pili 2 MONOGRAPHIES canine de chaque côté à la mâchoire supérieure, répondent à la mâ- choire inférieure deux ou trois petites dents rudimentaires , obtuses , à peine sortant des mâchoires , et le plus souvent cachées sous les gencives. Dents molaires La première molaire, à la mâchoire su- périeure, ressemble à une petite canine ^ la secondé est très-grosse, pointue et à facettes 5 les quatre autres ont quatre tubercules réguliers disposés sur deux rangs. La premièi'e molaire à la mâchoire inférieure est très-grosse, et a la même forme que la seconde à facettes de la mâchoire supérieui-e-, les quatre autres l'essemhlent aux supérieures. Une seule espèce ( Phalan^ista cavifrons ) est munie d’une très-petite dent rudimentaire, cachée entre la fausse canine et la molaire à facet- tes j elle est si petite qu’on l’aperçoit à peine, mais elle ne tombe point dans un âge avancé. Nombre total des dents régulières. Sa, et des petites dents anomales , et sans fonction présumable, de 4 jusqu’à 8. La tête est allongée, mais moins que celle des autres genres des marsupiaux; une double crête réunie , et naissant de chaque côté du front , partage le crâne ; les arcades zygomatiques sont larges et fortes ; le museau est comprimé , la lèvre un peu fendue et le nez di- visé parmi sillon. Les yeux sont grands, au centre des deux autres organes , et à pupille nocturne dans plusieurs (i). Les pieds sont courts, gros et. forts; ceux de devant munis de cinq doigts, dispo- sés en demi-cercle , et armés d’ongles gros , comprimés et crochus ; les pieds postérieurs ont un grand pouce, distinct et écarté des au- tres , sans ongle ; les deux suivans sont plus courts que les deux autres doigts; leurs phalanges sont réunies sous une même enveloppe cutanée , et paraissant extérieurement ne former qu’un seul doigt muni de deux petits ongles; les deux doigts extérieurs sont gros, et à peu près d’égale longueur. Les oreilles sont, ou longues et plus hautes que le crâne , ou très-courtes , et souvent cachées par les poils; la queue est fortement préhensile dans toutes les espèces, mais, dans quelques-unes, velue à peu près partout , hormis à la face in- ( 1) Toutes les especes n’ayant point été observées vivantes, nous ne généraliserons pas ee caractère à toutes^ car il est probable qu’on en trouve à pupille diurne, comme nous le voyons dans le genre des chats. e 4 MONOGRAPHIES sont reproduites en double emploi sous deux drâominations diffé- rentes, dont l’une sert d’indication du mâle, et l’autre de la femelle. Valentin, dans l’histoire naturelle de l’Inde, est, je crois, le premier auteur qui ait fait mention de ces animaux. Seba n’a fait qu’em- brouiller leur histoii’e en les confondant avec les Sarigues d’Améri- que, genre d’animaux ù boui’se, purement américain, qui n’ont rien d’analogue avec les Phalangers que la poche marsupiale , le carac- tère du pouce opposable aux pieds de derrière, et la force préhensile dans la queue, qui leur sert à tous de cinquième point d’appui. Buffon avait déjà prouvé l’existence des Sarigues , comme animaux américains , et celle des Phalangers , comme marsupiaux propres aux îles du grand archipel des Indes, et les travaux de MM. Geoffroy- Saint-Hilaire et Cuvier ont mis cette vérité au grand jour. Quoi- que toutes les descriptions reposent jusqu’à présent sur des sujets pris daus un âge peu avancé, et que plusieurs espèces n’aient été constatées que sur des individus extraits des liqueurs fortes , on doit convenir que l’histoire de ces auimaux est basée sur des données cer- taines , émises par les savans distingués que je viens de citer, et que pour la rendre plus complète et la mettre au niveau des succès ob- tenus par les découvertes récentes , il ne reste qu’à ajouter à leur histoire les descriptions prises sur des sujets adultes , auxquels vien- dra se joindre l’exposé des caractères ostéologiques. Le voyage du professeur Reinwardt aux Moluques nous donne la faculté de com- pléter nos connaissances sur ce genre d’animaux , par l’envoi qu’il a fait au musée des Pays-Bas de leurs squelettes complets, et des dépouilles de sujets parfaitement adultes. A l’aide de ces matériaux, et des observations que j’ai pu réunir dans les musées de Londres et de Paris, je me trouve à même de publier une histoire complète de ce genre , et de faire connaître quelques espèces nouvelles décou- vertes par notre voyageur. Les planches i , 2 , 3 et 4? qui accom- pagnent ce mémoire , représentent le squelette et les crânes du plus grand nombre des espèces connues. DE MAMMALOGIE. « 7 On voit dans le musée des Pays-Bas un individu parfaitement adulte , de très-forte taille, et un autie un peu plus petit. Deux su- jets d’âge moyen font partie des galeries du Jardin du Roi , à Paris 5 un troisième, plus jeune que les deux premiers, a été rapporté par l’expédition du capitaine Baudin. On voit de jeunes sujets à Londres. Le squelette d’un jeune de cette espèce fait partie du cabi- net d’anatomie de Paris. PHALANGER DE COOK. — PHJLJNGISTJ COOKII. Taille du Putois (Mustek putorius)j queue grêle, à peu près de la longuem’ du corps et de la tête; velue, mais couverte de poils courts, un sillon nu, très-étroit en dessous; oreilles longues, arrondies , nues intérieurement ; extrémité de la queue blanche ; yeux plus près du nez que des oreilles. Les femelles ont une poche complète. La tête est très-déprimée, à peu près comme dans les Pé- tauristes ou Phalangers volans de M. Geoffroy. Toutes les dents molaires sont hérissées d’une double rangée de pointes aiguës ; les incisives latérales , et les petites dents anomales de la mâchoire su- périeure, sont cannelées comme dans quelques espèces de Chauves- souris. Les incisives de la mâchoire inférieure sont longues , cou- chées en avant, minces et convergentes à la pointe; deux petites dents anomales, presque imperceptibles, garnissent cette mâchoire. La canine supérieure se distingue à peine des incisives latérales; une seule petite dent anomale correspond aux deux dents rudimentaires de la mâchoire inférieure ; on peut compter une fausse molaire de plus en haut , qui remplace la seconde dent anomale dans les autres Phalangers. Le pelage est cotonneux et semblable à celui de l’espèce précédente , mais plus court, plus doux et moins grossier; la base de la queue abondamment foni’nie de poils, mais le reste couvert de poils plus courts. Toutes les parties supérieures du corps et des membres, ainsi que le tiers de la queue, depuis sa base, sont d’un gris brun, noirâtre sous certains jours , et d’une teinte cendrée-argentine sous 8 % MONOGRAPHIES d’autres , ce qui est produit par les mêmes causes que dans l’espèce préce'dente 5 la partie de la queue qui est couverte de poils ras est brune noirâtre sur trois pouces de longueur , et d’un blanc pur sur le reste de son étendue. Les flancs et les quatre extrémités sont rous- sâtres 5 du roux marron couvre la région marsupiale dans les femelles j tout le reste des parties inférieures , et la face interne des membres sont d’un blanc pur ; la tête est d’un fauve cendré , mais le tour des yeux est légèrement teint de roussâtre. Les ongles sont jaunâtres. On voit des individus à pelage nuancé de roussâtre, particulière- ment aux joues, aux flancs et aux membres 5 quelques-uns ont une tache blanche au-dessous de l’oreille. Longueur totale de' l’adulte , de 2 pieds 2 pouces, jusqu’à 4 pou- ces j la queue seule a de 12 à i 3 pouces de longueur^ distance du bord antérieur des yeux à la pointe du nez , i pouce. Synonymie, Cette espèce a été découverte par le capitaine Cook, et on la trouve figurée dans le Troisième voyage de ce navigateur, pl. 8. C’est le Phalanger DE Cook. Cuv. Reg. anim. ,vol. i, p. 179. Nouv. Dict. d’hist. nat., vol. 25 , p, 476* Encyclop. mam. ,p, 268 , esp. 414. Patrie. Elle vit à la Terre-Van-Diemen, pointe méridionale de la Nouvelle-Hollande j elle a aussi été trouvée , par les naturalistes de l’expédition du capitaine Freycinet, dansl’île deRauwak. Ses mœurs nous sont inconnues. On voit dans les galeries du musée des Pays-Bas un sujet adulte, provenant du voyage du capitaine Cook ; deux adultes et un jeune font partie du musée de Paris. Les sujets adultes proviennent du voyage de Labillardière; le jeune a été ti’ouvé à l’île de Rauwak par le capitaine Freycinet. Le squelette de l’adulte fait partie du cabinet d’anatomie du Jardin du Roi , à Paris. DE MAMMALOGIE.' 9 PHALANGER NAIN. — PHALANGISTA N AN A. Cette description est établie sur un seul individu, probablement un jeune, mais l’unique que nous ayons vu. Les dents n’ont pu être examinées que sur le sujet monté. Taille de la Souris; queue très-grêle, à base plus poilue que l’extré- mité, qui est couverte d’un poil ras. Les dents paraissent disposées comme dans les autres Pbalangers 5 la fausse canine et la molaire à facettes de la mâchoire supérieure sont à peine visibles ; à la mâchoire inférieure se trouvent trois petites dents rudimentaires et obtuses. Le pelage en dessus est d’un gris légèrement teint de roussâtre 5 la lèvre supérieure est garnie de poils blancs , et les yeux sont entou- rés de brun 5 toutes les parties inférieures sont blanches ; les oreilles sont arrondies et couvertes de poils. Longueur totale, 5 pouces ; queue , 2 pouces 6 lignes. Synonymie. Phala.kgista nana , Geoffroy. Ann. du* mus. — JSouv. Dict. d’hlst. fiat., vol. aS , p. 477 * — Encycl. mamm. , p. 268, esp. ^i 5 . Patrie. Péron a trouvé l’individu indiqué dans l’île Maria , située sur la côte est de la Terre de Van-Diémen. Il l’obtint, par échange , d’un sauvage qui se disposait à le tuer pour le manger. On trouve l’individu qui a servi à la présente description dans les galeries du musée de Paris. 10 MONOGRAPHIES DEUXIÈME SECTION. A QUEUE PRENANTE, MAIS EN GRANDE PARTIE NUE ET COUVERTE DE RUGOSITES; LES OREILLES COURTES (i). COUSCOUS OURSIN. — PHALANGISTA URSINA. Taille plus grande que les plus forts Chats sauvages, à peu près de la Civette; oreilles très-courtes, cachées, très-poilues partout; queue de la longueur du corps et de la tête , sa partie poilue occu- pant plus de moitié de sa longueur ; la partie nue coùverte de rugo- sités et de rides très-marquées, toujours noirâtres partout; pelage rude, frisé et crépu. La tête offre les particularités suivantes: le chanfrein et le front sont à peu près d’une venue , et sur une li- gne horizontale ; l’os frontal est dilaté sur les côtés ; le coronal a un creux peu profond au centre ; et les deux crêtes occipitales, plus ou moins réunies, selon l’âge , s’élèvent au-dessus du front. On ne voit jamais plus de deux petites dents ôhtuses à la mâchoire inférieure. La tête de l’adulte , vue sur toutes les faces , est représentée de gran- deur naturelle , pl. i, fig. i , 2 et 3. Les parties de la tête d’un se- cond individu , supposé par la taille au terme moyen de l’âge , sont données pl. 2 , fig. i à 5. Cette tête , enlevée d’une peau pré- parée, manque d’une portion de la boîte cérébrale. Le squelette ré- duit de moitié , avec ses extrémités antérieures et postérieures de grandeur naturelle, sont figurés pl. 4- Le pelage de cette espèce est mieux fourni et plus serré que celui des autres Couscous ; le feutre et les poils soyeux sout plus gros- siers et plus rudes ; ces derniers sont beaucoup plus nombreux et plus longs; les poils soyeux sont un peu contournés et frisés vers le bout. Les poils qui couvrent la face sont courts ; ceux des oreil- les sont assez longs et frisés ; ils couvrent les deux faces du lobe , (t) J’avais eu l’ide'e de former, des Couscous , un genre sous le nom de Ceonix ; mais ces coupes nombreuses me paraissént parfaitement inutiles, et sont à charge à la mémoire lors- qu’elles ne reposent pas sur des caractères faciles à saisir. • DE MAMMALOGIE. I f et cachent complètement cet organe , dont l’ouverture est indiquée par la touffe de poils qui en borde l’entrée. La queue est cou- verte, sur plus de sa moitié supérieure, d’un feutre serré, qui occupe plus d’espace en dessus et en dessous de la base de cet or- gane que dans les autres espèces; la partie nue est toute couverte de rides et de rugosités. La plus grande partie du pelage est noir ou noirâtre , mais il paraît d’un noir fauve , provenant de la couleur noire du feutre , dont la pointe est d’un fauve jaunâtre. Les poils soyeux disposés sur le dos sont entièrement noirs, mais ceux des autres parties ont aussi des pointes fauves ou jaunâtres. Le sommet de la tête et toutes les par- ties supérieures du corps ont une teinte noire ti’ès-décidée ; seule- ment, la fine pointe du feutre étant de couleur fauve, toute la face, le devant du cou , la poitrine , le ventre et la face interne des mem- bres sont d’une teinte fauve roussâtre, la pointe colorée des poils soyeux et du feutre étant plus considéraljle sur ces parties. Toute' la face paraît jaunâtre , les poils courts de cette partie n’ayant du noir qu’à leur racine 3 la touffe crépue qui garnit les deux côtés du lobe des oreilles est d’un roux jaunâtre. La partie nue du museau, celle des extrémités, les ongles , et la partie nue et rugueuse de la queue sont noires. Les jeunes diffèrent des vieux par les couleurs du pelage, qui sont plus claires : les vieux sont d’un noir parfait ; ceux de moyenne taille d’un brun noirâtre; et les individus que je suppose être des jeunes der année , ont le pelage des parties supérieures d’un brun roussâtre ; celui des joues, des flancs et des membres, d’un brun jaunâtre , et les parties inférieures toutes jaunâtres. On les reconnaît facilement des autres espèces à leurs oreilles bien garnies de poils , et à leur pe- lage sans aucune tache ou raie. Le pelage est frisé et crépu dans tous les âges, mais les poils soyeux sont plus longs dans les jeunes que dans les adultes ; ils dépassent quelquefois le poil laineux de plusieurs lignes. Longueur des adultes, de 3 pieds 4^6 pouces; la queue a de 19 jusqu’à 20 pouces. Hauteur moyenne , 9 pouces 6 lignes ou i o pouces . 12 MONOGR.APHIES Synonymie. Cette espèce, de même que les suivantes, sont toutes comprises dans l’indication du Didelphis orientalis de Linné, et des autres catalogues métliodiques. On dirait cependant que la fi- gure publiée par Buffon , et celle coloriée de Sclireber, ont été prises sur un très-jeune individu de l’espèce qui fait le sujet de cet article ; mais la description de ce Didelphis orientalis a été établie sur des jeunes de notre Plialangista maculata, et sur des femelles de la Phalangista cavifr^ns. L’espèce nous était connue depuis long-temps par les nombreux sujets conservés à l’esprit-de-vin, qui se trouvent dans les cabinets de ce pays. Ces individus , la plupart fœtus , ou très- jeunes, ne pouvaient me servir de moyen pour distinguer les espèces. Les sujets provenant du voyage de M. Reinwardt nous mettent à même de mieux apprécier les caractères qui distinguent les espèces*, toutes nous sont parvenues dans les différens périodes de l’âge, et nous avons pu constater les formes de celle qui fait le sujet de cet article sur deux squelettes d’individus adultes j le plus grand est figuré pl. 4- Patrie. Ils vivent en grand nombre dans les bois touffus des parties septentrionales de l’île Célèbes : les babitans ne connaissent point de variétés dans cette espèce 5 ils en mangent la cbair. On les voit peu pendant le jour, se tenant alors blottis à l’enfourchement des bran- ches et cachés sous le feuillage des arbres. Le musée des Pays-Bas possède deux individus de forte dimen- sion, deux squelettes d’adultes, et plusieurs jeunes, tant montés qu’en squelette. Un sujet pi’ovenant du même voyage, et peu éloigné de l’état adulte, est déposé dans les galeries du musée de Paris. Des fœtus et des jeunes conservés à l’esprit-de-vin font partie de quelques autres collections 5 plongés dans la liqueur, il serait difficile de dire au juste à quelle espèce il faudrait les rapporter. COUSCOUS A CROUPION Timk.— PHALANGISTA CHRYSORRHOS. Taille du Chat sauvage; museau court j front d’une venue, avec le chanfrein; oreilles très-courtes , cachées, poilues partout; queue de la longueur du corps et du cou , poilue en dessus , et aux côtés sur DE MAMMALOGIE. i3 les deux tiers de sa longueur; le reste nu, couvert de rides, et jau- nâtre. Les femelles ont une poche très-ample, La tête osseuse, enle- ve'e d’uue dépouille préparée, manque d’une portion de la boîte céré- brale. Les détails sont figurés pl. i , fig. 4 ? 5 et 6. Pelage court, serré, cotonneux et un peu frisé; les poils soyeux plus longs que les poils laineux, et de la même couleur; les oreilles velues intérieurement et à l’extérieur, et cachées par le poil qui les couvre ; le front est un peu élevé entre les yeux, d’une* venue avec le chanfrein. Les poils de la tête sont d’un gris cendré clair; mais la touffe aux oreilles est blanchâtre; toutes les parties supérieures du corps, com- prises depuis l’occiput à la croupe , les flancs et la face externe des membres sont d’un gris couleur de cendre , plus ou moins noirâtre ; toute la croupe ef la partie supérieure de la queue sont d’un jaune doré plus vif dans les adultes que chez les jeunes ; du blanc pur règne sur la face interne des membres, et à la partie inférieure du cou. Cette couleur couvre aussi la poitrine , et s’étend , en forme de bande très-large , sur la partie moyenne du ventre ; le blanc est séparé du cendré qui couvre les flancs par une bande noire dans les adultes , et seulement noirâtre dans les jeunes individus. La région de la po- che, chez les femelles, et des parties génitales des mâles, est rous- sâtre. Tonte la partie de l’abdomen, et le dessous de la queue sont blanchâtres; les quatre extrémités des membres sont d’un roux clair un peu doré. La pointe du nez est brune, celle des ongles est brune jaunâtre, et la partie nue et rugueuse de la queue est jaune. Longueur des individus de forte taille, à peu près 3 pieds; leur queue est longue de i3 pouces. Cette espèce n’avait point encore été observée , nous en devons la connaissance au voyage de M. Reinwardt. Les deux sujets qu’il a rapportés de l’expédition aux Moluques m’ont servi à établir la des- cription qui vient d’être donnée. Nous n’avons rien appris sur les mœurs et le genre de nourriture de ce Couscous, que notre voyageur paraît ne point avoir observé en état de liberté. Les notes manu- scrites n’en font point mention. MONOGRAPHIES • 4 Patrie. Les Moluques; mais nous ne savons point au juste dans quelle île de ce vaste archipel l’espèce a ètë trouvée. Deux sujets montés font partie du musée des Pays-Bas. On y voit aussi les têtes de ces animaux. COUSCOUS — PHJLANGISTJ MACULÂT A. Formes moindres que celles des deux espèces précédentes. Taille du Chat domestique ; queue à peu près de la longueur du corps et de la tête j la partie garnie forme une hande poilue qui couvre la face supérieure jusqu’au delà de la moitié ; le reste est nu, couvert de ri- des, et jaunâtre 5 oreilles courtes, rondes, poilues partout, et ca- chées; museau très-court, chanfiein et front homhés. Les femelles ont une poche. La tête offre les particularités suivantes : le chanfrein est faible- ment homhé; le front s’élève subitement, et forme une protubé- rance comprimée, donnant naissance à la double crête occipitale qui fuit plus bas que l’os frontal. Seulement deux petites dents obtuses à la rnâchoire inférieure, dans l’adulte. Les jeunes ont encore une très-petite dent à chaque mâchoire , savoir : à la mâchoire supérieure , entre la canine et la première molaire ; et à l’inférieure , entre la se- conde dent anomale et la première molaire : ces petites dents tom- bent, et les alvéoles se ferment dans un âge plus avancé. Voyez , pl. 3, tous les détails de ces crânes; fig. i à 5 , tête de l’adulte , et fig. 6, tête d’un jeune , manquant les arrière-molaires. Pelage court, sen’é, cotonneux et rude; les poils soyeux très-clair- semés, et plus longs chez les jeunes que chez les adultes; les oreilles sont gaimies partout , et cachées dans une touffe de poils ; le chan- frein forme une ligne courbe; le front s’élève subitement, et forme une protubérance entre les yeux ; le bout du museau est noir. Le pelage dans tous les âges, et chez les deux sexes, est couvert de taches irrégulièi’es blanches et brunes ; elles sont toujours d’un brun plus pâle et moins distinctement dessinées sur la robe des jeu- nes , qui ont les poils soyeux plus longs et le pelage plus irrégulière- DE MAMMALOGIE. i5 ment bigarré que dans les individus adultes. La face est couverte de poils ras, jaunâtres ou blanchâtres; toute la tête et les côtés du cou offrent un mélange de poils gris et blanchâtres, mais la touffe qui cache les oreilles est le plus souvent blanchâtre ; les parties supérieu- res du corps , les flancs et la face supérieure des membres , sont couverts de taches brunes et blanches, plus ou moins grandes, et distribuées irrégulièrement soit par taches nombreuses, de forme ronde ou oblongue, ou bien par grands compartimens bigarrés; le menton, toutes les parties inférieures du corps et la face interne des membres, sont d’un blanc pur, le plus souvent sans aucune tache ; l’extrémité des quatre membres est d’un roussâtre très-clair dans les • adultes , et blanc dans les jeunes ; la base de la queue et la bande poi- lue de sa face supérieure sont le plus souvent sans taches , et d’un blanc pur ; la partie nue de la queue est jaune et couverte de rugo- sités et de rides nombreuses; les ongles sont jaunes. J’ai vu des jeunes individus à poils soyeux très-longs, et à pelage plus fourni que celui des vieux; ces poils soyeux, chez les jeunes, sont le plus souvent noirâtres sur les parties blanches , et blanchâ- tres sur les parties brunes , ce qui est cause que leur robe est plus ta- pirée, et plus irrégulièrement teinte que celle des adultes; mais eUe est plus ou moins tachetée dans tous les âges. On voit cependant de très-jeunes individus qui sont entièrement cendrés. Longueur totale de l’adulte, 2 pieds 9 ou 10 pouces; la queue est longue de i pied 3 où [\ pouces. Nous avons mesuré des jeunes de 20 pouces et de i 5 pouces en longueur totale , et nous en avons vu de plus petits , à pelage tacheté de la même manière que la robe des vieux. . Un autre individu , un peu plus grand , tiré de la liqueur spiri- tueuse , m’a donné les dimensions suivantes : Longueur totale , 2 pieds 1 1 pouces , dont la queue prend i pied 5 pouces 6 lignes ; la partie poilue de cette queue, en dessus, est de 10 pouces, et en dessous , seulement de 4 pouces 5 lignes. Synonymie. On trouve cette espèce indiquée sous le nom collec- / i6 MONOGRAPHIES tif de Didelphis orient alis. M. Geoffroy a établi son Phalanger ta- cheté , voyez Catal. des mam. du mus. , p. i49) sur un jeune su- jet de cette espèce. Ce savant nous apprend que le même individu , n®. 3i8 , a servi de modèle à la figure publiée par Buffon , vol. i 3 , tab. II. C’est Phalangista maculata. Wouv. Dict. d’hist. nat. , vol, 7.5, p. 472 , tab. M. 35, fig. 3. D’après le même individu jeune, envoyé à Buffon sous le nom de rat de Surinam. Voyez aussi les indications prises sur de jeunes sujets dans \Encycl. mam., p. 266 , esp. 4ii- Patrie. Les îles de Banda et d’Amboine, où il se tient sur les ar- bres. Les insulaires mangent la chair, qui est de bon goût. On ne le trouve point à Java , mais les naturalistes de l’expédition du capitaine Freycinet ont l’apporté la peau d’un jeune tué à Waigiou. Le musée des Pays-Bas possède des individus dans tous les âges , et le squelette de l’adulte et du jeune. Les deux sujets du musée de Paris sont des jeunes. On voit dans ces galeries un troisième individu moins distinctement marqué de taches et à sommet de la tête rous- sâtre j les taches noirâtres sont moins distinctes parce qu’elles sont placées sur un pelage dont la couleur du fond est plus rembrunie et plus cendrée que celui de tous les autres sujets que j’ai vus. Un seul, trouvé par nos voyageurs àl’île d’Amboine, ressemble à celui- ci par les couleurs plus foncées de sa robe. J’attribue ces légères dif- férences à des causes purement locales. L’expéi’ience acquise par l’exa- men d’un grand nombre de dépouilles nous montre clairement qu’il existe de légères nuances dans le pelage des individus rapportés des différentes îles du grand archipel de l’Inde et de l’Australasie. S’il fal- lait se résoudi’e à faire autant d’espèces qu’il existe de légères nuances dans la robe de certains mammifères de ces contrées , on pourrait en créer un grand nombre purement nominales. Le Galéopitlieque ( Galeopithecus variegatus), et la Roussette édule (Pteropusedulis) serviraient à en former des séi’ies; car il est rare que des sujets rap- portés d’îlesmême très-rapprochées , telles que celles de Java, de Su- matra , de Banda et de Banca , soient exactement semblables par la 1^8 MONOGRAPHIES front est déprimé et creux j les oreilles ont du poil ras sur la face externe du lobe, mais la partie interne est nue. La robe des mâles , même dans le premier âge , est d’un blanc parfait sur toutes les parties 5 les adultes ont une teinte plus jaunâtre, et les jeunes sont d’un blanc de lait: Les parties nues du museau, la partie in- terne des quatre extrémités , celles de la queue et des oreilles , sont blanches, et livides ainsi que les ongles j l’iris des yeux est blan- châtre, et la pupille linéaire noirâtre. La femelle , dans tous les âges , est facile à distinguer du mâle : une seule raie partant du front et se prolongeant sur la ligne moyenne de la uuque et du dos , vient aboutir à quelque distance de la croupe ; la couleur des poils qui forment cette raie est tou- jours plus foncée que le reste du pelage j le lustre en est plus remar- quable, et sa teinte la plus ordinaire est le brun châtain; le reste du pelage varie , dans les adultes , du brun fauve au brun noisette, ou au gris brun plus ou moins mélangé de cendré ; chez les jeunes , on le trouve roux ou roussâtre, avec une légère nuance cendrée, quel- quefois argentine ou blanchâtre. Le menton, toutes les parties infé- rieures du corps et la face interne des membres sont , dans tous les âges, d’im blanc légèrement lavé de cendré clair; la région de la poche est roussâtre ; la partie nue de la queue est jamiâtie dans l’adulte et blanchâtre dans les jeunes. La longueur totale des plus grands individus mâles est 2 pieds 10 pouces, rarement 3 pieds; la queue a i 4 ou i 5 pouces. Les plus grandes femelles ont 2 pieds 6 pouces. J’ai vu des jeunes mâles tout blancs, d’un pied seulement de longueur totale, et des jeunes femelles de i 5 pouces. Les embryons femelles sont déjà re- connaissables aux indices que fournit la raie unique. Sjnonjviîe. A celle que l’on trouve à l’article Dîdelphis oiienta- lis des méthodes, il faut ajouter IoPhalanger blanc et le Phalanger ROUX des catalogues des mammifères de M. Geoffroy , esp. i et 2, ainsi que les citations rapportées dans le Nouv. Dict. d’hist. nat.j ('oZ. 25 47 J- ■”* Ppffon, Quad.,vol. i 3 , tab. 10. — Goescoes. DE MAMMALOGIE. »9 Valent. , p. 272 , tah. 3 . — Voyez aussi Encyclop. mam . , p. 266, esp. y sous le nom de Phalangista rufa , et la figure du jeune , V^' 2 . Patrie. Les îles de Banda et d’Amboine. On ne le trouve point à Java. Le musée des Pays-Bas possède une série d.’individus de cette es- pèce dans tous les âges ; il en possède aussi les squelettes. On voit dans celui de Paris un mâle et une femelle d’âge moyen , et une femelle très-jeune. Le squelette d’un jeune fait partie du cabinet d’anatomie. Je suis presque certain qu’on trouvera encore plus d’espèces iné- dites de ce genre qu’il n’y en a de connues , dans les îles nom- breuses qui forment les archipels de la Sonde , des Moluques et des Philippines. Sumatra, Bornéo et Célèbe, ces trois grandes îles de ces parages, nourrissent assurément d’autres espèces sur lesquelles nous n’avons encore que des renseignemens vagues obtenus des in- digènes et des résidens européens dans ces contrées; il est permis d’espérer que bientôt les nombreux voyageurs naturalistes aux- quels le roi des Pays-Bas a confié la mission d’explorer, dans un but scientifique, toutes ses possessions dans ces archipels très-éten- dus , dérouleront l’immense tableau que cache encore l’état sauvage de ces régions dont on soupçonne à peine les richesses variées en productions naturelles. M. Reinwardt a déjà répondu d’une manière distinguée aux in- tentions vraiment glorieuses du monarque ; il a ouvert et tracé la route à suivre dans une carrière aussi honorable pour les voyageurs qu’utile à la patrie et aux sciences. M. Kuhl, dont les connaissances seront long-temps regrettées de ceux qui ont pu les apprécier, a péri victime de son zèle dans une première excursion; ses compagnons, MM. Van Hasselt et Van Raelten, plus heureux que leur chef, ont rassemblé, à Java, des collections immenses (i). Une nouvelle expé- (1) En traçant ces lignes, j’étais /oin de m’attendre à la nouvelle fâcheuse qui vient 20 MONOGRAPHIES dition, destinée pour ces parages, va bientôt sortir de nos ports : deux naturalistes distingués , MM. Boié et Macklot, tous deux at- tachés depuis trois ans comme aides-naturalistes au musée des Pays-Bas , vont être envoyés près du gouverneur général dans l’Inde ; ils seront accompagnés de dessinateurs et de préparateurs habiles , et pourvus de tous les moyens qu’une administration éclairée et prévoyante sait accorder pour la réussite d’un pareil plan 5 ils vont chercher, dans nos possessions les plus reculées, et les moins explo- rées par les Européens , des alimens nouveaux pour l’étude de l’his- toii’e naturelle. Leurs connaissances dans toutes les branches de cette étude, et le zèle dont ils sont animés, répondent du succès d’une entreprise qui va donner, sur la géographie, la géologie et la zoologie de ces possessions , des éclaircissemens dont la science sent le besoin. Puissent leurs efforts généreux être couronnés du succès que nous avons lieu d’en attendre ! Par leurs savantes recherches nous aurons enfin une idée exacte des ressources que peuvent offrir ces contrées tropicales , qui ne nous sont connues que par quelques productions dont le commerce s’est emparé , et qui ne sont re- cueillies que sur les points très-circonscrits des côtes où le gouverne- ment des Pays-Bas a établi des postes militaires. m’accabler au moment de livrer ce mémoire à l’impression. Le jeune naturaliste , M. Van Hasselt , qui a acquis , à la reconnaissance et aux éloges , des droits si justement mérités , vifc'at de suivre de bien près dans la tombe , son ami et son émule. Nous essaierons plus tard de rendre un hommage public à la mémoire de ces deux jeunes naturalistes, en présentant une analyse de leurs travaux. Les collections qu’ils ont réunies, et dont la première ex- pédition vient d’arriver, seront la base du monument que nous tâcherons de leur élever , et qui sera pour leurs successeurs un encouragement dans leurs pénibles recherches. DE MAMMALOGIE. DEUXIÈME MONOGRAPHIE SUR LE GENRE SARIOUE (i) — DIDELPHIS. DIDELPHIS {Linn., Illig., Cuv. , ) — PHIL ANDER ( Briss.,), Dents incisives mitoyennes vj incisives latérales 4 de chaque côté, les incisives mitoyennes longues , proéminentes , el séparées des laté raies par un espace vide *, celles-ci sont bien rangées ; celles de la mâcboire supérieure droites , et de l’inférieure un peu couchées en avant ; nombre total des dents incisives ^ ; dents canines ^ fortes , comprimées : celles de la mâcboire supérieure plus grandes que de l’inférieure. Dents molaires -f j les trois premières sont comprimées ; la première ressemble à une petite canine, et les dents suivantes, ou fausses molaires, sont plus ou moins à facettes selon les âges j les quatre arrière-molaires hérissées de pointes nombreuses dans les jeunes et de tubercules dans les vieux ; les supérieures ont une forme triangulaire et les inférieures sont oblongues. En tout, 5o dents : nombre le plus grand que l’on ait encore observé , mais qui varie singulièrement suivant les différentes époques de l’âge ( 2 ). La tête (1) Sarigue vient du mot indien Carigueia, nom de ces animaux au Brésil selon Marc- grave. On les nomme Micoure au Paraguay, Manicou dans tes îles, Opossum dans les États- Unis , Thlaqualzin au Mexique , Rats des bois par les colons. Cuv. Reg. anim. ( 2 ) On compte en tout 4o dents seulement dans les, deux mâchoires des jeunes de moyen âge, et de 44 à 4^ dans les individus qui ne sont point encore au terme de leur développe-^- 32 MONOGRAPHIES est pointue , en fuseau ; le chanfrein et le front sont d’une venue et forment une ligne à peu près diagonale 5 la crête est forte et éleve'e , mais point double comme dans les Phalangers ; leur bouche est. très-fendue; ils ont un muffle proéminent et divisé par un sillon profond. Les clavicules sont fortes et complètes ^ les pieds assez longs, totalement plantigrades. On compte cinq doigts partout; ceux des pieds de devant sont divisés et armés d’ongles crochus , mais courts; les pieds postérieurs ont un pouce écarté, opposable, gros et sans ongle ; les ongles des quatre auti’es doigts ont la même forme que ceux des pieds antérieurs. La queue est ronde , fortement préhen- siHe, nue et écailleuse dans toute son étendue, excepté à sa hase , qui est poilue. Les osselets marsupiaux existent dans toutes les espèces, et les deux sexes en sont pourvus. La première section comprend celles dont les femelles ont une ample poche renfermant les mamelles ; les petits y sont reçus , on ne sait trop comment, au moment de leur naissance; ils y restent pendant quelque temps, et cette poche est long-temps leur refuge lorsque le danger les menace. La seconde section se compose des espèces qui manquent de poche , remplacée par une duplicature de la peau qui n’est d’aucun usage ; les petits restent suspendus aux mamelles; lorsqu’ils sont plus forts, mais point encore assez vigoureux pour se passer des soins maternels , c’est sur le dos que la mère les reçoit, et c’est à l’aide de sa queue, autour de laquelle la queue des petits vient s’entortiller, que la pe- tite famille échappe aux dangers qui la menacent. Leur langue est héi'issée ; les oreilles sont grandes et nues ; leur estomac est simple et ment parfait , quoique à peu près de la taille des vieux. Cette disproportion est produite par l’accroissement lent et progressif des molaires. On compte seulement deux fausses molaires dans les jeunes , avec trois à quatre molaires hérissées de pointes. Cet état des fausses molaires reste le même jusqu’à l’entier développement de l’animal , et ce n’est qu’à l’époque où la dernière arrière-molaire paraît , que la troisième molaire antérieure prend cette forme com- primée et pointue qui caractérise ces sortes de dents , désignées sous le nom de fausses molai- res. L’accroissement progressif des dents dans la mâchoire supérieure diffère de celui qui a lien dans la mâchoire inférieure; on voit le plus souvent quatre molaires de chaque côté dans la mâchoire supérieure, lorsqu’il en existe déjà cinq, et même jusqu’au nombre de six, dans la mâchoire inférieure. DE MAMMALOGIE. a3 petit j leur cæcum médiocre , et non boursoufflé comme celui des Marsupiaux herbivores tels que les Kanguros. Ce sont des animaux fétides et nocturnes dont la marche est lente ; ils se tiennent cachés pendant le jour dans les buissons épais ou sur les branches des arbres où ils nichent j ils vont pourvoir de nuit à leurs besoins j leur régime est omnivore : la nourriture qu’ils pré- fèrent est la chair et le sang des victimes j ils poursuivent les oiseaux , les petits mammifères , les reptiles et les insectes , mais ne dédai- gnent point les fruits. Ils sucent le sang comme les fouines, et font dans les basses-cours les mêmes dégâts que ces animaux , en étran- glant les poules et autres oiseaux domestiques. L’odeur fétide qu’ils exhalent est produite par la sécrétion du fluide de leux's glandes anales. Toutes les espèces de ce genre appartiennent au continent de l’Amérique; elles sont beaucoup plus nombreuses dans les parties méridionales. Ce sont, sous certains rapports, dans le Nouveau- Monde , les représentans des Phalangers qni habitent l’Inde et l’Océanie , et c’est faute d’observations exactes que plusieurs espèces de l’ancien continent ont été classées dans le même genre que celles du Nouveau-Monde. La forme , le nombre et l’arrang^uent des dents diffèrent ; leur régime n’est pas non plus, à tout prendre , le même, quoique les mœurs , les habitudes et plusieurs rapports dans les formes soient semblables. Les Phalangers de l’Inde sont plus frugivores que carnivores, tandis que le goût de prédilection pour la chair et pour le sang est plus prononcé dans les Didelphes du Nouveau- Monde. Les Sarigues se rapprochent, il est vrai, des Pérameles par leurs dents plus que ne le font les vrais Dasyures (i) , tels qne ceux indiqués sous les noms de Pas juras ursinus, tnacrourus , Maugei et (i) Nous sommes fondés, par des observations récentes, à distraire du genre Dasyure tel. qu’il a été établi par MM. Geoffroy de Saiiit-Hilaire et Cuvier, et adopté par tous les compila- teurs, i”. le Daajurus penicillatus qui formera , avec le Daxjurus minimus , un genre sous le nom Phascogale; 2“. \ti Didelphis cjnocephalà de Harris , classé mal à propos avec les Dasjures , qui formera un genre dans lequel cet animal portera le nom de Thjlacinus Harr- a4 MONOGRAPHIES viverrinus / le seul Dasyurus penicillatus ou Didelphis penicil- lata de Shaw , associe' mal à propos avec les vrais Dasyures , est l’animal le plus voisin des Sarigues pour l’arrangement et la forme des dents : c’est en quelque sorte le représentant de ces animaux dans les contrées de l’Océanie; il a, comme les tS’Æ/fg'wef , deux sortes de dents incisives , les dents intermédiaires étant proéminentes et plus fortes que les incisives latérales; mais le nombre de leurs dents incisives diffère. Tous les autres vrais Dasyures , et même notre Thylaciue ou Didelphis cynocephala de Harris , ont une même sorte d’incisives, toutes rangées en ligne demi-circulaire. Les .SVzrzgnej et les Dasyures sont, ainsi que le juge M. F. Cuvier, in- séparables par leurs molaires , qui les éloignent un peu. des Péra- ineles et de notre Phascogale , en les rapprochant des carnassiers ; car c’est dans ces dents surtout qu’on trouve le type des molaires tuberculeuses de ces derniers. Mais les Sarigues diffèrent encoi’e des Dasyures par les pieds de derrière ; les premiers ont un pouce long et bien marqué , les doigts sont inégaux , le petit doigt , et surtout son os du métatarse, est plus court que les autres ; les Dasyures ont les quatre doigts à peu près égaux, et le pouce est si court, que la peau le cache presque entièrement et ne le laisse paraître que comme un petit tubercule. Le genre Didelphis est composé d’espèces qui diffèrent considé- rablement entre elles par la grandeur; elles varient depuis la taille du chat domestique jusqu’à celle du loir et au-dessous. Le plus grand nombre des indications placées dans les catalogues méthodi- ques ont été prises sur de jeunes sujets , ou reposent sur des indivi- dus dégradés faisant partie d’anciens cabinets d’histoire naturelle ; ce qui fait que l’histoire de ce genre est extrêmement embrouillée dans tous les auteurs. Les descriptions qui font partie de ce mémoire sont les résultats de recherches assidues et souvent renouvelées sur une multitude d’individus ; elles sont toutes basées sur l’examen des risii} 3“. le Dasj-urus tafa des catalogues-de nomenclature, que je n’ai trouvé dans aucun des cabinets de l’Europe. La troisième monographie comprendra le genre Dasj-urus, avec les genres qui en sont le démembrement. DE MAMMALOGIE. a5 animaux parvenus à l’ëtat complet du développement j les dimen- sions ont été prises sur l’adulte; une quantité de dépouilles, de sque- lettes et de sujets tirés de l’esprit-de-viu ont dû être examinés pour constater les caractères qui doivent servir de premier moyen propre à distinguer les différentes espèces. Nous connaissons aujourd’hui douze Sarigues bien déterminés par la vue tant de leurs dépouilles que du squelette entier, ou du moins du crâne; l’existence d’une treizième est probable , mais je n’ai pu la voir en nature : c’est le Micouré h grosse queue de l’Histoire naturelle des quadrupèdes du Paraguay, par d’Azara , vol. i , page 284, sans doute le meme ani- mal que le Cayopollin des méthodes , qui ne doit pas être confondu avec le Cayopollin de M. Cuvier, le même que le Philander de Schi’eber; carie Micouré a grosse queue et le Cayopollin des mé- thodistes n’ont point de poche , tandis que le Philander de Schreber et le Cayopollin de M. Cuvier ont une poche très-distincte. Le tableau des espèces énumérées par MM. Geoffroy et Cuvier (i) est indiqué d’une manière très- succincte. Ces -savans n’ont pu dé- terminer que huit espèces , dans le nombre desquelles on trouve l’animal connu sous le nom düYapock, la Lutra meniina de Bod- daert ou petite Loutre de la Guiane de Buffon , dont Illiger a formé son genre Cheironectes ^ et que je place provisoirement après les Sarigues comme type d’un genre distinct, mais sur lequel on attend des renseignemens plus complets. Je n’ai pas examiné les dents de ^Yapoch, mais les sa vans ci-dessus nommés n’auraient point classé cet animal parmi les Sarigues proprement dits, si cette réunion n’avait été précédée de recherches faites sur le système den- taire ; nous sommes de plus autorisés à adopter leurs vues sur ce point, puisque M. F. Cuvier dit positivement que les espèces de Sarigues qu’il a pu observer , et dont les dents se rapportent à la des- cription qu’il donne, sont le Crabier, les Yapock (2) et le Manicou. (j)On trouve ce dernier recensement des espèces de Sarigues dans la savante discussion sur le Sarigue fossile, tora. 3, pag. agS de la nouv. e'dit. des Recherches sur les ossemens fossiles de M. G. Cuvier , et dans l’Encyclopédie, article Mammalogie. ( 2 l Les Yapock. M. F. Cuvier connaitrait-il plusieurs espèces de ces animaux? Voye*, T. I. 4 a6 MONOGRAPHIES A mes douze espèces Lien déterminées et une treizième dont l’existence est probable, viennent se joindre le Micouré laineux et le Micouré nain de d’Azara, que je n’ai pu trouver jusqu’à présent dans aucune des collections d’histoire naturelle. Nous mettons pro- visoirement ces deux espèces ainsi que la treizième , ou le Micouré à grosse queue de d’Azara, hors de ligne, et proposons d’éloigner et de rayer totalement du genre Didelphis , tel qu’il est établi dans la i3“. édition de Linnée, par Gmelin, les indications suivantes, savoir, Didelphis marsupialis avec son composé bizarre des espèces de pbilander de Brisson et de Seba. — Didelphis molucca et orien- talis, qui sont basées sur de jeunes Phalangers. — Didelphis Brunii et gigantea, qui sont du ^enre Kanguro ; enfin, Didelphis niacro- tarsus qui est un quadrumane , l’unique du genre Tarsier. Il paraît que le nombre des espèces de Sarigues s’augmentera encore lorsque les naturalistes auront exploré les immenses contrées sauvages de l’intérieur de l’Amérique méridionale; le Brésil, le Paraguay, le Chili et le Pérou nourrissent sans doute des espèces particulières qui nous sont encoi'e inconnues. Il s’agira d’examiner rigoureusement ces êtres réputés nouveaux; de légères différences dans les couleurs du pelage ne doivent point suffire aux naturalistes comme moyen unique pour former une espèce nouvelle. La manie du jour , en fait d’histoire naturelle, consiste à s’emparer du pi’emier objet supposé inédit , ou de la première observation que l’on croit nouvelle ; on compose à la hâte quelques lignes en prise de possession*, que les écrits périodiques servent à répandre; les compilateurs s’emparent de ces indications précoces; elles passent sans examen nouveau dans les catalogues Uiétbodiques, qui sont les réceptacles des bé- vues de tous les genres. Il faut souvent des travaux suivis pour déti'uire les erreurs , fruits de cet élan trop précipité , dans une science qui demande des observations souvent renouvelées. Il est Dents des mammifères , pag. 