REVUE INTERNATIONALE POUR LA CONSERVATION DE LA NATURE EN AFRIQUE | Gestion de la Faune, Aménagement d’aires protégées, Conservation des ressources naturelles. INTERNATIONAL JOURNAL ON NATURE CONSERVATION IN AFRICA | Wildlife and Protected Areas Management and Natural Resources Conservation. Volume 7, n°4, Octobre-Décembre 1991. October-December 1991. Organisation des Nations Unies fan Programme des Nations Unies pour pour l’Alimentation et l’Agriculture Mm, l'Environnement Food and Agriculture Organization 09, TP V4 United Nations Environment of the United Nations Y Programme | FAO Regional Office for Africa : Bureau Régional de Ja F.A.O. pour PAfrique - Accra (Ghana) Nature et Faune Volume 7, n°4 Octobre-Décembre 1991 Octobre-December 199 La revue Nature et Faune est une publication internationale trimestrielle destinée à permettre un échange d'informations et de connassainces scientifiques concernant la gestion de la faune, l'aménagement des aires protégées et la conserva- tion des ressources naturelles sur le continent africain. "Nature et Faune" is a quarterly international publication de- dicated to the exchange of information and scientific data on Wildlife and protected areas management and conservation of natural resources on the African continent. Editeur - Editor : J.D. Keita a.i. Ass. Editeur - Ass. Editor : J. Thompson Conseillers - Advisers : J.D. Keita - G.S. Child Nature et Faune dépend de vos contributions bénévoles et volontaires sous la forme d’articles ou d’annonces dans le domaine de la conservation de la nature et de la faune sau- vage dans la Région. Pour la publication d’articles ou tout renseignement complémentaire, écrire à l'adresse suivante: "Nature et Faune" is dependent upon your free and voluntary contributions in the form of articles and announcements in the field of wildlife and nature conservation in the Region. For publication of articles or any further information, please contact: Revue NATURE ET FAUNE F.A.O. Regional Office for Africa P.O. BOX 1628 ACCRA (Ghana) mmaire - n ae TP PT ER RR ew eles een nn 3 La Conservation des Foréts Tropicales: présentation générale du probléme ............... .§ Deuxième rapport intérimaire sur l’état des forêts tropicales ............................. 10 Conservation and protection of tropical rain forests: the perspective of the World SAWMIVERION URI à 44 cscs leoueoausat dus et ae bess 13 BA CTOD. un vus dune den ea ved SAR IN CN US 20 Climate change and agriculture, forestry and fisheries .................................. 27 THAQUCTIONS - TRANSLATIONS ide cases ll AR ANS 31 ou limites. Le contenu des articles de cette revue exprime les opinions de leurs auteurs et ne reflète pas nécessairement celles de la FAO, du PNUE ou de la rédaction. Il n'exprime donc pas une prise de position officielle, ni de l'Organisation des Nations Unies pour l'Ali- mentation et l'Agriculture, ni du Programme des Nations Unies pour l'Environnement. En particulier les appellations employées dans cette publication et la présentation des données qui y figurent n'impliquent de la part de ces Organisations aucune prise de position quant au statut juridique des pays, territoires, villes ou zones ou de leurs autorités, ni quant aux tracés de leurs frontières Printed by The Advent Press — Accra EDITORIAL The Tropical Forest: the magic word ofthe moment, no longer invokes the horrors of the Green Inferno, or Kipling’s jungle of adventure, but that of Hope: an inexhaustible source of varied resources, a reservoir of genes for our future salvation, a tank for carbon dioxyde, which is blamed for being one of the causes for global warming of the earth, etc... It is thus very normal for everyone to be concerned about the accelerated rate of its destruction and propose solutions for its conservation. It is also normal that this should be the occasion for passionate expression of views. Three groups are involved in this debate: first of all the foresters, defending their sacro- sanct forest management on a sustained yield basis. Their talk is punctuated with words like inventory, management plan, exploitation, protection and regeneration. The conservationists, on the contrary, be- lieve that this "forestry management" means the destruction of forests, for they claim that once the tropical forest is logged, it can never recover its original state. The foresters, they add, do not yet know how to effect this rege- neration. A third group is of the opinion that sustai- ned management is certainly good, but it should not only concern wood and its by-pro- ducts. To them, the management must be glo- bal, involving all forest "products", giving prio- rity to those affecting the populations living wi- thin and around the forest. They are thus more La Forét Tropicale, c’est le mot magique d'aujourd'hui; elle n’évoque plus l’épouvantail de l'Enfer Vert, ou la jungle d'aventures de Ki- pling; mais bien l'Espoir: une source inépuisa- ble de ressources de toutes sortes, un réser- voir de gènes pour notre salut futur, un réser- voir où stocker le gaz carbonique, accusé d’é- tre un des responsables du réchauffement gé- néral de la terre, etc... ll est donc normal que tout le monde se pré- occupe du rythme accéléré de sa destruction et propose des solutions pour y remedier. Il est également normal que cela soit l'occasion d’empoignades passionnées. Trois groupes s'affrontent dans le débat: d’abord les forestiers, mettant en avant leur sa- cro-saint aménagement des foréts sur la base du rendement soutenu. Leur bréviaire est : émaillé de mots comme inventaire, plan d'amé- nagement, exploitation, protection et régéné- ration. Les conservationistes au contraire pensent que cet "aménagement forestier’ signifie la destruction des forêts, car disent-ils, une fois exploitée, la forêt tropicale ne reprend jamais plus son état originel. Les forestiers, ils ajou- tent, ne savent pas encore comment provo- quer cette régénération. Untroisième groupe est de l'avis que l’amé- nagement soutenu est certainement bon, mais pas seulement sur la base du bois'et de ses dé- rivées. Pour eux, l'aménagement doit être glo- bal, concerner toutes les "productions" de la forêt, en priorité celles interessant le plus les concerned with the problems posed by the participation of the populations in the systems of conservation particularly those systems in which human activities are almost completely banned, or very minimal. In effect, how do we get the population to participate in the protec- tion of a national park when these people have been driven out of the park, and their children can only be turned into waiters and stewards in tourist centres, when their real needs concern farm and pasture lands? Passion - always a bad fellow - is at the ori- gin of ferocious criticisms of others’ initiatives. But these criticisms are good and even inevi- table as the problems are so complex and the interests very varied. Nature et Faune plans to publish in the next 3 to 4 issues, articles writ- ten by persons, with their passion, engaged in various aspects of the problem. We thus wish to give our readership original information and also to enable them participate in the debate. Opinions expressed must not be considered as the position of either FAO or UNEP. populations vivant dans et autour des foréts. Ils sont donc préoccupés par les problèmes que pose la participation des populations dans les systèmes de conservation, en particulier comment faire participer les populations dans les systèmes de conservation où les activités humaines sont sinon totalement interdites, tout au moins très réduites. En effet comment ob- tenir la participation à la conservation d'un Parc national, de populations chassées de ce Parc et à qui on ne propose que de transformer leurs enfants en garçons de café dans les établisse- ments touristiques, quand leurs besoins réels concernent des terres de culture et des pâtu- rages ? La passion - toujours mauvaise conseillère - est à l’origine des critiques féroces des initia- tives des uns et des autres. Mais ces critiques sont salutaires et même inévitables tant les pro- blèmes sont complexes et les intérêts diver- gents. Aussi Nature et Faune se propose, de publier dans les 3 à 4 numéros à'venir, des ar- ticles écrits par des personnes engagées - donc avec leurs passions - sur les différents as- pects du problème. Nous voulons par là don- ner à nos lecteurs une information d'origine et aussi leur permettre de participer au débat. Les opinions exprimées ne doivent pas être considérées comme prises de position ni de la FAO, ni du PNUE. La Conservation des Forêts Tropicales Présentation Générale du problème par J.D. Keita* Introduction Le poète français Chateaubriand écrivait au début du 19e siècle que "les forêts précèdent les peuples, les déserts les suivent". Mais bien avant, d’autres écrivains et penseurs s'étaient lamentés de la disparition des forêts, prélude à la décadence des sociétés humaines. Le grand philosophe grec Platon avait décrit avec un relief saisissant le cas de la Grèce. "Ainsi qu'on peut s’en rendre compte, la Grèce est demeurée par rapport à celle d’au- trefois comme le squelette d’un corps déchar- né par la maladie. Les parties grasses et molles de la terre ont coulé tout autour, et il ne reste que la carcasse nue de la région. En ce temps là, la Grèce avait pour montagnes de hautes ondulations de la terre, les plaines qu'on appelle aujourd’hui champs de Phellus étaient couvertes d’une glèbe grasse; il y avait sur les montagnes de vastes forêts dont il reste maintenant des traces visibles, car parmi ces montagnes, qui ne peuvent plus nourrir que des abeilles, il y en avait sur lesquels on cou- pait encore, il n’y a pas de très longtemps, de grands arbres propres a batir Jes plus grandes constructions. ll y avait beaucoup de hauts arbres cultivés- et la terre donnait aux troupeaux une pature inépuisable. L'eau fécondante de Zeus qui s’y écoulait chaque année ne ruisselait pas en vain pour aller se perdre dans la mer. La terre en avait dans son sein et elle en recevait du ciel une quantité qu'elle mettait en réserve dans celles de ses couches que l'argile rendait im- perméable; l'eau qui tombait des endroits éle- vés s'écoulait aussi dans les anfractuosités du sol. Aussi, en tout lieu coulaient les flots géné- reux des sources et des fleuves." ll n'y a probablement pas de spécialiste en matière d’érosion et de conservation qui puisse aujourd’hui mieux décrire les relations d’équilibre entre le couvert forestier, les sols et les eaux, qui conditionnent l’existence stable d’une communauté humaine, dans un espace donné. Cen’est donc pas aujourd’hui que l'homme a commencé à détruire la forêt, ni non plus qu'il a commencé à en reconnaître les effets. Ce qui est cependant nouveau aujourd'hui, c'est d’abord que depuis environ un siècle, l'homme à travers sa révolution industrielle, s'est doté de moyens de destruction jamais égalés; et qu'en conséquence, la destruction se produit à un rythme plus accéléré. Un autre élément nouveau est qu'aujourd'hui la prise de conscience n'est plus seulement au niveau des penseurs et des philosophes, mais d'un plus large public; la gamme des solutions et MT os g à PR initiatives proposées pour la conservation des forêts est de ce fait très étendue. Quels sont les enjeux 7 Essayons de rappeler encore une fois brié- vement les véritables enjeux de la conserva- tion, avant de passer en revue les diverses ini- tiatives prises ou suggérées récemment en fa- veur de la conservation des foréts tropicales. Le premier enjeu de la conservation concerne les ressources. Les foréts consti- tuent un immense réservoir de ressources dont l’exploitation est indispensable a l'homme; elles fournissent bois, fourrages, produits alimentaires, plantes médicinales etc... L'importance de ces ressources pour les communautés humaines peut paraître très va- riable, des déserts aux forêts de pluie, mais en réalité, ces ressources jouent les mêmes fonc- tions essentielles dans la sta- bilité des différentes socié- tés. Ceci est à présent assez bien documenté. Les Pyg- mées de Centrafrique récol- tent tout leur ravitaillement alimentaire dans la forêt, mais les pasteurs du désert Ferlo au Sénégal, se procu- rent aussi l’essentiel de leur ration de vitamines et de sels minéraux indispensables, a partir des formations li- gneuses pérennes. Le deuxième enjeu concerne le rôle joué par les formations forestières dans la genèse et le maintien du potentiel de production des sols ainsi que les rôles de réservoir pour l'eau et de manteau protecteur contre l'érosion. Ce- la aussi est à présent bien documenté. La des- truction des forêts a pour conséquences im- médiates au niveau du fermier et de la commu- nauté rurale, la disparition des ressources fo- restières, la démolition de la base du système dela production rurale, et la désolation de l’en- vironnement causées par l'érosion. C’est l’en- grenage de la pauvreté. Le troisième enjeu concerne la survie des populations dites primitives, ou aborigènes ou encore appellées minorités vivant dans les fo- rêts (forest communities). Pour ces commu- nautés, la forêt est le milieu de vie leur garan- tissant un mode de vie particulier, dépendant entièrement d'elle. La disparition de la forêt si- gnifie évidemment disparition de ce mode de vie et donc des communautés elles-mêines. Ce problème concerne des centaines de mil- lions de personnes en Amérique du sud, en Asie tropicale et aussi en Afrique (Cameroun, Centrafrique, Congo et Zaïre pour l'essentiel). A ces trois enjeux, que l’on pourrait quali- fier de traditionnels et qui concernent directe- ment les communautés rurales des pays en voie de développement, s'ajoutent depuis quelques décennies, deux autres, non moins importants cependant. Le premier concerne la diversité biologique qui doit être maintenue sur terre afin que l'homme puisse disposer de tous les gènes et des formes de vie dont la petite planète a été dotée. Il est évident que les progrès que l’homme pourrait et doit faire pour améliorer ses conditions de vie, dépen- dent de ce réservoir dont le contenu doit être sauvegardé. Le second concerne le rôle de réservoir pour l'excès de CO2 que les forêts pourraient stocker pour diminuer la concentration de l’at- mosphère en gaz contribuant à l'effet de serre et donc au réchauffement de la planète. Cela est moins bien documenté, mais un réchauffe- ment éventuel de la planète est une préoccu- pation réelle et s’il se produisait, cela aurait de grandes répercussion sur l’agriculture mon- diale et en cunséquence, sur la vie sur terre. Les scientifiques n’ont pas encore cerné avec précision quelle est exactement la part de la destruction des forêts dans les changements de climats qui sont prédits et dont certains signes avant-coureurs ont commencé à se manifester (sécheresses un peu trop fré- quentes, trou dans la couche d'ozone, etc...). ll est cependant estimé que la contribution nette des émissions de bioxyde de carbone provenant du déboisement permanent attein- drait peut-être 25% de l'augmentation totale annuelle nette des émission de bioxyde de car- bone. De toutes les façons, il n'est pas possi- ble de déclarer cela négligeable, car les fac- teurs agissant dans le phénomène de change- ment de climat, ne s'ajoutent pas mécanique- ment, mais interfèrent de manière dynamique les uns sur les autres. Il ne faut donc pas re- garder aux seuls pourcentages de CO: fournis par la destruction des forêts par rapport aux pourcentages des autres activités concer- nées. Problèmes de priorités ? ll y a un large consensus sur ces enjeux; certes la hiérarchisation des priorités est diffé- rente. Les pays pourvus d’importantes res- sources forestières estiment que l'exploitation de ces ressources doit leur permettre d’assu- rer leur développement économique. Après tout, disent-ils, ces forêts constituent la source de richesse dont Dieu a doté leurs pays tout comme certains pays arides et désertiques sont dotés de gisements de pétrole ! Pour eux donc l'aménagement forestier qui consiste à gérer ces ressources en bon père de famille, est la priorité des priorités et toute l’action doit tendre à alder leurs gouvernements à mieux exploiter, aménager et conserver les forêts. Dans les pays du Nord développés et riches, les ressources forestières ne sont plus regardées en priorité comme des ressources marchandes et les préoccupations sont plus tournées vers la conservation de la diversité biologique et les changements de climat. Apparemment, les intérêts sont donc diver- gents, mais stratégies et programmes d'action doivent se compléter pour que tous les objec- tifs soient atteints. La grande diversité des ins- titutions impliquées dans la conservation doit aussi garantir qu'aucun aspect n’est oublié. Les initiatives et leur limites Des institutions nationales aux grandes or- ganisations internationales, en passant par les organisations non-gouvernementales et même les initiatives privées, il y a une gamme fort étendue de stratégies élaborées et une pa- noplie nombreuse de programmes d'action mis en oeuvre. La FAO, l'UNESCO à travers son programme MAB (l'homme et la Bio- sphère), IUFRO (International Union of Forest Research Organizations), ITTO (International Timber Trade Organization), ainsi que l'Institut pour les ressources Mondiales, l'UICN (AI- liance Mondiale pour la Nature), le Fonds Mon- dial pour la Nature (WWF), Friends of the Earth, Greenpeace, etc., sont les principales organisations intergouvernementales et non gouvernementales qui, a travers leurs pro- grammes de recherches et de développe- ment, aident le plus les pays tropicaux a éla- borer et mettre en oeuvre des stratégies et pro- grammes d’action visant a protéger, aména- ger et conserver les écosystémes forestiers tropicaux. Ces organisations sont aidées en cela par le PNUD, la Banque Mondiale, les Banques Régionales de Développement, les aides bilatérales, etc., qui financent les pro- grammes formulés. La matérialisation de ces efforts de protec- tion et de conservation des foréts est consti- tuée par l'existence des Réserves forestières plus ou moins bien aménagées, des Parcs Na- tionaux et réserves de Faune plus ou moins bien protégées, des Réserves de la Biosphère, des réserves naturelles, patrimoines de l’Hu- manité, etc... Tout le monde, tant s'en faut, n'est pas satisfait de ces résultats et depuis une dizaine d'années, la communauté interna- tionale est très agitée par de nouvelles idées sur la conservation des Forêts Tropicales. Les stratégies et programmes se succèdent et la cadence à laquelle ils sont fabriqués et aussi vite critiqués et abandonnés, traduit sans nul doute un certain désarroi. Foresterie communautaire et Participation des Populations, systèmes de Boycott des Bois Tropicaux, Echange