautes d'un à deux pieds, rudes au: toucher. Les feuilles sont alternes, presque ailées, découpées profondément en lanières assez longues, velues, aiguës, dentées ou pinnatifides. Les fleurs sont grandes, terminales, d’un rouge éclatant, mar- quées à la base des pétales d’une tache noirâtre. Il leur succède une capsule glabre, ovale, un peu globuleuse, couronnée par un stigmate noirâtre, à dix rayons. Tel est notre pavot coquelicot, nommé erratieum (errant) par les uns, à cause de sa grande facilité à se répandre partout; par d’autres, rhœas , à cause de ses fleurs caduques ?. Il en existe plusieurs autres espèces, distinguées principalement par leur capsule glabre ou hérissée, ovale, globuleuse ou allongée. La plus intéressante est le pavot sn bre qui fournit d'opium, el que l’on cultive en grand dans plusieurs départemens de la France: . Les fleurs fraîches de coquelicot ont une odeur faible, désagréable, ; Viguier, Histoire des pavots ; pages 7 et 8. ? Ou bien parce qu’il s’en écoule un suc : pen, Auentun de getv , /luere Dios- corides res cette double étymologie. nt aux dénominations vulgaires coquelicot et potthu ; la première par due à la belle couleur des pétales, rouges comme la crête d’un coq; la seconde rappelle également cette teinte rouge éclatante, que les Latins ont désignée SOUS e nom de puniceus. ait COQUELICOT. manifestement vireuse, ét une saveur mucilagineuse légèrement amère. Lorsqu'on incise cette plante, il en découle un suc laiteux, gommo-résineux , soluble en partie dans l’eau, en partie dans l’al- cool, et qui, par son odeur ét sa saveur, à la plus grande analogie avec l’opium. Ce suc est beaucoup plus abondant dans le fruit que dans les autres parties de la plante. Quatre oncés de capsules de co- quelicot, au rapport de Murray, ont fourni, par la décoction et l'é- vaporation, cinq drachmes d’un extrait opiacé. Les qualités physiques de cette plante introduite dans la matière médicale, selon Peyrilhe, vers la fin du seizième siècle, justifient les propriétés adoucissante, calmante et anodine qu’on lui attribue. Comme telle, elle à été employée dans le éatarrhe et autres maladies aiguës du poumon, dans les toux anciennes, dans la coqueluche, contre certains maux de gorge, et dans toutes les circonstances où il faut calmer une vive douleur et procurer un sommeil tranquille. Peyrilhe et plusieurs praticiens ont pensé qu’elle pourrait remplacer l’opium dans beaucoup de cas. L'expérience n’a point confirmé sans doute tous les éloges donnés au coquelicot; toutefois son action diaphorétique et légèrement calmante le fait employer avec un cer- tain avantage, au rapport de M. Biett, dans les phlegmasies aiguës de la poitrine. Baglivi se loue beaucoup de l’infusion des fleurs de coquelicot, associée à celle des semences de lin dans le traitement de la pleurésie. Fouquet en administrait le suc de quatre à dix-huit grains, dans la coqueluche, l'épilepsie et autres maladies convulsives des enfans, dans lesquelles il le préférait à l’opium comme moins irritant. es praticiens assurent avoir assoupi les douleurs du cancer , et procuré un sommeil paisible par son usage, et chaque jour on l'eple parmi nous avec plus ou moins de succès en infusion contre le rhume, dans la migraine, etc. L’infusion héiiSeme des pétales de coquelicot desséchés, conve- nablement édulcorée avec le sucre ou le miel, est la manière la plus ordinaire d’administrer cette plante. Le sirop qu'on prépare aveé cette infusion, convenablement évaporée et unie au sucre, aussi agréable par sa belle couleur rouge qu’utile par ses qualités mucila- gineuse et légèrement sédative, se donne à la dose de quinze, trente et soixante grammes (ou depuis une demie jusqu'à une ou deux COQUELICOT. onces). Les pharmaciens en composent en outre une teinture alcoo- lique; qu’on fait entrer dans des potions calmantes et dans divers juleps et elixirs. L'extrait des têtes de coquelicot , obtenu par l'éva- poration lente de leur décoction aqueuse, se donne comme l’opium à la dose de cinq à vingt centigrammes (un à quatre grains). Ce pavot n’est point en usage dans les arts; on n’a point encore tiré parti de la belle couleur rouge que ses pétales donnent à l’eau par la décoction. Dans beaucoup de contrées, il est un fléau pour les moissons, et nuit souvent, par son excessive multiplication dans les campagnes, à l'accroissement des récoltes. EXPLICATION DE LA PLANCHE. (La plante est de grandeur naturelle.) 1. Fruit capsulaire représenté de grandeur lequel on distingue douze à treize loges naturelle. remplies d’une grande quantité de pe- 2. Le même coupé horizontalement, dans tites graines. ZLombers Æ rcuip e True P. CORIANDRE. Vs CXXX V. CORIANDRE. GreË, Ji RER ENS KOPIOY ; KOPIÆVVOVS CORIANDROM MAIUS ; Bauhin, Tivx£ , lib. 4, sect. 5. Tournefort , clas. 7, ombellifères. Latine : 20665 4 CORIANDRUM SATIVUM ; fructibus globosis ; Linné, clas. 5, pentandrie ( digynie. Jussieu, clas. 12, ord. 2, ombellifères. Italien... +: CORIANDRO ; GURIANDOLO, ROLE ae + CILANTRO ; CULANTRO, à Frantais 25 set CORIANDRE Anglais} $e. 1800 2 CORIANDER, Allemand. ..,.... KORtaNDER, Hollandais. . . .... #KORIANDER. Suédois. 4.2... coRrANDER. Polonais. 2... ..: RORYANDER ; KORIANDRZE, Erndtel. La coriandre nous avertit de sa présence par l'odeur infecte de ses feuilles et de ses tiges, dont les doigts, lorsqu'ils les ont touchées, ne se débarrassent que difficilement. Elle eût été négligée sans la sa- veur aromatique de ses semences. Tournefort ne l'avait point obser- vée aux environs de Paris : on croyait alors qu’elle ne croissait qu’en Italie; elle a été depuis découverte en France; elle est même assez commune aux environs de Paris ,:ce qui ferait croire qu’elle s’y est naturalisée. Il serait très-difficile de prouver que le x0p107 de Dioscorides soit la même plante, n’étant indiqué que par ses proprié- tés médicales : le coriandrum de Pline n’est pas plus connu; et le peu que Théophraste a dit du xopiayvoy ne peut pas s'appliquer avec plus de certitude à la coriandre. Il serait done très-indiscret de rap- porter à notre coriandre les propriétés que Dioscorides et les an- ciens attribuent au xop107. Elle appartient à la famille des ombelli- fères , et se distingue par un involucre universel nul ou à une seule foliole, les involueres partiels souvent composés de trois folioles, le calice muni de cinq petites dents, les pétales courbés en cœur , plus grands sur les bords de l’ombelle, les semences sphériques. Ses racines sont grêles, blanchâtres, peu rameuses, garnies de quelques fibres. 36° Livraison. CORITANDRE. Ses tiges droites, glabres, rameuses, hautes d'environ deux pieds. Les feuilles alternes, plusieurs fois ailées, les inférieures plus grandes, leurs folioles élargies, ovales où arrondies, dentées ou lo- bées à leur contour; les autres feuilles médiocrement pétiolées, dé- coupées très-menu. Les fleurs sont blanches, disposées en ombelles terminales à cinq ou huit rayons, soutenant des ombellules un peu inégales; leur in- volucre à trois folioles de la longueur des rayons, les pétales des fleurs extérieures plus grands, irréguliers, cinq étamines, deux styles. Le fruit ést globuleux, légèrement strié, composé de deux semences demi-sphériques. , Les semences sont les seules que l’on emploie de nos jours en médecine; toute la plante exhale une odeur aromatique, forte, désa- gréable, plus où moins étourdissante, analogue à celle de la pu- naise!; sa saveur est aromatique et piquante; mais ces qualités s’affaiblissent avec le temps, la déssiccation les changé même en une saveur. suave ét très-agréable. Les connaissances acquises sur la composition chimique de cette plante se réduisent à savoir qu'on en retire par la distillation dans l’eau une huile essentielle jauntre, aromatique très-odorante. s'énergie de ses qualités physiques avait porté les anciens à la re- garder comme une plante très-dangereuse. Si l'on'en croit la plu- part des médecins grecs et arabes, le suc qu’on extrait de ses feuilles sérait aussi vénéneux-que celui de la ciguë. Mathiole prescrit de ne Jamais en faire usage sans avoir préalablement modifié ou détruit ses propriétés délétères par la macération dans le vinaigre. Tragus recominande expressément aux droguistes de ne Ja livrer au public qu'après lui avoir fait subir une semblable préparation. M. Gilibert a récemment éprouvé lui-même des maux de tête, des nausées et la cardialgie, après avoir été exposé quelque temps aux émanations d'une certaine quantité de coriandre. D'un: autre côté, Alpinus; Amatus, J. Bauhin, Zwelfer, Lobel et autres observateurs lui refu- : Telle est l'origine du mot coriandrum ; de 2094, Punaise. CORIANDRE, sent toute espèce de propriété nuisible, et s'appuient du grand usage qu'en font journellement les Égyptiens, les Espagnols et les Hollan- dais, en la mêlant soit avec leurs alimens, soit avec différentes bois- sons. Mais quoique l'habitude ait le pouvoir de modifier l’action des substances les plus vénéneuses, selon la remarque de Geoffroy, on ne doit employer la coriandre qu'avec beaucoup de circonspection , au moins dans l’état frais ; car, lorsqu'elle est sèche, il paraît qu’on n'a rien à en redouter, Cullen observe judicieusement que les pro- priétés médicales des feuilles n’ont point encore été déterminées, et qu’elles paraissent différer beaucoup de celles des semences. Depuis long-temps on a préconisé les vertus roborante, carmina- tive, stomachique, diaphorétique de ces dernières. Comme telles on les a employées avec succès dans la débilité de l'estomac, dans l’a- tonie du canal digestif et contre les flatuosités qui en résultent. On en a quelquefois obtenu des avantages dans certaines céphalalgies et dans l'hystérie. Leur infusion vineuse , au rapport de divers praticiens, a fait disparaître des fièvres tierces et des fièvres quartes. À raison de son action excitante, on peut croire aussi que cette plante a pu être utile dans certains cas de scrophule; mais il n'est pas également per- mis d'admettre son efficacité contre l’hémoptysie ou autres hémorrha- gies, et contre le flux de ventre par irritation. Cullen pense que son infusion , associée à celle du séné, prévient les coliques que ce purga- Hf produit souvent. Mais un effet bien plus certain de ces semences aromatiques, c’est qu’elles corrigent l'odeur et le goût souvent in- supportable des purgatifs auxquels on les unit ainsi avec avantage. Leur dose est de trois décigrammes à quatre grammes (environ un scrupule à un gros), en substance, et depuis un gros jusqu’à un gros et demi en infusion. Elles entrent dans la composition de l'eau de mélisse composée, de la poudre digestive de Charas et de plu- sieurs elixirs toniques. Différens peuples en font un usage économique pour aromatiser leurs alimens et leurs boissons. On en compose plusieurs liqueurs fort agréables. Les confiseurs les enveloppent de sucre, et en prépa- rent des dragées qui rendent l’haleine suave, et que certains méde- cins prescrivent aux malades qui prennent les eaux minérales froides, pour augmenter l’action de l'estomac. ne. CORIANDRE, BOECLER (sean), De coriandro, Diss. in-4°. Argentorati, 1739. EXPLICATION DE LA PLANCHE. ‘(La plante est de grandeur naturelle.) r. Feuille radicale au trait. 3. Fleur du centre d’une ombellule, gros- 2. Fleur entière, de la circonférence d’une sie. -ombellule , grossie, 4. Fruit entier grossi. Tirpin FA COSEUS, or Lambert I° seupl. CXXXVI. COSTUS. Fe SRB" Grecs rise ses xoœToc apafèino cosrus aRAB1CUS D10scoRtDis ; Bauhin, TTsvaf , lib. 1, 8 sect, 6 !. LM. 3 0 .. {me ArABteus ; Linné , clas. 1 , monandrie 8 * Jussieu , clas. 4, ord. 2, balisiers. dialen «4 <0 COSTO ARABICO ÉIPARRDE 4-0. «+ 24 COSTO ARABIGO, Mançuis.. . sv US COSTUS ; COSTUS ARABIQUE ; COSTUS D'ARABIE. Anglais, . sers m5ne Allemand... +: ee KOSTUSPFLANZE ; ARABISCHER KOSTUS Hollindiie Us + 1. OMS Le nom spécifique du costus arabicus peut occasioner une double erreur. 1°. On le croirait originaire de l'Arabie, tandis qu'il ne croît que dans les contrées méridionales de l'Amérique. M. Turpin la souvent rencontré sur les me de Saint-Domingue; il se trouve _ aussi à Surinam. 2°. Nous n'avons aucune certitude qu'il croisse dans les Indes Orientales, quoique Linné l'ait d’abord rapporté; mais avec doute, au {siana-kua ( Rheed, Hort. malab., xx, pag. 15, tab. 8). Dès que le costus arabicus est originaire de l'Amérique, il ne peut être la plante que Dioscorides a mentionnée sous ce nom, -qui est citée par Gaspard Bauhin et par plusieurs autres botanistes ani térieurs. F3 Le costus est très-peu distingué des amomum. M. de Lamarck à réuni ces deux genres. Dans le costus , le calice a son limbe partagé en trois découpures lancéolées; sa base fait corps avec l'ovaire ; la corolle, divisée en trois parties égales, enveloppe un tube renflé, à deux lèvres, l'inférieure trifide, la supérieure entière, soutenant une seule anthère : un style droit, un stigmate en tête, échancré; une capsule couronnée par le limbe du calice. © J'ai dû, pour compléter la synonymie, indiquer le costus arabique de Dios- coride et de Gaspard Bauhin. Toutefois, je suis fermement persuadé, comme M. Poiret, que le sors du naturaliste grec, et par conséquent le costus de T'il- lustre auteur da TlwaË ne sont point identiques avec le costus arabicus de Linné. 8. 36: Livraison, COSTUS. Ses racines sont épaisses, noueuses et charnues, elles produisent plusieurs tiges droites, glabres, cylindriques, hautes d'environ deux pieds. | Les feuilles sont grandes, alternes, oblongues , lancéolées, acumi- nées, glabres à leurs deux faces, embrassant les tiges par une gaine cylindrique, membraneuse et roussätre à son bord, où les feuilles se rétrécissent en une sorte de pétiole très-court. Les fleurs sont terminales, entourées par les feuilles supérieures; elles sont réunies en une tête ovale, touffue, fort grosse , assez sem- blable à un cône de pin, entremélées d’écailles en forme de spathes partiellés ovales, un peu concaves, aiguës. Le calice est adhérent avec l'ovaire qu’il couronne, ainsi que le fruit, par un limbe à trois découpures droites, lancéolées, aiguës, persistantes : la corolle est blanche, frangée à ses bords; l'ovaire ovale, inférieur ; un style droit, filiforme, surmonté par un stigmate en tête, à deux lobes. Le fruit est une capsule ovale, à trois loges, à trois valves ; ren- fermant un grand nombre de semences petites, glabres, ovales, pres- que triangulaires. à . A l'exemple de Dioscorides, quelques auteurs de matière médicale ont établi trois espèces de costus. Plus souvent on en distingue avec Pline deux espèces dans les pharmacies , l’un doux, l’autre amer. Les uns pensent que ces deux costus ne diffèrent l’un de l’autre que par le lieu de la naissance; d’autres prétendent que l’âge et l’anciennete de leur racine ont seuls servi de base aux vaines distinctions des pharmacologistes , de sorte que la racine de costus, lorsqu'elle est re- cente, a une saveur douce et une couleur blanchâtre, et, lorsqu'elle est ancienne, une couleur brune et beaucoup d’amertume. Quoi qu’il en soit, la racine à laquelle on donne le nom de coslits arabique dans les boutiques, se présente en morceaux oblongs de la longueur d’un pouce, légers, poreux, friablés, et cependant durs: d’un jaune gris ou brun, d’une odeur très-suave d'iris ou de violette; qui se communique à l’urine de ceux qui en font usage , et d’une ”_ veur aromatique, âcre, légèrement amère. L'eau enlève avec facilité “le principe amer de cette racine, et difficilement son arôme. Outre une certaine quantité d'huile essentielle, on en retire un extrall PRRERSE COSTUS. aqueux et un extrait alcoolique. Ce dernier conserve l'odeur suave et toute l’amertune du costus. - Ces qualités physiques dénotent dans la racine du costus des pro- priétés médicales analogues à celles des autres substances amères et aromatiques, ce qui à pu raisonnablement la faire regarder comme stimulante, diaphorétique, diurétique et emménagogue. L'impression tonique et excitante qu’elle exerce sur le système digestif et sympa- thiquement sur tous les organes, la rend en effet très-utile dans l’a- tonie du canal intestinal, dans les faiblesses d’estomac, dans les ca- tarrhes chroniques , dans les fièvres adynamiques et autres maladies accompagnées de débilité et de relâchement. Elle est également propre à exciter la transpiration cutanée et à provoquer la sécrétion des urines chez les individus dont la peau et l'appareil urinaire manquent d'énergie; elle à pu aussi favoriser l’irruption des règles, lorsque l’aménorrhée était le résultat d’une faiblesse soit générale, soit locale. On l’a encore placée au rang des expectorans, on l’a pré- conisée dans la colique venteuse, dans l’apoplexie, la paralysie et dans les fièvres malignes; mais il est facile de voir qu’il n'appartient qu'à un médecin expérimenté de déterminer, dans ces différentes ma- ladies , les cas où cette substance simlisie peut être utile, et ceux dans éodls il serait dangereux de l’employer. Elle a joui, en outre, pendant long-temps, d’une grande réputation comme prophylactique, contre les maladies contagieuses. Quelques apothicaires même vendent encore le costus arabique comme antidote; mais on sait à quoi s’en tenir sur une semblable vertu ! La dose ordinaire de cette racine est de deux à huit grammes (demi à deux gros) en poudre, et jusqu’à soixante-cinq grammes (environ deux onces en infusion ). La thériaque d’Andromaque, le mithridate de Damocrate, le grand philonium , les électuaires ma- ryocostin et caryocostin, les trochisques d’hédichroon , l’orviétan de Charas, préparations monstrueuses, et pour la plupart inusitées , sont autant de médicamens dont le costus fait partie. Quoique puis- sante et digne de l’attention des praticiens, cette plante est rarement en usage, et on lui substitue souvent l’angélique, le zédoaire , Piris , l’aunée ou toute autre racine aromatique. Les anciens brûlaient le costus sur les autels des dieux, et s’en COSTUS. servaient aux jeux solennels pour parfumer les temples , dans les cé- rémonies religieuses. Mais il est à croire qu'ils employaient, sous le nom de costus, une plante très-différente de celle qui porte ce nom parmi nous, laquelle n’est point propre à répandre le parfum que les anciens obtenaient du leur. EXPLICATION DE LA PLANCHE. (Ce fruit est réduit au tiers de sa grandeur naturelle.) - Ovaire sur le sommet ps on. a laissé le style et l’étamine. 2, Fruit entier, accompag é de son écaille particulière 3. Le même coupé A a TETE afin de faire voir les trois loges. ( Ces trois figures sont réduites à la moitié de leur grandeur naturelle.) & Graine isolée de grandeur naturelle. Observ. Ce dessin est tiré du porte-feuille de M. Turpin, qui a souvent rencontré le costus L.: 1 1 FA CROEUSRS à PRES LES POUES + (T.) D" 9 COURBARIL . CXXXVIL COURBARIL. ARBOR S{LIQUOSA EX QUA GUMMI ANIME ELICITUR ; Bauhin, TivaË , Db. 1, Latines Ed : ar ; HYMENÆA COURBARIL ! ; Linné, clas. 10, décandrie monogynie, Jussieu, clas. 14, ord. 11, légumineuses. Italien ; : GÔMMA ANIME LE CRT EYES GOMA ANIME Francait.. si JS COURBARIL ; GOMME ANIME ; RÉSINE ANIMÉ daglaiss 5 gs - LOCUST-TR Allemand. ..,.:... HUELSENBAUM: KOURBARILBAUM. , Hollandais, . . .... xoueranicsoom. Le courbaril, de la famille des légumineuses, est un des plus grands arbres de l'Amérique méridionale. Il croît principalement dans la Guiane et aux Antilles. Ses fruits étaient connus de Clusius et des Bauhins : Pison et Marcerath l'ont depuis mentionné sous le nom de jataiba; mais c'est au père Plumier que nous devons la connaissance parfaite des fleurs et autres parties de cet arbre intéres- sant. Son bois est dur, un peu rougeâtre, revêtu d’une écorce épaisse, raboteuse, d’un bu sombre, ses branches, très-étalées, très-ra- meuses. Elles se couvrent d’un grand nombre de feuilles glabres, co- riaces , pétiolées , .alternes, luisantes, d’un beau vert, divisées cha- cune en deux folioles ovale-obliques, lancéolées, aiguës, parsemées de points transparens. Les fleurs, situées au sommet des rameaux, et légèrement Pipe rines, sont disposées en une grappe pyramidale, composées « calice à quatre ou cinq sn de cinq pétales concaves , un peu * Linné a conservé pour dénomination spécifique ce mot américain. Quant au mot générique , il prouve l'imagination poétique de l’immortel naturaliste sné- dois » qui désigne le courbaril sons le titre de hymenœa a, parce que ses feuilles, disposées par paires, se rapprochent sensiblement lune de Pautre pendant la nuit, comme deux } jeunes époux, 36° Livraison, # 4 COURBARIL. imégaux, renfermant dix étamines libres; d’un ovaire supérieur, rougeâtre, comprimé , surmonté d’un seul style. Le fruit consiste en une gousse cylindrique, un peu comprimée latéralement , obtuse, longue de six pouces, large d’un ou deux, à une seule loge indéhiscente, couverte d’une écorce épaisse, dure, légèrement chagrinée, renfermant quatre ou cinq semences ovales, entourées de fibres et d’une pulpe jaunûâtre et farineuse. (P.) Le suc résineux qui découle de cet arbre, soit par incision, soit spontanément, désigné chez les Brésiliens sous le nom de otiva- cica , est généralement connu parmi nous sous les dénominations de résine de courbaril, résine animé occidentale , gomme animé, etc. Il nous est apporté de la Nouvelle-Espagne, du Brésil et des îles de l'Amérique, en gros morceaux durs, transparens, friables, d’un blanc jaunâtre où d’un jaune citrin, quelquefois tirant sur le brun, d’une odeur balsamique, agréable et sans saveur marquée. Cette matière résineuse, analogue au succin par sa couleur et sa consistance, est très-difficile à distinguer de la gomme copal, qu'on lui substitue souvent dans les boutiques; elle ne doit pas être confondue avec lanimé d'Orient qu’on apportait jadis de l'Éthiopie et autres contrées de l'Afrique. Quelques auteurs pensent que la résine de courbaril à été connue des anciens , et la rapportent à la myrra minea, de Ga- lien et de Dioscoride; tandis que d’autres se croient également fon- dés à la rapporter au bdellium. Quoi qu'il en soit, cette matière s’amollit sous la dent : elle s’en- flamme sur les charbons ardens, exhale une odeur très-suave pen dant sa combustion, et laisse à peine quelques cendres blanches pour résidu ; elleest entièrement dissoluble dans Palcool , et on en retire une huile essentielle remarquable par un arôme particulier. “Les propriétés médicales de cette résine ne reposent sur aucune observation clinique. Les vertus excitante et nervine qu'on lui attrr- bues ont plutôt fondées sur analogie que sur l'expérience. Toutefois les Indiens en font un fréquent usage comme masticatoire; ils la croïent utile contre la colique, et l’emploient en fumigations dans les rhumatismes, les Catarrhes et la paralysie. Quelques auteurs louent ses bons effets dans cette dernière affection, dans l'asthme, le ca tarrhe suffocant et autres maladies nerveuses. D'autres s’en sont ser- COURBARIL. vis avec quelque succès, sous forme de liniment , dans la contracture des membres et dans plusieurs affections goutteuses. On a même pré- conisé son efficacité pour la guérison des plaies, des ulcères et des fractures. Toutefois on sait que tous les topiques analogues sont au- jourd’hui heureusement proscrits dans la pratique chirurgicale. Si l'on peut admettre jusqu’à un certain point l'utilité de cette résine dans certaines maladies internes, on doit rejeter, comme réprouvées par la raison, les vertus imaginaires qu’on lui a faussement attribuées, dans les solutions de continuité et les maladies des os. Pison assure que l'écorce de courbaril est purgative et carmina- tive. Ses feuilles appliquées en cataplasme sur le ventre sont répu- tées vermifuges par quelques auteurs; mais aucune observation po- sitive n’a confirmé ces assertions. À raison de sa dureté, de sa solidité et de la propriété qu’il a de résister long-temps à la destruction, le bois de courbaril est em- ployé, en: Amérique, à toutes sortes d’usages. Les charpentiers en font des planches, des poutres, des axes pour les moulins à sucre; des roues d’une seule pièce pour les affûts des canons. Les menui- siers en fabriquent des meubles; sa belle couleur rouge et le beau poli dont il est susceptible le rendent précieux pour les ébénistes. Les gousses de cet arbre, à l’époque de leur maturité, sont recueil- lies avec empressement par les Indiens, à cause de la pulpe farineuse qu’elles renferment. Cette pulpe friable et nourrissante est remar- quable par son odeur aromatique et par un goût très-agréable de pain d'épice. Avant la conquête de Saint-Domingue, les naturels de cette île, au rapport de Valmont de Bomare, faisaient, avec cette es- pèce de farine, un pain moins remarquable par sa bonté que par sa beauté. Dans le pays où l’on récolte la résine de courbaril, on en fabrique des espèces de torches ou de flambeaux pour s’éclairer; on s’en sert pour vernir différens ustensiles; et en Europe, les peintres en composent un vernis transparent de très-bonne qualité. COURBARIL. EXPLICATION DE LA PLANCHE. la Dont dt eodiite à. itié d . (La plant t a grandeur naturelle.) . Étamine grossie. se valves, afin de montrer la subs- . Pistil. nce Érineuse qui en remplit la capacité. 1& Fruit, dont on a enlevé la moitié de l'une 4, of isolée. (Les figures di 3 et 4 t réduites à ] itié de 1 grandeur naturelle.) bserv. Cette figure est une copie exacte de celle que possède M. Turpin dans son porte- feuille, et qui a été exécutée par lui à Saint-Domingue, 136. CRESS ON. LCA LÉ tatin CXXX VIII. CRESSON. NASTURTIUM AQUATICUM SurPIXUM; Baubin , Tiva£, hb. 3 , sect SISYMBRIUM AQUATICUM MATHIOL ; Tournefort, clas, 5, cruciformes. SISYMBRIUM NASTURTIUM ; siliquis declinatis, foliis pinnatis, foliolis subcordatis ; Linné, clas. 15, tétradynamie siliqueuse. Jussieu, c CARDAMINE FONTANA , Lamarck. lalniss LA 43021 CRESCIONE ; NASTURZIO; AGRETTO. Espagnol. .... . . . BERRO, Français... ...... CRESSON; CRESSON DE FONTAINE :. HAPUI, 5; 2, PE WATER-CRESS ; WATER-CRESSES Allemand...,.... BRUNNENKRESSE. Hollandais, ...... WATER-KERS; WAT£ÉR-KERSSE, SAdOSS ETATS KIÆLLKRASSE, QUoIQUE peu remarquable par ses fleurs petites et blanches, le cresson n’est pas moins une plante agréable, formant sur le bord des ruisseaux, dans les fontaines, le long des fossés, des gazons d’un beau vert ; l’époque de sa découverte est peu connue ; quelques au- teurs cependant ont cru pouvoir le rapporter à la seconde espèce de TioymGproy, citée par Dioscorides?; mais il est difficile d'en avoir la certitude. ; Ses racines sont blanchâtres, ramifiées, chargées d’un grand nombre de fibres très-fines et touffues. * La dénomination de cresson est évidemment la traduction française de l'an- cien mot latin crescio , lequel vient de cresco , je crois ; par allusion à la facuirte et à la rapidité avec lesquelles s’élève le cresson, souvent malgré l’intempérie de l'atmosphère. Cette étymologie, adoptée par Charles Étienne, par Ménage, D. _. # Pena, me semble beaucoup préférable à celle indiquée par Théis, qui puise avec trop de confiance dans les idiomes du Nord. ? Telle est l'opinion du savant Sprengel ; telle était celle de l'illustre Gaspard Bauhin ; il me parait plus probable que le ssuu@gue erepos de Dioscorides est notre Cardamine, cardamine pratensis , L. Voyez la synonymie de cette plante; tome 2 de cette Flore, page 155, : 37° Livraison. vs CRESSON. Elles produisent des tiges fistuleuses, très-glabres, rameuses, cy- lindriques , longues d’un pied, vertes ou un peu rougeâtres. Les feuilles sont alternes, ailées avec une impaire, vertes, succu- lentes, très-glabres, composées de cinq à neuf folioles sessiles, arron- dies ou ovales, très-entières; la foliole terminale plus longue et presque lancéolée, surtout aux feuilles supérieures, arrondie et plus grande aux inférieures. Les fleurs sont disposées ou en grappes allongées, ou en corymbes à peine plus longs que-les feuilles, selon que les fruits approchent plus ou moins de la maturité. Elles sont composées d’un calice à quatre folioles grabres , médiocrement ouvertes; quatre pétales en croix plus longs que le calice; six étamines, dont deux plus courtes; un ovaire allongé, cylindrique, surmonté d’un stigmate sessile, en tête. Le fruit consiste en une silique pédonculée, longue d’un demi- pouce et plus , un peu comprimée, légèrement courbée, horizontale où un peu pendante, divisée en deux loges séparées par une cloison, et renfermant des semences nombreuses, arrondies. P Le cresson a une odeur vive et piquante. Quoique accompagnée d’une certaine amertume et d’un peu d’âcreté, sa saveur ne laisse pas que d'être agréable. Lorsqu'on le broie, il exhale un principe volatil âcre et très-odorant , qui irrite les yeux et l'organe de l'odorat; mais ce principe se dissipe par la dessiccation et l’ébullition , de sorte qu'a- près avoir.été cuit ou desséché, le cresson est tout aussi inerte que les autres plantes fades ou herbacées. Comme la plupart des végétaux crucifères, le cresson paraît contenir une certaine quantité de soufre et d’ammoniaque. Malgré les recherches auxquelles les chimistes du dernier siècle se sont livrés sur sa composition , il faut avouer que Son analyse est très-imparfaite. On sait toutefois « que ce végétal contient une petite quantité d'huile essentielle très-amère et très-odorante. Ses principes volatils sont solubles dans l’eau et dans l'alcool , mais ils s'en échappent à une température au dessous même de l’ébullition. Justement renommé par ses usages médicinaux et économiques; on s'accorde à regarder le cresson comme un puissant stimulant. On re- connaît son utilité dans la plupart des maladies chroniques, accom” pagnées de débilité , et dans toutes les circonstances où il faut exciter l'appétit, augmenter les forces digestives et l’action vitale en général. CRESSON. " Il excite la sécrétion de la salive, il favorise l’expectoration, il agit dans certains cas sur la peau, et active la transpiration cutanée ; dans d’autres circonstances il provoque la sécrétion des urines et même l'écoulement menstruel. Sous tous ces rapports, le cresson à la plus grande analogie avec le cochléaria et le raifort : seulement son action est plus douce. On le prescrit avec avantage dans le scorbut, dans les catarrhes chroniques, dans certaines maladies de la peau an- ciennes et rebelles, comme dans les dartres scrophuleuses ; chaque jour on l'emploie avec succès contre l’inappétence. Plusieurs prati- ciens en ont obtenu des avantages plus ou moins marqués dans la phthisie muqueuse, la goutte et les rhumatismes anciens. Toutefois le cresson n’a pu être réellement utile dans ces différentes maladies que lorsqu'elles étaient sans fièvre, exemptes d'inflammation ou d'irritation locale vive, et chez des sujets faibles, décolorés, lympha- tiques. L'expérience a appris qu'il ne convient point du tout dans les cas où il y a beaucoup de chaleur et de sécheresse , ou une grande irritabilité. Il faut, par cette raison, s’en abstenir ou ne l’employer qu'avec circonspection, chez les sujets secs, ardens, irritables, d’un tempérament bilieux , et chez ceux qui sont disposés aux inflamma- tions , aux hémorrhagies, surtout à l’hémoptysie. Dans quelques cir- constances on s’est bien trouvé d'associer le suc de cresson au lait, au petit-lait, aux bouillons mucilagineux, et autres moyens propres à modifier son action. Zwinger et autres ont parlé de ses bons effets dans la néphrite calculeuse et dans les embarras de la vessie; Galien, au rapport de Spielman, le vantait contre les calculs. D’autres le re- commandent dans l’hydropisie, la mélancolie, l’hypocondrie et les affections hystériques. Selon divers observateurs, il a puissamment Concouru dans certains cas d’atonie au rétablissement des règles, à la résolution des empâtemens abdominaux, suite des fièvres intermit- tentes, et à la guérison de l’empyème. On lui attribue même des succès contre quelques fièvres soporeuses; mais sil est permis de douter de son efficacité dans ce dernier cas, peut-on croire avec Bonnet, que le suc de cette plante ait pu réparer chez certains phthisiques les poumons en partie détruits par la suppuration ? On n'a pas donné moins d’éloges aux applications extérieures du cresson. Selon Tournefort, son sue, injecté souvent dans les narines, aurait CRESSON. guéri des polypes muqueux. On s’est bien trouvé de ses feuilles cui- tes’, appliquées en cataplasme sur la tête des enfans dans des cas de teigne et de gale, ainsi que sur les tumeurs blanches des articulations. La plante verte se prescrit en macération dans l’eau et autres li- quides, ou bien en décoction, pourvu qu'elle s’opère dans des vais- seaux clos. Le plus ordinairement on administre son suc épuré ou non, de soixante à cent cinquante grammes (environ deux à quatre onces ) par jour , soit seul, soit associé à un liquide acide ou muci- lagineux selon l’indication. La conserve et l'extrait aqueux qu'on en préparait jadis sont des médicamens inertes qui ne méritent aucune confiance. Son eau distillée n’est pas plus active; mais sa teinture alcoolique est un puissant stimulant qu’on donne par gouttes dans des gargarismes et dans des potions appropriées. On fait avec le suc de cresson et le miel des gargarismes utiles dans les aphtes et les angines avec atonie, et dont Bourgeois se loue beaucoup. Le cresson des fontaines est un aliment diététique, précieux dans les pays et dans les saisons humides. Il est utile aux personnes d'un tempérament lymphatique, dont les chairs sont humides, flasques, décolorées ; à celles qui sont disposées au scorbut, et qui sont ex- posées à des causes débilitantes. Ontle mange crû en salade, on le confit au vinaigre. On le sert avec les viandes rôties, et il est un ex- cellent correctif de celles qui sont blanches » fades, glutineuses, ou bien grasses et huileuses. On le cultive soit dans des eaux courantes, soit, comme à Paris, dans des jardins. Dans ce dernier cas, il faut, suivant M. Bosc, le semer dans un endroit ombragé, et l’arroser tous les jours. -practico-medicum plantarum nasturcinarum , quo ve- SWINGER (rhéodore), Examen theorico getabili lis, qualitates, vires, atque usus explicantur, Diss. inaug. abilium horum structura natura resp. Joan. Rudolph. Mieg ; in -4°. Basileæ, 1714. — Réimprimée la première, dans là Triga dissertationum du mèmé auteur ; in-4°. Bâle, 1716. i € pas son examen aux cressons proprement dits : il parle de plusieurs air tres plantes, regardées par lui comme anti-scorbutiques, telles que le cerfeuil, la fumeterre, Portie, etc. ; EXPLICATION DE LA PLANCHE. + ( La plante est de grandeur naturelle.) r. Fleur entière grossie. 2. Pistil et étamines. 3. Pétale isolé. . 0 , * ; la 4. Fruit ou silique tel qu'il s'ouvre dans maturité, 10 Zuroën 2. “# Luméert IL roule ’ CROISE L'ILE . OP à Es x 3 SU PERMET A AT Pt dde … js CXXXIX. Grec... ,....... ovauporumos, Blankaa { CRUCIATA HIRSUTA ; ob. TuivaË, lib. 9 , sect. r.Tournefort, elas. t , pe 7 + Latin 4.1 FA ifidi 7 FOR NN À SSSR TPE S'ÉVxÉÉ 1 ar clas, 23 spolrgamie médesie. és ds 11, Ord. 2 , rut- biacées. Ftalèn.i, x ie à CROGETTA ; PETTIMBROSA. Espagnol, . ..... *, CRUCIATA; VALANCIA CRUZADA, Ortega. Français... CROISETTE. NOUS Si de CROSSWORT ARE ie KREUTZWURZ ; KREUTZKRAUT. Hollandais, . ..... KRUIS-WORTEL ; KRUISKRUID. Cette plante n’est pas sans élégance, quoique peu apparente; elle | se distingue parmi les gazons aux lieux un peu humides, par ses. feuilles velues et en croix’, et par ses jolies petites fleurs jaunes, axillaires. Elle appartient à la famille nombreuse des rubiacées, of- frant pour caractère essentiel et générique des fleurs, les unes mâles, d'autres hermaphrodites, composées d’un calice très-petit, inférieur; les divisions du limbe à peine sensibles ; une corolle plane, en roue, à quatre lobes; quatre étamines, un style, deux stigmates, deux se- mences globuleuses, dont souvent une avorte. Les racines sont grêles, allongées, articulées, médiocrement fi- breuses. Les tiges droites, quadrangulaires, très-souvent simples, velues, longues de huit à dix pouces et plus. Les feuilles verticillées, distantes, réunies quatre par quatre en croix à chaque verticille, sessiles, ovales, entières, velues, longues de six on huit lignes. Dans l’aisselle des feuilles naissent de petites fleurs jaunes, pédon- ? La croisette doit sa dénomination vulgaire à cette disposition en croix de ses feuilles. Quant au nom générique, il rappelle notre illustre Sébastien Vaillant, homme de génie, placé au premier rang dans les fastes de la botanique. 37° Livraison. CGROISETTE. culées , réunies par bouquets plus courts que les feuilles; lés pédon- cules rameux à leur sommet, accompagnés de deux bractées fort petites; la corolle d’un jaune foncé, quelquefois d’un jaune verdâtre. Le fruit est globuleux, .glabre, arrondi, Faoue par des feuilles ra- battues après la fleuraison. (Porr.) Quoique l’on ait prodigué de fastueux éloges à la croisette, pour la guérison de plusieurs maladies, la plupart des auteurs de matière médicale, la jugeant peu digne de figurer parmi les médicamens, ont cru pouvoir. sans inconvénient se dispenser d’en faire mention. Les qualités desséchanties et un peu astringentes que lui donne Geof- froy, et qui ont déterminé ce médecin érudit à la placer parmi les vulnéraires, ne nous paraissent pas assez développées en elle pour justifier ce titre, ni pour la distinguer d’une foule de plantes herba- cées , plus ou moins insignifiantes. L'analyse chimique n’a point fait connaître sa composition , et au- cune observation clinique n’a encore constaté d’une manière posi- tive ses propriétés médicales. Cependant on lui a accordé, avec as- sez peu de raison, la vertu de guérir les hernies. Pour cela on en faisait boire la décoction au malade, et lon appliquait la plante cuite sur la tumeur. En fomentations sur l'hypochondre, on a pré- conisé ses succès dans le squirrhe du foie. Sil est permis de douter de son efficacité dans ces maladies, il n’est pas moins difficile de croire qu’elle ait opéré la guérison d’une plaie, ainsi que le rapporte Geoffroy, quand on réfléchit que les solutions de continuité guéris- sent spontanément sans aucun secours, souvent même malgré des soins mal entendus et les applications les plus intempestives. Spiel- man observe que la racine de croisette, ainsi que celle de plusieurs autres rubiacées, a la propriété de des les os des animaux qui en font usage. De là sont venus, sans doute, l’action que quelques au- teurs lui ont supposée sur le système osseux, et l'emploi qu ‘ils en ont recommandé dans différentes maladies des os; mais l'expérience n'a point confirmé ces suppositions. EXPLICATION DE LA PLANCHE. {La plante est de grandeur naturelle.) 