'jS. Je ne connais que les dépouillés de l’animal figuré par Buf- fon. Aucun auteur n’a fait mention d’une conformation très-singulière dans cet Yajwck: ses pieds de devant ont sis doigts bien distincts; le sisième doigt est placé extérieurement, c’est un rudiment sans ongle. DE MAMMÀLOGIE. sans doute Lien facile d’établir des genres et des espèces ; mais lorsque ces espèces nominales ont été classées dans les systèmes méthodiques, il devient souvent très-difficile de prouver qu’elles doivent l’exi- stence à une négligence trop commune d’observation et de com- paraison , ou à l’ignorance des progrès que les sciences ont faits dans les autres pays. Les remarques qui ont eu lieu sur la classification des espèces , et les erreurs que j’ai cru devoir indiquer, se trouvent consignées à la suite de chaque article descriptif. PREMIÈRE SECTION. LES FEMELLES ONT UNE POCHE COMPLÈTE TRÈS-AMPLE DANS LES INDIVIDUS ADUL- TES, MOINS DISTINCTE DANS LES JEUNES, ET DIFFICILE A RECONNAITRE SUR LES DÉPOUILLES SÉCHÉES DE CES JEUNES SUJETS. LES JEUNES- SE CACHENT DANS LA POCHE DE LEUR MÈRE. SARIGUE A OREILLES BICOLORES (i) ou MANICOU. DIDELPHIS FIRGINIAISA. Sa taille la plus ordinaire est celle du Lapin ^ mais les adultes de forte dimension sont de la grandeur du Chat sauvage ; queue plus courte que le corps et la tête, garnie de très-longs poils à sa base; le reste jusqu’à la pointe , couvert à claire voie d’un poil ras et blanc ; museau long, très-pointu; boutoir du nez couleur de chair jau- nâtre; fente nasale très-pro fonde; doigts de tous les pieds longs et très-fendus; seulement l’extrémité des oreilles jaunâtre. Tout l’animal paraît blanc; mais il n’y a eu effet de blanc parfait qu’à la tête , au cou , à la nuque et aux parties inférieures ; le pelage sur ces parties est court, laineux, très-serré; un cer- (i) On peut en dire autant du .S'an'^ue propre à l’Amérique méridionale; mais le nom ayant été proposé par M. Cuyier , je ne veux point le changer contre un autre peut- être plus approprié ; il suffit que l’identité de caractère soit reconnue propre aux deux espèces. Celle-ci a les oreilles bicolores , parce que leur jsointe seulement est jaunâtre. Chez \e Sarigue Azara c’est la base seulement de cet organe qui est de la couleur indicjuée ; le reste ést noir. 28 MONOGRAPHIES de de poils d’ua brun clair entoure l’orbite des yeux, mais le reste de la tête et le plus grand nombre des poils de la moustache sont blancs. La fourrure est, de même que chez les Sarigues Azara et cancrivore , de deux qualités; un feutre cotonneux et serré couvre la peau; les poils proprement dits sont longs et durs, et cachent le feutre. Le corps paraît former une seule masse avec l’origine des membres et de la queue, vu que ces parties sont cachées par les poils longs et très-touffus qui les couvrent. Le feutre ou le poil laineux est long d’environ un pouce et demi, blanc depuis la racine , mais brun foncé à la pointe ; les poils soyeux plus longs que ce feutre ont jusqu’à trois pouces, et souvent davantage le long de l’épine dorsale; ils sont d’un blanc parfait dans toute leur longueur; leur extrémité , qui dépasse celle des poils laineux à pointe brune , fait que la foun’ure paraît blanche et que le brun s’aperçoit plus ou moins ; ces longs poils garnissent aussi la base de la queue dont la plus grande étendue est couverte d’un poil très-ras, de couleur blanche, qui couvre mal les petites écailles blanchâtres , dont toute cette partie de la queue est pourvue ; les quatre extrémités sont d’un brun maiTon, mais la fine pointe des poils est souvent blanche; l’oreille est grande, noire depuis sa base, et jaunâtre à la pointe; l’œil est entouré d’un cercle brun ou marron clair ; la pointe du nez est couleur de chair jaunâtre , et les moustaches sont composées de poils blancs et de poils d’un roux foncé. Longueur totale, de 20 à 21 pouces, dont la queue porte 8 pouces ; distance du bord antérieur des yeux à la pointe du nez , i pouce 6 lignes ; longueur des pieds postérieurs depuis le talon jusqu’à l’o- rigine de la phalange onguéale du doigt le plus long, i pouce 6 lignes, mesures prises sur un mâle adulte. J’ai mesuré une femelle plus petite, quoique paraissant adulte par les dents; elle porte en longueur totale 17 pouces, dont la queue mesure 7 pouces 6 lignes; distance du bord antérieur des yeux à la pointe du nez, i pouce 4 lignes. Les jéunes sont plus blancs que les adultes ; ces derniers sont aussi moins abondamment couverts de poils laineux que les jeunes : 3o MONOGRAPHIE Patrie. L’Amérique septentrionale depuis le Mexique jusque dans les provinces septentrionales des États-Unis , où elle se nourrit de chair, de fruits et de racines ; on la dit dangereuse pour la volaille domestique , qu’elle surprend et dont elle fait sa proie. On mange sa chair , et les sauvages font des tissus du pelage soyeux dont le corps est couvert. On voit des individus dans les musées des Pays-Bas , de Paris , de Vienne et de Berlin. • SARIGUE AZARA , ou GAMBA. — DIDELPHIS JZARÆ. Taille du lapin j museau long 5 queue aussi longue que le corps, le cou et une partie de la tête ; son extrémité aboutit aux yeux ^ très- poilue à la base 5 couverte sur la partie nue d’écailles marquées , rudes et couchées les unes sur les autres \ entre ces écailles naissent à claire-voie des poils très-courts, noirs sur la partie couverte d’é- cailles blanches J chanfrein droit, oreilles de médiocre longueur, souvent à base jaunâtre. Les longs poils soyeux toujours d’un blanc pur sur toute leur étendue. Les femelles ont une pocbe complète. Pelage de deux qualités : celui de dessous ou le feutre est coton- neux et court 5 l’autre est long et rude. Le poil cotonneux est blanc ou blanchâtre depuis sa base , mais les pointes de ce feutre sont noires j les longues soies raides sont par tout le corps blanches , dans la totalité de leur longueur j ces poils ou soies sont en plus grand nombre et plus longs au dos , à la nuque et à la base de la queue, que sur toutes les autres parties, où ils sont plus rares et moins longs. Du ùoir règne autour des yeux et se prolonge jusqu’aux moustaches \ dans le creux du chanfrein naît une autre tache noire qui se dirige entre les oreilles , et continue à avoir plus d’étendue jusque vers l’occiput , où elle se réunit avec le noir de la nuque , d’où les poils soyeux , d’un blanc pur , commencent à couvrir entiè- rement l’extrémité noire du poil en feutre. L’assemblage de tous ces poils soyeux d’un blanc pur fait que tout le corps paraît blanc , surtout lorsque l’animal est tranquille et que les poils sont couchés. DE MAMMALOGIE. 3i Les quatre jambes sont noires , et le poil du métacarpe , celui du métatarse et de la face, sont très-courts', ainsi qu’on l’observe chez tous les Sarigues connus. Partout où la face n’est point couverte de feutre noir , on voit un feutre de couleur jaunâtre sale qui revêt le museau , les lèvres , et forme au-dessus des yeux et à la naissance des oreilles quatre grandes taches bien marquées. La base de la queue est garnie et colorée comme le dos 5 la partie nue de cette queue est couverte d écaillés rudes ; sa première moitié est noire , et quelques poils également noirs , très-courts et disposés à claire-voie , parais- sent entre les éca'îlles j l’autre moitié est blanche et les petits poils sont blancs. Les oreilles , grandes et nues , sont le plus souvent jau- nâtres à la base seulement, et noires sur tout le reste. Longueur totale des adultes de la plus forte taille, 28 pouces 6 lignes; sur cette étendue, la queue mesure seule i 3 pouces 6 lignes ; distance du bord antéi'ieur des yeux à la pointe du nez , 2 pouces 8 lignes : une femelle adulte. Un autre individu mâle long de 26 pouces ; la queue seule , 12 pouces 6 lignes. Un autre in- dividu, 25 pouces , et la queue à peu près 12 pouces. J’ai mesuré des jeunes absolument colorés comme les vieux ; l'un de ceux-ci avait 1 1 pouces 6 lignes , et la queue mesurait à peu près 6 pouces 6 lignes. Repiarque. On évitera de confondre les trois espèces de grands S arîgues_ à longs poils désignés sous les noms de Sarigue manicouy Azara et crahier, en ayant soin d’observer que le manicou , ou Sa- rigue du nord de l’Amérique, a toujours la face et le cou d’un blanc pur, le boutoir. du nez blanc, le bout des oreilles coloré, et la queue plus courte que le corps ; le Sarigue A Azara se distingue du manicou par sa queue plus longue , sa face et la nuque presque noires, et ses oreilles toujours noires ou colorées à leur base. Ces deux espèces ont des poils soyeux très-longs d’un blanc pur depuis leur base jusqu’à la pointe. Le Grabier se distingue par sa très-longue queue et par les longs poils soyeux qui ont seulement du blanc à leur base , tandis que tout le reste est d’un noir profond ou d’un brun noirâtre très-foncé. Il ne s’élèvera jamais de doutes sur la différence 32 MONOGRAPHIES bien caractérisée entre le manicou et les Sarigues Azara et crahier ^ mais j’aurais conservé des doutes sur la différence authentique des deux derniers , si je n’avais trouvé ces différences constantes dans tous les âges et chez les deux sexes. Synonymie. On doit énumérer en premier lieu le Micouré pre- mier, ou Micouré proprement dit, Azara, Quadrup. duParag., traduct. franc., vol. i, p. 244? mais les synonymes sont tous faux. — Dans le dictionnaire d’histoire naturelle ( voyez à l’article Sarigue a oreilles bicolores^ , M. Desmaret confond ce Sarigue acvec le Ma~ nicou, qui est celui de l’Amérique septentrionale. — M. Schreher a indiqué notre espèce dans un écrit périodique qui paraît à Vienne j prenant sans doute l’espèce pour un animal inconnu, il lui a donné le nom de Gamba, qui est probablement un nom du pays, que nous avons cru devoir conserver. Patrie. Les contrées méridionales de l’Amérique. D’ Azara dit qu’il vit dans les buissons et dans, les champs*, durant le jour il se tient dans les trous 5 il entre aussi dans les maisons. La nuit il dé- vaste les poulaillers , mange les œufs et suce le sang des oiseaux qu’il saisit -, il monte aux arbres , mange les fruits , et d’ Azara croit qu’il fait aussi sa nourriture d’insectes et de reptiles. On le trouve au Brésil, où il est très-répandu. On conservée dans le musée de Paris des jeunes individus 5 des adultes et de jeunes sujets font partie des musées de Vienne , des Pays-Bas, du prince de'Neu^vied, et de Francfort.. SARIGUE CRABIER. — DJDELPHIS CANCRWORA. Taille du chat ^ tête et museau remarquablement longs ; boutoir du nez noir ; queue un peu plus longüe que le corps et la tête , poilue à la base , couverte sur la partie nue d’écailles marquées , rudes et couchées les unes sur les autres ; entre ces écailles naissent à claire- voie des poils très-courts , noirs à la partie supérieure revêtue d’é- 33 DE MAMMALOGIE. cailles noires , et blancs sur la partie couverte d’écailles blanches ; museau long, très-effilé 5 chanfrein bombé 5 oreilles longues, unico- lores 5 les longs poils soyeux toujours blancs à la base, et cVun noir profond sur le reste de leur étendue. Les femelles ont une poche com- plète. Les trois vertèbres cervicales qui suivent après l’atlas ont. leurs apophyses épineuses très-épaisses et larges ; elles s’élèvent au-dessus des autres apophyses cervicales j leur surface est plane , et elles adhè- rent fortement les unes aux autres (i). Voyez pl. 7. Pelage de deux qualités : le feutre est cotonneux et court, les poils” soyeux sont longs et rudes*, le poil serré et cotonneux est blanc ou blanchâtre, et les longues soies raides sont blanches depuis leur base jusqu’à la moitié de leur longueur seulement j depuis cette moitié jusqu’à la pointe ils sont d’un brun noirâtre très-foncé ; ces poils ou soies sont en plus grand nombre et plus longs au dos , au sommet de la tête et à la base de la queue que partout ailleurs , où la four- rure courte et cotonneuse paraît entre les longs poils très-clair-se- més^ le côté externe, ainsi que celui interne des quatre membres, est partout couvert de poils courts entièrement noirs j toute la tête et le museau sont à peu près d’un brun noirâtre et couverts de poils courts 5 ceux du crâne sont aussi de deux couleurs, la racine étant blanchâtre et la pointe noire , ce qui produit un mélange fauve très- foncé sur cette partie j du fauve un peu plus clair est répandu sur les parties inférieures du corps, où les poils noirs sont en très-petit nombre et le pelage cotonneux d’une teinte jaunâtre. La queue est couverte d’écailles rudes 5 sa partie poilue est assez longue , celle cou- verte d’écailles est noire dans sa première, moitié et blanchâtre sur le reste \ les poils clair-semés qui naissent entre ces écailles sont aussi de deux couleurs , noirs sur les écailles noires , et blancs sur les écailles blanches. Les jeunes naissent complètement nus \ à l’époque où ils quittent les mamelles et sortent de la poche de leur mère, ils sont couverts ( 1 ) Je n’ai pas été à même de comparer les squelettes du Crahier avec ceux du Mardcou ou du Sarigue Azara. Il n’y a rien de semblable dans le squelette de toutes les autres espèces décrites dans ce mémoire. T. 1. 5 34 . MONOGRAPHIES d’un pelage court et lisse, seulement composé de poils soyeux, d’un brun marron plus ou moins foncé 5 les poils laineux paraissent lors- que le jeune animal a pris la moitié de son accroissement. Longueur totale, 2 pieds 5 pouces, dont la queue mesure 1 5 pouces ; la partie poilue a 2 pouces 3 lignes j distance du bord des oreilles à la pointe du nez, 3 pouces 3 lignes, et depuis cette partie jusqu’au bord antérieur de l’œil, i pouce 8 lignes; les soies ou crins des moustaches et ceux entre les yeux et les oreilles mesu- rent 2 pouces 6 lignes ; longueur des pieds postérieurs , depuis le talon à la pointe des ongles, 2 pouces, et des pieds de devant, 1 pouce 5 lignes : dimensions pi'ises sur un individu mâle tiré de l’esprit-de-vin, ayant toutes ses dents usées de vieillesse. Les indivi- dus adultes de taille ordinaire sont environ d’un pouce ou un pouce et demi moins longs , et toutes les autres parties proportionnelle- ment. Un jeune que j’ai mesuré a 20 pouces, et la queue 10 pouces 2 lignes. Je viens de recevoir la peau bien conservée d’une très-vieille femelle ; sa dimension totale est de 3 pieds environ. Synonymie. C’est en premier lieu le Grand philànder oriental de Seba, Thés., vol. i, p. 64, tab. 38 , fîg. i, gravure exacte. — Didelphismarsupialis, Shreb.,etsurtgjilt.tab. i 45 , mais seulement la première table qui porte ce numéro sans V astérisque (i), figure très- exacte quant aux formes de l’animal, mais mal enluminée. Ajoutez encore Didelphis marsupialis , Gmel., Linn., Syst. 1 , p. io 5 , sp. i. — Didelphis cancrivora, id., p. 108, sp. 7. — Grand Sarigue ou Crabier, Buff., Supp., vbl. 3 , pl. 54 (mâle), et Didelph. carcino- phaga, Bodd. ( femelle. ) — Cuvier, Reg. anim., vol. i, p. 173. — Geoff., Catal., p. i 3 g. — Didelphe crabier, Now. dict. d’Hist. nat., vol. 9, p. 422. — Molucca Opossum, Shaw. , Gen. Zool. , vol. I , part. 2. P. Ce misérable compilateur décrit notre Phalanger oursin, y joint une figure du véritable Sarigue Quica , et indique (i)La table 1 45, avec un astérisque, est une figure passable du virginiana , qui est notre première espèce. DE MAMMALOGIE. « 35 ensuite comme variété le vrai crahier , dont il donne une figure cal- quée sur celle de Seba , du Philander maximus orfentalis , t. Sq. Re marque. he pelage du c radier vai’ie plus ou moins du noir au marron. J’ai vu des individus à bout des poils et aux quatre extré- mités d’un noir profond j d’autres d’uu marron noirâtre , avec les quatre extrémités d’un marron pur; leur teinte, ainsi que celle de deux autres espèces à pelage de deux qualités , varie toujours à rai-r son de la longueur des poils raides ou des soies qui cachent totale- ment le feutre, ou qui, le recouvrant mal , en font alors apercevoir plus ou moins la teinte blanchâtre qui le colore. Il y a cette différence facile à saisir du premier coup d’œil entre le Sarigue Azara et le Sarigue crabier , que le premier paraît blanc parce que tous ses poils soyeux, qui sont les plus longs, sont blancs depuis la base à la pointe ; le dernier paraît noir, parce que la grande moitié de tous les poils soyeux est noire, et que la base seulement , qui est cachée par le feutre , est blanche. J’ai comparé une multitude d’individus des deux espèces dans tous les âges ,* depuis le jeune jusqu’à l’adulte ; à toutes les époques de l’âge , et quel que fut le sexe , j’ai trouvé ces différences constantes sur plus de trente sujets. Les mâles ont tou- jours trois fausses molaires comme les femelles , mais avec cette dif- férence que leur fausse molaire antérieure est “excessivement petite , l’inférieure surtout paraît à peine pointer des gencives. Patrie. Une grande partie de l’Amérique méridionale , sur- tout la Guiane et le Brésil, qui en sont très-peuplés; on le trouve dans toute la Guiane , où il grimpe aux arbres , mais on le dit mau- vais Coureur. Il habite de préférence les marécages , où il se nourrit de crabes; il'attaque aussi les petits oiseaux et livre la guerre aux reptiles et aux insectes. Je n’ai ti’ouvé que de la • terre glaise dans les viscères de ceux que j’ai disséqués. Les naturels en mangent la chair , qui a quelques rapports avec celle du lièvre. Musées des Pays-Bas , Paris, Vienne , Berlin , Francfort et autres. 36 0 MONOGRAPHIES SARIGUE QUICA {i). — DIDELPHIS QUICJ. Taille d’un jeune Putois (Mustek putorius); queue plus longue que le corps et la tête , e'paisse à la base , chez le mâle , à peu près d’une venue avec le corps j moins grosse dans la femelle j la partie poilue occupe un peu moins du tiers de sa longueur j la partie nue toujours terminée par un espace blanc , plus ou moins étendu. Les femelles ont une poche complète. Le mâle a tontes les parties supérieures du corps et des mem- bres , ainsi que le tiers environ de la queue , d’un gris de souris ; tous les poils étant annelés de cendré et de noirâtre, le noir domine à leur extrémité , ce qui fait qu’à voir l’animal de face la fourrure ressemble à celle de la souris ; mais vu de côté, elle a plus de res- semblance avec celle de Y Ecureuil ÿris de la Caroline ; la gorge , toutes Tes parties inférieures et la face interne des membres , sont d’un blanc parfait j les yeux sont entourés par un cercle. noir, au- dessus duquel est peinte une tache blanche, comme dans V Opossum ou Quatre-œil j au-dessous des yeux, une tache blanche , blanchâtre, ou d’un roussâtre très-clair j le museau et la ligne longitudinale sur le chanfrein sont d’un gris sombre j la partie nue de la queue est noire sur sa première moitié , et blanche sur celle qui forme le bout ; les oreilles sont grandes , ovales , et plus ou moins bicolores. La femelle a toutes les parties supérieures du corps et la base de la queue d’un fauve noirâtre , avec une légère nuance argentée , selon le j onr qui l’éclaire ; le pelage est d’une teinte cendrée , claire sur les flancs et à la face externe des membres ; le menton et la face interne des membres sont blancs 5 une teinte cendrée roussâtre est répandue sur le ventre ; toute la région de la poche est d’un roux foncé ; le sommet de la tête et le mnseau sont noirs ou noirâtres , et trois grandes taches blanches ou blanchâtres sont disposées au-dessus, derrière et en-dessous des yeux; ceux-ci ont un cercle noiç autour de l’orbite. (i) Nom vulgaire de cette espèce au Brésil. m DE MAMMALOGIE. 87 Les jeunes ont un pelage plus lavé de fauve ou dè brun j les ta- ches ne sont point aussi bien dessinées que dans les adultes j mais la queue est toujours terminée par un espace blanc plus ou moins étendu. Longueur moyenne prise sur un grand nombre d’individus : en totalité , 22 pouces, dont la queue prend de ii à 12 pouces j la par- tie couverte de poils est longue de 2 pouces 9 lignes chez les fe- melles , et souvent de 3 pouces 6 lignes dans les mâles ; celle de la nudité , de couleur blanche , varie de 3 pouces 3 lignes jusqu’à 5 pouces. Distance du bord antérieur des yeux à la pointe du nez, I pouce I ou 2 lignes. J’ai vu des mâles* plus petits,' dont la lon- gueur totale est de 20 pouces 3 lignes , et les autres dimensions moindres en proportion. Synonymie. Cette espèce n’est point du nombre des découvertes nouvelles; elle paraît avoir été confondue dans les indications très- embrouillées de Y Opossum des méthodes ; chaque auteur a- cru re- connaître dans des animaux , le plus souvent différons , le véritable Opossum indiqué d’une manière si vague par Linnée, et mécon- nu par le plus grand nombre des naturalistes. On trouve dans les cabinets des individus de cette espèce étiquetés sous les noms d’O- possum, de Cayopollin , et de Philander. Nous devons àM. Natte- rer la connaissance plus exacte de cette espèce qu’il a envoyée au musée impérial de Vienne , sous le nom de Quica , dénomination qui sera sans doute conservée. Nous avons reçu plusieurs dépouilles et vu quatre individus vivans , outre plusieurs sujets conservés dans l’esprit-de-vin. Il est facile de distinguer dfe Sarigue du véritable Opossum, qui est plus petit, à queue moins longue , et à base poi- lue moins, étendue. La couleur de la robe du véritable Opossum est d’un roux vif et roussâtre, tel que Schreber en donne deux figures ^ exactes sous tous les" rapports. Il n’est guère possible de confondre le Quica avec le Philander , et nous ne pouvons comprendre com- ment on a pu en faire un Cayopollin. Ce dernier est probablement le même animal que le Micouré a grosse queue de d’Azara. Les fe» •é 38 ^ MONOGRAPHIES melles , dans cette espèce , n’ont point de poche. Le Catopollin du Nouv. Dict. dhist. nat . , vol, 9, pag. 426, et celui sous la même indication dans le Règne aniniol, de M. Cuvier, elAaxisVEncjcl. doivent être réunis au Philanderàe cette monographie. La description du Cajopollin de Buffon est prise sur un très-jeune Sarigue , on ne sait trop de quelle espèce ; car il est dit qu’il a deux molaires de moins que Y Opossum et que la Mannose , caractère commuu à tous les jeunes Sarigues (i). On fera bien d’exclure ce Cajopollin de Buffon de la liste des êtres. Le Micouré laineux ou Micouré second de d’Azara ne doit pas non plus être admis dans nos catalogues méthodiques ; ce sont de ces indications vagues qui reposent sur l’examen très- superficiel d’un seul individu. Patrie. Le Quica habite le Brésil ÿ il vit sur les arbres, fait la chasse aux petits oiseaux et aux insectes , et mange aussi des fruits. En captivité on le nourrit de chair. Il se cache pendant le jour, et se roule en boule pour dormir; il souffle comme le fui’et, et ne paraît sortir de sa retraite que de nuit. Le musée des Pays-Bas possède plusieurs individus montés , et des squelettes. On en voit aussi dans les musées de Tienne et du prince de Neuwied. L’individu du musée de Paris est en très- mauvais état. SARIGUE — DIDELPHIS MYOSUROS. Taille du précédent; la queue semblable à celle du Rat vulgaire (Mus rattus) , bicoîoÆ, grêle, beaucoup plus longue que le corps et la tête ; la base poilue très-petite ; oreilles très-grandes , à peu près rondes ; museau très-pointu. Les femelles ont une poche com- plète. ' . Pelage doux , serré , maiç très-court , d’une teinte mélangée , à peu près comme la fourrure du Rat surmulot; les poils cendrés à (i) Voyez la note sur les caractères du genre Didelphis. DE MAMMALOGIE. 39 leur base et variés de brun foncé et de fauve-roussâtre à leur pointe j ceux disposés sur la ligne moyenne du dos d’une teinte plus sombre que le pelage des flancs et de la face externe des membres^ sur le sommet du crâne et depuis les narines à l’origine des oreilles sont trois bandes noirâtres; au-dessus des yeux se trouve une petite tache d’un roux jaunâtre, et en dessous de cet organe , une autre beaucoup plus grande, qui s’étend sur l’angle des deux lèvres; les flancs, les côtés du cou, et le bord extérieur des cuisses, sont d’un fauve rous- sâtre ; les parties inférieures sont d’un blanc faiblement nuancé de roussâtre , ou d’un blanc terne ou couleur Isabelle. Les oreilles sont très-grandes, à peu près rondes , nues, d’un jaunâtre clair à leur base, et noirâtre sur le reste ; derrière les oreilles , et à leur base , se trouve une petite tâche rousse. La queue est longue, grêle , très-mince vers le bout, très-peu poilue à sa base, brune et garnie d’écailles lisses jusqu’à la distance de trois pouces de la pointe, qui est blan- che. Les plus grands individus ont une grande plaque noire sur le sommet de la tête; elle s’étend de l’occiput au chanfrein; le cercle qui entoure les yeux est noir , et on voit une tache noire devant cet organe. Longueur totale des plus grands sujets, 22 pouces, dont la queue prend 1 1 pouces 2 lignes ; distance du bord antérieur des yeux à la pointe du nez, i pouce 3 lignes; base poilue de la queue, longue seulement de lo lignes. J’ai pris les dimensions sur des individus de 20 pouces en longueur totale : la queue, ii pouces 2 lignes; base poilue, 10 lignes. Les jeunes de moyen âge m’ont fourni les dimensions suivantes : longueur totale , 16 pouces 6 li- gnes, dont la qneue prend 8 ponces 8 lignes; sa base poilue n’est que de 9 lignes; hauteur et largeur des oreilles, xq lignes ; distance du bord antérieur des yeux à la pointe du nez , 1 1 lignes. Synonymie. On ne peut rapporter cette espèce à aucune de celles qui se trouvent dans les méthodes. J’ai cru que ce pourrait être le Didelphis nudicaudata de M. Geoffroy, et du Dict. cVliüt. nat. , vol. 9 , p. 424 ; mais il est dit dans le texte que la queue de cet 4o ' MONOGRAPHIES animal est toute nue, et que la femelle n’a point de poche. On a trouve , dit-on , les petits attachés aux mamelons. Tout ceci paraît bien différent de ce que nous rapportons ici du Sarigue mjosure ^ cependant, j’ai reconnu très-distinctement, et sans laisser aucun doute , dans le sujet étiqueté au musée de Paris , Didelphis niidi- caudata, un individu jeune, de moyen âge , de mon Didelpins myo- * snros , à la vérité détérioré , mais assez bien conservé pour trouver en lui tous les caractères de notre espèce. Ce sujet est-il le même que celui qui a servi à la description de M. Geoffroy? c’est ce que je ne saurais affirmer. Il est au reste très-facile de se méprendre sur l’existence ou sur l’absence d’une poche dans les jeunes femelles qui nous parviennent en peaux desséchées j et la supercherie des prépa- rateurs , dans les colonies , doit nous rendre défians lorsqu’on reçoit des individus où les jeunes sont adhérons. Il m’est arrivé deux fois d’être dupe de pareilles supercheries. Dans un sujet de VOpossum qui fut tiré de la liqueur , je trouvai quatre petits , adhérons au ven- tre^ étonné de ne point trouver de poche, la dissection seivit à me prouver que les petits étalent fixés par du fil au ventre d’un mâle auquel on avait coupé le scrotum ; j’en ai reçu un en peau pré- parée, de l’espèce du Sarigue (juica, où la même supercherie avait été commise; un Sarigue dorsal mâle, en esprit-de-vin, portant ses petits sur le dos , se trouve éncore dans une de nos collections ; et j’en ai vu un autre, avec les petits d’une espèce différente, atta- chés au ventre. Un cas semblable peut avoir induit en erreur ceux qui ont décrit leur Sarigue nudicaude. Patrie. Notre espèce habite le Brésil, où elle paraît très-com- mune; tous les naturalistes qui ont visité ce pays en ont rapporté. Elle semble l’être moins à la Guiane. On la reçoit rarement dans les transports d’ojjjets d’histoire naturelle qui nous arrivent de Surinam. Musée des Pays-Bas, plusieurs individus des deux sexes. Musées de Vienne , de Francfort et du prince de Neuwied. Celui du musée de Paris est en mauvais état. /|2 MONOGRAPHIES La longueur totale des vieilles femelles est de 19 pouces , dont la queue mesure 9 pouces 6 lignes ; Lase poilue de la queue , 2 pouces 1 ligne \ distance du bord antérieur de l’ceil à la pointe du nez , i pouce 2 lignes. Remarque. Le crâne de Y Opossum est difficile à distinguer de celui du Sarigue quica : meme nombre de dents , et à peu près meme for- me générale. Un caractère assez saiUant peut servir de moyen pour reconnaître ces crânes. Dans VOpossuni , le chanfréin forme une ligne inclinée , mais droite , et d’une yenue avec le front ; au lieu que le chan- fx’ein du Sarigue quica est voûté et forme une ligne courbe dont la plus grande élévation est au centre. Cette coupe de la mâchoire supé- rieure fait que la tête du Sarigue quica ressemble à celle des Sa- rigues crabier , minois et micouré , dont le museau , quoique pro- portionnellement aussi long, paraît moins pointu que celui des au- tres Sarigues , particulièrement de Y Opossum, du Dorsal et de la Marmose, qui rappellent, dans les formes de la tête, quelque res- semblance entre ces petits animaux et les Renards. Cette partie, dans les Sarigues pliilander et grisou , se distingue par le chanfrein as- sez court de ces animaux. Le nom ^Opossum a été donné indistinctement à plusieurs Sari- gues. M. Cuvier vient très-récemment de nommer ainsi le Sarigue minois de Buffon. Voyez Histoire des Mammiferes. CAette remar- que m’a paru nécessaire pour éviter une réunion que l’identité de nom pourrait occasioner. Au reste , M. Cuvier paraît avoir choisi cette dénomination , parce que les Anglo-Américains désignent ainsi le Didelphis virginiana de Pennant j mais j^ai cru devoir la rendre à l’espèce de cet article, le nom ^Opossum lui ayant été donné par Linné , Buffon et Schreber : ce dernier ' en a publié deux bonnes tigures. Sjnonjmie. Didelphis opossum. Gmel. Sjst. i, p. io5, sp. 3. — Schreb, Saugïit., vol. 3, p. 53’^, tab. xlfb, A et B, ligure exacte du mâle et delà femelle. — Sariuüe opossum. Buff. Quadrup., 44 MONOGRAPHIES corps et s’étend sur une grande portion de la queue ; les oreilles sont grandes, très-distantes et ovoïdes à leur partie supérieure j les narines se trouvent partagées par un sillon très-profond ; une petite bande d’un roux vif passe sur le chanfrein , et aboutit au sinciput où elle est plus large; les yeux sont exactement entourés par une petite tache d’un brun cendré clair qui s’étend jusqu’aux narines ; tout le sinciput , les côtés du chanfrein et les joues sont à peu près blancs ; le pelage , sur toutes les autres parties supérieures du corps , et à la base de la queue, est, dans le mâle, d’un fauve roussâtre très- clair , mais teinté de jaunâtre sur les flancs et à la partie poilue du dessous de la queue ; toutes les autres parties inférieures sont blan- ches ; les moustaches et les longs poils au-dessus des yeux sont d’un roux foncé ; les oreilles , la partie nue des pieds , et une partie de la queue , sont d’un brun roussâtre. La femelle a le pelage d’un fauve ce'ndi’é et roussâtre ; la partie intérieure de la poche est gar- nie d’un poil roux, et toutes les autres parties inférieures sont d’un blanc sale; un quart de la partie nue de la queue est brun, l’autre est rnarbré de brun et de bl^c, et le reste, jusqu’au bout, est tout blanc. La taille des femelles est toujours bien plus forte que celle des mâles. • Longueur totale prise sur trois mâles, i 3 pouces 6 lignes; la queue seule mesure 8 pouces & lignes ; la partie qui est couverte de poils a I pouce 9 lignes. Longueur totale de la tête, t pouce 10 li- gnes ; de la pointe du nez au bord antérieur de l’œil, 8 lignes * Deux femelles nous ont fourni les dimensions suivantes : 22 pouces ; lon- gueur totale de la queue, i 3 pouces; la partie couverte de poils, 2 pouces 9 lignes ; de la tête, 2 pouôes 3 lignes ; de la pointe du nez au bord antérieur de l’œil, 10 lignes. Sjjwri jmie. Ijü. seule indication que l’on puisse citer avec con- fiance est celle donnée par Scbreber, Saugth . , f. 3 , p. 54 i, sous le nom de Faras, ainsi que , table. 147 .du même ouvrage, sous le nom de Didelphis philander ; cette figure est du petit nombi’e de celles publiées par Scbreber, qui est bien dessinée , et colorée avec MONOGRAPHIES 46 sur les femelles que j’ai tirees de l’esprit-de-vin se rapprochent plus de celles indiquées par Schreher. Les jeunes , meme lorsqu’ils sont encore portés par la mère , sont faciles à distinguer des jeu- nes de toutes les autres espèces que nous venons d’indiquer ; il se- rait impossible de les confondre avec les jeunes de V Opossum ou Quatre-œïl. La description dii Cajopollin dans le Nouveau Dictionnaire (Vliistoire naturelle doit être rapportée au Philander de cette mono- graphie •, et c’est aussi d’un Philander dont il est question dans le Régné animal j sous ce même nom, mal appliqué, de Cajopol- lin. Les sujets mal étiquetés du musée de*Paris confirment ce que j’avais supposé , d’après les indications mentionnées. Il est proba- ble que les figures 3 et 4 de la planche 3 1 de Seba ont été prises sur des sujets de l’espèce du Philander. Patrie. L’Amérique méridionale. Les individus que j’ai' exami- nés ont été envoyés de Surinam ; il est probable qu’on les trouve dans toute la Guiane. Je n’en ai point vu dans les collections faites au Brésil. On a trouvé des débris d’oiseaux dans les individus que j’ai fait tirer de l’esprit-de-vin.' Plusieurs individus montés et des squelettes font partie des musées des Pays-Bas et de Vienne ceux du musée de Paris sont en très- mauvais état, et portent sur l’étiquette dont ils sont pourvus le nom de Cajopollin. DEUXIÈME SECTION. LES FEMELLES N’ONT .POINT DE POCHE ; ELLE EST REMPLACÉE PAR UNE DUPLICA- TURE DE LA PEAU DU VENTRE. LES JEUNES MONTENT SUR LE DOS DE LEUR MÈRE, ET S’Y AFFERMISSENT AU MOYEN DE LEUR QUEUE. SARIGUE GRISON. — DIDELPHIS CINEREA. Taille moindre que l’Opo^^wm ( Didelphis opossum ) , ou delà grandeur du Rat domestique (Mus rattus)*, tête petite, museau très-court j oreilles un peu étranglées à la base, nues^ queue beau- 48 MONOGRAPHIES prince de Neuwied et de M. Schreibers, directeur du musée impé- rial de Vienne , d’avoir pu donner la description de cette espèce j ces amis ont bien voulu m’envoyer les individus de leurs collections. SARIGUE DORSAL. —DIDELPHIS DORSIGERJ. Taille et formes du Rat (Mus rattus); queue grêle, dépassant d’un pouce et demi la longueur du corps et de la tête \ partie poi- lue assez étendue ; la partie nue , brune uuicolore ; yeux placés dans une tache marron très-foncé, qui se prolonge sur une partie de la lèvre supérieure^ ligne du chanfrein et le front d’un blanc jau- nâtre. Les femelles manquent de poche. Pelage serré et fin , mais court et peu fourni ; les poils sont de deux couleurs : d’un cendré foncé à leur base , et d’un gris brun ou fauve brunâtre à la pointe. Cette nuance, qui colore l’extrémité de.s poils aux parties supérieures, porte absolument la même teinte que le pelage du Surmulot ( Mus decumanus ) , et diffère constamment de celle qui colore la fourrure du Sarigue mannose. Les yeux sont placés dans une tache d’un brun foncé , plus étendue vei's le museau qu’à la partie postérieure de l’œil 5 le brun est peu marqué en dessous; il forme une simple raie ou sourcil , au-dessus de cette région ; tout le chanfrein et le fi’ont, entre les yeux, est d’un blanc jaunâtre ; cette couleur domine aussi sur les joues, sur la face extérieure des jambes de devant , et sur l’extrémité ou les pieds des quatre mem- bres ; sur là partie nue de la queue n’existe aucun poil ; elle est écail- leuse et brune partout. Longueur totale, 12 pouces 6 lignes, dont la queue mesure 7 pouces; la partie poilue de sa base est longue de ii lignes; distance du bord antérieur de l’œil aux narines, 7 lignes. Synonymie. Didelphis dorsigerâ. Linn. , Gmel. , Syst . , i , p. 107, sp. 5 .- — Schreb. Saugili., vol. àyp. 546 , tab. i 5 o, figure très-mauvaise et mal enluminée. — Probablement aussi Musgloce- TRis AMERicANus, Seba , Mus., vol. I,, tab. “^1 ,fig. I et 2, Les DE MAMMA.LOGIE 49 autres indications et meme celles portées ici méritent peu de confiance. Remarque. Les naturalistes qui n’ont point été dans le cas de faire dés recherches basées sur l’examen d’un grand nonotbre d’indivi- dus , ou qui se sont trouvés dans la nécessité d’avoir recours aux des- criptions succintes «^s voyageurs et aux figures plus ou moins vicieu- ses des différentes espèces de Sarigues , ont pu croire facilement que , de toutes ces espèces nominales , il s’en trouvait plusieurs formant double emploi du même animal. Je dois attribuer à cette cause l’er- reur commise dans le Régné animal, et suivie dans \e Nouveau Dic- tionnaire d'histoire naturelle, où les auteurs ont réuni le Didelphis Cajopollin, P hilander et Dorsigera, dans un même article, et sous des indications très -vagues. Ces trois espèces diffèrent à tant d’égards les unes des autres, ainsi que je l’ai prouvé par les caractères essen- tiels et les descriptions fournis dans cette monographie , qu’il sera fa- cile de les reconnaître par ces seuls moyens. Mais, nonobstant toute l’exactitude que j’ai tâché de mettre dans les descriptions du Sai'igue dorsal et du Sarigue marmose, je n’ai pu rendre à ces différences un caractère d’originalité à l’aide duquel on puisse reconnaître du premier coup d’œil les individus de ces deux espèces voisines. Je tà- chei'ai d’y remédier par quelques détails. Les formes du Dorsal et de la Marmose sont peu différentes; leur taille l’est davantage; j’ai trouvé cette différence constante sur tous les individus tirés de l’esprit- de-vin; mais elle varie dans les individus montés , et ceci tient à la préparation vicieuse des dépouilles. Indépendamment de la couleur du pelage, toujours rouSsâtre ou jaunâtre chez la Marmose , et brune ou cendrée-faiive chez \e Dorsal , a\ trouvé des différences invariables dans la queue, plus longue, en proportion du corps, dans le Dorsal que dans la Mannose : cette queue est constamment jaunâtre et sans taches chez ce dernier , et d’un brun uniforme dans le Dorsal. Ces animaux, qui viennent du même pays, diffèrent toujours de la même manière entre eux ; ils n’offrent point de dissemblance très^ marquée de grandeur dans les sexes. T. I. 7 5o MONOGRAPHIES Patrie. Tous les individus que j’ai reçus proviennent des collec- tions faites à Surinam. Le Sarigue dorsal n’est point la seule es- pèce connue qui porte ses petits sur le dos*, tous les Sarigues, dont les femelles manquent de poche pour y cacher les petits , transpor- tent leur petite famille de cette manière. Le musée des Pays-Bas possède plusieurs individus montés et des squelettes. Ceux du musée de Paris sont en sumauvais état , qu’il est impossible de reconnaître l’espèce. SARIGUE MARMOSE. —DIDELPHIS MÜRINJ. Taille du Lé rot ( Myoxus nitela ) ; queue un peu plus longue que le corps et la tête ; la partie poilue de sa hase très-petite; la partie nue d’un jaune unicolore; yeux placés dans une tache marron, cette tache se prolonge sur une partie de la lèvre supérieure. Les femelles manquent de poche. Pelage serré et fin , mais court et peu fourni ; les poils sont de deux couleurs; d’un cendré foncé à leur hase, et fauve roussâtre ou jau- nâtre à leur pointe , quelquefois aussi d’un roux pur; cette bigarrure des poils fait que les parties supérieures du corps et l’extérieur des quatre membres sont d’un fauve roussâtre clair, jaunâtre, ou d’un roux vif, paraissant mêlé de cendré , suivant que ces poils sont plus ou moins divefgens; la tête est d’un jaunâtre clair, dépourvue de raie sur le chanfrein ; les yeux sont placés dans une tache marron , as- sez grande , mais plus étendue vers le museau qu’à la partie postérieure de l’œil; toutes les parties inférieures et les joues sont d’un beau blanc légèrement jaunâtre ; la hase peu poilue de la très-longue queue est coloi’ée comme le dos ; sa partie nue est parfaitement glabre , uni- colore, et de couleur jaunâtre, ainsi que les oreilles. Les femelles sont un peu plus grandes que les mâles; les jeunes peuvent être facilement distingués de ceux des autres espèces. A l’époque où leur longueur to- tale n’excède point encore trois pouces, par conséquent, peu de temps après leur naissance, ils sont déjà très-reconnaissables par la tache DE MAMMALOGIE. 