Dette contre protec- tion de la Nature, Convention sur les change- ments de climat, Plan d’Action Forestier Tro- pical, Plan d’Action Environnemental de la Banque Mondiale,...etc, sont à l'heure actuelle les principales initiatives de la communauté in- ternationale en faveur de la conservation des écosystémes forestiers tropicaux. Le concept de participation des popula- tions est probablement un des plus promet- teur, bien que les programmes mis en oeuvre jusqu'à présent n'ont pas toujours eu les suc- cés escomptés. On se rend compte que leur mise en oeuvre fructueuse nécessite bien sou- vent de profondes réformes économiques, so- ciales et politiques. Ces programmes ne por- tent des fruits acceptables que lorsqu'ils sont implantés dans des systèmes politiques de dé- mocratie participative. C'est pourquoi le concept de participation est de plus en plus lié aux problèmes des droits de l'homme. D'autres initiatives commes les proposi- tions de boycott des bois tropicaux, les sys- tèmes de remise de dettes contre protection de la nature, les conventions internationales touchant à la conservation des forêts, ne sont généralement pas vues d’un bon oeil. Ils sont même quelquefois violemment combattus par les pays tropicaux, qui y voient des tentatives du Nord développé de les priver d'une source de revenus nécessaire à leur développement et aussi de leur faire supporter tout le poids des mesures de prévention des changements de climat planétaire. Cela est jugé d'autant plus injuste que le Nord est en fait le premier re- sponsable de la situation. C'est le Nord qui a, jusqu'à présent, accumulé et consommé les ressources et les richesses de la planète. Il est donc normal due le Nord paie pour sa réhabi- litation. Comme on le voit, le débat devient vite passionné, mais à notre avis, proposer un boy- cott dans le contexte mondial actuel, révèle un désarroi et traduit une philosophie du pessi- misme. Le problème est d'aider des commu- nautés à mieux gérer leurs ressources pour leur bien et celui du reste des hommes, tout en sauvegardant le capital. Les Tribulations du PAFT ou la Nécessité d’une Harmonisation des différentes Initiatives Le Plan d'Action Forestier Tropical, la der- nière née des initiatives de la communauté in- ternationale n'échappe pas au cycle Eupho- ries - critiques qui a été le lot des initiatives an- térieures. Le PAFT se veut un exercice de pro- grammation et de planification, destiné à pré- parer des programmes et projets de conserva- tion et d'aménagement dans un cadre de concertation entre la communauté des Dona- teurs et les différents pays tropicaux. L’exer- cice doit être coordonné par les pays et les projets et programmes identifiés et formulés doivent réfléter leurs priorités et s'intégrer har- monieusement dans leurs politiques et plans de développement. Les premiers dossiers sortis ont été très di- versement appréciés. Certains furent même l'objet de violentes critiques de la part de cer- tains parrains mêmes du PAFT comme l'Insti- tut Mondial des Ressources basé à Washing- ton. Pourtant la grande majorité des pays tro- picaux se sont déjà engagés dans l'exercice du PAFT, en particulier ceux d'Afrique. C’est par la concertation tant à l'intérieur des pays qu'avec la communauté internationale que chaque pays pourra se doter d'une stratégie et d'un Plan de développement des res- sources forestières qui puissent concilier les impératifs d’un aménagement forestier pro- ductif à court terme et ceux d’une conserva- tion plus restrictive et productrice seulement à long terme. Le PAFT pourrait et devrait constituer le fo- rum de concertation permettant de concilier les divers intérêts de tous ceux qui sont concernés, par la conservation des Forêts Tro- picales. * Fonctionnaire forestier régional au Bu- reau régionaf de la FAO pour l'Afrique à Accra (Ghana) DEUXIEME RAPPORT INTERIMAIRE SUR L’ETAT DES FORETS TROPICALES par Le Projet d’Evaluation des Ressources Forestières 1990 (FAO) (10éme Congrés Forestier Mondial, Paris, France, Septembre 1991) L’estimation des ressources forestiéres glohales fait partie du mandat de la FAO. La dernière estimation à l'échelon mondial a été conduite en prennant 1980 comme année de référence. L’estimation actuelle qui prend 1990 comme référence a été lancée en mars 1989. Son but est de produire une information fiable et globalement cohérente sur l’état ac- tuel de la couverture forestière tropicale, sur les récentes tendances en matière de défore- station et de dégradation des forêts. Les scientifiques et les décideurs ont besoin de cette information qui soutiendra le Plan d’Ac- tion Forestier Tropical. Lee Le Projet réalise, l'estimation en deux phases complémentaires, (I) compilation des données fiables existantes ramenées à l’année de référence 1990 grâce à une fonction d’ajus- tement; et (Il) suivi de la couverture forestière et de ses changements en utilisant des techni- ques de télédétection par échantillonnage. Pour l'étude des causes et des impacts de la déforestation et de la dégradation des foréts, le Projet a mis au point un Système d’Informa- tion Géographique (SIG) complet. Ce sys- téme comprend plusieurs niveaux importants d’information comme les types de végétation, les zones éco-floristiques et la répartition de la population au niveau sous-national. Pays tropicaux en cours d’évaluation par sous-region (numerotées comme sur le tableau 1) 10 Tableau 1: Estimation préliminaire de la surface forestière et du taux de déforestation pour 87 pays des régions tropicales (mis à jour au 15 octobre 1991) NOMBRE SURFACE SURFACE SURFACE DEFOREST. TAUX DE SOUS-REGION DE PAYS TOTALE DES FOREST. FOREST. ANNUELLE VARIATION ETUDIES TERRES * 1980 * 1990 * 1981-90 * 1981-90 (---------- milliers d’hectares ------------ ) % PAR AN AMERIQUE LATINE 32 1 675 700 923 000 839 900 8 300 - 0.9 1 AMERIQUE CENTR. ET MEXIQUE 7 245 300 77 000 63 500 1 400 - 1.8 2 SOUS-REGION CARIBEENNE 18 69 500 48 800 47 100 200 - 0.4 3 AMERIQUE DU SUD TROPICALE 7 1 360 800 797 100 729 300 6 800 - 0.8 ASIE 15 896 600 310 800 274 900 3 600 ae 4 ASIE DU SUD 6 445 600 70 600 66 200 400 - 0.6 5 ASIE DU SUD-EST CONT. 5 192 900 83 200 69 700 1 300 - 1.6 6 ASIE DU SUD-EST INSULAIRE 4 258 100 157 000 138 900 1 800 aoe ty 4 AFRIQUE 40 2 243 400 650 300 600 100 5 000 - 0.8 7 AFRIQUE DE L'OUEST SAHEL. 8 528 000 41 900 38 000 400 - 0.9 8 AFRIQUE DE L'EST SAHEL. 6 489 600 92 300 85 300 700 - 0.8 9 AFRIQUE DE L'OUEST 8 203 200 55 200 43 400 1 200 = 2.2 10 AFRIQUE CENTRALE 7 406 400 230 100 215 400 1 500 - 0.6 11 AFRIQUE DU SUD TROPICALE 10 557 900 217 700 206 300 1 100 - 0.5 12 AFRIQUE INSULAIRE 1 58 200 13 200 11 700 200 =~ 41,2 TOTAL 87 4 815 700 1 884-100 1 714 800 16 900 - 0.9 * Les totaux peuvent ne pas correspondre entre eux dû aux valeurs arrondies Pendant la phase |, le Projet a constaté que l'information disponible n'était pas suffisam- ment précise ou complète pour estimer les changements de la superficie du couvert fo- restier dans le temps. Dans presque tous les cas les enquêtes avaient été conçues pour estimer la couverture forestière à une date donnée et non pour fournir une base cohé- rente et fiable au suivi continu des ressources forestières, que ce soit au niveau national ou au niveau global. Pendant la phase Il, le Pro- jet a donc développé une méthodologie et ini- tié une première expérience de suivi de l’en- semble de la zone tropicale. La méthodologie utilise l'interprétation d'images satellitaires dans un dispositif d’échantillonnage aléatoire stratifié. Les résultats sont attendus pour mi- 1992; ils comprendront: (i) estimations de la 11 surface de la couverture forestière, du taux de changement aux niveaux global, régional et sous-régional et détermination de la précision de ces estimations; et (ii) une matrice d’infor- mation sur le changement afin de cornprendre comment l’utilisation des terres est en train d’é- voluer. Le premier rapport intérimaire du Projet d’Evaluation des Ressources Forestiéres 1990 basé sur les études de la phase | a été présen- té en septembre 1990 à la dixième session du Comité des Forêts (COFO) à Rome. Il conte- nait des estimations préliminaires de surface au niveau régional pour des pays situés prin- cipalement dans la zone tropicale humide. Depuis, d'autres pays ont été traités et des in- formations existantes ont été mises à jour. Des estimations révisées de la surface de cou- verture forestière et des taux de déforestation au niveau sous-régional sont données au ta- bleau 1. Ces chiffres sont fondés sur les cou- vertures existantes et doivent être considérés comme provisoires. Des informations supplé- mentaires sont attendues pour certains pays, et en particulier pour la région africaine. Les estimations et les définitions du tableau 1 sont conformes à celles qui ont été présen- tées au Comité des Forêts (COFO) en septem- bre 1990. Les forêts sont définies comme des formations végétales dont le sol est couvert au minimum à 10 % par les houppiers des arbres (hauteur minimum 5 m) et/ou des bambous. visée à cause de l’utilisation de nouvelles don- nées pour plusieurs pays. Les estimations ac- tuelles concernant les taux de déforestation de la zone tropicale humide sont inférieures. La plus grande attention est portée à la mise au point d’une base de données adéquate et à jour. Les différences observées entre l’estima- tion actuelle (1990) et celle qui a été faite par la FAO/PNUE (1980) sont illustrées par le ta- bleau suivart fondé sur 76 pays communs aux deux estimations: Projet FAO/PNUE (1980) Projet d’Evaluation des Ressources Forestières 1990 Estimations pour l'année de référence (1980) Surface forestière Taux de déforestation millions ha. millions ha. % paran 1 935 11.3 0.6 (1976-80) 1 882 16.9 0.9 (1981-90) Elles sont en général associées à la flore et à la faune sauvage ainsi qu’à des conditions de sol naturelles. Elle ne sont pas sujettes aux pratiques agricoles. La déforestation est défi- nie ou bien par un changement d'utilisation du sol ou bien par une baisse de la couverture des houppiers en dessous de 10 %. Cependant, on peut remarquer les change- ments suivants selon les régions. En Asie la surface de la couverture forestière et le taux de déforestation sont tous deux inférieurs à cause de la disponibilité en 1991 de nouvelles don- nées pour l'Inde et Myanmar. En Amérique la- tine, ces estimations sont supérieures à cause de la prise en compte de l'intégralité du Brésil (les précédentes estimations se limitaient aux zones tropicales humides, soit le Nord-Brésil). En Afrique, l'estimation a été complétement ré- 12 En plus des études sur la déforestation, le travail en cours porte sur l'évaluation de la dé- gradation des forêts. Il existe des indices ten- dant à montrer que ia perte de biomasse dans les forêts tropicales intervient à un taux signi- ficativement supérieur à celui de la perte de surface forestière due à la déforestation. Conservation and protection of tropical rain forests: the perspective of the World Conservation Union by J. Sayer The urgericy of conserving the remaining tropical moist forests has attracted enormous attention in the media and in political enivron- ments in recent years. But among foresters, naturalists and natural resource managers this concern is not new. In 1948, at the meeting in Briinnen, Switzerland, where the decision was taken to establish the International Union for the Conservation of Nature and Nautral Re- sources (IUCN) - now the World Conservation Union - tropical rain forests were identified as an important target for attention. Even much longer ago, concern was already being ex- pressed. For example, in 1850 the British As- sociation for the Advancement of Science ap- pointed a committee to consider "the probable effects, from an economical and physical point of view, of the Gestruction of tropical forests". A report by the committee mentioned the eco- nomic value of teak for export although consi- derable attention was also given to the ill- effects of felling trees on steep slopes. Early concern centred upon the environ- mental values of tropical forests. Recognizing that the removal of forests disrupted hyarolo- gical functions and microclimates, the objec- tive of foresters and land managers was to en- sure the maintenance of some form of forest cover. However, it was thought that any type of forest could protect soils and watersheds 13 and it was not considered particularly impor- tant to maintain the forest in a natural state. In the late nineteenth and early twentieth centuries, ae resource management legisla- tion and forest departments were gradually set up throughout the tropics, the main emphasis was on defining and protecting a "permanent forest estate". At this point, the objective was to maintain forest cover on environmentally sensitive areas and to ensure supplies of forest products. In most tropical countries, "forest reserves" were established in which the extrac- tion of timber and non-wood products was al- lowed on condition that a permanent forest co- ver was maintained. The biological richness of rain forests, at least in terms of the more conspicuous plants and animals, was recognized by nineteenth- century botanists and zoologists who visited the tropics. Charles Darwin commented that: "Delight... is a weak term to express feelings of d naturalist who for the first time has wandered by himself in a Brazilian forest." Alfred Russel Wallace collected 700 species of butterflies and moths within an hour’s walk of his house in eastern Amazonia, one in 30 of all the world’s known species. However, very little was known of the distribution of even these species within the forests, and even less of their ecolo- gy or habitat requirements. The amazing di- versity of less conspicuous arthropods and the soil fauna and flora were almost completely unknown. Thus, in the first half of the twentieth centu- ry, while many tropical countries were estab- lishing national parks and reserves to protect outstanding landscapes or conspicuous spe- cies of large mammals and birds (tigers in Asia, game in the plains of Africa, etc.), very little at- tention was given to the protection of the rain forests and their flora and fauna. With hindsight this is easy to understand. Until the 1950s there were vast areas of tropi- cal rain forest which had suffered very little dis- turbance. Clearance had occurred on the fringe of the true rainforest zones in Madagas- car and mainland South and Southeast Africa, and in areas where alluvial or volcanic depo- sits provided especially rich soils suited to agri- culture. But the major forest blocks of Amazo- nia, central Africa and insular Southeast Asia were largely intact. The situation then began to change radical- ly. Technological advances occurring around the time of the Second World War resulted in heavy tracked vehicles becoming widely avai- lable. It was suddenly feasible to build access roads into remote forest areas. The wide avai- lability of mobile power handsaws greatly faci- litated clearing and logging in remote forest areas, and the transport of large-size timber became much easier. Stable, strong and aes- thetically attractive tropical timbers were in- creasing demand in distant industrial markets as a result of industrial growth. Equivalent tim- bers from temperate sources were in short supply and were also expensive investments in forest management in the North created a significant price differential. The sudden availability of modern medi- cines, health care and food in tropical coun- tries triggered a doubling of human popula- tions between 1950 and 1990. Most of this 14 growth occurred in the tropics or subtropics. Population growth generated greatly increa- sed demand for resources and also a vast re- servoir of poor people eagerly seeking new lands on which to eke out a living. The new ac- cess roads into the forests were an irresistible magnet to these people. Forest departments and nature conserva- tion bodies found themselves unprepared for the dramatic increase in pressure on tropical forest resources. Lesgislation, enacted in days when pressures were fewer, proved ina- dequate, inappropriate and unenforceable in the changed circumstances. Powerful indus- trial logging interests found it easy to circum- vent or ignore forest management plans, and burgeoning rural populations living at the brink of subsistence could not be denied access to the only unoccupied lands available. The pe- riod from 1950 to 1990 saw unprecedented de- gradation, clearance and fragmentation of the world’s rain forests. THE BIOLOGICAL VALUE OF RAINFORESTS The period from 1950 to 1990 also saw an unprecedented increase in the level of scienti- fic interest in tropical forest ecosystems. New universities and research institutes sprang up in tropical countries and affordable air travel al- lowed researchers from the industrialized world to conduct field work in the tropics. The communication of research findings through initiatives such as the Unesco International Biological Programme in the 1960s and, later, the Man and the Biosphere Programme, led to greatly increased awareness of the enormous wealth of species in tropical forests. In the light of classic studies by Erwin (1988) on the insect fauna of the canopies of trees in Central America, scientists upwardly revised their estimates of total species diversi- ty by several orders of magnitude. Some 1.4 million species of organisms have been des- cribed by science to date, but extrapolation of the work of Erwin and others suggests that the total number of species in the world may be as many as 20 to 80 million (Stork, 1988). The vast majority of these are inhabitants of the tro- pical forest canopy. Although the higher plants and vertebrates of tropical forests are now reasonably well-ca- talogued, new species in these groups are still being described with surprising frequency. Evenamong the primates, several new species were described in the 1980s, and all plant col- lections from the humid tropics contain a signi- ficant proportion of undescribed species. Parallel to this emerging realization of the amazing diversity of tropical forests is an in-- 15 creasing awareness of the complex interde- pendence of many species. Terborgh, wor- king in the Peruvian Amazon, coined the term "keystone species" for those trees whose se- lective elimination could provoke the domino- like extinction of many animal species that de- pended on them for their food and habitat. Other studies have shown that there are ani- mal species which play a similarly vital role in completing the life cycles of rain forest plants of considerable economic importance. The euglossine bees, essential for the pollination of Brazil nuts in the Amazon, are an often-cited example (Goodland