Digitized by the Internet Archive in 2015 https://archive.org/details/museeornithologi01jacq * MUSÉE ORNITHOLOGIQUE D’EUROPE TOME PREMIER LES OISEAUX D’EAU OU NAGEURS MUSEE ORNITHOLOGIQUE ILLUSTRÉ DESCRIPTION DES OISEAUX D’EUROPE LEURS ŒUFS ET DE LEURS NIDS TOME PREMIER Les Oiseaux d’Eau ou Palmipèdes PARIS J. ROTHSCHILD, EDITEUR LES OISEAUX D’EAU Classification — Synonymie — Description Mœurs ICONOGRAPHIE ET Histoire Naturelle des Palmipèdes PAR. 0. 1)ES MU11S - Membre de la Société royale de Lisbonne, de la Société lmnéenne de Londres de la Société philomatique et Lauréat de la Société nationale d’Acclimatation AVEC 80 eilKOAIOTY POCHA IMIIKS PARIS J. ROTHSCHILD , ÉDITEUR 1886 QL , 'W\o LE MUSÉE ORNITHOLOGIQUE D’EUROPE O. I> E S MURS est divisé en 4 {Parties se vendant chacune séparément : 1 . — LES OISEAUX D’EAU (ou de Mer), avec 80 Planches. — 1 Volume. 2. — LES OISEAUX DE RIVAGE ET DE TERRE OU COUREURS (Gallinacés), avec 65 Planches — 1 Volume. 3. — LES OISEAUX DES CHAMPS ET DES BOIS ( y compris les Pigeons, tes Corbeaux, Pies, Geais et les Passereaux), avec 150 Planches, Une Partie en deux Volumes. 4. — LES OISEAUX DE PROIE avec 50 Planches. — 1 Volume. AU SAVANT ET REGRETTÉ Henri MILNE-ED WARDS Membre de l’Institut Doyen de la Faculté des Sciences P-rofesseur honoraire au Muséum d’Histoire naturelle O. DES MURS TABLE DES 80 PLANCHES ET DE LEUR PLACEMENT PI. 1. — GRAND PINGOUIN — Alca impennis. Linnæus PI. 2. — PINGOUIN MACROP TÈRE — Alca tarda. Linnæus PI. 3. — GUILLEMOT BRIDÉ — Uria Ringvià. Brünnich (Variété du Guillemot Troile.). I GUILLEMOT A CAPUCHON — Uria troile. Latham PI. 4. ( GUILLEMOT A MIROIR — Uria grylle. Latham f GUILLEMOT NAIN — Uria minor. Brisson PI. 5. ) ( MACAREUX MOINE — Fratercula arctica. Leach PI. 6. — MACAREUX A CROISSANTS — Fratercula corniculata. Brandt ( THALASSIDROME TEMPÊTE — Thalassidroma peîagica. Selby PI. 7. ] ( THALASSIDROME DE LEACH — Thalassidroma leucorhoa. Gerbe PI. 8. — PUFFIN CENDRÉ — Pu.fp.nus cinereus. Gerbe PI. 9. — MUFFIN MAJEUR — Pufpnus major. Faber . PI. 10. — PUFFIN DES ANGLAIS, on MANKS — Pufpnus Anglorum. Ray PI. 11. — PETREL GLACIAL — Procellaria glacialis. Linnæus [ HIRONDELLE DE MER NAINE, on MINULE — Sterna minuta. Linnæ PI. 12. ( HIRONDELLE DE MER PIERRE GARIN — Sterna hirundo. Linnæus. / HIRONDELLE DE MER ARCTIQUE — Sterna paradisea. Brünnich PI. 13. | HIRONDELLE DE MER DE DOUGALL — Sterna Dougallii. Montagu. ( HIRONDELLE DE MER C AUGE K — Sterna cantiaca. Gmelin Pi. 14. ] ( HIRONDELLE DE MER HANSE L — Sterna anglica. Montagu placer ce la page 18 24 24 28 34 34 38 40 42 44 44 48 48 48 PI. 15. — HIRONDELLE DE MER TSCHEGRAV A — Sterna Caspia. Pallas. VIII LES OISEAUX D'EAU *à£r ( HIRONDELLE DE MER ÉPOUVANTAIL - PI. 10. (HIRONDELLE DE MER GUIFFETTE — E PL 17. — HIRONDELLE DE MER MOUSTA PL 18. — GOELAND BOURGMESTRE, oo A MANTEAU GRIS PL 19. — GOELAND A MANTEAU NOIR — Larus n PL 20. — GOELAND BRUN, ou A PIEDS JAUNES— A -GOELAND ARGENTÉ, ou J -GOELAND ARGENTÉ, ou !i MANTEAU BLEU-AïD’ks a MANTEAU BLEU — Larus c 3.— GOELAND LEUCOPTÈRE, ou A AILES BLANCHES — Larus U GOELAND D’AUDOUIN — Larus Audouini. Payraudeau '. . . . la. — GOELAND TÉNUIROSTRE — Larus ge fastes. Ch. Bonaparte 6.— GOELAND CENDRÉ — Lqrus canü's. Linnæus 17. - GOELAND TRIDACTYLE — Larus tridaetylus.. Utmmas 18. — GOELAND A CAPUCHON PLOMBÉ — Larus atricülus. Linnæus,. 9. — GOELAND A PAUPIÈRES BLANCHES — Larus leucophthalmus 10. — GOELAND BLANC, ou SÉNATEUR — Larus eburneus. Gmelin... (GOELAND DE SABINE — Larus S abïnei. Leach 11. ( GOELAND RIEUR, ou A CAPUCHON BI 2. — GOELAND A CAPUCHON NOIR — Larus v 13. — GOELAND PYGMÉE — Larus minutus. Pallas. 14. — STERCORAIRE, ou LABBE CATARACTE — Lestris ç 15. — STERCORAIRE POMARIN — Lcstris pomarinus. 10.— STERCORAIRE PARASITE — Lestris parasiticu, 17. — STERCORAIRE, ou LABfiE LONGICAUDE - 18. — PLONGEON IMBRIM — Colymbus ,/laciaHs. Linnæu 39. — PLONGEON LUMME, ou A GORGE NOIRE - 40. — PLONGEON CAT-MARIN— Colymbus septentrioni 41. — GRÈBE OREILLARD, ou ESCLAVON — Podi 12. — GRÈBE HUPPÉ — Po; ( GRÈBE JOU-GRIS —, ’ ( GRÈBE A COU NOIR - 44. — GRÈBE CASTAGNEUX- 45. — FOU BLANC, ou DE BASSAN- 4G. — PÉLICAN ONQCROTALE — P TABLE ET PLACEMENT DES PLANCHES ix A placer en face la page pi. 47. _ PÉLICAN FRISÉ — Pelecanus crispas. Brilnnich 104 pi. 48. — CORMORAN ORDINAIRE — Phalacrocorax eario. Leaeh 110 pi. 49. CORMORAN HUPPÉ — Phalacrocorax crifaatus. Stephens. 110 PI 50. — CORMORAN PYGMÉE — Phalacrocorax pggmæus. Dumont 112 PL 51. — FLAMANT, on PHŒ NIC O P TÉ RE ROSE des ANCIENS — Phrcnicôptews roseus. Pallas 116 / HARLE BIÈVRE, ou GRAND IIARLE — Mergus mcrganser. Linnæus 122 PI. '52. (HARLE HUPPÉ — Mergus serrator. Linnæus 122 PI. 53. — HARLE PIETTE — Mergus Albellus. Linnæus 12i pl. 54. — ERIMISTURE, on CANARD COURONNÉ — Erimistura leucocephala. Ch. Bonaparte. 128 [GARROT VULGAIRE — Anas clangula. Linnæus 130 Pl. 55. [GARROT ISLANDAIS — Clangula. Islandica. Ch. Bonaparte 130 (GARROT A COLLIER, ou HISTRION — Clangula histrionica. Boïé 132 PI. 56. ) (MORILLON SIFFLEUR HUPPÉ — Fuligula rufma. Stephens 132 ( MORILLON A CRÊTE — Fuligula cristata. Stephens 130 Pl. 57. (MORILLON MILOUINAN - Fuligula mwila. Stephens. 130 (MORILLON MILOUIN, ooMILOUIN ROUGE — Fuligula ferma. Stephens 138 Pl. o8. (MORILLON NYROCA ■ — 'Fuligula nyroca. Stephens 138 Pl. 59. — MORILLON DE MIQUELON — Harelda glacialis. Stephens 140 (MACREUSE ORDINAIRE — Oidemia nigra. Fleming 142 Pl. 60. (MACREUSE BRUNE, ou DOUBLE MACREUSE — Oidemia fusca. Fleming 142 Pl. 61. — EIDER VULGAIRE — Somateria mollissima. Boïé 146 Pl. 62. — EIDER A TÈTE GRISE — Somateria spectàbilis. Boïé 148 (SARCELLE D’HIVER, ou SARCELLINE — Querquedula cireia. Stephens 152 Pl. 63. (SARCELLE COMMUNE, ou D’ÉTÉ — Querquedula circia. Stephens 152 (SOUCHET COMMUN — Mhynchaspis clypeata. Leach 154 Pl. 64. ] (CANARD SAUVAGE — Anas Josc/tas. Linnæus 154 [CANARD CHIPEAU, ou RIDENNE — Chaulelasmus strepera. Gray 158 Pl. 65. ) ( CANARD A LONGUE QUEUE, ou PILET — Dafila acuta. Eytop 158 [ CANARD SIFFLEUR, ou PÉNÉLOPE — Mareca Penelope. Selhy 162 Pl. 60. ( tadorne DE BELON — Tadûrna Belonii. Ray 162 Pl. 67. — TADORNE KASARKA — Tadorna kasarka. Mae-Gülivray 168 Pl. 68. — BERNACHE NONNETTE — Bernicla leucopsis. Boïé 172 Pl. 69. — BERNACHE CRAVANT — Bernicla Brenta, Stephens 174 Pl. 70. — BERNACHE A C O U ' R O U X — Bernicla rufiçoïîis. Boïé 174 • Pt. 71. — OIE CENDRÉE ou PREMIÈRE — Anser cinereus. Meyer 176 LES OISEAUX D’EAU— TABLE en face la page PI. 72. — OIE SAUYAGE, on DES MOISSONS — Anser syloestris. Brisson 176 PI. 73. — OIE RIEU'SE, on A FRONT BLANC — Anser albifrons. Beclistein 178 PI. 74. — OIE DE BAILLON — Anser brachyrhynchus. Bâillon 180 PI. 75. — OIE NAINE — Anser erythropus. Newton 180 [OIE BLEUATRE — Anser cœrulescens. Barnston 182 PI. 76. (OIE HYPERBORÉE, on DE NEIGE — Anser hyperboreus. Pallas 182 PI. 77. — CYGNE INVARIABLE — Cygnus immutabilis. Yarrell . — Variété du Cygne tubereulé. 184 PL 78. — CYGNE A BEC JAUNE, on SAUVAGE — Cygnus ferùs. Ray 188 P1.79. — CYGNE DE BÈWICK — Cygnus miner. Keyserling et Blasius 188 PI. 80. — CYGNE^ TUBERCULÉ, on DOMESTIQUE - Cygnus mansuétus. Ray 190 TABLE MÉTHODIQUE DES MATIÈRES Pages. Table du placement des 80 planches v — méthodique des matières xi Avant-propos 1 Considérations générales sur les Oiseaux 3 LES OISEAUX DE MER. — Considérations générales H Ordre premier. — Les Oiseaux d’eau ou Palmipèdes 13 1er SOUS-ORDRE. — Oiseaux de transition ou Impennes 13 T RI B U UNIQ UE. — Pinguinidés 14 lre Famille. — Pinguininés 15 Groupe unique. — Pingouin (Pinguinus)rg. 16 2e Famille. — Alcinés 18 Groupe unique. — Alque fAlcaJ 19 3e Famille. — Urinés.- 20 Groupe générique unique. — Guillemot- ( Urïa ) 22 4e Famille. — Fraterculinés 26 Groupe générique unique. — Macareux ( Fratercula ) 27 2° SOUS-ORDRE. — Les Oiseaux Nageurs 30 ite TRIBU. — Les Grands Voiliers ou Longipennes 31 lre Famille. — Les Pétrels 32 l,e Sous-Famille. — Les Pétrels-Hirondelles ou Thalassidrô- mes 34 Groupe générique unique. — Thalassidrôme (Thalassi- clromaj 35. 2e Sous-Famille — Les Pétrels-Puffins 38 Groupe générique unique. — Puffin (Puffinus) 38 3e Sous-Famille. — Les Pétrels proprement dits 41 Groupe générique unique. — Pétrel ( Procellaria ) 42 2e Famille. — Les Lariinés 43 1™ Sous-Famille. — Les Sterninés ou Hirondelles de mer. ... 44 Groupe générique unique. — Hirondelle de mer ou Sterne (Sterna) 45 2° Sous-Famille. — Larinés ou Goélands 54 Groupe générique unique. — Goéland (LarusJ 57 3e Sous-Famille. — Lestridinés 73 Groupe générique unique. — Stercoraire (Lestris) 75 .'U TRIBU. — Les Plongeurs ou Colymbicns 80 l1'0 Famille. — Colymbinés 80 Groupe générique unique. — Plongeon (Colymbus J 82 2° Famille. — Podicépinés ou Grèbes 88 Groupe générique unique. — Grèbe (PodicepsJ 90 5e TRIBU. — Totipalmes ou Pélicans 97 lr0 Famille. — Fous 97 Groupe générique unique. — Fou (Sala) 99 2e Famille. — Pélécaninés ou Pélicans proprement dits 101 Groupe générique unique. — Pélican ( Pelecanus ) 103 3° Famille. — Phalacrocoraces ou Cormorans 107 Groupe générique unique. — Cormoran ( Phalacrocorqæ ) 109 3e SOUS-ORDRE. - Palmati-Gralles 113 TRIBU UNIQUE et Famille unique. — Phénicoptérinés ou Flamants. 114 Groupe générique unique. — Phénicoptère ou Flamant ( Phœ - nicopterus) 113 4e SOUS-ORDRE. — Lamellirostres 118 TRIBU UNIQUE . — Anatidés ou Canards 118 P'e Famille. — Merginés ou Harles 121 Groupe générique unique. — Harle (MergusJ 122 2e Famille. — Hydrobates ou Érimistures 126 Groupe générique unique. — Érimisture (Erimislura) 127 3° Famille. — Anatinés ou Canards proprement dits 130 lei‘ Groupe générique unique. — Garrot ( C langui a ) 131 2e — — Morillon ( Futigula ) 135 3“ — ' — Macreuse (Oidemia > 142 4° — — - Eider (So'materia) 146 5° — — Sarcelle (Querquedula > 151 6e — — Souchet ( Rhyncaspis). 155 7e — — • Canard (ÂnasJ 157 8e — — Tadorne (Tadoi )\a 164 4e Famille. — Anserinés ou Oies 169 1er Groupe générique. — Bevn2Lche (BerniclaJ 179 2e — — Oie proprement dite (A user ) 176 5e, Famille. — Cycninés ou Cygnes 184 Groupe générique unique. — Cygne ( Çycnus J 187 AVANT-PROPOS Si nous faisons précéder notre Publication de cet Avant-propos, cest pour faire connaître au Lecteur , non Vidée mère qui y a présidé , celle d’une nouvelle histoire des Oiseaux d: Europe — elle appartient à tout le monde (témoins : le Manuel d’ Ornithologie de Temminck , resté le seul à suivre et à consulter pendant la presque moitié de ce siècle ; et celui plus important, Z’ Ornithologie européenne de Gerbe, dont nous déplorons , avec la science, la perte toute récente) ; — mais le motif des suppressions d’espèces que nous avons été amené à y pratiquer. Un ouvrage, circonscrit à l'une des parties du monde, doit avoir une limite, celle même de la circonscription du coin de terre dont il entend faire connaître les productions ; l’on va voir que ce n’est pas sans raison que nous nous servons de cette expression. Les oiseaux ont, comme les plantes, leurs lieux d’élection où ils se reproduisent ; or, c’est cette perpétuité même qui assigne ou fixe, à chacune de celles-ci, son lieu d’origine, et lui attribue une patrie le plus souvent réelle, parfois purement adoptive ou d'emprunt; mais enfin, il lui arrive de fructifier et de germer librement sur notre sol. La conséquence de cette proposition pour nous est, comme elle a été pour Temminck , notre maître, comme elle était pour notre honorable i i MUSÉE ORNITHOLOGIQUE D’EUROPE ami Gerbe , en 1854, que les oiseaux seuls qui se reproduisent en Eu- rope doivent figurer dans une faune ornithologique de cette contrée. Vouloir ij faire entrer toutes les espèces de passage, c'est apporter un germe de confusion , et risquer à la longue , d’une ornithologie par- tielle ou régionale, d'en faire une si générale, qu'elle deviendrait une tour de Babel pour ceux qui voudraient en aborder l’étude. Ajoutons que l'essence de V histoire naturelle en zoologie est, aujourd’hui plus que jamais, non l’aride exposé de la méthode ou des caractères, mais l’étude si vivifiante et si instructive des mœurs, des habitudes et de la manière de vivre des êtres , et spécialement des oiseaux. Notre conclusion est que, sans une nidification généralement re- connue et démontrée, nous n admettons aucune espèce à figurer dans une Ornithologie de l’Europe . Tels sont les motifs qui, malgré F exemple donné par Gerbe , toujours d’ordinaire si bien inspiré, nous ont fait supprimer, dans la nôtre, toutes les espèces , de passage plus ou moins authentique, auxquelles il a fait trop généreusement l’honneur d’une hospitalité et d’un droit de cité que nous leur refusons. CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES Pour rendre la science attrayante, il la faut dégager de tout son attirail ou, pour mieux dire , de son appareil doctrinal et pédagogique. Fidèle à ce principe, nous indiquerons sommairement ce qu’est l’oiseau, qui va faire l’objet de cette étude, et qui appartient à la grande division du règne animal , dite des vertébrés. Cette division, la première comme perfection, la dernière comme créa- tion du règne animal, comprend tous les animaux, poissons, reptiles, oiseaux, cétacés et mammifères, qui ont une charpente osseuse intérieure, composée d’un plus ou moins grand nombre de pièces solides , liées les unes aux autres , et cependant rendues mobiles à l’aide d’articulations : les principales de ces pièces , celles qui protègent les centres nerveux , sont connues sous le nom de vertèbres, d’où l’appellation de la division ; et l’ensemble de tout l’appareil est désigné sous le nom de squelette. La classe des oiseaux est peut-être la plus importante de toutes ces catégories zoologiques; car c’est une de celles dont la création se justifie le plus par l’utilité de son intervention constante dans les nécessités du globe ; en un mot, celle qui a le plus sa raison d’être. Les caractères principaux des oiseaux qui forment la troisième classe de cette division sont : une reproduction ovipare extra-utérine ; des pou- 4 MUSÉE ORNITHOLOGIQUE D’EUROPE nions sans lobes ; une circulation à sang chaud , double chez la presque généralité d’entre eux, simple chez quelques-uns seulement; une peau couverte de plumes, ou squameuses, ou piliformes, ou le plus universelle- ment duveteuses ; un bec corné , dont la forme varie suivant le régime propre à chaque famille; par privilège unique, des cavités aériennes, dis- séminées dans tous les organes, destinées à leur donner une légèreté spécifique, en permettant l’introduction de l’air, non seulement dans les poumons , mais aussi dans diverses parties du corps , même dans l’inté- rieur des os, et jusque dans- le tissu desplumes. C’est-à-dire, qu’indépendamment de l’air respirable, indispensable à la vie, absorbé par les poumons, ils ont la faculté de remplir et vider à volonté ces réserves aériennes selon les exigences de leur locomotion au vol ; de telle manière que , de même qu’un aérostat ou ballon dont on ouvre ou ferme au besoin la soupape de sûreté, soit pour en faciliter l’as- cension, soit pour en accélérer la descente, l’oiseau, s’il veut s’élever en se rendant beaucoup plus léger que le milieu où il se meut, force sa pro- vision d’air intérieur, et la diminue, s’il veut se rendre plus pesant en se rapprochant du sol. Par la même raison, à la moindre atteinte, soit à l’un de ces réceptacles (véritables gazomètres), soit aux os ou aux vertèbres qui leur servent de conducteurs, le réservoir fait fuite, et l’oiseau, malgré l’agitation incons- ciente de ses ailes, tombe de tout son poids selon les lois de la gravitation : le ballon est crevé ! Dans tout le squelette, le sternum, qui représente une carène de vais- seau , est l’os le plus grand du corps de l’oiseau , en général. Ajoutons, pour complément à cet appareil de locomotion aérienne, que, comme moyens de locomotion sur le sol ou de progression et de station sur les arbres ou sur leurs branches , les oiseaux sont portés sur deux pieds ou pattes, terminés, suivant leurs aptitudes, par deux, trois ou quatre doigts divisés, dans ce dernier cas, chez les uns, deux en avant, deux en arrière : ce sont ceux que l’on a appelés de ce fait zygodactyles, ou à doigts accouplés deux à deux; c’est le plus petit nombre et en quelque sorte l’exception et l’attribut de ceux qu’on a nommés grimpeurs ; chez les autres, et c’est le plus grand nombre et la presque généralité, trois antérieurs et un postérieur : ce sont les dèodactyles , ou à doigts libres. Sans parler de ceux dont les doigts sont unis par une membrane pour frapper l’eau ou s’y diriger, et qui sont les palmipèdes ou nageurs. De tous les sens de l’oiseau, celui de l’ouïe est le plus fin, puis celui CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES de la vue : l’un pour sa sûreté individuelle, l’autre pour la direction de son vol. Impressionnables aux changements et modifications atmosphériques, on suppose les oiseaux doués , en outre , d’un sens supplémentaire , dé- nommé sens universel par Virey, et par Carus, sens thermo-électrique. C’est celui, en définitive , qui leur fait prévoir ou pressentir les varia- tions de température, et les détermine à quitter régulièrement un climat pour un autre, à la recherche , soit d’une nourriture plus abondante, soit d’une atmosphère ou plus chaude ou plus froide, causes générales de leurs migrations , quoique plusieurs soient sédentaires et , sans changer positivement de climat, se bornent à un changement de latitude ou d’alti- tude dans la même contrée , ce qui a lieu surtout dans les pays de mon- tagnes. Enfin, la plupart choisissent le lieu le plus convenable pour y déposer leurs œufs, soit en préparant le terrain s’ils nichent sur le sol ou dans les herbes , soit en réunissant sur les arbres les matériaux nécessaires à la construction du nid, soit en l’y suspendant aux branches en forme de hamac, et déploient un véritable talent dans leur construction. Dans tous ces cas , c’est en communiquant par eux-mêmes à leurs œufs la chaleur de leur contact qu’ils parviennent à les faire éclore. Il ne faut pas croire cependant que tous s’imposent ce labeur ; il y a quelques notables exceptions : 1° La plupart des Coucous, en tête notre Coucou d’Europe, passent pour ne faire aucun nid ; mais ils pondent ou introduisent leurs œufs dans le nid d’autres espèces auxquelles ils abandonnent le soin de les couver et d’élever les petits; 2° D’autres, lesMégapodes ou Tavons, tous de la Polynésie et de l’Aus- tralie, qui se rapprochent des Gallinacés et ne quittent pas le sol, se réunissent en plusieurs couples, élèvent de véritables meules d’herbes, ramassées fraîches à l’aide de leurs longs doigts, et couches par couches superposées, y pondent tour à tour leurs œufs, que la chaleur seule de la fermentation suffit à faire éclore, et ne s’occupent des petits, qui en naissent et courent au sortir de la coquille , qu’au moment où ils s’en échappent, pour les conduire et les protéger; 3° Un procédé semblable est employé par d’autres espèces de la même famille, non plus avec des amas d’herbes, mais des amas et des monticules de sable , laissant à l’action du soleil le soin de développer le degré de chaleur indispensable à l’éclosion des œufs. MUSÉE ORNITHOLOGIQUE D’EUROPE On peut donc encore dire à la rigueur de ces oiseaux qu’ils cons- truisent un nid; mais ils ne couvent pas. Quoi qu’il en soit, on verra que, réduite comme elle l’est à un petit nombre relatif d’espèces , l’Europe en compte bien peu de véritablement industrieuses dans la construction de leurs nids, une douzaine à peine, quoique presque tous méritent une attention spéciale. Quant à l’œuf de l’oiseau , nos études oologiques nous ont conduit à reconnaître et à établir cette proposition : qu’en général l’œuf, dans ses dimensions , représente mathématiquement le dixième de la taille de l’oi- seau; ce qui n’est, dans aucun ordre, plus remarquable que dans celui des Passereaux. Pour ce qui est de la coloration, il suffit de savoir que chaque famille a sa couleur dominante, laquelle, sauf quelques exceptions, varie peu d’une espèce à l’autre. Un mot, maintenant, sur la marche que nous avons adoptée pour celte histoire des oiseaux d’Europe. En comparant le nombre d’espèces d’oiseaux que renferme notre Eu- rope (600 à peu près qu’on peut encore réduire à 450) à celui des espèces que contiennent les autres parties du monde (10 000 environ), il est facile de voir la presque impossibilité où se trouve l’ornithologiste de donner un aperçu d’ensemble de leur classement méthodique. Si, cependant, par suite de cette infériorité numérique , le classement des oiseaux d’Europe laisse d’immenses vides à remplir, il permet au moins d’v faire figurer les éléments de chacun des ordres de la classe, au nombre de cinq : 1° — Les oiseaux de mer ou nageurs; 2° — Les oiseaux de rivage ou échassiers; 3° — Les oiseaux de terre ou coureurs ; 4° — Les oiseaux des bois et des champs ou passereaux des auteurs ; 5° — Les oiseaux de l’air ou oiseaux de proie, rapaces des auteurs. On ne s’étonnera pas de nous voir ouvrir la classe des oiseaux par les oiseaux d’eau pour la terminer par les oiseaux de proie; l’exemple, trop longtemps oublié, en a été donné par Schœffer d’abord au siècle dernier ; dans le présent, par Lamark, Lesson, le docteur Reichenbach, et plus récem- ment par Toussenel ; nous croyons même que cette marche est enseignée, à l’heure qu’il est, par l’éminent professeur du Muséum, M. Alphonse Milne- CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES Edwards, dont la chaire est suivie, plus qu’elle ne l’a jamais été, par un nom- breux public certain de n’avoir que des cboses neuves et dignes d’intérêt à y apprendre, sans parler de l’élévation et de l’ampleur des idées avec lesquelles elles lui sont présentées. Il est naturel et rationnel, en effet, faisant, pour chaque classe, ce que l’on n’a jamais hésité à faire pour le règne animal tout entier, de prendre d’abord l’ensemble de la classe des oiseaux dans l’ordre selon lequel chaque groupe a dû être créé relativement au milieu dans lequel il avait à vivre et à se mouvoir. Or, notre planète ayant été enveloppée d’eau avant l’émer- sion des parties terreuses ou terrestres , ou mieux de l’élément solide , c’est par les oiseaux d’eau que la raison dit de commencer la série. C’est, en un mot, ce que l’on appelle la méthode ascendante , par opposition à la méthode descendante de G. Cuvier et de Geoffroy Saint-Hilaire. Cette manière de traiter l’ornithologie est conforme, du reste, aux prin- cipes émis par le savant M. Marsh, dans son étude sur les modifications géologiques du globe; elle ne l’est pas moins à ceux développés par MM. Lyell, Darwin et Réchin sur les oscillations du sol terrestre et sur la variabilité des espèces ; elle est conforme également aux idées si bien élucidées par le docteur Pucberan , dans ses Lettres à M. le pro- fesseur d’Archiac , sur les indications que peut fournir la géologie , pour l’explication des différences que présentent les faunes actuelles ; elle ne contrarie pas davantage, sauf quelques réserves, soit les théories si brillantes et si osées de Darwin, auxquelles cependant nous aurons peut- être à nous heurter plus d’une fois, soit celle si savante de M. le pro- fesseur Albert Gaudry sur les enchaînements du monde animal; et elle concourt, en définitive, à démontrer, en même temps que l’opportunité de ces travaux , l’intérêt qu’ils présentent au point de vue des sciences naturelles. Nous ne serions pas complet, si nous n’ajoutions, pour ouvrir des aperçus nouveaux dans l’esprit du lecteur, que de même qu’avec le se- cours de la géologie la botanique s’est accrue de ses immenses fougères arborescentes fossiles, et la mammalogie de ses mammouths et de ses gigantesques mastodontes ; de même l’ornithologie a vu surgir du sein de la terre et des siècles ses dinornis et ses épyornis fabuleux, tous oiseaux de formes et de tailles que l’on n’aurait jamais supposé avoir pu exister. En telle sorte qu’on est arrivé, ainsi que l’a dit M. Alph. Milne-Edwards, le plus actif vulgarisateur de ces belles découvertes « à démontrer l’exis- tence de la classe des oiseaux parmi les fossiles, et à prouver par là qu’à MUSÉE ORNITHOLOGIQUE D'EUROPE cette époque reculée, où les espèces étaient si différentes de celles que nous voyons maintenant , les lois générales de coexistence , de structure , enfin tout ce qui s’élève au-dessus des simples rapports spécifiques, tout ce qui tient à la nature même des organes et à leurs fonctions essentielles étaient les mêmes que de nos jours ». Nous ferons au surplus figurer la plupart de ces curieuses restitu- tions dans le tableau méthodique général qui va suivre. LES OISEAUX DE MER LES OISEAUX DE MER" CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES L’Océan, pour parler comme Lesson, a ses oiseaux, de même que la terre. Forcés d’en parcourir sans cesse les solitudes pour y trouver leur subsistance , ils sont doués , les uns d’une aptitude et d’une vigueur de natation égales à celles des poissons ; les autres, d’une puissance de vol extraordinaire, afin de pouvoir, en quelques heures, franchir des espaces immenses, et se porter instantanément là où l’instinct et le besoin les appellent. On les retrouve ainsi jusqu’aux dernières limites du globe. En 1854, en effet, le lieutenant Morton, attaché à l’expédi- tion commandée parle docteur américain Elisha Kane, après s’être avancé en traîneau jusqu’au 70e degré de latitude nord sur les bords de la mer Polaire , par delà la banquise, découvrait sur les eaux libres une foule de Palmipèdes, des Canards, des Hirondelles de mer, des Mouettes, des Oies; et on peut regarder comme certain que les dix degrés qui séparaient ces oiseaux du pôle nord ne devaient pas constituer pour eux une barrière infran- chissable. (1) Gavlæ. 12 LES OISEAUX DE MER — CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES On est donc fondé à dire que, si la conquête du pôle ne révèle pas l’existence d’êtres inconnus et confinés dans ces régions lointaines, l’homme y retrouvera assurément des variétés qui se rattacheront à des types déjà classés , et peut-être le type unique, presque disparu à l’heure qu’il est, du grand Pingouin. Le caractère zoologique principal de ces oiseaux est d’avoir les pieds palmés , c’est-à-dire les trois doigts antérieurs unis par une membrane, qui englobe quelquefois le pouce, celui-ci cepen- dant restant libre dans le plus grand nombre; Leur caractère de mœurs dominant : L’esprit d’association, dicté par la nécessité de résister, au moyen de leurs immenses agrégations sur un même point, à la destruction dont les eût menacés autrement le contact trop im- médiat de l’homme. Les oiseaux de mer forment trois divisions : 1° — . Les oiseaux de transition ou impennes ; 2" — Les oiseaux nageurs proprement dits ; 3° _ Et LES OISEAUX LÂM ELLIR O ST RE S OU CANARDS. ORDRE PREMIER LES OISEAUX D’EAU ou PALMIPÈDES PALMIPÈDES, Latham, 1790 1er SOUS-ORDRE OISEAUX DE TRANSITION OU IMPENNES IMPENNES Ce que nous appelons oiseaux de transition sont ceux, dans notre hémisphère et en Europe , qui apparaissent après ou en même temps que le premier moule des Manchots de l’hémisphère antarctique. Leur hec est tantôt allongé et pointu, tantôt recourbé en se relevant et s’épaississant au bout qui est crochu, et recouvre l’extrémité de la mandibule inférieure , relevée et tronquée. Leurs pieds n’ont que trois doigts réunis par une membrane natatoire, le pouce manquant généralement. Leurs ailes, im- propres ou peu propres au vol , sont terminées par quelques pennes faiblement résistantes. Essentiellement plongeurs , hors de l’eau ils ne peuvent que ramper sur le ventre, ou se tenir sur les pieds, le corps dans une position forcément verticale. Ils ne forment qu’une tribu, à laquelle une seule espèce sert de type, et comme première famille et comme groupe géné- rique. LES OISEAUX DE TRANSITION OU IMPENNES TRIBU UNIQUE PINGUIN! DÉS, PINGUI NIDÆ. Les Pingouins paraissent habiter de préférence exclusive- ment la mer Glaciale , quoiqu’ils en descendent pour nicher jusqu’à l’île de Wight; néanmoins, les îles Féroë et les côtes de Norwège semblent être leurs terres de prédilection dans l’ancien continent, et le Groenland, le Labrador avec Terre-Neuve dans le nouveau. Ils sont presque entièrement privés de la faculté de voler à grandes distances, n’ayant que des petits bouts d’ailes, garnies à la vérité de pennes, mais si courtes et si faibles qu’elles ne peuvent être comparées à celles des autres oiseaux qui ont tout leur développement ; suffisantes à leur servir de parachute, lorsqu’ils s’élancent des rochers dans les flots, ou pour raser, en voletant, la surface des eaux, elles ne sauraient les soutenir longtemps en l’air; se trouvant ainsi réduites, selon la remarque de M. Blyth, au minimum d’étendue et de développement né- cessaires à la sustention aérienne , afin qu’elles pussent avoir ainsi plus d’action sous l’eau. Le plumage de tous les oiseaux de cette tribu est excessive- ment serré, garni d’un épais duvet à la racine des plumes, et difficile à arracher. Les pêcheurs et les dénicheurs d’œufs se servent souvent de leurs peaux garnies de leurs plumes pour entourer leurs poignets. Quatre familles se partagent cette tribu : les Pingouins pro- prement dits et les Àlques, réduits chacun à une seule espèce ; les Guillemots, qui en renferment six, et les Macareux, trois. LES OISEAUX D’EAU — PINGOUINS 15 1" FAMILLE PINGUININÉS. - Pinguininæ. Nous n’avons pas besoin de dire que cette famille, à laquelle il a bien fallu donner un nom pour se conformer à la méthode, est purement d’ordre et hypothétique , en ce sens que ne repo- sant jusqu’à ce jour que sur une seule espèce, elle laisse la porte ouverte à celles que l’on pourrait découvrir et y adjoindre à l’a- venir. Ajoutons qu’en faisant du grand Pingouin le type et le pivot d un groupe familial, nous adoptons en entier la manière de voir, en 1855, de M. Steenstrup (laquelle n’est après tout que celle du prince Charles Bonaparte) , mais qu’il a été le premier à faire valoir par les raisons suivantes : « La petitesse de l’aile chez cet oiseau , dit-il , résultant du raccourcissement de l’os de l’avant-bras, est à un degré tel que cet os, mesurant à peine la moitié de la longueur de l’humérus, fournit ainsi un premier caractère différentiel , puisque , chez l’Alque Torda, que nous allons décrire et qui lui a toujours été adjoint jusqu à ce moment, il est presque de la même longueur. Un second caractère, intimement lié au premier, est fourni par le faible développement des pennes de la main. Ces caractères anatomiques valent bien les caractères purement extérieurs qui servent, en général, à établir les groupes dans la classe des oi- seaux. » Nous verrons bientôt l’importance et les conséquences de cette organisation pour les habitudes et les mœurs du grand Pingouin. 16 LES OISEAUX UE TRANSITION OU IMPENNES GROUPE UNIQUE PINGOUIN, PINGUINUS (Bonnaterre , 1790).— ALCA (Linné, Syst. natur., 1744). Bec presque aussi long et sur le même plan que la tête, qui est aplatie, dessinant une courbe à partir du front, pour se relever à son extrémité , qui se termine en pointe infléchie, emboîtant celle de la mandibule infé- rieure, qui est comme tronquée, bec, en tout, puissant et redoutable, rayé verticalement de huit sillons sur la man- dibule supérieure et d’une dizaine sur l’inférieure; narines marginales étroites, cachées par de petites plumes courtes ayant le moelleux du velours; ailes garnies de six à sept petites pennes graduées également, et dont la première est la plus longue; queue très courte et étagée, les deux pennes médianes dépassant légèrement toutes les autres; tarses robustes, plus courts que le doigt interne, qui est le plus petit des trois, le pouce manquant; ongles faiblement courbés et aigus; celui du doigt médian le plus long et le plus fort. PL. 1. - GRAND PINGOUIN (Buffon,Pl. enl., 367). espèce unique. Alca major (Brisson, Ornithologie, 1760). - Alca impennis (Linné, 1766). - Pinguinus impennis (Bonnaterre, 1790). Mâles et femelles adultes , en été : tête, derrière et côtés du cou, gorge et dessus du corps d’un noir profond; une grande taclie ovalaire , d’un blanc de neige , occupant tout l’espace entre l’œil et la base de la mandibule supérieure; devant du cou et tout le dessous du corps d’un blanc pur; couvertures supé- Des Murs, Les Oiseaux d’Eau. J. "Rothschild, Éditeur, Paris. PI. 1. — GRAND PINGOUIN — Alca Impennis. Linnæus. — ^ ■ LES OISEAUX D’EAU — PINGOUINS 17 rieures des ailes du même noir que le manteau ; rémiges noires, les secondaires terminées de blanc; queue noire; bec noir avec huit sillons à fond blanc mat sur la mandibule supérieure, et dix ou onze plus fins et plus étroits sur l’inférieure; pieds et palma- tures ainsi que les ongles noirs ; iris brun foncé. Taille de soixante-cinq à soixante-dix centimètres. Si restreint et si concis que nous voulions être, force nous est bien, pour cette espèce à la veille de disparaître, si elle n’est déjà disparue de la classe des oiseaux, d’entrer dans quelques détails rétrospectifs sur son historique , d’autant que , dans presque tous les ouvrages d’ornithologie européenne, ils sont restés ignorés ou méconnus de la plupart des auteurs qui s’en sont occupés, notamment en France. Or, il se trouve, grâce aux savantes recherches et au beau mémoire sur le grand Pingouin, publié par le docteur danois Steenstrup, en 1855, que c’est au moment où se perd toute trace de cet oiseau, que l’on découvre le plus de documents sur son habitat, ses moeurs et sa manière de vivre. Ainsi, il est avéré qu’à une époque, qui n’est pas éloignée, le grand Pingouin a été aussi commun et aussi multiplié sur la côte occidentale de l’Amérique boréale, que l’est encore le grand Manchot sur celle de l’Amérique australe ; que, faute de bois, les habitants de Funk-Island se chauffaient avec les ossements de cet oiseau, dont plusieurs ont été recueillis par M. Stuwitz vers 1850, et que le docteur Hayes en a vu de vivants à l’île Disco en 1869. L’œuf en est aussi introuvable que l’oiseau lui-même. On aura une idée de sa valeur et peut-être de l’unique motif de la rareté de l’oiseau, lorsqu’on saura que ce même œuf, que nous avons payé trois et cinq francs pièce, en 1830 et 1833, qui en valait vingt-cinq et trente en 1840, s’est payé depuis, pendant quinze ans, cinq cents et huit cents francs ; et qu’en ce moment certains détenteurs paraissent ne vouloir plus s’en défaire à aucun prix. Cet oiseau semblerait donc avoir complètement disparu, tant en est acharnée la destruction. 18 LES OISEAUX DE TRANSITION OU IMPENNES Temminck nous le montre occupant les plus hautes latitudes du globe, toujours dans les régions couvertes de glaces ; vivant et se trouvant habituellement sur les glaces flottantes du pôle arc- tique, dont il ne s’éloigne qu’accidentellement ; ne venant jamais à terre que pour nicher ; visitant, quoique rarement, les côtes des îles Orcades et Saint-Kilda; enfin commun au Groenland (1). Sa nourriture, suivant le rapport des voyageurs, consisterait en gros poissons, tels que, particulièrement, le Cyclopterus Lumpus et autres, ainsi qu’en plantes marines. 11 niche sur les rochers escarpés, toujours dans le voisinage des glaces flottantes; place son nid, qui n’en est pas un, dans les cavernes, dans les fentes des rochers, ou se creuse des terriers profonds. 11 pond un seul œuf, énorme (c’est le plus grand des œufs pon- dus en Europe), très piriforme, d’un roux très clair ou d’un gris isabelle, avec des taches, des raies irrégulières onduleuses et des zigzags noirs ou d’un brun plus ou moins foncé lorsqu’ils sont su- perficiels, d’un gris violet ou cendré lorsqu’ils sont profonds. Son grand diamètre est de cent vingt-cinq (douze centimètres et demi) à cent trente millimètres ; le petit, de soixante-quinze à soixante-dix-huit millimètres. 2e FAMILLE ALCINÉS. — Alcinæ. En faisant une famille distincte de l’Alque d’avec le Pingouin, nous n’innovons point, ne suivant en cela que l’exemple du doc- teur Steenstrup et du prince Charles Bonaparte, desquels s’est séparé Gerbe , sans faire connaître ses motifs. Cette famille, d’après ce que nous venons de dire, ne se com- pose, comme celle des Pingouins, que d’une seule espèce, type familial et générique, que l’on a confondue jusqu’à ce jour avec la suivante, malgré le caractère organique différentiel que nous avons indiqué tout à l’heure. (1) Manuel d’Ornithologie, — 1820. Des llnrs, Les Oiseaux d'Eau. J. Rothschild, Éditeur, Taris. PI 2.-PINSOÜIN MA'C RO P T È R E — Alca Tarda. Linnæus. - £ nat. LES OISEAUX D’EAU — PINGOUINS 19 GROUPE UNIQUE ALQUE, ALCA (L). Bec de même forme que chez le grand Pingouin; les sillons delà mandibule supérieure réduits à trois ou quatre; l’os de l’avant-bras beaucoup plus allongé, et dès lors plus favorable aux mouvements du vol; les pennes alaires dépas- sant la base de la queue, et, sans être positivement propres à un vol soutenu, pouvant servir de parachute pour amortir l’élan d’en haut en bas. PL. 2. - PETIT PINGOUIN (Buffon). — PINGOUIN MACROPTÈRE (Temminck). espèce unique. Alque macroptère. — Alca tarda, L. Chez lui, la tête, la gorge, la partie supérieure de la face an- térieure du cou, la totalité des faces latérales et postérieures sont d’un noir tirant sur une couleur de suie rougeâtre, avec une fine ligne d’un blanc pur qui, du haut du bec, se rend aux yeux; le dos et les sus-candales sont d’un noir profond tirant au bru- nâtre sur les scapulaires ; le bas de la face antérieure du cou, la poitrine, l’abdomen et les sous-caudales sont d’un blanc pur ; la queue est noire ; le bec est noir, avec trois rainures courbes sur la mandibule supérieure, celle du milieu blanche et la plus éten- due, et deux ou trois rainures également sur l’inférieure, corres- pondant aux précédentes, la plus longue blanche ; les pieds sont noirs ; l’iris est brun. Il ne mesure que trente-huit centimètres, de longueur. Cette espèce est tellement nombreuse, ainsi que celles des deux groupes qui vont suivre, qu’il n’est pas à craindre que la race s’en éteigne de sitôt. 20 LES OISEAUX DE TRANSITION OU IMPENNES Il se reproduil, en France, aux Aiguilles d’Étretat, sur les côtes de la Bretagne, de Cherbourg et à Aurigny. 11 se reproduit aussi, dit-on, sur la côte occidentale de l’Angleterre. Quoiqu’en apparence des plus mal conformés pour le vol, après le grand Pingouin, des oiseaux de la tribu, il joint à cette fa- culté, qu’il possède dans une certaine mesure, celle de pouvoir plonger à de grandes profondeurs ; ce qui n’a rien qui surprenne, d’après son organisation si rapprochée de celle de ce dernier. Les œufs d’Alques sont généralement d’un blanc pur lar- gement moucheté de brun rougeâtre foncé ou de noir ; les mouchetures formant ordinairement un cercle sur le gros bout. Quant aux taches, les unes sont superficielles, ce sont les plus foncées; les autres profondes, et elles sont d’un gris cendré ou veineux. Leur grand diamètre est de soixante-quatorze à soixante- dix-neuf millimètres, et le petit, de quarante-sept à quarante- neuf. La nourriture de l’Alque consiste en crevettes, en divers autres animaux marins, en petits poissons et en frai de poissons. Au- dubon a trouvé, dans l’estomac d’un grand nombre de ces oiseaux, des écailles, des morceaux de poissons et des débris de coquillages. 