5i marron qui est prolongée en avant et derrière les yeux , et par la cou- leur de leur pelage roussâtre. Longueur totale, de lo pouces ou lo pouces 2 lignes, dont la queue mesure 5 pouces 3 ou 4 lignes; la partie poilue de sa base longue de 6 lignes ; distance du bord antérieur de l’œil aux narines , 6 lignes, mesure prise sur trois femeUes adultes. Les vieux mâles ont des dimensions un peu moins fortes. Synonymie. Didelphis murinx, Gmel. Syst. i , p. 107, sp. 4 - — Schrno. Saugth. , v. 3 , p. 545 . ^ iab. 149 ? figure mal colorée , quoique assez exacte de contour. — La Marmose, Buff. Quad. , vol. 10, p. 335 , t. 52 et 53 . — Idem. éd. de^ Sonn . , v. 28, p. 65 , pl. 3 . ■ — Cuv. Heg. anim., v. ï,p. 174* — Geoff. Caial. quad. du musée, p. 143, J/?. 6 . — Murine OPOSSUM , SbaAV. Gen. zool.,v. 1, part. 2., p. 484. On ne doit point rapporter à la Marmose le Micouré qua- trième, de d’Azara, Quad. du Parag. , v. i, 290, qui paraît être synonyme avec le Sarigue nudicatide de M. Geoff. , ni son Micouré cinquième , qui est notre Sarigue touan , ou Didelphis brachyura. Remarque. On ne pourra confondre la Marmose qu’avec le Dor- sal dont elle approche beaucoup ; j’ai insisté sur les différences qui séparent ces deux espèces dans la remarque à l’article du Sarigue dor- sal. Le nom de Marmose provient sans doute, comme le remarque M. Cuvier, d’une faute d’impression dans la traduction française de Seba. On donne dans les colonies de la Guiane hollandaise , le nom de Bosclirat Ç Rat des bois) indislinctemeut a toutes les espè- ces de Sarigues qui y sont répandues. Schrebér a très-bien indiqué la longueur de la queue de notre Marmose dans Sa planche; mais dans le texl», ü dit qu’elle est plus courte que le corps, ce qui est faux, car la queue est plus longue que le corps et la tête. Patrie. L’Amérique méridionale ^ particulièrement la Guiane, où cette espèce est très-multipliée. Elle creuse la terre, et se suspend par la queue aux branches des arbres , chasse les petits oiseaux , et se 52 MONOGRAPHIES nourrit aussi de fruit. Dans les trois Marmoses femelles adultes que j’ai tirées de Tesprit-de-vin pour les faire monter , nous avons trouvé des traces de leur appétit carnivore dans quelques débris de plumes d’oiseaux, mêlés aux nombreux débris d’insectes, contenus dans leurs viscères. Muséum des Pays-Bas, trois femelles montées, et le squelette d’un mâle. Musée de Paris, plusieurs individus sous des dénominations différentes; mais tous mal montés et détériorés. SARIGUE TOÜAN. — DIDELPHIS IRICOLOR. Taille du Sarigue dorsal ( Didelphis dorsigera) ; queue de moitié moins longue que* le corps et la tête, épaisse et large à sa base , dé- primée dans presque toute sa longueur , à peu près nue en dessous et à la pointe, mais couverte de poils à sa face supérieure. Les femelles manquent de poche. Tout le dessus du corps, du cou et de la tête, est couvert d’un poil noirâtre , dont l’exti'émité tire un peu au grisâtre. Cette cou- leur noirâtre est disposée sur tout le dos, jusques aux flancs; elle forme une bande longitudinale sur le sommet de la tête, et vient aboutir aux narines; les joues, la goi-ge, les côtés du cou, les flancs et la face externe des quatré membres sont d’un roux ar- dent ; la poitrine et toutes les parties inférieures sont d’un blanc pur; la queue, dont la base est large et déprimée, est couverte, sur une grande ■ partie .de sa face supérieure , de poils longs , de la couleur des flancs ; en dessous , elle est garnie d’un poil serré , et tel- lement ras, que cette partie, ainsi que la pointe, pai’aît nue. Les mâles ont un scrotum traînant piesque à terre; leur jrobe ne dif- fère point de celle des femelles. Longueur 8 pouces , de 5 à 8 lignes , dont la queue mesure en- viron 3 pouces ; distance du bord antérieur de l’œil à la pointe du nez de 7 à 8 ligues. Mesui'e prise sur des individus adultes. Les mesures données par les auteurs sont du jeune âge. 53 DE MAMMALOGIE. Remarque. Cette espèce ou le Didelphis brachjura de Pallas est bien caractérisée et facile à distinguer du Didelphis hrachyura de Linné , non-seulement par les formes mais aussi par les couleurs du pelage. Synonymie. Didelphis tricolor. Geoff. Catal. des mamm. p. 144? ^P'I' — Didelphis brachyüra. Pall. Act. petrop. ann. 1780, i . 2 ,p. 235 , tab. 5 . — Le touan. Buff. Mamm. supp., 7, /?. 252 ^ pi. 4 i ou vol. 7, pag. 61 , pl. 5 . — Micouré cinquième ou Micouré A queue courte. D’Azara. Foy. au Parag., trad. franc., vol. i. — Nouv. diction. dHiist. naturelle., vol. 9, p. 429 « On ne doit point confondre cette espèce avec la suivante, car la Didelphis brachyura de Pallas et celui de Linné sous ce même nom forment deux espèces distinctes. Patrie. La Guiane, plus particulièrement Cayenne. Ce Sarigue vit dans les forêts et chasse aux insectes j j’ai trouvé les débris de scara- bés dans ses viscèi'es. On le trouve aussi au Paraguay. Dans le Muséum des Pays-Bas , sont deux individus montés et le squelette 5 le Musée de Paris possède un sujet eu mauvais état. SARIGUE — DIDELPHIS BRACHYURA. Taille du Lérot (Myoxus nitela) ; queue moitié longueur du corps et de la tête ; oreilles médiocres, rondes; museau Court, un peu obtus; queue poilue à sa base seulement , le reste couvert d’un petit poil très-ras. Les femelles n’ont point de poche. Pelage court , doux , parties supérieures de la tête , du cou et du corps d’un gris-fauve jaunâtre à peu près de la même teinte que le pelage du Surmulot ou du Mulot ^ joues, côtés du cou, flancs, cuisses et base de la queue d’un roux assez vif, ou couleur de rouille ; toutes les parties inférieurllbsont d’un roux jaunâtre ; les pieds sont blan- châtres ; la queue est épaisse à la base et terminée en pointe. Longueur totale 6 pouces 6 lignes ; queue 2 pouces 3 lignes. 54 MONOGRAPHIES Synonymie. Didelphis brachyura. Linn. Gmel. Syst. i , pag. io 8 , sp. 8 . — Schreb. Saugth. ç. 3 , tab. i5i. enluminé d’après un individu décoloré par la liqueur spiritueuse. — Mus silvestris ameri- CANA. Seb. Mus. p. 5o , tab., 3i , fig. i. — Short-tailed opossum. Shaw. Gen. Zool., vol. i,p. 479* — Didelphe brachyure. Nouv. dict. d’hist. nat., vol. 9 , p. 43o. Patrie. La Guiane et quelques autres parties de l’Amérique méri- dionale; le plus grand nombre nous vient de Surinam où l’espèce doit être très-commUne. Le Musée des Pays-Bas possède des individus montés et le squelette. Celui du Musée de Paris a été trouvé à Monte-Video par l’expédition du capitaine Freycinet; il est en mauvais état. Un second individu en très-bon état et parfaitement adulte fait partie de cette collection. Il a été envoyé du Brésil par M. de Saint-Hilaire. DE MAMMALOGIE. 55 TROISIÈME MONOGRAPHIE. SUR LES MAMMIFÈRES DU GENRE DASYÜRE, ET SUR DEUX GENRES VOISINS, LES THYLACYNES ET LES PHASCOGALES. CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES SUR LE GENRE DASYURE, • ÉTABLI PAR M. GEOFFROY-SAINTÆILAIRE. Ce groupe a ëté foi’mé par M. Geoffroy -Saint -Hilaire. II a e'té compose d’un démembrement du genre Diclelphis de Shaw, où se trouvent classées pêle-mêle des espèces de différons genres d’animaux pourvus d’os marsupiaux dans les deux sexes, dont les femelles ont une poche, ou des rudimens qui en tiennent lieu, et les mâles or- ganisés de manière que le scrotum est situé en avant de la verge. M. Geoffroy décrit dans les Ann. du Musée, vol. 3 et vol. i5, huit espèces d’animaux qu’il réunit dans son genre, Dasyure. Sur ces huit espèces, cinq ont été bien observées et étaient connues de ce savant^ de ces cinq espèces , deux n’appartiennent point à ce genre , vu la forme différente et le nombre de leurs dents. En conservant cette dénomination générique de Dasyure aux espèces pourvues des ca- ractères qui permettent de les réunir dans un même groupe, je me vois forcé d’en éloigner une qui n’a point encore été examinée, sa- voir, Dasyurus taffa, et trois autres dont l’une forme mon genre Thylacine, et les deux auti’es le genre Phascogale , ce qui réduit 56 MONOGRAPHIES le nomKre des vrais Dasyures aujourd’hui bien connus par les dents et par leur dépouille, à quatre. Nous commencerons par le groupe des Phascogales , parce que les deux espèces dont il est composé ont le plus de rapport avec les Sarigues du Nouveau-Monde. GENRE Vnk^COGkL^.—PHASCOGALE (Temm.). DASYURUS ( Geof., Cm . , lllig. , Desm. ), DIDELPHIS (Shaw). Dents incisives mitoyennes les supérieures un peu saillantes, épaisses , arrondies , pointues au bout, convergentes à la pointe , et séparées des incisives latérales par un espace vide -, les inférieures un peu couchées en avant , du double plus grandes que les dents laté- rales. Incisives latérales de chaque côté 4? très-petites, égales et bien rangées; nombre total des incisives Dents canines ^ de moyenne grandeur, celles d’en bas les moins fortes. Dents molaires -f, dont 4 fausses molaires coniques, très-pointues et cannelées intérieurement ; arrières -molaires à peu près triangulaires, plus bérissées et moins égales entre elles que dans les Sarigues. Nombre total des dents, 46. A juger de la nourriture de ces animaux par l’examen des dents on doit leur attribuer un régime purement insectivore; les dents molaires ressemblent par leurs tubercules nombreux et leurs pointes aiguës aux dents des Eespertilions et du Earsier. Les incisives, au nombre près, ne diffèrent point des incisives des Sarigues; même forme et même arrangement de ces dents dans les os iutermaxillaires. Cet ari'angement des incisives, dont les deux du milieu, plus grandes et plus fortes que les latérales, sont projetées èn avant, donne aux Phascogales une forme de museau à peu près semblable au museau en boutoir des Sarigues ; le nez est nu et divisé au milieu par un sillon; les oreilles sont aussi grandes , et nues comme dans les Sari- gues, espèces de Marsupiaux toutes originaires des deux Améi-iques, tandis que les deux espèces de Phascogales que nous connaissons peuvent être considérées comme les représentans des Sarigues dans les contrées de l’Océanie. Les Phascogales diffèrent des Dasyures DE MAMMALOGIE. 57 i", parle nombre des molaires, les premiers ayant sept partout et les autres seulement six : les Phascogales ont une fausse molaire de plus dans les deux mâchoires*, 1°. par la forme et l’arrangement des inci- sives composées de deux sortes de deiits, inégales entre elles dans les premiers, et d’une sorte de dents disposées en rangées égales chez les seconds. Il est facile d’apprécier ces différences en comparant les figures g , 10 , Il et 12 de notre planche 7. Les vrais Dasjures n’ont point le nez en boutoir , et leurs oreilles sont couvertes de poils 5 le système dentaire , outre qu’il offre des disparités pour le nombre des molai- •res et pour l’arrangement des incisives , donne encore lieu de s’assu- rer que les Dasjures sont carfiivores et peut-être insectivores, tandis que les P lias cogales , dont le genre de vie ne nous est pas connu, font préjuger, par la forme des dents, un régime to- talement insectivore. On dit que ces animaux restent ordinairement sur les arbres , et qu’on les voit rarement à teri’e : c’est là tout ce que l’on sait de leurs habitudes. Les arrières-molaires de la mâchoire su- périeure sont triangulaires , et toutes celles de la. mâchoire inférieure entassées et très-hérissées de pointes aigues. Nous ne connaissions du squelette de tous ces animaux de l’Océanie, que la forme d’une portion de leur tête et tout le système dentaire. On n’a pu consulter jusqu’ici que des fragmensplus ou moins complets de leur tête qu’on a trouvée dans les peaux préparées que les naturalistes et le com- merce ont fournies aux recherches scientifiques. Nous sommes, je crois, fondés à dire que M. Geoffroy a formé son genre Dasjure sur l’examen des incisives seulement, de l’espèce de son Dasyure a pinceau , type de mon genre Pliascogale ; car, dans le catalogue des mammifères du Muséum de Paris, il donne pour ca- ractères naturels des Dasjures : « Huit incisives , très-petites à la ») mâchoire süpérieure, les deux intermédiaires plus longues ; six » inférieures j une canine de chaque côté et à chaque mâchoire. » Les molaires ne sont point indiquées. Cette remarque sur la lon- gueur des deux incisives intermédiaires porte à supposer que la por- tion du museau examinée par M. Geoffroy, appartenait au Dasjure T. I. 8 58 MONOGRAPHIES h pinceau ou au Dasyure nain , de cet auteur ^ car tous les autres vrais Dasyures, ont les incisives d’e'gale grandeur , toutes rangées de manière a former un demi-cercle , et ne laissant qu’un petit intervalle intermédiaire correspondant dans les deux mâchoires. La forme du crâne et celle des mâchoires sont à peu près les mêmes que dans les vrais Dasyures , et tout porte à croire que si ces animaux offrent des disparités par le nombre des dents et par la forme de celles-ci , ils ne diffèrent pas beaucoup par le genre de vie et par les habitudes. Le régime des derniers paraît être entièrement carnivore , et celui des Phascogales est sans doute insectivore. Une forme plus mar- quante du crâne, moins analogue avec celle Dasyures distingue l’espèce unique classée dans mon genre Tliylacine, Le nombre des dents est le même dans cet animal et chez les Phascogales ; mais la forme de ces dents et la manière dont elles sont rangées offrent bien plus de rapports avec l’organisation dentaii'e des vrais Dasyures. En résumé , lesPhascogales ont partout une fausse molaire déplus que les Dasyures. Ils ont deux sortes d’incisives. Le seul Thylacine , avec le nombre égal des dents des Phascogales , a une vraie mo- lairé de plus que les Dasyures. Les incisives sont toutes égales et l’angées comme chez ces derniers. PHASCOGALE A — PHJSCOGALE PENICILLJTA.{i). Taille plus forte que les plus grands Surmulots (Mus decumauus); queue à peu près de la longueur du corps et du cou^ couverte de poils assez coiuts à.la base, très-longs ^ raides et en pinceau vers la pointe; nez en boutoir; tête un peu ronde ; oreilles longues et ar- rondies; yeux placés au centre des deux autres Organes. Dents inci- sives mitoyennes beaucoup plus grandes que les latérales. Voyez les détails d’une pârtie du crâne et les mâchoires, pl. 7, ûg. 9, 10, Il et 12. (1) La connaissance de cette espèce est due à Shaw, qui la décrit sous le nom Didelphis /leniaVtoui. Shaw commet une errèur gravé dans , sa description; il àit que la membrane des flancs est prolongée , ce qui n’est pas le cas dans aucune espèce de Plmscogale ni de Da- sjrure. La figure qu’il publie est exacte , et n’indique pas l’existence d’une pareille membrane. DE MAMMALOGIE. Sg Le pelage est court , laineux et touffu 5 celui de la queue est dur, long et en soies plus ou moins raides. Les moustaches des lèvres sont placées plus près des yeux que du nez, qui est très^long, en houtoir. Toutes les parties supérieures du corps, la têtCj les flancs, la base de la queue et la face externe des membres, sont d’un gris foncé, un peu plus sombre sur la ligne moyenne du dos qu’aux flancs ; le menton et toutes les parties inférieures sont blanchâti-es j toutes les longues soies de la queue sont d’un noir parfait. Les oreilles sont longues, entièrement nues, et arrondies par le haut, ^ Longueur totale, à peu près i 5 pouces*, la queue seule a 7 pouces environ 5 distance du bord extérieur des yeux à la pointe du nez un pouce -, hauteur moyenne , 3 pouces 6 fig. J’en ai vu de plus grands. Synonymie. Didelphis penicillatüs, Shaw. Gen. Zool., vol. i, part. 2, p. Soi , tab. i. — Dasyurus penicillatus, Geoff. Ann. du Musée, vol. S, p. S61, sp. 5 . — Cuvier, Règ. anini. — Nouv. Dict. d’hist. nat., vol. 9, p. iSg. — Schreb. Saugth. supp. tab. 1 52 , B. d. Figure mal dessinée et plus mal enluminée. — Encyc. Mammal.,p. iS!\,esp. 407. Patrie. La Nouvelle-Hollande. Nous ne savons rien de ses mœurs, sinon qu’il vit sur les arbres. Les musées des Pays-Bas, de Paris et de, Londres, possèdent des individus de cette espèce. PHASCOGALE — PHJSCOGJLE MINIMA. L’espèce est établie sür l’examen d’un seul individu monté*, je n’ai pu voir toutes les dents, et je préviens qu’elle est classée dans ce genre d’après la vue des incisives seulement 5 pour en donner le si- gnalement complet, il sera nécessaire de voir un plus grand nom- bre de ces animaux 5 il faudra examiner les molaires et l’on pourra juger alors si le sujet décrit ici est, comme je le présume, un jeune dont nous ne connaissons point encore l’état adulte. 6o MONOGRAPHIES Taille un peu moins forte que le Lérot (Myoxus nitela) d’Eu- rope ; queue plus courte que le corps ; son extrémité aboutit à l’omo- plate 5 museau conique 5 oreilles courtes, larges et arrondies 5 le pouce des pieds postérieurs proportionnellement un peu plus long que dans l’espèce précédente. • Pelage court et cotonneux 5 celui de la queue également court par- tout. Le poil est fort épais, doux au toucher, roux à la pointe, et d’un cendré noirâtre à la base; toutes les parties du corps et les membres sont à peu près unicolores. Longueur totale , 5 pouces 4 ou 5 lignes; la queue seule a i pouce 4 ligues. S Synonymie. Dasyurus minimus. Geoff. Ann. du Musée, vol. 3 , pag. 362, sp. 6. — JYouv. dict. cUHist. nat,, vol. 9, p. i 4 o. — En- cycl. Mammal., pag. 264? esp. 4 o 8 . — Cuv. iîègf. anim. — Scbreb. Saugtli. supp., tah. i 52 . B. e. figure exacte. Toutes ces indications reposent sur le même sujet que nous signalons. Patrie. Le sud de la terre de Diémen. L’individu provient de l’expédition du capitaine Baudin aux terres australes. On ne connaît rien de ses mœurs. Le musée de Paris possède le seul individu qui nous est connu. GENRE HmEKCm^. — THYLACINUS (Temm.). DIDELPHIS {Harris), DASYURUS ( Geoff . , Cuv. , Desm. ); Dents incisives -f égales, bien rangées en demi-cerôle , séparées dans le milieu et aux deux mâchoires par un espace vide; l’incisive extérieure de chaque côté la plus forte. Dents canines grandes , fortes, larges, courbées et pointues comme celles des chats et des chiens (i). Dents molaires y, dont y fausses et y arrières-molaires , (i) Le crâne qui m’a servi pour établir ces caractères provient d’un individu parfaitement adulte; toutes les dents sont usées; mais la détrition se remarque particulièrement aux ca- DE MAMMALOGIE 6i très-fortes et grandes j ces dernières , inégalement triangulaires , hé- rissées de trois tubercules obtus; la première de ces zuolaires a deux tubercules seulement. Molaires inférieures, comprimées, hérissées de trois pointes , dont celle du milieu est la plus élevée. Les trois arrières-molaires ressemblent aux carnassières des chiens et des chats. En tout 46 dents. On compte 5 doigts aux pieds de devant et 4 à ceux de derrière ; la longueur de ces doigts est comparativement la meme que dans les ferais D as jures , c’est-à-dire qu’aux pieds antérieurs, le médius dé- passe un peu le quatrième doigt, et l’index, le cinquième, qui est plus long que le pouce ; aux pieds postérieurs , le second doigt est à peu près égal en longueur avec le troisième , et le pouce avec le qua- trième doigt : tous sont armés d’ongles forts, obtus et à peu près droits. Harris, qui a le premier vu et décrit cet animal, paraît avoir été Lien fondé de le rapprocher de la famille des chiens, en le classant sous le nom de Cynocéphale, dans le genre des Didelphes , où l’on réunis- sait presque sans aucun égard à leur denture très-disparate, tous les animaux marsupiaux découverts et décrits à cette époque. On peut conclure, d’après le peu que Harris nous apprend sur les dents de notre animal, qu’il a examiné et compté celles-ci. Toutefois, lui ou Lien celui chargé de publier sçn manuscrit , a commis une faute grave , puisqu’il énumère le nombre des molaires à la mâchoire su- périeure à 6 sur chaque rang ou 1 2 en total , tandis qu’on trouve 7 molaires partout dans les deux mâchoires, et que le. nombre total de ces dents est de quatre de plus que dans les vrais Dasjures , au lieu de deux molaires supérieures de moins dans la mâchoire supérieure , ainsi que le dit Harris , et après lui tous ceux qui l’ont copié. Il est plus probable que Harris a donné l’indication du système dentaire de son animal , d’après un jeune individu; mais , dans ce cas , il aurait , dû en faire mention. En comparant le crâne de cet animal avec ceux nincs el aux incisives. Un second crâne, provenapt d'un individu plus grand que celui dont la tête est figurée planche 7 , est pourvu jle dents canines absolument semblables à celles des chiens, f^ojrez le crâne réduit de moitié , pl. 7, fig- i j 2 , 3 el 4 - 62 MONOGRAPHIES des chiens, on doit convenir qu’au premier coup d’œil, la ressem- blance parait frappante 5 mais il est facile de voir qu’au total ils dif- fèrent complètement et d’une manière très-marquée par la forme et par le nombre des dents. La forme allongée du museau, terminé par une espèce de mufle ; les fortes canines , coniques et courbées en dedans , donnent , il est vrai , à la tête de cet animal , une légère res- semblance av'^ec celle des chiens ; mais on peut remarquer encore , qu’indépendamment de la disparité des dents , les arcades zygomati- ques sont beaucoup plus fortement arquées et plus larges que dans aucune espèce rie cbiens. Le Thjlacine diffère aussi des vrais Dasy li- res avec lesquels il a été réuni, non-seulement par le nombre des vi’aies molaires , la forme de celles de la mâchoire inférieure, la gran- deur et la force des canines, la longùeur du museau, mais aussi par l’étranglement très-fort vers le milieu des os maxillaires et le renfle- ment vers l’extrémité de ees os , qui est produit par la gaine où les racines des fortes canines se trouvent logées ; l’élévation du frontal , sou étendue angulaire vers l’orbite , qui correspond à une forte apo- physe de l’arcade zygomatique et par le moyen desquels l’orbite est à peu près encadré, ce qui fait que le Thylacine a les yeux placés à peu près de face, tandis que les vrais Dasjures ont les yeux de côté. Les organes du mouvement sont formés de la même manière que chez les Dasy lires ; les pieds sont courts comme dans ces animaux; mais la queue du Thylacine diffère essentiellement de celle de tous les Dasyu- res , la nudité de la pointe , la forme comprimée et un peu élargie en lacine du bout de cette queue, sembleraient indiquer , ainsi que M. Geoffroy en a déjà fait la remarque, qu’il nage avec facilité. L’habi- tation de cet animal se trouvé le long des côtes et parmi les rochers qui forment le littoral de là terre de Diémen. La chasse assidue qu’il fait aux crabes , aux échidnés et aux ornithorhynques , peuvent en ef- fet donner quelques indices pour faire conjecturer des moyens ap- propriés à la natation. Cet animal, le plus grand des carnassiers marsupiaux que l’Océan produit , est à peu prés de la taille du loup ; sa marche paraît di- gitigrade; mais , à en juger par l’espace étroit et dénué de poils au^ DE MAMMALOGIE. 63 dessous du talon, il paraîtrait qu’il a l’habitude d’appuyer souvent toute la plante des pieds postérieurs. Les organes sexuels sont très-remarquables. La verge est située , comme dans les autres marsupiaux , en arrière du scrotum , près de l’anus : elle est longue de 5 pouces 3 lignes, et son gland est bifur- qué comme dans les Sarigues. Le scrotum , au beu d’être attaché par un pédicule mince , paraît susceptible d’être reçu dans tm petit sac dénué de poils et situé entre les deux cuisses ; le scrotum est couvert d’un pelage serré, court et rougeâtre, excepté en dessous, où la peau est nue. N’ayant vu que trois mâles adultes et un jeune du même sexe , il ne m’a pas encore été possible de vérifier l’existence de. leur poche marsupiale chez les femelles; mais , à juger de la conformation des mâles , on doit conclure que les femelles ont une poche sembla- ble à celle de tous les animaux auxquels le Thylacine peut être comparée. THYLAGINÈ DE HARRIS. — THYLACINUS HARRISH. Taille de l’adulte d’un jeune loup (Canis lupus).; museau long, étranglé sur les côtés; tête très-large; bouché fendue jusqu’en des- sous de l’angle antérieur des yeux ; oreilles larges à la base , et ar- rondies à la pointe; yeux à peu près de face; queue de moyenne longueur , plus courte que le corps , terminée en lame comprimée , arrondie et obtuse ; croupe zébrée. Tout le pelage, est lisse , courjt, rude et absolument dépourvu de poils laineux ; les poils du dessus de la tête et du cou sont les plus longs ; ceux du dos les plus serrés , et ceux des parties inférieures plus fin que lu reste du pelage. La couleur dominante sur les parties supérieures est un gris- brun jaunâtre, nuancé d’olivâtre , plus ou moins pointillé de noir, selon que la fine pointe des poils est colorée de noir ou de jaunâtre ; le noir domine sur le chanfrein , sur le dessus de la tête et aux épau- les, et le jaunâtre sur les joues, sur la partie inférieure des extré- mités et sur la croupe dans les intervalles des bandes noires dont cette MONOGRAPHIES 64 partie est couverte. Sur le dos et vers la base de la queue, sont seize bandes noires transversales, d’un noir parfait. Elles sont réparties de manière que la première bande naît en arrièi-e des épaules, et les deux dernières couvrent la base de la queue. Les trois ou quatre pre- mières bandes sont étroites et courtes •, celles qui suivent ont une plus grande étendue ; elles descendent sur les flancs et sur les cuisses ^ la quatrième, à compter depuis la base de la queue, fait .sur la cuisse line courbure en avant vers le genou; toutes ces bandes transversales sont plus ou moins réunies sur la ligne moyenne du dos par mie bande longitudinale. La mâchoire inférieure est blancbâtre; le des- sous du cou^ la poitrine, le ventre et la face interne des cuisses, d’un cendré clair , qui prend une teinte plus foncée vers l’anus ; toute la région du scrotum est rougeâtre. Les doigts des pieds sont cachés sous un poil long et rude d’un blanc jaunâtre ; il existe cinq doigts aux pieds de devant , et quatre à ceux de derrière , tous armés d’ongles forts , obtus et presque droits. L’ensemble , des formes de cet animal offre.au premier coup d’œil de nombreux rapports avec les , mais il tient de plus près à la famille des Dasjures et des Sarigues, par son corps allongé et surtout par ses extrémités courtes. La forme de la queue est singu- lière; d’abord arrondie à la base , elle devient plus comprimée vers le milieu, et prend à la pointe une fornae aplatie ou en lame com-r primée, arrondie et obtuse par le bout; elle est bien fournie de poils à la base, nue au milieu, surtout en dessus, et terminée par un petit pinceau de poils longs et rudes. Les arcades zygomatiques sont très-écartées et le museau très -comprimé , à chanfrein arqué; le mufle est divisé par un sillon longitudinal, et les narines latérales et très-grandes. Les jeunes ont le pelage coloré de la même manière que les adul- tes fleur fourrure est un peu plus longue et moins lisse , mais la dis- tribution des bandes noires est absolument la même. Je n’ai pas eu occasion de voir le crâne du jeune, mais j’ai examiné deux peaux très-endommagées- de jeunes sujets qui m’ont fourni la preuve des rapports indiqués dans la couleur du pelage. DE MAMMALOGIE. 65 Les dimensions de l’individu dont la tête osseuse est figurée pL 7, fig. I à 4 5 sont , longueur totale , 5 pieds 2 pouces 5 lignes ; la queue seule a i pied 7 pouces 2 lignes j la tête 8 pouces ii lignes 5 distance du bord antérieur des yeux à la pointe du nez , 4 Pouces 6 lignes ; hauteur des oreilles, 3 pouces 6 lignes; hauteur du corps aux épau- les , I pied 4 pouces 7 lignes ; et à la croupe , i pied 5 pouces 7 li- gnes. Un second individu offre en longueur totale à peu près 6 pieds, et toutes les autres dimensions correspondantes gn proportion. Synonymie. Harris a fait mention de cette espèce découverte par lui à la Terre de Diémen ; il l’indique sans doute d’après un individu qui n’avait point encore ses arrière - molaires supérieures poussées des alvéoles. C’est Didelphis cyanocephala , Transact. Linn. So- ciet., vol. 9 , tab. 19 . Une figure exacte , dont le calque a été donné dans YEncycl. manimal., pl. siippl. J, fiS' 3. — Dasyurus cyno- cEPHAtus, Geoff. , Ann. du Musée y vol. i5, png. 3o4. Patrie» La première découverte en a été faite à la Terre de Dié- men , dans les parties moutueuses et peu accessildes de cette terre méridionale. Ou dit que l’espèce a été trouvée depuis dans différen- tes parties de la grande terre de l’Qcéanie. Harris dit que cet animal se tient sur les rochers près des bords de la mer, et qu’il se réfugie daus les antres et dans les cayernes. Il est carnassier et chasse, dit-on, les échidnés, les ornithorhynques , le kanguro Dasyure ou brush kanguro des Anglais, et les crabes. Les mœurs de ce carnassier mar- supial n’ont poirit enpore été étudiées; ils méritent, sous plusieurs rapports , de fixer l’attention des naturalistes qui visiteront lés con- trées de T’Océanie. Deux individus d’une conservation parfaite et de forte taille font partie du musée des Pays-Bas ; un troisième, moins grand, est dé- posé dans le musée de la Société linnéenneà Londres; et un quatriè- me dans le cabinet de M. Bi’ocks. Les deux crânes du musée des Pays-Bas ont été enlevés des deux sujets ci-dessus mentionnés. T. I. y 66 MONOGRAPHIES GENRE DASYURE. — (Geoff. j. , DASYURUS. ( Cuv. , Illig. , Tiedem. , Desmar. ) Dents incisives -f égalés, bien rangées en demi-cercle, séparées dans le milieu et aux deux mâchoires par un espace vide. Dents ca- nines j- médiocres, pointues. Dents molaires |, dont fausses et/| vraies. Ces dernières tuberculeuses 5 l’arrière-môlaire supérieure à peu près liùéaire , et les trois suivantes en triangle. En tout, /ja dents (i). La tête est conique ; le museau pointu ; le nez , plus ou moins en boutoir , n’est point divisé par un sillon. Les pieds sont longs , grêles , munis de 5 doigts partout, séparés et armés d’ongles petits et cro- chus ; les pieds postérieurs ont un pouce rudimentaire sans ongle, très- court, fort éloigné des autres doigts et ne formant qu’un simple tuber- cule. Leur queue est non prenante , longue et couverte de poils. Leurs yeux sont vils, placés de coté à peu près au centre des deuaautres orr ganés. Les oi-eilles sont de médiocre longueur, le plus souvent ve- lues, en tout ou en partie 5 leur gueule n’est point fendue jusqu’au bord postérieur des yeux. Les femelles ont une poche qui n’est point distincte et facile à retrouver sur les peaux sèches des individus qui n’ont point eu de portée. Le mémoire de M. Geoffroy sur les Dasjures nous fournit les particularités suivantes de leur organisation. Us se rapprochent beau- coup des animaux du genre des Sarigues^ comme ceux-ci , ils vi- vent de chair et d’insectes, et ont les dents appropriées à ce genre de (i) M. Geoffroy, dans la. très-courte indication qu’il donne des ZJû.y-ure^, paraît avoir pris pour type descriplifdu genre l’espèce qu’il désigne Sous le nom dç Dàsj-itrus jjenicillalus. Nous- avons fait, de cette même espèce, le type du genre Phascogale. ( Voyez cet article dans la présente monographie.) M. llliger s’est contenté decopierle travail de M. Geoffroy. MftI. Cu- vier et Desmarest oui établi leurs définitions génériques sur l’ejcamen des dents des Dasjures de cette monographie. M. F. Cuvier établit le" genre d’après l’examen du crâne du Daijure à lort- gue queue., figuré n». ^3 B. , page-^S. I.e type figuré.dans cet ouvrage- est pris des Dcisjures~* ursîn et Mangé. DE MAMMALOGIE. 67 *- nourriture (i) j mais les Sarigues, munis de véritables mains aux extrémités postérieures, avec des pouces opposables, et pourvus d’une queue prenante qui leur sert à s’accrocber aux branches , se tiennent habituellement sur le sommet des arbres les plus élevés , tandis que les Dasyures , au contraire , ayant une queue lâche et les pieds postérieurs pourvus seulement d’un vestige de pouce , ne sont propres qu’à la marche. Les Dasyures vivent à la manière des foui- nes et des renards (2) , se tenant cachés pendant le jour dans le creux des rochers, et se livrant, de nuit, à la chasse des animaiix qui leur servent de nourriture. Ils mangent la chair corro’mpue des phoques et des cétacés qui viennent échouer et moui-ir sur le bord de la mer. Ils sont très-vpraces , s’introduisent avec audace dans les habitations des homuaes, et y sont très-incommodes. M. Geoffroy prétend qu’ils ne dédaignent point les insectes; mais j’ai peine à le ci’oire; leur ré- gime me paraît totalement carnivore , car il est de fait qu’en capti- vité ils nç mangent que de la chair. Toutes les espèces de ce genre habitent le vaste continent et les îles de l’Océanie. Nous réunissons comme étant bien assorties quatre espèces seule- ment des huit qui ont été indiquées sous cette dénomination. L’espèce selon toute apparence purement nominale du Dasyurus tafa , figurée dans Enyclopédie d’après celîe publiée par White sous le nom de Tapoa tafa, tab. 281, n’a point été vue depuis- par aucun naturaliste , et nous n’avons pu trouver sa dépouille dans les collections d’animaux. A juger par la figure donnée par White, on est dans le doute si l’espèce doit être rapportée à notre Phascogale à pinceau, ou bien à. une troisième et nouvelle espèce de ce genre. Nous éloignons provisoirement ce Tapoa tafa du catalogue des Marsupiaux, dans l’attente de renseigneinens plus positifs à ce sujet. Voici la courte notice sous laquelle on désigne cet animal. (l} Je suis à peu près certain t[ue les Dasyures àe celle monographie sont uniquement car- nivores; nos Phascogales , rangés par M. Geoffroy dans le genre Dasyure , présentent un système dentaire qui fait préjuger un appétit plus exclusivement insectivore. (2) Les ZJujsynref paraissent en effet remplacer, dans l’Océanie, les tribus des Maries, ^ des Putois et des Fouines , réparties dans les quatre autres parties du globe. 68 MONOGRAPHIES Pelage brun, non moucheté; queue de la meme couleur et cou-*» verte de très-longs poils. On le dit plus petit que notre Dasjure l'zVemn du Port- Jackson. Shaw. Gén. Zool., vol. i, part. 2, pl. 3 , Jig. suppl. DASYURE URSIN.'— URSINUS. Taille, par approximation (i), d’un petit Blaireau (Meles taxus); queue, moitié longueur du corps et de la tête, à peu près nue en des- sous ; oreilles couvertes d’un poil rai-e et court ; museau court et ob- tm; yeux au centre des deux autres organes ; des crins ou moustaches très-longues aux deux mâchoires et aü-dessus des yeux; pieds à plante nue couverte de rugosités. Kayez le crâne de l’adulte réduy; de moitié dans tous les détails , pl. 8. Pelage rude, grossier, les poils soyeux très-gros ; tout l’animal re- vêtu d’un pelage noir ou brun noirâtre, Sur la poitrine, entre les pieds de devant , un demi-collier blanc , très-étroit (2) ; moustaches noires , celles aux lèvres supérieures longues de 4 pouces ; les deux pin- ceaux qui partent des bords de la mâchoire inférieure, longs de plus de 2 pouces , et ceux placés au-dessus des yeux de 4 pouces 2 lignes. Harris donne les dimensions suivantes des deux individus qu’il a eus vivans. Longueur totale, mesure anglaise , 2 pieds 2 pouces ; la queue seule , 8 pouces; la tête , 6 pouces; et la hauteur aux épaules 9 pouces 6 lignes. Les figures que je donne du crâne de l’adulte ré- duit de moitié peuvent donner une idée de la taille de ce Dasyiire. Synonymie. Didelphis ursina, Harris, Transact. Linn. lYoc., vol. ç), p. Ï76, tab. ïC),Jîg. 2. Contour et formes très-exactes de (1) J’ai vu les dépouilles intactes de jeunes sujets ;^mais point de l’adulte. Les crânes , la tête et les extrémités d’individus de forte taille m’ont servi d’indices pour juger de la gran- deur de cet animal parvenu à l’état adulte. Les jeunes qui n’ont pas les arrière-molaires , et à canines égales avec les incisives sont, dans ce premier période de la vie , de la taille à peu près du Putois ( Mustela puiorius ). (2) Harris dit que les .marques blanches sont, répandues irrégulièrement tantôt sur les épau- les, tantôt sur le gosier et la croupe. DE MAMMALOGIE. 69 l’animal. — Shaw, Gén. Zool., vol. i, p. 5 o 4 . — Dasyurus ur- siNus, Geoff. , Ann. du mus . , vol. i 5 , pag. 3 o 5 . — Encjcl. mam- mal.,pag. 263, esp. 402, pl. supp. '],Jîg. 6, calquée sur celle de Harris. La note de la pag. 262 de cette encyclopédie contient une erreur ou bien une faute d’impression tirée du Régné animal de M. Cuvier, pag. voyez la note ci dessous. Harris indique très -exacte nient le nombre des incisives, savoir, 8 en haut et 6 en bas 5 et non 8 en haut et 10 en bas , ainsi que le marque M. Cuvier. Patrie. La grande terre de l’Océanie, Les premières colonies de malfaiteurs qui furent déportées sur cette côte sauvage, dans les en- virons de Hobart-Town y se trouvèrent très-incommodés de la ra- pacité de ce carnassier destructeur de leurs volailles; leur chair servit aux premiers besoins de ces malheureux , et Harris dit que son goût ne diffère pas beaucoup de la chair de veau. Ces animaux sont carnivores ; toute sorte de chair leur convient , principalement celle des morses; ils sont les dévastateurs redoutés des basses- cours, et leur nom anglais, qu’ils paraissent justifier par leur naturel, est Native devil. Harris, les a vus accroupis , se sèrvant des pieds de de- vant pour porter les alimens à la gueule. La portée est de quatre ou de cinq petits qui naissent nus , sont reçus dans la poche abdomi- nale, et adhèrent fortement aux mamelles. J’ai vu les dépouilles de deux jeunes individus probablement dans la première période de l’âge. Deux crânes complèts de l’adulte , une tête et les pieds de cet animal font partie du cabinet du collégfq des chirurgiens à Londres. DASYURE A LONGUE QUEUE. — DJSYÜRUS MJCROURUS. Taille du Chat (Felis cattus domesticus) (i). Queue à peu près de la longueur du coi’ps et de la tête , couverte de taches plus ou (i) Ceux qui parlent de cette espèce ont probablement indiqué la grandeur sur de jeunes individus. Les adultes sont de la taille du Chat, et point du Putois. Le Tapoo-tafa de White, notre Dasyurus sfiverrinus , ne parvient qu’à la taille du Putois. Celui-ci est facile à dis- tinguer du Dasyurus macrourus , par la queue, qui n’est point couverte de tacbes, tandis que cette partie , chez le dernier, l’est de taches blanchâtres. MONOGRAPHIES 70 moins nombreuses ; museau fin et allongé, oreilles courtes , yeux plus près des oreilles que dü nez. Le pelage de cette espèce est peu doux au toucher, court et très- serré ; les poils de la queue ne sont point longs et touffus , et ils dimi- nuent de grandeur en approchant de l’extrémité. La robe est d’un brun marron, parsemé de taches d’un blanc pur , qui varient de grandeur : elles sont d’abord si petites sur le dos , qu’on les distingue à peine ; puis un peu plus grandes et lai’ges ; en- fin., sur les flancs , elles ont près d’un pouce 5 celles à la queue va- rient aussi en grandeur : elles couvrent la plus grande moitié de ce membre qui est unicolore vers l’extrémité. Les plus grandes taches couvrent les flancs et les côtés du cou ; on en voit aussi de petites sur la tête. Le ventre est d’un blanc sale 5 la tête d’un roux marron , plus clair que le dos, et les pieds antérieurs ont une, teinte jaunâtre. Les oreilles sont courtes et les ongles ont une teinte blanchâtre. Longueur totale de l’adulte , 3 pieds i ou 2 pouces 5 la queue a i6 pouces. Distance du bord antérieur des yeux à la pointe du nez , I pouce 9. lignes. . Synonymie. Viverra macülIta , Shaw. Ge'n. ZooL, vol. r ,part. 2,p. 433 — Dasyurus macrourus, Geoff., yénn. du mus,, vol. 3, p. 358, sp. I. — Pérou, Voy, aux J erres Australes , pi . 