A This volume has been digitized, and is available online through the Biodiversity Heritage Library. For access, go to: www.biodiversitylibrary.org. ne we ih Pe A TR % _ COUPES GEOLOGIQUES DES wi n : ni Be ’ 3 _ TUNNELS ou DOUBS- 3 Une \ FR. MATHEY, göomötre. Var e > E ei u, wi \ a be a Re # x D >] LES TUNNELS DU DOUBS. I y avait pres d’une annee que l’on travaillait au percement des tunnels du Doubs, lorsque M" BRIDEL, Ingenieur en chef de la compagnie, me proposa d’en faire le releve geologique. Tout en faisant observer a M" BRIDEL que je ne me trouvais guere qualifie pour accepter une semblable mission, ne m’occupant d’etudes geologiques et pal&ontologiques qu’& mes moments de loisir, et, tout en prevoyant les diffieultes sans trop y reflechir, jacceptai. Ges diffieultes de toutes sortes ont «te bien plus nombreuses que je ne m’y attendais, mais je crois inutile de fournir des details & ce sujet. Je dirai cependant que j’ai visite les differents chantiers (il y a eu 12 attaques) tous les 30 & 40 jours et que presque toujours, pour des raisons diverses, plusieurs (de ces chantiers) ne pouvaient etre explores. Des lors, on comprendra que certains faits interessants, certains details de couches aient pu m’echapper. Toutefois, je erois qu’il ne sera pas sans inter&t de faire connaitre les coupes de ces tunnels, que jai dressdes aussi exactement que les eirconstances me l’ont permis, ainsi que les observations geologiques et paleontologiques faites pendant mes excursions aux differents ehantiers. Il me reste a temoigner toute ma reconnaissance A M" le Docteur Ma&scH, qui, non seulement m’a determine de nombreux fossiles, mais, en passant bien des heures avec moi dans les colleetions du polytechnieum, m’a fait connaitre les etages jurassiques inferieurs, si rarement, sinon jamais ä decouvert dans le Jura bernois; ä MM. DE LoRIOL, P. CHOFFAT et Kogy, professeur, qui m’ont determine de nombreux fossiles. TUNNEL DE GLOVELIER. Le tunnel de Glovelier met en communication le val de Delemont avee la vallece du Doubs. La tete de ce tunnel, du cöt6 de Glovelier, ä Yaltitude de 522,70” se trouve dans les banes superieurs du Pterocerien. Il traverse suecessivement le Pterocerien, l’Astartien, le Corallien, l’Oxfordien, le Bajocien, le Lias et touche le Keuper qui forme le sommet de la voüte. A sa sortie ä Montmelon, il se trouve dans les marnes ä Ammonites opalinus. Je ne ferai pas une deseription detaillee des couches, description que l’on trouve dans tous les ouvrages speciaux. Je leur ai generalement trouve le m&me aspeet petrographique qu’on leur connait partout, si ce n’est que leur couleur est, en general, plus sombre qu’ä Vexterieur; je me bornerai & noter les faits les plus saillants que j’ai pu observer. La tete du tunnel, comme nous l’avons vu, se trouve dans les couches superieures du Pterocerien, ayant une inclinaison de 24° sud. Je n’ai pas observ& les marnes pteroe6riennes proprement dites, qui affleurent au bord de la route de S'-Brais et au N. O. du village. I se peut toutefois qu’elles etaient deja maconnees lors de ma premiere visite des travaux. Quant A la couche & Pseudocidaris Thurmanni, elle a &t6 rencontrde au puits, mais elle n’a pu &tre observ6e dans le tunnel. L’Astartien, dont l’inclinaison des couches est de 30°, ne presente rien de particulier ; a une vingtaine de metres au Nord de l’axe du puits, on a rencontre trois banes successifs de marne noire, compacte, sableuse, de eing ä huit metres de puissance; j’y ai rencontre les fossiles suivants: Saurien, dents. Lima. Picnodus, s; Pecten astartinus, Et. Hybodus, En . Ostrea. Serpula. Anomya Monsbeliardensis, tj. Belemnites. Terebratula humeralis, Roem. Scalaria minuta, Buv. n subsella, Leym. Astarte. Rhynchonella inconstans, d’Orb. Trigonia geographica, Ag. Hemieidaris intermedia, Forbes. » aolina, Ctj. syn. T. muricata, Th. Cidaris florigemma, Phill. non Gldf. Millerierinus Escheri, P. de Loriol. Area rhomboidalis, Ctj. | . Dudressieri, d’Orb. Mytilus. Antedon Gresslyi, Et. Avicula. A Er »% EEE TEREN TO nr « : ey EN Le passage au corallien se fait par des banes gris de fumde d’un aspect schistoide. Bien que je n’aie pas rencontre de fossiles dans le corallien, cet etage n’en renferme pas moins beaucoup: la durete de la roche, qui etait en outre reduite en petits fragments par la dynamite, ne m’a pas permis de degager les freles coquilles des nerindes et autres gasteropodes qui lui sont propres. L’oolite corallienne est assez peu developpee. Vers le milieu de l’etage, on a rencontre une assez forte poche d’argile siderolitique ; tout & cöte, il s’en trouvait une autre renfermant une espece de boue noire melangee de sable et de rognons calcaires. Les couches qui, au passage du corallien a l’oxfordien, ont une inclinaison de 34°, sont relevees verticalement ä la base de ce dernier etage: aussi se developpe-t-il sur une longueur, selon l’axe du tunnel, de 250”; les marnes oxfordiennes, proprement dites ä fossiles pyriteux, ont ä elles seules une etendue de 150". Ce developpement extraordinaire des marnes oxfordiennes est certainement dü a la difference d’inclinaison des eouches & leur base et A leur partie superieure; je chercherai, un peu plus loin, ä en expliquer la cause par un certain nombre de coupes prises en differents endroits de nos chaines jurassiques. J’ai pu etudier ces marnes & plusieurs reprises; mais il ne m’a pas 6te possible d'y trouver la moindre trace de stratification, et, partant, de voir comment se fait le raccordement de ces deux inclinaisons si differentes. J’y ai bien reconnu des especes de lignes de stratifi- cation; jai pu en suivre quelques-unes ä d’assez grandes distances, une vingtaine de metres; mais je me suis bien vite apercu qu’elles se croisaient et s’entrelacaient dans tous les sens. Cependant pour certaines de ces lignes et surtout pour celles que j’ai pu poursuivre sur une plus grande etendue, j’ai remarque un certain parallelisme avec les couches de l’ox- fordien superieur. Quand on en detachait un bloe, on remarquait que les surfaces correspondantes ä ces lignes, etaient luisantes avec un aspect bitumineux et plus noir que l’interieur. J’y ai recueilli les especes suivantes: Sphenodus longidens, Ag. Ammonites Henriei, d’Orb. Clytia ventrosa, Meyr. h curvicosta, Opp- Serpula Deshayesi, Münst. ps oeulatus, Phill. » Sp. n Goliathus, d’Orb. z Belemnites hastatus, Blainv. A Suevicus, Opp- 5 Sauvanausus, d’Orb. 5, erenatus, Brug. Nautilus granulosus, d’Orb. 55 syn. Renggeri, Opp. syn. dentatus, Ziet. Aptychus lamellosus, Qu. < Mariae, d’Orb. Ammonites coronatus, Brug. | n Eugeni, d’Orb. E subcostarius, Opp. n biplex, d’Orb. N hecticus, Hartm. a biarmatus, Ziet. 5 cordatus, Sow. E Lamberti, Sow. > torosus, d’Orb. | A tortisuleatus, d’Orb. R, plicatilis, Sow. 5 lunula, Ziet. Ammonites denticulatus, Ziet. v SP- Turritella Moschardi, "Th. 5 Ebersteini, Th. Pleurotomaria granulata, Sow. Turbo Meriani, Goldf. „ bijugatus, Qu. Trochus Cartieri, Th. Rostellaria Danielis, Th. n Gagnebini, Th. Cerithium Russiense, d’Orb. Astarte undata, Münst. Arca. Cueullea parvula, Ziet. Nueula Dewalquei, Opp. ornati, Qu. 5 compressa, Mer. > lacrymae, Qu. Nucula Palmae, Qu. Pecten subspinosus, Schl. Avicula Munsteri, Goldf. Plicatula subserrata, Goldf. Ostrea, SP. Terebratula Calloviensis, d’Orb. m impressa, Br. h Sp. Rhynchonella Thurmanni, Voltz. Diseina, sp. Diastopora, Sp. Pseudodiadema superbum, Ag. Cidaris, Sp. Pentacrinus pentagonalis, Goldf. Asterias jurensis, (Qu. Antedon asper? Qu. Anthophyllum Erguellense, Th. Nodosaria, sp. J’ai remarque que les gasteropodes sont numeriquement bien moins nombreux que dans les autres stations oxfordiennes du Jura bernois, quelques exemplaires pour une espece; tandis que bien des especes d’Ammonites y sont representees, chacune, par des milliers d’individus. Nous avons vu, que le fer sous-oxfordien ou couche ä Am. ornatus est relev& verti- calement. La puissance de cette couche est d’un metre environ, et se compose d’un calcaire grisätre, marno-compacte, avec des rognons plus durs; ils sont souvent ocraees, et renferment quantite de grains de fer miliaires. Cette couche se detache nettement de l’oxfordien d’un cöte, et de l’autre, de la dalle nacree quelle recouvre. Voici la liste des fossiles que nous y avons recueillis: Belemnites hastatus, Blainv. Ammonites plicatilis, Sow. en latesulcatus, d’Orb. „oe >heetieussd@hn: Aptychus Berno-jurensis, Th. h biplex, Sow. ef heteropora, Voltz. r sp. Serpula helieiformis, Goldf. ” Ammonites athleta, Phill. A Backeriae, Sow. & Arduennensis, d’Orb. % Brighti, Opp. Melania lineata, Qu. Natica crithea, d’Orb. Pleurotomaria Niobe, d’Orb. r macrocephalus, Qu. Tarba Meriani, Goldf. = funatus, Opp. Muricida semicarinata, Qu, “ anceps, Rein. Trigonia interlaevigata, Qu. ey Lamberti, Sow. Nucula variabilis, Qu. 5 coronatus, Brug. Avicula inaequivalvis, Sow. 5 tortisuleatus, d’Orb. Lima. y lunula, Ziet. Pecten vagans, Sow. n punctatus, Stahl. NEED: AU, W Di rt Hinnites, sp. Collyrites, sp. Ostrea, Sp. Holectypus punctulatus, Des. Terebratula biappendiculata, Desl. , Pseudodiadema Glovelierensis, de Lor. nov. sp. N pala, v. Buch. | 4 nov. Sp. ei dorsoplicata, Suess. Cyeloerinus macrocephalus, P. de Lor. Rhynchonella triplieosa, Qu. Millerierinus cfr. impressae, Qu. a minuta, Buv. in Sp- : Royeriana, d’Orb. Pentacrinus, sp. La dalle nacrde, developpee sur une longueur d’environ trente metres selon l’axe du tunnel, succede & la couche ä Am. ornatus et lui sert d’assise. Elle a le möme aspect qu’on lui connait partout, cependant avec une teinte plus grisätre et plus sombre qu’äa la surface du sol; elle est aussi relevee verticalement. Apres la dalle nacree on rencontre une couche de marnes noires, un peu sableuses et tres delitables, de six metres de puissance, et reposant sur les couches ä Rhynchonella varians. La rencontre de cette couche, dans cette position, me mit dans un certain embarras, car, au premier abord, je ne pus y rencontrer de fossiles. Cependant je me rappelai que, quelques annees auparavant, j’avais rencontre, au Sud-Est et au Sud-Ouest d’Esserfallon, dans la m&me position stratigraphique, une couche de marne de m&me nature, d’environ un metre de puissance, oü je reeueillis en abondance une Terebratula et un Mespiloerinus, que M. P. CuorrArT determina sous les noms de Waldheima subrugata, Desl. et Mespilo- erinus macrocephalus, Qu. (Cyelocrinus macrocephalus (Qu.) P. de Lor.). D’apres lui !) la W. subrugata se trouve, du Randen au departement de l’Ain, soit dans la zöne de 1’Am. macrocephalus, soit dans le eallovien superieur. . Cette möme assise a aussi &t& observee A la sortie du petit tunnel de Malvie, du cöte du viadue. On voit encore ces marnes A cöte de la maconnerie de la tete du tunnel. Apres de nombreuses recherches, j’ai pu reeueillir les especes suivantes que M. CHoFFAT a bien voulu me determiner: Ammonites maerocephalus, Schl. | Ammonites suleiferus, Opp. n funatus, Opp- A eurvicosta, Opp- 2 Moorei, Opp. Pholadomya Murchisoni, Sow- n Herweyi, Sow. Collyrites ovalis Cott. D’apres les fossiles ei-dessus et les observations de M. CuorrAT?), la dalle nacrde ne forme pas la partie superieure du Bathonien, mais bien la partie moyenne du Callovien. La couche & Rhynchonella varians (ealeaire roux sableux de Thurmann), developpee sur une longueur d’environ vingt metres, se presente sous la forme d’un calcaire assez compacte, avec intercalation de bancs marno-calcaires. Les strates, qui, A la partie sup6- rieure, sont encore relevös perpendieulairement, s’inflechissent peu A peu contre le nord, et !) Esquisse du callovien et de l’oxfordien dans le Jura oecidental et le Jura meridional, pag. 19 et 20, 5 : ) loe. eit. BT Ye ont une inclinaison de 85° au contact des»couches dä Am. Humphriesianus. Tout le Bathonien, developpe sur une longueur d’environ 190 metres, n’oflre rien de partieulier ä signaler: differentes assises marneuses, surtout vers le milieu de l’etage, ont &t6 traversdes, mais n’ont pu &tre etudides. Les couches & Am. Humphriesianus se composent de banes de caleaire minces, de couleur grise tres foncde, avec alternances de marnes sableuses de m&me couleur. (es calcaires et ces marnes sont travers6es de nombreuses veines de carbonate de chaux eristallise ; on y rencontre aussi un grand nombre de geodes dont liinterieur est tapisse de eristaux, ce qui donne A ces couches un aspect tout particeulier. Les polypiers y sont nombreux, mais peu determinables. J’y ai recueilli: Pecten Dewalquei, Opp. Rlıynehonella adoxa, Desl. Terebratula homologaster, Ziet. Cidaris ceucumifera, Ag. Rhyncehonella quadriplieata, Ziet. et quelques autres fossiles peu determinables. Le passage aux couches & Am. Murchisonae se fait d’une maniere assez insensible: les strates ealcaires deviennent plus homogenes et prennent la couleur ocracde qu’on leur connait. Vers la base, on remarque plusieurs alternances de marnes brunes; les bancs caleaires intercales sont tres ferrugineux. L’inelinaison des couches au contact des marnes a Am. opalinus est de 76°. J’ai constate la presence de l’Am. Murchisonae, et de quelques autres fossiles habituels & ces couches. Apres le dernier bane calcaire du sous-etage precedent, se trouvent des marnes noires, sableuses, avec paillettes de mica blane, developpees sur une longueur de 100”. Elles forment une voüte complete et se retrouvent A la tete du tunnel de Montmelon sur une longueur de 200”. Vers leur base, ä huit metres des schistes A Posidonies, j’ai remarque une couche de 10° d’6paisseur ou l’Esthiera Suessi se trouve en quantite tellement con- siderable, qu’elle a pris une teinte blanchätre et a perdu. toute sa coh6sion. Non loin de cette couche, l’on a rencontre deux sources: l’une salde, l’autre sulfureuse ; elles ont cesse de eouler au bout d’un certain temps. Les marnes ä Am. opalinus ont iei une puissance de 60 & 70”. Nous verrons qu’au tunnel de la Croix, elles en atteignent une bien plus considerable. Des ceirconstances par trop (defavorables ne m’ont pas permis d’etudier le lias comme je l’aurais voulu, malgr&e tout l’interet que ce terrain peut presenter dans le Jura bernois, vu la rarete de ses aftleurements. Cependant, jai pu constater la presence et etudier les sous-etages suivants: les schistes ä Posidonies, les eouches & Terebr. numismalis et le caleaire & Gryphees. Au-dessus de ces calcaires se trouve une couche de marnes noires de 22°” d’epaisseur. Les banes A Cardinjes ne forment pas de couche distinete et se eonfondent avec le caleaire & Gryphees. ae E: J’ai recueilli les fossiles suivants dans ces differentes zönes: a. Schistes a Posidonies. ce. Galeaire a Gryphees. Teleosaurus. Belemnites acutus, Mill. Leptolepis Bronnii, Ag. e: Oppeli, May. Onychites runeinatus, (Qu. Nautilus, sp. Belemnites aquarius, Schl. Ammonites raricostatus, Ziet. Ammonites, Sp. Pr Bradleyi, Buchm. $ Avicula Sinemuriensis, d’Orb. = oxynatus, Qu. Inoceramus cinetus, Goldf. Pleurotomaria polita, Goldf. Discina papyracea, Mü. = anslica, Goldf. = SP- Pholadomya corrugata, K. et D. - Pleuromya crassa, Ag e ' z : FR ae 26 rebr. nismalis. F= - e gone BDEoR ae Ba Myoconcha scabra, Terg. et Piette. Belemnites elongatus, Miller. Cardinia erassiuscula, Sow. h Ammonites Davoei, Sow. E concinna, Sow. 3 ” capricornus, Schloth. Pinna Hartmanni, Ziet. an Een Lima gigantea, Sow. Unicar Em Enns 1) d rb. „ pectinoides, Sow. y Avicula cfr. Sinemuriensis, d’Orb. asp: E- Pecten textorius, Schl. Pecten Hehli, d’Orb. ; » Priseus, Schl. „ texturatus, Münst. ’ . - ner. calvus, d’Orb. Gryphaea arcuata, Lam. H. Plicatula spinosa, Sow. Waldheima eor, Lam. Gryphaea cymbium, Lam. Rhynchonella Deffneri, Opp- 1 »„ obliqua, Goldf. . plieatissima, Qu. 3 Rhynchonella ef. fureillata, Theod. Spirifer Walcotti, Sow. B- ” Buchü, Roem. „ verrucosus, Suess. Rh Spirifer Münsteri, Dav. Pentaerinus crassus, Des. N + Lingula, sp. 2 tubereulatus, Mill. E- x Pentacrinus basaltiformis, Mill. h yanina, Suess. Antodon, sp. A un niveau un pew inferieur: Ammonites bifer, Qu. m raricostatus, Ziet. Le ealcaire ä gryphees est riche en eristaux de sulfate de chaux, de baryte, de stron- tiane et autres non encore determinds. Au-dessous des calcaires A gryphees, se trouvent des marnes ealeaires, noires, fissiles, se delitant rapidement en feuillets d’une extreme tenuite. Elles sont d’une grande homo- geneite jusqu’A trois metres de puissance. LA, on voit apparaitre une mince couche de gres sableux gris-verdätre, ne depassant pas un millimetre d’epaisseur, et ensuite une couche de marne d’un centimetre, de m&me nature qu’en haut. Les alternances de gres et de marne continuent ainsi, seulement l’epaisseur des couches de gres augmente, de maniere qu’ä 3,60” au-dessous des calcaires ä gryphees, les deux couches ont une egale Epaisseur, 2 Beulen un centimetre. Jusqu’a 4,10” l’epaisseur des couches greseuses augmente, tandis que celle des marnes diminue. Je n’ai pas pu observer le passage au gres pur, ce passage se faisant au-dessous du tunnel. Ges eouches sont traversees par des veines de gypse blanc. Au ecommencement de ces alternances se trouve une couche d’une sorte de calcaire sableux, noir, tres dur; il renferme une grande quantite de dents de poisson et des dents de sauriens; mais en moins grand nombre: c'est le Bone-bed. Dans les couches avoisinantes sup6rieures, quelques especes de bivalves sont assez fortement representees. Dans les marnes mömes, je n’ai pas rencontre de fossiles et, en particulier, aucun insecte. Voieci la liste de ces fossiles: Termatosaurus erocodilinus, Qu., fragments de mä- Cardium eloaeinum, Qu. choire et d’une vertehbre, Pr Terquemi, Martin. Saurichthys acuminatus, Ag. 7 Rhaeticum, Mer. Hybodus minor, Ag. = Sp. n cloaeinus, Qu., fragments de dents et | Pecten eloaeinus, Qu. rayon de nageoire. Posidonomya sp. ind. Acrodus minimus, Ag. Östrea Montis caprilis, Klips. Gyrolepis tenuistriatus, Ag. syn. Ö. Marcignyana, Martin. Lepidotus Me: Anomya sp. Qu. ze ; ; ecailles appartenant probablement I : Tetragonolepis : Diseina sp. ind. Terq. et Piette. : ä ces genres. : Darpedius syn. problematica, Qu. Nemacanthus filifer? Ag. syn. Demacanthus cloacinus, Qu. TUNNEL DE LA CROIX. Le tunnel de la Croix relie la vall&e du Doubs ä l’Ajoie. La tete de ce tunnel, du eöte de S'-Ursanne, se trouve dans la partie superieure des couches a Am. Humphriesianus, relevees verticalement; le tunnel traverse ces couches de m&me que celles & Am. Mur- chisonae, et l’on arrive aux marnes & Am. opalinus & 150” environ de la tete. Comme ces couches sont traversees tres obliquement et en courbe, il est impossible d’indiquer leur puissance avec quelque exactitude. J’ai recueilli les quelques fossiles suivants dans les couches ä& Am. Murchisonae: Sphenodus. Pecten ambiguus, Sow. Serpula quadrilatera, Goldf. Hinnites abjectus, M. et L. Nautilus lineatus, Sow. Terebratula cf. ovoides, Sow. Ammonites Murchisonae, Sow. Rhynchonella adoxa, Desl. Pholadomya. Diastopora. Pleuromya tenuistria, Mü. Asterias. Avicula Münsteri, Bron. Pentaerinus. Lima cf. semieircularis, Mü. I Asian 2. u mail U. u den £ u a cn ET Pe ne x . “Y * Su Les marnes ä Am. opalinus, d’abord relevees presque verticalement, ne tardent pas (a 75”) a s’inflechir subitement et ä prendre une inclinaison de 16° nord. Elles se pour- suivent ensuite sans interruption, en faisant une double ondulation sur une longueur de 1700”, jusqu’au sommet de la voüte, oü elles sont brisees. Sur tout ce parcours, elles sont d’une homogeneite parfaite, sauf, vers le milieu, sur un espace d’environ 50", oü > I ’ elles ont subi une espece de metamorphisme. Lä, elles sont plus dures, moins delitables, prennent tout A fait l’aspeet du calcaire et sont traversees par des veines de carbonate de chaux qui coupent les strates sous un angle de 50°. Malgre cela, la stratifieation primitive est toujours tres distinete. Ces marnes sont tres regulierement et puissamment stratifides, les strates ayant generalement de 70° & 1” d’epaisseur. A environ 330” au sud du puits, la voüte a effleur6 la limite des couches A Am. Murchisonae sur une longueur de plus de 150 metres. La limite entre ces deux sous-dtages est formee par un bane de cailloux arrondis, tres plats, atteignant 20° de longueur, d’un ealcaire brun et couverts de debris fossiles ou dominent de petites ostrea. Voiei la liste des fossiles que j’ai recueillis, prineipalement & la decharge de Saint- Ursanne: Belemnites Rhenanus, Opp. conoideus, Opp.- F serpulatus, (Qu. Turbo capitaneus, Münst. lehnte; Cerithium. eurtus, d’Orb. pyramidalis, Mü. dorsetensis, Opp- Quenstedti, Opp. Schloenbachi, May. breviformis, Voltz. Astarte Voltzii, Goldf. Nucula Hammeri, Defr. sp: Leda Diana, d’Orb. „ rostralis, Lam. Posidonomya Suessi, Opp. - f E- | Ammonites opalinus, Mandelsloh. Perna. 5 Aalensis, Ziet. Inoceramus fusceus, Qu. n lineatus opalinus, Qu. Pecten eingulatus, Goldf. n heterophylloides, Opp- Cotyloderma, sp- 8 costula, Reinecke. Debris de plantes indäterminables. Turbo subduplicatus, d’Orb. Nous avons vu que les couches ä& Am. opalinus sont brisces au sommet de la voüte; cette rupture, large de 210”, correspond A la grande brisure qui forme le eirque Montterri- Grangegueron; cette large dechirure a ensuite etE A moitie remplie par toutes sortes de detritus: j'’ai- reconnu JA un enorme bloc de dalle nacree, des Jambeaux d’oxfordien avec fossiles. Lorsque la galerie d’avancement est arrivee A cette rupture des couches, on a naturellement rencontr&e une forte source, qui fournissait 7 & 8 litres A la seconde '). ') On a voulu la barrieader; mais comme elle subissait une pression de pres de 13 atmosphöres, tous les travaux faits dans ce but ont 6te inutiles; elle a dü ätre öpuisee par le puits jusqu’au percement depuis l’autre cöte. De l’autre eöte de la rupture, on retrouve les marnes & Am. opalinus, developpees encore sur une longueur d’environ 70 metres '). La stratifieation d’abord obscure, devient visible vers le haut des couches, que nous trouvons relevees verticalement; au contact des couches ä Am. Humphriesianus, elles sont renversdes, et ont une inclinaison de 114°. A mesure que l’on s’avanee vers le Nord, ce’est-A-dire que l’on remonte les difierents 6tages, le renversement s’aecentue toujours davantage; ce’est ainsi que J’inelinaison est de 117° entre le bajocien et le bathonien, de 130° vers le milieu de cet etage et de 145° A l’oxfordien. Ges differents etages ne pr6sentent rien de particulier, sauf le renversement graduel de leurs couches, jusques et y compris l’oxfordien. Les marnes & Am. macrocephalus sont ä peine indiqudes par une faible couche. La dalle nacree est developpee sur une longueur de 34”. La couche A Am. ornatus, d’un metre de puissance, est riche en fossiles; voiei la liste de ceux que jai receueillis, naturellement sur un espace fort restreint: Serpula quadrilatera, Goldf. Ammonites modiolaris, Lwyd. 5 conformis, Goldf. Pleurotomaria Niobe, d’Orb. Belemnites hastatus, Blainv. Pholadomya Escheri, Ag. e latesulcatus, d’Orb. Lueina, sp. Ammonites Lamberti, Sow- Fimbria, sp- 5 vexator, May. nov. Sp: Astarte, nov. SP. A anceps, Rein. Avicula inaequivalvis, Sow. 2 calloviensis, Sow. Lima pectiniformis, Schloth. athleta, Phill. Terebratula subcanaliculata, Opp. 5 pustulatus, Rein. = dorsoplicata, Suess. - punctatus, Opp- Diastopora verrucosa, Edw. r punctatus, Stahl. non Opp. Holectypus punctulatus, Des. er coronatus, Brug. Asterias jurensis, Goldf. u lunula, Ziet. L’oxfordien, si developpe au tunnel de Glovelier, ne l’est ieci que sur une longueur de 20” a peine. lei, au lieu de servir de base au corallien, il s’appuie en quelque sorte sur les couches presque horizontales du Virgulien et du Tongrien. La tete du tunnel est construite dans le Tongrien, qui se presente iei sous la forme d’un ealcaire jaune, dur, & strates de 40 & 60°“, J’y ai recueilli des dents de Lamna, des Natica, Venus ete. Ges fossiles ne sont pas encore determines. Dans la tranchee qui aboutit ala tete du tunnel, on a trouve une portion de squelette avee quelques cötes, appartenant probablement au genre Halianassa. ') Ces marnes sont done dövelopp6ses sur une longueur de 2000 mötres sans interruption; je ne parle pas du Lias comme aftleurant: je n’en ai pas vu de vestiges pendant les trayaux W’excavation. Apres la construction du radier, qui a 6te fait sur toute l’ötendue de ces marnes, j’ai trouv& quelques gryphea eymbium & la decharge du puits, mais pas de traces de schistes & posidonies, qui sont cependant tr&s reconnaissables. EEE ET RN 2 =y x Ar er A ] E° m rn -i R R E a 9 = . EN ae Apres cet apercu rapide sur les differentes couches qui ont et traversdes par les tunnels du Doubs, je erois qu’il ne sera pas sans interet de revenir sur certains faits saillants, et d’insister sur leur importance au double point de vue de la stratigraphie et de la geologie. TUNNEL DE GLOVELIER. 1°, La difference considerable qui existe entre l’inelinaison des couches superieures et inferieures de l’oxfordien (34° et 100°), et qui a pour consequence un developpement exagere de celui-ei, ne pourrait-elle pas &tre attribuee A une cause constante et naturelle dont l’action se serait fait sentir aussi sur d’autres chaines du Jura, en produisant des effets analogues? Je crois pouvoir dire oui, et jappellerai cette cause, l’affaissement des cröts jJurassiques. Je vais essayer de le demontrer. Le soulevement ') des differentes chaimes de montagnes, s’est, d’apres Lyell, opere d’une maniere tres lente. Selon moi, il en a &t& de m&me pour les chaines du Jura, dont le soulevement a eommence avant la fin de l’epoque jurassique m&me et s’est continue pendant les epoques eretacde et tertiaire. Cependant il est admissible, et il est m&me probable, qu’&- la fin de cette derniere epoque, le mouvement se soit fortement accentug, que des agents dont il est impossible d’apprecier la puissance, aient agi avec plus ou moins d’intensite, suivant les chaines et les lieux, pour donner au Jura son relief actuel, avec tous ses aceidents, ses soulevements de 1”, 2° et 5° ordre, ses gorges, cluses, ruz, ete., sauf certaines modifications qui ont pu survenir pendant la longue periode glaciaire, ou dont cette periode a et& la cause directe?). Ainsi j’estime qu’& la fin de l’epoque tertiaire, des soulevements de 1” et de 2° ordre devaient sensiblement se rapprocher des fig. 1 et 4 de la planche III. Mais si l’on prend des coupes reelles, fig. 2 et 3, au lieu de voütes A plein eintre, nous aurons des voütes !) En me servant de cette expression, je fais toute reserve touchant la th6orie de la formation des chaines de montagnes. ®) A Y’appui de ce qui pr6eede, je dirai brievement: 1°. Si Yon considere une voüte de 1° ordre, sans ruptures queleonques (je ne parle pas iei des cluses qui nous permettent de les observer), on ne peut guere admettre qu’elle soit le rösultat d’un soulövement brusque, d’un seul jet, si je puis m’exprimer ainsi. En outre, dans une grande partie du Jura bernois, on ne rencontre aucun depöt de l’epoque eretacde: lä, le sol devait done ätre &merge£. 2°, Les nombreux mammiferes du sid6rolitique, trouv&es ä& Oberbuchsiten, Egerkinden, Obergösgen, Aarau, Moutier, le val de Delemont, ete. et qui appartiennent ä l’&ocene inferieur et moyen (D" L. Rutti- meyer, Denkschriften der allgem. Schweiz. Gesellschaft, vol. NIX), n’ont pu vivre que sur des terres fermes tres rapproch6es (Mesch, Beitraege, ete., liv. IV, page 215; Paul Choffat, Tribune du peuple du 31 Dee. 1874). Il en est de mäme des mammiferes plus r¢s de Vermes, de Saules, du Locle, des nombreux mollusques terrestres du val de Delemont, de Sornetan, de Tramelan, du Locle et de toute la flore de cette periode, N surbaissdces. Les flanes sont devenus perpendiculaires ou & peu pres, et le sommet s’est aplati. Cet aplatissement, cause par la pression des couches superieures sur les marnes astartiennes et oxfordiennes, pression qui a encore 6te augmentee pendant l’&poque glaciaire, n’a pu avoir d’influence sensible sur le noyau central oolithique. Ces marnes ont dü perdre de leur puissance au sommet pour en gagner aux reins de la volite. On trouvera en outre cette forme de votıte dans les cJuses de Moutier, de Court, Rondchätel, ete. Je eiterai tout partieulierement la partie Est des Roches de Moutier: ä la partie nord de la voüte, le ploiement aux reins est ä peu pres A angle droit. Si nous passons A une chaine du 2" ordre, nous aurons des r@sultats un peu differents. Prenons par exemple les deux coupes, fig..5 et 6, prises dans la m&me chaine de Vellerat, l’une A la Cendre, un peu & l’Ouest de ce village‘), et l’autre aux Fouchies, ecommune de Courtetelle. Comme (dans les cas preeedents, les flanes sont redresses verticalement et m&me renverses ou rabattus, comme on le voit au ruz de Chätillon. Au sommet de l’abrupte (du cöt6 du nord), A la cote de 700”, Ja pente change brusquement, pour devenir bien moins forte et tres reguliere jusqu’au sommet du er&t corallien. La pression exerede par tout le er&t jurassique sur les marnes oxfordiennes, pression qui a encore &te augmentede pendant l’epoque glaciaire, tendait necessairement ä le faire glisser sur ces marnes, servant de plan incline, vers le fond de la vallee. Mais les m&mes eouches du Jura superieur situdes au pied de la chaine, ou dans l’intervalle de deux chaines, recouvertes en outre de tous les depöts tertiaires, devaient resister A cette pression, et cette pression a dü s’exercer sur le point le plus faible qui devait naturellement se trouver vers la partie superieure des depöts tertiaires, aux reins de la voüte. C'est en effet la que les couches se sont peu A peu couddes et redressdes jusqu’A devenir verticales, ou m&me rabattues sur le tertiaire. Il en est resulte, le noyau oolithique ne subissant pas cette influence, un espace plus ou moins considerable, mais qui se comblait, au fur et A mesure qu’il se formait, par les couches de l’oxfordien m&me, entraindes par le glissement et le frottement des couches superieures. On peut faeilement observer ce fait partout ou il y a des ruz: A l’Ouest de Vellerat, aux ruz de Chätillon et de l’Essert. LA, on verra facilement, qu'au coude des couches, vers la cote de 700” Y’oxfordien a une puissance & peu pres double de celle qu’il a pres du sommet du Üret. Voici encore deux coupes (pl. III, fig. 7 et 8) prises & la chaine du Mont-Terrible, ä& Develier-dessus, et un peu plus A l’Est, au tournant de la route de Bourrignon. Iei, le Jura superieur n’est pas seulement redresse, mais encore rabattu sur le terrain tertiaire. M' le professeur BONANONT, qui, dans le temps, a exploite comme ingenieur civil des mines, le minerai siderolitique de cette localite, a bien voulu me communiquer les renseignements suivants sur cette exploitation. Une galerie principale, pereee dans le tertiaire moyen, a !) Toutes les coupes r6elles, figurdes A la planche III, sont tirdes de la carte federale a l’echelle de 1 a 25000; les hauteurs sont ä la m&me £ächelle. m ete poussee jusqu’& environ 150” sous le massif du Jura superieur. Par cette galerie, et au moyen de puits, on a exploite le minerai qui se trouvait dans sa position normale, et, au moyen de cheminces, le meme minerai qui se trouvait sous le terrain jurassique renverse!'). Je ne m’etendrai pas davantage sur cette question; je me bornerai A faire encore observer que si, au tunnel de Glovelier, on ötait 100” de T’oxfordien, quantits egale au renversement de Develier-dessus, on se rapprocherait singulierement de la puissance normale de cet etage. En outre et selon moi, lorsque l’on voudra evaluer la puissance d’stages essentiellement marneux, comme l’oxfordien et les marnes & Am. opalinus, et surtout lorsque les eouches calcaires superieures auront ete dechirdes, il faudra tenir compte de l’affaisse- ment des er&ts coralliens ou oolithiques, si l’on ne veut pas s’exposer ä& commettre des erreurs plus ou moins graves en plus ou en moins, selon la position oü l’on se trouve. C’est probablement parce que, jusqu’iei, on n’a pas tenu assez compte de ce fait, que l’on trouve, dans les auteurs, de si grandes differences dans l’appreciation de la puissance de eertaines couches, dans la möme contree. 2°. La dalle nacree etant intercalee entre la couche ä Am. macrocephalus et celle ä& Am. ornatus, il s’ensuit qu’on ne peut plus la considerer comme formant le dernier membre du Batlionien, mais quelle doit &tre elassee dans le Callovien ; ceei entraine quelques modifications dans la delimitation des etages tels qu’on les a consideres jusqu’iei. C'est ainsi que le Bathonien se terminera par le calcaire roux sableux de Thurmann ou couches ä Rhynchonella varians, comme cela a lieu du reste dans tout le Jura oriental. Le Callovien se composera des trois sous-&tages suivants: la couche & Am. macrocephalus, la dalle naeree et le fer sous-oxfordien ou couche & Am. ornatus. lei, ces trois sous-6tages sont tres nettement separes les uns des autres et des etages voisins: je n’ai pu y decouvrir la moindre trace de passage de l’un ä l’autre. Ceei nous prouverait que les oseillations du sol, et les modifications dans la nature du fonds de la mer qui en ont 6t& la consequence, ont ete subites et considerables. Aussi, c’est A partir du Callovien que l’on constate ces differences paleontologiques et petrographiques si tranchees qui existent entre le Jura bernois et le Jura oriental. Qu’on me permette de dire iei quelques mots sur la maniere dont j’envisage l’oxfordien et le Jura superieur, dans le cerele restreint du Jura bernois A l’exelusion des chaines meridionales. Dans l’oxfordien, je considere deux sous-&tages ou zönes: les marnes A fossiles pyriteux ou zöne & Am. Renggeri, Opp.”), et l’oxfordien superieur ou zöne & Am. lingulatus et uni- cardium globosum, d’Orb. Tout l’etage comprendrait les zönes & Am. cordatus, plicatilis ') Un peu plus & l’Ouest, pres de Montavon, les galeries d’exploitation sont actuellement poussdes assez en ayant sous le terrain jurassique sup6rieur. ?) Esquisse du Callovien et de l’Oxfordien, pag. 35. et Henriei. Je eiterai comme localites types: pour la premiere zöne, Chätillon et Graitery; pour la seconde, la Päturatte '). Le corallien commencerait avec les premiers banes & echinides et erinoides: Cidaris florigemma, Blumenbachi, cervicalis, Hemicidaris erenularis, intermedia, ete. Apioerinus rosaceus, Millerierinus horridus et Escheri; il se terminerait, comme je l’ai dit pag. 2, & un bane schistoide recouvrant les calcaires & nerindes. Je ferai cependant observer, que le Corallien, l’Astartien et une partie du Pterocerien, jusqw’ä la couche A Pseudocidaris Thurmanni, forment paleontologiquement un tout, oü les subdivisions, necessaires pour l’etude de ce groupe, ne peuvent guere avoir de valeur que celle de sous-etage. Le tableau suivant etabli d’apres ma collection, quoique tres incomplete, fait cependant voir de nombreux passages d’un etage a l’autre, et m&me du Corallien au Pterocerien ou zöne ä Pseudocidaris Thurmanni. Avee une collection bien determinde et collationnee, cette liste serait encore bien plus nombreuse ?). Pterocerien Corallien | Astartien |(couche ä& Pseudoci- daris Thurmanni) -_ Cidaris florigemma, Phill.. . ...... e Blumenbachii, Münst. „ cervicalis, Ag. Hemicidaris intermedia, Forbes. n diademata, Ag. Pseudodiadema negleetum, Des, » hemisphaericum, Ag. . e florescens, Ag. Glypticus hieroglyphicus, Ag. a integer, Des. Stomechinus perlatus, Des. Holectypus corallinus, d’Orb. Pseudosalenia aspera, Des. Acrosalenia angularis, Et. 1 Pygurus Blumenbachii, Ag. se 1 a tenuis,, Deus — ren > 1 Rhynchonella inconstans, Sow.. . .» 2... 1 1 °) "uarrmHv (u u u u ee a u u a ee a er re ee x mus “ x ai je !) La Päturatte est une ferme situce ä 4 kilomötres au nord de Tramelan; un peu ä l’Est de la maison, se trouve une petite marniere avec quelques bancs de chailles renfermant une grande quantite d’Ammonites et de lamellibranches parfaitement consery6s. On n’y rencontre ni 6chinides ni erinoides. ?) M" Mesch (Beitraege etc. Liv. IV, pag. 277) a publi& une liste nombreuse de fossiles passant dans un ou plusieurs 6tages. ®) Colleetion Koby. Pterocerien Corallien | Astartien |(couche ä Pseudoei- daris Thurmanni) Terebratula humeralis, Roeem. . . x»... > 1 1 « Ruprajurensis, Ih... nr... > 1 1 BntreascotylelonssnGtjhn tz. wo Meta ie: > 1 1 Mytilus subpeetinatus, d’Orb. . 2.2... 1 1 1 Trigonia suprajurensis, Ag. . . » 2... > 1 1 nr BEDREADTICH FAN Se er > 1 1 RIDTUNyROSTUGEN ACT ee » | 1 1 Pholadomya paueicosta, Roem. . . 2»... 12) | 1 1 = hortlana,,d’Orb:. ac. Sen, » 1 1 Bulla suprajurensis, Roem. . . 2»... > 1 1 INRFROCDEINGEDSLBOCHL, vu =. el wer il 1 fi Natica hemisphaerica, Roem. » 1 1 Phasianella striata, d’Orb. 1 1 1 R Serpula medusida, Th... . » 1 1 Strophodus reticulatus, AL. . . 2. 2... > 1 1 Comme on le voit dans ce petit tableau, la faune de la couche & Pseudocidaris Thur- manni, quoiqu’elle ait &t& consideree jusqu’a present comme pterocerienne, a cependant une grande affinite avec les faunes astartiennes et coralliennes; et, ce qui est & remarquer, la plupart de ces especes communes ne remontent pas plus haut. Cette couche marno-calcaire, d’environ 80°" d’epaisseur, est developpee sur une assez grande etendue geographique: je l’ai reconnue dans les carrieres superieures de Soleure, dans les gorges de Courrendlin, du Pichoux, aux environs de Glovelier, & la Pierre-percee pres de Courgenay, et surtout dans les carrieres du Vorbourg pres de Delemont, oü elle est riche en fossiles bien conserves. Elle forme done un horizon precieux sous tous les rapports, et pourrait servir de limite precise aux etages astartien et pterocerien°). C’est du reste la que d’Orbigny terminait son etage corallien°). 3°. On a vu que les couches infraliasiques se relient d’une maniere intime et insensible au gres keuperien; par contre, ces marnes se detachent nettement des calcaires & gryphees et A cardinies. Les fossiles sont absolument identiques A ceux de la Cöte d’Or qu’a fait 1) Collection Koby. ®) Ayant visite dernierement le musde de Porrentruy, que mon savant ami, M" le professeur Koby, est en train de r6organiser, j’ai pu constater qu’il a adopt& la m&me classification que celle qui figure dans ce travail; lui aussi prend cette couche ä P. Thurmanni comme limite sup6rieure de l’Astartien. ®) d’Orbigny, Prodrome de pal6ontologie, vol. II. Er en connaitre M’ JuLEs MARTIN’) et A ceux de la Souabe°). D’apres M" Me&scn?) le Bone-bed n’existe pas en Argovie; il a ete reconnu A differents endroits de Bäle-Campagne, entre autres ä Giebenach et ä Schönthal, mais pas dans le Jura bernois, ce qui s’explique par le nombre restreint d’affleurements keuperiens qui sont generalement recouverts. Ce n’est que ces dernieres anndes que ces assises ont fait et font encore l’objet d’etudes approfondies; mais les auteurs ne sont pas d’aceord sur leurs rapports stratigraphiques. Les uns, entre autres M" LAYALLOIS, qui a 6tudie les couches & Avicula contorta de l’Ardenne au Morvan, les considere comme couches de jonction, formant un trait d’union entre les faunes du Muschelkalk et du Lias®); il considere le gres dit infraliasique comme triasique plus töt que comme liasique: il prendrait dans cet ordre d’idees le nom de gres supra- keuperien. M" JuLES MARTIN constate que sur 90 especes recueillies, 52 paraissent speeiales ä la zöne ä Avicula contorta, 6 ont deja ete signalees dans le Trias et 26 continuent & se propager dans l’Infralias proprement dit. Selon lui, «la zöne ä& Avicula contorta n’est plus «du Keuper; c’est une periode A part, speceiale jusqu’A un certain point, mais se reliant «a V’Infralias par un nombre d’especes trop considerable relativement pour pouvoir en &tre «separe»°). D’apres M" StopPant, les couches & Avicula contorta constituent un etage A part, l’etage Infraliasien °). M" RENEVIER reunit aussi linfra-lias et la zöne A Avicula contorta des Alpes vaudoises, qu’il designe sous le nom d’Etage Rhetien au systeme liasique?). On voit que ces auteurs sont cependant d’accord sur ce point, c’est que ces couches ont un caractere A part et special. Quant & l’infra-lias et au bone-bed du tunnel de Glovelier, je n’ai pas pu etudier assez d’echantillons, recueillir assez de fossiles, en un mot, je n’ai pas assez de materiaux pour pouvoir exprimer ieci une maniere de voir bien autorisee. Toutefois on a vu que ces couches, stratigraphiquement, ont par excellence le caractere de couches de jonction, et que leur faune a aussi un caractere special. C’est pourquoi je les considere comme formant un etage distinet, que j’appellerai avee M" RENEYIER etage Rhetien°). !) Memoires de l’Acadömie des arts, sciences et belles-lettres de Dijon, tome XI, 1863. ?) Quenstedt, der Jura. ®) Beiträge ete., liv. IV, pag. 41. *) Bulletin de la Societe g&ologique de France, tome XXI. °) Ouyrage cite, pag. 188. °) Paleontologie lombarde. Milan 1860 ä 1863. ‘) Bulletin de la Soci6te Vaudoise des sciences naturelles, tome VIII, pag. 39. °) Voir Stoppani, Palöontologie lombarde, pag. 164, TUNNEL DE LA CROIX. 4. Pour l'intelligenee de la coupe de ce tunnel, j’en ai dress&e une autre, reduite de la carte (Pl. III, fig. 9), prise & environ 300” & l’Ouest, comprenant tout le massif de la chaine, ce qui n’a pas lieu pour celle du tunnel, dont l’axe se trouve en partie dans le ruz de Courtemautruy. 5. Comme on le voit d’apres la coupe du tunnel de la Croix, les marnes & Am. opalinus ont &t& traversees sur une longueur de deux kilometres, sans autre interruption que la rupture des couches au sommet de la voüte, et cependant, l’axe du tunnel n’est generale- ment pas parallele & l’inelinaison des couches. Leur puissance doit naturellement &tre en rapport avee ce developpement exceptionnel. Aussi, au puits du Pichoux, oü l’on a pu les mesurer avec une certaine approximation, leur puissance depasse-t-elle 120”. 6. A quelle cause faut-il attribuer le renversement ou rabattement des couches sur le tertiaire et le virgulien vers la sortie du tunnel & Courtemautruy? M” le D" Ma&sch donne une coupe!) de la chaine au Monterri, construite d’apres les donnees fournies par le forage entrepris par THURMANN et GRESSLy pour la recherche des couches saliferes. On constate ce fait singulier, qu’apres avoir traverse le Lias, le Keuper et le Muschelkalk, on retrouva ces m&mes couches dans un ordre inverse, et arrive ä la profondeur de 330”, on se trouvait dans les couches du Jura superieur. Cette coupe explique parfaitement la position en quelque sorte anormale des couches de Monterri, mais elle ne peut pas s’appliquer d’une maniere absolue au fait non moins singulier que nous a revele le percement du tunne] a Courtemautruy. Si, outre le rabattement des couches sur le tertiaire et le virgulien, on tient compte de la puissance de l’oxfordien, reduite & 15” selon l’axe du tunnel, on deyra admettre, je crois, qu'il y a eu glissement des couches les unes sur les autres et rupture des m&mes couches. Mais je laisse & des geologues plus competents que moi la täche de resoudre ce probleme. J’aurais termine la täche que je me suis imposede; mais, pour completer en quelque sorte ce petit travail, je erois qu'il ne sera pas sans. inter&t de publier une liste des fossiles recueillis aux abords du viadue de S'-Ursanne (par consequent entre les deux tunnels) dans le corallien superieur ou zöne & Cardium corallinum. Tous ces fossiles, dont plusieurs sont encore inedits, ont et& recueillis dans des couches dont l’epaisseur ne depasse pas trois metres. t) Moesch, Beitraege, X® ]iv., pag. 126, et Tab. II, fig. 5. Les gasteropodes ont ete determines par M" ZITTEL, les echinides par M’ P. DE LoRIOL, et les polipiers, suisse, par M" Kopr. Belemnites, sp. Rissoina unicarina, Buv-. Chemnitzia Cornelia, d’Orb. ” Clio, d’Orb. 5 sp. Nerinea Defrancei, d’Orb. B Bruntrutana, Th. 5 Ursiseina, Th. 7 elegans, Th. r nodosa, Voltz. syn. N. Calypso, d’Orb. > » var. ou.sp. nov. ” Kohleri, Et. h; speciosa, Voltz. Natica albella, Th. „ hemisphaerica, Roem. DR: Neritopsis Cottaldina, d’Orb. n deeussata, d’Orb. non Münst. Neritina pulla, Roem. a Matheyi, Zittel. Forme moyenne entre la N. sigaretina, Buy. et la N. Mosae, d’Orb. 5 sp. Nerita, sp. ET BD; Pileolus Michaelensis, Buv. Trochus Dirce, d’Orb. n Humbertianus, Buy. n angulato plicatus, Münst. syn. T. Daedalus, d’Orb. e erassicosta, Buy. syn. T. Delia, d’Orb. Diomedes, d’Orb. syn. T. absolutus, Roem. Mandant Carretti, Guiv. et Og. syn. Chilodonta clathrata, Et. Chilodonta bidentata, Buy. Turbo Erinus, d’Orb, „ Epulus, d’Orb. syn. Delphinula rugosa, Buv. „ Eryx, d’Orb. syn. Trochus Mosensis, d’Orb. „ eorallensis, d’Orb. ». globatus, Buv. „ solaroides, Buv, » SP- » SP Delphinula (Turbo) Bonjouri, Et. en voie de publication dans les memeires de la Soeiete paleontologique Trochotoma mastoidea, Et. Phasianella Buvignieri, d’Orb. Tylostoma corallina, Et. Ditremaria quinquecincta, Ziet. a (Turbo) punctato sulcatus, Roem. Pleurotomaria, sp. Eucostoma rostellaria, Buv. Purpuroidea Lapierra, Buv, = Moreausia, Buv. Cerithium corallense, Buv. 5 (Bittium) Humbertianum, Buv. Fr septemcostatum, Roem. 5 sp. nov. H sp. grande espece voisine du C. Morea- num, Buy. de l’astartien. 5, Sp. Enostoma, sp. nov. Columbellaria, sp. nov. Li Fissurella, sp. Rimula Goldfussi, Roem. » eornu copiae, d’Orb. Patella minuta, Roem. „ eorallina, d’Orb. Bsp noN« Heleion, sp. nov. Bulla, sp. Pholadomya, sp. Cyprina Orbignyana, Et. Cardium corallinum, Leym = septiferum, Buv. Corbis collaris, Et. Opis semilunulata, Et. Astarte pseudolaevis, d’Orb. ” SP. ” SP- Arca subtextata, Et. DEESD. „ SP. » (Cueullea), sp. Lithodomus socialis, Th. Mytilus triquetrus, Buy. „ jurensis, Mer. n Sp- \ | a ah re er 1 u Diceras arietina, Lk. R ursiseinae, Et. Lima virgulina, Th. „ tumida, Roem. „ ovalis, Goldf. „ eorallina, Th. Pecten pertextus, Et. „ qualicosta, Et. » solidus, Roem. „ oetocostatus, Rocm. Ostrea alligata, Et. „ rostellaris, Münst. „ quadrata, Et. „ solitaria, Sow. „ suborbicularis, Rocm. Anomia foliacea, Et. = nerinea, Buv. Terebratula insignis, Schüb. = moravica, Glock. Megerlia, sp- Pygaster Gresslyi. Pseudosalenia aspera. Phimechinus mirabilis, Des. Glypticus integer, Des. Acroeidaris nobilis, Ag. Hemipygus Matheyi, de Lor. Pseudodiadema, sp. Hemieidaris prunella, Des. 2 intermedia, Forb. Rabdocidaris, sp. Cidaris florigemma, Münst. et deux autres especes, probablement nou- velles, qui ne sont pas encore determindes. Millerierinus, quelques tiges. Asterias. Trochocyatus corallinus, Koby. Dendrohelia coalescens, Goldf. Trochosmilia excelsa, Koby. Epismilia irregularis, Koby. & Laufonensis, Koby. ” contorta, Koby. : multisepta, Koby. Me crassisepta, Koby- n magna, Koby. Plesiosmilia corallina, Koby. Pleurosmilia corallina, Et. e compressa, Koby. n excavata, Koby. Rhipidogyra flabellum, Mich. z 5, percrassa, Et. Aplosmilia semisulcata, Mich. nn Thurmanni, Koby. Dendrogyra rastellina, Mich. en Thurmanni, Et. F angustata, d’Orb. Stylosmilia Michelini, Edw. et Haime. y corallina, Koby. Heliocoenia corallina, Koby. Diplocoenia Matheyi, Koby. Y polymorpha, Koby- Stylina Girodi, Koby. n lobata, Goldt. Cryptocoenia castellum, Mich. r deeipiens, Et. S libata, Goldf. Cyathophora Thurmanni, Koby. Fr Gresslyi, Koby. Convexastrea Bernensis, Et. et un grand nombre d’autres especes qui ne sont pas encore publiees. Toutes les especes eitdes ci-dessus appartiennent Ä mon ancienne ou A ma nouvelle collection, excepte quelques accphales et quelques polypiers qui se trouvent dans la col- leetion Koby. A > —— —>@< asnaum/mns 70 89708 | u R6.05-, droit a DE he a m a Ze a a TUNNEL DE GLOVELIER. Explicntion des couleuns el des leitwes alphabötiques. Echelle 1:5000. u Puntemaine VIEL; Y b Maknuns er mlnuine du dounn sta Hllreklique ” © Ioyulion SERTS 3 303 = Een SER ER LEE 7 GEB . 1 IHR Jura. superieun 5 TR go 95 2 - „Lstartien. ESLDDEIGIER. RL GSLTLAN EEE IE VRR ZEN Hrn Ä _ : = Montmelo: Ran Glovelier) - - —- ZeS 925 m Srrar z nn 3 Bunter = \ HH ] : x Brförsdien si fs 2 ZZRIRINNDER HINTEN FE m Pe m Inaoree > Üouche d Am. miorvenphhiliun BSD NER ® Brlieniev S ne EEE «un ein SE} kennen Ir Gum Am palinus s Df * Kinaypirinenetmayen- gan Fe. ET an Hädssnı. 19: Sr > mar en 2 5 2 Kr ü ? E 7 zig an 0 en F = ‚Rarıpe de 100 sur 660100 1 Pente de 0,005 sur 1337 W900 R _} Ponte de 0,016 : BE A Fa ee Alignement droit TUNNEL DE LACROIX. E et Echelle 1:5000, Planche Il. | Sr debitand >| 7 litres 0 la serunde Conrtemautnuy en an ME GE en, 0 B 7 # a 1 ? 3 fi 5 “ 7 ‚Rampe de 0,00553 sun I7L1m 700 Niveau de la mer. Niveau de la mer. Niveau de la,mer: ord ord Legende. i ee Bathonien et Bajocien. j Pchelles pour les N 1a 8 1 j » pourle N®9 1:25,000. = “ 2 ” ” se a 300" A l’Onest du Tunnel de la Croix. » E Pr Pu A ; ) ’ ’ Erahlmopogr de Warster, Randeggar &6° a Wintertkur. % E #- " D e u aM k > ° a‘ Te 2 % ® te Bd a he - an; Planche II. = 1 u . » & P Immer DR | an v f . « . a N? 1.Coupe theorique, i N 4. Coupe theorique. Nivea de la men, ‚Legende. _ Be 2 j . ] ‚Jura. superieun See Oyfordien. et Caltovien. N° 2.0oupe prise a l’Est de Choindez. N ° 5.Coupe prise aux Fouchies (Coutetelle). N! 8.Coupe prise a l’Est de Develier-dessus. EEE E * —- Nord — Nord SER = Lins ® i s | Kchelles pour les N®1 8 15.50,000. __ Niven de la men. Be e . Be te N°9 1:25,000. D | | ” ' - N 9.Coupe prise ä 300’ a ]’Onest du Tunnel de la Croix. . —— Nord —- Nord Niveau de kamen Von Prof. Dr. Oswald Heer. Dr Vorwort. Herr Prof. Oswald Heer, nachdem er im Frühjahr 1883 seine Flora fossilis aretica mit dem siebenten Bande zum Abschluss gebracht, nahm im Sommer desselben, seines letzten Lebensjahres, eine Aufgabe wieder auf, mit der er sich vor langer Zeit schon mit Vorliebe beschäftigt hatte, nämlich die Ausarbeitung einer Flora nivalis der Schweiz, in der er eine Zusammenstellung aller Pilianzen, welche bisher über 8000 Fuss in der Schweiz beobachtet wurden, und eine Vergleichung derselben mit der Flora nivalis anderer Länder zu geben gedachte. Diese auf ein ungemein reiches Material gegründete Arbeit wurde so weit durchgeführt, dass eine übersichtliche Darstellung der Resultate am 9. August der Versammlung der schweizerischen Naturforscher in Zürich vorgelegt werden konnte. Der Verfasser bestimmte diese Uebersicht den Jahrbüchern des Schweizerischen Alpen- clubs, dessen Mitglied er war und dessen wissenschaftliche Hebung ihm stets am Herzen lag; die Hauptarbeit dagegen, nebst allen Belegen, sollte in den Denkschriften der Schweizerischen naturforschenden Gesellschaft ihre natürliche Stelle finden. Es ist uns das Manuscript auch wirklich von der Wittwe des Verewigten übergeben worden; dasselbe erweist sich leider aber als nicht ganz vollendet. Noch während der ersten Wochen Septembers, die Prof. Heer zur Erholung in Bex zubrachte, beschäftigte er sich eifrig mit der Redaction, als ein heftiger Krankheitsanfall, von dem er sich nicht mehr erholte, ihm die Feder aus der Hand riss. Der Aufsatz blieb nach zwei Seiten hin unvollendet: einmal, indem der letzte abschliessende Abschnitt fehlt, und zweitens, indem das Ganze, besonders die speciellen Verzeichnisse, einer letzten ergänzenden und harmoni- sirenden Revision bedurft hätten, die Niemand als der Verfasser selbst vornehmen konnte. Trotz dieser Mängel glaubt die Denkschriften-Commission den höchstwichtigen Aufsatz dem wissenschaftlichen Publicum nicht vorenthalten zu dürfen. Nicht leicht wird Jemand wieder eine solche Fülle, grossentheils auf eigne Beobachtung gegründeter Thatsachen vereinigen, wie unser verewigter Freund es gethan, und noch weniger diese Thatsachen auf so überzeugende Weise zu allgemeinen Schlüssen über die Geschichte der Erde zu verwerthen wissen. Dann aber erscheint uns die Veröffentlichung dieses letzten Werkes des Verfassers als eine Pflicht der Pietät gegen einen Mann, der zu den ersten Gelehrten unseres Vaterlandes gehörte und, sein ganzes Leben hindurch, stets eines der thätigsten und hingebendsten Mitglieder unserer Gesellschaft gewesen ist. Wir glauben diese erläuternden Bemerkungen der Abhandlung selbst vorausschicken zu sollen. Im December 1883. 1 Ar Die Denkschriften-Commission, Ueber die nivale Flora der Schweiz. Herr John Ball sagt in seiner interessanten Abhandlung über den Ursprung der Flora der europäischen Alpen, dass die Schneeregion mehr Pflanzen beherberge als man gewöhnlich annehme, dass es aber noch nicht möglich sei, ein Verzeichniss dieser Flora zu entwerfen. Er fügt hinzu, dass wir mehr von der Pflanzenwelt der höchsten Regionen wissen würden, wenn unsere Alpenclubisten nicht nur ihre Füsse, sondern auch ihre Augen bethätigen und von den höchsten Bewohnern unserer Gebirgszinnen einige Proben mit- nehmen würden“). Diese Bemerkung Ball’s hat mich an eine Reihe von Untersuchungen erinnert, die ich vor vielen Jahren in unsern Alpen angestellt habe. Als ich vor 52 Jahren von der Universität in die Heimat zurückkehrte, war ich von dem Gedanken erfüllt, die Höhenverbreitung der Pflanzen und Thiere in unsern Alpen einem genauen Studium zu unterwerfen. Die Sommermonate 1831 und 1832 wurden der Untersuchung der Glarner- Alpen gewidmet und zahlreiche Gebirgsgipfel, wie der Ruchi-Glärnisch, der Hausstock, der Kärpf, Hahnenstock, Vorab, Gulderstock, Weissmeil, Magereu, Heustock u. s. w., bestiegen und botanisch untersucht. Die Sommermonate von 1833, 1834 und 1835 brachte ich theilweise in den Alpen von Uri, Tessin und Bünden zu, wo ich von 5000 bis 11,000 Fuss ü. M. eine grosse Zahl von Höhen gemessen und Verzeichnisse der daselbst vorkommenden Pflanzen und Insecten entworfen habe**). Die entomologischen Beobachtungen habe ich *) Vgl. John Ball, F. R. S. On the orisin of the Flora of the European Alps. Proceedings of the Royal geograph. Soc. and Monthly Records of Geography 1879, p. 7. **) 1833 widmete ich den 9. bis 18. Juli der Untersuchung des Urserenthales und des St. Gott- hards (St. Annagletscher, Betzberg, Nufenen, Pisciumo). Am 25. Juli bestieg ich den Monte Camoghe. 29.—31. Juli war ich am Bernhardin, auf dem Monte Uecello und dem Bergkamm zwischen Misox und Calanca; 3. Aug. auf der Zaportalp und an den Quellen des Hinterrheins; 5.—8. Aug. im Avers und auf dem Stallaberg; 9.—17. Aug. im Oberengadin, Bernina, Beverserthal, Camogaskerthal, Lavirums und Serlas, Albula. Im J. 1834 ging ich am 14. Juli über den Panixerpass; am 16. Juli über den Valserberg im Rhein- wald; am 17. über den Splügen und ins Bergell; am 19. über die Maloja ins Engadin; am 23. Juli ins Rosegsthal und auf die Gletscherinsel; 28. Juli ins Camogaskerthal und über den Lavirumserpass im Val Livino; am 30. über den Pass nach $S. Giacomo und nach Sa. Maria ins Münsterthal; am 31. über - rg che BR -B -, vr Wer ee | a in den Mittheilungen aus dem Gebiete der theoretischen Erdkunde*), in den Denkschriften der Schweizerischen naturforschenden Gesellschaft“), in der Fauna coleopterorum helvetica und in dem Neujahrsblatt über die obersten Grenzen des pflanzlichen und thierischen Lebens in den Schweizer Alpen (1845) veröffentlicht; von den botanischen wurde nur ein kleiner Theil in der Abhandlung über die Vegetationsverhältnisse des Cantons Glarus und in dem Gemälde der Schweiz (Canton Glarus) bekannt gemacht. Die Untersuchungen über die Flora der raetischen Alpen sollten weiter geführt und über die Walliser Alpen aus- gedehnt werden. Die Vorlesungen, welche ich an der Universität Zürich auch während des Sommers zu halten hatte, machten aber dies nicht möglich und anderweitige Arbeiten nahmen von nun an alle meine Zeit in Anspruch. So blieben die vor vielen Jahren auf- genommenen Untersuchungen liegen und es ist nur ein Fragment derselben, das ich hier bieten kann, indem ich das damals über die Pflanzen der Schneeregion von mir Beobachtete mittheile. Zwar habe ich auch in spätern Jahren noch oft unsere Alpen besucht, auch mehrere Stellen der Schneeresion, so den Pie centrale am Gotthard, den Monte Legnone am Comersee, das Riffelhorn und den Gornergrat, botanisch untersucht, doch waren meine spätern Alpenwanderungen grossentheils auf die tiefern Regionen beschränkt. Da- gegen hat Herr Prof. Chr. Brügger von zahlreichen Stellen der Schneeregion Pflanzen- verzeichnisse aufgenommen und mir mitgetheilt. Ich bin ihm dafür zu grossem Danke verpflichtet, ebenso auch den Herren Dr. Killias und Lehrer Krättli in Bevers, die mich mit wichtigen Beiträgen erfreut haben. Da uns für die Darstellung der nivalen Flora der raetischen Alpen (vom Gotthard bis zum Orteler) das reichste Material zu Gebote steht, wollen wir diese zuerst behandeln, das Wormserjoch nach Spondalunga. 1.—4. Aug. Untersuchung der umgebenden Berge Monte Umbrail, Monte Branlio, Stelvio.. 5. Aug. Besteigung des Piz Costainas und Piz Ciantun. 6. Aug. Münsterthal und Scarl. 7. Aug. nach Fetan. 8. Aug. Besteigung des Minschun. 11. Aug. Scaletta; 12. Davos. 1835 am 15. Juli über den Panixerpass nach Brigels; Dissentis. 17. Juli durch das Val Somvix und über die La Greina nach der Alp Scaradra. 18. Juli über den Suredenpass nach Zavreila; 19. über den Canalpass nach Zaportalp. 21. Juli auf den Splügen und durch das Val Emmet ins Avers. 23. Juli nach Stalla und über den Julier. 27. Juli Besteigung des Piz Lavirums. 28. Juli Livino, Ofen, Zernetz. 1. Aug. Besteigung des Piz Linard. 2. Aug. Lavin. 5. Aug. Samnaun. 6. Aug. von Compatsch über den Pass nach Sins. 7. Aug. Urscheinalp. 11. Aug. am Bernina. 12. Aug. Besteigung des Piz Palu. In spätern Jahren war ich mehrmals im Engadin und im Rheinwald, dann an der Albula und am Lukmanier (auf der Vighera), in Churwalden, von wo aus das Stätzerhorn bestiegen wurde; auf den Bergen des Comersees, dem Comi di Campo, S. Martino und auf dem Legnone; auf dem Gotthard (dem Pic centrale), auf der Furka, Grimsel, dem Oberaargletscher; in Zermatt (Riffel- und Gornergrat) und in Chamonix. Diese Alpenreisen bewegten sich aber grossentheils unter der Schneeregion. *) Geographische Verbreitung der Käfer in den Schweizer Alpen, besonders nach ihren Höhen- verhältnissen. I. Theil: Glarus, S. 36. II. Theil: Raetische Alpen, S. 133. **) Band I, 1837, Bd. II. Die Käfer der Schweiz mit besonderer Berücksichtigung ihrer geographi- schen Verbreitung und Beschreibung neuer schweizerischer Coleopteren. oe dann die nivale Flora des Wallis und von Chamonix, der Berner und Glarner Alpen besprechen und daraus die Flora der Schneeregion der Schweiz abzuleiten suchen. Da- durch werden wir das Mittel erhalten, diese Flora der höchsten Alpenregion mit derjenigen anderer Länder zu vergleichen. l. Nivale Flora der raetischen Alpen. Das Verzeichniss I und II, welches dieser Arbeit beigegeben ist, enthält alle Blüthen- Pflanzen, welche bislang im Bünden über 8000 Fuss (Pariser) oder 2600 Meter über Meer beobachtet worden sind. Wir können aus demselben die horizontale Verbreitung und die oberste Grenze jeder Art ersehen. Das Material ist zwar noch mangelhaft und neue Beobachtungen werden ohne Zweifel die Grenzen mancher Arten noch höher hinaufrücken; doch dürfte der Umstand, dass wir bei der Mehrzahl ihre Verbreitung durch verschiedene Stockwerke (als welche wir die fünf verschiedenen Colonnen, auf welche wir die Arten vertheilt haben, bezeichnen wollen) ohne Unterbrechung verfolgen können, zeigen, dass das Verzeichniss im Grossen und Ganzen ein richtiges Bild von dem Pflanzenkleid der höchsten Gebirgsgipfel unserer raetischen Alpen gibt. Es enthält das Verzeichniss für die Höhe von 8000 bis 11,000 Fuss ü. M. 294 Arten. Alle diese Arten sind dem untersten Stockwerk von 8000 bis 8500 Fuss zuzutheilen“); von 8500 bis 9000 Fuss haben wir 185, von 9001 bis 9500 Fuss aber 78, von 9501 bis 10,000 Fuss 32 und von 10,001 bis 11,000 Fuss noch 16 Arten. Die raetischen Alpen erreichen ihre höchsten Gipfel am Bernina. Der Piz Bernina liegt 12,475 Pariser Fuss ü. M., der Piz Morteratsch 12,509, der Piz Rosegg 12,139, der westliche Piz Palu 12,044 und der östliche 11,971 Fuss. Auf diesen von mächtigen Gletschern umgebenen Gebirgsgipfeln sind keine Blüthenpflanzen mehr gesehen worden. Auf der Höhe des Piz Palu war der Fels ganz kahl und die letzten zwei Blüthenpflanzen fand ich an demselben bei 10,667 Fuss ü. M. Es waren dies der Ranuneulus glacialis und Saxifraga oppositifolia. Tiefer unten hatte ich am Combrenagrat bei 9041 Fuss ü. M. an sonnigen Felsen noch gesehen: Eritrichium nanum, Phyteuma humile, Saxifraga exarata, S. bryoides und Silene acaulis excapa und an einer Schutthalde: Poa laxa, Adenostyles leucophylla, Androsace glacialis und Cerastium latifolium glaeiale; auf der Südseite des Palu waren bei 9000 Fuss ü. M. Festuca alpina, Poa laxa, Luzula spicata, Chrysanthemum alpinum, Phyteuma globulariaefolium, Saxifraga bryoides und Cherleria sedoides. In diesen Höhen von 9000 Fuss bilden am Bernina die mit Vegetation kümmerlich bekleideten *) 3 Arten sind bislang in Bünden in diesem Stockwerk noch nicht direet beobachtet worden, wohl aber in einem höhern Stockwerk; da aber diese 3 Arten auch in der alpinen Region Bündens vor- kommen, werden sie sich ohne Zweifel auch in der Zwischenstation vorfinden, ne, z u ae Stellen nur Inseln in den unermesslichen Firnmassen, welche diese Gebirgswelt umpanzern. Da wo die Gletscher und Firnfelder von geringerm Umfang sind, haben auch die Pflanzen mehr Raum zur Entwicklung gefunden, Dies ist bei der weiter nach Osten liegenden Gebirgskette bis zum Orteler der Fall. So sehen wir im Heuthal und am Piz Languard, wie im Camogaskerthal, in den Alpen Lavirums und Prunella, eine viel reichere Vegetation. Auf dem Pass, welcher vom Lavirums nach Livino führt, sind bei 8700 Fuss ü. M. noch 41 Blüthenpflanzen gesammelt worden. Die Androsace glacialis, Geum reptans, Gentiana bavarica und Eritrichium nanum bilden hier mit mehreren Gräsern und Cyperaceen präch- tige Rasen, aus denen die rothen Blüthen der Gletschernelke hervorleuchten; auf der Seite sesen Livino schmücken der Alpenmohn und der Ranunculus rotaefolius das Geröll. Steigen wir von diesem Bergpasse zur höchsten Spitze (9554 Fuss ü. M. nach meiner Messung), welche aus dem Hintergrunde des Lavirumserthales sich erhebt, begegnen uns auf derselben noch 15 Blüthenpllanzen, von denen die Sesleria disticha noch eine Rasendecke zu bilden vermag, An der östlichsten Grenze unseres Gebietes, in der Umgebung des Wormserjoches (Umbrailpasses) und des Stelvio finden wir ähnliche Verhältnisse. Am Monte Branlio habe ich bei 8767 Fuss ü. M. 21 und 9100 bis 9174 Fuss ü. M. noch 16 Blüthenpflanzen gesammelt; auf der Cima di Spondalunga bei 9074 Fuss 16 und am Umbrail bei S914 Fuss 28 und bei 9340 Fuss noch 8 Arten; auf der Höhe des Stilfser- joches (8660 Fuss ü. M.) 25 Arten, wozu noch die von Leresche entdeckte Primula slutinosa kommt. Auf dem nördlich über dem Pass sich erhebenden und 9233 Fuss hohen Piz Castainas waren 15 Arten und auf dem Ciantun (9497 Fuss ü. M.), der höchsten Kuppe über dem Eekstock des Stelviopasses, noch 10 Arten. Ueber die Pflanzen der höchsten Bergspitzen der linken Seite des Innthales geben uns die Verhältnisse von Piz Lonshin, Piz Padella und Piz Hot, der Gebirgshöhen des Beverserthales, des Piz Linard und Piz Minsehun Aufschluss. Besonders lehrreich ist der Piz Linard, diese imposante, nur von einzelnen Firnstreifen bekleidete Pyramide, deren Gipfel bis zu 10,516 Fuss ü. M. aufsteist. Wir können an derselben das allmälige Zurückbleiben der Arten verfolgen. Von der Westseite über die Flessalp hmaufsteigend zählte ich zwischen 8000 und 8100 Fuss noch 34 Arten, von denen Pedieularis recutita, Gentiana punctata, Lotus corniculatus, Trifolium alpinum und Phyteuma hemisphaericum hier ihre obere Grenze hatten, während Willemetia apargioides und Carex ferruginea Scop. an einer sumpfigen Stelle schon 300 Fuss tiefer unten zurückblieben. Bei 8400 Fuss ü. M. sah ich noch 20 Arten, von denen Asrostis rupestris, Sesleria disticha, Carex eurvula, Luzula lutea, Phyteuma globulariaefolia, Pedieularis rostrata, Alsine verna, Senecio carniolicus und Polygonum viviparum hier ihre obere Grenze hatten. Bei 9400 Fuss klebten 6 Arten an den Felsen, die alle noch höher hinaufgingen, wie die 5 Arten, die mir bei 9600 Fuss begegneten; bei 10,000 Fuss sah ich noch 9 Arten und davon zum letzten Mal die Gentiana bavarica imbricata, Cher- leria sedoides, Silene acaulis excapa, Cerastium glaciale, Saxifraga oppositifolia und Draba Wahlenbergi fladniziensis W. VI, TR un 100 Fuss höher waren noch die Poa laxa, Androsace glacialis, Chrysanthemum alpinum, Ranuneulus glacialis und Saxifraga bryoides; bei 10,300 Fuss noch die Androsace und der Ranunculus, und auf der obersten Spitze (10,516 Fuss ü. M.) nur noch die Androsace, die zwischen dem Gestein dicht gedrängte Polster bildete. So am 1. Aug. 1835. 20 Jahre später hat Herr Sieber-Gysi auf dem Gipfel ausser dieser Androsace noch den Ranun- eulus glacialis und Chrysanthemum alpinum gesehen, von denen ich dem letztern um ca. 300, dem erstern aber 200 Fuss tiefer unten zum letzten Mal begegnet war. Diese beiden Arten hatten sich also in der Zwischenzeit um 200 bis 300 Fuss höher oben angesiedelt. Oestlich vom Piz Linard erhebt sich im Norden von Fetan der Piz Minschun zu 9454 Fuss Höhe über Meer. Ich sah an demselben auf der Alp Laret bei 7600 Fuss ü. M. noch 86 Arten, von denen ich folgende hervorheben will, die, so weit uns bis jetzt bekannt ist, nirgends in Bünden die Linie von 8000 Fuss ü. M. überschreiten: Euphrasia offieinalis, Trifolium repens, Epilobium origanifolium und Chrysanthemum Leucanthemum ; vier Arten hatten also hier ihre obere Grenze erreicht, während 82 höher hinaufrücken. Bei 8000 Fuss ü. M. treten am Minschun die Androsace helvetica, die Campanula cenisia, Aronicum glaciale, Ranunculus glacialis und Geum reptans hinzı. Auf einem aus Lias- kalk bestehenden Felsgrat sammelte ich bei 9080 Fuss ü. M. noch 17 Blüthenpflanzen, und auf der höchsten Spitze des Berges auf krystallinischem Gebirge, dem Kalknester eingelagert waren, noch 21 Arten. Neben der Androsace glacialis war hier (9454 Fuss ü. M.) auch die A. helvetica; die Campanula cenisia hatte ihre blauen Blumen geöffnet und noch dunkler blau waren die dichten Rasen der Gentiana bavarica var. imbrieata; die Silene acaulis vermochte noch einzelne hochrothe Teppiche zu bilden, während die Saxi- fraga oppositifolia die Felsen mit violetten Blüthen schmückte. Das Geum reptans ent- faltete auch hier seine grossen gelben Blumen und das Hornkraut (Cerastium latifolium) bildete zahlreiche weisse Sterne. Das Frühlings-Sandkraut hat grössere Blumen als tiefer unten und erscheint in der Form, die Willdenow als Alsine (Arenaria) Gerardi unter- schieden hatte. Nehmen wir noch dazu die 3 Synantheren (Chrysanthemum alpinum, Artemisia spieata und Erigeron uniflorum), 3 Crueiferen (Draba aizoides, D. Joannis und Arabis alpina), 2 weitere Saxifragen (S. muscoides und aizoon), eine Segge (Carex atrata) und 3 Gräser (Avena subspieata, Poa alpina und Festuca pumila), erhalten wir für solche Höhe eine ganz ansehnliche Gesellschaft von Pflanzen, welche, wie wir von Dr. Killias erfahren, noch jetzt, wie vor 49 Jahren, auf dieser Höhe blüht. Untersuchen wir die nivale Flora nach den Elementen, aus denen sie zusammen- gesetzt ist, werden wir nachzusehen haben, aus welchen Familien und Arten sie in den verschiedenen Höhen besteht und welchen Antheil an denselben die Pflanzen der tiefern Regionen haben. Ueber ersteres gibt das Verzeichniss der Arten und die Uebersicht der Familien Aufschluss, über Letzteres aber die folgende Tafel: ar Pflanzen | Ebenen- | Montane | Subalpine | Alpine | Nivale | Gesammt- der nivalen Region. Pflanzen. | Pflanzen. | Pflanzen. | Pflanzen. | Pflanzen. | zahl. Von 10,000 bis 11,000 Fuss | B) il 16 ‘Von 9501 bis 10,000 Fuss is large Von 9001 bis 9500 Fuss 4 5 37 i 39 ‘ 73 Von 8501 bis 9000 Fuss 13 0) 2 100 Ser 43 ” 185 Von 8001 bis 8500 Fuss 393 13 44 159 45 294 Von den 294 Pflanzen der Schneeregion Bündens werden 33 Arten auch im Tieflande der Schweiz getroffen und sind ohne Zweifel aus diesem in die Alpen hinaufgestiegen. Alle diese Arten finden wir im ersten Stockwerk von 8000 bis 8500 Fuss ü. M., von denen 13 ins zweite und 4 ins dritte Stockwerk reichen und da bei 9000 Fuss ü. M. verschwinden. Es sind diess die Festuca ovina, Taraxacum offieinale, Silene inflata und Alchemilla pubescens. Von den 33 Ebenenpflanzen sind indessen nur 6 unverändert geblieben, nämlich: Nardus strieta, Anthoxanthum odoratum, Vaceinium myrtillus, Gentiana campestris, Alchemilla pubescens und Lotus cornieulatus. Die andern Arten treten uns in Varietäten entgegen, welche durch besondere Namen ausgezeichnet wurden; 4 Gräser haben dunkler gefärbte Spelzen erhalten, nämlich: Festuca ovina violacen Gaud., F. heterophylla nigrescens Lam., Poa annua varia Gaud., P. caesia aspera Gaud. und Ara caespitosa alpina. Neun Dicotyledonen haben grössere Blüthen als im Tieflande, nämlich: Taraxacum officinale alpinum Hoppe, Solidago virgaurea cambrica Huds., Thymus vulgaris var., Arenaria serpylfolia Marschlinsii Koch., Trifolium pratense alpi- colum Heg., Galium sylvestre alpestre Gaud., Cerastium arvense alpicolum Br. und strictum HAke., Polygala amara alpestris, Helianthemum vulgare grandi- florum L., Myosotis sylwatica alpestris Schm. Nur eine Art (die Parnassia palustris L.) hat in den Alpen meist kleinere Blüthen als im Tieflande. Die Pflanzen der Bergregion steigen nur in geringer Zahl in die nivale Region hinauf und verlieren sich über 9000 Fuss; stärker sind die subalpinen Pflanzen vertreten, welche aber die Linie von 9500 Fuss ü. M. nirgends übersteigen. Die Hauptmasse der Pflanzen der nivalen Region bilden die alpinen und nivalen Pflanzen, welche über 9500 Fuss ü. M. allein noch übrig bleiben. Zu den alpinen rechne ich 159 Arten der nivalen Region. Es 2 Te sind diese Arten, welche von 5500 bis 8000 Fuss ü. M. am häufigsten vorkommen, also der alpinen Region voraus angehören. Von diesen steigen aber 64 Arten in die subalpine Region hinab, zu welcher wir die Thalsohlen des Rheinwalds und des Oberengadins rechnen; 95 der alpinen Arten begegnen uns erst in der über 5500 Fuss ü. M. gelegenen Höhenzone. Ich habe diese im Verzeichnisse mit a bezeichnet, erstere aber mit A. Als nivale Pflanzen im engern Sinne bezeichnen wir die Arten, welche erst über 8000 Fuss ü. M. auftreten oder die doch in diesen Höhen ihre grösste Verbreitung haben. Wir haben 45 Arten der Schneeregion dazu zu rechnen. Von diesen sind aber nur 6 Arten bislang in Bünden nirgends unter 8000 Fuss ü. M. gesehen worden; nämlich: Adenostyles leuwcophylla, Aronicum glaciale, Crepis jubata, Draba Zahlbrucknert, D. Johannis und Potentilla frigida. 15 Arten haben wir, obwol selten, schon zwischen 7000 und 8000 Fuss ü. M. gesehen, nämlich: Poa laxa auf der Flessalp bei 7800 Fuss, auf dem Valserberg bei 7718 Fuss, auf der Rosegg-Insel bei 7149 Fuss; Leontodon Taraxaci am Gotthard; Arnica Chusii auf der Alp Laret bei 7600 Fuss; Soyera hyoseridifolia, Artemisia spieata und Androsace helvetica auf dem Stätzer- horn bei 7800 Fuss; Phyteuma globulariaefolia auf der Rosegg-Insel; Ph. humile am Lago bianco bei 7776 Fuss; Campanula cenisia auf der Laretalp bei 7600 Fuss; Eritrichium nanum auf dem Schafberg am Piz Padella bei 7450 Fuss; Gaya simplex am Piz Padella bei 7500 Fuss und auf Laret; Alsine biflora am Umbrail bei 7790 Fuss; Dianthus glacialis am Piz Padella bei 7450, Fexalp und am Brüggerhorn bei 7451 Fuss; Saxifraga androsacen auf dem Valserberg bei 7771, Rosegg-Insel bei 7149 und im Samnaun bei 7000 Fuss; S. biflora am Valserberg bei 7716 und am Safierberg bei 7664 Fuss. 13 Arten finden wir schon zwischen 6000 und 7000 Fuss ü. M., nämlich: Carex curvula im Rheinwald bei 6000 Fuss; Luzula spieata am Gotthard bei 6500 Fuss, Z. spadicea auf der Alp Scaradra bei 6200 Fuss, am Bernina bei 6500 Fuss und im Beverserthal bei 6900 Fuss; Salixz herbacea auf der Moräne von Rosegg bei 6200, auf der Alp Scaradra bei 6200, am Canalpass bei 6000 und bei St. Anna im Urserenthal bei 6000 Fuss; Senecio carmiolicus im Beverserthal bei 6500, an der Flessalp bei 6800 und auf Lavirums bei 6800 Fuss; Androsace glacialis auf der Alp Scaradra bei 6200 Fuss, A. imbricata auf den Alpen von Misox zwischen 6200 und 6500 Fuss ü. M.; Se Achilles nana an der Alp Scaradra bei 6200 Fuss; Primula oenensis am Umbrail bei 6500 Fuss; Ranuneulus glacialis auf der Alp Confino am Bernhardin bei 6932 Fuss; Saxifraga planifolia im Rheinwald bei 6000 Fuss, 5. stenopetala am Wormserjoch zwischen 6500 und 6600 Fuss ü. M.; Geum reptans auf der Canalalp bei 6000 Fuss. Bis in die subalpine Region reichen von jenen 45 nivalen acht Arten hinab, nämlich: Festuca pumila var., Sesleria disticha, Gentiana glacialis, Silene acaulis und Saxi- Fraga bryordes, welche auch in der Thalsohle des Oberengadins (bei Bevers) vor- kommen, und die Arenaria biflora, die bei Hinterrhein, die Saxifraga exarata, die im Urserenthal und im Avers (schon bei Gampsut) und S. Segwierii, die am Splügen schon bei 5500 Fuss ü. M. auftreten. In dem Stockwerk von 8000 bis 8500 Fuss ü. M. besteht mehr als die Hälfte der Pflanzen aus Arten, die in der alpinen Region ihr Maximum haben und die wir als alpine Arten bezeichneten; nicht ganz '/s besteht aus nivalen Arten, gegen '/; aus Arten der subalpinen und montanen Region und '/» aus Ebenenpflanzen. In dem Stockwerk von 8500 bis 9000 Fuss ist die Zahl der nivalen Arten sich fast gleich geblieben, die der alpinen Arten aber ist um 59 Arten geringer geworden und noch mehr treten die Arten der tiefern Regionen zurück. In dem Stockwerk von 9000 bis 9500 Fuss halten sich die nivalen und alpinen Arten fast das Gleichgewicht, aus den tiefern Regionen reichen nur 9 Arten bis zu dieser Höhe, und im folgenden Stockwerk von 9500 bis 10,000 Fuss sind sie völlig verschwunden, die nivalen Arten sind dominirend geworden und sind im obersten Stockwerk (von 10,000 bis 11,000 Fuss) doppelt so zahlreich als die alpinen Arten. Die Mehrzahl der. Pflanzen der nivalen Region Bündens hat ihren Hauptwohnsitz zwischen 7000 und 8500 Fuss ü. M., in einer Zone, die ich früher als die subnivale bezeichnet hatte. Diese Arten bilden den Hauptstock der nivalen Flora, die über 8500 Fuss ü. M. keine eigenthümlichen Arten mehr zu erzeugen vermochte. Es sind nur geringere Abweichungen entstanden, die sich in dem gedrungenern Wuchse, in den kürzern Stengeln und dichter beisammenstehenden Zweigen äussern. Dies ist der Fall bei der Androsace glacialis, welche in den obersten Regionen fast die Tracht der A. helvetica erhält (so auf der Spitze des Piz Linard und auf dem Schreckhorn), bei Primula viscosa excapa, Gen- tiana bavarica imbricata, Cerastium latifolium glaciale und pedunculatum und bei Stlene acaulis excapa. 2. Die nivale Flora der Walliser Alpen. Ueber die obersten Grenzen der Pflanzen der Umgebung des Monte Rosa haben wir von den Brüdern Schlagintweit sehr werthvolle Angaben erhalten*); über die Pflanzen des St. Theodulpasses von Prof. Martins”*); über die Pflanzen des Riffelhornes und des Gornergrates von Dr. Christ”“”), Prof. Brügger und John Ball; und über die Flora des Torrenthornes von Prof. Brügger. Von dem Mont CGervin, Matterhorn, das durch seine vielen schneefreien Felspartien sich vorzüglich zu Beobachtungen über die Höhen- verbreitung der Pflanzen eignet, sind wenigstens einige Vorkommnisse durch Whymper und Lindt bekannt geworden. Ich habe in Tabelle III diese Peobachtungen über die Höhengrenzen der Walliser Pflanzen zusammengestellt, welche, so lückenhaft sie auch noch sind, uns doch Anhalts- punkte zur Vergleichung mit der nivalen Flora Bündens an die Hand geben. Am Riffel wurden zwischen 8000 und 9000 Fuss ü. M. noch 42 Blüthenpflanzen beobachtet, am Gornergrat zwischen 9000 und 10,000 Fuss 98; von denen namentlich folgende 10 Arten, die Bünden fehlen, hervorzuheben sind: Artemisia glacialis, Senecio incanus, S. uniflorus, Aretia Vitaliana, Androsace carnea, Polygala alpina, Alyssum alpestre, Thlaspi alpinum, Potentilla multifida, Oxytropis Gaudini Reut. Am Torrenthorn hat Hr. Brügger bei 9260 Fuss ü. M. noch 24 Arten gesehen, die sämmtlich auch in der nivalen Region Bündens erscheinen. Die Brüder Schlagintweit haben während eines zweiwöchentlichen Aufenthaltes (vom 13. bis 16. September 1851) in der Hütte von St. Vincent am Monte Rosa, in der Um- sebung desselben von 9300 bis 9800 Fuss ü. M. 44 Blüthenpflanzen gannelt. 7) Von o *) A. und H. Schlagintweit, Physikalische Geographie der Alpen und Neue Untersuchungen über die Alpen. **) Martins, Du Spitzberg au Sahara, p. 94. ***) Verhandlungen der Naturforschenden Gesellschaft in Basel 1860. Dr. Christ hat in seinem schönen Buche über das Pflanzenleben der Schweiz eine einlässliche Schilderung der Walliser Flora gegeben. Ich verdanke ihm ein Verzeichniss der auf dem Riffel und Gornergrat von ihm beobachteten Pflanzen, ebenso Prof. Brügger und John Ball Verzeichnisse von denselben Stellen, wie vom Hörnli und Torrenthorn. T) Dieselben wurden von Prof. Koch in Berlin bestimmt. Das Verzeichniss von Schlagintweit und Martins bedarf aber einiger Correeturen. Das in demselben angeführte Thlaspi corymbosum Gaud. ist eine Varietät von Th. rotundifolium und auch das Thlaspi cepeaefolium ist wohl nicht als Art davon zu trennen; die Achillea hybrida Gaud. rechne ich zu A. moschata. Die Hutchinsia petraea L. sp. ist eine zarte einjährige Pflanze des Tietlandes, die in den Alpen nicht vorkommt; es ist daher sehr unwahr- scheinlich, dass diese Art am Monte Rosa in solcher Höhe sich finden sollte. Sie wurde wahrscheinlich mit Hutchinsia alpina brevicaulis verwechselt. Die Primula, welche die Brüder Schlagintweit als Pr. Dinyana auführen, kann kaum richtig bestimmt sein. Pr. Dinyana Lagger ist sehr wahrscheinlich ein Bastard von Pr. integrifolia und latifolia, von welchen die erstere nirgends in den Westalpen vorkommt. eg, diesen haben wir 42 Arten auch in der nivalen Flora der raetischen Alpen. Nur zwei Arten (Senecio uniflorus und Saxifraga retusa) fehlen den östlichen Alpen. Von den 42 gemeinsamen Arten haben wir indessen in Bünden nur 26 Arten über 9000 Fuss ü. M., während 16 unter dieser Höhe zurückbleiben. Auf nackten Felspartien, die am Monte Rosa aus dem Firn emporstanden, sammelte Sehlagintweit noch bei 10,990 Fuss ü. M., an der Nase, 10 Arten, nämlich : Juniperus nana, Poa laxa, Erigeron uniflorus, Chrysanthemum alpinum, Senecio uniflorus, Britrichium nanum, Ranunculus glacialis, Cherleria sedoides, Saxifraga bryoides und S. oppositifolia. Bei 11,176 Fuss ü. M. fanden sich noch 6 Arten, nämlich: Poa laxa, Chrysanthemum alpinum, Ranunculus glacialis, Cherleria sedoides, Silene acaulis excapa und Saxifraga bryoides. Auf einer Firninsel bei 11,462 Fuss ü. M. war die einzige Blüthenpflanze die Cher- leria sedoides und ebenso auf der St. Vincent-Pyramide bei 11,776 Fuss ü. M. Höher oben wurden keine Blüthenpflanzen mehr gefunden. Am Weissthor wurden bei 11,138 Fuss ü. M. 8 Arten beobachtet, nämlich: Poa laxa, P. alpina var., Chrysanthemum alpinum, Senecio uniflorus, Eritrichium nanum, Gentiana bavarica imbrieata, RBanunculus glacialis und Sawifraga muscoides. Eine vielbesuchte, von grossen Gletschern umgebene Felseninsel bildet das Matterjoch (Col de St. Theodule) in einer Höhe von 10,318 Fuss ü. M. (3350 m.). Hier haben Prof. Martins, Schlagintweit und Dr. Wettstein die Pflanzen gesammelt.*) Von den 23 von da uns bis jetzt bekannten Arten finden wir alle, bis auf den Senecio wuniflorus und die Draba pyrenaica, auch in der nivalen Region der raetischen Alpen, aber die Hälfte der Arten erreicht in Bünden nicht dieselbe Höhe; immerhin haben wir in Bünden 17 dieser Arten über 9000 Fuss ü. M. und 10 Arten über 10,000 Fuss ü. M. getroffen. Am Matterhorn sah Hr. Lindt“*) bei eirca 9230 Fuss ü. M. den Ranumeulus glacialis, Saxifraga oppositifolia und S. bryoides, Campanula cenisia und Geum reptans; bei ca. 10,900 Fuss die Aretia helvetica, Cerastium alpinum und Chrysanthemum alpinum; und bei 11,541 Fuss als letzte Pflanze den Ranunculus glacialis. *) Prof. Martins hat 13 Arten gefunden (vgl. Du Spitzberg au Sahara, p. 98). Das Verzeich- niss von Schlagintweit (Monte Rosa, p. 223) fügt 3 weitere Arten hinzu, wozu dann noch einige von Dr. Wettstein gesammelte und von Prof. Brügger bestimmte Arten kommen. Herr Grad gibt am St. Theo- dul 24 Arten an (vel. Dollfuss-Ausset, Matöriaux pour l’&tude des glaciers. VI, p. 138. I, 3. partie, p- 274); es werden aber mehrere Arten unter ganz verschiedenen Namen aufgeführt und doppelt gezählt. **) Vgl. Lindt, Die Besteigung des Matterhorns. Jahrbuch des Schweiz. Alpenelub. X. Jahrg. p- 271. 1874. 1875. Ich verdanke einer brieflichen Mittheilung des Hın. Lindt die nähere Bestim- mung dieser Höhen. FE ee Hr. Whymper*) führt als letzte Pflanzen der Südseite des Matterhorns von 9851 Par. Fuss bis etwas unter 12,246 Par. Fuss (13,000 engl. Fuss) folgende Arten auf: Myosotis alpestris, Veronica alpina, Linaria alpina, Gentiana bavarıca, Thlaspi rotundifolium, Saxifraga muscoides und Silene acanlıs (2). Da die Angabe Whymper’s über die obere Grenze dieser Pflanzen zwischen 9851 und 12,246 Fuss schwankt, habe ich sie in die Golonne von 9500 bis 10,000 Fuss gestellt. Es ist unwahrscheinlich, dass namentlich die 3 erstgenannten Arten über 10,000 Fuss ü. M. sefunden wurden. Aus den andern grossen Alpenthälern des Wallis und ihren zahlreichen mächtigen Gebirgskuppen fehlen uns noch genauere Angaben über die Höhenverbreitung der Pflanzen fast gänzlich, daher hier noch eine grosse Lücke auszufüllen ist. Wenn wir von den vielen, zum Theil gefährlichen Gipfelbesteigungen lesen, die alljährlich im Wallis unter- nommen werden — müssen wir es lebhaft beklagen, dass die Pflanzen meist unbeachtet blieben, und doch wäre es so leicht, wenigstens einige Proben in ein Papier gewickelt mitzunehmen, da diese kleinen Pflanzen nur wenig Raum beanspruchen und es sich nur darum handelt, das Vorkommen genau zu bestimmen und die Höhen zu constatiren. 3. Oberste Grenzen der Blüthenpflanzen in der Gebirgsmasse des Mont Blanc. Den wichtigsten Beitrag zur Ermittlung der Höhengrenzen der Pflanzen in der Um- gebung des Mont Blanc liefert der Gletschergarten von Chamonix. So wird eine etwa 800 m. lange und circa 300 m. breite Gletscherinsel genannt, die bei 8488 Fuss ü. M. aus dem Gletscher von Talefre emporsteigt. Sie ist von zwei Seitenmoränen umgeben, welche ein grünes Pflanzenkleid erhalten haben. Auf derselben wurden in den Jahren von 1836 bis 15858 von den Herren Prof. Martins, Prof. Alph. De Candolle, Peroy, V. Payot, H. Metert und Mad. d’Angeville 84 Blüthenpflanzen gesammelt. **) *) Vgl. Berg- und Gletscherfahrten in den Alpen in den J. 1866—1869 von E. Whymper; übersetzt von Dr. Steger, p. 127. **) Prof. Martins gibt 87 Arten an (vgl. Du Spitzberg au Sahara, p. 94), allein 4 Arten fallen weg. Er hat Spergula saginoides doppelt aufgezählt; die Arenaria nivalis Gadr. (A. Marschlinsii Koch.) betrachte ich nur als Varietät der A. serpyllifolia und Hieracium Halleri als Varietät des H. alpinum L. Das Gnaphalium alpinum L. ist eine nordische Art, welche bislang noch nirgends in den Alpen mit Sicherheit nachgewiesen ist. Es wurde mit dem G. carpathicum Wahlg. verwechselt, welches unter den Pflanzen des Gletschergartens, als G. alpinum bezeichnet, sich findet. Prof. A. De Candolle hatte die Freund- lichkeit, das Herbarium der Gletscherinsel, das diese Pflanzen enthält, mir zur Ansicht zu übersenden, Ich habe daraus ersehen, dass der von Martins angeführte Ranunculus Villarsii der R. montanus ist, die L Von diesen 84 Arten des Gletschergartens finden wir 81 in Bünden in derselben Höhe (von 8000 bis 8500 Fuss ü. M.); zwei Arten (Senecio incanus und Braya pinnatifida) fehlen Bünden und eine Art (Bupleurum stellatum) ist zwar da nicht selten, aber uns noch nirgends über 8000 Fuss ü. M. begegnet. Es zeigt demnach die Flora der Gletscher- insel von Chamonix fast völlige Uebereinstimmung mit derjenigen des ersten Stockwerkes der nivalen Region der raetischen Alpen. Die meisten Pflanzen dieser Gletscherinsel sind klein, zwerghaft, so namentlich die Homogyne alpina, Silene rupestris, Saxifraga stellaris und Linaria alpina,; doch finden sich darunter einige von auffallender Grösse und üppiger Entfaltung, so die Adenostyles leucophylla, Senecio incanus, Crepis aurea und Gentiana purpurea, welche wahrscheinlich an besonders gut geschützten, sonnigen Stellen ge- wachsen sind. Etwa 1000 Fuss höher als der Gletschergarten findet sich am Mont Blanc eine Gletscherinsel, die unter dem Namen der Grands Mulets bekannt geworden ist. Sie bildet eine Felsmasse, die von den Gletschern der Bossons und von Taconnay umgeben ist. Die untere Partie liest 3050 m. (9387 Par. Fuss) ü. M., die obere, welche Saussure le Rocher de l’heureux retour genannt hat, bei 3470 m. (10,677 Fuss). Hier fand Saussure als einzige Pflanze die Silene acaulis, während in der untern Partie die Herren Marckham Shervill, Auldjo, Martin-Barry, Payot und Prof. Martins in den Jahren 1825, 1827, 1834, 1844, 1845 und 1861 im Ganzen 24 Blüthenpflanzen gesammelt haben.*) Von diesen haben wir 23 auch in der nivalen Region der raetischen Alpen und nur die Androsace pubescens Dec. fehlt Bünden. B. de Saussure gibt als letzte Blüthenpflanze, die er am Mont Blanc gefunden habe, die Silene acaulis bei 11,239 Fuss ü. M. und auf dem Col de Geant (bei 11,291 Fuss) eine Androsace an.**) Arenaria serpyllifolia die Form A. Marschlinsii Koch und die Euphrasia minima die E. alpina Lam- Anderseits finden sich im Herbarium die Solidago virgaurea cambrica Huds. und Cerastium latifolium pedunculatum, welche dem Verzeichniss des Hrn. Martins fehlen. Eine ähnliche Gletscherinsel haben wir im Roseggthal im Oberengadin, wo zwei Gletscher eine Felspartie umgeben. Sie liegt 7000 bis 7500 Fuss ü. M., also über 1000 Fuss tiefer als der Gletscher- garten von Chamonix. Ich sammelte im Juli 1834 auf derselben 95 Blüthenpflanzen, von denen 16 auf der Seitenmoräne sich angesiedelt hatten. 75 dieser Arten finden wir in Bünden noch über 8000 Fuss ü, M., während 20 weiter unten zurückbleiben, daher nicht zu den nivalen Pflanzen zu zählen sind. *) Vgl. Martins, Du Spitzberg au Sahara, p. 97. Die von Martins angeführte Saxifraga groen- landiea L. ist wahrscheinlich die S. exarata Vill. Die S. groenlandica ist eine Varietät der S. caespi- tosa L., welche in den Alpen nicht vorkommt und die häufig mit der S. exarata L. verwechselt wurde, Ich habe diese Pflanzen in das dritte Stockwerk der nivalen Flora (von 9000 bis 9500 Fuss) gebracht. **) Er führt sie als rothblühende Aretia helvetica an; da aber diese immer schneeweisse Blüthen hat, ist es sehr wahrscheinlich die Aretia glaeialis Schl., die an ihrer obern Grenze auch dicht geschlos- sene Rasen bildet, welche denen der A. helvetica sehr ähnlich sehen, aber meist rosenrothe, selten weissliche Blüthen haben. BA in Ina, re 4. Berner Alpen. Das Verzeichniss der Gefässpflanzen des Berner Oberlandes von Hrn. Prof. Fischer (Bern 1875) gibt eine vortreffliche Uebersicht der Alpenpflanzen des Cantons Bern, wie in allen unsern Floren ist aber die Höhenverbreitung meistens nur in allgemeinen Aus- drücken angegeben, welche unbestimmten Höhenangaben wir für unsern Zweck nicht benutzen können. Die wichtigsten Aufschlüsse gibt uns das Verzeichniss der Pflanzen des Faulhornes und die Aufzählung der Pflanzen, welche die Herren Lindt und E. von Fellen- berg bei ihren Bergbesteigungen gesammelt haben (s. Verzeichniss V). Das Verzeichniss der Pflanzen, welche auf der obersten Kuppe des Faulhornes von 8000 bis 8265 Fuss ü. M. vorkommen, enthält 130 Arten.“) Von diesen haben wir in Bünden 120 in derselben Höhe (von 8000 bis 8500 Fuss ü. M.), wogegen 8 Arten da- selbst wol in der Höhe von 7000 bis 8000 Fuss sich finden, bislang aber nicht über 8000 Fuss ü. M. getroffen wurden. Es sind dies folgende Arten: Chrysanthemum leucanthemum, Primula farinosa, Veronica serpyllifolia, Carum Carvi, Arabis Gerardi, Capsella bursa pastoris, Epilobiwum origanifolium und Alche- milla alpina. Es sind 5 Ebenenpflanzen und 3 Gebirgspflanzen, die auch im Canton Bern voraus in der subalpinen und alpinen Region zu Hause sind. Dazu kommen noch die Androsace pubescens und Pedicularis versicolor Whlbg., welche Bünden fehlen. Anderseits haben wir in den raetischen Alpen in dem Stockwerk von 8000 bis 8500 Fuss ü. M. 64 Arten, welche dem Faulhorn fehlen. Aus dem zweiten Stockwerk von 8500 bis 9000 Fuss ü. M. haben wir aus den Berner Alpen nur wenige genauere Angaben, mehr aber aus den höhern Regionen. Die Saxifraga potens Gaud. (ein Bastard von S. aizoides und S. caesia) wurde am Oldenhorn bei 8930 Fuss beobachtet, Leontodon pyrenaicus am Wetterhorn (Gleckstein) bei 9200 Fuss, die Campanula cenisia auf einer Moräne des Tschingelgletschers und die Poa alpina auf den Moränen des Lämmerngletschers, die Androsace helvetica am Schreckhorn bei 8559 Fuss, am Schwarzhorn im Grindelwald bei 9027 Fuss und am Gross-Hundshorn bei 9034 Fuss; die Androsace glacialis am Seidelhorn, am Oberaarhorn bei 10,464 Fuss, am Dossenhorn und am Wellhorn bei 9834 Fuss. *) Der sel. Apothekeri Guthnick hat auf demselben 120 Arten gesammelt (vgl. J. J. Schweizer, Das Faulhorn bei Grindelwald. Bern 1832. Mit Nachträgen und Verbesserungen mitgetheilt. Oct. 1843). Prof. Martins, welcher in den J. 1841, 1842, 1844 und 1846 daselbst gesammelt, führt 132 Arten auf, von denen ich aber zwei (Blitum Bonus Henricus und Stellaria media) weggelassen habe, da diese Ruderal- pflanzen erst seit dem Bau des Wirthshauses dort sich eingefunden und ohne Zweifel eingeschleppt sind. Die Soldanella des Faulhorns ist die S. pupilla und nicht die S. alpina, und das Epilobium das E. ori- ganifolium und nicht das E. alpinum L. vzz re Auf dem Gaulipass wurden bei 10,080 Fuss (3274 m.) 9 Arten beobachtet, nämlich: Poa lawa, Chrysanthemum alpinum, Androsace glacialis, Gentiana bavarica, Ranun- culus glacialis, Silene acaulis, Saxifraga oppositifolia, S. muscoides und Potentilla grandıflora. Am Ewigschneehorn bei 10,468 Fuss (3400 m.): die Poa laxa und Androsace imbricata,; und von Hrn. Lindt am Oberaarhorn in derselben Höhe: die Androsace glacialis, A. helvetica, A. obtusifolia, Ranunculus glacialis, Draba Johannis, Sazifraga oppositifolia, Artemisia spicata, Achillew moschala und Linaria alpina. Am Finsteraarhorn waren an der Südwestabdachung bei 10,313 Fuss (3350 m.): die Poa laxa, Linaria alpina, Draba frigida, Silene acaulis, Sazxifraga bryoides und S. muscoides; bei 12,314 Fuss (4000 m.) hat Hr. Lindt am Finsteraarhorn die Saxifraga bryoides, S. muscoides und Achillea atrata gefunden, und bei 13,143 Fuss ü. M., wenig unter dem Gipfel, wurde im September 1872 von Apotheker Lohmeier ein Exemplar des Ranunculus glacialis gesehen und dasselbe dort im folgenden Jahre von Dr. Calberla in Blüthe getroffen. *) Auf der obersten Spitze des, unter dem Namen des Lauteraarhorns bekannten, süd- lichen Gipfels des Schreekhorns (12,440 Fuss ü. M.) fand A. Escher von der Linth auf Gneis und Glimmerschiefer als einzige Pflanze die Androsace glacialis”*); bei 11,080 Fuss war noch Ranuneulus glacialis zu sehen. E. von Fellenberg beobachtete bei seiner Besteigung des Schreckhorns (1864) die Androsace glacialis bei 10,156 Fuss ü. M. als letzte Blüthenpflanze. An der Jungfrau (am Schneehorn) sah Hr. E. von Fellenberg bei 9233 Fuss (3000 m.) noch: T’hlaspi rotundifolium, Hutschinsia alpina, Gaya simplex, Erigeron uni- Jlorus, Artemisia mutellina und spicata,; und bei 10,309 Fuss: die Silene acaulis und Saxi- fraga oppositifolia; am Vieschergrat über dem Eismeer von Grindelwald bei ca. 922 Fuss die Saxifraga bryoides. 5. Glarner Alpen. So klein auch der Canton Glarus ist, hat er doch eine Zahl von Berggipfeln und Felsgräten, welche über 8000 Fuss ü. M. sich erheben. Der Ruchi-Glärnisch ist 8967 Fuss ü. M., der Kärpfstock 8613 Fuss, der Ofen 8773 Fuss, der Vorab 9346 Fuss, der Hausstock 9715 Fuss und der Tödi 11,115 Fuss. *), Vgl. Jahrbuch des Schweizer Alpenelub. VII, p. 530. IX, p. 531. **) Vgl. Arnold Escher von der Linth, Lebensbild eines Naturforschers. p. 251. 3 IN Auf der höchsten Kuppe des Ruchi-Glärnisch habe ich 1832 noch 3 Blüthenpflanzen gesehen, nämlich: Draba Wahlenbergi, Thlaspi rotundifolium und Hutschinsia alpina ; auf dem Gipfel des Kärpfstockes: Poa laxa, Gentiana bavarica imbricata, Gaya simplex, Silene acaulis, Saxifraga bryoides und $. planifolia; auf dem Vorab: Poa laxa, Androsace glacialis, Cerastium latifolium glaciale und Scuxifraga oppositifolia ; auf der obersten Spitze des Hausstockes war nur die Androsace glacialis. Die oberste Kuppe des Tödi ist mit Firn bekleidet und pflanzenlos, wogegen am kleinen Tödi und auf dem Sandgrate noch 17 Arten vorkommen. Im Ganzen sind mir aus dem Canton Glarus bekannt geworden (siehe Verzeichniss VI): von 8000 Fuss bis 8500 Fuss 42 Arten >85 00 900 » 24 » » 9000 » » 9500 » 4 » » 9500 » » 10,000 » MEER Von den 42 Arten des ersten Stockwerkes sind alle bis auf zwei (die Androsace Heerii Heg.”) und Sazxifraga Kochii Hornsch.) auch in Bünden in derselben Höhe beob- achtet worden. Von diesen steigen aber in Glarus nur 4 über 9000 Fuss ü. M. hinauf, während in Bünden 78 Arten, und die letzte Pflanze sahen wir in Glarus bei 9715 Fuss, während dieselbe Art (die Androsace glacialis) am Piz Linard bei 10,516 Fuss und am Schreckhorn sogar bei 12,440 Fuss ü. M. sich findet. 6. Rückblick. Wenn wir die in unsern Alpen bislang von 8000 Fuss bis 13,000 Fuss ü. M. beob- achteten Blüthenpflanzen zusammenstellen, erhalten wir 338 Arten. Ein Blick auf das Verzeichniss (Tabelle VII) zeigt uns die Verbreitung der Arten in den verschiedenen Stock- werken. Manche Arten können wir durch 2, 3 und 4 und selbst 5 und 6 Stockwerke ohne Unterbrechung verfolgen; mehrere andere fehlen in einzelnen Zwischenstationen, was ohne Zweifel zufällig ist und von mangelnder Beobachtung herrührt. Wenn wir eine Art in einer tiefern und einer höhern Station beobachtet, werden wir ihr Vorkommen auch in den dazwischen liegenden Höhen annehmen dürfen. Ich habe diese Lücken in dem Ver- zeichnisse in der Weise ausgefüllt, dass ich an betreffender Stelle in die Colonne ein & gesetzt habe, welches also sagt, dass das Vorkommen der Art in diesem Stockwerk zwar *) Diese von mir zuerst im Sommer 1828 am Segnespass entdeckte Pflanze, welche vielleicht einen Bastard von A. glacialis und A. helvetica darstellt, wurde von Hrn. Buser an der Windgelle bei 8169 Fuss ü. M. gefunden. ge noch nicht nachgewiesen, aber doch sehr wahrscheinlich sei. In diesem so vervollständigten Verzeichnisse erhalten wir folgende Zahlen: Stockwerk: I. II. II. IV. V. VI. VI. VIII | | 9501 | 10,001 | 10,501 | 11,001 | 12,001 bis bis bis bis bis bis bis bis 8500 | 9000 | 9501 | 10,000 | 10,500 | 11,000 | 12,000 | 13,000 Bünden 294 | 15 | 78| 32| Fe Wallis 206. 17 156. |°1397 7 118 36 18 10 2 Chamonix 84 8 24 oe 5 3 2 — Bern 150 25 24 17 17 6 5 b) Glarus 42 24 4 1 = _ _ Eu Gesammtzahl: | 336 | 226 | 152 120 49 13 12 6 Die grösste Zahl von Beobachtungen haben wir aus allen Stockwerken der nivalen Region aus den raetischen Alpen (Bünden) erhalten, daher nur dieses Verzeichniss den sichersten Einblick in die allmälige Umänderung der Vegetation der Hochalpen gestattet. Wir ersehen daraus, dass hier 109 Arten nicht aus dem I. in das II. Stockwerk übergehen, 107 nicht aus dem II. in das IIl., 46 nicht aus dem IH. in das IV., 16 nicht aus dem IV. in das V. und 12 nicht aus dem V. in das VL. und dass bislang keine Arten über 11,000 Fuss getroffen wurden. Wenn wir von oben nach unten herabsteigen, begegnen uns im V. Stockwerk viermal mehr Pflanzen als im VI., im IV. zweimal mehr als im V., im III. über zweimal mehr und ebenso im II. gegenüber dem III. und im I. gegenüber dem II. Im Wallis steigen die Pflanzen in der Monte-Rosa-Kette bedeutend höher als in den raetischen Alpen. Alle obern Stockwerke (III—VI) zeigen eine beträchtlich grössere Arten- Zahl und 10 Arten haben wir noch über 11,000 Fuss ü. M., während sie in Bünden diese Grenze nicht überschreiten. Allerdings zeigt unser Verzeichniss aus dem I. und II. Stock- werk des Wallis eine geringere Arten-Zahl als in den entsprechenden Höhen Bündens. Dies rührt aber ohne Zweifel daher, dass uns aus denselben eine geringere Zahl von Ver- zeichnissen vorlagen. Weitere Untersuchungen werden diese Lücke ausfüllen. Dasselbe gilt auch von den Pflanzen des Cantons Bern und des Chamonix. Doch wird dadurch das Gesammtbild der Flora, wie es in diesen Verzeichnissen uns entgegentritt, sehr wahr- scheinlich nicht wesentlich geändert werden. Die 338 Arten unserer nivalen Flora vertheilen sich auf 138 Gattungen und 46 Familien. Weitaus die artenreichste Familie ist die der Synanthereen, indem sie fast '/s der Gesammtzahl bildet (58 Arten), dann folgen die Gramineen, Cruciferen, Saxifrageen, Papilionaceen, Cyperaceen, Alsineen und Primulaceen mit 121 Arten, hierauf die Rosaceen, Serophularien, Ranunculaceen und Gentianeen mit 57 Arten. Wenn auch die Synanthereen in der nivalen Region, wie in den Alpen und der Schweizer Flora im Ganzen, die artenreichste Familie darstellen, spielt sie diese Rolle doch nur in dem ersten, zweiten und dritten Stockwerk; im vierten Stockwerk sind die Gramineen, die Cruciferen und Saxifrageen die artenreichsten Familien, auf welche die Synanthereen und Primulaceen folgen; im fünften Stockwerk die Gramineen, Crueiferen, Synanthereen, Primulaceen und Saxifrageen ; im sechsten die Gramineen, Synanthereen und Saxifrageen; im siebenten (über 11,000 Fuss ü. M.) hat nur die Familie der Gräser, der Synanthereen und Saxifrageen zwei Repräsentanten, während die 6 andern Familien nur noch in einzelnen Arten erscheinen. Dies sind aber alles Arten, welche durch ihre grosse Verbreitung durch alle Stockwerke einen sehr wesentlichen Antheil an der Bildung der nivalen Flora nehmen. Die Monocotyledonen begegnen uns in 6 Familien, von denen die Gräser, Cyperaceen und Juncaceen stark vertreten sind, wogegen die 3 andern Familien (die Liliaceen, Colchi- caceen und Orchideen) nur in je Einer Art erscheinen und selten sind. Von den Dicotyledonen berühren mehrere Familien nur das unterste Stockwerk, näm- lich die Dipsaceen, Plantagineen, Vaccinieen, Cistineen, Onagrarieen, Empetreen und Rham- neen, und sind auch in diesem nur schwach vertreten; andere verhalten sich ähnlich, aber reichen bis in das zweite Stockwerk, so die Plumbagineen, Ericaceen, Rubiaceen und Vio- laceen; und wieder andere reichen zwar durch mehrere Stockwerke hindurch, bleiben aber durchwegs auf wenige Arten beschränkt, so die Labiaten, Boragineen, Papaveraceen und Sileneen. Beachtenswerth ist, dass die Labiaten zwar in Einer Art bis zu 10,500 Fuss ü. M. hinaufsteigen, diese aber eine gemeine Fbenenpflanze (der T’hymus serpyllum) ist, während die verwandten Boragineen in den obersten Stockwerken zwar auch nur in Einer Art erscheinen, diese aber in einer den Hochalpen ganz eigenthümlichen und ausgezeichneten Art (dem Eritrichium namum). Dasselbe gilt von den Ranunculaceen, Sileneen und Gen- tianeen. Zu den zierlichsten Pflanzen der Hochalpen gehören die Primulaceen, welche durch alle Stockwerke die Felsen mit ihren überaus niedlichen Blüthen schmücken. Im ersten Stockwerk sind es die Soldanellen, die eigentlichen Primeln und die doldenblüthigen Androsacen, welche uns häufig begegnen, im zweiten und den folgenden sind es voraus die einblüthigen, rasenförmigen Androsacen, die Linne als Aretien getrennt hatte, welche uns oft auf den abgelegensten Firninseln als lieblichste Kinder der Gletscherwelt erfreuen. Diese nivale Flora besteht grossentheils aus perennirenden Pflanzen, doch ist die Angabe unrichtig, dass die Einjährigen Pflanzen in der Schneeregion fehlen. Wir haben noch in derselben 13 einjährige Arten, nämlich: Poa annua varia, Gentiana campestris, @. germanica, G. glacialis, Capsella, Euphrasia, Linaria alpina, Arenaria, Cerastium, Sedum atratum und Saxifraga adscendens, und ein paar zweijährige (Sedum annwum und Arabis Gerardi). Die Linaria, die Buphrasia minima, Sedum atratum, Gentiana glacialis und Sawifraga adscendens wurden aber über 8500 Fuss ü. M. getroffen, Als holzartige Pflanzen haben wir 16 Arten zu bezeichnen, nämlich: ‚Juniperus nana, die 5 Weidenarten, Daphne striata, Erica vulgaris, Arctostaphylos uva ursi, A. alpina, Rosa alpina; Preisselbeere und Heidelbeere, Azalea procumbens, Rhamnus pumila und Empetrum nigrum, die freilich sämmtlich so klein bleiben, dass sie keine Sträucher mehr darzustellen vermögen. Am höchsten steigen die Weiden und der Wachholder hinauf, welchen ich in Bünden an ein paar Stellen über 8000 Fuss ü. M. gesehen habe, den aber Schlagintweit sogar noch bei der St. Vincent-Hütte (9500 Fuss) angibt. Es bildet somit ein Nadelholz aus der Familie der Cupressineen die oberste Grenze der Holzvegetation in unsern Alpen. Vergleichen wir die horizontale Verbreitung der nivalen Arten, werden wir finden, dass die Mehrzahl die ganze Alpenkette durchzieht. In den Thälern und den tiefern Regionen der Alpen ist der Unterschied in der Vegetation zwischen Osten und Westen der Schweiz grösser als in der nivalen Flora und auch in dieser schwindet der Unter- schied immer mehr nach den Höhen. Als Pflanzen der nivalen Region, welche die raetischen Alpen bewohnen, aber dem Wallis fehlen, sind 10 Arten zu bezeichnen: Sesleria disticha, Armeria alpıina, Valeriana supina, Primula glutinosa, Pr. oenensis, Pr. integrifolia, Senecio carniolicus, Dianthus glacialis, Papaver alpinum raeticum und Saxifraga Hostüi. Anderseits finden sich in der nivalen Region der westlichen Alpen, fehlen aber in Bünden, ebenfalls 10 Arten: Senecio uniflorus, S. incanus, Artemisia glacialis, Androsace pubescens, Campanula ezcisa, Braya pinnatifida, Saxifraga retusa, Potentilla multifida, Oxytropis Gau- dini und ©. neglecta. Also nur 20 Arten haben ein beschränktes Vorkommen, während über 300 Arten über die nivale Region der ganzen Alpenkette verbreitet sind. Im ersten Stockwerk haben wir 58 Monoeotyledonen und 279 Dieotyledonen; erstere verhalten sich zu letztern wie 1:4,84. Dasselbe Verhältniss gilt auch für die gesammte nivale Flora. Im zweiten Stockwerk ist das Verhältniss bei 37 Monocotyledonen und 189 Dicotyledonen wie 1:4,56; im dritten bei 29 Monocotyledonen und 124 Dicotyledonen wie 1:4,27; im vierten bei 23 Monocotyledonen und 95 Dicotyledonen wie 1:4,13; im fünften bei 5 Monocotyledonen und 44 Dieotyledonen wie 1:8,4; im sechsten bei 2 Mono- eotyledonen und 17 Dicotyledonen wie 1:8,5; im siebenten mit 2 Monocotyledonen und 10 Dico- tyledonen wie 1:5. Im achten Stockwerk sind die Monocotyledonen verschwunden. Da in der Schweizer-Flora die Monocotyledonen zu den Dicotyledonen sich wie 1:83,57 ver- halten, sind dieselben durchgehends in der nivalen Region schwächer repräsentirt und es steigert sich dies Verhältniss nach den Höhen. Die Nadelhölzer begegnen uns in einem kleinen Zwergstrauch (‚Juniperus nana), der aber über 6 Stockwerke verbreitet ist. Die Monocotyledonen zeigen nur 6 Familien, Bet von denen die Gramineen und Öyperaceen am stärksten vertreten sind. Die Gräser steigen in 2 Arten (der Poa laxa und alpina) bis über 11,000 Fuss ü. M. (am Weissthor bis 11,138 Fuss) hinauf; es bilden diese die oberste Grenze der Grasvegetation. Fast ebenso häufig ist die Avena subspicata, die über 10,000 Fuss ü M. hinaufgeht (so am St. Theodul- pass). Dasselbe ist der Fall bei der in den raetischen Alpen sehr verbreiteten Sesleria disticha, während die Schwingelarten, so die verschiedenen Formen der Festuca ovina und die F. Halleri, wie die Koeleria hirsuta, im vierten Stockwerk zurückbleiben. Unter den Cyperaceen begegnen uns die Seggen in 16 Arten, bilden daher eine der artenreichsten Gattungen der nivalen Region. Die häufigste Art ist die Carex curvula, die stellenweise noch grosse Rasen bildet und bis zu 10,053 Fuss ü. M. (am Piz Languard) getroffen wird. Die Carex rupestris und C©. nigra sind durch 4 Stockwerke verbreitet, die ©. atrata, (©. foetida und (. sempervirens durch 3, die (©. lagopina und (©. ericetorum durch 2, während die ©. mucronata, (©. Personü, C. frigida, ©. ferruginea, C. ustulata nicht über das erste Stockwerk hinausgehen. Die C. bicolor ist häufig im Sande des Inn im Oberengadin, doch haben wir sie hier nicht in der Schneeregion gefunden, während sie im Wallis (so am Gornergrat) noch im vierten Stockwerk derselben vorkommt. Die Elyna spicata ist in Bünden und Wallis häufig und geht bis zu 9500 Fuss ü. M., während die ähnliche Kobresia caricina bei 8020 Fuss zurückbleibt, stellenweise aber in Menge auftritt. Das Zriophorum Scheuchzeri ist an sumpfigen Stellen überall in der al- pinen Region und steigt bis 8060 Fuss ü. M. hinauf. Die Juncaceen treten uns in den beiden Gattungen Juncus und Luzula ebenso häufig entgegen wie im Tieflande. Sie erscheinen in je 4 Arten. Die Luzula spieata und L. spadicea sind allgemein verbreitet und reichen bis zu 9600 Fuss ü. M., aber auch die L. lutea ist nicht selten und begegnet uns noch unter den Pflanzen des Gornergrates. Von den Juncus ist der J. trifidus nicht selten an feuchten Felsen bis zu 9000 Fuss ü. M., noch häufiger der J. Jacquini an sumpfigen Stellen und der J. triglumis an Bachrändern. Die 3 weitern Familien der Monocotyledonen, die Liliaceen, Colchiecaceen und Orchideen sind in der nivalen Region selten. Von den 3 Liliaceen ist die ZLloydia sero- tina am häufigsten und auch noch auf dem Gornergrat zwischen Felsspalten zu finden. Lilium martagon, das einen Schmuck der subalpinen und alpinen Region bildet, berührt wie die Gagea Liotardi nur an wenigen Stellen die Schneeregion. Von den Colchicaceen ist die Tofieldia borealis am Bernina häufig an feuchten Orten, erreicht aber, wie die T. calyeina glacialis nur an wenigen Stellen die Schneeregion. Dasselbe gilt auch von der einzigen Orchidee, der O’hamaeorchis alpina, während die Nigritella angustifolia und Himanto- glossum viride in der alpinen Region sehr häufig sind, aber nirgends 8000 Fuss ü. M. überschreiten. Von den Dieotyledonen berühren mehrere Familien nur das unterste Stockwerk, näm- lich die Chenopodiaceen, Santolaceen, Dipsaceen, Globularieen, Lentibularieen, Droseraceen, Önagrarien, Empetreen, Rhamneen, und sind auch in diesem nur durch wenige (nur durch „ns er nt 1—2 Arten) vertreten; andere verhalten sich ähnlich, aber reichen in das zweite Stockwerk hinauf, so die Valerianeen, Plumbagineen, Rubiaceen, Cistineen, Paronychieen, und wieder andere gehen zwar durch mehrere Stockwerke hindurch, bleiben aber auch durchweg auf wenige Arten beschränkt, so die Labiaten, Plantagineen, Vaccinieen, Ericaceen, Violaceen, Boragineen, Papaveraceen und Polygaleen. Die artenreichste Familie der Schneeregion ist die der Synantheren. Sie bilden im I. Stockwerk '/s aller Blüthenpflanzen; auch im I. und III. bilden sie zwischen '/s und '/z, im IV. !%, im V. Ys, im VI. '/, im VII. Ys und im VIII. "Je. Wir können also sagen, dass die Synantheren durch 6 Stockwerke zwischen '/s bis '/s der Blüthenpflanzen ausmachen; durch 5 Stockwerke bilden sie die artenreichste Familie, erst im VI. Stockwerk sind die Saxifrageen in derselben Zahl vertreten, ebenso im VII., und im VIII. werden sie von diesen übertroffen. Zu den häufigsten Arten, welche über 10,000 Fuss hinaufsteigen, gehören: Zrigeron uniflorus, Artemisia mutellina und spicata, Achillea moschata, Chrysanthemum alpinum und Taraxacum officinale var. alpinum. Der Senecio uniflorus steigt bis zur selben Höhe, ist aber auf die westliche Schweiz begrenzt. Der Senecio incanus des Wallis ist in Bünden durch den S. carniolicus repräsentirt. Beide finden wir noch über 9500 Fuss, während der S. Doronicum und S. abrotanifolius im ersten Stockwerk zurückbleiben. Von den übrigen Synantheren will ich hier hervorheben: die Adenostyles leucophylla W., welche in der Albulakette und am Bernina (bei 9041 Fuss) und am Gornergrat beobachtet wurde, die Soyeria hyoseridifolia, die bis 8800 Fuss hinaufsteigt, die Crepis jubata, welche am Ostende der raetischen Alpen, in Livino und im Samnaun, dann auf dem Flimserstein, und anderseits in den Westalpen am Hörnli am Fuss des Matterhorns (bei 8466 Fuss) vorkommt. — Die Crepis pygmea L. ist am Monte Braulio stellenweise häufig zwischen Geröll bis über 8000 Fuss ü. M.; die ©. Jacqwini im Kalkgebirg der Alveneuer Alpen und im Oberengadin bis 8500 Fuss ü. M. Von den Habichtskräutern sind das Zieracium alpinum, H. angustifolium und H. glan- duliferum sehr verbreitet und noch im dritten Stockwerk zu finden, während die übrigen Arten im ersten Stockwerk zurückbleiben. Von den distelartigen Synantheren steigt das Cirsium spinosissimum am höchsten hinauf, indem Prof. Brügger am Piz Hot einige Stöcke noch bei 9200 Fuss ü. M. antraf. Es findet sich im ersten Stockwerk voraus an Stellen, wo die Schafe gelagert, und diese tragen wahrscheinlich zur Verbreitung ihrer mit einem Haarschopfe versehenen Samen bei. Nicht selten ist die Saussurea alpina L. sp., von der auch die als $. depressa Gren. unterschiedene Form im Avers, am Parpaner Rothhorn und am Piz Languard gefunden wird; die $. discolor L. sp. steigt im Beverserthal bis 8600 Fuss hinauf; die in den Wiesen des Oberengadins sehr häufige Centaurea nervosa Willd. bleibt schon bei 8050 Fuss ü. M. zurück. Auf die Synantheren folgen nach der Artenzahl die Gramineen mit 25, auf diese die Crueiferen mit 22, die Cyperaceen und die Papilionaceen mit je 19, die Primulaceen und Ba, die Alsineen mit je 18, die Saxifrageen und Rosaceen mit je 17, die Serophularieen mit 16, die Gentianeen mit 13, die Ranunculaceen mit 10, die Campanulaceen mit 9, die Junca- ceen mit 8, die Crassulaceen mit 7, die Sileneen mit 6, die Salicineen, Polygoneen und Umbelliferen mit je 5 Arten. Ein Blick auf die Tafel VII zeigt uns die Vertheilung der Arten auf die verschiedenen Stockwerke. Wir wollen dieselben noch mit einigen Bemerkungen begleiten. Die weidenartigen Pflanzen sind in der Salix herbacea, S. retusa und $. reticulata über alle Alpen verbreitet, sie gehen bis in das vierte, ja die S. herbacea bis in das fünfte Stockwerk hinauf, indem sie noch auf dem Theodulpass bei 10,318 Fuss ü. M. erscheint, wogegen die Salz Lap- ponum und $. arbuscula nur bis in das erste Stockwerk reichen. Die Polygoneen treten uns in derselben Artenzahl entgegen, wie die Weiden. Die Oxyria digyna und Polygonum viviparum gehören zu den gemeinsten Pflanzen der Schnee- region; die erste findet sich in Wallis bis zu 9800 Fuss ü. M., letztere in Bünden bis zu 9233 Fuss. Viel früher verschwinden die Rumex-Arten, immerhin erreicht der R. nivalis am Parpaner Rothhorn 8930 Fuss ü. M., während der in den Alpen so gemeine R. alpınus nur bis 8100 Fuss und der R. scutatus bei Zermatt bis 8466 Fuss ü. M. getroffen wird. Den einzigen Repräsentanten der Melden (das Blitum bonus Henricus) finden wir an Schafplätzen am Weisshorn bei 8100 Fuss und am Abhang gegen Val Federia im Lavirums. Von den Thymeleen ist die zierliche Daphne striata noch am Piz Padella und am Languard und steigt am Sass Corviglio bis zu 8813 Fuss ü. M. Das Thesium alpinum erreicht am Piz Languard die Schneeregion, und die Scabiosa hıcida am Bernina und Piz Padella. Es sind dies gemeine Alpenpflanzen, wogegen die einzige Baldrianart der Schneeregion (die Valeriana supina) zu den seltenen raetischen Pflanzen gehört, welche der übrigen Schweiz fehlen. Ich fand sie schon 1834 häufig in den Kalkriesenen am Fraela, dann am Monte Branlio und am Umbrail bei 8600 Fuss; Prof. Brügger im Avers am Furkahorn und am Piz St. Michel, ferner am Alpisellapass zwischen 6600 und 7000 Fuss ü. M. Von den Plantagineen ist die Plantago alpina noch am Gornergrat, doch in solcher Höhe nur im Wallis, während sie im ersten Stockwerk auch im Chamonix, in Bünden und den Berner Alpen vorkommt. Die Pl. montana berührt nur am Urdenpass die Schneeregion. Die Plumbagineen haben in der Armeria alpina eine schöne Art, welche in Bünden an vielen Stellen bei fast 8800 Fuss ü. M. die Felsen schmückt. Sie reicht an der Canal- alp bis 5800 Fuss ü. M. hinab. Von den Globularieen erreicht nur die Globularia cordifolia am Ducanpass (8225 Fuss) die Schneeregion, während die in den Alpen sehr verbreitete @l. nudicaulis schon bei 7500 Fuss (?) die obere Grenze findet. BEFOn:. IM Eine Vergleichung unserer nivalen Flora mit derjenigen anderer Länder und mit der aretischen Flora zeigt uns, dass auch diese nivale Flora aus zwei ganz verschiedenen Elementen besteht, von denen das Eine den Alpen angehört und die endemische Flora derselben darstellt, das andere aber von Norden gekommen ist; wir haben daher diese arctische Flora sorgfältig zu berathen. 7. Vergleichung der nivalen Flora der Schweiz mit der arctischen. In dem Verzeichnisse IX, welches dieser Abhandlung beigegeben ist, habe ich die Arten zusammengestellt, welche unsere nivale Region mit der aretischen Zone gemein- sam hat. Die Gesammtzahl beträgt 150 Arten, also etwa '» der Arten. Von diesen kommen auf: Island 70, Grönland 84, Grinnellland 29, Spitzbergen 29, Skandinavien 134, das arctische Sibirien 91, arctische Amerika 75 Arten. Unter obigen 150 Arten sind 28 Fbenenpflanzen, welche auch in den Zwischenländern vorkommen; ziehen wir diese ab, bleiben 122 Arten, welche überall im Tiefland fehlen und als aretisch-alpine Arten be- zeichnet werden können. Ziehen wir die Ebenenpflanzen (die im Verzeichnisse mit einem E bezeichnet sind) bei den oben genannten arctischen Ländern ab, bleiben für: Island 50 Arten, Grönland 64, Grinnellland 26, Spitzbergen 26, Skandinavien 97, arctisches Sibi- rien 70, aretisches Amerika 64. Sehr beachtenswerth ist, dass die Ebenenpflanzen, welche wir noch in unserer nivalen Region antreffen, auch in der aretischen Zone sich einfinden und dass keine einzige Ebenenpflanze in unserer nivalen Region getroffen wird, die nicht auch in der arctischen Zone sich angesiedelt hätte, wogegen eine Ebenenpflanze, nämlich die Cardamine pratensis, im Norden bis Spitzbergen und Grinnellland (bei 82° n. Br.) geht, nicht aber in unsere Nival-Region aufsteigt. Das arctische Skandinavien hat auch nach Abzug der Ebenenpflanzen die meisten Arten mit unserer nivalen Zone gemeinsam, 59 Arten mehr als mit dem arctischen Amerika und 43 mehr als mit dem aretischen Asien, trotz des ungemein viel grössern Areals des letztern Landes. Die beträchtliche Zahl von gemeinsamen Arten mit dem aretischen Europa, Asien und Amerika wird durch die grosse Gleichförmigkeit der aretischen Flora bedingt, indem zahlreiche Arten über das ganze arctische Land verbreitet sind. Es lag daher die Vermuthung nahe, dass zur Gletscherzeit die arctische Flora nach Süden vorgeschoben worden und so in unsere Gegend gekommen sei, wo sie, als das Klima wieder milder geworden, in unsern Alpen eine für sie passende Wohnstätte gefunden habe. Wenn wir zugeben, dass jede Pflanzen- art von Einem Bildungsherd ausgegangen, müssen wir annehmen, dass die arctisch-alpinen Arten entweder von Norden nach Süden oder umgekehrt von Süden nach Norden ge- wandert seien. Wäre das letztere der Fall, so müssten in der arctischen Zone die 4 DR verschiedenartigsten Pflanzentypen zusammengetroffen sein und es müsste die Flora des arctischen Europa von der des arctischen Asien und Amerika sehr verschieden sein. Nun ist aber das gerade Gegentheil der Fall; die polare Flora zeigt eine grosse Gleichförmig- keit. Noch wichtiger ist aber die Thatsache, dass die europäischen Alpen eine ganze Zahl von Pflanzenarten mit den Alpen Asiens und Amerikas gemeinsam haben und dass diese Arten sämmtlich auch in der arctischen Zone zu Hause sind. Dies erklärt sich in sehr einfacher Weise, wenn wir annehmen, dass diese Pflanzen aus der arctischen Zone stammen, von der aus sie sich strahlenförmig verbreitet haben. Wir haben oben gesehen, dass von den arctisch-alpinen Pflanzen 134 Arten mit solchen Skandinaviens übereinstimmen; von den 68 Arten, die das aretische Amerika mit unserer Nival-Region gemeinsam hat, wurden 41 auch auf den Alpen der Vereinigten Staaten (25 auf der atlantischen Seite, 27 auf der des Stillen Meeres und 36 im Felsengebirge) gefunden; und von den arctisch-aipinen Arten Asiens 94 im Altai und 24 noch im Himalaya. Da alle diese Arten im hohen Norden zu Hause sind, ist es viel leichter, sie von da aus auf die Gebirge Europas, Amerikas und Asiens gelangen zu lassen, als auf irgend einem andern Wege. Wir haben in unsern Hochalpen häufig eine Grasart (das Trisetum subspieatum), die wir auch überall in der aretischen Zone finden, in Europa, Asien und Amerika, und die wir durch die Cordilleren bis zur Magellan-Strasse verfolgen können; die aber auch am Altai und Himalaya vorkommt. Wir finden ferner die Sılene acaulis, Dryas octopetala, Sehbaldia procumbens, Suxifraga stellarıs und oppositifolia, Papaver alpinum, Alsine verna, Oxyria digyna, Polygonum viviparum, Phleum alpinum u. a. m. auf den amerikanischen Alpen ebenso häufig wie bei uns, wie sollten sie dahin gekommen sein, wenn nicht von Norden aus, wo sie jetzt noch zu Hause sind! Da in Amerika ein grosser Gebirgszug den ganzen Continent von Nord nach Süd durchzieht, werden die aretischen Pflanzen demselben gefolst sein; in Europa und Asien aber sind die Verhältnisse ganz verschieden und hier fehlt jetzt die Brücke zwischen dem aretischen Land und den südlich gelegenen Gebirgen. Wenn die arctische Zone die Urheimath dieser Flora ist, so werden wir für unsere arctisch-nivalen Arten Skandinavien zum Ausgangspunkt zu nehmen haben, da dies das uns am nächsten liegende arctische Land ist. In der That hat auch dieses Land die meisten gemeinsamen Arten mit unserer nivalen Region. Die meisten Arten sind aller- dings in der arctischen Zone weit verbreitet, doch begegnen uns mehrere Arten, die Skandinavien ausschliesslich mit den Alpen gemeinsam hat; wir nennen: Agrostis alpina, Poa minor, Ohamaeorchis alpina, Campanula barbata, Ajuga pyra- midalis, Hieracium angustifolium, H. piliferum, Sazxifraga biflora, Alchemilla fissa und Oxytropis lapponica. Die Gentiana pwrpwrea erreicht zwar den arctischen Kreis nicht, findet sich aber in Norwegen. Skandinavien ist ein uraltes Festland, welches auch zur Gletscherzeit als solches bestand. Allerdings hatte während derselben eine etwelche Senkung des Landes statt- ee. P sefunden, doch betrug dieselbe nie mehr als einige Fuss, so dass der grösste Theil der Halbinsel während der ganzen quartären Periode Festland war. Dieses war grossentheils mit Gletschern bedeckt; dass aber aus demselben zahlreiche eisfreie Gebirgsgipfel empor- standen, beweisen die erratischen Blöcke, welche in so ungeheuren Massen aus Skandinavien und Finnland nach Deutschland gekommen sind. Immer mehr häufen sich die Beweise für die Annahme, dass die nordischen Gletscher eine Brücke über die Ostsee bildeten und sich über Norddeutschland ausbreiteten. Da wir in unsern Schweizer Alpen 337 Blüthenpflanzen-Arten in der Schneeregion nachweisen konnten, unterliegt es keinem Zweifel, dass diese Arten auch zur Zeit der grössten Gletscherentwicklung leben konnten, so dass auch damals den aus dem Eis hervortretenden Felsmassen der Blüthenschmuck keineswegs gefehlt haben wird. Wenn wir bedenken, welche ungeheuren Felsmassen durch die Gletscher vermittelt aus dem Norden ‚nach Deutschland gekommen sind, wird die Annahme gestattet sein, dass mit diesen Gesteinsmassen auch die sie bewohnenden Pflanzen nach Süden transportirt wurden. Dies bestätigen die Pflanzen, welche man in Gletscher- ablagerungen gefunden hat. Wir verdanken Dr. Nathorst”) die wichtige Entdeckung, dass im südlichen Schweden (in Schonen) an vielen Stellen in glacialem Letten die Blätter von Pflanzen gefunden wurden, die gegenwärtig nur im Norden Skandinaviens sich finden, nämlich: die Salix polaris, S. reticuwlata, Dryas octopetala und Betula nana. Und die- selbe aretische Flora hat er in den genannten Arten (nebst Salix herbacea) auch in Däne- mark aufgefunden. In Norddeutschland hat er im Geschiebelehm nordwestlich von Nezka, zwischen den Eisenbahnstationen Oerzenhof und Sponholz (in Mecklenburg) die Betula nana, Dryas octopetala und Saliz reticulata entdeckt, und an der englischen Küste von Norfolk die Salix polaris. Es ist zu hoffen, dass diese arctische Flora auch in Mittel- und Süd- Deutschland noch aufgefunden werde, da wir dieselbe auch in den glacialen Ablagerungen der Schweiz haben. Auch hier war es Dr. Nathorst, der sie zuerst nachgewiesen hat. Später hat Dr. C. Schröter mehrere neuen Fundstellen entdeckt; wir kennen nun solche Pllanzen aus Gletscherletten von Schwerzenbach, von Niederweil bei Frauenfeld, von Hütten, Bonstetten und Hedingen. Es wurden daselbst bis jetzt gefunden: Betula nana, Salıx polaris, S. herbacea (von Hedingen), S. hastata alpestris, S. retusa, S. reticulata, Polygonum viviparum, Dryas octopetala, Arctostaphylos uva ursi, Myriophyllum und Potamogeton. Bei diesen Blättern liegen Insecten-Reste, welche auch zum Theil alpinen Thieren angehören, so Carabus sylvestris, C. arvensis, Otiorhynchus alpieolus, O. niger montanus, O. rugi- frons, O. fuseipes, Harpalus laevicollis, welche, wie die Gletscherpflanzen, uns verkünden, dass zur Zeit, als sie im Tieflande lebten, da ein ähnliches Klima geherrscht haben muss, wie jetzt in unsern Alpen. *) cf. Dr. A. G. Nathorst, om nagra arctiska vaxtlemningar i en sötvattenslera vid Alnarp i Skane. Lund Univ. Arsskrift VII. 1870. Ueber neue Funde von Glaeialpflanzen in Englers botan. Jahrb. I. 5. Heft, p. 431. ET Von den Pflanzen gehören 5 Arten der Schneeregion an, 3 reichen nicht bis in diese hinauf, sind aber Gebirgspflanzen (Betula, Arctostuphylos, Salix hastata) und finden sich auch im Norden, wie die 5 nivalen Arten. Die wichtigste Art ist die Salix polaris, welche jetzt der Schweiz und den Alpen fehlt und nur in der arctischen Zone und zwar in Skandinavien und auf Spitzbergen vorkommt. Wir haben also hier eine arctische Art, welche zur Gletscherzeit in der Schweiz gelebt hat, sich aber da nicht zu halten ver- mochte, während die nahe verwandte 5. herbacea, die auch im Norden sehr verbreitet ist, überall in unsern Hochalpen vorkommt, zur Gletscherzeit aber im Tiefland gelebt hat. Die Polarweide bildet ein kostbares Document, das beweist, dass diese glacialen Pflanzen aus dem Norden gekommen sind. Es mögen wohl diese Pflanzen des Gletscherlettens in der Umgebung des Gletschers gelebt haben und mit demselben sich über die Gegend verbreitet haben. Zu ihrer weitern Verbreitung werden die Gletscherbäche und der Wind das ihrige beigetragen haben. Es ist nicht denkbar, dass gegenwärtig der Wind aus der arctischen Zone Pflanzensamen nach unsern Alpen vertragen könnte, da die Entfernung zu gross ist und überdies die Mehrzahl der arctisch-alpinen Arten flügellose Samen besitzt. Durch das Vorrücken der Gletscher aus den Alpen und vom Norden her wurde aber das gletscherlose Zwischenland immer mehr verkleinert und durch Wind und Wasser konnten die Südgrenzen der areti- schen Pflanzen allmälig vorgeschoben werden. Dazu mögen aber auch die Thiere bei- getragen haben und zwar nicht nur die Vögel, sondern auch die mit dichtem Haarfilz bekleideten Säugethiere, so die Mammuth, Moschusochsen und Renthiere, welche durch ihr Haarkleid zur Verbreitung der Samen beitragen konnten. Wissen wir ja doch, dass in der Wolle der Schafe eine Menge von Samen sich anheften und von ihnen vertragen werden, wobei ich an die zahlreichen exotischen Pflanzen erinnern will, welche im süd- lichen Frankreich an den Stellen sich ansiedelten, wo die neuholländische Schafwolle ausgewaschen wurde. Wenn aber auch durch die erratischen Gesteine, durch Wind und Wasser und Thiere die Samen verbreitet wurden, werden sie nur da gekeimt und sich entwickelt haben, wo sie ein für ihr Leben passendes Klima vorfanden. Dies war zur Gletscherzeit in einem grossen Theil von Europa der Fall. Zur Zeit, als der Steinbock, die Gemse und das Murmelthier über das Tiefland von Süddeutschland und Oberitalien verbreitet waren und der Halsband-Lemming (Myodes torquatus), der gegenwärtig nur im hohen Norden lebt (in Grönland und Grinnellland bis 82° n. Br.), mit 2 nordischen Wühlmäusen (Arvicola ratticeps und A. gregalis) selbst in Oberschwaben sich einfand'”), werden auch für die arctische Flora die Lebensbedingungen sich gefunden haben; und dass diese in der That über das Tiefland der Schweiz verbreitet war, sagen uns die früher erwähnten Pflanzen der glacialen Ablagerungen. *) cf. Dr. J. Probst, zur Kenntniss der quartären Wirbelthiere in Oberschwaben. Württemb. naturwissensch. Jahreshefte. 1881. EEE NER rw 99 0 Von den 109 nivalen Pflanzen, die auch in der arctischen Zone zu Hause sind, ist eine Zahl schon jetzt in glacialen Ablagerungen der Zwischenländer nachgewiesen und ohne Zweifel wird die Zahl derselben bei weitern Nachforschungen sich bald vermehren ; und dass diese von Norden nach Süden gewandert, beweist die Thatsache, dass sie sich schon zur Gletscherzeit im südlichen Schweden vorfanden. Im Tieflande sind dieselben verschwunden, als das Klima sich änderte, dagegen sind manche derselben auf den dazwischenliegenden Gebirgen geblieben; so hat der Harz und haben die Sudeten und die Karpathen eine beträchtliche Zahl von arctischen Pflanzen erhalten. Ich zähle (mach Abzug der Ebenenpflanzen) für die Karpathen 82 und für die Sudeten 40 unserer arctisch-nivalen Arten. Dabei ist es sehr beachtenswerth, dass einige arctischen Pflanzen in den Sudeten auftreten, die nicht weiter nach Süden vorgerückt sind (so der Rubus chamaemorus, Saxifraga nivalis und Pedieularis sudetica) und dass in der kleinen Schneegrube im Riesengebirge, an derselben Stelle, wo die Saxifraga nivalis sich angesiedelt hat, eine aretische Schnecke (Pupa arctica Wahlbg.) sich findet, welche wie die Pflanzen nach Norden weist. Dies alles zeigt, dass die von Sir Jos. D. Hooker in seiner vortrefflichen Arbeit über die aretische Flora ausgesprochene Ansicht, dass Skandinavien den Ausgangspunkt für die Verbreitung der nordischen Pflanzen in Europa bilde, eine wohl begründete sei, eine An- sieht, die von den Herren Dr. Christ, Ball u. A. bestritten worden ist. Eine ganz andere Frage ist es aber, ob Skandinavien der Bildungsherd der arctischen Flora gewesen sei, oder ob wir denselben anderswo zu suchen haben. Wir betreten da ein sehr dunkles Gebiet, auf welchem wir nur Vermuthungen aussprechen können. Hr. Dr. Christ spricht nicht nur Skandinavien, sondern überhaupt der arctischen Zone die Fähig- keit neue Pflanzenarten hervorzubringen ab. Das arctische Gebiet sei als das letzte ersterbende Glied am Leibe unsers Planeten, als das grosse Grab, in welchem das vom Aequator an stetig abnehmende Leben endlich erstarre, zur Rolle eines Bildungsherdes, von dem die Lebensformen dem Süden zufliessen konnten, in keiner Weise geeignet (ef. Das Pflanzenleben der Schweiz, S. 279). Es sei und bleibe die temperirte Zone Nord- asiens und in viel kleinerm Umfang Nordamerikas, welche den Herd unserer nordisch- alpinen Pflanzen bilde. Es unterliest keinem Zweifel, dass die heisse und auch die temperirte Zone eine viel grössere Lebensfülle zu erzeugen und zu ernähren vermag, als die kalte, aber wie man sich auch die Entstehung neuer Arten vorstellen mag, immer werden sie nur da sich ge- bildet haben, wo sie die zu ihrer Entwicklung nothwendigen Lebensbedingungen vorfanden. Die arctischen Pflanzen werden daher nicht in einem heissen oder temperirten, sie können nur in einem kalten Klima entstanden sein und müssen einem solchen angepasst worden sein. Ein solches würden sie allerdings auf den Gebirgen Asiens gefunden haben und Hr. Christ will diese, namentlich die Altai-Kette, dafür in Anspruch nehmen. Von da aus hätten sich dieselben über Asien, Amerika und Europa ausgebreitet. Hätten aber die SEN arctisch-alpinen Pflanzen diesen Weg genommen, müssten sie auch auf den dazwischen liegenden Gebirgen, so dem Ural und dem Caucasus, sich finden. Das ist aber nur theil- weise der Fall, und wir kennen eine ganze Zahl von aretischen Arten, welche am Altai und in unsern Alpen vorkommen, dagegen dem Caucasus fehlen; ich nenne: Gentiana nivalis, @. glacialis, Papaver alpinus, Draba Wahlenbergi, Lychnis alpina, Silene rupestris, Ichodiola rosea, Sazxifraga stellaris, S. oppositifolia, Epilobium alpinum, Dryas octopetala, Oxytropis campestris, Hedysarum :obseurum, Viola biflora, Poa cenisia und Carex bicolor. Ueberhaupt hat der Caucasus nur 46 arctisch-alpine Arten mit unserer Nival-Flora gemein, während der Altai 70, obwohl räumlich der Caucasus unsern Alpen näher liegt als dem Altai. Die Annahme fällt uns daher viel leichter, dass die arctisch-alpinen Pflanzen des Altai sowohl als die des Caucasus von der arctischen Zone ausgegangen seien, um so mehr, da das arctische Asien fast alle diese Arten besitzt. Dazu kommt, dass wir die 41 arctisch-alpinen Arten der amerikanischen Alpen, welche mit unserer Nival-Flora übereinstimmen, nur durch Annahme ihres arctischen Ursprunges erklären können. Wenn aber die arctischen amerikanischen Pflanzen auf den dortigen Gebirgszügen nach Süden gewandert sind, warum soll diess nicht auch bei den asiatischen der Fall gewesen sein? Wenn Hr. Dr. Christ den aretischen Zirkel nicht als Bildungsherd der Pflanzen be- trachten will, weil er nur eine geringe Zahl von ihm eigenthümlichen Pflanzen besitzt, hat er nicht berücksichtigt, dass die arctischen Pflanzen eine sehr grosse Verbreitung haben und die Zahl der in der arctischen Zone entstandenen Pflanzen eine sehr beträchtliche wird, wie wir die arctisch-alpine Flora ihr zurechnen. Wir haben 109 Arten unserer Nival-Flora als solche arctische bezeichnet. Nehmen wir aber die untern Regionen unseres Gebirgslandes dazu, ist die Zahl dieser nordischen Arten sehr vergrössert und verdoppelt. Dr. Christ zählt für die ganze europäische Alpenkette 693 Arten auf, von denen 271 Arten in der aretischen Zone sich finden. Von diesen zieht er aber 41 Arten ab, von denen er annimmt, dass sie von den Alpen ausgegangen und nach Norden gewandert seien, sich darauf stützend, dass sie in den Alpen häufiger seien als im Norden. Dieses mehr oder weniger häufige Auftreten kann aber über die ursprüngliche Heimath nicht entscheiden, da die Erfahrung uns zeigt, dass gar manche Arten von Pflanzen und Thieren an neuen Stand- orten sich üppiger entfaltet haben, als in ihrer Heimath. Wenn wir aber auch diese 41 Arten abrechnen wollen, bleibt immer noch etwa "/s der Arten der europäischen Alpenkette als nordische zurück. Von diesen überschreitet eine Art (Sazifraga eaespitosa) nicht die Grenzen der Schweiz, obschon sie bis zu den Vogesen vorgerückt ist, ein paar bleiben am Fuss der Alpen zurück (Hierochloa borealis, Carex heleonastes (2? wohl eher chordorrhiza !), Scheuchzeria, Draba incana), andere begegnen uns sporadisch in der Bergregion und den untern Alpen, so: Trientalis, Saxifraga cernua, Sedum villosum, Juncus squarrosus, Pinguieula alpina, Androsace septentrionalis, Betula nana, Alnus viridis, Streptopus, Carez heleonastes. Se Ar 7 en Noch mehr Arten reichen in die Alpenregion, bleiben aber in dieser zurück, so: Thalietrum alpinum, Sazxifraga Cotyledon, Linnaea borealis, Lonicera coerulea, Achillea alpina, Polemonium ceoeruleum, Salix hastata, S. myrtilloides, S. glauca, S. myrsinites, Gymnadenia albida, Nigritella angustifolia, Allium schoenoprasum var. Juncus eastaneus, Carex incurva, ©, Vahlü, ©. capillaris, O©. vaginata. Am stärksten aber ist die arctische Flora in der Schneeregion vertreten, indem sie in dieser, wie wir früher gezeigt haben, die Hälfte der Arten bildet. Da in der Schnee- region die Alpenflora am reinsten ausgesprochen ist, ist dieses starke Verhältniss der arc- tischen Arten von grosser Bedeutung und führt uns zur Ueberzeugung, dass innerhalb des aretischen Kreises die Urheimath dieser Pflanzen zu suchen sei. Es ist dies ein sehr grosses Gebiet, welches vom Ende der Devonzeit an Festland besass. Wir kennen solches mit Landpflanzen aus Spitzbergen, aus dem Untercarbon, dem Mittelearbon, dem Jura, der Kreide und dem Tertiär. Wir erhalten daher hier den Boden zur Entwicklung der Pflanzenwelt durch alle Zeiten. Zur miocenen Zeit war eine reiche Flora über Grönland, das Grinnellland und Spitzbergen verbreitet. Wir kennen schon gegenwärtig 470 Arten miocener arctischer Pflanzen und wissen, dass auch diese fossile Flora, wie die jetzige lebende arctische Flora, eine grosse Verbreitung über die arctische Zone hatte und dass etwa '/ı der Arten auch in miocenen Ablagerungen Europas gefunden wurden. Der Reichthum der arctischen Flora und die grosse Zahl gemeinsamer Arten, wie aber auch die grosse petrographische Uebereinstimmung der Kohlenschiefer von Spitz- bergen und Grinnellland (ef. Flora aretica V. Grinnellland p. 17) machen es sehr wahr- scheinlich, dass zur miocenen Zeit in der aretischen Zone viel mehr Festland gewesen ist als gegenwärtig*) und Spitzbergen, Grönland und Grinnellland in Verbindung standen. Zeitweise mag dasselbe auch mit Lappland verbunden gewesen sein, da zwischen dem Nordeap und Spitzbergen das Meer nur eine geringe Tiefe hat. Alle diese Gegenden besitzen mehr oder weniger hohe Berge und dass Skandinavien und Spitzbergen schon zur Tertiärzeit solche Berge besessen haben, ist nicht zu bezweifeln. Die Tertiärfloren, die wir aus Spitzbergen und dem Grinnellland kennen, kommen aus dem Tieflande; aus Grönland haben wir auf der Halbinsel Noursoak Ablagerungen mit Pflanzen, die jetzt viele Fuss über Meer sich finden, indessen zur Zeit ihrer Bildung wohl tiefer lagen, da dort grosse Basaltdurchbrüche stattgefunden haben. Wir dürfen daher wohl annehmen, dass uns in der bis jetzt bekannten miocenen arctischen Flora die Pflanzenwelt der tiefen Region bis zu einigen hundert Fuss über Meer vorliege. Diese Flora hat im Grossen und Ganzen denselben Charakter, wie die Flora der jetzigen gemässigten Zone. Alle tropischen Formen fehlen, dagegen haben wir zahlreiche Baumtypen, wie wir sie jetzt in Mitteleuropa und Nordamerika treffen, Haselnuss, Birken, Hainbuchen, Buchen, Eichen, Kastanien, Ulmen, Pappeln, Linden, Platanen, Ahorn, Magnolien, Nussbäume, Taxodien, Sequoien, Föhren, *) Vgl. Nordenskiöld, sketch of the Geology of Spitzbergen. Stockholm 1868. Pag. 92. Tannen und Fichten. Drei Arten sind sogar mit jetzt noch lebenden Arten überein- stimmend, nämlich das Taxodium distichum, die Bergföhre und die Rothtanne. Die beiden letzten Arten fehlen dem tertiären Europa, sie treten da erst zur quartären Zeit auf (im Forestbed in Norfolk und in den Schieferkohlen der Schweiz), sind daher offenbar aus dem hohen Norden gekommen und hier dann in Folge des Klimawechsels ausgestorben. Da zur miocenen Zeit das Tiefland der arctischen Zone, und zwar bis zu 82° n. Br. hinauf, von einer ähnlichen Flora bekleidet war, wie wir sie jetzt in der gemässigten Zone Europas und Amerikas haben, darf die Vermuthung ausgesprochen werden, dass damals auf den Gebirgen der arctischen Zone eine der jetzigen alpinen ähnliche Flora werde gelebt haben; es wird ein ähnliches Verhältniss zwischen der Tiefland-Flora und der Gebirgs-Flora der arctischen Zone stattgefunden haben, wie es jetzt zwischen der Tiefland- Flora und der Alpen-Flora der Schweiz besteht. Diese miocene Gebiregs-Flora der arctischen Zone dürfte die Mutterflora der jetzigen arctischen Flora sein, welche zur pliocenen Zeit, als die grosse Umänderung in den klimatischen Verhältnissen vorging, in Folge dessen die reichen Laub- und Nadelholzwälder verschwanden, welche einst über das ganze arctische Land verbreitet waren, in die jetzigen Formen umgeprägt wurde. Sie stieg ins Tiefland hinab und nahm allmälig von den Gegenden Besitz, die einst eine ganz andere Vegetation getragen hatten. Glücklicher Weise haben wir darüber aus Spitzbergen einige Kunde erhalten. Dort finden wir an verschiedenen Stellen Ablagerungen, welche wahrscheinlich aus der Zeit stammen, die unmittelbar der grossen Gletscherverbreitung vorausgegangen ist. *) Unter den 9 dort gesammelten Mollusken leben 6 noch im Meer Spitzbergens, während 3 dort nicht mehr vorkommen, wohl aber an den Küsten des europäischen Eismeeres sich finden. Unter den 35 Pflanzenarten sind 28 Moose, die einen durchaus nördlichen Cha- rakter haben und der Moosflora der norwegischen Sümpfe entsprechen. Der Fueus cuna- lieulatus L., welcher sehr häufig ist, fehlt jetzt Spitzbergen und Grönland, findet sich da- gegen an der norwegischen Küste; das Zyuisetum variegatum, Salix polaris und Betula nana sind auch jetzt noch in Spitzbergen, doch die Betula sehr selten; die Salixz retusa aber fehlt jetzt Spitzbergen, ebenso die Dryas integrifolia Vahl., die aber in Grönland und Labrador zu Hause ist. Da dieses Mytilusbett Spitzbergens einige Thiere und Pflanzen enthält, die jetzt in Spitzbergen nicht mehr leben und erst in etwas südlicheren Breiten erscheinen, rühren sie wahrscheinlich aus der Zeit vor der letzten grossen Gletscher- verbreitung her und sagen uns, dass damals die aretische Gebirgsflora zum Meeresstrand hinabgestiegen war und dass Glieder der jetzigen aretischen Flora damals dort vorhanden waren. Die Salıx retusa war damals in Spitzbergen, ist jetzt da verschwunden, auch in Skandinavien selten, während sie zu den gemeinsten Alpenpflanzen gehört; umgekehrt ist die Salz polaris jetzt noch in Spitzbergen gemein, während sie in der Schweiz ausgestorben ist. Dass beide vom Norden ausgegangen, beweist ihr Vorkommen im Mytilusbett Spitzbergens. *) Vgl. Flora fossilis aretica. II. Spitzbergen, $. 