rIM. de Buch et de Miinster nous ont trop bien fait connaître l'ordre de succession de ces fossiles , pour qu'il soit nécessaire d'y revenir ici , je ferai seulement remarquer que les genres si curieux et si nombreux que M. d'Orbigny a distingués dans les terrains crayeux, où ils apparaissent avec une étonnante diversité, au moment où cette famille est sur le point de s'éteindre, nous fournissent une image bien vraie et cer- tainement bien digne de fixer notre attention, des mouvemens irréguliers et en quelque sorte convulsifs que semble avoir ressenti, dans son agonie, la pensée ammoniligénique prête à s'é- vanouir, sans atteindre l'époque tertiaire , ni la création actuelle. Les Seiches et les Poulpes forment le troisième type de cette classe et celui qui en occupe le plus haut rang; son existence ne paraît pas remonter au-delà du lias, où les Bélemnites, les Teudopsis et les Celaeno ont été les précurseurs des Seiches, des Calmars et des Onychoteuthes de notre époque. L'embranchement des Articulés ne compte que trois classes, comme celui des Mollusques et celui des Rayonnes, savoir les Crustacés, les Insectes et les Vers. Les autres coupes pri- mordiales que l'on a voulu distinguer, doivent être réunies sous ces trois chefs. C'est ainsi que les Cirripèdes ne sauraient plus être séparés des Crustacés, dont ils partagent l'orga- nisation et le mode de développement ; c'est également à la classe des Crustacés qu'il faut rapporter les Lernées, les Rolifères, etc. Les Arachnides et les Myriapodes, en revanche, sont de vrais Insectes , ou plutôt ils se lient aux Insectes aîlés par des types intermédiaires , si étroitement unis, qu'il est impossible de les séparer. Il ne faut pas négliger, dans ces rap- prochemens , les caractères des larves et ceux des espèces qui restent aptères. Beaucoup de soi-disant Aptères devront être retirés de ce groupe indigeste, pour être reportés dans leurs familles respectives. Quant aux Vers , il me paraît impossible de séparer, comme classes , les Annélides, les Turbellaires et les Helminthes; trop de caractères communs les unissent et l'analogie dans leur développement embryonique, autant qu'on le connaît, est trop frappante, pour autoriser le maintien de ces classes. Il ne pourra donc plus être question à l'avenir de laisser les Vers intestinaux dans l'embranchement des Rayonnes , pas plus que les Infusoires qui se rattachent, sinon tous, du moins en très-grande majorité, aux Crustacés par les Rotifères. XIX Les Vers, même ceux qui sont munis d'une enveloppe solide, n'ont laissé que des traces trop insignifiantes de leur existence dans la série des terrains , et les Insectes fossiles que l'on a découverts jusqu'ici , sont en trop petit nombre et n'ont pas été suffisamment étudiés pour qu'il soit possible de se faire dès à-présent une juste idée du rôle qu'ils ont joué dans les différentes époques géologiques qui ont précédé la création actuelle. Ces classes attendent encore leurs monographes pour les espèces fossiles. Il n'en est pas de même des Crustacés que l'on trouve en nombre assez considérable dans toute la série des terrains , et s'ils n'ont pas été l'objet de recherches aussi nombreuses que les fossiles de la plupart des autres classes du règne animal , on les connaît cependant assez bien , pour saisir la marche de leur développement dès les temps géologiques les plus reculés. Les Trilobites , qui sont sans contredit le type le plus ancien de la classe des Crustacés, ont été l'objet de nombreuses publications et de recherches très-variées, depuis que M. Al. Bron- gniart en a fait le sujet d'une monographie spéciale. Les ouvrages de MM. Dalman, Green, Emmerich et Burmeister méritent surtout d'être cités au premier rang, parmi ceux qui ont le plus contribué à étendre nos connaissances spéciales sur cette curieuse famille, et à préciser nos idées sur leurs rapports réels avec les autres animaux articulés. Les Trilobites se mon- trent sous les formes les plus variées et les plus étranges, dès leur première apparition dans les terrains paléozoïques les plus anciens. Ce type ne dépasse cependant pas l'époque houillière, où il est remplacé par des Enlomoslracés gigantesques (*), qui sont en quelque sorte les avant- coureurs des Macrures. Les Entomostracés de petite taille apparaissent aussi déjà dans des (') La Tab. \ des planches qui accompagnent cette Monographie représente phisieiirs fragmens assez bien conservés d'un de ces Crustacés gigantesques, dei'Old Red, recueillis par M. Webster dans les environs de Balruddery en Ecosse. Trompé par l'aspect écailleux d'une portion de la carapace, j'avais crû d'abord que ce pourrait être le type d'un genre particulier de poisson, et c'est à cette classe d animaux que j'avais rapporté moi-même le genre Pterygotus dans mon énumération des poissons fossiles du système silurien, qui se trouve dans le grand ouvrage de IM. Murcliisoii. Ce genre, établi sur des fragmens très-imparfaits des roches de Ludlow, est maintenant assez bien connu, d'après l'étude que j'ai pu faire d'une espèce nouvelle de l'Old Red, découverte par M. Lyell , dans le Forfarshire , et dont M. Webster a trouvé à Balruddery des pièces plus caractéristiques. Les exemplaires recueillis par M. Lyell, sont ces larges écussons dont j'ai parlé dans mes Recherches, vol. I, p. 2(5, et qui, faute de pouvoir être déterminés rigoureusement, ont été pris au sérieux pour des traces fossiles d'êtres surhumains. En les examinant attentivement avec M. Buckland, nous étions restés convain- cus que ce devaient être des carapaces de Crustacés ; mais ce n'est (pi'en 1840 que j'en ai eu la preuve directe. En effet, les échantillons recueillis par M. Webster, et qu'il ma communiqués à cette époque, renferment des morceaux de cara- pace, des anneaux de la queue, des palettes natatoires de son extrémité, des pattes et des pinces. Avec ces pièces il n'est plus possible de douter de la positiou qu'il faut assigner à ce fossile. C'est lui Crustacé de taille colossale, dont la carapace avait plus d'un pied et demi de large, et la queue environ un pied. Les duiicnsions du céphalothorax, représenté figure de droite de la seconde rangée de Tab. A, ne permettent pas de le ranger parmi les Décapodes, malgré la forme de sa pince, figure du milieu de la rangée inférieure de la même planche. Je suis plutôt disposé à croire que ce singulier animal de- XX terrains très-anciens; ils abondent dans certains terrains houillers, par exemple, et on en retrouve dès-lors dans une foule de dépôts; mais ils n'ont point encore été étudiés d'une ma- nière satisfaisante. Les Macrures, dont MM. H. de Meyer et le comte de Munster se sont particulièrement oc- cupés, régnent depuis l'époque triasique jusque dans la création actuelle; tandis que les Bra- chyures sont essentiellement tertiaires. Ces derniers , ainsi que les Cirripèdes, qui paraissent être partout leurs contemporains, sont encore loin d'être aussi bien connus qu'on pourrait le désirer. Une monographie des Cirripèdes, tant vivans que fossiles, est en particulier un dési- ralum pressant, aussi bien pour la Zoologie que pour la Paléontologie. Les autres ordres des Crustacés ne sont connus que dans les terrains tertiaires. Les Crustacés parasites, mous et vermiformes paraissent exclusivement propres à la création actuelle. Il résulte de cet aperçu que les types dont les affinités sont le mieux étudiées , comme les Trilobites, les Macrures et les Brachyurcs, se succèdent aussi, dans la série des terrains, dans l'ordre de leur gradation organique. Il est même très-curieux de voir l'analogie intime qui existe entre les formes de ces différens types et les phases du développement embryonique des Crustacés que MM. Rathke et Erdl nous ont appris à connaître. Si je n'ai pas parlé jusqu'ici des Infusoires, ce n'est pas que je méconnaisse leur influence dans l'histoire de la formation de notre globe. Bien au contraire, je pense que M. Ehrenberg a ouvert une ère nouvelle aux recherches paléontologiques , par ses importantes découvertes dans le monde des infiniment petits ; mais je pense aussi que la nouveauté de ses résultats, aussi surprenans qu'inattendus, ne permet pas encore de les apprécier à leur juste valeur. Après avoir ainsi passé en revue les principales Classes des animaux sans vertèbres , dont viendra le type d'une famille intermédiaire entre les Trilobites et les Entomostracés, dans laciuelle on rangera peut-être aussi un jour les genres Eurypterus et Eidothea. Le céphalothorax est entièrement orné dune sculpture siiuamiforme, qui donne à la surface de cette pièce l'aspect d'une cuirasse de poisson; sur son milieu se voit une figure en forme de fer de lance, correspondant sans doute aux régions stomacale et cardiaque des Ciustacés ordinaires. Les bras de la pince sont munis de grosses dents obtuses; la pointe du plus long de ces leviers est fortement arquée. Le bras qui portait cette pince, figure de gauche de la rangée inférieure, est ti'ès-gros; les articulations , qui précèdent immédiatement la pmce , sont courtes et plus larges que longues. Les pattes ordinaires, figure de gauche de la rangée moyenne , sont simples et termi- nées en pointe; leurs anneaux sont sensiblement plus longs que larges. Les anneaux de la queue, figure de droite de la rangée supérieure, réduite de moitié de la grandeur naturelle, sont de larges plaques, munies à leurs extrémités supé- rieures d'onglets articulaires. Les palettes natatoires de la queue enfin , les deux figures de l'angle supérieur de gauche et celle de l'angle inférieur de droite, sont des plaques arrondies, frangées à leur bord, et à surface écailleuse, comme la carapace. Ce curieux fossile ne parait pas très-rare dans le vieux grès rouge d'Ecosse. J'ai donné à cette espèce le nom de Ptcrygotiis anglicus , pour rapppler son origine, et par son homonyme, l'étrange idée qu'on s'en était faite d'abord. XXI les débris fossiles ont été le mieux étudiés, qu'il me soit permis de m'arrèter encore un ins- tant à considérer les conséquences qui découlent directement, pour la théorie, de tant de faits scrupuleusement examinés. Et d'abord il est évident que dès les temps les plus anciens, toutes 4es classes d'animaux sans vertèbres ont été représentées à la surface du globe, qu'elles ont toutes présenté dès l'origine une grande diversité de formes génériques et spécifiques; que cette variété ne le cède en rien, si l'on tient compte de toutes les conditions de conservation et de toutes les difficultés d'observation, à celle des espèces d'une faune locale de la création actuelle, circonscrite dans des limites qui correspondraient à l'étendue de la surface des ter- rains paléozoïques examinés jusqu'à ce jour ; que le nombre de ces fossiles est certainement aussi considérable que celui des listes d'espèces vivantes qui ont été publiées, il y a à peine un demi siècle, comme des énumérations complètes des animaux de contrées bien connues. Je me bornerai à citer, comme exemples , les diverses faunes d'Europe de la fin du siècle dernier, ou même celles du Brésil , d'Egypte , d'Arabie et des Indes et les listes des fossiles paléozoïques de MM. J. Phillips, de Verneuil et d'Archiac, ou celles déjà plus anciennes qui accompagnent le grand ouvrage de M. Murchison sur le système silurien. Ces faits maintenant aussi bien établis que peuvent l'être des faits de ce genre, démontrent jusqu'à l'évidence l'impossibilité de rattacher les premiers habitans de la terre à un petit nombre de souches qui seraient allées en se différenciant sous l'influence des modifications des conditions extérieures d'existence. Ils nous montrent comme au doigt l'intervention directe d'une intelligence créatrice, antérieure à l'existence de tous ces êtres, et qui en a ordonné les rapports, déterminé le développement et dirigé l'apparition successive jusqu'à l'établisse- ment de Tordre de choses qui régit maintenant le monde. Ces faits prouvent encore le néant de toutes ces théories matérialisliques ou panthéistiques qui attribuent aux êtres finis une rai- son suffisante de leur propre existence, ou qui les font dépendre seulement dinfluences exté- rieures indéterminées. Lorsque j'ai commencé la publication de mes recherches sur les poissons fossiles, je ne connaissais point encore d'espèces plus anciennes que celles des terrains houillers, et même j'en connaissais un très-petit nombre de cette formation. Aujourd'hui non-seulement la liste des espèces et même des genres propres à ces terrains s'est considérablement accrue , mais encore les dépôts plus anciens sont venus augmenter de jour en jour davantage le nombre des types à ajouter à nos catalogues. Les couches du système dévonien et celles du système silurien ont tour-à-lour fourni un contingent qui va continuellement en grandissant. Et si l'on n'a pas XXII encore signalé de débris reconnaissables de poissons au-dessous des couches inférieures de Ludlow, qui font encore partie du système silurien, je ne pense pas qu'il faille en conclure que les poissons ne remontent pas aux terrains fossilifères les plus anciens; car leur fréquence extraordinaire dans les couches dévoniennes, et leur présence bien constatée dans certains dépôts siluriens , où ils sont il est vrai très-mal conservés , nous indique suffisamment que, dans son apparition à la surface du globe, cette classe d'animaux est contemporaine du déve- loppement des types les plus anciens de toutes les classes d'animaux sans vertèbres. Quant à l'époque de leur première apparition , il ne peut donc plus s'agir entre ces classes que de différences très-peu importantes , dans un développement biologique considéréré dans son ensemble, et il reste démontré dès aujourd'hui que les Poissons entrent dans le plan des pre- mières combinaisons organiques, qui ont été le point de départ du développement de tous les êtres vivans qui ont peuplé notre globe, dans la série des temps. Il résulte de-là que les faunes les plus anciennes se composent de représentans de toutes les classes d'animaux sans vertèbres, et seulement d'une classe de vertébrés, des Poissons; tandis que les Reptiles, les Oiseaux et les Mammifères n'apparaissent que plus tard et successivement. Il y a donc un contraste remarquable et important à signaler entre le développement progressif des Verté- brés et celui des Rayonnes , des Mollusques et des Articulés , dont toutes les classes sont con- temporaines, comme nous l'avons vu plus haut. En nous livrant ainsi à l'étude des débris des êtres organisés qui se trouvent ensevelis dans les formations géologiques les plus anciennes, nous fesons en quelque sorte revivre les pre- miers représentans de la création. Ces fossiles sont, en efl'et, comme les premiers parens de tous les êtres qui ont vécu plus tard. En les évoquant sous nos yeux, nous assistons pour ainsi dire aux premiers ébats des animaux et au premier jet de la végétation ; nous voyons la nature animée comme sortant des mains du créateur. Et si nous pouvons espérer d'arriver un jour à la connaissance du plan général de la création , c'est en recherchant attentivement jus- qu'aux moindres rapports appréciables entre ces espèces antiques, et en poursuivant pas à pas toutes les modifications que l'ensemble des êtres organisés a subies, dans toute la série des terrains, d'une formation à l'autre, jusqu'à nos jours. Il est un genre de comparaisons que l'on a trop négligées, lorsqu'on a cherché à se rendre compte de l'iuiportance des étages de notre globe relativement aux débris d'êtres organisés qu'ils recèlent, mais qui, j'en ai la conviction, exercera à l'avenir une grande influence sur notre manière d'envisager les faunes fossiles , en nous permettant de déterminer la valeur des XXIll assemblages de couches que l'on a appelés des terrains ou des formations géologiques. Je veux parler des proportions dans lesquelles on trouve les espèces des différentes classes du règne animal, dans des localités données, à la surface actuelle du globe ou dans tel ou tel groupe de terrains. Il est évident que ce sont les êtres qui vivent actuellement sur la terre que nous connaissons le mieux , et sur l'ensemble desquels nous possédons, à tous égards, les renseignemens les plus complets et les plus importans. C'est par conséquent à ces êtres, ou plutôt aux connaissances que nous possédons sur eux, que nous devons emprunter des termes de comparaison pour tout ce qui tient à la distribution des fossiles dans l'ensemble des ter- rains. II est vrai que la distribution géographique des animaux vivans n'est encore qu'impar- faitement connue ; elle l'est cependant assez pour que nous sentions que toutes les contrées du globe, considérées dans une certaine étendue, ont leur faune particulière, composée d'un assemblage d'espèces propres, mêlées à d'autres qui s'étendent ou plus au nord ou plus au sud, ou à l'est ou à l'ouest, et que par conséquent chaque contrée ne nourrit qu'une faible portion de la totalité des espèces qui peuplent la surface du globe. Lors donc que nous voulons apprécier la valeur des assemblages de fossiles que nous dé- couvrons dans un terrain, et que nous cherchons à déterminer le nombre des espèces propres à l'époque géologique à laquelle ils appartiennent , ce n'est point à l'ensemble des animaux vivans que nous devons les comparer, mais bien à un assemblage d'espèces vivant dans des limites et dans des conditions analogues, dans la création actuelle. Un exemple expliquera plus nettement ma pensée. Si je cherchais à déterminer approximativement le nombre des espèces fossiles de l'époque de la déposition de la craie blanche ou de l'argile plastique, je crois que ce serait choisir un très-mauvais moyen, pour y arriver, que de compulser les listes de fossiles de tous les dépôts géologiques considérés maintenant comme appartenant à ces horizons géologiques, et de comparer ensuite les sommes obtenues, à la somme des espèces vivantes. On s'approcherait bien certainement davantage de la vérité, en étudiant d'une ma- nière aussi complète que possible la faune fossile de quelques localités bien explorées, comme, par exemple, les dépôts de craie blanche des environs de Paris, ou l'argile plastique du bas- sin de la Tamise , pour comparer ensuite ces listes de fossiles aux animaux vivans de quelque golfe ou de quelque plage qui, dans la création actuelle, présenterait le plus d'analogie avec l'étendue et les conditions dans lesquelles on peut supposer que ces dépôts se sont formés. On obtiendrait ainsi des bases vraies , pour fixer les rapports numériques de l'ensemble de ces créations comparées à la création actuelle. XXIV En suivant cette marche et en comparant successivement les faunes ichthyologiques de diffé- rentes formations, dans lesquelles j'ai reconnu des assemblages différens de poissons, avec des faunes ichthyologiques de la création actuelle , circonscrites dans les limites analogues , je suis arrivé à ce résultat désolant pour l'état actuel de nos connaissances paléontologiques , s'il peut être considéré comme exact, c'est que dans leur ensemble les couches qui constituent l'écorce de notre globe, doivent receler au moins vingt-cinq mille espèces de poissons fossiles. Et dans ce calcul , dont je me dispense de reproduire ici les élémens, j'ai soigneusement tenu compte de la plus grande uniformité que présentent les faunes anciennnes contemporaines. Des calculs semblables, faits avec les mêmes réserves, portent à environ 3000 le nombre des mammifères fossiles que l'on peut s'attendre à découvrir un jour, à plus de iOOO celui des reptiles, et au moins à 40,000 celui des coquilles. Je crois même qu'il s'écoulera bien peu d'années avant que l'on ait acquis la certitude que ces suppositions sont fort au-dessous de la réalité. Quant aux Oiseaux, aux Crustacés, aux Insectes, aux Echinodermes et aux Polypes, des difficultés par- ticulières s'opposent pour le moment à toute espèce de comparaison de ce genre. Pour ce qui est des Infusoires fossiles , il serait prématuré de vouloir faire servir dès à-présent les résultats du travail d'un seul homme, pendant huit à neuf ans seulement, comme la mesure de la pro- fusion avec laquelle des animalcules, que leurs dimensions normales soustraisent nécessaire- ment à nos regards, sont répandus dans les couches de la terre , surtout maintenant que l'on sait que la plus grande masse de ces terrains n'est composée que d'animalcules microscopi- ques. D'ailleurs, M. Ehrenberg nous a dévoilé coup sur coup des faits si imprévus, que notre esprit a besoin de les considérer encore pendant quelque temps avant d'en apprécier toute l'importance. La faune Ichthyologique de l'Old Red Sandstone, comme nous le verrons en détail dans les pages suivantes , se présente sous des formes tellement extraordinaires et tellement bi- zarres , que les moindres débris des êtres qui ont vécu à cette époque , ne peuvent que frap- per le regard du naturaliste. Dans aucune autre formation, on ne rencontre une réunion de poissons déviant d'une manière aussi sensible de tout ce que l'on connaît de nos jours. L'é- tude d'aucune autre faune n'a exigé autant d'années, avant qu'on fût suffisamment familiarisé avec ses types , pour oser les classer et les mettre en rapport avec ceux des autres créations. Les difficultés qu'ont présenté ces recherches étaient d'une nature toute particulière; car il a fallu les résoudre pour ainsi dire sans terme de comparaison, ou du moins en se réduisant à des rapprochemens éloignés. Ce n'est en effet pas avec les débris de créations antérieures que XXV des comparaisons auraient été possibles, puisque c'est dans le vieux grès rouge que nous ren- controns la première faune ichthyologique complète. Les terrains siluriens renferment, il est vrai , quelques débris de poissons , mais jusqu'ici ils ont été si rares et le nombre des espèces si petit, qu'on peut bien dire que c'est seulement avec le terrain dévonien que les poissons ont réelleaient acquis quelque importance à côté des autres fossiles , ou du moins que le rôle qu'ils ont joué dans la nature devient appréciable. Ce qui frappe d'abord, lorsqu'on étudie ces anciens dépôts, c'est que les poissons sont les seuls représentans de l'embranchement des vertébrés qui existent dans le vieux grès rouge, et même dans les terrains houillers, en sorte que l'on peut à bon droit appeler l'époque de la déposition de ces terrains, le règne des pois- sons.. Ce fait sur lequel j'ai déjà appelé plusieurs fois l'attention des paléontologistes s'est con- firmé de la manière la plus absolue par toutes les recherches, qui, dans ces derniers temps, ont eu pour objet les fossiles de l'Old Red. Depuis quelques années les investigations des géologues ont déjà décuplé le nombre des espèces connues , et le zèle que l'on déploie pour ces sortes d'études, dans les deux pays où notre système de couches se montre dans son plus grand développement, c'est-à-dire, en Angleterre et en Russie , conduira sans doute encore à de nombreuses et importantes découvertes. Mais il est facile de prévoir, dès à-présent , que ces découvertes rentreront dans les lois que les espèces déjà connues aujourd'hui nous ont ré- vélées, c'est-à-dire, qu'elles seront restreintes à la classe des poissons, pour l'embranchement des vertébrés, et que ni les reptiles , ni les mammifères ne se trouveront dans les couches du vieux grès rouge. Je sais bien qu'un auteur récent a voulu trouver dans le vieux grès rouge des ossemens de toutes les classes de vertébrés. Mais il a été facile de faire justice de toutes les fausses dé- terminations sur lesquelles de pareilles conclusions reposaient, et les tortues, les lézards, les crocodiles et les pachydermes, dont on s'était plù à peupler ces anciens dépôts, (*) sont succes- sivement venus se ranger à leur véritable place, dans la classe la plus inférieure des vertébrés, dont une main imprudente les avait fait sortir. En traitant des familles et des espèces qui ca- ractérisent le système dévonien, j'ai démontré la fausseté de cet échaffaudage , qui fait re- monter toutes les classes des vertébrés à la plus haute antiquité, en sorte qu'il reste mainte- nant bien prouvé que tout ce que l'on connaît de débris de vertébrés dans des formations antérieures au Zeclistein , appartient exclusivement à la classe des poissons. (*) Voir plus bas chapitre VII, pag. 83. AG. OLD RED. IV XXVI Je ne veux pas insister davantage sur l'importance que présente ce fait, lorsqu'on le met en rapport avec les caractères organiques des créations qui ont successivement peuplé la terre. J'ai déjà présenté ailleurs mes vues sur le développement qu'ont parcouru les différentes créa- tions pendant l'histoire de notre planète. Mais ce que je voudrais prouver ici, par une discus- sion approfondie des faits rapportés dans les pages suivantes, c'est la vérité de cette loi, maintenant si clairement démontrable dans la série des vertébrés , que les créations succes- sives ont parcouru des phases de développement analogues à celles que parcourt l'embryon pendant son accroissement, et semblables aux gradations que nous montre la création actuelle dans la série ascendante qu'elle présente dans son ensemble. On peut du moins considérer dès à-présent comme prouvé, que Vembryon du poisson pendant, son développement , la classe des poissons actuels dans ses nombreuses familles , et le type poisson dans son histoire plané- taire , parcourent à tous égards des phases analogues , à travers lesquelles on suit toujours la même pensée créatrice, comme un fil conducteur qui nous guide partout, dans la recherche de l'enchaînement des êtres organisés. La considération que les poissons du vieux grès rouge représentent réellement l'âge embryonique du règne des poissons, a même été pour moi un puissant motif d'entreprendre, comme première Monographie , pour faire suite à mes Re- cherches, celle de ces poissons anciens, puisque c'était ici qu'on pouvait prouver par des faits évidens, la vérité de celte grande loi de développement de tous les êtres organisés. Jetons d'abord un coup d'œil rapide sur les familles dont nous avons énuméré les espèces, dans ce travail. Nous en rencontrons au moins cinq distinctes : les Céphalaspides , les Acan- tlîodiens, les Sauroïdes diptériens, les Célacanlhes et les Plagiostomes, si tant est qu'on puisse considérer ce grand type comme une seule famille. Les quatre premières appartiennent à l'ordre des Ganoïdes, et la dernière à celui des Placoïdes. La premiôi'e remarque qui s'offre à l'observateur attentif, c'est que chez les nombreuses espèces qui sont réparties dans ces familles , on n'a encore trouvé aucune trace de vertèbres, et chez quelques-unes seulement des apophyses, pour protéger la moelle épinière et les gros vaisseaux, bien qu'elles fussent également dépourvues de corps de vertèbres. Certes, si ces poissons avaient eu des corps de vertèbres , on en aurait trouvé parmi ces nombreux débris de squelettes qui abondent dans le terrain dévonien , on en aurait trouvé sur ces plaques de Coccosteus des Orkney , où les queues sont si bien conservées avec leurs apophyses épineuses, leurs osselets interapophysaires et leurs rayons de nageoires. Le fait est qu'il n'y en a aucune trace, et même sur les plaques de Coccosteus dont je viens de parler, on voit parfaitement XXVIl bien que c'était sur un axe indivis et continu que reposaient les apophyses. Or ce développe- ment incomplet du système osseux du tronc se retrouve chez tous les embryons et surtout chez ceux des poissons ; il se retrouve également dans les derniers échelons de la classe des poissons, chez les Cyclostomes. Cette série de corps de vertèbres, qui se suivent sur toute la longueur du tronc des vertébrés, est remplacée dans les formes inférieures de cet embranchement et chez les embryons , par un cordon cylindrique , d'une consistance gélatineuse , que l'on ap- pelle la corde dorsale. Ce n'est que quelque temps après l'apparition de la corde, que les apo- physes et les corps de vertèbres se développent chez l'embryon. Chez le Branchiostoma {Àm- phyoxus) , il n'y a qu'une corde sans autre pièce du squelette, comme chez les embryons peu avancés ; c'est chez les Cyclostomes que commence la formation des apophyses , et chez les Plagiostomes celle des corps de vertèbres ; à cet égard les poissons de l'Old Red sont restés à un degré de développement tout-à-fait embryonique; car ils ont une corde et des apophyses, mais ils n'ont point de corps de vertèbres. Cette disposition du système osseux du tronc en déternnne presque nécessairement une autre : le développement incomplet du crâne. Nous trouvons en effet, chez les poissons de rOld Red , les os extérieurs du crâne bien conformés ; les mâchoires , la ceinture thoracique , les os operculaires et branchiostègues , ceux du haut du crâne, sont bien développés, vigou- reux et évidemment de structure osseuse ; mais tous les indices que j'ai pu recueillir sur la conformation de leur tète, me font penser que la boîte interne du crâne, celle qui entourait immédiatement le cerveau, n'était pas encore consolidée , mais plutôt cartilagineuse. Nous trouvons aussi cette structure chez les embryons , où les plaques protectrices qui couvrent le haut et la base du crâne, se développent isolément, pendant que la boite crânienne est en- core cartilagineuse. La même conformation se retrouve encore chez l'Esturgeon, dont j'ai dé- crit l'ostéologie dans mes Recherches sur les Poissons fossiles (vol. II, 2""^ part. p. 277); et c'est en effet avec ce dernier que l'on peut le mieux comparer l'état que devait avoir le sque- lette du crâne des poissons de FOId Red. Les plaques osseuses et émaillées qui couvrent la tète de l'Esturgeon , et qui font immé- diatement suite aux plaques émaillées dont sa nuque et ses flancs sont couverts, n'appar- tiennent évidemment pas au même système que les frontaux et les pariétaux des poissons or- dinaires. Ce sont des os cutanés, développés en remplacement des os ordinaires, qui man- quent complètement dans la grande partie des poissons de l'Old Red, et surtout dans la famille des Céphalaspides , où l'on trouve le même arrangement que chez les Esturgeons. Ce se- XXVIIl rait peine perdue que de vouloir chercher dans les plaques céphalaires d'un Coccostée ou d'un Plérichthys les analogues des frontaux, des pariétaux et des nasaux de nos poissons osseux; on ne trouve à leur place que des carapaces , souvent étrangement composées , et qui forment néanmoins, par leur réunion , des couvertures du crâne tout aussi complètes que celles des poissons ordinaires. C'est ici le lieu de rappeler le développement extraordinaire que présente le système cutané des poissons de l'Old Red. D'énormes plaques osseuses recouvrent souvent non-seulement la tête, mais aussi une grande partie du corps; une famille tout entière, celle des Céphalas- pides , a son caractère essentiel dans cette cuirasse du tronc , et les écailles et les plaques de la plupart des Célacanlhes de l'Old Red excèdent de beaucoup ce que l'on voit dans les pois- sons des terrains plus récens. Malheureusement nous n'avons pas encore des termes de com- paraison, avec les poissons de la création actuelle, assez nombreux pour apprécier la va- leur de ces caractères, par la raison que nous manquons entièrement de données sur le dé- veloppement des écailles en général et surtout sur celui des écailles des Ganoïdes ; nous n'avons même pas encore de renseignemens sur l'embryologie d'un seul des poissons cuirassés de notre époque ; mais il est à présumer , d'après le développement extraordinaire que pré- sente le système cutané de nos anciens poissons, que c'est de très-bonne heure que ces pla- ques et ces cuirasses se développent dans les embryons. Un autre fait , pour lequel on peut bien appeler les poissons le vieux grès-rouge , l'âge embryonique du règne des poissons, c'est le développement de leurs nageoires. On sait que dans tous les embryons de poissons que l'on a examinés jusqu'ici, les nageoires verticales naissent d'une nageoire unique, faisant le tour de la partie postérieure du corps, à-peu-près comme une nageoire d'Anguille. Cette nageoire continue se transforme complètement en cer- tains endroits, en d'autres elle disparaît petit à petit, et là où elle reste stationnaire, les rayons se développent graduellement. Les espaces qui séparent les différentes nageoires, sont donc d'autant plus petits et d'autant moins marqués que l'embryon est plus jeune; cela est si vrai, que certains poissons qui auront plus tard des nageoires fort distinctes, les ont encore très-rapprochées , dans le jeune âge, et quelquefois à peine séparées par une échan- crure peu profonde. Chez les poissons de l'Old Red , les nageoires verticales rentrent com- plètement dans ces conditions primitives de développement. Toute cette puissante famille des Sauroïdes, qui plus tard se montre pourvue de nageoires bien séparées et isolées, n'est représentée dans l'Old Red que par les Diptériens , qui sont tous pourvus de deux XXIX anales et de deux dorsales, toutes très-rapprochées les unes des autres, et peu distantes de la caudale. Dans les Célacanthes de l'Old Red, on trouve aussi plusieurs genres, comme les Glyptolépis et probablement aussi les Platygnalhes , qui avaient les nageoires verticales doubles et très-rapprochées , de telle sorte qu'il y a à peine un espace intermédiaire entre les différentes nageoires. Même chez les Âcanthodiens on trouve un genre , celui des Dipla- canlhes, qui est muni des nageoires verticales doubles. Il est vrai que cette disposition ne se trouve pas chez tous les genres, mais toujours est-il curieux que les familles, qui sont desti- nées à parcourir une longue série de terrains, comme les Sauroïdes et les Célacanthes , com- mencent par des formes à nageoires doubles qui se rapprochent du type embryonique. Le fait que chez tous les poissons de l'Old Red qui possèdent une caudale, celte na- geoire est formée de lobes inégaux et insérée sur une extrémité relevée de la corde dorsale, est encore un point de rapprochement avec l'embryon des poissons ordinaires. On sait en effet que, chez ces derniers, l'extrémité de la queue commence à se relever à une certaine époque de la vie, se rapprochant en ceci de la disposition que l'on observe chez l'esturgeon, et qu'à cette époque la caudale de l'embryon est hétérocerque. D'un autre côté, j'ai déjà souvent appelé l'attention des naturalistes sur un fait tout semblable , qui se présente d'une manière si frappante dans la série géologique ; c'est que tous les poissons des terrains plus anciens que le Jura ont l'extrémité caudale relevée, et la caudale elle-même hétérocerque. Un dernier point enfin , sur lequel je voudrais appeler l'attention des naturalistes , c'est la forme de la tête et la position de la bouche et des yeux chez les poissons de l'Old Red. Tous , sans exception , ont la tête large et aplatie , arrondie et comme tronquée , semblable à celle d'une Lotte ou d'un Silure. Ce caractère est même tellement prépondérant, qu'il est très- rare de voir un poisson de l'Old Red qui présente la tête de profil ; dans la majorité des cas, elle repose sur le côté supérieur ou sur le côté inférieur, alors même que le corps est couché de manière à présenter l'un des flancs. La gueule de la plupart des genres est largement ouverte, semicirculaire, et se trouve placée ou bien à l'extrémité de la tête arrondie, ou bien môme sous cette dernière. Les yeux se trouvent, dans la plupart des genres, fortement espacés el rejetés sur les côtés aplatis de la tête , ensorle qu'il est souvent fort difficile de déterminer leur position. Des formes analogues se trouvent chez les embryons. Même chez les poissons qui plus tard se distinguent par un museau alongé en forme de bec , les embryons montrent d'abord une tête large, arrondie et tronquée en avant, avec une bouche inférieure et des yeux latéraux , et ce n'est que plus tard que les mâchoires s'alongent et se reportent au de- XXX vant des yeux pour former enfin une télé de forme toute différente de celle qu'ils avaient en naissant. Je crois qu'il ne serait guère possible de trouver des termes de rapprochemens plus nom- "breux entre les embryons de nos poissons et les poissons fossiles , puisque rien ne nous est conservé de leur corps que le système osseux qui nous a fourni à lui seul toutes ces analo- gies , et je crois qu'on sera généralement d'accord avec moi , lorsque j'affirme , que les poissons de l'Old Red représentent, par leur structure toute particulière , Vâije embryonique du règne des poissons. Nulle part, en effet, dans aucun autre terrain, on ne trouve un aussi grand nombre de poissons, chez lesquels le squelette interne est si imparfaitement développé, et si inférieur au système cutané ; nulle part on ne trouve la grande majorité des poissons ayant les formes embryoniques des nageoires et de la tête aussi marquées. Ces faits nous donnent évidemment la clef du rang que ces familles doivent occuper dans un système ichlliyologique , et une application judicieuse de l'embryologie à la classification des animaux, ne saurait avoir que les plus heureux résultats sur le perfectionnement de nos systèmes zoologiques. En effet , si après avoir indiqué les affinités anatomiques des poissons de l'Old Red , nous examinons encore les rapports zoologiques dans lesquels ils se trouvent vis-à-vis des créations suivantes, nous voyons que, des cinq familles qui se trouvent dans le vieux grès rouge , il y en a une , celle des Céphalaspides , qui est entièrement restreinte à ce terrain, qu'il y en a une autre, celle des Sauroïdes , qui n'est représentée que par un groupe tout particulier, celui des Diptériens , qui est également restreint à l'Old Red , qu'une troi- sième, celle des Acanthodiens, ne se perpétue pas au-delà de la houille, et que seulement les Célacanthes et les Cestraciontes arrivent à des terrains plus récens. De toutes ces familles , c'est aussi celle des Céphalaspides qui s'écarte le plus des formes ordinaires des autres poissons, à tel point que l'on a facilement pu, dans les premiers temps de leur découverte, méconnaître leur nature et les prendre pour des animaux appartenant à d'autres classes du règne animal. C'est chez les Céphalaspides que nous avons reconnu ce type de poissons à appendices aîlés , représenté par les genres Ptérichlhys, Pamphractus et Polyphractus , qui, à raison de la cuirasse de leur corps, formée de plusieurs pièces étroite- ment soudées et de leurs nageoires pectorales transformées en stylets recourbés , ont passé tantôt pour de petites Tortues, tantôt pour d'énormes Coléoptères aquatiques; c'est chez les Céphalaspides , que nous avons trouvé ce curieux genre des Céphalaspis , que son large bou- clier céphalaire, sur lequel sont implantés deux yeux presque réunis en une seule orbite, avait XXXI fait prendre pour un crustacé voisin des Limules ou des Trilobiles, avant qu'on ait connu son corps écaillé et sa queue munie de nageoires verticales ; c'est parmi les Céphalaspidcs , enfin , que nous avons dû placer les Coccostées, avec leur puissante cuirasse et leur longue queue flexible, qui devait leur donner l'aspect le plus étrange qu'il soit possible d'imaginer et qui les a successivement fait prendre pour des Trionyx et pour des Rajes fossiles. J'ai déjà parlé, en traitant de cette famille des affinités, éloignées il est vrai, qu'elle présente avec les poissons cuirassés de notre époque, avec les Loricaires et les Siluroïdes. Je n'ai plus rien à ajouter à ce sujet ; mais ce que je voudrais encore une fois faire sentir, c'est la vérité de ce fait , que les dif- férens genres des Cépbalaspides montrent déjà une gradation, quoique peu marquée, dans leur conformation de plus en plus parfaite. C'est ainsi que d'un côté les appendices ailés des Ptérichthys et Pamphractus se perdent chez les Coccostées et les Céphalaspis, où ils sont remplacés par des nageoires ordinaires, tandis que d'un autre côté il y a un rapprochement évident entre les Coc- costées et les genres largement cuirassés de la famille des Célacanthes, tels que les Asterolépis et les Bothriolépis. La forme trapue des Ptérichthys et le développement fort incomplet de leurs nageoires, montrent évidemment que c'étaient des poissons peu agiles, vivant par troupes dans la vase, se mouvant avec lenteur et destinés à devenir la proie des autres. Chez les Cé- pbalaspides, le large bouclier dont ils sont couverts et leurs yeux supérieurs, indiquent le même genre de vie, mais déjà le tronc devient plus mobile et la queue, le moteur le plus puissant , se garnit de nageoires et devient apte à exercer des mouvemens plus rapides. Les Coccostées , enfin , étaient évidemment déjà des poissons voraces , comme le montrent leurs dents coniques, aiguës, et leur longue queue plate et flexible. Il y a sans doute loin de là à cette armure formidable des Bothriolépis, à ces dents acérées des Dendrodes (Asterolépis); mais on en conviendra, il y a dans la famille des Cépbalaspides un acheminement vers ce caractère rapace, et si l'on y joint la structure des plaques, la ressemblance que présentent les granules épars des Coccostées avec les astérisques des plaques des Asterolépis, l'on se convain- cra facilement, qu'il n'y a pas un si grand pas à faire, pour arriver des Coccostées aux Céla- canthes cuirassés. Cette ressemblance serait encore bien plus grande , si des recherches ul- térieures prouvaient que les Célacanthes cuirassés n'avaient point de véritables écailles im- briquées sur le corps, mais seulement de larges plaques recouvrant la tête et la nuque. Rien ne prouve, il est vrai, jusqu'ici celte supposition, mais ce qui est pourtant curieux, c'est le fait qu'à côté de la grande quantité de larges plaques d' Asterolépis et de Bothriolépis, qui ca- ractérisent certains terrains , on n'ait pas encore trouvé de véritables écailles , que l'on puisse — xxxu leur attribuer. Je signale ici ce fait à l'attention des géologues, car rien n'est souvent plus instructif que le mode d'association des fossiles , surtout quand les débris appartiennent à des animaux dont la grandeur et la mollesse du squelette , ont empêché leur conservation en en- tier. Mais il est nécessaire d'apporter la plus grande circonspection dans ce genre de rappro- chemens , avant d'en tirer des conclusions; car, trop souvent ces résultats se transmettent d'auteur en auteur, sans que l'on rapporte en même temps les faits sur lesquels ils sont basés, et passent quelquefois encore pour des vérités, lorsque l'état des faits a été modifié. Les couches de l'Old Red sont, il est vrai, peu favorables à ce genre de recherches, car là où les fossiles ne forment pas des noyeaux de rognons , les débris sont dispersés et mêlés d'une telle manière , que l'on trouve souvent dans le même morceau de limon durci les restes de plusieurs genres entièrement differens. La tribu des Diplériens est aussi , comme la famille des Céphalaspides , entièrement res- treinte aux couches de l'Old Red. Ici les affinités avec les autres Sauroïdes sont tellement évi- dentes, que j'ai dû renoncer à l'opinion à laquelle je me suis arrêté pendant quelque temps, de les envisager comme une famille à part. Les écailles sont les mêmes, et les dents se rap- prochent à tous égards, dans les genres Ostéolépis et Diplopterus, du type éminemment carnas- sier des Sauroïdes à dents incisives isolées. J'ai rangé provisoirement dans cette famille un genre, celui des Glyplopomes, qui, par la sculpture de ses écailles, se rapproche beaucoup des Platygnathes de la famille des Célacanlhes , mais qui s'en éloigne d'un autre côté par la forme et l'arrangement de ses écailles, qui sont évidemment seulement juxtaposées et taillées en losanges. R serait fort intéressant de voir comment la position de ce genre se fixera ulté- rieurement ; s'il faudra, par l'arrangement de ses nageoires, le placer définitivement parmi les Diplériens, ou bien, s'il marque, par des nageoires simples, le premier degré d'achemi- nement vers le type des Sauroïdes proprement dits. Dans ce dernier cas, on aurait, dans les Sauroïdes du vieux grès rouge , une gradation semblable à celle qui se présente dans les Cé- phalaspides. Les y^con > •0 i: 3 w 01 o. p. s ftt o ™ 3 3=- sr tD- Je f6 ;5^ ? sr K -a m E. c o S =" « -• &. o e. = s o o e o en C _ -= rt> H H H M ^ re> (t> (B> n c ^ ^ O) et ^ 3 ^ < SIJ— g S5 E. t o o fT fT 5" 2 • 2i S- " s? £ s'" S" 5 g « I £• « s- -5 C '"»• 5 , 3 ét.