33. Fi- gure très-exâcte et soignée. — Cuv. , Regn. anim,, p. i'] 5 . — Nouv. dict. d'Hist. nat . , vol. 9, p^ i38. — Schreb., Saugtli. supp., tab. i 52 , B. a. figure passable , mais mal dessinée. — Encycl, manimal., p. 203, esp. 4o3. — Spotted MARTIN , Phill. Foy. Bot., p. 276, avec une figure passable. — White. Voy. tab. 285. Patrie. L’Océanie. On trouve cette espèce à la Nouvelle-Hollan- de : elle paraît vivre dans les environs de Sidney-cow. Ses mœurs ne sont point encore connues. On voit deux sujets adultes et d’une conservation parfaite dans les galeries du musée de Paris. Ils ont été rapportés par l’expédition du capitaine Baudin. Le crâne est dans la collection d’anatomie comparée. DE MAMMALOGIE. 7 ‘ DASYURE DE MAUGÉ. — DASrURUS MJUGEI. Taille à peu près du Putois (Mustek putorius). Queue de la lon- gueur du corps seulement 5 celle-ci sans taches , terminée par une mèche blanche \ l’extrémité de la queue pointue et grêle ; le pouce au doigt intérieur des pieds de derrière extraordinairement éloigné des autres doigts et presque totalement engagé dans la peau. Voyez la tête, pl. >7 , figy 5,6,7 ^ cette monographie. Pelage bien fourni 5 les parties supérieures nuancées de différentes teintes olivâtres et fauves 5 les parties inférieures d’un gris cendré clair -J toutes les parties du corps et de la tête , les pieds postérieurs et la queue exceptés , marquées de grandes et de petites taches d’un blanc parfait. Les poils olivâtres et cendrés , ainsi que ceux jaunâtres de la queue, sont de deux couleurs, vu que leur hase est partout d’un cen- dré foncé ; mais les mèches blanches qui forment les taches de la robe sont de celte même couleur depuis leur origine 5 la base de la queue à la face supérieure est de la couleur du dos , mais sans taches. Plus loin elle est d’un jaune roussâtre , et l’extrémité de ce poil est noire *, la pointe, qui est un peu en alêne , est tei’ininée par une mèche blanche ; à sa face inférieure , toute la queue est hlan^âtre 5 l’extré- mité des quatre membres et la gorge sont d’un blanc pur ; le museau est d’un fauve olivâti'e , marqué dkne tache noire en avant des yeux. Longueur totale, 20 pouces, dont la queue mesuré 7 pouces 6 lignes 5 distance du bord antérieur de l’œil à la pointedu nez, i pouce 2 lignes j longueur des oreilles, i pouce Clignes. Mesure prise sur un individu adulte. On a eu des sujets qui ont des dimensions un peu plus fortes. Synonymie. Dasyurus Maugei , Geoff., Ann. du mus., t^oZ. 3 , p. 359. — Schreh., supp. tah. i 52 , B. h., figure mal enluminée. — -Dasycre deMaiigé , Cuv., /îèg^/7. ardm., vol. i,p. 176. — Nouv. dict.d’Bist. natur., vol.g,p. i 38 — Encyclop. tnammal., p. 363 , esp.l^o'^. Patrie. Très-abondant à la Nouvelle-Hollande, où il se nourrit de chair morte , de volaille et de crustacés. 7J MONOGRAPHIES Musëe des Pays-Bas , deux individus j musée de Paris , deux in- dividus et musée de Vienne. DASYURE VIVERRIN (i). — FIFERRINUS. . Taille moindre que le Putois (Mustek putorius) ; museau pointu ; queue de la longueur du corps et moitié de la tête , couverte de poils longs, disposés en pinceau vers le bout et sans aucune tache; for- mes absolument les mêmes que celles du Dasyure Maugé , mais constammeul moins grand. Pelage bien fourni ; brun noirâtre , ou couleur chocolat , avec des taches blanches très-grandes et irrégulières : ces mèches blanches sont de la même nature que celles qui couvrent le corps du Dasyure Maugé j ventre gris; oreilles plus courtes et plus ovales que celles du précédent ; queue plus étranglée à son origine et plus touffue à son extrémité. Longueur de i8 à 19 pouces ; la queue seule a 8 pouces ; distance du bord àntéiieur des yeux à la pointe du nez, i pouce 4 bgpes. Synonymie. Didelphis viverrina, Shaw, Gén. Zool., vol. i, part. 2, pag. ^91^ tab. iii. — D asyurus viverrinus, Geoff., Ann. (lu mus., vol. p. 36 oy esp. 3 . — Encycl. mammal., pag. 263 , esp. 4 o 5 . — Cuv., -Règ. anim. — ISouv. Dict. dhist. nat . , vol, 9, pag. 139. —-Dasyurus maculatus, Geoff., Calai, du mus., p. i 47 - — Spotted Opossum pr Tapoo-tafa , Phillip. Voy. Bot. , pag. i 47 j avec une mauvaise figure. — White. Eoy. New-Souih-W aies , App., p. 285, avec une très -bonne figure. — Schreb., Saiigth. , .îm;?/?. , toô. i 52 ^ B. c. Figure passable. Patrie. Cette espèce vit à la Nouvelle-Hollande^ dans les environs du Port-Jackson. ^ Musées des Pays-Bas, de Paris et de Vienne. (1) l'apoo-tafa, nom de cette espèce parmi les tribus sauvages de la Nouvelle-Hollande, DE MAMMALOGIE. 73 QUATRIÈME MONOGRAPHIE SUR LE GÏNRE CHAT ou FÉLIS. — FÉLIS {Um. , Cuv., Geoff. , Illig. , Desm. ). Dents incisives | contiguës , l’extérieure dans les deux mâchoires plus grosse que les quatre du milieu , et plus forte dans la mâchoire supérieure que dans rinférieure. Dents canines ^ ti'ès-fortes et lon- gues, en cône courbé, séparées des molaires par un espace vide , les supérieures plus fortes que les inférieures. Dents molaires y ou y. Les supérieures composées de deux faussés molaires coniques, plus ou moins épaisses, une dite carnassière, très-grande, à trois lobes , et une petite tuberculeuse plus large que longue ( cette dernière man- que dans quelques espèces). A la mâchoire inférieure toujours trois molaires, savoir, deux fausses comprimées, et une carnas- sière à deux pointes. Nombre total des dents : 3 o ou 28. Ce système dentaire, très-simple en apparence, est nonobstant, dans ses fonctions de mastication, le plus fort, le plus puissant et le plus redoutable qui soit connu; l’organisation^ntière de la tête des chats contribue à la puissance des moyens dont ils sont doués ; le peu d’espace qu’occupe les dents , raccourcit le levier , et rend l’action des muscles temporo-maxillaires à peu pi’ès pei’pendi- culaire en même temps que les moyens vigoureux des autres mus- cles de la tête , tous rapprochés de l’axe , augmentent la force , et servent à accélérer la vitesse des mouvemens dont les mâchoires sont douées. Ajoutez à ces moyéns, déjà formidables, celui de la force préhensile des pieds munis d’ongles très-crochus , rétractiles , T I. 10 74 MONOGRAPHIES dans l’inaction renfermes dans des gaines où ils sont garantis contre les atteintes des corps qui pourraient en émousser la pointe acérée (i). A tous les avantages de la force musculaire dont les Felis sont doués, vient se joindre celui de la ruse : leur attaque est toujours imprévue ; elle a lieu le plus souvent au crépuscule , mais aussi dans le silence de la nuit. S’ils n’étaient en même temps craintifs , leurs espèces nombreuses pourraient devenir un fléau destructeur pour le genre humain \ heureusement la force irrésistible dont pour- rait disposer leùr férocité naturelle est laissée inactive par leur ti- mide prudence , portée jusqu’à la lâcheté. Rien n’est moins selon la vérité que cette magnanimité , la noblesse et la supériorité de courage du Lion ; le caractère indomptable , cruel et sanguinaire du Tigre royal a été outré : l’un et l’autre, de même que tous les congénères jusqu’aux plus petits, attaquent par surprise, soit qu’ils attendent en embuscade , soit qu’ils se glissent dans l’ombre ou rarnpent à la clarté du jour, caché par quelque abri , pour tom- ber à l’improviste sur une victime long-temps épiée. Un mouvement prompt et brusque, secondé par une grande force musculaire, leur livre le plus souvent, du premier saut, la proie qu’ils guet- tent : si elle a pu se soustraire à cette .première tentative, son salut est assuré dans la fuite j car les Félis , par l’extrême flexibilité de leur colonne vertébrale , sont d’ailleurs mal organisés pour la course quoique bien pourvus des moyens d’escalader et de gar- der l’équilibre sur les surfaces les plus étroites. Leur puissance musculaire se montre dans toute sa force lorsque j pressés par la faim , et ne ptfuvant l’assouvir sur les lieux où leur rapine vient de s’exercer, ils enlèvent en un instant des corps du double plus lourds qu’eux , et disparaissent , même lorsqu’une rivière paraîtrait devoir leur opposer un obstacle insurmontable; ils franchissent des ravins et sautent par dessus les barrières sans abandonner la proie dont ils ont pu s’emparer. (i) Voyez les détails plus circonstanciés de leur organisation, Cuv., Ossem.,Jbss., nouv. édit. vol. 4', et les articles Chat àa.u& \e Dictionnaire classique cTDist. Nat. , tom. 3. , dans celui de Délerville, tom. 6, et F. Dents des Mammifères. DE MAMMALOGIE. 75 En envisageant cette férocité indomptable des carnassiers sous le point de vue de l’instinct qui les pousse au meurtre, comment, se demande-t-on , a-t-il été possible de dompter ce naturel faroucbç et cette soif du sang? Ce n’est qu’en venant au-devant de leui's besoins que l’homme a pu parvenir à les donner en spectacle à ses sembla- bles , et fournir une preuve de plus à l’appui de la supériorité des moyens dont il a été doué. Le Tigre royal et le Jaguar, réputés de tous les temps conlme les plus farouches des carnassiers , ont dû subir son joug; et ces animaux, qui inspirent la terreur, ont aban- donné leur naturel , et sé sont pliés à la volonté puissante qui les a dominés. Des tentatives nombreuses nous servent de preuve : le Lion en avait fourni plus d’un exemple , dont le plus remarquable est celui de cet amiral turc , plus cruel et plus sanguinaire que son gardien fidèle, qui , ayant perdu toute sécurité au milieu de ses sem- blables ,. s’abandonnait avec confiance à la garde de son Lion, lorsqu’il voulait goûter les d.ouceurs du repos (i). C’est dans les espèces des carnassiers si nombi’eux et si redoutables à l’espèce humaine dans l’Inde , que le paisible et pusillaninie habitant des ces contrées a choisi un Félis qu’il dressa à la chasse (2). Il est vrai que ce Chat ,, le Guépard, ou Felis juhata des naturalistes, présente une mo- dification nouvelle par ses ongles, qui ne sont ni rétractiles ni propres à déchirer. Quoique dépourvu de ces armes, plus dan- gereuses encore que les dents , il n’en a pas moins toutes les autres facultés organiques des Félis; et l’Hindou, superstitieux, a sans doute été long-temps retenu à s’associer, pour ses besoins, un être (1) Pline- dit- qu’Hannon , célèbre Carthaginois, osa le premier manier un Lion elle mon- trer apprivoisé. Il fut banni pour cette seule cause. On pensa qu’un homme aussi adroit était capable de tout persuader,. et que la liberté seraitmal confiée à qui maîtrisait à ce point la férocité même. (2) II paraît que les Persans emploient le mêmé animal , si toutefois leur Youze ou Dyious , est de la même espèce que lé Chiltah des Hindous que nous savons être notre Guépard, et si ce Youze n’est pas plutôt le Léopard, vu quelles peaux Se Léopards de Perse fout un objet de commerce. Marc-Paul , cité par M. Cuvier, dit que les Tatlares de son temps employaient le Tigre rojalk la chasse; et feu Olivier a assuré à M. Cuvier qu’en certaines provinces de Perse on se sert d’une petite espèce qu’il n’a pu déterminer; enfin Charleton et Bnfibn disent qu’aux Indes on y emploie le Caracal. #>4 56 MOKOGRAPHIES dont l’extérieur et l’instinct ont de si nombreux rapports avec les autres carnassiers qui, par leur naturel farouche et sanguinaire , exercent encore tant de ravages parmi les tribus populeuses de ces vastes contrées. L’homme a su mettre à profit l’instinct des espè- ces les moins grandes en les faisant servir à la destruction des ani- maux qu’attire autour de ses demeures sa prévoyance à s’assurer une subsistance journalière. Parlant ici du Chat domestique, qu’on retrouve sur tous les points du globe où l’homme , plus ou moins civilisé , réuni en société , s’est pratiqué des demeures,, il est naturel d’ugiter.la question relative- ment à l’origine de la domesticité du Chat, et de chercher à con- naître l’espèce type à laquelle ces races doivent l’existence. Plusieurs naturalistes trèsrjudicieux ont des doutes sur l’origine qu’on attri- bue assez généralement à nos. Chats. L’opinion reçue et adoptée par le plus grand nombre est , que le Chat sauvage des forêts de l’Eu- rope et de l’Asie doit être considéré comme souche primordiale de toutes les races de Chats domestiques. En réfléchissant sur ce point, on voit naître le doute , qu’une comparaison établie entre nos chats de maisons et ce, type sauvage tend à fortifièr. En cherchant à remonter vers l’origine de la domesticité du Chat , on se trouve en quelque sorte guidé par la pensée vers ces contrées qui furent témoins dü premier élan de la civilisation , des connaissances et des arts. C’est, de l’enceinte des temples consacrés à Isis, et sous le règne des Pharaons , qu’on a vü naître les premiers rayons des sciences, depuis , plus dignement honorées en Grèce, et portées de proche en proche dans les contrées que nous habitons. L’Égypte, témoin de cette civilisation naissante, a sans doute fourni à ses hahitans , réunis en société , cet animal utile. Plus encore que tous les autres peuples cultivateurs , les anciens Égyptiens ont dû apprécier les bonnes qualités du Chat. S’ils en ont eu connaissance , ce que tout porté à croire , il est certain qu’une espèce sauvage propre à ces contrées a fourni la première race domestique (i). (i) Il serait intéressant de comparer le squelette de notre Félis ganté avec ceux qu’on trouve dans les mémoires. Voyez Grand ouvrage d'Égypte , p. 54,fg. 7 . DE MAMMALOGIE. 77 En effet , le Chat égyptien , que nous faisons connaître dans cette monographie, sous le nom de Félis ganté , ressemble hien plus exactement à nos Chats de maisons que ceux-ci aux Chats sauvages des forêts : la taille, les formes absolument les mêmes, la même longueur de queue, moins grosse au bout qu’à l’origine. Nos Chats domestiques de très-forte race sont constamment moins grands que ceux de l’espèce sauvage, et la quéüe diffère d’une manière con- stante. . Nous savons par expérience que les suites d’une longue domesti- cité influent sur la taille et sur tout le système physique des ani- maux \ la surabondance, de nourriture, et les soins assidus , contri- buent au développement de tous leurs organes, et leur taille devient plus forte. Tous nos animaux , pris de l’état sauvage , et réduits à la domesticité, en fournissent les preuves. Le Chat domestique, en le supposant originaire des Chats de nos forêts, fournirait la preuve d’un dépérissement de la race, indî’ce certain de son entière des- truction. Lorsque nous comparons les formes extérieures du Chat domes- tique à celles du Chat sauvage , nous trouvons constamment le premier moins grand ; il a la queue plus longue , et cette queue est- tenninée en pointe, tandis que le Chat sauvage a la queue , propor- tionnellement à la tailje , beaucoup plus courte , de grosseur égale aux deux bouts, et comme tronquée à l’extrémité. La taille du Chat égyptien, notre Félis ganté, est moindre que celle du Chat de maison; la queue, proportionnellement au corps, a la même longueur , et mssemhle , par sa forme , à celle de nos Chats. On voit enfin des rapports dans l’ensemble des formes enti'e ce Félis égyptien et nos Chats , et ceux-ci different d’une manière constante de l’espèce sapvage des forêts de l’Europe et de l’Asie. Il est cependant probable que le croisement dé la race égyptienne avec celle de la race franche de nos forêts a pu donner l’existence à une race intermédiaire; mais ici, comme dans toutes les occasions où l’homme a su plier ou assujettir la natur^ à ses vues , il devient impossible de suivre le fil des circonstances accessoires et locales qui 78 MONOGRAPHIES ont pu influer sur les races domestiques. Nous croyons devoir bor- ner les remarques sur ce point à celle-ci : ' qu’il paraît probable que la souclie primordiale des races domestiques de nos Chats de maison tire son origine d’un type sauvage égyptien. Mais il me semble aussi que les races oi'iginaires de la Russie asiatique, connues sous le nom de Chat angora , sont le produit d’un autre type sauvage encore inconnu , et qui probablement vit à l’état sauvage dans les contrées du nord de l’Asie, On peut dire que ce genre est presque cosmopolite, parla répar- tition de ses espèces : à l’excepüon de l’Océanie, tous les pays du globe en sont peuplés. Le Chien et lé Chat, ces compagnons presque indispensables à l’homme policé, et dont l’homme à demi sauvage, ou vivant éloigné du rayon lumineux et bienfaisant de là civilisa- tion , a su apprécier les services , ont conservé leur type primitif sous tous les climats et dans toutes les latitudes correspondantes. Il suf- firait des exemples qué nous trouvons dans ces deux genres ( si le plus grand nombre des "genres connus ne nous en offraient de sem- blables ) pour détruire l’hypothèse hardie de Buffon sur le système de répartition des animaux dans les deux continens. Les exemples nombreux fournis par des observations exactes semblent venir à l’appui d’une opinion nouvelle sur cette matière, qui tend à poser en principe, que tous les genres d’animaux répartis sur la surface du globe (un très-petit nombre des deux extrémités des pôles seul ex- cepté ) habitent immédiatement sous la ligne, ou du moins. entre les deux tropiques, et que les rameaux de tous ces genres se sont éten- dus par des espèces analogues, ou exactement semblables par les ca- ractères génériques, sous une latitude parallèle , et saris égard à la distance immense des lieux, ni aux entraves que les barrières d’un vaste Océan sembléraient opposer aux rapports qui existent dans toute leur organisation. Des exemples nombreux , empruntés de toutes les classes du règne animal, et choisis dans le plus grand nombre des genres connus, servent à prouver cette^arche dans la création animée , en rapport avec la végétation des plantes et l’existence locale des minéraux. La DE MAMMALOGIE. 79 géographie et l’histoire naturelle deviennent, sous ces rapports, de plus en plus étroitement unies; et ces deux sciences, sœurs, sont appelées à se prêter aujourd’hui des secours mutuels, pour asseoir notre jugement, l’elativement à la création , sur des hases solides qui puissent rendre inutiles désormais tôus ces calculs mensongers du génie qui s’étaient des hypothèses les plus brillantes, ou qui em- pruntent la voie des traditions et des annales des peuples pour ex- pliquer les grands phénomènes des créations et des destructions dont tour à tour notie globe semhle’avoir été le théâtre. Les Félis y organisés entre eux d’une manière si parfaitement iden- tique, forment, avec l’Homme et le Chien, les trois genrés qui ont le mieux conservé , en passant par l’échélle de la température de toutes les contrées , le type primitif de leurs espèces : aussi les voya- geurs rencontrent-ils , , partout où la race humaine s’est multipliée sur le globe , des espèces absolument semblables , et organisés de la même manière que nos Chiens et nos Chats (i). Les premiers de ces êtres semblent avoir suivi sur toute la terre les pas de celui qui a su apprécier dans cette race la fidélité et les soins désintéressés dont l’être humain, qui,, placé â l’extrême ligne de l’échelle de l’intelligence et de la civilisation, a senti naître le besoin tout aussi bien, et dans le même but, que le fier descendant de la raçe caucasi- (i.) Si le calcul des conjectures pouvait marcher de front avec l’esprit de recherche et la force de l’évidence, j’aimerais , selon ma manière de voir, à établir, commè hypothèse , l’exi- stence du Chat primitif ou d’un Félis quelconque dans les archipels ou sur la grande terre de l’Océanie. On a refusé encore très-récemment , à cetté partie du monde, toute espèce de ■grand carnassier autre que le Chien ou Dingo-, l’existenCc dit grand Carnassier fnarsupial , que j’ai décrit dans cet ouvrage sous le nom de 'Vhylaapnué AarmiV, prouve bien, ce me semble, contre celte opinion, que l’Océanie ne nourrit point de carnassiérs plus grands que les Da- , si toutefois on peut nommer petit le Dasyure que j’ai décrit sous le nom de Dasju- rus ursinus. Il est encore à propos de remarquer que ces Marsupiaux carnassier^, placés vers l’extié- milé méridionale de l’ancien monde correspondent par leur organisation , de la manière la plus marquée avec les Didelphes de la partie méridionale du Nouveau-Monde, et que les Phastogalcs , quoique éloignés par la distance énorme, et séparés par l’étendue immense de l’Océan des terres du Nouveau-Monde, présentent une organisation toute conforme à celle des Didelphes placés ai peu près sous le même parallèle. 8ü MONOGRAPHIES que. Si nous voyons le Chien partout compagnon inséparable de l’homme , nous retrouvons aussi partout le Chat attaché à la de- meure que l’espèce humaine s’est choisie. Mais cette conformité dans l’organisation totale de tous les Félis connus , ou du moins du très-^rand nombre , a porté dans l’histoire des espèces distinctes une confusion toujours croissante. Buffon avait singulièrement embrouillé leur histoire ^ il nous fallait un observa- teur éclairé et non prévenu sur le compte des observations de ses devanciers pour montrer la route à suivre dans la voie d’une réca- pitulation et d’une réforme dans ce genre. M. Cuvier est venu nous tracer ce chemin : s’il s’est vu, quoique très-rarement, arrêté dans ses recherches j c’est que là où son mémoire sur les Chats vivans (i) offre des lacunes , ou présente des erreurs , là aussi se trouveront les limites qu’un naturaliste ne devrait jamais franchir. Ij’exactitude et la précision des faits , basés sur des observations souvent renouve- lées, une critique séyère, et un style noble et élégant, distinguent les tiavaûx de cet anatomiste célèbre. C’est pour l’avoir suivi sans prévention , quoique partageant sa manière de voir, que nous pou- vons espéi’er d’offrir dans ce catalogue , plus récent que celui de M. Cuvier, quelques vues nouvelles qui n’auraient point échappé à son génie, si, Comme nous, il eût eu l’occasion d’étendre la sphère de ses observations. L’emploi du nom de Félis, pour désigner collectivement et en un seul groupe le Lion , les Tigres, les Lynx et les Chats, m’a été suggéré par l’exemple de M. Cuvier et de plusieurs autres natura- listes, qui tous conservent encore les quatre coupes dont je viens de signaler les types. Généralisant toutes ces coupes en une seule , je ne vois dans le Lion rien qui puisse servir à le distinguer des Tigres, et dans ceux-ci, aucune différence marquée avec les Chats et les Lynx. Les Lionceaux ont la robe tachetée et rayée, en un mot tigrée comme celle des Tigres : le jeune Couguar a ce carac- tèi'e en partage j les Chats ont la robe tachetée et rayée par des (i) Ossemçnx fossiles , nouv. édii., vol. 4) P^g- 4®7* DE MAMMALOGTE. 8i dessins analogues à ceux des Tigres. Les petites espèces ont tous les caractères des grandes ; les Lynx ne sont pas même à distin- guer au moyen des pinceaux de poils des oreilles. Quelques es- pèces, très-rapproche'es d’ailleurs de notre Lynx européen, manquent de ces pinceaux , et leur existence plus ou moins accidentelle , sui- vant l’âge et l’époque du renouvellement du pelage , rend ce signe de distinction peu propre à étyc admis comme moyen pour distin- guer les espèces. On voit enfin des Félis pourvus de pinceaux aux oreilles , dont la queue est très-courte , d’autres l’ont plus longue. Ces motifs me font supprimer l’échafaudage admis dans l’ordre de succession des espèces. Je forme deux sections dans le genre Félis. Cette coupe géogra- phique des Félis du Nouveau-Monde, établie dans le seul but de faciliter la recherche des espèces , ii’offre rien de COTactéristique qui puisse servir de moyen pour distinguer les espèces de l’ancieu continent de celles du Nouveau-Monde. Nous en faisons la remar- que, afin de ne pas laisser subsister le moindre doute à l’égard de leur parfaite identité dans l’organisation totale. M. Cuvier, dans son tableau des Félis vi vans, énumère les espèces dont nous offrons ici le tableau. J’indique par des lettres capitales les espèces existantes, et en lettres italiques celles qui font double emploi, ou qui n’ont pas subi un examen nouveau, -r- F élis lion. — Couguar. — Tigre royal. — Jaguar. — Panthère et Léopard , qui forment double emploi d’une même espèce que nous nommons (Léopard ou Felis leopardus ). — Guépard. — Serval. — Ocelot. — Telatco-Ocelotl.—Qak.T:i. — Margay. — (Javensis et Sumatrana peuvent être réunis au Bengalensis de Pennant , forment mon Servalin ou Felis minuta.) Le Félis envoyé par M. Diard de Java, mais qui n’est pas de ce pays , serait-il notre Felis maçrocelis ? J’ai lieu de le croire , car j’ai vu au musée de Paris une peau très- incomplète de mon Tigre, provenant des collections de M. Diard. — ^ Chat. — L’article où il est fait mention du Chat , rapporté par Delalande y dixx Felis undata ^ obscura, et du Chat du Japon àe Vos- maer, est très-vague. Le plus exactement conforme par les parties correspondantes que les différentes espèces de Félis. Nous donnons , planche 9 , réduits de moitié , les crânes du Léo- pard et de la Panthère , pour faire apprécier les différences os- téologiques dans ces deux espèces. MONOGRAPHIES PREMIÈRE SECTION. COMPOSÉE DES FÉLIS DE L’ANCIEN CONTINENT ET DES' ARCHIPELS. mus UO^. — FEUS LEO. Taille difféi-ente , selon les climats et les contrées; queue plus courte que moitié la longueur du corps et de la tête , terminée par un gros flocon de poils. La tête et le cou du mâle ornés d’une cri- nière qui manque chez la femelle. Point de taches ni de raies dans l’adulte. Les jeunes variés de Landes transversales et de taches ir- régulières très-marquées. Voyez le crâne du Lion et de la Lionne , Cuv.j Ossem. foss . , nouv. édit., t. 4, pl. 33 , fig. i , 2 , 3 eZ 4- L’ostéologie du Lion a été illustrée par une gravure parfaite du sque- lette publié par MM. Paûder et d’Alton. On trouve trois races ou variétés distinctes dans cette espèce; ces races sont peut-être le produit de climats différons. a . Lion de Barbarie. Pelage presque totalement composé de poils soyeux; les laineux courts et fort rares. Le mâle a le dos, les flancs, tout le train de derrière, les jambes antérieures et la face couverts d’un poil court, même ras et serré, d’un fauve brun, résultant de poils fauves dans la plus grande partie de leur longueur , et noirâtres à leur extrémité, et d’autres poils entièrement noirs, épars sur tout le corps. La poi- trine, les épaules, le cou, le devant de la tête, une partie du dos, la ligne moyenne du ventre, le coude, la partie antérieure des cuis- ses et le bout de la queue revêtus de longs poils , mélangés de noir et de fauve ; et ceux des côtés, du cou et de la tête, beaucoup plus longs que les autres , et, tombant en épaisses mèches noires et fauves, forment cette belle crinière qui est exclusivement propre au Lion , 85 DE MAMMALOGIE. parmi les Chats, et qui contribue, plus qu’aucun autre de ses ca- ractères physiques , à lui donner cet air grave et imposant qu’on lui reconnaît. La Lionne , arrivée à l’âge adulte , diffère du mâle par l’absence de la crinière et de tous les poils en mèches , à l’exception du flocon à la queue. Des proportions plus allongées et une tête plus petite la distinguent. Les jeunes, même les mâles, n’ont aucune trace de crinière ^ leur queue ^’est point terminée par un floCon; tout leur corps est cou- vert d’un poil assez touffu , à demi frisé, et non point lisse comme celui des vieux individus ; d’un fauve, sali par du noir et du gris, qui provient d’anneaux de ces divers couleurs répartis sur chaque poil. Sur ce fauve , se voit , le long du dos. et de la qtieue, des ban- des noires, transversales et parallèles les unes aux auti’es, qui, réunies à leur partie moyenne , produisent une ligne longitudinale depuis le derrière de la tête jusque vers l’extrémité de la queue. Sur la tête et les membres sont des taches noirâtres de diverses formes , plus ou moins nombreuses , et assez irrégulièrement marquées. Le derrière des oreilles est entièrement noir 5 les parties inférieures et les côtés du corps sont plus pâles que les supérieures , et des mous- taches assez fortes garnissent les lèvres. Les bandes dorsales dispa- i-aissent à la première mue 5 les taches de la tête s’effacent ensuite, et ce sont celles des membres qui disparaissent les dernières^ ce n’est même qu’après l’état adulte , ou à Ja cinquième année , qu’elles dis- paraissent entièrement. • . h . Lion du SénÉga.l. On peut le distinguer du Lion de Barbarie au pelage d’une teinte plus jaunâtre et plus, brillante , par une crinière moins épaisse et moins longue , par le manque total de longs poils à la ligue moyenne du ventre et aux cuisses. La crinière est le plus souvent courte , toute fauve , sans mèches de poils noirs , et moins étendue sur le garrot et aux épaules. Sa taille est aussi plus petitè. Les lionnes , «6 MONOGRAPHIES quoique moins grandes que celles de Barbarie, ne diffèrent sous au- cun autre rapport. c . Lion de Perse. Est remarquable par la couleur très-claire de sa robe, d’un Isa- belle très-pâle. La crinière touffue est plus mélangée de poils de dif- férentes teintes que dans les deux races précédentes 5 on ne voit point de longs poils à la ligne moyenne du ventre, ni aux cuisses; les grandes mèches de poils noirs et- de poils brunTfonc^ de la crinière paraissent davantage sur le fond pâle et très-ras du reste de la robe. Cette race paraît encore moins grande que celle qui nous vient du Sénégal. La lionne a de- même le pelage pâle du mâle. Mais elle ne diffère en rien des femelles de la race de Barbarie et du Sénégal. , Longueur totale du mâle, de 7 à 8 pieds et au delà, dont la queué porte 2 pieds 7 ou 9 pouces ; hauteur , au garrot , 2 pieds 9 pouces. Synonymie. Le plus grand nombre des figures de Lions publiées parles auteurs manquent de vérité et d’exactitude; celle de Maréchal, dans l’ouvragé intitulé : Ménagerie du muséum d’histoire naturelle, et les belles planches lithographiées de MM. Geoffroy et F. Cuvier, Histoire des Mammifères , ne laissent rien à désirer. Felis Leo , Linn. , Gmel. , syst. i , p. 'jS. ■ — • Schreb. , Saiigth , e. 3 , p. 376, tah. 97 , à et i. — Buffon a parlé du Lion avec cette beauté de style qui caractérise ses immortels écrits; mais ses descriptions sont plus poétiques que vraies. Patrie. On trouve des Lions dans presque toutes les contrées de l’Afrique; ils sont plus abondans dans les déserts et vers l’intérieur que le long des côtes et dans les pays à demi civilisés. Ils paraissent aussi répandus dans quelques parties de l’Asie, mais point dans l’Inde ni dans les îles de l’Océan Indien; car il est bien constaté que les grandes îles des Moluques, les archipels deS Philippines, de l’O- DE MAMMA.LOGIE. 87 céanie, ni même la Nouvelle-Hollande, ne nourrissent pas des Lions. On n’en a point trouvé à Java ni à Sumatra , et il est probable qu’ils n’existent point dans la grande île de Bornéo. Tout porte à croire que le Lion est une espèce isolée dans laquelle on peut énumérer quelques légères variétés , ou races , sous les cli- mats différons: celle décrite sous la lettre c, variété de Perse, prouve, ce me semble, que les Lions sans crinière, d’Olivier, qui se trouveraient sur les confins de l’Arabie, pays trop rapproché de la Perse pour le supposer peuplé d’auti-es grands Chats que ceux con- nus dans cet empire, n’existent point. Il serait au-dessus de mes moyens d’ajouter quelques données intéressantes au sujet de ce grand carnassier : la matière a été traitée à fond par M. Cuvier;, elle ne laisse rien à désirer. C’est à la page 4o8 et suivantes du tome 4 des Recherches sur les ossemens fossiles, now. édit. , qu’on est invité de recourir pom* les détails ultérieurs. Le Lion choisit pour demeure le voisinage des fleuves et des fontaines où le gros gibier vient se désaltérer; il saute brusquement et du premier élan sur sa proie, la met à mort et la déchiie pour s’en nourrir. Repu , il est rare qu’il attaque les autres aniiqaux ; sa férocité ne s’exerce à la rapine que pour satisfaire, à ses besoins. On voit, dans les musées de Paris, des Pays-Bas et de Vienne, des mâles et des femelles des deux premières races mentionnées, et dans le premier établissement, une série de jeunes individus d’âge et de sexe différens. La variété <^e Téhéran, en Perse, est vivante à la ménagerie d’Exceter-Cbange , à Londres., L’un des Lions de Bar- barie, du musée des Pays-Bas, a été rapporté de Tunis par M. le major Humbert ; ce dernier est d’une taille énorme ; il fut tué par un Arabe dont il avait terrassé une vache qu’il emportait sur son dos. 88 MONOGRAPHIES FÉLIS, TIGRE ROYAL (r) — FELIS TlGRlS. Taille à peu près du Lion \ pupille diurne ; formes à peu près les mêmes j la tête du Tigre est plus arrondie, ses membres sont plus grêles, et il est plus bas sur jambes; queue deux tiers de la longueur du corps et de la tête , son extrémité aboutit au garrot ; tout le coi’ps, les membres et la tête rayés de longues bandes transversales; queue annelée , point de tacbes rondes sur aucune partie. Voyez les crânes du Tigre royal, mâle et femelle, Cuv., Ossem. ,fos., noiw. édit . , tom. , pl. ,Jig. 5 et 6 , et l'Ct 2. Tout le pelage composé de poils soyeux , courts et serrés ex- cepté sur les côtés du cou et des joues où ce même poil est long et forme une sorte de fraise. Tout le corps est barré transversalement de noir sur un fond roux jaunâtre aux parties supérieures du corps , et sur un fond blanc aux parties inférieures. La face interne de l’oreille et l’extrémité de la face externe, le tour de l’œil, surtout à sa partie supéiâeure , le bout du museau , les joues , la gorge , le cou , la poitrine, le ventre, la face interne des membres et le bout des doigts sont blancs. La quene est couverte de quinze anneaux noirs, sur un fond blanc jaunâtre; le mâle du Tigre royal a des bandes plus larges , plus régulières et moins espacées que dans les femelles , son pelage est aussi un peu plus doré. Les jeunes ont la robe peinte de^ mêmes couleurs , mais ils dif- fèrenr des adultes par les nuances. Le blanc est mêlé de gris, le noir de brun , et le jaunâtre d’une teinte plus obscure ; le pelage est plus long , plus mêlé et paraît moins régulièrement peint. Synonymie. FelisTigrxs , Gmel., Linn. , i, pag. 76, sp. 1. — C’est le vrai Tigre ou Tigre royal. Buffon., Quadrup. , vol. 8, tab, g. — Geoff. et F. Cuv., Ménagerie du Muséum et la belle litho- graphie d’une femelle dans ÏHist. nat. des mamm. ~ La figure, (j) Selon M. Reinwardt , Madjvn gedé en langue javane, et Arimau besaar en malais : l’un et l’aulre signifient Grand tigre. DE MAMMALOGIE. 89 composée pai' Sclireber, Saugt , vol. 3 , tab. 98 , donne une fausse idée des couleurs du pelage et de la distribution des bandes. Cette planche est au-dessous de la critique. — Encycl.y mamm. , pag. 33 '], pi. 91 , fig. 2 et 92 ,Jîg. I. Voyez aussi pour les indications des an- ciens 5 Cuv. Ossem. fossil. , nouv. édit. , tom. 4 5 4 ^ 4 - Patrie. On commence à trouver cette espèce en Asie, au delà de rindus dans les parties méridionales de la Cbine , mais l’Indostan pa- raît être son berceau. Sumatra, Java, et selon toutes les probabi- lités , Bornéo nourrissent ce carnassier ^ on le dit moins farouche à Java que dans l’Indostan. Il ne vit point en Afrique. Les lieux de sa demeure sont les vastes forêts dans le voisinage des rivières et des eaux, où il exerce ses rapines sur l’homme et sur les gros animaux dont il fait une grande destruction j il grimpe facilement aux ar- bfes , y surprend sa proie et la guette au passage ; sa poursuite est jdIus opiniâtre que celle du Lion ^ une proie , manquée du premier élan , n’échappe que rarement à ses tentatives réitérées. Aussi sus- ceptible de docilité dans la captivité que le Lion , on le voit obéir de même à la voix de son maître et donner des preuves d’attachement. Des dépouilles de Tigres de l’Indostan, et leurs squelettes, font partie des musées de Paris et des Pays-Bas, ce dernier possède aussi le squelette , plusieurs têtes et les dépouilles de sujets tués à Java. Un mâle -d’Asie fait partie du musée de Vienne. FÉLIS GUÉPARD (i). — FELIS JUBATA. Taille du Tigre jaguar (Felis onca) ^ mais les formes plus élan- cées et plus grêles 5 queue plus courte que le corps , son extrémité aboutit à l’omoplate 5 ongles de tous les pieds ,• forts , point rétrac- (0 Cette espèce serait connue à Sumatra sous le nom de Rimait mangin, si toutefois la description succinte de M. Raffels n’a pas rapport à un autre Chat. Chitlah, dans l’Inde , selon Pennant, ce serait le Youse des Persans, si leur Youse n’est pas j comme Je le présume, notre Félis léopard. T. I. la 90 MONOGRAPHIES tiles ; la nuque et l’échine pourvus d’une courte crinière ; une large bande d’un noir profond allant de l’angle antérieur des yeux à la moustache J museau obtus. Pelage d’un jaune légèrement teint de couleur d’ocre ; la tête d’une teinte plus fauve et le dessous du corps isabelle. Les poils de la nu- que et de l’échine longs , droits et durs ^ ceux du corps et du dessus de la queue courts et lisses; mais ceux du dessous du corps et du dessous de la queue plus longs. Le corps, les quatre extrémités et le dessus de la queue, sont d’un jaune couleur d’ocre , marqué partout de taches rondes pleines et d’un poir parfait ; ces taches sont un peu plus grandes et plus rapprochées sur le haut du dos qu’aux flancs et aux membres ; les plus grandes n’ont guère plus de lo ou de 8 lignes de diamètre; quelques taches beaucoup plus petites sont réparties dans les inter- valles des grandes ; la plus grande partie de la queue en est couverte, et cette partie est terminée par trois ou quatre anneaux irréguliers et noirs. Ces taches, qui couvrept la tête, sont petites et très-rappro- chées ; une série de ces petites taches , disposées à la file , forment une bande qui va du bord inférieur des yeux sur les joues , et aboutit à quelque distance en dessous de l’oreille. Une large bande , d’un noir plein , couvi’e, les côtés du museau et s’étend du bord antérieur des yeux aux moustaches. Les oreilles sont courtes, rondes, noires extérieurement et cendrées intérieurement. Longueur totale prise sur un individu de grande taille , 5 pieds ; la queue a 22 [;ouces; hauteur 2 pieds; distance du bord antérieur des yeux à la pointe du nez, , 2 pouces 3 lignes. Synonymie. Felis jubata , Linn., Exleb. — Schreb., Saugt , t&h. ïo 5 ,Jig. rendant très-mal les formes élancées de ce Tigre, mais assez bien enluminée.' — Buff. , Hist. nat. supp. , 38 , sous le faux nova. <\.e Joguar ou de Léopard. — Encycl. mamni., pag. 221, esp, 341 , pL 93 , fîg. 3 , calquée sur celle de Schreber. — Cuv , Reg. anim. , pag. 16 1. — Id. Ossem. fossil. , nouv. édit.^ vol. 4 ? 43 o. — Felis GUTTATA. Herm., figuré par Schreb. Saugt., DE MAMMALOGIE. 91 iüb. io5. , B. supp. (i), donne une idée assez nette de ce Tigre. Le portrait , publié par M. F. Cuvier, sous le nom de Guéparb, mamm., litliog. , est pris sur un jeune individu du Sénégal. — Huntino Léo- pard. , Pennant, p. 284 , tab- 56, figure au-dessous de toute critique. Patrie, lüous savons par des preuves certaines que l’espèce ha- bite les côtes occidentales de l’Afrique , elle est peu commune dans la partie méridionale, ce qui est confirmé par le témoignage de Thunberg , Mémoires de V Académie de St.-Pétersb. , tom. 3 , pa^. 299 , et par M. le professeur Lichtenstein, qui a vu un chef de horde de Caffres revêtu d’une peau de Guépard. Elle est très-ré- pandue dans l’Indostan , où on la dresse à la chasse. Les forêts de Sumatra en sont peuplés; ses dépouilles ne nous sont point encore parvenues de Java. L’histoire de ce Tigre mérite de fixer l’atten- tion des voyageurs ; ses mœurs sont très-probablement différentes de ceux des autrés Chats ; réduit en domesticité on croirait pouvoir lui attribuer les mœurs du Chien sous les formes extérieures des Chats , et ses pieds à ongles non l’étractiles , font préjuger des ha- titudes qui tiennent le milieu éntre celles des Chats et dés Chiens. Le musée des Pays-Bas possède la dépouille montée du plus bel individu connu dans les collections; il a été apporté du Bengale; ( I ) M. Cuvier cite celle gravure avec une au Ire du même ouvrage, Ann. dû Mus . , vol. 1 4 , pag i5i , où ce savarrLdil : « Le Felis chafybeata el le Felis guUala , lires du calniiet de Hermann y ayant été nouvellement examinés par mou frère, se sont trouvés, l’un un Scr- val, l’autre une jeune Pan/Aère, mais tellement défigurés par le dessinateur, qu’on ne les reconnaîtrait jamais à leurs images; Supposé qu’il en soit ainsi , dans quel but le peintre aurait-il donné à la figure du Felis g-n/mm que nous discutons, une ressemblance plus on moins vraie de notre Guépard, s’il avait, en effet, pris uti jeune lAopard pour modèle? et s’il eut eu un Serval sous les yeux, pourquoi donner à la figure du Felis cbaljrbeata les formes de notre vraie Panlhhre-, et , par l’enluminure, une idée grossière de la couleur du pelage de ce Tigç^e? J*ai vainement cher- ché les sujets identiques de ces deux tigres à Strasbourg; ils u’exisleut plus. La' description de feu Hermann , de son Felis chaljbeata , Observât, de Zool. ,pag. 36 , et celle du Felis guttata, ib.,pag 38, ne laissent aucun doute. La'prèmière a été faite sur un Serval, et la seconde sur un jenne Léopard. Mais comment se fait-il que les figures données par Sclireber, et communiquées par ce même Hermann , ressemblent, rune à 'ma Panthère, et l’autre au Guépardl MONOGRAPHIES 92 deux autres sujets , l’un du Sénégal et l’autre de l’Inde , font partie du nausée de Paris. Celui du cabinet de Vienne est originaire de l’Inde. On voit un Guépard vivant dans la ménagerie du Jardin du Roi, à Paris. FÉLIS LÉOPARD (i). FELIS LEOPARDüS. Taille des Adultes moindre que la Lionne y queue de la longueur du corps seulement, son extrémité aboutit aux épaules 5 la couleur du pelage d’un fauve jaunâtre clair ; celle de la partie intérieure, des taches en rose plus foncé ou d’un jaunâtre plus vif que le fond du pelage ; les nombreuses taches assez distantes \ celles en roses de 16 à 18 lignes au plus en diamètre^ 22 vertèbres à la queue. Voyez les crânes. Qssem. fossil.