88. ae ge Wenn wir das Gebirgsland der arctischen Zone als den Bildungsherd der arctisch- alpinen Flora betrachten, denken wir keineswegs, dass alle diese Arten in derselben Ge- gend entstanden seien; die einen mögen in Skandinavien, die andern in Spitzbergen und wieder andere in Grönland oder auf den jetzigen amerikanischen Inseln ihr jetziges Ge- präge erhalten haben. Da in diesem ganzen grossen Gebiete sehr ähnliche klimatische Verhältnisse bestanden, werden sie sich über dasselbe ausgebreitet haben und so nach und nach diese gleichförmige arctische Flora entstanden sein, welche in der quartären Zeit strahlenförmig nach Süden vordrang. Die Arten, welche für diese Wanderungen die besten Eigenschaften besassen (sei es, dass sie am leichtesten den veränderten Verhältnissen sich anpassen konnten, oder dass ihre Samen zur Verbreitung sich besonders eigneten oder ihre Keimkraft länger behalten), werden die grösste Verbreitung gefunden haben und zu gleicher Zeit nach allen Richtungen gewandert sein. Wir nennen als solche Arten: Trisetum subspicatum, Poa alpina, Phleum alpinum, Luzula spicata, L. spadicea, Oxyria digyna, FPolygonum viviparum, Brigeron uniflorus, Papaver alpinum, Curdamine alpina, Alsine verna, Cerastium alpinum, Silene acaulis, Rhodiola rosea, Saxifraga oppositifolia, S. stellaris, Empetrum nigrum, Potentilla nivea, Sibbaldia procumbens, Dryas octopetala, welche zu den am weitesten nach Norden vorgeschobenen Arten gehören und zugleich auf den europäischen, asiatischen und amerikanischen Gebirgen sich finden. Die merk- würdigste Art in dieser Beziehung ist das Trisetum subspicatum, das nicht nur zu den ge- meinsten Gräsern der ganzen arctischen Zone gehört, sondern auch überall auf den euro- päischen Gebirgen, in Asien und Amerika sich findet und hier den Anden bis zur Magellan- strasse folgt, ja auch auf der neuseeländischen Insel gesammelt wurde. Die Entdeckung des Grundes dieser ungeheuer grossen Verbreitung dieses Grases müsste auf die Ver- breitung der Gewächse überhaupt viel Licht werfen. Andere arctische Arten haben sich nur über Skandinavien und die amerikanischen Alpen ausgebreitet, fehlen aber den europäischen Alpen, so das Rhododendron lapponicum, Dia- pensia lapponica, Cassiope hypnoides und ©. tetragona, Antennaria alpina, Artemisia borealis, Koeniga islandica, Saxifraga flagellaris, S. rivularıs und Luzula arcuata. Und wieder andere sind nur auf die asiatischen, oder auch nur auf die europäischen Alpen vorgedrungen, wie wir früher gesehen haben. Am auffallendsten ist das sporadische Vorkommen einzelner Arten. Wir heben folgende hervor, welche der europäischen arctischen Zone fehlen: Die Koeleria hirsuta unserer Alpen ist zur Zeit nur noch aus dem aretischen Sibirien bekannt, die Festuca Halleri Vill. und Aronicum Clusii All. sind in Labrador, Eritrichium nanum, Aster alpinus und Oxytropis uralensis im arctischen Sibirien, am Altai und auf den amerikanischen Alpen, Saxifraga muscoides und exarata und Saussurea discolor, Alnus viridis und Leontopodium im arctischen Asien, Anemone alpina im arctischen Amerika. Wir glauben das Vorkommen dieser Arten am leichtesten durch die Annahme erklären zu können, dass diese Arten ursprünglich auch im arctischen Europa zu Hause gewesen, 5 en dass sie aber daselbst ausgestorben seien. Hr. Dr. Christ nimmt an, dass die Anemone alpina aus dem arctischen Amerika über Grönland in unsere Gegenden gekommen sei. Allein es fehlt die Art gegenwärtig nicht nur in Skandinavien, sondern auch in Grönland und es ist in der That nicht abzusehen, wie die Art aus dem arctischen Amerika in unsere Alpen gekommen ist. Die Art ist sehr häufig am Brocken im Harz, wo ich sie vor fünfzig Jahren gesammelt habe; das wäre eine Zwischenstation zwischen Skandinavien und unsern Alpen, in welchen sie in der alpinen Region sehr gemein, aber nicht in die nivale Region hinaufsteigt. Sie erträgt daher das nivale Klima nicht mehr und ist auch in der arctischen Zone nur in Westamerika (an der Behringstrasse) gefunden worden und hat sich nicht über die amerikanischen Alpen verbreitet. Die Annahme, dass die oben genannten Pflanzen früher in der aretischen Zone eine grössere Verbreitung hatten, als gegenwärtig, hat nichts Auffallendes, da wir ja nachweisen konnten, dass manche jetzt noch lebende Pflanzen einst im Norden gelebt haben, jetzt aber daselbst verschwunden sind, so die Pinus abies L., P. montana und Salix retusa. Wir haben dabei zu berücksichtigen, dass während der glacialen Zeit die Pflanzen der aretischen Zone manchen Wechselfällen ausgesetzt waren und wenn auch die zahlreichen Pflanzen unserer Nival-Flora beweisen, dass damals im Norden keineswegs alles Leben erstarb und der Grundstock für die aretische Flora wohl sich auch dort während dieser Zeit erhalten hat und daher nicht von Süden her wieder einwandern ınusste; mögen doch manche empfindlichere Arten dort ausgestorben sein, die sich anderwärts erhalten haben. Als die klimatischen Verhältnisse sich änderten und die Gletscher in den tiefern Gegenden schmolzen, wird die arctische Flora, die nur zurückgedrängt, aber noch vorhanden war, von allen frei gewordenen Stellen Besitz genommen haben, die sich für ihre Entwicklung eigneten. In Skandinavien aber, das durch den Golfstrom ein auffallend mildes Klima erhielt, drang von Süden und Osten die Ebenenflora ein, die nun einen wesentlichen Bestandtheil seiner Flora bildet, der mit dem südlichen Festland in Verbindung steht; während in Grönland, wie dies Hooker schlagend nachgewiesen hat, diese Einwanderung nicht stattfinden konnte, daher selbst das südliche Grönland eine rein arctische Flora besitzt, die zunächst an die arctische Flora Skandinaviens sich anschliesst. 8. Endemische Pflanzen der Nival-Region. Etwa die Hälfte der Nival-Pflanzen der Schweiz kann aus der aretischen Zone her- geleitet werden; es frägt sich aber, woher stammt die andere Hälfte, die wir als die endemische Flora der Nival-Region bezeichnen können. Eine nähere Untersuchung der- selben zeigt uns bald, dass nur wenige Arten unserm Lande ausschliesslich angehören ; ich kann von Nival-Pflanzen nur 8 Species nennen: a Senecio uniflorus All. im Wallis; Campanula exsisa Schl., die in den Gebirgen des Saasthales und des Simplon zu Hause und bis zur Furca di Bosco im Tessin vorgeschoben ist; die Primula oenensis Thom. der raetischen Alpen, die Androsace Heerüi des Segnes- passes und der Windgelle, die Oxytropis neglecta und die Herniaria alpina der Walliser Alpen und die Polygala alpina Perr., die im Engadin die Schneeregion nicht erreicht, wohl aber im Wallis in dieser sich findet. Die Androsace Charpentieri ist bis jetzt erst auf dem Monte Gamoghe (8740 Fuss ü. M.) und dem Monte Legnone (8041 Fuss ü. M.) beobachtet worden, hat daher nur einen sehr kleinen Verbreitungsbezirk. Bei der Mehrzahl der Arten reicht der Verbreitungsbezirk weit über die Grenzen unseres Landes hinaus. Blicken wir nach Osten, haben wir zahlreiche Arten, die sich auch in den östreichischen Alpen finden; wir nennen als solche: Thlaspi rotundifolium, Th. alpinum, Moehringia polygonoides, Alsine aretioides, Sazxifraga Seguierü, S. stenopetala, Androsace helvetica, A. glacialis, Campanula cenisia, Soyeria hyoseridifolia, Snecio abrotanifolius, Achillea moschata, A. atrata, Valeriana supina, Eryngium alpinum, Oxytropis foetida, Astragalus leontinus; andere sind nach den französischen Alpen zu verfolgen, so: Trifolium saxatile, Oxytropis Gaudinti. Nicht wenige Arten begegnen uns in den Karpathen, auf dem Apennin und zugleich in den Pyreneen, nämlich (21 Arten): Linaria alpina, Ranunculus montanus, R. rutaefolius, R. alpestris, Arabis bellidi- folia, A. eoerulea, Cardamine resedifolia, Draba aizoides, Cherleria sedoides, Sedum atratum, Sempervivum montanum, Saxwifraga androsacea, 8. aspera, Trifolium alpı- num, Plantago alpina, Pl. montana, Gentiana verna, Campanula pusilla, COrepis aurea, Artemisia spieata, Adenostyles albıfrons; oder in den Karpathen und Apenninen, so: Arenaria biflora, Hieracium villosum, Oxytropis montana. Oder in den Karpathen und den Pyreneen, nämlich (19 Arten): Saxifraga planifolia, S. retusa, Potentilla grandiflora, Geum montanum, Sesleria disticha, Crocus vernus, Armeria alpina, Gentiana acaulis, Phyteuma globulariae- ‚folium, Ph. hemisphaericum und Ph. Scheuchzeri, Hieracium aurantiacum, Leon- todon Tarazaei, Homogyne alpina, Chrysanthemum alpinum, Aronicum scorpioides, Senecio incanus, Hutschinsia alpina, Petrocallis pyrenaica ; oder doch in den Karpathen, nämlich (7 Arten): Dianthus glacialis, Saxifraga caesia, Geum reptans, Primula glutinosa, Soldanella pusilla, Androsace obtusifolia, Ithododendron hursutum. Andere treffen wir nur noch in den Apenninen, so: Viola calcarata, Gentiana bavarica, Adenostyles leucophylla ; re oder den Apenninen und Pyreneen: Sempervivum arachnoideum, Rhamnus pumilus, Trifolium caespitosum, Aretia Vitaliana, Artemisia mutellina; oder in den Pyreneen (12 Species), so: Braya pinnatifida, Potentilla minima, Alchemilla pentaphyllea, Primula integri- folia, Pr. viscosa, Pr. latifoha, Androsace imbricata A. pubescens, Gentiana brachy- phylla, Rhododendron ferrugineum, Hieracium albidum und Achilles nana, wovon einige den dazwischen liegenden französischen Alpen fehlen, während andere da- selbst vorkommen. Diese Zusammenstellung zeigt uns, dass die endemischen nivalen Pflanzen, welche nicht aus dem Norden gekommen sind, über einen grossen Theil der Alpenkette verbreitet sind. Nur wenige Arten sind auf kleine Verbreitungsbezirke beschränkt, die meisten, und gerade die häufigsten Arten, lassen sich von den französischen Alpen bis zu den Alpen von Tyrol, Steiermark und Kärnthen, ja viele bis in die Karpathen und anderseits über den Apennin und bis zu den Pyreneen verfolgen. Da die Schweizer Alpen in der Mitte liegen zwischen den Pyreneen und den Karpathen, dürfen wir wohl annehmen, dass die Verbreitung dieser Pflanzen von unsern Alpen aus- gegangen sei; dass sie in diesem höchsten Gebirgsland Europas entstanden und sie sich von da nach Osten bis in die Karpathen, im Süden über den Apennin und im Westen über die französischen Alpen bis zu den Pyreneen verbreitet haben. Da der grosse Walliser Gletscher durch das Rhonenthal bis in die Gegend von Lyon und Valence vordrang, zeigt er uns den Weg, den diese Alpenpflanzen genommen haben. Er brachte eine ungeheure Masse von Gesteinen aus den Alpen in diese Gegenden und mit denselben werden auch Pflanzen ins Tiefland gekommen sein. Der grosse Walliser Gletscherstrom theilte sich am Genfersee in zwei Arme, von denen der Eine das Rhonethal hinabging, der Andere aber längs des Jura verlief und diesen mit Alpengesteinen überschüttete. Nehmen wir die Walliser Berge als einen der Bildungsherde der alpinen endemischen Flora an, wird sie diesem Strome folgend theils nach Frankreich, theils nach dem Jura gelangt sein, dessen alpine Flora grossentheils mit derjenigen des Wallis und der Dauphine überein- stimmt, weil sie ihr aus derselben Quelle zukam.“) Da die Gletscher der zweiten Eiszeit die grösste Ausdehnung hatten, wird auf diese Zeit die grösste Ausbreitung der alpinen Flora fallen und zu dieser Zeit wird sie schon die Beimischung arctischer Pflanzen er- halten haben, welche nun mit den endemisch-alpinen sich nach allen Richtungen aus- breiteten. Wie die arctischen Pflanzen keineswegs in einem eng begrenzten Gebiet entstanden sind, so werden auch die endemischen alpinen Arten in sehr verschiedenen Theilen der Alpen *), Einige Pflanzen der Mittelmeer-Flora, die wir im Jura finden, sind sehr wahrscheinlich erst später von Süden her eingewandert, wie die mediterraneischen Pflanzen des Wallis. a a P h ch a ihr Gepräge erhalten haben. In erster Linie werden wir dafür die Umgebungen des Monte Rosa in Anspruch zu nehmen haben, da sie durch grossen Pflanzenreichthum sich auszeichnen und die Arten hier am höchsten hinaufsteigen, für die nivale hochalpine Flora sich hier daher die günstigsten Bedingungen finden; andere aber, die wir jetzt nur in den Ostalpen antreffen, werden da sich gebildet haben und wieder andere in den äussern Kalkalpen. Wollen wir uns aber eine Vorstellung machen, wie diese Alpenpflanzen entstanden seien, müssen wir gestehen, dass wir da vor einem grossen, noch ungelösten Räthsel stehen. Das Dunkel, welches noch die Entstehung unserer Alpenflora, wie aber auch der arctischen Flora umgibt, wird sich erst aufhellen, wenn es gelingen wird, den Zusammen- hang derselben mit der Pflanzenwelt der vorangegangenen Zeiten nachzuweisen. Es unterliegt keinem Zweifel, dass wir schon zur Zeit der alten Steinkohlenbildung Festland in der Richtung unserer Alpen gehabt haben, denn nur auf einem solchen kann sich die Carbon-Flora angesiedelt haben, die wir aus der Dauphine, Savoyen, Wallis, vom Tödi, aus Tyrol, Steiermark und Kärnthen kennen. Freilich haben wir aus den spätern Perioden, der Trias, Jura und Kreide, nur sehr spärliche Kunde von Festlandpflanzen aus den Alpen und aus dem Tertiärland fehlen sie völlig. Es kann sich daher die Annahme, dass dennoch während dieser langen Zeit ein Streifen von Festland in der Richtung unserer Centralalpen bestand, nur auf die Thatsache stützen, dass hier das krystallinische Gebirge von keinen marinen Ablagerungen bedeckt ist und zur miocenen Zeit das Meer nirgends in das Gebiet der Alpen eingedrungen ist. Die Nagelfluh- und Sandsteinmassen, welche wir längs des Nordrandes der Alpen treffen, haben ihr Material zum Theil wenigstens aus dem Gebiet der Alpen erhalten und werden theilweise als Deltabildungen alpiner Flüsse betrachtet. Immerhin haben wir nicht zu vergessen, dass noch zur eocenen Zeit die Diablerets am Meeresgrund lagen und auch in der östlichen Schweiz marine Flysch- ablagerungen um 8000 Fuss ü. M. sich finden. Es sind alle Geologen damit einverstanden, dass die Alpen erst zu Ende der pliocenen Zeit ihre jetzige Gestalt und Höhe erhalten haben. Wenn auch zur miocenen Zeit Fest- land in der Richtung unserer Alpen bestand, muss es doch nach Umfang und Höhe von der Configuration unserer jetzigen Gebirgswelt sehr verschieden gewesen sein, ohne dass wir im Stande sind, uns eine deutliche Vorstellung von demselben zu bilden. Für den Beginn der quartären Periode haben wir dagegen die topographische Grundlage und somit eine der Grundbedingungen für unsere Alpenflora erhalten. Da in dieser Zeit die Pflanzen- und Thierwelt Europas ihr jetziges Gepräge erhielt, dürfen wir annehmen, dass damals mit den Alpenpflanzen eine Umwandlung und Anpassung an die neuen, durch die Hebung der Alpen verursachten Verhältnisse stattgefunden habe. Dass die Mutterpflanzen, aus denen sie hervorgegangen, in einem miocenen Gebirgslande gelebt haben, ist wohl wahr- scheinlich, doch fehlen uns zur Zeit noch für die alpine Flora alle Anknüpfungspunkte an die tertiäre Flora, die wir aus dem Tieflande der Schweiz und Öberitaliens kennen. u Während manche dieser miocenen Arten in naher Beziehung stehen zu den Bäumen und Sträuchern, die jetzt das Tiefland der Schweiz einnehmen und mit denselben in genetischen Zusammenhang gebracht werden können, fehlen uns für die Alpenflora alle Bindeglieder. Es sind nicht nur alle Arten, sondern auch die meisten Gattungen von denen der Alpen- flora verschieden. Es kann sich aber fragen, ob die endemischen Alpenpflanzen nicht von den Ebenen- pflanzen hergeleitet werden können, die durch Anpassung an das Alpenklima umgewandelt wurden. Wir haben früher gesehen, dass eine Zahl von Ebenenpflanzen in die nivale Region hinaufsteigt und dass dieselben eine etwelche Umwandlung erlitten haben, was zugleich zeigt, dass die Einwanderung schon vor sehr langer Zeit stattgefunden hat. Wir können diesen 20 Ebenenpflanzen der nivalen Region noch einige Arten beifügen, die von jetzt im Tiefland lebenden Arten hergeleitet werden können, so Armeria alpina, Erio- phorum Scheuchzeri, Adenostyles leucophylla, Potentilla alpestris; bei der grossen Mehrzahl der Nival-Pflanzen kann aber kein solcher Zusammenhang mit Ebenenpflanzen nach- gewiesen werden. Auch von den aretischen Arten sind die meisten endemischen alpinen ganz verschieden. Nur wenige können als eine weitere Entfaltung von solchen betrachtet werden; so allen- falls die Saxifraga retusa, die aus der $. oppositifolia und die S. Kochii, die aus der S. biflora hergeleitet werden kann. Die so merkwürdigen, überaus niedlichen Primulaceen der Hochalpen, die Soldanellen, Aretien, Androsacen und Primeln, die eigenthümlichen Schafgarben und Steinbrecharten, die Baldriane und Phyteuma und Campanulen und zahl- reichen Gentianen stehen ausser allem Zusammenhang mit der arctischen Flora, wie mit der Flora des Tieflandes und da wir sie nicht aus dem Auslande, wo zur Tertiärzeit nirgends eine hohe Alpenwelt bestand, herleiten können, werden wir anzunehmen haben, dass sie in dem Gebirgslande der Schweiz entstanden sei und dürfen wenigstens als Ver- muthung aussprechen, dass die Flora, welche in frühern Weltaltern das Gebirgsland der Oentralschweiz bewohnt hat, die Grundlage für unsere endemische Alpenflora bildet, die zu Anfang der quartären Periode ihr jetziges Gepräge erhielt. Dass sie während der Gletscherzeit unser Land bewohnte, bezeugen die in Gletscherablagerungen gefundenen Pflanzenreste und die Thatsache, dass über 300 Pflanzenarten noch jetzt die nivale Region bewohnen, sagt uns, dass auch zur Zeit der grössten Ausdehnung der Gletscher die nivale Flora überall, wo von Eis und Schnee entblösste Stellen sich fanden, leben konnten. Und dass viele solcher Stellen vorhanden waren, beweist das ungeheure Blockmaterial, das dureh die Gletscher ins Tiefland transportirt wurde, da dieses nur von eisfreien Stellen herrühren kann. Die Annahme, dass die Alpenpflanzen erst nach der Gletscherzeit ent- standen seien, ist daher eine irrige. Noch irriger ist freilich die Hypothese von Hrn. J. Ball, der die Alpenflora aus der Steinkohlenperiode herleitet. Er nimmt für dieselbe sehr hohe Gebirge an, und lässt auf diesen Hochgebirgen der Kohlenzeit die Alpenflora entstehen und meint, dass manche Species aus dieser Periode bis in die jetzige Zeit sich Er a erhalten haben. Wenn schon die Annahme eines Hochalpenlandes zur Carbonzeit höchst gewagt ist, da nirgends ein solches sich nachweisen lässt, widerspricht die Hypothese, dass jetzt lebende Arten schon zur Zeit der Steinkohle 'existirt haben, allen Ergebnissen der Palaeontologie. Diese beweisen, dass keine einzige Pflanzenart dieser Periode in die jetzige Schöpfung übergegangen ist und dass seit der Zeit ein vielfacher Wechsel der Formen stattgefunden hat. 9. Beziehung der nivalen Flora zur Insectenwelt. Die untern Regionen unserer Gebirge sind von einer reichen Inseetenwelt belebt, welche durch die Schmetterlinge, die Bienen und Hummeln einen grossen Einfluss auf die Befruchtung der Pflanzen ausüben. Nach den Gebirgshöhen zu nimmt aber die Zahl der Inseeten- wie überhaupt der Thier-Arten viel rascher ab, als bei den Pflanzen, und die Schneeregion beherbergt nur eine sehr geringe Zahl derselben. In Bünden habe ich, ab- gesehen von den nur zufällig durch den Wind in die Höhe getriebenen Thieren, über 9000 Fuss ü. M. keine Insecten mehr gesehen, und von 8500 bis 9000 Fuss noch 13 Käferarten, 3 Schmetterlinge, eine Holzlaus und eine Schlupfwespe. Die Käfer leben nicht auf Blumen, sondern sämmtlich unter Steinen und gehören grossentheils zu den flügellosen Laufkäfern (Nebria, Irechus). Höher steigen die Insecten im Wallis, und Hr. Prof. Frey führt in seinem Werke über die Schmetterlinge der Schweiz (S. XVI) »von den höchsten Grenzplätzen des Lebens, in ungefährer Höhe von 8500 Fuss« noch 10 Schmetterlingsarten auf, nämlich: Pieris Callidice Esp. (Piz Corvatsch, am Gornergrat), Argynnis Pales Schiff., Erebia Gorge Esp., Arctia corvina Fall. (Gornergrat, etwa 400 Fuss unter der Höhe), Agrotis culminicola Stgr. (am Gornergrat bei 9000 Fuss), Dasydia tenebraria Esp. (Gornergrat und Piz Languard 10,053 Fuss), Psodos alticolaria Mann (Stelvio), Scoparia Valesialis Dup. (ant Gornergrat), Dichrorampha Harpeana Frey (am Gornergrat), Butalis glacialis Frey (am Gornergrat). Die umfangreichsten Beobachtungen über das Verhältniss der Insecten zu den Alpen- pflanzen verdanken wir Hrn. Dr. Hermann Müller*), doch berühren dieselben die Nival- Region nur in sehr geringem Grade. Dabei haben wir zu berücksichtigen, dass nur die- jenigen Insecten, welche von Blume zu Blume fliegen, den Blumenstaub auf andere Pflanzen vertragen, nicht aber die Arten, welche nur einzelne Blumen besuchen und auf diesen verweilen. Die meisten die Blumen besuchenden Käfer- und Fliegen-Arten gehören zu dieser Classe und können wohl die Selbstbefruchtung befördern, ohne aber an der Weiter- *) Dr. H. Müller, Alpenblumen, ihre Befruchtung durch Inseeten und ihre Anpassungen an die- selben. Leipzig, 1881. Een verbreitung des Pollens sich zu betheiligen. Auch von den Schmetterlingen sind es weniger die Tagschmetterlinge, als die Schwärmer und Nocturnen, kurz die dickleibigen Arten, denen der Nektar Einer Blume nicht genügen kann, welche mit den Hummeln und Bienen-Arten durch Vertragung des Blumenstaubes an der Befruchtung der Pflanzen sich betheiligen. Die Hummeln und Bienen bleiben unter 8000 Fuss ü. M. zurück und die Lepidopteren werden schon zwischen 8000 und 9000 Fuss ü. M. so selten, dass sie daselbst kaum einen wesentlichen Einfluss auf die Befruchtung der Blumen ausüben können; über 9000 Fuss, wo wir doch noch 152 Blüthenpflanzen-Arten nachgewiesen haben, fehlen die an- sässigen Schmetterlinge fast überall. Die Befruchtung der Pflanzen findet daher in Höhen über 9000 Fuss ü. M. ohne Zuthun der Insecten statt und auch in der Höhenzone von 8000 bis 9000 Fuss kann der Einfluss derselben kein erheblicher sein. Man kann dabei freilich die Frage aufwerfen, ob in diesen Höhen überhaupt eine Befruchtung stattfinde und es muss zugegeben werden, dass wir die Nival-Pflanzen in den angegebenen Standpunkten wohl in Blüthe, aber nur die kleinere Zahl derselben (ich nenne die Androsace glacialis und Draba) auch in Früchten gesehen haben, weil wir eben nur im Sommer diese Höhen besuchen konnten. Die Verbreitung dieser Pflanzen nach oben setzt indessen ihre Samenbildung voraus. Nach unten können die Gebirgspflanzen leicht durch Wasser und Bergstürze gelangen, nach oben aber nur durch den Wind und als Samen. Wir haben früher erwähnt, dass 1835 nur die Androsuce glaciulis auf der obersten Spitze des Piz Linard sich vorfand, während 20 Jahre später auch der @letscherranunkel und das Chrysanthemum alpinum sich dort angesiedelt hatten, von welchen 1835 die letzten Pflanzen 200 und 300 Fuss tiefer unten standen. Sie können nur durch Samen auf den Gipfel ‚gelangt sein. Dann haben wir zu berücksichtigen, dass die Nival-Region noch 13 einjährige Pflanzen- arten beherbergt, die alle Jahre ihre Früchte reifen müssen, um in diesen Höhen bestehen zu können. Nachwort. Mit diesen letzten Zeilen endet das Manuscript des Verfassers. Da die verschiedenen Bestandtheile der nivalen Flora der Schweiz und ihre Beziehungen zu den analogen Floren anderer Gegenden der Erde erschöpfend abgehandelt sind, fehlt der Arbeit, um vollständig zu sein, nur der letzte zusammenfassende Schlussabsehnitt. Wirklich äusserte sich unser Freund, kurz vor seiner letzten Erkrankung, zur Beendigung derselben nur acht Tage nöthig zu haben. Fine letzte Revision hätte vielleicht einige kleine Aenderungen zur Folge gehabt, aber dem wahren Inhalte der Untersuchung nichts Wesentliches hinzugefügt. u ie ee (Sr SA Dar Be a? Y f er, Prof. Heer war in der That gewohnt, nach einem überdachten festen Plane zu arbeiten und besass die Gabe, seinen Gedanken sogleich den richtigen Ausdruck zu geben. Dies gestattete uns denn, den Text, wie er ist, ohne irgend eine Veränderung von unserer Seite, zu publieiren. Dasselbe gilt von den umfangreichen Verzeichnissen über die nivalen Floren der ver- schiedenen Gebirge der Schweiz und anderer Gegenden der Erde, welche die wahre Grund- lage der Abhandlung bilden. Wir geben auch diese möglichst treu wieder, obgleich hier, wegen der zahlreichen Einschaltungen und Correcturen, eine Revision durch die Hand des Verfassers und eine nochmalige Abzählung der Arten, höchst wünschbar gewesen wäre. Wir glauben den Lesern der Abhandlung einen wesentlichen Dienst zu leisten, indem wir, als Ersatz für den fehlenden Endabschnitt, die Schlusssätze wörtlich aufnehmen, mit denen der Verfasser die in der allgemeinen Versammlung der Naturforscher in Zürich vorgelesene Uebersicht seiner Untersuchungen abschliesst. Es sind die folgenden: 1) Wir kennen gegenwärtig in der Schweiz 337 Arten Blüthenpflanzen, welche von 8000 bis 13,000 Par. Fuss ü. M. beobachtet wurden; 12 dieser Arten sind noch über 12,000 Fuss gefunden worden. 2) Alle diese Arten finden sich im untersten Stockwerk der nivalen Region, 8000 bis 8500 Fuss ü. M. Ueber 8500 Fuss haben wir keine Art mehr, die dieser Höhe eigen- thümlich ist. 3) Yıo der Arten der nivalen Region besteht aus Arten der Ebenen-Flora, ”/ıo aus Gebirgspflanzen ; von diesen gehört die Mehrzahl der alpinen Region an, etwa '/ı der Arten hat aber über 8000 Fuss ü. M. ihre grösste Verbreitung. Sie bilden die nivalen Pflanzen im engern Sinn. Während die Ebenenpflanzen, wie die Pflanzen der montanen und sub- alpinen Region, bei 9500 Fuss verschwunden sind, sind die nivalen mit wenigen alpinen Arten die letzten Kinder der Flora. 4) Die Gebirgsmasse des Monte Rosa enthält die reichste nivale Flora; diese steigt hier höher hinauf als in den raetischen Alpen und hier höher als in den Glarner Alpen. 5) Die Mehrzahl der Arten ist durch das ganze Alpengebiet verbreitet; nur ein kleiner Theil findet sich ausschliesslich im Osten, vom Orteler bis zum Gotthard, oder im Westen vom Gotthard bis nach Savoyen. 6) Gegen die Hälfte der Pflanzen der nivalen Region stammt aus der arctischen Zone und ist sehr wahrscheinlich zur Gletscherzeit über Skandinavien in unsere Gegenden ge- kommen, da das arctische Europa die grösste Zahl (140) von Arten besitzt, welche unsere nivale Flora mit der arctischen Zone gemeinsam hat. 7) Diese aretische Flora ist wahrscheinlich auf den Gebirgen der arctischen Zone entstanden und stand zur miocenen Zeit zur Flora des arctischen Tieflandes in demselben Verhältniss, wie die jetzige alpine Flora zu der Flora der ebenen Schweiz. 8) Die miocene arctische Flora rückte schon zur Tertiärzeit nach Europa vor und die europäische Tertiärflora erhielt von derselben die Typen, welche jetzt die gemässigte 6 —_— 2 — | Zone characterisiren, namentlich die Nadelhölzer und Laubbäume mit fallendem Laub. Sie nahmen mit der Zeit immer mehr über die tropischen und subtropischen Formen überhand, welche die Ureinwohner dieser Gegenden bildeten, und wurden zu den Mutter- pflanzen eines Theiles der jetzigen Flora des Tieflandes. 9) Zur Gletscherzeit stiegen die Gebirgspflanzen der arctischen Zone ins Tiefland hinab und verbreiteten sich mit den Gletschern nach Süden. Wie zur Tertiärzeit die Bäume und Sträucher mit fallendem Laub nach Süden wanderten, so zur Gletscherzeit die Gebirgspflanzen; und dass diese Wanderung strahlenförmig von Norden ausging, beweist die Thatsache, dass nicht allein in der Schneeregion unserer Alpen fast die Hälfte der Pflanzenarten aus arctischen Arten besteht, sondern auch die amerikanischen Gebirge, wie anderseits der Altai und selbst der Himalaya, eine ganze Zahl solcher aretischen Arten besitzen und mit den’Schweizer-Alpen gemein haben. Wir wissen, dass schon zur Tertiär- zeit und ebenso auch zur Zeit der obern Kreide eine Zahl von Pflanzen von Grönland aus bis nach Nebraska in Nordamerika, wie anderseits bis nach Böhmen und Mähren und bis nach Südeuropa verfolgt werden können. Also zur Zeit der Kreidebildung, im Tertiär und in der jetzigen Schöpfung begegnet uns dieselbe Erscheinung, dass Europa mit Amerika eine Zahl von Arten gemeinsam hat, die damals auch in der arctischen Zone zu Hause waren und daher sehr wahrscheinlich von da, als ihrer ursprünglichen Heimath, ausgegangen sind. Es hat sich also derselbe Process in verschiedenen Weltaltern wiederholt; es hat die Pflanzenwelt des hohen Nordens zu allen Zeiten einen grossen Einfluss auf die Bil- dung der Pflanzendecke Europas ausgeübt. 10) Die endemische Flora der nivalen Region entstand in unsern Alpen; einen Haupt- bildungsherd derselben scheint die Monte-Rosa-Kette gebildet zu haben, in welcher wahr- scheinlich auch während der Gletscherzeit ausgedehnte Gebirgsmassen von Eis und Firn befreit waren. 11) Diese Flora erhielt zu Anfang der quartären Zeit ihr jetziges Gepräge und ver- breitete sich auf den Moränen der Gletscher ins Tiefland und in die Gebirgsgegenden der Nachbarländer. 12) Ihre Mutterflora hatte wahrscheinlich in dem tertiären Gebirgslande der Schweiz ihren Sitz. Die Denkschriften - Commission. ma DEE BEUNIT. UNTEN er ee en * ’ x a Verzeichniss I. Nivale Flora der Raetischen Alpen. _ E Ebenenpflanzen. — m Montane. — Sa Südalpine. — a Alpine, die nicht unter 5500 P, F, gefunden werden, — 4A Alpine, die auch in der südalpinen Region sind. — n Nivale, die nicht unter 5000 F. sich finden — N Nivale, die auch unter 5000 F. vorkommen, Gebirgsart: v krystallinisches Gestein. — k Kalk. Namensabkürzungen: Br. = Brügger; Kill. = Killias; Kr. = Krättli; Cav. — Caviezl. Von 8000 P. F. Von 8501 P, F. Von 9001 P. F. | V.9501P.F. | V.10001 P.F. bis bis bis bis bis 8500 P. F. 9000 P. F. 9500 P. F. 10000 P. F. 11000 P. F. Gestein. Cupressineae. A | Juniperus nana Willd. | u | Am Bernina 8070 Am P. Hot 8600 Br. — _ = Kamm zw. Misox u. Calanca 8324 F. Am Piz Languard Gramineae. A | Agrostisrupestris All.| u | Forcellina, Avers Duanapass Avers AmP.Languard —_ — Flessalp 8100 Br. 8589 Br, 9500 Br. Scaletta 8062 Lenzeralp Alveneueralpen 8300—8500 Bernina 8070 Fimberpass Br. Beverseralp 8300 Am P. Linard 8400 a |— alpina Scop. Eroserfurka. Lenzer- | Lavirums Br, -- —_ - alp. Br. Parpaner Rothhorn bei 8000 Br. Am Padella Alveneueralpen 8300—8500 Br. a |Avena distichophylla | u | P. Toissa 8194 Br. Lavirums Br. _ — _ Vill. Fimberpass 8019 P. Padella Ducanpass Br. Furcahorn 8400 Br. Weisshorn Br. Lenzeralp A | — versicolor Vill. u | Scaradra 84—8500 Am Bernina — __ — Weisshornb. 8000Br. | Umbrail 8914 Valettapass 8144 Cima di Sponda lunga Forcellina Br, 8767 Kummerhubel 130 Lavirums 8620 Br. Bernina bei 8070 u. | Am P. Hot 8600 Br. 8200 P. Padella Br. Flessalp am Languard Scaletta 8062 44 mtl tell a AvenasubspicataL.sp. (Lavirums 6800) (= Trisetum subspicatum P. B.) Aira caespitosa L. var. alpina Poa alpina L. var, vivipara var. frigida Gaud. — caesia Sm. var. aspera Gaud. — laxa Hke. Gestein. u k k u Von 8000 P. F. Von 8501 P. FE. Von 9001 P. F. | V.9501 P.F. | V.10001 P.F. bis bis bis bis bis 8500 P. F, 9000 P. F. 9500 P. F. 10000 P. F. 11000 P. F. ee Be Tr Surcarungapass Mt. Uccello 8594 P. Beverin Br. |AmP.Hotbei _ 8128 Br. P. Hot 8600 Minschun 9454| 10000 Kr. R Beverserthal 8309 Am P. Padella zw. 8500 |Am P. Languard Flimserstein 8000 und 9000 Br. bis 9500 Cav, (Bernoulli) P. Pombio 9000 Br. Eroserpass P. Lunghino 8558 Br. Kupfenfluh. Schwarz- horn Br. Ardenpass Am P. Linard Fimberpass 8819 Br, Bernina Forcellinerpass — en ar gt Am P. Languard Am Beverin Br. Stallaberg Br. P. Toissa 8194 Br. Am Rothhorn 8927 Br. | Beverserberg — — Valetta 8144 Br. Am Umbrail 9266 Weisshorn Cima di Sponda lunga | Am Minschun Scaletta 8062 8767—8800 bei 9080 u. auf Beverserthal 8400 Lavirums Br. der Höhe 9454 Bernina b. 8070 i Scaletta Sass Corriglia 8823 Br. - == 222 Flessalp 8100 Am Rothhorn Br. Lavirumserpass 8300 | Am Umbrail 8914 E= = = x Am P. Padella 8619 Br, P. Laiblau 8490 Br. | Rothhorn 8927 Br. Piz centrale Lavirumser-| P. Linard bei Scaradra 8400 bis Scaradrapass 8600 Beverserberg | berg 9554 | 10200 8500 Canalpass 8792 9266 AmP.Linard| P. Languard Kamm zw. Misox und | Duanapass 8589 Br. | Am Bernina bis 9400 u. | 10053 Br, Calanca 8324 Lavirumserpass 5700 9041 9600 P. Hot Forcellinapass Br. Sass Corriglia 8813 Am Braulio |P. Hot 10001 Br. Valetta Samnaunpass 8800 9100 9800 Br. Alveneueralp W. ob Wormserjoch G. di Sponda Lenzeralp 8600 lunga 9074 a a var. flavescens Gaud. — cenisia All. — minor Gaud. u Beverseralp 8300 und 8456 Scaletta 8062 Flessalp 8100 F. d. Commarina 8000 bis 8110 Br. Am P, Linard 8300 Bernina Br. Thäli Luerle Avers Fimberjoch 8019 P. Padella Br. Ducanpass Br. Am Lischanagletscher P. Musch Erosafurka Br. Kill. Alveneueralp 6. di Sponda lunga 8767 P. Lunghino 8558 Br. Mt. Uecello 8594 Lavirums Br. Giantun 9497 P. Pombio 9150 Br. P. Beverins Br. his gt Ks | Von 8000 P. F. Von 8501 P. F. Von 9001 P. F. | V.9501P.F. | V.10001P.F. o * fi . * - bis bis bis » bis bis _ 8 8500 P. F, 9000 P. F. 9500 P. F. 10001 P. F. | 11000 P. F. E |Poa annua L. varia | k | Weisshorn 8173 Br. a & = EN Am Languard m |Sesleria eoerulea L. | k | Unter d. Lavirumser- | Samnaunerpass 8860Br., — _ — pass 8300 P. Hof 8000 Br. Am P. Padella bei 8000 N | — disticha Pers. Surcarungapass Br. Duana Avers 8509 Br. Am Umbrail \Lavirumser- | P. Languard (ob Bevers 5600) k | Zw. Misox und Calanca | Scaradra 8600 C. di Sponda | berg 9554 | 10053 Br. N | Festuca pumila All. (b. Bevers var.elongata) a |— pilosa Hall fil. (F. raetica Sut.) — ovina L. var. alpina Gand. var. violacea Gaud. a | — Halleri Vill. E |— rubra L. var. alpina Willk. E | — heterophylla Lam. 8324 Forcellinapass Br, u | Valetta 8150 Alveneueralp P. Musch Schwarzhorn Scaletta 8060 Flessalp 8100 Beverseralp 8300 Am P. Linard 8400 Am Bernina 8070 und 8198 F. d. Öommerina 8000 bis 8110 Br. u | Zw. Misox und Calanca 8324 k | Furkahorn 8400 Beverserthal 8400 Fimberpass Br. Am Lavirumserpass bei 8300 u | Scaradra 8400 bis 8500 k |S. Michel 8004 Br. Eroserfurka Br. Furkahorn 8400 Weisshorn 8173 u | Bernina 8070 Fimberpass und Roth- horn 8000 Br. Forcellinapass Br. Bernina Murettopass Br. P. Pombio Br, F. di Commarina Calanda 8250 k | Am P, Padella Br. ? Rothhorn 8927 Br. Beverseralp 8600 Sass Corriglia 8812 Br, Lavirumserpass 8700 Ob. Wormserjoch 8600 bis 8914 €. diSponda lunga 8767 Mt. Uccello 8594 Sass Corriglia 8812 Br. Beverserthal 8600 C. di Sponda lunga 8767 P. Lunghino 8558 Br. Scaradra 8600 P. Hot 8600 Br. Bernina 9000 Lavirumserpass 8700 Am Umbrail 8600 und 8914 C. di Sponda lunga 8767 Am Umbrail bis 8600 Rothhorn 8930 Br. Lavirums 8770 Br, Lunghino 8558 Br. Am Combio b. 9000 Br. lunga 9074 P. Cotschen 9324 Kill, P. Languard bis 9500 Gav. Minschun 9454 Am Umbrail 9100 Ciantun 9497 A.Umbrail9100 GC. di Sponda lunga 9074 P. Cotschen 9325 Kill. P. Lischanna 9544 Kill. 46 A Gestein. Von 8000 P. F. bis 8500 P. F. Von 8501 P. F. bis 9000 P. F. Von 9001 P. F. bis 9500 P. F, V. 9501 P,F, bis 10000 P. F, V.10001P.F, bis 11000 P. F. a Phleum alpinum L. var. nigrescens Lam. var. commutatum Gaud. Koeleria hirsuta Gaud. Nardus stricta L. Anthoxanthum odo- ratum L. Cyperaceae. Elyna spieata Schr. (Val. Camogask 5600) Kobresia carieina Willd. Carex mucronata All. — lagopina Wahleg. — Persoonii Sieb. — rupestris All. — nigra All. — ericetorum Pall. var. membranacea Hoppe u Am Bernina 8070 Bernina Fimberpass Alveneueralpen Languard Bernina Br. Bernina 8070 Am P. Padella Br. Scaradra 8400 bis 8500 Lenzeralp Br Weisshorn Arosa Br, Alveneueralpen Br, Kamm zw. Misox und Calanka 8324 Grimselpass Avers Br. Beverserberg 8309 und 8656 Fimberpass 8020 Bernina Alveneueralpen 8300 bis 8500 Br. Sealetta Alveneuerpass Lenzeralp Bernina P. Padella Flessalp Bernina Br. Am Lavirumserberg P. Toissa 8194 Br. Flimserstein 8000 Bern. Alp da Surlei gegen Piz Castellatsch Ducanpass Weisshorn Alveneueralpen 8300 Val Rosegg 8100 Surcarungapass Forcellinapass Thäli Luerle Camogaskerthal Stallaberg Laviruns Br, P. Padella Br. Kamm zw. Bevers und Albulathal 8600 Samnaunpass 8860 Br. Lavirumserpass 8700 Suredenpass 8527 Piz Hot bis 9000 Kr. Sass Corviglia 8813 Br. Piz Padella 8300 Val Saluver Br, Lavirums Br, Am P. Languard bis 9500 Cav, AT — mm U on Gestein, Von 8000 P. F, bis 8500 P. F. Von 8501 P. F. bis 9000 P. F. Von 9001 P. F. bis 9500 P. F. V. 9501 P. F. bis 10000 P. F. V. 10001 P.F, bis 11000 P. F. A |Carex atrata L. N Sa — curvula All. (Rheinwald 6000) — foetida All. — firma Host. — frigida All. — sempervirens Vill. — ustulata Wahlb. — panicea L. var. Eriophorum Scheuch- zeri Hoppe Laretalp 8000 Surcarungapass Beverseralp 8400 Fimberpass Br. Alveneueralpen 8300 P. Musch Avers Schwarzhorn P. Laiblau 5400 Br. Zw. Misox und Calanca 8324 Thäli Luerle Alveneueralpen Br. Schneehorn Br, Valettapass 8050-8144 Forcellinapass Br. Beverseralp 8300-8456 P. Padella Scaletta Seisseralp 8100 Am P. Pombio 8500 Commarina Am Piz Linard 8400 Forcellinapass Br, Thäli Luerle Schams 8158 Br. Eroserfurka Br. Weisshorn Arosa Br, Scaletta 8062 Am Stallaberg Br. St. Michel 8004 Kr. P. Hot 8000 Br. Am P. Padella 8000 Valetta 8050 Auf der Höhe 8144 Fimberpass Br. Forcellinapass Jupperhorn P. Pombio 8000 Weisshorn 8000 Br. P. Padella Ducanpass Br. Fimberpass Br. Fimberpass 8020 Br. Am Stallaberg 8050 Bernina Scaletta 8060 Br, Am P. Beyerin Zw. Bevers und Albula- thal 8600 Stelvio Am Beverin Suredenapass 8527 Am Piz Beverin Duanapass Br. Zw. Bevers und Albula 8600 Lavirumserpass 8700 Am Umbrail 8914 C. diSponda lunga 8767 Lavirums Br. Samnaunpass Br. Lavirums Br. P. Minschun 9454 Lavirumserberg| Lavirumser- P.Cotschen Kill. P. Hot 9500Br.) Spitze 9554 P. Cotsehen 9325 Kil. berg fi P.Languard Br. ae 48 ea ee Gestein. Von 8000 P. F, bis 8500 P. F. Von 8501 P. F. bis 9000 P. F. Von 9001 P.F. bis 9500 P,. F, V. 9501 P. F. bis 10000 P. F. V.10001 P. F, bis 11000 P. F. ss zz ng Juncaceae. Luzula spicata D C. (Gotthard 6500) — spadicea All. sp. (Bernina 6500 Beverserthal 6900 Scaradra 6200) — multiflora Ehrh. sp. var. nigrescens Desv. — lutea All. sp. Juncus Jaequini L. trifidus L. Avers Surcarungapass Br. Alveneueralpen Br. Am P. Linard 8400 Beverseralp 8300 Vigera Fimberpass Br. F. d. Commarina Br. P. Pombio b. 8500 Br. Zw. Misox und Calanca 8324 Kummerhubel Surcarungapass Avers Br. Beverserthal 8300 Lavirums 8300 Valetta 8144 Forcellinapass Br. Bernina 80,70 Flessalp Scaletta F. d. Commarina Br. 8000 — 8110 Eroserfurka 8158 Br. Surcarungapass 8128 Br. Avers. P. Musch Eroserfurka Br. Surcarunga Alveneueralpen Br. Am P. Linard 8400 Lavirums 8312 Br. Commarina Flessalp 8000 Fimberpass Br. Weisshorn P. Musch Surcarungapass Alveneueralpen Br. A. P. Beverin 8000 Br, Forcellinapass P. Padella Br. Scaletta A.Combrenab.85000av. Alp Scaradra Commarina P. Padella 8400-8500 P. Pombio 8000 Lenzeralp Br. Alveneueralpen Br. Weisshorn Br. P. Beverin Parpaner Rothhorn 8927 Br. Sureden 8577 P. Languard Br. Bernina 9000 P. Hot 9000 Br. Am Umbrail 8914 Lavirums 8620 Br. Am Piz Beverin Br. Suredenpass 8527 Lavirums 8620 Am Umbrail Lavirumserpass 8700 Cima di Sponda lunga 8767 Kamm zw. Beverser u, Albulathal 8600 Duanapass Avers 8589 Br. P. Gentrale bis 9100 C. d. Sponda lunga 9074 Am Branlio bis 9100 P. Cotschen 9325 Kill. Am P. Lan- guard 9600 Lavirums 9554 A in Da ie u * 2 8 Von 8000 P. F. Von 8501 P. F. Von 9001 P.F. | V.9501P.F. | V.10001P.F. - bis bis bis bis bis 5 8500 P. F. 9000 P. F. 9500 P. F. 10000 P.F. | 11000 P. F. a |Juncus triglumis L. | u | Bernina Br. — — — au Am P. Beyerin Alveneueralpen 8300 bis 8500 Br. Lenzeralp a |— areticus Willd. Fimberpass 8020 Br. _ - = a Liliaceae. Sa | Gagea Liotardi Schult.| k | Weisshorn Arosa — — = = 8173 Br. a | LloydiaserotinaL.sp. | u |Am P. Languard Br. |Suredenpass 8527 - _ _ Stätzerhorn Br. Forcellina Avers 8234 Br, Am P. Cavradi Br. Sa | Lilium Martagon L. Bernina bis 8500 Cav. _ — — = Colchicaceae. a | Tofieldia borealis Wahlg.| u | Am Bernina bei 8000 — == = ja E | -— calyeina var. glacialis Gaud. | u | Bernina Br. _ = — Orchideae. a |Chamaeorchis alpina | u | Stallaberg bis 8050 _ — ms —_ L. sp. ParpanerRothhorn8000 Weisshorn 8173 Br. Salicineae. N |Salix herbacea L. u | Zw. Misox und Calanka | M. Uccello 8594 Ostseite d. La- — _ (Moräne v. Rosetsch 8324 Scaradra 8527 Br. virums 9200 6200) Schwarzhorn 8200 Br. | Sass Corriglia 8813 Br. (St.AnnaUrserenthal P. Musch Am Umbrail 8314 bis 6000) Schyahorn 8400 8600 (Canalalp 6000) Valettapass 8144 Lavirums 8927 Br. (Scaradra 6200) Avers Am P. Öombio Br. Beverseralp 8300 Am Stelvio 8660 Süssalp 8100 Scaletta 8062 Murettopass 8050 Ostseite von P. Lavi- rums 8300 Bernina 8070 a |— retusa L. u | Alveneueralpen Br. C. di Sponda lunga 8767 — ze — Weisshorn P. Musch Beverserberg 8300 P. Padella Süssalp 8100 Scaletta Br. Avers 7 Pa 1 er wi Ba 0 CE Fe 2,250, 3 Von 8000 P. F. Von 8501 P. F. Von 9001 P. F. | V.9501 P. F. | V.10001P. F. 2 bis . bis bis bis bis 5 8500 P. F. 9000 P. F. 9500 P. F. 10000 P. F. 11000 P. F. a |Salix retusa var. ser- | u |Serlasalp. Avers Lavirumsergrat 8700 —_ _ —_ pyllifolia Scop. P. Padella P. Hot 8600 Br. P. Cavradi 8068 Br. |P, Lat 8621 Kill. Weisshorn Br. P. Lunghino 8558 Br. Eroserfurka Am P, Languard bis Alveneueralpen 8300 9000 Br. bis 8500 Br. Schyahorn 8400 Br. A |— Lapponum L. u | Bernina Br. - _ _ _ A |— arbuseula L. u | Bernina Lavirums Br. _ _ _ Lavirums bei 8000 Br. a |— reticulata L. u | Ostseite d. Lavirumser- | Am M. Uccello 8510 —_ — = passes 8300 Am P. Padella Br. Beverserthal 8400 Alveneueralpen 8300 bis 8500 Eroserfurka Lenzeralp Br. Polygoneae. a |Oxyria digyna L.sp. | u |Am Bernina 8170 Grat zw. Lavirums u. | Am Braulio bei _ _ Am P. Padella Br. Livino 8700 9100 Fimberpass Samnaunpass 8800 Br. Scaletta Stelvio 8600 Urdenpass Br. C.diSponda lunga 8767 Lenzeralp Am Combio 8800 Br. Avers. Jupperhorn Br. z N | Rumex nivalis Heg. | u |AmP. Beverin bei 8000 | Parpaner Rothhorn _ = —_ k | Surcarungap. 8128 Br. 8930 Br. Avers. Jupperhorn8258 |P. Lat 8621 Kill. Alveneueralpen 8300 bis 8500 Lenzeralp Br. AmUeccello bis8000 Br. Sa | — alpina L. Am Forcellinapass _ —_ _ _ Bernina 8000 bis 8120 Br. A | Polygonumviviparum | u | Zw. Misox und Calanka | Sureden 8527 P. Costainas bei _ —_ L. 8324 Eroserfurka Valetta 8050 und 8144 Forcellinapass Br. Beverserthal 8309 und 8400 P. Padella Süssalp 8100 Scaletta 8062 P. Linard 8400 Am Bernina 8070 bis 8198 Lavirumsergrat8700 u. 8900 Stelvio 8600 Am Umbrail 8914 C.d. Sponda lunga 8767 9233 V. 9501 P.F. E Von 8000 P. F. Von 8501 P. F. Von 9001 P. F. V.10001P. F. z bis bis bis bis bis > 8500 P. F. 9000 P. F. 9500 P. F. 10000 P.F. | 11000 P. F. Chenopodiaceae. = E | Blitum bonusHenrieus Schafplätze. Weisshorn | Am Braulio 8717 — —_ _ Losp: 8100 Br. Lavirums 8000 Br. Thymeleae. A | Daphne striata Tratt. P. Padella 8000 Br. | Sass Corriglia 8813 Br. —_ _ Santalaceae. A | Thesium alpinum L. Am Languard über _ == = = - 8000 Br. Dipsaceae. E | Scabiosa columbaria l. Am Padella Br. — = ee — — Jlueida Vill. Bernina Valerianeae. A | Valeriana supina L. | k |P. S. Michel 8004 Br. | Am Umbrail bei 8600 — = —_ (Fracta M. Braulio) Furkahorn 8400 Br. (Alpisellapass 6600 Am M. Braulio bis 7000 Br.) Val Muschanns, Albula (Scanferthal. Mü- 8500 Cav, schans) Plantagineae. m |Plantago montana Lam. Urdenpass bei 8000 Br, — — _ — A |— alpina L. u [Am Languard bei 8500 Br. Plumbagineae. a |Armeria alpina Hoppe.| u |Scaradraalp 8400 bis |Suredenpass 8527 — E= (Canalalp 5800) 8500 Stelvio 8600 Avers Val di Lei Br. |P. Timme. Val di Lei im Avers 8640 (Käser) C. di Sponda lunga 8767 Globularieae. m ‚GlobulariacordifoliaL.| k | Ducanpass 8225 Br. —_ — — — Synanthereae. N |Adenostylesleucophyl- u |P. della Margna Parpaner Rothhorn Bernina 9041 _ ._ la Willd. sp. An der Cresta Mora bil 8930 B. 8000 (Jäggi) a |— hybrida Dee. Eroserfurka 8150 Br. _ — - pe Jupperhorn Avers 8258 Forcellinapass Br. Bernina ER ON E Von 8000 P. F. Von 8501 P. F. Von 9001 P. F. | V.9501P.F. | V.10001P.F. r bis bis bis bis bis 5 8500 P. F. 9000 P. F. 9500 P. F. 10001 P. F. | 11000 P. F. Sa | Adenostyles alpina u | Flessalp 8100 — > — — L. sp. Laret 8000 Sa | HomogynealpinaL.sp.| u | Bernina 8070 Lavirums 8700 _ — — Flessalp 8100 Parpaner Rothhorn Eroserfurka 8158 Br. A | Aster alpinus L. u | Surcarungapass Beverserthal 8600 = _ — 8128 Br. P. Musch 8339 Br. Fimberpass 8020 Br, Alveneueralpen 8300bis 8500 Br. e Furkahorn 8400 Br. Weisshorn 8173 Br. a | Erigeron uniflorus L. | u | Zw. Misox und Calanka | Rothhorn 8927 Br. P. Beverin \AmLanguard _ 8324 Lenzeralp 8545 9284 Br. bei 9600 Br. Surcarunga Mte. Uccello 8594 Beverserberg Alveneueralp Br. Sureden 8527 9266 Beverserthal 8400 Parpaner Rothhorn Br. | Minschun 9188 Forcellinapass P. Padella GC. di Sponda Stätzerhorn P. Hot lunga 9074 Lavirums 8700 u. 8800 Am Umbrail 8600 und 8914 €. di Sponda lunga 8757 a |— alpinus L. P. Combio 8500 Br. var. uniflorus Br. | k | Am Padella Br. — = — = Am P. Beverin Br. Avers bei 8000 Br. Forcellinapass E | Solidago virgaurea L. var. cambrica Huds. P. Musch 8339 Br. Duanapass Avers — —_ _ Scaletta 8082 8589 Br. Alveneueralpen 8300bis 8500 Kummerhubel A |GnaphaliumsupinumL.| u | Weisshorn Arosa Br, |Sureden 8527 Lavirumserberg = _ (pusillum Hke.) Forcellina Am P, Combio 9000 | b. 9200 Alveneueralpen 8300 Duanapass 8589 Br. bis 8500 Br. Am Stallaberg 8050 bis 8144 k | Scaletta Br. Sa | — norvegicum Gunn. — var. Hoppeanum Koch Lunghinopass 8111 Br. Bernina 8070 Lavirums 8300 Commarina Br. Bernina Tschuflfer 8500 Cav. Kummerhubel 8001 Br. P. Toissa Ducanpass 8225 Br. Alveneueralpen Br. Am Beverin Br. 93 m ———————— — — — —sjyjpjpjkkmm Von 8000 P,. F. bis 8500 P. F. Von 8501 P. F. bis 9000 P. F. Von 9001 P. F. bis 9500 P. F. V. 9501 P.F. bis 10000 P. F. V.10001 P.F, bis 11000 P. F. — ———— a Antennariacarpathica Whlbg. sp. — dioica L. Leontopodiumalpinum Cass. Artemisia mutellina vill. — spieata Wulf. Achillea nana L. (Searadra 6200) — var. hybrida Gaud. (moschata-nana) — moschata Wulf. Stätzerhorn P. Toissa Br. Flimserstein Zw. Misox und Calanka 8324 Br. Commarina Avers Alveneueralpen Schyahorn 8373 Weisshorn u. Schwarz- horn 8200 Br. Lunghinopass 8111 Br. Lavirums P. Toissa 8194 Br. Am Languard 8000 Br. Küpfenfluh 8111 Br, Schwarzhorn 8200 Alveneueralpen 8300 bis 8500 Br. Avers 8258 Flimserstein 8200 P. Toissa Bernina Lischannagletscher Kill, Lunghinopass Flimserstein Remüseralp P. Musch 8339 Br. Surcarungapass 8128 Br, AversForcellinapass Br, Am Languard Stätzerhorn Flimserstein Alveneueralpen 8300 bis 8500 Avers Schwarzhorn 8280 Br. P. Musch Thäli Luerle Br. P. Toissa Alveneueralpen 8300 bis 8500 Br. Flimserstein Scaletta 8060 Br. Avers Forcellina Rosetsch 8100 Muretto 8050 Livino 8300 Mte. Uccello 8300 Br. F. di Commarina Br. Am Lunghino Br. Scaletta Alp Scaradra zw. 8400 und 8500 Parpaner Rothhorn Lavirums 8800 Br, Beverserthal 8600 Stelvio 8600 C. d.Sponda lunga 8767 Am P. Padella zw. 8500 bis 9000 Kr. Sureden 8527 Samnaunpass 8860 Beverserthal 8600 Am P. Padella Rothhorn 8927 Br. Mte. Uccello 8594 P. Lunghino 8558 Br. P. Padella Parpaner Rothhorn Br. Lavirums 8700 Kr. Sureden 8527 P. Lunghino Br. Beverserthal 8600 Corriglia Br, Am Umbrail 8800 und 8914 C. di Sponda lunga 8767 Stelvio Duanapass 8589 Br. P. Beverin 9234 Br. Am Minschun 9188 P. Beverin Br. P. centrale P. Lischanna 9544 Kill. P. Hot 9800 Br. guard b. 9600 Br. Rothfluh zu- oberstamSil- vretta 10035 (Müller-Weg- mann) SEHE =) Von 8000 P. F. Von 8501 P. F. Von 9001 P. F. | V.9501P.F. | V.10001P.F. = bis bis bis bis bis 5 8500 P. F. 9000 P. F. 9500 P. F. 10000 P. F. | 11000 P. F. A | Achillea moschata u | Forcellinapass Br. Samnaunpass 8860 Br. Wulf. P. Languard Sass Corriglia 8813 Br. Murettopass 8050 Br. A |— atrata L. k | Thäli Luerle Br. Laviruns Br, _ — —_ P. Toissa Lenzeralp 8843 Br, Bernina Br. P. Michel Alveneueralpen 8300 bis 8500 Br, Weisshorn 8173 Br. A | Chrysanthemum alpi- | u | Zw. Misox und Calanka | Sureden 8527 AmBeverin Br.| Bernina Am Linard num L. 8324 Br, Canalpass 8792 Beverserberg | Lavirumser-|10200 ;aufd. (Urserenthal Hinter- Weisshorn Br. AversRothhorn 8927 br.| 9266 spitz 9554 |Spitze 10516 rhein) Surcarungapass Br. Beverserthal 8600 Minschun 9080| Am P.HotBr. (Sieber-Gysi) Valetta 8050 u. 8144 | P. Lunghino 8558 Br, | und 9188 Forcellinapass Br. Samnaunpass 8800 P.Cotschen Kill. Alveneueralpen Br, Lavirums 8500 Bernina 9000 Muretto Am Umbrail 8500 und | Am Umbrail Bernina b. 8070 8914 9100u.9340 k | Lavirums 8300 C. di Sponda lunga 8767 | C. di Sponda Laret 8000 Stelvio 8600 lunga 9074 P. Linard 8400 P. Costainas 9233 F. d. Commerina Ciantun 9497 Sa | — Halleri Sut. k | Am Padella Samnaunpass 8860 Br. — _ _ Fimberpass Br. Lenzeralp 8843 Br. Alveneueralpen 8300 bis 8500 Br. Weisshorn 8173 Br. Erosafurka Forcellinapass Br. a | Aronicum scorpioides | u ‚Zw. Misox und Ualanka | Am P. Beverin _ _ — L. sp: 8324 Lenzeralp Br. k | Weisshorn Arosa Br, |La Pischa 8620 Br. Avers Grimselpass Livino 8300 P. Tasna Lischannagletsch. Kill. Bernina 8070 Am Uccello 8300 Br. Am Padella n | — glaciale Wulf. sp. | u | Stätzerhorn Parpaner Rothhorn Am Minschun = — Eroserfurka Samnaunpass 8660 Br. | 9080 Alveneueralpen 8300 |Lavirums 8800 Br, bis 8500 Br. Am Combio 8500 Br. Weisshorn Arosa Br. Jupperhorn Br. Laretalp 8000 Br. Fimberpass 8020 Br. „Sealetta F. d. Commarina Br, ee 3 Von 8000 P. F. Von 8501 P. F. Von 9001 P. F. | V.9501 P.F. | V.10001 P. F. = bis bis bis bis bis 5 8500 P. F. 9000 P. F. 9500 P. F. 10000 P.F. | 11000 P.F. N |Aronicum Clusii All.sp.| u | Flessalp 8100 P. Hot Br. P. Oentrale —_ _ Scaletta 8062 Lavirums 8700 Beverserberg Alveneueralpen 8300 | Westl. Wormserjoch 9266 bis 8500 Br, 8600 GC. di Sponda a nicaemontana D. Am P. Combio 8500 Br. | lunga 9074 var. subacaulis Lavirums Br. Lavirums bei 8600 Br. —_ n —_ N | Senecio carniolicus u [P, Musch Parpaner Rothhorn Br. | Am Braulio b. | Am P. Lan- — Willd. Eroserfurka Br. P. Hot 8800 Br. 9074 guard b. (Beverserthal 6500) Alveneueralpen 8300 |P. Languard Kr. P. Costainas 9700 Br, (Lavirums 6500) bis 8500 Br. Lavirums Kr. 8700 bis | 9233 (Flessalp 6800) Avers Schwarzhorn 8800 C, d. Sponda 8200 Br. Am Umbrail 8600 bis | lunga 9074 Weisshorn Br. 8914 Ciantun 9497 Beverserthal 8309 Cima di Sponda lunga k |Am Linard 8400 8767 Flessalp 8100 Am Braulio Scaletta 8062 Fimberpass Br. Bernina 8070 a |— Doronicum L. var. uniflorus Ducanpass 8225 Br. — a 4 nn a | — abrotanifolius L. Am P. Combio 8000Br, _ — Mi: en A Cirsiumspinosissimum | u | Weisshorn Arosa 8173 | Am P. Padella 8620 Br, | Am P. Hot bei en = Schaflager Br. Am Umbrail 8600 9200 Br, Laretalp 8000 Scaradraalp 8400-8500 Forcellinap. b. 8466 Br. Sa | Centaureanervosa Will.) u | Murettopass 8050 Br, — ER ne ar A | Saussureaalpina L. sp.| u | Fimberpass Br. _ = = en var. depressa Gren. Flimserstein P. Toissa 8194 Br. Parpaner Rothhorn bei ‚8000 Br. Am Padella Jupperhorn. Avers Grimselpass 8258 Am Piz Languard A | — discolor L. sp. u | Bernina Beverserthal 8600 en es — E | Taraxacum offieinale | u |P. Musch 8339 Br. |M. Uccello P. Beverin ar et Wigg. Weisshorn Arosa 8173 | Parpaner Rothhorn Br, 9233 Br. var. alpinum Hoppe Br. P. Hot 8600 Br. Minschun bei Alveneueralpen 8300 |Am Umbrail 8600 9080 bis 8500 Br. C. d. Sponda lunga Forcellinapass Br. 8767—8800 k | Stallaberg 8050u. 8144 Fimberpass Br. Beverserthal 8400 Laretalp 8000 Livino 8300 Bernina 8070 u. 8198 Languard bis 8385 Br. —— u m PO Von 8000 P. F. Von 8501 P. F. Von 9001 P, F. V. 9501 P.F. E V. 10001 P.P. 2 bis bis bis bis bis c 8500 P. F. 9000 P. F. 9500 P. F. 10000 P.F. | 11000 P. F. N | Leontodon Taraxaci | u | Flimserstein 8300 Bern, | P. Musch 8800 Br. — — -- Willd. Lenzerhorn Samnaunpass Br. (Am Gotthard) Thäli Luerle Br, Lavirumserpass 8700 Kr. Stätzerhorn Am P. Padella 8500 Calanda bis 9000 Kr. Alveneueralpen 8300 bis 8500 Br. Uccello bei 8300 Furcahorn 8400 Br. Flimserpass Br. Ducanpass 3225 Br. k | Val Livino 8300 A | — pyrenaicus Vill. sp.| u | Flimserstein Sureden 8527 P. Beverin _ _ (alpinus Willd.) Surcarungapass Br. P. Beverin bei 9000 9233 Br. Zw. Misox und Calanka | Beverserthal bei 8600 | C. d. Sponda 8324 Lavirumserpass Kr. lunga 9074 E | — hispidus L. sp. var. alpestris Heg. N | Soyeriahyoseridifolia | u vill. sp. m |Crepis jubata Koch |k (rhaetica Heg.) A | — grandiflora All. sp. a | — pygmaea L. k Sa | — aurea L. sp. Forcellinapass Br. Lenzerhorn Alveneueralp Br. Valetta 8144 Ducanpass Br, Fimberpass Br. Beverserthal 8309 Flessalp 8100 Scaletta 8062 Am P. Languard 8400 Br. Bernina bei 8070 und 8198 Lavirums F. d. Commarina Br. F. della Commarina 8000—8110 Br. Eroserfurka 8158 Br. Stätzerhorn Weisshorn Br. Parpaner Rothhorn Br. Calanda. Heuthal 8000 Cav. Alveneueralpen Br. Livino b. 8300 Fimberpass 8020 Br. Flimserstein 8350 (Bern.) (Ing. Reichli u. Bernoulli) Lavirums 8000 Br. Am Braulio Am Julier Br. C. diSponda lunga 8767 P. Combio 8500 Br. P. Musch von 8000 bis 8800 Br. 97 Gestein. Von 8000 P. F. bis 8500 P. F. Von 8501 P. F. bis 9000 P. F. Von 9001 P. F. bis 9500 P. F, V. 9501 P. F. bis 10000 P. F. V.10001P.F. bis 11000 P. F. a Sa E > ) a » > Crepis Jacquiniraetica Fr. Hypochoeris helvet.lcq. (uniflora Vill.) Hieracium Pilosella L. var. velutinum Heg. — auricula L. var.nivale monoceph. (pumilum)Br. — angustifolium Hoppe (H. glaciale Lach.) — sphaerocephalum Fröehl. — alpinum L. — glanduliferum Hoppe — piliferum Hoppe (Schraderi Schl.) ” Am Padella Br. Ducanpass Br. 8225 Alveneueralpen 8300 bis 8500 Br. Weisshorn 8173 Br. Lavirums 8000 Br. Lavirums 8000 bis 8500 Br. Lavirums 8000 bis ge- gen 8500 Br. Canalpass Flimserstein Bern. Thäli Luekle 8158 Br. Fimberpass Br. Lavirums Thäli Luekle Schams 8158 Br. P. Beverin b. 8000 Br, Am Bernina Lavirums Flimserstein Bern. Alp Scaradra 8400 bis 8500 Zw. Misox und Calanka 8324 Alveneueralpen 8300 bis 8500 Br. Lenzeralp Br. Bernina b. 8070 u. 8198 Am P. Padella F. d. Commarina 8000- bis 8110 Br. Flimserstein Bern. Am M. Uccello Br. Thäli Luekle Br. Beverseralp 8300 Scaletta 8062 Bernina Br. P. Languard Br, Am Weisshorn 8173 Br. F. d. Commarina Br. Stätzerhorn Thäli Luekle Br. P. Beverin 8000 Br. Fimberpass Br. Beverseralp bei 8300 Bernina 8300 Lavirums Br. Am Umbrail 8600 Bernina Lavirums Br. Am P. Beverin M. Uccello Br. Lavirums Br. P. Combio 8500 Br. Parpaner Rothhorn P. Combio 8500 Br. P. Hot Br. Lavirums Br. Von 8000 P. F. bis 8500 P. F. Von 8501 P. F. bis 9000 P. F. Von 9001 P. F. bis 9500 P. F. V.9501 P. F. bis 10001 P. F. V.10001 P.F. bis 11000 P. F. — villosum L. var, dentatum Hoppe — albidum Vill. (Laretalp 7600) — ineisum Hoppe Campanulaceae. Phyteuma orbiculare L. var. — hemisphaericum L. — globulariaefolium Sternb. — humile Schl (Ob Lago bianco 7776 Kr.) Fimberpass Br. Murettopass und P. Te- verin 8000 Br, Weisshorn Arosa 8173 Br. P. Padella Kummerhubel 8000 Br. Fimberpass Br. Bernina Br, Lavirums Weisshorn Arosa 8173 Br. Alveneueralpen 8300 bis 8500 Br. Am Padella Br. Ducanpass 8225 Br. Am Padella Br. Surcarungaspass Br. Weisshorn Arosa Br. Kummerhubel 8001 Br. Forcellina Murettopass Br. Bernina 8070 Beverseralp 8309 Laretalp 8100 Flessalp 8100 Scaletta 8062 Flimserstein 8200Bern, Zw. Misox und Calanka 8324 Thäli Luekle Alveneueralpen Br. Valettapass 8144 Forcellinapass Br. Murettopass 8300 Bernina 8198 Beverseralp 8300 P. Padella Scaletta 8062 Laretalp 8000 Flessalp 8100 Am P. Linard 8400 Am Üaneianopass zw. Poschiavo und Ma- lenko b. 8000 Br, Am Beverin Br, Am Umbrail 8600 Samnaunpass 8860 Br. P. Hot 8600 Br. Am P. Öombio 8500 Br. Rothhorn 8927 Br. Parpaner Rothhorn Br. Suredenpass 8527 Lavirums 8620 Br. Am Umbrail 8600 C.di Sponda lunga 8767 M. Uccello Br. AmP., Combio 8500 Br. Am Bernina b. 8600 (sehr klein). Heuthal Kr. P. Beverin Br. Bernina 9000 Am P.Hot Kr. Am Minschun 9080 P. Cotschen 9325 Kil. Am Languard Cav. C. di Sponda lunga 9074 Cambrena 9041 P. Hot bei 9800 Br. Am P. Lan- guard 9800 Br. m | Campanula Scheuch- zeri Vill. (linifolia Lam.) Sa | — pusilla Hänke N |— cenisia L. » (Laret b. 7600) ” EUER — barbata L. var. strietopeduneu- lata Thom. A 7 2, D a rer Fra Vaceinieae. E ; VaceiniummyrtillusL. Ba u. Ze Sa | — uliginosum L. Ericaceae. a | Azalea procumbens L. 1 m Ze er er Bi An are Sa | Arctostaphylos uva- Ursi L. a | — alpina Spr. E | Erica vulgaris L. Gestein. 59 Von 8000 P, F. bis 8500 P. F. u | Urdenpass 8004 Br. u Weisshorn Arosa Br. Alveneueralpen Br. Kummerhubel Br. Forcellina Br. Laretalp 8000 Bernina Forcellinapass Br. Weisshorn Arosa Br. Samnaun 8000 Furkahorn 8400 Br. Am Uccello 8300 Br. P. da Musch 8339 Br. Laretalp 8000 Von 8501 P. F. bis 9000 P. F. Am Umbrail 8600 Sass Corviglia 8813 Br. Am P. Padella 8500 bis 9000 Kr. Am M. Uccello bei 8300 | Samnaunpass 8860 .Br. Br. Flimserstein. Bern. La Pischa Alveneueralpen 8300bis | Lavirums Pr. 8500 Br. Heuthal Forcellinapass Br. Bernina bei 8070 Bernina bei 8198 Surcarungaspass 8128 Br. P. Hot 8800 Br. Am P. Hot bei 8600 Br, P. Lunghino 8558 P. Padella 8800 Br. Zw. Misox und Calanka | Lavirums 8927 Br. 8324 Forcellinapass Valetta 8144 Hochgrätli Avers 8126 Br. Bernina bei 8070 und 8198 Beverseralp 8509 Laret 8000 Flessalp 8100 P. Hot 8500 Br. Scaletta 8062 Hochgrätli Avers 8126 Br. Am P. Padella Br. Am Languard 8385 Br. Von 9001 P. F. | V, 9501 P. F. | V.10001P.F. bis bis bis 9500 P. F. 10000 P.F. | 11000 P. F. P. Cornet Lischanna- — (Theob.) spitze 9544 Minschun 9454, Kill. P. Beverin Br. | Bernina Pischa 9500 Cav. N = Von 8000 P. F. Von 8501 P. F. Von 9001 P.F. | V. 9501 P.F. | V.10001 P.F. = bis bis bis bis bis 1 8500 P. F. 9000 P. F. 9500 P. F. 10000 P. F. 11000 P. F. Primulaceae. a |Soldanella pusilla u | Zw. Misox und Calanka _ _ _ _ Bmg. Schwarzhorn Br. k | Bernina 8070 Lavirums 8300 Flessalp 8100 Scaletta 8062 Küpfenfluh 8111 Br. a | Androsace obtusifolia | k | Thäli Luekle Br. M. Uccello 8594 — = — All. Schwarzhorn u. Weiss- horn Avers 8200 Br. Alveneueralpen Br. Beverseralp 8400 Livino 8300 Am P. Tasna Kill. a | — aretioides Gaud. k — €. di Sponda lunga 8767 _ = — -— chamaejasme Host. Averser Hochgrätli = En — = Am Padella Br. Thäli Luekle Br. Alveneueralpen 8300 bis 8500 Br. Schwarzhorn Br. P. Musch Br. Am, Uecello Br. N | — glacialis Schl. sp- | u | Flimserstein 8200 Parpaner Rothhorn Br. | P. centre |P.Lavirums | P. Linard bei (Scaradra 6200) P. Laiblau 8490 Br. | Canalpass 8792 Zaporthorn 9198| 9554 1010010200 (Valserberg 7718) Canalalp 8112 Sureden 8527 SaluverjochKr.| P, Lisanna Duo (Rosegginsel 7700) Misoxkamm 8324 M. Uccello 8600 Br. |Cambrena 9041| 9544 10001 Br (Wormserjochpass Alveneneralpen Br. Rothhorn Br. Linard 9400 P-Tan hard 7735) Surcarunga Avers Lenzeralp Br. Beverserberg NE SE Br. P, Toissa Beverserthal 8600 9266 Messe Beverseralp 8450 Lavirums b. 8749 Lavirums 9233 horn 10170 Scaletta 8062 Am Umbrail 8800 und | Br. (J. Jacot) Am Linard 8400 8914 Minschun 9454 a C. diSponda lunga 8767 | P. Ootschen Kill. P. Lat 8621 Kill. Umbrail 9100 und 9340 P. Costainas 9233 P.Ciantun 9497 P. Combio 9150 Br. N | — helvetica L. sp. k |P. Toissa Br. Am P. Padella Kr. Br. | Mohrenkopf |P.Pisoc 9786 _ Weisshorn Arosa Samnaunpass 8800 9128 Kill. 8173 Br. Minschun 9454 Schwarzhorn 8280 Br. P. Musch Br. Stätzerhorn Br, Alveneueralpen Br. Grimselpass Avers Br. P. Padella Laretalp 8000 ar . Von 8000 P. F. bis 8500 P. F. Von 8501 P. FT. bis 9000 P. F. Von 9001 P. F. bis 9500 P. F. V. 9501 P. F. bis 10000 P. F. V. 10001 P.F, bis 11000 P. F. N | Androsace imbricata Lam. (— tomentosa Schl.) (Zw. Calanka u. Misox 7000) (ValCalanka, Buffalora- pass gegen Calvarese 7000) Br. (Alp Rossiglione w.ü. Arvigo a. d. Tessiner- grenze 6200-6500 Br.) Sa | Primula auricula L. A | — viscosa Vill. Gaud. (villosa Jacq.) var. excapa Heg. N |— oenensis Thomas (Pooliana Brügg.) A | Jatifolia Lap. (graveolens Heg.) a | — integrifolia L. N | — glutinosa L. (Seesvenna u. Ciaval- latsch Theob.) var, exilis Brügg. Gravas Alvaskette nörd- lich über Sils (Dr. Meyer) Legnone 8039 Weisshorn Arosa 8173 Br. Scaradra 8400 u. 8500 Flessalp 8100 Stelvio Alpthal Lamuranza bei 8500 (Muret) Am Umbrail 6500 bis 8000 Br. Bernina 8198 P. Padella Br. P. Languard Br. Zw. Misox und Calanka 8324 Br. Erosafurka Br. Valetta b. 8050 und 8144 Forcellinapass Br. Scaletta Br. Alveneueralpen Br. Küpfenfluh Br. Bernina 8070 u. 8198 P. Languard Br, Beverseralp 8300 Livino 8300 Val d’Assa in der Re- müser Schafalp Rosenna (Thomas und Krättli) Am Braulio 8767 Am Umbrail 8600 Duanapass Avers 8589 Br. Sureden 8527 Umbrail 8914 M. Braulio Duanapass Avers 8889 Br, P. Lunghino ob Maloja 8558 Sass Corviglia 8813 Lavirums 8927 Br, Sass Corviglia 8813 Br. Am P. Beverin Br. Duanapass Avers 8509 Br. Stilfserjoch Höhe 8660 (Leresche) Bernina Stretta Cav, Parpaner Rothhorn Eroser Schafälpeli 8000 bis 9000 (Lorez, Schlegel und Brügger) Bernina 9198 0. d. Sponda lunga 9074 ee e Von 8000 P. F. Von 8501 P. F. Von 9001 P. F. | V.9501 P. F. | V.10001 P.F. = bis bis bis bis bis fc 8500 P. F. 9000 P. F. 9500 P. F. 10000 P.F. | 11000 P. F. Lentibularieae, A | Pinguicula vulgaris L.| u | Bernina Br. — = var. grandiflora Lam. Labiatae. Sa | Ajuga pyramidalis L. | u | Stätzerhorn Lavirums Br. = — Alveneueralpen 8300 bis 8500 Br, E | Thymus Serpyllum L. i var. | u | Scaradra 8400—8500 | Sureden En — Am P. Padella 8800 Br, Scrophularieae. A | Linaria alpina L. P. Toissa 8194 Br. Am Beverin Br. Lavirums bei | P. Lischanna var. glacialis Br. | k | Livino 8300 M. Uccello 8594 Br. 9233 Br. 9544 Kill. (P. Hot) u | Muretto 8300 P. Lunghino 8558 Br. |AmP.Languard) Am P. Hot Alveneueralpen Br. Beverserthal 8600 9500 Br. 9800 Br. Avers Br. Samnaunpass 8860 Br. | P. Combio Lenzeralpen Br. Lavirums 8700 9100 Br. Küpfenfluh 8111 Br. | Stelvio P. Hot Am Umbrail 8914 A | Veronica alpina L. Weisshorn Arosa Br. |Cima di Sponda lunga | Minschun 9080 7; k | Schwarzhorn Sureden 8527 u \P. Laiblau 8490 Br. |P. Lunghino 8558 Valetta 8050 u. 8144 | Umbrail 8767—8914 Forcellina Br. Samnaunpass 8800 Flessalp 8100 Combio 8500 Scaletta P. Hot Bernina 8070 Livino 8300 A | — saxatilis L. u | Lavirums Am Umbrail 8914 — — A | — bellidioides L. u | Eroserfurka Br. Am Bernina Br. Zw. Misox und Calanka | P. Hot 8600 Br. 8324 Br, Lavirumspass 8700 Alveneueralp Br. C. di Sponda lunga Forcellinapass Br. 8767 Bernina 8078 Stelvio P. Padella Am Umbrail 8914 Scaletta 8062 Ducanpass Br. P. Combio Pr. A |— aphylla L. u | Stätzerhorn Br. Lavirums Br, —_ — Ducanpass 8225 Br. Weisshorn Arosa Br. Eroserfurka Avers Br. Sa | Euphrasia Salisbur- | u | Bernina 8070 Braulio 8767 E= E= gensis Funk. var.alpina Lam.C) Scaletta 8062 Am Umbrail 8914 63 Von 8000 P. F. E Von 8501 P. F. Von 9001 P. F. | V.9501P.F. | V.10001P.F. 3 bis bis bis bis bis F 5 8500 P. F. 9000 P. F. 9500 P, F, 10000 P. F. | 11000 P. F. Sa | Euphrasia minima u | Thäli Luekle Schams | Am P. Beverin Br. _ _ - Schl. © 8158 Br. Bernina 8070 k | Val Livino 8300 Am P, Padella Br. Sa | Bartsia alpina L- u |S. Michel 8004 Br. ‚Sureden 8527 — — Eu Avers Samnaunpass boi 8600 Kummerhubel 8001 Br. | Br. Sa | Pedicularis recutita L | u |Flessalp b. 8100 = — ae 4 A |— verticillata L. u | Forcellinapass Br, Bernina bei 9000 (av. —_ - = Scaradra 8400— 8500 P. Padella bei 8000 Br. Sa | — rostrata L. ThäliLuekleSchams Br. | P. Hot 8600 Br. P. Languard _ _— P. Laiblau 8490 Br. | Duanapass Avers _ bis 9500 Br. u |Zw. Misox und Ualanka 8589 Br. Bernina Tschüf- 8324 Br. Suredenpass 8527 fer 9500 Cav. Jupperhorn 8158 Br. |P. Combio 8500 Br. Forcellinapass Br. Scaradra 8400 bis 8500 Scaletta Am P. Linard 8400 a |— Jacquini Koch. Fimberpass 8002 Br. | Samnaunpass 8860 Br. — — _— a |— tuberosa L. Lenzeralp 8300 Br, —_ — — _ a | — incarnata Jacgq. Jupperhorn Avers — _ _ —_ 8158 Br. Borragineae. m | Myosotis sylvatica Hoffm. >!) 2 var. alpestris Schm. | u | Scaradra 8400 bis 8500 | Suredenpass 8527 _ == —_ Fimberpass Br. M. Uccello Padella P. Hot 8600 Br. Umbrail 8600 Stelvio C. di Sponda lunga 8767 N | Eritrichium nanum u ‚P. Laiblau 8490 Br. | Suredenpass 8527 P. centrale Lavirumser- P. Languard Vill. sp. Scaradra 8400 bis 8500 | Beverserthal 8600 Zaporthorn spitze 9554) 10053 Br. (Schafberg b. Padella Am Valetta 8050 P. Longhino 8555 9198 Br. |Scopi(Nägeli)|P.Hot Kr.Br. 7450 Kr.) Avers (Müll.-Wegm.) Beverserthal Muretto 8300 Lavirums 8620 u, 8700 | 9266 Beverseralp 8456 Am Languard b. 8800 |(amıbr@na 9041 5 Kr. Minschun 9454 Gentianeae. P.Combio 9150 E | Gentianacampestris L.| k | Calanda nahe zur Spitze — = (Moritzi) P. Padella Br. Alveneueralpen 8300 bis 8500 Br. P. Musch 8339 Br. Grimsel Avers Br. !) (€) bezeichnet eine zweijährige Dauer, EM „ Wo Zn Se DE, BE U Zoe = x 64 Gestein. Von 8000 P. F. bis 8500 P. F. Von 8501 P. F. bis 9000 P. F. Von 9001 P.F. bis 9500 P. F. V. 9501 P.F. bis 10000 P. F. V.10001 P.F bis 11000 P. F. > N Gentiana obtusifolia willd. © — glacialis Thomas (tenella Rottb.) ©) (Bevers. Rheinwald 6000) (Cresta 6200) — brachyphylla Vill. — verna L. var. angulosa Wahlb. (G. aestiva Röm. U. Sch.) — bavarica L. (Bevers) var. imbricata Schl. u u u Bernina Lavirums Br, Am Padella Br. Thäli Lüekle Br. Forcellinapass Br. Am P. Languard Br. 8000 Fimberpass Br. Weisshorn Arosa Br. Gipfelplateau d.Schwarz- horn üb. Churwalden 8281 Br. P. Musch Br. Calanda Flimserstein 8000 (Bernoulli) Alveneueralpen 8300 bis 8500 Br. Forcellinapass Br. Stätzerhorn Valetta Br. Hochgrätli und Jupper- horn Br. Forcellinapass P. Cavradi 8068 Br. Küpfenfluh 8111 Br, Schwarzhorn 8200 Br. Stätzerhorn Surcarungaspass Am Schwarzh, 8275 Br. Valetta Ducanpass Br. P. Musch Br. Weisshorn Arosa Br. Alveneueralpen Br, Scaletta 8060 Furcahorn 8400 Küpfenfluh 8111 Br. Livino 8300 Schyahorn 8373 Br. Avers, Hochgrätli Br. Jupperh. u. Grimsel Br, Fimberpass Livino 8300 Scaletta 8060 Furcahorn 8400 Br, Eroserfurka Stätzerhorn P. Laiblau Br. Zw. Misox und Calanka 8324 Canalpass 8112 Valetta 8144 Ducanpass Br. Duanapass 8589 Br. P. Combio 8500 Br. Lavirumserpass 8700 Samnaunpass 8860 Br. Parpaner Rothhorn Br. P. Lunghino »558 Br. Surcarungaspass Sureden 8527 Canalpass 8792 M. Uccello 8594 Parpaner Rothhorn Br. Duanapass 8589 Br. Beverserthal 8600 Lavirumserp. 8700-8900 P. Beverin (9233) Br. Zaporthorn 9198 Kölliker P. Beverin Br. P. Beverin 9233 Br. P. Beverin Br. P.Timine im Avers 9280 (Käser) Beverserberg 9266 P. Hot Am Minschun 9080 Scopi 9850 (Nägeli) P. centrale Am Linard 9600 Lavirums- berg 9554 P. Hot 9900 Br. P. Linard 10100 P.Languard 10053 Br. N A Sa A A A E a Gentiana bavarica L. var.imbricata Schl. — nivalis L. (Rheinwald, Engadin, Thalsohle) — acaulis L. (Rheinwald, Engadin) — excisa Pr. var. alpina — punctata L. (Bevers) — purpurea L. Pleurogyne carinthiaca Grisb. (Bregalgaim Avers Br.) Rubiaceae. Galium sylvestre var. alpestre Gaud. — helveticum Weig. Gestein. 65 Von 8000 P. F. bis N 8500 P. F. Von 8501 P. F. bis 9000 P. F. Forcellinapass Bernina 8198 Beverseralp 8300 F. d. Commarina 8000 Br. C. di Sponda lunga 8767 Am Umbrail 8914 P. Lat 8628 Kill. Flimserstein (Bernoulli) | Parpaner Rothhorn Br. Surcarungaspass Br. Am Beverin Br. Ducanpass Br. Calanda Br, Forcellinapass Fimberpass Br. Valettapass 8144 Alveneueralpen und Furka Br. Bernina 8070 Am Umbrail 8600 und 8914 Surcarungaspass Br. Scaradra 8400—8500 Ducanpass Br. Bernina 8070 Alveneueralpen 8300 bis 8500 Br. Furkahorn 8400 Br. Am Lavirums b. 8200 Br. Fimberpass 8020 Br. Surcarungaspass 8128 Br. Jupperhorn 8258 Br. Bernina F. d. Commarina Br. Valetta 8144 Flessalp 8100 Alveneueralpen 8300 bis 8500 Br. Lenzeralp 8330 Br. Am P. Hot 8500 Br. Kistenpasshöhe 8500 (Rütimeyer) Lavirumspass 8600 Br. Forcellinapass Br. Umbrail 8600 Thäli Luekle Schams | Am P, Combio 8800 Br. 8158 Br. Fluelapass Br. Furkahorn neben Thie- . jerfluh 8400 Br. Von 9001 P. F. | V. 9501 P.F. | V.10001P.F. bis 9500 P. F, Minschun Kamm 9454 Umbrail 9340 P. Cotschen 9325 Kill. Ciantun 9497 €. d. Sponda lunga 9074 P. Combio Br, bis 10000 P. F. bis 11000 P. F, ss A ee) 66 Umbelliferae. A |Meum mutellina L. N |Gaya simplex L. sp. (Am Padella zuerst bei 7500 Kr.) Ranunculaceae. A | Anemone vernalis L. A — alpina var. sulphu- rea L. (Laret 7700) (Beverseralp) N |Ranunculus glaeialisl. (Unten auf der Alp Confino westl. vom Bernarlin 6932) var. roseus Heg. var. tomentosus u Von 8000 P. F. bis 8500 P. F. Kamm zw. Misox und Calanka 8324 Erosa bis 8000 Br. Stallaberg 8050 u. 8144 Beverseralp 8070 Bernina 8070 Flessalp 8000 Livino 8100 Stätzerhorn Beverin Br. Weisshorn Br. Alp Searadra 8400 bis 8500 Scaletta Br, Flessalp 8000 Beverserthal 8309 Fimberpass 8010 Alveneueralpen 8300 bis 8500 Br. Furkahorn 8400 Br. Erosafurka 8158 Am Uccello 8300 Br. Küpfenfluh 8111 Br. Laretalp 8000 Am P. Hot 8000 Br, P. Combio 8000 Br. Bernina bei 8500 Cav. P. Laiblau Br. P. Toissa Br. Zw.Misoxu.Calanka 8324 Eroserfurka 8158 Br, Forcellinapass Br. Ramuzjoch 8000-8500 Br. Beverseralp 8300 Laretalp 8100 Scaletta 8082 Am P, Linard 8400 Fimberpass Br. Muretto 8050 Lavirums 8500 Livino 8300 Von 8501 P. F. bis 9000 P. F. Sureden 8527 Beverseralp 8600 P. Combio 8500 Br. Samnaunpass 8860 Br. Lenzeralp 8800 Br. P. Lunghino 8558 Br. P. Hot 8600 Br. Am P. Hot 8600 Br. Lenzeralp 8548 Br. Samnaunpass 8870 P. Lunghino 8558 Br. Am P. Languard Br. Lavirumspass 8700 Umbrail 8914 C. diSponda lunga 8767 Stelvio Canalpass 8792 Von 9001 P. F. bis 9500 P. F. Am Minschun 9080 P. centrale Beverserberg 9266 Am P. Linard 9400 P. Vauglia 9154 Br. Am Umbrail 9100— 9340 P.Costainas 9233 P. Combio 9000 Br. G. di Sponda lunga 9074 Ciantun 9497 V. 9501 P.F. | V.10001 P.F. bis 10000 P, F, A.P. Linard 9600 Lavirums- berg 9554 bis 11000 P. F. P. Languard 10053 Br. P. Linard 10100—10200 10300—10516 Am Bernina 10667 P. Tschierva 10990 (Krättli.Rambert) | P. Hot 10001 Br. A 2 a. 5 Von 8000 P. F. Von 8501 P. F. Von 9001 P. F. | v.9501 P. F. | v.10001P.F. © . a, F “ ® = bis bis bis bis bis 8 8500 P. F. 9000 P. F. 9500 P. F. 10000 P.F. | 11000 P. F. a |Ranunculus alpestris | k |P. Toissa 8194 Br. _ — = ei 165 Avers Forcellinapass Br. Eroserfurka 8158 Br. Weisshorn in Erosa 8173 Br. Am Stelvio ® Ducanpass 8225 Br. a | — pyrenaeus L. Flimserstein Bern. — = — = Thäli Luekle, in Schams (Felix) Avers Br. Am P. Languard m |— montanus Willd. | u | Forcellinapass 8000 bis en = == = 8460 Br. k | Ducanpass 8225 Br. Flessalp 8100 Livino 8300 Wormser Joch (Haus- mann) A | — Villarsii Dec. Koch | u | Kummerhubel 8001 Br, _ = Bu en a | — rutaefolius L. k |Livino 8300 Lavirumspass 8700 — — — a |— parnassifolius L. | k |P. Padella 8000 Br. | Am Umbrail — — — (Krättli) Albula b. 8000 Cav. m | Aconitum Napellus L. | k | Weisshorn Erosa — = — — var. tauricum Wulf. 8173 Br. Schwarzhorn 8281 Br. var. alpinum Heg. P. Toissa 8194 Br. |P. Languard 9000 Br. = _ _ Papaveraceae. a |Papaver alpinum L. | k |Livino 8300 La Pischa 8620 Br. |M. Braulio _ oo var. raeticum Ler. Lavirumspass 8700 9134 €. di Sponda lunga 8700 Polygalaeae. E |Polygala amara var. Ducanpass 8225 Br. | Lavirums “m a zen alpestris Rehb. Cruciferae. Sa | Arabis alpina L. u | Thäli Luekle Br. M. Uccello 8594 Minschun 9454 —_ - k |P. Toissa Br, Samnaunpass 8800 P. Cotschen Kill, Weisshorn 8173 Br. |P. Padella Ducanpass 8225 Br. | Lavirums Br, Forcellina Br. Beverserthal 8400 Laretalp 8000 Livino 8300 a |— bellidifolia Jacq. | u | Valettapass 8144 — —_ — — Am P. Languard Br. u, mals Be a WETTER TERBE 68 — JE ss ee Gestein. Von 8000 P. F. bis 8500 P. F. Von 8501 P. F. bis 9000 P. F. Von 9001 P.F. | V. 9501 P.F. | V.10001P.F. bis bis bis 9500 P. F. 10000 P. F. 11000 P. F. [00000 k |P. Toissa a |Arabis pumila Jacg. a |— coerulea Haenke (Samnaun bei 7000) (Scaradra 6200) A | Cardamine alpina Willd. (bellidifolia Scop.) A | — resedifolia L. a | Draba aizoides L. k u u Weisshorn Erosa 8173 Br. Eroserfurka Br. Alveneueralpen 8300 bis 8500 Br. P. Padella v. 8000 bis 8500 Br. Grimselpass Avers Br, Ducanpass 8225 Br, P. Toissa Br. Weisshorn Erosa 8173 Br. Eroserfurka 8158 Alveneueralpen 8300 bis 8500 Br. P. Padella 8000 Thäli Luekle Br. Forcellina Br. Flimserstein Bern. Beverserthal 8309 und 8400 Scaletta 8062 Fimberpass 8020 Br. Ducanpass Br. Furcahorn 8490 Br, Eroserfurka Br. Beverserthal 8309 Scaletta 8060 Am P. Languard Br. Forcellinapass Br. Valetta Br. P. Padella Fimberpass Br. P. Cavradi Br, Weisshorn 8173 Br. Schwarzhorn Br. Bernina 8070 u. 8198 Scalettapass 8062 Alveneueralpen 8300 bis 8500 Br. Thäli Luekle Br. P. Toissa Br. Alveneueralpen Br. Parpaner Rothhorn Schyahorn 8373 Br. Weisshorn 8173 Br, Eroserfurka Br. Hochgrätli Avers 8000 Br. Fimberpass Br. Beverserthal 8400 Livino 8300 P. Lat 8621 Kill. Lenzeralpen 8843 Br. Livino 8800 P. Lat Kill, P. Lunghino 8558 Br. M. Ueccello Br. Am P. Hot 9000 Br. Suredenpass 8527 Am P. Languard 9000 Br. P. Combio 8800 Br. Ob. Engadin bis 9000 Cav, Lavirums Am Padella 8800 Br, P. Lunghino 8558 Br. Minschun 9085| P. Tasna u 9786 Kill. Minschun 9454 _ — Fk für He et = Fu Au” Ze „2 v_ (7 — Gestein, Von 8000 P. F. bis 8500 P. F. Von 8501 P. F. bis 9000 P. F. Von 9001 P. F. bis 9500 P. F. V.9501 P.F. | V.10001P.F. bis bis 10000 P.F. | 11000 P. F. n |Draba Zahlbruckneri Host. a |— tomentosa Wahlb. A | — frigida Saut. (stellata Koch) N | — Wahlenbergii Hartm. var. fladnizensis Wulf. (D. helvetica Schl. sclerophylla Gaud. eiliaris Wahlbg.) var. homotricha Lindb. sclerophylla Gaud. n | — Johannis Host. (nivalis Dec. Gaud.) (hirta Gaud.) a | Thlaspi rotundifolium L. sp. k | Surcarungaspass 8128 en [] u Br. Piattone di Vignone am P. Uccello NO über S. Bernhardino 8000 Br. Thäli Luekle 8158 Br. Hochgrätli und am Languard Br. P. Padella b. 8000 Br. Surcarungaspass Br, Weisshorn 8173 Br. Eroserfurka Br. P. Padella 8000 bis 8500 Br. Alveneueralpen 8300 bis 8500 Br. Thäli Luekle Br, Surcarungaspass Br. Alveneueralpen Br, Avers Laret 8000 Livino 8300 P. Padella Br. P. Combio Misox Br. Lischanna und am P. Tasna Kill. Fimberpass Br. Flimserstein Bern. Surcarungaspass Br, Eroserfurka Br. Am Weisshorn Erosa 8173 Br. Am Schwarzhorn 8281 Br. Laret 8000— 8100 Am P, Beverin Fimberpass Br, Avers Br. Camogaskerthal Am Schwarzhorn 8281 Br. Surcarungaspass 8128 Br, Spitze des Calanda 8250 Suredenpass 8527 Lischanna Kill. Lavirums Br. P, Padella 8800 Br. M. Uccello 8594 Am Braulio 8767 P. Lat Vulp. Sureden 8527 Am P. Padella 8600 Br, Am Umbrail 8914 M. Braulio 8767 M. Uccello 8594 Am P. Hot 8800 Br. Sureden 8527 Am Umbrail 8767 Am Stelvio 8500-8600 P. Lat 8621 Kill. Kalfeuserstock 8714 Trinsergrat 8994 Beverseralpberg|P. Pisoc 9756 9266 AmP. Languard b. 9500 Br, Beverserberg 9266 Minschun 9454 M. Braulio 9134 P.centrale 9250 Beverserberg 9266 P. Cotschen 9325 Kill. Minschun 9454 Kill, x P. Linard 10100 AA un TUT WIEN Fa WE Von 8000 P. F. bis 8500 P. F. Von 8501 P, F. bis 9000 P. F. Von 9001 P.F. bis 9500 P, F. 10000 P. F. V.9501 P.F. | V.10001P.F. bis 11000 P. F. | © 7 © ö a |Hutchinsia alpina L. sp. u var. brevicaulis u Hoppe Sa |Biscutella laevigata L. Cistineae. E | Helianthemum grandi- florum Dec. A |— alpestre Scop. sp. | K Droseraceae. E | Parnassia palustrisL. | K var. alpina Brügg. Violarieae. a | Viola calcarata L. k u var. nivalis Brügg. | u (V. Julia Br.) (Stallaberg 7500 Br.) (Alpisellapass zw. Fraele u. Livigno b. 7000 Br.) Sa | — pinnata L. u k |P. Toissa 8194 Br. Weisshorn 8173 Br, Schwarzhorn Ducanpass 8225 Br. Valetta 8144 Beverserthal 8400 Lavirums 8500 Livino 8300 'Thäli Luekle Br. P. Toissa Br. Weisshorn 8173 Br. Adulagebirg 8000 Valseralpen, am Tambo- horn Valetta Br. Hochgrätli Br. Jupperhorn Br. Forcellinapass Br. Fimberpass 8020 Br. Julier. Padella Br. Am P. Padella über 8000 Br. Jupperhorn 8126 und Grimsel Avers Br. Weisshorn 8173 Br, Schwarzhorn Br, Livino 8300 Alveneueralpen 8300 bis 8500 Br. Am Weisshorn 8000 Br. Hochgrätli Avers 8126 Br. Thäli Luekle 8150 Br. Alveneueralpen 8300 bis 8500 Br. Avers Hochgrätli 8126 Br. Livino 8300 Beverserthal 8400 P. S. Michel 8004 Br. Am Rothhorn 8000 Br. Ducanpass 8225 Br. Eroserfurka 8158 Br. M. Uccello 8000 bis 8300 Br. Küpfenfluh 8111 Br. Lavirums 8000-8500Pr, Im Heuthal b. 8000 Cav. Suredenpass 8527 Duanapass Avers 8589 Br. Lischanna Kill. P., Lat P. Hot 8600 Br. Lavirums Br, Sass Corviglia 8813 Br. P. Padella 8800 Lavirums Br. Parpaner Rothhorn 8600 Br, Casanella 8595 Br. Avers Grimselpass Duanapass 8589 Br. Am Minschun 9080 M. Braulio 9134 P. Vauglia 9154 Br. P. Beverin 9233 Br. nem 1 — en km —— a Sa |Saginasaxatilis Wimm. Paronychieae. Herniaria alpina Vill. Alsineae. var. nivalis Brügg. N | Alsine biflora Wahlb. a (Arenaria sphagnoides Thom.) (Am Umbrailpass 7790 Br. — recurva All. sp- Sa| — verna L. sp. n var. subnivalis Heg. var. Gerardi Willd. — seldoides Fröl. Faechinia lanceolata All. sp. (Arenarin cherlerioides Vill.) (Am Lunghinosee 7450 Br.) (Seanfserthal Waldgrenze Kr.) Cherleria sedoides L. u n mr Von 8000 P. F. bis 8500 P. F, .| Urdenpass 8004 Br. Thäli Luekle Schams Br, Am P, Padella Br. Weisshorn 8173 Br. Surcarungaspass Br. Parpaner Rothhorn Am Padella Brüggerhorn und Alpen von Alveneu bei 8000 Br. Fimberpass Br. Weisshorn Erosas173Br, Schwarzhorn und Eroserfurka 8158 Br. Weissensee 8000 Lunghinopass 8111 Br. P. Hot bei 8200 Br. F. d. Commarina 8000—8110 Br. Beverserthal 8400 Am Linard 8400 Livino 8300 Flimserstein Alveneueralpen Br. Valettapass Br. Forcellina Br. Weisshorn 8123 Br. Schwarzhorn Br. Am M. Ueccello Br. Cancianopass zw. Po- schiayo u. Malenco 8000 Br. Fimberpass Br. Surcarungaspass 8128 Toissa 8194 Br. Galanda Mor. P. Padella Br, Morbegnopass Bernina Tschüffer 8500 Cav. Surcarungaspass Br. P. Toissa Br, Eroserfurka 8158 Br. P. Cavradi Br. P, Laiblau Br. Zw. Misox und Calanka 8324 Br. Von 8501 P. F. bis 9000 P. F. Grimsel Avers Br. Am P. Padella 8800 Br, Lavirums 8700 Val Lavirums 8600 P. Casanella 8500 bis 9000 Br. Cambrena 8500-9000 Cav. Sureden 8527 V. Braulio 8707 Lavirums 8900 Br. Heuthal 8500 Nägeli Von 9001 P. F. bis 9500 P. F. Am Lunghino c. 9080 Br. Am P. Beyerin 8000 |P. Languard bis 9000 Br, P. Padella 8800 Br. Am Umbrail 8914 x Lavirumspass Br. Calanda 8940 Mor. Lavirumspass Höhe 8700 Samnaunpass 8800 Chiampatsch 8986 Lavirumspass 8700 Br. Am Rothhorn 8927 Br, Sureden 8527 P. Lunghino 8558 Br. Beverseralp 8600 Bernina 9000 Lavirums 8700 bei 9500 Br. A.Minschun 9080 u. Kanım 9454 P. centrale P. Beverin 9233 Br. Costainas 9233 Giantun 9492 Crasta mora Albula Kr. Lavirums- V. 9501 P.F. | V.10001 P.F. bis bis 10000 P.F. | 11000 P.F. P. Hot 9700| P. Hot Br. 10001 Br. Am Linard berg 9554 | 10100 x > ” Y we, 4 i LEE TEE EIER ri ns 7 A a @ Von 8000 P. F, Von 8501 P. F. Von 9001 P. F. | V.9501P.F. | V.10001P.F. = bis bis bis bis bis 5 8500 P. F. 9000 P. F. 9500 P. F. 10001 P. F. | 11000 P. F. a |Cherleria sedoides L. | u | Scaradra 8400—8500 | Stelvio P. Combio — k | Weisshorn 8173 Br. |Am Umbrail 8914 9150 Br. a | Moehringia polygon- oides Wulf. sp. var. nana Gaud. (sphagnoides Rchb.) E |Arenariaserpyllifolia L. var. Marschlinsii Koch (A. nivalis Godr.) n |— ciliata L. var. mul- ticaulis L. Wulf. — biflora L. (Hinterrhein;am Gotth.) N a | Stellaria cerastoides L. k Forcellina Br. Valetta 8144 Alveneueralpen Br. Fimberpass 8020 Br. Beverseralp 8300 und 8456 Am Languard Scaletta 8062 P. Linard 8400 F. d. Commarina 8000 Br. Ducanpass 8225 Br. Furkahorn 8400 Br. Surcarungaspass Br. P. Toissa 8194 Br. Forcellinapass Br. Alveneueralpen 8000 Br, Stelvio 7000-8000 Br. Wormserjoch (Hausm.) Eroserfurka Br. und Lenzeralp Br. bei 8000 Surcarungaspass Br. Thäli Luekle Schams 8158 Br, Eroserfurka 8138 Br. Weisshorn Arosa 8173 Br. Schwarzhorn 8281 Br. Flimserstein Alveneueralpen Br. Valetta 8144 Forcellinapass Br. Beverserthal 8409 Fimberpass Br. Thäli Luekle -Br. Surcarungaspass Br. P. Laiblau Br. Schwarzhorn und Lenzeralp Br. Valetta. Scaletta 8062 Alveneueralpen Br. Forcellinapass Beverserthal 8300 Fimberpass 8020 Br. Lavirums 8300-8500 Livino 8300 Fil di Commarina Br. Surcarungaspass Br, P. da Musch Br. C. di Sponda lunga 8767 M. Ueccello 8594 P. Lunghino 8558 Br. P. Padella 8800 Br. Lavirums Br. Am Languard bis 9000 Br, Lenzeralp b. 8339 Br. Parpaner Rothhorn 8930 Br. M. Uccello 8594 Sandhubel 8515 Br. P. Padella 8600 Br. Beverseralp 8600 Bernina C. di Sponda lunga 8767 bis 9074 Stelvio Lavirumspass 8700 Am Minschun 9080 M.Braulio 9134 P. Minschun 9454 Kill, P. Combio 9100 Br. P. Hot 9500 Br. P. Combio Br. Am Lavirum- serberg b. 9200 e an ä Von 8000 P. F. Von 8501 P. F. Von 9001 P. F. | V. 9501 P. F. | V.10001P.F. 2 bis bis bis bis bis 5 8500 P. F, 9000 P. F. 9500 P. F. 10000 P, F. 11000 P. F. a |StellariacerastoidesL.| k | Weisshorn Arosa P. Hot bis 9000 Br. 8173 Br. P. Lunghino 8538 Br. Schwarzhorn Br, Alveneueralpen 8300 bis 8500 Br. Stallaberg 8050 und 8144 u | Forcellinapass Br. Bernina 8070 Am P. Languard Scaletta 8060 Livino 8300 A |Cerastium latifolium | k |P. Toissa 8194 Mädris- und Rätschen- | Minschun 9080 — — L. Weisshorn Arosa horn Br. und 9454 8173 Br. Calanda Scesaplana bei Ducanpass Br. C. d. Sponda lunga 9130 Mor. Alveneueralpen Br. 8767— 9074 P. Cotschen Parpaner Weisshorn 8175 Br. Bernina 8080 Livino 8300 N var. glaciale Gaud. | u | Thäli Luekle Schams |Rothhorn 8927 Br. Beverserberg |AmP.Linard Am Linard Br. M. Uecello 8594 9266 9600 10100 Weisshorn 8773 Br. |P. Lunghino 8558 Br. |P. Lavirums |P.Lischanna| P. Hot P. Cavradi 8067 Br. | Samnaunpass 8800 9230 Br. 9544 Kill. | 10001 Br. Schwarzhorn 8300 Br, | Sass Corviglia 8813 Br. |[Cambrena 9041| P.Pisoc Kill. Languard Zw. Misox und Calanka | Am Umbrail 8914 P.Cotschen Kill, 10050 Br. N | var. pedunculatum Gaud. a |— alpinum L. var. lJanatum Lam. 8324 Alveneueralpen Br. Forcellinapass Br. Valetta Fimberpass Br. Beverseralp 8300 Scaletta 8060 F. d. Commarina Br, P. Laiblau Br. Thäli Luekle Br. Valetta, Scaletta Forcellinapass Br. Alveneueralpen Br. P. da Musch 8339 Br, Eroserfurka 8158 Br, Beverserthal 8300 Muretto 8050 Flimserstein 8200Bern, Am P. Padella Br. Thäli Luekle 8158 Br. Weisshorn Arosa 8173 Br. Rothhorn 8300 Br. Jupperhorn Avers 8258 Br. Stelvio Duanapass 8589 Br. Suredenpass 8527 P. Lunghino 8558 Lavirums 8700 P. Padella P. Combio 8500 Br. Lavirums bei 8600 Br. Alp Saluver ob Oelerina Br. Am P. Padella 8800 Br. Sass Corviglia 8813 Br. M. Braulio 9134 Ciantun 9490 Umbrail 9100 und 9340 P. Combio 9150 Br. P. centrale Lavirumser- P. Hot 9500 | berg 9554 Br. 10 EFT IE WEN 74 TVs TG — — Bernina 8198 s Von 8000 P. F. Von 8501 P. F. Von 9001 P. F. | V.9501 P. F. | V.10001P.F. z bis bis bis bis bis 5 8500 P. F. 9000 P. F. 9500 P. F. 10000 P. F. 11000 P. F. a | Cerastium alpinum L. | u | Grimsel Avers Br. = — — = var. lanatum Lam. Valetta Fimberpass 8020 Br. Lavirums Br. Am Languard Br. E |— arvense L. var. al-| u | Valetta Br. a picolum Brügg. Ober-Engadin — x me en Am Languard b.8400Br, a var. strietum Hnke. Forcellinapass — a — ni Surcarungaspass Br. k |S. Michel 8004 Thäli Luekle Schams Br. Parpaner Rothhorn 8000 Br. Kummerhubel 8001 Br, Alveneueralpen 8300 bis 8500 Br. Schwarzhorn 8280 Br. Eroserfurka 8158 Br. E | — triviale Link Surcarungaspass 8128 —_ _ _ —_ var. alpinum St. Br. Sileneae. N | Dianthus glacialis Hke.| k | Livino 8300 Lavirums 8700 Br. — _ —_— (Fexthal.Alp Samaden) Padella M. Braulio (Rainer) (Schafberg am Padolla 7450 Lischanna nahe am Glet- | Umbrail Kr. Brüggerhorn 7500 scher Kill. Casanna 8600 Cavy. Mor. Br.) Flühseen Avers Br. | N |Silene acaulis L. k |P. Toissa St. Michel |M. Uccello 8594 P. Beverin — — | (Bevers. Campsut) 8004 Br. Sureden 8527 9233 Br. u |Scaradra 8400—8500: | Am P. Beverin Minschun 9454 | Schwarzhorn Br, P. Lunghino 8558 Umbrail 9100 Beverserthal 8300 bis | Lavirums 8700 P.Costainas 9233 8400 Am Umbrail 8914 Ciantun 9490 Flessalp 8100 €. di Sponda lunga 8767 Linard 8400 Stelvio Bernina 8070 | Livino 8300 | N var. exscapa All. u |P. Cavradi Br. P. Lunghino 8558 Beverserberg |P. Hot 9700| P. Linard | Zw. Misox und Calanka | Lavirums 8700 und 9266 u. 9800 Br.) 10100 8324 8900 Cambrena 9041 Scalettapass Br. Rothhorn 8927 Br. E | — inflata L. m | — rupestris L. Rosetsch Kummerhubel 8001 Br. Alveneueralpen 8300 bis 8500 Br. Lischanna über 9000 Kill. P. Combio 9150 Br. 75 — Gestein. Von 8000 P. F. bis 8500 P. F. Von 8501 P. F. bis 9000 P. F. Von 9001 P. F. bis 9500 P. F. V. 9501 P.F. bis 10000 P. F. V.10001 P.F. bis 11000 P, F. mm ll a |Lychnis alpina L. u k Sa | Gypsophila repens L. var. alpigena Brügg. Crassulaceae. Sa | Sedum atratum L. k u Sa | — alpestre Vill. (S. saxatile All. repens Schl.) a |Rhodiola rosea L. u Sa | Sempervivum monta- | u num L. Sa | — arachnoideum L. | u a |— Wulfeni Hoppe Saxifrageae. Sa | Saxifraga Aizoon L. | u var. compacta Heg. | k Am Stallaberg 8050 Jupperhorn 8258 Br. Bernina Julier Lavirums v, 7500 bis 8500 P. Trais fluors Br. Schwarzhorn Br. Eroserfurka 8158 Br. Livino 8300 Bernina 8070 Fimberpass 8020 Br. Ducanpass Br. Alveneueralpen 8300 bis 8500 Br. Weisshorn Br. Avers Lenzeralp Br. Schwarzhorn 8280 Br. Forcellinapass Jupperhorn Br. Fimberpass Br. Parpaner Rothhorn 8000 Br. Alveneueralpen 8300 bis 8500 Br. Weisshorn Br. Scaradra 8400-8500 Scaletta 8062 Br, P. Hot 8500 Bernina 8070 Kummerhubel 8001 Br, AmM. Uccello 8000 Br. F. d. Commarina Br, Eroserfurka 8158 Br. Schwarzhorn 8280 Br. Ob. Engadin bei 8500 Cav. Bernina Br. Heuthal Cambrena Languard Roseg 8000 Cav. Stallaberg 8050 P. Hot bei 8500 Br. Val Calanka östl. über Cauco 7000-8000Br, Eroserfurka 8158 Br. Beverserthal 8400 Am Padella b. 8000 Br. Sass Corviglia 8813 Br. Sureden 8527 Lavirums 8700 P. Padella Br. Samnaunpass 8860 Br. Lavirums 8774 Br. Duanapass Avers 8589 Br. P. Hot 8800 Br. Sureden 8827 Beverseralp 8600 Lavirums Br, Ob. Engadin b.9000Cav. Lavirums Br. Am Padella bei 8800 Br. P. Combio Gipfel 9150 Br. Minschun 9454 DE ae Rn EEE 76 | Von 8000 P. F. Von 8501 P. F. Von 9001 P. F. | V.9501P.F. | V.10001P.F. = bis bis bis bis bis 5 8500 P. F. 9000 P. F. 9500 P. F, 10000 P. F. | 11000 P. F. a |Saxifraga Aizoon L. var. apetala Brügg. | u | Am Parpaner Roth- _ —_ _ _ horn 8000 Br. Sa | —Hostii Tausch. Engl.| k | Am Stelvio —_ _ _ _ (elatior M. et K.) (Am Campione) Sa |— aizoides L. S. Michael Br. Sass Corviglia 8813 Br. _ u _ Eroserfurka 8158 Br. | Samnaunpass 8865 Br. Furkahorn 8300 Br. Schyahorn 8370 Br. Samnaunalp a |— caesia L. k |S. Michael Br. Sass Corviglia 8818 Br. —_ _ - Eroserfurka Br. Weisshorn Br, Ducanpass 8225 Br. P. Padella 8000 Br. Lunghinopass zw. Ma- loja und Septimer bei 8000 Br. Am Stelvio Furkahorn und Schya- horn 8370 Br. A | — oppositifolia L: u |P. Cavradi Br. Kalfeusen 8714 Mohrenkopf | Linard Linard10100 (Lavin.Fettan. Camp- M. Uccello b. 8300 Br. | Trinseralp 9128 Lavirums- | Bernina sut. Engadin) Muretto 8050 M. Uecello 8591 P. centrale berg 9554 | 10667 Eroserfurka. Avers Sureden 8527 Spitze d.Scesa- | P. Pisoe Forcellina Br. Am P, Beverin Br. plana 9200 Mor.) 9786 Kill. Beverserthal 8309 Lunghino 8558 P. Combio Laret 8000 Beverseralp 8600 9150 Br. Amı Linard 8400 P. Padella Br, Beverserb. 9266 k | Livino 8300 Lavirumspass 8700 u. | Am P. Linard Am P. Tasna 8900 9400 Alveneueralpen 8300 | Am Umbrail 8600 und | Minschun bis 8500 Br, 8914 9080-9454 Weisshorn Arosa Br. |P. Lat 8621 Kill, M. Braulio 9134 C.diSponda lunga 8767 var. compacta — —_ = —_ P, Hot 10001 Br. N | — biflora All. u | Flimserstein Bern. Duanapass Avers == — — (Valserberg 7700, Valetta 8589 Br. Safıerberg 7600 Br.) Jupperhorn 8158 Br. | Am Uccello 8594 Am Uccellv b. 8300 | Am Scopi Br. Lunghinopass 8111 Br. N |— aspera L. Dec. u |P. Cavradi 8060 Br, |Parpaner Rothhorn Br. | P. centrale P. Linard |Linard10100 var. bryoides L. k | Flimserstein Bern. Sureden 8527 P. Beverin 9600 u. 10200 Val Calanka 8100 Br. | Lunghino P. Combio Lavirumser-| P. Hot Valetta 8144 Duanapass 8589 Br. 9150 Br. berg 9544 | 10001 Br. Avers Br. Beverseralp 8600 Beverserberg | P.Lischanna) P, Languard Ducanpass Br. P. Languard 9266 9544 Kill. | 10053 Br. EN. a 3 Von 8000 P. F. Von 8501 P. F. Von 9001 P. F. | V. 9501 P.F. | V.10001 P.F. < bis bis bis bis bis 5 8500 P, F. 9000 P. F. 9500 P. F. 10000 P,. F. 11000 P.F. N |SaxifragaasperaL.Dec. Beverserthal 8309 und | Palü 9000 Linard 9400 _ — var. bryoides L. 8456 Lavirumserpass 8700 | Minschun 9080 Linard 8400 Am Umbrail 8914 Cambrena 9041 Scaletta 8062 Stelvio 8600 Lavirums Muretto 8500 C.di Sponda lunga 8767 |M. Braulio Bernina 8070 9100 A |— stellaris L. var. nana a |— muscoides Wulf. (moschata Engl) var. atropurpurea Koch var. acaulis Gaud. var. moschata Wulf. var. integrifolia N |— exarata Vill. (Urserenthal. Campsut) Alveneueralpen 8300 bis 8500 Br. Weisshorn Arosa Br. Schwarzhorn Eroserfurka P. da Musch Br. F. d. Commarina Br. Valetta 8144 u. 8050 Beverseralp 8300 Scaletta 8062 Am Languard 8000 Livino 8300 Lavirums Bernina 8070 Weisshorn Arosa Br. Calankeralpen Kummerhubel 8001 Br. P. Toissa Br. Thäli Luekle Br. P.da Musch b. 8000 Br. Weisshorn Br. Alveneueralpen 8300 bis 8500 Br. Laretalp 8100 Ducanpass 8225 Br. Fimberpass Br, Muretto 8050 Scaradra 8400 u. 8500 Forcellinapass Fimberpass 8020 Br, Am P. Beyerin zw.8000 u. 8500 Br. P. Laiblau 8490 Br. P. da Musch 8339 Br. P. Cavradi 8068 Br. Am Stallaberg 8050 Forcellinapass Br. Bernina 8070 Am P. Linard 8400 Scaletta Grimsel Avers Br, P. della Commarina 8000—8110 Br, P.Umbrail 9340 P. Costainas 9233 C. di Sponda lunga 9074 Ciantun 9497 Duanapass Avers 8589 | P. Combio — Br. 9150 Br, Samnaunpass 8865 Br. Lavirums 8500 Stelvio Passhöhe 8600 Br. Trinseralp 8994 —= — Scaradra Koell. Sass Corviglia 8813 Br. M. Uccello 8594 Mohrenkopf |P.Pisoc 9786 Samnaunpass 8800 9128 P. Lischanna P. Beverin 9544£ Kill, 9233 Br. Minschun 9454 Samnaunpass 8865 Br. M. Uccello Rothhorn 8927 Br. P. centrale Lavirums- Sureden 8527 P. Hot 9500 | berg 9554 P. Lunghino 8558 Br. | Br. Lavirumspass 8700 Beverserberg Am Umbrail 8600 und | 9266 8914 Bernina 9048 Stelvio Passhöhe Br. Lavirums Cima di Sponda lunga 8767 uod 9074 P. Cotschen Kill. Umbrail 9340 M.Braulio 9100 P. Costainas 9233 78 Von 8000 P. F. Von 8501 P. FE. Von 9001 P. F. Q — stenopetala Gaud. | k (aphylla Stbg.) (Am Wormserjoch b. 6600 Br.) — planifolia Lap. u (muscoides All. Engl.) (Valserberg. Rhein- wald b. 6000) — Seguieri Spgl. u (Splügen 5500) (Beverserthal 6900) — androsacea L. k (Valserberg 7711) (Rosetsch 7149) (Samnaunpass 7000) — androsacea — Seguieri Br. — adscendens L. (controversa Sternb.) Fr Flimserstein Bern. N abfall des Padella Calandagipfel Weisshorn Arosa 8173 Br. Flimserstein Thäli Luekle Br. P. Padella b. 8000 Br. u. 8800 Br. Grath südl. d. Parpaner Rothhorn 7000 bis 8000 Br. Ducanpass 8225 Br. Furcahorn 8400 Br. Hochgrätli. Forcellina Br. Grimselpass Avers Br. Flimserstein P. Laiblau Br. P. Toissa Br. Calandagipfel (Salis) Zw. Misox und Calanka 8324 Schwarzhorn 8280 Br. Ganalalp 8100 Valetta 8144 Hochgrätli Br. Grimselpass Avers Br. Forcellinapass Br, Beverserthal 8300 Fimberpass Br. Scaletta 8062 P. Padella Br. Am P, Tasna Kill. P. Toissa 8104 Br. Weisshorn Arosa 8173 Br, Avers, P. Padella Br. Livino 8300 Beverserthal 8309 und 8400 Stätzerhorn Br. Am P.Padella 8470 Br. Livino 8300 Stallaberg bei 8500 Am P. Padella 8500 bis 9000 Kr. Casanna Livino Br, Rothhorn Br. Beverseralp 8600 Am P, Bernina Albula M.Braulio 9134 P.centrale P. centrale P. Hot bis 9500 Br. Minschun 9080 P, Beverin 8000 bis 9000 Br. Rothhorn 8927 Br. Sureden 8527 Canalpass 8792 Duanapass 8589 Br. Am Languard Lavirums 8700 und 8800 Stilfserjoch P. Lunghino Br. Stelvio 8660 C. di Sponda lunga 8767 Sass Corviglia 8813 Br. Umbrail 9320 (Dr. Herm. Müller) Lavirumspass 8700 Br. Am Beverin Br. | V. 9501 P. F. | V.10001P.F. = bis bis bis bis bis 5 8500 P. F. 9000 P. F. 9500 P. F. 10000 P. F. | 11000 P. F. Saxifraga exarata Vill.| u | Beverserberg 8456 Stelvio Am Umbrail var, acaulis 9231 Ciantun 9497 var. compacta Koch Alveneueralpen 8300 | Am Lavirums 8900 Br. \P. Combio 9150,P. Hot 9800 P. Languard bis 8500 Br. Br, Br. 10053 Br. Schwarzhorn 8200 Br. P. Combio östl. v. Misox 8500—9100 Br. Von 8000 P. F. Von 8501 P. F, Von 9001 P.F. | V.9501 P.F. | V.10001P.F. E 3 bis bis bis bis bis 8 8500 P. F. 9000 P. F. 9500 P. F. | 10001 p. F. | 11000 P. F. Onagrariae. a | Epilobium alpinum L. | u | Forcellinapass Avers —_ _ = es 8000—8460 Br, _ Am P. Languard bei 8000 Br. Empetreae. a |Empetrum nigrum L. Kummerhubel 8001 Br. u —_ = = u | Bernina 8070 Beverserthal 8300 P. Padella Br. Rhamneae. Sa | Rhamnus pumila L. | k | Bernina 8070 Am P, Padella bei 8600 = nom = Br, Dryadeae. Sa |Rosa alpina L. u | Heuthal 8200 Eu be. = “ef Sa | Potentilla aurea L. u |Scaradra 8400 u. 8500 Sn er —_ = k | Kummerhubel 8001 Br. Am Stallaberg 8050 Br. Bernina 8080 Am Languard bei 8385 Br. Livino 8300 P. Combio 8000 Br. A |— alpestris Hall. fil. | u | Am P. Padella ae ee Me = Bernina 8080 Schwarzhorn bei 8280 Br. Eroserfurka 8158 Br. Avers.Jupperhorn 8258 Br. Forcellinapass bei 8234 Br. Sa | — grandiflora L. u |Parpaner Rotlhorn b., —_ _ — —_ 8000 Br. Am Stelvio Tyroler Seite 8000 Br, n |— frigida Vill. u | Flimserstein 8250 Bern, | Am Rothhorn 8960 Br. |P. Cotschn [Am P. Lan- _ Lavirums Sureden 8527 9325 Kill. guard bei Grosshorn ob Cresta Piz Umbrail 9800 Br, 8640 (Käser) 9100 u. 9340 Lavirumspass 8700 u. |P. Costainas 8930 Br, 9233 Stelvio 8660 Ciantun 9497 Am Umbrail 8314 C. di Spondalunga 8767 a |— nivea L. Zwischen P. Padella und —. Bernina Tschü- _ — (Felsend.P.Champatsch P. Traisfluors 8300 Br. fier9200Cav. obSchuls Unterengad.) - (Herb. Polyt. Helv.) 80 Potentilla minima L. Sibbaldia procumbens L. Dryas octopetala L. Geum montanum L. — reptans L. (Canalalp 6000) Alchemilla vulgaris L. (Schaflager!) —pubescensHall. Koch Gestein. Von 8000 P. F. bis 8500 P. F. Hochgräthli u. Jupper- horn 8258 Br. Urdenpass Br. Livino Fimberpass 8020 Br. Scaletta 8062 Br. Surcarungaspass Br. Weisshorn Arosa Br. Schwarzhorn Br. Stallaberg 8050 Avers Forcellinapass 8144 Br. Alveneueralpen 8300 bis 8500 Br. Beverserthal 8309 Scaletta 8062 Am P. Padella Bernina 8070 Lavirums 8500 Sascarungaspass Br. Eroserfurka 8158 Br. Livino 8300 Furcahorn 8400 Br. Scaradra 8400 bis 8500 Forcellinapass Br. Am Languard 8385 Br. Livino 8300 Bernina 8070 Surcarungaspass 8125 Br. Weisshorn Arosa 8173 Br. Schwarzhorn P. Cavradi 8060 Br. Scaradra 8400 bis 8500 Avers Br. Alveneueralpen 8300 bis 8500 Br. Beverserthal 8400 Am P. Padella Laret 8100 Livino 8300 Weisshorn Arosa 8173 Br. Parpaner Rothhorn bei 8000 Br. Forcellina Avers Br. Fimberpass Br, Von 8501 P. F. bis 9000 P. F. P. Padella 8800 Br. Sass Uorviglia 8813 Br. Lavirums Br. Am Wormserjoch bei 8600 Samnaunpass 8865 Br. Sureden 8527 Am Languard bei 9000 Br. Stelvio C.di Sponda lunga 8500 P. Padella 8800 Br. Sureden 8527 P. Lunghino 8558 Rothhorn 8927 Br. Lenzeralp Br. Am Languard Br. Beverseralp 8600 Samnaunpass 8800 Lavirums 8700 u. 8800 Am Umbrail 8600 u. 8914 P. Lat 8621 Kill. P. Combio 8500 u.8800 Br. Sureden 8527 Lavirums Br. Am P. Padella Br. Von 9001 P.F. bis 9500 P. F. Lavirums 9200 P. Cotschen 9325 Kill, Lavirums 9200 M.Braulio 9100 C. di Sponda lunga 9074 AmP.Languard bei 9500 Br. V. 9501 P.F. bis 10000 P. F. Lavinerberg 9554 Lavirums- berg 9554 P. Lischanna 9544 Kill. P. Tasna 9756 Kill. Combrena 10000 (ar, P. Hot 9800 Br, V.10001 P. F. bis 11000 P. F. Gestein. Von 8000 P. F, bis 8500 P. F. Von 8501 P. F. bis 9000 P. F. Von 9001 P. F, bis 9500 P. F. V. 9501 P. F. bis 10000 P. F. V.10001P.F, bis 11000 P, F. a | Alchemilla fissa Sch. | a |— pentaphyllea L. u ne Di Papilionaceae. Er E | Trifolium pratense L. var. alpicolum Heg. Sa | — badium Schreb. u var. nivale Brügg. A |— alpinum L. u | . a |— pallescens Schreb. [=] Sa | — caespitosum Reyn. E | — Lotuscorniculatusl. u var. alpinus Heg. E | Anthyllis vulneraria | u e - L. var. alpestris Heg. Sa | Phaca astragalinaDee.| u a |— frigida L. u a |— australis a |Oxytropis Halleri Bunge (uralensis Dec.) (Alp Urschein u.Remüs) — campestris L. sp. u B Surcarungaspass Br, Thäli Lüekle Br. Hochgrätli 8126 Br. Forcellina Fimberpass 8000 Br. Bernina Duncanpass Br. Scaradra Kummerhubel Br, Küpfenfinh 8100 Br. Flimserstein Bernina 8070 Laret bei 8000 Am P. Beverin Scaletta Br. Eroserfurka 8158 Br. Parpaner Rothhorn bei 8000 Br. P. Beyverin Br. Fimberpass Br. Am P. Beverin Br. M. Ueccello 8000 Br. Am P. Languard 8000 Br. Kummerhubel 8001 Br, Flessalp 8000 bis 8100 Flimserstein8250 Bern, Bernina Br. Flessalp 8000— 8100 Forcellinapass bei 8100 Br. Am Julier bei 8000 Br. Beverseralp Bernina Br, Am P. Beverin Br, Jupperhorn 8258 Br. Am Samnaunpass 8000 Br. Weisshorn Arosa 8173 Er. Fimberpass Br. Am Stelvio Am Umbrail Valettapass Am P. Padella Am Schwarzhorn Br. Schyahorn 8370 Br. Stelvio Höhe des Passes ©. di Spondalunga 8800 Lavirums Br. N Beverserthal 8600 Am P. Languard bei 9000 Br. Sass Corviglia 8813 Br. Beyerserthal Von 8000 P. F. Von 8501 P. F. Von 9001 P. F. | V.9501P.F. | V.10001P.F bis bis bis 8500 P. F. 9000 P. F. 11000 P. F. ’ m | Oxytropis montanal.sp. St. Michel Br. Sass Corviglia 8813 Br. _ —_ { 3 Weisshorn Br, ö { ”, Ducanpass 8225 Br. f Am P. da Musch 8000 Am P. Padella > Alveneueralpen 8300 } h bis 8500 Br, a |— lapponica Wahlb. | u | Surcarungaspass 8125 Sp. Br. he Fimberpass Pr. Am Padella Vulpius Am Umbrail g a |Hedysarum obscurum| u | Oberengadin bei 8200 | Samnaunpass (Stammer- — — — { ö Cav. pass) 8865 Br. ei # . nn B Pr . X d ’ er Verzeichniss II. Uebersicht der nivalen Flora der raetischen Alpen. Arten (nicht Varietäten) Cupressineae . Gramineae Cyperaceae Juncaceae Liliaceae 3 5 Colchicaceae . 5 \ Orchideae Salicineae Polygoneae Chenopodiaceae Thymeleae Santalaceae Dipsaceae Valerianeae Plantagineae . Plumbagineae Globularieae . Synanthereae. Campanulaceae Vaceinieae Ericaceae Primulaceae . Lentibulariae. Labiatae Scrophulariae Borragineae . Gentianeae Rubiaceae Umbelliferae . Ranunculaceae : 3 Papaveraceae. BAR Polygalaeae . Cruciferae Cistineae Droseraceae . Violarieae Paronychiae . Alsineae Sileneae. Crassulaceae . Saxifrageae ÖOnagrariae Empetreae Rhamneae 8 : Dryadeae . Besiee Papilionaceae P Prof. Heer gibt die Zahlen Hw Leual or HaeaHoogoocHDHDySIHHOSyRDyDBDPRIRHUPDOD-THDHHHH HATTE WM DO ST Hm fer „m jr „ Ho. ooamH co lIorroplral.allocvpl lan Ft PHrHHum+Howßmnm m = f - vw un) [x ann | 194 185 UN Seele rs ee 1 Ilm 84 78 IBI ı wol ll ıIıoal’l-IiIiIivre-m ıaımmDIı DI ıl 10001 bis 10500 rer I 1 RE | 16 16 10501 bis 11000 NZ Les Ze Heseı [ae Er bee Ta En oe 1 ee 4 4 Der Unterschied scheint von einer ungleichen Werthung einzelner Formen als Art oder Varietät herzurühren. Der Herausgeber. Verzeichniss 111. Nivale Flora des Wallis und Chamonix. Torrenthorn) Riffelhorn |St Vincent-| Col de St | Weissthor | M* Rosa | Gletscher- |Grand Mulet Varia 2200 18-9000 | hütte Tieodule 11138 in Kuss A garten Ton N“ Dane Ri und "er- + F a® a 0 eh ine und Gommengrat, mach dem Wer: [van Bao |Grureul 05000 | + Den a | + Brügger. Das Verzeichniss des Herrn is 9000 10000 27 syFi 1 N + Ch. Ball,diegenauen Höhenangaben ent- dur + ) a haltend, liegt bei.) 488Tincent- Pyramide 11776 Cupressineae. ] Juniperus nana W. e i 2 = + = z = 1. = Fi I en Gramineae. Asrostis rupestris All. . : : - H + - - - en gr. — alpina Scop. . E 5 e - - - - = = en = Avena versicolor Vill. - - — = = = + = — subspicata L. sp. + + E En - - Pr = Poa alpina L. var. vivipara . 5 : 9 + + + Te = = =L — caesia Sm. = = = > = z = — laxa Haenke var. flavescens 5 : » + # = + + ih + Eu — minor Gaud. : : - - -L = — = = = — cenisia All. - : : h — + - Senn = = = Festuca ovina L. var. violacea Gaud. 5 ö - + + - = = = = var. alpina Gaud. . 2 - + - - = = z = = — Halleri Vill. - Hr + - = - + rn — varia Hnke. . 5 E e - + - - = = e = Phleum alpinum L. : 5 ; - - - - pr _ an = Koeleria hirsuta Gd. .. : 2 - - + - — _ = 3 Anthoxantum odoratum L. . : - - - - = = en _ Nardus stricta L. b : : - + - - - _ = = Cyperaceae. Elyna spieata Schr. 5 . £ - + + - = = = = Carex rupestris All. R 6 - ++ - - 2 - = = — nigra All.. + ++ + = Z = = + — foetida Vill. - + _ - = = + x — curvula All. - +4 - = Yale ir = — bicolor All. . - + = = n > = S — sempervirens Vill. . z = - - = - a z SE = — ferruginea Scop. 3 - a - - - - > m a “ Juncaceae. Luzula spicata L. sp. . 5 a = + + - - - + 3 — spadicea All. sp. 5 5 : = + - - - - dr z — Jutea All. sp. . & : : - # = - - = AL = Juncus Jacquini L. e 5 B — + - - _ = er = — trifidus L. i E : 5 - + - - - = 2 re St Vincent-| Col de St hütte | Theodule Mt Rosa 10318 95—9800 + Weissthor | Mt Rosa | Gletscher- |Grand Mulet 11138 |) Nase A garten von) Mt Blanc == 10990 | Chamonix | 9387 2) Nase B| 8488 + Torrenthorn un un — 9000 + von Foo Gornergrat bis 9000 | 9—10000 + 11176 + A one Pyramide 4 4)tYincent- 11776 Liliaceae. | | | _ Lloydia serotina L. sp. - > 2 — + - - = = = e Salicineae. BeSalix herbacea Lu... . .. 0. - + + + = = an 2 — retusa L. var. serpyllifolia . x e - ++ - - - = = & — — retieulata L. - 5 © 2 - - + - = = & = h Polygoneae. _ Oxyria digyna L. sp. . A : - + + _ = = = = Santalaceae. Thesium alpinum L. . © 2 - + - - = a = = Plantagineae, _ Plantago montana Lam. — alpina L. . A r 2 B - + - = = & Et Synanthereae. + ! Adenostyles neanlnla W. ep. — alpina L. sp. . Homogyne alpina L. sn Aster alpinus L. . Erigeron uniflorus L. — alpinus L. Solidago virgaurea “cambriea Huds. Gnaphalium supinum L. Antennaria dioica L. _ —_ — carpathica Whlg. _ Artemisia mutellina L. . —— glacialis L. — spicata Jacgq. Achillea nana L. — moschata L. . var. hybrida Gd. ; _ Chrysanthemum alpinum L. . var. minimum Gd. . Arnica montana L. Senecio incanus L. k var. pygmaeus Br. . — uniflorus All. _ Cirsium spinosissimum L. : Taraxacum officinale Wigg. var. . Leontodon pyrenaieus Vill. sp. Crepis aurea L. sp. - _ Hieracium nn Hoppe — alpinum L. 2 var. Hallei . 0 _ — glanduliferum Hoppe een ee ir ge een j III +1 ı De Eee Bee Pa FE et) DAS e aba Sees oe la ei ei Frr /Trugberg am l Aletschgl. ıIıı+ıı ı ı++ıı+ıH+1ı ne erteilte - [So] a ee Dar N Nass Na ei let Ca eu ee Ita 0 + +1 ı +41 1 1 +1 1 RN TE en eng ER KT ER; KONNEN en AN 5 Y Torrenthoro| Rifelhora |St Vincent-| Col de St | Weissthor | M* Rosa | Gletscher- |Grand Mulet] Varia 9260 8—9000 hütte | Theodule | 11138 |!) Nase A garten von) Mt Blanc + + Mt Rosa 10318 + 10990 | Chamonix 9587 von 8000 | Gornergrat | 95 — 9800 + 2) Nase B| 8488 + bis 9000 | 9—10000 + 11176 + Bi + 3) Fıru Insel 11462 4)S*Yincent- Pyramide 11776 Campanulaceae. Phyteuma hemisphaericum L. - ++ - = - _ = Zu — globulariaefolium Stbg. = ++ + + - = = E — humile Schl. D = Ing = _ - _ _ = Matterhorn Campanula barbata L. - - - - _ — AL = — cenisia L.. = 4 - _ _ _ - _ Lötschenpass — exeisa Schl. - = = e e- 5 3 — _ Scheuchzeri Vill. = + = = = — = - Zermatt 901BB. — pusilla Hke. - + - - - & = z Ericaceae. Azalea procumbens L. - + - - - = = = Vaceinium uliginosum L. - 4 - - - & = A Primulaceae. Soldanella pusilla L. 4 - - - = 4 Aretia vitaliana L. sp. . = + = - - = = = Androsace carnea L. - 4 - - - = = E — obtusifolia All... + ++ - - = & = “ Son -— chamaejasme Host. - Es - - _ = e n — glaeialis Schl. + - + Ar = = = e — pubescens Dec. - - - - = = ae — helvetica L. + - - - - = Be — imbricata Lam. - - - = = = EN Primula viscosa Vill. : - - - - - = it x —SpEeC. » s - Ö 5 u - + - _ 1 = u Labiatae. Thymus serpyllum L. = - - = = = = = ee Scrophulariieae. Linaria alpina L. + + + + - = 4 r var. concolor - 4 - - _ = = & Veronica alpina L. - - + - _ & en o — bellidioides L. e - = - - = S ar a Euphrasia Salisburgensis alpina 15; - - - - - = du e — minima Schl., + Br: - - - & _ = Pedicularis vertieillata L. - + - - = = = = Borragineae. Eritrichium nanum L. sp. . H Sr + + 1 = en Myosotis sylvatica alpestris Schm. - + - - - En = = nr Gentianeae. Gentiana glacialis Schl. - + - - = = = = — verna L. - - + + = = S er _ brachyphylla vil. + + - - _ = = = — bavarica L. - _ - = = = = u var. imbricata + - + = al = = r — nivalis L.. - +# - - = 3 = = ua TTTTT — ——————— nn nn nennen. Torrenthorn| Riffelhorn |St Vincent-| Col de St | Weisstlior | Mt Rosa | Gletscher- 'Grand Mulet Varia 9260 8— 9000 hütte Theodule 11138 |!) Nase A |garten von) M* Blanc + + Nt Rosa 10318 + 10990 Chamonix 9387 von 8000 | Gornergrat) 95— 9800 + 2) Nase B 8488 + bis 9000 | 9—10000 + h Han ir + 3) Firn [use Sr 11462 4)$*Yincent- Pyramide Er EB el Wr en a HE u a al al a m m Gentiana acaulis L. & a 5 - _ = = z = — excisa Pr.. e E 5 e _ = = = S £ — purpurea L.. . B ö 6 - - = — = > Rubiaceae. Umbelliferae. Bupleurum stellatum L. : E - _ - - - - - Meum mutellina L. 5 $ s — = a Er a & Gaya simplex L. Sp. . . i B= + - = a z +++ +++ | Ranunculaceae. Ranuneulus glacialis L. . 6 - + ES var, a) holosericeus Gd. 5 - = — b) roseus Heg. 5 > - — — montanus L. . G > e - _ _ _ - Ic Polygaleae, (wnfenen R £ Nufenenpass Polygala alpina Perrier et Songeon - + - = = = Zermattb.8000 (P. glacialis Br.) ar Cruciferae. 7 1.2 I+++ ı+ I Arabis coerulea Hnke. . 5 - Cardamine alpina W. . R : + — resedifolia L. - £ e : - Braya pinnatifida De sp. . c - Erysimum helveticum Dec. var. . _ Draba aizoides L. . £ B £ - — Zahlbrukneri Host. . > ; - — tomentosa Wahlbge. . - R - — frigida Saut. . . 5 ; - — Wahlenbergii Hartm. var. fladnizensis . e ; - — Johannis Host. . : e : - Petrocallis pyrenaica L. sp. . e - Alyssum alpestre L. Thlaspi alpinum Jacq. - — rotundifolium L. sp. : 5 var. corymbosum Gd. . 2 var. cepaefolium Koch. . Hutchinsia alpina L. sp. var. brevicaulis Hoppe Cistineae. 1 I tl I+-+ 1 #1 HiESEE EZ ie ne Sn nre: I I l I I Ce Seas l Helianthemum alpestre Scop. : - Violaceae. I I | I | l Viola biflora L. . 5 5 A - 4 - - = = = = Paronychieae. Herniaria alpina Vill. . - s - ++ - _ _ - = = ri BEN er as Torrenthorn| Riffelhorn |$t Yincent-| Col de St | Weissthor | Mt Rosa | Gletscher- [Grand Mulet Varia 9260 | 8—9000 | hütte | Tlieodule 1) Nase A |garten von) M* Blanc 1 + Mt Rosa | 10918 SE 10990 | Chamonix | 9387 von 3000 | Gornergrat| 95—9800 + 2) Nase B 8488 + bis 9000 | 9—10000 + 11176 + + + 3) Firn Insel 11462 4)$tVincent- Pyramide 1177 Alsineae, | Sagina saxatilis Wimm. - - - = _ = en = Cherleria sedoides L. + ++ + - - 1.2.3.4. - - Alsine recurva All. - ++ = > = = E 2 er Fouly, Gla- — biflora Whlbe. . - _ e Z > = m nn 1 mer — verna L. ER - = = = e & a Ba re var. subnivalis Heg. =- + _ = - = = = Gaykel Maik: — aretioides M. & K. - - = = = = = Z (Yulptus), Ofen- (herniarioides Rion:) hal’ im EBaae Lepigonum rubrum L. sp. - - - _ _ = + = (Wallis,Muret) Arenaria serpyllifolia L. var. nivalis Godr. . — + - — - & ae es (Marschlinsii Koch) — ciliata L. var. multicaulis Wulf = + - — — = = = — biflora L. . - : = - - _ - S Zu z Stellaria cerastoides L. - _ = = z Ai 3 Cerastium latifolium L. + - _ = - > I in var. glaciale Gd. 6 = ++ | -+ . - = — = var. pedunculatum Gd. . + + - = = e = = — alpinum L. var. lJanatum Lam. - - - - - a A 2 — arvense L. var. strictum Hke.. - + - = = = = = A Caryophylleae. Lychnis alpina L. . - en = = = E a e Silene rupestris L. var. subacaulis — - - = = = 4 = — acaulis L. var. exscapa All. . - + SL = = DE At = — inflata L. var. alpina Heg. - +H - - & = < & Crassulaceae. Sedum atratum L. - - - = - = il e — alpestre Vill. = - = — - ie = — annuum L. 5 ; = - - - - = =[ = Sempervivum montanum L. . = + _ - - = + ” — arachnoideum L. - _ = = = = er. e Saxifrageae. Saxifraga aizoides L. - - a. = = - = a — oppositifolia L. ; - ++ + 4 -_ = - a” var. Rudolphiana K. Eu _ = = z e E Ei — Kochii Hornsch. . ® #H + - - - - - - s > — biflora Al. - + AL = = an =: ed [au Hörlı bei — retusa Gouan - - An = = = = & — aspera Dcc. . _ - - = = - Er & var. bryoides L. + + + + - 1.2 + + ag 8—9000 | hütte | Theodule | 11138 N garten von) Mt Blanc + Mt Rosa N + Chamonix | 9387 von AT Gornergrat | 95 — 9800 + 8488 + bis I 9—10000 + Ben) + ) Firo Inse 2 11462 4)8tYincent- Pyramide era Riftelhorn |St Vincent-| Col de St | Weissthor | Mt Rosa | Gletscher- |Grand Nulet| 11776 Saxifraga stellaris L. — muscoides Wulf. — exarata Vill. var. atropurpurea — planifolia Lap. var. exarata Br. . — Seguierii Spr. . R — androsacea L. . ; ee bei 9630 Ball. Am Gorner- grat 9017 Ball. Onagrarieae. Epilobium alpinum L. . Dryadeae. Potentilla aurea L. — alpestris Hall. f. var. crocea . — minima L. 5 — grandiflora L. . Be afrigidaı Vill. 708 00,00%: Bagnethal a — nivea L. . S 4 P £ 800 or 1A — multifidaL . s Zermatt Sibbaldia provumbens L. Geum montanum L. -— reptans L. £ var. villosum Br. Alchemilla fissa Sch. — pentaphylla L. . Papilionacea. Trifolium saxatile All. . E — pallescens Schreb. . . — caespitosum Reyn. . B — alpinum L. : Anthyllis vulneraria L. rubriflora Astragalus leontinus Wulf n Oxytropis lapponica Whlg. . — Halleri Bnge. . R . ö — campestris L. sp. . 5 o — montana L. sp. — Gaudini Rent. (eyanea Koch) . — neglecta Gay . 5 : Am Matterhorn Bagne d. Saas Zermatt 8000 Me A See Zermatt bei 8000 Bagnethal Tunnel. Schwarz- Verzeichniss der von Herrn John Ball am Riffel und Gornergrat über Die auf dem Hörnli gesammelten sind mit H bezeichnet. Verzeichniss IV. Zermatt beobachteten Pflanzen. Juniperus nana W. — sabina 5 - c Agrostis rupestris Vill.. — alpina Scop. Avena versicolor L. — subspicata L. Poa alpina L. — laxa Hke.. — minor Gd.? — nemoralis Sm. (caesia) Festuca Halleri Vill. — violacea Gld. — oyina var. L.?. — varia Hke. Phleum alpina L. . [e) Anthoxanthum odoratum L. . Elyna spicata Schr. °Carex Davalliana Sm. — curvula All. — foetida L. . — nigra All.. °— atrata L. °--— frigida : > Luzula lutea All. . — spadicea All. Juncus Jacquini L. — trifidus L.. — triglumis . 5 °Eriophorum polystoch. . Rumex scutatus L. °— alpinus L.. 5 = Oxyria reniformis Hook. Salix retusa L. — herbacea L. — reticulata L. e °Euphorbia cyparissias L. °Thesium ? i e Polygonum viviparum L. Plantago alpina L. Homogyne alpina L. Aster alpinus L. . Ki Erigone uniflorus L.- Solidago virgaurea Hud. Gnaphalium supinum Die mit ° bezeichneten Arten steigen nicht in die Untere Grenze. nivale Region (8000 P. F.) hinauf. Obere Grenze. Meter. Par. Fuss. Meter. | Par. Fuss. - 2900 8927 - - 2500 7695 - - 2880 8864 - 2800 8619 — 2850 8773 H. = - 2750 8466 - 3000 9233 - - 3120 9601 = - 2750 83466 = - 2600 8004 = - 3000 9233 > - 2950 9081 z - 2750 8466 = - 2850 8773 = 2600 8004 = - 2600 8004 = 2800 8619 = 2550 7848 H. = - 3050 9387 = > 3000 9233 - - 2330 8609 - - 2530 7788 = - 2466 7591 — - 2950 9081 = - 2900 8927 — - 2750 8466 - - 2800 8619 - 2750 8466 - - 2550 7849 = - 2750 3466 = — 2550 7849 2600 3003 3000 9233 2400 7388 3050 9387 2650 8157 3050 9387 2600 8003 2900 8927 = = 2500 7388 - - 2540 7526 - - 2800 8619 - - 2750 8166 - = 2870 8835 - - 2750 8466 - - 3000 9233 - - 2800 8619 - - 2930 9017 I De „Ze m nn mn nn m nn ne I En en Die mit ° bezeichneten Arten steigen nicht in die Untere Grenze. Obere Grenze. mivalo Region’ (8000>P. F,) hinauf, Meter, Par. Fuss. Meter. Par. Fuss. Artemisia mutellina L. . B ß : e = = 2780 8556 — glaeialis L. 5 & E & ; £ = - 2820 8679 —- spicata Jacq. . e + E e ; 2680 3250 2300 8619 IH. Achillea nana L. . B S a 5 z 2600 8003 3050 9337 — moschata L. . £ ; 5 = = 2800 8619 Chrysanthemum alpinum L. € : ; = — 3130 9477 Aronicum glaciale ? : - i 3 c = — 2750 8466 H. °Arnica montana L. . 5 E ; A = - 2530 7788 Senecio incanus L. e S : ; : 2200 6772 3050 9387 Cirsium spinosissimum L. . : : : - - 2750 8466 Leontodon um £ . 2. i = - 2870 8986 — Taraxaei Will. : - i ö e 2680 8250 2800 8619 — hispidum L. . 3 ; : ; = - 2500 7695 en phrygia L. ee ö : ; : = - 2600 8004 Saussurea alpina L. 5 : : : i 2400 7388 2750 8466 Crepis aurea L. . : © ; : : = - 2750 8466 — jubata Koch . & £ : ö - = - 2750 8466 H. Hieraeium Pilosella L. . : 2 : o = - 2770 3526 — angustifolium Hoppe = ; : - = - 2800 8619 °— statieifolium All. . c % 5 : = _ 2500 7695 — Schraderi ? & : : 2 : ; = - 2750 8466 — glanduliferum Hoppe 5 s : ; = - 2800 3619 Phyteuma haemisphericum L. { . > = - 2340 8740 — pauciflorum : z -_ 2900 8927 Campanula rotunditolia var. Scheuchzeri vill. = - 2930 9018 — pusilla Heg. . . 5 e ö e = - 2900 8927 — cenisia L.. 5 £ > 2 : r 2560 7880 2900 8927 — barbata L. 5 3 : - : = - 2680 8249 Vaceinium uliginosum % 6 £ e E = - 2820 8680 Loiseleuria procumbens : : : — - 2820 8680 Androsace alpina (propinqua Gaud.) i : 2620 8065 . 3130 9326 — obtusifolia All.. a R 5 5 & 2400 7388 2930 9018 Aretia Vitaliana L. 2 © ; : ; 2680 8250 2300 8619 Primula farinosa L. . - : : 5 = - 2750 8466 — viscosa Will. . S & 2 5 > = - 2800 8619 Thymus serpyllum L. . : ? 5 5 = - 2950 9081 °Calamintha alpina L. . 2 { : - - - 2500 7695 °Rhinanthus erista galli var... N : - - — 2520 7757 °Melampyrum sylvaticum L. . E F - = - 2520 757 Linaria alpina L. . 5 5 : e . - - 3000 9235 Veronica saxatilis L. . ; : 5 c = _ 2800 8619 — bellidioides L. . R . i E : = - 2750 8466 — alpina L. . £ h 5 : = - 3050 9387 Euphrasia offieinalis L. var... 3 ; 5 = - 2800 8619 Bartsia alpina L. . 2 a & e - - 2680 8249 Pedicularis vertieillata L. - - - 2680 8249 — rostrata L. 5 B £ - : £ - - 3000 9235 — tuberosa L. . : : - 0 - - 2620 8065 Myosotis alpestris Schm. . : : £ - - 2950 9081 Eritrichium nanum Vill. 2 A 2 : 2300 3619 3100 9841 Gentiana verna L. 3 £ 2 ; : - - 2750 8466 — brachyphylla Vil, . £ : n t - - 3050 9386 — germanica Willd. . : e : 2 - - 2750 ı 8466 ol er RE e 2680 8250 2800 | 8619 — purpurea L . £ e £ : - - - 2750 8466 » Ey * Die mit ° bezeichneten Arten steigen nicht in die nivale Region (8000 P. F.) hinauf. Untere Grenze. Obere Grenze. Meter. | Par. Fuss. Meter. Par. Fuss. Galium helveticum Wieg ? - - 2900 8927 Gaya simplex L. - - 2930 9018 Bupleurum ranuneuloides var. - - 2750 8466 Anemone alpina L. - - 2600 8004 — vernalis L. - - 2600 8004 Ranunculus montanus = - - 2650 8158 — glaeialis L. 2750 8342 R 3050 9388 R. Riffel. 2600 8004 H H. Hörnli. °Valeriana tripteris L. - - 2500 7695 S. Simplon. Arabis alpina L. - - 2350 8773 — coerulea Hke. R 2600 8004 3000 9235 Cardamine alpina Will.. 2600 8004 2350 8773 Draba aizoides L. . e - - 3000 9235 Thlaspi sylvium Gaud. . 2600 8004 2300 8619 — rotundifolium L. 2450 7542 3130 9630 Biscutella laevigata L. - - 2800 8619 Hutchinsia alpina var. brevicaulis 2600 8004 3050 9388 Helianthemum vulgare Desf. — - 2800 8619 Parnassia palustris L. - - 2620 8064 °Cotoneaster vulgaris Lindt — - 2400 7388 Viola calcarata L.. - - 2700 8312 — biflora £ - - 2750 8466 Herniaria alpina vil. = - 2800 8619 Sagina Linnei - - 2600 8004 Cherleria sedoides L. - - 3050 9388 Arenaria ciliata L. - - 2900 8927 — verna - - 3000 9235 — recurva E - - 2360 8803 Cerastium trigynum - - 2930 9017 — arvense L. var. - - 2900 8927 Am Sim — Jlatifolium L. var. 2600 8004 3130 9685 | yensnmiaane °Dianthus atrorubens Jacq. var. = = 2530 7788 Sur ° — sylvestris Wulf var. - - 2450 7542 Lychnis alpina L. . 2500 7696 2750 8466 °Silene inflata Sm. . - - 2550 7850 — rupestris L. . - - 2800 8619 — acaulis L. excapa All. - - 3070 9450 Sedum rhodiola - - 2600 8004 — atratum L. - - 2800 8619 — repens Schl. ; - - 3000 9235 Sempervivum arachnoideum vr - - 2800 8619 Saxifraga planifolia L. - - 2720 8373 — moschata Wulf - - 2930 9019 — aizoides L - - 2800 8619 — oppositifolia L. - - 3050 9388 — biflora All. 2550 7349 2900 8927 — aizoon L- . . - 2750 8466 H. — stellaris L. - - 2800 8619 °— aspera L.. 2550 7350 — bryoides L 2100 6464 3100 9543 — Seguieri Spl. 2400 7380 3130 9635 — androsacea L. - - 2930 9019 Epilobium alpinum L. - - 28300 8619 — alsinefolium - - 2750 8466 Potentilla aurea L. - - 2800 8619 zz zZ FE PSESSSEEESEESESEEEEEEEEEEEEEEEEEE Die mit ° bezeichneten Arten steigen nicht in die Untere Grenze. Obere Grenze. nivale'Region (8000 P. F.) hinauf. Meter. | Par. Fuss. Meter. | Par. Fuss. Potentilla Salisburgensis Hke. var. — frigida Vill. . Dryas octopetala L. Geum montanum L. Alchemilla vulgaris var. L. 3 — pentaphyllea L. Trifolium alpinum L. — Thalii Vill.? — badium Schr. °Geranium sylvaticum 5 Astragalus leontinus Wulf. 2 °Anthyllis vulneraria L. Lotus cornieulatus L. Hippocrepis comosa L. . Oxytropis campestris Dec. — foetida Dee. — Gaudini Ben. — lapponica Gaud. ei VL N o 7388 2850 8311 2930 2750 2800 2840 2930 2780 2800 2750 2440 2620 2550 2900 2800 2800 2750 2800 2800 I N > 8773 9019 8466 8619 8742 9019 8556 8619 8466 7511 8064 7850 8927 8619 8619 8466 8619 8619 Verzeichniss V. EEE L Nivale Pflanzen der Berner Alpen. Faulhorn 8000 P. F. bis 8265 F. Gaulipass 10080 P. F. (3274 M.) Ewigschneehorn 10468 P.F. (3400 M.) Finsteraarhorn 1) Südwest- abdachung 10313 P. F. (3350 M) 2) bis 12313 (4000 M.) 3) bis 13143 (4270 M.) Gramineae, Agrostis rupestris All. — alpina Scop. - 5 Avena versicolor Vill. — subspicata L. sp. Poa alpina L. vivipara brevifolia Gd. — laxa Haenke — annua L. varia Sesleria coerulea L. Festuca pumila Vill. : — ovina L. violacea Gaud. — Halleri Vill. Phleum alpinum L. Cyperaceae. Elyna spicata Schr. Carex nigra All. . foetida Vill. . : c : & — lagopina Whlg. (Guttn. u. Fischer) — curvula All. : E : 0 sempervirens Vill. . R a e 6 — rupestris All. (Hegetschw. u. Fischer) Juncaceae. Luzula spicata L. sp. . — spadicea All. sp. Juneus Jacquini L. Liliaceae. Tloydia serotina L. sp. Salicineae. Salix herbacea L. — retusa L. Polygoneae. Oxyria digyna L. sp. Polygonum viriparum L. . 5 : . Rumex nivalis Heg. (Hegetschw., Fischer) Dipsaceae. Scabiosa lucida Vill. H++++++ +++++4 +44+4++++ ++ +++ Faulhorn Gaulipass Ewigschneehorn | Finsteraarhorn 8000 P. F. 10080 P. P. 10468 P.F, 1) Südwest- bis 8265 F. (3274 M.) (3400 M.) abdachung 10313 P. F. (3350 M.) 2) bis 12313 - (4000 M.) 3) Dis 13143 (4270 M.) Plantagineae. Plantago montana Lam. — alpina L. a Synanthereae. Homogyne alpina L. a: Aster alpinus L. Erigeron uniflorus L. — alpinus L. 6 Gnaphalium supinum 1 Artemisia spicata Jacq. Achillea atrata L. £ Chrysanthemum alpinum 108 — leucanthemum L. Acronicum scorpioides L. sp. Cirsium spinosissimum L. Taraxacum offieinale Wigg. var. Leontodon hispidus L. sp. Crepis aurea L. sp. Campanulaceae. Phyteuma hemisphaericum L. Campanula pusilla Hke. — Scheuchzeri Vill. Ericaceae. Azalea procumbens L. (Guttn.) Primulaceae. Soldanella pusilla Baumg. . Androsace obtusifolia All. — chamaejasme Host. . — glaeialis Schl. sp. — pubescens Dec. — helvetica L. sp. — imbricata Lam. Primula farinosa L. . — viscosa Vill. (Guttn.) Labiatae. Thymus serpyllum L. . Scrophulariieae. Linaria alpina L.. Veronica alpina L. — saxatilis L_ . — bellidioides L. — aphyllaLl. . — serpyllifolia L. Euphrasia minima Schl. Pedicularis versicolor. Whlg. — verticillata L. ++ 1 ++4++4++ 4 ++ +++ 44444444 +++ = +++++++++ so u u Ze Lauteraarhorn 12445 Schreckhorn we Be a 45 BE a Faulhorn Gaulipass Ewigschneehorn | Finsteraarhorn 8000 P. F. 10080 P. F. 10468 P. F. 1) Sürlwest- bis (3274 M.) (3400 M.) abdachung 8265 F. 10313 P.F. (3350 M.) 2) bis 12313 (4000 M.) 3) bis 13143 Borragineae. Myosotis sylvatica alpestris -E = = = Gentianeae. Gentiana campestris L. + = = z — glacialis Thom. 4a 2 e & — verna L. o 4 — a — brachyph ylla Vill. (Guten) + - = = — bavarica > + EE = a — nivalis L- Ein = = er — acaulis L. a = | = 2 — excisa Pr. 4 E e a fast auf der R Spitze Guttn. Rubiaceae. Galium sylvestre alpestre Gaud. AL = = re: — helveticum Weig. 4, m = 2 . Umbelliferae. Meum mutellina L. A = = % Gaya simplex L. sp. a e e 2 Carum carvi L. AL = e ” Ranunculaceae. Ranunculus alpestris L. AL - = 2 — glacialis L. .- a + = 2.3 — montanus Willd. 4 - = > Aconitum Napellus L. ze = = = Cruciferae. Arabis alpina L. . Au u x = — Gerardi Bess. . 5 & > B al = & & Cardamine alpina W. (bellidifolia Scop.) AL = = ä Draba aizoides L. 3 : 9 AL = e 2. — frigida Saut. = - = 1 — Wahlenbergii Hart. var. fladniziensis Wulf a = = e= 'Thlaspi rotundifolium L. sp. L = - # Capsella bursa pastoris L. . + = = = Hutchinsia alpina L. sp. Au = = e Cistineae. Helianthemum alpestre Scop. + — = a Violarieae. Viola calcarata L. + = = = Alsineae. Alsine verna L. Cherleria sedoides L. Moehringia polygonoides Wulf sp Arenaria ciliata L. — biflora L. +4++++ a Faulhorn Gaulipass Ewigschneehorn | Finsteraarhorn 8000 P. F. 10080 P. F. 10468 P. F. 1) Südwest- bis (3274 M.) (3400 M.) abdachung 8265 F. 3) bis 13143 (4270 M.) Stellaria cerastoides L. 5 Cerastium arvense L. strietum — latifolium L. r — acaulis L. Crassulaceae. Sedum atratum L. — alpestre Vill. . Saxifrageae. Saxifraga Aizoon L. — oppositifolia L. — bryoides L. — stellaris L. — muscoides Wulf. — exarata Vill. . — planifolia Lap. — Seguieri Spr. . — androsacea L. Onagrarieae. Epilobium origanifolium Lam. (Guttn.) Dryadeae. Potentilla aurea L. — alpestris Hall. f£. — grandiflora L. — frigida Vill. ö Sibbaldia procumbens L. Dryas octopetala L. Geum reptans L. _ — montanum L. _ Alchemilla pubescens Hall.” — fissa Sch. o B — pentaphyllea ir — alpina L. Leguminosae. Trifolium pratense L.. — caespitosum Regn. . — badium Schreb. Phaca astragalina Dec. ö Oxytropis lapponica Whle. sp. _ — ceampestris L. sp. . Hedysarum obscurum L. ++ I ++ ee] +4+4++++++ + Tl te) een ee lei Hrt+ttttHHtHt ++ +4++++4++ AZ 1 Verzeichniss VI. Nivale Flora der Glarner-Alpen. Von 8000 P. F. Von 8501 P. F. Von 9001 P. F. Von 9501 P. F. bis bis bis bis 8500 P. F. 9000 P. F. 9500 P. F. 10000 P. F. Avena subspicata L. sp. Südseite des Töli 8200 _ — er Poa laxa Hke.. Grätli unter Hausstock | Kärpfstock 8613 Vorab 9346 = 8000 Festuca pumila Vill. id. — — Pe Luzula spadicea All.sp. . | AmGlärnisch bei 8000 = u Aronicum glaciale Wulf sp. | Vorab bei 8000 _ — —_ Hieracium angustifolium Am Hausstock bei _ == Hoppe 8000 — alpinum L.. . id. _ u _ Phyteuma globulariae- il. —_ — — folium Sternb. Campanula cenisia L. Martinsloch Sandgrat _ _ Soldanella pusilla Baumg. |Am Kärpf? Am kleinen Tödi 8700 = _ Androsace glaeialis Schl.sp. |Am Hausstock 8438 | Vorab Vorab 9346 Hausstock 9715 (:400—9800) | Martinsloch An Hausstock Sandalp Sandgrat 8700 — helvetica L. sp. . . . | Seginas (6200— 8700) | Martinsloch Sandgrat 8700 u _ — Heerii Heg. . | Windgelle bei 8169 — _ = (Unter Martins- (Buser) loch (8600-7800) Primula viscosa Vill. Veronica alpina L. Gentiana bavarica L. var. imbricata Fr. . — glaeialis Thom. Pleurogyne caranthiaca (Kisten Scheidegg 7397) Gaya simplex L. . Ranuneculus glacialis L. Cardamine alpina W. . . Draba tomentosa Whlg. . — Wahlenbergi Hartm. var. lapponica W. Thlaspi rotundifolium L. sp. Sandalp bei 8000 Am Glärnisch bei 8000 Segnias 8000 Am Vorab 8000 Am Kärpf Vorab Am Hausstock 8438 Martinsloch Am Glärnisch bei 8000 id. Martinsloch Vorab Sandgrat 8700 Kärpfstock 8613 Kistengrat 8650 Kärpfstock 8613 Sandgrat 8700 Ruüche Glärnisch 8967 Rüche Glärnisch 8967 99. — ‘ Hutchinsia alpina L. sp. . Arenaria eiliata L. var. multicaulis Wolf — biflora L. Cherleria se Cerastium Silene acaulis L. var. excapa Saxifraga aizoon L. var. — caspia L. var. minima — oppositifolia L. . . — Kochii Hornsch — bryoides L. . — muscoides Wulf — exarata Vill. . var. acaulis Gd. — androsacea L.. . — Seguieri Spr. . - — stenopetala Gaud. — planifolia Hape Potentilla minima Hall. — frigida Vill. . . » - Von 8000 P. F. bis 8500 P. F. Hangete am Glärnisch 8000 Vorab Am Glärnisch b. 8000 Am Hausstock 8000 Vorab Bündnerberg 8000 Am Kärpf Sandalp Sandalp Am Glärnisch 8000 Am Hausstock und Segnias 8000 Am Hausstock bei 8338 Hangete am Glärnisch 8000 Hausstock Zutreibestock 8442 Geissbützi (Heg.) Am Hausstock bei 8000 Sandalp Segniaspass 7800—8000 Geissbützi u. Zutreib- stock 8442 Am Kärpf Segnias bei 8000 Am Vorab bei 8000 42 Von 8501 P. F. Von 9001 P. F. bis bis 9000 P. F. 9500 P. F. Sandgrat 8700 Vorab Kärpf 8613 Sandgrat 8700 Graue Hörner 8787 (Custer) Kärpf 8613 Sandgrat 8700 Sandgrat 8700 Clariden 8600 Sandgrat 8700 — Sandgrat 8700 Vorab 9346 Vorab 8600 Kärpf 8613 Vorab bei 9000 Sandgrat 8700 Vorab bei 8600 Sandgrat 8700 Am Tödi 8700 (Heg.) Sandgrat 8700 Vorab bei 8600 Kärpf bei 8600 Sandgrat 9700 (Heg.) 24 Von 9501 P. F. bis 10000 P. FT. e ee Verzeichniss VII. Nivale Flora der Schweiz. a —= Graubünden. — 5b = Wallis. — ce = Ühamounix. — d = Berneralpen. — e = Glarus. I I I IV v vI vIL VII 8000 bis | 8501 bis | 9001 bis | 9501 bis | 10001 bis | 10501 bis | 11001bis | Ueber 8500 P. F.|9000 P. F.|9500 P. F.|10000P.F.\10500P.F.'11000P.F.|12000P.F.\12000P.F. Cupressineae. b Juniperus nana Willd. . a B ER ab RR b x b — = Gramineae. Asrostis rupestris All. - = B . | ade ab ac« b - - — = — alpina Scop. . 5 n ä . | ade ab - - - _ — _ Avena distichophylla vill. F B 2 le a - - - r = & — versicolor Vill. R a 5 . | adbe ac - - - & e = — subspicata L. sp. . e A . . | abde a ac ab b b = = Aira caespitosa var. alpina . : 5 3 - - - - _ - - Poa alpina L . 3 ö 2 0 . | ade a abe b © b b = — caesia Sm. var. aspera Gaud. B BulED a c Rn z b = = — laxa Hke. 2 B ; 2 . | adce ae ace ab abd b b — — minor Gaul. . k E & R . | ab a a b - - - = — cenisia All. ® s 5 e © x b — = = = — annua varia . a 5 . B la - - - - - — - Sesleria coerulea L. . ö : B . | adb a > = = = = X — disticha Pers. : i . & > Ib@ a a a a - - = Festuca pumila All. . 5 : B . | ade a a - = = = = — pilosa Hall. f.. ; > - sl 2 x ® a = z = = — ovina L. var. violacea Gd. : > . | ad T ab b = - = = — — yar. alpina Gd.. ; o - nr a b - - - - - f — Halleri Vill. . E > 3 . | ade ac ab ab _ - = = — rubra var. alpina Wilk. 3 B lee? = - - = = = = — heterophylla var. nigrescens Lam. .1.@ = - _ = — = = — varia Hke. . . 5 . 5 ed b - - - - _ = Phleum alpinum L. . A 5 . |, adbe a - _ - - _ - — — var. commutatum Gd. r B le - - - - - _ - Koeleria hirsuta Gaud. 5 e 3 lrıD 3 25 b _ - = — Nardus stricta L. J q Ge x 12 b - - - - Anthoxanthum odoratum 19 2 2 . | abe - = — = - = = Cyperaceae. Elyna spicata Schr. ad ab a b - - _ - Kobresia cearieina Willd. a = — = - = = Carex mucronata All... a — - = = = = = — lagopina.Whlbg. [7 a - - - - — = — Persoonii Sieb. a - — = - = = = — rupestris All. [7 a x b = = = = — nigra All. $ . adb a ce b - - = = — ericetorum Pall. membrancea H. a a - = — — = = — atrata L.. a a a = - — = — bieolor All. z TC b b - - - - — curvula All. ade ab b ab a - - - — foetida All. ade ir b - - - - - — frigida All, ab a = = = = = — 101 — h I u II ıw vw om vu | vu 8000 bis | 8501 bis | 9001 bis | 9501 bis | 10001 bis | 10501 bis | 11001bis | Ueber 8500 P. F.|9000 P. F.9500 P. F.|10000 P.F.10500P.F.11000P.F.|12000P.F.12000P.F. m m m Carex firma Host. 5 2 R e lt a _ _ - - - = — sempervirens Vill. . A e & . | ade ab @ - = = = = — ferruginea Scop. c & - 5 - = = — ustulata Wahlbg. . - a Eq - - - — = = _ — panicea L. var. 5 6 o 0@ - - - - = _ e Eriophorum Scheuchzeri Hoppe > « - - - _ = = a Juncaceae. Luzula multiflora var. nigricans Dav. EG _ _ _ _ - - _ — spiecata L. sp. . 2 E : 5 . | adee a c abe - - - - — spadicea All. sp. . . i B . | ade ab @ ab - — = — — lutea All. sp. . = 5 | ä le a b b - - - - Juncus Jacquini L . & 5 c . | adbe a b — = - = = — trifidus L. b : © S 3 . | abe b z b - - = — — triglumis L. . e e : Ä . | ab - - _ — = — = — arcticus Willd. ab = - - = = = = Liliaceae. Gagea Liotardi Schult. : e s .| a - - - — = — = Lloydia serotina L. sp. : 3 b - | ad a x b - — = — Lilium Martagon L. . ö - 5 0a’ - - - - - - - Colchicaceae. Tofieldia borealis Wahlg. . e : . | ab - - - = = = er — calyeina var. glacialis Gaud.. £ la - - - - - = = ES Orchideae. Chamaeorchis alpina L. sp. £ © “lea - - - - _ - = Salicineae. Salix herbacea L. e ; 2 s . | ade a ab b b 5 = = — retusa L. 5 5 . | ad [7 b = - = = = — — van. serpyllifolia Scop ? : | a b b - - — — — reticulata L. » a 2 | ab En b - - — - — Lapponum L. . 2 2 > Ella - - - — e — ex — arbuscula L. . - a a — = = = = 4 Polygoneae. Oxyria digyna L. sp. . 2 S . Ba 7 a b b - u = = Rumex scutatus L. . 2 5 % u - — = = = = = — nivalis Heg. . B b - - rd @ - - - - - = — alpinus L. E 5 % . s CE - = = = = es . Polygonum viviparum L. . . : . | ad ab a — - - - - Chenopodiaceae. Blitum bonus Henricus L. sp. . & = a _ _ = = = 4 Santalaceae, Thesium alpinum L. . . 5 : ld - - - = = - = Thymeleae. Daphne striata Tratt. . e > 5 ha a - - — - — - Valerianeae. Valeriana supina L. . e : s lU@ a - - = - NR — 12 — I u III IV v VI VIL VIII 8000 bis | 8501 bis | 9001 bis | 9501 bis | 10001 bis | 10501 bis | 11001bis | Ueber 8500 P. F..9000 P. 7.9500 P. F.|10000 P. F. 10500P. F.\11000P.F.12000P.F.|12000 P.F. Dipsaceae. Scabiosa columbaria L. var. lueida Vill. . | ad = = - — — - - Plantagineae. » Plantago montana Lam. ö & : . | ad - - - - - - - — alpina L. 5 : 3 2 : . | adbe © 1 b — = = = Plumbagineae. Armeria alpina Hoppe : h - i6@ [0 = — — = = = Globularieae. Globularia cordifolia L. . > . . [a - = = = = - = Synanthereae. Adenostyles leucophylla Willd. . : X: a % b - - — = — alpina L. sp. . > : . DRG, = = - = = = = hybrida Dee. . 0 - & 3 .| a - - - - - - - Homogyne alpina L. a ; 5 5 . | ade ab - - - - = — Aster alpinus L. . . B & . | adb [7 x b = — = = Erigeron uniflorus L. . c : : . | ade a abe ab b = = = —_ alpinus, L. = . . | ade = — - - _ = = Solidago virgaurea cambriea Hud. . ae ab - - = - = = Gnaphalium supinum L. . e : . | ade a ab - — = = = — norwegicum Gunn. . e . e .ıq = = - = = — Ze — Hoppeanum Koch . r B D 3 a - - - - _ _ Antennaria dioica L. sp. . o E . |ac a - - — - = = — carpathica Whle. . s 5 5 llae a x b = = = = Leontopodium alpinum Call. : B .|@b a - - - = = = Artemisia mutellina L. 5 n & Sal ab ad b a = = = — glacialis LL . ö : - e "lND b an b — = = = — spieata Jacq. . b ; 5 5 . | ad ab ad a d = = - Achillea nana L.. e c ® : a a adb ab = = = = — moschata L. . : 0 © .) a b ad w d = = = — — yar. hybrida Gaud. . - e NT b - = — - = = — atrata L. ö > . | ad a x ® © x x d Chrysanthemum alpinum I. > £ . | ade ab abe ab adb b b = — Halleri Sut. . : : > 2 N a - = S = = = — leucanthemum L. . B > B .|d = = = = = = Arnica montana L. . E . . | ac a = = = = = Eu Aronicum scorpioides L. sp. e . . | ad @ - = = = = = — glaciale Wulf z : 9 E . | abe [7 a = = = = —- Clusii All. sp- 5 ® 0 . E00, @ « = = = = = Senecio carniolicus Willd. . S . | a a a - - - = — incanus L. . 5 - & : .| cd b b b = - = = — uniflorus All... 5 > © : .|b © m b c b = = — Doronicum L. : c 2 B .|@ = — = = = = = — abrotanifolius L .- : a < 1@ - - - = = = = Cirsium spinosissimum L. . b - . | adbe @ a = = = = = Centaurea nervosa Willd. . - - = 73 = — = = = = = Saussurea alpina L. sp. > . | ab = = = = = = = — discolor L. sp. a [0 - - - = = = Taraxacum offieinale Wigg. "alpinum Hoppe adbe @ [0 x b = = = Leontodon Taraxaci Willd. B a ab - - - - - - — pyrenaicus Vill. sp. ; e 5 au Rec abc d = = - = = — hispidus L. sp. o B 5 ‚ . lad - = = - = = — 103 I u IT IV v vI VII VIII 8000 bis | 8501 bis | 9001 bis | 9501 bis | 10001bis | 10501bis | 11001 bis | Ueber 8500 P. F.\9000 P. F.'9500 P. F.\10000P.F.|10500P.F.\11000 P.F.\12000P. F.\12000P.F. Soyeria hyoseridifolia Vill. sp. a a - = — = = = Crepis aurea L. sp. c adbe | - - — = = = = — jubata Koch . ab - = = = = = RK — grandiflora All. sp. a - _ = = e = © — pygmaea L. « - _ = = = = = — Jacquini raetica Fr. 6 a - — - = 5 = z Hypochoeris uniflora Vill. a - = = = Z = = Hieraceum angustifolium Hoppe . adce | ab b - _ = = = — auricula L. var. [0 - = = = = & 2 — sphaerocephalum Fr. a - - = = & & = — Pilosella L. ab b _ = = = B a — alpinum L. ace a x b = S = = — — var. Halleri Vill. c En = = x ” = = — glanduliferum Hoppe ac ab b - - S = “ — piliferum Hoppe ad - _ = = & = a — villosum L. . a - - > = = & % — albidum Vill. . [7 - _ = = = es S — ineisum Hoppe a - - = = = & & Campanulaceae. Phyteuma orbiculare L. a - - - = = £ & — hemisphaericum L. : adce ab be b x b - - — globulariaefolium Stbg. . a ab a ab b - - - — humile Schl. . ab a a b = & iu 2 Campanula Scheuchzeri Vill. ad a b - - e a ü —_ pusilla Hke. B ad b - - = = = = — barbata L. adbe | a - = - - 2 £ — cenisia L. adbe | adbe | ab ab - - - — exceisa Schl. b - - - = e = 22 Vaccinieae. Vaceinium myrtillus L. a - - - - = = _ — uliginosum L.. ab a gB b - - _ - Ericaceae. Erica vulgaris L. a — = = = N = R Azalea procumbens es ad ab r b - = - = Arctostaphylos Su L. a - - _ = E 2 = — uva ursi L. a - = = z = = = Primulaceae. Soldanella pusilla Bgm. ade ® % b - - - - Aretia Vitaliana L. sp. b b % b - - - - Androsace obtusifolia All ad a b b d - - - — aretioides Gaud. a a - _ = = = > — chamaejasme Host. ad z dr b - - = — carnea L. s © © 42 b - - - = — glacialis Schl. ade abe abe adbe adb|ı a d d — pubescens Dee. d = c d d = = = — Charpentieri Heer . N. Legnone| - _ = = = = - — Heerii Heg. GEW. = = = = - = > — helvetica L. sp. ade ade zdbe a b b - - — imbrieata Lam. adb T x b d - - - Primula farinosa L. db - = = _ = ar = — auricula L @ _ = = = = z zZ — 104 — ö a I u IH a Hilssa VI 8000 bis | 8501 bis | 9001 bis | 9501 bis | 10001 bis | 10501 bis | 11001bis | Ueber 8500 P. F.|9000 P. F.|9500 P. F.|10000P. F.|10500 P.F. 11000P. F. 12000 P.F.\12000P. F. Primula viscosa Vill. . - 2 . | ace ab a - - _ - - — oenensis Th. . 2 s 5 ; 3 e7 a = = = ” r ” — latifolia Lap. . ; B 0 [7 - - = = = = — integrifolia L. E . A B . a a - - _ e = kn — glutinosa L. « a - = = - e = Lentibularieae. Pinguicula vulgaris v. grandiflora Lam. . | @ - - - - = = e Labiatae. Ajuga pyramidalis L. . & 4 . .|a a - - = e = = Thymus serpyllum L. var. . - . . | ad [7 b 02 b - - - Scrophularieae. Linaria alpina L.. R £ E . . | adbe ab ad ab db = - - Veronica alpina L. . h - & . | adbce [7 ab b - — — - — saxatilis L . £ © \ 5 . | ad ab - - - - - = — bellidioides L. : : e 0 . | adbe a - - = = = = — aphylla L. & : 5 £ 5 . | adb a - - _ = = > — serpyllifolia L. 9 ld - - - = — - = Euphrasia een alpinn Lam. . Fe ab - - - = = = — minima Schl. 5 : E . | ade ab b b - - - - Bartsia alpina L.. 6 B E : . | adb a - - = — = m Pedicularis recutita L. 2 5 © ler - - - - - - „A — verticillata L. ö © E B . | adb ab - - - - - I - — rostrata L. : h a = 2 Sl? a ab .