1. Racine. 4. Fruit de grandeur naturelle. 2. Fleur hermaphrodite entière grossie. 5. Le OSSI. 3. Fleur mâle. 6. Autre tel qu’on le trouve rarement. PR ET A PR Se Te UT D, VO PET NS PR Te CXL. CUBÈBE. Grec. :,.......: xoufrBa, Actuariu CUBEBÆ VULGARES ; srl Tivag , lib. 1x, sect. 3. PIPER CUBEBA ; fobiis oblique ovatis seu oblongis , venosis, acutis, spic 14 RENE U, solitariä oppositifolié, fructibus pedicellatis ; Linné fils, clas. 2, diandrie trigynie. Jussieu , elas. 15, ord. 3 , orties. liohen.. 5... curtbs: Espagnol. . ...... CUBEBA. Francais. ........ CuBÈRE ; POIVRE PÉDICULÉ, Poiret. MnÿhalS. ie à de: CUBERS-SHRUS. Uemand........ KUBEBEN-STRAUCH. Hollandais. ... .... SraART-PEPER ; KUBÉBEN-BOOMTVE, Les cubèbes étaient depuis long-temps connues dans le commerce, mais la plante qui les produit n’a été découverte que depuis peu : nous en devons la connaissance à Thunberg. Elle nous offre tous les caractères du poivrier ( piper. ), avec cette différence que ses fleurs sont dioïques, caractère qui appartient à plusieurs autres espèces de ce genre. Elles sont d’ailleurs réunies en chaton en forme d’épi sur un spadice simple filiforme; point de calice ni de corolle, excepté une petite écaille entre chaque fleur; deux anthères et plus, presque ses- siles, un ovaire supérieur, un style très-court, trois stigmates, une baie charnue, uniloculaire, à une seule semence. La plante dont il est ici question est un arbrisseau peu élevé. Ses tiges sont flexueuses , articulées; les rameaux courts. Les feuilles sont alternes, très-rapprochées, pétiolées, ovales, un peu arrondies, aiguës, entières , obliques à leur base, longues d'en- viron deux pouces, larges de dix à douze lignes : les pétioles très- courts. Les fleurs sont disposées en épis uses opposés aux feuilles , les uns mâles, les autres femelles sur des individus séparés: À chaque fon femelle, succède une petite baie globuleuse, pé- dicellée, d’une odeur aromatique. Cette plante croît dans l’île de Java et dans celle de es (P.) 37e Livraison. CUBÈBE. | L'obscurité et l'incertitude qui règnent sur la nature de la sub- stance que les anciens connaissaient sous le nom de cubèbes , ne per- mettent pas de déterminer si ce sont les mêmes fruits que la médecine emploie aujourd’hui sous cette dénomination. Quoi qu'il en soit, les cubèbes que le commerce nous présente à l’état sec sous la forme de petites baies sphériques, rugueuses, quelquefois ridées, de la gros- seur d’un petit pois, garnies d’un pédicule long et mince, renferment sous une écorce fragile, brune ou grise, une semence noire à lexté- rieur, blanche intérieurement, de nature huileuse et beaucoup plus âcre que l'écorce. Ces baies sont remarquables par leur odeur fra- grante et par leur saveur chaude aromatique. Lorsqu'on les mâche, elles remplissent la bouche d’une chaleur accompagnée d’un peu d’a- mertume, et donnent une odeur agréable à l’haleine. On en retire une huile essentielle âcre, aromatique, un extrait aqueux d’une saveur chaude et piquante, et un extrait spiritueux beaucoup plus âcre. * © L'énergie des qualités physiques de ces fruits leur a fait supposer avec raison des propriétés médicales très-énergiques. Cullen, cepen- dant, les place au dessous de celles du poivre ordinaire, et pense qu'on pourrait exclure les cubèbes de la matière médicale, si leur odeur, plus forte et plus agréable que celle du poivre, ne les ren- dait préférables à ce dernier dans une foule de préparations phar- maceutiques. On s'accorde généralement à les regarder comme to- niques, stimulantes, sialagogues, carminatives, etc. Murray les croit très-propres à remédier à la débilité de l'estomac , et à dissiper les mucosités qui surchargent quelquefois ce viscère, ainsi que les vents qui s’y accumulent dans certains cas. On a vanté leurs bons effets dans les fluxions catarrhales et dans l'asthme humide. Il paraît qu'on les a souvent employées avec succès contre la migraine. On leur a surtout attribué une efficacité, sans doute exagérée, contre les vertiges, l’apoplexie, la paralysie, et pour remédier à la perte de la mémoire. Toutefois cette substance aromatique et stimulante est rarement administrée à l'intérieur par les médecins d'Europe. On s’en sert avec avantage comme masticatoire pour masquer et détruire la puanteur de l’haleine qui se manifeste dans l’ozène. On l'a quel- quefois mêlée avec succès au tabac à fumer, pour exciter l’action des CUBÈBE. glandes salivaires, et pour remédier à la paralysie de la langue. Les Indiens en font un fréquent usage pour s’exciter aux plaisirs véné- riens, et les habitans de Java la mêlent à leurs alimens, pour se donner de l'appétit et stimuler l’action de l'estomac. On administre les cubèbes en poudre depuis quinze centigrammes jusqu’à quinze décigrammes (de trois grains à un scrupule environ ), en macération vineuse de quatre à huit grammes (un à deux gros ). Leur huile essentielle se donne par gouttes, et leur extrait depuis cinq jusqu'à trente et quarante centigrammes (un à dix grains et plus). Elles entrent dans la composition du vinaigre thériacal et de l'élixir de vitriol. Leur huile volatile fait partie de la thériaque cé- leste et de plusieurs autres médièamens cordiaux. Outre les usages économiques auxquels les Indiens emploient les cubèbes comme assaisonnement , les confiseurs les couvrent de sucre et les convertissent en dragées très-agréables, quelquefois adminis- trées dans l’inappétence et dans les affections nerveuses et atoniques. Le poivre que les habitans de l’île Bourbon désignent sous le nom de cubèbes, et que nous nommons poivre à queue ou cubèbes de Bour- bon, sont Fee semences de la grosseur des grains de millet, produites par une plante sarmenteuse entièrement distincte de celle qui nous occupe. TEICHMEYER (cermain-rrédéric), De cubebis , Diss. inaug. præs. Georg. Wolfg. Wedel ; in-4°. Zenæ, 1705. ‘ EXPLICATION DE LA PLANCHE. ( La plante est de grandeur naturelle.) 1. Chaton cp 4. Le même dont on a enlevé une partie de 2. Épi de fruit mûr. . la chair, afin de faire voir la graine. 3. Fruit Pre de lépi. : 5. Chaton mâle. Observ. Ce dessin est tiré de l'herbier de M. Turpin. cs. e ZLamber{ Jeu, CULILAWAN. a dl PART " 2 GXLIT. # CULILAWAN. state | 111 RO og cucrcanan ; foliis triplinervis , oppositis ; Linné, clas. 9 , en- néandrie monogynie. Jussieu, clas. 6 , ord. 4, lauriers. TAN... ce CULLILAVAN ' Espagnol. ....... CULILAVAN Français. ë . CULILAWAN D Anglais... ...... CULILAWAN : "Allemand. KULILABANBAUM. Hollandais. ...... CULILAWAN'; COELILAWAN ; CULILABAN. L2 JE n’ai trouvé dans les herbiers de Paris que j'ai parcourus aucun exemplaire de cette plante : Linné lui-même ne l'avait pas vue; il ne l’a mentionnée parmi les lauriers que sur la foi de Rumphius qui en à donné la figure : je n’en parlerai également que d’après lui, en fai- sant néanmoins observer avec M. de Lamarck, que cet arbre pourrait bien n'être qu'une variété du laurier-casse, laurus-cassia, L. Son tronc s’élèvé fort haut ; il se termine par une cime ample, éta- lée, fort touffue. | Ses feuilles sont alternes, mais si rapprochées qu’elles paraissent opposées , fermes, glabres, très-entières, ovales, acuminées, traversées par trois nervures saillantes ; les pétioles très-courts. Les fleurs sont disposées en petites panicules Tâches ; les unes Ler- minales et deux à deux, d’autres latérales, solitaires , axillaires. Quoi- que les détails de la fleur soient peu connus, il est très-probable, d’a- près les fruits, qu’elles ont les mêmes caractères que celles des lauriers. Son fruit est un drupe de la forme d'un gland, mais plus petit, renfermant un noyau d’un rouge pourpre, à une seule semence. Ce drupe est entouré à sa base par le calice persistant , à six découpures. Le culilawan croît dans les Indes orientales et aux îles Molu- ques. , (P.) Les écorces qui se présentent dans les boutiques sous le nom de culilawan , diffèrent singulièrement de texture, d'épaisseur, de cou- leur, d’odeur, etc., selon les contrées où on les recueille, et selon Ja 4. 37° Livraison. CULILAWAN. partie de l’arbre d’où elles proviennent. En général, elles sont én mor- ceaux épais de plus d’une ligne, larges, planes ou lésèrement courbes, d’une couleur brune ou rougeûtre ; des parcelles d’épiderme gris, ru- gueux assez glabre, les recouvrent. Elles ont une certaine consistance sans être dures. Leur odeur suave et fragrante est analogue à celle du sassafras ; et leur saveur âcre, aromatique, chaude, se rapproche de celle de l'écorce de Winter. On en obtient une eau distillée lactescente, âcre, aromatique , un peu amère, à laquelle surnage une très-petite quantité d’huile vola- tile, limpide, d’un jaune pâle, d’une saveur analogue à celle de l'écorce elle-même. Cette huile exhale une odeur de sassafras selon les uns, et de muscade selon d’autres. L’extrait alcoolique du culilawan a l'odeur et la saveur du gérofle ; son extrait aqueux est en outre un peu amer. L'un et l’autre, au rapport de Cartheuser, ont quelque chose de mu- cilagineux. Cette écorce, connueen Europe depuis la fin du dix-septième siècle, à été encore si peu employée par les médecins , qu'on ne connaît pas mieux ses propriétés médicales qu’à ‘époque de son introduction dans la matière médicale. Placée au rang des toniques diffusibles par ses qualités physiques et chimiques, il est probable que sa manière d'agir est analogue à celle de ces médicamens. Sous ce rapport, on peut raisonnablement la regarder avec Linné et Peyrilhe comme échauf- fante, stomachique, stimulante , carminative, etc. C’est d’après son analogie avec les substances aromatiques , que Linné l’a conseillée dans la colique venteuse, et qu’elle peut être avantageuse dans les différentes maladies qui nécessitent les médications toniques. Les pro- priétés de l'huile essentielle qu’elle fournit ne sont pas plus exacte- ment déterminées. Toutefois les habitans de l’île d’Amboine y attachent beaucoup de prix dans le traitement de la paralysie, de la goutte et de la rétention d'urine. Dans cette dernière affection ils l’administrent de cinq à six gouttes dans de l'alcool, deux fois le jour. Mais il est pro- bable que si elle y 2 eu quelquefois du succès, ce ne peut être que dans les cas où cet accident était dû à la paralysie de la vessie. À l'extérieur, les habitans de Java, d’Amboine et autres îles voi- sinés, en font un fréquent usage contre les contusions et les Juxations- Elle peut être avantageuse dans ces sortes de cas, lorsqu'il n’y à pas CULILAWAN. encore d’inflammation ni beaucoup de douleur, ou bien lorsqu’à la suite de ces accidens il reste quelque engorgement pâteux, indolent à résoudre, Cette écorce peut être administrée en poudre de six à dix-huit de- cigrammes ( douze à trente-six grains ) et son huile essentielle d’une à six gouttes. Mais les doses aussi bien que l’action de ce médicament ont besoin d’être soumises à de nouvelles expériences. Elle entre dans la composition d’un onguent qui, sous le nom de bobori, jouit d’une grande célébrité dans les contrées où croît le culilawan. Au rapport de Rumphius, les Javanais aromatisent leurs mets avec cette écorce. Ils l’emploient en outre comme masticatoire pour don- ner une odeur suave à l’haleine, SLEVOGT (ean-adrien), De culilawan, seu cassiä caryophylloide , bi RE Iene , 120% GARTHEUSER ( rrédéric- -Auguste), De cortice caryophylloid de Amboin ; Diss. inaug. præs. Joan. Fred. Cartheuser , pat. in-4°. aatel ad Viadrum, en EXPLICATION DE LA PLANCHE. Cette plante ne se trouvant dans e collection , la figure a été faite d’après celle de Rum- hius, 14 2. Zipin.L CEMIN, —_— Grec. ......:... nupuvor; kupivoy æsSiomixoy, Hippocrate; xugsvoy nuepov, Diosco- rides. CUMINUM SEMINE LONGIORE ; Bauhin , ivaË , lib. 4 , sect. 4 , FOENICULUM ORIENTALE, CUMINUM nicruM; Tournefort, clas. 7, ombel- Latin, . 5 SES C lifères. PT ; Linneé, clas. 5 ;1 entandri dig) nie Jussieu , cl, r2 , { ord. 2 , ombelli An. Italien... .., 1... crmino: como; cumino. Espagnol, ....... COMINO FFONQUIS ES EN CUMIN ARR 5 5 cn CUMMIN. Allemand... ..... ROEMISCHER KUEMMEL. Hollandais, ...... KOMYK ; KUMYN L'oneur vive et pénétrante des semences du cumin, leur saveur aromatique, ont fixé l'attention des premiers botanistes; cette plante est mentionnée avec distinction dans les ouvrages de Théophraste et de Dioscorides. Ce dernier la nomme xyuiv0y yuepor : elle était déjà cultivée de leur temps, et se rencontrait très-fréquemment dans l'Égypte et l'Asie Mineure, où elle croît encore aujourd'hui. Mat- thiole en a donné une très-bonne figure dans ses Commentaires sur Dioscorides; il ne faut pas la confondre avec une autre plante qui n’est pas du même genre, quoiqu’elle porte le nom de cuminum sy vestre, et en grec celui de xwivoy æyproy (Dioscorides ). Rapproché du fenouil par ses feuilles, du bubon par ses fruits, ce genre se distingue par ses semences ovales, striées, par ses cinq pétales presque égaux, courbés en dedans, échancrés au sommet ; cinq étamines, deux styles. Ses racines sont grêles, allongées, presque simples, fibreuses et blanchâtres ; elles produisent une tige droite, glabre, rameuse, striée : létigtie de huit à dix pouces. Dés feuilles sont alternes, distantes, très-glabres, menues, décou- pées en lanières, presque capillaires, bifides, ou plus souvent pare 38° Livraison. \ - CUMIN. Les fleurs sont blanches ou un peu purpurines , petites, soutenues par des pédoncules opposés aux feuilles, disposées en une ombelle universelle à quatre rayons, ainsi que les ombellules, accompagnées d’un involucre à trois ou quatre folioles bi ou trifides, capillaires. Le fruit est glabre, quelquefois un peu velu dans une variété, com- posé de deux semences appliquées l’une contre l’autre, striées sur leur dos. | L'odeur forte et fatigante qu’exhalent ces semences, leur saveur piquante, âcre et désagréable, l'huile essentielle très-odorante qu’elles fournissent à la distillation, l'extrait aqueux et l'extrait spiritueux aromatique qu'on en retire, les rapprochent beaucoup des semences de l’anis, du fenouil, du carvi et autres plantes ombellifères avec lesquelles elles ont du reste beaucoup de rapport par leur manière d'agir. Placées avec raison par les anciens pharmacologistes au rang des quatre semences chaudes, elles sont en effet toniques et stimulantes, et c’est à ces propriétés médicales qu’elles sont redevables des vertus stomachique, carminative, diurétique, sudorifique, emménagogue, résolutive, dont on les a décorées. On les a vantées avec exagération dans la flatulence, la colique venteuse et la tympanite. Cullen, qui les regarde comme un carminatif plus puissant qu'aucun autre mé- dicament de ce nom, les croit même un très-bon antispasmodique. Selon Desbois de Rochefort, elles constituent un sudorifique excel- lent. Quelques auteurs les ont préconisées contre les vertiges , d’au- tres contre l’aménorrhée et les flueurs blanches. On a également attribué à leurs applications extérieures la propriété de résoudre les engorgemens des mamelles et des testicules, ainsi que les apostèmes froids et indolens. Mais ces assertions reposent sur des faits trop vagues et trop mal observés pour qu’on puisse les adopter sans dis- cernement. Tout ce qu'on a dit des vertus des semences du cumin pour expulser les vents, pour calmer les coliques et pour remédier à la dureté de l’ouïe, ne doit s'entendre que de certains cas particu- liers, où ces affections purement symptomatiques étaient le résultat d'un embarras muqueux ou de l’atonie des premières voies. Si leur infusion prise très-chaude a quelquefois provoqué la ‘transpiration cutanée, excité la sécrétion des urines, et favorisé l’écoulement % CUMIN. À menstruel, ce n’a pu être que dans les circonstances où la peau, les à es et Puééras étaient dans un état de débilité, et avaient besoin ’être stimulés pour remplir convenablement leurs fonctions. On . sent, du reste, qu'appliquées en sachets sur la peau, ces semences ont pu quelquefois contribuer à la résolution des tumeurs scrofuleuses . et autres engorgemens lymphatiques; que l’huile volatile qu'on en : retire, en agissant sur le système nerveux, comme toutes les huiles . essentielles, peut fort bien avoir quelquefois calmé la céphalalgie et la douleur des dents : mais peut-on leur attribuer une action spéci- . fique contre ces différentes maladies, et ne doit-on pas reléguer au - rang des fables tout ce qu’on a pompeusement débité sur leur toute- puissance pour dissoudre le lait grumelé dans les mamelles, et pour rendre les femmes fécondes ? Intérieurement, on administre les se- mences du cumin en poudre à la dose de deux grammes (demi-gros), et en infusion aqueuse ou vineuse à quatre grammes (un gros). Leur huile volatile se donne depuis trois jusqu’à — gouttes dans un . excipient approprié. À l'extérieur, on l’emploie, à plus haute dose avec l’huile d’amandes douces, en liniment. Le fameux emplâtre de » cumin, qui à joui d’une grande réputation, et qu’on applique encore - quelquefois sur l’épigastre pour remédier à la débilité de l'estomac, _est en grande partie composé avec les semences de cette plante: Comme condiment, on les applique à divers usages économiques. Les Hollandais en mettent dans leurs fromages, et les Allemands dans . leur pain. Le goût décidé que les pigeons et les perdrix manifestent - pour ces semences, les fait employer avec succès dans différens appâts . dont on se sert pour attirer les premiers dans les pigeonniers, et Ë pour prendre les perdrix dans les lieux qu’elles fréquentent le plus. HERMANN (sean-chrétien), De cumino, Diss, m-4°. Argentorati, 1733. EXPLICATION DE LA PLANCHE. {I | PR RES EEE | 4 + 11 } ; ES FA PE on } \ _qm is vext La Lo L : 1. Fleur entière grossie. 2. Fruit entier grossi. FANS . Ÿ Et à he ) à F _ # ; Lambert J'srculp. CURCUMA. A: hace ef CXLIIT. CURCUMA. CURCUMA ; CYPERI GENUS EX INDIA ; Bauhin, MivaË , lib. x , sect, 6 *, CANNACORUS RADICE CROCEA ; SiVE CURCUMA OFFICINARUM; Tournefort, clas. 9 , Üiliacées. Lies es cris é ; ; ) Re CURCUMA LONGA ; foliis lanceolatis, nervis lateralibus numerosissimis : Linné, clas. x, monandrie monogynie. Jussieu, clas. 4, ord. 2 , ba- lisiers. dtelien. :. jh CURCUMA ; CUCUMA. Espagnol. VS ES CURCUMA; CURCUMA LARGA. PNR ro CURCUMA ; CURCUMA LONG; TERRE-MÉRITE ; SOUCHET DES INDES ; SAFRAN DES INDES. MARGE: à 2 ee TURMERIC. Allemand... ..,... KURKUME. Hollandais... ..,. ruRkUME ; INDAANSONE saFrRAAN. Quoiqu’ir soit très-probable que la racine de cette plante ait été depuis très-long-temps introduite en Europe par le commerce avec les Indes Orientales, son pays natal, elle est décrite d’une manière si confuse par les botanistes des premiers siècles, qu’on ñe peut pro- noncer affirmativement sur l'identité de leur description avec la plante dont il est ici question. Jean Bauhin, qui en a figuré la ra- cine, l’a aussi décrite avec plus d’exactitude; mais la plante à laquelle elle appartient n’a été découverte que dans le seizième siècle, à l'époque où Rhéed et Rumphius habitaient les Indes Orientales : ils nous en ont donné une bonne figure. Presque dans le même temps, elle à été cultivée dans quelques jardins de l'Europe, d'abord dans celui de Leyde par Hermann, qui l’a figurée dans son Hortus Lugd. Batav., tab. 209. Cette racine est épaisse, noueuse, allongée, coudée, de la gros- seur du doigt, d’un jaune pâle en dehors, plus foncé et tirant sur le Pourpre en dedans. Il n’y a pas de tige. Les feuilles, toutes radicales, sont glabres, très-lisses, lancéolées, * Le savant auteur du fwaË rapporte le curcuma an »yrepec tdn de Diosco- rides. Je n’ai point osé admettre cette synonymie trop incertaine. 38° Livraison, 2: CURCUMA. aiguës, nerveuses, très-entières, presque longues d’un pied, soute- nues par de longs pétioles engaînés à leur base. à Du centre des feuilles s'élève un gros épi presque sessile, chargé de spathes doubles, imbriquées ; l’extérieure à deux valves, dont une échancrée, l’autre entière; l’intérieure, semblable à un calice, est tubulée, transparente, à trois divisions. La corolle est d’un blanc jaunâtre, tubulée, irrégulière; son limbe élargi, à quatre divisions, dont une intérieure plus grande, tri- lobée : une seule anthère bifide, supportée par un filament en forme de pétale, inséré à l'extérieur du limbe, muni à son extrémité de chaque côté d’une petite corne; un style filiforme, de la longueur de la corolle; le stigmate en tête. Le fruit est une capsule à trois loges, s’ouvrant en trois valves, et renfermant plusieurs semences. Cette plante porte encore les noms de terre-mérite , de safran des Indes, de souchet des Indes. (P.) Sa racine sèche se présente dans les boutiques , tantôt avec une forme allongée et de la grosseur du doigt, tantôt avec la forme d’un sphéroïde ou d’une poire, ce qui la fait distinguer en curcuma long et curcuma rond. Pesante, dure, compacte, rugueuse à sa sur- face, d’un aspect métallique dans sa cassure, elle est remarquable par sa couleur jaune, un peu pâle à l'extérieur, et tirant sur le rouge intérieurement. La légère odeur de gingembre qu’elle exhale est plus prononcée dans l’état frais; sa saveur, légèrement amère et un peu âcre, excite une douce chaleur dans la bouche. Lorsqu'on la mâche, elle imprime sa couleur jaune à la salive : l’eau et l'alcool s'emparent aussi de son principe colorant. On en retire très-peu d'huile essentielle, un extrait aqueux, faiblement aromatique-amer, et un extrait résineux moins abondant, mais brülant et âcre. Si l'on en croit Bontius et plusieurs autres graves auteurs, la ra- cine de curcuma serait un remède puissant contre l’ictère. C’est peus être à sa couleur jaune qu’elle est redevable de la réputation usurpéé dont elle a joui dans cette maladie , et à la propriété qu’elle possède de donner sa couleur aux urines de ceux qui en font usage, qu’elle doit très-probablement la vertu diurétique dont on l’a décorée, On lui attribue la propriété de dissoudre les calculs biliaires et les CURCUMA. pierres de la vessie. Elle a été vantée comme incisive, apéritive et emménagogue. On a préconisé ses succès dans l’aménorrhée , l'hy- dropisie, les fièvres intermittentes, la gale et la cachexie. Différens praticiens assurent l’avoir mêlée avec avantage aux antiscorbutiques , aux fébrifuges, aux hydragogues, aux apéritifs, dans les affections qui réclament l'emploi de ces différens moyens. D’autres, non moins prévenus en faveur de cette substance, prétendent en avoir obtenu de bons effets contre les obstructions, et la regardent comme propre à favoriser l'expulsion du fœtus dans les accouchemens difficiles. Toutes ces assertions reposent malheureusement sur des faits trop vagues et trop mal observés pour qu’on puisse y ajouter foi. À raison de ses qualités toniques et légèrement stimulantes, on peut croire avec assez de vraisemblance qu’elle augmente l’action de l'estomac et des organes qui lui sont unis par les liens d’une étroite sympa- thie. Au demeurant, il faut convenir que nous ignorons les pro- priétés médicales de cette plante, et que tout ce qu’on débite sur ses prétendues vertus est au moins très-hasardé. On administre la racine de curcuma en substance depuis un jusqu’à quatre grammes (environ un scrupule à un gros), et en infusion à dose double. Elle entre dans l’onguent d’althéa, qui lui doit ainsi sa couleur. Du reste, elle est rarement employée en médecine. Les Chinois, au rapport de Murray, s'en servent comme sternu- tatoire. Les Indiens en font un très-grand usage comme cosmétique, et surtout comme condiment. Ils la triturent dans l’eau, et en font une pâte dont ils se frottent le corps; leurs femmes la mêlent à l'huile, et en font des onctions auxquelles elles attachent un grand prix pour embellir leur peau et donner de l'éclat à leur teint. Dans presque toutes les parties de l'Inde, on l’associe constamment au riz, aux sauces et aux alimens de toute espèce, qu’elle aromatise, et qu'elle jaunit en outre à la manière du safran, ce qui lui a mérité le nom de safran des Indes. Les apothicaires l’emploient quelquefois pour colorer certaines préparations pharmaceutiques. Les charlatans s'en servent pour douner plus de prix à leurs arcanes, et pour mas- quer les remèdes les plus vulgaires, qu’ils vendent ainsi fort cher aux gens crédules, sous la couleur jaune du curcuma. Les confiseurs font infuser cette racine dans les ratafiats et autres liqueurs, pour CURCUMA. leur donner du goût et une couleur éclatante. Dans la même vue, les parfumeurs l’associent à certaines pommades. Son plus grand usage parmi nous est dans la teinture. Toutefois, la couleur jaune qu’elle donne aux tissus n’est ni aussi solide ni aussi durable que celle que les teinturiers obtiennent avec la gaude ; mais elle est très- utile pour rehausser le ton des étoffes rouges teintes avec la coche- nille et le kermès. On prétend que sa couleur peut être fixée sur cer- tains métaux , notamment sur le cuivre, et qu’elle leur donne une couleur d’or. BUECANER (andré-Étre), De curcumé officinarum , ejusque genuinis virtutibus, Diss. inaug. resp..C. C. Lœber, in-4°. Halæ, 1548. EXPLICATION DE LA PLANCHE. {La plante est réduite au tiers de sa grandeur naturelle.) Turper. ? Lambert J'eeulp. CUSCUTE. CXLIV, Grec... .,:..:.. 0poBayyn, Théophraste ‘; xaccudx, præc cuscurs MA508 ; Bauhin , Hiva£, wi 6 , sect. f péasaetile, appendix |) A RER ENS clas, 1, hetiési foret Gili CUSCUTA EUROPÆA ; Aoribus LME, Lines clas. 4, tétrandrie digy- nie. Jussieu, clas. 8, ord. 10, liserons. SCUTA Hakèn. 22 HD JE. cu Espagnol... :11,. : CUSCUTA. Francais... ...... GUSCUTE; GOUTTE DU Li. LE ALL PAGE ie pe DODDER. Allemand... FLACHSSEIDE ; FILZKRAUT. Hollandais... ..... SCHORSTE ; VILTKRUID. Ce. ile SIL Parasire meurtrier de la plante qui le nourrit, ce singulier végétal est aussi curieux par;son mode d'existence, que facile à reconnaitre par soù port et sa conformation. Ses semences lèvent en terre, mais la jeune plante en est à peine sortie qu’elle meurt, sielle ne trouve presque aussitôt un appui qui la soutienne et la nourrisse : quoiqu’ellé s’accommode assez bien de la plupart des tiges herbacées ou sous-ligneuses, il paraît néanmoins que le lin, la vescé, le serpolet, les bruyères, etc., sont plus favo- rables à son développement. Dès qu’elle s’est emparée d’une de ces plantes; elle l’entortille ; la serre dans tous les sens par de longs fi- lamens nus; rameux, capillaires, un peu rougeâtres, dépourvus de feuilles, mais garnis de distance en distance de petits suçoirs , qui, en s'insinuant dans l'écorce de la plante nourricière, lui enlèvent ses propres sucs, l’altèrent, " hieispent et très-souvent lui occasionent la mort. Les feuille quelq pie ses par de petites écailles rares et distantes.. Ses fleurs sont blanches où rougeâtres; réunies en paquets globu- leux ; sessiles, latéraux, chacune d’elles composée d’un calice court, * Je ne donne cette identité de notre euscute avec losc6ayyn de Théophraste que comme probable, et admise par les plus savans botanistes, pe ape Bauhin, Kurt Sprengel ‘ete. 38e Livraison, 3. | CUSCUTE. à quatre, plus souvent cinq divisions; d’une corolle campanulée, à quatre ou cinq lobes, autant d’étamines; les filamens munis à leur base d’une écaille bifide , attachée à la corolle; deux styles courts. Le fruit consiste en une capsule presque globuleuse, à deux loges ; deux semences dans chaque loge. Analogue au sedum et autres plantes grasses, par l'abohdarice de son suc , la cuseute est inodore ; sa saveur, un peu amère selon Linné, âcre et astringente selon Geoffroy, insipide et lég èrement muqueuse selon d'autres, varie, au rapport de Murray, selonl’espèce de plante aux dépens de laquelle elle s’est nourrie. On a même cru qu’elle em- pruntait ses vertus des végétaux divers sur lesquels elle végète, et dont elle absorbe les sucs. C’est ainsi qu'on à regardé celle du lin comme mucilagineuse, celles du genêt et de lortie comme diuré- tiques ; qu'on donne libéralement le titre d’astringente à celle qui vé. gète sur la garance, et la vertu purgative à la cuscute qui s'attache aux euphorbes. 1} serait, sans doute , aussi important que curieux de constater de semblables assertions par des expériences exactes. En attendant qu'on s’occupe de cet objet; on doit, à limitation du judi- cieux Peyrilhe , mettre en question les faits douteux sur lesquels elles reposent. Toutefois cette plante jouissait, chez les anciens, de beau- coup plus de réputation qu’elle ne le fait aujourd’hui parmi nous. Hippocrate lemployait dans la phthisie; selon Galien, Aëtius, Ori- base , elle convient dans une foule de maladies qui ont été long-temps confondues sous le nom vague de difficulté de respirer. À la renaïs- sance des lettres , plusieurs médecins ni ont attribué la propriété de résoudre les empâtemens des viscères à là suite des fièvres intermit- tentes . Pauli, Etmuller ,; Wedel et autres ont même célébre ses vertus contre toutes les obstructions. Divers praticiens ,: de ceux qui ne voient qu'obstruction et épaïssissement d’humeurs dans les maladies, prétendent lavoir administrée avec avantage dans la mé- lancolie > Thibochondrie et les affections qui en dépendent. On lui à également attribué des suceès contre la goutte et le rhumatisme. Mais si lon veut asseoir son jugement sur des faits précis , il faut convenir que les propriétés médicales de la cuscute, si elle en a réel- lement , ont besoin d’être soumises à un nouvel examen. La plupart des auteurs modérnes de matière médicale ont cru \ CUSCUTE. pouvoir, sans inconvénient, exclure ce végétal parasite de la liste des .médicamens. On l'administrait jadis en infusion vineuse, en décoc- tion aqueuse, depuis quatre jusqu’à quinze grammes ( d’un à quatre gros), et en substance à une plus faible dose. La cuscute entre dans une foule de préparations pharmaceutiques vieillies et entièrement décréditées , telles que les pilules tartareuses de Quercetan , la poudre de ; joie, les PR de psyllium et de séné, la confection Hamech, le sirop apéritif de Charas, etc. Ses semences font également partie du sirop de chicorée composé du même pharmacologue , et de celui de fumeterre de Mesué. La cuscute épuise et fait périr É végétaux auxquels elle s'attache ; elle cause quelquefois beaucoup de dommage dans les champs de luzerne, de lin et autres plantes FFORORqUEs. Le moyen le plus sûr de la dérène consiste à couper et à arracher les plantes sur les- quelles on l'apercoit. WEDEr, (George-wolfsang), De cuscutä, Diss. inaug. resp, Joan. Adolp. Billard; in-, Zenæ , x715, se Frank (sean). Erhæthetes flachhsseidenkrauf ; c’est-à-dire , Éloge de là cuseute; in-8°. Ulm,, 171 auteur qui, dans plusieurs écrits antérieurs, avait montré de la science et de l'érudi- tion , révèle dans celui-ci une crédulité véritablement absurde : on y reconnaît la part surannée d’un vieillard RE ; il n’hésite point à proclamer la énseute lé remède souvera et infaillible des maladies les plus graves et même les plus désespérées , telles que _ scro- Phules , la syphilis , la dia Dé enr) été. nf 298 1 CAES | EXPLICATION DE LA PLANCHE. . . dia NiAG a ils, in ni ÈX ( La phinté! é _ énaiite. ’ PTT) Re ie PR À : d 2 n le it } 3 | Rtnérité, den rameau sur is dis 5h 2:4ucs de sa bienfaitrice , qu'elle finit tou- .7+ tingue es: écailles faisant fonc- : : jours par faire mour tions de feuilles, de Paisselle desquelles: 3. Fleur entière grossie. sortent des ramuscules , dont les som- 5. La même ouverte, dans laquelle on voit mets se terminent à la manière des l'insertion des cinq étamines, et plus asperges. bas, devant elles, cinq écailles à bords 2. Tronçon de luzerne sur lequel on voit anges. comment, au moyen de ses suçoirs , 5. Pistil, composé d’un nté de la cuscute pompe pour se nourrir les deux styles. Observ, Le nombre naturel des étamines , des divisions du calice et de la corolle, est cinq, On en rencontre , mais rarement , gares et six par rties. 3: CUSCUTE: 6. Fruit entier de grosseur naturelle. et 1 chaque loge contient deux'grai- 7. Le même coupé horizontalement , afin de faire connaüre qu'il est biloculaire, 8. Gaïls isolée grossie, Le genre ee composé RS ce jour de cinq espèces, C. europæa, C. americana ; 1e Safe C. m pere et C. chinensis, auxquelles on pourrait encore ajouter, comme conde pue européenne, : > Les Lis ae nes EM = x PE A 24 qui deviennent entièrement parasites, peu de temps après la germination , qui a toujours lieu en terre , comme je m’en suis assuré plusieurs fois à Saint-Domingue, sur l’americana. Les végétaux offrent donc deux sortes de parasites très-distinctes, les demies et les vraies : les premières sont , par exemple, les cuscutes, les vanilles, le poivre du commerce, le lierre,,etc., qui, SRE avoir germé en terre, et vécu par elles-mêmes , s’attachent aux plantes voisines sur lesquelles elles vivent ensuite. Alors le collet de la racine s’étrangle, se russie et la plante devient entièrement.parasite. Les secondes offrent les guis (viscum) , les reuses espèces de-tillandsia (en Amérique ), et un grand nombre de cryptogames, se que champignons, lichens et mousses qui, toutes, germent, vivent et meurent sur les végétaux qui les ont vues naître. Les sos er Antilles ont fait de se _—… une sorte ‘d'éprouvette y" leurs amours, I ch rrache une poi- gnée de cette plante, la jette au hasard sur un buisson, a : “; au bout de Due jours, des circonstances , telles que l'ombre ou la pluie, ont favorisé la reprise de pe Date alors plus de doute sur la fidélité réciproque. De là le nom de pays : z'herbe à l’amitié. Si, entre l’homme nain et l’homme géant , nous ne connaissions pas toutes les nuances qui lient ces deux extrêmes , nous ne balancerions pas à en faire deux espèces très-distinctes , quoi- qu'ayant pourtant les mêmes organes et en même nombre. Quelques espèces de végétaux appar - diaires. n'existent. pas (ce qui est “Reapeoup): ; je veux parler. de nos deux espèces de cuscutes européennes ; elles sont si différentes au premier aspect, que l'on doute d’abord si l’epithymum est une cuscute ; mais si on compare les deux espèces, on voit qu’elles ne different entre elles lus ou des moins, dans les dimensions , et par quelques ps dans les formes de leurs organes , ce qui met le descripteur dans la bilité de distinguer vraiment -distinctes et constantes ) par une single és rare Les deux espèces croissant en Europe , et ne différant, comme je viens de le dire, que par des plus où des moins , M. Decandoile ne pouvait leur appliquer de meilleurs noms spécifiques que ceux de minor ( Europæa) et de major (epithymum). Une remarque assez curieuse , c’est que cette der- nière ARE l'exemple des chenilles où autres insectes qui ne se rencontrent que sur les végé- 2. même famille, et qui; plus d’une fois à ne ur. m'ont! servi à Dame 4 rapprechemens naturels , que sans cela je n° is j pc ht plantes de la famille des ticées ; q di M LrtT A ra CXLV: 7 En CYCLAME. ÉleOus cv ins LS KUXAAIVOCI : CYCLAMEN ; Bauhin, HiveË , lib. 8, sect. 3. Tournefort , clas. 2 , infon- Latin dibuliformes CYCLAMEN EUROPæÆUM; corolla retroflexa; Linné, clas. 5, pentandrie monogynie. Jussieu, clas. 8, ord, 1 , lisimachies. Hate s Dei Ta PAN PORCINO; ARTANITA Espagnol, 1,1, PAN PORCINO ; ARTANITA Frogcaise indices CYCLAME ; PAIN DE POURGEAU: APR ns D re À sow D Allemand... 1. SAUBRODT ; SCHWEINBRODT ; ERDSCIEIBE. Hollandais... ,.. . :venxexs »Roor ; LEUGENBROOT. SORTI depuis long-temps des forêts, le cyclame, connu vulgaire- ment sous le nom de pain de pourceau, est venu prendre place parmi les fleurs de nos jardins, qu'il embellit par ses belles et nombreuses variétés. Il porte dans Dioscorides le nom de æuxaageivos ; cet auteur en cite une seconde espèce qui est une plante très-différente. Le cyclame a des racines charnues, très-épaisses ; arrondies", de la grosseur du poing et plus, noirâtres en dehors, blanches en dedans, garmes de fibres fines et ramifiées. Les feuilles sortent immédiatement des racines, portées sur de très-longs pétioles ; elles sont arrondies, presque en cœur ou en rein, dentées, quelquefois lobées «et anguleuses ; très-glabres, panachées dé vert, de rouge et de blanc. 11 n’y a point de tiges. Les pédoncules portés sur les racines sont roulés en spirale dans leur jeunesse, puis droits, simples, uniflores ; longs de quatre à cmq pouces, terminés par une fleur un peu inclinée, blanche ou légère- ment purpurine, ayant son disque tourné vers la terre, et les divi- sions du limbe repliées et redressées vers le ciel. Chaque fleur offre un calice campanulé, à cinq découpures ovales, * Le cyclame doit sa dénomination générique à cette forme cireulaire de ses racines; de vx, cercle. 