^ nouv. édit. , vol. 4, pl. 34 ^j^g'. 5 et 6, variété noire, mais sur une tête d’un jeune individu 9 et 10. Voyez aussi notre pl. g , fig. i 2. Pelage bien fourni , de médiocre longueur ; la couleur du fond est d’un jaunâtre clair sur le dos , plus pâle aux flancs , et blanc au ventre et à la partie inférieure de la queue. Toutes les taches qui couvrent cette fourrure sont bien prononcées, jamais contiguës, mais exactement séparées des taches voisines par le fond jaune clair du pelage; les taches en roses qui couvrent les flancs , une partie de l’omoplate , la croupe et une portion de la queue , sont composées de trois ou de quatre taches noires , formant un cercle imparfait qui ceint une tache jaune, toujours plus foncée que le fond du pelage ; le haut du dos, la tête , le cou, les quatre extrémités et les parties inférieures du corps, sont couverts de grandes et de petites taches pleines , d’un noir profond et de forme ronde ou ovale ; les taches pleines du corps ne sont jamais en bandes , et les taches en roses des flancs n’ont jamais un plus grand diamètre que de 16 à 18 lignes au (i) C’est le Felis pardalîs des anciens. Le Félis- pardalis de Linné , Gmel. , est un com- posé de mon Felis macroura et du Pardalis. Voyez les synonymes, l.es Javanais désignent ce Tigre et le suivant sous le nom de Madjan toetoel , ce qui signifie Tigre tacheté. C’est le Faahd des Arabes. DE MAMMALOGIE. gS plus (i). Sur la face interne du haut des janihes sont quelques bandes noires , transversales et vers le bout de la queue deux ou trois cer- cles imparfaits , divisés par des cercles blancs bien plus étroits j les oreilles sont rondes, noires à leur base etf jaunâtres au bout; les rangées des moustaches sont blanches , elles prennent leur origine sur des lignes noires disposées transversalement sur les lèvres. Longueur totale des adultes , 5 pieds 8 pouces , sur laquelle la queue occupe 2 pieds 7 pouces ; hauteur sur ses jambes à peu près 2 pieds ; distance du bord antérieur des yeux à la pointe du nez , 3 pouces 6 lignes , dimensions prises sur des sujets montés. Les jeunes de cette espèce ont souvent été pris pour des espèces distinctes. J’en ai vu. dans les cabinets, étiquetés sous les noms de Pardalis , àe Panthère, d’once, de Guépard et même de Jaguar. La fourrure des jeunes est toujours plus longue , d’une nature plus cotonneuse , même un peu crépue, les taches pleines plus ou moins contiguës , et les taches en roses moins distincte- ment marquées, souvent comme effacées ou plus claires qu’à l'or- dinaire ; le tout suivant la longueur des poils , constamment en rapport avec l’âge des individus. Toutes les taches de la robe des jeunes sont plus claires et le fond du pélage un peu plus terne que dans les adultes. Il résulte de cette disposition des taches et de la nature du poil que ces jeunes tigres sont difficiles à rapporter à leur type. Au reste, il est toujours plus difficile de distinguer les dépouilles des jeunes animaux Comparativement aux dépouilles d’animaux adultes. Cependant le jeune Léopard est aisé à recon- naître de la jeune Panthère ; la longeur de la queue , en propor- tion du corps, doit servir à lever le doute. J’ai sous les yeux un jeune Léopard dont les dimensions sont, longueur totale , 3 pieds 8 pouces , sur lesquels la queue mesure 1 7 pouces 7 lignes , distance du bord antérieur de l’œil à la pointe (1) J’insiste sur ces caractères reproduits dans les dèscriptions de toutes mes espèces, puis- qu’ils servent à distinguer au premier coup d’œil non-seulement les différentes dépouilles complètes des' grands Chats des deux continens; mais que par ce moyen, on ne peut man- quer de reconnaître les peaux mutilées qui circulent dans le commerce des pelleteries. 96 MONOGRAPHIES et le P ardus du même auteur. Voyez Annales du Muséum, vol. i4, pag. i48, où ce savant dit au n". 6 , que son Léopard est plus petit que sa Panthère , ce qui est erroné ; car le Léopard adulte est environ d’un cinquième plus grand que la Pantliere dans le même état. Au reste, il n’existe aucun doute que l’indication du Felis pardus de Gmelin doit être l’apportée à ma Panthère de l’article suivant 5 car , dans la Diagnose , il est dit : Cauda. elok- OATA , et à l’article du Felis leopardus , il est dit : Cauda me- niocKi , ce qui convient à notre Léopard, mais point à la Pan- thère de l’article suivant. Le caractère emprunté du nombre de taches en rose, par ligne transversale, dont M. Cuvier se sert, presque avec exclusion de tout autre indice, pour distinguer nos deux tigres de l’ancien çontineut, m’a paru peu satisfaisant dans l’emploi que j’ai voulu en faire 5 car, indépendamment des dif- férences que l’âge opère sur la forme et le nombre de ces tacbes, j’ai trouvé que ce caractère n’est pas applicable à toutes les dé- pouilles des individus du même âge, et que le nombre de ces taches en rose varie du plus au moins *, il est encore bien difficile de dire avec précision , si telle tache placée aux extrémités de la ligne doit être énumérée parmi les taches en rose ou bien parmi celles dites pleines. M. Cuvier observe, en dernier lieu, à l’article des grands Félis vivans , Recherches sur les ossemens fossiles j nouv. édit. , yol. 1^, pag. 4 ^^» ^ long-temps cru qu’on pourrait reconnaître ces deux Félis à des taches plus ou moins nombreuses ; mais j’ai vu, dit ce savant, tant de variétés à cet égard, que je n’ose plus insister sur ce caractère. Trois causes bien simples servent à expliquer les sources des er- reurs qui ont répandu de l’ obscurité dans les descriptions auxquelles on doit attribuer le peu d’exactitude des figures publiées sous les noms , tantôt bien, tantôt mal appliqués de Léopard et de Panthère. La première, c’est qüe j’ai lieu de douter de l’existence de la Pan- thère en Afrique ; la deuxième , c’est que la véritable Panthère ne se trouve point à Paris parmi les animaux montés de la galerie du Jardin du Roi , et qu’il est assez probable que la ménagerie n’a ja- DE MAMMALOGIE. 97 mais possédé ce Tigre vivant; la troisième enfin consiste en ce que les naturalistes il’ont pas pris soin d’établir les différences qu’ils signalent d’après des individus d’un âge à peu près égal. Le plus grand nombre des descriptions de Buffon ont été prises sur de jeunes individus. On a voulu rapporter ces descriptions à des dépouilles ou à des animaux vivans, parvenus à l’état parfait , et l’on n’a pu man- quer de tomber dans les erreurs les plus graves. L’origine ou la pa- trie de ces animaux ayant souvent été indiquée comme très-accçs- soire, une confusion complète a du nécessairement en devenir la suite. On a été assez long-temps dans le doute au sujet du prétendu Tigre noir ( Felis mêlas) de Pérou, considéré par les uns comme simple variété accidentelle du Léopard , et que d’autres , à l’exem- ple de Pérou y ont regardé comme une espèce distincte. IVos voya- geurs viennent de mettre un terme à ces doutes : M. le professeur Reinwardt dit , et mon défunt ami Lubl assure , dains sa correspon- dance, que le Tigre noir n’est qti’uiïe variété noirâtre du Léopard. Cette circonstance est bien connue à Java, où les indigènes savent , par expérience, qù’ on trouve assez fréquemment dans le repaire du Léo- pard , des jeunes individus, l’un ^clieté comme la mère , l’autre noirâtre et pareil au prétendu des Catalogues méthodiques. Nous possédons à la ménagerie un Léopard noir pris jeune dans le repaire d’un couple de ces animaux, couvert de la robe jaunâtre. La robe du Léopard noirâtre est teinte de marron , ou couleur- bai très-foncé, distribuée par nuances plus ou moins sombres ou noirâtres ; cette couleur est répandue sur tout le pelage; le marron pur règne sur les parties inférieures du corps : au museau , aux deux faces des quati’e extrémités , et au bout de la queue ; un marron noirâtre, très-intense, est répandu sur toutes les parties supérieures du corps et de la queue, ainsi que sur le sommet de la tête et aux oreilles. Les taches distribuées sur cette fourrure sont d’un marron noirâtre aux parties inférieures et sur les quatre extrémités, et d’un noir profond sur le dessus du corps ; ces taches en rose, et celles dites pleines sont formées et distribuées de la même manière que sur les peaux ordinaires de Léopard. Les taches du dos et de la 98 MONOGRAPHIES queue sont peu distinctes 5 elles paraissent cependant, et sont bien marquées , lorsque les rayons du soleil éclairent cette robe. Les synonymes de cette variété se réduisent à des indications très- succintes. C’est le dixième des Chats dont parle M. Cuvier, Ann. du mus . , vol. i4, p . i 52. — Felis melxs. Cuv. , Regn. anim. , vol. ï , p . 161 . — JSouv. Dict. d’hist. naU , vol. 6 , p . io4 , où il est rangé avec les Chats de moyenne taille, appai’emment d’après l’individu l'apporté par Pérou , qui est jeune. — Panthère noire de Lamétherie, Journ. de physiq. , 33, pag. 45, avec une figure calquée sur celle de la Panthère de Buflfon, et noircie. Le muséum des Pays-Bas possède l’individu conservé à la Tour , à Londres, pro- bablement le même que M. de Lamétherie a vu. — C’est le Rimau- RUMBANG de Sumatra, indiqué par sir Stamford-Raffles dans les Transactions linne'ennes , vol. i ^, part . i , pag . afio. Patrie. Les pays habités par cette espèce sont le nord et le midi de l’Afrique, et probablement toute l’étendue de cette vaste partie du monde. L’Inde et les îles de la Sonde , Java et Sumatra. J’indique les pays mentionnés avec certitude , puisque j’ai reçu les dépouilles du Léopard de ces contrées ; ces peaux m’ont toutes fourni les memes caractères; tandis que les différences observées dans les dépouilles et sur les individus vivans de l’espèce suivante , ou de notre Panthère^ se sont trouvées constamment les mêmes. Le musée des Pays-Bas possède des individus d’âges différens, ainsi que le squelette envoyé de Java, accompagné de la peau du même individu , deux Léopards noirs et plusieurs crânes de cette variété. Le muséum de Paris possède plusieurs dépouilles de l’adulte , des squelettes et un Léopard noir, rapportés par feu Pérou : cet individu est jeune. Les Léopards du nord et du nàidi de l’Afrique ne diffèrent point entre eux; ils ressemblent, sous tous les rapports, aux indi- vidus de l’Inde et à ceux de Java. Les sujets du musée des Pays-Bas en fournissent la preuve. On voit, dans les galeries du musée de Paris, cinq individus mon- DE MAMMALOGIE. 99 tés de l’espèce du Félis léopard. Le, n“. aS.o, sous le nom de Panthère. , est un Léopax’d. FÉLIS TAmnmE-r- FELIS PARDUS ( Ljnn. Gstel.) (1). Taille des adultes moindre que le Le'opard, queue aussi longue que le corps et la tête, son extrémité aboutit à la pointe du museau ; la couleur du pelage d’un fauve jaunâtre foncé , celle de la partie intérieure a des taches en rose de la même teinte que le fond du pelage j les nombreuses taches très-rapprochées 5 celles en rose de 12 ou i4 lignes au plus en diamètre (2)5 28 vertèbres à la queue. Voyez le crâne réduit de moitié , pl. 9, figures 3 et 4 ? servant de moyen comparatoire pour constater la différence avec le Léo- pard , dont le crâne , également, réduit de moitié , est figuré sur cette planche. Dans le choix des deux crânes , celui dn Léopard a été figuré sur un sujet adulte , de taille moyenne , et ayant toutes les sutures bien prononcées. Le crâne de la Panthère , fig. 3 et 4 ? est d’un individu très-vieux , parvenu au iiiaximum du développement et à sutures à peu près oblitérées. Le ci’âne est au total plus long'et plus comprimé dans la Panthère que dans le Léopard. La ligne de la face est la même \ mais celle du crâne diffère. Les arcades zygo- matiques sont beaucoup plus écartées dans le premier que dans le second , et la face est plus obtuse dans le Léopard que dans la Panthère 5 le frontal est plus large et rectangle chez ce dernier , mais ses apophyses 'post-orbitaires sont moins fortes. Pelage bien foui'ni , de médiocre longueur ; la couleur du fond est d’un jaune d’ocre clair , mais tout le dessous du corps et de la queue , ainsi que les côtés du ventre , sont d’un blanc pur. Toutes les taches qui couvrent cette fourrure sont bien prononcées , très- (1) Il me paraît clair que Graelin a indiqué maPanthère dans son Felis pardus, car il dit expressément cm/iiae/ong-aia, caractère qui , parmi les espèces de grands Chats, convient exclusi- vement à celle décrite dans lé présent article. Les Javans lui donnent , ainsi qu’à l’espèce pré-^ cédente, le nom de Madjan toeloel , Tigre tacheté. (2) On ne peut énumérer, parmi les caractères existans, celui du nombre des rangées de taches , ni celui également vaj-iable pris du nombre des taches en roses par ligne transversale. lOO MONOGRAPHIES rapprochées les unes des autres , quoique séparées ; les taches en rose qui couvrent les flancs , une partie de l’omoplate et la croupe , sont Composées de trois ou quatre taches noires , for- mant un cercle imparfait qui ceint une tache jaune d’ocre , absolument de la même teinte que le fond du pelage 5 le haut du dos , la tête , le cou, les quatre extrémités, la queue et les parties inférieures du corps , sont couverts de grandes et de petites taches pleines , d’un noir profond et de forme ronde ou ovale ; les taches pleines du corps ne sont jamais en bandes, et les taches en roses des flancs n’ont jamais un plus grand diamètre que de 12 lignes ou de 1 4 lignes au plus, sur la face interne des jambes et à la partie inférieure du cou sont quelques bandes noires trans- versales , et , vers le bout de la queue , plusieurs grandes taches noires divisées par des cercles blancs très-étroits ; les oreilles sont aussi grandes que celles àn Léopard , rondes, noires à leur hase et d’un cendré blanchâtre au bout \ les rangées des moustaches sont blanches , elles prennent leur origine sur des lignes noires , disposées transversalement sur les lèvres. Longueur totale adultes, 5 pieds, si ou 4 pouces, sur la- quelle la queue porte 2 pieds 8 pouces distance du bord anté- riéur des yeux à la pointe du nez , 2 pouces 5 lignes 5 hauteur , étant sur les jambes, 16 à 17 pouces. Dimensions; prises sur deux individus morts dans la ménagerie et sur des peaux. Synonymie. Je n’en connais point d’exactes, ‘Les naturalistes qui ont parlé des grands Chats emploient les noms àé Panthère , Par- dalis , et vraie Panthère, - sans indiquer cette vraie de manière à ne pouvoir confondre l’espèce ayec celle du Léopard. M. G. Cuvier, dans soü mémoire , Recherches sur les grands Chats (1) , n’a point atteint ce but. Dans les nouvelles notices pu- bliées par ce savant , en tête du mémoire qui traite des ossemens fossiles des grands Chats, je ne trouve point notées les réflexions que je communiquai dans le temps à M. Cuvier sur l’identité des deux • (0 Annales du Muséum, vol. i!^,pag. i48, citées égaleinej|t à l’article du Léopard. DE MAMMALOGIE. lOI Chats indiqués par lui sous les noms de Léopard et de Panthère. Le crâne d’une de mes Panthères , qui avait vécu plusieurs années dans la ménagerie, a été soumis à l’examen de M. Cuvier, qui l’a reconnu pour espèce distincte de celles qu’il indique. A juger par les planches de Sclireher, Saught loi , C, j’aurais été enclin à voir dans ce Chat ma vraie Panthère ; la pose , son peu d’é- lévation sur jambes , et la lougue queue^ me font croire que cette li- gure, toute mauvaise qu’elle est, reposesur le dessin d’une Panthère. Mais ce Felis chalyheata de Hermann devi’ait être retrouvé à Stras- bourg, où cependant il n’existe point , ce dont je me suis assuré sur les lieux. Croire, avec M. F. Cuvier (voyez mémoire sur les grands Chats, ^/7n. du mus., ), que cette figure ait été faite sur un Serval, ce serait porter au dessinateur et à la mémoire du pro- fesseur Hermann un soupçon de mauvaise foi trop décidé. J’en dis autant du Felis guttata , de Hermann , Schreb. , tab. îo5. B, que l’on dit avoir été faite sur une jeune Panthère, tandis que j’y vois une figure passablement bien rendue du Guépard ( Felis jubata ). Voyez cet article. Patrie. Deux individus vi vans nous ont été envoyés de Java; un assez grand nombre de peaux, plus ou moins mutilées, nous arri- vent de cette contrée. J’en ai vu qui avaient été envoyées du Beogale, et on assure que l’espèce vit aussi à Sumatra. Il est certain que je n’en ai jamais vu dans les cargaisons nombreuses de peaux de vrais Léopards d’Afrique , et que les peaux de de Java «et de l’Inde ari’ivent par le commerce, en- bien plus grande quantité que celles de la PûfniAè/’e, qui est toujours plus rare. Le musée des. Pays-bas possède deux beaux individus montés , et deux squelettes d’adulte ; l’un de ces squelettes est d’un individu qui a vécu pendant dix ans dans une ménagerie ambulante. Les Tigres étiquetés dans le musée de Paris, sous le nom de Panthère, sont tous des Léopards ; il n’existe point aujourd’hui de peau montée de' la vraie Panthère dans cet établissement , et je n’ai pas vu de sque- lette de ce carnassier dans le cabinet d’anatomie. 103 MONOGRAPHIES FÉLIS LONGIBANDE(.). MJ CROC ELIS. Taille moindre que la Panthère de ce mémoire ( Felis pardua ) de Java; queue de la longueur du corps et une partie du cpu; Vexti-é- mité de cette queue aboutit à la nuque ; tête petite , obtuse ; plus de noir à la robe que dans les autres espèces. Dea tachés longitudinales sur toute l’étendue des flancs et du cou. Six. bandes d’un noir profond , dont deux sont très-longues , cou- vrent toute la partie supérieure et les côtés du cou : ces deux bandes ont leur limite vers les épaules, où elles sont terminées en demi- cercle. De grandes taches pleines, d’un noir parfait, -couvrent la ré- gion des omoplates; suV- la face externe des pieds antérieurs sont trois grandes taches , exactement encadrées par une bande noire ; l’in- térieur de ces grandes taches est d’unn teinte fauve , marquée de zigzags noirs et de petites taches, très-irrégulières; le long de l’épine et à la croupe sont des bandes longitudinales très-rapprochées qui s’étendent de l’omoplate à l’origine de la queue; on voit aux cuisses un petit nombre de. taches en rosaces imparfaites, dont le centré est marqué d’une où, plus rarement, de plusieurs petites taches noires; toutes les autres taches des quatre membres et des parties inférieures sont d’un noir plein; elles se trouvent disposées sur un pelage fauve-jaunâtre, et cette teinte existe aussi entre les gi-andes taches des épaules et les bandes longitudinales du dos, séparées en- tre elles par des intervalles très-étroits ; la tête est marquée de taches pleines. La queue est très- irrégulièrement marquée de taches pleines d’un brun noirâtre, séparées par des intervalles très-étroits d’un fauve- jaunâtre ; toute cette partie est couverte de taches , et n’a pas les anneaux dont la queue du plus grand nombre des Tigres est ter- minée. Longueur totale , 5 pieds 6 pouces , dont la queue porte i pieds 6 pouces. (i) Soa nom, en langue malaye, à Sumatra, est, selon M. Raffles, Arimau dahan ; M. Râffles écrit Riman , mais c’est une faute d’orthographe. - ' ■ DE MAMMÀLOGIE. ro5 Patrie. Cette espèce est indiquée très-succinctement par M. Raf- fles, dans le catalogue des mammifères de Sumatra , Transact. linn. society , vol. i3 , pag. 25o. Il y est dit que ce Tigre porte, chez les Malais, le nom de Riman clalian; qu’il est à peu près de la taille du Léopard, mais que la couleur de sa robe est plus foncée, et que les taches sont moins iegulières. Il griinpe aux arbres à la poursuite des oiseaux , dont il fait Sa nourriture. Les naturels rapportent qu’il dort dans l’enfourchure des grandes branches. On le trouve aussi à Bor- néo, où les Daiakkers , peuplade sauvage et sanguinaire de cet île, em- ploient sa peau pour en faire des jacquettes, dont ils garnissent les bords de plusieurs rangs de coquillages blancs (i). Une peau à la- quelle il manque les pieds et tout le crâne a été envoyée de Siam, ce qui prouve l’existence de cette espèce sur le continent de l’Inde. Serait-ce la même espèce que celle indiquée par M. Cuvier, Osseni. foss . , tom. 4 ? p^g’ 4^7 7 6t envoyée par M. Diard ? S’il en est ainsi , on s’est trompé en indiquant, l’île -de Java pour demeure. Notre Tigre longibanâe ne se trouve pas à Java. Je n’ai vu jusqu’ici qu’une peau non mutilée ou endommagée. On ne voit point de sujet complet monté dans les musées. Les' peaux plus ou moins endommagées font partie des musées des Pays-Bas, de Paris et de la compagnie des Indes, à Londres. FÉLIS SERVAL ( 2 ). — FEUS- SERVAL et CAPENSIS. Les adultes de forte taille sont à peu près de la grandeur de la Panthère (Felis pardus). .On en voit plus souvent de taille riioins forte. Queue médiocre , plus de la moitié moins longue que tout l’a- nimal ; les oreilles grandes, pointues, rayées de noir et de blanc; quatre bandes sur la nuque et cinq entre les épaules. Toutes les taches pleines et d’un noir profond. (1) Nous avons reçu plusieurs vêtemens des Daiakkers, et un grand nombre de leurs'us- tensiles et ornemens. La peau, de ce. Tigre paraît leur servir de vêtement principal. ^ (2) C’est ‘le Tjger-bosch-kat'dçs co\oiis du cap de Bonne-Espérance; le Chal-ligra des fourreurs. io4 MONOGRAPHIES Le pelage est gënëralement long et touffu ; des poils très-longs couvrent les flancs , l’intërieur des quatre extrëmitës et la base de la queue. La couleur des parties supërieures èst d’un jaune d’ocre plus foncë le long de l’ëpine qu’ailleurs 5 toutes les parties infë- rieures et l’intërieur des membres sont d’un blanc pur. Les taches de la nuque et du bas sont longitudinales , et celles du ventre et des jambes plus ou moins arrondies. A la face intërjeure des pieds de devant sont deux grandes plaques noires qui forment des bandes transversales. La bande latërale delà, nuque forme un croissant, dont les extrëmitës sont tournëes en dehors ; mais la bande aux ëpaules forme le croissant en sens inverse 5 la queue porte le plus souvent Sept anneaux noirs , quelquefois huit , et le bout est ëgale- ment terminë de noir. Les jeunes individus ont le pelage plus long et moins rëgulièrement marquë que l’adulte. Les taches sont aussi plus ëcartëes. * Longueur totale d’un individ.u de forte taille environ 4 pieds j queue , i 3 pouces 6 lignes longueur des oreilles, 2 pouces 6 lignes; hauteur au garrot i 5 pouces. J’ai vu des individus adultes ,' dont la longueur totale n’excëdait point 3 pieds. Synonymie. Félis serval et capetxsis. Linn. ,Gmel. , Syst. , pag. 81, sp. 16 eAi 4 . — Feus cAPENsis , , Cimelia phys. , 'tab. figure grossièrement enluminëe , la tête de grandeur natu- relle très-exacte.— Thunb. , Méin. de Pétersb. , vol. 3 . — G est bien certainement le Chat-Pard de MM. de l’Acadëmie. Perrault, pag. 82, tab. i 4 > — Le Serval. F. Cuv., Ménag. du Mus., par Maréchal, figui’e parfaite.- — Buff., Quadrl, vol. 3 , pog. 4 o 5 ,, tab. 38 , — Schreb. , , eo/. 3 , pag. l^àS, t'ab. 108, copiée sur celle de Buffon , et enluminée d’après la description. — Gëoff. , Catalog. , mam., pog. 118. — Le Serval. F. Cuv. , Hist. nat. .des mamm. , un portrait fidèle. — Les descriptions àn Félis serval , Chat-pard *et Félis du Cap de Y Encyclopédie reposent sur des notices plus ou moins exactes du Serval d’Afrique ; celle du Felis capensis est fondée MONOGRAPHIES 106 FÉLIS CERVIER {i). — FELIS CERFARIA. Taille à peu près du Loup ( Canis lupus ) ; queue plus longue que la tête , plus mince à la pointe qu’à la base , terminée par un grand espace noir; moustaches labiales , d’un blanc pur, depuis la base jusqu’à la pointe; pinceaux des oreilles très-courts ou nuis; des favoris de longueur médiocre aux joues ; museau un peu allongé. Je n’ai pas trouvé d’occasion pour établir une comparaison entre le crâne de cette espèce et celui de l’espèce suivante ; il est même rare de trouver des peaux qui ont encore une portion des mâchoires. La différence dans la longueur du museau fait préjuger une légère dis- parité dans la forme totale des crânes. Pelage très-long , très-touffu , particulièrement aux jambes et à la plante des pieds ; fournu’e très-fine et soyeuse, couverte, dans le premier âge, de taches brunes et noires , et dans l’adulte, de grandes et de petites taches d’un noir parfait. • ' Les poils très-fins et soyeux du dos sont à peu près longs de deux pouces ; leur base est d’un gris très-clair, le milieu d’uii beau roux clair , et la pointe , d’un blanc grisâtre-argentin ; les taches noires , dont la robe est couverte , sont tigrées de roussâtre à la base , avec la longue pointe d’un noir parfait. Cette distribution donne à la robe un£ teinte de gris-roussâtre lüstré , marqué de ta- ches- rondes et un peu oblongues d’un noir parfait. Les favoris sont blanchâtres , marqués d’une grande tache noire formée par un large pinceau de poils noirs placé au milieu des poils blancs ; une bande noire, demi-circulaire, part de l’angle postérieur de l’œil, et se di- rige sur les joues; un Cercle noir entoure les yeux, et une tache noire couvre la région lacrymale; les taches noires du dos sont un (t) Getté belle et précieuse fourrure «sc connue dans le commerce sous le nom de Loup cervier, ou iyriar moscovite; elle arrive par petites cargaisons des marchés de Moscou , et le commerce de' cette ville les reçoit, dit-on, du .fond de l’Asie. Les peaux de l’adulte à taches très-noires, sont du prix de 100 à 1^0 et i 3 o francs; le plus bas taux des peaux de qualité moyenne est de 80 francs. DE MAMMALOGIE. »o; peu oblongues , et séparées par de grands intervalles ÿ elles sont rap- prochées sur les flancs , et plus encoi’e à la face externe des mem- bres, où leur forme est arrondie. La région du tibia et la face interne des membres n’ont point de taches \ la base de la queue a quelques taches transversales , et la petite moitié vers le bout est totalement d’un noir parfait 5 le devant du cou, la poitrine et le ventre sçnt couverts d’un poil très-long et blanc. L’oi'eille est peinte à sa face extenié par une bande noire fox’mant un angle, à l’extrémité duquel naît le petit pinceau très-grêle du bout de l’oreille. Tel est l|jSignalemént de la robe des individus à l’état adulte. Les jeunes , de taille environ moitié moindre que l’adulte , ont un pe-, lage blanc-jaunâtre sale , marqué de petites bandes plus longues que larges , d’un jaunâtre un peu plus foncé que le fond du pelage j ces bandes, plus ou. moins distinctes, sont encadrées par du brun noi- râtre. La face externe des .membres est marquée de taches brunes, de forme arrondie. Toutes les_ autres parties sont colorées comme chez l’adulte; mais la robe est toujours- plus jaunâtre et plus irrégu- lièrement variée. Les peaux d’individus, dans le passage d’une livrée à l’autre , sont marquées d’un plus grand nombre de taches d’un bnin- noirâtre; ces taches sont quelquefois irrégulièrement dessinées, et plus ou moins réunies; les bandes transversales de la queue sont brunes. La robe des vieux individus est à peu près peinte de la même manière que celle du Félis serval du Cap , avec cétte différence , que les taches noires, chez ce dernier, sont placées sur un fond jaune-roussâtre , et chez notre Félis cervier sur un fond gris-argen- tin. La fourrure da l’adulte est de toute beauté. L’adulte porte , en longueur totale , 3 pieds 4 ou 8 pouces ; la queue seule prend 7 ou 9 pouces ; hauteur au garrot , 2 pieds 6 ou 7 pouces; distance du bord antérieur des yeux à la pointe du nez, un peu plus de 2 pouces. J’ai vu des peaux dont les dimensions sont un peu plus fortes, et un grand nombre à dimensions moins grandes ; ces dernières n’ont point les taches d’un noir plein, et leur pelage est plus varié. Les jeunes , au terme moyen de l’âge , n’ont guère plus de 2 pieds 4 ou 6 pouces en longueur totale. io8 MONOGRAPHIES Synonymie. Je n’en connais point qu’on puisse en toute assurance citer à cet article. Le Kattlo (i) des Suédois pourrait bien être notre espèce , et il serait possible qu’elle ait été vue et tuée en Suède ; mais il est certain que l’espèce n’y est pas très-nombreuse , puisqu’on ne voit point les peaux de ce Félis dans les cargaisons que le commerce reçoit des ports de la Baltique. La fourrure du Ijoup-cervier exportée de Suède consiste en peaux de Lj-nor ordinaire et eii peaux de Lynx polaire. Lès descriptions fournies du Lynx du Canada des auteurs n’ ont rien de bien caractéristique 5 les dia- gnoses sont vagues; on n’a pas été soigneux à détenmner, d’une manière .précise , l’origine des individus/ et le nom de Lynx du Canada peut avoir été donné à un sujet venant de Suèd^, ou fourni par le commerce avec la Russie. Le Lynx du figuré par Buffon , me semble ^ d’après la planche eü noir, un individu, âge moyen , de mon Félis polaire. Je n’ai pas retrouvé dans les ga- leries du Jardin du Roi , à Paris , le sujet qui a servi à cette plan- che des œuvres de. Buffon , ce qui me met dans l’impossibilité de décider la question. Les descriptions laissent matière au doute *, on n’a pas eu égard à la nature du pelage, à la couleur du îeutre, à la forme de la tête, aux proportions relatives de la queue, enfin, à la manière dont l’extrême pointe est terminée et colorée. Les moyens de vérifier les différepees , ou de constate!* l’identité, n’existant plus , nous restons dans le doute s’il faut réunir le Lynx du Ca- nada des auteurs à l’espèce suivante ou bien à celle-ci. J’opinerais pour la réunion avec mon Félis polaire. , si l’expérience ne m’a- vait prouvé trop souvent le peu de confiance qu’il faut ajouter aux indications de patrie chez les auteurs du siècle passé. Il serait possible que Pontoppidan indiquât cette espèce dans le Lynx qu’il décrit, d’ un blanc gris , clairsemé de taches foncées. L’espèce , suivant Buffon , serait répandue , non-seulement en Eu- rope , mais dans toutes les provinces du nord de l’Asie. Ce pou- rait être, suivant \ Histoire générale des Voyages, le Félis ap- (i) Corpore albido, maculis nigris, Linn. , Faun. suec. , Retz. , Faun. suec.;pag. i8. Iio MONOGRAPHIES rure moins fine et plus rijde que dans l’espèce pre'cédente; tout le pelage onde sans aucune tache distincte. Les poils du dos à peu près longs d’un pouce et demi 5 ils sont d’un brun fonce depuis la base jusqu’aux trois quarts de leur longueur , et leur pointe est annelée de gris et de brun 5, la fourrure des flancs est grise à la base, rousse au milieu , et blanchâtre à la pointe. Cette distribution donne à la robe une teinte grise , ondée de brun sur le dos et de blanc-roussâtre au ventre. On ne voit aucune tache dis- tincte sur la robe des jeunes ni sur Celle des vieux ; la réunion des bouts noirs des ^oils du dos forme , sur cette partie , une bande plus ou moins interrompue et ondée qui suit la ligne moyenne de l’épine dorsale. Les pieds , et partic.ulièi’ement la plante , sont abon- damment garnis d’uu pelage très-touffu. La queue est d’un roux blanchâtre ondé, sans taches ni bandes; elle est comme tronquée au bout , et l’extrême pointe, obtusC est couverte d’une rosace noire ; les oreilles sont bordées de noir et terminées par des pinceaux d’un pouce et demi en longueur ^ les favoris aux joues sont longs et mar- qués d’une grande tache noii’e ; les poils de ces favoris ont trois pouces; ils pendent de chaque côté delà mâchoire inférieure. La poitrine, le ventre et la face interne des membres sont d’un blanc terne. On voit des individus nuancés par ondes cendrées et fauves, blanchâtres et rousses , ou blanchâtres ondés de brun , le tout suivant la longueur des poils annelés vers leur pointe de ces couleurs , et sui- vant que leur base, brune ou rousse, est plus ou moins à découvert. Longueur totale de l’adulte, 2 pieds 7, 8 ou 9 pouces; la queue seule porte 5 pouces ; distance du bord antérieur des yeux à la pointe du nez, i pouce 6 lignes. Je n’ai jamais vu des individus de 3 pieds. Synonymie. Il me paraît que c’est en premier lieu le Chat du Canada, indiqué par M. Geoffroy, Cdtal. des Mamm. , pag. 120 , esp. S , sur des sujets du musée de Paris, n". 258 et 25g. — Il est probable que l’article additionnel de Buffon a rapport à ce Félis. ÎVous avons discuté, à l’article du Félis cervier, la figure, tab, 44 > DE MAMMALOGIE. iii qui accompagne cette description : c’est Lien certainement le Lynx du Canada de M. Cuvier, Ossem. foss . , nouv. édit., vol., l\, pag. 443 ; mais je ne partage pas son opinion au sujet du Ijynx du Missis- sipi , Suppl. , vol. 7 , pl. 53 , que nous réunissons avec le Felis rufa. Les diagnoses placées en tête de nos descriptions peuvent servir de moyen pour reconnaître, au premier coup d’œil, les dépouilles des espèces dont le signalement a été fourni d’après l’examen de plusieurs centaines de peaux. Patrie. Les contrées polaires des deux niondes. Le commerce re- çoit des cargaisons très-fortes des ports des États-Unis. L’Angle- terre tire cette pelleterie des factoreries de là Laie de Hudson. La Suède en expédie un grand nOmLre dans lés marcLés dés contrées méridionales de l’Europe; elles passent par cLargemens en CLine. Cette fourrure est Lien moins estimée que ceWe ào. Félis cervier. Les peaux les plus estimées du Félis polaire ont une teinte cendrée , légèrement ileuâtre, et sans aucune tacLe distincte sur la roLe ; celles d’un prix très-élevé de l’espèce du Félis cervier sont d’im gris Liane faiLlement teint de rose, couvert d’un lustre Lrillant, et par- semé de grandes et de petites tacLes d’un noir parfait. On voit des sujets du Félis polaire dans lés niusées des Pays- Bas, de Paris et de Vienne. ■ FÉLIS LYNX (1). — FÆAZS ZFiVX . • Corps |ros, assez élevé sur les jamLes, qui sont, très-fortes ; tête grosse, arrondie; oreilles pointues, terminéés par un pinceau de longs poils. Queue de la longueur de la tête , sa petite moitié , vers leLout, entièrement noire; quatre ou cinq petites Landes ondées (i) J’ai dit, à l'article du Félis baiâes États-Unis de l’Amérique , que'Ies peaux de Lynx , de quelque espèce qu’ils puissent être, portent, en terme de pelleterie, le nom de fourrure de Loup-cervier , du nom latin Lupus cervarius , donné par Pline à l’espèce vulgaire ou à notre Ljnx , répandu autrefois dans toute l’Europe , aujourd’hui refoulé, par suite de la ci- 11^ MONOGllAPHlES. sur les joues 5 moustaches labiales blanches, placées sur quatre ou ■ cinq raies noires. Point de petite molaire antérieure ou fausse mo- laire à la mâchoire. Pelage court en été, un peu plus long en hiver, également fourré sur toutes les parties du corps ^ la plante des pieds dégarnie , et les doigts pourvus d’une fourrure courte; des pinceaux noirs aux oreilles. Robe généralement d’un roussâtre foncé , marquée sur les flancs de petites mèches ou taches oblongues d’un roux brun , et sur les membres de petites taches rondes de cette couleur; toutes les par- ties inférieures et la face interne des membres blanches : toutes ces parties marquées de petites mèches noirâtres, peu distinctes. Oreilles extérieurement noires , mais couvertes d’un espace angulaire coloi’é de cendré lustré ; yeux entourés d’un cercle blanchâtre , avec une tache blanche, longitudinale au-dessus des yeux, et se dirigeant de chaque côté sut le chanfrein. Jamais de bande noire sur la ligne moyenne du dos. Pelage d’été court ; les poils bruns à la base , et d’un roux vif à la pointe ; le pelage d’hiver est plus long ; tous les poils ont leur pointe extrême colorée <16 blanchâtre ; les poils soyeux , plus nombi-eux et plus longs dans cette saison font que la fourrure hivernale est co- lorée d’un roux cendré ou blanchâtre qui fait place en été à un roux plus décidé et mieux marqué de taches brunes. Ce change- ment dans la couleur de la robe du Lynx et de tous les Félis des contrées tempéi’ées et boréales du globe, est produit par la chute d’une partie des poils soyeux, et par l’action de l’air et du jour joint à l’usure que le frottement opère sur le bout des poils. Les variétés sont rai-es ; on en remarque cependant quelques-unes parmi les grandes cargaisons de peaux en circulation dans le com- merce ; la plus remarquable est celle que je dois attribuer à la ma- vilisation, dans les parties encore boisées èt mon tueuses des contrées Tes moins peuplées de notre Europe. Quoique toutes les fourrures de soi-disant Lou/j cervier se trouvent réunies souS une même dénomination , . on fait cependant dans le commerce une distinction très-marquée entre ces fourrures, et le prix courant de cette denrée varie suivant les espèces et selon la localité dont elles sont originaires. Les peaux de Lynx ordinaire valent de 5 à i5 et 20 francs. DE MAMMALOGIE. ii3 laclie albinos. On trouve, quoique très-rarement, des peaux d’un roux blanchâtre très-clair, marque de taches rousses •, le bout de la queue, la face externe des oreilles et les pinceaux d’une teinte brune roussâtre , et toutes les parties inférieures d’un, blanc jaunâtre j les peaux à fourrure sombre, et tirant au brun ti’ès- foncé , ou cou- leur mêlas des Félls léopard , once ^ et panthère , sont moins communes. Les jeunes ont un pelage plus long et moins lisse que les vieux 5 leur robe est un peu plus ondée et moins rousse, et les moustaches labiales sont le plus souvent mi-partie noir et blanc. Les peaux de Lynx que le commerce reçoit de la Russie sont plus estimées que celles provenant des contrées orientales de l’Europe; la fourrure des premiers est plus fine , plus longue , et le feutré plus serré et plus abondant; la teinte de la robe d’hiver est d’un roux blanchâtre trés-lustré. Les dimensions de l’adulte sont , longueur totale , 3 pieds 2 ou 3 pouces; queue, 7 pouces 4 ou 6 lignes; hauteur au garrot, i pied 4 pouces 6 lignes ; distance du bord antérieui’ des yeux à la pointe du nez , i pouce 9 lignes. Les individus de la plus grande taille ont jusqu’à 3 pieds 6 pouces , et la queue , de 9 pouces. On en voit aussi de 2 pieds 6 pouces. Synonymie. Félis lynx, Linh. (i), Gmel., Retz., Faun. siiec . , pag. 1'] ,sp. 12. — Schreb. , Saugth., vol. 3 , pag. 4 o 8 , tab. log; figure calquée sur celle des œuvres de Buffon, et enluminée de la manière la plus incorrecte , peut-être d’après un individu du Félis polaire , dont la figure citée fournit quelques indices par sa teinte généralement cendrée. — Le Lynx , Buff. , Hist. nat . , tom. 9, pl. 21. — Encyclop. mamm., pag. 223 , tab. 97 j 3 , autre calque de la fi- gure des œuvres de Buffon. — • Cuv., Ossem. foss. , vol. 4 , pag. 44 t ? les deux derniers paragraphes. — Der Gemeine lùchs. Bechstein , Naturg-Deutschl . , pag. 678 ; mais sous le faux nom de Roihluchs , dénomination sous laquelle on connaît en Allemagne la fourrure (i) Mais point le Félis iQfnx des anciens ; car leur Chat , sous ce nom , est notre Caracal, Félis caracal des modernes. ' T. I. ,5 ii4 MONOGRAPHIES du F élis hay des Etats-Unis d’Amérique, espèce américaine que Bechstein a pu croire d’origine européenne , mais qu’on n’a jamais vue dans nos contrées. Les noms de Katzenliiçhs ou Kalberluehs , sont des termes de fourreurs par lesquels ils désignent les assortimens des peaux de Lynx ordinaire dans les états différens de l’âge. C’est d’api’ès Retz, Fcuin. siiec , le FF arglo des Suédois (r). Nilson dis- tingue deux espèces , l’une sous le nom de FFar^lokalten qu’il rap- porte au Lynx , l’autre sôus le nom de Kaitlo-ganse ; mais les indi- cations sont trop vagues pour servir de moyen comparatoii’e; il pa- l'aît anssi que ces courtes diagnoses de Wilson ont été établies sur des sujets d’âge très-différent : le premier est bien certainement nn sujet très- vieux j le second paraît avoir été basé sur l’inspection d’un jeune sujet. Nous remarquons que, pour émetti’e un jugement critique sur les espèces vivantes des .genres Félis et Canis^ W faut préalable- ment établir des recbercbes dans les magasins de pelleteries , avoir vu des milliers de dépouilles de toutes les parties du globe et de dif- férentes contrées d’un pays, et vérifier le résultat de toutes ces re- cherches sur les sujets déposés dans les collections d’bistoire natu- l'elle. Sur ce plan a été basé le inémoii’e que j’offre aujourd’hui au public ; et j’ai quelque espoir d’avoir l’éussi à fixer la détermination si difficile à établir dans les espèces de Lynx ou Loups cerviers. La comparaison du crâne des quatre espèces, que je reconnais dans l’an- cien continent , manque encore comme moyen propre à donner à ces recherches un degré de précision plus satisfaisant. Mes quatre espèces déterminées par des diagnoses soumises à des obsei^ations soutent répétées, ont été confondues jusqu’ici sous le nom de Lynx ou de Loup cervier. Les deux premières peuvent avoir été rangées sous l’article confus et embrouillé du Lynx du Canada. Ces quatre espèces de l’ancien continent sont désignées, dans cette monographie, sous les noms de Felis cervaria, horealis^ lynx et pardina. Les deux premières espèces sont confinées dans les limites (q Mais point leur Kattlo , corpore albido maculis nigris , que je crois être mon Félis ce/vier, dénomination qui peut faire soupçonner l’existence de notre cervier en Suède, cè dont je n’ai pu obtenir une preuve certaine! DE M AMMALOGIE. 