- _ — - = — Jaequini Koch 5 a A R |; a - — = = = & — versicolor Whlb. . & B & ld - - - = = = a — tuberosa L. . 5 . £ & eluab = - - _ _ = & — incarnata Jacq. 0 a : 2 32 - - - = = = m Borragineae. Myosotis sylvatica alpestris Schm. . . | ad a b b - - - = Eritrichium nanum L. sp. . { ö . | ad ab a ab ab b b - Gentianeae. Gentiana germanica Willd. Q - o .|Db - - - - - - e — — var. campestris L. ©) : 5 . | adb - - - - - - = — obtusifolia Willd. © - 5 n |6G a - - - - - = — glacialis Thom. . . ; 9 . | ade ab a b - - = - — verna L.. - ; 5 . | adb a abe b b - - - = brachyphylia vi. 5 - B . | ad a ab ab - - - - — bavarica L. ! ; . | ad = = - - - = - — — yar. imbricata Schl. i a . | ae we [2 ab ad x b - — nivalis L. 5 R . B B . Kade a 22 b - - - - — acaulis L. B & b ® B . | adbe a = = = - - - — excisa Pr. > 5 : - . - | ade = = = = - = u — purpurea L. . e . - E - | abe = - - - - - - — punctata L. . R . .| a = = = = — = - Pleurogyne earinthiaca Grisb. . e I = = = - - - - Rubiaceae. Galium sylvestre alpestre Gaud. - . | ad a - - - - - - — helveticum Weig. . B . 5 . | ad = 5 = = = = — r-} = I II bare IV v vI VL VI 8000 bis | 8501 bis | 9001 bis | 9501 bis | 10001 bis | 10501 bis | 11001 bis | Ueber 8500 P. F. 9000 P. F. 9500 P. F. 10000 P.F.|10500P.F.|11000P.F.|12000P. F.|12000P.F. Umbelliferae. Carum carvi L. . d - - - - - - - Bupleurum stellatum Da c = — = - - - - — ranunculoides L. b _ — - - - - - Meum mutellina L. adbe a - — - - = Gaya simplex L. sp. adce abe adb b - - - - Ranunculaceae. Anemone vernalis L. ab a — - - - - - — alpina sulphurea L. ab - - z - - - - Ranuneulus glacialis L. adbee) abe a ab ab b bd d — — var. tomentosus x [0 x x b - = = — — yar. roseus Heg. - = = = b = = - — montanus L. adbe = = - — - - - — Villarsii Dee. . a - - — - - - — rutaefolius L.. ab a = = — z ea = — parnassifolius L. a [7 - - - - - - — pyrenaeus L. a - u - - - - - — alpestris L. ad - - = - - = - — — var. nanus Heer e = - - - - - - Aconitus Napellus L. ad a = = = = = = an erbracäns| Papaver alpinum L. var. raeticum Ler. [1 a & - = = = = Polygaleae. Polygala amara alpestris Rehb. . [7 [7 - - - - - - — alpina Per. Song. ü b x b b = - _ - Cruciferae. Arabis alpina L. . ; R 2 ad ab a - - - - — belliditolia Jacq. ad = = - = _ - - — pumila Jacq. 5 B . a a - - - - - = — caerulea Hke . : - a 6 @ [1 ab ab - - = = — Gerardi Bess. . d - - - - - - _ Cardamine alpina willd. ace ab be b - - - - — resedifolia L. £ e ade ab ce b - - = = Braya pinnatifida Dee. Sp. - : € - _ - - - - - Erysimum helveticum Dec. var.. ® T x b - — = = Draba aizoides L. 6 . ad ab ab = — = = = — Zahlbruckneri Host. a a X b - - = = — tomentosa Whlg. ade a a [7 b — = = — frigida Saut. . ade a ac ® db — = = — Wahlenbergi Har tm. e e - = - = = = — — var. fladnizensis Wulf ad [0 ac b a - = = — Johannis Host. a a ad b d - = = Petrocallis pyrenaica L. d ® Bu x b - 5 = Alyssum alpestre L. . < B : b x ® b - - — = Thlaspi alpinum Jaeg. (Sylvium Gaud.) © b © b - - — - — rotundifolium L. sp. 5 ö - ade ae d b b - = - — — var. corymbosum Gd. br e b b - - = = — — yar. cepeaefolium Koch x x © b - - = = Capsella bursa pastoris L. . d = — = = = = = Hutchinsia alpina L. sp. . ad [0 ad b - = = = — — var. brevicaulis Hoppe [ a b b - = = = Biseutella laevigata L. « b - = = = = = ; 14 I I II Iv v VI vIL VI 8000 bis | 8501 bis | 9001 bis | 9501 bis | 10001 bis | 10501 bis | 11001bis | Ueber |8500 P. F.|9000 P. F.|9500 P. F.|10000P.F.10500P. F.|11000P. F.|12000P.F.|12000 P.F. I Droseraceae. Parnassia palustris alpina Br. . 3 ab _ _ _ -_ & = & Cistineae. Helianthemum alpestre Scop. N A ed, ab - — - = = 4 — vulgare grandiflorum Dee, . 5 . | ab « - - - - - _ Violarieae. Viola calcarata L. : £ R 5 . | adb - - = _ = - S — pinnata L. . q 5 3 e . | ab a - - - = = “ eV ur e ® . . 5 [77 [7 _ _ _ — —, = — biflora L. > : ; - e Zu0D w x b = _ — = Paronychieae. Herniaria alpina Vill. b ab b — = = & ee = Alsineae, Sagina saxatilis Wim. (Spergula saginoidesL.) | adbe _ - - _ - - _ an biflora Whle. . N B . a [7 - — — 5 = ® recurva All. sp. . : 5 : a ab b b = = = = — verna DL. sp. . © . | ad [7 b = = = = = — -- var. a. subnivalis Heg. a [12 ab - = - = = —, — yar. b, Gerardi W. -» : a 48 20 & - = — = = — sedoides Koch a a = = 4 2 = 2 — aretioides M. u. K. (herniarioides Rion) b — — - — - = = Fachinia lanceolata All. sp. r a a - _ = - = - Lepigonum rubrum L. sp. - & B [4 [0 - - _ - = = Cherleria sedoides L. . 3 : BaERdICe abe ab ab a b b = Moehringia polygonoides Wulf sp. d [7 [7 - = = Z = — — var. nana Gd. . 6 r et - - _ _ - = - Arenaria serpyllifolia L. var. Marschlinsii Koch ©) abe @ - - - - Z - — ciliata L. e i a £ d b - - - - = = — — var. multicaulis Wulf ae a [7 b = = = = — biflora L. : b adee [7 [7 - = = = = Stellaria cerastoides iD: : : ade a ab - = - = = Cerastium latifolium L. n . 5 ad a a _ — — = = — — var. glaciale Gd. 0 o B ae ae abe ab ab - = = — — var. pedunculatum Gaud.. ac a a ab = = 3 i — alpinum L. var. lanatum Lam. . Fabie a © 10, % b = = — arvense L. var. alpicolum Br. e | - - - - - = = — — var. strietum Hke. . : lad b 7 b = = = = — triviale Link var. alpinum A. 2 BA - - - = = = = Sileneae, Dianthus glacialis Ike. b a a — = = - = = Silene acaulis L.. : adb ab abe b d d e b — — yar. excapa All. , ace ae ab ab a be b = — rupestris L. . ? : acd b - - = = - = — inflata var. alpina Heg. . & = |8d b a b = - = = Lychnis alpina L. : : - ä . | ab b = = = = = = Gypsophila repens L. . : : > ae @ = — = = = = b , i f j ; Can N a er A ua eg fr — 17 — u IT IV v VI VII VII 8000 bis | 8501 bis | 9001 bis | 9501 bis | 10001 bis | 10501bis | 11001 bis | Ueber 8500 P. F.9000 P. F.|9500 P. F.\10000P. F. 10500 P.F.|11000P.F.|12000P. F.12000P. F. Crassulaceae. Sedum atratum L. ade ab - — = - = „3 — alpestre Vill. . ade De ab - = = = - — annuum L. Ce - = = - = = Rz Sempervivum montanum 1 ac a x b - = = es — arachnoideum L. ac b — = 3 = er # — Wulfeni Hoppe « - = = - = = = Rhodiola rosea L. ab - - - = = = a Saxifrageae. Saxifraga Aizoon L. . adbe ae a - - = e 2 — Hostii Tausch. (elatior M. und RK) a - - = = = = a — aizoides L. ad ab x b = e = . — — var. patens Gaud. x d > > = = e R — caesia L.. ae ae - = — _ = — oppositifolia L. ade ae abce ab adb b = = — — yar. Rudolfiana Koch : 1% ar ab - _ - - — Kochii Hornsch (macropetala Kern) dbe b - - - — - e — biflora All. = E : : a ab - = = = & & — retusa Gouan . Er un 1% b - - e a — aspera L. Dec. B c e - _ = _ - = a — — var. intermedia Hee. e e de x d = >; A — — yar. bryoides L. ade ab ab ab ab b b d — stellaris L. ade ab b = - - & & — muscoides Wulf ade ae abe ab db b x db — exarata Vill. ae ae abe ab ab - - - — — var. planifolia Br. 8 HB ® c b - - = — stenopetala Gaud. ae ae a = - = a au — planifolia Lap. ade abe ab b = = = = — Seguieri Spr. ade ade a b = = = — androsacea L.. ade a ab ” x e & x — adscendens L.. [7 [7 - - = z 2 = Onagrarieae, Epilobium alpinum L.. ac b _ = = = = = — origanifolium Lam. ab - = = = = 4 er Empetreae. Empetreum nigrum L. a - = = = = = re Rhamneae. Rhamnus pumila L. a a = - & = e Rn Dryadeae, Rosa alpina L. a - = = = = er = Potentilla aurea L. ade b = _ - - - - — alpestris Hall. f. ad b x b - = - a — minima Hall. f. ae a x b = = = es — grandiflora L.. ade x % db = - = - — frieida Vill. . adce abe abe ab ab - - — — nivea L. a b a em = = = 4 — multifida ıR b x b b - — = a Sibbaldia proeumbens D. adbe a a - - - - - Dryas octopetala L. adb a - _ = = = - Geum montanum L. adbe ab = = = a e en Geum reptans L.. Alchemilla pubescens | Hall.. — vulgaris L. s — alpina L. — fissa Sch. ® — pentaphyllea L. Papilionaceae. Trifolium pratense L. — — var. alpicolum Heg. . — badium L. : — saxatile All. — alpinum L. o — caespitosum Reyn. . — pallescens Schnb. Lotus cornieulatus L. Anthyllis vulneraria L. var. rubriflora . Heg. Phaca astragalina Dee. — frigida L. — australis L. . Astragalus leontinus Wulf. & Oxytropis Halleri Bge. UP Dec) — lapponica Whlg. sp. — campestris L. sp. — montana L. sp. — Gaudini Reut. — neglecta Gay Bert (eganea Gand.) Hedysarum obscurum L. . Hippocrepis comosa L. ııagaoasszcas 1a WIESSSTEESEIENSTILSTESEIESERZIEETET ISLA ESTESSSE ESSEHENT IS NS NS K- — 109 — Verzeichniss VIII. Artenzahl der nivalen Flora der Schweiz. I II IT IV v VI VII VII Juni 1883 8000 bis | 8501 bis | 9001 bis | 9501 bis | 10001bis | 10501bis | 11001bis | Weber 8500 P.F | 9000 P. F. | 9500 P. F. | 10000P.F. | 10500P.F. | 11000P.F. | 12000 P.F. | 12000 P.F. 1 | Cupressineae 1 1 1 1 l 1 - - 2 | Gramineae . 25 20 15 14 5 4 2 - 3 | Cyperaceae 19 10 7 5 2 - - - 4 | Juncaceae . 8 > b) 4 - - - - 5 | Liliaceae 3 1 1 1 - - - - 6 | Colehicaceae 2 - - - - - - - 7 | Örchideae . 1 - - - - - - - 8 | Salicineae . 5 3 3 3 1 - - - 9 | Polygoneae | b) 3 2 1 - - - - 10 | Chenopodiaceae 1 1 - - - - - 11 |, Santalaceae ; AN 1 - - - - _ - - 12 | Valerianeae : ; N 1 1 - - - - - - 13 | Plantagineae . e al 2 1 1 1 - - - - 14 | Dipsaceae . 1 - - - - - - — 15 | Globularieae 1 - - - - - - = 16 | Thymeleae 1 1 - - - - - - 17 | Synanthereae 56 34 23 16 3 3 2 1 18 | Plumbageneae 1 1 - - - - - = 19 | Campanulaceae . 9 7 5 4 2 1 - = 20 | Vaceinieae . 2 1 1 1 - - - = 21 | Ericaceae 4 1 1 1 - - - 22 | Primulaceae 18 14 10 9 5 2 1 1 23 | Lentibularieae 1 - - - = - - = 24 | Labiatae 2 2 1 1 1 - - - 25 | Scrophulariae 16 11 4 3 2 2 2 2 26 | Borragineae 2 2 2 2 1 1 1 = 27 | Gentianeae. 13 7 5 5 2 1 1 25 | Rubiaceae 2 1 - - - - - - 29 | Umbelliferae 5 2 1 1 - - - - 30 | Ranunculaceae . 10 4 1 1 1 1 1 1 31 | Papaveraceae 1 1 1 - - - 32 | Polygaleae 2 1 1 1 - - = 33 | Cruciferae . 22 19 16 14 6 - - - 34 | Cistineae 2 1 - - - - - = 35 | Droseraceae 1 - - - - - - - 36 | Violaceae . 3 2 1 1 - - - - 37 | Paronychieae 1 1 - - - - - = 38 | Alsineae 18 14 10 6 3 2 1 - 39 | Sileneae 6 6 2 2 1 1 1 1 40 | Crassulaceae 7 4 2 1 - - - - 41 | Saxifrageae 17 16 12 8 4 3 2 2 42 | Onagrariae 2 - - - - - - - 43 | Empetreae . 1 - - - - - - - 44 | Rhamneae . £ : 1 - - - - - - = 45 | Rosaceae . 5 E ; 17 14 11 7 2 - - - 46 | Papilionaceae . s B 19 14 3 8 - - - - Ganze Artenzahl : : 338 227 153 122 47 22 14 8 Der Verfasser nimmt an . 335 226 152 119 48 19 12 6 Anmerkung. — Der Unterschied scheint daher zu rühren, dass einige spätere Nachträge hinzukamen, — die letzte Abzählung des Verfassers geschah im Juni 1883, — vielleicht auch, dass in den Verzeichnissen die Werthung einiger Formen als Art oder Varietät nicht gleich durchgeführt wurde, Der Herausgeber, — 110° — Verzeichniss IX. | Pflanzen der nivalen Region der Schweiz, die in der arctischen Zone verbreitet sind. | Sibirische Nordküste bis Lena Alpen der atlantischen Vereinigten Staaten Staaten Arctisches America Island Grönland Grinnell-Land Spitzbergen Skandinavien Novaja Semlja Beringssund Arctisches Asien Altai Caucasus Himalaya Rocky Mountains Alpen der Paeific- Juniperus nana W. . Agrostis rupestris All. — alpina Scop. Avena subspicata L. EAira caespitosa L. Poa alpina L. — caesia Sm. — laxa Hke — minor Gd. E— annua L. cenisia All. Sesleria coerulea L. E Festuca ovina L. E— rubra L. S (— Halleri Vill. . Phleum alpinum L. Koeleria hirsuta Gd. Nardus strieta L E Anthoxanthum odoratum L. Elyna spicata Schw. Kobresia carieina W.. Carex lagopina Whlg. — Personiü Shb. — rupestris All. — bieolor All. — atrata L. —- ustulata Whlg. — frigida All. — ferruginea Scop. E— ericetorum membranacea Hpe. Par Seel Va | It ı+ı+1ıı u I++ 1 1 1 1 1 4++++ 1 1 1 II +++1+1 1 It #++i14+1 01 | ++ +11 ++4++ 1 4+ I ee Reel ee j ı ı ++ 11 1 DI ee ++ 1++ Bir ee ee BE een Kai talene Noise ee I+1 11 Iıtı+1ı 11 +4++1 1 141 = I +t+t+t+t+++ It ı ıti +7 +1 HI ++ ++ 1 +++ 141 +++ ir ir +41 ı I+++++++++++1+14+1+4+++++++++++ ee De eg an IH FH Hr HH HH FH HH I HI I HH IH + TE ER lee Te ee Tel Kerze oe len EA RL DE en | ER | Sata el 5% E— panicea L . Eriophorum Scheuchzeri Une. Luzula multiflora Ehrb. — spieata L. 5 — spadicea All. . Juneus trifidus L. — triglumis L. — areticus W. 5 Lloydia serotina L. sp- Tofieldia borealis Whleg. DLı tt m EL HI ti I DU HH FH FE HIHI TFT ar (a ıtııı ı+iı-+ıı ee ara IE Selle a aa er ıtiı ı rıtrı 0 En ee en lee! ıtı ıı ı+1ı 1 0 0+ ++1+1ı 1 +11 01 1 N TE a ee ee el +i4+t4t+t+tt+H+tH+ 1 +an+++++++++ +14+++1+++1 1 1 ı+1ı 1 1141 1 bis Lena Sibirische Nordküste Alpen der atlantischen Vereinigten Staaten Staaten Grinnell-Land Spitzbergen Skandinavien Novaja Semlja Beringssund Arctisches Asien Rocky Montains Alpen der Pacific- Arctisches America Island Grönland Caucasus Himalaya Altai Chamaeorchis alpina L. sp. Salix herbacea L. — retusa L. — reticeulata L. . — Lapponum L.. — arbuseula L. . = Oxyria digyna L. sp. . = Polygonum viviparum L. var. Aster alpinus L. Erigeron uniflorus Ti — alpinus L. . 2 ESolidago virgaurea L. var. Gnaphalium supinum L. — norwegicum Gunn. E Antennaria dioica L. sp. — carpathica Whlg. sp. E Chrysanthemum leucanthe- mum L. Arnica montana L. . (Aronieum Clusii All.. Saussuria alpina L. sp. (— diseolor L. sp. E ! Taraxacum officinale var. . Leontodon pyrenaieus Vill.sp. Crepis jubata Koch - Hieracium eeuahlan Hoppe E-— auricula L. . x — piliferum Hoppe — Pilosella L. — alpinum L. . — glanduliferum Hoppe Campanula barbata L. — Scheuchzeri Vill. . EVaccinium myrtillus L. — uliginosum L. : Azalea procumbens L. E Erica vulgaris L. > ArctostaphylosuvaUrsiL. sp. — alpina L. sp. 5 Androsace chamae;j jasme Host Primula farinosa L. . E PinguieulavulgarisL.gr andi- flora Lam. Ajuga pyramidalis L.. E Thymus Serpyllum L. Veronica alpina L. — saxatilis L. E— serpyllifolia L. Euphrasia salisborgensis alpina Lam. ©) SI 5 ee tete Er +++ HH HH Hi It Hi ı ++ ı ı 1 1 1 Dre ti tt Hin a ri Hi ++iı +1 ı Ita Hi +++ ı Hi +44 04 + FH HH TE ME u zo a BL en eg ll ee! te se ae en ae ann ae +ıııı #ı++1ı+1H+1 En ++++1 1ı+44++1 1 1 1 1 1 lebe stesteal a ++4+ı1 1 ı +1 1 1 ı- +1 1 ı +1 1 1 1+ Iı+ı 14411 ı m ı 1 1 1 1 1 ı FI + +41 1 ı +1 ı ı 1 ı v1 0 ı 1 0 Hi +0 ı Ei gie u PR nn Ze ee nel een eo ee en elle lo ee Nee een ji Tl en Deere a Er TE Te ee ee Teen) I +++++1+1 1 +1 1 1 1 Pr ı HI I 001 Te nennen ale nett Or ++ı 1 1 ı+1+1 1 1 ı 1 1 ı+ +1 1 1 1 1 SP ee ne Dean tee Er) en Vle ee ee +1+1 19 ++444+14+44+44++1 1 Pı nı nn ı+ |»). Somit führt diese Gruppe 1—2 Reihen Tüpfel. =#) Goeppert: «Revision meiner Arbeiten über die Stämme der fossilen Coniferen ». pag. 21. er Wie mir inzwischen Prof. Studer persönlich mitgetheilt hat, stammen die betreffenden Stücke von Baron von Sehleinitz selbst, indem Studer bei der Auffindung der fos- silen Hölzer an der Westküste der Insel nicht zugegen war; unsere Vermuthung schien daher der Wahrheit sehr nahe. Ich erhielt die Erlaubniss, diese kleinen und Herrn Prof. Heer kostbaren Stückchen einer genaueren Untersuchnng zu unterwerfen, wobei ich mich jedoch mit Splittern begnügen musste, da Schliffe nieht gemacht werden konnten. Es gelang mir jedoch bei allen 4 Hölzern Splitter abzusprengen, welche meist gut radiale Richtung hatten und auch, nachdem sie mit Schulz’schem Reagenz behandelt worden, deutliche und helle Stellen in Menge zeigten, an welchen Form, Zahl und Anordnung der Holzzelltüpfel, sowie Markstrahlen und deren Tüpfel leicht erkennbar waren. No. 1 zeigt im Allgemeinen wenig Holzstructur, selten sind die Holzzelllängswände erkennbar. An 3 Splittern sieht man deutlich eine Reihe einander nicht berührender, behöfter Tüpfel, oder deren Stellung ist in durch Verwesung hervorgebrachten runden Löchern erkennbar. (Tafel IV, Fig. la, 2a und Fig. 3a.) Zuweilen beobachtet man Zellen mit eigenartig verdickten Längswänden, in welchen runde, dunkle, aber durch- scheinende Tropfen sich vorfinden. (Tafel IV, Fig. 4a, 5a.) Da ausserdem einzelne Zellen entschieden mehr oder weniger verdiekte Querwände und in deren Nähe tropfen- artig angesammelte Massen unterscheiden lassen, dürfen wir diese Zellstücke wohl als Harzzellen deuten. (Tafel IV, Fig. 6a und 7a.) Auf einem in tangentaler Richtung abge- sprengten Splitter lässt sich ein einschichtiger, 5 Zellen hoher Markstrahl in ganz schwachen Umrissen erkennen. No. 2 zeigt sehr deutlich den gesammten anatomischen Bau. Ziemlich dieke Längs- wände, grosse, einander fern gerückte, oval behöfte Tüpfel, zahlreiche Harzzellenstücke mit Querwänden, sowie endlich 2—3 Zellen hohe, einfache Markstrahlen mit 1—4 ziem- lich grossen Markstrahlzelltüpfeln, geben uns den Charakter des Fossils. (Tafel IV, Fig. 1—10, exelusive la—7a). No. 3 zeigt ungefähr dieselben anatomischen Verhältnisse, jedoch im Allgemeinen in kleineren Dimensionen und mit nieht so deutlicher Struktur. Dagegen können hier bis 8 Zellen hohe einschichtige Markstrahlen beobachtet werden. (Tafel IV, Fig. 11—19.) No. 4 zeigt kaum mehr irgend welche Holzstructur und ist total verkohlt; vielleicht dürfen mancherlei hellbraune, rundliche, durch ihre Klarheit auffallende, tropfenartige Stellen als Harzeinschlüsse aufgefasst werden. Ein einziges Mal (unter sehr zahlreichen untersuchten Splittern) konnten 5 parallele Linien beobachtet werden, die wol Ueber- reste von 5 Holzzelllängswänden sein mögen. Diesen Beobachtungen gemäss halten wir uns für berechtigt, die 4 Fossile als von ein und derselben Pflanze, vielleicht sogar als verschiedenen Stellen desselben Stammes herrührend zu bezeichnen. Ihr anatomischer Bau ist aber ohne jeden Zweifel nicht derjenige eines Araucariten, sondern vielmehr der eines Cupressoxylon, indem ganz allgemein und constant (soweit es der Zustand des untersuchten Materials erkennen liess); 1) die behöften Tüpfel sich nicht berühren, jedoch zahlreich und einreihig auf- treten; 2) Harzzellen mit zahlreichen fossilen Harzballen oder Tropfen und verdiekten Quer- wänden, sowie 3) einreihige und 1—8 Zellen hohe Markstrahlen sich vorfinden. Es bleibt uns also nichts anderes übrig, als die Annahme, dass die von Goeppert untersuchten Holzstücke von Kerguelens-Land nicht identisch sind mit den unsrigen, und dass neben dem Araucarites von Goeppert auf Kerguelens-Land eine tertiäre Conifere existirt, welche wir der Untersuchung gemäss: Cupressoxylon antareticum Beust nennen wollen, welcher Benennung wir folgende Diagnose beifügen: 6. poris uniserialibus, erebris sed non eontiguis, radiis medullaribus erebris, uniseria- libus e cellulis 1—8 superpositis formatis, duetibus resiniferis simplieibus erebris. Gehen wir nun zur eigentlichen Vergleichung des hier in Betracht zu ziehenden Materials mit unserem Fossil über, so ergibt sich aus der früher gegebenen Tabelle, dass keine der recenten Araucarien oder Dammara-Arten mit unserem Fossil übereinstimmt und zwar aus folgenden Gründen: 1) Nur eine einzige Reihe von Holzzelltüpfeln führen: Araucaria excelsa. — Bidwilli. Dammara obtusa. — australis. 2) 2—15 Markstrahlzelltüpfel pro Holzzelle besitzen: Araucaria brasiliensis, — (ookü. — imbriecata. — ezxcelsa. — Bidwill. Ferner: Dammara obtusa. — australis. 3) Alle oben angeführten Araucaurien und Dammara-Arten haben nur einschichtige Markstrahlen. Unserem Fossil am nächsten würde Araucaria Cunninghami stehen, welche 1—2 Reihen Holzzelltüpfel und 1—4 Markstrahlzelltüpfel pro Holzzelle aufweist, dagegen nur einschichtige, 1—19 Zellen hohe Markstrahlen und auf den tangental verlaufenden Holz- zellwänden reichliche Tüpfel, sowie nicht allzuhäufige Harzzellen besitzt. Somit kann auch diese Speeies hier nicht in Betracht kommen, 2 a Von den bis jetzt untersuchten fossilen Araucariten können wir folgende eliminiren: 1) Diejenigen, welehe 1—5 schichtige Markstrahlen besitzen, nämlich: Pissadendron Ung. Pitys With. Dadoxylon antiquius Daws. — annulatum Daws. Araucarites ambiguus Goepp. — Keuperianus Goepp. — medullosus @oepp. — Beinertianus Goepp. — Aegyptiacus Goepp. Araucarioxylon Schmidianum Fel. 2) Diejenigen, welche 1—5 Reihen von Holzzelltüpfeln besitzen und ferner die- jenigen, welche zwar nur 2 oder 3 Reihen Tüpfel, dann aber nie eine einzige Reihe zeigen. Auch Araucarites cupreus soll hier mit angeführt werden, da er meist 3, selten 2, sehr selten 1 Reihe Holzzelltüpfel führt. Elimmiren können wir somit hier folgende Species: Araucarites argillicola Eichw. Asterodendron Eichw. Araucarites materiarum Goepp. — Aecadianus Goepp. (Dadox. acad. Daws.) — Aegyptiacus Goepp. — Beinertianus Goepp. — T'schichatcheffianus Goepp. — Brandlingü Goepp. (With.) — saxonicus @oepp. — Richteri Ung. — pachytichus Goepp: — medullosus @oepp. — carbonaceus Goepp. — KRolley Ung. — subtilis Merckl. — permicus Merckl. — ambiguus Goepp. — cupreus @oepp. Dadoxylon intermedium Grd’Eury. — a TO a de Von den übrigen Araucariten können auch folgende mit unserem nicht verwandt sein, indem dieselben constant nur 1 Reihe von Holzzelltüpfeln besitzen: Araucarites stellaris Goepp. — Schrollianus Goepp. — orientalis Goepp. — Edwardianus Williams. — Biarmicus Eichw. Dadoxylon subrhodeanum Grd'Eury. Somit bleiben zur näheren Vergleichung noch folgende Araueariten übrig: Araucarites vogesiacus Goepp. mit nur einschichtigen Markstrahlen. — Stigmolithus Goepp. mit nur einschichtigen, 1—20 Zellen hohen Markstrahlen. = — Valdajolensis Mougeot mit nur einschichtigen, 1—20 Zellen hohen Markstrahlen und fast immer 2 Reihen Holzzelltüpfeln. — Kutorgae Merckl. mit nur einschichtigen, 4—10 Zellen hohen Markstrahlen und nur selten 2 Reihen Holzzelltüpfeln. — Fleurotti @oepp. (Ung. spec.) mit nur einschichtigen, 4-6 Zellen hohen Markstrahlen und selten 2 Reihen Holzzelltüpfeln. Dadoxylon stephanense Grd’Eury, mit sehr wenigen, stets ein- schiehtigen und nur 1—3 Zellen hohen Markstrahlen. Da auch diese Hölzer, wie aus den beigefügten Merkmalen hervorgeht, offenbar nicht mit unserem Araucaroxylon übereinstimmen, bleibt uns nur noch Ar. Rhodeanus Goepp. zur Vergleichung übrig. Dieser wird von Goeppert in dessen „Fossile Flora der permischen Formation“ folgendermassen geschildert: „A. ligni stratis concentrieis manifestis, cellulis prosenchymatosis subpachytichis punetis uni- vel bi-serialibus contiguis, radiis medullaribus simplieibus e cellulis 1-plurimis formatis.“ Dieser Diagnose fügt Goeppert in der „Revision meiner Arbeiten über die Stämme der fossilen Coniferen“ die Bemerkung bei, dass die Markstrahlen auch 2-stöckig (zweischichtig) vorkommen. Im Allgemeinen scheint diese Diagnose mit unserem Araucaroxylon ziemlich gut übereinzustimmen, bei. genauerer Vergleichung jedoch mit einer von Stenzel aus- geführten und in Goeppert’s permischen Flora abgedruckten Zeichnung glauben wir auch diesen Araucariten als mit unserem nicht identisch bezeichnen zu müssen. Nach dieser Zeichnung nämlich scheinen einreihige Holzzelltüpfel vorherrschend zu sein, sowie nur 1—54 Zellen hohe, einschichtige Markstrahlen vorzukommen. Leider lässt sich nieht eonstatiren, wie es sich mit der Zahl der Markstrahlzelltüpfel verhält. Dieser Punkt ist aber gerade sehr wesentlich, indem alle von mir untersuchten recenten und fossilen Araucarien eine grössere Zahl von Markstrahlzelltüpfeln pro Holzzelle, nämlich Be a 2—15 aufweisen, während unser Fossil meist nur 1 Tüpfel, selten 2, in ganz vereinzelten Fällen 3 Tüpfel zeigt. Da von diesem auffallenden Merkmale bei A. Rhodeanus nichts erwähnt ist, glaube ich annehmen zu dürfen, dass der A. Rhodeanus sich in diesem Punkte wie seine vielen übrigen Verwandten verhalte. Ausserdem stimmt der Bau der Holzzellen unseres Araucaroxylon in den eigenartig ausgeschweiften Verdiekungen an den Kreuzungsstellen der Holz- und Markstrahlzellen ebenfalls mit Stenzel’s Zeichnung nicht überein. Endlich aber ist auch das Vorkommen des Ar. Rhodeanus Goepp. in der Kohlen- formation durchaus nieht in Einklang zu bringen mit unserem Araucaroxylon, welcher entschieden aus tertiären Schichten stammt. Nach allen diesen Vergleiehungen gelangen wir zu dem Schlusse, dass keiner der bisherigen Araucariten (sowie der hieher gehörigen Arten von Pissadendron, Pitys und Dadoxylon) mit unserem Fossil genügend übereinstimmt, um es mit einem derselben zu identifieiren. Prof. Dr. ©. Heer theilte mir nun mit, das zwar bis jetzt noch kein Araucarites im Tertiären Grönlands gefunden worden sei, wohl aber eine Sequoia Sternbergü, von welcher neuerdings Zapfen und Schuppen gefunden wurden, welche Araucarien- zapfen sehr ähnlich waren und auch von Marion als solche zuerst bestimmt worden waren. Es liegt daher die Vermuthung nahe, dass diese Sequoia Sternbergii ein inter- mediäres Genus zwischen Sequoia und Araucaria bildet, welches die Holzstruetur der Araucarien mit den Zweigen und Zapfen der Sequoia in ein und derselben Pflanze vereinigt. Da aber diese Seguoia Sternbergii nur aus Zapfen, Schuppen und Zweigen bekannt ist, wir daher das Holz nicht mit dem unseren vergleichen können, so müssen wir die Frage offen lassen, ob unser Fossil der Sequoia Sternbergiü als Holzstamm angehöre oder nicht. Neben dieser Sequoia kommt in Atanekerdluk aber auch die Sequoia Couttsiae vielfach vor, welehe selbe Sequoia in grossen Mengen in Bovey-Tracey (England) im Unter-Miocen sieh findet, und zwar sowohl in zahlreichen Zweigen und Zapfen als auch in Holzstücken, die mit grosser Wahrscheinlichkeit ebenfalls dazu gerechnet werden dürfen. Von diesem englischen Fossil, welches seiner durchaus bröckeligen Consistenz wegen weder in Schliffen noch in Schnitten untersucht werden kann, habe ich eine grosse Menge kleiner Theilehen untersucht. Das fossile Holz zeigt an 3 verschiedenen Splittern Stellen mit deutlichen gehöften Tüpfeln, welche in 1 Reihe stehen, ziemlich gross sind, fast die ganze Holzzellwand ausfüllen, und sich nieht berühren. (Taf. III, Fig. 1, 2, 3.) Ausserdem befinden sich zwischen den Holzzellen zahlreiche mit Quer- wänden versehene Zellen, welche einen gleichmässig gefärbten, homogenen oder mit Tropfen oder Körnern erfüllten, scharf rundlich abgegrenzten Inhalt führen. (Taf. II, Fig. 4—8.) Diese Inhaltsmassen sind braun und durchscheinend, oft ziemlich gross. Eine = 6. derselben z. B. mass 0,1462 mm.) In manchen Zellen erfüllen eine Anzahl dunkelroth- brauner derartiger Inhaltsmassen den ganzen Zellraum; sie sind aneinandergereiht und so sehr gedrängt, dass sie sich in Folge dessen gegenseitig abplatten. (Taf. III, Fig. 8.) Dass diese Sequoia mit unserem Araucaroxylon nichts zu thun haben kann, ist sofort ersichtlich. Ich bezeiehne daher dieses erste im grönländischen Tertiär gefundene Holz aus der Gruppe Araucaroxylon unter Zustimmung von Prof. Dr. Oswald Heer mit dem Speeies- namen: Araucarosylon Heerii Beust, und lege ihm folgende Diagnose bei: A. stratis eoncentrieis minus distinetis, 2—3 mm latis, strati zona interiore et exteriore e cellulis pachytichis, in seetione transversali plerumque reetangularibus aut ovalibus rarius hexagonis formatis; poris magnis, hexagonis uni- vel bi- rarius tri-serialibus eontiguis, alternantibus radiis medullaribus erebris simplieibus vel compositis, e cellularum seriebus 2 juxtapositis, e cellulis 1—82 superpositis formatis, cellulis singulis radiorum medullarium singulis raro duobus aut rarissime tribus paris cum cellula lignosa contigua junctis, duetibus resiniferis nullis. — II. Ein erstes Stück fossiles Holz von der Haseninsel. Ein fossiles Holzstück, welches aus den tertiären Schiehten Grönlands, und zwar von der Haseninsel stammt, ist ein 30,2cem langes, 7,5em breites und 4em dickes, schwach in der Längsrichtung abgebogenes Scheit, von einem jedenfalls sehr alten, dieken Stamme. Farbe und Verwitterungsrinde sind gleich derjenigen des als No. I früher beschriebenen Holzes, jedoch lassen sich auf der einen, stark verwitterten Bruch- fläche eine Anzahl sehr regelmässiger, gleich weit von einander entfernter und nur ganz wenig gebogener Jahrringgrenzen deutlich erkennen. Die mikroskopische Untersuchung ergab in jeder Beziehung fast genau dieselben Resultate wie diejenige des oben beschriebenen Holzes von Atanekerdluk, nur die Dimensionsverhältnisse der Zellen und Tüpfel differiren und werden 2 oder 3 Markstrahl- zelltüpfel häufiger beobachtet als bei Nr. I. Wir können uns daher darauf beschränken, die bei der Untersuchung vorgenommenen Messungen hier zu notiren, welche je das Mittel aus wenigstens 20 Messungen darstellen. Die Verhältnisse des Herbstholzes waren auch hier wiederum nicht messbar, da durch Druck und Verschiebung Form und Grösse der einzelnen Zellen alizusehr sich verändert hatten. ee, Frühjahrsholzzelllumen in radialer Riehtung — 0,05027 mm, in tangentaler Richtung 0,03793 mm. Die Holzzellwanddicke beträgt: 0,007 mm. Die behöften Tüpfel haben einen äussern Hof von 0,0159 mm und einen innern Hof von 0,00548 mm im Durchmesser. Die Markstrahlzelltüpfel messen im Durchmesser (wenn 1 pro Holzzelle) —0,0141 mm. Auf dem Querschnitte gemessen kommen auf 100 radiale Holzzellreiien 24 Mark- strahlen, somit ein Markstrahl auf ea. 4 radiale Holzzellreihen. Auf 1TJmm des Tangentalschliffes kommen 56 Markstrahlen, deren Höhe im Minimum 1 Zelle, im Maximum 70 Zellen beträgt. Von den 56 Markstrahlen sind 6 weniger als 7 Zellen hoch, während alle übrigen höher sind; solche von 20—40 Zellen Höhe herrschen vor. Die einzelne Markstrahlzelle (im tang. Schliffe gemessen) misst 0,0255 mm; ihre Breite 0,02193 mm. Die Volumenbestimmung der Markstrahlzellen ergab: Markstrahlzellenyolumen: 0,1527633 mm? Holzzellenvolumen: 0,3472367 mm? 1,0000000 mm? Holz. Das Verhältniss der Markstrahlzellen zu den Holzzellen ist somit — 1:54 — (also übereinstimmend mit A. Heerü). Es unterliegt nach allen Untersuchungen, Messungen und Vergleichen keinem Zweifel, dass das fossile Holz von der Haseninsel identisch ist mit demjenigen von Atanekerdluk und dass zur gleichen Zeitperiode an diesen einander nahe gelegenen, nur durch einen Meeresarm getrennten Orten ein und dasselbe Araucaroxylon Heerii einen Theil der Flora ausgemacht hat. — IH. Ein zweites Stück fossiles Holz von der Haseninsel. A. Aeusseres des Holzes. Das aus einer Unter-Miocenschicht der Haseninsel stammende fossile Holz hat eine braune Farbe und zeigt an verschiedenen Stellen Längsstreifung; zuweilen sind starke Krümmungen der Holzfasern noch deutlich erkennbar. 3 a a An einer Bruchfläche lassen sich 3 parallele ca. 1,2 mm weit von einander entfernte und gebogene Linien erkennen, welche offenbar die Jahrringe andeuten. An denjenigen Stellen, an welchen die Verwitterung am stärksten vorgeschritten zu sein scheint, ist das Versteinerungsmaterial dunkler und körnig; die Körnchen sind leicht abbröckelbar. Bei der Untersuchung der äusseren Beschaffenheit des Stückes mit Hülfe der Lupe beobachten wir aus mehreren kleinen Rissen oder Spalten hervorragende, pinselförmig zerschlitzte Büschelehen, welche sich unter dem Mikroskope als auseinandergefasertes Holz, als einzelne Holzzellen erweisen. Ihren mikroskopischen Bau werden wir bei der Beschreibung des radialen Schliffes angeben, jedoch soll hier schon erwähnt werden, dass die feinere Holzstruktur an diesen Zellen viel besser erhalten war als an dem ganzen Holzstücke, von welchem unser Schliff gemacht worden ist. — B. Mikroskopischer Bau des Fossils. 1. Querschliff. Der untersuchte Querschliff ist oval und misst 16mm zu 12mm. Derselbe lässt makroskopisch 8 nach einer Seite hin abgebogene und daher sich dort bedeutend nä- hernde Linien erkennen, welche sich bei mikroskopischer Beobachtung als sehr deut- liche Jahrringe erweisen. Ihre Breite beträgt (an den weitern Stellen) 1—1,5 mm. Die Frühjahrsholzzellen sind im Durchschnitte oval oder auch polyedrisch (dann meist hexagonal) dabei jedoch in Grösse und Form sehr unregelmässig. Die Herbstholz- zellen dagegen sind im Allgemeinen rechteckig und nehmen ziemlich regelmässig gegen die Jahresgrenze hin an Grösse (in radialer Richtung) ab; sie haben eine starke tangen- tale Abplattung erlitten. Die Dimensionsverhältnisse sind (im Mittel aus je 20 Messungen) folgende: Die Frühjahrsholzzelllumina messen in radialer Richtung: 0,013713 mm — 0,04571 mm, im Mittel 0,03360 mm, in tangentaler Richtung: 0,00457 — 0,04113 mm, im Mittel 0,02550 mm. Die Holzzellwanddicke beträgt im Frühjahrsholz: 0,00662 mm. Die Herbstholzzelllumina messen: in radialer Richtung: 0,00223 mm — 0,0152 mm, im Mittel 0,00799 mm, in tangentaler Richtung: 0,004 mm — 0,02742 mm, im Mittel 0,0132 mm. Die Zellwanddieke im Herbstholze beträgt 0,00708 — 0,0119 mm. ze u a SE Die Zellen lassen in vielen Fällen deutlich primäre und secundäre Membran unter- scheiden, doch bildet die Intercellularsubstanz kein zusammenhängendes Netz mehr. Die Frühjahrsholzzellen sind meist mit grauer bis schwarzer erystallinischer Gesteins- masse erfüllt, oft sogar in solehem Grade, dass die einzelnen Zellen darunter nur undeut- lich sichtbar sind. In sehr vielen Zellen befindet sich im Centrum eine Masse von dunkler Substanz, welche scharf gegen das übrige hellere Ausfüllungsmaterial absticht und im Allgemeinen der Form der äussern Zelleneontour entspricht. (Tafel V, Fig. 2.) Die Herbstholzzellwände sind fast immer sehr scharf und deutlich contourirt und ziemlich tief gelbbraun gefärbt, während die Lumina meist ganz hell und durchsichtig sind. (Tafel V, Fig. 1.) Die Markstrahlen sind nicht häufig. Durchschnittlich kommt auf 9—10 radiale Holzzellreihen ein Markstrahl, dessen Zellen übrigens sehr oft von Harz erfüllt sind. Harzzellen sind häufig und kommen, wenn auch nicht ausschliesslich, so doch mei- stens im Herbstholze vor. Sie sind leicht an ihrem tiefbraunen und doch klaren, gleich- förmigen Inhalte, der sie von allen übrigen im Schliffe sichtbaren Zellen unterscheidet, erkennbar. (Tafel V, Fig. le.) 2. Radialschlift. Die beiden rechteckigen Schliffe messen 17” mm zu 9,5 mm. Die Frühjahrsholzzellen sind meist derart mit Gesteinsmaterial erfüllt, dass die ge- nauere Holzstruetur nicht daran untersucht werden kann. Häufig zeigen sie querwand- artige Linien, welehe jedoch, da sie keine doppelten Contouren aufweisen, als Risse im Gesteinsmaterial angesehen werden müssen. Die Herbstholzzellen, welche schon beim Querschliff als mit freiem Lumen und sehr ausgeprägten deutlichen Wänden beschrieben wurden, sind es hier allein, an welchen die feinere Holzstrucetur untersucht werden kann. Hier kommen uns die schon oben erwähnten gut erhaltenen Holzzellen zu Statten, welche leicht isolirt und untersucht werden können. Diese sowohl wie die Herbstholzzellen zeigen häufig (aber immer nur streekenweise) deutliche Tüpfelung. Die behöften Holzzelltüpfel stehen stets in einer einzigen Reihe und berühren sich niemals. Aeusserer und innerer Hof sind oval bis kreisföürmig. Sehr häufig stehen die Tüpfel ganz auf der einen Seite der Zellwand, sodass daneben ein relativ sehr grosser Raum ohne Tüpfel bleibt. (Tafel V, Fig. 3.) UWeberhaupt ist die Zahl der Holzzelltüpfel jedenfalls keine grosse, sondern stehen dieselben zerstreut, vielfach sogar recht spärlich *). *) Auf Tafel III, Fig. 11—13 sind einige Stellen abgebildet, welche die Stellung der Tüpfel ver- deutlichen sollen (ferner auf Tafel V, Fig. 3—5); ein grösseres Uebersichtsbild des Radialschliffes zu geben war unmöglich, indem nur vereinzelte Stellen oder isolirte Zellen genügende Klarheit zur Unter- suchung besassen. Fig. 4. und Fig. 5 Tafel V sind nicht mit der Camera lucida gezeichnet, da die be- treffenden Untersuchungen mit zu starker Vergrösserung vorgenommen werden mussten, ae Die Tüpfel zeigen (im Mittel aus je 20 Messungen) folgende Dimensionen: Aeusserer Hof im Durchmesser: 0,011427 mm, Innerer Hof im Durchmesser: 0,00685 mm. Die Harzzellen sind meist sehr gut erhalten und an den Querwänden, wie auch an dem meist in längliehen, elliptischen Klumpen angesammelten Inhalte von dunkelbrauner Färbung leicht erkennbar. Die Querwände sind gewöhnlich gar nicht, selten ziemlich stark verdickt. (Von den sämmtlichen untersuchten Harzzellquerwänden zeigten nur 2 deutliche Verdiekungen, deren eine auf Tafel III, Fig. 10 abgebildet ist. Die anderen auf Tafel III, Fig. 14—15 und Tafel V, 6 und 7.) Auf den Längswänden der Harzzellen finden sich keine eigenartigen Tüpfel. Die Markstrahlzellen finden weder an ihren horizontal, noch an ihren tangental ver- laufenden Wänden Verdiekungen (Tafel III, Fig. 11, 16 und 18). Die letzteren Wände erschienen an 2 Stellen des Schliffes geschwollen, doch wird dieses wohl eine durch den Verwesungs- oder durch den: Versteinerungsprocess hervorgerufene Quellung der Zell- wände sein. Markstrahlholzzelltüpfel können fast nirgends mit Sicherheit nachgewiesen werden ; häufig beobachtet man kleine helle, kreisförmige, tüpfelartige Stellen, welche, in grosser Menge auftretend, einem rundlichen Klumpen (Taf. II, Fig. 18) angehören, der seinerseits die Markstrahlzelle völlig ausfüllt. Diese hellen Stellen scheinen (bei stärkerer Vergrösserung untersucht) von granulöser Masse oder von Harzkügelchen oder Harztröpfehen herzurühren. Eine einzige Stelle zeigt deutliche Markstrahlholzzelltüpfel; sie ist auf Tafel IH, Fig. 11 abge- bildet. 3 runde, doppelt eonturirte Tüpfel (welchen sich ein 4. anzureihen scheint), ganz nach Tüpfelart gruppirt, verbinden hier die Markstrahlzelle mit der Holzzelle Die 4., scheinbare Verdiekung ist zufällig, zeigt keine doppelte Contour und passt auch der Gruppirung nach nicht als 4. Tüpfel zur gleichen Zelle. Es scheint demnach die Zahl der Markstrahlzelltüpfel eine beschränkte, vermuthlich zwischen 2 und 4 schwankende zu sein; wie dieses bei vielen recenten Coniferen der Fall ist. Die tangentalen Holzzellwände besitzen an den Kreuzungsstellen mit den Markstrahlzellwänden keine Anschwellungen. Die Markstrahlen selbst sind stets niedrig. 3. Tangentalschliff. Der im Allgemeinen in Bezug auf Holzstruetur schlecht erhaltene Schliff misst 18,5 mm zu 10 mm. Die Markstrahlen sind nicht zahlreich und stets niedrig. Auf 1 mm? kommen ca. 42 Markstrahlen mit zusammen 78 Zellen. Von den 42 Markstrahlzellen erreichen 2 eine Höhe von 4 Zellen 1 eine Höhe von 3 Zellen 28 eine Höhe von 2 Zellen 11 eine Höhe von 1 Zelle, =, woraus hervorgeht, dass zwei- und einzellige Markstrahlen im Holze vorherrschen. Die Maximalhöhe beträgt 5 Zellen übereinander. Die Höhe der einzelnen Markstrahlzelle be- trägt (im Mittel aus 20 Messungen) 0,02239mm. Die Markstrahlen sind stets einschich- tig. (Tafel V, Fig. 8 und 9.) Tangentaltüpfel scheinen die Holzzellwände nieht zu führen, doch waren die für diese Untersuchung brauchbaren Stellen zu spärlich, um ein definitves Urtheil fällen zu können. Die Harzzellen verhalten sich wie die des Radialschliffes. Die nachträglich vorgenommene Markstrahlzellvolumenbestimmung ergab folgendes Resultat: 42 Markstrahlen auf 1mm? mit zusammen 78 Zellen, deren beide Durchmesser im Mittel 0,020103 mm und 0,02239 mm gross sind, geben einen elliptischen Cylinder von 0,027568 mm? Markstrahlzellvolumen und 0,972432 mm? Holzzellvolumen auf 1,000000 mm? Holz. Somit enthält der Kubikmillimeter Holz auf ein Theil Markstrahlzellvolumen 35,27 Theile Holzzellvolumen, das Verhältniss wäre somit durch 1:35,27 ausdrückbar. C. Bestimmung des Holzes. Das sofort als Coniferenholz erkennbare Fossil gehört ohne Zweifel zur Gruppe Cupressoxylon, welehe von Goeppert in der „Monographie der fossilen Coniferen“ S. 196 folgendermassen geschildert wird: „Truneorum struetura fere Cupressinearum viventium. Trunei ipsi e cortice, ligno et medulla magis minusve centrali formati. Cortieis pars fibrosa cellulis quadrangulis peripherieis, lignum e stratis concentrieis angustis distinetis, strati zona exteriore plerum- que angusta e cellulis pachytichis eompressa, interiore multo ‚latiore e vasis leptotichis formata, medulla ipsa e cellulis paueioribus pachytichis composita. Cellule ligni prosen- chymatos®, poros® duetibus 'resiniferis simplieibus interjeetis. Pori rotundi in simpliei, in truneis annosioribus quoque dupliei interdum tri vel quadrupliei serie in eodem plano horizontali juxtapositi, in iis plerumque tantum cellularum parietibus, qui sibi oppositi et radiorum medullarium paralleli sunt vel in parietibus radiis medullaribus obversis inter- dum nonnulli vel etiam plurimi tamen minores in omnibus inveniuntur. Radii medullares similares minores simpliei cellularum parenchymatosarum porosarum serie. Parietes earum a superiores et inferiores poris minutis, laterales majoribus instrueti. Duetus resiniferi ple- rumque cellulis elongatis subquadrangulis superpositis formati inter ligni cellulas imprimis angustiores inveniuntur.* Unser fossiles Holz zeigt: 1. Sehr deutlich abgegrenzte Jahrringe, sowie weitlumige ziemlich diekwandige Frühjahrsholzzellen und in radialer Richtung stark plattgedrückte, ziem- lich stark verdickte Herbstholzzellen , 2. Holzzellen mit runden, in einer Reihe angeordneten zerstreut stehenden behöften Tüpfeln ; 3. zahlreiche, meist im Herbstholze auftretende Harzzellen mit braunrothem bis dunkelbraunem Inhalte; und 4. wenig zahlreiche, stets einschichtige, aus meist 1—2, selten 3—4, höchstens aus 5 übereinandergelagerten Zellreihen aufgebaute Markstrahlen, woraus die Cupressoxylon-Natur des zu bestimmenden Fossils zur Genüge hervorgeht. Zur Erleichterung der Vergleichung unseres Fossils mit den bisher bekannten fos- silen Hölzern habe ich auch hier wieder eine Tabelle aller zur Gruppe Cupressoxylon ge- hörenden Species zusammengestellt. (Tafel II.) Aus der Tabelle eliminiren können wir, als mit unserm Fossil nicht identisch: 1. Alle diejenigen Hölzer, welche mehr als eine Reihe (also 1—5 Reihen) Holzzelltüpfel führen, wobei jedoch diejenigen, welche 1 und nur zuweilen 2 Reihen Tüpfel besitzen, noch nicht mit in Betracht gezogen werden. Es sind dies folgende *): Cupresso@ylon Wolgieum Merckl. — Seguoianum Merckl. — distichum Merckl. — Fritscheanum Merckl. Peuce acerosa Ung. — Hedliana Ung. — Americana Ung. (mit constant 2 Reihen kleiner Tüpfel und ohne Harz- zellen.) — Hugeliana Ung. (Ohne Harzzellen.) — affınis Ung. — pannonica Ung. — basaltica Ung. (Mit constant zwei Reihen Tüpfeln.) Sequoia canadensis Schr. *) Die hier ausserdem beigefügten Merkmale sind stets solche, welche sich bei unserem Fossil nicht finden. en Ben er At RE An? Een ng Rhizocupressoxylon pannonicum Fel. Rhizocupressoxylon Protolarix Fel. Cupressoxylon leptotichum Goepp. — subaequale Goepp. — pulchrum Or. — polyommatum Or. — dubium Cr, 2. Alle diejenigen, welche keine Harzzellen besitzen, nämlich: Peuce Brauneana Ung. — Würtembergica Ung. — minor Ung. — Huttoniana With. — Lindleyana With. — Lesbia Ung. Diesen wollen wir ein Holz beifügen, welches sich durch die in auffallend geringer Menge vorkommenden Harzzellen auszeichnet und sich ausserdem durch 1—2 Reihen Holz- zelltüpfel von unserem Fossile unterscheidet. Es ist dies (upresso@ylon peucinum Goepp.”) 3. Diejenigen Hölzer, welehe 1—2-schichtige Markstrahlen besitzen, nämlich: Cupressoxylon erraticum Merckl., mit 5—35 Zellen hohen Markstrahlen. Peuce resinosa Ung., mit sehr weiten Jahrringen. — Withami Lindl. et Hutt. mit sehr weiten Jahrringen. — Pritschardi Ung. mit wenig deutlichen Jahrringen und 2—22 Zellen hohen Markstrahlen. 4. Diejenigen Hölzer, welche sich durch sehr hohe Markstrahlen auszeichnen, nämlich: Cupressoxylon multiradiatum Goepp. mit 1—60 Zellen hohen Markstrahlen., — erraticum Teredinum Merckl. Höhe der Markstrahlen 1—50 Zellen. Thuyoxylon gypsaceum Ung. Höhe der Markstrahlen 1—25 Zellen. Peuce australis Ung. mit 2—22 Zellen hohen Markstrahlen und 1—2 Reihen Holzzelltüpfeln. — tirolensis Ung. mit 1—28 Zellen hohen Markstrahlen und 1—2 Reihen Tüpfeln. *) (©, peueinum Goepp. führt 1—-10 Zellen hohe Markstrahlen. Das hiemit identische Thuyoxylum peueinum Ung. führt 1—40 Zellen hohe Markstrahlen. (Chloris protogaea von Unger.) u) Une Cormo (Cupressoxylon Protolarix Fel. mit 2—40 Zellen hohen Mark- strahlen. a — ucranicum Goepp. mit 1—20 Zellen hohen Markstrahlen, 1—2 Reihen Holzzelltüpfeln und 3 in einer Reihe stehenden Markstrahlzelltüpfeln. — nodosum Goepp. mit 1—2 Reihen Tüpfeln und 1—30 Zellen hohen Mark- strahlen. — Hartigii Goepp. mit 1—22 Zellen hohen Markstrahlen und 1—2 Reihen Tüpfeln. . Solche Hölzer, bei welehen die in 1—4 erwähnten Eigenschaften weniger stark ausgeprägt sind, die jedoch durch mehrfache Combinationen der ver- schiedenen Merkmale, als mit unserem Fossile nicht identisch erscheinen, Es sind dies: Cupresso@ylon aequale Goepp. mit 1—2 Reihen Holzzelltüpfeln, niedrigen, aber aus grossen runden Zellen gebildeten Markstrahlen und 3—6 Markstrahlzelltüpfeln. Cladocupresso@ylon Protolarie Fel. mit zwar nur einer Reihe Tüpfeln, welche aber in einer Längsreihe dicht hintereinander stehen, und mit 1—15 Zellen hohen Markstrahlen. Cupressoxylon Severzovi Merckl. mit 1—10 Zellen hohen Markstrahlen, zahlreichen Tangentaltüpfeln und Lufthöhlen. — sylvestre Merckl. mit 1—2 Reihen Holzzelltüpfeln, und 2—15 Zellen hohen Markstrahlen. — sanguineum Merckl. mit 1—2 Reihen Holzzelltüpfel, 1—18 Zellen hohen Markstrahlen, 3 in einer Reihe stehenden Markstrahlzelltüpfeln und blutrothem Harzinhalte. — Breverni Merckl.*) mit 1—2 Reihen Holzzelltüpfeln und 1—15 (meist 10) Zellen hohen Markstrahlen. — pachyderma Gepp. mit 1—2 Reihen **) fast berührender Holzzelltüpfel, 1—12 Zellen hohen Markstrahlen und auffallend verdickten hori- zontal und tangental verlaufenden Markstrahlzellwänden. Glyptostrobus tener Kr. ausgezeichnet durch 2—4 grosse, runde Markstrahl- zelltüpfel. Somit würden mit unserem Fossil am meisten übereinstimmen: Cupressoxylon juniperinum Goepp. (nur durch höhere Markstrahlen unter- schieden und ebenfalls tertiär.) [>11 *) C. Breverni hat nach Cramer nur 1—5 Zellen hohe Markstrahlen. *®) Der Diagnose nach besitzt C. pachyderma nur 1 Reihe von Holzzelltüpfeln; da in der beige- fügten Zeichnung häufig 2 Tüpfel opponirt stehen, so führen wir hier 1—2 Reihen Tüpfel an. | [89] >25 > Fu Cupresso@ylon arceuthieum Goepp. (wahrscheinlich tertiär). — ambiguum Goepp. —- arctannulatum Goepp. (wahrscheinlich tertiär). — opacum Goepp. (mit fast berührenden Holzzelltüpfeln). — Kiprianovi Merckl. (mit 1—2 Reihen Tüpfeln). — uniradiatum Goepp. (mit 1—2 Reihen Tüpfeln). Eine absolute Uebereinstimmung unseres Fossils mit den oben genannten existirt frei- lich nicht, jedoch sind auch die wesentlichen Unterscheidungsmerkmale so wenig scharf ausgesprochen, dass es hier mindestens sehr gewagt erscheint, auf Grund der oben an- führten Tabelle das Fossil von Grönland mit einem früher bestimmten zu identificiren oder daraus (weil nicht identifieirbar) eine neue Species aufzustellen. Bevor wir uns da- her definitiv hierüber aussprechen, wollen wir uns ein Urtheil zu bilden suchen über die Möglichkeit der Unterscheidung von Species, Gattungen oder grössern Gruppen inner- halb des Typus Cupressoxylon, auf Grund der Holzstructur und dabei ganz besonders diejenigen recenten Holzarten mit unserm Fossil vergleichen, deren Zweige, Blätter oder Früchte in denselben Schichten Grönlands und speciell auf der Haseninsel gefunden worden sind, deren Existenz zu gleicher Zeit mit unserm Fossil somit documentirt ist. Nach €. Schröter gehören folgende lebende Coniferen zur Gruppe Cupressoxylon: (Cupressaceae. Podocarpeae. Phyllocladus. Sawogothaea. Salisburia. Oryptomeria. Taxodium. Glyptostrobus. Sequota. Cuninghamia. Abies Webbiana Lindl. Von den auf der Haseninsel, in den gleichen tertiären Schichten gefundenen und von Prof. Osw. Heer untersuchten und bestimmten*) Pflanzenresten, fallen folgende in die Gruppe Cupressoxylon: 1. Taxodium distichum. 2. Libocedrus Sabiniana Hr. % 3. Ginkgo adiantoides Ung. Ausserdem wurden in tertiären Schichten Grönlands gefunden: Sequoia Sternbergü Goepp. (bei Svartenhuk). *) «Flora fossilis aretica.» VI Band. Juniperus tertiaria Hr. (bei Igdlokunguak). — gracilis Hr. Libocedrus Sabiniana Hr. Thuya borealis Hr. — Ehrenswärdi Hr. — gracilis Hr. (bei Naujat). Cupressox@ylon Breverni Merckl. (bei Sinigfik). Widdringtonia helvetica Hr. (bei Rudliset). Cupressowylon ueranicum Goepp. (bei Ober Atanekerdluk). @Glyptostrobus Ungeri Hr. (bei Ober Atanekerdluk). — europaeus Brogn. (bei Ober Atanekerdluk). Sequoia Langsdorfiüi zn — brevifolia Hr. (bei Atanekerdluk). — (Couttsiae Hr. — Nordenskiöldi Hr. (bei Rugsinek). — obtusifolia Hr. (bei Naujat). In erster Linie müssen wir somit (als auf der Haseninsel gefundene tertiäre Typen) Taxodium Libocedrus Ginkgo, in zweiter Linie (als im übrigen Tertiären Grönlands vorhandene Typen) Sequoia (bei Ober Atanekerdluk). Juniperus Thuya Widdringtonia Glyptostrobus in den Kreis unserer Untersuchungen und Vergleiche ziehen. Ich habe daher eine mög- lichst grosse Anzahl von Arten recenter Hölzer, welehe der Gruppe Cupressoxylon ent- sprechen, untersucht*), und in einer Tabelle zusammengestellt. (Tabelle III u. IV.) An Hand der Tabelle wollen wir nun untersuchen, 1) in wie weit jedes einzelne der zahlreichen Merkmale für eine Species, Gattung oder grössere Gruppe constant ist und dadurch zur Unterscheidung derselben von andern benutzt werden kann; 2) welche Speeies, Gattungen oder grösseren Gruppen durch die Gesammtheit ihrer Merkmale einen so ausgeprägten Charakter besitzen, dass sie dadurch von allen andern mit Sicherheit unterschieden werden können. *) Wo das Material es gestattete, sind mehrere Stücke derselben Art von verschiedenen Orten stammend und an diesen wiederum verschiedene Stellen des gleichen Baumes untersucht worden. In der Tabelle erscheinen dieselben nur dann, wenn die Resultate verschieden sind. EI I. Die Harzzellen. 1. Verdiekung der Querwände kann im Allgemeinen nicht als Gattungs- merkmal gelten, indem z. B. bei Juniperus 2 verschiedene Species sich in dieser Be- ziehung durchaus gegentheilig verhalten; ebenso kommen bei Podocarpus pungens, P. totara und P. macrophylla ziemlich starke Verdiekungen vor, während dieselben bei P. latifolia, P. bracteata und P. salicifolia absolut fehlen. Dagegen kann sehr starke poröse Verdiekung, wie diese bei Taxodium distichum und Thuya gigantea regelmässig vorkommt als Unterscheidungsmerkmal für diese 2 Species gegenüber allen übrigen gelten. 2. Eigenartige Tüpfel der Längswände sind für folgende Gruppen resp. Gat- tungen und Species als Merkmal brauchbar: Podocarpus Glyptostrobus Cupressus Macnabiana Murr. Chamaecyparis Lawsoniana Parl. — thyoides L.*) Sazxogothea conspiceua Lindl. Cryptomeria japonica Dom. Cuninghamia sinensis Rich. Sequoia gigantea Torr. Diese besitzen nämlich zahlreiche, regelmässig auftretende Tüpfel auf den Harzzell- längswänden, welche durch scharfe Contouren und ihre meist sehr geringe Grösse, den übrigen Holzzeltüpfel gegenüber, auffallen. Bei Podocarpus Bracteata verhalten sich die Durchmesser der Holzzelltüpfel zu den- jenigen der Harzzelltüpfel wie 2:1; bei Chamaecyparis thyoides sind die Harzzelltüpfel gleich dem innern Hofe der Holzzelltüpfel; bei @/yptostrobus sind die Harzzelltüpfel kleiner als die Markstrahlzelltüpfel; bei Cupressus Maenabiana besitzen sie einen relativ grossen äusseren, dagegen auffallend kleinen innern Hof. 3. Das Vorkommen der Harzzellen nach Zahl und Gruppirung ist nur brauchbar, solange es sich um Vorkommen überhaupt oder um gänzliches Fehlen handelt. Die einzelnen Abstufungen können zur Bestimmung nicht dienen; auch die zonenartige Vertheilung ist nieht brauchbar, indem dieselbe durchsehnittlich durch das häufig ans Herbstholz gebundene Auftreten der Harzzellen bedingt ist, woselbst die in grösserer Menge vorhandenen und auf engeren Raum zusammengedrängten Harzzellen das Bild peripherischer Zonen hervorbringen. Zonenartige Gruppirung im Frühjahrsholze kommen vor, sind jedoch zufällig und dürfen nicht als Eigenheit des Holzes aufgefasst werden. — *) Andere Chamaeeyparisspecies sind ausserordentlich arm an Harzzellen; für solche ist das Merkmal unbrauchbar. 7 II. Die Markstrahlzellen. 4. Das Vorkommen der Markstrahlen der Zahl nach lässt sich als diagnostisches Merkmal direkt nicht verwerthen, wie schon aus den Untersuchungen von Kraus und Essner klar hervorgeht. Auch die Resultate unserer Untersuchungen be- stätigen dies vollständig. Hiezu muss nun vor allen Dingen bemerkt werden, dass das Zählen der Mark- strahlen auf dem Tangentalschnitte kein richtiges und daher auch kein brauchbares Resultat ergibt, indem gleiche Zahlen bei durchaus verschieden gebauten Hölzern gefunden werden können, oder aber umgekehrt. Wenn z. B. auf einem Schnitte 6 sehr hohe, den ganzen Schnitt in der Längsrichtung durchziehende Markstrahlen gezählt werden, während ein anderer deren 18 besitzt, welche aber sehr niedrig sind, sodass 3 in vertikaler Richtung über emander stehen, so wäre das durch die Zahlen 6 und 13 ausgedrückte Verhältniss entschieden unrichtig, da ohne Zweifel die Gesammtmenge der Markstrahl- zellen auf dem scheinbar markstrahlzellärmeren (durch 6 ausgedrückten Schnitte) in Wirklichkeit bedeutend grösser sem müsste, als die Gesammtmenge des nur scheinbar (der Zahl 18 wegen) markstrahlreicheren Sehnittes gleicher Grösse. Bedeutend richtiger dürfte daher das Zählen aller auf 1[]mm befindlichen einzelnen Zellen sein, wie dies auch von Essner sowohl wie von Kraus, jedoch ohne grossen Erfolg, geschehen ist.*) Um dem eben erwähnten Fehler auszuweichen, habe ich versucht, die Häufigkeit des Vorkommens der Markstrahlen dureh das Verhältniss auszudrücken, welches zwischen radialen Holzzellreihen und Marktrahlen besteht und auf dem Querschnitte durch Zählung beider Elemente leieht bestimmt werden kann. Aber auch diese Methode erweist sich als ungenügend, denn einerseits werden dadurch constant Fehler begangen, dass die Messung (oder Zählung) nur in 1 Richtung vorgenommen wird, wodurch alle übrigen Markstrahlenverhältnisse vernachlässigt werden, anderseits aber sind (zum Theil gerade aus diesem Grunde) die Resultate, wie aus der Tabelle hervorgeht, zur Bestimmung ebensowenig verwendbar, wie diejenigen Essner’s und Kraus. Je höher nämlich die Markstrahlen sind, um so mehr derselben werden vom Quer- schnitte getroffen und daher im Schnitte liegen; je niedriger sie sind, um so weniger werden in derselben Schnittfläche liegen, obgleich die faktische Zahl der vorhandenen Markstrahlzellen in beiden nahezu gleich sein kann. Von den zahlreichen Beispielen möge hier eines folgen: 3 verschiedene Stücke von Cryptomeria japonica Dom., welche verschiedenes Alter besassen, zeigten 3 Mittelresultate beim Zählen der Markstrahlen einerseits, sowie der *) Beiträge zur Kenntniss fossiler Hölzer von Gregor Kraus, Halle 1582. Ueber den diagnostischen Werth der Anzahl und Höhe der Markstrahlen bei den Coniferen von Dr. Benno Essner, Halle 1882. ao, dazwischenliegenden radialen Holzzellreihen anderseits, nämlich: I. zeigt 20 Holzzellreihen auf 1 Markstrahl; Alter: 9 Jahre. I. „ 4-5 n a n PEcan 30: , II. „ 5-6 = 2 = ; sehr alter Stamm. Dabei zeigten die Markstrahlen der 3 Hölzer folgende Höhe im Mittel: I. Markstrahlen 1—7 Zellen hoch; I. A 1—12 „ = 1. ” 1—15 n ” Dass unter diesen Umständen derartige Verhältnisszahlen zur Bestimmung unbrauch- bar sind, dürfte hiemit erwiesen sein, besonders wenn man bedenkt, dass Stücke ver- schiedenen Alters verschiedene Resultate aufweisen und man gewöhnlich das Alter (resp. den betreffenden Jahrring) des fossilen Holzstückes nicht genau genug kennt, um die dadurch bedingten Differenzen in Rechnung zu bringen. 5. Die Höhe der Markstrahlen, welche in allen früheren Diagnosen fossiler Hölzer so peinlich erwähnt wurde, ist nach den schon früher eitirten Untersuchungen von Kraus und Essner noch weniger brauchbar, als die Zahl derselben. Obgleich meine Untersuchungen im Allgemeinen ganz mit diesem Resultate übereinstimmen, möchte ich die Verwerthung der Höhe doch wenigstens dann zulassen, wenn die Grenzen in den Extremen liegen; auch dann aber soll die Höhe nieht als diagnostisches, sondern bloss als unterscheidendes Merkmal benutzt werden, d. h. es können keine Hölzer, deren Markstrahlhöhe die gleiche ist, aus diesem Grunde als identisch erklärt werden, wohl aber können Hölzer als verschieden erkannt werden, wenn deren Markstrahlhöhen in extremen Grenzen liegen, da die Schwankungen in den Höhen doch beschränkt sind, und in jedem Holze eine gewisse Höhe der Markstrahlen vorherrscht. So zeichnet sich Cupressus durch relativ hohe (20—32 Zellen hohe) Markstrahlen aus, und ebenso Abies Webbiana durch 25—30 Zellen hohe Markstrahlen. 6. Auch die Höhe der einzelnen Markstrahlzellen nützt uns sehr wenig, indem die hierbei beobachteten Minimal- und Maximalgrenzen zu wenig weit aus einander liegen. Die kleinsten Zellen zeigten: Saxagothaea EopaBreEN Lind! \ _ 0,01736 mm Retinospora pisifera J Die grössten Zellen besitzen: Salisburia adiantifolia Salisb. — 0,03418 mm Cuninghamia sinensis Rich. — 0,05023 mm als Maximum bei Mark- strahlen von nur 1 Zelle Höhe. Glyptostrobus heterophyllus —= 0,041 mm. Nachdem es sich gezeigt hat, dass diese 3 letzt erwähnten Merkmale nicht zur Diagnose brauchbar sind, liegt der Gedanke nahe, dass vielleicht eine Vereinigung der- selben ein besseres Resultat liefern möchte, indem doch anzunehmen ist, dass ein für den Baum physiologisch so wichtiges Element, wie die Markstrahlen, auch in seinen räumlichen Verhältnissen eine gewisse Constanz zeigen werde. Aus diesem Grunde möchte ich vorschlagen, die Markstrahlen in der Weise für die Diagnose zu verwerthen, dass man auf eine bestimmte Menge Holz das Volumen, welches die Markstrahlzellen darin einnehmen und das Volumen der darin enthaltenen Holzzellen bestimmt, um aus diesen beiden Zahlen das Verhältniss der Markstrahlen zum Holze zu berechnen. Um zu diesen Zahlen zu gelangen, messen wir zunächst die Längs- und Quer- Durchmesser möglichst zahlreicher Markstrahlzellen auf dem Tangentalschnitte, um so zu den Mittelzahlen zu gelangen, welche uns die Flächenberechnung einer Zelle als Ellipse ermöglichen. — Nachdem hierauf die Anzahl der Markstrahlzellen auf 1[]mm des Tangentalschnittes gezählt, bereehnen wir den Volumen-Mittelwerth aller Markstrahlzellen im Cubikmillimeter, wobei wir uns dieselben als einen Cylinder denken, dessen Grund- fläche elliptisch ist und aus der Summe aller einzelnen xn Tangentalschnitte gezählten Markstrahlzellen besteht, und dessen Höhe (dem Cubikmillimeter entsprechend) als 1 mm angenommen werden kann, da auf dieser kurzen Strecke wohl kaum mehr als 1 Mark- strahl in radialer Richtung sich finden wird. — Subtrahiren wir diese Volumenzahl vom Kubikmillimeter, so gibt die Differenz das Volumen der sämmtlichen Holzzellen*) an und der Quotient beider Zahlen endlich drückt das Verhältniss aus, welches zwischen Holz- und Markstrahlzellen existirt. — Diese Methode dürfte den Vorzug haben, alle 3 Faktoren der Markstrahlen, nämlich: Höhe, Anzahl und Grösse in einer Zahl oder in einem Verhältnisse zu vereinigen, wodurch die Unvollständigkeit aller früheren Einzelzählungen dahinfällt. Vorläufig muss ich mich mit dem Vorschlage begnügen, und führe denselben nur für meine 3 Fossile, sowie für eine recente Art: Libocedrus tetragona aus, behalte mir jedoch vor, in einer weiteren Arbeit durch Untersuchung zahlreicher Hölzer die Frage zu einem Abschluss zu bringen, wobei es sich zeigen wird, ob diese Volumenbestimmung als diagnostisches Merkmal Werth haben wird oder nicht. Die Berechnung für Libocedrus tetragona Endl. ergab folgende Resultate:**) Auf 1UJmm kommen 61 Markstrahlen mit zusammen 159 Zellen, welche folgende Dimensionen im Tangentalschnitte zeigen: Längsdurchmesser: 0,0240 mm, Querdurchmesser: 0,0205 mm. *) Inclusive Holzparenchym und Harzzellen. #=) Alle Masszahlen sind natürlicherweise Mittelwerthe aus zahlreichen Messungen. — 3l — Die Fläche einer Zelle beträgt somit: 0,024 > 0,0205 > 3,14 mm’. 4 Die Grundfläche des Cylinders also: 0,024 > 0,0205 x 3,14 x 139 mm’?. 4 Der Cylinder selbst: 0,05365 mm? Das Volumen Holz also: 0,094632 mm? Zusammen: 1,00000 mm? Holz. Auf 1mm® Holz kommen somit 17,62 mal mehr Holzzellenvolumina als Markstrahl- zellvolumina; die 2 Elemente verhalten sich daher ungefähr wie 1:17. 7. Als Merkmal wichtiger sind die Markstrahl-Holz-Zelltüpfel. Ihre Anzahl auf einer Holzzellbreite, sowie auch in einzelnen Fällen ihre Anordnung, ihre Grösse (besonders im Verhältniss zur Zellbreite und Höhe) und ihre Form dürfen in manchen Fällen mit Sicherheit als Charakteristica betrachtet werden. So zeigt z. B. Octoelinis Backhousii Hill. fast constant nur einen birnen- oder eiförmigen Porus; 2 Poren kommen nur sehr selten und dann immer in den grösseren Endzellen der höchsten Markstrahlen vor. Auch die Podocarpen sind durch sehr grosse Markstrahlzellporen ausgezeichnet; es kommen hier meist 1—-2 Poren vor und zwar in der Weise, dass bei den höheren Mark- strahlen die Zellen der äussersten (obersten und untersten) Reihen je 2, die der da- zwischenliegenden fast eonstant nur je 1 Porus pro Holzzellbreite besitzen. Diesen Hölzern stehen diejenigen gegenüber, bei welchen auf 1 Holzzellbreite 1—8 Markstrahlzelltüpfel sich befinden, nämlich: Taxodium distichum Rich. Chamaecyparis sphaeroidea Spach. Zwischen diesen beiden Extremen finden sich viele Hölzer, welche durch das fast ganz regelmässige Auftreten von 2—-4 Tüpfeln ausgezeichnet sind, wobei häufig die Zellen der äusseren Reihen 4, alle dazwischen liegenden aber nur 2 Tüpfel pro Holzzelle führen. (Doch kommen auch 3 und 1 Tüpfel vor.) Bei andern wiederum finden sich fast constant 1—2 Reihen von je 3 Tüpfeln, also 3 oder 6 Tüpfel pro Holzzelle; noch andere endlich besitzen 1—6 Tüpfel, welche ohne Regelmässigkeit in Zahl und Anordnung in allen möglichen Gruppirungen vorkommen; noch andere zeigen häufig Anordnung aller (1—5 Tüpfel) Tüpfel in eine Verticalreiie. — Hier mag bemerkt werden, dass im All- gemeinen in ungeraden Zahlen auftretende Tüpfel (3, 5, 7) seltener sind als die in geraden (2, 4, 6, 8) Zahlen vorkommenden, wovon nur 1 eine Ausnahme macht. — Diese letzt genannten Verhältnisse in Zahl und Gruppirung lassen sich nur in wenigen Fällen diagnostisch verwerthen, da sie in demselben Holze zu häufigen Variationen unterworfen sind; die ersteren dagegen dürfen wir als diagnostisch werthvoll bezeichnen. 8. Die Anschwellung der horizontal verlaufenden Markstrahlzellwände an den Kreuzungstellen dieser mit den Holzzelllängswänden, wie dieselben (auf Radial- schnitten) bei manchen Podoecarpen, bei Chamaeeyparis und bei Cupressus zuweilen beob- achtet worden sind, kann nicht als trennendes Merkmal benutzt werden, da das Vor- kommen dieser Art von Verdiekung, oft auf demselben Schnitte, allzu unregelmässig ist”). 9. Die poröse Verdiekung der horizontal verlaufenden Mark- strahlzellwände kann dagegen bei der Bestimmung verwerthet werden, indem bei manchen Hölzern dieselbe vollständig fehlt, bei andern dagegen deutlich ausgesprochen, mit constanter Regelmässigkeit auftritt: Zur ersten Gruppe gehören z. B.: Juniperus virgineana L. Cupressus L. Cuninghamia sinensis Rich. und andere mehr. Zur zweiten Gruppe gehören z. B.: Abies Webbiana Lindl. (Tafel VI, Fig 3.) Saxogothaea conspieua Lindl. 10. Nach der Verdickung der tangental verlaufenden Markstrahl- zellwände, welche in vielen Fällen proportional der Stärke der Verdiekung mehr oder weniger schräg stehen, lassen sich 3 Gruppen von Hölzern unterscheiden: 1. Solche, bei welchen diese Verdiekungen absolut fehlen, z. B.: Cuninghamia sinensis; Salisburia adiantifolia ete. 2. Solche, bei welchen diese Verdiekungen stellenweise vorkommen: Cryptomeria japonica Dom. 3. Solche, bei welchen diese porösen Verdiekungen ganz constant auf- treten, z. B.: Abies Webbiana Lindl (Tafel VI, Fig. 3). Cupressus Macnabiana Murr. in sehr hohem Grade. Fitzroya patagonica Hook. Auch Thuya gigantea besitzt dieselben, jedoch zeigte ein Stück von einem ca. neunjährigen Stamme constant sehr starke Verdiekungen, wäh- rend ein anderes, von einem bedeutend ältern Baume stammendes, dieselben Verdiekungen nur in sehr geringem Grade besass. *) Der einzige mir bekannte Fall, in welehem diese Anschwellungen bei den Holzzellwänden, wenigstens annähernd constant auftreten, ist der früher beschriebene Araucarites Heerii. ai —33 — 11. Von grossem diagnostischem Werthe scheinen mir netzartige oder leiter- förmige Verdiekungen der tangentalen Markstrahlzellwände, wie solche auf den Tangentalschnitten von Thuya gigantea Nutt. und Fitzroya patagonica Hook. regelmässig sichtbar sind. (Tafel VI, Fig. 4—5.) Um einen Massstab anzugeben, in wie vielen Fällen leiterförmig verdickte Mark- strahlzellwände zu beobachten waren, habe ich an 4 verschiedenen Stellen desselben Schnittes Zählungen vorgenommen, welche folgendes Resultat ergaben: Zahl der Zellenzahl Zahl der Mark- Zahl der Markstrahlen. derselben. strahlen mit verdiekten Zellen. verdiekten Zellen. 1. Stelle 20 74 12 16 2. Stelle 10 49 Ä 14 3. Stelle 9 43 6 9 4. Stelle 11 45 8 12 Summe 50 211 Be 51 Aus der kleinen Tabelle geht hervor, dass sich auf 50 Markstrahlen 33 oder auf ca. 5 Markstrahlen deren 3 finden, bei welchen netzförmig verdickte Zellenwände beob- achtet werden können. Auf die in den 50 Markstrahlen enthaltenen 211 Zellen kommen 51 verdiekte, sodass auf je 4 Zellen eine verdiekte Zelle kommt. An einem der höchsten Markstrahlen, welcher von 30 übereinander gelagerten Zellreihen gebildet wird, habe ich 12 netzförmig verdiekte Zellen gezählt. Es ist dies also ohne Zweifel ein Merkmal, welches auch auf kleineren Sehnitten die beiden oben genannten Hölzer sicher wird er- kennen lassen, somit ein für die Diagnose werthvolles Merkmal. 12. Die Zahl der neben einander gelagerten Schichten, welche einem Markstrahl angehören, darf nur mit Vorsicht als Characteristieum benutzt werden. Vereinzelte Fälle nämlich, in welchen 2 Zellen eines Markstrahls neben einander liegen, dürfen entweder nicht als zweischichtige Markstrahlen aufgefasst werden, oder aber die- selben dürfen nicht als Diagnostieum bei der Bestimmung fossiler Hölzer verwerthet werden, weil gerade bei diesen letzteren derartige stellenweise Nebeneinanderlagerung einzelner Markstrahlzellen Folge von Druck und Verschiebung sein können. Die meisten Hölzer der hier besprochenen Gruppe besitzen nur einschichtige Mark- strahlen, daneben kommen in einigen Fällen zweischichtige, ja sogar dreischichtige vor, so jedoch, dass meist nur begrenztere Strecken aus 2 nebeneinandergelagerten Zellreihen bestehen, wodurch der Markstrahl nur streckenweise zwei- bis mehrschichtig erscheint*). #) Leicht unterscheidbar sind die ganz aus mehreren Schichten bestehenden Markstrahlen mancher Araucariten, Pissadendron ete., welchen nur Cupressus Macnabiana aus dieser Gruppe sich nähert, in- dem er ganz dreischichtige Markstrahlen besitzt. R x [} FEFIET N Durch solche streekenweise 2-schiehtige Markstrahlen zeichnen sich aus: Alle Cupressus-Species. Cryptomeria japonica Dom. Thuya gigantea Nutt. Durch vollständig dreischichtige: Cupressus Macnabiana Murr. III. Die Holzzellen. 13. Die Anzahl der Holzzelltüpfel und deren gegenseitige Lage ‘ (Berühren, kaum Berühren und nicht Berühren derselben) darf nur mit grosser Vorsicht benutzt werden. Nur Saxogothaea conspicua können wir dadurch von den übrigen unterscheiden, dass hier die Holzzelltüpfel, besonders gegen die Enden der Holzzellen zu, so nahe stehen, dass in sehr vielen Fällen Abplattung auf ganzen Tüpfelreihen durch die Berührung beobachtet werden kann. 14. Die Zahl der Tüpfelreihen nebeneinander kommt hier (nämlich bei den lebenden Gattungen) kaum in Betracht, indem allerdings stellenweises Auftreten von 2 opponirten Tüpfeln nebeneinander beobachtet werden kann, zwei vollständige, neben- einanderliegende Tüpfelreihen dagegen gar nicht vorkommen. 15. Die Form und Grösse des innern Tüpfelhofes lässt sich zur Be- stimmung im Allgemeinen nicht verwerthen, kann jedoch, wenn die Regelmässigkeit der betreffenden Form erwiesen ist, zur Vervollständigung der Diagnose dienen. Die Di- mensionsverhältnisse des innern wie des äussern Hofes sind als diagno- stische Merkmale unbrauchbar, da sie zu grossen Schwankungen unterworfen sind, indem in fast allen Fällen die durehschnittliche Tüpfelhofgrösse von der Weite der zugehörigen Holzzellwand abhängt. Eine auffallende Ausnahme macht Libocedrus tetragona, bei wel- chem Holze häufig auf sehr breiter Holzzellwand nur ganz kleine Tüpfel zu erkennen sind, die auf einer Seite in 1 Reihe angeordnet erscheinen, sodass daneben ein ausser- gewöhnlicher und unverhältnissmässiger Raum der Zellwand gänzlich tüpfelfrei bleibt. Ausserdem kommen jedoch in Menge Tüpfel vor, welche durchaus in Form, Grösse und Gruppirung mit denjenigen aller übrigen Cupressaceen übeinstimmen. Endlich kann auch das Vorkommen von Tüpfeln auf dentangental ver- laufenden Holzzellwänden mit in den Kreis der diagnostischen Merkmale gezogen werden, sodass wir die Hölzer in zwei Gruppen scheiden können, nämlich: 1) in solche, welche Tangentaltüpfel führen, z. B.: Thuya orientalis L. Oryptomeria japonica Dom. Thuya occidentalis L. Fitzroya patagonica Hook. 2) in solche, welche keine Tangentaltüpfel besitzen, z. B.: Salisburia adiantifolia Salis. Callitris cupressoides Schrad. Callitris quadrivalvis”) Vent. Glyptostrobus heterophyllus Endl. *) Kraus erwähnt Callitris quadrivalis mit nur ganz spärlichen Tangentaltüpfeln; ich aber habe gar keine gefunden. Br PUT SW Nachdem wir so im ersten Theile der Diseussion unserer Tabelle jedes einzelne Merkmal auf seinen diagnostischen Werth geprüft haben, wollen wir nun untersuchen, welche einzelnen Gattungen oder Speeies durch ihre Merkmale mit Sicherheit von allen übrigen sich unterscheiden lassen. Es sind dies folgende: 1. Octoclinis Backhousi Hil., ausgezeichnet durch sehr niedrige Markstrahl- zellen und die hierauf sich findenden (— 0,0228 mm) grossen, eiförmigen, häufig ge- schwänzten Poren (Eiporen), welehe fast immer nur zu 1 pro Holzzellbreite auftreten und beinahe den ganzen, durch Kreuzung der Markstrahl- und Holzzellwände gebildeten Raum erfüllen. Nur in den äussersten Reihen beobachtet man in sehr seltenen Fällen 2 Poren pro Holzzelle. Auch die im Allgemeinen ziemlich spärlich vorhandenen Holzzelltüpfel geben dem Holze ein eigenthümliches Aussehen, indem sie sich je an den Enden der Zellen häufen und drängen, wodurch eine Art Tüpfelzonen auf dem radialen Schnitte des äus- serst regelmässig gebauten Holzes entstehen. Der vollständige Mangel an Harzzellen könnte uns veranlassen, dieses Holz der Gruppe Cedroxylon einzureihen, wenn sich nicht einzelne Zellen fänden, welche isolirte Harzklumpen führen, ohne jedoch die den eigent- lichen Harzzellen niemals fehlenden Querwände aufzuweisen. 2. Taxodium distichum Rich., ausgezeichnet durch seine regelmässig sehr stark porös verdickten Querwände der zahlreichen Harzzellen, welche ausserdem eigene kleine Tüpfel auf den Längswänden in Menge besitzen, ferner durch die in ziemlich grosser Zahl pro Holzzellbreite auftretenden Markstrahlzelltüpfel (1—8) sowie durch die sehr grossen, zuweilen zu 2 nebeneinander, auf gleicher Höhe stehenden Holzzelltüpfel, neben welchen ausserdem noch schiefe Streifung vorkommt. 3. Thuya gigantea Nutt., durch die leiter- oder netzförmigen Verdickungen der tangental verlaufenden Markstrahlzellwände auf dem Tangentalschnitte, sowie durch starke, poröse Harzquerwandverdiekungen, durch auf dem Radialschnitt sehr schräg er- scheinende, stark verdickte tangentale Markstrahlzellwände und die meist zu 1 oder 2, sehr selten zu 3 auftretenden Markstrahlzelltüpfel der 1—30 Zellen hohen, häufig 2-schich- tigen Markstrahlen. 4. Fitzroya patagonica Hook, ausgezeichnet durch netzartige Verdiekungen auf den tangental verlaufenden Markstrahlzellwänden, welche ebenfalls im Radialschnitte meist sehr schräg erscheinen, ferner durch Anschwellung der horizontalen Markstrahlzell- wände an den Kreuzungsstellen dieser mit den Holzzellen und durch 1—4 kleine Mark- strahlzelltüpfel mit spaltenförmigem innern Hofe auf den Zellen ‘der stets nur einschichtigen und niedrigen (1—8 Zellen hohen) Markstrahlen, sowie durch zahlreiche Tangentaltüpfel, und wenige, mit spärlichen Tüpfeln versehene Harzzellen, deren Querwände schwach oder gar nicht verdiekt sind. Dabei sind die Frühjahrsholzzellen auffallend gross und weitlumig, dünnwandig, die Herbstholzzellen dagegen sehr stark verdickt. — 5. Saxogothaea conspicua Lindl., ausgezeichnet durch die in einer Reihe stehenden, an den Holzzellenden gehäuften und daher sich daselbst meist gegenseitig ae abplattenden Tüpfel, dureh zahlreiche mit rothem Harze erfüllte und mit eigenartigen Tüpfeln versehene Harzzellen, porös verdiekte horizontale Markstrahlzellwände und endlich durch zahlreiche Tangentaltüptel. 6. Salisburia adiantifolia Salisb., ausgezeichnet durch die ausserordentlich geringe Menge von Harzzellen, durch die meist in einer Reihe stehenden, an den Zell- enden jedoch häufig zu zweien opponirten Holzzelltüpfel, sowie durch die zu 3 oder 6 in 1 oder 2 verticalen Reihen stehenden Markstrahlzelltüpfel der einschichtigen, 1—3 meist jedoch nur 2 Zellen hohen Markstrahlen, deren einzelne Zellen ausserdem eine ziemlich erhebliche Grösse (bis 0,03418 mm) erreichen und durch ihre runde Form auffallen. 7. Abies Webbiana Lindl., ausgezeichnet durch die fast ausnahmslos sehr schräg gestellten, verdiekten tangentalen Markstrahlzellwände und die gleichfalls porös verdiekten tangentalen horizontalen Markstrahlzellwände, sowie durch die sehr niedrigen Markstrahlzellen, welche in Folge dessen mit den kreuzenden Holzzellwänden im Früh- jahrsholze sehr lange Rechtecke bilden, auf deren grosser Fläche trotzdem nur 1 oder 2, sehr selten 3 kleine, weit von einander entfernte Markstrahlzelltüpfel stehen, obgleich ausserordentlich viel Zellwand vorhanden ist. Die sehr zahlreichen (Taf. VI, Fig. 3) Markstrahlen zeigen häufig auf dem Querschnitte Erweiterungen, welche Harzeinschlüsse aufnehmen, während die eigentlichen Harzzellen nur in geringer Zahl (Taf. VI, Fig. 6 und 7) vorkommen. (Es ist dies vielleicht ein pathologischer Process, kommt jedoch ausserordentlich häufig vor.) Die grossen Holzzelltüpfel stehen in 1 Reihe; in einzelnen Fällen beobachtet man jedoch 2 opponirte, welche sich berühren und an ihren Berührungs- flächen stark abflachen. (Tafel VI, Fig. 8.) Auf den Radialschnitten beobachtete ich mehrfach Stellen, an welchen die Harzzellen, wenn sie mit Markstrahlen zusammentreffen, sich rechtwinklig abbiegen und sich den Markstrahlzellen der untersten oder obersten Reihe anlegen. Dabei zeigen sie schon während ihres verticalen Verlaufes die gleichen Verdickungen und Tüpfel wie die Mark- strahlen selbst; auch der Inhalt findet sich in beiden Elementen in gleicher Weise vor. (Tafel VI, Fig. 2.) Dieselben Verhältnisse weist der Tangentalschnitt auf, woselbst ebenfalls der Ueber- gang der Harzzellen in Markstrahlzellen genau, dem Bau wie dem Inhalte nach, verfolgt werden kann. (Tafel VI, Fig. 1.) Fig. 1 zeigt, wie eine Haızzelle sich mit 5 ver- schiedenen, parallel laufenden Markstrahlen in Verbindung setzt. 8. Glyptostrobus heterophyllus Endl., ausgezeichnet durch seine grossen 1—4 Tüpfel auf den Markstrahlzellwänden, welche zu 2 oder 3 fast immer in 1 verti- calen Reihe stehen und durch ihre regelmässig kreisrunde Form auffallen. Die einzelnen Zellen der stets einschichtigen 1—9*) Zellen hohen Markstrahlen sind durch ihre be- #) Vergleiche S. 29, D on > deutende Grösse eharakterisirt, welche bis 0,041 mm beträgt.*) Die wenig zahlreichen Harzzellen zeigen verdiekte Querwände und sehr hellen Inhalt. — 9. Cupressus Macnabiana Murr., ausgezeichnet durch 1—30 Zellen hohe, meist 2- in vielen Fällen sogar 3-schiehtige Markstrahlen, und zwar in der Weise, dass durch die ganze Höhe des Markstrahles 2, resp. 3 Schichten nebeneinanderliegen.**) Diese Markstrahlzellen besitzen bei niedrigeren Markstrahlen 2—3, sehr selten 4 Tüpfel, bei höheren dagegen 1, sehr selten 2 Tüpfel pro Holzzelle, sowie stark verdickte tangentale Zellwände, welche sehr nahe (bis 0,13 mm) bei einander liegen. Die Harz- zellen besitzen eigenartige und dadurch charakteristische Längswandtüpfel, dass der äussere Hof relativ gross, der innere dagegen sehr klein ist. — Nachdem wir so gesehen, in wie weit sich innerhalb des Cupressoxylon-Typus be- stimmbare Gruppen unterscheiden lassen, wollen wir auf unser Fossil und die Ver- gleichung desselben mit den eben besprochenen recenten Hölzern zurückkommen. Die soeben angeführten 9 Hölzer sind so charakterisirt, dass ihre Nichtidentität mit unserem Fossil zur Evidenz daraus hervorgeht. Wir wollen nun sehen, wie die übrigen recenten Hölzer unserer Tabelle sich zu demselben verhalten. Zunächst können diejenigen, als nicht mit dem unserigen identifieirbar, entfernt werden, welche gar keine Harzzellen, oder doch nur so wenige führen, dass man grössere Schnitte untersuchen kann, ohne Harzzellen zu beobachten. Es sind dies: Salisburia adiantifolia Salisb. Octoclinis Backhousi Hill. Ferner eliminiren wir alle diejenigen Hölzer, welche sich durch (constant) hohe Markstrahlen auszeichnen, im Gegensatz zum Fossil, wo 2 Zellen hohe vorherrschen. (Zu gleieher Zeit führen wir hier auch noch andere, nicht mit unserem Fossil überein- stimmende Merkmale an, um die Nichtidentität stärker zu begründen.) Hierher gehören: Cupressus sempervirens L., mit häufig 2-schichtigen Markstrahlen. Juniperus virginiana L., mit stark verdiekten Harzzellquerwänden und häufig auf längere Strecken hin 2-schichtigen Markstrahlen. Chamaecyparis thuyoides L., mit bei der Kreuzung von Markstrabl- und Holzzellen verdiekten horizontalen Markstrahlzellwänden, sehr zahl- reichen Holzzelltüpfeln und ziemlich reichlichen Tangentaltüpfeln. Podocarpus latifolia Wall und Podocarpus salieifolia Karst et Kl., mit sehr wenigen Harzzellen und auf- fallend grossen, meist zu 1 oder zu 2 pro Holzzelle auftretenden Markstrahlzelltüpfeln, deren Grösse bis 0,0137 mm erreicht. *) Nach Kraus ist die Höhe der Markstrahlen von Gl. tener Kr. — 1—8 Zellen. **) Vergleiche S. 34. BR rn Diesen reihe ich die übrigen Podocearpen an, welche zwar nicht durch besonders hohe Markstrahlen, dagegen durch grosse, runde, zu 1, seltener zu 2, in sehr seltenen Fällen zu 3 pro Holzzelle, den ganzen Raum ausfüllende Markstrahlholzzelltüpfel, sowie durch zahlreiche kleine Poren auf den Harzzelllängswänden charakterisirt und von unserm Fossil verschieden sind. Harzzellquerwände und tangentale Markstrahlzellwände sind nie verdickt, wohl aber kommen mehr oder weniger starke Verdiekungen der horizontalen Markstrahlzellwände vor. Die von mir untersuchten weiteren 4 Species sind: Podocarpus Bracteata Bl. — pungens Caley — totara — macrophylla. Ferner können noch eine Reihe von Hölzern eliminirt werden, deren Merkmale in der Gesammtheit mit unserem Fossil nicht übereinstimmen, während einzelne Merkmale den Unterschied nicht hervortreten lassen. *) 1. Oryptomeria japonica Dom., mit verdiekten tangental verlaufenden Mark- strahlzellwänden und eigenartigen Harzzell- sowie Tangental-Tüpfeln. 2. Widdringtonia juniperoides Endl., mit nicht scharf getrennten Jahrringen, stark verdiekten Holzzellen und mit stark verdiekten horizontalen Markstrahlzellwänden, sowie mit Tangentaltüpfeln. 3. Thuya orientalis L. und Thuya oceidentalis L., mit sehr zahlreichen Holzzelltüpfeln, 2—6 Mark- strahlzelltüpfem und 3—7, sehr selten 1—2 Zellen hohen Mark- strahlen. 4. Juniperus communis L., mit sehr vielen, meist die ganze Zellwand aus- füllenden Holzzelltüpfeln, deren innere Höfe spaltförmig sind; ferner mit kleinen Markstrahlzelltüpfen, wobei die äusseren Reihen fast constant 2, die dazwischen liegenden nur 1 Tüpfel führen. 6. Cupressus sinensis hort., mit 1—4 Markstrahlzelltüpfen pro Holzzelle, welche meist, zuweilen sogar wenn deren 4 sind, in 1 verticalen Reihe liegen. 7. Cuninghamia sinensis Rich., mit kleinen Tüpfen, deren innere Höfe gekreuzt erscheinen. Die zu 1—3 pro Holzzelle auftretenden Markstrahlzelltüpfel, mit spaltenförmigem innern Hofe, erreichen beinahe die Grösse der Holzzelltüpfel. (—0,009 mm.) Die einzelnen Zellen der an und für sich niedrigen Markstrahlen sind sehr hoch (bis 0,0502 mm). *) Es werden hier nur die nicht übereinstimmenden Merkmale angeführt. Er, 3. Callitris quadrivalvis Vent., mit sehr wenigen Harzzellen und meist zu 2—6 pro Holzzelle auftretenden Markstrahlzelltüpfeln. 9. Callitris cupressoides Schrad., mit scheinbar zonenartig angeordneten Harzzellen, deren zahlreiche Tüpfel kleiner als die zu 1—4 pro Holzzelle stehenden Markstrahlzelltüpfel sind, welch letztere einen spaltförmigen innern Hof zeigen. Die Holzzellen sind an den Zell- enden dicht gedrängt. Die 4 untersuchten Chamaecyparisspecies: 10. Chamaeeyparis Lawsoniana Parl. 11. — squarrosa Sieb. et Zucc. 12. — pisifera Sieb. et Zucc. 13. — sphaeroidea Spach. besitzen niedere Markstrahlen mit vielen kleinen Tüpfem, deren Zahl durchschnittlich zwischen 2 und 6 varirt; während 1 Tüpfel sehr selten ist, kommen ziemlich häufig 7—8 Tüpfel pro Holzzelle vor. Auf den zuweilen recht hohen (bis 0,026mm, sogar einmal bis 0,0502 mm) Markstrahlzellen konnte ich mehrfach bis 5 Tüpfel in einer verticalen Reihe übereinander beobachten. Die Harzzellen sind nicht zahlreich; bei Ch. squarrosa und einem 5- jährigen Zweige von Ch. sphaeroidea konnten nur ganz vereinzelte Harzzellen gefunden werden, ein altes Stammstück derselben Species dagegen zeigte deren ziemlich viele. Endlich bleiben uns noch Zibocedrus tetragona Endl. und L. deeurrens Forr. zur Vergleichung übrig. Nicht sehr zahlreiche, niedrige, 1—4, selten 7—8, sehr selten bis 10 Zellen hohe, bei L. decurrens stets einschichtige, bei Z. tetragona in ganz vereinzelten Fällen 2- schichtige Markstrahlen (so jedoch, dass nur 2 Zellen neben einander vorkommen, nicht ganze Reihen), deren hohe Zellen meist 2—3, selten 1 oder 4 Tüpfel pro Holzzelle führen; zahlreiche Harzzellen mit wenig oder gar nicht verdiekten Querwänden und sehr spärlich auftretenden Tüpfeln auf den Längswänden; nicht zahlreiche, zerstreute, ein- reihige, die Holzzellwand zuweilen ausfüllende, zuweilen ganz auf einer Seite stehende, einen grossen Theil der Wand frei lassende Holzzelltüpfel, sowie endlich eine fast überall sehr deutlich ausgeprägte schiefe Streifung geben den Character dieser Hölzer. Die sämmtlichen Merkmale stimmen mit unserem Fossile überein, nur die Harzzell- tüpfel waren beim Fossil nicht zu finden, was vielleicht durch die mangelhafte Erhaltung des Holzes seine Erklärung findet, jedenfalls aber nicht als trennendes Merkmal benutzt werden darf. Auch die so sehr geringe stellenweise Zweischichtigkeit der Markstrahlen ist kein Grund, die Hölzer als verschieden anzusehen, indem bei dem äusserst spärlichen Vorkommen von Markstrahlen, welche mehr als 2 Zellen hoch sind, der Fall nicht aus- geschlossen ist, dass bei höheren Markstrahlen desselben fossilen Holzstückes ähnliche ee Vorkommnisse würden beobachtet werden können, während anderseits Z. decurrens eben- falls nur einschichtige Markstrahlen aufweist, sodass ohne Zweifel die Zweischichtigkeit nicht als Gattungsmerkmal aufgefasst werden darf. Endlich soll hier noch erwähnt werden, dass das Volumen, welches die Markstrahl- zellen im Cubikmillimeter einnehmen, für Zibocedrus tetragona = 0,05368 mm? ist, während das Holz = 0,94632 mm? einnimmt, also die Markstrahlvolumina sich zum Holze ver- halten, ungefähr wie 1:17, während bei unserm Fossil: das Markstrahlzellvolumen — 0,027568 mm? und das Holzzellvolumen —= 0,972432 mm? auf den Kubikmillimeter beträgt, die Markstrahlvolumima sich somit zum Holze verhalten, ungefähr wie 1:35. Wir sehen daraus, dass unser Fossil nur ca. halb so viel Markstrahlzellvolumina aufzuweisen hat, als Zibocedrus tetragona. Da jedoch nach allen übrigen Markstrahlmessungen auch das Volumen kaum als Gattungsmerkmal verwerthet werden kann, so wird auch dieser Unterschied die 2 Hölzer nicht trennen, stimmen sie doch immerhin auch in diesem Punkte insofern überein, als das eine etwa 3,5, das andere ca. 7 mal weniger Markstrahlzellvolumina pro Kubik- millimeter besitzt als unser oben beschriebener Araucarites Heerü. Wiederholen wir nun nochmals, dass am gleichen Orte, an welchem unser Fossil gefunden wurde, sehr zahlreiche fossile Blätter und Zweige von Libocedrus gesammelt worden sind, und dass im Unter-Miocen Grönlands Libocedrus überhaupt häufig ist, so dürfen wir, in Uebereinstimmung mit dem früher beschriebenen anatomischen Bau der recenten Libocedrus-Hölzer und unseres Fossils, das Letztere ohne Bedenken als zu den oben genannten Zweigen, welche Prof. Dr. Oswald Heer als Zibocedrus Sabiniana Hr. bestimmt hat, gehörig betrachten und demselben den Namen Zibocedrus Sabiniana Hr. geben, welchem Namen wir folgende Diagnose für das Holz beifügen wollen: Libocedrus Sabiniana Hr. Libocedrus stratis concentrieis distinetissimis, ea. 1—1,5 mm latis, poris uniserialibus, sparsis, radiis medullaribus haud erebris, uniserialibus e cellulis 1—5 superpositis for- matis, duetibus resiniferis simplieibus erebris, septis eorum haud inerassatis. — Es gereicht mir noch zur angenehmen Pflicht, meinem Freunde, Herrn Prof. Dr. C. Schröter, für die freundliche und mir werthvolle Hülfe und Theilnahme bei dieser Arbeit, sowie den Herren Prof. Wittmak und Prof. Eichler in Berlin für das bereitwilligst mir zur Verfügung gestellte Material meinen herzlichsten Dank auszu- sprechen. Leider ist es mir nicht vergönnt, Herrn Prof. Dr. O. Heer gegenüber die- ‚selbe Pflicht zu erfüllen, welcher den grösseren Theil der Arbeit zwar verfolgt hat, und mir in liebenswürdigster Weise durch Rath und That an die Hand gegangen ist, der Ir: aber jetzt leider nicht mehr unter den Lebenden weilt. Erklärung der Abbildungen. (Fig. 1—3 auf Tafel I, Fig. 5—8 auf Tafel II, Fig. 9 auf Tafel II, Fig. 1, 2, 3, und 6-9 auf Tafel V und Fig. 1 auf Tafel VI. sind mit der Camera lueida gezeichnet; die übrigen mit freier Hand.) Tafel I. Fig. 1—4. Araucaroxylon Heerii Beust. 1. Querschnitt. a. Markstrahlen. b. Frühjahrsholzzellen. ce. Herbstholzzellen. 9, Ein Theil des Radialschnittes. a. Markstrahlzelle. b. Holzzelle. c. Holzzelle mit 2 Reihen alternirender, hexagonal abgeplatteter Tüpfel. d. Holzzelle mit nur 1 Reihe Tüpfel. 3, Ein Theil des Radialschnittes mit deut- lichem Markstrahl. a. Holzzelle. b. Markstrahlzelle mitje 1 Tüpfel pro Holzzelle. c. Verdiekung der Holzzelllängs- wand. 4. Uebersichtsbild des Radialschnittes, um die Vertheilung von Holzzellen und Markstrahlen zu verdeutlichen. a. Markstrahlen. b. Holzzellen. Tafel I. Fig. 1—8. Araucaroxylon Heerii Beust. 1-4. Wirklich gefächerte und scheinbar ge- fächerte Holzzellen. a. Scheidewand. _ b. Riss im Gesteinsmaterial. 5 u. 6. Stellen des Radialschnittes, welche aus- nahmsweise 2—3 Markstrahlzelltüpfel pro Holzzelle zeigen. a. Holzzelle. b. Markstrahlzelle. 7. Zwei streckenweise zweischichtige Mark- strahlen. 8. Ein Theil des Tangentalschnittes, welcher die Vertheilung und Höhe der Mark- strahlen zwischen den Holzzellen zeigt. a. Markstrahl. b. Holzzelle. Tafel III. © Fig. 9. Araucaroxylon Heerii Beust. Tangentalschnitt. Fig. 1—8. Sequoia Couttsiae Hr. 1u.3. Splitter, welche Holzzellen mit zerstreuten behöften radial. Holzzelltüpfeln zeigen. 2u.4. Harzzellen mit fossilen Harztröpfehen und grösseren Harzkugeln. a. Harz. db. Querwand. ce. Tüpfel. 5—7. Einzelne grössere Harzmassen, mit körni- ger Struktur, 0,1405—0,148—0,162 mm lang. 8. Harzzelle, gefüllt mit zahlreichen, grossen, dieht gedrängten, häufig gegenseitig sich abplattenden fossilen Harzballen mit dunkelrothbrauner Farbe. Fig. 10-17. Einzelne Stellen des Libocedrus Sabi- niana Hr. 10. Harzzelle mit (ausnahmsweise) ver- diekter Querwand. a. Querwände. b. Harz. 11. Holzzelle und kreuzende Markstrahl- zellen. a. Holzzelle. b. Holzzelltüpfel. e. Markstrahl. d. tangentale Markstrahlzellwand. e. T g. horizontale Markstrahlzellwand. Harz. 3 Markstrahlzelltüpfel. 4 12u.13. Einzelne Holzzellen mit Tüpfeln. Die längsten bis 1,07 mm lang, ohne dabei ihr Ende zu erreichen. Die Tüpfel stehen häufig ganz auf einer Seite. 14u.15. Harzzellen mit nicht verdieckten Quer- wänden. a. Querwände. b. Harz. 16. Markstrahlzellen mit nicht verdiekten Wänden. 17. Holzzellen und Markstrahlzellen mit grossen granulösen Harzklumpen. a. Holzzellwand. | b. Markstrahlzellwand. sum u Be er a e. Harz. Tafel IV. Fig. la—7a u. 1—19. Cupressoxylon antarcti- cum Beust. Fig. 1a—3a. Holzzellen mit Tüpfeln oder B mit den Löchern an der Stelle, wo die Tüpfel früher vor- handen waren. Fig. 4a—7a. Harzzellen mit Inhalt. 6a. Schwach verdiekte Harzzell- 5 querwand. 7a. Harzzelle At nicht ver- diekter Querwand. Fig. 1, 2, 3, 4 u. 6. Holzzellen mit zerstreut 4 stehenden Tüpfeln. Bi 3. Herbstholzzelle mit verdick- 4 : ten Wänden. 6. Gefächerte Zelle. Fig. 5, 7, 9 u. 10. Markstrahlen «mit Tüpfeln. 8. Harzzelle mit Querwand. Tafel V. Fig. 1—9. Libocedrus Sabiniana Hr. 1. Querschnitt. a. Herbstholzzelle. b. Frühjahrsholzzelle. { e. Harzzelle. F d. Markstrahl. . 2. Einzelne Stelle des Querschnittes. a. Harzzelle. b. Intercellularsubstanz. ce. Inneres Zelllumen, erfüllt mit Ver- steinerungsmasse. d. Dunklere Versteinerungsmasse im Centrum des Zelllumens. 3. Holzzellen mit einseitigen Tüpfeln. 5. Holzzellen mit Tüpfeln. 7. Harzzelle mit Inhalt und nicht verdiekten Querwänden. 8 u. 9. Tangentalschliffstellen mit niedrigen 7 Markstrahlen. n a. Markstrahlzellen. = % b. Holzzellen. i Tafel VI. Fig. 1,2, 3,6 u.7. Abies Webbiana Lindl. 1 u. 2. Harzzellen, welehe Markstrahlen verbinden. (2 etwas schematisirt.) 3. Markstrahlzellen mit verdiekten tangental und horizontal ver- laufenden Zellwänden und 1—2 relativ kleinen Tüpfeln. (3 etwas schematisirt.) x . Harzzelle. . Harz. G . Holzzelltüpfel. P . Harzzelltüpfel. . Markstrahlzelltüpfel, . Markstrahlzelle. 6 u. 7. Markstrahlen (aufdem Querschnitt beobachtet), welche sich erwei- 2 tern und Harz einschliessen. A mo oAaoum» Fig. 4 und 5. Thuya gigantea Nutt. Markstrahlzellen mit leiter- oder netzartiger Verdickung der tan- u gentalen Zellwände (beobachtet { auf dem Tangentalschnitt). Fig. 8. Zwei opponirte, sich abflachende Holzzelltüpfel"von Abies Web- biana Lindl. Uebersichts-Tabelle der zur Gruppe Araucarioxylon gehörenden fossilen Hölzer, sowie der dazu gehörigen recenten Llölzer. Araucaria brasiliensis A. Cuninghami A. Cooki . .- Asımbricata 7. TEXCElSAH)E ie ne A. Bidwilli . . - Dammara australis I!) Dammara australis II . Dammara australis III . Dammara obtusa . . . Araucarites Edwardianus Goepp. A. Keuperianus a > Aegyptiacus Goepp.°) . - v stellaris Goepp. . - BRollel@oepp.t. 0 0. - Schrollianus Goepp.‘) . . saxonicus Goepp. - . medullosus Goepp. . » - . eupreus Goepp.?) - . - Valdajolensis Mougeot. . T iu nn Maul 1 Reihe von Holzzelltüpfeln, die sich berühren. 1—2 Reihen von Holzzelltüpteln. 2—3 Reihen Geckig abgeplatteter Tüptel. 1—3 oder mehr Tüpfelreihen. 1, selten 2 Markstrahlzelltüpfel pro Holzzelle. 1—2, meist 2 Markstrahlzelltüpfel. 1—5 Markstrahlzelltüpfel. lltüpfel, selten oder Tab. € 2 8 |. Ri & . E © I& |S = Ss Uehersichts-Tahelle s\E :| Is. 3 &|,|g 3 a a = Is Is 3 e|z2|® der zur Gruppe = 3 8 = “ = = = a a 3 2 2/=|3 5 |3|. 18 28 A s|3 |: Araucarioxylon 28 |= a8 as ————— 5: ||: |. sI215 21218 > 7 3121%|2|28 gehörenden a8 e alz|s le s|s =: & =: E' Eule Anmerkungen zur Tabelle. : 3 s|#|% 2/3 \&sls |2121313 s|2/4l2|2|2102 fossilen Hölzer, se ale jede |a|o ce s\s|is|s|2|®8 | : s|8|. s/2/5 s23,8|=2|2|>; 33|3|55 13 sowie der lazu geh = 2|8 E E \S- sEl25I=|S|8 3 el2le|j8 =|3 3 sa assla aszascsa SS @eaalale alas 7 -e Hölzer. ala|» |» IAagElaen ||| $ alu a laIlE|S| 2 recenten H6 aaa alte lSlaltlallaalalslalal: ö | | Araucaria brasiliensis . . .» . » SC Re ler ea ee 1 lee Sc 1) Araucaria excelsa und a oaninehnmt % | Y vr "% Dammara australis besitzen fast immer nur 13 hen, SON A 2. Ne) aa Nez a2) 13 1. I a 09 2) a PS a ES eine Reihe Holzzelltüpfel; nur in nächster 3. 1000180 1 We N -I1x|I- |. 1.121. 1x). |. ll lee] * Nöhe des Markes kommen 2—8 Reihen ‘A. jmbricatar ee Fa 1 ee ver 1 Ne era ee 1 a ll ||. E AnbIeN Da ! z ; H | | en) ; ') Araucarites Keuperianus zeigte constant A. Bxcolgn.”); ur Er ee SS ae 1 | Ira REN er a RT OR EN |. R I. |X% nur 1 Tüpfelreihe; ein einziges Mal be- AsBidwilli 2 22 Ela 57 a lee ee] en el nella onile |eulelsse) >; 3 obachtete ich deren 4 nebeneinander. nn | TIER F k f > y 7 ') A. Aegyptiacus hat nach Goeppert’s Dia- Dammara australis I)...» . - » = [2 ea lx . ; 0: 23 se": gnose 2—3 Reihen Holzzelltüpfel; in der Dammara australis II » 2.» „1-1 X| 1 Reel RX Zeichnung von Unger finden wir dagegen Dammara australis III IE Belle ES ES le x 4—5 Reihen, ? ä SU =." 7% Y Ss Y >| x ‘) Nach Kraus fallen: Dammara obtusa . » . 2... ES lT 8 10 3 [10221 VE EEE EEE E12) rat Ze [HERE I SRH Lee Sn re I I eG ‘ A. pachytichus Goepp., Araucarites Edwardianus Goepp. » |X | - II -|.1-|.1-[- [1-2 ).2 7-0)... 7 Branding ee A. Keuperianus Goepp.°) » » » - cr on ee 5 os | aloe Fe Fee lc 13 x A. cupreus Goepp., i ntiacus 3 3er: 2 Re el \ , A. Stigmolithos Goepp., A. Aegyptiacus Goepp.?) « » - » ’ x: Z / Sea SS Fans s A, Valdajolensis Moug e- & hr As/atallarısı GOepp „Eee 3 . ® 1x x| = A. Kutorge Merckl., : A. Rollei Gnenn ers 1 ae ae Ellen een ea] al ze ES ERIERBISE MOL B x : N ; A. permicus mit A, Schrollianus zusammen. A. Schrollianus Goepp.*) . » .» » |% |» |» Et | RS 1 x| || )° 1% | SA, onprens hat nach Goeppert's Diagnose A. saxonicus Goepp. x x Sl le _ 1-2 Zellen hohe Markstrahlen; in der I 24 £ ee le 2-5 beigefügten Zeichnung finden sich bis 8 A. medullosus Goepp. - » » . = 3 WERNE IS |FO y 4 Eu I >22 2 Zellen hohe und in dem hieher gehörigen A. cupreus Goepp.?) - » » . » N OS le x Slıler x - IX Schliffe des Arboretum fossile gibt es A. Valdäjolensis Monpeot a Re ale] Ariluseill.s RE x F sogar solche von 15 Zellen Höhe. BR 2 er [A R I) | ®) A. Brandlingii hat nach der Diagnose 1—7 A. Kutorgae Merck. . | | | S es x Zellen hohe Markstrahlen; wir beobach- A. Fleurotii Goepp. » » 2» 2. » 23 Kay as aan rear a RE Fol Re elle Sllsäll.- ten häufig 12, 14, sogar 18 Zellen hohe, : BE = & ?) A. Beinertianus hat nach G t’s Dia- A. per Ss rck. » | . . x |» IX 5 5 ch Goeppert’s Dia para Merck [=] en Poll. x gnose, 1—10 Zellen hohe einschichtige AtsubtalisuNlarole Be Sa a a az | ill ee || et SS ee er a en I eaetrahlan: aut dem u us act jar ar hr 2 Ma 5:2] Wear sea | Een se cn an] a | ea ca. 7 A ne TG n retum fossile finden sich sehr reiche B; Be; a Be r 5 > ® 11—12 Zellen hohe, zweischichtige Mark- „ Brandlingiie@oenn-2jie eu 2 ae a ER Sa aeE EN ren Era ER x x|- strahlen. As RhodesnusGpapp.n =. 0 a N N ee RR x | » | ) Araucarioxylon Withami Kr = Pitys Wit- hamii umfasst: A. carbonaceus Goepp. ». - » » » 2, ae 23130 1608 1651| ES a lg ES | x| AN . medullare Kr., A. Acadianus Goepp. (Dawson spec.) |» |» |» |x |» |» |» ||») - |. 1.7. 1X»). IX)» IX]. A. antiquum Kr., A v A. primaeyum Kr., also auch die A. De Goepp. 2. - < 2 4 x Gruppe Pissadendron Endl. A. Beinertianus Goepp.?) . . „|| + |» Relkzul 22 2 a za = 1181080 185 ea TEE Rei % | = | ®) Bei Dadoxylon Daws. füllen die Holzzell- A. Tehieatcheffanus Goepp. . » » | = 1 |» 1Xxj ||» |- |. 1x» || IX|- le jel- 18). tüpfel stets die ganze Holzzellwand aus. Ntttehige ke ale a|elle elrels» =» . Hartigii Goepp. . » - +» » . uniraliatum Goepp. » - + C. pulchrum Cr. . .. .. ©. polyommatum Or. . 2.2.» GRAubitmNGe. Eu. ae re ce ©. salisburioides Kr. . . . . » ©. antaretieum Beust, 2. - . . aaaanaan Jahrringe dentlich. X x x x x x x x x AXKKRXXXX x Sequoia Couttsine Hr.) . . . . Läbocedrus Sabiniana Hr... . . » (pfeil) zu 1-8 pro Tüpfel pro Holzzelle. Markstrahlen 1-2 — mehrschichtig, Tangentsle Markstrahlzellwände vor- Holzzolle, dickt.1} er Diagnose (0). Keine Harzzellon. 1, zuwellon 2 Reihen Holzzolltüpfel; dick. I} 1—2-3 Reihen Tüpfel (seltener 1Rolhı Markstrablon zahlreich (x), selten (X) Jahrringe eng, d.h. 0,5 mm. — 2mm. Jahrringe weit, 2 mm. — 15 mm. Tangentaltäpfel vorhanden. !) € 8 ä S C Pi 3 a Tüpfel fast berührend. Markstrahlen einschichtig. 3 S = A fi ä @ F F E 4 = 5 Töpfe! zerstreut. Tüpfol anffallend klein. Markstrahlzellto, g Ss Fi B 5 E a = ® 1-4 1-10 1-20 1-50 Horzzellen selten; nicht erwähnt in Horizontale Markstrahlzellwände vor- | Holzzollwand schief gestroift. 1-18 x x x x x x SCH xx xx x x XXX ZERR xxx x REEL TE KIKEKHETIN X IR XXXX x x Anmerkungen zur Tabelle. ’) Die Verhältnisse der Markstrahlzelltüpfel, Verdickungen der Markstrahlzellwände und Tangentaltüpfelsind Merkmale, welche in den Diagnosen meist fehlen und daher len Zeichnungen entnommen sind. *) ©. pachyderma führt nach Gocppert's Din- gnose nur I Reihe von Holzzelltüpfeln; in der beigefügten Zeichnung stehen zu- weilen 2 geosse Poren einander gegen- über, *) 0, sanguinsum ist ausgezeichnet Unrch das bluteothe Harz. *) 0. Soverzovi soll charakteristische Luft- höhlen besitzen. ®) P. resinosa kann aus der Tabelle entfernt worden, da dies Holz ebenso wie P. eg- gonsis With. Harzgänge (duetus resini- feri compositi) besitzt. Aus einen ähn- lichen Grunde ist C, fissum Goepp. in der Tabelle nicht angeführt worden, da seine Markstrahlen nach Gorppert Harz- behälter einschliessen. Da es im Uehri- gen, nach Kraus, dem ©, pachyıderma und ©. multiradiatum sehr nahe steht, kann os auf alle Fälle ohne Schaden hier fehlen. €) ©. Breverni führt nach Cramer nur 1—5 Zellen hohe Markstrahlen, nach Mercklin dagegen solche von 1—15 meist 10 Zellen Höhe, ?) ©. arctannulatum hat nach Goepp. 1—2 Zellen hole Markstrahlen; das hiemit identische Thuyoxylum arctannnlatom hat "nach Unger 1—12 Zellen hohe Mark- strahlen. Fi *) Die Markstrahlhöhe von ©. pencinum be- trägt nach Gorppert 1—10 Zellen; die jenige des hiemit identischen Thuyoxy- um peucinum beträgt nach Unger 1— 40 Zellen. ?) Rhizocupressoxylon pannonicum stimmt nach Felix überein mit: ©, sequoianum Merckl. Peuce pauperrima Schm, u. Schl. P, Zipsoriana Schm. u. Schl, 1) Onpressoxylon Protolarix Fol, stimmt nach Felix überein mit: i ©, leptotichum Goepp., 0, nodosum Goopp., 0. pachyderma Goepp. Ausserilom mit Oladocupressosylon Pro- tolarix Fel. noch: ©, aequalo Goepp. — 1) Sequoin Couttsine ist charakterisirt durch enorme Harsmengen, welche in oft lan- gen Klampon die Zellen erfüllen, Auch soll, nach Prof. ©, Heoor’s mündlicher Mittheilung, zusammen mit dom Hola, Bernstein in grosser Menge gefunden worden sein, telltüpfel Form derselben meist kreisförmig ; ı Aeus Schiefe Streifung der Holzzell- wände Verdickung der tangentalen Mark- strahlzellwände Alter des Holzes @ra0.d: Standort des Holzes bot. Garten, Zürich innere Höfe oft elliptisch, schräg oder gekreuzt e. 40 J. |bot. Garten, Zürich ! | im Herhsthalz oft snalt- alt. Stamm z saparau vu Prof. Cramer sehr alter Stamm Burma verdickt alt. Stamm Andamans e. 30 J. Caracas Junger Zweig bot. Garten, Zürich 2J. bot. Garten, Zürich innere Höfe schlitzartig 8.J. bot. Garten, Jena [80] 1 = Philippi - gross, oval 4 verdiekt und meist schräg alt. Stamm Simla Ost-Indien innere Höfe gekreuzt e. 1000 J. Australien * . [4 j Tabelle für 37 der Gruppe Cupressoxylon angehörende recente Hölzer. = = 3 BE Verdickung hrri Harzzellen Wei Jcke der. Zelfwände Holzzelltüpfel Weite des Holzzelltüpfels Mark- Höhe der Hehe en Zahl der Markstrahl- ee Verdickung aaloriege T dar zu strahlschichten Markstrahlen runs zelltüpfel jıro Holzzelle Krenzungsstollen der R | v ae Vorkommen derselben ® SEEN nach Zellreiben Grössen und Grappfrang tangentalen Mark- Deutlichkeit an Vorkommen | an vers Frühjahrsholzzellen Herbstholzzellen Frühjahrsholze Herbstholze ‚der Anzahl nach, sowie Form dorsclbon Acusserer Hof Innerer Hof nöheneinander ibereinande, | Markstrahizelle ne a alenata PER | dernellen En Bohaltia ihre Grösse fast berührend, zahlı Min.: 0,0015 mn il 3, 3, 4 oder & in versch. 0,004 mm Max. 0.457 mm | 0,0162 mn meist kreisformig © 50. |bot. Garten, Zürich 1. | Thuya oceidentalis L. deutlich | 05-08 mm | schr spärlich = Mittel: 0,0 Mittel- 0,00365 mm 0,0085 uma a und in I Reihe | 0,0196 mn uppirung l = —— = E De z z zahlrelel 5 in 1 Reihe, die Zeilwand | ;nnere Höfe oft eliptisch " nes Ä enthilmlich „0218 mm nn ‚ilwoine 'iptisch, 00 1 - |, meist zu 2 oder 4; | 2. | Thuys orientalis L ala | Be besander Im eine gen Amliche al 0,00555 mn 900914 man jean oder Iheilweine auf "ner oder gekrenzt O01371 mm ) 0,004—0,005 mm Baer 0.0197 mm ae bot. Gurten, Zürich] ferbstholze 1-2, selten 2—4; meist Max.: 0,0219 mm Min.: 0 1 Reihe 0,0187 mm 0,904 mn FR f 0,0915 ‚0015-0,0067 f i sc 2, 3 rich &.| Juniperas’ eonmunis L. dentlich 05-15 mm spärlich - Mittel: 0,0274 mm | Mittel: 0,0011--0,0029 um | 0,009—-0,0945 mm | 0,0015—0,0067 mn Aut En BTAONIA SEn lauern Te elierac 17 a = Ele a 1 Reihe, nicht berührend,| äusserer of kreisrund- ee ea =# iemlich I ‚de zuweilen ax in. Iren Hie’Zei le val, ü i 0,018—0,016 0,0045 0,008. 2, 7 4. | Janiperus virginlana L. dentich | 7 en SE verdickt Mittel Mittel: 0.009 0,0014 mm |00639—0,008 mm LT ® ei heiniederen(t— 22. hohen) IE Bam EOS RTL | gedräng lagogen 9, 3 oder 4 | > - B Ins ln ar | == = RER F in den Aussern Reihen 3-4, | häufig, 5 | = 0,00 n Krelsrund, gti 1-32 dazwisch, 2, x0lten 1 Tüpfol, zuweilen co F | 29 wm | besonders im | Querwääde zuweilen | Max.: 0.015 mm Min: 0,02 mm > | 1,0045-0,009 mm | 0,0031—-0,011 mm 1 Reihe sind oval, inneror Hof ofl 0,022 mm 0,004—-0,006 mn r 0.0201 mm nawinch,2,sct ipfol, 5. | Onpressus sunperwire deutlich | nd schwach verdickt Mittol: 0,0881 mn | Mittel: 0,0067 mın inglich meist über 10 Kap Ei EEREHDAE, dentlich 7 juerwände zuweilen Max.: O,M5 mm Min.: 0,0022 mm 5 = R | innere HOfo spalt- oder 89 ‚00342 mm 2 6. | Onprossus sumporvirens II 1, dentlich schr unhtreich | AUmEnde Ark” |atietei: 0081 mm | Mittel: 0,0067 mm | 00045—0,000 mm | D00M1-0,011 mm BE schlitzförmig. kin ln 0,0201 mm deutlich | ea (oe X. u = ._ 2 le iemlich zahl erwändo zuweilen | Max.: 0,01142 mm o Fr 1 Reihe, schr zorstront; r r - zuweilen 3a Een hort. = 0. Olsuon dentlich en | verdickt Mittel: 0,0073 mm DIG mm. 0,0067 mm OR mm, Zwischeuräume mm En eindtuipen lon Reihe arallenwene | ontich | Be en = = ‚ans Californien. ‚Garten des Horn an) ent | bei niederen Markstrahlen 2-3, sehr solten bei höheren fast immer 1, Stellung schräg sehr sulten 2 Tüipfel A |Querwände nahe gerückt 8. | Cupressus Macnnblann, Murr. Stamm. deutlich 5 mu zahlreich und stark verdickt, Längswände mit Tüpfeln 1 Keihe, meist nicht berührend 0,0158 mm 0,009-0,008 mm 0,0068 mm 0,091 mm DOLSTL mn 0,0045 mn 0,2147 mm 1 Reihe, meist nicht 0,020 m rwände oft uur w meint sehr stark id, id. 9. | Cuprossus Macnaliann, Marr, Ant dentlich wenig Yerdickt herührend poros vorlickt | > u 1 ve FE SB al selten 7. Inden | fee | ziemii Max: 0,0274 mm Min.- 0,001 1 Reihe, nieht oder kaum | innerer Hof oft schräg H Mr ae } 10. | Oliamnceyparis spliseroiden Spach. 1 deutlich 091-0,12 mın en | Aittel: 0.0988 mm| Mittel: 0.004 mm 0,004 mn 0,004— 0,0091 mm erurerd Und länglich 0,018 mm 0,006. mm OO192 mm (äusseren Reihen meist 4, Ta 8 &nır bei l-8 00261—0.0365 u [yo 11. | Chamaeeyparia nphinorolden Spnch. II deutlich 0,114-0,4 mm | sehr wenige 0,0171 mm 0,009-0,001 1 0,004-- 0,007 mn [1 Reihe, nicht beriihrend 0,0197 mm 0,045 mm kaum ver s e= = re en = Fe 23] 2 = 1 a | diektz elgenartigo Tüpfel] Max.; DHL mu 4 > n 1 Keil, nicht berihrand as pikchönmeii 12. | Chamaeoyparis thyoldes 1 deutheh \ 06-9 mm | sehr zahlreich. | MekEe el ien am] 9,00-0,002 mm 0,0064 mn 0,007—0,009 mm An = 0,0159-0,018 mn | 0,0036—-0,004 un I: in. Hofd. Wokzelltäpfel ziemlich zahl- Max. 0.018 n 1 Reihe, nicht berühren‘ ziemlich stark, go- 18. | Chnmneoyparis Lawsonlann Parl deutlich | 0197-04 mm Teiche Mittel: 0,009 mn 0,0457 m 0,091 mn PEN RS SEN 0,011 mm 0,00365 mm 0,0182 mm nähert und schräg in dom. u. tung Max.: 0,018 mn Min.: 0 1 Reihe, nicht borührend il 1 m 3 mm cihe, I q ch 8, selteı bot ten, Zürich 14. | Chamnoeyparis Squarrona Sich, ot Zuce dentlich 994-02 mm | sehr spärlich. | Schnitten Beotacteten | wei: 0,0R0 mm | Mittel: 0004 mm 0094 mim 0,00914 num A - OO118 mm 0,0045 mm 0,0201 mm |meirt 2, auch 8, selten 1 t. Garten, ZU 2 2 > \ | a 1 en = r > schr zahlreich; zu 1— y : zn ziemlich zahl werwände wenig | Max.: 0,022 nm Bi : 1 Reihe, nicht herührend = 5 2 0,0178 um H meint ‚bot Garten, Züri Chamaecyparis yisifura Sieb. et Zucc dentlich | OA-12 mm EIN a Mittel: 0,0191 mm 2-0 min 0,0045 mm 0,0080, | 0,018 mm 0,0045 mın einmal: 0.0503 u | "ir häuig (orar z 9 in: ] - | = — Teen = [1 Reihe, zerstrent, nur ? — 1: er so, | Galitrie enfifemmniäen Behrailer nicht bemerkbar | schr zahlreich | «die kle er lie 0,0050 mn 0,0045 mn 0,009. mm an den Zellenenden 2 0,008 mm er, oo2108 mm "7weig |pot- Garten, Zieh | Wildringtonla enpressoldes End. | Marksrahlzelltüpf: berührend | ee: 2 | | | | m Frege 7] fer ; Be Dartn, Zudet 17.) Gallieris quadivalvis, Vent nicht deutlich \e.0.007-0,9um| Hur Fan - 0,0068 mm 0,0060—0,009 um | 0,009--0,01 mm 1 Keihe, zerstreut 0,004 mn ns 0,02208 mm , klein Tiipfel bot. Garten, Züri rn: = —— —— le | 5 stark vordickt und i | | | Quer M R re ENT schräg. Leiter- ode | ax.: 0,0639 mm : = neist 1, seltener 2, #0) B zarlige Verdick! 00 18 | Ihuyn giganten, Kult deutlich 12-10 mn | schr anhtreich eigene Tüpfel auf| ya. man mn 0,09559 min 0,00 mn 0,0068 0,0098 mm 1 Reihe 0,014 mm 0,003—0,004 mm meer a häufi ietzartige Verdick Rose {Neumark ungen auf ıtem tan. talen Schnitte längswänden [ und schrag, 0,258 mu in, it spaltenförmigem rtige Verdickun- innern Hof gen auf du gentalen Sı Querwäne kaun | 054 mm | wicht zahlreich | verdickt; eigene, ki verlaufen! | | Tanssgandenpfe Max: 0.04 Mitt! D,0M-- 0,0051 mm 0,091 0,018 mm |1 Reihe, nicht berührend = D,O182 nm 0,004 m en Patagonion 10, | Pitgroya patagunien Hook | Querwände nicht vor- | | ‚lickt: Längeawandtüpfel 1 Reihe, klein, zahlreich, 1-10 Philippi | 7 | 219 97 P 5 " 120.) Lätocedrus tetraguna Endi, schr dentlich | 040-074 um | zahlrwich | Ct; Tananwandi 0.0242 mn OO | 90121 mn 0,0045 ınm SEN 9,040 mm le | zahlreich inn, Höfen er Querwände nieht vor- r 2 )- oftgrössen, ol | = Br F ı) 21. | Libdeodrus Hecurrens Torr. sehr dontlich 1-15 mn zahlreich | dickt; Längswandtüpfel ‚uf einer Seite‘ en 0,0210 mm 1, 24 Tüpfol dontlich © 8. |bot. Institut, Züricl ‚oft »pArlich klein u. wenlg zalıl | | sohr stark verdickt Taxodium ıistiehnm Rich. deutlich | 021,08 mm | ziemlich häufig | Querwände ı. zahlre Meist nur 1 Meiho, au | weilen 2 opp Tüpfol; zorstreut aahlrviche, grosse Tüpfel . li häufig 6—8 © 2% J. [bot Garten, Berlin ‚deutlich 6,004 —0,004 mn 0,0091 mm | 0,009 0,0189 mm |0,0030— 0,0068 mm 0,021 bei den höheren Mark- strahlen aussen 2-3, ı nicht vordiekt und oft schräg, meint jeiloch gerade 1, schr selten 2 Zellen nebeneinander Iroich, | Quorwände achwach ver jora dm | dickt; zahle Bängswand-| 0,0010 mm “apfel, wihen Iarz Quersände nicht ver- 1 Keihe, nicht zahlreich, meint weit auseinander Ost-Indien | Ergptomerin Japon zahlreich 0,0057 mm 0,009 mn 0,011—0,018 mn | 0,001—0,0054 mm. 0,0199 mm nicht zahlreich 1, sehr selten kaum verdickt und aussen 9-4, ılazwischen bot. Garten, Berlin 24. | Oryptomerin Japanloa Dom. 11 1-65 wm tgenauanı, dickt; viele Längswand-| 0,02010 mn 0,0046 0,0015 mm 0,0057 mn 0,009 nm 1 Reihe, zahlreich 0,011 0,013 mm | 0,004—0,0054 mn 2 Kleinere Zellon 0.0190 mm ae zahlreich malt gern, | hrringirenn fol nebeneinander h ‚Garten von Herrn insier | 1 Reihe, zerstreut, ziom- | 2%. | Ceyptomerin japonlea Dow. deutlle & mm reich 956. nm 8 6: = 5 _. ii Barbey-Bol | yotomeria Jay m. Ill deutlich 1-0 m nicht zahlreich | 0,0956 mın 0018 0.004623 mm 0,0090 0,011 mm lich spärlich | 9,0159 mm 0,0045 mm 1-2 zahlreich in Genf 20.) Coningbamia ainensie dentlich 006-148 mw | zahlreich OO mm 0,004 nm 0,0068 0,009 mn |} Reihe, nicht berühren innere fe DOLL mm 0,004 mm 1-9, bi 0000 mm | ii 4, aolten bin 6; äussere) n mit 2-6, innom 9) Tüpfeln Widdringtonin Juniperoides nicht deutlich | 0,88—14 m zahlreich, _ 0,9169 wm 0,0014 mm 0,00914 mm 0,0152 mm 0,004 mm 1 Reihe, selten berührend meist zerstreut | meist 2-5 Quersrändie nicht, ver“ r | = i 1-12 Pr Soquola giranten Tor. schr denelleh 29 wm zahtreich | dickt; zahlreiche kleine | las Dorn 2 um 9,009 mm HO16 nm Sr a 0,0168 mn 0,0054 mm schr selten 1-3 a ke la Dee ü 2 Lingrwandtpfel Ei meint 5-9 Wodocarpus Inifolla Wall. undentlich 3.78 um zahlreich ‚Querwände nicht ver- | Max. : 00684 mm | Min.: QN0914 mm 0,01005 mm 0013-0182 nm | } Reihe, grosse Tüpfel, 0,018—0,022 ınm | 0,006 0,009 mn 1, ah alten’ 2 dickt; zahlreiche Tüpfel [Mittel < 0,4227 mm) Mittel: 0,0182 mm selten 3 opponirto bis 0,0197 mm gross 1, schr selten 2 Podocarpus Iractenta Di. deutlich R id Max. + 0,0039 um Min. 0,0035 mm os u zahlreich mapfol — Yelioteselltnpfol] Mittel: 0,0475 mm | Mittel: 0,0077 mın a Dan BER yerr ee bla 0,0197 mm grom Polocarpun Sallifola Karıt ot K | Fo 5 = 1, solton 2, nahr selten 'olocarpun folin it ct Kl, ‚deutlich 04-01 mm zahlreich id. DR mm 0,0137— 0,0015 mm 0,009 mm 0,0112 mn 1 Reihe zorstreut, OO182 mn .0,00639 nm 0,0217-0,041 mm | 3 Tüpfel mit schlitzartigem innern Hofe 39, | Podocarpus yungens, Caley = Podo- Querwände verdickt, oft ‚carpıns spinulosa I. Brown, En — | = Tanprmandtnpfel 1 Reihe, zerstreut Glyptostrobms heterophylias Kndl. deutlich nur eine rwände der 1 Relho, hald zoratı Y = v Bi en ul beobachtet Harn sation | 0000-DO18 mm bald berührend 1 Serial Rai stehend Ballsburia aliantifolla Kali 11 botrahlze mr Ba DT MEÄBIIA BAT nu Gtakgo, deutlich OA1-1,01 mm o gr apzH79 mm 0,0062 mm Innere Info ) Aare schlitzurtig | | 3%. | Saxogothaea eonspieus Lind. deutlich 0570,94 mm | sohr zahlreich fhlicbe Poren, 0,09 D,0187 mm | Abies Webblans Lindi. = 1 Reibe, schr selten 4 opponirt, in ganzen Mole- 5 - ‚Partien sehr spärlich 1 Koihe, zerstreut, an den Euden egeimkug ‚gehäuft, Zonen bild, Holzzellen. Alter Zahl Abs Uebersichts-Tabelle radialen Holz- Holzes der 37 zu zelltüpfel Stellung derselben. Poröse Verdickung der tang. Markstrahlzellwände. Verdickung der tang. Markstrahlwände | Zahl der Markstrahl- zellschichten neben einander m — Form der innern Höfe der Holzzelltüpfel [> © Sg Cupressoxylo:; = ZN IT, | I; | 5 sn, IE 12 = Hal) | | 5 gehörenden | | S N h e | | = 5Q | a| 5. | E|# | als rg recenten Hölzer. ||” 3 |3|:&3| Mr ale He a echt: 5 elelels| El .2jalsl|a 22|3|13 2 = & B =/813|2)2|8 :[a13|5 S = = & SE Eee ee =! | Io = a < A a| awım | A | NSIAlI2eIM In Im la la) m | | | | | | , | || | | 1 T “ er | | | | | | | | Namen: aa) | | | | * | Ich: | | BSH ES I el , | > 1. Thuya oceidentalis L. . » » || | |, IE Sa REN | 2 Uhuyanorientalisule Te Jena, | i | | NB | 3. Juniperus communis L. . | | 9 $ | ıVsS0lP | IS) 4. Juniperus virginiana L. . | KR ? | | d | h | | 5. Cupressus sempervirens I. L.. .| | | 4 | SA [RA 6. C. sempervirens LM. . .. | | i i | al TRGS Sinensissocine ee | le | er. | 8. C. Macnabiana Murr. — Stamm SR ER IA | 9. C. Macnabiana Murr. — Ast . . | | | y BuiS | | | 10. Chamaeeyparis sphaeroidea Spach. | (535) k % | { | x | ler li l1. Ch. sphaeroidea Spach. II. . a. + :]=\ \ | . \ x| 2 Ele |z ech inayodesu eu - ||, | 1% ER al RER] 4 REN e gt re U a ER 1 77 WO Be IR SE SS Re | 14. Ch. Squarrosa Sieb. et Zuce. . | SR, | |. ZU ISA IN | > Kalte | { 15. Ch. pisifera Sieb. et Zuce.. . .) | IR | IK 1% N | | | | ; Areale | | So ea F.Beust, ad.nat. del Lith. Wurster, Randenger & 0° Araucaroxylon Heeriı Bst. nn BR Uehersichts-Tahelle der 39 zu Cupressoxylon gehörenden recenten Jlölzer. Namen: 1. Thuya oceidentalis I. . . . - : Diayavorlontalls In DEREN 2. . Juniperus communis L. - . Juniperus virginiana L. . 5. Cupressus sempervirens I. L. . . . C. sempersirens 1. » » » » » . C. sinensis hort. . » » 8. ©. Macnabiana Murr. — Stamm . . C. Macnabiana Murr. — Ast . . . » . Chamaecyparis sphacroidea Spach. I. , Ch. spliaeroidea Spach. II. . - . Ch. thuyoides I. » » » . Ch. Lawsoniana Par. . » » - . Oh. Squarrosa Sieb. et Zuce. . . Ch, pisifera Sieb. et Zuce. . » » - =» . Callitris cupressoides Schrad. . - ©, quadrivalvis Vent, . . =» %. Thuya giganten Nut. » vo 2... . Fitzroya patagonica Hook, . » » - » 20. Libocedrus tetragona End. . . » . Libocedrus decurrens. Torr. . - . Taxodium distichum Rich. . - 23. Oryptomeria japonica Dom. I. Cr. japonica Dom. I. . .».... . Cr. japonica Dom. II. . ». ».. . . Cuninghamia sinensis Rich. . » » -» - Widdringtonia juniperoides Endl. - . Sequoia giganten Torr. . » 2... . Podocarpus latifolia Wall.» » . . = . P. Bractenta BE . » oo cu.» - P. salicifolin Karst. et KR, . . + + > - Pe pungens. Caley . =» oe ne = . Glyptostrobus heterophylius Endl. . » « Salisburia adiantifolia Salisb. . - - + . Saxegothaea conspieua Lindl. . - = + . Abies Wehbiana Lind. » » - = . Octoclinis Backhousi Mill. . - - Harzzellen. Markstrahlzellen. der radialen Holz- Holzes Zahl der Markstrahl- zellschichten neben einander Form der innern Höfe der Holzzelltüpfel x aaa s S |Güe ;s Höhe der Markstrahlen Höhe Zahl Anarddungug TR = der Markstrahlen der | l Ei der einzelnen der Markstrahlzelltüpfel selben 2 im Querschnitte der j Markstrahl- 175. IE übereinander ausgedrückt | Markstrahlzelle pro Holzzelle zelltüpfel 15% i Form >= Ss | = 7 [ 1 “| | B I IE 1 E nike w: | | | e) IE IE; | |? | = 58 | =|® | = 3 2|/_l2® 2 | = = | 1 > | = &!=1s2 8 Eile BABHERIER | Bule = Is EEE S1e3 3 = 5832132853 el sisls|s!| la = elelesl» 21538 [€ sje| Wens@seses2]ls|s]2 | =|= ||. |. =j8 &13)3 8 328|2]53 8 213 Eu 17777777 SIS IS ISIS /|S | SIE | |S @|% & 3lE Ealsl jedes El: aD ER ES EEE EEE a ee Fe las |= je ıe Re ER ENETTT 1 Ba KT II Ira BRTIE KO BI VEN NEE ER 1 5:4 EN I | | | | | x | IX] | . cu IS sel: x 1X = | x . | x N 5 EL. £ Ix| X x| x | x BR x . le x £ | az \ . 2 m 16 el I | au ® x x: . | x | 1 x x x 1 “ Re x|- IX Ix| | 1 h x -| Ex x 1% 21% 2 | | | x “IX 2 . . = x | ri BI x x | 1% | .|Ix Kl. . 1» -| 1x |: x a | % N »- IXIXxX|- IX| +} * x | x Hl Eee x “1% \ [| | x Ka DE cz 4 . x .-i% «1X x . el | I. oa: 1X . X x :Ix|* SCALE» 5 x a0 (va x x x x Bes a IC x R x - B x r URRE HE“ . . B 1% - Rz: +]. . a elf . - x | 5 2 elle “1x x x Eur. [Em Fra ee Ir x 1%] 1%] = |- lee = Alter (=) Schiefe Streifung. Leiterförm, Verdickung dor tang. Markatrahlwände, Poröse Verdickung der tang. Markstrahlzellwände. Auffallend schräge Stellung derselben. Besonders kurze Zellen. berührend und abplattend. Eine Schicht 1-2 Schichten nebeneinander spaltförmig Tangentaltäpfel. zahlreich nicht berährend. 1 Reihe 1-2 Reihen 1-10 Jahre xx XAXXXXXXD xx x x [ap x x|* X. x KXXXEX x xx x XKAXXxKXK 100 Jahre und darüber 10—25 Jahre 35—50 Jahre F.Beust, adnat.del. Laith. Wurster, Randegger &08 2) {7} «a D= Ei © u EZ E = S 8 E < v > . Tat N 1048 LITTTOOT I IIKZFITIRTIHHFFIIK IKT ETT F.Beust.ad.nat. del. &C0° or Lith. Wurster, Randers y BR Araucaroxylon leeriı Bst. Tal. F.Benst. ad.nat.del Lith. Wurster. Randeoger & fie: 1.-8. Sequora Coulisiae Hr. 9. Araucaroxylon Heeriı Bst. 10.-17. Libocedrus Sabiniana Hr. Lith. Wurster, Randegger &C* essoxylon antarcteum Bst. Cupr F Beust, ad.nat.del O _ 69008 @ & | f Eıg.h. >e8, Lith. Wurster. Randegger &(° F. Benst.ad.nat. del labocedrus Sabiniana Hr. Lith. Wurster Randegger &C' & = f Sn hs 2, et j I Q & = Tl u0#5 h a es : 8 = | } \ Ic f ar [) („ \ | } Ir N Den LJ a iSyer. & ILL | Sa a s he 00099 Jie Don Bed : ran = {® n [£ e) 9 ‚= [ j Se ER IE ( Let Nu =] ei Ze2 TEE q I@% fe {J LAT NPD ee = } I 8 PS f en r > „€ 01070) ® © 7 O N ER + = J el a a ‚en F - TR N an En 7 GR a J Ss ; 3 B = l 5 Pe, 8 u 0 Ss f = = EN J ra EIERN 12 B\, Damm” Inner 2 20 'm 2 I Do Be En f a Er >; > S = = [ F. Beust.ad.nat. del. u“ “, LA 5 I f UEE Wi 7 F DES & x If t \ ; - * E- 4 iR. E77 LACH SUISSES y - Pan | B LE D® F.-A. FOREL Ei; “ DE MORGES ER PROFESSEUR A L’ACADEMIE DE LAUSANNE 9 “ ER E IB 4 | MEMOIRE COURONNE $ 7 u rar s nt 2 _ LA SOCIETE HELVETIQUE DES SCIENCES NATURELLES, ER he . LE ı6 SEPTEMBRE 1884 A LUCERNE = Rx Var anbirnugad k FIEBEN “ a PREFACHE. En 1882 la Societe helvetique des sciences naturelles a pos&e la question suivante en demandant quw'ii y füt reponda au 1” juin 1884: »Etudier la faune profonde de nos lacs en tenant compte des differentes elasses d’ani- »maux et des divers lacs de la Suisse. « Des recherches qui se lient ä ce sujet m’oceupant depuis une quinzaine d’annees, j’ai eru devoir tenter de les resumer pour r&pondre A la question posee; je l’ai fait dans la mesure de mes forces, en laissant de cöte les points sur lesquels je ne me sens pas com- petent, et en m’appuyant sur les travaux des collaborateurs, mes collegues et mes amis, qui m’ont aide dans ces &tudes; je l’ai fait avee d’autant plus d’empressement que depuis longtemps je sentais comme un devoir de reconnaissance de r&eunir en un ensemble les travaux isoles que nous avions publies dans ce domaine, d’essayer une generalisation des points de detail que les uns et les autres nous avions decouverts. A ces collaborateurs revient la plus grande part des faits nouveaux que j’aurai A decrire. Mais en presentant cet essai je demande la permission de preeiser la position que j’entends garder. Quoique le plan de ce msmoire m’ait fait aborder dans son ensemble l’etude de la faune profonde des lacs, je considere mon travail comme n’etant pas autre chose qu’une introduction gene- rale ä l’ötude de ce chapitre de l’histoire naturelle de notre pays. Le sujet est tres considerable, fort complexe et fort diffieile; il ne peut ötre &puise en une fois; il reclame et reclamera le concours de bien des naturalistes & speeialites diverses. Pour qu’un seul homme püt mener ä bien l’ensemble de ces etudes, il faudrait qu’il jouit d’aptitudes fort differegtes et presque contradictoires; il faudrait quil füt & la fois un batelier, un physieien et un zoologiste, qu'il süt et quiil püt a la fois travailler dans le laboratoire de la nature et dans le cabinet du naturaliste, qu'il eüt ä la fois l’ima- gination qui invente les methodes, l’'habilete technique qui les met en jeu, la science qui en utilise les rösultats, et les ressources d’une vaste erudition et d’une grande bibliotheque qui lui permissent d’en comparer les fruits. De ces facultes indispensables & l’accomplissement de sa täche, l’auteur ne se reconnait que celles d’un bon batelier, sachant bien son lac, et capable de l’explorer; et encore, pendant eing des quinze dernieres anndes, a-t-il ete retenu loin du lae par un accident desagreable, qui l’a, pour ces etudes, autant paralyse que l’aurait fait une maladie. > ’ / <% Bu u a ei im = n = i “ # = Eu Ce ne sont done que les grandes lignes du sujet qui ont pü &tre esquissdes dans ce premier essai de generalisation; les etudes de detail, et specialement les &tudes zoologi- ques proprement dites, sont restees beaucoup trop incompletes. Mais pour que nos suc- cesseurs puissent pousser en avant leurs travaux avec fruit, il leur est necessaire de con- naitre les problemes resolus, les problemes qui attendent leur solution, et les r&sultats auxquels se sont arr&tes leurs devanciers. Ü’est & resumer ces recherches preliminaires que je me suis applique. Quels sont les resultats obtenus? Que reste-t-il encore & faire? Voici, me semble-t-il, ou nous en sommes: Nous connaissons & peu pres suffisamment le milieu dans lequel vivent les animaux de la faune profonde; le resume que je puis donner des conditions physiques de la region me parait suffisant pour des etudes de biologie; ce n’est pas & dire qu’il ne puisse pas etre fort avantageusement complete sur quelques points, en partieulier sur les questions de temperature et de composition chimique des eaux des divers lacs. En fait de societes animales allides A la faune profonde, nous connaissons A peu pres suffisamment la faune pelagique des lacs; mais la faune littorale est encore trop peu etudiee. Sous pretexte que c’est la faune aquatique elassique, celle qui partout et toujours a ete l’objet des etudes des zoologistes, sous pretexte qu’elle doit &tre connue, cette faune a ete beaucoup trop negligce. Nous sommes incapables d’etablir pour les divers lacs de la Suisse la liste des especes littorales. Quant A la faune des eaux souterraines de la Suisse elle est encore absolument inconnue. Des travaux dans ces directions s’imposent avec un caractere d’ur- gence aux naturalistes de notre pays. Pour ce qui concerne la faune profonde elle-m&me, nous en avons acquis une premiere orientation, nous avons jete sur elle un premier coup d’eil general. Nous savons quelle existe dans tous les laes, et qu’elle a partout & peu pres les m&mes traits d’ensemble. Nous avons une liste approximative des especes que quelques coups de drague ont pechees dans la plupart des lacs suisses. (es listes doivent &tre completees et verifiees; elles doivent surtout &tre precisees. Des determinations specifiques rigoureuses sont n&ces- saires pour un grand nombre de formes, qui sont insuffisamment indiquees. Enfin le grand travail, qui est ä& peine ebauche pour une ou deux especes seulement, qui s’offre & nos zoologistes en leur promettant une foule de decouvertes importantes, c'est l’etude atten- tive et complete de chacune des especes de la region profonde, dans chacun des lacs Suisses. Il y aurait pour chaque espece A determiner, dans chaque lae, la differeneiation progressive de l’espece abyssicole; que la forme originale vienne du littoral ou bien des eaux souterraines, il y aurait ä la suivre dans ses modifications jusqu’& la forme profonde A son maximum de differeneiation, il y aurait pour chaque espece abyssicole ä reconnaitre les diverses varietes, qui se sont differeneides isolöment et chaecune pour son compte, dans les divers lacs de la region. Il y a la un champ considerable d’etudes qui ne peuvent ötre mendes A bien que par des speecialistes, disposant de beaucoup de temps et de _ patienee. La mine est riche; elle promet une abondante recolte de decouvertes interessantes. j Je ne parle pas des questions generales ou speciales qui s’offrent en foule au natu- raliste; jen ai indiqu& quelques-unes, il en reste bien plus encore & resoudre; questions de physiologie, de zoologie systematique, de morphologie, questions de phylogenie ou d’on- togenie, chaque naturaliste verra se poser devant lui les problemes qui s’attaqueront & sa _ euriosite. On le voit la täche est encore grande et le travail n'est qu’ä peine commence. C'est A titre d’introduction generale A cette Etude, c'est dans l’espoir d’engager de nom- breux zoologistes ä suivre ä& ces recherches tres fructueuses et tres importantes; c'est avec Tidee de les aider en les orientant sur les conditions generales du milieu, en leur rappelant ee qui est connu et par consequent ce qu 'il reste & connaitre, que je me suis permis de u ‚soumettre les pages suivantes ä la Societe helvetique des sciences naturelles. E — Un mot encore sur un detail du plan de mon travail. La Suisse n’est point un pays delimite au point de vue de l’histoire naturelle. J’ai trouve utile de reunir & notre Suisse % proprement dite les contrees voisines, la Savoie et l’Insubrie; je les ai groupees sous le nom de region Subalpine centrale. Quant aux lacs du Jura, qui auraient &t& laisses en ; dehors par cette delimitation du sujet, j’en donne un exemple ä la fin du memoire; j'esquisse la faune profonde du lac de Joux dans un paragraphe qui traite des lacs etrangers A notre region Subalpine. VOCABULAIRE des termes locaux om peu usites et des neologismes. Abyssal (region abyssale, faune abyssale) qui appartient & la region profonde. Abyssicole (animal abyssicole) qui habite dans la region profonde. Beine, partie du littoral formant une plaine horizontale qui s’etend depuis le bas de la greve submergee jusqu’au bord du Mont. Cavieole (animaux cavicoles) qui habite les cavites souterraines, les cavernes, les puits. Eau bleue. Partie du lac oü l’eil ne distingue plus le fond, et ne voit plus que la couleur propre de l’eau, d’un bleu pur dans le Leman et quelques autres, d’un bleu vert, d’un vert bleu, ou d’un vert plus ou moins pur dans les autres lacs. Limicole (animaux limieoles) qui habite le limon. Mont, talus ineline du lac, en avant de la beine. Relögue (faune relegude, especes releguees) se dit des especes marines abandonndes dans des golfes lesquels ont et6e separes de la mer et se sont transformes en lac. A mesure que l’eau a perdu sa salure les formes marines se sont transformees en formes d’eaux douces. (Relictenfauna des Allemands, fauna relegata des Italiens.) Teneviere, montieule de galets au milieu de la beine. Quelques-unes des tenevieres sont naturelles, elles sont l’indice d’anciennes greves aujourd’hui submergees; d’autres sont artificielles, elles sont formees par les ruines des eites lacustres. (Steinberg des Allemands.) TABLE DES MATIERES. prefacen. rs . II | 89. Resume . _ Vocabulaire des ner locaux et ds eölorismes VI $ 10. Limites de la region rdkonder Bershle des matiöres . . - "2.04. 0. Vo $ 11. Influence de la grandeur du lac sur les {u conditions de milieu . Introduction ae Chap. I. Donnces geographiques . Chap. II. Conditions de milieu . Sulz Pression . ... . $ 2. Mouvements de l’eau A. Vagues B. Courants . $ 3. Temp6rature £ Cong£lation des lacs . AR, Pd N dena, es Chap. IV. La faune profonde et la A. Rayons lumineux . » . » 2... region profonde . 5 Intensit@ de la lumiere. . . . .» . Generalites . Couleur de la lumiere . . . . .» . Appareils de draguage B. Rayons actiniues . » »... . Triage du materiel . $ 5. Composition chimique de leu ... . Feutre organique . , Leman, matieres dissoutes. . . .» . . Flore profonde : Matieres organiques . » 2.2.» . Faune profonde du lac Tara - Gazudissous. . . En Sr I. Vertebres. Poissons Eau des profondeurs, iR dissoutes Il. Arthropodes Matieres organiques. » . 2.» 1. Insectes . Vrazadissansa gen. ee 2. Arachnides . Eau des autres laes suisses . . » - j Hydrachnides $ 6. Poussieres aquatiques . » . u Acarides . $ 7. Relief du fond des lacs, gön6ralites a: Tardigrades . Details du relief des divers laes . . 3. Crustac6s $ 8. Nature du sol du fond des las . . . Amphipodes . Details sur le sol des divers lacs . - Isopodes . Genenalitesu te va en ehren Cladoceres Olassifieation des sols . . . 2... Ostracodes Chap. III. Les faunes et les flores su- perficielles . $ 1. La flore littorale . $ 2. Poissons ä $ 3. La faune Jittorale du Ine Ton La faune littorale des autres lacs . $ 4. La flore pelagique $ 5. La faune pelagique . a ” De er Copepodes Siphonostomes . III. Mollusques 1. Gastöropodes . 2. Lamellibranches . Vers . l. Hirudinds . Chetopodes . N6matoides . Cestoides he . Tr&matodes . . - - Turbellari6s . Bryozoaires . Rotateurs V. Coelenteres VI. Protozoaires Resume . $ 7. La faune profonde des, autres Tacs Sub- alpins Lac du Bourget Lae d’Anneey Lac de Neuchätel Lac de Bienne . Lac des IV-Cantons . Laes de Zoug, de Walenstadt et GP geri Lacs du Klönsde et de Zurich . Laes de Pfäffikon, de Greifensee, de Con- stance et de Zell. . Laes de Sils, de Silvaplana et Yen Lacs de Lugano. et de Cöme'. Resum& IV. QsSıou >» uvw%Mm $ 8. Debris organiques divers . EEE EER 8:9. Densit& de la population: animale dans la region profonde . Chap. V. Considerations Bann Bros blemes speeiaux, resumes et con- elusions . . - $& 1. La faune profonde . 5 $:2: Genese de la faune profonde . Dias, 117 117 118 118 120 121 121 122 123 124 124 124 128 129 130 130 132 133 133 134 135 135 135 136 137 138 139 140 140 141 144 146 146 149 $ 3. Habitabilit6& des grands fonds des lacs. $ 4. Modifications subies par les especes de la faune profonde $ 5. Resume. 2 £ $ 6. Animaux de la Bene Golan origi- naires de la faune des eaux souterraines $ 7. Especes ou varietes ? R $ 8. Alimentation de la faune profonde . $ 9. Differences locales de la faune profonde $ 10. Variations de la faune profonde . $ 11. Questions sp6ciales interessant certaines especes e Chironomides . . Hydrachnides, Crustac6s . Limnees Pisidiums . . 3 Saenuris velutina . Mermis aquatilis . . Turbellaries . . . 3 Da $ 12. Espöces absentes de la Fine RR $:13. Comparaison avec la faune profonde marine . g 14. Göographie oslorigueı “ $ 15. Faune profonde des lacs en ditrennd er la r&gion subalpine centrale . Lac Starnberg Lac de Joux . Lac de Garde Lacs Scandinaves Lac Goktschai Lac de Tiberiade Lae Baikal Lae: Michigan: Lac Titicaca . Resume g $ 16. Resume et conelusion: Notes bibliographiques Introduction. Le sujet de ce travail etant «1’&tude de la faune profonde des lacs de la region Sub- alpine centrale», je dois avant tout definir ce que c’est qu’un lac, ce qu'est sa faune pro- fonde, ce que j’entends par region Subalpine centrale. Littre appelle lac « un grand espace d’eau enclave dans l’interieur des terres». Suffi- sante peut &tre A d’autres points de vue, cette definition, qui renferme la notion d’&ten- due necessaire pour separer le lac de l’etang et du puits, ne contient pas la notion de profondeur qui söparerait le lae du marais. Pour l’etude que nous allons entreprendre je definirerai le lag: «Bassin d’eau, vaste et profond, enclave dans l’interieur des terres ». Au point de vue geographique je bornerai mon &etude & la region Subalpine centrale. Je designe par le nom de region Subalpine tout le pays autrefois recouvert par les glaciers alpins de l’epoque glaciaire; en raison de ce fait, il a recu et garde des caracteres geolo- giques, petrographiques, hydrographiques, biologiques et pittoresques assez speciaux pour meriter une appellation distinete. Je ne m’oceuperai que de la region Subalpine centrale, en prenant pour extr&mes limites les lacs du Bourget, de Constance et de Cöme. Au point de vue biologique nous distinguons dans un lac trois regions: La region littorale qui s’etend le long des bords. La region profonde qui oceupe tout le fond du lac. La region pölagique (*) qui comprend tout le reste du lac, la masse centrale et super- ficielle des eaux. Cette division, qui est valable pour la plupart des points de vue sous lesquels on peut etudier les laes, est surtout applicable & ce qui regarde les populations animales et vegetales. Les habitants des lacs se repartissent entre les faunes et flores littorales, pro- () J’emploie, apres P. E. Müller, le mot pelagique en V’appliquant aux lacs d’eau douce dans l’ac- ception du mot weAcyog, haute mer, ce qui est eloign& des cötes, ce qui n’est pas la region littorale. N en Jondes (') et pelagiques. Nous verrons que cette division est parfaitement naturelle, que les groupes d’animaux et de plantes qui les composent sont nettement separ6s les uns des autres(?). La legitimite de cette distinetion ressort du reste parfaitement des conditions de milieu dans lesquelles les animaux et les plantes sont appeles ä& vivre. Un premier resume de ces conditions de milieu fera bien voir les differences importantes qui les divisent. 1° La rögion littorale s’etend tout autour du lac, depuis la greve jusqu’ä une pro- fondeur de 15 & 25 m. environ; sa largeur est variable avec l’inclinaison des talus. Les conditions de milieu sont: Profondeur faible; pression peu considerable; temperature soumise A des variations periodiques diurnes et annuelles, et & des variations accidentelles irregulieres; lumiere abondante; grande agitation de l’eau par le fait des vagues et des courants; sol tres-different d’une localite A l’autre, depuis les rochers aux galets, aux sables, au limon, ä& la vase; nourriture abondante dans une eau chargee de poussieres organiques; tlore riche et variee. Dans ces conditions de milieu, fortement mouvementees et tres-diver- sifiees, vit une faune abondante en especes et en individus, la faune lacustre classique, la seule que l’on eonnüt il y a vingt ans. Cette faune, tres-differente d’une station & l’autre suivant la nature du sol et les conditions topographiques, presente entr’autres les carac- teres generaux suivants: Elle est composde d’animaux de grande taille, robustes, bien nourris, fortement pigmentes, sachant resister au mouvement de l’eau, soit en se fixant aux corps solides, soit en s’abritant dans des cachettes. 2° La rögion pelagique occupe la masse prineipale du lac, en avant de la region littorale, en plein lac, depuis la surface jusqu’& la couche d’eau immediatement en con- tact avec le sol, laquelle appartient & la region profonde. Les conditions de milieu sont les suivantes: Profondeur variable; pression augmentant avec la profondeur; temperature et lumiere diminuant quand la profondeur augmente; les mouvements de l’eau, tres-violents encore & la surface, sont nuls des quelques mötres de profondeur; l’eau est presque pure et la nourriture tres-pauvre; la flore est tres-reduite. Dans ces conditions vit la faune pelagique, decouverte dans les lacs scandinaves, vers 1860, par Lilljeborg et Sars, et constatee dans nos laes Suisses par P. E. Müller en 1868 (1) (°). Elle comprend un petit nombre d’especes de Poissons, Entomostraces, Rotateurs et Protozoaires. Les Entomostraces specialement sont modifies par le milieu et presentent les caracteres essentiels des animaux pelagiques. Ils sont nageurs, n’ont aucun organe () J’emploie le terme faune profonde par ellipse, pour faune de la region profonde. (?) La distinetion que j’avais 6tablie des mes premiers trayaux (rxxvın) a et& adoptee par le pro- fesseur A. Weismann de Fribourg en Brisgau, et ces diverses societes animales ont ete fort bien caracteri- sees dans l’excellente conference qu’il a publice en 1877: „La vie animale dans le lac de Constance“ (rxıy). (°) Les renvois ä lindex bibliographique, que l’on trouvera ä la fin du memoire, sont indiques par des chiftres romains, entre parenthöses. a4, ME de fixation sur les corps solides ; ils sont absolument transparents; ils ont des maurs ere- pusculaires et se tiennent toujours & la limite de la lumiere; pour cela, ils emigrent dans le jour vers la profondeur, et ne viennent qu’& la nuit nager pres de la surface (m). 3°, La rögion profonde comprend le sol m&me du lac, au-delä de la region littorale, et la couche d’eau qui lui est immediatement susjacente. Le sol est forme par un limon marneux tres-fin, sans aucun corps solide autre que ceux qui tombent aceidentellement de la surface ; la profondeur est plus ou moins considerable, suivant la station ; la pression aug- mente de la valeur d’une atmosphere par chaque dix metres d’eau; la temperature est basse et pour ainsi dire invariable; la lumiere nulle; l’agitation de l’eau nulle; la nourri- ture est peu abondante; la flore est tres-amoindrie ou nulle. Dans ce milieu vit une faune relativement assez nombreuse, que j’ai decouverte en 1869, et qui fera l’objet de ce memoire. Je donnerai plus loin l’enumeration des especes, je deerirai les caracteres generaux des animaux qui la composent, j’en rechercherai l’origine. Mais avant d’en venir & ces etudes speeiales je dois faire deux 6tudes preliminaires. Je devrai tout d’abord considerer attentivement le milieu, les conditions physiques, chimiques, topographiques, geographiques de la region profonde, afın de bien 6tablir les conditions de vie, qui entourent les animaux dont nous avons & nous occeuper. En second lieu je devrai - donner un apercu des faunes littorales et pelagiques, avec lesquelles la faune profonde se partage le domaine du lac, avec lesquelles elle a probablement des rapports d’origine. Mon plan sera done le suivant: Je diviserai mon travail en cing chapitres: Chapitre premier: Donnedes göographiques. Chapitre second: Conditions de milieu. Chapitre troisieme: Faunes et flores superficielles. Chapitre quatrieme: La faune profonde. Chapitre einquieme: Considerations generales, problemes speeiaux, resu- mes et conclusions. Chapitre I. Donnees e6ographiques. “ Je vais rösumer les donndes geographiques qui caracterisent les laecs de la region Sub- alpine; je choisirai uniquement celles qui presentent un interet au point de vue faunistique. Ce sont: 1° La position geographique dans les diverses valldes au nord ou au sud des Alpes; elle interesse la faune par le fait des facilit6s plus ou moins grandes des migrations ani- males, venant de l’une ou de l’autre des plaines qui entourent notre region Subalpine. 