3e FAMILLE URINÉS. - Uriinæ. Les Uriens ou Guillemots diffèrent des Pingouins et des Alques, en ce que leur bec, au lieu d’être aplati verticalement, courbé en crochet et sillonné (ce qui leur a valu le nom de Bec- en-rasoir , que leur donnent les Anglo-Américains), est plus ou moins long, droit., avec la mandibule supérieure légèrement in- fléchie , vers la pointe seulement, et l’inférieure formant un angle plus ou moins ouvert. Les teintes de leur plumage ne varient également que du noir au blanc. De même que les Pingouins et les Alques, et avec eux, les Guil- lemots se trouvent rélégués dans des climats couverts de frimas LES OISEAUX D’EAU — PINGOUINS 21 éternels ; et ce n’est que contraints par les glaces de quitter, en hiver, les contrées arctiques, qu’ils émigrent, dans cette saison, le long des côtes maritimes, et visitent les pays froids et, parfois même, les pays tempérés de l’Amérique et de l’Europe. Leur appa- rition à terre, excepté au temps de la ponte, est le plus souvent due à des perturbations atmosphériques, qui les forcent d’aban- donner leur élément favori ; plusieurs s’égarent par les mêmes causes dans les rivières et dans les lacs où, dit Temminck, on les voit souvent en hiver. On les a divisés en deux groupes génériques : les Guillemots proprement dits et les Mergules, qui, pour nous, n’en font qu’un seul et même, sous le titre de Guillemots. 22 LES OISEAUX DE TRANSITION OU IMPENNES GROUPE GÉNÉRIQUE UNIQUE GUILLEMOT, URIA (Briss.). Bec plus court que la tête, plus ou moins droit ou convexe en dessus, anguleux en dessous, un peu courbé et échancré à l’extrémité des deux mandibules; narines plus ou moins étroites, ovalaires, à moitié fermées par une mem- brane emplumée, percées de part en part en avant; ailes de moyenne dimension, les deux premières pennes égales, les plus longues; queue courte et arrondie; tarses courts, de la longueur du doigt médian, réticulés; pas de pouce; ongles moyens, faiblement courbés et aigus, celui du doigt médian le plus fort. Ce groupe ne comprend que trois espèces: car, nous rangeant à l’opinion de Faber et de Graba, et quoiqu’il nous en coûte de nous séparer de celle de Thienemann, nous n’admettons ni le Guillemot à gros bec ou Arra ( Uria arra) Pallas, ni le Guillemot de Brünnicb ( Uria Brunnichii , Sabine) , comme espèces dis- tinctes, ne les considérant que pour des variétés locales du Troile, ainsi que le suivant, dont nous nous bornons à donner la figure comme comparaison. PL. 3. — GUILLEMOT BRIDÉ. Uria Ringvia (Brünnich). U Des Murs, Les Oiseaux d’ Eau. J. Rothschild, Éditeur, Paris. Pi. 3. GUILLEMOT BRIDÉ — Cria Ringvia. Brünuich. (Variété du Guillemot Troile.) — J nat. , ^ s> ék iZ%~- ’tÈL ,^-m .«w ■ » - ■ % "-W Des Mills, Les.Oiseaux d'Eau. J. Eothschîld, Éditeur, Paris. (GUILLEMOT A CAPUCHON — XÏria Troile. Latlism. — J nat. (GUILLEMOT A M I E O I E— Uria Grylle. Latham. — 4 nat. LES OISEAUX D’EAU -PINGOUINS 23 PL. 4. — GUILLEMOT A CAPUCHON. Uria troile (Latham, ex Lmn.). - Colymbus troile (Linn., 1766). Il a la tête et le cou d’un noir brun de suie velouté ou d un noir profond, avec un trait de même couleur derrière l’œil, des- cendant, en formant une courbe, sur les côtés du cou ; le dessus du corps de même couleur; le dessous, d’un blanc pur, en- taillant le bas de la face antérieure du cou, avec les flancs mar- qués de larges taches longitudinales noires ; les ailes pareilles au manteau ; les rémiges secondaires terminées de blanc ; la queue noire. Le bec est noir cendre en dehors, jaune vif en dedans; les tarses et les doigts sont d’un brun jaunâtre antérieurement; la face postérieure et la membrane interdigitale noires ; l’iris est brun roussâtre. C’est une des plus fortes espèces, sa tadle mesu- rant de quarante-deux à quarante-trois centimètres. Il habite principalement les mers glaciales, mais il descend cependant bien plus bas vers le sud. Très commun aux îles Féroë, sa véritable patrie, dapiès Graba, il se répand, l’hiver, le long de la Baltique, des côtes de la Hollande, de la Belgique et de la France, jusqu’à Bayonne. Toutefois, comme l’Alque, il est sédentaire sur plusieurs points des côtes de l’Angleterre et de la France. Ainsi on le rencontre toute l’année sur les îles de la Manche, sur nos côtes et nos îles du golfe de Gascogne. Il se reproduit en grand nombre aux Aiguilles d’Étretat, à dix-huit kilomètres de Fécamp, dans les falaises de Jambourg, à Aurigny, quelquefois dans le Boulonnais, sur toutes les côtes et les îlots de la Bretagne, enfin dans les rochers près de Douvres. L’œuf du Guillemot à capuchon, gros et piriforme, ou ovoï- conique, varie beaucoup en couleurs, et passe par de nombreuses nuances, du blanc pur au vert foncé; la plupart sont capricieuse- ment mouchetés et garnis de dessins si multipliés, noirs, ou bruns, ou roussâtres, qu’ils défient toute description. Ils ont de quatre- LES OISEAUX DE TRANSITION OU IMPENNES 24 vingts à quatre-vingt-dix millimètres de grand diamètre sur qua- rante-huit à cinquante-deux de petit. PL. 4. - GUILLEMOT A MIROIR. Urici grylle (Lath., ex Linn.).— Colymbus grylle (Linn., S. n., 1766). — Uria minor (Briss., Orn., 1760). Il est entièrement d’un noir profond, avec les moyennes cou- vertures supérieures des ailes et la moitié terminale des grandes secondaires d’un blanc pur formant miroir. Le bec est noir en de- hors, rouge en dedans ; l’iris, d’un brun foncé ; les pieds sont d’un rouge vif. La taille est de trente-trois à trente-quatre centi- mètres. Contrairement aux habitudes du Guillemot à capuchon et de l’Alque, les Guillemots à miroir ne s’attachent pas à un lieu spé- cial, mais s’établissent, pour la saison, partout où ils trouvent des commodités appropriées à leurs besoins. On peut s’attendre à les rencontrer là où existent des fentes dans les rochers, ou de grands monceaux de blocs avec des trous dans leurs interstices. Ce Guillemot est de passage irrégulier sur les côtes de France, et notamment sur celles de nos départements septentrionaux, où on l’a rencontré quelquefois en mai ou en novembre. Les œufs, sur un fond cendré clair, ou verdâtre ou bleuâtre, quelquefois d’un jaune ocreux assez prononcé, offrent le même système de maculature que ceux de l’espèce précédente. MM. Evans et Sturge ont trouvé de ces Guillemots couvant sur des rochers jusqu’à un ou deux milles au milieu des terres. Des Murs, Les Oiseaux d’Eau. J. Rothschild, Éditeur, Paris. GUILLEMOT NAIN— VHa miiior. Brissou. - J liât. MACAREUX MOIN E — Fratercula Arctica. Leach. — J nat. PI. 5. LES OISEAUX D’EAU — PINGOUINS 2S Après cette espèce, la plus petite est celle dont nous allons parler, dont quelques auteurs ont fait le type d’un groupe à part, sous le nom de Mergules, que nous n’adoptons point, pour ne pas compliquer la méthode. Il restera pour nous, comme pour Bris- son et Temminck : PL. S. -LE GUILLEMOT NAIN. Unammor (Briss., Orn., 1760). — Alca aile (Linn., S. n., 1766). — Mergulus aile (Vieillot, N. dict., 1816). Il se distingue principalement des Guillemots qui précèdent, par son bec très court, épais, renflé, convexe et aussi haut que large. A part cela, vrai Guillemot. Quant au plumage, la tête, le cou, le dessus du corps et les sus-caudales sont d’un noir profond; l’abdomen et les sous-cau- dales d’un blanc pur ; les petites et les moyennes couvertures pa- reilles au manteau ; les scapulaires noires, et bordées de blanc pour la plupart , soit sur les deux côtés, soit sur un seul; la queue est noire. Le bec est également noir; l’iris noirâtre; les tarses et les doigts sont d’un brun jaunâtre, avec les palmatures brun verdâtre. Il mesure à peine vingt-quatre centimètres. Le Guillemot nain habite les régions polaires des deux mondes, et paraît être plus commun en Amérique qu’en Eu- rope. En Europe , le Guillemot nain est de passage irrégulier sur les côtes maritimes de France , où il se montre ordinairement en automne , dans les hivers rigoureux , ou après un ouragan, comme aux États-Unis. Ce qui démontre que les circonstances de son apparition sont exactement les mêmes, c’est qu’on le ren- contre assez souvent mort ou mourant sur les plages après une tourmente. La tempête le pousse même parfois très avant dans l’intérieur des terres : c’est ainsi qu’un individu mâle , d’après J. Ray, a été tué, vers 1860, dans le département de l’Aube. Ses mœurs sont les mêmes que celles de tous les Guillemots. 26 LES OISEAUX DE TRANSITION OU IMPENNES Il niche dans les trous de rochers; pond un seul œuf gris azuré, ou vert sale très clair, le plus ordinairement sans taches, quel- quefois avec de petites taches rougeâtres, principalement au gros bout. Il mesure, de grand diamètre, quarante-cinq à quarante- huit millimètres; et, de petit, trente à trente-deux. 4e FAMILLE FRATERCULINËS. — Fraterculinæ. Les oiseaux de cette famille nous offrent, dans nos études sur l’organe rostral, le premier exemple d’un bec anormal, quant à la forme typique qu’on s’en représente ordinairement. Imagi- nons, avec l’abbé Bexon, deux lames de couteau très courtes, appliquées l’une contre l’autre par le tranchant , nous aurons le bec des Macareux. La pointe du bec est, chez les espèces dont nous allons nous occuper, non cannelée transversalement, comme nous l’avons vu pour le Pingouin et l’Alque, mais garnie de trois ou quatre petits bourrelets plus ou moins saillants. Les deux man- dibules étant réunies, sont presque aussi hautes que longues et forment, sauf leur courbure du dessus et du dessous, un triangle à peu près isocèle. Cette forme de bec, quel qu’en soit le rapport imparfait avec celui du Perroquet, leur a valu, de la part des marins, le nom de Perroquets de mer. C’est bien en effet, moins la pointe crochue , le bec de ces derniers , mais comprimé du sommet de la tête au menton, de façon à ne former qu’une plaque; véritable masque. Ces oiseaux, essentiellement marins, ont les plus grands rap- ports d’organisation et d’habitudes , sauf leur mode de nidifica- tion, avec les Pingouins, les Alques et les Guillemots. Us ne forment qu’un seul groupe générique. LES OISEAUX D’EAU — PINGOUINS 27 GROUPE GÉNÉRIQUE UNIQUE MACAREUX, FRATERCULA (Brisson). Bec aussi haut ou plus haut que long, très élevé, et presque comprimé latéralement, atteignant trente-huit mil- limètres de haut sur quarante-quatre le long des commis- sures; sillons des mandibules obliques, formant angle à leur point de rencontre, mais ne remontant pas jusqu a l’arête du bec; un bourrelet très saillant et demi-tubulaire longeant toute la base de la mandibule supérieure; le pre- mier bourrelet voisin des narines plus large que les autres; rosace membraneuse des commissures très large; deux revers cornés entièrement adhérents aux paupières; narines très étroites, linéaires, percées de part en part dans une peau nue; ailes aiguës; queue courte, légèrement arrondie sur les côtés, excédant les ailes de trois à quatre millimètres ; tarses plus courts que le doigt médian; minces, réticulés, avec quelques scutelles peu larges vers le milieu de la face antérieure; ongles des doigts externe et médian falciformes, celui du doigt interne très arqué; palmatures pleines et étroites. Tous les Macareux, sans exception, se pratiquent des terriers et nichent en terre. Deux espèces seules appartiennent à l’Eu- rope. 28 LES OISEAUX DE TRANSITION OU JMPENNES PL. S. — MACAREUX-MOINE. Fratercula arctica (Leach., 1816). — Alcci arctica (Linn., 1766). — Mormon fratercula (Tenlm., 1815). Mâle adulte : sommet de la tête, toutes les parties supérieures et un large collier entourant le cou d’un noir profond lustré ; rémiges d’un brun noirâtre ; joues large bande au-dessus des yeux d’un gris très clair; poitrine, ventre et les autres parties inférieures d’un blanc pur. Bec d’un cendré bleuâtre à la base, jaunâtre dans le milieu et d’un rouge vif à la pointe ; mandibule supérieure marquée de trois sillons, l’inférieure, de deux; iris blanchâtre ; les yeux entourés d’une sorte de bourrelet membra- neux de couleur rouge ; pieds d’un rouge orangé. Taille de trente- quatre à trente-cinq centimètres. Habite les régions polaires des deux mondes; en hiver et au printemps, de passage périodique sur les côtes de Norwège, d’An- gleterre, de Hollande et de France, où il se reproduit ; surtout dans les îles Féroë, et autres îles voisines ; nulle part plus abon- dant qu’aux Hébrides, surtout à Saint-Kilda. Aussi forment-ils la principale nourriture des habitants pendant tout l’été. On prend, sur un seul écueil des îles Féroë, jusqu’à deux mille quatre cents de ces oiseaux dans une saison. Niche dans des trous en terre ; le sol, dans certains lieux que fréquentent ces oiseaux , est tellement léger et facile à creuser, que beaucoup de leurs nids s’étendent dans une longueur d’un ou deux mètres, quoiqu’ils ne soient pas à plus de quelques centi- mètres de la surface; et que souvent même ces labyrinthes y sont multipliés au point qu’il est impossible d’y marcher sans courir le risque d’enfoncer ou de tomber à chaque pas. Le fond de chaque galerie se termine en une espèce de chambre en forme de four où se trouvent les œufs. Le Macareux ne pond jamais qu’un œuf, à moins que le pre- mier n’ait été brisé ou enlevé , et il n’élève qu’un petit chaque saison. Des Murs, Les Oiseaux d’Eau. J . Rothschild, Editeur, Paris. PI. 6. — MACAREUX A CROISSANTS- Fmtercula corniculata. Brandt. — 4 nat. Üfek, LES OISEAUX D’EAU — PINGOUINS 29 Ajoutons, ce dont on ne se douterait guère, que les Maca- reux offrent parfois de singulières anomalies de coloration. M. G. Gray rapporte en avoir examiné deux, tués par des chasseurs : l’un était d’une magnifique robe isabelle, l’autre entièrement noir; tous deux sans aucune tache. La dernière variété vient, presque tous les étés, montrer à Ailsa son superbe plumage. PL. 6. - MACAREUX A CROISSANTS, Fraiercula corniculatci (Brandt, 1837). — Mormon corniculata (Naum., 1821). Le mâle et la femelle adultes , en été, portent la livrée suivante: tout le dessus de la tête, du front à l’occiput, d’un gris brun lie de vin, limité sur les côtés par une teinte plus foncée; un large collier complet embrassant le cou et remontant en avant jusqu’au menton , d’un noir lustré sur les faces postérieures et latérales du cou, d’un noir mat sur le devant de cette région, nuancé de cendré à la gorge et au menton; dessus du corps, des ailes, sus- caudales, d’un noir lustré comme le dessus du cou; un trait noi- râtre de l’angle postérieur de l’œil à la nuque ; côtés de la tête et toutes les parties inférieures, à partir du collier, d’un blanc pur ou lavé de jaunâtre ; rémiges brunes , entièrement liserées d’un noir lustré; rectrices d’un noir lustré en dessus, noirâtres en dessous ; bec d’un orange rougeâtre de la base au premier sillon, d’un rouge brun à l’extrémité; rosace en bourrelet des commissures jaune orange ; bords libres des. paupières et protu- bérance charnue qui surmonte l’œil, jaunes; iris blanchâtre. La taille varie de trente-six à trente-huit centimètres. Le Macareux à croissants habite les mers du pôle arctique jusqu’aux limites glaciales ; il est commun au Spitzberg, au Groen- land, au Kamtschatka et à Terre-Neuve. J. de Lamotte a eu oc- casion de le tuer en Norwège, où il n’est pas rare. 11 a les mêmes habitudes et le même mode de nidification que l’espèce pré- cédente. 30 LES OISEAUX NAGEURS 2e SOUS-ORDRE LES OISEAUX NAGEURS NA TA TOUES Après les oiseaux impennes ou plongeurs, les oiseaux nageurs et voiliers. Non que ceux-ci ne quittent jamais l’eau, bien au contraire, mais ils n’y plongent pas ou à peine : c’est leur élé- ment de station et de repos ; c’est en même temps leur réservoir et leur ressource d’alimentation. Ces oiseaux jouissent enfin, dans toute sa plénitude, de la double faculté de nager et de voler. Ce sous-ordre comprend trois tribus : Les Grands Voiliers ; Les Plongeons ; Et les Totipalmes ou Pélicans. LES OISEAUX D’EAU — LONGIPENNES 3i Ve TRIBU LES GRANDS VOILIERS OU LONGIPENNES Longipennes. Autant nous avons vu la nature avare, dans la répartition du système alaire, chez les groupes qui précèdent , autant elle s’en va montrer généreuse, jusqu’à la prodigalité , dans ceux qui vont suivre. Mais, ici, les grands Voiliers qui comprennent, en Europe, les Pétrels et les Hirondelles de mer , deviennent , sinon les auxiliaires de l’homme, du moins les auxiliaires de la créa- tion , pour l’assainissement des eaux et de leurs rives , où séjournent en grand nombre les cadavres d’animaux morts , tels que amphibies, cétacés, etc., sans parler de ceux de ces pauvres Macareux; et, par suite, pour l’entretien de la sa- lubrité de l’air respirable; ce sont, en un mot, les oiseaux de proie, les rapaces des mers. L’aspect seul du bec de plusieurs d’entre eux, des Pétrels, par exemple, dénote cette desti- nation. A l’inverse des Manchots , des Pingouins , les oiseaux de cette division jouissent , en général, d’un système d’organisation ro- buste et approprié au vol de longue haleine. Les Pétrels ont des ailes aiguës, effilées ; leurs muscles sont terminés par d’épais tendons qui leur permettent d’exécuter des trajets immenses sur la pleine mer; leurs pieds, largement palmés, leur facilitent les moyens de se reposer sur les vagues ; leur vue perçante rend inévitable la perte du poisson dont ils sont avides , qu’ils saisis- sent , non en plongeant comme les oiseaux précédents , mais en rasant la surface des flots. Les navigateurs rencontrent fréquem- ment ces oiseaux à des distances inouïes de toute terre, et ce n’est que rarement qu’on les voit dépasser les limites ou les zones qu’ils habitent de préférence. 32 LES OISEAUX NAGEURS 11 convient , dans cette tribu , de distinguer deux familles : Les Pétrels ou Procellarides , Et les Lariides ou Goélands. 1» FAMILLE LES PÉTRELS. — Procellariinæ. Nous adoptons, pour les Pétrels, la division proposée par Temminck , mais en l’appliquant au rebours, selon notre système, c’est-à-dire en Pétrels-Hirondelles , qui en sont les plus petites espèces; en Pétrels- Puf fins, et en Pétrels proprement dits, les plus forts de tous. Nous rencontrons ici la première application d’un principe , que nous avons déjà posé et développé ailleurs, à savoir que toutes les grandes coupes ornithologiques ont leurs oiseaux diurnes et leurs oiseaux nocturnes ou crépusculaires. Ainsi, les Pétrels de nos deux premières sections sont les crépusculaires de ceux de la troisième. Pourvus de longues ailes et munis de pieds palmés, ils ajoutent à l’aisance et à la légèreté du vol, à la facilité de nager, la singulière faculté de courir et de marcher sür l’eau, en effleurant les ondes par le mouvement d’un transport rapide, dans lequel le corps est horizontalement soutenu et balancé par les ailes, où les pieds frappent alternativement et précipitamment la surface de l’eau. C’est de cette marche sur l’eau que vient le nom Pétrel ; il est formé de Peter, Pierre, ou de Pétrïll, Pierrot ou Petit- Pierre , que les matelots anglais ont imposé à ces oiseaux , en les voyant courir sur l’eau comme l’apôtre saint Pierre y mar- chait. Les espèces de Pétrels sont nombreuses, quoique l’on n’en compte que sept ou huit en Europe. Ils ont tous les ailes grandes et fortes; cependant, ils ne s’élèvent pas à une grande hauteur, et communément ils rasent l’eau dans leur vol. LES OISEAUX D’EAU — LOJ^GIPENXES 33 Le bec est articulé et paraît formé de quatre pièces, dont deux, comme des morceaux sus-ajoutés, forment les extrémités des mandibules; il y a de plus, le long et en dessus de la man- dibule supérieure, près de la tête, deux petits tuyaux ou rouleaux couchés, dans lesquels sont percées les narines. Par sa con- formation totale, ce bec semblerait être celui d’un oiseau de proie, car il est épais, tranchant et crochu à son extrémité. Au reste , cette forme du bec n’est pas entièrement uniforme dans tous les Pétrels ; et ce sont ces différences dont on a tiré les caractères propres à établir les trois divisions que nous y indi- quons. En effet, dans plusieurs espèces, la seule pointe de la mandibule supérieure est recourbée en croc ; la pointe de l’infé- rieure, au contraire, est creusée en gouttière et comme tronquée en manière de cuiller, et ces espèces sont celles des Pétrels pro- prement dits. En outre, les bords des mandibules sont tranchants, doubles ou garnis à l’intérieur de lamelles transverses, présentant deux dents à la réunion du crochet et du bord de la mandibule supé- rieure. Ce nom de dents a été donné, par Hombron et Jacquinot, à deux lames longues et tranchantes chez quelques espèces, courtes et coniques chez d’autres, et dont la présence, la forme ou l’absence doivent, selon eux, modifier le genre de nourriture chez les différents individus. Ainsi, tandis qu’elles manquent com- plètement dans quelques espèces, chez d’autres, tels que le Pétrel- F.ulmar, en Europe, et le Pétrel géant, en Océanie, ces dents courtes et coniques font l’office de véritables canines, en même temps que les lames dures , cornées , qui garnissent tout le bord de la mandibule supérieure, peuvent être assimilées avec raison à des molaires. Mais il y a mieux, chez les Pétrels, que ces molaires prétendues; c’est la constitution toute particulière de la membrane muqueuse de l’estomac, laquelle est parsemée de saillies cornées faisant l’office de dents pour la macération des aliments. Toute la famille est composée d’oiseaux plus ou moins demi- nocturnes, qui chassent et pourvoient à leur subsistance au cré- i H| 3 LES OISEAUX NAGEURS 31 puscule et à l’aurore, surtout pendant les nuits éclairées des régions boréales. Le jour, ils se cachent habituellement parmi les fentes des rochers, dans les cavernes, ou dans les terriers de lapins ou d’autres animaux fouisseurs. Ils font entendre de ces trous une voix désagréable que l’on prendrait le plus souvent pour le croassement d’une grenouille. Leur ponte n’est pas nombreuse ; ils nourrissent et engraissent leurs petits en leur dégorgeant dans le bec la substance, à demi- digérée et déjà réduite en huile, des poissons dont ils font leur principale et peut-être leur unique nourriture. Mais une parti- cularité dont il est très bon que les dénicheurs de ces oiseaux soient avertis, c’est que, quand on les attaque, la peur ou l’espoir de se défendre leur fait rendre l’huile dont ils ont l’estomac rempli : ils la lancent au visage et aux yeux du chasseur ; et comme leurs nids sont le plus souvent situés sur des côtes escarpées, dans des fentes de rochers à une grande hauteur, l’ignorance de ce fait a coûté la vie à quelques observateurs, tel qu’en 1761 àM. Campbel. Les Pétrels se subdivisent en trois sous-familles : Pétrels-Hirondelles, ou Thalassidromes ; . Pétrels-Puffins ; Et Pétrels proprement dits. 1" SOUS-'FAMILLE LËS PÉTRELS-HIRONDELLES ou THALASSIDROMES. — Procellariinse. Ce sont, comme nous l’avons dit, les plus petits de la famille, ceux auxquels , de préférence , on a donné le nom d’oiseaux de tempêtes, pour leur habitude d’avoir l’air de se jouer de la fureur des vagues et des vents , alors qu’ils ne profitent du bouleverse- ment et de la confusion de ces éléments que pour y pâturer les mollusques et autres productions ramenés à la surface des flots par cette agitation; au surplus, par le fait même de la coïncidence de leur apparition avec tous les présages de la tempête, devenus la terreur des matelots. Ils ne renferment qu’un Il ,(TE i TH. IIDEOME -TEMPÊTE - ThalasMroma, pelagica. Selby. — J nat. IDROME DE L E A C H — Thalassidroma leueorhoa. gerbe. — | nat. LES OISEAUX D’EAU — LONGÏPENNES as GROUPE GÉNÉRIQUE UNIQUE THALASSÏDROME , THALASSIDROMA (Vigors , 1825). Ils ont le plumage généralement sombre, les formes grêles, avec l’aile étroite et allongée , rappelant celle des hirondelles, d’où leur nom. Du reste, bec moitié plus court que la tête , très crochu ; narines en saillie à la base du bec, formant deux tubulures réunies par un seul orifice, et séparées intérieurement par une cloison très mince ; ailes étroites, aiguës, allongées, la seconde rémige dépassant la première; queue courte, arrondie; tarses longs et très grêles. Une seule espèce, que nous allons décrire, appartient à l’Europe. PL. 7. - THALASSIDROME-TEMPÊTE. Thalassidroma pelagica (Selby, 1831). — Procellaria pelagica (Lirai., 1760). Mâle et femelle adultes : d’un brun noirâtre sur la tête, le cou et le dos; couvertures supérieures de la queue blanches, avec la pointe noirâtre; toutes les parties inférieures du corps d'un noir fuligineux, à l’exception des plumes latérales du bas-ventre, qui sont blanches, et la plupart noirâtres à l’extrémité ; grandes cou- vertures supérieures des ailes et bord externe des rémiges se- condaires ordinairement bordés de blanchâtre, ou d’un noir de suie; rémiges primaires d’un noir profond; moyennes couver- tures inférieures de l’aile blanchâtres ; rectrices de la couleur des ailes, avec les latérales blanchâtres à la base, sur les barbes in- ternes et externes , le rachis étant noir ; le bec et les pieds sont noirs, et ceux-ci mesurent vingt ci un à vingt-deux centimètres de longueur ; l’iris est brun-noir. Taille de quinze centimètres. Cet oiseau de tempête vole avec une singulière vitesse au moyen de ses longues ailes, et il sait trouver des points de repos au milieu des flots tumultueux et des vagues bondissantes, comme dit de Montbeillard ; on le voit se mettre à couvert dans le creux profond que forment entre elles deux hautes lames de la mer agitée, et s’y tenir quelques instants, quoique la vague y roule avec une extrême rapidité. Dans ces sillons mobiles des flots, il court comme l’Alouette dans les sillons des champs. D’où le nom qu’on lui a appliqué à' Oiseau de saint Pierre , ou encore, tou- jours dans le langage des matelots, faisant allusion à quelque conte de sorcellerie maintenant oublié, de Poulet de la mère Cary. Le nom lui-même d’oiseau de tempête, quoique donné indistinc- tement à plusieurs autres espèces, joint à leur couleur presque toujours d’un noir enfumé avec plus ou moins de blanc, en a en- gendré d’autres provenant des mêmes croyances, tels que celui à' Oiseau-Diable du père Labat, celui de Diablotins des colons de la Guadeloupe et de Saint-Domingue, celui de Satanique de nos matelots, et enfin d'Alma de Maestro des Espagnols. Fondées ou non, ces croyances, de même origine, ont existé de tout temps, existent encore, on le voit, et existeront toujours. La superstition si naturelle des marins à leur endroit la rend poétique, en dépit même du scepticisme de la science, et peut-être sont-ils dans le vrai. Le Pétrel-Tempête, que ces légendes rendent si intéressant, est répandu sur toutes les mers de l’Europe. Très commun aux îles Féroë, et passant pour acquérir beau- coup de graisse en certaines saisons, les habitants en profitent, au rapport de Brünnich, pour s’en servir en guise de lampe, en faisant passer une mèche de la bouche à l’anus de l’oiseau, et y mettant le feu. Le Pétrel-Tempête se reproduit en assez grand nombre sur plusieurs îles de la Bretagne, notamment sur l’île Bougie, près de Morlaix, et sur l’île des Glenans, Il se reproduit aussi sur les LES OISEAUX D’EAU — LONG1PENNES 37 îles qui avoisinent Marseille et- sur d’autres points de la Méditer- ranée. D’après le capitaine Loche, il se trouve sur les côtes de Pro- vence où, dès le mois d’avril, il vaque immédiatement à sa repro- duction. Cet observateur a rencontré des œufs de cette espèce, depuis le mois de mai jusqu’au mois de septembre, et il a vu des petits du commencement de juin aux premiers jours d’octobre. Très probablement l’espèce a plusieurs pontes dans la saison, ce qui expliquerait, selon Gerbe, une aussi longue période de repro- duction ; et ce qui seul, à notre avis, explique également l’innom- brable quantité de ces oiseaux sur certains points de l’Océan. C’est dans un trou dérocher, plus ou moins profond, et sans pré- paration aucune, que la femelle pond un seul œuf d’un blanc mat, avec de très petits points de brun rougeâtre très rapprochés au gros bout en forme ordinairement de couronne ; cet œuf est assez court, également épais des deux bouts, c’est-à-dire elliptique, et mesure vingt-sept à vingt-huit millimètres de grand diamètre, et vingt et un à vingt-deux du petit. PL. 7. — THALASSIDROME DE LEACH. Thalcissidroma leucorhoa (Gerbe, ex Vieillot). — Procellaria leucorhoa (Vieilli). — Procellaria Leachi (Temm.), — Thalassidroma Leachi (Ch. Bonap.). Mule et femelle adultes: toutes les parties de la tête et du corps d’un noir mat ; côtés de l’abdomen et couvertures du dessus de la queue blancs, avec les baguettes ou rachis bruns ; rémiges et queue, qui est fourchue, noires ; bec et pieds noirs. Longueur totale : environ vingt centimètres. Habite les Orcades, où l’espèce a été trouvée par le docteur Leach, vers 1820, à Terre-Neuve ; assez commun dans l’île de Saint-Kilda ; fréquent sur plusieurs points de l’Europe; paraît à la suite de tempêtes en France, sur l’Océan et la Méditerranée. Vit sur les lacs salés et sur les bords de la mer. Se nourrit d’insectes et de petits poissons qu’il saisit à la surface des eaux, LES OISEAUX NAGEURS sans jamais y plonger, et toujours tenant les ailes déployées lorsque des pieds il touche l’eau. Niche sur les mêmes hords, dans des trous de rats et dans les fentes des rochers, ou il reste en embuscade et presque cons- tamment ; pond seulement un œuf de forme elliptique, d’un blanc pur et mat avec une couronne de très petits points brun rougeâtre sur l’un des hords ; cet œuf mesure de trente-trois à trente-cinq millimètres dans un sens, et de treize à quatorze dans l’autre. g' gOUS-FAMILLE LES PÉTRELS-PUFFINS. — Puffineæ, Us forment un groupe générique sous le nom du ; Puffin, Puffinus , Buisson, Procellaria, Linn, La manière de vivre des Pétrels-Puffms ne diffère pas sensi- blement de celle des Pétrels-Hirondelles ; ils ne se distinguent les uns des autres que par les narines , par la longueur du bec , qui dépasse celle de la tête ; par une queue médiocre, le plus souvent arrondie ; et des tarses de la longueur du doigt médian. Ils sont, de même que les précédents, oiseaux nocturnes, qui chassent au crépuscule, et se cachent une partie du jour dans les trous des rochers, ou dans les tannières des lapins et des rats, et ne sortent de ces retraites que sous l’influence des ouragans si fréquents dans les parages qu’ils habitent. Cinq espèces seules appartiennent à l’Europe. Des Murs, Les Oiseaux d’Eau. J. Rothsc rilcT, Éditeur, Paris. PI. 8.-PÏÏPFI CESBEi— Puffir, s. Gerbe. — J Des Murs, Les Oiseaux d’Eau. J. Rothschild, Éditeur, PI. 9. — P U EF IN LES OISEAUX D’EAU- LONGIPENNES 39 PL. 8. — LE PUFFIN CENDRÉ (G. Cuvier, 1820). Puffinus cinereus (Gerbe, 1867). — Procellarici-Puffinus (Temm., 1820). — [Procellaria cinerea (Kuhl, 1820). Mâle et femelle adultes: tête, nuque et dos d’un cendré clair ; scapulaires, ailes et queue d’un cendré noirâtre ou couleur d’ar- doise; rémiges d’un noir profond; côtés du cou et delà poitrine ondés d’un cendré très clair, toutes les autres parties inférieures d’un blanc pur ; bec jaunâtre, à pointe brune ; iris noirâtre ; pieds d’un jaune livide. Taille : quarante-neuf centimètres. Ce Pétrel, qui s’étend d’un pôle à l’autre, habite en Europe depuis le Groenland jusqu’à la Méditerranée, et se trouve dans les mers delà Provence, en Corse, en Sicile, en Sardaigne, dans l’Adriatique, dans l’archipel Grec, sur les côtes de la Barbarie; très commun enfin dans toute la région maritime des îles Canaries, où il niche dans les grottes de la côte. 11 se reproduit sur les îles qui avoisinent Marseille, Toulon, Hyères ; niche dans les trous des rochers, et pond sur le sol, sans aucune préparation, un œuf gros, assez court, à coquille mate, d’un blanc pur et sans tache&, ou d’un blanc lavé de gri- sâtre, dont les dimensions sont de soixante-dix millimètres environ de grand diamètre sur quarante-sept pour le petit diamètre. PL. 9. - PUFFIN MAJEUR. Puffinus major (Faber). Mâle et femelle , en été : tête d’un cendré noirâtre ; dos, sous- caudales, couvertures supérieures des ailes et scapulaires brun noir, chaque plume bordée de cendré; gorge, cou, poitrine d’un blanc pur; rémiges et rectrices noirâtres; bec noir, moins foncé en dessus; iris brun; pieds d’un gris blanchâtre, avec les ongles jaunâtres. Taille: soixante-deux centimètres. LES OISEAUX NAGEURS Habite l’océan Atlantique, principalement l’Islande et l’Amé- rique boréale, au Labrador, à Terre-Neuve, où les pêcheurs le prennent par milliers; l’Afrique occidentale et australe; se montre accidentellement en Angleterre et sur plusieurs points des côtes de l’Europe occidentale. Nourriture et propagation inconnues, mais évidemment les mêmes que chez le précédent. Beaucoup plus commune, en Europe surtout,* est l’espèce sui- vante : PL. 10.— LE PUFFIN DES ANGLAIS. Puffinus Anglorum (Ray, 1713). — Pétrel Manies (Temm., 1820). — Procellaria Anglorum (id) . . Mâle et femelle adultes : dessus et côté de la tête, dessus du cou et tout le reste des parties supérieures d’un brun noir lustré ; dessous du cou et du corps d’un blanc pur, avec les côtés de la région anale et les barbes externes des sous-caudales latérales d’un brun noirâtre ; bas du cou, sur les côtés, varié de taches noirâtres en croissants ; ailes et queue de la couleur du manteau ; bec brun noirâtre, surtout à base de la mandibule inférieure; iris brun noir; pieds jaunâtres ou d’un jaune livide, avec la face postérieure des tarses et le doigt externe d’un brun noirâtre plus ou moins foncé, et les palmures veinées de brun. Taille : trente-cinq centimètres. Très commun aux îles Féroë, il habite en grand nombre aux îles de Saint-Kilda, de Man, dans toutes les Orcades et le long des côtes d’Angleterre, où il est commun, ainsi qu’en Irlande; et assez souvent sur nos côtes occidentales de l’Océan. Nidification et ponte comme les précédents : un seul œuf d’un blanc pur et sans taches, mesurant cinquante-sept milli- mètres dans un sens et quarante dans l’autre. C’est par milliers que les habitants des Orcades et des côtes du Nord de l’Ecosse les salent pour s’en nourrir l’hiver. Des Murs, Les Oiseaux d’Eau. J. lîothschiid, Editeur. Taris. PI. 10. - DES ANGLAIS, OU II A A K S — Pu J;, ms Angloi uni Kay. — -J nat. LES OISEAUX D'EAU — JLONGIPENNES 41 3' SOUS-FAMILLE LES PÉTRELS PROPREMENT D IT S.— Procellariaæ. Les Pétrels proprement dits se distinguent des Puffins notam- ment par le prolongement du tube nasal, qui est près de la moi- tié de la longueur du bec. Du reste, mêmes habitudes en tout, à l’exception d’une modification dans leur vol, qu’ils exécutent presque toujours en planant ; enfin même multiplication et même agglomération des individus dans les lieux de leurs retraites. Ce sont, en outre, les plus diurnes de tous. La sous-famille n’est représentée que par un seul groupe gé- nérique, lequel ne fournit lui-même qu’une espèce à l’Europe. LES OISEAUX NAGEURS GROUPE GÉNÉRIQUE UNIQUE PÉTREL, PROCE LLARIA (Linn.j.V* , * Son bec est, par sa force, le plus formidable de tous ceux dont sont armés les membres de la famille : plus court que la tête, il est épais, sinueux en dessus jusqu’à la pièce cornée qui le termine, laquelle se relève en un renflement robuste retombant en croc à l’extrémité ; mandibule supé- rieure garnie sur son bord interne de lamelles courtes et obliques; mandibule inférieure creusée en gouttière, tron- quée subitement et formant un angle à son extrémité ; narines réunies en un seul orifice tubulaire , couché hori- zontalement sur la mandibule dont il occupe la moitié, et séparées intérieurement par une mince cloison; ailes allon- gées, suraiguës, la première rémige la plus longue; queue courte et légèrement arrondie; tarses robustes, épais, courts, de la longueur à peine du doigt médian, réticulés ; les trois doigts réunis par de larges palmures entières; ongles peu larges, recourbés, creusés en dessous ; pouce remplacé par un ongle très aigu, épais, court et conique. D’après ce qu’en dit le docteur Martin, dans son Voyage à Saint-Küda, de 1698, cet éperon lui servirait à se tenir ferme et à s’ancrer à lapeau glissante des baleines vivantes, sur le dos desquelles il aimerait à pâturer. PL. il. - PETREL GLACIAL. Procellaria glacialis (Linn.). 11 a la tête et le cou cPun blanc pur ; le dessus du corps d’un cendré bleuâtre , les sus-caudales, le dessous du corps et les Des Murs, Les Oiseaux d’ Ban. J. Rothschild, Éditeur, Paris. PI. 11. — PETREL GLACIAL — Procettaria gïacialis. Linnæus. — J nat. LES OISEAUX D’EAU — LONGIPENNES sous-caudales d’un beau blanc ; les couvertures supérieures des ailes d’un cendré bleuâtre un peu plus foncé que celui du man- teau; les rémiges d’un brun cendré ; la queue colorée en dessus comme le dos, mais d’une teinte plus claire ; le bec est jaune teinté d’orange sur le tube nasal; l’iris brun, et les pieds sont nuancés de bleuâtre et de jaune. Sa taille est de quarante-trois à quarante-cinq centimètres. Il est aussi commun au nord de l’Europe que dans l’Amérique septentrionale; se trouve sur les côtes d’Écosse et d’Angleterre ; assez abondant aux Orcades et aux Hébrides ; mais innombrable à Saint-Kilda, ainsi que nous l’apprend Mac-Gillivray. Ce Pétrel est le plus remarquable des oiseaux qui abondent aux Hébrides, ce refuge de presque tous les oiseaux de mer de l’Europe. 2e FAMILLE LARIINËS. — Lariinæ (Leach, 1816). La progression se poursuit, lentement il est vrai, mais d’une manière constante. Les oiseaux dont nous allons esquisser l’his- toire, tout en étant organisés pour la sustention aquatique, le sont également pour la station terrestre et horizontale, par suite de l’insertion plus centrale de leurs membres inférieurs ; et, au su- prême degré, pour la suspension aérienne par le développement de leurs membres antérieurs; ils sont enfin plus exclusivement diurnes que les précédents. Tous ces oiseaux, qui ont la même organisation, et presque les mêmes habitudes, ne diffèrent entre eux que par diverses mo- difications dans la forme du bec et dans celle de la queue. Pour- tant, si tous sont plus ou moins piscivores, quelques-uns se font, à leurs moments, insectivores. Ils se divisent en trois grandes sous-familles : Les Sterninés ; Les Larinés ; Et les Lestridiens ou Stercoraires. LES OISEAUX NAGEURS h\ 1™ SOUS-FAMILLE LES STERNINÉS ou HIRONDELLES DE MER. — Sterninæ (Ch. Bonap., 1838)- Parmi les Laridés, on a plus spécialement donné le nom d’HP rondelles aux plus petites espèces, dont le bec est plus ou moins droit, effilé en pointe, sans dentelures et aplati sur les côtés. Ces oiseaux, en effet, par leurs longues ailes, leur queue générale- ment fourchue, et par leur vol constant à la surface des eaux, re- présentent assez bien, sur la plaine liquide, selon l’expression de l’abbé Bexon, les allures des hirondelles de terre dans nos cam- pagnes et autour de nos habitations. Non moins agiles et aussi vagabondes, les Hirondelles de mer rasent les eaux d’une aile ra- pide, et enlèvent en volant les petits poissons qui sont à fleur d’eau, comme nos Hirondelles saisissent les insectes. Leurs pieds sont palmés, c’est-à-dire garnis de petites membranes retirées entre les trois doigts antérieurs, le pouce restant libre, qui leur servent peu pour nager ; car il semble que la nature n’ait confié ces oiseaux qu’à la puissance de leurs ailes, qui sont extrême- ment longues et échancrées comme celles de nos hirondelles. Ils en font le même usage pour planer, cingler, plonger dans l’air, en élevant, rabaissant, coupant, croissant leur vol de mille et mille manières, suivant que le caprice, la gaieté, ou l’aspect de la proie fugitive dirige leurs mouvements, ce qui leur fait don- ner par les marins le nom de Croiseurs. La sous-famille ne forme elle-même qu’un seul et unique groupe générique. Des Murs, Les Oiseaux d’ Eau, J. Rothschild, Éditeur, Paris. ( HIRONDELLE-DE - MER ' ïf AINE, OU MI N TJ L E — Sterna minuta. Linnæus. — A nat. ■ PI. 12. 