-i- en 1 ». et- . si- «^ . Ô" 3 • • O et! 3 et o . s 05 Q. et. ■y. o r^ t^i^ri a. &^2 l> " -a O-tt g. u s 3 o -3 O •B s c Cq "^ S cT s 2- 5 ri £-5 > a. © 5' et e/3 5S en w" K •TS S C ■3 Z et "^ rô 3 '■ 9. en 3 ^- 5 ^ o ïi - . . en O- £= o 3 ^ "g c s 3«! S - 3 jj et et s c -= 3 et 5"" — < — , !^ ^ Si = et ?5 ^'et Si {t o ^ ■^ --3 E.Q.r^ e5 ■ g S 3 -i et en et 3 (t et et 3 3 „ et "> S' & Cl c o -0 o ^ 3 o O et _ G. ï= C en fg ^ " 3 S^ £L o ^ a-o ■^ en et 3 — S " S- (t J_ o w 3 et o 3- f-. .^ ?^' E.s?3 = s n e et- çn S. en et ft et ». -^ ^ o I o 3 et. t« o c et en et. ^ en 2' et Cl Ci Ci ?-^ S- ■V o •< >0 H > 3 •« -^ =.S èS-ï i 5 ?r ca 2 i" £- 5 en f^ „ 2.2 » ^■s ft s w H •~i ^ ^ S> en et "O S 5i £ ?< en et C^ u K u S et et' 3 T H et. S c tt. a. en u S" e en ' -■ et O o 13 et i o" 3 CM B et t3 O 3- ■0 *^ iTl TJ tt O 00 O 1 — T 0 3 g 3 _ ^ 5" ^ t: =: -• T s o g et- E. « c§ ^ en C= o tS 2" 1 O o- 2- '^ ère 3 ^ fs ' • g et- et S ff ■ u o et S l?*?)^ -^hï •13 'TS^ "S. ?■ s o S Ci > > H — 0 « 5" 0 ^> e ^§- H et i -5 "^ a: 0 a 3 C 0 0 Cl -. 3 H •^ 2 0 !» H O a M B — 6 CHAPITRE II. DU GEXRE PTÉRICHTHYS Agass. Il est impossible de rien voir de plus bizarre dans toute la création que le genre dont nous allons nous occuper. Le même élonnement qu'éprouva Cuvier en examinant pour la première fois les Plésiosaures, qui semblaient porter un défi à toutes les lois de l'organisation, je l'ai éprouvé moi-même , lorsque M. II. Miller, le premier qui ait découvert des traces de ces fossiles , me fit voir les échantillons qu'il en avait ramassés dans le vieux grès rouge de Cromartry. La connaissance des Céphalaspis, que l'on savait déjà alors appartenir à la classe des poissons, avait conduit M. Murchison à soupçonner que ces débris pourraient bien appar- tenir à un genre analogue , mais ne sachant comment envisager les longs appendices ailés dont sont munis ces curieux animaux, il n'osa prononcer un jugement définitif sur leur nature. L'étude plus complète que j'ai pu faire de ces fossiles, grâce aux recherches et à la complaisance de lady Gordon Cumming, de MM. Hugh Miller, Malcolmson , Murchison, H. Robertson, Fleming, Anderson, Jameson, lord Enniskillen, sir Ph. Egerton et autres, m'a conduit à des résultats que j'ose appeler satisfaisans, bien qu'ils soient encore incomplets, car il reste encore beaucoup d'incertitudes sur des points essentiels , dont nous ne pouvons nous rendre compte que par analogie. Les Ptérichlhys sont de petits poissons; les plus grands exemplaires que j'aie rencontrés «'atteignent pas la longueur d'un pied. Ils ont en général une forme ovale ou piriforme ; la tête est courte et comprimée, le tronc massif et élargi , la queue assez mince, et à ce qu'il parait, conique et effilée vers son extrémité. La plupart des exenqîlaires ont deux appendices recourbés, allongés en forme de sabre, et articulés près de la tête, comme les bras d'un indi- vidu qui nage. Leur forme générale rappelle celle de certains insectes aquatiques, les Hydro- philes ou les Dytiques par exemple, qui ont aussi un corps large, ovalaire, et de grandes pattes qui leur servent pour la locomotion ; ou bien certains Limules , auxquels on aurait ajouté des bras pour la natation. Quelques naturalistes ont en effet voulu reconnaître des insectes gigantesques ou un type particulier de crustacé voisin des Trilobites dans ces larges cuirasses fossiles, tandis que d'autres y voyaient de petites espèces de tortues marines. J'espère que je parviendrai à démontrer jusqu'à l'évidence, que ce sont des poissons, quelque bizarres qu'ils soient. Je dois cependant faire l'aveu que j'ai été plusieurs années à examiner ces débris avant d'oser me prononcer positivement sur leur nature. Si je crois pouvoir le faire maintenant, ■ — 7 — c'est parce que les doutes qui s'élevaient contre ma manière de voir sont entièrement levés dans mon esprit. On peut distinguer quatre parties essentielles dans le corps de ces poissons; la tête, qui est en général très-petite, plus ou moins ronde, et qui s'élève comme un bouton sur le corps; la carapace , de forme ovale plus ou moins allongée , qui recouvre la plus grande partie du corps, et qui est ordinairement séparée de la tête par une échancrure latérale, accompagnée d'une rainure plus forte indiquant l'articulation céphalique ; les tmgeoires pectorales en forme de deux ailes placées sur les côtés de cette articulation. Enfin derrière la carapace, qui enve- loppe sans doute toute la cavité abdominale depuis la nuque jusqu'à l'anus, et qui, comme la tête, est formée de larges plaques soudées ensemble, se trouve une qi-; r-*- O ^ (■^ S et ?i 3-a M_- C S-s 5 1 §1 cl" o ■S. (^ o s <-* w .^ »«" -! ^ = -3 en 5" O Cï 1 1 »i 1 > H H O 0 n !« en B 3 3 S- 5 n ™ g^ 9. I- S S CL GA £L (B S s: -s 2_ 5^ CL. CD .B- W- Z 5 y en o C X c u s s; B 2 Ëë o en o a> ci: 3 - z H o o c: en s G S CB CL O a> s is <: s- tp a; m 5 >■ n > H X e 3 ■= O O o ^ "' o S2. 3 S' 3 3 CD B to ta o c- CB C- CB 3 O CB. 3 CBt CB 3 a. CB C- CB CD CB CB CB O ÇB; CB. O Si o 2 ^< 3 o CD ■a CB CB O 3 CTQ o a «5 s' 8 o ^ ■^ e*. ^ Si § <«. «V <>w ►§ £. g S ri D (B 3 CD O CT. t^ S- CB ft "O 3i a. ft " ■• . T 3 (X « CB — — ^5 ^ Mi. CB {^. =: o o 3 05 — CB- M H es r > r ^■ H m fi :^ H »] H H P3 (^ H S- B — 35 CHAPITRE II. DU GENRE ACANTHODES Agass. OldRed, Tab. D, fig. 1. Comme ce genre est déjà caractérisé dans les Recherches sur tes Poissons fossiles, Tom. II . Part, i, pag. 19 et suivantes , je ne ferai que rappeler ici ses caractères les plus importans. Les écailles, très-petites et rhomboïdales, donnent à la peau l'aspect de chagrin fin. La tète est grosse , déprimée ; la mâchoire inférieure un peu proéminente. De fines dents disposées en une simple rangée paraissent garnir le pourtour de la bouche , qui est largement fendue. Les nageoires sont en nombre ordinaire ; deux pectorales de grandeur moyenne , soutenues par une ceinture thoracique assez forte ; deux ventrales assez petites , qui, dans la plupart des exemplaires, restent invisibles, cachées qu'elles sont sous la peau écaillée du ventre, mais qui, lorsqu'elles sont visibles , se trouvent placées sous le milieu du ventre et réunies sur la ligne médiane ; une faible dorsale très-reculée et opposée à l'anale qui est plus grande , et enfin une caudale hétérocerque , dont le lobe inférieur est assez considérable. Toutes ces nageoires , la caudale exceptée , sont soutenues par un fort rayon épineux , osseux . courbé en arrière et très-pointu. Comme ces rayons sont d'ordinaire bien conservés sur la plupart des exemplaires, c'est, le plus souvent, d'après eux qu'on peut distinguer la position des nageoires, car la partie molle des nageoires offre peu de consistance. Par ses petites écailles revêtues d'une couche d'émail , ce genre s'annonce comme le type de la famille qui porte son nom, tandis que la structure, la position et le nombre des nageoires le distinguent facilement des autres genres de la même famille. Les Cheirolepis , qui ont le même nombre de nageoires placées dans la même position , c'est-à-dire la dorsale opposée à l'anale ou même un peu en arrière , les Cheirolepis , dis-je , manquent entièrement de rayons épineux ; les Cheiracanthus , qui ont des rayons épineux aussi fortement développés que les Acanthodes , ont par contre la dorsale placée en devant de l'anale , dans l'espace entre celle-ci et la ventrale , et les Diplacantbus enfin se distinguent facilement des Acanthodes par leurs deux dorsales. Le genre Acanthodes n'est représenté dans le vieux grès -rouge que par une seule es- pèce , mon Acanthodes pusillus. — 36 — ACANTHODES PUSILLUS. Ag. 01(1 Red, Tab. 28, %. 8-10. Cette espèce se fait remarquer par son extrême petitesse. Le plus grand exemplaire que j'aie rencontré est celui de fîg. 8 , tous les autres n'atteignent pas même un pouce de longueur. La plupart des exemplaires sont comprimés d'une manière qui fait supposer une mort vio- lente. Ils sont courbés au milieu du ventre, et tellement rejelés en arrière que la tête se trouve souvent près de la queue , et que la partie dorsale recouvre le ventre , ou est cachée dessous. Les nageoires ventrales se trouvent généralement à l'angle formé par cette courbure. Cette compression singulière des individus , jointe à leur petite taille , qui a empêché jusqu'ici qu'on en fit une étude complète , nous met dans l'impossibilité de dire quelque chose de précis sur la forme et la composition de la tête. Il paraît cependant que cette dernière était grosse, large, terminée par une gueule circulaire, garnie de très-petites dents, qui même, sous une très-forte loupe , ne paraissent que comme des petits points noirs. La partie postérieure du corps qui, dans tous les exemplaires , se montre de côté , offre des caractères assez précis. Les ventrales sont soutenues par deux rayons forts et droits qui se réunissent en avant. L'anale est courte , son rayon est peu marqué ; en revanche , on observe une série de pointes courtes , mais très- visibles , qui se continuent le long du bord inférieur de la queue jusqu'au commencement de la caudale. La dorsale est assez reculée , son rayon droit est plus long et beaucoup plus épais que celui de l'anale. La caudale enfin est assez différente de celle des autres Acanthodes par le prolongement considérable de son lobe supérieur qui se termine en pointe assez effilée , tan- dis que le lobe inférieur est court et triangulaire. Les écailles sont très-difficiles à observer à cause de leur petitesse extrême. Elles paraissent triangulaires , la pointe est tournée en arrière , et munie d'une quille relevée le long du bord supérieur. La petitesse des individus, la rangée de pointes courtes sur le bord inférieur de la queue, et le prolongement du lobe supérieur de la caudale , feront toujours aisément distinguer cette espèce de ses congénères ; peut-être même deviendra-t-elle le type d'un genre à part lors- qu'elle sera mieux connue. Les exemplaires figurés proviennent de Gordon-Castle. On les trouve toujours réunis en grand nombre dans les géodes , de sorte qu'il est vraisemblable qu'ils vivaient en troupes , comme beaucoup de petits poissons de notre époque. Ils m'ont été communiqués par M. le Rév. Gordon ; M. Roberlson m'en a également transmis un exemplaire provenant des envi- rons d'Elgin. 37 -- CHAPITRE III. DU GENRE CHEIRACANTHUS Agass. 01(1 Red, Tab. D, fig. 2. J'ai établi ce genre (Poiss. foss. tom. II, Part. I, pag. 125) sur des poissons qui se rappro- chent beaucoup des Acanthodes, mais qui en diffèrent par la position de leur nageoire dorsale. Dans ce temps , je n'en connaissais que quelques échantillons très-défectueux. Depuis . j'ai été assez heureux de trouver un échantillon presque complet et admirablement conservé d'une espèce nouvelle, qui me permet de compléter maintenant les lacunes que j'ai nécessairement dû laisser dans la description du genre. La tête est courte, mais haute; la bouche, largement fendue, s'ouvre vers le haut. Les yeux sont grands , placés vers le haut du front , de manière à faire saillie au-dessus des os de la tète, ce qui donne à celle-ci l'aspect d'une tête d'Uranoscope. La fente de la bouche est presque verticale ; elle est bordée, à ce qu'il paraît, sur tout son pourtour , par le maxillaire, et non par l'intermaxillaire, comme c'est le cas chez la plupart des poissons. Les os de la tête étaient bien plus solides que dans les Acanthodes , surtout l'opercule et les rayons branchios- tègues , qui sont assez bien conservés. Le premier a la forme d'une longue languette qua- drangulaire, en rapport avec la hauteur de la tête. Le corps est cylindracé , atténué d'une manière régulière en arrière. Il est couvert d'écaillés fort petites , imbriquées, ayant à-peu-près la forme des écailles des poissons osseux ordinaires, mais couvertes d'une couche d'émail qui quelquefois est assez élégamment sculptée. Les nageoires sont en même nombre que dans les Acanthodes. Les pectorales sont grandes, soutenues par de vigoureux rayons épineux ; les rayons des ventrales , qui ont une forme triangulaire, sont petits et grêles. L'anale ressemble beaucoup aux ventrales pour la forme: elle s'étend en s'atténuant graduellement jusque vers la base de la caudale. La dorsale a le rayon épineux fortement développé ; elle est invariablement placée en avant de l'anale, entre celle-ci et la ventrale , près du milieu du dos , ce qui , comme nous l'avons vu ci-dessus , constitue le caractère essentiel du genre. La caudale enfin est hétérocerque , mais ses deux lobes sont presque d'égale longueur, et les rayons ne sont développés qu'au lobe inférieur. Les Cheiracanthes étaient de petits poissons d'une forme svelte , n'atteignant guère un pied de longueur. Ils ne sont pas très-communs dans les couches de l'Old Red , et il est toujours — 38 — facile de les distinguer des autres Acanthodiens à leur dorsale unique , qui est placée autre- ment que dans les Cheirolepis et les Acanthodes. Ils se distinguent non moins bien des exem- plaires entiers des Diplacanthes , qui ont deux nageoires dorsales. 11 est cependant des cas où l'on peut facilement confondre ces deux genres, c'est lorsqu'on ne possède que des fragmens de la partie postérieure du corps. Toutefois la dernière dorsale des Diplacanthes est toujours opposée à l'anale; tandis que la dorsale des Cheiracanthes se trouve au devant d'elle. I. ClIEIRACAATHlTS MICROLEPIDOTUS AgaSS. Old Red, Tab. I5,fig. 1-3. Les magnifiques échantillons de cette espèce , dont je dois la communication à Lady Gordon Cumming, me mettent à même d'en donner une description assez complète. La tête est grosse, large, égalant à-peu-près un cinquième de la longueur totale. La bouche est énorme , elle est fermée dans l'exemplaire de la fig. 2, et l'on voit, par les contours de la tête et des os maxillaires , que la fente de la bouche est dirigée presque verticalement de haut en bas. Les yeux sont énormes; ils occupent presque tout le front , et se trouvent telle- ment à fleur de tête, qu'ils font saillie au-dessus du front. J'ai compté sur ce même exem- plaire neuf rayons branchiostègues , situés au-dessous d'un opercule allongé et peu large. Le corps est fusiforme, assez large dans la partie ventrale, graduellement rétréci en arrière. Il est couvert d'écaillés extrêmement fines, marquées de stries divergentes, à pourtour cré- nelé sur le haut du corps (fig. 2 a) , tandis que sur le ventre elles sont plus lisses (fig. 1 a) ; plus bas encore , elles ne paraissent plus imbriquées, comme celles d'en haut, mais seule- ment juxta-posées , ayant des angles vifs et d'une forme rhomboïdale très-régulière (fig. 3 a). Les pectorales sont très-grandes, situées près de la ligne médiane, sous la gorge , et mu- nies d'un fort rayon cylindracé, pointu et droit. Les ventrales sont encore plus grandes, leurs épines sont placées au milieu du ventre; elles sont plus grêles que celles des pectorales; la nageoire elle-même s'étend jusque près de l'anus. La dorsale a un rayon énorme , courbé en arrière comme un sabre , et placé entre les ven- trales et l'anale , quoique cependant un peu plus rapproché des premières. L'anale est petite, triangulaire, son rayon épineux est peu considérable. J'ai pu étudier la caudale sur un échantillon de la collection de Lord Enniskillen ; elle est assez profondément échancrée en demi-lune ; mais son lobe supérieur n'est pas beaucoup plus long que l'inférieur. Tous les exemplaires que j'ai examinés proviennent de Lethen-Bar. Ceux de fig. 1 et 3 font partie de la collection de Lady Gordon Cumming ; celui de fig. 2 appartient à sir Philipp Egerton. — 39 — Nous ne connaissons encore que d'une manière assez imparfaite les caractères des autres espèces de ce genre, que j'ai mentionnées dans les Recherches sur les Poissons fossiles, vol. II, Part. I, pag. 126 et 127, et qui proviennent également de couches appartenant au système dévonien. N'ayant rien de nouveau à ajouter à ce que j'en ai dit dans mes Recherches, je crois pouvoir me dispenser de reproduire ici la description que j'en ai donnée. Je ferai seu- lement remarquer que ce qui pourra cependant faciliter leur détermination , ce sont les écailles qui sont crénelées dans notre Ch. microlepidotus , tandis qu'elles sont lisses et sans crénelures dans les Ch, Murchisoni et minor. — uo — CHAPITRE IV. DU GENRE DIPLACAXTHUS Agass. Old Red, Tab. D, fig. 3. Ce genre appartient à la même famille des Acanthodiens que les genres précédens , dont il se distingue toutefois par la présence de deux nageoires dorsales, munies chacune d'un grand rayon épineux. La tête est grosse et , à ce qu'il paraît , aplatie latéralement ; elle occupe un peu plus du quart de l'animal entier. La gueule est largement fendue , armée de très- petites dents sur tout son pourtour. Le corps est cylindrique et se termine par une queue courte , massive et hétérocerque , c'est-à-dire dont le lobe supérieur est plus long que l'infé- rieur et relevé vers son extrémité, comme c'est le cas de tous les poissons de cette époque. Les nageoires dorsales qui forment le principal caractère du genre sont placées , la première assez près de la nuque , au-dessus ou un peu en arrière des pectorales , l'autre à l'opposite de la nageoire anale. Les nageoires pectorales sont courtes et fixées sur une ceinture thoracique assez forte, sur laquelle on remarque encore des épines indépendantes , placées près de la ligne médiane. Les ventrales varient beaucoup de position dans les différentes espèces ; tantôt elles sont plus rapprochées de la gorge , tandis que dans d'autres cas elles reculent vers l'anale ; elles sont en général peu marquées. L'anale occupe d'ordinaire toute la partie inférieure de la queue , et se reconnaît toujours au grand rayon épineux qui la soutient. La caudale est four- chue , mais son lobe supérieur est beaucoup plus long que le lobe inférieur. Les rayons épi- neux qui soutiennent toutes les nageoires , sauf la caudale , sont très-forts, courbés en arrière et marqués de stries longitudinales dans la plupart des espèces. Les os de la tète sont rare- ment conservés ; je n'ai pu distinguer jusqu'ici que les mâchoires , et , dans un seul exem- plaire , de nombreux osselets des arcs branchiaux. Les écailles sont extrêmement petites , de forme rhomboïdale, ornées de dessins très-variés à leur surface. C'étaient en général de petits poissons qui n'atteignaient guère que quelques pouces , et les plus grands à peine un pied de longueur, et qui n'ont été trouvés jusqu'ici que dans les couches de l'Old-Red. — il — I. DlPLACANTHUS STRIAT US AgaSS. Old Red, Tab. ik , fig. i-S. C'est la plus petite espèce de Diplacanthe que l'on connaisse jusqu'à présent. La tête est arrondie , de grandeur moyenne ; la gueule largement fendue de haut en bas , et garnie de petites dents pointues et crochues, toutes de la même dimension. Les yeux sont à fleur de front , grands et circulaires. L'opercule est lisse , long , étroit ; les rayons branchios- tègues sont en assez grand nombre. La ceinture thoracique est forte ; mais on n'y remarque point de piquans extraordinaires , comme c'est le cas chez le D. crassispinus. Le corps , en général court et trapu , est fusiforme et graduellement rétréci en arrière. La première nageoire dorsale est située au haut de la nu([ue , presque immédiatement der- rière l'occiput. Elle est triangulaire et soutenue par un énorme rayon osseux, sillonné sur toute sa longueur de fines stries longitudinales, comme les rayons de toutes les autres nageoires. Le rayon, qui est assez pointu, n'a point de dentelures comme beaucoup d'ichthyodorulites ; il est faiblement courbé en arrière , et sa longueur égale la largeur du corps. La fig. 3 re- présente ce rayon grossi. La seconde dorsale est située au commencement du troisième tiers de la longueur totale du poisson , de manière qu'elle est exactement opposée à l'anale. Elle est aussi de forme triangu- laire , son bord postérieur descendant verticalement sur le dos. Son rayon est plus petit et plus grêle que celui de la première. Les pectorales sont petites , placées près de la gorge ; leurs rayons osseux ne sont pas très- vigoureux. Il en est de même des ventrales, qui se trouvent placées entre les pectorales et l'anale , quoique plus rapprochées des premières. L'anale a la même forme que la seconde dorsale , à laquelle elle est opposée. La caudale est profondément bilobée ; son lobe inférieur est court , petit et pointu ; le supé- rieur très-long , de sorte que la queue prend l'aspect de celle de certains rayons. Les écailles de cette espèce sont très-petites , lisses , rhomboïdales , à angles arrondis et peu imbriquées ; leur partie postérieure est marquée d'un petit renflement en forme de bosse . comme le montre la fig. k qui représente des écailles grossies des flancs. La fig. 5" repré- sente des écailles du bord dorsal , où les renflemens sont plus médians. Les écailles lisses , les rayons striés longitudinalement , la petite taille et le lobe supérieur si allongé de la caudale , font aisément distinguer cette espèce , dont la découverte est due à M. ÏI. Miller. Tous les exemplaires que j'ai vus proviennent de Cromarty. AG. old RED. — 42 — II. DiPLACANTHUS STRIATULUS AgaSS. 0kl Red, Tab. 13, %. 3 et 4. Je ne connais jusqu'ici que des exemplaires très-imparfaits et assez mal conservés de celte espèce. Ces exemplaires ne font voir ni les formes de la tète et du corps, ni l'arrangement des nageoires. Néanmoins on les reconnaît facilement à un caractère très-constant , c'est que les rayons des nageoires sont lisses, ou du moins dépourvus de ces fortes rainures et des côtes (|u'on observe sur les rayons du D. striahis. Les écailles des deux espèces sont également différentes. Celles du D. striatiihis sont moins longues et plus larges que celles du D. striattis, de manière qu'elles ressemblent plus aux écailles des poissons ordinaires. Il leur niantjue en outre la bosse relevée sur le bord postérieur (voy. fig. ko). Les deux exemplaires que j'ai fait figurer sont comprimés, de manière que la partie anté- rieure du corps est couchée sur le dos et présente la face ventrale , tandis que la partie pos- térieure est appliquée sur le flanc ; c'est ce qui permet de distinguer aussi nettement les rayons osseux des pectorales , réunis sous la gorge en un angle aigu , le grand rayon de la première dorsale , celui de la seconde, ceux des ventrales et de l'anale. On ne peut rien dire de précis sur la position des nageoires relativement les unes aux autres , les exemplaires étant trop écrasés. La queue manque. Tous les exemplaires que je connais proviennent de Lethen-Bar, et font partie des collec- tions de lady Gordon Cumming , de lord Enniskillen et de sir Philippe Egerton. III. DiPLACANTHUS LONGISPIJNUS AgaSS. Old Red, Tab. 13, fig. 5 ; Tab. \k , fig. 8 et 9. Malheureusement on ne possède encore que le tronc et la queue de cette belle espèce , la plus grande du genre ; la partie antérieure du corps n'est conservée dans aucun des exem- plaires que j'ai pu examiner. On ne reconnaît pas moins au premier aspect , que c'était un poisson large , trapu , qui pouvait atteindre jusqu'à un pied de longueur. Sa plus grande lar- geur parait avoir été près des ventrales, d'où le tronc se rétrécit brusquement en arrière, au point que la base de la caudale n'a pas même la moitié de la largeur du corps. Les deux dorsales sont assez rapprochées , hautes , triangulaires , tronquées verticalement en arrière et munies de fortes épines presque droites. La seconde est très-reculée , elle est op- posée à l'anale , ou même encore plus reculée. La caudale est large ; son lobe supérieur ne dépasse que peu l'inférieur ; la queue est très- courte , mais elle se prolonge fort loin dans le lobe supérieur. L'anale est tellement reculée, que son extrémité touche presque la caudale. Les ventrales sont intermédiaires entre les deux dorsales , mais plus rapprochées de la — 45 — seconde; leurs rayons sont de beaucoup plus faibles que ceux de l'anale. — Toute la partie antérieure du corps , depuis la première dorsale, manque. Les écailles sont d'une structure particulière. Elles sont beaucoup plus grandes que dans les autres espèces du genre et ornées des plis saillans , réunis en éventail à l'angle postérieur de l'écaillé. (Voyez la figure grossie de Tab. ik, fig. 9). Cet aspect des écailles, la position re- culée de la seconde dorsale et la conformation de la queue distinguent facilement cette es- pèce de toutes ses congénères. M. H. Miller a découvert à Cromarty l'exemplaire de Tab. ik . et lady Gordon Cumming, à Lethen-Bar, celui de Tab. 13. IV. DlPLACANTHUS CRASSISPIKUS Agass. Old Red , Tab. 13 , fîg. 1 et 2 ; Tab. ik , fig. 6 et 7. Le fossile sur lequel j'ai établi cette espèce (Tab. ik , fig. 6 et 7) ne montre que la face ventrale du tronc, depuis la ceinture thoracique jusque vers la queue , qui est fort mutilée. Ce qui frappe au premier aspect , c'est le développement énorme des épines , dont les nageoires paires sont munies. La ceinture thoracique est très-forte , réunie sous la gorge par une pièce transversale , sur l'angle de laquelle sont implantées deux fortes épines tournées en arrière , et ayant la forme d'une lame de couteau-poignard. En dehors de ces épines fortes, tranchantes et pointues , sont placées les gros rayons épais , courbés et pointus , destinés à soutenir les na- geoires pectorales qui ont disparu dans notre exemplaire. En arrière se voient les deux épines des nageoires ventrales, qui sont fortes, courtes et courbées. On distingue en outre, entre ces deux nageoires , deux épines plus petites , peu divergentes et qui ne portaient point de na- geoires ; elles ressemblent un peu aux épines des épinoches et d'autres poissons hérissés d'armes semblables. Les écailles de cette espèce sont plus larges que longues ; l'angle postérieur du rhombe fort obtus. Leur surface est très-irrégulièrement granulée. (Tab. 14, fig. 7). J'ai eu des doutes sur la position générique de ce curieux fossile , qui. appartient évidem- ment aux Acanthodiens , parce que je n'ai pas d'abord connu les nageoires dorsales. Mais comme il n'y a aucun genre de cette famille dans lequel les épines soient portées à un si haut degré de développement que chez les Diplacanlhes , je l'ai immédiatement rangé dans ce genre. Cette position a été justifiée plus tard par la découverte d'autres exemplaires plus par- faits , qui montrent ce poisson de profil. La première dorsale est placée derrière la nuque , vis-à-vis des pectorales ; son rayon épineux est très-gros , presque droit , comprimé et forte- ment cannelé, la seconde dorsale, soutenue par un rayon plus faible, est opposée à l'anale. L'exemplaire de Tab. 14 provient de Caithness , et m'a été communiqué par M. Strick- land ; ceux de Tab. 13 proviennent de Stromness , l'une des Orcades , et m'ont été envoyés par M. le docteur Traill. — Uk — CHAPITRE V. DU GENRE CHEIROLEPIS Agass. Old Red, Tab. D, Gs. 4. J'ai établi ce genre dès 1835 , dans mes Recherches sur les Poissons fossiles (*), en décri- vant et figurant les deux espèces alors connues, les Ch. Trailli et Ch. minor. Depuis lors les belles découvertes de Lady Gordon Cuniming, dans les carrières de Lelhen-Bar, dans le Nairn- shire, ont amené la connaissance d'une nouvelle espèce admirablement conservée, qui per- met d'en compléter tous les caractères , en sorte que le genre Cheiracanthus peut maintenant être envisagé comme un des mieux connus de ce terrain. La tête est de grandeur moyenne, égalant à-peu-près le quart de la longueur totale; la gueule est très-grande et fendue longitudinalement , ce qui distingue aisément notre genre des Cheiracanthes, qui l'ont fendue perpendiculairement. Son pourtour est formé par le maxil- laire, circonstance dont j'ai pu me convaincre par l'inspection d'une plaque, en possession de Lady Cumming, sur laquelle se trouvent épars différens os de la tête du Ch. Cummingiae. Jjes mâchoires sont garnies de petites dents coniques et assez pointues , d'inégale grandeur , quoique moins fortes que dans beaucoup de Sauroïdes et de Célacanthes, où les grandes dents excèdent quelquefois dix à douze fois la hauteur des petites. Il est à remarquer en outre que dans ces deux familles, les petites dents forment une rangée extérieure continue, tandis que les grandes se trouvent en dedans de cette dernière : dans les Cheirolepis , au contraire , nous ne remarquons point de distinction pareille ; toutes les dents sont placées sur le même rang. Les autres os de la tête que j'ai pu distinguer, tel que le frontal , l'humérus , le tempo- ral, ont la même structure que chez les poissons osseux ordinaires, d'où l'on peut conclure que les Acanthodiens en général avaient un système osseux complet , et non pas seulement une corde dorsale, comme les Coccoslées et d'autres poissons de la même époque. Le corps des Cheirolepis est fusiforme , mais trapu et surtout large dans la région du ventre. Toutes les nageoires ont une multitude de rayons fins et serrés, qui sont admirablement conservés dans tous les exemplaires que j'ai vus. Il leur manque à toutes le premier rayon épi- neux , qui se voit dans les autres Acanthodiens. Quant au reste , le nombre et la position des (') Vol. 2, pag. 128. — 45 — nageoires sont exactement les mêmes que chez les Âcanfhodicns. L'anale est placée un peu en avant de la dorsale, qui du reste lui est opposée; les ventrales occupent le milieu de l'abdo- men ; la caudale est hétérocerque , large et presque tronquée verticalement . ou du moins son lobe supérieur avance de bien peu sur l'inférieur. Ce genre forme , par l'absence des rayons épineux et par sa dentition inégale , le passage des Âcanthodiens aux Sauroïdes. Cheirolepis cuMMiNGiAE As^ass. OldRed, Tab. 12. Celte espèce atteint jusqu'à un pied et demi de longueur. Sa forme est massive et sa hau- teur très-considérable, pour un poisson fusiforme; la queue est très-grande. La tête , qui oc- cupe à-peu-près le quart de la longueur totale, est composée d'os robustes, qui témoignent, avec la forme des dents, que c'était un poisson essentiellement vorace, se nourrissant de proie vivante. Le maxillaire supérieur, qui forme le pourtour de la bouche, a presque la même forme que dans les Saumons; il est effilé en avant, élargi et aplati en arrière, garni de dix-huit dents faiblement crochues, qui ont à-peu-près une ligne de longueur, et aux- quelles succèdent une vingtaine de petites dents très-serrées. Les maxillaires inférieurs sont longs et grêles ; ils portent de petites dents mêlées avec les grandes , qui sont au nombre de dix ou douze. J'ai pu étudier tous ces détails sur une pièce où étaient épars plusieurs os de la tête, provenant probablement d'un individu décomposé avant son ensevelissement dans la substance pierreuse. La ceinture thoracique est forte; la clavicule se fait surtout remartpier par sa forme trapue, de sorte que la courbure en équerre, qui la distingue ordinairement, est peu marquée. Les pectorales sont peu considérables, courtes, arrondies et placées sous la gorge. La hauteur du poisson au dessus des ventrales égale le quart de sa longueur ; de là il se rétrécit graduellement jusqu'à l'extrémité relevée de la queue. Les ventrales sont triangulaires et peu hautes ; mais , en revanche , elles s'étendent en arrière jusqu'à l'anus, garnissant ainsi toute la moitié postérieure du bas ventre. L'anale et la dorsale sont opposées, mais de telle sorte que cette dernière est un peu plus reculée en arrière ; elles sont triangulaires et de grandeur égale. La caudale est hétérocerque ; mais l'extrémité de la queue se relevant très-brusquement , et le lobe inférieur étant très-large , il s'en suit qu'elle prend presque l'aspect d'une caudale homocerque. Elle est tronquée verticalement et couverte en haut de grosses écailles réunies en toit. Les écailles du corps sont petites , cependant elles sont proportionnellement plus grandes que dans les autres espèces du genre ; leur surface est lisse. Cette espèce est assez fréquente — k6 — à Lethen-Bar, où elle a été découverte par Lady Gordon Cumiiiing. M. H. Miller l'a aussi trou- vée à Cromarty. Il est facile de distinguer le Cheir. Cnmniinyiœ du Cheir. Traillii, avec lequel il a quelques rapports par l'apparence de son tronc et surtout de sa queue. Mais chez le Ch. Traillii , les ventrales sont courtes et peu étendues en arrière; tandis que chez le Ch. Cummingiœ, elles s'étendent jusque vers l'anus. D'ailleurs , chez ce dernier , la dorsale est à peine un peu reculée derrière l'anale, tandis que dans le Ch. Traillii son commencement correspond à-peu-près au tiers de l'anale. Le Ch. Uragiis s'en distingue aussi facilement par sa queue grêle et mince et sa forme moins trapue. Je renvoie, pour de plus amples détails sur ces espèces, à mes Re- cherches , où elles sont figurées et décrites en détail , n'ayant rien de nouveau à dire à ce sujet. k7 — DE. LA FAMILLE DES SAUROIDES DIPTERIENS. CHAPITRE I. DES SAUROIDES DIPTERIENS EIX GÉNÉRAL. Dans un domaine aussi nouveau que celui de l'étude des poissons fossiles , il n'est pas sur- prenant de voir les limites des familles subir de fréquentes modifications , surtout lorsque les faits acquis se multiplient dans une proportion rapide. On conçoit également que sur d'autres points il règne encore trop d'incertitude pour que l'on puisse s'arrêter définitivement à telle ou telle manière de voir. C'est ainsi que dans les premières livraisons de mes Recherches . j'ai réuni les genres Dipterus et Ostéolepis à la famille des Lépidoïdes et placé le genre Diplop- terus parmi les Sauroïdes. Dans le tableau général des Poissons fossiles que j'ai publié en ter- minant cet ouvrage , j'ai cru plus convenable de séparer les Dipterus et les Ostéolepis des Lé- pidoïdes , pour en faire un groupe à part sous le nom de Diptériens, mais j'ai laissé le genre Diplopterus parmi les Sauroïdes. Aujourd'hui j"ai acquis la certitude que les genres Dipterus , Ostéolepis et Diplopterus ne sauraient être séparés ; reste à savoir s'ils doivent constituer une famille à part , ou être réunis aux Sauroïdes. Je pencherais plutôt pour la première manière de voir, si l'embryologie ne nous apprenait pas que la réduction des nageoires est un caractère de transition. D'un autre côté, je ne connais pas assez bien la dentition de ces genres , pour affirmer positivement que ce sont de vrais Sauroïdes. Il se pourrait enfin ([ue toutes les familles de Ganoïdes , commençassent, dans les terrains les plus anciens, par des genres munis de na- geoires nombreuses , et que le genre Dipterus qui paraît n'avoir eu que des dents en brosse, dût rester dans la famille des Lépidoïdes , tandis que les genres Ostéolepis et Diplopterus qui ont des dents coniques rentreraient dans la famille des Sauroïdes. En attendant que je possède des renseignemens complets sur tous ces fossiles , je les dési- gnerai sous le nom de Sauroïdes diptériens , pour indiquer leurs affinités et leurs caractères propres. Le caractère essentiel que les Sauroïdes diptériens ont en commun avec les autres Sauroïdes , consiste dans leurs écailles rhomboïdales , juxtaposées , ou articulées ensemble par des bords obliques et par des processus osseux qui s'enchâssent sous les bords de l'écaillé voi- sine. On ne peut mieux comparer ces écailles qu'à celles du Polyptère , dont j'ai donné une — 48 — description détaillée page SO et suivante de la seconde partie du Tom. II des Recherches. Comme dans le poisson vivant du Nil , les écailles sont assez petites , presque aussi larges que longues , à angles vifs , dont les bords s'engrènent quelquefois. Elles sont revêtues d'une couche épaisse d'émail , qui repose sur une substance osseuse. Les rangées qu'elles forment , descendent obliquement de haut en bas. Leur surface est en général pointillée , montrant des petits trous très-fins , par lesquels les vaisseaux sanguins montaient dans Tépiderme qui les couvrait. Ce caractère si tranché, dont la valeur est démontrée, sert également à distinguer les Sauroïdes diptériens des autres poissons voraces à doubles nageoires verticales , tels que les Glyptolepis qui , par leurs écailles arrondies , imbriquées comme des tuiles et d'une struc- ture toute particulière , s'éloignent de ce groupe pour se rapprocher des Célacanthes et no- tamment des Holoptychius. Les Sauroïdes diptériens se rapprochent encore sous bien d'autres rapports du genre Polyp- terus. Et d'abord la tête est large , comprimée et aplatie de haut en bas ; les yeux occupent une place latérale et avancée , comme c'est aussi le cas chez le Polyptère ; la bouche largement fendue , est armée d'une rangée unique de petites dents coniques , implantées dans les mâ- choires. Ces dents sont d'égale grandeur, ou bien elles vont en diminuant d'avant en arrière ; mais on ne trouve point de rangées inégales , ayant plusieurs dents plus grandes et d'autres plus petites entremêlées , excepté chez le troisième genre , qui se rapproche par-là des Sau- roïdes ordinaires. La petitesse des dents m'a empêché jusqu'ici d'en faire une étude spéciale ; je me crois néanmoins autorisé de conclure d'après l'étude de plusieurs échantillons , que ces dents n'ont point de dentine plissée , mais seulement une cavité unique et centrale , imi- tant parfaitement la forme de la dent. La conformation des os de la tète , nous prouve que le système osseux en général était bien développé dans ce groupe , et qu'il n'y avait point de cartilages internes ni de corde dorsale persistante , comme on en trouve chez beaucoup d'autres poissons du même étage. Enfin un caractère assez important , qui distingue ce groupe de la famille des Acanthodiens , c'est que ce sont les intermaxillaires qui bordent la bouche en haut et qui portent des dents , comme c'est aussi le cas chez la plupart des poissons de notre époque. Le corps des Sauroïdes diptériens est allongé , fusiforme , et se distingue par-là du corps des Lépidoïdes qui est plutôt trapu et comprimé. Ce devaient être d'excellens nageurs , car toutes les nageoires du dos sont attachées à la partie postérieure du corps , où elles sont très- développées. Les pectorales sont grandes, placées près de la ligne médiane, sous la gorge; les ventrales sont très-petites , placées à-peu-près sur le milieu du corps. Tous les Diptériens ont deux nageoires dorsales et deux anales , parfaitement séparées les unes des autres , et une caudale hétérocerque , dont les lobes sont peu échancrés. Ces na- geoires sont soutenues par un grand nombre de rayons mous, sans épines quelconques. D'après l'emplacement des nageoires verticales , on peut distinguer trois genres ; les Dip- term ayant deux dorsales très-rapprochées de la caudale et opposées aux anales ; les Diplop- — 49 — terus dont les nageoires sont aussi opposées , mais considérablement écartées , et enfin les Osteolepis , chez lesquels les dorsales alternent avec les anales. Les Sauroïdes diptériens sont circonscrits dans les terrains du vieux grès-rouge, où ils abon- dent dans tous les étages. Les échantillons sont presque toujours tordus , de manière que la tête présente la face supérieure ou inférieure , tandis que la partie postérieure du corps se pré- sente de profil. Cette position tenait probablement à la forme large et aplatie de la tête ; on n'a qu'à placer une lote morte sur une planche , pour la voir prendre une pose pareille. TABLE ANALYTIQUE DES GENRES ET DES ESPÈCES. SAUROIDCS DIPTÉRIENS. Poissons hétéro- cerques, à écailles' rliomboidales ayant deux dorsa- les et deux anales. /Dorsales rapprochées f Tête petite; écailles proportion- DiPTERUS. ' nellement grandes ..../). macrolepidotus. Nageoires verticales 1 , ^ête large et aplatie : queue atté- opposees. \ . , • , • ' l nuée ; granulation des écailles Dorsales espacées \ extrême et fine D. macrocephalus . DiPLOPTERUS. \Granulation des os et des écailles I distincte à l'œil nu . . . . D. affinis. ' Tête arrondie , petite ; queue V épaisse D. horealis. /Corps très-allongé ; écailles gran- I des , plus hautes que longues . 0. macrolepidotus. V Forme trapue ; écailles grandes , I Nageoires verticales; ' plus hautes que longues . . O. microlepidotus. alternes. | Osteolepis \ Corps allongé ; écailles grandes , équilatérales 0. arenatus Corps allongé ; écailles grandes , plus longues que hautes . O. major. 