38° Livraison, CYCLAME. aiguës ; une corolle presque en roue; le tube très-court; cinq divi- sions allongées, rabattues sur le calice; einq étamines ; les anthères rapprochées ; l'ovaire supérieur ; le style allongé; un signale aigu. Le fruit est une capsule globuleuse , un peu charnue , à une seule loge, s’ouvrant en cinq valves à son sommet, Le plusieurs semences attachées à un placenta libre et er . Mens À La racine de eyclame, seule partie de cette plante qui soit en usage en médecine, est inodore. Dans l'état frais, sa saveur est âcre et pi- quante, brûlante, un peu amère, désagréable; mais la dessiccation lui fait perdre toute son âcreté , et la torréfaction , en lui donnant un goût mucilagineux, la rend susceptible d’être mangée. On manque d’une analyse exacte de ses principes constituans : toutefois il paraît que ses propriétés médicales varient comme ses qualités physiques, selon qu’elle est sèche ou verte : elle agit, au moins, avec beaucoup plus d'énergie dans le premier état que dans le second. On assure aussi qu'elle est plus vireuse en automne que dans les autres saisons de Fannée. Depuis longotiope cette racine est réputée suspecte. Hippocrate et Galien lemployaient comme résolutive. Dioscorides a signalé la redoutable faculté dont elle jouit de provoquer l'avortement. Regardée parmi nous comme un des drastiques indigènes les plus violens, les paysans en font quelquefois usage pour se purger. Mais son action pur- gative est si énergique, qu’elle occasione souvent:des accidens graves chez les sujets même les plus robustes. Geoffroy, Murray et beau- coup d’autres rapportent qu’elle a souvent produit des inflammations de la gorge, de l'estomac et de l'intestin. Elle exerce à peu près éga- lement son action, soit qu’elle soit directement i ingérée, soit qu ‘elle soit simplement appliquée sur la peau et absorbée par les vaisseaux en On a même quelquefois recours à ce dernier mode M. Légusié de Saint-Hilaire a prouvé, dans son Mémoire sur les plantes — on _— su rer central ra comme dans nt primulacées ; o que ce ‘est li Par sa partie supérieure, qu l'après la fécondation q qu Pavel il tient et Nr avec le style par un filet très- délié qui se rompt et disparait après l’acte dont nous venons de parler. Ayant vérifié mème celle correspondance des martnd aux — es, se _. toute l'exactitude, CYCLAME. d'administration pour expulser les vers des intestins. Mais de quel- que manière qu'on l'emploie, c’est un moyen dangereux qui exige beaucoup d'attention et de réserve. On la regarde en outre comme 2mménagogue et comme résolutive. Dans cette dernière vue, elle a été recommandée contre les obstructions atoniques des viscères, dans le carreau et dans les scrophules des enfans. Malgré les éloges qu’on lui a prodigués sous ces différens rapports, Spielman la considère comme un médicament incertain, et la plupart des médecins modernes sen abstiennent comme d’une substance dangereuse , dont les pro- priétés médicales n’ont pas été suffisamment étudiées. On en fait plus souvent usage à l'extérieur comme topique. On l’applique soit en ca- taplasme, soit en emplâtre sur les tumeurs scrophuleuses, sur cer- tains engorgemens indolens. Elle entre dans la composition de l’em- plâtre diabotanum et autres qui ont eu autrefois beaucoup de vogue contre les obstructions. Elle est la base du fameux onguent de artha- nita qui, si l'on en croit ses nombreux apologistes, fait vomir, purge, expulse les vers, excite la sécrétion des urines, etc., selon qu’il est appliqué à l’épigastre, sur le ventre ou dans la région des reins. Se- lon Mathiole, l’eau distillée de cette racine arrête les hémorrhagies ; mais il est permis de douter de ce fait, et prudent de n’employer un médicament aussi incertain et aussi dangereux qu'avec la plus grande circonspection. En substance on donne cette racine de deux à huit grammes { deux scrupules à deux gros); et si on l’administre comme apéritive dans le carreau, etc., chez les enfans, on la donne de vingt-cinq ns dep 15 à Je Caunes (cinq à douze grains ). Son suc se donne à peu près à la même dose. Quoique la racine de cyclame soit plus ou moins dangereuse pour l’homme, les cochons l’aiment beaucoup et la mangent sans incon- vénient', On dit qu’on s’est servi autrefois de son suc pour _ sonner les flèches. * Elle porte même le nom vulgaire de ‘pain de pourceau. EXPLICATION DE LA PLANCHE. (La plante est un peu plus petite que nature.) 1. Corolle ouverte, dans le tube de la- 3. Fruit entier. ES on voit l’insertion de cinq an- . Le même coupé horizontalement, afin de faire voir la situation des graines ères. ces et pistil. . Graine isolée, grossie. 146. 3 : DRE Zrerpen F?. Lanlert E rerle. CYNOGLOSSE. AN RU CXLVI. CYNOGLOSSE, Grec, .,.:1 1... auvoyaws oo. à à CYNOGLOSSUM MAJUS VULGARE ; Bauhin, Tiva£ , lib. 7, sect. 2. Tourne- fort , clas. 2 , ënfondibuliformes. Latin. LS CYNOGLOSSUM OFFICINALE ; s‘aminibus corolla brevioribus, foliis lato- lanceolatis , tomentosis , sessilibus ; Linné , clas. 5 , pentandrie mo- nogynie. Jussieu , clas. 8, ord: 9, borraginées. AR, 2. + + CINOGLOSSA ; LINGUA DI CANE. Espagnol, ....... CINOGLOSA. Français... .. !.. cynoccossz; CYNOGLOSE ; LANGUE DE CHIEN. AB. ES HOUND'S-TONGUE ; DOG’S-TONGUE, Allemand... ..... HUNDSZUNGE Hollandais, ...... HONDS-TONGE Suds ss 5 21 HUND TUNGA. Dioscoripes a donné le nom de langue de chien, xuvoyawscoy, à une plante qui n’est point la nôtre, quoiqu’elle en porte le nom : il est même impossible de la déterminer d’après la description impar- faite de cet auteur. En comparant ses feuilles à la langue d’un chien, il leur a en même temps attribué la propriété d’en guérir les mor- sures, d’après la croyance ridicule de ce temps-là qui faisait soup- conner dans les plantes des vertus curatives relatives à la forme de leurs parties comparées avec celles des animaux. a cynoglosse croît presque partout dans les lieux incultes et pierreux. Elle appartient à la famille des borraginées, et comme genre se distingue de la bourrache par sa corolle en entonnoir à cinq - lobes courts; de la rapette (asperugo) par son stigmate échancré; elle a les semences rudes; cinq écailles à l’orifice du tube de la co- rolle; cinq étamines; un style. Sa racine est grosse, très-peu rameuse , fusiforme, noire en dehors, blanchâtre en dedans. ; Ses tiges épaisses, velues et rameuses, s'élèvent à la hauteur d’en- viron deux pieds : elles sont garnies de feuilles alternes, sessiles , 39° Livraison. CYNOGLOSSE. molles , allongées , lancéolées", pubescentes , douces au toucher, d'un vert blanchâtre. Les fleurs sont petites, d’un rouge pâle, soutenues par des pédon- cules courts, et réunies au sommet des rameaux en une sorte d’épi un peu lâche. Le calice presque campanulé se divise en cinq découpures : il renferme une corolle monopétale dont le tube est un peu plus court que le calice; les étamines sont plus courtes que la corolle. ; Le fruit consiste en quatre semences comprimées, attachées au style latéralement , chargées d’aspérités à leur face supérieure. (P.) L'aspect luride de cette plante, son odeur forte, que quelques au- teurs comparent à celle du bouc, et d’autres à l’odeur du chien , sa saveur fade, douceâtre et nauséabonde, la rendent justement sus- pecte. C’est probablement à ses qualités délétères qu’elle doit la fa- culté de chasser les poux. A l’exception des chèvres, aucun animal ne s’en nourrit. L'analyse chimique n’a point encore fait connaître les matériaux immédiats de la cynoglosse. Toutefois rien n’est plus contradictoire que les opinions des auteurs sur ses propriétés médicales. Fuller, Scopoli, Deshois de Rochefort et plusieurs autres assurent qu’elle ua rien de vireux, Vogel, Morison, Murray , à l'exemple de la plupart des médecins de l'antiquité, la considèrent comme une plante très- vénéneuse, Ce dernier rapporte à ce sujet l’histoire d’une famille en- tière qui fut empoisonnée par l'usage iñconsidéré des feuilles de cy- noglosse, Moi-même, il y a environ quinze ans, à la suite d'une herborisation où j'avais recueilli plusieurs échantillons de ce végétal, étant occupé à les arranger sur des feuilles de papier, je fus pris de malaise, de défaillances, et j'éprouvai d’abondans vomissemens. Il paraît néanmoins que cette qualité délétère de la cynoglosse s’aflai- blit et disparaît même par la dessiceation. Dans cet état, plusieurs médecins lui accordent des qualités rafraîchissantes et mucilagi- neuses, et la recommandent contre les rhumes et contre la toux. * La figure de ces feuilles, leur surface douce et lisse, comparées à la langue d’un chien, ont valu à cette plante ses dénominations générique et vulgaire (de 200, génilif vas, chien, et ÿrwa5x , langue). CYNOGLOSSE. D'autres lui reconnaissent un principe astringent, et ont vante ses succès dans le traitement de la diarrhée, de la dysenterie, de la leucorrhée, des hémorrhagies, et en général contre les flux mu- queux, séreux et sanguins. La plupart des praticiens la considèrent comme particulièrement douée de la vertu narcotique, et la prescri- vent comme anodine, sédative, exhilarante, etc. Son usage, comme topique, n’a pas eu moins de prôneurs, que son emploi à l’intérieur. On en à fait des cataplasmes qui ont été préconisés contre la brûlure, les goîtres et les tumeurs scrophuleuses. Les Anglais, surtout, en ont fait un grand usage dans ce dernier cas. L'onguent qu’on pré- parait jadis avec le suc de cette plante, la térébenthine et le miel, a Joui également de beaucoup de vogue dans le traitement des.ulcères malins et fistuleux. Cependant le judicieux Murray n’accorde que peu de confiance à tout ce qu’on a avancé sur les effets médicamen- teux de la cynoglosse. Cullen la juge peu digne de figurer parmi les médicamens. Peyrilhe pense qu'on doit se dispenser de l’employer en médecine, jusqu’à ce que les rechèrches des praticiens aient dé- terminé, avec plus d’exactitude qu'on ne l'a fait, ses propriétés mé- dicales. La racine de cette plante a été administrée depuis huit grammes (deux gros) jusqu'à trente-deux grammes (une once) en décoction, et les feuilles jusqu’à une poignée, dans un kilogramme (deux livres) d'eau. On en fait un sirop qui a eu beaucoup de vogue pour le trai- tement de la toux et des affections catarrhales. Les pilules de cyno- glosse ont surtout joui d’une grande réputation. Le fréquent usage qu’on en fait encore parmi nous, comme calmant , paraît même jus- üfié par de nombreux succès. Il est probable, néanmoins, que les vertus qu'on Jui attribue sont dues au safran, au castoréum, aux semences de jusquiame et à l’opium qui entrent dans leur composi- tion, M. Chaumeton ne balance même pas à attribuer à cette der- nière substance leur propriété anodine; mais, selon ce savant cri- lique, « on aurait tort d'en conclure que cette formule doit être bannie des pharmacopées, et remplacée par lopium. La racine mu- cilagineuse de la cynoglosse tempère lénergie du suc narcotique, et lui imprime une modification dont les plus célèbres praticiens recon- naissent l'utilité, » : CYNOGLOSSE. senn&er (christophe-sacques), De cynoglosso ; Diss. in 4°. Altorfii, 1753. EXPLICATION DE LA PLANCHE. à à 3 11 { P FA natur elle.) D . Feur entière , gr C orolle. ouverte sais laquelle on distingue cinq écailles opposées aux divisions , et cinq étamines placées vis-à-vis les sinus . Pistil composé d’un ovaire quadrilobé, du centre duquel s’elève un style. 4. Fruit de grandeur naturelle, we Li CXEVEE: & CYPRÈS. PS | : É y Grel,£. SE Se XUTAPIT IIS , Dioscorides ; xuræpirros, Homére: 5 curressus * ; Bauhin, [sy2£ , lib. 12 , sect. 5. Tournefort , clas. 19, arbres amentaces. Latin..." LN SC Cubnnssus SEMPERVIRENS; fodiis imbricatis, frondibus quadrangulis ; Linné, clas. 21, monœcie adelphie. Jussieu , clas. 15 ,:ord. 5, coni- - À cres, Italien... ... CIPRESSO. Espagnol. ....:.. rR Français EN LA CYPRES Anglais. . . CYPRESS Allemand... ZIPRESSENBAUM. Hollandais... .. CYPRESSEBOOM. SRE ET à CYPRESS ORIGINAIRE de l’île de Crète et des contrées de l'Orient, le cyprès Pyramidal est aujourd’hui très-commun dans nos départemens du midi : arbre d’un aspect sombre et triste, il est devenu l’emblème de la mélancolie; les anciens l'avaient consacré aux dieux infernaux, et le plantaient dans le champ des morts. Difi sacra, ideoque fune- bri signo ad domos posita (Pline, lib. 6, cap. 33). Cet arbre, toujours vert, s'élève à la hauteur de cinquante à soixante pieds, sur un tronc droit, épais, revêtu d’une écorce brune; Ë sa forme est élancée, ses rameaux sont serrés et touffus, en forme de Pyramide. Ses feuilles sont très-petites, opposées, imbriquées sur quatre. rangs, glabres, un peu obtuses, d’un vert sombre, surtout en hiver, d'un vert plus clair au printemps. RE. , Les fleurs sont, les unes mâles, les autres femelles, sur les mêmes individus, disposées en chatons à l’extrémité des rameaux. Les cha- tons des fleurs mâles sont un peu allongés, garnis d’écailles membra- “ * Les étymologies de ce mot générique proposées par Isidore Bauhin, Litt- leton, Bœhmer, et même par l'érudit Théis, me semblent aussi fabuleuses et Moins agréables que la métamorphose du jeune et beau Cyparisse en cyprés. 39* Livraison, r CYPRES. neuses, imbriquées , en forme de bouclier, placées sur quatre rangs : quatre anthères sessiles sur chaque écaille. Les chatons des fleurs femelles, plus petits, arrondis, composés d'écailles ligneuses, pédi- cellées, persistantes, formant par leur réunion une sorte de péri- carpe; plusieurs ovaires surmontés chacun d’un stigmate, sont pla- cés autour du pédicelle de chaque écaille. Ces ovaires deviennent autant de noix monospermes, sans valves, à une seule loge. A l’é- poque de la maturité, les écailles se dessèchent, se séparent par des fentes disposées en polygones, et laissent sortir les semences. (P.) Le cyprès cesse de produire dans nos contrées espèce de résine suave et odorante qu’on en obtient par incision dans les climats chauds. Son écorce, son bois, ses feuilles et ses fruits sont à peine doués d’une certaine stypticité. Malgré la faiblesse de leurs proprié- tés physiques, ces différentes parties du cyprès étaient employées par les anciens dans le traitement de plusieurs maladies. Hippocrate faisait particulièrement usage du bois dans les affections utérines. Galien en recommande les fruits pour arrêter les flux de ventre. Ces derniers, connus dans les pharmacies sous le nom de galbules ou noix de cyprès, sont les seules parties de ce végétal qui aient con- servé quelque réputation parmi les modernes, et encore sont-ils rarement employés en médecine. Toutefois, plusieurs auteurs ont vanté leurs bons effets contre les diarrhées , les flux séreux et les hé- morrhagies passives. Leur saveur astringente amère les a fait regar- der comme fébrifuges ; on a proclamé aussi leurs succès contre les fièvres intermittentes. Lanzoni va même jusqu’à leur accorder sous ce rapport la même puissance qu'au quinquina. Leurs vertus to- _nique, stomachique et vulnéraire, ont été célébrées en outre par divers médecins. Mais toutes ces vertus médicales et plusieurs autres qu’on leur a attribuées ne reposent sur aucun fait précis. Ces fruits verts, ainsi que les feuilles du cyprès dans l’état frais, ont été pré- | onisés comme le remède spécifique des hernies. On en faisait boire la écoc ion vineuse au malade, et l’on frottait la tumeur herniaire avec les feuilles réduites en pulpe : malgré le témoignage de Mathiole en faveur de ce remède, je ne pense pas que personne soit tenté d'y avoir recours. Les habitans de Ja Caroline appliquent sur les plaies l'espèce de baume qu'on retire du cyprès, et comme ces lésions gué- : CYPRES. rissent malgré ce topique, suivant une manière de raisonner assez analogue à celle de beaucoup de médecins de l'Europe, ils lui attri- buent la propriété de cicatriser les solutions de continuité. 1 a dose ordinaire des galbules et des feuilles de cyprès, est de quatre grammes ( un gros), soit en substance, soit en infusion dans le vin. Le cyprès destiné, dès la plus haute antiquité, à orner les tom- beaux, est encore regardé parmi nous comme l'emblème du deuil et de la tristesse. Persuadés que le cyprès purifiait atmosphère par ses émanations salutaires , les anciens envoyaient les phthisiques res- pirer l'air de l’île de Crète où cet arbre croît en abondance. Par la majesté de son port, par la beauté et l'élégance de sa forme pyrami- dale, et par sa verdure éternelle, le cyprès est très-propre à orner les jardins et les avenues. En Italie on l’emploie fréquemment à la décoration des maisons de campagne. Son bois, d’un jaune rougeûtre, parsemé de veines foncées , est d’une odeur agréable; il a une grande dureté , il se corrompt très-difficilement , résiste beaucoup mieux que le chêne aux injures du temps et aux attaques des insectes ; il est en outre susceptible de. prendre un beau poli. ‘Au rapport de Théo- phraste, les portes du temple d'Éphèse en étaient construites. L’his- toire apprend que celles de l’église Saint-Pierre de Rome, qui ont duré onze cents ans, et qui étaient encore en bon état, lorsque le pape Eugène 1v les fit remplacer par des portes d’airain, étaient aussi de bois de cyprès. Les Égyptiens renfermaient leurs momies dans des 1 2 ? 4 À caisses du même bois. On a même prétendu que l'arche de Noé en était construite. Ce bois précieux est employé en Orient pour la char- à « n » pente; il pourrait l'être parmi nous avec avantage à une foule d’usages à ei n . “ rs , . » économiques , et, sous ce rapport, il serait à désirer quon multipliât ” « + sa culture dans nos départemens méridionaux. Les fruits du cyprès à à . “ , Se ne mürissent qu'après l'hiver. Les fourmis sont très-avides des se mences qui s’en échappent à l’époque des premières chaleurs. EXPLICATION DE LA PLANCHE. {La plante est de grandeur naturelle.) 1. Chaton mâle. £: Péricarpe- 2. Chaton femelle. 5. Graine isolée. ;. Cône ou strobile. qe Dubois verpl. Zurpn£2. 148. féir) Lambert scuiv DATIER . CXLVIIL DATTIER. Cre. CIOIHFEANL à Dorr fase. MAJOR ;. Bauhin, Iiyaf , lib. 12, sect. do ER EE PHOENIX DACTYLIFERA ; frondibus Ce Pa pres) ensi- Jormibus ; Linné, palmiers. Jussieu, elas. 3, ord. 1, palmiers Muben. 5... PALMA. Espagnol. .. PALMA Français... . ..... marrien. Anglais, SE2FAO Ac PALM-TREE; DATE-TREE. Allemang "7 DATTELPALME ; DATTELBAUM, Hollandais. . ..... DADELBO Suédois. is, She ALM-TRA “ LE dattier ne ressemble à aucun des arbres de nos forêts d'Eu- rope. Sa tige ne s'élève au dessus de la terre que quatre ou cinq ans après que la plante a levé : jusque-là elle ne pousse que des feuilles produites par un gros bouton qui a la forme d’une bulbe épaisse, arrondie, un peu ovale, et qui se renouvelle tous les ans, augmente en grosseur, et produit annuellement un plus grand nombre dé feuilles. Lorsque ce bouton est arrivé à. la grosseur que l'arbre doit avoir , alors il s'élève peu à peu au dessus de la terre, offre un com- mencement de tronc, uniquement composé de pétioles réunis des anciennes feuilles; c’est par la chute de celles-ci que le tronc conti- nue à prendre de l'élévation : il n'en tombe qu’une partie chaque année, mais leurs pétioles restent, et forment des aspérités saïllantes que les cultivateurs , en aidant un peu la nature, rendent propres à servir de point d'appui pour ceux qui vont recueillir les dattes. Les troncs des dattiers, sans aucunes ramifications , forment au- tant de colonnes élégamment divisées par anneaux , et dont le fût est couronné par un ample bouquet de longues feuilles pendantes en festons et courbées en demi-cercle. Ces feuilles sont longues de dix à douze pieds et plus, composées de deux rangs de folioles alternes, étroites , en lame d'épée, pliées dans leur loir! portées par un pétiole commun, aplati sur les côtés, élargi à sa base. 39e Livraison, CR” DATTIER. De l’aisselle des feuilles sortent des spathes allongées, velues en dehors, s’ouvrant latéralement: pour. donner passage à une panicule composée de rameaux simples, nombreux, fléchis en zig-zag, très- serrés, chargés de petites fleurs sessiles, les unes mâles, les autres femelles, sur des individus différens. Les fleurs mâles sont composées d’une enveloppe profondes, trois extérieures courtes, trois intérieures beaucoup plus grandes , que quelques-uns prennent pour une corolle; six étamines ; les filamens très-courts : dans les fleurs femelles un ovaire supérieur , arrondi ; un style court; le stigmate aigu. Le fruit est un drupe ovale, un peu allongé, de couleur jaunâtre, contenant sous une pellicule mince et lisse, une pulpe grasse, suc- culente, qui enveloppe une semence presque ligneuse, marquée à un de ses côtés d’un sillon longitudinal; l'embryon dorsal. Le palmier croît et se cultive particulièrement dans cette partie de la Barbarie connue sous le nom de Bildulgérid ou pays des dattes. C’est une vaste contrée sablonneuse et brûlante, dont une portion se trouve traversée par une chaîne des montagnes de l'Atlas, et d'où descendent des sources d’eau qui vont se perdre dans les plaines, po- sition très-favorable pour la culture du dattier, qui exige, pour pro- duire d’excellents fruits, un.climat très-chaud;, un sol humide et léger. Une forèt de dattiers est, pour le voyageur qui quitte celles de l’Europe, un spectacle tout-à-fait nouveau : à l'aspect de ces arbres majestueux, il se croit transporté dans un autre univers ::ces forêts, toujours vertes, images d'un printémps perpétuel, occupent. dans certains endroits plus de deux où trois lieues de terrain. Leurs cimes touffues et rapprochées forment, au dessus de la tête du voyageur ; un dôme obscur soutenu par des milliers de colonnes d’une riche proportion, dont l’ensemble présente le temple le plus majestueux de la nature, et dont le silence n’est interrompu que parle concert harmonieux d’une foule d'oiseaux, hôtes aimables de ces lieux soli- taires. Le sol luimême, qu'ailleurs le soleil dessèche, ici abrité par l'ombre des palmiers , sé couvre de verdure et de fleurs; souvent la vigne embrasse de ses rameaux flexibles le tronc robuste du dattier, qui protège par la fraicheur de son ombrage ss do à d’autres ar- bres et arbustes, no) A à six divisions DATTIER. Les fruits, connus sous le nom de dattes , sont les seules parties de cet arbre précieux qui soient employées en médecine. Leur forme cylindrique se rapproche de celle des glands de chêne", Elles ont un volume double. On les cueille un peu avant la maturité. A cette époque leur couleur est légèrement verdâtre ; exposées quelque temps au soleil, elles prennent une teinte roussâtre, et leur saveur devient de plus en plus sucrée, La pulpe grasse, suceulente ct très-douce qu'elles renferment, présente une légère stypticité unie à des qua- lités éminemment mucilagineuses ét adoucissantes, sur lesquelles reposent les propriétés médicales.qu’on leur a attribuées. Hippocrate les employait en décoction dans la diarrhée. On les a crues propres à fortifier l'estomac, la matrice, les intestins. Dans cette vueon les a recommandées dans le marasme, l'épuisement, les hémorrhagies et les flux de ventre, Quelques auteurs ont vanté leurs bons effets dans le trai- tement des maladies des reins et de la vessie. On a même préconisé leurs succès contre la goutte. De nos jours les dattes ne jouissent de quelque réputation que contre la toux, les rhumes et autres affec- tions pulmonaires. Elles figurent ainsi dans un grand nombre de médicamens réputés béchiques, pectoraux, analeptiques, On les fait entrer dans certains cataplasmes émolliens et maturatifs. On les re- trouve dans la décoction pectorale, le looch de santé, le sirop ré- somptif, lélectuairediaphénic. Selon la remarque de M. Che. ces fruits nous arrivent dans.un état d’altération considérable, sou- vent privés de tout leur suc ou rongés de vers. Ils peuvent être avanta- geusement remplacés par le miel, les figues, les raisins secs, etc., et doivent être par conséquent ais des officines européennes. Les dattes sont bien plus précieuses en effet sous le rapport ali- mentaire que par leurs propriétés médicales. On leur a reproché de se digérer difficilement, de produire des maux de tête, des pesanteurs d'estomac et des coliques; mais si ces accidens ont lieu quelquefois chezles personnes faibles, délicates, ou qui en prennent en trop grande quantité, ainsi que l’ont constaté quelques observateurs, il serait in- juste de les accuser de produire les obstructions , la mélancolie, la ' Le dattiér ou dactiér doit sa dénomination à la figure de ses: excellens fruits, que l’on a comparée à celle d’un doigt, J'axruos. DATTIER. cachexie; et peu rationnel de leur attribuer les ophthalmies et autres maladies des yeux auxquelles sont sujets les habitans de certaines contrées d'Afrique, qui s’en nourrissent exclusivement, que leur ex- trême misère oblige de coucher sur la terre, et laisse exposés presque nus à toutes les intempéries de l'air. « La nature, dit M. Chaume- ton, semble avoir fixé cet utile végétal sur le sol le plus aride, dans les déserts les plus affreux, pour y tenir lieu de tous les autres vé- gétaux qui refusent d'y prospérer. En effet, le dattier est un véri- table trésor pour les habitans de ces contrées. Avec le tronc ils fa- briquent les pieux et les poutres qui forment la charpente de leurs maisons, ou plutôt de leurs huttes; avec le liber ils font des urnes très-solides ; avec les feuilles et leurs pétioles , différens ustensiles do- mestiques, téls que des paniers, des sacs, des balais; avec lesspathes, des vases de diverses figures, et destinés à divers usages. Cet arbre précieux est encore la source bienfaisante à laquelle l'habitant des déserts va puiser sa nourriture. Si l’on fait à la tige une incision légère, il s’en écoule une liqueur excellente, tandis que l’intérieur renferme une moelle très-savoureuse. » Les feuilles tendres sont aussi un très-bon aliment. Il en est de même des jeunes grappes mâles et femelles ; on les mange crues et cuites, seules ou avec la viande de mouton. On en fait diverses confitures délicieuses. Les dattes néan- moins surpassent en excellence et en utilité toutes les autres parties du dattier. On en fait toutes sortes de mets aussi agréables que di- versifiés. Par une légère expression, on en retire une sorte de sirop gras qui est employé en guise de beurre à la préparation da riz, des sauces, et sert à faire d'excellente pâtisserie et des gâteaux très-déli- cats. La masse qui reste après cette expression sert de nourriture aux pauvres, et les riches conservent toute l’année des dattes fraîches dans de grands vases remplis de ce sirop. En faisant fermenter ces fruits avec de l’eau, les anciens en retiraient une espèce de vin qu'on obtient encore en Natolie par le même procédé. Au moyen de la distillation , on en retire de l'alcool, auquel on associe différens aro- -mates, et dont on fait un très-grand usage dans presque toutes les parties de l'Arabie. Les noyaux des daîtes, auxquels on a attribué la propriété de provoquer l'accouchement , et que Rivière prescrivait contre lincon- DATTIER. tinence d'urine , servent à faire des grains de chapelet. Ramollis par ‘ébullition dans l’eau, on les emploie beaucoup plus utilement à la nourriture des bœufs et des chameaux. Perfectionné par la culture, le dattier, ainsi que l’a observé en Afrique M. Poiret, fournit des fruits plus beaux, plus succulens et plus délicats que ceux qu’il donne dans l’état sauvage ou lorsqu'il est mal cultivé. On le multiplie soit en semant les noyaux au commen- cement du printemps, soit par les rejetons des racines et des aisselles des feuilles; ce dernier moyen est le plus en usage, parce qu’il est beaucoup plus prompt. EXPLICATIONS. PLANCHE 148. (L'arbre figuré dans cette planche est un individu femelle portant fleurs et fruits, réduit à la soixantième partie de sa grandeur naturelle.) Observ. Le paysage, qui accomipague ce palmier, représente un site d'Égypte : sur le premier plan on observe deux voyageurs turcs qui se reposent, assis près de leurs bagages et de l'arbre, pour lequel ils servent d'échelle. Plus loin est une large pierre sur laquelle restent encore quel- ques signes hiéroglyphiques . Sur ce même plan, au rivage du Nil, pe l'élégante x mit bleue (rymphæa ho de l’autre bord de ce fleuve s’élève une partie du palais de Mou Bey; et enfin, plus loin, les grandes et petites pyramides de de Ghi Le dessin n de l'arbre et de ses détails est une copie exacte de cos que j'ai exécuté d’après nature à Saint-Domingue, où une assez grande quantité de re mâles et femelles sont allés se réunir à la belle et nombreuse famille des pen de pays. (T.) PLANCHE 148 bis. 1. Régime de fruit réduit au cinquième de sa sue naturelle, accompagné de Du Oak mn 8 RÈÉ : | 4 spa 2. rio & rameau chargé de fleurs pistils. . Fruit entier. 3. Ps see portant des fleurs femelles. 9. Le même coupé verticalement. (Ces huit derniers détails sont de grandeur naturelle.) Observ. Les fleurs femelles contiennent trois pistils distincts : aussi arrive- til Ra que : les trois ovaires se développent en trois fruits réunis dans le même calice. (T.) 149 - Lasibert F peut ir pere 2. DENTELAIRE . —. CXLIX. DENTELAIRE". : LEPIDUM DENTELLARIA DicTum ; Bauhin, Tuivaé , Bb.3, PLUMBAGO QUORUMDAM ; Totrnelort t, clas. 2, infondibu do LORS 2e ven 7e PLUMBAGO EUROPÆi; foliis amplexicaulibus, lanceolatis, PA Linné, clas. 5, pentandrie monogynie. Jussieu, clas. 7, ord. 4, dentelaires. $ Italien. . + +++. GCREPANELLA ; PIOMBAGGINE ; TRIPOLIO. Espagnol, HER VELESA. Français... .... DENTELAIRE:; MALUEREE, PU... 1,1 LEAD-WORT Allemand. ....... BLEIWURZ. ollandais..…. . . ... 1000-krurn. La dentelaire, ainsi nommée à cause de la propriété que les an- ciens lui supposaient d’ apaiser les douleurs de dents, ne croît en France que dans nos départemens méridionaux. Quelques auteurs la apportent au »olyhdena de Pline (lib. xxv, cap 13). Cette plante plaît par l élégance de ses fleurs, semblables par leur forme extérieure à celles du jasmin, mais d’une couleur bleuâtre ou purpurine, ra- massées en bouquets au sommet des tiges et des rameaux, Ce genre forme presque seul, avec les statices , la famille des plom- baginées. Il se distingue par un calice tubulé, à cinq dents; par une corolle en forme d’entonnoir, divisée en cinq lobes, jusqu’à la base; cinq étamines placées entre l’ovaire et le bourrelet glanduleux de sa base; les filamens filiformes, d’après l'observation de M. Turpin; un style surmonté de cinq stigmates ; ; une capsule à cinq valves. L'espèce dont il est ici question offre une racine droite, allongée, épaisse, pivotante, à peine rameuse, blanche et garnie de quelques b DE " Le savant Pprnefl pense que notre dentelaire est le per oo de Diosc rides. Accoutumé à recourir constamment aux sources, j'ai lu et relu ÉLe attentivement l'été court et imparfait consacré par le naturaliste grec à la description du zpmomov (B162. d'xcp. ro et je n’y ai rien trouvé qui confirmät l'opinion du célèbre professeur alleman 40° Livraison. DENTELAIRE. Ses tiges sont glabres , droites, cylindriques , cannelées , rameuses, longues de deux pieds, les rameaux étalés. Les feuilles simples, alternes, amplexicaules, glabres, d’un vert plombé, entières ou médiocrement denticulées, légèrement bordées de poils très-courts, glanduleux ; deux oreillettes à leur base; les in- férieures ovales, très-obtuses , rétrécies à leur base, presque spatu- lées , longues de deux pouces; les supérieures plus étroites, lancéo- lées, aiguës; celles des rameaux plus petites, presque linéaires. Les fleurs sont sessiles, réunies en bouquets terminaux : le calice allongé, chargé de tubercules glanduleux et visqueux; la corolle a cinq pétales réunis en tube à leurs onglets, une fois plus longs que le calice; les étamines plus courtes que la corolle : le style pubescent à sa base; les stigmates velus, glanduleux. Le fruit est une capsule supérieure, ovale, aiguë, renfermée dans le calice, contenant une semence suspendue par un cordon fili- forme. (P.) L'âcreté brülante dont toutes les parties de cette plante sont douées , l’irritation violente que sa racine en particulier détermine sur la peau, sont l'indice certain de vertus médicales très-énergiques. Cependant sa causticité dangereuse a empêché jusqu’à ce jour les pra- ticiens de ladministrer intérieurement, et doit peut-être la faire re- léguer parmi les plantes caustiques, jusqu’à ce que de nouvelles ob- servations aient suffisamment éclairé sur sa manière d'agir. La nature de ses principes constituans n’a pas encore été dévoilée par les chi- mistes. Le judicieux Peyrilhe croit la dentelaire purgative ; elle paraît éga- lement jouir de qualités vomitives , lorsqu'on la donne à petite dose; et si l'expérience confirme à ce sujet les faits annoncés par Wédel, On pourra peut-être la placer un jour au rang des succédanéés de l'1- D'après Bauhin, l’illustre Linné accorde à la racine de dentelaire une grande efficacité contre l’odontalgie. Schreiber et Sauvages De- _ lacroïx prétendent que l'huile dans laquelle on a fait infuser cette plante à eu de grands succès contre d'anciens ulcères, et a même guéri de véritables cancers. Toutefois, pour peu que l’on soit fami- lier avec la marche de cette redoutable maladie, ïl est permis de ! DENTELAIRE. douter de ce dernier résultat , ou de croire, au moins , qu'il a besoin d'être confirmé par de nouvelles expériences. Il en est de même des propriétés attribuées à la dentelaire contre la dysenterie et les co- liques des enfans. | Sa racine âcre et caustique a été long-temps employée en Provence pour la guérison de la teigne et de la gale; mais Garidel a vu résul- ter de graves accidens de ce traitement empirique , et Sauvages parle d’une jeune fille qui fut en quelque sorte écorchée vive pour en avoir fait usage. La méthode, proposée en 1 779 par Sumeire, obvie à tous ces inconvéniens, en diminuant l’âcreté extrême de la dentelaire. . Cette méthode consiste à tritarer dans un mortier de marbre deux ou trois poignées de racine de cette plante, sur lesquelles on verse, au moins, un demi-kilogramme (une livre) d'huile bouillante. Après avoir broyé le tout pendant quelques minutes, passé à travers un linge, et exprimé fortement le résidu, on place une petite partie de ce résidu dans un nouet de linge fin que l’on trempe ensuite dans l'huile tiède pour en faire des onctions sur la peau. Trois ou quatre de ces onctions suffisent èn général pour la guérison de la gale simple. Les bons effets de ce traitement antipsorique , constatés dans le temps par les commissaires de la société royale de médecine de Paris, MM. Hallé, Jeanroy , Jussieu et Lallouete, ont prouvé qu'il guérit radicalement la gale et d’une manière plus prompte et plus sûre que la plupart des autres moyens les plus renommés contre cette affec- tion, sans avoir besoin de soumettre le malade à aucune prépara- tion préliminaire, et sans qu’on ait à craindre la répereussion ni la récidive. | Presque toutes les parties de la dentelaire peuvent être employées à l'extérieur en guise de vésicatoires. Comme topique , cette plante .à été quelquefois utile dans le traitement des ulcères atoniqués, On s’en sert avantageusement pour réprimer les chairs fongueuses et activer le travail de la cicatrisation dans les plaies anciennes, päles et blafardes. Suivant Peyrilhe, cette plante peut être administrée intérieure- ment; en substance, de quinze à cinquante centigrammes (trois à dix grains), et en infusion, à dose double. Elle entre dans la com- position de plusieurs topiques que les dentistes emploient contre les DENTELAIRE. maux de dents, et les pédicures pour la guérison des cors et des du- rillons. On a remarqué que ses feuilles noïrcissent le papier des her- biers où on les dessèche, | Plusieurs espèces du genre plumbago offrent la même âcreté et la même causticité que celle dont nous nous occupons. Tels sont le plumbago scandens , herbe au diable , dont on fait des onguens ca- thérétiques ; le plumbago africana , dont la racine aromatique sucrée et très-âcre est en usage parmi les Nègres, pour provoquer le vo- missement , exciter la sécrétion des urines, et remédier à la morsure des animaux venimeux; les plumbago zeylanica et rosea qui, au rapport de M. Decandolle, sont employés dans l'Inde comme vési- catoires. EXPLICATION DE LA PLANCHE. (La plante est de grandeur naturelle.) 