5 ( HIRONDELLE - DE-MER PIERRE & A R I N - Sterna Mrundo. Linnæus. — J nat. LES OISEAUX D’EAU - LONGIPENNES GROUPE GÉNÉRIQUE UNIQUE HIRONDELLES DE MERou STERNES, STERNA (Linn.) Bec de la longueur de la tête, très comprimé, plus haut que large, légèrement incliné jusqu’à l’extrémité des deux mandibules finement terminées en pointe; narines basales, latérales, oblongues; ailes aussi longues ou plus longues que la queue, qui est également allongée et généralement fourchue; tarses courts, minces, de la longueur du doigt médian; doigts courts et grêles; membranes interdigitales échancrées, pouce libre; ongle du doigt médian le plus fort et le plus recourbé. Quoique vouées fatalement au vol, la brièveté de leurs pieds n’interdit pas aux Sternes l’accès et le contact du sol , ne fût-ce que pour nicher ; ce qu’elles font par colonies sur tous les points où elles abordent; peu portées à s’avancer en haute mer, quoique répandues dans toutes les parties du monde, elles fréquentent de préférence les côtes, les embouchures des fleuves et les étangs ; en revanche , elles, pénètrent assez avant parfois dans les terres. Toutes sont de nature criarde et vorace. Dix espèces appartiennent à l’Europe. PL. 12.— HIRONDELLE DE MER NAINE ou MINULE. Sterna minuta (Linn.). — Sternula minuta (Boié, 1822). Mâle adulte . front blanc; sommet et derrière de la tête noirs, avec deux traits de la même couleur posés sur les yeux en forme de sourcils ; le reste du cou, le dos, le croupion et les couver- tures de l’aile d’un joli cendré ; cette teinte plus foncée sur les 46 LES OISEAUX NAGEURS trois grandes couvertures des ailes les plus éloignées du corps ; gorge, bas du cou, poitrine, ventre, flancs et pennes de la queue d’un blanc aussi éclatant que la neige ; les trois premières pennes noirâtres, avec la plus grande partie du côté intérieur blanche ; les dix-huit suivantes plus ou moins cendrées extérieurement, et blanches sur le côté intérieur ; les quatre plus proches du corps du même cendré que les scapulaires; ailes, pliées, s’étendant jus- qu’à près de deux centimètres au delà du bout de la queue , qui en a neuf de longueur ; bec rouge teint de noir à la pointe ; iris noir; pieds rougeâtres, ou d’un orange terne. Sa taille est de vingt-deux centimètres. Cette Hirondelle, la plus petite de nos espèces d’Europe, habite aussi l’Afrique, et se rencontre jusque dans l’archipel Indien et en Australie, et même fort avant dans le nord. Elle est de passage régulier sur les côtes septentrionales de la France pendant les mois de mai et d’août ; l’on en voit beaucoup sur le canal de Mardick, près de Dunkerque. Elle n’est pas rare dans le Midi, le long du Rhône, et fréquente aussi les bords de la Loire. Quelques couples se reproduisent dans le midi de la France ; c’est par colonies qu’elle se propage. C’est au surplus une des es- pèces qui s’avancent ou s’égarent le plus souvent dans les terres, puisqu’on la retrouve, pour ainsi dire, aux abords de Paris, sur les étangs de Saclé, près Versailles, où elle niche elle-même fré- quemment, et d’où Flor. Prévost en rapportait des œufs chaque année. Elle niche au milieu des îlots ou au bord des marais ou des lacs, sur le sable ou entre les petits galets amassés par les eaux, et pond deux ou quatre œufs, qui varient du gris jaunâtre au ver- dâtre plus ou moins intense, avec des points noirs ou brunâtres, et quelques-uns de violacés : ils mesurent de trente et un à trente- trois millimètres de grand diamètre, sur vingt-trois à vingt-quatre de petit. Sa nourriture se compose principalement d’insectes d’eau, de frai, de vers marins, et souvent de petits poissons. Si elle guette LES OISEAUX D’EAU — LONGIPENNES 47 ces derniers, quand ils sont à la surface de l’eau, on la voit, dit Crespon, se soutenir, à une certaine hauteur, par des battements d’ailes précipités puis, tout' à coup, elle se laisse tomber et s’em- pare de sa proie avec une subtilité étonnante, et cela, quoiqu’on ne soit séparé d’elle que par une faible distance. PL. 12. — HIRONDELLE DE MER PIERRE-G ARIN. Sterna hirundo (Linn.). Une des espèces les plus communes de notre Europe est l’ H ir on- delle de mer proprement dite, à laquelle nous conservons le nom vulgaire de Pierre-Garin , qu’elle a reçu des habitants de la côte de Picardie, et qui est resté dans les livres. Mâle adulte : front, sommet de la tête et plumes allongées de l’occiput d’un noir profond; partie postérieure du cou, dos et ailes d’un cendré bleuâtre ; parties inférieures d’un blanc pur, à l’exception de la poitrine légèrement nuancée de cendré ; rémiges d’un cendré blanchâtre, terminées de brun cendré; queue blanche, sauf les deux pennes latérales d’un brun noirâtre à l’ex- térieur; bec d’un rouge cramoisi, souvent noirâtre à la pointe; iris brun rougeâtre; pieds rouges. Sa taille varie de trente-trois à trente-sept centimètres. Au retour du printemps, ces Hirondelles arrivent en grandes troupes sur nos côtes maritimes. Ce sont des oiseaux aussi vifs que légers, des pêcheurs hardis et adroits. Bâillon a eu plusieurs Pierre-Garins dans son jardin, où il ne put les garder longtemps, à cause de l’importunité de leurs cris continuels, même pendant la nuit. Ces oiseaux, captifs, perdent d’ailleurs toute leur gaieté : faits pour s’ébattre dans les airs, ils sont gênés à terre ; leurs pieds courts s’embarrassent dans tout ce qu’ils rencontrent. Ces détails de mœurs et de ponte peuvent s’appliquer au plus grand nombre des Hirondelles de mer* PL. 13. - HIRONDELLE DE MER ARCTIQUE. Sterna paradisea (Brünn.). — Sterna hirundo (Linn.). — Sterna arctiea (Temm.). Mâle et femelle adultes : front, sommet de la tête et plumes allongées de l’occiput d’un noir profond ; tout le reste des parties supérieures coloré comme chez le Sterne Pierre-Garin, c’est-à- dire d’un cendré bleuâtre, mais généralement plus foncé ; parties inférieures, gorge et devant du cou du même cendré foncé ; très petite partie de l’abdomen, couvertures inférieures de la queue et une bande au-dessous des yeux d’un blanc pur; queue très fourchue, comme chez le Pierre-Garin, mais un peu plus longue; bec d’un rouge de laque; iris brun ; tarses et doigts très courts, d’un beau rouge. Taille de trente-sept à trente-huit centi- mètres. Habite les régions du cercle arctique ; commune aux Orcades, se montre sur les côtes d’Écosse, d’Angleterre et de la Hollande ; de passage régulier sur celles du nord de la France, et s éloigne dans la Méditerranée. Se nourrit de poissons. Niche sur les plages maritimes ; pond trois ou quatre œufs, variant du jaune d’ocre au roux clair, recouverts de nombreuses taches de forme irrégulière, de couleur brun noir, et d’un gris bleuâtre ou ardoisé, le plus souvent réunies au gros bout. Ils me- surent de quarante-quatre à quarante-cinq millimètres sur trente ou trente-deux. PL. 13. - HIRONDELLE DE MER DE DOUGALL. Sterna Dougalln (Montagu, 1823). Mâle adulte : sommet de la tête et toute la nuque d’un noir profond ; dos, scapulaires et ailes d’un cendré clair bleuâtre ; côtés du cou et toutes les parties inférieures d’un blanc légè- Des Murs, Les Oiseaux d’Eau. J. Rothschild, Éditeur, Paris. PI 13 fHIB0KDBLLE-DE-ME:R ARCTIQUE — Sterna pamdisea. Brünnich. — J nat. I HIRONDELLE-DE-MER DE DOUGALL — Sterna Dougallii. Montagu. — ^ nat. Des Murs, Les Oiseaux d’Eau. J. Rothschild, Éditeur, Paris. (HIRONDELLE-DE-MER C A TJ G EK — Sterna Cantiaca. Gmelin. — A nat. Pi. IL J . (HIRONDELLE-DE-MER HANSEL — Sterna Anglica. Montagu. — l nat. LES OISEAUX D’EAU — LONGIPENNES 49 rement teinté de rose, première rémige d’un cendré brunâtre en dehors, les autres d’un cendré velouté avec une bande lon- gitudinale blanche sur les barbes internes ; queue d’un cendré bleuâtre clair, comme le dessus du corps, avec les pennes laté- rales très longues et subulées, dépassant les ailes de six à huit centimètres ; bec noir ; iris brun foncé ; pieds rouge orange. Taille de trente-six à trente-sept centimètres. Très commun sur toutes les côtes d’Angleterre, particuliè- rement sur celles d’Ecosse ; se trouve aussi sur celles de Norwège, et probablement, selon Temminck, sur les bords de la mer Bal- tique. Visite les côtes septentrionales de l’Océan. Se reproduit sur celles de la Picardie, où J. de Lamotte, d’Abbeville, en a trouvé des couples nichant en compagnie, dans les mêmes lieux que des Pierre-Garins ; se reproduit également en grand nombre dans les îles de la Bretagne , notamment dans celles dites Iles aux Dames. Ils nichent, suivant les localités, ou sur le sable plus ou moins encavé, ou parmi les rochers, et pondent trois ou quatre œufs, d’un gris jaunâtre ou roussâtre, parsemés de taches ar- rondies, plus confluentes au gros bout, de couleur noire et grise, ou simplement piquetés de ces deux couleurs. Ces œufs ont de quarante à quarante-trois millimètres de grand diamètre sur trente à trente et un de petit. PL. 14. — HIRONDELLE DE MER CAUGEK. Sterna Cantiaca (Graelin, 1788). Mâle adulte : front, dessus de la tête, y compris les plumes allon- gées de la nuque, d’un beau noir ; bas de la nuque blanc ; dessus du corps cendré bleuâtre; bas du dos, joues, côtés dü cou et toutes les parties inférieures d’un blanc pur, teinté de rose à la poitrine et à l’abdomen; couvertures supérieures des ailes pareilles au man- teau; rémiges cendrées en dehors, blanches en dedans; queue 5 50 LES OISEAUX NAGEURS blanche , avec l’extrémité cendrée ; bec noir, jaune d’ocre à la pointe ; iris brun noir ; pieds noirs en dessus, jaunâtres en des- sous. Taille de quarante-deux à quarante-trois centimètres. Répandue sur une grande étendue des côtes maritimes du globe; très commune sur celles de France, de Belgique, ainsi que dans les îles de la Nord-Hollande ; rare dans l’intérieur des terres. Se nourrit et niche comme les espèces pécédentes ; pond deux ou trois œufs d’un roux clair, ou d’un blanc laiteux lavé de jaunâtre avec de grandes et petites taches noires, gris violet ou gris pâle, entremêlées; il mesure de cinquante à cinquante-deux millimètres pour le grand diamètre, et trente-cinq à trente-sept pour le petit. PL. 14. — HIRONDELLE DE MER HANSEL. Sterna Anglica ( Montagu, 1813). — Slerna aranea (Wilson , 1808). Mâle adulte : front , sommet de la tête et toute la nuque cou- verts de longues plumes d’un noir profond ; dessus du corps d’un cendré bleüâtre un peu plus clair que chez la Sterne Pierre- Garin;bas des joues, gorge, devant et côtés du cou, et tout le dessous du corps d’un blanc argentin, à reflets cendrés sur les flancs; rémiges d’un cendré à reflets, avec les pointes brunes; queue semblable au manteau; bec et pieds noirs ; iris brun foncé. Taille : trente-trois à trente-quatre centimètres. Habite les régions chaudes et tempérées de toutes les parties du monde. En Europe, elle habite la Turquie, les bords delà mer Noire, certaines parties marécageuses de la Hongrie, du Danemark, de l’Allemagne septentrionale où elle se reproduit, et se montre accidentellement de passage en Angteterre, en Belgique et dans le nord de la France. Elle pond trois œufs d’un gris jaunâtre ou verdâtre sale, cou- verts de petites taches irrégulières brun roussâtre et gris violet . •? * * ' v.*- > *• *' ■ •. . V • ■ ,." * Jr . ' , € Des Murs, Les Oiseaux d’Eau. J. Rothschild, Éditeur, Paris. PI. 15. HIRONDELLE-DE-MER TSCHEGRÀYA — Sterna Caspia. Pallas. — J nat. LES OISEAUX D’EAU— LONGIPENNES 51 Sa nourriture consiste en gros insectes, libellules et phalè- nes, qu’elle prend au, vol, ainsi qu’en menus poissons. PL. 15. —HIRONDELLE DE MER TSCHEGRAVA. Sterna Caspia (Pallas, 1769). Mâle adulte : front , sommet de la tête et les longues plumes de l’occiput d’un noir profond ; derrière du cou blanc argentin ; dessus du corps et couvertures supérieures d’un beau cendré bleuâtre clair ; bas du dos et sus-caudales blancs ; tout le des- sous du corps d’un blanc pur, avec une teinte argentée sur les côtés du cou et de la poitrine; rémiges d’un brun cendré; queue d’un cendré blanchâtre; bec d’un rouge vermillon, la pointe brun jaunâtre; iris d’un brun jaune; pieds noirs. Taille de cin- quante-cinq centimètres. C’est la plus grande des espèces habitant l’Europe. Habite les bords de la mer Baltique, et les îles de ce golfe ; se reproduit en Danemark; plus rare sur les grands fleuves de l’Allemagne ; se montre accidentellement en Angleterre, en Bel- gique, en Hollande et sur quelques points tant du nord que du midi de la France , et paraît commune sur les bords de la mer Caspienne, où Pallas l’a découverte et observée. D’après le docteur Baldamus, elle niche en très grandes bandes dans les dunes, sur le sable nu, à peu de distance de la mer, et jamais dans les roseaux. Ses œufs, au nombre de deux ou trois, sont très gros, à fond blanc jaunâtre sale, ou café au lait clair, marqués de nombreuses taches arrondies brun noir, ou brun roux, entremêlées d’autres lilacées. Ils mesurent de soixante à soixante-sept millimètres de grand diamètre, et qua- rante-deux à quarante-quatre du petit. D’après Morris' l’incubation dure une vingtaine de jours; et les jeunes, ce qui est remarquable et presque une exception, chez les Sterniens , courent bientôt après l’éclosion, et sont nourris de petits poissons par leurs parents. 52 LES OISEAUX NAGEURS PL. 16. -HIRONDELLE DE MER ÉPOUVANTAIL. Hydrochelidon fissipes (G. -R. Gray, ex Linn., 1849). — Sterna fissipes (Linn., 1766). Mule adulte : tête, cou d’un noir tirant sur le cendré; dessus du corps et sus-caudales d’un brun cendré ; poitrine , abdomen d’un noir cendré un peu moins foncé que le dessus de la tête ; région anale et sous-caudales blanches ; ailes pareilles au manteau, avec les rémiges d’une teinte plus cendrée en dehors , queue au- dessous semblable:au dos. Bec noir, avec les commissures rouges, iris d’un noir bleuâtre; pieds d’un brun rouge. Taille : vingt-quatre à vingt-six centimètres environ. Habite l’Europe, l’Afrique et l’Amérique septentrionales. Elle est très répandue en France. Se voit régulièrement en avril , mai , août et septembre dans les départements du Nord , du Centre et de l’Est. On en apporte quelquefois par douzaines, ditDegland, sur les marchés de Lille et de Douai. Il paraît qu’elle est plus commune encore dans le Midi , puisque, d’après Crespon, c’est par masse de cinq cents qu’elle apparaît sur le marché de Nîmes. Cette espèce couve par bandes, dans les marais ou sur le bord des étangs marécageux, et pose son nid, grossièrement fait avec des herbes sèches , parmi les roseaux , ou sur les grandes feuilles de nénuphar qui flottent sur l’eau. La ponte est de quatre ou cinq œufs olivâtres ou d’un roux obscur, ou d’un gris roussâtre, et marqués de taches irrégu- lières, brunes et noires , entremêlées souvent d’autres taches ou points de teinte cendrée. Ils mesurent de trente-quatre à trente-six millimètres de grand diamètre sur vingt-cinq de petit. La Sterne-Épouvantail est très vive et très gaie; elle vole sans relâche, se nourrit de mouches et autres insectes à ailes qui vol- tigent à sa portée , ou les saisit au passage ; elle rase l’onde d’un vol rapide , ou s’y laisse tomber d’aplomb , et enlève à sa sur- face les petits poissons ou toute autre substance qui y flotte.’ Des Murs, Les Oiseaux d’Eau. J. Rothschild, Éditeur, PI. 16. HIRONDELLE-DE-MER ÉPOUVANTAIL — ByârocheMon /impes. Gray. — 4 nat. HIRONDELLE-DE-MER. GUIEETTE — Hydrochelidon nigra. Gray. — J nat. LES OISEAUX D’EAU - LONGIPENNES 53 C’est Y Hirondelle de mer à tête noire, ou Gacliet et la Guiffette noire , ou Épouvantail de Buffon. PL. 16. - HIRONDELLE DE MER GUIFFETTE Hydrochelidon nigra (G. -R. Gray, ex Linn.). — Sterna nigra (Linn.). Male adulte : tête, cou , haut du dos et moitié postérieure des scapulaires d’un noir cendré, sus-caudales blanches, poitrine et la plus grande partie de l’abdomen du même noir que la partie supérieure du corps; bas- ventre et sous-caudales d’un blanc pur ; petites et moyennes couvertures supérieures des ailes blan- ches , les plus grandes et les rémiges secondaires d’un cendré noirâtre , avec la pointe la plus foncée et la tige blanche ; queue d’un blanc pur. Bec et pieds rouges de corail; iris noir. Taille; vingt-quatre centimètres. Cette Sterne, qu’on appelle aussi Guiffette noire, habite l’Eu- rope méridionale, le nord de l’Afrique, et une grande partie de l’Asie, jusqu’au Kamtschatka. Elle fréquente les baies et les golfes des bords de la Méditer- ranée , du midi de la France et de l’Adriatique; très commune aux environs de Gibraltar ; visite aussi les lacs , les rivières et les marais des pays au delà des Alpes; tout aussi commune sur les lacs de Lucarno, de Lugano, de Côme-d’Isco et de Garde; de passage sur celui de Genève, jamais en Hollande. Elle arrive dans les marais des environs de Nîmes vers la fin d’avril. Même mœurs, mêmes habitudes , même amour des insectes et même mode de nidification que l’Épouvantail ; on peut presque en dire autant de ses œufs, qu’elle pond au nombre de trois ou quatre , très variables pour la teinte du fond, toujours plus ou moins brunâtre, olivâtre ou verdâtre , avec des taches noires ou brunes très accusées, auxquelles s’en joignent d’autres moins répandues , d’un gris vineux ou cendré ; ils mesurent de trente- six ou trente-neuf millimètres de grand diamètre sur vingt-huit ou vingt-neuf de petit. LES OISEAUX NAGEURS PL. 17. — HIRONDELLE DE MER MOUSTAG. Hydrochelidon hybrida (G.-B. Gray, ex Pallas, 1812). — Sterna hybrida (Pallas, 1812). Sterna leucopareia (Nattérer-Temm.). Male adulte : dessus de la tête et du cou noir intense ; dessus du corps d’un gris cendré; gorge, bas des joues d’un blanc plus ou moins pur ; devant et côtés du cou et haut de la poitrine d’un blanc nuancé de cendré ; abdomen cendré noirâtre, avec la région anale d’un teinte cendrée très claire; sous-caudales blanches; couvertures supérieures des ailes pareilles au manteau; queue en dessous , du même cendré que le dos , avec la penne latérale blanche. Bec et pieds rouges ; iris noir. Taille : vingt-six centi- mètres. Cette espèce, découverte par Nattérer , vers 1820, dans les parties méridionales de la Hongrie, a été trouvée , après lui , par Temminck, dans les marais, près de Capo-d’tstria et sur les côtes de la Dalmatie ; peu après, J. de Lamotte en vit une seule fois quelques individus dans un marais sur les côtes de Picardie , sur lesquels il en tua trois, dont un fut par lui envoyé à Vieillot qui, le croyant nouveau, lui donna le nom de Lamotte, en 1828. Elle est de passage régulier dans le midi de la France, où elle se reproduit, et accidentel dans le nord ; niche dans les marais ; se nourrit comme les précédentes. Quant aux œufs , ils sont d’un verdâtre clair, quelquefois lavé de jaunâtre, tachetés et piquetés de noir, ainsi que de gris cendrâ et de violet. Ils mesurent de trente-neuf à quarante millimètres de grand diamètre sur vingt-sept à vingt-huit de petit. 2* SOUS-FAMILLE LARINÉS ou GOELANDS. — Larinæ (Gh. Bonap.j. Les Lariens ou Larinés comprennent les plus fortes espèces de toute la famille des Laridés. . Ils se distinguent des Sterniens par la force de leur bec crochu, laquelle est presque égale à celle J Sk Les Oiseaux d’Eau. J. Rothschild, Éditeur, Paris. Pi. 17. — H IBOSDE11E-DE-MEE MOTTSTAC — Hydrochelidon hybrida. Gray.— J LES OISEAUX D’EAU— LONGIPENNES 5o du bec des Pétrels , sauf que , de la base à la pointe , à part sa forme subulée, il est tout d’une pièce. On a voulu les subdiviser en Mouettes et Goélands , qui ne font qu’un seul et même groupe sous deux noms différents. On n’en compte pas moins aujourd’hui de quatre-vingts es- pèces, dont la taille varie de cinquante centimètres à un mètre. Tous ces oiseaux sont également voraces et. criards ; on peut dire que ce sont, sur une moindre échelle que les Pétrels, les Vautours, ou plutôt les Corbeaux de la mer : ils lanettoyent des cadavres de toute sorte qui flottent à sa surface ou qui sont reje- tés sur ses rivages ; aussi lâches que gloutons, ils n’attaquent que les animaux faibles et ne s’acharnent que sur les corps morts. Ce qui ne les empêche pas cependant, à l’occasion, de se mettre au régime végétal, et de pâturer en troupes dans l’intérieur des terres, en dévorant les grains nouvellement ensemencés. Entre eux-mêmes, on les voit se battre pour la curée ; de plus, lorsqu’ils sont renfermés , et que la captivité les aigrit , ils se blessent sans motif apparent, et le premier dont le sang coule devient la victime des autres; car alors leur fureur s’accroît, et ils mettent en pièces le malheureux qu’ils avaient blessé sans raison. Les Mouettes et les Goélands ont également le bec tran- chant, allongé, aplati par les côtés , avec la pointe renforcée et recourbée en croc , et un ongle saillant à la mandibule inférieure. Ces caractères, plus apparents et plus prononcés dans les Goé- lands, se marquent néanmoins dans toutes les espèces de Mouettes; et c’est même ce qui les sépare des Hirondelles de mer, qui n’ont ni le croc à la pointe supérieure du bec ni la saillie à l’in- férieure. De plus, les Mouettes n’ont pas la queue fourchue, mais pleine; leur jambe, ou plutôt leur tarse, est fort élevée. Tous, Goélands et Mouettes, ont les trois doigts engagés par une palme pleine, et le doigt de derrière dégagé, mais très petit; leur tête est grosse, ils la portent presque entre les épaules, soit qu’ils marchent, ou qu’ils restent au repos. Ils courent assez vite sur les rivages , et volent encore mieux au-dessus des flots ; leurs 56 LES OISEAUX NAGEURS longues ailes qui, lorsqu’elles sont pliées, dépassent la queue, et la quantité de plumes dont leur corps est garni, les rendent très légers, d’où le proverbe : Léger comme une Mouette. Ils sont aussi fournis d’un duvet épais, dont on fait beaucoup usage en Hollande. Ils fréquentent les îles et les contrées voisines de la mer, dans tous les climats. Les voyageurs les ont rencontrés partout. Dans les mers glaciales, on les voit réunis en grand nombre sur les cadavres de baleines; ils s’attachent à ces masses de corruption sans en craindre l’infection ; ils y assouvissent à leur aise leur voracité, et en tirent en même temps l’ample pâture qu’exige la gourmandise innée de leurs petits. Ces oiseaux déposent à milliers leurs œufs et leurs nids jusque sur les terres glacées des deux zones polaires , soit sur la roche nue , soit exceptionnellement même sur les arbres ; ils ne les quittent pas en hiver et semblent attachés au climat où ils se trouvent. On leur donne, sur l’Océan, le nom de Mauves ou Miaules , celui de Gabians sur la Méditerranée, d’où la dénomination latine de Gavia, et, plus spécialement sur les côtes de Bretagne, celui de Canias. Cette sous-famille ne forme qu’un seul groupe générique. Des Murs, Les Oiseaux d’Eau. J. Rothschild, Éditeur, Paris. PI. 18.— GOELAND BOURGUEMESTRE, MANTEAU GRIS — Larus glaucus. Brtmnich. — ^ nat. LES OISEAUX D’EAU— LONGIPENNES 57 GROUPE GÉNÉRIQUE UNIQUE GOELAND, LARUS (Linn.). Bec long ou médiocre, plus court que la tète, fort, dur, comprimé, tranchant, courbé vers la pointe, qui est cro- chue , la mandibule inférieure formant un angle saillant ; narines latérales, longitudinalement fendues au milieu du bec, étroites, percées de part en part; ailes longues, pointues, suraiguës, la première rémige la plus longue ; queue géné- ralement carrée, parfois fourchue ou écbancrée; tarses de la longueur du doigt médian , de médiocre grosseur, scu- tellés en devant, genou dégarni de plumes, doigts antérieurs unis jusqu’à la naissance des ongles par une membrane entière; pouce libre, son ongle arrivant au niveau du talon, quelquefois réduit à un simple tubercule, pourvu d’un ongle faible; les ongles des autres doigts légèrement infléchis et pointus. Quinze espèces appartiennent à l’Europe. PL. 18. -GOELAND BOURGMESTRE ou A MANTEAU GRIS. Larus glaucus (Brünnich, 1764). Mâle adulte : tête et cou d’un blanc pur; dessus du corps d’un cendré bleuâtre clair; dessous d’un blanc éclatant; ailes pareilles au manteau, avec le quart postérieur des rémiges pri- maires, leurs baguettes dans toute leur étendue , et l’extrémité des secondaires blancs; queue d’un blanc pur. Bec jaune citron, avec son angle inférieur et le bord des paupières rouges; iris jaune; pieds livides. Taille de soixante-douze centimètres. Il habite les côtes de l’Europe et de l’Amérique septentrio- i 6 LES OISEAUX NAGEURS 58 nales, celles du Groenland et du Spitzberg, et visite , en hiver, des pays plus tempérés. Il se montre irrégulièrement et en petit nombre sur les côtes maritimes de Dunkerque, toujours mêlé à une grande bande de Goélands à manteau noir et de Goélands gris, que nous allons décrire. Il se nourrit de poissons, et principalement de sardines, du moins durant son séjour sur nos côtes. 11 niche sur les rivages, escarpés de la mer, et de préférence sur les endroits garnis de graminées. De quelque façon qu’il niche, il pond deux ou trois œufs à fond brun jaunâtre clair, ou d’un rouge olivâtre, varié détachés isolées, rondes ou punctiformes, les unes d’un brun noir, les autres d’un gris ou d’un lilas plus ou moins foncé. Ils mesurent de quatre-vingt-trois à quatre-vingt-cinq millimètres pour le grand diamètre, et de cinquante et un à cinquante-trois pour le petit. Cette espèce vit très longtemps en captivité , de vingt-cinq à trente ans. PL. 19. — GOÉLAND A MANTEAU NOIR. Larus murinus (Lirai.). —Dominicanus marinus (Bruch, 1853). Mâle adulte : tête et cou d’un blanc parfait; dos et scapu- laires d’un noir profond ardoisé , ces dernières terminées de blanc; parties inférieures du corps et sous-caudales d’un blanc pur; ailes pareilles au manteau, avec les rémiges terminées de blanc et les primaires noires au bout ; queue entièrement blanche. Bec livide, avec une teinte jaune en dessus et aux bords de chaque mandibule, d’un rouge orange vif à l’angle de la mandibule infé- rieure; bord libre des paupières du même rouge orange; partie nue des jambes, tarses et doigts d’un blanc livide bleuâtre, avec la membrane interdigitale moins foncée, offrant un réseau vas- culaire tirant sur le violet; ongles noirs; iris gris jaunâtre. Il © .Vf-' . y . 4.^ ** 5T* * _ - v * w- * .;. -V; i5 \ *V V ♦ . *:l ’ Des Murs, Les Oiseaux d’Eau. J. Rothschild, Éditeur, Paris. Pi. 19. — G 0 E LARD MARTEAU R O IR — Larus s. Linnæus. — { nat. LES OISEAUX D'EAÜ — LONGIPENXES 59 mesure soixante-dix centimètres. C’est la plus forte de toutes les espèces d’Europe. Ce Goéland est propre à l’Europe, à l’Asie et à l’Amérique septentrionales. Il habite les rivages de la mer, qu’il ne quitte qu’accidentel- lement ; très abondant aux Orcades et aux Hébrides ; commun à son double passage sur les côtes de Hollande, de France et d’Angleterre. C’est par grandes bandes qu’il passe, pendant les mois de septembre , octobre et décembre , dans le nord de la France, sur les côtes de l’Océan. Il paraît plus rare sur celles de la Méditerranée, dans nos provinces méridionales, où l’on ne rencontre le plus souvent que de jeunes individus. Ce sont également des jeunes qui se rendent en Italie et en Sicile durant l’hiver. On ne le voit presque jamais, ou très accidentellement, dans l’intérieur des terres ou sur les eaux douces. Il niche sur des tas de mousse et de plantes marines qu’il ac- cumule sur les rochers, et auxquelles sont ajoutées quelques plumes; y pond trois œufs qui sont ou gris cendré, ou brun oli- vâtre, parsemés presque régulièrement de taches plus ou moins arrondies, ou déchiquetées, tantôt d’un brun roux, tantôt d’un noir profond ; ils mesurent soixante-dix-huit à quatre-vingts mil- limètres de longueur, sur cinquante-quatre à cinquante-sept de largeur. Brünnich, à l’aide d’Audubon, donne des détails curieux sur la voracité naturelle de ce Goéland, qui est si carnassier et si vo- race, qu’il avale des poissons plats presque aussi larges que son corps, et prend avec la même avidité toute sorte de nourriture, excepté les végétaux, même les charognes les plus corrompues; mais préfère la chair crue, les poissons frais, les jeunes oiseaux, ou les petits quadrupèdes, lorsqu’il peut s’en procurer, tels que taupes, rats, etc. La longévité de cet oiseau doit être extraordinaire : elle paraît être égale à celle du Goéland à manteau gris. Audubon en a connu un qui était tenu en captivité depuis plus de trente ans. LES OISEAUX NAGEURS 00 En raison même de cette aptitude à la domestication, il devient familier et, abandonné à sa liberté d’emprunt, il ne laisse pas pour cela, à l’époque soit des passages, soit de la reproduction, de quitter le domicile de son maître, et, après des intervalles plus ou moins longs d’absence, d’y revenir, le plus souvent seul, par- fois accompagné d’un jeune ; puis, comme si rien d’insolite n’avait eu lieu, reprendre de lui-même ses habitudes domestiques, en retrouvant ses compagnons de jardin et d’habitation. C’est le Goéland varié ou Grisard de Buffon. PL 20. — GOELAND BRUN ou A PIEDS JAUNES. Larus fuscus (Linn.). — Lencus fuscus (Kaup, 1829). — Clupeilcirus fuscus (Ch. Bonap., 1857). Mâle adulte : tête, cou, poitrine, abdomen, queue en entier d’un blanc pur ; dessus du corps et couvertures supérieures des ailes d’un noir ardoisé, avec les scapulaires terminées de blanc; rémiges noires : la première, quelquefois la deuxième, portant une tache blanche vers le bout, les suivantes terminées par un très petit liseré, et les secondaires par une large bordure de la même couleur. Bec jaune citron, avec l’angle inférieur rouge vif; bord libre des paupières rouge orange; iris jaune clair; pieds d’une teinte un peu jaunâtre. Taille de cinquante- deux centi- mètres. Les individus de cette espèce habitent l’Europe septentrio- nale et Occidentale, et se retrouvent en Amérique. Dans les mers du Nord, ils vivent, comme le Goéland à manteau noir, des ca- davres des cétacés. Il niche sur les bords de la mer, parmi les rochers et dans les dunes ; construit négligemment un nid avec des brins secs de zoostère marine, d’herbe et de mousse, auxquels sont parfois mêlées quelques plumes; et pond deux ou trois œufs à fond jau- nâtre, d’un roux sale ou d’un gris clair, parsemés plus ou moins régulièrement de taches, les unes d’un gris bleuâtre, les autres r * ‘V - /y-. Des Murs, Les Oiseaux d’Eau. J. Rothschild, Éditeur, Paris. P1.20. GOELAND B B, U N, OU A PIEDS JAUNE S — Larus fuscws. Linnæus. — | 0 Des Murs, Les Oiseaux d'Eau. J. Rothschild, Éditeur, Paris. 1. 21. — G O E L A U D ARGENTÉ, OU 'A MANTEAU BLEU — La PI. 22. — GOELAND ARGENTÉ, OU A- MANTEAU BLEU — Larus argmtatus. Brünnich. — } nat. (Adulte, en plumage d'Été.) LES OISEAUX D’EAU — LONGIPENNES 61 d’un brun noir, mélangées quelquefois de traits ou zigzags. Ils mesurent de soixante-quatre ou de soixante-six millimètres de grand diamètre, et de quarante-cinq ou quarante-six de petit. C’est le Noir-Manteau de Buffon (PL enl.,990), et le Goéland à pieds jaunes, de Temminck. PL. 21 et 22. — GOELAND ARGENTÉ ou A MANTEAU BLEU. Larus argentatus (Brünn., 1764). — Larus argentatoides (Brehm-Audubon,. Mâle adulte en été : tête, cou, parties inférieures, croupion et queue d’un blanc pur; dos et ailes d’un gris perlé ou bleuâtre clair, avec le bord de celles-ci et l’extrémité de toutes les ré- miges blancs; les six premières rectrices d’un noir brunâtre vers le bout, la première portant une tache blanche. Bec jaune, avec une grande tache carmin vers le bout de la mandibule inférieure ; bord des paupières également jaune; iris blanc d’argent; pattes couleur de chair. Taille : soixante-deux centimètres. Tels sont les vieux de troisième année. Il habite les parties septentrionales et orientales de l’Europe, et toute l’année les côtes maritimes de Hollande, de Belgique et de France; très abondant sur les îles au nord de la Hollande; se montre sur les lacs d’eau douce, sur les rivières; même, quoique accidentellement, sur les lacs de Suisse, où l’on ne voit le plus souvent que les jeunes ; les vieux sont également rares sur la Mé- diterranée. Une partie émigre vers la fin de l’automne, et se rend dans les contrées méridionales. A l’approche de l’hiver, il se montre entrés grandes bandes sur les côtes de Dunkerque ; il y est moins nombreux au printemps. D’après Gerbe et Degland, il se reproduit dans les hautes fa- laises de Dieppe, où Hardy l’a observé et tué bien souvent ; sur beaucoup d’autres points des côtes de la Manche, sur celles de Bretagne, aux îles Aurigny, Jersey, Ouessant, Belle-Ile, etc. Pond deux ou trois œufs variant beaucoup, de même que chez LES OISEAUX NAGEURS (52 tous les Goélands, de forme et de couleur. Ils sont d’un roux plus ou moins foncé ou lavé d’olivâtre, avec des taches irrégulièrement disposées, généralement de forme arrondie, d’un gris lilacé ou d’un brun noirâtre, et mesurant de soixante-dix à soixante-seize millimètres de grand diamètre, et de quarante-neuf à cinquante- trois pour le petit. Il se prête facilement à la domestication et reste un hôte fidèle des lieux où on l’élève et des personnes qui le soignent. Il se nourrit de petits poissons, de crabes et d’astéries qu’il recueille à marée basse, auxquels il joint aussi des oursins. Son vol est aussi vigoureux que celui du Goéland à manteau noir, mais plus souple, quoique ayantla même grâce. C’est 1 e Goéland à manteau gris et blanc de Buffon. PL. 23. — GOELAND LEUCOPTÈRE ou AUX AILES BLANCHES. Larus leucopterus (Faber, 1820). —Leucus leucoipterus [ Ch. Bonap., 1837). , Mâle adulte : tête, cou, dessous du corps et queue d’un blanc très pur ; dessus du corps et ailes d’un cendré bleuâtre clair ; rémiges entièrement blanches. Bec brun à la base, jaune vers la pointe ; iris jaune; pieds jaunâtres. Taille : cinquante-quatre cen- timètres. Habite et se reproduit très abondamment dans toutes les ré^ gions arctiques, au Groenland, en Laponie, en Islande, aux îles Féroë, se montre de temps en temps sur les côtes d’Angleterre de Hollande et de France ; a été tué plusieurs fois sur lesplages de Dunkerque et dans la baie de la Somme, d’où Berge en a vu deux individus envoyés aux marchés de Paris. Se nourrit comme les espèces précédentes ; niche comme elles sur les rochers des bords de la mer, et pond deux ou trois œufs difficiles à distinguer, pour leur coloration, de ceux du Goéland argenté. Ils mesurent de soixante -dix à soixante- treize centimètres de grand diamètre, et de quarante-huit à cin- quante du petit. ELAXD LEU COP T ÈRE, LES B L A ÏT C H E S — Larus Des Mars, Les Oiseaux d'Eau. J. Rothschild, Éditeur, AND DAÏÏDOTJIN — Lotus- A udouini. Payra/udCciu. — ^ mit. PI. 24. — a O EL Des Murs, Les Oiseaux d’Eau. J. "Rothschild, Éditeur, Paris. PI. 25. - GOELAND TÉNDI -ROSTRE — Larus gelastes. Ch. Bonaparte. - \ nat. LES OISEAUX D’EAU — LONGIPENNES 63 PL. 24. —GOELAND D’AUDOUIN. Larus Audouini (Payraudeau, 1826). — Glaucus Audouini (Bruch, 1853). — (ravina Audouini (Ch. Bonap., 1857). Mâle adulte : tête, cou et dessous du corps d’un blanc légère- ment nuancé de rose tendre ; dessus du corps , couvertures supérieures des ailes et rémiges secondaires d’un cendré bleuâtre très clair ; rémiges primaires noires terminées de blanc, la pre- mière portant une tache de même couleur sur les barbes internes. Bec rouge sanguin, avec deux bandes transversales noires plus ou moins apparentes ; bord libre des paupières rouge ; pieds et palmures noirs. Taille : cinquante centimètres. Habite la Méditerranée ; se voit sur les côtes de la Corse, de la Sardaigne, et plus rarement en Sicile ; commun sur les Golfes de Yatinco et de Figaris à Porto-Vecchio, et à l’entrée des bou- ches de Bonifacio ; enfin Gerbe dit l’avoir fréquemment ren- contré sur toute la côte ouest, depuis cette dernière localité jusqu’à Ajaccio. Même mode de nourriture que les autres espèces. Niche sur les rochers des bords de la mer. Pond trois ou quatre œufs variant, pour la couleur, du blanc jaunâtre au gris verdâtre, parsemés de taches brunes entremêlées d’autres de couleurs cendrée ou lie de vin. Ils mesurent de soixante-cinq à soixante- dix millimètres de grand diamètre, sur quarante-huit à cinquante de petit. PL. 2o. — GOELAND TÉNUIROSTRE. Larus gelastes (Ch. Bonap.). Mâle et femelle adultes, au printemps : tête , cou , poitrine , abdomen et sous-caudales d’un blanc pur, .teinté de rose sur les deux dernières parties ; manteau , couvertures supérieures des ailes d’un cendré bleuâtre très clair; queue et rémiges blanches, celles-ci terminées de noir. Bec rouge carmin ; bords libres des LES OISEAUX NAGEURS paupières et pieds d’un rouge orange. Taille : environ quarante centimètres. Habite l’Europe orientale et l’Afrique septentrionale ; se trouve sur le littoral de la mer Caspienne, dans la Méditerranée, sur les côtes de la Sicile, de la Ligurie et de la Provence ; n’est pas rare, l’hiver, sur celles de la Barbarie, de la Basse-Egypte, en Tunisie et sur les rivages du Bosphore. Se reproduit en France, à l’embouchure du Bhône, dans les vastes marais salins s’étendant d’ Aigues-Mortes à Port-de- Bouc. Niche sur une élévation de sable entourée d’eau salée. C’est là qu’en 1842, Crespon en découvrit les œufs, qu’il a fait connaître le premier, et dont il donne ainsi la description : gros comme ceux d’une poule, blancs, mais couverts d’un grand nombre de taches plus ou moins grandes, noires, noirâtres, brunes ou cen- drées, plus concentrées sur le gros bout ; d’autres sont presque entièrement blancs, laissant à peine apparaître quelques taches cendrées et comme effacées. Les dimensions de ces œufs, d’après Gerbe, qui en possédait dans sa riche collection, sont de cinquante- quatre à cinquante-huit millimètres pour le grand diamètre, et de trente-neuf à quarante et un pour le petit. Ce Goéland est le type du groupe Gelastes de Ch. Bonaparte. PL. 26. — GOÉLAND CENDRÉ. Larus canus (Linn.). Mâle adulte: tête, cou et dessous du corps d’un blanc pur ; dessus du corps d’un cendré bleuâtre très pâle, avec l’extrémité des scapulaires blanche ; ailes pareilles au manteau, avec les ré- miges primaires noires vers le bout, et un long espace blanc sur les deux premières ; rémiges secondaires términées de blanc comme les scapulaires. Bec, jaune d’ocre, bouche ou commis- sure orange ; bord libre des paupières rouge vermillon ; iris brun noirâtre; pieds jaune clair, nuancé de cendré bleuâtre. Taille: quarante-deux à quarante-trois centimètres. <* 4* r • V v & * / • * Des Mnrs, Les Oise; J. Rothschild, Éditen PI. 26. — GOELAND C'ENDRÉ - Laru LES OISEAUX D’EAU — LONGIPENNES 65 Se trouve en Europe, dans l’Asie occidentale, en Afrique et même en Océanie ; c’est donc une des espèces les plus répandues sur le globe, quoiqu’on ne l’ait pas encore rencontrée en Amé- rique. Il habite principalement le Nord du continent en été ; il se répand en automne et en hiver sur les côtes maritimes delà Hollande, de la Belgique, de la France, de l’Italie et en Sicile. C’est l’espèce la plus commune aussi, dans ces deux saisons, sur la côte de Dunkerque, où elle est poussée par le vent du nord et du nord-ouest ; on l’y voit surtout à l’approche des tempêtes et des ouragans, où elle se répand en troupes dans les terres. Connue en Picardie sous le nom de Grande Emiaulle , elle s’ap- privoise plus difficilement que les autres ; et cependant, elle paraît moins farouche en liberté , ce que confirment les obser- vations faites au South-Stack, cette grande falaise des côtes d’Ir- lande, ce quartier général de presque tous les oiseaux de mer d’Europe. D’après Gerbe et Degland, le Goéland cendré se reproduit aussi sur les côtes et les rochers des environs de Cherbourg, et quelquefois dans le Boulonnais. Temminck dit qu’il se niche vers les régions arctiques, dans les herbes, près de l’embouchure des fleuves et des bords de la mer. Ses œufs, au nombre de trois, sont d’une teinte ocracée blan- châtre ou verdâtre, avec des taches arrondies ou plus ou moins irrégulières, noires et cendrées. Ils mesurent de cinquante-trois à cinquante-sept millimètres de grand diamètre sur quarante à quarante et un de petit. Même genre de nourriture que les autres espèces. Il en existe une variété ou race blanche dont Pallas a fait son Larus niveus. On devrait donc donner à notre espèce le nom de Goéland blanc. 66 LES OISEAUX NAGEURS PL. 27. -GOÉLAND TRIDACTYLE. Larus tridactylus (Linn.). — Gavici cinerea (Brisson). — Rissa Brunnichii (Sleph,).