and Ledec, 1988). Studies on the genetics of small popula- tions of organisms have also changed pers- pectives regarding the problems encountered in the conservation of tropical forest species. Many predictions of species extinction in tro- pical forests have been based upon a formula, derived from observations onislands, that a 90 percent reduction in habitat size will result in a 50 percent loss of species. However, it is now clear that the distribution, size, location and in- terconnectedness of forest areas are all impor- tant factors in determining species survival. It appears that the fragmentation of forests into small, isolated reserves may reduce popula- tions of widely dispersed species to levels that are not viable in the long term. Thus, although some publications may have exaggerated the number of endangered species, we may have underestimated the number that have been re- duced to levels where they are already condemned to eventual extinction. The majo- rity of the higher plants, birds and mammals of tropical forests are present in national parks and reserves, but many constitute such small populations that they may already be condem- ned to extinction as a consequence of genetic deterioration or random climatic or human-in- duced events. THE CHALLENGE OF FOREST CONSERVATION There is broad consensus among conser- vationists that forest management, beyond en- suring wood supplies and protecting waters- heds, should also maintain the maximum num- ber possible of plant and animal species (Poore and Sayer, 1987). This is based on the realization that many species have actual or potential values for human beings. Some hi- ghly improbable species have produced me- dicinal drugs or have proved to be vital in the genetic improvements of crops, in pest control, or in ecological functions. There is no doubt that many more will prove to have great value for humans, either directly or indirectly. There is also wide acceptance that even those 16 species that make no apparent contribution to the material well-being of people should be conserved. This recognition is embodied in the World Conservation Strategy and has been recognized by the United Nations General As- sembly through the adoption of the World Charter for Nature and the endorsement of the report of the World Commission on Environ- ment and Development (WCED, 1987). Given the imperative of conserving all species, FAO, UNEP and IUCN are now collaborating in the preparation of an international convention for the conservation of biological diversity. The safest way of ensuring the maximum protection of these species is to allocate signi- ficant forest areas to national parks and re- serves where human interference is minimi- zed. Protected areas covering tropical savan- nah, mountains and wetlands were largely in place by the 1960s, but it was only from 1970 onward that priority was given to according tropical moist forest habitats protection, a consequence of our greater appreciation of the value of their biological diversity and of the threats of deforestation. There was a major move to gazette protec- ted areas in the 1970s and 1980s (see Figure 1), and the latest United Nations list of protec- ted areas (IUCN, 1980) includes 669 sites in the lowland tropical moist forest biome, covering some 66 million ha (see Table). They are areas lying within the limits of this biome, as determi- ned by Udvardy (1984), and falling within IUCN categories I-IV of protected areas of which no significant human use is permitted. Not all of these protected areas are entirely forested and probably only about 5 percent of the biome is under this form of total protection. A legal gazette alone does not guarantee protection. As long as poverty exists in the tro- pics, people with limited resources will turn to the forests to supplement their food supplies FIGURE 1 Cumulative growth of the world cove rage of protected areas in tropical forest regions. parks and reserves are urgently needed but, as is evident from FI- gure 2, fewer are being estab- | lished now than in the past. Pre- 700 600 7 500 / Al 400 y A 2 300 121 4 121 IAI 100 Cons A | eu 25 Y 0 1 TnlalalziA41A Z IMAL pre-1870 75 80 85 90 95 1900 05 10 15 20 25 30 35 40 45 50 55 60 65 70 75 80 85 Number of sites designated YF Area designated ( x 1 000 km?” ) sent trends suggest that acieving even the modest target of 10 per- cent total protection of all the tro- pical moist forest remaining in 1990 will be very difficult. This is a reflection of the fact that pres- sures on land are increasing and fewer options for new protected areas are available. A major prio- rity for the conservation commu- nity, therefore, must be to identify additional sites that are of special 250 an D 150 50 Pa pre-1870 75 80 85 90 95190005 10 15 20 25 30 3540 45 50 55 60 85 70 75 80 85 5 2/ ) designated Number of sites designated during Sr at be each five-year period FIGURE 2 Growth of the world coverage of protected areas in tropical forest regions over five-year periods. and incomes. Human greed is also a factor. There will always be individuals who strive to enrich themselves even at the expense of so- ciety at large. Valuable stands of timber in na- tional parks can be threatened by urban elites, who dominate the timber industry and have the power to influence legislation, as much as by poor rural people. Even if the conservation status of these 669 areas could be assured, our knowledge of fo- rest ecology and biogeography tells us that they would be inadequate to prevent the ex- tinction of large numbers of animal and plant species. Therefore, more totally protected 17 significance for biological diversi- ty, and bring them under manage- ment for conservation. However, protection of even large areas of the tropical rain fo- rests would not in itself guarantee maximum biodiversity. In completely undisturbed areas, natural evolution continues; although most species remain, many are naturally replaced by others. Therefore, the conservation of des- irable species requires deliberate manage- ment. Furthermore, many forest species are re- markably resistant to the periodic disturbance of their habitat (Johns, 1985). Indeed, the pe- riodic fragmentation of forests during periods of climatic change and the diversification cau- sed by storm damage, and even by traditional cycles of shifting cultivation, have all contribu- ted to the rich diversity of today’s forests. Ma- ny species have adapted to the regeneration of forest areas after disturbances and would be less abundant if all human interferences were to cease. The four species of wild cattle in sou- theast Asia are a notable example (Wharton, 1968). Another is the natural emergence of vi- gorous pioneering tree species which form a new, dense forest stand after clear-felling. Therefore, the challenge for the conserva- tion community is not only to protect larger areas of tropical rain forest, but to ensure land uses outside protected areas that will enhance and complement the conservation value of parks and reserves, while providing sustaina- ble socio-economic benefits. CONSERVING BIOLOGICAL DIVERSITY IN MANAGED FORESTS With the knowledge that human needs for land and raw materials will result in the modifi- cation of most of the forest outside protected areas, as well as the permanent conversion of a significant portion to other uses, we need to assess the various options that exist forthe use of these forests and the land on which they grow, and also determine which will yield the greatest benefits for the conservation of biolo- gical diversity. Empirically, diverse forest sys- tems composed of native species in an arran- Ecological coverage of protected areas of moist tropical forests Realm No. of areas Total area (ha) Afrotropical 62 9,448,837 Indomalayan 386 18,314,029 Australian 72 8,150,053 Neotropical 149 30,130,486 Total 669 66,043,405 18 gement similar to the natural forest of the site would seem the most likely to support the maximum number of original plant and animal species. The best land uses will therefore be the har- vesting of non-wood products from the natu- ral forest, and selective logging systems where a small number of high-value timber trees are extracted without gross disruption to the re- maining vegetation. Many of the challenges related to the achie- vement of adequate management standards for ensuring sustainability and preventing the loss of biological values are economic or poli- tical, rather than technical. Much of the biodi- versity of tropical forests is retained even in fo- rests which are heavily exploited, and impro- ved forestry practices can further enhance the contribution of production forests to conserva- tion (IUCN, in press). The optimum scenario that we might look forward to in the twenty-first century is a totally protected forest estate of about 100 million ha, buffered by a permanent- ly managed forest estate of a further 200 to 300 million ha. One of the most intriguing problems for conservationists is to reconcile the needs of conservation with those of local people who live in the forests around protected areas. When conservation programmes are based on dialogue with, and the participation of, forest- dwelling people, it is often possible to find a large measure of local understanding and sup- port for forest protection. Considerable work has now been undertaken in developing eco- logically sound ways of managing “buffer zones" so that wildlife and people can coexist in carefully managed, near-natural forests. If these buffer zones are judiciously distributed so as to surround the protected areas and also provide corridors between them, their va- lue will be enhanced considerably. CONCLUSIONS In the past three decades, increased pres- sure on the tropical forests and a better under- Standing of the ecology and value of tropical forest species have led to the establishment of a network of national parks and reserves cove- ring some 5 percent of the moist tropical fo- rests. This is clearly not sufficient to meet spe- cies conservation objectives, and a major ef- fort is needed to extend the protected area net- work to include adequate samples of all forest types as well as their full range of biological di- versity. Rich industrialized countries must be prepared to help poorer tropical countries meet the costs of such expanded conservation programmes. The proposed convention on biological diversity and legal instrument for fo- rest conservation and management could pro- vide mechanisms for the equitable sharing of costs involved in greatly expanding protected area networks in tropical forests. However, protected areas alone will not be enough to meet the objective of conserving as many tropical forest species as possible. To achieve this, it is essential that appropriate fo- rest uses are found for additional extensive areas of land in the tropics. These will include forests managed for timber and others for non- wood products. The future of many forest spe- cies depends on successful sustainable mana- gement. Bibliography Erwin, T.L. 1988. The tropical forest canopy: the heart of biotic diversity. In E.O. Wilson, ed. Biodiversity. Washington, D.C., National Academy Press. 19 Goodland, R & Ledec, G. 1988. Wildlands: their protection and management in economic development. Washington, D.C., The World Bank. IUCN. 1980. World conservation strategy: living resource conservation for sustai- nable development. Gland, Switzer- land, IUCN/UNEP/WWF. Johns, A.D. 1985. Selective logging and wildlife conservation in tropical rain forests: problems and recommenda- tions. Conservation Biology, 31: 355- £5. Poore, D. & Sayer, J. 1987. The manage- ment of tropical moist forest lands: ecological guidelines. Gland, Switzer- land, IUCN; Yokohama, Japan, ITTO. (in press) Stork, N.E. 1988. Insect diversity: facts, fic- tion and speculation. Biol. J. Linn. Soc., 35: 321-27. Terborgh, J. 1986. Keystone plant resources in the tropical forest. In M.E. Soulé, ed. Conservation biology: the science of scarcity and diversity. Sunderland, Massachussettes, Sinaure Associates. Udvardy, M.D. 1984. A biogeographical clas- sification system for terrestrial environ- ments. In J.A. McNeely & K.R. Miller, eds. National parks, conservation and development: the role of protected areas in sustaining society. Washing- ton, D.C., IUCN/Smithsonian Institu- tion Press. Wharton, C.H. 1968. Man, fire and wild cattle in South East Asia. Annual Pro- ceedings of the Tall Timbers Fire Eco- logy Conference, 8: 107-67. World Commission on Environment and De- velopment. 1987. Our common fu- ture. Oxford, Oxford University Press. Wildlife as a crop by Dick Pitman* In the East African context it was almost a radical statement, a break with both the as- sumptions of many environmentalists and the near-universal opinion of small farmers in the region’s rural districts: "It is proposed to make wildlife an agricul- tural option to complement crop production and cattle raising", Zimbabwe's President Ro- bert Mugabe announced. "Wildlife manage- ment will be rationalized to bring economic be- nefits to the rural communities that engage in it. Game meat will be processed in order to supplement our beef supply in the local mar- ket". The key word in Mugabe’s remarks, delive- red at the opening of Zimbabwe's Parliament, was "resource". Few conservationists or plan- ners, particularly those who approach Africa from bases in affluent Europe of North Ameri- ca, can bring themselves to regard wildlife as aresource. They share the exclusively aesthe- tic view of animals imposed on the continent by successive generations of colonists, and react to other positions with distaste. Meanwhile, still smarting from the colonial experience, post-independence Zimbab- weans from policy-makers to farmers tend to agree with a villager in the Simchembu ward of Gokwe Communal Land, who says: "Wildlife is nothing but a nuisance. Elephants destroy our crops every night. They (the government) can kill everything bigger than a hare as far as we are concerned". 20 The president’s speech thus represented a landmark in the long evolution - often broken by radical shifts in attitudes, perceptions and legislation - of a new social and economic ap- proach to Africa’s unique animal heritage. Surprisingly, the impetus behind it stems part- ly from the work of several non-governmental organizations (NGOs) whose original man- dates had little to do with game. Wildlife - which in East Africa tends to mean large mammals - formed an integral part of the lives of the indigenous peoples prior to colo- nial settlement, and the relationship wasn't al- ways the harmonious one beloved of some ro- mantic writers. People and big animals have always come into conflict, and crop damage is one of the less severe results. Even today, ele- phant, lion, buffalo, hippo and crocodile still cause many injuries and deaths in rural com- munities. Before colonial settlement, howe- ver, the disadvantages were at least partially offset by the "goods and services" game pro- vided - meat, clothing and medicinal com- pounds. Fundamentally aesthetic This trade-off was disrupted by colonial go- vernments, whose approach was fundamen- tally aesthetic and preservationist and admit- ted of few "utilitarian" inroads other than the cc- casional (and largely European) recreational safari. Many indigenous communities were evicted from planned wildlife areas, and them- selves prohibited from any form of hunting. The Shangaan people of the Mahenye ward, in southeastern Zimbabwe, are a classic example. They originated in South Africa’s Northern Transvaal, but migrated into what is now Zimbabwe during the latter part of the 19th century. In the early 1960s their lands were selected for inclusion in Gonarezhou Na- tional Park. The community was evicted and resettled on the edge of the new park. From then on, the Shangaan came increa- singly into conflict with wildlife authorities. They hunted elephant within the park and for- med a strong bond with a notorious group of ivory poachers. After independence, believing ownership of wildlife had somehow changed 21 hands, they went ona killing spree, using dogs to chase ante'ope into wires strung between trees and laying planks studded with six-inch nails on paths used by hippos. More than 100 elephants were killed by ivory poachers. The relationship between the people and park au- thorities deteriorated into virtual open conflict. Eventually, faced with such examples, even preservation-oriented conservationists began to realize that classic law enforcement could not counter a situation that had its roots in a deep social injustice. The rapidly-growing ru- ral population would continue to bring pres- sure on the country’s spectacular fauna. The legal key to change was a controver- sial piece of legislation, Zimbabwe’s 1975 Parks and Wildlife Act. Under the act, wildlife remained state property, as it had been under colonial rule. But landholders were given re- sponsibility for the wild animals on their lands and - Within limits designed to prevent overuse and local extinctions - permitted to use them for economic purposes. However uncomfortable it might have been for those who believe wild game should remain physically inviolable, the practical result was plain. As a direct consequence of the econo- mic gains made possible for landholders, the land area reserved for wildlife habitat, mostly on private farms and ranches, increased dra- matically. Most of the landholder returns accrued from sport hunting. Several experiments with the latter failed essentially because wild spe- cies were seen simply as replacements for cattle, providing a limited range of physical products, such as meat and hides. In compe- tition with the highly subsidized beef industry, the logistics of hunting wild populations and transporting their products, combined with irregularity of supply and a lack of appropriate marketing institutions, made hunting for mar- ket unprofitable. Experiments with domestica- ted wild species, such as eland, fared little bet- ter. Recreational values The true economic spur was the realization that wildlife had a range of marketable values above and beyond those of meat and other products, and these values were mainly re- creational. Sport hunting trophy fees can ge- nerate substantial incomes at relatively low, sustainable levels of offtake. For example, the return from an impala killed for its meat is less than US$50, while a safari operator can sell the same animal to a client for US$200 or more. Utilization based on tourism can also generate large returns - without any offtake at all. 22 Conventional cattle production on the Buf- falo Range ranch in southern Zimbabwe