2° La latitude offre de l’interet au point de vue de la temperature; plus le lac est dans une region meridionale plus, ceteris paribus, la temperature y est elevee. 3° D’altitude de la nappe superieure d’un lac a de l’importance pour la faune, de deux manieres: — Au point de vue de la temperature; plus l’altitude est elevee, plus la temperature des eaux est froide, plus, en particeulier, dure la periode de congelation qui agit A tant de titres divers sur les habitants des eaux. — En second lieu, l’altitude a une grande influence sur le plus ou moins de facilites des migrations actives et passives; les lacs de plaine sont en relations beaucoup plus faciles et plus frequentes que les laes des montagnes avec les eaux des pays environnants; les migrations animales sont rela- tivement fort entravees dans les lacs de montagne. 4° La superficie, soit l’&tendue en surface, joue un grand röle au point de vue des mouvements des eaux. Plus le lac est vaste, plus les vagues et courants y sont ener- giques. 5° La profondeur est le facteur le plus important dans les &tudes que nous allons faire; c’est m&me un facteur tellement predominant que je voudrais pouvoir pour chaque lac donner la description complete du relief du bassin. J’entrerai dans quelques details & ce sujet dans le chapitre suivant; je me borne ä indiquer iei la profondeur maximale. La profondeur joue le röle determinant pour la pression, la temperature, la lumiere, les mouve- ments des eaux, les migrations des la surface, etc. 6° Le volume du lac, soit la masse d’eau contenue dans le bassin, a de l’interet & deux points de vue: a) pour la composition chimique des eaux. Plus le volume d’eau est considerable, plus la composition chimique des eaux est invariable; en effet Ja m&me quantite de matieres etrangeres, apportees par les affluents, se dilue d’autant plus que la masse d’eau est plus grande, et les variations aceidentelles de ce chef diminuent d’autant. b) pour la taille des animaux, laquelle est en certains rapports avec les dimensions du vase qui les renferme. N Je ne suis pas en etat de donner le volume exact des lacs suisses. Pour plusieurs lacs la carte hydrographique n’est pas encore faite, et les bases mömes du caleul font defaut; pour les autres, dont nous possedons les cartes avec courbes horizontales &quidistantes, jaurai pu consacrer A cette besogne ingrate le temps fort long qu’exigerait un caleul exact; mais les chiffres obtenus ainsi n’auraient pas &t& comparables avec ceux des lacs pour lesquels les cartes nous manquent. Je prefere me borner ä indiquer une valeur approximative, calculee pour tous de la m&me maniere. Je suppose que les lacs sont des eönes & base irreguliere, et j’en tire le volume en multipliant la superficie, qui est la base du cöne, par le tiers de la profondeur. Je sais que ce chiffre est tres-loin d’etre exact; il doit &tre en general trop faible, car le fond des lacs est le plus souvent une plaine tres-aplatie. Mais le degr&e d’exactitude auquel nous arrivons doit suffire pour les compa- raisons que l’on peut &tre appel& & faire dans cet ordre de recherches. J’ai essay& de me rendre compte du degre d’exactitude de ce calceul, et cela dans trois exemples: Pour le Leman j’ai caleule, d’apres la carte hydrographique de La Bäche, (xxvI) le volume approximatif du lac, et l’ai trouve ötre de 68,340 millions de m°. Si ce chiffre etait exact (et il est trop faible car H. de la B&che n’avait trouve qu’une profondeur de 300 m., tandis que la profondeur maximale est de 334 m.), le volume, caleul& comme je l’ai dit, serait les 0.93 de la valeur reelle. Pour le lac de Morat j’ai caleul& le cube exact d’apres la carte hydrographique A courbes horizontales donnee dans les feuilles 312, 313, 314 et 315 de l’Atlas de Siegfried. Je suis arrive & 596 millions de m°. En supposant au lac la forme d’un cöne, je lui trouve un volume de 438 millions de m°., ce qui n’est que 0.75 de la valeur reelle. Pour le lace de Walenstadt j’ai caleul& le cube approximatif, d’apres la carte hydro- graphique & courbes horizontales, donnee dans la feuille 250 de l’Atlas Siesfried. Je suis arrive & 2209 millions de m®. En supposant au lac la forme d’un cöne je lui trouve un volume de 1165 millions de m?., ce qui n’est que 0.53 de la valeur reelle. D’apres ces trois exemples, l’approximation obtenue, en supposant pour le volume des laes celui d’un cöne, est assez &loignee; elle varie de 0.53 & 0.93 de la valeur reelle. 7° La superficie du bassin d’alimentation a de l’inter&t au point de vue de la con- stance de la composition chimique des eaux; en effet plus le bassin d’alimentation est con- siderable, plus grand est le debit total des affluents, plus rapide est le renouvellement de l’eau dans la masse du lac. Un grand fleuve, qui traverse un lac de petit volume, doit faire sentir ä celui-ei, d’une toute autre maniere, ses variations de composition annuelles ou accidentelles, qu’un petit fleuve qui se verse dans un grand lac, et y perd pour longtemps son individualite et ses variations aceidentelles ou normales. J’indique iei en tableau ces donnees geographiques pour tous les lacs de la region Subalpine dont la region profonde a jusqu’a present &t6 exploree. Je ne donne pas en detail les sources, d’oü j’ai tir& ces chiffres. La plupart viennent des atlas topographiques ui 6 federaux, des observations hydrometriques suisses, des communications obligeantes de mes Ils expriment l’&tat de nos connaissances en amis ou de mes recherches personnelles. fevrier 1884. Profon- | Volume /Superfieie du Lac Region Latitude |Altitude Superficie) deur approxi- | bassin d’ali- maximale matif mentation m. Kil.? m. millions de Ogın2 m3 1| Bourget Savoie 45°,45°| 2385| 41 115 | 1572|] 400) 2| Annecy id. 45.50 | 446| 27 62 558 | 280 3 | Leman Plateau suisse 46 .27 | 375| 577.8| 334 | 64328 | 7995 4| Morat id. 46 .56 | 4385| 27.4 48 438 | 779 5 | Neuchätel id. 46.54 | 4351 239.6| 153 | 12219 | 2620 6 | Bienne id. 47.5 434| 42.2 78 1097 | 3057 7 | Brienz Alpes bernoises | 46.44 | 5661| 30.0| 260 2600 | 1134 8, Thoune id. 46.42 | 560| 47.9| 217 | 3465 | 2451 9 | IV-Cantons Alpes centrales | 47.0 437|113.4| 214 | 8089| 2254 10 | Zoug id. AT 417| 33.5) 218 | 2898| 254 11| Egeri id. 47.9 2726| 7.017120 280 12 | Walenstadt id. 47.7 425| 23.3) 151 | 1165 | 1050 13 | Klönsee id, 47.2 804 1.2 27 11 14 | Zurich Plateau suisse 47.16 | 409| 87.8| 143 | 4185| 1815 15 | Pfäffikon id. 47.21| 541 3.2 36 38 16 | Greifensde id. 47.21| 4389| 84 34 95 17 |! Constance (Bodan) id. 47.35 | 398| 467 276 | 42964 | 10845 18 | Zell (Untersee) id. 47.43 | 397| 61 46 943 |11419 19 | Sils Alpes grisonnes | 46.25 1796| 3.6 73 88 20 | Silvaplana id. 46.27 11794| 2.7 77 70 21 | Majeur (Verbano) Insubrie 46 .0 197 | 214.3) 375 | 26787 | 6548 22 | Lugano (Ceresio) id. 46 .6 271| 50.5| 279 | 3696 23 | Cöme (Lario) id. 46 .0 213 | 156 414 | 21528 moins calcaire ou plus ou moins siliceux, Dans les faits geographiques qui peuvent avoir de l’inter&t pour la faune profonde des lacs, j’ai encore ä citer, mais sans entrer dans des details speeifies: 1° La nature petrographique du bassin d’alimentation, qui, suivant qu’il est plus ou envoie aux lacs des eaux de composition chi- mique ou des sediments inorganiques fort differents. Les differences que nous signalerons plus loin, soit dans les eaux soit dans le sol des divers lacs, proviennent essentiellement de ce facteur. Zw ask ie 2° Les affluents sous-lacustres. Outre les fleuves, rivieres et ruisseaux, qui apportent d’une maniere evidente leur tribut aux lacs, il existe un nombre plus ou moins considerable d’affluents souterrains, qui viennent sourdre dans le lit m&me des lacs; de m&me que les sources surgissent & l’air dans le sol &merge, de m&me ces eaux souterraines, qui cireulent dans le sol, peuvent venir sourdre sous la nappe des eaux. De telles sources sous-lacustres sont diffieiles & constater ; les p&cheurs en devinent parfois l’existence en voyant le pois- son se rassembler pour y prendre un bain d’ean fraiche, ou d’eau tiede, suivant la sai- son. Mais, quelle que soit la diffieulte de leur constatation, il est &vident qu’elles peuvent exister. Je n’en connais aucune de bien certaine dans le lae Leman; en etudiant les beaux travaux hydrologiques faits sur le Jura Neuchätelois par le prof. A. Jaccard du Locle, tra- vaux en grande partie encore ineldits, je vois que, pour le lac de Neuchätel, l’existence de telles sources est soupconnee par nombre d’observateurs, mais que leur demonstration n’a pas &te faite directement. L’abaissement recent des eaux du lac, par suite de la correction des eaux du Jura, n’a mis au jour sur les greves que quelques sources tres-peu impor- tantes, jaillissant des crevasses du calcaire jaune. En revanche, dans le petit lac des Taillieres pres de la Brevine, Jaccard demontre l’existence d’affluents sous-lacustres ; ce lac n’a pas d’affluents visibles, et cependant il en sort constamment un ruisseau qui debite plusieurs metres cubes ä la minute (tr). Puis, dans le lac des Brenets ou de Chailleron, Jaccard a vu, pendant les basses eaux de 1870, apparaitre une source considerable, veri- table riviere qu’il estime amener au Doubs les eaux du bassin du Locle, en particulier celles qui disparaissent dans les fissures souterraines des moulins du Col des Roches (tv). Quoiqu’il en soit, l’existence de sources sous-lacustres venant sourdre dans le do- maine des eaux est tellement probable, que nous pouvons les considerer comme certaines, et les utiliser dans la discussion des rapports possibles entre certains animaux de la faune profonde et ceux de la faune des eaux souterraines. 3° L’emissaire des lacs est le plus souvent un fleuve coulant & l’air libre. Mais dans certains cas l’&coulement se fait par des canaux souterrains, comme, par exemple, le lac de Joux; les eaux en sortent par les ceelebres entonnoirs, entr’autres par ceux de Bon- port qui donnent naissance ä la source de l’Orbe pres de Vallorbes; il est probable ‘aussi que d’autres entonnoirs du lac de Joux sont l’origine de la source du Doubs pres de Mouthe. Dans d’autres cas une cascade ou des rapides, tels que la chute du Rhin pres de Schaffhouse, ou la perte du Rhöne pres de Bellegarde, interrompent plus ou moins completement le cours regulier du fleuve. Ges accidents sont des obstacles, souvent absolus, aux migrations des animaux aqua- tiques, et peuvent expliquer l’absence de certaines especes, des Poissons migrateurs par exemple, dans les lacs ainsi isole&s ä& ce point de vue des autres bassins d’eau douce. Chapitre II. Conditions de milieu. Apres avoir dans le chapitre precedent resume les faits geographiques qui donnent A nos lacs leurs caracteres speciaux, nous allons etudier les conditions de milieu, telles qu’elles existent dans la region profonde de chaque lac, de maniere & bien determiner les condi- tions de vie, qui sont faites aux animaux que nous y trouverons. Nous les &etudierons d’abord dans le lace Leman, oü elles nous sont le mieux connues; puis nous indiquerons, autant que nous les savons, les differences, qui caracterisent les divers lacs. Les conditions de milieu sur lesquelles nous insisterons, sont les suivantes: Pression. Mouvements de l’eau; vagues, courants. Temperature. Lumiere et actinisme. Purete de l’eau. Poussieres aquatiques. Composition chimique. Substances et gaz dissous. Relief du bassin. Nature du sol. SI. Pression. La pression augmente avec la profondeur. A la surface de l’eau elle est egale ä la pression de l’atmosphere au dessus du point considere; elle s’aceroit, dans la profondeur, d’une atmosphere par chaque 10m. d’eau. Si nous admettons qu’a la surface de la mer la pression moyenne de l’atmosphere soit de 760 m/m. de mercure, la valeur d’une atmosphere sera representee par un poids de 1033 gr. par e/m?. carre de surface, ou par une colonne de 10.33m. d’eau ä 4°C.; autrement dit, chaque 10 m. de profondeur d’eau douce augmente la pression de 0.97 d’atmosphere('). Le Leman ayant 334m. de profondeur maximale, la pression y est, dans son point le plus profond, de 33.05 —-1 atmospheres, soit 34 atmospheres; ce qui, exprime d’une autre maniere, se traduit ainsi par centimetre carre: (!) La difference de densit& rösultant de differences de la temperature ne modifie pas sensiblement ce chiftre. L’eau de la surface, qui a en 6&t& 20° de temp6rature, est un peu plus lögere, et il faut une epaisseur de 10.35 m. au lieu de 10.33 m. pour representer la valeur d’une atmosphere. Il n’y a pas lieu de tenir compte ici d’une difference aussi minime. Pression de l’eau, 334 m. d’epaisseur 33,400 gr. Pression de l’atmosphere 729.4 m/m. de mercure 992 » soit 34.4 kilogrammes par centimetre carre. Cette pression subit des modifications tenant & deux causes: a) Aux variations de la pression atmospherique. Ces variations sont, dans nos con- trees, d’apres les observations de Geneve (ix), limitees & 46m/m. de mercure, soit 0.06 de la pression totale de l’atmosphere, soit 62 gr. par e/m?. b) Aux variations de la profondeur d’eau. Nos lacs subissent une variation annuelle qui modifie sensiblement la hauteur des eaux; ces variations de la profondeur ont une grande importance pour la region littorale; mais leur effet est nul, ou presque nul, sur la region profonde : il ne se traduit que par des differences de la pression, & raison de 0.10 atmosphere, ou de 103 gr. par centimetre carre, pour chaque metre de difference de hauteur d’eau. L’amplitude moyenne de cette variation annuelle est sur le lac de Leman de 1.54m., causant une variation de pression de 0.15 atmosphere, ou de 159 gr. par c/m?. Entre les plus hautes et les plus basses eaux connues du lac Leman, il y a une difie- rence de 2.66 m. faisant une variation de 0.25 atmosphere, soit de 274 gr. par e/m?. Les variations de hauteur sont beaucoup plus considerables sur d’autres laes. Voici quelques chiffres & moi connus: Lac de Constance Amplitude de variation 3.9m. (Honsell). Lac du Bourget » » » 3 m. (Forel). Lac de Cöme » ) ) 4 m. (Reclus). Lac Majeur » » ) 7 m. (Reclus). Pour le lac Majeur, une variation de 7m. de hauteur represente une variation de. 0.67 atmosphere ou de 723 gr. par e/m L’importance relative de ces variations dans la pression, aussi bien de celle de l’at- mosphere que de celle des eaux, est presque nulle aux grandes profondeurs, car elles ne representent qu’une fraetion tres-faible de la pression totale. Cette importance augmente ä& mesure que la profondeur est moindre. Prenons comme exemple le lac Majeur, oü les variations de hauteur sont les plus fortes et atteignent 7 m. d’eau: admettons que la limite superieure de la region profonde 'soit ä 25 m. A cette profondeur la pression totale de l’eau et de l’atmosphere est de 3600 gr. par e/m?. La variation de pression atmospherique de 62 gr. represente 0.02, » » » » de l’eau de 723 » » 0.20 de la pression totale. Cette fraction est assez importante. Mais, quand nous traiterons de la physiologie des animaux lacustres, nous verrons combien peu d’effet ont les variations de la pression. 2 > Les vagues enfin font varier la hauteur de l’eau, qui presse sur le fond du lae; ce changement est fort rapide, car les plus longues ‚vagues du Leman, le plus grand de nos lacs, n’ont pas plus de 5 secondes de durde. Admettons que ces vagues aient une hau- teur totale de Il m., du sommet de la erete au fond du creux. Cela represente une varia- tion de pression de 0.1 atmosphere, ou de 103 gr. par c/m?. Cette variation qui est con- siderable pour la region littorale, soumise A une pression relativement faible, ne fait plus, dans la region profonde, qu’une fraction bien minime de la pression totale. A 25m. de profondeur cela ne represente plus que 0.03 de la pression totale. $ II. Mouvements de l’eau. Les mouvements de l’eau ont tous leur origine ä la surface; ils se propagent dans la profondeur, mais en diminuant d’intensite. Nous ne parlerons iei que des vagues et des courants, les seuls mouvements qui soient appreciables, et qui puissent avoir une action effective; nous laisserons de cöt&e les seiches, les denivellations locales et les vibrations, dont l’action infiniment faible ou lente est &videmment nulle sur la faune des pro- fondeurs. A. VAGUES. Les vagues agissent puissamment sur la region littorale, et sur la surface m&me du lae dans la region pelagique. Jusqu’& quelle profondeur font-elles sentir leur eftet? On admet, avec les freres Weber, que les vagues agitent l’eau jusqu’& une profon- deur 350 fois plus grande que leur hauteur. Quelle est la hauteur des plus grandes vagues de nos lacs? J’ai observe pres de la rive, ä Morges, des vagues mesurant 20 m. d’une crete a l’autre; si l’on tient compte du ralentissement des vagues sur le fond, il faut admettre qu’en plein lac ces vagues mesuraient au moins 25 m. ce qui correspondrait ä& des vagues de lm. de hauteur. D’apres cela le mouvement des vagues serait encore sensible & 350 m. de profondeur, soit dans les plus grands fonds de nos lacs. Mais, si th6oriquement nous devons admettre l’existenee du mouvement ä d’aussi srandes profondeurs, en pratique l’effet des vagues cesse d’etre appreciable A une distance bien moins grande de la surface; en realit6 le calme absolu regne dejä & une profondeur tres-faible. Le meilleur moyen de connaitre la limite de l’effet utile des vagues est de chercher la profondeur & laquelle cessent les rides de fond (Zipple-marks)(v). Ces rides tracees sur le sable, ne disparaissent pas petit A petit, mais elles cessent brusquement, suivant une ligne parfaitement dessinde, et dont on peut facilement mesurer la profondeur, lorsque l’eau est suffisamment transparente; au printemps de 1878, j’ai constate cette limite d’une maniere re tres-certaine en divers points du golfe de Morges, par des profondeurs variant de 6.2 & 8.8Sm. au dessous des basses eaux modernes. En 1869 j’avais pris un grand nombre d’em- preintes du fond du lac devant Morges entre 30 et 100m. de profondeur, au moyen d’une plaque de töle, enduite de suif & sa face inferieure; je n’ai jamais, dans ces empreintes, rien su reconnaitre qui rappelät une ride de fond. Cela confirme ce que je viens de dire sur la limite effective des rides du sable vers 10 m. de profondeur. Une autre preuve de la limite d’action effective des vagues ä une faible profondeur se tire d’un detail dela configuration des cötes. Lä oü le relief general de la cöte le permet, on con- state, sous les eaux du lac, en avant de la greve, une region littorale speciale, remarquable- ment aplatie, qui s’etend souvent jusqu’ä plusieurs centaines de metres en avant dans le lac (Fig. 1, c e); au lac Leman elle porte le nom de beine, au lac de Neuchätel de 5 blanc-fond (v1). Je considere la ITÄNN beine comme formee de deux > © parties: la beine d’erosion \ (e d), ereusde dans la rive par a N les vagues, et approfondie EN N par elles jusqw’ä la limite de —EsSsS N x —V leur action effective; la beine — N NIS N d’alluvion (d ce), resultant du = En, transport par les vagues des 2 materiaux enleves dansle creu- sement de la beine d’erosion; Fig.1. Profil theorique de Ia beine. ces materiaux sont charries en avant jusqu’a la profondeur & laquelle cesse le transport r&el des vagues. La profondeur de la beine, si la theorie est exacte, indique done, pour chaque region de la rive du lac, la limite d’aetion effeetive des vagues. Or cette profondeur est differente aux differents points du littoral, probablement suivant que ces localites sont plus ou moins exposdes au choc des vagues. Dans le lae Leman je connais des beines, dont la profondeur aux eaux moyennes est de 2m., 4 et 6m. Ces chiffres marqueraient la limite d’action &energique des vagues; au-dessous de cette profondeur, jusqu’ä 10m., cette action des vagues serait tres-faible: au-dessous de lOm., cette action serait nulle et il regnerait le calme, l’im- mobilite presque absolue. or =2 .- . LLC La puissance du mouvement des vagues est en rapport avec la grandeur du lac. Plus le lac est long, plus la vague peut se developper, plus le lac est profond, plus la vague prend de la hauteur. Le Löman 6tant le plus grand lac de la region Subalpine, les chiffres que je viens de donner pour la limite de l’action des vagues sont des maximums; dans les autres lacs, les vagues doivent cesser d’agir & une profondeur encore moindre. B. COURANTS. Dans nos lacs il y a deux especes de courants: les uns constants, de direetion toujours la möme, sont causes par le transport de l’eau des les affluents vers l’&missaire, c’est le courant normal; les autres sont accidentels, de direction et d’intensit& variables, causes par l’action mecanique des vents, les variations de pression atmospherique, la chaleur, ete. Courant normal. Un lac n’est autre chose qu’un fleuve dlargi; c’est une partie du cours du fleuve qui s’approfondit et s’etend, tellement que le courant y devient inappre- ciable. Ce courant est-il nul? Nous connaissons approximativement la section transversale du L&män dans ses divers profils; nous savons quel est le debit du Rhöne qui s’echappe du lac par les tres-hautes eaux de l’et6; nous pouvons calculer quelle est la valeur du courant suivant les diverses sections. Voiei quelques chiffres bases sur la supposition que le Rhöne debite 600 m?. par seconde. Vitesse du courant: Section Aire approximative par minute par jour: Vevey-St-Gingoph . . . . 1,440,000 0.026 37 Oüchy-Bylan ea ee 3,780,000 0.009 13 Detroit de Promenthoux . . 216,000 0.17 245 Coppet-Hermanece . . . . . 130,000 0.20 290 Genthod-Bellerive . . . . . 72,000 0.5 720 Banefduglirayerse nur 9,500 3.8 5470 Ges chiffres ne sont pas nuls; la vitesse d’&coulement du fleuve &largi dans le lac a encore une valeur sensible. Un courant de telle vitesse ne peut cependant pas avoir d’importance au point de yue de l’agitation mecanique, contre laquelle les animaux auraient ä lutter; sur le bane du Travers, tout au plus, pres de Geneve, cette action peut &tre sensible, avec une vitesse qui s’eleve ä 6 c/m. par seconde; dans le reste du lac cet efiet est inappre- ciable. Mais ce courant, tel que nous le constatons dans le Petit-lac, des le detroit de Pro- menthoux jusqu’& Geneve, qui represente un deplacement horizontal de plusieurs centaines de metres par jour doit ötre de grande importance, soit pour la dissemination des orga- nismes, soit pour le melange des eaux. C’est ainsi qu’il est facile de demontrer que, chaque annde, tout le Petit-lac, depuis le detroit de Promenthoux, &coule entierement sa Dun Ss: masse d’eau dans le Rhöne de Geneyve; que par consequent il y a renouvellement frequent de l’eau, laquelle ne reste pas indefiniment stagnante('). L’importance du courant normal varie avec le debit des affluents et de l’&missaire; il est le plus fort pres de l’embouchure des affluents, lorsque ceux-ci sont & leur maximum de debit; il est le plus fort sur tout le bassin, lorsque les eaux du lac etant A leur maxi- mum de hauteur, le debit de l’&missaire est tres-considerable. Le courant normal varie d’un lac & l’autre, suivant le debit du fleuve et la section des differents profils. Ce courant est en general tres-important ä l’extremite terminale des laes; il peut &tre tres-considerable dans un lac, comme le Zellersee, oü toute la masse enorme d’eau que debite le Rhin doit traverser un lac etroit, peu profond et retreei par une grande ile. Courants aceidentels. Is sont düs & deux causes prineipales: la chaleur et les vents. Courants accidentels ü causes thermiques. La difference de densite, resultant de l’&chauf- fement ou du refroidissement inegal des diverses regions du lac, determine des courants horizontaux, pour le retablissement de l’equilibre ; la plupart des eourants superficiels que nous observons en temps calme ont cette origine. Ils peuvent avoir parfois une assez grande intensite; la plus grande vitesse que j’ai observee dans ces courants, devant Morges, est de 16m. par minute, moins de 30 c/m. par seconde ; un tel courant est incapable d’agiter d’une maniere un peu dnergique les animaux du lac; en revanche il peut avoir une action efficace, soit pour la dissemination des organismes, soit pour le melange de l’eau. Ces courants se propagent-ils & de grandes profondeurs ? Je l’ignore; mais je n’ai aucune raison de les supposer tres-profonds. Quant aux courants verticaux qui font la grande convection thermique du refroidisse- ment automnal (et du r&echauffement vernal d’un lac, descendu en hiver au-dessous de 4° C.), ces courants sont probablement limites, localises & un point ou l’autre de la rive, lä ou la rupture d’equilibre s’est faite. Ils descendent, en suivant les flancs du talus, jusqu’& la profondeur correspondante ä la densit& de l’eau; 1A ils s’etalent en nappe horizontale entre deux eaux. Il est probable que ces courants descendants sont d’intensite tres-faible, et qu’ils sont incapables de troubler en rien le repos, dont jouissent les habitants des regions profondes; mais par leur localisation le long des talus, et leur direction qui marche constamment de la rive vers les grands fonds, ils doivent &tre l’un des agents utiles pour la migration passive des animaux et des germes, des la region littorale vers la region profonde. () Un caleul d’approximation peu serree, donne pour le cube du Petit-lac, des Promenthoux ä Geneve, environ 3000 millions de m? (en n’y comptant que le volume des moindres profils, et sans y faire entrer l’eau immobilisee dans les golfes). Or les jaugeages du Rhöne de 1874 nous apprennent qu’il s’est ecoule, & Geneve, cette annde-lä, 6940 millions de m?., c’est-ä-dire, plus du double du volume du Petit- lae. Ajoutons que l’annde 1874 &tait, au point de vue du debit, plutöt au-dessous de la normale. EL Courants aceidentels & causes möcaniques. D’autres courants, beaucoup plus energiques, sont düs A l’action mecanique du vent qui, frottant la surface de l’eau, l’entraine dans le sens oü souffle le vent. Je n’ai jamais eu l’occasion de mesurer la vitesse de ces cou- rants qui sont superficiels, mais j’ai lieu de la croire assez forte. Le courant superfieiel, en allant battre & la cöte, determine une accumulation d’eau sur le cöte du lac ou frappent les vagues et par suite une denivellation du lac('). Cette denivellation oceasionne & son tour un cowrant de retowr dans la profondeur du lac, cou- rant de retour qui peut posseder une tres-grande intensite. Les filets des p&@cheurs sont parfois entraines & des centaines de metres de distance, en sens oppose & celui du vent, tordus, emme&les, dechires, salis par des bois, des feuilles mortes; &videmment le courant qui oecasionne ces troubles doit &tre fort energique (?). Le courant de retour doit avoir lieu & la limite de la couche de densite uniforme, & la surface du lac. Cette couche est peu &paisse au printemps et en ete, lorsque le temps a ete calme; elle a tout au plus 10 ou 20 m. d’epaisseur; elle augmente d’6epaisseur lors- que le vent a soufil& energiquement pendant quelques jours, et que son action mecanique a cause un melange des eaux superficielles avec les eaux sousjacentes. Dans ces saisons, les courants de retour restent limites vers 30 & 50 m. de profondeur. Mais en automne et en hiver, lorsque la temperature s’est uniformisee dans une couche d’epaisseur de plus en plus forte, on peut voir les courants de retour agiter le lae jusqu’& de tres-grandes profondeurs. C’est ainsi que, pendant l’ouragan du 20 feyrier 1879, les filets des p&cheurs de feras, descendus dans le lac Leman, pres d’Ouchy, & 200 et 300 m. de profondeur, ont 6t6 arraches et entraines par ces courants (vl). Ges courants de retour des grands vents peuvent done avoir une tres-grande intensite et si nous en jugeons par les desordres causes aux filets des p&cheurs, ils peuvent agiter violemment les animaux qui vivent dans les profondeurs. Mais il faut noter qu’ils sont (') La plus forte denivellation de cet ordre, que j’aie constat6e directement, a &t& celle du 20 d6- cembre 1877 & 8 h. du matin, oü par une forte bise, l’eau 6tait de 125 m/m. plus &levde A Geneve qu’ä Morges, d’apres les observations faites au limnographe de M. Ph. Plantamour & Secheron, et & mon limnographe de Morges (xcv). (2) Pendant l’&t6 de 1884, j’ai eu l’occasion de v£rifier par l’observation ces deduetions th6oriques. Dans la moraine du glacier införieur de F6e, vallöe de Saas, j’ai trouv& un petit &tang rempli d’eau mi- cac6e, laquelle montre admirablement les plus faibles mouvements du liquide, par les teintes diverses que donne la röflexion de la lumiere, sur les lamelles de mica diversement inclindes. J’ai vu, lorsque la sur- face de l’eau 6tait caressde par une brise lögere, la formation d’un courant superfieiel, qui suivait la direc- tion et le sens du vent; j’ai vu ce courant s’arreter brusquement & quelques deeimetres de la rive sous le vent, se heurter contre une masse d’eau immobile le long de la cöte et devenir plongeant en descen- dant dans la profondeur. Le courant de retour profond a echappe & ma vue, mais je l’ai vu ensuite re- monter A la surface, pres de la rive sur le vent; iei je pouyais constater, & quelques decimötres de la cöte, le surgissement de l’eau qui, venant de la profondeur, s’inclinait suivant une ligne bien dessinde pour reprendre ensuite la direction horizontale du courant superficiel (cxLv1). aceidentels, n’ont rien de constant, qu’ils sont limites A des profondeurs variables aux dif- ferentes saisons, et qu’ils doivent &tre en somme tres-rares dans chaque localite. Quant A leur action dans la dissemination des organismes, elle doit &tre tres-Ener- gique ; elle est d’autant plus efficace que leur transport agit toujours des la rive vers les srandes profondeurs. Cela resulte du fait que ces courants ont leur maximum d’effet dans la moiti& du lac vers laquelle le vent souffle, et que, dans cette moitie, ils se dirigent toujours en sens contraire des vagues, c’est-A-dire de la rive vers le milieu du lac. (es courants enfin ont une grande importance pour le melange des eaux. — Je n’ai pas de differences & signaler d’un lae & l’autre pour l’energie des courants aceidentels. Leur intensite depend de eirconstances locales, qui rendent plus ou moins effi- caces les actions thermiques et l’action mecanique des vents. $ III. Temperature. La masse limitee d’eau d’un lae est soumise & des variations periodiques de tempera- ture (vi); jessaierai d’en donner une idee en prenant d’abord mon exemple dans le lac Leman. Un sondage thermometrique ('), execute le 22 aoüt 1879, devant Ouchy, montrera la distribution thermique normale de l’ete. Surface 22.0° 80 m. 5.8° 10 m. 18.0 90 5.6 20 12.7 100 5.5 30 10.5 110 5.4 40 7.6 "120 5,8 50 6.9 140 Hr 60 6.2 200 52 70 6.0 300 5.2 Ces chiffres peuvent se traduire dans les termes suivants: En e&t& le lac est une masse d’eau, de temperature uniforme, ä 5.2° en 1879, qui oceupe le fond de la cuvette sur une epaisseur de 200 metres; elle est surmontee d’une couche de 100 & 150 m. d’epaisseur, stratifide thermiquement. (*) Toutes les temperatures que je donne dans ce paragraphe ont &t& mesurdes avec le m&me ther- momötre, et sont par consöquent comparables entr’elles. Mon instrument est un thermomötre ä renver- sement, protege contre la pression par une double enveloppe de verre, Deep see thermometer de Negretti et Zambra ä& Londres, modele de 1878. Il a fonctionne parfaitement et sans aucun &chec depuis cing ans que je le possöde; je ne puis faire le möme &loge d’un second thermometre du möme type et des mömes constructeurs, que je lui ai adjoint pour plus de securit&; ce second thermometre devient incertain dans son fonetionnement des que la temperature s’abaisse au-dessous de + 5° ou 6°. ee La stratification thermique de la couche sup6rieure presente les allures que je carac- teriserai ainsi:! Des la surface jusqu’a une profondeur de 10, 15 ou 20 m.('), la temperature est presque uniforme. O’est ce done je donnerai une idee par les chiffres d’un sondage thermometrique, exdeute devant Morges, le 21 juillet 1881. Surface 21.3 13 m. 11530 lem 21.2 14 11.3 5 20.9 15 Ike! 725 20.6 is 9.9 10 19.8 20 9.4 11 14.4 25 8.9 12 12.1 Ge jour-lä, la couche de temperature uniforme avait 10 m. d’epaisseur. De 10 & 40, ou 50 m., la temperature s’abaisse rapidement, et les isothermes sont fort rapprochees; & partir de cette profondeur, de 40, 50 ou 60 m., la temperature, deja fort basse, s’abaisse tres-lentement, pour devenir uniforme vers 120 & 140 m. de pro- fondeur. Voilä pour le regime de l’ete. Au milieu de l’hiver suivant, le 15 janvier 1880, les couches superficielles s’etaient re- froidies, et toute l’epaisseur du lac, depuis la surface jusqu’aux plus grands fonds, etait a 5.20, Il y a done une variation periodique annuelle qui peut s’exprimer par les traits gene- raux suivants: En hiver la temperature du lae est uniforme dans toute la masse, et relativement tres-basse; au printemps la surface se r&chauffe et s’eleve jusqu’ä 20 ou 25°, en se stratifiant thermiquement jusqu’& une profondeur de moins de 150 m.; en automne, cette couche superficielle se refroidit, et redescend & la temperature des grands fonds, ou A une temperature tres-approchee. L’amplitude de cette variation annuelle peut s’evaluer aux chiffres suivants(?): () C’est & cette profondeur que se limite la variation diurne. (?2) D’apres les travaux de Fischer-Ooster et C. Brunner sur le lac de Thoune, en 1849 (xcvı), il y aurait eu les variations suivantes dans le cours de l’annee. Profondeur Variation annuelle Amplitude 24 m. de 4.9° a 11.20 6.3° 36 4.6 6.7 2.1 48 4.7 5.6 0.9 75 4.7 5.3 0.6 105 4.9 5.0 0.1 135 4.8 4.9 0.1 165 4.8 4.9 0.1 ee A la surface la temperature varie de 15 & 20°. ä 50 metres » Da) DER 3 all » » » 1°. & 150 » la variation est nulle. Quant aux chiffres moyens de la temperature de la surface du lac, aux divers mois de l’annee, je puis les donner en me basant sur deux series de recherches. Premierement Jai les moyennes caleuldes par E. Plantamour (ix) d’apres les observations journalieres faites dans le Rhöne ä& Geneve de 1853 & 1875. Ces chiffres donnent la temperature lit- torale du Leman ('). En second lieu j’ai les temperatures mesurdes par moi dans la region pelagique, devant Morges et Ouchy. Ces observations ne sont pas assez nombreuses pour que je puisse en tirer direetement des moyennes utiles; je me suis content de chercher pour chaque ob- ‚servation la difference avec l’observation correspondante faite le m&me jour A Geneve; jen ai tir6 la correction moyenne ä appliquer aux temperatures littorales de Geneve, pour les transformer en temperatures pelagiques du Grand-lac. Ces corrections sont caleulees d’apres les observations de 1879 & 1882. Mes observations ne sont pas encore assez nom- breuses pour que je puisse attribuer une preeision suffisante et definitive aux chiffres que jen ai tires. Temperature des eaux de surface. Region littorale, Geneve Correction Region p6lagique du 1853— 1875 1879—1882 Grand-lac Janvier. 4... 5 Sa —+ 1.3° 6.2° Kövrier.. 2... 4.96 0.9 5.9 MAIS m 6.12 — 0.2 5.9 Aare 8.78 —0.7 8.0 N =.11.72 — (0.2 11:5 IDEE ci; 15.34 2.1 17.4 Tullete. ........ 18.09 + 2.5 20.6 oe sr 18.65 0.8 19.4 Septembre . . 17.07 —+ 0.4 18.1 Betohre .ı ... 13.98 0.7 14:7 Novembre . . 9.63 + 0.4 10.0 Decembre . . 6.61 +11 tete (') Jai pendant longtemps eru que nous posscdions, dans les observations de la temperature du lac ä Geneve, la temperature littorale parfaite, aussi exag6rde que possible, au fond du long golfe ou fiord, que forme le Petit-lac en se dirigeant vers Genöve. Mais les temperatures observ6es en fövrier et mars 3 a er ei Les extrömes observes & Geneve de 1853 & 1883 ont ete: pour le maximum: juillet 1874 . . . 24.6° » » minimum: fevrier 1854 . . . 09 Outre la variation periodique annuelle, il y dans la temperature du lac une variation lustrale (!), et cela de deux manieres. a) La temperature de la couche superficielle, stratifide thermiquement, varie d’une annde a l’autre suivant que la temperature de l’ete est plus ou moins &levee. Cette variation n’est pas tres-importante; d’apres les observations que je possede, la surface du lac s’eleve chaque annee ä plus de 20°; elle ne depasse jamais 25° C. b) Les couches profondes sont sujettes, elles aussi, & une variation lustrale. Ce n’est pas iei le lieu de developper le mecanisme assez compliqu& de ce phenomene ; je me bor- nerai ä donner les resultats generaux. A la suite d’un hiver froid et prolong6& les couches profondes du lac sont refroidies par convection ; leur temperature s’abaisse de quelques dixiemes de degre. Ainsi, apres le grand-hiver de 1880, le fond du lac Leman a passe de la temperature de 5.2° qui regnait en 1879 & celle de 4.6°; il s’est done refroidi de 0.6°. D’une autre part, en dehors de ce cas de la penetration par convection du froid d’un hiver rigoureux, la masse profonde du lac se rechauffe lentement, soit par l’action de la chaleur centrale (°), soit par la eonduction de la chaleur des la surface vers le fond (®). 1830 me font changer d’avis. Alors que le Petit-lac 6tait couvert de radeaux de glace et que sa temp6- rature 6tait par consequent A 0° Ala surface, les leetures faites par les observations de Genöve, ä 1 mötre de profondeur, dans le Rhöne, ont toutes donn& des chiffres relativement &lev6s; des six jours oü le lac a et& ainsi congel&, la temperature la plus basse mesurde dans le port de Geneve a £t& de 3.2° le 10 fevrier. J’en conclus que l’eau qui s’&coule par le Rhöne de Geneve n’est pas seulement l’eau superficielle du lac, mais qu’elle est abondamment melangee aux couches profondes, lesquelles en pareil cas &taient plus chaudes que la surface (x). (!) Pour plus de commodite et de pr&eision j’appellerai variations Zustrales les variations qui sont lices & une periodieit6 irreguliöre durant plusieurs anndes; je distinguerai done la periodieite annuelle, lice au cycle estival-hiemal, ou & la r&volution de la terre autour du soleil, e’est une periodieite regu- liöre, et la periodieit6 Zustrale, occasionnant des variations de dur6e et d’intensite irrögulieres, durant deux ans, cing ans, dix ans ou plus, c’est une periodieite irreguliere dont les causes, probablement complexes, nous sont le plus souvent inconnues. (2) D’apres E. de Beaumont (xcvır) la chaleur centrale se dögage ä travers les couches superieures de la terre en quantit6 suffisante pour fondre annuellement une couche de 6.5 m/m. de glace. Cela repr6- sente 5.2 calories par d/m?. Ce chiffre a encore &t6 abaiss& par les recherches du comit& de l’Association britannique (xevum) et reduit & 4.1 calories par d/m?. () Il est une cause de röchauffement du fond des lacs & laquelle on n’a pas encore fait attention, qui ne peut expliquer qu’une faible partie de l’ölevation de temperature constatde, mais dont on doit tenir compte. C’est le fait de la densit& plus grande du limon contenu dans l’eau des affluents. Que ce soit la poussiöre min6rale elle-m&me qui descende dans les profondeurs, et en se refroidissant r&chauffe l’eau qui l’entoure (le Rhöne apporte annuellement dans le lac L&man plus de 200,000 m? de limon, _ Forel, la Reuss 150,000 m®. de limon dans le lac des IV-cantons, Heim), ou que ce soit l’eau limoneuse qui, plus lourde par la poussiere impalpable quelle tient en suspension, descende dans une couche in- I resulte des sondages que j’ai continues dans le lac Leman depuis 1379 & 1884 que ce röchauffement est d’environ 0.1° par an. Voici en effet les temperatures que j’ai constatdes dans les grands fonds du lac Leman, entre 250 ä 300 m., de 1879 & 1854. Toutes ces mesures ont 6te faites avec le m&me thermometre et dans les m&mes conditions; elles sont done bien comparables entr’elles. 231ottobre AS7INsE ea, Ir. 15590 OEANDBSISSONE Dee RAR 291m l1STETS SO 4:6 slenovembre LES m Simovembre-lsesle „ern nn .8 DOHRFEVTIEr 1883, een 150 lo2marsalssdan es 2 5.4 D’apres ces observations, l’amplitude de la variation annuelle de la temperature des srands fonds du lac Leman serait: en periode de r&chauffement, entre 0.1° et 0.2°, en periode de refroidissement, jusqu’ä 0.6°, Quant aux variations lustrales r&sultant du rechauffement prolonge des couches profondes dans une serie de belles anndes, ou du refroidissement par l’effet d’un hiver tres-froid('), jeestime qu’elles doivent s’elever ä une amplitude d’un degre au maximum, soit + 0.5°, Jusqu’a present je n’ai parl& que des variations de la region pelagique et profonde ; mais il y alieu de faire intervenir ici celles de la region littorale. Celle-ci est en effet sou- mises & des variations beaucoup plus etendues que celles du milieu du lae, et ces variations ont un effet tres-curieux sur la temperature des grandes profondeurs du lac. En hiver la region littorale se refroidit souvent tres-bas, et tandis que la region p6- lagique du Grand-lac reste a 5° Fig: 2. Coupe theorique de la barre thermique littorale. environ, elle descend au-des- sous de 4° et peut m&me arri- ver & zero. Il se forme alors, ainsi que je l’ai montre ailleurs (x), une barre thermique d’eau & 4°, qui separe la region littorale oü la stratification thermique est inverse, les couches les plus froides &tant A la surface, de la region pelägique ou la stratification est directe, la surface etant plus chaude que le fond (Fig. 2). L’eau plus dense de cette barre thermique & 4° tend ferieure A celle ä laquelle sa temperature l’aurait amende, par ces deux proeedes il y a apport de eorps plus chauds dans le milieu froid des grands fonds, .et par consequent r&chauffement de l’eau des grandes profondeurs. Par cette action la temperature des couches inferieures des lacs doit s’elever chaque annee, mais de quelques centiömes de degr& seulement. (*) J’admets que le grand hiver de 1380 peut ötre considere comme etant, & peu de choses pres, l’extreme de rigueur d’un hiver de nos climats. Da. “rn u Tan a de ro 4 sans cesse A s’6ccouler au-dessous des eaux plus legeres, et il en rösulte, en partieulier, un courant d’eau froide A 4°, qui descend le long des talus du lac et gagne les plus grands fonds. II suit de la qu’& la fin de l’hiver, il doit y avoir au fond de la cuvette du lac, sous la grande masse du lac & temperature uniforme, une couche peu &paisse d’eau plus froide, dont la temperature s’approche de 4°. J’ai retrouve cette couche d’eau froide apres le grand hiver de 1880, dans un son- dage thermometrique opere le 23 mars 18830 devant Ouchy. 2007 metresnn 2 m A 2340 » En a RR EEE SLANG 260 » el a Le) BS0., Ba Te en Sur REN RAR! 310 » 2 x 4.4 Tandis que la grande masse du lac ne s’est pas refroidie au-dessous de 4.6°, il y avait au fond de la euvette une couche de 50 m. d’epaisseur, plus froide de un ou deux dixiemes de degre. Ce courant d’eau froide A 4°, qui coule le long des talus du lae pendant les grands froids de l’hiver, est un phenomene temporaire et ne dure que quelques jours; la couche stratifige d’eau froide qui s’accumule dans les grands fonds n’est pas bien &paisse, et elle est bientöt rechauffee par les masses plus chaudes qui l’entourent, soit le sol sous-jacent, soit l’eau sus-jacente. Mais quelque passageres et temporaires que soient ces apparitions, elles n’augmentent pas moins notablement l’amplitude des variations thermiques, qu’ont & subir les animaux de la region profonde du lac. Les variations annuelles et lustrales os- eillent autour d’une temperature plus elevece, 5° + 0.5°. Ce courant d’eau froide abaisse subitement la temperature de l’eau & 4° ou ä peu pres. Dans un climat aussi constant que la region profonde d’un lac, une telle intemperie doit &tre fort sensible et fort .des- agreable pour les animaux. De m&me que le refroidissement hiemal agit plus sur la region littorale, de m&me l’echauffement estival y est aussi plus intense; l’eau s’y rechauffe souvent en &t& de plu- sieurs degres au-dessus de la temperature de la region pelagique. Mais ce phenomene est purement superficiel; il est sans action sur la r&gion profonde, et nous n’avons pas dä nous en occuper ici. Nous avons vu qu’& la suite du grand hiver de 1879 & 1880 la temperature du Leman s’etait abaissee de 0.6° environ, mais quelle etait restee cependant ä 4.6°, c’est-A-dire notablement au-dessus de 4°, temperature du maximum de densite de l’eau. Il n’en a pas et6 de mä&me pour la plupart des autres lacs Suisses, qui se sont con- geles les uns apres les autres. Outre les lacs de montagne qui gelent chaque annee, dans l’hiver de 1880 la congelation a saisi successivement les lacs de Morat, de Bienne, de Zurich, de Zoug, de Neuchätel, de Constance, d’Annecy et des IV-Cantons. I n’y a que u iii U E les lacs de Thoune, de Brienz, de Walenstadt, le Leman, le lac du Bourget et les lacs Insubriens (') qui aient et& epargnes par le gel. La congelation des grands laecs de la Suisse est un fait rare, mais on ne peut pas le dire anormal. Plusieurs fois par sieele, on a vu se recouvrir de glace ceux qui ont ete geles en 1880. Toutefois, d’apres les souvenirs historiques que j’ai pu rassembler, le lac de Thoune n’aurait gel& que 4 ou 5 fois depuis le XIV° siecle; le lae de Brienz une seule fois. Les lacs de Walenstadt, du Bourget, les lacs Insubriens et le Leman n’auraient jamais gele. L’on peut A ce point de vue etablir la loi suivante: La congelation d’un lac sera d’autant plus hätive ou plus frequente, caeteris paribus, a) que le lae est moins profond; b) que ses talus sont moins inclines. c) que son altitude est plus &levee. d) que sa latitude est plus &loignee de P’equateur. e) qu’il est dans une region moins protegee contre les vents. J) que ses bords sont encaisses dans une vallee & parois moins abruptes, contre les flanes de laquelle l’air atmospherique se refroidit plus. (R. Billwiller.) (cxxxV1). g) quil a emmagasine moins de chaleur dans l’ete precedent. h) qu’il s’est &coul&e moins d’anndes depuis le dernier hiver froid. i) qu’il y a eu durant l’hiver moins de soleil pendant le jour et moins de nuages pendant la nuit. Quoiqu’il en soit, les lacs de notre region Subalpine sont exposes A la congelation, et nous devons etudier comment ce phenomene agit sur la temperature des regions profondes. L’eau ayant sa densit6 maximale ä 4°, les allures du refroidissement de l’eau sont differentes au-dessus et au-dessous de cette temperature. Jusqu’ä 4° le refroidissement au- tomnal se continue, comme nous l’avons vu dans le Leman, par des phenomenes de convec- tion; il y a, par convection, augmentation progressive de la couche superficielle de l’eau & temperature uniforme ; & mesure que, la chaleur se perdant par la surface, cette couche superfieielle se refroidit, elle s’adjoint l’une apres l’autre, en les faisant entrer dans le eyele de sa eirculation thermique, les couches inferieures, dont elle prend successivement la temperature, dans le cours de son refroidissement progressif. Il arrive done un moment ou toute la masse du lac est & 4°; mais des lors la convection cesse, et le refroidissement superficiel ne se propage plus dans la profondeur que par des phenomenes de conduction ; il en resulte une stratification thermique inverse de celle que nous avons constatde en ete, les eouches les plus froides etant a la surface en hiver. (') Les 9 et IO fevrier, les 14, 15 et 16 fevrier et le 1 mars 1880, la partie oceidentale du Leman connu sous le nom du Petit-lac a &t& recouverte d’une pellieule glac6e assez forte pour r6sister A la cha- leur du soleil pendant le jour. Le 3 fevrier il y.eut sur le lac de Lugano formation de glace. dans le bras oceidental, entre Morcote et Brusino, et dans le golfe de Pontetresa. Ce sont des faits de conge£- lation littorale ; la region pelagique de ces lacs n’a jamais &t6 menacce par la glace (x). u Zu u = me Pe ae Des sondages thermometriques effectues sous la glace des lacs m’ont prouve que le fond du lac est bien & 4°, ou au-dessous. Le fond des laes geles descend done A une tem- perature plus basse que celle des lacs qui ne gelent pas, et l’amplitude de la variation thermique y est plus considerable. Je le montrerai en donnant les chiffres des sondages thermome6triques ex6&cutes dans les lacs de Morat et de Zurich, d’une part pendant le grand hiver de 1880, alors que le lac 6tait gele, d’une autre part au milieu de l’ete suivant, au mois d’aoüt 1880; a cöte de ces chiffres j’inseris l’amplitude de la variation thermique estivale de cette annee 1880, telle qu’elle resulte de la difference des deux observations. Lac de Morat. 1880 1 fevrier 6 aoüt Amplitude de la variation 0 m. 0.3° 19.1° 18.8° 5 1.9 18.8 16.9 10 2.0 18.0 16.0 15 2.4 10.8 3.4 20 2.9 9.6 re! 25 2.0 8.9 6.4 30 2.4 8.9 6.1 35 2.9 8.3 5.8 40 2.7 8.0 5.3 Lac de Zurich. 1880 25 janvier 3 aoüt Amplitude de la variation. 0 m. 0.2° 19.7° 19.5° 10 2.6 19.1 16.5 20 2.9 7.6 4.7 30 3.2 6.0 2.8 40 3.8 5.2 1e7 50 3.6 4.7 al 60 3.7 4.4 0.7 70 347 4.2 0.5 80 3.8 4.1 0.3 90 3.8 4.1 0.3 100 3.9 4.0 0.1 110 3.9 4.0 0.1 120 4.0 4.0 0.0 130 4.0 4.0 0.0 en de 23 Si nous comparons les deux sondages faits dans l’öt6 de 1880, dans les lacs de Zu- rich et de Morat, qui avaient tous deux 6t& geles l’hiver preeedent, nous aurons un resul- tat interessant: Morat Zurich . Difference 0 m. 19.1° 19.7° —+ 0.6° 10 18.0 19.1 — 11 20 9.6 7.6 — 2.0 30 8.5 6.0 — 2.5 40 7.9 5.2 — 2.7 Laissons de cöte les chiffres de la couche superieure de 10 m. d’6paisseur, qui est influencee par la temperature accidentelle des jours pr&eedents; nous voyons que l’eau des eouches profondes se r&chauffe beaucoup plus vite dans le lac de Morat, peu profond, que dans le lace de Zurich, plus profond. On peut formuler la loi generale: «Plus le lac est profond, moins grande est l’am- plitude des variations thermiques annuelles ». Comme les variations lustrales dependent des sommes des variations annuelles, la m&me loi peut leur &tre appliquee. Pour avoir une idee des differences dans l’etat thermique des differents lacs, je donnerai ei-dessous le tableau d’une serie de sondages thermometriques, operes dans le mois d’aoft 1830, dans les prineipaux- lacs du Nord des Alpes. Je les divise en deux groupes, lacs qui ont gel& l’hiver precedent, lacs qui n’ont pas gel& (voir le tableau & la page suivante). Enfin je donnerai dans le tableau suivant les temperatures des lacs de Zurich, des IV-Cantons, de Bienne, de Neuchätel, du Leman, d’Annecy et du Bourget, telle que je les ai mesurdes dans l’ete de 1883. Zurich IV-Cantons Bienne Neuchätel L&man Annecy Bourget 1383 13 aoüt 16 aoüıt 12 octobre | 11 octobre | 9 octobre | 22 septembre| 21 septembre Om. 19.8° 17.4° 12.0° 12.0° 12.8° 17.52 18.8° 20 7.9 10.0 hähgil 11.3 12.8 8.1 11.3 40 3.3 9.8 9.0 8.7 6.7 6.2 6.3 60 — 9.2 _ 6.5 a 6.1 9.9 80 — 9.0 _ 9.8 — — 3.8 100 — = 5.7 6.0 = _ 120 4.2 | = | == — 3.8 = 5.7 Tempe6rature des Laecs dans l’&t& de 1880 (voir page 23). 24 Lacs geles en 1880. Lacs non gel6s. Constance | Zurich Zurich |IV-Cantons) Morat |\Neuchätel!)| Anneey |Walenstadt|IV-Cantons| Brienz Thoune Liman sup". inf. infr. sup". 1880 | 1 aoüt | 2 aout | 3 aoıt | 4aoft |, Gaoht | 7 aoüıt | 13aotıt| 2 acht | 3 aofıt | 5 aofıt | 5 aodıt |29 juilt. Om.| 18.20 | 17.10 | 19.7° | 16.8° | 19.10 | 17,60 | 18.4 | 17.0°.| 16.80 | 14.4° | 18.00] 21.5° 20 |10.1 9.3 7.6 | 10.3 9.6 15.1 10.4 °12.0 9.3 110.3 | 12.0 | 12.0 40 3.3 6.8 9.2 9.4 | 8.0 8.6 | 6.0 6.6 5.4 6.6 6.0 7.2 60 4.5 4.4 4.9 6.6 9.0 3.9 5.0 Da 4.9 0.3 80 4.3 4.1 4.5 5.4 4.9 4.8 4.8 4.6 3.5 100 4.2 4.0 4.3 5.2 4.6 4.7 4.7 4.5 3.1 120 4.1 4.1 4.6 4.7 4.5 4.8 140 4.0 4.0 4.1 4.6 4.7 4.5 4.8 160 180 ° 4.7 4.6 4.7 200 4.6 220 4.6 240 260 4.6 4.6 280 4.6 La comparaison entre ces sondages thermometriques faits en 1880 et 1883 montrera combien les eaux des regions profondes se sont r&chauffees dans cette periode de trois anndes. Zurich IV-Cantons Neuchätel L&man Annecy 40 m EOS 0.49 + 0,1 ZEN 20:22 60 — 20.3 20 roh nl 80 — +0.5 + 0.4 — — 100 — — 2121085 +1.0 = 120 212010 _ +1.0 _ () Les sondages du Lac de Neuchätel (7 aotıt 1880) ont &t6 operes dans de tr&s-mauvaises con- ditions; le vent soufflait tres-vif et les vagues 6taient violentes. Ces observations sont done incertaines. NDR >, Comme terme de comparaison fort instructif je donnerai iei le resultat de sondages thermometriques, ex&cutes en aoüt 1873 par le professeur John LeConte sur le lac Tahoe, 39° lat. N et 120° long. W de Greenwich, entre les etats de Californie et de Nevada, par une altitude de 1905 m. (xır). Profondeur Temp&rature Profondeur Temperature Om. 19.4° 100 m. 7.52 15 17.2 122 7.2 30 12.8 146 6.9 45 10.0 152 6.7 60 8.9 183 6.1 75 8.3 239 5.0 90 7.8 459 4.0 Pour autant que l’on sait, le lac Tahoe n’a jamais gele. — En resume, au point de vue thermique les lacs presentent des variations considerables dans leurs couches superieures; mais l’amplitude de ces variations deeroit rapidement dans la profondeur, et ä& partir de 100 m. elles sont presque nulles. D’un lac ä l’autre il ya des differences, aussi bien dans la temperature moyenne, que dans l’amplitude des variations ; ces differences sont regies par les conditions geogra- phiques, topographiques, elimateriques des lacs et en outre par le volume relatif de leurs eaux. La difference ne depasse pas, dans les regions profondes, 1 ou 2 degres. En somme, le celimat des regions profondes est, au point de vue thermique, tres-egal et tres-peu accidente. Quant & l’ancienne theorie, tres-generalement r&epandue, qui veut que le fond des lacs d’eau douce soit eonstamment et partout & 4°, temperature du maximum de densite, elle n’est pas exacte. Ce fait ne se presente que pour les lacs suffisamment profonds (plus de 100 m.) qui sont soumis & un climat assez froid pour que chaque hiver leur surface descende ä& 4°; j’en donnerai comme exemple probable le lac de Zurich. Mais dans les elimats plus doux, le fond du lac se r&chauffe graduellement, qu’il soit reste au-dessus de 4° comme dans le cas du Leman, ou qu’il soit descendu & 4° dans un cas de congelation, comme le lac de Neuchätel dans l’hiver 1880. Quant aux lacs peu profonds, (Annecy, Morat par ex.) la temperature du fond varie de un ou deux degres au-dessus ou au-dessous de 4°. Congelation des lacs. En outre du point de vue thermique que nous venons d’etudier dans le paragraphe preeedent, la congelation de la surface a un effet eonsiderable dans l’&conomie des laes. 4 u naa = En fermant tous les rapports avec l’atmosphere, la couche de glace immobilise absolument toute la masse du lac. Dans un lac gele il n’y a plus ni vagues, ni courants d’origine meeanique; la stratification thermique inverse qui existe dans les eaux sous la glace etant parfaite au point de vue des densites, il n’y a plus de courants de convection. O’est alors le repos absolu qui regne, non seulement dans les profondeurs, mais encore dans tout le lac. Un autre effet, qui doit &tre assez important, c’est la suppression des rapports chi- miques du lae avec l’atmosphere; ä& travers la couche de glace, les echanges gazeux sont evidemment fort entraves, et, si la congelation dure longtemps, il peut en resulter un defaut d’oxygene. On sait que pendant l’hiver les braconniers ouvrent des trous dans la glace des lacs, dans le lac de Joux par ex., et qu’ils y p&chent les poissons, en par- ticulier les Brochets, quand ceux-ci viennent chercher de l’air frais qui fait defaut dans l’eau. Une observation que j’ai faite le 1” fevrier 1880 sur le lac de Morat, doit se rap- porter au m&me ordre de faits; ce lae etait gel& depuis le 18 decembre 1879, soit depuis 45 jours. Quand j’eus pere&e dans la glace les trous necessaires & mes sondages thermo- metriques, je vis l’eau fourmiller d’une multitude de petits Entomostraces pelagiques (Diap- tomus, Cantocamptus) qui venaient ainsi & la surface. Or, comme nous le verrons plus loin, c’est JA une station tout A fait anormale pour des animaux pelagiques, qui pendant le jour se tiennent dans les couches moyennes, ä la limite de la region non-6elairde. On ne peut pas dire que la couche de glace de 36 c/m. füt assez opaque pour donner aux couches superieures du lac V’obscurit& que recherchent ces animaux; je ne m’explique cette apparition insolite que par le defaut d’oxygene dans l’eau et par lattrait qu’aurait pour ces &tres, A demi asphyxies, une eau plus riche en gaz respirables 2 $ IV. Lumiere. La lumiere penetre dans le lac, mais elle ne descend pas tres-loin ; au-dessous de la couche sup6rieure, qui est soumise aux alternatives du jour et de la nuit et aux variations ()) Dans les series d’ötudes chimiques de Weith sur les eaux du lac de Zurich (xx) que nous aurons ä eiter plus loin, on voit que la quantit€ d’aeide carbonique et de carbonates etait legerement plus Elevee dans l’eau puisce pendant la congelation du lac, dans l’hiver 1879—1880, que dans les &poques oü le lac n’6tait pas pris par la glace. La difference &tait du reste minime, La quantite d’acide carbonique chimiquement combine A l’ötat de carbonates a öt€ en moyenne, par litre d’eau: sur 10 analyses d’eau du lac non-gel& 52.6 milligrammes ” 5 » n ” n gele 54.4 ” difference 1.35 milligrammes EFT SE des saisons, est une region profonde ou l’obsceurite regne absolument et sans interruption. Oü est la limite entre les deux zönes? c’est ce que j’ai recherche dans le lac Leman (Mat.(') VII et XXVIII, xumx). Si l’eau etait physiquement pure, quatre facteurs determineraient cette limite, & savoir: a) la hauteur de l’astre (soleil ou lune) au-dessus de l’horizon ; cette hauteur regle la proportion entre la quantit& de lumiere qui est refl&chie par la surface et celle qui est absorbee; b) la transparence de l’air, qui arr&te plus ou“moins de lumiere, suivant que le ciel est serein ou nuageux; ces deux facteurs peuvent se reunir sous le nom de facteurs d’eelairage ; c) l’etat de la surface de l’eau plus ou moins agitee par les vagues: la proportion de lumiere reflechie varie avec la forme, la grandeur et la direction des vagues; d) la temperature de l’eau, laquelle absorbe plus de lumiere quand elle est plus chaude (Wild); l’eau froide est plus transparente que l’eau chaude; ces deux facteurs sont les facteurs d’absorption. Mais l’experience m’a montr& que le facteur le plus important est la purete physique de l’eau; celle-ei est plus ou moins chargee de poussieres lacustres, qu’elle tient en sus- pension, et en raison de cela elle est plus ou moins limpide, plus ou moins trans- parente. Ces differents faeteurs combines ensemble modifient sensiblement la transparence de l’eau pour la lumiere ; quoique l’sclairage soit moins puissant en hiver les eaux sont plus limpides et la lumiere descend plus profond qu’en ete. C’est ce qu’ont prouve mes re- cherches dans le lac Leman. J’ai etudie la penetration de la lumiere dans le lae dans les deux formes d’activite: activite lJumineuse, activitE chimique ou actinique. A. RAYONS LUMINEUX. L’action lumineuse des rayons du soleil, la seule source eclairante qui agit efficace- ment dans nos lacs, se traduit A nous par les impressions de notre retine. Nous pouvons dans cette etude considerer deux points de vue: L’intensit& de la lumiere. La qualit& de la lumiere, sa couleur. Intensitö de la lumiere. Les rayons lumineux en traversant l’eau sont absorbes, tel- lement que, si la couche d’eau est assez 6paisse, elle devient tout & fait opaque. L’eil (‘) Je designe par l’abröviation Mat. suivie d’un chiffre romain les renvois aux paragraphes de mes „Materiaux pour servir A l’ötude de la faune profonde du lac L&man“, dont on trouvera la table des matieres detaillee ä la fin de l’index bibliographique. in u Ze a ge um 0m 2m Er u un in: AZ R qui cherche & percer les profondeurs du lac ne penetre que jusqu’& quelques metres dans l’eau; en avant de la region littorale, qui est encore accessible & notre vue, regne la re- gion obseure, l’eau bleue, comme on l’appelle sur nos lacs, lA oü nous ne distinguons plus le fond. Pour etudier cette absorption de la lumiere et les variations de son intensite j’ai utilise Ja methode deja employee par tous les navigateurs qui ont voulu se rendre compte de la limpidite des eaux; elle a et mise en jeu avec toute Ja precision du physieien par le P. A. Secchi, en 1865, dans la Mediterannee (xır). L’on fait descendre dans l’eau un disque blanc, attache & une ligne de sonde, et l’on mesure la profondeur ä laquelle il disparait A l’oeil en descendant, celle & laquelle il commence & devenir visible en remon- tant: la moyenne de ces deux chiffres est ce que j’appelle la limite de visibilite (Mat. XXVIID. Voiei cette profondeur limite de visibilit€ dans les divers mois de l’annee, d’apres 46 experiences que j’ai faites en 1874 et 1875, en plein lac devant Morges. Mois d’ete : mai 8.2 m. aofıt 5.39 M juin 6.9 septembre 6.8 Juillet 3.6 Mois d’hiver : octobre 10.2 m. fevrier 15.0 m. novembre 11.0 mars ... 15:4 decembre 11.5 avril 11.3 janvier 14.5 en moyenne:: les 7 mois d’hiver, octobre ä avril 12.7 m. les 5 mois d’ete, mai ä& septembre 6.6 moyenne annuelle 10.1 maximum observe le 10 mars 1875 & midi 17.0 D’apres cela la limite de visibilite est ä peu pres deux fois plus profonde en hiver qu’en ete. Ajoutons encore que la transition entre le regime estival, oüı l’eau est presque opa- line, et le regime hivernal, oü elle est limpide, se fait le plus souvent brusquement, ra- pidement, en quelques jours; la transition printanniere, dans laquelle l’eau elaire de l’hiver s’obseureit et se trouble, est en general un peu moins rapide. Quelles sont les causes de ces variations dans la limpidite de l’eau ? Les recherches de Wild (exLvIm) ont montre que la temperature de l’eau y est pour quelque chose; plus l’eau est chaude, plus elle absorbe une forte fraction de la lumiere. Mais l’observation des faits du lac prouve que le faeteur le plus important, qui trouble les eaux de l’t6 et les rend peu transparentes & la lumiere, reside dans les poussieres en suspension dans l’eau. Ces poussieres forment un brouillard qui arr&te les rayons lumi- neux. Les observations suivantes m’ont fait conelure A cette importance des poussieres aquatiques: a) En ete l’eau est beaucoup plus transparente en plein lac que pres des bords; elle est le plus opaque au fond des golfes. b) En ete l’intensite de l’eelairage a tres-peu d’influence sur la profondeur limite de visibilite ; que le soleil soit & l’horizon ou au meridien, qu’il brille dans un ciel serein ou qu'il soit voil&e par les nuages, la limite de visibilit6 reste, & peu de chose pres, la meme. c) La profondeur limite de visibilit& est tres-nettement marquee en ete; quand un objet s’enfonce en sombrant dans le lac, il s’eteint ä la vue, non pas progressivement et insensiblement, mais presque subitement. ('). En r&unissant ces faits avec ce que nous apprend la physique generale, je conelurai: 1° La lumiere est absorbee par l’eau et penetre dans le lac en quantite d’autant moins grande que la profondeur est plus considerable. 2° La penetration de la lumiere a lieu d’autant plus bas pour le m&me eclairage: a) que l’eau est plus limpide et contient moins de poussieres ; b) que l’eau est plus froide. 3° L’eclairage varie d’un jour A l’autre et d’un instant A l’autre; il est d’autant plus puissant que: 4) l’astre eclairant est plus haut sur l’horizon ; b) le ciel est plus serein et l’astre moins voil& par des nuages ; c) la surface du lac est moins agitee par les vagues. La grande difference de regime dans la transparence des eaux entre l’6t6 et l’hiver, difference qui est en sens inverse de l’intensit& de l’&clairage, provient essentiellement des poussieres aquatiques en suspension dans l’eau; elles sont toutes de nature organique (?). J’attribue la plus grande abondance, en &te, de ces poussieres aquatiques, au plus grand developpement de la vie organique, soit dans le laec, soit dans ses affluents, soit sur la terre; la vie etant plus active, les debris de la vie sont plus nombreux, et les poussieres organiques se trouvent en plus grand nombre dans le lac. () Une trös-belle serie d’experiences sur la transparence de l’eau a &t6& commencee en 1884 par une commission speciale de la Societ& de physique de Geneve, sous la prösidence du professeur L. Soret. Ces recherches ont etudi& dans le port de Genöve la limite de visibilit6 d’un corps &clairant regarde horizontalement ä travers les couches sup6rieures de l’eau. Les r6sultats, jusqu’ä present publies (cxuvır) semblent parfaitement d’accord avec ce que j’avais trouv& sur la nature de l’opacit& de l’eau, düe essen- tiellement ä des poussieres en suspension dans le liquide. (°) Je ne parle pas ici du trouble caus& par les vagues ou par un torrent deborde, qui salit le lac & son embouchure, et souvent fort loin de cette embouchure; ces poussieres minerales, plus lourdes que l’eau, ne tardent pas & se deposer, et n’alterent que tr&s-temporairement la limpidite du lac, Fi, Il est aussi un fait concomitant qui explique la plus grande abondance des poussieres en suspension pendant l’ete que pendant l’hiver, c’est la stratification des densites, r&sul- tat de l’&chauffement des couches superficielles de l’eau. L’eau ne garde en suspension entre deux eaux que les poussieres ayant exactement la m&eme densite qu’elle. Toutes celles qui sont plus lourdes, tombent au fond, celles qui sont plus legeres viennent ä la surface. Or en te, par suite de la stratification thermique, qui occasionne une stratifi- cation des densites de l’eau, des la surface oü les eaux sont les plus legeres au fond oü elles sont les plus lourdes, entre ces deux extrömes de densites, il y a une foule de pous- sieres qui trouvent une couche dont la densite est egale ä la leur, et qui peuvent ainsi rester en suspension; en hiver au contraire, par suite de l’uniformit6 de la temperature au fond et & la surface, iln’y a dans l’eau du lac qu’une senle densite, et par eonsäquent une seule classe de poussieres capables de flotter entre deux eaux. Ges deux causes ('), plus grand developpement de la vie organique en &te, et plus grande diversit6 des densites de l’eau, expliquent la plus grande abondance des poussieres flottant dans l’eau, et par suite la moins grande transparence du lac pendant l’ete. La lumiere etant absorbee A mesure qu’elle penetre plus profondement dans l’eau, il doit arriver un point oü toute la lumiere est absorbee et ou regne l’obseurite absolue. Nos lacs sont-ils assez profonds pour que cette region obsceure soit atteinte ? Nous avons constate que dans le lac Leman un objet blanc &claire disparait & l’ceil sous une couche de 17m. d’eau au maximum. Le rayon lumineux, reflechi par l’objet blanc, est revenu & l’eil apres avoir traverse au moins 17 m. d’eau en descendant et 17 m. d’eau en remontant, total 34m. Pouvons nous en conclure que la profondeur de 34 m., dans les beaux jours de fin d’hiver, soit la limite absolue de la penetration de la lumiere dans notre lac; autrement dit, qu’un animal, vivant & la profondeur de 35 m., soit dans l’obseurite absolue, l’obseurite impenetrable d’une caverne? Je ne le pense pas. Il est probable qu’& cette profondeur, et bien plus bas encore, il doit penetrer, pendant le jour du moins, une certaine quantite de lumiere, qui doit eclairer ces regions comme le cre&- puscule, ou la demi-lumiere, demi-obscurit& de nos nuits de la surface de la terre. Pen- dant la nuit la lumiere n’est pas assez intense pour permettre de distinguer les objets eloignes ; notre weil ne separe pas des masses tres-peu Eclairdes et qui ne se differeneient (°) Jai deja re&fute ailleurs (xcıx) l’opinion fort göneralement röpandue que l’opaeit6 des eaux de l’et& serait due aux eaux laiteuses des torrents glaciaires. Ces eaux sont trop froides pour rester ä la surface du lac; les eaux du Rhöne, en &t6, ont une temp6rature qui varie de 6° ü& 12°; pendant ce temps la couche superieure du lac est entre 15° et 25° de chaleur; sans parler du limon min6ral qu’elles tien- nent en suspension, par le fait m&me de leur temp6rature plus froide, les eaux du Rhöne sont plus lourdes que celles du lac; elles descendent done le long des talus du delta du fleuve, jusqu’ä une profon- deur de 40 & 60 ou 80 metres, et s’y 6talent en nappe horizontale entre deux eaux. Elles ne se melent done pas & la couche sup6erieure des eaux du lac et n’interviennent en rien dans ce trouble de l’et& qui rend invisible tout objet plong& & quelques mötres de profondeur, que par des fractions tres-faibles d’illumination. Mais nous y voyons encore assez pour distinguer des objets rapproches; meme dans les nuits les plus obsceures nous arrivons encore & nous diriger. Je suppose qu’il doit en &tre A peu pres de m&me dans les pro- fondeurs moyennes de nos lacs; pendant les heures oü le soleil est sur l’horizon, il doit y regner une demi-obseurite analogue & celle de nos nuits nuageuses. Jusqu’& quelle pro- fondeur ce reste de lumiere penetre-t-il encore ? Je n’ose pas le supputer. Mais nous con- staterons bientöt que l’action chimique de la lumiere sur le chlorure d’argent se fait sen- tir jusqu’a 100 m. de profondeur. Or nous savons que notre retine est capable de dis- cerner des objets alors m&me que la lumiere n’est pas assez intense pour impressionner le chlorure d’argent. Il est done possible que notre il puisse encore y voir & une profon- deur plus grande encore. Quant au nerf optique des animaux, quelle est sa sensibilit€ comparde au nötre? c’est que nous sommes absolument incapables d’apprecier, pour le moment du moins. Dans le regime d’ete les poussieres organiques en suspension dans l’eau, qui font reduire la limite de visibilit6 & la profondeur de 5 & 6 m., doivent encore diminuer ces restes de lumiere et augmenter l’obscurite. Ce doit &tre, dans le lac, A la fois l’effet d’un nuage et celui d’un brouillard dans notre atmosphere, qui d’une part arrötent la vision distinete des objets &loignes, d’une autre part diminuent notablement l’intensite de l’&clairage. Je conclus qu’au point de vue de la lumiere, qui se traduit pour les animaux par la facult& de voir les objets exterieurs, il doit regner dans les regions tres-profondes des lacs (200, 300 m.) une obscurite absolue ou presque absolue, que dans les regions moins profondes, 50—200 m., on y trouverait une demi-obseurite, analogue A celle de nos nuits atmospheriques, que dans la region superieure seulement, jusqu’& 20, 30 ou peut-ötre 50 m., il doit y avoir assez de lumiere pour permettre une vision plus ou moins nette et distincte. La limpidite des eaux varie notablement d’un lac & l’autre. Je n’ai malheureusement pas d’observations preeises qui me permettent une comparaison numerique entre les eaux du Leman et celles des autres lacs Subalpins; mes notes indiquent, pour tous les autres lacs oü j’ai fait attention & la transparence des eaux, une limpidite inferieure A celle du Leman. Les eaux du Leman sont cependant loin d’&tre les plus claires. Sans parler des eaux de la Mediterranee ou le P. Secchi a suivi son disque blanc jusqu’& 42.5 m. de profon- deur, et de l’oedan atlantique ou L. F. de Pourtales a distingue des objets 6elaires jus- qu’a 50 m., je n’insisterai que sur un seul chiffre, parcequ'il vient aussi d’un lac d’eau douce. Dans le lac Tahoe (!), Sierra Nevada de la Californie, le professeur John LeConte (') Les dimensions du lac Tahoe sont: longueur 35 km., largeur 20 km, superficie environ 500 km. carres; la profondeur maximale connue 501 m., son altitude 1905m.; sa temperature A la surface en aott 1373, 19.5%. Il est situ& sous le 39 lat.-nord. FETT a a Die 2 Be DI a a trouve, le 6 septembre 1873, la limite de visibilit€ par 33 m. de profondeur(xt). C'est une profondeur 4 & 5 fois plus forte que celle que j’ai constatee dans le lae Leman, oü mes observations pour le mois de septembre donnent en moyenne une profondeur limite de visibilit6 de 6.8m. Je n’ai pas les el&öments suffisants pour expliquer une telle difie- rence dans la transparence, mais je suis porte ä l’attribuer & la composition chimique des eaux (?). Couleur de la lumiere. L’eau des lacs reflechit une couleur bleue ou verte. Quelle est la couleur transmise? Quelle est la couleur de la lumiere dont jouissent les habitants des lacs? Cette couleur est la m&me que la couleur de la lumiere reflechie. Je l’ai con- stat& directement dans le lact Leman, le lac bleu par excellence, en me plongeant sous l’eau A quelques metres de profondeur en plein lac et en me voyant Eclaire de toutes parts d’une brillante Jumiere bleue, dont je ne puis donner une meilleure idee qu’en la compa- rant A la lumiere azuree que l’on admire dans les grottes creusees dans la glace d’un glacier. Les experiences de laboratoire montrent la couleur bleue du rayon lumineux qui a traverse une epaisseur suffisante d’eau ; elles confirment mon observation (?). La lumiere qui eclaire la region superieure des lacs, et penetre plus ou moins dans la profondeur, a done la m&me couleur que la lumiere refl&chie par la masse du lac. Cette couleur est assez differente d’un lac A l’autre. Voiei quelle est la conleur d’un certain nombre de lacs Subalpins telle que je l’ai appreciee en naviguant sur leurs eaux, de 1874 & 1883. Je designe les nuances par les qualificatifs dleu, bleu-vert, vert-bleu, vert, suivant que la teinte &tait plus ou moins bleue ou verte. Quelques uns de ces lacs sont qualifi6s de deux nuances differentes: c’est le fait de deux appreeiations differentes faites dans divers voyages. Lac. Couleur des eaux. Bourget bleu-vert Annecy bleu Leman bleu (') I. Le Conte attribue cette plus grande limpidit6 des eaux du lac Tahoe ä l’absence de veritables glaciers ä la source des affluents de ce lac; les masses de neiges, qui persistent toute l’annde dans les gorges profondes de la Sierra Nevada, sont & l’6tat de nev6, et ne fournissent pas de veritables eaux glaciaires. (in litt. 9 avril 1884). () Ne soyons cependant pas trop affırmatif; les exp6riences de laboratoire signalent la couleur bleu-azurde du rayon lumineux transmis A travers une couche suffisante d’eau pure, d’eau distillee avec des precautions infinies. Sitöt que la moindre impuret6 souille l’eau, le rayon transmis prend des teintes vertes et möme jaunes. Voyez ä ce sujet les &tudes r¢es de Spring (exxvır), Le Conte (xt) et Soret (exxvum). Lorsqw& l’aide d’un miroir, plonge dans l’eau sous un angle de 45°, je regarde la couleur de la lumiere transmise ä la surface du lace L&man, je lui voit une teinte bleue-verte ou verte-bleue, bien differente de la couleur bleue pure du rayon vertical. Lac. Couleur des eaux. Joux vert Neuchätel bleu-vert ; vert-bleu Morat vert Bienne vert-bleu Thoune bleu-vert; vert-bleu Brienz vert IV-Cantons vert-bleu Walenstadt vert-bleu, vert Zurich vert-bleu; vert Constance vert-bleu Majeur vert-bleu B. RAYONS ACTINIQUES. Les rayons chimiques, qui dominent dans la partie la plus refrangible du speetre solaire, ont une grande importance pour la vie; leur action preside au developpement des chromophylles chez les plantes, et & celui des pigments chez les animaux. Ges rayons actiniques sont absorbes par l’eau, et ils cessent d’agir & une profondeur determine, variable avec les conditions; e’est ce que j’ai demontre par le moyen de la methode photogra- phique. Mon manuel operatoire (Mat. VII) est le suivant: Je porte une feuille de papier sensibilise au chlorure d’argent, en la protegeant contre la lumiere, jusqu’au point du lae oü je veux experimenter; l& j’attends la nuit; je place alors la feuille sensibilisee dans un appareil convenable, que je descends dans le lac, et que je laisse reposer sur le fond & une profondeur que je mesure. Une boude me permet de le retrouver plus tard, et je vais le relever, de nuit aussi, apres une ou plusieurs fois 24 heures d’exposition dans le lac. L’appareil est dispos&e de telle sorte que le papier sensibilise est soumis & l’action de la lumiere sur une moiti6 seulement, qui n’est couverte que par une lame de verre transparent, tandis que l’autre moitie est masquee par un e&cran opaque, et reste non-impressionnee. Si les rayons solaires ont agi, le papier est color& en brun dans la moitie non-protegee, et il est d’autant plus colore que l’action actinique a &t& plus energique. Je fixe alors l’epreuve avec l’hyposulfite de sodium, et je la conserve pour la eomparer & loisir avec d’autres epreuves prises dans d’autres conditions, ou avec une &chelle de tons. Voiei les resultats des exp6riences que j’ai faites par cette methode en 1873 et 1874; l’effet photographique est indique par les numeros d’une chelle allant de 0 pour l’effet nul, & 100 pour l’effet maximal, chaque numero de l’&chelle correspondant & V’effet pro- duit par l’exposition A l’air, en plein soleil de juillet, pendant 5 secondes de temps. b) Ete Hiver nf „| Effet photo- ‚| Effet photo- Date Profondeur näoligne Date Profondeur ee 23 juillet 1873 2m. 100 22 decembre 1873 40 m. 5 30 juin » 27. 1.5 23 ) » 50 7 11 juillet » 40 1 23 fevrier 1874 50 20 21 juillet » 50 0 20 janvier » 68 0.6 25 juin » 60 0 15 fevrier » 30 0.4 8 mars » 93 0.2 Si j’appelle limite d’obscurite absolue la profondeur & laquelle les rayons solaires, agis- sant pendant un jour au moins, cessent d’impressionner le chlorure d’argent, cette limite sera d’apres ces experiences, approximativement &: 45 m. de profondeur pendant l’ete ('). 100» » » » Yhiver. Il y a done pour l’action chimique, aussi bien que pour l’action Jumineuse des rayons solaires, une absorption energique par l’eau des lacs, et on peut admettre que, dans la region tres-profonde des laes, il regne au point de vue actinique une obscurite absolue, une attenuation complete de l’action chimique de la lumiere. Quant aux variations de la limite de cette obseurit& absolue, qui est plus profonde en hiver qu’en 6te, je dois les attribuer & la möme cause que les variations de la lumiere, essentiellement & la plus grande abondance des poussieres organiques en suspension dans l’eau, qui, pendant l’ete, forment, surtout dans les couches superieures du lac, de veritables nuages, arr&tant ou absorbant les rayons lumineux. () Mon ami, le Dr. Asper de Zurich a, le 3 aoüt 1881, repet& ces experiences photographiques dans le lac de Zurich (ec). Il a plong6 pendant 24 heures, -& des profondeurs de 40 et 90 m. des plaques photographiques d’&mulsion au bromure d’argent. Ces plaques, m&me les plus profondes, ä& 90 m., ont 6t& fortement impressionndes. De nouvelles exp6riences faites par le möme auteur dans le lac de Walen- stadt jusqw’ä 140 m. de profondeur ont donn& le m&me r6sultat (iv). Cela d@emontre la penetration des rayons actiniques & une profondeur beaucoup plus grande que celle indiquee par mes exp6riences. Cela etait du reste A prevoir, 6tant connue la sensibilit& prodigieuse de ces plaques. Je n’ai pas repet& ces exp6riences, car, röflexion faite, je pröfere encore la möthode des papiers au chlorure d’argent. Les pla- ques d’ömulsion au bromure d’argent sont trop sensibles; j’ai constate qu’elles sont affeetees par une minute d’exposition & la lumiöre des etoiles. Puis, l’effet photographique sur deux plaques differentes est diffieilement comparable, en raison de la man@uvre intermediaire du developpement, dont il est im- possible de regler l’action d’une maniere absolue. De nouvelles experiences faites sur le lac Löman par le prof. H. Fol de Geneyve, pendant l’ete de 1884, confirment les recherches d’Asper; elles montrent, par l’emploi des plaques au bromure d’argent, une pen6tration beaucoup plus profonde de la lumiere que celle que m’avait donnde l’emploi des papiers au chlorure d’argent. Des plaques descendues & 170 m. ont 6t& impressionndes par la lumiere (cxt). On sait que l’intensit6 maximale de l’action chimique dans les diverses parties du spectre est differente suivant la substance exposce aux rayons lumineux; on sait, par exemple, que les sels d’argent sont affectes au maximum dans le violet, et l’ultra-violet du spectre (E. Becquerel), tandis que la chlorophylle vegete le plus activement dans le rouge, l’orange et le jaune, qu’elle vegete faiblement dans le bleu, et peu ou pas du tout dans le vert (Th. W. Engelmann). Il n’y a done pas moyen d’appliquer & une substance sensible queleonque, ä la chlorophylle par exemple, les chiffres absolus obtenus par l’ex- perience avec le chlorure d’argent pour la limite de l’obseurite actinique. S’il est permis de conclure par analogie, il est probable que, dans l’eau bleue ou verte de nos lacs, cette limite sera moins profonde pour la chlorophylle que pour les sels d’argent. $ V. Composition chimique de l’eau. Lac L&man. Nous possedons un certain nombre d’analyses de l’eau du laec Leman. Voiei celles qui sont & ma connaissance: 1° Analyses de Tingry (!) faites sur de l’eau puisee ä& Geneve le 1” fevrier et le 5 aoüıt 1808 (xım). 2° Analyse de Ste-Claire Deville, faite sur de l’eau puisce pres de la machine hydrau- lique de Geneve, le 30 avril 1846 (xıv). 3° Analyse de L. Michaud. Eau du lac prise en dehors du port de Geneve, le 25 fevrier 1854 (xy). (1) Voiei les chiffres originaux de Tingry. Ils sont en general reproduits d’une maniere incomplete ou erronee: Dans 50 livres, poids de marc. 1°° fevrier 5 aoüt Temp6rature de l’eau, echelle commune . . .„ | 11° 18° Temperature de Pair exterieur. . . 2 2... 7 16.6° Gaz denu6 de gaz acide carbonique . ... . . | 16.5 pouces | 19.5 pouces Partie extractive, resineuse . . -» 2.2... 3.5 grains 3 grains @ärhonatentleichnuen nn. ee 2 „ SU) Carbonate de magnäie . » . . 2 2 2... 3 5 8:00 IMTmiateruesmagnesieer ne So E, 45S%, SUlEStewder cHauRs ee, Mae ar a nen 19 = 13:34 >, Bullstendesmarnestehr Sile u agn 16 y 16 5 ATDTISLRTIICAUSDRSER ee gg ee ae 1 n 006, Total des produits sans les gaz: de 50 livres deau. . . . 2.2.2... |1gros2grains|1lgros 6.5 grains desı25 77 A BEN EHER 6 2 grains 3grains 4° Analyse du professeur G. Ville ('), date inconnue, avant 1870 (xvI). 5° Analyse E. Risler et J. Walter. Eau recueillie le 13 septembre 1872 devant Nyon en plein lac (xvı1). 6° Analyses Lossier (xyIır) au nombre de quatre, ä savoir: No. I. Eau prise & la machine hydraulique de Geneve, le 30 janvier 1878. No. II. Eau prise & la jetee du port de Geneve, le 21 avril de la m&me annee. No. III. Eau prise au m@me endroit le 31 mai. No. IV. Eau prise & la machine hydraulique le m&me jour. 7° Enfin j’indiquerai une analyse faite par le Dr. R. Brandenbourg, & Lausanne, sur de l’eau puisce dans le laec, devant Ouchy par 250 m. de profondeur, le 26 juillet 1877, (Mat. XLIV); je reviendrai plus loin sur cette analyse. Ces travaux sont assez concordants dans leurs resultats generaux. Voiei le residu fixe pour un litre d’eau de ces diverses analyses, et de quelques autres, dont je n’ai que la somme totale. Residu fixe de leau du Leman, par litre, Tinerye Me. lfeymierl808 160.4 nllgr. » ee ae Dkelke 170.177 Ste-Cl. Deville . ....80 avıill 1846 182.0 » L. Michaud . . . .25 fevrier 1854 182.7» id. &X) . . . . date inconnue 176 » GeaVlles er daterıneonnue 186.4 » Risler et Walter . . . 18 septembre 1872 170.0» (‘) Voiei les chiffres de cette analyse que je crois inddite: pour dix litres d’eau Acide carbonique des bicarbonates. . . . . 94 milligrammes 5 " des carbonates neutres . . 341 A Chlore . ER ES Fan See en s Arien su LUcIqe De eg Ri Acide.nitmique, ku ee re eeleAt) 5 Siliees 1a Be bot WE ee ee wen en ee Dee. ; AlumineretlOxydegder ferne Een » CHAUR Te N EEE ENBS = Mapnesion 0 ne ee ee ee LM, 5 Potassor re N A O8 5 OU Eee OA An onTa U SS ee 5 EINE: 2 5 Azote des matieres organiques - » 2.2... 2 E total 1848 milligrammes Residu obtenu par &vaporation » . . » . . 1864 n Lossier 2222225850, janyier 1878 168.3 mllgr. id. ITansn.nkalsavenl » 167.6 » id. Ines sn 2slEmai » RT id. BT, » » 18370 L. Michaud xx) . . . mars 1884 NASE id. (CR Ver) » 176.0» La somme des residus fixes varie de 160 & 186 milligrammes par litre; elle est en moyenne de 175.2 mller. Les differences qui separent ces diverses analyses, au point de vue du residu total, ne sont pas tres-considerables, etant donnee la difference des epoques et des methodes diverses. Elles ne depassent guere celles que nous constatons dans les quatre analyses faites par le möme chimiste, M. Lossier, dans les diverses saisons d’une m&me annee; les chiffres extr&mes qu’il a trouves sont 168.8 et 183.7 milligrammes par litre. Quelle est la composition exacte des eaux du lac? Peut-on de ces analyses tirer des conclusions sur la constance ou variabilit& de la composition chimique du lac? Pour repondre A ces questions, j’ai reclame l’aide de mon cousin, M. Sylvestre Forel, chimiste & Mulhouse, et je l’ai prie de reduire ces diverses analyses & un m&me type, permettant une comparaison. Voici le resultat de son travail: Il laisse de cöt& les analyses Tingry, Michaud et Ville, qwil n’a pas pu ramener au type general adopte par lui. Il accepte comme comparable aux autres l’analyse Branden- bourg, dont nous parlerons plus loin. Il &ecarte pour obtenir ses moyennes definitives les chiffres marques d’un asterisque qui s’eloignent trop de la moyenne des analyses. Il estime les plus süres les analyses de Lossier et celle de Brandenbourg. Le tableau donne les poids en milligrammes par litre d’eau. En ü Tingry | St-Cl. |Ls.Mi-| | Risler Lossier Branden- | Moyenne Nilligrammes par litre OR.» Ville Ka I Fr Deville| chaud Walter I u m Iv bourg |S. Forel Chlor. de Sod, et Pot. * 3.0 * 3.0 2.11* 2.5* 4.9 1.2 2.3 1.8 1.7 1.9 1.7 1.8 Sulfate de Sodium _ —_ 14.1* 421% 20) 14.0] 13.7 4.83] 21.61 24.7] 11.8] 15.0 Sulf. d’Ammoniaque — e _ — |* 05| — |traces| — — |traces| — [traces Chlor. de Caleium |* 9.01)* 9.01 — —_ — _ —_ —_ = _ — _ Nitrate de Caleium | — — |* 69, * 16.2) * 21.2] — 0.5 2.4 0,7 0.4 — 1.0 Sulfate de Calcium |* 83.8] * 68.8| 47.4| * 69.2|* 63.9| 45.7] 51.2] 594 42.4 41.7) 47.21 47.9 Carbonate de Calc. |* 16.6) * 44.6] 74.7)* 16.4* 54.11 744| 66.1] 64.1] 83.8] 84.8] 69.7] 73.9 Carbon. de Magnes.| * 38.8] * 37.8 9.1|* 5.51* 22.5 99| 197) 2251| 234 227 119] 17.0 Silice —_ — |* 23,8* 998 * 3. 1.6 4.0 3.9 1.8 2.2 851 8.7 Alumine, ox. deFer| — — 39|* 3.81* 3.6 1.1 — _ _ _ 0.8 1.9 Mat. organ., pertes | — = — |* 02) — |* 08 149) 145 7.5 87) 13.81 11.9 Total *148.3| #161.7| 182.0) *141.8| *178.1| 148.7) 172.4| 173.4] 182,51 187.1] 165.4 174.1 ” 4 #- ut Ba Les differences assez importantes qui separent ces diverses analyses peuvent tenir: a) & des erreurs d’analyse, ou & des differences de methode. b) & des circonstances locales, suivant la localitE et l’&poque oü les eaux ont dte puisees. c) & des variations dans la composition de l’eau du lac. La masse du lac est tellement considerable que les variations annuelles et acciden- telles doivent &tre bien faibles. Etant donne un cube de 70 mille millions de metres cubes, comme celui que j’attribue au Leman, chaque milligramme par litre, en plus ou en moins dans les matieres dissoutes, repr6senterait une difference de 70000 tonnes de 1000 kilo- grammes dans la masse totale de ces matieres, dans l’ensemble du lac. Il est evident que la predominance aceidentelle de l’un ou de l’autre affluent, dont l’eau, par suite de la composition mineralogique du bassin de r&ception, est charge de plus ou de moins de tel el&ment chimique, doit determiner des changements dans la composition des eaux du lac. Mais ces changements doivent &tre si faibles, qu’on peut admettre que l’eau du Leman est dans un etat de fixit& dans sa composition chimique. C’est ce qu'ont tres-bien montr& les analyses du professeur W. Weith, de Zurich (xxr), qui a fait entrer le lac Leman dans une serie d’etudes sur la composition chimique des eaux de la Suisse. Il determine la quantite d’acide necessaire pour decolorer une solution alcoolique d’alizarine; par un cal- cul fort simple (!) il en conclut & la quantite d’acide cearbonique lie, ou & la quantite de carbonate de caleium, que contient l’eau. Il a repete ces experiences en octobre 1879, au milieu du lace Leman entre Mon- treux et Bouveret, dans le port de Montreux, & 60 m. en avant du chäteau de Chillon, dans le port de Geneve et enfin dans le Rhöne ä Geneve, puis en mars 1880 & 60 m. en avant de Villeneuve, et enfin devant Montreux. Partout il a trouve la m&me compo- sition de l’eau qui contenait: Acide carbonique lie 38.1 milligrammes par litre. Carbonate de caleium 86.5 » IE Dans un seul cas il a trouve une proportion differente c’est dans le port de Ville- neuve, oü il a constate: Acide earbonique lie 49.5 milligrammes par litre. Carbonate de caleium 111.5 » De Mais Weith attribue cette difference aux eaux du torrent de la Tiniere, tres--riches en carbonates, qui se melangent aux eaux du lac pres de la station. Les eaux de la Ti- niere contiennent 150 milligrammes de carbonate de calcium par litre. (‘) Une proportion de !/ıoo de solution d’acide chlorhydrique ä 0.36 pour mille decolore l’alizarine, dans une eau qui contient par litre 0,5 milligrammes de carbonate de caleium, ou 0.22 milligr. d’acide carbonique lie (W. Weith). Er NEO Cette constance de la composition chimique des eaux d’un lac est aussi bien de- montree par une serie de 24 analyses faites par Weith sur les eaux du lac de Zurich (xxr), dans tous les mois de l’anndee 1879 & 1880. La proportion de carbonate est restee d’une eonstance remarquable, les extr&mes dans ja quantite de carbonate de caleium etant: Maximum 124.5 milligrammes par litre Minimum 116.0 » » En opposition & cette constance de l’eau des lacs, il a observ& dans les rivieres les plus grandes variations dans la composition de l’eau, & differentes saisons. En voici quel- ques exemples, bases toujours sur la proportion de carbonate de calcium. Rhin des Grisons 14 aoüt 60.5 millgr. par litre. » 14 novembre 98.0 » >» » 2 janvier 108.0» »» » 12 avril 130.0» >» Rhöne & Massongex 8 octobre 68.0 » »» » 9 fevrier 103.0» 9) Quelques exemples montreront aussi la difference de composition des divers affluents d’une möme riviere. Je les choisis parmi les analyses de Weith, dans celles du Rhöne et de ses affluents, tous etudies en octobre 1879. Rhöne Bouveret 72.5 mllgr. de CaCO? par litre. Avencon Bex 160222 » » Salanfe Vernayaz 705 » » ) Trient id. ya » » Tiniere Villeneuve 150.0 » » » Une autre d&monstration de la constance de la composition chimique des eaux lacustres peut se tirer des comparaisons faites par W. Weith des resultats analogues des eaux du lae de Zurich, avec des analyses plus anciennes (xxT). Il nous offre les chiffres des ana- lyses de Moldenhauer, janvier 1857, Wislicenus et Meister, 1866 et 1867, les siennes enfin, 1879 et 1880. Les analyses de 1857 ont et& faites sur de l’eau puisce sous la glace; elles ont donne 54.1 milligr. par litre d’aeide ecarbonique combine. Si l’on prend dans les analyses de Weith celles qui ont et& faites dans les m&mes conditions, lorsque le lac etait gele, on les voit varier entre les extrömes de 54.1 & 54.6 milligr. par litre. C’est presque identique. Les analyses de 1866 ont donne pour l’acide carbonique libre 0.91-& 1.85 c/m?. par litre, soit en moyenne 2.5 milligr. la quantite totale d’acide carbonique 109.4 milligr. et la quantite d’acide earbonique ä l’etat de biearbonates Da) Les analyses de 1879 sont arrivdes pour cette derniere quantit6 presqu’au me&me chiffre 52.3 milligrammes. re En somme de 1857 ä 1880 les eaux du lac de Zurich n’ont pas varie. Dans cet ordre de recherches sur la constance de la composition de l’eau d’un laec je puis encore citer les chiffres qu’a trouves le Dr. O. Meister de Thalweil sur l’eau du lac de Zurich (xxxv]). Residu fixe en milligrammes par litre Duret& de l’eau echelle frangaise apres dessiccation | apres caleination 14 juin 1876 hautes eaux _ 150.4 — juin 1877 ano —_ _ 29 novemb. 1877 122 _ _ janvier 1878 basses eaux ey _ 124 28 mai 1878 hautes eaux - — 117.2 6 juin 1878 inondation — 156 122 30 janvier 1882 tres-bass. eaux ill 156 128 Je conclus de ces recherches que l’eau d’un grand lac est dans un etat de fixite presque complete au point de vue de la composition chimique. Matieres organiques. La recherche des matieres organiques dissoutes dans l’eau du Leman a donne lieu & plusieurs series d’analyses faites par la methode de Kübel, soit la decoloration du permanganate de potasse par les matieres organiques dissoutes dans l’eau. (Voyez pour les series connues la note (!), & la page suivante.) Je donne celles de ces analyses qui se rapportent aux eaux puisees dans le lae ou le port de Geneve, en les enumerant par ordre de date, dans le courant de l’annde. La quantit& de matieres est indiqude en milligrammes par litre, en admettant que le perman- ganate a decolore un poids quintuple de matieres organiques. 30 janvier 1877 mars 1884 » » 6 avril 1882 nl » len » 16 » » et N » A » ai 1877 23 1882 2 mai » Lossier Michaud » Marignac Lossier Marignac » mllgr. 14.9 3.9 6.1 6.95 7.60 8.20 7.62 6.30 5.70 14.5 6.95 8.85 21 mai 26 Sl 24 juin 283» 10 juillet 21 » 29 septemb. » 30 10 octobre ” » 12 decembre » 25 » » 1882 » 1377 1881 » Marignae Hahn Lossier Graebe Hahn mllgr. 6.30 7.6 7.5 15.1 7.2 11.2 23.9 16.2 10.0 6.4 5.6 8.8 en En reunissant ces chiffres, on voit qu’en hiver et au printemps, dans les eaux de surface, la quantit6 de matieres organiques est en moyenne de 7.9 milligrammes par litre; qu’en 6te, elle est en moyenne de 12.9 milligr. par litre d’eau; que la proportion varie ainsi notablement de l’ets A l’hiver. Cette variation est interessante ; elle meriterait d’etre mieux constatee, afin que l’on püt rechercher si la cause en est dans la plus grande ac- tivite de la vie organique pendant l’ete, ou bien dans le melange des eaux profondes, qui arrivent en hiver ä la surface par suite des eourants de convection thermique (?). Gaz dissous. Quant aux gaz dissous dans l’eau du Leman, voiei les chiffres que nous donnent les analyses d’eau de la surface, exprimes en centimetres cubes par litre. Je les enume®re par ordre des temperatures de l’eau. Temp6rature Oxygene Azote Ac. carbonique e/m3., c/m3, e/m3, Amlersei Walter... 0... 0... 19.6° 6.80 11.87 2.88 BRGSNICRBETVESERE ne = 10.0 5.62 13.67 12.04 » 1 ERS TEE RR 9.7 9.50 17.35 9.90 » LS EEE 9.5 4.98 13.71 12.52 Se-Glaire Deville . . : '. . .» 8.7 8.4 18.4 8.0 Lister. AR NR Er EEE 6.6 10.38 17.16 4.61 BEER EEE RN Te a a eh ? 9.0 15.5 9.7 L’eau de la surface est en rapport tellement intime avec l’air que l’on peut la croire saturdce. C'est ce qui a lieu en effet. D’apres la formule de Bunsen l’eau en contact avec l’air atmospherique, par une pression de 730 m/m. de mercure (pression moyenne & la surface du L&man) contiendrait A saturation, en centimetres cubes par litre: (*) Je connais les söries suivantes: Lossier. 6 analyses du 30 janvier au 31 mai 1877 (cr). C. Graebe et Ph. Guye. 22 analyses du 24 juin au 12 döcembre 1881 (cır). C. Marignac. 18 analyses du 6 avril au 21 mai 1882 (cum). C. Hahn. 8 analyses du 25 decembre 1881 au 26 mai 1882 (cıy). L. Michaud. 2 analyses. 1”° quinzaine de mars 1884 (cv). Voir encore le travail recent de M. Ch. Marignae (cxxxvır). (°) Dans la seance du 17 avril 1834 de la sociöt6 de physique et d’hist. nat. de Geneve, M. le prof. Ch. Marignac a lu un travail sur les matieres organiques contenues dans l’eau du lac Leman (exxxı, exxxvu): d’apres ces recherches, les variations paraissent en rapport avec la hauteur du lac. La quantit& de matiöres organiques, revelöes par le permanganate de potasse, a vari6: dans les extr&mes de 2.10 & 9.15 millgr. par litre dans les moyennes mensuelles de 3.55 a 8.35 ’ an la moyenne generale &tant 9.55 5 as Kr 5 Er 4a Oxygene Azote Acide carbonique Eee NL ee er 0 7.3 13.6 0.6 ER a N ae 6.5 12.2 0.5 200 een en 3.7 10.7 0.3 En comparant ces chifires aux resultats des analyses, je constate que ces dernieres indiqueraient un etat de saturation et souvent m&öme de sursaturation pour l’oxygene et pour l’azote, et un exces enorme pour l’acide carbonique ('). Eau des profondeurs. Cette composition de l’eau de surface se maintient-elle dans les profondeurs du lac, ou bien varie-t-elle et de quelle maniere? A priori on peut dire que la composition de l’eau doit peu varier dans un lac, des la surface vers les profondeurs. En effet, ce que nous savons de la temperature nous prouve qu’il y a, en hiver, eirculation thermique ou convection de la surface jusqu’au fond du lac, que par consequent la densite de l’eau des grands fonds ne peut etre differente de celle de la surface; que, par consequent aussi, l’eau des grands fonds n'est pas autre chose que de l’eau de surface transportee, mecaniquement ou par convection thermique, au fond de la cuvette du lae. Au point de vue des substances inorganiques dissoutes, la difference ne peut &tre grande; elle doit &tre nulle. Pour ce qui regarde les matieres organiques dissoutes, il est possible que l’on y trouve une certaine difference. En effet les faits de convection thermique et me&canique, qui amenent l’eau de la surface dans les grands fonds, n’ont lieu que dans l’automne et l’'hiver; par consöquent pendant tout le printemps et l’ete, l’eau est immobilisee dans les cou- ches inferieures du lac; d’une autre part, si l’hiver est peu froid, la convection thermique n’agit que sur les couches superieures, et ne descend pas jusqu’aux plus grands fonds du lac. D’apres cela l’eau de la region profonde reste, au moins pendant six mois chaque annee, et celle de la region tres-profonde souvent pendant une ouplusieurs anndes, sans rapports avec la surface. Pen- dant ces periodes de repos, les matieres organiques dissoutes dans l’eau demeurent en (!) Voici quelques chiffres un peu divergents des pr&cedents; je les donne ici A titre de renseigne- ments. Le Dr. Pauly (xcır) recueillit les bulles de gaz qui perlaient sur les pierres et vegetaux de la region littorale du lac de Ferchen, et il soumit cette masse gazeuse A l’analyse du Dr. Tappeiner de Munich. Celui-ci constata la proportion suivante: Azote 834 Oxygene 166 Acide carbonique traces 1000 J’avoue ne pas trös-bien comprendre ce qu’stait ce m6lange gazeux. Si c’etait le gaz dissous dans Peau il aurait dü contenir plus d’acide carbonique. Si c’etait le gaz exer&t& par les plantes vegetant sous l’eau il aurait dü contenir moins d’azote. u contact avec l’oxygene de l’eau; elles sont oxydees et doivent disparaitre. La proportion des matieres organiques doit etre dans ces conditions plus faible dans les grands fonds quw’ä la surface ()). Quant aux gaz dissous, les m&mes raisonnements, qui nous font considerer l’eau du fond comme e6tant identique & l’eau de surface, nous font eroire que les mömes gaz doivent s’y trouver, ou ä peu pres, dans les m&mes proportions. Mais lä aussi la proportion de ces gaz doit &tre modifide par les phenomenes de combustion des matieres organiques dis- soutes dans l’eau et par les phenomenes de respiration animale (*%). Il doit done y avoir probablement, relativement ä la surface, defieit d’oxygene et exces d’acide carbonique. Telles sont les probabilites; elles sont verifi6es par les analyses que nous possedons de l’eau des grands fonds du lac. La premiere est due au Dr. R. Brandenbourg. Elle a porte sur de l’eau puisee par moi-möme, devant Ouchy, le 26 juin 1875. (Mat. XLIV.) Eau du Leman. 250 metres de profondeur devant Ouchy (dans un litre d’eau). SiO, 8.5 milligr. SiO, 8.51 milligr. Al, O, Urs N On, AN 0, le Ca 42.1 » CaoO 58.95» Mg 34 >» MsO 5.64 » Na 380 Na, O 5.15» so, 40.4 » K, O 0.92 » Cl 0.8 >» SO, 33.64 » CO, So Cl 0.79 » NO, 0 » 60, 37.019 CO, libre 26.6 c/m? mat. org., pertes 13.8 » 165.66 milligr. Comparees avec les chiffres de l’eau de surface, les valeurs trouvees par Branden- bourg pour l’eau des profondeurs ne different que peu, les differences ne depassant pas Vincertitude de telles analyses. S. Forel, dans le travail ei-dessus indique, a juge ces analyses parmi les meilleures que nous possedions des eaux du Leman. Les substances minerales dissoutes sont done les mömes, et dans les m&mes propor- tions, au fond et A la surface. Les analyses de W. Weith sur l’eau du lac de Zurich confirment cette constance de la composition chimique de l’eau aux diverses profondeurs. Voici les quantites de carbo- nate de caleium qu'il a trouvdes en novembre 1879 (xxT): (1) De lä peut ätre la plus faible proportion des matieres organiques dans les eaux d’hiver, qui sont des eaux du fond ramen6es ä la surface par la convection thermique de l’automne et de l’hiver. (*) La vie vegetale est nulle dans les grands fonds. J ® Fe we er ee Zurich surface 117.5 milligr. par litre Herrliberg 20 m.deprof. 117.0 » N) » 40 » 117.5 » » » Pour les matieres organiques contenues dans les eaux de la profondeur du Leman, nous ne pouvons pas les appreeier, analyse Brandenbourg, ni aucune analyse ä moi con- nue, ne les ayant separees. Quant aux gaz dissous dans l’eau profonde, nous ne possedions jusqu’A present qu’une seule analyse. Elle a ete faite par M. R. Brandenbourg sur de l’eau puisee le 1” avril 1876 par 200 m. de profondeur, devant Morges (Mat. XLIV). Voici les quantites de gaz, en c/m? par litre, reduites ä& 0° et & 760 m/m. de mercure de pression. Oxygene 2.3 c/m? par litre Azote ee) » » Aecide carbonique 20.6 » DE La somme des gaz est de 30.6c/m?. soit A peu pres la m&me quantit& que dans l’eau de surface. La moyenne des analyses Risler, Ste-Cl. Deville et Lossier donne 31.3 c/m?. Quant aux proportions des gaz voici ces chiffres, compares aux extr&mes des me&mes analyses. 0 N co, Eaux de surface Maximum 10.4 18.4 12.5 » )) » Minimum 5.0 11.9 2.9 Eaux du fond (Brandenbourg) 2.3 Toll 20.6 D’apres cela dans les eaux de la profondeur il y aurait defieit d’oxygene et d’azote et grand exces d’acide carbonique. Je dois & l’obligeance du professeur J. Walter, chimiste cantonal A Soleure, commu- nication d’une serie tres-interessante d’analyses des gaz contenus dans l’eau du lac & dif- ferentes profondeurs (Tv). Il l’a extraite, en ma faveur, d’un travail d’ensemble sur la composition chimique des eaux du lac Leman, travail dont la publication ne se fera pas longtemps attendre. Cette serie se rapporte & de l’eau que nous avons puisee le 30 no- vembre 1880, devant Ouchy, & l’aide d’une bouteille de l’invention de M. Walter. Voiei les quantites qu’il a trouvdes, exprimees en centimetres eubes de gaz par litre d’eau: Profondeur Temperature {0} N CO, Total Om. 935 6.85 14.96 2.85 24.66 60 Tot 7.46 15.74 2.90 26.10 100 9.9 6.78 15.03 6.64 28.45 150 4.9 6.98 14.61 6.22 27.81 200 4.8 7.62 15.88 9.99 29.05 300 4.7 7.08 15.94 5.28 28.30 WAReTLZ. Ges chiffres venant du m&me chimiste, caleules par la m&me methode, sont parfaite- ment comparables. Voiei les prineipaux resultats de cette comparaison: 1° La quantite d’oxygene ne varie pas sensiblement des la surface aux grands fonds. 2° La quantite d’azote est & peu pres la m&me dans toute l’epaisseur du lac. 3° La quantite d’acide carbonique, faible ä la surface, atteint son maximum A 100 m., ou elle est plus du double de la quantite de la surface; & partir de 100 m., elle decroit regulierement jusque dans les plus grands fonds. La faible proportion de l’acide carbonique, dans les echantillons d’eau de la surface et de 60 m., s’explique faeilement par des phenomenes de convection; au 30 novembre l’eau de la surface etait descendue par convection, ensuite du refroidissement autom- nal ('), jusquw'ä plus de 60 m. de profondeur. L’eau que nous prenions & 60 m. etait done de l’eau qui venait de la surface, oü elle avait et en contact avec l’atmosphere et oü elle s’etait debarrassde de l’exces de son acide carbonique. Quant A la diminution de la quantite d’acide carbonique, & partir da maximum & 100 m. jusqu’aux plus grands fonds, je suis dispose & l’attribuer ä la moins grande richesse de la faune profonde dans les tres-grands fonds; l’acide carbonique, dü essentiellement & la respiration animale, doit etre produit en plus grande abondance la oü la faune est la plus nombreuse. Un fait qui parle en faveur de cette interpretation, e’est l’accroissement inverse de la quantite d’oxygene dissous dans l’eau, dans les &chantillons de Walter de 100, 150 et 200 m.; malheureusement la demonstration n’est pas complete et cet argument est infirme par le chiffre de l’oxygene dans la derniere analyse, celle de 300 m., dont la quantite d’oxygene est plus faible, au lieu d’&tre plus forte que celle de l’echantillon de 200 m. Quoiqu’il en soit, on voit par ces premiers chiffres le grand interet du travail de Walter, et nous attendons avec une l6gitime impatience la publication de ses resultats entiers, et des nombreuses analyses qu’il a faites dans cet ordre de recherches. — Pour la composition chimique des eaux des autres lacs suisses, j’ai pu reeueillir fort peu de renseignements. Voiei d’abord une serie de chiffres comparables entr’eux, determinds par le professeur W. Weith de Zurich (xx1). Il a recherche la quantit@ d’acide carbonique dissous dans l’eau, soit sous la forme d’acide carbonique, soit sous la forme de carbonate. Les chiffres sont indiques en milligrammes par litre. Outre les grands lacs de la plaine, Weith nous donne les m&mes valeurs pour quelques lacs de montagne. (') Cela est prouv6 par l’&tude des temperatures; les sondages thermom6triques, que j’ai faits ce Jour-lä, ont donn& ä& 50m. comme ä 60m. la mö&me temperature, 7.7°. Cette uniformits de temperature ne peut ötre düe qu’ä des faits de convection automnale, Ac. carb. Carbonates Altitude | Ac. carb. |Carbonates Lacs de plaine: | Laes de montagne: Lac Majeur 15.6nlle.) 35.5nllg.) Lac de l’hosp. St-Gothard 2090 m.) 0.2mllge) 0.5mlle. » Brienz 29.9 63.0 Lago oscuro » 2090 | 1.2 3.0 » Leman 38.1 86.5 Silzersce, Engadine 1796 |15.2 34.5 » IV-Gantons 38.1 86.5 Silvaplana, » 1794 19.1 43.5 » Thoune 39.6 90.0 Laghetto, San Bernardin |2060 44.0 100.0 » Walenstadt 41.8 95.0 Cauma pres Flims 1000 48.6 110.5 » Lugano 47.1 107.0 Arosa superieur 1740 [49.1 1111.5 » Constance 52.1 [118.5 | Aegeri 726 192.8 . 120.0 » Zurich 52.8 1120.0 Heidesee (Lenzerheide) 11493 64.7 147.0 » Zoug 53.9 [122.5 » Neuchätel 57.6 [131.0 » Bienne 73.3 |166.5 » Morat 98.6 224.0 Lac de Neuchätel. M. le prof. Dr. O Billeter de Neuchätel, a eu l’obligeance de me communiquer les resultats de deux analyses partielles faites sur les eaux de son lae. Elles portent: a) Eau du 20 novembre 1882, puisce A 1 km. en avant et & 60m. de profondeur. b) Eau puisce le 22 novembre 1883 pres du bord & 3m. de profondeur. a b Residu d’evaporation ä& 120° . . 165 mller. (?) 250 mllgr. par litre Residu de ealeinatin . . . . . 120 » . 144 » Azotatesletrazotites Fear. aD) Ammonlaquen a er traces Sulfates et chlorures . . . . . presque 0 Carbonates terreux 00, Ca . . . 113.5 » L’analyse ei-dessus mentionnee de W. Weith donnait pour les carbonates le chiffre de 131 milligrammes par litre. Une analyse des eaux du lae de Neuchätel a donne & Michaud, 281 milligrammes par litre de residu fixe (xIx). Un rapport d’experts en 1883, evalue la proportion du carbonate de chaux & 130 milli- grammes par litre (!) pour les eaux du lac de Neuchätel (Lxvin). (!) Ce chiffre est probablement tir& des analyses de Weith. 2 Burke — Voiei l’analyse des eaux du lae de Zurich d’apres C.-F. Moldenhauer (LxVIm). Sulfate de potassium . . . . 6.3 mllgr. par litre DER SOHUMT, ar Ba 6.9 » Delescalciuume von u: 4.2 » Chlorure de caleium. . . .. las} » Bicarbonate de caleium . . . 1411 » » de magnesium . . 82.0 » Silice TE EEE 9 e 2.9 » Somme 194.7 mllgr. par litre D’apres quelques notes extraites d’un rapport de M. A. Bürkli-Ziegler, l’eau du lac de Zurich presentait les qualites suivantes, en septembre 1867 (LXIX). Surface 12 m. de profondeur Muxetentransitoiren. ne su... 8 ler Ale: ill Er JS) Buretespermanente, > 2 u an 9.9 & 6.9 9.9 & 6.5 Residu fixe (millgr. par litre). . . . 133 146 Parties minerales » le 127 142 Subst. organiques dosees par caleination 6 4 » » dosees p. le permanga- naterdezpotassumen .ı 0... 24 23 — Voiei encore l’analyse des eaux du Rhin puisees & Bäle, en automne, par Pagenstecher (xx). Le Rhin reunissant dans son cours les eaux de l’Aar, de la Reuss et de la Lim- mat, le fleuve est forme par l’ensemble des eaux de la Suisse, au nord des Alpes, ä l’ex- ception de celles qui s’&ecoulent par le Rhöne et I’Inn; c’est en partieulier un melange des eaux de tous les lacs de notre region Subalpine, ä l’exception des lacs Savoyards, du Leman, des lacs de l’Engadine et des lacs Insubriens. Notons cependant qu’ä ces eaux lacustres se me&lent une notable quantite d’eaux terrestres, venant des rivieres, la Sarine, la Thur, ete., qui n’ont traverse aucun lac, venant aussi des ruisseaux qui, au- dessous des lacs, se sont verses dans le fleuve et ses affluents. Ces eaux de rivieres doivent presenter les variations de composition qui font defaut aux eaux lacustres, et la composition des eaux du Rhin doit en &tre influenceee. Quoiqu’il en soit je donne iei les chiffres de l’analyse de Pagenstecher. nn 0} a Eau du Rhin. Carbonate de caleium . . CaCO, 127.9 mllg. par litre. » de magnesium . MgCO, 13.5 » Dice wen er 2.4.8 1 ARDINOS 2.1 » Oxydenderter .. %. ..0 22. Ee2.0, Etraces » Aluminess ne 2.002 = en VAT On Tates » Sulfate de potassium . . K, SO, 15.4 » » de magnesiuim . . MgSO, 3.9 » Sulfate de sodum . . . N2%S0, le » Chlorure de sodium. . . NaCl 1.5 » Matieres organiques . . 3.3 » Somme 169.4 millg. par litre. Pour une somme presque egale de matieres dissoutes, ces eaux sont plus carbonatdes et moins sulfateces que celles du Leman. $ VI. Poussieres aquatiques. Outre les substances dissoutes, les eaux du lac contiennent en suspension des pous- sieres dont la quantit& varie, comme nous l’avons vu ä propos de la transparence A la lumiere. Ces poussieres sont les unes plus lourdes que l’eau et tendent ä tomber au fond, les autres sont plus lögeres et flottent A la surface. Poussieres lögeres. Les poussieres plus legeres que l’eau flottent & la surface. Je signalerai: a) les debris organiques provenant de la dissociation des corps animaux et vegetaux, ayant vecu dans le lac, ou apportes au lac par les affluents ou les vents. Parmi ces derniers je eiterai en particulier les pollens de coniferes qui au printemps sont amenes en nombre immense dans les lacs par l’eau des affluents, et y forment des accumulations de pous- sieres jaunätres designees par les pecheurs sous le nom de fleur dw lac (XLVIn). Les poussieres sont souvent reunies ensemble par la couche de corps gras, que j’ai deerite ailleurs sous le nom de taches d’huile (xxırI). Ces corps gras, dont la pellieule extremement mince, '/2oo00o de millimetre d’epaisseur, suffit & eteindre les rides du vent, reunissent ensemble les poussieres flottant A la surface du lac. b) Outre les poussieres organiques plus legeres que l’eau, l’on voit parfois flotter & la surface du lae, lorsque le temps est tres-calme, des radeaux de poussieres minerales, qui sont soutenues (probablement aussi sur une couche de corps gras) par des pheno- menes de capillarite. Ils peuvent &tre entraines par les courants en plein lac, oü ils sombrent sous l’influence de la premiere vague qui les frappe ; nous les retrouvons au fond du lac. AT Poussieres lourdes. Les poussieres plus lourdes que l’eau et qui tendent ä tomber sur le fond sont entr’autres: a) les poussieres minerales, sous forme impalpable, tenues en suspension par l’eau, et apportees dans le lae par les affluents et torrents debordes, par les eaux glaciaires du Rhöne et de la Drance. b) la vase de la rive ou de la beine, soulevee par les vagues. c) les poussieres organiques animales ou vegetales, cadavres ou debris de cadavres animaux et vegetaux, debris de toute espece entraines par les eaux. Cette poussiere or- ganique a presque la me&me densite que l’eau, aussi flotte-t-elle longtemps entre deux eaux; mais elle s’imbibe progressivement d’eau et finit par sombrer au fond du lae. — Voiei la composition du residu de filtration de quelques litres d’eau puises devant Morges, le 26 septembre 1869, par un temps calme; le trouble de l’eau etait tel que la limite de visibilite etait & 1.2 m. Ce residu etait compose de: a) poussieres amorphes, vase; b) algues, diatomees, vivantes et mortes ; c) debris de vegetaux, epidermes, fibres; d) infusoires et entomostraces vivants (en tres-petit nombre) ; e) debris d’animaux, peau chitineuse de larves d’insectes, carapaces d’entomostraces ; f) produits de l’industrie humaine, debris de fil, etc. Les poussieres aquatiques, inorganiques et organiques, tombent sans cesse au fond du lac, oü elles forment l’alluvion lacustre; l’eau des grands fonds doit &tre, en ete sur- tout, traversce incessamment par ces corps etrangers qui descendent en se balancant, avec des vitesses indgales ; ce doit 6tre un spectacle analogue & celui que nous aurions dans notre atmosphere, si des nuages superposes versaient simultanement sur nous des grains de grele, de gresil, et des flocons de neige. $ VII. Le relief du fond des lacs. Le relief des regions inondees est beaucoup plus simple que celui des regions exon- dees. Les faits d’erosion, qui accentuent le relief de la terre ferme, sont reduits A rien dans le domaine des eaux dormantes; les faits d’alluvion agissent seuls, et remplissant toutes les depressions, suppriment les inegalites. Sauf quelques aceidents düs & la char- pente originale et qui n’ont pas encore &t& combles, la euvette d’un lae a une struc- ture tres-reguliere. Tout lac est en general forme de trois parties distinctes. a) Le littoral, ou region des cötes, constituant les bords du bassin. b) Le talus, les flances, ou parois inclinees, c) Le fond du lae. Le littoral a un relief assez complique, diversifi6 par les caps orographiques et les deltas d’alluvion, qui s’avancent dans le lae et separent les golfes d’erosion ou les fjords (xxIIr). Dans toutes les parties ou l’erosion des vagues agit efficacement, le littoral pre- sente des traits caracteristiques que j’ai etudies dans un memoire special(v1). Quoique cette region n’interesse qu’indirectement la faune profonde, je suis oblige d’en dire iei quel- ques mots. L’alluvion apportee dans le lac par les torrents et celle qui est enlevde A la rive par les vagues, est emportee dans le lac jusqu’ä la limite d’action des vagues, et lä, elle se depose en formant un talus distinet A strates inclinees, qui s’avance progressivement dans le lae. C’est ce qu’on appelle le mont, qui borde en avant la beine ('). Le talus du mont a generalement l’inelinaison maximale des depöts meubles, et il est en etat d’equilibre instable. Aussi lorsque une nouvelle surcharge presse sur son bord superieur, il se produit un glissement de terrain, et une bande plus ou moins large et plus ou moins epaisse descend subitement dans les profondeurs. Les pecheurs ont souvent assiste (A St-Prex, ä Ouchy, p. ex.) ä ces effondrements qui se trahissent par une violente agitation de la surface, et par de brusques degagements des gaz enfermes dans le sol; l’eau se trouble, se charge de debris organiques, qui viennent flotter & la surface. Quand l’eau est redevenue claire, les p&cheurs peuvent constater la solution de continuite, sur le bord du mont, dont un morceau est descendu dans les profondeurs. Nous aurons ä& invo- quer ce phenomene lorsque nous chercherons les moyens de transport des animaux, des le littoral dans les regions profondes du lac. Le talus du lac est plus ou moins ineline suivant la nature des terrains qui forment la charpente du bassin; m&me aux points ou la pente est la plus forte il est loin d’ötre vertical. Ainsi la partie la plus inelinse que je connaisse est celle qui s’etend devant le Nase (?) du lac de Thoune; la pente y a 200 m. de hauteur sur une distance horizontale de 130 m. soit une pente de 155 pour cent(xxIv). A l’ouest de Quinten, au lac de Walen- stadt, on trouve une profondeur de 143m. ä 100 m. du rivage (xxIv); le talus rocheux a, en ce point-lA, une pente de 143 pour cent. Devant le chäteau de Chillon, au lac Leman, ou il y a quelques parois rocheuses, la pente generale qui amene le lac & 80 m. de pro- fondeur descend de 100 pour cent (xxv). Devant Rivaz, au pied des monts de Chexbres et devant le Leucon, entre Meillerie et St-Gingolph, & 500 m. du rivage, la sonde descend ä 245 m. de profondeur, ee qui represente une pente de 50 pour cent (xxIY). L’inelinaison du talus est souvent peu considerable et s’arröte aux pentes de 5, 10, ou 20 pour cent. (') L’on appelle sur le lJac Löman beine la partie horizontale du littoral, recouverte par 2 ü 4 ou 6 metres d’eau qui s’etend entre la greve et le mont. On appelle mont le talus naturel d’&boulement qui borde en avant la beine et qui va se conti- nuer plus profondöment avec le plus grand talus general du lac. (°) Contrefort du Beatenberg entre Merligen et Neuhaus. > Quant au fond du lac il est le plus souvent forme par une plaine parfaitement plane et unie, sans inegalites ou depressions. Le relief a et& Eegalise par les glaciers de l’epoque slaciaire, qui ont supprime les saillies, et les depressions ont &te comblees par l’alluvion. Rien n’est plus uniforme que la plaine monotone du fond de nos lacs. Cette plaine est en general parfaitement horizontale dans une section transversale du lac; elle s’imeline en pente douce des les extremites du lac vers la region mediane, oü est ordinairement le maximum de profondeur. Je donnerai comme exemple de la forme d’un lae regulier les profils en long et en travers du lac de Walenstadt, d’apres la feuille 250 de lratlas Siegfried. (Fig. 3 et 4). Fig. 3. Profil en long du lac de Walenstadt. SI _— Fig. 4. Profil en travers du lac de Walenstadt. / — L’schelle des distances horizontales est de 1: 100,000, celle des profondeurs de 1: 10,000. Voiei une description rapide de la forme generale des grands lacs suisses, de ceux du moins dont j’ai pu me procurer la carte hydrographique. Lae L&man. D’apres les cartes de H. de la Böche (xxv1), de E. Pictet (xxvIr) et de l’atlas Siegfried (xxıy), ce bassin est divise en deux parties fort distinetes (xxvır); le Grand-lae forme la masse prineipale du lac, des son origine aux bouches du Rhöne jus- quw’au detroit d’Yvoire; c’est une grande cuvette, & talus fortinclines dans la partie orien- tale, & talus beaucoup moins raides dans la partie oceidentale. Ces talus aboutissent A la grande plaine du fond qui mesure 60 m. & chaque extremite, et qui s’affaisse par une pente douce de 1 pour cent environ jusqu’& la plaine de plus grande profondeur, grande plaine horizontale de 315m. de fond, situde entre Ouchy et Evian; deux entonnoirs au mi- lieu de cette plaine descendent jusqu’A 324 et 334m. de profondeur. Le Petit-lac est söpare du Grand-lac par le detroit peu retreci d’Yvoire ; sur ce de- troit, le fond se releve en formant une barre de 60 m. seulement de profondeur, puis il s’enfonce dans une cuvette profonde environ de 75m. devant Nyon. Un second seuil entre Coppet et Hermance, un troisicme entre Genthod et Bellerive, separent des cuvettes de moins en moins profondes, qui mesurent 70 et 50 m. Une derniere partie entre Gen- thod et le Bane du Travers de Geneye ne forme pas cuvette, mais s’eleve en pente douce, de 48 & 5m. de profondeur, avec une inclinaison de 0.8 pour cent. as Le lae de Morat (xxıy) a des talus peu inclines. Au point de plus forte pente, devant Guevaux, l’inelinaison ne depasse pas 8 pour cent. Le detail le plus interessant du relief de ce lac est l’existenee, sur la ligne mediane du fond, d’une eröte parallele A la longueur du lae et qui se dirige depuis la rive SW jusqu’äa la moiti6 de la longueur du lac. Cette arte de 10 m. environ de hauteur est relativement assez etroite. Nous allons retrouver des faits analogues dans les lacs de Neuchätel et de Bienne. La plaine du fond du lac de Morat n’a guere que 40 & 45 m. de profondeur ; la profondeur maximale est de 48 m. Le lae de Neuchätel (xxıx) est remarquable ä plusieurs points de vue. La beine, appelede par les riverains blanc-fond, est en general tres-large ; elle mesurait avant l’abais- sement des eaux du lac jusqu’& 1'» km. de largeur sur la rive SE devant Estavayer, Yvonand et Chevroux ; elle depassait 1.5 km. & l’extremite SW du lac pres d’Yverdon et 4 km. A l’extremit6 NE du cöte du lac de Bienne. Les talus du lae sont le plus inelines sur la rive NW du eöte du Jura; le point de plus grande pente, devant la pointe de Bevaix, a une inclinaison de 20 pour cent. Le fond du lac est relativement assez complique par l’existence d’une colline sous- lacustre, parallele au grand axe du laec, qu’on appelle /a Montagne ou la Motte; elle com- mence A ötre saillante entre Estavayer et St-Aubin, atteint son maximum de hauteur devant la pointe de la Reuse, et cesse fort brusquement ‘entre Auvernier et Port-Alban; elle mesure ainsi environ 10 km. de longueur. Son sommet etait recouvert par 10 m. d’eau dans l’ancien regime du lac. Aux eaux moyennes actuelles il ne doit plus y avoir que 8.5 m. de profondeur d’eau. Le lac est separe par la Motte en deux bassins: le bassin Neuchätelois, le plus pro- fond, atteint 153 m. devant la pointe de Bevaix (xxıv); le bassin Fribourgeois va en s’ap- profondissant d’Estavayer ä Port-Alban, sa profondeur varie entre 65 et 120m. Devant Neuchätel, les deux bassins sont reunis en une seule cuvette, qui mesure environ 130 m. de profondeur. Lae de Bienne (xxıv). L’ile St-Pierre et la petite ile des Lapins, autrefois isolees au milieu des flots, sont depuis l’abaissement des eaux du lac, vers 1878, reliees ä la terre du cöte de Cerlier par une presqu’ile qui divise le lac en deux bras. Le lac forme ainsi un Y majuscule, dont la partie commune, du cöte du NE, mesure environ 75 A 80 m. de fond. Le bras SW ou bras de Neuveville, celui dans laquelle se jette la Thiele, va en s’approfondissant graduellement jusqu’a 50 m. devant Gleresse ; le bras SE ou bras de Locras forme une cuvette, dont la profondeur est de 60m. environ. Les talus sont assez inclines et ils atteignent en plusieurs points une pente de 20 pour cent. Lae de Brienz (xxıv). C’est le type d’un lac absolument regulier. Sur sa longueur de 14 km., il presente, dans sa partie mediane, un plancher horizontal de 7.5 km. de long, sur 1& 2km. de large, dont la profondeur uniforme est partout superieure & 235 m., et qui atteint 261m. au point de plus grande profondeur. E Les talus sont tres-fortement inclines sur les cötes lateraux; aux deux extremites leur pente reguliere est de 8 pour cent environ. Il n’y a aucune irregularite, aucun aceident ä noter dans ce lac parfaitement symetriquement bäti. Lae de Thoune (xxıv). La cuvette est tres-reguliere. Les talus lateraux sont fort inelines; son plancher est & la profondeur de 200 m., sa profondeur maximale de 217 m. La pente des talus du lac dans le sens longitudinal, n’est que de 3 pour cent, du cöte du NW; elle est plus forte du cöte de l’Est, oü par places, elle atteint 30 pour cent. Il n’y a du reste aucune inegalit& & signaler dans ce lac, dont le bassin est plus regulier encore que ses contours exterieurs. Lac des IV-Cantons. Une serie de sondages a ete faite en 1878 par le prof. A. Heim, de Zurich, dans le lae d’Uri, de Flüelen ä Brunnen (xxx). Des sondages methodiques pour l’etablissement de la carte hydrographique de l’en- semble du lac ont et& executes en 1884 par l’ingenieur Hörnlimann, du bureau topogra- phique federal; gräce & l’obligeance du colonel Lochmann, chef de ce bureau, j’ai eu communication de l’avant-projet de cette carte, dont j’extrais les faits suivants: Partout dans ce lac les talus sont tres-inelines, et le fond presque horizontal; quelques seuils le separent en bassins successifs ; en trois ou quatre points, des hauts fonds sous-la- eustres s’elevent au milieu de la plaine horizontale, les restes probablement d’aneiens slissements de terrain. De Flüelen & Brunnen est un premier bassin & fond tres-plat, qui descend jusqu’&A 187 m. devant la Tellsplatte, et ä 200 m. devant le Grütli. Un seuil de 95 m. de profondeur, devant la delta de la Muotta separe le lae d’Uri du second bassin, qui s’etend de Brunnen & Buochs et qu’on peut appeler le lac de Gersau. Ce bassin, le bassin prineipal du lac, atteint sa plus grande profondeur devant Beckenried par 214 m.; c’est la profondeur maximale du lac. Un haut-fond, espece d’ile sous-lacustre dont le sommet n’est recouvert que par 43 m. d’eau, s’eleve entre Kindlismord et Schwy- bogen; il forme une sorte de seuil qui limite un petit bassin secondaire, dans la direction de Brunnen, dont la profondeur n’est que de 123 m. Le lac de Gersau, est separ& de la partie oceidentale, en forme de croix, par le detroit des Nases; le seuil qui separe ces deux bassins est surmonte d’une ile sous-lacustre dont le sommet n’a que 37m. de protondeur; elle est situee assez notablement au nord du detroit des Nases, & peu pres devant Vitznau. Des quatre bras de la croix, le plus profond est le bassin de Weggis qui descend jusqu’a 151m. A l’entreeroisement des quatre bras, dans le Trichter, vis-A-vis de St-Ni- elausen, on trouve une profondeur de 112 m.; un haut-fond, avee 80 m. d’eau, oceupe le centre du Trichter. Le bras de Küssnacht presente deux seuils, l’un pres de Meggerkappel ä 65 m., le second, devant Burgeck, 42 m.; les cuvettes separdes par ces seuils mesurent 70 m. devant Meggen, et 52 m. devant Bischoffswyl. p ae Le bras de Lucerne est peu profond, au plus 55 m. Gelui de Stanzstad mesure 105 m. devant Kersiten et 73m. devant Hergiswyl. Devant Stanzstad un haut-fond a sur son sommet une profondeur de 57 m. Le lac d’Alpnach a une profondeur maximale de 35 m.; il est separe du grand-lae par un seuil de quelques metres seulement de profondeur sur lequel est etabli le pont de Stanzstad. Le lae de Walenstadt, d’apres la feuille 250 de l’atlas Siegfried, a un bassin par- faitement regulier, ses talus extrömement inclines sur les deux rives nord et sud, ont une pente plus douce aux deux extremites du lac. La grande plaine du fond, limitee par la courbe horizontale de 280 m., a une profondeur de 143 m., sur une surface de plus de 7.2 km. qui represente ä& peu pres le tiers de la superficie du lac. Le point de plus grande profondeur, entre Quinten et Murg, mesure 151m. Le lae de Zurich (xxxır) est divise en deux bassins par la presqu’ile de Hurden, sur laquelle s’appuie le pont de Rapperschwyl. Le lac superieur atteint une profondeur de 50 m. devant Bollingen. Le lac inferieur ou lac de Zurich proprement dit forme dans sa partie orientale une cuvette tres-peu profonde qui atteint seulement 28m. devant Richter- schwyl. A partir d’une barre de quelques metres seulement de saillie, etendue entre Wädenschwyl et Männedorf, commence le grand bassin du lac, & formes regulieres et peu accidentees, A talus moyennement inclines qui descend jusqu’& 143 m. de profondeur entre Herrliberg et Oberrieden; au-delä il se releve lentement jusqu’ä& l’extremite terminale du lac, du cöte de Zurich. Le lac de Constance (xxxım) est de tous les lacs Subalpins celui dont le relief est le plus aceidente; ses talus sont assez fortement inclines sur la cöte Suisse entre Ror- schach et Romanshorn, sur la cöte allemande entre Langenargen et Nonnenhorn, et sur les deux rives du bras d’Ueberlingen. Le grand bassin du lac est divise en deux cuvettes; l’une la plus orientale, la plus profonde, descend jusqu’& 276 m. devant Arbon; l’autre, plus oceidentale, s’approfondit seulement jusqu’& 254m. sur la ligne qui joint Utwyl et Fischbach (xxıv). La barre qui separe ces deux cuvettes a moins de 180 m. de profon- deur;; elle s’eleve par consequent de 70 & 100m. au-dessus du plancher des deux bassins profonds du lac. Le lac d’Ueberlingen, quoique tres-etroit, est relativement profond, il depasse partout dans son axe 100 m. de profondeur. Le lae de Lugano (Ceresio) (xxxıy) est fort accidente dans son relief. Le corps prin- cipal du lace va en augmentant rapidement de profondeur de Porlezza jusqu’& Albogasio, ou se trouve le maximum par 280 m.; puis la profondeur va en diminuant progressivement jusqu’au detroit de Bissone, qui forme un barrage au milieu du lac. Au sud de Bissone, les divers bras forment des cuvettes, dont la profondeur est de 85 m. dans la partie com- mune au sud de Bissone, de SO m. dans le bras de Capolago, de 70m. devant le cap de Moreote, de 95 m. au milieu du bras de Lavena, de 50m. environ dans le bassin de Pon- tetresa. Les talus sont partout tres-fortement inclines. ANNE Lae de Cöme (LZario) (xxxv). Son bassin prineipal, de Gera ä& Cöme, est separe en deux cuvettes par un seuil situ& & la hauteur de Bellagio, qui se releve ä 135m. seule- ment de profondeur. Le bras du nord descend ä& 340 m. devant Menaggio, le bras du SW atteint 414m. devant Careno. Ce point de profondeur maximale est situ6 au pied d’une paroi presque verticale, evidemment de nature rocheuse. Quant au bras de Lecco il n’est point separe du grand lac par un seuil; il se releve progressivement, de la pro- fondeur de 275 m. qu’il a entre Bellagio et Varenna, jusqu’a Mandello, ou il n’a plus que 80 m. Entre Mandello et Leeco il s’approfondit de nouveau et redescend ä 150 m. Le fond du lac de Göme ne presente (du reste que rarement une plaine horizontale comme celle des autres lacs: le plus souvent les talus viennent se joindre dans les grands fonds. s VIII Nature du sol. Autant le relief du bassin d’un lae est simple et monotone, autant la composition du sol qui revet les talus et le plancher du lac est de m&me uniforme. Au delä du littoral dont le terrain, tres-diversifie, varie considerablement d’une localit& a l’autre, des le bord du Mont, le sol du lac est forme partout par un sediment impalpable, de nature argileuse, marneuse ou calcaire, dont la composition physique est toujours la m&me, dont la com- position chimique varie peu dans les diverses regions d’un m&me lac, mais peut &tre fort differente d’un lac & l’autre. Composition physique. L’alluvion du lac est formee: a) de poussieres minerales impalpables, charriees dans le lac par les affluents debor- - des, ou arrachees ä& la rive par les vagues. Cette poussiere minerale donne au sol de chaque lae son caractere chimique special. b) de poussieres organiques qui sombrent lorsque leur densite est superieure ä celle de l’eau. c) de debris organiques des animaux et plantes ayant vecu dans les regions pela- giques et profondes ; nous les etudierons specialement plus tard d) de corps etrangers qui tombent aceidentellement dans le lac; ils sont en general plus nombreux pres des rives que dans le milieu du lac, oü ils sont excessivement rares. Ges corps etrangers sont des cailloux, graviers et sables, transportes, ou bien par les glacons detaches de la rive, ou emportes dans le lae par les affluents, — ou bien par les racines des arbres arraches par les torrents ou par les vagues, — ou bien encore par les barques et bateaux naviguant sur le lac, qui laissent tomber dans le lac une partiede leur charge- ment. Ce sont encore les scories et cendres de coke provenant des fournaises des ba- teaux & vapeur; elles sont jetees dans l’eau et sombrent, les unes immediatement, les autres apres une flottaison plus ou moins prolongee, lorsque leurs cellules aöriennes pleines d’air cessent de les soutenir & la surface; ces scories sont souvent promenees par les vents et les courants fort loin & la surface du lac, et elles peuvent ätre dissemindes tres- loin du trajet habituel des bateaux & vapeur. Ce sont enfin des sables, qui sont, ou bien transportes par les vents tourbillonnants, ou bien entraines en plein lac sous la forme de radeaux, flottant par capillarite & la surface de l’eau. Nous en avons deja parle plus haut. Ges corps etrangers font le plus souvent absolument defaut dans les produits des dra- suages profonds; quelquefois il s’y rencontrent en plus ou moins grande abondance. Leur frequence est essentiellement irreguliere, et leur presence dans le limon des grands fonds est purement accidentelle. En fait de corps etrangers contenus dans le limon d’alluvion, je dois signaler l’ab- sence absolue dans le limon de tous les lacs jusqu’& present etudies, de nodules caleaires ou siliceux, de rognons de phosphate de caleium, de sulfate de caleium ou de pero- xyde de manganese, analogues ä ceux que l’on connait dans certaines couches geologiques ou dans le fond des mers actuelles. Je dois signaler aussi l’absence de poussieres cosmiques ou meteoriques; je n’ai jamais rien trouv6 que j’aie pu rapporter ä cet ordre de materiaux. Ce n’est pas que le limon de nos lacs ne contienne souvent une foule de granulations vitreuses qui ressemblent fort ä des poussieres d’aörolithes ; mais un examen plus attentif me les a toujours fait rapporter aux cendres de coke des fournaises de bateaux ä& vapeur. Le Dr. E. Yung, de Geneve, qui s’est specialement oecupe des poussieres cosmiques, a etudie en 1877 les granulations ferrugineuses magnetiques que j’avais recueillies au fond du lac; «pulverisees elles ne lui ont montre au microscope que des fragments anguleux, et aucun globule; ä l’analyse chi- mique il n’y a trouve que de la silice, du fer, de l’alumine et de la chaux, pas trace de nickel ni rien de semblable ». Yung les tient, comme moi, pour des scories de coke (ıv). Quant & V’argile plus ou moins calcaire qui forme la masse m&me du depöt dans les laes de la region Subalpine, sa consistance est toujours celle d’un limon mol, plus adhe- rent et plus plastigue quand il contient moins de chaux et se rapproche du type des ar- giles, plus leger, et plus mobile, lorsqu’il est plus calcaire et se rapproche du type de la craie. Quelquefois des particules de mica lui donnent un Eelat argente tres-caracteristique. La consistance de ce limon est generalement tres-molle & la surface; c’est presque la consistance d’une cr&me &Epaisse; dans sa masse, des un ou deux centimetres au-des- sous de la surface, il est plus dense, plus ferme et se rapproche de la consistance des argiles humides. Sa couleur varie, & l’etat humide, et suivant les lacs, du gris jaunätre au gris rou- geätre, bleuätre, noirätre, suivant la proportion des matieres minerales et organiques. Dans l’argile du Leman j’ai observ& la stratification suivante: 4) une couche superficielle de nature organique de un & deux millimetres d’epaisseur., Je la deerirai plus loin sous le nom de feutre organique. Zr Ban b) une couche sous-jacente de 1—2 c/m. d’paisseur, d’un gris jaunätre, de consistance molle et cr&meuse. c) une couche noirätre de 2—4 m/m. d’epaisseur. d) une couche profonde d’un gris bleuätre, d’epaisseur inconnue ; elle forme la masse möme du depöt. Cette couche bleuätre est plus consistante et plus plastique. Les differences de couleur entre les couches b et d sont probablement dues ä des phenomenes de reduction des sels de fer, qui s’operent dans la masse sous l’influence des matieres organiques, et Ja couche noirätre c est probablement le point oü se fait cette reduetion. Les sels de fer sont A l’etat de peroxyde dans la couche superficielle, ä l’etat de protoxyde dans la couche profonde('). C’est un fait analogue & celui qui est connu dans certaines roches calcaires, ou dans chaque assise, au bord de chaque fissure, la cou- leur des couches superficielles est jaunätre ou rougeätre, tandis que le c@ur de la pierre. est bleuätre. La proportion des matieres organiques dans les argiles lacustres est peu considerable, ainsi qu’on va le voir dans les analyses. D’apres l’origine des poussieres minerales qui forment l’alluvion des lacs, celle-ei doit “contenir un melange de toutes les roches qui existent dans le bassin d’alimentation des affluents voisins du point d’exploration. Voiei quelques details sur le sol des differents lacs de la region Subalpine. Lac Leman. L’argile du Löman est, comme je l’ai dit, d’un gris jaunätre A la sur- face, d’un gris bleuätre dans la profondeur; dessöchee elle donne une masse solide, de la bonne argile de potier. Les 6chantillons dragues devant Morges sont tres-plastiques; j’ai pu modeler cet argile, la tourner et la cuire; j’en ai obtenu des vases d’une päte tr&s- fine, tres-l&egere, tres-poreuse, remarquablement sonore; cuite, cette terre a une couleur blane jaunätre, faiblement rougeätre. Les &chantillons dragues sur la barre de Promen- thoux sont moins plastiques et d’une consistance plus legere. L’argile dragude devant les bouches du Rhöne etait remarquable par l’eclat argente, dü aux lamelles de mica; ce carac- tere se perd & une faible distance des bouches du fleuve ; je n’en ai plus trouve traces dans l’argile dragude devant le chäteau de Chillon, & moins de 5km. de l’embouchure du Rhöne. Dans le tableau ci-dessous je donne une serie d’analyses chimiques d’echantillons du fond, dragues par moi dans differents laes. Toutes ces analyses sauf le No. VII ont ete faites par MM. E. Risler et J. Walter, alors ä Calleves sur Nyon (Mat. III, XXV). (1) Une observation analogue est faite par Sir Wyville Thomson sur du limon drague dans l’At- lantique, prös de St-Thomas des Antilles, par 7100 m. de fond (cvı). L’argile rouge de cette grande pro- fondeur 6tait beaucoup plus rouge A la surface du sol que dans l’6paisseur de la masse. Les naturalistes du Challenger attribuent aussi ce changement de couleur ä un phönomene de d6soxydation. 