— Rissa tridactyla (Macgillivray, 1840). Mâle adulte : en entier d’un blanc éclatant, avec le dos et les ailes d’un cendré bleuâtre unpeuplus foncé que chez le Goéland cendré ; scapulaires et rémiges secondaires terminées de blanc ; première grande rémige bordée de noir en dehors, et terminée par un grand espace de cette couleur. Les trois suivantes ter- minées également de noir, et portant au bout une petite tache blanche ; la cinquième terminée de blanc et marquée d une grande tache irrégulière noire. Mais on comprend combien cette répartition des deux couleurs est sujette à varier selon l’âge et les saisons. Bec d’un jaune verdâtre ; la commissure et le bord libre des paupières rouge orange ; iris brun ; pieds d un brun olivâtre foncé ; au lieu du pouce, un moignon dépourvu d’ongle. Taille : trente-huit centimètres. Temminck a dit que les individus de cette espèce n’étaient nulle part plus nombreux qu’en Islande où ils nichent, sans in- diquer comment ni où ils installent leurs nids. Mais les véritables lieux où les oiseaux de cette espèce éta- blissent leurs colonies sont, d’après un rapport fort curieux et des plus instructifs de M. W. Dalt, les parages des îles Alou- tiennes, cet archipel minuscule qui enceint au sud, comme d un chapelet, la mer de Behring, dans l’Amérique russe. Ce Goéland niche dans les régions du cercle arctique ; pond trois œufs d’un blanc olivâtre, marqués d’un grand nombre de taches et de points d’un brun noirâtre, et d autres d un gris cen- dré moins distinctes ; ils varient considérablement, on en trouve même d’un verdâtre pâle ou vert d eau, sans aucune tache , ils mesurent de cinquante et un à cinquante-six millimètres de grand diamètre sur trente-neuf à quarante et un de petit. Il est commun sur les côtes maritimes du nord de la France, # « Des Murs, Les Oiseaux d’Eau. J. Eottseliild, Éditeur, Taris. Dl. -7. GOELAND TRIDACTYLE— Larus tridactylus. Linnæus. — [<7» f ■ • • • Des Murs, Les Oiseaux d’Eau. J. Rothschild, Éditeur, Paris. PI. 2b. GOELAND A CAPUCHON PLOMBÉ —Larus atricillus. Liunæus. — £ nat. Des Murs, Les Oiseaux d’Eau. J. Rothschild, Éditeur, Paris. PI. 29. GOELAND A PAUPIÈRES BtAHCHE S — Larut leucophthalmus. Lichtensb LES OISEAUX D’EAU — LONGIPENNES 67 en automne, et se montre, tantôt isolément , tantôt par petites troupes dans les marais de l’intérieur, au printemps. PL. 28. — GOELAND A CAPUCHON PLOMBÉ. Lotus atricilla (Linn.) — Xema atricilla (Boié, 1822). — Gavia atricilla (Macgill., 1840). — Atricilla Catesbæi (Ch. Bonap., 1856). Mâle adulte : tête et parties supérieures du cou d’un noir de plomb, avec une tache blanche au-dessus et au-dessous des yeux; dessus du corps d’un brun cendré de plomb ; moitié inférieure du cou, poitrine, abdomen et sous-caudales d’un blanc rosé ; cou- vertures supérieures des ailes et rémiges secondaires pareilles au dos, ces dernières avec le bout blanc ; rémiges primaires entière- ment noires ; queue blanche. Bec et pieds d’un rouge laque foncé! Longueur totale : quarante centimètres. Habite en Europe les parties méridionales ; très commun sur les côtes de Sicile, dans plusieurs îles de la Méditerranée, sur les côtes méridionales d’Espagne , où l’a observé Nattérer, no- tamment dans le détroit de Gibraltar , et probablement aussi , suivant Temminck, dans l’Archipel; rare ou accidentel sur les côtes de France et d’Angleterre. La même espèce est répandue sur les côtes de l’Amérique septentrionale, où elle ne diffère pas de celle d’Europe. Il couve dans les marais, au voisinage des côtes. Ses œufs, au nombre de trois, sont de couleur terreuse ou brun foncé, légèrement marqués de petites taches irrégulières de pourpre et de brun pâle; quelques-uns sont d’un brun encore plus foncé, avec de marques plus larges de forme moins irrégulières que les autres ; ils mesurent deux pouces un quart (anglais) sur un pouce et demi. PL. 29. — GOELAND A PAUPIÈRES BLANCHES. Larus leucophthalmus (Licht.). Mâle adulte, plumage d’hiver : tête et haut du cou d’un brun cendré ; bas de la nuque, poitrine, flancs et dessus des ailes d’une 68 LES OISEAUX NAGEURS teinte plus foncée ; manteau, scapulaires , dos et ailes couleur ardoise ; bout des pennes secondaires des ailes terminé par un grand espace blanc ; rémiges noires terminées de blanc à peine visible sur les trois premières ; milieu du ventre, abdomen, côtés du croupion et queue d’un blanc pur. Bec jaune rougeâtre à pointe noire; iris blanc; pied d’un jaunâtre terne. Longueur totale : quarante-deux centimètres. Mâle et femelle , plumage d’été : toute la tête, partie de la nuque, toute la gorge et partie du devant du cou d’un noir plein, à l’exception de deux petites taches blanches au-dessus et au- dessous des yeux ; demi-collier d’un blanc pur couvrant la nuque et descendant en pointe sur les côtés du cou; manteau, dos et couvertures ailaires, de couleur ardoisée. Bec couleur de corail, à pointe blanche; pieds d’un jaune orange. Habite accidentellement sur la Méditerranée ; vit en grand nombre sur les côtes de la Grèce; visite régulièrement les parages du Bosphore; et,, selon Gerbe,, habiterait aussi les côtes de la mer Rouge. Niche sur les grèves sans aucune préparation, et pond deux ou trois œufs d’un blanc laiteux ou légèrement lavé de jaunâtre, parsemé de taches plus ou moins arrondies et irrégulières, d’un gris violet, vineux ou brun noirâtre. Us mesurent de cinquante- quatre à cinquante-cinq millimètres d’un sens, et de quarante et un de l’autre. C’est le type du groupe Adelarus de Ch. Bonaparte. PL. 30. —GOÉLAND BLANC ou SÉNATEUR. Larus eburneus ( Grael.). Mâle adulte : tout le plumage d’un blanc rose, qui passe au blanc le plus pur peu de temps après la mort. Bec fort, gros, et un peu moins long que la tête, d’un cendré bleuâtre à sa base, jaune d’ocre vers le milieu jusqu’à la pointe qui est d’un rouge vif, ainsi que le cercle nu des yeux iris brun ; pieds noirs. Lon- gueur totale : trente-sept à trente-neuf centimètres. Des Murs, Les Oiseaux d’Eau. J. Rothschild, Éditeur, Paris. PJ. 30. — GOELAND BLANC, •S É N A T E TJ R — Lnrus eburneus. Gmelin. — ^ LES OISEAUX D’EAU — LONGIPENNES 69 Habite les régions arctiques des deux Mondes, les côtes d’Is- lande, du Spitzberg, du Groenland, la baie de Badin, le cap Parry, et se montre accidentellement en Allemagne, en Angleterre, en France et même en Suisse. Niche sur les rochers, et pond deux ou trois œufs d’un gris verdâtre pâle, ou d’un jaunâtre sale, avec des taches brunes et d’un brun noirâtre, entremêlées d’autres taches grisâtres et bleuâtres. Leurs dimensions sont de soixante-deux à soixante-six millimètres dans un sens, sur quarante-cinq à quarante-six dans l’autre. On voit cette espèce moins en troupe que les autres. C’est le type du groupe Pagophila de Kaup, qui ne repose guère que sur une différence dans les dimensions relatives du bec. PL. 31. —GOÉLAND DE SABINE. Larus Sabinei (Leach). Mcîle et femelle adultes , en été : tête et partie supérieure du cou noires ; manteau et couvertures supérieures des ailes d’un bleu cendré ; tout le dessous du corps à partir du noir du cou, y com- prise la queue, d’un blanc pur ; rémiges primaires noires avec le bout blanc. Bec noir à pointe jaune; bord libre des paupières rouge ; iris et pieds noirs. Longueur totale : trente-cinq centi- mètres environ. Habite les régions arctiques des deux Mondes ; de passage accidentel en Angleterre, en Allemagne et en France. Niche sur les côtes du Groenland; se nourrit d’insectes aqua- tiques et d’autres produits de la mer ; pond trois œufs d’un blanc ocracé ou olivâtre, couverts de nombreuses taches brunes entre- mêlées d’autres grisâtres ; ils mesurent quarante-trois milli- mètres sur trente. 70 LES OISEAUX NAGEURS PL. 31.— GOÉLAND RIEUR ou A CAPUCHON RRUN. Larus ridïbundus (Linn.) — Gavia ridibunda (Briss., 1760). — Xema ridibundus (Boié, 1822). Mâle adulte : tête, haut du cou d’un brun foncé tirant sur le roussâtre, avec les paupières entourées de petites plumes blan- ches; le reste du cou blanc; dessus du corps d’un cendré très clair; sus-caudales blanches ; poitrine, abdomen et sous-caudales blancs, teintés de rose ; couvertures supérieures des ailes pareilles au manteau ; les quatre r-émiges primaires blanches, terminées et bordées en dedans de noir; queue blanche. Bec et pieds rouge laque ; iris brun foncé. Taille : trente-sept à trente-huit centi- mètres. Est répandu et commun dans beaucoup de contrées de l’Eu- rope, notamment en Ecosse ; abondant en France, en toutes sai- sons, sur les côtes et les marécages du Languedoc et du Rous- sillon ; passe régulièrement sur les côtes de nos départements septentrionaux en automne, et dans les marais et même sur les grands cours d’eau de l’intérieur au printemps. Ces Goélands sont très jolis, très propres et forts remuants; ils mangent beaucoup d’insectes. On les voit, dit Bâillon qui les avait observés en Picardie, faire, durant l’été, mille évolutions dans l’air, après les scarabées et les mouches ; ils en prennent une telle quantité que souvent leur œsophage en est rempli jus- qu’au bec. Ils suivent les rivières, la marée montante, et se répandent à quelques lieues dans les terres. Ils prennent , dans les marais, les vermisseaux, les sangsues, et, le soir, ils retournent à la mer. On a souvent remarqué aussi que cette espèce enlevait beau- coup de grains dans les champs ensemencés. M. Saint-John en a tué, en Angleterre, un individu dont le jabot était rempli d’une poignée d’orge et d’avoine, mêlée de vers de chenilles, etc. La ponte est de trois œufs : ces œufs, variables comme fond PI. 81. ( ^ ° B L A N D DE SABIN 15 Li.ru s Sabine,. Leaoh. - J nat. (GOELAND RIEUR, ou a CiPUPïïVT , > r-» Tr -xt r C H O N BuUN — Lcirus ridibundus. Linnæus. - Des Murs, Les Oiseaux d'Eau. ■T. Rothschild, Éditeur, Paris. PI. 32. — O 0 E L A N D CAPiJOHQN NOIR — Larus melanocejjhalus. N attirer. — r nat. LES OISEAUX D’EAU — LONGIPENNES 71 et couleur, sont, ou d’un gris pâle, d’un roux olivâtre, d’un brun jaunâtre, et même simplement blanchâtre, avec des taches brunes ou noires, et d’autres grises ou bleuâtres. Ils mesurent de quarante-huit à cinquante-deux millimètres de grand dia- mètre sur trente-huit ou trente-neuf pour le petit. Cette espèce est encore un des exemples de la facilité avec laquelle les Goélands savent s’accommodera la domesticité. Le jardin zoologique d’Anvers en a possédé, pendant plusieurs années, un individu qui vivait en pleine liberté ; gagnait, en volant, l’Es- caut ou la côte voisine, faisait quelquefois des absences de plu- sieurs jours, mais revenait constamment au jardin. PL. 32. —GOELAND A CAPUCHON NOIR. Larus melanocephalus (Nattérer, 1820). — Xema melanocephala (Boié, 1822). — Gavia et Melagavia melanocephala (Ch. Bonap., 1856). Mâle adulte : tête et moitié supérieure du cou d’un noir pro- fond, avec les paupières blanches; dessus du corps d’un cendré clair; moitié inférieure du cou, poitrine, abdomen et sous-cau- dales d’un blanc pur ; couvertures supérieures des ailes pareilles au manteau, l’autre moitié, jusqu’à la pointe, blanche, la pre- mière étant seulement bordée de noir sur les barbes externes ; queue d’un blanc pur. Bec et pieds d’un rouge de sang vif, avec une bande noirâtre entre la pointe et l’angle de la mandibule in- férieure ; bord libre des paupières dentelé et rouge minium ; iris noisette foncé. Taille : quarante et un à quarante-deux centi- mètres. Découvert par Nattérer, qui le dit habiter les côtes de l’Adria- tique, et très commun sur celles de la Dalmatie, dans les ma- rais; il ne l’a vu que là, et ne saurait dire si l’espèce habite l’Archipel et d’autres parties méridionales; il ne l’a point vu sur les lacs de Hongrie ; on le voit à Trieste, pendant les gros vents si fréquents sur ces côtes : on ne l’y trouve jamais par un temps calme. Depuis, nous savons qu’on le rencontre sur les côtes de la LES OISEAUX NAGEURS Grèce, de la Sicile, de la France méridionale, de l’Espagne et de la Barbarie, et qu’il se montre accidentellement en Allemagne et dans le nord de la France. D’après M. Baldamus, il niche dans les marais du sud-est de l’Europe, en'compagnie d’autres espèces. Un md, qu il a vu dans les lacs marécageux du Banat, en Hongrie, se trouvait parmi d’autres nids de Guiffette hybride, et renfermait trois œufs. Ces œufs, dit Gerbe, qui en a reçu de parfaitement authentiques de la Bégence de Tripoli, ressemblent tellement à ceux du Goéland rieur, pour les couleurs tant du fond que des taches, qu’on peut aisément les confondre. Ils mesurent de quarante-trois à qua- rante-six millimètres de grand diamètre sur trente-quatre à trente-six pour le petit. PL. 33. — GOELAND PYGMÉE. Larus minutus (Pallas, 1776). Mule adulte : tête, partie supérieure du cou noires, avec un étroit croissant blanc devant les yeux; reste du cou blanc; dessus du corps d’un cendré bleuâtre très clair ; sus-caudales blanches ; poitrine, abdomen et sous-caudales d’un blanc teinté d une belle couleur aurore, qui disparaît, après que l’oiseau est monté, pour faire place à un blanc parfait ; couvertures supérieures des ailes pareilles au manteau ; rémiges cendrées, terminées de blanc, avec la baguette des primaires brune, ou d’un jaune ocreux foncé, queue d’un blanc pur. Bec rouge de laque foncé ; iris brun noir; pieds d’un rouge cramoisi. Longueur totale : vingt-sept centi- mètres environ. Habite les contrées orientales de l’Europe et l’Asie septen- trionale. On le rencontre assez communément en Suisse, en Morée, sur les bords de l’Adriatique, où on le voit en toutes saisons; il se montre assez souvent, mais irrégulièrement, en France, en Alle- magne, en Angleterre, etc., où quelques individus ont été tués. Des Murs, Les Oiseaux d’Eau. J. Rothschild, Éditeur, Paris. PI. 33. GOELAND PYGMÉE — Larus minutus. Pallas. — -, LES OISEAUX D’EAU — LONGIPENNES 73 Il sè reproduit sur quelques points de l’Europe orientale, sur le bas Danube, sur les côtes de la mer Baltique, et niche dans les marécages voisins de la mer ou des grands fleuves. M. Martin, au rapport de Gerbe, l’a vu nicher par bandes dans les étangs salés des steppes de la Russie orientale. Ses œufs, qu’il dépose sans apprêt sur la mousse, sont presque constamment au nombre de trois. Leur forme et leurs couleurs varient autant que celles des autres espèces : ils sont d’un gris olivâtre, ou jaunâtre, ou roussâtre, avec des taches d’un brun noir ou de rouille foncé, en- tremêlées de petits points gris ou violacés. Ils mesurent de trente- huit à quarante-deux millimètres pour le grand diamètre et de vingt-neuf à trente et un pour le petit. 3e SOUS-FAMILLE LES TRIDINÉS. - Lestridinæ (Ch.Bonap., 1850). Du moment que l’on range cette sous-famille sous le vocable de Lestridiens ou Lestridinés , il faut, de toute nécessité, que l’étymologie de ce nom se retrouve dans celui du genre. Ici donc, faisant céder la primauté à la logique, nous adoptons, de préfé- rence, le nom générique de Lestris d’Illiger, quoique de 1811, à celui de Stercorarius de Brisson, antérieur (1760), ce dernier nom se suffisant en français. Ce qui caractérise, le’s oiseaux de cette sous-famille entre tous les Laridés, tels que les Hirondelles de mer et les Goélands, c’est une membrane, que nous voyons apparaître pour la première fois, qui enveloppe une grande portion du bec, à partir de sa base, et une queue affectant la configuration cunéiforme ; ils en diffèrent encore, non seulement par ces principaux caractères physiques, mais par leurs mœurs et certaines de leurs habitudes. Les Goélands et les Mouettes , on l’a vu , sont plutôt géné- ralement lâches et craintifs; les Lestridiens ou Stercoraires, qu’on leur réunit dans les méthodes, sont, au contraire, intré- pides et courageux : éternels ennemis des premiers, ils les har- i 8 74 LES OISEAUX NAGEURS cèlent continuellement. Quoique excellents pêcheurs par eux- mêmes, lorsqu’ils le veulent, ils pêchent rarement pour leur propre compte; mais ils se nourrissent le plus habituellement des aliments qu’ils obligent les Mouettes de dégorger, surtout lors- qu’ils ne trouvent point leur pâture à la mer et au rivage. Vrais forbans de l’air , comme les appelle un voyageur naturaliste, ils forcent, à coups de bec, ces dernières à rejeter le poisson et les crustacés dont elles se sont emparé. Au moment où l’animal, vaincu ou effrayé, les laisse échapper, les Stercoraires plongent sur cette proie et la saisissent , avec une étonnante vélocité , avant qu’elle ne tombe dans la mer, vivant ainsi en véritables pa- rasites (d’où le nom d’une de leurs espèces), aux dépens de leurs anlagonistes qu’ils poursuivent sans cesse. La sous-famille n’est représentée que par un seul groupe gé- nérique sous le nom de Stercoraire . Des Murs, Les Oiseaux d'Eau. J. Rothschild, Éditeur, Paris. PI. 3L — STERCORAIRE 1AB.BE CATARACTE — . ’-is cataractes. Temminck. — J uat. LES OISEAUX D’EAU — LONGIPENNES 75 GROUPE GÉNÉRIQUE UNIQUE STERCORAIRE, LE ST RI S (Illiger, Prodr. syst., 18H).. Bec un peu moins long que la tête, robuste, presque cylindrique , couvert à sa base d une cire ou peau membra- neuse qui se prolonge jusqu’aux narines ; mandibule supé- rieure terminée par un onglet saillant et crochu, qui paraît surajouté; mandibule inférieure arrondie à son extrémité, et formant un angle saillant à la rencontre de ses branches ; narines latérales, linéaires, obliques; ailes longues, poin- tues, aiguës; queue formée de pennes inégales, plus ou moins pointue ou allongée au centre, les deux rectrices médianes toujours plus longues que les latérales et souvent dans de grandes proportions ; tarses médiocres, scutelles en devant généralement grêles, de la longueur du doigt médian; rarement plus court; pouce petit, touchant à peine le sol; ongles grands et crochus ; membranes interdigitales garnies de nombreuses papilles verruqueuses. Les deux sexes se partagent les soins de l’incubation et nour- rissent leurs petits jusqu’à ce qu’ils aient perdu leur duvet. Sur sept espèces dont se compose ce groupe, quatre appar- tiennent à l’Europe. La principale et la plus commune est la sui- vante : PL. 34. — STERCORAIRE ou LARBE CATARACTE. Lestris catarractes (Temm., ex Linn., 1815). — Larus fuscus (Briss., 1760). — Larus catarractes (Linn.). Mâle , en été : parties supérieures d’un brun foncé rayé de rouille ; plumes de la nuque et du cou pointues et paraissant usées; celles du corps et des ailes arrondies ; parties inférieures d’un 76 LES OISEAUX NAGEURS brun cendré, avec une teinte roussâtre au centre de chaque plume dont la tige est blanchâtre ; bords -libres des paupières garnis de plumes blanches ; les cinq premières pennes des ailes blanches dans leur première moitié ; celles de la queue blanches seulement à leur base. Bec brun à la base, noir à la pointe; iris brun; pieds noirs. Taille de cinquante-six à cinquante-sept centi- mètres. Le nom de Stercoraire donné à cet oiseau est la traduction de celui que, dans leur langue, lui ont donné les pêcheurs du Nord, qui croyaient que ce qu’il recevait dans son bec, à la poursuite des Mouettes, était leur fiente. Or, ce n’était rien moins qu’une grossière erreur. Le poisson paraît toujours blanc en l’air, parce qu’il réfléchit la lumière ; et il semble, à cause delà raideur du vol, tomber derrière la Mouette qui le vomit en fuyant. Ces deux circonstances ont donc seules trompé les observateurs; et c’est ce que Bâillon père, si bon observa- teur lui-même, a parfaitement démontré. Il niche sur les rochers et les montagnes, dans les bruyères, au milieu des herbes eide la mousse. Ses œufs, au nombre de deux ou trois, se distinguent de ceux des Goélands, en ce qu’ils sont plus renflés au centre ; quant à la forme et quant à la couleur, en ce qu’ils sont d’un brun olivâtre sombre et très accusé ; du reste, même système de maculatures ou brunes ou noires entre- mêlées d’autres taches d’un gris vineux. Ils mesurent de cinquante- neuf à soixante-deux millimètres de grand diamètre, et de qua- rante-deux à quarante-trois du petit. Les œufs de toutes les es- pèces se ressemblent. Ce Stercoraire ne souffre d’oiseaux d’aucune espèce dans le voisinage de son nid ; l’homme et les mammifères seraient même exposés a ses attaques. Aussi les habitants des îles Féroé, qui vont a la chasse de cette espèce, se munissent-ils, d’après M. Graba, de couteaux qu’ils fixent à leur coiffure, la pointe en l’air, pour ne pas être blessés par les assauts impétueux de ces oiseaux. Cet oiseau, en captivité, mange non seulement du poisson et des insectes, mais encore du pain et du blé. Degland en a Des Murs, Les Oiseaux d’Eau, J. Rothschild, Éditeur, Paris. PI. 35. - STERCORAIRE POMARI N — Lestris pomarinus. Temminck. - J LES OISEAUX D’EAU — LONGIPENNÉS 77 nourri plusieurs individus, qui avalaient des chats nouveau- nés vivants, sans les dépecer. PL. 35. - STERCORAIRE POMARIN. Lestris pomarinus (Temm.). Mâle adulte : vertex, face et dessous des yeux noirs ; plumes occipitales un peu effilées, noires, formant une sorte de huppe ; celles de la nuque subulées, d’un blanchâtre nuancé de jaune d’or ; parties supérieures du corps et sus-caudales d’un brun olivâtre foncé; parties inférieures blanches, à l’exception de la poitrine, où se dessine une ceinture plus ou moins complète ; rectrices médianes dépassant les latérales de six à dix centimètres. Bec et cire d’un jaune livide, noir à la pointe; iris brun foncé ; tarses, pieds et palmures noirs. Taille : environ quarante-trois centi- mètres, non compris les filets de la queue, ou avec cinquante- trois centimètres. Le Stercoraire habite les régions du cercle arctique, abon- dant sur les côtes de l’Amérique du Nord, à Terre-Neuve, en Islande, en Suède et en Norwège. Use montre accidentellement sur les côtes maritimes de la France, à la suite de coups de vent. Ainsi, en octobre 1831, rapporte Gerbe, un terrible ouragan, qui dura plusieurs jours, y jeta un nombre prodigieux de Pomarins sur les côtes de Dunkerque ; ils y sont poussés par le vent du nord et surtout du nord-ouest; mais ce sont le plus souvent de jeunes sujets. Les mêmes circonstances les font s’abattre dans les vallées de la Savoie. Quelques-uns, dit M. Bailly, apparurent le 17 oc- tobre 1847, et le 5 novembre 1851, sur le lac du Bourget, où plusieurs furent tués, ils se montrèrent sur le lac de Genève. Enfin, il n’est pas jusqu’aux plaines de la Beauce dans les- quelles il se rencontre quelquefois, et toujours à la suite de grands vents. Il niche dans les marais, sur des monticules, ou parmi les ro-- 78 LES OISEAUX NAGEURS chers du bord de la mer. La femelle pond deux ou trois œufs oblongs, pointus, d’un olivâtre plus ou moins clair, marqués de brun ou de noirâtre ; et mesurant de cinquante-sept à soixante millimètres de grand diamètre, cinquante et un à quarante-deux de petit. PL. 36. — STERCORAIRE PARASITE ou LARRE. Lestris parasiticus (Boié). Mâle adulte : dessus de la tête et du corps d’un noir de suie ; derrière et côtés du cou d’un jaune d’ocre ; dessous du corps d’un blanc plus ou moins pur ; flancs d’un brun clair ; base et tige des rémiges primaires blanches ; rectrices médianes très poin- tues, dépassant les autres de huit à onze centimètres. Bec bleuâtre avec la cire verdâtre et la pointe noire; iris d’un brun roux; pieds d’un bleu de corne : Taille, quarante et un centimètres, sans les filets de la queue; avec cinquante-deux centimètres en- viron. Habite les mers boréales de l’Europe, de l’Asie et de l’Amé- rique, le Groenland, les bords de la Baltique, en Norwège et en Suède. Nourriture, nidification et ponte comme le cataracte ; œufs mesurant de cinquante-sept à soixante et un millimètres de grand diamètre, et de quarante et un à quarante-deux de petit. PL. 37. — STERCORAIRE LONGICAUDE. Lestris longicciudus. — Lestris spinicauda (Ch. Bonap.). — Stercorarius longicaudus (Briss., 1760). Mâle adulte : dessus de la tête noire ; plumes occipitales for- mant huppe ; derrière du cou blanc jaunâtre ; dessus du corps gris sombre ; gorge, devant du cou et poitrine blancs ; abdomen et flancs comme le dos ; rémiges et rectrices d’un gris noirâtre ; rectrices médianes terminées en fer de lance dépassant les laté- Des Murs, Les Oiseaux d’Eau. J. Rothschild, Éditeur, Paris. PL 36. STERCORAIRE PARASITE —Lestris parasiticus. Tenumnck. — J nat. Dre Mon, Les Oiseaux d'Eau. J. Rothschild, Éditeur, Paris. PI. 37.-STEECOR AIRE, LABBE LOEGrIC AÏÏDS — Lestris lovgicmnlvs. Temminck. — ± nat. LES OISE AUX D’EAU - LONGIPENNES 79 raies de seize à vingt-deux centimètres. Bec, tarses et doigts d’un blanc de plomb, le premier noir à la pointe; iris brun; mem- branes interdigitales noires. Taille : trente-huit centimètres non compris les filets de la queue, ou de cinquante-huit à soixante, en les y comprenant. Il habite les parages du cercle arctique, particulièrement le Groenland, Terre-Neuve et le Spitzberg, et s’avance, l’hiver, dans une partie de l’Europe tempérée, où on le rencontre assez souvent en France. On a tué quelques jeunes, au milieu des champs, près de Lille, en 1834. Se nourrit, niche et pond dans les mêmes conditions que les précédents. Les œufs, colorés comme ceux des autres espèces, mesurent de cinquante-quatre à cinquante-six millimètres de grand diamètre sur trente-sept à trente-huit de petit. 80 LES OISEAUX NAGEURS 2° TRIBU LES PLONGEURS OU COLYMBIENS Colymbiœ. Les oiseaux que nous faisons entrer dans cette tribu auraient peut-être dû, selon la valeur de leur aptitude à la natation, venir après les Plongeurs exclusivement marins, tels que les Pingouins et les Guillemots, dont nous avons fait nos oiseaux de transition : car ce sont aussi des Plongeurs, qui se partagent entre l’habi- tude des eaux de mer et celle des eaux douces, et qui mériteraient le nom d 'Immefgeurs (s’il était français), par le procédé dont usent les uns et les autres quand ils veulent disparaître sous l’eau; ce sont, en un mot, les Plongeons proprement dits et les Grèbes. Mais, outre qu’ils ne sauraient appartenir au même groupe, les Plongeons, par leur conformation ostéologique et par leurs caractères oologiques, tiennent de trop près aux Lariens pour en être éloignés, sans parler de leurs habitudes de fréquen ter, comme ceux-ci, les eaux de mer; et, d’une autre part, les Grèbes, parle dernier des caractères que nous venons d’indiquer, celui de l’œuf, se rapprochant trop de celui des Stéganopodes, ou Totipalmes, pour les en séparer. Nous placerons donc les vrais Plongeons immédiatement à la suite des Goélands, et les Grèbes après eux, comme trait d Li- mon entre ceux-ci, pour leurs formes, et les Totipalmes, pour leur œuf. Ainsi, deux familles dans la tribu : les Plongeons , les Grèbes. ir8 FAMILLE COLYMBINÉS. — Colymbinæ (Leach, 1825). Quoique les oiseaux qui précèdent, ainsi que beaucoup d autres des oiseaux nageurs dont nous avons à parler, aient l’habitude de LES PLONGEURS OU COLYMBIENS 81 plonger même jusqu’au fond de l’eau en poursuivant leur proie, on a donné de préférence le nom de Plongeons , consacré par l’u- sage et par la science, aux membres d’une petite famille de ces oiseaux plongeurs, composés seulement de trois espèces, qui ont une faculté d’immersion particulière : c’est-à-dire, qu’à un mo- ment de danger, sans mouvement ni des ailes ni des pattes, ils abandonnent à son propre poids leur corps, qui disparaît insen- siblement sous l’eau, immobile à la même place, comme y des- cenderait un vase à moitié vide, jusqu’à ne plus laisser voir à peine à son niveau que la moitié de la tête, particularité ignorée de Montbelliard, et encore, à l’heure qu’il est, de beaucoup d’au- teurs. 82 LES OISEAUX NAGEURS GROUPE GÉNÉRIQUE PLONGEON, COLYMBUS (Linn.). Les oiseaux de ce groupe diffèrent des autres, quant aux caractères, en ce qu’ils ont le bec droit et pointu, et les trois doigts antérieurs joints ensemble par une membrane entière, qui projette un rebord le long du doigt intérieur, duquel cependant le postérieur est séparé. Les Plongeons ont, de plus, les ongles petits et pointus; la queue très courte et presque nulle; les pieds très plats et placés tout à fait à l’arrière du corps ; enfin la jambe cachée dans l’ab- domen, disposition très propre à l’action de nager, mais très contraire à celle de marcher. Aussi se meuvent-ils dans l’eau d’une manière si preste et si prompte au coup de feu, que le plomb ne peut les toucher; ce qui les avait fait nommer Mangeurs de plomb par les Français de la Loui- siane; ajoutons’qu’ils offrent un plus grand développement de type alaire que les oiseaux précédents. Il est constant, d’après leur organisation, que ces oiseaux, qui ne se tiennent debout, comme des Guillemots, que derrière les vitrines de nos musées publics, ainsi que l’exprimait Hardy, de Dieppe, ne doivent pas nicher sur le bord d’une eau sujette à la marée. Cela est si vrai, que quand Audubon découvrait dans les marais un nid de Plongeon Imbrim que nous allons décrire, à la trace faite au milieu des roseaux qui le bordaient, c’est que la cha- leur de l’été avait abaissé le niveau de l’eau, et que le pauvre oi- seau, pour gagner celle-ci, avait dû se faire son passage, tout en se bousculant à travers les joncs poussées sur la rive desséchée que suivait le naturaliste. Ce cas, tout exceptionnel, explique Des Murs, Les Oiseaux d’Eau. J. Rothschild, Éditeur, Paris. PI. 38. PLONGEON IMBRIM — Colymbtts glacialis. Linnæus. — -j LES PLONGEURS OU COLYMBIENS 83 l’existence d’un sentier tracé sur l’herbe parles fréquents voyages de l’oiseau , et, par suite, quelle découverte ait pu trahir au chas- seur un nid si bien caché, et sur lequel la femelle s’aplatissait de manière à disparaître au milieu des joncs. On comprend qu’alors, troublée dans cet asile, et à l’approche pressante d’un puissant ennemi, l’Imhrim,qui ne saurait se servir de ses courtes jambes, placées trop en arrière pour le soutenir, n’ait d’autre ressource que de glisser sur le ventre, par saccades, à la ma- nière des phoques ou des manchots, de se pousser, de se traîner le corps incliné en avant et de se précipi ter dans l’eau où il plonge, et où il est difficile, pour ne pas dire impossible, de le joindre à la nage. Un chasseur anglais a poursuivi cet oiseau dans un bateau que faisaient voler sur la mer quatre robustes rameurs, sans avoir jamais pu le gagner de vitesse, quoique les décharges de plusieurs fusils, aussitôt qu’il se montrait, l’eussent contraint à plonger constamment. Leur nourriture habituelle ne se compose que de petits poissons. Mais la mandibule inférieure du bec, suivant la remarque de Wilson, est formée de deux pièces qui, unies par une mem- brane élastique et mince, peuvent s’écarter horizontalement l’une de l’autre, de façon à élargir l’ouverture, et à permettre à l’oi- seau d’avaler de plus gros poissons. C’est un caractère important qui se présente ici pour la première fois, d’une manière rudi- mentaire, et que nous verrons prendre de tout autres proportions dans plusieurs familles d’oiseaux marins. PL. 38. — PLONGEON IMBRIM Colymbus glacialis (Linn.). Mâle adulte : tête, gorge et cou d’un noir verdâtre , à reflets verts et bleuâtres , avec une petite bande transversale rayée de blanc et de noir sous la gorge; à la partie supérieure du cou un large collier, rayé longitudinalement de noir et de blanc; dos, ailes, flancs et croupion d’un noir profond; chaque plume du 84 LES OISEAUX NAGEURS dos et des scapulaires portant à l’extrémité deux taches carrées d’un blanc pur ; couvertures des ailes, flancs et croupion parsemés de petites taches blanches; poitrine et parties inférieures d’un blanc parfait. Bec noir, cendré à la pointe ; iris rouge ; pieds d’un brun noirâtre en dehors, tirant sur le cendré en dedans. Taille d’environ soixante-seize centimètres. De tous les oiseaux de mer de notre hémisphère boréal, le Plongeon, dit M. Shirley, est le plus beau et le plus puissant; c’est l’Aigle de l’Océan. Intrépide navigateur, il est aussi le plus prudent et le plus vigilant des oiseaux. Même en pleine mer, et quoique aucun bâtiment ne soit en vue, il est perpétuellement en alerte, surtout au temps de la ponte et de la couvée. A l’instant où il vient de plonger et s’apprête à déguster la proie qu’il a saisie, il jette encore de tous côtés un regard de défiance. Lorsqu’il veut rester immobile , il peut nager sous le niveau de la vague, son arrière-train entièrement submergé , son cou tendu horizontale- ment, comme couché à fleur d’eau. Mais pour mieux apprécier son adresse et sa hardiesse de nageur, il faut l’observer par une brise d’est : aucune embarcation, aucune créature vivante ne se montre à l’horizon; les Mouettes elles-mêmes ont été balayées par le vent et dispersées sur les marécages de l’intérieur des terres; un navigateur seul n’a pas eu peur du grain : c’est notre Plongeon. Prenez votre télescope, et voyez comme ce téméraire enfant des flots nage contre le vent , fend la vague, secoue l’écume , et vient affronter les lames qui déferlent autour des récifs (1). Se nourrit de poissons, particulièrement de harengs, dont il poursuit les bandes qui émigrent; et aussi de frai, d’insectes et de végétaux marins. Niche tantôt dans de petites îles, sur le bord des eaux douces ; tantôt dans les îles solitaires entourées de rochers. Sa ponte est de deux œufs, qui ne diffèrent guère de ceux de Goélands que par la forme , rentrant dans celle à laquelle nous avons donné le nom d 'elliptique , seulement avec l’un des deux (1) Revue britannique. Dls Murs, Les Oiseaux d'Eau. J. Rothschild, Éditeur, Paris. PL 39. — PLONGEON L U M M E, GORGE NOIRE — Colymbus Arc ficus. Linn .. . LES PLONGEURS OU GO L YM BIENS 85 bouts fréquemment moins aigu que l’autre. Ils procèdent de deux teintes : ou d’un brun chocolat uniforme, ou d’un vert olive clair, ou vert bouteille également uniforme; dans les deux cas maculés de rares taches d’un noir franc, plus ou moins arrondies ou en forme d’éclaboussures; entremêlées d’un griveté à peine perceptible se perdant dans la teinte du fond. Ils mesurent de quatre-vingt-douze à quatre-vingt-quinze millimètres de grand diamètre sur soixante de petit. Tels étaient ceux de notre collec- tion, passée aujourd’hui aux mains de M. H. Turati, de Milan. Une autre variété était café au lait foncé, avec les mêmes taches. Les Plongeons, malgré leur sauvagerie, peuvent se prêter à la domestication. On s’est emparé, à plusieurs reprises, de Plon- geons vivants, que l’on a pu alors observer de plus près et plus à l’aise. Le savant naturaliste Montagu en gardait un, dans un étang; et il était parvenu à l’apprivoiser en peu de jours : l’oiseau docile venait à l’appel, d’une rive à l’autre, et prenait sa nourriture dans sa main. PL. 39. —LE PLONGEON LUMME ou A GORGE NOIRE. Colymbus arcticus (Linn.). Mâle adulte : dessus de la tête et du cou d’un brun cendré, plus foncé au front ; milieu du dos et sous-caudales d’un noir profond à reflets, sans taches ; chaque côté de la partie supérieure du dos marqué de dix ou douze raies transversales blanches ; scapulaires en portant quatorze ou quinze sur fond noir ; gorge, devant et côtés du cou noirs, à reflets violets, avec une petite bande trans- versale, formée de raies longitudinales blanches, sous la gorge, interrompue antérieurement et se dirigeant en arrière vers l’oc- ciput ; une autre bande plus large, verticale, formée de raies plus longues sur les côtés du cou, occupe toute l’étendue de ces parties; poitrine blanche, avec les côtés rayés de noir; abdomen blanc, avec les flancs et une bande transversale sur l’anus noirs; joues 86 LES OISEAUX NAGEURS nuancées de noir et de cendré ; couvertures supérieures des ailes noires, parsemées de petites taches blanches; rémiges et rec- trices d’un noir à reflets. Bec noir profond; iris rouge; pieds bruns en dehors, d’un cendré verdâtre en dedans. Taille de soixante-huit centimètres environ. Le Plongeon Lumme habite l’hémisphère boréal. On le trouve dans le Nord de la Sibérie, dans le Nord-Est de la Russie d Eu- rope, au pied des Monts Ourals, et il se répand dans beaucoup de contrées de l’Europe à l’époque de ses migrations. Ainsi, commun en automne et en hiver, à son passage, en Angleterre, en Alle- magne et en Hollande ; plus rare sur les lacs de l’intérieur en France ; assez commun sur les grands lacs de la Suisse, il ne pa- raît cependant pas pénétrer aussi loin vers le Nord que l’espèce précédente ni la suivante. D’après Témminck, il ne se trouvait pas en Islande, mais il se trouve en Ecosse; le même auteur dit que l’espèce est exactement la même au Japon. 11 niche dans les roseaux et dans les herbes, sur les bords des lacs et dans les marais entrecoupés de beaucoup d’eau, et sou- vent loin des rivages de la mer. Il pond deux œufs aussi variables que ceux de Ylmbrim , avec la même forme et la même livrée. Ils mesurent quatre-vingt- cinq millimètres de grand diamètre sur cinquante à cinquante- deux de petit. Le Lumme a un cri fort et triste ; il le fait constamment en- tendre à l’approche de la pluie ou d’un orage. Aussi les monta- gnards de l’Ecosse l’ont-ils nommé Oiseau-de-pluie, rain Goose. On l’appelle encore en langage gaélique : grande Poule des lacs. C’est le premier oiseau, dans l’ordre que nous suivons, qui serve de pronostic dans les pays où il se trouve ; ce ne sera pas le dernier. Ces qualifications, vulgaires en apparence, reposent presque tou- jours sur un fait d’observation vrai. » 4 ' * • ,/ » 4 A ^ V 4 » * k ** ;/v ' / s * ' PI. 40. — P L 0 N G E 0 N C1T-MA.RIN- Colymbus septei Linnæus. J nat. LES PLONGEURS OU COLYMBIENS 87 PL. 40. — PLONGEON CAT-MARIN. Colymbus septentrionalis (Linn.). Mâle adulte: partie moyenne du vertex, dans toute sa longueur, d’un gris brun verdâtre, marqué de taches noires ; occiput, parties postérieure et inférieure du cou variées de raies longitudinales noires et blanches; dessus du corps d’un brun noirâtre, avec de petites taches blanches irrégulières à la partie supérieure du dos, à la partie inférieure et sur les sus-caudales, prenant la forme de raies ou de bandes à l’extrémité des scapulaires; côtés du front et de la tête, gorge et côtés du cou d’un gris de souris foncé ; de- vant du cou portant une bande d’un roux marron très vif, plus large en bas qu’en haut; le reste de la partie antérieure du cou, poitrine et abdomen d’un blanc luisant, avec une ligne trans- versale brune, formant un angle au-devant de l’anus, une autre sur les sus-caudales, et de larges taches longitudinales d’un brun noir sur les côtés de sa poitrine et sur les flancs; ailes pareilles au manteau ; rémiges d’un brun noir lavé de cendré , à reflets verdâtres. Bec noir ; membrane sous-maxillaire de couleur cerise livide; iris d’un rouge lie de vin; tarses d’un noir verdâtre, nuancés de rose sur le milieu de la face interne ; doigts bruns en dehors, verdâtres en dedans et sur le devant, avec des taches transver- sales brunes vis-à-vis de chaque articulation; ongles plombés; membrane interdigitale cendrée au centre, jaunâtre sur les bords. Taille : environ soixante-deux centimètres (Gerbe). Habitant des mers arctiques; commun en Islande; niche en grand nombre en Norwège, sur les îles Loffoden, où l’a observé de La Motte; très abondant en automne, mais surtout en hiver, sur les côtes d’Angleterre, de Hollande et en France. Temminck le dit également commun au Japon, où l’espèce est la même. Niche au milieu des roseaux, sur le bord des étangs avoisi- nant la mer; pond deux œufs semblables, pour leurs caractères, à ceux des espèces précédentes , mesurant de soixante-dix à LES OISEAUX NAGEURS soixante-quinze millimètres de grand diamètre sur quarante-six à quarante-huit de petit. Le Cat-marin était une des vieilles connaissances de Hardy. Il savait qu’il fait son nid tout au bord de nombreux petits étangs qui se trouvent le long des côtes de Norwège, et si près du bord, que lorsqu’il est sur son nid, son bec touche à terre; en sorte qu’en présence d’un danger imminent, il n’a qu’un seul bond à faire pour se mettre en sûreté. 