'nues "' 1 ^'''''PTOPOMUS. . . | Corps trapu ; os de la tête scupltés G. minor. AG. OLD RED. so CHAPITRE II. DU GENRE OSÏEOLEPIS Val. et Pentl. Old Red, Tab. E, fig. 2. Ce genre, dont j'ai indiqué les principaux caractères dans mes Recherches, Vol. II, pag. 117 et suiv., est limité jusqu'à présent au seul terrain du vieux grès-rouge. Il a le corps allongé, fusiforme , recouvert d'écaillés plus ou moins rhomboïdales , rangées en séries obliques. Ces écailles ressemblent beaucoup par leur forme , leur position et leur surface lisse à celles des Paléonisques ; mais elles en diffèrent en ce qu'elles sont traversées de petits tubes qui appa- raissent à la surface comme un sable très-fin. La tête est grosse et plate ; on y distingue assez bien dilTérens os et j'ai même pu donner, d'après un exemplaire de VO. macrolepidotus , une esquisse assez complète des pièces qui forment le haut du crâne ( Vol. II, Tab. 2 6, fig. 3). Dans un autre exemplaire de VO. microlepidotus , qui se voit dans la collection de M. Hugh Miller, la tête est conservée aux trois quarts , et comme la face supérieure et les côtés sont éga- lement visibles, j'ai pu me convaincre , que les nasaux , qui sont situés devant les frontaux et qui sont brisés dans l'exemplaire figuré Tab. 2 b, que les nasaux , dis-je, sont séparés tout du long par une suture médiane , particularité qui ne se rencontre de nos jours que chez le Lépi- dostée ou brochet osseux des rivières de l'Amérique. Les mâchoires de ce genre sont assez vigoureuses ; la gueule est largement fendue , armée de petites dents coniques assez aiguës. C'est l'intermaxillaire qui forme le bord supérieur de la gueule , le maxillaire étant probablement trés-réduit, comme chez la plupart des poissons de l'époque actuelle. Il n'en est pas de même des autres poissons du grès-rouge, des Acanthodiens, par exemple, qui ont le bord supérieur de la gueule garni par le maxillaire supérieur, exacte- ment comme nos Saumons et nos Harengs. Les dents elles-mêmes se rapprochent à plusieurs égards de celles des Sauroïdes ; elles sont petites , élancées , coniques , rangées à la file le long des mâchoires ; leur grandeur varie considérablement et l'on en trouve toujours quelques-unes, qui sont de moitié plus grandes que les autres , faiblement crochues et qui rappellent par con- séquent les dents si inégales des Sauroïdes et des Célacanlhes de l'Old Red. Il paraît aussi que ces dents sont faiblement striées à leur base et garnies en dehors de très-petites éminences , comme c'est le cas chez le Lépidostée. Quant à leur structure , elles ont échappé à l'examen microscopique à cause de leur petitesse. — m — Le caractère le plus saillant qui distingue ce genre , c'est outre les écailles rhomboïdales ou simplement oblongues , la position des nageoires. Les pectorales sont grandes , arrondies , placées près de la ligne médiane , sous la gorge ; les ventrales sont très-petites , reculées au- delà de la moitié du corps. La caudale est hétérocerque , composée de petits fulcres trés-grèles au-dessus du prolongement de la colonne dorsale , tandis que le lobe inférieur est peu allongé et taillé en croissant. Il y a deux dorsales et deux anales , qui alternent ensemble de telle sorte , que l'anale postérieure louche le bord de la caudale , tandis que la première anale est placée à une certaine distance de la seconde. La dorsale postérieure correspond à l'intervalle entre les deux anales ; la dorsale antérieure est placée en avant de la première anale. De cette manière, le bord antérieur de chaque anale est opposé au bord postérieur de chaque dorsale. Les Ostéolepis sont en général de petits poissons ; ils atteignent rarement un pied de lon- gueur. Leur tête large et aplatie et leur corps svelte leur donnent quelque ressemblance avec le Polyptère de notre époque. La position et la multiplicité des nageoires indique d'ex- cellens nageurs. J'ai déjà décrit trois espèces de ce genre , Vol. II , pag. 1 19-123 , sous les noms d'O. ina- crolepidotus , microlepidotus et arenatus ; les deux premières proviennent de Caithness et de Pomona , la dernière de Gamrie. Je vais en ajouter une quatrième. OSÏF.OLEPIS MAJOR AgaSS. Old Red, Tab. 19, fig. 1-3. Je n'ai d'abord connu que des exemplaires incomplets de cette espèce , que je n'hésitai pour- tant pas à rapporter au genre Ostéolepis , ce sont deux fragmens de mâchoires , fig. 2 , en la possession de Sir Philipp Egerlon et de Lord Enniskillen , qui représentent évidemment les deux côtés de maxillaires du même poisson. On y distingue une série de dents implantées sur l'os ; l'une des dents est fort grande relativement aux autres , et courbée en arrière comme un crochet. Les autres dents sont droites , coniques , pointues ; toutes paraissent avoir des rides longitudinales à la base , mais ces rides ne montent guère qu'à la moitié de la hauteur et pa- raissent être occasionnées , comme chez le Lépidostée , par des plissemens de la dentine. Lue rangée de petites éminences émaillées , se voit le long du bord de la mâchoire , sur laquelle les dents sont implantées. Un autre échantillon , qui appartient évidemment à la même espèce, consiste en un morceau du tronc fort délabré, sur lequel on voit encore quelques traces de nageoires et quelques écailles détachées. Les écailles grossies fig. 3 sont allongées, c'est-à-dire ;, plus longues que hautes, tronquées en avant et en arrière et munies d'une carène longitudinale qui se bifurque près du bord postérieur. Le bord supérieur a un onglet peu large, qui se cache sous le bord inférieur de l'écaillé qui est au dessus. Les écailles en général sont assez épaisses et couvertes d'une couche — 52 — épaisse d'émail. D'autres plaques ne montrent que les contours d'exemplaires écrasés de cette espèce , recouverts d'écaillés disloquées et dont les rapports primitifs sont difficiles à saisir. J'en ai vu plusieurs exemplaires semblables , dans la collection de Lady Gordon Cumming ; tous provenant de Lethen-Bar. M. H. Miller en possède de Gamrie. Mais le meilleur exemplaire a été découvert par le Rév. Gordon, aux environs de Gordon- Castle. C'est un petit poisson (fig. i) svelte, allongé, dont la longueur égale près de six fois la largeur. La tête est proportionnellement courte ; la mâchoire inférieure large et vigoureuse. Les pectorales et les ventrales sont détruites dans notre échantillon ; mais à leur place on voit une saillie qui indique leur position. Les nageoires impaires sont proportionnellement pe- tites ; la première dorsale se trouve en arrière du milieu du corps. La caudale est courte , comme tronquée ; le pédicule de la queue est très-large ; les fulcres supérieurs sont presque imperceptibles. S3 — CHAPITRE III. DU GENRE DIPLOPTERUS Agass. Old Red, Tab. E, fig. 3. Quoique la découverte de ce genre ne date pas de bien loin , je suis' pourlant'^à même , grâce au zèle des collecteurs , de donner sur les Diploptères des renseignemens plus complets que sur les deux autres genres du môme groupe. Ce sont des poissons d'assez grande taille, atteignant plusieurs pieds de longueur, et qui, à raison de leur corps élancé et de la position de leurs nageoires , devaient être d'excellens nageurs. La tête est grande, large et plate, le museau arrondi, les yeux placés sur le milieu du front , à peu de distance de la ligne médiane , sont grands et entourés de fortes saillies os- seuses. Les frontaux qui forment le haut du crâne sont aplatis, rétrécis entre les yeux et di- latés en avant et en arrière. Au devant des frontaux se voit un nasal simple, indivis, allongé. Les autres pièces du crâne n'ont pas encore pu être étudiées complètement. Quant aux mâ- choires, elles sont vigoureuses, garnies d'une simple rangée de dents coniques assez serrées, qui sont d'égale grandeur, ou bien vont en diminuant d'avant en arrière. Ces dents n'ont qu'une simple cavité dentaire sans plissement de dentine , et ressemblent fort aux dents du Polyptère. Cette ressemblance est encore augmentée par la conformation de la face inférieure de la tèle. Dans les Diploptères, aussi bien que dans le Polyptère, les rayons branchiostègues, qui sont multiples chez les autres poissons, sont remplacés par deux plaques larges triangu- laires, occupant tout le dessous de la gorge, qui est comprise entre les deux branches de la mâchoire inférieure. Ces deux plaques mobiles, qui sont séparées par la ligne médiane, per- mettaient à la gorge de se dilater tout en lui donnant une grande solidité. Le corps est allongé , svelte et graduellement aminci vers la queue ; il est recouvert d'é- cailles rhomboïdales simples, qui sont engrenées par leurs bords obliques. Examinées sous une forte loupe, les écailles présentent une fine granulation, provenant d'une quantité de petits trous qui s'ouvrent à la superficie , et qui sont évidemment des trous de passage pour les nombreux petits vaisseaux sanguins, qui traversaient l'écaillé pour se rendre dans l'épi- démie. Examinées au microscope, les écailles présentent une épaisse couche d'émail, au- dessous de laquelle se trouve un tissu osseux, montrant des réseaux fort élégants, qui ne dif- — 54 — fèrent de ceux du Polyptère, que par leur déveiop|)ement considérable. Les trous et les canaux médulaires l'emportent de beaucoup sur les piliers intermédiaires. Mais ce sont les nageoires qui nous fournissent les caractères les plus précis et le plus faciles à saisir. Les pectorales sont assez grandes , arrondies et placées sur les côtés de la gorge , assez loin de la ligne médiane. Les ventrales sont fort petites, et ne se voient que dans quel- ques exemplaires; elles sont placées au milieu du ventre. Il y a deux dorsales et deux anales, comme chez les Ostéolepis et les Dipterus ; mais au lieu d'être alternantes comme chez les premiers et contiguës comme chez les seconds , elles sont opposées les unes aux autres et fort espacées. Elles ont en outre de petits fulcres sur le premier rayon et une grande quantité de rayons mous , serrés les uns contre les autres. Enfin la caudale a une conformation des plus singulières. II va sans dire qu'elle est hétérocerque , et que la masse principale des rayons est insérée sous le prolongement relevé de la colonne vertébrale; mais au bord supérieur il y a au lieu de fulcres de véritables rayons , en grande quantité , si bien que le prolongement de la colonne vertébrale se trouve garni de rayons en haut comme en bas, La caudale est tron- quée presque verticalement , et la colonne vertébrale finit à son angle supérieur. L'insertion particulière de la caudale , la position des anales et des dorsales qui sont espa- cées et opposées les unes aux autres, et la présence de plaques sous la gorge au lieu de rayons branchiostègues , feront sans peine distinguer ce genre , qui , d"après les recherches actuelles est limité au vieux grès-rouge et à la houille. J'en connais maintenant cinq espèces, dont trois de l'Old Red et deux de la houille. I. DiPLOPTERUS MACROCEPUALUS. AgaSS. Old Red, Tab. 16 et 17. Cette espèce se distingue entre toutes ses congénères par ses dimensions considérables. Des exemplaires qui supposent une longueur de deux ou trois pieds ne sont point rares, et plu- sieurs pièces mutilées indiquent même des proportions encore plus considérables. La tête est grande, large et aplatie ; le museau est arrondi, mais cependant plus allongé que dans l'espèce suivante; les plaques, qui se trouvent sous la gorge, à la place des rayons branchios- tègues, sont très-grandes et épaisses. Les mâchoires sont vigoureuses et armées d'un grand nombre de petites dents coniques, dont la hauteur excède à peine la largeur. Le corps est large , trapu ; la queue au contraire se rétrécit brusquement et n'est qu'un pro- longement très-grèle du tronc. Cette disproportion entre le corps et la queue est en partie rachetée par le développement de la caudale ; mais elle est pourtant assez marquée pour indiquer au premier coup d'œil une espèce à part. Les nageoires pectorales sont courtes, mais larges; la position de leurs rayons rappelle celles du Polyptère ; les rayons sont fixés en cercle autour d'un prolongement écaillé des os — ss — du bras, qui fait une saillie considérable, de sorte que ce tronçon ressemble en quelque sorte à une main mutilée ou incomplètement développée (Tab. 17). La queue est fort longue proportionnellement au corps, et les deux dorsales, ainsi que les deux anales sont à une assez grande distance les unes des autres. C'est surtout la seconde anale qui est considérablement développée , beaucoup plus que la seconde dorsale , qui est même plus petite que la première. La caudale n'est conservée en entier dans aucun de mes exemplaires ; mais à en juger par sa base, elle a dû avoir des lobes bien fournis. Le prolon- gement médian , qui sépare les deux lobes , est peu considérable et assez mince. Les écailles sont assez grandes , mais fort irrégulières ; elles représentent rarement des lo- sanges parfaits, et le plus souvent leurs angles sont arrondis ou peu marqués. Il parait que les écailles tenaient très-peu à la peau ; du moins n'ai-je pas encore rencontré un seul exem- plaire dans lequel elles ne fussent dans le plus grand désordre. 11 m'a par conséquent été im- possible de reconnaître les séries quelles forment par leur juxta-position. Je n'ai pas remarqué d'onglets ni aucune de ces faces ondulées, par lesquelles les écailles s'engrènent si souvent chez les Sauroïdes. Il est probable qu'elles n'étaient fixées que par le tissu de la peau. Le pointillage des écailles est très-marqué. Cette espèce est abondante à Lethen-Bar, où Lady Gordon Cumming en a recueilli de très- beaux échantillons, les seuls que je connaisse. Tab. 16, fig. 1, représente un morceau de grande dimension. On y distingue la gorge avec ses plaques branchioslègues et les mâchoires vues en dessous, le poisson étant couché sur le dos , fig. 2, montre une queue de profil ; fig. 3, le ventre avec la première anale ; fig. k, une écaille grossie. Tab. 17 représente un poisson presque entier , étendu sur le dos, et montrant la face ventrale; on y distingue les dents et les nageoires pectorales. La partie postérieure du corps manque. II. DiPLOPTERiTs Arrmis Agass. Des fragmens de Diplopterus trouvés à Gamrie me font supposer une espèce particulière. Je n'en ai vu que quelques lambeaux d'os , ou des écailles mutilées , mais la granulation de leur surface diffère de celle du Dipl. macrocephalus , en ce que les trous qui leur donnent un aspect sablé sont plus fins et plus serrés. III. Diplopterus borealis Agass. Old Red, Tab. 18. Syn. Diplopterus Agassizii Traill , Trans. Roy. Soc. Edinbourg. Vol. XV, pag. 89. Les dimensions de cette espèce sont beaucoup moins considérables ([ue celles de la précé- dente. C'est un poisson allongé , svelte , à tête petite , large et arrondie en avant , à bouche largement fendue , armée de dents extrêmement petites, coniques et fines. Ce qui le dis- — 56 — lingue surtout de l'espèce précédente , c'est le museau plus arrondi , une disproportion moins sensible entre le tronc et la queue , la forme plus massive , plus épaisse de la queue , les con- tours plus régulièrement accusés des écailles et les proportions différentes de la mâchoire. Le corps est , en effet , tout d'une venue et la queue ne se distingue que par l'emplacement des nageoires. La seconde anale n'a point cette prépondérance marquée qu'on remarque dans l'es- pèce précédente ; elle n'est pas plus grande que la première. Les écailles du corps et surtout celles du dos, si distinctes dans l'individu de Tab. 18, fig. 2, sont plus larges que longues , à angles arrondis , et tellement serrées qu'on les croirait im- briquées. Elles sont fort différentes de celles de la queue , qui forment des rhombes parfaits , à tel point qu'on les croirait appartenir à des espèces différentes, si l'on ne possédait pas des exemplaires tout entiers. La structure est la même que chez l'espèce précédente. Sous tous les autres rapports , le D. borealis ne diffère pas de l'espèce précédente. Cette espèce n'a été trouvée jusqu'ici qu'à Pomona. Les seuls beaux exemplaires connus ont été recueillis par M. le docteur ïraill. La fig. 1 de la Tab. 18 montre la queue entière avec la caudale tronquée et l'intervalle qui sépare ses deux lobes. Fig. 2 représente un poisson entier couché sur le ventre. On y remarque surtout les orbites placées au haut du front , très-près de la ligne médiane ; les pec- torales portées sur des tronçons , la première dorsale , les deux anales et le commencement de la caudale. La différence entre les écailles du dos et celles de la queue y est très-marquée. — 57 CHAPITRE IV. DU GENRE GLYPTOPOMUS âgass. Je ne connais ce genre que par un seul exemplaire , que j'avais d'abord pris pour un Pla- tygnathus , en l'apercevant dans la collection de M. Jameson, Plus tard , quand j'eus le loisir d'en faire un examen plus approfondi , je n'ai pas tardé à me convaincre que , malgré sa res- semblance extérieure avec les Platygnathes , il se distinguait par des particularités de struc- ture trop importantes, pour pouvoir rester associé à ce type, et j'ai par conséquent dû en faire un genre à part. Voici en quoi consistent les différences qui le caractérisent. Les écailles des Platygnathes sont arrondies et indîriquées ; elles ont par conséquent tous les caractères des écailles des Célacanthes en général , tandis que celles des Glyptopomes sont comme les écailles de Sauroïdes, rhomboïdales ou carrées, juxfa-posées les unes aux autres et nullement imbriquées. Déplus, les Platygnathes sont des poissons allongés , pourvus d'une longue queue , garnie d'une nageoire très-puissante , tandis que les Glyptopomes ont le corps beaucoup plus trapu et la queue plus courte. La caudale , si toutefois elle existait , n'était en tout cas pas aussi robuste que celle des Platygnathes. Quant aux orncmens des écailles , ils rappellent ceux des Célacanthes en général. La seule espèce connue jusqu'ici , est le Glyptopomus minor Agass. Old Red, Tab. 26. (Sous le nom de Platygualhus minor.) Ce poisson , dont je ne connais qu'une seule plaque provenant de Dura-Den, et déposée dans la collection de M. le professeur Jameson , a le corps large et trapu , approchant par sa forme de celui des Holoptychius. Il est couché sur le ventre, et tourné un peu à gauche, de sorte que c'est le dos et le côté droit qui se présentent sur la plaque. La tète est proportionnellement petite , revêtue d'os émaillés et très-irrégulièrement sculptés , qui paraissent être couverts d'une granulation épaisse et très-variée d'après les dilïérentes pièces. On distingue sans peine au milieu de la tête les frontaux en avant , les nasaux en arrière , l'occipital et une grande plaque émaillée sur le côté de la tète, qui indiquent que la joue était couverte, comme chez le Polyptère , d'une seule plaque osseuse , au-dessous de laquelle était fixé le grand muscle masticateur. AG. old RED. 8 — 58 — Les écailles du corps sont assez considérables , très-hautes sur les flancs , presque carrées sur le dos. Elles forment des séries obliques , qui se rencontrent à angle aigu sur la ligne mé- diane du dos. Les écailles elles-mêmes sont assez épaisses , placées à côté les unes des autres, apparemment sans autre liaison que la peau, sur laquelle elles étaient implantées. Leur sur- face émaillée n'est point lisse , mais ornée d'une fine granulation , qui leur donne un aspect velouté. Je n'ai pu examiner leur structure microscopique. Il n'y a que quelques traces de nageoires qui soient conservées dans l'exemplaire figuré , probablement un morceau de la ventrale, près de la gorge , et un vestige de la nageoire dor- sale ou caudale, près de l'extrémité de la queue. Les rayons des nageoires étaient, selon toute apparence , courts et grêles. Du GENRE DiPTERUs Sodgw. et Murch. OldRed, Tab. E, lig. 1. Je n'ai que peu de mots à dire du genre Dipterus, dont je n'ai pu découvrir jusqu'ici d'autre espèce , que celle qui se trouve décrite dans mes Recherches , Tome II , pag. 23 et i 12 , etc. Les écailles de ce genre n'ont pas des angles bien vifs ; le bord postérieur est même quelque- fois arrondi de manière à donner le change sur leur véritable disposition. On s'imagine faci- lement qu'elles sont imbriquées , mais un examen attentif montre bientôt qu'elles appar- tiennent réellement au type des écailles juxta-posées , qui est celui de toute la famille. La figure restaurée de Tab. E , fig. 1 , servira à compléter celle de Cuvier, qui accompagne le Mémoire de MM. Sedgwick et Murchison , et celle que j'ai donnée dans mes Recherches , Tom. I , Tab. A , fig. 2 , sous le nom de Catopterus ; et qui sont l'une et l'autre incomplètes. 59 DE LA FAMILLE DES GELACANTHES. CHAPITRE 1. DES CÉLACAIVTHES EIV GÉIVÉIIAL. Il y a quelques années , on soupçonnait à peine l'existence de cette famille , et lorsque j'essayai pour la première fois d'en formuler les caractères dans mes Recherches , je ne pus encore lui assigner que des limites très-vagues. Depuis lors , les matériaux se sont telle- ment augmentés et le zèle que les géologues ont mis à recueillir les débris de poissons des anciennes couches , ont conduit à la découverte de formes si variées et si extraordinaires , qu'aujourd'hui la famille des Célacanthes peut à bon droit être envisagée comme l'une des plus intéressantes de toute l'ichthyologie fossile. Telle que je la conçois aujourd'hui , la famille des Célacanthes se caractérise avant tout par ses écailles émaillées , qui , loin d'être rhomboïdales et simplement juxta-posées ou jointes par les bords , comme celles des Sauroïdes, sont au contraire imbriquées à la façon des écailles des Clénoïdes et des Cycloïdcs. Elles sont de plus constamment formées de deux substances , une osseuse , formant une lame plate et lisse , sur laquelle est étendue une couche d'émail , dont les ornemens varient à l'infini. Dans les genres où on les connaît en entier, les écailles sont imbriquées en séries obliques sur tout le corps , et de cette manière il est toujours possible de reconnaître une écaille isolée de Célacanthe à sa foi'me arrondie et sa couche d'émail qui montre, sur l'un des bords, l'espace recouvert par les écailles précédentes. Dans la plupart des genres , les os de la tète sont incrustés de la même manière par une couche d'émail , dont les ornemens ressemblent à ceux des écailles , avec cette différence cependant , que les dessins linéaires de ces dernières font place à ime granulation plus uniforme. La forme creuse des os qui m'a mis en premier lieu sur la voie de cette singulière famille, s'est retrouvée jusqu'ici presque dans tous les genres dont on connaît le squelette. Mais il y en a d'autres dont il est fort à présumer qu'ils avaient un squelette uniquement cartilagineux, et que la tête seule était munie d'os cutanés , qui servaient de plaques protectrices à la boite cérébrale cartilagineuse. Je ferai remarquer à cet égard que les familles dont l'apparition — 60 — remonle à des époques très-anciennes , commencent en général par des genres doués d'une charpente beaucoup moins solide que les genres appartenant aux couches plus récentes , comme si les grandes familles qui traversent toute la série géologique, étaient destinées à par- courir un développement de la charpente osseuse analogue à celui qui a lieu dans l'embryon des poissons osseux de notre époque. L'affinité des Célacanthes avec les Sauroïdes est grande , et il est bien des genres à l'égard desquels il régnera des doutes , aussi long-temps que leurs écailles ne seront pas connues. Les Célacanthes étaient, comme les Sauroïdes, des poissons rapaces, vivant de proie, par consé- (juent doués en général d'un corps fusiforme , élancé , de nageoires verticales très-développées et d'une armure formidable de dents aiguës aux mâchoires. Les Holoptychius seuls, quoique fusiformes , étaient plus trapus et plus ramassés ; les autres genres dont on connaît le corps, étaient pour la plupart allongés et sveltes. Les nageoires dorsales , anales et caudales sont lon- gues , les premières souvent doubles. Les dents méritent une attention toute particulière. La plupart des genres en ont de deux espèces , les unes petites et marginales , les autres longues, plus ou moins coniques , et placées à distance les unes des autres , de telle sorte qu'il n'y a souvent que trois ou quatre grandes dents incisives dans une mâchoire. Ces dernières rentrent toutes dans la catégorie des dents à dentine plissée , c'est-à-dire , que la cavité pulpaire , loin de former une simple cavité conique , présente une quantité de ramifications latérales , autour desquelles la dentine se plisse, comme une étoffe grossière. Cette structure se révèle à l'exté- rieur par de gros plis longitudinaux , qui se perdent insensiblement vers le sommet de la dent , tandis qu'ils sont plus accusés à la base. Il est très-intéressant d'étudier sous ce rapport les difïérens degrés de plissement des dents de Célacanthes depuis les anses simples des Cricodus jusqu'aux réseaux si compliqués des Dendrodes. A certains égards , les limites de la famille ne sont cependant pas encore aussi précises qu'on pourrait le désirer. Si j'y ai rangé bon nombre de genres que j'avais d'abord réunis aux Sau- roïdes , c'est que d'une part j'ai appris à connaître leurs écailles mieux que je les connaissais dans l'origine , et que , d'un autre côté , j'ai découvert dans certains genres très-imparfaite- ment connus , des affinités avec d'autres , dont la place était déjà fixée. On conçoit en effet , que lorsqu'il s'agit de genres dont on ne connaît que les dents et les plaques émaillées de la tète , il soit presque impossible de déterminer si ce sont des Sauroïdes ou des Célacanthes , puisque la dentition et l'incrustation de la tète sont les mômes dans les deux familles. C'est ainsi que j'avais d'abord placé les Aslerolépis , les Dendrodus et d'autres genres de cette fa- mille , les uns dans les Céphalaspides , les autres dans les Sauroïdes. Mais en trouvant plus lard que les dents des Holoptychius , qui sont de véritables Célacanthes , ressemblent à s'y mé- prendre à celles des Bothriolépis, et celles-ci à celles des Dendrodus, des Platygnathus et des Cricodus , en considérant en outre , que les Dendrodus sont vraisemblablement les dents des Asterolépis , et que les Platygnathus sont des Célacanthes par leurs écailles , j'ai été conduit à réunir tous ces genres aux vrais Célacanthes. TABLE ANALYTIQUE DES GEARES ET UES ESPÈCES. (à page Glj. Ecailles lisses à la surfucc , à comparlimens Ecailles grandes, rondes, assez épaisses: compartiniens iiUérieiiis rayonnes li- 'rayonnes à l'intérieur; dents coniques plisséos, denx ' néaires " G. Icptoptems. I ■ ' ^ ' ■ I (jofsa)ps et dcuv anales opposées- / Ecailles rondes , petites ; compartîmens initVieurs des éaiillos sparienx . . . G. microlopidotus. r.LYPTOLEPis. "-Ecailles grandes , très-minces , plus liautes que longues G. eli-gana. Ecailles énormes , très-minces. PriVliOLEPIS. ! Rides concentriques autour du centre de l'écaillé P. concentricus. Ecailles sculpti-es. GELAGANTHES. Ganoidre à écailles ar-\ rondies et imbriquées ; \ dents coniques plissécs. Ecailles arrondies ; rides longitudinales presque isolées H. gigauteus. Flrmingii. nobilissiniHS. Omalinsii. Murchiso7ii. Corps trapu ; dents incisives en très-petit nom~I Ecailles plus liautes que longues ; rides nombreuses , longitudinales , ondulées . N. jbre. à base foi'tement plissée; écailles ornées de] Ecailles arrondies, granulation en réseau //. sculptures ; os de la ti*te granulés et émaillés. ] Ecailles aussi liantes que longues ; rides longitudinales très-distantes . . . H. HoLOPTïCiiiCs. 'Espèce gigantesque; rides très-fines, longitudinales H. Ecailles arrondies ; rides longitudinales arborescentes, très-marquées . . . //. Corps etqueueallongée.écaiUessculpiées: Jents/^^^ ^j^^ l.autesque longue; rides longitudinales rarement didiotomisées ; incisives isolées et placées dans des compartimens ix l part de la màclioiic. Platyghathus. anale énorme , , . P. Dents longues , coniques , distinctement plissées : compartimens dentaires can'és P. j Dents pleines , coniques , isolées ; interstices mc^ I dullaires se terminant en bassins latéraux entourés / d'émail ; rides extérieures fines. Plaques osseuses sculptées. Dents coniques , finement ridées, à sommet arrondi D Dents comprimées au sommet; rides plus grossières . . . D. fDenLs courbées en .y, irès-lonpues et minces D. Dendrodis. V DenLs pleines , comprimées latéralement ; inters- f tices médullaires finissant par des branches laié-' Dents comprimées ayant deux carènes latérales. L. raies ; émail en capuclion sur le sommet. ) Denis aplaties à deux tranchans; flécliies sur la face X. LAMHODtJS. ^ Cavité médullaire unique; dents recourbéas, ùf [sommet arrondi , plis grossiers. j Dents petites, recourbées; sommet arrondi C. Cricodus. ( .Granulation irré-gulière . fondue; granules irès-épai-s yt. Plaques osseuses ornées de granulations perfo-lOranules isolés, oblongs, nettement accusés .Â. rées au sommet , étoilées à la base, ■; Granules globulaires , entourés d'un bourrelet à leur base A. ftSTEHOLEPis. / Granules très-petits , déprimés . . . A. VGranulcs très-petits, coniques, saillans, entourés de chagrin A. Plaques osseuses ornées d'excavations perfo- . Excavations arrondies , rangées en ligne , l'arement en sillons : cjrùnes intermé- rées, séparées par des carènes saillantes. Dents in-^ diaires étroites B. cisives grandes . plissées à la bjse. i Excavations en réseau ; carènes intermédiaires isolées , arrondies , peu sail- BoTOHloLEPis. l lantes B. Javiesoni. pauciden». strigatiis. latus sigmoidcua. biporcatus. Panderi. Agmusii. omata. apeciosa. miliaris. gratiulata. fa„. I Granules arrondis , étoiles à la base : des impressions squainmiformes plus ou Plaques osseuses ornées de granules très-ser-l moins régulières P. paradoxiis. rées, ayant l'aspect de chagrin, .Granules arrondis, étoiles à la base , disposés en séries linéaires ou en quinconce. P. arenatus. PsAiUMosTEtJs. ^Granules conroiidus et formant des bourrelets à Ijords en scie P. maeanârinu 1 Granules arrondis , disposés en ligues ondulées - , , P. undnlatus. — Gl — On me dira peut-être que j'aurais mieux fait de laisser tous les Célacanthes réunis aux Sauroïdes, ou de n'en faire qu'un groupe de cette grande famille. Mais il faut se rappeler ([ue d'après les principes que j'ai posés sur la valeur des caractères tirés de la squamniation , je ne pouvais guère admettre dans une famille des poissons à écailles rondes et imbriquées et d'autres à écailles rhomboïdales et seulement juxta-posées. Il ne faut pas non plus perdre de vue que les cadres de l'iclitliyologie fossile sont à peine ébauchés et que le nombre des pois- sons fossiles va s'augmenlant de jour en jour. Tel type extraordinaire, qui ne cadre avec aucun autre, se trouve bientôt entouré de nombreux congénères, et ce qui paraissait dabord quelque chose d'anormal, devient peu-à-peu le type d'une famille ou d'un groupe nouveau. Ainsi la famille des Célacanthes , qui d'abord ne comptait que fort peu d'espèces , va s'aug- mentant de jour en jour, et je ne doute pas qu'elle ne soit bientôt aussi nombreuse que celle des Sauroïdes. Mais si les écailles émaillées, rondes et imbriquées sont le caractère essentiel qui fait du type des Célacanthes une famille à part , il faut pourtant convenir que cette famille réunit plusieurs types fort difïérens, et il se pourrait bien que des découvertes ultérieures nécessitassent de nouvelles coupes. J'ai déjà fait remarquer que le genre iMacropoma de la craie , ainsi que le genre Undina de M. le comte de Munster, cadrent mal avec les autres Célacanthes; il en est de même des Bothriolépis , des Asterolépis , des Psammosteus et de plusieurs autres, dont on ne connaît encore que les dents et des plaques émaillées de la tète et de la nuque, mais point d'écaillés. Il se pourrait que ces derniers n'eussent point de véritables écailles, et que sous ce rapport ils constituassent un type tout-à-fait à part. Les Célacanthes remplacent dans les couches de l'Old Red les véritables Sauroïdes, qui n'apparaissent qu'avec la houille, à l'exception des Sauroïdes diptériens, les seuls Sauroïdes qui se montrent à côté des Célacanthes. La plupart des Célacanthes sont de grands poissons à grosse tête, à gueule large et à nageoires fortes, qui étaient sans doute d'excellens na- geurs, très-aptes à poursuivre une proie. On a trouvé dans les couches de l'Old Red quelques ossemens qui paraissent révéler des proportions gigantesques ; et des corps de trois à quatre pieds de longueur ne sont pas rares. C'est dans l'Old Red et dans la houille que la famille des Célacanthes acquiert son plus haut degré de développement; passé cette époque, elle décline rapidement, et son dernier représentant, qui d'ailleurs est fort douteux, appartient à la craie. Aucun Célacanthe ne vit de nos jours, et les deux seuls genres de Sauroïdes connus ne rap- pellent qu'imparfaitement l'allure de ces formidables champions qui régnaient en maîtres dans les eaux du vieux grès-rouge. 62 — CHAPITRE II. DU GENRE GLYPTOLEPIS Agass. Ce genre , connu à peine depuis quelques années, est aujourd'hui l'un des plus curieux de la famille, par la réunion de ses différens caractères, qui le rapprochent d'un côté des Céla- canthes et de l'autre des Sauroïdes diptériens. Il comprend des poissons de grandeur moyenne, à corps fusiforme. La tète est petite à proportion du corps, courte et aplatie, de manière qu'elle présente un pourtour presque semicirculaire. Le corps lui-même était presque aussi large que haut , ce qui fait que l'on voit presque autant d'exemplaires couchés sur les flancs que sur le dos ou le ventre. Les os de la tète sont assez fermes; on les voit souvent conservés, mais rarement au point que l'on puisse exactement reconnaître leur forme et leur position. Voici les détails que j'ai pu observer. Les branches de la mâchoire inférieure sont grandes, courbées, hautes et garnies tout de leur long d'une simple rangée de petites dents coniques toutes d'égale grandeur, qui par leur structure semblent se rapprocher de celles des Den- drodes ou des Holoptychius. On voit en effet des stries longitudinales sur la base de ces dents, qui se perdent insensiblement vers le sommet, et les dents elles-mêmes reposent sur des socles osseux , qui paraissent plissés comme la racine. Je n'ai pu soumettre ces dents à un examen microscopique , mais je suis néanmoins persuadé que leur structure intime répond à ces ca- ractères extérieures, et qu'il y a une cavité médullaire ramifiée, entourée d'une dentine plissée. La mâchoire supérieure, qui, comme il parait, dépassait un peu l'inférieure, était garnie de dents semblables. Les frontaux sont, conformément à la forme raccourcie de la tête, fort courts et presque carrés; les orbites grandes , situées sur les côtés de la tête, en bas. La gorge était garnie, comme chez tous les Célacanthes anciens, de deux plaques triangu- laires, mobiles, qui remplacent les rayons branchiostègues, comme c'est aussi le cas chez le Polyptère du Nil. Les écailles, qui recouvrent le corps, sont minces, arrondies, presque circulaires et fortement imbriquées, de manière que la précédente recouvre quelquefois plus de la moitié de l'écaillé suivante. Leur face supérieure est entièrement lisse, recouverte d'une mince couche d'é- mail, qui, à part quelques stries concentriques, qui rappellent l'accroissement circulaire, ne présente aucun ornement. La face inférieure était également lisse, formée d'une couche os- seuse excessivement mince. La masse de l'écaillé était formée d'une substance osseuse et spon- — 63 — gieuse, ornée de fines stries rayonnant du centre de l'écaîlle. Ces stries sont coupées par des lignes concentriques et circulaires , de manière qu'une écaille, dont la couche lisse est enlevée, présente une quantité de petites loges allongées , disposées en séries circulaires , à-peu-près comme les sièges d'un amphithéâtre. J'ai représenté cette forme des écailles grossie à la loupe Tab. 21 a, fig. i-3. Le système des nageoires est très-développé , surtout dans le voisinage de la queue. Il y a une caudale, deux dorsales, deux anales, et en outre des ventrales. Quant aux pectorales, leur existence est encore douteuse. J'ai cependant vu dans certains exemplaires des impres- sions vagues , qui pourraient bien indiquer leur présence ; en tout cas , elles étaient petites et peu considérables. Les ventrales offrent une structure singulière, qui se retrouve aussi chez les Mégalichthys. Une série de plaques, s'étendant comme une bande pointue en arrière le long du ventre, et se détachant vers son extrémité postérieure , porte des rayons nombreux des deux côtés , et forme ainsi une nageoire ventrale, qui, par la disposition de ses rayons, a tout-à-fait l'air d'une queue d'anguille (Tab. 21, fig. f). Les deux dorsales sont opposées aux deux anales, et tellement reculées que la caudale leur fait immédiatement suite. Aussi sont-elles extrêmement rapprochées, et le dernier rayon de la première touche au premier rayon de la seconde. Les secondes anales et dorsales sont plus hautes que les premières. La caudale est grande, hétérocerque , triangulaire, et parait coupée presque verticalement; son rayon supérieur porte de nombreux petits fulcres. On le voit, si d'un côté les Glyptolepis tiennent aux Célacanthes par leurs écailles arron- dies et imbriquées, qui sont toujours lisses et sans ornemens, ils ressemblent d'un autre côté aux Diptériens par l'arrangement de leurs anales et de leurs dorsales. Aussi sera-t-il toujours facile de les reconnaître au moyeu de ces deux caractères. L Glyptolepis leptopterus Agass. OldRed, Tab, 20 et 21. J'ai dû réunir, sur mes planches , plusieurs échantillons de cette espèce , pour donner une idée complète d'un poisson , dont on connaît maintenant assez bien tous les détails. Tous les exemplaires que j'ai examinés ont été découverts à Lethen-Bar, par Lady Gordon Cumming, qui en a distribué à plusieurs collections ; j'en ai vu entre autres chez Lord Enniskillen, chez Sir Philipp Egerton et au Musée de la Société géologique de Londres. La tête est de grandeur moyenne, voire même petite, arrondie, aplatie sur le devant, et insensiblement relevée vers la nuque. Les mâchoires sont fortes, hautes, épaisses et courbées presque en demi-cercle , de manière que , vu de profil , le pourtour du museau parait comme tronqué. J'ai pu examiner les dents sur la plaque de Tab. 20, fig. 2 ; elles sont petites , co- — 64 — niques , effilées , placées en simple rangée le long du bord de l'os dans lequel elles sont im- planlées. Toutes sont d'égale grandeur; je n'ai du moins pas trouvé d'incisives plus grandes dans les exemplaires que j'ai eus sous les yeux, et ce qui me fait croire qu'elles manquent réellement , c'est que les petites dents en série ont une base profondément ridée , et que ces plis ne se perdent qu'au sommet même de la dent , ce qui indique une structure plissée comme celle des dents incisives des autres Célacanthes. Le dessous de la gorge est occupé par deux plaques branchiostègues allongées , qui remplissent tout l'espace compris entre les deux branches des mâchoires. Je n'ai pas pu étudier la forme des autres os de la tête. Le corps est court et trapu , couvert d'écaillés presque rondes , et si bien imbriquées, qu'on dirait qu'on a à faire à un Cycloïde. Cette forme particulière ressort d'autant mieux que les écailles se montrent par leur face inférieure, laissant apercevoir des lignes concentriques analogues à celles qu'on remarque sur la plupart des écailles de Cycloïdes. La face supérieure est lisse, pointillée, et l'épaisseur des écailles assez considérable. Aussi arrive-t-il très-sou- vent que le même coup de marteau , qui divise les géodes en deux plaques correspondantes , déchire les écailles de telle manière que la face supérieure jeste collée contre l'une des plaques, et la face inférieure contre l'autre. C'est alors qu'on distingue surtout bien cette disposition rayonnante des espaces médullaires et des supports osseux , entre les deux couches de l'é- caille, telle que je l'ai représentée Tab. 2ia, fig. 1 . Je ne suis pas bien sûr de n'avoir pas confondu deux espèces sous le nom de GlyptolepLs leptoplerus. 11 y a à Lethen-Bar des échantillons semblables à ceux que j'ai figurés Tab. 20, fig. 2 , et qui se distinguent par les dimensions plus considérables de leurs écailles. Cependant comme je n'en ai pas encore vu d'exemplaires complets qui aient pu m'indiquer les contours du corps, j'hésite à envisager ces écailles comme appartenant à une espèce distincte, d'autant plus que leur forme et leur structure ne montrent pas la moindre différence, et qu'il se pour- rait qu'elles eussent appartenu à des individus du Glyptolepis leptoplerus, de très-grande taille, .le signale ces faits à l'attention des géologues, car ce n'est que par la découverte d'échantillons plus complets, que l'on pourra décider si réellement ces écailles ont appartenu à une espèce chez laquelle les rapports du corps avec la grandeur des écailles n'auraient pas été les mêmes que chez le véritable G. leptoplerus. Les nageoires verticales sont très-développées ; les ventrales (Tab. 2i, fig. 2) sont portées sur une longue pièce écailleuse, de manière que leur extrémité touche la première anale. Les deux dorsales sont opposées aux deux anales ; elles sont placées si près de la caudale , et si serrées, qu'il n'y a point d'espace entre l'extrémité postérieure de l'une et le commence- ment de l'autre. La caudale est grande, tronquée presque verticalement, et son lobe supé- rieur extrêmement petit; on dirait des fulcres transformés en rayons très-courts et très-fins. La seconde dorsale comme la seconde anale surpassent de beaucoup en grandeur la pre- mière dorsale et la première anale. Le prolongement caudal du corps est mince, et se détache bien du tronc. — 65 — J'ai fait figurer, Tab. 20, fig. 1 et 4, deux têtes qui présentent la face inférieure avec les grandes plaques brancliiostègues ; fig. 2, une mâchoire avec des écailles isolées et fîg. 3 les dents grossies; eniin fig. S montre la partie antérieure d'un exemplaire vu de profil. Tab. 21, fig. 2 représente surtout bien la ventrale, supportée par son manche; les trois autres figures montrent la queue et l'arrangement des nageoires verticales. L'épaisseur et la forme ronde des écailles ainsi que la grandeur relative des nageoires fe- ront toujours reconnaître cette espèce. II. Glyptolepis elegans Agass. 01dRed,Tab. 19, fig. 2 et 3. Je n'ai encore vu que des fragmens incomplets de cette jolie espèce , qui se trouve assez fréquemment à Gamrie. Les exemplaires que j'ai examinés m'ont été communiqués par M. Murchison. Ce qui la distingue au premier coup d'œil de la précédente , c'est le fait que les écailles , loin d'être rondes, sont plus hautes que longues, de sorte que par l'effet de leur imbrication, les séries se présentent comme autant de croissans placés les uns au-dessus des autres. Les écailles sont en outre beaucoup plus minces, leur surface supérieure plus lisse ; mais leur struc- ture parait être la même. Le museau paraît avoir été plus pointu que dans l'espèce précédente, à en juger d'après le mauvais exemplaire de fig. 2; les plaques branchiostègues étaient beaucoup moins massives. Je ne connais pas encore les nageoires de cette espèce. III. Glyptolepis microlepidotus Agass. OldRed, Tab. 21a, fig. 3-7. La découverte de cette jolie espèce est due à Lady Gordon Cumming, qui m'en a commu- niqué plusieurs plaques ainsi que des dessins. Le corps est allongé , fusiforrae; la tète pro- portionnellement beaucoup plus petite que dans les autres espèces. Les mâchoires sont allon- gées , assez grêles et armées de petites dents coniques , pointues et inégales ; on voit, surtout dans la mâchoire inférieure (fig. S), plusieurs grandes dents plissées à la base qui alternent avec des dents beaucoup plus petites, n'ayant qu'une simple cavité médullaire. J'ai fait repré- senter, fig. 6, une de ces grandes dents à base plissée, cassée par le milieu, de sorte que l'on peut voir la cavité médullaire interne avec ses ramifications latérales. Les mâchoires su- périeures sont très-grêles et armées , à ce qu'il parait, de petites dents égales , sans plis à la base. Les joues étaient cuirassées , c'est-à-dire qu'il y avait de chaque côté de la tête une large A.G. OLD. RED. 9 — 66 — plaque écailleiise, allongée, qui recouvrait la fosse temporale. L'opercule est une pièce qua- (Irangulaire à angles arrondis. Ces deux plaques sont très-minces, et montrent en outre toute la structure des écailles dont nous parlerons plus bas. La tête entière est aplatie, mais plus allongée que dans les autres espèces du même genre. Le corps est recouvert d'un grand nombre de petites écailles imbriquées , rangées en séries obliques ; ces écailles sont presque entièrement rondes, et par la manière dont elles s'imbriquent elles ressemblent tellement aux écailles des Leucisques ou de tel autre poisson de l'ordre des Cycloïdes , que l'on pourrait se méprendre sur leur véritable nature , si la structure interne ne montrait évidemment que ces petites écailles appartiennent à un poisson du genre Glyptolépis. En effet, leurs deux faces sont unies , mais à l'intérieur on reconnaît les mêmes espaces rayonnes et séparés par de fines cloi- sons osseuses , seulement ces cellules disposées en rayons sont plus courtes et plus larges que dans les espèces précédentes. Les écailles ont un diamètre à-peu-près quatre fois moindre que celles du G. leptopterus. Les nageoires ne sont pas assez bien conservées dans les exemplaires que j'ai vus jusqu'à présent pour qu'il soit possible de déterminer leurs dimensions ; on en voit seulement des traces dans les fig. 