wit- nessed a dramatic decline in productivity du- ring drought years. A wildlife section on the ranch showed little advantage when used so- lely for meat cropping. But when the rancher began to market the recreational values of wildlife on the section - mostly to sport hunters - he generated returns per hectare three times as high as those of his cattle sections. In this sector, composed mainly of private, largely European ranchers, the major institu- tional development has been creation of a Widlife Producers Assocation (WPA), which froms part of the Commercial Farmers Union and now has the power to raise levies from its members to apply to such matters as game translocation. However, this sector faces at least two ma- jor problems. The first has to do with land te- nure and planned resettlement schemes, un- der which government has expressed its inten- tion to acquire underutilized land for resettle- ment purposes. Many powerful policy-makers are still un- convinced of the economic benefits that can flow from wildlife. Even if convinced, they may still prefer to see private wildlife land redistribu- ted for a range of political and perceptual rea- sons. This attitude is at least partly reflected in a recent speech by Jock Kay, Deputy Minister of Lands, Agriculture and Rural Resettlement: "Game ranching is expected to expand in the 1990s, although it will be necessary for govern- ments to ensure that this expansion is rational and does not adversely affect the livestock in- dustry". Kay’s statement illustrates a second pro- blem: the bias toward cattle still prevalent in Zimbabwean legislation. Game capture, translocation and the movement of products such as meat are severely hamstrung by vete- rinary restrictions imposed to facilitate exports of beef tothe EEC under the Lomé convention. Millions of dollars have been devoted to cattle research, but little or nothing to the wildlife in- dustry. Also, while beef is highly subsidized and marketed through the parastatal Cold Sto- rage Commission, wildlife enjoys no subsidies and has no formalized marketing structure. Thus, though most returns from wildlife are generated from recreation, a small but impor- tant economic potential - the sale of meat - is still denied the wildlife industry. The situation with regard to rural communi- ties - the people on whom the survival of wildlife ultimately depends - is womewhat dif- ferent, and has resulted in a slower adoption of wildlife as a land-use option. Most rural communities occupy what are now descend- ents of the Native Reserves established by ear- ly colonial governments. These governments often reserved the best agricultural land for commercial settler-farmers, so communal lands are generally located on poor soils, of- ten with low or erratic rainfalls. Many communal lands are thus unsuited to intensive agriculture, but do have significant wildlife populations. However, ufder the 1975 Act, rural communities do not enjoy the same rights as private landholders over their wildlife. Even before the Act was passed, the in- come from sport hunting concessions in some rural areas was, at least in theory, being pas- sed from government back to local communi- ties. But the system suffered from several fun- damental flaws. Central Treasury often retai- ned funds for lengthy periods, or did not return them at all. Funds were often spent in areas far removed from those in which the hunts took place, thus omitting the vital link between tole- rating wildlife and benefiting from its economic potentials; and communities had no involv- meent in planning or decision-making. 23 The Sichembu villagers, today so hostile to- ward wildlife, in fact benefited from the pro- ceeds of an elephant culling exercise in a neighboring National Park in 1981. But they took no part in management decisions concer- ning the exercise or the distribution of benefits and the project was never followed up. Vague promises of future benefits do nothing to out- weigh present problems of crop damage and potential injury or death. Campfire philosophy There is, however, a clause in the 1975 Act that enables District Councils - a unit of local government created after independence - to become what is known as the "appropriate au- thority for wildlife management". Councils with this status have the same rights as private landholders and can manage, use and benefit from wildlife management in the communal lands under their jurisdisction. This status is currently awarded to councils that make a clear statement of their intention to manage wildlife by what is rapidly becoming known as the "Camfire" philosophy. Campfire - Communal Areas Managment Programme for Indigenous Resources - was evolved by the Zimbabwean Department of National Parks. Its most fundamental principle is that the rural communities that tolerate wildlife on their lands - and hence act as "wil- dlife producers" - should be able to take re- sponsibility for, and benefit directly from, the wildlife resource in cash and kind. This apparently simple statement conceals several knotty problems. Rural communities, many with a traditional bias toward cropping and cattle that is allied to their legacy or hosti- lity toward wildlife, have to be made aware of the financial and other benefits that flow from wildlife management. The question of wildlife "ownership" also poses problems. Not only is it still technically state property: it is a fugitive resource, and tra- ditionally regarded as a common resource as well. These factors create an inherent tenden- cy toward opportunistic overuse. For some time, the promotion of wildlife as a form of communal land-use hinged on the likely - but unproven - proposition that it is the most appropriate form of use for marginal lands in ecological and economic terms. On- ly now is one agency - the Worldwide Fund for Nature, in the shape of its Harare-based Multi- Species Animal Production Systems Project - examining these and other related hypo- theses. Some external aid agencies and govern- ment departments are still biased toward conventional cropping and cattle production 24 systems on marginal communcal lands - sometimes even when land-use studies re- commend wildlife management as the most viable option in specific areas. This in turn raises a couple of further points. One, not fully grasped by these agencies and departments, is that even the most enthusia- stic professional proponents of wildlife schemes see them as mere adjuncts to cattle and cropping, both of which are and will still be necessary for economic (including subsis- tence) and cultural reasons. The key lies in sound land-use planning in close consultation with rural communities themselves. A second crucial point lies in the nature of the agencies involved. The Department of Na- tional Parks still plays a central role in commu- nal land wildlife projects. But a major impetus has come through the involvement of NGOs and agencies engaged in rural development - as opposed to wildlife conservation - with no real or imagined "axes to grind" beyond a real desire to facilitate genuine improvement in the quality of rural life. One of these agencies is the University of Zimbabwe’s Centre for Applied Social Sciences (CASS). In 1984 the Department of National Parks asked CASS to provide facili- ties for research, monitoring and evaluation of the socio-economic implications of the Camp- fire approach. As a result a research unit, fun- ded by the Ford Foundation, was set in 1985. CASS had already identified wildlife as a po- tential catalyst for social, cultural and political change, and sincethe establishment of its spe- cialized research unit it has focused on issues involving natural resource management and common property. After potential Campfire areas have been identified by the Department of National Parks, CASS may undertake initial socio-economic research, and may also be- come involved in discussions with district councils and local communities. Nyaminyami scheme Another agency, the Zimbabwe Trust, has become invcived in institution-building at local levels. The trust had already recognized that wildlife was often the only resource that stood between many rural communities and perma- nent dependency on food aid. It formally es- tablished a Wildlife Community Development Programme in 1988. This programme helps rural communities to develop their institutional capacity to manage natural resources, and can also assist with project identification and appraisal, planning, monitoring and evalua- tion, as well as in locating initial funding. So far, the philosophies held by such NGOs, rather than government policy, have been responsible for integrating wildlife pro- 25 jects into rural development. Their roles evol- ved during the establishment of what is regar- ded - not enitrely accurately - as the archtypi- cal Campfire-style scheme in the Nyaminyami district on the southern shore of Lake Kariba. This region, one of the poorest in Zim- babwe, suffered the country’s highest rate of malnutrition and protein deficiency in spite of abundant natural resources in the shape of wildlife and potential fisheries. After four years of debate, the Nyaminyami District Council be- came the appropriate authority for wildlife ma- nagement in 1989 and generated a cash sur- plus of US$260,000 during its first year of ope- rations, mainly from sport hunting. Of this sur- plus, US$6,000 was placed in an operating re- serve, US$26,000 was retained by the District Council, and US$194,000 was made available for participating communities. Unfortunately, at this stage Nyaminyami ran into a bureaucratic quagmire common to several Campfire projects: having itself acqui- red the right to manage wildlife, the District Council became reluctant to devolve decision- making to the communities. It decided that the income should be divided equally between the 12 wards within its area - with no recognition of the principle that income should be biased toward the communities that bear the highest social and other costs of the wildlife scheme. Unless blockages of this kind are resolved, Nyaminyami and several other Campfire schemes may run into severe problems. Inthe Dande communal land, several hundred kilo- metres east of Nyaminyami close to the Zam- besi River, a similar project generated a sur- plus of US$101,621 for distribution to partici- pants. There were jubilant scenes in the Ma- soka village when a US$200 dividend was dis- tributed to each household - more cash than most residents often saw in a year. But in this case, other areas with an equal claim to bene- fits have so far received nothing at all. And the Shangaans of Mahenye, who were evicted from the newly-created Gonarezhou National Park, laboured under this burden for several years. There is also little doubt that the Simchem- bu people, now hostilé to wildlife, would see matters in a different light if their district coun- cil had spent the US$100,000 they recently re- ceived from wildlife management within the area - instead of erecting a beerhall in a den- sely-populated, semi-urban area 100 km away. But it will probably need an NGO such as the Zimbabwe Trust, to spend the time and effort needed to sit down with the community and discuss their problems and aspirations. The effective integration of wildlife manage- ment into Zimbabwe's agricultural policy may or may not resolve problems of this kind. As yet, there are no proposals on paper to back President Mugabe’s speech, except for an in- cipient five-year agricultural sector plan span- ning the years from 1991 to 1995. The Minis- try of Lands, Agriculture and Resettlement has apparently suggested that a number of wor- king groups should be formed. One of the 26 groups will be concerned specifically with live- stock and wildlife production. This group is likely to be tasked with analy- sing the economic and social implications of livestock and wildlife production, and with reassessing the current animal health legisla- tion to help promote development in the wildlife sector. If the plan deals effectively with questions such as wildlife ownership, marke- ting structures, land-use and - above all, in the case of communal lands - creates a legal struc- ture that devolves decision-making down to in- dividual communities, then the wildlife option is likely to have a bright future. But if development simply becomes en- meshed in one more layer of governmental de- cision-making, this fledging industry may find it was better off with a less formalized network of NGOs and individuals fighting and often win- ning battles "on the ground" instead of dealing with a centralized bureaucracy. * Dick Pitman is an environmental consult- ant in Harare, Zimbabwe. Climate change and agriculture, forestry and fisheries FAO Position Paper* presented at the Second World Climate Confe- rence in Geneva from 29 October to 7 November 1990 Introduction Following many years of research, there is now broad agreement among scientists that the earth is undergoing a process of climate change - primarily global warming - induced by human activities, although there are still ma- jor gaps in our understanding of the processes involved. The increased gaseous emissions (largely carbon dioxide, but also methane, ni- trous oxide, ozone and certain chlorofluoro- carbons) which are forcing the climate change are largely the result of the combustion of fos- sil fuels and industrial activities in developed countries. To a lesser extent they come from agriculture and the burning of tropical forests. Global warming is expected to lead to rising sea levels and changes in climate regimes. The precise rate, nature and spatial dimen- sions of the climate change are as yet unk- nown. The changes will probably have posi- tive and negative effects on agriculture as ear- ly as the first or second decade of the 21st Cen- tury. Few countries will remain unaffected: many food-deficit countries seem likely to suf- fer most, but food-surplus countries may also be affected. This position paper therefore examines some of the possible climate changes, as- sesses their implications for agriculture, fores- try and fisheries, and considers present and possible future FAO activities in support of na- tional and international action in these areas. Nature and magnitude of climate change "Greenhouse gasses" are important regula- tors of the earth’s temperature. Without them, the earth’s mean surface temperature would be around minus 30°C and agriculture as cur- rently practised could not exist. The actual mean temperature is + 15°C. The greenhouse effect, whereby CO2 and other gases trap heat that would otherwise escape from the earth’s atmosphere, is a normal and scientifically well established process that is essential for life as we know it. An increase in CO2 and other greenhouse gases would therefore result in a progressive warming of the atmosphere and changes in global climate. There is now strong but not yet conclusive evidence that this is taking place. * The views expressed herein do not commit individual member governments of FAO 27 CO is by far the most abundant of the greenhouse gases and is considered to bethe most important and easiest to control. Current estimates are that human activities are contri- buting approximately 7 billion tons of carbon as CO2 and other greenhouse gases to the at- mosphere every year. Most of the past and present emissions originate from the combus- tion of fossil fuels in the developed countries and such fuels, of necessity, will play a critical role in the economic and industrial progress of developing countries. Agriculture and fores- try, however, make a significant contribution to the emissions - namely some 14 and 9 percent respectively of all emissions involved in the greenhouse effect. 28 Although agriculture plays only a seconda- ry role in terms of its contribution to the green- house effect, it is an area of major concern in terms of the potential impact of climate change, which could limit future food produc- tion in some regions. Forests play a more im- portant role regarding global climate. Under normal conditions they are an important source of water vapour, which plays a very im- portant role in climatic processes and is a ma- jor greenhouse gas. Under climate change conditions they are a major carbon storing ecosystem and contribute CO2 and other gases to the atmosphere when burned or otherwise converted. Furthermore, forest ecosystems are relatively inflexible to "fast" changes in average temperatures and, thus, could be seriously affected in the futre. From the point of view of human history, it is clear that more than any other human acti- vity, agriculture is dependent upon and vulne- rable to climatic conditions. In a chnaging glo- bal climate, the role of agriculture takes on an added importance particularly in providing for food security, and the careful management of natural-resources. The following sections of this paper consider in greater detail the contri- bution of agriculture and forestry to green- house gas emissions, and analyzes some of the possible impacts of climate change on agriculture, forestry and fisheries. The analysis is based on the following main assumptions regarding climate change, which are drawn largely from the work of the IPCC: (i) Global average temperature, relative to 1980, would rise by about 0.5 - 1°C by 2010; by about 0.5 - 2.0°C by 2030; and up to 4.0°C by 2050. (ii) The temperature increase would not be uniform; changes towards the Arctic could be more than twice as great and occur faster than the increase in global average values and in tropical region values. (iii) Precipitation patterns would change, possibly with greater winter rainfall in the higher latitudes, more intense rain in the hu- mid tropics, and a decline in summer rainfall in the middle latitudes. This would be accompa- nied by deteriorating soil/water balances in the major temperate cereal-growing zones of both hemispheres (i.e. the difference between pre- cipitation and evapo-transpiration). (iv) The shift from long-term averages will lead to a greater frequency and severity of ex- treme weather events, and the probability of longer and more intense dry periods and wet periods. 