2° FAMILLE PODICIPINÉS. — Podicipinæ (de Sélys-Lonchamps, 1842). Quoi que l’on puisse faire, les Grèbes seront toujours une pierre d’achoppement pour les classificateurs. Totipalmes par leur œuf; tenant milieu, par leurs caractères organiques et par leurs habitudes, entre les Plongeons et les Poules d’eau, ils ont, comme on le voit, des points de contact avec trois familles diffé- rentes ; et se trouvent enfin moitié nageurs, presque moitié Gralles, du moins quant à leurs pieds. Le méthodiste n’aperçoit donc en eux, pour leur assigner une place dans la série, que des difficultés ou des relations plus ou moins anormales. Notre système, si tant est qu’il y ait système, on a dû le remarquer, a toujours été, sans jamais perdre de vue le caractère oologique, qui a été sans cesse et restera notre boussole, de cher- cher à en concilier la valeur avec celle des autres caractères or- ganiques ou zoologiques. C’est ce qui nous a déterminé à mettre les Grèbes sur le passage des Plongeons aux Totipalmes qui vont suivre : car, de telle manière que l’on veuille s’y prendre avec ces oiseaux, il faut toujours en venir à les placer immédiatement avant ou immédiatement après les derniers, dont ils ne peuvent pas être oologiquement séparés. C’est le premier parti auquel nous nous sommes arrêté. Les Grèbes diffèrent des Plongeons, avec lesquels on a con- tinué de les réunir, leurs habitudes étant à peu de chose près les LES PLONGEURS OU COL YMBIENS mêmes, d’abord par quelques détails d’ostéologie : par un bec tantôt aussi long, tantôt plus court que la tête, droit, dur, compri- mé, en cône allongé, pointu, l’extrémité de la mandibule supé- rieure légèrement inclinée, l’inférieure formant angle, tantôt de la longueur de la tête, tantôt plus long ou plus court, suivant les espèces ; ensuite, par la manière dont est répartie la membrane natatoire de leurs pattes ; ce dernier caractère seul ne les sépare pas moins des oiseaux qui suivent, auxquels ils se rattachent complètement d’ailleurs par le lustré de leurs plumes abdomi- nales, ainsi que par leur œuf ; les trois doigts antérieurs sont bien unis, à leur base jusqu’à la première articulation par une membrane ; mais, à partir de ce point, au lieu de continuer jus- qu’à l’extrémité des doigts, elle se décompose en feston autour de chacun d’eux ; leurs pieds font donc l’office, non plus d’une rame d’une seule pièce, mais d’un aviron fissiforme ou à palettes ; d’où le nom que nous leur avions donné, dans un temps, de Lo- bipèdes, quoique de véritables Échassiers aient la même confor- mation. C’est le premier exemple, jusqu’ici, de cette anomalie dans la forme de l’appareil natatoire que nous offre la série dans cet ordre ; ce sera même le seul en Europe. Plusieurs sont remarquables par les ornements de ptilose de leur tête. La famille, de même que celle des Plongeons, ne forme qu’un seul groupe générique dans l’Ornithologie européenne. 10 90 LES OISEAUX NAGEURS GROUPE GÉNÉRIQUE UNIQUE GRÈBE, PODICEPS (Linn.i Comme complément des caractères que nous venons d’indiquer pour lebec et les pieds, les Grèbes offrent encore : des ailes courtes, aiguës ; des jambes emplumées jusqu’à l’articulation ; des tarses courts, très larges d’avant en arrière, moitié plus courts que le doigt externe, déjetés en dehors, partout couverts de larges scutelles, celles du bord saillantes comme les dents d’une scie ; le pouce grêle, pinné sur ses deux bords; presque absence de queue. Les Grèbes ont cette faculté remarquable : c’est que, lorsqu’ils sont inquiets de quelque apparence, même lointaine, de danger, on les voit, de même que les Plongeons, s’enfoncer graduellement, et sans effort, sous la surface de l’eau, demeurée calme et unie comme un miroir, jusqu’à ce qu’il ne reste plus de visible que la moitié du cou et de la tête. La famille, qui compte une trentaine d’espèces répandues dans toutes les parties du monde, n’en fournit que cinq à l’Eu- rope. PL. 41. — GRÈBE OREILLARD ou ESCLAVON. Podiceps auritus (Lath., ex Linn.). — Colymbus auritus (Linn.). Mâle adulte : dessus de la tête d’un noir à reflets verdâtres ; dessus du cou et du corps d’un noir luisant ; gorge et joues d’un noir profond lustré, avec- les plumes allongées et effilées, for- mant une large collerette ; devant et côtés du cou, haut de la poitrine et abdomen d’un blanc pur à reflets métalliques ; flancs d’un roux marron nuancé de cendré ; une grande touffe de plumes Des Murs, Les Oiseaux d’Eau. J. Rothschild, Éditeur, Paris. PI. 41.— GRÈBE OREILLARD, E S C L A Y O N — Podiceps auritus . Latham. — £ LES PLONGEURS OU COLYMBIENS 91 rousses au-dessus des yeux et derrière, commençant aux lorums inclusivement, et formant, pour ainsi dire, deux cornes ou lon- gues oreilles ; bord libre des paupières roux ; couvertures supé- rieures des ailes un peu moins noires que les scapulaires ; rémiges primaires brunes ; rémiges secondaires blanches. Bec noir avec la base rose et la pointe rouge ; iris rouge-groseille, entre- coupé d’un cercle jaunâtre ; pieds noir verdâtre en dehors, gris livide varié de jaunâtre en dedans et en dehors. Taille : trente-cinq centimètres (Gerbe). Habite les contrées septentrionales et orientales de l’Europe, et l’Afrique septentrionale ; plus abondant sur les rivières et les lacs d’eaux douces que le long des côtes maritimes ; très com- mun dans le Nord, en Islande où il se reproduit, en Allemagne, en France, en Suisse et en Italie ; rare dans les marais de la Hol- lande, jamais sur ses côtes ; très abondant enfin, d’après Tem- minck, dans le golfe de Cagliari, où on le voit en petites troupes à la distance d’une demi-lieue de la côte ; il vit aussi en troupes dans la mer Adriatique. 11 niche dans les marais, au milieu des roseaux; son nid est fixé et attaché aux joncs. Ses œufs, au nombre de trois ou quatre, sont allongés à peu près également des deux bouts, ou de forme elliptique; d’un blanc légèrement bleuâtre ou verdâtre, chan- geant de teinte et tournant au brun durant l’incubation, par l’effet du contact soit de l’eau, soit des détritus marécageux qui entourent le nid ; ces œufs mesurent de quarante-quatre à qua- rante-neuf millimètres de grand diamètre sur trente à trente et un de petit. C’est une des espèces, quoi qu’on en ait dit, qui se réunissent le plus volontiers en colonies pour nicher, et, dans ce cas, la nidi- fication habituelle subit quelque modification. Les individus de cette espèce, au rapport de M. Tristram, construisent leurs nids en quantité si serrée et si compacte, qu’ils se trouvent plus rapprochés les uns des autres que ceux d’aucune colonie de Corbeaux-Freux. Ces nids, faits comme ceux de pres- que tous les Grèbes, soni élevés sur de petits îlots artificiels, se 92 LES OISEAUX NAGEURS touchant presque constamment, et quelquefois entassés sur des fonds solides ayant leur base à plus d’un mètre sous l’eau (1). Ce qui semble une dérogation aux habitudes que nous leur connaissons en Europe ; mais ce qui pourrait bien avoir sa raison d’être, comme mesure de précaution, dans la découverte curieuse faite par M. Layard d’un ennemi jusqu’à présent ignoré des Grèbes, et probablement de toute la gent emplumée aquatique, du moins dans les eaux douces des pays chauds. Or, cet ennemi n’est autre que la Tortue aquatique qui les guette sous l’eau, les saisit par la patte et les tire à elle. PL. 42. — LE GRÈBE HUPPÉ. Podiceps cristatus (Lath., ex Linn .).—Colymbus cristatus (Linn.). Mâle adulte : dessus de la tête et sommet de la nuque d’un noir lustré, avec les plumes de l’occiput allongées formant, de chaque côté, une huppe aplatie; moitié inférieure de la nuque d’un brun cendré; dessus du corps brun noirâtre, chaque plume bordée de cendré ; gorge et joues d’un blanc pur, suivi d une large fraise ou collerette qui les encadre depuis le bas, en remon- tant latéralement jusqu’à la nuque, d’un roux ardent supérieu- rement, et d’un noir lustré inférieurement; devant du cou et parties inférieures du corps d’un blanc lustré avec une teinte rousse mêlée de cendré sur les côtés de la poitrine et de l’abdo- men ; partie nue du lorum rouge; côtés du cou, couvertures supérieures des ailes et rémiges secondaires d’un blanc pur. Bec brun en dessus, rougeâtre sur les côtés et en dessous, avec la pointe blanche ; iris rouge; pieds nuancés de vert et de jaune en devant, d’un brun vert en dehors et en dessous des doigts, avec les bords des membranes interdigitales jaunes. Taille : cinquante et un à cinquante-deux centimètres. Répandu en Europe, en Asie, en Afrique et en Amérique ; habite les bords de la mer, les lacs, les étangs et les rivières ; (1) Revue britannique. Des Murs, Les Oiseaux d’Eau. J. Rothschild, Éditeur, Palis. PI. 42. - G R È R E HUPPÉ — Podiceps cristatus. Latham. — l LES PLONGEURS OU CO L YMBIENS 93 émigre en nageant le long des côtes ; très abondant en Allemagne, en Hollande, en Angleterre et en France, où il est de passage régulier l’automne et le printemps; moins commun dans l’inté- rieur sur les lacs de la France et de la Suisse, où il se reproduit cependant. Il construit un nid flottant, très humide, composé de détritus de végétaux aquatiques, attaché aux roseaux environnants, et fort peu élevé au-dessus de la surface de l’eau. La ponte est de trois à quatre œufs, oblongs, également "pointus aux deux bouts, par conséquent de forme elliptique, blancs et enduits d’une couche lisse, comme surabondante de matière crétacée , changeant de teinte, soit par l’effet de l’incubation, ou plutôt de la fermentation des végétaux dont se compose le nid : ils mesurent de cinquante et un à cinquante-six millimètres de grand diamètre sur trente- trois à trente-sept de petit. On a fait sur cette espèce, et depuis plus longtemps, la même observation que sur le Grèbe oreillard, pour sa manière de pro- téger et défendre ses petits une fois à l’eau, où ils vont et nagent aussitôt leur naissance. A ce moment, les parents s’élancent aussi du nid pour plonger; et, si un danger menace la couvée, ils entraînent leurs poussins sous leurs ailes, pour les soustraire à toutes les recherches. Ce Grèbe, comme probablement toutes les espèces, est sus- ceptible de domestication. Ce sont les peaux de cette espèce qui s’emploient comme four- rures, et deviennent, dans quelques pays, l’objet d’un commerce important. Sous le nom vulgaire de Plongeon , il est bien connu, du reste, par ces beaux manchons, par ces élégantes palatines et ces gar- nitures de chapeaux de femmes d’un blanc argenté, qui ont, avec la moelleuse épaisseur du duvet, le ressort de la plume et le lustre de la soie. Son plumage, sans apprêt, et en particulier celui delà poitrine, est, en effet, un beau duvet, très serré, très ferme, bien peigné, selon l’expression de l’abbé Bexon, et dont les brins lustrés se couchent et se joignent de manière à ne former qu’une surface 94 LES OISEAUX NAGEURS glacée, luisante, et aussi impénétrable au froid de l’air qu’à l’hu- midité de l’eau. PL. 43.— GRÈBE JOU-GRIS. Podiceps griseigena (Gray).— Golymbus griseigenci (Boddaert). Mâle adulte: dessous de la tête d’un noir lustré s’étendant, sous forme de bande, le long de la partie moyenne de la nuque, avec les plumes occipitales allongées, et dessinant sur chaque côté une huppe courte et aplatie ; parties supérieures du corps d’un brun roussâtre, avec les plumes bordées de cendré ; joues et gorges d’unbeau gris bleuâtre entouré d’une teinte blanche ; devant et côtés du cou, haut de la poitrine d’un roux ardent ; parties in- férieures d’un blanc argentin, parsemées de petites taches brun cendré ; flancs et côtés de la poitrine teintés de brun et de rous- sâtre ; rémiges brunes, avec une partie des secondaires blanches. Bec noir, avec les côtés et le dessous jaune orange à la base ; iris rougeâtre ; pieds d’un noir verdâtre et d’un jaune verdâtre marbré de noir en dedans, avec les doigts variés de diverses nuances indécises, orangées, jaunâtres ou verdâtres, etc. Taille variant beaucoup : de trente-trois à quarante centimètres. Habite l’Europe, notamment les provinces orientales , où il est assez commun, l’Asie et l’Amérique; de passage dans le Midi et le Nord de la France ; nulle part plus abondamment répandu que dans le Holstein. Nidification, nourriture et œufs comme pour les précédentes espèces ; ceux-ci mesurant quarante-huit à cinquante et un mil- limètres de grand diamètre, et trente-deux à trente-trois de petit. PL. 43. — GRÈBE A COU NOIR. Podiceps nigricollis (Sundeval, 1848). — Golymbus auritus Var. (B. Linn.).— Podiceps auritus (Lath.). Mâle adulte : parties supérieures d’un noir à reflets verdâtres, avec les plumes du vertex allongées et susceptibles d’érection ; Des Murs, Les Oiseaux d’Eau. J. Rothschild, Éditeur, Paris. Pi. j GRÈBE JOU-GRIS- Podiçeps griseigena. Gray. — J nat. (grèbe A COR NOIE — Podiceps nigricollis. Sundeval. — i nat. LES* PLONGEURS OU COLYMBIENS 95 côtés et devant du cou, haut de la poitrine pareils au dos ; parties inférieures d’un blanc pur, à reflets métalliques, avec les côtés d’un roux marron vif nuancé de cendré; pinceau de longues plumes effilées, d’un jaune clair et roux luisant derrière chaque œil, s’épanouissant sur la région parotique ; couvertures supé- rieures des ailes noires, à reflets; rémiges primaires noirâtres ; rémiges secondaires entièrement blanches et plus ou moins nuan- cées de brun en dehors. Bec noir ; iris et bord libre des pau- pières rouge vermillon ; pieds d’un brun verdâtre en dehors, plus pâle en dedans. Taille : trente et un centimètres environ. Habite l’Europe septentrionale et tempérée, rare au Nord de la France-, commun au Midi, dans les environs de Nîmes, où il se reproduit quelquefois. Se nourrit et niche comme les précédents ;ses œufs, de même forme et couleur, au nombre de trois ou quatre, mesurent dé quarante-deux à quarante-quatre millimètres de grand diamètre sur vingt-huit à trente de petit. PL. 44. — GRÈBE GASTAGNEUX. Podiceps fluviatilis (Gerbe, ex Briss.). — 'Colymbus fluviatilis (Briss., 1760). — Colymbus minor (Gm., 1788). Mâle adulte : dessus delà tête et gorge d’un noir profond; lorums blanchâtres ; nuque et dessus du corps noirs, lavés d’oli- vâtre ; devant et côtés du cou d’un roux marron vif ; poitrine et flancs roussâtres ; milieu de l’abdomen d’un cendré noirâtre, avec une teinte cendré bleuâtre ; cuisses et croupion roussâtres ; cou- vertures supérieures des ailes pareilles au manteau ; rémiges pri- maires brunes ; secondaires brunes sur les barbes externes, blanches sur les barbes internes. Bec noir, jaune verdâtre pâle à la pointe et en dessous à la base ; pieds brun verdâtre en dehors, carnés en dedans ; iris rouge. Taille : de vingt-trois à vingt-quatre centimètres. Habite presque toute l’Europe; commun partout en France durant l’hiver, et sédentaire dans le Nord. LES OISEAUX NAGEURS* Tout autant voyageur sur eau que les plus fortes espèces, il arrive parfois que, surpris par de rigoureux hivers, il se trouve entraîné à la dérive par les glaces. Nous nous rappelons, dans un des derniers grands hivers qui ont sévi à Paris, avoir vu deux ou trois couples de Grèbes Castagneux, portés sur de larges glaçons que charriait la Seine, les quittant pour se remettre à leau, plongeant et remontant ensuite. Ils passaient sous le Pont des Tournelles, à la grande satisfaction des curieux auxquels nous les avions signalés, accourus pour les voir. Quant à la domestication de ces oiseaux, elle est des plus faciles et des plus connues. J. Rothschild, Éditeur, PI. 44. — GRÈBE CASTA.GNBTJX-i ■ ----- — • TOTIPALMES OU PÉLICANS 97 3e TRIBU TOTIPALMES OU PÉLICANS Totipalmi Cette tribu se compose des oiseaux de mer dont les trois doigts antérieurs et le pouce sont réunis par une seule et môme membrane natatoire. Trois familles seules, sur six qu’elle comprend, sont représen- tées en Europe : Les Fous ; Les Pélicans ; Et les Cormorans. Tous se distinguent, en outre, par l’extensibilité, chez la plu- part, et le développement extraordinaire, chez quelques-uns, de la membrane gulaire. 1" FAMILLE LES FOUS. — Sulinæ. Selby dit qu’ils sont d’un caractère fort doux ; qu’à l’ile de Bass, comme ils ne sont jamais tourmentés, ils deviennent très familiers ; et que, dans les lieux où leurs nids sont d’un accès facile, à la surface plane du rocher, sur la côte sud-ouest de l’île, ils se laissent flatter de la main sans la moindre résistance, et sans montrer d’autre signe d’impatience que de faire entendre un grave cri guttural. Mac-Gillivray affirme également que lorsqu’ils courent, ils se laissent approcher à une distance d’un mètre, et quelquefois beau- coup plus près, de manière à ce qu’on puisse les toucher. Lors- qu’on en approche, ils se contentent d’ouvrir leur bec et de faire entendre leur cri ordinaire, ou bien de se lever sur leurs pattes, et de montrer quelque symptôme de mécontentement, mais peu de crainte du danger. il 98 LES OISEAUX NAGEURS La réputation d’imbécillité faite à ces oiseaux est loin d’être établie, et de se produire d’une manière générale. Quoi qu’il en soit, avec cette imbécillité qui, après tout, n’est qu’ap- parente, les Fous sont, de tous les oiseaux de mer, ceux qui ont le plus l’instinct de secours et d’assistance entre eux ; et ils par- tagent tous les autres instincts de conservation ou de défense dé- partis à la généralité de leurs congénères. Nous verrons, en effet, par la suite ce qu’il en est de cette prétendue stupidité. On a dit des Fous ce qu’on a dit de presque tous les oiseaux de mer, qu’il n’est pas d’oiseaux marins dont la présence soit un indice plus certain de la proximité des terres; ce qui doit s’entendre, lorsqu’ils se montrent en troupes. Les rochers et les îlots que fréquentent les Fous sont les mêmes que ceux où se trouvent et habitent par peuplades les Goé- lands, les Phaëtons, etc., ainsi que les Frégates, leurs ennemies acharnées cependant, selon les latitudes propres à chacune de ces familles. Deux des principales stations ou lieux de reproduction des Fous, des mieux connus en Europe, sont : une des côtes d’Écosse, et l’une des Hébrides, Saint-Kilda, dont nous avons déjà parlé. En Islande, selon Faber, les Fous sont beaucoup plus nom- breux dans le Sud que dans le Nord. Mac-Gillivray estime en avoir vu environ vingt mille, lorsqu’il visita l’île de Bass en 1831, et M. Cunningham ne pense pas, d’après le grand nombre qu’il en vit en 1862, qu’il y eût eu une diminution sensible depuis cette époque. Nous verrons tout à l’heure que, même en 1863, leur nombre était resté le même. Sur une douzaine d’espèces qui composent la famille, une seule, celle dont nous venons de parler, appartient à l’Europe. Cette famille ne forme également qu’un groupe générique. Des Murs, J. Rothschild, Éditeur, Paris. PI. 45. — P OU BLAK C, OU DE B SAN — Sula Ba TOTIPALMES OU PÉLICANS 99 GROUPE GÉNÉRIQUE UNIQUE FOU, SULA (Brisson). Bec paraissant formé de trois pièces, droit, plus long que la tête, fendu au delà de l’angle postérieur des yeux, terminé en pointe légèrement courbée, avec les bords delà mandibule supérieure dentelés en scie, les dentelures tour- nées en arrière ; la peau du tour des yeux nue jusqu’à la commissure ; narines basales non apparentes, ne se révé- lant que par le prolongement d’une fente jusqu’à la nais- sance de la pointe apicale du bec ; ailes allongées, aiguës, atteignant presque l’extrémité de la queue ; celle-ci mé- diocre, conique, à rectrices résistantes, tarses beaucoup plus courts que le doigt médian, qui a son ongle pectiné, espèce de peigne singulier, dont l’utilité est souvent indi- quée par la masse de duvet dont il est chargé. PL. 45. - LE FOU BLANC ou DE BASSAN. Sula Bassana( Briss.). Male adulte : sommet de la tête et occiput d’un jaune d’ocre clair; le reste du corps d’un blanc de lait, à l’exception des ré- miges et de l’aile bâtarde, qui sont noires ; bec d’un bleu cendré à la base, blanc à la pointe; membrane nue du tour des yeux d’un bleuâtre clair ; celle qui forme le prolongement de l’ouver- ture du bec, et celle qui s’étend sur le milieu de la gorge, d’un bleu noirâtre; iris jaune ; partie supérieure des doigts et devant du tarse rayés longitudinalement de vert clair ; membranes noi- râtres ; ongles blancs. Taille : quatre-vingt-cinq centimètres envi- ron. Il ne paraît pas se reproduire sur le continent, quoiqu’il se 100 LES OISEAUX NAGEURS rencontre assez souvent sur les côtes de France, et ses princi- pales stations sont les lieux que nous avons déjà cités. M. Cunningham, qui l’a bien observé et étudié dans ces mêmes localités, dit qu’il y arrive vers la fin d’avril, et y construit un grand nid, composé, non pas , ainsi que font avancé d’anciens auteurs, de petites branches, mais principalement de plantes ma- rines, qu’il va souvent chercher fort loin, entre autres, le fucus commun et le fucus digité. Ces nids sont construits dans la forme d’un cône aplati, dont la base a environ cinquante à soixante centimètres de diamètre, terminé par une cavité peu profonde. Les constructeurs déploient une grande industrie dans le choix des matériaux qui leur sont nécessaires, arrachant l’herbe et le gazon avec leurs robustes becs, et se livrant fréquemment des combats pendant leur tra- vail. L’œuf est pondu vers le milieu du mois de mai ; ils n’en font qu’un, qu’ils remplacent si le premier est enlevé. Cet œuf est d’un ovale allongé , un peu renflé, à surface rugueuse, couverte d’un enduit crayeux et d’un blanc presque pur ou légèrement azuré. 11 mesure de soixante-dix à soixante-quinze millimètres pour le grand diamètre, et quarante-huit à cinquante pour le petit. La domestication de ces oiseaux est assez facile. A ce fait de domestication, vient se joindre celui que nous avons déjà cité en 1852 (1) de M. Ferrary, de Quimper. L’organisation pneumatique, commune à tous les oiseaux de la famille, a été depuis mise en évidence chez le Fou de Bassan, par M. Owen, qui en adonné d’excellents détails anatomiques. (1) Encyclopédie d’histoire naturelle. Oiseaux. TOTIPALMES OU PÉLICANS 101 2e FAMILLE LES PÉLÉCANINÉS ou PÉLICANS proprements dits. — Pelecaninæ (G. -R. Gray). Les Pélicans sont principalement caractérisés par une énorme poche gutturale, par la face nue, par l’ongle à bords lisses du doigt médian ; enfin, par un bec fendu, au plus jusqu’à l’angle postérieur des yeux, beaucoup plus long que la tête. Ce bec est plat au-dessus, comme une large lame relevée d’une arête sur sa longueur, et se terminant par une pointe en croc ; le dedans de cette lame, qui fait la mandibule supérieure, présente cinq nervu- res saillantes, dont les deux extérieures forment des bords tran- chants ; la mandibule inférieure ne consiste qu’en deux branches flexibles qui se prêtent à l’extension de la poche membraneuse qui leur est attachée, et qui pend au-dessous comme un sac en forme de nasse. Au fond de cette même poche est cachée une langue si courte, qu’on a cru pendant longtemps qu’ils n’en avaient point. Les Pélicans offrent, dans la série, la première association d’oiseaux non seulement pour le lieu de leurs retraites d’habita- tion et de nidification, toujours par colonies, comme les espèces précédentes ; mais pour la recherche de leur nourriture, et l’or- ganisation régulière et méthodique d’une véritable pêche générale à l’effet de recueillir en commun la quantité de poisson nécessaire à assouvir leur appétit ou à satisfaire les besoins de leur famille ; ils ont même des dépôts dans lesquels ils accumulent et entassent leurs provisions. Ce sont, en effet, de tous les oiseaux de mer, les plus infatigables et les plus insatiables destructeurs de poisson. Du reste, leur caractère domesticable est familier. On en compte une dizaine d’espèces appartenant aux contrées chaudes des deux mondes, au lieu de trois seulement que con- naissait Buffon. Les Pélicans sont aussi remarquables et intéressants par la hauteur de leur taille, qui atteint près de deux mètres, et par le 102 LES OISEAUX NAGEURS sac qu’ils portent sous le bec, que par la célébrité fabuleuse con- sacrée par les emblèmes religieux des peuples, laquelle reposait sur une observation beaucoup plus proche de la vérité, que n’ont voulu l’admettre Buffon et l’abbé Bexon. C’est, en effet, de l’habitude de vider leur poche ensanglan- tée, au bord du nid qui renferme leurs petits, qu’est née cette croyance populaire, que le Pélican s'ouvrait V estomac pour nourrir sa progéniture de ce qui s'y trouvait enfermé. Pour qui n’aperçoit que de loin, et sans grande attention, cet acte de maternelle pré- voyance, on peut se figurer aisément, à voir cette énorme poche ouverte, et garnissant tout le devant du corps depuis le menton jusqu’au bas de l’estomac, que toute la partie antérieure de l’oi- seau, comme déchirée, laisse apparaître les entrailles au milieu de cette masse sanguinolente de poissons, et il n’y a rien d’éton- nant à ce qu’on s’y soit mépris autrefois, dans l’enfance de la science. Cette famille ne forme qu’un seul groupe générique. PI. 46. -PÉLI C AN ONO TOTIPALMES OU PÉLICANS 103 GROUPE GÉNÉRIQUE UNIQUE PÉLICAN, PELECANUS (LinnB Ses caractères sont, en dehors du bec et de la poche ci-dessus décrits : des narines aussi presque invisibles que la langue, placées à la racine du bec, ouvertes dans le sil- lon delà mandibule supérieure; des ailes allongées, aiguës ; une queue de moyenne longueur, ample, presque égale, composée de dix-huit à vingt rectrices; lebas des jambes nu sur une petite étendue ; les trois doigts antérieurs et le pouce unis par une palmature entière, étendue jusqua leur extrémité, et, à la différence du Fou, l’ongle du doigt médian lisse sur son bord interne. Deux espèces seules se voient, nichent et se reproduisent en Europe. PL. 46. -PÉLICAN ONOCROTALE. Pelecanus onocrotalus (Linn.). Mâle adulte ; en plumage de noces ; en entier blanc, nuancé de rose clair, Couleur qui disparaît chez l’oiseau mort, avec les plu- mes occipitales longues, effilées en forme de huppe pendante ; région du jabot jaune d’ocre clair ; rémiges noires ; queue courte, échancrée ; bec gris bleuâtre au milieu, en dessus et en dessous, dans sa moitié postérieure, jaune tirant sur le blanc dans le reste vers l’extrémité, avec des bandes sur les côtés, surmonté à sa base d’une excroissance grosse et charnue, sinuée d’avant en arrière à son sommet, haute de près de quatre centimètres et recouverte des mêmes plumes que le front ; bords des mandibules et l’onglet rouges ; yeux très petits ; iris rouge de cire foncé, avec des raies blanchâtres, et la conjonctive saillante et d’un rouge LES OISEAUX NAGEURS orange; partie nue cle la face couleur de chair, avec le front tu- méfié formant une protubérance ovale d’un rouge brique ; poche gutturale d’un jaune d’ocre, veiné de rouge bleuâtre; bas des jambes tarses et doigts rosés, nuancés de jaune orange anté- rieurement et sur les articulations; palmalure d’un jaune rou- geâtre. Taille de un mètre quatre-vingt-seize centimètres environ. C’est de la troisième à la quatrième année qu’il revêt son plu- mage complet. Il est répandu dans les contrées orientales de l’Europe et en Afrique, du Nord jusqu’au Sud ; commun dans le sud de la Hon- grie, sur les côtes de la Dalmatie, en Moldavie, en Crimée et en Grèce. Niche à terre, dans le voisinage des eaux, principalement aux endroits couverts de roseaux ; nous verrons à l’espèce suivante, dont il a les habitudes, comment est établi" et construit son nid. Ses œufs, au nombre de trois ou quatre, sont d’un blanc pur très mat recouvert d’une couche de matière crétacée d’un blanc lai- teux. Ils mesurent de neuf à dix centimètres dans un sens, sur soixante et un à soixante-cinq millimètres dans l’autre. Il ne vit que de poissons qu’il pêche avec une rare habileté. PL. 47. — PÉLICAN FRISÉ. Pelecanns crispus (Bruch-lsis, 1832). Mâle adulte : tête et cou d’un blanc argentin, avec les plumes du vertex et de l’occiput allongées, soyeuses, très lâches et con- tournées, formant une espèce de touffe ; plumes du dos, scapu- laires et couvertures supérieures des ailes longues et blanches, avec la tige noirâtre ; rémiges primaires grises à la base et noires dans le reste de leur étendue ; rémiges secondaires blanches et grises à l’extrémité ; rectrices d’un blanc argentin avec les ba- guettes noires ; bec gris en dessus, maculé de bleu et de rouge ; partie nue des paupières et lorüms d’un rouge jaunâtre et bleuâ- tre près du bec; iris jaune clair; poche gutturale jaune orange, J. Rothschild, Éditeur, Paris. Pi. 47. — PÉLICAN PRISÉ-, T0T1PALMES OU PÉLICANS 105 veinée de gris et de rougeâtre, et masquée, de chaque côté, d’une grande tache d’un cendré clair ; pieds d’un cendré foncé. Taille : près de deux mètres (Gerbe). Il habite l’Europe orientale, l’Asie el l’Afrique septentriona- les. Jadis commun en Grèce, on le rencontre fréquemment et presque partout en Dalmatie et dans la Russie méridionale ; plus commun que le précédent dans les parages de la mer Noire, où l’un et l’autre se reproduisent. D’après M. Nordmann, ilniche sur les îlesvoisines du Danube, sur le Kouban, le Don et le Boug, et sur le littoral de la mer d’Azoff, principalement dans les endroits couverts de roseaux : nous allons voir comment. Ils pondent deux à quatre œufs, généralement un peu plus forts que ceux du Pélican blanc, ou onocrotale. Leurforme, comme chez l’œuf de celui-ci, est celle d’un ovale allongé dont les deux pôles sont presque égaux ; ils mesurent de neuf et demi à dix cen- timètres de grand diamètre, et de cinq et demi à six de petit ; ils sont blancs et recouverts d’une couche crétacée également blan- che, mais laiteuse. Il y a cela de particulier, c’est que, frais pondus, l’un des bouts, celui qui sort le dernier du cloaque, est presque toujours maculé de sang conservant sa couleur normale pendant quelque temps et tournant à la longue au brun sale ou verdâtre. D’autres observations plus récentes ont été faites en Grèce, par M. Hodeck, sur la même espèce qui, trop inquiétée, tendrait à en disparaître pour se retirer dans des lieux moins accessibles à l’homme. On a cru, jusqu’à aujourd’hui, que les Pélicans ne nichaient que sur de petites îles flottantes ; mais c’est précisément le contraire qui a lieu, car ils les évitent avec soin, voulant avant tout être garantis contre le vent et être exposés au lever du soleil. M. le professeur Nordmann, qui a été témoin, le deux avril 1836, d’une de leur pêche en commun sur un des lacs Limans, près Odessa, en parle en ces termes : C’est ordinairement dans les heures de la matinée, ou le soir, i. 12 106 LES OISEAUX NAGEURS que les Pélicans' se réunissent pour pêcher, procédant d’après un plan systématique qui est apparemment le résultat d'une espèce de convention. Après avoir choisi un endroit convenable, une haie, où l’eau soit basse et le fond lisse, ils se placent tout au- tour’en formant un grand croisant ou un fer-à-cheval ; la distance d’un oiseau à l’autre semble être mesurée : elle équivaut à une envergure de trois à quatre mètres. En battant fréquemment la surface de l’eau avec leurs ailes déployées, et en plongeant de temps en temps avec la moitié du corps, le cou tendu en avant, les Pélicans s’approchent lentement du rivage, jusqu’à ce que les poissons, réunis de la sorte, se trouvent réduits à un espace étroit. Alors commence le repas commun. Mais il arrive ici ce qui s’observe partout : c’est qu’une foule d’autres oiseaux de mer, à l’affût des habitudes régulières de ces industrieux pêcheurs, accourent, en véritables parasites, pour profiter de leur travail et prendre indûment la part de son pro- duit. Outre les quarante-neuf Pélicans dont la bande se compo- sait, il s’était assemblé sur les tas d’ulves, de conserves et d’une masse de coquilles rejetées par les vagues, des centaines de mouettes, d’hirondelles de mer qui se préparaient à happer les poissons chassés hors de l’eau, et à partager entre elles les restes du repas. Enfin, plusieurs Grèbes, nageant dans l’espace circonscrit parle demi-cercle tant que cet espace fût assez grand, prirent, eux aussi, leur part du festin, en plongeant fréquemment après les poissons effrayés et étourdis. En 1867 et 1868, on pouvait estimer le nombre de Pélicans frisés jusqu’à l’Ardjir et la Czernawoda à cinq mille individus qui détruisent, dans ces parages, trois millions deux cent cinquante mille kilogrammes de poisson par an. Mais à partir de cet en- droit, en allant vers l’ouest, il était complètement impossible de faire une estimation, même approximative, du nombre vraiment incroyable des nichées de ces oiseaux, et c’est par millions qu’il faut les compter. L’imagination renonce à se figurer la quantité de poisson qui a été engloutie par ces légions de piscivores ou d’ichthiophages. TOTIPALMES OU PÉLICANS 107 Ce gigantesque oiseau vole avec une grande vigueur, avec une extrême rapidité pendant plusieurs heures; lorsqu’il est chassé de son nid, il s’élève en un instant à une telle hauteur, que l’on peut à peine l’apercevoir. Cette grande puissance de vol serait néan- moins étonnante dans un oiseau qui pèse douze ou treize kilo- grammes, si elle n’était merveilleusement secondée par la grande quantité d’air dont son corps se gonfle, grâce à un appareil pneumatique des mieux distribués, et aussi par la légèreté de sa charpente ; tout son squelette ne pèse pas un kilogramme. Malgré leur aptitude à la domestication, dont les exemples ne manquent pas, il paraît que les Pélicans sont des oiseaux redou- tables pour les animaux avec lesquels ils ne sympathisent pas. Le Pélican, enfin, se rend l’auxiliaire de l’homme, d’une ma- nière efficace et directe ; et les Chinois, sous ce rapport, ont su' de tout temps l’apprivoiser et l’utiliser comme nous les ver- rons faire du Cormoran. Quant à sa longévité , on la dit fort grande. On en cite ayant vécu quarante et quatre-vingts ans. 3' FAMILLE LES PHALACRQCORACES ou CORMORANS. - Phalacrocoracinæ. Les Cormorans closent la tribu des Totipalmes. L’abbé Bexon décrit ainsi le Cormoran : un assez grand oiseau à pieds palmés, aussi bon plongeur que nageur, et grand des- tructeur de poissons. Sa taille est généralement plutôt mince qu’épaisse et allongée par une grande queue plus étalée et beau- coup plus longue qu’elle ne l’est communément dans celle des oiseaux d’eau ; cette queue est composée de quatorze plumes raides. Mais cet allongement et cette raideur inusitée des plumes caudales a sa raison d’être. Le Cormoran poursuit sa proie jusque dans les profondeurs des eaux ; et il a, dans sa queue, non seulement un puissant gouvernail, mais encore un véritable propulseur, •108 LES OISEAUX NAGEURS Il est juste d’ajouter que le Cormoran, lorsqu’il se repose sur les rochers qui bordent la mer, s’appuie sur sa queue comme sur un troisième pied. Il lui arrive aussi cette singulière habi- tude, ainsi posé, de se redresser sur ses pattes, le cou allongé, et de rester immobile, les ailes entièrement étendues , soit lorsqu’il pleut, pour mettre son intérieur au contact de l’eau, soit lorsque luit le soleil, pour en sentir la chaleur. Tous actes auxquels 1 aide puissamment la raideur de sa queue. Le Cormoran est du petit nombre des oiseaux marins qui ont les quatre doigts assujettis et liés ensemble par une membrane d’une seule pièce et dont le pied, muni de cette large rame, semblerait indiquer qu’il est très grand nageur, ce qui est vrai ; cependant, comme il ne va à l’eau que pour y chercher sa nour- riture, il y reste moins relativement que plusieurs autres oiseaux aquatiques, dont la palme n’est ni aussi continue, ni aussi élargie que la sienne ; il prend fréquemment son essor et se perche sur les arbres. Il a enfin le bec long, droit, comprimé, à arête arrondie, avec la mandibule supérieure très courbée vers la pointe qui est fortement crochue. Dans quelques pays, comme la Chine, on a dû mettre àprofit le talent du Cormoran pour la pêche et en faire, pour ainsi dire, un pêcheur domestique, en lui bouclant le cou pour 1 empêcher d’avaler sa proie. C’est le système qu’ont suivi, pour les pêches aux Cormorans, dont ils ont donné le spectacle en France, MM. Lecoutteux et de La Rue. La famille ne forme encore qu’un groupe générique. TOTIPALMES OU PÉLICANS 109 GROUPE GÉNÉRIQUE UNIQUE CORMORAN, PHALACROCORA X (Rrisson). Bec fendu au delà de l’angle postérieur des yeux, plus long que la tête, assez épais, droit, comprimé, à bords lis- ses, à mandibule supérieure se relevant et arrondie au sommet qui se termine en une forte pointe crochue, à mandibule inférieure tronquée et s’emboîtant dans le cro- chet ; narines basales, dans un long sillon ; ailes médiocres, sub-aigués, avec les bras assez longs, mais garnis de pennes courtes, ne recouvrant que la base de la queue ; celle-ci allongée, arrondie, composée de pennes raides, à baguettes élastiques ; bas des jambes entièrement emplumé ; tarses aplatis latéralement, très courts, du tiers de la longueur du doigt médian, dont l’ongle est pectiné sur son bord in- terne. On compte une quarantaine d’espèces de Cormorans des diverses parties du monde, dont la taille varie de soixante-dix- huit à quarante-huit centimètres. La couleur dominante de leur plumage est, en dessus, d’un brun noir foncé à reflets bronzés, plus ou moins entremêlé de blanc en dessous. Ils nourrissent leurs petits en leur dégorgeant les aliments plus ou moins élaborés. Les deux sexes participent à l’acte de l’incubation ; et leurs petits ne vont à l’eau qu’après avoir perdu leur duvet. Leur tête est sensiblement aplatie, comme chez presque tous les oiseaux plongeurs ; leurs yeux sont placés très en avant et près des angles du bec. Trois espèces seulement les représentent en Europe. Quel- ques-uns portent des caroncules et tous ne sont pas privés 110 LES OISEAUX NAGEURS d’ornemenls, à commencer par le Cormoran ordinaire, qui habite l’Europe, la Sibérie et le nord de l’Amérique. PL. 48. — LE CORMORAN ORDINAIRE. Phalacrocorax carbo (Leach, ex Linn.). — Pelecanus carbo (Linn.). Mâle adulte : presque en totalité d’un vert foncé ou noirâtre à reflets ; occiput garni de plumes allongées formant huppe ; vertex couvert déplumés effilées et soyeuses d’un blanc argentin; partie nue delà gorge jaunâtre, encadrée d’un large collier blanc terne se prolongeant jusqu’aux yeux, et bordé de noir verdâtre ; grand espace blanc pur en dehors des jambes ; rémiges et rectrices noires. Bec noirâtre ; iris vert d’eau ; partie nue des paupières et des joues verdâtre ; pieds noirs. Longueur totale : soixante-dix-sept à soixante-dix-huit centimètres. On remarque fréquemment, et chez un grand nombre d’in- dividus, au sommet de la tête et au cou, des faisceaux de petites plumes blanches décomposées, ressemblant à un reste de duvet du premier âge. Il convient d’observer, avec Temminck, que ces plumes paraissent au printemps, dans les interstices des autres plumes du corps que la seconde mue ne fait pointtomber. Les deux sexes en sont ornés ; et ces plumes accessoires, véritablement caduques, tombent les premières, même avant l’époque de la mue d’automne, ce qui fait qu’on ne trouve de Cormorans de cette livrée que vers le temps des amours ou celui de l’incubation. Elles ne sont donc pas, comme l’a cru G. Cuvier, un attribut des mâles. En France, dit Gerbe, il vit sédentaire sur quelques points des côtes de l’Océan, et se montre de passage régulier, au printemps et à l’automne, dans beaucoup de localités de nos départements septentrionaux limitrophes de la mer. Il se reproduit dans le Boulonnais, sur les falaises qui bor- dent la mer, depuis Montreuil jusqu’à Dieppe, sur presque toutes les côtes rocheuses et les îles de la Bretagne ; et dans les rochers de Biarritz, près de Bayonne. Des Murs, Les Oiseaux d’Eau. J. Rothschild, Editeur, Paris. PL 48. — CORMORAN ORDINAIRE — Phalacrocoràx carbo. Leach. — J PI. 49. — COEMOÉAH HUPPÉ— Plie Stephens. TOTIPALMES OU PÉLICANS lit C’est sur les arbres , assez souvent parmi les rochers, qu’il construit son nid ; rarement il l’établit- au milieu des joncs, du moins en France. Il en est autrement dans les polders de la Hollande, d’après les intéressants détails donnés par Sonnini, sur les colonies de Cormorans d’Yssel-Meer. Ce nid, dans les hautes falaises de Dieppe, est épais, composé de racines, de brins de bois sec et de tigesvertesde colza, solidement entrelacés, et garni d’herbes vertes à l’intérieur. C’est ainsi que l’y a toujours observé Hardy. Ils ne craignent même pas, dans cette dernière localité, dit cet observateur, le voisinage d’une ou deux paires de Faucons pèlerins, qui y ont pris gîte depuis longues années. Sa ponte y est de quatre ou cinq œufs, dont nous avons déjà décrit les. caractères, et dont les dimensions sont de soixante à soixante-six millimètres pour le grand diamètre, et de quarante à quarante-deux pour le petit. Il arrive à ce Cormoran , ce qui arrive probablement à beaucoup d’autres de ses congénères, de s’égarer dans l’intérieur des terres en certaines saisons. PL. 49. — LE CORMORAN HUPPÉ. Phalaerocorax cristatus (Steph., ex Fabr.). — Pelecanus gracuhis (Linn.). Entièrement d’un vert foncé, à reflets bronzés sur les parties supérieures du corps, avec les scapulaires et les couvertures des ailes encadrées par une bande étroite d’un noir velouté ; plumes médianes du vertex allongées, formant une sorte de toupet susceptibles d’épanouissement et d’érection. Bec brun, avec la base et ia partie nue de la gorge jaunes ; iris vert de bouteille ; pieds noirs. Taille de cinquante à soixante centimètres. Habite les côtes occidentales de l’Europe, et quelques-unes des îles de la Méditerranée, telles que la Sardaigne, la Corse, etc. Se montre accidentellement sur les côtes de Picardie. Vit sédentaire et se reproduit en assez grand nombre aux îles de Jersey, Guernesey, With ; et dans les rochers qui bordent LES OISEAUX NAGEURS les environs de Cherbourg, ainsi que sur plusieurs points du Finistère. Ses œufs mesurent de cinquante-sept à soixante milli- mètres de grand diamètre, sur trente-six à trente-huit de petit. PL. 50. - LE CORMORAN PYGMÉE! Phalacrooorax pygmæus (Dumont, ex Pall). — Pelecanus pygmæus (Palas). Mâle adulte : dessus et dessous du corps d’un noir verdâtre, avec un grand nombre de points et de petits traits blancs formés de petites plumes déliées, aux joues, au ventre, au cou et en dehors des jambes ; scapulaires et eouvertùres supérieures des ailes d’un brun cendré à reflets, bordées de noir velouté ; plumes occipitales allongées comme chez le Cormoran ordinaire ; rémi- ges et rectrices d’un noir verdâtre profond. Bec, partie nue des paupières et de la gorge noirs ; iris d’un noir bleu ; pieds d’un cendré noirâtre. Taille de cinquante à cinquante-cinq centi- mètres. Habite l’Asie septentrionale et occidentale, l’Europe orientale et l’Afrique septentrionale. Selon MM. Naumann et Baldamus, il se reproduit en assez grand nombre dans le sud de la Hongrie, en Valachie, en Mol- davie. Ce dernier en a rencontré des nids dans les marais du Banat, de la Save et du Danube. Ces nids reposaient , soit sur des arbres, soit sur des arbrisseaux, et souvent à côté de nids de Hérons, dont il semble rechercher la société. Ses œufs mesurent de quarante-huit à cinquante et un millimètres de grand diamètre, sur trente et un à trente-trois de petit. De s Murs, Les Oiseaux d’Eau. J. Rothschild, Éditeur, Paris. PI. 50. — C O R M O R AN P T GM pygmœns. Dumont.