'i et S , et il serait bien possible que la différence des nageoires fut assez grande pour nécessiter l'établissement d'un nouveau genre pour cette espèce. Jusqu'à présent la pe- titesse des écailles la fait facilement distinguer des autres Glyptolépis auxquels je l'ai réunie à cause de la structure interne des écailles. Les exemplaires figurés ont été trouvés par Lady Gordon Cumming, à Lethen-Bar. — 67 — CHAPITRE III. DU GENllE PHYLLOLEPIS Agass. On ne connaît encore ce genre que par des écailles ou plutôt des plaques isolées , qu'on rencontre dans les couches du vieux grès rouge et dans la houille. Les dimensions de ces plaques sont énormes , il y en a qui ont presque un demi pied de diamètre ; leur circonfé- rence est plus ou moins carrée , à angles arrondis , quelquefois même presque entièrement ronde. Ce qui distingue ces écailles de toutes les autres et notamment de celles des Holopty- chius avec lesquelles elles ont quelques ressemblances extérieures , c'est leur extrême ténuité. Une couche légère d'émail repose sur une couche excessivement mince de substance osseuse, et les deux ensemble constituent une plaque qui a à peine l'épaisseur d'une lame de couteau , sur un diamètre de 3, k et même S pouces. Aussi trouve-t-on rarement ces écailles conservées en entier ; le plus souvent elles sont pliées ou cassées et brisées. J'ai cru dans l'origine qu'elles avaient dû être enchâssées dans la peau du poisson qui les porte , et placées à distance les unes des autres ; mais je me suis assuré par la suite qu'elles sont réellement superposées , malgré leur grandeur. Leur surface est lisse ou marquée de rides concentriques parallèles au bord de l'écaillé. .Je connais maintenant deux espèces de ce genre , dont l'une provient du vieux grès rouge , l'autre de la houille. Phyllolepis coNCENTRicus Agass. Old Red , Tab. 21 , fig. H . C'est une écaille carrée à angles arrondis , ayant une ligne d'épaisseur au plus sur trois pouces et demi de diamètre. L'émail forme des rides concentriques autour du centre d'accrois- sement qui occupe le milieu de l'écaillé. Les rides , ainsi que les sillons qui les séparent , et qui n'ont d'abord qu'un quart ou une demi ligne de largeur, A^ont en s'élargissant vers les bords , tout en devenant de plus en plus onduleux et irréguliers. La face inférieure de l'écaille est lisse. L'écaille est un peu relevée au milieu, et s'abaisse de tous côtés comme un toit. On voit distinctement la superposition au bord supérieur, où une seconde écaille munie d'orne- mens tout-à-fait semblables s'enfonce sous celle qui est conservée. A en juger par la grosseur des rides de cette seconde écaille , ce ne peut être que l'angle , ou du moins une partie du bord qui est ici recouvert. Ce fossile provient du vieux grès rouge de Clashbeimie , et m'a été com- muniqué par M. Murchison. — 68 CHAPITRE ly. DU GENRE HOLOPTYCHIUS Agass. (RHIZODUS Owen.) 01(1 Red, Tab. F, fig. 2. Les premiers débris de ce genre qui soient parvenus à ma connaissance , sont quelques écailles de la houille. Aujourd'hui , grâce aux recherches des savans anglais , c'est un des genres les mieux connus du vieux grès rouge , et les magnifiques exemplaires dont je donne ci-joint les dessins , surtout celui de Tab. 22 , me sont garans que l'ichthyologie de l'Old Red est destinée à faire encore de nombreuses conquêtes. Les Holoptychius sont des poissons fusiformes , mais larges , trapus , qui selon toutes les apparences étaient assez aplatis , ce qui explique pourquoi on les trouve toujours couchés sur le dos. La partie ventrale surtout est très-large, la queue très-courte, conique, finissant en pointe obtuse. La tête , dont je ne connais encore que la face inférieure et quelques os isolés , est large , aplatie, semi-circulaire. Tous les os de la tête sont incrustés d'une couche d'émail assez épaisse, sculptée à-peu-près comme les os céphaliques ou les écailles des Esturgeons. On trouve sur la surface externe de ces os , une quantité d'aspérités , formant une granulation grossière et irrégulière , qui rappelle à quelques égards les sculptures dont les écailles sont ornées. Les mâchoires inférieures sont énormes , courbées en demi cercle autour du pourtour de la tête , incrustées partout d'émail granulé et armées de dents formidables, dont nous décrirons plus bas l'arrangement. Ce qu'il y a de remarquable , c'est que les rayons branchiostègucs sont rem- placés , comme dans la plupart des anciens Sauroïdes , et parmi les vivans comme chez le Po- lyptère , par deux larges plaques émaillées , se touchant sur la ligne médiane et remplissant tout l'espace de la gorge compris entre les deux branches de la mâchoire inférieure. Ces deux plaques mobiles peuvent quelquefois , surtout quand elles sont disloquées de manière à se cou- vrir par leurs bords , donner le change sur leur véritable signification , et faire croire que ce sont les frontaux qu'on a sous les yeux. Je ne connais jusqu'ici des nageoires que les ventrales et la base de la caudale , qui sont visibles sur le magnifique exemplaire de 1'//. nohiiissimus , qui se trouve dans la collection du Brilish Muséum , et que j'ai représenté Tab. 22. Les ventrales sont très-reculées, fort distantes l'une de l'autre et reportées sur les côtés du ventre , au-devant de l'ouverture anale. Elles sont petites, composées de plusieurs rayons mous ; leur conservation n'est pas assez complète, pour permettre de donner de plus amples détails sur leur forme et leur structure. La caudale — 69 — a des rayons vigoureux , qui font supposer un développement considérable de cet appareil loco- moteur. Les pectorales paraissent avoir été petites et placées en haut sur les côtés du corps ; la ceinture Ihoracicpie, assez faible, suppose un développement peu considérable de ces nageoires. J'avais d'abord établi ce genre en 1836 , d'après des écailles et des os isolés de la collection de M. Hibbert, provenant de la houille de Burdie-House. M. Owen, en examinant plus tard la structure singulière de dents provenant de la même localité, y reconnut un type à part, qu'il nomma Rhizodus. Ce savant anatomiste ayant eu l'obligeance de m'envoyer des coupes des dents et des moules des mâchoires qu'il avait examinées , j'ai pu me convaincre par la com- paraison de la granulation et des ornemens de l'émail, et par l'examen de quelques fragmens munis d'écaillés , que le genre Rhizodus est identique avec mon Holoptychius, et que l'espèce examinée par M. Owen est le //. Hibberti. Cette identité ne pouvait être connue du savant anglais , puisqu'au moment de sa découverte , le genre Holoptychius n'était caractérisé que par ses écailles. M. Owen, en traitant depuis dans son Odontographie, pag. 75 , du genre Rhizodus, ajoute, qu'il diffère des Holoptychius, en ce que ses dents sont en plus grand nombre , plus fortes , mais plus grêles et coniques. Pour ma part , je ne puis voir dans ces particularités que des différences spécifiques , qui , à mes yeux , ne sauraient justifier une coupe générique. Voici comment M. Owen décrit la dentition de son genre Rhizodus , qui est synonyme de mon genre Holoptychius ('). « Il y a , dans chaque mâchoire inférieure , trois (ou plusieurs) dents coniques et allongées, et des dents beaucoup plus petites et moins acérées dans les intervalles. Dans les grandes dents, la section transverse est ovale, le bord postérieur est tranchant , et aboutit à une pointe aiguë ; elles sont donc uniquement destinées à entamer et à lacérer. Leur base est striée irrégulière- ment dans le sens de la longueur ; elle s'enfonce très-profondément dans l'os auquel elle est soudée par ankylose. La manière dont ces dents sont implantées dans la mâchoire , indique la violence et la force avec laquelle elles pouvaient être enfoncées dans la chair d'un pois- son vivant. La couronne est creuse comme chez les autres Sauriens , mais la cavité médul- laire est relativement plus étroite ; ses parois sont composées d'une dentine três-dense , traver- sée par de nombreux tubes calciféres assez minces , qui s© dirigent à angle droit de la cavité vers la surface , décrivant de légères ondulations ; leurs interstices égalent quatre fois leur dia- mètre ; quelquefois ils se dichotomisent ou bien détachent des petites branches qui se perdent dans les interstices. La couche émaillée qui entoure la dentine reçoit de nombreux ramuscules calciféres parallèles , qui partent d'une couche de cellules calciféres étendue sur la limite de la dentine et de l'émail. La cavité médullaire , qui a une forme ovale et comprimée, diminue graduellement vers la base de la dent , où elle se termine en de nombreux canaux tortueux, qui s'anastomosent en pénétrant dans la mâchoire et s'ouvrent à la fin dans les canaux mé- (') Odontographie, pag. 75. — 70 — duUaires de l'os lui-même , sur lequel la dent repose. Toutes ces branches de la cavité médul- laire sont autant de centres d'irradiation pour les tubes calciféres , qui y sont plus espacés et plus courts. La substance osseuse de la mâchoire s'enlace avec les racines de la dentine, qui entoure les canaux médullaires de la base. » J'ai pu examiner quelques coupes tant longitudinales que transversales de Ilhizodus, pro- venant de la houille , et dont je dois la communication à M. Owen , et je me suis convaincu, que ces dents sont intermédiaires par leur structure entre celles du Lépidostée et celles du Den- drode. La dentine est plissée , comme chez ces deux genres, mais si les plis sont plus com- pliqués que chez le Lépidostée , de manière à former des parties presque séparées , ils le sont moins que chez les Dendrodes. L'arrangement des dents est à-peu-près le même que chez les genres ci-dessus. Les grandes dents incisives sont três-espacées et posées sur le bord intérieur de la mâchoire ; les interstices sont occupés par des dents beaucoup plus petites; enfin une rangée de crénelures éinaillées forme le bord de la mâchoire. La structure des écailles Tab. 23 , fig. iO, permet de distinguer facilement les Holoptychius de tous leurs congénères. Une substance osseuse, dense, épaisse, formant des couches paral- lèles et superposées, est tournée contre la face interne de la peau. Des stries concentriques d'accroissement, répétant les contours de l'écaillé, se voient sur toute la surface. Elles sont croi- sées par des raies fines , qui rayonnent depuis le centre vers le bord , et qui sont formées par de petites cannelures très-fines et à peine en relief, dans lesquelsj se fixaient probablement les fibres de la peau. Une grande quantité de petits canaux , conduisant sans doute des vaisseaux sanguins , montent par ces raies dans l'épaisseur de l'écaillé. Sur des coupes transversales, on distingue assez bien la substance basale épaisse, en forme de liteaux. Ses corpuscules osseux peu nombreux , sont disséminés çà et là , mais ses ramifications sont méconnaissables. Les canaux montent presque en ligne droite à travers cette substance , sans détacher beaucoup de branches latérales. Arrivés près de la surface de l'écaillé , les canaux se ramifient sur un plan horizon- tal et forment des réseaux à mailles très-étroites. Au-dessus de ces réseaux , qui indiquent la limite entre les substances osseuse et émaillée , et qui sont entourés de couches osseuses con- tournées , à corpuscules fort distincts , se trouve enfin la couche émaillée qui , à elle seule , forme les ornemens extérieurs de l'écaillé. De petits canaux droits , qui se séparent du réseau intermédiaire , montent à travers cette couche et débouchent à la face externe , à laquelle ils donnent un aspect finement pointillé. La couche émaillée n'est elle-même qu'une substance osseuse plus épaisse , dans laquelle les couches sont effacées et les corpuscules osseux très- grands ; d'après mes observations, elle est presque entièrement dépourvue de ramifications. La forme des écailles en général est ovale, et l'on distingue ordinairement une partie exté- rieure lisse , dépourvue d'ornemens , qui était recouverte par le bord postérieur des écailles antérieures , tandis que la plus grande partie de la surface est richement ornée de rides et d'é- — 71 — niinences longitudinales , rayonnantes , ou plus ou moins diffuses , dont rarrangement sert à distinguer les différentes espèces. Comme on ne connaît jusqu'ici que des écailles et des ossemens isolés ou bien des exem- plaires couchés sur le dos, et montrant la face ventrale, il est impossible de dire comment les séries d'écaillés se comportaient sur le dos et les flancs. Sur le ventre, il y a des séries obliques, se rencontrant sur la ligne médiane, pour y former des angles dont le sommet est tourné en arrière. L'imbrication n'est pas considérable ; il n'y a qu'une petite portion du bord antérieur de l'écaillé, qui soit recouverte par les écailles précédentes. Les caractères saillans des Holoptychius seraient donc les suivans : corps fusiforme , trapu , recouvert d'écaillés arrondies , imbriquées, ornées de sculptures saillantes; tète plate, cou- verte d'incrustations émaillées ; dents coniques , acérées ; quelques grandes incisives enkylo- sées avec la mâchoire , dont les interstices sont remplis par de petites dents secondaires. Je connais maintenant quatorze espèces de ce genre , dont six proviennent du vieux grès rouge. Toutes les autres appartiennent à la houille, avec laquelle le genre s'est éteint. L HoLOPTYCHiiTs Flemingu Agass. OldRed, Tab. 22, figi. Quoique très-disloquée , la plaque que j'ai représentée est assez bien conservée dans ses détails pour pouvoir la distinguer de prime abord. Elle contient une partie notable des écailles du tronc avec la ligne latérale , et un morceau de la ceinture thoracique ; les autres parties du poisson n'ont pas été conservées. Les écailles sont beaucoup plus hautes que larges sur les flancs ; mais il paraît qu'elles s'ar- rondissaient davantage sous le ventre. Dans leur état normal d'imbrication . la hauteur de la partie libre égale plus du double de la longueur. Ces proportions sont constantes sur toute la longueur des flancs, et fournissent par conséquent un excellent caractère spécifique. Les ornemens des écailles ont aussi quelque chose de particulier. Ce sont des lignes ondulées, courant horizontalement vers le bord postérieur, sans se ramifier d'une manière sensible. Ces rides naissent d'une série de petites collines rangées parallèlement le long du bord antérieur, et séparant l'espace orné du bord lisse et presque dépourvu d'émail , qui est caché par les écailles précédentes. Les rides ondulées sont assez serrées et grossièrement parallèles. La pièce figurée appartient à M. le docteur Fleming, et provient du grès rouge supérieur de Dura-Den. Je n'ai pas pu acquérir une entière certitude sur la position à donner à ce fos- sile , c'est-à-dire que j'ignore si la partie qui regarde la gauche est le bord postérieur ou le bord antérieur. 72 II. HoLOPTYCHius MuRCHisoM Agass. Old Red, Tàb. 22, %. 2. Celle jolie espèce se distingue par ses écailles presque rondes et un peu allongées au bord postérieur, ce qui fait que la partie libre de l'écaillé représente un rhombe à-peu-près équilaté- ral. Les orneniens diffèrent beaucoup de ceux de l'espèce précédente; les rides sont plus éle- vées, en nombre beaucoup moins considérable, et pour la plupart ramifiées, ou plutôt confluentes vers le bord postérieur de l'écaillé. Toute la partie postérieure de l'écaillé est couverte de petites éminences saillantes, arrondies et disséminées sans ordre apparent. On peut ainsi dis- tinguer sur chaque écaille trois zones : en avant , un bord lisse recouvert par l'écaillé précé- dente , au milieu la zone à plis ramifiés, en arrière celle à tubercules arrondies. Chez notre espèce, c'est au bord postérieur que se trouvent les tubercules; tandis que chez VHolopty- chius Flemingii, ils se trouvent au bord antérieur, et que les trois zones, que l'on peut aussi distinguer chez cette espèce, se suivent dans un ordre inverse : bord lisse , tubercules, plis ondulés. L'échantillon que j'ai fait figurer, le seul que je connaisse, est très-incomplet. Il représente la face ventrale du poisson ; l'on voit en avant les traces des deux pièces branchiostègucs , si toutefois ce ne sont pas des plaques émaillées couvrant la nuque. Ces plaques sont simple- ment granulées, et les tubercules y paraissent moins gros que sur les écailles. Ce fossile m'a été communiqué par M. Murchison , qui l'a découvert dans le vieux grès rouge de Clash- bennie. III. HoLOPTYCHius Andersoni Agass. Old Red, Tab. 22, fig. 3. L'échantillon que je possède de cette espèce , quoique loin d'être complet , l'est pourtant davantage que ceux des espèces précédentes. II a déjà été figuré par M. Anderson , dans sa géologie du comté de Fife et décrit à tort sous le nom de Gijrolepis (Holoptychius) (jiganteus dont il diffère spécifiquement. C'est un petit poisson presque fusiforme, mais cependant trapu, se rétrécissant rapidement vers la queue. Les écailles sont beaucoup plus petites que celles des espèces précédentes, aussi "hautes que larges, et très-semblables par leur forme à celles de VH. Murchisoni. Ce qui les distingue , c'est le dessin des ornemens de la surface. Il y a des plis parallèles , horizontaux, très-marqués et assez distans. Il est fort rare que ces plis se bifurquent et jamais on ne rencontre de ramifications répétées , comme c'est le cas chez VH. Murchisoni. Ce qui manque encore , c'est la zone à tubercules ; sur toutes les écailles de VH. Andersoni , on chercherait vainement des plis s'étendant jusqu'au bord postérieur. — 73 — On remarque sur la partie antérieure de notre échantillon deux plaques osseuses , de forme irrégulièrement triangulaire à coins tronqués, réunis par une suture médiane. Ces plaques couvraient probablement le haut du crâne , tandis que les deux larges pièces latérales qu'on remarque , couvraient les joues , comme cest encore le cas chez le Polyptère et d'autres pois- sons à joues cuirassées. Le mauvais état de l'échantillon ne permet point d'en dire davantage de cette espèce. Je n'en connais ni les dents , ni les nageoires. Ce fossile a été découvert par M. Anderson , dans le vieux grès rouge supérieur de Dura-Den. IV. HOLOPTYCHIUS GIGANTELTS AgaSS. Old Red, Tab. 24, fig. 2-10. Syn. Gyrolepis giganteus Agass. Recherch. sur les Poiss. foss., Toni. Il , pag. 175. On trouve une grande quantité d'écaillés de cette espèce dans les couches de l'Old Red . en Ecosse , à Clashbennie , à Elgin et en Russie surtout à Printschka. La découverte en est due à M. le docteur Fleming, qui le premier a signalé des débris de poissons fossiles dans le vieux grès rouge d'Ecosse. Le pourtour de l'écaillé est arrondi ; la zone lisse , sur laquelle reposaient les écailles précé- dentes, est en général assez large et bien accusée. On y voit les mêmes zones et dans le même ordre que chez VH. Murchisoni , et telle est la ressemblance entre les deux espèces , que l'on pourrait prendre cette dernière espèce pour le jeune de VH. giganteus, si les plis n'étaient pas beaucoup plus nombreux , plus serrés et plus tortueux, et si le bord postérieur n'était pas tou- jours arrondi en cercle , tandis que dans 1'^. Murchisoni , il est taillé en pointe obtuse. Les écailles sont très-épaisses , leur face inférieure est ornée de ce joli dessin rayonnant , qui dis- tingue les rides médullaires et les supports osseux chez le Glyptolepis leptopteriis. Il faudra des renseignemens plus nombreux et des échantillons de poissons entiers, pour se prononcer défi- nitivement sur l'identité de notre espèce avec VH. Murchisoni. V. HoLOPTYCHIUS KOBILISSIMUS Agass. Old Red, Tab. 23. 1 C'est bien l'un des plus beaux fossiles que l'on puisse voir, que cette plaque de plusieurs pieds de longueur qui nous représente, couché sur le dos, l'un des grands Célacanthes de l'Old Red. Ce poisson nous présente toute sa face ventrale, depuis la tête jusqu'à la na- geoire caudale. Il est trapu, comme tous les Holoptychius ; sa largeur est comprise deux et demi fois dans sa longueur. La tète est petite ; elle égale le sixième de la longueur totale du corps. Elle est plus large que longue; et comme elle se présente par sa face inférieure, on AG. old RED. 10 — 7h — reconnaît les deux mâchoires courbées en arc , qui se réunissent au milieu , et laissent entre elles un large espace triangulaire, entièrement rempli par les deux plaques branchiostègues. Derrière ces plaques se voit une forte rainure, dans laquelle s'engageaient probablement les os de la ceinture thoracique, qui a entièrement disparu, ainsi que les nageoires pectorales. Les écailles, dont tout le corps du poisson est couvert, sont des plus remarquables. Elles ont environ deux pouces de diamètre au milieu du ventre, et vont en diminuant graduellement vers la gorge, et très-brusquement sous la queue. Elles forment par leur imbrication des séries obliques, qui comptent de huit à dix écailles sur le ventre et davantage sur la queue. On remarque en outre que les écailles sont alignées longitudinalement , et j'ai compté dans la série médiane quatorze écailles depuis la gorge jusqu'aux ventrales. Les écailles sont arron- dies, un peu allongées en arrière, et ornées de sculptures très-particulières. On n'y remarque pas deux zones différentes de granulations et de rides , mais toute la surface est recouverte de bosses et d'aspérités qui, quoique en général alignées dans le sens longitudinal, ne sont ce- pendant pas assez prononcées, surtout sur les écailles du ventre, pour qu'on puisse les envi- sager comme des plis réguliers. Les nombreux petits creux qui se trouvent entre ces aspérités, ont plutôt l'aspect d'un tissu réticulé. Les écailles de la queue ont des plis plus réguliers qui convergent vers le bord postérieur de l'écaillé ; mais ces plis sont granulés , et leur hauteur irrégulière prouve qu'ils résultent de la confluence des éminences irrégulières des écailles du ventre. Au moyen de cette disposition réticulée des ornemens, il est toujours facile de recon- naître cette espèce. Les ventrales ont une position très-reculée; elles sont en outre placées bien loin de la ligne médiane, sur les deux côtés du ventre. Relativement à la grandeur du poisson, elles sont pe- tites et composées d'une multitude de rayons mous. La queue est fort courte, large et massive; elle diminue si rapidement que le diamètre de sa base égale au moins sa longueur. La nageoire, que l'on voit à l'extrémité de la queue de notre échantillon est l'anale; elle paraît avoir été fort grande et placée immédiatement sous la caudale. On voit encore vis-à-vis l'empreinte de quelques rayons de la dorsale; mais ils sont trop peu distincts pour pouvoir être déterminés. Ce magnifique fossile a été découvert par le Rév. James Noble , dans le vieux grès rouge de Clashbennie , près de Perth , et fait maintenant l'un des principaux ornemens des cases du musée britannique destinées aux poissons fossiles. M. Murchison en a publié une figure réduite dans son Système silurien , Tab 2 bis , fig. 1 . — 75 — VI. HoLOPTYceius Omaliusii Agass. OIdRed, Tab. 2i, %. H. L'écaille brisée, que j'ai fait figurer, est le seul morceau que je connaisse de cette espèce. On ne peut juger de la grandeur de cette écaille que d'après sa largeur , car deux de ses bouts sont fracturés. La grandeur de ce poisson a dû être énorme, à en juger d'après les écailles de VH. nobilissimus ; il devait atteindre une longueur de douze pieds au moins. L'é- paisseur de l'écaille mesurée au milieu est d'un bon demi-pouce. Les ornemens de la surface sont très-caractéristiques. On voit d'abord au milieu de l'é- caille, un peu en arrière, vers l'un des bords, un large sillon longitudinal en forme de massue, autour duquel viennent se grouper une quantité de rides ondulées, longitudinales et paral- lèles, qui font à peine saillie, et qui sont séparées par des carènes minces, presque tranchantes et peu élevées. Vers le bord, ces rides se perdent en une granulation très-fine, irrégulière, peu saillante , ayant l'aspect d'un fin chagrin. L'existence du sillon n'est probablement caractéristique que pour la place que l'écaille oc- cupe (peut-être la ligne latérale) ; le caractère tranché de l'espèce réside dans les plis ondu- lés, rapprochés, peu profonds et parallèles, qui se voient à la surface. Ce fossile a été trouvé par M. Omalius d'Halloy, dans le vieux grès rouge des environs de Namur. 76 — CHAPITRE Y. DU GENRE PLATYGIXATHUS Agass. Ce genre, qui en tout cas se rapproche beaucoup des Holoptychius , n'est encore connu que par des fragmens très-incomplets , dont il est même difficile de dire s'ils appartiennent tous au même genre. La seule pièce sur laquelle on puisse établir une diagnose un peu précise, est une queue d'un poisson allongé qui se rapproche beaucoup des Holoptychius par la struc- ture et les ornemens de ses écailles. Ces écailles sont arrondies , plus hautes que longues , im- briquées de manière à ce que le bord postérieur d'une écaille recouvre le bord antérieur de l'é- caille suivante; elles forment ainsi des séries obliques. Les ornemens de la surface paraissent être les mêmes que chez les Holoptychius ; ils forment des rides longitudinales qui se dicho- tomisent à peine et paraissent assez brisés. Ce qui distingue surtout les Plalygnalhus des Ho- loptychius , c'est la forme élancée et allongée de la queue , sur laquelle sont insérées de puis- santes nageoires , dont le développement indique d'excellens nageurs et sans doute des pois- sons très-carnassiers. En comparant, par exemple, les écailles du P. Jamesoni, avec celles de VH. Flemingii, dont les écailles ont à-peu-près la même grandeur, on peut se convaincre que la queue de cet Holoptychius est au moins de deux tiers plus courte que celle du Platygna- thus , et que les nageoires ont un développement beaucoup plus puissant. Les nageoires ont un nombre considérable de rayons mous et flexibles , qui paraissent avoir été creux , comme ceux des autres Célacanlhes. Or, un semblable développement de l'appareil locomoteur principal, devait être accompagné d'un développement analogue des mâchoires, et la grande ressemblance des sculptures de l'émail m'a engagé à placer provisoirement dans le genre Plalygnalhus une mâchoire armée de formidables dents isolées que je décrirai plus bas. Cette mâchoire qui a été trouvée dans les couches inférieures de l'Old Red , a ceci de singulier, qu'il y a de grands compartimens , semblables en quelque sorte aux pièces den- taires des Dendrodes, dans lesquels les dents sont implantées ; et ce qui les distingue facile- ment des Holoptychius , c'est que les dents coniques internes manquent , et qu'il n'y a qu'une rangée d'aspérités émaillées, qui borde le pourtour de la mâchoire. J'avais d'abord réuni au genre Plalygnalhus sous le nom de P. minor, un poisson presque entier qui est assez bien conservé. Mais un examen plus approfondi m'a appris qu'il était im- possible d'associer ce poisson aux Plalygnathes dont il difïère par la forme de ses écailles. Or, — li- en éliminanl ce genre, auquel j'ai donné le nom de Glyptopomus, et en admettant que la mâ- choire et la queue que j'ai pu découvrir appartiennent réellement au même genre, on pourra formuler les caractères génériques des Platygnathes à-peu-près de cette manière : corps fusi- fornie allongé , queue allongée , pourvue de nageoires très-développées ; écailles arrondies, imbriquées , ornées de sculptures en émail ; dents incisives , plissées , isolées , placées dans des compartimens à part , d'une grandeur considérable. I. Platygnathus Jamesoni Agass. Old Red, Tab. 2S. L'échantillon sur lequel j'ai établi cette espèce , ne montre qu'une partie du corps , la queue avec une portion du ventre , les deux dorsales et une anale opposée à la seconde dorsale. C'est au moins de cette manière que j'envisage ce morceau. Il se pourrait toutefois que la première dorsale, qui paraît séparée , ne fût que le commencement de la nageoire , et que la ligne de séparation que l'on aperçoit ne fut qu'un accident. En tout cas , on peut inférer de l'analogie de notre poisson avec les Holoptychius , que la partie en avant de l'anale qui est couverte par de grandes et larges écailles , faisait partie du ventre et que la queue ne commençait <[u'avec les écailles plus petites qui suivent. Quoi qu'il en soit, les écailles sont arrondies, plus hautes que longues surtout sur la queue, et ornées de lignes saillantes et horizontales , souvent interrompues , qui , bien qu'elles soient alignées, ne forment point de crêtes continues. D'ailleurs ces lignes sont à peine relevées et nulle part aussi fortement accusées que sur les écailles des Holoptychius. La queue est très-allongée , et se rétrécit d'une manière très-graduelle , fort différente en ceci de la queue courte et ramassée des Holoptychius. Les nageoires sont énormes. La dorsale ou, s'il y en a deux, les dorsales ont au moins deux fois la hauteur de la queue et sont composées d'une multitude de rayons allongés , serrés, mous et flexibles. Au bas du ventre se voit une nageoire peu large , mais très-longue , que je crois être l'anale ; elle est couchée le long de la queue et semble avoir eu la hauteur de la dorsale quand elle était déployée. Sur le bord inférieur de la queue , en arrière , on voit une quantité de rayons courts , qui composaient probablement le lobe inférieur de la caudale. L'ex- trémité postérieure de la queue est enlevée. Ce fossile fait partie de la collection de M. Jameson et a été découvert par M. Anderson dans le vieux grès rouge supérieur de Dura-Den. — 78 — II. Platygnathus PAUciDENs Agass. OldRed, Tab. 28, fig. H, C'est une mâchoire de quatre pouces et demi de longueur , et de plus d'un pouce de largeur à sa partie postérieure , qui présente quatre grands compartimens presque carrés , formés de supports osseux qui s'étendent entre la branche interne et externe de la mâchoire. Evi- demment , c'est une moitié de mâchoire inférieure , ce qui est prouvé par la face de la sym- physe antérieure , où se joignaient les mâchoires des deux côtés , par l'élargissement graduel en arrière et par la courbe de l'angle postérieur où se trouvait l'articulation avec l'os carré. La mâchoire se montre par sa face supérieure , elle présente un long sillon longitudinal , dans le- quel reposent, comme chez les Dendrodes et les Lépidostées , les grandes dents incisives. Mais ce qui distingue cette mâchoire , c'est qu'il y a de temps en temps des traverses osseuses , qui séparent, comme je viens de dire, ce sillon en plusieurs compartimens successifs. II y avait pro- bablement à côté de chacune de ces traverses une grande dent conique , pointue , finement plissée à sa base, implantée dans le fond du compartiment, ce qui porterait le nombre des dents incisives d'une mâchoire à quatre au plus. Dans notre échantillon il n'y en a que deux , qui encore sont brisées au milieu , de manière que je ne puis exactement indiquer leur forme. L'intérieur de ces dents est plein , sans cavité médullaire, présentant un aspect rayonné comme les dents de Dendrodus. Leur coupe est parfaitement circulaire. Le bord externe de la mâ- choire est garni de plusieurs rangées de petites dents coniques , unies , serrées les unes contre les autres , comme les dents d'un râtelier. Les petites dents sont comparativement beaucoup plus développées que chez les Bothriolépis , dont une mâchoire se trouve sur la même Tab. 28. Il est facile de voir, que malgré la longueur beaucoup plus considérable du Bothriolépis , la mâchoire du Platygnathus est pourtant plus trapue et même plus forte à raison de la grande épaisseur de son bord interne, qui est recouvert d'une fine granulation , ayant presque l'as- pect de chagrin. Ce fossile provient des Orcades , où il a été découvert par M. le D"^ Traill, à qui j'en dois la communication. — 79 — CHAPITRE yi. DU GENRE DEXDUODUS OwEN. M. Owen a signalé sous le nom de Dendrodus , un genre de poissons fossiles qui appar- tient soit à la famille des Sauroïdes, soit à celle des Célacanthes. M. Owen, en établissant ce genre , n'avait à sa disposition que quelques dents isolées , provenant du vieux grès rouge de Seat-Crag, dans les environs d'Elgin. Ayant reçu plus tard de la part de M. Pander, de Pé- tersbourg , plusieurs pièces appartenant à ce genre , et de M. Robertson les pièces originales de M. Owen, il m'a été possible de répéter les observations de mon savant ami sur la singulière structure de ces dents, et j'ai reconnu la nécessité d'en faire trois genres distincts, celui des Dendrodus , dont le type est le D. strigatvs de M. Owen , celui des Lamnodus , dont le type est le Dendrodus hastatus du même auteur, et enfin le genre Cricodus , ayant pour type le Dendrodus incur^ms. Nous ne connaissons jusqu'ici du genre Dendrodus que des dents et quelques fragmens de mâchoire , qui ont permis d'étudier le mode d'implantation des dents dans leurs alvéoles. Les fragmens de mâchoire sont des os creux , peu hauts , mais larges , ofïrant par conséquent une large base à la racine de la dent. La surface inférieure de la mâchoire, sur laquelle reposent les dents , forme un angle droit avec le bord externe qui protège la base de la dent en dehors , de sorte que toute la mâchoire doit avoir présenté une large gouttière , armée d'une rangée unique de dents vigoureuses. La face , sur laquelle reposent les dents , est creusée d'excava- tions circulaires assez profondes , dans lesquelles se plaçaient les racines, également arrondies. On remarque au milieu de ces excavations alvéolaires un trou l'ond , qui communique d'un côté avec le canal maxillaire , de l'autre avec le canal pulpaire de la dent et qui servait ainsi de passage aux vaisseaux et aux nerfs de la dent. Les trois fragmens de mâchoire, que j'ai sous les yeux , ont tous conservé leur cavité alvéolaire et leur racine , mais leur pointe est mal- heureusement brisée , ensorte qu'il est impossible de savoir au juste à laquelle des espèces de M. Owen ils appartiennent. Je suis cependant porté à les envisager comme appartenant au D. striyatus. Il ne saurait y avoir de doute sur l'identité générique ; car ils réunissent tous les caractères des vrais Dendrodus : les dents sont munies dans toute leur longueur de fines stries longitudinales , profondes vers la base , graduellement oblitérées vers le sommet et correspon- dant à une disposition rayonnante des canaux médullaires de l'intérieur, qui se voit même à — 80 — l'œil nu , sur des coupes Iransversalcs ; les racines sont arrondies et implantées dans des exca- vations alvéolaires. M. Ovven (') a reconnu plusieurs espèces dans ce genre, qu'il a distinguées d'après les formes extérieures des dents , aussi bien que d'après leur structure intime ; ce sont les Dendrodus striqafm , lattis, sigmoideiis , biporcatus et hastatus ou compressas. Les trois premières espèces appartiennent aux Dendrodes , les deux autres au genre Lamnodus. I. Dendrodus strigatus Owen. Rech. Poiss. Foss. Vol. II , Tab. S5a, %. 19 et 20. Old Red , Tab. C , fig. 10, 20-22. Le Dendrodus strigatus se dislingue par ses dents allongées , presque cylindriques et à sommet obtus et arrondi. Les stries longitudinales sont très-fines , serrées , peu profondes et ne s'effacent que tout près du sommet , qui est parfaitement lisse. Aussi les coupes transver- sales présentent-elles un contour presque circulaire sans saillie notable ; le centre qui forme à-peu-près le tiers de toute la masse , est occupé par les réseaux des canaux médullaires. Une première particularité qui frappe, c'est qu'il n'y a pas, comme chez les autres espèces, de ces branches anastomosées intermédiaires , qui chez d'autres espèces forment un réseau très-serré entre les branches principales. Tous les canaux sont au contraire de la même dimension , et suivent presque tous l'axe de la dent , en montant verticalement de la base vers le sommet. Les espaces qui séparent les feuillets de denline se présentent sur la coupe transversale (fig. 20) sous la forme de canaux à-peu-près reclilignes , rayonnant du centre à la périphérie. Ils ont des branches latérales très-courtes partant à angle droit du tronc principal , et finissant dans des élargissemens beaucoup plus considérables. Un pareil interstice vu dans son ensemble a à-peu-près la forme d'une rivière , coulant dans un lit étroit et recevant des deux côtés une multitude de ruisselets latéraux , prenant leur source dans de petits lacs. Telle est du moins l'image que représente une coupe transversale fortement grossie (fig. 21). Mais si nous con- sidérons , qlie ce qui nous paraît un canal rayonnant du centre vers l'extérieur, est un inters- tice séparant deux bandes constiluti^ es de la dent , il devient alors évident que les élargisse- mens qui s'observent au bout des filets latéraux des interstices ne sont que les coupes des canaux verticaux , qui courent de la base vers le sommet, parallèlement à l'interstice médul- laire, et communiquent de temps en temps avec ce dernier au moyen de petits filets latéraux. Il n'y a donc pas chez le D. strigatus une aussi grande différence entre le centre et le con- tour de la dent que chez les autres espèces ; les mêmes canaux verticaux existent dans les deux parties , seulement dans le contour ils sont placés régulièrement en série le long des deux côtés des interstices médullaires. (') Odonlographie , pag. 171 . — 81 — La denline est repliée autour de ces différens cariiiux, de la même manière que dans les autres dents. Elle les entoure de tous côtés , imitant tous leurs contours. Cette dentine est d'un beau jaune clair et remplie de tubes calcifères assez serrés. Ce qui distingue surtout la dentine du D. strùjatus , c'est que, dans les coupes transversales, ces tubes ne paraissent pas disposés en faisceaux ou en éventail , mais qu'ils rayonnent de tous côtés , rappelant ainsi la structure des Myliobates et d'autres poissons, où chaque dent est composée d'un assemblage de canaux médullaires indépendans. Les tubes sont droits, peu ondulés, quelquefois courbés en S , et en général courts, à cause de la minceur de la dentine qu'ils traversent sans se ramifier. La dentine est très-nettement séparée par une ligne noire d'une seconde substance . qui l'entoure de la môme manière que celle-ci entoure les canaux et interstices médullaires. Cette substance est blanche, transparente et plus cassante que la dentine elle-même au miiieu de la dent. Son épaisseur va en augmentant vers le sommet ; elle n'offre pas de trace de structure, excepté dans les angles des canaux médullaires , où les tubes calcifères de la dentine , plus serrés et en plus grand nombre qu'ailleurs, la traversent de part en part. D'après cela, je ne puis me refuser à envisager cette substance comme un véritable émail. En effet, si l'on se rappelle que les tubes calcifères de la dentine pénètrent aussi dans le capuchon émaillé que portent les dents du Polypterus, du Saurichthys et de leurs congénères, on ne trouvera pas extraordinaire qu'ici aussi ces tubes ne finissent pas à la hmite de la dentine; d'un autre côté on connaît un assez grand nombre de dents à dentine plissée, surtout chez les Mammifères, où l'émail participe à cette structure, particulièrement dans les replis de l'intérieur de la dent. Chaque interstice médullaire, avec ses canaux latéraux, est donc entouré d'une double couche de substance : la dentine et l'émail , qui imitent parfaitement les contours des canaux et des interstices. Mais ces systèmes ne sont point indépendans, ni séparés par des fentes venant de l'extérieur; ils sont au contraire soudés par une couche de cément. Le cément se recon- naît très-facilement à ses fins réseaux, à ses grandes cellules calcifères, qui se présentent comme de petits points noirs sur les coupes de fig. 21 et 22. Ces cellules qui paraissent noires sous le microscope, sont presque rondes, et présentent de fins rayons, qui en s'anastomo- sant avec les fins filets , forment les réseaux du cément ; elles sont irrégulières et plus nombreuses vers le contour de la dent qu'à l'intérieur; on n'en découvre pas dans les autres substances. Il y en a aussi moins dans les replis des canaux verticaux que sur la limite de deux systèmes interstitiaires (fig. 21), et même elles sont si serrées dans cette ligne, qu'elles se voient déjà sous un faible grossissement. Les exemplaires figurés proviennent des environs de Riga , et m'ont été communiqués par M. Murchison , qui les avait reçus du D"^ Pander. Ag. old ued. H — Sa- li. Dendrodus latus Owen. 01(1 Red, Tab. 28, Cg. 1 et 2. Cette espèce est la plus grande que nous connaissions. Elle atteint jusqu'à deux pouces et demi de longueur. La base est large, circulaire. Peu à peu, en s'élevant vers le sommet, la dent perd son aspect conique , et il se développe sur le côté une carène fort émoussée et à peine sensible, mais qui sufiit pour donner à la dent une coupe ovalaire. La pointe de la dent est émoussée. Les stries longitudinales sont tout aussi fines que dans l'espèce précédente, et visibles jusqu'au sommet. Les dents sont en outre faiblement courbées en S; ce qui les distingue facilement du D. strigatus. Les originaux de mes ligures , découverts par M. Dulïd'Elgin , à Seatcraig, m'ont été com- muniqués par M. Robertson ; ce sont les mêmes qui ont servi à M. Owen à établir l'espèce. Je n'ai pu en examiner la structure microscopique. III. Dendrodus siGMoiDEUs Owcn. Old Red, Tab. 28, %. .5. Les dents de cette espèce s'écartent le plus du type des Dendrodes , et il se pourrait que l'exemplaire unique que l'on en connaît , devienne un jour le type d'un nouveau genre. Tandis que chez les autres Dendrodes la hauteur de la dent n'atteint jamais trois fois la lar- geur de la base, le D. sigmoideus est cinq fois plus haut que large ; c'est par conséquent une longue dent presque cylindrique , s'atténuant très-insensiblement vers la pointe. Celle-ci est assez fine , acérée , et le pourtour de la dent présente une très-faible carène longitudinale près du sommet. Plus bas, la dent est entièrement ronde et lisse, et ce n'est que vers la base qu'on aperçoit de fines stries longitudinales. La dent est très-élégamment courbée en S ; ce qui lui a valu le nom de sigmoideus. L'exemplaire figuré provient de Seatcraig où il a été découvert par M. DufT. J'en dois la communication à M. Robertson. 