29 (v) Uncertain changes in the duration and intensity of cloud cover with impacts on radia- tion balances and photosynthesis. (vi) A rise in sea level of about 30-50 cm by 2050, and up to 1 m by 2100. These esti- mates of sea level rise reflect recent downward revisions by the IPCC Working Group |. Ho- wever, since the turn of the century, there has been a sea level rise of about 20 cm; the rea- sons are not fully understood. A number of countries, in particular certain low-lying deve- loping countries with islands and deltas, would be vulnerable to saltwater intrusion into ground-water, disruption of aquaculture schemes, marginalization of certain irrigated rainfed crop production systems and flooding of wetlands, many of which play an important role in the life cycle of aquatic species. Contribution of agriculture and forestry to greenhouse gas emis- sions Agriculture and forestry’s main contribu- tion to the greenhouse effect is through emis- sions of carbon dioxide, methane and nitrous oxide. Minor contributions are made to emis- sions of nitric oxide and carbon monoxide. Most of the net carbon dioxide contribution comes from permanent deforestation - possi- bly as much as 25 percent of the total net an- nual carbon dioxide increment. Large quanti- ties are released through shifting agriculture but when this involves tree fallows, the net contribution is small. Similarly, even greater emissions arise from the burning of rough pas- tures and arable land in fallow, but the net ef- fect is small. The plant residues on such land would have decomposed anyway, and for the carbon cycle it is not important whether they are burnt immediately or left to decompose over a year or So. Of the other greenhouse gases, significant emissions of methane are known to arise from the agricultural and forestry sectors through the anaerobic decay of organic matter such as in the digestive tract of livestock (25 percent), paddy rice fields (35 fields) and animal waste (12 percent). The sources of nitrous oxide emissions have not yet been well identified, but some arise from human activities such as land clearing, of which tropical deforestation is a part from fuelwood burning, and from the use of mineral nitrogen fertilizers. Thus agriculture makes a greater contribution to the emissions of these gases than it does to CO2. Moreover they are likely to increase in the future given population growth and rising demand for food following per capita income growth, which will inevitably result in greater intensification. But even with this intensification agriculture’s contribution to the greenhouse effect in 2025 will only be about 14 percent. As itis, there are numerous agricultural development options that are economically and socially justifiable in their own right which could reduce future emis- sions, at least in relative terms. These include the wider use of rice straw in diets, other forms of feed supplementation, and animal waste treatment through bio-gas digesters. (to be continued) OUR PLANET OVERHEATING THE EARTH THE GREENHOUSE EFFECT FEEDS ON ITSELF Conservation of Tropical Forests An Overview by J.D. Keita* Introduction The French poet Chateau- briand wrote, at the beginning of the 19th century that "forests precede people and deserts fol- low them". But long before, other writers and philosophers had deplored the disappearance of forests which is a prelude to decay in human societies. Plato, the great Greek philosopher, had vividly decribed the case of Greece: "As can be seen, Greece, compared with what it was be- fore, has remained the skeleton of a body that has been emacia- ted by disease. The fatty and soft parts of the land have completely worn away, leaving only the bare carcass. At that time, Greece, had, for mountains, high folds in the ground and the plains that are today called the fields of Phellus were covered with rich soil; on the mountains were vast forests, traces of ‘which are still visible today, for, among these mountains, which can only feed bees today, there were some on which, not very long ago, huge trees suitable for constructing the biggest buildings were being felled. Many tall trees were cul- tivated and the land offered inex- haustible pasture to herds. The fecundating waters of Zeus which ran each year through it did not flow into the sea in vain. It seeped into the land which re- ceived a huge quantity of water from the heavens and kept it in its reservoirs made impermeable by clay; rain from high mountains also meandered along the land. Water therefore flowed freely everywhere from springs and ri- vers." There is probably no erosion and conservation experts who can describe better the balanced relation between the forest, land and rivers which condition the stable existence of a human so- ciety in a given space. It is therefore not today that man started destroying the forest and realizing the effect. What is however new today is, first of all, that for about a century, man through his industrial revolution, has acquired unparalleled means of destruction; consequently, the destruction is carried out at a faster pace. Another new ele- ment is that today the awareness is not only at writers’ and philo- sophers’ level, but at the level of the general public as well. The- refore the range of solutions and initiatives for forest conservation is very wide. What is at stake ? Let us try once again to recall briefly what is really at stake in 31 conservation, before reviewing the diverse initiatives taken or proposed recently in favour of the tropical forest conservation. What is first and foremost at stake in conservation are re- sources. Forests constitute an immense reservoir of resources, the use of which is indispensable to man; it provides wood, fodder, food, medicinal plants, etc... The importance of these resources for human communities may ap- pear very varied, from deserts to rain forests, but in reality these resources play the same essential role in the stability of the diffe- rent societies. These are quite well documented these days. The Pygmies of Central Africa get all their food supply from the forest, but Ferlo desert herds- men in Senegal also get their ba- sic vitamin requirements and in- dispensable mineral salts from the perennial shrubs. What is also at stake is the role played by forests in the ge- nesis and maintenance of the production potential of soils and the roles of water reservoirs and protective cover against erosion. That is also well documented these days. The consequences of the destruction of forests for the farmer and the rural community is the disappea- rance of forest resources, the destruction of the base of the ru- immediate ral production system and deva- station of the environment caused by erosion. It spreads poverty. Also at stake is the survival of so-called primitive populations or aborigines, sometimes called minorities living in the forest (fo- rest communities). For these communities, the forest is the mi- lieu which guarantees their pecu- liar way of life and on which they wholly depend. The disappea- rance of the forest obviously means the disappearance of this way of life and the communities themselves. This concerns hun- dreds of millions of people in South America, in tropical Asia and also Africa (mainly Came- roon, Central African Republic, Congo and Zaire). To these three concerns that could be said as traditional and which have direct impact on ru- ral communities in developing countries, have been added for several decades now, two others, that are equally important. The first concern is the biological di- versity, which should be main- taines on earth for man to retain all the genes and forms of life op the little planet. It is obvious that the progress that man could and must make so as to improve his living conditions depends on this reservoir, the contents of which must be safeguarded. The second concern is the role of tank for excess CO2 that forests could stock in order to di- minish the concentration in the atmosphere of gases contributing to the Greenhouse effect leading to overheating of the planet. This is less well documented but possible overheating of the pla- net is a source of anxiety and if it happened, would have great re- percussions on world agriculture and consequently on life on earth. Scientists have not yet identi- fied precisely what part the des- truction of forests plays in the changing climatic conditions pre- dicted and the warning signs of which have begun to show (too frequent droughts, a hole in the ozone layer, etc...). It is however estimated that the overall contri- bution of carbon dioxide emis- sions coming from permanent deforestation would perhaps reach 25% of the total net in- crease of carbon dioxide emis- sions. It is impossible to say that this is negligible, for the factors at work in the phenomenon of changing climatic conditions do not occur mechanically but react in a dynamic way on one another. One should not therefore look only at percentages of CO2 from the destruction of forests compa- red with percentages of other ac- tivities concerned. Problem of Priorities ? There is a wide consensus on these concerns; undoubtedly the hierarchy of priorities is diffe- rent. Countries with vast forest resources think that the tapping of these resources should pro- mote their economic develop- ment. After all, they argue, these 32 forests constitute a source of wealth bestowed upon their country by God, just as some arid and desert countries are gifted with oil deposits! For them the- refore, forest management which consists of managing these re- sources on a sustained basis is the priority of priorities and everything should be done to help their governments to better tap, manage and Conserve these forests. In the developed and rich countries of the North, forest re- sources are no longer of prime importance as commercial re- sources, and attention is rather geared to the conservation of biological diversity and changes in climatic conditions. Apparently, these are diver- gent interests but strategies and programmes of action should complement one another for all the objectives to be attained. The wide diversity of institutions involved in conservation should also ensure that no aspect is overlooked. Initiatives and their limitations From national institutions through NGOs and private pro- jects to the big international or- ganizations, there is a wide range of strategies and programmes of action that are being carried out. The FAO, UNESCO through its Man and the Biosphere (MAB) Programme, the International Union of Forest Research Orga- nizations (IUFRO), Internatio- nal Timber Trade Organization (ITTO), as well as the World Re- sources Institute, the Internatio- nal Unions for the Conservation of Nature and Natural Resoucres (IUCN), the World Wildlife Fund (WWF), Friends of the Earth, Greenpeace, etc., are the main intergovernmental and non-governmental organizations which help most tropical coun- tries through their research and development programmes with the preparation of strategies and programmes of action geared to- wards protecting, managing and conserving tropical forest ecosys- tems. These organizations are assisted by the UNDP, World Bank, regional development banks and through bilateral aid in funding programmes. The result of these attempts at protecting and conserving fo- rests can be seen through forest reserves which are more or less well managed, National Parks and game reserves which are more or less well protected, Bio- sphere Reserves, natural re- serves, etc. Many people are not satisfied with these results and for a decade now, the internatio- nal community is agog with new ideas on the conservation of tro- pical forests. Strategies and pro- grammes follow one another and the rate at which these ideas are hatched and equally criticized and abandoned is an indication of disarray. Community Forestry and People’s Participation, boycott of tropical timber, debt swap for nature conservation , Convention on Changes in Climatic Condi- tions, Tropical Forestry Action Plan, Environmental Protection Plan,... etc., are the main initia- tives the international community is now taking to conserve tropical forest ecosystems. The people’s participation concept is probably the most promising although to date, these programmes have not been as It is clear that far-reaching economic, successful as envisaged. social and political reforms should be made if these projects are to be of any benefit. These programmes are only beneficial when implemented in political systems practising participatory democracy. This is why the peo- ple’s participation concept is more linked with human rights problems. Other initiatives such as the proposed boycott of tropical tim- ber, debt swap for nature conser- vation, international conventions on forest conservation are gene- rally frowned upon. They are so- metimes even violently opposed by tropical countries which see in them attempts by the developed North to deprive them of a source of revenues needed for development and to make them bear the brunt of measures being taken to prevent changes in cli- matic conditions on the planet. It is considered unfair, more so 33 as the North is the first offepder in the matter. To date, it is the North which has accumulated and consumed the planet’s re- sources and wealth. It is only fair that the North bear the cost of rehabilitation. As can be seen, the debate quickly becomes heated, but in our opinion, proposing a boycott at this time is an indication of di- sarray and pessimism: It is a question of helping communities to better manage their resources for their own benefit and for the rest of mankind, while preserving the resource itself. TFAP Promises and Troubles : Need for harmonizing the World Initiatives The Tropical Forestry Action Plan (TFAP), the latest initiative of the international community has had its fair share of the eu- phoria - criticism cycle which has been the lot of previous initia- The TFAP sees itself as programming and planning conservation and management projects in collaboration with do- nors and the various tropical countries. The exercise should be coordinated by the countries involved and projects and pro- grammes identified and formula- ted should reflect their priorities and fit smoothly into their deve- lopment policies and plans. The first write-ups that came out had a mixed response. Some tives. of them were even violently criti- cized by even some sponsors of TFAP such as the World Re- sources Institute based in Was- hington. However, the majority of tropical countries, especially those in Africa, are in the pro- cess of implementing it. It is through consultation at the na- tional and international levels that each country can work out a strategy and a development plan for forest resources to reconcile the short-term beneficial forestry management and the needs of a more restrictive needs conservation only productive in the long run. The TFAP should be the fo- rum for consultation to reconcile the diverse interests of all those with a concern in Tropical Forest conservation. * Regional Forestry Officer, FAO Regional Office for Africa, Accra, Ghana. SECOND INTERIM REPORT ON THE STATE OF TROPICAL FORESTS by Forest Resources Assessment 1990 Project (FAO) (10th World Forestry Congress, Paris, France, September 1991) Forest resource appraisals on a global basis are a part of FAO’s mandate. The last world- wide assessment was carried out with 1980 as the reference year. The present assessment for the reference year 1990 was laun- ched in March 1989 to provide reliable and globally consistent information on the current state of the tropical forest cover and recent trends of deforestation and forest degradation. This in- formation is needed by policy makers and scientists, and will support the Tropical Forestry Action Plan. The Project is carrying out the assessment in two comple- mentary phases, (I) compilation of existing survey data brought to the reference year 1990 through an adjustment function; and (II) monitoring of tropical forest co- ver and its changes using remote sensing. For studies of the causes and impacts of deforesta- tion and forest degradation, the Project has established a com- prehensive geographic informa- tion system (GIS). The System includes several important layers of information such as vegetation types, eco-floristic zones and po- pulation distribution at sub-na- tional level. During phase I, the Project found that the existing informa- tion was not sufficiently accurate or complete to estimate the Tropical countries under assessment by sub-regions (numbered as in Table 1) 34 Table 1: Preliminary estimates of forest area and rate of deforestation for 87 countries in the tropical regions (revised 15 October 1991) NUMBER TOTAL FOREST FOREST RATE OF SUB-REGION COUNTRIES LAND AREA AREA DEFORESTED STUDIED AREA * 1980 * 1990 * ANNUALLY 1981-90 1981-90 * percent ( th ds of ha ) per annum LATIN AMERICA 32 1 675 700 923 000 839 900 8 300 - 0.9 1 CENTRAL AMERICA & MEXICO # 245 300 77 000 63 500 1 400 - 1.8 2 CARIBBEAN SUB-REGION 18 69 500 48 800 47 100 200 - 0.4 3 TROPICAL SOUTH AMERICA 7 1 360 800 797 100 729 300 6 800 - 0.8 ASIA 15 896 600 310 800 274 900 3 600 = 1,2 4 SOUTH ASIA 6 445 600 70 600 66 200 400 - 0.6 5 CONTINENTAL SOUTH EAST ASIA 5 192 900 83 200 69 700 1 300 - 1.6 6 INSULAR SOUTH EAST ASIA 4 258 100 157 000 138 900 1 800 - 1.2 AFRICA 40 2 243 400 650 300 600 100 5 000 - 0.8 7 WEST SAHELIAN AFRICA 8 528 000 41 900 38 000 400 - 0.9 8 EAST SAHELIAN AFRICA > 489 600 92 300 85 300 700 - 0.8 9 WEST AFRICA 8 203 200 55 200 43 400 1 200 - 2.1 10 CENTRAL AFRICA 7 406 400 230 100 215 400 1 500 - 0.6 11 TROPICAL SOUTHERN AFRICA 10 557 900 217 700 206 300 1 100 - 0.5 12 INSULAR AFRICA 1 58 200 13 200 11 700 200 - 1.2 TOTAL 87 4 815 700 1 884 100 1 714 800 16 900 - 0.9 * Figures may not tally due to rounding changes in forest cover area over time. In almost all cases the sur- veys were designed to assess fo- rest cover for a given date and do not provide a consistent and re- liable basis for monitoring forest resources on a continuous basis at either the national or global level. Therefore, during phase II, the Project developed a me- thodology and initiated a first round of monitoring of the entire tropical zone. The methodology uses interpretation of remote sensing imagery in a stratified random sampling design. The results are expected to be availa- ble by mid 1992 and will include: (i) estimates of forest cover area and the rate of deforestation at global, regional and sub-regional levels; and the precision of these estimates; and (ii) a matrix of change information for under- standing how the land use is changing. The first interim report on the Forest Resources Assess- ment 1990 Project based on the phase I studies was presented in September 1990 at the tenth ses- sion of the Committee on Fores- try (COFO) in Rome. It contai- ned preliminary area estimates at the regional level for countries lying predominantly in the moist tropical zone. In the meantime, more countries have been cove- red and some existing informa- tion updated. Table 1 gives revi- sed estimates of forest cover area and rates of deforestation