1. Feuille caulinaire Dre au trait. on remarque un bourrelet glanduleux , 2: Corolle gr dans laquelle on a fi- . cinq-lobé. cinq étamines, afin de mettre 5. Portion de calice dans laquelle on a ré- leurs din imensions relatives en rap- présenté un fruit couronné par la co- port rolle marcescente. a Edhics 6. Racine réduite au quart de sa grandeur 4. Pistil et étamines, A la base de l'ovaire itirdlle. Obsers. On est étonné de voir que Ventenat , dans son Tableau du règne végétal , refuse une corolle à mA dentelaire , en préférant de lui accorder un calice double. Les Les raisons qui l’ont dé- terminé à ne pas suivre ses prédi urs , ee paraissent très-insuffisantes , ue la marces- cence d’ Île ne dépend ation, qui , comme dans les Process les bru- yères, les campanules, etc, étant us ou moins rentrante vers le milieu du tube, et plus ou moins rétrécie ou étranglée à la base, ne peut se dégager de l'ovaire sur lequel elle se flétrit et ess t mal observé l'ovaire et les étamines de la dentelaire. Le plus: grand #8 bre, d'accord entre eux ( Lie Fe, , \ >. Lamarck t, au lieu el les élargir, les i insère sur des écailles qui , dit-il, Dr je. tà j l'ovaire. Il est le plus près de la v L'ovaire de. la > Comme un grand sabre: MEgate fi entouré seulement à sa base , d'an bourrelet glanduleux cinq-lobé. Les cinq éta s dan toute leur longueur , et s'insèrent entre l'ovaire et le bourre, vis-à-vis le sinus que forme la deux lobes. CL. DICTAME. d'imræuves, Dioscorides ; d'iuxTauvos xphTILOc, Hippocrate. GREË. 505 38 bi or ORIGANUM CRETICUM; Bauhin, Hiva, lib. 6, sect. 4. ORIGANUM CRETICUM, LATIFOLIUM, TOMENTOSUM; Tournefort, clas 4, Li 1 pr iées. ORIGANUM DICTAMN f lii infe rl: is, 7 icis inutantibus ; { Linné , clas. 74 , didynamie gymnospermie. Jussieu , clas. 8 , ord. 6, ; abiées. Italien , DITTAMO ; DITTAMO CRETICO. Espagnol. ....... DICTAMO ; DICTAMO CRETICO. HOMO T, LICTAME; DICTAME DE CRÈTE. Anglais ++ + + + + DITTANY; DITTANY OF CRÈTE. Abemant.: HS DIPTAM; KRETISCHER DTPTAM. Hollandais. . ..... DICTAMNUS ; DIPTAM ; KRETISCHER DIPTAM. À L'Aspecr de la fourrure tomenteuse et blanchâtre qui revêt ses feuilles et ses tiges, cette plante s'annonce comme une étrangère qui se dérobe au froid des montagnes pour venir habiter nos jardins, parée de ses longs épis quadrangulaires, de couleur purpurine : mais un intérêt bien plus vif nous attache à sa contemplation, lors- que nous la reconnaïssons pour ce fameux dictame de Crète tant vanté par les poètes", et si célèbre dans les temps héroïques de l'an- . TETE DS d'à cienne Grèce ; une imagination active nous transporte aussitot à l'é- poque de sa plus haute réputation. Nous la voyons recueillie sur les montagnes de Crète?, et appliquée par les mains des nymphes sur les plaies récentes des héros; elle nous rappelle le fils de Vénus et d’Anchise, frappé d’une flèche meurtrière, guéri avec le dictame par * Et notamment sur celle qui porte le nom dictame. Hic Venus, indigno nati concussa dolore , Dictamnum genitriz Cretæd carpit ab Idä, Puberibus caulem foliis et flore comantem Purpureo : non illa feris incognita capris Gramina, quum tergo volucres hæsere sagittæ: Vinçuz., Æneïd., lib. xtr, V. 41 3, de Dicté ; d'où vient le mot io° Livraison. DICTAME. le secours invisible de sa mère. Mais si nous aimons à nous égarer un moment parmi les aimables fictions de la mythologie, bientôt l'observation sévère de la nature nous ramène à des idées plus con- formes à la vérité, et dès-lors le dictame, dépouillé de ses chimé- riques vertus, rentre dans la classe des simples vulnéraires; nous ne dirons point, avec Dioscorides, qu’il n’a ni fleurs, ni fruits; au- cune plante n’en est privée. Celle-ci appartient à la famille des la- biées, et Linné l’a placée parmi les origans, distinguée des thyms par les bractées colorées qui entourent les calices, et forment un épi imbriqué , quadrangulaire. Ses racines sont grêles, d’un blanc gristre, composées de fibres nombreuses, filiformes, ramifiées. Elles produisent une tige velue, tétragone, rameuse, haute d'environ un demi-pied. Ses feuilles sont médiocrement pétiolées, opposées, arrondies ou un peu ovales en cœur, épaisses, entières, blanches et tomenteuses à leurs deux faces, parsemées de petites vésicules noirûtres. Les fleurs sont réunies à l'extrémité des rameaux en épis touffus, quadrangulaires; les bractées larges, ovales, glabres, purpurines ainsi que la corolle. Le calice est cylindrique à cinq dents, dont une prolongée en lan- guette : la corolle labiée, le tube un peu comprimé à son orifice, en poche à sa partie postérieure; la lèvre supérieure échancrée, l’in- férieure à trois lobes : quatre étamines, dont deux plus longues. Un ovaire à quatre lobes, surmonté d’un style simple et d’un stigmate légèrement bifide : quatre semences ovales, renfermées dans le fond du calice, Pl: Les feuilles et les sommités du dictame joignent à une odeur fra- grante, une saveur chaude >Aromatique et amère. Par la distillation, on en retire une petite quantité d'huile volatile d’un jaune rou- geâtre, d’un goût âcre-aromatique , et d’une odeur très-pénétrante qui passe presque en totalité dans la teinture alcoolique qu’on pré- pare avec cette plante. Selon M. Virey, elle recèle probablement du camphre à l'exemple des autres labié Le dictame a été célèbre dès Pantiquité la plus reculée. Au récit de la plupart des écrivains grecs et romains, ses vertus tiennent du prodige. De graves auteurs rapportent sérieusement que les chèvres \ lé Fe arte En ET di VI OL E de Er) ÿ DICTAME. vont brouter cette plante sur les montagnes pour se guérir de leurs maladies, et qu'il suffit aux cerfs blessés d’en avaler quelques feuilles pour être délivrés à l'instant des traits dont ils sont percés par les chasseurs. Les modernes ont répété ces fables, et n’ont pas craint de les présenter comme un exemple de l'instinct conservateur des ani- maux, et comme une preuve de leur admirable sagacité pour trouver les remèdes qui leur conviennent. Heureusement, une semblable er- reur n'a aucun danger. Il n’en est pas de même, selon Murray, de l'opinion non moins ancienne, qui attribue au dictame la propriété d'accélérer les accouchemens difficiles, de favoriser l'expulsion du placenta, et de provoquer l'écoulement ‘des règles. En effet, Peyrilhe remarque judicieusement que cette plante jouit de propriétés beau- coup plus énergiques dans les pays où elle croît spontanément que dans nos climats, et sous te rapport son administration coupable ou imprudente a pu, quelquefois, n'être pas sans danger. Hippocrate cependant paraît en avoir fait un fréquent usage, soit contre l’amé- norrhée , soit pour déterminer l'expulsion du fœtus. Le dictame était encore en usage parmi les anciens pour calmer certaines douleurs : on l’appliquait aussi en cataplasmes sur les plaies, les ulcères et les contusions, comme un puissant résolutif. L'action manifestement stimulante que cette plante exerce sur l'estomac, sur l'utérus et sur les fonctions du système nerveux, peut la faire employer avec succès, à la manière de la plupart des sub- stances aromatiques, comme stomachique, cordiale, nervine, cépha- lique, emménagogue, sudorifique , etc., dans les cas où la sensibilité ét la contractilité de nos organes ont besoin d’être mises en jeu. Mais il ne faut pas perdre de vue que le dictame, tel qu’il nous est livré par le commerce, a presque entièrement perdu son arome, et avec lui la plus grande partie de ses vertus : ce qui fait qu'il est rarement em- ployé en médecine, et qu'il ne mérite aucune préférence sur la plu- part de nos aromatiques indigènes. Le dictame fait néanmoins partie du mitbridate , du diascordium, de la thériaque , de la confection d'hyacinthe, etc. Ses feuilles et ses sommités sont administrées en poudre ; depuis quinze décigrammes (environ un scrupule) jusqu’à quatre grammes (un gros). Mais on a plus souvent recours à leur infusion théiforme à la dose de quatre à DICTAME. seize grammes Sr à quatre gros) pour cinq hectogrammes (une livre) d’eau. Ce végétal se multiplie par bouture. Il fructifie en Italie, et même dans quelques parties du midi de la France; mais 1l ne supporte point les gelées. | GETER (sean-paniel), AN TAU YO ypa Pia, sive brevis dictamni descriptio ; in-4°. Francofurti et Lipsiæ, 1687. L'auteur de cet opuscule philologico-botanico-médical donne une description très-minu- tieuse, et cependant très-impärfaite, non-seulement du dictame de Crète, mais aussi du dictame blane ou de la fraxinelle. Du reste, la Dictamnographie est rédigée sur le plan trac” par l’Académie des Curieux de la nature , dont Geier était membre sous le nom de Dédale. | EXPLICATION DE LA PLANCHE. { La plante est de grandeur naturelle.) 1. Fleur entière, + Corolle ouverte pour faire voir l'insertion 2. Calice, des quatre étamines. 3, Pistil. Zanbert I réudp . Zurpin ?: DIGITALE. —_. CLT. DIGITALE". DIGITALIS PURPUREA , folio aspero; Bauhin , Tiv4Ë, sect. 6. DIGITALIS PURPUREA ; Tournefort, clas. 3 , personnées. Den: 0. SAT 7 DIGITALIS PURPUREA ; calycinis foliolis ovatis , acutis , corollis obtusis, , abio superiore integro; Linné, clas. sas didynamie angiospermie. Jussieu , clas. 8, ord. 7 , scrophulaire D. DIGITALE ; DIGITELLA Espagnol... .... + DEDALERA DOMUIS 5. 50 DICITALE; DIGITALE POURPRÉE. 3 LITRES RE OX-GLOVE ; PURPLE FOX-GLOV RÉ TR Te FINGERKRAUT ; FINGERHUT ; FINGERHUTBLUME Hollandais Etats VINGFRSHOEDKRU Par ses grandes et belles fleurs purpurines, tigrées dans leur in- térieur, pendantes sur leur pédoncule, presque toutes unilatérales et disposées en un long épi terminal, cette plante pourrait le disputer en élégance à beaucoup de fleurs de nos jardins, où elle serait sans doute accueillie avec distinction, si elle n’avait uné origine euro- péenne. La digitale se trouve dans les bois des environs de Paris; elle est beaucoup plus commune dans la Normandie et la Bretagne, le long des routes, dans les terrains élevés et sablonneux. Sa fleur, longue d’un pouce, a la forme d’un dé à coudre, d’où lui est venu son nom de digitale, gant de Notre-Dame, gantelée. À la première vue on la prendrait pour une campanule, mais le renflement du tube de la corolle, les lobes irréguliers et obtus de son limbe la font aisément reconnaître; de plus elle renferme quatre étamines didy- names ; les filamens sont courts, attachés à la base du tube, soute- nant de grosses anthères arquées, à deux lobes; l'ovaire est chargé d’un style simple, beaucoup plus long que les étamines , le stigmate un peu épaissi, obtus. ciens connaissaient-ils la digitale, et sous quel titre l’ont-ils dési- gnée ? RER prétend que c’est la Baxyapu, et Fabio Colonna l’egnueesy de Dios- corides. Le savant gr se ard Bauhin et Curt Sprengel rejettent cette synonymie; et comme rien ne m'en a l'exactitude, je la rejette avec eux. 40° Livraison. 3. DIGITALE. Ses racines sont fibreuses; elles produisent une tige droite, longue de deux pieds et plus, velue, cylindrique, presque simple. Les feuilles sont grandes, surtout les inférieures, pétiolées, alternes, ovales ou lancéolées, vertes et un peu ridées en dessus, blanchâtres et cotonneuses en dessous, dentées à leurs bords, décurrentes sur les pétioles; les supérieurese presqu sessiles. | Les fleurs forment un épi droit terminal, presque long d’un pied; les pédoncules pubescens, plus courts que la corolle, munis à leur base d’une petite foliole en forme de bractée. Le fruit consiste en une capsule supérieure, ovale, aiguë, envelop- pée par le calice, à deux loges, s’ouvrant en deux valves, contenant des semences nombreuses fort petites , un peu anguleuses. La digitale pourprée introduite dans la matière médicale par les modernes, présente une odeur forte qui disparaît par la dessicca- tion; une saveur nauséeuse, amère, et une sorte d’acrimonie qui excite d’abord la salivation , et produit ensuite des nausées , un léger sentiment d'âcreté dans la gorge et de sécheresse dans la bouche. M. Chaumeton observe que « ces qualités sont plus ou moins déve- loppées selon la saison et l’âge de la plante. C’est ainsi qu’à l’époque de la floraison , la racine est presque insipide, et la médecine en fait rarement usage. Les fleurs ne sont ni plus actives ni plus fréquem- ment employées. Les propriétés les plus énergiques se trouvent en quelque sorte concentrées dans les feuilles. T1 est important de choi- sir celles qui se sont développées sous l'influence des rayons solaires, de les cueillir lorsque la plante brille de tout son éclat, de les des- sécher avec beaucoup de soin. On donnera la préférence à celles de l'année, parce qu’elles perdent en vieillissant une grande partie de leur efficacité. » L'analyse chimique de la digitale a fourni à peu près les mêmes résultats à M. Bidault Devilliers et à M. Destouches, savoir : un ex- trait aqueux brun et très-lisse, un extrait alcoolique analogue au précédent , mais en beaucoup plus petite quantité ; des sels de diffé- rens genres, et une matière huileuse verte, que les auteurs cités tendent à regarder comme la cause de la couleur et de l'odeur de cette personnée. Quelque nombreux et variés que soient les effets immédiats de DIGITALE. cette plante vireuse sur l’économie animale, ils peuvent se rapporter à une action stimulante plus ou moins énergique sur les appareils de da digestion et de la circulation, sur le système nerveux et sur | différens organes sécréteurs. À petite dose elle excite la salivation, | détermine une abondante sécrétion d’urine, et quelquefois même la sueur. Elle provoque le vomissement et la purgation : presque tou- Jours elle diminue la fréquence du pouls. A plus forte dose, elle pro- duit la superpurgation, l'anxiété, la cardialgie, des douleurs vives dans différentes parties du corps, le refroidissement des membres ; quelquefois des vertiges, des illusions d'optique, la somnolence, le délire, ét même la mort. Murray parle d’une fille de huit ans qui succomba à l’action délétère de la digitale. Les effets virulens de cette plante se manifestent chez la plupart des animaux comme chez Vhomme. Murray; Salerne, Schiemann ont vu des poules, des dindes et des chiens auxquels on en avait fait avaler, être vivement affectés; où périr victimes des accidens énoncés plus haut. Il résulte . cependant des expériences curieuses du docteur Mongiardini, que _ les animaux sont d’autant plus sensibles à l’action délétère de la di- gitale, que leur estomac se rapproche plus par sa structure de celui _ de homme. Ce qui fait qu’elle est très-peu dangereuse die les ot- : ie et à peu près de nul effet sur les batraciens. … Le ralentissement de la circulation est un des effets les plus re- _ marquables et les plus constans de la digitale. Une foule de méde- . emsfrançais, anglais et allemands ont vu, sous l'emploi des feuilles _ dexcette-plante, le pouls descendre à cinquante, quarante et même . à trente pulsations; par minute. Toutefois ce phénomène n’est pas tellement général ni tellement constant qu’il ne souffre plusieurs ex- à | ceptions. C'est ainsi qué, chez certains malades, les pulsations, au : _ lieu de devenir plus rares, ont conservé leur type -ordinaire, ou se : sont! même élevées de soixante jusqu’à cent vingt par minute. _ Les expériences de M. Sanders, dont M. Chaumeton a fait con- . D les intéressans résultats, tendent à prouver que les effets pri- . mitifs de Ja digitale sur la circulation, sont d'augmenter action da cœuret des vaisseaux, comme celle des autres systèmes. Ce médecin a-vu même la fièvre inflammatoire être le résultat immédiat de cette ; excitation de l'appareil circulatoire; lorsqu'on persiste dans l'usage DIGITALE. de la digitale, et le ralentissement du pouls n’arriver que consécuti- vement à cette excitation primitive. Ce relâchement consécutif ou secondaire, observe M. Chaumeton , est même prodigieux et parti- culier à la digitale. Aussi plusieurs observateurs ont-ils cru devoir lui attribuer une vertu sédative, Quelques-uns même n’ont pas craint de l'employer et de la recommander contre les phlegmasies aiguës, cutanées et autres, telles que la rougeole, le croup, etc.; mais la prudence ne doit-elle pas faire un devoir aux praticiens éclairés de s'en abstenir dans les phlegmasies aiguës de la peau, quand on ré- fléchit que la plupart de ces exanthèmes tendent naturellement à la guérison, lorsqu'on ne trouble pas leur marche par des médications intempestives et par des moyens perturbateurs? Du reste, l’action excitante de la digitale, et les accidens graves auxquels elle peut donner lieu, font assez sentir la nécessité de s’en abstenir dans les fièvres primitives , dans les inflammations aiguës des viscères , dans les hémorrhagies actives, dans la plupart des névroses et autres af- fections accompagnées d’un état général d'irritation. « En dépouillant la digitale des vertus mensongères qui lui ontété attribuées, en réduisant les propriétés de cette plante à leur juste va- leur, elle occupera encore un des premiers rangs dans la matière médicale, En effet des observations uombreuses et authentiques dé- montrent qu'elle a souvent produit une amélioration notable, et par fois la guérison complète de trois maladies aussi meurtrières qu’elles sont fréquentes ; la phthisie, le scrofule et l'hydropisie.» Les essais de Bayle n’ont cependant point confirmé les hautes espérances que plusieurs médecins anglais et lé célèbre Beddoës, en particulier, avaient données de l'efficacité de la digitale contre la terrible phthisie pulmonaire. Ses avantages contre les écrouelles paraissent moins équivoques. Mais c’est particulièrement contre l'hydropisie primitive qu’elle paraît avoir des avantages réels et non contestés. Les heu- reux eflets de la digitale dans cette dernière affection paraissent dé- pendre de l'abondante sécrétion d’urine qu’elle détermine : sécrétion telle que. souvent, dès le troisième ou cinquième jour, les malades rendent plusieurs litres d'urine en vingt-quatre heures , quoiqu'ils n'aient pris qu'un litre.de boisson dans le même temps. Or rien n'est plus favorable à Ja résorption de la sérosité épanchéce qu'une sem- Che ee LEE HE DIGITALE. blable diurèse. Toutefois M. Vassal a eu soin de remarquer que si cette plante guérit souvent les hydropisies primitives du tissu cellu- laire de la poitrine et de l'abdomen, elle ne produit aucun effet sur celles du cerveau, du rachis, ni sur les hydropisies enkystées. On administre les feuilles de digitale en poudre, à la dose de cinq à quinze centigrammes (un à trois grains) par jour, et si le malade s'en trouve bien, on augmente la dose successivement et avec pru- dence. Schwilgué prescrit d'étendre cette poudre dans neuf ou dix- neuf parties de sucre ou d’une pommade, ou de l’incorporer avec le miel pour lui donner la forme pilulaire. Quoique cette méthode soit la manière la plus sûre d'employer la digitale, on peut l’administrer en infusion aqueuse et par cuillerées, d’heure en heure : cette infu- sion doit être préparée à vaisseau clos avec quatre où huit grammes de feuilles et cinq hectogrammes d’eau : on peut en faire un sirop. La décoction de digitale ne s'emploie guère qu’en lotions et en lave- mens. La solution alcoolique de cette plante, préparée selon le pro- cédé de Darwin et de Fowler , se donne à la dose de dix gouttes dans de l’eau sucrée ou autre excipient approprié : on peut en augmenter successivement la dose jusqu'à cent gouttes et au delà. On ne fait point usage de l’extrait aqueux ni du suc épaissi de la digitale. Ce dernier purge avec une grande violence à la dose de quatre ou cimq cuillerées. Par la simple macération des feuilles de cette plante hé- roïque, dans le miel ou dans la sauge, on prépare un onguent ré- puté antiserofuleux, et qui paraît avoir été quelquefois appliqué avec succès sur les engorgemens lymphatiques. WITRERING (cuillaume) , #x account of the fox-glove and some of ids medicinal uses, c'est-à- Traité de la digitale et observations sur quelques-unes de ses propriétés médicales ; in-8°. Bimighan, 1785. Traduit en allemand, par Chrétien-Frédéric Michaëlis ; in-8°. Leip- sic, “3 style de cet han est correct, la doctrine en est pure , les préceptes sont sages , les réflexions judicie SCIEMANN ( charles- TRE De digitali purpured, Diss. in-4°. Gottingæ , 1786. à MERZ (sean-sacques ); De digitali purpureä, ejusque usu in scrophulis medico, Diss. inaug. ES Zenæ , 27 juillet 1790. a trop vanté, trop fréquemment cité cette mince et insignifiante. dissertation. Tu es, An essay on the medical properties of the digitalis Purpurea, ou fox-glove ; est-à-di Essai sur les propriétés médicales de la digitale pourprée; in-ra. Londres et ie r, 1799. KINGLAK Rs , Cases and observations of the medicinal efficacy, of the digitalis pur- DIGITALE. purea in phthisis pulmonalis, ete. ; c’est-à-dire, Observations sur l'efficacité k la _. dans la gr pulmonaire, avec des considérations sur sa manière d’agir, etc., in-8°. dres, r à HENRY Es ABLEYNE ), De digitali, Diss. inaug. in-8°. Edinburgi, 1802. BSDAULT DE VILLIERS (r.-r), Essai sur . rte médicinales de la digitale pourprée, Diss. . inaug. in-8°. Paris, 8 fruétidor an x1r. Troisième édition , revue, corrigé idérabl t ‘augmentée , in-8°. Paris, 1812. Cet ouvrage, le plus complet sous tous les rapports, qu’on ait publié sur la digitale, a vains, qui n'ont pas toujours eu la délicatesse de le souvent été mis à contribution par des écri citer, Loin d'imiter leur ingratitude; je déclare que le livre de M. Bidault est une source à laquelle j'ai puise de nombreux et utiles renseignemens. Le style en est la partie la plus faible ; il est tantôt incorrect, tantôt néologue, tantôt bizarre , quoique l’auteur montre à Let pas _ aire memes à detre _ dédicace pd un chef d'œuvre de mauvais goût. et verser le fiel de la critique sur la cendre à à peine refroidie d’un des savans les plus drolion de son siècle , de celui quifut pour les sciences ce que Voltaire avait été pour la littérature , de Fourcroy, en un GEYGER {andré dose oui , De digitalis purpureæ usu; Diss. in-4°. Kiloniæ , 1804. BRUYNSVISCH MAATIES (martin), De FRE ferrugined ; Spec. med. inaug. in 4°. Groningæ, 1804. Traduit en ee dans le journal de pharmacie de Trommsdor. MAVRÉ , Sur la digi urprée qui semble agir sur les épanchemens nr en augmentant F act du ee BIS Diss. inaug. in-4°. Paris, 14 août 1 Sicnero ( charles-nyacinthe ), De digitali, Diss. inaug. in-4°, rar Taurinorum, 27 Mai 1808 SANDERS Thor S), An inquiry concerning digitalis ou Jox-glove , etc.; c’est-à-dire, Examen de la digitale , ete. Fes Édimbourg , 1808. Traduit en français par A. F.G. Murat, in-8°. ‘Paris et Anvers, J’ai déjà pas ge mérite de cette production, dans laquelle brille le génie de FPE teur. M. Murat ne s’est pas restreint au rôle de traducteur; il a enrichi l’opuscule origina ‘de réflexions intéressantes sur la matière médicale, qui font désirer la publication de #2 vrage dont elles ne sont que l'ébauche, vASssaz (rierre-cérard), op nes sur les effets de la digitale pourprée dans Vhy- ae ae ES nt. 13 janvi 780ÿ i iste dans la ré é du plan, a servations , il me semble qu’on n ne pent refuser ce titre à à la dissertation de M.V EXPLICATION DE LA PLANCHE. ÊTa plant. Mg A TRS ES dE Re Fred j x : : 26 x. LI La t Feuille radicale au trait, étamines et la forme dés anthères. 2. Portioninférieure d'une corolle ouverte 3. Fruit coupé horizontalement. peus faire voir l'insertion des quatre 4. Graine isolée, grossie. - "A DER \s: RE Torpes P DORONIC . CLIT DORONIC. DORONICUM MAXIMUM , foliis caulem amplexantibus ; Bauhin, Tlivaé , lib. 5, sect. 4. Tournefort, clas. 14, radiées. Latin. . .... ++ + +{ DORONICUM PARDALIANCHES: foliis cordatis, obtusis, denticulatis , ra- dicalibus petiolatis , caulinis amplexicaulibus ; Linné, clas. 19, s72- génésie polygamie superflue. Jussieu , clas. 10, ord. 3, corymbifères. Espagnol. is ; ,.:.. DORONTCO ME DORONIG. M... .. | LEOPARD'S-BANE. Allemand... ,..... GEMZENWURZ. Hollandais. . . . . . . SCORPIOENWORTED; REEBOKKRUID. Lx doronic se reconnaît à ses belles fleurs jaunes , radiées, de la grandeur de celles du souci de nos jardins, dont elles pourraient faire l’ornement, comme elles font celui des forêts sur les montagnes des Pyrénées et des Alpes. Placé parmi les fleurs composées , le doro- nic se caractérise par un calice à plusieurs folioles égales; une co- rolle radiée; les fleurons hermaphrodites; les demi-fleurons femelles et fertiles ; cinq étamines syngénèses ; les semences des fleurons cou- * ronnées par une aigrette simple; celles des demi-fleurons nues , ainsi que le réceptacle. Sa racine est un peu épaisse, rampante et fibreuse : ses tiges droites, simples, un peu rameuses vers leur sommet, cylindriques , médiocrement pileuses, longues de deux ou trois pieds. Les feuilles radicales et inférieures, longuement pétiolées ; les su- périeures sessiles , amplexicaules , articulées à leur base ; toutes ovales, en cœur, assez grandes, presque glabres, ou un peu velues, créne- lées à leur contour, légèrement ciliées. Les fleurs. sont axillaires et terminales, portées sur des pétioles simples, allongés, uniflores. (P.) Les propriétés physiques du doronic, sont beaucoup plus dévelop- pées dans la racine que dans aucune attre partie de ce végétal. C'est . 4 4o Livraison. Û Li dd DORONIC. aussi la seule qui ait été employée en médecine. Lorsqu'elle est ré- cente, son parenchyme est blanc et charnu; en se desséchant, elle devient dure et friable. Dans l’état frais, elle présente une faible odeur aromatique et une agréable saveur douce, subastringente et légèrement aromatique. Neumann en a retiré un extrait aqueux très- abondant, et une petite quantité d'extrait — qui retient la saveur et [ odeur de la plante. Les auteurs de matière médicale ont porté les jugemens les plus contradictoires sur les propriétés médicales du doronic. Maranta, Ghinus, Costæus, Mathiole l’accusent d’être délétère : opinion qui tient, suivant Spielmann, à ce qu’on à faussement rapporté le doro- nic à l'aconit pardalianche des anciens, lequel est réellement un poison pour plusieurs animaux. Cortusus et Dessénius racontent que des hommes et des chiens ont succombé à son action ’. Toutefois on peut opposer à ces faits des observations également authentiques et qui tendent à constater l’innocuité de cette plante. Après avoir avalé lui-même deux drachmes de racine de doronic, Conrad Gesner n’a éprouvé d’autres accidens qu’un certain gonflement de l’épigastre et une faiblesse générale qu’un simple bain tiède fit cesser. Cet illustre uaturaliste a souvent mangé, sans en éprouver aucun accident , et même avec plaisir, des feuilles de cette plante, soit fraîches , soit préparées avec le miel. Johnson en a également mangé, et même en très-grande quantité, sans aucun inconvénient. Mathiole lui-même est obligé d’avouer qu'il a vu un chien jouir d’une fort bonne santé après avoir avalé deux onces de la racine de cette plante. Toutefois Linné la tient pour suspecte. Et peut-être est-il rationnel d'adopter provisoirement l'opinion de ce grand homme, jusqu'à ce que de nouvelles expériences cliniques nous aient complétement dévoilé les veralles propriétés médicales du doronic. En effet, cette plante à été si rarement employée par les méde- ‘ En revanche, Lobel, Camerarits , Schræder, le collège des médecins de Lyon, de Londres, d’ Amsterdam, ent qui est puissamment alexiphar- maque; et telle est, suivant plusieurs érudits, l’origine du mot doronicum, de dupe, don, présent, et ven, victoire, Mais Golius, Vaillant, Beckmann, Bæœhmer, Théis, assurent que doronicum est Yimitation littérale et vocale du terme sous his les Arabes désignent cette plante. - DORONIC. cins modernes, que nous sommes réduits à des connaissances très- vagues et très-bornées sur ses effets dans les maladies. Gesner l’em- ployait quelquefois contre les vertiges et l’épilepsie; Albinus en a fait usage dans un cas de ce dernier genre. En infusion, soit dans le vin, soit dans la bière, elle a été administrée en Angleterre pour ramener l'écoulement menstruel. Mais ces faits ne sont ni assez nombreux ni assez exactement déterminés, pour diriger convenablement dans l'administration de cette plante, sur laquelle on voit que l'état actuel de la science réclame de nouvelles recherches. EXPLICATION DE LA PLANCHE. S g (La plante est de grandeur naturelle.) 1. Rac 5. Fruit provenant d’un fleuron hermaphro- : 5. Feuille radiale au trai dite. É . Fleuron hermaphr us du 6. Fruit # d’un fleuron de la cir- , . Fleuron ligulé, femelle , ë la Fe confére rence à Observ. L'ovaire de la fleur ligulée est glabre, et le tube de la corolle est velu. Celui des fleurs du centre est velu DOUCE AMERE. J CLIM. DOUCE-AMÈRE. TRES ei Lu SRE SE VAUKUMIRPOS SULANUM SCANDENS, Sel DULCAMARA ; Bauhin, NyvaË , lib. 5, sect. r. . Tournefort, clas. 2, irfondibuliformes. nee HÉRRROEE TER SOLANUM DUT.CAMARA ; caule inermi, frutescente, flezuoso , foliis supe- LAË rioribus hastatis | racemis cymosis ; Läriné, clas. 5, pentandrie mo- nogynie. nes, clas. 8 , ord. 8, so/an 15 k Français... :.. :.. DOUCE-AMÈRE; MORELLE GRIMPANTE. MARIO... . 1. BITTER-SWEET, Allemand. .,..... BITTERSUESS ; ALFRANKEN. ollandais,.. 1... vrrrerzorr: ALFS-RANKEN. La douce-amère, en fixant son séjour parmi les buissons stériles, leur paie, par l'élégance de ses bouquets, l'appui qu'ils prêtent à ses tiges faibles et grimpantes : souvent l'œil trompé par l'apparence , prête au protecteur l'éclat de la plante protégée. Les fleurs de la douce-amère la placent parmi les morelles (solanum , Lin. ). Elles sont composées d’un calice à cinq divisions; d’uné corolle én roue, le tube: court; le limbe plissé, étalé, à cinq lobes; cinq étamines; les anthères. rapprochées, s’ouvrant au sommet par deux pores; ün style; une baie succulente à deux ou plusieurs loges : sd roulé en spirale. - Ses‘racines sont grêles, fetsini ramifiées : elles produisentune tige spi glabre, qques pubescente , haute de quatre à +nÿ pieds, sarmenteuse et grimpante. _ Ses feuilles sont ovales, en éœur ; alternes , pétiolées , entières , ai- guës, glabres à leurs deux faces, quelquefois molles et pubescentes _en dessous; les supérieures souvent découpées en lobes à leur hase. Les fleurs sont disposées vers le sommet: des tiges en petites _ grappes courtes, latérales, pendantes; le calice a cinq divisions ob- _tuses; la corolle violette, quelquefois blanche, a cinq lobes un peu _ étroits, aigus, rabattus en dehors; les anthères d’un beau RE 41° Livraison. DOUCE-AMÈRE. Le fruit est une baie glabre, arrondie, de couleur rouge à l’épo- que de sa maturité. P, Les racines, les tiges et les rameaux de la douce-amère, exhalent, quand on les froisse, une odeur nauséeuse. Les feuilles, au rapport de M. Guersent, répandent aussi quelquefois celle du musc; mais toutes ces parties sèches sont entièrement inodores. Lorsqu'on les mâche, elles présentent d’abord une saveur fade et sucrée, et bien- tôt après une amertume remarquable. Toutefois ces qualités phy- siques sont si peu prononcées dans les jeunes pousses, qu’on l'es em- ploie en différentes contrées aux usages culinaires. Une matière extractive et une huile volatile sont les seuls matériaux immédiats que les procédés imparfaits de l’ancienne chimie aient constatés dans cette solanée. On y reconnaît cependant au simple goût un principe sucré ct un principe amer, dont la nature chimique n’a pas encore été dévoilée, mais que M. Guersent croit résider, le premier dans la partie ligneuse de la plante, le second dans la partie corticale des vieilles tiges. Cette plante a été libéralement décorée de qualités anodine, vomi- tive, purgative, sudorifique, diurétique, béchique, emménagogue, apéritive, etc. Floyer, ayant trouvé trente baies de douce-amère in- tactes dans l’estomac d’un chien mort après les avoir avalées, en a conclu que ces fruits étaient délétères, et tous les auteurs de ma- tière médicale sont partis de ce simple fait pour leur attribuer une qualité vénéneuse, Cependant les expériences de M. Duval prouvent évidemment l’innocuité de ces fruits, au moins pour les chiens, puisqu'il en a administré trente, quarante, soixante et jusqu'à cent cinquante en une seule dose à plusieurs de ces animaux, sans pro- duire aucun accident ni le moindre effet appréciable. Toutefois les effets immédiats de la douce-amère sur l’économie animale, décèlent s les différentes parties de cette plante une qualité vireuse, ana- logue à celle qu’on retrouve dans toutes les solanées, et susceptible de produire une excitation plus où moins vive, Des nausées, des vo- missemens , l'anxiété précordiale , des picotemens dans certaines par- ties du corps, ont été souvent: le résultat de son administration. D'autres fois elle a donné lieu au prurit des organes génitaux , à des crampes et même à des mouvemens convulsifs de la face. Dehaen à “4 DOUCE-AMÈRE. vu de délire ainsi que les convulsions, et Gouan, la paralysie de la langue, être le résultat de son action. L'influence de la douce-amère sur les fonctions nutritives se manifeste par des évacuations alvines, l'augmentation de la transpiration , une abondante sécrétion d'urine. Elle augmente en outre le produit des sécrétions muqueuses, et faci- lite aussi quelquefois l’expectoration. Cette double action sur les fonctions organiques et sur les fonctions de relation, a porté M. Guer- sent à admettre dans cette plante la coexistence d’un principe exci- tant et d’un principe vireux, qui, quoique unis ensemble, peuvent agir séparément. Mais il ne faut pas croire, ajoute cet observateur , que ces propriétés médicales soient aussi prononcées dans la douce- amère qu’elles le sont dans la belladone et autres solanées; beaucoup d'individus ne paraissent en éprouver aucun effet sensible. M. Guer- sent a pris lui-même jusqu’à une demi-once d'extrait de douce-amère, sans en éprouver la moindre influence. Quoique les effets consécutifs ou l'influence de cette solanée sur la marche des maladies soient beaucoup moins connus que ses ef- fets immédiats, elle n’en est pas moins préconisée dans une foule d’affections , soit aiguës, soit chroniques. Boerhaave et Linné en conseillent l'emploi dans la péripneumonie et dans la pleurésie. Werlhoff et Sagar ont vanté son efficacité contre la phthisie pulmo- naire, et de serviles imitateurs de la polypharmacie galénique ont fait entrer cette plante dans une foule de préparations compliquées et dégoûtantes dont les médecins routiniers ne cessent de fatiguer l’es- tomac des malheureux phthisiques. Dehaen s’est bien trouvé de son usage dans le traitement des convulsions et autres maladies spasmo- diques. Sauvages lui attribue la guérison d’une vérole constitution- nelle. Murray, d’après l’illustre Linné, parle de douleurs ostéocopes , de suppressions menstruelles , d’ictères merveilleusement guéris par l'administration de cette plante. Razoux et autres praticiens ont pré- conisé ses vertus contre l’hydropisie, les chancres, la cacochymie. Au rapport de M. Guersent, la douce-amère paraît avoir été quelque- fois utile dans certains catarrhes avec atonie et sans fièvre, et dans plusieurs cas de blennorrhagie et de leucorrhée. Les succès de cette solanée contre les rhumatismes sont attestés par un grand nombre d'auteurs: Lés faits observés par Carrère tendent même à établir, DOUCE-AMÈRE. comme sur une base inébranlable, son efficacité dans les affections de ce genre, soit aiguës; soit chroniques. Mais le judicieux Cullen , qui en a fait usage dans ces maladies, avoue que si elle a paru quel- quefois y être avantageuse, le plus souvent elle n’y a produit aucun effet. Les observations de Razoux, Carrère et Bertrand de Lagresie semblent également constater les bons effets de la douce-amère contre les dartres. M. Guersent pense même que si elle n’y réussit pas plus souvent, cela tient à ce qu’on l’emploie à trop faible dose. Cependant M. Alibert qui, mieux que personne, a pu juger sainement de l'in- fluence de cette plante sur les maladies herpétiques par l'usage mul- tiplié qu’il en a fait à l’hôpital Saint-Louis, déclare qu’il n’en a obtenu qu'un, succès médiocre. A l'extérieur, Fuller faisait de fréquentes applications topiques de la douce-amère : il en préconise l'infusion comme une sorte de spécifique contre les chutes, les contusions et les ecchymoses. Sebizius attribue aux cataplasmes qu’on en prépare, la propriété de calmer les douleurs, et de résoudre les engorgemens des mamelles. D’après une semblable masse de faits, ce serait sans doute pousser le scepticisme trop loin que de refuser à la douce- amère une action plus ou moins énergique, susceptible de produire d'heureux effets dans le traitement de plusieurs maladies; mais il faut convenir que , malgré les nombreuses autorités qu’on pourrait citer à l'appui de son efficacité, les cas dans lesquels elle’a eu des succès ne sont ni assez précis ni assez exactement déterminés pour fixer 1r- révocablement les idées sur ses propriétés médicales. On l’administre ordinairement en décoction de quinze à trente grammes (environ quatre à huit drachmes), pour un kilogramme (deux livres) d’eau réduite aux deux tiers. On fait prendre cette dose en vingt-quatre heures, soit seule, soit associée au lait ou con- veuablement édulcorée. On a rarement recours à son infusion aqueuse. Sa, décoction vineuse n’est pas d’un usage plus fréquent. L’extrait alcoolique et l'extrait aqueux qu’on eñ prépare se donnent à la dose d'un à deux grammes (dix-huit à trente-six grains ) par jour, et on peut en augmenter successivement la quantité. On pourrait égale- ment administrer la douce-amère en substance, soit en poudre, soit sous forme pilulaire, mais on en fait rarement usage. Les feuilles-et les jeunes pousses servent à faire des cataplasmes émolliens. Le suc DOUCE-AMÈRE. des semences , au rapport de Mathiole, était jadis employé à la com- position d’un fard en honneur parmi les _—— de la Toscane, pour dissiper les taches de la peau. SPLESSENHOF M , De dulcamarä, Diss. inaug. resp. oe in-4°. Heidel. TINNÉ £ (charles): De solano dulcamard, Diss. inaug. resp. Georg. dlriieiés in-4°, Upsa- liæ , 29 mai 1771. Le Le avait nos peu de temps auparavant, sur cette plante, un mémoire inséré x de la société de médecine d'Upsal; et la dissertation inaugurale se retrouve dans le huitième volume és Amaænitates academicæ de l'ilustre président. VEEN tre rm , Von den wahren heilsamen nud fast gænzlich in vergessenheit ge- kommenen Hirschkraut oder Bittersuess ; c'est-à-dire, Traité de la douce-amère, plante qui, malgré ses propriétés médicales très-réelles, est presque complètement négligée; in-8°. Bres- lau, r785. L'auteur avait déjà palss en 1779 une dissertation latine sur le même objet. Pnnaine (soseph-sarthelemi-rrançois), Traité des propriétés, usages et effets de la douce- olanum scandens , dans le traitement de plusieurs maladies, et surtout des ma- ladies dartreuses ; in-8°. Paris, 1781. Cet ouvrage , dans lequel les vertus de la ges sont trop exaltées , a 6 plusieurs fois réimprimé , ou reproduit avec un nouveau titre (1789, an wr, etc.) : il a é traduit en allemand par Molinié , avec une préface, des notes et ls pére de Jean té Starke ; in-8°. Iéna, 1786. OTT0 À ts ; ” usu rest rabat Diss. in-4°. Jenæ, 1784. et sur ses propriétés médicinales ; in-4 oz ( ie h), : ; | Paris ; Le dns 44 Buchoz suffit pour imprimer à cet ouvrage le sceau de la réprobation. : ; EXPLICATION DE LA PLANCHE. { La plante est d äeur naturelle.) sion du pollen a lieu par deux ouver- Calice , étamines et pistil. tures qui se trouvent au sornmet. istil. 