83 CHAPITRE VII. DU GENRE LAMNODUS Agass. Ce genre, qui n'est qu'un démembrement du genre Dendrodus de M. Owen, est facilement reconnaissable à la forme comprimée de ses dents , dont les bords tranchans remontent de- puis la base jusqu'au sommet de la dent. Il n'y a que la racine dont le pourtour soit arrondi, mais seulement au point de contact avec la mâchoire ; toute la partie de la dent qui s'élevait au dessus de la muqueuse de la bouche, est comprimée latéi'alement. La forme de ces dents est en général élancée, comme celle des Lamies et d'autres requins. Leur structure micros- copique est différente de celle des Dendrodes ; elle se caractérise surtout par une couche uni- forme d'émail sur la pointe de la dent, qui ne suit point les replis de la dentine à l'intérieur. Je renvoie pour les détails de cette structure aux descriptions des espèces. Ces dents sont trop communes pour qu'elles eussent pu échapper à l'observation de M. Ku- torga ; ce savant a décrit et figuré dans ses BeilviUje zur Géologie und Palœotitologie Dorpats, i" et 2" part., une quantité de dents qu'il a réparties dans les genres Crocodilus, Monitor, Tejus, Varanus, Ichthyosaurus et Syodon. Il y aurait par conséquent selon lui dans l'Old Red de Russie, un mammifère, deux crocodiles, cinq Varans, trois Ichthyosaures , un Tejus, un Monitor. Le croirait-on, ce pachyderme, ces crocodiles et ces lézards, qui plus tard sont devenus pour M. Kutorga la base sur laquelle il a fondé sa nouvelle théorie cosmogonique, ne sont autre chose que deux espèces de Lamnodus , et le D. skjmoideus que nous venons de décrire. Ce n'est certes pas que je trouve extraordinaire que l'on commette des erreurs dans la détermination de fossiles aussi incomplets que ceux de l'Old Red. Si je m'élève contre les déterminations de M, Kutorga, c'est parce qu'elles sont présentées avec un faux semblant de profondeur et de sagacité, qui va jusqu'à assigner la place que ces dents devaient occuper dans la bouche de ces formidables rvîpliles et des mammifères, dont l'auteur se plaît à peupler l'époque du vieux grès rouge. C'est là un exemple frappant des erremens auxquels on peut être entraîné, lorsqu'on se laisse aller à suppléer, par de vagues théories, à l'étude comparative et à l'examen minutieux des fossiles eux-mêmes. — 84 — I. Lamnodus bipobcatus Agass. - OldRed, Tab. C, fig. 7-9; li-19. Syn. Dendrodus hiporcatus Owen Odontogr. png. 171. Les dents du L. hiporcatus sont voisines , par leur forme , de celles des Dendrodes , mais plus comprimées. Elles sont massives, légèrement infléchies, obtuses au sommet, et munies de deux carènes latérales qui montent jusqu'au sommet, mais qui sont loin d'être aussi tranchantes que dans le L. hastatus. D'un autre côté, elles sont moins coniques et moins droites que celle du Dendrodus strigatus. Les stries sont aussi beaucoup moins fines, et la forme rayonnante des canaux médullaires plus apparente. La coupe de la dent est lenticulaire. Comme c'est sur le L. hiporcatus que M. Owen a surtout étudié la structure dentaire des Dendrodes, nous allons suivre son exemple, et le prendre aussi pour base de notre des- cription. Quand on examine une coupe longitudinale d'une dent de cette espèce, on trouve, si la coupe passe exactement par l'axe de la dent, une cavité médullaire assez étroite, tortueuse, élargie vers le bas, divisée en haut en plusieurs branches, d'où partent dans tous les sens des ramifications assez considérables, mais toujours de manière à présenter des réseaux anasto- mosés , qui montent verticalement dans les parties extérieures de la dent , tandis que vers le centre, autour de la cavité pulpaire, se trouve un réseau irrégulier de canaux médullaires. Fait-on la coupe un peu de côté , de manière à entamer seulement la partie corticale de la dent (fig. d8), on voit comme deux sortes de bandes verticales, parallèles, qui montent presque sans interruption de la base au sommet. Les unes oITrent des canaux réticulés , qui communiquent entre eux , tandis que les autres , de substance plus solide , ne présentent que rarement et seulement par-ci et par-là des traces de canaux médullaires , mais sont en re- vanche toutes remplies de tubes calcifères. En examinant de plus près, on reconnaît que les tubes, ou plutôt les interstices médullaires, forment des réseaux verticaux dans la dentine, et que c'est des côtés de ces réseaux que partent, à angle droit, une infinité de tubes calci- fères , qui forment ces bandes blanches et mi-transparentes , entremêlées avec les bandes des interstices médullaires. Les coupes transversales viennent compléter l'étude des coupes longitudinales , et ce n'est que par la combinaison de ces deux études qu'on peut arriver à bien comprendre la structure de ces dents. Dans les coupes , prises près de la base (fig. 3), le centre est occupé par une ca- vité pulpaire irrégulière , autour de laquelle se déploie un réseau de petits canaux médul- laires qui se combine avec les canaux pulpaires secondaires placés autour de la cavité pul- paire principale. Le tiers d'une pareille coupe transversale est occupé par ce réseau irrégulier de canaux pulpaires qui s'anastomosent entre eux. De ce noyau, qui paraît beaucoup plus — 85 — solide dans les dents fossiles, parce que la pulpe est remplacée par des matières inorganiques, de ce noyau, dis-je, partent dans toutes les directions de fins canaux ondulés, qui rayonnent vers la surface en suivant la direction des rayons du cercle. Souvent ces canaux ou interstices médullaires se divisent de suite en deux branches, dont chacune devient le point de dépari d'un système de tubes calcifères , ainsi que le représente la lig. 16, qui montre une branche dicholomisée , sous un très-fort grossissement; d'autres fois, et c'est le cas le plus fréquent, il y a deux canaux parallèles qui suivent le même rayon , n'ayant qu'un seul système de tubes calcifères (fig. 19). En outre, dans les deux tiers inférieurs de la dent, chaque interstice détache de petites branches courtes, latérales, à-peu-près rectangulaires, d'où partent des faisceaux de fins tubes calcifères, qui s'étalent en éventail (fig. 17). Ce sont les mêmes tubes calcifères, semblables aux barbes d'une plume, que nous avons vu border les canaux médullaires dans les coupes longitudinales , et rien n'est plus naturel que de les retrouver sous la forme de faisceaux en éventail, dans les coupes transversales. Tous les interstices médullaires d'où partent des tubes calcifères réunis , représentent ainsi en quelque sorte un tronc d'arbre à branches latérales très-courtes , partant à angle droit du tronc , et qui donnent naissance à leur sommet à un faisceau de feuillages, les tubes calcifères. C'est cette analogie bien frap- pante au premier aspect qui a valu à ces dents le nom de Dendrodus de la part de M. Owen. Mais si l'on considère que ces rayons divergens de la dent sont en nombre presque égal de haut en bas, où que l'on fasse la coupe transversale, qu'en même temps ils se présentent, dans les coupes longitudinales , sous la forme de canaux verticaux , nous en concluerons que ce ne sont pas des canaux de forme plus ou moins cylindriques, mais bien des fentes qui traversent la dent de haut en bas, de l'intérieur à l'extérieur, et que par conséquent la dent est composée d'autant de feuillets cunéiformes placés en cercle autour du centre de la dent, et communiquant avec un réseau de substance dentaire entrelacé entre les mailles des canaux médullaires. Ces interstices ne s'ouvrent pas au dehors, et c'est la dentine qui leur sert d'en- veloppe commune, en réunissant tous les feuillets en un faisceau. Des coupes transversales, prises près du sommet de la dent (fig. lo), présentent un aspect tout-à-fait différent. Les rayons divergens n'offrent plus ni branches ni réseaux anastomiques ; ce sont de simples lignes presque droites, un peu arquées, rarement bifurquées, jamais trifur- quées. Les tubes calcifères ne forment plus de faisceaux en éventail; ce sont des barbes de plume très-épaisses et serrées, implantées sur les rayons des deux côtés. Les réseaux anastomosés de canaux médullaires du centre sont très-réduits, aussi bien sous le rapport de l'étendue que sous celui du nombre et de la capacité. Par conséquent la dent gagne en solidité vers le sommet; les pièces cunéiformes, dont se compose son circuit, sont beaucoup plus épaisses; les interstices ramifiés et branchus qui les séparaient sont réduits à de simples fentes ; le nombre des tubes calcifères remplis de chaux anorganique est augmenté de beaucoup , et le réseau anastomique du centre réduit. Mais ce qui augmente encore celte solidité du sommet, c'est la couche d'é- mail dont il est revêtu. C'est une couche mince, mais continue et très-distincte près du som- — 86 — niel, où elle est séparée de la dentine par une ligne noire (fig. 15 et 16). Vers la base elle s'amincit petit à petit et se confond avec la dentine, de sorte que l'on ne peut pas dire pré- cisément où elle finit. Considérée dans son ensemble, elle forme un capuchon mince qui recouvre le sommet non rayé de la dent. Avant d'entrer dans le détail des autres espèces de Lamnodus , disons un mot des diffé- rentes substances que nous y avons rencontrées. La dentine forme ici, connue à-peu-près partout , la substance principale de la dent. Les tubes calcifères qui la traversent sont très- flexueux, et donnent lieu à de nombreuses ramifications aussi loin que les interstices médul- laires sont ramifiés (fig. 19). Si l'on fait une coupe transversale d'un canal médullaire du centre de la dent (fig. 16), on voit les tubes calcifères rayonner et se ramifier dans tous les sens. Ceux qui partent des interstices anastomosés (fig. 19) sont au contraire à angle droit avec ces mêmes interstices ramifiés , comme les précédens. Là où les interstices sont réduits à de simples fentes rectilignes, par exemple au sommet de la dent (fig. 15 et 16), les tubes ne sont presque pas ramifiés; les branches qu'ils détachent sont parallèles ; mais au lieu d'être à angle droit avec la fente, elles sont plus ou moins obliques (fig. 16). Vers la base de la dent, les tubes sont beaucoup moins serrés , et la dentine par conséquent beaucoup plus transpa- rente qu'au sommet. Entre chaque système de tubes calcifères , partant d'un même interstice , est déposée une couche très-mince et presque imperceptible de cément. Ce cément part donc (sur la coupe transversale) des impressions extérieures qui correspondent aux rigoles de la dent, tandis qu'à chaque interstice répond une des petites carènes longitudinales de la surface. Vue sous de faibles grossissemens , la substance du cément a un aspect granulé , mais sous de très-forts grossissemens elle parait composée d'un réseau de petits filets excessivement minces et telle- ment serrés qu'il est impossible de poursuivre les filets isolés. On n'y remarque pas de par- lies plus épaisses comme dans le Dendrodus strigalus , ni de ces cellules calcifères qui distin- guent si souvent le cément. Les tubes calcifères de la dentine ne paraissent pas communiquer avec ces fins filets du cément , qui sont déposés tout autour des faisceaux , et qui imitent dans leur ensemble les contours de ces derniers. L'émail enfin qui recouvre la pointe de la dent est une substance transparente , dure et très-cassante , sans apparence de structure. Les tubes calcifères de la dentine ne s'y continuent pas , comme dans beaucoup d'autres cas. Il est assez difficile de conserver cette couche dans des tranches bien fines ; elle saute facilement en éclats , et ce n'est que par-ci et par-là qu'elle se conserve intacte. — 87 — II. Lamnodus hastatus Âgass, Old Red, Tab. C, %. 1-6 et H-13. Syn. Bendrodus hastatus Owen Odontogr. pag. 475. — Lamnodus Pa«fZe/i Agass. Poiss. foss. II, 2, pag. 102. Le L. hastatus se rapproche beaucoup par la forme de ses dents de certains Squales, prin- cipalement des Lamna. Les dents, quoique pourvues d'une racine arrondie, sont comprimées latéralement , de manière à présenter deux tranchans ; en même temps elles sont infléchies en dedans et très-pointues. Les stries ne montent que jusqu'à mi-côte et sont assez larges, formant de petites rigoles. Il sera toujours facile de distinguer une pareille dent d'une dent de Squale, soit à sa base arrondie , si elle est entière, ou à la disposition rayonnante de ses canaux mé- dullaires , dont le dessin rappelle celui de certaines espèces de bois. Le L. hastatus se distingue au premier coup d'œil du L. hiporcatus par la prépondérance de sa partie centrale réticulée , et par des raies beaucoup plus apparentes à l'œil nu. Sous le mi- croscope on saisit tout de suite la cause de ces différences. Les canaux médullaires du centre sont plus grands, leurs mailles beaucoup plus serrées, le champ des réseaux plus étendu. En même temps les interstices ou les canaux rayonnans sont beaucoup plus gros; ils ne sont pas ramifiés, quelques-uns seulement sont dichotomisés (fîg. H). Au lieu débranches latérales, telles que nous les avons vues dans le L. hiporcatus, nous n'avons ici que de petites anses plus ou moins spacieuses, qui alternent avec peu de régularité (fig. 12 et 13) et d'où partent les faisceaux des tubes calcifères. Ces faisceaux de tubes sont aussi beaucoup plus maigres, semblables à de.s pinceaux de peintre ; ils sont à angle droit avec les anses ou inclinés un peu en dehors vers la surface extérieure. Ils sont en outre beaucoup plus courts que dans l'espèce précédente et rare- ment ramifiés. Le cément est plus apparent , mais les fins fils qui le composent sont tout aussi difficiles à reconnaître. Il est en double rangée entre les systèmes de dentine , chaque système ayant sa couche de cément qui le suit dans ses sinuosités et l'entoure de tous côtés. L'émail a la même structure et la même position que dans l'espèce précédente. Il résulte de ces observations et de la comparaison des figures , que c'est bien réellement sur le même plan , modifié dans ses détails, que sont construites les dents de ces deux espèces. On peut se représenter toute la dent comme une amplification de la structure des Labyrintho- dontes, qu'on peut résumer ainsi : cavités médullaires à processus latéraux et verticaux nom- breux et très-variés , qui , au centre , vont jusqu'à former des réseaux de canaux semblables à ceux des requins , tandis que sur le pourtour ils forment des interstices rayonnans entou- rés d'une dentine plissée. Mais les plis de cette dentine , au lieu d'être indépendans , comme dans les Labyrinthodontes (où entre deux systèmes de dentine entourant des processus mé- dullaires qui se touchent , il y a une fente venant de l'extérieur qui les sépare ) , sont remplies d'un cément propre qui fait que le pourtour de la dent paraît simplement ondulé. L'émail re- — 88 — couvre la dent d'en haut comme un capuchon , et est séparé de la dentine par une ligne unie sans processus intérieurs. Nous savons que dans le Dendrodus striyatus ces rapports des différentes substances ne sont pas les mêmes , mais que l'émail suit les plis de la dentine dans l'intérieur de la dent. Des exemplaires de cette espèce que j'ai examinés m'ont été communiqués par M. Pander et proviennent de Riga. On en a également trouvé en Ecosse. Du GENRE Cricodus Agass, OldRed, Tab. 28, fig. 4 et S. J'ai déjà décrit Vol. II, Part. 2, pag. 1S6 des Recherches, l'espèce d'après laquelle j'ai établi ce nouveau genre , que M. Owen réunit à son genre Dendrodus sous le nom de D. in- curvus. J'ai également donné dans mon atlas quelques figures représentant la forme et la struc- ture de ces dents (Poiss. foss. vol. Il , Tab. H , fig. 9 à 12). Ayant reçu depuis de M. Ro- bertson les figures des pièces originales sur lesquelles M. Owen a établi l'espèce, et qui ont été trouvées par M. Duff à Seatcraig, je m'empresse de figurer le Cricodus incurvus, Tab. 28, fig. ^ et S. Il sera toujours facile de distinguer ces dents émoussées , robustes et recourbées à leur grande cavité pulpaire qui est unique. Je viens de recevoir dans le moment où l'on met cet article sous presse , un envoi de fos- siles du vieux grès rouge de Cremon en Livonie , que je dois à l'obligeance de M. de Meyen- dorff'. Il se trouve parmi ces fossiles un débris de mâchoire extrêmement curieux. C'est une pièce aplatie , longue d'un pouce , haute d'un demi pouce , cassée aux deux bouts , qui porte sur l'un des bords dix racines de dents , qui évidemment appartiennent au groupe des Den- drodes. Le bord externe de la mâchoire est relevé , protégeant ainsi les racines à leur base. Dans le sillon longitudinal , qui est formé par ce bord relevé , se trouvent les racines , toutes usées comme si le fragment eût été roulé par l'eau. Ces racines sont circulaires, criblées en réseau au milieu , montrant à la substance corticale des fines stries rayonnantes , absolument comme dans le D. strigatus. Le bord externe relevé est soudé avec les racines, et ces dernières sont tellement serrées, que deux d'entre elles sont gênées par leur proximité dans leur déve- loppement naturel et se trouvent avoir une coupe elliptique , au lieu d'être rondes. Les sculp- tures du côté externe de l'échantillon sont usées par le roulement de la pièce. Je ne puis me défendre de voir dans ce fossile un jeune Dendrodus. Les racines ont à peine une ligne de diamètre , au lieu de cinq à sept ; elles sont serrées , tandis qu'elles sont espacées dans les adultes, comme le démontrent les figures que j'en ai publiées; le bord externe relevé de la mâchoire est plus distant ; la rainure, où les dents sont implantées, plus large ; mais toutes ces déviations ne se justifient-elles pas suffisamment par la différence d'âge? 89 CHAPITRE YlII. DU GENRE ASTEROLEPIS EiCHW. {CHELONICHTHYS Agass). M. Miirchison ayant eu l'obligeance de m'adresser, il y a quelques années, un envoi de poissons fossiles du vieux grès rouge de Russie , je remarquai dans le nombre une quantité de plaques osseuses, dont la forme n'était qu'imparfaitement conservée, mais qui présen- taient toutes le même genre d'ornemens à la surface. Je supposai que c'était le type d'un genre entièrement nouveau pour la paléontologie , et lui donnai le nom de Chelonichthys. Plus tard j'appris, par un envoi de M. Bronn, que ce genre avait déjà été déterminé anté- rieurement par M. Eichwald, qui lui avait donné le nom A'Asterolepis. Les échantillons que me communiquait M. Bronn provenaient de M. Eichwald lui-même, ensorle qu'il ne pou- vait exister aucun doute sur l'identité des deux genres Chelonichthys et Âsterolépis. Le nom de M. Eichwald ayant la priorité, je me fais un plaisir et un devoir de le rétablir dans tous ses droits, en supprimant dès à-présent mon genre Chelonichthys. Je n'ai cependant pas encore réussi à me procurer les descriptions originales de M. Eichwald, ensorte que je dois me borner à rapporter la courte notice que cet auteur donne du genre Asterolépis dans le Jahrbuch de MM. Léonhard et Bronn (année 1840, page 621). «On trouve des plaques os- seuses du genre Asterolépis de deux à trois lignes d'épaisseur, qui portent à la face interne une carène. Elles sont larges et plates, et doivent avoir recouvert le corps comme une cara- pace ; on voit à leur surface une quantité de petits mamelons étoiles, qui quelquefois se réu- nissent et se confondent; leur structure intérieure est finement celluleuse, et la surface est couverte de petits feuillets étoiles, du milieu desquels surgissent les mamelons. » Il parait que malgré la grande fréquence de ces plaques dans le vieux grès rouge de la Russie, les plaques entières sont cependant très-rares; au moins n'en ai-je pas encore vu, et à en juger d'après la manière dont en parle M. Eichwald, il parait qu'il n'en connaissait pas non plus alors la forme exacte. A défaut d'autres caractères, il faut donc s'en tenir aux orne- raens de la face extérieure et à la structure interne , si l'on veut déterminer ces débris in- complets. Ce qui constitue le caractère essentiel de ces plaques , ce sont des mamelons arrondis et marqués à leur base de rides ascendantes plus ou moins profondes , qui se montrent à la surface extérieure de ces plaques, tandis que la. face interne est lisse et d'un aspect fibreux, AG. OJLD RED. 42 — 90 — comme sont en général les os enchâssés dans la peau. Le plus souvent ces mamelons sont isolés, plus ou moins espacés, et séparés par des gouttières contournées. Mais cet isolement n'est pas un caractère d'espèce; car j'ai vu des plaques surmontées d'une carène ou d'une saillie , qui présentaient des différences notables de chaque côté de la carène : d'un côté les mamelons étaient parfaitement espacés et isolés ; de l'autre ils étaient confondus et formaient des saillies arrondies, continues et contournées en divers sens, ou arrangées d'une certaine manière. En revanche , la forme et la grandeur des mamelons m'ont fourni les moyens de distinguer plusieurs espèces d'Asterolépis. Les rides, à la base des mamelons , sont partout visibles, mais quelquefois tellement fines qu'on a de la peine à les découvrir. Elles ne mon- tent jamais à mi-côte des mamelons. Je ne comprends pas bien ce que signifient les petits feuillets étoiles de M. Eichwald, qui, d'après lui, recouvrent la surface, et entre lesquels sur- gissent les mamelons; quant à moi, j'ai trouvé les gouttières entre les mamelons parfaitement lisses ou parsemées de petites aspérités très-fines; mais il m'a été impossible d'y découvrir une structure feuilletée. .J'ai étudié la structure intime de ces plaques sur de fines coupes usées jusqu'à la transpa- rence , et je leur ai trouvé un caractère très-facile à saisir , qui servira , je l'espère , à les dis- tinguer des autres plaques osseuses de la famille des Célacanthes. Et d'abord, la substance os- seuse est parfaitement caractérisée par ses corpuscules, et disposée en couches horizontales. La face inférieure est ainsi formée de quelques feuillets superposés et traversés par de fines mailles. Plus haut, les vides de ces mailles deviennent beaucoup plus grands; ils sont su- perposés en lignes verticales , dans un ordre plus ou moins régulier , et séparés par des co- lonnes de substances plus compactes. En examinant la coupe de plus près , on voit que cha- cune de ces colonnes répond à un mamelon , et est entourée tout autour d'une substance plus criblée et moins compacte. J'ai fait représenter Tab. B, fig. k , une coupe d'une plaque de. VA. ornata , où cette disposition est des plus distinctes. On ne voit point de couche d'émail sur la surface des plaques ; la substance devient seulement plus compacte , et les colonnes surgissent au-dessus de la substance criblée environnanle. Il était impossible , d'après les données que je viens de résumer , de se faire une idée exacte de la forme et de la structure des poissons auxquels ont appartenu ces plaques. Tout ce qu'on pouvait dire, c'est que c'étaient des poissons cuirassés; mais on ne savait rien de leur ma- nière de vivre, ni du rang qu'ils devaient occuper dans l'échelle ichthyologique. Depuis, j'ai reçu, par les soins obligeans de M. Asmus, des moules en plâtre d'une quantité d'ossemens découverts dans le vieux grès rouge de la Russie, qui m'ont éclairé sur plusieurs points impor- tans. Cependant je ne savais d'abord que faire d'ossemens d'une si singulière conformation. Je ne pouvais les rapporter à aucun type connu , d'autant moins que les moules avaient été endommagés par le transport. Mais bientôt je découvris sur la face extérieure de quelques-unes de ces pièces, des ornemens qui avaient tous les caractères du genre Asterolépis ; et en com- parant ces moules avec les plaques que j'avais en ma possession, je découvris, à ma grande — 91 — satisfaction , que ces ornemens s'accordaient parfaitement avec les caractères des deux espèces d'AsteroIépis que j'ai appelées A. Jsinusii et ./. minor. Il est vrai que je n'ai pas encore pu réussir, malgré toutes les peines que je me suis données, à déterminer tous les ossemens dont je possède les moules ; cependant si l'on se rappelle que tous les anciens poissons ont la tête large et aplatie , et le système osseux peu développé , et que l'on compare ces moules à des os isolés de la Baudroie {Lophius piscatorius L.) , qui réunit ces deux conditions, quoi- qu'elle ne soit pas cuirassée , on ne pourra qu'être frappé des analogies qui existent entre ces deux types dans la forme et les facettes articulaires de plusieurs os. D'autres n'ont pas pu être déterminés, mais il en est deux dont je suis presque sûr; c'est le maxillaire supérieur et l'omoplate. Or comnje ces os sont du nombre de ceux qui sont le plus influencés par la forme de la tête, je n'hésite pas à affirmer que les Asterolépis avaient la tète large et apla- tie , et la gueule largement ouverte , comme les Baudroies ou les Silures ; ce qui s'accorde parfaitement avec le résultat de mes recherches sur les autres Célacanthes du vieux grès rouge. Leur grandeur était énorme; l'un des os maxillaires que j'ai sous les yeux, n'a pas moins de quatre-vingts centimètres de longueur. Que l'on juge dès-lors d'une gueule sou- tenue des deux côtés par des mâchoires ayant plus de deux pieds et demi de longueur. Les plaques des Asterolépis n'ont pas pu échapper aux observateurs. Lamarck, qui n'en avait qu'une connaissance très-imparfaite , les a décrits comme des espèces d'un genre parti- culier de polypiers auquel il avait donné le nom de Monticularia ('). M. Kutorga , de son côté, en fait des tortues {'), mais il ne s'est pas borné à les ranger parmi les tortues à cara- pace molle (TrionyxJ , et avec cette même assurance avec laquelle il a trouvé des os de mammifères et des dents de cochons dans le vieux grès rouge , il détermine la place que de- vaient occuper ces plaques dans la carapace de ces prétendus chéloniens; elles étaient placées, selon lui , sur le bord postérieur du côté droit ; d'autres étaient des extrémités sternales de côtes, des os coracoïdes et autres. M. Eichwald est, comme nous l'avons vu au commence- ment de ce chapitre , le premier qui ait reconnu la véritable nature de ces débris. On doit au zèle de M. Asmus, les os figurés ïab. 30 a, que je crois devoir attribuer aux Asterolépis , et beaucoup d'autres encore dont je parlerai plus tard. Je dois appeler ici l'attention des géologues sur un point qui n'est pas encore éclairci par les recherches des collecteurs. Les plaques d' Asterolépis abondent dans les mêmes couches où se trouvent les dents des Dendrodus et des Lamnodus, et la grandeur et la puissance de ces dents, que l'on n'a point encore trouvées réunies avec les autres parties solides du corps de ces pois- sons , s'accorderaient parfaitement avec l'idée que l'on doit se faire des Asterolépis , d'après les ossemens gigantesques que l'on a trouvés dans les couches de l'Old Red de Russie. Cepen- dant nous savons maintenant quelles étaient les dents des Bothriolépis, autre genre gigantes- (') Ce sont les Monticularia Cuvieri et Mollii, que M. Fischer de Waldheim rapporte à son genre Hydnophora. Voir Lamk. Anim. s. vertèbres. (-) Beitrâge zur Geognosie und Paléontologie Dorpats. — 92 — que de l'Old Red; et leurs plaques osseuses se rapprochent assez, par leur structure, de celles des Asterolépis , pour faire présumer que les dents de ces dernières avaient aussi une struc- ture analogue. Or les dents des Bothriolépis sont très-semblables à celles des Dendrodes , et il parait ainsi plus que probable qu'un jour, par la découverte d'une tête ou d'une mâ- choire entière, on prouvera que les genres Dendrodus et Asterolépis n'en forment qu'un seul. Cette découverte , si je ne me trompe , ne se fera pas attendre , car dans une lettre récente de mon ami, M. le comte de Keyserling, cet excellent zoologiste, en me parlant des trouvailles récentes faites en Russie, m'annonce aussi des mâchoires entières de Bothriolépis et d'Astero- lépis, qui seraient conservées dans les collections de St.-Pétersbourg. Reste à savoir si les dents que portent ces mâchoires sont identiques avec celles qui ont été décrites sous le nom de Dendrodus. Les matériaux que j'ai pu réunir jusqu'à présent sont si incomplets, qu'il m'a élé^ impossible de lever ces doutes. On peut voir en effet par les planches accompagnant les descriptions des espèces qui vont suivre, que je n'ai eu en général que de petits fragmens mutilés de la plupart de ces os , qui même n'étaient pas trop bien conservés quant aux orne- mens de la surface ; mais j'espère que les matériaux immenses que le vieux grès rouge de la Russie a fournis au zèle des savans de ce pays , ne seront pas perdus pour la science , et que mon travail sur ces genres si intéressans, quelque incomplet qu'il soit, excitera de plus en plus l'attention des géologues , en leur montrant combien nous ignorons encore de faits essen- tiels concernant l'histoire des premiers habitans de notre globe. I. Asterolépis Asmusii Agass. Old Red, Tab. 50, iig. I. Syn. Chelonichthys Asmusii Agass. Poiss. foss. Vol. I , pag. XXXIII. C'est de cette espèce que proviennent les plus grands des ossemens que je dois à l'obli- geance de M. Asmus; je n'en possède que quelques petits fragmens insignifians, dont le plus grand est figuré Tab. 30, fig. i . La granulation, d'ordinaire si bien accusée sur les plaques des autres espèces, a ici quelque chose d'effacé, comme si l'on avait cherché à égaliser la surface en usant les plaques. Les granules eux-mêmes sont déprimés, à peine relevés sur la surface, à peine accusés dans leurs contours, et quelquefois confondus en bourrelets irréguliers. Leur grandeur n'a rien de cons- tant ; on en trouve des mélanges de toutes les dimensions ; leur position est des plus irrégulières; il y a quelquefois des espaces assez considérables qui n'en ont point, tandis que sur d'autres points ils sont agglomérés en plus grand nombre. La surface de la plaque, entre les tuber- cules, n'est point lisse, mais finement granulée, comme sablée, de sorte que l'on croirait que la roche ne s'en est pas entièrement détachée, et qu'il reste encore de ses grains accolés — 93 — à la surface. L'épaisseur des plaques est considérable ; le morceau figuré a quatre lignes de hauteur; la surface inférieure est lisse, réticulée, comme celle d'un os plat ordinaire. Il m'est impossible de dire quelque chose sur la forme de ces pla({ues , n'en ayant jamais eu à ma disposition que des fragmens. Je dédie cette espèce à M. Asmus, dont les découvertes ont tant contribué à éclaircir l'his- toire naturelle des poissons de l'Old Red. Elle abonde en Russie; j'en ai également reçu par M. Robertson des fragmens provenant des environs d'Elgin. II. ASTEROLEPIS ORNATA EicllWald. Old Red, Tab. .50, fig.2-9. Les granules de celte espèce, qui paraît une des plus communes dans les couches de Russie, se distinguent au premier coup d'œil par leur forme plus ou moins ovalaire, mais qui ne va jamais jusqu'à montrer un rond parfait. Les tubercules eux-mêmes sont saillans, relevés, nettement accusés, et beaucoup plus rapprochés que dans l'espèce précédente. Ils sont lisses, et n'ont jamais cet aspect usé comme ceux de V/1. Asmmii. Ils sont placés le plus souvent en ligne ou séries régulières , parallèles au bord de la plaque , souvent aussi ils se confondent en carènes plus ou moins continues , qui présentent alors une quille tranchante et une base plus large. La surface des plaques, entre les tubercules, est entièrement lisse, sans la moindre trace de granulation en forme de chagrin. Les tubercules atteignent la grandeur d'une grosse tête d'épingle; ils sont toujours assez égaux entre eux, et jamais on n'en voit de mélangés de différentes grandeurs. C'est de cette espèce que j'ai pris les fines tranches pour l'étude microscopique , d'après lesquelles est fait le dessin de Tab. B, fig. k. La plaque fig. S et 6 pourrait bien avoir appartenu à une articulation quelconque ; elle est entière, bombée d'un côté, ayant un des bords en quille arrondie, et montrant en dessous une excavation arrondie et polie, qui pourrait bien avoir servi de cavité glénoïdale. III. AsTEROLEPIS SPECIOSA AgaSS. Old Red, Tab. 30, fig. 10. Je ne connais de cette espèce que l'échantillon fort endommagé que j'ai figuré. Les tuber- cules tiennent le milieu entre ceux des espèces précédentes; ils sont isolés, déprimés, serrés les uns contre les autres , complètement ronds et disposés sans ordre apparent. Mais ce qui distingue surtout cette espèce , c'est qu'on remarque à la base des tubercules un bourrelet limité par un sillon circulaire , de manière que ces tubercules ressemblent beaucoup à ceux — 9k — sur lesquels les piquans de certains oursins sont articulés. La surface entre les tubercules est lisse. L'original de ma figure m'a été communiqué par M. le baron de Lôwenstern , il provient de Russie. IV. ASTEROLEPIS MINOR AgaSS. Oid Red, Tab. 50. fig. il et Ha . SvN. Chelonichthijs miiior Ayass. Poiss. foss. , Vol. I, pag. xxxin. Les tubercules de cette espèce sont beaucoup plus petits que ceux des précédentes. Mais ce qui les distingue du genre Psammosteus , qui a aussi de petits granules très-rapprochés , c'est quici les granules sont perforés au sommet (fig. H a) pour donner passage aux vaisseaux sanguins, et que d'un autre côté les granules sont plus épars et plus distincts. Ils sont globulaires ou même déprimés ; la surface entre les granules est lisse. C'est de cette espèce que proviennent plusieurs des ossemens dont M. Asmus m'a comnm- niqué les moules. Elle a été observée en Russie, à Riga, et en Ecosse dans les environs d'Elgin. V. AsTEROLEPIS GRANULATA AgaSS. Old Red, Tab. 30, fig. 12 et 12 o. Ce petit fragment d'une plaque épaisse de deux lignes me paraît constituer le tvpe d'une espèce particulière d"Asterolépis. Les granules sont fort petits, comme dans l'espèce précé- dente, mais plus distans; et ce qui les distingue au premier coup d'œil , c'est qu'au lieu d'être globulaires, ils sont coniques, pointus, quoique perforés au sommet. Du reste la sur- face de la plaque entre les granules n'est pas lisse, comme dans VJ. minor, mais plutôt comme couverte d'un sable très-fin , de la même manière que dans V/t. AsmusL L'original de ma figure provient de Riga ; il m"a été communiqué par IVI. Murchison. Des ossemens d'Asterolépis. .l'ai fait figurer, Tab. .50 a, la plupart des plâtres qui m'ont été envoyés par l'entremise de M. Murchison, et dont les originaux se trouvent dans la collection de M. Asmus. Tous les dessins ont été réduits au quart de la grandeur naturelle. Je me suis donné beaucoup de peine pour rassembler tous les matériaux que je possédais en fait d'ossemens isolés de pois- sons vivans, afin de pouvoir déterminer, sinon d'une manière définitive, du moins approxi- mativement , la place que devaient occuper ces ossemens fossiles dans la tête des Asterolépis ; — 95 — mais je l'avoue, je n'ai pas encore pu parvenir à un résultat satisfaisant, tant la forme de ces ossemens est dispftralc et peu en rapport avec les formes que montrent les os des pois- sons actuels. L'une des pièces les plus curieuses et qui paraît se trouver assez souvent , puisque j'en ai reçu cinq plâtres de différente grandeur, est celle qui est représentée dans les lig. 18 et 19. C'est un os sensiblement arqué , cylindrique, se rétrécissant vers l'un des bouts où il est en même temps aplati et orné à l'extérieur d'une rainure assez prononcée. En avant l'os s'élargit considérablement, comme si l'on avait posé une écaille mince et lisse sur le cylindre qui est ici orné des tubercules caractéristiques des plaques d'Asterolépis. La partie supérieure de cet élargissement squannniforme est lisse et servait certainement comme surface articulaire de glissement. Au-devant de cet élargissement se trouve un gros bouton arrondi et saillant . qui évidemment était une tête glénoïdale ; ce bouton est acconqjagné au-dessous d'une excavation creusée sur le cylindre de l'os lui-même et qui présente tous les caractères d'une surface ar- ticulaire. Il est évident que l'os entier était enchâssé avec son extrémité antérieure dans une articulation fermée, au-dessus de laquelle glissait encore une autre pièce qui servait d'appui à l'articulation. Ces conditions ne sont réalisées sur toute la tête des poissons que dans le maxil- laire supérieur qui dans la plupart des cas est enchâssé entre le palatin et l'intermaxillaire ; ce dernier glisse alors souvent , conjointement avec le sous-orbitaire , sur la face extérieure du maxillaire supérieur. En examinant les maxillaires supérieurs du Lophius piscatorius ou de V Uranoscopus scaber, on trouve en effet des articulations analogues à celles que je viens de signaler dans les os des Asterolépis. Je prends donc ces pièces pour des maxillaires supérieurs, et en effet, un maxillaire de trois pieds de longueur ne parait pas être en désaccord avec une gueule armée de dents de deux et jusqu'à trois pouces de longueur. Tous les moules que j"ai reçus de cet os n'appartiennent pas à la même espèce. Dans la plus grande (fig. 19) la fêle glénoïdale est large , présentant une forme presque rhomboïdale. L'os lui-même est beaucoup plus arqué que dans un os de la même grandeur qui a le bouton plus arrondi. Dans l'espèce plus petite (fig. \S) l'os est plus droit et la partie squammiforme plus développée. Il faudrait encore des renseignemens plus complets, pour savoir si un autre fragment dans lequel la tète glénoïdale est allongée et toute verticale, et le bord antérieur de l'élargissement squamniiforme reculé en arrière , si ce fragment , dis-je, n'appartient pas à une quatrième espèce. Une pièce fort remarquable est celle dessinée des deux faces ( fig. 1 5 et 1 6 ) . Cette pièce, plate et élargie en bas , se continue en haut en une espèce de crochet arrondi sur la face intérieure duquel se trouve une cavité glénoïdale très-profonde. Je n'ai trouvé jusqu'à présent d'autre analogue de cette conformation des faces articulaires que l'os supra-scapulaire de plusieurs pois- sons et notamment de la Baudroie (Lophius). C'est en effet cet os qui chez plusieurs poissons présente une cavité glénoïdale , par laquelle il s'articule sur l'apophyse pariétale de l'occiput, tandis que chez la plupart il se meut seulement en glissant sur les surfaces lisses de cette apo- physe. La forme différente du crochet qui est allongé et considérablement recourbé sur l'un — 96 — des plâtres , ainsi que la forme différente de la cavité glénoïdale qui dans l'un est arrondie , tandis que chez l'autre elle est ovalaire , fait présumer l'existence de deux espèces différentes, au moins. Quant aux autres ossemens qui se trouvent figurés sur la même planche , il y en a plusieurs tels que fig. 2 , 7, 8 , 13 , H et 17, qui évidemment étaient des pièces appartenant au sque- lette extérieur ou dermoïdal ; ce sont de larges plaques montrant à l'extérieur les tubercules caractéristiques des Asterolépis , tandis quà la face interne des creux de forme différente, des arêtes longitudinales ou transversales , des saillies plus ou moins ridées , servaient de point dappui aux attaches musculaires et tendineuses qui réunissaient ces pièces au squelette. H se pourrait très-bien que fig. 7 par exemple, ainsi que fig. 8 et 13 eussent été des pièces oper- culaires. Je ne saurais en revanche que faire des ossemens figurés fig. 1 , 3 et i, 5, 6, 9 et 10, i 1 et 1 2 ; peut-être que les premières appartenaient à l'appareil pharyngien ou hyoïdal et que les dernières faisaient partie des nombreux démembremens du temporal, dont les formes chan- gent d'une manière si étonnante chez les différentes espèces de poissons. En résumé , l'impression qui reste de la vue de ces ossemens gigantesques , c'est quils doi- vent avoir appartenu à des poissons à tète large et aplatie dont toutes les faces étaient cuirassées de pièces osseuses , engrenées entre elles et présentant les formes les plus bizarres et les plus variées. Je regrette de n'avoir eu à ma disposition des ossemens isolés de Siluroïdes cuirassés ou bien de Goniodontes , tels que des Acanthicus , des Loricaria , des Doras ou d'autres de leurs congénères. C'est dans cette famille des Goniodontes et des Siluroïdes cuirassés , que Ion doit trouver les formes qui se rapprochent le plus de celles que nous venons d'étudier. — 97 CHAPITRE IX. DU GENRE BOTHRIOLEPIS Eicnw. (GLYPTOSTEUS Agass.; La synonymie de ce genre a été occasionnée par les mêmes circonstances qui ont amené celle du genre Asterolépis. Je ne reviendrai donc plus sur ce que j'ai dit au sujet de ce dernier genre. Voici comment M. Eichwald caractérise son nouveau genre ('). «Les plaques duô. ornatus, que l'on trouve avec les écailles de V Holoptychius nobUissimus, sont allongées, élargies vers les côtés et plus étroites vers les extrémités ; elles ont une carène élevée au milieu, comme les plaques de l'Esturgeon, et formaient probablement comme celles-ci des rangées régulières le long du corps ; d'autres n'ont pas cette carène , mais elles s'abaissent fortement vers les bords , tandis qu'elles sont relevées en bosses arrondies au milieu. Leur surface est ornée d'impressions profondes et non de sillons convergens, comme les écailles des Holoptychius. Il leur manque aussi le bord aplati de ces dernières , d'où il résulte qu'elles n'étaient pas imbriquées de manière à recouvrir tout le corps ; probablement qu'entre les rangées longitudinales se trouvait une peau chagrinée ou peut-être de petites écailles d'un bleu foncé , finement striées dans le sens lon- gitudinal et aplaties au bord. On trouve quelquefois de ces petites écailles associées avec les grandes plaques et avec des fragmens de côtes ; elles ont environ une ligne d'épaisseur, sont fortement courbées et ont un canal au milieu. Les dents sont beaucoup plus rondes que celles de l'Holoptychius , mais creuses au milieu et finement rayées comme ces dernières ; elles sont un peu courbées vers la pointe qui est lisse et épaisse. Leur structure est celluleuse. » Le caractère essentiel des Bolhriolépis réside effectivement dans les ornemens de la surface des plaques. Ce sont des enfoncemens , formant tantôt des fosses diversement contournées , tantôt des creux isolés, et séparés par des carènes plus ou moins arrondies. Je ne saurais mieux comparer ces ornemens qu'à ces sillons tortueux que l'eau creuse sur les bords des lacs et de la mer. A certains égards , ces ornemens ressemblent aussi à des moules en plaques d' Astero- lépis , où les creux seraient remplacés par des élévations et vice versa. On remarque en géné- ral au milieu des enfoncemens un ou plusieurs trous , par lesquels les vaisseaux nutritifs mon- taient sans doute à la surface de la plaque , pour entrer dans la peau qui recouvrait cette dernière. Ces trous se présentent sur les moules des plaques sous la forme de petits boutons en relief. (') Leonhard uncl Bronn, Neiies Jalirbucli , etc. 1840, page 621. AG. OLD RED 13 — 98 — Mais la structure de ces plaques est très-différente de celle des Asterolépis. 