— ■J »t. P ALMATI-GR ALLES OU FLAMANTS 113 3e SOUS-ORDRE LES PALMATI-GR ALLES PALMATI-GRALLÆ TRIBU UNIQUE A l’exemple de Gerbe, nous constituons ce sous-ordre pour une seule tribu ne comprenant elle-même qu’une famille repré- sentée par un unique groupe, celui des Flamants ou Phéni- coptérinés. Totipalmes par le caractère organique de leur œuf, ainsi que nous l’expliquerons , ils sont Échassiers par l’extrême longueur de leurs jambes, véritables échasses terminées par trois doigts entièrement palmés, avec le pouce libre , et établissent, par la combinaison de ces rapports extrêmes, le lien de tran- sition, aussi naturelle que possible, de la tribu qui précède à celle qui va suivre. 13 H4 P A L M A T I - G R ALLÉS Ob' FLAMANTS FAMILLE UNIQUE PHÉNICOPTÉRINÉS ou FLAMANTS, PIIÆNICOPTERINÆ. A la suite des Totipalmes , nous voyons surgir tout à coup un type de Nageur-Échassier se rattachant intimement, par ses caractères zoologiques, aux Pélicans d’une part et, par un de ses caractères organiques, aux Lamellirostres ou Canards qui viennent ensuite. Il faut supposer que cette famille des Flamants, assez nombreuse par ses individus , avait encore , au moment de son apparition sur le globe, d’autres congénères organisés sur le même type, mais disparus depuis, ou dont on ne retrouve guère de tracés fossiles. PAL MATI-GR ALLES OU FLAMANTS 113 GROUPE GÉNÉRIQUE UNIQUE PHÉNICOPTËRE ou FLAMANT, PHÆNICOPTERUS (Linn.). A part la teinte de son plumage couleur de feu, le Flamant a d’autres caractères assez frappants : son bec, d’une forme extraordinaire, aplati, fortement fléchi et presque brisé en-dessus, comme une large cuiller ; ses jambes d’une excessive hauteur; son cou long et grêle, son corps haut monté, offrent une figure d’un beau bizarre, selon l’expression de Buffon, et d’une forme distinguée parmi les plus grands oiseaux aquatiques et de rivages. Le Flamant, en effet, paraît faire la nuance entre la grande tribu des oiseaux de rivages, par la dimension de ses jambes, et celle tout aussi grande des oiseaux navigateurs, desquels il se rapproche par les pieds à demi palmés, et dont la membrane, qui unit seulement les trois doigts, et de l’une à l’autre pointe, se retire dans son milieu par une double échancrure. Tous les doigts sont très courts, et l’in- térieur est fort petit, le corps l’est aussi relativement à la longueur des jambes et du cou ; enfin la queue est très courte et dépassée par les ailes. Ses. mœurs ne sont pas moins singulières que ses indications zoologiques. Les Flamants, dont l’abbé Bexon, comme Buffon, ne con- naissait qu’une seule espèce, le Flamant rose ou des anciens, celle commune au midi de l’Europe et à l’Afrique, forment au- jourd’hui une petite famille composée de six espèces, réparties entre les quatre parties du monde, dont nous ne décrirons que celle particulière à l’Europe avant d’entrer dans le détail de leurs mœurs. PAL MATI-GR ALLES OU FLAMANTS MO PL. 51. - LE FLAMANT ou PHÉNICOPTÈRE ROSE, ou DES ANCIENS. Phænicopterus roseus (Pall.). Mâle adulte: d’un beau rose clair, avec des teintes plus vives sur la tête, le dos , les barbes externes des pennes cau- dales ; les couvertures supérieures des ailes sont d’un rouge ardent; les rémiges d’un noir profond. Le bec est d’un rouge rose, quelquefois d’un rouge orange pâle, avec la pointe noire ; l’iris d’un jaune brillant; les pieds sont d’un rose rouge. Sa taille varie de un mètre trente à un mètre cinquante centimètres en- viron. Il habite le midi de l’Europe, l’Asie occidentale et le nord de l’Afrique. On le trouve en grand nombre dans les parages de la mer Caspienne ; il se montre aussi, mais plus rarement, dans ceux de la mer Noire ; il n’est pas rare sur plusieurs points des côtes orientales de l’Espagne , et , en France , dans les vastes étangs salins qui s’étendent à droite et à gauche de 1 embouchure du Rhône, depuis Bouc jusqu’aux Cabanes. Quelques individus éga- rés ont été tués en Savoie , près de Strasbourg et sur d’autres points de l’intérieur delà France. On voit, quelquefois, en effet, mais non tous les ans , arriver le Flamant sur les côtes de nos départements méridionaux. Cet oiseau est connu, dans quelques parties du Languedoc, sous le nom de Becharu , contraction des mots Bec-de- Charrue, et ce nom lui convient assez bien, tant à cause de la forme de son bec, qui est figuré comme un soc de charrue, que par l’usage qu’il en fait pour labourer le limon des plages, en cherchant les insectes et les mollusques dont il se nourrit. Dans d’autres cantons , on le nomme Flamant , et ce nom , qui est beaucoup plus générale- ment connu, puisqu’il lui est resté, lui vient de la couleur de feu de son plumage, d’où son nom portugais Flamingo. Quelque extraordinaire que soit la manière de nicher, ou plutôt de couver des Flamants , les voyageurs anciens , comme PALMAT1-GRALLJES OU FLAMANTS 117 les voyageurs modernes, sont à peu près d’accord dans les des- criptions qu’ils en font. Chaque nid est un cône élevé de quarante-cinq à cinquante centimètres, et dont la partie supérieure est tronquée et concave comme le fond d’un nid ordinaire, mais sans être tapissé de plantes. Chaque nid est distanhde quatre-vingt-trois centimètres de ceux qui l’entourent. Les œufs des Flamants, généralement au nombre de deux, comme nous l’avons dit, sont d’un blanc pur très mat, sans taches, recouverts d’une forte couche crayeuse, si peu adhérente parfois quelle enduit les doigts comme du plâtre. Les dimensions de ceux du Flamant sont de huit à neuf centimètres pour le grand diamètre,- et de cinq à cinq et demi pour le petit ; leur forme est allongée, une extrémité plus pointue que l’autre ; la transparence de la coquille est d’un verdâtre très prononcé. La nourriture des Flamants est à peu près la môme dans tous les pays : ils mangent des coquillages, des œufs de poissons et des insectes aquatiques; ils les cherchent dans la vase en y plongeant le bec et partie de la tête ; ils appuient la portion plate du dessus de la mandibule supérieure sur la terre , remuant en même temps et continuellement de haut en bas ; en un mot, ils piétinent pour porter la proie avec le limon dans leur bec, dont la dentelure intérieure sert à la retenir. Sur les côtes d’Europe notamment, on le voit se nourrir de poissons, ces dentelures n’étant pas moins propres que de véritables dents pour retenir cette proie glissante. Le Flamant ne serait pas plus difficile à domestiquer que les autres oiseaux palmipèdes; seulement il faut l’avoir jeune. Les anciens faisaient un grand cas de la chair des Flamants qui, à certaines époques de l’année, sont assez communs en Grèce et dans le midi de l’Italie, et ils servaient ces oiseaux dans les meilleurs repas. On a souvent cité l’histoire de l’Empereur Hé- liogabale, entretenant des troupes de chasseurs chargés de lui fournir les langues de ces oiseaux en abondance. 118 LES OISEAUX D’EAU- LAMELLIROSTRES 4e SOUS-ORDRE LES LAMELLIROSTRES PALMIPEDES LAMELL1ROSTRI S TRIBU UNIQUE ANATINÉS ou CANARDS, AN AT IN Æ Nous voici arrivé à la dernière division de l’ordre des Palmi- pèdes-Nageurs : c’est aussi la plus considérable, puisqu’on compte aujourd’hui près de cent quatre-vingts espèces répandues sur toutes les parties du globe, sans exception. De ce grand nombre, il résulte une confusion d’aptitudes diverses , au travers de la- quelle il n’est pas sans difficulté de se guider, à l’effet d’établir quelques caractères spéciaux de mœurs. La nourriture des Lamellirostres ou Canards consiste en pois- sons, mollusques, insectes aquatiques, graines et végétaux. Les uns habitent les eaux salées et les bords de la mer et se voient peu à terre ; d’autres vivent sur les eaux douces ; la plupart se submergent lorsqu’ils sont vivement poursuivis ; plusieurs es- pèces plongent tout le corps, et restent assez longtemps sous l’eau pour saisir les aliments qui leur sont nécessaires; d’autres, pour cela, se bornent à faire usage de leur long cou, en ayant la tête plongée. Tous ont la démarche vacillante et embarrassée. Ils fournissent un bon aliment ; se. laissent, sauf quelques exceptions, facilement élever en domesticité, où ils arrivent même, pour le plus grand nombre, à se reproduire et à multiplier; et plusieurs, par l’éclat ou le contraste des couleurs de leur plumage, font l’ornement des parcs et des pièces d’eau où ils se trouvent. Leurs caractères zoologiques généraux sont : d’avoir le bec formé d’une substance molle et membraneuse, sauf un crochet terminal qui en forme la pointe, avec les bords des deux mandi- ANATINÉS OU CANARDS 119 bules garnis de lamelles ou dents plus ou moins fines ou résis- tantes, d’où leur nom de Lamellirostres enfin, les trois doigts antérieurs seulement unis par une membrane , le pouce restant libre et légèrement élevé au-dessus du sol ; parfois lobé, c’est-à- dire garni en dessous d’une excroissance membraneuse figurant le rudiment d’une membrane natatoire isolée, ce qui caractérise les meilleurs plongeurs d’entre eux. Un autre caractère, qui leur est plus spécial, est à remarquer : de tous les oiseaux, et principalement de ceux qui vivent sur l’eau , les Lamellirostres sont ceux qui , avec et après le Fla- mant, ont la langue la plus volumineuse, la plus charnue, la plus papilleuse, la plus couverte de mucosités, et celle qui, à part la mobilité, a le plus d’analogie avec celle des mammifères; elle est terminée à sa pointe par une sorte d’onglet cartilagineux. Plusieurs espèces, enfin, ont le poignet de l’aile orné d’un éperon plus ou moins acéré qui n’est autre chose qu’une apophyse du métacarpe, ou l’os qui forme la troisième partie de l’aile des oiseaux, et près de son articulation avec la seconde partie ; cette apophyse est formée par un prolongement de la substance osseuse et recouverte par une matière semblable à celle de la corne. Cette apophyse, véritable arme propre à l’attaque et à la défense, sert en meme temps à quelques-uns pour se creuser des terriers, à quelques autres, étrangers à l’ancien monde, pour remonter les cascades et les torrents au travers des roches auxquelles ils se cramponnent. Du reste, les uns construisent leurs nids avec des graminées; des roseaux, du goémon ou du varech, soit au bord des eaux, soit à terre ; les autres nichent dans les rochers ou sur les arbres, même à d’assez grandes hauteurs ; plusieurs font des terriers ou s’emparent de ceux déjà pratiqués par d’autres animaux, pour s’y établir . Mais ils se distinguent de tous les oiseaux que nous avons passés en revue jusqu’ici, par une disposition toute particulière qu’ob- servent leurs bandes nombreuses dans leurs transports en masse à grandes distances, et dans leurs lointaines migrations. Les 120 LES OISEAUX D’EAU— LAMELLlilOSTUES oiseaux qui précèdent , en si grand nombre qu ils se trouvent réunis et qu’ils parcourent l’air, volent par troupes désordonnées et comme s’il ne s’agissait entre eux que d’une lutte de vitesse. il n’en est pas de même pour les oiseaux qui nous occupent. Chez eux, l’ordre du départ et de la marche est établi et ob- servé avec une régularité parfaite. Les vieux d’abord sont en tête; les jeunes viennent ensuite. Ce n’est pas tout : comme les premiers sont chargés de diriger les autres , ils pratiquent une méthode invariable. Ou ils sont disposés en ligne perpendiculaire à la marche suivie, ce qui est le cas le plus rare, ou, ce qui est le plus ordinaire, ils dessinent un angle fendant l’air : le chef prend la tête ; les autres , à partir de celui-ci , sont rangés sur deux lignes s’écartant par la base, et formant un angle dont il est le sommet ; lorsque sa corvée est suffisamment faite, ou que la fa- tigue le gagne, il cède sa place à un autre, et ainsi de suite jus- qu’au dernier, ceux qui se retirent allant reprendre la file. C’est cette disposition régulière et en quelque sorte géométrique qui a fait dire, qu’ils dessinaient dans leur vol des caractères alphabé- tiques, quoique la seule lettre qu’on puisse y reconnaître, avec quelque bonne volonté, soit le premier de ces caractères, que représente le mieux un angle ouvert, comme celui qu’ils forment en réalité. Presque tous les Lamellirostres sont crépusculaires, leurs al- lures étant plus de nuit que de jour : ils paissent, voyagent, ar- rivent et partent principalement le soir, et même la nuit ; la plupart de ceux que l’on voit en plein jour ont été forcés de prendre essor par les chasseurs ou par les oiseaux de proie. La nuit, le sifflement du vol et le bruit uniforme de leur cri décèlent leur passage. Cette habitude est une nécessité de leur conserva- tion pour leur éviter les poursuites des Faucons et des Aigles. Quant à leur organisation intérieure, la charpente osseuse, l’appareil sternal et toutes les formes intérieures des uns et des autres sont en rapport avec toutes les fonctions dont nous venons de parler. Mais ce qui leur est particulier, c’est une diversité étonnante dans la conformation de leur trachée , diversité telle ANATINÉS OU CANARDS 121 qu’elle varie, sinon d’une espèce, du moins d’un groupe à l’autre. Il faut, à ce sujet, consulter Sabine, qui en a fait une très bonne étude anatomique, surtout au point de vue des voies respiratoires de toute la famille, étude dont s’est servi Temminck. Chez tous, les femelles couvent seules, et les mâles se tiennent simplement dans le voisinage du nid ; aucun d’eux ne nourrit les petits, qui vont à l’eau aussitôt leur naissance. Enfin, quoique privés d’ornements, quelques espèces sont pourvues d’expansions charnues, plus ou moins vasculaires ou sanguines , tantôt au-dessous du bec et du menton , tantôt à la naissance supérieure du bec, tantôt en forme de caroncules gar- nissant le front. La concordance des indications oologiques est des plus pré- cises pour les oiseaux de cette tribu; elle se fait remarquer, à part la forme ovalaire de leurs œufs et l’absence de toute macu- lature, par un caractère particulier : celui de l’aspect graisseux du teste calcaire qui en rend les pores imperceptibles. Un seul groupe fait exception. La tribu des Anatinés ou Canards comprend cinq familles ayant leurs représentants en Europe : Les Harles ; Les Hydrobates , ou Erimistures ; Les Canards proprement dits , ou Anatiens ; Les Oies, Et les Cygnes. 1" FAMILLE LES HARLES ou MERGINÉS. — Merginæ (Ch. Bonaparte). Cette famille, dont on a voulu faire plusieurs groupes, tels que Mergansères ou Harles-Oies; Merges ou Harles proprement dits; Lophodytes et Mergelles ou petits Harles, n’en compose réellement qu’un. 14 LUS OISEAUX D’EAU - L AMELL1ROSTRES GROUPE GÉNÉRIQUE UNIQUE H A RLE, ME RG U S (Linn.). Les Harles, dont on connaît aujourd’hui une dizaine d’espèces, sur lesquelles trois sont censées appartenir à l’Europe où elles sont de passage régulier, et où une seule niche, forment le lien presque naturel des Cormorans à la tribu des Lamellirostres. Leur bec est à peu près cylin- drique et droit jusqu’à la pointe, qui est crochue et fléchie en manière d’ongle courbé, d’une substance dure et cornée, comme celui des Cormorans; mais il en diffère en ce que les bords en sont garnis de dents dures, très fermes, di- rigées en arrière; la langue est hérissée de papilles également dures, comme chez la langue du Flamant, et tournées dans le même sens que les dentelures du bec , ce qui sert à retenir le poisson glissant, et même à le conduire jusque dans le gosier de l’oiseau ; aussi, par une voracité peu mesurée, avalent-ils des poissons trop gros pour entrertout entiers au fond de l’œsophage, et qui se digèrent, ainsi que chez le brochet, avant que le corps puisse y descendre. Les Harles nagent tout le corps submergé, et la tête seule hors de l’eau, comme les Plongeons, près desquels les plaçait Buffon ; excellents plongeurs, ils vont chercher à des profondeurs considérables le poisson qu’ils aperçoivent au fond de 1 eau , y restent longtemps, et y parcourent, à l’aide de leurs ailes, un grand espace avant de reparaître. Quoiqu’ils aient les ailes mé- diocrement allongées , leur vol est rapide et soutenu ; et le plus souvent, ils filent au-dessus del’eau. On a observé que leur trachée artère a trois renflements, dont le dernier, après la bifurcation, renferme un labyrinthe osseux : cet appareil contient de l’air que ANATINÉS OU CANARDS 123 l’oiseau peut respirer sous l’eau, ce qui facilite et explique en même temps son aptitude à s’immerger. Les Harles, du reste, sont assez élégants déformés et portent le sommet de la tête garni d’une huppe plate de plumes allon- gées. Ils établissent leurs nids au bord des eaux, ou dans des trous de racines de vieux arbres ; quelquefois, sur de vieux têtards de saules ou de chênes. PL. 52. — LE HARLE BIÈYRE ou GRAND HARLE. Mer gus mer ganser (Linn.l Mâle adulte ; tête et moitié supérieure du cou d’un noir verdâtre, à reflet bronzé sur la gorge , avec des plumes fines, soyeuses, longues et relevées en hérisson depuis la nuque jusque sur le front, grossissant beaucoup le volume de la tête ; dos de trois couleurs, noir sur le haut et sur les grandes pennes des ailes, blanc sur les moyennes et la plupart des couvertures, et joliment liseré de gris sur blanc au croupion ; devant du corps d’un blanc nuancé de rose jaunâtre, tirant sur le beurre frais, s’éclaircissant sur les côtés ; queue d’un gris cendré. Bec rouge brunâtre, avec le dessous, l’onglet et la mandibule supérieure, sur la ligne médiane , d’un noir verdâtre; iris rouge; pieds d’un rouge de corail. Taille de soixante-six centimètres. La belle teinte rosée de la poitrine, si analogue à celle qui distingue plusieurs espèces de Mouettes et de Goélands, dis- paraît, de même que chez ceux-ci, peu de temps après que l’oi- seau a été préparé et monté ; la plupart des individus déposés dans les collections ont ces parties colorées simplement d’un blanc jaunâtre ou d’un blanc pur. La femelle, plus petite, se distingue du mâle parla couleur de sa huppe, de sa tête, et delà partie supérieure du cou, d’un brun rougeâtre ; et par celle du ventre et de l’abdomen, d’un blanc jaunâtre. Belon avait déjà dit, à l’encontre d’Aldrovande, que le grand LES OISEAUX D’EAU — LAMELLIROSTRES Ilarle, son Bièvre , perche et fait son nid sur les arbres ou dans les rochers ; l’opinion d’Aldrovande, voulant qu il niche au rivage et ne quitte pas les eaux, a prévalu jusqu’à ce jour. Et cependant Belon était dans le vrai, ainsi que le démontre l’observation qu’en a faite, en 1865, M. Vouga (1). ïl pond de dix à douze œufs, de sept centimètres de long sur cinq de large, d’un blanc jaunâtre, uniforme et sans taches, à peu près également arrondis aux deux extrémités. Il établit quelquefois son nid au bord des lacs, sur des troncs de peupliers coupés à six ou dix mètres au-dessus du sol, au mi- lieu de jeunes branches fraîchement repoussées, qui le dérobent aux regards; le nid est alors en forme d’aire, et composé de bûchettes et d’herbes sèches. _ 11 résulte de toutes les observations faites à ce sujet, qu aus- sitôt éclos dans leur arbre, lesjeunes Harles sont transportés par leur mère sur l’eau, qu’ils ne doivent plus quitter jusqu’au mo- ment où les soins de leur propre couvée les appellent à leur tour à établir leurs nids sur les arbres, ou éloignés du même lac qu’ils habitent, ou les avoisinants. Beaucoup plus farouches qu’aucun de leurs congénères, on ne paraît 'pas être encore parvenu à les élever en domesticité. PL. m. - HARLE HUPPÉ. Mergus serrator (Linn.). Mâle adulte, au printemps : tête, huppe longue et effilée, et partie supérieure du cou d’un noir verdâtre à reflets ; collier blanc entourant le cou ; poitrine d’un brun roussâtre marquée de taches noires ; à l’intersection des ailes cinq ou six grandes taches blanches, bordées de noir; miroir de l’aile blanc, coupé par deux bandes transversales noires ; haut du dos et scapulaires d’un noir profond; ventre blanc, cuisses et croupion rayés de (1) Voir Bulletin de la Société ornithologique suisse. Des Murs, Les Oiseaux d’Eau. . — H A R L E PIETT E — Mergus Albellus. Linnæus PI. 53. s. -à nat. ANATINÉS OU CANARDS zigzags cendrés. Bec et iris rouges ; pieds orange. Taille de cin- quante-six à cinquante-sept centimètres. La femelle a la tête, la huppe et le cou d’un brun roussâtre; la gorge blanche, le cou et la poitrine variés de cendré et de blanc , les parties supérieures et les flancs d’un cendré foncé, et le blanc du miroir coupé par une bande cendrée. Habite les régions arctiques des deux mondes; très abon- dant, en hiver, sur les côtes de France et de Hollande ; beaucoup moins commun en Savoie. Vit, comme le grand Harle, de poissons et de reptiles , et, comme lui ,. en avale quelquefois d'assez gros. Mais, en les pour- suivant précipitamment sous l’eau, il s’empêtre par moment dans les filets des pêcheurs. M. Bailly a reçu trois sujets pris delà sorte dans le lac du Bourget; deux d’entre eux avaient dans l’œso- phage un poisson qui semblait presque de la grosseur de leur cou. Pond de huit à treize œufs, d’un gris jaunâtre, sans taches. Ils mesurent de soixante-trois à soixante huit millimètres dans un sens, et de quarante-trois à quarante-cinq dans l’autre. PL. 53. - HARLE PIETTE. Mergus Albellus (Linn.). Male adulte : .une grande tache d’un noir verdâtre de chaque côté du bec; une semblable, mais longitudinale, sur l’occiput; une huppe touffue ; cou, scapulaires, petites couvertures des ailes et toutes les parties inférieures d’un blanctrès pur ; haut du dos, deux croissants se dirigeant sur les côtés de la poitrine, et bords des scapulaires, d’un noir profond ; flancs et cuisses variés de I zigzags cendrés; queue cendrée. Bec, tarses et doigts d’un cen- dré bleuâtre; membranes des doigts noires ; iris brun. Taille: quarante-deux centimètres. La femelle n’a ni huppe à l’occiput, ni tache noire aux joues, ni croissants noirs sur les côtés de la poitrine ; elle est colorée d’un roux brunâtre à la tête et à la nuque ; d’un blanc pur en 126 LES OISEAUX D’EAU — L AMELL1ROSTRES dessous, d’un brun lavé de cendré, sur le dessus du corps, avec les petites couvertures alaires blanches. 4 Le Harle Piette habite, l’été, les contrées boréales des deux mondes, et se répand, en hiver, dans les pays tempérés et méri- dionaux. De passage, en automne, mais surtout en hiver, en An- gleterre, en Allemagne, en Hollande, en France, en Savoie, et jusqu’en Italie. 11 vient se montrer tous les ans, dit M. Bailly, sur les lacs el- les rivières, vers la fin d’octobre, et plus particulièrement en no- vembre ou décembre. A la fin de l’hiver, il effectue un second passage un peu plus nombreux que le premier. Il niche, dit-on, sur le bord des lacs et des rivières, parmi les herbes ouïes arbrisseaux, et pond huit ou dix œufs d’un blanc roussâtre, ayant de quarante-trois à quarante-cinq millimètres de grand diamètre, et trente-trois à trente-quatre de petit. 2' FAMILLE LES HYDROBATES ou ERIMISTURINÉS. — Erimisturinæ (Ch. Bonap.). Ne composent qu’un seul groupe générique. Cette famille comprend , dans la méthode , les groupes sui- vants : Biziures,Thalassorniset Erimistures proprement dites, que nous réunissons en un seul, sous ce dernier nom. AXA T INK S OU CANARDS GROUPE GÉNÉRIQUE UNIQUE E RIMISTURE , ERIMISTURA (Ch. Ronap.). Bec, de la longueur de la tète, renflé et formant bosse à son sommet, dessinant à partir de cette base une courbe rentrante et très prononcée, pour se relever à son extrémité, qui est très déprimée, dilatée, et plus large que le corps du bec ; le bord des mandibules denticulé de petites lamelles striées perpendiculairement ; onglet apical petit, évasé et recourbé sur lui-même ; narines percées à la base du ren- flement frontal et ovales ; ailes très courtes, aiguës ; queue allongée, conique, large, à pennes raides, pointues et en gouttières; tarses courts, et de la moitié à peine du doigt médian. Avec des caractères aussi tranchés de ceux des autres La- mellirostres, les Erimistures devaient également s’en différencier parles habitudes. Ils ont en commun, il est vrai, avec les Harles leur faculté d’immersion ; mais ils ont, dans leur queue, un or- gane qui leur vient encore un peu plus en aide dans leur chasse aux poissons. Toutefois, pour bien connaître leurs mœurs, à défaut d’observations sur notre seule espèce d’Europe et de France , c’est chez deux naturalistes de l’autre monde qu’il les faut chercher. On doit, en effet, le peu que l’on en connaît jusqu’à ce jour, aux études faites par MM. Gosse et Hill, de la Jamaïque, sur une tespèce américaine, l’Erimisture dominicaine , ou à queue épi- neuse (1). Les Erimistures volent quelquefois d’un bord à l’autre des étangs ou des mares qu’ils fréquentent, ou plutôt voltigent avec de grands battements d’ailes, et d’un effort pénible, en faisant (1) ErUnistura dorninica, ou spinosa . 128 LES OISEAUX D’EAU — LAMELLIUOSTRES réjaillir l’eau de laquelle ils s’élancent; on en voit aussi prendre un vol plus élevé. Lorsqu’ils ne sontpas troublés, ils restent long- temps posés à la même place et s’occupent, pendant des heures entières, à lisser leurs plumes. Le caractère le plus particulier des Erimistures, et qu’ils partagent, en F exagérant même, avec les Cormorans, c’est la rigi- dité, non seulement de la tige des pennes de leur queue, mais celle de leurs barbes insérées sur un plan en forme de toit, incli- nées qu’elles sont de deux côtés vers le bas. Mais nous venons de voir, d’une part, que, hors de l’eau et au repos, ces Lamelli- rostres se placent horizontalement sur leurs pieds, comme tousles Canards , ou appuyés à terre sur leur ventre ; tandis que les Cor- morans se servent de leur queue, dans l’eau, pour plonger ; sur le sol, comme de soutien ou de véritables sièges pour y faire por- ter tout le poids de leur corps perpendiculaire ; elle est donc inu- tile à terre aux Erismistures. Une dernière particularité organique, enfin, des Erimis- tures réside dans la contexture de l’enveloppe calcaire de leur œuf. Il offre une des premières exceptions, dont nous avons parlé, au luisant adipeux de la coquille, chez le plus grand nombre d’espèces des Anatinés, par un aspect tout au contraire grenu de ce tégument, qui est rude au toucher. PL. 54.- ÉRIMISTURE ou CANARD COURONNÉ. Erimistura leucocephala (Ch. Bonap., ex Scopoli). Mâleadulté: sommet de la tête d’un noir profond ; front, joues, gorge et occiput d’un blanc pur ; parties inférieures du cou et nuque noires ; poitrine, parties supérieures du corps et flancs d’un roux foncé, coupé de fines lignes en zigzags d’un roux noi- râtre; croupion d’unroux pourpré ; queue noire ; couvertures su- périeures des ailes d’un cendré brun, variées de taches et de zig- zags grisâtres et roussâtres ; rémiges d’un brun clair ; parties in- férieures d’un blanc roussâtre, coupé transversalement de raies Des Mors, Les Oiseaux d’Eau. J. Rothschild, Éditeur, Paris. PI. 54. — ERIMISTXTRE CANARD COURONNÉ — Ervmistura leucocephala. Ch. Bonaparte — | ANATINÉS OU CANARDS 129 en zigzags. Bec d’un bleu vif; iris d’un jaune d’or ; pieds d’un brun cendré. Taille de cinquante et un centimètres. La vieille femelle a toutes les couleurs rousses nuancées de brun cendré ; le sommet delatête, 1 occiput et la nuque d un biun foncé ; et la gorge, les joues, ainsi que le devant du cou, d’un blanc jaunâtre. Le bec et les piedssont roussâtres. Habite les lacs salés des contrées orientales de l’Europe ; très abondant en Russie, en Livonie et enFionie; de passage en Hon- grie et en Autriche ; jamais en Hollande ; très accidentellement en France, et même en Sardaigne et en Grèce. Quant à sa nourriture, il faut que le régime végétal occupe une certaine place dans l’alimentation des Erimistures, puisqu'e M. Gosse n’a trouvé dans l’estomac d’un de ceux de l’espèce do- minicaine, qu’il a tiré à la Jamaïque, que des grains concassés et réduits en très petits fragments ; et que M. Bouteille, de son côté, en France, n’a également trouvé, dans le jabot de quatre individus d’Erimistures couronnés, achetés au marché de Gre- noble, que du gravier et quelques graines noires qu’il a cru ap- partenir au genre Carex , de la famille des Cypéracées. On peut conjecturer, cependant, d’après leurs habitudes exclusivement aquatiques, qu’ils y joignent à l’occasion quelques autres sub- stances plus ou moins animalisées, et même de petits poissons et des mollusques, comme l’indique Temminck. Il niche sur le bord des mers et sur les lacs de la Russie ; construit en joncs un nid qui flotte sur les eaux au moyen d at- taches ou de liens mobiles, presque à l’instar du nid du Grèbe Castagneux, et y pond huit œufs rugueux, d un blanc plus ou moins pur ou jaunâtre, dont la dimension est de soixante-sept à soixante-dix centimètres pour le grand diamètre, et de cinquante et un à cinquante-trois pour le petit. 130 LES OISEAUX D’EAU — L AMELLIROSTRES 3» FAMILLE ANATINÉS (Canards proprement dits). — Anatinæ (Ch. Bonap.). La famille des Anatinés est la plus nombreuse en espèces et en groupes génériques, dont les principaux sont : les Garrots, les Milouins ou Morillons, les Macreuses, les Eiders, les Sarcelles, les Souchets et les Canards. Ils diffèrent les uns des autres par la forme de leur bec et de leur queue, ainsi que par la disposition des lamelles garnissant leurs mandibules. Ils ne varient pas moins dans leurs habi- tudes : les uns établissent leurs nids à terre ou dans les anfrac- tuosités des rochers ; les autres au milieu des rochers et des plantes marécageuses ; plusieurs sur les arbres ou dans les trous d’arbres vermoulus. ANATINÉS OU CANARDS 131 Ier GROUPE GÉNÉRIQUE GARROT, CLANGULA (Flém.). Bec plus court que la tête, forme générale de celui de tous les Anatinés, c’est-à-dire dessinant une courbe creuse du sommet du front au bout du bec, dont l’onglet apical fait crochet ; évasé de la mandibule supérieure, qui dépasse et recouvre celle inférieure ; dents lamelliformes, courtes et largement espacées ; narines médianes, latérales, elliptiques; ailes moyennes, aigues ; queue assez allongée, pointue; tarses courts ; doigts allongés, avec les membranes qui les réu- nissent s’étendant jusqu’au bout des ongles et y étant adhérentes ; tête grossie par l’épaisse couche de plumes qui la couvre. Propres aux régions arctiques, les Garrots ont le vol rapide et souvent élevé; mais, à terre, leur marche est vacillante et paraît pénible ; du reste, rien de particulier dans leur alimen tation. PL. 55.— GARROT VULGAIRE. Clangula vulgaris (Flém). — Anas clangula (Linn.). Mâle adulte : tête et haut du cou d’un vert foncé à reflets pourpres, avec une grande tache blanche arrondie à chaque côté de la base du bec ; dessus du corps d’un noir profond ; dessous d’un blanc pur rayé transversalement de noir cendré à la région anale; flancs d’un cendré noir foncé ; rémiges primaires noires; les secondaires blanches sur les barbes externes; queue d’un cendré noir à reflet grisâtre. Bec couleur de plomb bleuâtre ; tarses et doigts d’un jaune roussâtre, tournant au grisâtre sur 132 LES OISEAUX D’EAU — L AME LLI ROSTRE S les palmures; iris d’un brun jaune pâle. Taille : quarante-neuf centimètres. La femelle est un peu plus petite que le mâle et en diffère en- tièrement par ses couleurs, qui sont grises ou brunâtres là où celui-ci les a noires, et gris-blanc où il les a d’un beau blanc; elle n’a ni le reflet verdâtre, ni la tache blanche au coin du bec. Le Garrot vulgaire habite les contrées arctiques des deux mondes; quelques couples se propagent également dans les pays tempérés; de passage périodique le long des côtes de l’Océan ; en automne sur les mers de l’intérieur. Temmink dit qu’il se ré- pand jusque sur les grands lacs de la Suisse, quoique M. de Tscuhdi ne le mentionne pas au nombre des Canards qui y font leur appa- rition. Sa nourriture consiste en insectes aquatiques, en frai de pois- sons, en mollusques et en crustacés. Il niche sur les mers et sur les lacs qui ne sont point garnis de beaucoup de roseaux; quelquefois, et suivant la localité, sur les arbres ; c’est ainsi qu’au rapport de Linné, en Suède, où ce Garrot se voit l’été, qui est la saison de la nichée, il se tient et pond dans des creux d’arbres. Sa ponte est de douze à quatorze œufs d’un gris vert ou olivâtre très clair. Ils mesurent, de grand diamètre, cinquante-quatre à cinquante-six millimètres, et qua- rante et un à quarante-deux de petit. PL. 55. — GARROT ISLANDAIS. Clangula Islandica (Ch. Bonap., ex Gmel.). Mâle adulte : tête, haut du cou, d’une teinte pourpre vive, à re- flets verts au méat auditif; front et menton d’un brun noirâtre ; grand espace blanc, à la base du bec, en forme de croissant dont une pointe est dirigée vers lesinciput; bas du cou et épaules blancs ; parties supérieures du corps d’un noir velouté, avec la pointe de quelques plumes blanches ; parties inférieures d’un blanc pur satiné, avec les plumes des flancs bordées du même ANAT1NÉS OU CANARDS 133 noir que le dos; rémiges primaires et. tertiaires noires; les se- condaires blanches sur les barbes externes ; queue brune. Bec noir; iris jaune pâle ; tarses et doigts de couleur orange, avec les palmures noires. Taille : cinquante-trois à cinquante-quatre centimètres. Femelle adulte : beaucoup plus petite que le mâle ; tête et haut du cou d’un brun roussâtre foncé, terminé en bas par un collier blanc mêlé de brun et de gris ; dessus du corps de même couleur, ainsi que le dessous, excepté le bas de la poitrine et l’abdomen, qui sont d’un blanc satiné. Habite les régions arctiques d’Europe et d’Amérique ; assez abondant en Islande, sur les bords du lacMaytavan; se trouve, selon Richardson, dans les Montagnes Rocheuses. Les vieux mâles émigrent d’Islande avant les femelles, et les jeunes de l’année assez longtemps après le départ des vieux. Place son ni’d sous les taillis et les broussailles, au bord des eaux, et d’après Thienemann dans les anfractuosités des ro- chers; pond de douze à quatorze œufs d’une jolie teinte de vert bleuâtre très clair, dont les dimensions sont de soixante-deux à soixante-quatre millimètres dans un sens, et de quarante-quatre à quarante-cinq dans l’autre. PL. 56. — GARROT A COLLIER ou HISTRION. Clangula histrionica (Boïé, ex Linn. ). — Anas histrionica (Linn.). Mâle adulte : tête et haut du cou d’un violet noirâtre ; un grand espace entre le bec et l’œil, une tache derrière les yeux, une bande longitudinale sur les côtés du cou, un collier entourant cette partie, un large demi-croissant sur les côtés de la poitrine et une partie des scapulaires, le tout d’un blanc pur ; partie in- férieure du cou d’un bleu cendré ; flancs d’un roux rougeâtre ; ventre brun; dos, ailes et croupion d’un noir à reflets violets et bleus ; miroir de l’aile d'un violet très foncé. Becnoir ; iris brun; pieds et membranes d’un bleu noirâtre. Taille : quarante-deux à quarante-trois centimètres. 