4 Corolle ouvert 3. Étamine HR pour faire voir que l'émis- & (Ces quatre figures sont grassies.) . Fruits de grosseur naturelle. briquent du haut en bas dans chaque Frait coupé longitudinalement pour fire voir de quelle manière les graines s'im- 7. Le même , coupé horizontalement , dans 2. lequel on dingue deux gs Zemberl I rredo. Turpin æ, EGLANTIER. ——.. ll. Me io ion tu CL1IY. LA EGLANTIER. PNB PU 19 ETUDE xuvoso Tor; nuvopooS'ov; #uvorBaros, Hippocrale; zuv: rBaror, Dios- id À corides. ; ROSA SYLVESTRIS VULGARIS, flore odorato, incarnato; Bauhin , TivaË, lib. r2, sect. 4. Tournefort, elas. 21 , arbres rosacés. AAbisiool so & ROSA canrwA ; germinibus ovatis pedunculisque glabris, caule petiolis- | leatis : Linné. clas, 12, à {ri l ie. Jussieu “ 1 » ? LA LE & J | _ord, 10, rosaceées. PNR. 1: 505 5: 7 ROVO CANINO ; ROSA GANINA; CINOSBATO. Espagnol... .,.. ESCARAMUIO 5 AGABANZA ; ROSAL PERRUNO ; GAVANCO. Français... ...... KGLANTIER ; ROSIER DES RAIES ; ROSIER SAUVAGE. D DOG-ROSE; WILD BRIAR ; EP-TREE Allemand, .. ..... HUNDSROSE; WILDE ROSE; HAGEBUTTEN. Hollandais. . ..... EGLANTIER ; HONDS-ROOZEN ; WILDE ROOZEROOW. Dis TU. NIUPON. LE rosier dont il est ici question ne doit pas être confondu avec le rosa eglanteria de Linné , auquel , dans plusieurs contrées ;.on donne également le nom vulgaire d'églantier ; mais ses fleurs sont d’un jaune vif ou d’un rouge orangé; ses feuilles, froissées répandent une odeur forte et pénétrante, approchant de celle d’une pomme de feinette, tandis qu’elles sont inodores dans celui-ci ; il se distingue encore par ses fruits ovales et non globuleux, par ses fleurs d’un blanc tirant sur le rose. ; : Ses tiges sont hautes de quatre à cinq pieds, glabres, diffuses très-rameuses ; les rameaux élancés, armés d’aiguillons épars, com- primés, crochus au sommet, élargis à leur base. Les feuilles, composées de cinq à sept folioles, glabres, ovales, dentées en scie, d’une grandeur médiocre, presque point glandu- leuses; les pétioles un peu pubescens, à peine épineux. Les fleurs sont solitaires, axillaires, soutenues par des. pédon- cules plus courts que les feuilles. Le calice ovale-oblong , presque glabre ; trois divisions du limbe à demi-pinnatifides , les deux autres simples , entières, plus courtes. | 4e Livraison, ÉGLANTIER. La Corolle est composée de cinq pétales en cœur, échancrés à leur sommet , d'un rose tendre ou presque blancs; les étamines nom- breuses insérées sur le calice; les pistils courts et distincts. Le fruit est ovale, d’un rouge vif, formé par le tube du calice ren- flé et charnu , contenant plusieurs semences osseuses , hérissées et blanchätres. Ce rosier se rencontre fréquemment dans les buissons et les haies des contrées teprentrionaies de l’Europe. P.) Les fleurs de léglantier sont douées d’une odeur agréable, du genre de celle de la rose, quoique plus faible, et d’une saveur légèrement astringente. Les fruits parvenus à leur maturité, sont d’un beau rouge de corail, offrent un parenchyme pulpeux, sucré » légèrement acide, et impriment, lorsqu'on les mâche, une coléés jaune à la mie. La chimie n’a point encore fait connaître les matériaux immédiats de cet arbrisseau. Toutefois l'impression plus où moins âpre et aus- tère, que presque toutes ses parties déterminent sur l'organe du goût, suffit pour y constater la présence d’un principe astringent qui se retrouve en plus où moins grande abondance däns la nombreuse fa- mille des rosacées. Quelque faibles que soient les qualités physiques de l’églantier , il a été fastueusement décoré de plusieurs propriétés médicales, et quelquefois même de vertus tout à fait merveilleuses. C’est ainsi qu'on à gratuitement attribué à sa raciné la propriété de guérir la rage. Ses fleurs ont joui de beaucoup de réputation contre les mala- dies des yeux. On a particulièrement recommandé ses fruits comme laxatifs , diurétiques , apéritifs, astringéns , etc. Plusieurs auteurs ont gnéonisé leurs bons effets contre la diarrhée, la dysenterie et autres flux chroniques. On a également vanté avec exagération leur effica- cacité rage Phydropisie, la néphrite et les calculs urinaires; mais, r; loin de reposer sur des faits précis, toutes ces asser- tions ne se fondent, suivant la er a M. Chaumeton , que sur de ridicules signatures. Si les baies d’églantier, impropréméent Vignes dans les pharma- copées sous le nom de cyroshatos, de’ vos, chien, et Garoç, buis- son; peuvent exciter la sécrétion urinaire, à raison dé principe acide ÉGLANTIER. qu’elles renferment; ne sait-on pas que cet effet est subordonné d’une part à la quantité de liquide qui sert de véhicule à ce faible médi- cament ; et d’une autre part aux conditions particulières dans les- quelles se trouve le malade? L'action qu’on leur à supposée dans les maladies calculeuses , peut-elle être raisonnablement séparée de l’ef- fet diurétique? et leur influence dans ce cas, ainsi que la vertu de tous les prétendus lithontriptiques, est-elle autre chose que la fa- culté d'amener dans l'appareil urinaire une plus grande quantité du liquide dissolvant naturel des calculs? A l'égard des diarrhées et des dysenteries , lorsque ces maladies sont aiguës, la matière médicale nous offre un grand nombre de substances beaucoup plus propres à leur opposer; et, lorsqu'elles sont chroniques, les essais multipliés - et presque toujours infructueux que j'ai eu occasion de faire de ce médicament dans les hôpitaux militaires, où ces redoutables phleg- masies règnent sans cesse, m'ont pleinement convaincu de son eff- cacité. Le judicieux Cullen avoue même que, malgré ses efforts, il n'a trouvé dans ces fruits aucune qualité qui puisse les rendre re- commandables, soit comme aliment, soit comme médicament. Il ne faut guère ajouter plus de confiance, dit M. Chaumeton, aux «éloges prodigués par l'ignorance et la crédulité au bédégar ou bédèguar. C’est une excroissance spongieuse, de couleur verte-rougeâtre, de forme variable , mais approchant pour l'ordinaire de celle d’un œuf, dont elle a quelquefois la grosseur. Elle naît et se développe sur dif- férentes parties de l’églantier, telles que le fruit, la tige, la feuille et son pétiole, par la piqüre d'un insecte parasite, cyrips rosæ , L., qui procure ainsi une habitation à ses œufs et aux larves, lesquelles vivent jusqu’à l’époque de leur métamorphose dans ces protubé- rances fongueuses. » Les fruits de l'églantier (cynosbates) sont les seules parties de ce végétal dont on fasse usage. Leur pulpe acidule , associée au sucre, forme la conserve de cynorrhodon , médicament agréable et légère- ment nourrissant qu'on peut employer avec avantage à la dose de trente ou soixante grammes (une à deux onces ) pour satisfaire l’es- prit de certains malades tourmentés du besoin de prendre des dro- gues. On en prépare aussi un sirop qui peut être administré à la même dose. ÉGLANTIER.. Malgré leur saveur agréable, ces fruits sont peu estimés à cause des poils dont sont entourées leurs semences. Ces poils produisent une ‘impression très-désagréable sur les différentes parties de la bouche; ils s’attachent même aux lèvres, à la peau, etc., et y causent, ainsi que lobserve le professeur Pinel, un prurit insupportable, ce qui leur a fait donner le nom de grate-cu. Toutefois, en associant ces baies au sucre, à différens aromates ou autres substances , les confi- seurs en préparent des liqueurs et des confitures d'un excellent goût. saGeponx (shrenfried), Cynosbatologia ad normam Academiæ naturæ curiosorum ador- ; in-8°, Zenæ 81. LA Cette ra n’est pas moins rebutante par la prolixité que par la fausseté des raison- nemens, l’absurdité des préceptes , et l’étalage de l’érudition la plus indigeste. EXPLICATION DE LA PLANCHE. 3 Ie \ naturelle.) 1. Calice ouvert, dans lequel on distingue 2. Fruit entier. , les pistils et les étamines. 3. Graine isolée. HE Panchoucke . CLV. ELLÉBORE NOIR. OR... RS du a. LERAS , one Dioscor ze lore roseo ; Bauhin, Tuva£ , Nb. 5, sect. 4. HELLEBORUS NIGER , » engins foliis ; RÉ A : clas. 6, rosacées, POUR... BELLEBORUS NIGER ; scapo subbifloro, subnudo, foliis pedatis ; Linné, clas. 13, press bled Jussieu, clas. 13, ord. r, renoncu. lacées. DR. 00 ELLEBORO NERO. Espagnol. ....... ELEBORO NEGRO; YERBA DE BALESTERO. Francais... ...., ELLÉBORE NOIR ; HELLÉBORE NOIR ; ROSE DE NOEL. LUI RTE LACK ELLEBORE ; CHRISTMAS-ROSE A +... +. - + SCHWARZE NIESWURZ ; CHRISTWURZ. Hollandais. ... .... nIESRRUID; MAANKRUID; HERSSENKRUID. LE nom d’ellébore noir donné à cette plante par les modernes l'a fait prendre pendant long-temps pour l’ellébore des anciens qui por- . tait chez eux le même nom : nous devons à Tournefort la connais- sance de cette dernière espèce, très-commune sur le mont Olÿmpe, à Anticyre et le long des bords de la mer, tandis que celle dont il est ici question, croît sur les montagnes Alpines aux lieux pier- reux, dans l'Autriche et: sur les monts Apennins. Son caractère es- patiel est facile à reconnaître. Il consiste dans un grand calice à cinq folioles pétaliformes; cinq pétales tubulés , très-courts ; rétrécis à leur base! ; un grand nombre d’étamines attachées sur le sébepriétes plu- sieurs ovaires supérieurs surmontés d’un style subulé, arqué; les stigmates om plusieurs capsules ovales-oblongues, comprimées , mucronées , à une seule loge polysperme. Ses racines forment une grosse souche noirâtre , d’où partent des fibres épaisses, charnues, souvent chargées d’un duvet brun : elles produisent des hampes droites, longues de quatre à cinq pouces, nues, épaisses, cylindriques, simples ou bifurquées à leur sommet ; à une ou deux fleurs terminales. : Le calice est une corolle dans Linné, et les pétales des nectaires. 3, ârt Livraison. ELLÉBORE NOIR. Les feuilles naissent peu après : elles sont toutes radicales, pé- tiolées, amples, glabres, coriaces, d’un vert foncé, divisées en sept ou huit lobes pédicellés , allongés-lancéolés, aigus, dentés en scie. Les fleurs sont blanches, souvent lavées de rose, très-ouvertes, d'environ deux pouces de diamètre; les folioles du calice ovales, ob- tuses ; les pétales tubulés, deux fois plus courts que le calice, termi- nés à leur bord extérieur par une languette spatulée, obtuse : les étamines un peu plus longues que la corolle; les pistils au nombre ; de cinq à six. Le fruit consiste en cinq ou six capsules comprimées, ovales, mu- cronées latéralement à leur sommet, arquées à un de leurs bords, s’ouvrant en deux valves. | C'est à l’helleborus orientals, Lin., qu’il faut rapporter cet ellé- bore noir, si renommé chez les anciens, et dont M. Desfontaines nous a donné une très-bonne description d’après l’herbier, les notes et le dessin de Tournefort qui l'avait observé dans son pays natal. Il croit encore en France plusieurs autres espèces d’ellébore, telles que 1° l’helleborus fœtidus , vulg. le pied de griffon , assez commun aux lieux stériles et pierreux; 2° l’helleborus viridis, que j'ai re- cueilli dans la forêt de Villers -Coterets ; 3° l’Aeleborus hiemalis, qu'on trouve dans les Alpes, à fleurs jaunes, solitaires, et que l’on cultive comme plante d'ornement, etc. : En citant les effets obtenus de l’ellébore, ‘en les associant et en les comparant aux propriétés que les anciens lui attribuaient , n'est-il pas à craindre que l’on ait confondu notre el/éhore noir avec celui des anciens , l'Aelleborus orientalis , dont les propriétés peuvent être très-différentes ? Ce dernier est rare dans les herbiers : je ne le crois cultivé dans aucun des jardins de l'Europe. P: Il est rare que la médecine fasse usage des feuilles de cet ellébore. Sa racine est presque uniquement employée. Dans l'état frais elle est d’un brun pâle à l'extérieur, et blanche intérieurement. Il s’en exhale une odeur nauséeuse. Sa saveur amère, un peu âcre, persis- tante, semble agir particulièrement sur la pointe et le milieu de la langue; lorsqu'on la mâche, elle détermine sur cet organe un senti- ment de stupeur. En vieillissant dans les boutiques et par la dessicca- tion, elle devient rugueuse, cassante, d’un brun noirâtre , et perd TETE MISES STE LEE A € PTE TENTE = à à ELLÉBORE NOIR: avec ses qualités physiques , une grande partie de ses propriétés mé- dicales. Lewis et Neumann en ont retiré un extrait gommeux et un extrail résineux. Elle paraît recéler en outre un principe volatil qui mériterait de fixer l'attention des chimistes modernes. Ce principe âcre, auquel Murray attribue presque toute l'énergie de lellébore, passe dans l’eau distillée, et l’on peut ainsi en priver cette racine par plusieurs ébullitions successives. D’après les expériences de M. Orfila, c'est dans la partie soluble dans l’eau que résident les propriétés vé- néneuses de l’ellébore. Aucune plante, peut-être, n’a joui de plus de réputation; de temps immémorial , elle a été célébrée comme le remède par excel- lence contre les lésions de l’entendement. C’est probablement à l’el- lébore qui croissait en abondance dans les îles Anticyres, plutôt qu’à la prétendue guérison d’Hercule devenu furieux, opérée par un ba- bitant de cette contrée, que ces îles dûrent leur antique célébrité pour la guérison de la folie. Navigare Anticyras est le précepte que lon donnait parmi les Grecs à ceux qui avaient perdu la raison. L'ellébore n’était pas moins estimé des anciens par ses propriétés vo- mitive et purgative, et l’on voit à chaque instant dans les ouvrages . CHippocrate combien ce grand homme y avait fréquemment recours. Toutefois les soins, les attentions minutieuses et les pratiques variées que les anciens faisaient concourir avec administration de ce médi- cament , semblent annoncer qu’ils comptaient beaucoup moins sur l’action directe de l’ellébore que sur les effets combinés de cette mul- titude de moyens accessoires plus ou moins énergiques, et peut-être mal-à-propos négligés de nos jours, qui constituaient l’elléborisme. Il ne faut pas perdre de vue que les données qui nous ont été transmises par les anciens, et les faits qui ont été recueillis par les . modernes sur les effets de l’ellébore noir, appartiennent souvent à l'ellébore blanc , et quelquefois même à plusieurs autres plantes avec lesquelles il a été confondu. Quoiïque les auteurs de matière médi- cale s'accordent à lui accorder des propriétés vomitive, purgative, diurétique , emménagogue, sternutatoire, altérante , anthelmintique, apéritive, antiphtisique, etc. ; il faut se rappeler que la manière d'a- gir de cette plante héroïque varie selon son ancienneté, selon les lieux où elle a pris naissance, et selon les préparations qu'on lui ELLÉBORE NOIR. a fait subir. Récente, elle est âcre, vénéneuse, et produit la rubé- faction et la vésication de la peau : modérément desséchée, elle fait vomir, elle purge, elle détermine l’éternuement , elle excite la sécrétion des urines, elle provoque l'écoulement menstruel, celui des hémorrhoïdes, et augmente en un mot la contractibilité insen- sible de nos organes : mais après avoir été entièrement desséchée, elle conserve à peine une légère vertu purgative. C’est faute d’avoir donné à ces différentes circonstances l'attention convenable, que les observateurs ont tant varié d'opinion sur la manière d'agir de l’el- lébore, et que les résultats de son administration ont été si sou- vent contradictoires. Ainsi administrée dans des cas analogues, avec des conditions semblables et à la même dose, tantôt cette ra- cine redoutable n’a produit aucun effet sensible, et d’autres fois elle a donné lieu aux accidens les plus graves, et a mème occa- sioné la mort’. La superpurgation, des tranchées, l'anxiété, la syncope, un sentiment de strangulation, une vive chaleur d’en- trailles , le refroidissement des extrémités, la rigidité des membres, des convulsions : tels sont les accidens qu’a produits, dans beau- coup de cas, la racine d’ellébore noir. L’illustre Morgagni a trouvé en outre l’estomac et les intestins fortement enflammés chez des su- - jets qui avaient succombé à l’action de ce redoutable médicament. Une manière d’agir aussi irrégulière et aussi violente a dû rendre extrêmement circonspect sur son emploi. Aussi, quoique des mains habiles puissent dans quelques cas en retirer de grands avantages, son usage médical est tombé en désuétude, et abandonné à l'art vé- térinaire qui en fait un emploi fréquent, soit à l’intérieur, soit à l'extérieur, dans le traitement des animaux. - Ce n’est pas qu’on manque d’autorités en faveur de l’efficacité de lellébore noir contre un grand nombre de maladies. Ainsi on a vanté ses bons. effets dans les fièvres intermittentes, contre les rhuma- tismes et la goutte. Les anciens ont spontanément préconisé ses ver- tus contre les dartres, la lèpre et l’éléphantiasis, et exagéré ses suc- cès contre les névroses les plus rebelles, telles que la paralysie, * C’est dans Se Does léthifère que la plupart des SU. trouvent l’origine du mo > dew, tuer, et Boo, aliment, fourrage ni ne À ELLÉBORE NOIR. l'épilépsie. Sans remonter à la guérison fabuleuse de la folie des Præ- tides, opérée par Mélampe au moyen de l’ellébore, les succès que Brassavole et Pechlin en ont obtenus dans la manie, Lorry et Vo- gel dans la mélancolie, les éloges que divers auteurs lui ont pro- digués dans le traitement de la démonomanie, de l’hypocondrie et autres vésanies , semblent justifier la haute opinion que de temps im- mémorial on à eue des vertus de cette plante contre l’aliénation; ce- pendant , loin d’en obtenir les mêmes avantages, Hartmann en a em- - ployé l'extrait à haute dose dans la manie, sans aucun succès. Cet ellébore a été également recommandé dans l’'aménorrhée. Au rap- port de Mead, il n’y a même pas de moyen plus certain pour rame- ner l'écoulement menstruel. Juncker et Schulzius lui donnent les mêmes éloges pour provoquer les hémorrhoïdes. A raison de sa vertu _ diurétique , plusieurs praticiens se louent de son emploi dans l’hydro- pisie. C’est même à cette racine que les fameuses pilules de Bacher doivent la grande réputation dont elles ont joui contre cette mala- die. Si ce violent drastique a pu quelquefois favoriser la résorption de la sérosité épanchée dans des cas d’hydropisie essentielle du tissu cellulaire où du péritoine, quel effet doit-on en espérer dans celles qui sont le résultat de l’inflammation des membranes séreuses, ou qui tiennent à l’existence de quelque lésion organique? La même réflexion s’applique directement aux autres maladies dans lesquelles ellébore a été préconisé. Ainsi on se gardera bien par exemple de lemployer comme vomitif ou diurétique, chez des sujets pléthori- ques ou très-irritables. Dans les cas où l’aménorrhée tient à une con- Centration vicieuse des forces sur l’utérus , ne doit-on pas également se garder, sous peine des accidens les plus graves, d’un semblable médicament qui peut tout au plus agir comme emménagogue dans les cas d’atonie et de relâchement ? Il n’y a pas de doute que la Puissance drastique de lellébore ne soit utile dans quelques cas pour faire cesser l’état de torpeur et d’atonie qui frappe ordinairement le Canal intestinal chez les hypocondriaques et les mélancoliques ; mais lorsque ces vésanies et autres névroses sont accompagnées d’une vive sensibilité de l'estomac ou de l’état inflammatoire de quelque viscère de l'abdomen, ne doit-on pas s’en abstenir avec le plus grand soin ? ELLÉBORE NOIR. Soit par ignorance, soit par cupidité, la racine de l’ellébore noir est souvent confondue et presque toujours mêlée avec plusieurs autres racines qui lui sont ainsi substituées dans les prescriptions, à l'insu du médecin. Telles sont celles de l’Elleborus fœtidus , de l'Ellebo- rus viridis, de Ÿ Adonis vernalis, de Y Apennina, du Trollius euro- pæus , del Actea spicata, de V_Astrantia major, et de V_Aconitum na- pellus. Cette sophistication est encore une des causes de la différence des résultats obtenus sur l’action de l’ellébore noir et de l’extrême diversité qui règne dans la détermination des doses auxquelles il con- vient de l’administrer. En substance, cette racine a été donnée soit en poudre, soit sous forme pilulaire, à cinq, dix, treize décigrammes (dix, vingt, vingt- quatre grains); Scopoli en a même porté la dose jusqu’à quarante grains ( deux grammes ). Selon Peyrilhe, on peut l’administrer comme purgatif, de treize à vingt-cinq décigrammes ( un à deux scrupules) en substance, et de quatre à huit grammes (un à deux gros ) en in- fusion. On l’emploie plus souvent sous forme d'extrait depuis huit décigrammes (quinze grains) jusqu’à quatre grammes (un gros) et plus. Au rapport de Bisset, les feuilles de cet elléhore en infusion, à la dose de quatre grammes (un gros), si elles sont fraîches, et de huit à treize décigrammes (quinze à vingt-quatre grains ), dans l'état sec, sont un excellent fébrifuge pour les enfans, lorsqu’on en fait usage pendant plusieurs jours de suite. Cette racine entre dans la composition de la teinture d’ellébore composée, de la teinture de mé- lampe de la Pharmacopée de Londres, de la teinture martiale ellé- borée de la Pharmacopée de Whois Elle fait également partie de l'extrait panchymagogue de Crollius, des pilules polychrestes de Becker , des pilules toniques de Bacher, vantées contre l'hydropisie, et de plusieurs autres préparations .galéniques justement enfouies dans la poussière des pharmacies d’où elles n'auraient jamais dû sortir. ELLÉBORE NOIR. ; |coprowcer (saptiste), De elleboro commentarius commentaire termine l'ouvrage de Codrendé intitulé : De rabie, etc. , —— Franc- fort, _. ), Essentia hellebori extracta ; in-89, Coloniæ, 1616. Le ri FAN On rediviva, secundo ste , sive rectificata et aucta in gratiam noyorum hujus ET et sæculi medicorum , non minüs fâceta quäm necessaria; in-8°, Coloniæ grip L 0 (deu) , Helleborus niger medicè delineatus, Diss. inaug. præs. Georg. Balth. Metzger °. Tubingæ , 1684. . ScaULZE ( sean-menri), De denis veterum , Diss. in-4°. Haleæ 17. On retrouve cette thèse érudite dans le Fas ouai ds du savant auteur. worzes (zuc), De helleboro nigro, Diss. inaug. resp. Schobinger ; .. mea 17 _ sacmov (cottlob-charles ), de oro nigro , Diss. in-4°, Altdorfii, x Er (andré-élie), De salutari et noxio 7. nigri ejusque Fo usu, Diss, inaug. resp. J. 4. C. Stegmann ; in-40. Hole, 1751. LINKE Cul hs. ); De . mA et ho viridis usu medico, Diss. inaug. præs. Phil. Adolph. Bæhmer; in-4°. Hale, | — Epistola de hellebori oh. in fluore all o venereo usu medico , in-4°. Servestæ, 1775. _ HARTMANN (rierre-emmanuel), Vértus hcllbors ee haie Li nd Diss. inaug. _ resp. Chr. _— Franz ; is. Fra ancofurti ad F EMANN EXPLICATION. DE LA PLANCHE. (La plant édui deux tiers de sa grandeur naturelle.) 1. Pétale tubuleux et bilabié. 2. Pistils au nombre de six, à la base desquels on a laissé une étamine. L es [zù ep « & ELILÉBORE BLANC . CRT 4 Aer EE, UTC M ST ÉRE ICTE TR 7e SON A TT Es à . . ; “ rs FA Li aiguës, munies de nervures nombreuses et parallèles; rétrécies à leur base en une gaine allongée qui embrasse la tige. CLVI. ELLÉBORE BLANC. a Grec... .. .. ... . exxeBapos xeunoe, k HELLEBORUS ALBUS, FLORE SUBVIRIDI ; Bauhin , TsrzË, lib. 5 , sect. 4. Latin VERATRUM FLORE SUBVIRIDI ; Tournefort, clas. 6 , rosacées VERATRUM ALBUM; acemo supradécomposito, corollis erectis ; Linné, clas. 23, polygamie monœcie. Jussieu , clas. 3 , ord. 3 , joncs. LL ELLEBORO BIANCO. Espagnol. . ...... ÆLEBORO BLANCO; VEDÉGAMBRE BLANCO. peint. :: :. avééoons-s ; ÉBORE BLANC; VARAIRE. LL LT WHITE HELLEBORE. Allemand, ...... WEISSE NIESWURZ. Hollandais. . .. ... wir NIESKRUID. QuerQuES auteurs ont cru reconnaître dans cette plante l'ellébore blanc de Théophraste et des anciens; mais ce que ces derniers en ont dit est insuffisant pour donner à cette opinion aucun degré de probabilité; cette plante, d’ailleurs, ne ressemble en rien à l’ellébore, ni dans sa forme, ni dans les caractères de ses fleurs :-elle ne s’y rap- Porte que par les propriétés qui lui ont été attribuées par les anciens médecins, qui l'ont désignée sous un nom si peu convenable. Elle croît dans les pâturages des montagnes de nos départemens méri- dionaux , dans le Dauphiné, la Savoie, le Piémont, ete. ; elle offre Pour caractère essentiel : une corolle à six divisions égales, point de calice, six étamines , trois ovaires distincts qui avortent dans plu- ‘sieurs fleurs, terminés par des styles très-courts; trois capsules bi- valves, à plusieurs semences membraneuses. Ses racines sont épaisses , un peu charnues, composées d’un grand nombre de fibres blanches, réunies en touffes. Ses tiges sont droites, simples, cylindriques , hautes de trois à quatre pieds. Les feuilles sont alternes, fort grandes , ovales-lancéolées, glabres, « Les fleurs sont disposées en une ample panicule terminale, accom- ré 4i® Livraison. | ELLÉBORE BLANC. | pagnées de bractées membraneuses, lancéolées; d’autres plus pe- tites, un peu concaves à la base de chaque pédicelle. : La corolle est d’un blanc verdâtre, à six découpures profondes, ovales, médiocrement étalées : les étamines un peu plus longues de la corolle. Le fruit consiste en trois capsules droites, allongées, un peu acu- miñées, légèrement comprimées, s’ouvrant à leur bord intérieur presque en deux valves, contenant un grand nombre de semences presque imbriquées, membraneuses, attachées par un court pédi- celle le long de la suture intérieure. (P.) La racine de l'ellébore blanc se présente dans les officines en frag- mens épais, de la longueur d’un pouce, rugueux, irréguliers et de consistance ligneuse; sa couleur cendrée à l’extérieur, blan- châtre intérieurement , est grisâtre au centre. Elle est inodore dans l’état sec, et dans l’état frais elle exhale une odeur nauséeuse. Sa sa- veur amère, très-âcre , agit spécialement sur les lèvres. Lorsqu'on la mâche, elle excite la salivation et détermine une impression brû- lante qui reste long-temps dans l’arrière-bouche. De même que la ra- cine de l'ellébore noir, elle renferme une matière extractive soluble dans l’eau , une matière résineuse qui se “mont dans Palcool, et un principe volatil non déterminé. A l'exemple de presque toutes les colchicacées , les différentes par- ties de cette plante sont douées de propriétés médicales très - éner- giques : elles sont même vénéneuses pour la plupart des animaux. Ses semences tuent les poules et la plupart des oiseaux debasse-cour; ses feuilles sont funestes aux oies ; les jeunes pousses que les trou- peaux broutent quelquefois au printemps dans les pâturages, font périr les brebis et purgent violemment les chevaux, quoiqu’elles ne soient point nuisibles aux mulets. La racine dont nous devons nous occuper spécialement comme la seule partie employée en médecine, la racine, dis-je, est tellement vireuse qu’elle a empoisonné les chiens, les chats et les lapins sur les plaies desquels on en avait appliqué l'extrait. Mathiole rapporte que la plupart des animaux meurent des moindres blessures faites avec des instrumens imprégnés du suc de cette racine; les anciens Espagnols paraissent même s’en être servis pour empoisonner les flèches destinées à la chasse des bêtes ELLÉBORE BLANC. sauvages. Un grand nombre de faits observés par Conrad Gessner, Bergius, Etmuller, Benivenius, attestent les effets délétères de la ra- cine de l’ellébore blanc dans l'espèce humaine. Des vomissemens, des vertiges , des défaillances, le tremblement, l’aphonie , le hocquet, la suspension de la respiration, la distorsion des yeux, des convul- siôns , une sorte de strangulation sont les phénomènes les plus or- dinaires de l’empoisonnement qu'elle produit. Dans beaucoup de cas elle a donné la mort, en laissant des traces d’inflammation et même des points gangréneux sur l'estomac et les intestins, et les poumons gorgés d’une grande quantité de sang noir. L’âcreté de cette racine vireuse est telle que, pour avoir simplement goûté de son infusion . aqueuse , Bergius éprouva une impression brûlante au cardia, et une Oppression de poitrine qui, ayant disparu par l’ingestion d’une cuil- erée de vinaigre, furent suivies de douleurs lancinantes au bas- ventre. Malgré l'extrême énergie et l’action redoutable de cette racine, plusieurs faits observés par les anciens et confirmés par les modernes, altestent qu'administrée à propos dans des conditions convenables et à petite dose, elle a, comme tous les poisons, produit quelque- fois de bons effets. On lui reconnaît aussi des propriétés vomitive, drastique, diurétique , anthelmintique, sternutatoire, apéritive, très- manifestes : toutefois, à cause des accidens qu’elle peut produire, On y à rarement recours, surtout depuis que les progrès de l’histoire naturelle et de la chimie ont fait connaître aux médecins des sub- stances susceptibles d'opérer les mêmes médications sans exposer les malades aux mêmes dangers. Les anciens n’ignoraient pas que la racine d’ellébore blanc agit tantôt comme évacuant, tantôt comme stimulant, et quelquefois Comme caustique. Ils connaissaient les accidens soit nerveux, soil inflammatoires qu’elle est susceptible de produire. Aussi ils ne l’em- ployaient que dans les maladies chroniques les plus rebelles. Ils en Proscrivaient l'usage chez les sujets faibles, chez les phtisiques, chez les enfans, les femmes et les vieillards. Ils ne l'administraient qu’à des individus robustes et après y avoir disposé les malades par un ré- gime approprié et par des médications préliminaires ; ils choisissaient un temps favorable pour son administration, et modifiaient diverse- ELLÉBORE BLANC. ment l’action de ce médicament héroïque par le concours des moyens variés et puissans de l’elléborisme. A l’exemple des anciens , les mé- decins modernes ont fait servir l’action purgative de l'ellébore blanc au traitement des vésanies et de plusieurs autres névroses. Etmuller, Mayerne, Heurnius, Lorry en ont fait usage dans la démonomanie, la mélancolie et la manie. On l’a également employé contre l’épilep- sie, et même en Angleterre contre la rage. Ce médicament pont avoir été quelquefois utile contre les névroses, d’autres fois il n° y a été d'aucun avantage, et, dans certains cas, l en est résulté des inflammations soit générales soit locales, qui ont obligé d’en sus- . pendre l'emploi ou d’y renoncer. Les évacuations véhémentes que la racine de cet ellébore produit ont favorisé dans quelques cas la gué- rison de l’hydropisie; mais, ainsi que l’observe Murray d’après Gme- lin, la violence de son action a donné la mort à plusieurs hydropi- ques. En Russie elle a été administrée contre les vers lombricoïdes et les tænias. L’illustre Conrad Gessner donne les plus grands éloges à son action altérante et apéritive, il lui attribue la propriété de fa- ciliter l’exercice de toutes les fonctions , et d'activer jusqu'aux opé- rations de l'esprit; mais il ne Pemployait qu’à très-petite dose , et, _ sous ce rapport , elle a pu être utile dans quelques dartres rebelles, dans la teigne , la lèpre et l’éléphantiasis. On l’a également vantée dans la vérole constitutionnelle. A l'extérieur, les Américains em- ploient avec succès sa décoction en lotions pour guérir la gale, et en tout temps on en a fait des applications contre les poux. En substance, cette racme peut être administrée de deux à trois décigrammes (quatre à six grains). En décoction, on ne doit pas l’em- ployer à plus de six décigrammes (douze grains) pour une dose; mais on peut ensuite en augmenter successivement la quantité avec pru- dence. On en prépare le miel et loxymel d’ellébore. Elle est la base de la teinture elléborée de la Pharmacopée de Londres , et entre dans la composition des pilules polychrestes de srl , et de l’onguent antiphtiriaque. — “Epistola secunda de vis » in qué confirmantur ea quæ in pri llata fi ELLÉBORE BLANC. CASTELLI (rierre), Spies ad Jonas no. 9 et Ætium Cletum condiscipulos suos , in qué agitur nomine helle tores intelligendum album , tüm apud Hippocratem , ios auc- à hoc prpéihé À à Smile Preti _ Argivorum — filias, atque ab onu sanatum Herculem insanientem; in-4°. Romæ, 1622; Ibid. 1628. Juerunt; in-4°. ces deux lettres, dt le savant naturaliste Du-Petit-Thouars, Castelli déploie beau- coup d'érudition et une grande connaissance des auteurs grecs, pour prouver que toutes les fois qu'il est parlé de l’ellébore dans les écrits d'Hippocrate et des autres médecins de l’anti- quité, ce n’est pas de l’ellébore noir qu’il s'agit, mais du blanc, veratrum album, L. Le sen- timent de Castelli prévalut sur l'opinion contraire, U. était auparavant généralement adop- tée, et vivement défendue e par le docteur Jean Manelf : Disceptatio de helleboro ; in-8°, Rome , 162 1. Toutefois, sans adopter l'opinion a ce dernier , je regarde celle de Castelli comme également fausse , et je rapporte avec MM. Lamarck, Pelletan, Poiret, l’ellébore des anciens à l’ellébore oriental recueilli re Fiminortel Tournefort sur le mont Olympe et dans les îles Anticyres EXPLICATION DE LA PLANCHE. (La plante est de grandeur naturelle.) 1. Racine réduite à moitié. 4. Fruit de rs naturelle. 2. Fleur entière. 5. Graine isolée Trengrre &r. à Faiberl LE CPE EUPAXTOIRE , Ë 4 1 ; f: i ARE ITA) PT Æ CLVII. à EUPATOIRE. EUPATORIUM CANNABINUM, Bauhin , HuvæË , lib. 8 , sect. 5, Tournefort , Latin... : clas. 12 , flosculeuses. ; foliis digitatis ; Linné, clas. 19, syngénésie { polygamie égale. Jussieu, clas. 10, ord, 3, corymbifères. Italien. . . ; UPATORIO. Rain. EUPATORIO, UN... .... EUPATOIRE; EUPATOIRE COMMUN; EUPATOIRE A FEUILLES DE CHANVRE; EUPATOIRE D'AVICENNE ; EUPATOIRE DE MESUÉ. Anglais, . . . ; Se « + +. HEMP-AGRIM ‘ EL... , . WASSERHANF ; WASSERDOST ; KUNIGUNDENKRAUT. Hollandais... .,.. KONINGrNNE-KRUID; BOELKENS-KRUID. Hs hs: pot Para les plantes qui embellissent le bord des eaux tranquilles, s'élève l’eupatoire à feuilles de chanvre, vulgairement connu sous le nom d’eupatoire de Mesué, facile à distinguer par la hauteur de ses tiges, par ses belles fleurs nuancées de pourpre, de blanc et de rouge, réunies en un'corymbe ample et touffu. Ces fleurs sont à fleu- rons, toutes hermaphrodites, réunies en petit nombre dans un calice oblong, cylindrique, imbriqué : cinq étamines syngénèses; un style très-saillant, profondément bifurqué : le réceptacle nu, les semences surmontées de poils capillaires simples ou plumeux : tels sont les attributs qui caractérisent le genre des eupatoires : très-nombreux en espèces, mais dont celle qui nous occupe ici est la seule connue en Europe. Ses racines sont obliques, un peu épaisses , garnies de fibres blan- châtres : elles produisent une tige droite, haute de trois ou quatre pieds et plus, un peu velue, d’une teinte rougeâtre, pleine de moelle, un peu rameuse : les rameaux opposés et axillaires. Les feuilles sont médiocrement pétiolées, opposées, divisées en en trois lobes lancéolés, longs de trois à quatre pouces, dentés à 42e Livraison. EUPATOIRE. leurs bords, d'un vert cendré, un peu pubescens en dessous; quel- quefois les feuilles supérieures sont simples. Les fleurs sont nombreuses, disposées en corymbes à l'extrémité des rameaux et des tiges : leur calice composé d’écailles oblongues, obtuses, imbriquées, un peu colorées à leur sommet; chaque calice ne renferme ordinairement que cinq fleurons tubulés, à cinq lobes, peu saillans hors du calice : les semences surmontées d’une aigrette sessile, pileuse. ee que l’observe M. Guersent, «les racines et les ae d eupa- toire d’Avicenne répandent, lorsqu'on les coupe ou qu’on les écrase dans l’état frais, une odeur qui se rapproche de celle de quelques ombellifères, et particulièrement de l'odeur du panais sauvage. Toutes les parties de cette plante, les racines surtout , ont une saveur amère, aromatique et piquante, un peu analogue à celle du poivre d’eau, polygonum hydropiper. L’amertume domine principalement dans les feuilles : les fleurs sont à peu près dépourvues de proprié- tés. » À l’exemple de toutes les corymbifères, cette plante renferme une petite quantité de résine qui s’y trouve unie à un mucilage âcre, amer , très-abondant , dissoluble dans l’eau bouillante, tandis que la partie résineuse est soluble dans l'alcool. M. Boudet, à qui Pon doit la séparation de ces deux principes, a reconnu, par une analyse exacte, que l’eupatoire renfermait en outre beaucoup de fécule ami- lacée, une matière de nature animale, de l’huile volatile qu’on ob- tient par la distillation, et plusieurs sels. Gesner, voulant expérimenter sur lui-même les effets de la racine d’eupatoire , la fit infuser dans le vin, et, après avoir bu une certaine quantité de cette infusion, il éprouva des vomissemens et d’abon- dantes évacuations par les selles et par les urines. M. Boudet a été purgé avec énergie par une très-petite quantité d'extrait alcoolique de cette plante. Boerhaave avait également observé que le suc qu’on en retire détermine le vomissement et la purgation. Il est vrai que la même racine , administrée jusqu'à une once en infusion dans le vin, n'a pas eu les mêmes résultats entre les mains de Chomel; mais, se- lon la remarque judicieuse de M. Guersent, cette différence tient probablement à ce que la racine employée par cet auteur avait été récoltée à une époque trop. avancée. On sait en effet qu'après la ma- EUPATOIRE. turation des semences, les racines des plantes les plus actives sont dénuées de presque toutes leurs propriétés. Quoi qu'il en soit, ces faits établissent d’une manière incontestable la propriété purgative de la racine d’eupatoire, et les tiges ainsi que les feuilles de cette plante, à en juger au moins par leur saveur, agissent, selon M. Guersent, à la manière des toniques et des amers. Toutefois les effets secondaires de leupatoire sont loin d’être aussi exactement constatés que ses effets primitifs. Il faut même avouer que l'influence qu’on lui a attribuée sur la guérison de diverses ma- ladies ne repose que sur des assertions vagues ou sur des faits mal déterminés. Il ést très-probable qu’à raison de son action purgative et tonique, elle a pu être quelquefois utile dans le traitement de l'hydropisie et de certains engorgemens du foie et autres viscères abdominaux ; mais peut-on raisonnablement lui reconnaître d’une manière générale la propriété de guérir l’ascite et les obstructions suite des fièvres intermittentes ? où sont les expériences comparatives qui prouvent qu’elle a été employée dans les catarrhes, la chlorose, lœdème, le scorbut, la cachexie, etc., avec plus de succès qu’une multitude de substances pompeusement et vainement décorées des mêmes vertus ? Les effets emménagogues de l’eupatoire ne paraissent pas avoir été mieux constatés que ses prétendus avantages dans le traitement des maladies chroniques de la peau. Les éloges qu’on a prodigués à ses applications externes pour la guérison de l’hydro- cèle, de la leucophlegmatie et des ulcères de mauvais caractère, ne sont-ils pas exagérés? Ce qu'on rapporte de l'avantage du suc de cette plante, surtout associé au vinaigre et au muriate de soude, dans le traitement de la gale, paraît plus conforme à l'observation journalière, lorsqu'on réfléchit que les lotions faites avec la décoc- tion de presque toutes les plantes amères et aromatiques suffisent pour guérir cette affection. É. Les feuilles d’eupatoire desséchées peuvent être administrées en infusion théiforme. On a plus souvent recours à leur suc, dont la dose est de soixante à cent trente grammes (environ deux à quatre onces). Leur extrait ainsi que celui des tiges se donne seul ou uni au sucre, depuis quatre jusqu à huit grammes (un à deux gros) et “ plus. La racine est ordinairement administrée de trente à soixante- EUPATOIRE. cinq grammes (une à deux onces), soit en décoction dans l’eau, soit en infusion dans le vin ou dans la bière. EXPLICATION DE LA PLANCHE. (La pl t td s d. naturelle.) 1. Fleur détachée d’un corymbe, composée d’un calice commun , dans lequel se trouvent quatre à cinq fleurons hermaphrodites 2. Fleuron isolé. 