11 y a d'abord une couche de substance solide , percée seulement par-ci et par-là de canaux qui montent dans l'intérieur de la plaque pour s'y ramifier en réseaux très-fins et très-compliqués. La couche supérieure est de nouveau formée par une substance ferme et homogène disposée en couches horizontales, un véritable émail, qui à lui seul forme les ornemens de la surface (Tab. B, fig. 7). Au moyen de forts grossissemens , on découvre partout dans cette substance de véritables cor- puscules osseux. J'ai été assez heureux pour découvrir dans une pièce sur laquelle se trouvaient des plaques et des os épars du B. favosa, les dents de deux mâchoires correspondantes, encore implantées sur les os. Ce n'est qu'avec beaucoup de patience que j'ai réussi à enlever toute la masse pier- reuse dans laquelle les os et les dents étaient empâtés. Voici les résultats de mes recherches sur la dentition de ce genre. Les dents incisives principales sont grosses, coniques, faiblement re- courbées en arrière et un peu comprimées latéralement. Leur hauteur égale à-peu-près le double de leur largeur. Leur base est striée longitudinalement jusqu'à la mi-hauteur de la deut , et la racine fait corps avec l'os de la mâchoire au moyen des gros plis dont la base est garnie. La structure de ces dents se rapproche beaucoup de celle des Holoptychius. La pointe est for- mée par une dentine solide , n'ayant qu'une seule cavité médullaire , qui se ramifie latérale- ment en descendant vers la base. C'est autour de ces ramifications que la dentine est plissée, et de ces plis résultent les stries que l'on voit à la surface de la dent. Les dents incisives sont peu nombreuses et fort espacées ; j'en compte trois à distance égale qui diminuent d'avant en arrière dans la mâchoire inférieure, et plus en arrière encore deux ou trois plus petites. La mâchoire supérieure a les incisives plus serrées ; il y en a six qui se touchent , et dont les deux antérieures sont les plus considérables. Une quantité d'aspérités émaillées , provenant de la couche d'émail qui couvre les os; occupe le pourtour de la bouche. Ces aspérités qui forment de véritables petites dents en brosse , sont en rangées nuiltiples sur tous les bords des mâ- choires, et en les examinant au microscope on y aperçoit facilement la petite cavité médul- laire , entourée d'une forte couche d'émail. On voit par cette description que les Bothriolépis étaient , comme probablement aussi les Asterolépis et leurs congénères , de grands poissons carnassiers , qui , par leur dentition , se rapprochaient beaucoup des Holoptychius et des autres Célacanthes. C'est pourquoi je les range provisoirement dans le voisinage de ces derniers , en attendant que des exemplaires plus par- faits nous permettent de compléter nos connaissances sur ces singuliers poissons. — 99 — I. BOTHRIOLEPIS ORNAT A EicIlW. Old Red , Tab. B, fig. 7 et Tab. 29. Syn. Glyptosteus reticulatus Agass. Poiss. foss. , Vol. I, pag. xxxiv. Les plaques de cette espèce sont très-nombreuses en Ecosse comme en Russie. J'en ai vu de Clashbennie, d'Elgin et de Printschka. Elles sont longues de trois à six pouces, oblon- gues , ayant souvent une carène longitudinale , dont les deux côtés déclinent comme un toit ; souvent aussi elles sont entièrement plates ou arrondies en coupole. La carène longitudinale parait ne se trouver que sur les plaques qui garnissaient un bord du corps ou de la tête, faisant saillie au-dessus des autres. Les plaques ont quelquefois jusqu'à trois lignes d'épaisseur ; on y voit sur des coupes, même à l'œil nu, un fin pointillage provenant des ouvertures coupées des canaux médullaires. Les ornemens de cette espèce consistent en petits enfoncemens circulaires placés les uns à côté des autres et séparés par des carènes qui, par leur juxta-position, paraissent hexagonales, à-peu-près comme les vitraux ronds des anciennes fenêtres, avec l'entourage en plomb qui les réunit. Les creux ont à-peu-près la grandeur d'une bonne tête d'épingle, et ils sont placés en séries linéaires plus ou moins régulières, formant des lignes ondulées sur la surface de l'écaillé. Pour la plupart , ces creux sont isolés les uns des autres , quelquefois aussi plusieurs se con- fondent en formant un sillon plus ou moins long. Les carènes intermédiaires sont tranchantes et minces, mais elles se maintiennent au même niveau ; Tonne pourrait donner une meilleure image de cette sculpture des plaques , qu'en enfonçant des épingles , la tête la première , sur du gyps encore frais , car il en résulterait le même dessin. En examinant ces plaques à la loupe , on voit au fond de chaque cellule osseuse un petit trou central (fig. 2 «) , qui mène dans un canal médullaire de l'intérieur de l'écaillé. Evidem- ment ces trous étaient destinés à donner passage aux fins vaisseaux sanguins qui montaient à travers l'écaillé pour se ramifier dans l'épiderme qui couvrait la plaque. Les fig. 1 et 2 de la planche 29 sont des plaques , les trois autres des moules , qui natu- rellement présentent en relief ce que les plaques véritables ont en creux. Au lieu de creux , on trouve sur ces moules de petits mamelons en séries régulières , séparés par de petites rigoles et couronnés chacun par un petit nœud saillant au sommet du mamelon. Ce petit nœud corres- pond au trou vasculaire central du creux de la plaque , et c'est par là qu'on dislingue aisément les moules des Bothriolépis des plaques d'Asterolépis. En effet , les Aslerolépis ont aussi des mamelons serrés , mais au lieu d'un nceud saillant , on trouve un trou au sommet du mame- lon , par lequel passait le vaisseau sanguin. Les originaux de mes figures m'ont été communiqués par M. Robertson , et proviennent d'Elgin. — iOO — On ne connaît pas encore les autres parties solides du B. ornata. M. Eichwald dit que les dents sont coniques , pointues au sommet , ridées à la base , et par conséquent fort semblables aux dents de l'espèce suivante. Les plaques se trouvent en quantité énorme en Russie, et il n'y a pas de doute que le zèle des savans de ce pays éclaircira sous peu les incertitudes qui exis- tent encore à l'égard de cette espèce. II. BOTHRIOLEPIS FAVOSA AgaSS. Old Red, Tab. 27, fig. 7. Tab. 28, fig. 12 et 13. SyN. Glyptosteus farosus Ag. Poiss. foSS. Vol. (, pag. XXXIV. Une grande dalle de vieux grès rouge, que contenait un envoi de M. Murchison , montrait sur l'un des bords un os allongé , cylindrique , couvert d'un émail épais , dont les caractères me parurent assez tranchés pour en faire une espèce particulière de Bothriolépis. Il n'y a pas de ces excavations isolées et globiformes , comme dans le B. ornata , mais toute la surface est iinement pointillée comme une incrustation ou comme ces écailles cutanées , que l'on voit dans certaines maladies éruptives de la peau. Examinée à la loupe (fig. 13), cette incrus- tation montre des collicules tantôt isolés tantôt confluens sous divers angles, mais à dos arrondi et très-peu élevés , sur une surface finement pointillée , dans laquelle on remarque par-ci et par-là de petits trous , semblables à ceux qui se trouvent dans le fond des excavations isolées du B. ornata. La ditïérence de cette espèce consiste donc en ceci , que les excavations sont réunies sous forme de petites rigoles qui serpentent autour de petites carènes de séparations isolées et à dos arrondi. La forme allongée et cylindrique de l'os que je venais d'examiner, et les traces de plaques osseuses qui étaient visibles en quelques endroits , m'avaient fait penser que j'avais devant moi une mâchoire inférieure avec quelques restes de la têle qu'il fallait mettre à nu. Mes prévi- sions se réalisèrent au-delà de toute attente ; chaque coup de marteau découvrit soit une dent soit une plaque , et après un travail- assez long je réussis à mettre cet échantillon dans l'état dans lequel il est figuré Tab. 27 et 28. La mâchoire inférieure quoique brisée en avant , a néanmoins encore un pied de long. Elle est cylindrique , diminuant peu en avant , s'élargissant insensiblement en arrière ; courbée vers le bout antérieur du museau, elle est tout-à-fait droite en arrière , ce qui semble indiquer une gueule longuement fendue et une tête plus longue que large. Le bord inférieur de la mâ- choire est à angle vif; le bord supérieur large, de sorte qu'une coupe verticale de l'os pré- senterait un triangle dont la base serait tournée en haut et le sommet en bas. Sur le bord supérieur et externe de la mâchoire s'élève une grande quantité de petites dents coniques , très-courtes et serrées, qui sont rangées en séries multiples, de sorte qu'on dirait, s'il n'y ava,it — iOl — que ces petites dents , que les mâchoires étaient armées de petites dents en brosse. Mais au milieu de ces aspérités dentiformes et environnées d'elles , s'élèvent plusieurs grandes dents incisives, coniques, à base plissée , qui sont profondément enchâssées dans le sillon large et profond qui règne tout le long du bord supérieur de la mâchoire. Ces dents sont au nombre de sept dans la mâchoire figurée , mais le bout antérieur étant perdu , je ne doute pas qu'il y en avait huit à neuf dans chaque mâchoire inférieure. La grandeur de ces dents di- minue d'avant en arrière , la première , dont le sommet était cassé , pourrait avoir un demi pouce d'élévation au-dessus du bord dentelé de la mâchoire , la dernière le dépasse à peine. Les premières sont espacées à distances presque égales , il y a un pouce de l'une à l'autre ; les quatre dernières sont assez rapprochées pour qu'on puisse croire que leurs racines se touchent au fond du sillon maxillaire. Mais outre la mâchoire inférieure gauche , cette précieuse plaque contenait encore la mâ- choire supérieure du même côté , que je réussis aussi à mettre entièrement à découvert. Celle- ci est beaucoup moins longue , cassée en avant , arrondie à son extrémité postérieure , qui parait avoir été libre , et armée seulement de grandes dents incisives , sans trace des petites aspérités dentiformes. Ces dents ne sont pas non plus espacées, et la lacune que l'on remarque dans la rangée de Tab. 27, fig. 7, tient plutôt, à mon avis , à ce que sur ce point les dents étaient justement en travail de remplacement , qu'à un caractère distinctif de l'espèce. La pre- mière de ces dents est la plus grande ; elle est faiblement recourbée en arrfère comme un crochet; il en est de même de la seconde, qui est plus petite. Vient ensuite la place vide où il y aurait exactement place pour une dent , et enfin la plus petite de toutes ces grandes dents , derrière laquelle se rangent encore trois dents coniques, très-acérées et droites, dont la gran- deur va toujours en augmentant , ensorte que la dernière ne le cède pas à la seconde de la série entière. Il y a en tout six dents dans cette mâchoire supérieure. La structure de toutes ces dents est la même dans les deux mâchoires. Elles sont plissées depuis la base jusqu'à mi-hauteur ; les plis sont réguliers , grossiers , et se perdent insensible- ment vers le sommet qui finit en pointe lisse et acérée. A l'intérieur on reconnaît une cavité médullaire ramifiée, qui envoie des branches tortueuses dans tous les plis, et qui en tous points se comporte comme dans les Holoptychius. Ces dents sont excessivement cassantes , de sorte que je n'ai pas pu en faire des tranches microscopiques entières que l'on eût pu dessiner ; ce que j'ai vu sur des petites esquilles, c'est que ces ramifications n'émettent que peu de tubes cal- cifères et que la dentine est très-épaisse et forte. Outre les mâchoires, le même bloc contient encore plusieurs plaques émaillées, dont celles de la face supérieure , qui couvraient probablement les joues , sont plus ou moins brisées , tan- dis que sur la face inférieure que je n'ai pas fait figurer, on voit l'empreinte d'une plaque en- tière qui était probablement la plaque brancliioslègue. Celte plaque est allongée , triangu- laire , ayant une carène longitudinale peu marquée , qui est plus rapprochée du bord interne. Les quatre plaques des joues (Tab. 27, fig. 7), sont presque carrées, à angles arrondis; leur — 102 — face inférieure montre des stries rayonnantes depuis le centre , comme on en voit si souvent dans les os plats et fibreux. L'émail de la face supérieure est le même que sur la mâchoire. Il est injpossible de se faire une idée précise même de la tête de ce poisson , d'après des données aussi incomplètes. Espérons que les découvertes faites nouvellement en Russie , et les publications de M. Pander, que le monde scientifique attend avec une vive impatience, nous donneront des renseignemens plus complets sur ces redoutables poissons du vieux grès rouge, dont reooi'ffent les couches de la Russie. 103 CHAPITRE X. DU GENRE PSAMMOSTEUS Agass. Les plaques de ce singulier genre sont assez communes dans l'Old Red de Russie. Elles sont larges, bombées, lisses à l'intérieur, et ornées à la surface externe de granulations fines et serrées , qui vues à la loupe , montrent des rides rayonnantes à la base , comme les njame- lons des Asterolépis. Mais ce qui distingue surtout les Psammosteus, c'est la iinesse de cette granulation, qui la t'ait ressembler à du chagrin. Les granules sont très-serrés , et tantôt dis- posés en lignes ondulées , tantôt sans ordre apparent. Quelquefois aussi les granulations s'a- lignent et se confondent, pour former de petites carènes longitudinales et dentelées des deux côtés. Les plaques paraissent avoir été d'une grandeur considérable; mais n'en ayant pas en- core vu d'entières, je ne puis dire au juste quelles étaient leur forme et leurs dimensions. La structure des plaques est très-différente de celle des Asterolépis, avec lesquelles elles ont du reste beaucoup de ressemblance. Une multitude de canaux médullaires contournés et tordus forment des réseaux très-compliqués , mais fort élégans , entre lesquels est déposée une masse dure et homogène , qui parait plus voisine de la dentine que de l'os. Les canaux deviennent de plus en plus étroits vers la surface de la plaque , où ils finissent par laisser entre eux de petits ilôts de substance solide , qui sont précisément les granulations de la surface. N'ayant eu d'abord qu'un petit nombre de ces plaques à ma disposition, j'en avais fait deux genres, dont l'un, que j'appelais Placosteus, avait pour caractère distinctif des plaques unies à la surface, tandis que l'autre, auquel je donnais le nom de Psammolepis , se distin- guait par des écailles visibles à la surface des plaques. Des recherches ultérieures, et sur- tout des recherches microscopiques faites sur des coupes prises dans tous les sens, m'ont prouvé depuis que ces deux genres n'en forment en réalité qu'un seul. Je me suis convaincu en effet que les dessins d'écaillés qui distinguent réellement la face supérieure des Psammo- lépis (aujourd'hui mon Psammosteus paradoxus) ne sont que des empreintes superficielles, et que la plaque ne présente point du tout un assemblage d'écaillés soudées, comme je l'avais d'abord supposé. H y a d'ailleurs des plaques où ces dessins s'effacent presque entièrement, de manière qu'elles ressemblent à s'y méprendre à des plaques de Placosteus. Depuis que j"ai vu ces passages entre les deux genres, le dessin écaillé d'une partie des plaques ne pouvait — i04 — plus être pour moi une raison suffisante de les séparer génériquement des autres. J'ai préféré en conséquence créer un nom nouveau pour le genre réuni , qui rappelle les deux anciens genres dont il se compose. I. PsAMMOSTEUS MAEANDRINUS AgaSS. Old Red, Tab. 27, fig. Set 6. Syn. Placosteus mœandriniis Agass. Poiss. foss. , Vol. I, pag. XXXIII. En examinant les plaques de cette espèce, on y aperçoit des lignes parallèles, serrées, droites, quelquefois dichotoniisées , qui les parcourent dans le sens de la longueur. Ces lignes ont quelque chose d'irrégulier , de brisé ; elles ne sont point franchement accusées , ni à bord nettement saillant. En les examinant à la loupe (fig. 6), on voit que cet aspect provient de ce que les carènes peu relevées, qui parcourent la surface, ont partout sur les bords des inci- sions ou des découpures qui les font paraître comme des barbes de plumes, n'ayant souvent qu'un bord dentelé ou plutôt comme des gros intestins, où les fibres musculaires produisent des impressions successives semblables. Quelquefois on aperçoit des granules isolés , entourés de rides rayonnantes , et on comprend alors que ces carènes ne sont que des mamelons con- fondus dans le sens de la longueur et où les rides sont restées comme des dentelures sur les bords. La seule plaque que je connaisse de cette espèce provient de Ladoga , et m'a été communi- quée par M. Murchison. II. PSAMMOSTEUS PARADOXUS AgasS. Old Red, Tab. B, fig. S et 6, Tab. 27, fig. 2-?i. SVN. Psammolepis paradoxus Agass. Poiss. foss. , Vol. I, pag. XXXIV. De petits mamelons arrondis, serrés les uns contre les autres, forment un chagrin uni- forme sur toute la surface des plaques. Ces mamelons sont entourés à la base de très-petites rides , disposées en étoiles et seulement visibles à la loupe (fig. 3 et ^i) . Sur les plaques les mieux caractérisées (fig. 2), on voit des impressions imitant parfaitement des contours d'écaillés semblables à celles des poissons à écailles épaisses et cependant imbriquées, tels que les Balisles. Ces écailles présentent un dos arrondi , relevé en carène , des bords déclives, des contours parfaitement nets et si bien arrêtés, qu'on dirait que la base de chacune d'elles est couverte par les extrémités postérieures des deux précédentes , de sorte que le tout formerait des lignes obliques. D'autres plaques montrent ce dessin en écailles beaucoup moins accusé; il n'y a plus de démarcations profondes simulant l'imbrication , mais seulement de légères — 105 — impressions ondulées , qui, en se rencontrant, circonscrivent des losanges plus ou moins régu- liers (fig. 2); enfin le cas n'est pas rare où le dessin dont nous parlons, qui est quelquefois très-net sur un point , s'oblitère et finit par s'effacer complètement sur un autre point de la même plaque. Des coupes transversales, Tab. B, fig. 5 et 6, m'ont appris qu'en effet ces plaques sont d'une seule masse, sans solution de continuité et sans aucune ligne de démarcation à l'intérieur, comme devraient être des plaques composées d'écaillés imbriquées et soudées ensemble. C'est partout le même tissu dentaire traversé par de nombreux canaux médullaires s'anastomosant entre eux. Il est facile ainsi de démontrer, en coupant une de ces plaques en deux, ou en usant et limant ses bords, que le dessin en forme d'écaillés de la surface n'est dû qu'à des im- pressions superficielles plus ou moins profondes- La face interne des plaques est entièrement lisse. Je n'ai pas encore vu des plaques entières de cette espèce. Les originaux de mes figures proviennent de Riga, où ils ont été découverts par M. le D"^ Pander. La fig. 2 représente un compartiment en forme d'écaillé de l'échantillon de fig. 3, forte- ment grossi. IlL PSAMMOSTEUS ARENATUS AgaSS. OIdRed, Tab. 31, fig. 7-10. Syn. Placosteus arenatus Agass. Poiss. foss. Vol. I, pag. XXXIII. Le chagrin qui se voit sur les plaques de cette espèce ressemble fort à celui de la précédente. Les granules principaux ou mamelons sont cependant un peu plus gros et plus distincts à l'œil nu , quoique tout aussi serrés les uns contre les autres , et pourvus des mêmes lignes étoilées à leur base. Quoique dispersés uniformément sur toute la surface de la plaque, ils n'en forment pas moins des séries régulières, disposées en quinconce (fig. 9). Chaque mame- lon est isolé des autres et entouré d'une guirlande de crénelures très-régulières (fig. 9 et 10 a). Il est rare que deux mamelons se confondent. J'ai représenté deux fragments de ces plaques. L'un (fig. 7 et 8) a le bord renflé et arrondi; c'est sans doute une portion du bord de la plaque primitive, qui, dans ce cas, a dû être énorme, à en juger par la forme du pourtour. Les deux faces de ce fragment sont exactement sem- blables. Dans toutes les deux, les tubercules augmentent de grosseur vers le bord. La fig. 10 représente une plaque plus mince; les mamelons y sont plus petits; mais comme ils présentent la même structure sous la loupe , je n'ai pas hésité à la rapporter à la même espèce. Ces deux fragmens proviennent de l'Old Red des environs de Riga , où ils ont été trouvés par M. le D' Pander. AG. OLD RED 14 — i06 — IV. PSAMMOSTEUS UNDULATUS AgaSS. OIdRed, Tab. 31,fig. Il et 12. SyN. Placosteus nndalatus A{;aSS. Poiss. foSS. Vol. I, pag. XXXUl. A l'œil nu , les plaques de cette espèce ont le même aspect que celles du P. arenatus ; c'est à peine si l'on aperçoit quelque variation dans la disposition des lignes ; mais quand on les examine à la loupe, on trouve une différence de structure notable. Les aspérités n'ont plus la même régularité , et si elles montrent encore une disposition sériale , les séries sont au moins très-irrégulières. Les mamelons eux-mêmes sont aussi bien plus irréguliers ; non-seulement ils ne sont pas entourés d'une guirlande de dentelures, mais ils sont en outre très-hétéro- gènes; il y en a qui sont circulaires, d'autres alongés, rhomboïdaux ou irrégulièrement an- guleux (fig. iia). Cette espèce se trouve, avec la précédente, dans l'Old Red des environs de Riga. — i07 — ADDITIONS A LA FAMILLE DES CÉL ACANTHES. Au moment de mettre sous presse la fin du chapitre précédent, M. Vogt me communique quelques observations qu'il a faites sur un poisson vivant encore peu connu , dans lequel il a découvert un représentant actuel de la famille des Célacanthes. Ces observations que je m'em- presse de reproduire ici compléteront ce que j'ai dit pages 59 et suivantes de la famille des Célacanthes en général. Etudiant comparativement l'ostéologie de la tête des poissons, M. Vogt fut frappé des analogies que présentent la tète de VArapeima giyas MûlI. (Sudis gigas Cuv.) avec le Lépi- dostée et le Polyptère d'un côté et les Célacanthes fossiles de l'Old Red de l'autre. Sans me douter de ces affinités , j'avais déjà donné une description très-détaillée de l'ostéologie de ce poisson, dans mon histoire naturelle des poissons du Brésil. Je puis par conséquent em- prunter aux planches de cet ouvrage les Cgures de ma Tab, F, qui serviront à l'intelligence des remarques suivantes. La tête de l'Arapaïma forme une boîte fermée de toutes parts , dont les faces extérieures sont sculptées et émaillées , comme celles des Holoptychius. La tête est large et aplatie; les sous-orbitaires sont énormes ; ils sont articulés sur le bord externe de la face supérieure du crâne, et forment plusieurs plaques allongées et soudées ensemble, qui s'étendent en arrière jusque vers le préopercule. Les plaques sous-orbitaires ont dans leur forme une grande ana- logie avec les plaques des Bothriolépis , que nous avons décrites dans les pages précédentes. L'émail forme des rides et des plis rayonnans dans le sens de l'accroissement des os de la tête. La gueule est largement fendue. Les maxillaires supérieurs et inférieurs sont garnis d'une simple rangée de dents en crochets aplatis latéralement. Les dents présentent une simple ca- vité médulaire à l'intérieur, et ne montrent point ces plis qui sont caractéristiques pour les Célacanthes des terrains anciens. Cette structure des dents ne saurait cependant être invoquée comme un argument contre la position que nous assignons au genre Arapaïma , puisque nous avons dans la famille si voisine des Sauroïdes, des genres qui, comme le Polyptère, sont aussi dépourvus de dents plissées. Tous les autres os qui prennent part à la formation de la cavité buccale, tels que le vomer, le palatin , les ptérygoides et même le sphénoïde principal, — i08 — sont hérissés de petites dents alongées et arrondies au sommet, qui sont serrées comme les aspérités d'une lime. Ce qui caractérise surtout l'Arapaïma , comme représentant actuel de la famille des Céla- canthes, ce sont les écailles, qui sont très-grandes, arrondies et imbriquées, comme celles des poissons ordinaires. Tous les auteurs qui ont parlé de ce poisson , s'accordent à dire que ses écailles sont de véritable substance osseuse. La moitié antérieure, qui est recouverte par l'écaillé précédente, est lisse, tandis que la moitié postérieure est recouverte d'une couche émaillée , qui forme un réseau de carènes saillantes, entre lesquelles se trouvent des creux plus ou moins profonds (Tab. F, fig. 3 et 4). Certes si l'on trouvait ces écailles fossiles, on les rangerait sans hésitation à côté des écailles des Holoptychius. Il n'y a donc pas de doute que l'Arapaïma, d'après la structure de la tête et de ses écailles, doive être rangé dans la famille des Célacanthes. La position des nageoires confirme encore cette manière de voir; la dorsale est très-reculée, longue, mais peu haute et opposée à une anale semblable. La caudale est très-petite, arrondie en éventail, et portée sur un prolonge- ment de la colonne vertébrale, comme c'est aussi le cas dans le genre Cœlacanthiis. Comme le Lépidostée et le Polyptère, l'Arapaïma avait été placé par Cuvier dans la fa- mille desCIupes, par la seule raison que le maxillaire supérieur, faisant suiteà l'intermaxillaire, forme avec lui le pourtour de la bouche. Mais cette raison est, comme nous l'avons vu en trai- tant des Sauroïdes, insuffisante pour justifier ces rapprochemens. M. J. Millier qui, dans ces derniers temps , s'est occupé avec beaucoup de succès de la classification des poissons en géné- ral, et surtout des Malacoptérygiens , a adopté ma famille des Sauroïdes; mais il réunit dans une famille à part , sous le nom de Clupesoces , avec les Stomias et les Chauliodes , les Chiro- centres, les Notoptères, les Ostéoglosses , les Hétérotis et les Arapaïma, qu'il caractérise de la manière suivante : « Poissons sans nageoire adipeuse ; sans fausses-branchies ; bouche formée » au milieu par l'intermaxillaire, et sur les côtés par le maxillaire supérieur; quelques-uns » ont une vessie natatoire simple; les appendices pyloriques manquent totalement ou sont en » petit nombre seulement. Se distinguent des Clupes par le manque de fausses-branchies.» Je viens de prouver que les Arapaïma, par la nature de leurs écailles, ne peuvent rentrer dans cette famille de M. J. Mûller, puisque leurs grandes écailles osseuses et sculptées à la face extérieure, n'ont pas le moindre rapport avec celles des Stomias et des Chauliodus. J'ai tout lieu de croire en outre que les genres Heterolis Ehr. [Sudis niloticus Rùpp) Osteoylos- sum Vand. (*) et Jmia Lin. (**), appartiennent aussi à la famille des Célacanthes. Cependant c'est à des recherches ultérieures que j'en réfère pour démontrer ce qu'il peut y avoir de juste C) A cette occasion , je ferai remarquer que l'Osteoglossum du Brésil , que j'ai figuré dans mon Selecta Gênera , et celui de la Guyane, qui est figuré , d'après Schomburgh , dans le Naturalist's Lihrary, me paraissent devoir être consi- dérés comme les types de deux genres distincts , à raison des dillérences qui existent entre la dorsale et l'anale. (**) Ce rapprochement vient d'être confirmé pour le genre Amia, par M. Vogl, qui a eu occasion d'en faire lana- lomie au Muséum de Paris. — 109 — dans ces aperçus qui , pour le moment , n'ont pu être fondés que sur l'étude de quelques os- semens isolés de l'Arapaïma du Brésil. J'espère pouvoir donner plus tard, en publiant la mo- nographie des Célacanthes de la houille, une description détaillée de ces genres intéressans, qui méritent la plus grande attention de la part des paléontologistes, aussi bien que les re- présentans actuels de la famille des Sauroïdes. Je ferai remarquer encore que les Célacanthes actuels sont des poissons de grande taille, qui ne se trouvent que dans les eaux douces des parties chaudes de l'Amérique et de l'A- frique. Maintenant que l'étude des poissons fossiles a mis en évidence l'importance de plusieurs types isolés de celte classe d'animaux propres à la création actuelle, et qui se rattachent d'une manière très-remarquable aux premières phases du développement de la vie à la surface du globe terrestre, rien ne serait plus propre à l'avancement de cette branche de la science que des recherches anatomiques faites essentiellement dans le but de faire mieux connaître ces représenlans modernes des familles les plus anciennes des habilans des eaux. Des monogra- phies anatomiques du Bichir, du Lépidoslée, de l'Arapaïma, de l'Ostéoglossum , de l'Amia, de l'Esturgeon, des Siluroïdes , des Loricaires , des Sclérodermes , des Gymnodontes et des Sophobranches, contribueraient maintenant d'une manière plus directe aux progrès de l'his- toire des poissons fossiles, que la découverte de plusieurs centaines d'espèces nouvelles. — no — DES PLACOIDES. CHAPITRE I. DES PLACOIDES EN GÉNÉRAL. Dans le système dévonien , comme dans tous les autres dépôts fossilifères en général , les débris de Placoïdes sont moins fréquens et moins bien connus que ceux des autres poissons. C'est une conséquence naturelle de l'organisation de ces poissons , dont le squelette n'est nulle- ment propre à se conserver après la mort. En olïet, pour peu qu'ils fussent construits sur le même plan que les Requins de nos jours, et c'est ce dont l'anologie ne permet pas de douter, leur squelette devait être cartilagineux ou semi-cartilagineux , et leur corps couvert de cha- grin au lieu d'écaillés. Ils n'avaient sans doute, en fait de parties solides, que leurs dents im- plantées dans les gencives, et les aiguillons qui supportaient leurs nageoires. Or, ce sont là en effet les seuls débris qu'on a signalés jusqu'ici dans les couches dévoniennes. Le nombre total des espèces de Placoïdes , que je connais maintenant des terrains dévoniens, se monte à vingt-six. Sur ce nombre, il y a beaucoup plus d'Ichthyodorulithes que de dents et de mâchoires. Il est sans doute très-difflcile , sinon impossible, d'établir une classification d'après les Ichthyodorulithes seulement, puisque les Placoïdes de notre époque, qui portent des rayons épineux, appartiennent à des types très-différens, témoin les Cenlrines, les Aiguillats et les Cestraciontes. Cependant si l'on considère le rôle important que les Cestraciontes ont joué dans toutes les époques anciennes, si l'on tient compte en outre des mâchoires bien ca- ractérisées qu'on a trouvées dans plusieurs localités du vieux grès-rouge , tandis que les dents de Requins proprement dits sont très-rares , l'on pourra , je crois , en inférer , avec assez de probabilité , que les Ichthyodorulithes de l'Old Red proviennent en grande partie de Cestra- ciontes. En tous cas, les vrais Requins n'ont joué qu'un rôle secondaire dans la population de cette époque. Les vrais dominateurs des mers d'alors étaient les Sauroïdes. Pour ne pas être téméraire , et alin de ne pas établir une classification sur des bases que l'expérience n'a point encore sanctionnées, je n'ai pas fait entrer les familles dans le tableau suivant. Je me suis borné, pour les Ichthyodorulithes, à une simple énumération des espèces, et j'ai rapporté les débris des mâchoires aux deux grands groupes des Hybodontes et des Cestra- ciontes. Il est possible et même probable que les quelques espèces de mâchoires que nous dé- crirons plus bas se rapportent à l'un ou à l'autre de ces Ichthyodorulithes, mais nous n'avons aucun moyen d'établir dès maintenant des rapprochemens certains. m — TABLE ANALYTIQUE DES GENRES ET DES ESPÈCES. l HOMACANTHUS . Haplacanthus . Odontacantuus Narcodes . . . Naulas .... Byssacamhus . ICHTHTODORDLITES ou rayons de nageoires. < ^' Onchus . . . . Ptychacanthus Ctenacanthus . Climatius . . . Parexus .... Cosmacanthus . niACHOIRES et Dents. Ctenodus JCTENOPTYCniUS , (cladodus . . . r Rayons très-petits , entièrement recouverts de sillons l longitudinaux. Des dents au bord postérieur . . H arcuatHs. ç Rayons comprimés , entièrement lisses , surmontés [ d'un filet au bord antérieur ff. marginaUs. Rayons coniques , trapus , à bords antérieur et posté- rieur inégaux. Bord postérieur garni de crénelures régulières . O. crenafus. I Bord postérieur muni de très- fortes crénelures i irrégulières et tuberculeuses 0. heterodon. r Rayons trapus, coniques, cylindriques. Face antérieui'e [ lisse ; face postérieure tuberculeuse N. pustulifer. c Rayons comprimés , avec des sillons longitudinaux l profonds , à bords anguleux N. sulcaius. i Rayons plus ou moins arqués, sillonnés longitudinale- i ment, à base fortement dilatée. ' Côtes irrégulières , crénelées B. crenidatus. i Côtes entièrement lisses S. lœvis. [ Côtes larges et lisses; rayons très-arqués. . . B. arcuatus. . Rayons droits ou faiblement arqués, à sillons réguliers i et continus: à base taillée en biseau. I Sillons sinueux ; une forte côte au bord antérieur 0. heterogyrus. I Sillons parfaitement droits 0. sublœvis. \ Côtes très-fines, régulières et parallèles ... 0. semistriatus , Rayons aniués, comprimés, très-finement striés, avec ) une quille au bord antérieur. Rayon très-petit , peu ( arqué , à plis longitudinaux très-fins J^- dabius. I Rayons subcylindriques , à côtes peclinées. ) Côtes interrompues, à crénelures très-nettes. . C. semilatus. \ Côtes très-fines et très-rapprochées . . . . C. oniatus. / Rayons trapus, coniques, munis de côtes longitudinales I assez fortes , et crénelées au bord antérieur. Quelques i côtes transversales à la base du rayon . . . . C. reticulatus. Rayons subcylindi'iques sillonnés , avec des dents ar- [ quées en haut P- recumis. r Rayons faiblement arqués , garnis sur toute leur sur- 1 face de tubercules en séries longitudinales . . . C. Malcolmsoni. I Mâchoires garnies de carènes en éventail, composées de dents imbriquées. Carènes très-fortes , avec des dents terminées en une pointe obtuse C. Keyserlingii. Dents des carènes plus serrées et munies de V pointes plus acérées C. Woerthii. . Dents à tranchant horizontal et crénelé Ct. priscus. , Dents garnies de bourrelets latéraux, à base for- [ tementplissée. Plis de la base très-fins ; base étroite Cl. simpler. — H2 — Si nous comparons cet ensemble de fossiles à la somme des espèces de Placoïdes d'une des faunes les mieux connues de l'époque actuelle, de la Méditerranée, par exemple, nous trou- verons que dans toute l'étendue de ce vaste bassin, que l'on a exploré avec plus de soin qu'au- cun autre, il existe vingt-huit espèces de requins appartenant à vingt genres différens, parmi lesquels quatre seulement ont des rayons épineux qui pourraient se conserver, c'est-à-dire un nombre total d'espèces à-peu-près égal à l'ensemble des espèces du système dévonien, recueillies depuis peu d'années dans quelques localités seulement. D'après cela, il est plus que probable que lorsqu'on aura recueilli avec plus de soin les petites dents de certains genres, qui n'ont d'autre partie solide que ces dents, il est probable, dis-je , que l'on finira par trouver dans les seules localités du terrain dévonien , que les géologues exploitent maintenant, un nombre d'espèces de Placoïdes au moins aussi considérable, sinon plus considérable que celui qu'on a recueilli dans tout le vaste bassin de la Méditerrannée. Or, je me trompe fort, ou ce fait prouve de la manière la plus incontestable que chacune de nos formations géologiques est, dans des limites verticales très-restreintes , le tombeau d'une création distincte, également indépen- dante de celles qui précèdent et de celles qui suivent. — ^3 CHAPITRE II. DES ICHTHYODORULITHES. Les Ichthyodorulites ou rayons de nageoire des Placoïdes présentent des particularités non moins frappantes que les autres débris de poissons qu'on a signalés jusqu'à présent dans les couches du système dévonien. Parmi les quinze espèces que nous allons décrire, la plupart appartiennent à des types entièrement nouveaux , qui jusqu'ici n'ont aucun représentant dans les autres formations, et pour lesquels j'ai dû créer les neuf genres suivans, qui figurent ici pour la première fois, savoir: les genres Homacanthus , Haplacanthus , Odonlacanthus , ISarcodes , Naulas , Byssacanthus , Climatius , Parexiis , Cosinacanthus. Un caractère commun à tous les Ichthyodorulithes de l'Old Red , et qui doit frapper, lorsqu'on jette un coup d'œil sur la PI. 33 de l'Atlas, c'est la petitesse de tous ces rayons, surtout si on les compare aux Ichthyodorulithes gigantesques des terrains carbonifères et du Lias. On est par conséquent fondé à en conclure que les Requins de cette époque étaient de moins grande taille que ceux qui ont apparu dans les formations subséquentes. Aussi bien c'étaient moins les Requins que les grands Célacanthes qui dominaient les mers. l" Genre. Homacanthus Agass. J'appelle de ce nom de petits Ichthyodorulithes du terrain dévonien, qui rappellent les Lep- tacanthes des terrains secondaires ; ils sont , comme ces derniers , armés de crénelures à leur bord postérieur, et leurs flancs sont garnis de sillons longitudinaux homogènes. La seule différence qui les distingue , c'est que les sillons s'étendent sur la surface entière des rayons jusqu'aux dentelures du bord postérieur , tandis que dans les Leptacanthes , les rangées de dents sont précédées d'un espace lisse. HoMACj* ^THUS ARCUATUS AgaSS. Old Red, Tab. 33, fig. d-3. Je ne connais encore que cette seule espèce du genre Homacanthus. Je l'appelle H. arcualus, à cause de la forme arquée des rayons qui sont courbés en faucille. La petite taille de ces épines AG. old RED. 15 — Hk — indique un poisson dont les dimensions ne devaient pas excéder celles des Aiguillais fSpinaxJ de l'époque actuelle , si même il les atteignait. Les dentelures du bord postérieur sont très- nettes, mais si petites, qu'on a de la peine à les distinguer à l'œil nu. Il faut absolument avoir recours à la loupe pour les bien voir (fig. 2 et 3). Les trois exemplaires figurés , les seuls que je connaisse , m'ont été communiqués par M. le comte de Keyserling. Ils proviennent de l'Old Red des environs de St.-Petersbourg. IP Genre. Haplacakthus Agass. Ce nouveau type d'Ichthyodorulilhes a quelque rapport avec les Némacanthes des terrains secondaires. Il est , comme ceux-ci, comprimé latéralement et caractérisé en outre par un aplatissement subit de chaque côté du bord antérieur , ensorte que le dos du rayon se pré- sente comme un filet arrondi. Il est toutefois une particularité qui distingue ces Ichtliyo- dorulithes , c'est d'être parfaitement lisses , tandis que les Némacanthes sont sillonnés sur toute leur surface. Ils diffèrent d'un autre côté , du genre Tristychius par la coupe des flancs et du dos. HaPLACAISTHUS MARGINALIS AgasS. Old Red, Tab. 33, fig. 4-6. Cette espèce, la seule connue jusqu'à présent, est de petite taille, tantôt légèrement arquée, tantôt tout-à-fait droite. Le filet marginal se détache très-bien des flancs, comme on le voit par la coupe de fig. 5 et 6. Le côté postérieur, en revanche, présente une forte échancrure qui pénètre à-peu-près jusqu'à la moitié de l'Ichthyodorulithe (fig. 56). J'ai vainement cherché des traces d'ornemens sur les flancs ; je les ai toujours trouvés parfaitement lisses même sous de forts grossissemens. Ce type d'Ichthyodorulithes est propre au terrain dévonien des environs de St.-Pélers- bourg. Il m'a été communiqué par les soins obligeans de M. le comte de Keyserling. . IIP Genre. Odontacanthus Agass. J'ai des doutes sur la nature réelle des fossiles que j'embrasse sous cette dénomination. A en juger par leur cavité intérieure , il semble que ce sont des Ichthyodorulithes ; mais leur forme irréguliêre ne me permet pas de l'affirmer positivement ; car il serait possible que ce fussent des appendices épineux de la tête, comme on en connaît dans le genre Céphalaspis. Dans tous les cas , ce sont des os qui ne sauraient être rangés dans aucun des genres déjà établis ; ensorte que le nom que je leur donne dès à-présent pourra leur rester, même lorsque les espèces dont ces débris proviennent seront mieux connues. Leur forme est conique et comprimée; l'un des bords est entier, et l'autre fortement dentelé; l'intérieur est creux. J'en dislingue deux espèces. — dis — I. Odontacanthus crenatus Agass. Old Red, Tab. 33, %. 7. SVN. Ctenoptychius crenatus Ag. Rech. sur les Poiss. foss. tom. III, pag. 173. C'est ce fossile que je désignais précédemment sous le nom de Ctenoptychius crenatus ; mais je me suis convaincu depuis , par un examen microscopique , que c'est un os et non pas une dent. Les dentelures du bord postérieur sont petites et uniformes, La forme du rayon était , selon toute apparence , comprimée. Je ne connais qu'un seul exemplaire de cette espèce. Il provient du terrain dévonien de Megra . n. Odoktacanthus heterodon Agass. Old Red, Tab. 33, %. 8. Ce fossile est encore plus problématique que le précédent, dont il diffère par les dentelures beaucoup plus irrégulières de son bord postérieur ; en général , cette partie du fossile se dé- tache mieux du reste de l'os, que cela n'a lieu dans VO. crenatus. Je suis néanmoins porté à envisager ce fossile comme un Ichthyodorulithe. Sa forme est comprimée (fig. 8 a) et son bord antérieur tranchant, (fig. 86). La cavité intérieure est en revanche cylindracée. Se trouve dans le terrain dévonien des environs de Riga, où il a été recueilli par M. le D"" Pander. IV* Genre. Narcodes Agass. Le fossile qui a servi de type à l'établissement de ce genre, est un os faiblement comprimé, dont les côtés antérieur et postérieur ont un aspect très-différent. Tandis que la face posté- rieure est couverte de gros tubercules plus ou moins réguliers , la face antérieure est lisse jusque sur la moitié du flanc. On n'aperçoit aucune trace de dents au bord postérieur ; il est probable que les tubercules les remplacent. Je ne connais encore qu'une seule espèce de ce genre. C'est mon Narcodes pustulifer Agass. Old Red, Tab. 35, fig. 9. C'est un rayon trapu, qui, à en juger d'après la forme de l'exemplaire figuré, n'avait guère plus d'un pouce de longueur. Les flancs sont sensiblement comprimés, comme le montre la coupe de fig. 9 a. La cavité intérieure est tant soit peu alongée. La largeur est à la hauteur comme 1 à 3. •le n'en connais qu'un seul exemplaire provenant de l'Old Red des environs de St.-Pé- tersbourg, qui m'a été communiqué par M. le comte de Keyserling. — H6 — V Genre. Naulas Agas. J'ai établi ce genre d'après un fragment d'Ichthyodorulithe qui annonce un piquant de grande taille. La surface est marquée de profonds sillons parallèles ; mais ce qu'il y a de par- ticulier, c'est que ces sillons, au lieu d'être arrondis comme ceux des autres Ichthyodorulithes à surface sillonnée , tels que les Onchus et les Hybodus , sont au contraire à angle droit. Naulas sulcatus Agass. Old Red, Tab. 33, fig. 10. L'espèce à laquelle je donne ce nom , jusqu'ici la seule de son genre, provient du dévonien des environs de St.-Pétersbourg. Comme le fragment que je possède est adhérent à un mor- ceau de roche , je ne saurais dire quelle est son épaisseur. Les sillons , au nombre de six sont réguliers , et de même largeur que les espaces intermédiaires. Ces derniers ne sont nul- lement carénés, mais , au contraire, entièrement plats à leur surface. C'est jusqu'ici , de tous les rayons du vieux grès-rouge, le plus grand. Tout porte à croire qu'il était fortement com- primé. Ce fossile m'a été communiqué par M. le comte de Keyserling. VP Genre. Byssacanthus Agass. Au premier abord, ces Ichthyodorulithes ont une grande analogie avec ceux que j'ai décrits dans mes Recherches sous le nom d'Onchus. Ce sont des aiguillons alongés, plus ou moins ar- qués, cylindriques, sillonnés sur tout leur pourtour , et qui ont en'< outre une cavité centrale circulaire. Un caractère cependant qui les distingue, c'est la forme de leur base, qui est extrêmement dilatée, avec une cavité proportionnelle à cet élargissement, ensorte que vus d'en bas, l'intérieur de ces Ichthyodorulithes a la forme d'un entonnoir. L'Ichthyodorulithe que j'ai décrit dans mes Recherches sous le nom d'ONCHUS arquatus , doit rentrer dans ce genre. Il appartient à la faune de l'Old Red : M. Murchison qui l'a découvert l'a recueilli à Bromyard. Nous avons en outre à en décrire deux espèces nouvelles du dévonien des en- virons de St.-Pétersbourg. 1. Byssacanthus crenulatus Agass. Old Red, Tab. 33 , fig. 11-14. C'est un Ichthyodorulilhe d'assez petite taille, mais trapu. Les sillons de la surface sont régulièrement espacés et de même largeur que les espaces intermédiaires ; les uns et les autres sont arrondis, mais ce que j'envisage comme le caractère essentiel de l'espèce, c'est que les côtes ou espaces inter-sillonnaires , au lieu d'être tout-à-fait uniformes, sont entamés par-ci — H7 — par-là par des crénelures qui leur donnent un aspect rugueux. Ces crénelures sont surtout fréquentes sur la base du rayon. Les fig. i 1 et ^ 3 représentent l'une et l'autre un rayon de grandeur naturelle avec sa base élargie; la fig. 12 est une portion de l'Ichthyodorulithe de fig. H , grossie; fig, ik est un fragment de rayon que j'ai associé aux précédons, parce que, vu à la loupe, il présente à-peu-près la même structure , mais d'un autre côté , il est plus cylindrique , et paraît avoir été plus alongé. Peut être devra-t-on en faire par la suite une espèce à part, lorsqu'on con- naîtra mieux ces débris. Les trois exemplaires figurés proviennent de l'Old Red des environs de St. Pétersbourg, et m'ont été communiqués par M. le comte de Keyserling, n. Byssacanthus LAEvis Agass, Old Red, Tab. 33,fig. 13. Ce rayon a la forme trapue du B. crenulatus , que nous venons de décrire. Sa base est sensiblement dilatée , et les sillons vont en s'élargissant de plus en plus de ce côté ; mais ce qui le distingue, c'est que les côtes ou espaces inter-sillonnaires , au lieu d'être crénelés, sont parfaitement lisses et intactes. Je ne connais encore qu'un fragment de celte espèce; il a été trouvé, avec l'espèce précédente, dans l'Old Red de St.-Pélersbourg. Fig. i^a re- présente une coupe du rayon avec la cavité au milieu. VIP Genre. Onchus Agass. Maintenant que nous avons défalqué du genre Onchus les espèces fortement arquées, à base dilatée et à sillons onduleux , pour en faire le genre Byssacanthus décrit ci-dessus , le type des Onchus ne devra comprendre que des Ichthyodorulithes droits ou faiblement arqués , à sillons longitudinaux lisses et uniformes, et ayant la base taillée en biseau. Les nouvelles espèces de l'Old Red que nous avons à décrire sont les suivantes : L Onchus heterogyrus Agass. Old Red, Tab. 33, fig. 16-18. C'est un rayon de moyenne taille , à-peu-près cylindrique , à côtes saillantes et en même temps sinueuses et confluentes , surtout en bas ; mais ce qui le caractérise surtout , c'est la présence , au bord antérieur , d'une côte plus saillante que les autres, et qui se dessine d'au- tant mieux qu'étant droite elle contraste avec celle des flancs. Celte espèce paraît être assez fréquente dans l'Old Red de Russie. M. le comte de Keyser- ling m'en a communiqué plusieurs fragmens provenant des environs de St. -Pétersbourg. — ii8 — II. Okchus sublaevis Agass, Old Red, Tab. 33, fig. 19-21. L'Ichthyodorulilhe que je désigne sous ce nom a le plus grand rapport avec celui que nous venons de décrire. Il a la même taille et la même forme, si ce n'est peut-être qu'il est un peu plus arrondi, mais ce qui le distingue surtout, ce sont ses côtes qui sont parfaitement droites, tandis qu'elles sont plus ou moins sinueuses dans VOnchus heterogyrus. Enfin il n'y a point de côte particulière au bord antérieur du rayon. La cavité intérieure est petite et circulaire (fig. 21). Il se trouve, avec le précédent, dans l'Old Red des environs de St.