at a sub-regional level. The figures are based on existing survey data 35 and have to be considered provi- sional as more information is ex- pected for some of the countries, in particular for the African re- gion. Estimates and definitions for Table 1 are consistent with those presented at the COFO meeting, September 1990. Forests are de- fined as vegetal formations with a minimum of 10% crown cover of trees (minimum height 5 m) and/or bamboos, generally asso- ciated with wild flora, fauna and natural soil conditions, and not subject to agricultural practices. Deforestation refers to the change of land use or depletion of crown cover to less than 10%. However, the following changes may be noted region- wise. In Asia forest cover area and rate of deforestation are both lower due to the use of new data available for India and Myanmar in 1991. In Latin America the estimates are higher due to the inclusion of the whole of Brazil (previous estimates were limited to tropical moist zones, viz. Northern Brazil). In Africa, the assessment was com- pletely reviewed using new data available for several countries. The present estimates for rate of deforestation are lower for the moist zone. Major efforts are being made to secure an up-to- date and adequate database. The differences between the present (1990) and FAO/UNEP (1980) assessments are indicated by the following summary stati- stics based on 76 countries in common in the two assessments: Conservation et protection des foréts tropicales humides : le point de vue de Alliance mondiale pour la nature par J. Sayer La nécessité urgente de conserver ce qui subsiste des fo- rêts ombrophiles tropicales re- tient depuis quelques années toute l'attention des médias et des milieux politiques, mais pour les forestiers, les naturalistes, cette préoccupation n’est pas nouvelle. Lors de la réunion de Brunnen (Suisse) en 1948, ou fut prise la décision de créer l'Union internationale pour la protection Project FAO/UNEP (1980) Forest Resources Assessment 1990 Project Estimated values for réference year (1980) annual ‘rate of deforestation Forest area million ha mill. ha percent 1 935 11.3 0.6 (1976-80) 1 882 16.9 0.9 (1981-90) In addition to studies on de- forestation, work is in progress on assessing forest degradation. Indications are that loss of bio- mass in the tropical forest is oc- curring at a significantly higher rate than the loss of area due to deforestation. de la nature et de ses ressources (UICN) (devenue Alliance mon- diale pour la nature), les foréts ombrophiles tropicales - ou fo- réts tropicales humides - ont été considérées comme point de mire important. Depuis déja longtemps, des préoccupations s'étaient exprimées. C’est ainsi qu’en 1850 l’Association britan- nique pour le progrès de la science (British Association for the Advancement of Science) a constitué un comité chargé d’étu- dier "les effets probables, d’un point de vue physique et écono- mique, de la destruction des fo- rêts tropicales". Dans un rap- port, ce comité mentionnait l’in- térêt économique du bois de teck pour l’exportation, mais il insis- tait aussi sur les effets nocifs de l'exploitation forestière sur des pentes raides. Ces préoccupations an- ciennes portaient surtout sur le rôle écologique des forêts tropi- cales. Les forestiers, constatant que le déboisement perturbait le régime hydrologique et les micro-climats, se donnaient pour objectif de maintenir un couvert forestier. Mais on pensait alors que toute forêt était bonne pour protéger les sols et les bassins versants, et on ne considérait pas comme particulièrement impor- tant de maintenir la forêt dans son état naturel. A la fin du siècle dernier et au début du siècle présent, avec adoption progressive de législa- tions sur les ressources naturelles et la création de services fores- tiers, le mot d’ordre a été de dé- limiter et de protéger un "do- maine forestier permanent". L’objectif était dés lors de main- tenir un couvert forestier sur les zones écologiquement sensibles, et d’assurer la fourniture de pro- duits forestiers. Dans la plupart des pays tropicaux, on a établi des "réserves forestières" ou "fo- rêts classées", dans lesquelles l'extraction de bois et de pro- duits non ligneux était autorisée à condition qu’un couvert fores- tier permanent soit maintenu. La richesse biologique des fo- rêts denses tropicales, tout au moins en ce qui concerne les es- pèces végétales et animales les plus remarquables, fut reconnue au 19e siècle par les botanistes et les zoologistes qui visitaient les tropiques. Charles Darwin dé- clare: "Enchantement ... est un terme bien faible pour exprimer les sentiments qu’éprouve le, na- turaliste qui parcourt, pour la premiére fois, une forét brési- Alfred Russel Wallace récolta 700 espéces de papillons, soit le trentiéme de toutes les es- pèces connues du monde, à une lienne". heure de marche de sa demeure Ce- pendant, on connaissait trés mal la répartition de ces espéces dans les foréts, et encore moins dans lest de l’Amazonie. leur habitat ou leurs exigences écologiques. La diversité prodi- geuse des arthropodes moins vi- sibles et de la faune et de la flore du sol était quant à elle à peu prés complétement ignorée. Ainsi, dans la premiére moi- tié du 20e siècle, alors que de nombreux pays tropicaux créaient des paros nationaux et autres réserves pour protéger des sites spectaculaires ou des espèces remarquables de grands mammifères et d'oiseaux (tigres en Asie, grands mammifères de plaine en Afrique, etc), on n’ac- corda guère d’attention à la pro- tection des forêts denses, de leur flore et de leur faune. Rétrospectivement, cette atti- tude se comprend aisément. Jus- qu’aux années 50, il existait de vastes étendues de forêts denses tropicales restées quasi vierges. Des défrichements avaient eu lieu en bordure des massifs de forêt dense à Madagascar et dans le sud et le sud-est du conti- nent asiatique, et dans les ré- gions où l’on trouvait de riches sols alluviaux ou volcaniques par- ticulièrement aptes à l’agricul- ture, mais les grands massifs fo- restiers d’Amazonie, d’Afrique centrale et des îles de l'Asie du Sud-Est étaient en grande majo- rité intacts. La situation se mit alors à changer radicalement. Les pro- grès techniques coïncidant avec la Seconde Guerre mondiale permirent d’utiliser largement les engins lourds à chenilles. Il de- venait soudain possible d’ouvrir des routes d’accès à des zones boisées éloignées. La vulgarisa- tion des scies à moteur portatives facilita le défrichement et l’ex- ploitation forestière, et le trans- port de bois d’oeuvre de grandes dimensions devint bien plus aisé. Les bois tropicaux présentant de bonnes caractéristiques de stabi- lité et de résistance, et un attrait esthétique, furent de plus en plus demandés sur les marchés loin- tains par suite de la croissance de l’industrie, tandis que les bois tempérés équivalents se raré- fiaient et étaient pénalisés par le 37 coût des investissements dans l’a- ménagement des forêts dans l'hémisphère Nord. La disponibilité soudaine de médicaments modernes, de soins dé:santé et de nourriture abon- dante dans les pays tropicaux dé- clencha une explosion démogra- phique telle que les populations doublèrent entre 1950 et 1990. Cette croissance démographique dans les pays tropicaux et subtro- picaux suscita à son tour une de- mande de consommation crois- sante, et engendra aussi des masses de populations pauvres en quête de terres disponibles pour survivre. Les nouvelles routes d’accès aux forêts exerçait sur elles une attraction irrésisti- ble. Les services forestiers et les organismes de conservation de la nature se trouvèrent désarmés face à ce dramatique accroisse- ment de la pression sur les forêts tropicales. Les législations adop- tées à une époque où la pression était moindre s’avéraient inadap- tées et inapplicables dans ces cir- constances nouvelles. Des inté- rêts industriels puissants n’eu- rent aucun mal à tourner ou à ignorer les plans d'aménagement forestier, et il n’était pas possible d'empêcher à des populations rurales misérables et de plus en plus nombreuses d'accéder aux seules terres non occupées di- sponibles. La période 1950 - 1990 a vu se produire une dégra- dation, un défrichement et une fragmentation sans précédent des forêts denses dans le monde. LA VALEUR BIOLOGIQUE DES FORETS TROPICALES HUMIDES On assista aussi, au cours de cette même période, à un ac- croissement sans précédent de l'intérêt scientifique porté aux écosystèmes forestiers tropicaux. Des universités et des institutions de recherche se créèrent dans les pays tropicaux, et les transports aériens peu coûteux permirent à des chercheurs de pays industria- lisés de travailler sur le terrain dans les tropiques. La diffusion des résultats de recherche grâce à des initiatives telles que le Pro- gramme biologique international de l'Unesco dans les années 60, et plus tard le Programme sur l’homme et la biosphère, a mis en lumière l’immense richesse spé- cifique des forêts tropicales. Les études classiques d’Erwih (1988) sur la faune entomologi- que des cimes dans les forêts d'Amérique centrale ont amené les scientifiques à réviser à la hausse leurs estimations du nom- bre total d’espèces, dans des pro- portions considérables. A lheure actuelle, quelque 1,4 million d’espéces vivantes ont été décrites scientifiquement, mais les travaux d’Erwin et d’au- tres laissent supposer, par extra- polation, que le nombre total d'espèces dans le monde pour- rait atteindre entre 20 et 80 mil- lions (Stork, 1988), dont lim- mense majorité serait formée par les habitants des cimes des forêts tropicales. Les plantes et les vertébrés supérieurs des forêts tropicales sont maintenant assez bien ré- pertoriés, mais de nouvelles es- pèces sont encore découvertes avec une fréquence surprenante. Même parmi les primates, plusieurs nouvelles espèces ont été décrites dans les années 80, et toutes les collections de plantes des tropiques humides contiennent une proportion im- portante d’espèces non décrites. Parallèlement à cette décou- verte de la prodigieuse diversité des forêts tropicales, on s’est aperçu de linterdépendance complexe de nombreuses es- pèces. Terborgh, travaillant en Amazonie péruvienne, a créé le terme "espèce clef de voûte" pour désigner les arbres dont l’é- limination par suite de l’exploita- tion sélective pourrait, par "effet de dominos", entraîner l’extinc- tion de nombreuses espèces ani- males qui en sont tributaires pour leur nourriture et leur habi- tat. D’autres études ont montré que certaines espèces animales jouent un rôle capital analogue en complétant le cycle biologi- que d’espèces végétales de la fo- rêt dense d’importance économi- que considérable. Les euglosses, hyménoptères de la forêt amazo- nienne indispensables pour la pollinisation du noyer du Brésil, 38 en sont un exemple souvent cité (notamment par Goodland et Ledec, 1988). Les études sur la génétique des populations restreintes ont d'autre part modifié la perspec- tive sur les problèmes rencontrés dans la conservation des espèces forestières tropicales. De nom- breuses prédictions d’extinction d’espèces dans les forêts ont été émises en s'appuyant sur la for- mule, déduite d’observations faites dans des îles, selon la- quelle une réduction de 90 pour cent de la taille d’un habitat en- traîne la disparition de 50 pour cent des espèces qui y vivent. Cependant, il est maintenant évident que la répartition, la taille, l'emplacement et linter- connexion des zones boisées sont tous des facteurs importants pour déterminer la survie des es- pèces. Il apparaît que la frag- mentation des ferêts en flots sé- parés peut réduire les popula- tions d’espèces largement disper- sées à un niveau qui ne leur per- met plus de survivre à long terme. Par conséquent, bien que certains auteurs aient sans doute exagéré le nombre d’espèces dé- jà en voie d’extinction, nous avons peut-être sous-estimé le nombre de celles qui sont ré- duites à un niveau qui les condamne finalement à l’extinc- tion. La majorité des espèces de plantes, d’oiseaux et de mammi- féres de grande taille sont pré- sentes dans des parcs nationaux et autres réserves, mais beau- coup le sont en effectifs si réduits qu’elles pourraient être vouées à l'extinction par suite d’appauvris- sement génétique, d’accidents climatiques ou d’actions hu- maines. LA CONSERVATION DES FORETS : UN DEFI A RELEVER Les responsables de la conservation s’accordent pour affirmer que l’aménagement fo- restier, outre la production li- gneuse et la protection des bas- sins versants, doit aussi maintenir le plus grand nombre possible d’espèces végétales et animales (Poore et Sayer, 1987). Il s’est en effet avéré que de nombreuses espèces présentent un intérêt ac- tuel ou potentiel pour l’humani- té. (Certaines espèces, de ma- nière.tout à fait inattendue, four- nissent des substances médici- nales, ou sont d’importance capi- tale pour l’amélioration généti- que des plantes cultivées et la lutte contre les ravageurs, ou par leur rôle écologique. Sans aucun doute, de nombreuses autres es- pèces se révéleront d’un grand intérêt, direct ou indirect, pour Phumanité. En outre, il est lar- gement admis que même les es- pèces qui n’apportent aucune contribution apparente au bien- être humain doivent être conser- vées. Cette prise de conscience s'exprime dans la Stratégie mon- diale de la conservation, ainsi que dans la Charte mondiale pour la nature et le rapport de la Commission mondiale de l’envi- ronnement et développement (1987) adoptés par l’Assemblée générale des Nations Unies. Re- connaissant la nécessité impéra- tive de conserver toutes les es- pèces vivantes, la FAO, le PNUE et PUICN collaborent actuelle- ment à l'élaboration d’une convention internationale pour la conservation de la biodiversité. Le moyen le plus sûr pour protéger un maximum d’espèces est d’affecter des étendues suffi- santes de forêt à des parcs natio- naux et autres réserves où les in- terventions humaines sont ré- duites au minimum. Dès les an- nées 60, il existait des réseaux as- sez complets d’aires protégées couvrant les savanes, les mon- tagngs et les terres humides tro- picales, mais ce n’est qu’à partir des années 70 que l’on a donné la priorité à la protection des habi- tats de forêt tropicale humide, conséquence de notre prise de conscience de l'intérêt de la di- versité biologique et des me- naces de déboisement. On a assisté à un vaste mou- vement de classement d’aires protégées dans les années 70 et 80 (voir figure 1), et la liste la plus récente des Nations Unies (UICN, 1980) comprend 669 aires protégées dans le biome de forét tropicale humide de plaine, couvrant environ 66 millions d’ha (voir tableau ). Il s’agit de sur- faces comprises dans les limites de ce biome tel que défini par 39 Udvardy (1984) et entrant dans les catégories d’aires protégées 1 à 4 de PUICN, dans lesquelles aucune utilisation humaine im- portante n’est autorisée. Toutes ces aires protégées ne sont pas entièrement boisées, et il est probable que 5 pour cent seule- ment du biome sont soumis à cette forme de protection totale. Le classement légal ne garan- tit pas à lui seul la protection. Tant que la pauvreté sévira dans les tropiques, les gens démunis de ressources auront recours aux forêts pour se procurer un com- plément de nourriture et de reve- nus. La cupidité humaine est un autre facteur: il y aura toujours des individus qui tenteront de s'enrichir, fût-ce aux dépens de la société. Un peuplement de bois précieux se trouvant dans un parc national pourra être tout aussi menacé par les puissances d’argent des villes qui dominent l'industrie et peuvent influer sur la législation que par les popula- tions rurales pauvres. Quand bien même la conser- vation de ces 669 aires protégées pourrait être assurée, notre connaissance de l’écologie fores- tière et de la biogéographie per- met de dire qu’elles seront insuf- fisantes pour prévenir l’extinc- tion de nombreuses espèces ani- males et végétales. C’est pour- quoi il faut d’urgence créer da- vantage de parcs et de réserves intégralement protégés, mais il ressort de la figure 2 que le mou- vement de création s’est ralenti. Les tendances actuelles font pen- ser qu’il sera très difficile de réa- liser ne serait-ce que l'objectif modeste de protection totale de 10 pour cent des forêts tropicales humides subsistant en 1990. Ea effet, la pression sur les terres ne cesse de s’accroître, et les possi- bilités de créer de nouvelles aires protégées s’amenuisent en conséquence. Il faut donc, en priorité, identifier les sites d’im- portance particulière pour la di- versité biologique et les soumet- tre à un régime de conservation. Toutefois, même la protec- tion de grandes étendues de fo- rêt dense tropicale ne garantira pas par elle-même une biodiver- sité maximale. Dans les zones totalement vierges, l’évolution naturelle se poursuit; bien que la plupart des espèces subsistent, beaucoup sont remplacées natu- rellement par d’autres. (est pourquoi la conservation des es- pèces désirables ne peut être as- surée que par un aménagement délibéré. D'autre part, de nombreuses espèces forestières sont remar- quablement résistantes à la per- turbation périodique de leur ha- bitat (Johns, 1985). En fait, la fragmentation périodique des fo- rêts au cours des périodes de changement climatique, et la di- versification entraînée par les dé- gâts de cyclones et même par les cycles traditionnels de culture iti- nérante, a contribué à la riche di- versité des forêts actuelles. De nombreuses espèces sont adap- tées aux forêts secondaires qui succèdent aux perturbations, et seraient moins abondantes si toutes les interventions humaines devaient cesser. Citons l’exem- ple remarquable des quatres es- pèces de bovins sauvages de l’A- sie du Sud-Est (Wharton, 1968).; rappelons aussi l'apparition na- turelle, après une coupe à blanc, d’essences pionnières vigou- reuses qui reconstituent un nou- veau peuplement dense. Par conséquent, les responsa- bles de la conservation ont pour tâche non seulement de protéger de plus grandes surfaces de fo- rêts topicales hummides, mais aussi d’assurer en dehors des aires protégées une mise en va- leur complémentaire qui ac- croisse leur efficacité du point de vue de la conservation tout en procurant des avantages socio- économiques durables. CONSERVATION DE LA BIODIVERSITE DANS LES FORETS AMENAGEES Si Pon admet que les besoins humains de terres et de matières premières entraîneront une mo- dification de la plus grande par- tie des forêts en dehors des aires protégées, et qu’une part impor- tante de ces forêts sera définiti- vement convertie à d’autres utili- sations, on doit évaluer les di- verses options possibles d’utilisa- tion de ces forêts et des terres sur lesquelles elles poussent, et