3 3 ' — 53 Analyse chimique du limon des lacs. (Mat. IID. L&man Neuchätel | Zurich I I vu III IV Analyse chimique. A. Partie attaquable par MC. Fer (dose Al’etat d’oxyde) 5.20 3.36 4.54 Zoll 2.477 Nummer: 2.30 1.30 15.37 0.68 1.327 Acide phosphorique traces 0.12 tr. tr. 0.115 Chaux 10.50 1.92 | 14.01 | 34.28| 29.524 Magnesie : 2.06 | 12.39 3.92 1.13 1.824 Potasse et soude . tr. be. Dr tr. tr. Acide carbonique . 9.20 9.80 | 14.93 | - 29.46 | 26.650 Acide sulfurique 0. tr. 0. 2 0. Silice soluble 0.12 = 1.22 — _ B. Partie inattaquable par Hl. Silieates et silice . 63.75 | "66.68 | A5.s1| 29.17 | 33.910 Matieres organiques . 4.67 3.73 3.85 3.17 4.173 Humidite 2.20 — _ — —_ 100.00 | 100.00 | 100.00 | 100.00 | 100.000 Analyse physique. Sable . ? 10 — _ 25.26 | 17.42 Partie impalpable . 90 — — 74.74 | 82.58 100 — 100.00 | 100.000 Constance N% 1.937 1.202 0.054 26.646 1.516 tr. 23.790 tr. 41.403 3.452 100.000 31.37 68.63 100.000 Les trois &chantillons d’argile du Leman ont la provenance suivante: I. Argile draguee par 216m. de fond, au milieu du lac, entre Morges et Evian (Mat. IID). Zell VI 27.527 3.700 100.000 49.23 50.77 100.00 II. Argile dragude devant Morges, par 35m. de fond sur les talus du bassin du lae. Dans cet Echantillon j’avais recueilli intentionnellement la couche superficielle, partieulierement riche en debris organiques. VII. Argile draguee sur la barre de Promenthoux, par 70 m. de fond (Mat. XLIII). Cette analyse a te faite par M. G. Hochreutiner, alors assistant au laboratoire de l’Ecole de Pharmacie de Lausanne. La comparaison de ces trois analyses a un certain interet, en montrant l’uniformite e de composition du sol dans les differentes regions d’un möme lae: il y a en effet 20 km. Inu de distance entre les localites ou ont &t& faits ces trois draguages. Et cependant les dif- ferences de composition sont peu considerables. Si jadditionne dans ces analyses les chiffres de la silice soluble et des silicates non- attaquables par HCl, d’une part, et d’une autre part la chaux, Ja magnesie et l’acide car- bonique, je trouve les proportions centesimales suivantes: Carbonates de chaux et de No. Silice et silicates . magnesie I Milieu du lac, Morges 66.0 21.8 II Talus du lac, Morges 68.5 24.1 vo Barre de Promenthoux 61.4 Be D’apres ces chiffres l’argile des grands fonds est la moins caleaire, l’argile des talus devant Morges, est la plus siliceuse; l’argile de la barre de Promenthoux est la plus cal- eaire et la moins siliceuse. Ces variations de composition sont cependant peu conside- rables, et n’approchent pas des differences que nous allons trouver d’un lac & l’autre. Lac du Bourget. Les echantillons que j’ai dragues & 115m. de profondeur, le 2 septembre 1883, me montrent un limon impalpable, d’un gris jaunätre assez fonce, friable, peu plastique. Lac d’Annecy. Le limon drague & 55 et 50m. de fond, devant Veyrier, est fort semblable ä celui du lac du Bourget; mais un peu plus blanchätre et plus riche en debris organiques. Lac de Neuchätel. Le limon de ce lac est tres-calcaire; sa couleur est d’un gris jaunätre lorsqu’il est humide, presque blanc lorsqu'il est sec. Il n’est pas plastique; des- seche il a la consistance d’une craie legere, presque pulverulente. J’en ai regu de beaux echantillons dragues par M. l’ingenieur Manuel, du bureau topographique federal, charge en 1880 des sondages pour l’etablissement de la carte hydrographique du lac de Neu- chätel. Je donne dans le tableau, sous le No. III, l’analyse qu’a faite M. E. Risler (Mat. XXV) d’un echantillon drague par moi, le 22 aoüt 1873 devant la ville de Neuchätel, par 65m. de fond (Mat. XXIl). Ce limon avait ete tamise et debarrasse ainsi de tous les animaux vivants ou morts et des debris vegetaux, en grande abondance, qui le salissaient. Lac de Bienne. Le limon drague devant la Neuveville, par 40 m. de fond, est & peu pres semblable & celui du lac de Neuchätel, mais plus vaseux ; beaucoup de debris vege- taux. Lac des IV-Cantons. Pres de Stanzstad le Dr. Asper a trouve un limon extremement fin, colore en gris (xxx). Mes draguages d’aoüt 1883 m’ont donne cette m&me vase tres-fine, eontenant une grande abondance de debris organiques. Ces derniers etaient exceptionnellement nom- breux dans un Echantillon pris & 35 m. devant Stanzstad, Bann Dans un draguage opere entre Beggenried et Gersau, & 1.5 km. de chaque rive, par 200 m. de profondeur, Asper a trouve un limon peu consistant (brüchig) contenant beau- coup de sable grossier et de nombreux debris de plantes (xxx). Lac de Zoug. Asper signale comme anormal du limon drague dans la partie supe- rieure de ce lac, & 1200 m. de chaque rive et par 200 m. de fond. L’argile eontenait en- viron le dixieme de sa masse de sable grossier ; elle etait en outre melangee de plantes, feuilles et rameaux (xxxı). Aegerisce. Limon ferrugineux, parfois vivement color en jaune brun (') (Asper) (xxxı). Lac de Walenstadt. J’ai drague dans le milieu de ce lac une belle argile rougeätre, analogue par sa consistance A celle du Leman. Klönsee. Altitude 804 m., profondeur maximale 27m. Asper y a drague un limon gris, extrömement fin. Lac de Zurich. Argile gris bleuätre. L’analyse No. IV (Mat. XXV) est faite d’apres un echantillon drague par moi, le 17 aoüt 1873, par 50 m. de fond, devant Neumünster (Mat. XXI) Li’echantillon n’a pas ete tamise, et les 'nombreux debris vegetaux et ani- maux qu’il contenait expliquent la proportion relativement considerable des matieres or- ganiques-que donne l’analyse. Asper ne nous fournit malheureusement pas de details sur le sol qu’il a observe dans ses nombreux draguages du lac de Zurich. Le limon que j’ai recueilli & Horgen en aoüt 1883 etait tres-fin, assez leger, d’un gris sale. Celui que j’ai drague devant Wädenswyl etait fort different suivant la profondeur. Jusqu’ad 60 m. j’ai obtenu une vase d’un brun jaunätre, molle, cr&meuse; mais ä 90m. la consistance du limon a change, il m’est apparu beaucoup plus ferme, plus plastique, de consistance argileuse, et de couleur presque blanche. J’ai recu de M. Paul Manuel, ingenieur, un echantillon drague par lui dans le Lac- superieur, en 1880, entre Lachen et Rapperswyl par 29m. de fond. Il est de consistance argileuse et d’une couleur gris-brun assez foncee. Lacs de Pfäffikon et de Greifensee. Le limon !de ces laes est blanchätre d’apres Asper (xxxvu). Lac de Constance. L’argile que j’ai draguee pres de Constance a tout-A-fait l’appa- rence de celle du Leman. J’en donne au No. V l’analyse (Mat. XXVID, d’apres un echantillon recueilli le 21 aott 1873, & 3 km. de la ville de Constance par 25 m. de fond. (Mat. XXID. Lac de Zell. Je possede deux echantillons du fond de ce lac. L’un dragug en 1880 par M. Manuel, ingenieur au bureau topographique federal, il vient de la partie occiden- tale du lac, entre Steckborn et Horn, par 46 m. de fond. Il est semblable & celui que (!) Je eiterai,comme analogue celui que j’ai dragu& dans le lac de Starnberg en Baviere, le 20 septembre 1877. L’argile lögere, peu adhörente, &tait A plusieurs places de couleur ocreuse. jai drague dans le lac de Constance-superieur et dont je viens de parler. L’autre &chan- tillon, tres-vaseux, noirätre, riche en debris organiques, a et& drague par moi en 1873 devant Ermatingen, par 20m. de fond(Mat. XXID). ID a ete analyse par Risler (Mat. XXV), et porte le No. VI du tableau de la page 58; l’echantillon avait &te tamise avant d’etre remis & M. Risler. Lac Majeur. Asper a drague par 300m. de fond, entre San-Bartholomeo et Tron- zano, un limon gris Egal, tres-fin, riche en organismes (xxxr). Lac de Lugano. Asper a trouve au pied du Monte Salvatore un limon normal, tres- fin. En revanche dans un draguage fait entre Lugano et le Monte Caprino par 250 m. de fond, la drague ne lui a rapporte qu’une masse grossiere, feuillete en couches de 2 & 3 m/m. d’epaisseur, tellement qu’elle ressemblait & un morceau de gneiss; cette masse friable ne contenait pas traces d’organismes, et elle laissait sur le tamis un nombre enorme de lamelles de mica (xxxı). — J’ai conserve quelques &chantillons de la marne provenant de mes draguages dans un certain nombre de lacs. Desseches ils ont des teintes fort diverses. J’essayerai d’en decrire la couleur de la maniere suivante: Ils forment trois series: l’une jaunätre, l’autre rougeätre, la troisieme bleuätre. La premiere part du brun, passe au gris jaunätre et ar- rive au blanc presque pur. Elle comprend en serie, du plus fonc& au plus clair, les limons du lac de Starnberg (Baviere), Brenet (lae de Joux inferieur), Bienne, Bourget, Joux (fond du lac), Annecy, Neuchätel, Zurich (Horgen), Joux (depöts de Charas sur les Monts) ('). Une autre serie comprenant les limons de Walenstadt, de Zurich superieur et de Zell (Constance inferieur) est plus rougeätre. La marne du lac de Walenstadt a presque des teintes lie de vin, ou chocolat. D’autres marnes sont plus bleuätres, celle du lac de Constance, la plus bleue de celles dont j’ai des echantillons, et celle du L&man. — J’ai donne le tableau des analyses ehimiques faites sur le limon des lacs par E. Risler et J. Walter pour les Nos. I ä& VI, et par G. Hochreutiner pour le No. VII. (Voir ala page 58.) Sans entrer dans le detail des analyses comparatives nous y remarquons des l’abord plusieurs faits interessants. J’ai deja signal le caractere general uniforme des trois analyses du lac Leman. Je noterai ensuite les grandes differences dans la richesse en silice et en silicates, des argiles des divers lacs; l’argile du Leman en contient de 61 & 69 pour cent, tandis que le limon du lac de Constance n’en renferme que 41, celui de Zurich 34, celui de Neuchätel 29, et enfin celui du lac de Zell 27 pour cent seulement. La pauvrete en silice du lac de Zurich et du lac de Zell s’explique en partie parce que ces lacs () Voir pour le lac de Joux, et sp&cialement pour les döpöts de Charas sur les Monts de ce lac, la description que j’en donnerai dans un autre chapitre. — ee ne recoivent pas d’affluents alpins, qui puissent leur amener direetement l’alluvion des montagnes primitives; la pauvrete en silicee du lac de Neuchätel s’explique par l’ori- gine jurassique, c’est-A-dire la provenance d’un terrain purement calcaire, de la plupart de ses affluents. Quant & la petite quantite de silice de l’argile du lac de Constance, nourri direetement par un fleuve alpin, elle doit s’expliquer probablement par la localite meme oü j’ai fait mon draguage, localite situge pres de la sortie de l’6missaire, loin par consequent des lieux ou l’alluvion alpine se depose directement. En somme l’alluvion de la vall&e du Rhöne est plus riche en silice que celle des vallees du Rhin, de la Limmat ou du Jura. Quant & la quantitE de caleaire contenue dans ces limons, elle est & peu pres direetement inverse de la quantite des silicates. L’on n’a pas ä s’etonner beauecoup de voir le limon du lac de Neuchätel, d’apparence crayeuse, &tre de beaucoup le plus cal- caire de la serie ; l’on serait plutöt frappe de la proportion encore considerable de silice qu’il renferme, mais celle-ei s’explique suffisamment par le terrain erratique alpin, et par les terrains molassiques, qui abondent dans une partie du bassin d’alimentation de ce lac. Le melange intime des silicates et des calcaires est tel que tous nos limons des laes de la region Subalpine rentreraient sans exception, en classification petrographique, dans le groupe des marnes; marnes argileuses ou marnes caleaires suivant la predominance de l’un ou .de l’autre des elements. Quant & la proportion des matieres organiques dans le limon de nos lacs, elle est partout tres-faible, le chiffre le plus eleve que donne nos analyses &tant de 4.7 pour cent. Connaissant la richesse de la faune profonde et des debris organiques qui se trouvent & la surface du limon, j’aurais attendu une quantite relative plus considerable de ces sub- stances. Il faut cependant donner attention au fait, que la densit6 des substances orga- niques est beaucoup plus faible que celle des materiaux inorganiques, et que, sous un poids relatif aussi minime, leur volume est proportionnellement beaucoup plus considerable. Dans un seul cas j’ai eu l’oecasion de rencontrer une proportion relativement tres- forte de matieres organiques; c’est en faisant l’analyse des limons des lacs Goktschai et Tschaldyr, au Caucase, dragues par Al. Brandt en 1879 (xxxvun). Ges echantillons d’un gris jaunätre dans le Goktschai, d’un gris noirätre dans le Tschaldyr, etaient formes d’une masse si l6gere, si delicate, si floconneuse, ä l’analyse microscopique elle avait une telle ressemblance avec la couche que je connais dans nos lacs sous le nom de feutre or- ganique, que j’ai dü conclure que la drague n’avait pas traverse ce revötement organique, lequel doit &tre relativement tres-epais dans ces lacs. — Je resumerai ce paragraphe en essayant une classification provisoire des depöts des fonds de lae. A. Sol proprement dit, partie minerale® Type a. Sol argileux. Argile pure, sans melange calcaire. Je n’en connais jusqu’a present d’exemples que dans les lacs du Caucase, Goktschai et Tschaldyr, ereuses en terri- toire volcanique (xxxvıu). raue Type b. Sol marneux-argileux, plastique, jaunätre & la surface, bleuätre dans la pro- fondeur. Exemples: limon des grands laes Subalpins, Leman, lac de Walenstadt, de Zurich, de Constance. Type ce. Sol marneuzx-calcaire, plus leger, non plastique, blanchätre, jaunätre ou rou- geätre; desseche il donne une masse fragile. Ex.: lac de Neuchätel. Type d. Sol calcaire, de eonsistance crayeuse, blanchätre, jaunätre ou rougeätre ; desseche il donne une masse pulverulente friable. Ex.: le lac de Joux. Ces quatre types peuvent presenter les modifications que je designerai sous le nom de facies. Facies limoneux. C’est le facies normal que nous avons deerit plus haut. Facies vaseux. La grande abondance de materiaux organiques, impregnant le limon, lui donne une couleur noirätre et une odeur fetide speciale (lae de Zell pres d’Ermatingen, lac de Bienne pres la Neuveville). Facies micace, &elat argentin, stratifieation schisteuse par le fait des lamelles de mica. Ex.: Lac de Lugano (Asper), Bouches du Rhöne dans le Leman (Forel). Les facies graviereux et sableux n’appartiennent pas normalement & la region pro- fonde; ils peuvent s’y rencontrer aceidentellement par suite speeialement de l’un des glis- sements de terrain que nous avons decrits. B. Depöts organiques. 1° Incrustations tufoides, formees sur les corps solides par la vegetation des Algues inerustantes (Euactis, Hydrocoleum, ete.) Ex.: lac de Neuchätel, de Zurich, de Con- stance, ete. Je les indique ici pour memoire, car ces depöts n’appartiennent qu’äa la re- gion littorale. 2° Depöts calcaires, incrustation de plantes dont les tissus s’impregnent de earbonate de chaux:: Ilots sous-laeustres, soit Monts du lac de Joux ('). 3° Feutre organique que j’ai signal plus haut et que je deerirai dans un chapitre suivant. 4° Poussieres organiques. Nous y reviendrons plus loin. S IX. Resume, Si apres avoir analyse les unes apres les autres les conditions de milieu de la region profonde des lacs, je veux resumer leurs caracteres generaux, je vois qu’ils convergent tous au calme, au repos, & l’absence de mouvement. Peu ou pas de mouve- ments mecaniques; les vagues sont sans effet, les courants thermiques sont insensibles; seuls les courants profonds, causes par les tempe&tes de la surface viennent aceidentelle- (‘) Voir plus loin. de Or ment agiter les grands fonds; peu ou pas de mouvements caloriques; la temperature y est presque absolument constante; peu ou pas de vibrations lumineuses, pas d’actions acti- niques; l’obscurite absolue regne dans les profondeurs; uniformite de la composition phy- sique du limon prodigieusement fin, dans lequel, ou sur lequel, les animaux ont ä se mouvoir; peu ou pas de variations dans la composition chimique de ce limon, dans la composition chimique de l’eau ambiante, dans la proportion des gaz dissous. Uniformite, monotonie, egalite, absence de mouvements, absence de variations, calme presque absolu, tels sont les traits generaux de ce milieu qui n’a qu’un seul analogue, la region profonde des mers; qui se differencie ainsi de tous les autres milieux dans lesquels les &tres sont appeles ä vivre. Dans aucun elimat atmospherique, dans aucune autre region aquatique, nous ne retrouvons ce calme prodigieux qui regne dans les profondeurs des eaux. Les seules regions qui s’en rapprochent un peu & ce point de vue, sont les cavernes et les eaux sou- terraines; nous aurons & revenir sur cette analogie. $ X. Limites de la region profonde. Y a-t-il une limite preeise entre la region littorale et la region profonde? Cette question merite de nous arreter. Les conditions de milieu qui caracterisent la region profonde sont developpees & leur maximum dans les plus grandes profondeurs des lacs; chaeun des traits, qui donnent A ce milieu une figure si speciale, s’accentue de plus en plus & mesure qu’on descend en s’eloignant de la surface. Mais ä& quelle profondeur ces caracteres commencent-ils A &tre distinets? Cela varie pour les differents faits physiques qui constituent le milieu. Au point de vue du mouvement mecanique, nous avons vu que les vagues cessent d’agir vers 10m.; nous ne parlerons pas ici des courants qui, dans les profondeurs, n’ont d’energie appreciable que dans des cas tout-A-fait aceidentels. Au point de vue de la chaleur, les variations diurnes cessent de se faire sentir au- dessous de 12 & 15 m., mais les variations annuelles ou lustrales penetrent jusque dans les plus grands: fonds; elles deeroissent du reste rapidement d’amplitude; elles sont faibles & partir de 50 m., elles deviennent presque insensibles au-dessous de 100 m., de 150 m. La lumiere penetre peu profondement. A partir de 50m. en e&t& et de 100m. en hiver, il regne l’obseurit6 absolue (rayons actiniques agissant sur le chlorure d’argent). Mais des une profondeur beaucoup plus faible, 6 & 15 m., notre wil cesse de distinguer un objet blane qui descend dans le lac; des une profondeur double, soit 12 & 30 m., il doit regner, pour une retine comme la nötre, si ce n’est l’obseurit& absolue, tout ou moins les demi-tönebres d’un temps de brouillard ou de cr&puseule. Pour la constitution physique du sol, le limon & grains impalpables commence & regner des la limite de l’action des vagues, soit vers 10 m. de fond. ee Chacun de ces points de vue nous donne un chiffre different. Lequel devons-nous adopter pour limite dans nos etudes biologiques? Est-ce la profondeur de 10 m., limite inferieure de la region agitee par les vagues, et limite normale du terrain limoneux des grands fonds ? Est-ce 15 m., limite inferieure des variations thermiques diurnes? Est-ce 25 m., limite de la vision distinete, du grand eclairage ? Est-ce 50 m., limite des variations thermiques estivales importantes? Est-ce 100 m., limite extr&me de la penetration des rayons actiniques? Pour repondre ä cette question il semblerait que nous devrions attendre d’avoir etudie la faune et constate experimentalement la limite de separation entre la faune littorale et la faune profonde. Mais, comme nous le verrons plus loin, cette limite elle-m&me est tres- indeeise et mal marquee; sur une large etendue, dans la zöne superieure de la region pro- fonde, il y a un melange d’especes appartenant aux deux faunes; ce melange rend diffi- eile & etablir la limite que nous cherchons. Nous sommes done renvoyes A l’etude des eonditions de milieu. Pour faire cette etude d’une maniere utile nous devrions chercher des situations g&o- graphiques assez differentes, pour que nous vissions varier notablement, d’un lac ä l’autre, l’une ou l’autre de ces conditions de milieu. Mais dans la region Subalpine, notre champ de recherches, ces variations sont peu etendues, et en dehors de cette region Subalpine, les travaux analogues aux nötres ont e&t& pousses trop peu loin, pour nous donner des comparaisons assez precises pour nous &tre utiles. Je prefere, pour chercher des analogies convenables, m’adresser aux faunes marines, quitte & justifier plus tard le parallelisme avec les faunes lacustres sur lequel je vais me fonder. La faune profonde marine presente des caracteres tres-bien marques et fort dif- ferents de ceux des faunes littorales; la distinetion y est relativement plus facile que dans nos lacs. L’etude des faunes marines nous apprend que la limite entre la faune littorale et la faune profonde ne doit pas &tre cherchee dans les conditions d’agitation de l’eau, A la limite de l’aetion des vagues; en effet, si tel etait le facteur prineipal, on trouverait la faune profonde representee dans chaque golfe bien ferme, dans chaque lagune oü les vagues ne peuvent penetrer. L’etude des faunes marines nous apprend que cette limite ne doit pas &tre cherchee dans les conditions de la temperature, soit & la limite des variations thermiques super- fieielles, soit dans la temperature froide qui regne dans les profondeurs. En effet nous _voyons la faune profonde marine parfaitement developpee dans des conditions thermiques tres-differentes, dans les grands oc&dans &quatoriaux oü la temperature profonde est fort basse, aux environs de 0°, et dans les mers encaissdes oü la temperature peut &tre fort elevde; dans la Mediterrane la temperature du fond est de 13°, dans la mer Rouge elle est de 21°. Nous voyons aussi la faune profonde manquer dans la region littorale des mers 9 1 polaires, oü la temperature tres-basse est fort semblable & celle de la region profonde des mers &quatoriales. L’ötude des faunes marines nous apprend enfin que la limite de la faune profonde n’est pas donnde par le changement de la nature du sol. En effet, si au lieu du fond limo- neux normal, la drague atteint un sol rocheux ou caillouteux, elle ramene des especes pro- fondes; ce ne sont pas les especes limicoles qui forment la population habituelle des srands fonds, cela est vrai, mais ce ne sont pas non plus des especes littorales. D’une autre part, dans une lagune ou le sol est aussi limoneux que dans les grands fonds, la faune n’a aucunement les caracteres de la region profonde. La seule condition qui nous reste pour determiner la limite en question e’est le facteur lumiere. En cela je suis completement d’accord avec Th. Fuchs de Vienne (xxxıx) et j’at- tribue & ce facteur une importance capitale. La profondeur & laquelle penetre la lumiere est la m&me sous toutes les latitudes, comme la limite entre les faunes littorales et pro- fondes. Quelques variables que soient d’un lieu & l’autre les autres conditions de milieu, la temperature, les mouvements de l’eau, la nature du sol, il est une de ces conditions de milieu qui intervient partout & la m&me distance au-dessous de la surface; ce sont les faits d’eclairage, la lumiere ; V’obseurite absolue regne partout dans les grands fonds. Mais dans le faeteur lumiere il y a deux actions. La lumiere proprement dite qui regit la fonetion animale de la vision, laquelle permet aux animaux de voir et’d’etre vus; en second lieu l’aetinisme qui regit certaines fonetions organiques de la vie de nutrition, en partieulier le developpement des chromophylles des vegetaux et des pigments des ani- maux. Dans la question qui nous oceupe je suis dispose ä& attacher une importance rela- tivement faible ä la fonction de la vision. Quand je vois la plus grande moitie du regne animal representee par des animaux noeturnes; quand je vois tous les animaux des ca- vernes et une partie des animaux des faunes profondes des mers et des lacs &tre aveugles, je constate que la eecite, si elle est une gene, n’est pas un obstacle absolu & la vie ani- male. Au contraire, l’absence d’actinisme me semble jouer un röle beaucoup plus impor- tant, en supprimant la possibilit de la vie vegetale des plantes chlorophyliees. La fonc- tion reduetrice des vegetaux qui contrebalance les fonctions oxydantes des animaux, est une neeessit6 absolue pour le maintien de la vie dans un milieu ; on peut concevoir un monde, oü il n’y aurait que des plantes; on ne peut r&ver une terre, oü les animaux existeraient sans vegetaux. L’absence des plantes dans la region profonde des mers et des lacs nous represente ces conditions incompatibles au maintien de la vie animale, et nous aurons a expliquer par quels artifices Ja nature a subsidi6 A cette anomalie. Les plantes sont utiles aux animaux & trois points de vue; elles leur fournissent de la matiere nutritive organisde, elles leur fournissent l’oxygene necessaire A la respiration, elles leur offrent un habitat convenable, des cachettes et des points d’appui. L’existence d’une flore est d’importance eapitale pour les animaux; la oü elle fait defaut il y a defieit notable pour la vie animale. oT C’est & la limite de la vie vegetale que je placerai la limite inferieure de la region littorale et la limite superieure de la region profonde. Nous verrons cette limite &tre dans nos lacs & 25 m. environ. Telle sera pour nous la limite de la region profonde ('). En adoptant cette limite, nous sommes obliges de reconnaitre que les conditions de milieu sont loin d’etre homogenes et identiques partout, dans cette rögion profonde. Dans les couches superieures, la lumiere doit penetrer, au moins dans les beaux jours de la fin de l’hiver, alors que l’eau est & son maximum de limpidite; la temperature y subit des variations sensibles; & 20 m. l’amplitude de la variation thermique peut ötre de 6 & 8°, ä 30m. de 3 & 5°; les courants dus & l’action mecanique du vent doivent y ötre encore fort violents. Cependant si nous comparons avec la region littorale ces couches de 20 A 40 ou 60 m. de profondeur, nous voyons qu’elles se rapprochent bien plus des conditions de calme de la region profonde, que des conditions agitees et tourmentedes des regions superficielles. En me basant sur ces considerations, je separerai dans nos lacs la region profonde en deux zönes: 1° La zöne superieure, s’etendant de 25 & 60 m. de profondeur, dans laquelle les con- ditions de milieu sont encore jusqu’& un certain point variables; dans laquelle les cou- rants profonds se font parfois sentir, dans laquelle la temperature subit une variation annuelle de quelques degres d’amplitude, dans laquelle la lumiere penetre encore assez pour donner, peut-&tre, dans des conditions favorables, un eelairage A demi-er&puseulaire, assez pour permettre le developpement de quelques Diatomees et de quelques Algues non- chlorophyllees. i 2° La zöne inferieure, au-dessous de 60 m. de profondeur, dans laquelle regne sans interruption le calme presque absolu, aux points de vue mecaniques, thermiques et lumineux. J’essaierai dans le tableau suivant de resumer les conditions de milieu, dans leurs variations des la surface au fond de nos lacs. Tableau des regions et zönes du lac. metres 0 Variations thermiques annuelles, 15 & 20°. | Surface. 10 Limitede action des vagues. Limite de la vision distincte. Linite des variations therm, diurnes. * Region littorale. 20 Var. therm. annuelles, 6 & 8°. Limite de la flore chlorophyllee. | 30 Variations thermiques annuelles, 3&5°. 40 | Region profonde, 50 Limite de l’action actin. en ete. Var. therm. annuelles, 2 a 3°. | zöne superieure. 60 (‘) En adoptant cette limite inferieure de la vegötation littorale pour limite sup6rieure de la r&gion profonde, je n’entends pas dire que l’absence de vögstation soit le seul caractere ou le caractere impor- tant de la rögion profonde. C’est un caractere pratique, commode A appliquer pour tracer cette limite ; les faits de temperature, d’obseurite, de calme etc. s’unissent ensemble pour donner au milien ses traits generaux. metres 70 80 90 100 Limite de l’action actin. en hiver. Var. therm. annuelles, 1°. 110 120 130 140 150 Limite de la variation thermique annuelle. 160 170 180 190 200 210 220 230 240 250 Variation thermique lustrale, + 0.5°. Region profonde, zöne inferieure. s XI. Influence de la grandeur du lac sur les conditions de milieu. Pour ce qui interesse la faune profonde la grandeur des laes a de V’influence: 4) sur les mouvements mecaniques. Dans les grands laes, les vagues sont plus fortes, leur action effective descend plus profond ; elles erodent plus puissamment les cötes, et charrient plus avant des detritus et des galets plus gros. La beine y est plus profonde et est poussde plus loin des rives. Dans les grands lacs les courants d’origine mecanique (le courant profond, retour du courant superficiel des vents) sont plus energiques; ils agitent plus puissamment le fond; ils charrient plus activement les organismes ou leurs germes. b) sur la temperature des regions profondes. A m&me distance de la surface, un lat plus profond variera moins de temperature qu’un lae moins profond. c) sur la composition ehimique de l’eau qui sera d’autant plus invariable que le lac sera plus grand. A cela se reduisent ces influences; e’est bien peu de chose. Mais nous devons encore donner attention au fait que les diverses dimensions du lac varient en general en meme temps, dans le möme sens; que les lacs moins etendus en superficie sont en general moins > profonds, que par consequent leur fond presente d’une maniere moins parfaite les condi- tions de repos de la region profonde, et se rapprochent au point de vue de lalumiere et de la temperature des regions littorales ; nous devons noter encore que, dans un lac plus petit, la region littorale, qui est une ligne, a, proportionnellement & un grand lac, plus d’importance que la region profonde, qui est une surface. En me fondant sur ces refle- xions; je formulerai la conelusion suivante: «Si l’on veut comparer les conditions de milieu de deux laes d’apres leur grandeur relative, il y a lieu de considerer, non pas leurs dimensions lineaires, longueur ou largeur, mais une puissance superieure de ces di- mensions, la superficie de ces laes, ou mieux encore leur volume ». Un lac plus grand nous offre tous les phenomenes physiques developpes sur une echelle beaucoup plus grande qu’un lac plus petit. Cette loi deviendra bien plus &vidente lorsque nous comparerons nos petits lacs d’eau douce avec le bassin illimit& de la mer. Chapitre III. Les faunes et les flores superficielles. Nous aurons besoin, pour comprendre les relations et les origines de la faune profonde, de faire souvent appel aux faits biologiques et zoologiques des regions superficielles du lac. Des liens intimes, aussi bien au point de vue physiologique qu’au point de vue phylogenique, unissent les organismes du littoral et ceux de la region pelagique avec ceux des profondeurs. Je erois done utile, avant d’aborder l’etude de la region profonde, de la faire preceder iei par une esquisse rapide des &tres qui vivent dans les regions superieures du lac. Je deerirai successivement: la flore littorale, la faune littorale, la flore pelagique, 1a Jaune pelagique. s I. La flore littorale. Cette flore interesse notre ötude de la faune profonde & plusieurs points de vue, en partieulier: a. pour les faits respiratoires; par suite de l’antagonisme entre la respiration animale et l’assimilation des vegetaux chlorophyliens, l’eau alteree par la vie animale est purifice a par les plantes; par le fait des courants thermiques et mecaniques, cette action sur les gaz de l’eau peut faire efficacement sentir son influence entre les differentes regions ; b. pour l’alimentation des animaux; les debris vegetaux arrivent jusqu’ä la region profonde. c. pour la determination plus exacte des limites de la region littorale, et par consdquent de la region profonde. . Les vegetaux de la region littorale du lac Leman peuvent se diviser en eing groupes artificiels ('). I. Les tapis mousseux qui rev6tent les pierres et les bois, les cailloux de la greve inondee, les blocs erratiques, les cailloux des tenevieres, les murs et les pilotis des quais. Ces tapis essentiellement constitues par des algues, entr’autres, Cladophora glome- rata, forment un tapis leger, mobile, dont les brindilles ont 1—2 c/m. environ de longueur; il revet pendant toute l’annee les pierres et bois submerges & 1, 2 ou 3 decimetres au- dessous de la surface de l’eau. f Il s’y mele en plus ou moins grande abondance les filaments soyeux d’Ulothrix tenuis et U. tenerrima. Au milieu de ces Cladophora, on trouve sur les pilotis submerges, des plaques ovalaires d’un deeimetre ou plus de diametre, d’apparence veloutee, d’un vert sombre, & reflets chatoyants, formees par l’Oseillaria limosa. Sur les pierres submergees plus profondement, dans nos tenevieres, sous 2 & 5 m. d’eau, la Cladophora glomerata se presente dans sa variete subsimplex, beaucoup moins epaisse que la forme superficielle; au milieu de ce tapis, l’on trouve des touffes de Chae- tophora endiviaefolia, Batrachospermum moliniforme, Bulbochaete seti- gera, etc. Un type special des tapis mousseux, est celui des Algues inerustantes calcaires, qui est plus richement represente dans d’autres lacs, qui dans le L&man est rare, peu deve- loppe et limit & de petites localites (Pointe de la Venoge, Teneviere de la Poudriere de Morges, Port de Thonon). Il est surtout remarquable sur les pierres submergees des Jacs de Neuchätel, de Morat et de Bienne, oü il est connu depuis longtemps par suite des ceurieuses sculptures, encore mal expliquees (xL), qui se developpent, l& oü il existe, sur les pierres calcaires. Je le connais aussi sur les pierres des lacs de Zurich, de Constance, de Starnberg, ete. Dans le lac Leman il n’est nulle part tres developp6e et son Epaisseur n’atteint que quelques millimetres. Aux lacs de Neuchätel et de Morat il mesure en general un centimetre d’epaisseur; pres de la ville de Constance j’ai vu ses couches superposdes faire des coneretions tufoides de 2 ou 3 e/m. d’epaisseur; enfin sous les parties surplombantes des bloes erratiques du lac de Neuchätel, je l’ai vu former une masse tufoide de plus d’un decimetre d’epaisseur. Ce rev&tement d’algues incrustantes est gris, mamelonne, fragile; il (') Je dois la plupart des determinations de ces vegetaux A mes collögues et amis, les professeur J. B. Schnetzler de Lausanne, J. Müller de Genöve, G. Rey de Vevey, Fr Girardet de Morges. ge est forme essentiellement par Euactis (Zonotrichia) caleivora, et Hydrocoleum ealeilegum; au milieu de ces masses predominantes, M. Schnetzler & trouve Calothrix caespitosa, Scytonema tomentosum, etc. II. Les for&ts de plantes annuelles. Sur la beine, par une profondeur de 1& 4 m. d’eau, il se developpe au printemps une riche vegetation de plantes phanerogames herbacees, ä longues tiges, qui elevent leurs rameaux jusqu’ä la surface de l’eau, et forment de veri- tables for&ts aquatiques. Rien n’est plus elegant et pittoresque que les paysages sous- lacustres que l’on peut deviner dans les clairieres de ces for6ts, entre les bouquets de ces plantes, disposees en general en groupes, ou une espece pr&edomine, mais oü quelques plantes & feuillage different diversifient les tons et les reliefs. Les plantes qui forment ces for&ts aquatiques sont dans le lac Leman: Ranunculus aquatilis, Myriophyllum pec- tinatum, M. spicatum, Ceratophyllum submersum, €. demersum, C. densum, Po- tamogeton erispus, P. perfoliatus, P. lucens, P. deceipiens, P. pusillus, P. pec- tinatus, Elodea canadensis, cette derniere introduite aceidentellement vers 1882. (') Toutes ces plantes sont annuelles, & l’exception de Potamogeton pusillus; elles dis- paraissent en automne, et leurs debris sont arraches par les vagues et disperses dans le lac. Les foröts aquatiques ne se developpent que la oü le sol est vaseux; la ou dominent les roches, les pierres et le sable, elles font defaut. III. Les gazons de Characees. C’est aussi sur les fonds vaseux que se developpent les riches gazons des Characdes (xrr). Chara ceratophylla, Ch. contraria, Ch. foetida, Ch. hispida, Ch. aspera, Ch. fragilis, Nitella syncarpa, N. capitata, N. opaca, N. flexilis. Is forment des gazons epais, serres, de un ou deux decimetres d’epaisseur, dans lesquels s’entrelacent les tigelles, les aiguillons et les rameaux de ces eryptogames. Ges Charas forment parfois des touffes sur la beine, au pied des plantes arborescentes des for&ts sous-lacustres. Mais la oü, dans le Leman, ils sont le plus developpes c’est sur les bords du Mont, entre 6 et 10 m. de profondeur. Dans d’autres lacs, Zurich p. ex. ils forment souvent des gazons serres sur toute la beine. La Nitella Foreliana (J. Müller, Arg.) forme des touffes isolees, qui descendent fort bas sur les talus du lac; e’est A ma connaissance la plante qui va le plus profond. J’en ai trouve des individus isoles jusqu’a 20 ou 25 m. de fond devant Morges. (?) (!) Ou peut-ötre avant; je la connais dans le port de Morges 1883, et dans le port de Geneve, devant l’hötel de l’Ecu, 1883. (?) Voiei la dötermination provisoire qu’en donne le prof. J. Müller. „Elle est tres voisine de la Nitella opaca, mais elle en differe, ainsi que des N. syncarpa et N. capitata, par des rayons tres largement arrondis, obtus & leur sommet, non acumin6s en pointe solide. Elle est dioique; la plante que jai recue de M. Forel est mäle, la femelle est encore inconnue. Les antheridies sont absolument d&pour- vues d’une couche gelatineuse involvante. La plante est uniformement incrustee, mais inferieurement la tige est tres-denudde et transparente. L’espece va done ä la section Eunitellae Al. Br., Serie Monarthro dactylae, Al. Br. 1° Rayons divises, fl. dioiques. Par ce qui prectde l’espöce est nettement differeneice et doit se placer dans mon travail sur les Characdes genevoises (xtı) p. 51 apres Nitella opaca, avant la subdivision de N. flexilis,“ „D" J.M. Arg.“ Le oe IV. Les algues flottantes. Chaque annde on assiste A l’apparition passagere d’algues libres, qui se developpent rapidement, remplissent une localit& du littoral, vegetent, si le temps est calme, pendant une ou plusieurs semaines, puis disparaissent, dispersdes dans le lac par les vagues et les courants d’une tempete. Je connais dans ce groupe: Proto- derma viride dont les grandes lames membraneuses, gaufrees, d’un vert brillant, appa- raissent parfois en si grande abondance qu’elles couvrent le sol d’un tapis vert;(') elle se montre suivant les anndes en fevrier, mars, avril ou mai. Ulothrix (Hormiscia) zonata, dont les longs filaments sont fixes aux pierres et pilotis sous 30 & 50 e/m. d’eau, mais qui se detachent de leurs points d’insertion et con- tinuent A vögeter dans l’eau en formant d’enormes pelotons d’apparence soyeuse, qui attei- enent parfois un metre et plus de diametre. Conferva globulifera. Cette algue filamenteuse se developpe en nombre @norme au printemps, mars ä mai, et ses filaments entourent la tige des Myriophylles et Ceratophylles de la beine. Quoiqu’elle ne s’insere pas sur les tissus de la plante, l’algue lui est telle- ment adherente par les milles contours des filaments qui l’enlacent, que c’est ä peine si je puis la elasser dans le groupe des algues flottantes. Le 5 janvier 1884, dans un draguage a 45 m. devant Morges, j’ai trouve un paquet d’une algue verte, Conferva fontinalis d’apres Fr. Girardet, qui l’attribue ä la flore littorale. Je n’hesite pas & admettre cette opinion; si cette algue habitait la region ou je l’ai p&chee, je l’aurais trouvee fr&equemment dans les centaines de draguages que j’ai faits dans cette localite. Pandorina morum de la famille des Volvocindes. Cette algue se developpe, dans les mois de juin et de juillet, en nombre si considerable que l’eau des anses abritees en devient toute verte, d’un beau vert pomme. Je dois encore eiter dans ce groupe les algues pelagiques, Pleurococeus angulosus et Anabaena circinalis, que nous retrouverons plus loin, et qui entrainees par les courants vers le littoral, s’y trouvent aceidentellement. V. Les algues inferieures. Les Diatomees, Desmidiacdes, Vaucheriees, Osecillarides, Palmel- lacdes ete., vegetent abondamment dans la region littorale; elles y forment sur le sol cette couche que nous deerirons dans la region profonde sous le nom de feutre organique; elles rev&tent de leur poussiere brunätre tous les corps immerges, et en partieulier les plantes aquatiques. A la fin de l’ete, les debris des grands phanerogames des forets sous lacustres () Comment le Protoderma se d&veloppe-t-il dans le lac? Dans le lac je l’avais toujours vu libre, jamais fix6. M. Schnetzler m’engageait & le chercher adhörent sur des bois ou pierres submerges; mes recherches avaient toujours 6choue. Enfin pour la premiere fois, le 17 mars 1884, je viens de trouver des feuilles membraneuses de cette algue, adhörentes A un corps solide, dans le port de Morges. Le Proto- derma viride n’est done une algue flottante que dans un äge avance; dans son jeune äge il est fix& et adh6rent. Cependant sa trös-grande abondance en certaines anndes, et la rarete de ces individus adhörents, me font croire & la possibilit& d’une multiplication, ou tout au moins d’un accroissement de taille, a l’etat d’algue flottante. nee sont recouverts d’une mousse brunätre, souvent tres Eepaisse, formee uniquement de ces diverses Algues. Les Diatomees se trouvent en grande abondance dans le lac. Elles ont &te speeciale- ment etudiees par le prof. J. Brun de Geneve (xrır). Les Diatomees du lac appartiennent toutes aux m&mes especes que celles des eaux terrestres (ruisseaux, etangs, marais). Pour mieux caracteriser la flore lacustre M. Brun a eu l’obligeance de dresser,; sur ma demande, une double liste; la premiere liste donne les Diatomees qui sont frequentes dans les eaux du lac; le nombre des croix indique la frequence relative; cette liste represente ce qu’on peut appeler la flore lacustre. La deuxieme liste donne les especes qui ne se trouvent jamais dans les eaux du lac. Quant aux autres especes indigenes que l’on trouve indiqudes dans son livre, elles peuvent se rencontrer aceidentellement dans les eaux du Leman, mais elles ne font pas partie de la flore lacustre. Diatomees de la flore lacustre du Leman. j Achnantes flexella Breb. 7 Nitschia communis Rab. T Cocconeis pediculus Ehr. Tr N. linearis Ag. ir C. placentula Ehr. 7 Denticula frigida Ktz. 77T Gomphonema intricatum Ktz. {Tr Himantedium pectinale Ktz. f Cymbella cymbiformis Breb. 7 C. lanceolata Ehr. T C. helvetica W. Sm. 17T C. maculata Ktz. 17T €. gracilis Ehr. T Navicula dicephala Ktaz. TtT.N. elliptica Ktz. i Mastogloia Smithii Thw. 77T Tryblionella angustata W. Sm. Tr Diatoma elongatum Ag. T D. vulgare Bory. ırT Fragilaria capueina Desm. y Synedra vaucheriae Ktz. Tr 8. tenuis Ktz. 7rr S.ulna, Ehr., var. amphirhynchus. TTT 8. graeilis Ktz. Tr Cyelotella operculata Ag. 77 €. Kützingiana Thw. 77T Melosira varians Ag. D’apres ces notes, six especes de Diatomees seraient tres frequentes dans le Leman Aa savoir: Himantedium pectinale, Diatoma elongatum, Fragilarıa capucina, Synedra ulna, S. gracilis, Cyclotella operculata. Diatomees de la flore locale qui ne se trouvent jamais dans les eaux du Leman. Achnantes flexella Breb., var. alpestris. Gomphonema dichotomum Ktz., var. auritum. G. geminatum Ktz. G. sarcophagus Greg. P. divergens W. Sm. Surirella eraticula Ehr. S. helvetica J. Br. Odontidium anceps Ehr. Asterionella formosa Hass. 10 ri. Gymbella alpina Grün. Diatomella Balfouriana Grey. Navicula sphaerophora Ktz. Tetracycelus lacustris Ralfs. Pinnularia mesoleptaEhr., var. nivalis. | T. Braunii Grün. ) » var.nodosa. | Melosira spinosa Grev. — D’un lae & V’autre il y a de grandes differences dans la flore littorale. Elle est en general d’autant plus richement developpee que le lac est plus petit, et que le littoral du lac est plus large; elle sera done plus abondante la oü les talus du lac sont moins inelines, ou la beine est plus etendue, et ou il y a plus d’anses et de golfes abrites. Je n’ai pas les materiaux necessaires pour donner la liste des especes littorales des autres lacs Subalpins. Du reste la flore littorale interesse plutöt la faune profonde par son developpement en masse et par la richesse de sa vegetation, que par les especes qui la composent. Le seul fait que nous avons ä noter, c’est done, que, dans tous les lacs, la region littorale se distingue par une vögetation plus ou moins abondante de plantes vertes et d’algues inferieures; cette flore, dans sa grande generalite, est formee de plantes an- nuelles, qui se developpent au printemps pour fletrir en automne. La plupart des plantes de la region littorale, et en particulier les plus grandes et les plus importantes, sont des plantes annuelles, et ne vivent que pendant une saison assez courte. Mais leur developpement tres rapide n’en est que plus puissant; elles vegetent avec une grande activite. Il en resulte que les phenomenes de desoxydation, qui sont & la base de la vie vegetale, sont tres intenses, et que la chlorophylle, richement produite, travaille energiquement A debarrasser l’eau du lac de l’acide carbonique, degage par la respiration animale et par les combustions organiques. L’oxygene ainsi developpe est une des sources importantes de ce gaz necessaire A la vie animale. Les melanges, oceasionnes par les courants, font que cette action favorable sur les saz dissous dans l’eau, quand m&me elle s’opere dans la region littorale, se fait sentir jusque dans les grandes profondeurs du lac. Les debris des plantes du littoral servent non-seulement ä la nourriture des animaux herbivores de la region littorale, mais encore, disperses dans le lac par les courants, ils finissent par sombrer dans les profondeurs et contribuent ä l’alimentation de la faune profonde. Les vegetaux de la flore littorale, quelqu’eloignes qu’ils semblent ötre de la faune pro- fonde, partieipent ainsi directement A la respiration et ä la nutrition des animaux qui vivent dans les grands fonds du lae. — Nous venons de voir que les plantes chlorophyliees de la region littorale descendent sur les talus du Mont jusqu’& 15—20 et möme 25 m. de profondeur. (') O’est ä cette pro- fondeur que se limite la region littorale, au point de vue biologique; c’est dans ces limites (*) D’apres A. Marion les Zosteres ne descendent pas, dans les environs de Marseille, au-dessous de 25 ou 30 m., peut-etre jusqu’a 35 ou 40 m. (cvır). que nous devons admettre les frontieres ou cessent d’ötre representdes les conditions phy- siques qui permettent la vegetation des plantes vertes. Il est evident que, pour cette vegetation, le facteur le plus important, le faeteur dominant, est la lumiere. Quoiqu’il en soit, comme la vie des animaux de la region littorale est essentiellement liee A l’existence de la flore, la limite de la flore littorale, quelle qu’en soit la cause, determine la limite de la faune littorale. Il suit de la qu’au-delä de cette limite, nous avons la faune profonde. La limite de 20 & 25 m. est done pour nous la zöne oü commence au point de vue bio- logique la faune profonde des lacs. Je dois cependant ceiter ieci une observation qui diverge tres notablement des faits observes dans le Leman. Le 16 aoüt 1883, dans un draguage opere pres de Stanzstad, au lac des IV-Cantons, j’ai recolte, par 65 m. de profondeur, en assez grande abondance, une Algue filamenteuse verte; elle fut soumise encore vivante au professeur F. Girardet de Morges, qui y reconnut une Spirogyra, mais ne put en determiner l’espece, n’ayant pas reussi & en observer la conjugaison. Sommes-nous en presence d’une Algue chlorophylliee vegetant A 65 m. de profondeur dans le lac des IV-Cantons ? Gela etendrait considerablement la zöne superieure, dans laquelle la vegetation des Algues vertes est encore possible. Mais j’en doute beaucoup; e’est un fait trop divergent de ce que nous avons dans le Leman, oü toute plante verte s’arröte A 25 m., au plus, de profondeur. Je erois beaucoup plus probable que j’ai eu affaire & des Algues littorales arrachees par les vagues du föhn, qui soufflait assez fortement dans les jours de mon expeldition, et charriees en avant et au fond par les courants; ou plutöt, ce qui me parait encore plus plausible, ma drague a rencontre une touife de Spirogyra flottant entre deux eaux, en plein lac, et elle l’a saisie, ou en descendant, ou en montant, et l’a melangde avec le produit du draguage profond. Ce qui me confirme dans cette idee, e’est que le Dr. Asper qui a fait un grand nombre de dra- guages dans cette localite, n’a jamais rien trouve d’analogue, et n’a pas constate la pre- sence de cette algue dans la profondeur ('). $ II. Poissons. Parmi les animaux divers qui peuplent le lac, une seule classe est assez mobile pour passer d’une region A l’autre ; ce sont les Poissons, qui par leurs migrations regulieres appar- tiennent alternativement & l’une ou A l’autre des faunes (Mat. VIII). La plupart des especes appartiennent A la fois aux faunes littorales et profondes, quelques-unes aux faunes litto- rales et pelagiques, quelques-unes enfin aux faunes pelagiques et profondes. Au lieu de diviser l’etude des poissons en trois paragraphes, rentrant dans chacune de nos trois (!) Je viens de eiter un exemple A peu pres semblable dans un paquet de Conferva fontinalis trouv& par moi dans un draguage ä 45 m. devant Morges. 7% Pi En er ah = faunes, je crois plus utile et plus facile de les considerer ieci d’une maniere generale et de decrire dans leur ensemble, leurs migrations, telles que je les connais dans le Leman. Les 21 especes de poissons signaldes par Lunel (xrrır) sont: Perea fluviatilis La Perche. Leuciscus rutilus Le Vangeron (le Cottus Gobio Le Chabot. Gardon). Lota vulgaris La Lotte. Squalius cephalus Le Chevaine. Gyprinus carpio La Carpe. Phoxinus laevis Le Veron. Cyprinopsis auratus Le Poisson rouge. Cobitis barbatula La Loche franche. Tinca vulgaris La Tanche. Coregonus fera La Fera. Gobio fluviatilis Le Goujon. C. hiemalis La Gravenche. Alburnus lucidus L’Ablette. Thymallus vulgaris L’Ömbre. A. bipunctatus Le Spimin. Salmo umbla L’Omble chevalier Sceardinius ery- Trutta variabilis La Truite. throphthalmus Le Rotengle. Esox lucius Le Brochet. Anguilla vulgaris L’Anguille. Je commence par ecarter de la faune normale du lac: 1° Le Veron, la Loche franche et ’Ombre, qui sont essentiellement des poissons de riviere, et ne se rencontrent dans le laec qu’aceidentellement. 2° Le Poisson rouge de Chine qui a ete introduit recemment dans le lae par acclima- tation accidentelle; il n’est pas indigene et est encore tres-rare()). 3° L’Anguille qui s’y p&che parfois. Mais d’une part ce poisson ne peut arriver qu’ex- ceptionnellement dans le lac, l’emissaire, le Rhöne, &tant pour lui barre A Bellegarde ; il est extr&mement rare dans le Leman ; d’une autre part ses m@urs me sont ineonnues, je ne saurais deerire ses migrations et je prefere le laisser de cöte. Restent 16 especes bien etablies dans le laec. De ces 16 especes une seule est cantonnde dans la region littorale et n’en sort pas; e’est le Chabot qui vit dans les fonds pierreux, et qui ne saurait trouver ce milieu neces- saire & ses maurs en dehors de la beine et de la greve inondee. Restent 15 especes de poissons migrateurs, qui passent d’une region A l’autre. Deux especes habitent normalement la region pelagique du lac; ce sont les Core- gones, Fera et Gravenche. Ils sont essentiellement pelagiques et presentent cette livree speciale qui caracterise les poissons de ce groupe, blanc d’argent sur le ventre, bleu plus ou moins intense sur le dos. Ges Coregones A regime insectivore vivent aux depens des Entomostraces pelagiques, les suivent dans leurs migrations diurnes et ne viennent ä la cöte que en temps de frai. L’epoque du frai des Coregones est fort differente d’une es- pece ä l’autre. La Gravenche fraid en decembre et en janvier, sur la beine; elle entre (!) J’en ai cependant vu un en plein lac devant Evian. er a done & cette epoque dans la region littorale. La Fera fraie en fevrier et mars, dans les plus grands fonds du lac, par 200 & 300 m. de fond, oü les pöcheurs de La Vaux et de Savoie lui ont fait, jusqu’en 1883, une chasse (desastreuse (!). Pendant cette periode la Fera appartient ä& la faune profonde. Je joindrai aux Coregones l’Omble-chevalier, qui habite aussi la region pelagique, sans jamais venir dans le littoral. Il se nourrit de Coregones. Comme la Fera, il fraie dans les profondeurs ; un peu moins bas cependant que la Fera, car ses prineipales frayeres, pres d’Yvoire, sont par 100m. environ de fond. On le trouve frequemment aussi dans les filets & Fera, tendus par 200 ou 300 m., dans le Haut-lae. Les Coregones sont la proie ordinaire des grands carnassiers, qui vont les chercher dans la region pelagique : la Truite, ’Omble-chevalier, le Brochet, les poursuivent en plein lac; le Brochet pourchasse la Gravenche sur ses frayeres en beine ; la Lotte et l’Omble- chevalier descendent avec la Fera dans les grands fonds A l’epoque du frai. Nous avons encore ä eiter la Lotte, comme allant frayer dans les grands fonds; elle est souvent prise par les p&cheurs d’Ouchy dans les filets a Fera, en fevrier et mars. En resunid les grands fonds du lae sont visites annuellement par la Fera, la Lotte et l’Omble-chevalier. Continuons cette &tude sur les migrations des poissons. Des 15 especes A migrations nous en avons cantonnes trois dans la region pelagique : les 2 Coregones et l’Omble-chevalier: restent 12 especes. Les S especes de Cyprinides connus sous le nom de poissons blancs ont des migra- tions tres-regulieres; pendant l’ete ils vivent en beine, vers le littoral et en hiver ils des- cendent sur les flancs du mont et le long des talus du lac, de 10 & 40 m. de profondeur. Les carnassiers littoraux, les Perches, les Lottes, les Brochets, les Truites, suivent leur proie habituelle et font les m&mes migrations estivales que les Poissons blanes. Quel est la cause de cette migration des poissons littoraux, qui vont passer l’hiver dans la zöne superieure de la region profonde? Je la cherche dans deux ordres de faits: a) dans les faits de temperature; il arrive souvent qu’en hiver la r&sion littorale se refroidit notablement au-dessous de 4°, tandis que la region pelagique reste A des tempe- ratures superieures ; les poissons doivent &tre attires par les eaux plus chaudes. b) dans les faits d’eclairage. Les poissons herbivores, sans cesse poursuivis par les carnassiers, ne peuvent leur echapper en hiver qu’en allant se refugier A la limite de la region obscure; en effet en hiver les eaux sont si transparentes, qu’elles permettent parfaitement la vue dans les regions e&elairdes, et les forets des plantes annuelles de la beine, qui se sont flötries en automne, n’offrent plus la protection de leur ombre. (!) Les nouveaux r&glements de p@che, @dietös en 1883 en suite de conventions intercantonales et internationales, ont heureusement mis fin A la d&vastation qui se faisait en hiver sur les frayeres des Feras. re En 6te au contraire, lorsque les eaux sont opalines, et que, surtout dans la beine, elles sont chargees de poussieres, les poissons blanecs peuvent venir se refugier dans les fourres des forets aquatiques, ou ils trouvent en möme temps cachettes contre leurs enne- mis, et abondance de nourriture ('). Je n’ai pas d’arguments deeisifs pour me prononcer entre ces deux ordres de causes, mais je me rattacherais plus volontiers ä la seconde. Quoiqu’il en soit, par ces migrations, les poissons blanes et les carnassiers qui les suivent, habitent en hiver dans la zöne superieure de la region profonde. La region profonde est done temporairement habitee, dans sa zöne inferieure par trois especes seulement, et dans sa zöne sup6rieure par tous les poissons du lac a l’exception du Chabot et de la Gravenche (?). Il est inutile d’ajouter que tous ces poissons, insectivores, omnivores ou carnassiers, profitent tous, direetement ou indireetement, de la proie faeile que leur ofirent les inver- tebres de la faune profonde, et qu’ils trouvent abondante provision de nourriture dans les regions obseures du lac, que nous allons voir bien plus peuplees qu’on ne l’a sup- pose jusqu’ä present. s III Faune littorale. La faune littorale a pour l’etude de la faune profonde un grand interet; c'est chez elle que nous devons chercher l’origine de la plupart des animaux qui habitent dans les srands fonds des lacs. Il est done tres-important, si l’on veut comprendre les diverses faunes profondes des divers lacs, que l’on s’oceeupe en m&me temps de l’etude des faunes littorales de ces m&mes lacs. Malheureusement l’on est bien loin d’avoir fait ce travail pour toutes les eaux suisses. Je vais d’abord donner un catalogue de la faune littorale du lac Leman (Mut. XXX]), en r&unissant toutes les especes dont je connais l’existence (*). Les diversites d’habitat () Dans son 6tude du golfe de Marseille (cvı), A. Marion parle de faits analogues; d’apres lui les poissons se cachent dans les for&ts de Zosteres, les uns pour surprendre leur proie, les autres pour &viter leurs ennemis. Apres la chüte des feuilles des Posidonies en hiver, les poissons n’ayant plus cette pro- tection passent la journde dans les retraites et n’en sortent qu’a la nuit. O’est la nuit seulement qu’on peut alors les pächer. (2) Il n’y a done pas dans notre lac une seule espöce de poisson sp£ciale & la r&gion profonde. Les pöcheurs du moins n’en ont pas encore jusqu’ä present rencontre. (°) Pour la dötermination des animaux de la region littorale du L@man, je m’appuie sur les publi- cations anterieures, et sur les communications obligeantes de MM. Ed. Bugnion de Lausaune et Osten- Sacken d’Heidelberg pour les Insectes, @. Haller de Berne pour les Arachnides, A. Humbert de Geneve, H. Vernet de Duillier et A. Lutz de Berne pour les Crustaces, A. Brot de Genöve et S. Clessin d’Ochsen- furt pour les Mollusques, G. du Plessis d’Orbe, E. Grube de Breslau et L. v. Graff d’Aschaffenburg pour les Vers, et pour les Molluscoides, Coelentöres et Protozoaires, sur les @tudes de mon collegue’et ami le Dr. G. du Plessis, professeur de zoologie ä l’Acad&ömie de Lausanne, A l’aide obligeante duquel je n’ai jamais fait appel en vain. 2 man dans les differents sols, et les differentes regions du littoral, n’ont pas une assez grande importance pour l’etude des rapports de la faune littorale avec la faune profonde, pour que j’entre iei dans une distinetion fort longue et fort compliquee, en une foule de sous- regions ('). Je r&unis done en une seule faune, faune littorale, ce que je pourrais diviser en: Faune de la greve caillouteuse ; faune des tenevieres; faune des vases de la beine; faune des sables de la beine; faune des talus du mont; faune des murs, roches et pi- lotis, etc. I. VERTEBRES. Parmi les 5 classes de vertebres, une seule nous interesse aujourd’hui: les Poissons. Je me refere & ce que j’ai dit dans le paragraphe precedent; je le resume comme suit: Une seule espece, le Chabot, est confinee dans la region littorale et n’en sort pas. Toutes les autres especes du lac, au nombre de 15, viennent toutes en beine, ä l’ex- ception de la Fera et de l’Omble-chevalier, les unes pour y habiter en ete, Cyprinides et Carnassiers littoraux, les autres pour y chasser accidentellement leur proie, Carnassiers erratiques; les autres pour y frayer, la Gravenche et le Brochet. U. ARTHROPODES. Insectes. A Vetat adulte je ne connais que deux especes habitant dans le lae: Haemonia equiseti, marchant sur les herbes des for&ts aquatiques de la beine, et Sigara Lemani, nageant et se fixant sur les pierres et les bois de la beine inondee. A l’etat de larves, il y a une population abondante et varide. Je citerai entr’autres: Chironomus, Tanypus, Anopheles, dans le limon et la vase, Tinodes lurida dans des fourreaux sur les pierres et les bois, Hydroptiles sur les pierres de la beine, Polycentropus dans la vase, Syzira spongillae, parasite des eponges, dans le port de Morges, etc. Arachnides. Je me base sur le travail de Haller, en 1882 (Lxxı), pour l’enumeration des especes connues dans le Leman, au nombre de 14, dont une parasite: Arrhenurus sinuator Müller. A. globator Koch. Axona versicolor Kramer. Forelia cassidiformis Haller-Lebert. F. Ahumberti Haller. Hygrobates nigro- maculatus Haller. Limnesia histrionica Bruz. L. pardina Neuman. L. undu- lata Koch. Nesaea binotata Kramer. N. nodata Müller. Atax spinipes Bru- (!) Dans son esquisse de topographie zoologique du golfe de Marseille, A. Marion distingue les sous- regions suivantes: les ports, la zöne littorale emergee, la zöne littorale immergee de 0 ä 2 m,, la region des plages, les prairies de Zosteres, le pourtour des prairies de Zosteres (graviers, coralligenes, et sables vaseux), les fonds vaseux (cvu). 2 zelius. A. erassipes Bruz. A. upsilophora Clap., cette derniere espece parasite des Anodontes. i Toutes ces bestioles, ä l’exception de la derniere, sont nageuses, marchent sur la vase ou sur les herbes aquatiques. Crustac6s. Decapodes. Astacus fluviatilis F., sous les pierres des tenevieres. Amphipodes. Gammarus pulex sous les pierres de la greve submergee et des tene- vieres, et dans les gazons de Charas. Oladoceres('). Eurycercus lamellatus O. F. M. Camptocercus macrourus O.F.M. Acroperusleucocephalus Koch. A. striatus Jurine. Alona grisea Fischer- A. acanthocercoides Fisch. Alonella exeisa Fisch. Pleuroxus personatus Leyd. P. trigonellus O. F.M. P. truncatus O. F.M. Chydurus sphaericus O.F.M. Acanthocercus sordidus Lievin. Daphnia mucronata O.F.M. Simo- cephalus vetulus OÖ. F. M. Sida erystallina OÖ. F. M. Ostracodes('). Candona lucens, Gypris ovum, plus un gros Ostracode vert, de 2 m/m. de long sur 1 m/m. de large, non encore determine. Copepodes ('). Diaptomus castor Jur. Cyclops brevicaudatus Qlaus. €. ser- rulatus Fischer. Canthocamptus staphylinus Jur. Tous ces petits Entomostraces sont nageurs, ou rampent dans la vase ou sur le sol. II. MOLLUSQUES. Gasteropodes. Limnaeus stagnalis dans les baies abritees. L. auricularius sur les cailloux et les plantes de la beine. L. minutus. Planorbis marginatus Drap. Pl. albus Müll. (Pl. deformis, Hartmann) sous les pierres des t@enevieres et de la greve. \ Bythinia tentaculata, sur le Charas du talus du mont. Valvata piscinalis sur le sable de la beine. Ancylus lacustris dans les tenevieres. A. fluviatilis pres de l’embouchure des ruisseaux. Lamellibranches. Anodonta anatina. L.; A. Pietetiana Mortillet, ä Villeneuve A. cygnea, ä& Villeneuve. A. cellensis, ports fermes et anses abritees (oxxxım). Les Anodontes vivent de preference dans la vase ou le limon; elles sont rares dans le sable pur de la beine. Pisi- dium amnicum, P. Henslowianum, P. pulchellum, Cyelas cornea, dans les parties sableuses et limoneuses de la beine. (*) D’apres les notes de H. Vernet, A. Lutz et les miennes. EV IV. VERS. Annelides. Chötopodes. Stylaria proboscidea, Naiselinguis, sur les rameaux des plantes aquatiques. Saenuris rivulorum, Bathynomus Lemani E. Grube, dans la vase de la beine. Chaetogaster vermicularis, parasite des Limndes du port de Morges ('). Hirudines. Clepsine bioculata, Cl. complanata, Cl. marginata, Nephe- lis vulgaris, sur et sous les pierres de la greve inondee et des tenevieres. Branchiob- della astaci, parasite de l’ecrevisse. Bryozaires. Fredericella sultana, dont les polypiers se fixent sous les pierres de la beine, et sur les rameaux (des plantes arborescentes et des Charas du mont. Rotateurs. Floscularia ornata. Braccehion N&matoides. Mermis aquatilis Duj., en grand nombre autour des racines de Potamogeton erispus, quelques individus isoles dans la vase. Mermis chironomii Siebold, Dorylaimus stagnalis, Trilobus graecilis. Pour les Nematoides, Cestoides et Tr&matodes, parasites des Poissons, voyez le para- graphe oü j’en ferai l’&numeration, A propos de la faune profonde. Cestoides. Ligula simplicissima se trouve parfois libre dans la vase molle de la beine. C’est evidemment un parasite echappe de son höte. Turbellaries. D’apres les notes de G. du Plessis et les miennes: Mierostoma lineare Oe. Stenostoma unicolor ©. Schm. Prorhynchus stagnalisM.Sch. Monotus (Ötomesostoma) Morgiense G. du Plessis. J’ai trouve sur les Charas du bord du mont cette espece, deerite d’abord dans la region profonde. Mesostoma lingua OÖ. Schm. M. Ehrenbergii O. Schm. M. pusillum 0. Schm. M. rostratum Ehrbe. M. viridatum M. Sch. M. sulphureum De Man. Gyrator hermaphroditus Ehrbg. Plagiostoma Lemani G. du Plessis. Cette belle espece, que nous avons d’abord decouverte dans la region profonde, je l’ai retrouvee dans le littoral sur les Charas du bord du mont. Dendrocoelum lacteum Oerst. D. fusceum Stimps. D. quadrioculatum L. Graff. Ces trois planaires rampent sous les pierres de la beine. V. COELENTERES. Hydroides. Hydra fusca. H. grisea. H. aurantiaca. H. rubra. H. viridis. Ces hydres se trouvent sur les rameaux des plantes aquatiques, sur et sous les pierres de la greve et des tenevieres. () Plus un beau Lumbricus, non encore determine, que je trouve sous les pierres inondees, pres de l’embouchure de la riviöre la Morge. 11 2 Spongiaires. Spongilla fluviatilis’en colonies plates et discoides, grisätres, sous les pierres de la greve et des t@nevieres; en grandes colonies d’un beau vert de chloro- phylle, d’ou s’elevent des rameaux arborescents atteignant jusqu’a 3 e/m. de long, sur les pilotis des murs de Morges. VI. PROTOZOAIRES. Infusoires. Ophrydium versatile, Zoothamnium arbuscula, sous les pierres de la greve et des tönevieres. Carchesium polypinum sur les bois et les rameaux des plantes aquatiques. Stentor coeruleus, sur les pierres et roseaux de la beine. St. poly- morphus. St. Roeselii. Spirostomum ambiguum. Bursaria truncatella. Gette liste d’Infusoires est evidemment insuffisante. Rhizopodes. Non encore 6tudies. J’ai constate, dans le temps, dans mon aquarium un grand nombre de Rhizopodes, Amoeba, Difflugia, Arcella, Actinophrys. Mais comme dans l’eau j’avais apporte des pierres et des plantes d’eau provenant des ruisseaux et etangs de la terre ferme, aussi bien que du lac, je ne puis affırmer l’origine lacustre des especes que j’y ai trouvees. Telle est la liste des especes eonnues dans la faune littorale du lae Leman, ou plus exactement dans le golfe de Morges; il est probable que la m&me 6tude faite sur d’autres regions du littoral amenerait la constatation d’un nombre important d’especes qui ne sont pas representees dans la localit& de mes recherches. Nous verrons, par l’etude de la faune profonde, qu'il y a certainement A ajouter & cette liste un assez grand nombre d’especes qui doivent exister dans la region littorale. — ]l serait fort desirable que l’on possedät pour les autres lacs Suisses des listes ana- logues, qui rendissent possible une comparaison utile de ces faunes littorales ; pour l’etude des origines de la faune profonde cela serait fort urgent. Malheureusement je ne connais pas pour notre pays de catalogue zoologique general; pour quelques groupes speciaux l’on pourrait peut-etre etablir des listes en compulsant les faunes Suisses ; mais arriverait-on A des resultats bien utiles? j’ose en douter. Il est une seule elasse, celle des Mollusques, qui, & ma connaissance, ait te etudice d’une maniere un peu suffisante. Pour la faune malacologique du littoral ‚des lacs nous possedons un travail comparatif du plus grand interet, c’est celui de S. Clessin sur la faune des lacs de la Haute-Baviere (xLıv). Je ne sais mieux faire que de traduire iei le resume que l’auteur lui-meme a donnd de ses recherches, dans un travail subsdquent(xLv). « Les animaux du littoral sont exposes A des conditions de milieu fort mouvementees; grande agitation par les vagues, lumiere puissante, variations estivales de temperature, variations estivales de profondeur d’eau. Les Mollusques qui vivent dans cette region ont dü s’adapter A ces conditions SpE- eiales, A l’habitat des bords des grands laecs. Le nombre des especes de Mollusques dejä eonstatees dans les lacs est assez considerable ; mais la plupart de ces formes sont can- tonnees dans des localites abritees, oü elles retrouvent & peu pres les conditions de vie des etangs ou des marais. Les especes qui se sont developpees dans les rögions ouvertes du littoral, et qui se sont adaptees aux conditions de la vie lacustre, sont au contraire peu nombreuses, mais elles sont en gen6ral remarquablement riches en individus. On peut compter comme especes lacustres: «Limnaea stagnalis. L. auricularia. L.ovata. L. mueronata. Les Physes font absolument defaut. En fait de Planorbes il n’y a que Pl. albus (Pl. deformis) et encore est-elle peu abondante. Dans les Valvces il n’y a que Valvata antiqua. En fait de Bivalves je n’ai & citer que Anodonta muta- bilis qui se presente en un grand nombre de varietes lacustres ('), et Unio piseinalis. La seule espece de Cyelas lacustre est Sphaerium corneum (Sph. duplicatum); quant aux Pisidies il y a un grand nombre d’especes lacustres. « Toutes les autres especes, et elles sont nombreuses, que j’ai enum6erdes dans mes « Beiträge zur Mollusken-Fauna der bayerischen Seen (xLıv) », sont localisces dans des sta- tions protegees contre le choc des vagues, et ne doivent pas &tre considerdes comme de vraies formes lacustres. « Chez les Mollusques lacustres on reconnait une variabilite tres-&etendue entre les divers individus d’une m&me espece, variabilit& qui n’est representee dans aucun autre milieu habite par les m&mes animaux. L’on sait que les coquilles des Mollusques aquatiques pre- sentent en gengral une tres-grande variabilite, des variations considerables et’ des varietes en nombre presque illimite, dans les diverses localites ol ces animaux sont soumis & des eonditions differentes. Mais dans ce groupe des Mollusques aquatiques, nulle part la varia- bilit& n’est poussde aussi loin que dans les formes lacustres proprement dites. «Les conditions physiques, ou conditions de milieu, des grands laes sont tellement dif- ferentes de celles des autres masses d’eau douce, qu’elles forcent certains Mollusques & changer leurs moaurs les plus caracteristiques, qu’ils ne sauraient conserver sous peine d’une destruction plus ou moins immediate. C’est ainsi que les Limnees ont dü renoncer & venir respirer l’air en flottant & la surface de l’eau; si elles avaient garde cette habitude elles auraient bientöt &t&e brisees par les vagues contre la rive; c’est ainsi que les Nayades sont foredes de se fixer energiquement, en dilatant leur pied musculaire dans le sol, pour ne pas &tre arrrachees par les vagues. L’agitation de l’eau empöche generalement le deve- loppement des plantes aquatiques, Potamogeton, Lemna, Utricularia; ces plantes qui forment la nourriture de nos escargots d’eau, ne peuvent vegeter que dans les anses abritees. Partout oü ces plantes font defaut, les Gasteropodes sont reduits A brouter les algues qui recouvrent les pierres submergees, d’un tapis fort abondant il est vrai. Or, ces (%) On sait que Clessin ne reconnait dans nos Anodontes europ6sennes que deux especes, Anodonta mutabilis Cless. avec les varietes cygnea, cellensis, piseinalis, anatina et lacustrina, et Anodonta complanata, Ziegler, laquelle est caracterisce par la structure des branchies, = algues sont le plus souvent tres-calcaires ; Ja chaux entrant ainsi en grande quantite daus l’alimentation des Mollusques lacustres, leur coquille est en general fort epaisse. «Mais ces modifications dans la structure ou les maurs des Mollusques disparaissent partout oü le lac est plante d’herbes aquatiques. Dans ces localites tranquilles, oü l’eau est peu agitee, les formes ne presentent plus les particularitös des animaux lacustres ; quelques-uns de ces Mollusques ne se differeneient en rien de leur freres habitant les marais, 6etangs ou ruisseaux de la terre ferme; quelques autres cependant doivent &ötre deerits comme constituant des varietes locales. «Il n’y a aucun doute que les diverses formes lacustres se soient differeneices par adapta- tion au milieu. Mais sous ce rapport chaque lac conserve son caractere special: je pourrais ä peine eiter un lac, parmi ceux que j’ai explores, dont toutes les varietes de Mollusques coineident avec celles d’un autre lac. Dans chaque lae je trouve une ou plusieurs varietes speciales, en general au moins une Anodonte et une Limnee. Ges formes sont representees ordinairement par un nombre considerable d’individus. Aussi, pour comprendre les carac- teres morphologiques des diverses varietes, il ne suffit pas de considerer seulement les conditions generales du milieu lacustre ; il y a lieu de tenir aussi compte des conditions Spe&- ciales de chaque lac et m&me de chaque station. » Parmi les lacs dont Clessin a e&tudie la faune littorale, un seul rentre dans notre region, «’est le lJae de Constance. Voiei la liste des Mollusques qu’il y admet: Limnaea stagnalis L., var. bodanica Cl. L. auricularia, typita var. angulata Hartmann, var. tumida Held, var. Hartmanni Studer, var. ampla Hartm., var. papillaris Hartm. L. palustris, var. cervus Gmel., var. peregri- formis Cl. L. truncatella Müller. Planorbis carinatus Müll. Pl. deformis Hartm. Bythinia tentaculata L. Valvata contorta Menke. V. piscinalis Müll. V. eristata Müll. Aneylus laeustris. Anodonta mutabilis S.Cless., var. oviformis Cl. A. piscinalis Nils. A. rostata Kok. Unio batavus Lam. Sphaerium corneum var. nucleus Stud. Sph. ealyeulatum Drap. Pisidium amnicum Müller. — ]I est un groupe d’organismes que nous avons trop neglige dans nos etudes sur l’his- toire naturelle du Leman et des lacs du Nord des Alpes. Ce sont les Protistes qui sont tres-richement representes dans les eaux des lacs, si nous en jugeons par les belles re- cherches du professeur L. Maggi de Pavie et de ses eleves. Les naturalistes italiens ont constate un nombre considerable de Protistes, soit dans les eaux littorales, soit dans les eaux profondes. Je donnerai une idee de la richesse de cette faune, en reunissant ensemble les listes, donnees par Maggi (xıvı) et G. Cattaneo (xLvu), des Protistes des eaux super- fieielles du lae de Cöme; dans leurs recherches ces auteurs n’ont pas separe la region pelagique de la region littorale. Je renvoie aux memoires de Maggi pour les travaux ana- logues faits dans d’autres laes italiens, lae de Brinzio, de Varese, de Pusiano, d’Annone, de Garde, d’Idrio, de Candia, etc. Protistes des eaux superficielles du lac de Cöme. Protomonera. Bacterium termo Duj. Bacillus ulna Cohn. Vibrio rugula Müller. Lobosa. Amoeba radiosa Ehr. et Auerb. (*) A. diffluens Ehr. A. brachiata Duj. A. Crassa Duj. Arcella vulgaris Ehr. Pseudochlamis patella Cl. et L. Heliozoa. Actinosphaerium Eichhornii Ehr. Flagellata. Monas viridis Du. M. flavicans Ehr. M. lens Perty. M. gut- tula Ehr. M. ovalis Ehr. Cercomonas acuminata Duj. Microglena mona- dina Ehr. Euglenaviridis Ehr. Paranema virescens Duj, Uvella glaucoma Ehr. U. virescens Bory. Ciliata. Vorticella mierostoma Ehr. V. nebulifera Ehr. V. campanula Ehr(®). V. convallaria Ehr. V. nutans Cl. et L. V. eitrina Ehr. Scyphidia piriformis Perty. Epistylis plicatilis Ehr. E. parasitica Ehr. Gerda glans Cl. et L. Oxytricha pellionella Ehr. O. radians Duj. ®). O. gibba Ehr. Stylonichia pustulata Ehr. 8. mytilus Ehr. Aspidisca lincaeus Ehr. Para- mecium aurelia Ehr. Colpoda eueullus Ehr.(“) Cyelidium glaucoma Ehr. Trachelophyllum pusillum Cl. et L.. Amphileptus anaticula Cl. et L. A. meleagris Cl. et L. A. anser Ehr. Loxophyllum fasciola Cl. et L. Chilo- don eueullulus Ehr. Coleps hirtus Ehr. C. elongatus Ehr. D’apres une communication fort obligeante du Dr. Cattaneo, je puis, dans la liste ci- dessus, separer les especes vivant dans l’eau pres du rivage, de celles qui vivent dans le limon. Je marque d’un asterisque (*) les especes trouvees sur le limon, dans le littoral jusqu’a 20 ou 30 m. de profondeur. D’apres Cattaneo, & la surface dominent les Cilies et les Flagelles, dans le sediment les Rhizopodes et les Protistes, et dans la region pelagique les Cilio-Flagelles. Nous n’avons aucune raison de ne pas etendre les faits constates dans les laes italiens A nos lacs du Nord des Alpes; en attendant que des recherches speeiales alent etudie la faune protistologique du Leman et des autres lacs de la region Subalpine du Nord, nous admettrons que les eaux superficielles de nos lacs sont habitees par une faune abondante et varice de Protozoaires et de Protistes. Qu’il nous soit permis en reela- mant la mise en @uvre, chez nous aussi, de ces etudes, de demander que l’on separe aussi bien que possible les groupes de protistes des eaux littorales de ceux des eaux pelagiques. Cette distinction, on l’a deja vu et on le verra encore, est du plus grand interet zoolo- gique. s IV. Flore pelagique. La flore pelagique des lacs d’eau douce est fort reduite; elle consiste uniquement en Algues cellulaires de petite taille. ” ve nn ae Dans le lace L&man (Mat. XXXIIJ) cette flore ne comprend que les especes suivantes: Palmell&es. Pleurococcus angulosus Menegh.('), d’un vert brillant, flottant entre deux eaux; le nombre des flocons de cette Algue n’est jamais assez grand pour donner a l’eau une teinte verdätre; je ne l’ai jamais vue surnager ä la surface, je ne l’ai jamais trouvee dans les draguages profonds. Anabaena circinalis Rab. (et A. flos aquae)('), cette petite Algue floconneuse d’un jaune verdätre, apparait en hiver parfois en nombre &norme (°); elle flotte entre deux eaux pres de la surface. Diatom&ees. Gomphonema angustatum. Cette Diatomee, tres legere et tres peu siliceuse a &t6 trouvde par le prof. J. Brun de Geneyve flottant & la surface de l’eau dans les taches d’huile (°). Ces Algues pelagiques ne sont pas speciales ä la region qu’elles habitent, d’apres MM. Schnetzler et Brun ; elles ne different en rien de celles qui vegetent dans les etangs et les marais ; mais leur constance et leur grand nombre dans le lae montrent qu’elles ne sont point des hötes accidentels dans la region pelagique ; elles se developpent et se reproduisent dans le lac et forment les rudiments d’une flore pelagique. (‘) Determine par J. B. Schnetzler. (2) Leur nombre peut &tre önorme; le 16 fevrier 1869 pendant une chasse au grebe qui avait pro- men6 notre pöniche bien loin sur le lac, j’apergus pour la premiere fois ces petits flocons jaunätres ; je constatai leur prösence sur une surface consid6rable, dela Venoge & Evian, de Thonon aux Fontanettes; a 10 flocons par pied carre j’evaluai & 4 milliards le nombre de ces paquets d’Algues qui flottaient dans la partie du lac oü je les obseryvai. Mon ami A. Revilliod qui chassait sur une autre p6niche vit le möme jour, ces mömes flocons devant Rolle et devant Nyon; ils &taient repandus sur tout le lac. Le 15 mars 1884 en plein lac devant Ouchy j’evaluai leur nombre ä& un flocon par deeimetre carre, soit cent millions par kilomötre carre du lac. (°) Le prof. J. Brun a expos6, dans la seance du 17 avril 1884, de la societ@ de physique de Geneve, ses recherches sur les organismes pelagiques du lac, dans les environs de Geneve, au printemps de 1854 (exxxır). Il a constate: Nostoe tenuissimum. Leptothrix rigidula. Bacterium lineola Cohn. Bacillus ulna. Vibrio serpens (Cohn). Spirillum undula Ehr. Merismopedia punctata Ktz. Oscillaria migra var. fusca Vaucher. En fait de Diatomees, Brun a reconnu & la surface du lac: Asterionella formosa Hassel. Cyelotella Comta et C. operculata Ehr. Nitzschiella (Fragilaria) peeten Castr. Melosira orichalsea (W. Sm... Nitzschia palea (W. Sm.. N. fonticola Grem. Diatoma Ehren- bergii Ktz. D. vulgare Ber. Cymbella gracilis Rab. Synedra gracilis Rab. Navicula dice- phala Ehr. et N. Mauleri J. Br. Cette liste est tres differente de celle que Brun nous avait donnee des Diatomdes de la region lit- torale p. 73, et de celles de Kübler, Brun et Thomas pour les Diatomees de la region profonde (voir plus bas). En fait de Cilio flagell&, Brun confirme la prösence frequente de Ceratium hirundinella Bergh. syn. de ©. macroceras Schr.. Voyez encore du meme auteur: Vegetations pelagiques et mieroscopiques du lace de Geneve (cxtr), a. re x Fleur du lac. Au printemps, generalement vers le milieu de mai, on voit le lac sali par d’enormes quantites d’une poussiere jaunätre qui, accumulee par les courants, forme de grandes taches ou traindes; les p@cheurs l’attribuent ä& une floraison du lac. Ce phenomene a ete 6tudie en 1854 par le professeur J. B. Schnetzler (xtLvum) qui a reconnu que la poussiere jaunätre est essentiellement composee de pollen de coniferes; ces pollens proviennent evidemment des for&ts des Alpes, et sont apportes au lac par les vents et les affluents. Au milieu de cette poussiere, Schnetzler a trouv& une grande quan- tit& d’organismes vivants; il cite entr’autres: Rotiferes: Monostyla lunaris. Salpina mutica. Dileptus aureus. Protozoaires: Monas lens. Kerona pustulata. Enchelys pupa. Vorti- cella convallaria. Colpoda cuceullus. Chilodon ceucullus. Paramecium caudatum. Trachelius fasciola. Loxodes cucullus. Polytoma uvella. Algues: Vaucheria.. Oseillatoria.. Protococcus sanguineus. Diatomees: Gomphonema constrietum. Diatoma tenue Navicula.... Glosterium.... Tous ces organismes n’appartiennent qu’aceidentellement & la region pelagique; ils n’y subsistent que gräce au pollen sur lequel ils prennent leur support et dont ils se nourrissent. Les Algues qui eonstituent essentiellement la flore pelagique, aussi bien que celles qui s’y trouvent aceidentellement, vegetent dans l’eau en assimilant les matieres azotdes et l’acide earbonique dissous dans l’eau, et en degageant de l’oxygene; elles contribuent done A rendre l’eau propre A la respiration des animaux. Elles servent aussi ä la nourri- ture de la faune pelagique et contribuent par cela m&me, comme nous le verrons, A la nourriture de la faune profonde. — Des faits analogues ont &t& constates dans d’autres lacs. J’ai note moi-m&me des Algues pelagiques dans les eaux des lacs de Neuchätel, de Morat, de Joux, de Thoune, d’Annecy, du Bourget, de Starnberg ete. Mais je n’ai pas eu l’occasion d’en faire faire la determi- nation speeifique. L’Algue pelagique du lac de Neuchätel se presente d’apres J. Brun (xuıx) sous trois formes appartenant ä& une seule espece de Palmellde, mais qui a recu les noms de Pleuro- coceus palustris Kütz. quand elle est rouge, de Tetraspora virescens Hassal quand elle est verte, de Palmella Ralfsii Hass. quand elle est orange. Au printemps l’eau du lac de Morat se colore parfois en rouge par le fait d’une Öscillariee, Oseillatoria rufescens De Candolle (t). Dans le lace du Bourget le Dr. ©. E. Imhof (r1) de Zurich a reconnu le 5 octobre 1883 des flocons d’Anabaena eireinalis de Pleurococeus angulosus, des Gallionelles et des Fragillariees. er s V, Faune pelagique. La region centrale ou pelagique de nos laecs est loin d’&tre inhabitee(u). L’attention des naturalistes a et& dirigee sur les animaux qui la peuplent, il y a 15 ans deja. P. E. Müller de Copenhague constata en 1868, dans nos lacs, l’existence des m&emes groupes d’Entomostraees, qui, quelques anndes auparavant, avaient ete decouverts dans les eaux scandinaves par Lilljeborg et Sars (1). La faune pelagique du lac Leman se compose de divers groupes d’animaux (Mat. AXXXID. 1° Les oiseaux pelagiques appartenant tous & l’ordre des palmipedes, Larus, Sterna, Colymbus, Podiceps, Anas, Anser, Fuligula, Mergus. Au nombre d’une trentaine d’especes, ils sont tous des oiseaux migrateurs qui passent, suivant la saison, d’un lae & l’autre; ils sont, comme nous le verrons, un agent tres efficace des migrations passives pour les Entomostraees pelagiques. 2° Les Poissons pelagiques sont essentiellement les Coregones, inseetivores qui se nourrissent des Entomostraces pelagiques, puis les Omble-chevaliers dont le regime est sue- cessivement insectivore et piscivore et qui, suivant leur äge, chassent les Crustaces ou les Coregones. Enfin les grands carnassiers, les Truites et les Brochets qui vont chercher et poursuivre les Coregones dans leur region pelagique. 3° Les Entomostraces pelagiques. J’ai constate jusqu’a present dans le Leman les especes suivantes: Diaptomus Castor. Cyelops breviecaudatus. Daphnia hyalina. D. mucronata. Bosmina longispina. Sida eristallina. Bytho- trephes longimanus. Leptodora hyalina. Ces Entomostraces sont remarquables par diverses particularites entr’autres: a) par leur transparence absolue ; ce fait de mimique (mimiery), qui leur a fait prendre la diaphaneite admirable du milieu dans lequel ils vivent, leur sert de protection contre Ja poursuite des poissons, leurs ennemis acharnes ('). b) par le grand developpement de l’appareil de natation, et la suppression des organes de fixation ; ils sont en effet des nageurs condamnes A la natation & perpetuite, sans treve ni repos. b) par leur meurs erepusculaires qui les font &emigrer pendant le jour dans les couches moyennes du lac par 5, 10, 20 ou 50 m. de profondeur (*), ä la limite de l’obs- curite absolue, et ne les laissent remonter & la surface que par les nuits calmes et non- eelairees. (Le texte de la note (?) suivra A la page 89 sous chiffre (').) a (') Les substances volatiles, qui donnent aux tissus du poisson leur odeur caractöristique, sont dejä elabordes par les animaux p@lagiques qui servent essentiellement ä leur alimentation. Un filet de Müller, promen& dans le lac et rempli de sa riche capture d’Entomostraes, ofire d’une maniere saisissante l’odeur de poisson. Beguee 4° Les Rotateurs pelagiques. Un seul naturaliste s’est oceupe de ce groupe; dans un travail recent, le Dr. Imhof de Zurich (exLix) annonce avoir peche A la surface du Leman: Asplanchna helvetica Imh. Conochilus volvox Ehr. Anurea longispina Kell. A. cochlearis Gosse. 5° Les protistes pelagiques. Jusqu’ä present nous avons trop neglige dans le Leman l’etude de ce groupe d’etres. Nous ne les connaissons que dans trois conditions. a) J’ai reconnu l’existence constante d’une espece d’Infusoire, la Vorticella con- vallaria qui vit fixee sur l’Algue pelagique, Anabaena eircinalis. Tandis que chacun des flocons de l’Anabaena porte constamment des dixaines et des centaines de Vor- ticelles, cet infusoire ne se fixe jamais sur le Pleurococcus angulosus, autre Algue pelagique, vivant cependant exactement dans les m&mes conditions que l’Anabaena (°). b) Nous avons signale, d’apres Schnetzler, au milieu des amas de pollen de coniferes designes sous le nom de fleur du lac, un riche developpement de protistes. c) Le professor Brun a trouve dans la region pelagique de Geneve un Ceratium(?) voisin du €. hirundinella(tv) probablement une espece nouvelle d’apres l’opinion de Maggi de Pavie (iv)(*). M. Blane a peche en 1884 pres d’Ouchy le Dinobryon (sertu- laria). M. Imhof a trouve pres de Chillon en 1883 et 1884: Salpingoeca convallaria Stein. Dinobryon divergens Imh. D. eylindrum Imh. Ceratium hirundinella Müller. Peridinium tabulatum (. et L. (cxLix) . (') La profondeur A laquelle les Entomostrac6s p6lagiques deseendent pendant le jour a fait l’objet de determinations assez divergentes. A. Weismann nous dit & ce sujet (rxıv): „Dans la regle on les trouve r&unis entre 10 et 20 m. de profondeur, et au-dessous de 25 m. je n’ai jamais trouve un seul de ces animaux “. P. Pavesi au contraire les a peches ä des profondeurs beaucoup plus grandes (wxr. uxır), & 30 m. dans le Viverone, & 50 m. dans les lacs d’Orta, d’Idro, de Garde, dans le Ritom, ä 100 m. dans les lacs d’Iseo (5 espöces), de Cöme (8 especes), de Lugano (9 especes). Quant A moi j’ai constate ä Paide d’appareils ä soupapes (pompe, bouteille & eau) V’existence d’Entomostraces pelagiques A 100 m. et meme 150 m. dans le Leman ; mais, pour tre correct, je dois ajouter que ces appareils &taient traverses par le courant d’eau pendant toute l’op@ration de la descente; il serait fort possible que les quelques Diaptomus que j’ai captures ainsi provinssent des couches sup6rieures du lac. Les grandes troupes d’Ento- mostraces pelagiques se rencontrent pendant le jour entre 10 et 25m. de profondeur. Dans un travail recent sur ce sujet (exr.ım) Asper en promenant dans le lac de Zurich une chaine de filets superposes a trouv& la repartition suivante: Au mois d’aoüt pendant le jour la plupart des animaux pelagiques se tenaient & environ 20 m. de profondeur; les Leptodora et Bythotrephes cependant preferent la couche de 5 & 6m. de profondeur. Pendant la nuit tous les animaux remontent ä la surface. Au mois de sep- tembre la faune pelagique est repartie d’une maniere assez uniforme dans la couche de 2 & 40m. de profondeur. (2) Des faits analogues ont 6t& r&cemment constates par Imhof dans les lacs de Zoug et du Bourget (un). (?) Le prof. H. Blanc de Lausanne a constate au printemps 1884 la presence frequente du Cera- tium hirundinella dans la rögion pelagique devant Ouchy, plus un Dinobryon, peut-ätre le D. sertularia. Il a montr& dans une 6tude fort int6ressante sur les Ceratium (exuır) que le C. reticulatum de Imhof n’etait qu’une des formes de cette espöce tr&s-polymorphe. (*) Voir la note (?) & la page 86. Zr 6° Enfin quelques animaux egares loin du littoral se trouvent accidentellement dans la region pelagique ; c’est ainsi que j’ai peche A la surface du Leman, loin des cötes, deux exemplaires de Piseicola geometra, une larve d’Ephemera, ete. Ces animaux, entraines par les courants dans une region aux conditions de laquelle ils ne sont pas adaptes, n’appartiennent pas A la faune pelagique, pas plus que les papillons, les hanne- tons ou les sauterelles qui y sont emportes par les vents. — Les recherches d’autres naturalistes dans d’autres lacs de la region Subalpine nous permettent d’ajouter, aux faits constates dans le Leman, les faits generaux suivants: Les tra- vaux de Maggi (xıvı) et Cattaneo (xLv1r) dans les lacs italiens ont 'prouve que les pro- tistes pelagiques sont nombreux en especes et qu'ils font partie integrante de la faune du lac ('). Imhof a etudie en 1883 la faune pelagique des laes Subalpins; il s’est attache sur- tout A la recherche des Protozoaires et des Rotateurs qui avaient ete trop negliges par ses predecesseurs et dans la seance du 3 aoüıt de la societe helvetique de seiences naturelles (uı1) il a pu nous donner une liste de 2 Flagelles, 2 CGilioflagelles, 2 Infusoires vorticel- liens fixes sur les Entomostraces, et 6 Rotateurs; au total 12 especes, dont 7 nouvelles et nommees par lui (Liu) (%). On en trouvera les noms dans la liste generale de la faune pelagique & la fin de ce paragraphe. Imhof a donne la description de quatre de ses es- peces nouvelles, dans un memoire recent (Liv); il y figure en particulier sa belle As- planchna helvetica, Rotateur pelagique aussi transparent que la Leptodora. Il l’a trouvde dans les lacs de Zurich, Zoug, IV-Cantons, Greifensde, Katzensce, Annecy et le Bourget. Il est encore un animal qui presente tous les caracteres des animaux pelagiques et qui a te trouve dans plusieurs laes. Ce sont les larves d’une Corethra dont la trans- parence admirable est aussi remarquable que celle des Leptodora. Asper l’a rencontree en 1879 dans ses p@ches dans les laes de Zurich, de Zoug, d’Aegeri, de Pfäffikon et de Greifensee ; mais il les attribuait ä la faune profonde (Lv). En 1879 aussi, Pavesi l’a pechee dans la region pelagique du lac Revine-Lago, dans le Bellunese et en a reconnu la nature pelagique (Lvr). Plus tard moi-m&me (Lvir) et Imhof (tr) nous l’avons retrouvee dans le lae d’Annecy. Je n’hesite pas ä en faire un animal pelagique avec Pavesi et Imhof (Lvim). Un Hydrachnide, 1’Atax erassipes O. F. Müller, a et trouve par Pavesi dans la region pelagique de quatre lacs italiens (Lıx). Asper l’a rencontre dans le lac de Zurich (Lv). Moi-me&me je l’ai p&che dans la region littorale du Leman. Sa transparence relative et ses facultes natatoires rendent possible son habitat dans la region pelagique ; mais sa (') Voir ce que j’en ai dit au sujet de la faune littorale, page S4. (®2) Depuis lors Imhof a encore decouvert deux nouveaux Dinobryon, membres de la faune pelagique (exuıv). = Of fröquence dans les etangs et marais de toute l’Europe empäche d’en faire un animal es- sentiellement pelagique. — Ce quil y a de plus interessant et de plus special dans la faune pelagique c'est le groupe des Entomostraees('); ils en forment le trait essentiel. En effet les Poissons ne pourraient vivre dans la region pelagique s’ils n’y trouvaient les Entomostraces qui leur fournissent de la nourriture ; aussi les suivent-ils dans leur migrations diurnes. Les oiseaux n’y sont que des hötes aceidentels et de passage (*). Les Entomostraces forment done la partie essentielle et caracteristique de la faune pelagique. Iis ont ete fort bien etudies dans nos lacs de la region Subalpine. P. E. Müller a ex- plor& ä& leur recherche les laes de Constance, de Zurich, de Thoune, le Leman, le lae de St-Moritz (r). P. Pavesi a etudie avec grande attention une trentaine de lacs italiens (Lıx, LX, LXI, LXII). G. Asper donne quelques notes sur les Entomostraees pelagiques, quil a peches dans les lacs de Zurich, de Lugano, de Cöme, lac Majeur, Klönsee et Silsersee (xxxvu. Ly). A. Lutz a joint ä ses recherches sur les Cladoceres des environs de Berne quelques etudes sur la faune pelagique du lac de Bienne (Lxv). Je viens de parler des nouvelles recherches d’Imhof. A. Weismann nous a fait connaitre le monde des Entomos- traces du lac de Gonstance (LXII. LXIV). Il serait done facile en utilisant ces precieuses observations, d’etablir le tableau de la faune pelagique de chacun des laes ainsi explores. Mais deux considerations m’arretent dans cette maniere de faire: a) Weismann nous a appris que les diverses especes de Cladoceres presentent une periodieite annuelle (cxLv); que pendant certaines saisons elles disparaissent plus ou moins completement des eaux oüu elles habitent normalement, et ne s’y retrouvent qu’ä l’etat d’@ufs d’hiver (Dauereier) ; que cette epoque de reduction de la population est differente pour ehacune des especes, ayant lieu pour les unes en ete, pour les autres en hiver, au printemps, en automne. D’apres cela le tableau de la population pelagique d’un lae doit, pour &tre complet, &tre dresse d’apres de nombreux p&ches, faites en dive],>s saisons; quelques pöches isolees ne suffisent pas & dömontrer l’absence d’especes qui n’auraient pas ete capturdes. b) I resulte de toutes les observations faites sur les Entomostraees pelagiques que la m&me faune est r&epandue fort uniformement dans tous les lacs d’eau douce de l’Europe. Les me&mes especes se rencontrent dans les lacs de plaine et dans ceux de montagnes, dans les lacs Scandinaves, dans ceux du Caucase, dans ceux de l’Italie ou de la Suisse. ()) Ajoutons, depuis les decouvertes d’Imhof, les Rotateurs qui semblent avoir les m&mes caracteres que les Entomostrae6s. En deerivant son Asplanchna helvetica, Imhof nous dit, qu’elle est aussi transparente que la Leptodora hyalina, et qu’elle a entierement les caracteres des animaux pela- giques (Liv). = (?) Quant aux Protistes je les ai trop peu &tudies pour oser me prononcer sur leur compte. Va Ce fait deja indique par P. E. Müller (t), qui pouvait comparer utilement les laes de Suisse avec ceux du Danemark ou de la Scandinavie, a 6te constate depuis lors par tous ceux qui se sont occupes de la question. Une repartition aussi etendue des m&mes especes ne peut s’expliquer que par des rapports frequents entre les eaux habitees ainsi par la m&me population. Or ces rapports ne peuvent avoir lieu par migration active; le passage d’un lac A l’autre par les canaux de communication ou par les fleuves n’est pas admissible pour des especes adaptees A la vie pelagique, et ayant en general des allures lentes et pares- seuses. Au econtraire, la migration passive, ä& l’etat d’eufs d’hiver, attaches aux plumes des oiseaux de passage, explique parfaitement le transport d’un lae & l’autre. Tous les faits & moi connus du peuplement des eaux temporaires, ou des lacs de date recente, de la presence simultande de certaines especes dans des lacs tres eloignes ou de l’absence de certaines especes dans un lac voisin de celui qui les possede, ete., tous ces faits s’expli- quent fort bien si l’on admet qu’il y a une faune pelagique commune & tous les laes d’eau douce, dont les individus et les especes sont transportes aceidentellement & l’etat d’@ufs d’hiver, fixes aux plumes des oiseaux migrateurs, et vont peupler successivement les diffe- rentes eaux oü stationnent ces oiseaux. Suivant que les conditions de milieu sont plus ou moins favorables A l’espece, elle se developpe plus ou moins abondamment, elle s’y fixe temporairement ou definitivement, ou ne s’y etablit pas. Si cela est, je n’ai pas & indiquer une faune pelagique speciale pour chacun des lacs de notre region; je n’ai qu’ä donner la liste des especes dont se compose la faune pela- sique generale. Toutes ces especes peuvent 6tre transportdes dans tous les lacs; si une ou l’autre espece ne trouve pas dans un lac des conditions favorables, elle ne s’y developpe pas; mais pour affırmer son absence definitive de ce lac, il faudrait des recherches bien plus suivies que celles jusqu’ä present faites. Les Entomostraces pelagiques ne sont pas nombreux en especes, en revanche le nombre des individus est enorme ; quand notre filet traverse un de leurs essaims, c’est par cen- taines, c'est par milliers que nous les capturons; ils representent un developpement con- siderable de la vie animale. De quoi se nourrissent-ils, d’oüu tirent-ils les materiaux qu’ils assimilent. Quelques-uns d’entr’eux sont carnassiers et font leur proie soit des autres Entomostraees plus faibles, soit des Rotateurs et Protozoaires pelagiques. Quant aux phytophages qui ont pour mission d’assimiler la nourriture vegetale, ils mangent soit les Algues pelagiques que nous avons eitees, Pleurococeus, Anabaena, les Diatomees, soit enfin ces Protomoneres invisibles, les Aphaneres, que Maggi est arrive A rendre apparents par les procedes les plus delicats de la technique mieroscopique (LXVI). Protistes, Algues et animaux assimilent ainsi les mate- riaux contenus dans les eaux pelagiques du lac; ces materiaux une fois organises sont uti- lises plus tarıl par la faune profonde. Le corps des Entomostraees pelagiques a une densite legerement superieure A celle de l’eau; aussi les cadavres tombent-ils sur le ford du lac, ou nous allons bientöt les retrouver. > En 1876 j’avais fait une distinetion entre les especes propres & la region pelagique et celles qui s’y trouvent aceidentellement (larves d’Ephemerides Piscicola geometra). Pavesi dans son dernier travail (LxII) a perfeetionne cette division, et il distingue entre: Especes eupelagiques, ceomprenant les formes qui ne se trouvent que dans le milieu des lacs. Especes tycopelagiques, celles qui habitent egalement la region littorale et la region pelagique. Pavesi ne considere comme eupelagiques que les formes suivantes: Daphnia hya- lina. D. eristata. D. galeata. D. Kahlbergensis. Bosmina longispina. Bytho- trephes longimanus. Leptodora hyalina. Diaptomus castor et D. graeilis. Voici la liste des especes animales qui composent la faune pelagique des lacs de la region Subalpine ; les Crustaces sont donnes d’apres le dernier travail de P. Pavesi (Lxır), les Rotateurs et Protozoaires d’apres les recherches d’Imhof (Lit. cxLıv). Faune pelagique des lacs Subalpins. Oiseaux appartenant aux genres Larus, Sterna, Colymbus, Podiceps, Anas, Fu- ligula, Mergus etc. Poissons. Les especes du genre Coregonus et Salmo umbla, et les carnassiers qui les poursuivent, Truites, Brochets ete. Insectes. Larves de Corethra. Arachnides. Atax erassipes O. F. Müller. Crustaces. Cladoceres. Sida eristallina O.F.M. Daphnella brachyura Liev. Simocephalus vetulus O. F. M. Daphnia pulex L. D. magna Strauss. D. longispina O. F.M. D. hyalina Leyd. D. cristata G. O. Sars. D. galeata G. 0. S. D. Kahlbergensis Schedl. CGeriodaphnia quadrangula OÖ. F. M. Bosmina longirostris ©. F.M. B. longispina Leyd. B. longicornis Schadl. Pleuroxus trigonellus O.F.M. Alona quadrangularis O.F.M. Bythotre- phes longimanus Leyd. Leptodora hyalina Lilljeb. Ostracodes. Cypris ovum Jur. C. fuscata Jur. Copepodes. Diaptomus eastor Jur. D. gracilis G. 0.8. Heterocope ro- busta G. 0. S. Cyelops signatus Koch. C. serrulatus Fischer. C. tenui- cornis Cl. C. gigax Cl. C. brevicornis Cl. C. minutus Cl. Rotateurs. Conochilus volvox Ehrbg. Asplanchna helvetica Imhof. Anu- rea longispina Imh. A. spinosa Imh. A. cochlearis Gosse. Triarthra... Polyarthra... Infusoires. Epistylis lacustris Imh. Acineta elegans Imhof. Vorticella convallaria. Flagelles. Dinobryon sertularia Ehrbe. D. divergens Imh. D. eylin- driecum Imh. D. calyceulatum Imh. D. petiolatum Du). Cilioflagelles. Peridinium tubereulatum Ehrb. Geratium hirundinella OÖ. F. Müller. (C. retieulatum Imh.) Chapitre IV. Faune profonde. $ I. Göneralites, L’existence d’une faune habitant les grandes profondeurs de nos laes n’a pas et& de- vinde; les naturalistes ne l’ont pas pressentie, c’est le hazard seul qui nous l’a revelce. Nous etions A cet Egard aussi aveugles que les zoologistes qui diseutaient sur les faunes de l’oecan ; malgr& les faits isolds qui auraient dü faire soupeonner des longtemps la faune profonde de la mer, on supposait les abimes de l’ocean deserts et inhabites (Lxxv). Nous n’etions pas plus avanees au sujet de nos lacs d’eau douce; nous nous representions la vie eantonnee dans les regions superficielles des eaux; le fond du lac, obsceur et glace, nous semblait impropre ä toute espece de vie. Le hazard est venu A notre aide. Le 2 avril 1869 je cherchais ä& prendre des em- preintes du sol du lac devant Morges, par 40 m. de profondeur, pour y deeouyrir lindice des rides du fond (Ripplemarks), si elles existaient sur le plancher du lac(v); la plaque de töle ensuiffee, que je faisais descendre sur le sol pour y relever ınes empreintes, ramassa quelque peu de limon; je le mis de cöte pour l’ötudier. J’allais placer sous le mieroseope quelques parcelles de cette argile marneuse, lorsque j’apercus un petit Nematode blane, vivant, s’agitant dans le limon. Ce pauvre ver, une larve de Mermis aquatilis, fut pour moi une revelation. Si un &tre vivant existait dans ce limon, d’autres pouvaient y vivre ; si le limon etait habite jusqu’a& 40 m. de profondeur, c’est-ä-dire dans une region deja obseure, froide, loin de toute vegetation littorale, il pouvait l’&tre jusqu’ä des pro- fondeurs plus grandes. La region profonde devait &tre habitee. Des le lendemain j’avais eonstruit une drague, et je constatais l’existence d’animaux nombreux et varies habitant les talus et le plancher du lac jusqu’ä de tres grandes pro- fondeurs. Eee J’ai resume mes premieres recherches sur ce sujet dans mon « Introduction & l’etude de la faune profonde du lac Leman » (Lxxvi). Pendant plusieurs annees j’ai consacre tous mes eflorts & l’stude, soit des animaux de la region profonde, soit des conditions de milieu oüı ils vivent. Mais j’ai bientöt reconnu que mes forces ne suffisaient pas ä cette täche: trop de faits et des faits trop divers demandaient ä ötre elueides, et chacun d’eux exigeait des etudes speeiales et une longue preparation. Je me suis deeide A faire appel au con- eours des naturalistes, mes collegues et mes amis, et j’ai obtenu leur preeieuse collabo- ration, qui m’a permis non pas de mener ä bout ce travail (car quel est le chapitre, et surtout le chapitre de cette importance dans l’histoire naturelle qui puisse ötre &puise en une generation), mais d’en esquisser du moins les grands traits. J’ai remis ä mes colla- borateurs les materiaux que je collectais dans le lac, et jai recu d’eux des etudes que jai reunies sous le nom de «Materiaux pour servir & l’etude de la faune profonde du Leman. » J’en ai publie six series dans les Bulletins de la Societe Vaudoise des Sciences Naturelles, de 1874 & 1879 (Lxxvu). Outre ces etudes de detail, done chaque paragraphe traite un cöte special de la question, j’ai essay6e d’en presenter des resumes generaux dans les avant-propos des series I, II, IV et VI de ces Materiaux; dans deux discours prononces devant la Societe helvetique des Sciences Naturelles, dans les sessions de Schaffhouse 1873 (Lxxvin) et de Coire 1874 (LxxIx) ; dans un discours prononce devant la Section de Zoologie de l’assem- blee des naturalistes et medeeins allemands le 19 septembre 1877 ä& Munich (xxx), discours que j’ai resume dans un memoire publie dans le volume du Jubil& de Siebold du Zeitschrift für wissenschaftliche Zoologie (Lxxx1); enfin dans un discours prononce devant la section de Zoologie de la Societe francaise pour l’avancement des Sciences, le 29 aoüt 1879 ä& Montpellier (Lxxxi). Dans le lac Leman, outre les nombreux draguages que j’ai faits pour mon compte, et ceux pendant lesquels jai eu l’avantage de jouir de la presence de naturalistes etrangers: MM. G. du Plessis, E. Bugnion, H. Vernet, A. Humbert, H. Lebert, G. Asper, E. Grube, Spangenberg, A. Lutz, Selenka, H. Blanc, j’ai & citer quelques draguages faits devant Ouchy par MM. G. du Plessis, Kursteiner et H. Blanc. Dans d’autres laes voiei les recherches zoologiques qui sont A ma connaissance : En 1873 jıai fait une serie de draguages dans les lacs de Zurich, de Neuchätel, de Constance et de Zell (Constance inferieur) (Mat. XXI). Dans l’et6 de 1874, je fis avec mon collegue M. G. du Plessis une expedition au lac de Joux, oü nous etudiämes la faune profonde de ce petit lac jurassique. En 1874, Ph. de Rougemont a fait quelques draguages dans le lac de Neuchätel (vxxxum) A la recherche du Gammarus aveugle que j’y avais decouvert l’annde precedente (Mat. XXID). En 1876 je fis quelques draguages dans le lae de Walenstadt. En 1879 le Dr. G. Asper a entrepris une serie de recherches dans les divers lacs suisses pour l’etude des faunes profondes et pelagiques; il a fait ses draguages dans les BE laes de Zurich, Walenstadt, Pfäffikon, Greifensee, Aegeri, Zoug, IV-Cantons, Majeur, Lugano, Cöme, Klönthal, Silz et Silvaplana. Je trouverai dans les etudes d’Asper, que jaurai ä citer ä chaque page, une foule de notes de la plus grande importance pour notre sujet (xxx1. XXXVII LV). En 1883 j’ai fait une serie de draguages dans les lacs de Zurich, IV-Cantons, Bourget, Anneecy (uvu. uva) Neuchätel et Bienne. En 1883 le Dr. ©. E. Imhof de Zurich, & l’occasion de ses etudes sur la faune pelagique, a fait quelques draguages profonds dans les lacs du Bourget et d’Annecy (Li), et dans le Leman (exuıx). $ II. Appareils de draguage. Dans des bassins aussi peu profonds que nos lacs Subalpins, qui sont le plus souvent calmes, ou rides A peine par les brises locales, il n’est point besoin d’avoir recours, pour les draguages, aux appareils compliques, encombrants et dispendieux, necessaires dans les grands profondeurs de l’Ocean ; les animaux que nous avons A p6cher etant tous de tres petite taille, il n’y a aucune necessite & ce que les dragues soient grandes; il ya au contraire avantage A ce que leurs dimensions soient tres reduites, de maniere A ce que leur maniement soit possible dans les petits bateaux, qui, le plus souvent, sur nos lacs, sont seuls & la disposition du naturaliste. Les appareils, dont je me suis servi (Mat. IV, XXVI), sont aussi simples que pos- sible; ils suffisent du reste parfaitement & toutes les necessites des sondages zoologiques qui ne depassent 300 ou 400 m. de fond. 1° Drague metalligque (Mat. IV). Ma drague consiste en un bidon de zine, de sec- tion ovalaire, de un & deux litres de capaeite (Fig. 5), le bord superieur doit &tre tranchant, un peu renverse en dehors; l’anse, en gros fil de fer, porte une boucle & laquelle on noue la cordelette d’attache. Cette corde- lette, de 2 & 4m. de long, relie au plomb de sonde la drague, et la tire en la couchant sur le limon, lorsque le plomb est traine sur le fond du lac. Cela se fait par une man@uvre tres simple du bateau, qu’on fait avancer lorsque le fil de sonde est assez deroul& pour prendre une inclinaison con- venable, environ 45°; quelques coups de rame suffisent, en general pour remplir la drague; on peut aider ä l’operation en tirant rapidement et avec Fig. 5. quelques secousses sur le fil de sonde. 2° Drague ü Jilet (Mat. XXVI). Je prends un räteau de fer, le räteau des jardiniers (Fig. 6), de 20 e/m. de largeur, ä 7 dents de 6c/m. de longueur; j’y fixe un cerele de fer portant un filet de mousse- line, suivant un plan vertical, perpendieu- lairement au manche, au-dessus et & l’op- =. posite des dents. Ce räteau doit &tre traine sur le sol; mais suivant la consistance du limon, il faut pouvoir faire mordre plus ou moins les dents de fer, et pour cela les ineliner plus ou moins sur le plan general de l’appareil; j’arrive & ce resultat en remplagant le manche de bois du räteau par une tige en gros fil de fer de 25c/m. de longueur, qui peut prendre une inclinaison convenable, et ä laquelle j’attache la cordelette de la sonde. Je traine cette drague sur le fond du lac et je la retire bientöt, pleine d’une poussiere legere d’organismes vivants et morts. Le maniement de cette drague ä filet est un peu plus diffieile que celui de la drague metallique; le poids plus lourd des dents du räteau maintient parfaitement l’appareil dans une position verticale pendant la descente ; mais pendant cette descente il faut avoir soin de faire avancer doucement le bateau afın que le filet s’etale bien, sans s’accrocher aux dents ou au manche du räteau, ou A la corde d’attache. La drague metallique prend des &chantillons du limon avec les organismes qui s’y trouvent caches. La drague A filet, beaucoup plus legere, n’entre pas dans le limon; elle glisse ä la surface et ramasse seulement les animaux nageurs et les poussieres vivantes et mortes, qui sont souleves par les frottements sur le sol du plomb de sonde, de la corde et du manche du räteau. On y trouve cependant le plus souvent quelques Pisidies, quel- ques Chetopodes, des Nematoides m&me, qui vivent enfouis dans la vase. Suivant la recherche que l’on voudra faire, il y aura lieu d’employer l’un ou l’autre des appareils. La drague ä filet donne des resultats plus brillants, un plus grand nombre d’animaux vivants ; la drague metallique laisse echapper quelques animaux nageurs, mais donne generalement un apercu plus complet sur la population de-la region profonde. Les deux appareils doivent &tre employes concurremment pour une etude entiere du sujet. L’une ou l’autre de ces deux dragues est attachee par une cordelette de 2& 5m. de long au plomb de sonde, lequel sera traine sur le sol pendant l’operation du draguage. Le plomb de sonde doit &tre assez lourd, d’autant plus lourd que le fil de sonde est plus epais, d’autant plus lourd que la profondeur & draguer est plus grande. Je me sers de poids variant, suivant les eirconstances, de 2 & 8 kilogrammes. Le fil de sonde est d’autant meilleur qu’il est plus mince. Le plus agreable & man@uvrer est certainement un fil de laiton recuit, de un milli- metre environ de diametre ; il est assez resistant pour toutes les operations des draguages dans nos lacs ; les frottements dans l’eau sont reduits au minimum, et le travail, soit du draguage soit de la remontee de la sonde est exträmement facilite. Mais ce fil, comme tout fil metallique, a le grand inconvenient de faire boucle s’il n’est pas convenablement tendu, et, si l’on tire sur une telle boucle, le fil se casse net. Il faut done user de pre- cautions attentives pour eviter cet accident, et il serait imprudent de confier & une sonde en fil de laiton des instruments de grand prix. Je n’ai pas essay6 jusqu’ä present le fil d’acier de Sir William Thomson; il aurait, sur le fil de laiton, l’avantage d’une plus grande tenaeite; il aurait en revanche l’incon- 13 \ WEN $ “iT —_ ae venient d’ötre facilement oxydable et de necessiter des precautions speeiales; il faudrait ou bien le secher apres usage, ou bien le graisser attentivement. Le fil le plus commode, en ce quwil est le moins delicat et demande le moins d’attentions, est une corde fine en chanvre ou en lin, bien tordue, et bien goudronnee. Celle que j’emploie pour mes draguages ordinaires est une corde de 200 m. de long ('), de 4 m/m. de diametre ; elle est composde de 3 torons, de deux fils chacun. Je n’ai pas A deerire ici le treuil sur lequel s’enroule la corde ; il peut &tre simplifie ou complique, au gre de celui qui doit s’en servir. Les petits bateaux de nos lacs n’ont pas tous un mat, convenablement plac& pour y suspendre la poulie, sur la- quelle doit couler le fil de sonde. Il est done prudent d’avoir une poulie toute pröte. J’emploie une poulie de metal (Fig. 7), vissee sur une barre de bois que je fixe aux cötes du bateau, A l’aide d’une ou deux presses A vis. La corde est guidee sur la gorge de la poulie par deux boucles ovales, qui offrent chacune une fente en biseau par laquelle je puis faire entrer ou sortir la corde (?). $ IIL Triage du materiel. Le produit de la drague ä filet est en general propre; il a ete lave & grande eau par le courant qui traverse la mousseline dans le trajet en retour de la drague, et, les poussieres organiques que le filet renferme peuvent &tre immediatement utilisees. Il n’en est pas de m&me du limon que ramene la drague metallique. Il y a lieu de separer les organismes de l’argile qui les entoure. Pour cela j’emploie deux methodes qui l’une et l’autre me donnent de bons resultats, et dont je recommanderai &galement l’em- ploi, si l’on veut prendre une connaissance entiere du sujet(Mat. V). Dans la premiere methode, la plus lente mais aussi la plus süre, je laisse reposer le limon dans de grandes terrines plates, sous une couche peu epaisse d’eau, et je vais chaque ()) Quand j’ai A faire des draguages ou des sondages dans des lacs plus profonds, j’y ajoute, cela va sans dire, une longueur de fil convenable. (2) Le prof. H. Blanc de Lausanne a applique en fevrier 1884, devant Ouchy, une nouvelle methode d’exploration du fond du lac. Il descend au fond de l’eau un cadre de bois auquel il suspend quelques plaques de verre, lesquelles s’6talent & la surface du limon; il fixe l’appareil par un ancrage convenable, et le marquant d’une bou6e il le laisse reposer quelques jours dans le lac. Les Protozoaires qui rampent dans le limon se posent sur les plaques de verre, qui peuvent ötre plac6es directement sous le micro- scope. Gräce ä cette möthode, qui promet d’ötre tres fructueuse, Blanc a decouvert deja plusieurs Proto- zoaires, comme nous verrons plus loin, „ey jour p&cher les animaux qui sortent les uns apres les autres du limon. Si la temperature n’est pas trop elevee, cette p&che peut se prolonger fructueuse pendant huit ou dix jours. Les animaux vivants et mobiles se degagent les uns apres les autres du limon et vien- nent librement nager dans l’eau, Hydrachnides, Crustaces, Turbellaries; ou ramper ä la surface de l’argile, Gasteropodes, Hydres, Fredericelles ; quelques-uns enfin, habitant les profondeurs du limon, n’en sortent que lorsqu'ils souffrent et vont mourir, Cheto- podes, N&matoides, larves de Dipteres. Lorsque dans ces bassins la p&che n’est plus pro- duetive, je fais ecouler l’eau et je laisse secher lentement la surface du limon; je capture alors les Pisidiums et les Ostracodes, en les allant chercher ä l’extremite des meandres qui signalent leur marche, sur la surface encore molle de l’argile. Enfin je laisse secher le limon jusqu’a ce quil ait la consistance du beurre ou du fromage, et en le räclant delicatement avec la lame renversde d’un couteau, j’y trouve les vers enfouis dans la masse ; je recueille ainsi les larves de Dipteres, les Chetopodes et les N6matoides. Cette methode est lente et peu productive; tous les animaux qui ont &te froisses pen- dant le draguage, ou qui sont enterres trop profondement dans le limon, ne peuvent sortir, et sont perdus pour la recherche. Mais elle donne de bons apercus sur l’habitat et les meurs des animaux. La deuxieme methode, le tamisage,- est plus expeditive et plus fructueuse; elle donne rapidement une grande abondance d’animaux vivants ou morts; elle fait connaitre en möme temps les debris organiques que le limon renferme. Mais elle est plus confuse et ne s6pare pas les animaux suivant leur habitat. Le triage se fait & l’aide de tamis de toile de laiton, montee sur des cereles eylindriques ou coniques en zinc ; le modele que je pre- fere a la forme d’un eöne tronque dont la base inferieure, la plus large, est fermde par la toile metallique, et dont la face superieure est ouverte (Fig. 8). Gräce A cette forme, dans les mouvements du tamisage, le contenu du tamis est rejet@ en dedans, et ne se perd pas comme cela arrive {rop souvent dans les tamis cylindriques ou evases en dehors. La toile de mes tamis compte de 10 & 20 fils au centimetre. Le tamisage doit toujours se faire sous l’eau, c’est-A-dire que le Fig. 8. tamis doit plonger dans l’eau par la face inferieure de sa toile metal- lique. C’est une condition essentielle de la reussite de l’operation et generalement de toutes les man@uvres qui se font sur le produit des draguages; si on la neglige, les animaux mous sont froisses et comprimes contre les fils de la toile et sont reduits en bouillie. Si l’on veut obtenir facilement, rapidement et completement, le materiel utilisable d’un draguage, on procedera comme suit: On versera tout le produit de la drague dans une terrine, et on le lavera plusieurs fois A grande eau. Cette eau de lavage entrainera la partie la plus molle de la eouche superficielle de l’argile, la plus riche en organismes, et le tamisage fournira une abondante recolte. Quant & V’argile plus dense des couches pro- fondes, elle devra &tre delayes dans l’eau, de preference & l’aide d’un jet d’eau, avant d’etre soumise au tamisage. . — 10 — Asper a indique une tres jolie variante de la methode du tamisage (xxxr). Au lieu de tamis metalliques, il se sert d’un sae de toile & tamis en soie; il y verse le limon et l’agite dans l’eau. Le sac d’Asper est beaucoup moins eneombrant que les tamis metalliques, et ce procede doit etre recommande en voyage. Pour le naturaliste stationnaire, je pr&- fererais cependant encore l’ancien tamis metallique. En resume: Si l’on veut separer les divers groupes de la faune profonde d’apres leur habitat, que l’on etudie le limon produit de la drague metallique en le laissant reposer dans les terrines. Si l’on veut collecter les animaux nageurs, marcheurs, vivant ä& la surface ou au-des- sus du limon, que l’on emploie la drague ä& filet d’une part, et d’autre part que l’on tamise la premiere eau de lavage du limon recolte par la drague metallique Si l’on veut les animaux vivants dans le limon, que l’on tamise ä fond le limon de la drague metallique. Si l’on veut les debris organiques, les vegetaux, le feutre organique, que l’on emploie les tamis. Pour une etude complete de la faune profonde, il y a lieu de combiner ces differentes methodes. — Par ces divers procedes l’on separe du limon les organismes vivants et morts qui peuvent se celasser en quatre groupes: 1° Le feutre organique. 2° Les Algues de la flore profonde. 3° Les animaux de la faune profonde. 4° Les debris organiques et corps etrangers. Je les etudierai successivement. s IV. Feutre organique. Des le debut de mes recherches j’ai constate l’existence, A la surface du limon du fond du lac, d’une couche speeiale A laquelle j’ai donne le nom de feutre organique (Mat. XIX). Si je laisse reposer dans une terrine, pendant quelques jours, du limon du lae sous une couche suffisante d’eau, je vois la surface du limon changer sa couleur primitive, celle de l’argile gris-jaunätre ou bleuätre, et prendre une teinte brun-chocolat. Cette coloration apparait d’abord dans les depressions et creux, bientöt elle devient generale. Alors tout le limon de la terrine est recouvert d’une couche d’un aspect tout partieulier, d’apparence veloutee, aux contours superficiels mous et arrondis, parfois soulevee et detachee du limon par une bulle de gaz qui se developpe sous elle, parfois pereee d’un trou eirculaire, 1A ou une bulle de gaz s’est degagee. Cette couche s’enleve en &cailles de un & deux milli- metres d’6paisseur, qui se separent aisement du limon sous-jacent; elle se laisse facilement —- 11 — dechirer; elle est plus lourde que l’eau, et ses ecailles soulevees par la pincette ou par une bulle de gaz retombent d’elles-mömes au fond de l’eau. De me&me, si je laisse reposer les poussieres organiques recoltees avec la drague A filet, elles s’agglutinent bientöt ensemble en une couche adherente de feutre organique. Cette couche est organisee et vivante; elle se developpe et s'augmente. Si j’enleve quelques ecailles de la eouche brune qui s’est etablie sur le limon d’une terrine, en quel- ques jours je vois la solution de continuite se retrecir et se combler, par extension du feutre des la peripherie au centre. Si le limon a ete soumis ä la congelation, le feutre or- ganique est tue et la couche brune ne se produit plus. La lumiere direete du soleil a une action speciale sur le feutre organique ; elle fait pälir d’une maniere tres evidente la couleur brune superficielle d’une terrine de limon qu’on porte subitement au grand soleil ; si l’on fait developper le feutre organique dans un bocal de verre transparent, dont une partie est obseureie par un vernis opaque, la couche organique est plus brune dans la moitie assombrie, plus päle dans la moitie 6elairee. Ce feutre organique n’est pas simplement un produit artifieiel, resultant du traitement des produits de draguage dans les terrines ou dans les bocaux; il existe dans le lac. Je le trouve frequemment sous forme d’ecailles feutrees, soit dans la premiere eau de lavage du limon rapporte par la drague metallique, soit dans le produit de la drague & filet. C’est surtout en hiver et au printemps que le feutre se developpe abondamment dans le lac; je le trouve en moins grande abondance et ä de moins grandes profondeurs dans les draguages de l’ete et de l’automne. Je ne l’ai constate positivement dans le lac Leman que jusqu’ä la profondeur de 100 m. environ. Dans les profondeurs plus grandes, son existence est au moins douteuse, Dans les divers draguages operes le m&me jour, ä peu de distance les uns des autres, je vois une grande difference au point de vue de l’abondance du feutre organique. Dans l’un, les ecailles de feutre sont evidentes, nombreuses et de grandes dimensions; des le premier jour le produit du draguage verse dans une terrine, se recouvre de la croüte adherente, earacteristique; dans l’autre au contraire le feutre organique semble absent, et ce n'est qu’apres de longs jours de repos, que l’on en voit apparaitre les traces. Cette difference peut tenir sans doute en grande partie aux eirconstances fortuites de l’operation ; ladrague estaveugle et agit en aveugle; tantöt elle se remplit du premier coup en labourant la profondeur du limon, tantöt elle traine lonstemps A la surface du sol en ecorchant seulement la croüte superficielle, dont elle entasse des echantillons nombreux et divers qui se melangent dans le reeipient. Mais en admettant cette irregularite de l’action de la drague, je n’en crois pas moins & de grandes differences locales dans l’abondance et l’&paisseur du feutre orga- nique, qui est plus ou moins richement developp6 suivant les places. Cette couche de feutre organique n’est du reste pas speeiale A la zöne superieure de la region profonde du lac; elle existe dans la region littorale et colore le sol sableux ou vaseux d’une belle teinte brunätre, lorsqu’une serie de jours calmes en a permis le deve- ve Zei, - 12 — loppement ; elle couvre le fond des ruisseaux, des &tangs, des mares et des marais de la terre ferme. Etudie au mieroscope, le feutre organique revele sa structure. Il est eompose d’une masse fondamentale floconneuse, de tres petites Palmellacees, en nombre immense, qui donnent & la couche son &paisseur et son aspect veloute; dans ce lit de Palmellacees, eir- culent un grand nombre de Diatomees tres vivaces, auxquelles est due la couleur brune du feutre; les Diatomees sont mobiles et elles disparaissent dans l’&paisseur de la couche lorsqu’elles sont frappees par les rayons direets du soleil; de lä les changements de couleur que nous avons notes. Dans la couche de Palmellacees se developpent encore les filaments entre- laces de diverses Öseillariees, qui donnent & la couche organique cette consistance de feutre, relativement solide. Enfin l’on y trouve des Algues violettes, isolees, mais elles y sont sans relation directe avec Ja couche de feutre organique, et semblent y jouer le röle de corps etrangers, comme les poussieres organiques qui y sont empätdes. Nous allons re- trouver tous ces el&ments vegetaux en &etudiant la flore de la region profonde. Cette couche de feutre organique joue un röle important: a) Au point de vue des gaz contenus dans l’eau qui faciliteront la respiration de la faune profonde. b) Au point de vue de l’elaboration des substances organiques dissoutes dans l’eau, en matieres organisdes qui serviront ä l’alimentation de la faune profonde. c) Au point de vue de la consistance du sol sur lequel ont & marcher, ou dans le- quel vivent les animaux de la faune profonde. Au lieu d’une surface vaseuse, molle et mobile, telle que serait le limon mineral du fond du lac, cette couche de feutre organique presente une surface relativement fixee, solide, resistante ('). $S V. Flore profonde. La flore de la region profonde des lacs est tres pauvre, si j’en juge par celle du lae Leman (Mat. XVID. Elle consiste uniquement en quelques Algues qui forment essen- tiellement la couche decrite sons le nom de feutre organique. Pour autant que je le sais, ces Algues n’existent möme que dans la zöne superieure de la region jusqu’& 100 m. de fond. Au-delä je n’en connais plus avec certitude. () Quand on laisse reposer, dans des bocaux, le produit des draguages avec les animaux que con- tient le limon, on voit se former le feutre organique et l’on peut prendre une idee de l’aspecet du fond du lac. On voit la couche veloutee du feutre organique &tre perforee par les orifices des galeries des larves d’Insectes et des Annelides; ces galeries dont quelques-unes sont garnies d’un fourreau de soie sor- tent de la vase de quelques millimötres de hauteur, et sont entourdes de tas de d6jections terreuses, fine- ment granuldes, analogues aux dejections des vers de terre dans nos jardins. On voit en outre s’elever du sol les polypiers de Fred6ricelles, sans parler des Hydres, et des coquilles mobiles de Gasteropodes. u a mn Kr #. FRE — 18 — Ces Algues sont: Palmellacces. Pleurococeus roseo-persinicus Ktz. (Beggiatoa roseo-persinica Zopf.), masses gelatineuses, arrondies, grosses comme une tete d’pingle, agglomerces, d’un rose violace, assez abondantes de 25 & 60 m. et plus. Ces globules sont libres A la sur- face du limon ou empätes dans le feutre organique. (Determindes par J. B. Schnetzler. Mat. XVII.) Palmella hyalina Breb. Zoogloea termo Cohn. Cette petite Palmellacse forme la masse prineipale du feutre organique (Mat. XIX). Elle constitue une masse floconneuse, jaunätre & la lumiere transmise, grisätre a la lumiere reflechie. Des granulations tres petites, environ un millieme d’un millimetre, sont noyees dans une masse gelatineuse, amorphe, incolore. La teinture d’iode colore en jaune la masse gelatineuse, en jaune brun les gra- nulations ; parfois un point bleu montre l’existence de fecule dans les granulations. (De- term. prof. J. B. Schnetzler ä Lausanne.) - - Saprolögnices. Saprolegnia ferax Ktz. parasite dans le 'corps des Hydrachnides mortes et m&me vivantes (observee par H. Lebert. Mat. XL). Oscillariees. Oseillatoria subfusca Vauch. etend ses filaments rouge-violaces dans le feutre organique auquel elle donne sa consistance speciale (Mat. XVII) determinde par J. B. Schnetzler.) Oseillatoria versatilis Ktz. Beggiatoa arachnoidea Rab. dont les filaments blanchätres abondent dans le feutre organique (determ. par J. B. Schnetzler). Diatomees. Ces petites Algues forment le groupe le plus abondant; elles vivent en grand nombre dans le feutre organique, auquel elles donnent sa couleur brune. M. le pasteur J. Kübler de Neftenbach les a 6tudiees en 1873, d’apres des echantillons dragues dans le Löman ä& 50 m. de fond (Mat. XVII). Voici la liste des especes qu’il a reconnues ; jindique par un ou deux asterisques les especes frequentes ou tres frequentes. Epithemia saxonica Ktz. Navicula attenuata. ** Amphora ovalis Ktz. * Denticula undulata Ktz. * Cymbella helvetica W. Sm. * Surirella solea Breb. * Q. obtusiuscula Ktz. S. bifrons Ehr. ** Achnantidium microcephalum * Odontidium hiemale Lyngb. W. Sm. Diatoma vulgare Bory. ** Navicula amphirhynchus Ehr. Fragilaria virescens Ralfs. ** N, gracilis Ehr. ** Synedra sigmoidea Ehr. * N. viridula Ehr. ZZSstenmisaW-eSm: FEN. virıdis, Ktz. ** Gyclotella operculata Ag. N. major Rab. ** G, helvetica J. Kübler (). (*) Brun considere cette espece comme synonyme de Surirella norica Ktz. (xuı) RE — 14 — De ces 21 especes une seule est nouvelle, la Gyclotella helvetica; elle est deerite dans le $ XVIII de nos Materiaux. Si nous comparons cette liste avec celle que nous avons donnde pour la flore litto- rale, d’apres J. Brun, nous ne trouvons que quatre especes communes aux deux listes, A savoir: Cymbella helvetica, Diatoma vulgare, Synedra tenuis et Cyclotella operculata; toutes les autres, d’apres M. Brun, existent aceidentellement dans le lac, mais ne sont pas assez frequentes pour caracteriser la flore laeustre. Et cependant elles sont assez nombreuses dans la region profonde, pour avoir 6t6 constatees dans les quel- ques 6chantillons que j’ai envoyes & Kübler. Je trouve encore indiquees dans l’ouvrage de J. Brun (xLIr), comme appartenant & la region profonde du Leman Navicula humerosa Breb. et Surirella gracilis Grün. Dans l’argile de mes draguages profonds, devant Morges, M. Brun a trouv& les es- peces suivantes: Nitschia amphioxus. Pinnularia viridis. Surirella bifrons. Synedra ulna, var. amphirhynchus. Campylodiscus noricus, var. aequalis. var. costatus(!). Stauroneis phaenicenteron. Cyelotella operculata. St. truncata. C. Kützingiana. St. punctata. Dans le produit d’un draguage profond, & 200 m. devant Ouchy, M. Brun a trouve les m&mes especes, moins Stauroneis truncata. Dans divers echantillons de feutre organique que j’ai dragues devant Morges, entre 30 et 45 m. de fond, en 1883 et 1884, M. le pasteur S. Thomas, de Cheseaux pres Lausanne, a reconnu les especes suivantes (IV): Achnantes minutissima. Navicula elliptiea typ., Amphora minutissima. var. alpina. A. ovalis. N. mutica (?). Campylodiscus noricus. N. neglecta(). C. spiralis. N. pusilla. Coceceoneis placentula. N. limosa, Cymalopleura solea, var. gibberula. var. apiculata. N. viridis. Cymbella affinis. N. viridula. C. caespitosa. Pinnularia major. C. eymbiformis. Pleurosigma scalproides. (‘) Dont Kübler a fait la Cyclotella helvetica, Cyclotella operculata, var. minutula. Fragilaria constricta. Navicula amphigomphus. N. Brebissonii. N. borealis. N. Mauleri. Pleurosigma attenuatum. Pl. acuminatum. Pl. Spenceri. Nitschia Brebissonii. N. linearis. Synedra...