-Pétersbourg. III, OnCHUS SEMISTRIATUS AgaSS. Old Red, Tab. 33, fig. 37. Je ne possède qu'un fragment très-incomplet de cet Ichthyodorulithe ; mais malgré son mauvais état de conservation, je lui ai reconnu certaines particularités qui me portent à croire qu'il appartient à une espèce à part. Il est droit; ses côtes sont non-seulement très-fines, mais encore très-régulières et parfaitement parallèles. L'original m'a été communiqué par M. Murchison. Il provient de l'Old Red des environs de Southslone-rock. VHP Genre. Ptychacakthus Agass. J'ai établi ce genre dans mes Recherches, d'après un rayon du calcaire de Rurdiehouse. Depuis lors aucune trouvaille n'est venu enrichir ce type dont les caractères principaux sont : la forme arquée , les flancs comprimés et garnis de plis très-fins et réguliers , et la pré- sence d'une quille au bord antérieur. Ptychacanthus dubius Agass. Old Red, Tab. 33, fig. 22 et 23. Le mauvais état de conservation de ce rayon m'inspire quelque doute sur sa position générique. Il a la forme et les dimensions des espèces d'Onchus que nous venons de dé- crire , et est par conséquent bien inférieur par sa taille au Ptychacanthus siiblœvis qui est le type du genre. Ce qui m'a décidé à le ranger dans ce genre, ce sont ses plis extrêmement fins. Il paraît aussi qu'il est comprimé latéralement. Deux fragmens assez frustes m'ont été envoyés par M. Murchison. Ils proviennent l'un et l'autre des environs d'Abergavenny. — 119 — IX^ Genre. Ctenacanthus Agass. Ce genre , établi dans mes Recherches , est parfaitement reconnaissable à la forme particu- lière de ses côtes longitudinales qui sont pectinées, c'est-à-dire entourées de crénelures trans- versales très-distinctes, même à l'œil nu. Parmi les espèces décrites et figurées dans les Recherches, il s'en trouvait déjà une, le Ctenacanthus ornatus, provenant de l'Old Red. Les autres sont propres au calcaire carbonifère d'Angleterre. I. Ctenacanthus serrulatus Agass. Old Red, Tab. 33, fig. 2?i. Quoique je ne possède que des fragmens de cet Ichthyodorulithe , le type en est cependant facilement reconnaissable, surtout si on l'examine à la loupe. L'espèce est également très-bien caractérisée par la forme particulière de ses côtes , qui ne sont pas continues , mais brisées et interrompues de manière à représenter comme autant de petites saillies alongées et alignées. Les crénelures transversales sont fort nettes , et se voient même à l'œil nu. Les deux exemplaires que je possède proviennent de l'Old Red de Kokenhusen , et m'ont été communiqués par M. le baron de Lowenstein. II. Ctenacanthus ornatus Agass. J'ai décrit sous ce nom, dans mes Recherches, Tom. III, PI. 2, fig. 1 , un fragment très- chétif d'une espèce de Cténacanthe de l'Old Red de Sapey (Worcestershire) . Il diffère de notre C. serrulatiis par ses côtes transversales, qui sont très -serrées et plus continues. Le rayon paraît aussi avoir été de plus grande taille. X® Genre. Climatius Agass. Je donne ce nom à un type particulier d'Ichthyorulithes de forme conique, dont le caractère essentiel consiste dans la structure de ses côtes longitudinales , qui sont crénelées au bord antérieur. A la base du rayon se trouvent quelques côtes transversales qui s'entrecroisent avec les côtes longitudinales et occasionnent ainsi une sorte de réticulation analogue à celle de certaines coquilles, chez lesquelles les côtes longitudinales et les côtes transversales sont éga- lement développées. Je ne connais encore qu'une espèce de ce genre. — 120 — Climatius reticulatus Agass, Old Red, Tab. 33, %. 26. Cet Ichlhyodoi'ulithe a tout au plus un pouce de long, et comme il est très-gros à sa base, on pourrait être tenté de le prendre pour une dent de Requin, n'était la structure particulière de ses côtes, dont les crénelures sont fort distinctes. Le rayon lui-même est légèrement arqué ; les côtes transversales de la base sont au nombre de trois. L'exemplaire figuré est le seul qui soit parvenu à ma connaissance. Il provient de l'Old Red des environs de Balruddery, et m'a été communiqué par M. Webster. Xr Genre. Parexus Agass. Un caractère essentiel dislingue ce genre de tous les autres Ichthyodorulithes, c'est la forme des dentelures du bord postérieur, qui sont arquées en haut, c'est-à-dire en sens inverse des dents de la plupart des autres rayons. La surface est ornée de côtes longitudinales assez fines, mais très-régulières. Je ne connais encore qu'une seule espèce de ce genre. Parexus recurvus Agass. Old Red, Tab. 33 , fig. 26 et 27. C'est un Ichthyodorulilhe de moyenne taille , très-effilé vers son extrémité. Il rappelle un peu, par sa forme grêle et cylindrique, les Myriacanthes du Lias ; mais les dents du bord postérieur le distinguent suffisamment. Autant que j'ai pu m'en assurer jusqu'ici , il n'existe qu'une seule rangée de dents ou épines; celles-ci sont très-espacées , et quand on les exa- mine à la loupe, on voit qu'elles sont très-robustes et évidemment arquées en haut. (fig. 26 a). Je dois à l'obligeance de M. Webster les deux échantillons figurés ; ils ont été recueillis par lui dans le terrain dévonien de Balruddery. L'un est droit ; l'autre faiblement arqué ; mais ils n'appartiennent pas moins à la même espèce. XIP Genre. CosMACA^Tflus Agass. *, J'appelle de ce nom de petits rayons très-faiblement arqués ou presque droits , ornés sur toute leur surface de tubercules disposés en séries longitudinales très-régulières, et dont les plus marqués sont du côté antérieur du rayon, tandis que ceux du bord postérieur deviennent insensiblement plus faibles , et tendent à se confondre en côtes continues. Je n'en connais encore qu'une seule espèce. — 121 — CosMACANTHUs Malcolmsoni Agass. Old Red, Tab. 33, %. 28. Cet Ichthyodorulithe rappelle, à certains égards, les Astéracanthes des terrains oolitiques; seulement ces derniers sont de très-grande taille et de plus, ils sont pourvus de dents au bord postérieur, tandis que je n'en ai trouvé aucune trace dans notre rayon. Le bord anté- rieur est indiqué par la forme des tubercules qui sont beaucoup plus gros qu'au bord posté- rieur. Je n'ai pas pu m'assurer de la forme exacte du piquant; mais je suppose qu'elle est cylindrique. Je dédie cette espèce à M. Malcolmson , qui l'a découverte dans le terrain dévonien des en- virons d'Elgin et qui m'en a communiqué un dessin fort exact. AG. OLD. RED. Jfi — 122 — CHAPITRE IL DE QUELQUES MACHOIRES ET DENTS DE PLACOIDES. Les mâchoires qui ont été découvertes jusqu'ici dans les couches dévoniennes sont très- peu nombreuses. Elles se bornent à cinq ou six espèces, dont quatre appartiennent évi- demment à la famille des Cestraciontes. Les Squalides n'y sont représentés que par une seule espèce. Or, quand on se rappelle le nombre considérable de ces dents dans les autres ter- rains, et qu'on songe qu'elles sont, plus que toute autre portion du squelette, propres à la fossilisation, on egt nécessairement conduit, quelle que soit l'imperfection de nos connaissances sur les fossiles de cette formation , à en conclure que les Squalides, qui furent plus tard, dans l'époque secondaire et tertiaire, les forbans des mers, et qui le sont encore dans la création actuelle, que les Squalides, dis-je, ne jouaient qu'un rôle très-subordonné dans la population des mers dévoniennes, surtout si nous les comparons aux grands Sauroïdes de cette époque. L Genre Ctenodus (*) Agass. Jusqu'ici ce singulier type de Cestracionte était limité au terrain carbonifère , qui en avait fourni quatre espèces, le C. cristalus, décrit et figuré dans mes Recherches; le C. Murchisoni de LeBotwood, encore inédit; le C. Robertsoni de Burdiehouse, et le C. alatus d'Ardwick, ces deux derniers également inédits. Le terrain dévonien vient de nous en fournir quatre es- pèces nouvelles, dont nous allons donner la description. Ce sont à-peu-près les seuls débris de mâchoire que nous connaissions de ce terrain. i. Ctenodus Keyserlingii Agass. Old Red, Tab. 33, fig. 32-55. Quoique cette mâchoire soit bien différente, et par sa forme et par ses dimensions, des es- pèces du terrain carbonifère, en particulier du C. cristatm, figuré vol. III, PI. 9 de mes Recher- ches, je suis néanmoins porté à l'envisager comme étant du même genre. Il est probable qu'on les séparera un jour, lorsqu'on connaîtra d'une manière plus complète toutes les parties de i") Voyez Recherches sur les Poissons fossiles tome 111 , nage 137. — 125 — l'appareil masticatoire. Pour le moment, je pense qu'il convient de s'en tenir aux caractères qui nous sont réellement accessibles. Or, ces caractères consistent dans la présence d'une série de carènes ou quilles en éventail, qui recouvrent la mâchoire entière. Dans notre espèce , ces carènes, quoique séparées par des sillons profonds, s'élargissent à mesure qu'elles approchent du bord ; elles sont en outre fortement écailleuses , et quand on les examine à la loupe , on voit qu'elles sont composées d'une série de dents imbriquées et articulées, et que chaque dent est terminée par une pointe arquée (fig. 34). Le nondire des carènes est de onze dans notre échantillon. Cette espèce provient de l'Old Red des environs de St-Pétersbourg. En la dédiant à M. le comte de Keyserling , qui me l'a communiquée , je me fais un devoir d'y joindre l'expression de ma vive reconnaissance pour l'empressement qu'il a mis à me seconder dans ces recherches. 2. Ctenodus WoRTHii Agass. 01dRed,Tab. 33. fig. 36. Cette espèce a la même forme que la précédente; elle n'en diffère que par les détails de ses carènes, qui sont au nombre de quinze et composées de dents plus nombreuses et d'une forme un peu différente. Les dents, considérées isolément, sont obtuses et moins comprimées que celles de l'espèce précédente qui se terminent par une pointe effilée, avec une échancrure assez profonde de chaque côté (fig. 35). Cette espèce provient, comme la précédente, de l'Old Red des environs de St-Pétersbourg, où elle a été recueillie par M. le D' Worth, auquel on doit un si grand nonihie des ossemens de poissons fossiles trouvés dans les environs de St.-Pétersbourg. 3. CtET, DECIPIENS Ag. — Agass. Monogr. du syst. dévon. Tab. B, fig. 2 et 3 , Tab. 7-10 , Tab. 30 a, fig. 19. — Coccosteus latus Agass. Rapp. sur les Poiss. foss. de l'Old Red. Caithness , Pomona (Orkney), Cromarty. » CUSPIDATUS. Ag. — H. Miller, Old Red , Tab. III. — Agass. Monogr. du syst. dévon. Tab. 31 , fig. 4. Cromarty, Ganirie. ). MAxiMUS Ag. — Agass. Monogr. du syst. dévon. Tab. 30 a, fig. 17 et 18. Lethen-Bar. Cephalaspis Lyellii Ag. — Agass. Reclierch. Poiss. foss. II. Tab. 1 a, fig. 1-li. — Murckis. Sil. syst. Tab. 1 , fig. 1-8, Tab. 2, fig. 1-3. Glammis (Forfarshire) et Herefordshire. ROSTRATUS Ag. — Agass. Recli. Poiss. foss. II. Tab. 1 b, fig. Cet 7. —M«rcfc. Sil. syst. Tab. 2 , fig. 4, 5. Whitbach. » Lewesii A.Q. — Agass. Recli. Poiss. foss. II. Tab. 16. fig. 8. — Murchis. Sil. syst. Tab. 2, fig. 0. Whitbach. » Lloydii Aq.— Agass. Rech. Poiss. foss. II. Tab. 1 b, fig. d-ll.— Murchis. Sil. syst. Tab. 2, fig. 7-9. Shropshire. ACANTHOQII. ACANTHODES PLSILLUS Ag. — ^(^ass. Monogr. du syst. dévon. Tab. 28, fig. 8-10. Gordon Castle , Dipple (Elgin). Cheiracanthus MuRcnisoNi Ag.— Agass. Rech. Poiss. foss. II. Tab. 1 c,fig. 3 et 4. Gamrie. » MINOR Ag. — Agass. Rech. Poiss. foss. II. Tab. 1 c, fig. 5. Stromness. » MICR0I.EP1D0TUS Ag. —H. Miller, Old Red, Tab. VII. — Agass. Monogr. du syst. dévon. Tab. 15. Letlicn-Ear, Cromarty. — 127 — DiPLACANTHUS STRIATUS Ag. — H. Miller, Old Red. Tab. VIII, fig. 2 et 4. — Agasa. Monogr. du syst. dévon. Tab. ^^, fig. 1-15. Croniarty. >' STRIATULUS Ag. — Agass. Monogr. du syst. dévon. Tab. 13, fig. 3 et 4. Lcthen-Bar. LONGISPINUS Ag.— ^. Miller, Old Red. Tab. VIII, fig."l et 3. —Agass. Monogr. du syst. dévon. Tab. 13, fig. 5, Tab. 14, fig. 8 et 9. Cromarty, Lethen-Bar. » CRASSispiNUs h^.— Agass. Monogr. du syst. dévon. Tab. 13, fig. 1 et 2, Tab. 14, fig. 6 et 7. Cailbness, Slroniness. Cheirolepis Traillii Ag. — Agass. Rcch. Poiss. foss. II. Tab. id, Tab. le, fig. 4. Poniona(Orkney). Uragus Ag. — Agass. Rech. Poiss. foss. II. Tab. 1 e, fig. 1-3. Gamrie. CuMiNGiiE Ag. — H. Miller, Old Red, Tab. VI. — Agass. Monogr. du syst. dévon. Tab. 12. Lethen-Bar, Cromarty. DIPTERINI. DiPTERUS MACROLEPiDOTUS Val. Cl Pcnt. — Sedgw. et Marchis. Trans. III, Tab. lo, 10 et 17, ( sous les noms de Dip- tenis macropygoptenis , Dipt. hrachypygoptcrus , Dipt. macrolepidotus et Dipt. Va~ lenciennesii). — Agass. Rech. Poiss. foss. II. Tab. 2 a, fig. 1-5. — //. Miller Old Red. Tab. V, fig. 1. — Catopterus analis Ag. Rech. Poiss. foss. II. pug. 23-27. Caithness, Herefordshire. OsTEOLEPis MACROLEPIDOTUS Val. et Peut. — Agass. Rech. Poiss. foss. II. Tab. 2h, fig. 1-4; Tab. 2c, fig. 5 et 6. Caithness, Cromarty. >• MiCROLEPiDOTUS Val. et Pent. — Agass. Rech. Poiss. II. Tab. 2 c, fig. 1-4. Caithness. » ARENATUS Ag. — Agass. Rech. Poiss. foss. II. Tab. 2 d, fig. 1-4. Gamrie. MAJOR \Q. — H. Miller, Old Red, Tab. W.— Agass. Monogr. du syst. dévon. Tab. 19, fig. 1-3, Tab. IHa, fig. A, n; Tab. 31 a, fig. 8-13. Lethen-Bar, St.-Pétersbourg, Kokenhusen. DipLOPTERUS BOREALis Ag.— Agass. Monogr. du syst. dévon. Tab. IS. — Diplopterus Agassizii Traill, Trans. Roy. Soc. Edinbourg, Vol. XV, p. 89.— Sedgw. clMurch. Geol. Trans. III, p. 141. Caithness, Pomona (Orkney). MACROCEPHALUS Ag. — Agass. Monogr. du syst. dévon. Tab. 16 et 17 et Tab. 31 a, fig. 1-7. Lethen-Bar, St.-Pétersbourg, Printschka- _ 128 — DiPLOPTERUS AFFINIS Ag. — Agass. Monogr. du syst. dévon. Tab. 31a, fig. 27. Ganirie. Glyptopomus minor Ag. — Agass. Monogr. du syst. dévon. p. .57. — Platygnathus »»i?i or Agass. Ibid. Tab. 26. Dura-Den. Stagonolepis Robertsom k^.— Agass. Monogr. du syst. dévon. Tab. 31 fig. 13 et 14. Elgin. CŒLACANTHI. Glyptolepis leptopterus Kq.—H. Miller, Old Red , Tab. V, fig. 2-6.— Agass. Monogr. du syst. dévon. Tab. 20 el 21 , Tab. 21 a, fig. 1 , Tab. 31 a, fig. 24. Lethen-Bar, Dipple (Elgin), St.-Pétersbourg. » MICROLEPIDOTUS Ag. — Agass Monogr. du syst. dévon. Tab. 21a, fig. 3-7. Lethen-Bar. » ELEGANS Ag.— Agass. Monogr. du syst. dévon. Tab. 19, fig. 4 et 5, Tab. 21 a, fig. 2. Gamrie. Phyllolepis concentricus Ag. — Agass. Mongr. du syst. dévon. Tab. 24 fig. 1. Clashbennie. HoLOPTYCHius GIGANTEUS Ag. — AgassMoQOgT. du syst. dévon. Tab. 24, fig. 3-10. — Gyrolepis gigantcus Ag. Rech. Poiss. foss. II, p. M^. — Miirch. Sil. syst. Tab. 2 his, fig.3. Elgin , Clashbennie. " Flemingii Ag. — Agass. Monogr. du syst. dévon. Tab. 22, fig. 1; Tab 31 a, fig. 25. Dura-Den, St.-Pétersbourg. » NOBlLissraus kg.— Murch. Sil. syst. Tab. 2 Us, fig. i.—H. Miller, Old Red, Tab. IX, fig. 2.— Agass. Monogr. du syst. dévon. Tab. 23 , Tab. 24, fig. 2 , Tab. 31 a, fig. 26. Clashbennie , Elgin , Printschka. » Andersom Ag. — Anderson, General description of the Counlry of Fife, fig. 1. — Agass. Monogr. du syst. dévon. Tab. 22, fig. 3. Dura-Den. » Omaliusii Ag. — Agass. MonogT. du syst. dévon. Tab. 24, fig. 11. Naniur, Eifel. » MuRCHisONi Ag.— ^^ass. Monogr. du syst. dévon. Tab. 22, fig, 2. Clashbennie. AcTiNOLEPis TUBERCULATUs k^.— Agass. Monogr. du syst. dévon. Tab. 31, fig. 15-18; Tab. 31a, fig. 28. St.-Pétersbourg, Findhorn-River (Elgin). Platygnatus Jamesoni k^.~ Agass. Monogr. du syst. dévon. Tab. 25; Tab. 31a, fig. 22 et 23. DuraDen, St.-Pétersbourg. » PAUCIDENS k^,.— Agass. Mouogr. du syst. dévon. Tab. 28 fig. 11. Pomona (Orkney). — i29 — Denduodus latus Owen.— Owen Odontogr. p. \1\.— H. Miller,,Q\à Red, Tab. IX, fijj. 4. — Agass. Monoijr. du sysr dévon Tab. 28, fig. 1 et 2 et Tab. 28 a, fig. 8-12. Findhorn-River (Miiraysh.), Riga. » STRiGATUS Owen. — Owen Microscop. Joiirn. I, p. 17. — Owen Odontogr. p. 171. — Jgass Monogr. du syst. dévon. Tab. C. fig. 10 et fig. 20-22 , Tab. 28 a, fig. 1 et 2.— Agass. Rech. Polss foss. II. Tab. 55a, fig. 19 et 20. Scat's-Craig (Elgin), Riga , St.-Pétersbourg. •' siGMOiDEs Owen. — Owen Microsv Journ I. p. 17. — Agass. Monogr. du syst. dévon. Tab. 28, fig. 3 et Tab. 28o, fig. 3-5. Scat's-Craig (Elgin), St.-Pétersbourg. » TENUiSTRiATUS Ag. — ylgass. Monogr. du syst- dévon. Tab. 28a, fig. G et 7. St.-Pétersbourg. » MiNOR Ag. — Agass. Monogr. du syst. dévon. Tab. 28», fig. 13. Megra. Lamnodus biporcatus Ag. —Agass. Monogr. du syst. dévon. Tab. C. fig. 7-9 et 14-19, Tab. 28, fig. 6 et 7 et Tab. 28a, fig. 14 et 15. — Dendrodus biporcatus Owen, Micros. Journ. I, p. 5 et Odontogr. p. 171. Scat's-Craig (Elgin), Riga,Cremon, St.-Pétersbourg. » Panderi Ag. — Agass. Rech. Poiss. foss. 2, II, p. 162. — Lamnodus hastatus Agass. Monog. du syst. dévon. Tab C. fig. 1-6, 1 1-13 et Tab. 28 a, fig. 16 et 17 et fig. A, a-f. — Dendrodus hastaslus Owen Odontography p. 175. — Dendrodus compresus Owen Microsc. Journ. I, p. 18. Scat's-Craig (Elgin), Riga, Cremon, St.-Pétersbourg. » sulcatus. Ag. — Agass. Monogr. du syst. dévon. Tab. 28a, f. 18.— Murchis. Sil. syst. Tab. 2 bis fig. 8 et 9. Elgin. Cricodus incurvus Kq.— Agass. Rech. Poiss. foss. II, Tab. H. fig. 9-12 et Monogr. du syst. dévon. Tab. 28, fig. 4 et 5. — Dendrodus incurvus Owen. Scat's-Craig (Elgin), Riga. Asterolepis Asmusii Ag.— Agass. Monogr. du syst. dévon. Tab. 30, fig. 1 et Tab. 30a, fig. 11.— Chelonichtys As- musii Ag. Rech. Poiss. foss. I, p. 33. Riga, Elgin. •' ORNATA Eichw. — Eichw. in Leonh. u. Bronn Jahrbuch. 1840 , p. 621. — Agass. Monogr. du syst. dévon. Tab. B, fig. 4, Tab. 28a, fig 25 , Tab. 30, fig .2-9 et Tab. 30a, fig. 5-9, Riga, Megra. » SPECIOSA Ag. — Agass. Monogr. du syst. dévon. Tab. 30, fig. 10 et Tab. 30a, fig. 4. Voronèje. » MiNOR k^.— Agass. Monogr. du syst. dévon. Tab. 28a, fig. A, g-k, Tab. 30, fig. 11, Tab. 31a, lig. 29 et 30. — Chelonichthys minor Agass. Recherch. Poiss. foss. I, p. 33. Elgin, Riga , St.-Pétersbourg. — 130 — ASTEROLEPIS GRANOLATA Ag. — Agass. Monogp. clu syst. dévon. Tab. 30 , fig. 12 et Tab. 30a, fig. 12. Riga. » HoENiNGHAUSii Ag. — Agass. Monogr. du syst. dévon. Tab. 30a, fig. 10. Eifel. » Malcolmsoni Ag. — Agass. Monogr. du syst. dévon. Tab. 30a, fig. 16. Elgin. » APiCALis Ag. — ^^-ass. Monogr. du syst. dévon. Tab. 31a, fig. 31. Riga. BoTHRiOLEPis FAVOSA Ag. —Agass. Monogi". du syst. dévon. Tab. 27, fig. 7, Tab. 28, fig. 12 et 13, Tab. 30a, fig. 13, Tab. 31a, fig. 32-36. — Glyptosteus favosus Agass. Rech. Poiss. foss. I , p. 34 , et Rapp. sur les Poiss foss. de l'Old Red. Clashbcnnie, Elgin , Tschudova, Prussino, Megra, St.-Pétersbourg, Ladoga , Kokenhuseu. » ORNATA]^Eiclw — Eichw. in Leonh. u. Bronn Jahrb. 1840, p. Qli— Agass. Monogr. du syst. dévon Tab.B, fig. 7, Tab. 29, Tab. 30a, fig. 14 et 15 et Tab. 31a, fig. 36 et 2,1 .— Glyptosteus reti- culatus Agass., Rech. Poiss. foss. I, p. 34. Kipet , Andonia, Ladoga, Printscbka, Elgin, Monachtby-Hill, Nairn. PSAM.MOSTEUS MjEANDRINUS Ag. — Agass. Monogr. du syst. dévon. p. 104. — Placosteus mœandrinus Agass. Ihid. Tab. 27, fig. 5 et 6, et Rech. Poiss. foss. I, p. 33. Ladoga. » PARADOXUS Aq.— Agass. Monogr. du syst. dévon. p. lOi.—Psammolepis paradoxus Agass. Ibid. Tab li, fig. 5 et 6, Tab, 27, fig. 2-4 et Rech. Poiss. foss. I, p. 34. Riga, Crenion. » ARENATUS Ag. — Agass. Monogr. du syst. dévon. Tab. 31, fig. 7-10 et Tab. 28a, fig. A. /. — Placosteus arenatus kgùss. Rech. Poiss. foss. I, p. 33. Riga, Cremon, St.-Pétei'sbourg, Ladoga. >• UNDULATUS Ag. — Agass. Monog. du syst. dévon. Tab. 33 , fig. 11 et 12. — Placosteus undnlatus Agass. Rech. Poiss foss. I , p. 33. Riga. ICHTHTODORULITHES. HoMACANTHDS ARCUATUS kQ.—'Agass. Mongr. dusyst. dévon. Tab. 33, fig. 1-3. St.-Pétersbourg. Haplacanthus MARGiNALis kg. — Agass. Monogr. du syst. dévon. Tab. 33, fig. 4-6. St.-Pétersbourg. OdONTACANTHUS CRENATUS k^.— Agass. Monogr. du syst. dévon. Tab. 33, fig. 7. — Ctenoptychi„s crcnatns Agass. Rech. Poiss. foss. I, p. 33. Megra. — {5i — Odontacanthus heterodon A{j. — Agass. MonogT. du syst. dévon. Tab. 33, fig. 8. Riga. Narcodes PUSTULiFER Ag. — Agass. Monogr. du syst. dévon. Tab. 33, fig. 9. St.-Pétersbourg. Naulas sulcatus Ag.' — Agass. Monogr. du syst. dévon. Tab. 33, fig. 10. St.-Pétersbourg. Byssacamhus crenulatcs Ag. — Agass. Monogr. du syst. dévon. Tab. 33, fig. 11-14, Tab. 28a, fig. k.'m. St.-Pétersbourg. » LjEVIS Ag. — Agass. Monogr. du syst. dévon. Tab. 33, fig. 15. St.-Pétersbourg. « ARGUAT us Ag. — v^jrass. Monogr. du syst. dévon. p. 110; — Rech. Poiss. Ibss. III, Tab. 1 fig. 3-5. Broniyard (Hereford). Onchus semistrutus kQ.— Agass. Rech. Poiss. foss. III, Tab. 1, fig. 9.— Monogr. dusyst. dévon. Tab. 33, fig. 37. Soudistone-Rock. " HETEROGYRUS Ag. — Agass. Monogr. du syst. dévon. Tab. 33, fig. 16-18. St.-Pétersbourg, Ladoga. » subLjEVIS Ag. — Agass. Monogr. du syst. dévon. Tab. 33. fig. 19-21. St.-Pétersbourg. Ptychacantiius DUBius Ag. — Agas^ . Monogr. du syst. dévon. Tab. 33, fig. 22 et 23. Abergavenny. Ctenacanthus ornatds Ag. — Agass. Rech. Poiss. foss. III, Tab. 2, fig. 1 . Sapey (Worcestersh.) » SEBRULATUS kg.—Agass. Monogr. du syst. dévon. Tab. 33, fig. 24. Kokenluîsen. Climatius reticulatus Ag. — Agass. Monogi-. du syst. dévon. Tab. 33, fig. 25. Balruddery. Parexus INCURVUS Ag. —^^^ass. Monogr. du syst. dévon. Tab. 33, fig. 26 et 27. Balruddery, CosMACANTHUS Malcolmsoni. k^.— Agass. Monogr. du syst. dévon. Tab. 33. fig. 28. Scat's-Craig (Elgin). CESTRACIONTES. Ctenodus Keyserlingii k^.— Agass. Monogr. du syst. dévon. Tab. 33, fig. 32-35. St.-Pétersbourg. » WÔRTHii Ag. — Agass. Monogr. dusyst. dévon. Tab. 33, fig. 36. St.-Pétersbourg. MABGINALIS kg.— Agass. MonogT. du syst. dévon. Tab. 28a, fig. 21 et 22. Orel. — 432 — Ctenodus parvulus Ag. — Agass. Monogr. du syst. dévon. Tab. 28œ, fig, 23. Orel. Ctenoptychius priscus kQ. — Agass. Red). Poiss. foss. I, p. 33. Ecosse. HYBODONTES. Cladodus SIMPLEX. Ag.— ylgass. Monogr. du syst. dévon. Tab. 33, fig. 29-31. St.-Pétersbourg. — 433 — ADDITIONS ET CORRECTIONS. Pterichthys major Agass. Décrit pag. 19. Depuis l'impression de la première livraison de cet ouvrage, j'ai reconnu parmi les fossiles de rOld Red qui m'ont été communiqués par M. Roberston , plusieurs socles articulaires de cette espèce provenant de Seal-Craig , près d'Elgin. M. Pander en a aussi recueilli dans les environs de Riga plusieurs exemplaires , dont l'un est représenté par ses deux faces , Tab. 31 , fig. 3 c et rf; enfin M. Murchison en a rapporté un fragment d'Andoma. Pterichthys oblongus Agass. Décrit page 18. Ajoutez : Old Red, Tab. B, fig. 1 , et Tab. 30 a, fig. 1 . Pour compléter la description de cette espèce, j'ai fait dessiner une portion de la caparace, avec ses tubercules, grossie quatre fois en diamètre. Ces tubercules sont plus espacés que ceux du Pt. arenatus , plus gros et plus irréguliers dans leur distribution ; ils montrent en outre quelques traces de côtes rayonnantes à leur base , qui n'existent pas dans l'espèce de Russie. Pterichthys arenatus Agass. Old Red, Tab. 50a, fig. 3. Je rapporte au genre Pterichthys un fragment de carapace à surface grenue, provenant des environs de St.-Pétersbourg , recueilli par M. le comte de Keyserling. Quelqu'imparfait que soit ce fragment je ne crois cependant pas me tromper en l'envisageant comme le premier indice de l'existence d'une espèce particulière de Pterichthys en Russie. Dans tous les cas il appartient au type des poissons de l'Old Red , dont la caparace est tuberculée, c'est-à-dire qu'il n'y a d'alternative pour le classer qu'entre les genres Pterichthys , Coccosteus ou Aste- rolépis. Or les Pterichthys ont en général une granulation plus fine que les deux autres gen- Aff. OLD RED. J8 — 154 — res, et leurs tubercules sont moins étoiles ou même entièrement dépourvus de côtes rayon- nantes à leur base , et c'est précisément ce que l'on observe dans notre fossile , dont les tubercules sont même plus petits que ceux d'aucune autre espèce du genre. Le fragment re- présenté est grossi quatre fois en diamètre, comme les fragmens des autres espèces figurées sur la même planche et qui doivent servir de terme de comparaison pour la détermination. Genre HOMOTHORAX Agass. Plus haut, à pag. 30, j'ai mentionné un fossile dont je dois la connaissance à M. le D"" Fle- ming, qui m'en a communiqué un dessin. Après l'avoir comparé à réitérées fois avec les exem- plaires de Pamphractus que j'ai pu examiner, j'ai fini par me convaincre qu'il ne saurait être rangé dans ce genre , pas plus qu'avec les Ptérichthys ou les Polyphractus ; je crois dès-lors utile de le désigner sous un nom générique particulier, et de dédier l'espèce au savant profes- seur d'Aberdeen qui le premier l'a distinguée. Elle devra par conséquent figurer à l'avenir dans nos cadres systématiques sous le nom de : HoMOTHORAx Flemingii Agass. Old Red, Tab. 31, fig. 6. Genre PLACOTHORAX Agass. M. P. Duff a découvert dans le vieux grès rouge des environs d'EIgin , une portion de ca- rapace d'un poisson très-singulier, dont MM, Malcolmson et A. Roberston m'ont communi- qué des dessins fort exacts, représentant ce fossile sous toutes ses faces. C'est évidemment un type nouveau de la famille des Céphalaspides , caractérisé par la forme alongée et rhomboï- dale de ses plaques, dont la surface est ornée d'une granulation assez régulière, disposée en séries rectilignes sur les bords des plaques supérieures et alignées dans le sens du poisson sur les plaques latérales. Je ne connais encore qu'une espèce de ce genre, le Placothorax paradoxus Agass. Old Red, Tab. 30 a, fig. 20-23. Les plaques osseuses qui forment la carapace de ce poisson , ne sont conservées que sur trois de ses faces. Elles ont environ une ligne d'épaisseur et sont réunies à-peu-près comme chez les Ptérichthys ; cependant le corps de l'animal paraît avoir été plus alongé que la plu- part des Ptérichthys. Par sa forme il se rapprochait évidenmient du Pt. oblomjits, mais il dif- fère de toutes les espèces de ce genre par la forme plus alongée et plus pointue de ses pla- ques, qui en outre ne paraissent pas aussi symétriques que celles des autres genres de la — 135 — famille des Céphalaspides. Les fig. 20 et 21 représentent ce fossile par ses larges faces, sur l'une desquelles les plaques ont dispani ; les fig. 22 et 23 le montrent de profil , des deux côtés. L'exemplaire figuré, le seul que je connaisse, a été trouvé à Seat-Craig, près d'EIgin, et fait partie de la collection de M. Duff. POIYPHRACTUS PIATYCEPHALUS AgaSS. Décrit pag. 29. Les planches sont citées à faux dans le teste. Lisez, ligne S d'en bas : Old Red, Tab. 27, fig. 1, et Tab. 31, fig. a ; et ligne 2 d'en bas, Tab. 31, fig. 5. Genre CHELYOPHORUS Agass. Malgré l'imperfection des matériaux sur lesquels repose l'établissement de ce genre, je n'ai cependant pas hésité à le distinguer des autres types déjà mieux connus de la famille des Céphalaspides. C'est même la connaissance assez complète, à laquelle je suis arrivé, de l'or- ganisation des Ptérichlhys, des Pamphractus, des Coccosteus et des Céphalaspis, qui m'a permis de reconnaître que les fragmens que je vais décrire appartiennent réellement à la famille des Céphalaspides, et qu'ils doivent y former un genre distinct. Ce sont des plaques os- seuses, anguleuses, analogues par leurs formes à celles dont se compose la carapace des Pté- richthys, mais qui en diffèrent par la nature de leurs ornemens. Leur surface, au lieu d'être lisse ou garnie de tubercules étoiles et irréguliers, est ornée de granules plus ou moins alon- gés, confluens, et souvent même disposés en séries sinueuses ou rectilignes. Les plaques qui ont la forme de celles de fig. ik, 1 6 et 20, Tab. 31a, sont vraisemblablement des plaques corres- pondant par leur position et leur fonction à celles qui sont désignées par les lettres a ou g dans les fig. 1 , 2 et ^ de Tab. 6 ; celles de fig. 1 S, 1 7 et 1 8 correspondent plutôt à celles qui sont désignées par les lettres 6 et e de fig. 1; et celle de fig. 19, à celle désignée par b, fig. k. Mais je le répète, c'est surtout la nature des ornemens de la surface plutôt que la forme des plaques, qui m"a dirigé dans l'établissement de ce genre, dont on trouve de nom- breux fragmens à Orel. J'en distingue deux espèces. l. Chelyophorus Verneuilii Agass. OldRed, Tab. 31 «, fig. 14-19. Les ornemens de cette espèce sont très-fins , peu saillans, en forme de granules confluens, formant une réticulation sinueuse à la surface des plaques, avec une tendance marquée à un arrangement en éventail. La diversité de forme des plaques de ce type que l'on rencontre — 136 — dans les mêmes localités me font penser qu'il sera facile de recueillir un jour les matériaux nécessaires pour rétablir toute la charpente osseuse de la tête et du tronc. L'état ordinaire de conservation de ces ossemens , que l'on trouve généralement disloqués et séparés les uns des autres, promet en outre de nous fournir de précieux renseignemens sur l'ostéologie des Cé- phalaspides en général. Aussi ne saurait-on trop recommander ces ossemens à l'attention des géologues. La fig. ih représente une plaque impaire, probablement une plaque céphalique, d'en haut, en dessous fig. ika, et par derrière fig. ihb; la fig. i6 en représente une autre de même forme, vue de profil. Fig. 14c nous montre les ornemens grossis. Les fig. 15, 17 et 18 sont des plaques d'une autre forme et beaucoup plus fréquentes, d'où je conclus, en te- nant compte de leur asymétrie, que ce sont des plaques paires de l'occiput ou de la ceinture thoracique, et peut-être même des côtes de la tête. La fig. 19 représente une plaque sillonnée d'une cannelure profonde, comme on en voit sur quelques-uns des os du crâne des Coccos- tées. A côté des figures de grandeur naturelle, il y en a de grossies quatre fois. Les exemplaires figurés proviennent d'Orel; ils m'ont été communiqués par M. de Ver- neuil; j'en ai reçu d'autres de M. le baron de Meyendorf, provenant de la même localité; enfin j'en ai reconnu un fragment sur un échantillon de roche de Kokenhusen , conte- nant d'autres fossiles, et qui m'avait été communiqué par M. le baron de Lôwenstern. 2. Chelyophorus pustulatus Agass. Old Red, Tab. 31 a, fig. 20 et 21 . Je n'oserais pas affirmer que les deux plaques figurées sous le même nom , sur la planche citée , appartiennent réellement à la même espèce , tant il y a de différence entre les gra- nules alongés, confluens et plissés à leur base de l'exemplaire fig. 20 et ceux de fig. 21, qui sont beaucoup plus réguliers et coniques. Cependant la régularité de leur disposition sériale et en éventail, m'a engagé à les rapprocher jusqu'à ce que nous possédions de plus amples renseignemens à leur égard. Ces plaques différent principalement de celles de l'espèce pré- cédente par les dimensions de leurs ornemens, qui sont sensiblement plus petits dans le Ch. Ferneuilii. Notre espèce provient des environs de St-Pétersbourg ; les exemplaires figurés m'ont été communiqués par M. le comte de Keyserling. CoccosTEus oBLONGus Agass. Décrit pag. 28; ajoutez : Old Red, Tab. 30 o, fig. 2. Les granules de cette espèce sont surtout caractéristiques; il m'a dès-lors paru utile de re- présenter, fig. 2 de Tab. 30 a, un fragment de sa carapace grossi quatre fois en diamètre, afin de compléter la description citée. — 437 — COCCOSTEUS DECIPIENS AgasS. Décrit pag. 26; ajoutez: Old Red, Tab.B, fig. 2 et 3, etTab. 30a, fig. 49. La fig. 2 de Tab. B représente la structure des dents, et la fig. 3 de la même planche la structure des plaques de cette espèce. La fig. 49 de Tab. 30 o représente en outre une plaque ventrale médiane isolée, correspondant à celle qui est désignée par la lettre o dans la fig. k de Tab. 6. Elle provient des schistes de Pomona et m'a été communiquée par M. le D"^ Traill. Sa surface est plane, lisse le long des bords et ornée à l'intérieur de trois ou quatre rangées de tubercules disposés parallèlement aux contours de la plaque. Sa forme aplatie m'a con- vaincu de l'opportunité de distinguer comme espèce le Coccostevs maximns, dont je ne con- nais encore qu'une plaque ventrale médiane , mais dont la forme diffère essentiellement de celle du C. decipiens. CoccosTEUs cusPiDATus Agass. L'exemplaire de la figure citée pag. 28 offre un genre d'intérêt auquel je n'ai pas d'abord fait attention, c'est que près de la pointe il y a, à la face supérieure, un sillon médian qui se termine par une sorte de fossette alongée qui a quelque analogie avec celles que l'on remar- que dans les plaques nuchales des Siluroïdes, qui sont armés de gros piquans osseux, en avant de leur nageoire dorsale. Il se pourrait dès-lors que les Coccostées fussent également munis de grands rayons à la nuque ; mais avant qu'on ait pu les observer directement , il restera toujours douteux si c'était des piquans roides comme ceux des Balistes et des Silures, ou des filets pêcheurs, comme ceux des Baudroyes (LophmsJ. CoccosTETjs MAxiMus Agass. Old Red, Tab. 30a, fig. 4 7 et 48. La connaissance de cette espèce est due à M. le D"^ Malcolmson , qui en a découvert une plaque à Boghole, près de Lethen, dans le Nairnshire, et qui m'en a communiqué un dessin dès l'année 4 8^0; mais ce n'est que tout récemment que j'ai reconnu la véritable nature de ce fossile. C'est wne plaque ventrale médiane d'une très-grande espèce de Coccosteus, analogue à celle du C. decipiens, représenté sur la même planche, fig. 4 9. Elle ditïère sensiblement des autres espèces par la saillie que forme le milieu de sa surface , dont les deux moitiés sont inclinées en sens inverse, comme les pans d'un toit, fig. 48. Les granules sont conservés sur quelques points de la surface, fig. 4 7; ils sont beaucoup plus serrés que dans les autres espèces du genre. 138 — OSTEOLEPIS MAJOR ÂgasS, Décrit pag. 51 . Ajoutez : Old Red, Tab. 31 a, fig. 8-13, et Tab. 28 a, lîg. A, n. Parmi les nombreux débris de poissons fossiles des environs de St-Pétersbourg qui m'ont été communiqués par M. le comte de Keyserling, j'ai reconnu des écailles isolées d'un Ostéo- lépis que je crois pouvoir rapporter à l'une des espèces que l'on trouve en Ecosse , et que j'ai décrite sous le nom d'Ost. major. Pour mieux faire ressortir la ressemblance de ces écailles, j'en ai fait représenter une série Tab. 31 a, fig. 8-13, vues des deux faces , de grandeur na- turelle et grossies. J'ai reconnu les mêmes écailles sur un fragment de roche de Kokenhusen, qui m'a été communiqué par M. le baron de Lowenstern. DlPLOPTERUS MACROCEPHALUS AgaSS. Décrit pag. 5i. Ajoutez Old Red, Tab. 31 a, fig. 1-7. Cette espèce s'est retrouvée parmi les fossiles de Russie qui m'ont été communiqués par M. Murchison et M. le comte de Keyserling. Les écailles figurées Tab. 31 a, fig. 1 à i pro- viennent de Printschka, celle de fig. 5 provient de St-Pétersbourg; la fig. 6 représente un fragment d'os operculaire de Printschka, et la fig. 7, un fragment du bout du museau, pro- venant de St-Pétersbourg. Il y a la plus parfaite identité entre ces débris fossiles et les par- ties correspondantes des beaux exemplaires du Diplopterus macrocephalus de Lethen-Bar, figurés Tab. 16 et 17. J'ai cependant cru devoir reproduire dans mes planches les fragmens de Russie mentionnés ci-dessus, afin de ne laisser aucun doute sur le rapprochement que je viens de faire , et bien que ces fragmens n'ajoutent rien à la connaissance de notre espèce. Diplopterus affinis Agass. Mentionné pag. S5. Ajoutez : Old Red, Tab. 31 a, fig. 27 et 27a. Malgré l'imperfection du fragment que je représente ici , il est facile d'y reconnaître une portion de la couverture crânienne ; on peut même se convaincre sans peine que c'est une partie des frontaux, réunis par une suture irrégulière. Cela posé, on peut encore s'assurer, par une comparaison directe de la surface de ces os avec celle du Dipl. macrocephalus , que notre D. affinis est bien réellement une espèce distincte , caractérisée par l'extrême petitesse des trous dont l'émail est couvert. — 139 — Genre STAGONOLEPIS Agass. J'ai établi ce genre d'après une plaque sur laquelle on remarque l'empreinte de plusieurs rangées de grandes écailles rhomboïdales , disposées de la même manière que celle des Lépi- dostées. La forme anguleuse de ces empreintes ne permet pas de douter que le poisson dont elles proviennent ne fût un grand Ganoïde voisin des Mégalichthys. L'absence des nageoires, de la tète et des dents , ne permet cependant pas de déterminer rigoureusement la famille à laquelle ce fossile appartient. Je le range provisoirement dans le voisinage du genre Glypto- ponie avec lequel il a quelque analogie dans les ornemens des écailles. Cependant le genre Stagonolepis ne saurait être confondu avec aucun de ceux que j'ai établis jusqu'ici. La sur- face de ses écailles est ornée de creux en forme de gouttelettes alongées, disposées en rosette autour du centre des écailles ; ces creux vont en augmentant de grandeur vers la périphérie, sans atteindre cependant les bords qui sont lisses. Je ne connais encore qu'une seule espèce de ce genre , le Stagonolepis Robertsoni Agass. OIdRed, Tab. 31, fig. 13 et! 4. La fig. 1 3 représente l'empreinte de quatre écailles , de grandeur naturelle , dans leur po- sition normale ; la fig. ih est un dessin de l'exemplaire entier qui a été observé par M. Ro- bertson , réduit à la moitié de ses dimensions naturelles. Ce fossile provient des couches su- périeures du vieux grès rouge du Murayshire .; il a été découvert dans les environs d'Elgin , à Lossiemoulh. Je n'ai pas examiné moi-même l'original, mais les dessins que M. Roberlson m'a communiqués et que j'ai reproduits dans mon Atlas , planche citée , m'ont suffi pour y reconnaître un type générique entièrement nouveau. Dans le fossile en question les ornemens des écailles sont en relief; mais il ne faut pas perdre de vue que ce n'est qu'une empreinte et que par conséquent les écailles doivent porter ce dessin en creux lorsqu'elles sont conservées en nature. Glyptolepis leptopterus Agass. Décrit pag. 63. Ajoutez : Old Red, Tab. 21 a, fig. 1, et Tab. 31 «. fig. 24. Afin de mieux faire ressortir les caractères spécifiques des trois espèces de Glyptolepis que j'ai distinguées, j'ai donné des figures grossies de leurs écailles Tab. 'iia: la fig. 1 repré- sente celles du Gl. leptopterus, décrit pag. 63. En comparant ces écailles avec celles de la fig. "Ik de Tab. 31 a, qui provient des environs de St.-Pétersbourg et qui m'a été communiquée par M. le comte de Keyserling , on ne saurait douter que l'espèce de Russie ne soit la même que celle d'Ecosse. — l^iO — Glyptolepis elegans Agass. Décrit pag. 65. Ajoutez : Old Red , Tab. 21a, fig. 2. La fig. 2o représente une écaille de grandeur naturelle , grossie fig. 2. Les plis de la sur- face qui forment les ornemens de la partie visible de l'écaillé sont plus distans les uns des autres que dans l'espèce précédente. HoLOPTYCHius Flemingu Agass. Décrit pag. 7i. Ajoutez : Old Red , Tab. 31a, fig. 25. Parmi les fragmens du vieux grès rouge des environs de St.-Pétersbourg , qui m'ont été communiqués par M. le comte de Keyserling , j'ai reconnu quelques écailles d'Holoptychius qui appartiennent évidemment à l'espèce de Dura-Den que j'ai décrite plus haut sous le nom d'H. Flennngii. Afin qu'il ne reste aucun doute à cet égard, j'ai représenté une de ces écailles par sa face inférieure fig. 25 a et l'empreinte des ornemens d'une autre plus caractéristique encore , fig. 25. HoLOPTYCHIUS GIGANTEUS AgaSS. Décrit pag. 73. Lisez : Old Red , Tab. 24 , fig. 3-10. C'est par erreur que la fig. 2 de Tab. 24 est attribuée à cette espèce ; elle représente une écaille de VH. nobiiissimus , décrit plus bas. Cette espèce diffère surtout de 1'//. nobiiissimus par la forme des plis de la surface de ses écailles, qui sont interrompus et qui ont une tendance à se transformer en tubercules isolés, vers le bord postérieur de l'écaillé , tandis que dans VH. nobiiissimus , les plis bien qu'anas- tomosés , restent continus sur toute la surface de l'écaillé. HoLOPTYCHIUS NOBILISSIMUS AgaSS. Décrit pag. 73. Ajoutez : Tab. 24 , fig. 2 et Tab. 31a, fig. 26. Cette espèce est très-fréquente en Russie ; dans le vieux grès rouge de Prinlschka, où on en trouve des écailles en si grande abondance , qu'elles forment ime véritable brèche osseuse , qui contient en outre de nombreux fragmens de Bolhriolepis ornala. Les écailles sont rare- ment entières ; cependant elles sont assez bien conservées pour qu'il ne puisse rester aucun — i41 — doute sur leur identité avec celles de l'espèce d'Ecosse, dont j'ai figuré un exemplaire à-peu- près parfait , Tab. 23. L'écaillé de Tab. 31a, fig. 26 , provient de Prinlschka ; j'en ai fait re- présenter un fragment grossi fig. 26 a, pour montrer la structure réticulée du tissu osseux de sa base et les pores qui traversent sa partie émaillée. HoLOPTYCHius Omaliusii Agass. Décrit pag. 75. Des exemplaires qui m'ont été communiqués par M. Hœninghaus , m'ont appris que cette espèce se trouve aussi dans l'Eifel. Genre ACÏINOLEPIS Agass. Je ne connais encore que quelques écailles de ce genre , mais leur forme et les ornemens qui recouvrent leur surface , sont si caractéristiques que je n'ai pas hésité à créer un genre à part pour les classer systématiquement. Par leur contour, ces écailles se rapprochent un peu de celles des Holoptychius ; elles sont cependant plus alongées et plus régulières , mais ce qui les distingue surtout , c'est qu'au lieu d'être plates , elles sont relevées sur leur milieu et pré- sentent la forme d'un toit à pans inclinés sur une ligne médiane longitudinale. De plus , la surface est ornée de tubercules disposés en séries régulières en même temps concentriques et en éventail , c'est-à-dire , que ces ornemens ont une disposition telle autour de la ligne mé- diane, que suivant la manière de les envisager, ils paraissent tantôt former des séries con- centriques et tantôt des séries divergeant en éventail vers la périphérie. Le fait est , que sui- vant les exemplaires , l'alignement dans un sens l'emporte plus ou moins sur l'autre. La face inférieure des écailles est concave , creusée d'une gouttière longitudinale sur la ligne médiane et parfaitement lisse. Je ne connais encore qu'une espèce de ce genre , mon ACTINOLEPIS TUBERCULATUS AgasS. Old Red, Tab. 31, fig. lo-18 , et Tab. Zia, fig. 28. Je dois la connaissance de celte espèce à M. le comte de Keyserling , qui l'a découverte dans les environs de St.-Pétersbourg. Déjà antérieurement M. Malcolmson m'en avait communiqué un dessin , représentant la face inférieure d'une écaille provenant des environs d'Elgin , mais l'absence des ornemens caractéristiques, sur cette face, ne m'avait pas permis de la déter- miner. Plus tard , M. Roberlson m'a communiqué l'original même de ce dessin , et en enle- vant la moitié de l'écaillé, que j'ai figurée Tab. 3I«. j'ai pu me convaincre qu'elle appartient Ag. OLD RED. J9 — ik2 — à la même espèce que celles de M. le comte de Keyserling, qui sont représentées Tab. 3i . Il résulte de-là que cette espèce est commune au vieux grès rouge de la Russie et de l'Ecosse. La fig. iS, de Tab. 31, représente une écaille vue d'en haut de grandeur naturelle et la lig. 1 6 la même vue de profil , par derrière. La surface de cette écaille montre une disposition presque étoilée de ses tubercules ; les séries concentriques sont à peine visibles , et la ligne mé- diane est moins relevée que dans l'exemplaire de fig. 17, où les séries concentriques sont plus en saillie. La fig. 18 fait voir quelques-unes de ces rangées de tubercules grossis ; ceux de la ligne médiane sont les plus grands. A la base des tubercules on aperçoit des plis extrêmement fins, disposés irrégulièrement en éventail dans les interstices qui les séparent. Des observations ultérieures devront encore nous apprendre si les différences que j'ai signalées entre ces écailles ne constituent pas des caractères distinclifs d'espèces; ou si, comme je l'ai fait ici, il faut les laisser réunies sous une même dénomination. Platygnathus Jamesoisi Agass. Décrit pag. 77. Ajoutez : Old Red , Tab. 31a, fig. 22 et 23. Les fragmens représentés sur cette planche appartiennent évidemment à l'espèce décrite plus haut , sous le nom de PL Jamesoni. Ils proviennent des environs de St.