3. Graine aigrettée. Ces trois détails sont le double de la grandeur naturelle. CL VIIL EUPHORBE PETITE ÉSULE. rein pu ve TIJUUAROÇ HUTAPIT TIRE. TITHYMALUS CYPARISSIAS ; Bauhin, IivaË , lib. 5, sect. 6. Tournefort, 1, campaniformes. EUPHORBIA CYPARISSIAS ; umbelld multifidä, dichotomä, involucellis sub- LL. pat ee se cordatis, ramis sterilibus, folüis setaceis, caulinis lanceolatis ; Linné , : clas. 11, dodécandrie trigynie ; Jussieu , clas. 15, ord. 1, euphorbes- Taken... .... ESULA ; ESULA MINORE. Espagnol. ...., + { ESULA. Français... ..; eopaonse rxrrre ESULE; EUPHORBE CYPARISSE , Lamarck. a CYPRUS-SPUR Allemand... ..,... CYPRESSENEUPHORBIE , GMelin; CYPRESSEN-WOLFSMILCH. Hollandais... .. KLEINE SPURGE. Tourwerorr, et avant lui la plupart des anciens, avaient donné aux plantes que Linné a rangées parmi les ewphorbes, le nom de tithymale , nom sous lequel elles sont encore aujourd’hui connues vulgairement. Ce genre est très-nombreux en espèces , toutes remar- quables par le suc propre laiteux , âcre et corrosif, qui découle abon- damment de toutes leurs parties à la moindre piqüre. Ce genre est devenu le type de la famille des euphorbiacées ; il offre pour carac- tère essentiel : un calice à huit ou dix découpures profondes, dont quatre ou cinq sont droites; quatre ou cinq autres alternes , très-ou- vertes, plus extérieures, souvent dentées, colorées, de forme va- riable : des étamines en nombre indéfini ; un ovaire supérieur , pédi- cellé, surmonté de trois styles bifides : une capsule à trois coques , à trois loges monospermes , s’ouvrant intérieurement en deux valves. L'espèce dont il s’agit dans ce premier article ; connue sous le nom vulgaire de petite ésule (euphorbia Cyparisstas ; Lin. ), est commune en Europe sur le bord des bois, le long des chemins , aux lieux sablonneux. Ses racines sont un peu grêles, presque simples ; elles produisent une tige rarement simple, droite, herbacée, longue de huit à dix pouces, hérissée d’aspérités occasionées par l’attache des feuilles tom- EUPHORBE PETITE ESULE. bées, quelquefois poussant vers son sommet des rameaux stériles, chargés de feuilles nombreuses très-fines. Les feuilles des tiges sont éparses , linéaires, très étroites, sessiles, glabres , entières, très-rapprochées, d’un vert un peu foncé, longues d’un pouce ét plus. Les fleurs sont disposées en une ombelle à huit ou dix rayons bi- fides , longs d’environ un pouce, entourés à leur base de folioles li- néaires en forme d’involucre : les involucres partiels ou les bractées presque en cœur, d’un vert jaunâtre, un peu aiguës : les quatre dé- coupures extérieures du calice, petites, en demi-lune. ‘Le fruit consiste en une capsule à trois coques, légèrement verru- queuses sur leurs angles; les semences lisses, ovales , grisâtres. Cette espèce présente deux variétés, ou plutôt deux monstruosités très-remarquables. Dans l’une piquée par un insecte, elle produit au sommet de ses rameaux un gros bouton rouge qui s’'épanouit en par- tie, et forme une sorte de rose assez agréable, souvent d’un rouge vif. Dans l’autre entièrement déformée , elle offre presque laspect d’un polypode, garnie sous les feuilles de petits points jaunâtres , en forme de coupe, très-souvent disposés sur deux rangs ; c’est une petite plante parasite, décrite par M. Decandolle (Ælor. franc. ), sous le nom d’æcidium eyparissiæ. Schrank l'avait nommée lycoperdon eu- phorbiæ. (P.) La racine de cette espèce d’euphorbe n’a pas d’odeur sensible, Sa saveur es âcre, piquante, un peu nauséeuse. Celle des feuilles un peu styptique, mais sans amertume et sans âcreté, se rapproche du goût des amandes privées par expression de leur liquide émulsif. A l'exemple des autres tithymales, presque toutes les parties de cette plante contiennent un suc lactiforme qui s’en écoule goutte à goutte, lorsqu'on les coupe ou qu’on les déchire. Ce suc, à ma connaissance, n’a pas encore été exactement analysé par les chimistes. Toutefois il paraît être de nature gommo-résineuse comme celui de toutes les euphorbiacées, et, au rapport de M. Decandolle, son âcreté et sa propriété purgative résident surtout dans la partie résineuse. Non-seulement ce suc purge avec violence, il produit en outre l’inflammation et même des ulcérations profondes, sur le canal intes- tinal. Appliqué sur la peau, il la rougit et y détermine la vésication EUPHORBE PETITE ÉSULE. et des ulcérations. Les mendians s’en servent quelquefois dans cette vue pour se procurer à volonté des ulcères sur différentes parties du corps. Haller a vu une ophthalmie suivie de cécité résulter de l’ap- plication de ce suc à la face externe des paupières. J'ai eu moi-même occasion d'observer un phymosis très-intense chez un jeune garçon que des conseils perfides avaient porté à s’en frotter le pénis. Murray rapporte qu’un jeune homme mourut misérablement d’une inflamma- tion gangréneuse après s'être frotté le ventre avec ce suc caustique pour se soustraire au service militaire. | La racine d’ésule avalée, même en très-petite quantité, produit uu sentiment d’äcreté brûlante au voile du palais, le long du pharynx, mac. Elle excite de violens vo- nt purgative. C'est même s habitans de la cam- m de rhubarbe des ées. Mais ses ef- abondantes ex- e mu- de l’œsophage, et jusque dans l’esto missemens, mais elle est surtout éminemme à sa vertu drastique et au fréquent usage que le pagne en font sous ce rapport, qu’elle doit le no paysans , sous lequel on la désigne en quelques contr fets ne se hornent pas à exciter le vomissement ét d crétions alvines. Elle enflamme , corrode et ulcère la membran queuse de l’estomac et de l'intestin. C'est ainsi qu’elle devient une arme meurtrière entre les mains des médicastres et de cette foule d’ignares et audacieux charlatans qui, au mépris des lois , et forts de et dela haute protection de certains ; Fe l'incurie coupable des magistrats utes parts sur l'aveugle crédulité puissans du jour, spéculent de to du peuple. Malgré les propriétés médicales qu’ contre l’hydropisie, contre les obstructio mittentes et contre les fièvres elles-même ses effets secondaires ont été trop incomplètement observés, et sont par conséquent trop peu connus pour être mis au rang des vérités constatées. Dans l’odontalgie on a quelquefois appliqué avec succès , comme révulsif, la racine d’ésule sur la partie de la gencive qui cor- respond à la dent douloureuse; son suc jouit aussi d’une certaine ré- putation contreles verrues : mais les médecins prudens s’abstiennent e intérieur à cause de sa causticité. Toutefois son âcreté faisant macérer pendant vingt-quatre te autre liqueur acide, soit en la faisant on a attribuées à cette plante ns résultats des fièvres inter- s lorsqu'elles sont rebelles, de son usag peut être corrigée soiten la heures dans le vinaigre ou tou EUPHORBE PETITE ESULE. dessécher selon le procédé de MM. Coste et Willemet. Dans cet état, on peut l’administrer comme drastique, en substance, d’un demi- gramme à un gramme (neuf à dix-huit grains) ; Geoffroy en porte même la dose de treize décigrammes (un scrupule) à quatre grammes (un gros). On a quelquefois administré les feuilles en décoction dans le lait, à la dose de huit grammes ( deux gros). Les fruits , au nombre de dix à douze, purgent avec violence les sujets les plus robustes. La racine d’ésule fait partie de l'extrait panchymagogue de Rolfinck, de l’hydragogue de Renou, et des pilules d’ésule de Fernel : prépa- rations dignes d’être ensevelies pour jamais dans la poussière des of- ficines. EXPLICATION DE LA PLANCHE. ( La plante est de grandeur naturelle.) 1. R 5. Une autre représentée après l’émission 2. Fleur entière grossie. du pollen, 3. Un pétale détaché. 6. Pistil composé d’un ovaire stipité, sur- 4. Une étamine avant l'épanouissement de monté de trois styles à stigmate bi- l'anthère. fide, v des trois fl t dans chacune des enllerettes bifides ; une Là Udus CHACULE CS Cett 2 + 1 ; SAT L F7 J0 est simplement mâle. / —K, \ FF, d ; SO 1h} hs Æ f A) G #. il i LS S OO AY) g TE Vs \ # Se RE . NS Zambert seule. EUPHORBE EPURGE. nan, CLIX EUPHORBE ÉPURGE. Grec. .......,.. na dupis: LATHYRIS MAJOR ; Bauhin, IlsyaË , lib. » , sect. 6. TITEYMALUS LATIFOLIUS, CATAPUTIA dictus ; Tournefort, clas. 1 , cam- AT Eure paniformes. EUPHORBIA LATHYRIS; wmbelld quadrifidä, dichotomd, foliis oppositis , integerrimis, Linné ; clas. 11, dodécandrie trigynie. Jussieu, cl. 15, LT OSLFPNTEUER CATAPUZZ Espagnol. ....... TARTAGO. Français... .... EUPHORBE ÉPURGE ; CATAPUCE. Anglais. ., SPURGE. Allemand. , ...... SPRINGKRAUT. Hollandais, .. .... SPURGIE; SPRINGKRUID. 1! Cerre euphorbe, connue vulgairement sous le nom d’épurge , une des plus belles espèces parmi celles de l'Europe, est facile à distin- guer par son port. Linné lui a conservé le nom spécifique de lathyris qu'elle porte dans Dioscorides. Ses racines, à peine plus grosses que les tiges, sont droites, fusi- formes, divisées latéralement en quelques rameaux alternes. Ses tiges sont droites, cylindriques, très-lisses, d’un vert un peu 'ougeâtre, surtout vers leur base, longues au moins de trois pieds, ramifiées à leur. sommet. Les feuilles nombreuses, sessiles, disposées en croix sur quatre rangs, très-lisses, d’un vert bleuâtre, linéaires-lancéolées , obtuses , longues de quatre à cinq pouces, larges de six lignes. Une ombelle à quatre rayons très-étalés, plusieurs fois bifurqués; un involucre à quatre grandes folioles sessiles, ovales, lancéolées, un peu aiguës; les involucres partiels à deux folioles de même forme. Les fleurs sont presque sessiles , solitaires, placées à l'extrémité et dans la bifurcation des rayons. Les quatre divisions externes du ca- + lice à deux cornes obtuses; les filamens articulés vers leur milieu. 3, 42e Livraison. EUPHORBE ÉPURGE. Les capsules sont très-glabres, verdâtres ou cendrées, assez grosses, à trois coques conniventes, renfermant des semences ovales, brunâtres, tronquées à leur sommet, marquées extérieurement de rides très-fines , réticulées. Cette plante croît en France, en Allemagne, dans les terrains sa- blonneux et boisés. On la rencontre aussi dans les lieux cultivés. (P.) D'abord douces ou insipides, et ensuite d’une saveur âcre, les se- mences d’épurge doivent cette âcreté à un principe vénéneux qui est renfermé dans leur embryon et dans leur partie corticale, mais dont leur périsperme est entièrement dépourvu. Dans l'état frais, presque toutes les parties de cette plante, lorsqu'on les coupe, laissent couler goutte à goutte ou en larmes plus ou moins rapprochées , un suc épais lactescent de nature gommo-résineuse, ainsi que celui de toutes les euphorbiacées, et dont les propriétés corrosives résident essentiellement dans la partie résineuse. Les propriétés médicales de ce suc âcre sont analogues à celles de l'écorce et des feuilles de la plante d’où il provient. Comme elles, il irrite singulièrement la langue, et enflamme l'intérieur de la bouche. Appliqué à l'extérieur, il rougit la peau, y détermine des boutons , des ampoules, ét souvent même une inflammation qui, dans quelques cas, s'étend au tissu cellulaire sous-jacent et aux parties voisines. In- troduit dans l'appareil digestif, il agit d’une manière analogue sur l'estomac et les intestins, et détermine des vomissemens, des selles abondantes, la superpurgation, et souvent même différens accidens consécutifs qui dénotent l'activité virulente de cette plante. Mais écoutons à ce sujet M. Barbier, qu’on ne saurait trop citer quand il s'agit de la détermination des effets immédiats des médicamens. « Il est évident que les feuilles ou les fruits de l'épurge, adrhinistrés à ‘intérieur, susciteront sur la membraïe muqueuse de l'estomac et des intestins une irritation forte et profonde; l'action immédiate de ces substances sur l'estomac peut déterminer le vomissement; sur les intestins elle donnera lieu à une sécrétion abondante de mucosités, à une exhalation considérable de sérosités : le foie, le pancréas, ex- - cités eux-mêmes par sympathie, fourniront une grande quantité de bile et de liqueur pancréatique. L’impression de l'épurge sur la sur- he SE EUPHORBE ÉPURGE. face interne des intestins agira sur leur tunique musculeuse; excitera sa contraclilité, et rendra le mouvement péristaltique du canal intes- üinal plus rapide, ce qui donnera des évacuations fréquentes. Des contractions anomales auront lieu dans la masse intestinale, et des coliques violentes se feront sentir. L'irritation deviendra si vive sur la membrane muqueuse, que l’exhalation qu’elle fournit acquerra une nature sanguinolente; souvent aussi les selles seront tellement copieuses , tellement répétées, qu’elles fatigueront ind qu elles épuiseront les forces; on dit alors qu'il y a superpurgation. Enfin, si lon prend une forte dose d’épurge, son action occasione un état de maladie, la fièvre, des convulsions, une entérite, une diarrhée re- belle, etc.; elle provoque une inflammation, une ulcération à la surface intestinale que l’on combat avec les saignées, les mucilagi- neux, les opiacés, en n mot avec les moyens que l’on emploie contre les empoisonnemens par des matières irritantes. » Quelles que soient les assertions des auteurs en faveur des vertus de l'épurge, il est fort douteux que cette plante vénéneuse ait eu les succès qu'on lui a attribués contre l’hydropisie. L’utilité de son em- ploi dans la vérole constitutionnelle ne me paraît pas mieux démon- trée. Il paraît qu’elle a été administrée quelquefois avec avantage Comme topique dans le traitement de la teigne, contre l’odontalgie, et pour faire disparaître les verrues; on sait aussi que son suc est Propre à déterminer l’évulsion des poils. Selon les vœux du sage Peyrilhe, il serait à desirer, à cause des accidens auxquels elle peut donner lieu par son âcreté extrême, de ne l'employer qu’à des usages extérieurs. Toutefois si, à l'exemple de certains médecins, on voulait ladmi- nistrer comme vomitive ou purgative, il serait prudent de modérer son énergie, soit par la dessiccation , soit par une légère torréfaction préalable. On peut la donner alors avec sûreté en substance à la dose d'un gramme (dix-huit grains) : sans cette précaution, il serait dan- gereux d’en porter la dose au-delà d’un demi-gramme (environ dix grains ). Dans quelques contrées de la France, les paysans se purgent avec douze ou vingt fruits de celte euphorbiacée, mais souvent avec beaucoup trop de violence. Peyrilhe rapporte que du pain a contracté la vertu purgative en L EUPHORBE ÉPURGE. cuisant dans un four chauffé avec cette plante, que l’on emploie quelquefois à cet usage dans les pays où elle croît en abondance. EXPLICATION DE LA PLANCHE. (La plante est un peu plus petite que nature.) 1. Racine, ss Fruit coupé horizontalement 2. Fl us Graine isolée, surmontée bé caron- 3. Ét grossie afin de faire voir l’arti- cule pédonculée. nr filet. RE 0 re OU ee mme, PO oo ES nié “ “— : Oficinat Fe EUPHORBE — tt 1 2. cf H CLX. EUPHORBE OFFICINAL. LL. : eu DonBiov *. EUP#ORBIUM ; Bauhin, TuvaË, lib. 10, sect. 6. Tournefort, clas. t, aniformes. Latin... .....,..{rupnonsra orricinarum ; aculeata, nuda, multangularis , aculeis ge- minatis ; Linné, clas. 11, dodécandrie trigynie. Jussieu, clas. 15, ord. 1 , euphorbes. l'(1. 70 ORNE RESRSSR EUFORBIO Espagnol... ... .….. EUFORB10. RP R.... :... EUPHORBE OFFICINAL ; EUPHORBE OFFICINALE nu apte ÉCRITES EUPHORBIUM. Allemand. ......, EUPHORBIENSTRAUCE. Hollandais. ..,... EUPHORBIUM. Le nom d’euphorbe chez les anciens était appliqué exclusivement à cette espèce et à la suivante; ils nommaient #fhymale la plupart des autres plantes laiteuses du même genre. Au rapport de Pline, l'euphorbe tire son nom d’Euphorbius, médecin de Juba, roi de Mau- ritanie, qui, le premier, employa, pour la guérison d’Auguste, la gomme-résine qui découle de l’euphorbe. Ainsi cette plante était connue des anciens, mais Dioscorides en parle en termes si obscurs qu'il n’est pas possible de savoir si l’on doit rapporter ce qu'il en dit à l'euphorbia officinarum où à l’euphorbia antiquorum : cette der- nière espèce croît particuhèrement dans l'Inde, au Malabar, d’après Rhéede qui l’a décrite et figurée sous le nom de schadida calli ; ce- pendant Forskhal les cite toutes deux comme se trouvant dans l’A- rabie; mais il paraît que la dernière lui a été communiquée ; et qu'il * Je pense, avec M. Poiret, que la description ébauchée par Dioscorides est écider avec certitude si l’eygopésov de ce naturaliste est . Je l'ai rapporté à celui-ci, d’abord pour 4. EUPHORBE OFFICINAL. ne l’a point recueillie en place. Quant à l'euphorbia officinarum , on pourrait plutôt la soupçonner être l’euphorbe des anciens : elle croît, d’après Pline, Dioscorides et plusieurs autres, dans la Libye, le mont Atlas et l'Arabie; mais elle a échappé aux recherches de M. Desfon- taines et aux miennes dans la Mauritanie et sur le mont Atlas. Ses racines sont très-épaisses, oblongues, charnues, divisées en grosses branches à leur partie inférieure. Ses tiges s'élèvent à la hauteur de trois ou quatre pieds, semblables à celles d’un cactus. Elles sont droites , très-grosses, charnues, can- nelées profondément dans toute leur longueur, formant des angles très-saillans, hérissés sur leur tranchant d’aiguillons géminés, roides, blanchâtres, subulés, tirant leur origine d’un petit tubercule ovale. Il n’y a point de feuilles. Il sort des tiges, de distance à autre, de gros boutons ovales, obtus, sillonnés , qui se prolongent ensuite en branches. Les fleurs sont petites, sessiles, d’un vert jaunâtre, situées sur les angles vers le sommet des tiges et des rameaux. Leur calice se divise en dix parties; les cinq divisions extérieures arrondies ou obtuses; si étamines un peu plus longues que la corolle; les anthères sages à deux lobes. La gomme-résine connue dans les pharmacies sous le nom d’eu- phorbe, n’est autre chose que le suc laiteux de cet arbrisseau dessé- ché et concrété par l’action de l’air et de la chaleur. Toutefois cette substance, observe Murray, provient également du suc analogue de l'euphorbia antiquorum, de l'euphorbiæ canariensis, et peut-être aussi de plusieurs autres espèces exotiques de la famille naturelle des tithymales. Quoi qu’il en soit, le suc qui découle en plus où moins grande abondance de l'écorce de cet arbrisseau, par les incisions qu'on y pratique, est un liquide épais, blanc, lactiforme , âcre et vé- néneux. En se desséchant il forme de petits globules de forme variée et tuberculeux que les naturels du pays recueillent avec soin pour les livrer au commerce. Dans cet état, l'euphorbe se présente en grains solides ou en larmes irrégulières, écsohdiés : ovales , bosselées, quelquefois branchues et caverneuses : les plus grosses ont le volume d'un pois; sa couleur jaune, pâle ou dorée à l'extérieur, est blan- châtre intérieurement. Son odeur est nulle. Sa saveur, d’abord in- - E à EUPHORBE OFFICINAL, sensible, devient chaude, âcre, brûlante et légèrement nauséeuse lorsqu'on le mâche, et persiste long-temps même après que l’on s’est rincé la bouche avec différens liquides. Outre une matière extractive et un principe volatil qui se dégage par l’action de la chaleur, et ir- rite vivement l'organe de l’odorat, l’eyphorbe contient de la gomme et de la résine à peu près en égales quantités. Son âcreté et sa caus- ticité résident essentiellement dans cette partie résineuse, ce qui fait que sa teinture alcoolique et son extrait spiritueux sont d’une âcreté dont sa solution aqueuse n’approche pas. Exposée à la flamme d’une bougie, g belle flamme. Lorsqu'on la mâche long-temps elle piqueet irrite vive- ment la langue; elle détermine un sentiment ’âcreté brûlante dans toutes les parties de la bouche et de l’arrière-bouche, et enflamme même celles de ces parties avec lesquelles elle est long-temps en con- tact. Portée sur les fosses nasales, soit directement, soit par l'inter- médiaire de l’air des appartemens, où elle est quelquefois disséminée, dans ces jeux dangereux que se permettent les gens grossiers, elle excite de violens éternuemens, et produit le coryza , des hémorrha- gies et même l’hémoptysie, ainsi que cela arrive fréquemment dans les pharmacies aux ouvriers qu’on emploie à la pulvérisation de cette substance, malgré toutes les précautions que lon prend pour préser- ver les voies aériennes. de son contact. Appliqué immédiatement sur la peau, l’euphorbe y détermine le prurit, la rougeur, l'inflamma- tion, une vive douleur et le soulèvement de l’épiderme, ce qui fait antage dans certains cas comme vésicant. dans le lit de laquelle on avait une démangeaison ammation de LA ls avennne qu'on l’emploie avec av Murray rapporte qu’une servante, méchamment répandu de cette poudre, fut prise d° insupportable, de douleurs vives et d’une violente infl la vessie, qui fut suivie du gonflement des pieds. Si de semblables accidens résultent de la simple application de l'euphorbe à l'extérieur, que ne doit-on pas redouter de son administration iménieure ? Des observateurs recommandables ont vu d’atroces douleurs d'estomac, des coliques déchirantes, des vomissemens , des déjections sanguino- lentes, l’ardeur de la gorge, une soif inextinguible, le hoquet, des syncopes, des sueurs froides, être le résultat de son action sur l'ap- pareil digestif. Un homme auquel un empirique avait administré de EUPHORBE OFFICINAI. cette substance mourut le même jour, au rapport d'Alexandre Bé- nédict, dans les tourmens d’une dysenterie des plus aiguës. Il est vrai qu'on a proposé de mitiger l’action de l’euphorbe en l’associant à dif- férentes substances ; mais, selon la remarque de Murray, ou ces mé- langes s'opposent à l'application de l’euphorbe, ou ils la laissent sub- sister : dans le premier cas ce remède est done inutile, et dans le se- cond , dangereux. Toutefois cette gomme-résine a été recommandée comme sternu- tatoire dans certains anciens coryzas entretenus par un embarras muqueux dans le sinus des fosses nasales; mais quelle prudence n'exige pas l'emploi d’un errhin aussi dangereux ? Elle paraît avoir été quelquefois employée avec succès, comme cathérétique , pour réprimer les chairs fongueuses dans les ulcères anciens et atoniques. L'euphorbe a joui de beaucoup de réputation contre la carie des os. Fabrice de Hilden, Falloppe, Heister, Platner et autres chirurgiens le regardent surtout comme très-utile dans les caries anciennes et profondes, pour favoriser la séparation des parties osseuses entière- ment nécrosées. Sous forme de liniment, différens auteurs en recom- mandent l'emploi dans la paralysie, ’amaurose, l’atrophie et les rhumatismes chroniques. L’on connaît en effet qu’il peut être avan- tageux comme rubéfiant dans ces affections , mais seulement dans les cas où les autres irritans sont indiqués. On à également prétendu qu'il convenait dans l’hydropisie, le scrophule et les obstructions viscérales. Toutefois l'usage de l’euphorbe est trop dangereux pour qu'on puisse se permettre de administrer intérieurement , et la pru- dence commande en quelque sorte de le reléguer dans la matière médicale vétérinaire, où il est quelquefois employé avec avantage au traitement de la gale et autres maladies des chevaux. On ne peut guère se permettre d'employer leuphorbe en substance au delà de cinquante centigrammes (dix grains), et encore ne doit- on commencer que par de petites doses (un ou deux grains ). II fait partie de l'huile d’euphorbe de la pharmacopée de Wurtzbourg, des pilules de Quercetan , des pilules fétides, du grand philonium, de plusieurs onguens épispastiques, et entre autres de la pommade de Grandjean. EXPLICATION DE LA PLANCHE. (La plante est réduite au tiers de sa grandeur naturelle.) & EUPHORBE. des ancrens . nn. ] C2 LE CLXI. EUPHORBE DES ANCIENS. lata , ramis patentibus ; Linné, clas. 11, dodécandrie trigynie. Jus- sieu, clas. 15, ord. x , euphorbes. Mir ain tee EUFORBIO DEGLI ANTICHT. AANCRIE... ee + EUPHORBE DES ANCIENS. EUPHORBIAS ANTIQUORUM; aculeata, subnuda, triangularis, articu- RS ne , i D'après ce qui a été dit dans l’article précédent, l'euphorbe off- cinal paraît être plutôt l'espèce mentionnée par les anciens, que celle-ci. Ses tiges sont articulées, épaisses, très-charnues, à trois ou quatre angles saillans , presque foliacées , amincies et ondulées, ou fortement échancrées à leurs bords; les lobes des échancrures terminés presque en une pointe obtuse, surmontée de deux fortes épines courtes, droites , subulées, divergentes, les rameaux articulés de même forme que les tiges. Les fleurs sont petites, d’un vert jaunâtre, pédonculées, placées sur le bord tranchant des angles, vers le sommet des rameaux. Les pédoncules sont ou courts et simples, uniflores, ou bien articulés, plus allongés, à deux ou trois fleurs. Le calice est découpé en dix parties; les cinq divisions extérieures arrondies et obtuses; les étamines au nombre de cinq à six beaucoup plus courtes que le calice; trois styles bifides à leur sommet. Le fruit est une capsule au moins de la grosseur d’un très-gros pois, à trois coques conniventes , renfermant chacune une semence ovale, surmontée d'un caroncule. Cette plante a été observée dans l'Arabie par Forskhal : elle croît aussi dans les Indes, au Malabar. (P.) Le suc âcre, blane et laiteux qui découle de la tige de cet eu- phorbe présente les mêmes propriétés physiques, la méme nature chimique et la même acrimonie que celui des autres espèces de tithy- 43° Livraison. EUPHORBE DES ANCIENS. males que nous avons précédemment examinées. Ce suc, ainsi que celui de leuphorbia officinarum , desséché et concrété en larmes jau- nâtres, irrégulières, friables sous la dent, constitue la gomme-résine désignée dans le commerce-et employée en médecine sous le nom d'euphorbe ou de gomme d’euphorbe. Cette plante, du reste , est douée des mêmes propriétés médicales que nous avons précédemment signalées dans les autres euphorbia- cées; mais elle a peut-être encore plus d'activité qu'aucune autre. Les médecins arabes et ceux du moyen âge se servaient de son suc lai- teux, comme d’un hydragogue énergique, selon la théorie de l’hu- morisme, pour purger le corps de l'excès de pituite ou de la sérosité exubérante. Ce suc agit en effet soit en opérant une puissante déri- vation des humeurs sur le canal intestinal, soit en déterminant une abondante sécrétion de mucosités gastriques et leur expulsion par le vomissement. On en a fait usage à l'extérieur pour opérer la dépila- tion de certaines parties du corps, pour ronger les verrues, détruire les durillons , et pour faire disparaître les taches de la peau. On a re- -commandé l'application directe de ce suc gommo-rési sur les dents cariées, pour calmer l’odontalgie. Au rapport de Geoffroy, les fu- rigations ou la vapeur de la décoction des tiges et des feuilles de cette tithymale dirigées sur les parties affectées, sont très-propres à apaiser les douleurs de goutte. Mais de funestes métastases arthriti- ques ne sont-elles pas à craindre de emploi d’un semblable moyen ? Enfin, cet euphorbe a été préconisé par différens auteurs dans beau- coup d’autres affections. Toutefois les praticiens les plus célèbres, tels que Mesué, Hoffmann, Fernel, Ludovic, etc., ou l'ont proscrit de la matière médicale, à cause des accidens graves auxquels son usage peut donner lieu, ou bien ils font une loi de ne employer in- térieurement qu'après avoir affaibli son âcreté extrême, par la ma- cération dans l'huile, dans le vinaigre, où toute autre substance propre à lui enlever avec une partie de son principe résineux , la plupart de ses propriétés vénéneuses. Les anciens n’administraient jamais l'euphorbe que dans l’oxycrat ou dans l’hydromel. Du reste tout ce qui a été dit sur la manière d’agir des autres eu- phorbes et sur les accidens qui peuvent résulter de leur action sur l'économie animale, est entièrement applicable à l’euphorbe des an- EUPHORBE DES ANCIENS. ciens ; ce qui nous fait un devoir de ne pas nous arrêter plus long- temps aux propriétés médicales et vénéneuses d’une plante, dont l'usage est à peu près tombé en désuétude, depuis que les sciences paturelles ont mis entre les mains des médecins un grand nombre de substances, susceptibles de remplir les mêmes indications, sans ex- poser les malades aux mêmes inconvéniens. En substance on n’a guère administré cet euphorbe qu’à la dose de dix à quinze centigrammes, et rarement on en a porté la quan- tité jusqu’à trente ou quarante grammes (six à huit grains). Son suc, ou plutôt la gomme-résine qui en provient (euphorbe ), se retrouve dans diverses préparations pharmaceutiques plus où moins fastidieu- sement composées et généralement inusitées. Wimax (sean), Euphorbia, Diss. inaug. præs. Car. Linné, in-4°. Upsa aliæ, 6mait On reconnaît la touche du prince des naturalistes dans cette excellente PARTIE qui orne le troisième volume des ie academicæ EXPLICATION DE LA PLANCHE. (La plante est de grandeur naturelle.) É Lies de grosseur naturelle, dont on a enlevé circulairement une partie de la chair, afin mettre à découvert les trois coques RAT 2, “rés armée d’une caroncule. > A La. NN 4 r2 Turpin P , EUBHRAISE Dubois seulp CLXIT. re EUPHRAISE. EUPHRASIA orricinarum; Bauhin, Il:v2£, lib. 6, sect. 5; Tournefort, clas. 3, personnées. * FT SSSR PTE + .{ EUPRRASIA OFFICINALIS ; foliis ovatis , lineatis , argutè dentatis ; Linné, as. 14, didynamie angiospermie ; Jussieu, clas, 8, ord. 2 , pédicu- laires. Italien... .. ... . .. wurRA\GtA ; EUFRASIA. SHAnoL. ee EUFRASIA. Français... ...... UPHRAISE; EUFRAISE. PR sul, fe EYE-BRIGHT Allemand... },, aucenTRosT. Hollandais, . ..... OOGENTROOST ; KLAAROOG. DUT re. ne OEGENTRÆST. ; Cerrg jolie petite plante se montre avec élégance le long des routes, dans les bois; sur les pelouses qu'elle tapisse par ses fleurs d'un blanc de lait, rayé de pourpre, tacheté de jaune. Elle appar- tient à la famille des rhinanthoïdes, et se caractérise par un calice à x lèvres; l’inférieure à trois lobes quatre lobes ; une corolle à deu plus où moins échan- égaux, souvent bifides; la supérieure concave, crée; quatre étamines didynames; les deux anthères inférieures mu- nies à leur base de deux pointes épineuses; un style; une capsule comprimée ; bivalve, à deux loges polyspermes. | Ses racines sont composées de fibres nombreuses, blanchätres , fort menues. Ses tiges s'élèvent à la hauteur de quatre à C un peu velues, inq pouces; elles sont très-rameuses, quelquefois simples; d'un brun foncé, presque cylindriques. Les feuilles sont petites, sessiles, ovales, glabres;, striées ; fondes. Les fleurs sont solitaires, presque sessile érieures , un peu plus longues que l que la corolle; une capsule ren alternes, quelquefois opposées, presque bordées de denis aiguës et pro- s dans les aisselles des feuilles sup es feuilles , les éta- mines plus courtes fermée dans le ca- 43: Livraison, EUPHRAISE. lice, ovale, comprimée : les semences | gr petites, striées, d’un brun es ( \ L'odeur de l’euphraise est à à peu près nulle; sa saveur un peu amère, légèrement aromatique, imprime un faible sentiment d’as- triction sur la langue; effet dû à un principe astringent , dont le sul- fate de fer manifeste la présence dans la décoction aqueuse de cette plante, en la colorant en noir. Du reste, le peu de développement des qualités physiques de l’euphraise semblerait annoncer de bien faibles propriétés médicales &ans cette rhinanthoïde. La tache jaune qu’on observe sur ses fleurs est remarquable. On lui a trouvé «la forme d’un œil, dit M. Chaumeton, et à une: époque où l'absurde système des signatures était en vigueur, on en a conclu que l’eu- phraise devait être un remède infaillible contre les maladies des yeux. Des observateurs inexacts, quelques hommes célèbres entraïnés par le préjugé dominant, se sont constitués les apologistes de cette plante, et je pourrais citer divers praticiens qui, de nos jours, re- gardent encore l’euphraise comme un précieux anti-ophthalmique. » Comme tel, Fabrice de Hilden et Lanzoni lui ont attribué des mer- veilles chez des vieillards septuagénaires qui avaient perdu la vue par de longues études et des veilles prolongées. Fuchs et Arnaud de Villeneuve lui ont prodigué de fastueux éloges pour la guérison de la cataracte, du larmoiement, de linflammation et autres maladies des yeux. Camerarius, C. Hoffman, Lobel et beaucoup d’autres ont proclamé ses vertus contre l’obscurité de la vue ét autres vices de la vision qui tiennent à un défaut de sensibilité de la rétine. Toutefois le dernier de ces auteurs avoue qu'un de ses amis atteint d’épiphora vit son état s’aggraver après trois mois consécutifs de l’usage de cette plante. La cécité et les diverses maladies de l’appareïl oculaire ne sont pas les seules contre lesquelles on ait préconisé la toute-puis- sance de l'euphraise. Au rapport de Schroeder, cette plante aurait la faculté de rétablir la mémoire affaiblie; J. Raï lui attribue la pro- priété de guérir les vertiges; divers auteurs se louent de ses bons effets contre les-maux de tête; G. Hoffmann la croit même utile * L’euphraise doit à ces vertus supposées le joli nom qu’elle porte : EVpa Tux, joie, gaité, EUPHRAISE. contre la jaunisse. Mais, pour quiconque a fait une étude particulière de ces affections et des causes aussi nombreuses que variées qui peuvent leur donner naissance, quelle confiance méritent de sem- blables assertions ? Il faut donc convenir avec Spielmann et Peyrilhe que cette plante, incapable de produire les effets qu'on lui attribue gratuitement, ne sert qu’à surcharger la matière médicale, ou at- tendre avec le sage Murray que de nouvelles expériences viennent confirmer ou détruire les faits équivoques qui ont été publiés sur sa manière d'agir. On administre cette plante en poudre, à la dose de quatre à douze grammes (un à trois gros), soit seule, soit associée à différentes substances aromatiques. Le vin d’euphraise que l’on prépare soit par infusion dans le vin, soit par macération dans le moût de raisins, se donne depuis trente grammes (une once) jusqu'à cent trente grammes (environ quatre onces) par jour. Son eau distillée, conser- vée encore dans quelques pharmacies comme un précieux ant phe thalmique, est à peu près inerte. Son suc, long-temps employé dans les collyres, n’est plus en usage. On a introduit autrefois l’euphraise dans la pâte, et on la faisait ainsi cuire dans le pain pour communiquer à cette base de la nour- riture des peuples européens , les vertus imaginaires dont on s’est plu à la décorer. veroque oculorum so- FRANK (sean), Spicilegium de euphragiä herbä, medicinä polychresté, ri à : mi < 4 rum monumentis locupletatum ; in-8°. Francofurti et Lip- is veterum medico siæ, EXPLICATION DE LA PLANCHE. (La pla de grandeur naturelle.) 1. Fleur entière 4. Fruit entier inclus dans le calice persis- tan Le és ouvert naturellement , dé- pouillé de son calice 6. Graine striée, FE . Corolle ouverte, afin de faire voir les 7 quatre étamines. 3. Calice ouvert, à la base duquel on voit l'ovaire surmonté de son style. 1653. KW > N DR, TAUN TR > { FENOUIT. — PS Ne Pen DIS TRS 7 NT 4 CLXIIT. DR Riu. : papaSpoy. FOENICULUM DULCE ; Bauhin, IsvaË , lib. 4 , sect. 4. Tournefort, clas. ñ3 ne ombellifères. ANETHUM FOENICULUM; fructibus ovatis; Linné, clas. 5, pentandrie digynie. Jussieu , clas. 12, ord. 2 , ombellifères. Italien. + .…. FINOCCHIO Espagnol. . ...... HINOJO. Français. . ...... FENOUIL ; ANETH DOUX. Anglais... ......: FENNEL AUemand..:,..... FEN ROSE LS Li FÆNKAHL L’opeur agréable et particulière qu’exhale le fenouil suffirait pres- que seule pour le faire reconnaître parmi les autres plantes ombelli- fères dont il fait partie”. Il s’en distingue par ses ombelles dépour- vues d’involucre, par son calice entier ; les pétales entiers , presque égaux, courbés en = 0 les semences presque ovales, compri- mées, striées. Sa racine est épaisse, fusiforme, blanchâtre : elle PME une tige droite, striée, rameuse, cylindrique, haute de quatre à six pieds, d’un vert glauque. Ses feuilles sont amples, glabres, deux et trois fois ailées; leurs découpures nombreuses et presque capillaires; les pétioles amplexi- caules, membraneux à leurs bords. . Les fleurs sont jaunes, petites, disposées en ombelles terminales, fort amples, étalées; les rayons nombreux, très-allongés, soutenant es ombellules courtes et ouvertes. : Le fenouil doit-il sa dénomination (/æriculum , diminutif de fonum) à son odeur aromatique , Re à celle qu’exhale le foin, comme le présume avec beaucoup de e le docte Théis; ou bien à ce que Frans 2 il res- semble à du foin, comme %e prétendent Ménage, Littleton, Elisa 43° Livraison. F FENOUIL. La corolle est jaune, composée de cinq pétales réguliers; cinq éta- mines, deux styles courts. Le fit consiste en deux semences un peu comprimées, petites, ovales, appliquées l’une sur l’autre, nues , marquées de trois nervures en es Cette plante croît dans be terrains pierreux, les décombres, en France, en Italie, etc. Loin forte, aromatique et très-suave qu’exhale le . est beaucoup plus déveloptile dans les feuilles et dans les semences que dans les autres parties; elle s’y prononce même plus fortement par la dessiccation. Sa saveur chaude, douce, aromatique, très-agréable, est surtout développée dans les semences dont les propriétés médi- cales sont aussi plus énergiques. Au rapport de Matthiole, quand on coupe les tiges de cette plante, il en découle dans les pays chauds un suc gommo-résineux que les habitans de l'Espagne occidentale recueillent, lorsqu'il a été concrété par l’action de l'air, sous le nom de gomme dé fenouil. L'analyse chimique a constaté dans cette om- bellifère, ainsi que dans la plupart des espèces de la même famille, la présence d’une huile volatile aromatique et très-suave, d’une pe- tite quantité d'huile grasse qui se fige par l’action du + d’un ex- trait résineux aromatique, un peu amer, et d’un extrait aqueux à peu près inerte. Le fenouil était déjà en usage parmi les anciens. Hippocrate pa- raît l'avoir employé pour activer la sécrétion du lait. Les Anglais en ont long-temps fait usage dans les coliques des enfans, quoique Cul- len ne lui accorde que bien peu de confiance sous ce rapport. On lui a généralement reconnu les propriétés de provoquer la sécrétion des urines, d’exciter l'écoulement des règles, d'arrêter le hoquet, le vo- missement , et même de guérir les fièvres intermittentes. Comme to- pique, on a souvent appliqué la décoction ou des cataplasmes de cette plante sur des tumeurs indolentes et des engorgemens atoniques pour en favoriser la résolution. On a surtout préconisé son usage intérieur pour activer les fonctions digestives, et pour expulser les vents qui s'accumulent fréquemment dans le canal intestinal. Toute- fois quand on réfléchit sur la manière d'agir de cette plante aroma- tique, 1l est facile de reconnaître que les vertus carminative, stoma- FENOUIL. chique, diurétique, galactopoiétique, emménagogue, antispasmo- dique, résolutive , fébrifuge, ete., dont elle a été décorée , loin d’être des propriétés absolues, ne sont que des effets secondaires, nécessai- rement subordonnés à l’état actuel des organes, et qui découlent im- médiatement de lexcitation directe que cette plante détermine sur “économie animale : excitation dont on peut se faire une idée exacte, amsi que le remarque M. Chaumeton, par l'impression que le fe- nouil détermine sur l'organe du goût et sur celui de l'odorat. Suivant la remarque de ce savant, le fenouil est sans contredit très-propre à combattre la dyspepsie, la chlorose, la leucorrhée, et en général les affections cachectiques. Mais lorsque le trouble des fonctions diges- tives , l'accumulation des gaz dans les intestins, sont le résultat d’une irritation locale ou d’un état de phlogose de l’appareil digestif, ainsi que cela arrive le plus souvent, comme l’a très-bien vu un de nos meilleurs observateurs, M. Broussais, il est évident que le fenouil, loin de modérer ces accidens, ne ferait que les aggraver, et que les substances adoucissantes et relâchantes sont alors les seuls stoma- _ Chiques et les seuls carminatifs. Il en est de même à l'égard des reins, des mamelles, de l'utérus et du reste de l'organisation. Lorsque le mode d'action de ces organes est en deçà de l’état normal et au des- sous du rhythme habituel de leurs mouvemens, nul doute que l’im- pression stimulante de cette plante aromatique ne soit propre à ex- citer la sécrétion des urines, celle du lait, ou l'écoulement des règles. Mais si l’altération de ces fonctions tenait à un état général d’irrita- tion, à une phlogose locale, à la concentration vicieuse ou à l’exu- bérance des forces vitales, on conçoit que les véritables diurétiques, galactopoiétiques et emménagogues, doivent être pris dans la classe des adoucissans , des émolliens et des délayans. Appliquez ces consi- dérations à tous les cas dans lesquels on a le plus recommandé l’em- ploi du fenouil, et toujours vous trouverez que cette ombellifère n’a d’autres vertus que celles qui résultent de son action excitante; qu’u- tile sous ce rapport dans toutes les circonstances où il faut augmen- ter l’activité des organes, elle est nuisible toutes les fois que les pro- priétés vitales de ces mêmes organes sont trop exaltées, et qu’alors elle est incapable de produire les effets qu’on lui attribue. Intérieurement on administre les semences de fenouil, en sub- FENOUIL. stance, à la dose de quatre grammes (un gros), ou en infusion aqueuse, depuis trente jusqu’à cent trente grammes (environ une à quatre onces) pour un kilogramme (deux livres d’eau). Ma cérées dans le vin dans les mêmes proportions , elles forment un vin aroma- tique qui se donne de trente à cent trente grammes (environ une à quatre onces ) en vingt-quatre heures. Leur huile essentielle est fré- quemment employée d’une à quatre gouttes. L'eau distillée de fenouil entre dans la composition de plusieurs collyres résolutifs. On pré- pare des fomentations et des cataplasmes avec ses sommités, ses feuilles et ses graines. Ces dernières font partie des quatre semences chaudes majeures, et la racine est une des cinq racines apéritives majeures. Enfin le fenouil entre dans la composition de la thériaque d'Andromaque , du Mithridate, du philonium romanum , du diaphæ- nic, des pilules dorées, de la confection Hamech. | Sous la puissante influence du soleil vivifiant du midi, le fenouil devient beaucoup plus aromatique, et acquiert une saveur beaucoup plus suave que dans les contrées moins favorisées de la nature. C’est ce qui arrive en Italie, où les racines tendres, les jeunes tiges et les drageons de cette ombellifère, fournissent un aliment savoureux que l'on sert soit crû en salade, soit cuit, et préparé à la manière du céleri. En Allemagne on aromatise le pain et plusieurs espèces de mets avec ses semences. Parmi nous, les confiseurs en préparent des liqueurs très-agréables et des dragées d’excellent goût. SCHENCK Rs ho nue sive de fœniculo, Diss. inaug. resp. Frid. Kalt- schmied ; in-4°. BOECLER ssl De FRS ob usu, Diss. inaug. resp. Ehrmann; in-4°. Argentorati, £ EXPLICATION DE LA PLANCHE. (La plante est réduite à la moitié de sa grandeur naturelle.) - Fleur entière grossie. 