(?) S. linearis. Surirella biseriata. I n’y a lä de commun avec la liste de Kübler que Amphora ovalis, Navicula viridis, viridula, et major et Gyclotella operculata. Avee la liste de Brun, il n’y a de commun que Campylodiscus noricus et Cyclotella operculata. Les listes de Diatomees de MM. Kübler, Brun et Thomas different done beaucoup les unes des autres. Comment faut-il interpreter des differences aussi considerables dans la flore des Diatomees d’une localit& a l’autre, ou plutöt d’un draguage a l’autre? Il me parait qu’il faut y voir lindice d’un peuplement local, aceidentel, soumis aux variations fortuites d’un apport plus ou moins riche de germes venant du littoral, ou des eaux de la terre ferme. Suivant qu’une plante arrachee au littoral et chargee de telles Diatomees aura ete sombree A la place oü je fais mon draguage, le feutre organique sera plus ou moins riche en telle espece. Si cette interpretation est exacte, la flore des Diatomees de la zöne superieure de la region profonde du lac n’est pas une flore stable et fixde. Une autre question peut se poser. Ges Diatomees sont-elles etablies au fond du lac et y vegetent-elles? Gu bien ne vivraient-elles pas dans la region pelagique, d’oü leurs squelettes siliceux tomberaient sur le fond, comme le font les cadavres des Entomostraces pelagiques ? Cette derniere alternative a quelques analogies en sa faveur: les Diatomdes que l’on trouve dans le limon du fond de l’occan sont attribudes A la surface; souvent & la surface de la mer l’on voit une grande vegetation de Diatomees qui salissent l’eau comme le fait notre fleur du lae; nous avons vu d’autre part que dans la region pelagique, Brun a re- eueilli, fHottant A la surface, le Gomphonema angustatum('); que Schnetzler a trouve, au milieu de la fleur du laec, des Diatomees appartenant aux genres Diatoma, Gompho- nema, Navicula, Glosterium; enfin nous savons que tous les bois et toutes les herbes qui ont trempe pendant longtemps dans le laec sont couverts de la mousse brunätre, carac- teristique des Diatomees, et beaucoup de ces corps flottants sont charries par les courants du littoral dans la region pelagique. Gependant, malgre ces arguments, je suis convaineu que les Diatomees que j’ai envoydes ä MM. Kübler, Brun et Thomas, sont bien des habitants du fond du lac, qu’elles ont veeu (') Voir la note (?) & la page 86. 14 n; — 106 -— dans le fond et n’y sont pas simplement tombees de la surface. Au moment oü je ramene du fond le feutre organique, j’y trouve des milliers de Diatomdes vivantes; d’autre part je n’ai jamais vu l’eau de la region pelagique salie par la vegetation des Diatomdes comme la chose est deerite pour la mer; les Diatomees sont en general plus lourdes que l’eau, et dans les terrines oü je les vois se developper, elles ne viennent jamais flotter A la sur- face. Enfin dans la region littorale, ou dans un fond de mare, je vois sur place le feutre organique vegeter avec ses myriades de Diatomees, comme je suppose qu’il vegete dans la zöne superieure de la region profonde. $ III. Faune profonde du lac Leman. Mes recherches personnelles ayant porte surtout sur le lac Leman, je donnerai une meilleure idee de la faune profonde de nos lacs en general en deerivant & fond celle de ce lac; un expose rapide de ce qui est connu dans les autres lacs permettra ensuite de juger des ressemblances et des differences. Je vais done faire d’abord l’&numeration complete des especes & moi connues dans la region profonde du Leman. Je donnerai la description des formes nouvelles seulement. I. VERTEBRES. Poissons. Comme nous l’avons dit au $ 2 du chapitre III, tous les Poissons du lac, sauf deux especes, le Chabot et la Gravenche, vont temporairement sejourner dans la region pro- fonde; les poissons blanes du littoral et les earnassiers qui les poursuivent habitent pen- dant l’hiver la zöne superieure de la region profonde, sur les flanes du mont, par 20 & 50 m. de profondeur ; les Feras, les Ombles-chevaliers et les Lottes vont frayer en hiver dans les plus grands fonds. Je n’ai pas ä& revenir sur ces faits, et je me borne ä& compter 14 especes de poissons, comme habitant plus ou moins longtemps la region profonde de notre lac. Ce sont: Perca fluviatilis espece litorale migration hivernale Cyprinus carpio id. id. Tinca vulgaris id. id. Gobio fluviatilis id. id. Alburnus lucidus id. id. A. bipunctatus id. id, Scardinius erythrophthalmus id. id. Leueiscus rutilus id. id. Squalius cephalus » id. id. — 17 — Trutta variabilis espece erratique chasses hivernales Esox lucius id. id. Lota vulgaris espece littorale epoque du frai Coregonus fera espece pelagique id. Salmo umbla id. id. Aucune espece de poisson n’est propre A la region profonde. Il. ARTHROPODES. 1. Insectes. Les Inseetes ne sont representes dans la region profonde que par les larves de Dip- teres appartenant aux genres Chironomus et Tanypus. Ces formes sont les m&mes que celles du littoral. Ils habitent le limon; quelques-uns se tissent un fourreau de soie et de vase. Quelquefois, mais tres rarement, je les ai vus passer ä l’etat de nymphe. Jamais je ne les ai surpris se transformant en insecte parfait. Ils ont et etudies par M. le professeur D. Monnier de Geneve (Mat. XII) et par M. C. R. d’Osten-Sacken A Heidelberg (1v). Dans les envois que j’ai faits & ce dernier naturaliste, au printemps de 1884, il y avait trois especes de larves appartenant au genre Tanypus, et des nymphes de deux especes. 23. Arachnides. Les Arachnides de la region profonde appartiennent ä trois groupes, Hydrachnides, Acarides, Tardigrades. A. Hydrachnides. Ces petits animaux, tres nombreux sur le limon du lac, ont et& etudies par H. Lebert, alors & Breslau, auquel j’ai pu envoyer des animaux vivants. Il a cru y decouvrir un nou- veau genre, le genre Campognatha H. Leb. dont il a deerit deux especes C. Foreli (Mat. XIID, C. Schnetzleri (Mat. XL). Plus tard lorsque Lebert est rentr& en Suisse il a continue ses etudes sur l’ensemble des Hydrachnides du lae, et d’apres les Echantillons vivants que je lui envoyais A Bex ou a Nice, il a deerit, dessing et nomme 19 formes differentes. Malheureusement la mort est venue surprendre notre ami, avant que son travail fut termine; la description morpholo- gique etait assez avancde, mais le travail zoologique 6tait absolument insuffisant. Desireux de ne pas perdre ces materiaux, travailles avec tant d’ardeur, je me deeidai A publier le manuscrit de Lebert (Mat. XLIX), en invitant les Hydrachnologistes A en faire une eritique et une revision. Cet appel a &t& entendu. Deux auteurs ont repris ce sujet: F. Kenike de Br&me en a, en 1881, fait une revision (Lxxu) qui a supprime la plu- part des noms de genre et d’espece proposes par Lebert, dans la persuasion oü 6tait celui-ei er — 108 — d’avoir des types nouveaux dans des ötres vivant dans des conditions aussi nouvelles. Kenike a reconnu dans la plupart de nos Hydrachnides du Leman des especes deja con- nues et deerites ()). L’annde suivante le Dr. Haller de Berne a repris le m&me sujet en se basant sur les animaux que je lui ai envoy6s vivants, et il a publie les r&sultats de ces observations en 1882 dans son etude zoologique sur les Hydrachnides de la Suisse (Lxxr). Dans l’automne de 1883 j’ai pu faire de nouveaux envois A Haller, actuellement ä& Zurich, qui a constate encore quelques formes nouvelles (Iv, CL). C’est d’apres les dernieres publications de Haller, en utilisant les travaux de Lebert et de Konike ainsi que mes notes personnelles, que je puis indiquer comme vivant dans la region profonde les huit especes suivantes: 1. Hygrobates longipalpis (Hermann) Kenike. Campognatha Foreli H. Leb. partim. Mat. XIIT, XLIX. C. Schnetzleri H. Leb. Mat. XL. Haller loc. eit. (vxxr) pag. 66. Koenike loc. eit. (Lxxır) pag. 616. Ge petit Hydrachnide, de 10 ä& 15 m/m. de longueur, d’un rouge brique avee taches blanches, est tres abondant dans toute la region profonde, aussi bien dans la zöne sup6- rieure, oü il se trouve en nombre & chaque draguage, que dans les plus grands fonds. Les filets ä fera des p&cheurs d’Ouchy en rapportent par centaines et par milliers, sitöt quils ont sejourne quelques heures dans les grands fonds du lae (?). Je ne l’ai pas encore vu dans la region littorale ; mais il y existe probablement, etant donnee sa frequence dans les lacs suisses, d’apres Haller: lae de Zurich, de Constance, de Thoune, lac du Faulhorn, etangs des environs de Berne, ete. 2. Hygrobates nigromaculatus (H. Lebert) G. Haller. Lebert. Mat. XLIX. p. 490 Haller loc. eit. (uxxr) pag. 67. - Voici la description de Haller, qui venant d’un speeialiste est fort superieure A celle de Lebert. Je la traduis: « Hydrachnide de grande taille, 2.025 m/m. de longueur, corps ovale, elargi, lar- gement tronque entre les poils antenniformes, l&gerement &chanere. Couleur fondamentale du corps brun-elair sale; pigment des yeux rouge vif: eouleur du sac stomachal noir fonce; glande dorsale en forme d’Y, tres richement ramifice, avec &largissement aciniforme des extremites glandulaires, l&gerement renflees en massue. La plaque labiale inferieure (1) P. Kramer (exxvi) a deja eritiqu6 en 1879 la ereation du genre Campognatha de Lebert et a rapporte la ©. Foreli au genre Limnesia. (?) Les @ufs de ces Hydrachnides sont abondants dans la vase de la rögion profonde; ils sont d’un rouge clair, en groupes de 4 ou 5, dans une substance albuminoide, transparente; j’en ai compte jusqu’ä 20 paquets dans quelques centimötres eubes de limon. — 3 est unie avec la plaque de la premiere patte; elle est remarquablement longue et s’etend presque jusqu’ä la hauteur du bord posterieur de la plaque epimerale de la 4° patte ; elle se retreeit A peine en arriere et se termine en pointe mousse. Les plaques genitales ont la figure d’un e@ur renvers6, plus long que large ; les trois ventouses ovales, qui correspondent au bord externe des plaques, suivent une ligne courbee en dehors ; les deux ventouses anterieures sont places longitudinalement, la derniere transversalement. Les palpes sont petits et courts, le 2° et le 3° articles ont leur face inferieure presque lisse et couverte d’asperites A peine visibles ; le 4° article est pres de 1'e fois plus long que le precedent. Pattes longues et minces; la 1° et la 2° sont plus courtes que le corps; leur couleur est plus päle que celle du corps ; l’artiele terminal est d’un gris de plomb ou noirätre. Il n’y a pas de longues soies; tous les poils sont courts et robustes. » La description de Haller est faite d’apres des individus p&eches dans la zöne superieure de la region profonde devant Morges. Ceux que Lebert a vus, et dont Haller assimile la description & la sienne, venaient de la region littorale. 3. Pachygaster tau insignitus H. Leb. Lebert. Mat. XLIX, pag. 519. Pl. XI, fig. 11 et 11a. Haller loc. eit. (exxr) 69. La valeur du genre et de l'’espece de Lebert est reconnue par Kanike et par Haller. Je traduis la description qu’en donne Haller: « Genre Pachygaster: Corps mou arrondi, avec differences sexuelles & peine appa- rentes. Ventre recouvert en grande partie par une plaque finement poreuse, formee par la reunion des plaques epimerales de toutes les paires de pattes. Epimeres de la 1’ paire de pattes separes l’un de l’autre et rejetes de chaque cöte; eeux des 2° et 3° paires re&unis sur la ligne mediane; celui de la 4° paire tres gros s’elargissant notablement vers l’inte- rieur. Plaque ventrale largement &eehaneree au milieu de son bord posterieur pour recevoir laire genitale. Aire genitale quadrangulaire avec angles externes arrondis, et A peine re- trecie en avant. Plaques genitales montrant dans leur moitie posterieure, le long du bord interne une rangee simple de petits poils. Les ventouses ne sont pas situdes sur la plaque, mais & son cöte interne, en une rangee unique, parallele A la plaque genitale; les ven- touses sont au nombre de trois de chaque cöte, elles sont de grande taille, de forme rec- tangulaire allongee. Toutes les pattes sont munies de griffes. Chez le mäle, la derniere patte est ornde de forts pinceaux de soies natatoires, longues et robustes, A l’extremite exterieure des 4” et 5° articles. « Les articles terminaux de toutes les pattes, dans les deux sexes, sont armes d’epines eourtes et Epaisses qui sont surtout nombreuses vers le bord externe. Les pattes sont revetues d’une epaisse couche chitineuse percee de pores fins et nombreux. L’@il a une eornee tres visible. Plaques des glandes eutandes bien developpees. » « Pachygaster tau insignitus H. Lebert. Sur le dos est un dessin d’un tau gree de couleur jaune sur fond noir veloute » ()). (") Voir encore la deseription des nymphes de cette esp&ce: Haller loe. eit. (cr). — 10 — Get Hydrachnide est moins frequent que les Hygrobates; il se trouve dans la zöne sup6erieure de la region profonde du Leman de 25 & 40 m. de profondeur ; je ne l’ai jamais peche & plus de 40 m. Il a et& trouve par Asper dans les lacs de Zurich et de Zoug, mais dans une variete differente par sa coloration. C’est ainsi que Haller distingue deux varietes de cette espece: var. a. Dessin du tau jaune sur fond noir. Leman. var. b. D’une belle couleur rouge brillante, avec glande dorsale blanche, pattes vertes ou vert-bleuätre. Lacs de Zurich et de Zoug. 4. Limnesia pardina Neuman. Cette espece abondante dans la region profonde, a &te, dans l’opinion de Haller, jointe par Lebert avec l’Hygrobates longipalpis et il en a fait son genre Campo- gnatha (xx). 5. Nesaea Koenikei G. Haller, loc. eit. (cL\ Cette espece nouvelle & 6t& trouvee en deux exemplaires dans le produit d’un dra- guage fait en nov. 1883 devant Morges, par 50m. En voiei la description traduite des notes de l’auteur (iv). « Corps ramasse, ovale; enveloppe chitineuse des extremites, fine- ment strice en treillage. Dernier segment de la 3° paire de pattes fortement recourbe, heterodactyle. Plaques de l’appareil genital etirdes en une dminence cornieulee au milieu du bord exterieur. Cette corne est armee A la partie posterieure d’une petite &minence accessoire, portant des 6pines courtes mais &paisses. De chaque cöte, mais & l’interieur de l’aire genitale, 4 A 5 ventouses tres petites. Couleur grisätre ; longueur ca. '/ m/m. » 6. Nesaea reticeulata Kram. \ . N. lutescens Leb. Mat. XLIX. 513. Haller loc. eit. (tLxxr), pag. 74. Trouvee par Lebert au milieu d’un envoi d’Hydrachnides peches dans le Leman, par 45 m. de profondeur. 7. Asperia Lemani G. Haller, loc. eit. (cr). Nouveau genre et nouvelle espece, trouvee par M. Haller dans le produit de mes draguages de Morges, par 40 m. de fond ('). 8. Atax crassipes Bruz. H. Lebert. Mat. XLIX. 516. Haller. loc. eit. (xx), pag. 77. Dans la zöne superieure de la region profonde du Leman. Peu frequent. (') Le dernier travail de M. Haller (cr) m’&tant parvenu au milieu de l’impression de ce paragraphe, je suis oblig& de renvoyer & l’original pour la description de ’Asperia Lemani et pour les details plus complets sur la Nesaea Koenikei. —- IH — Get Hydrachnide, bon nageur, a &t& trouve par Pavesi et Asper dans la region pela- gique. Je ne ]’y ai jamais rencontre, mais etant donnes ses maurs dans les bassins, oü on le voit s’elever dans l’eau et monter A la surface, il n’y a pas de doute qu’il n’est aucunement relegue dans la region profonde et qu’il peut nager dans la region pelagique. — L’Atax crassipes etant par ses allures un animal nageur n’est pas confing dans la region profonde. Les sept autres especes sont au contraire des marcheurs; ils marchent sur le sol sur lequel ils eireulent constamment ä& la recherche de leur proie. — De ces huit Hydrachnides, quatre sont deja connus ailleurs, et ne semblent pas modifies par leur transport dans la region profonde du lae: Hygrobates longipalpis, Limnesia pardina, Nesaea reticulata, et Atax crassipes. ‚L’Hygrobates nigro-maculatus est une espece nouvelle; elle existe dans la region littorale et elle descend dans la zöne superieure de la region profonde; cela n’offre aucune difficulte. Quant au Pachygaster tau insignitus ses relations sont moins claires. D’apres les donnees de Haller, il est connu en deux varietes: variete a. Vivant dans le Leman de 25 et 40 m. et dans le lac des IV-Cantons, et d’autre part dans la Sager-Meer, pres d’Oldenbourg, oü M. Kenike l’a pöchce. variete b. Vit dans les regions profondes des lacs de Zurich et de Zoug, ou Asper et moi l’avons draguee. Il est probable qu’avee de l’attention, nous trouverons une variete de cette espece dans les eaux littorales de notre lac, ou tout au moins dans les eaux terrestres de notre region ; mais cette trouvaille n’a pas encore dt& faite. La Nesaea Koenikei et l’Asperia Lemani enfin sont des especes nouvelles, tout recemment differeneiees, en 1834, non encore connues ailleurs. Leurs rapports et leur aire d’extention ne sont pas encore determines. — Le Pachygaster et Hygrobates nigro-maculatus sont abondants dans la zöne superieure de la region profonde, Hygrobates longipalpis dans la zöne inferieure. Voiei d’apres G. Haller le nombre relatif des Hydrachnides provenant d’un draguage fait & 50 m. devant Morges. Limnesia pardina 20 exemplaires. Hygrobates longipalpis 20 » Nesaea Koenikei 2 » B. Acarides. Un Halicarus non-determine, a &t& trouve par G. du Plessis en 1875 dans le produit d’un draguage fait devant Morges par 40m. de fond (Mat. XXXIV). la ete depuis lors retrouve fröquemment par ce me&me naturaliste. C. Tardigrades. Arctiscon tardigradum Schrank. Ce tardigrade est assez frequent dans le limon. Il a &ete reconnu pour la premiere fois en 1875 par le prof. E. Selenka d’Erlangen, dans le produit d’un draguage fait ä& 40 mötres devant Morges (Mat. XXXIV). Retrouve depuis lors, il a et& determine par le prof. G. du Plessis. Le prof. H. Blanc de Lausanne le trouve en abondance dans le sable fin qu’il drague par 60 m. de fond devant Ouchy. 3. Crustaces. A. Amphipodes. 1. Gammarus pulex Deg. Ce joli Gammarus, d’assez grande taille et normalement pigmente, est tres rare devant Morges dans la region profonde, ou je ne l’ai peche qu’une seule fois, par 40 m. de fond. En revanche il doit &tre plus frequent devant Ouchy, d’oü j’en ai regu plusieurs exem- plaires capturds sur les filets ä Fera, descendus dans le lac entre 200 ou 300 m. Les p&cheurs m’ont affırme qu’il se trouvait en grand nombre sur ces filets. Les individus que j’ai vus differaient peu du G. pulex de la region littorale du lae. 2. Niphargus puteanus Koch. Var. Forelii. Al. Humb. Alois Humbert. Mat. XAXXIX. pag. 512. Ce joli erustaee, blanchätre avec des teintes rosees, se trouve en tres grande abon- dance dans la zöne superieure de la region profonde du Leman, & partir de 50 ä& 40 m.; il existe jusqu’aux plus grandes profondeurs du lac, oü je l’ai recueilli dans un draguage A 300 m.; en revanche je ne l’ai jamais trouve sur les filets a Fra des p&cheurs d’Ouchy ('). Cet animal a dte etudie avec grande attention par A. Humbert de Geneve auquel jai remis des 6chantillons morts ou vivants; cet auteur en fait une variete du Niphargus puteanus de Koch. Dans son memoire sur cet animal, Humbert le deerit tres attentivement en le met- tant en opposition avec la variete qu’il a trouvde dans un puits ä Onex, canton de Geneve, var. Onesiensis. Je renvoie & l’original pour ces details. Je me borne ä donner ici les dimensions de la variete lacustre, var. Forelii: Longueur totale de l’extremits des antennes sup6rieures A l’extremite des dernieres pattes sauteuses 12 m/m. Longueur du corps, du devant de la tete ä& l’extremite du dernier segment en Longueur des antennes superieures 300 Longueur de la derniere paire de pattes sauteuses 2» Antennes superieures 19 articles. Antennes inferieures, fouet 1) » (!) II est possible que l’animal, assez mobile, se dögage des filets et tombe, ou dans l’eau, ou dans le bateau. Je ne l’ai cherch& sur les filets que lorsque ceux-ei 6taient apportös au rivage; peut-etre si j’avais reearde dans la cale des bateaux de pöche, en aurais-je trouve. 5 ) — 13 — Entre la variete eavicole, habitant le puits d’Onex, et celle du lac, les differences peuvent se caracteriser ainsi: Les soies et les &pines sont plus nombreuses dans la va- riete d’Onex ; les organes formes d’articles, tels que les antennes et les pattes natatoires, ont une tendance & ötre composes d’un plus grand nombre de pieces. Plus grande com- plication dans la variete du puits d’Onex ; plus grande simplieite dans la variete lacustre. Quant aux relations de parente de ce Gammaride avec les autres Amphipodes de la contree, Humbert estime qu’il est tellement rapproch& des Niphargus des puits de la terre ferme, qu’il est convenable de n’en faire qu’une simple variete. C’est peut-tre aller un peu loin dans la prudence, et en comparant les caracteres differenciels des deux varietes d’Humbert, differences qui portent surtout sur le nombre des articles et des ornements('), il me semble qu’on pourrait &lever la forme lacustre au rang d’especes. Quoiqu’il en soit, ce rapprochement est un indice de parente. Notre Gammaride aveugle est done, au point de vue morphologique, plus pres parent des Niphargus des puits de la terre ferme, que des Gammarus pulex de la region littorale du lac. B. Isopodes. Asellus Forelii H. Blanc. H. Blanc. Mat. L, pl. XL. Dans la zöne inferieure de la region profonde, j’ai p&che un Isopode aveugle, appar- tenant au genre Asellus. Il est de tres petite taille, d’un blanc grisätre, sale; peu fre- quent dans les draguages faits devant Morges, entre 75 et 120m. de fond, il doit &tre relativement abondant dans les tres grands fonds, car j’ai trouv& parfois un assez grand nombre d’exemplaires fixes aux filets A Fera des p&cheurs d’Ouchy. Exceptionnellement, jeen ai trouve dans la zöne superieure un exemplaire dans un draguage A 60 m., un & 40m. de fond, et mäme un & 30 m., devant Morges. Il a ete etudie par le Dr. H. Blanc de Lausanne ; ce zoologiste en fait une espece speeiale, rapprochee de ’Asellus cavaticus Schiödte, mais dont elle differe par les caracteres suivants: « Longueur maximale 5 m/m. Longueur des antennes inferieures egalant la moitie de la longueur du corps. Tigelle des antennes inferieures de 13 & 26 artieles. Antennes supe- rieures, tigelle 5 articles. Organes olfactifs, trois chez le mäle, comme chez la femelle. Organes olfactifs ne depassant jamais en longueur les articles qui suivent sur l’antenne. Dents du bord interne du pied mächoire, 2, rarement 3 ». La eeeit6 de lV’Asellus Forelii n’est pas sans exception; deux individus, 6tudies par Blanc, et p&ches devant Morges et Ouchy par 200 et 300 m. de fond, presentaient des rudiments d’yeux; tous les autres individus jusqu’& present captures, möme des jeunes (*) En faisant entrer aussi en ligne de compte les questions gen6alogiques, comme nous le verrons plus loin- 15 — 14 — retires de la poche incubatrice de la mere, &taient absolument depourvus d’appareil visuel. L’apparition de l’organe de la vue chez ces deux individus est-il un fait d’atavisme et de retour au type, ou bien est-ce un stade de modification de l’espece sous des actions de milieu ? e’est difficile & dire. Notre Asellus du Leman est intermediaire entre ’Asellus aquaticus des eaux eclairees, dont il differe par l’absence d’organe de la vision, et ’Asellus cavaticus Schiödte, qui est remarquable par un plus grand developpement des organes de l’olfaction. C'est de cette espece qu’il se rapproche le plus. Nous discuterons plus tard l’origine de ’Asellus Forelii, et nous verrons que c'est probablement un Asellus cavaticus &gare d’une caverne, qui s’est modifi& dans la region profonde du laec Leman. C, Cladoceres. 1. Sida ceristallina O. F. Müller. H. Vernet (Mat. XIV, pag. 97. XLII, p. 430.) Nous trouvons parfois ce Cladocere dans le produit de la drague ä filet, provenant de peches entre 30 et 50 m. Mais je ne suis point sür qu’il stationne sur le fond; e’est un bon nageur, qui habite aussi bien la region littorale que la region pelagique ; il est fort possible, qu’il ait &te capture par le filet en traversant la region pelagique. Moina bathycolla H. Vernet. H. Vernet (Mat. XLII. pag. 430. pl. I. f. 23.) Ce Cladocere differe, suivant Vernet, du Monoculus brachiatus de Jurine, de la Daphnia brachiata de Lievin et de Leydig, de la Moina brachiata de Baird, quoi- qu’ayant avec cette espece des rapports &vidents. Voieci un abrege de la description qu’il en donne. j Longueur totale 0.65 m/m., largeur maximale 0.41 m/m. Antennules longues et fortes, portant des soies delicates, termindes par une papille sensitive de longueur inegale. Pas de soies au milieu du bord anterieur de l’antennule. Antennes tres fortes & leur base, plissces jusqu’a la bifurcation, deux soies au bord anterieur, une au bord posterieur. Pre- mier rameau, 3 articles portant, les deux premiers, chacun une soie biartieulde, le troi- sieme, 3 soies biartieuldes et une soie simple; deuxieme rameau 4 articles, portant 3 soies biartieuldes A l’extremite du quatrieme article, et une soie simple sur les deuxieme et quatrieme articles. Post-abdomen large, termine par deux longs crochets, entoures de crochets plus petits et de poils fins. Sur le bord posterieur 18 crochets prineipaux en deux rangees, puis quelques crochets accessoires. Deux soies biarticuldes du post-abdomen de longue taille. Cavite imeubatrice logeant deux aufs. Valves de forme assez irr&guliere, bordees de soies, orndes elles-mömes de poils secondaires. Pas de stries sur les valves. Oeil forme de lentilles peu nombreuses, mais grandes. Tache oculaire petite, en arriere au-dessus de l’eil. — 15 — Cette Moina nage mal; elle marche sur le sol et chemine au milieu des debris or- ganiques du limon. 3. Eurycercus lamellatus O.F.M. Vernet (Mat. XIV, 99.) Ce beau Cladocere vit dans le limon de la region profonde, entre 30 et 100 m. de profondeur. L’espece en est fort repandue dans toute l’Europe, mais elle n’etait pas encore connue dans notre pays. Jurine en partieulier ne l’a pas vue dans les eaux des environs de Geneve; il est vrai qu’il n’a probablement fait ses p&ches que dans les etangs et les eaux terrestres. Il existe cependant dans la region littorale du Leman, oü je l’ai pechg, dans les gazons de Charas du bord du Mont. 4. Camptocercus macrourus O.F.M. Vernet (Mat. XIV, pag. 99. XLIL, pag. 452.) Ce Lyneeide habite comme le preeedent le limon de la region profonde. Nous le con- naissons aussi dans la region littorale. La forme que nous avons trouvee dans le Leman est de petite taille, mesure moins d’un millimetre, et n’approche pas de la grandeur de celui de Lievin, qui est, dit-il, de la taille de P’Eurycereus lamellatus. 5. Alona quadrangularis O.F.M. Lynceus striatus Jurine. Vernet (Mat. XIV, pag. 99, XLII, pag. 452.) Ce Lyneeide de la region profonde est connu dans les eaux terrestres du pays, oü il a et peche par Jurine et H. Vernet. O’est une espece marcheuse, incapable de soutenir longtemps la natation. 6. Pleuroxus .... H. Vernet (Mat. XLII, pag. 433.) M. Vernet a vu un seul individu de ce genre; il n’en a pas determine l’espece qui est peut-&tre nouvelle, car elle ne r&pond pas aux caracteres donnes par Baird ä ses trois especes. D. Ostracodes. 1. Candona similis Baird. C. lucens Baird. H. Vernet (Mat. XIV, pag. 101, XLIL, q. 455.) Lorsque Vernet a etudie en 1374 le produit de mes draguages profonds, il y avait trouve un grand nombre de Candona, quil avait repartis entre quatre ou eing especes differentes. Dans la revision qu’il a faite en 1378 des Entomostraces de la region profonde, il n’a retrouve qu’une seule espece qui participe A la fois aux caracteres de deux especes de Baird, la C. similis et la C. lucens; il eroit qu’il y aurait lieu de les reunir en une seule et m&me espece. — 16 — Ce sont des animaux marcheurs, vivant dans le limon et appartenant ainsi certaine- ment A la region profonde, oü ils sont tres nombreux. 2. Cypris minuta Baird. H. Vernet (Mat. XIV, pag. 102.) Un individu de cette espece nageuse a &t& trouve dans le produit d’un draguage pro- fond, par 40 m. C’est par erreur que Vernet dit (Mat. XLII) que cette espece est des plus frequentes dans la region profonde. C’est du reste une espece commune dans les eaux superficielles. 3. Acanthopus resistans H. Vernet. 4. Acanthopus elongatus H. Vernet. Vernet (Mat. XIV, pag. 105, XLI, pag. 406.) Ce genre nouveau de petits Ostracodes d’eau douce, appartenant ä la famille marine des Cytherides, a ete er&e& par le Dr. Vernet pour de petits Entomostraces marcheurs, vivant sur et dans le limon. Ce sont des fouisseurs, qui s’enterrent volontiers dans le limon et le charnier des debris organiques. En voici la description abregee, que je dois ä l’auteur lui-möme. « Valves irregulierement convexes, presentant quelques saillies; les bords sont plus particulierement garnis de poils. Antennes de la premiere paire composees de 5 articles, portant des soies. Antennes de la deuxieme paire, 4 artieles. Le premier porte & son extremite une longue soie biarticulde. Mandibules ornees de neuf dents; elles sont en outre munies chacune d’un palpe compose de 4 articles. Maxilles terminees par 4 membres, dont un forme de deux articles; elles sont ornedes d’un grand appendice branchial, flabelli- forme, garni de longues soies transparentes. Trois paires de pattes, composees de 4 ar- ticles. La premiere paire est la plus courte, la troisieme la plus longue. Les artieles basi- laires portent un ou plusieurs cerochets et une soie tres volumineuse. Post-abdomen rudi- mentaire, reduit & deux lobes arrondis, portant deux poils et encadrant l’extremite de l’arete dorsale. Au-dessous, deux ouvertures communiquent par un canal & un vaste recep- taculum seminis. » Vernet distingue deux especes, dont voici les dimensions et les caracteres, en resume: A. resistans longueur 0.90 m/m. largeur 0.53 m/m. A. elongatus » 0.95 » » 0.45» Dans le resistans les valves sont plus fermes ; moins transparentes, plus irregulieres. Dans l’elongatus les valves montrent, dans leur profil, une depression parallele & la charniere, bifurquee posterieurement. Les valves ont leurs bords renverses en dedans dans le resistans, aplatis dans l’elongatus. Dans l’elongatus les deux valves ne peuvent se fermer completement ; elles sont legerement beantes en avant et en arriere. Dans le resistans elle s’appliquent mieux sur toute la longueur. La couleur est rosee dans le resistans, jaunätre avec une grande tache noire dans Velongatus, - 17 — Les membres sont plus elances chez l’elongatus surtout les antennes de la premiere paire. Ces deux especes de Cytherides vivent ensemble, elles sont abondantes dans la zöne superieure de la region profonde devant Morges. E. Cop£&podes. 1. Cyclops magniceps Lilljeborg. Vernet (Mat. XIV, pag. 107, XLII, p. 454.) M. Vernet attribue & l’espece de Lilljeborg un beau Cyclopide assez frequent dans les draguages profonds. 2. Cyclops brevicornis Claus. Vernet (Mat. XIV, pag. 107. XLII, pag. 435.) Cette espece, tres frequente dans toutes les eaux superficielles du pays, se rencontre aussi dans le produit des draguages profonds. Ces deux Cyelops sont nageurs et pourraient dans l’opinion de M. Vernet provenir de la faune pelagique. Cependant dans les aquariums on les voit volontiers se poser sur le sol, et s’enfouir dans le limon, pour s’y cacher ou pour y devorer leur proie. Ce ne sont pas des nageurs infatigables comme les animaux essentiellement pelagiques, les Diapto- mus castor par exemple, ils ne craignent pas de se poser sur le sol. Ils n’ont du reste pas la transparence des especes pelagiques. Je n’hesite pas A les compter parmi les bonnes especes de la faune profonde ('). 3. Canthocamptus staphylinus Jurine. H. Vernet (Mat. XIV, pag. 106.) Trouve dans les draguages ä 300m. de fond dans le Leman. 4. Canthocamptus minutus Claus. H. Vernet (Mat. XLII, pag. 455.) Assez frequent dans les draguages entre 25 et 100 m. Ces petits Calanides, animaux limicoles, mauvais nageurs, ne pouvant s’elever dans l’eau, appartiennent certainement ä la faune profonde. F. Siphonostomes. Argulus foliaceus F. Parasite des branchies du Brochet, signal par M. G. Lunel (xrır). () Ces Cyclops sont parmi les plus robustes des espöces de la faune profonde. Lorsque j’ai depos6 dans un baquet le produit d’un draguage, si le temps est un peu chaud, tous les animaux marcheurs et nageurs ne tardent pas A perir; les Hygrobates longipalpis resistent encore fort long- temps, mais les Cyclops sont de beaucoup les plus coriaces et je les retrouve seuls dans nos bocaux apres quelques semaines de vie en captivite, Les Limnees partagent souvent cette faculte de resistance. — 18 — III. MÖOLLUSQUES. 1. Gasteropodes. Les coquilles, des Gasteropodes, que j’ai dragudes dans les lacs suisses ont &te etudiees en 1873 par M. le Dr. A. Brot de Geneve (Mat. XV) et par M. S. Clessin, alors & Regensbourg (xy). C’est d’apres le dernier de ces auteurs, qui a eu en main tout le ma- teriel peche jusqu’au moment de ses etudes, que je vais indiquer les especes de notre faune profonde. 1. Limnaea profunda S. Clessin. L. stagnalis A. Brot. S. Glessin, loc. eit. (xLv) p. 171. A. Brot Mat. XV, pag. 111, pl. III. Fig. 4. Description de l’espece, traduite de Clessin:: « Spirale tres raccourcie; en revanche dernier tour tres rebondi, 4 Ye & 5 tours. Sur une coquille dont les dimensions sont: hauteur totale 15 m/m., diametre maximal 9 & 10 m/m., le dernier tour mesure 11 m/m. de haut, et 10 de large, tandisque le precedent n’a plus que 4m/m. de diametre. » Cette Limnee est relativement rare; nous n’en avons eu que 3 exemplaires venant de 50m. de profondeur devant Morges. I n’y a pas de doute que cette forme ne vienne de la L. stagnalis Müller, et en partieulier de la variete lacustris, deja remarquable par le raccoureissement de la spirale. Clessin s’etonne du peu de modifications apportees dans la coquille par l’habitat dans les profondeurs. 2. Limnaea abyssicola A. Brot. Brot. Mat. XV, p. 111, pl. TI, V et VI. Clessin (xLy) p. 172. Voiei la description de Brot: « T. parvula, oblongo-acuta, tenuicula, pallie cornea ; anfractus IV convexi, suturä impressä divisi, lax& convoluti, sub lente tenuissime irregu- lariter transverse striati; apertura acute ovata, supern®e acuta, basi rotundata; margine dextro paululum dilatato; sinistro appresso, rimam umbilicatem occultante; callo parietali conspicuo. » Longueur 6.5 m/m., largeur 8.5 m/m. Cette petite Limnee etait tres abondante en 1870—1874, de 30 & 100m. de fond devant Morges. Je l’ai p&chee dans un draguage ä 260 m. de profondeur devant Ouchy. D’apres Clessin (xLIv) cette espece vient certainement de la L. palustris Müll. et probablement de la var. flavida Cless. qui habite le bord de quelques lacs subalpins. Nous ne connaissons pas cette espece palustre dans le lac Leman; en revanche elle doit habiter les marais de notre pays (?). — 119 — 3. Limnaea Foreli S. Clessin. S. Cless. (xvv) p. 171. pl. III. Fig. 2. 4. Description de Clessin : « Coquille de grosseur moyenne, ovoide allongee, transparente, tres mince, couleur cornee blanchätre, striee de lignes fines et irregulieres, sans traees de la marque d’accroissement annuel. Tours de spirale 5, ventrus, s’largissant rapidement, separes par une suture profonde, les trois premiers tres petits, formant un petit cöne pointu ; dans les vieilles coquilles, le premier tour est souvent brise, le dernier tour dilate. Öuverture allongee en ovale pointu, occupant les ”/s de la longueur de la coquille; bord tres tranchant, un peu €largi; bord axial large, en haut fortement comprime, se prolon- geant en bas en une coulisse ombilicale 6troite, et formant ä son arrivee A l’ouverture un angle obtus bien dessine. » Coquille longueur 12 m/m. largeur 6.5 m/m. Ouverture » 8» » 6.0 » D’apres Clessin cette espece derive sans aucun doute deL. auricularia L. laquelle se trouve en grande abondance dans le littoral du Leman ('). — Nous etudierons plus tard les questions physiologiques qui se rapportent & la res- piration de ces Limndes dans une region oü l’air atmospherique ne peut arriver que dis- sous dans l’eau. On trouve frequemment, dans la region profonde, des aufs de Limnees en paquets eylindriques ou ovoides, de petites dimensions, libres dans le limon. Ces paquets contien- nent en general un petit nombre d’eufs ; ainsi quatre paquets que j’ai dragues le 6 mars 1884 par 150 m. devant Ouchy contenaient 8, 5, 3 et 2 @ufs; un cinquieme n’en con- tenait plus, les eufs etant probablement 6elos. D’autres fois le nombre des @ufs est beau- coup plus ceonsiderable et se rapproche de la ponte ordinaire des Limnees des eaux super- fieielles. Ainsi dans un draguage de 45 m. devant Morges le 1 avril 1884 j’ai recolte 8 paquets d’eufs de Linnees; j’ai compte 60 «ufs dans le plus gros, 14 et 10 dans les suivants, ete. Ces @ufs sont en general fecondes et vivants. Places en aquarium, ils se developpent fort bien (?). 4. Valvata lacustris S. Clessin. Clessin xwv p. 177. V. obtusa Drap. Brot Mat. XV, pag. 110. (') Dans une lettre röcente, f&vrier 1884, Clessin met en doute la distinction qu’il avait &tablie entre L. Foreli et L. abyssicola, en en faisant des especes distinetes. Il pencherait aujourd’hui vers Videe que ce ne sont que des vari6t6s locales d’une möme espäce (iv). (2) Ces difförences dans la richesse des pontes viennent probablement de la transformation plus ou moins complöte en especes abyssales, suivant que l’acclimatation dans la rögion profonde a eu lieu pen- dant un plus ou moins grand nombre de gen6rations. —- 120 — Description de Clessin: « Coquille turbinee, un peu comprimee, ombiliquee, epaisse, jaune sale, striee de lignes fines irregulieres ; 4—5 tours s’accroissant tres lentement, ar- rondis, s6pares par une suture tres profonde ; ouverture circulaire, bord continu tranchant. Diametre 4 m/m., hauteur 3.2 m/m. D’apres Clessin cette Valvce, quoique elle se rapproche plus pour la forme de la V. alpestris Braunel, doit provenir de la V. antiqua Sow., abondante dans le littoral de notre laec. Je l’ai p&chee, peu frequemment, dans les premieres anndes de mes draguages ; depuis longtemps je ne l’ai presque plus rencontree. 2. Lamellibranches. Je note iei l’absence absolue des Naiades (Anodontes et Unios) dans la region pro- fonde des lacs, absence dont je diseuterai plus loin la signification. Dans la region pro- fonde du Leman je n’ai pas non plus trouve de Cycelas, quoique ce genre soit repre- sente dans le littoral. Les seuls Lamellibranches que j’aie ä eiter sont les Pisidiums, qui sont tres abondants dans le limon de la region profonde de tous les lacs. Ceux du Leman ont et& etudies par M. le Dr. A. Brot (Mat. XV) puis par M. S. Clessin. (Mat. XX, 147. XXXV, 268). 1. Pisidium Foreli S. Clessin. Clessin, Mat. XXXV, pag. 269. pl. II, Fig. 2. Je traduis iei la description de Clessin. « Coquille tres petite, ovoide, mince, transpa- rente, ventrue, striee d’un dessin fin et irregulier, brillante, de couleur cornee. Sommets larges, gonfles, saillants pres du milieu de la coquille. Partie anterieure assez courte, tres peu appointie; partie posterieure arrondie. Bord anterieur un peu courbe, eourt, limite du cöte des bords lateraux par la saillie assez prononceee des angles du corselet et de la lu- nule, bord posterieur tombant verticalement, peu recourbe, separe du bord inferieur par un angle assez arrondi; bord inferieur peu recourbe, sa courbure s’accentuant vers le bord anterieur ; bord anterieur tombant verticalement, avec une faible eourbure & par- tir de l’angle de la lunule, formant avec le bord inferieur un angle A peine visible. Liga- ment court, mince, en saillie. Nacre tres peu developpee. Lame cardinale tres fine. « Valve gauche. Dents cardinales 2.-L’interieure assez haute s’elevant legerement d’avant en arriere, & peine courbee; l’exterieure tres fine, moins haute, presque droite, entourant presque completement la dent interieure. Dents laterales simples; l’anterieure tres pres des dents cardinales, assez haute, avec pointe mousse; la posterieure moins haute, .moins pointue. « Valve droite. Dent cardinale 1, peu recourbee, s’epaississant un peu en massue en arriere; cet epaississement est l&egerement &chanere au milieu, et se prolonge en pointe fine en avant. Dents laterales doubles, tres fines, peu appointies, les dents externes tres petites. » « Longueur 2.1 m/m., largeur 1.7 m/m., epaisseur 1.5 m/m. » Cette espece est tres frequente dans le lac Leman oü elle se trouve dans toutes les profondeurs, depuis 25 & 300 m. 2. Pisidium profundum S. Clessin. Clessin. Mat. XXXV, p. 273. pl. III, fig. 5. Je traduis iei la deseription de Clessin: « Coquille petite, ovoide, arrondie, assez epaisse, ornee de stries fines mais tres irregulieres, brillante. Epiderme de couleur cornee jaune. Sommets larges, assez saillants, tres rapproches du bord posterieur. Partie ante- rieure large, assez longue, arrondie ; partie posterieure courte, tronquee. Bord superieur courb& ; angles du corselet et de la lunule & peine marques ; bord posterieur tronque, limit6 & ses extremites par des angles arrondis ; celui qui touche au bord inferieur est tres bien marque ; bord inferieur peu bombe, assez recourb& cependant vers le bord ante- rieur; bord anterieur tres courbe. Ligament court, fort en saillie. Nacre blanche, calcaire. Lame cardinale large. «Valve gauche. Dents cardinales 2; l’interne courte, assez &paisse, & peine courbee, s’effacant progressivement en avant, de telle maniere qu’elle semble n’&tre qu’un epaississement du bord des lamelles cardinales; de m&me aussi le sillon entre les deux dents cardinales est un peu enfonc& dans les lames, et est en relation avec la fossette qui est situge entre la dent laterale anterieure et le bord exterieur des lames; dent cardinale externe courte, mince, peu courbee, faisant ä& peine saillie en arriere sur la dent interne ; en‘’avant ayant presque la möme longueur que celle-ei. Dents laterales simples; l’ante- rieure tres solide et haute, ä pointe &emoussee, la posterieure plus basse. « Valve droite. Dent cardinale 1, ä peine courbee; son extr&mite posterieure forme un cöne triangulaire court, son extremite anterieure est tres fine, plus basse. Dents late- rales doubles; les internes sont tres fortes et assez elevees, peu appointies, les externes sont tres courtes et petites. « Longueur 3.1m/m., largeur 2.4 m/m., epaisseur 1.6 m/m. » Je l’ai trouve dans mes draguages & l’extremite orientale du Leman, pres de Ville- neuve et Chillon, par 60 et 80m. de fond. IV. VERS. 1. Hirudines. Piscicola geometra L. Cet Annelide, qui d’apres l’etude qu’en a faite le prof. Ed. Grube de Breslau (mv), ne se distingue en rien de l’espece typique, existe libre dans la profondeur du lac. Je le trouve dans le limon que ramene la drague, volontiers fix& aux corps solides de ce limon, comme les scories de coke jet6es hors des bateaux A vapeur. Si l’on veut le collecter en nombre, on n’a qu’ä le chercher sur les filets a F6ra des p&cheurs d’Ouchy. 16 2. Chetopodes. Les Chetopodes de la region profonde que Ed. Grube a 6tudies sur place, dans deux courses qu'il fit dans ce but & Morges, sont au nombre de trois especes. 1. Tubifex rivulorum Lam. Saenuris variegata Hofm. Vit dans le limon de la region profonde ; il ne differe en rien de l’espece des eaux littorales et terrestres. 2. Saenuris velutina Fd. Grube. Ed. Grube cvuı pag. 72. Grube rapporte cette belle espece au genre Saenuris, quoique dans la rangee superieure des soies il n’y ait que des poils, et dans la rangee inferieure des soies A crochets. L’espece est caracterisee par les papilles courtes et molles qui recouyrent tout le corps et lui donnent une couleur grise, ou brun-ocre opaque, avec un clitellum blan- chätre du neuvieme au onzieme segment. La tete est triangulaire, un peu plus large que longue ; unie au deuxieme segment, elle est tellement contractile que le plus souvent le deuxieme segment, avev ses poils, semble former l’extremit6 du corps. Les poils de la rangee superieure sont distribues en groupe de deux; les poils & crochets de la rangee inferieure sont, ou bien en groupes de deux, ou bien isoles ; ce n’est qu’avec de forts gros- sissements que l’on distingue les deux dents de la pointe. Ge ver est tres frequent dans la region profonde, dont il habite le limon. Je ne l’ai pas encore trouv& dans la region littorale. 3. Bythonomus Lemani Ed. Grube. Ed. Grube cvıı, pag. 72, cıx pag. 66. Get Annelide presente, comme le genre marin Clitellio, 2 rangees de soies A cro- chets ; la rangee superieure est fort diffieile a voir. Ces soies sont r&eunies par groupes de 2, quelquefois par groupes de 4; elles sont peu saillantes, et il faut de forts grossisse- ments pour distinguer les deux dents du crochet. La forme de la tete, ainsi que la cou- leur rouge du sang, rappellent le genre Clitellio. Mais dans l’espece du Leman, il n’y a pas de traces du clitellum qui dans le genre marin embrasse trois segments du corps. Le ver mesure 20 m/m. de long dans les exemplaires conserves A l’alcool, 40—50 m/m. dans les animaux vivants ; le corps est forme de 40 ä 62 segments. Les 7A 8 premiers segments sont courts et traverses par l’oesophage ; l’intestin, tres apparent & travers les parois du corps, est retreei & la limite des segments et ressemble ä un cha- pelet de perles. On ne peut distinguer l’estomac. A la paroi ventrale du neuvieme segment, deux vaisseaux en c@cum qui n’apparaissent qu’apres l’ouverture du corps, appartiennent a l’appareil genital; il en est de m&me de spherules blanchätres qui entourent l’intestin du huitieme au treizieme segment. in A a — 123 — Le vaisseau dorsal, outre les bras qui le relient au vaisseau ventral, envoie de petits vaisseaux doubles, courts, terminds en caecum ()). Le Bythonomus, comme les Tubifex, vit enfoui dans le limon oü il se creuse de longs tunnels ou galeries. Les @ufs de cet Annelide sont enfermes dans de petits cocons ovoides, prolonges A chaque extremite par un tube ouvert, de couleur brun-verdätre, elastiques, cornes, qui se trouvent en grande abondance dans le limon. Nous avons pu constater dans un de ces cocons deux jeunes vers, dans lesquels M. Grube a reconnu les caracteres generiques du Bythonomus. Cette espece n’est pas speeiale A la region profonde. J’en ai retrouve des individus dans la vase de la beine devant Morges, et Grube a confirm& ma determination. 3. Nematoides. 1. Gordius aquaticus L. Un ver de cette espece a &t& trouve par un pöcheur de St-Prex dans ses filets, qui avaient sdjourne dans le lac par 40 m. de fond. Ce pöcheur nous a dit avoir fait dejä plusieurs fois semblable trouvaille. 2. Mermis aquatilis Dujardin. Le professeur E. Bugnion de Lausanne a determine ainsi (xcıy) un beau Nematoide blanc, quelque fois ros&e ou verdätre, qui abonde dans le limon de la region profonde du lac. J’en ai trouve trois larves parasites dans le corps d’une seule larve de Tany- pus, draguee ä 40 m. devant Morges, en mars 1884. Cette m&me espece est tres frequente aussi dans le limon de la region littorale; on en trouve des groupes parfois considerables, pelotonnes autour des racines de Pota- mogeton crispus (cx). 3. Dorylaimus stagnalis Duj. Ce petit ver, determine par E. Bugnion, fourmille dans le feutre organique et dans les poussieres que recolte la drague ä& filet; il ne differe en rien de l’espece littorale. 4. Trilobus gracilis Bastian. Abondant aussi dans le charnier du fond du lac; (determine par Ed. Bugnion). — N&matoides, parasites des poissons (*). Godefroi Lunel de Geneve a constate dans les poissons du lac les especes suivantes. Je renvoie au travail original pour l’indication des especes de poissons qui presentent ces divers parasites (Mat: XLVIID: (*) Ce ver avait &t& rapport& par nous, dans nos premieres ötudes au genre Lumbriculus, d’apres la determination provisoire de G. du Plessis. On trouvera des traces de cette premiere de6signation dans quelques-unes de mes anciennes listes d’especes, et, si je ne fais erreur, aussi dans celle d’Asper. (%) Voir encore le recent travail du Dr. Fritz Zschokke (crı) sur les parasites des Poissons du Le- man. Il enumere 11 Cestodes, 11 Tr&matodes, 3 Acanthoc@phales, 9 N&matodes, — 124 — Filaria ovata Zed. Cucullanus elegans Zed. C. salarias Gez. C. globulosus Zed. Ascaris percae Goz. A. gobionis Gez. A. capsularia Rud. A. acus Bloch. Echinorhyn- chus percae Pall. E. clavaeceps. E. nodulosus Schr. E. globulosus Rud. E. tuberosus Zed. E. angustatus Rud. 4. Cestoides. Ligula simplieissima Rud. Ce Cestoide, parasite des Cyprins du lac, se rencontre rarement & l’etat de liberte dans l’eau; j’en ai cependant trouv& une quinzaine d’exemplaires, provenant surtout de la region profonde, mais aussi de la region littorale. Je les ai soumis ä l’examen du profes- seur Lortet et du Dr. Duchamp de Lyon, auteurs d’etudes speciales sur ce groupe de vers; ils ont reconnu l’identite entre la forme libre et le parasite. — Cestoides parasites des poissons. D’apres les etudes de G. Lunel (Mat. XLVIID. Caryophyllaeus piscium Goze. C. mutabilis Rud. Ligula simplissima Rud. Cette espece que nous venons de voir & l’etat libre, a et& trouvee par Lunel dans le corps de la Perche, la Carpe, la Tanche, le Goujon, l’Ablette, le Rotengle, le Vengeron, le Che- vaine, la Loche. Triaenophorus nodulosus Rud. Taenia nodulosus Geze. T. rugosa Gm. T. longicollis Rud. 5. Tr&matodes. Trematodes parasites des poissons. D’apres les notes de G. Lunel (Mat. XLVIID). Distomum truncatum Rud. D. globiporum Rud. D. laureatum Zed. D. appen- diculatum Rud. D. lucii Rud. D. tereticolle Rud. 6. Turbellaries. Les Turbellaries de la region profonde sont nombreux et varies. Ils ont ete etudies avec soin par le professeur G. du Plessis d’Orbe, qui a consacr& & leur description une serie d’etudes (Mat. XVI, XXXIV, XXXVIL, XXXVIIL, XLV, cxı). Le prof. L. von Graff, alors & Munich, actuellement ä& Achaffenbourg, nous a donne une 6tude speciale sur l’une des especes les plus importantes (Mat. XXXVD) et on trouve de nombreuses cita- tions qui se rapportent ä& eux dans sa grande Monographie des Turbellaries (exır). Voici les especes jusqu’& present constatees dans la region profonde du Leman (!). 1. Macrostoma hystrix Oe. Du Plessis (Mat. XLV 448.) Dragude par Du Plessis devant Ouchy par 45 m. de fond; la variete qu’il a trouvee est remarquable par la transparence du corps. () Toutes les. comparaisons sur la taille, la pigmentation, et la couleur relatives de ces Turbellaries sont emprunt6es aux notes et publications de Du Plessis. 2. Microstoma lineare Oe. Du Plessis (Mat. XXXIV, 263. cxı, pag. 237. Drague devant Morges entre 30 et 60 m. A cette profondeur il presente une taille notablement superieure & celle de la forme littorale ; son intestin prend une couleur rosee, d’un rose päle. 3. Prorhynchus stagnalis M. Sch. Du Plessis cxı, p. 238. Dans le produit de draguages devant Morges de 30 & 60 m. De petite taille compare aux individus peches au bord du lac. 4. Otomesostoma Morgiense L. Graff. — G. du Plessis. Mesostomum Morgiense G. du Pl. Mat. XXXVIII. ÖOtomesostoma. L. Graff. cxII, pag. 284. Ce joli Turbellarie, que nous trouvons tres frequemment aussi bien sur les Charas du mont que dans la region profonde, a te deerit par G. du Plessis sous le nom de Meso- stomum Morgiense. Graff en fait le genre Otomesostoma qu’il caracterise ainsi: «Eumesostomine (sous famille des Me&sostomides) avec un otolithe et un @il simple voisin de l’otolithe. Les secretions de la glande mäle sont &evacudes par un organe de eopulation. » La seule espece du genre, Otomesostoma Morgiense Du Plessis, « longueur de 1& 2 m/m. sur Ye ä& Im/m. de largeur, Couleur fauve ä tache mediane roussätre. » Cette espece est tres frequente dans la region profonde. Je l’ai retrouvee dans la region littorale du Leman en une variete notablement plus grande et plus coloree que celle des profondeurs ('). 5. Mesostoma productum Leuck. Schizostomum productum O0. Schm. Du Plessis (Mat. XXXIV, 263). Indique par Du Plessis dans le produit de draguages profonds devant Morges entre 30 et 60m. 6. Mesostoma lingua O. Schm. Du Plessis Mat. XXXIV, pag. 263. loc. eit. p. 237. (*) D’apr&s une communication personnelle du Dr. O. Zacharias de Hirschberg en Silesie, ce natura- liste a retrouv& pendant l’6t& de 1884 le Turbellari& döerit ici sous le nom d’Otomesostoma Morgiense, dans la r&gion littorale d’un petit lac de montagne en Silesie, ä une altitude de 1068m. L’etude qu’il en a faite l’engage & le placer dans le genre Monotus, genre de Turbellari6s marins qui dans la clas- sification de Graff fait partie de la famille des Monotides, dans la tribu des Alloioceles. (crır, cuım). M. du Plessis confirme cette nouvelle determination en l’appuyant de nouvelles ötudes anatomiques, et appelle dorenavant ce Turbellarie Monotus Morgiensis Dupl. (cıvn). — 126 — Drague entre 30 et 60 m. devant Morges. Les individus venant du fond sont plus gros et plus transparents que ceux du rivage. 7. Mesostoma Ehrenbergii O. Schm. Du Plessis Mat. XXXIV, 263. cxI, p. 236. Dans les draguages profonds devant Morges, les exemplaires sont plus petits que ceux du rivage. Le sac digestif de la variete profonde prend une couleur orangee, et les points oculaires de noirs deviennent rouges. 8. Mesostoma pusillum OÖ. Schm. Du Plessis cxI, p. 237. Drague devant Morges; les individus de la region profonde ne different pas de ceux du littoral. 9. Mesostoma rostratum Ehrb. M. montanum L. Graff. Du Plessis Mat. XLV, p. 448. Drague devant Ouchy & 45m., par G. du Plessis. Les exemplaires profonds sont plus petits que ceux du rivage, presque invisibles & l’eil nu. Ils ont deux points oculaires triangulaires, de couleur rouge ; le corps est presque incolore. 10. Mesostoma viridatum M. Sch. Typhloplana viridis O. Schm. Du Plessis cxı, 256. Les individus dragues dans la profondeur sont plus grands, mais moins colores que ceux du littoral. 11. Mesostoma sulfureum De Man. Typhloplana sulfurea O. Schm. Du Plessis cxr, p. 236. Comme le precedent pour la taille et la transparence. 12. Mesostomum trunculum O. Schm. M. banaticum L. Graff. Du Plessis Mat. XLV, p. 448. Trouve par Du Plessis dans ses draguages d’Ouchy, par 45 m. de fond. Semblable & la forme classique. 13. Gyrator hermaphroditus Ehrb. Prostomum lineare Oerst. Du Plessis Mat. XXXIV, pag. 263. cxı, p. 237. Ici encore les individus que Du Plessis a &tudies, provenant des profondeurs de 20 & 60 m. devant Morges, etaient plus grands et plus transparents que ceux du littoral. Leur sac digestif est rose, leurs points oculaires, souvent päles ou avortes, sont rouges au lieu d’etre noirs. 14. Gyrator coecus L. Graf. Prostomum.... Du Plessis Mat. XXXIV, pag. 263. L. Graff cxı, p. 335. Cette espece nouvelle ne differe du G. hermaphroditus que par l’absence d’yeux. Du Plessis l’a signalee dans nos draguages de Morges. Graff l’a retrouyee dans une col- — 127 lection de Turbellaries, dragues A 50m. devant Morges, que je lui ai envoyde & Munich. Graff regarde cette espece comme une variete du G. hermaphroditus, modifiee par l’habitat dans le milieu obseur. 15. Vortex intermedius G. du Plessis. Du Plessis Mat. XLV, pag. 449. Cette espece est voisine du V. truncatus; mais elle en differe par sa taille qui est plus grande, du quart et m&me du tiers en sus; par sa forme, il a le front bombe& et non tronque; par sa couleur, dont le fond est nuance cafe au lait; sous le pigment des cellules de l’epiderme on voit des marbrures etoilees noires. Vesicule s&minale bifurquee. Zoospermes singuliers, t&te en forme d’un long manche de fouet en zigzag munie d’un long cil vibratile. Draguee par Du Plessis devant Ouchy par 43 m. de fond. 16. Plagiostoma Lemani G. du Plessis. Vortex Lemani G. du Plessis Mat. XVI et XXXVI. Planaria Lemani L. Graff Mat. XXX VI. Plagiostoma Lemani L. Graff cxıı, 396. Cette espece, decerite pour la premiere fois par G. du Plessis comme appartenant au DIETRICH Fig. 9. genre Vortex, puis transportee par Graff dans les Planariens, a enfin trouve sa place; Graff l’a logee dans la tribu des Alloioceles, qu’il a creee pour les Rhabdoceles dont le canal intestinal est separe du parenchyme, mais dont la cavite du corps est fortement reduite par le grand developpement de ce pa- renchyme. C’est dans le genre Plagio- stoma d’O. Schmidt que Graff a fait entrer notre beau Turbellarie du Le- man. Le genre Plagiostoma est ainsi caracterise par M. Graff : « Plagiostomines sans tentacules & l’extremite anterieure du corps, laquelle est arrondie en pointe mousse ». Il renferme essentiellement des especes marines. Le Plagiostome du Le- man, seule espece jusqu’a present connue dans l’eau douce, est un ver, de 7m/m. de long, de 2 m/m. de diametre, eylindrique ovoide allonge, le dos bombe, d’un blanc laiteux, marbre sur le dos d’un reseau anastomose et ramifie de lignes noires ; deux points oculaires noirs. (Fig. 9, d’apres un dessin de G. du Plessis.) Ver x, —- 183 — Ce Turbellarie est abondant dans la region profonde du Leman; nous n’y faisons pas un draguage sans en rapporter plusieurs exemplaires. Mais il n’est pas special A cette region; nous l’avons retrouve dans la region littorale oü il est cependant plus rare. Puis il a et6 peche dans d’autres lacs, comme nous le verrons plus loin. 17. Dendrocoelum lacteum Oerst. Du Plessis Mat. XXXIV. cxı pag. 235. Cette espece descend des bords dans le fond du lac, oü elle est assez frequente ; elle y est toujours tres petite, quelquefois n’ayant que la moitie, le tiers ou le quart de la grandeur des individus littoraux ; elle est aussi plus transparente; son canal digestif est d’un rose orange. Les points oculaires sont toujours petits; ils manquent möme parfois entierement. 18. Dendrocoelum fuscum Stimpson. Du Plessis Mat. XXXTV, pag. 263. cxı, pag. 235. Cette espece descend aussi dans la region profonde sous la forme d’une variete plus claire que la variete littorale. — En resume nous connaissons 13 Turbellaries dans la region profonde du Leman ; parmi eux, sont quatre especes nouvelles. Presque tous ont leurs analogues dans la region littorale, mais ils en different souvent par la taille, la couleur, la transparence et presque tous pourraient &tre decrits comme varietes de la region profonde. Cing especes n’ont pas encore 6&t& trouvees par G. du Plessis dans la region littorale du Leman. Macrostoma hystrix, Mesostoma productum, M. Trunculum sont des especes classiques dejä connues ailleurs qui se retrouveront un jour dans nos eaux superficielles. Vortex inter- medius est voisin du Vortex truncatus, espece aussi classique. Gyrator coecus est une adaptation au milieu profond du G. hermaphroditus. 7. Bryozoaires. Fredericella Duplessis F. A. Forel. Dans la vase de la region profonde on trouve en nombre considerable les polypiers, morts ou vivants, d’un joli Bryozoaire appartenant au genre Fredericelle. M. G. du Plessis a fait une 6tude attentive de l’animal qui ne differe en rien de la Fredericella sul- tana Van Beneden; il estime qu’iln’y pas lieu d’en faire une espece distinete. Je differe d’avis sur ce point, et je crois que les caracteres du polypier sont assez specifiques pour meriter d’elever au rang d’espece la variete du fond du lac. Tandis que la Fredericelle sultane, que nous voyons en grande abondance, sur et sous les pierres de la beine ou sur les rameaux des plantes littorales, est toujours adherente, et fixee par de nombreuses in- sertions sur les corps solides, la Fredericelle de la region profonde est toujours libre dans la vase oü elle enfonce le pied de son polypier, comme une Pennatule y enfonce son axe; les bras porteurs des capsules sortent seuls du limon. Cette adaptation & un milieu, oü les corps solides ne sont qu’aceidentels, est poussee si loin que l’animal ne sait plus profiter des corps durs qui se trouvent fortuitement ä sa portde; je n’ai jamais vu une de ces Fredericelles fixee sur les cailloux, sur les bois ou sur les scories de coke, que j’ai dra- gues dans les profondeurs du lac. Le polypier de la Fredericelle sultane a ses capsules distribudes regulierement, alter- nativement rejetees de chaque cöte, comme les folioles d’une feuille pennatisequee ; celui de la Fredericelle des profondeurs est. irre- N gulier, et ses rameaux sont lances dans une direetion quelconque, sans trace de plan dans leur ordonnance. Le nombre des capsules = de la Sultane est souvent considerable, 5, 10, 15 ou 20, celui de la n Fredericelle des grands fonds du Leman est toujours limit A un chifire tres inferieur 4, 6, ou 8 au plus (Fig. 10, gross. 1.5). Le polypier de la forme profonde etant libre dans la vase, l’animal sait ramper et se deplacer ; lorsque j’ai verse dans un baquet le produit d’un draguage, je vois, au bout de quelques heures ou r de quelques jours, sortir les Fredericelles, lesquelles ont su ramper hors de la vase qui les &crasait, pour venir developper leur tenta- cules dans l’eau pure. Tous ces caracteres sont assez specifiques, pour que je n’hesite Fig. 10. pas ä& y voir une bonne espece, et je crois devoir lui donner un nom: Je suis heureux de la dedier a mon ami et collegue M. le Dr. Du Plessis, professeur ä l’Academie de Lausanne, en temoignage de ma recomnaissance pour la part active et de- voude qu’il a prise A l’etude de la faune du lac Leman. Notre Fredericella Duplessis est du reste, probablement, une modification locale de la Fredericella sultana du littoral. Cette espece est comme nous le verrons, tres repandue dans la region profonde de presque tous les lacs. Elle s’y presente en varietes souvent fort divergentes. Tandis que le polypier de la variete du Leman est aussi petit et aussi simple que possible, il se com- plique beaucoup dans les varietes des lacs d’Annecy et des IV-Cantons, et atteint son maximum de taille et de developpement dans le lac de Silvaplana ou Asper a peche un individu portant 72 cupules (xxxr). 8. Rotateurs. 1. Floscularia ornata. Observee par G. Du Plessis sur les Polypiers des Fredericelles. La gaine et les tissus different de ceux de la forme littorale, par l’absence de couleur et leur transparence. 2. Bracchion.... A la surface du limon nous trouvons assez frequemment des Rotateurs du genre Brac- ehion ; ils n’ont pas &t& autrement etudies. 17 din — 1390 — V. COELENTERES. Hydroides. Hydra rubra Lewes. Une jolie variete de l’Hydre rouge de la region littorale descend dans la region pro- fonde, oü elle est parfois tres frequente. Elle se distingue de l’espece littorale par sa petite taille et par sa couleur d’un rose päle. VI. PROTOZOATRES. Nous ne trouvons dans nos draguages qu’un tres petit nombre de Protozoaires. Cela provient-il de notre methode qui laisserait echapper trop facilement ces petits &tres tres mobiles; ou bien leur fröquence est-elle rdellement moindre dans les eaux profondes que dans les eaux superficielles ? Quoiqu’il en soit voiei les seuls Protozoaires que j’aie & noter, la plupart d’apres les observations de MM. G. Du Plessis (Mat. XLVI et XLVII) et H. Blanc, quelques-uns d’apres les miennes. 1. Infusoires. 1. Spirostomum ambiguum (Mat. XLVT). Trouve assez frequemment dans les draguages de M. du Plessis devant Ouchy, par 45 m. de fond. Il ne differe en rien de la forme littorale. 2. Stentor coeruleus (Mat. XLVD. 3. Stentor polymorphus (Mat. XLV2). 4. Stentor Roeselii (Mat. XLVIJ). Ces trois especes proviennent de nos draguages devant Morges entre 30 et 60 m. de fond. 5. Zoothamnium arbuscula. J’ai trouve cette espece dans le produit d’un draguage, fait ä 50 m. devant Morges, que javais verse dans un aquarium ; je suis cependant oblige & son sujet A certaines r&- serves, en ce qu'il serait possible qu’il provint de l’eau de la region littorale, dans laquelle Javais fait baigner le limon des grands fonds. 6. Vorticella convallaria. 7. Epistylis .. . (Mat. X). 8. Opercularia .... (Mat. X). 9. Acineta ... (Mat. X). Ges Vorticelliens sont frequents sur les coquilles de Mollusques et la carapace des Crustaees et des Hydrachnides ; ils n’ont pas 6te autrement determines. — 131 — 2. Rhizopodes. G. du Plessis avait signal& dans la region profonde du Leman trois Rhizopodes : Amoeba princeps, A. terricola et Difflugia proteiformis. Le professeur H. Blanc de Lausanne a repris dans le printemps de 1884 l’etude des Protistes de ce groupe, d’apres les draguages faits par 40m. de fond devant Ouchy. Voiei la liste qu’il en donne (0xxxIx): 1. Amoeba proteus Leidy. (A. princeps Du Plessis Mat. NLVII) tres commune. . Amoeba verrucosa Ehr. (A. verrucosa Du Plessis ibid.) frequente. . Amoeba radiosa Ehr.; rare. . Difflugia piriformis Perty; frequente. . Difflugia urceolata Carter ; rare. . Difflugia globulosa Dujardin (D. proteiformis. Du Plessis ibid.) . Difflugia acuminata Ehr. Hyalosphemia cuneata Stein ; tres rare. Arcella vulgaris Ehr. ; assez frequente. 10. Centropyxis aculeata Stein; assez frequente. 11. Pamphagus hyalinus Leidy; tres rare. 12. Actinophrys sol Ehr. ; tres frequente. 2 3 4 b) 6 7 8 3 La tres grande aire d’extention de ces Protistes est interessante. Toutes ces especes ont ete figurees par Leidy comme trouvees dans les eaux douces de l’Amerique du Nord, et Blanc ne peut signaler aucune difference entre la description qu’en donue l’auteur ame- ricain, et les formes pechdes dans le Leman. Nous trouvons en nombre immense dans la vase du lac devant Morges la coquille spherique d’une Diffiugie de grande taille 0.4 m/m. de diametre. D’apres A. Gruber de Fribourg en Brisgau ce serait une espece nouvelle (Iv). Ni Du Plessis, ni Blane, ni moi- meme n’avons r&ussi A voir l’animal vivant. 3. Cilio-Flagelles ('). Anisonema grande Stein. () Je devrais peut-etre ajouter ici le Ceratium hirundinella ©. F.M. Le Dr. H. Blane a en effet trouve, pour la premiere fois dans le L&man, ce Cilio-Hagelle fix& sur ’une de ces plaques de verre qui avaient repos& sur le sol & 60m. de profondeur, devant Ouchy. Mais comme d’une part il n’a pas revu ce Protiste dans ses 6tudes ulterieures sur la rögion profonde, comme d’autre part c’est un membre incontestable de la faune pelagique (ex), et comme il est possible qu’il ait 6t6 accroch& par l’appareil quand celui-ei &tait ramene & la surface, d’accord avec mon collegue Blanc, je laisse pour le moment ce Ceratium, et j’attendrai de nouvelles constatations pour le faire entrer definitivement dans ma liste de la faune profonde. — 12 — Assez frequent dans le sable drague par M. H. Blanc devant Ouchy sur les talus du Mont par 70 m. de profondeur. — Si jadditionne toutes les especes animales qui ont &et& constatees dans la region profonde du Leman, j’en trouve 123 especes('). Mais toutes n’appartiennent pas ä la faune profonde. Je commence par retrancher les parasites des poissons ä& savoir: 14 especes de Nematoides. 6 » » Cestoides. 6 » » Trematodes. 1 » » Siphonostome (Argulus foliaceus). soit 27 especes parasites des poissons. Ce sont des animaux parasites, appartenant & cette faune speciale des animaux lies et fix6s A une autre espece animale, Ils se rencon- trent bien dans la region profonde, mais il n’y sont qu’accidentellement. Je ne les compte pas dans la faune profonde (?). Je retranche ensuite ’Atax crassipes qui appartient probablement & la faune lit- torale ou & la faune pelagique. Je retranche la Sida erystallina qui a tous les caracteres des animaux pelagiques. Je retranche enfin le Gordius aquaticus qui vit & l’etat parasite dans le corps de cer- tains insectes terrestres, qui est depose par ceux-ci dans les ruisseaux et fontaines de la terre ferme et qui n’a &te trouve que tout-A-fait accidentellement dans le lac. Je retranche donc 30 especes, et il en reste appartenant & la faune profonde du Leman, 94 especes libres (dont 7 ne sont determindes que generiquement). Elles se repartissent ainsi: Vertebres 14 Poissons 14 Mollusques 6 Gasteropodes 4 Arthiropodes 27 Insectes 3 Lamellibranches 2 Arachnides 9 Vers 29 Annelides 4 Crustaces 16 Nematoides 3 Coelenteres 1 Hydroides 1 Cestoides 1 Protozoairess 22 Infusoires 9 Turbellaries 18 Rhizopodes 18 Bryozoaires 1 Cilio-flagelles 1 Rotateurs 2 (!) Dans un me&moire recent (cxrıx) le Dr. O. E. Imhof annonce avoir peche dans la region pro- fonde du L&man par 100 a 270 m. d’eau les especes suivantes, dont sept sont ä ajouter ä notre catalogue: Rotateurs, Notommata tigris; Infusoires, Podophrya eyclopum; Heliozoaires, Actinosphaerium Eichhornii, Acanthocystis spinifera, A. turfacea, Rhaphidiophrys pallida; Rhizopodes, Amoeba radiosa, Difflugia piriformis, Centrophyxis aculeata, Cyphoderia ampulla, Qua- drula symmetrica. (*) Je compte cependant comme appartenant ä& la faune profonde une esp£ce parasite, la Piscicola geometra; car elle se rencontre tres frequemment ä l’etat de liberte dans le produit des draguages pro- fonds; il m’en a passe peut-&tre une centaine d’exemplaires entre les mains, — 13 — De ces 101 especes, 22 sont nouvelles et ont &t& decouvertes par nos etudes de la faune profonde du lac Leman. En fait de genres nouveaux deerits & l’occasion de nos etudes je n’ai & citer que les genres: Pachygaster de Lebert, parmi les Hydrachnides. Acanthopus de Vernet, » » ÖOstracodes. Bythonomus de Grube, » » Chetopodes. OtomesostomadeGraff(!), » » Turbellaries. s VII. La faune profonde des autres lacs Subalpins. Le lae Leman est le seul lae que j’ai etudie avec attention et sur lequel je possede des donndes personnelles un peu etendues; pour les autres lacs les etudes sont beaucoup plus fragmentaires. Cependant en nous basant sur ce que nous savons de la faune pro- fonde du lac Leman pour determiner les traits generaux de la societe animale qui vit dans les fonds d’un lac, si nous y joignons les quelques faits r&coltes par Asper, et par moi-m&me, nous pourrons peut-6tre tirer quelques deductions generales importantes. Les seules recherches faites & ma connaissance dans les lacs Subalpins de notre region, sont les miennes en 1873 (Mat. XXII) et 1883, puis celles d’Asper en 1879 (xxx1), celles enfin d’Imhof en 1883 (tr). I. Lac du Bourget. J’y ai fait quelques draguages le 22 septembre 1883 (LvI1, LVIm). Entre 30 et 50 m. de fond devant le Grand-Port d’Aix, j’ai trouv& la faune ordinaire ; je ne citerai que deux especes, le Plagiostoma Lemani, comme station nouvelle de ce beau Turbellarie, le Gammarus pulex qui descend ainsi dans la region profonde de ce lac. Devant le chäteau de Bordeaux par 110 et 115 m. de fond, dans une vase gris jaunätre, legere, j’ai constate: Un Hydrachnide (?) Hygrobates longipalpis Kon. Pisidium prolungatum S. Clessin, la m&me espece que dans les lacs des IV-Can- tons, de Walenstadt et de Neuchätel (°). (‘) Voir la note rectificative de la page 125. (*) Les Hydrachnides pöch6s par moi dans les lacs du Bourget, d’Annecy, de Zurich et des IV-Can- tons en 1883, ont &te determines par le Dr. G. Haller ä Zurich. (°) Les Mollusques que j’ai pöchös en 1883 dans les lacs du Bourget, d’Annecy, de Neuchätel, de Bienne, de Zurich et des IV-Cantons ont &t6 determinds par $. Clessin & Ochsenfurt. u — 14 — Un beau Chetopode (?), Tubifex ou Bythonomus. Saenuris velutina Ed. Grube. Une Planaire de petite taille. Plagiostoma Lemani. En somme faune profonde peu abondante. Le Dr. O. E. Imhof repeta ces draguages le 5 octobre de la m&me annee (ur); il con- stata en outre des animaux que je viens d’indiquer: Asellus Forelii H. Blane, couvert de Vorticelles ; une Cypris transparente. Puis en fait de Protozoaires: une Cothurnia avec coquille eyathiforme non pedoneulee, un Rhizopode de la famille des Euglyphina Bütschli, une Cyphoderia margaritacea (?) Schlumbg. I. Lac d’Annecy. J’y ai pratique quelques draguages zoologiques devant Veyrier, le 23 septembre 1883, par 55m. de fond (LvII, LI). Larves de Corethra plumicornis; larves nymphes et aufs de Chironomides. Un Hydrachnide, Hygrobates longipalpis Kanike, peu frequent. Gammarus pulex. Asellus Forelii beaucoup plus colore que ceux du Leman ou du lae des IV-Cantons. Une Limnee, Limnaea Forelii(?) S. Clessin. Un Pisidium miliolum S. Clessin, la möme forme qu’Asper a dragude dans le lac de Cöme. Un Tubifex. — Saenuris velutina (rare). Plagiostoma Lemani. Mermis aquatilis. Fredericella Duplessis en variete de grande taille, tres coloree, avec un polypier brun, corne. Hydra rubra. En somme faune abondante et varide, elle se distingue de celle des autres lacs par une pigmentation plus foncee, tres bien marquee, en particulier, chez les Asellus et Fre- dericelles. L’absence du Niphargus puteanus est devenue interessante depuis que j’ai trouve cette espece, tres abondante, dans l’eau du puits de l’Hötel d’Angleterre ä Annecy. Elle existe done dans les eaux souterraines de la contree, mais elle semble manquer dans la region profonde du lae. Les draguages du Dr. Imhof exeeutes le 6 octobre lui ont donne, en plus de mes trouvailles (LI): Sur une colonie de Fredericelles un Rotateur, Floscularia proboscidea Ehr., et quatre especes de Protozoaires asavoir: Stentor coeruleus Ehr., deux Vorticelles, et ’Epi- (°) La distinetion entre Tubifex rivulorum et Bythonomus Lemani, et peut-etre d’autres es- peces de Chötopodes de ce type, n’est pas possible sans l’&tude mieroscopique qui n’a pas 6t6 faite par moi en dehors de mes peches du lac Leman. Le Saenuris velutina seul est trös reconnaissable ä pre- miere vue. we stylis (opereularia) nutans Ehr. Puis Carchesium polypinum Ehr., un Amoeba et la möme Cyphoderia que dans le lac du Bourget. En fait de Crustaces, Simocephalus vetulus ©. F. M., Lynceus affinis Leyd., une Cypris et un Canthocamptus. III. Lac de Neuchätel. En aoüt 1873 j’ai fait quelques draguages devant la ville de Neuchätel, par 30 et 50 m. de fond (Mat. XXID; en octobre 1883 mes draguages ont ete faits par 25—55 et 100 m. J’y ai trouve: Larves de Chironomides ; Hydrachnides. Niphargus puteanus. Lynceus... Candona... en grand nombre. Tubifex... Saenuris velutina. Mermis aquatilis. Une Anguillule, Ligula... Plagiostoma Lemani. Mesostoma... Planaria... Fredericella de petite taille. Pisidium oecupatum et prolungatum S. Clessin. Difflugia... Apres moi Ph. de Rougement a fait quelques draguages dans ce lac (LXXXII); mais ils ne semblent pas lui avoir donne grands resultats. Il eite bien le Gammaride aveugle qu’il a retrouve dans la region profonde du lae, mais il en donne ä peine la des- eription, dans l’etude qu’il a consacree A l’espece. D’apres les reeits que Rougemont m’a faits de ses essais, il a 6choug dans ses draguages, par le fait de l’emploi de dragues trop lourdes, construites sur le modele des dragues marines, et dont le maniement n’est pas pratique sur les petits bateaux de nos lacs. IV. Lac de Bienne. J’y ai fait une serie de draguages, le 12 oetobre 1883 jusqu’ä 40 m., la plus grande profondeur du bras qui s’etend devant la Neuveville. J’y ai constate: Des larves de Chironomides. Un Hydrachnide. Un Cyelops... Une Candona... Un Tubifex... Plagiostoma Lemani. Un M&sostome. Une Planaire. Une Fredericella. Pisidium Novaevillae S. Clessin, espece nouvelle, inedite. J’y signale l’absence de la Saenuris velutina, si generalement repandue dans la region profonde de tous les lacs. V. Lac des IV-Gantons. La faune profonde de ce lac a 6t& 6tudice en 1879 par le Dr. G. Asper de Zurich par des draguages faits pres de Stanzstad, 50—80 m., et pres de Beggenried, 200 m. de fond. Les animaux qu’il y a trouves sont les suivants (xxx1) : Larves de Dipteres, les unes rouges, les autres jaunes. Hydrachnides, Pachygaster tau insignitus H. Leb. Crustaees. Niphargus Forelii A. Humbert. Asellus Forelii H. Blanc. Cette espece, rare dans le Leman, est tres fröquente dans ce lac; Asper en a compte 70 exem- — 136 — plaires dans un seul coup de la drague metallique, pres de Stanzstad. Sida cristallina. Cycelops. Cypris. Mollusques: Limnaeus. Pisidium quadrangulum S. Clessin. Chetopodes. Nematoide. Fredericella sultana. J’ai moi-m&me repete ces draguages devant Stanzstad le 16 aofıt 1883; j’y ai trouve les mömes animaux et en plus le Plagiostoma Lemani. Sur les polypiers de Fredericelle, variets de la Fr. Duplessis F.A.F., des Infusoires appartenant aux genres Vorticelle et Epistylis. Parmi les Hydrachnides que j’ai trouves dans ma drague, le Dr. Haller de Zurich a constate Hygrobates longipalpis et Pachygaster tau insignitus var a. fuscus. Parmi mes Pisidies, Clessin a determine, outre P. quadrangulum, une autre espece, P. prolungatum, la m&me que nous avons vue dans les lacs du Bourget, de Walenstadt et de Neuchätel. J’ai parl& plus haut de l’Algue chlorophyli&e du groupe des Spirogyrees que j’ai trouvee dans un draguage & 75m., sans que je veuille lui attribuer l’habitat normal dans ces profondeurs. VI. Lac de Zoug. Explore en 1879 par Asper (xxxı), en compagnie de M. Suter-Nxf (xcım). Par une profondeur de 200 m. entre Walchwyl et Immensde, ces naturalistes ont trouye: Nombreuses larves d’Insectes, Chironomus, Tanypus. Hydrachnides. Pachygaster tau insignitus. Cypris. Pisidium Asperi S. Cl. Pis. sp. nov. (cxIm). Chetopodes. Mermis aquatilis. Plagiostoma Lemani, divers Turbellaries. VII. Lac de Walenstadt. J’y ai fait un draguage en 1876 par 136m. de fond. Asper ena fait d’autres, en 1879 (xxxı). En reunissant nos deux listes nous ne trouvons que: Larves de Dipteres, les unes rouges, les autres blanches. Niphargus Forelii. Cypris. Limnaea abyssicola Brot. Pisidium prolungatum S. Clessin, remarquable par sa forme allongee. Chetopodes. Aussi bien Asper que moi, nous avons &t6 frappe de la pauvrete de la faune pro- fonde de ce lac. VII. Lac d’Egeri. D’apres les recherches d’Asper (xxxt), le limon color en jaune est tres riche en Chetopodes (Lumbriculus), en Pisidies, d’espece nouvelle d’apres Clessin, fortement in- erustees d’oxyde de fer, et en larves rouges de Dipteres. Peu de Fredericelles, point de Planaires. | | — 13% — IX. Klönsee. Etudie par Asper (xxxr), ce petit lac alpin lui a fourni une Pisidie en nombre enorme, Pisidium milium var. Asperi Clessin (xcır), et aussi en tres grand nombre des larves de Dipteres et d’Ephemeres, des Lumbriculus, quelques Mesostomes et quelques rares polypiers de Fredericelles. X. Lac de Zurich. J’ai fait pres de Zurich quelques sondages en 1873 qui m’ont fait constater l’existence de la faune profonde (Mat. XXIT). Depuis lors Asper a fait, de son lac, une etude atten- tive (xxxI, xxxvos, Lv). J’ai repete ces draguages en “1883, devant Horgen et devant Wädensweil. Je vais resumer ici les decouvertes d’Asper, en y intercalant les faits que j’ai moi- mö&me constates. Larves de Chironomus, Tanypus, Corethra. Paquet d’@ufs d’insectes (Horgen). Hydrachnides: Hygrobates longipalpis. Pachygaster tau insignitus, var. b ruber. Arrhennuroidea Asperi G. Haller, nov. gen. nov. sp. (determines par Haller dans le produit de mes draguages de 1883). Gammarus pulex, descend jusqu’& 140 m. de fond pres d’Oberried, en exemplaires de petite taille, et non colores, tranparents (glasartig durchsichtig, Asper). L’eil est bien con- forme et brillamment pigmente. A Horgen et ä Wädensweil les exemplaires de Gamma- rus pulex que j’ai p&ches en 1883 m’ont apparu plus pigmentes que je ne m’y attendais d’apres la description d’Asper. A cöte de ce Gammarus, Asper a trouve par 40 m. de fond, devant Wädensweil, le Niphargus Forelii, aveugle comme celui du L&man; les deux especes 6taient ensemble dans le produit du m&me draguage. J’ai retrouve le Niphargus aveugle dans la m&me station, mais & une profondeur plus grande, par SO m. de fond. Sida eristallina. Quelques Lyneees, Gyclops et de nombreuses Cypris. Pour ce qui regarde les Limnees, j’en avais trouve des coquilles mortes dans le pro- duit d’un draguage, fait en 1873 devant Neumünster, par 28m. de fond. Mais Asper, qui a etudie le lac & fond, insiste sur l’absence absolue de Limndes dans la region profonde. C’est done un genre a rayer du catalogue du lac de Zürich. Valvata antiqua, Bythinia tentaculata. Pisidium urinator(Mat. XXXV) S. Cless.. P. milium Held (xcım) P. amnieum. Chetopodes des genres Lumbriculus et Saenuris; en partieulier Saenuris velutina Grube. Cette espece est extraordinairement frequente; dans un seul draguage devant Zol- likon, Asper en a compte cent exemplaires. Nais moins nombreuses. 18 — 13 — Mermis aquatilis Duj. assez nombreux. J’en avais indiqu6 en 1873 deux especes, trompe par la difference de couleur, quelques indivus etant verdätres, d’autres rosätres. Depuis lors, l’etude de ce ver dans le Leman nous a appris que ces differences de colo- ration sont purement accidentelles. En fait de Cestodes Asper a trouve assez frequemment un Caryophyllaeus. En fait de Turbellaries il cite Plagiostoma Lemani, deux Mesostomes et un Den- drocoelum. D’apres mes notes de 1873 un de ces Mesostomes doit &tre ’Otomesostoma Morgiense Graff, car il presentait une otolithe. La Fredericella Duplessis est frequente dans le limon de ce lac. Enfin je puis eiter les Epistylis sur les valves d’une Gypris. XI et XI. Lacs de Pfäffikon et de Greifensee. Ges deux lacs du pays de Zurich, situes pres l’un de l’autre, ont la m&me faune, d’apres les re@herches d’Asper (xxxvm). I y eite des Pisidies, Pis. tritonis Cless. dans le Greifensde, Pis. imbutum Gless. (xcım) dans le lace de Pfäffikon, des larves de Dipteres, une grosse Limnee, de petits Cyelopides et des Cypris, de petits Lumbriculus differents de ceux du lac de Zurich et un assez grand nombre de Caryophyllaeus, Cestodes vivant librement dans le limon. XIH. Lac de Constance. J’y ai fait en 1873 deux draguages A 25 et 50 ın. de fond (Mat. XXII) ; mais comme je n’ai pu en 6tudier les produits que le jour suivant A Morges, apres un long voyage en chemin de fer par une temperature tres elevee, la plupart des animaux etaient morts et les resultats ont &te peu fructueux. J’y ai trouve: Hygrobates longipalpis; cet Hydrachnide a et&e determine par G. Haller sur des individus qui lui avaient &t& envoyes par le Dr. Hofmann (ixxı). Piscicola geometra. Valvata contorta. Pisidium. Fredericella. En 1857, dans ses recherches sur le Coregonus acronius, €. Th. de Siebold a reeueilli par une profondeur de 70m. quelques exemplaires vivants de L. auricu- laria (oxIm). La faune profonde de ce grand et beau laec meriterait d’ötre etudier plus comple- tement. XIV. Lac de Zell. Untersee. Lac de Gonstance inferieur. Mes draguages de 1373 (Mut. XXII) par 20 m. au point le plus profond de la partie de ce petit lac qui s’etend devant Ermatingen, n’ont pas atteint les limites de la region y I Du — SIE — profonde ('). Cependant la distance du rivage et l’absence de vegetation m’empöchent de eonsiderer la station oü j’ai opere comme rentrant dans la region littorale. Je tiens du reste & mentionner ici ces draguages, car ils m’ont donne deux especes interessantes ä titres divers, le Saenuris velutina que je ne connais pas encore dans la region littorale proprement dite, et le Pisidium Foreli qui se trouve aussi dans la region profonde du Leman. Les animaux que j’ai peches dans le milieu du laec de Zell sont: Larves d’Insectes. Gammarus pulex. Lyneee Cyclops. Limnee. Sphaerium (jeune). Pisidium amnicum (jeune). P. Foreli S. Gless. en plusieurs exemplaires. P. demer- sum S. Cl. Saenuris velutina. Fredericella. XV. Lac de Sils. Ce lac de l’Engadine, le plus eleve de ceux qui ont jusqu’& present 6te 6tudies au point de vue qui nous occupe, a ete drague par Asper (xxxT). Dans la region profonde il eite: Des Lumbrieculus, des Fredericelles et des Pisidies, Pis. urinator, ces trois especes tres abondantes; il note l’absence d’Hydrach- nides, de Planaires, de Mermis, d’Ostracodes ete. XVI. Lac de Silvaplana. La region profonde montre la m&me richesse que le lac de Sils en Chetopodes, en - Pisidies: Pis. fragillimum (Cl. et en Fredericella. Ces derniers atteignent un developpement extraordinaire, soit en abondance, soit en taille ; Asper en figure des polypiers tres brillamment ramifies d’une longueur et d’une epaisseur tout-A-fait remarquables ; ces polypiers atteignent une longueur de 6 A 9 centi- metres. Ces polypiers sont frequemment charges d’Epistylis (xxx). XVI. Lac Majeur. Etudie en 1879 par Asper (xxxı) qui a fait des draguages par 300m. entre S. Bar- tolomeo et Tronzano et par 70—100 m. entre Locarno et Vira. I y a trouve: Larves de Dipteres, de couleur jaune, avec de longs tubes vaseux. Cypris. Pisidium italicum S. Cl. P. italieum. var. Locarnense S. Cl. Chetopodes en tres grande abondance specialement des Lumbrieculus(?) en nombre inoui. Planaires aveugles. Un Mesostome de grande taille. Oeufs spheriques, opaques. ()) Depuis lors les sondages faits par ingenieur Manuel nous ont appris que la partie inferieure du lac, du cöte de Steckborn, est la plus profonde, et atteint 45 et 50m. plus I , zZ — 140 — XVII. Lac de Lugano. Un draguage fait par Asper (xxxı) entre Lugano et le Mont-Caprino n’apporta pas traces d’organismes; le sol etait d’apparence gneissique, rempli de lamelles de mica. Des draguages operes par le möme naturaliste au pied du Monte Salvatore ont donne en revanche beaucoup de Chetopodes, quelques Pisidies, Pisidium italicum 8. Cl. et un petit nombre de larves d’Insectes. XIX. Lac de Göme. Asper a fait des draguages par 100 m. de fond entre Bellagio et la Villa Carlotta; il y a trouve une riche faune (xxxr). Niphargus Forelii, de nombreux Cyclopides et Cyprides. Limnaea abyssicola A. Br. Pisidium miliolum S. Cless. Des Chetopodes, entr’autres des Lumbriculus en tres grand nombre et Saenuris velutina; des Mermis aquatilis, un tres grand nombre de petits Nematodes libres. Des Fredericella et & cöt& une autre espece de Bryozoaire, du m&me port que la Fredericella, mais plus fine et transparente. Les Protistes de ce lac ont e&te etudies avec beaucoup de soin par M. le Dr. G. Cattaneo de Pavie (xrvu). Voiei d’apres une communication personnelle de cet auteur les especes qu’il a trouvdes dans le limon par 20 & 30m. de fond (mv): Amoeba diffluens Ehr. ®*A. Limax Duj. *Actinosphaerium Eichhornii Ehr. *Paramecium persinicum Perty. Vorticella convallaria Ehr. Oxytricha gibba Ehr. Cyelidium glaucoma Ehr. Les trois especes que j’ai marquees d’un asterisque ne se trouvent que dans les plus srands profondeurs 6tudiees par M. Cattaneo, il ne les a jamais trouvees pres du bord. Dans ses träits generaux nous trouvons partout dans la region profonde la m&me societe de formes animales. Toutes ne sont pas cependant representdes dans chaque lae, pour autant que les recherches actuelles l’ont jusqu’& present reconnu. Je vais le montrer en donnant en tableau pour les differents lacs(') les especes animales de grande taille, dont la presence ne saurait echapper & une etude rapide d’un naturaliste en voyage. (Voir & la page 141.) () Deux lacs suisses n’ont pas encore 6t6, que je le sache, explores: les lacs de Thoune et de Brienz. Ils se recommandent ä l’attention de nos coll&gues, les naturalistes de Berne. a m Te Sure 3 u u ih Asset hr ne er ee de er er ee ee ie a aa 5 le 2 =} © 13|1|83 elle JB HB BHBHBIBBSIBHBBIHRHE 2 3[2#12]*21°=|® [E22] ]# 3 = > Larves de Chironomides x |x* | x le les eallie@lles lea lese: ® «| x 16 Hygrobates longipalpis x» |x|x* x * 6 Niphargus aveugle *|x* * x * *|6 Gammarus pulex x» |x|x * * 5 Asellus aveugle *|*|* % | 4 Limnees _ *| * * x|x|x+|x uE8 Pisidies ||» |-|»|+|*|x ||| || |xz|x|x k|x|x 20 Tubifex et Bythonomus ee ee |enlle: elle Saenuris velutina x |x|x|* * * RT Fredericella Duplessis x |x|x* * #|x|* «|I*|* all Mermis aquatilis #|*|x* * % 106 Plagiostoma Lemani x |x|x|x|x|*|* * 8 si11l12): 8) 4| 9) A| 5) A| 4110) 4| A| 3) 6 3| 3) 3| 3) 7 Je rappelle que ce tableau n’a qu’une valeur provisoire pour la plupart des lacs, et est tout-A-fait insuffisant pour le lac de Constance. $ VIII. Debris organiques divers, Outre les Algues et les animaux vivants que nous avons enumeres dans les chapitres precedents, nous trouvons sur les tamis, oü nous lavons le limon de la region profonde du lae, un residu parfois tres abondant ; il est compose de debris organiques ou mineraux de provenances diverses; j’y signalerai entr’autres, d’apres mes recherches dans le lac Leman: a) Les pierres et le sable transportes aceidentellement & la surface du lac, et tombant de la au fond des eaux. b) Les seories de coke provenant des fournaises des bateaux & vapeur; elles sont assez nombreuses et caracteriseront un jour la couche geologique du XIX° siecle. c) Les fragments de bois et de feuilles qui, apres avoir flotte & la surface, se sont imbibes d’eau et ont sombr&e au fond du lac. Ils sont en nombre relativement peu consi- derable dans le Leman. Je les ai trouves plus nombreux dans d’autres lacs (draguages devant la ville de Neuchätel, pres de Stanzstad, au lac des IV-Cantons, dans le Zeller- see). Asper en signale l’abondance dans ses draguages du lac de Zoug. u a Fr Be y er 4 2, - a ve DAB S ARE — 142 — d) Les graines de Characees, tres caracteristiques avec leur forme ovoide et l’arete speeiale qui se deroule autour du corps. Elles sont parfois tres abondantes. e) Les os et ecailles de poissons en tres petit nombre ('). Leur raret& est toujours pour moi un sujet d’&tonnement; je n’ai jamais trouve dans ma drague un squelette ou un fragment de squelette de poisson; un ou deux corps de vertebre, quelques «ecailles, une aröte, & cela se reduisent mes p&ches de ce genre. Que deviennent les milliers, les millions de poissons qui meurent chaque annde dans le lac? Ceux qui perissent en 6te, dans la beine ou les eaux superficielles, fHottent & la surface de l’eau, et sont, ou bien rejetes ä la cöte par les vagues, ou bien devores par les oiseaux. Mais les poissons qui meurent en hiver, alors qu’ils ont desert€ la beine pour emigrer dans les couches moyennes et profondes du lac, que deviennent-ils? La tempera- ture des eaux est basse, et par consequent la putrefaction est peu rapide et peu Energique; la pression de la couche de 20, 30 ou 50 m. d’eau qui les recouyre est trop forte pour que les gaz de la putrefaction dilatent beaucoup les corps et ceux-ci ne reviennent pas flotter & la surface (?); et dans le fait, il est tres rare de voir en hiver un cadavre de poisson surnageant A la surface du lac. Les poissons qui perissent dans les couches pro- fondes du lae restent done au fond. Que deviennent ces cadavres? Les petits carnassiers de la faune profonde peuvent bien se charger des parties molles, mais le squelette ne peut &tre digere que par de plus puissants estomaes. Y a-t-il des poissons qui se nour- rissent de ces charognes? Ou bien plutöt ne sont-ils pas la proie des poissons carnas- siers, aussitöt qu’ils tombent malades; ralentis dans leurs allures, ne sont-ils pas manges par eux avant qu'ils aient eu le temps de mourir de mort naturelle ? Ges questions, aux- quelles je suis incapable de donner une r6ponse deeisive, s’imposent & moi quand je com- pare la richesse de la population ichthyologique du lac avec la rarete des cadavres de poissons dans le produit des draguages profonds. Ces faits ne sont du reste pas speciaux ä notre lac (?); sauf quelques gisements exceptionnels, on a remarque partout la rarete des poissons fossiles dans les couches anciennes de la terre, qu’elles soient d’origine lacustre ou marine (*). (') Il n’en est pas de möme semble-t-il dans tous les lacs. Je lis par exemple dans le rapport de $S. W. Garman sur les Poissons et Reptiles p&ches par Agassiz dans le lae Titi-caca: „Les nombreux 0s et &cailles de poissons apportss par la drague des regions profondes du lac appartiennent tous ä des adultes * (exxıv). (2) Cest la V’explication du fait que les cadavres humains, noy6s dans un lac profond, ne reviennent jamais ä& la surface, quant ils sont descendus ä plus de 50 m. (°) Dans tout le materiel dragu6 par le Challenger et les autres navires qui ont r&cemment explor& le fond de l’occan, John Murray et Renard n’ont trouv& que deux vertebres et une omoplate de pois- son (CXxxIV). (*) Voyez au sujet de la raret6 des cadavres animaux les röflexions de Nordenskiöld : Voyage de la Vega. Trad. frangaise I. 285. Paris 1883, + Fan Ze A m —- 143 — f) Les eoquilles des Mollusques gasteropodes ou lamellibranches, Limnees, Valvees et Pisidies. Ces fossiles sont aussi en nombre peu eonsiderable dans le limon du fond du Leman ; etant donnee l’abondance relative des Mollusques vivants dans les grands fonds, je suis toujours etonne du petit nombre des coquilles mortes qui les accompagnent; je ne fais pas erreur en disant que dans le limon du fond du Leman, tel que je l’etudie devant Morges, il y a beaucoup plus de coquilles vivantes que de coquilles mortes. Ce fait peut s’expliquer de deux manieres: Ou bien toutes les coquilles sont fossilisees et alors la raret& des fossiles indique une grande rapidite dans l’alluvion ; il est en effet evident que dans chaque couche d’alluvion, eorrespondant & la duree d’une vie moyenne de Mollusque, il doit y avoir un nombre de coquilles fossiles egal au chiffre de la moyenne de la popu- lation malacologique. Si ma drague creuse le limon & 4c/m. de profondeur et si jy con- state moins de coquilles fossiles que de coquilles vivantes, j’en puis conclure, que la couche d’alluvion, qui se depose dans la duree moyenne d’une generation de Mollusques, est plus forte que ces quatre centimetres d’epaisseur. — Ou bien, seconde explication du fait, les eoquilles mortes, qui ne sont pas immediatement enfouies dans le limon, sont attaquees par l’eau du lac, riche en acide carbonique ; leur carbonate de caleium se transforme en biearbonate qui se dissout !ans l’eau. Ce serait analogue avec ce que l’on connait dans plus d’un terrain ancien; ce’est ce que je crois le plus probable, et cela nous rendrait fort bien compte de la rarete relative des fossiles actuels dans l’argile moderne du Leman('). 9) Les parties dures des cadavres des animaux de la faune profonde, en partieulier les carapaces chitineuses des Arthropodes et les polypiers des Fredericelles. Ces polypiers pP poly] sont parfois en nombre enorme; j’en ai compte un jour plus de 150 exemplaires dans le 3) I produit d’un seul coup de drague, par 35 m. devant Morges. h) Les coques d’eufs des animaux de la region profonde. Nous avons eite, dans l’enumeration de la faune profonde, les especes dont nous avons trouve les aufs vivants, en voie de se developper, Hydrachnides, Limnees, Valvees, Chetopodes, Turbellaries. Les coques chitineuses des cocons et des @ufs de ces deux derniers groupes d’animaux, Cheto- podes et Turbellaries, se retrouvent en nombre parfois considerable dans le limon. Les aufs spheriques, brunätres des Turbellaries forment parfois une proportion notable du residu. Il est un type d’eufs ou de cocons que je trouve en assez grande abondance dans les debris du limon; ce sont de petites coques, recourbees, de 1.5 sur 0.8 m/m. Les deux extr&emites sont mousses ; l’une est percde d’un trou eirculaire. Mouilldes ces coques sont grisätres, dessöchdes elles sont blanches comme une eoquille d’euf de poule ; elles sont tres fragiles; mais traites par l’aeide acetique elles ne donnent aucun degagement d’acide car- (') En opposition A la raret& des coquilles fossiles dans l’argile du L&man, j’ai not& leur abondanes dans le produit d’un draguage fait par SO m. de fond devant Horgen au lac de Zurich. —ı HAAS bonique. Elles sont parfois fixces sur un corps solide, branche de bois, ou feuille d’arbre. Je n’ai pas encore su trouver l’embryon vivant dans ces coques et je ne puis dire ä quel animal elles appartiennent ; je suppose toutefois qu’elles sont peut-&tre les cocons de Saenuris velutina. i) Les coques des Difflugies sont en nombre encore plus grand; avec les @ufs des Turbellaries et les graines des Characdes, elles forment un sable de petits granules sphe- riques ou ovalaires, qu’on isole par un decantage approprie. C’est par milliers qu’on peut les compter dans un litre de limon. k) Enfin les earapaces chitineuses des Entomostraces pelagiques, qui ont sombr& dans les profondeurs, forment par leur nombre la grande majorite des debris organiques du lac. Lorsque l’on a lave sur le tamis le produit d’un draguage, soit de la drague metal- lique, soit de la drague & filet, l’on voit nager dans l’eau de lavage un nuage de pous- sieres grisätres, legeres, flottant entre deux eaux, et ne se deposant que tres lentement; c’est par centaines ou par milliers, qu’on peut parfois compter ces flocons dans le produit d’un seul coup de drague; leur nombre du reste differe beaucoup d’un endroit & lautre, et ils sont evidemment accumules en certains points par les courants profonds. Le mieroscope montre dans ces flocons les debris de la faune pelagique ; les cadayres, un peu plus lourds que l’eau, sont tombes lentement au fond, les parties molles ont ete devorees par les animaleules de la faune profonde et il n’est reste que les parties chitineuses qui sont beaucoup plus lentement detruites. Lorsque nous traiterons de l’alimentation de la faune profonde, nous aurons A faire intervenir d’une maniere fort importante ces cadavres d’animaux pelagiques, qui apportent sans cesse dans les grands fonds la nourriture &la- boree dans les regions superieures. Tous ces detritus qui sont laves sur les tamis forment, dans nos bassins d’etude, un amas de matieres organiques, que le Dr. Vernet a fort bien appel&e un «charnier», quand il y recherchait ses petits Ostracodes. Mais dans la nature ils sont les uns apres les autres entoures et enfouis dans la vase inorganique et dans le feutre organique ; jusqu’ä ce que, rong6es par les animaux fouisseurs, ou detruits par la putrefaetion, ils disparaissent defini- tivement, ou bien qu’englobes dans l’argile profonde ils soient fossilises, et deviennent ainsi partie constitutive des depöts actuels de la marne lacustre. $ XI. Densit6 de la population animale dans la r&gion profonde. La faune profonde est abondante en individus, la population animale est serree dans la region profonde des laes ; e’est ce qui ressort de toutes nos etudes. Tout draguage qui atteint le sol ramene quelques animaux; le plus souvent nos draguages sont tres fruetueux. EEE WEEETEDDL EBITZLUORBLE TODE WERE Dans la region profonde la population animale a son maximum de densite dans la zöne superieure, entre 30 et 50m.; elle va en deeroissant graduellement ä mesure que la profondeur augmente. Dans sa zöne superieure, la region profonde est presque aussi habitee que la region littorale dans son facies limoneux ou vaseux, beaucoup plus que les parties sableuses ou pierreuses du littoral. Au point de vue de la densit6 de la population de la faune profonde, il y a de grandes differences: a) D’une espece A l’autre. Certaines especes sont abondantes ; je eiterai dans le Löman les Hygrobates, les Pisidies, Saenuris velutina, la Fredericelle, le Niphargus ; dans le lac des IV-Cantons, l’Asellus, ete. D’autres especes sont rares ou tres rares. b) D’une localit& ä& l’autre. Deux draguages successifs donnent des resultats fort dif- ferents. Cela est vrai des p&ches faites avec la drague ä& filet, mais cela pourrait 6tre attri- bus & des differences dans l’operation m&me du draguage qui a Ecorche plus ou moins profondement le sol, suivant l’inclinaison du fil de sonde ou la brusquerie des man@uyres. Cela est vrai aussi, et c’est alors fort demonstratif, des resultats de la drague metallique qui ramene tout le sol, et ne laisse rien echapper des animaux fixes ou limicoles. Quelle est la densit& absolue de la population animale? Combien y a-t-il d’animaux par unite de surface, par decimetre carre, par exemple, de la superfieie du sol? Cela ın’est impossible & dire exactement. En effet ma drague ä filet racle une grande sur- face du sol, mais n’y prend qu’une partie des animaux; ma drague metallique ramene un ou deux litres de limon, mais suivant qu’elle a mordu plus ou moins vite dans le sol vaseux, elle a ramasse un ou deux deeimetres carres seulement, ou bien beaucoup plus, de la eroüte superficielle du limon, laquelle est seule habitee ('). C’est par appreciation, plutöt que par compte exact, que je puis evaluer la densite de la population. Voiei com- ment je formulerai mon &valuation: dans la zöne superieure de la region profonde du Leman devant Morges, chaque decimetre carre du sol contient une ou deux centaines d’animaux vivants de types sup6rieurs, Vers, Coelenteres, Arthropodes, Mollusques; et un ou deux milliers d’organismes morts et de debris d’animaux provenant de la faune pro- fonde et de la faune pelagique. Voiei quelques chiffres tir6s de quatre draguages faits devant Morges; ces listes n’ont aucune pretention & &tre completes ; ce sont les animaux que jai comptes, je ne puis dire combien j’en ai negliges; dans chaque draguage, il est des especes auxquelles je n’ai point fait attention; j’ai laisse de cÖöte toutes les petites especes et les jeunes individus. Les trois premiers draguages ont 6te faits avec la drague A filet, le quatrieme avec la drague metallique. () Il ne serait pas diffieile de determiner exactement cette densit@ de la population, en prenant des echantillons du sol au moyen d’un tube faisant emporte-piöce, analogue ä l’appareil de Brooke pour les sondages profonds. J’ai le regret d’avouer que j’ai nöglige cette &tude, et je n’ai pas le temps de reparer actuellement cette omission. 19 — 146 Larves de Dipteres Hygrobates longipalpis Niphargus puteanus Asellus Forelii Eurycercus lamellatus Cyiolops= Candona... Limnaea... Basıidiumeese Piseicola geometra Bythonomus Lemani Saenuris velutina Fredericella Duplessis Planaria Plagiostoma Lemani Otomesostoma Morgiense Hydra rubra 9 octobre 1883 5 janvier 1884 l avril 1884 18 mars 1884 110 m. 45 m. 40 m. 45 m. 2 18 ca. 80 ca. 80 ca. 60 8 12 5 0 4 6 0 0 0 ca. 30 2 6 ca. 25 2 6 8 2 9 15 7 28 ca. 30 ca. 40 2 1 1 6 3 6 2 2 2 3 1 4 A cöt6 de ces chiffres je puis ajouter que d’autres fois j’ai compte dans un seul coup de drague jusqu’ä 40 Niphargus, ou bien 150 polypiers de Fredericelles, 30 Pisidiums, 15 Plagiostoma Lemani, etc. Chapitre V. Considerations generales. Probleömes sp6ciaux, r&sume6s et conclusions. $ I. La Faune profonde. De l’enumeration des especes animales, eontenue dans le chapitre preeedent, il resulte que, dans la profondeur des lacs Subalpins, au-deld de cette ligne de 25 m., oü nous — 147 — avons vu s’arreter la vegetation littorale, on trouve des animaux vivants, en grand nombre, et appartenant ä une foule d’especes. Cette population animale est en general tres dense, comme nous venons de le voir. Aceidentellement nous avons note un draguage d’Asper dans le lac de Lugano, qui n’a pas fourni un seul animal, rien qu’une substance limoneuse, micacee, de l’apparence d’un gneiss; nous avons vu aussi, soit les draguages d’Asper, soit les miens dans le lac de Walenstadt donner des produits peu abondants. Mais ce sont la des exceptions ; ordinaire- ment les draguages sont tres fructueux et c’est par centaines d’animaux vivants que nous comptons le plus souvent le produit d’un seul coup de drague. Le fond de nos lacs est done tres richement peuple. Ces animaux vivent bien au fond du lac. En leur attribuant un habitat sur et dans le Jimon du fond, nous ne commettons pas une erreur; en particulier nous ne faisons pas une confusion avec la faune de la region pelagique, que notre drague traverse, soit en montant, soit en descendant, et oü elle peut faire aceidentellement quelques”captures. Ce qui nous autorise A cette affırmation, c’est d’une part la connaissance que nous avons ac- quise de la faune pelagique, et qui nous a montre un groupe d’animaux tout autre que celui de la region profonde. C’est d’une autre part les caracteres et les maurs de ces animaux de la faune profonde. Ils ne sont pas nageurs et seraient incapables de se sou- tenir entre deux eaux; pour deux ou trois especes seulement, dont les allures permet- traient l’habitat dans la region pelagique, nous avons eu soin de faire des reserves moti- vees; je eiterai Sida erystallina et Atax crassipes. Les autres sont tous plus ou moins limicoles et rentrent sans aucun doute dans les habitants du fond. Voici du reste comment nous pouvons classer, au point de vue de l’habitat, les ani- maux que nous connaissons dans la region profonde. Premier groupe. Animaux vivant dans le limon et ne venant pas au contact de l’eau: Nematoides. Deuzieme groupe. Animaux ereusant leurs galeries dans le limon, mais venant chercher l’eau pour leur respiration : Annelides, Chetopodes, larves de Dipteres, Pisidiums. Troisieme groupe. Animaux fixes sur ou dans le limon: Bryozoaires, Hydres. Qualrieme groupe. Animaux fixes sur les corps etrangers: Infusoires vorticelliens, Hydres. Cingqwieme groupe. Animaux rampant sur le limon: Gasteropodes. Sizieme grouwpe. Animaux marchant sur le limon: Hydrachnides, Isopodes, Ostracodes. Septieme groupe. Animaux nageant ou sautant dans l’eau, au-dessus du limon, mais venant frequemment se reposer sur le fond: Amphipodes, Cladoceres, Copepodes, Turbel- laries, Piscicole. Enfin nous pourrions faire un hıuntieme grouwpe des especes nageuses, qui appartiennent peut-tre & la faune pelagique et que nous n’inscerivons dans notre faune profonde qu’avee un point d’interrogation: Sida erystallina, Atax crassipes. u ee mu u Bea in — 148 — Mais est-ce bien l’habitat normal de ces animaux ? Ne sont-ils pas venus aceidentel- lement dans la region profonde ? Ne seraient-ce pas peut-£tre des animaux du littoral, entrainds par un hasard loin de leur habitat special et qui, ayant resiste au changement des conditions de vie, auraient survdeu jusqu’au moment oü notre drague est alle les cap- turer. Cette question traite de l’authentieit6 de la faune profonde; j’y repondrai par quatre arguments differents. Premier argument. Ce ne sont pas quelques animaux du littoral egares par hasard dans les grands fonds; ils y sont beaucoup trop nombreux pour que leur presence soit un fait aceidentel. C’est par centaines d’animaux de diverses especes que nous comptons le produit de chaque draguage, c’est par centaines d’individus par metre earre du fond, que nous pouvons 6valuer la densite de certaines especes vivant dans le limon de la region profonde. Je citerai parmi ces especes tres abondantes les Pisidiums, les Fredericelles, les Saenuris velutina, les Tubifex et Bythonomus ete. Il est vrai que la densite de la population est fort differente d’une station ä& l’autre et d’un lac & l’autre; mais en somme cette population animale est trop abondante pour qu'il soit permis d’attribuer & des acci- dents la presence de ces nombreuses especes et de ces nombreux individus dans la region profonde des laecs. Deuxieme argument. Je tirerai une seconde preuve en faveur de l’authentieite de la faune profonde, du fait que les animaux se reproduisent dans les grands fonds. Nous trouvons en m&me temps des adultes, des jeunes & tous les äges, et tout specialement des aufs en tat de developpement. Je connais des Niphargus de tous les äges, des Asellus, des Lynedes avec des embryons dans la poche ineubatrice, des Cyclopides avec des paquets d’oeufs, des paquets d’eufs d’Inseetes, des eufs d’Hydrachnides (Hygrobates), des paquets d’eufs de Limndes et de Valvees, des Limnees A tous les äges, des Pisidies de toutes les tailles, des cocons de Bythonomus avec des embryons dans le cocon, des Saenuris avec leur Clitellium, des @ufs de Turbellaries en nombre enorme, ete., etc. Les animaux, non seulement vivent, mais ils se reproduisent et se developpent dans le fond du lac. Ils sont dans leur milieu et ils y vivent normalement. Troisieme argument. L’analogie avec les faits etudies dans l’ocean. Les travaux pour- suivis dans l’ocdan parallelement aux nötres, sur une beaucoup plus grande echelle et avec bien plus d’eclat, ont revele dans les quinze dernieres anndes les tresors que cachaient au zoologiste les grands fonds de la mer. La faune profonde de la mer est un fait au- jourd’hui demontre. Or s’il existe une faune profonde dans la mer, il est probable qu’il en doit exister une dans les lacs. Quatriöme argument. Une derniere preuve de l’authentieite de la faune profonde peut se deduire de l’orieine möme de cette faune; quand j’en aurai explique la genese, on verra que les animaux peuvent vivre dans les grands fonds de nos lacs, qu’ils doivent y vivre, qu’ils y vivent en realite. Mais cette question de l’origine de la faune profonde est assez importante pour 6tre traitee A part, dans un paragraphe special. — age $ II. Genese de la faune profonde. La faune qui habite les fonds de nos lacs subalpins d’oü tire-t-elle son origine ? D’oü viennent ses ancetres? Quelle en est la genese? — A cette question je ne vois que trois reponses possibles. J’ecarterai les deux premieres pour m’en tenir A celle qui evidemment est la seule admissible. Premiere solution. Les faunes profondes actuelles des lacs subalpins descendraient-elles directement de faunes profondes anciennes, des epoques tertiaires, qui se seraient continudes sur place par une chaine non interrompue ? Cette origine, qui serait peut-&tre possible dans d’autres pays, n’est pas admissible dans la region subalpine. Le grand evenement geologique, qui a donne ä notre pays son caractere tout partieulier, l’&poque glaciaire a &te, au point de vue de la biologie la- eustre, une barriere absolue pour la succession reguliere des ötres. Nous n’avons pas ä entrer iei dans une discussion sur la theorie des lacs, ä& enu- merer les arguments, qui nous font admettre, avec la plupart (des naturalistes suisses, Vexistence des grandes vallces et des lacs avant l’epoque glaciaire, de preference A 1’hypo- these de Ramsay qui attribue le ereusement des lacs & l’action des glaciers. Je crois que le relief de notre pays etait dejä dessine dans ses grands traits prineipaux avant la periode de grande extension des glaciers; je erois que la plupart de nos lacs existaient deja pendant l’epoque pliocene, et qu’ils etaient dejä habites par des faunes lacustres ana- logues & nos faunes actuelles, qu’ils possedaient deja une faune littorale, une faune pela- gique et une faune profonde. Mais je ne saurais admettre avec Asper (Lv) qu’il y ait eu continuite entre cette faune profonde ante-glaciaire et notre faune profonde actuelle. La faune profonde de l’&poque pliocene a, dans nos lacs, ete detruite par les glaciers et la faune profonde actuelle est d’origine quaternaire. En effet je ne saurais me representer des animaux lacustres qui auraient survecu & l’envahissement de nos lacs par les glaciers. On a retrouve des blocs erratiques sur le Jura ä l’altitude de 1350 m.; le fond du Leman etant A la cöte de 40 m. au-dessus de la mer, on doit admettre qu’au moment de l’extension maximale des glaciers, une calotte de glace de plus de 1300 m. d’epaisseur remplissait le bassin de notre lac. Cet enorme eulot de glace &crasait tout, broyait tout. Tous les habitants de nos lacs de plaine ont dü disparaitre sous le puissant manteau glac& qui les opprimait ('). Est-ce & dire que ces immenses mers de glace fussent absolument desertes? La vie a des ressources bien ingenieuses quand il s’agit de profiter des plus chetives conditions (*) Je ne saurais me figurer une faune profonde lacustre vivant sous la calotte de glace de ’Ind- landsis du Grönland. — 10 — d’existence ; aujourd’hui nous trouvons dans les fissures capillaires des glaciers la Desoria slacialis, qui vit par myriades dans ce milieu & la temperature de zero; et sur les croupes des grandes Alpes nous voyons vegeter, parfois avec abondance, le Protococeus nivalis de la neige rouge. Mais la oü ces organismes glaciaires peuvent encore viyre, les faunes lacustres ne sauraient subsister, et il n’y a aucun doute que, dans ce qui avait et&e les cuvettes des lacs pliocenes, les faunes littorales, pelagiques et profondes 6taient andanties par les glaciers. Ce n’est pas & dire non plus que la vie fut detruite dans les promontoires monta- gneux qui separaient les divers bras du grand glacier. Les cimes de plus de 1500 m. d’altitude surgissaient au-dessus du fleuve glac& et, comme leurs analogues actuels de la region des hautes Alpes, ou les Nanutaks du Grönland, elles se degarnissaient partielle- lement de neige en &t&; elles se couyraient d’un tapis de verdure, et plantes et animaux alpestres profitaient ä& l’envi des beaux jours. Dans les ruisseaux, dans les etangs de ces oasis montagneux, les animaux aquatiques se multipliaient aussi pendant l’ete. Mais ces rudiments d’une flore et d’une faune alpestre n’avaient en rien les caracteres des flores et des faunes lacustres, et nous ne saurions y trouver en particulier les elements d’une faune profonde. La faune profonde ante-glaciaire a et andantıe par le grand developpement des gla- eiers au commencement de l’epoque quaternaire. Done notre faune profonde actuelle ne peut provenir par descendance directe des faunes profondes tertiaires qui ont existe autre- fois dans les contrees Subalpines. Deuxieme solution. La faune profonde subalpine proviendrait-elle par migration active ou passive des faunes profondes d’autres lacs, d’autres contrees ? Lorsque les grands glaciers ont fondu, les lacs ont apparu de nouveau. Ils se sont peuples & nouveau; de m&me que la terre ferme a repris progressivement sa population animale et vegetale, de möme aussi les eaux ont repris vie. Le m&me phenomene que nous observons de nos jours dans les reculs periodiques des glaciers, quand nous voyons la moraine profonde, degagee de la masse glacde, &tre envahie rapidement par les herbes, par les arbrisseaux, par les arbres, se regarnir d’humus, se repeupler d’animaux, le möme phenomene s’est produit en grand apres l’epoque glaciaire. A mesure que le glacier se reculait dans les hautes vallees, a mesure les plantes et les animaux, qui pendant l’epoque glaciaire avaient emigre dans les plaines voisines de France, d’Allemagne ou d’Italie, rentraient dans le plateau suisse et repeuplaient les valldes des Alpes. Nos eaux se sont repeuplees en m&me temps et de la möme maniere que la terre et les airs, par migration active et passive des organismes, qui avaient conserve vie dans les lieux epargnes par l’envahissement des glaciers. De proche en proche, de riviere ä ri- viere, d’etang & etang, de marais A marais, les animaux sont rentres en Suisse par voie de migration active; ou bien par migration passive, ä l’etat de gerines transportes par les vents, ou d’eufs d’hiver charries par les oiseaux de passage, ils ont franchi de plus longs espaces et ont &te peupler des eaux plus isolees. Les eaux ont Tecouvre leurs habitants comme la terre et comme les airs; le pays subalpin s’est repeuple par migration depuis la retraite des glaciers. Pour ce qui regarde les lacs, leur repeuplement n’est pas aussi simple que celui des eaux terrestres, &tangs, marais, rivieres. Il faut pour la vie lacustre une adaptation Spe- eiale qui ne se produit pas immediatement; nous en avons une preuve dans l’absence dans les grands lacs d’une foule d’animaux aquatiques, qui, vivant dans les rivieres et etangs de la terre ferme, sont apportes en grand nombre A chaque debordement des eaux, dans le lac, mais ne savent pas s’y multiplier, ou m&me y vivre. Pour le repeuplement des laes il n’y a que deux procedes possibles: Ou bien l’adaptation A la vie lacustre d’especes fluviatiles ou palustres transportdes activement ou passivement dans le lac. Ou bien le transport d’un lac & l’autre d’especes deja adaptees & la vie lacustre ; mais comme les lacs sont separes les uns des autres, ce n’est que par migration passive que peut se faire ce transport et speeialement par le moyen des oiseaux de passage. Ces deux procedes sont l’un et l’autre mis en @uyre pour le peuplement d’un lae, & savoir: La faune littorale les utilise tous les deux ; certaines especes sont apportees dans le lac par les oiseaux et poissons migrateurs; d’autres especes y entrent en venant des eaux terrestres. Ce n’est pas le lieu de faire iei une etude complete de ces procedes de migration. La faune pelagique a une origine plus simple. J’ai montr& ailleurs (ir) comment les habitudes er&pusceulaires de certains entomostraees littoraux les livrent au jeu des brises alternatives des grands lacs; comment ces animaux, venant nager pres de la surface pen- dant la nuit, sont entraines en plein lac par le courant de la brise de terre, soufflant dans la direetion du milieu du lac ; comment, pendant le jour ils descendent dans la pro- fondeur A la limite de la region obscure, et ils echappent ainsi au courant de retour de la brise du lae qui les aurait ramends vers la cöte ; comment ils sont ainsi relegues dans la region pelagique, ou, par seleetion naturelle, ils deviennent ces especes transparentes, bonnes nageuses, nageant sans interruption, sans se reposer jamais sur des corps solides lesquels n’existent pas dans la region. La ereation de la faune pelagique est done un phenomene d’adaptation au milieu lacustre, et specialement au milieu pelagique. Mais la dissemination de cette faune pelagique est due ä la migration passive d’un lac & l’autre par le moyen des oiseaux de passage ; cela est prouve par l'uniformite remarquable de la faune pelagique dans tous les lacs de notre continent, dans les lacs scandinaves, suisses, italiens ou eaucasiques, dans les lacs de r@gion subalpine, ou subapennine, dans les lacs d’origine moderne ou d’origine tres ancienne. Des @ufs de ces animaux pelagiques sont — 152 — transportes chaque annde d’un lac dans l’autre, et la constance des types est ainsi main- tenue ('). (!) Dans son dernier m@moire sur la faune p6lagique des lacs italiens (rxır), le professeur P. Pavesi de Pavie a developpe de nouveau sa theorie, que je crois erronde, sur l’origine de la faune pelagique lacustre; ce n’est pas le lieu ici d’ötudier A fond cette question, mais je ne puis pas cependant me dispenser de justifier mon opinion, en r6futant rapidement celle qui m’est oppos6e. Mon savantami eroit ä l’origine marine de la faune pelagique lacustre, tout au moins dans ses formes les plus typiques, celles qu’il ap- pelle eup6lagiques; il n’admet pas le transport d’un lac A lY’autre par migration passive; il croit au contraire A la difförentiation locale des especes marines en espöces lacustres; il eroit que les ancetres de nos p6lagiques lacustres actuels habitaient autrefois les fiords ou golfes de la mer, que ces fiords sont devenus des lacs par l’&tablissement de barres qui les ont s&pares de la mer, que les eaux devenant de moins en moins saldes se sont transformees en eaux douces, que les animaux se sont adaptes petit ä petit & P’habitat dans les eaux douces; il croit en un mot que la faune pelagique des lacs d’eau douce est une faune releguce (fauna relegata, Reliktenfauna) en analogie avec certaines especes du lac de Garde (Palaemon lacustris), ou des lacs de Scandinavie (Mysis relicta, Pontoporeia affinis ete.), en analogie avec la faune du lac Baikal et d’autres lacs. Pavesi se fonde sur des arguments sen6graux qui prouvent la possibilite d’une faune relegude; ces arguments je ne les discuterai pas, car je les admets entierement. Comme lui je erois ä l’existence de faunes relögu6es ; je viens d’en eiter des exemples que j’accepte tr&s volontiers; ä la fin de ce chapitre j’en in- diquerai plusieurs nouveaux, tires des faunes profondes lacustres. Admettant la possibilit& generale de la transformation des faunes marines en faunes lacustres par voie de relögation, je n’ai pas de motif qui denie cette possibilit€ aux animaux p6lagiques. Mais les arguments sp6eiaux de Pavesi, qui invoque des faits de g6ographie zoologique pour appliquer cette notion de faune relöguce A la faune pelagique lacustre, ne me semblent pas deeisifs, et je dois les refuter iei. Pavesi se base: 1° Sur l’existence de ces especes eupelagiques dans les lacs de cluses, dans les lacs separes de ceux- ci par les alluvions des rivieres, dans les lacs lateraux des barrages glaciaires, dans les lacs retenus par des moraines frontales, dans les lacs de crateres des volcans recents; il cite comme exemple les lacs Majeur, de Cöme, Lugano, Garde, Orta, Varese, Iseo, et 16 autres lacs italiens de plus petites dimensions. 2° Sur l’absence des especes eup@lagiques dans les lacs alpins de grande altitude, dans les lacs d’origine moderne, düs ä des eboulements ou ä l’action des hommes, dans les lacs orographiques des anciennes formations geologiques; il cite comme exemple les lacs de Mantoue, de Toblino, d’Alleshe, du Ritom et de Trasimene. Pour que ces arguments de geographie zoologique de Pavesi fussent d&monstratifs, il faudrait: Pre- miörement que tous les lacs, oü l’on trouve aujourd’hui la faune pelagique veritable fussent tous, sans ex- ception, des anciens golfes marins transformes en lacs. Or cela n’est pas. La faune pelagique, la faune eupela- gique, est tr&s richement repr@sentde dans tous les lacs subalpins du nord des Alpes et il n’y a pas moyen de penser ä faire de ces lacs d’anciens fiords, des restes d’une mer antique; ou bien si l’on pouvait peut-ötre arriver A une idee de ce genre, toute continuite directe dans les relations phylogeniques des anciennes populations marines et des populations lacustres modernes est n@cessairement &cart6de dans ces lacs par le fait historique de l’&poque glaciaire. Seecondement pour que les arguments de Pavesi fussent dömonstratifs il faudrait que l’absence de la faune eup6lagique des cing lacs oü il ne l’a pas trouvee, ne püt pas s’expliquer autrement. Discutons brievement les conditions de ces einq lacs: 1° et 2°. Le lac de Mantoue et le lac de Trasimene n’ont que 8.5 m. et 8 m. de profondeur ; ce sont ä peine des lacs, ce sont presque des marais; les animaux p6lagiques y ont ä peine place pour leurs a ci —- 198 — Migrations actives, migrations passives d’un lac & l’autre, ces relations entre des eaux qui communiquent direetement de l’une ä l’autre suffisent done ä expliquer l’origine des faunes littorales et des faunes pelagiques. Il n’en est pas de möme pour les faunes profondes. En effet les regions profondes des lacs sont absolument separdes les unes des autres: il n’existe aucun lien, aucun passage qui les unissent; les eaux courantes qui joignent deux lacs, les fleuves et rivieres, sont des eaux purement superficielles. Quant aux oiseaux de passage, dont le röle est si efficace dans la dissemination des especes aquatiques, ils ne peuvent que nager ä la surface des eaux, et m&me les meilleurs plongeurs ne descendent jamais dans les couches de la region profonde. Pour passer d’une region A l’autre, les animaux auraient done & traverser, non seulement la distance qui separe les deux lacs, mais auparavant il leur faudrait s’elever jusqu’ä la surface, ce qui leur est impossible. migrations diurnes; la temperature de tels lacs doit s’clever en et@ ä un degr& trop haut. Les conditions de milieu y sont certainement fort differentes de celles des grands lacs de plaine, oü fleurit la faune pelagique. 3° Le lac Ritom a une profondeur suffisante, 60 m., mais son altitude, 1829 m., est tres elev6e; elle differe &norm&ment de celle des autres lacs otı nous trouvons la faune pelagique normale; les con- ditions de döveloppement doivent y &tre fort göndes. C’est ainsi que dans les lacs de ’Engadine la faune p6lagique est aussi fort reduite. Dans le lac de Sils, alt. 1796 m, Asper n’a trouv& qu’un petit Cyelopide et une petite Daphnia (xxxı); dans le lac de St-Moritz, alt. 1767 m., P.-E. Müller (1) n’a p&che que la Bosmina longispina, une des espöces eupelagiques de Pavesi. 4° Le lac d’Alleshe dans les Alpes de Belluno a une altitude assez elevce, 976 m. et une profon- deur suffisante, 35 m. Les Entomostrac6s que Pavesi y a p&ch6s sont assez nombreux, Cyclops gigas, €. serrulatus, C. brevicornis, Simocephalus vetulus, Daphnia pulex, D. longispina. Il est vrai qwil n’y a ni Leptodora, ni Bythotrephes, ni Bosmina, especes eup6lagiques par excel- lence, mais e’est cependant un rudiment assez bien conditionne de faune pelagique. 5° Le lae de Toblino, dans le Trentin, petit lace d’un kilometre ä peu pr&s de superficie, 40 m. de profondeur, et 240 m. d’altitude. Pavesi qui l’a explor& le 3 mars 1882 y a recolte des Cladoceres et des Copöpodes, mais aucune des especes eup£lagiques. En resume, parmi ces exemples n6gatifs qui doivent deeider la question, il ne reste que ces deux laes, celui d’Alleghe, d’altitude assez &lev6e, et celui de Toblino, de dimensions fort restreintes ; si l’ab- sence de la faune pelagique n’y est pas uniquement aceidentelle, elle s’expliquerait encore bien par les conditions sp@ciales de ces lacs. Je ne puis trouver ces arguments de zoologie g6ographique d@monstratifs, et comme ils doivent juger entre la thöorie de Pavesi et la mienne, j’en reste, pour le moment du moins, ä mon ancienne opinion sur la genese de la faune pelagique. Le point capital sur lequel j’insiste dans cette discussion, c’est l’unite de la faune pelagique des difforents lacs d’eau douce et sa dissömination par migrations passives. Quant A l’origine primitive des animaux lacustres aux depens d’animaux marins, dont l’adaptation A l’habitat des eaux douces s’est faite ou par le proc&d& de la relögation dans des bassins fermes lesquels se sont progressivement dessale, ou par le passage dans des eaux de moins en moins saumätres (estuaires des grands fleuves, mers interieures, mer Baltique), je l’admets sans h£sitation. 