déterminer les options les plus favorables à la conservation de la biodiversité. Empiriquement, on 700 pene a 3 500 400 U 300 200 100 «i 0 AblalalalË Avant 1870 75 80 85 90 95 1900 05 10 15 20 25 30 35 40 45 50 55 60 65 70 75 80 85 90 eka eee aaa FIGURE 1. Accroissement cumulatif des superficies d’aires protégées dans les régions forestiéres tropicales. FIGURE 2. Accroissement des superficies d’aires protégées dans les régions forestières tropicales durant des périodes de cinq ans. 150 100 L LL aS EE [A Avant 187075 80 85 90 95190005 10 15 2025 30 3540 45 50 55 60 65 70 75 80 85 jes couvertes durant, chaque Superficies W période de cing ans (milliers de km 2 ) Nombre d'aires protégées classées durant chaque période de cing ans peut penser que ce sont les sys- témes forestiers divers, compo- sés d’espéces indigénes selon une structure analogue 4 celle de la forét spontanée locale, qui au- ront le plus de chances d’entrete- nir une proportion maximale des espéces végétales et animales originelles. Les meilleurs modes de mise en valeur seront donc des sys- tèmes consistant à récolter des produits non ligneux dans la fo- rêt naturelle et des systèmes d’exploitation sélective selon lesquels on extraira un petit cles sont bien souvent d'ordre économique et politique plutôt que technique. Une grande par- tie de la biodiversité des forêts tropicales est maintenue même dans des forêts exploitées inten- sivement, et de meilleures prati- ques sylvicoles peuvent accroître encore la valeur des forêts de production pour la conservation (UICN, sous presse). Le scéna- rio optimal que nous pourrions envisager pour le 21e siècle est un domaine forestier intégrale- Couverture écologique des forêts nombre d’arbr : : j eS an 74 de valeur tropicales humides par des aires pour le bois d'oeuvre sans | protégées perturbation massive de la vé- bent Nr Gr gétation restante. biogéographique protégées (ha) Lorsqu'on cherche à réali- | "tropical 62 9 448 837 ser un aménagement qui as- | "omalais 386 18 314 029 sure le rendement soutenu et | alien 72 8150 053 le maintien de toutes les va- | Véotropical 149 30130 486 leurs biologiques, les obsta- | T° 669 66 043 405 41 ment protégé de quelques 100 millions d’ha, entouré de zones tampons de forêts aménagées de façon permanente sur 200 à 300 millions d’ha. L’un des pro- blèmes les plus ardus pour les re- sponsables de la conservation est de concilier les besoins de la conservation avec ceux des po- pulations vivant dans les forêts qui entourent les aires protégées. Lorsqu'un pfogramme de conservation se fonde sur le dia- logue et sur la participation des populations forestières, il est souvent possible d’obtenir leur compréhension et leur appui à la protection de la forêt. On tra- vaille activement à élaborer des méthodes écologiquement vala- bles d'aménagement des "zones tampons” qui assurent la coexis- tence des populations humaines et de la faune sauvage dans des forêts maintenues à l’état quasi naturel. Ces zones tampons se- ront beaucoup plus efficaces si ellles sont judicieusement répar- ties de façon à entourer les aires protégées et à offrir des couloirs de circulation entre elles. CONCLUSION La pression accrue sur les fo- rêts tropicales, ainsi qu’une meil- leure connaissance de l’écologie et de la valeur des espèces vi- vantes qui les peuplent, ont ame- né au cours des 30 dernières an- nées à la création d’un réseau de parcs nationaux et autres ré- serves couvrant environ 5 pour cent des forêts tropicales hu- mides. Ce n’est manifestement pas suffisant pour répondre aux objectifs de conservation des es- pèces, et un effort important est encore nécessaire pour étendre ce réseau d’aires protégées afin d'y inclure un échantillonnage adéquat de tous les types de forêts et la gamme complète de leur biodiversité. Les pays in- dustrialisés riches doivent être prêts à aider les pays tropicaux moins favorisés à financer de tels programmes élargis de conserva- tion. La convention sur la biodi- versité et l'instrument juridique sur la conservation et l’aménage- ment des forêts qui ont été pro- posés pourraient prévoir des mé- canismes permettant de répartir équitablement le coût d’un agrandissement considérable des réseaux d’aires protégées en fo- rêt tropicale. Toutefois, les aires protégées ne suffiront pas à conserver un nombre maximal d’espèces fores- tières tropicales. Il est indispen- sable pour cela de trouver des modes de mise en valeur appro- priés pour de vastes zones fores- tières supplémnetaires, qui pour- ront comprendre des forêts amé- nagées pour la production de bois et d’autres pour celle de produits non ligneux. L’avenir de nombreuses espèces fores- tières est conditionné par l’amé- nagement durable de leur habi- tat. Bibliographie Commission mondiale de l’envi- ronnement et de développe- ment. 1987. Notre avenir a tous. Oxford, Oxford Univer- sity Press. Erwin, T.L. 1988. The tropical forest canopy: the heart of the biotic diversity. In E.O. Wilson, ed. Biodiversity. Washington, D.C., National Academy Press. Goodland, R. & Ledec, G. 1988. Wildlands: their protection and management in economic developinent. Washington, D.C., Banque mondiale. Johns, A.D. 1985. Selective log- ging and wildlife conservation in tropical rain forests: pro- blems and recommendations. Conservation Biology, 31: 355-375. Poore, D. & Sayer, J. 1987. The management of tropical moist forest lands: ecological guide- lines. Gland, Suisse, UICN. Sayer, J. & Wegge, P. The role of production forests in conserving bilogical diversity. Gland, Suisse, UICN; Yoko- hama, Japon, ITTO. (Sous presse) Stork, N.E. 1988. Insect diversity: facts, fiction and speculation. Biol. J. Linn. Soc., 35: 321- 327. Terborgh, J. 1986. Keystone plant resources in the tropical forest. In M.E. Soulé, ed. Conservation biology: the science of scarcity and diver- 42 sity. Sunderland, Massachu- setts, Sinaure Associates. Udvardy, M.D. 1984. A biogeo- graphical classification sys- tem for terrestrial environ- ‘ments. In J.A. McNeely & K.R. Milles, eds. National parks, conservation and deve- lopment: the role of protec- ted areas in sustaining socie- ty. Washington, rie UICN/Smithsonian Institu- tion Press. UICN. 1980. world conservation strategy: resource conservation for sustainable development. Gland, Suisse, UICN/PNUD/WWFE. Wharton, C.H. 1968. Man, fire and wild cattle in South East Asia. Annual Proceedings of the Tall Timbers Fire Ecolo- gy Conference, 8: 107-167. living * Jeffrey Sayer, coordinateur du Programme de l’UICN pour les forêts tropicales, est basé à Gland (Suisse) LA FAUNE COMME RESSOURCE par Dick Pitman* Dans le contexte de l'Afrique de l'Est, une telle annonce paraît presque choquante. Elle consti- tue une rupture avec les prin- cipes retenus par de nombreux spécialistes de l’environnement et va à contre-courant de l’opi- nion quasi-universelle des petits agriculteurs des districts ruraux de la région. "Il est proposé de faire de la faune sauvage une ressource agricole pour compléter l’agri- culture et l'élevage", a annoncé le président du Zimbabwe, Robert Mugabe. "La gestion de la faune sauvage sera rationalisée de fa- çon à apporter des avantages économiques aux communautés rurales qui participeront à ce type d’activités. La viande de gi- bier sera transformée pour com- pléter notre approvisionnement bovin sur le marché local". Le mot clé du discours pro- noncé par le président Mugabe à Pouverture d’une récente session parlementaire était "ressource". Peu de défenseurs de l’environ- nement ou de planificateurs, par- ticulièrement ceux qui appro- chent l’Afrique à partir des prin- cipes des pays prospères d’Eu- rope ou d'Amérique du Nord, peuvent se résoudre à envisager la faune sauvage comme une res- source. Ils partagent plutôt une vision purement esthétique des animaux, vision à sens unique im- posée par des générations suc- cessives de colons. Entre-temps, encore sous le coup de l'expérience coloniale, les Zimbabwéens de l’après-in- dépendance, qu’ils soient re- sponsables des politiques natio- nales ou agriculteurs, semblent approuver la déclaration d’un vil- lageois de la circonscription de Simchembu à propos des terres communales de Gokwe: "Les animaux sauvages sont tout sim- plement un fléau. Les éléphants détruisent nos récoltes chaque nuit. Nous ne voyons aucun in- convénient à ce que le gouverne- ment tue tout ce qui est plus gros qu’un lièvre". Le discours du président du Zimbabwe a marqué une étape décisive dans la lente évolution, souvent entrecoupée de revire- ments brutaux, de l’opinion et de la législation vers une nouvelle approche sociale et économique du patrimoine animal exception- nel de l’Afrique. Fait surpre- nant: l’impulsion a été en partie donnée par les travaux de plu- sieurs organisations non gouver- nementales dont le mandat initial avait peu à voir avec le gibier. Pas toujours romantique La faune sauvage - qui en Afrique de l'Est désigne princi- palement les grands mammifères 43 - faisait partie intégrante de la vie des indigènes avant la pré- sence coloniale. Il y a toujours eu des conflits entre la popula- tion et les gros animaux, et les dommages causés aux cultures n’en sont qu’une des illustrations. De nos jours encore, les commu- nautés rurales recensent de nom- breuses blessures et parfois même des décès dus aux élé- phants, lions, buffles, hippopo- tames et crocodiles. Avant la co- lonisation, les inconvénients étaient compensés, du moins partiellement, par les "biens et services" que procurait le gibier - viande, habillement et prépara- tions médicinales. Or, ce savant compromis a été bouleversé par les gouverne- ments coloniaux, dont l’approche fondamentalement esthétique et "protectionniste" ne tolérait au- cune transgression utilitaire, ex- ceptés quelques safaris (princi- palement européens) à but ré- créatif. De nombreuses commu- nautés indigènes furent d’ailleurs expulsées des zones protégées et toute forme de chasse leur fut in- terdite. Le cas des Shangaan de la circonscription de Mahenye, dans le sud-est du Zimbabwe, est un exemple typique. Les Shan- gaan sont originaires de la région du Transvaal septentrional (Afri- que du Sud), mais ils ont migré vers la fin du 19e siècle et se sont installés dans ce qui est mainte- nant le Zimbabwe. Au début des années 60, leurs terres ont été in- corporées au parc national de Gonarezhou. La communauté a donc été expulsée et réinstallée en bordure du nouveau parc. Depuis lors, les conflits entre les responsables du parc naturel et les Shangaan se sont multi- pliés. Ces derniers se sont mis à chasser l'éléphant à l’intérieur du parc et se sont associés à une bande de braconniers amateurs d'ivoire. Après l’indépendance, pensant que la propriété des ani- maux sauvages avait changé de main, les Shangaan ont déclen- ché un massacre systématique, utilisant même des chiens pour faire refluer les antilopes vers des pièges constitués de filets tendus entre les arbres. Des planches clouées disposées près berges étaient pièges pour les hippopotames. Les éléphants n’ont pas été épar- gnés: plus d’une centaine furent des autantde la proie des chasseurs d’ivoire. Confrontés à cette situation, les défenseurs de l’environne- ment et de la préservation des espèces ont fini par comprendre que la stricte application de la lé- gislation ne pouvait résoudre un problème posé par une injustice sociale flagrante. En outre, l’ac- croissement rapide de la popula- tion rurale exerçait des pressions continuelles sur la faune sauvage du pays. Un début de solution juridi- que est venu d’une réglementa- tion discutable, la loi de 1975 sur les parcs et la faune sauvage du Zimbabwe. Aux termes de cette loi, la faune restait propriété d'Etat, comme du temps de la lé- gislation coloniale, mais les ex- ploitants jouissaient de certaines prérogatives en ce qui concerne les animaux sauvages sur leurs terres. Ils étaient autorisés, dans des limites visant à empêcher la surexploitation et l'extinction lo- cale, à en faire usage à des fins économiques. Quelle qu’ait pu être la contrariété des défenseurs de l'intégrité physique de la faune sauvage, des résultats tangibles ont été obtenus. Conséquence directe des avantages économi- ques procurés aux exploitants, les zones réservées à l’habitat ont considérablement augmenté, no- tamment sur les terres agricoles privées. Les exploitants tiraient prin- cipalement bénéfice de la chasse pratiquée comme sport et non à des fins commerciales. Diverses expériences portant sur cette dernière ont échoué, principale- ment parce que les espèces sau- vages étaient considérées comme un parent pauvre du bétail, n’of- frant qu’une gamme limitée de produits tels que viande et peau. La concurrence de l'industrie bovine fortement subventionnée, les problèmes de logistique et de transport, l’irrégularité des ap- provisionnements et l’absence de structures commerciales appro- priées rendaient la chasse com- merciale peu profitable. Les ten- tatives menées avec des espèces sauvages domestiquées, eomme l'élan, n’ont guère mieux réussi. Tourisme et safaris La véritable percée économi- que a été réalisée en exploitant la faune sauvage non seulement pour la viande et autres produits, mais aussi à des fins récréatives. Les droits de chasse peuvent fournir des revenus substantiels contre des niveaux de prélève- ments relativement faibles. Ain- si, un impala tué pour sa viande rapportera moins de 50 dollars, alors qu’un organisateur de safa- ri vendra le même animal à 200 dollars ou plus. L’exploitation touristique peut rapporter gros sans nuire à la faune. L'élevage traditionnel au ranch de Buffalo Range, dans le Zimbabwe méridional, a subi une crise due à une baisse de produc- tivité pendant les années de sé- cheresse. Une partie du do- maine a dû être consacrée aux animaux sauvages mais les activi- tés, qui étaient orientées exclusi- vement sur la production de viande, se sont avérées peu profi- tables. Ce n’est que lorsque le propriétaire du ranch a commen- cé à exploiter les possibilités tou- ristiques de la faune sauvage - principalement la chasse sportive - que ses bénéfices ont spectacu- lairement augmenté. Dans ce secteur, principale- ment composé de grands éle- veurs privés européens, la nou- veauté sur le plan institutionnel a été la création d’une association de producteurs de gros gibier, qui fait partie de l’Union des ex- ploitants industriels et est habili- tée à percevoir de ses membres des redevances sur le déplace- ment du gibier. Toutefois, deux problèmes se posent: le premier est lié au ré- gime foncier et le deuxième, aux programmes de réinstallation prévus dans le cadre de l’acquisi- tion par le gouvernement des terres sous-exploitées. Beaucoup de dirigeants ne sont toujours pas convaincus des avantages que peut procurer la faune sauvage. Et même s'ils l’é- taient, ils préfèreraient probla- blement voir les réserves privées redistribuées pour toutes sortes de raisons, tant politiques que subjectives. Cette attitude trans- paraît en partie dans un récent discours prononcé par Jock Kay, ministre adjoint des terres, de l’agriculture et de la réinstalla- tion rurale: "On prévoit, a-t-il déclaré, que l'élevage du gibier se développera pendant les an- nées 90, mais qu’il sera néces- saire que le gouvernement veille à ce que cetter expansion soit ra- tionnelle et n’ait pas d’effets né- gatifs sur l’industrie de bétail". Cette déclaration révèle un autre problème. La législation du Zimbabwe est nettement fa- vorable au bétail. Des restric- tions vétérinaires imposées pour les exportations de viande bovine vers la CEE, dans le cadre de la Convention de Lomé, limitent sévèrement la capture et le dé- placement du gibier, ainsi que le transport de la viande. Des mil- lions de dollars ont été consacrés à la recherche sur le bétail, mais très peu - sinon rien - à l’indus- trie de la faune sauvage. En ou- tre, ce dernier secteur ne reçoit aucune subventions et ne dispose d’aucune structure de commer- cialisation officielle, contraire- ment à la viande de boeuf forte- ment subventionnée et commer- cialisée dans le cadre d’une orga- nisation para-étatique. Aussi, l'industrie de la faune sauvage se trouve-t-elle dans l’impossibilité d’exploiter un potentiel économi- que important: la vente de la viande. En ce qui concerne les com- munautés rurales, dont dépend en fin de compte la survie de la faune sauvage, la situation est quelque peu différente du fait qu’elles ont été plus lentes à ado- pter la faune sauvage comme op- tion d’utilisation de leurs terres. La plupart des communautés ru- rales sont implantées sur ce qu'on appelle maintenant les terres communales, héritage di- rect des réserves indigènes éta- blies par les premiers gouverne- ments coloniaux. Ceux-ci réser- vaient souvent les meilleures terres agricoles aux grandes ex- Les terres communales sont donc gé- ploitations commerciales. néralement des sols médiocres où la pluviométrie est faible ou irrégulière. En grande partie impropres à l’agriculture intensive, ces terres 45 abritent d’importantes popula- tions d’animaux sauvages. Tou- tefois, dans le cadre de la loi de 1975, les communautés rurales n’ont pas les mêmes droits sur la faupe sauvage que les exploitants privés. Même avant l'adoption de la loi, les revenus des concessions de chasse sportive dans certaines zones rurales étaient, du moins en théorie, reversés par le gou- vernement aux communautés lo- cales. Mais le système était loin d’être parfait. La trésorerie cen- trale conservait souvent les fonds pendant de longues périodes. Les fonds étaient parfois dépen- sés dans des zones très éloignées de celles où était pratiquée la chasse. Cela avait pour effet de supprimer le lien fondamental entre le fait de tolérer la faune sauvage et celui d’en tirer des Les communautés ne participaient ni avantages Économiques. à la planification ni à la prise. de décision. Les villageois Simchembu, aujourd’hui si hostiles à la faune sauvage, ont en fait bénéficié en 1981 des recettes de l’élimination d’éléphants en surplus dans un parc national de la région. Mais ils n’ont pas pris part aux déci- sions relatives à l’exercice ou à la répartition des bénéfices et le projet n’à jamais eu de suite. De vagues promesses d’avantages fu- turs ne compensent en rien les problèmes actuels de cultures endommagées et de blessures éventuelles ou même de mort. L'approche "Campfire" Toutefois, un aspect de la loi de 1975 permet au conseil de di- strict - une unité de l’administra- tion locale créée après l’indépen- dance - de devenir ce que l’on appelle "lorganisme compétent en matière de gestion de la faune sauvage”. Les conseils dotés de ce statut ont les mêmes droits que les exploitants privés et peu- vent gérer, utiliser et tirer parti de la faune sauvage sur les terres communales de leur juridiction. Ce