1 1 ^ du cercle arctique^ la seconde vit dans les deux continens (i). La première est provisoirement^ pour moi, une espèce du nord de l’Asie ; la troisième est répandue dans les contrées septentrionales et tempérées ^ l’Europe et de l’Asie 5 la quatrième se trouve seulement dans les pays chauds de l’Eurojîe , et peut-être dans quelques par- ties de l’Asie. Le Félis hay, confondu quelquefois sous la laibrique de Loup cervier, est une cinquième espèce confinée dans les limites des régions tempérée's de l’Amérique septentrionale 5 elle paraît vi- vre en deçà du cercle polaire arctique. Patrie. Le Lynx ordinaire était autrefois plus répan (3j L’espèce. de cet article sert de preuve nouvelle pour constater ce que nous avançons; elle ne se trouve point exclusiverqent à l'île de Java , mais aussi dans celle de Sumatra. i33 DE MAMMALOGIE. ainsi , mais la crainte de donner matière au malentendu et d'em- brouiller la classification par la multiplicité des noms , m’a fait adopter ces indications de pays pour toutes les espèces inscrites dans les systèmes. Le nom de Chat servalin dont j’ai fait choix pour cette espèce, lui a été donné vu sa ressemblance, quoique en dimi- nutif, avec le Serçal d’Afrique. Synonymie. Celle-ci se borne au nom de Felis javanensis , Horsf. , Zool. Researc. in Java , numb. i , avec une figure qui donne une fausse idée de la pose de l’animal ; l’enluminure en est peu exacte. Le même auteur en fait un double emploi dans l’ou- vrage cité, numb. 2, sous le nom de Felis sumatra?ia, figure par- faite de l’adulte , bien dessinée et exactement enluminée. J’ai vu à Londres les deux sujets sur lesquels reposent ces figures 5 douze dépouilles reçues de nos voyageurs , deux individus vivans , et les sujets du musée de Paris servent à prouver l’identité de ces deux espèces nominales. Felis javanicus , Cuv. , Annal, du Musée ^ vol. i4j P^g' 1^9 i n”. 26, avec une notice très-succincte. Peut-on rapporter provisoirement à cette espèce les indications du Bengal-cat de Penn., Quad., tom. i, pag. 292, et Shaw, Gen. Zool., vol. i, part. i,pag. 36 1 ? — Felis undata, Encycl. marnai. , repose sur une donnée vague de ce Chat , rapporté de Java par M. Lescbenault. Ce n’est point le Chat sauvage du Japon de Vosmaer, tab. i 3 . Patrie. Les îles de Java et de Sumatra. Dans celle de Java on connaît l’espèce sous le nom de Kuwuk. Elle se nourrit principa- lement d’oiseaux ; mais , dans la disette , elle se jette aussi sur les charognes. En suivant les indications de Pennant et Shaw , on peut en induire que l’espèce vit aussi au Bengale ; je n’en saurais donner la garantie : du temps de Pennant on s’embarrassait peu de connaîti-e au plus juste la patrie des animaux , et l’ouvrage de Shaw est la plus servile compilation qu’on connaisse. L’existence de cette es- pèce dans l’Inde n’est pas constatée : la patrie a pu être mal indiquée. i34 MONOGRAPHIES Le musee des Pays-Bas possède une belle série de ce Félis , en individus montés et en squelettes. Les sujets du musée de Paris ont été rapportés de Java par MM. Leschenault, Milbert et Diard. Musée de la Compagnie des Indes à Londres et musée de Vienne. DEUXIÈME SECTION. COMPOSÉE DES FÉLIS DU NOUVEAU MONDE. FÉLIS COUGUAR ou PUMA (?). — CONCOLOR etDISCOLOR. Taille environ d’un tiers moindre que le Lion, ou de celle d’une petite Lionne ^ membres plus grêles ; tête ronde, museau un peu obtus et large; queue moitié longueur du corps et de la tête , sans flocon à son extrémité 5 point de crinière ; pelage mai-qué de grandes tacbes pleines , peu distinctes, et qui se voient sous certains jours 5 ils disparaissent avec l’àge. Pelage doux très-serré sur le corps et aux membres , roussâtre ou mélangé de roux et de noirâtre , avec des taches pleines d’un roussâtre un peu plus foncé , qui se distinguent difficilement. Toutes les parties supérieures d’un toux sombre , qui résulte de poils roux à bout noir, et qui est plus foncé sur le dos , la tête et le dessus de la queue , que sur les cotés ; le ventre est d’un roux pâle j la poitrine , la face interne des cuisses et des jambes sont d’un blanc roussâtre j la mâchoire inférieure et la gorge entièrement blanches. L’intérieur de l’oreille est blanchâtre et l’extérieur noir ; excepté le petit lobule externe , qui est gris roussâtre ; il y a beaucoup de gris dans les poils de la tête ; les moustaches sont blanches , et elles naissent d’un espace noirâtre j le bout de la queue est noirâtre. Les taches rondes , plus ou moins grandes et plus ou moins distinctes , selon l’âge des individus , existent en plus grand nombre aux cuisses que sur les autres parties du corps , où elles (i) C’est le Cuguacuarana des Brasiliens, selon Marcgrave, et le Gouazouçtra An Paraguay, selon d’Azara. Aussi Yagouapila ou Yagouati. DE MAMMALOGIE. i35 sont moins rapprochées. Les sexes ne se distinguent point par leur robe. Longueur totale des adultes , 5 pieds 2 ou 5 pouces , rarement 5 pieds I la queue a le plus souvent i pied 8 ou 10 pouces, rarement 3 pieds. Synonymie. Felis concolor et discolor , Linn. , Gmel. , Syst. i , 9 ei 12. Le Couguar , Buff. , Quadrup., vol. 9, tab. 5g, figure exacte, mal rendue dans l’enluminure, parSchreber, Saugtii. vol. 3 , tab. io 4 j qui l’a recouverte d’une couleur beaucoup trop sombre. Le Feus discolor du même compilateur, tab. 101, b., acte calqué sur la figure publiée par Pennant , sous le nom de Black-tiger , vol. i , tab. 58 : cette figure de Schreber, enluminée d’après la description , ressemble un peu plus au Couguar que la précédente. Ce Chat est parfaitement peint dans les Mammifères publiés par MM. Geoffroy et F. Cuvier, sous ce même nom de Cou- guar femelle. — Couguar de Pensylvainie et Couguar noir. Buff., supp. 3 , pl. [\x et pl. 42. Gouazouara d’Azara. Quadrup. du Paraguay , vol. i , pag. i 33 . Voyez encore aux articles Couguar, Cuv., Annal, du Mus. 3 vol. i 4 , prtg. — Id. , Regn. Anini., vol. I , pag. 16 1 , et Noiiv. Dict. d’Hist. Nat . , vol. 6, pag. 90. Patrie. L’eSpèce paraît répandue dans toutes les contrées des deux Amériques , elle est plus commune dans lesparties méi’idionales. On est parvenu à faire disparaître ce Chat des pays civilisés , sa pré- sence dans les contrées peuplées devient de plus en plus rare. 11 se cache dans les broussailfcs sans fréquenter les cavernes , comme le Jaguar. Il grimpe aux arbres et n’attaque point l’homme son naturel est timide 5 mais on le dit féroce et cruel dans ses rapines contre le menu bétail et les jeunes animaux , sur lesquels sa féro- cité sanguinaire exerce le plus de ravages ; il tue sans besoin pressant de la faim , et dans le seul but de lécher et de s’abreuver du sang des victimes. C’est , selon d’Azara , un carnacier des champs , tandis que le Jaguar habite les forêts. 3G MONOGRAPHIES M. G. Cuvier analyse de la manière la plus lumineuse , les emplois multipliés du Couguar ou Puma ^ nous renvoyons à son texte , Ossemeus fossiles, nouv. édit., tom. I\, pag. 4ii et suivantes. Le musée de Paris possède une belle série de Couguars montés et eu squelettes nous possédons une femelle adulte dans celui des Pays-Bas , et le musée de Vienne un mâle. FÉLIS JAGUAR (i). — FELIS ON CA. Taille d’une petite lionne , mais plus bas sur jambes ; proportions épaisses et lourdes; queue moitié longueur du corps et de la tète; formes trapues ; museau obtus ; couleur du pelage jaunâtre clair ; les taches bordées ou en œil très-grandes , distantes dans le mâle , plus rapprochées chez la femelle ; toutes, ou bien le plus grand nombre, marquées à leur centre d’une petite tache noire; le bout de la queue noir. Voyez le crâne, Cuv. , Ossem. fos. , nouv. édit., tom. 4 J pL 34 3 , 4 J les figures, 7 et 8 sont d’un Jaguar noir, probablement plus jeune. Pelage court , serré, un peu plus long aux parties inférieures. Tout le fond du pelage est jaunâtre , teint de fauve clair ; des taches noires, pleines et de formes variées couvrent la tête , les membres , la queue et les parties inférieures ; de grandes taches fauves, bordées de noir, ou en roses, occupent la partie supérieure du cou , le dos et les côtés du corps ; celles-ci sont plus grandes que dans aucune autre espèce connue , mais peu nombreuses ; elles ont une forme plus ou moins arrondie, et quelques-unes ont un ou d^x points noir§ dans leur milieu ; on voit aussi de ces taches en roses sur les épaules, mais leur forme est toujours régulière. Au milieu du dos , et dans le sens de la colonne épinière , les taches sont étroites , longues et pleines ordi- nairement ; les plus petites taches sout sur la tête et sur les bras ; celles des cuisses , du ventre et de la queue sont plus grandes , et (i) De Yagoua-^té , Yagouarélê ou Yagoua-para. Noms sous lesquels ce Tigre est connu JansTAmérique méridionale. Onca pintada des colons Brasiliens, selon le prinçe de Neuwied. i38 MONOGRAPHIES figure sous ce nom dans Schreb., , tab. xo-x, très-mauvaise figure du Chati (Felis mitis) de M. F. Cuvier. — Felis Panthera, Buff. , tom. g, pl. 12 , avec une figure exacte de la femelle du Jaguar sous le faux nom de Panthère femelle. Cette planche calque'e par Schreb. , Saugth. , tab. 99 , est assez bien enluminée. — Le Jaguar , Geoff. 5 Ann. du mus . , vol. 4 , pag^ 94 - — Encjclop. mamm. , pag. 219, et pl. gi jjig. 2 , sous le faux nom de Pantbère. Ce n’est point le Jaguar de Buffon , tom. ,3 , pl. 18 , ni celui sous le nom de Jaguar de la Nouvelle-Espagne , id. , pl. 89, qui sont l’un et l’autre des portraits dü Felis pdrdalis ou de Y Ocelot ^ deux indications que M. Desmarest, Ençyclop. mamm., pag. 221, rapporte mal à propos à son Eelis mitis qui est le Chati de M. Fi Cuvier , et point le Chibigouazou de d’Azara , autre erreur commise dans ce même article j car XeMJhïbigouazou doit être rapporté à notre Ocelot ( Felis pardalis ). -^Les seules bonnes figures de ce tigre ont été publiées par MM. Geoffroy et F. Cuvier, Mammalogie lithogr. j les portraits du mâlei et de la femelle ne laissent rien à désirer. — C’est le Jagu ARETE ou Yàgou ARETE de d’Azara, Paraguay, vol. i , pag. ii 4 ) mais les synonymes faux. — Brasilian Tiger, Pennant, Quad. , édit. in-l\° , pag. 286, tab. o'] , figure au^essous de la Criti- que. Voyez aussi l’article Jaguar, Cuv., Ossem. fossil. , nouv. édit., vol. 4 5 p<^g‘ 417 j le commerce on le nomme improprement , Grande Panthère des fourreurs. Patrie. L’Aiûérique méridionale, car il n’existe point de données positives de son existence dans le Nord. Habite les forêts marécageu- ses, traverse à la nage et portant ou traînant sa proie, avec laquelle il traverse les plus grands fleuves. H monte aux arbres pour y guetter sa proie ; il craint l’bomme et l’attaque rarement ; sa rapine s’exerce sur le bétail et sur les animaux domestiques, Il s’avance rarement dans les champs découverts. Ses mouvemens n’ont pas la souplesse et la légèreté de ceux du Lion et du Tigre royal j il est moins docfle en captivité, et ne montre point d’attachement à ceux qui lui donnent des soins. DE MAMMALOGIE. iSg Le musée de Paris possède une belle série de Jaguars montés, et les squelettes. Des individus du Brésil font partie des musées des Pays- Bas et de Vienne. Une variété à pelage noir ou châtain très-foncé se trouve dans le musée de Paris , et le prince de Neuwied en con- serve une rapportée de ses voyages au Brésil. FÉLIS JAGUARONDI (i). — FU LIS JJGUJRONDJ. Forme svelte et allongée ; tête" très-petite y chanfrein bomb é et proéminent ; oi’eilles courtes et arrondies *, queue de la longueur du corps , son extrémité aboutit vers le milieu du cou. Pelage court, ras, le plus habituellement noir et annelé de noir et de gris clair à la pointe j ou bien d’un noir légèi-ement roussâtre et annelé de la même manière, toujours plus noir dans l’adulte, et le pelage d’une légère teinte roussâtre dans le jeune âge, Dans un individu des galeries du musée de Paris , la tête, le dessous du corps et le devant des jambes ont pVs de blanc , et paraissent plus cendrés que le reste*, la croupe et la queue sont au contraire entière- ment brun-noir et sans blanc. Les individus de forte taille ont en longueur totale 4 pieds 4 pouces ; la queue seule prend i pied ioq)ou- çesj hauteur au garrot, 12 pouces 6 lignes; à la croupe, 1 4 pouces ; distance du bord antérieur des yeux à la pointe du nez, i pouce 3 lignes. Sjnonymîe. Felis Jaguarondi , Lacépède, OEm . de d’ Azara, atlas, pl. 10. — -Ejusd. , Hist. des quüd. duParag., vol. i ,pag. 171, figure parfaite. — Geoff. , Cotai, mamm. , pag. 124, esp. 18. — Le Jaguarondi , Guv. , Ossem. fossil. , nouv. édit., pag. 438 . —^Ericycl. mammal. , pag. 280, esp. 36 i. (i) C’est XYagouarondi des habitans du Paraguay; le Goto munsco ou Hjrarç. , selon le le prince de Neuwied. Le Félis ùnicolor dont il est fait mention , Ment, qf the TVernerian soe, , vol. 3 , pag. 170 ( voyez Bullet.^ des Sciences , janvier iSaS ^pag. 99), paraît basé sur un, genre de cette espèce. i4o MONOGRAPHIES Patrie. Il habite seul ou avec sa compagne les bords des forêts , les buissons , les ronces et les fosses , sans s’exposer dans les endroits découverts. Il grimpe aux arbres avec facilité, vit d’oiseaux, de sarigues , de rats et autres petits animaux. Il s’apprivoise facilement. On le trouve au Paraguay, et c’est l’espèce la plus commune de Chat dans les contrées de la Guyane ; les peaux arrivent des colonies de Surinam et d’Essequebo , mais ne servent à aucun usage régulier en pelleterie. Les sujets de Sminam sont les plus grands que j’aie vus. Le musée des Pays-Bas possède un jeune, âge moyen , du Para- guay, provenant du musée de Paris 5 les autres sont de Surinam. On voit un bel individu dans le musée de Paris., un autre à Franc- fort^ à Vienne , une femelle rapportée du Brésil. FËLIS A VENTRE TACHETÉ. — CELIDOGJSTEB. Taille du Renard d’Europe j face large obtuse ; queue un peu plus courte que la moitié de la longueur du corps et de la tête ; oi’eilles médiocres 5 moustaches labiales noires , à pointe blanche ; toutes les parties inférieures marquées de gi’andes taches rondes. - Le pelage est court , lisse et très-doux ; tout le fond de la robe est d’un gris uniforme couleur de souris , marqué de taches pleines d’un brun couleur chocolat 5 les taches pleines , disposées le long de l’épine dorsale, ont une forme; un peu oblongue, les autres sont rondes; de petites taches brunes sont disposées sur les joues et sur les lèvres dont le fond est blanchâtre ; six ou sept rangées de bandes brunes , demi -circulaires , couvrent le fond grisâtre de la poitrine; toutes les parties inférieures du Corps et la face interne des quatre membres sont d’un blanc pur , symétriquement tacheté de grandes plaques rondes d’un brun chocolat ; deux bandes de cette couleur couvrent la face interne des pieds de devant et forment quatre bandes semblables sur celle des pieds postériéurs ; la queue est d’un brun foncé, irrégulièrement tachetée de brun plus clair; la face externe des oreilles est noire ; les ongles sont blancs. Largeur totale prise sur un sujet unique, 3 pieds 3 pouces; la i/,a MONOGRAPHIES de noirâtre , et termine de blanchâtre ; des favoris très-courts aux joues , ces favoris marqués de lignes brunes ; du blanc aux lèvres et à l’entour des yeux. Pelage supérieur et face externe des membres d’un cendré roussâtre , marqué de points très-petits et de stries trè»- fines et peu distinctes , d’un brun noirâtre ; gorge blanche 5 les autres parties inférieures et la face interne des membres d’un blanc marqué de taches noires; Queue grêle , terminée par deux ou trois anneaux imparfaits, et d’un noir plein : blanche en dessous et à l’extrême pointe. Oreilles noires à l’extérieur , avec une tache blanche très- marquée au milieu,, et qui est souvent un peu lustrée. Pelage (V été tirant au roux bai 5 les poils soyeux étant moins longs dans cette saison ,»et ne se trouvant point terminés de gris blanchâtre , il s’ensuit que la pointe rousse des poils laineux, qui ne sont plus cachés parle? soyeux, fait que toute la robe présente une teinte roussâtre plus générale et plus prononcée qu’en hiver •, les taches brunes noirâtres sont plus marquées dans cette saison , et la ligne noire du milieu du dos est mieux tracée; les favoris et les pinceaux des oreilles sont un peu plus courts et on les distingue à peine dans cette saison. — On peut signaler la couleur générale du pelage , d’un brun cendi'é foncé ou d’un roux gilsâtre , toujours assez bien marqué le long de l’épine dorsale par une bande noire unique , ou bien par deux ou trois bandes contiguës ; de fines bandes ondées et en zigzags cou- vrent les flancs et les jambes ; la queue grêle, à anneaux imparfaits , terminée de noir , mais à pointe extrême blanche ; le dessous de la queue et la ligne moyenne de toutes les parties infériemes d’un blanc pur. Ce Félis varie encore suivant les contrées plus ou moins froides où il est répandu. Les peaux qui arrivent du nord des États-Unis sont plus foui’nies par l’abondance et la longueur du feutre ; mais aussi remar- que-t-on moins distinctement sur ces peaux les petites taches, les ondes et les stries. Ce pelage varie encore par le fauve cendré plus ou moins décidé, ou par des nuances de fauve roussâtre parsemé de petites taches noires et de petites stries brunes, plus ou moins grandes^ plus ou moins distinctes. 11 est certain que les individus très-fourrés ont DE MAMMALOGIE. i43 les taches moins distinctement prononcées que ceux à pelage plus court et plus lisse. — Des milliers de peaux d’une meme cargaison diffèrent souvent par des nuances et par des qualités qui servent à former les assortimens usités dans le commerce , et font varier les prix de cette fourrure. Uu Felis rufa qui a vécu pendant plusieurs années dans notre ménagerie m’a fourni les observations sous le rap- port des différentes teintes du pelage. Je n’ai pu trouver- de diffé- rence bien tranchée entre les crânes du F^lis mfa des -États-Unis , et ceux du Felis lynx d’Europe ; les couleurs du pelage , l’habitation éloignée dés espèces, mais surtout la difféi-ence très-marquée de taille servent à distinguer ces deux Félis. Les dimensions des individus de forte taille sont, en longueur totale , 2 pieds lo pouces , dont la queue porte 5 pouces : hauteur au garrot j 1 4 pouces j à la croupe, i 5 pouces 6 lignes 4 distance du bord antérieur des yeux à la pointe du nez , i pouce 8 lignes. Les individus de taille moyenne ont de 2 pieds jusqu’à 2 pieds 4 pouces. Synonymie. Felis rufx , Guldehsted , Act. Petr. , vol. 20, pag. 499. — Schxeh. ,Saugth., vol. 3 , pag. 412 , iab. 109, B., figure calquée sur celle de Pennant, et très-mal enluminée. Les raies aux joues sont ridicules j la seule queue est caractéristique. — ^^Cuv. , Ossem. fossil.^nouv. édit.j vol. ^ ,pag. 443 . — Félis chat, cervier, EncycL manimal. , pag. iii 5 , esp. 347, et tab. 96 , jig. 3 , sous le nom de Chat hrun; calque de la figure de Pennant. — Il faut probablement classer ici la figure, citée , à ce que je crois , nulle part , du Lynx du Mississipi. Encylop. , p/. , Jig. 2. — Chat a ventre tacheté, Geoff. , Catal. des mamm. , pag- in, esp. 9. — Bay-cat, Penn. , Quad . , vol. i y pag. 3 o 3 , tab. 60. J’ai vu à Londres , dans la collection rapportée du Mexique par M. Bullock , un Félis que je crois devoir classer avec le Félis bai ; mais, n’ayant pu établir de comparaison (i) , il me paraît plus pru- (1) Ceux qui veulent décrire les Chats sur des individus isolés, seront sans cesse exposés à multiplier les especes. Il faut avoir vu un très-grand nombre de dépouilles , et s’être adonné à des recherches et à des comparaisons souvent renouvelées , pour émettre une opinion sur la j44 monographies deul (le le signaler aux naturalistes sans l’admettre comme espèce. Taille et formes du Felis rufa , des pinceaux très-courts , aux oreilles \ pelage touffu et long , d’un roux jaunâtre à la base , gris dans le milieu et brun au bout ; ces différentes couleurs donnent à la robe une teinte cendré roussâtre ; une large bande unique et noirâtre sur la ligne moyenne du dos , depuis lés épaules jusqu’à l’origine de la queue ; point de tacbes ni aucune mie sur le reste du pelage ; un cercle uoir, très^peu large,, entoure la queue dont l’extrême pointe est noire; l’espaœ très-étroit entre ce cercle et le bout noir d’un roussâtre clair ; la face interne dès membres et le dessous du corps blanchâtres ; les sourcils , les lèvres et les moustaches d’un blanc pur. Patrie. Notre Fëlis bai habité les États-Unis, mais ne se trouve point au Canada. Ses mœurs ne sont point connues ; ses dépouilles forment une branche très-rlucrative du commerce de pelleteries. Le musée de Paris possède sept individus qui diffèrent plus ou moins par les nuances du pelage. On voit dans le musée des Pays- Bas le squelette et des dépouilles montées de cette espèce. On con- serve un bel individu dans le musée de Francfort. il) —FELIS PJRD^ LIS. Taille à peu près du Lynx d’Europe , mais moins haut sur les jambes ; queue moitié longueur du corps et de la tête; aux flancs, de longues bandes encadrées partant du garrot et aboutissant sans interruption aux cuisses. Pelage court, ras, lisse, dans l’adulte ; plus irisé et touffu chez les jeunes. Le fond en dessus d’un jaune un peu doré toujours plus diiférence spécifique de ces animaux, si difficiles à distinguer ]es uns des autres. Je sollicite les compilateurs, toujours si empressés d’ajouter une espèce de plus à leur catalogue, de ne point admettre celle-ci avant que des observations^nonvelles en aient pu fixer les caractères. (i) C’est le Flacoozlotl , Flatlauliqui-ocelotl d’Hernandez, Hatco-oceloll des Mexicains, le Chibi-gouazou (grand Chat ) du Paraguay, selon d’Azara , ou bien Mbaracaja-gouasou, Quelques Espagnols le nomment Onpe, DE MAMMALOGIE. i4r; fonce que le pelage des deux espèces suivantes. Une ligne noire s’étend de chaque côté depuis les narines jusqu’à l’angle antérieur des yeux , et continue sur la tête jusque vers l’occiput à côté de l’oreille j de petites taches noires , disposées symétriquement entre ces deux bandes , sur le front et sur la tête ; d’autres petites taches noires et rondes à l’endroit où naissent les moustaches ; deux raies le long des côtés de la mâchoire inférieure , l’une au-dessus de l’autre 5 la supérieure aboutissant à l’angle postérieur de l’œil, l’inférieure ayant en avant deux branches , dont celle de dessous est dirigée vers la gorge 5 quatre bandes longitudinales sur le dessus du cou , ayant du fauve jaunâtre dans leur milieu , et les deux externes courbées en en bas ; une petite raie noire entre les deux bandes du milieu *, une raie noire pleine , le long du dos , s’étendant jusqu’à l’origine de la queue , et de chaque côté de laquelle est une file parallèle de taches noires , pleines et ovales d’environ un pouce de lougueur j deux autres bandes aussi parallèles , composées de figures ovales , d’un fauve jaunâtre et bordées de noir ; une ou deux bandes continues de plus d’un pouce de largeur sur les flancs , s’étendant depuis la partie anté- rieure de l’omoplate jusqu’aux cuisses, étant bordées sans interruption d’un encadrement noir ; de petites taches ovales et pleines sont distri- buées sur la partie antérieure des épaules et des cuisses , ainsi que sur la face externe des quatre membres j partie inférieure du cou , marquée de bandes en croissans ; les autres parties inférieures tache- tées de noir sur un fond blanc j queue de la couleur du corps , mar- quée de taches noirâtres , beaucoup plus grandes vers son extrémité qu’à son origines Longueur totale 4 pieds , quelquefois 2 ou 3 pouces de plus , la queue seule i 4 ou i 5 pouces. J’en ai vu à dimensions moindres, mais rarement plus grandes. Nous avons des jeunes d’un pied en loin gueur totale, et de 2 pieds 10 pouces. Synonymie. Le Felis pardalis de Linné est un composé de notre Chibigouazou ou Ocelot, et de VOceloïde (Felis macro ura). Nous savons de reste que le nom de Pardalis a été donné par les r 46 MONOGRAPHIES anciens à notre Léopard (Felis I^eopardus ). C’est le Chat Ocelot, Geoff., Catal. des niainin. ,pag. 122 , esp. 10. — Encycl. mammal., pag. 222, esp. 343, tab. g 3 , fig. 2, calquée de même que celle de Sclirebersur la figure desOEuvres deBuffon , i^oZ. i 3 , pl. 35 et 36 . — Cuv. , Ossem. fossil. J nouv. édit., tom. l\,pag. 434 , qui distin- gue deux espèces , mais sans que nous sachions sur quels individus ils ont été basés j tous ceux que j’ai examinés avec le plus grand soin dans le musée de Paris, sont de l’espèce Ocelot ou Chibigouazou. — La figure du Felis pardalis , Sclireb., Saugth.,pag. dgo, tab. io 3 , est assez exacte et donne une juste idée de l’animal. — Le Jaguar de lu Nouvelle-Espagne des OEuvies de Buffon , supp. 3 , pl. 39 , a été classé par M. F. Cuvier dans les synonymes du Cliati (Felis mitis ). — LcMexican Tiger dePennant, Quad., pctg. 288, tab. 5 'j , A., paraît appartenir plutôt à l’espèce suivante qu’à celle-ci , vu la grande longueur de la queue eu proportion du corps. Toutes ces figures sont si mal faites , les proportions et là forme des taches si mal z'endues , qu’il est de toute impossibilité de porter un jugement décisif. Il serait à désirer que M. F. Cuvier pût trouver le moyen de faire peindre sur le vivant le Chat Ocelot et notre Oceloïde; les portraits de ces deux Félis pourraient servir, avec la figure parfaite du Chati de ce naturaliste , à reconnaître du premier coup d’œil ces trois espèces difficiles à distinguer les unes des autres par des mots. — Nous pouvons dire en résumé que le Felis ocelot a le fond du pelage tou- jours plus foncé que VOceloïde ; sa queue est remarquablement plus courte et plus mince vers la pointe ; la taille dans l’état parfait est toujours beaucoup plus forte , et les raies des flancs sont plus éten- dues sans intervalle marqué. Le Chati est facile à distinguer à son pelage plus fauve ou grisâtre , et aux taches oblongues , interrom- pues , dont le plus grand nombre est en forme de rose. Patrie. Cette espèce est bien connue dans la colonie de Surinam , mais elle vit dans l’intérieur, et c’est le plus grand Chat qui existe dans cette contrée. D’Azaradit que le Chibigouazou se cache et passe les jouruées dans l’épaisseuT des forêts ; il sprt de nuit pour chasser aux petits mammifères et aux oisçau^i; j d s’introduit dans les enclos DÈ MAMMALOGIE. 147 et dans les Cours •, et poursuit le gibier sur les àrbres oîi il grinipe facilement. Il j)luine les oiseaux avant de les dévorer. On le trouve très-certainement au Brésil et à la Guyane , mais il n’est pas prouvé qu’il habite le Mexique : les individus de Rio- Janeiro ne diffèrent en rien de ceux de Surinam. Le musée des Pays-Bas possède deux individus de forte taille , l’un du Brésil et l’autre de Surinam , un jeune de cette dernièi'e colonie et les crânes. Le mâle et la femelle du musée de Berlin sont originaires du Brésil. J’ignore l’origine certaine des individus du musée de Paris. FÉLIS OCELOIDE (i). — FEUS MACROURA. Taille moindre que V Ocelot (Felis pardalis) , plus bas sur les jambes, et le corps plus allongé que dans cette espèce ; queue de la longueur du corps et du cou ; son extrémité atteint l’occiput ; aux flancs , de longues bandes encadrées, mais plus ou moins enti'e- coupées. Pelage à peu près semblable à celui de \ Ocelot, mais beaucoup plus clair, et les taches des flancs plus interompues et mieux dessinées par des cadres noirs. Le fond du pelage est d’un jaune clair légèrement teinté de couleur terre d’ocre j plus clair sur les flancs ; le blanc règne sur les parties inférieures. Au front se dessinent cinq bandes noires , plus ou moins distinctes , dont la latérale de chaque côté est la plus large et aboutit aux yeux*, les joues sont marquées de deux bandes transversales, la supérieure part du coin de l’ceil , et l’inférieure des moustaches 5 au cou se dessinent quatre bandes en demi-cercle plus ou moins par- faites ; à la nuque on compte six bandes longitudinales , les deux du milieu vont sur le dos, et les deux latérales de chaque côté sont (r) J’ai donné ce nom en français afin d’indiquer les rapports entre notre espèce et l’Oce- lot ( Felis pardalis ). Ce tigre est connu au Bre'sil sous le nom de Gatto pintado domala ( Chat sauvage moucheté ). Les Botocoudes le nomment Couparack-countiack , selon les indications fournies par le prince de Neuwied. i48 MONOGRAPHIES recourbées vers les jambes ; de la croupe au milieu du dos court une bande noire ; de chaque côté de celle-ci se dirige une bande parallèle mais qui est divisée par grandes taches *, sur les flancs et aux jambes de devant sont deux rangées de longues taches assez irrégulièrement disposées ; ces taches étendues en longueur sont d’un fauve jaunâtre clair au centre , et parfaitement entourées d’une large bordure noire j les quatre extrémités ont des taches noires sur les deux faces des membres , et ces taches diminuent graduellement jusqu’à l’origine des doigts , où se trouvent les plus petites ; depuis la base de la queue jusqu’au bout on compte onze anneaux , parfaits et bien marqués en dessus , mais indistincts à la partie inférieure de la queue 5 le ventre est mai’qué de quatre rangées de taches noii-es sur un fond blanc ; derrièi’e les oreilles se remarque une grande tache noire 5 la face postérieure de cet organe , qui est également noire , porte une bande blanche vers le milieu de sa longueur -, les moustaches sont brunes à leur base , et blanches à la pointe. Longueur d’un mâle adulte qui a vécu à la ménagerie , en totalité 3 pieds 8 pouces , dont la queue porte i pied 7 pouces ; hauteur aux jambes de devant 10 pouces 8 lignes -, distance du bord antérieur des yeux à la pointe du nez i pouce 5 lignes. Mesure d’un jeune mâle ; longueur totale 2 pieds 4 pouces. Synonymie. Cette espèce , pour ne point avoir été indiquée dans les catalogues de nomenclature , n’est cependant rien moins que nouvelle dans les cabinets d’histoire naturelle , plusieurs individus se trouvant dans les collections depuis nombre d’années ; mais tous sont désignés sous le nom Ocelot ou Felis pardalis ; aucun naturaliste ^ à ce que je crois , n’a l'emarqué les différences de notre Tigre avec le véritable Pardalis ou le Chibigouazou de d’Azara , et avec le Chat également confondu sous ce dernier nom, que M. F. Cuvier a le premier distingué sous la dénomination de Chati. Le prince de Neuv\âed , dont le zèle pour l’histoire naturelle mérite toutes sortes d’éloges , est le premier voyageur qui ait reconnu dans le Chat brasi- lien de cet article une espèce difféi’ente de Y Ocelot également propre i5o MONOGRAPHIES dies , peu nombreuses , et plus foncées que le fond du pelage , dont la teinte est généralement lîlonde ou d’un fauve très-clair. Le fond du pelade , aux parties supérieures du corps , est d’un blond très-clair, et blanc aux parties inférieures , et tout le corps est cou- vert de taches généralement plus larges en avant qu’en arrière , prin- cipalement sur le dos et sur les flancs 5 celles du dos sont entièrement noires ou pleines , et disposées longitudinalement en quatre rangs ; celles des flancs sont en roses imparfaitement bordées de noir, avec- leur milieu d’un fauve roussàtre (i). Des taches bordées , mais qui s’arrondissent , couvrent les parties supérieures et intérieures des oreilles et.les épaules; des taches pleines, également arrondies, cou- vrent les membres postérieurs jusqu’au talon ; sur les jambes de devant elles s’allongent et forment des lignes transversales; sur les quatre pieds elles sont très-petites et pleines. Les taches des parties inférieures du corps, où le fond du pelage est blanc , et qui sont toujours pleines, présentent, sous le venti’e, deux rangées longitudinales de chaque côté de la ligne moyenne , composées de six à sept taches ; la partie antérieure de la jambe a des taches rondes , et la partie interne de la cuisse , des taches allongées transversalement ; vers le haut de la jambe de devant se voient deux bandes transverses , qui existent sur cette partie chez le plus grand nombre des espèces de Chats connus. Au bas de la gorge est un demi-collier, et sous la mâchoire inférieure deux taches en forme de croissant. Du coin postérieur de l’œil part une bande de deux pouces de long , qui se termine vis-à-vis de l’oreille ; et une auti-e bande , tout-à-fait sem- blable et qui se dirige parallèlement à la première , part du dessous de l’arcade zygomatique, et se termine aussi vis-à-vis de l’oreille. Le front est bordé , dans le sens de sa longueur, par deux lignes qui sont séparées par des points plus ou moins nombreux d’où naissent les moustaches ; deux autres lignes semblables s’allongent sur le cou, et on en voit deux autres de chaque côté ; la base de la queue est (1) Dans le texte de M. F. Cuvier, il est dit que le milieu de ces taches est d’un fauve clair, mais il y a erreur dans cette indication de la couleur. MONOGRAPHIES 1 5u qui ont rapport au Tigre du présent article, ne laissent rien à désirer. Voyez aussi Cuv. , Ossem. fossil . , noiw. édit. , vol. 4? 4^^ 5 article dans lequel le Chati ( Felis niitis ) , est bien caractérisé par sa taille d’un quart moindre que le (Felis pardalis) ; M. Cuvier est dans l’eiTeur lorsqu’il rapporte au Chati la notice publiée par M. Schintz du Felis FTiedii , traduction allemande du règne animal ; ce Felis TV iedii est le meme animal décrit par le prince de Neuv\ûed, sous le nom àe Felis macroura. Patrie. Ce Chat du Brésil habite, dit-on , les forets de l’intérieur des teiTes, Ses mœurs n’ont pas été observées. Le musée des Pays-Bas a obtenu une belle peau sans crâne dans un envoi fait de Rio- Janeiro au Brésil ; les deux sujets du musée de Paris ont vécu à la ménagerie du Jardin des Plantes, FÉLIS MARGAY (i). -FELIS TIGRINJ. Taille et forme du Chat domestique (Felis catus), le museau plus court et le nez moins proéminant que dans nos Chats ; le reste de la tête plus long et plus comprimé, les oreilles moins longues et plus pointues 5 la queue exactement de moitié plus courte que la longueur du corps et de la tête ; d’égale grosseur dans toute son éten- due jusqu’à la pointe , qui paraît tronquée. Pelage tacheté comme celui dio. Jaguar ( Felis onca). Un fauve nuancé de jaune d’ocre, forme la teinte principale du pelage ; sur ce fond la tête et le cou sont peints de bandes noires longitudinales , étroites et peu distinctes sur le crâne, mais au nombre de six assez larges sur le cou ; trois bandes passent sur les joues, la supérieure est la plus longue, et les autres vont en (i) Ce n’esl point le Chjbigoua:fou , comme le veut M. d’Âzara, Quad. Paraguay, vol. i , pag. 16; mais c’est le Baracaya indiqué par ce même d’Azara , Voyag. au Parag. , vol. i , pag. 27 1 . Maregrave lui donne le nom de Marguao , dont Buffon a formé celui de Margay. C’est le Mantlaion de Fernandez. DE MAMMALOGIE. i53 décroissant j des bandes noires forment le dessin d’un fer à cheval sur la gorge-, plus bas sur le devant du cou sont des bandes transversales assez nombreuses 5 sur le dos et aux flancs sont des taches en roses dont le centre est garni de poils plus fauves et plus roussâtres que le fond du pelage 5 ces taches en roses sont entourées par une bande noire qui donne des formes différentes à ces taches en roses , dont le plus grand diamètre est de 8 à 9 lignes ; la croupe , la partie externe des cuisses et la queue sont annelées de bandes noires et de bandes fauves , la partie interne des cuisses porte des bandes blan- ches et noires ; les anneaux de la queue sont du double plus larges vers l’extrémité de cette partie qu’à sa base, et ils le sont plus en dessus qu’eh dessous, où les anneaux fauves passent au blaucbâtre ; la circonférence de l’extrémité de la queue est la même qu’à la base, elle n’est point terminée en pointe ét paraît tronquée ; un feutre brun garnit cette pointe de la queue. Les pieds de devant ont des taches assez grandes , mais celles-ci deviennent sensiblement plus petites vers l’m'igine des doigts -, le tibia aux pieds postérieurs est aussi marqué de petites taches -, la gorge est blanche 5 la poitrine ainsi que la face interne des membres et le ventre le sont aussi, mais ces parties ont de grandes taches d’un noir parfait ; les oreilles prennent naissance dans une grande tache noii-e , elles le sont sur leur face externe , dont le milieu a une tache blanche. Longueur totale 2 pieds 2 ou trois pouces; de la queue seule, 8 pouces 6 lignes ; distance dù bord antérieur des yeux à la pointe du nez, 10 lignes; mesure prise sur des adultes de forte taille. Synonymie. Felis tigrina, Linn. , Gmel., Erxleb. — Schreb, , Saugt . , vol. 3 , tab. 106, une figure passable, mais les taches mal rendues et plus mal enluminées. — Le Margay , Buff. , Quadr. , vol. 12, pl. 57. — Geoff. , Cat. des mamin. , pag. 122, esp. ii. ■ — Cuv., Ossem. fossil., vol. 4 , nouv. édit.,pag. 435 . — Encyclop. mamm. , pag. 232 , esp. 365 , pl. jig. 3 . Celle-ci et celle de Schreber sont des calques de la planche de Buffon. — Le Cayenne- T. 1. 20 MONOGRAPHIES i54 Cat de Pennant, paraît avoir plus de rapport avec notre Félis macroura de cette monographie. Il est probable que les auteurs et même les naturalistes , ont confondu jusqu’ici le Margay avec notre Oceloïde (Felis macroura), ou bien avec le Chati ( Felis mitis ) , tous trois originaires des con- trées de l’Amérique méridionale. Il est facile de reconnaître le Margaj à sa petite taille ; c’est le plus petit des Chats du Nouveau- Monde, de la taille de notre Servalin (Felis minuta) des îles de la Sonde. Le Margay a la queue de longueur moyenne, de grosseur à peu près égale dans toute son étendue et comme tronquée par le bout j il est facile à reconnaître à ce caractère. La teinte sombre du pelage , et les taches dont la livrée est peinte , le distinguent du Chati ( Felis mitis ) , qui est d’un tiers plus grand que le Margay. Le crâne du Margay est moins large, et proportionellement à sa largeur plus long que celui du Chat ,• la plus grande largeur aux arcades sygomatiques du premier est de i pouce 1 1 lignes , celle du Chat est de 2 V pouces 5 la longueur totale du crâne , chez l’un , est de 3 pouces j chez l’autre , seulement de 3 lignes de plus -, toute la tête est plus allongée dans le Margay , et l’occiput plus comprimé ; les dents sont absolument les mêmes dans les deux espèces , mais les canines de notre Margay sont plus longues et plus grêles que celles du Chat. Patrie. Il habite au Brésil j c’est de ce pays que M. Natterer , voyageur naturaliste de Vienne, a envoyé plusieurs dépouilles au cabinet impérial 5 nous en avons reçu plusieurs de ce pays , et de Surinam , où l’espèce paraît très-répandue. J’ai vu un jeune de cette espèce dans les galeries du musée de Paris 5 cet individu y porte le nom de Margay , et c’est le même dont il est fait mention dans le catalogue de M. Geoffroy, à l’article du Chat margay , pag. i 23 au 11“.^ 2*66, comme d’un individu envoyé au cabinet par M. Bro- chetony ce jeune porte en effet sur l’étiquette les chiffres 266, cor- respondant au catalogue mentionné 5 les individus n°. 265 et 267 , dont il est fait mention dans le catalogue de M. Geoffroy, ne s’y DE MAMMALOGIE. 55 trouvent plus ; le premier aura probablement servi de modèle à la figure de Buffon , depuis il paraît avoir été réformé. Des individus adultes sont au musée impérial de Vienne et dans celui des Pays-Bas , où se trouvent aussi des crânes de ce Félis. NOTICE COMPILÉE SUR QUELQUES ESPÈCES DE FÉLIS INDIQUÉES D’UNE MANIÈRE PLUS OU MOINS EXACTE PAR LES AUTEURS, MAIS SUR LESQUELLES ON ATTEND DES RENSEIGNEMENS PLUS DÉTAILLÉS AVANT DE POUVOIR LES ADMETTRE COMME ESPÈCES DISTINCTES. Après les Félis que nous décrivons d’après nature, la plupart sur l’examen d’une multitude d’individus montés ou de peaux , il en reste encore quelques-uns que je n’ai pu voir en nature. Ceux de l’ancien continent sont : Le Rimau mangin et le Rimau chigau ou Jigau (i) , de M. Raffles, deu:& espèces distinctes de Félis de grande taille. Si le preniier de ces Chats n’est pas notre Guépard (Felis jubata) , que nous avons reçu de Sumatra , ce serait alors une espèce nouvelle , de la taille du Tigre royal , plus à craindi’e et faisant ses attaques d’une manière différente. On dit qu’il porte une longue crinière autour de la tête et sur la nuque , et une large touffe de poils à l’extrémité de la queue ; sa tête serait plus large et plus longue que celle du Tigre , et son pelage d’une teinte foncée et uniforme. Le Felis manul, indiqué par Pallas, Vo^ag.