134 LES OISEAUX D’EAU - L AMELLIROSTRES La femelle diffère beaucoup ; tout son plumage supérieur est d’un brun foncé nuancé de cendré,, avec une petite tache blanche vers le front et un peu en avant des yeux ; un grand espace de même couleur vers la racine du bec et sur la région des oreilles; gorge blanchâtre ; poitrine et ventre d’un blanchâtre nuancé et taché de brun ; flancs d’un brun rougeâtre. Habite les contrées arctiques des deux mondes; abondant dans les parties orientales de l’Europe; de passage accidentel en Allemagne, en Angleterre et en France ; jamais le long des côtes de l’Océan. Niche sur les bords des eaux, dans les taillis et dans les herbes; pond dix à douze œufs d’un jaune d’ocre un peu sale ou d’un blanc jaunâtre, ayant cinquante millimètres de grand dia- mètre sur trente-sept de petit. Même mode d’alimentation aquatique que les autres espèces; avec cette excentricité peu commune dans la famille qui consiste, d’après M. Saint-John, en ce qu’à défaut de sa nourriture ordi- naire, il sait très bien attraper et avaler de petits mammifères tels que des souris et des mulots. ANATINÉS OU CANARDS 13o 2e GROUPE GÉNÉRIQUE MORILLON, FULIGULA (Steph.). Bec généralement de la longueur de la tête, plus large à la base quà l’extrémité; peu de différences appréciables d’avec celui des autres Anatinés ; il en est de même des autres caractères. Mœurs et habitudes les mêmes que celles des Garrots ; l’étude des espèces peut seule indiquer les variations caractéristiques des uns aux autres. PL. m. - MORILLON SIFFLEUR HUPPÉ. Fuligula rufina (Steph.). Mâle adulte : tête avec de longues plumes soyeuses formant une large huppe ; joues, gorge et haut du cou d’un brun rou- geâtre au bas ; bas du cou, poitrine; ventre et abdomen d’un noir profond ; dos, ailes et queue d’un brun clair; flancs, poignet de l’aile, une grande tache sur les côtés du dos ; miroir des ailes et base des rémiges blancs. Bec aussi long que la tête, déprimé vers la pointe ; tarses et doigts d’un beau rouge, onglet du bec blanc; iris d’un rouge vif; membrane des pieds noire. Taille : cinquante- six à cinquante-sept centimètres. La femelle a le sommet de la tête, l’occiput et la nuque d’un brun foncé ; la huppe moins touffue ; le cou brun cendré ; la poi- trine brun jaunâtre ; le venlre gris ; le dos sans tache ; le miroir de l’aile moitié blanc grisâtre et moitié brun clair. Habite les contrées orientales du nord de l’Europe ; de pas- sage périodique dans la mer Caspienne, en Hongrie, en Autriche et en Turquie ; M. Luigi Benoit le dit sédentaire et commun en Sicile, surtout l’hiver et au retour du printemps, où on le voit 136 LES OISEAUX D’EAU — LAMELLIROSTRES arriver en grand nombre de l’Orient, et où il niche de passage moins régulier sur les grands lacs delà Suisse, jamais sur les côtes de l’Océan. Il niche sur les îlots, au milieu des herbes et des roseaux. Sa ponte, d’après Malherbes, est de six à huit œufs d un ver- dâtre ou roussâtre clair, dont le grand diamètre est de cinquante à cinquante-six millimètres et le petit de trente-neuf à quarante- et un. Difficilement domesticable, ou du moins les essais en ayant été faits sans succès. PL. 57. — MORILLON A CRÊTE. Fuligula cristcita (Steph., ex Linn.). — Anas fuligula (Linn.). Mâle adulte : huppe à plumes effilées et longues ; tête, cou et poitrine d’un noir à reflets violets et verdâtres; dos, ailes et croupion d’un brun noirâtre à reflets bronzés, parsemés de points bruns ; ventre, flancs et bande transversale sur l’aile d’un blanc pur; abdomen brun noirâtre. Bec dont la pointe est plus large que la base, bleu clair à onglet noir; iris jaune brillant ; tarses et doigts bleuâtres; membranes noires. Taille : quarante centi- mètres. Chez la femelle , qui est également huppée, cette huppe moins longue; la tête, le cou, la poitrine et le haut du dos sont d un noir mat nuancé de brun foncé ; le dos et les ailes d’un brun noi- râtre mat parsemé de petits points bruns ; sur la poitrine et les flancs, de grandes taches de brun roussâtre; le ventre est blan- châtre, nuancé du même brun. C’est le Morillon , le petit Morillon et le Canard brun de Bufîon. Habije les régions arctiques des deux mondes ; au printemps, de passage sur les côtes maritimes; en automne, sur les lacs et les mers de l’intérieur ; très commun en Allemagne, en Hol- lande, en France, en Suisse et en Italie. Niche dans les régions du cercle arctique, sur les bords des mers et des lacs; un petit nombre se propage dans les climats tempérés ; les œufs sont d’un brun ou d’un gris verdâtre, et Des Murs, Les Oiseaux d’Eau. J. Rothschild, Éditeur. Paris. PI. MORILLON MORILLON A CRÊTE Fuligula cristata. Stephens. — ^ nat. MILOIIIN AN — Fuligula marila. Stephens. — J AN ATI NÉS OU CANARDS 137 mesurent, du grand diamètre, cinquante-huit millimètres, et du petit, trente-neuf. Ce Morillon devient fort gras en automne, et sa chair est alors très savoureuse. PI. 57. - MORILLON MILOUINAN. Fuligula marital Steph., ex Linn.). — Arias marila (Linn.). McVe adulte : toute la tête et la partie supérieure du cou d’un noir à reflets verdâtres; partie inférieure du cou, poitrine et croupion d’un noir profond ; haut du dos et scapulaires rayés largement de zigzags très fins; couvertures alaires marbrées de blanc et de noir; bande blanche formant miroir sur l’aile ; ventre et flancs d’un blanc pur ; abdomen rayé de zigzags bruns. Bec, qui est large, d’un bleu clair, avec les narines blanchâ- tres , et l’onglet ainsi que les bords des mandibules noirs ; membranes noirâtres. Taille d’environ quarante- sept centi- mètres. La vieille femelle , un peu moins grande, porte une large bande blanche autour de la base du bec; le reste de la tête et du cou d’un brun noirâtre ; partie inférieure du cou, poitrine et crou- pion d’un brun foncé, dos et scapulaires marbrés de blanc et de noir ; flancs tachés et rayés de brun ; iris jaune terne. Habite les contrées arctiques des deux mondes ; très nom- breux, à son passage de printemps, sur les côtes maritimes d’An- gleterre et surtout de Hollande dont, en automne, il couvre de ses immenses volées toutes les mers de l’intérieur ; de passage périodique dans le nord de la France ; moins régulier en Alle- magne et en Suisse. Se nourrit principalement de mollusques bivalves ; les indivi- dus que l’on capture sur nos côtes n’ont presque exclusivement dans l’estomac que des mollusques de cette nature. Niche sur les bords de la mer et des lacs; pond neuf ou dix œufs d’un gris sombre un peu olivâtre, mesurant soixante-quatre ! 16 LES OISEAUX D’EAU — LAMELL1ROSTRES 138 à soixante-six mi llimètres dans un sens, sur quarante-trois à quarante-quatre dans l’autre. Se fait aisément à la captivité et au régime de la basse-cour. PL. 68. — MORILLON MILOUIN ou MILOUIN ROUGE. Fuligula ferma (Steph., ex Linn.). — Anas ferma (Linn.). Mâle adulte: tête et cou d’un roux rougeâtre vif ; haut et bas du dos et sus-caudales d’un noir mat; le reste du dos, scapu- laires et couvertures supérieures d’un cendré blanchâtre, rayées entravers de nombreux zigzags d’un cendré bleuâtre; haut de la poitrine noire, cette couleur se confondant avec celle du dos ; le reste de la poitrine, abdomen et flancs pareils au manteau ; bas-ventre et sous-caudales noirs ; rémiges et rectrices brunes. Bec noir à sa base et à la pointe, avec une large bande transver- sale d’un bleu foncé ; iris orange ; tarses et doigts bleuâtres ; membranes noires. Taille d’environ quarante-cinq centimètres. La vieille femelle, qui est plus petite, a le sommet de la tête, les côtés et l’arrière du cou, le haut du dos et la poitrine d’un brun roussâtre, les plumes plus ou moins bordées de blanchâtre ; espace entre le bec et l’œil, gorge et devant du cou, d’un blanc maculé de roussâtre ; de grandes taches sur les flancs ; ailes cendrées marquées de points blancs ; le milieu du ventre blan- châtre. Habite le Nord, assez abondant en Russie, en Danemark, et même dans le nord de l’Allemagne ; deux fois de passage sur les côtes d’Angleterre de Hollande et de France; étend ses migra- tions, jusqu’en Egypte. Se nourrit de petits poissons qu’ilpoursuit sous l’eau ennageant avec une rapidité extrême, de menus coquillages, devers et de plantes aquatiques qu’il rencontre en barbottant dans la vase ou le sable mouillé du rivage; couve en France dans certains grands marais, niche dans les roseaux; pond jusqu’à douze et treize œufs d’un verdâtre intense et sans taches, mesurant de soixante à soixante-trois millimètres sur quarante-trois à quarante-cinq. JMOHILLOÎT MILOTJIN, OU MIL O TJ I N ROUGE — Fuligula f'rtm. Stephens. (MORILLON NTROCA — Fuligula nyroca. Stephens. — >, nat. ANATINÉS OU CANARDS 139 Bien des expériences de domestication de cette espèce ont été faites depuis Bâillon, et toutes des mieux réussies. Ce Morillon est un de ceux dont on connaisse le plus grand nombre d’exemples de croisement avec d'autres espèces de Canards. M. de Sélys-Longchamps a vu au jardin zoologique de Londres des Hybrides provenant de l’accouplement de la femelle avec un mâle du Morillon Nyroca qui va suivre. Il cite, d’après Bâillon, Fritz, d’autres Hybrides obtenus à Paris, qui avaient également pour mère une femelle de notre Morillon, et pour père un Canard, ou Sarcelle de la Caroline. M. Morton, enfin, a signalé, en 1847, des métis produits par le Morillon mâle de notre espèce et la femelle de la Sarcelle d’été. PL. 58. - MORILLON NYROCA. Fuligula Nyroca (Steph., ex Guldestein). Vieux mâle : tête, cou, poitrine et flancs d’un roux rougeâtre très vif, avec un petit collier brun foncé autour du cou et, sous la mandibule inférieure, une tache angulaire d’un blanc pur; dos et ailes d’un brun noirâtre à reflets pourprés, parsemés de petits points roux ; miroir de l’aile blanc terminé de noir; ventre et couverture du dessous de la queue d’un blanc pur ; bec bleu noirâtre, à onglet noir ; iris blanc; tarses et doigts d’un cendré bleuâtre; membranes noires. Taille de quarante centimètres environ. La femelle a la tête, le cou, la poitrine et les flancs bruns; chaque plume terminée de roussâtre clair; pas de collier; les plumes des parties supérieures noirâtres et terminées de brun clair; le reste comme chez le mâle. Habite les grands lacs et les rivières des contrées orientales de l’Europe ; sédentaire en Crimée et en Sicile, de passage ré- gulier en Allemagne ; accidentellement, ou peu nombreux, en Hollande, en France et en Angleterre. Vit. de frai, de menus coquillages, de vers, d’insectes, de plantes aquatiques et de leurs semences. 140 LES OISEAUX D’EAU - LAMELLIROSTRES Niche dans les joncs qui bordent les grandes rivières et les marais; pond neuf ou dix œufs d’un gris jaunâtre pâle, mesurant de cinquante à cinquante-cinq millimètres sur trente-six à trente- huit. Alerte et très remuant, on le surprend cependant quelquefois dans les fourrés ou les grands joncs, alors qu’il y est occupé à se chercher des vivres, et on le tire aisément au lever; mais il est rare qu’on l’approche de près dans les lieux découverts. Sa chair est d’un goût agréable, et mangée comme maigre les. jours d’abstinence. G’ est la Sarcelle d' Egypte de Buffon. PL. 59. - MORILLON DE MIQUELON. Harelda glacialis (Steph., ex Linn.). — Anas glacialis (Linn.). Mâle adulte : sommet de la tête, nuque, devant et partie in- férieure du cou, les longues] scapulaires, ventre, abdomen et pennes latérales de la queue, d’un blanc pur; joues et gorge cen- drées ; un grand espace brun marron sur les côtés du cou ; poi- trine, dos, croupion, ailes et les deux très longues plumes du milieu de la queue d’un brun couleur de suie ; flancs cendrés ; bec beaucoup plus court que la tête, noir, coupé transversalement par une bande rouge; iris orange, tarses et doigts jaunes, mem- branes noirâtres. Taille : soixante centimètres, y compris les filets de la queue. La vieille femelle diffère beaucoup du vieux mâle; sa queue est courte, à pennes bordées de blanc, les deux du milieu ne sont point allongées ; front, gorge et sourcils]d’un cendré blanchâtre ; nuque, devant et partie inférieure du cou, ainsi que le ventre et l’abdomen, d’un blanc pur ; sommet de la tête et le grand espace des côtés du cou d’un cendré noirâtre; poitrine variée de cendré et de brun ; plumes du dos, des scapulaires et couvertures claires, noires dans le milieu, bordées et terminées de roux cendré; le reste des parties supérieures d’un brun de suie ; la bande du bec jaunâtre ; iris brun clair; pieds couleur de plomb. Habite les mers arctiques [des deux mondes; de passage Des Murs, Les Oiseaux cl’ Eau. J. Rothschild, Éditeur, Paris. PI. 59.— MORILLON DE MIQUELON — Barelâa glacialü. Stephens. —J nat. ANAT1NÉS OU CANARDS 141 accidentel sur les grands lacs d’Allemagne, et le long de la Bal- tique; souvent, mais jamais en troupe, sur les côtes maritimes de la Hollande ; rare sur les côtes de l’Océan. Se nourrit de coquilles bivalves. Niche sur les bords de la mer Glaciale, au Spitzberg, en Islande et à la baie d’Hudson; pond de cinq à sept œufs un peu obtus, d'un vert clair ou d’un gris verdâtre, sans taches, mesu- rant de cinquante-quatre à cinquante-sept millimètres sur trente- sept à quarante. C’est le Harelda des Islandais et de Wormius, d’où son nom latin. C’est aussi la Sarcelle de Féroë , le Canard à longue queue de Terre-Neuve et le Canard de Miquelon de Buffon. 142 LES OISEAUX D’EAU — LÀMELLIROSTRES 3e GROUPE GENERIQUE MACREUSE, 01 DEMI A {Flém.jfe Bec presque aussi long que la tête, robuste, élevé, large dans toute son étendue, à mandibule supérieure renflée ou gibbeuse vers la base, épatée et déprimée à l’extrémité ; la- melles larges, fortes, très espacées, peu ou point visibles à la base des mandibules ; mandibule inférieure cachée et emboîtée à sa moitié antérieure ; onglet très large, voûté, couvrant l’extrémité desmandibules; narines sub-médianes élevées, ovales ; ailes de moyenne longueur, sub-aiguës ; queue courte, conique, à pennes terminées en pointe; jambes très à l’arrière du corps ; tarses plus courts que le doigt interne. On ne peut parler des Macreuses, sans rappeler l’origine merveilleuse qu’on leur a prêtée presque jusqu’à la fin du xvne siècle. On prétendait, et tous les savants de l’époque disputaient le pour et le contre , qu’elles étaient le produit de certains coquillages appelés, de cette croyance, Anatiferes (producteurs de Canards), ou de la pourriture de certains arbres apportés par les flots sur les côtes de l’Ecosse et des Orcades.Or voici ce raison- nement : ces Mollusques sont très abondants en ces parages, vers certaines époques de l’année, au point de couvrir d’assez grands espaces de la mer ; ils sont munis alors d’un appendice mem- braneux et frisé en forme de petites plumes recourbées, s’élevant au-dessus du niveau de l’eau ; et souvent, du soir au matin, à d’autres époques, toutes ces petites flottailles disparaissaient comme par enchantement; et à leur place qu’y voyait-on, tout d’un coup? Des bandes de Macreuses qui s’en nourrissaient ! Comme on n’avait jamais su, ni où, ni comment nichaient ces Des Murs, Les Oiseaux d’Eau. J. Rothschild, Éditeur, Paris. PI. 60. MACREUSE ORDINAIRE — Oidemia nigr-a. Fleming — ^ nat. MACREUSE BRUNE, OU DOUBLE MACREUSE — Oidemia fnsea. Fleming. - i nat. ANATINÉS OU CANARDS 143 oiseaux qui, par parenthèse, plongent quelquefois jusqu’à dix mètres au fond de l’eau, il n’en fallut pas davantage pour ac- créditer cette fable dont Hector Boëthe et Cardan furent les plus ardents propagateurs, et en conclure que les Macreuses devaient leur naissance et leur multiplication si extraordinaires à ces Mollusques. Ces auteurs appelaient alors la Macreuse le ou la Claque. Toujours est-il que c’est par voie de conséquence de leur origine prétendue que l’Eglise a rangé pendant longtemps les Macreuses parmi les aliments maigres. On n’en connaît que deux espèces d’Europe. PL. 60. - MACREUSE ORDINAIRE. Oidemia nigra (Flém., ex Linn.). — Anas nigra (Linn.). Mcîle adulte : tout le plumage, sans exception, d’un noir in- tense et velouté. A la base du bec une protubérance sphérique ; tout le bec noir, sauf les narines de couleur orange, et une bande jaune longitudinale sur le globe du bec; iris brun; cercle nu de l’œil jaune ; tarses et doigts d’un cendré brun ; membranes noires. Taille d’environ quarante-huit centimètres. Femelle adulte : sommet de la tête, de l’occiput et nuque d’un brun presque noirâtre; joue et gorge d’un cendré clair taché de brun; dos, ailes et ventre d’un brun foncé, chaque plume bordée d’un brun blanchâtre; plumes de la poitrine d’un brun cendré, bordées de blanchâtre ; pas de protubérance à la base du bec ; le cercle nu de l’œil blanchâtre. Habite les régions du cercle arctique où elle niche dans les marécages ; très abondant à son double passage sur les côtes d’Angleterre, de Hollande et de France; ses essaims nombreux, avec lesquels se mêlent l’espèce suivante, ainsi que les Milouins et les Milouinans, couvrent, en automne, tout le rivage de la mer qui baigne les côtes de Hollande et de France. Se n'ourrit de coquilles bivalves, d’insectes, de vers et de plantes marines. 144 LES OISEAUX D’EAU — L AM ELLIROSTRES Pond de huit à neuf œufs d’un blanc grisâtre un peu jaunâtre, sans tâches , mesurant soixante-quatre millimètres sur quarante- cinq. La nourriture favorite des Macreuses est une espèce de co- quillage bivalve lisse et blanchâtre, large de un centimètre et long de deux ou trois environ (l’Anatifère), dont les hauts-fonds delà mer se trouvent jonchés dans beaucoup d’endroits ; il y en a des bancs assez étendus, et que la mer découvre sur ses bords au reflux. Lorsque les pêcheurs remarquent que, suivant leur terme, les Macreuses plongent aux vaimaux (nom qu’on donne en Picardie à ces coquillages), ils tendent leurs filets horizontale- ment, mais fort lâches, au-dessus de ces Mollusques, et à soixante ou soixante-dix centimètres au-dessus du sable ; peu d’heures après, la mer, entrant dans son plein, couvre ces filets de beau- coup d’eau. Les Macreuses suivant le reflux, à deux ou trois cents pas du bord, la première qui aperçoit les coquillages plonge, toutes les autres la suivent et, rencontrant le filet qui est entre elles et l’appât, elles s’empêtrent dansces mailles flottantes ; ou, si quelques-unes plus défiantes s’en écartent et passent dessous, bientôt elles s’y enlacent comme les autres, en voulant remonter après s’être repues, et toutes s’y noient. Lorsque la mer s’est re- tirée, les pêcheurs vont les détacher du filet où elles sont suspen- dues par la tête, les ailes ou les pieds. PL. 60. —MACREUSE [BRUNE ou DOUBLE MACREUSE. Oidemia fusca (Flém., ex Linn.). — Anas fusca (Linn.). Mâle adulte : entièrement d’un noir profond, avec la paupière inférieure blanche, et un miroir étroit de même couleur sur l’aile; bec jaune rougeâtre, avec l’onglet plus rouge; les narines, les petites gibbosités et les deux tiers postérieurs de la mandibule inférieure noirs; iris blanc; tarses et doigts rouges, avec les pal- mures noires. Taille d’environ cinquante-cinq centimètres. Femelle adulte : en-dessus d’un brun noirâtre ou couleur de suie; en dessous d’un gris blanchâtre rayé et taché de brun noi- ANAT1NËS OU CANARDS 145 râtre; tache blanche entre les yeux et le bec et sur le méat auditif; iris brun. Habite les mers arctiques des deux mondes ; très abondante aux Hébrides, aux Orcades, en Norwège et en Suède ; de passage périodique sur les côtes d’Angleterre, de Hollande et de France ; assez commune sur les lacs et dans les marais de l’intérieur, et même dans les terres. Se nourrit principalement, comme l’espèce précédente, des coquillages bivalves (anatifères) qui gisent au fond delà mer, après lesquels elle plonge continuellement. Niche sous des touffes d’herbes et de broussailles, et pond de huit à dix œufs d’un blanc grisâtre, légèrement jaunâtre sans taches, mesurant de soixante-deux à soixante-cinq millimètres dans un sens, et quarante-six à quarante-huit dans l’autre. Paraît beaucoup moins nombreuse que la Macreuse ordinaire. C’est la Grande Macreuse et le Canard brun de Buffon. 17 14(5 LES OISEAUX D’EAU — LAMELLIROSÏRES 4e GROUPE GÉNÉRIQUE El DE R, SOMA TE RI A (Leach). Bec aussi long que la tête, élevé et renflé à la base, qui porte parfois deux tubercules charnus, convexe, un peu dé- primé à l’origine de l’onglet, qui est très large, voûté, et recouvre toute l’extrémité du bec ; lamelles très espacées ; ailes courtes, étroites, aiguës; queue courte, conique; tarses beaucoup plus courts que le doigt médian; pouce long et grêle. Les Eiders ont presque les mêmes habitudes que lqs Ma- creuses; mais, bien moins sauvages, ils se prêtent volontiers au voisinage et à la fréquentation de l’homme. On n’en compte que deux espèces, toutes deux également propres à l’Europe. PL. 61. — EIDER VULGAIRE. Somciteria rnollissima (Boïé, ex Linn.). — Anas mollissima (Liun.). Le vieux mâle : de chaque côté et au-dessus des yeux une très large bande d’un noir violet, dont les extrémités se réunissent sur le front ; joues, bandes du sommet de la tête et occiput d’un blanc verdâtre ; bas du cou, dos, scapulaires et petites couver- tures des ailes d’un blanc pur ; les scapulaires, à barbes presque décomposées, prolongées et retombant sur les ailes qu’elles re- couvrent; poitrine d’un blanc rougeâtre ou couleur de chair; ventre, abdomen et croupion d’un noir intense; bec, dont la base se prolonge latéralement sur le front en deux lamelles aplaties, d’un vert mat; iris brun; pieds d’un cendré verdâtre. Taille de soixante-cinq centimètres. La vieille femelle a tout le plumage d’un roux rayé transver- salement de noir; les couvertures des ailes noires dans le milieu, Des Hurs, Les Oiseaux d’Eau. J. Bothschild, Éditeijr, Paris, ,P1. 61. EIDEE, YÏÏL & AIEE — Somateria mollissima. Boïé. — , ANATINÉS OU CANARDS 147 bordées de roux foncé ; sur l’aile, parfois, deux bandes blanches ; le ventre et l’abdomen d’un brun ou d’un cendré foncé, avec des bandes noires. Habite les mers glaciales du pôle : très abondant en Islande, en Laponie, au Groenland, au Spitzberg; assez abondant aux Hébrides et aux Orcades; plus rare en Suède et en Danemarck ; de passage en Angleterre, en Allemagne et en France ; on ne voit sur l’Océan que des femelles ou de jeunes individus ; se montre accidentellement sur les lacs de Suisse et de Savoie. Niche sur des terres baignées par la mer, sur des caps et des promontoires, et aussi sur des rochers élevés et escarpés : dans le premier cas, il construit son nid de fucus et autres plantes marines, et le garnit de son duvet ; dans le second cas, le duvet en fait presque tous les frais. 11 y pond cinq ou six œufs un peu allongés, d’un gris olivâtre, quelquefois d’un gris jaunâtre, sans taches ; leur grand diamètre varie de sept centimètres à huit cen- timètres, et le petit, de quatre centimètres et demi à cinq cen- timètres. L’Eider est, de tous les palmipèdes, l’oiseau dont l’homme re- tire le plus d’utilité, ou du moins l’utilité la plus productive. C’est lui qui fournit le duvet si doux, si chaud et si léger auquel on a donné l’appellation à'Eider-don, d’où, par inversion, le nom français à' Édredon, duvet d’Eider. Brunich est le premier naturaliste qui ait donné les détails les plus exacts sur les habitudes de l’Eider, et c’est de son ouvrage que s’est servi Buffon. Au temps de la pariade, on entend continuellement le mâle crier d’une voix rauque et comme gémissante ; la voix de la fe- melle est semblable à celle de la Cane commune. Le premier soin de ces oiseaux est de chercher à placer leur nid à l’abri de quelques pierres, de quelque buisson, et particulièrement des genévriers. Le mâle travaille avec sa femelle ; celle-ci s’ar- rache le duvet et l’entasse jusqu’à ce qu’il forme tout à l’entour un gros bourrelet renflé, qu’elle rabat sur ses œufs, quand elle les quitte pour aller prendre sa nourriture ; car le mâle ne l’aide 148 LES OISEAUX D’EAU — LAMELL1ROSTRES point à couver, et il fait sentinelle aux environs pour avertir si quelque ennemi paraît; la femelle cache alors sa tête, et lorsque le danger est pressant, elle prend son vol et va joindre le mâle. Les Corbeaux cherchent les œufs, et tuent d’ordinaire les petits ; aussi se hâte-t-elle de faire quitter le nid à ceux-ci peu d’heures après qu’ils sont éclos, les prenant sur son dos et d’un vol doux les transportant à la mer, ce qu’elle exécute de cette manière : parvenue au bord avec son fardeau, elle se met à la nage et, dès qu’elle est arrivée au milieu de l’eau, elle fait un plongeon, et les petits Eiders stupéfaits restent à la surface , immobiles comme des poignées de coton. Ce premier moment de surprise passe bien vite ; ils ne tardent pas à comprendre qu’ils sont sur le véritable élément qui doit les porter désormais. Les îles basses et plates qui bordent les côtes , de la Norwège sont couvertes de ces Eiders et de leurs nids où ils viennent en grand nombre déposer leurs œufs, objets, ainsi que le duvet qui les recouvre, de la convoitise des habitants. Monté dans un bateau, le chasseur approche de ces îles et, laissant l’embarcation amarrée aux rochers de la rive, il examine tranquillement les nids. Ils sont construits sur le sol même et sont garnis du duvet de la femelle. Le chasseur éloigne avec mille précautions celle-ci de son nid, pour s’emparer du duvet et des œufs, moins un toutefois, qu’il a soin de laisser de peur que la pauvre mère ne renonce à la cou- vée. L’innocent palmipède endure ce larcin avec la patience la plus méritoire, et se met immédiatement en devoir de le réparer, en pondant d’autres œufs qu’il couvre de nouveau de duvet. A ce sacrifice s’associe le mâle, qui se dépouille à son tour au profit de la génération non encore éclose. Cette opération se répète souvent plus d’une fois pour le même nid. Lorsque l’avidité de l’homme dépasse les bornes, les Eiders n’ont que la ressource de leur exil de ces parages. C’est alors qu’ilsvont fonder ou joindre leurs colonies à celles des Pingouins, des Guillemots, des Cormorans, et dans les rochers moins acces- sibles, tels que ceux de l’île de Noys (l’une de ces fameuses Shet- land dont nous parlions plus haut), qui opposent aux chasseurs Des Murs, Les Oiseaux d’Eau. J. Rothschild, Éditeur, Paris. Pi. 62. — BIDBE A TÊTE GRISE — Somateria spectabilis. Boïé. - à ANATINÉS OU CANARDS 149 d’Eiders des difficultés remarquables, quoique non insurmon- tables . Mais combien ils préfèrent les côtes autrement hospitalières de la Norwège et de l’Islande, dont les indigènes les traitent avec tant de douceur qu’ils y deviennent presque apprivoisés ! Dans ces deux pays, en effet, c’est une propriété qui se gardo soigneusement, et se transmet par héritage, que celle d’un canton où les Eiders viennent d’habitude faire leurs nids. Il y a tel en- droit où il se trouvera plusieurs centaines de ces nids. On juge, par le grand prix du duvet, du profit que cette espèce de posses- sion peut rapporter à son maître; aussi les Islandais font-ils tout ce qu’ils peuvent pour attirer les Eiders chacun dans leur terrain ; quand ils voient que ces oiseaux commencent à s’habi- tuer dans quelques-unes des petites îles où ils ont des troupeaux, ils feront repasser troupeaux et chiens dans le continent, pour laisser le champ libre aux Eiders, et les engager à s’y fixer. Ces insulaires ont même formé, par art et à force de travail, plusieurs petites îles, en coupant et séparant de la grande divers promon- toires ou langues de terre avancées dans la mer. C’est dans ces retraites de solitude et de tranquillité que les Eiders aiment à s’établir, quoiqu’ils ne refusent pas de nicher près des habitations, pourvu qu’on ne leur donne pas d’inquiétude, et qu’on en éloigne les chiens et le bétail. On voit qu’à part la question de nourriture, laquelle ne se compose que d’animaux marins, il ne serait peut-être pas impos- sible, ainsi que l'observe Gerbe, de réduire cette espèce à un état de demi-domesticité. C’est l 'Oie à duvet de Danemark de Buffon. PL. 62. — EIDER A TÊTE GRISE. Somateria spectabilis (Boïé, ex Linn.). — Anas spectabilis (Linn.). Le vieux mâle : une très étroite bande d’un noir velouté suit tout le contour de la mandibule supérieure et se divise vers la base du bec en remontant entre deux crêtes charnues qui la gar- LES OISEAUX D’EAU - L AMELLIROSTRES ISO nissent ; une semblable double bande forme sur la gorge un angle en fer de lance ; sommet de la tête, occiput et nuque d’un beau gris bleuâtre ; joues d’un vert de mer lustré; cou, partie supérieure du dos, couvertures des ailes, et deux grands espaces de chaque côté du croupion, d’un blanc pur ; poitrine d’un blanc rôussâtre; scapulaires, bas du dos, ailes, queue et toutes les par- ties inférieures du corps d’un noir intense. Base du bec se pro- longeant latéralement sur le front en deux appendices ou crêtes charnues d’un beau rouge vermillon, ou orange vif, passant au jaune citron vers le bec ; tarses et doigts d’un jaune brunâtre, avec la membrane noirâtre; iris noir. Taille : soixante-trois centi- mètres. Femelle adulte : presque entièrement d’un rôussâtre moucheté et flammêché de noir; moyennes et grandes couvertures des ailes d’un brun noirâtre, avec la pointe blanche et formant, par leur réunion, deux bandes transversales. Bec se prolongeant de chaque côté du front par deux lames aplaties, et sans les tubercules charnus. Habite les mers glaciales; Faber l’a vu rarement en Islande, où quelques paires viennent cependant nicher; commun aux Orcades et dans d’autres îles du nord de l’Écosse ; moins nom- breux sur les côtes de la Baltique et du Danemark; très abondant au Groenland et au Spitzberg. Nourriture et propagation comme l’autre espèce. ANAT1NÊS OU CANARDS loi 5e GROUPE GÉNÉRIQUE SARCELLE, QUERQUEDULA (Steph.). Bec de la longueur de la tête, assez élevé à la base, droit à partir des narines, étroit, demi-cylindrique, plus large à l’extrémité qu’au milieu ; lamelles presque entièrement ca- chées ; mandibule inférieure recouverte et emboîtée par sa supérieure, sauf une faible partie de sa base ; onglet petit, crochu ; narines basales très rapprochées, larges, ovales ; ailes assez longues, aiguës ; queue courte, conique ; tarses plus courts que le doigt médian. Les Sarcelles ne sont que des espèces de petits Canards des mieux proportionnés dans leurs formes, et des plus élégants dans leur parure ; elles leur ressemblent d’ailleurs par la conformation, par les habitudes : il est par conséquent fort difficile de déter- miner où finit la section des Sarcelles et où commence celle des Canards, dont on ne les sépare que par habitude et par conven- tion, sans qu’aucun caractère fixe les différencie les unes des autres. Les Sarcelles voyagent par bandes , quelquefois fort nom- breuses, dans les airs, mais, sans y garder d’ordre régulier comme les Canards ; elles y volent confusément et avec une légèreté ex- trême. On ne les voit guère plonger, par la raison qu’elles trouvent à la surface de l’eau la nourriture qui leur convient. C’est parmi les Sarcelles exotiques que figurent les espèces les plus richement peintes ou coloriées, à la tête surtout, qui est une vraie miniature, telles que la Sarcelle de la Caroline, celle du J apon ou Mandarine, et la Sarcelle Formose de la même région, qui s’é- gare en Europe, et dont on a fait presque autant de types de sous- groupes. On en compte de nombreuses espèces; mais trois à peine sont propres à l’Europe. 152 LES OISEAUX D’EAU - LAMELLIROSTRES La première, digne de figurer à côté de celles que nous venons de citer, est : PL. 63. - SARCELLE D’HIVER ou SARGELL1NE. Querquedula circia (Steph., ex Linn.). — Anas circia (Linn.). Mâle adulte : sommet de la tête, joues et cou d’un roux marron; gorge noire; large bande verte s’étendant depuis les yeux jusque sur la nuque et encadrée, en dessus et en dessous, de deux fines lignes d’un blanc éclatant, dont la supérieure re- tombe tout au long du bec jusqu’à la gorge; partie inférieure du cou, dos, scapulaires et flancs rayés alternativement de zigzags blancs et noirs; poitrine d’un blanc rougeâtre varié de taches rondes noires ; ventre blanc ou d’un blanc jaunâtre ; couveitures des ailes brunes; miroir vert et noir, bordé de deux bandes blanches. Bec noirâtre; iris brun; pieds cendrés. Taille : trente- deux centimètres. Femelle adulte : derrière et dessous les yeux, une bande d’un blanc roussâtre marquée de taches brunes ; gorge blanche ; plu- mage supérieur d’un brun noirâtre bordé d une large bande de brun clair; parties inférieures blanchâtres. Bec marbré de brun, et d’un brun jaunâtre en dessous comme sur les bords. Habite vers le Nord; très abondante à son double passage en Angleterre, en Hollande, en Allemagne et en France. Se trouve aussi dans l’Amérique septentrionale. Se nourrit de petits limaçons, d’insectes, déplantés aquatiques et de leurs semences ; rarement de petits poissons. Niche dans les climats tempérés ; construit son nid, de la ma- nière que nous dirons plus bas, dans les joncs, dans les herbes et dans les prairies marécageuses, le plus ordinairement au bord des eaux. Pond jusqu’à douze œufs oblongs, presque égaux aux deux bouts, d’un blanc sale un peu roussâtre ou jaunâtre, mesurant de quarante-trois à quarante-six sur trente-deux à trente-trois cen- timètres. Le mâle, au temps de la pariade, fait entendre un cri sem- | SÀE0BLL1 ( SARCELLE D'HIVER, OU S COMMUNE, OU ARCÉLLIN D' É T É - Queri ANATINÉS OU CANARDS 153 blable à celui du Râle. Néanmoins, la femelle ne fait guère son nid dans nos provinces, et presque tous ces oiseaux nous quittent avant le quinze ou vingt avril. M. Saint-John observe que la Sarcelle d’hiver diffère de plu- sieurs espèces analogues, en ce qu’elle mange indifféremment à toute heure de jour et de nuit. Cette Sarcelle, dont la chair est des plus savoureuses, est un des ornements des pièces d’eau, et elle a le sort de toutes les es- pèces réputées communes : c’est d’être trop négligée en faveur des espèces étrangères. PL. 63. — SARCELLE COMMUNE ou D’ÉTÉ. Querquedulci circia (Steph., ex Linn.). — Anas querquedula et circia (Linn.). Mâle adulte : front d’un blanc-jaunâtre ; face pointillée de noir ; gorge noire avec une bande blanche partant des yeux et allant longer le brun de la nuque ; poitrine couleur lie-de-vin, maillée de croissants noirs ; dos et flancs rayés de zigzags noirs et blancs; couvertures des ailes et parties inférieures blanches; miroir de l’aile composé de trois bandes, dont celle du milieu verte , et les latérales d’un noir profond ; scapulaires noires lisé- rées de blanc ; couvertures inférieures de la queue noirâtres ; celle-ci d’un gris brun, avec les pennes bordées de blanchâtre. Bec bleu, noir à la pointe; iris brun; pieds cendrés. Taille: trente-six centimètres. Femelle adulte : brune en dessus, d’un blanc roussâtre en dessous, avec la gorge et le reste moucheté de brun; tache blanche de chaque côté de la tête près du bec , et une bande blanchâtre derrière les yeux; miroir d’un vert terne. Remontant moins au Nord que la précédente , la Sarcelle d’été habite les parties centrales et méridionales de l’Europe, de la Sibérie et de l’Afrique septentrionale ; elle est de passage régulier en Allemagne, en Hollande, en Belgique , en plusieurs localités de la France où elle se reproduit et paraît sédentaire, en Sicile et même en Savoie. 18 154 LES OISEAUX D’EAU — LAMELL1ÜOSTHES Niche sur les bords des eaux, dans les fourrés, dans les ma- rais, parmi les joncs et les herbes. Pond de six à huit œufs, de même forme et de même couleur que ceux de la Sarcelle d’hiver, et mesurant de quarante-sept à quarante-neuf sur trente-trois à trente-quatre millimètres. La Sarcelle d’été arrive en Savoie dans le courant de mars et les premiers jours d’avril, tantôt par paires, tantôt par petites compagnies; elle s’y fixe alors pour quelques jours seu- lement sur les eaux ou dans les marais, pressée de rentrer vers le sud ou le nord de l’Europe pour l’acte de la reproduction. Quelques couples cependant, mais fort rares, probablement les derniers venus, dit M. Bailly, y restent de certaines années dans les marécages les plus déserts, et y nichent. Du reste, aussi domesticable et d’un manger aussi délicat que la Sarcelle d’hiver. ( SOTTCHHT COMMUN — r.hmrhatph chipent!:. Leach. — 1 nat. PI. 63. ( CAS A RD S A U V A O E — Atlas boschas. Linnæus. — J nat. Ai AT INÈS OU CANARDS 155 6e GROUPE GÉNÉRIQUE SOUCHET, RI1YNCASPIS (Leach). Bec plus long que la tête, très étroit et demi-cylindrique à la base, très large et taillé en cuiller dans sa moitié anté- rieure, déprimé vers le milieu; lamelles très fines et longues; celles de la mandibule supérieure, à partir de la base jus- qu’au milieu du bec, très saillantes et détachées comme les dents d’un peigne ; mandibule inférieure beaucoup plus étroite que la supérieure qui la cache à moitié ; onglets petits, celui de la mandibule supérieure médiocrement recourbé ; narines basales très élevées et rapprochées, grandes , ovales ; ailes longues, aiguës ; queue légèrement cunéiforme; tarses minces, moitié moins longs que le doigt médian ; pouce grêle. L’évasement excessif de la mandibule supérieure à son extrémité, le grand développement des lamelles qui en garnissent les bords, la disposition finement pectinée de ces lamelles, cons- tituent les caractères essentiels de ce groupe , qui ne peut se confondre avec aucun autre de la famille. (Gerbe.) Les Souchets ont presque les mêmes habitudes et le même mode de nourriture que les Sarcelles. Sur cinq espèces, une seule est particulière à l’Europe et s’y reproduit. PL. 64. — SOUCHET COMMUN. Rhyncaspis clypeata (Leach, ex Linn.). — Anas clypeata (Linn.). Tête et cou d’un verdâtre foncé, à reflets; poitrine d’un blanc pur ; ventre et flancs d’un roux marron ; dos d’un brun noirâtre ; 156 LES OISEAUX D’EAU — L AMELLIROSTRES couvertures des ailes d’un bleu clair; scapulaires d’un blanc marqué de points et de taches noirâtres ; miroir de l’aile d’un vert foncé ; queue blanche , avec les deux pennes médianes et les barbes externes des suivantes brunes. Bec noir verdâtre en dessus , jaunâtre en dessous ; iris jaune ; pieds jaune orange. Taille : quarante-neuf centimètres. La femelle s’en distingue par la couleur de la tête , qui est d’un roux très clair marqué de petits traits noirs. Répandu dans le nord de l’Europe et de l’Amérique ; très abondant en Hollande , de passage dans les pays tempérés et méridionaux, en Angleterre et en Allemagne; hiverne en grand- nombre dans le midi de la France, où quelques couples se fixent parfois dans les lieux marécageux des bords du Rhône , pour nicher, et n’est que de passage dans le Nord, sauf en Picardie où il se reproduit également. Niche sur les bords des lacs, parmi les joncs ; pond de douze à quatorze œufs oblongs, d’un gris verdâtre ou olivâtre très clair, mesurant de cinquante-trois à cinquante-six millimètres dans un sens, et de trente-cinq à trente-sept dans l’autre. Se nourrit de menus crustacés , de petites grenouilles et d’insectes, voir même des mouches qu’il attrape adroitement en voltigeant sur l’eau; d’où lui vient le nom d 'Anas mnscaria , que lui donne Gessner. « Les Souchets, dit Bâillon, arrivent en Picardie vers le mois de février ; ils se répandent dans les marais, et une partie y couve tous les ans : je présume que les autres gagnent le Midi, parce que ces oiseaux deviennent rares ici après les premiers vents du nord qui soufflent en mars. Ceux qui sont nés dans le pays en partent vers le mois de septembre. « Ils nichent ici dans les mêmes endroits que les Sarcelles d’été ; ils choisissent , comme elles , de grosses touffes de joncs dans des lieux peu praticables et s’y arrangent de même un nid. » AN ATINÉS OU CANARDS 157 Ie GROUPE GÉNÉRIQUE CANARD, AH AS (Linn.). On a fractionné ce groupe en plusieurs subdivisions , dont chacune des quatre espèces suivantes est devenue le type , sous les noms de Anas, Chaulelasmus , Dafila et Mareca , que nous confondons tous dans le premier, parce que l’ensemble de leurs caractères se résume dans ceux-ci. Bec plus ou moins long, ou plus court que la tête ; la- melles plus ou moins visibles ou saillantes ; narines basales rapprochées; ailes modérément longues, plus ou moins aiguës ; queue médiocre, généralement cunéiforme , avec quelques-unes des rectrices frisées et se relevant ; tarses épais, tantôt de la longueur du doigt médian , tantôt moindres. PL. 64. — CANARD SAUVAGE. Anas Boscas (Linn.). Mcîle : tête et cou d’un vert très foncé à reflets brillants, rehaussé par un collier blanc au bas des parties supérieures rayées de zigzags très fins, d’un brun cendré et de gris blan- châtre ; poitrine d’un beau marron foncé; le reste des parties inférieures d’un gris blanc rayé de zigzags très fins d’un brun cendré; miroir de l’aile d’un noir violet, bordé en dessus et en dessous par une bande blanche ; rémiges secondaires d un gris brun sur les barbes internes, d’un violet changeant en vert doré sur les barbes externes , avec une bordure terminale blanche, précédée d’une bande transversale d’un noir velouté ; les quatre rectrices médianes noires, à reflets pourpres , recourbées et re- levées en demi-cercle ; les deux suivantes de chaque côté d’un LES OISEAUX D’EAU — LA MELL1 ROSTRES lo8 brun cendré, bordé de blanc, et les autres cendrées, pointillées de blanc en dedans et blanches en dehors. Bec d’un vert jau- nâtre, avec une teinte brunâtre vers l’extrémité et l’onglet noir ; iris brun rougeâtre; pieds d’un rouge orange. Longueur totale ; cinquante à cinquante-cinq centimètres. Femelle : tout le plumage varié de brun sur un fonds gri- sâtre ; gorge blanche’; bande blanchâtre tachée de brun passant en dessus des yeux, et une autre noirâtre les traversant ; miroir sur l’aile semblable à celui du mâle, sauf une nuance de violet ; les quatre pennes du milieu de la queue droites et non recour- bées. Bec gris verdâtre ; iris brun. Habite en grand nombre les pays du Nord ; se tient dans les marais, sur les étangs et les lacs; commun dans le nord de la France, surtout dans les mois de novembre et de décembre ; se trouve dans nos eaux aussi longtemps qu’elles ne sont pas gelées ; y revient vers la fin de février, dans le courant de mars , et s’y reproduit en plus ou moins grand nombre ; voyage par bandes, de jour comme de nuit, le plus souvent vers le soir. Son vol est élevé ; tous les individus d’une bande se tiennent sur une ou deux lignes et forment, dans ce dernier cas, une sorte de triangle. Niche dans les champs, parmi les herbes, au milieu des ro- seaux; quelquefois dans des crevasses de vieux arbres, d’autres fois dans des nids abandonnés de Pies et de Corneilles. Ses œufs, au nombre de huit à quatorze, sont d’un gris verdâtre très clair et assez luisant ; ils mesurent de cinquante-cinq à soixante et un millimètres dans un sens, et de quarante et un à quarante-deux dans l’autre. Construits sans art, avec des joncs ou des herbes aquatiques ployées et coupées , les nids de cette espèce se rencontrent le plus souvent au-dessus des eaux, posés au milieu des roseaux, sur quelques tas de tiges renversées , ou sur le sommet d’une touffe qui s’élève au-dessus de la surface ; on en trouve aussi qui sont sur terre, à peu de distance du bord ; dans les marais, et même sur les champs cultivés des environs; et mieux encore quelquefois, à des distances de plus d’un quart de lieue, dans • CAS A BD CHIPE AU, ou R I D E N N E — C/milelasmus strepera. Gray. — J nat. CANARD A LONGUE QUEUE, OU FILET — Safila acuta. Eyton. — j nat. ANA'TJNÉS OU CANARDS 159 les bruyères; et jusque dans les bois, où la Cane sait s’emparer des grands nids qu’elle y trouve tout faits pour y établir le sien parfois sur la cime des arbres les plus élevés; par conséquent dans des lieux où l’eau manque aux très jeunes canetons. Dans ces derniers cas, les Canes ne font point de nids, à pro- prement parler ; mais elles s’emparent de celui de quelque autre oiseau, tels que des Pies ou des Corneilles. Et alors, que la ponte ait été faite dans un nid étranger, ou dans quelque creux d’arbre de la forêt , il paraît certain que , aussitôt les petits éclos, la Cane les apporte les uns après les autres, dans son bec, ou sur son dos comme fait le Harle , et les dépose sur un étang à portée du bois. C’est là qu’elle leur donne l’éducation analogue au genre de vie qu’ils doivent mener dans la suite. Lorsqu’ils sont encore fort jeunes, elle les rassemble le soir sur une touffe de joncs, et elle les réchauffe sous ses ailes pendant la nuit, pour en- suite les promener sur les eaux tous les jours , dès le lever du soleil. Les Canards sauvages offrent le premier exemple , chez les oiseaux, de femelles revêtant, avec l’âge, le plumage des mâles. L’observation en a été faite par Everard Home. PL. 60. — CANARD CHIPEAÜ ou RIDENNË. Chaulelasmus strepera (G.