statut est actuellement accor- dé aux conseils qui affirment leur intention de gérer la faune sau- vage selon une formule directe- ment inspirée de ce que l’on ap- pelle de plus en plus la philoso- phie "Campfire". "Campfire" désigne un pro- gramme de gestion des zones communales pour les ressources indigènes (Communal Areas Management Programme for In- digenous Resources) conçu par le Département des parcs natio- naux du Zimbabwe. Il repose es- sentiellement sur le principe que les communautés rurales qui to- lèrent la faune sauvage sur leurs terres, devenant ainsi produc- trices de gibier sauvage, de- vraient être chargées de la ges- tion de ces ressources et en bé- néficier directement tant en es- pèces qu’en nature. Cette position cache ply- Les doivent être informées des avantages fi- sieurs problèmes délicats. communautés rurales nanciers et autres découlant de la gestion de la faune sauvage. La question de la propriété des animaux sauvages pose aussi pro- blème. Non seulement la faune sauvage est encore technique- ment propriété d’Etat, mais elle est aussi une ressource mouvante et traditionnellement considérée comme collective. Ces facteurs créent une tendance à la surex- ploitation. Depuis quelque temps, la promotion de la faune sauvage en tant que forme d’utilisation des terres collectives s’articulait sur l’hypothèse qu’elle constitue la forme la plus appropriée d’uti- lisation des terres marginales en termes économiques et écologi- ques. Actuellement, le Fonds mondial pour la nature se penche sur cette question. Certains organismes d’aide extérieure et divers services gou- vernementaux continuent à privi- légier les systèmes traditionnels de culture et d'élevage sur les terres communales, cependant que les études d’utilisation des terres recommandent l'option faune sauvage dans certaines ré- gions. Cela appelle deux observa- tions. En premier lieu, ce qui n’est pas pleinement compris par ces agences et services, c’est que même les spécialistes les plus en- thousiastes prônant des pro- grammes pour la faune sauvage ne les considèrent que comme de simples adjonctions à l’agricul- ture et à l’élevage, qui sont et re- steront indispensables pour des raisons économiques et cultu- relles. La solution réside dans une planification rationnelle de l'utilisation des terres en concer- tation avec les communautés ru- rales. Le deuxiéme point crucial re- léve de la nature des agences im- pliquées. Le Département des parcs nationaux joue encore ua rôle central dans les projets rela- tifs à la faune sauvage sur les terres communales. Mais la par- ticipations d'ONG et d’orga- nismes de développement rural (par opposition à la conservation de la faune sauvage) animés du désir réel de faciliter une vérita- ble amélioration de la qualité de vie des ruraux a donné une im- pulsion nouvelle. L’un de ces organismes est le Centre pour les sciences sociales appliquées de lUniversité du Zimbabwe (CASS). En 1984, le Département des parcs natio- naux a demandé au CASS de fournir les moyens d’assurer la recherche, le suivi et ’évaluation des applications socio-économi- ques de l’approche "Campfire". C’est ainsi qu’une unité de re- cherche financée par la Fonda- tion Ford a été créée en 1985. Le CASS a déja identifié la faune sauvage qui servira de ca- talyseur potentiel du changement socio-économique. Dès la créa- tion de son unité de recherche spécialisée, il s’est concentré sur les questions portant sur la ges- tion des ressources naturelles et 1a propriété collective. Une fois que le Département des parcs nationaux aura identifié les zones "Campfire" potentielles, le CASS pourra entreprendre une pre- mière enquête socio-économique et éventuellement prendre part aux discussions avec les conseils de districts et les communautés locales. Un autre organisme, le Zim- babwe Trust, a participé à la création d'institutions au niveau local. Le Trust estime que la faune sauvage est souvent ‘la seule ressource susceptible d’évi- ter 4 de nombreuses communau- tés rurales une dépendance per- manente à l’égard de l’aide ali- mentaire. Il a officiellement mis en place en 1988 un programme de développement communau- taire de la faune sauvage. Ce programme aide les communau- tés rurales 4 développer leurs ca- pacités institutionnelles pour gé- rer les ressources naturelles et peut aussi faciliter l’identification et Pévaluation des projets ainsi que la planification, le suivi et la recherche d’un financement ini- tial. Jusqu’a présent, lintégration des projets de faune sauvage au développement rural doit davan- tage aux doctrines de ces ONG qu’a la politique du gouverne- ment. Leur rôle a évolué pen- dant la mise en place de ce qui est considéré - pas tout à fait à juste titre - comme le projet ar- chéiype de style "Campfire" dans le district de Nyaminyami sur la rive sud du lac Kariba. Le projet Nyaminyami Cette région, Pune des plus pauvres du Zimbabwe, posséde le taux le plus élevé de malnutri- tion et de carences protéiniques malgré d’abondantes ressources naturelles en faune sauvage et en poisson. Aprés quatre années de débats, le conseil du district de Nyaminyami a été habilité en 1989 a gérer la faune sauvage et a réalisé au cours de sa premiére année d’activité un excédent de 260.000 dollars provenant princi- palement des safaris de chasse. De ce montant, 6.000 dollars ont été placés dans un fonds de ré- serve d’exploitation, 26.000 dol- lars ont été conservés par le conseil de district et 194.000 dol- lars ont été alloués aux commu- nautés participantes. Malheureusement, Nyaminyanii... Le projet s’est enlisé dans des difficultés Ayant acquis le droit de gérer la bureaucratiques. faune sauvage, le conseil de di- strict était peu disposé à concé- der la prise de décisions aux communautés. Il a décidé que les revenus devraient être distri- bués à égalité aux douze circon- scriptions de la région, ignorant ainsi le principe selon lequel le partage devrait favoriser les 47 communautés qui supportent les coûts sociaux des plus élevés. A moins d'éliminer les blo- cages de ce genre, Nyaminyami projets "Campfire" risquent de connaître de graves difficultés. terres et plusieurs autres Sur les communautaires de Dange, a plusieurs centaines de kilomètres à l’est de Nyaminya- mi, près du Zambèse, un projet similaire a réalisé un excédent de 101.621 dollars à répartir entre les participants. Il y a eu des scènes de joie intense au village de Masoka quand des dividendes de 200 dollars ont été distribués à chaque ménage, une somme supérieure à ce que la majorité des résidents gagnent en une an- née. Mais d’autres zones qui avaient autant de droits sur les bénéfices n’ont toujours rien re- gu. Et les Shangaan de Mahe- nye, qui avaient été expulsés du parc national de Gonareshou, ont supporté ce fardeau pendant des années. Il ne fait guère de doute que les habitants de Simchembu, maintenant si hostiles à la faune sauvage, verraient les choses sous un angle différent si leur conseil de district leur avait dis- tribué les 100.000 dollars obtenus de la gestion de la faune sauvage plutôt que de construire une brasserie dans une région semi- urbaine densement peuplée, à 100 kilomètres de là. soudre ces problèmes, il faut Pour ré- consulter davantage les commu- nautés locales. Le Zimbabwe Trust peut jouer un rôle à cet égard. L'intégration effective de la gestion de la faune sauvage dans les politiques agricoles du Zim- babwe résoudra peut-étre ces problèmes. A l’heure actuelle, il n’y a aucune proposition écrite allant dans le sens du discours du président Mugabe, à part une ébauche de plan quinquennal 1991-1995 pour le secteur agri- cole. Le ministère des terres, de l'agriculture et de la réinstalla- tion rurale a suggéré la constitu- tion de plusieurs groupes de tra- vail dont l’un s’occupera spécifi- quement de la faune sauvage. Il est probable que ce groupe sera chargé de l’analyse des im- plications économiques et so- ciales de l'élevage et de la faune sauvage ainsi que de l’examen de l'actuelle législation sur la santé animale, et cela en vue de facili- ter la promotion du_ secteur "faune sauvage". Si l’on s’attaque effectivement 4 des quéstions telles que la propriété de la faune sauvage, les structures de commercialisation, [utilisation des terres et surtout, dans le cas des terres communales, au pro- bléme de la délégation des prises de décisions aux communautés, alors l’option faune sauvage pré- sentera des perspectives promet- teuses. Mais si le développement s’embourbe dans un niveau sup- plémentaire de décisions gouver- nementales, cette industrie en herbe risque de constater que ses perspectives étaignt meilleures avec un réseau plus souple d'ONG se battant et gagnant souvent sur le terrain, plutôt qu'avec une bureaucratie centra- lisée. * Dick Pitman est un spécia- liste de l’environnement à Harare (Zimbabwe). LLLLLLLLLLLLLLLELLLLLLEL Changement du Climat : incidences sur l’agriculture, les forêts et les pêches (Position de la FAO* présentée au Deuxième Conférence mon- diale sur le climat à Genève, du 29 octobre au 7 novembre 1990) Introduction Après de nombreuses années de recherches, les scientifiques sont maintenant à peu près tous d'accord pour dire que le climat de la terre est en train de chan- ger - il s’agit essentiellement d’un réchauffement - en raison des ac- tivités de l’homme, bien que nous ne connaissions pas encore très bien les mécanismes de ce pro- cessus. L’augmentation des re- jets de gaz dans l’atmosphère (essentiellement bioxyde de car- bone, mais aussi méthane, oxyde nitreux, ozone et certains chloro- fluorocarbures) qui provoquent ce changement du climat est en partie imputable à la combustion de carburants fossiles et aux acti- vités industrielles des pays déve- loppés. Ces gaz proviennent dans une moindre mesure de I’a- griculture et de la combustion des forêts tropicales. Le réchauffement du globe devrait provoquer une élévation du niveau des mers et modifier les climats. On ne connaît pas encore le rythme exact, la nature et l’ampleur du changement de climat, mais il aura prob- ablement des avantages et des in- convénients pour lagriculture dès la première ou la deuxième décennie du XXIème siècle. Quelques pays n’en ressentiront pas les effets: il semble que beau- coup de pays a déficit vivrier soient particulièrement exposés, mais des pays à exédent vivrier peuvent aussi être touchés. C’est pourquoi le présent do- cument examine certains des changements de climat possibles, évalue leurs incidences sur l’agri- culture, les forêts et les pêches et expose les activités actuelles de la FAO et les mesures qu’elle pourrait prendre à l'appui de l’action nationale et internatio- nale dans ces domaines. Nature et ampleur du changement de climat Les "gaz de serre" sont d’im- portants régulateurs de la tempé- rature de la terre. Sans eux, la * Les vues exprimées dans le présent document n’engagent pas les divers Etats Membres de la FAO. 48 température moyenne en surface serait de l’ordre de -30°C et l'agriculture, telle qu’elle est pra- tiquée actuellement, serait im- possible. La température moyenne est aujourd'hui de +15°C. L'effet de serre, par le- quel le CO et d’autres gaz re- tiennent la chaleur qui, sans eux, s’échapperait de l’atmosphère terrestre, est un mécanisme nor- mal et scientifiquement bien éta- bli, indispensable à la vie telle que nous la connaissons. Une augmentation de COz et d’autres gaz à effet de serre pro- voquerait donc un réchauffement progressif de l’atmosphère et des modifications du climat terrestre. On a de bonnes raisons de pen- ser, sans en être encore toutefois certains, que c’est ce qui se passe en ce moment. Le CO? est de loin le gaz à ef- fet de serre le plus abondant et il est considéré comme le plus im- portant et celui sur lequel il est le plus facile d’agir. D’après les estimations actuelles, le rejet dans l'atmosphère d’environ 7 milliards de tonnes de carbone sous forme de CO2 et d’autres gaz à effet de serre chaque année est imputable aux activités hu- maines. La plupart des émis- sions passées et actuelles pro- viennent de la combustion de carburants fossiles dans les pays développés et ces combustibles joueront nécessairement un rôle essentiel dans l'essor économi- que et industriel des pays en dé- veloppement. Toutefois, l’agri- culture et les forêts jouent un rôle non négligeable - quelque 14 et 9 pour cent respectivement de l’ensemble des émissions respon- sables de l'effet de serre. Bien que lagriculture ne contribue pas beaucoup à l'effet de serre, elle suscite une vive préoccupation car le changement du climat pourrait limiter la pro- duction vivrière dans certaines régions. Les forêts jouent un rôle plus important dans le cli- mat du globe. En temps normal, elles sont une source importante de vapeur d’eau, qui joue un rôle essentiel dans les mécanismes climatiques et est un des princi- paux gaz à effet de serre, En si- tuation de climat modifié, elles sont un important écosystème de stockage du carbone et rejettent du COz et d’autres gaz dans l’at- mosphère lorsqu'elles sont bri- lées ou transformées d’une autre manière. En outre, les écosys- tèmes forestiers supportent assez mal des modifications "rapides" des températures moyennes et pourraient donc être gravement touchés. Au point de vue de l’histoire humaine, il est certain que l’agri- culture, plus que toute autre acti- vité humaine, est tributaire du climat et vulnérable à celui-ci. Dans le contexte d’un climat ter- restre qui évolue, lagriculture joue une rôle accru, en particu- lier pour assurer la sécurité ali- mentaire et une gestion judi- cieuse des ressources naturelles. Les sections suivantes du présent 49 document examinent en détai! : rôle que l’agriculture et les forêts jouent dans les émissions de gaz à effet de serre et certains des ef- fets que ce changement pourrait avoir pour l’agriculture, les forêts et les pêches. L’analyse est fon- dée sur les grandes hypothèses suivantes de changements clima- tiques, inspirées essentiellement des travaux du Groupe d’experts intergouvernemental: (i) La température moyenne du globe, par rapport à 1980, augmenterait d'environ 0,5 à 1°C d’ici Pan 2010, de quelque 0,5 à 2°C d'ici Pan 2030 et de 4°C au maximum d’ici l’an 2050. (ii) Le réchauffement ne se- rait pas uniforme; dans lArcti- que, il serait deux fois plus in- tense et plus rapide que l’aug- mentation des valeurs moyennes mondiales et des valeurs des ré- gions tropicales. (iii) Le régime des pluies se modifierait: il y aurait peut-être un accroissement des pluies d’hi- ver aux latitudes les plus hautes, des pluies plus intenses dans les tropiques humides et des pluies d’été moins abondantes dans les latitudes moyennes. A cela s’a- jouterait une détérioration des équilibres pédologiques/hydri- ques (c’est-à-dire la différence entre les précipitations et l’éva- potranspiration) dans les princi- pales zones céréalières tempé- rées des deux hémisphères. (iv) Les écarts par rapport aux moyennes à long terme ren- dront plus fréquentes et plus violentes les intempéries ex- trêmes et provoqueront prob- ablement des périodes de séche- resse et de précipitations plus longues et plus intenses. (v) Des changements incer- tains de la durée et de la densité de la couverture nuageuse avec des répercussions sur les équili- bres des rayonnements et la pho- tosynthèse. (vi) Une élévation du niveau des mers d’environ 30 à 50 cm d’ici l'an 2050, et jusqu’à un mè- tre d’ici l’an 2100. Ces chiffres tiennent compte des récentes ré- visions à la baisse des estimations du Groupe de travail I du Groupe d’experts intergouverne- mental. Quoi qu’il en soit, le ni- veau des mers s’est élevé d’une vingtaine de centimétres depuis le début du siècle, sans que l’on sache très bien pourquoi. Plu- rieurs pays, en particulier cer- tains pays en développement de basses terres ayant des îles et des deltas, seraient exposés à l’intru- sion d’eau salée dans les nappes phréatiques, à la désorganisation des installations d’aquaculture, à la marginalisation de certains systèmes de production agricole irriguée ou pluviale et à l’inonda- tion des marécages, dont beau- coup jouent un rôle important dans le cycle biologique des es- pèces aquatiques. Rôle de l’agriculture et des forêts dans les émissions de gaz à effet de serre C’est par des émissions de dioxyde de carbone, de méthane et d’oxyde nitreux que l’agricul- ture et les forêts contribuent le plus à l'effet de serre. En re- vanche, elles rejettent peu d’oxyde nitrique et de monoxyde de carbone. La contribution nette aux émissions de dioxyde de carbone provient essentiellement du dé- boisement permanent - attei- gnant peut-être 25 pour cent de laugmentation totale annuelle nette des émissions de dioxyde de carbone. De grandes quanti- tés proviennent de l’agriculture itinérante, mais lorsque des ja- chères arborées sont pratiquées, la contribution nette est faible. De même, des émissions encore plus importantes proviennent des brilis de pâturages non aména- gés et de terres arables en ja- chère, mais l'effet net est faible. Les résidus végétaux de ces terres se seraient décomposés de toute façon, et peu importe, pour le cycle du carbone, qu’ils soient brûlés immédiatement ou laissés se décomposer pendant une an- née. En ce qui concerne les autres gaz à effet de serre, on sait que les secteurs de lagriculture et des forêts sont à l’origine d’émis- sions importantes de méthane par la décomposition anaérobie 50 des matières organiques, par exemple dans le tube digestif du bétail (25 pour cent), dans les ri- zières (35 pour cent) et les déjec- tions animales (12 pour cent). Les sources d'émissions d’oxyde nitreux n’ont pas encore été bien identifiées, mais elles provien- nent en partie d’activités hu- maines telles que le défrichage, dont le déboisement tropical fait partie, de la combustion du bois et de l’utilisation d’engrais miné- raux azotés. L’agriculture joue un plus grand rôle dans les émis- sions de ces gaz que dans les émissions de CO2. En outre, elles vont probablement augmen- ter sous l'effet de la croissance démographique et de la de- mande croissante d’aliments qui découle de l’augmentation du re- venu par habitant, qui vont inévi- tablement provoquer une intensi- Mais même alors, la contribution de lagriculture à l'effet de serre ne sera que de quelque 14 pour cent en 2025. Dans l’état actuel des choses, il y a de nombreuses options de dé- agricole justifia- fication. veloppement bles, ayant une utilité économi- que et sociale, qui pourraient ré- duire les émissions futures, du moins dans une certaine mesure. Il s’agit notamment d’une utilisa- tion accrue des pailles de riz dans l'alimentation et autres formes de supplémentation, et du traitement des déjections ani- males par des digesteurs à bio- gaz. (à suivre) me Se VOTE ——— wa