^ vol. 3 , pag. 692. La queue atteignant jusqu’à terre, marquée de six anneaux noirs; pelage d’un fauve roussâtre uniforme ; deux points noirs sur le sommet de la tête , et deux bandes noires parallèles sur les joues. Il sei;ait de la taille du Renard. Pallas ne dit pas qu’il ait des pinceaux aux oreilles (2). Il fait sa proie principale d’une espèce de Lièvre, (1) En langage malais on désigne, par le nom Arimau , et pas Rimau, comme l’éciit M. Radies , un Tigre ou Chat. (2) Nous remarquons que ce caractère ne peut être admis comme signe de reconnaissance, puisque les pinceaux de poils n’existent pas dans tous les sujets appartenant à des espèces qui MONOGRAPHIES i55 Lepus Tolai. Sa demeure est dans les déserts de la Tartarie Mongole, et particulièrement les contrées arrosées par les fleuves Selenga et Dsecliida, Serait-ce notre Felis chaus ? J’en doute. Les Félis du Nouveau-Monde sont : Le Chat pampa de d’Aeara, vol. i , pag. 179 , ou le Pajeros des méthodes. Voyez ces artigles.dans l’ouvrage indiqué, dans le Voyage au Paraguay, et dans V Encyclopédie , nianirnalogie , pag. aJi , esp. 363 , où on trouve une description détaillée de cette espèce. UEyra du même Azara ,p«g-. 177 , et Encycl., mamm., esp. 364, est plus voisin de notre Chat sauvage , et paraît être une espèce distincte. Nous ne dirons rien des espèces que M. Rafinecque veut avoir trouvées dans l’A mérique septentrionale , et qui sont indiquées par de courtes phrases. M. Desmares t cite trois de ces espèces sous les noms de Félis fascié, montagnard et de la Floride, Encycl. mamm . , pag. 225, dsp. 348 , 349 èt 35o. Les dçux chats de Molina méritent encore moins d’entrer dans le catalogue même des espèces dont l’eAistence est douteuse , puisque M. Cuvier nous apprend que ce Molina a écrit de mémoire en Italie son Histoire naturelle du Chili. L’expérience acquise par la vue des nombreuses dépouilles dans les magasins de pelleterie , nous rend très - défiant lorsqu’il s’agit d’admettre une espèce. en sont pourvues à une certaine e'poque de l’âge. Ces pinceaux varient aussi eft longueur sui- vant les époques de l'année. - DE MAMMALOGIE. iSy CINQUIÈME MONOGRAPHIE. VUES GÉNÉRALES SUR L’ORDRE DES CHÉIROPTÈRES. Lin NÉE place son genre Vespertilio, sous-divisë en neuf sec- tions, dans le premier ordre de son système de la nature, once genre occupe le quati'ième rang après Y Homme, les Singes , les Lémuriens. Illiger, par une combinaison moins ingénieuse , éloigne les mammifères ailés des quadrumarllfe , et les classe après les édentés. Ils forment, dans le règne animal de M. Cuvier et dans tous nos catalogues modernes , la première famille des carnassiers , et suivent immédiatement après les derniers genres des quadru- manes ^ esl en effet l’arrangement méthodique le moins incohé- rent. Il me paraît cependant que la réunion des -Cheiropteres à l’or- dre des carnassiers , offre certains inconvéniens sous le rapport des moyens très-différens de locomotion, et du régime frugivore de quelques genres de cette grande famille des mammifères volatiles. Il serait préférable, suivant ma manière de voir, de les répartir en un ordre distinct (i), classé entre ‘ceux des quadrumanes et àes carnas- siers , et bien caractérisé par des organes aux moyens desquels ils ont la faculté de se soutenir dans le fluide de l’air. Le plus grand nombre des détails qui ont rapport à l’organisation de ces mammifères , a été discuté de la manière la plus lumineuse par des anatomistes et des zoologistes du premier rang (2) ; mais la partie qui traite du système dentaire laisse encore des lacunes, et (i) Voyez aussi Kulil, Deutschea Fledermause. (a) MM. Geoffroy, Cuvier, Blainville et Dcsmarcst. Vojez aussi le Nouveau Dictionnaire d' Histoire naturelle , vol. 6. T. I. Ql j58 monographies paraît avoir donné matière à plusieurs erreurs ; elles ont provoqué de ma part des recherches plus approfondies, au moyen desquelles je crois pouvoir établir des observations nouvelles sur la dentition des Cheiropteres , qui serviront à expliquer quelques erreurs dans les divisions des genres , basés uniquement ou principalement sur le nombre et sur la forme des dents , si variables dans les différens pé- riodes de l’âge. Il ne convient point d’admettre dans Tordre de mammifère vola- tile, les Galéopitheques (i) qui ont bien de même que les Polatou- clies ( Pteromys) et les Pétauristes ( Petaurus) , la peau des flancs étendue entre les extrémités antérieures et les postérieures, même quelquefois la queue engagée , ou des rudiraens de membrane aux côtés du cou et aux extrémités antéideures, mais qui sont dépourvus de ces membranes, diaphanes , prolongées entre les doigts , unies aux flancs, et imitant les ailes dft oiseaux. Aussi la faculté de voler, ainsi que M. de Blainville en a fait la remarque, appartient seulement aux Cheiropteres proprement dits. Les Galéopitheques, Polatouches, et Pétauristes , ne peuvent se servir des peaux épaisses, peu tendues et velues en dessus comme en dessous, que comme d’une sorte de pa- rachute. Us n’ont pas la faculté de s’élever au-dessus du point d’où ils sont partis , et ne peuvent même conserver la ligne horizontale ; ils sont obligés de céder à la loi de la gravitation. Les vrais Chéi- roptères -, dont le vaste sternum donne attache à de puissans mus- cles pectoraux , dont Tépaule est consolidée par de larges omoplates et des clavicules robustes , et dont les ailes ont autant de surface que de légèreté , sont doués des organes qui servent à les soutenir en Tair pendant tm temps considérable , de se porter avec rapidité dans tous les sens imaginables , pour saisir les petits insectes dont ils font leur nourriture , ou pour se rendre d’un vol soutenu dans les lieux éloignés de leur demeure habituelle, afin de se repaître des fruits succulens qui servent d’aliment à quelques-unes. (i) Les Galeopiihèques doivent prendre rang dans la famille des Quadrumanes, après les Mahis. Ils sont à ceux-ci à peu près ce que les Pétauristes sont aux Marsupiaux , et les Pola- touches aux Rongeurs. M. de Blainville a fait cette remarque avant moi. 6o MONOGRAPHIES tendineuse. Le plus grand nombre des genres n’offrent dans la char- pente osseuse des pieds postérieurs que le seul tibia. Le libula est grêle et seulement rudimentaire dans quelques-uns ; les seuls 71/o/ow/?^ (Dysopes) ont les deux os parfaits, servant à donner attache aux muscles moteurs des pieds , pourvus d’un doigt plus ou moins versatile , quelquefois opposable comme dans les quadrumanes. Tous les Chéiroptères cherchent à se cacher, le plus grand nombre fuit la lumière ; leur demeure habituelle est le plus sou- vent en des lieux ténébreux 5 les cavernes, les fentes des rochers et des édifices isolés, les creux des arbres leur servent de retraite^ les espèces frugivores redoutent moins la lumière 'que les espèces insectivores *, quelques-unes sont' diurnes , leur demeure habituelle est dans les bois, ou ils se rassemblent en troupes à la cime des arbres ou dans l’entrée des cavernes. Quelques espèces, par- ticulièrement celles du genre Molosse (Dysopes) né s’éloignent pas à de grandes distances des lieux de leur demeure habi- tuelle ; plus solitaires et vivant le plus souvent cachées , elles se ser- vent plus de leurs moyens puissans de préhension et d’ascension que de ceux du vol ; d’autres espèces , ce sont celles du genre Vesperti- lion , parcourent au crépuscule et aux premières lueurs de l’aurore une grande étendue de pays 5 les lieux où elles vont pourvoir à leur nourritui’e sont le plus souvent très-éloignés du lieu de leur demeure habituelle quelques espèces chassent aux insectes d’eau, d’autres poursuivent ceux qui au crépuscule se mettent en mouvement sous l’ombrage des forêts. L’on sait , par les expériences de Spallanzani , que les Chéiroptères aveuglés volent aussi bien que ceux qui ont des yeux* qu’ils évitent avec autant d’adresse les corps les plus déliés, tels que des fils de soie , tendus de manière à ne lasser entre eux que l’espace nécessaire à leur passage avec les ailes dévoyées j qu’ils serrent leurs ailes si ces fils sont plus rapprochés, afin de ne pas les toucher; qu’ils sui- vent la dii’ection des routes souterraines, qu’ils passent au travers des branches d’arbres que l’on y a placées , sans les frapper de leurs ailes; qu’ils s’introduisent dans les troncs, et qu’enfin ils s’hc- DE MAMMALOGIE. i6i crochent aux saillies des voûtes ou des plafonds. Spallanzani a privé successivement des Chéiroptères , dont il avait détruit les yeux, des organes des autres sens, et ils ne furent ni moins hardis, ni moins adroits dans leur vol •, d’où ce célèbre observateur conclut qu’il doit y avoir dans cette famille d’animaux un autre sens , un nouvel organe, un agent inconnu qui semble les guider et les servir si efficacement pendant leur aveuglement (i). Les Chéiroptères insectivores des climats septentrionaux , privés en hiver des subsistances nécessaires à leur noui-riture , sont engourdis pendant cette saison i, ceux des contrées tropicales jouis- sant dans toutes les époques de l’année d’une abondance non in- terrompue, n’éprouvent aucune torpeur. Ceux qui sont sujets à passer à cet état d’engourdissement ou de léthargie, se recouvrent de leurs ailes comme d’un manteau , s’accrochent à la voûte des souterrains , par les pieds de derrière , et demeurent ainsi sus- pendus ; les autres se collent conti’e les murs ou se cachent dans des trous. Leur portée ordinaii’e est de deux petits qu’ils tiennent cramponnés à leurs mamelles ou assujettis à leur corps , en re- pliant sur eux, dans le vol , la membrane interfémorale qui leur tient lieu de soutien et de poche. La grosseur de ces jeunes est souvent très - considérable à proportion de celle de leur mère, ce qui est surtout le cas dans les espèces frugivores. Ces particularités et la forme opposable ou versatile d’un doigt des pieds postérieurs , rapprochent les Chéiroptères de la grande famille des Quadru- manes. Nous ne pouvons , en parlant des Chéiroptères , passer sous si- lence ces restes fossiles d’animaux volatiles , que M. Cuvier nomme Ptérodactyles , et dont MM. Scemmering et Oken ont parlé, sous la dénomination éi Ornithocéphales , Ce sont incontestable- ment, dit M. Cuvier, de tous les êtres dont l’existence vient d’être révélée , les plus extraordinaires , et ceux qui , si on les voyait vi- vans , paraîtraient les plus étrangers à toute la nature actuelle. Je n’aborde la question , relativement à leur rapport avec nos (:) Nouveau Dictionn. d'Hisl. mit. , vol. 6. 162 MONOGRAPHIES Chéiroptères vivans, qu’avec une grande défiance en mes lumières ; il me sied peut-être mal de m’ériger en arbitre dans une discussion agitée par mes maîtres î Les matières pour et contre l’opinion, émises d’une part par M. Sœmmering , en faveur d’une grande analogie entre les restes d’ossemens fossiles de ces Ornithocéplmles , et l’ostéologie de nos Chéiroptères vivans ^ et l’opinion de M. Cuvier sur leur identité avec les Sauriens vivons , ont été traitées de la manière la plus minutieuse , par le premier dans les annales portant pour titre , Denkschriften der Munchener Akademie ^ et par le second dans les Recherches sur les ossemens fossiles , nouvelle édit. , vol. 5 , part. '2 5 des figures très-exactes accompagnent ces Mémoires ; on trouve ces portraits réunis, pl. 28 de ce 5 '. volume. M, Oken, dont l’opinion sert d’auxiliaire à la manière de voir de M. Cuvier , en a parlé dans l’/jw de 1819, vol. i, pag. 1788, et dans l’article additionnel de la même année. Je me serais peut-être dispensé d’agiter de nouveau la question , relativement à ces restes fossiles , et j’aurais pu , en me conformant entièrement aux vues lumineuses énoncées dans l’ouvrage de M. Cuvier, me borner à garder le silence sur l’opinion de mon respectable ami de Sœmmering, si celui-ci n’eût pas entamé de nouveau la question , en produisant , depuis l’explication victo- rieuse de M. Cuvier, un nouveau portrait de Y Omithocephalus hrevirostris , rétabli (i) et figuré sous la forme d’un Cheiroptere anomal. Voyez Denkschriften der Munchener Akad. , band. 6. On ne peut disconvenir des grands rapports entre cette figure du squelette rétabli ( j’aurais presque dit défiguré) , et le squelette d’une Roussette : elle montre de grandes omoplates complètes, de fortes clavicules , tin sternum de Cheiroptère , des côtes analo^ gués ; même le cartilage xiphoïde n’a pas été omis 5 le bassin est celui d’un Cheiroptère, et, pour rendre l’illusion complète, l’idéal de la forme du système cutané a été indiqué j il est vrai que ces {\) Voyez le squelette de cet animal tel que la pierre en conserve les restes, pl. aS , fig. 7, des Rechercher sur les ossemens fossiles , précité , tom. 5,2'. part. DE MAMMALOGIE. i65 membranes du vol ainsi rétablies manqueraient des soutiens et des attaches qu’elles trouvent dans la forme allongée des deux der- niers doigts dont les Chéiroptères vivans sont pourvus , et que l’aile ainsi conformée ne pourrait frapper l’air par le manque de soutiens dans les membranes. Je n’agiterai aucun point de comparaison discuté par M. Cuvier à l’appui de son opinion j il serait difficile d’ajouter des preuves plus convaincantes. Nous ne discuterons ici que les rapports entre l’animal , tel que la pierre en conserve les restes, et la figure de son squelette rétabli. N’ayant pas été à même de voir en nature la pierre qui porte ces restes fossiles , je ne puis juger que d’après les figurés qui en ont été données, et que je viens de signaler. U est en premier lieu impossible de trouver dans la figure origi- nale telle que la pl. aS , fig. 7 dès Ossemens fossiles en fait voir le portrait, aucun vestige d’omoplate, produit dans le squelette réta- bli ; cet os à grande surface plane existerait dans la pierre s’il efit fait partie de la charpente osseuse de l’animal pétrifié 5 M. Oken croit voir l’omoplate dans cet qs long A , indiqué dans la figure des Ossemens fossiles , mais qui manque totalement dans celle publiée par M. Sœmmering. Supposons avec M. Oken que cet os long puisse être l’omoplate, il est dès lors certain que ce ne peut être l’o- moplate d’un Chéiroptères et au cas que cet os long articulé au sternum soit en effet un omoplate , où sont les clavicules arquées données dans le squelette rétabli ? Le bassin formé de l’os des îles A , de l’ischion B , et du pubis C, est un vrai bassin de Saurien. Dans le squelette rétabli c’est un bas- sin de Cheiroptère. Je n’ai pu trouver que cinq vertèbres cervicales s le squelette rétabli en marque sept; la pétrification très-intacte dans toute l’é- tendue de la colonne vertébrale et en position naturelle partout , ne fait point préjuger de lacune. Les côtes minces faiblement arquées , filiformes et surtout très- fines et déliées vers les extrémités , sont de vraies côtes de Dragon ( Draco ) ; avec cette différence que le Dragon type a cinq côtes MONOGRAPHIES i64 longues et filiformes et trois autres plus petites ; ces côtes du petit Ptérodactyle ressemblent exactement à celles du grand Ptérodactyle^ pl. 23 , fig. T. J’en ai compté au nombre de neuf ou onze. Le squelette rétalili en montre huit sans aucun indice de fausses côtes. Ces côtes et le sternum rétabli ressemblent en effet aux parties correspondantes dans les Chéiroptères , tandis que la pierre offre des os corx’espondant par leur forme à ceux des Dragons. Ces notices supplémentaires au travail de M. Cuvier ne laissent aucun doute quant à l’exactitude des argumens énoncés par ce célèbi’e naturaliste ^ elles tendent plutôt à les fortifier. La conclu- sion déduite par M. Cuvier de la structure totale et des, parties correspondantes dans ces deux Ptérodactyles , ne me paraît pas aussi heureuse. Il dit , page 879 , en parlant des fonctions du vol : de l’existence de deux especes de sauriens qui volaient au moyen d’une membrane soutenue par un seul des doigts de la main.... J’admets que le seul long doigt de la main , portant plusieurs articulations, a servi d’attache et de soutien à une membrane, mais il fallait nécessairement à cette membrane étendue d’autres soutiens intermédiaires , et je vois dans les nombrenses côtes grêles , longues et filiformes de notre animal les mêmes soutiens, aux- quels j’attribue les mêmes fonctions que dans les côtes de nos Dragons vivons. Cette explication supplémentaire au texte de M. Cuvier sert .encore à éloigner toute idée relativement à l’opinion de M. de Sœm- mering 5 car en supposant que l’animal en question , dont il s’est occupé à donner le squelette rétabli , ait pu former une espèce rapprochée dé nos Chéiroptères vivons, il aurait fallu imagiper des soutiens intermédiaires autres que ce long doigt de la main, pour supporter la membrane ou l’appareil propre au vol 5 car la membrane dépourvue de ces soutiens et simplenient attachée par un réseau de fibres au corps d’un Cheiroptère , ne pourrait offrir aucune résistance à l’air, et. sa position dans l’état de repos serait difficile à , concevoir. i65 DÉ MAMMALOGIE. J’espère que mon respectable ami de Sœmmering me saura gré de ces remarques. Je viens de lui adresser le squelette d’un Cliei- roptèré Pteropus minîmus , et un • second individu conservé à l’es- prit-de-vin •, ces deux objets de comparaison , et la figure du squelette de notre Pteropus meîanocephalus , donnée dans cette monographie , serviront sans doute de preuves en faveur de l’opi- nion émise par M. Cuvier. L’histoire des Chéiroptères, telle que je me propose de la publier successivement par monographies , offrira une série d’espèces nou- velles à faire connaître ; les recherches établies sur' le système dentaire de ces singuliers animaux seront sans doute agréables aux naturalistes. On’peut dire que la connaissance exacte des genres et des espèces de l’ordre des Chéiroptères , est due aux travaux de M. Geoffroy de Saint-Hilaire j c’est lui qui en a posé les hases sur les matériaux rap- portés par feu Pérou et par M. Leschenault, plus tard par les envois de MM. Diard et Duvaucel. Mais aucun des voyages entre- pris dans une époque récente n’a fourni un aussi grand nombre de matériaux que l’expédition Nerlandaise dans l’Inde; les immenses collections faites par Ruhl et van Hasseît , qu’une mort préraa- turee a réunis sous la même pierre sépulcrale, nous fournissent une multitude de moyens comparatifs , qui me mettent à même d’étudier la famille des Chéiroptères , si nombreuse en espèces dans les îles asiatiques, non - seulement dans tous les états différens d’âge , mais auSsi sur une série d’individus préparés et conservés à l’esprit-de-vin. Je signale encore l’empressement de plusieurs na- turalistes à m’offrir les moyens d’établir mes observations sur l’in- spection d’un plus grand nombre d’individus. MM. de Schreibers , Lichtenstein et Crechsmaer , directeurs des musées de Vienne , de Berlin et de Francfort, ont eu l’extrême complaisance de me confier les espèces rapportées par les naturalistes voyageurs de leur pays. Le Musée de Paris , dépôt précieux , commis à la garde des savans les plus distingués , a constamment été ouvert à mes recherches. T. I. •21 i66 MONOGRAPHIES S-UR LE GENRE ROUSSETTE.— (Briss., Geoff., Illig., Cuv., Desm.) Dents incisives souvent mal rangées et obtuses à la mâchoire inférieure, mais symétriquement disposées, contiguës et rangées demi-circulairement , dans la supérieure 5 les deux rangées sont à dents contiguës et symétriquement disposées dans les Roussettes à queue. Canines f longues , comprimées et à trois faces 5 quelque- fois composées de deux pièces distinctes , mais accolées , dans les jeunes individus. Molaires ou seulement (i) ^ la petitesse de la première et de la dernière molaire varie plus ou moins proportionnellement aux autres grandes molaires qui suppléent par leur force à l’apparente nullité des petites dans la masti- cation; les grandes molaires des deux mâchoires n’ont point, ainsi que le lemarque M. Geoffroy, leurs com’onnes hérissées de tubercules ; elles présentent une surface longue et étroite , le plan en est oblique, et la détrition exerce son action plus sur le centre que sur les bords qui saillent en vives arêtes. Nombre total des dents , le plus habituellement 34 ; rarement Sa , lorsque la première très-petite molaire obtuse , ou dent anomale à la mâchoire supé- rieure manque. Plus rarement encore 3o seulement lorsqu’il man- que des petites arrière - molaires et la présence de la dent anomale. Les jeunes pourvus des premières dents , ont quatre incisives lon- gues, grêles, espacées par paire , et convergeant séparément l’une vers l’autre ; ce système dentaire existe dans quelques sujets comme première rangée , tandis que les incisives de rechange se trouvent en seconde ligne derrière les premières qui sont poussées en avant , et dont la chute a lieu lorsque les incisives de rechange se.dévelop- (r) Cette anomalie provient du manque de la très-petite fausse molaire à la mâchoire supérieure dans un petit nombre d’espèces, qui ont le museau un peu moins long que les autres. Quelques-unes manquent d’arrière-molaires aux deux mâchoires, ce qui rend leur mu- seau encore plus obtus ; la tête de la petite Rowssitle kiodota est plus longue parce que les molaires sont plus espacées , et que dans l’état normal la mâchoire inférieure compte une très- petite arrière-molaire de plus. DE MAMMALOGIE. 167 penl. L’os intermaxillaire , rudimentaire jusqu’à cette époque de la chute des dents de lait , se réunit alors par une soudure au maxillaire. Les caractères anatomiques signalés par MM. Geoffroy et Cuvier nous apprennent que l’omoplate est plutôt triangulaire que carrée j comme celle des Vespertilions y le cubitus est assez apparent et dégagé du radius, qu’il accompagne dans les deux tiers de sa lon-- gueur^ le sternum est très-saillant; le doigt index a les parties qui le composent, comme tordues sur elles-mêmes, d’un demi -tour en totalité, ce qui fait que le petit ongle de ce doigt est arqué en dedans au lieu de l’être en dessous, comme cela a lieu pour les ongles de tous les animaux. Les intestins sont comparativement plus longs que dans les autres Chéiroptères , et l’estomac est en forme de sac très -allongé et inégalement renflé. Les mamelles sont au nombre de deux et situées sur la poitrine. Leur tête longue et conique ressemble assez à celle du chien , d’où leur est venu le nom de Chiens -volons , que plusieurs auteurs leur ont appliqué ; leur museau est- le plus souvent effilé et pointu , c’est le cas des espèces pourvues d’une très-petite fausse molaire à la mâchoire su- périeure ; il est. plus court et un peu obtus dans- les espèces où cette petite dent , sans fonction pifisumahle dans la mastication , manque totalement ; leurs oreilles sont courtes , distantes , nues , simples , sans tragus et ne se réunissent point à leur base interne. Leur langue est rude et papilletise. Les ailes sont très-grandes, larges et amples; leur membrane, qui s’étend sur' le deçsus de la jambe, aboutit, en passant par-dessus le métatarse, à la base du qua- trième doigt. Le doigt indicateur est de moitié plus court que le médius ; sa phalange onguéale est distincte et elle porte un petit ongle qu’on ne remarque point dans les autres Chéiroptères (i). (i) M. Desraarest en excepte les Céj>halo tes , cependant ils n’ont point d’ongles ; M. -Geof- froy, qui indique ce manque d’ongles au doigt indicateur des Cepha/oies , se trompe lorsqu’il dit que ceux-ci manquent de la phalange onguéale. Le fait est que ces Chéiroptères ont en effet une phalange onguéale très-distincte; elle manque d’ongle dans le Céphalote de Pe'ron , mais le Céphalote de Pallas a cette phalange onguiculée. 23 MONOGRAPHIES i68 La membrane interfémorale est restreinte à de légères bordures ou rudimens plus ou moins larges, qui garnissent le bord in- terne des jambes; ces bordures sont réunies au coccyx qu’elles entourent, dans quelques espèces, tandis que chez les autres le coccyx n’est point enveloppé dans le rudiment qui borde les pieds postérieurs. Quelques espèces n’ont aucun vestige de queue, d’au- tres ont un léger soutien de la longueur de la membrane, et les espèces d’un troisième groupe ont pour toute queue un rudiment à moitié engagé dans la membrane interfémorale. Ces légères ano- malies nous ont fourni les indices pour les trois sections établies dans ce genre. Les Roussettes sont des animaux essentiellement frugivores ; il est cependant assez probable que certaines espèces vivent aussi d’insec- tes. Les contes absurdes, chargés de merveilleux, qui ont rapport au genre de vie carnassier et même sanguinaire des Roussettes , ont été produits par le défaut d’observations exactes et par l’effroi qu’ont inspiré , aux premiers naturalistes qui ont vu ces ani- maux, leur énorme envergure et leur appareil de défense , en appa- rence si redoutable. Ils n’attaquent aucun animal, pas même, ainsi qu’on l’a cru , les oiseaux et les petits quadrupèdes ; ce sont des ani- maux doux et paisibles, qui vivent eü. grandes bandes, suspendus pendant le jour, par leurs pieds de derrière, la tête en bas et enve- loppés dans leurs membranes ; quelques espèces s’accrochent de cette manière , par centaines, aux branches des arbres, d’autres se cachent dans les cavernes, dans le tronc des rochers et dans les trous des vieux arbres ; quelques-unes ont l’habitude de se suspendre aux pla- fonds des grands édifices isolés. La chair des grandes espèces est esti- mée comme une nourriture saine et délicate, quoique l’odeur quelles exhalent en répandant leur urine , ait dû naturellement rebuter ceux qui ont fait le premier essai de se nourrir de leur chair , qui est blanche, succulente et de bon goût. Il est sans doute impossible, dit M. Geoffroy, d’imaginer un groupe mieux circonscrit, et de trouver une famille plus parfaite- ment isolée des groupes voisins , enfin plus naturelle ; mais ces 170 MONOGRAPHIES core un plus grand intérêt, en ce qu’il fait voir et sert à constater de plus en plus les rapports entre les animaux vivans dans les deux continens. Quelques genres offrent seulement , il est vrai , des rapports entre les espèces séparées par des océans immenses ^ les uns sont en quelque sorte les représentans des autres ; mais le plus grand nombre des genres se retrouve sans démarcation assignable chez les espèces dans l’un comme dans l’autre continent. Nous tâcherons de prouver cette identité dans plusieurs mono- graphies de genres de mammifères qui sont destinées à être publiées dans cet ouvrage. Dans l’ordre des Chéiroptères nous pouvons si- gnaler les genres Molosse (Dysopes), Taphien (Taphosous), Vesper- tilion ( Vespertilio) et Nycticée (NyCticeius) , comme étant com- posés d’espèces parfaitement analogues les unes avec les autres dans les deux conllnens. Brisson a établi le genre Pteropus , mais il serait difficile de désigner au juste les espèces sur lesquelles ce naturaliste a basé ce groupe; on peut conjecturer que c’est sur des individus de la Jüoussette vulgaire ou de la Roussette rougette ; c’est encore à ces deux espèces, probablement aussi la Roussette édule, qu’on doit rapporter le Vespertilio vampynis. Clusius, Edwards, Buffon et même Brisson, n’ont conn^z que les deux premières espèces, et Séba paraît avoir vu un jeune de la Roussette édule. La connais- sance plus précise du genre Pteropus , et l’établissement d’une série d’espèces prennent date des nombreux travaux du professeur Geof- froy et de ses savantes recherches sur le système dentaire de tous les genres de l’ordre des Chéiroptères^ elles sont basées, ainsi que M. Geoffroy nous l’apprend, sur les dernières recherches des na- turalistes en Égypte, au Bengale, à Timor et à Java. Le nombre des espèces , dans lé genre Pteropus , a encore été augmenté par les acquisitions faites dans un voyage en Angleterre , où j’en ai trouvé plusieurs qui sont inédites. M. Geoffroy, dans son beau travail sur le genre Pteropus^ compte onze espèces dont il faut déduire deux ; notamment Y Ed- wardsii , qui est identique avec YEdulis et le Palliatus , qui est un DE MAMMALOGIE. lyr jeune de Cephalotes Peronii; restent conséquemment neuf espèces bien déterminées, dont j’ai pu vérifier l’existence sur les exemplaires qui ont servi aux savantes recliercbes de M. Geoffroy, et sur ceux exa- minés par moi dans les autres musées. Quatre espèces de Roussettes inscrites dans le travail encyclopédique de M. Desraarest , sont pure- mentnominales et dedoubleemploi, telles que le Æ«Zoi< etV Edwardsii qu’il faut l'apporter à YÉdule ; il copie aussi l’erreur commise par M. Geoffroy à l’égard de la Roussette mantelée ( Pteropus pal- liatus), et sanctionne le double emploi fait par M. Horsfield de son Pteropus rostratus , espèce identique avec le Pteropus minimus de M. Geoffroy. Le catalogue du genre, tel qu’il est présenté dans cette Monographie , porte le nombre des espèces bien déterminées, à dix-sept. Les espèces de ce genre paraissent être circonscrites dans les contrées de l’ancien continent : l’Asie méridionale et les vastes Archipels en nourrissent bien plus que l’Afrique et ses îles; le genre n’a point de représentant en Europe, et l’Amérique en serait aussi dépourvue y toutefois il ne me paraît pas certain que fcette partie du globe ne nourrit point de Roussettes ÿ ces grandes chauves-souris qui, selon M. Swainson , dévorent les fruits et dévastent les vergers dans les environs de Farmanbuc , et celles qu’on dit avoir été vues au Chili et au Pérou , paraissent appartenir *à ce genre. Les décou- vertes qui vont être faites dans ces contrées peu visitées par les naturalistes, nous mettront sûrement à même déjuger cette ques- tion , à laquelle je ne puis répondre par l’évidence des preuves. Nous bornons nos l’emarques au rapprochement qu’on peut établir entre les Phyllostomes du nouveau monde et les Roussèttes de l’an- cien continent , et. les rapports qui semblent exister entre les Glos- sopJiages , groupe voisin des Phyllostomes , avec la petite Rous- sette kiodote , peut-être destinée par la suite à former le type d’un groupe, mais dont je forme provisoirement une section dans le- genre Pteropus. MONOGRAPHIES l’ji PREMIÈRE SECTION DES ROUSSETTES. MUSEAU PLUS OU MOINS ALLONGÉ; QUEUE NULLE; MEMBRANE INTERFÉMORALE PLUS OU MOINS RUDIMENTAIRE ; RÉGIME ENTIÈREMENT FRUGIFORE. ROUSSETTE ÉDULE (i). - PTEROPUS EUüLIS. La plus grande espèce connue : formes grêles ; corps très-oblong ; museau long ■, membranes du vol très-larges et très-étendues. Pelage en dessus ras •, à poils du dos adhérons à la peau , dans une partie de leur longueur 5 toujours très-courts et recouvrant la peau à claire- voie. Le poil paraît adhérer à la peau dans toute sa longueur , sur les dépouilles des individus adultes et vieux. Les jeunes ont le pelage plus long et n’adhérant aucunement à la peau : cette circonstance dépend de l’âge des individus, ce que j’ai vérifié sur plus de trente dépouilles. Les parties inférieures plus fournies, à poils un peu frisés. Oreilles longues et pointues. Membrane interfémorale réunissant les pieds à la région du coccyx , large à l’articulation du genou et formant un angle très-ouvert ; celle de l’aile large et très-étendue 5 toutes d’un noir parfait tlans l’adulte et brunes dans le jeune âge. Les incisives à la mâchoire supérieure , égales , bien rangées , plus irrégulières dans l’inférieure j point de petite dent anomale à la mâ- choire supérieure, et quatre molaires espacées ^ à l’inférieure une dent anomale et cinq molaires espacées. Voyez, explication des planches, le crâne d’un sujet très -vieux, de 4 pieds 6 pouces d’envergure, et le crâne d’un jeune de 21 pouces d’envergure. Couleurs du pelage variables, passant du marron noirâtre au noir parfait sur les parties inférieures , et du cendré-noirâtre au noir (i) Connu dans les îles de la Sonde sous le nom de Kalong. Les voyageurs français ont écTÏxKalou, mais leur ortlirgraphe n’est point exacte; le nom malais, selon M. RaBles , est Kaluang: l’un et l’autre signifient une Chauve-souris. Le nom de Pakalonga, district dans l’île de Java , veut dire demeure des chauves-souris. Celte Roussette porte à Timor le nom de Alalon-bourou ( oiseau de nuit) , dénomination reçue pour désigner un Cheiroptère quel- conque. M. Rallies réunit dans le même article , sous le nont malais Kaliiang , \sl Rousselle p'dule, un Njxtère et un Mégaderme. DE MAMMALOGIE. 173 plein, sui'le dos. La nuque et les épaules constamment et dans tous les âges d’un roux marron plus ou moins xif. Les jeunes de l’année en état de voler ont à peu près les mêmes couleurs que l’adulte , mais leur pelage est plus long et plus touffu. Le dos , à partir des épaules , est d’un marron noirâtre ou d’un noirâtre plus ou moins cendré j l’une ou l’autre de ces deux teintes' règne sur la face externe des pieds postérieurs qui sont couverts de poils clair-semés, tant sur le membre que sur une partie de la membrane. Museau, partie antérieure delà tête et gorge d’un marron foncé très-vif ou plus ou moins noirâtre 5 nuque , épaules et devant du cou d’un roux vif ou bien d’une teinte marron 5 le roux de la nuque est séparé de la teinte noire du dos par une bande transversale plus ou moins rougeâtre. La poitrine est d’un roux brun ou de couleur marron-noirâtre^ les autres parties inférieures d’nn brun noirâtre, mais le plus souvent , chez l’adulte, d’un noir parfait ; les oreilles sont longues et pointues. La membrane inter- fémorale est large environ d’un demi-pouce , elle entoure la région du coccyx et n’est point couverte ni cachée par les poils de cette partie •, sa forme est un V renversé. Dimensions du vieux mâle. De la pointe du museau à l’extrémité intermédiaire de la membrane j i 5 pouces 5 distance du bord anté- rieur des yeux à la pointe du nez , 1 pouce 6 lignes ; ântibrachium , >7 pouces 7 lignes J envergure, 4 pieds 10 pouces. Longueur totale des individus de taille moyenne ,11 pouces ; en- vergure, 3 pieds; longueur de l’humérus, 3 pouces; de l’antibra- chium , 5 pouces 8 lignes ; du bord antérieA' df . l’ceil à la pointe du nez , i 3 ligues. Un jeune de l’année, dont le crâne est figuré. Longueur totale, 7 pouces 6 lignes ; envergure , 2 1 pouces ; distance du bord anté- rieur de l’œil à la pointe du nez , 7 lignes. On trouve des différences plus ou moins marquées, dans les tein- tes du pelage et dans la taille des individus. Le grand nombre de dépouilles de squelettes et de crânes dont j’ai pu disposer m’ont servi à constater l’identité des deux espèces nominales établies par 174 MONOGRAPHIES MM. Geoffroy et Desmarest , sous les noms de Pteropjis ecîulis et Edwardsii. L’individu décrit par Edwards avait le museau noir , celui du Musée de Paris a le miyseau couleur marron ; ceux de notre Musée ont cette partie, les joues et la gorge d’un marron noirâtre. Les teintes au ventre varient aussi du brun clair au roux marron ou au marron noirâtre j le dos est couvert de poils d’un marron noi- râtre , sans mélange chez quelques sujets , mais on remarque dans d’autres un mélange de poils noirâtres et de poils cendrés : les derniers sont en plus petit nombre que les noirs. Le roux vif à la nuque et au cou paraît constant dans tous les âges, et la bande transversale et rougeâtre sur les omoplates, est toujours plus ou moins marquée. Edwards, s’il faut l’en croire, dit que l’individu qu’il décrit vient de Madagascar ; ceux du Musée des Pays-Bas ont été envoyés de Banda, et MM. Reinwai’dt, Kubl et van Hasselt, nous ont adressé des sujets de Java, de Sumatra, et de Banca. Les individus de ces îles diffèrent un peu entre eux par les teintes du pelage , et de ceux du Musée de Paris, qui sont de Timor. Les plus petits individus dont nous avons pris la mesure ont une envergure de ai et de 36 pouces ; celui d’Edwards avait 45 pouces anglais de vol ; et les sujets de la plus forte taille , qui se trouvent dans notre Musée, ont une envergure de 4 pieds lo pouces. Edwards a probablement été dans l’erreur sur la patrie de sa Roussette de Madagascar; de son temps on était peu soigneux dans ces sortes d’indications, auxquelles on ne mettait point l’importance qu’elles méritent. Au moyen des caractères indiqués il sera facile de distinguer cette Rtgas^tte des autres espèces; elle est la plus grande de toutes. Synonymie. Vespertilio vampyrus, deLinn. et de Gmel. , n’a rien d’authentique. Cette indication peut être rapportée à VEdulis aussi bien qu’au Rubricollis et au E ulgaris. — Pteropus Ebulis et EnwARSii. Geoiï.,Mnn. du Mus. , vol. i5, pag. 92. — Deux espèces nominales qu’on doit réunir , ce dont j’ai acquis la certitude par l’examen des sujets qui ont servi au Mémoire de M. Geoffroy, DE MAMMALOGIE. lyS et par leur comparaison avec les individus adressés au Musée des Pays-Bas. M. Horsfield décrit cette espèce sous le nom de Pteropus Javanicus, Zool. Research, Iw. 4- C’est changer contre une déno- mination très-mal choisie, un nom plus ancien, parfaitement Lien imaginé. Il n’existe aucun doute sur l’identité de cette espèce et de celle qui â servi à Séha pour modèle de son Gants volans ter- NATANus orientaeis, TJws. , i>ol. I, pag. 91 , tah. 5']. Le Ternate BAT, figuré par Pennant, vol. 7 . , pag. ^ol^,pl. io3, est encore VEdulis , et c’est à tort qu’on rapporte ces indications , où le vrai et le faux se trouvent entassés , comme appartenant à la Rougette ou à la Roussette de Buffon. Le Lesser ternate bat de Pennant, pag. 3o8, tab. ?to[{,Jîg. i , n’a rien d’authentique. On ne peut en prendre notice vu la courte indication et l’ignorance où l’on est sur le pays natal. M. Geoffroy place cette espèce, dépourvue de queue, comme synonyme de son Pteropus stramineus , qu’il range parmi celles à queue. Patrie constatée. L’Archipel de l’Inde. On trouve cette espèce à Java , à Sumatra , à Banda , à Ternate , à Timor , et à Saparouan. M.Reinwardtnous adit qu’elle est très-nombreuse dans l’île de Java. Pendant le jour on trouve ces animaux suspendus par les crochets du pouce aux branches des arbres , dans le voisinage des plantations dont ils dévastent les vergers. Leurs essaims nombreux se mettent en mouvement vers le déclin du jour; c’est alors que les naturels en font la chasse au moyen d’un sac attaché à une longue perche ; ils les mangent et trouvent leur chair bonne, mais l’odeur infecte qu’ils répandent dégoûte les Européens ; cette odeur très-forte de musc est produite par leur urine , qu’ils répandent lorsqu’on les inquiète ; blessés ou irrités ils font entendre un cri aigu semblable à celui de l’oie. La nourriture de cette Roussette consiste en toutes sortes de fruits. M. Horsfield dit aussi que l’Édule abonde dans les parties basses de l’île de Java ; elle ne visite point les distrrets plus élevés. Plusieui's centaines d’individus choisissent un grand arbre, le plus habituellement une espèce de figuier, voisin du Ficus 178 MONOGRAPHIES ROUSSETTE A FACE miBE. — PTEROPUS PHJIOPS. Taille de la Roussette intermédiaire du Bengale ; corps très- gros , trapu ; museau long j yeux plus éloignés des narines que des oreilles ; celles-ci courtes et pointues^ membrane interfémorale large au tibia , mais restreinte , sur toute l’étendue du coccyx , à un rudi- ment très-étroit , occulte et caché par les longs poils ; envergure étendue , mais les membranes étroites. Point de petite dent ano- male entre la première molaire supérieure et la canine 5 incisives petites , les supérieures bien rangées , les inférieures entassées en deux rangs et compi-i niées par les canines (i). Pelage long , grossier, très-fourni , un peu frisé partout ; coccyx , humérus, antibrachium et les membranes qui en prennent naissance garnies d’un poil frisé. Un masque d’un noir profond couvre le museau , la gorge , les joues , et entoure l’orbite des yeux; tout le reste de la tête, les côtés du cou , la nuque et les épaules d’un jaune paille ; poitrine d’un roux doré très- vif; toutes les autres parties inférieures à poils de deux couleurs , bruns à la base et d’un jaune paille clair à la pointe ; pelage de l’humérus et de tout le dos d’un noir marron^ mêlé de quelques poils jaunâtres; membranes noires. Dimensions d’un vieux mâle. Longueur totale , 10 pouces; en- vergure, 3 pieds 5 pouces; antibrachium, 5 pouces 8 lignes; di- stance du bord antérieur des yeux à la pointe du nez, i3 lignes; hauteur de l’oreille , 8 lignes. Cette espèce nouvelle repose sur l’examen de deux individus. Patrie certaine. Madagascar. Musée des Pays-Bas. (1) J’attache peu d’itnportauce à ces légères différences dans les dents incisives des Chéi- roptères ; le naturaliste doit les signaler, mais on est prévenu de ne pas s’en servir comme premier moyen de reconnaissance. L'accroissement progressif des canines , même dans un âge très-avancé, est la cause principale des anomalies qu’oCFrent les dents incisives; elles sont quelquefois de nature à faire naître des doutes sur l’identité certaine et avérée de l’espèce. DE MAMMALOGIE. ^79 ROUSSETTE A TÊTE CENDRÉE. — POLIOCEPHALUS. Taille moindre que celle du Pteropus Edulis ; corps très-gros, en- core plus trapu, par rapportau vol, que dans la Roussette à face noire ; membranes interfémorales restreintes à un rudiment très-court*, tout le coccyx dégagé , couvert de longs poils j fourrure abondante sur tout le corps et sur les membres ; les incisives de la mâchoire inférieure un peu écartées entre elles. Oreilles de moyenne lon- gueur, entièrement à découvert et pointues. Le pelage sur tout le corps , ainsi que sur la face extérieure et intérieure des quatre extrémités , est long , bien fourni , plus ou moins frisé sur toutes les parties inférieures , lisse et couché en dessus , excepté à la nuque , au coccyx et à la face externe des pieds postérieurs 5 ceux-ci sont plus courts que dans aucune autre espèce. Toutes les parties supérieures de la tête , les joues et la gorge sont d’un cendré foncé, mêlé de quelques poils noirs, clair- semés j la couleur cendrée. se nuance en gris sur le sommet de la tête, et cette teinte forme une bande longitudinale sur le chanfi’ein 5 à l’in- sertion des oreilles se voit une petite tache noire. Toute la nuque, les épaules et une partie du devant du cou sont d’un beau marron roussâtre ; cette couleur est séparée par une bande noire du cen- dré couvrant les autres parties du corps ; tout le dos et la poitrine offrent un mélange de poils cendrés et de poils noirs , mais la partie inférieure du dos et la face externe des pieds de derrière sont d’un cendré plus clair, tirant un peu au jaunâtre j le ventre, la région du coccyx et la face interne des pieds , sont aussi de cette teinte, mais elle est plus foncée ; l’antibrachium et la partie de la membrane qui y adhère sont garnis de poils bruns mêlés de quelques poils plus clairs *, la membrane interfémorale large , vers les os métatarsiens , de 10 lignes, diminue graduellement d’étendue et se perd vers la première jointure du genou dans les longs poils de cette partie, où elle est réduite à un rudiment j toute la région qui enveloppe le coccyx en est dépourvue, et cette partie est garnie de poils un peu i8o MONOGRAPHIES frises; les oreilles sont de moyenne longueur et nues. Toutes les dents sont absolument comme chez les autres Roussettes , mais les incisives de la mâchoii’e inférieure sont plus écartées, et les deux arêtes des molaires plus saillantes. Longueur du bout du museau au coccyx, à peu près un pied ; en- vergure , 3 pieds 3 pouces ; longueur de rantibi’achium , 5 pouces 7 lignes ; l’humérus n’a pu être mesuré , cette partie manquant à l’individu ; distance du bord antérieur des yeux à la pointe du nez , i3 lignes. Un mâle de grande dimension, et d’après les dents par- faitement adulte. Synonjniie et Patrie. Cette espèce est nouvelle; j’en fis l’acqui- sition à Londres, avec un grand nombre d’autres objets d’histoire naturelle arrivés récemment de la Nouvelle- Hollande. Un second individu que je viens de recevoir avait été rapporté de l’intérieur de la grande terre de l’Océanie. Les circonstances mentionnées peu- vent servir d’indices pour déterminer l’habitation de cette Rous- sette. Muséum des Pays-Bas. Un individu monté ; le second , en tout semblable au sujet décrit , était entièrement rongé par les der- mestes. J’en ai vu un troisième j)lus petit , au Musée de Paris , et un quatrième à Londres. Le sujet du Musée de Paris porte le nom de Pteropus riibricolïis. ROUSSETTE LAINEUSE. —P DJSYMJLLUS. {Planche 10 .) Taille moindre que la Roussette intermédiaire^ et un peu plus forte que la Keraudren ^ membranes du vol, en proportion du corps , moins étendues que dans les autres Roussettes ; membrane interfémorale rudimentah’e le long des jambes , et nulle à l’entour du coccyx ; seulement visible à la région du calcanéum , le reste étant caché par un pelage touffu. Oreilles petites, pointues, en grande partie cachées dans l’épaisse fourrure. Incisives supérieures DE MAMMALOGIE. i8i grandes, égales et bien rangées; inférieures petites et par paire; point de petite dent anomale derrière la canine supérieure ; une fausse molaire large et bilobée derrière la canine inférieure; en tout 4 molaires en haut et 6 en bas. Voyez la figure du crâne. Pelage très-laineux , long partout ; membranes des flancs pollues en dessus et en dessous ; tous les membres couverts de poils longs ; seulement les os métatarsiens couverts d’une membrane nue; de longs poils à la région du coccyx. Face, sommet de la tête, joues , gorge et région des ox’eilles d’un brun mêlé de quelques poils gris ; devant et côté du cou , nuque , toute la partie postérieure du cou et la région des omoplates d’un blanc sale un peu jaunâtre ; tout le reste des parties supérieures et inférieures du corps , la partie velue des membranes des flancs , et les quatre extrémités en dessus et en dessous , couverts d’une laine touffue, brun foncé, à pointe des poils couleur d’ocre; oreilles nues , la pointe seulement visible. Membranes d’uu brun foncé. Longueur du bout du museau à l’extrémité du coccyx , un peu plus de 8 pouces ; les poils dépassent le coccyx d’environ un pouce ; envergure, 2 pied^ pouces; antibrachium, 4 pouces 4 lignes. Synonymie. Cette espèce nouvelle a été indiquée sous le nom de Pteropus rubricollis par M. de Siebold, naturaliste-voyageur ner- landais envoyé au Japon. Voyez Spîcilegia faunæ Japonicæ. Je m’empresse d’en faire la remarque , afin que les naturalistes de bi- bliothèques, en s’emparant de cette brochure trop prématurée de M. de Siebold , ne nous fournissent jîoint une synonymie vicieuse et une indication de patrie inexacte du véritable Pteropus rubricollis , qui se trouve à l’île dé France. Patrie. Le Japon , où elle dévaste les plantations d’arbres fruitiers dans les environs de Nangasaki et de Jedo. Son nom japonais , sui- vant M. de Siebold , est Sobaosiki. Le sujet qui a servi à la présente description a été offert au Musée des Pays-Bas par M. Blomhoff, ancien résident nerlandais au Japon. T. I. 82 MONOGRAPHIES ROUSSETTE VULGAIRE.