3. Le même tel qu'il s'ouvre dans la matu- 2. Fruit de grosseur naturelle. rité , grossi CLXIV. FENUGREC. Mn o ce Bovxspas , Théophraste, Hippocrate ; rmus, Dioscorides. FOŒNUM GRÆCUM sarrvuM , Bauhin, [lsvaË » lib. 9, sect. 4. Tournefort, de Rs FIEN-GRECO ; FIENO MPAPAUL... . - . - . . FENOGRECO ; ALHOL NUPA: du. FENU DE nn: FENUGREEK. Allemand... ..... BARSHORN. _ Cerre plante légumineuse, à fleurs papillonacées, remarquable par ses longues gousses arquées, terminées par une pointe subulée, est connue depuis un grand nombre de siècles. Théophraste, compa- rant ses fruits à une corne de bœuf, l'avait nommée Bovuépas : Dios- corides lui donne le nom de ryaus, et les Romains l’appelèrent /æ- num-græcum (foin de la Grèce). Elle est en effet très-commune dans les contrées de l'ancienne Grèce, en Égypte où on la cultive. Je l'ai également recueillie sur les côtes de Barbarie et dans plusieurs de nos départemens méridionaux , dans les champs, sur le bord des chemins. 4 Ses racines sont grêles , allongées , garnies de fibres nombreuses, étalées. Il s’en élève une tige droite, fistuleuse, presque simple, lon- gue d’un à deux pieds; légèrement velue. Ses feuilles sont médiocrement pétiolées, grandes , rétrécies à leur base, un peu crénelées pules subulées , pubescentes. res, axillaires , solitaires ou géminées ; le ca- a cinq découpures subulées et ciliées, pres- , un peu plus longue que le 4. composées de trois fo- lioles ovales, assez à leur sommet ; les sti Les fleurs sont jaunât lice, presque diaphane, que égales. La corolle est papillonacée 43: Livrai FENUGREC. calice; la carène très-petite; les ailes et l’étendard un peu ou- verts”; dix étamines diadelphes; un style. Le fruit consiste en une gousse glabre, étroite, longue d’environ quatre pouces, comprimée, renfermant douze à quinze semences brunes ou jaunâtres , bosselées à leur surface. Les semences de cette papillonacée répandent une odeur fragrante analogue à celle du mélilot. Leur saveur, mucilagineuse, quand on les mâche, se rapproche de celle des pois. La grande quantité de mucilage qu’elles contiennent , et qui s’élève jusqu'aux trois huitièmes de leur poids, fait qu'à l’aide de l’ébullition une once de ces se- mences peut donner la consistance mucilagineuse à une livre d’eau. Elles recèlent en outre, en petite quantité, un principe légèrement actif qui paraît être la cause de leur odeur, qui est soluble dans l’al- cool, mais dont la nature chimique n’est pas connue. Cette qualité éminemment mucilagineuse des graines de fenugrec justifie pleinement les propriétés adoucissante, émolliente, lubré- fiante, invisquante, qu'on a successivement données à cette plante, dans l'esprit des différentes doctrines qui ont régné tour à tour dans les écoles. On a fait ainsi usage de sa décoction pour agir localement dans l’ophthalmie, contre les aphtes, les gerçures des lèvres et autres inflammations externes. On s’en est également servi en lavemens pour lubréfier la membrane interne du canal intestinal et pour apai- ser l'irritation dont l'appareil digestif est le siége dans les coliques bilieuses et inflammatoires, dans la diarrhée, la dysenterie et dans les empoisonnemens produits par des substances corrosives. Ces mêmes semences sont encore employées avec succès en cataplasmes pour calmer la douleur et favoriser la résolution ou la suppuration des bubons , des phlegmons, des panaris, des furoncles et autres tu- meurs inflammatoires ; c'est même à ces sortes d'applications locales que l'usage du fenugrec paraît avoir été borné jusqu'ici. Suivant la remarque de Murray , on l’a très-rarement administré par la bouche, quoique le principe légèrement actif qui se trouve uni à son muci- * L'égalité des ailes et de l’étendard, la petitesse de la carène, donnent à cette fleur un aspect triangulaire, auquel est dû le nom générique, trigonella ; de pe, trois, et vovu , angle. ef 2e RE OR ARTE LE do FENUGREC. lage semble porter à croire qu’on pourrait quelquefois l’employer utilement à l’intérieur. C’est sans doute la présence de ce principe actif qui a fait penser à quelques auteurs que cette plante était con- traire aux femmes hystériques. Le sirop de marrube, l'huile de mucilage, le looch de santé de Mesué, les farines émollientes de Plenk, longuent d’althæa , l’em- plâtre diachylum, le mondificatif de résine, l'onguent martiatum , sont les principales compositions pharmaceutiques où l’on fait entrer le fenugrec. Cette plante est besucoup plus célèbre par ses usages économiques que par ses propriétés médicales. Les Égyptiens et les Grecs la pla- çaient au rang des plantes fourragères. Les Romains l’employèrent en outre à différens usages culinaires. De nos jours on la cultive comme fourrage dans certaines parties du Languedoc et du Dauphiné. EXPLICATION DE LA PLANCHE. lT | FE À :} 11 \ P FA 1aturelle. .) 1. Fleur entière de grandeur naturelle. 4. Carèn 2. Étendard détaché d’une corolle, vu de 5. te et hate . Côté 6. Fruit de grande naturelle. 3. Aile. 7. Graine gross FEVE DE S'IGNACE. = CLX V. FÈVE DE SAINT-IGNACE. PE RE RE Fa Amara ; Linné, clas. 5, pentandrie monogynie. STRYCHNOS ; Jussieu , las. 8, ord. 14, apocynées. Halensshinee. FAVA DI SANT IGNAZIO. ÉPAREOIS .n 2e . FÈVE DE SAINT-IGNACE, I JESUIT'S-BEAN. Allemand, ....... IGNATIUSBA Hollandais. ...... SINT IGNATIUS BOON. Cerre plante portait d’abord le nom d'igasur aux iles Philippines : elle reçut ensuite celui de fève de Saint-Ignace par les Jésuites espa- gnols qui croyaient honorer le fondateur de leur ordre en attachant son nom à une plante dont les graines étaient alors considérées comme une panacée universelle : ces graines furent , pour la première fois, envoyées en Europe au célèbre Raï, par le père Camelli. Raï, conjointement avec Petiver , en fit le sujet d’un mémoire publié, en 1699, dans les transactions de la Société royale de Londres. Depuis, Linné fils la décrivit comme un genre particulier, sous le nom d’i- gnatia, que M..de Lamarck a réuni avec raison au genre strychnos , malgré quelques différences dans la longueur du tube de la corolle, dans la forme des fruits et des semences. Ses fleurs n’offrent pas moins un calice à cinq découpures; une corolle tubulée, à cinq di- visions; cinq étamines, un style, une baie uniloculaire, recouverte d’une enveloppe crustacée où ligneuse, renfermant plusieurs se- mences; caractère essentiel du genre strychnos. Cette plante est un arbre chargé de rameaux nombreux, glabres, cylindriques , sarmenteux. Les feuilles pétiolées, opposées, glabres, ovales, très-entières , aï- gnés, veinées. Les fleurs répandent l'odeur du jasmin; elles sont longues, blanches , inclinées, disposées en petites panicules axillaires. Â4e Livraison. . FÈVE DE SAINT-IGNACE. Leur calice est court, campanulé, à cinq dents obtuses, le tube de la corolle filiforme, long de six pouces. Le fruit est une baïe ovale, de la même forme et grosseur qu'une poire de bon chrétien, renfermant plusieurs semences de forme dif- férente; les unes oblongues, presque anguleuses: d’autres plus courtes, à quatre faces; quelques-unes planes ou triangulaires , brunes, un peu ridées, raboteuses à leur surface. Les semences que renferment les baies de l’ignatie ont le volume d’une noix lorsqu'elles sont fraîches, mais se réduisent par la des- siccation à celui d’une aveline. Leur figure varie singulièrement. Elles sont un peu ridées, d’une couleur fauve à l’extérieur, et comme saupoudrées d’une espèce de farine argentée très-adhérente. Intérieurement, leur couleur est brune-verdâtre , et leur substance, presque cornée. « Les missionnaires Jésuites portugais, auxquels on doit l’intro- duction de ces graines en Europe, les désignent sous le titre impropre de fève; et, séduits par les vertus prodigieuses qu’on leur attribuait, ils les décorèrent de l’auguste nom de leur saint fondateur. En effet, elles sont, aux yeux des Indiens, une véritable panacée qu'ils em- ploient indifféremment de la manière la plus superstitieuse dans une foule de maladies qui présentent des indications curatives diamétra- lement opposées. Les éloges prodigués sans réserve par un peuple ignorant à une substance très active, ont été répétés presque avec aussi peu de discernement par quelques médecins européens trop amis de la nouveauté, et dépourvus du talent précieux de l’observa- tion. Bien que je ne prétende pas adresser tout-à-fait ce reproche sé- vère à Loureiro, il me semble pourtant que cet habile botaniste a exagéré les vertus de la fève Saint-[gnace. Il assure s’en être servi plus de mille fois sans en éprouver d’accidens. 11 l’administrait pul- vérisée à la dose de six à douze grains ; Suivant l’âge et le tempéra- ment. Une quantité plus considérable peut causer des vertiges et des convulsions qui, du reste, s’apaisent facilement par des boissons co- pieuses d’eau froide, à laquelle il est parfois convenable d'ajouter du jus de citron. Loureiro ajoute qu'il en a fait prendre la valeur d’une graine entière du poids de ‘deux gros à des chevaux, des buffles et des cochons, sans qu'il soit survenu d’accidens. Sildren et Alm ont + FÈVE DE SAINT-IGNACE. trouvé moins innocente l’ignatie, qui, cependant , devait avoir perdu, dans le cours d'un long voyage, une portion de son efficacité native. Il est vrai que leurs expériences n’ont pas été faites sur les mêmes ani- maux. Les chiens qui en ont été l’objet sont morts au bout de quel- ques heures, frappés de convulsions, après avoir pris l’un trente-six et l’autre dix-huit grams seulement de poudre d’ignatie incorporée dans de la mie de pain. Les docteurs Delille et Magendie ont égale- ment choisi des chiens pour victimes, et, parvenus à déterminer plus rigoureusement que les médecins suédois l’action immédiate de la fève ignatienne sur l’économie animale, ils ont prouvé que cette substance donnait la mort en excitant des convulsions tétaniques; ils se sont assurés en outre que tous les animaux qui succombent par les effets de ce poison , offrent la plupart des phénomènes propres à l'asphyxie; mais ils n’ont jamais trouvé aucune altération dans le conduit alimentaire, dans le cerveau ou dans le prolongement rachi- dien. » Il résulte des faits exposés dans ce précis historique, emprunté à M. Chaumeton , que la faculté vénéneuse de la fève Sant-[gnace se rapproche infiniment de celle de l’upas et de la noix vomique, et qu'elle ne leur cède guère en énergie. Toutefois on peut distinguer deux ordres de phénomènes distincts dans l'action de cette substance vireuse : en effet, par sa qualité amère elle agit particulièrement sur la sensibilité et la contractilité organiques ; elle excite les fonctions nutritives et les sécrétions ; tandis que son principe vénéneux exerce directement sur le système nerveux une influence que Cullen com parait à celle des narcotiques, mais qui paraît être purement stupé- fante, puisqu'elle détruit l'action ones sans procurer le som- meil; propriété qui se retrouve, ainsi que l’observe M. Decandolle, dans un grand nombre de plantes de la dangereuse famille des apo- tion des fonctions organiques, se rattachent les ef- diurétiques, emménagogues, que divers duits par l'administration de ces cynées. À l’excita fets vomitifs, purgatifs, observateurs attestent avoir été pro semences à petite dose. C’est aussi sous » rapport qu'elles ont pu avoir été employées soit pour combattre d anciens catarrhes , provo- quer l’écoulement menstruel, arrêter des fièvres rose re- belles ; soit pour expulser les vers lombricoïdes; et peut-être aussi FÈVE DE SAINT-IGNACE. pour opérer sur le canal intestinal une dérivation salutaire, dans certains engorgemens atoniques des viscères abdominaux. On doit rapporter au contraire à l’action spéciale du principe vireux de la fève Saint-Ignace , sur les fonctions de relation ou de la vie animale, les vertiges, les tremblemens, la paralysie, les convulsions, soit gé- nérales, soit locales, les défaillances et même la mort instantanée qui suivent l'emploi de ce poison. Les effets avantageux qu’on a ob- tenus parfois de son usage, dans les affections comateuses , l’asthme, la paralysie, l'épilepsie et autres névroses, appartiennent éiidous. ment à cette dernière influence. Crea l’action secondaire de l'ignatie sur la marche et la terminaison des maladies , n'étant pas encore déterminée par un assez grand nombre d’expériences clini- ques, on ne doit l'employer qu'avec beaucoup de circonspection. En poudre, cette substance a été administrée de vingt-cinq à soixante centigrammes (cinq à douze grains ). On l’emploie également en infusion dans le vin, en macération dans l'alcool ou en décoction dans l’eau. Infusée de l'huile, elle donne à ce liquide la propriété de guérir la gale. caMELLI ( ceorges-andré), De le sancti Ignatii, excerpta ex epistolä ad Fons Rey et Jacobum Petiver ; insérée dans les Transactions philosophiques, 1669, n° 250, art, 6; es Acta erud. Lipsiæ , Dec. 1700, PE 252; 3°. Dans la Bibliotheca scriptorum medicorum, de Manget , 1731 , tom ; pag. 6 VALENTIN: ( michel-sernard rene. exotica in cad affectibus contumacissimis pro- batissima, fabæ scilicet sancti Ignatii, etc. ; in-4°. fig. Francofurti ad Menum , 1700. EXPLICATION DE LA PLANCHE. t. Fruit entier réduit à la moitié de sa gran- 3. Graine de grosseur naturelle. deur naturelle. 4. La mème coupée dans sa longueur pour © 2. Le même coupé horizontalement pour faire voir que ocre est situé à la faire voir que les graines sont éparses base du périsperm dans une pulpe blanchâtre. 5. Embryon isolé. 166. APTE PrchnhsE : : pu nm «à weufp, FIGUIER, Sera a.l£ AN EE Le, de - cdi CLXVI FIGUIER. lens - sui 3 2 œuxnz; epveos, Homère. FICUS commuNis ; Bauhin, Hivæ£, bib, x1r, sect, 1 , Tournefort, clas. 19, arbres amentacés. : FICUS CARICA , foliis palmatis, Linné, clas. 23, polygamie triæcie. Jus- sieu , clas. 15, ord. 3, orties. . FICO; FIGO. Es BAFEERES:, HIGU MU... - FIGUIER a .., FIG-TREE Allemand. . ...... FEIGENBAUM. Hollandais. . ..... VYGEN ’ . FIKON-TRÆ. . Un cime étalée et touffue, d’amples et larges feuilles rendent le figuier , surtout dans les contrées du midi, un arbre précieux pour l’ombrage et la fraïcheur; mais son principal mérite consiste dans la bonté et la saveur délicieuse de ses fruits. C’est à ce titre que les Athéniens le regardaient comme un présent des dieux ; ils l’avaient consacré à Mercure; les Cyrénéens couronnaient de figues fraiches les statues de Saturne; les Lacédémoniens pensaient que le premier figuier de leur territoire avait été planté par Bacchus. Le figuier n’est pas moins remarquable aux yeux du naturaliste, par la singularité de sa fructification. Elle est tout-à-fait cachée dans ce réceptacle charnu, en forme de poire, que l'on prend ordinaire- ment pour _le fruit, mais dont il n’est que le support. Il est percé à son sommet d’une ouverture en forme d’ombilic ; et entouré de petites écailles disposées sur plusieurs rangs : les fleurs sont nombreuses, à la surface interne du réceptacle; les fleurs supérieure voisine de l'ombilie, et sont sou- - elles ont un calice à monoïques, attachées mâles occupent la partie vent mêlées inférieurement avec les femelles cinq divisions profondes, en alène, point de corolle; trois à cinq étamines , les anthères à deux loges; dans les fleurs femelles, un Â4e Livraison. FIGUTIER. ovaire supérieur, un style, deux stigmates. Les semences sont pe- tites, recouvertes par le calice presque à moitié, entourées d’une enveloppe charnue : elles constituent le véritable fruit. Le figuier est un arbre qui s'élève à la hauteur de quinze à vingt pieds et plus, sur un tronc lisse, souvent tortueux; les rameaux chargés de poils rudes, très-courts; le bois spongieux et blanc; le suc propre laiteux, très-âcre. Les feuilles sont grandes, pétiolées, alternes, épaisses, rudes et couvertes de poils courts, profondément divisées en trois ou cinq lobes obtus, sinueux. Les Este: dans lesquelles sont rte les fleurs et les se- mences, sont presque sessiles, placées le long des rameaux de l’an- née. Elles se montrent, surtout les premières, avant les feuilles : on en distingue un très-grand nombre de variétés : la plus délicate est celle connue sous le nom de ffgue marseillaise. (P.) Toutes les parties tendres du figuier, lorsqu'elles sont fraiches, renferment un suc laiteux, amer et très-âcre. C’est même à ce suc blanc et corrosif que les réceptacles charnus , auxquels on donne le nom de figues, doivent l'odeur nauséeuse et la saveur repoussante que ces productions offrent avant leur maturité. A cette époque , la figue éprouve un mouvement interne, une sorte de fermentation la- tente qui y développe une grande quantité de sucre, change son goût vireux en une saveur douce extrêmement agréable, et convertit son parenchÿme amer en une pulpe succulente d’excellent goût. La grande quantité de matière saccharine et de mucilage que renferment les figues bien müres, en fait un des alimens les plus nu- tritifs et les plus savoureux que l’homme puisse trouver dans la na- ture. L’abondance de ce dernier principe assure en outre à ce fruit un rang distingué parmi les médicamens émolliens, adoucissans , lu- bréfians , relâchans, etc., et le rend d’une utilité incontestable dans le traitement de la plupart des maladies inflammatoires. La figue, aïnsi que le remarque M. Barbier, « affaiblit la tonicité des fibres vi- vantés, elle relâche les tissus organisés, elle diminue l'énergie, la vigueur des mouvemens des organes. Cet effet rend utile dans les phlegmasiès aiguës la décoction légère de figues. On les recom- mande dans les toux sèches avec irritation et même dans les pleuré- Se, Loiret, SP à 4: - FIGUIER. sies et les péripneumonies. Elles produisent de bons effets dans les douleurs néphrétiques, dans le premier temps du catarrhe vésical, dans les ardeurs d’urine. On s’en sert aussi dans la petite vérole, dans la rougeole. On conseille la décoction de figues dans le lait, contre lesquinancie, contre les fluxions aiguës des gencives, lorsqu'il y a tension, gonflement, douleur. On en fait des cataplasmes émolliens que lon applique avec avantage sur les tumeurs inflammatoires. En un mot, dans toutes les affections pathologiques contre lesquelles on veut diriger une puissance médicinale émolliente, on peut, avec con- fiance, se servir de figues. » Le suc âcre et lactiforme du figuier a des propriétés médicales entièrement opposées. Les anciens paraissent l'avoir employé à l’ex- térieur comme irritant dans le traitement de la lèpre et autres exan- thèmes chroniques. Plusieurs auteurs recommandent d’en frotter les cors et les verrues pour faire disparaître ces excroissances gênantes et parfois très-douloureuses. A ‘cause de leur action relâchante, les figues, comme aliment, sont peu convenables aux personnes faibles, aux cachectiques, aux femmes chlorotiques, aux vieillards décrépits. Les sujets dont les forces digestives sont entravées par des chagrins profonds; la vie sé- dentaire, des excès d’étude; les individus d’un tempérament lym- phatique, ceux qui habitent des contrées froides et pluvieuses, des pays bas et humides, en général, les digèrent mal. En revanche, leur usage est très-salutaire aux hommes secs et ardens, surtout dans les pays chauds , où l'on éprouve sans cesse le besoin des alimens doux, sucrés et acides. Les figues sont surtout un excellent aliment pour les estomacs robustes. Comme elles abondent en principes assimi- lables , elles donnent beaucoup de force et augmentent l'embonpoint : aussi formaient-elles chez les anciens la plus grande partie de la nourriture des athlètes. Lorsqu'on en mange modérément, leur di- gestion, exempte de l'irritation générale qui accompagne l'assimi- lation des matières animales , et n’exigeant point le travail organique que nécessite la digestion des matières fibreuses et extractives des vé- gétaux, laisse au cerveau toute son activité, à la pensée toute sa force, aux facultés intellectuelles toute leur énergie, et à la raison toute sa puissance ;'de sorte que plusieurs grands hommes de Fanti- FIGUIER. _quité ont regardé les figues comme un des alimens les — propres aux méditations philosophiques, et les plus convenables à ceux qui veulent pénétrer dans la profondeur des sciences, ou régler leurs mœurs sur les principes éternels de la morale. Aussi les pythagori- ciens en faisaient beaucoup de cas, et Zénon:le stoïcien s’en nour- rissait exclusivement. Cependant les figues cèdent leurs principes nutritifs avec beaucoup plus de facilité lorsqu'elles sont fraîches que lorsqu'elles ont été desséchées. Dans cet état, leur parenchyme de- vient dur et coriace, elles fatiguent l'intestin, et deviennent même parfois laxatives. De nos jours on fait un grand usage des figues en Provence, en Languedoc, en Espagne, en Italie, en Sicile, en Grèce, etc. On les dessèche dans ces différentes contrées en les exposant sur des claies, soit aux rayons du soleil, soit à la chaleur du four ou d’une étuve, et de là on les expédie dans les pays septentrionaux, où le climat ne permet pas au figuier de croître. Lorsqu’elles sont trop anciennes, leur principe saccharin se sépare du mucilage auquel il était uni; il se concrète à la surface de la figue, et le parenchyme qui en est aussi privé, prend une saveur désagréable, et ne tarde pas à se corrompre. Ces fruits sont susceptibles d’éprouver la fermentation vineuse, et l’on pourrait en retirer de Palcool. Le suc du figuier peut servir à coaguler le lait; il entre dans la tomposition de plusieurs encres sympathiques. Lorsqu'on s’en sert pour écrire sur du papier, les caractères s’effacent instantanément, mais ils reparaissent dès que l’on expose le papier sur lequel ils sont tracés à l’action du feu. HETDEGGER (sean-renri }, De ficu' à Christo maledictä. — Cette dissertation est la quinzième de les qui forment le . tome de l'Historia sacra patriarcharum , de l’auteur; in-4°. Anmstelodami, 1667 HOFMANN En EE se philologicè considerata, Diss. in-4°. lenæ, 1 pc op tophe) , De curatione Hiskiæ morbi per ficum , Diss. in-4°. Altdorfi, 1691. x 40-1696. Noëvaue Instruction facile pour la culture des figuiers , où l’on apprend la manière de les éle- : ver ; multiplier ier et conserver , etc. ; in-12, Paris, 1692. Cetopuscule, publié sous le voile de Rime est attribué par divers bibliographes, et notamment par lérudit Barbier, à Ballon et Gar GER (Louis); Traité facile pour apprendre à élever et figuiers ; in-12. Paris, 1 Juszen (paniel}, De ficu arefactä, Diss. inaug. pres. Hewr. Helsing ; in-4°. ne ; 1924. FIGUIER. 7 rneille), Historia si et medica ficüs, Diss. inaug. præs. Car. Linné; in-4°. saliæ , 15 septembre excellente mon, pe | _. dans le premier volume des Amænitates acade- &, Traité de la culture ré Sci, suivi d'observations et d'expériences sur la meilleure de le cultiver, sur les causes de son dépérissement, et sur les moyens d’y remédier ; terdam et Paris , ii patient Tournefort, et n'ajoute aucune confiance à ce que … voyageur, de la caprification. 11 est singulier de voir le docteur Labrousse démen ae, et donner, ue pages pH des preuves d’une crédulité er Gil d’un fruit ou invo- 3. Fleur femelle. 4. Fruit. Le même coupé dans sa longueur. FOUGÈRE-MALE.. —… CLX VIE FOUGÈRE MALE. D. 2... ... rip, Dioscorides. FILIX NON RAMOSA , DENTATA ; Bauhin, ClivaË, lib. x, sect, 2. Tourne- fort, clas. 16, apétales sans fleurs. POLYPODIUM FITIX MAS; frondibus bipinnatis, pinnis obtusis, crenu- latis , stipite paleaceo; Linné, clas. 24, cryptogamie, fougères. Jussieu , clas. 1, ord. 5, fougères. ..« FELCE MASCHIO, Français... ..,... vroucère Mare. 2 SET MALE FERN ; MALE POLYPODY. Uemand.. , ..... sanwxnaur. Hollandais. . ..... VAREN-KAUID, Se ns 4 5 + + « TRÆJON. Les fougères se distinguent des autres végétaux par un grand nombre de caractères qui les rendent faciles à reconnaître; leur tige est une souche souvent souterraine semblable à une racine, d'où Partent des feuilles roulées en crosse à leur naissance; elles n’ont ni fleurs ni fruits proprement dits, mais elles portent sur le dos de leurs feuilles de très-petites capsules groupées plusieurs ensemble de iverses manières, souvent munies d’un anneau élastique qui facilite leur ouverture, et d’où s’échappent des semences pulvérulentes, de formes variables. On les a distribuées en plusieurs genres. L'espèce dont il est ici question , placée d’abord parmi les poly- Podes , appartient aujourd'hui aux aspidium , dont le caractère gé- nérique consiste dans des capsules réunies en groupes arrondis, éparses sur le dos des feuilles, recouvertes par un tégument qui se fend longitudinalement par un seul ou par ses deux côtés. La fougère mâle a pour tige une souche ligneuse, rampante, d’un brun foncé en dehors, garnie d'écailles fines et membraneuses, Les feuilles sont amples, vertes, lisses, deux fois aïées , longues d'un à deux pieds, placées sur un pétiole muni dans sa longueur 3. 44° Livraison FOUGÈRE MALE. d'écailles roussâtres, caduques; les pinnules alternes, lancéolées, ai- guës ; les folioles nombreuses, à peine confluentes à leur base, li- néaires, obtuses, dentées à leurs bords. Les capsules sont réunies en paquets réniformes, très-rapprochés, disposées sur deux rangs au dos des folioles. Cette plante croît dans les bois, aux lieux stériles et incultes. (P.) La racine de fougère mäle est d’une couleur brune fauve à l’exté- rieur, et d’un blanc jaunâtre intérieurement. Son odeur, quoique très-faible, est un peu nauséeuse. Sa saveur présente d’abord quelque chose de styptique; mais quand on la mâche, elle est douceâtre, un peu aromatique et légèrement amère. En vieillissant dans les bouti- ques, elle perd presque toutes ces qualités physiques, et avec elles une grande partie de ses propriétés médicales. L’extrait aqueux qu'on en retire a la saveur douce amère et légèrement astringente de la racine elle-même : son extrait alcoolique, beaucoup moins abon- dant que le précédent, est aussi beaucoup plus amer. Du reste, elle renferme, comme les racines de presque toutes les fougères, une petite quantité de mucilage, de l'acide gallique et du tannin. Les matériaux immédiats de cette racine donnent raison de l’im- pression tonique et légèrement astringente qu’elle exerce sur nos or- ganes. Mais cette impression est-elle assez énergique pour donner au polypode la faculté d'activer la sécrétion du lait, de rappeler l’écou- lement des règles, et de provoquer l'avortement? Suffit-elle pour décorer cette plante de la vertu qui lui a été gratuitement attribuée contre la goutte, le rachitis, le scorbut, la mélancolie, les obstruc- tions et les vieux ulcères? Les’ propriétés médicales de cette fou- gère, enfin, sont-elles assez développées pour justifier les éloges fas- tueux qui lui ont été prodigués depuis des siècles comme vermifuge ? Galien, Avicenne, Pline, Dioscorides parlent de la racine du poly- pode comme d’un anthelminthique tout-puissant; et les assertions de ces auteurs anciens, admises sans examen, consacrées par le temps, et amplifiées même par les modernes, semblent établir les propriétés vermifuges de la racine de fougère mâle sur les faits les plus authentiques. Sim. Pauli, Fréd. Hoffman, Nic. Andry, Mar- chant et beaucoup d’autres observateurs assurent avoir administré cette racine avec succès, soit contre les ténias, soit contre les lom- FOUGÈRE MALE. brics. Toutefois, au lieu d’avoir été administrée seule, cette sub- stance a été presque toujours associée aux purgatifs résineux les plus actifs, et par conséquent les plus propres à produire par eux- mêmes les effets vermifuge et purgatif que l’on a bénévolement at- tribués au polypode. Or il est évident que pour déterminer avec pré- cision les véritables propriétés curatives de cette cryptogame, il eût fallu administrer isolément, ainsi que le remarque très-judicieuse- ment l'illustre Murray. Mais cette manière simple et rationnelle d'employer les substances médicamenteuses, que tousles bons esprits reconnaissent comme le seul et unique moyen de parvenir à des no- tions précises sur l’action des remèdes, et de faire faire des progrès réels à la thérapeutique, n’a été suivie que par un petit nombre d'hommes supérieurs. La tourbe médicale sans cesse dominée par une dangereuse et déplorable pharmacomanie, a toujours associé cette racine aux drastiques les plus violens : la cupidité et le charla- tanisme se sont emparés de ces mélanges plus où moins fastidieux, et de là sont nés cette multitude de recettes vantées, d’arcanes tout- puissans, et de merveilleux spécifiques contre les vers, depuis Île re- mède de l'Allemand Herrenschwand jusqu’à celui dela veuve du chirur- gien suisse Nuffer. Ce dernier remède , acheté dix-huit mille francs en 1775, par le ministère français, se compose de trois drachmes de poudre de racine de fougère mäle, par dessus lesquelles on fait avaler au malade un mélange de calomel, douze grains; des cammonée , douze à quinze grains ; de gomme gutte, cinq à huit grains; et parfois on administrait encore par dessus toutes ces drogues une certaine quan- tité de sulfate de magnésie. Or, je le demande, comment distinguer dans l’action d’un drastique aussi puissant ce qui appartient au poly- pode, et ce qui est l'effet du sel et des autres purgatifs? Quelques ob- servations de Wendt rapportées par Gmelin, semblent _— il est vrai, que cette racine, administrée ge à la dose EST Den pros, a expulsé de longs fragmens de ténias chez différens individus. Mais d’autres observateurs, non moins recommandables , pen lesquels on pourrait citer M. Alibert, Pont point obtenu _ mêmes avan- tages ; et, lorsqu'un des plus zélés partisans de = Ém An- dry, convient que”cette racine tue les vers, Tnais qu'e e ne suffit pas pour les expulser, n'est-ce pas avouer tacitement que ses proprietés L = FOUGÈRE MALE. anthelminthiques sont illusoires? Concluons donc avec M. Guersent « que si on veut observer sans prévention Ja manière d'agir de la plupart des fougères seules, soit en poudre, soit en décoction, on sera convaincu qu’elles ne déterminent d'autre médication que celle des astringens et des toniques; le quinquina , par exemple, est un spécifique bien plus puissant contre les vers que toutes les fougères connues. » La racine de fougère mâle se donne en substance, sous forme pul- vérulente dans du vin, de l’eau ou du lait, ou incorporée avec le miel, de quatre à douze grammes ( un à trois gros) et en décoction, à la dose de seize à trente-deux grammes (demi à une once). On mange quelquefois les jeunes pousses de cette cryptogame, en guise d’asperges. Au rapport de Gesner; les feuilles desséchées ser- vent de fourrage aux bestiaux pendant les longs hivers qui règnent dans les parties septentrionales de l'Europe. On s’en sert aussi pour faire des coussins et des matelas beaucoup plus sains que ceux qui sont faits avec la plume, et que Van Swiéten recommande surtout aux rachitiques. Cette plante contient beaucoup d’alcali vé- gétal, ce qui fait que ses cendres sont recherchées par les blanchis- seurs pour les lessives. On l’emploie aussi dans quelques pays pour brûler et pour chauffer le four. EXPLICATION DE LA PLANCHE. 1. Plante entière , réduite, (sori) qui sortent de dessous, Cette 2. Portion de feuille, de grandeur natu- figure est très-grossie. relle, 4. Capsule (conceptacle, Mirbel) isolée, 3. Portion de pinnule sur laquelle on a re- grossie. résenté involucre réniforme, 5. La même laissant échapper ses séminules , échancré (indusium ), autour duquel lorsque l'anneau élastique, articulé, on voit un grand nombre de capsules rompt. 168. FOUGERE-FEMELLE. «ll. CLX VIII. FOUGÈRE FEMELLE. Grec... .....,.. Swaumrépie, Dioscorides. FILIX RAMOSA MAJOR, pinnulis obtusis non dentatis ; Bauhin, IlivaË, : lib. x, sect. 2. Tournefort , clas. 16, apétales sans fleurs. Latin... .......{ pres aquruIN A ; frondibus supradecompositis , foliolis pinnatis , pin- nis lanceolatis, infimis pinnatifi is, superioribus minoribus ; Linné ; clas. 24, eryrtogamie, fougères. Jussieu , clas. x, ord. 5, fougères. aus cie es. FELCE FEMM Espagnol... . :... . HELECHO HEMBRA cais.. « FOUGÈRE FEMELLE 8... . . |. . FEMALE FERN. Allemand... .:... rARRENKRAUTWEIBLEIN ; GEMEINER SAUMFARREN. Ho ue es o VAREN WYFJE. Suédois. ..,..... ORMBUNCKE. Certe fougère, si commune partout dans les bois, aux lieux sté- riles, n’est pas du même genre que la précédente. Elle appartient aux pteris , et se distingue par ses capsules réunies en lignes margi- nales non interrompues, recouvertes par un tégument qui s'ouvre de dedans en dehors, formé par le bord de la feuille replié en dessous. Ses souches , en forme de racines , sont longues, traçantes, brunes où roussâtres en dehors, remarquables, lorsqu'on les coupe en travers, par deux lignes noirâtrés qui se croisent, et représentent en quelque sorte l'aigle de l'Empire. : Les feuilles sont longues de deux à trois pieds et plus, droites, au moins trois fois ailées , les pinnules lancéolées , en- tières et alongées à leur extrémité; les folioles linéaires, obtuses ou à peine aiguës, glabres en dessus, un peu pubescentes en dessous. La fructification est placée sur le bord interne de chaque foliole, en une ligne non interrompue de petits grains nombreux , confluens roussâtres, presque tomenteux: D’ün brun noirâtre à l'extérieur et blanchâtre intérieurement, la racine de fougère femelle est parsemée de taches brunes qui, lorsqu'on la coupe très-obliquement vers son Origine, représentent assez bien 4fe Livraison. 2 fort amples, FOUGÈRE FEMELLE. l’image d’un aigle à deux têtes. Elle exhale une odeur fade particu- lière. Sa saveur est très-visqueuse, un peu amère, légèrement styp- tique, et non point douceâtre comme celle du polypode. La quantité de mucilage visqueux qu’elle renferme est si considérable, que son suc acquiert facilement la consistance du miel par l’évaporation. Cette racine contient en outre de l'acide gallique, du tannin, et fournit, comme celle de fougère mâle, un extrait aqueux et un ex- trait résineux. La réputation dont la racine de cette fougère a joui contre le té- nia ne le cède en rien à celle du polypode. Haller, Alston, Andry, élèvent même sa vertu anthelmintique au dessus de celle de cette dernière, que la plupart des auteurs de matière médicale préfèrent néanmoins. On ne s’est pas borné à préconiser les succès de la ra- cine du pferis aquilina contre les vers plats, on lui a prodigué les plus grands éloges contre les ascarides lombricoïdes. Elle a été, en outre, libéralement décorée de plusieurs autres vertus, également accordées au polypode, pour la guérison du rachitis, pour exciter l’é- coulement des règles, et provoquer l'expulsion du fœtus. Malheu- reusement l'expérience n'a point confirmé de semblables assertions. Bien plus, les effets anthelminthiques de cette racine sont encore à constater. Presque jamais en effet on ne l’a administrée seule, et l’on peut croire raisonnablement que l’action purgative et vermifuge qu’on lui a accordée, n’est due qu'aux substances drastiques, salines ou résineuses qui lui sont constamment associées. L'identité des principes constituans de la racine de fougère femelle et ce celle de fougère mâle, l’analogie de leurs propriétés physiques et médicales, né permettent pas de supposer plus d'énergie à l’une qu’à l'autre. Bornons-nous donc à regarder la racine du pteris aliquina comme une substance médiocrement tonique et faiblement astringente, in- capable par conséquent de produire les puissans effets anthelmin- tiques qu’on lui a trop légèrement attribués. D’après cela on peut apprécier à leur juste valeur ces secrets chèrement vendus, ces poudres, ces pilules, ces confections tant vantées, ou autres mer- veilleux spécifiques dont cette racine est la base, et que les charla- tans de place, d’avides boutiquiers, et d'ignares médicastres débi- tent de toutes parts au peuple : à ce peuple malheureux et crédule FOUGÈRE FEMELLE. que son ignorance et son aveuglement déplorable semblent condam- ner à être éternellement victime des imposteurs qui le trompent avec impudence, et souvent avec permission ? La racine de fougère femelle peut être administrée en poudre dans de l'eau, du miel ou du lait, de huit à douze grammes ( deux à trois gros) : en décoction on en porte la dose jusqu’à trente-deux et soixante-quatre grammes (une et deux onces), et même au delà. Dans les contrées granitiques, dans les pays montueux et peu fertiles où cette fougère croît en abondance, sa racine sert d’aliment aux cochons pendant l’hiver : ils en sont très-avides et savent très- bien la trouver en fouissant la terre qui la recouvre. Séchée et mou- lue, on en fait, avec de la farine de seigle, un pain grossier, mais précieux dans des temps de disette. Dans les campagnes elle sert souvent de litière aux bestiaux. On l’emploie comme combustible en plusieurs contrées. Ses cendres abondantes en carbonate de potasse sont employées dans les verreries pour favoriser la fusion du silex et du sable quartzeux. Dans plusieurs de nos provinces, l'Auvergne, les Cévennes, le Limousin , la Bretagne, etc. , le charbon qu'on re- tire de cette plante sert à fertiliser les champs. Pour cela, on coupe les fougères pendant les chaleurs de l'été; quand elles sont sèches, on les transporte sur les terres labourées, où on les étend en cou- ches plus ou moins épaisses, ensuite on y met le feu après le coucher du soleil; ce qui fait paraître souvent, dans les pays où cette pratique est en usage, de vastes contrées comme embrasées pendant la nuit. EXPLICATION DE LA PLANCHE. td deur naturelle.) /T n (La pla LA 3. Foliole grandie. 