20 — 14 — I n’y a done aucun rapport mediat ou immediat entre les regions profondes de deux lacs; la faune profonde d’un lac ne peut pas descendre de la faune profonde d’un autre lac. La faune profonde de nos lacs subalpins ne peut descendre de la faune profonde d’autres lacs du continent, qui aurait et& apportee ou activement ou passivement. Je diseuterai plus loin les rapports probables entre les fonds des lacs et la nappe des eaux souterraines, et nous verrons A cette occasion la possibilit&E de communications indirectes entre les regions profondes de divers lacs. Mais nous verrons aussi que, au point de vue de la faune, ces rapports n’interessent que deux ou trois especes, et que la conelusion generale A laquelle je viens d’arriver dans ce paragraphe n’en est aucunement infirmee. Troisiome solution. La faune profonde deseend des animaux de la region littorale ('), qui sont arrives dans les grands fonds, soit par migration active, soit par migration passive, et qui s’y sont adaptes aux conditions du milieu. Cette solution, je la tiens pour juste et je vais en developper la possibilite. Je montrerai d’abord qu’elle est probable, en etablissant les rapports intimes qui existent entre la faune littorale et la faune profonde ; je me baserai sur l’enumeration que jai donnee des especes du Leman. Tout d’abord nous trouvons un grand nombre d’especes deja connues, qui ont &tc eonstatdes A la fois dans les deux regions, et qui, etudices par des specialistes, ont ete declardes identiques ou fort peu moldifices. Je eiterai: Larves de Dipteres, Atax erassipes, Gammarus pulex, Sida erystallina, Eury- cercus lamellatus, Camptocereus macrourus, Alona quadrangularis, Campto- camptus staphylinus, Saenuris rivulorum, Mermis aquatilis, Dorylaimus sta- snalis, Trilobus gracilis, Ligula simplieissima, Mierostomalineare, Prorhyn- chus stagnalis, Mesostoma lingua, M. Ehrenbergii, M. pusillum, M. rostra- tum, M. viridatum, M. sulphureum, Typhloplana lugubris, Dendrocoelum lacteum, D. fuscum, Floscularia ornata, Hydra rubra, Spirostomum ambi- guum, Stentor eoeruleus, St. polymorphus, St. Roeselii, Zoothamnium arbus- cula, Vorticella convallaria, Amoeba proteus, A. verrucosa, Difflugia slobu- losa, Actinophrys sol (38 especes). Nous avons A cöte de cela un certain nombre d’especes de la faune profonde, qui n’ont pas encore &te constatees dans la region littorale du Leman, mais qui sont des es- peces vulgaires, connues ailleurs dans les eaux superfieielles, et que nous n’ayons aucune raison pour eroire 6trangeres A notre faune littorale; ou bien si elles n’y existent pas ac- tuellement, elles ont fort bien pu s’y trouver dans les sieeles passes. Je eiterai: Hygrobates longipalpis, Limnesia pardina, Nesaea reticulata, Candona similis, ©. lucens, Cypris minuta, Cyclops magniceps, Cyelops brevicornis, (') Et de la faune des eaux souterraines, voir plus loin. Zei ee ie ee ee ui u N Zee N ee en Du ee Camptocamptus minutus, Piscicola geometra, Macrostoma hystrix, Meso- stoma produetum, M. truneulum, Gyrator hermaphroditus, Amoeba radiosa, Difflugia piriformis, D. urceolata, D. acuminata, Hyalosphemia cuneata, Arcella vulgaris, Centropyxis aculeata, Pamphagus hyalinus (22 especes). Parmi les especes nouvelles, decrites dans la faune profonde du Leman, nous avons, apres les avoir decouvertes dans la profondeur, retrouve quelques-unes d’entr’elles dans la region littorale. Ce sont: Hygrobates nigromaculatus, Bythonomus Lemani, ÖOtomesostoma Mor- siense, Plagiostoma Lemani (4 especes). Viennent ensuite les especes de la faune profonde, deerites comme nouvelles, et qui n’ont pas encore &te retrouvdes dans nos eaux littorales. Pour un certain nombre, les rapports sont @vidents avec des especes voisines, connues dans la region littorale du Leman, ou dans les eaux superficielles. Ce sont: Moina bathycola H. Vernet, venant de Moina brachiata des eaux superficielles de notre pays. Limnaea profunda S. Clessin, venant de L. stagnalis, espece littorale du Leman. Limnaea abyssicola A. Brot, venant de L. palustris, espece palustre qui existe dans la region littorale de plusieurs iacs alpins. Limnaea Foreli S. Cl., venant de L. auricularia, espece de la region littorale du Leman. Valvata lacustris S. Cl. derivee de V. antiqua, faune littorale du Leman. Pisidium Foreli derive d’apres S. Clessin de Pis. nitidum. - Pour Pisidium profundum, Glessin le fait descendre d’une espece littorale qu'il n’a pas encore pu designer. Gyrator coecus L. Graf, forme modifiee du G. hermaphroditus, espece littorale. a Vortex intermedius G. du Plessis, forme modifiee du V. truneatus des eaux superficielles. Fredericella Duplessis F. A. F., espece derivant de la Fr. sultana de la region littorale du Leman. Restent huit especes: Deux d’entr’elles n’ont pas de rapports avec les especes des eaux littorales ou super- fieielles; leur parente doit se chercher dans la faune des eaux souterraines. Ce sont: Niphargus puteanus var. Forelii, Al. Humbert, variete lacustre du Gammaride aveugle des puits et cavernes de toute l’Europe; Asellus Forelii, H. Blane, espece la- eustre venant de l’Asellus cavaticus de Schiödte, des eaux souterraines de l’Europe. Nous reviendrons plus loin sur le cas special de ces deux especes. Une espece, Pachygaster tau insignitus Leb. a probablement une aire assez etendue; decouverte dans la faune profonde du Leman, elle a ete constatde dans la region — 16 — analogue des lacs de Zoug et de Zurich; puis dans un marais des environs de Lubeck. On la retrouvera sans doute ailleurs. La Nesaea Koenikei et l’Asperia Lemani de Haller, sont des especes nouvelles, dont les relations et l’aire d’extension ne sont pas encore connues. Le Saenuris velutina de Grube n’a pas encore et& constate dans les eaux super- fieielles ou littorales ('). Enfin les Acanthopus de Vernet, A. resistans et A. elongatus, n’ont pas encore d’analogues connus dans les eaux douces; ils sont voisins des Cytherides marins. En resume la plupart des especes profondes du Leman derivent evidemment des es- peces littorales du möme lac; cela est demontre pour la grande majorite des formes, et nous pouvons admettre que de nouvelles etudes completeront cette demonstration. Deux especes seulement viennent probablement des eaux souterraines. Nous les laissons ä present de cöte, quitte A reprendre plus tard la question de leur origine. Il y a done probabilit6 de relations entre la faune profonde et la faune littorale ; la premiere descend probablement de la seconde. — Demandons-nous maintenant si le fait est possible. Y a-t-il possibilit€ de migrations actives ou passives, qui aient transporte les especes littorales dans les profondeurs du lac? La migration active consiste dans le deplacement spontane des organismes, lesquels passent d’un lieu & l’autre, en utilisant leur mode partieulier de locomotion. Etant donnees les allures tres lentes des animaux limicoles, qui forment la grande majorite de nos faunes littorales, les migrations actives doivent jouer un röle peu important dans leur dissemina- tion; cependant, quelque petit que soit le deplacement d’une espece animale dans le cours d’une generation, si ce deplacement se renouvelle pendant nombre Je generations, il peut, en s’additionnant, representer des distances considerables. Je suis convaineu que les especes mobiles du littoral, les especes limicoles, dont l’existence n’est pas liee & la presence de pierres ou de plantes vertes, s’egarent dans leurs excursions et descendent petit ä petit dans les abimes de la region profonde. Mais, dira-t-on, comment ne sont-ils pas repousses par l’obseurite et par le froid des grands fonds, comment ne sont-ils pas attires par la lumiere et la chaleur, qui devraient les engager A remonter vers le littoral? Pour röpondre & cette question il faut d’abord se rappeler que tous ces animaux sont myopes et ne voient qu’ä& une tres faible distance ; puis il faut se mettre, par la pensee, dans la position ou ils doivent se trouver. S’ils sont encore dans la region ou la lumiere penetre, ils doivent avoir au-dessus d’eux un ciel eclaire, tandis que, dans toutes les directions, l’horizon est obscur ; puis le sol monotone et sans accidents, sur lequel ils rampent, est trop peu ineline pour qu'ils sachent recon- naitre la direetion qui les ramenerait dans les regions Eclairees. En les supposant capa- (') Je ne serais pas etonn6 qu’on le d6ecouyrit dans les eaux souterraines. — 17 — bles de faire les raisonnements assez compliques qui leur feraient rechercher leur chemin, ils seraient dans l’impossibilit6 absolue de le retrouver. J’admets done que, par migration active, les animaux mobiles de la region littorale peuvent s’6garer dans leur courses vagabondes, et se disseminer de plus en plus loin dans les regions profondes. Mais les migrations passives doivent &tre bien plus efficaces. Ces migrations passives peuvent se faire par quatre procedes differents. a) Les animaux littoraux peuvent ötre transportes par les Poissons sur lesquels ils prennent normalement ou aceidentellement insertion. Je eiterai par exemple les larves des Naiades, les Piscicoles, et tous les Crustaces et Vers parasites des Poissons. b) Les glissements de terrain. Lorsque le talus s’eboule dans la profondeur, comme cela a eu lieu lors de l’effondrement du quai de Vevey en 1877, de la gare de Horgen en 1875 et 1883, ou du quai de Clarens en 1883, comme cela a lieu chaque annde sur le bord du mont & Ouchy, ou ä St-Prex, le sol du littoral descend dans la r&gion profonde avec tous les animaux qu’il renferme. Ce procede de transport passif est assez rare, mais il peut ötre tres efficace dans certaines localites. c) Les courants profonds. Le courant de retour, que nous avons decrit comme mar- chant, dans la profondeur, en sens inverse des grands vents, entraine vers le milieu du lac Veau qui a 6te agitee par les vagues sur le littoral. Cette eau trouble du littoral est salie par la vase, soulevee par les vagues, et porte en suspension, non-seulement les poussieres mingrales, mais plus facilement encore les organismes et debris d’organismes plus legers, qui flottent longtemps entre deux eaux. Toutes ces matieres en suspension se deposent plus ou moins lentement sur le sol, et de cette maniere les organismes, les aufs et les germes de la region littorale, sont emportes vers le milieu du lac. Si l’on se sou- vient que ces courants peuvent ötre tres energiques, qu’on les voit charrier & des cen- taines de metres de distance les filets de p@che, qu'ils tordent et dechirent, on compren- dra que leur action de dissemination des organismes doit &tre tres active, et qu’ils doivent contribuer effieacement ä transporter dans la region profonde les animaux de la faune littorale. d) Un dernier procede a peut-ötre autant d’importance, c’est le transport sur les radeaux flottants A la surface du lae. Des animaux sont fixes sur des herbes aquatiques, ou sur des debris vegetaux tombes acceidentellement dans le lac; ils y ont pris insertion ou y ont depose leurs aufs. Ces vegetaux sont entraines par les courants superficiels en plein lac ; lä ils s’allourdissent par imbibition progressive d’eau, et ils finissent par som- brer ; les animaux et les germes qu’ils portent descendent avec eux dans les grands fonds. Ces quatre procedes de migration passive, joints & la migration active suffisent cer- tainement A expliquer le transport dans la region profonde des especes littorales ; ils doi- vent agir plus ou moins chaque annde, et il est evident que les apports, dans les grandes profondeurs du lac, de nouyeaux animaux venant du littoral doivent &tre tres frequents. en, $ III. Habitabilit6 des grands fonds. Mais les animaux littoraux, apportes de la region littorale dans la region profonde, y trouvent des conditions de milieu fort differentes de celles auxquelles ils ont &te jusque alors soumis. Quelques-unes de ces conditions semblent m&@me tellement contraires & la vie animale, que pendant longtemps l’on n’a pas eru quelles fussent compatibles avec la vie. Nous devons done reprendre A ce point de vue les conditions de milieu de la region profonde, dont nous avons indique les caracteres dans notre chapitre II, et apres cette etude, nous aurons A nous deeider entre deux alternatives: Ou bien les animaux littoraux sont tues par le transport direct dans les grands fonds, et ce n’est que par une adaptation successive, par le transport progressif dans des pro- fondeurs toujours plus grandes, qu’ils ont pu s’habituer ä& ces conditions de milieu nou- velles pour eux. Ou bien les animaux littoraux peuvent vivre dans le milieu des grandes profondeurs ou ils sont transportes subitement, et les modifications qu’ils subissent, s’ils en subissent, ne surviennent qu’apres. Dans le premier cas l’adaptation au milieu est un phenomene essentiel, primordial, necessaire; dans le second cas c’est un phenomene secondaire, accidentel, accessoire. La pression augmente d’une atmosphere ä chaque 10 m. de profondeur d’eau; un animal, entraing du littoral au fond du Leman, passe d’une pression de 1 atmosphere A 30 atmospheres. Cette pression, quelque enorme qu’elle soit, n’est pas un obstacle A la vie dans les profondeurs. Tout d’abord la pression en elle-m&me, quelle qu’elle soit, ne peut gener en rien un animal, et les changements de pression ne peuvent lui &tre nuisibles, que si ses organes contiennent, dans des cavites fermees, des gaz a l’etat aöriforme. C’est ainsi que nous ne nous apercevons en rien de la pression de 1 kg. par centimetre carre, qui opprime notre corps A la surface de la terre; lorsque nous sommes au sommet du Mont-Blane, ce n’est que par les troubles respiratoires ou auditifs que nous remarquons que la pression est diminuee de moitie. Le corps presque incompressible, plonge dans un fluide, etant com- prime egalement de toutes parts, ne ressent pas autrement les effets direcets de la pression. Pour les animaux aquatiques, qui ne renferment pas de gaz ä& l’etat aöriforme, le transport dans la profondeur ne cause aucun effet sur eux. Quant & ceux qui renferment de Y’air, il en est autrement. Nous discuterons plus loin le cas des Limnees, Gasteropodes pulmones que nous trouvons dans la region profonde. Ne parlons iei que des Poissons qui possedent une vessie natatoire, pleine de gaz, comme c’est le cas de tous les poissons de nos lacs. Ces poissons descendent dans la — 159° — profondeur, ou pour y frayer, ou simplement pour y passer U’hiver. Qu’en resulte-t-il pour eux? La vessie natatoire est soumise A une compression rapide, & mesure que le poisson descend, et son volume est reduit, en raison directe de la pression qu’elle a ä& supporter, Quant une Fera ou une Lotte descendent ü 200 ou 300m. de profondeur, pour y frayer, leur corps est soumis ä une pression 20 ou 30 fois plus forte que celle de la surface, et la vessie natatoire est reduite au Y2o ou au '/so de son volume primitif. Il en resulte une lögere augmentation de la densite du corps, et le poisson a quelques efforts supple- mentaires de natation A faire, pour se maintenir entre deux eaux. A cela se reduit l’in- eonvenient, dont souffre, & ce point de vue, un poisson qui descend dans les tres grands fonds. Quand il remonte dans les regions superieures, le phenomene a lieu en sens inverse; les gaz de la vessie natatoire, comprimes & l’extr&me par la forte pression exterieure, se dilatent ä mesure que cette pression diminue, et la vessie reprend progressivement son volume primitif. Mais quand le sejour dans les grands fonds s’est prolonge pendant quel- ques temps, il est probable que la vessie natatoire a seerete un exces de gaz, et que la masse de gaz qu’elle eontient est superieure & ce qu’elle est dans la normale. Toujours est-il que, lorsque les p&cheurs ramenent dans leurs filets des poissons captures dans les grandes profondeurs, ils voient parfois les visceres sorfir par la bouche de ces poissons, extraordinairement tumefies. C’est la vessie natatoire trop remplie de gaz qui, soumise ä la decompression d’une maniere brutale et trop rapide, s’est dilatee outre mesure et a refoul6, hors de la cavit& abdominale, l’estomae et les autres visceres. Les poissons a l’etat de nature &yitent probablement cet inconvenient, en remontant lentement et gra- duellement des grands fonds dans les regions plus elevees; les gaz en exces de la vessie natatoire peuvent alors se degager par le canal pneumatique (Feras), ou bien, pour les especes dont la vessie est fermee de toutes parts, par l’iintermediaire du sang’ (Lottes, Perches). Ainsi done l’augmentation de pression dans la profondeur n’a d’effet appreciable que pour les Poissons, et encore cet effet n’est nuisible pour eux que lorsqu’ils remontent trop brusquement A la surface, apres avoir sejourne longtemps dans les grands fonds. Quant aux questions relatives A l’effet de la pression sur la respiration, nous les trai- terons A propos des gaz dissous dans l’eau. Les mouvements de l’eau sont, comme nous l’avons vu, fort reduits dans la profon- deur ; les vagues y sont insensibles; les courants sont seuls appreciables sous la forme de eourants de convection thermique, et de courants de retour des grands vents. Les courants thermiques sont faibles, et ne peuvent avoir de l’interet qu’au point de vue de la dissemination des germes. En revanche les courants de retour des grands vents peuvent 6tre parfois tres in- tenses, et, quoique relativement rares, ils doivent @tre pour les habitants de la region pro- fonde un aecident fort desagreable. Le milieu dans lequel ils vivent, est habituellement calme et sans mouvement; tout & coup ils sont saisis par des courants violents, assez puissants — 160 — pour tordre et dechirer les filets des p&@cheurs; le limon du fond du lac doit &tre balaye et souleve, et les animaux entraines. Mais, d’une part, le fait d’&tre roules sur le sol mou et sans asperites du limon lacustre ne saurait causer grand mal ä& des animaux si legers et de si faible masse ; d’une autre part, pour la question qui nous oceupe speeia- lement, pour l’acclimatation dans les grands fonds des animaux littoraux, ceux-ei sont ha- bitues aux mouvements cent fois plus violents des eaux de la region littorale. La temperature est presque constante dans la region profonde du lac ; les variations diurnes ou journalieres y sont nulles, les variations annuelles ou lustrales y sont reduites ä une amplitude tres faible. Cette temperature est relativement fort basse; elle est cependant moins basse que celle de la region littorale dans les grands froids de l’hiver, laquelle descend parfois notable- ment au-dessous de 4°. Les animaux du littoral transportes dans la region profonde ne doivent done pas souffrir du froid, d’une maniere mortelle pour eux. En revanche ils peuvent souffrir de l’absence de chaleur. Habitues comme ils le sont dans les regions superficielles ä voir chaque annde la temperature de l’eau s’elever & 15°, a 20°, & 25°, leur organisme a dü s’adapter & cette periodicit6 des variations ther- miques, et la suppression de la saison chaude doit &tre douloureusement sensible pour plus d’une espece. Tout specialement elle doit l’&tre pour ces especes qui sont soumises, sinon & un veritable sommeil hivernal, du moins & une diminution de l’aetivite vitale pendant la periode des grands froids; ces animaux doivent avoir besoin, pour reprendre le jeu normal de leurs fonetions organiques, d’&tre exeites par la chaleur de l’ete; si cette chaleur leur fait defaut, ils doivent en pätir. Lumiere. Les animaux du littoral, transportes dans la region profonde, passent d’un milieu plus ou moins &claire dans un milieu plus ou moins obscur, probablement tout-a- fait obseur des les profondeurs de 100 m. et au-dessous. Cette obseurite leur est-elle nui- sible ou fatale? La lumiere est utile aux animaux pour diverses fonctions : 1° par son action Eelairante. a) pour la recherche de leurs aliments. A ce point de vue la sagesse des animaux se röduit, pour chacun d’eux, & se nourrir suffisamment, le plus souvent en mangeant les autres, et surtout & eviter d’&tre manges; la prudence est ainsi leur vertu dominante et necessaire dans la lutte pour l’existence. Il s’en suit que la plupart des animaux sont noeturnes, les faibles pour eviter d’ötre vus par leurs ennemis, les forts, les rapaces, parce que leur proie ne sort guere que de nuit. Pendant le jour, tous se cachent oü ils peuvent, et cherchent ä& se faire oublier ; pendant la nuit seulement, ils sortent et vont & la poursuite de leur nourriture. O’est le cas de la grande majorite des habitants des eaux, et speeialement de la region littorale des laes. Que par un beau jour calme, on etudie ce littoral, alors que les eaux absolument limpides revelent ä l’@il chaque detail, on n’y apercoit aucun animal; l’eau semble deserte. Mais que l’on souleve une pierre, l’on verra les galeries ramifiees que se sont ereusdes et oü se cachent une foule de vers, — 161 — de erustaces, de mollusques, de larves d’insectes, ete.; que l’on tamise un peu de vase ER} et l’on trouvera la foule etonnante des animaux limieoles. Dans les aquariums, ou jJai longtemps observ& les maurs des animaux aquatiques, j’ai constate combien leur activite etait plus grande pendant la nuit que pendant le jour. Ges maurs nocturnes doivent rendre fort peu incommode A nos animaux littoraux le transport dans la region profonde, obseure; ils sont habitues A chercher leur proie pen- dant la nuit ; que l’obseurite au lieu d’etre interrompue devienne permanente, cela ne saurait autrement leur nuire. b) pour la recherche d’un eonjoint dans les questions d’appariement. — Qui s’aime se trouve, m&me dans l’obscurite. 2° par son action chimique ou actinique sur les tissus. Cette action n’a pas pour les animaux la m&me importance que pour les plantes. A l’exception des animaux verts, dont les granules de chlorophylle, ou d’apres les nouvelles theories les Algues parasites, ont besoin de la lumiere pour remplir leur fonction reduetrice, les animaux vivent fort bien sans lumiere, comme l’a appris l’&tude de la faune des cavernes; leur pigmentation est plus päle, disparait m&me completement, mais les fonctions de la vie vegetative, aussi bien que celles de la vie animale, ne jouent pas moins leur röle chez eux, et leur vita- lit n’est guere moins active que celles des animaux vivant au plein jour. Il parait que l’obseurit& absolue ou continue n’est pas necessairement fatale aux animaux ('); ce n’est pas dire du reste qu’elle leur soit avantageuse ou utile. Quant aux animaux chlorophylliens je n’en dirai pas autant, et de möme que les Algues vertes ne se multiplient pas dans la profondeur, de m&@me aussi nous ne verrons pas pros- perer dans les regions obscures des animaux, qui ont besoin de la lumiere pour les fonc- tions de leurs parties constitutives ou parasitaires. Nous reviendrons sur ce sujet. Composition chimique de Veau. Nous avons vu qu’au point de vue des sels dissous, la composition de l’eau des profondeurs est la m&me que celle de la surface ; le transport de l’habitat dans les diverses regions du laec est, & ce point de vue, sans inconvenient. Nous avons vu que pour les gaz dissous dans l’eau, la proportion en est aussi ä peu pres Ja m&me; d’apres les analyses de Walter, la quantite d’oxygene est Ja m&me, la quantit& d’acide carbonique est l&gerement plus forte dans les profondeurs qu’ä la sur- face, la somme des gaz dissous dans l’unite de volume d’eau restant A peu pres la m&me. L’invariabilit& de la quantits des gaz dissous dans l’eau a une grande importance et est une condition essentielle de la possibilit du transport d’une region dans l’autre et de l’habitabilit& des grands fonds. Les “tudes de Paul Bert sur la variation de la pression dans la physiologie de la respiration (Lxxıv) nous permettent d’apprecier cette question. Il a montre que l’animal est capable de resister A des variations tres considerables de pression, si la tension des gaz respirables est maintenue dans des limites voisines de ce (!) La faune des cavernes, et les animaux endoparasites en sont la preuve. qu’elle est ä la pression normale ; si la pression est diminude, pour que l’air soit respi- rable, il faut que la proportion ‚de l’oxygene soit augmentee, si la pression est surelevee il faut abaisser proportionnellement la quantite relative de l’oxygene, qui sans cela devien- drait nuisible. Autrement dit il faut que le sang, mis en relations dans l’appareil respira- toire avec le fluide oxygene, se trouve dans des conditions telles que l’endosmose de l’oxy- gene et l’exosmose de l’acide carbonique continuent A foncetionner, comme sous la pres- sion habituelle. C’est seulement dans ces conditions que les gaz contenus dans le sang gardent leurs proportions normales, indispensables au maintien de la vie. Or, un animal aquatique, qui descend de la surface dans les grands fonds du laec, n’a pas ses conditions respiratoires sensiblement modifices ; le sang de son corps est sou- mis & une pression plus considerable, mais l’eau qui l’entoure est soumise & cette m&me augmentation de pression; la quantits des gaz contenus dans l’eau restant A peu pres la möme pour le m&me volume, la tension relative des gaz entre le sang et l’eau ne change pas et les phenomenes d’osmose gazeuse entre le sang et l’eau peuvent continuer dans les m&mes proportions. Le fait qu’il y aurait dans les grands fonds un peu moins d’oxy- gene et un peu plus d’acide earbonique (') doit ralentir les phenomenes respiratoires ; l’activite vitale doit &tre un peu deprimee, mais il n’y pas la une difference telle qu’il y ait en rien menace d’asphyxie, et le transport dans la region profonde doit pouvoir s’ef- fectuer sans grand trouble physiologique. Ainsi s’explique non-seulement la possibilit@ du transport des animaux littoraux dans la region profonde, mais encore les migrations diurnes des animaux pelagiques, qui tous les jours passent par des variations de pression du simple au double, au triple, au quintuple. La nature du sol peut avoir une importance considerable. Le sol des grands fonds, mou, de consistance vaseuse ou limoneuse, sans corps solides, doit convenir fort bien & tous les animaux limicoles, sans parler des animaux marcheurs et nageurs qui se trouvent bien partout oü ils peuvent nager ou marcher. Mais les animaux fixes ou adherents, ceux qui ont besoin de prendre insertion sur un corps solide, doivent s’y trouver fort depayses ; pour beaucoup ce manque d’appui peut devenir une cause de mort s’il ne provoque pas une modification considerable dans les maurs de l’animal. Nous trouverons des exemples de ces deux alternatives. Enfin la flore peut &tre eonsiderde comme etant une condition de milieu, et des plus importantes, pour les animaux. Beaueoup d’especes littorales prennent insertion sur les plantes aquatiques, ou se nourrissent de vegetaux. Il est diffieile d’6tablir d’une maniere generale la necessit6 de ces relations intimes entre animaux et vegetaux ; pour les diver- ses especes les conditions sont trop differentes. Mais ce que l’on peut dire, e’est que si l’absence absolue des plantes vertes dans les grands fonds n’est nullement penible pour un (') d’apres l’analyse de Brandenbourg. La moindre quantite d’oxygene n’est pas confirmde par les derniöres analyses de Walter. Voyez notre chapitre II, $ 5, pag. 44. — 19 — grand nombre d’especes, en particulier pour les especes limicoles, elle doit &tre pour beaucoup d’autres une privation fort desagreable, et pour quelques-unes une cause de troubles ou m&me de mort. — En resume dans les conditions de milieu, telles que nous les connaissons dans la region profonde, il n’y a rien qui soit, d’une maniere generale, un obstacle absolu A la vie ani- male. Les seuls points qui nous paraissent &tre d’importance nuisible ou fatale sont: l’ab- sence d’une saison chaude pour les animaux qui ont besoin de chaleur pour le eycle annuel de leur vie physiologique ; l’absence de la lumiere necessaire & la vie des animaux chlo- rophylliens ; l’absence des corps solides qui peuvent &tre indispensables ä l’insertion de certains animaux fixes; l’absence de plantes vertes qui peuvent &tre necessaires A cer- tains animaux & regime exclusivement vegetal. Un certain nombre de types animaux sem- blent done devoir &tre exelus de la region profonde. Toutes les autres especes, tous les animaux qui ne souffrent pas des conditions speciales de vie, caracteristiques d’un milieu nouveau pour eux, doivent pouvoir &tre transportes impunement de la region littorale dans la region profonde des lacs d’eau douce. Mais le transport dans les grands fonds du lac, dans des conditions exterieures fort differentes de celles de la region littorale, ne s’effeetue pas sans amener des modifications importantes dans l’organisme. Ce milieu nouveau est pauvre, calme, sans mouvements mecaniques, sans mouvements moleculaires, sans variations thermiques, sans vibrations lumineuses ou actiniques; comparativement au milieu bien plus agite des regions littorales, la region profonde est dans le repos presque absolu. — Pour mieux definir ces conditions d’habitabilit& des grands fonds du lac, je vais es- sayer de faire un tableau du climat de ces regions; je supposerai un animal &migre de la region littorale et je me demanderai sous quels traits il deerirait le pays dans lequel il arrive. Je laisserai de eöte dans cette description tout ce qui se rapporte au sol uni- forme et monotone, ä ce limon sans aceident et sans limite, dont nous avons donne une idee suffisante; je m’en tiendrai & ces conditions de milieu variables, qui font ce qu’on appelle le climat. Descendons d’abord ü 30 m. de profondeur, & la limite superieure de la region pro- fonde. L’hiver y est la saison brillante de l’annee. L’eau dejä eelaircie en automne devient de plus en plus transparente, jusqu’au mois de mars ou d’ayril. Pendant ces mois d’hiver, a 30 m. de profondeur, un animal doit pouvoir discerner quelque chose du sol sur lequel il repose, durant les heures du jour, lesquelles augmentent de longueur & partir du sol- stice; il doit voir la vofte de son ciel &elairee d’une belle couleur azur intense; peut-etre m&me voit-il passer comme une ombre gigantesque le corps d’une barque qui traverse son zenith; peut-&tre vers l’heure de midi voit-il, lorsque le lae est calme, le disque du soleil ; probablement peut-il voir, pendant la nuit, la June qui s’eleve bien plus haut sur l’horizon. Quand le lac est agite et le eiel elair, il doit jouir d’un spectacle splendide ; les vague- lettes qui rident le lae refraetent les rayons lumineux suivant des directions fort diver- — 164 — sentes; dans le fond de l’eau on doit avoir un brillant eelairage d’etincelles, aussi nom- breuses et aussi elargies que la trainde lumineuse, dessince par le soleil sur un lae ride par la brise. Tous ces rayons lumineux doivent &tre fort eteints par l’absorption puissante de leau; mais en comparaison de l’obscurits presque absolue qui domine dans le fond, le moindre trait de lumiere doit y paraitre eelatant et brillant. La temperature, qui s’est progressivement abaissde pendant l’automne, atteint en hiver son minimum annuel, 5.4° dans le Löman en 1884. Aceidentellement ä la suite d’un grand hiver, lorsqu’une longue serie de jours tres froids ont abaisse la temperature du littoral jusqu’a pres de 0° un courant d’eau froide a 4° s’ecoule le long des talus du lac ; cet aceident thermique, qui est rare, et n’est que temporaire, doit &tre fort desagıe- able et fort douloureux pour des animaux qui ne sont pas accoutumes A un froid rela- tif aussi intense. Au point de vue de la faune, l’hiver est aussi la saison la plus animee ; e’est alors que la plupart des poissons du littoral font leur migration annuelle dans la zöne superieure de la region profonde ; leur arrivee doit &tre consideree comme un fleau devastateur par les animaleules limiecoles, fort paisibles et fort tranquilles pendant tout le reste de l’annee. Au printemps, les poissons remontent dans le littoral et la paix regne de nouveau dans la region qui nous occupe. Les jours s’allongent, mais le ciel s’obscureit; un vaste nuage de poussieres aquatiques, impenetrable & la vue, voile le firmament; l’eelairage en est eteint, la demi-obseurite en devient plus erepusculaire, plus sombre. L’eil ne distingue plus ni astres dans le ciel, ni bateaux A la surface de l’eau; l’azur du firmament est remplace par le gris-noir de nos nuages de neige. La temperature de l’eau se rechauffe lentement. Pendant V’ete, en raison de la plus grande longueur des jours et de la plus grande elevation du soleil au-dessus de l’horizon, lintensite et la durdce de la lumiere devraient augınenter; mais en raison du plus grand developpement de la vie organique et de la stratifieation thermique de l’eau, le nombre des poussieres aquatiques augmente en meme temps, et le nuage opaque des couches superieures s’epaissit. La temperature de l’eau s’eleve et atteint son maximum, 10 A 12°. En automne, des le mois d’octobre, le refroidissement superficiel amene jusqu’ä 30 m. de profondeur les courants de conveetion thermique ; il en resulte un abaissement pro- gressif de la temperature qui redescend & son regime hivernal. Ces eaux superficielles, longtemps en contact avec l’atmosphere, sont bien aörces et debarrassees de l’exces d’acide carbonique ; elles apportent dans la region profonde une abondante provision d’oxygene, qui facilite la respiration animale. En m&me temps que les eaux se refroidissent, elles s’eclaireissent, et le regime d’hiver chasse enfin le nuage des poussieres aquatiques. Le firmament de la region profonde redevient pur, et les astres apparaissent de nouveau, quand l’etat serein de l’atmosphere le permet, ou quand l’eau n’est pas obseureie par le trouble des affluents. — 15 — Dans cette region de 30m. de profondeur, Teau est fr&quemment renouvelede par les courants de retour des grands vents; chaque fois qw'un vent violent vient frapper la cöte pres de la station qui nous oceupe, il se determine un courant profond, qui ramene en avant l’eau aceumulee sur le littoral par la pression des vagues. L’eau qui revient ainsi dans la profondeur est abondamment aörde par le contact avec l’atmosphere ; mais elle est aussi salie et chargce de poussieres aquatiques, soulevees par le choc des vagues. 1 y a ainsi renouvellement frequent, mais irrögulier de la provision d’oxygene et des sub- stances alimentaires, que peut reelamer la faune locale. Frequemment aussi, lorsque les pluies ou la fonte des neiges, ont gonfle les rivieres, affluents du lac, leurs eaux ter- reuses, etendues & la surface du lac, deposent dans le fond les matieres impalpables qu’elles tiennent en suspension; les flocons de poussieres minerales doivent alors tomber sur le fond, comme nous voyons dans notre atmosphere tomber les flocons d’une averse de neige. A partir de 50 ou 60 m. de profondeur, dans les laes ä affluents glaciaires, l’ete doit ötre earacterise par la chute continuelle & travers l’eau des poussieres minerales que les eaux des torrents ont recgues des glaciers ; cette eau glaciaire, & basse temperature, se repand dans le lac en nappe horizontale, entre deux eaux, & une profondeur qui corres- pond & sa densite, et lentement les particules impalpables qui la salissent doivent se de- poser sur le fond en traversant les couches inferieures du lac. Dans la zöne inferieure de la region profonde, & 100 m. par exemple, le climat est beaucoup plus simple. L’obscurite absolue doit, si je ne me trompe, y regner constam- ment, et par consöquent le eycle des saisons perd ainsi un trait caracteristique, qu'il avait conserve dans la zöne superieure. Les variations thermiques y sont bien faibles, et la temperature ne s’eleve en 6t6 que de quelques dixiemes de degre, pour s’abaisser de va- leurs analogues ä la fin de l’hiver; le courant d’eau froide & 4°, qui dans les grands hivers deseend de la region littorale en suivant les deelivites des talus, doit s’y faire sentir comme nous l’avons vu dans la zöne superieure. Le renouvellement de l’eau se fait, & 100m. de profondeur, d’une maniere bien moins active que dans la zöne superieure; les eourauts de convection thermique n’ont lieu quwä la fin de l’hiver, et n’y ont de l’intensit6 que dans les hivers froids et prolonges ; quant aux courants d’origine mecanique, au courant de retour des grands vents, ils ne peuvent descendre aussi bas pendant tout V’ete, quand le lac est stratifie thermiquement; en hiver quand la densit6 de l’eau est uniformisee, ces courants peuvent se faire sentir dans ces grands fonds ; mais ee doit &tre un accident tres rare. Pour ce qui regarde les migrations des poissons dans la region profonde, & 100 m., l’on doit avoir & noter seulement l’arrivde de l’Omble-chevalier, qui aux mois de mars et d’avril vient y chercher ses frayeres, le passage des Feras et Lottes, quand elles des- cendent dans les tres grands fonds pour y frayer en janvier et fevrier, et enfin le passage des alevins de ces poissons quant ils remontent dans les regions superieures. Quant aux trös grands fonds du lac, le fond de la cuvette, par 300 m. dans le Le- man, ils doivent jouir d’un elimat encore plus monotone. Obseurite absolue, toute l’annde ” N — 16 — durant. Invariabilite apparente de la temperature qui, en periode de r&chauflement, s’eleve A peine de un & deux dixiemes de degr6e par an. Ce n’est que dans les grands hivers, quand la surface se refroidit & une temperature inferieure & celle du fond, que les courants thermiques amenent l’eau de la surface jusque dans les grands fonds; il y a alors change- ment rapide de temperature, comme dans le grand hiver de 1879 & 1880, dans lequel nous avons vu la temperature du fond s’abaisser d’un demi-degre en quelques semaines. Cet effet s’augmente encore par l’aceumulation, dans la cuvette du fond, de l’eau & 4° de la region littorale, qui s’&coule le long des talus du mont. C’est aussi pendant l’hiver, quand la stratification thermique a disparu, qu’une tempe6te, comme l’ouragan du 20 fevrier 1879, peut aller remuer l’eau jusque dans ces tres grands fonds; mais un tel evenement, qui doit &tre consider comme un veritable cataclysme pour ces regions tranquilles, y est extremement rare. En fait de relations avec le monde superieur des regions superficielles nous n’avons A noter que les visites des Feras et des Lottes, qui viennent frayer dans les grands fonds en fevrier, que les cadavres d’animaux pelagiques qui sombrent dans la profondeur, que les poussieres organiques et minerales dont les flocons descendent plus ou moins rapidement sur le plancher du laec. Comme nous l’avons dit, calme et monotonie, absence de mouvements mecaniques, physiques ou moleculaires, absence de variations dans les conditions de milieu, tels sont les caracteres du climat des regions profondes, elimat qui, dans les grands fonds, oü il atteint sa perfection, ignore absolument toute espece de variations periodiques, m&eme la periodieite des saisons annuelles. $ IV. Modifications subies par les especes de la faune profonde, Quelles sont les modifications reconnaissables dans les organismes de la faune pro- fonde compares & ceux de la faune littorale? Etudions-les d’abord dans leurs traits gene- raux ; plus tard nous reviendrons sur quelques details interessants, plus tard aussi nous rechercherons comment ces modifications sont aecquises; nous rechercherons si les change- ments observes doivent &tre consideres comme de simples faits de nutrition dans la vie individuelle des animaux, ou bien comme des faits de transformation speeifique, acquis par adaptation dans la serie des generations. Je laisse de cöte dans cette etude les deux &speces que nous avons dit provenir de la faune des eaux souterraines, le Niphargus et l’Asellus aveugles; je leur consaererai plus tard un paragraphe special. a) Taille. En general la taille des animaux que nous p&chons dans la region pro- fonde, est notablement inferieure ä celle des especes analogues ou parentes de la region littorale. Cela a &t& observe chez les animaux suivants: — 167 — Eurycereus lamellatus, Camptocereus macrourus, Limnaea profunda, L. abyssicola, L. Foreli, Valvata lacustris, Pisidium Foreli, P. profundum, Pro- rhynchus stagnalis, Otomesostoma morgiense, Mesostoma Ehrenbergii, M. rostratum, Dendrocoelum lacteum, D. fuscum, Fredericella Duplessis, Hydra rubra. En revanche quelques especes de Turbellaries ont et& jugees par Du Plessis &tre de plus grande taille dans leurs formes profondes que dans leurs formes littorales: Micro- stoma lineare, Mesostoma lingua, M. viridatum, M. sulphureum, Gyrator herma- phroditus, Vortex intermedius. Ajoutons cependant que tous les individus etudies provenaient de draguages peu profonds, entre 30—60 m., et que ces especes n’ont &te vues jusqu’ä present que dans la zöne sup6rieure de la region profonde. Les Mollusques, chez lesquels la comparaison est la plus facile et la plus süre, et qui ont ete etudies sur des individus draguds dans les grands fonds, presentent d’une maniere nette et preeise une forte reduction de taille. b. Pigmentation. La couleur est generalement plus celaire dans les especes profondes que dans les especes littorales. Je citerai entr’autres: Maerostoma hystrix, Otomesostoma morgiense, Mesostoma lingua, M. ro- stratum, M. viridatum, M. sulphureum, Gyrator hermaphroditus, Dendrocoelum laeteum, D. fuseum, Hydra rubra, Difflugia proteiformis. Asper a note la transparence des Gammarus p6ches par lui dans la profondeur du lac de Zurich. (') Ils sont, dit-il, de petite taille et ont perdu toute espece de pigment, telle- ment qu'ils paraissent transparents comme du verre; les exemplaires peches par 140 m. devant Oberrieden, et par 60m. devant Wollishofen, ont cependant de beaux organes visuels, dont on peut facilement reconnaitre les cönes cristallins. Du Plessis a remarque une coloration rosee chez quelques Turbellaries dragues dans la region profonde, tandis que les especes littorales ne la presentaient pas: Microstoma lineare, Mesostoma Ehrenbergii, M. rostratum, Gyrator hermaphroditus, Den- drocoelum lacteum. Il attribue cette coloration au regime, compose de petits Crustaces, de Vers, et d’Hydres roses. c. Orgames de la vue. Les yeux semblent avoir une tendance A disparaitre dans quel- ques especes du fond. Dendrocoelum lacteum et D. fuscum manquent souvent de points oculaires. Le Gyrator coecus de Graff est aveugle. Le pigment de ces taches oculaires, qui est normalement noir, tourne au rouge dans quelques Turbellaries du fond: Mesostoma Ehrenbergii, Gyrator hermaphroditus. Mais la ceeit6 absolue qui earacterise les animaux des eavernes obseures n’existe pas neeessairement dans les animaux de la faune profonde des lacs; j’ai constate des yeux tres (!) Apres avoir 6tudie ces animaux A Horgen et ä Wädensweil, lac de Zurich, je serai moins en- thousiaste qu’Asper et sans parler de transparence eristalline (glasartig durchsichtig), je dirai simplement quwils sont plus päles et moins opaques que leurs cousins de la region littorale. — 168 — evidents chez des Limnees, Hydrachnides, et Gammarus pulex päches A 300 m. de pro- fondeur dans le Leman. Je me range A l’idee que les Niphargus et Asellus de la region profonde descendent de la faune des cavernes. Ceux qui ne partageraient pas cette maniere de voir, et cher- cheraient & ces animaux une origine dans la faune littorale des laes, pourraient eiter ces deux especes comme des exemples brillants de la perte de l’organe visuel, par adaptation au milieu obscur des grands fonds. d. La coqwille des Mollusques de la region profonde est non-seulement plus petite que celle des especes littorales, mais elles est toujours remarquable par sa fragilite, sa trans- parence, son apparence cornee; cela est surtout &evident chez les Limnees et les Pisidies. e. Animaux fixes. J’ai deerit la modification considerable qui existe dans les maurs et dans la structure des Fredericelles. Ges animaux fixes sur les pierres et vegetaux du littoral, une fois transportes dans les grands fonds, n’ont plus trouve ces corps solides, et ils ont dü devenir des animaux limicoles, fort differents des animaux fixes de l’espece littorale. J’ajouterai que les animaux de la region profonde semblent avoir perdu l’usage de sS’appuyer sur des corps solides. Quand ma drague ramene du fond de l’eau un morceau de coke, un bois, une feuille, ces corps sont absolument inhabites; aucun animal, aucun auf n’y est fixe. Les Limnees qui normalement attachent leurs @ufs aux rameaux des plantes du littoral, les Chironomes qui les fixent aux murs des quais, quand ils sont des- cendus dans la profondeur deposent leurs @ufs en paquets dans le limon. Il y a la une modification importante des maurs des animaux, provenant sans doute de la raret& des corps solides, et du repos absolu qui regne dans la region profonde. (') A cela se bornent les modifications generales que j’ai jusqu’iei su constater sur l’en- semble des animaux de la faune profonde (?); je ne parle pas ici des traits differeneiels observes sur diverses especes en particulier; je les deerirai plus loin. Ges modifications generales sont peu considerables; sauf celle que nous notons chez la Fredericelle, elles se reduisent ä& une diminution de taille, & un amoindrissement dans la pigmentation, ä une tendance & la suppression de Vrappareil visuel. Il est probable qu’il faudrait y ajouter, mais je ne saurais le demontrer, une diminution dans la force musculaire, dans l’activite vitale; les animaux n’ayant plus & lutter contre les mouvements mecaniques et moleeulaires du milieu qui les entoure, etant plonges dans un repos monotone et non interrompu, deviennent, jen ai l’impression tres nette, des varietes faibles, paresseuses, pauvres comme le milieu dans lequel ils vivent. (') En fait d’organismes fix6s, je ne puis guere citer que ces cocons ovoides recourbes que j’ai deerits plus haut, et que je suppose appartenir au Saenuris velutina. Je les ai trouves une ou deux fois adherents ä des feuilles ou branches d’arbres, gisant dans le limon. Le plus souvent du reste ils sont libres dans la vase du fond. (*) Je n’ai jamais constat& chez les animaux de la faune profonde lacustre trace de la phosphores- cence qui est si richement developpee dans la faune profonde marine (Rapports du Travailleur). — 169 — — Ges modifications sont-elles de simples faits individuels resultant d’une nutrition plus appauvrie ou bien sont-elles le resultat de transformations plus profondes, acquises par adaptation et se transımettant par voie d’heredite dans les generations suecessives? — Pour repondre A cette question, dans laquelle l’observation et l’experimentation sont de peu de secours, il y a lieu de decomposer le probleme et de distinguer: 1° Un animal transporte du littoral dans la region profonde subira-t-il ces modifica- tions? Je le crois, mais il ne les subira que dans une faible mesure. Dans un milieu pauvre, mal nourri, s’il est en voie de developpement, il se developpera chetivement; s’il est adulte il s’amaigrira. Mais il est probable que cet appauvrissement de l’organisme n’at- teindra son maximum qu’au bout d’une serie de generations, pendant lesquelles la race ou l’espece, de taille et de forces reduites, se perfeetionnera dans sa reduction. 2° Un animal de la faune profonde transporte dans le littoral reprendra-t-il la taille, les forces et la pigmentation de ses ancetres, avant leur migration dans les profondeurs ? — Oui, mais cette reconstitution du type primitif ne se fera que au bout de quelques generations; l’individu, de race chetive, place dans un milieu opulent, reprendra forces et taille; mais ce ne sera qu’au bout de quelques generations que ses descendants auront reconquis l’etat tlorissant, que sa famille avait momentandment perdu. Je puis me fonder iei sur un fait experimental. Des jeunes Limnees de la region profonde, ont et6 placees en aquarium; elles ont prospere, leur coquille s’est bien developpee, s’est fortifi6e; l’on voit par un elar- eissement notable du tour de spire, le point ou la coquille a ete seeretee dans un milieu plus riche; mais cependant elle est bien loin d’avoir repris la taille et la force d’une Limnaea aurieularia du littoral. C’est une L. Foreli de la profondeur un peu mieux nourrie que ses saurs. s V. Resume. Les faits developpes dans les paragraphes precedents nous permettent deja quelques conclusions generales sur l’origine des animaux de la region profonde; je vais essayer de les r&sumer: Nous avons reconnu que les especes de la region profonde du Leman ont toutes des relations evidentes de parent avec les especes du littoral, A l’exception de deux especes qui doivent @tre reliees & la faune des eaux souterraines. Nous avons vu que l’on ne pouvait aller chercher l’origine de ces especes profondes, ni dans les faunes profondes anterieures A l’öpoque glaciaire, ni dans les faunes profondes d’autres laes, en partieulier de lacs situes en dehors du territoire glaciaire; que par con- söquent c’est dans la region littorale du lac lui-m&öme que nous devons rechercher les ancetres et les parents des animaux que nous p@chons dans le fond du lac. Nous avons &tabli ensuite qu’il y a possibilite fr&quente du transport dans la region profonde, soit des germes, soit des larves, soit des animaux adultes de la region littorale ; que ce transport, opere par differents procedes, doit se presenter fort souvent, on peut 22 —- 170 — dire chaque annde pour quelques-uns W’entr’eux. Ge transport a commence& des que le lac, libere des glaces de l’Epoque quaternaire, a ete habite par des especes littorales; il a ete depuis lors non pas continu, mais il s’est reproduit tres fr&quemment. Nous avons cherche si les conditions de milieu dans les grands fonds du lae sont in- compatibles avee la vie, et nous avons vu que, sauf pour certains types speeiaux, il n’en est rien; que au contraire, quelqu’setranges qu’ils paraissent au premier abord, aucun des faits constituant Je milieu ne s’oppose & ce que des animaux littoraux, apportes dans ces regions, ne puissent y vivre sans aucune pre6paration. Il n’y a done pas necessite de faire intervenir, pour le peuplement de la region profonde, des migrations graduelles par les- quelles les animaux, passant progressivement, de generation en generation, dans des pro- fondeurs de plus en plus considerables, s’adapteraient petit & petit au milieu nouveau. Rien ne nous empeche done d’admettre que, ä& quelques exceptions pres, tout animal de la region littorale, transporte dans la region profonde, ne soit admis immediatement dans la faune de ces regions, et ne puisse continuer A y vivre. Si cela est, la faune profonde doit &tre en etat continuel de rajeunissement et de renovation; la population doit consister en un melange complexe d’animaux de provenance fort diverse. Chaque espece doit &tre formee de l’ensemble des animaux, descendant des generations preeedentes, transportees dans la profondeur il y a des anndes, ou il y a des sieeles, et d’animaux amenes actuellement, cette annee m&me, de la region littorale. S’il ya des modifications dans les organismes, comme nous l’avons montre, et si, comme cela et probable, ces modifications se perfectionnent dans la serie des generations, on doit trouver, les unes A cöte des autres, les formes plus ou moins transformees, et tous les passages possibles entre le type primitif non encore modifie, dans les individus qui viennent d’emigrer, et le type modifi6 ä l’extreme, dans les descendants d’animaux ayant emigre depuis de nombreuses gen6rations. C’est la un point de vue que je recommanderai tout partieulierement & l’attention des speeialistes qui s’oceupent d’un groupe quelconque des animaux de la region profonde. $S 6. Animaux de la faune profonde originaires de la faune des eaux souterraines, Nous avons dit que deux especes au moins semblent avoir une origine autre que celle de la grande majorite de la faune profonde, et provenir, non pas d’especes du littoral, mais d’especes de la faune des eaux souterraines. Ge sont les Niphargus et Asellus aveugles de la region profonde du Leman et de plusieurs autres lacs Subalpins. Etudions de plus pres cette question, qui presente un grand interet zoologique. Le Niphargus du Leman se rencontre en grande abondance dans tous nos draguages, des la profondeur de 30 a 40 m. environ; je ne l’ai jamais trouve, ni dans la region lit- — Ma — torale, ni sur les talus superieurs du mont. Mais vers 40 et 60 m. de fond, devant Morges, il est si frequent que c’est par dixaines d’exemplaires que je le recueille dans un seul draguage. Je l’ai p&che jusqu’& 300 m. de profondeur. Cet animal a ete etudie avec beaucoup d’attention par M. Alois Humbert de Geneve, qui en a donne une description minutieuse (Mat. XXXIX). Apres avoir refait l’histoire des differents Gammarides aveugles signales par les auteurs, il determine exactement les ca- racteres du genre Niphargus, qui est, suivant lui, bien distinet du genre Gammarus. Puis il separe le Niphargus du Leman des autres especes, le N. aquilex de Schiödte, N. fontanus, Sp. Bate, N. Kochianus, Sp. Bate, N. stygius, Schiödte, N. puteanus, Plateau; ıl le range dans le Gammarus puteanus, de Koch, et en fait une variete spe- ciale, sous le nom de Niphargus puteanus, Koch, var. Forelii, Al. H. D’apres cette excellente etude, aux details de laquelle je renvoie le lecteur, la parente morphologique de notre Crustaee aveugle du Leman n’est pas avec les Gammarus et speciale- ment avec le G. pulex, qui se trouve en-abondance dans le littoral du lac, mais avec les Niphargus, qui habitent les eaux souterraines et specialement avec le N. puteanus de Koch. } Les Niphargus ont ete trouves dans la region profonde des lacs de Neuchätel (Forel, Ph. de Rougemont), des IV-Cantons, de Walenstadt, de Zurich et de Cöme (Asper), de Starnberg (Spangenberg) (iv), de Zirknitz, en Carinthie, dans les cavites oü l’eau reste en permanence (G. Joseph) (uxxxıv). L’identite ou la presque identite de l’espece dans ces diverses localites a et& reeonnue par les observateurs qui ont etudie les animaux. Outre ces trouvailles dans les lacs proprement dits, la variete Forelii de Humbert a ete constatee par G. Joseph dans le lac souterrain de la caverne de Mrzla jama, dans le Kreuzberg, pres de Laas, en Carinthie (LXXXIV). Quant aux Niphargus des puits ils ont te trouves entr’autres: En Suisse ä& Onex, pres Geneve (A. Humbert), Neuchätel (Phil. Godet, Ph. de Rougemont), en Savoie a Annecy (F. A. Forel), en France ä Paris (Paul Gervais), en Allemagne & Elberfeld (Caspary), Regensburg (Koch), Munich (Rougemont), Würzburg, Göttingen (S. Fries), Zweibrücken (Koch), en Belgique & Gand, Namur (G. Plateau), en Angleterre (Sp. Bate) Maidenhead (Westwood), Helgoland (8. Fries), Sylt (G. Joseph), en Italie ä Mestri, Venise (G. Joseph) (LXXXV), etc. Dans les cavernes ils ont et& signales en Carinthie (Schiödte, Joseph), Falkensteinhöhle en Souabe (Wiedersheim, Fries), Hilgershausen, Hesse (Fries), etc. Dans la mer enfin des especes de ce genre ont ete deerites dans la mer de Suede devant le Bohuslän, Eriopsis elongata, Bruzelius, dans la mer Noire (Niphargus ponticus, Üzerniavsky), etc. D’apres cela, les Gammarides aveugles peuvent &tre consi- deres comme largement repandus dans toutes les eaux obscures de l’Europe, soit dans le fond des lacs et de la mer, soit dans les puits et les cavernes, et, si leur origine est commune, il n’y aura pas de peine ä trouver les ascendants des Niphargus de la faune profonde de nos lacs. —- 12 — L’Asellus aveugle du Leman a fait le sujet d’une etude speciale (Mat. L) par le Dr. H. Blanc de Lausanne, qui l’a deerit comme etant une espece distincte sous le nom d’Asellus Forelii, H. Blanc. Cet Isopode semble manquer absolument dans les eaux littorales du Leman; il n’existe pas encore, ou il existe A peine, dans la zöne superieure de la region profonde; il commence A apparaitre tres accidentellement ä 40 m. de fond, il est encore rare & 60 m., il est plus frequent a 100 m., et, ä& en juger par les captures sur les filets & fera des p&cheurs d’Ouchy, il se trouve en abondance dans les grands fonds de 200 ou de 300 m.(') Il a et& depuis lors retrouve par Asper (xxxır) dans le lac des IV-Cantons, oü il est extrömement abondant, ainsi que je l’ai verifie & Stanzstad; par moi-m&me dans le lac d’Annecy et par Imhof dans le lac du Bourget (L1). D’apres la description de Blanc, cette espece est voisine de l’Asellus aquaticus de Sars, et de l’Asellus cavaticus de Schiödte. Si, avee notre auteur, nous comparons les trois especes, nous voyons que l’Asellus aquaticus differe notablement des deux especes des eaux obscures, cavernes, puits, et region profonde des lacs; que ces dernieres ne sont pas pigmentees, et ont absolument perdu l’organe de la vue; qu’en revanche les appareils olfactifs sont chez elles fort de- veloppes; que de plus il y a, chez les Asellus des eaux obscures, reduction importante de la taille, diminution de la longueur relative des antennes, et simplification de ces organes, par la diminution du nombre de leurs articles. Mais ces differences caracteristiques, qui separent les Asellus des eaux obscures de celui des eaux 6clairees, sont tres notablement exagerdes dans l’Asellus du fond des lacs, qui presente ces reductions & un degre bien plus avance que l’Asellus des cavernes. O’est ce que la comparaison de trois series de chiffres montrera fort bien. A. aquaticus. A. cavaticus. A. Forelii. Taille, longueur de l’animal . . . 15 m/m. S m/m. 5 m/m. Nombre des articles de la tigelle de l’antenne superieure . . . 12 & 15 8410 435 de l’antenne inferieure . . . 54 a 70 25 a 55 13 & 26 Je renvoie pour les autres details & l’etude de Blanc, mais les chiffres que je donne montrent suffisamment que la tendance A la reduction et A la simplification, dejäa fort &vi- dente dans l’Asellus eavaticus, est fort notablement augmentee dans l’Asellus du fond des lacs. Il resulte aussi de cette comparaison que l’Asellus Forelii a une parent& mor- phologique plus rapprochee de l’As. cavaticus des cavernes et des puits, que de l’As. aquaticus des eaux &clairees. (') Je Y’ai pöche en grande abondance sur la barre d’Yvoire, par 55m. de fond, le 12 juillet 1885. — 13 — L’Asellus aquatieus est une espece röpandue dans toutes les eaux superfieielles du centre de l’Europe. Je ne l’ai cependant jamais trouve dans la region littorale du Leman. Du Plessis, qui a etudie avec grande attention la faune aquatique de notre pays, ne l’a non plus jamais rencontre, ni dans les ruisseaux, ni dans les etangs, ni dans les marais. Mais cette absence est peut-&tre un fait temporaire, car le doyen Bridel (uxxxvi) cite cette espece dans sa faune du lac Leman sous le nom de Cloporte aquatique, Oniscus aquatieus, mais sans indication de localite. Quant ä l’Asellus cavatieus il a ete trouve dans les puits d’Elberfeld et de Bonn (Leydig), Munich (Rougemont), Hammeln, Hanovre (Fries), Zurich (Asper), dans les cavernes de Falkenstein (Quenstedt), Hilgershausen (Fries), de la Carinthie (Joseph), ete. Voiei done deux especes de Crustaces, un Amphipode et un Isopode, aveugles l’un et l’autre, qui se rencontrent dans la profondeur des laes, et dont l’habitus general differe de celui de toutes les autres especes de la region profonde, et rappelle au contraire celui des habitants des cavernes. Ils ont une parente morphologique eloignee avec des especes des eaux littorales ou terrestres; ils ont au contraire une ressemblance beaucoup plus intime avec des especes des eaux souterraines ou obscures, vivant dans les puits ou les cavernes du centre de l’Europe. Quelle est l’origine probable de ces deux especes? On peut & cette question repondre par deux hypotheses. . le hypothese. Ou bien les especes aveugles des lacs descendent directement des especes analogues de la region littorale. Elles ont trouve dans la region profonde un milieu obscur, et, soumises aux mö&mes influences que les animaux des cavernes, elles se sont modifides dans le m&me sens que ceux-ei; mais les conditions etant cependant differentes, la trans- formation a fini par donner un resultat assez different. Aussi tout en rapprochant les formes des grands fonds des lacs de ceux des cavernes, nous devons en faire deux varietes ou deux especes distinctes. 2° hypothese. Ou bien les especes aveugles des lacs descendent des especes analogues des eaux souterraines; deja modifies par l’habitat dans un milieu obscur, elles n’ont plus eu A subir, dans la profondeur des lacs, que les modifications gen6rales provoquees par ce milieu pauyre et sans mouvement. Nous avons ä choisir entre ces deux hypotheses. Mais tout d’abord nous devons rechercher si, de m&me que le transport des animaux des la region littorale dans la region profonde d'un lac est possible, il ya aussi possibilite de l’entree, dans la region profonde des lacs, d’animaux vivant normalement dans les eaux souterraines des puits et des cavernes. A premiere vue, cette migration semble peu probable. Il est vrai que nous connaissons l’existence de sources qui, partant de la terre ferme, viennent s’ouvrir dans le lae & differentes profondeurs. Mais rien ne nous dit que les eaux de ces sources soient habitees par des animaux. Il est cependant des considerations qui nous prouvent que ces eaux sont reellement habitees. C’est en partieulier l’ötendue considerable de l’aire de dissemination des especes — 1A — cavicoles. Quand on voit, par exemple, les Niphargus exister dans les eaux souterraines, non seulement de toutes les cavernes, mais encore d’un grand nombre de puits creuses par la main des hommes, en Suisse, en Savoie, en France, en Belgique, en Allemagne, en Italie; quand on voit l’Asellus aveugle, moins r&epandu il est vrai, ©tre trouve de plus en plus ä mesure qu’on le cherche dans les mömes conditions, on en vient & soupgonner une cireulation plus ou moins active des animaux dans les couches souterraines du sol.(') On se demande, et on arrive bientöt A eroire ä& la possibilite du fait, si, d’une maniere gene- rale, le sol d’un eontinent n’est pas perfore de canaux communiquant normalement ou aceidentellement entr’eux, et permettant le passage d’animaux habitant ces cavites obscures. Les analogies ne manquent pas A cette interpretation des faits. On sait que la Ca- rinthie est toute entiere creusee par un reseau de canaux souterrains, en plus ou moins libre communication entr’eux; on sait que le Jura est de m&me perfore par tout un systeme de baumes et de grottes, oü les eaux eirculent dans certaines saisons, et qui peuvent avoir des relations directes ou indirectes les unes avec les autres; on connait les sources vau- elusiennes du midi de la France, qui impliquent l’existence de canalisations souterraines de grande extension; on sait d’autre part que, au-dessous et ä cöte du lit apparent des fleuves et des lacs, il y a dans le sol une nappe d’eaux souterraines (Grundwasser), im- mobiles ou en eireulation, dont le niveau s’eleve ou s’abaisse avec celui des eaux visibles; on sait encore que le sous-sol d’une partie du Sahara est rempli par une nappe d’eaux souterraines, oü vit une faune abondante et variece, qui ne vient au jour que lorsque quelque sondage artesien a amene les eaux ä la surface. (?) Je eiterai encore un fait interessant demontrant l’existence d’une faune speciale et abondante, vivant dans la nappe des eaux souterraines. Dans un puits ereuse il ya 17 ans environ dans la Nouvelle-Zelande (uxxxvır) Ch. Chilton a decouvert trois especes d’Amphi- podes, appartenant aux genres Crangonix, Calliope et Gammarus, et un Isopode d’un senre nouveau, Cruregens fontanus. Oes quatre Crustaces, etant absolument aveugles, ils appartiennent certainement ä la faune des regions obscures; d’une autre part l’6poque recente du creusement du puits, ou on les trouva, exclut absolument la possibilite de la pro- duction locale de ces formes nouvelles, dues ä l’adaptation au milieu obscur. Il est evident que ces Crustaces aveugles, trouves dans le puits, viennent de la nappe des eaux souterraines. D’une caverne A l’autre et surtout d’un puits A l’autre, il n’y a pas d’autre commu- nication possible que par cette voie des eaux eirculant dans le sous-sol; on ne peut in- (') En effet, toutes les hypotheses imaginables pour expliquer le transport indireet ou par migration passive de ces animaux, d’un puits ä l’autre, echouent devant des impossibilites evidentes. (2) Il est vrai que dans ce dewnier cas les animaux trouves dans les eaux souterraines n’appartien- nent pas A la faune cavicole; ils sont identiques A ceux des eaux superficielles et ce n’est qu’aceiden- tellement qu’ils sont entrainds dans le sous-sol (cxxxv). Mais ce fait n’en prouve pas moins la possibilite de la vie animale dans les eaux souterraines, et les communications faciles dans les canaux qui creusent les couches terrestres. Am, voquer, pour l’introduetion d’un Niphargus ou d’un Asellus, aucun fait de migration passive ; ni les oiseaux, ni les poissons, ni l’homme ne sauraient &tre les auteurs de ce transport. (') La distribution etendue de ces animaux, dans des localites fort diverses et fort distantes les unes des autres, montre la grande activite de cette eireulation souterraine des animaux eavicoles. Or s’ils passent d’un puits A l’autre par cette voie des eaux souterraines, pour- quoi ne pourraient-ils pas introduire dans les lacs? Si les puits d’Onex, de Neuchätel et d’Anneey ont pu recevoir les Niphargus trouves par Humbert, Godet, Rougemont et moi- m&me, pourquoi le fond de nos laes n’aurait-il pu en recevoir introduits par la m&me voie ? Si le Niphargus peut se disseminer ainsi, pourquoi l’Asellus n’en aurait-il pas fait de m&me ? Ainsi done la possibilit& d’un peuplement du fond de nos lacs, par le fait de l’intro- duetion de certaines especes de la faune des eaux souterraines, peut &tre considerde comme admissible. Les deux hypotheses entre lesquelles nous avons & choisir etant done l’une et l’autre dans la limite des choses possibles, elles meritent d’&tre etudiees attentivement. Voiei d’abord comment elles se traduiraient sous forme d’arbres gendalogiques ; je choisis comme exemple les Asellus. Dans les deux cas la souche commune est l’Asellus aquaticus. Origine littorale Origine souterraine Asellus aquaticus Asellus aquaticus FEN X = IN a DR 24 Se A. aquaticus IE eavaticus „A N Ye IN A. aquaticus A. cavaticus A. Forelii A. aquaticus A. cavaticus A. Forelii Dans I’hypothese qui fait venir l’espece profonde d’une espece littorale emigree, il y a filiation direete entr’elles deux ; on peut dire que l’espece profonde est sur de l’es- pece littorale actuelle, laquelle represente probablement aussi l’ancötre commun. Dans l’hypothese qui fait venir l’espece profonde de l’espece des eaux souterraines, il y a encore parente avec l’espece littorale, ou forme des eaux &Eclairees, laquelle repr&- (') G. Joseph a essay& d’expliquer Vintroduetion du Niphargus puteanus dans les puits de Venise, par l’alimentation artificielle de ces puits, au moyen d’eau apportee du continent par des barques (vxxxv). Mais cette opinion ne me semble pas justifice, car les barques qui vont chercher de l’eau ne la puisent pas dans des puits; elles se bornent ä la prendre direetement dans le courant de la Brenta; s’il n’y a pas impossibilit@ absolue ä ce qu’un Niphargus des puits du continent se soit egar& dans les eaux de la Brenta, et ait &t& recueilli dans les barques & eau des Venitiens, cela n’est cependant que peu probable. — 16 — sente aussi l’ancötre commun, mais cette parente n’est plus direete; il y a interposition d’une forme intermediaire; entre la forme profonde et la forme littorale, il n’y a plus que les relations de cousins. Quels sont les arguments qui plaident en faveur de l’une et de l’autre hypothese ? 1° L’origine littorale a pour elle l’analogie avee les autres especes profondes des lacs. Tout l’ensemble de la faune profonde descend de la faune littorale du m&me lae, cela n’est pas douteux. Pourquoi ces deux especes en question feraient-elles exception A la regle generale ? 2° L’origine littorale a pour elle l’analogie des variations subies par les autres especes littorales, qui se sont transformees en especes profondes. Nous avons vu que, en descendant dans la region profonde, les animaux littoraux deviennent plus petits, plus päles, plus faibles et tendent A devenir aveugles. Les deux Grustaees qui nous oceupent sont tres päles, tres faibles, tres petits et totalement aveugles. Il est vrai en revanche que ces varia- tions ne sont, dans aucune autre espece, aussi profondes que celles que nous constatons chez nos deux Crustaces aveugles; dans aucun autre animal de la region profonde nous ne voyons cette disparition complete du pigment et cette eeeite absolue et sans exception. La ceeeite absolue, la couleur blanche, les rapprochent evidemment des animaux cavicoles. 3° Les analogies avec la faune profonde marine ne sont pas decisives. Dans la re- sion profonde de l’oecan on trouve des animaux, et en partieulier des Grustae6s aveugles, qui se sont certainement differeneies dans cette region elle-m&me. D’un autre cöte ces animaux de la faune profonde marine sont en general bien pigmentes; ils ne presentent pas cette coloration blanc-mat des animaux cavicoles, si frappante chez nos Niphargus et Asellus du fond des lacs. 4° La distribution geographique des especes nous est de peu de secours. Le Gam- marus pulex, l’espece des eaux eclairees, la plus voisine du Niphargus aveugle du lac, est tres abondant; il ne manque nulle part dans la region littorale des lacs ; quelques fois il descend dans la region profonde (lacs de Zurich, Leman, Annecy). Le Niphargus des cavernes est plus rare, mais partout oü on le cherche, on le trouve; dans notre region nous le connaissons ä Annecy, ä Onex pres Geneve, ä Neuchätel. La frequence des deux especes qui peuvent servir d’origine au Niphargus de la faune profonde est presque egale. L’Asellus aquatieus est plus rare. Je n’en connais pas de station dans le bassin du Leman; ajoutons le mot: actuellement, car j’ai cit€ un passage du doyen Bridel qui semble l’avoir connu au commencement du sieele. L’Asellus cavaticus est encore plus rare; je n’en eonnais qu’une seule station en Suisse, dans le puits de l’Universit& de Zurich (Asper). Il y a, pour l’origine de l’Asellus aveugle du lac, la m&me diffieulte provenant de la raret&e des deux especes. 5° Si nous entrons dans des details plus eirconstancies de distribution geographique nous verrons que, d’une part, j’ai trouv6 en abondance le Niphargus puteanus dans un — 17 — puits d’Annecy, et que je n’ai pas su le decouvrir dans le lae qui est & cöte ('); que d’une autre part pendant que l’Asellus aveugle fait defaut au lac de Zurich, Asper l’a de- couvert dans les fontaines de l’Universit& de Zurich. Ces faits parleraient plutöt contre l’hypothese de l’origine cavicole de nos deux especes. 6° Quant aux consequences theoriques resultant de l’adoption de l’une ou de l’autre hypothese, elles sont fort importantes, et nous amenent & des deduetions tres differentes. Nous les reprendrons, quand je me serai deeide pour l’une ou pour l’autre. 7° Reste pour nous aider l’&tude anatomique des deux especes. Nous amenera-t-elle & un resultat? J’espere que oui. Tout d’abord j’ai & rappeler les ressemblances tres intimes eonstatees par Humbert et Blanc entre les Niphargus et Asellus de la region profonde du Leman, et le Niphargus puteanus, et l’Asellus eavaticus des puits, cavernes et eaux souterraines. Cette ressemblance est telle que Humbert en fait deux varietes de la meme espece de Niphargus, et que Blanc, tout en en faisant deux especes distinctes d’Asel- lus, indique leur parent comme &tant probablement rapprochee. CGependant ces ressemblances, tout en indiquant des probabilites, n’offraient pas encore d’argument deeisif. Pour chercher cette demonstration si necessaire, j’ai recolte l’annee derniere tout le materiel que j’ai su atteindre. Pour l’Asellus Forelii je l’ai peche dans le Leman, le lac des IV-Cantons et le lae d’Anneey. J’ai constate que ces Asellus, assez semblables, differaient cependant assez, pour que je puisse en faire trois varietes: Var. Lemani. Voir la description du Dr. Blanc. Var. Unterwaldensis (pechee devant Stanzstad au lac des IV-Cantons par 60m. de fond) me&mes caracteres de forme et de taille que la variete du Leman. Taches blanches argentees du dernier segment du corps. Var. Anueciensis, taille plus grande, couleur plus foncde que la variete du Leman (pechee dans le lac d’Annecy par 50 m. de fond). Voieci le nombre des articles du fouet des antennes. Antennes superieures Antennes inferieures Asellus aquaticus 12—15 54—70 A. ecavaticus 6—12 25—55 A. Forelii, var. Lemani 5 13— 26 A. » var. Unterwaldensis 4—7 8—21 A. » var. Anneciensis 3—7 11—29 Au point de vue de la taille et de la couleur, la variete du lac d’Anneey est moins reduite et moins pälie que les varietes des lacs Leman et des IV-Cantons. Elle rappellerait plus (*) Imhof n’a pas &t& plus heureux que moi, 23 — 18 — l’A. aquaticus, que les dernieres formes. Mais est-ce le fait d’une transformation moins complete de l’Asellus aquaticus, arrive depuis moins longtemps dans la region obscure; ou bien est-ce le fait d’un retour au type de l’Asellus cavaticus, qui sortant de ses cavernes et puits obscurs, est entre dans le lac d’Annecy, lequel est peu profond et ä demi ecelaire (1)? Ces deux interpretations peuvent egalement &tre soutenues; il n’y a done pas la d’argument qui nous permette de choisir entre les deux hypotheses en discussion. Heureusement que j’ai trouve dans l’etude des Gammarides des elements de demon- stration plus deeisifs. Les formes animales que nous avons en presence sont: Le Gammarus pulex de la region littorale des lacs. Le Niphargus puteanus type, des cavernes et des puits. Le Niphargus puteanus var. Forelii (Al. Humbert) de la region profonde du Le- man et des autres lacs. Pour simplifier je designerai dans la discussion qui va suivre, cette derniere forme sous le nom de Niphargus Forelii. Les caracteres qui separent les Niphargus, soit le Niphargus puteanus, soit le N. Forelii, des Gammarus des eaux 6clairees, sont nombreux et importants. Ce sont entr’autres chez les Niphargus: a) Absence de l’organe visuel. b) Exageration des organes du tact et de l’olfaction. c) Affaiblissement de la pigmentation. d) Reduction de la taille. e) Modification dans les pattes prehensiles; la pince des deux premieres paires de pattes est notablement &largie, par le fait de la diminution de longueur de l’avant- dernier article. Cet article est, chez les Niphargus, aussi large que long, tandis qu’il est deux fois plus long que large chez le Gammarus pulex. J) Modification dans les pattes sauteuses. La derniere paire des pattes sauteuses est, chez les Niphargus, beaucoup plus longue et degagee que chez le Gammarus. Ces modifications caracteristiques portent ainsi sur des systemes fort differents (°) ; elles atteignent les systemes de la vie de nutrition (taille et pigmentation), les organes des sens (vue, odorat, tact), les organes locomoteurs, soit les pinces pre&hensiles des deux premieres pattes, soit la forme m&me des grandes pattes sauteuses. Or toutes ces modifications caracteristiques se retrouvent ensemble chez tous les Ni- phargus du fond des lacs. J’ai pu comparer attentivement les Niphargus Forelii, dra- gues par moi dans les lacs Leman, IV-Cantons, Zurich, Neuchätel, et un exemplaire pro- () I a seulement 62m. au maximum de sa profondeur. (°) Je laisse de cöt& certaines autres difförences generiques signaldes par Humbert, comme celle du telson et autres, qui sont d’une &tude plus difficile, vu la position des organes. — 19 — venant du lac de Cöme, mis fort obligeamment & ma disposition par le Dr. Asper; j’ai pu les comparer avec les Niphargus puteanus recoltes dans le puits de l’hötel d’Angle- terre ä Annecy ; j’ai constate ainsi que A cöte des faibles variations locales, il leur reste toujours en commun les six grands caracteres typiques fondamentaux essentiels que je viens d’enumerer. Or ces caracteres portent sur des systemes physiologiques d’ordres forts differents, tellement differents qu’il est bien difficile d’admettre une correlation necessaire entr’elles. On sait le grand prineipe que Cuvier a introduit dans l’anatomie comparee, la con- cordance des caracteres; on sait que dans les modifications subies par l’organisme, des relations intimes unissent les divers organes et systemes de l’&conomie ; quand l’un varie, l’autre varie aussi. Quelquefois les relations sont Evidentes et faciles A interpreter ; d’autre- fois elles sont tellement eloisnees qu’elles sont inexplicables. Avons-nous affaire ici & des phenomenes analogues de concordance des caracteres ? les divers organes que nous voyons varier chez nos Gammarides sont-ils sous la dependance les uns des autres ? On pourrait comprendre, dans le cas qui nous occupe, quelques-unes de ces concor- dances. Des Gammarides quittent les eaux eclairdes pour descendre dans les eaux obscures des cavites souterraines ou du fond des lacs; leurs organes de la vision disparaissent, les organes de l’odorat et du tact, qui les guident seuls, se perfectionnent ; leur pigmen- tation s’affaiblit. Ils quittent des eaux riches en nourriture et agitees par des mouvements divers, pour s’etablir dans des eaux calmes et peu riches en matieres nutritives ; leur taille diminue. — Mais je ne saurais expliquer comment les conditions de milieu, si diffe- rentes & tant de points de vue, qu'ils trouvent dans les eaux souterraines d’une part, dans le fond des lacs d’autre part, pourraient agir de la m&me maniere pour modifier dans la m&me direction, l’avant-dernier article des pattes prehensiles de la premiere et de la deu- xieme paire, et les pattes sauteuses de la derniere paire, Je ne trouve aucun lien physio- logique entre ces organes et ceux qui sont atteints par l’action du milieu, tel que nous le connaissons; je ne trouve aucune raison qui fasse agir de la mäme maniere ces deux milieux obscurs, si differents & tant de points de vue, ä la fois sur l’appareil de combat des pinces prehensiles, et sur l’appareil locomoteur des pattes sauteuses. Cette identit& dans les caracteres des Niphargus puteanus et Forelii, et cette difference constante avec les caracteres des Gammarus des eaux superficielles, me sem- blent permettre de juger de l’origine de l’espece lacustre. Je ne saurais aucunement me representer un Gammarus pulex descendant au fond du lac et y modifiant ses pattes Ala maniere du Niphargus puteanus des cavernes, pour devenir un Niphargus Forelii; je comprends beaucoup plus facilement au contraire un Niphargus puteanus, sortant de ses eaux sSouterraines, penetrant dans le lac, en y gardant tous les caracteres de Ni- phargus, en modifiant peut-etre les details accessoires du nombre et de la longueur de ses poils, &epines, et soies. Je conclus de la que le Niphargus Forelii descend directement du Niphargus puteanus des eaux souterraines, et non du Gammarus des eaux &elairdes. — 180 — Un deuxieme argument qui arrive ä la möme conclusion e’est l’absence d’intermediaires entre le Gammarus pulex et le Niphargus Forelii dans le lac L&man. Jamais, ni A. Humbert, ni moi-möme, nous n’avons trouve un Niphargus qui ne füt pas absolument et completement un Niphargus, ou qui nous offrit un type transitoire intermediaire, & moitie modifie. D’une autre part les quelques Gammarus pulex que j’ai p@ches dans les grands fonds etaient des Gammarus et non des Niphargus. Il n’y a pas d’intermediaires entre les deux especes dans le lac L&man. Or etant connus, et le grand nombre de nos Gamma- rides, et les relations intimes et frequentes entre la faune littorale et la faune profonde, s’il y avait des rapports de filiation direete entre les deux types, nous trouverions certaine- ment des intermediaires entre les formes extr&mes ('). Mais ces intermediaires existent dans le lac de Zurich. Asper les y a decouverts, et il les tient pour des formes de passage entre le Gammarus pulex et le Niphargus puteanus. J’ai etudi6 moi-m&me ces Gammarides, que j’ai et& p&cher & Horgen et ä Wädensweil, par 40 & 80 m. de fond, c’est-A-dire dans la region profonde tres bien carac- terisee. Avec mon ami Asper je constate que les Gammarus qui viennent de ces grands fonds sont plus päles et plus transparents que ceux de la rive; jadmettrai avec lui que leurs yeux sont peut-etre moins brillants et complets que ceux de l’espece littorale. Mais ce que je pretends, e’est qu’ils ne sont pas des Niphargus avec des yeux, des Niphargus incompletement modifies. Le einquieme article de leurs deux premieres pattes prehensives, et leur troisieme patte sauteuse ne sont pas modifies; ils ont le type Gammarus et non le type Niphargus. Ainsi done dans le lac de Zurich, le milieu de la region profonde agissant sur le Gammarus pulex l’a modifie, comme nous l’avons vu modifier les autres especes profondes, mais il ne l’a pas transforme de Gammarus en Niphargus. Les Gam- marus ocules du fond du lac de Zurich forment une variete profonde du Gammarus pulex, et ils ne sont point des intermediaires qui conduiraient au Niphargus Forelii, leur commensal de Wädensweil. Enfin il est un dernier argument qui decide en faveur de l’origine cavicole du Ni- phargus des lacs, c’est la ressemblance tres intime entre les Niphargus des differents lacs. Ils different entr’eux comme les Asellus que nous avons deerits: on pourra probablement en decrire une variet6 pour chacun des lacs oü ils sont representes. Mais une fois reconnues ces petites differences, qui portent surtout sur le nombre et la grandeur des poils, il est impossible de nier l’identite generale des formes; ces animaux presentent en effet la plus grande ressemblance, specialement dans les caracteres typiques que nous avons indiques: (') Jinterpr&te comme 6tant probablement des faits de retour au type le cas de deux jeunes Asel- lus Forelii du lac L&man, chez lesquels Blane a constat& la pr6sence de points oculaires. Ce fait, assez embarrassant je l’avoue, ne s’est pas renouvel& dans les individus assez nombreux qui nous ont passe entre les mains, depuis que Blanc a termine sa notice. — 131 — absence de l’organe de la vue, päleur ou absence de la pigmentation, forme speeiale des pattes (premiere et deuxieme paires prehensiles et troisieme paire sauteuse). Or en nous rapportant aux conditions generales de la faune profonde nous savons que le fond de chacun des laes est un centre de differenciation isol& et distinet, sans relations directes avec la region analogue des autres lacs. Si nous voulons supposer que les Niphargus des lacs descendent par filiation immediate des Gammarus littoraux, nous sommes forces de voir, pour eux, dans chacun des lacs un centre de differeneiation special. Comment admettre que des differenciations separdes et distinetes arrivent & un resultat aussi semblable, et cela non-seulement sur les systemes influences direetement par le milieu (organes des sens, pigmentation, taille), mais encore sur des organes sans relation immediate avec eux, comme les organes de pr&hension et de locomotion ? Nous serions obliges, pour rendre compte de ces faits, de faire intervenir une concordance de caracteres mysterieuse, inex- plicable, et en dehors de tous les analogues connus. Il est plus simple, il est plus conforme aux faits, d’admettre que le Niphargus Forelii du fond de nos lacs, avec ses differentes varidtes, descend du Niphargus pu- teanus des eaux souterraines. Telle est la conclusion & laquelle je me rangerai. Si je l’admets pour les Niphargus, je erois sage d’etendre cette conclusion aux Asel- lus, et de chercher l’origine de l’Asellus Forelii du fond des lacs dans l’Asellus cavaticus des eaux souterraines. Il y aurait peut-etre lieu d’aller plus loin et de chercher, dans l’espece analogue des eaux souterraines, l’origine de la Planaire päle et aveugle que nous trouvons parfois dans la region profonde du Leman. Les faits sur lesquels je me baserais pour cette espece, sont trop peu nombreux pour que je veuille insister. Telles sont les raisons qui me deeident & abandonner l’opinion que j’ai jusqu’ä pre- sent soutenue sur l’origine de nos CGrustaces aveugles; dans tous les m&moires publies par moi sur la faune profonde des lacs (LXXVII, LXXVIIT, LXXIX, LXXX, LXXXI, LXXXII), je les ai joints aux autres habitants de la region profonde du lac, et je les ai supposes, comme les autres, descendus de la forme littorale parallele, le Gammarus pulex, et l’Asellus aquaticus. Mais apres de longues hesitations, je me rends ä l’Evidence et je me range & l’opinion deja mise en avant par Ph. de Rougemont et adoptee par Al. Humbert, de l’ori- gine cavicole des deux especes en question. Cela complique un peu les choses; au lieu de la notion tres simple qui faisait la faune profonde descendue direetement et uniquement de la faune littorale, je suis oblige de lui accorder une double origine, et de la faire venir: 1° De la faune littorale (la grande majorite des especes), 2°De la faune des eaux souterraines (deux ou trois especes). Tel est le point de vue auquel je me range actuellement. — Si cependant cette hypothese n’etait pas regardde comme valable, et si l’on en reve- nait A mon ancienne supposition, quelles seraient les consöquences theoriques de ce retour & — 12 — lidee de l’origine littorale des Niphargus et Asellus aveugles des lacs? Ges consöquences seraient assez graves: 1° Nous augmenterions la puissance de l’action modificatrice du milieu. Le transport dans la region profonde des lacs, dans les limites de temps qui nous separent de l’epoque glaciaire, aurait suffi pour faire perdre totalement l’appareil de la vue ä des animaux d’un type assez dleve. La perte est assez complete pour que, non seulement on ne voie plus l’eil, mais l’on ne retrouve plus traces du nerf optique. 2° La similitude presque absolue des modifications, qui portent chez les Niphargus, non seulement sur les appareils des sens ou de la vie de nutrition, mais encore sur la forme des pattes prehensiles et sauteuses, modifications qui sont identiques dans les varietes des puits et des differents laes, impliquerait une correlation de earacteres telle que, dans des centres de differenciation absolument separes, le r&sultat des modifications serait identique. Ges conclusions decoulent necessairement de l’hypothese que je erois inexacte. — Quant ä ’hypothese que je defends aujourd’hui de l’origine cavicole de ces especes, elle implique des relations entre le fond des lacs et les eaux souterraines, autrement dit l’ouverture de sources sous-lacustres dans la profondeur des lacs. Il n’y a aucune raison qui nous force A nier cette entree, il y. en a beaucoup qui nous engagent & l’affirmer. Developpons un peu cet ordre d’idees, et voyons oü cela nous conduira. L’existence dans tous les puits du continent de deux especes de Crustaces, Niphargus puteanus et Asellus cavaticus nous fait croire & des communications direetes entre ces puits; il doit exister une nappe d’eaux souterraines, habitee au moins par ces deux especes, qui, privees de toute relation avec les eaux 6&clairees, y sont devenues aveugles. La nappe souterraine n’est pas necessairement en communication continue dans ses diffe- rents distriets; mais il y a eu communication temporaire, directe ou indirecte, entre tous les puits ou ont penetre nos deux Crustaces aveugles. L’existence dans le fond des lacs de varietes, derivees des especes de la faune sou- terraine, nous demontre aussi des communications entre la region profonde des lacs et la nappe des eaux souterraines. Que ces communications soient temporaires ou continues, cela importe peu. Mais ne devons-nous pas aller plus loin, et, de ces premisses, conclure & des commu- nications entre la r&ögion profonde des divers lacs? Ne devons-nous pas raisonner ainsi? Le fond du Löman est en relations avec la nappe des eaux souterraines puisqu’il en a recu le Niphargus aveugle; de möme le lae de Neuchätel. Done le lac de Neuchätel est, par la nappe des eaux souterraines, en communication indirecte avec le lac Leman. Done l’isolement des regions profondes des lacs, que nous avons admis comme indiscutable, dans nos etudes faunistiques, repose sur une erreur. Devons-nous revenir en arriere et admettre des relations entre les faunes profondes des divers lacs? Je ne le crois pas. — 13 — De ce que les animaux des eaux souterraines ont pu passer dans le fond des lacs, il ne s’en suit pas que l’inverse soit possible. En effet les lacs sont toujours situes au point le plus bas des vallees; les eaux tendent de toutes parts & y affluer; done, les sources sous-lacustres qui y aboutissent ne peuvent jamais se changer en &missaires; le courant y est toujours dirige de la nappe souterraine vers le laec. Par consequent les especes ani- males ne sauraient &tre entraindes par les ouvertures de ces sources dans les canaux de la nappe souterraine. Ce ne saurait done &tre que les especes animales disposdes & lutter contre le courant, qui pourraient tenter de penetrer dans ces canaux, ä& supposer que des individus de ces especes se trouvent ä portee de s’y engager. Ce ne sera le cas d’aucune espece lacustre, qui, toutes sont des especes d’eaux dormantes; ce ne seront que les especes de la faune des eaux souterraines qui pourraient y trouver plaisir. Nous n’avons done, pour ces relations eventuelles entre la region profonde des divers laes, & nous occuper ieci que des especes qui sont communes aux deux faunes, & la faune profonde lacustre et & la faune des eaux souterraines. Or ces especes ne sont pas nom- breuses. Ce sont Niphargus puteanus, Asellus cavaticus (A. Forelii), dont nous venons de parler longuement, puis Planaria cavatica S. Fries, & laquelle on peut penser ä assimiler les individus aveugles, que nous avons p6eches dans le Leman, des Dendro- coelum lacteum et D. fuscum. Pour toutes les autres especes de la faune profonde des lacs je maintiens, jusqu’&a preuve du contraire, l’isolement absolu de leur habitat; je pretends que, pour ces animaux, la region profonde des divers lacs n’a aucune communication et que la differeneiation des formes s’y opere sans melanges et sans relations. $ VII Especes ou varietes ? Nous avons parl& souvent d’especes ou de varietes; je erois urgent de donner quelques explications sur la question des categories & employer dans la classification et la descrip- tion des animaux de la faune profonde. Il y a trente ans, avant la revolution que Darwin a amende dans la comprehension du monde organique, il aurait &t& necessaire de preciser avec grand soin le degre exact que les formes nouvelles doivent occuper dans la hierarchie de la classification ; alors que l’on attribuait & l’espece la valeur d’une entit& zoologique, il aurait ete indispensable de determiner si ces types distinets meritaient le titre d’especes, de races, de varidtes. Aujourd’hui nos idees se sont modifiees; nous admettons entre les formes organiques une parente genealogique; les expressions de genre, espece, variete n’ont plus pour nous que la signification de degres plus ou moins rapproches dans la differenciation morpholo- gique, entre des &tres descendant des m&mes parents. Il en resulte que la preeision ab- solue dans l’emploi des qualificatifs hierarchiques de la classification est beaucoup moins — 14 — indispensable. Chaque naturaliste, selon la tournure propre de son esprit, est dispose & augmenter ou A reduire le nombre des coupes speeifiques, & multiplier le nombre des especes, ou A ramener & un petit nombre d’especes les varietes nombreuses qu’il constate. Dans l’&numeration zoologique des animaux de la region profonde, je me suis laiss& guider en cela par les travaux de mes divers collaborateurs, et je n’ai pas essay& de reduire & un type uniforme la valeur hierarchique des formes decrites. Je n’ai pas eru avoir le droit de reprendre en sous-ordre le travail de specialistes, absolument competents chacun dans le groupe d’animaux qu’il etudiait. Mais je erois cependant pouvoir exprimer iei la signi- fication que personnellement j’attribue ä ces formes nouvelles. Les animaux du littoral, introduits eux-m&mes dans le lac ä& diverses &poques, poste- rieurement & la fonte des grands glaciers quaternaires, ont donne naissance A une des- cendance dont les fortunes ont ete diverses: quelques uns sont restes, de generation en generation dans la region littorale, et y ont continue le type specifique de la forme litto- rale; d’autres ont &t& transportes, par migration active ou passive, dans la region profonde, les uns il y a des siecles, les autres il ya des anndes seulement. Ceux qui n’ont pas ete immediatement tues par les conditions nouvelles de vie, auxquelles ils ont et soumis, ont subi l’influence de ce milieu, et se sont modifies plus ou moins rapidement et plus ou moins profondement, selon les especes; ils ont produit des varietes speciales, differentes, anatomiquement ou physiologiquement, du type primitif. Le degre de differeneiation depend pour chaque individu, d’une part de la variabilit& plus ou moins &lastique du type, d’une autre part du nombre de generations passdes dans le nouveau milieu; de telle maniere que la colleetion des innombrables individus d’une m&me espece, existant aujourd’hui dans la region profonde, doit presenter tous les degres possibles de differenciation, suivant que l’action differenciatrice a opere sur un plus ou moins grand nombre de gen6rations. Je serais dispose A appeler d’un nom propre d’espece chaque type qui s’est adapte aux conditions du milieu profond, (!) s’il a pris la forme definitive qu’il doit atteindre apres un nombre infini de generations passees dans ce milieu; chacune de ces especes profondes serait unie & l’espece littorale par un nombre infini d’individus presentant tous les degres de differenciation. (?) (*) Chacune de ces espöces abyssicoles se döcomposerait en autant de varietes quil y a de lacs dans lesquels elle habite. Exemple: Asellus Forelii, var. Lemani, var. Unterwaldensis, var. Anneciensis. ‚ (2) Une espece sera pour nous „la collection des individus descendant d’un meme type anterieurement differencie (espece-mere), qui ont ete soumis & des conditions de milieu nowvelles et qui ont atteint le sum- mum de differeneiation que peut apporter ce nouveau milieu. Cette espece presentera des vari6tes locales si la diff6renciation s’est operde isol&ment dans des centres isol&s et distinets.“ Il y a dans cette definition de l’esp&ce plusieurs notions: 1° Le fait d’une espece ant6rieure, pr&alablement differeneice dans le milieu auquel elle &tait soumise. 2° Le fait du changement d’un milieu. Ce changement peut avoir lieu: — alles, — Dans la pratique cette vue theorique doit se traduire par la convenance de mettre entre les mains des speeialistes, qui veulent etudier nos faunes profondes, un nombre con- siderable d’individus de chaque espece, presentant tous les degres possibles de differencia- tion; au milieu de tous les degres de transformation, ils arriveront & la caracteristique de l’espece, modifice & V’extr&me. L’etude de quelques individus d’une premiere peche n’est pas suffisante, car le hazard peut avoir fait rencontrer des animaux &migres tout recem- ment dans les grands fonds, et qui par consequent ne sont point encore definitivement differeneies. s VIII. Alimentation de la faune profonde. Etudions maintenant les questions generales de la nutrition des animaux de la region profonde. Nous avons deja suffisamment traite de la respiration; nous avons vu que, dans les grands fonds des lacs, l’oxygene est dissous dans l’eau en quantit6 suffisante pour l’en- tretien de la vie; nous n’avons pas & revenir lä-dessus. Quant au probleme special de la respiration des larves d’Insectes et des Limnees, nous en parlerons plus bas. L’alimentation des animaux de la region profonde est une question ouverte par le fait d’absence de la vegetation, qui est Ja grande productrice des matieres nutritives pour les animaux. Tout d’abord, tous les animaux aquatiques de la region profonde sont, ou carnivores, ou omnivores; ils se mangent entr’eux; les plus gros devorent les plus petits qu’ils cap- turent vivants; les plus petits dechirent les plus gros, lorsque ceux-ci sont A l’etat de ou bien par migration de l’espöce dans une region difförente ; ou bien par modification du milieu physique de la region; ou bien par intervention dans la lutte pour l’existence de nouveaux concurrents animaux ou vegstaux. 3° Le changement dans le milieu peut &tre peu important, et alors il n’y aura pas de modifications morphologiques ou physiologiques dans la nnuvelle espece, qui sera identique A lancienne. Ou bien ce changement peut @tre important, et alors il y aura deux alternatives possibles : a) Vespece sera andantie, incapable qu’elle est de s’adapter aux nouvelles conditions du milieu. b) l’espece sera modifi6e par adaptation & ce nouveau milieu. Dans ce cas l’espece nouvelle n’ar- rivera ü sa perfection, c’est-A-dire ü son maximum de diffsreneiation, qu’au bout d’un nombre suffisant de generations. 4° Si des relations sont possibles entre les divers districts de la region (fonds de la mer, plaines, eontinents) et si des croisements faciles peuvent avoir lieu entre les individus de ces divers districts, lespece sera uniforme. Si au contraire chaque distriet est isole et sans communication directe avec les autres (fonds des laes, iles, montagnes isoldes), chaque groupe de famille de la nouvelle espece, se difförenciant indepen- damment et pour son compte, sans croisements ni me6langes, il y aura pröduction de varietes locales, les- quelles pourront differer plus ou moins les unes des autres. 24 — 16 — cadavre. La matiere organisde passe done d’un animal & l’autre dans un cycle continu. Mais ce n’est qu’une partie de la masse des matieres organiques, assimilees sous la forme de tissus animaux, qui reste ainsi dans l’alimentation animale; une autre partie, la plus grande partie, est enlevee & ce cycle. Ce sont les matieres exeretees par l’animal vivant, sous la forme d’acide carbonique, d’uree et d’autres produits azotes, qui se dissölvent im- mediatement dans l’eau, et qui ne sont plus ainsi directement assimilables par les animaux ; dissoutes dans l’eau ces matieres s’ajoutent A la reserve que nous avons vu &tre fort con- siderable dans le lac, et que nous avons indiquece sous les noms de matieres organiques et acide carbonique libre. II y a done, par le fait des seeretions exer&mentielles des ani- maux vivants, destruction constante de wmatieres organisdes, defieit par consequent de ma- tieres alimentaires. Dans les regions littorales, ou prospere une riche vegetation de plantes vertes, ce defieit est bientöt combl&; les matieres organiques dissoutes dans l’eau sont assimilees par les plantes et organisces ä nouveau; la matiere alimentaire est reproduite a nouveau. Mais dans la region profonde ce n’est plus la m&me chose. Dans la zöne superieure de cette region profonde, nous trouvons encore le feutre organique, et nous pouvons admettre une faible action actinique sur les algues cellulaires qui y vegetent encore. Mais dans la zöne absolument obscure de la region profonde, la oü le regne vegetal est totalement annullg, comment se comble le dehieit de nourriture? Comment la provision de matieres alimentaires ne s’epuise-t-elle pas? Diverses solutions ont &t& donnees A ce probleme (uLxxxvin). Wallich, Haxckel et d’autres ont attribue aux Rhizopodes la faculte d’assimiler direete- ment les matieres organiques dissoutes dans l’eau ; ils ont doue le protoplasma de ces Protistes el&mentaires de fonetions considerees generalement comme propres au regne vegstal seul. Cette hypothese est devenue pour un temps celebre, alors que les draguages profonds de l’Atlantique eurent decouvert le Bathybius Haeckeli de Huxley, et fait ad- mettre que la vase des grands fonds etait recouverte d’une couche plus ou moins continue de cette gigantesque Monere. Mais elle est tombee depuis que les naturalistes du Challenger ont refute avec autorite l’existence du Bathybius. Que les masses floconneuses, deerites comme &tant du protoplasma, soient un preeipite de sulfate de caleium dans l’aleool (Bu- chanan), ou bien les mucosites exerötees par les animaux limicoles troubles par l’opera- tion du draguage (rapports du Travailleur), toujours est-il que l’existenee m&me du Ba- thybius est absolument refutee. J’ajouterai que je n’ai jamais rien vu dans les fonds du lac qui püt se rapporter de pres ou de loin & du Bathybius, et que, pas plus que les ex- plorateurs modernes de l’Oecean, je ne suis dispose A l’admettre dans les eaux profondes. Mais si nous ne reconnaissons pas la presence d’une Monere indefinie et illimitee r&- pandue sur le limon des grands fonds des lacs,; l’existence de Protozoaires, de Protistes, d’ötres tres inferieurs y est indiscutable. Ces &tres rudimentaires sont-ils capables, comme le voulait Wallich, d’assimiler direetement la matiere organique dissoute dans l’eau ? Cela me semble fort probable. — 18% — En effet l’animal ne se nourrit pas uniquement de materiaux organises ; les substances nutritives sont aussi bien reques, et plus facilement digerees par nous, animaux superieurs, quand elles sont sous la forme de solutions. Nos boissons artificielles, le vin, le cafe, le bouillon, sont des solutions concentrees, notre eau d’alimentation est une solution tres di- luee de matieres organiques, n’ayant plus trace d’organisation, et de materiaux inorganiques. Tous ces materiaux, modifies ou non par nos sucs digestifs, sont absorbes par les capil- laires de l’intestin. L’animal est done capable d’assimiler des materiaux dissous dans l’eau; il n’y a pas necessite A ce que ceux-ci soient sous la forme organisde. Si le fait est pos- sible pour les animaux superieurs, pourquoi ne le serait-il pas pour les animaux inferieurs ? Nous avons la preuve de cette absorption de materiaux dissous dans l’eau, dans la production de la coquille calcaire des Foraminiferes pelagiques marins, Globigerines, Or- bulines, ete. Ces petits Protozoaires qui vivent par myriades A la surface des mers, loin des cötes, loin de toute matiere solide, ne peuvent tirer que de l’eau limpide et sans pous- sieres, dans laquelle ils nagent, les materiaux calcaires de leur coquille. C’est par absorp- tion directe du carbonate calcaire dissous dans l’eau qu’ils secretent les coquilles delicates, dont les debris s’aceumulant au fond de la mer, y constituent la Globigerin-ooze, la craie en voie de formation. De m&me pour la coquille siliceuse des Rhizopodes. Il est vrai que cette preuve de la faculte d’absorption par l’animal des materiaux dissous dans l’eau, ne se rapporte qu’ä des substances minerales; mais la demonstration du fait de cette absorption pour les substances minerales, rend probable l’absorption des substances organiques. J’admettrai done qu’une certaine quantite de matieres organiques, dissoutes dans l’eau du lae, peut rentrer dans le eyele de l’organisation par voie d’absorption directe par les animaux. Mais cette quantite doit etre tres peu importante, etant donnde la tres infime proportion de materiaux que contient l’eau du lac; 10 milligrammes de matieres organiques par litre, cela represente une solution au cent-millieme. K. Möbius de Kiel (uxxxx) fait venir de la region littorale la nourriture des animaux .de la region profonde ; il suppose qu’elle descend dans les grands fonds, entrainee, soit par les courants thermiques, soit par l’eboulement naturel des talus inclines. L’etude du limon des grands fonds nous montre relativement trop peu de debris venant directement du littoral, pour que nous puissions attribuer A cette action une puissance suffisante. Si je ne puis admettre comme suffisamment efficace le transport des materiaux du littoral dans le fond par voie d’eboulement des talus, je erois cependant que ce transport se fait et quil y a lieu d’en tenir compte; il a lieu, comme je l’ai dit, de deux manieres: 1° Par la voie des courants de retour des grands vents, lorsque l’eau, salie par le choc des vagues sur la greve, revient dans le plein lac sous la forme d’un courant profond. 2° Par la voie de corps flottants & la surface, entraines en plein lac par les courants, et qui sombrent dans la profondeur lorsqu’ils sont assez imbibes d’eau. Wyville Thomson (xc) enfin va chereher dans les regions superficielles de la mer, & savoir dans la region pelagique, l’origine de la nourriture pour les grands fonds. — 158 — C'est ä cette theorie que je me joins sans hesitation; pour nos lacs du moins c’est dans la region pelagique que se fait surtout le renouvellement de la provision de nourriture neces- saire A l’entretien de la faune profonde. Dans le limon des grands fonds, tel que nous l’etudions sur nos tamis, nous trouvons bien quelques debris organiques, venant, soit de la terre ferme, soit du littoral; ils ont ete entraines dans les grands fonds par les cou- rants mecaniques et thermiques, ou mieux encore, Ja plupart apres avoir flotte A la sur- face du lac ont sombre au fond du lac quand ils ont ete assez allourdis par l’imbibition progressive de l’eau. Mais ces debris littoraux sont en fort petit nombre, comparativement aux myriades de carapaces d’entomostraees qui viennent de la region pelagique. Ces petits Crustaees, un peu plus lourds que l’eau, sombrent apres leur mert, et les parties molles de leurs cadavres sont devordes par les animaux de la faune profonde; les parties chiti- neuses restent comme temoins de l’importance de ce fait biologique, qui est absolument indispensable a l’existence de la faune profonde. Pour &tre complet, ajoutons encore les exer&ements des Poissons pelagiques qui tom- bent au fond du lae, et doivent apporter un supplement de nourriture aux animaux copro- phages de la region profonde ; l’alimentation de ces poissons «tant fondee sur les ento- mostraces pelagiques, nous n’avons ici qu’une variante dans l’alimentation de la faune pro- fonde aux depens de la faune pelagique. En resume j’estime que la nourriture de la faune profonde est tirde: 1° Des cadavres des animaux pelagiques. 2° Des debris animaux et vegetaux venant de la terre ferme, ou de la region litto- rale du lac, et emportes dans la region pelagique, et sombrant ensuite dans la profondeur. 3° Des substances dissoutes dans l’eau, et assimilees directement par les animaux. — Que deviennent les materiaux organiques assimiles par les animaux de la faune pro- fonde? Une partie est brülee dans le jeu de leur vie, et se dissout dans l’eau ambiante; une autre partie reste & l’etat de tissus animaux. Quel est le sort de cette matiere animale? La grande majorit& des cadavres des animaux de la region profonde sont manges par les autres animaux, rapaces ou omnivores, dont les l&egions se preeipitent, comme nous le voyons dans nos aquariums, sur toute proie offerte & leur voracite. Les parties dures, coquilles calcaires ou carapaces chitineuses, sunt laissees dans la vase, et y sont dissoutes directement par l’eau (sels calcaires), ou bien s’y putrefient en se transformant en acide carbonique, et hydrures de carbone et en matieres ammoniacales, qui se dissolvent dans l’eau. Quelques-unes enfin se fossilifient dans l’argile; mais dans notre lac Leman, e’est je crois le petit nombre. Une autre partie sort du lac sous la forme de Poissons p&ches par l’homme ou par les Oiseaux aquatiques. Une autre partie enfin, mais cela est limite, si je ne me trompe, & la region litto- rale ou A la zöne sup6rieure de la region profonde, se developpe sous la forme d’Insectes adultes, qui s’elevent de l’eau, et sont la proie des Oiseaux, et specialement des Hirondelles. — 189 — Le cycle de la destinde des matieres organiques serait done, dans nos lacs, ä peu pres le suivant: Les eaux du lae contiennent une quantite A peu pres constante de matieres organiques dissoutes, acide carbonique, substances azotees, hydrocarbures; ces matieres se renouvellent sans cesse par les eaux des affluents qui en sont richement chargees, et par les animaux et plantes terrestres qui vont perir dans le lac. Une partie de ces matieres organiques dissoutes s’&chappent par l’&missaire et vont se perdre dans la mer. (') De ces matieres organiques celles qui restent dans le lac sont successivement, ou assi- milees directement par les animaux, ou reduites ou assimildes par les vegetaux aquatiques, plantes de la region littorale, algues flottantes de la region pelagique. Elles prennent ainsi la forme de matieres organisdes. Les matieres vegetales sont, en partie, detruites par putre- faction et rendues A l’eau sous forme de matieres solubles, ou dispersees dans l’atmos- phere sous forme de gaz des marais. Mais en partie aussi, elles sont mangees par les animaux phytophages des faunes littorales et pelagiques, et passent A l’etat de matieres aniımales. Des matieres animales, les unes sont exeretees par les animaux vivants, & l’etat de substances solubles qui se dissolvent dans la masse des eaux du lac, les autres se putre- fient apres la mort de l’animal, et sont dissoutes de möme dans le lac, oü elles rentrent dans la reserve de matieres organiques utilisables, les autres enfin sont mangdes par d’autres animaux carnassiers. Une faible partie de cette matiere animale sort du lac sous la forme de poissons ou d’insectes aöriens. Au point de vue de ce cycle d’utilisation des matieres organiques, ce qu'il y a dans nos faunes lacustres de partieulierement interessant, ce sont les relations necessaires entre la region pelagique et la rögion profonde; tandis que c’est en general sur place m&me que les matieres organisdes sont utilisees pour l’alimentation des animaux, dans les lacs, les materiaux organises A la surface sont utilises dans les grands fonds. La faune pela- gique s’est nourrie des materiaux assimiles & la surface du lac. Apres la mort des ento- mostraces pelagiques, il y a descente de leurs cadavres dans les grands fonds, ou ils vont servir de nourriture A la faune profonde. Ils vont lui porter la nourriture assimilde & la surface du lac par les petites algues pelagiques. D’apres cela l’existence d’une faune et d’une flore pelagiques sont des conditions es- sentielles et indispensables au maintien d’une faune profonde. $ IX, Differences locales de la faune profonde, La faune profonde a des caracteres generaux tres semblables dans les differents lacs () Un caleul approximatif me montre que, du 1” janvier au 31 decembre 1874, la quantit@ de ma- tieres organiques (revelables par le permanganate de potasse), qui se sont &couldes par le Rhöne de Ge- neve, s’elöve A pres de 70,000 tonnes de 1000 kilogrammes. Cette annde 1874 a et& plutöt au-dessous qu’au-dessus de la moyenne pour le debit de l’Emissaire. — 0 — de la region qui nous oceupe; c’est toujours le möme groupe d’animaux limicoles qui habite ces profondeurs; les differences prineipales sont: 1° L’absence de certaines especes dans certains lacs. Ainsi par exemple l’Asellus aveugle ne nous est connu que dans les lacs Leman, Annecy, Bourget, IV-Cantons; les Limnees n’ont ete trouvees que dans la region profonde du Leman, du lac d’Annecy et du lae de Constance. 2° Des differences morphologiques de la m&me espece, qui s’est differeneiee pour son compte dans le milieu speeial, isol&e et distinet de chaque fond de laec. Ainsi par exemple l’Asellus aveugle du lae d’Annecy et celui du lac des IV-Cantons forment deux varietes bien distinetes de ’Asellus Forelii du lac Leman. 3° Des differences dans la profondeur & laquelle habitent certaines especes. Ainsi dans le la& de Zurich devant Wädensweil, je n’ai trouv& le Niphargus puteanus que dans des draguages & 90 m.; & 45 et 60m. il faisait entierement defaut ('), tandis que dans le Löman il abonde des 40 m., et m&öme 35 m. de profondeur. Ainsi encore j’ai trouve l’Asellus aveugle dans le lac d’Annecy par 50 m. de fond, tandis que & Morges, dans le Leman son habitat normal ne commence, qu’a 70m. Dans le m&me lac il y a des differences de deux ordres: 1° Des differences resultant de la profondeur. Certaines especes sont cantonndes dans la zöne superieure, d’autres dans la zöne inferieure de la region profonde. Ainsi par exemple c’est dans la zöne superieure seulement du lac Leman que nous trouvons le Pachygaster tau insignitus; cet Hydrachnide ne descend jamais au-dessous de 35 & 40m.; au con- traire e’est dans la zöne inferieure quhabite l’Asellus Forelii, qui ne se trouve pas normalement dans le Leman, ä& une profondeur moindre de 70 & SO m.; les trouvailles que j’en ai faites par 60 et m&me 40 m. sont tout-A-fait exceptionnelles. (°) 2° Des differences dependant de la station. Certaines regions sont plus ou moins inhabitees, comme par exemple celles que le Dr. Asper a reconnues devant Beggenried et Gersau, au lac des IV-Cantons et pres du Mont Caprino au lac de Lugano. A cöte de ces deserts, d’autres stations du m&me lae fournissent une faune abondante; ainsi par exemple le bras de Stanzstad, au lac des IV-Cantons. - Ce que je connais de plus caracteristique dans ces differences d’une station A l’autre, c’est l’habitat des Gammarides dans le lac de Zurich. Asper n’a jamais trouv& le Niphar- gus aveugle que devant Wädensweil. Les draguages que jai faits ınoi-m&me dans l’ete de 1883 confirment ce fait. Devant Horgen j’ai obtenu en grande abondance le Gammarus pulex, mais pas un seul Niphargus quoique que j’aie pousse mes draguages jusqu’a S0m.; tandis que devant Wädensweil, des que je suis arrive & 80 et 90 m., j’ai trouve, outre les Gammarus, des Niphargus parfaitement caracterises. (*) Asper dit les avoir p&öches des 40 m. (2) Voir la note (!) de la page 172. u ne FE — 1 Ges differences d’une station A l’autre doivent surtout provenir de differences dans la nature du sol. $ X. Variations de la faune profonde. Y a-t-il des variations periodiques ou non-periodiques dans la faune profonde d’une mö&me station ? Dans mes draguages faits devant Morges, je n’ai pas su reconnaitre des variations saisonnieres ou estivales. Ces variations existent-elles? Y a-t-il & certaines saisons plus grande ou moins grande abondance de certaines especes? Je ne suis pas arrive A le con- stater, et cela n’a rien de bien etonnant, si comme j’en suis convaincu, la faune profonde est bien etablie dans la r&gion, si elle s’y multiplie et s’y developpe sur place. II n’y a pas de saisons dans la region profonde ; la temperature, le grand facteur variable de la periodieite estivale, y est toujours invariablement basse et froide ; la lumiere y est toujours, &te comme hiver, nulle, ou tres attenude; les influences saisonnieres doivent y faire defaut, et la vie doit echapper A ce cycle puissant, qui agit si fortement sur les fonctions des ani- maux et des vegetaux de toutes les autres regions habitees. Si au contraire, les animaux que nous trouvons dans la region profonde etaient simplement des &gares de la region litto- rale, entraines par le jeu des courants dans cette region, oü ils seraient incapables de s’etablir et de se multiplier, si cette hypothese que j’ai suffisamment refutee etait vraie, nous verrions certainement de grandes variations saisonnieres dans la population de la region profonde, variations lices aux variations fortement caracterisces de la faune littorale. Il y a cependant des variations dans la faune profonde, variations diffieiles ä constater, mais dont je crois avoir reconnu les indices. Ainsi par exemple dans mes premiers draguages de 1867 ä 1873, j’ai trouve devant Morges, des Limnees en assez grande abondance ; j’en trouvais plusieurs exemplaires adultes dans chaque draguage, la L. abyssicola A. Brot, plus rarement la L. profunda S. Clessin (L. stagnalis, var. A. Brot). Plus tard, lorsque je suis entre en relation avec S. Cles- sin, j’ai voulu lui envoyer des Limnees; mais tout d’abord j’en ai peu trouve; ces Gasteropodes etaient devenus fort rares; puis ce que j’expediai & Clessin n’etait point la L. abyssi- cola, mais bien le type qu'il a designe sous le nom de L. Foreli. Pour &tudier la L. abyssicola il a dü demander & M. Brot communication des &chantillons que j’avais envoyes & celui-ci quelques anndes auparavant. Il y avait eu modification complete de la population des Limnees, dans la m&me station, en un petit nombre d’annees. Cet exemple montre qu’il peut survenir des variations considerables dans la population de la region profonde ; ces variations sont evidemment dues aux hazards de l’immigration des especes de la region littorale qui sont entrainees dans la profondeur et s’y etablissent pour un temps, ou definitivement. —- 12 — $ XI. Questions sp6ciales interessant certaines especes. Apres avoir traite les problemes generaux interessant la vie des animaux de la faune profonde, etudions quelques-unes des questions speciales qui touchent & certains groupes ou & certaines especes. I. Inseetes Dipteres. Ces animaux n’existent dans le lae qu’a l’etat de larves; leur etat parfait ne pouvant se passer que dans l’air, comment peuvent-ils accomplir le cycle de leurs metamorphoses dans la region profonde du lac ? Les Dipteres ä& larves lacustres pondent en general leurs @ufs sur les corps solides ä& demi immerges ; ces @ufs sont agglutines ensemble .en longues chaines formant des fila- ments mous, jaunätres ou blanchätres, qui plongent dans l’eau. C’est en automne et en hiver que nous voyons les paquets de ces @ufs dessiner une bande jaunätre sur les murs de nos quais et sur les plantes aquatiques, dont les sommets emergent dans la beine. Au bout de quelques jours les aufs Eclosent, et les petites larves se dispersent dans la vase de la beine. Si pendant ce temps de la ponte et de l’eelosion, il s’eleve des vagues un peu fortes, les paquets d’eufs peuvent &tre arraches de leurs supports, ou les larves &tre entraindes, et les courants peuvent les disperser & la surface du lac. De lä ils doivent sombrer dans la profondeur, et nous comprenons fort bien, comment doit s’accomplir le peuplement de la region profonde, par ces germes, ou ces jeunes insectes, arraches au littoral. Dans le limon de la region profonde nous trouvons les larves de diverses especes ä divers degres de developpement; mais je n’ai pas su remarquer de differences saisonnieres, suivant lesquelles, & certaines epoques, il y aurait plus ou moins de jeunes larves, ou de larves plus ägees. Il est possible qu’a ce point de vue mes observations soient insuffisantes ; cependant le fait que je crois avoir vu, ä savoir un melange & peu pres uniforme de larves d’äges differents, peut fort bien s’expliquer par l’hypothese que je vais proposer. Lorsque j’etudie le produit de mes draguages, immediatement au moment oü je viens de le sortir du fond du lac, je ne trouve pas de nymphes (!) ; si au contraire je laisse le limon, et les larves qu’il contient, sejourner, pendant quelques temps dans des bassins, je rencontre bientöt des nymphes, et je vois m&öme parfois s’operer la metamorphose en in- secte parfait. () Je ne veux cependant pas ötre trop affırmatif sur ce point. Je suis tres sür d’avoir vu des larves se transformer en nymphes apres quelques jours de s&öjour dans mes bassins. Je suis tres sür de la grande raret& des nymphes dans le limon au moment oü je viens de le draguer. Mais de l’absence absolue des nymphes dans la profondeur du L&man, je ne puis pas &tre completement certain. En tous les cas, j’ai vu une nymphe de Chironomide dans le produit d’un draguage fait & 50m. dans le lac d’Annecy, quel- ques instants apr&s qu’il avait &t& sorti du lac. — 193 — En aucune saison je ne vois, & la surface du lac, dans la region pelagique, des larves ou des nymphes de Dipteres en voie de metamorphose ('). Ce fait s’observe en revanche chaque annee dans la region littorale, oü l’on voit alors l’eau couverte de milliers de cara- paees chitineuses des nymphes dont l’inseete parfait vient de s’echapper; dans la region pelagique qui forme la partie superficielle de la region profonde, je ne l’ai jamais constate. (9). Les larves de Dipteres en question nagent du reste fort mal; elles sont absolument inca- pables de s’elever entre deux eaux. J’ai essay6 dernierement de juger la question par une observation indirecte. Si les larves des Chironomides de la region profonde se metamorphosent en insectes parfaits, elles doivent monter ä la surface; en traversant la region pelagique, elles doivent devenir la proie facile des poissons insectivores; on doit les retrouver dans l’estomae des Core- gones. Malheureusement j’ai pense & cette recherche trop tard, et jai ete surpris par la periode de prohibition absolue de la p@che, qui, pour la premiere fois, a et& introduite sur le lace Leman, du 15 avril au 31 mai 1884. Aussi n’ai-je pu etudier & ce point de vue qu’un nombre insuffisant de poissons. Toujours est-il que deux Feras, que j’ai autop- sices le 12 avril, avaient leur estomac rempli d’entomostraces, mais ne contenaient pas un seul debris de larve de Diptere.(°) Sans done que je puisse donner la demonstration comme probative, je puis cependant en indiquer les resultats provisoires comme favorables ä& mon hypothese. Je ne crois pas faire erreur en admettant que les larves de la region profonde ne viennent pas subir leurs metamorphoses & la surface de la region pelagique ; or comme il n’est pas possible que ces larves en rampant sur le sol sachent regagner le littoral pour y subir leurs metamorphoses, j’arrive & la conclusion que ces larves ne se transforment pas en inseete parfait. Le cycle des metamorphoses ne s’accomplit pas pour les larves d’insectes de la region profonde. Devons-nous interpreter ces faits en supposant que ces larves sont chaque annde im- portees dans la region profonde & l’etat d’eufs ou de jeunes larves, qu’elles y vivent et qu’elles y meurent sans donner de descendance? Cela representerait une depense bien etrange et bien inutile des germes reproducteurs des especes littorales; la chose n'est cependant pas impossible. Je l’estime cependant improbable si je considere la grande abondance des larves d’in- sectes de la region profonde. C’est par dixaines, c’est quelquefois par centaines que j’en (‘) Une seule fois j’ai note une larve d’Eph@mere nageant ä la surface du lac, a environ un kilo- mötre de la rive; elle semblait complötement ögaree et je suis convaincu qu’elle avait te entrainde par les courants loin du littoral qu’elle habitait. (2) Dans quelques cas oü la region pelagique &tait salie par les depouilles des nymphes d’insectes, il y avait eu evidemment transport par des courants des eaux du littoral. (°) J’ai repete l’experience au mois de juin 1884 avec le möme resultat negatif. 25 N — 14 — ceompte dans chaque draguage dans les profondeurs moyennes devant Morges, c’est par centaines qu’il y en a dans chaque metre carre du sol. Or quelque abondante que l’on puisse r&ver la ponte de ces dipteres ä la rive, il n’est pas admissible qu’une dissemina- tion fortuite, livree au hazard des vagues ou des courants, suffise & expliquer une disper- sion aussi abondante et aussi reguliere. De plus nous deyrions observer une grande irr6e- gularite d’une annee A l’autre, suivant que la ponte des diverses especes aurait coineide avec un temps de grande agitation du lac, favorable ä& la dispersion des @ufs, ou avee un temps calıme qui serait impropre & une telle dispersion. Des differences annuelles de cet ordre ne nous auraient probablement pas &chappe. Il y a une autre interpretation des faits. O. Grimm de St-Petersbourg (xcI) a deerit une reproduction pedogenetique des Dipteres. Il a vu ces insectes, encore A l’etat de larve, pre- senter deja un etat de maturite suffisant des ovaires pour pondre des aufs capables de se developper. J’ai lieu de supposer qu’il en est de m&me pour nos Chironomides de la region profonde. Deux fois j'ai vu le corps de nos larves transparentes verdätres &tre remplis d’eufs reconnaissables A leur taille et ä leur forme; d’une autre part, j’ai plusieurs fois dans mes draguages profonds trouve des aufs de Dipteres agglomeres ensemble en paquets discoides. Ges observations ne sont malheureusement pas assez completes pour que je puisse &tre tres affırmatif; mais je suis tout dispose & croire que dans la region profonde du lac nos larves de Dipteres (ou quelques-unes d’entre elles du moins) se reproduisent par pedogenese, c’est-A-dire pondent des aufs avant d’arriver & l’etat parfait, que ces larves restent A l’ötat larvaire, et ne viennent jamais & l’air subir leur metamorphose en insecte parfait. Ainsi seulement s’expliquerait d’une maniere satisfaisante la masse enorme de larves d’insectes dans la profondeur du lac; car la dissemination fortuite d’eufs venant du litto- ral serait bien loin de suffire & la reconstitution annuelle de cette population nombreuse de larves, qui iraient aceidentellement s’egarer et s’aneantir loin du bord. Cette question est du reste tres delicate et tres diffieile. Elle meriterait d’etre reprise avec attention par un specialiste qui y vouerait tous ses soins. La respiration de ces larves de Chironomides se fait par les branchies imparfaites qui ornent la partie posterieure du corps de l’animal. Vu le peu de developpement de ces organes, et etant connus les moeurs limicoles de ces larves, qui vivent dans des galeries creusdes dans la vase, oü l’eau doit tres mal eireuler et tres mal se renouveler, les phe- nomenes respiratoires doivent etre tres peu actifs. Ces larves ont un systeme trach6al normal, venant s’ouyrir au dehors par des stig- mates; mais ce qui est propre & nos larves de Dipteres de la region abyssale, ce qui les separe de tous les autres insectes connus, c’est que leurs trachees ne contiennent pas d’air; elles sont remplies d’eau. Vues au microscope elles sont fort diffieiles A discerner, et ne presentent pas les lignes noires, fortement refringentes, des parties remplies de gaz A l’etat aöriforme. Ces trachees existent cependant, et ne sont point obstrudes; elles ne sont que ie remplies d’eau; en effet si on laisse, quelques heures ou quelques jours, dans des bassins, les larves d’un draguage profond, elles viennent bientöt aspirer l’air, et leur reseau tracheal se vide progressivement d’eau pour se remplir de gaz. L’absence d’air des trachees d’ani- maux vivant dans la region profonde s’explique par le fait que les insectes en question ne viennent jamais en relation avec l’air atmospherique; les gaz, qui remplissent les trachees dans un inseete aörien, ne sont pas un produit de seeretion de l’animal; leur introduction dans le corps est un fait purement mecanique, plus ou moins analogue & l’inspiration dans le poumon d’un vertebre. Comme il n’y a point de gaz ä l’etat aöriforme dans la region profonde, le remplissage des trachees ne peut pas s’y effectuer. Il est une generalisation interessante, que nous pouvons faire au sujet de ces trachees d’Insectes, remplies d’eau; c’est l’analogie evidente entre ces organes et les vaisseaux aqui- feres des Vers(!). Chez les animaux de toutes les classes du type des Vers, on connait un reseau de canaux tres fins et delicats penetrant dans l’interieur du corps, ou ils se ramifient ou s’anastomosent. Par leur forme, leur distribution et leur structure, ils rappellent de tres pres les trachees des insectes. Mais ils sont remplis d’eau, et on leur attribue sengralement les fonctions d’organe d’exeretion. Ne pourrait-on pas, outre la ressemblance morphologique, admettre entre les vaisseaux aquiferes des Vers et les trachees a@riennes des insectes une parente organogenique. De m&me que nous voyons les trachees aquiferes des larves d’insectes de la region profonde se remplir de gaz, et devenir des trachees aöriennes, quand l’animal est venu au contact de l’air, ne pourrions nous pas considerer comme probable que, dans les phases du developpement du type de l’Insecte, les vaisseaux aquiferes du Ver se sont transformes en trachees aöriennes, lorsque l’animal a eu besoin d’une respiration plus active. II. Hydrachnides. L’Hygrobates longipalpis, qui est fort abondant dans la region profonde du Leman et d’autres lacs, montre un fait eurieux de defense dans la lutte pour l’existence. Je l’ai souvent mis dans des aquariums en compagnie de poissons divers, et j’ai toujours constate avec etonnement la maniere dont les poissons le respectaient; j’ai note vingt fois que les poissons, avides comme on le sait de toute espece de proie animale, qui se precipitent immediatement sur tout animaleule nageant dans l’eau, passent A cöte de ces Hydrachnides avec le plus souverain mepris. Une seule fois j’ai vu un Rotengle en manger deux. Quelle est la cause de ce dedain? l’Hydrachnide est-il protege par un goüt desagreable ou par une odeur repugnante? Je ne saurais le dire. III. Crustaces aveugles. J’ai deja suffisamment etudie la question de l’origine des deux Crustaces aveugles de la region profonde, le Niphargus puteanus et l’Asellus Forelii; je n’ai pas ici A re- venir lä-dessus. (?) Je dois cette remarque ä mon collögue M. le prof. Ed. Bugnion de Lausanne. — 19 — IV. Acanthopus. Les relations de ces petits Ostracodes avec les Cytherides marins sont fort interessantes, les deux especes de ce genre decerites par M. H. Vernet etant les seules connues de Cy- therides d’eau douce.(!) L’on pourrait & leur sujet discuter l’histoire probable de l’intro- duction de formes marines dans la region profonde du Leman. Mais les hypotheses assez compliquees, que l’on serait entraine & faire, pour rendre compte d’une telle migration dans un lac qui n’a jamais eu de relations directes avec la mer, seraient actuellement trop prematurdes. Il est prudent d’attendre pour laisser s’egarer ainsi notre imagination de naturaliste que l’absence des Acanthopus, ou de formes parentes, ait &t& constatee soit dans la faune littorale du L&man, soit dans les faunes lacustres des autres lacs, soit dans les eaux terrestres. Jusqu’& present ces tres petits Ostracodes n’ont te trouves que dans la region profonde du Leman; mais la certitude de leur absence ailleurs n’est pas assez assurde, et je n’oserais pas me baser sur des faits negatifs aussi peu certains. V. Mollusques. Respiration des Limnees. Les Limnees sont des Gasteropodes pulmones, qui respirent en introduisant l’air en nature dans leur sac pulmonaire. Comment s’opere la respiration des trois especes que nous trouvons dans la region profonde du Leman, (?) bien loin de tous rapports possibles avec l’atmosphere ? Lorsque j’ouvre sous l’eau le sac pulmonaire d’un de ces Mollusques, je constate qu’il est vide d’air, ou plutöt qu’il est plein d’eau. Comme nous l’avons vu pour les trachees des larves de Dipteres, ce fait s’explique par l’absence de gaz & l’etat aöriforme dans la region profonde, et par l’impossibilite ou sont ces animaux, & reptation fort lente, et in- capables de natation, de venir faire & l’air leur provision de gaz respirable. Il en resulte que ces animaux pulmones sont transformes en animaux & respiration aquatique, et cela sans qu’ils possedent l’appareil branchial caracteristique de la plupart des animaux vivant dans l’eau. Je n’ai du moins pas su decouvrir de modifications sensibles au sac pulmonaire de ces Limnees, rien qui monträt l’apparition d’un organe branchial. Que la respiration s’effectue suffisamment pour eux dans ces conditions defavorables, cela resulte du nombre considerable de ces animaux et de la maniere energique dont ils se reproduisent; leurs @ufs et les jeunes animaux sont tres frequents dans la region pro- fonde. Du reste, cette suffisance de la respiration aquatique pour des animaux & respira- tion aörienne, plonges dans la region profonde, &tant dejä constatee par le fait des larves d’insectes, elle est bien plus explicable chez les Mollusques que chez les Dipteres. Chez () Sars indique cependant des Cytherides parmi ses espöces marines releguees dans les profondeurs des lacs Scandinaves (cxvı). (2) Je rappelle que des Limnees ont &t6 trouvees dans la r&gion profonde des lacs de Walenstadt, IV-Cantons et Cöme (Asper), de Constance (C. Th. de Siebold), Löman, lacs de Zell et d’Annecy (F. A. Forel). BR — 197, 7 — les Limnees en effet toute la surface cutande est molle et vascularisee ; elle peut fonctionner comme un appareil branchial diffus, et effectivement quelques genres de Mollusques ne possedent que la respiration cutandee (Dermatobranches). Du reste, si l’on y donne attention, le fait de Limnees respirant l’air dissous dans l’eau n’est pas aussi extraordinaire qu’il le semble au premier abord. Ainsi que l’a montre le Dr. A. Pauly, de Munich (!) dans une &tude speciale de la question (xcır), des Limnees restent fort souvent et fort longtemps sans venir respirer & lair; il l’a observe A l’etat de nature; il l’a constate apres Moquin-Tandon dans des ex- periences ou il entravait l’acces A l’air. Dans la plupart des cas cites par Pauly, le poumon etait plein d’air; dans quelques eirconstances, oü il semblait impossible aux Limnees d’ar- river & l’atmosphere, Pauly explique la presence de cet air par l’aspiration ou deglutition qu’il a constatee de bulles de gaz adherentes aux corps submerges. Mais dans quelques cas le sac pulmonaire ne contenait que de l’eau. Aux exemples qu’il a eites, j’en veux ajouter un qui me semble fort demonstratif: Sur les pierres de la beine littorale du Leman, par 3 & 6m. de profondeur d’eau (ruines de la cite lacustre de Morges), je trouve un grand nombre de Limnees, L. auri- eularia, qui n’ont aucune possibilit€ de venir A l’air; iln’yalä aucune plante aquatique qui eleve ses rameaux jusqu’ä la surface. D’une autre part ces mollusques sont trop lourds pour imiter leurs congeneres des marais, pour se detacher du sol et venir flotter sur l’eau; leur densit& est toujours superieure ä celle de l’eau, et souleves, ils retombent pesamment au fond. J’en ai etudie un grand nombre d’individus, et j’ai constamment trouv& leur poumon rempli d’eau. Nous avons done la, deja dans la region littorale, un fait identique ä celui des Limnees de la region profonde, qui sont entierement voudes & la respiration aquatique. Une transition ä ce cas extröme de respiration uniquement aquatique, s’operant A la fois par la surface eutande et par la muqueuse du sat pulmonaire, nous est donnee par les Limnees qui, apres avoir rempli d’air leur sac pulmonaire, soit qu’elles aient &t& chercher cet air ä la surface, soit qu’elles aient ingurgite des bulles d’air immergees, restent fort longtemps sous l’eau sans venir respirer A la surface. La petite provision d’air qu’elles ont pu emmagasiner dans leur cavit& pulmonaire, doit avoir son oxygene bien vite Epuise, et cependant ces animaux peuvent demeurer sous l’eau des jours, des semaines, des mois, sans renouveler leur air respiratoire. Dans ce cas le poumon doit cesser de foncetionner comme organe respiratoire, et la respiration est uniquement limitee A la surface cutande. (!) A la suite de nos decouvertes, dans la faune profonde des lacs suisses, de Limndes respirant Yair en nature, le prof. €. Th. de Siebold rappela l’observation qu’il avait faite en 1857 dans le lac de Constance. Il avait rapporte dans ses filets, gisant a 70 m. de profondeur, des Limnees vivantes (oxıır). Le venerable professeur de Munich fit proposer comme sujet d’un prix academique pour l’annde 1375—1876, la question de la respiration aquatique de ces Limneides. C’est comme reponse A cette question que le Dr. A. Pauly a presente sa dissertation (xcır), qui, & bon droit, a &t& couronnee. — 198 — Aux exemples eites par Pauly je joindrai encore un fait general. Ce n’est guere que par les beaux jours de grande chaleur que les Limnees des eaux superficielles viennent ouvrir, A la surface de l’eau, l’orifice de leur cavite pulmonaire; pendant toute la saison froide elles restent sous l’eau, et se contentent de leur respiration eutande. Lorsque l’eau devient tres chaude, elles semblent sentir le besoin d’une plus grande quantite d’oxygene, et elles viennent chercher l’air respiratoire en nature ä la surface de l’eau. La temperature etant toujours tres froide dans la region profonde du lae, la respira- tion cutande aquatique suffit de m&eme ä ces mollusques soi-disant pulmones; ce n’est pas ä dire qu’ils n’utilisent pas leur sac respiratoire pour y introduire de l’eau et aider ainsi & la respiration cutanee. La facilite avec laquelle les Limndes des eaux superficielles, qui ont pendant tout l’hiver respire, uniquement par la peau, les gaz dissous dans l’eau, reprennent dans les premiers beaux jours la respiration pulmonaire aörienne, nous explique un fait qui m’a longtemps paru fort etrange. Quand je retire des grands fonds des Limnees, qui ne sont jamais venues & l’air et qui dans toute leur vie n’ont respire que les gaz dissous dans l’eau, quand je les etablis dans un aquarium, elles viennent de suite A la surface et rem- plissent immediatement d’air leur cavite pulmonaire;(') elles subissent done sans transition une transformation complete de leur fonetion respiratoire, laquelle se perfectionne subite- ment en augmentant &normement d’intensite. Or ces animaux ne paraissent point souffrir de cette revolution physiologique, et apres cette epreuve, elles vivent encore fort longtemps dans l’aquarium. Je m’etonne moins aujourd’hui de la facilite avec laquelle elles supportent une crise aussi violente, du moment que j’ai constate, que les Limnees des eaux super- ficielles passent toutes, chaque annee, par des transformations analogues et aussi rapides. v1. Pisidiums. Les Pisidies de la region profonde de nos lacs ont ete etudiees par un specialiste de grand merite, S. Clessin autrefois & Regensbourg, aujourd’hui ä Ochsenfurt. Utilisant les materiaux fournis par Asper, Suter-Nxf, de Zurich, et moi-meme, il a pu comparer ces petits mollusques provenant de 18 lacs differents. C’est le seul groupe d’animaux pour le- quel nous possedions une etude comparative aussi complete; aussi vu le grand interet de la question, je vais essayer d’analyser les resultats generaux des travaux (?) de Clessin. (1) M. Pauly, en r&petant mon observation sur les Limnees du lac de Starnberg, a constat&e qu’elles semblent d’abord fort inhabiles & cette respiration aörienne; elles sortent trop haut hors de l’eau, et font des mouvements inutiles. Plus tard tout se r&gularise (zen). (*) Les travaux de M. Clessin traitant des Pisidies de la faune profonde des lacs subalpins sont: Les Pisidiums (Mat. XX et XXXV). Die Mollusken der Tiefenfauna unserer Alpenseen (xry) p. 179. Beiträge zur Molluskenfauna der oberbayerischen Seen (xrıy) p. 107. -Deutsche Excursions-Mollusken- fauna (cxxv) p. 534. —. 1) — Il a donne des noms speeifiques & ces divers Pisidiums; en voiei d’abord l’enumera- tion avec l’indieation bibliographique (!) suffisante pour faire retrouver les descriptions: Pisidiums de la r&gion profonde. 1. Pisidium profundum Leman F. A. Forel Mat. XXXV ». 275 9. P. urinator Zurich, Sils (2) ) » 2.220 3. P. oceupatum E Neuchätel » » 271 4. P. Foreli Leman, Zellersee » » 269 5. P. demissum Zellersee » » 268 6. P. submersum Starnbergersee (?) S. Clessin Tiefenfauna xLv p. 179 7. P. prolungatum | en ne nie » 180 8. P. conventus Starnbergersee » 181 9. P. tritonis Greifensee Suter-N&f (xcım) Tiefsee-Mollusken. 10. P. imbutum Pfäffikon » » 11. P. quadrangulum IV-Cantons » » a ee Egerisee » » 13. P. Asperi Zoug, Klönsee » » 1 BE Zoug » » 15. P. fragillimum Silvaplana » » 16. P. miliolum Cöme, Annecy » » 17. P. italicum Lugano, Majeur » » 18. P.italieum, var. locarnense Majeur » » 19. P. Novaevillae Bienne S. Clessin in litt. Toutes ces formes different assez entr’elles pour que Clessin ait eru pouvoir leur attribuer la valeur d’especes distinctes, Elles ont toutes cependant des traits communs que notre auteur a r&sumes comme suit (xLv): « Taille petite, coquille mince, le plus souvent transparente, cornee, sommets peu saillants, mais relativement larges, coquilles peu ventrues, absence absolue des lignes an- nuelles d’aceroissement. Mecanisme de la charniere relativement läche, dents peu aigues ou reduites en nombre.» Ces caracteres generaux sont faciles & interpreter. L’absence de differences saison- nieres de la region profonde rend compte de la suppression des couches d’aceroissement annuel; la pauvrete de la nourriture et l’absence d’agitation de l’eau necessitent une plus () Les N® 9318, d&jä indiqu6s dans la liste de Suter-Nxf, et le N° 19 que Clessin m’annonce dans sa correspondance, seront publi6s et deerits ultörieurement par Olessin. (2) Je fais entrer dans cette serie les Pisidies du lac de Starnberg en Baviere. Comme nous le verrons plus loin, ce lac a tout-ä-fait les caracteres des lacs de la r&gion subalpine que nous &tudions ici. en N u Iuzai D.; — 200 — grande mobilite de l’animal, qui doit chercher son alimentation dans un cerele plus &largi. Les sommets larges, mais peu saillants, montrent que le jeune animal n’est expulse du corps de’la mere que lorsqu’il a atteint des dimensions relativement assez fortes; aucune perturbation du reste ne trouble son developpement. Quant & la charniere son mecanisme est assez läche, et parfois reduit; les dents sont moins aigues que dans les especes litto- rales, (') chez lesquelles l’agitation de l’eau exige une plus grande solidite d’artieulation. Ces traits generaux communs donnent & nos Pisidies de la faune profonde un habitus special, caracteristique, tres nettement differencie; si les details anatomiques varient d’une forme & l’autre, l’apparence generale reste toujours & peu pres identique. D’apres l’enumeration que nous venons de donner, les 19 especes de Clessin seraient presque toutes speciales & un seul lac; elles seraient differentes d’un lac & l’autre. Il a cependant reconnu l’identit&E probable des formes suivantes: Pisidium Foreli dans le Leman et le lac de Zell. prolungatum dans les lacs de Walenstadt, IV-Cantons, Bourget, et Neuchätel. urinator, dans les lacs de Zurich et de Sils(*) (Engadine). Asperi dans les lacs de Zoug et de Klönthal. miliolum dans les lacs de Cöme et d’Annecy. . italicum dans le lace de Lugano et le lac Majeur. Pour toutes les autres especes elles seraient speciales au lac oü elles ont &t& decouvertes. Quant ä l’origine probable de ces especes, M. Clessin a essay& de la determiner d’apres les caracteres anatomiques; voiei les descendances qu’il ceroit pouvoir indiquer. Il fait venir ses Pisidiums de la region profonde de quatre especes, ä savoir:(?) 1° Pisidium fossarinum, d’ou P. occupatum, submersum, prolungatum, tritonis, imbutum, et demissum. 2° Pisidium milium d’oü P. urinator, quadrangulum, Asperi, fragilli- mum, miliolum. 3° Pisidium nitidum d’ou P. Foreli, conventus et Novaevillae. 4° Pisidium italicum d’oü P. locarnense. Pour P. profundum, Clessin ne sait indiquer aucune descendance directe. Il fait remarquer qu’aucune de ses especes ne semble provenir de P. Henslowianum, si vulgaire dans toutes les eaux superficielles. SERIEN (*) Dans Pis. urinator il manque les dents lat6rales externes de la coquille de droite. (2) Cependant il met un point de doute pour cette derniere localite. () J’appliquerai pour ces Pisidies la notion de l’espece telle que je l’ai exposee plus haut en admet- tant les divisions de Clessin. Cela me servira dexemple pour illustrer mon interpretation des faits biolo- giques et göndalogiques de la r&gion profonde. J’admettrais quatre especes profondes: Espece A derivee du Pisidium fossarinum. Variation du lac de Neuchätel « P. occupatum S. Clessin " de Starnberg P. submersum id. 5 de Walenstadt P. prolungatum id. J’essaierai de resumer & ma maniere les etudes de S. Clessin, dans les conelusions suivantes: 1° Les Pisidiums de la region profonde descendent des especes littorales, qui ont emigre dans la profondeur. 2° Ils se sont modifies anatomiquement et physiologiquement dans ce nouveau milieu. 3° Tout en. se modifiant ils ont garde des caracteres anatomiques qui permettent dans certains cas de retrouver l’espece originelle d’oüu provient l’espece profonde. 4° Les Pisidiums de la region profonde ont tous pris un habitus general commun et caracteristique. 