-Pétersbourg , et m'ont été communiqués par M. le comte de Keyserling. Ce sont des fragmens d'écaillés qui présentent à leur surface ces fines rides sinueuses et ramifiées qui caractérisent les écailles des Platygnathes. Quelque imparfaits que soient ces fragmens , je ne conserve aucun doute sur leur identité avec les écailles du PL Jamesoni de Dura-Den. Leur aspect extérieur et leur struc- ture sont exactement les mêmes. Ce rapprochement sur des matériaux aussi incomplets , est même un exemple de plus de l'importance que peuvent avoir les poissons fossiles pour la dé- termination des terrains. Dendrodus latus Owen. Décrit pag. 82. Ajoutez : Rech. Poiss. foss. Vol. II , Tab. SSa, fig. 19 et 20 et Old Red , Tab. 28 a, fig. 8-12. Outre les figures citées dans le texte, j'ai cru utile d'en ajouter plusieurs faites d'après des exemplaires provenant des environs de Riga , qui m'ont été communiqués par M. Murchison. C'est à tort que ces mêmes exemplaires figurés Tab. SS a, fig. 19 et 20 dans le second volume des Recherches, y portent le nom de Dendrodus slrigatus et que cette citation a été répétée ci- dessus pag. 80 ; car c'est au D. latus qu'il faut les rapporter. — I?i5 — Dendrodus strigatus Owen. Décrit pag. 80. Effacez la citation des Rech. Poiss. foss. qui appartient au IJ. laliis et ajoutez : 01(1 Red, Tab. 28a, fig. 1 et 2. Cette espèce a été trouvée dans les environs d'Elgin , à Seat-Craig par M. Robertson, dans les environs de Riga par M. Pander, et dans les environs de St.-Pétersbourg par !\I. le comte de Keyserling. Les ligures que j'ai ajoutées à mon Atlas, Tab, 28a, sont dessinées d'après des exemplaires de St.-Pétersbourg , qui ne diffèrent absolument en rien de ceux de Riga et d'Elgin. Demdrodus sigmoides Owen. Décrit pag. 82. Ajoutez • Old Red , Tab. 28 o, fig. 3-S. Parmi les fossiles du vieux grès rouge des environs de St.-Pétersbourg qui m'ont été com- muniqués par M. le comte de Keyserling, j'ai reconnu une dent de Detidr. sigmoides parfai- tement identique avec celles d'Ecosse , que j'ai figurée Tab. 28 a, fig. 3 et h de profil , et en face de grandeur naturelle et grossie fig. S . Dendrodus tenuistriatlis Agass. Old Red, Tab. 28a, fig. 6 et 7. Par leur forme et leurs dimensions les dents de cette espèce ressemblent beaucoup à celles du D, strigatîis ; comme celles-ci elles sont coniques , droites , cylindracées et obtuses , en- sorte qu'il serait facile de les confondre , mais les plis de la surface suffisent pour distinguer ces deux espèces. Les dents du D. tenuistriatus ont des plis beaucoup plus nombreux , plus rapprochés et plus uniformes ; cette différence est surtout sensible sur la moitié supérieure du cône dentaire , mais la base présente aussi des différences notables , car les plis intermédiaires sont en revanche moins nombreux , ce qui rend l'aspect de la partie inférieure de la dent moins différent de celui de la pointe, que dans le D. strigatus, où les plis de la base paraissent trè^- fins , et ceux de la pointe beaucoup plus larges. Cette espèce provient des environs de St.-Pétersbourg, où elle a été découverte par M. le comte de Keyserling. Dendrodus minor Agass. Old Red, Tab. 28a, fig. 13. Je ne connais encore qu'une seule dent de cette espèce , qui m'a été communiquée par M. Murchison , et qui provient de Megra. Elle se distingue de ses congénères par sa petite taille et l'uniformité de ses fines stries , dont un petit nombre dépasse la moitié de la hauteur du cône dentaire ; cependant sa pointe étant brisée , je voudrais ne considérer cette détermi- nation que comme provisoire jusqu'à ce qu'on en ait trouvé un plus grand nombre d'exem- plaires mieux conservés. Lamnodus BiPORCATUs Agass. Décrit pag. 8k. Ajoutez : Old Red , Tab. 28 , fig. 6 et 7 et Tab. 28 a, fig. H et 1 S. Cette espèce a été trouvée à Seat-Craig , dans les environs d'EIgin , à Riga , à Cremon et dans les environs de St.-Pétersbourg. Aux figures déjà citées dans le texte et qui ont été des- sinées d'après des exemplaires découverts par M. le D"^ Pander dans les environs de Riga, j'en ai ajouté plusieurs autres parfaitement semblables , prises sur des exemplaires écossais et sur des exemplaires russes d'autres localités. C'est ainsi que les fig. 6 et 7 de Tab. 28 , représen- tent des dents trouvées par M. Robertson dans les environs d'EIgin et déterminées par M. Owen lui-même , qui le premier a distingué cette espèce sous le nom de Dendrodits biporcatus. Les fig. 4 4 et lo de Tab. 28 a, ont été dessinées sur des exemplaires de Cremon , qui m'ont été communiqués par M. le baron de Meyendorf ; enfin M. le comte de Keyserling , m'en a éga- lement communiqué plusieurs provenant des environs de St.-Pétersbourg. Il parait dès-lors que cette espèce est l'une des plus répandues du système dévonien. Je serais tenté d'attribuer à cette espèce le Coprolithe représenté fig. 24 de Tab. 28 «. et cela pour deux raisons : premièrement parce que des excrémens de cette nature ne peuvent provenir que d'animaux carnivores , très-voraces , ce qui devait être le cas de tous les Den- drodus et plus particulièrement encore des Lamnodus ; la seconde raison pour laquelle je pen- cherais à envisager ce coprolithe comme du fait d'un Lamnodus biporcatus , c'est que les dents de cette espèce sont plus fréquentes à Cremon que celles des autres espèces de ce groupe et c'est précisément à Cremon que le coprolithe en question a été découvert. Je dois la com- munication de ce précieux fossile à M. le baron de Meyendorf. Sa forme est très-alongée et uniformément cylindracée; sa masse offre des traces très-distinctes d'enroulement ou de tor- sion sur elle-même. M. Robertson a découvert dans les environs d'EIgin d'autres coprolithes de forme plus ramassée, ovoïde et moins régulière, dont la masse se compose presqu'entiè- — i^:j — rement de fragmens très-mulilés d'écaillés. Ce sont sans doute les excrémens de quelqu'autre grande espèce de Célacanthe , peut-être d'un vrai Dendrodus ; mais aussi long-temps que l'on n'aura pas trouvé ces différens coprolitlies dans la cavité abdominale même des poissons dont ils proviennent , il sera difficile de les déterminer rigoureusement. Lamnodus hastatus Agass. Décrit pag. 87. Ajoutez : Old Red , ïab. 28a, fig. 16 et 17, et fig. A, a-f. Depuis que j'ai décrit ci-dessus les dents de cette espèce, M. le baron de Meyendorf et M. le comte de Keyserling m'en ont communiqué un assez grand nombre d'exemplaires , provenant de Cremon et des environs de St.-Pétersbourg , parfaitement identiques avec ceux d'Ecosse et dont j'ai fait représenter quelques échantillons, Tab. 28 a, fig. 16 et 17 et fig. A. Il paraît que celte espèce est surtout abondante dans les environs de St.-Pétersbourg , car on en remarque cinq ou six dents isolées sur le seul fragment de roche de fig. A , que j'ai fait représenter pour donner une idée de la fréquence des fossiles de cette localité, qui égale et surpasse même à bien des égards , celle des fossiles tertiaires de certains gisemens que l'on cite cependant comme exemples de la fréquence des fossiles dans les roches stratifiées. Lamnodus sulcatus Agass. Old Red, Tab. 28a, fig. 18. Cette espèce de dent déjà figurée par M. Murchison, dans son Système silurien Tab. 2 bis, fig. 8 et 9 , n'a encore été ni nommée , ni décrite. Elle se distingue cependant facilement de ses congénères par sa forme largement conique , et fortement comprimée et par les gros sil- lons longitudinaux et irréguliers dont sa surface est empreinte ; à la base de la dent on re- marque en outre quelques plis plus faibles et moins étendus. Cette dent, jusqu'ici l'unique de son espèce que l'on connaisse, a été découverte dans les environs d'Elgin par M. le D"^ Malcolmson. Cricodus iNCURVus Agass. Cette espèce est plutôt citée que décrite, à pag. 88; le mauvais état de conservation des dents de ce type, que j'ai eues à ma disposition, ne m'a pas permis jusqu'ici d'en donner une description élaborée ; je puis cependant ajouter à ce que j'ai déjà rapporté plus haut, que le Cricodus incurvus se trouve également dans les environs d'Egin et de Riga. — {ti6 — AsTEROLEPis AsMusii Agass. Décrit pag. 89. Ajoutez : OUI Red, Tab. 30 a, fig. H. Le nombre des espèces du genre Asterolépis s'est tellement accru qu'il n'est plus possible de les distinguer d'après les seules différences que présentent les tubercules de ces plaques dans leurs dimensions et dans leur arrangement. En revanche, une comparaison réitérée de leurs ornemens , à l'aide de la loupe, m'a convaincu que la structure de leur surface offrait des caractères propres à en faciliter la détermination; c'est ce qui m'a engagé à reproduire divers fragmens de ces fossiles sous des grossissemens de trois à quatre fois le diamètre , afin de les faire mieux connaître que par les descriptions que j'en ai donné précédemment. Le réseau sablé qui s'étend uniformément entre les tubercules , du reste assez irréguliers , des plaques de VJ. Âsmusii, me paraît caractéristique pour cette espèce. Asterolépis ornata Eichw. Décrit pag. 92. Ajoutez : Old Red, Tab. B, fig. U, Tab. 28 a, fig. 25 et Tab. 30 a, fig. 5 à 9. Les ornemens de cette espèce varient beaucoup suivant la position qu'ils occupent sur les différentes faces d'une même plaque et sur des plaques de différente forme; d'où je conclus que les différentes régions de la tète ne sont pas également revêtues de tubercules. Les plis étoiles, parsemés de petits trous qui entourent la base des saillies mamelonnées, sont néan- moins un caractère assez constant; que ces saillies aient la forme de tubercules arrondis ou alongés, qu'elles soient isolées ou confluentes, leur aspect est à-peu-près toujours le même; et j'ai eu tort de ne pas insister sur ce caractère dans ma description pag. 93; il n'y a que les surfaces à-peu-près lisses des plaques où l'on remarque des espèces de côtes tubercu- leuses sans plis étoiles. Les figures de Tab. 30 a, comme celles de Tab. 30, ont été dessinées d'après des exemplaires des environs de Riga et de Cremon, qui m'ont été communiqués par M. le D' de Pander, et par M. le baron de Meyendorf; celle de Tab. 28 a représente un exemplaire découvert à Megra par M. Murchison. Asterolépis speciosa Agass. Décrit pag. 93. Ajoutez : Old Red, Tab. 30 a, fig. h. La localité d'où provient cette espèce est Voronèje. Les espaces lisses qui séparent les tu- bercules sont finement pointillés. — d47 — ASTEROLEPIS MINOR Agass. Décrit pag. 9^. Ajoutez : Old Red, Tab. 28 «, fig. A, g-k et Tab. 31 «, 29 et 30. — Aslerolepis mitiaris Ag. Table des genres et des espèces, ci-dessus, pag. 61 . Cette espèce est inscrite sous le nom d' Jsterolepis miliaris dans la Table analytique des genres et des espèces de la famille des Célacanlhes, à pag. 61. Outre les localités déjà citées, il faut encore inscrire les environs de St-Pétersbourg , où elle a été trouvée par M. le comte de Keyserling. AsTEROLEPlS GRANULATA AgasS. Décrit pag. 94. Ajoutez : Old Red, Tab. 30a, (ig. 12. Les tubercules de cette espèce ne se distinguent pas seulement par leur forme conique , ils sont encore cannelés sur les côtés, et dentelés à leur base. ASTEROLEPIS HoNINGHAUSII AgaSS. Old Red, Tab. 30 a, fig. 10. M. de Verneuil m'a communiqué une large plaque osseuse provenant de l'Eifel, dont la figure citée ne représente qu'un fragment. Sa surface est ornée d'un relief analogue à celui de quelques Jsterolepis. Ce sont de petits tubercules arrondis, disposés irrégulièrement sur la plaque et séparés par des espaces en apparence lisses, mais qui examinés à la loupe laissent voir un grené assez régulier, dont les points paraissent disposés en forme de rosettes autour des tubercules. Cet arrangement lient en quelque sorte le milieu entre celui de V/ïst. As- musii et du speciosa. Aussi ne douté-je pas, malgré la petitesse des tubercules, que ce fossile ne soit un ossement d'Asetrolépis. AsTEROLEPis Malcolmsoini Agass. Old Red, Tab. 30a, fig. 16. M. le D"^ Malcolmson et M. Roberston m'ont communiqué des dessins de plusieurs plaques osseuses, dans lesquelles j'ai reconnu une espèce nouvelle d'Asterolépis , caractérisée par des tubercules irréguliers , entourés à leur base d'une étoile de nombreux plis très-fins. La figure citée représente une de ces plaques, sur les bords de laquelle on remarque un espace lisse qui — d48 — était probablement recouvert par d'autres plaques. La fig. 16 o montre une portion de cette plaque grossie quatre fois en diamètre , avec quelques tubercules et la surface lisse qui les borde. Ce fossile provient de Seat-Craig , près d'Elgin. ASTEROLEPIS APICAIIS AgaSS. OldRed, Tab. 31a, fig. 31. Parmi les nombreux fragmens d'ossemens d'Asterolépis des environs de Riga, qui m'ont été communiqués par M. le D"^ Pander et par M. Murcliison, j'en ai remarqué un qui se dis- tingue complètement des autres par la nature de ses tubercules. Ses caractères sont si parti- culiers qu'il ne saurait être rapporté à aucune des espèces déjà décrites. En effet les tubercules au lieu d'être tout d'une venue et de se confondre insensiblement avec la surface au-dessus de laquelle ils s'élèvent, s'en détachent d'une manière tranchée, et semblent comme autant de capuchons étoiles, reposant sur un fond granulé, dont le pointillé est disposé d'une ma- nière plus ou moins régulière , en forme de rosettes, autour des parties saillantes. Il résulte de ces descriptions que les espèces que j'ai réunies jusqu'à présent dans le genre Asterolépis, présentent des ornemens d'un aspect assez divers , qui devront peut-être un jour se répartir dans plusieurs genres distincts. A n'en juger que d'après ces plaques, j'entrevois déjà trois types différons : 1° celui de Y Asterolépis apicalis , avec ses tubercules détachés. C'est la seule espèce dans laquelle j'aie observé jusqu'ici cette bizarre structure des ornemens. 2° celui de V Asterolépis ornata , avec ses tubercules étoiles. Ce type n'embrasse non plus, à proprement parler, que cette seule espèce, car il faudra probablement en séparer encore V Asterolépis granulata, à cause de la forme particulière de ses tubercules, qui tiennent en quelque sorte le milieu entre ceux de VAst. apicalis et ceux de Vornata , mais qui diffèrent des uns et des autres par leur mode d'insertion et par leurs canelures longitudinales. 3° le type de V Asterolépis speciosa , avec des tubercules séparés par des intervalles en apparence lisses. Ce type offre aussi deux modifications assez notables : dans VA. Asmusii , les espaces en apparence lisses qui séparent les tubercules, sont finement réticulés , tandis que dans les A. speciosa et Hœninghausii ils sont sablés. Reste maintenant encore à savoir quels rapports il existe entre la nature de ces ornemens et les particularités d'organisation des autres parties de la charpente osseuse qui nous sont restées inconnues jusqu'ici. — 1^9 — BOTHRIOLEPIS ORNATA EicllW. Décrit pag. 99. Ajoutez : Old Red, Tab. 50a, fig. 14 et 15, elTab. 31 o, %. 36 et 57. Cette espèce est maintenant connue dans plusieurs localités, tant en Ecosse qu'en Russie. J'en ai déterminé des exemplaires de Kipet, d'Andoma, de Ladoga, de Printschka, de Clashbennie, d'Elgin , de Monachty-Hill et de Nairn. Pour constater leur identité, j'en ai re- présenté de différentes localités. Les fig. 1 et 2 de Tab. 29 représentent des exemplaires de Printschka, qui m'ont été communiqués par M. Murchison. M. le baron de Meyendorf m'en a adressé d'autres de la même localité. Ces plaques paraissent très-abondantes à Printschka, où on les trouve constamment associées avec des écailles à' Holoptychius nobilissimus. Cette association est même si frappante que si je ne connaissais pas la nature de la granulation des os de cet Holoptychius que j'ai pu étudier sur l'exemplaire de Tab. 25, j'aurais été tenté de croire que tous ces fragmens acccumulés les uns sur les autres, avec tant de profusion, pro- viennent du même animal. Les originaux des fig. 5, 4 et S de Tab. 29 proviennent de Mo- nachty-Hill, dans les environs d'Elgin, et m'ont été communiqués par M. Robertson. Les fig. 1 4 et 1 5 représentent des fragmens grossis de plaques des mêmes localités que celles des figures citées ci-dessus, destinées à faire mieux connaître la nature des ornemens de leur sur- face. Les pores qui traversent l'émail sont plus ou moins nombreux , suivant la position des plaques. La fig. 56 de Tab. 51 a représente un fragment de Kipet, qui m'a été communiqué par M. de Verneuil ; et la fig. 57, un fragment découvert par M. Roberston dans les environs de Nairn. Les exemplaires d'Andoma que j'ai examinés m'ont été adressés par M. Murchison, et ceux de Ladoga par M. le professeur Eichwald. On le voit, ce fossile peut être considéré comme un des plus répandus de la faune du système dévonien. BoTHRIOLEPlS FAVOSA AgaSS. Décrit pag. 100. Ajoutez: Old Red, Tab. 50a, fig. 15, et Tab. 51 a, fig. 52-55. Les recherches récentes des géologues nous ont appris à connaître cette espèce dans plu- sieurs localités qui sont énumérées plus haut page 150, savoir : à Clashbennie, à Elgin, à Tschudova, à Prussino , à Megra, à St-Pétersbourg, à Ladoga et à Kokenhusen. Pour cons. tater l'identité des exemplaires russes avec ceux d'Ecosse, j'en ai fait figurer divers fragmens Tab. 51a; la fig. 52 représente une plaque, probablement un opercule, des environs de St-Pétersbourg, qui m'a été communiqué par M. le comte de Keyserling; la fig. 53 représente une plaque de Tschudova; la fig. 54, un fragment de Megra, grossi , fig. ôha; et la fig. 55, un autre fragment, de Prussino ; ces trois derniers m'ont été communiqués par M. Murchison. AG. old RED. 20 — 150 — M. Eichwald m'en a adressé un fragment provenant de Ladoga. Enfin je dois la connaissance d'un fragment de Kokenhusen à M. le comte de Lowenstern. La fig. 13 de Tab. 30a repré- sente une portion grossie d'une plaque de l'exemplaire de Tab. 27 et 28, destinée à faire mieux comprendre la description que j'ai donnée à pag. 100 de l'aspect de sa surface. En récapitulant toutes les indications relatives aux poissons fossiles du système dévonien qui sont contenues dans cette monographie, je trouve comme résultat final que nous con- naissons maintenant cent et cinq espèces de ce terrain, appartenant à quarante-trois genres, répartis dans six ou sept familles. Le gîte de Monte-Boica, réputé de tout temps comme le plus riche en espèces, n'en contient pas davantage. 15i APPENDICE. Pendant l'impression de cette monographie, M. Eicliwald a publié (') un mémoire sur les poissons fossiles du système dévonien des environs de St-Pétersbourg , dans lequel il a établi plusieurs genres nouveaux et décrit un assez grand nombre d'espèces que je vais chercher à rapprocher de celles que j'ai décrites de mon côté, pour fixer autant que cela me sera pos- sible leur synonymie. Malgré les peines que je me suis données pour reconnaître les espèces du savant académicien russe, je dois cependant avouer que je n'y suis pas complètement par- venu, bien que j'eusse à ma disposition une collection considérable de débris de poissons fossiles , provenant de la même localité que ceux décrits par M. Eichwald. Le fait est que dans toutes les descriptions de M. Eichwald on est constamment arrêté par un défaut de précision dans l'appréciation des caractères organiques , d'autant plus sensible que ses descriptions, à ne les juger que d'après leur longueur et les citations qu'elles renferment, pourraient pa- raître très-délaillées et faites avec toute la critique nécessaire. H me serait même facile de faire voir que la plupart des genres de M. Eichwald jouissent d'une élasticité incroyable , et que dans un de ses Mémoires, il les fait synonymes de tel ou tel genre d'un autre auteur, pour les distinguer de nouveau plus tard sans plus de scrupules. Une pareille manière de faire ne saurait qu'être très-préjudiciable aux progrès de la Paléontologie ; et pour montrer à quel degré de confusion un défaut de critique aussi absolu peut nous conduire , je me bor- nerai à citer un seul exemple de cette espèce d'escamotage. Je me plais du reste à rendre cette justice à M. Eichwald, qu'il a été le premier à décrire, sous des noms particuliers , les plaques osseuses des environs de Riga , qui caractérisent le vieux grès rouge de cette localité. Il en a fait ses genres Asterolepis et Bolhriolepis. N'ayant pas eu connaissance de son travail, je les ai distinguées de mon côté, mais plus tard seulement, sous les noms de Chelonichthys et de Ghjptosteus. Cependant j'avais déjà établi antérieurement d'autres genres de cette forma- tion sous les noms de Coccosteus et de Plerichthys , genres que j'ai décrits en détail dans la i''^ livraison de cette Monographie. Les choses en étaient là , lorsque M. le comte de Keyser- ling et M. Worth découvrirent le riche dépôt à poissons des environs de St-Pétersbourg, C) Ueber fossile Fisclie des devonischen Systems in der Umgegend von Powlowsk bcy St.-Pelersburg. Von Herrn D' Eichwald. — Karsten und V. Dechen Archiv fiir Minéralogie, Geognosie, etc. Vol. XIX, 1843, page 667. — 152 — dont M. Eichwald a cherché à déterminer les espèces dans le Mémoire que j'ai mentionné plus haut, et qui fut inséré d'abord dans les Feuilles patriotiques de St-Pétersbourg. Dans sa première publication, M. Eichwald, que l'on aurait pu croire compétent pour juger la ques- tion , nous apprend que son genre Asterolépis est synonyme de mon genre Ptérichthys, qu'il attribue, je ne sais trop pourquoi, à M. H. Miller; puis il rapporte mon genre Coccosteus à son genre Bothriolépis. Cependant des exemplaires autenthiques d' Asterolépis et de Bothrio- lépis, que je dois à M. le Prof. Bronn, qui les tenait lui-même de M. Eichwald, m'ayant appris que les genres de M, Eichwald n'ont rien de commun ni avec mes Pterichthys , ni avec mes Coccosteus, tandis qu'ils sont synonymes de ceux que j'avais établis sous les noms de Chelo- nichthys et de Glyptosteus , je me suis empressé de supprimer ces derniers noms pour adopter ceux de M. Eichwald. Aujourd'hui M. Eichwald, voyant ses genres figurer à côté des miens, dans mes dernières publications, et s'appuyant sans doute sur les caractères que je leur assigne maintenant , trouve de nouveau moyen de séparer ses Bothriolépis et ses Asterolépis de mes Pterichthys et de mes Coccosteus , dont il avait reconnu la coïncidence avec une si parfaite assurance il y a quelques mois seulement (*). Qu'en sera-t-il un jour de ses espèces nouvelles? Je laisse à d'autres le soin de le décider. Mais ce que je me permets d'affirmer ici , c'est que de nos jours il n'est plus possible de caractériser des ossemens fossiles sans le secours de bonnes figures , et que toutes les tentatives d'en agir autrement ne peuvent porter que des fruits déplorables. L'Iconographie est l'auxiliaire inséparable de nos descriptions de fossiles, et quant à l'appréciation rigoureuse de fragmens isolés d'ossemens, il est indispen- sable d'avoir recours à une étude microscopique de leur structure, pour les déterminer. Des travaux paléontologiques faits sans ces moyens de précision n'ont pas plus de valeur à mes yeux que la description d'un minéral qui n'embrasserait ni les caractères crislallographiques ni la composition chimique de l'espèce qu'il faudrait déterminer, et qui se bornerait à nous apprendre qu'il s'agit d'un minéral dur, à surfaces anguleuses, en forme de petite tour, jaune ou rouge , etc. Quel est le minéralogiste qui , de nos jours, tiendrait compte d'une pareille description? Aucun. Certes, les paléontologistes ne peuvent pas se prévaloir d'une réserve aussi judicieuse dans la critique qu'ils font des travaux qui paraissent dans leur do- maine , car tous les jours nous voyons citer des descriptions de fossiles qui ne mettent pas en évidence un seul caractère organique des espèces qu'elles sont sensées nous faire connaître. Onchtis et Ctenacanthus. La comparaison directe que j'ai faite des espèces d'Onchus du ter- rain dévonien avec celles du silurien , m'a permis de les distinguer spécifiquement. Leurs caractères sont assez tranchés, comme on a pu le remarquer ci-dessus, pour qu'il ne puisse plus être question de les confondre. Cependant M, Eichwald insiste sur la présence de mes Onchus Murchisoni el tenuistriatus dans les couches dévonienncs des bords de la Sla^^anka. J'ose croire qu'en revoyant mes descriptions , M. Eichwald renoncera à ce rapprochement C) Voir à ce sujet le mémoire inséré dans les Archives de MM. Karslen et de Dechen. — i53 — et reconnaîtra facilement que les 0. Murchisoni et tenuistriatus , que l'on trouve assez fré- quemment dans les rocs de Ludlow, du système silurien , sont des espèces particulières tout- à-fait différentes de celles des environs de St-Pétersbourg. UOnchus dilatatm Eichw. est une espèce de mon nouveau genre Byssacanthus , probablement mon li. lan-is. Le fossile que M. Eichwald désigne sous le nom de Ctenacanthus ornatus Ag. est vraisemblablement plutôt mon Ct. serrulatus Âg. , du moins je n'ai encore vu que ce dernier parmi les fossiles qui m'ont été communiqués de Russie. Pleuracanthus. M. Eichwald n'est pas heureux dans ses rapprochemens , et il paraît que je suis bien peu au courant de ce qui concerne les poissons fossiles. Du moins d'après M. Eich- wald le genre Pleuracanthus serait fréquent dans la molasse et dans le Jura, mais plus rare dans le terrain houiller, ce qui expliquerait sa grande rareté dans le système dévonien. J'ignore quel fossile de ce terrain M. Eichwald a décrit sous le nom de Pleuracanthus tuher- culalus; mais ce que je sais fort bien , c'est que je n'ai décrit qu'une seule espèce de Pleura- canthus dans mes Recherches, pag. 66, provenant de la houille de Dudiey, que j'en connais deux autres , encore inédites, provenant également de la houille, mais que je n'en ai encore jamais rencontré ni dans la molasse, ni dans le Jura, ni dans le terrain dévonien, et je ne sache pas que qui que ce soit en ai signalé dans ces terrains, excepté M. Eichwald, qui ne nous dit ni sur quoi reposent ses indications , si peu conformes à l'état connu des choses , ni où les espèces , qu'il ne nomme du reste pas, ont été trouvées dans les terrains qu'il cite. Pristacanthus. M. Eichwald cite une espèce de ce genre jurassique dans les couches dévo- niennes des bords de la Slawanka sous le nom de P. Marinus; pour ma part je n'ai jamais rencontré de fossile du système dévonien qui puisse être rapporté au genre Pristacanthus. Peut-être M. Eichwald a-t-il eu sous les yeux quelque type nouveau encore inédit. La présence d'un Pristacanthus dans le système dévonien serait le premier exemple d'un genre jurassique dans un terrain paléozoïque. Hybodus. M. Eichwald décrit deux espèces de ce genre : son Hijhodns (jracilis me parait être mon Homacatithus arcuatus , du moins je n'ai pas vu d'autre Ichthyodorulithe auquel je pourrais rapporter sa description ; son Hybodus longiconus est mon Cladodus siniplex. Je ne sais pas où M. Eichwald a appris que j'ai trouvé Vllijbodus longiconus dans le Lias ; je ne l'ai jamais rencontré et cité ailleurs que dans le Muschelkalk. Je n'ai non plus jamais cité 1'^. subcarinatus dans le Lias, mais bien à Tilgate. Est-il permis à un géologue d'entasser ainsi fausse citation sur fausse citation? Helodus. M. Eichwald cite une espèce de ce genre, qu'il rapporte à mon H. lœvissimus, qui n'a été trouvé jusqu'ici que dans le calcaire carbonifère de Bristol; quant à moi, je n'ai pas encore observé de fossile de ce genre dans le système dévonien ; mais je ne serais point surpris qu'il y en eût réellement. Dans tous les cas, je doute fort que l'on trouve jamais dans le système dévonien une espèce du système houiller. Ctenodus. J'ignore complètement sur quoi repose l'opinion que M. Eichwald s'est faite de — 154 — mon genre Cténodus, comme caractéristique de la Craie. Le fait est que la seule espèce que j'ai décrite dans mes Recherches, p. 137, provient de la houille de Tong, près de Leeds; jamais je n'en ai vu la moindre trace dans des terrains plus récens, et cependant je connais maintenant huit espèces de ce genre, qui toutes appartiennent aux terrains houillers ou dévouions. M. Eichwald parle néanmoins des Cténodus comme de fossiles caractéristiques de la craie, et cela comme d'un fait généralement connu et admis. M. Eichwald aurait-il peut- être confondu le nom de mon genre Ptychodus , qui est en eflfet caractéristique de la craie , avec celui du genre Cténodus, qu'on n'y a encore jamais trouvé, puis généralisé sur cette dénomination erronnée? Je ne vois pas d'autre explication possible des assertions de ce savant. Ce que M. Eichwald voit de remarquable dans la présence des Cténodus dans les couches dévoniennes, ne serait donc que le résultat d'une confusion de noms, bien étrange de sa part , dans cette circonstance. M. Eichwald décrit deux espèces de Cténodus, qu'il nomme Cf. radiatus et Ct. serratus. Les caractères qu'il assigne à ces espèces ne me permettent pas de les rapporter à celles que j'ai décrites ci-dessus. Ceratodus. M. Eichwald cite une espèce de Ceratodus, sous le nom de C. lateralis; ce fossile m'est entièrement inconnu. Il serait fort intéressant de constater l'existence du genre Ceratodus dans le système dévonien. Jusqu'ici je n'en connais pas de traces plus anciennes que dans le Muschelkalk. Sclerolepis. Je n'ai pas pu découvrir sur quoi repose le genre Sclerolepis de M. Eichwald, à moins qu'il ne corresponde à mon Psammolepis paradoxus. L'auteur en décrit une seule espèce, son Sclerolepis decoratus. Asterolepis et Plerichthys. Les espèces que M. Eichwald signale avec doute sous les noms d' Àsterolepis ou de Plerichthys depressus et concatenatus me paraissent être les deux variétés de mon Chehjophorus pustidatiis. Je ne trouve du moins pas d'autres fossiles parmi ceux de Russie, que j'ai vus, qui se rapprochent davantage des indications vagues de M. Eichwald. M. Eichwald attribue les dents du genre Dendrodus Owen et Cricodus Ag. à ses Astero- lepis, et les dents plates, sans doute celles de mon genre Lamnodvs, à son genre Bothrio- lepis. La mâchoire presque complète de Bothriolépis , armée de dents coniques, que j'ai dé- crite et figurée Tab. 27 et 28, prouve l'inexactitude de ce dernier rapprochement. Quant au premier, on pourrait l'envisager comme fondé dès qu'il serait démontré que les os qui portent ces dents sont ornés des mêmes tubercules que les plaques écailleuses décrites sous le nom d'Asterolépis. Je dois cependant rappeler que M. Eichwald dit positivement que les dents de son Asterolepis ornatus sont creuses au milieu, tandis que les dents des Dendrodus n'ont pas de cavité centrale. Il n'y a que le genre Cricodus qui ait des dents creuses. Coccosteus. M. Eichwald signale avec doute la présence de fragmens de Coccosteus indéter- minables provenant de Marjino. Quant à moi, je n'ai point encore vu d'ossemens de ce genre d'origine russe. — 155 — Cheirolepis. Bien que M. Eichwald signale trois espèces de ce genre, ses Ch. splendens et unilateralis et mon Ch. Uragus, dans le terrain dévonien des environs de St-Pétersbourg, je dois faire remarquer que je n'en ai pas observé la moindre trace. M. Eichwald n'aurait-il point pris mes Psammosteus arenatus et undulatus pour des Cheirolepis? L'aspect de la surface de ces plaques justifierait jusqu'à un certain point cette erreur; tandis que l'étude de la struc- ture microscopique prouve qu'elles ne sauraient être rapprochées des Acanthodiens. Microtepis. Sous ce nom M. Eichwald établit un genre nouveau, qu'il range à côté des Chei- rolepis, et il en distingue deux espèces, ses M. lepidus et exilis. Des exemplaires de ces fos- siles, que M. Eichwald lui-même a bien voulu me communiquer, m'ont appris que ces Micro- lépis ne sont autre chose que mon Psammosteus mœandrinus. L'examen microscopique de la structure de ces plaques aurait pu convaincre M. Eichwald de leur affinité avec les pré- cédentes. Chiastolepis. M. Eichwald établit un genre nouveau pour y ranger des écailles dont il ne mentionne qu'une espèce, sous le nom de Ch. clathratus. Je ne crois pas me tromper en en- visageant ce fossile comme synonyme de mon Platijynathus Jamesoni. Osteolepis. M. Eichwald indique deux espèces de ce genre dans les couches du système dévonien de Russie, qu'il appelle Ost. nanus et Ost. intermedius. Les descriptions portant sur des particularités génériques, plutôt que sur les caractères spécifiques , je ne me permet- trai pas de décider si ces espèces sont les mêmes que les miennes , ou non . Dipterus. M. Eichwald signale une espèce nouvelle de ce genre dans les couches dévo- niennes des bords de la Slawânka, sous le nom de D. arenaceus. Quant à moi je n'ai pas en- core vu de débris de ce genre provenant de Russie. M. Eichwald affirme en outre qu'autrefois je réunissais le genre Dipterus au genre Palœoniscus. Le fait est que je n'y ai jamais songé ; aussi M. Eiciiwald serait-il sûrement bien embarrassé s'il devait justifier cette assertion en citant mes ouvrages. Megalkhthys. Sous le nom de M. Fischeri, M. Eichwald décrit une espèce des couches dévo- nienncs , des bords de la Slawânka , que je ne connais probablement pas ; du moins je n'ai pas rencontré de débris de ce genre parmi les fossiles de Russie que j'ai vus. Smirichthys. M. Eichwald cite avec doute une espèce indéterminée de ce genre dans les couches dévoniennes des bords de la Slawânka. La publication de ma Monographie permettra , je l'espère , aux géologues russes de lever tous les doutes qui me sont restés sur les déterminations de M. Eichwald. Je désire d'autant plus vivement que cette vérification ne se fasse pas attendre, qu'il est toujours fâcheux que des noms dont l'application est douteuse, s'introduisent dans la science et y augmentent les embarras de la synonymie. Quelques indications sur les points qu'il importerait le plus d'éclaircir pour avancer nos connaissances sur les poissons fossiles du système dévonien, ne seront pas déplacées à la fin de cet ouvrage. — iS6 — On se convaincra facilement en lisant ma Monographie que j'ai décrit un assez grand nombre d'espèces d'après de simples fragmens , et qu'il serait d'un grand intérêt d'apprendre à les connaître en entier et d'en avoir des dessins qui ne laissent rien à désirer. Il y a même plusieurs espèces que je connais en entier sans en avoir eu des exemplaires complets sous les yeux. II n'est pas nécessaire d'être très-versé dans la paléontologie pour savoir ce qu'il reste à faire, sous ce point de vue, pour toutes les espèces fossiles, pour en donner une image iidèle ; mais ce qui importe tout autant, c'est de compléter nos connaissances de leur organisation. C'est ainsi que la charpente solide des Céphalaspides est loin d'être suffisamment étudiée, plusieurs genres n'ont même été établis que sur des fragmens ; tout ce qui pourra contribuer à combler ces lacunes sera d'une grande valeur. Les Acanthodiens et les Diptériens sont mieux connus , mais il y a encore bien des détails à ajouter à leur histoire. Quant aux Céla- canthes, tout est presque à faire, ou peut-être à refaire, dans la description que j'en ai donnée. Les genres de cette famille, établis pour la plupart sur de simples fragmens, ne sont proba- blement pas encore circonscrits dans leurs limites naturelles ; quelques-uns de ceux qui repo- sent sur l'examen de dents devront probablement être réunis à d'autres établis d'après des écailles et vice versa , quoique j'aie toujours cherché à éviter de pareils doubles emplois ; d'un autre côté, l'étude microscopique de ces débris devra être étendue à un plus grand nombre de pièces. Enfin , parmi les Placoides il importera de rechercher de quelle manière les rayons et les dents, qui ont été décrits isolément, se trouvaient réunis dans la nature. — 157 — TABLE DES MATIERES. Préface. Circonstances qui ont déterminé la publication de cet ouvrage. La faune de l'Old Red n'est connue que depuis peu de temps. Auteurs qui s'en sont occupés et à la persévérance desquels on doit les progrès rapides de ces dernières années P- V. Introduction. Rapports établis entre les grandes divisions du règne animal. Animaux éteins et leurs rapports avec les vivans. Ordre de succession des fossiles. Toutes les classes d'animaux sans vertèbres ont des représentans dans les terrains paléozoiques; mais il n'y a que des poissons de l'embranchement des Vertébrés. Remarques spéciales sur le développement des Ecbinodermes , des Acéphales, des Gastéropo- des, des Céphalopodes et des Crustacés. Multiplicité des souches primitives. Etude des faunes. Nombre probable des fossiles. Faune ichthyologique de l'Old Red; son caractère embryonique; organisation de ses types. Les Céphalaspides, les Acanthodiens , les Sauroïdes-diptériens , les Célacanthes, les Pla- coïdes p. IX. L De la famille des Céphalaspides. Chap. L Des Céphalaspides en général. Etablissement de la famille. Genres qu'elle renferme. Ses caractères anatomiques et zoologiques. Elle constitue un groupe très-tranché , limité au vieux grès rouge p. 4. Table analytique des genres et des espèces p. 5. Chap. IL Du genre Pterichlhys Agass. Son étrangeté. Ses caractères distinctifs et son organisation. Description du Pt. latus de Lethen-Bar ; du Pt. testudinarius de Cromarty ; des Pt. produclus et cornatus de Lethen-Bar; du Pt. cancriformis des schistes de Pomona ; du Pt. oblongus de Cromarty et de Gamrie, et du Pt. major de Findhorn- River P- 6. Chap. IIL Du genre Pamphractus Agass. Caractères distinctifs du genre et description du P. Hydrophilus, la seule espèce décrite. Elle provient de Dura-Den. Le P. Andersoni est une seconde espèce de ce genre encore mal connue . . p. 20. Chap. IV. Du genre Coccosleus Agass. Il rappelle davantage les vrais poissons par sa forme. Son organisation. Ses caractères distinctifs. Des- cription du C. decipiens des îles Orkney et de Cromarty, du C. oblongus de Lethen-Bar, et du C. cupis- datus p. 22. AG. OLD RED. 2] — 1S8 — Cliap. V. Du genre Polyphradus et de quelques autres fossiles encore indéterminables. Caractères distinctifs de ce genre. Description du P. platycephalus de Caithness, la seule espèce connue jusqu'ici. Fragment indéterminable découvert par M. le D"^ Fleming à Dura-Den. .... p. 29. Chap. VI. Du genre Cephalaspis A^ass. Les caractères de ce genre sont exposés dans les Recherches sur les Poissons fossiles. Les découvertes ré- centes n'ont rien ajouté à nos connaissances sur ce genre. IL De la famille des Acanthodiens. Chap. I. Des Acanthodiens en général. Caractères distinctifs de cette famille , réunie jadis aux Lépidoïdes. Des quatre genres qu'elle renferme, trois sont limités au vieux grès rouge ; l'autre compte deux espèces dans la houille. Des figures restau- rées de chacun de ces genres servent à faire mieux saisir les caractères de la famille ... p. 32. Table analytique des genres et des espèces p. 34. Chap. IL Du genre Acanthodes Agass. Les caractères distinctifs de ce genre sont déjà indiqués dans les Recherches sur les Poissons fossiles. Description de l'A. pusillus , la seule espèce du vieux grès rouge p. 35. Chap. III. Du genre Cheiracanthus Agass. Caractères distinctifs du genre, établis sur des fragmens imparfaits dans les Recherches. Description du C. mierolepidotus de Lethea-Bar. Les découvertes récentes ne nous ont rien appris de nouveau sur les autres espèces p. 39. Chap. IV. Du genre DiplacatUhus Agass. Caractères du genre. Les espèces appartiennent toutes aux couches de l'Old Red. Description des D. striatus de Cromarty, D. slriatulus de Lethen-Bar, D. longispinus de Cromarty et de Lethen-Bar, et D. crassispinus de Caithness et de Stromness P- 40. Chap. V. Du genre Cheirolepis Agass. Caractères distinctifs du genre. Etablis sur deux espèces décrites et figurées dans les Recherches. 11 forme le passage des Acanthodiens aux Sauroides. Description du C. Cummingiœ de Lethen-Bar. p. 44. III. De la famille des Sacroïdes-diptériens. Chap. I. Des Saurdides-diptériens en général. Avant l'établissement de cette famille, les genres qui la composent ont été ballotés d'un groupe dans un autre. Ses caractères distinctifs. Elle est restreinte au vieux grès rouge P- ^'^■ Table analytique des genres et des espèces p. 49 Chap. II. Du genre Osteokpis Val. et Pentl. Caractères distinctifs du genre, indiqués déjà d'une manière générale dans les Recherches, où l'on trouve la description de trois espèces. Description d'une quatrième espèce, l'O. mo/'or. ... p. 50. Chap. III. Du genre Diplopterus Agass. Découverte récente de ce genre. Ses caractères distinctifs. Description des D. macrocephalus de Lethen- Bar, D. affnis de Gamrie, D. borealis de Pomona p. 5 3 — 1S9 — Chap. IV. Du genre Glyplopomus Agass. Caractères distinclifs da genre, démembré du genre Platygnalhus. Description du G. minor, la seule espèce connue jusqu'ici p. 57. Chap. V. Du genre Diplerus Sedgw. et Murch. Description de ses écailles. On n'a rien découvert qui fût relatif à ce genre depuis la publication des Recherches P- 58. IV. De la famille des Célacanthes. Chap. I. Des Célacanthes en général. Cette famille vaguement caractérisée dans les Recherches est l'une des plus intéressantes. Ses caractè- res distinclifs. Genres qu'il faut y faire rentrer P- 59. Tahle analytique des genres et des espèces p. 6 1 . Chap. 11. Da genre Glyptolepis Agass. Ses caractères distinctifs. Description du G. leptopterus de Letheu-Bar, du G. elegans de Gamrie et du G. microlepidotus de Lelhen-Bar P- 62. Chap. III. Du genre Phyllolepis Agass. Caractères du genre et ^description de l'espèce du vieux grès rouge de Clashbennie, le P. concen- tricus P- 67. Chap. IV. Du genre Holoplychius Agass. (Rhizodus Owen.) Caractères distinctifs du genre , établis en 1836, d'après des fragmens épars. M. Owen l'a appelé plus tard Rhizodus. Sa dentition. Structure des écailles. Quatorze espèces; six appartiennent au vieux grés rouge , les autres sont de la houille. Description de 1'//. Flemingii de Dura-Den , de 1'//. Murchisoni de Clashbennie, de 1'//. Andersoni de Dura-Den , de 1'//. giganleus d'Ecosse et de Russie , de Y II. nobilissimus de Clashbennie , de l'f/. Oma/ms/t des environs de Namur P- 68. Chap. V. Du genre Platygnathus Agass. Ses caractères distinctifs. Description des PI. Jamesoni et paucidens , la première provenant de Dura- Den, la seconde des Orcades p. 76. Chap. VI. Du genre Dendrodus Owen. On n'en connaît encore que la dentition. Ses caractères distinctifs. Description des D. strigatus, latus et sigmoideus, dont le premier provient des environs de Riga et les deux autres de Seat-Craig . p. 79. Chap. VII. Du genre Lamnodus Agass. Démembré du genre Dendrodus. Ses caractères distinctifs. Description microscopique des deux espèces du genre, les L. biporcatus et L. haslalus p- 83. Du genre Cricodus Agass. Caractérisé dans les Recherches. Le C. incurvus, espèce de Seat-Craig. Nouvel envoi de fossiles : mâ- choire de Dendrodus . . . . • P- 88. — 160 — Chap. VIII. Du genre Asterokpis Eichw. (Chelonichthys Agass.) Singulière coïncidence dans l'établissement de ce genre. Ses caractères distinctifs. Les auteurs qui ont étudié ces débris ne les ont pas toujours rapportés à leur véritable classe. Les dents des Dendrodes et des Lamnodes ne sont peut-être que des dents d'Asterolépis. Importance qu'il y aurait à le constater. Descrip- tion de l'A. Asinusii de Russie et d'Ecosse , des A. oriiala et speciosa de Russie , de l'^. minor de Russie et d'Ecosse et de l'yl . granutoa des environs de Riga p. 89. Des ossemem d'Asterolépis , p. 94. Chap. IX. Du genre Bothriolepis Eichw. (Glyptosteus Agass.) Caractères distinctifs du genre. Description des B. ornata el favosa i'Ecosse et de Russie. p. 97. Chap. X. Du genre Psammosteus Agass. Ses caractères distinctifs. Description de quatre espèces, les P. mœandrinus, paradoxus, arenalus et un- (Ma*^- ^ ^