4. Capsule. 5. La mème telle qu'elle s'ouvre pour laisser er les séminules, r. Portion de feuille vue du côté de la + dans la coupe duquel on voit le simulacre d’un aigle à deux têtes. échapp 169). ? ÆZ Lambert J° rotp FRAISIER. —. CLXIX. FRAISIER. Gréé.. he, 5 «er... Prayours, Myrepsus. ce : FRAGARIA VULGarIS; Bauhin , TivaË, lib. vrr, sect, 6. Tournefort, clas. 6; D 7: rosacées. tai FRAGARIA VESCA ; flagellis reptantibus ; Linné, clas, 12, opte po- e. Jussieu, clas. 14 , ord. 10, rosacées. SES Ite Lu TRS RR FRAGARIA Poser :. FRESA. Français... nc, FRAISIER, Anglais. . Mr es in STRAWBER À Y. Mina: . 2... . ERDBEFRKRAUT Hollandais. ns …. » - AARDBEZIEN-KRUID; AARDBEZIESTAM. 2 4 4 LOTS JORDGUBBAR ; SMULTRON ses fraisier est une plante lumble et rampante qui végète parmi les mousses , sur les coteaux boisés, qu'on regarderait à peine sans le parfum FR de ses fruits, qu elle pr oduit dans toute leur per- fection sans le_secours de l'art, et qu’elle met à notre disposition, ns: sue la main qui veut les saillie soit arrêtée par le droit exclusif é IlLest étonnant que le fraisier ne soit cité ni par les botanistes . des-prerniers siècles, ni par les anciens agriculteurs : Pline ne fait que le nommer ; les poètes n’en parlent que coins d'un fruit champêtre : nous avons depuis amplement réparé cet oubli injurieux. Ses fruits font les honneurs des meilleures tables, et les délai des ss champêtres. … Malgré iétés obtenues par la culture, le frai- sier- v des bois. est pre Ja seule espèce de son genre, très-voisin des potentilles ; il:n’en diffère essentiellement que par le réceptacle de ses semences; qui s'agrandit après la floraison, et devient pul- peux: succulent, coloré et caduc. Son calice est ouvert, à dix dé- coupures, cinq -alternes plus petites ; la corolle à cinq pétales ; un grand nombre d’étamines insérées sur le calice; des styles nombreux. Ses racines sont noirâtres et fibreuses ; elles produisent des rejets ü Cou qui rampent sur terre et poussent de nouvelles racines. mA Livraison. Le FRAISIER. De chaque nœud enraciné sortent des tiges grèles, velues, et des feuilles longuement pétiolées, composées de trois folioles ovales, presque soyeuses en dessous, profondément dentées. Les fleurs sont blanches, pédonculées, terminales; les pétales ar- rondis; le fruit est une sorte de baie pulpeuse. Le fraisier est inodore, sa racine est légèrement styptique dans ‘état frais, et devient un peu amère par la dessiccation. Les feuilles ont un goût herbacé légèrement austère. Les fruits remarquables par leur forme globuleuse, leur belle couleur rouge, leur odeur fragrante! très-suave, et par une saveur aromatique, douce, acidu- lée, extrêmement agréable, flattent à la fois, selon l'expression de M. Chaumeton, la vue, le goût et l’odorat. Cette odeur suüave des fraises est cependant nuisible à certaines personnes : mais il en est de ce phénomène particulier comme des éruptions variées, de di- versés inflammations locales et de certaines fièvres passagères que ce fruit délicieux produit dans quelques cas rares ; accidens insolites qu'il faut attribuer à l'idiosyncrasie de quelques sujets, et dont on ne doit point accuser un fruit é ment salubre. La chimie ne s'est point encore convenablement occupée de l’a- nalyse du fraisier. Ses racines et ses feuilles contiennent cependant du tannin, dont la présence est indiquée par la couleur noire que le sulfate de fer détermine dans leur décoction.-Quant aux fraises, le plus simple examen suffit pour y constater la présence d’un principe aromatique qui passe avec l’eau distillée, d’une grande quantité de sucre et de mucilage, et d’un peu d’acide. Les racines et les feuilles de cette plante ont été préconisées comme apéritives, diurétiques, désobstruantes, etc. D’après l’idée vagüe qu'on attachait à ces expressions, on s’en est long-temps servi dans la jaunisse, contre les maladies des voies urinaires et pour combattre les obstructions. Au rapport de Spielmann, Nebel a fait usage des feuilles pilées dans le traitement des ulcères. Toutefois , la propriété astringente d’où dérivent toutes les vertus dont on a dé- coré le fraisier, est trop. peu développée dans cette rosacée, pour * Cest à ce suave parfum qu'est due la dénomination du fraisier, qui se nom- mait autrefois fragier, tandis que le fruit s'appelait frage : fragranti fructus odore. FRAISIER. qu'on puisse la préférer à une foule de plantes de la même famille, beaucoup plus énergiques, et beaucoup plus propres, par c équent, à produire la médication tonique avec astriction. Quoique d’un caractère entièrement opposé, les qualités des baies du fraisier sont bien plus prononcées et bien plus utiles. Leur pulpe mucilagineuse, acide et sucrée, dissoute dans l’eau, forme une bois- son parfumée, adoucissante, relâchante, tempérante, laxative; elle nourrit légèrement, apaise la soif, et convient dans presque toutes les maladies aiguës et dans un grand nombre de maladies chroni- ques. Cette boïsson est recommandable surtout dans les fièvres in- flammatoires , bilieuses et putrides, dans les embarras gastriques, dans le premier temps des catarrhes , dans les phlegmasies des vis- cères, et dans les exanthèmes aigus. Elle jouit d’une réputation mé- ritée dans les maladies de l'appareil urinaire : telles que la néphrite, la blennorrhagie. Elle n’est pas moins avantageuse dans les dartres, la phthisie pulmonaire et autres affections pathologiques accompa- gnées de chaleur, de soif, de sécheresse à la peau et de fréquence du pouls. Comme substance alimentaire, les fraises constituent un des abi- mens médicamenteux les plus utiles. Prises en grande quantité et pendant long-temps, elles sont susceptibles de produire, dans cer- taines maladies graves et rebelles, les changemens les plus favo- rables et les plus inattendus. Elles ont souvent guéri des aflections qui avaient résisté à tous les moyens illusoires de Îa pharmacie. Schulz a vu chez plusieurs sujets la fièvre hectique disparaître par leur usage. Van Swiéten atteste que la manie furieuse a souvent cédé à leur emploi alimentaire long-temps continué. Les observations de Gesner, confirmées par celles de Lobb , prouvent également que lu- sage des fraises a été singulièrement utile à des calculeux. Plusieurs goutteux en ont fait long-temps avec succès leur principalenourriture , et l’illustre Linné parvint à se garantir des ne Iauoureuses de l'arthritis par ce moyen. Hoffmann attribue même à L ample usage des fraises la guérison de plusieurs phthisies pulmonaires qui, selon la remarque de M. Chaumeton, n'étaient probablement que des ca- LC PATES ss de fièvre hectique. Que d'avantages 1 Pme , ne retirerait-on pas de ces fruits dans le traitement du scorbut! FRAISIER. Toutefois en payant aux baies du fraisier le juste tribut d’éloges qu’elles méritent, doit-on leur accorder la faculté de dissoudre les _concrétions tophacées qui se forment chez certains goutteux , autour des articulations? De ce que Lobb a vu des pierres extraites de la vessie se ramollir et diminuer de poids par une longue macération dans le suc de fraises, doit-on en conclure que ces fruits analeptiques et rafraîchissans sont doués de la vertu lithontriptique? Sans doute l'impression relâchante qu’elles exercent sur nos organes les rend propres à calmer la douleur que détermine la présence d’un calcul. En faisant cesser le spasme des uretères et du col de la vessie qui accompagne souvent la lithiasis, nul doute qu’elles ne puissent fà- voriser dans quelques cas l'expulsion des graviers d'acide urique qui se forment dans les reins; elles peuvent enfin, en augmentant la sé- crétion de lurine, prévenir la formation de ces calculs : mais ont- elles la propriété de les dissoudre ? C’est ce à quoi on peut répon- dre négativement. Soit qu'on mange les fraises telles qu’elles se présentent dans la nature, soit qu'on les associe au sucre, avec un peu d’eau, de crême ou de vin, elles forment un aliment aussi agréable que salubre. Toutefois, un tempérament éminemment lymphatique, une puis- sance digestive très-affaiblie, une température froide et humide, pourraient les rendre accidentellement peu salutaires, ou même en contre-indiquer emploi. La mollesse de leur pulpe ne permet pas de les conserver long-temps; elles passent rapidement à la fermen- tation vineuse, et ensuite à la fermentation acéteuse. Elles peuvent servir à la fabrication du vin et de l'alcool. On emploie quelquefois les jeunes feuilles du fraisier en infusion théiforme. Les feuilles, ainsi que les racines, soit fraîches, soit sè- ches, entrent dans la composition d’un grand nombre de bouillons et d’apozèmes décorés du titre d'apéritifs. Les fraises elles-mêmes fournissent à la pharmacie une eau distillée aromatique qui a été souvent employée dans des gargarismes et autres médicamens li- quides. On en prépare un sirop très-agréable, des glaces délicieuses et des sorbets d’excellent goût. a LE EN, Le € FRAISIER. FRENZEL (simon-rrédéric), De suavissimo fragariæ fructu , fragä, Diss, inaug. resp. Carp. Schæn ; in-4°. Witt tembergæ, 1662. DUCHESNE (antoine-xicolas) , Histoire naturelle des fraisiers, coutenant les vues d'économie réu- nies à la botanique, et suivies de remarques particulières sur plusieurs points qui ont rap- Pù Fhisoire ner: in- Fe Paris, er di lai de cette monogra- Se sont “sa Traité des sh 6 Je crois inutile de répéter les éloges outrés qu'on à rodigués de toutes parts à cet ouvrage. Je désirerais que l’auteur se füt exprimé d’une ma- _ nière plus concise , et en style plus correct. LINNÉ ue. De fragä vescä, Diss. inaug. resp. S. A. Hedin ; in-4°. Upsaliæ, 26 mai el trouve cette préciense dissertation dans le huitième vol. des Amænitates academicæ du LT de l’histoire nature _ Les All ds ont recueilli et Dumonceau a écrit sur le fraisier dans son Traité d aies fruitiers : opuscule très-estimé , de quarante-deux pages in-4°, orné de neuf planches en taille-douce et imprimé à Nuremberg, en 1775. l l'illust Dubhame Pa | L°2 il en est résulté un EXPLICATION DE LA PLANCHE. { La plante est de grandeur naturelle.) 8 le d'une f . Fruit coupé dans sa longueur. . Graine détachée, grossie. £s C: 4 P a 2, Pistil isolé, 170 Z — - Turpin 2. Dubous up FRAMBOISIER. ——— CEXX. FRAMBOISIER. D. Baroc 1d'æix , Dioscorides. RUBUS IDÆUS sPINOSUS; Bauhin, svæ£, lib. xtx, sect. 4. Tournefort, + clas. 21, arbres rosacés. Latin... ,:.,.... ruBus 1Dæus; foliis quinato-pinnatis ternatisque , caule aculeato, pe- tiolis canaliculatis ; Linné, clas. 12, icosandrie polygynie. Jussieu, clas. 14, ord. 10, rosacées. ltoliensis ia ic OVO 1DEO £, rs FRAMBUESO Français. ........ rRamnoister. ”.L. . RARE RASPBERRY-BUSH ; HINDBERRYX-BUSH. Allemand. ....... BIMBEERSTRAUCH. Hollandais... ..., rramnoos-voom; uinNeseztex 800. dose, DELLE 5 HA cn 1h à MALINA. CE que je viens de dire du fraisier pourrait s’appliquer en partie au framboisier. Cette plante nous offre également ses fruits parfumés sans le secours de la culture, et, lorsque l’homme s'en empare, il ne lui coûte d’autres soins que de placer dans ses possessions un ar- brisseau qui croît naturellement parmi les rochers des hautes et basses Alpes, ainsi que dans les grandes forêts de l'Europe. Il était autrefois si commun sur le mont Ida, que Dioscorides l’a distingué des autres ronces sous le nom de ronce du mont Ida : Gxros 19. Le framboisier est donc une espèce de ronce qui, comme toutes les autres, offre un calice ouvert, à cinq divisions ; une corolle à cinq pétales; des étamines nombreuses placées sur le calice ; un grand nombre de styles; le réceptacle des semences glabre, conique, recevant des semences enveloppées chacune par une pulpe molle, formant par leur réunion une baie composée. | Ses racines sont traçantes, médiocrement rameuses ; ils en élève plusieurs tiges droites, faibles, blanchâtres , armées de très-petits aiguillons. a 0 Les feuilles inférieures sont composées de cinq folioles ovales, 2. 45° Livraison. ; FRAMBOISIER. allongées , aiguës, blanchâtres en dessous, dentées à leurs bords; les feuilles supérieures sont ternées. Les fleurs sont blanches, placées sur des pédoncules velus, un peu rameux, munis de petits aiguillons : les fruits blancs ou plus souvent rougeâtres, velus, d’une odeur très-suave, connus sous le nom de framboises. Il est plusieurs autres espèces de ronces très-communes dans les bois, et en même temps très-incommodes; leurs fruits offrent le caractère des framboises, mais ils n’en ont point le parfum : ils portent le nom de mures, surtout ceux du rubus fruticosus , Lin. Les feuilles du framboisier sont inodores et légèrement styptiques. Les fruits dont la couleur peut être blanche, grise ou rouge, exhalent une odeur suave très-fragrante, et offrent une saveur aromatique, acide, fort agréable. Cette saveur toutefois est moins douce, et plait généralement beaucoup moins que celle des fraises, à cause de l’'im- pression désagréable de sécheresse et d’aridité que détermine d’a- bord sur l'organe du goût le duvet cotonneux dont la framboise est recouverte. Du reste, ces baies contiennent , comme presque tous les fruits rouges , beaucoup d’acide et de mucilage, du sucre et un prin- cipe aromatique fragrant, dont l’eau, le vin, Palcool et le vinaigre peuvent également s’emparer, soit par distillation, soit par infusion: Les propriétés médicales des framboises se rapprochent beaucoup de celles des fraises, des cerises et des groseilles. Comme ces fruits rouges, elles sont nutritives, délayantes, adoucissantes , tempé- rantes et laxatives; de plus elles agissent sur le système nerveux par leur arome. Leur pulpe succulente et parfumée, dissoute dans l’eau, forme une boisson très-propre à éteindre la soif, à diminuer la cha- leur fébrile, à favoriser la transpiration et le cours des urines dans les maladies aiguës, surtout dans le premier temps des affections pyrétiques, et dans tous les cas où 1l y a de:l'irritation. Seulement il est quelquefois nécessaire d'y ajouter du sucre ou du miel pour di- minuer leur trop grande acidité. Les feuilles du framboisier sont légèrement astringentes , comme celles de toutes les ronces;-et, d’après cette propriété, elles ont été employées jadis comme détersives. Toutefois leur action est si peu FRAMBOISIER. énergique , qu'elles sont tombées en désuétude. Il en est de même des fleurs de cet arbrisseau, auxquelles Macquart attribue des ver- tus analogues à celles du sureau. On prépare en pharmacie une eau de framboises qui est quelque- fois associée à divers médicamens liquides. On en compose un rob qui peut être avantageusement substitué à l’oxymel. Les framboises se corrompent fort vite, observe M. Chaumeton, et sont prodigieusement sujettes aux vers, ainsi que le remarque Murray. « Il serait d’ailleurs imprudent de les manger comme les fraises en grande quantité; elles détermineraient des coliques et la diarrhée. Quoi qu'il en soit, on mêle souvent ces deux excellens fruits; on en fait des confitures, des gelées, des conserves, des com- potes , des glaces; elles entrent dans la composition de plusieurs ra- tafias. Digérées dans le vin, elles lui communiquent un goût et un fumet délicieux; elles forment la base d’un très-bon sirop, et don- nent à celui du vinaigre une qualité supérieure. On en obtient par la fermentation une liqueur alcoolique. » Les Russes les emploient à la fabrication du vin, et les Polonais, au rapport de Peyrilhe, en com- posent un excellent hydromel. On sait que les jeunes pousses et les feuilles du framboisier sont avidement broutées par les chèvres. camerarrus (rodolphe-sacques), De rubo idæo , Diss. inaug. Theoph. Herr. Surwey ; iw4°. Tubingæ, 1721. He scuuz (sean nenri), De rubo idæo officinali, Diss. inaug. resp. Meyer ; in-4°. Halæ, 1944. EXPLICATION DE LA PLANCHE. (La plante est réduite à la moitié de sa grandeur naturelle.) 1. Rameau de fleurs. 71: 2% Lambert I° rercdo FRAXINELLE . rs de À CLXXI. FRAXINELLE, nt. li d'inrauvoc AEUAN. DICTAMNUS ALBUS vulgo , sève FRAXINELLA ; Bauhin, TivaË hb XI , ; , k sect. 4. Latin. ........ *{ rRaxINELLA ; Tournefort, clas. 11 , anomales. tr armus; Linné, clas, 10, décandrie monogynie. Jussieu, clas. 13, ord. 21, rutacées. . Ve So EESS e FRASSINELLA ; DITTAMO BIANCO. Espagnol... ...:. FRESNILLO ; DICTAMO BLANCO. Français. :,.n ... FRAXINELLE ; DICTAME BLANC. L FRAXINELLA ; BASTARD DITTANYX ; WHITE DITTANY, Allemand. ....... WEISSER DIPTAM; ÆSCHERWURZ. Hollandais. ...... WITTE DIPTAM ; EFFENKRUID. Le nom de fraxinelle , donné à cette plante à cause d’une sorte de ressemblance de ses feuilles avec celles du frêne, méritait d’être con- servé, tandis que celui de dictame, rappelé par Linné, était plus généralement appliqué au dictame de Crète, que Linné a placé comme espèce parmi les origans. La fraxinelle n'appartient ni au même genre, ni à la même famille, Elle se distingue par un calice caduc, fort petit, à cinq découpures profondes; sa corolle est com- posée de cinq pétales inégaux , renfermant dix étamines; les filamens inclinés de côté, hérissés de tubercules glanduleux ; l'ovaire supé- rieur médiocrement pédicellé; le style incliné; le stigmate simple. Son fruit est composé de cinq capsules soudées ensemble par leur “bord intérieur, comprimées, terminées par une pointe dirigée en dehors, s’ouvrant avec élasticité par leur angle interne en deux valves : deux semences dans chaque capsule enveloppée par une arille cartilagineuse. Ses racines sont blanches, épaisses, rameuses, aromatiques, d’une saveur amère : ses tiges hautes de deux ou trois pieds, sim- ples, rougeâtres, velues , glanduleuses. Ses feuilles sont alternes, pétiolées, ailées avec une impaire; les 3. 45° Livraison. FRAXINELLE. folioles sessiles , ovales, luisantes, denticulées , parsemées de points transparens. Ses fleurs sont alternes, pédonculées, disposées en une belie grappe terminale : la corolle grande, blanche ou purpurine, s'ou- vrant irrégulièrement; le calice et les pédoncules visqueux, d’un rouge noirâtre. Cette belle plante croît dans les forêts des contrées méridionales de l’Europe, en France, en Italie, etc. Il s'en exhale, dans les temps chauds , une vapeur inflammable qui prend feu lorsqu'on en approche une bougie allumée. (P.) « La fraxinelle répand une odeur forte et pénétrante, analogue à celle du citron, sans être aussi agréable. Cet arome est dû à l'huile volatile contenue dans les innombrables glandes ou vésicules dont toutes les parties de la plante sont chargées. Il résulte de cette sin- gulière disposition un phénomène extrêmement curieux. La fraxi- nelle siège en quelque sorte au milieu d’un fluide éthéré qui, surtout à l'aurore et vers le crépuscule d’une belle journée d'été, s’enflamme à l'approche d’une bougie, et offre le spectacle d’une atmosphère ou d’une auréole lumineuse qui n’endommage point la plante. » Sa racine, introduite dans l'usage médical par les modernes, est constamment désignée, suivant la remarque du professeur Pinel , sous le nom de racine du dictame, tandis que les feuilles du dictame , en matière médicale, indiquent toujours les feuilles du dictame de Crète. Cette racine exhale, dans l’état frais, une odeur forte, ana- logue à celle du bouc, et offre une saveur aromatique amère. Sa partie ligneuse est insipide et inerte; on la sépare de la partie corti- cale qui, seule, est conservée pour les usages pharmaceutiques. Telle qu’on la rencontre dans les officines , l'écorce de la racine de fraxi- nelle sèche est roulée sur elle-même, comme la cannelle, en mor- ceaux de la longueur d’un pouce, de couleur blanchâtre, d'une odeur aromatique faible, et d’une saveur un peu amère. Ces qualités physiques placent naturellement la racine de dictame blanc ou de fraxinelle parmi les toniques diffusibles. C’est en vertu de l'excitation vive et passagère qu'elle imprime à l'économie ani- male, qu'on l’a décorée des titres de stomachique, cordiale, anthel- minthique, emménagogue , etc. On lui attribue des succès contre la FRAXINELLE. chlorose et la leucorrhée , dans les convulsions des enfans, et même dans le traitement des fièvres pestilentielles. Les observations ce Stoerck semblent attester qu’elle a été employée avec succès chez plu- sieurs malades pour expulser les vers lombrics, et qu’elle a rétabli l'écoulement menstruel chez une femme leucorrhéique. La teinture spiritueuse de cette racine paraît avoir été administrée avec non moins d'avantage par le même auteur à deux épileptiques, et dans un cas de mélancolie; mais ces faits, trop peu nombreux, ont besoin d’être confirmés par de nouveaux essais et par de nouvelles obser- vations cliniques. La racine du dictame blanc a été administrée en substance de quatre à seize grammes (un à quatre gros). Sa teinture alcoolique se donne depuis vingt jusqu’à cinquante gouttes dans un véhicule approprié. On en préparait jadis une poudre composée qui à joui d’une certaine réputation contre l’épilepsie, mais dont la pharma- copée de Wittemberg a fait justice. Elle est la base de l'essence ou teinture de dictame et du vin martial de la pharmacopée d'Edimbours. L'eau distillée de fraxinelle, qu'on prépare avec les fleurs de cette plante aromatique, fournit aux Italiennes un cosmétique parfumé, que M. Chaumeton regarde comme très-innocent. serTucs (menri-chrétien), De fraxinellé, Diss. inaug. præs. Andr. El, Buechner; in-4°. Er- fordiæ EXPLICATION DE ‘LA PLANCHE. ( La plante est de grandeur naturelle.) 1. Étamine grossie afin de faire voir les glandes qui garnissent la partie supérieure du et. ». Calice et pistil de grandeur naturelle. 3. Fruit de grandeur naturelle. 172. 4 EE LA) Zonlerif Jculp : A vf ‘ Le ' “ Turpn P, Commun ?, A FRENE — LA CLXXIT. FRÊNE. Re Lea. + pela, Homère. FRAXINUS EXCELSIOR ; nr » TlwvaË, lib. xr, sect, 4. Tournefort, 17 NÉS clas. 18, arbres apé FRAXINUS EXCELSIOR ; Tbolis serratis, floribus set ‘Linné, clas, 23, pe re diœcie. Jussieu, clas. 8, ord. 4, jasminée Polonais. see ete + 2 NERO Ornemenr de nos forêts, le frêne y rivalise avec les arbres les plus élevés: il croît avec rapidité depuis le fond des vallées jusqu'au sommet montagnes, dans les terrains légers, traversés par des eaux cou- “se ne rantes : mais, voisin dangereux, son ombre est mortelle pour tous les végétauxquien reçoivent l'influence ; s’il est surmonté dans sa jeunesse par d wd’autrés arbres, il ne tarde pas à les dominer, et dès lors tout périt ou languit autour de lui, effet que l’on attribue aux émanations dé- eh de son feuillage; d un autre côté, lui-même devient la proie des cantharides , qui, quelquefois, furteghént en sigrand nombre, qu’elles _ laissent à peine à ses feuilles le temps de se développer. … Variable dans les différentes parties de ses fleurs, le caractère es- » ARR de ce genre est particulièrement établi sur son fruit qui est une capsule allongée, comprimée, indéhiscente, terminée par une aile inembraneuse, ne renfermant très-souvent qu’une seule semence. . Sés fleurs sont polygames, dioïques ou hermaphrodites; le calice nul: où très-petit; point de corolle ou quatre pétales ; deux à cinq éta- mines, un style; un ou deux stigmates. L'espèce de frêne dont il est ici question s'élève fort haut, Son tronc est droit, élancé, très-uni, soutenant une cime d'une belle forme. 45° Livraison. me FRÈNE. Ses feuilles sont ailées avec impaire, composées de onze à treize fo- lioles glabres , ovales, aiguës, dentées; les bourgeons courts, ovales, constamment noirâtres. Les fleurs sont polygames, les unes mâles, stériles ; d’autres herma- phrodites, un peu paniculées : elles sont dépourvues de calice et de corolle : l'ovaire est pyramidal dans les fleurs bermaphrodites, accom- pagné à sa base de deux petites étamines. M. Dureau pense que cet arbre est celui qui porte, dans Théo- phraste, le nom de Gouyueluæ; qu'il a ensuite reçu lenom d’ornus des Latins; que ce n’est pas le fraxinus ornus de Linné; qu’un autre frêne, mentionné dans Homère, Aristophane, Théophraste et Dios- corides, sous le nom de weua, est le véritable fraxinus des Latins. Ce frêne offre plusieurs variétés remarquables, que quelques au- teurs ont converties en espèces, telles que le fréne à une feuille, va- riété occasionée probablement par l’avortement des deux folioles in- férieures, ou par leur réunion en une seule; le fréne à bois grave- leux; celui à bois jaspe ; le fréne à rameaux pendans, d'un aspect très-pittoresque, ete. Le frêne à manne est, d'après M. de Lamarck, celui qu’il a nommé fraxinus rotundifolia (Encycl. n°: 3), distingué par ses folioles pe- dicellées, ovales-arrondies, finement et régulièrement denticulées, inégales à leur base; la terminale plus obtuse au sommet. M. Desfon- taines assure ( Hs. des arbr., vol. 1, page 107) que le frêne à fleurs (fraxinus ornus), Lan., et quelques autres espèces, fournissent éga- lement de la manne, surtout dans les pays chauds. (P.) écorce de frêne, grisätre à l'extérieur, d’un blanc jaunâtre inté- rieurement , est inodore , et présente une saveur amère et austère. Au rapport de Murray, son infusion soit aqueuse, soit alcoolique, placée au devant de la lumière du soleil ou d’une bougie, paraît d’un jaune päle , tandis que, au devant d’un corps opaque, elle est d’un bleu d’a- zur. L'eau s'empare, au moyen de lébullition, de toute l’amertume de cette écorce, dont la décoction noircit par le sulfate de fer. Enfin on en relire un extrait aqueux et un extrait résineux amer et styptique comme l'écorce elle-même. Les feuilles fraîches sont amères et légè- rement acerbes. Les semences joignent à cette même amertume une odeur particulière. Le sue épais qui découle du tronc et des branches FRÈNE. de cet arbre, et qui se concrète quelquefois spontanément à la surface de ses feuilles et de son écorce, constitue la manne. Quoique très- doux, ce suc ne contient que très-peu de sucre. Il paraît formé de trois principes ; 1° l’un susceptible de se cristalliser, auquel le professeur Thénard a imposé le nom de mannite, et dans lequel réside la saveur sucrée; 2° l’autre incristallisable et muqueux; 3° un principe dont la nature chimique n’a pas encore été convenablement étudiée, et au- quel la manne paraît devoir son odeur et sa saveur nauséabondes. L'écorce de frêne, analogue au quinquina par ses qualités physi- ques; s'en rapproche encore par ses propriétés médicales. Avant la découverte du Nouveau Monde, elle était lée comme un puissant fébrifuge. D’après les témoignages de plusieurs praticiens cités par Elwig, elle aurait été employée contre les fièvres intermittentes avec le même succès que l'écorce du Pérou; et le professeur poméranien ne balance pas à la regarder lui-même, sinon comme supérieure, au moins comme égale en vertus à cette dernière. Les essais plus récens de MM. Coste et Willemet ne sont point contraires à cette opinion, puisquesur douze malades atteints de fièvres intermittentes, auxquels ces médecins ont administré l’écorce de frêne, huit ont été guéris im- médiatement. Cette substance se donne pendant l’apyrexie, de la ême manière et avec les mêmes précautions que le quinquina, par D nionnées d'un gros, à des époques plus ou moins rappro- dés: selon le type de la fièvre, et de manière que le malade en prenne une once ou une once et demie dans l'intervalle de deux ac- :cès. Plusieurs observateurs distingués n'ont point, sur les effets de ’écorce de frêne, une opinion aussi favorable. L'illustre Torti l’a employée sans succès, et M. Chaumeton n’a pas été plus heureux. Mais le quinquina lui-même guérit-il toutes les fièvres intermittentes ? Ne voit-on pas chaque jour ce prétendu fébrifuge par excellence échouer contre des fièvres d'accès qui cèdent ensuite avec facilité à d’autres moyens? Cette écorce indigène a été préconisée en outre dans les hémorragies, les diarrhées et les dysenteries chroniques; et certes si la médication tonique avec astriction pouvait être utile dans ces maladies, nul doute que cette substance n'y füt employée avec avantage : mais la vive lumière que M. Bronsenis a répandue sur la nature de ces redoutables phlegmasies, n at-elle pas suffisamment FRÈNE. appris à se méfier, dans leur traitement, de toute médication exci- tante? Glauber et Bauhin ont également préconisé les bons effets de l'écorce de frêne, dans le lithiasis-et dans la néphrite; comme si les toniques et les astringens ne devaient pas en général être exclus du traitement de ces affections. On peut croire , avec quelques auteurs, qu’elle a été employée quelquefois avec succès dans la goutte atoni- que, le scorbut, et contre les vers. On s’en est servi dans le traite- ment des obstructions et de la maladie vénérienne; quelques auteurs lui attribuent même, sous ce rapport, une puissance égale à celle du gayac : mais il est permis de douter de ces assertions ; aussi bien que des succès que le docteur Gilibert pense en avoir obtenus contre le scrophule. D'après les expériences de Tablet, les feuilles vertes du frêne se- raient un purgatif aussi puissant et aussi certain que celles de séné. Seulement il en faut une dose à peu près triple de celle de ce dernier purgatif. MM. Coste et Willemet assurent qu’elles augmentent la sé- crétion de l'urine. Ces feuilles ainsi que leur suc ont surtout joui d’une grande réputation contre la morsure des serpens venimeux. Dioscorides en-parle comme d’un antidote puissant; et si l’on en croit Pline, cette vertu des feuilles du frêne serait si merveilleuse, que leur ombre seule suffit pour mettre les serpens en fuite. Cependant quelle confiance méritent de semblables assertions ? et que deviennent toutes les histoires rapportées par Amatus, Beauregard, Montin ct Alston , en faveur des effets miraculeux de ces feuilles contre les ac- cidens produits par la piqûre de différens reptiles venimeux , lorsque les observateurs les plus modernes, et surtout les expériences ré- centes du docteur Mangili ont prouvé jusqu’à l'évidence que le dan- ger des morsures des serpens venimeux d'Europe, et de la vipère en particulier, est toujours relatif au volume respectif du serpent et de l'animal blessé? De sorte que dans l'espèce humaine, si ce n’est peut-être chez de très-petits enfans ou des individus très-faibles, les malades guérissent spontanément, et sans aucun remède , de tous les accidens qui suivent ces sortes de piqûres. Les semences du frêne n’ont pas été moins piéconiséh que les feuilles. Mais doit-on, avec certains auteurs, leur accorder des pro- priétés diurétique, hydragogue et apéritive ? Peut-on, avec plus de FRÈNE. raison, les regarder comme lithontriptiques et aphrodisiaques, et leur attribuer la vertu de rendre les femmes fécondes, dontelles ont été libéralement décorées dans des temps de ténèbres et de barbarie ? Le suc de ce végétal, concrété en grains, en fragmens ou en gru- meaux plus ou moins considérables , est connu sous le nom de manne. Toutefois cette substance est fournie, en Calabre, en Sicile et en Toscane, par plusieurs arbres du même genre, tels que le fraxinus ornus, L., le f: rotundifolia, Lam., et le f. parvifolia, Lam. La manne de Briançon est retirée du mélèze, pinus larix, Lin. Dans certaines contrées, l’alhagi, le prunier, le chêne, le saule en four- nissent également. Nulle doute que la manne des Israélites ne fût une substance semblable, exhalée et concrétée à la surface des feuilles de certains végétaux où l’on pouvait la recueillir le matin en plus ou moins RE quantité, avant que la chaleur du soleil ne l’eût li- quéfiée et évaporée. Les Italiens distinguent - manne, en #7anna di fronde, manna di corpo et manna forzata, selon qu ‘elle est recueillie sur les feuilles du frêne à la surface desquelles elle est quelquefois spontanément exhalée; selon qu’elle coule le long des baguettes que l’on introduit par une extrémité dans l’écorce; ou bien selon qu’elle coule le long du tronc jusqu'au pied de l'arbre, par des incisions profondes que l’onvpratique chaque année pendant l'été à l'écorce du frêne, avec un instrument approprié. Les trois variétés que la manne présente dans le commerce se rapportent assez bien à celles admises par les Calabrois et les Siciliens. 1°. La manne en grains ou en larmes se présente en grains arrondis ou oblongs, d’une couleur blanche, d’une saveur sucrée. 2°. La manne cannelée ou en canons, où manne en sorte, est en morceaux concaves d’un côté, de deux centimètres de Majeur environ , sur quatre à six centimètres de long ; elle est com- posée de couches lamelleuses , d'un blanc jaunâtre et d’un blanc sale, 3. La manne grasse est en grumeaux irréguliers et cohérens, et souvent mêlée avec du gravier ou autres corps étrangers. ILest difficile de déterminer si cette substance a été connue des an- ciens, -et si l’on doit regarder comme telle le yuear x: pivoy, miel de cèdre, dont il est parlé dans Hippocrate , et la substance désignée par _Galien sous les titres Aposoueu, et Aipousn, miel de rosée, miel ". FRÈNE. aérien. Toutefois la manne a été introduite dans la matière médicale par les Arabes, et depuis on n’a cessé d’en faire usage comme pur- gatif. Elle agit sur le canal intestinal avec une énergie modérée, et détermine d’abondantes évacuations alvines sans produire aucune excitation générale. Placée au rang des minoratifs les plus doux, la manne est employée avec avantage pour déterminer la médication purgative chez les sujets secs, ardens, irritables, et dans les tempé- ramens nerveux. On s’en sert avec succès dans la plupart des fièvres pranitives , dans les phlegmasies aiguës, et:dans tous les cas où la né- cessité de purger coïncide avec le danger d'augmenter l'iritation. Cependant comme il faut une assez grande quantité de cette substance pour produire un effet marqué , elle fatigue souvent l'appareil digestif par sa masse. Elle y séjourne quelquefois fort long-temps, produit du malaise, des nausées, le vomissement, des coliques, le météorisme ; quelquefois même des convulsions et la mort chez les jeunes enfans. Sous ce rapport, elle ne-convient point aûx tempéramens lymphati- ques, aux personnes très-faibles, aux hypocondriaques , aux femmes chlorotiques,; aux sujets vermineux ou cachectiques. Selon la remar- que du judieieux Peyrilhe, usage où sont quelques mères de famille, de donner à leurs nourrissons de la manne dissoute dans le lait, est essentiellement mauvais, presque toujours nuisible et souvent funeste. La dose de cette substance purgative est depuis seize jusqu’à quatre-vingt-seize grammes (demi-once à trois onces) dissoute dans l’eau. Elle est la base de la fameuse marmelade de Tronchin. On en prépare des pastilles, un électuaire, un looch, un sirop et autres médicamens encore en honneur parmi cette classe d'hommes routi- uiers qui font consister Part de guérir dans Part de purger, et qu'un célèbre critique a plaisamment qualifiés du titre de medici stercoraru. La manne constitue un des plus précieux mgrédiens, et un élé- ment nécessaire de ces potions dégoûtantes , et prolixement compo- sées, dont les bonnes femmes, les médicastres, les guérisseurs offi- cieux , etc., ne cessent d’abreuver les malades sans nécessité, et que, par une complaisance intéressée et servile, autant que coupable, certains docteurs preserivent souvent contre toutes les règles de la thérapeutique à des personnages dignes de figurer à côté du malade imaginaire de Molière, # FRÈNE. Le frêne n’est pas moins utile aux arts mécaniques et à l'économie rurale et domestique, qu’à la médecine. La dureté, la solidité et le beau poli de son bois, le font rechercher par les charrons , les menui- siers et les ébénistes. Les tonneliers, les armuriers et les tourneurs en font des cercles, des armes et différens ouvrages d'art. On en fa- brique aussi de très-jolis meubles de toute espèce. Les feuilles que l’on accuse de détériorer le lait des animaux qui s’en nourrissent, sont broutées avec avidité par les chevaux, les bœufs, les chèvres et les moutons. Elles sont la nourriture favorite des cantharides qui préfe- rent ainsi le frêne à tout autre végétal. Au rapport de Peyrilhe, les fruits avant leur maturité sont confits, à la manière des cornichons, avec le vinaigre et le sel, et employés comme assaisonnement par le _ peuple anglais. SCHROER | :r$ sold , Curiæse Beschreibung des Eschnebaums, oder fraxini, dessen edi rent und Nut under medicin, under chirurgie ; c’est-à-dire, Description cu- ieuse du frêne, avec APE ARTS de ses propriétés médicinales et chirurgicales ; in-8°. Francfort sur l'Oder, 1700. #ezwiG (christophe), De quinquinä Europeorum , Diss. inaug. in-4°. Gryphyswaldiæ, 1712. sonrecer (sernard-woël-cottlob), De corticis fraxini excelsioris naturä et viribus medicis, Diss. inaug. in-4°. Lipsiæ, 22 jul. x EXPLICATION DE LA PLANCHE. £ ere 4 get rédui deux tiers de sa grandeur naturelle. ) (L'individu it rep P Feuille GA ES au trait. 5. Capsule mûre, coupée comme la précé- ; Rameau de dente, dans laquelle on ne voit plus 3. Fleur _ qu’une graine et une seule loge, par 4. Capsüle prise avant sa maturité, coupée avortement. dans sa longueur , pour faire voir qu'à 6. Coupe verticale d’une graine qui fait con- divisée en deux naître que l'embryon est contenu dans cette époque elle loges dont.chacune contient un ovule un périsperme. endant.