-R. Gray, ex Linn.). — Anas strepera (Linn.). Mcîle adulte : tête finement mouchetée et comme piquetée de brun noir et de blanc, la teinte noire dominant sur le haut de la tête , où se dessine une bande médiane d’un brun roussâtre , et sur le dessus du cou ; poitrine richement festonnée ou écaillée de noir et de gris ; dos et flancs vermiculés de ces deux couleurs ; sur l’aile, trois taches ou bandes formant miroir, l’une blanche, l’autre noire , et la troisième d’un beau marron rougeâtre ; grandes couvertures, croupion et couvertures du dessous de la queue d’un noir profond. Bec noir ; iris brun clair; tarses et doigts d’un rouge orange ; membranes noirâtres. Longueur totale : cinquante centimètres environ. 160 LES OISEAUX D’EAU — L AMELL1ROSTRES Femelle : plumes du dos d’un brun noirâtre, bordé de roux clair; poitrine d’un brun rougeâtre marqué de taches noires; pas de zigzags sur les flancs ; croupion et couvertures inférieures de la queue grisâtres. Habite les marais et les vastes jonchaies du nord de l’Europe ; très abondant en Hollande, où il vit dans les mêmes lieux que le Canard sauvage ; commun en hiver , sur les côtes maritimes de France; plus rare dans l’intérieur, où il est de passage et hiverne, ainsi qu’en Italie et en Sicile. L’espèce est la même dans toute l’Amérique septentrionale, où l’on en compte trois variétés assez distinctes , pour que quelques auteurs en aient fait des espèces. Se nourrit de poissons, de coquillages, d’insectes et déplantés aquatiques. Niche dans les prairies et dans les joncs; pond de huit à neuf œufs, d’un gris jaunâtre ou verdâtre, très pâle , mesurant de cinquante-trois à cinquante-six millimètres sur un sens , et de trente-huit à quarante sur l’autre. Les Chipeaux sont les Ridennes de la Picardie, où ils arrivent au mois de novembre par les vents du Nord-Est , et lorsque ces vents se soutiennent quelques jours , ils ne font que passer et ne séjournent pas. Dès la fin de février, aux premiers vents du Sud, on les voit repasser retournant vers le Nord. PL. 65. — CANARD A LONGUE QUEUE ou PILET. Dafila acuta (Eyton, ex Linn.). — Anas acuta (Linn.). Mâle adulte : sommet de la tête varié de brun et de noirâtre ; joues , gorge et haut du cou d’un brun à nuances violettes et pourprées ; sur la nuque une bande noire bordée de deux bandes blanches ; devant du cou et dessous du corps d’un blanc pur ; dos et flancs rayés de zigzags noirs et cendrés ; sur les scapulaires, de longues taches noires ; miroir de l’aile d’un vert pourpré, bordé en dessus par une bande rousse et en dessous par une bande blanche ; rectrices cendrées et frangées de blanc , les deux mé- ANATINÉS OU CANARDS 161 \ dianes dépassant les latérales de huit centimètres d’un noir ver- dâtre. Bec d’un bleu noirâtre; iris brun clair; pieds d’un cen- dré rougeâtre ou noirâtre. Taille, y compris l’excédent des deux longues plumes de la queue, de soixante-trois à soixante-cinq centimètres. Femelle adulte : tête et cou d’un roussâtre clair , parsemés de petits points noirs ; toutes les parties supérieures d’un brun noi- râtre marqué de croissants irréguliers et d’un jaune roussâtre ; parties inférieures d’un jaune roussâtre marqué de brun clair ; miroir d’un brun roussâtre ou jaunâtre, avec ses deux bandes, l’une jaunâtre, l’autre blanchâtre ; queue conique, sans les deux filets. C’est le Canard à longue queue de Buffon. De trois espèces attribuées à ce type, le Pilet est le seul qui appartienne à l’Europe , les deux autres étant de l’Amérique australe. Habite le nord de l’Europe et de l’Amérique durant l’été , et le Midi en hiver ; de passage régulier en Hollande , où il niche quoique en petit nombre ; très abondant à son double passage en ce pays, en Allemagne , en Belgique et en France , où il hiverne dans le Midi, ainsi que sur les bords de la mer Noire. Se nourrit comme les espèces précédentes. Niche en grand nombre sur les bords des lacs et des marais, dans les contrées orientales de l’Europe ; pond huit à neuf œufs, d’un gris verdâtre assez clair, ou d’un cendré roussâtre, mesu- rant de cinquante-cinq à soixante millimètres dans un sens , et de quarante-deux à quarante-quatre dans l’autre. Il ne paraît pas très farouche, et s’habitue aisément à la do- mestication sur nos pièces d’eau. C’est un de ceux dont la chair est assez recherchée et man- gée, en carême, comme aliment maigre. 19 162 LES OISEAUX D’EAU — L AMELLIROSTRES PL. 66. — CANARD SIFFLEUR ou PÉNÉLOPE. Mareca Penelope (Selby, ex Linn.). — Anas Penelope (Linn.). Mâle adulte : front d’un blanc jaunâtre ; tête et cou d’un roux marron ; face pointillée de noir; gorge noire ; poitrine lie de vin ; dos et flanc marbrés de zigzags noirs et blancs ; couvertures des ailes et parties inférieures blanches ; miroir de l’aile formé , comme d’habitude , de trois bandes, dont celle du milieu vert brillant, et les latérales d’un noir profond; scapulaires noires liserées de blanc; couvertures du dessous de la queue noires. Bec bleu, noir à la pointe; iris brun; pieds cendrés. Longueur totale : quarante-sept centimètres. Femelle : tête et cou d’un roux parsemé de taches noires ; plumes du dos d’un brun noirâtre, bordées de roux ; couvertures des ailes brunes , liserées de blanchâtre ; miroir d’un cendré pâle ; poitrine et flancs roux , chaque plume terminée de roux grisâtre. Bec et pieds d’un cendré noirâtre. De quatre espèces rangées sous le type créé par Stephenson, une seule , celle que nous venons de décrire , appartient à l’Eu- rope, les trois autres sont d’Amérique. Habite principalement les contrées orientales du nord de l’Europe, où il niche en grand nombre, passe régulièrement en Hollande et en France, où il niche quelquefois , en Allemagne , en Italie et en Sicile. Se nourrit comme les précédents. Niche dans les marais, et pond huit à dix œufs d’un cendré verdâtre, sale ou jaunâtre, me- surant de cinquante-trois à cinquante-sept millimètres d’un sens, sur trente-huit à trente-neuf de l’autre. Le nom de ce Canard lui vient de sa voix claire et sifflante, qui le distingue de tous les autres Canards, dont la voix est enrouée et presque croassante. Comme il siffle en volant et très fréquem- ment, il se fait entendre et reconnaître de loin; il prend ordinai- rement son vol le soir et même la nuit ; il a l’air plus gai que les autres canards ; il est très agile et toujours en mouvement. Des Murs, Les Oiseaux d’Eau. J. Rothschild, Éditeur, Paiis. j CANARD SIFFLEUït, OU P t îf 4 L O P E — .1 tarera penelope. Selby. - J nat. (TADORNE DE BELON — Tadorna Béton ii. Ray. — J nat. ANAT1NÉS OU CANARDS 163 Les Canards siffleurs volent et nagent toujours par bandes. Il en passe chaque hiver quelques troupes dans la plupart de nos provinces, même dans celles qui sont éloignées de la mer, comme en Lorraine, en Brie ; mais ils passent en plus grand nombre sur les côtes, et notamment sur celles de la Picardie. Le Canard sifïleur s’accoutume aisément à la domesticité ; il mange volontiers de l’orge, du pain, et s’engraisse fort ainsi nourri. Il lui faut beaucoup d’eau ; il y fait sans cesse mille cara- coles de nuit comme de jour. J’en ai eu, dit encore Bâillon, plusieurs fois dans ma cour : ils m’ont toujours plu à cause de leur gaieté. Sa chair est fort bonne ; on la mange , en carême , comme chair maigre. 164 LES OISEAUX D’EAU - LAMELLIROSTRES 8° GROUPE GÉNÉRIQUE TADORNE, TADORNA (Fléming). Bec presque de la longueur de la tête, plus haut que large à la base qui entame et emboîte presque le front, concave au milieu, aplati et légèrement retroussé à l’extré- mité ; à peu près de même largeur dans toute son étendue ; mandibule inférieure presque entièrement cachée par la supérieure ; lamelles de celle-ci un peu saillantes vers le milieu du bec ; onglets étroits à leur origine, celui de la mandibule supérieure large et coupé carrément à l’extré- mité , très recourbé et faisant un peu retour en arrière ; narines submédianes larges, ovales, assez distantes; ailes de moyenne longueur, aiguës ; queue courte, médiocrement arrondie ou presque égale, à pennes larges à l’extrémité ; bas de la jambe nu sur une faible étendue; tarses épais, un peu plus longs que le doigt médian ; doigts relativement courts. Enfin, leurs pieds assez élevés et assez à l’équilibre du corps pour permettre la marche et même la course plus faciles. (Gerbe.) Chez l’espèce type, le mâle, à l’époque des amours, porte à la base du bec une excroissance charnue qui ne se manifeste pas chez les autres espèces. Les Tadornes fréquentent les côtes , les cours d'eaux et les lacs de l’intérieur ; se nourrissent comme les Canards , mais , à leur différence, sont généralement fouisseurs ou terriers, ce qui ne les empêche pas, à l’occasion , de nicher dans les fentes des rochers, dans les cavités et même sur le sommet des arbres. On en a fait deux types, l’un sous le nom de Tadorne , qui ne renferme que deux espèces , une de la Nouvelle-Hollande et une ANATINÉS OU CANARDS 165 européenne que nous allons décrire la première ; l’autre sous le nom de Kasarca , qui renferme cinq espèces, dont une seule propre à l’Europe. PL. 66. - TADORNE DE BELON. Tadorna Belonii (Ray). Mâle adulte : tête et cou d’un vert très sombre ; partie infé- rieure du cou, couvertures des ailes, dos, flancs , croupion et base de la queue d’un blanc pur; scapulaires, une large bande sur le milieu du ventre , abdomen , rémiges et l’extrémité des pennes caudales d’un noir profond; un large ceinturon roux entoure la poitrine et remonte sur le haut du dos ; miroir de l’aile d’un vert pourpré ; couvertures inférieures de la queue rousses. Le bec et la protubérance charnue du front d’un rouge de sang ; iris brun ; pieds couleur de chair. Longueur totale : un peu plus de soixante centimètres. Femelle : plumage entièrement grisâtre, varié de brun; gorge blanche ; bande blanchâtre, tachée de brun passant au-dessus des yeux, et une autre noirâtre les traversant; miroir de l’aile semblable, mais plus nuancé de violet. Bec d’un gris ver- dâtre. Habite le nord et les contrées occidentales de l’Europe, le long des bords de la mer ; très rare en Angleterre, où il niche quelque- fois; très abondant en Hollande et sur les côtes de France, telles que celles du Havre, du Boulonnais et de la Picardie , où il niche chaque année ; accidentellement de passage en Allemagne; se trouve sur le littoral de la Baltique, aux îles Orcades et Shetland, sur les côtes européennes de l’océan Atlantique et de la Méditer- ranée ; on l’a rencontré dans l’océan Pacifique et l’océan Indien, sur le littoral de la Chine et du Japon. Niche dans les dunes de sable , le plus souvent dans les trous abandonnés des lapins ; fréquemment aussi dans les fentes et dans les trous des rochers ; plus rarement sur les arbres. Pond de dix à douze œufs d’un blanc presque pur, avec une teinte verdâtre à 166 LES OISEAUX D’EAU — L AMELLIROSTRES peine sensible , mesurant de soixante-deux à soixante-cinq milli- mètres de grand diamètre, et de quarante-quatre à quarante-six de petit. Quoiqu’on ait aussi donné aux Tadornes le nom de Ccincivd de mer , et qu’en effet ils habitent de préférence sur ses bords, on ne laisse pas d’en rencontrer quelques-uns sur des rivières ou des lacs même assez éloignés dans les terres ; mais le gros de l’es- pèce ne quitte pas les côtes. Chaque printemps , il en aborde quelques troupes sur celles de Picardie , et c’est là que Bâillon père a suivi les habitudes naturelles de ces oiseaux , sur lesquels il a fait les observations suivantes : « Le printemps, écrivait-il à Buffon, nous amène les Tadornes, mais toujours en petit nombre. Dès qu’ils sont arrivés, ils se ré- pandent dans les plaines de sable , dont les terres voisines de la mer sont ici couvertes ; on voit chaque couple errer dans les ga- rennes qui y sont répandues, et y chercher logement parmi ceux des lapins. Il y a probablement beaucoup de choix dans cette es- pèce de demeure , car ils entrent dans une centaine avant [d’en trouver une qui leur convienne. On a remarqué qu ils ne s atta- chent qu’aux terriers qui ont au plus une toise et demie de pro- fondeur, qui sont percés contre dos-à-dos ou monticules et en montant, et dont l’entrée, exposée au midi , peut être aperçue du haut de quelque dune peu éloignée. » Les lapins cèdent la place à ces nouveaux hôtes et n’y rentrent plus. » Les Tadornes ne se bornent pas toujours aux terriers des la- pins pour s’y établir ; ils convoitent également aussi, à l’occasion et selon les localités, ceux des blaireaux et même ceux des re- nards, ce qui peut paraître extraordinaire, à l’égard de deux de leurs plus grands ennemis naturels. Après plusieurs jours d’observations patientes, il constata que les oiseaux avaient fait élection de domicile dans un autre terrier situé à quelque distance où , plusieurs mois auparavant, on avait capturé un blaireau, et qui était encore habité par un renard et un blaireau dont on reconnaissait les pistes fraîches et s’entre- ANATINÉS OU CANARDS 167 croisant en tous sens , ainsi qu’on put le constater sur une lon- gueur de plus de deux mètres. Caché en observation derrière un monticule de sable, le garde remarqua l’entrée et la sortie fréquentes des Tadornes, qui sem- blaient parfaitement tranquilles , malgré cette étrange cohabita- tion ; car , bien que ce terrier fût considérable et comprît un grand nombre de galeries, il pouvait se faire que renard ou blai- reau et Tadornes se rencontrassent à l’entrée. Le docteur Badius, directeur du Jardinzoologique de Cologne, dit aussi, qu’indépendamment des terriers de lapins dont s’em- pare le plus ordinairement le Tadorne, il lui arrive encore de s’enfoncer dans ceux de renards , et que , dans ce cas, il impose presque toujours, par son courage, à ces perfides animaux. Si fouilleur que soit le Tadorne, le même savant naturaliste adonné en 1862, sur cet oiseau, de curieux détails , qui font voir qu’il manquerait parfois, exceptionnellement et d’une façon remarquable, à ses habitudes et à sa réputation d’oiseau terrier. « Il lui arriverait, en outre, dit le docteur Badius, de faire son nid sur des toits ou sur des arbres élevés, et alors, quand ses petits sont assez grands , ils se laissent simplement tomber, à la manière des jeunes Anhingas (1). Seulement, ceux-ci, dont le nid est presque constamment établi sur les arbres , au bord ou au- dessus de l’eau, n’ont qu’à s’y laisser choir; tandis que les jeunes Tadornes , dont le nid est souvent séparé par une distance assez considérable des bords de la mer , sont obligés de s’élancer sur le sol ; mais leur épais duvet prévient suffisamment les dangers de la chute (2). » Le Tadorne se prive aisément et se reproduit même en do- mesticité. j Aux jardins zoologiques de Paris, de Londres, d’Anvers et de Berlin, des Tadornes ont également pondu et amené à bien leurs couvées. (1) Espèce de grand oiseau palmipède, qui ne se trouve que dans l’Afrique méri- dionale, l’Amérique méridionale et à la Nouvelle-Hollande. (2) Journal Y Acclimatation, ibid. 168 LES OISEAUX D’EAU — L A MELL1ROS TRES PL. 67. - TADORNE KASARKA. Tadorna Kasarca (Mac-Gillivray, ex Lirai.}. — Anas Kasarca (Linn.). Mâle adulte : toute la tête et moitié supérieure du cou d’un gris de souris ; au-dessous de cette couleur un collier étroit d’un brun noirâtre ; tout le corps d’un roux rougeâtre; croupion et queue d’un noir verdâtre ; rémiges noires ; moyennes couvertures alaires formant miroir d’un blanc pur, les plus grandes formant miroir d’un vert foncé. Bec noir ; iris d’un brun foncé ; pieds d’un brun noirâtre. Jamais de tubercule charnu à la base de la man- dibule supérieure. Longueur totale : cinquante-cinq à cinquante- huit centimètres. Femelle adulte : pas de collier noir; une partie de la tête blanche ou blanchâtre ; front d’un brun roux ; cou souvent varié de blanc et de brun cendré ; le roux du plumage plus clair et plus lavé ; le reste comme dans le mâle. Se nourrit et niche, comme le Tadorne de Belon , dans les trous des rochers qui bordent les grands fleuves de la Bussie, dans des arbres creux , et le plus ordinairement dans des trous abandonnés par d’autres animaux , ce qui lui a fait donner par les Turcs le nom de Quaz-Tilki , Oiseau-Renard. Pond de huit à neuf œufs blancs, mesurant de soixante-trois à soixante-six mil- limètres dans son grand axe et de quarante-six à quarante-huit dans son petit. Habite les contrées orientales de l’Europe; nulle part plus commun que dans les grandes plaines du Kurdistan ; très commun aussi sur le littoral du Pont-Euxin; répandu jusqu’en Perse et dans l’Inde; de passage accidentel en Autriche, en Hongrie et en Allemagne ; jamais le long des côtes de l’Océan. On le trouve aussi dans les parties orientales de l’Afrique du Sud et en Égypte. A part ces trop vagues renseignements, on ne savait rien, jusqu à ce jour, de l’histoire du Kasarka, que son congénère avait fait rester dans 1 ombre. Grâce à Levaillant et au jeune et hardi Des Murs, Les Oiseaux 79. -CYGNE DE BÉWICK. Cygnus minor (Keyserling et Blasius, ex Pallas). — Cygnus Olor, b. minor (Pallas).- Cygnus Bewicki (Yarrell). Mâle adulte: plumage d’un blanc pur avec une légère teinte jaunâtre à la tête et à la nuque ; bec noir de la pointe jusqu’au delà des narines, jaune orange dans le reste, ainsi que le tour des yeux ; iris brun noir, pieds noirs. Taille seulement de un mètre vingt-six centimètres. Femelle : semblable , un peu plus plus petite. Habite les régions arctiques, l’Islande la Sibérie, de passage en Angleterre, en Allemagne, en Belgique et en France, durant les hivers rigoureux. Niche en Islande, et pond cinq ou sept œufs semblables à ceux du Cygne sauvage, mais ne mesurant que neuf à dix centimètres sur six et demi à sept. Il a les mœurs et les habitudes de ce der- nier. Comme lui aussi, le bréchet de son sternum est creusé pour loger une partie delà trachée-artère. PL. 80. — CYGNE TUBERCULE ou DOMESTIQUE. Cygnus mansuetus (Ray). — Ams cygnus (Linn.). Mâle adulte : tout le plumage, sans exception, d’un blanc par- fait, une protubérance sur le front ; bec rouge, à l’exception des bords des mandibules, de l’onglet, des narines, delà protubérance et du tour des yeux, qui sont d’un noir profond ; iris brun ; pieds d’un noir légèrement nuancé de rougeâtre. Taille de un mètre seize centimètres et plus. Femelle : semblable, plus petite. 190 LES OISEAUX D’EAU - LAMELLIROSTRES Habite les grandes mers de l’intérieur, surtout vers les con- trées orientales du nord de l’Europe, de passage en France par les grands froids. Se nourrit d’herbes aquatiques, de petits poissons et de coquil- lages. A toutes les mœurs et les habitudes du Cygne sauvage. Mais le mode de construction de son nid ne manque pas d’intérêt. En Europe, ce n’est qu’au mois d’avril qu’il se décide à cher- cher un emplacement pour ses œufs. Son nid qu’il cache, tantôt sur un lit d’herbes sèches, tantôt au milieu du fourré qu’il a choisi, sur un tas de roseaux abattus, entassés, et même flottants sur l’eau, sur un ilôt quand cela lui est possible, est des plus primitifs et grossièrementfait : et cepen- dant il y met les soins que comportent et les lieux et les maté- riaux dont il dispose. Le Cygne tuberculé est la souche, s’il n’est le même, de celui que nous élevons pour l’ornement des étangs et des parcs. Sa trachée-artère se rend directement dans les poumons, sans rien emprunter au sternum. Conservé libre dans les parcs et dans les jardins, il faut, durant l’incubation et l’éducation des petits, avoir grand soin d’éloigner les enfants des abords du nid. Pas assez forts, pas assez agiles pour se soustraire aux attaques et aux poursuites du mâle, tou- jours jaloux et irrité, il y aurait pour eux danger de blessures graves et même de mort. L’élevage du Cygne est aussi facile et aussi productif que celui de l’Oie, quoique l’industrie ait donné la préférence à ce dernier oiseau ; la chair du Cygne est exempte de toute espèce de goût fort et désagréable. On a vu le Cygne tuberculé mâle s’accoupler avec l’Oie domestique. Ce groupe clôt le sous-ordre des Lamellirostres et de son unique tribu des Anatidés, ou Canards, dont il est le type le plus distingué. De ce court aperçu des Lamellirostres, on est fondé à les con- sidérer comme les derniers de tous les oiseaux palmipèdes qui Des Murs, Les Oiseaux d’Eau. J. Rothschild, Éditeur, Paris. Pi. 80. — CYGNE TUBERCULE, OU DOMESTIQUE — Cygnus mansuetus. Ray.— £ uat. ANATIDÉS OU CANARDS 191 aient fait leur apparition à la surface du globe. L’aptitude à la marche quoique alourdie et gênée par leur poids , la facilité de se transporter au travers des terres, comme les oiseaux marins au travers des mers, le mode de nourriture, tout en fait des oiseaux presque plus terrestres qu’aquatiques, sans qu’ils soient encore cependant absolument marcheurs, dans la force du terme. TABLE ALPHABETIQUE DES MATIÈRES — DES NOMS D'AUTEURS — DES G II R O MO TYPOGRAPHIES DES NOMS FRANÇAIS, VULGAIRES, ÉTRANGERS ET LATINS D’OISEAUX, CONTENUS DANS CE VOLUME PI. Pages. Aigles 120 Alca (Groupe générique) . t 19 — aile 23 1 — hnpennis 16 — major _ 16 2 — torda 19 Alcinæ (Famille) 18 Alcinés (ld.) 18 AldrovanJe (Ornithologiste) 123 Alma del maestro (Nom vulgaire espagnol) 36 Alque (Groupe générique) 19 2 — macro ptère 19 Anas (Groupe générique). ....... 157 — acuta 160 — albifrons 179 — anser 177 64 — boschas 157 — circia 153 55 — clangula 131 — clypeata 155 ' — cycnus 189 — erythropus 181 — ferma 138 — fuliguïa 136 — fusca 144 — glacialis 140 — histrionicu 133 — - mania ^37 — mollissima 146 — muscaria. 156 — migra 143 — Pénélope. 162 — qucrqüedula 133 PL Pages. Anas segetum 177 — strepera 159 Anatidæ (Tribu) 118 Anatidés (Id.) 118 Anatifères (Mollusques). 142 Anatïnæ (Famille) 130 Anatinés (id.) 130 Anhinga. 167 -Anser ( Groupe générique) 176 73 — albifrons 179 — bernicla 173 74 — brachyvhynchus 180 76 — cærulescens 183 71 — cinereus 177 75 — erythropus 181 76 — hyperboreu? 182 — leucopsis 173 — ruficollü 175 72 — sylvéèirïs 177 — sylvestris Freti-Uudsonii. 183 Anscrinæ (Famille) 169 Ansérinés (Id.) 169 Archiac (le Professeur d') 7 Atricilla Catesbæi 67 Audubon (Ornithologiste). .57, 82, 135 Badius (Docteur) 167 Bâillon (Père) (Ornithologiste). 47, 70, 76, 156 166 Bailly (Ornithologiste)... 77, 125, 156 Baldamus (Docteur) 51, 112 Barnston (Voyageur naturaliste). . 182 Bec-de- Charrue (Nom vulgaire). . 116 Becharu { Nom vulgaire) 116 LES OISEAUX D’EAU 194 Bec-en-Rasoir (Nom vulgaire) .... Belon (Ornithologiste) Bernachès ( Groupe générique) . . . — leur origine 70 - à cou roux 69 — cravant 68 — Nonnette. .7 — Religieuse Bernicla (Groupe générique) 69 — Br enta 68 ■ — leucopsis 70 — ruficollis Bexon, (l’Abbé), (Naturaliste). 100, 107 , 115 Biziure (Groupe générique) Blaireaux : Borelli (Anatomiste) Brünnich (Ornithologiste).... 59, Buffon (Naturaliste) 102, Bulletin de la Société ornitholo- gique suisse Campbel (Voyageur) Canard brun. . 65 — Chipeau 65 — à longue queue — à longue queue , de Terre- Neuve — de Miquelon Pénélope — Filet. — Ridenne. Canards (Tribu)... — leur bec — leur langue — leur trachée-artère. — leur vol — proprement dits 64 — sauvage 66 — siffleur Canias'( Nom vulgaire) Cardan (Naturaliste) 143, Carex (Botanique) Carus (Anatomiste) Cérëops (Groupe générique) Chamydochens (Groupe générique) 65 Çhaulelasmus strepera Chens (Groupe générique) Ckenopis (Groupe générique) 186 Chlocphages (Groupe générique).. 170 Clangida (Groupe générique).... 131 56 — hislrioriica.-. 133 53 — islandica 132 — vulgaris 131 Claque (Nom vulgaire) 143 Clupeilarus, fuscus 60 Colymbiæ (Tribu) 80 Colymbiens (ld.) . 80 Colymbinæ (Famille) 80 39 Colymbus arcticus.. 85 — auritus . . 80 — cristatus 92 — flüvi,atilis 95 38 — glacialis 83 — griseigena 94 — grylle. . '. 24 — • minor 95 40 — septentrionalis 87 — troile. 23 Corbeaux Freux 91 49 Cormoran huppé 111 48 — ordinaire .... 109 50 — Pygmée 112 , — (Famille) 107 Coucou d’Europe 5 Crespon (Ornithologiste) 52 Croiseurs (Nom vulgaire) 102 Cunningham (Ornithologiste. . 78, 100 Cuvier (G.) (Anatomiste) 7, 110 Cyanochens (Groupe générique) .. . 170 Cypéracées (Botanique) 119 Cygnidæ (Famille) 184 Cygnidés (Id.) 184 Cygne (Groupe générique) 187 — sa trachée-artère 181 — sa manière de nager 185 — sou vol 185 — ses combats 185 79 — de Bévvich 189 78 — à bec jaune 188 — domestique 189 77 — invariable 187 — noir 186 — sauvage.... 188 80 — tuberculé , 189 Pages. 20 123 172. 172 175 174 173 174 172' 174 173 175 172 137 166 184 147 115 124 34 145 159 160 141 141 162 160 159 118 118 119 120 120 130 157 162 56 172 129 5 170 170 139 170 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES 193 pi. Cygnops (Groupe générique) 79 Cygnus Bewickii 78 — férus 77 — immutabilis.. 80 — mansuetus 79 — viinor — Olor 65 Dafila acuta Dalt W. (Ornithologiste) Darwin (Naturaliste) Degland (Ornithologiste; Deméezemacker (Ornithologiste). . Deyrolles (Th.) (Voyageur natura- liste) • Diablotins (Nom vulgaire) Dinornis (Oiseau fossile) Dominicanus marinus Edredon Eider (Groupe générique) Eider-don — ses nids \ — son duvet j — ses chasses J 62 — à tête grise 61 — vulgaire Elisha-Kane (Docteur) Emiaulle ( Grande ) (Nom vul- gaire) , Enchaînements du inonde animal. . Epouvantail (Nom vulgaire) Epyornis (Oiseau fossile) Erimistura (Groupe générique).. . — dominicana 54 — leücocephala Erimisture (Groupe générique) . . . 54 — couronnée — caractères de son œuf. — dominicaine • Erimisturinæ (Famille). Erimisturinés (ld.) Eulabées (Groupe générique) Evans (Voyageur naturaliste) Everard Hom (Ornithologiste) Faber (Ornithologiste) 93, Faucons Ferrary (Ornithologiste) *. 100 Flamant (Groupe générique) 115 51 — rose .'... 116 — son bec et sa langue. . . . 119 son nid et ses œufs 119 Flamants (Famille) 114 Flamingo (Nom vulgaire portu- gais) 116 Fougères arborescentes (Fossiles). 7 , Fou (Groupe générique) 99 45 — blanc 99 — de Bassan 99 Fous (Famille) 97 Fratercida (Groupe générique) ... 27 5 — arctica 28 6 — corniculata 29 Fraterculinæ (Famille) 26 Fraterculinés (Id.) 26 Frégates 98 Fritz (Ornithologiste) 139 57 Fidigula cristata 136 58 — ferma 138 57 — marila. . 137 58 — mjroca 139 56 - rufina 135 Gabians (Nom vulgaire) 56 Gachet (Nom vulgaire) 53 Garrot (Groupe générique) 131 — à collier 133 56 — histrion 133 55 — islandais 132 55 — vulgaire 131 Gaudry Albert (Professeur)...... 67 Gavia\ 56 — atricilla 67 — cinerea 66 — ridibunda 70 — . Audouini 63 Gelastes (Groupe générique) 63 Geolïroy-Saint-Hilaire (de l’Inst.) . . 7 Gerbe (Ornithologiste) 37, 61, 77, 110 149 Gessner (Ornithologiste) 156 Glaucus Audouini 63 Goéland (Groupe générique) 57 23 — aux ailes blanches 62 21-22 — argenté 61 âges. 170 189 188 187 189 189 189 160 66. 7 61 188 169 36 7 58 147 146 147 148 149 146 12 65 53 7 127 127 128 127 128 128 127 126 126 170 24 159 150 120 LES OISEAUX D’EAU 10(5 24 Goiifa ni d’Audouin 63 ilarles (Famille) Pages. 121 30 68 — petits (FamilleX 121 18 Hayes (Le Docteur) .... 20 - brun , 60 Hector Boëthe (Naturaliste) 143 - il capuchon brun 70. lléliogabale (l’Empereur , 117 32 71 Hill ( Ornithologiste). 127 28 - à capuchon plombé.. . . . . 67 Hirondelle de mer (Sous-Famille). 44 26 — cendré 64 13 — de mer arctique 43 23 — leucoptère 62 14 — de mer Caugek 49 21-2 2 -, à manteau bleu 61 13 — de mer de Dougall. . . . 48 — à manteau gris. • 57 16 — de mer épouvantail. . . . 52 19 58 16 — de me.r (rnifFel.te 29 - ù paupières blanches . . . 67 14 — de mer Hansel 50 à pieds jaunes 60 dp mer rrnnnïp 43 33 - Pÿgmée 72 17 — de mer moustàc. ,54 31 VT Ail V 70 j mer üaine 31 de Sabine 69 12 — de mer Pierre Garin. . . 47 — sénateur 68 — de mer à tête noire. . 53. 25 — ténuirostre. 63 15 — de mer Tschegrava . . . 51 27 — tridaclyle 66 Hodeck (Ornithologiste) 105 Gosse (Ornithologiste) 127 Hombron (le p'o(ctpiïrM-ifiJM . ; . . . 33 Graba (Ornithologiste) 23, 76 Hydrob,ates (Groupe générique) . . . 128 Grèbe (Groupe générique) . -. 90 16 Ilydrochelidon fissipes 52 44 castagneux 95 17 — liyhrhln 54 .43 - 94 16 — riiqrà ...... 53 — esclavon 90 42 _ huppé.. 92 Ini pennes 13 43 - jou-gris 94 Impennes . 13 41. — oreillard ,90 — (son ennemi) 92 Journal de la Société d’Acclima- Guiffelte noire (Nom vulgaire). . . 53 tation ........ r ........ . 166 Guillemot (Groupe générique) 22 Jacqulnot (Officier de marine) . . . 33 — Arra . 22 3 — bridé 22 Labat (Père) (Voyageur) 36 — de Brunnich 22 Lamark (de l’Institut) 9 4 — h capuchon 23 Lamellirostres (Sous-Ordre). ..... 118 — à gros bec 22 Lamotte (Jules de) (Ornithologiste), 4 — à miroir 24 29, 87 180 25 Leach (le Docteur) 37 Lessou (Ornithologiste) 6 Hardy (Ornithologiste" 01, 141 Larin'æ (SouS-Famille) 54 Ilarelda 141 Lariinés (ld.) 54 59 -T- glacialis ... 140 Larinæ (Famille) * 43 Harle (Groupe générique) 122 Larinés (Id.) 43 52 — bièvre 123 Larus (Groupe générique) 57 — (grand) 123 21-22 — argentatus 61 52 124 — argentatoïdcs 61 33 - Piette 125 28 — atricillus. 67 ■107 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES pi. Page 24 Larus Audouini 26 — canus : — catarraetes 30 — eburnens . — fusais. 20 — fuscus (Lestris).' 23 _ gelastes.. 18 — glanais 29 — leucophthalmiis 23 — *leucopterus 19 — marinus 7.. 33 — minutus 32 — melanoceplialus . — niveus • 31 — ridibundus 31 — Sabinei. 27 — tridaètylus Layard (Voyageur naturaliste) .... Lestridinæ (Sous-Famille) Lestridinés (ld.) Lestridiens, (Sous-Famille) 34 Lestris catdrr actes 37 — longicaudus 36 — parasitiais 35 pomarinus. — spinicauda Lettres à M. le professeur d’Ar- chiac Leucus fuscus * — leucopterus Levaillant (Voyageur naturaliste). Loche, le Capitaine (Ornitholog.) . . Longipennes (Tribu) Longipennes (Tribu) Luidgi-Benoît (Ornitholog'stc) Lyell (Géologiste) . Macareux (Groupe générique) — leurs terriers 6 Macareux à croissants 5 — moine Mac-Gillivray (Ornithologiste) 97, Macreuse (Groupe générique) 60 — ordinaire 60 — brune — double 66 Macreuses — leur origine 6b Mareca Penelape 162 Malherbes (Ornithologiste) 126 Mammouths. (Fossiles). 7 Marsh (Géologiste) 7 Martin (Voyageur naturaliste) 42 Mastodontes (Fossiles) 7 Mangeur de plomb (Nom vulgaire'. 82 Mauves (Nom. vulgaire) 56 Mégapodes S Mergansères (Groupe générique) . . 121 Mergelles (Groupe générique) 120 Merginæ (Famille) 121 Merginés (Id.) 121 Mergula (Groupe générique) 25 Mergulus aile. 25 Mergus (Groupe générique) 122 *53 — Albellüs 125 52 — 'merganser 123 52 — serrator... 124 Méthode ascendante. *• • • 7 — descendante 7 Milbe-Edwards (Alph.de l'inst.) 6. 8 58 Milouin rouge 138 Miaules (Nom vulgaire) 56 Modifications générales du globe. 7 Montagne (Ornithologiste) 85 Montbeillard (Ornithologiste) 36 Morillon (Groupé générique) 135 57 — à crête 136 §7 _ Milouin 138 39 — de Miquelon 140 58 — Nyroca 139 56 — siffleur huppé 135 Mormon cor niculata 29 — f rater cula ■ 28 Morris (Ornithologiste) 51 Morton (le Lieutenant) H, 139 Mouettes Natcitores (Sous-Ordre) 30 Nattérer (Ornithologiste) 54 Naumann (Ornithologiste)^ 112 * Noir-Manteau (Nom vulgaire) .... 61 Nordmann (Professeur) 105 Oidemia (Groupe générique) 142 60 — nigrd * ^ 60 — fusca 144 198 LES OISEAUX D’EAU Oie (Groupe générique) 74 — dé Baillou ! 76 — bleuâtre 71 — cendrée — à front blanc 76 — hyberborée 75 — naine. — de neig'e. . .* — des moissons — première 73 — rieuse 72 — sauvage — à duvet, de Danemarck Oies proprement dites — leur vol — leurs combats 7 Oiseau Diable (Nom vulgaire) . . . — de pluie (Nom»vulgaire) . . — Renard (Nom vulgaire).. . — . de Saint-Pierre (Nom vul- gaire) Oiseaux — leurs caractères — leur esprit d’association. . . — leur nid. — leurs sens — de l’air, ou Oiseaux de proie. — des bois ou des champs... — lamellirostres ou Canards.. — de mer ou Nageurs ... — nageurs proprement dits . . — de rivages ou Echassiers. . — de terre ou Coureurs — de transition Olor (Groupe -générique) Oscillations du sol terrestre Owen (Anatomiste) Pagophila (Groupe générique) ... Pallas (Naturaliste) Pelpcaninæ (Famille) Pélécaninés (ld.) Pelecanus (Groupe générique). . . — cdrbo 47 — crispus — graculus 46 . — onocrotalus — pygmæus Pélican (Groupe générique) 103 — blanc io5 17 — frisé io4 46 — onocrotale 103 Pélicans (Sous-Ordre) 30 — (Tribu) 97 — proprement dits loi Perroquets de mer (Nom vulgaire). 26 Peter (Nom vulgaire anglais) 32 Petit-Pierre (Nom vulgaire) ....... 32 Pétrel» (Groupe générique) 42 — Fulmar 33 — géant 33 H — glacial 42 Pétrels (Famille) 32 — leur bec. 33 — leur estomac 33 — hirondelles (S.-Famille)32,. 34 — Puffins (Sous-Pamille) 32, ’38 — proprement • dits (Sous- Famille) 32, 41 Pétrill (Nom vulgaire anglais). . . . 32 Phaëtons 93 Phalacrocoraces (Famille) 107 48 Phalacrocorax carbo HO 49 — cristatus 111 50 — pygmæus 112 Phénicoptère (Groupe générique).. 165 — des anciens 116 51 — rose 116 Phœnicopterinæ (Famille) 114 Phénicoptérinés (ld.) H4 Phœnicopterus (Groupe générique) 115 Phoques (Cétacées) 83 Pierre (Nom vulgaire) 32 — Garrin (Nom vulgaire) 47 Pierrot (Nom vulgaire) 32 Pingouin (Groupe générique) 16 .1 — (Grand) 16 2 — (Petit). 19 2 — macroptère ». 19 Pinguinidæ (Tribu) 12 Pinguinidés (ld.) 14 Pinguininæ (Famille) 15 Pinguininés (ld.) 15 Pinguinus (Groupe générique),..- 16 — impennis 16 Plongeon (Groupe générique) .... 82 176 180 183 177 179 ; 182 181 182 177 177 179 177 144 170 170 170 36* 86 168 36 4 4 11 5 50 6 6 12 6 12 \ 6 6 12 186 7 100 69 65 101' 101 103 110 104 110 103 112 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIERES 199 PI. " Pages. 40 Plongeon Cal-marin 87 — à gorge noire 38 — imbrim 83 39 — Lumme _ 85 Plongeons (Sous-Ordre) 30 Plongeurs (Tribu).. 80 Podicepinæ (Famille) 88 Podicepinés (Id.)... 88 Podieeps (Groupe générique) 90 41 — ^ auritus 90 42 — cristatus 92 44 — fluviolihs 98 43 — griseigena 94 43 — nigricoüis 94 J? or te feuille d’un Chasseur 179 Poule des lacs (Grande) (Nom vul- gaire) 86 Poulet de la mère Cary (Nom vul- gaire) 36 Prévost (Ornithologiste) 46 Procellaria (Groupe générique) .. . 42 — (Sous-Famille) 38. — Anglorum 40 11 — glacialis 42 — Leachi 37 — leucorhoa 37 — puffinus... 38 Procellarinæ (Famille) 32 — (Sous-Famille)... 34, 41. Pucheran (le Docteur) 7 Pufftneæ (Sous-Famille) , 38 Puf fin (Id.) 38 10 — des Anglais 40 8 — cendré 39 9 — majeur 39 Puffinus (Sous-Famille) 38 10 — Anglorum 40 9 — major. 39 Quaz-Tilki (Nom vulgaire turc). . 168 Querguedula (Groupe générique). 151 63 — circia 153 63 — circia 152 Raine- Goose (Nom vulgaire an- glais).'. 86 PI. Pages. Ray (Jules) (Ornithologiste) 25 Réchin (Naturaliste) 7 Reichenbach (le Docteur) 6 Renards 167 Revue britannique 84* Rhyncaspis (Groupe générique) . . . 155 64 • — clypeata 155 Richardson (Ornithologiste) 132 Ridennes (Nom vulgaire) 160 Ris sa Brünnichii 66 — tridactyla 66 Sabine (Ornithologiste.) 121 Satanique (Nom vulgaire) 36 Saint John (Ornithologiste). ... 70, 134^ Sarcelle (Groupe générique) 151 — de la Caroline 151 63 — commune 153 — d’Égypte. 140 — d’été J53 — de Féroë 140 — de Formose 151 63 — d’hiver 152 — du Japoij 151 — mandarine 151 « Scaliger (Naturaliste) . 172 Schceffer (Ornithologiste) 6 Selys-Longchamps (Ornithologiste). 129 Shirley (Ornithologiste) 84 61 Somateria mollissima 146 62 — spectabilis 149 Souchet (Groupe générique) . 155 64 — commun 155 Steenstrupp (Ornithologiste) 15 Stephenson (Ornithologiste) 162 Stercoraire (Groupe générique) 76 34 — cataracte 75 37 — labbe 78 37 — longicaude 78 36 — parasite 78 35 — .pomarin 77 ' Stercorarius longicaudus 78 Sterna (Groupe générique) 45 14 — ^ anglica 1 50 — aranea 50 — ‘ arctica 48 14 — cantiaca 49 - 15 — caspia 51 200 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES 13 Sierra Dougallii — fissipes 12 — llirundo — hybrida — leucopareia 12 — minuta — nigra *■ .... 13 — paradisea .'.... Sternes (Groupe générique) Sterniens (Sous-Famille) Sterninæ (Sous-Famille) Sterninés (Ici.).. S ter nul a minuta .-...7 Sturge (Voyageur ornithologiste).. Sturwitz (Ornithologiste) ; Sida (Groupe générique) 4 o — bassana Sulinæ ‘ Tadorna (Groupe générique) 6tL — Belonii 7 67 — casarka Tadorne (Groupe générique) 66 — de Belon. 67 — kasarka Tavans' T/ialassidroma (Groupe générique). — Leachi 7 ) — leucorhga 7 — pelagica Thalassidrôme (Groupe générique). 7 — de Leacli 7 — Tempête Thalassidrômes (Sous-Famille) âges. 48 47 34 56 45 53 48 44. 44 45 24 17 99 99 97 164 165 168 164 165 168 35 37 37 35 35 37 35 34 Thalassorni > (Groupe générique).. 226 Thienemann (Ornithologiste) 133'" Tortues d’eau douce, leurs ma- nèges 92 . Totipalmes 30 — (Tribu) 97 Tolipalmi 79' Toiissenel (Ornithologiste) 6 Tristram (Voyageur Naturaliste). . ifl Turati (le Comte de) (Ornitholo- giste) 85 Uria (Groupe générique) 22 — arra. 22 — Brünnichii 24 4 — grylle * 24 5 — minor 25 3 — Ringvia 22 4 — trotte . . 23 ürinæ 20 Urinés (Famille) , ' 20 Yaimaux (Nom vulgaire).. 142 Variabilité des espèces 7- Virey (Naturaliste) 5 Voiliers* (Grands) (Sou's-Ordre). ... 30 Vouga (Ornithologiste) 124 Wilson, (Ornithologiste) 83 Wormius (Naturaliste) -. 141 Xema atricilla 67 — ridibundus 70 Fl N DE LA TABLE'. DE, S AI À TI ERE!