— P 7!E/Î OP t/5 VULGARIS. Taille de V Ecureuil d’Europe ; envergure des plus grands indivi- dus, aussi étendue que celle des plus petits suje ts de la Roussette in- termédiaire. Oreille petite, pointue, fort peu écliancrée à la partie supérieux'e et latérale. Les incisives supérieures sépax’ées presque éga- lement, les latérales à peine plus courtes. Membrane interfémorale courte , entièi’ement. cachée par les poils de la région du coccyx. Pelage épais et grossier. Le dessin d’un crucifix brun -noirâtre sur un fond roux, couvre les parties supérieures. Front et joues d’un roux jaunâtre j museau, tête ,’ cou, nuque et deux bandes sur les côtés du dos parallèles à l’épine, d’un roux jaunâtre très-vif j le milieu du dos et les épaules d’un marron-noirâtre ; le ventre et les autres parties inférieures, celle du pubis excepté, d’un noir plein; la région du pubis et les bras roussâtres ; membranes d’un noir parfait. Elle paraît sujet à varier. Un individu , conservé au Musée de Paris, et rapporté par M. Roch , a la tête, ainsi que la région des parties génitales, jaunâtres , le reste du ventre noirâtre; il est d’un brun noir en dessus, aux épaules et sur le milieu du dos ; le reste est jaunâtre. Longueur totale , 8 pouces 4 ou 5 lignes ; qnelques individus ont 9 pouces ; envergure, 3 pieds j quelquefois plus. Synonymes. Vespertilio ingens dus., Exot. lab., pag. 94. — La Roussette Briss. , Quad.,,pag. 216. — Buff., vol. 10 , tab. 14. — Vespertilio vampyrus Sclireb., Saùgt., vol. 5 , tab. 44 ? figure exacte. Le Vespertilio vampyi'us deLinnée, Gmel., n’a rien de bien détei’miné. — La Roussette vulgaire GeofEr., Ann. du Mus., vol. i 5 , pag.gi. — Cuv., Regn. anim., vol. i, pag. 124. Voyez aussi Ann. du Musée, vol. 7, pag. 227 , où se trouvent des notices très- intéressantes , communiquées par M. Roch. Patne certaine. Les îles de France et de Bourbon. On dît qu’on la trouve aussi à Madagascar et peut-être en Afrique. On mange DE MAMMALOGIE. i83 la chair de cette Roussette; c’est à tort, dit M Roch, qu’on la compare à la chair du lièvre ou à celle de la perdrix ; elle a une saveur particulière qui plaît en général ; celle des jeunes est surtout préférable. Cette espèce ft la Rougette se rassemblent pêle-mêle sur les arbres, où elles sont attirées par l’abondance des fruits et des fleurs ; elles ont toutefois des habitudes différentes , car , hors le moment où elles s’occupent à paître , les Roussettes vulgaires vont se fixer sur de grands arbres au centre des forêts , tandis que les Rougettes s’établissent dans les creux des vieux arbres ou dans des rochers. On ne croit pas qu’elles s’accouplent ensemble ; du moins jamais il n’en provient de mulets. Musée de Paris : deux individus en très-bon état. Deux autres à Londres. Les deux sujets du Musée de Paris sont étiquetés sous le nom de Roussette de Buffon. Je n’ai pas examiné les molaires ni le crâne de cette Roussette. ROUSSETTE ROUGETTE.— P OP £75 RÜBRICOLLIS {i). Taille de moitié moindre que la Roussette édule. Dents incisives plus rapprochées , celles du milieu étant contiguës ; elles sont rap- prochées par paire à la mâchoire inférieure. Oreilles petites , cachées dans les poils ; membrane interfémorale rudimentaire en- tièrement cachée sous les poils crépus du coccyx et des jambes. Oreilles courtes , arrondies , parfaitement cachées dans les poils ci'épus. Pelage cotonneux , très-frisé, long, rude et très-abondant. Un large collier d’un rouge roussâtre ou doré couvi’e toute la nuque , les côtés et le devant du cou ; la tête et toutes les autres parties supérieures sont d’un brun jaunâtre, mêlé de poils soyeux d’un jaunâtre clair ; poitrine d’un brun noirâtre ; les autres parties (i)Ce nom que nous conservons est bien mal choisi, vu que sur huit espèces de grandes Roussettes , sept ont le cou roux , donc cette épithète de RubricoUis leur est applicable. Ce que M. Geoffroy dit du pelage de cette Roussette se borne à ce peu Je mots : Elle est dun gris-brun sur tout le corps , à l’exception du cou , où. règne une couleur très-vive mcle'e d orangé et de rouge. 24 ^ i84 MONOGRAPHIES inferieures d’un ton plus gris que le pelage du dos, mais variées de la même manière. Dimensions données par M. Geoffroy : envergure , 2 pieds ; tête , 4 cent. 5 millim. J’ai trouvé la longueur tfÿtale de 7 pouces 4 lignes , etl’antibrachium de 4 pouces. La Roussette a cou rouge, Briss., Quad., pag. 217. — Geoffr., Ann. du musée, vol. i 5 , pag. 98. — La Rougette, Buff., vol. 10, tab. 17. — Cuv., Reg. anim. , vol. i, pag. 124. Le Ves- pertilio vampjrus de Linn., Gmel., peut encore être rapporté ici, ainsi qu’aux articles de Yedulis et du vulgaris. On ne doit point rapporter ici le soit-disant Pteropus ruhricollis dont M. Siebold vient de faire mention dans une petite brochure écrite au Japon et imprimée à Batavia , Spicilegiafaunœ Japonicœ. Cette espèce est nouvelle 5 nous en fournirons une description sous le nom de Pteropus dasjmallus. Patrie donnée par les auteurs. Les îles de Bourbon et Madagascar. M. Rocb assure que cette espèce est distincte de la précédente; elle vit dans les arbres creux et dans les trous des rochers. Les couleurs du pelage offrent des disparités bien marquées. Musée de Paris. J’ai vu dans quelques autres musées des Rous- settes étiquetées sous le nom de Rubricollis. On a même donné ce nom au Céphalote de Pérou , dans un catalogue publié depuis peu. ROUSSETTE PALE, ou FEUILLE MORTE. — PTEROPUS PJLLIDUS. Taille moindre que celle des individus de l’âge d’un an de la Roussette édule museau court , un peu obtus ; yeux plus distans des oreilles que de la pointe du nez ; oreilles courtes , arrondies , moins longues que la distance des yeux à la pointe du nez ; mem- brane interfémorale réunie à la base du coccyx par un rudiment d’une demi-ligne de largeur, entièrement caché sous les poils qui DE MAMMALOGIE. i85 couvrent cette partie 5 toutes les membranes d’un brun très-clair. Incisives supérieures écartées, les inférieures plus entassées^ toutes les latérales plus grandes que. les intermédiaires ; point de dent ano- male à la mâchoire supérieure où se trouvent quatre molaires; à l’infé- rieure une dent anomale avec cinq molaires, la dernière très-petite et réunie. VoyezXe crâne. Pelage très-court , mélangé de poils bruns, gris et blanchâtres. La nuque , les épaules et le collier qui entoure la poitrine sont d’un roux de rouille vif dans les adultes , et d’un roux un peu plus pâle chez les jeunes ; tout le dos est cou^rt de poils couchés , lisses , courts et d’un brun pâle; cette teinte est produite par le mélange de poils bruns cendrés et blanchâtres. La tête^ la gorge, le ventre et les flancs sont d’un brun couleur de feuille morte ; toutes les mem- branes sont d’un brun pâle ou. couleur de feuille morte. Les sexes n’offrent aucune différence dans les couleurs du pelage , et les jeunes de l’année diffèrent des adultes seulement par une teinte générale- ment plus claire et moins vive des couleurs de leur robe. J’en ai mesuré de 7 pouces en longueur totale, et j’en ai vu de moins grands; ils ressemblaient exactement aux adultes, à l’exception de la légère différence que nous signalons. Longueur moyenne des adultes , 7 pouces 6 lignes ; envergure , 2 pieds 4 ou 5 pouces;' antibrachium, 4 pouces 6 lignes; distance du bord antérieur des yeux à la pointe du nez , i pouce ; longueur des oreilles, 8 lignes. On distingue cette nouvelle espèce au manque delà ti'ès-petite fausse molaire à la mâchoire supérieure , qui ne compte que trois grandes et une petite molaires , à sa teinte brune , couleur de feuille morte , à ses petites oreilles arrondies par le bout. Je n’ai point trouvé de variétés dans la couleur du pelage sur six individus d’âge et de dimensions différentes , que j’ai été à même de comparer. Patrie. L’espèce a été trouvée à l’île de Banda, où elle est très- commune; elle vit et pourvoit à sa subsistance de la même manière que la Roussette édule , qui abonde aussi dans cette même île. MONOGRAPHIES Musée des Pays-Bas ^ quatre individus montés. Musée de Paris , individu provenant des collections des voyageurs nerlandais. ROUSSETTE KERAUDREN (i) PTEROPÜS KERJUDRENIUS. Taille environ d’un quart plus grande que la Roussette grise (Pteropus griseus) ; queue nulle , la membrane interfémorale échan- crée comme dans Vedulis , mais seulement rudimentaire à l’entour du coccyx , où elle est cachée et totalement couverte par les poils assez longs de cette partie j oreilles courtes, un peu arrondies j membranes du vol naissant a^eu de distance de la ligne moyenne du dos ; pouce très-long. Toutes les membranes d’un noirâtre très- foncé. Dents incisives égales et symétriquement rangées*, une petite dent anomale à la mâchoire supérieure, une correspondante plus forte à l’inférieure; quatre molaires en haut et cinq en bas. Voyez le crâne calqué de la figure publiée dans l’ouvrage de M. Freycinet. Pelage couché et brun sur le dos ; plus fourni et crépu sur la nuque et aux parties inférieures. Les poils lisses et couchés du milieu du dos sont à peu près noirâtres , mêlés de quelques poils cendi’és très-rares ; mais sur les côtés du dos, vers la limite de la région poilue, se trouve une longue bande en forme de croissant où les poils cendrés sont en plus grand nombre que les poils noirs. Toute la nuque ainsi que les épaules sont couvertes d’un pelage frisé, d’un jaune paille un peu roussâtre; ce demi-collier est terminé en pointe sur les côtés de la poitrine. La tête et la gorge sont d’un brun fauve très-foncé; la poitrine est légèrement teinte d’une nuance plus roussâtre et toutes les autres parties inférieures sont noires, mélangées de poils gris. Les oreilles sont très-petites et un peu arrondies ; les longs poils du coccyx cachent le rudiment de membrane dont cette partie est entourée. Nous avons vu des individus dont le collier jaune est plus clair , et d'autres où cette teinte est légèrement cendi’ée. (i) Son nom de pays , à.Guiim , l’une des Mariannes, est Fanihi; les Carolinais la désignent par la dénomination de Po&. i88 MONOGRAPHIES pelage du cou long et frise ; membrane des flancs naissant à peu de distance de la ligne moyenne du dos ; membrane interfémorale peu large aux membres , rudimentaire et en partie cachée au coccyx. Les poils du cou sont longs et frisés , ceux du dos au contraire courts et couchés. Toutes les parties inférieures sont d’un gris roussâtre, souvent d’un blanc jaunâtre ou légèrement teinté de rous- sâtre ces poils sont assez longs , très-légèrement frisés sur la gorge ; la tête et la nuque sont d’un roussâtre très-clair , et les poils de ces parties sont comme frisés 5 ceux du dos ont une teinte roussâtre très-claire , passant presqu’à la couleur lie de vin. Cette espèce est bien caractérisée par ses oreilles très-courtes , terminées en pointe. Longueur totale de 6 pouces à 6 pouces 6 lignes 5 distance du nez au bord antérieure de l’œil, 9 lignes; longueur de l’antibrachium, 3 pouces 7 lignes ; longueur totale , 6 pouces ; mesure prise sur une femelle jeune. Un mâle adulte m’a fourni les dimensions suivantes : longueur totale , 8 pouces; envergure, 21 pouces; antibrachium, 3 pouces 10 lignes; humérus, 2 pouces 7 lignes; distance du bord antérieur des yeux à la pointe du nez , 1 1 lignes. Synonymes. Cette espèce, qui est du nombre des découvertes faites par l’expédition française aux Terres Australes, a été décrite et figurée par M. Geoffroy dans les Annales du Muséum , vol. i 5 , pag. 94 , pl. fi. Je reproduis la figure dans cette monographie. Patrie. L’espèce a été trouvée par feu Pérou dans l’île de Timor. Elle est facile à reconnaître aux teintes très-claires du pelage , à ses oreilles très-courtes , à sa petite taille et à la réunion de ses mem- branes du vol qui se joignent à peu de distance de la ligne moyenne du dos. L’espèce est établie sur l’examen de deux individus. Muséunis des Pays-Bas et de Paris. r m 190 MONOGRAPHIES Patrie. M. Reinwardt a rapporté les deux individus mentionnés del’ilede Ternate. Musée des Pays-Bas. ü, ROUSSETTE MÉLANOCÉPHALE. — ME LANO'CEPHAL US. Planche XII. Taille de la sérotine d’Europe. Oreilles petites , courtes et arron- dies 5 queue nulle , membrane interfémorale rudimentaire à peu près toute cachée par lespo‘ils du coccyx et des jambes. Museau très-court, incisives contiguës , symétriquement rangées ; une dent anomale assez forte à chaque mâchoire ; outre ces dents , trois molaires à la supé- rieure et quatre à l’inférieure \ la première molaire de la mâchoire supérieure munie d’un talon, ce qui la rend hilohée. Voyez le sque- lette et les détails de grandeur naturelle , pl. 16, fig. 3 et 4 - Pelage un peu long et bien fourni, excepté sur le devant du cou ; le coccyx , les jambes et l’antihi'achium couverts ; les poils du dos de deux couleurs , d’un blanc jaunâtre à la base et d’un cendré noirâtre à la pointe \ nuque , sommet de la tête et museau noirs 5 des poils di- vergens d’un centre commun siir les côtés du cou , servant proba- blement à couvrir un appareil dont suinte une humeur odorante (i). Toutes les autres parties inférieures d’un blanc jaunâtre et terne j sys- tème cutané d’un brun foncé. Longueur totale d’une vieille femelle à tétines longues , 2 pouces 10 lignes 5 antibrachium, i pouce 7 lignes j envergure, ii peuces. Nous sommes redevables de la découverte de cette très-petite es- pèce à M. Van Hasselt , qui a trouvé cette Roussette dans un voyage fait dans les parties les plus solitaires de l’île de Java. La note manu- scrite de ce naturaliste nous apprend qu’il en fit la capture dans les régions monlueuses du district de Bantam, où l’espèce porte le nom (i) On observe un appareil semblable dans la Rosette mammilèvre et dans quelques autres espèces de Chéiroptères. DE MAMMALOGIE. igi de Batoeawwél ; il n’en put trouvei' qu’une petite famille suspendue à un arbre. Patrie. L’île de Java. Musëe des Pays-Bas , des individus montes et le squelette. DEUXIÈME SECTION DES ROUSSETTES. Museau un peu allonge ou effilé , provenant de l’intervalle entre la première et la seconde molaire; langue un peu plus longueque celle des autres roussettes, pointue et un peu extensible ; un rudiment de queue presque imperceptible et ne dépassant point la membrane interfémo- rale (i). Régime entièrement frugivore; les mêmes habitudes que les autres grandes Roussettes de l’Inde. ROUSSETTE KIODOTE (2). PTEROPUS MINIMÜS. Taille du mulot , envergure de notre Vesp. harbastelle. Tête large, museau grêle, effilé, membrane interfémorale très-étroite, mais réunis- sant les pieds au coccyx par un rudiment de largeur égale , soutenu par un faible rudiment de queue ; toute la membrane velue , plus en dessus qu’en dessous. Incisives des deux mâchoires mal rangées, toutes distantes; la première molaire accolée aux canines, laissant ensuite (1) L’absence de tout vestige de queuè dans les sujets montés doit être attribuée au peu de soin donné à la préparation des peaux ; la tpieue n’est plus visible lorsque les vertèbres ont été enlevées dans la membrane interfémorale. Cette petite queue compte deux vertèbres. (2) Nous conservons ce nom donné à l’espèce par M. Leschenanlt , en remarquant toutefois que les Javanais ne la désignent point sous ce nom de Kiodole. Elle est très-bien connue en langue malaise , sous le nom de Lowo-Assa , ce qui signifie chauve-souris chien. Les Français sont assez souvent dans le cas de donner une orthographe vicieuse en se servant des noms vul- gaires qu’ils a'pliquent aux espèces d’après les idiomes étrangers. On doit écrire le nom Javanais de la grande Roussette (P. Edulis) Jïa/ong' , et pas Kalou, comme l’a fait M. Leschenault. Les naturalistes qui nous transmettent les noms que po’rtent les animaux dans l’Archipel de la Sonde , ne font point de distinction entre la langue malaise et javane, qui diffèrent cependant essentiellement. 25 . 102 MONOGRAPHIES un grand intervalle entre elle et la seconde paire de molaires 5 narines ouvertes sur le côté du petit muffle. La tête est allongée 5 sa mâchoire inférieure s’avance en angle aigu et dépasse la supérieure. Cette mâchoire est plus grêle que dans au- cune autre espèce; elle est un peu arquée et mince partout. Les inci- sives , au nombre de sont toutes espacées et par paire, l’intervalle du milieu étant plus large que la distance entre chaque dent isolée. On compte 5 molaires à la mâchoire supérieure et 7 à l’inférieure; la première molaire supérieure est à égale distance de la canine et de la seconde molaire , et les quatre auti'es sont régulièrement espacées entre elles. A la mâchoire inférieure, la première molaire se trouve très-rapprochée de la canine , sans autre correspondante en haut que le talon de la canine supérieure ; la seconde molaire, très-distante de la première et intermédiaire enti'e celle-ci et la troisième, exerce la détrition sur la première molaire d’en haut; les cinq autres, lors- qu elles existent au complet , sont toutes contiguës , exerçant la dé- trition sur les quatre molaires supérieures, toutes distantes les unes des autres. Voyez le crâne et ses détails dans l’adulte, et le jeune au période moyen de l’âge Mais cette dentui'e offre aussi certaines anomalies ; nous donnons une mâchoire inférieure de Kiodote , grossie à la loupe, présentant d’un CQté le noniibre normal de *7 molaires, et de l’autre seulement 5 molaires ; les deux arrières manquent , et la mâchoire n’offre aucun indice d’alvéoles. Une anomalie de cette nature aurait-elle pu servir à porter de l’incertitude dans le dénombrement des dents de cet ani- mal, tel qu’on le voit par l’errata fourni par M. F. Cuvier , page 4o des dents des niammiferes ? où il détermine primitivement le nom- bi’e des dents à 3o, sans fausses molaii-es, et dans Ferrata à 34 en admettant l’existence des fausses molaires. Nos têtes, au grand com- pletdes dents, telles que je viens de les décrire, portent en total 36 dents. Il est conséquemment très-probable que M. F. Cuvier a trou- vé le dénombrement sous la double version ci-dessus mentionnée , sur des têtes de Kiodote qui auront perdu quelques-unes de leurs mâ- ijhelières. DE MAMMALOGIE. Le pelage est court , serre' , un peu laineux. Toutes les parties su- périeures sont d’un roux clair un peu teinté de jaunâtre vers la racine des poils, qui sont doux et cotonneux. Les parties inférieures sont d’un roussâtre un peu plus clair que les supérieures ; toute la membrane in- terfémorale est velue en dessus , et les poils dépassent le bord de la membrane tout le système cutané est de couleur roussâtre. Longueur totale , 3 pouces 5 ou 6 lignes j envergure de i o à 1 1 pouces, mesures prises sur les individus de la plus forte taille ; les moins grands ont lo pouces*, distance du bord antérieur des yeux à la pointe du nez, 6 lignes ; antibracbium , i pouce 6 lignes. Les jeu- nes de l’année en état de voler ont 2 pouces en total , et leur envergure est de '] pouces; l’individu au terme moyen de l’âge, dont le crâne est figuré, porte 8 pouces d’envergure. Synonymes. Cette espèce a été découverte par M. Lesehenault; elle est indiquée dans le mémoire de M. Geoffroy sous le nom de Pteropus minimus , Ann. du Musée y vol. i5, pag, gj. — C’est Pteropus ROSTRXTUS , Hoi’sfield Zool. Researc. in Java, liv. 3, avec une bonne figure de la femelle. M. Horsfield paraît avoir été dans la supposition que l’espèce était inédi te ; M. Geoffroy en ayant donné une bonne description long-temps avant cet auteur , nous conservons à l’espèce le premier nom imposé. Il faut rapporter ici la figure du RiODOTEde M. F. Cuvier, Hist. nat. des manimifhres ,p\]ih\iée à' a- près un dessin envoyé du Bengale par M. Duvaucel ; les notes dont elle était accompagnée ne sont point parvenues à M. Cuvier, et je n’ai pas trouvé dans le Muséum de Paris un sujet provenant du Ben- gale; ceux que j’ai vus sont tous de Java et ont été rapportés de cette île par M. Leschenault. Ils ne diffèrent point de ceux que nous avons reçus de ce dernier pays dans l’esprit-de-vin et montés. Ce que M. F. Cuvier dit de la langue et de la dentition /eraiV^OM/ïçonner qu’il parle d’une espèce différente de celle de Java. Les conjectures sur les mœurs et la nourriture , déduites du système dentaire et de celte lan- gue soi-disant extensible de deux pouces au delà des mâchoires , at- tribuées au Kiodote , dont M. Cuvier veut faire le type du nouveau i 194 MONOGRAPHIES genr Macroglossus, peuvent être propres à l’animal du Bengale maisil est de fait qu’elles ne sont point applicables au Kiodote de Java. Nous remarquons encore que la figure publiée par M. F. Cuvier dans l’Histoire des mammifères, ressemble exactement au Kiodote de Java. Patrie. Les îles de Java et de Timor*, probablement aussi dans quelques autres îles j l’existence de cette espèce sur le continent de rinde n’est point encore bien prouvée. Elle cause , tant à Java qu’à Timor, de grands dégâts dans les vergers ^ son genre de vie est le même que celui de la Roussette édule. Tous les arbres fruitiers , dit M. Horsfield, sont en proie aux dévastations nocturnes de cette Rous- sette. Elle donne la pi'éférence au fruit de YEugeiiia (jambu). On la voit pendant le jour suspendue'aux rameaux élevés des arbres, blottie et cachée sous le feuillage ; les trous des vieux arbres et des édifices lui servent aussi de retraite. M. Leschenault a dit que la langue de cette Roussette est longue de deux pouces 5 elle aurait la faculté de la sortir en entier et de la retirer comme 'le Pangolin fait de la sienne. Il est peut-être plus exact de dire que la langue est un peu plus lon- gue et plus acuminée que celle des autres grandes espèces ; mais il est exagéré de la comparer à la langue longue et lisse des pangolins, ou mêmeaveccellemoinsextensibledesOieiVopZère^ g^Zof^qpAog-ej.L’ani- mal peut avoir la faculté de la sortir environ de trois ou de quatre lignes j, de très-petites papilles couvrent la pointe et la partie posté- rieure de cette langue 5 vers le milieu de sa longueur se trouve un grand espace carré couvert de très-fortes aspérités. J’ai pu vérifier ceci sur plus de vingt individus. Le musée des Pays-Bas possède un individu provenant du voyage de M. Leschenault \ plusieurs individus montés en esprit-de-vin , et les squelettes dans tous les périodes de l’âge , ont été envoyés par MM. Kuhl et Van Hasselt. Musées de Paris et de Londres. DE MAMMALOGIE. 195 TROISIÈME SECTION DES ROUSSETTES. Une queue plus ou moins longue , à moitié' engagée dans la mem- brane interfémorale. Les dents incisives petites, symétriquement rangées et contiguës . Il est problable que les espèces de cette section ont un régime insec- tivore; quelques-unes se nourrissent aussi de fruits. L’habitation de quelques espèces se trouve dans les vieilles bâtisses ou dans les creux des rochers; les trous vermoulus des arbres et les cavernes leur servent aussi de retraites. Il est nécessaire d’observer que les individus des espèces de Rous- settes à queue courte, auxquels, en les dépouillant, on aura enlevé les vertèbres caudales , paraissent privées de queue. On doit recom- mander aux préparateurs de ne point enlever ce membre de la mem- brane interfémorale. ROUSSETTE^AILLÉE. — PTEROPUS STRAMINEÜS. Taille de la Roussette Kéraudren.; oreilles un peu longues , en pointe arrondie vers le bout ; queue très-courte , les deux dernières vertèbres excédant la membrane interfémorale , celle-ci d’égale lar- geur et velue , excepté vers les deux extrémités ; membranes des ailes un peu velues en dessous et le long des flanCs , nues en dessus et pre- nant leur origine à la face supérieure des côtes. Les quatre membres couverts d’un poil ras. Museau allongé; chanfrein peu incliné; incisi- ves supérieures par paire ; inférieures petites , égales et serrées ; une dent anomale à chaque mâchoire , et en outre quatre molaires en haut et cinq en bas , toutes un peu écartées. Voyez le crâne , planche i5 , fig. 12 et i3. •Le pelage est très-court, un peu ras dans l’adulte, lisse et bien fourni partout ; une partie de l’antibrachium , l’humérus , les extré- MONOGRAPHIES 196 mités postérieures , une partie de la membrane interfémorale et le dessous de la membrane des flancs sont couverts de poils ^ la petite queue est cachée par les poils de la membrane interfémorale ; les membranes des flancs prennent naissance à la partie supérieure des côtes , mais à quelque distance de la ligne moyenne du dos , elles sont totalement nues en dessus. La couleur dli pelage est en dessus d’un blanc jaunâtre , légère- ment ondéde roussâtre *, les poils de la membrane interfémorale sont bruns , et ceux de la tête plus ou moins cendrés , ceux des joues ont une teinte brune •, toutes les parties inférieures sont blanchâtres avec une bande brune plus ou moins distincte et traçant la ligne moyenne du venti’e , les membranes sont d’un brun très-foncé. Les jeunes ont le pelage un peu plus long que les adultes , mais lisse et couché comme daus ceux-ci ; toutes les parties sont d’un blanc jaunâtre à l’exception delà partie inférieure du dos et des poilsgde la membrane interfémorale qui ont une teinte roussâtre ; les membranes sont d’un bi’un jaunâtre. Les dimensions de l’adulte sont, longueur totale jusqu’au bout de la très-courte queue , 7 pouces 3 ou 4 lignes ; ^nvergiire, 2 pieds 5 ou 6 pouces; antibracbium , 4 pouces 3 lignes. Un jeune, pi’obablement âgé de six ou de huit mois, m’a offert les dimensions suivantes : longueur totale , 4 pouces 3 lignes ; enver- gure, 17 pouces; antibracbium , 2 pouces 7 lignes. J’ai pris la mesure d’un sujet a l’âge moyen, portant 5 pouces 10 lignes en longueur totale , et de 2 pieds d’envergure. Je crois que c’est le même sujet qui a servi à la description fournie par M. Geof- froy. Sjnonjmes. Ptf.ropus stramineus Geoffr. Ann. du mus. ^ vol. i5, pag. g5. — Encfcl. mammal., png. iio, esp. i43. — Mais c’est à tort qu’on cite ici le Chien volant de Seba. Thés . , vol. i , iab. 57 , Jîg. I èt 2 . Ainsi que le Cesser ternaie hat de Penn. Quadrup., édit. 4°., vol. 2 , pag. 3o8, tàb. \o!\,Jig. i. J’aidità VarùcXe à\x P teropus edulis que cette indication de Pennant, très-succincte et sans détermi- 198 MONOGRAPHIES queue, 7 lignes. La femelle est moins grande, elle a 18 pouces d’envergure. La tête de cette Roussette est proportionnellement plus courte et plus large que les autres 5 son poil est épais , doux, court , gris-brun et plus foncé en dessus qu’en dessous , et ses incisives très-petites , fines et symétriquement rangées. Geoffroy. Synonymies. C’est Pteropus Ægyptiacüs Geoffr. Ann. du Mus., vol. xSjpag. 96 . — Encycîop. mamm., pag. ni. esp. i44* Pairie. L’Égypte et la côte occidentale d’Afrique. M. Geoffroy a rapporté plusieurs individus de la Basse-Égypte qu’il a détachés du plafond d’une des chambres de la giande pyramide. M. Ruppel de Francfort , et les voyageurs prussiens ont aussi envoyé des indi- vidus. Ce que nous savons des mœurs de cette Roussette, c’est qu’elle se suspend aux voûtes des anciens monumens , à la manière de nos vespertilions. Le Musée des Pays-Bas possède trois individus provenant d’Égypte et un mâle envoyé des districts du Sénégal. Musées de Paris, de Vienne, de Berlin et de Francfort. ROUSSETTE MAMMILÈVRE. — P TE RO PUS TITTHÆ CHEILUS. Taille de la Roussette Geoffroy , ou un peu moins forte ; une petite partie du devant du cou nu ; museau court, yeux plus près des narines que des oreilles 5 celles-ci petites , échancrées vers la pointe du bord postérieur , couvertes de rides transversales à la base , plus ou moins boi’dées par un liséré blanchâtre ; narines écartées, tubulaires j deux grosses verrues séparées par un sillon à la lèvre supérieui’e j bords internes des lèvres couverts de petits mamelons. Queue courte ,. à peu près totalement enveloppée dans la membrane interfémorale , la fine pointe libre (i). La membrane interfémorale échancrée , velue (i) On ne voit aucune trace de queue lorsque les vei'tèlires ont été enlevées des sujets montés. Cette remarque est applicable à tous les Clieiroptères qui ont une queue engagée en tout ou en partie dans la membrane interfémorale. DE MAMMÂLOGIE. 199 en dessus , toutes les autres de même que les quatre extrémités nues. Dents incisives fines, contiguës , les inférieures un peu entassées, les caniues à fort talon interne; une petite dent anomale ou fausse molaire rudimentaire aux deux mâchoires; manque totalement de petite arrière-molaire dans l’une et l’autre màchoiie , ce qui porte le nombre des dents à 16 à la mâchoire inférieure ,• et à i4 à la mâ- choire supérieure. Je donne les crânes des états différeus de l’âge. V oyez l’explicati on d es planches . Pelage fin , lisse , très-court , à l’exception de celui des côtés du cou , plus long dans les mâles que dans les femelles ; les premiers ont de chaque côté du cou une touffe de poils divergens d’un centre com- mun , qui paraît conduire à des glandes odorifères ; le ventre garni d’un pelage très-court et ras; et la gorge couverte de poils très- clair-semés. Le mâle adulte a sur les côtés du cou une touffe de poils divergens; ces parties , ainsi que le devant du cou , la nuque et les parties laté- rales de la poitrine sont d’une belle teinte rousse , plus ou moins vive , de couleur orange dans les vieux. Les autres parties supérieures sont d’un brun légèrement roussâtre ; la teinte du ventre est grise. Les oreilles sont bordées d’un liséré blanchâtre. La femelle , constamment plus grande que le mâle , a les parties supérieures d’un brun-cendré légèi’ement nuancé d’olivâtre ; les par- ties inférieures d’un gris olivâtre , et les côtés du cou d’une teinte rousse olivâtre ; la région des mamelles et le devant du cou sont nus. Bordure de l’oreille moins distincte que dans le mâle. Longueur totale de 5 pouces à 5 pouces 2 ou 3 lignes; la queue très-grêle, longue de 7 lignes; envergure de 17 à 19 et 20 pouces ; antibrachium , 3 pouces ; distance du bord antérieur des yeux à la pointe du nez , 7 lignes. Nous avons des jeunes de 4 pouces en lon- gueur totale, et de 1 4 pouces d’envergure. Ceux-ci ont le poil un peu plus fin et moins serré que dans l’adulte; leur teinte est d’un brun plus foncé et plus mat. Les jeunes mâles de l’année , ayant ri pouces d’envergure, sont 26. DE MAMMALOGIE. aot Incisives petites et symétriquement rangées ; museau un peu allongé ; pelage fin , lisse , très-court quoique serré 5 membres mal couverts } point de poils sur les membranes des flancs. Le pelage très-court , et surtout ras sur le dos , dont il ne couvre point toute la lai'geur , vu que les membranes du vol sont plus rap- prochées de la ligne moyenne ou de l’épine dorsale que dans les autres espèces de Roussettes, de petite taille. Un brun roussâtrecouvre la tête et les parties supérieures •, du gris-brun roussâtre , un peu mé- langé de couleur lie de vin , forme la teinte des parties inférieures ; le mâle tire un peu plus sur le roux, et la femelle sur le brun ; toutes les membranes sont d’un brun roussâtre et les doigts d’un brun jau- nâtre, c’est aussi la couleur de la queue , qui n’est point velue. Lon- gueur totale de l’adulte , 4pouces 5 ou 6 lignes ; envergure, ifipoucesj antibrachium , à peu près 3 pouces 5 queue , 7 lignes. J’ai pris la me- sure d’une femelle plus petite, dont l’envergure n’était que de i5 pouces. Les jeunes ont le corps mal couvert d’un poil très-ras , mais doux , fin et lisse. Les vieux individus n’ont point encore subi un examen sévère. Le m le adulte offre quelques indices de l’existence d’un siphon recou- vert de poils , comme dans le mâle de la Roussette mammilevre. La découverte de cette espèce est due à MM. Péron et Lesueur , dans le voyage fait aux Terres Australes. M. Geoffroy lui a donné fe nom indiqué dans le 1 5 ®. volume des Annales du Musée , pag. g6 , Jîg. 4 (i). MM. Diard et Duvaucel ont aussi rapporté de ces Rous- settes prises dans les environs de Bencoulen , et j’en ai vu deux en- voyées de Siam. Patrie. Les îles de Timor , d’Amboine et de Sumatra. Nous ne l’avons point reçue de Java ; on la trouve aussi dans l’Inde. Une femelle adulte et un jeune font partie du Musée des Pays-Bas. (1) M. Geoffroy dit que le trait le plus remarquable de cette Roussette est la dimension de sa queue, dont la longueur n’excède pourtant pas celle de la cuisse La membrane interfémorale n’est pas aussi fortement échancrée que dans les autres , mais s’étend de part en part de ma' nière à passer par-dessus la queue et à en recouvrir la petite moitié. 202 MONOGRAPHIES On voit dans le Musëe de Paris l’individu provenant du voyage de Përon , et dans le Musëe de la compagnie des Indes à Londres , les deux sujets reçus de Siam. ROUSSETTE A OREILLES BORDÉES. PTEROPUS MARGINJTUS. Planche XIV. Taille et envergure du Vespertilion nodule d’Europe ; dents inci- sives très-fines, symëtriquement rangëes, mais très-resserrées entre les canines j yeux places au centre des deux autres organes 5 oreilles moyennes, bordées par un lisërë très-distinct ; queue excessivement courte , réunie à sa sortie du coccyx aux membranes interfémorales qui s y réunissent également 5 partie supérieure de l’humérus et mem- brane du vol ti'ès-poilues tout le long des flancs. Cette espèce, dont je n’ai pu examiner primitivement quun seul individu plus ou moins dégradé , est bien caractérisée par un liséré blanc autour du bord extérieur des oreilles. Le pelage est partout ras, court et brun-olivâtre. Le chanfrein est un peu renflé. Longueur totale , 3 pouces 7 lignes j envergure , i 3 pouces ; anti- brachium, 2 pouces; queue rudimentaire. M. Geoffroy en donne une courte notice accompagnée d’une bonne figure , sous le nom de Roussette a oreilles bordées , Ann. du Musée , vol. i 5 , pag. 97 , pl. 5 . Tels sont les caractères observés sur le sujet dégradé du musée de Paris, le même qui a servi à la notice de M. Geoffroy ; cet individu a été rapporté du Bengale par feu Macé. Nous n’en avons point vu d’autres , et les dents molaires n’ont pu être examinées. Le caractère des oreilles , bordées ou entourées d’un liséré blanchâtre , existe aussi dans la Roussette mammilevre ; mais la Roussette a oreilles bordées (1) Il est essentiel de faire observer que la Roussette mammitèvre a également les oreilles bordées; ces bordures blanchâtres sont plus distinctement marquées dans les jeunes et cher le mâle que dans l’adulte et la femelle. DE MAMMALOGIE. aoS n’a point de mamelons aux lèvres; les flancs sont très-poilus ; la membrane interfëmorale, seulement rudimentaire à la région du coc- cyx , est très-échancrëe ; et la très-courte queue est à peu près libre dans toute sa longueur. La Roussette a oreilles bordées doit subir un examen plus exact , basë. sur la vue d’un plus grand nombre d’individus. J’en reproduis la figure publiée par M. Geoffroy dans les Annales du Musëe, afin que les naturalistes puissent établir leurs observations renouvelées sur le type dont M. Geoffroy s’'est servi pour établir cette espèce. EXPLICATION DES PLANCHES DE LA CINQUIÈME MONOGRAPHIE. PL 10. Roussette LAINEUSE. ^ grandeur sur un individu adulte; le même dont le crâne est figure pl. i 5 ,fig. lo et ii. PL 1 1 . Roussette grise. Sur un individu à l’âge moyen, à peu près grandeur naturelle. PL 12. Roussette mélanocéphale. Grandeur naturelle sur un in- dividu très-vieux. PL 1 3 . Roussette amplexicaude. Réduit aux j, et pl. xS ,Jîg. i6. La tête , grandeur naturelle. PL i 4 - Roussette a oreilles bordées. Aux|. PL xS.Jigx, 2 et 3 . Roussette ÉDULE. Très-grand individu. I