5° Malgr& ces traits communs, la differeneiation s’operant dans des milieux differents, dans des lacs separes et independants les uns des autres, a amene ä des resultats diffe- rents dans chaque lac. Variation du lac du Bourget P. prolungatum S. Clessin. ) ” des IV-Cantons id. id. 5 de Neuchätel $ id. id. n de Greifensee P. tritonis id. e de Pfäffikon P. imbutum id. n de Zell P. demissum id. Espece B derivee de Pisidium milium. Variation du lae de Zurich P. urinator S. Clessin 5 des IV-Cantons P. quadrangulum id. =) de Zoug P. Asperi id. = de Klönsee id. id. e de Silvaplana P. fragillimum id. = de Cöme P. miliolum id. E d’Annecy id. id. Espece Ü derivee de Pisidium nitidum. Variation du lac Leman P. Foreli S. Clessin. £ de Zell id. id. A de Starnberg P. conventus id. = de Bienne P. Novaevillae id. Espece D derivee de Pisidium italicum. Variation du lac de Lugano P. italicum S. Clessin. > Majeur « id. id. = Majeur ß var. locarnense id. Ensemble quatre especes et 23 varidtes. Les variötes de l’espece A seraient semblables dans les lacs de Walenstadt, du Bourget, des IV-Can- tons et de Neuchätel. Les varietös de l’espece B seraient semblables dans les lacs de Zoug et de Klönsce d’une part, de Cöme et d’Annecy d’autre part. Les varietös de l’espece C seraient semblables dans le Leman et le lac de Zell. Les variötes de l’espece D seraient semblables dans les lacs Majeur et de Lugano, une autre variöt& serait speciale au lac Majeur. Les autres varietes seraient propres au lac oü elles ont et& trouvdes. Dans chacun des lacs de Neuchätel et Majeur il y a deux varietes des especes A et D. Je laisserai ä celui qui admettrait ma proposition le soin de donner des noms latins A ces quatre especes A, B, C et D et d’appliquer des adjectifs latins aux differentes varietes des divers lacs. q er 6° Ges produits de differenciation sont cependant parfois assez semblables pour qu’on puisse signaler l’identite de quelques especes dans deux laecs differents. VII. Saenuris velutina Ed. Grube. Cette belle espece de Chetopode, dont nous avons donne la deseription, d’apres Grube qui l’a etudiee vivante a Morges, est tres abondante dans la region profonde de beaucoup de lacs. Je l’ai p&chee dans les lacs Leman, Bourget, Annecy, Neuchätel, Zurich; Asper la signale dans le lac de Göme. D’apres Grube elle se distingue par la disposition des soies ä crochets et des poils, soit de la Nais papillosa Kessl. du lac Ladoga, soit du Tubifex papillosa Clap. de la mer; ces deux especes lui ressemblent par la peau recouverte de papilles. Quelle est l’origine du Saenuris velutina? Je l’ignore. Jusqu’ä present je ne l’ai jamais rencontre dans la region littorale ni du Leman, ni d’aucun autre lac. Mais il y a tant de varietes dans le facies limoneux de la region littorale, que je ne puis me flatter de les avoir toutes explorees, et peut-&tre un jour aurons-nous pour cette espece la me&me surprise que pour le Plagiostoma Lemani et ’Otomesostoma Morgiense; apres avoir decouvert ces especes dans la region profonde, je les ai retrouvees dans la region littorale. Peut-etre aussi provient-il de la faune des eaux souterraines, et le trouverons-nous dans les puits de la terre ferme en compagnie du Niphargus et de l’Asellus aveugles ; la cou- leur brune, jaune ou orangee de ce Ver ne semble cependant pas favorable ä cette der- niere alternative; les animaux cavicoles etant en general d’un blanc mat, non-pigmente. Toujours est-il que ce ver est actuellement presque la seule espece dont l’origine nous soit absolument inconnue. VIII. Mermis aquatilis Dujardin. Ges Vers nematoides ont ete etudies par le prof. Ed. Bugnion qui n’a jusqu’a present publie & leur sujet qu’une note provisoire (xcıv), mais qui nous promet un interessant me- moire sur leur anatomie et leur zoologie. Bugnion admet dans nos eaux deux especes: 1° Mermis chironomii Siebold, qui dans sa vie larvaire est parasite des larves de Chironomides. Bugnion le trouve constamment dans les etangs de Lausanne. Dans le lae j’en ai trouve trois exemplaires venant de la beine littorale devant Morges; le corps de la larve de Öhironome etait rempli par un enorme ver blanc, deux fois plus long que son höte, repli&e sur lui-m&me et refoulant les organes entre lesquels son corps se glissait. Ce Mermis chironomii est tres rare dans les larves de la region littorale du lac; son etat adulte se passe dans la vase ou le limon. Bugnion l’a trouve une ou deux fois au milieu de mes envois de Mermis aquatilis libres provenant de la beine de Morges. 2° Mermis aquatilis Dujardin, un peu plus petit que le precedent. A l’etat lar- vaire il est parasite d’une larve de Tanypus. Dans une larve blanche, que j’ai dragude 1. er en > ARTE en A le 18 mars 1884, par 45m. de fond devant Morges, il y avait trois jeunes larves de Mermis aquatilis, que j’ai pu soumettre & Bugnion. Les larves plus ägees, et les indi- vidus adultes de cet animal, habitent le limon, dans lequel ils eirculent en se ereusant des galeries, A cöte des Annelides chetopodes et des larves de Dipteres. Dans la region litto- rale devant Morges, j’ai observe un fait interessant de commensalisme. Les larves du Mermis aquatilis se trouvent en grand nombre sur les racines du Potamogeton cris- pus; quand au printemps j’arrache les jeunes plantes de cette espece, au moment oü elles poussent dans l’eau leurs premiers rameaux, je trouve ces petits vers enroules autour des racines, en pelotons quelquefois tres nombreux. Sur deux plantes de Potamogeton eris- pus j’ai compte un jour de 250 & 300 individus. Il est probable que les Mermis pon- dent volontiers leurs @ufs dans la couche molle et muqueuse qui entoure la racine tres delicate de ce Potamogeton ; tout au moins Bugnion en etudiant ces racines y a trouve en grand nombre les aufs et les tres jeunes larves, ä cöte des larves de grande taille et des adultes du N&matode. C’est seulement sur cette espece de Potamogeton que j’ai trouve des paquets de Mermis; les racines ou rhizömes des autres especes de Potamogeton()), des Myriophyllum, des Geratophyllum, qui vegetent & cöte du Potamogeton crispus ne m’en ont jamais montre. Le N&matode n’est cependant pas lie absolument ä cette es- pece de plantes; il s’egare fort loin de la racine qui l’a nourri dans son enfance, et je le trouve vivant librement dans le limon vaseux de la beine. Dans la region profonde, ou les Potamogetons font totalement defaut, le Mermis aquatilis est une espece assez abondante. Nous venons de dire qu’il peut s’y developper en parasite d’une larve de Tanypus. IX. Turbellaries. Dans sa belle Monographie des Turbellaries (exıt) L. von Graff a emis au sujet du Plagiostoma (Vortex) Lemani, une opinion que je ne puis partager. Il remarque que le Plagiostome du Leman est la seule espece du groupe des Alloioceles(*) qui appartienne aux eaux douces, toutes les autres jusqu’& ce jour connues etant marines; il en conelut que cette espece est un reste de la faune marine qui habitait jadis nos grands lacs d’eau douce, faune d’ou est sortie notre faune lacustre moderne. Mon ami Graff me semble, dans cette phrase, vouloir etendre aux laes Subalpins du nord des Alpes, ou le Turbellarie en question a jusqu’äa present te trouve, la notion des faunes marines restees dans la profondeur des bassins d’eau douce. Cette faune releguee (Reliktenfauna des Allemands, fauna relegata des Italiens) existe dans les anciens golfes marins ou fiords transformes en lacs; on l’a constatde avec evidence dans certains lacs de (') Potamogeton perfoliatus en partieulier. (2) A cöt& des deux espöces du genre Bothrioplana decouvertes par M. Braun dans un puits de Dorpat, et du Monotus Morgiensis dont je vais parler. — 204 — la Scandinavie (Wildgren, Loven, Sars), et dans le lac de Garde quelques Crustaces du genre Palaemon semblent en ötre des traces. Mais deja dans les lacs Majeur, de Lugano et de Cöme les recherches d’Asper, n’ont pas montre de vestiges d’une faune profonde releguee, differente de celle de nos lacs du Nord des Alpes. Quant & ces derniers, l’histoire geologique du pays nous force A exelure l’iid6e d’une continuite entre la faune profonde lacustre actuelle et la faune marine des &poques ter- tiaires, les glaciers de l’&poque quaternaire ayant nöcessairement detruit tout ce qui aurait pu subsister de ces anciennes faunes. A priori nous devons done &loigner la probabilite d’especes marines relögudes dans le fond de nos lacs. L’etude de la faune profonde nous amene au m&me resultat ; elle nous montre dans l’ensemble des especes profondes une parente &vidente avec les faunes littorales ou la faune des eaux souterraines. La seule exception que nous ayons pu eiter, comme ayant une apparence marine, est le petit genre de tres petits Ostracodes, que Vernet a deerit sous le nom d’Acanthopus, et qui se rap- proche des Cytherides marins. Mais nous avons dä faire toutes nos reserves sur la valeur de cette provenance marine, en nous basant sur l’ignorance absolue dans laquelle nous sommes jusqu’& present au sujet de l’aire d’extension de ces petits Crustaees. Si encore le Plagiostoma Lemani etait une espece cantonnde uniquement dans la region profonde, son absence de parente dans les faunes des eaux douces superficielles serait un argument puissant en faveur d’une origine marine direete. Mais cette espece habite aussi les eaux littorales des lacs; je l’ai constate dans le littoral du Leman, G. du Plessis l’a trouve dans le littoral du lac de Neuchätel ; on le retrouvera certainement dans les eaux littorales et superficielles du bien d’autres localit6s quand on voudra l’y rechercher ('). Si comme cela est parfaitement admissible, le Plagiostome du Leman est une espece marine emigrde dans les eaux douces, il y a lieu de chercher, simplement dans les eaux superficielles, les stations intermediaires de son emigration ; il est, ä ce qu’il me parait, inutile et improbable d’en faire un exemple d’une faune marine relegude dans la profondeur de nos lacs subalpins. Quant & l’Otomesostoma Morgiense, Graff lui trouvait un caractere exotique et anormal dans notre faune lacustre, par la presence de son otolithe, organe qui manque A toutes les autres especes de la famille; notre auteur declarait impossible dans l’etat ac- tuel de la connaissance de cet animal, de se prononcer sur la signification de cet organe, est-ce un indice de l’antiquite de l’espece, ou bien est-ce un fait de retour au type? La deter- mination plus exacte de O. Zacharias (cuır), adoptee par G. du Plessis, qui le range dans la famille des Monotides sur le nom de Monotus Morgiensis (crvi), en fait un second Alloiocele lacustre A placer & cöte du Plagiostoma Lemani, et auquel les m&mes rai- (!) C’est une espece trös r&epandue; nous la connaissons deja dans la faune profonde de tous les grands lacs jusqu’A present tudi6s, A l’exception des lacs de Joux, de Walenstadt, de Constance (oü on le trouvera certainement quand on en fera de ce dernier lac une ötude convenable) et des lacs italiens. sonnements s’appliqueraient. Au sujet de cet animal, je remarquerai encore qu’il n’est pas special A la region profonde, et que je l’ai retrouve dans le littoral du Leman; qu’il n’est pas special au Leman, que je l’ai retrouve dans la region profonde des lacs de Zurich, de Neuchätel, de Bienne, d’Annecy, ete. ('). $ XII. Animaux absents de la faune profonde. Il semble que la diffieulte des recherches zoologiques dans la region profonde des lacs, ne doit pas permettre d’affirmer l’absence de certaines especes, car une decouverte heureuse annulerait ä& ce point de vue tous les resultats negatifs, sur lesquels je puis me fonder. Cependant mes draguages dans le Leman, dans les environs de Morges, sont assez nombreux pour que j’ose etre affırmatif au sujet de quelques especes de grande taille, ou dont les debris seraient tres repandus; je suis sür qu’elles n’auraient pas echappe & mon attention. Ces especes absentes sont peu nombreuses ; en general la faune profonde possede & peu pres toutes les especes littorales, modifiees ou non, telles que je les ai enumerees dans l’etude de la faune littorale. Je signalerai seulement l’absence dans la faune profonde des especes suivantes: 1° Les Insectes ä l’etat parfait, Haemonia equiseti, Sigara Lemani; les larves de Nevropteres, larves de Tinodes, qui se fixent aux bois et aux pierres de la rive, larves d’Ephemerides qui marchent et nagent sur le limon ete. Ces larves d’Ephemerides sont les seuls inseetes dont l’absence m’etonne, dans la region profonde; il est assez etrange en effet d’y trouver en grande abondance les larves de Chironomides, lesquelles n’ont pas de branchies proprement dites et semblent ainsi moins bien adaptees A la vie aquatique, tandis que les larves d’Ephemerides, avec leurs belles houppes branchiales, si bien organisees pour vivre dans l’eau, ne descendent pas dans la profondeur. La seule explication que je sache trouver dans cette difference entre les deux groupes de larves se tire de l’hypothese mise plus haut d’une reproduction pedogenetique des larves de Chironomides, qui leur permettrait de se multiplier dans la pro- fondeur sans aboutir & l’etat d’insecte parfait. Les autres larves qui n’auraient pas cette faculte ne sauraient faire partie de la faune profonde. 2° Astacus fluviatilis. L’Eerevisse n’habite dans la beine que la region pierreuse des tenevieres. Il ne trouverait plus dans la plaine vaseuse des grands fonds les conditions d’habitat qui lui sont necessaires. (') Je dois eependant ajouter que la determination de l’animal, dans ces lacs 6trangers, n’est pas absolument certaine; car je l’ai reconnu simplement ä& ses allures, A l’@il nu, et & son apparence & la loupe. Je n’ai pu le soumettre ä l’&tude mieroscopique qui seule aurait constat& la presence caracteris- tique de l’otolithe. 3 cache sous les pierres des tenevieres de la beine oü il mene une vie noeturne. Je n’ai jamais trouv6 ni un animal vivant, ni une coquille de ce genre dans la region profonde. corps solides contre lesquels ces Mollusques doivent prendre insertion. dans mes draguages profonds du Leman une Anodonte vivante, ni une valve, ni meme un fragment de valve, quelque petit soit-il, d’Anodonte morte. Ni Asper ‚ni moi n’avons vu trace d’une Anodonte ou d’un Unio dans la region profonde des autres lacs subalpins. sont des animaux limicoles, qui trouveraient dans la region profonde des conditions de sol identiques A celles des fonds vaseux quelles affectionnent; d’une autre part, s’il est un groupe d’animaux aquatiques dont la dissemination semblerait facile, ce sont les Naiades, dont les larves sont si nombreuses, et qui presentent un fait interessant de parasitisme temporaire, lequel doit favoriser singulierement leurs migrations passives. J’ai deerit autre- fois (oxıv), et M. Braun alors ä& Wurzbourg a plus tard suivi dans un developpement ulte- rieur (cxv), Ja maniere dont les embryons de Naiades passent un temps dans des kystes epidermiques, sur Ja peau des poissons. Les larves d’Anodonte, expulsces de la branchie de la mere, qui leur a servi de poche incubatrice pendant des mois, tombent sur le sol ou elles deploient le long fil de leur byssus, lequel flotte librement dans l’eau ; ou bien elles sont entraindes par un mouvement de l’eau et restent suspendues par ce byssus, aux rameaux des plantes aquatiques. Un poisson, en passant, aceroche le byssus, et l’embryon, 3° Les Planorbes sont relativement rares dans la region littorale. Le Pl. albus vit 4° Les Ancyles manquent aussi & la region profonde ; je lVattribue & l’absence de 5° Les Naiades font absolument defaut dans la faune profonde. Je n’ai jamais trouve Cette absence, qui semble fort bien demontree, est tres etonnante. En effet les Naiades entraind A sa suite, adhere A l’epiderme de la peau ou des nageoires qu’il irrite; il se produit autour de la larve de Naiade, un petit kyste epidermique dans lequel elle reste enfermee pendant plusieurs mois('). Pendant ce temps le poisson transporte au loin la jeune Anodonte, et il la depose en un point, peut-tre fort distant du lieu de sa naissance. La dissemination de ces Mollusques est done des plus faciles. dans la region profonde, il semblerait tout naturel que les Anodontes, emportees par eux, se developpassent dans la vase des grands fonds, et au premier abord nous pourrions nous attendre A trouver, avant tout, les Naiades abondantes dans la faune profonde. Il n’en est Or les poissons quittant le littoral dans leurs migrations annuelles pour descendre rien; elles y font absolument defaut. Comment expliquer ce fait? Y a-t-il une cause, ä nous inconnue, qui s’oppose A leur developpement dans les profondeurs, ou qui ne per- mette pas la succession necessaire des differentes phases parasitaires ou libres de leur vie aux divers äges? Ou bien devons-nous en chercher la raison dans l’epoque relative de la migration des poissons qui ne correspond pas A la saison de la vie parasitaire des Naiades ? C’est au printemps que j’ai observ&e les larves des Naiades enkystees sur les poissons (*) Deux ou trois mois d’apres Braun. — 207 — du Main ä Wurzbourg, ou sur ceux de Morges au lac Leman; c«’est en automne ou au eommencement de l’hiver qu’a lieu la migration des poissons littoraux qui quittent la beine pour aller habiter la zöne superieure de la region profonde ; il suffirait que les larves d’Anodontes aient dejä fini, & cette saison, leur stage parasitaire pour que le trans- port dans la profondeur ne püt avoir lieu par ce procede. Je n’ai pas les elements necessaires pour repondre & ces questions ('). 6° Hirudines. Les Clepsine et Nephelis sont fort abondantes dans la beine; elles manquent dans la profondeur, oü elles ne trouvent pas les pierres sous lesquelles elles se fixent pour y passer la journee, et sur lesquelles elles s’appuient pour leurs chasses nocturnes. 7° Eponges. La Spongilla laeustris est eommune sur les bords de notre lac, oü je la connais sur les pilotis et les pierres des quais de Morges et sous les pierres de la beine littorale (?). G. du Plessis l’a observee ä l’extremite orientale du lae. En revanche les eponges n’existent pas dans la region profonde du lae; je ne les ai jamais trouvees ni & l’6tat vivant, ni sous la forme de debris, de gemmules ou de spicules siliceuses, dans le limon ou dans le feutre organique. Ce n’est pas inhabilete de ma part, car j’ai bien su trouver une fort jolie espece rosde, vivant dans la region profonde du lac de Joux (20 m. de fond) fixee sur les polypiers des Paludicelles; ou bien, lorsque j’ai etudie les limons dragues dans les lacs d’Armenie par A. Brandt (xxxvın), j’ai immediatement reconnu les spieules d’eponges disseminees dans le feutre organique. Je n’ai jamais rien constate de semblable dans la region profonde du lac Leman, et je dois par consequent declarer les Spongiaires absents de la faune profonde de ce lac (°). C’est assez etrange, car les eponges ne semblent pas craindre les profondeurs des laes et des mers. Je viens de citer le cas du lac Goktschai en Armenie, oü du limon drague par 34 et 72m. de fond contenait un nombre eonsiderable de spieules d’&ponges; on sait d’autre part les nombreuses et belles especes d’eponges trouvees dans la region profonde des divers oc&ans dans tous les draguages des dernieres annees. J’ai pense un moment A expliquer cette absence dans notre lac en la rapportant aux faits de symbiose, entre les eponges et les algues cellulaires (Zoochlorella de K. Brandt). La forme littorale de notre Spongilla est presque toujours d’un beau vert, et la lumiere semble necessaire au developpement de cette chlorophylle. Mais depuis que j’ai trouve sous les pierres de la beine, dans une position oü la lumiere ne saurait atteindre, des plaques tres vivantes de spongilles d’un blanc jaunätre, c’est-A-dire privees de chlorophylle, la necessit@ de la symbiose avec des Algues chlorophylides est refutee pour notre Spongille du Leman. Cette hypothese nous fait done defaut. (*) Les Cyelas font absolument defaut A la faune profonde. Je ne sais comment expliquer l’absence de ces animaux limicoles. (©) II est vrai qu’elle semble parfois disparaitre. Pendant toute l’annde 1882, je l’ai cherchee en vain pour repondre aux demandes qui m’en &taient faites; je la retrouve au printemps de 1884. () L’eponge lacustre est aussi absente de la faune profonde des autres lacs Subalpins. BE a en Er Pre — 208 — L’explication, plus simple, que j’adopterai, r&sulte de l’absence dans la region profonde des corps solides, sur lesquels la Spongilla lacustris prend son insertion. Dans le lac de Joux l’eponge a su suppleer ä cette absence en s’etablissant sur les polypiers fort eleves des Paludicelles, qui lui ont fourni un point de depart pour s’y developper en boule. Dans le Leman elle n’a pas trouve la m&me ressource dans les polypiers des Fre- dericelles, qui sortent ä peine du limon. — Telle est la liste des especes dont je crois pouvoir affırmer l’absence dans la region profonde du lac Leman. Pour les autres lacs les materiaux que je possede ne sont pas assez nombreux pour que j’ose en etablir de semblables. De cette liste je tire une notion generale tres simple. Je la formulerai comme suit: «Ce sont les especes fixdes aux corps solides, aux plantes, aux pierres et aux bois, celles qui se cachent sous les pierres, ou habitent dans le gravier qui font defaut & la faune profonde; ce ne sont que les especes limicoles, ou qui savent s’accommoder ä l’habitat dans la vase ou le limon, qui ont pu s’etablir dans la region profonde, essentiellement limoneuse ou vaseuse. La faune profonde est done composee uniquement d’especes limicoles. » $ XIII, Comparaison de la faune profonde marine avec la faune profonde lacustre. Que l’eau soit douce, ou qu’elle soit salee, les relations entre le monde vivant et le monde inorganique sont regies par les m&mes lois; aussi les faits biologiques sont-ils, dans leurs grands traits, les mömes dans la mer et dans les lacs d’eau douce. L’etude des habitants de la mer, qui a 6t& entreprise avec tant d’ardeur et de sucees, dans les vingt dernieres annees par les naturalistes Scandinaves d’abord, puis par les Americains, les Anglais, les Allemands, les Italiens et les Francais, a revel& dans les fonds des oceans des faits tres analogues ä ceux que nous venons de constater dans nos lacs. Je vais en quelques lignes montrer le paralleliısme des faits biologiques dans les eaux marines et dans les eaux douces. Dans la mer, comme dans les lacs, il faut distinguer au point de vue biologique trois regions: la region littorale, la region pelagique et la region profonde; toutes les trois sont habitees par des animaux formant des faunes distinetes, avec groupement partieulier des especes et caracteres propres des organismes. Quant ä la vie vegetale, elle est nulle ou tres reduite dans la region profonde, et nous n’avons A distinguer qu’une flore littorale et une flore pelagique. Les faunes littorales, aussi bien les lacustres que les marines, sont tres diversifiees, tres riches en especes, tres abondantes; les conditions de milieu etant fort variees, des animaux de maurs tres diverses trouvent & y vivre facilement; les conditions de milieu etant fort variables, les animaux, soumis ä une grande agitation mecanique et moleeulaire, sont robustes, bien nourris, bien armes, bien pigmentes. — a 0g— Les faunes pelagiques, aussi bien la laeustre que la. marine, sont composdes d’animaux nageurs, transparents, & maurs erepusculaires; leurs migrations diurnes les amenent pen- dant la nuit & la surface, et les font descendre pendant le jour dans les couches pro- fondes, & la limite de la lumiere. Les faunes profondes, aussi bien la lacustre que la marine, sont assez riches en especes; tous les groupes d’animaux limicoles y ont des representants; mais vu la nature du sol, ce ne sont que les animaux limicoles qui s’y retrouvent. Lenombre des especes augmente ä mesure que l’on s’adresse & des profondeurs moindres; dans la zöne sup6rieure il ya melange avec les faunes littorales. L’absence de corps solides amene l’absence d’animaux fixes, autres que ceux qui prennent insertion dans le sol. Ges faunes sont l’une et l’autre remar- quablement uniforımes, les conditions de milieu etant partout A peu pres identiques; les seules differences importantes qu’on y remarque sont causdes par la profondeur. Les ani- maux des faunes profondes se nourrissent essentiellement aux depens de la faune pelagique, et indirectement aux depens de la flore pelagique qui, dans un milieu eelaire, elabore la matiere organisee. D’une maniere generale le parallelisme est complet entre les faunes marines et les faunes lacustres. Mais si l’analogie est grande il n’y en a pas moins des differences que je resumerai comme suit: 1° Les faunes lacustres sont beaucoup moins riches en especes que les faunes marines. 2° Les dimensions des animaux lacustres sont plus petites que celles des animaux marins. — Ües deux faits, deja connus pour les faunes littorales, sont vrais aussi pour les faunes pelagiques et profondes. 3° Les limites des diverses faunes sont beaucoup plus reduites dans les faunes lacustres que dans les faunes marines. Ainsi, par ex., on peut 6tablir & 50 brasses, soit 90 m., la limite entre la faune littorale et la faune profonde dans l’ocdcan; dans nos laes, cette limite n’est qu’& 25 ou 30 m. de profondeur. Dans l’ocdan on compte comme appartenant ä la region littorale une bande de terrain s’eloignant de quelques kilometres des cötes; dans nos lacs la largeur de cette bande littorale n’est que de quelques centaines de metres. La zöne superieure de la region profonde, celle qui est richement peuplee, celle oü les animaux littoraux se melangent encore avec les especes abyssales, s’etend dans nos lacs entre 25 et 70 m.; dans l’ocean elle est entre 50 et 200 metres. Pour les naturalistes du Challenger tous nos lacs, m&me les plus larges, m&me les plus profonds, appartiendraient dans toute leur etendue ä la region littorale; et cependant nous avons dü reconnaitre dans ces lacs une region profonde bien caracterisee. Autre detail, qui montre, dans un autre sroupe de faunes, la m&me reduction des proportions pour les animaux lacustres: Dans leurs migrations diurnes les entomostraces de la faune pelagique lacustre vont chercher A 10—20, ou peut-&tre & 50 m., la region & demi obseure dans laquelle ils se plaisent; cette m&me migration a lieu pour les pelagiques marins, mais c’est & 50—100 et 200 m. qu’ils descendent chaque jour. 27 In 3 Kr — 210 — L’unite & employer pour la mesure des faits analogues dans les deux milieux est dif- ferente. Dans nos laes tout est reduit, taille des animaux, nombre des especes, aires de leur habitat et de leurs migrations. Ges differences proviennent essentiellement des dimen- sions relatives des bassins dans lesquels les animaux sont appeles A vivre; c'est l’exage- ration du fait que nous avons constate dans les lacs, que, plus le bassin est grand, plus les dimensions proportionnelles sont considerables. 4° Nous avons maintenant & mentionner des differences plus essentielles, qui se lient A l’histoire m&me de la terre, et des bassins d’eau en question. Dans les faunes profondes des lacs Subalpins, nous ne trouvons que des types iden- tiques, ou presques identiques, & ceux des faunes littorales ou de la faune des eaux sou- terraines, dont ils sont direetement descendus; nous n’y voyons rien de date anterieure ä l’epoque glaciaire; notre faune profonde lacustre est essentiellement moderne. Il n’en est pas de möme de la faune profonde marine. Dans l’histoire des oc&ans il n’y a point eu de revolution analogue A notre epoque glaciaire, qui, & un moment donne, ait eteint la vie et supprime les types anciens. Aussi voyons-nous dans la faune profonde marine sub- sister des especes, des genres, des familles, d’habitus et de caracteres antiques, datant des epoques anterieures, des types de l’&poque tertiaire, de l’epoque secondaire m&me, des types absolument disparus des faunes superficielles actuelles. A cöte de ces types archaiques on constate des especes relativement plus modernes, emigrees plus r&cemment dans la pro- fondeur, et dont le parentage se retrouve dans la region littorale actuelle. Tandis que la faune profonde des lacs de la region Subalpine est essentiellement moderne, la faune pro- fonde marine est un melange de types modernes, d’emigration recente, et de formes ar- chaiques datant des &epoques geologiques anterieures. J’insiste iei sur une reserve necessaire; je ne parle en fait de faunes lacustres que de celles des regions Subalpines. Nous allons voir que dans d’autres lacs, qui ont plus ou moins 6chappe A l’epoque glaciaire, ou qui n’ont 6&te separes des mers que dans des temps peu anciens, il y a dans leur region profonde, comme dans celle de l’ocsan, des restes des faunes antiques. Ces faunes antiques peuvent &tre des faunes lacustres datant de l’epoque tertiaire, ou bien des faunes marines relegudes dans les eaux douces. 5° La mer est en communication direete dans toutes ses parties; les oceans se versent les uns dans les autres, et les animaux passent plus ou moins librement d’un bassin & l’autre. Ainsi s’explique la grande uniformite de la faune profonde marine. Les seules limites dans ces communications et ces melanges proviennent des barres sous-marines, qui separent les cuvettes profondes des divers bassins, et qui sont un obstacle ä la libre &mi- sration d’une region profonde & l’autre. Ainsi la barre du detroit de Gibraltar n’a que 200 m. de profondeur, tandis que l’on connait des profondeurs de 5000 m. dans la Medi- terranee et dans l’Atlantique, vis-A-vis du Portugal; le Sund qui reunit la mer Baltique & la mer du Nord est encore bien moins profond, il n’a guere que 20 m.; il est vrai que la mer Baltique elle-m&me a tres peu de profondeur, son maximum ne depassant pas 300 m, Mais möme dans ces cas l’isolement n’est pas eomplet, et il peut passer des animaux ou des germes d’une mer dans l’autre. Dans les lacs, il en est autrement; les regions pro- fondes des divers lacs sont absolument separees les unes des autres; il n’y a entr’elles communication ni direete ni indirecte, il n’y a pas de migration possible de l’une A l’autre. La region profonde de chaque lae est done A ce point de vue un centre de creation comme /’auraient dit les anciens naturalistes, un centre de differenciation, comme nous le disons aujourd’hui, distinet et separe. Les varietes animales qui s’y differeneient sont, au point de vue gendalogique, absolument separdes les unes des autres, des l’instant oü elles ont emigre dans la profondeur. Il y aurait done possibilite de faire, sur la faune profonde la- eustre, des etudes probablement fructueuses, sur la differeneiation des types animaux, etudes qui ne seraient pas legitimes dans les bassins communiquants de l’Oeean. (') $ XIV. Geographie zoologique. Nous avons des observations sur la population animale de la couche profonde d’une vingtaine de lacs de la region Subalpine. Ces lacs sont chacun dans des conditions speciales. Y a-t-il moyen de reconnaitre dans les differences qui separent les populations l’effet de ces conditions speciales? Telle est la question que je dois etudier A present. Malheureuse- ment notre statistique zoologique est encore trop incomplete pour que nous puissions en tirer toutes les conclusions necessaires; plutöt que de bätir un edifice sur des materiaux insuffisants, je prefererai m’abstenir pour le moment et renvoyer ces comparaisons ä& des recherches ulterieures. Voici les points prineipaux qui interessent ce travail: 1° La latitude des lacs. La difference de latitude est trop peu importante dans notre region Subalpine pour que nous puissions en reconnaitre les effets. Entre le Bourget, le (!) Dans un fort interessant article sur les faunes des lacs Alpins (cxxx), H. von Ihering a cherch& si, en se basant sur nos faunes profondes, il n’y aurait pas moyen de juger entre les deux &coles de naturalistes, les monog£nistes et les polyg@nistes. Les premiers, aussi bien les adeptes des aneiennes &coles des er6ations sp£&ciales, s’il y en a encore, que certains &volutionnistes, veulent que chaque espece ne des- cende que d’un seul couple; les derniers admettent la possibilit6 de plusieurs familles originales, ayant abouti & la möme forme spe6cifique. Ihering remarque que, dans deux lacs differents, Clessin a constate la m&me espece, Pisidium Foreli, et, admettant avec moi l’independance absolue de la differenciation, il s’appuie lä-dessus pour combattre les opinions des monog£nistes. Pour mon compte, je me range sans hesitation ä la doctrine polyg£eniste ainsi entendue. Je crois, pour prendre mon exemple dans notre sujet d’ötude, que dans la r&gion profonde de chaque lac, ol pe- nötrent des individus de la m&me espöce littorale, celle-ci s’adaptant au milieu nouveau, produit une nouvelle espöce, l’espöce abyssale; que cette espöce abyssale arrive A sa perfection au bout d’un nombre suffisant de gen6rations. Que ces proces de differeneiation isol&s donnent des variötss locales, parfois distinetes, cela est övidemment possible; cela arrive, nous l’avons vu. Mais que ces varidt6s locales, qui ne sont guere que des familles separdes temporairement de leurs eong6enöres, puissent se ressembler mor- phologiquement, cela est aussi possible, et pour autant que je l’ai constate, cela arrive fr&quemment. lac le plus meridional, et le lac de Zell, le plus septentrional, il y a moins de 2° de dif- förence en latitude, environ 215 kilometres. 2° La rögion geographique & laquelle appartient le lac. Sous ce rapport nous pouvons distinguer dans la region subalpine suisse six Sous-regions: les Alpes de Savoie, les Alpes bernoises, les Alpes centrales, les Alpes grisonnes, le plateau Suisse et la region insubrienne (laes italiens). Les eing premieres de ces sous-regions sont au point de vue zoologique dans des conditions assez semblables pour que nous les r&eunissions en un groupe, et que nous opposions les lacs du nord des Alpes, aux lacs du sud des Alpes. Les differences faunistiques importantes qui s6parent l’Italie de nos regions transalpines, se font-elles sentir dans la faune profonde lacustre ? Nous n’avons pour repondre A cette question que les recherches d’Asper, et les cata- logues d’especes qu’il nous a donnes ne suffisent pas A donner une solution complete du probleme. Voiei ce que je crois pouvoir en tirer: a. Dans leurs traits generaux les faunes profondes des trois lacs Insubriens, le Ver- bano, le Ceresio et le Lario, sont analogues de celles du Nord des Alpes. Les animaux qu’Asper y a dragues sont les mömes que ceux qu’il a rencontres dans ses recherches du Nord des Alpes; au point de vue generique il n’indique qu’un animal nouveau: «Un Bryo- zoaire dont les polypiers rappellent ceux des Fredericelles, mais qui sont plus fins et plus transparents.» Pour les autres je ne reconnais rien, dans sa description, qui differe nota- blement des faunes profondes & moi connues. b. En partieulier, il n’y a rien qui rappelle, par son habitus marin, les restes d’une faune relegude. On sait que dans le lac de Garde un Palaemon lacustris et quelques especes de poissons de types marins sont consideres comme &tant les survivants d’une faune marine, abandonnee derriere les barrieres qui ont spare de la mer le golfe d’eau salee du lac de Garde; les eaux saldes se sont avec le temps transformees en eaux douces; les especes marines se sont adaptees A l’habitat de ces eaux et sont devenues des especes d’eau douce A type marin; c’est ce qu’on appelle la faune relegude (fauna relegata, Reliktenfauna). Or les travaux de Stoppani attribuent aux grands lacs Insubriens la möme origine qu’au lae de Garde; il etait done possible, je le considerais möme comme pro- bable, que l’on y trouvät dans les profondeurs les indices d’une faune marine relegude. Les recherches d’Asper n’ont pas confirme ces esperances, et rien dans les animaux qu’il y indique ne semble montrer une origine marine. (') c. Mais si les traits generaux de la faune profonde sont les m&mes dans les laes In- subriens, que dans nos laecs Transalpins, cette similitude se poursuit-elle dans les details? Nous savons que dans leurs grandes lignes les faunes lacustres sont partout semblables, dans le m&öme continent du moins, que d’un pays & l’autre dans les stations analogues on (1) Dans un travail röcent le prof. P. Pavesi, de Pavie, cherche ä d&montrer que l’Alosa vulgaris du lac de Lugano serait une espece marine relöguee dans ce lac. (exxıx) trouve le möme groupement d’animaux en general; dans les m&mes conditions on rencontre les mömes genres. Mais si les genres sont semblables, les especes ou au moins les varietes different, et d’un lac A l’autre, d’une station A l’autre, les noms specifiques de la faune aquatique sont dissemblables. II en sera probablement de m&me pour les faunes profondes des laes au Nord et au Sud des Alpes; lorsque l’on en viendra & la determination exacte on trouvera des differences specifiques dans les types analogues. Mais je dois noter comme une euriosit6 la repetition au Nord et au Sud des Alpes de trois especes: Le Niphargus puteanus, var. Forelii A. Humbert, est indique par Asper dans le lac de Cöme; il se trouve au Nord des Alpes dans les lacs Leman, Neuchätel, Zurich et Walenstadt. Le Pisidium miliolum $. Clessin, a ete reconnu par cet auteur dans les p&ches d’Asper, provenant du lac de Cöme, et dans les miennes venant du lac d’Anneey. La Limnaea Foreli de S. Clessin a &t& constatee par le m&me malacologiste dans le lae de Cöme (Asper) et dans les lacs L&man et d’Annecy (Forel). Verifier ces identites ou constater des differences entre les faunes analogues au Nord et au Sud des Alpes, serait une täche bien attrayante pour le zoologiste qui l’entre- prendrait. 3° D’altitude doit jouer un röle important dans la population lacustre; e’est d’elle que dependent, d’une part la temperature des eaux, d’autre part la facilit6 des abords pour les animaux 6migrants de la plaine. Nous avons dans nos lacs suisses des altitudes fort dif- ferentes, depuis le Verbano (197 m.) au lac de Sils (1796 m.) difference d’altitude 1600 m. Si je reunis ensemble, dans les lacs qui nous sont connus, ceux que je puis appeler lacs de montagne, je ferai rentrer dans ce groupe le lae du Klönthal (804 m.), les lacs d’Engadine, Silvaplana (1794 m.) et Sils (1796 m.). D’apres les catalogues d’Asper, ces laes de forte altitude possedent encore des Pisidies, des Fredericelles et des Chetopodes du genre Lumbrieulus. Dans le Klönsce il cite encore quelques Mesostomes; dans le lac de Sils, apres avoir indique des larves de Dipteres, il note l’absence des Hydrachnides, des Pla- naires, des Mermis, des Ostracodes, et met la raret& des especes profondes en opposition de la richesse de la faune littorale. S’il etait permis de tirer des conclusions de recherches aussi fragmentaires, je dirai que dans les lacs de montagne la faune presente les m&mes caracteres que dans les laes de plaine; mais que le nombre des especes est notablement reduit. Cette pauyrete des especes ne doit, du reste, pas &tre attribude necessairement A V’alti- tude car nous la retrouvons dans des lacs de plaine, le Walensde (425 m.) et m&me le Bourget (235 m.). 4° La grandeur du lac. Je reunis sous ce titre les trois faeteurs, de la superficie, de la profondeur et du volume des lacs, ces trois &l&ments variant en general ensemble et dans le möme sens. Y a-t-il un effet direct des dimensions des lacs sur leur faune ? Cet effet est tres evident dans les faunes littorales. Plus le lac est petit, plus il se rapproche d’un etang — 2l4 — ou d’un marais, moins il presente d’agitation mecanique, plus sa faune se relie par ses caracteres ä la faune palustre; au contraire plus le lac est grand, plus l’habitus lacustre des formes littorales devient apparent. Mais cette effet est beaucoup moins nettement marque dans la faune profonde. Comme nous l’avons vu, les conditions de milieu de la region profonde, eloignee des agitations mecaniques de la surface, sont tres peu differentes, toutes choses Egales, dans un grand et dans un petit lac; il y a done probabilite de peu d’effet de ces differences. On pourrait se demander cependant si l’iinfluencee de la grandeur du bassin ne se ferait pas sentir direetement sur la taille des animaux qui l’habitent. Dans ses jolies expe- riences sur les Limndes, C. Semper (cxvı) a montr& que des animaux, nes de Ja m&me ponte, atteignaient dans la möme durde de temps des dimensions beaucoup plus grandes, quand ils etaient eleves dans un bocal plus grand que dans un bocal plus petit. Cette influence, A mon avis, ne peut pas se faire sentir dans des lacs qui, quelque peu e6tendus qu’ils soient, sont des bocaux infiniment grands par rapport aux tres petits animaux qui les habitent. Bien loin que la taille des animaux de la faune profonde s’accroisse dans le meme sens que les dimensions des lacs, je crois au contraire avoir observe des variations de propor- tions inverses. Pour quelques animaux sur lesquels les comparaisons sont possibles, j’ai constat& une diminution de la taille dans les plus grands lacs. C’est ainsi que les Frederi- celles des petits lacs, lac de Silvaplana (Asper), lacs d’Annecy et des IV-Cantons (Forel) ont des polypiers beaucoup plus grands, plus rameux, plus branchus que ceux des grands lacs, Neuchätel, L&man; e’est ainsi que l’Asellus aveugle du lac d’Annecy est plus grand que celui du Leman;; c’est ainsi que les Pisidies des petits lacs sont plus grandes que celles des lacs Leman et de Walenstadt. J’essaierai d’expliquer ce fait par la difference d’alimentation; dans un petit lac les substances nutritives doivent &tre relativement plus abondantes que dans un grand lac, par suite de l’importance plus grande de la region lit- torale, ou s’elaborent les matieres organisees. Il est un autre point de vue pour lequel la grandeur du lac pourrait peut-etre se faire sentir sur Ja population animale; c’est dans les limites des aires des faunes diverses. Le facteur important qui preside & la separation des regions, est la lumiere, nous l’avons vu plus haut; mais les autres conditions de milieu, variables elles-m&mes, n’en ont pas moins une certaine action dans l’etablissement des caracteres constitutifs des regions. Le calme absolu est un de ces caracteres fondamentaux de la region profonde ; la limite de l’action effective des vagues et des courants interviendra pour quelque chose dans la delimitation de la region profonde. Or dans les lacs les mouvements mecaniques sont d’au- tant plus puissants que le lae est plus grand; dans un grand lae, l’eau sera agitee bien plus profondement que dans un petit, et & ce point de vue il y a tendance & voir dimi- nuer l’epaisseur de la zöne littorale dans un petit lac, & voir augmenter cette &paisseur dans un grand lac. Mais je dois ajouter que cette tendance est peu apparente et difficile & mettre en Evidence. — 215 — 5° Profondeur. En definissant un lae au commencement de cette etude nous avons indique la notion de profondeur comme earacterisant le lac et le separant du marais. Il est evident qu’un lac trop peu profond n’est pas un lac; au sens biologique du mot. Un lae dont toute la region centrale est assez peu profonde pour que les herbes aquatiques puissent s’y developper partout, un lac qui n’aurait point de region obseure, point de region froide, n’aurait pas de region profonde dans le sens que nous avons attribue & ce mot; un lac dont la profondeur serait assez faible pour que les entomostraces pelagiques ne pussent pas y accomplir leurs migrations verticales diurnes, n’aurait pas de veritable region pelagique; un tel lac serait dans toute son etendue une vaste region littorale, ce ne serait pas un lace — au sens biologique du terme, repetons-le, car & d’autre points de vue, la question se presenterait peut-etre differemment. Faudrait-il appeler un tel lace un ma- rais ? Cette appellation pourrait se discuter. Quelle est la profondeur & laquelle un bassin d’eau douce merite de recevoir le nom de lac? Un lac de 8 m. de profondeur, comme le lac Trasimene, ou le lac de Mantoue, en Italie; un lac qui a une profondeur moyenne de 3& 4m. comme le lac Neusiedl en Hon- grie, sont-ils des lacs ? C’est une question que je ne veux pas discuter en l’absence d’exem- ples dans notre region Subalpine. Elle meriterait cependant d’ötre etudiee attentivement: mon ami Pavesi y trouverait peut-&tre la clef des differences qu’il signale entre la faune des entomostraces pelagiques de quelques-uns de ces soi-disant lacs, et celle des bassins plus profonds qui, pour moi, sont seuls des lacs. $ XV. Faune profonde des lacs en dehors de la region Subalpine. Il serait fort interessant de faire une comparaison entre la faune profonde des lacs Subalpins, avec ceux d’autres regions, d’etudier par les differences entre les populations animales, l’effet des conditions speciales & notre region du centre de l’Europe, de mettre en regard les faunes analogues de bassins lacustres situes sous d’autres latitudes, A d’autres altitudes, sous d’autres climats. Il serait particulierement instructif de rechercher, par la comparaison avec d’autres lacs, les effets de l’envahissement des glaces A l’cpoque gla- eiaire, qui caracterise notre region Subalpine. Un lac qui n’aurait pas &te combl& tempo- rairement par les glaciers alpins, dont la faune pourrait descendre directement des faunes tertiaires, et aurait conserve les caracteres archaiques que l’on trouve & la faune ma- rine, nous offrirait une faune profonde singulierement interessante, et sa comparaison avec les nötres serait de la plus grande importance. Malheureusement les observations que jJai en ma possession sont bien peu nombreuses et bien incompletes. Voici celles que je suis en mesure de citer. I. Lac de Starnberg (Baviere). Nous avons d’abord & signaler les etudes faites sur la faune profonde de ce lac, le- quel etant dans le domaine de l’ancien glacier de l’Isar, appartient & la region Subalpine, — 2l6 — telle que je l’ai definie ; il est en dehors des limites geographiques que j’ai adoptees au commencement de ce travail; il rentre dans le groupe des lacs de Baviere et d’Autriche. Le Wurmsee, ou lac de Starnberg, est situ& par 47° 50‘ lat. nord; sa superficie est de 54 km. carres ; sa profondeur de 83m.; son cube approximatif de 1394 millions de metres cubes. Son altitude est de 584 m.; il est done plus eleve qu’aucun des grands lacs Sub- alpins suisses. Les premieres recherches sur la faune profonde du Wurmsee sont dües au Dr. L. Graff; il voulait etudier le Vortex Lemani que G. du Plessis venait de decrire, et je ne parvenais pas & lui faire parvenir des exemplaires vivants de ce curieux Turbellarie ; tous mes envois avaient &choug; je lui donnai le conseil de le chercher dans ce laec, le plus rapproche de Munich. Le 15 aoüt 1875 un draguage opere entre 25 et 30 m., lui ramena des paquets de Characees, et lä-dedans une Clepsine, des Daphnies, des larves d’Insectes, des Gasteropodes et 8 exemplaires du Vortex Lemani. En 1876 le Dr. A. Pauly de Munich fit un certain nombre de draguages entre 15 et 25m. qui lui donnerent entr’autres: Limnaeus tumidus Held, var. fragilis Clessin, L. ovatus Drap., L. stagnalis L. var. Paulii Cl, Paludina vivipara et Bythinia tentacula. C’est sur ces Limndes que Pauly fit ses recherches sur la respiration aqua- tique des Mollusques pulmones(xcı). A Voccasion de la session de la soeiete des naturalistes allemands reunie & Munich en 1877 j’eus l’honneur d’ötre invite & diriger une expedition de draguages dans le Wurm- see ; le 21 septembre, la section de zoologie se transporta ä& Tutzing, et je pus pratiquer quelques draguages entre 30 et 60 m. devant Weismann, Eimer, Hasse, Clessin, L. Graff, Fr. Spangenberg, Hermann et autres zoologistes. Nous trouvämes la faune caracteristique de la region profonde : larves de Chironomides avec leurs tubes, Tubifex, Saenuris velutina, un petit Nematoide, deux especes de Pisidies que Clessin a appelees Pis. con- ventus et Pis. submersum, un Ostracode, Vortex Lemani, etc. Au mois d’octobre de la m&me annee le Dr. Fr. Spangenberg de Munich eontinua ces recherches et constata en plus deux Planaires, puis Eurycercus lamellatus et un Ni- phargus aveugle (iv). Je dois au Dr. Spangenberg communication obligeante des echantillons des faunes la- eustres de ce lac, deposes dans les colleetions zoologiques de Munich par lui-m&me et par le Dr. Pauly; j’ai pu verifier ainsi ce que j’avais deja reconnu des notre expedition de septembre 1877, A savoir que la faune de ce lac ressemble completement dans ses traits gengraux A celle que j’ai trouvde dans les lacs de la region Subalpine suisse. Je ne saurais comment les separer. Un seul point differe de ce que je connais ailleurs, la grande profondeur, 25 et 30 m. & laquelle soit Graff, soit Pauly ont encore trouve les gazons des Characees. 2 Se 2 Bu ee en ei — 217 — II. Lac de Joux (Jura vaudois). Ce lae appartient ä la Suisse par sa position geographique, mais etant en dehors des limites du grand glacier du Rhöne, il echappe ä la region Subalpine, telle que je lai definie. Situ&e en dehors du domaine du glacier alpin, qui arretait ses moraines au-dessus de Vaulion, le lac de Joux a cependant &t6 soumis A l’action glaciaire. De petits glaciers avaient pris naissance sur le Jura; on en voit les stries sur le roe calcaire de Petrafelix par ex., et les cailloux stries pres de la source de la Lionne; il est cependant probable que ces glaciers jurassiques etaient peu considerables et peu &pais. Voiei les donnees geographiques de ce lac: Latitude N. 46° 38. Altitude 1009 m. Super- fieie 9.3 km°?. Profondeur maximale 25 m. Cube approximatif, d’apres la formule utilisee plus haut, 77 millions de m’. Ce petit lac, ereuse dans une combe de terrain calcaire, a son sol forme d’un limon eminemment caleaire; e’est un limon assez vaseux, peu consistant, d’une couleur gris jau- nätre sale; des &chantillons dragues dans la partie Nord, eonnue sous le nom de lac Bre- net, ont presque une apparence terreuse; dessöche, il est friable, presque pulverulent. Il est un fait interessant, que je n’ai jusqu’& present rencontre que dans ce lac; au milieu de ce lae peu profond, par 20 ou 25 m. de fond s’elevent une douzaine d’&minences sous-lacustres connues sous le nom de Monts; elles sont coniques, aplaties au sommet, me- surent quelques eing ou dix metres de diametre dans leur partie superieure, qui s’eleve pres- que jusqu’& la surface de l’eau. Je ne connais ni l’origine, ni la composition du noyau de ces monts; mais leur sol, accessible A la drague, a une nature toute particuliere. O’est un depöt organique. La eraie blanche qui le forme est composee presqu’uniquement de debris de l’inerustation calcaire qui revet les tiges, les aiguillons et les rayons verticillaires des Charas.(!) Ces debris, plus ou moins fragmentaires, sont noyes dans une poussiere, qui Pro- vient evidemment de leur trituration. Quelques coquilles de Mollusques sont enchässdes dans cette masse calcaire, dont la nature organique est &vidente. Quelle est l’origine de ces monts? Les Charas vegetent dans ce lac, en formant sur les talus des cötes et des monts une couronne presque continue, qui occupe toute la bande limitee par 2 et 3m. de profondeur & la partie superieure, et 10 & 12m. & la partie inferieure. Sur le plancher du lac il n’y en a plus traces. Ces Charas n’ont donc pu bätir de toutes pieces ces monts sur le fond du lac; ils n’ont pu s’etablir que la oü ils ont trouve une &minence preexistante, elevant son sommet jusqu’a moins de 10m. au-dessous de la surface des eaux. Mais la ou ils ont pu vegeter, ils ont d’annee en annde aceumule leurs debris et travaill& & exhausser le sol. Ils ont evidemment sureleve ces Eminences profondes, et leur ont donne leur forme et leur grandeur actuelles. Ces monts sont A ce point de vue absolu- (') Chara contraria Al. Braun, var. jubata. Müll. Arg. (xr1). a A 9 2 a — 213 — ment comparables aux les & coraux, dont le developpement presente avee le leur une analogie evidente. Je n’ai cependant pas trouve dans ces monts du lac de Joux la forme caracteristique des Atolls. Ce petit lac de Joux, qui n’a que 25 m. de profondeur, atteint ä peine les limites de la region profonde. Cependant, loin des bords, au-delä de la zöne des gazons de Charas, nous trouvons une grande plaine vaseuse, depourvue (de vegetation, habitee par quelques especes de facies profond. Nous avons &tudie ce lac, Du Plessis, Kursteiner et moi-meme, ä diverses reprises en 1874, 1875 et 1876. Voiei d’apres nos notes les animaux de ce qu’on peut appeler sa faune profonde. Larves de Dipteres. Hydrachnides Limnesia histrionica Bruz. Nesaea luteola Koch (txx1). Lynceus striatus. L. macrourus. Cyelops brevicornis('). Cyelas... Pisidium.... Clepsine... Tubifex. Planaire. Monotus morgiensis. Fredericella sultana Blum. Paludicella Ehrenbergii V. Ben. Cette derniere espece est tres riche- ment developpce, elle forme de veritables gazons par ses polypiers longs et rameux qui se prennent en touffes aux bords de la drague. Spongilla, blanc rosätre, en boules ovoides de la grosseur d’une noisette, sur les polypiers des Paludicelles. Un fait interessant A eiter, c’est le grand nombre de Bryozoaires que possede ce lac. Le professeur Du Plessis y a constate, tant dans la region littorale que dans la region profonde: Fredericella sultana Blum. Paludicella Ehrenbergii Van Ben. Alcyo- nella fongosa Pallas, Plumatella repens L. Cristatella mucedo Cuvier, plus deux especes de Plumatella et un Lophopus, non autrement determines. Du Plessis, qui a voue aux Bryozoaires suisses une 6tude attentive, deelarequ’aucune localit du pays n’ap- proche de celle-ei pour sa richesse dans ce groupe d’animaux. J’avais en 1874 (LxxIx), pour expliquer cette richesse en Bryozoaires, emis liidee que nous aurions peut-&tre la, en dehors du domaine alpin, un reste des faunes antiques, con- serve dans ce petit lac du Jura. Mais une lettre du professeur A. Jaccard du Locle, re- pondant & mes questions, m’apprend que la vallde du lac de Joux a &te comblee par un glacier propre, independant du grand glacier du Rhöne. On y trouve partout, surtout pres du lac Ter, au Solliat ete., de superbes moraines en miniature. D’apres cela, alors m&me qu’il soit en dehors du territoire subalpin, le lac de Joux a ete envahi lui aussi par les glaciers du Jura; et sous ce rapport sa faune a subi les mömes peripeties historiques que la faune de nos lacs subalpins. Ill. Lac de Garda (Italie). Tandis que les recherches d’Asper ne nous ont montre, dans la profondeur des lacs Majeur, de Lugano et de Cöme, rien qui rappelle une faune marine, relegude dans les eaux douces, il n’en est pas de möme du lae de Garde. On y connait un Palemon. P. (!) D’apres les determinations de M. H. Vernet. BRETT ET Z 5 4 — ro lacustris E. von Martens, presque identique au P. varians Leach, des mers europdennes, puis un poisson appartenant & un genre marin, Blennius vulgaris Pollini; l’on a avec raison conclu, de la presence de ces animaux d’habitus marin, & d’anciennes relations du lac de Garde avec la mer; les especes marines se seraient petit & petit acclimatees & l’habitat des eaux douces A mesure que le lac se dessalait, par l’apport incessant de l’eau douce des aftluents. Ce serait l’indice d'une faune releguee (exvim). La faune profonde de ce lac n’a pas encore, que je le sache, te etudiee. IV. Lacs scandinaves. Les naturalistes sucdois et norwegiens ont dtudie avec beaucoup d’attention la faune des lacs de leur patrie. Loven en Suede, G. O. Sars en Norwege, ont travaill& surtout les Crustaees, vers 1560, et ils ont constate dans la profondeur de leurs lacs, l’existence d’une faune releguee parfaitement caracterisee. Cette faune (Reliktenfauna) est un souvenir de l’epoque ou les lacs «taient des fiords en communication avec la mer et possedaient une faune marine. La barre qui a separe de la mer les fiords, les a transformes en lacs, et l’eau s’est petit & petit adoueie, tellement qu’aujourd’hui elle n’a plus en rien des traces de son ancienne composition; mais la faune marine n’a pas entierement disparu, une partie des especes se sont adaptees aux nouvelles conditions, et ces Orustaces restent dans les fonds de l’eau & l’etat de faune releguee. ; Je citerai, d’apres Sars, les especes suivantes: Harpacticus chelifer, Copepode marin deerit par Lilljeborg et retrouve dans un etang d’eau douce pres de Christiansund. Deux Ostracodes, du genre marin, Cythere, la Mysis relieta Loven, le Gammarus cancelloides Gerstf. vivant dans le lac Mjesen par 15 et 20m. de fond, aussi bien que dans les lacs de la Suede; enfin la Pontoporeia affinis, Amphipode marin a dte trouve dans les lacs Venern, Vettern, et dans les etangs d’eau douce des environs de Chris- tiania (CxvII). Cette faune marine, relöguce dans des lacs d’eau douce, est quelque chose d’inconnu dans notre region subalpine, a moins que les Acanthopus de Vernet n’en soient des indices. V. Lae Goktschai (Armenie). Dans une expedition, faite en 1879 dans le Caucase, le Dr. Alexandre Brandt, alors a St.-Petersbourg, actuellement ä Charkow, a etudie avec soin les faunes des lacs Gok- tschai et Tschaldyr. Il a mesure Ja profondeur de ces lacs, les a dragues, a rapporte des echantillons du limon et en a etudie la faune (oxıx). Ces deux laes sont situes dans le pays d’Erivan, dans les montagnes de l’Armenie. Ils sont places: le Goktschai par 40'/2°, le Tschaldyr par 41° de lat. N.; leur altitude est de 1930 et 1820 m. Le Goktschai est un bassin d’eau considerable, mesurant environ 75 km. de long, 35 km. de large, et 370 km. de surface; sa plus grande profondeur est de 110m. Le laec Tschaldyr est plus petit, sa longueur n'est que de 25 km., sa largeur de 15 kın.; il est surtout tres peu profond; il ne depasse nulle part Il m.; il lui manque done les el&ments de profondeur qui caracterisent un laec, et ne peut guere &tre consider que comme un marais profond. Le limon drague dans ces lacs (xxxvim) est remarquable par sa grande richesse en matieres organiques, et sa grande legerete ; il semble que la drague n’a pas pu traverser la couche de feutre organique. (') Soumise A la caleination par le prof. Bischoff de Lau- sanne, la masse a perdu 0.23 de son poids pour le limon du Goktschai, et 0.14 pour celui du Tschaldyr. La couleur est d’un gris jaunätre tres delicat et tres fin pour celui du Goktschai, plus brunätre et foneee pour celui du Tschaldyr. Quant au residu inorganique du limon du Goktschai, c’est de l’argile pure, sans traces de carbonates, ce qui s’explique par la nature absolument voleanique du terrain dans lequel est creuse le lac. A 62m. de profondeur, Brandt a trouve dans le Goktschai au mois de juillet une temperature de 4.25". Quant & la faune de la region profonde, que Brandt a pechee par des draguages faits selon ma methode, il a constat& dans le Goktschai plusieurs especes de Limnees, entr’autres L. stagnalis, qu’il a retirde de 77 m. de profondeur, et le Planorbis cari- natus. Puis un grand nombre d’individus d’une espece de Pisidium. Des larves d’Inseetes, Chironomus, avec leurs tubes vaseux ; quelques Hydrachnides. Les exemplaires du Gammarus pulex peches ä 62m. de fond etaient plus päles que ceux du rivage ; leurs yeux sont clairs et non uniformement pigmentes; ces yeux presentent quelques rares cellules pigmentaires, tellement que Brandt, au premier examen, a cru ces animaux aveugles. Avons-nous, dit Brandt, affaire ä une variete aveugle ? Un tres grand nombre d’Ostracodes et de Cyelopides. De nombreuses Naides. Une &ponge verte du genre Spongilla existe dans la region littorale; jai retrouve ses aiguillons siliceux en grand nombre dans la vase de la region profonde. L’Hydra rubra de Lewes est aussi cantonnde dans la region littorale. L’analogie, la ressemblance intime de cette faune avec celle de nos lacs Subalpins, est evidente. Comme dans nos lacs, il n’y a rien qui rappelle une faune rel&gude. — Dans le Tschaldyr, Brandt a trouve au contraire une faune, qui a plutöt le caractere des faunes littorales ou des marais. Une seule espece de Gasteropode, Limnaea ovata Drap. Une Naiade, Anodonta ponderosa Pfeif. Point de Pisidie. Gammarus pulex. Asellus. Une Cypris. Un Hydrachnide. Une Spongille blanche, Spongilla sibirica. Cette faune tres pauvre se distingue de celle de la region profonde de tous nos lacs, aussi bien que de celle du Goktschai, entr’autres par l’existence de l’Anodonte et l’absence des Pisidies. Je n’estime pas devoir la ranger dans la categorie de la faune profonde ; quoique l’absence de plantes aquatiques, la nature vaseuse du sol et l’eloignement des (1) Et pourtant la drague de M. Brandt, construite d’apres mes indications et mes dessins, devait fonetionner comme le font mes dragues dans nos lacs, BE rives Ja separe nettement de ce que je connais en fait de faune littorale. Il est difficile aussi de la faire rentrer dans le möme type que la faune des marais, vu la profondeur du lae, 11 m., et l’absence de plantes aquatiques. Je laisse, & ceux qui peuvent les etudier sur les lieux, de nous dire comment il faut appeler ces bassins intermediaires entre les lacs et les marais, qui n’ont pas la region profonde des lacs, qui ont une region centrale profonde differente de celle des marais, ces soi-disant laes qui n’ont que 5, 10 ou 12m. de profondeur. VI. Lac de Tiberiade (Palestine). Ce lac est situe par 32°, 45‘ latitude nord, 212 m. d’altitude au-dessous du niveau de la mer. Longueur 21 km., largeur 9.5 km., profondeur 250 m. Sol forme d’une vase grisätre, tres fine, argileuse. D’apres les recherches de L. Lortet de Lyon (exx) la faune comprend entr’autres: Crustaces dans la region littorale: Telephusa fluviatilis et Orchestia Tiberiadis. Mollusques: une Neritina et deux Melanopsis qui habitent la region littorale et descendent jusqu’& 50 m. de profondeur ; une Cyrena et cing Unio qui vivent entre 50 et 100 m. de profondeur; enfin une Melania qui ne se trouve qu’entre 100 et 250 m. de fond. Toute cette faune est caracteristique des eaux douces du pays; d’apres Lortet il n’y a aucun animal qui represente un type marin, et qui fasse eroire A une faune re- leguee (!). On aurait cependant pu s’y attendre, etant donnees l’altitude tres inferieure du pays, et l’existence de terrasses horizontales que signale Lortet & la hauteur m&me de la nappe de la Mediterranee. Je signalerai le grand nombre d’Unios, eing especes, habitant les profondeurs de 50 ä& 100 m. eest-ä-dire la region profonde. Sous ce rapport ce lac contraste singulierement avec nos lacs Subalpins oü nous n’avons jamais trouve une Naiade dans la region profonde. VII. Lac Baikal (Siberie). 52° lat. N. 34975 km” de surface, tres profond, 1373m. (Dibowsky), le plus profond lae connu. La faune de ce lac a ete etudiee avec ardeur par un naturaliste polonais Dr. B. N. Dibowsky, exil& dans ces contrees inhospitalieres. Nous connaissons les resultats de ses travaux sur trois groupes d’animaux (exx1): 1° Les Phoques qu’il decrit comme une espece speciale, Phoca baicalensis, remar- quable par sa petite taille et le developpement considerable des jeunes au moment de la naissance. 2° Les Amphipodes; l’auteur fait connaitre 97 especes de Gammarides, p&ches par lui dans le lac Baikal et ses aftluents. Une seule espece forme le genre nouveau Con- (‘) Ce qui eonfirme du reste cette absence de faune relögude, et par consöquence d’anciennes rela- tions avec la mer, c’est que, dans toutes les terrasses qui entourent le lac, la faune a le caractöre des eaux (douces et non des eaux marines. 2 oe stantia; l’espece est transparente, nageuse ; elle a tous les caracteres des animaux pela- giques: les 96 autres especes sont laissees par Dibowsky dans le genre Gammarus. Elles varient beaucoup en taille, les plus petites ne depassent pas 7 m/m, les plus grandes at- teignent 12 c/m. Ces Gammarides ont ete trouves & toutes les profondeurs du lac, jusqu’ä 1370 m., profondeur maximale atteinte par les draguages de Dibowsky ; les grands fonds sont tres peuples, quoique le nombre des especes soit moindre. Les Gammarides de la surface sont vivement colores, mais avec l’augmentation de la profondeur on voit la coloration diminuer graduellement, et les especes qui habitent au- dessous de 700 m. offrent une coloration plus ou moins blanchätre. Quelques varietes, pro- venant de profondeurs plus grandes que le type speeifique auquel elles se rattachent, se distinguent par la päleur de leur corps et de leurs yeux, et aussi, dans certains cas, par les formes plus allongees et plus greles de leur appendices locomoteurs. 3° Des Turbellaries, & savoir des Planaires, au nombre de dix especes, etudies par Gerstfeldt et E. Grube. Quelques-uns sont de taille considerable, et atteignent une lon- gueur de 8 & 9c/m. Ces Turbellaries proviennent de draguages faits ä differentes profon- deurs. Dans la plupart des especes, Grube n’a pu constater J’existence de points oculiformes que sur quelques petits echantillons; ces organes semblent disparaitre avec l’äge. Ces Planaires ont un facies marin tres caracterise. En somme la faune profonde du lae Baikal, beaucoup plus riche que celle des laes Subalpins, presente d’apres ce que nous en savons, les caracteres d’une faune relegude, sou- venir d’anciennes relations entre la mer et ce lac extraordinairement profond. VIII. Lac Michigan (Amerique du Nord). Ce lae, le troisieme en etendue des lacs d’eau douce de la terre, qui mesure 57000 km?, est situ&e par 44° lat. N. Il n’a que 263 m. de profondeur, il est done moins profond que le Leman. Des draguages et des peches profondes ont &te ex&cutes en 1873 par le Dr. P. R. Hoy, de Racine (Wisconsin). Je resume les prineipaux faits reveles par ces explorations, en me basant sur les communications personnelles de l’auteur (iv) et sur les analyses de ses memoires publies par l’Academie des sciences de Wisconsin (cxxu). Outre la faune ordinaire des poissons d’eau douce des grands laes americains, Hoy a capture deux especes du genre Argyrosomus d’Agassiz, Cyprinides dont la mächoire inferieure est prominente: A. Hoyi Gill, vit & SO m. de fond; A. nigripennis Gill, ne se trouve pas & moins de 120 m. de profondeur, et il n’est abondant qu’a 140 m. Ce sont done des especes de poissons speciales A la faune profonde. Un autre poisson est plus in- teressant encore, c’est un Triglopsis Stimpsonii Gill, espece voisine du Tr. Thomp- soni Girard; e’est evidemment un marin emigre dans les eaux douces. Parmi les Crustaces, Hoy a trouve trois especes de Gammarides, toutes trois nouvelles, et en tres grande abondance, un Schizopode de type marin, Mysis diluviana Stimpson, qui semble presque identique ä la M. relicta de Loven, ces deux formes pouvant &tre eonsiderdes comme des varietes de la M. oculata, vivant actuellement dans l’Atlantique du Nord. La möme M. diluviana a &t& retrouvde depuis lors dans le lae Superieur. Outre cela je vois dans les listes de Hoy, un Pisidium abysomus Stimpson, espece nouvelle, une sangsue, parasite des poissons blancs, et une petite Planaire de couleur blanche. D’apres cela, il ressort l’existence d’une faune marine relegude dans le fond des grands laes americains, analogue ä celle des laes de Scandinavie. Cette faune releguee manque totalement & nos lacs de la region Subalpine, IX. Lae Titicaca (Perou). Ce lae, situ6 A 16° de lat. S., est & une altıtude tres elevee, plus de 3800 m. au- dessus de la mer. Sa longueur de 220 km., sa largeur de 50 km., sa profondeur maximale 282 m.; il a ete Eetudid aux points de vue hydrographiques et faunistiques par le Dr. Al. Asassiz, en 1876 (exxun). La temperature du fond est tres elevee, 10.6°, et differe peu de celle de la sur- face, 13.5 ° environ. i La region littorale est eouverte d’une abondante vegetation de Myriophyllum et de Totora, qui descend jusqu’ä 10 et 13 m. Au-delä le sol est forme d’une vase tres fine, tres legere et tres molle, d’un noir verdätre. L’eau contient quelques traces de sel, pas assez cependant pour en alterer la potabilite. La faune n’est pas tres riche. Les Poissons, entr’autres les Orestias, sont tous de genres appartenant aux eaux douces et possedant une vaste distribution g&eographique. Les Mollusques sont tous des types d’eau douce, sans rien de special. Les Crustaces au con- traire et parmi eux plusieurs formes d’Orchestiades sont tous d’habitus et de parentage marins. En presence de recherches si dissemblables et souvent si imeompletes, il est diffieile de faire une comparaison utile entre les faunes profondes des lacs Subalpins et celles des lacs etrangers. Voiei cependant quelques traits generaux que je crois pouvoir en tirer: 1° Le Wurmsee, ou lac de Starnberg, est ä tous les points de vue un lac Subalpin; je ne saurais comment le separer des lacs que nous connaissons en Suisse. 2° Le lae Goktschai, en Armenie, quoique creuse en territoire volcanique, semble avoir dans sa faune de tres grandes ressemblances avec nos lacs Alpins. Je suis tout dispose A croire cette faune recente, et, si le lac est d’origine ancienne, ce que je ne sais pas, j’attribuerais volontiers ce caractere moderne de la faune & la destruction des faunes anciennes par l’e£poque glaciaire; les effets de l’envahissement glaciaire auraient done ete les m&mes dans le Caucase que dans les Alpes. 3° Le lae de Joux, dans le Jura vaudois, est en dehors du domaine Subalpin, si je limite eelui-ei par l’extension des anciens glaciers des Alpes. Sa faune est remarquable entr’autres.par une riche population de Bryozoaires, et par une Eponge speciale. J’avais autrefois emis I’hypothese que nous aurions peut-ötre la des restes des faunes tertiaires qui auraient survdeu dans ce lac 6pargne par le grand envahissement des glaciers alpins; jabandonne cette hypothese devant l’opinion d’A. Jaccard, que le territoire du lac de Joux a dans l’epoque glaciaire &te envahi par un glacier propre descendant des sommets du Jura. 4° Quant aux lacs de Scandinavie, au lac Baikal, au lae Michigan, il y a des signes evidents dans leurs faunes lacustres de restes d’aneiennes faunes marines; il est tres plau- sible d’expliquer ces animaux d’habitus etranger par la theorie des faunes relöguees. s XVI. Resume et conelusion. Nous voiei arrives au bout de notre täche, qui consistait ä exposer les &tudes jusqu’ä present faites sur la faune profonde des lacs suisses. Resumons-nous et concluons. Apres avoir etabli les conditions geographiques des lacs de la. region Subalpine suisse, jai 6etudie attentivement les faits physiques de milieu qui peuvent interesser la faune; le sujet n’ayant jamais ete trait6 dans son ensemble, et ces conditions de milieu etant fort differentes de celles de toutes les autres regions ou vivent des animaux aqua- tiques, j’ai dü developper assez longuement ce chapitre. Il existe des relations importantes aux points de vue physiologiques et phylogeniques entre les faunes et les flores des eaux superficielles et la faune profonde; j’ai dü par consdquent faire un expose des societes animales et vegetales habitant les regions littorales et pelagiques des lacs. Un groupe d’animaux nous a particulierement interesses, ce sont les Poissons qui dans Jeurs migrations annuelles passent successivement d’une region & l’autre. Tous les Poissons du Leman sauf deux especes descendent temporairement dans la region profonde ; aucune espece n’est speeiale A cette region. Ces notions preliminaires acquises, nous avons pu aborder l’etude biologique de la region profonde et des organismes qui l’habitent. J’ai deerit les methodes de draguage et de recherche des animaux, la flore profonde, et les debris organiques enfouis dans le limon. Puis je me suis attaqu6 & la faune profonde elle-m&me. Par les eirconstances speciales de mes recherches personnelles, j'ai &t& eonduit & developper plus particulierement les travaux faits dans le lae Leman; j’ai enumere tres completement la longue liste des especes trouvees dans la region profonde de ce lac par G. du Plessis, H. Blanc et moi- möme, et cela m’a servi de type de la faune profonde d’un lac subalpin. Puis l’analyse plus rapide des draguages faits dans 19 laes suisses, savoyards et insubriens par Asper, —_ 23 — Imhof et moi-möme, nous a donne les elements de comparaison entre la population animale de ces divers bassins d’eau douce. Ces travaux nous ont fait constater dans la profondeur des lacs de nombreuses especes animales, quelques-unes fort riches en individus; le fond des lacs est tres peuple. Ces especes sont toutes limicoles, habitant sur ou dans le limon; aucun des types saxicoles, arenicoles, qui vivent sur ou sous les pierres, dans les graviers ou les sables, ou qui sont fixes sur les plantes aquatiques, n’est represente dans le fond du lac('); ee fait est la consequence de la nature m&eme du sol, vase molle, uniforme et sans corps etrangers. Ces animaux sont bien etablis dans les grands fonds; ils y naissent, ils s’y developpent et s’y reproduisent. La preuve en est donnde par les @ufs, les germes d’un grand nombre d’especes, par les larves, embryons et jeunes de tout äge, que nous trouvons dans nos draguages. C'est done bien une faune profonde, bien authentique et bien caracterisde; l’etude des conditions de milieu et de leur action sur la physiologie des animaux nous montre d’ailleurs, que rien, dans ces conditions de milieu, n’est incompatible avee la vie animale. Quelle est l’origine de cette faune? Elle est relativement moderne. L’histoire g6olo- gique de la contree, en nous apprenant l’envahissement de toutes les vallces et plaines subalpines par les glaciers des Alpes au commencement de l’&poque quaternaire, nous empeche d’aller chercher, avant cet &venement historique, l’etablissement dans nos lacs des ancetres directs de nos especes abyssicoles. CGela exclut la possibilit& de trouver l’origine de notre faune profonde actuelle, ou bien dans les faunes profondes indigenes des epoques tertiaires, ou bien dans des faunes marines relegudes dans des golfes trans- formes eux-memes en lacs. Cette deduction tirce des faits historiques est confirmee par l’etude des formes animales, dont aucune n’a le facies archaique, dont aucune n’a le facies marin (?). Nous avons trouv& une double origine ä notre faune profonde. Elle vient: 1° de la faune littorale par la grande majorite des especes qui sont identiques, ou tres semblables, ou analogues aux especes littorales du laec ou nous les 6tudions. Des- cendus dans la region profonde, ces animaux s’y sont etablis A diverses epoques, et chaque annde de nouvelles migrations, actives ou passives, viennent renouveler et rajeunir la faune profonde ; 2° de la faune des eaux souterraines, deux ou trois especes seulement, remarquables par leur eeeite et leur absence de pigment. Ges especes ont peuple le fond des laes par (*) Sauf la Fredericelle qui a dü modifier ses m@urs et se transformer d’animal fix en animal limicole. (°) Except& les Acanthopus, Cytherides connus seulement dans la faune profonde du L&man, et le Plagiostoma Lemani et le Monotus Morgiensis, espöces trös fröquentes dans la region pro- fonde de tous nos lacs, et connues dans la rögion littorale de deux d’entr’eux. 29 a migration active, comme elles peuplent l’eau des cavernes et des puits de tout le continent Europcen. Arrives dans la region profonde des lacs, les animaux de ces deux faunes ont trouve un milieu fort different de celui auquel ils etaient habitues; region froide, sans lumiere, sans mouvement, pauvre en matieres alimentaires, depourvue de vegetation, region sans variations p6riodiques diurnes ou annuelles, milieu au calme plat au point de vue, mecanique, thermique, chimique et moleeulaire. Releguses dans ce milieu, les formes animales se sont modifices, et dans le cours des gen6rations, elles se sont appauvries, ratatindes, rabougries, elles ont perdu taille, force et pigmentation('). Cependant j’avoue ötre «tonne du peu d’etendue de ces variations qui dans certaines especes sont presque insensibles. Ges modifications, fait d’adaptation au milieu, sont plus ou moins complötes, suivant que les individus peches par nous descendent d’une suite plus ou moins grande de gene- rations, depuis le transport dans la profondeur du lae; Ceux dont la famille a emigre recemment sont presque semblables au type original; ceux dont la famille est 6tablie dans la region profonde depuis des siecles sont modifies autant que possible. Il en resulte que, dans la region profonde de chaque lac, chaque espece est forınde par une collection din- dividus, & tous les degres de transformation, entre la forme originale dans son integrite et la forme profonde parfaite. C'est A trouver cette forme abyssale parfaite, et ä en determiner les caracteres que doivent tendre les efforts du zoologiste. Chaque espece animale emigree dans la profondeur doit done aboutir & une espece profonde, plus ou moins differeneiee morphologiquement de l’espece originale. Il y aurait peut-etre avantage ä donner un nom speeifique A chaque espece abyssale qui a atteint son maximum de difiereneiation. Mais ces modifications se sont operdes dans divers lacs, dont la region profonde est absolument separde de la region analogue des autres lacs; il n’y a plus eu de croisements ni de melanges possibles; chaque lac est un centre de differeneiation isole et distinet. Dans chaque lac l’espece abyssale formera done une famille partieuliere propre a ce lac qui meriterait d’ötre designee par un nom adjeetif de variete (*). Les conditions de milieu etant tres semblables dans les divers lacs, ces varietes se ressemblent fort; mais cependant l'independance dans la difierenciation etant absolue il est probable qu’on y decouvrirait certains caracteres distinetifs de une A Yautre (*). Cette maniere de comprendre et d’interpreter la notion de l’espece et des varietes (*), qui se base sur l’applieation des faits genealogiques et phylogeniques, doit Etre plus juste (') La tendance vers la e6eit6 est indiqude, mais n’est pas absolument demontree. (2) Soit M. le nom de genre; M. abyssicola, var. Lemani dans le lac Löman, var. Neocomiensis, dans le lac de Neuchätel, var. Turiciensis dans le lac de Zurich, ete. (°) Nous avons constate, chez les Asellus et les Pisidiums entr’autres, des faits qui justifient cette interpretation. (*) Voir la note (*) pag. 184. 10 u u ie a ee A rs sun u 2 ee ee ee ee a ee. see ee a en ee an nn a ee que celle qui ne s’oceupe uniquement que des caracteres morphologiques; malheureusement elle n’est pas partout d’une applieation aussi facile que dans l’6tude qui nous oecupe. Un mot pour terminer sur l’esprit qui a preside & mes etudes de la faune profonde. Lorsque pour la premiere fois j’ai entrevu cette societe animale qui peuple une region eloignee de tout ce que nous connaissons & la surface de la terre ('), j’ai et& surtout frappg, par ce quelle offrait d’etrange et je me suis attendu aux decouvertes les plus nouvelles. Et en realite les faits que j’ai rencontres &taient fort etonnants. Dans le fond du Leman je p&chais des Crustaces aveugles, Asellus, Niphargus, des Turbellaries inconnus et de types tres anormaux, Vortex Lemani, Mesostomum Morgiense, des Limndes, Gaste- ropodes pulmones condamnes A la respiration aquatique, des larves de Dipteres, insectes aöriens qui ne pouvaient accomplir le cycle de leurs metamorphoses; dans des profondeurs froides et obscures, je trouvais une nombreuse population animale, et je ne voyais pas une plante qui püt lui fournir l’oxygene necessaire & sa respiration; dans ce milieu pauvre et sans mouvement, je voyais pulluler une foule d’organismes qui devaient bientöt epuiser la nourriture contenue dans les eaux. Tout etait etrange et nouveau, tout semblait anormal ä mes yeux habitues & d’autres conditions. Mais l’etude, soit du milieu, soit des animaux eux-m&mes, a bientöt tout explique, et eelaire tous les problemes. Les especes les plus aberrantes, nous les avons, les unes apres les autres, decouvertes dans la region littorale; les especes aveugles ont trouve des parents dans la faune des eaux souterraines; la respiration aquatique des Limnees s’est montree presque normale dans les eaux superficielles; nos larves de Dipteres se reproduisent pro- bablement par pedogenese; et quant a l’alimentation et & la respiration de la faune pro- (*) Cette region profonde des eaux est bien parmi les plus lointaines de celles qui s’offrent & ’homme, sur la terre. L’homme monte sur les sommets les plus inaccessibles des montagnes; il traverse les oe&ans et les solitudes des deserts; les regions polaires seront un jour domptees par lui, et ses a@rostats sont montes jusque dans dans les couches les plus &levees de l’atmosphere. Mais ’homme ne descendra jamais vivant jusqu’au fond des lacs et des mers; cing ou six atmospheres de pression, 50 ou 60 m. de pro- fondeur d’eau, telle est la limite infranchissable ä ses cloches A plongeurs, et ä ses scaphandres. Il est vrai quil sait allonger ses membres, et qu’ä l’aide d’un fil de sonde, il apprend A porter des thermomeötres, des bouteilles ä eau, des appareils photographiques, des filets et des dragues, jusqu’aux plus grands fonds des oc&ans. Si sa vision est arrötce par quelques metres d’6paisseur d’eau, son esprit sait aller lire dans ces regions obscures qui lui sont aujourd’hui presqu’aussi bien connues que quelque autre partie de la terre que ce soit. Mais encore une fois, il n’y est pas all& de sa personne, et il n’y ira jamais. C’est done pour lui une terre lointaine et par consöquent mystörieuse. _— 23 — fonde, nous en avons vu les materiaux s’elaborer dans les regions littorales et pelagiques, par la vie möme des faunes et des flores qui y foisonnent. C’est ainsi que toutes les etrangetes et les anomalies qui nous avaient etonnes d’abord se sont resolues de la maniere la plus simple; tous les faits qui nous arrötaient sont rentres dans la norme. Le grand plan de la nature s’est montre & nous aussi puissant qu’il est partout, pour profiter tres habilement des conditions de milieu les plus aberrantes et les plus chetives, et pour faire multiplier la vie dans des regions qui semblaient voudes & la mort. D’autres regretteront peut-&tre les choses extraordinaires qu'ils eroyaient rencontrer dans ces contrees en dehors de l’ordinaire. Pour moi qui ai eu le bonheur intense de penetrer pour la premiere fois dans ces regions nouvelles, qui ai dü m’expliquer les uns apres les autres les mysteres qui se deroulaient & mon observation, Te et je jouis surtout de ces harmonies et de cette simplieite. La nature est grande et belle, parce qu’elle est harmonieuse en tout et partout. % 3 hr NOTES BIBLIOGRAPHIQUENS. P.-E. Müller. 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A vant-propos s$ I Topographie du Leman $ II Nature du fond $ III Limon du fond du lac s IV Methode de draguage $ V Recherche des animaux s VI Conditions de milieu $ VII Recherches photographiqwes, transparence de l’eau $ VIII Migrations des Poissons $S IX Sondages thermome£triques $ X Esquisse de la faune profonde $ XI Apergus de geographie zoologique $ XII Larves d’Insectes $ XII Hydrachnides (Pl. I et II) $ XIV Entomostraces $ XV Mollusques $ XVI Turbellaries (Pl. III) $ XVII Algues $ XVIII Diatomdes $ XIX Feutre organique $S XX Pisidiums $ XXI Liste provisoire des espe&ces $ XXII Draguages dans quelques lacs suisses CLIV G. du Plessis. Notice sur les Monotides d’eau douce. CXLI J. Brun. Vegetations pelagiques du lae de Geneve. 3° bull. soe. bot. Geneve. 17 juin 1884. CXLII H. Blane. Note sur le Ceratium hirundinella. Bull. soe. vaud. se. nat. XX 305. Laus. 1884. CXLIII G. Asper. R£partition de la faune pelagique dans les diverses profondeurs de l’eau. Soc. helv. se. nat. 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Forel. . id. id. id. H. Chatelanat. Forel. Forel et G. du Plessis. Forel. D. Monnier. H. Lebert. H. Vernet. A. Brot. G. du Plessis. J.-B. Schnetzler. J. Kübler. Forel, €. Vogt, Schnetzler. S. Clessin. Forel. id. Zool. Anzeig. VIII 291. 1885. s XXI $ XXIV $s XXV SRRWI $s XXVII $ XXVIM SEXXTX 8 XXX $ XXXI s XXX $s XXXII $ XXXIV 8 XXXV $ XXXVI $s XXXVII $ XXXVIN S XXXIX S XL S XLI $S XLII $ XLIN $ XLIV SXUV SRTLVT $ XLVII $ XLVIIN $ XLIX S L een, ie Tr . 97—166. 1875. F.-A. Forel. II° serie. Bull. XIV, pag. Avant-propos Topographie du L&man id. Cailloux renfermes dans le limon id. Analyse chimique du limon kisler et Walter. Appareils pour l’exploration du lae Forel. Conditions de milieu id. Transparence de l’eau du lac id. nalyse chimique de Veau du L&man t. Brandenburg. Analyse el jue de Peau du Lema R. Brandenburg Physiologie de la respiration dans les grandes pro- fondeurs Forel. III° serie. Bull. XIV, pag. 201—364. Pl. II bis a VII. 1876. Esquisse de la faune littorale Forel. 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XI). ey ESSAl SUR LA - FAUNE PROFONDE DES LACS DE LA SUISSE PAR LE D® @. DU PLESSIS-GOURET PROFESSEUR DE ZOOLOGIE A LA FACULTE DES SCIENCES A LAUSANNE MEMOIRE COURONNE PAR LA SOCIETE HELVETIQUE DES SCIENCES NATURELLES, LE 16 SEPTEMBRE 1884 A LUCERNE u y* R7 s vo. > Rn f } rn: ri ur I R £ Faune profonde des lacs de la Suisse. „L’infini vivant!“ Michelet. Introduetion. Les soeietes animales qui peuplent tous nos laes peuvent se rapporter & trois groupes, constituant trois faunes bien distinetes. Le premier se compose des animaux du rivage, habitant la zöne littorale. Cette r&gion, soumise, vu son peu de profondeur, ä& laetion des rayons solaires est par eons&quent aussi celle de la flore lacustre, car la lumiere diffuse ou rayonnante qui peut plus ou moins arriver jusqwau sol y fait &elore diverses plantes vertes qui eonstituent la vegetation du fond. Ces plantes servent de nourriture et aussi d’abri & bon nombre d’animaux. Outre la lumiere, Yagitation de l’eau produite par l’aetion du vent et des vagues n’est pas sans influence sur les maurs et les habitudes des animaux riverains. En re- vanche ils ne sont soumis dans ces eaux peu profondes qwä une faible pression. Enfin, quant & la temperature leau des rives en suit toutes les variations, selon les saisons le jour et la nuit, la hauteur du soleil sur ’hvrizon ete. ete. Le sol de la rive est aussi compos& de mat6riaux differents de eeux du fond. Ce sont des debris de roches diverses, des cailloux plus ou moins roules, du gravier, des detritus de tout genre. Tout cela sert de retraite aux animaux et de point d’appui aux plantes. Mais les ötres qui se eachent dans ces retraites pour fuir une trop vive lumiere, ou eviter leurs ennemis, proviennent eux-m&mes de ceux qui pullulent dans les eaux stag- nantes ou courantes des pays eirconvoisins et qui sont portes dans nos lacs par leurs nombreux affluents, ou A la suite des orages et des pluies d’et& amenant le regime des hautes eaux. Tous les animaux de ce premier groupe composent ce que l’on nomme la Faune littorale! Une seconde partie de la population lacustre est constitude par des animaux bons nageurs, vivant perp6tuellement entre deux eaux, montant plus ou moins vers la surface ou se replongeant dans les profondeurs selon que leau est calme ou agitee, froide ou chaude, obseure ou &elairee. Tandis que les especes de la faune littorale ne se dis- tinguent en rien de leurs eongeneres du pays environnant, les animaux dont nous parlons different au eontraire de tous les habitants ordinaires du rivage ou de ceux des eaux 1 stagnantes et courantes. Ils se reconnaissent toujours aux caracteres suivants. D’abord ils sont incolores et parfaitement transparents. Ils sont d’ordinaire presquinvisibles dans leau tant ils en imitent la nuance. Leurs organes natatoires sont si puissamment de- veloppes qwils peuvent nager jour et nuit sans jamais se reposer. Les organes des sens sont tres developpes aussi, surtout les yeux qui montrent souvent, relativement ä la masse totale du corps, un tr&s grand volume et une structure compliquee. Ce sont en general des animaux tres carnassiers vivant de proie et s’entredevorant. Tous les animaux de ce second groupe forment ce quon est eonvenu d’appeler la Faune pelagique. Le troisieme groupe enfin est form& surtout par ceux des animaux de rivage qui, pour &chapper & la concurrence vitale ont suivi la declivite du sol et ont ainsi, de proche en proche, gagne les plus grandes profondeurs de nos bassins d’eau douce. (es £tres- la vivent maintenant dans des conditions toutes partieulieres lesquelles, agissant conti- nuellement et depuis un temps incaleulable sur eux, ont dü finir par les modifier jusqu’ä un certain point. Ces conditions sont en resume: Pression considerable, temperature basse et invariable, lumiere nulle ou excessivement attemude, agitation nulle, flore nulle, regime uniquement carnassier, sol meuble et sans abri. De ces conditions deux surtout, le froid et l’obseurite, sembleraient hostiles ä la vie animale, car elles en trainent foreöment labsence de vegetation. Or dans lair et sur la terre la vie animale depend direetement ou indireetement de la vie vegetale et ici le froid et le manque de lumiere sont des causes de mort; mais dans leau il en est autre- ment. Les regions profondes glacdes et tenebreuses pullulent, au contraire, d’etres vivants de toute classe. O’est surtout le cas dans les abimes de la mer mais le fait se retrouve dans le fond des lacs. Or les animaux de ces regions, que la zoologie moderne £etudie avec predileetion depuis une dizaine d’anndes, forment par leur ensemble ce que l’on appelle la Faune profonde. Ils ont, comme ceux des groupes pr&cedents, leurs signes partieuliers. Is sont plus petits que leurs congeneres du rivage. Ils sont tres peu colores et souvent tout & fait päles, mais ordinairement ils sont opaques et tr&s rarement translucides. Enfin, et c’est Ja un fait qui a frappe tous les observateurs, leurs yeux sont en general tres petits, souvent atrophiecs et quelques especes presentent la plupart des sujets com- pletement aveugles; cela chez des especes provenant d’animaux riverains parfaitement oeules. Ce qui est aussi fort etonnant e’est que parmi les individus d’une m&me espece ordinairement aveugle, on en trouve toujours quelques-uns qui presentent encore des traces d’organes visuels ou m&me des yeux fort petits. Nos animaux de la faune profonde ont aussi un genre de vie fort different de ceux de la rive. Ils habitent un Iimon impalpable sur lequel ils rampent, dans lequel ils s’en- fouissent en y ereusant des galeries, quelques-uns se fixent ä la surface. La plupart rampent. Tres peu savent nager. Ils vivent les uns des autres en se faisant une guerre acharndee. Enfin comme les conditions physiques de leur existenee ne varient plus du tout suivant les saisons, il n’existe pour eux ni et ni hiver et leur maturite sexuelle peut se presenter ä tous les moments de lannee. En toute saison ils proereent des oeufs et des petits. Ce sont ces animaux de la faune profonde qui font lobjet de ce con- cours. Nous disons de la faune profonde et non de la faune des abimes. Celle-ei en effet n’existe pas dans nos lacs. Leurs plus grandes profondeurs ne sont encore rien en comparaison des abömes de la mer. Lä en effet !’on trouve deux faunes superposces. L’une ceelle des eaux profondes superieures, privees de flore et de lumiere, Yautre celle des eaux abyssales inferieures. C'est celle des enormes pressions et des gouffres insondables. Il est prouve par la toute recente campagne du Talisman que ces deux faunes super- posees restent distinetes et ne se me&lent jamais. La premiere seule, la faune profonde superieure, a des representants dans tous nos lacs et c'est & notre collegue le professeur F. A. Forel, que revient le merite d’avoir attire le premier sur ce sujet lattention des naturalistes Suisses. Nous avons ete des le debut un de ses collaborateurs dans ces recherches; nous avons publie plusieurs fois des travaux speciaux sur diverses elasses et ayant enfin observe pour notre propre compte en divers lieux la faune profonde nous avons rassembl&e nos resultats dans ce travail. On peut traiter un tel sujet A deux points de vue oppos6s, savoir: dans lintention de fonder beaucoup d’especes nouvelles ou bien au contraire, d’en restreindre le nombre autant que possible. Üest ce dernier parti que nous avons pris ieci. Nous nous sommes attach& d’abord A bien determiner quels sont les animaux du fond se rapportant &. des especes bien connues; deja bien deerites et figurdes. Nous avons 6tabli aussi bien que nous avons pu la synonymie de ces especes en eitant les auteurs qui servent de garantie et pour eviter d’inutiles repetitions pour ne pas allonger le travail en copiant des des- eriptions deja assez eonnues toutes les fois qwil s’est agi d’especes dont le nom seul equivaut A une description, nous nous sommes borne a indiquer le nom speeifique le plus admis suivi de ses synonymes. Pour les rares especes inedites ou deerites seulement depuis peu de facon A n’ötre pas generalement eonnues, nous faisons suivre leurs noms d’une deseription detaillee et sil y a lieu de figures. Nous n’avons nous-meme admis ces nouvelles especes qu’avee beaueoup de eireonspection et avee quelque defianee, sachant que la zoologie n’a rien A gagner mais beaucoup A perdre par laugmentation inutile des synonymes dejäa trop nombreux, ce qui arrive encore trop souvent aux zoologistes les plus instruits A cause de limpossibilit& de se procurer et d’utiliser le deluge des publications contemporaines. La speeification exacte des animaux des diverses classes dans nos divers lacs laisse encore beaucoup trop & desirer pour quon ait pu songer iei & deerire la faune de chaque lac en partieulier. Nos lacs sont beaucoup trop nombreux et encore trop peu explor&s pour que ce soit possible. Ce que nous pouvions faire actuellement et ce que nous avons fait eonsiste surtout A traiter elasse apres classe, les divers genres et especes de la faune profonde en indiquant pour chaque espece en partieulier la station oü elle habite, les localites oü elle se reneontre, les divers lacs oü elle se retrouve en Suisse BIN et enfin son origine et sa provenance probable, le tout sous la responsabilite des auteurs dont nous eitons les noms. Cette revision generale de toute la faune profonde forme la partie essentielle de notre travail; nous la faisons suivre d’un chapitre detaillE sur les conditions gen6rales de la vie auxquelles sont soumis les animaux de la faune profonde et nous terminons tout ce travail en traitant de lorigine de la faune profonde et en presentant les diverses hypotheses mises en avant pour Vexpliquer. Terminons par quelques mots sur les moyens que nous avons employes dans nos re- cherches personnelles, sur les laes du canton de Vaud. Nous nous sommes servi au debut de la petite drague A bidon de M. Forel et, toutes les fois qwil sagit de ramener pure- ment et simplement le limon du fond dest toujours la le meilleur outil. Le dit limon est alors passe par des tamis de plus en plus fins et Yon trie ainsi_rapidement les ani- maux les plus grands. Pour les especes fort petites on laisse reposer le limon dans de larges euvettes. On en &er&me la surface & la euiller et on met reposer cette super- fieie dans des bocaux en verre hauts de forme et entierement remplis d’eau. On observe tous les jours leurs parois A la loupe. Souvent des semaines entieres apres le dragage nous deeouvrons de cette facon diverses espeees presque mieroscopiques rampant sur les parois en sortant du detritus. Cest ainsi par exemple que nous d&eouvrons les Arc- tiscon et les Halacarus qui sont de tres petits Arachnides. Sil wagit au eontraire d’6ermer la surface du sol pour ramener seulement le de- tritus floconneux, eompose des debris d’Entomostraees pelagiques tombes au fond, alors nous employons toujours la petite drague ä räteau de M. Forel. Elle amene tres r&gu- lierement cette espece de eharnier. I n’y a nul besoin de le tamiser. On le divise simplement en pareelles que Yon depose dans les bocaux susdits. On remplit les vases par dessus la eouche de detritus avee de Feau du m&me dragage et on laisse reposer A la cave, au frais et & lobseurite. Apres quelques heures de repos on n’a plus qwä porter les bocaux au jour et ä les explorer avee la pipette et la loupe. On sera etonne de la foule d’animaux de toutes classes qui y grouillent. C'est le genre de p@che qui donne la plus grande abondance d’animaux, mais ce ne sont pas toujours exelusivement des animaux du fond, car en ra- menant le sac des eouches profondes vers la surface il filtre Yeau et il peut s’y engager durant le trajet quelques especes pelagiques. Mais’ il suffit d’en &tre pr&venu pour Eviter cette eause d’erreur. Dans les jours chauds de Yet& et du printemps non seulement nous placons les vases ä la cave, mais nous y jetons m&me des moreeaux de glace. Puis en examinant les bocaux nous ne les laissons pas sejourner trop longtemps A la vive Iu- miere du jour. Par ees simples moyens nous avons en tout temps pu nous procurer des animaux de la Faune profonde en quantit6 suffisante et nous en avons toujours eonserve assez longtemps pour pouvoir les observer ä loisir. C'est le r&sultat de toutes ces obser- vations que nous exposons en detail dans les chapitres suivants. una Premiere partie. Embranchement des Protozoaires. Psvchodiaires, Bory St. Vincent. Phytozoides. Perty. Protistes, Haeckel. Cette section de la faune laeustre profonde est tres diffieile A traiter. Il faut iei examiner le limon et le detritus immediatement apres la p&che A laide de la loupe et du mieroseope muni de toute la serie d’objectifs des plus faibles aux plus forts et Yon doit terminer la recherche‘en peu d’heures. Ceei sous peine de prendre pour habitants re- guliers du fond certaines espeees eosmopolites dont les germes semes par l’atmosphere environnante dans leau des vases, se developpent souvent tres vite dans certaines eir- constanees. On ne sera done autorise A considerer comme formes du fond que les es- peces reneontröes de suite dans le limon ou le detritus retireE avee la pipette et tale sur divers porte-objets. Vu limmense espace que represente pour des &tres si petits le produit d’un seul dragage, les especes peu nombreuses d’ailleurs sont n&cessairement tres dissemindes et il faut souvent perdre bien du temps en tätonnements inutiles avant d’avoir sous le mieroseope des Echantillonsdu fond qui en contiennent. D’ailleurs nous avons toujours vu jusqu'iei que les Protozoaires du fond &taient plutöt rares et peu nombreux. Aucun auteur contemporain m’ayant jusquä present traite ce sujet, les seuls doeu- ments preeis et exacts rassembles iei proviendront exclusivement de nos propres re- cherehes dont nous avons deja publi& en partie les r&sultats dans le Bulletin de la So- eiete vaudoise des Sciences naturelles No. 81, page 160 et suivantes. Ces recherches n’ont pu porter eneore que sur le lae Leman, mais bien qw’ä peine ebauchees, elles ont d&ja pu servir de point d’appui A d’autres observateurs. Un de nos jeunes confreres, le Doct. H. Blane & Lausanne a pu confirmer tous nos resultats et les eomplötera sans doute par une methode speeiale de recherches, qui sera tr&s utile pour explorer surtout les Protozoaires du fond. La methode consiste A descendre, jusqu'au sol du fond, une eroix eomposde de quatre glaces solides et larges. On laisse ces plaques de verre s&journer plusieurs jours ä la place voulue que l’on reconnait par une bouce et on les retire ensuite pour racler le sediment qui s’est depos& A leur surface. L/on est toujours sür d’y trouver des Rhizopodes et des Infusoires. Il faudra sattendre A des rösultats nouveaux pour la zoologie lacustre et nous regrettons que le delai fix& nous empe&che d’avoir la suite de tout ceci pour en publier le resultat. Premiere Classe. Rhizopodes. Dujardin. Premier Ordre. Rhizopodes irreguliers ou asymetriques. Des le debut des dragages nous avons tr&s attentivement recherche ces &tres et nous n’en avons trouye jusqwiei qu’un tr&s petit nombre. Dans les eaux du littoral ils sont au eontraire tres communs. On ne peut examiner le detritus du fond des marais, ou bien l’enduit limoneux qui y revet souvent les plantes et les pierres sans y ren- eontrer plusieurs especes differentes, representees parfois par une multitude d’individus. Il y a done un contraste frappant entre la richesse de la faune littorale et la p@nurie de la faune profonde en fait de Khizopodes. Nous constaterons le m&me fait pour la classe des Infusoires et nous en indiquerons alors la raison selon nos id&es. C'est dans l’hiver de 1377—78 que nous avons fait nos premieres observations et c’est parmi le detritus molceulaire floconneux ramene par la drague A räteau que nous avons trouv& les quelques especes que nous allons eiter, qui toutes se rapportent ä des formes bien con- nues, dejäa plusieurs fois deerites et figures dans divers bons ouvrages sur cette elasse. Genre I. Amoeba. Espece No. 1: Amoeba proteus, Linne. — Amoeba princeps, Ehrenberg. Amibe majeure, Dujardin. Espece anciennement eonnue; deja bien souvent deerite et figuree par tous les au- teurs. Les figures les plus parfaites et qui repr&sentent animal ä tous les degres d’ex- pansion et dans toutes les attitudes se trouvent dans la magnifigue monographie des Rhizopodes d’eau douce-des Etats Unis par Joseph Leidy de Philadelphie (voir: Leidy „Fresh-water Rhizopodes“ Pl. I, II, IV, fig. 13—19. Pl. VII, fig. 17, 30). M. Gruber pense que d’apres certaines differenees dans le noyau on doit seinder cette espece en deux, June conservant le nom de proteus, Tautre celui de princeps. En attendant que la question soit videe nous donnerons ces deux noms comme synonymes. Station et localites. L’espece habite parmi le detritus moleeulaire du fond du lae devant Ouchy et Morges. On lapercoit en enlevant avec la pipette des parcelles de ce charnier qu’on &tale sur les porte-objets. Nous Yavons ramenee d’abord de 45 metres de fond devant Ouchy et ce printemps nous l’avons retrouyee ainsi que Mr. Blane dans des detritus provenant de 120— 150 metres environ. Elle est done commune. Origine et provenance. L’espece etant frequente dans les mares du littoral & Vidy et dans les södiments des ruisselets pres du lae il est @vident que les sujets du fond du lae proviennent par emigration de la faune littorale. Il est interessant de remarquer que Mr. Vejdovsky a retrouv& ce Rhizopode dans le detritus des puits profonds et prives de lumiere A Prague. Espece Nr. 2. Amoeba verrucosa, Ehrenberg. — Amoeba terricola, Dujardin. Dans notre premier dragage nous avons vu souvent cette espece qui est ancienne- ment connue et dont il existe egalement les meilleures figures dans Leidy „Fresh-water Rhizopods of North America, Washington 1879.“ Nous la rapportions alors & !’Amoeba terricola Greef ä laquelle elle ressemble en tout point, mais cette derniere n’habitant pas l’eau, notre espece est plutöt celle d’Ehrenberg et les figures de Leidy se rapportent parfaitement ä nos exemplaires. Station et localites. L’espece se tient comme la preeedente dans le detritus ramene du fond devant Ouchy. Nous l’avons vue d’abord en draguant par 40—50 metres puis ce printemps möme nous Javons revue dans les produits d’un dragage fait par 150 metres devant Ouchy. Origine et provenance. Comme pour la preeedente il y a eu &videmment impor- tation de la faune littorale, ear lespece habite &egalement les marais du bord du lae. Mr. Vejdovsky la trouvee aussi dans le sediment des puits de la ville de Prague. Espece Nr. 3. Amoeba radiosa, Ehrenberg. — Amoeba brachiata, Dujardin. Infus. pl. IV. — Amoeba ramosa, Ibid. — Astramoeba radiosa, Veidovsky (Ueber Rhizo- poden der Brunnen von Prag). — Daetylosphaera radiosa, Bütschli, 1880. Cette espece, tres earacteristique, est comme les autres admirablement representee dans Leidy, Pl. IV, fig. 1—18. Nous lavons trouvee plusieurs fois ce printemps, ainsi que Mr. Blane, neanmoins toujours rarement et en exemplaires isoles. Station et localites. L’espece se tenait dans le detritus du fond devant Ouchy par 150 metres environ. Origine et provenance. L'animal provient de la faune littorale, car il est commun dans toutes nos eaux stagnantes. Mr. Veidovsky le eite aussi a Prague dans les puits. Genre II. Difflugia. Espece Nr. 1. Difflugia urceolata, Ehrenberg. Carter. Peut &tre spec. nov. Gruber. Nous rapportons & la Difflugia wrceolata, Ehrenberg, une tres grosse espece que Mr. Gruber considere comme nouvelle mais qui d’apres les magnifiques figures de Leidy (loe. eitat.) serait neanmoins tellement semblable par tous les details A la Difflugia wr- ceolata, quwon ne saurait len distinguer. Nous pensions d’abord rapporter lespece lors de notre premier travail & Difflugia proteiformis, Ehrenberg, mais les planches de Leidy nous montrent quelle est plus voisine de Difflugia wreeolata que de toute autre espece. Station et localites. Nous avons 6&t6 le premier A deeouyrir et & signaler ce Rhi- zopode dans le detritus ramene par la drague devant Ouchy par 45 metres de fond. Ensuite Mr. Forel le retrouya en tres grande abondance devant Morges par 50—60 meötres et nous Yavons @galement revu Mr. Blane et moi ce printemps devant Ouchy par 150 metres de fond. Origine. Il est probablement, comme les preeedents, aussi d’origine littorale, car nous lavons retrouve au petit lae de Bret et il est commun dans diverses eaux stagnantes en Europe. Ajoutons encore ieci un genre dont l’espece na pas et€ encore trouyde en Suisse, mais qui n’y manquera probablement pas. Genre III. Cyphoderia. Espece Nr. 1. Cyphoderia margaritacea. Station et localites. Se trouve, d’apres Mr. Imhof, au fond des lacs du Bourget et d’Annecy en Savoie. Second Ordre. Rhizopodes reguliers ou radiaires. — Heliozoaires. De cet ordre, qui renferme quelques tres elegantes especes d’eau douce, nous ne connaissons encore comme forme du fond quwun seul genre avec une seule espece. Les meilleures figures sont encore iei dans l’ouyrage de Leidy dejä eite souvent. Genre I. Actinosphaerium. Espece Nr. 1. Actinosphaerium Eichhornii, Ehrenberg. Nous avons rencontr& pour la premiere fois ce Rhizopode dans nos dragages de ce printemps et Mr. Blane l’a aussi trouve. Station et localites. L’animal se tenait dans le detritues moleeulaire provenant d’un dernier dragage fait au large d’Ouchy par 150 metres de profondeur. Les exemplaires etaient fort petits. Origine et provenance. L’espece &tant frequente dans les mares dn littoral notam- ment a Vidy, elle est certainement d’importation littorale. Mr. Veidovsky trouve cet animal tr&s frequemment dans les puits profonds et prives de lumiere. Seconde Olasse. Infusoires. Des le debut de nos recherches nous fümes tr&es frappes de la rarete de ces etres dans le limon ou le detritus du fond, examine de suite apres la peche. Au bout de quelques jours on voit bien de nombreux infusoires paraitre, il est vrai, dans les bocaux, mais ces espeees sont des formes cosmopolites dont les genres sont semes partout par lair ambiant; elles n’ont rien & faire avec la faune profonde. Voici comment nous nous expliquons cette p@nurie d’infusoires dans la faune profonde, alors qwils abondent par- tout dans la faune littorale. Nous expliquons la chose par le besoin qu’ont presque tous nos Infusoires de rester plus ou moins longtemps dans l’etat connu sous le nom d’enkystement et dans lequel ils supportent parfaitement la dessiecation et le gel. Il semble m&me que, dans ces kystes, lanimal eprouve une sorte de rajeunissement; si !’on vient ä observer des infusions d’abord tres riches en genres et especes variees, au bout de quelques semaines linfusion s’apauvrit. Toutes les especes disparaissent l’une apres lautre et tombent au fond du vase pour s’y enkyster. Si alors on laisse evaporer ä see le s@diment pour le r&humecter au bout de quelques mois, on voit, quelques jours apres loperation, tous les kystes s’ouvrir en laissant echapper des multitudes de jeunes Infusoires qui s’y &taient produits par division repetee des individus enkystes. Ces alternatives necessaires de secheresse et d’mondation ne peuvent avoir lieu au fond du lac, mais le long du littoral le bord du lac est soumis aux fluetuations des hautes et basses eaux et les Infusoires peuvent s’y enkyster; aussi y trouve-t-on toutes les especes du pays environnant. Remarquons de plus que la plu- part des especes trouvees au fond du lac sont des formes parasites que d’autres animaux pelagiques ou littoraux ont pu porter dans la faune profonde. C'est le cas pour les Bryozoaires, les Crustaces et les Arachnides et aussi pour les larves d’insectes. Tous portent souvent des Infusoires parasites. A. INFUSOIRES FLAGELLES. Dans eette section nous n’avons jJusqwiei aucune espece A citer habitant normale- ment et regulierement le fond de nos lacs. Nous avons, il est vrai, rencontre frequem- ment au fond du Leman devant Ouchy la carapace d’une tres grande espece appartenant aux Peridiniens. Il s’agit du Ceratium hirundinella, O. F. Müller, que Mr. Imhof con- sidere comme nouvelle espece sous le nom de Ceratium retieulatum. Toutefois, comme cette espece est pelagique et littorale et que tous les exemplaires que nous avons eu du fond &taient morts, nous pensons que leurs carapaces tombent de la surface au fond du lac, comme celles des Entomostraees pelagiques et que par cons&quent l’espece n’appar- tient nullement & la faune profonde. B. INFUSOIRES CILIES. Premier Ordre. Vorticelliens. Dans cet ordre la plupart des especes sont fixees. Beaucoup vivent etablies sur d’autres animaux littoraux ou pelagiques. Aussi sont ce lä les premiers Infusoires re- eonnus par nous dans la faune profonde, oü ils ont &t@ emmends probablement par des animaux sur lesquels ils &taient fixes. Genre I. Vorticella. Espece Nr. 1. Vorticella convallaria, Ehrenberg. Nous avons souvent rencontre cette espece tr&s caracteristique et des longtemps eonnue et figuree par tous les sp£eialistes. — 11 — Station et localites. Nous avons trouv6& lespece devant Villeneuve, Ouchy et Morges a toutes les profondeurs fixse sur divers Crustaces du fond, ne sachant pas nager tels que des Cypris, des Acanthopus, des Lyneees. De plus sur des Arachnides et Bryo- zoaires. Les sujets du fond sont simplement plus petits en general que ceux qui sont fix&s en abondance sur des animaux ou des algues pelagiques. Origine et provenance. La faune littorale et la faune pelagique ont fourni probable- ment les sujets du fond qui y ont et& transportes par l’emigration de leurs porteurs. Genre U. Epistylis. Espece Nr. 1. Epistylis lacustris, Imhof. Nous avons reneontre sur divers Artieules du fond et sur les polypiers de la Fre- dericelle une Epistylis particuliere, qui abonde aussi sur les Crustaces nageurs de la faune pelagique surtout sur les Cyclopes. Elle a &t@ deerite et fort bien figuree par le Dr. Imhof sous le nom de Epistylis lacustris. Les exemplaires du fond ne different nullement de ceux de la surface. Station et localites. Nous avons eu cet animal partout oü nous avons drague devant Villeneuve, Ouchy et Morges. Nous l’avons observ&e d’abord en eolonies nombreuses sur les pattes de U"Hygrobates longipalpis venant des plus grandes profondeurs. Elle se re- trouvait aussi tres souvent sur les polypiers de la Fredericella sultana variet. et sur les valves de divers Crustaces Ostracodes. Origine et provenance. Les sujets du fond auront &t& importes par des animaux de la faune pelagique. Nous avons vu encore sur des Annelides du fond d’autres Epistylis plus grandes et de forme differente. Nous n’avons pas encore determine ces especes-la. Mr. Imhof eite de plus dans les lacs de la Savoie l’Epistylis nutans, Ehrenberg. Nous ne l’avons pas encore vue ici. En revanche nous avons apercu sur quelques larves de Dipteres des exemplaires isol&s de V’Epistylis branchiophila, Perty. Second Ordre. Spirostomiens. Genre I. Spirostomum. Espece Nr. 1. Spirostomum ambiguum, Ehrenberg. — Trachelius ambiguus, Ehrenberg. — Holophrya ambigua, Ehrenberg. — Enchelys caudata, Schrk. — Spirostomum semi-virescens, Perty. Le nombre des synonymes indique deja une espece depuis longtemps eonnue. Elle est partout bien deerite et figurde, mais surtout dans louvrage de Stein (Organismus der Infusionsthierchen). Cet infusoire est une veritable forme du fond. Nous l’avons souvent ee reneontre dans le produit de tous les dragages faits par nous devant Ouchy dans les profondeurs moyennes de 30—50 metres. Dejä Stein en avait trouve au fond d’un laec et il dit aussi que cette m&me espece se retrouve sur les bords de la Baltique et dans les salines de T’Adriatique. C'est du reste une forme cosmopolite. On la retrouve partout. Station et localites. L’espece se tient de preferenee dans le charnier molseulaire de- pose & la surface du limon et ramene par la drague & räteau. On peut d&jä lVaper- cevoir A la loupe comme un mince filet blane rampant sur les parois. Origine et provenance. Lespece &tant commune dans les mares du littoral, surtout a Vidy, est sans doute d’importation littorale et les individus du fond ont &migre de la zöne du rivage. Genre II. Stentor. Tous les Stentors etant de tres grands Infusoires, souvent vivement colores, il est facile de se convainere que les especes du fond proviennent toutes de celles du bord. L’importation se fait d’autant plus facilement que les Stentors, quoique pouvant bien nager, aiment neanmoins A se fixer aux Mollusques, aux Crustaees et aux debris de tout genre. Ils sont ainsi conduits passivement dans la region profonde et C'est une eonfir- mation de notre observation generale qui est, que les especes du fond sont toutes fixdes ou aptes A se fixer. Espece Nr. 1. Stentor polymorphus, Ehrenberg. — Vorticella polymorpha, O. F. Müller. — Vorticella eornuta, ©. F. Müller. — Eeeclissa viridis et cornuta, Schrk. — Stentorina polymorpha, Bor. St. Vineent — Stentor Mülleri, Dujardin. — Stentor polymorphus, Clap. et Lachm. Espece tres connue et tres bien figuree, surtout dans Stein. Station et localites. L’espece se tient sur les carapaces d’Entomostraees tombees au fond du lac, ou sur les Bryozoaires et les feuilles pourries. Nous l’avons draguee sur le bord du Mont devant Morges, par 30-40 metres de profondeur. Les sujets du fond plus petits que ceux du bord sont rarement verts. Origine et provenance. Liespece etant commune tout le long du littoral dans les mares de Vidy et de Morges, emigre de lä dans les regions profondes. Espece Nr. 2. Stentor coeruleus, Ehrenberg. — Stentor eoeruleus, Schm. — Stentor eoeruleus, Stein. Espece aussi eonnue que la precedente et parfaitement figure dans Stein. Elle se reconnait de suite & sa belle eouleur d’aigue marine qui devient parfois d’un bleu azure. 2, Station et localites. Nous avons drague lespece au m&me endroit que la pr&eedente et dans les mömes conditions. Elle a &t@ trouvee par Mr. Imhof aux lacs du Bourget et d’Anneey et par nous au lac de Neufchätel. Origine et provenance. Üette espece est partieulierement commune sous les pierres du bord depuis Villeneuve par Montreux, Vevey, St. Saphorin, Lausanne, Morges etc. Elle est egalement tres commune sous les pierres des lacs de la Vallee de Joux. Son origine littorale ne peut done faire l’objet d’aueun doute. L’espece est du reste eosmopolite. Schmarda la trouvee en telle abondance dans Veau du Nil quelle la eolore par places en bleu. Il la trouvee aussi dans les hauts laes du Perou A Paita. Rien d’etonnant par eonsequent ä la trouver au fond de nos lacs. Espece Nr. 3. Stentor Roeselii. — Hydra stentorea, Linn. — Vorticella stentorea, O0. F. Müller. — Vorticella floseulosa, Schrk. — Stentor solitarius, Ok. — Stentorina stentorea, B. St. Vincent. — Salpistes Mülleri, Str. Whrigt. Cette espece, la plus aneiennement eonnue et deerite, se reconnait de suite A la gaine qwelle s6erete autour de son corps. Elle forme tr&s souvent de petits groupes sur le dos des petites coquilles des gasteropodes aquatiques. Station et localites. L’espece n’a &t& jusqwiei dragude quune fois devant Morges par Mr. Forel & 60 metres de profondeur environ. Origine et provenance. L’espece &tant si commune dans les marais du rivage est sans aucun doute d’origine littorale. APPENDICE. INFUSOIRES SUCEURS. Genre I. Acineta. Espece Nr. 1. Acineta elegans, Imhof. Nous avons vu constamment une tres jolie Acinete accompagner les colonies de l’Epistylis lacustris. Elle nous a paru fort semblable & Z’Acineta elegans susdite, sans pouvoir eependant donner ceci comme tout A fait sür. Addition. Nous ajoutons & la classe des Rhizopodes quelques esp&ces nouvelles, qui ont &t& publiees par Mr. H. Blane & Lausanne depuis lenvoi de notre concours. Il les a decouvertes A laide de sa nouvelle methode de recherches, que nous avons eitee ci-dessus en parlant des Protozoaires en general. Mr. Blane eite 12 especes dont nous connaissions dejüa la moitie. Les especes que nous m’avions pas encore vues sont: Nr. 1. Arcella vulgaris, Ehrenberg. Assez frequente. Etangs du canton. Nr. 2. Centropyeis aculeata, Stein. Assez frequente. Nous la connaissons de divers etangs du eanton et Veidowsky la cite dans les puits profonds. - zer a Nr. 3. Pamphagus hyalinus, Leidy. Espece tres rare. Nr. 4. Hyalosphenia cuneata, Stein. Tres rare. L’on voit que la plupart de ces especes sont rares et n’ont pu &tre decouvertes que par une methode nouvelle de recherches. L’espece que jindiquais dans mon premier travail sous le nom de Difflugia protei- formis, Ehrenberg, est retrouvde par Mr. Blane, qui lui rapporte comme synonyme la ‚Difflugia globulosa de Dujardin. Voiei la liste complete de nos especes: 1. Amoeba proteus. 2. Amoeba verrucosa. 3. Amoeba radiosa. 4. Difflugia globulosa. 5. Difflugia urceolata. 6. Cyphoderia margaritacea. 7. Arcella vulgaris. 8. Centropyxis aculeata. 9. Hyalosphenia euneata. 10. Pamphagus hyalinus. 11. Actinophrys sol. 12. Une grosse Difflugia, probablement nouvelle. Seconde partie. Embranchement des Zoophytes. Coelenteres, Leuckh. Animaux planten. Ce groupe est compos& en grande partie d’especes marines; neanmoins deux des classes qui le eomposent, savoir celle des Eponges et celle des Hydro-meduses, renferment quel- ques rares representants d’eau douce ou d’eau saumätre, parmi lesquels il s’en peut ren- eontrer dans la faune profonde. Classe des Spongiaires. — Eponges. Genre I. Spongilla, Lamarck. Espece Nr. 1. Spongilla lacustris, Lieberkühn. — Spongilla fluviatilis, partim. Cette espece, tantöt d’une nuance grisätre, tantöt coloree en vert, habite les rives de la plupart de nos lacs.. On la comnait du Leman, des lacs de Neufchätel, Bienne et Morat, de ceux de Joux, des Brenets et de Ter dans le Jura, de celui de Zurich, du Katzensee, du lae de Hofwyl, et sans doute, si on la cherche convenablement, on la trouvera dans tous nos lacs. Pour nous au Leman, nous l’avons observee A Chillon et entre Montreux et Clarens formant sous les pierres des colonies discoides, ainsi qu’ä St. Saphorin et Rivaz. Tout cela ne concerne, il est vrai, que la faune littorale. L’es- peee 6tait aussi tres commune sur les pilotis du port de Morges (Forel). Nous n’avons jusqwWä present quune seule observation eoncernant sa presence dans la faune profonde, mais cette observation est tout A fait certaine et voici dans quelles conditions nous Pavons pu faire. . Station et localites. En draguant le lac de Joux nous avons retire A peu pres du point le plus profond avec la drague A räteau de grosses touffes d’un tres interessant Zr Bryozoaire qui n’avait jamais &t& signale en Suisse. Il s’agissait de la Paludicella ar- tieulata, Ehrenberg, dont les eolonies pr&sentaient comme parasites, outre de tres jolis exemplaires d’une Hydre rose (H. carnea Agass.) de petites boules irrögulieres de la taille d’une noisette et qui n’taient que de petites colonies spheroides de la Spongilla lacustris. Cette forme profonde, qui n’est jamais inerustante ni rameuse comme celle du bord, se distingue de plus par une tres belle couleur rose quelle doit comme d’autres animaux du fond A un regime compose d’entomostraees mieroscopiques, eontenant des cellules adipeuses de cette couleur. Toutefois nous ne voudrions pas pour cette unique raison imposer un nom speeial A cette forme du fond. Sa figure arrondie et sa eouleur ne eonstitue qu’une simple variet@ tenaut A la localit& oü elle se trouve forc&e de vivre. Provenance et origine. Evidemment cette forme profonde provient d’individus du bord dont les gemmules se seront attach&s aux Paludicelles qui vivent au fond. Classe des Hydro-medusaires, Vogt. — Acalephes, Cuvier. Genre I. Hydra, Linne. Cest unique genre d’eau douce que nous puissions eiter iei attendu que le Cordy- lophora lacustris, All., malgr& le nom qu'il porte, ne fut jamais trouv& dans aucun lac et ne se rencontre que dans des fleuves ou bassins communiquant avec la mer. (est une forme d’eau saumätre qui est arrivee graduellement & vivre dans l’eau douce. Le genre Hydra renferme plusieurs especes littorales qui se rencontrent presque toutes en Suisse, telles que Hydra viridis, pallens, fusca, grisea, oligactis, attenuata ete. Qutre ces especes il existe dans plusieurs lacs de la Suisse une petite Hydre qui du rivage descend jusque dans les plus grandes profondeurs. On en a retiröE du Leman par pres de 300 metres de fond. Cette Hydre rouge ou plus exactement d’un rose tres delicat eouleur fleur de pächer est souvent dans le fond presque incolore. Elle a &te observe&e d’abord sur le littoral des laes d’Irlande et d’Ecosse et nommee par Lewes Hydra rubra. Elle se rapporte parfaitement ä une esp&ce d’Amerique, provenant des lacs des Etats-Unis et deerite par Agassiz sous le nom de Aydra carnea. Nous la eitons done comme espece unique de la faune profonde. Espece Nr. 1. Hydra rubra, Lewes. — Hydra carnea, Agassiz. — Peut &tre aussi Hydra graecilis, Agassiz et Hydra Rhaetica, Asper. Cette espece semble fort repandue. Nous la connaissons dejä des lacs Leman, de Neufchätel et Bienne, du lae de Joux et des Brenets, du lae Ter, du lae de Zurich, de Constance et des grands lacs de Sils et Silvaplana de sorte quil est probable qu’on la reneontrera partout. La forme du bord qui se trouve sous les pierres de la rive est beaucoup plus grande et parfois coloree en rouge de sang. C'est la forme type de U’ Hydra re rubra de Lewes. Peut-etre sont ee de grands exemplaires de cette forme-lä que deerit Asper sous le nom de Hydra rhaetica, mais une eomparaison exacte avee le type de Lewes serait necessaire pour trancher la question. Les exemplaires des grands fonds sont au eontraire souvent tres petits avee des bras tout A fait minces et une forme tres gröle. Dans cet etat ils paraissent se rapporter ä Hydra graeilis, Agassiz. Les formes venant des profondeurs moyennes offrent la nuance fleur de p&cher, nuance qui du reste provient du regime, car un jeune absolu rend en quelques jours ces Hydres incolores. Cette espece dans eet etat devient alors hyaline et montre mieux quaueune autre les partieularites histologiques. Station et localites. Dans le L&man leespece se tient surtout perchee sur les cara- paces d’Entomostraees pelagiques formant au fond du lac un depöt floconneux. Elle abonde aussi sur les filets de fond que les p&cheurs de Feras laissent s&journer dans les grandes profondeurs en hiver. Cest ainsi que nous Yavons vue devant Ouchy et Morges par 200-300 metres. Nous avons retire du fond du lae de Joux de fort beaux exem- plaires perches en masse sur le polypier des Paludicelles. Origine. La forme de fond provient evidemment d’une importation de la faune littorale. AnAnnannnnnAnn Troisieme partie. Embranchement des Molluscoides, M. Edw. Ce groupe eurieux presente des elasses qui, par leur generation asexuelle gemmipare, produisent des eolonies arborescentes ou phytoides qui rappellent dans la serie des ani- maux binaires ce qui se passe chez les zoophytes parmi les animaux rayonnes. Une seule elasse de cet embranchement fournit des animaux d’eau douce et des sujets de la faune profonde et c’est la classe des Bryozoaires. Premiere Classe. Bryozoaires, Ehrenberg. — Bryacephales, Bronn. — Polyzoaires des auteurs anglais. Cette classe est fort mal reprösentde dans les eaux courantes ou stagnantes de la Suisse, alors que, dans d’autres pays comme l’Allemagne, l’Angleterre, la Belgique et le Nord de la France les prineipaux genres comptent partout des repr6sentants. Toutefois en Suisse on reneontre plus souvent des Bryozoaires dans les lacs de montagne aux eaux pures et transparentes. En partieulier dans le canton de Vaud, ce sont les lacs eleves du Jura dans la Vallee de Joux qui presentent A une altitude de plus de mille mötres des especes de presque tous les genres deerits pour l’Europe. De toutes ces DV especes, qui fixent ordinairement leurs colonies sous les pierres du littoral, une seule peut etre consideree comme descendant tr&s generalement dans les profondeurs et comme faisant partie de la faune profonde proprement dite, il sagit du genre ci-dessous. Genre I. Fredericelle, Gervais. — Tubularia. Blumenbach et Pallas. Naisa, Lamouroux. Ce genre, er&& par Paul Gervais en I’honneur de Frederie Cuvier, est le premier quwon ait signal& chez nous en Suisse dans la faune profonde et c'est Mr. Forel qui lindiqua des son premier catalogue de la faune profonde et cela sous le nom de Palu- dicelle. Des que nous vimes les 6chantillons nous reconnümes de suite quil ne s’agissait pas ici de la Paludicelle d’Ehrenberg, mais que nous avions sous les yeux la Fredericelle sultane, deerite et figurde depuis longtemps par Blumenbach sous le nom de Tubularia sultana. Ce genre est tres anciennement connu. L’espece type d’oü provient la forme de la faune profonde est Espece Nr. 1. Fredericella sultana, Gervais. — Tubularia sultana, Blumenbach et Gmelin. — Tubularia lueifuga, Vaucher. — Tubularia coralloides, Pallas. — Naisa sultana, Lamouroux. — Plumatella glutinosa, Fleming. — Plumatella sultana, Dumort. et Johnston. Cette espece est deja fort repandue dans la faune littorale. Par exemple pour le Leman on trouve toujours ses colonies rampant sous les plus gros cailloux de la greve a Villeneuve, Chillon, Montreux, Clarens, Rivaz, St. Saphorin, Lausanne, Morges et Geneve. Elle se montre plus rarement sur les Potamots et autres plantes du lac. Nous la connais- sons aussi sur le littoral des lacs du Jura, tels que ceux de Joux, des Brenets,*) lac de Ter, de Neufchätel et Bienne. Dans les autres lacs de la Suisse, si elle n’est pas encore signalde pour la faune littorale, e’est uniquement parce qwWon ne l’y a pas cherchee, car il ny a pas de raison pour quelle ne se rencontre pas partout oü il y aura d’assez gros debris de rochers sur la greve. En revanche la forme profonde, qui etablit ses colonies, non plus sur des corps so- lides mais direetement sur la vase, a &t& trouvee presque dans tous nos lacs. Cette forme profonde, quand elle est bien developpee, presente un polypier dresse, car lanimal se trouvant dans une eau obscure et calme n’a plus aucun besoin de se cacher et de ramper sous les pierres pour fuir la lumiere quil redoute. Pour la m&me raison leau n’etant plus agitee, le polypier n’est plus fixe, mais il est simplement implante direetement dans *) Dans ce dernier lae nous avons trouv& cet et. depuis l’envoi de ce concours, Za F. sultana autour des entonnoirs et sous les pierres en touffes @normes aussi rameuses que celles eitees par Mr. Asper au fond des lacs de l’Engadine. ee la vase et animal ne le soude plus au sol, eomme il le fait sur la greve, mais il le maintient libre. I resulte de ceei une partieularite fort eurieuse et que jusqwiei un seul genre (le genre Cristatelle) presentait. C'est la propriete de changer de place. Mr. Forel a en effet remarqu& que les petites colonies de la Frödericelle du fond se meuvent dans le limon de facon ä venir ä& la surface de celui-ei, quand elles sont re- couvertes par la vase qui les emp@che de deployer leurs tentaeules. Ce ne peut etre qwavee ces derniers et en se servant d’eux comme de point d’appui que animal parvient ä trainer son polypier derriere lu. Du reste ce ne sont que les trös petites colonies Yui peuvent se mouvoir de la sorte. Celles qui sont tres rameuses restent fieces au sol. Üe sont ces proprietes physiologiques insolites qui ont engage Monsieur Forel a proposer pour cette Frederieelle du fond un nouveau nom speeifique, mais une comparaison mi- nutieuse, nous ayant fait voir que Yanimal qui construit ces colonies ne differe absolu- ment pas de eelui qui se trouve sous les pierres du bord, et que le polypier lui meme possede entierement la m&me structure, nous voyons trop evidemment que la Fredericelle du fond est le m&me animal que eelui du bord. Descendu au fond il y etablit un po- Iypier dresse et ambulant simplement pour profiter des nouvelles eireonstances quil doit subir et auxquelles il faut bien qwil s’adapte, mais ces nouvelles eireonstances n’ont rien ehange jusqwiei A sa structure organique et pour cette raison nous ne pouvons eonsiderer cette forme comme une nouvelle espece et tout au plus laceeptons-nous comme une simple variete adaptive. Toutefois comme d’autres zoologistes pourraient preferer A cet egard Vopinion de Mr. Forel nous proposerions en ce cas de donner ä la nouvelle espeee un nom tir& de sa propriete physique la plus frappante qui est d’avoir un polypier dresse. On la nommerait dans ce cas Fredericella erecta (nobis) et on la definirait ainsi: Polypier rameus& dresse, decowvert atteignant souvent de grandes dimensions, implante d’une fagon tres mobile dans le limon du fond. Colonies parfois ambulantes et pouvant ramper dans la vase. Genre II. Paludicella, Gervais. Ce tres eurieux genre n’avait jamais et& signal& en Suisse. Il ne presente qu’une seule espece. Espece Nr. 1. Paludicella artieulata, Ehrenberg. — Aleyonella artieulata, Ehrenberg. Aleyonella diaphana, Nord. — Paludicella artieulata, Gervais, — Paludicella articulata, Allmann. — Paludicella Ehrenbergii, Van Beneden. Cette interessante espece habite plutöt les eaux du Nord de l’Europe. Signalee en premier lieu par Ehrenberg aux environs de Berlin, elle fut retrouvee en Irlande par Thompson, puis en Belgique par Van Beneden et enfin aux environs de Paris par Paul Gervais. Nous m&me en dernier lieu, draguant avec Mr. Forel il y a quelques annees 3 AR E> le lace de Joux (1009 metres) nous retirions souvent par sa plus grande profondeur de grosses touffes ressemblant au premier abord & de la filasse ou bien au chevelu de cer- taines racines. Ayant mis les touffes dans un flacon nous reconnümes A la loupe qu'on avait sous les yeux la veritable Paludicelle. Elle presente en effet des cellules elavi- formes arrangees en chapelet d’une facon absolument earacteristique et telle quwil suffit d’en avoir vu une figure, m&me mediocre, pour la reconnaitre partout. Les exemplaires retires par nous formaient done des colonies enormes eomposees de centaines de logettes d’une couleur ambree et si transparentes qu’on pouvait voir tous les organes de l’animal y eontenu. Ües Bryozoaires portaient sur leurs loges de tres beaux exemplaires de "Hydra carnea ou rubra Leeves et des colonies pisiformes rosees de la Spongilla la- custris, Lieberkh. Station et localites. Li’espece de fond a ses colonies dressees et rameuses; elle se reneontre tout pres du village du Pont, pres de la rive du lae qui fait face ä l’Abaye et c'est & peu pres le point le plus profond du lae, soit 20—30 mötres. L’espeee se retrouve aussi sous les pierres du littoral, mais elle y est toujours beaucoup plus rare. *) Les colonies y sont rampantes coll&es sous les pierres et forment la un reseau ä larges mailles compose d’un petit nombre de cellules arrangees en chapelet. Cette forme littorale rampante est la forme type telle qu’elle a toujours et figuree dans les ouvrages et surtout dans ceux de Van Beneden (Bryozoaires fluviatiles de la Belgique) ot se trouvent les meilleures figures. L’on voit par la qwil existe entre cette forme lit- torale et la forme du fond les m@mes rapports qu'entre les formes correspondantes de la Fredericella sultana et pour les m&mes raisons que nous avons donndes A propos de cette derniere nous ne considererons pas non plus la Paludicelle du fond comme une espece nouvelle. Nous avons &t& le premier et jusqwiei le seul ä signaler cette espece en Suisse. Elle ne se trouve jusqwiei que dans le lac de Joux et celui des Brenets, qui en forme la continuation direete. Il se pourrait bien toutefois que Mr. Asper lait retrouvee au lac de Cöme. Origine et provenance. La Paludicelle du fond provient &videmment de celle qui se reneontre sous les pierres du littoral et dont les gemmules (Hibernacles) tombent au fond du lac et s’y developpent. Genre III. Cristatella, Cuvier. Voiei encore un genre fort remarquable qui n’avait jamais dte signal& en Suisse jusqwiei et que nous avons &t& Je premier A d&eouvrir en draguant au mois d’Octobre le *) Nous avons rencontr&e cette annde möme au mois de Septembre dernier autour des entonnoirs du lae des Brenets de puissantes touffes de cette Paludicelle sous les pierres m&eme du bord. Elles etaient presque aussi d&veloppdes que celles du fond et venaient des larves entraindes par les courants. ee ee ee oe canal qui joint le lae de Joux & celui des Brenets pres du village du Pont. Ce genre ne contient jusqwiei qu’une espece qui est ambulante et qui passe pour le seul Bryozoaire a colonie mobile. Espece Nr. 1. Cristatella mucedo, Cuvier. — Cristatella vagans, Lamarck. — Cristatella mirabilis, Dalyell. Ce superbe Bryozoaire est non seulement le plus eurieux, mais aussi le plus grand, le plus elegant et le plus transparent de tous ses congeneres d’eau douce et c'est avec pleine raison que Dalyell lui donne le titre d’admirable. Tous les tissus en sont par- faitement diaphanes et comme la colonie ne seerete ni enveloppe gelatineuse, ni polypier la peau laisse voir par transparence jusques aux moindres details de l’organisation in- terieure. Station et localites. Nous n’avons jusqwiei rencontre cette charmante esp&ce que dans les lacs de la Vall&e de Joux par 1009 metres d’altitude. Nous l’avons d’abord draguse en Octobre par une dizaine de mötres sur un fond compose de Charas. Chaque branche de ces plantes presentait alors de grandes colonies en forme de biseuit. Tous les exemplaires 6taient remplis de Statoblastes. Quelques anndes apres nous avons trouve lespece sous les pierres du bord autour du lac des Brenets et en dernier lieu sur des bois et roseaux du petit lae Ter non loin des Charbonnieres. Origine et provenance. La forme de fond provient d’une @migration direete ou in- direete des exemplaires du littoral, ce qui se peut d’autant mieux faire que les colonies se deplaecent quoique fort lentement ä& la fagon des Gasteropodes. On reneontre frequemment dans les lacs des Alpes et du Jura des especes du genre Alcyonella. Elles se rapportent soit & ZAleyonella fungosa, Pall., soit aux Aleyonella Benedenii et Dumortieri, Allmann, mais ee sont la des formes littorales et jusqu'iei on wen eonnait point de la faune profonde. Il en est de m&me pour les Plumatelles que Yon rencontre parfois dans la faune littorale. Aleyonelles et Plumatelles abondent du reste sur le littoral des lacs de la Vallee de Joux. 4 genz 4 Ari — 20 — (Juatrieme partie. Embranchement des Mollusques, Cuvier. Nous n’avons de representants de ce groupe dans la faune profonde que pour deux elasses. Premiere Classe. Gasteropodes, Cuvier. A. PULMONES. a) Famille des Limmaeides. Genre I. Limnaea, Brugniere. Espece Nr. 1. Limnaea profunda, S. Clessin. Cette espece n’a ete signalde encore que dans le Leman par Mr. Forel qui en a retire des plus grandes profondeurs. Mr. Clessin pense que c’est une variete adaptive derivant peut &tre de la Zimnaea stagnalis, Linne. Station et localites. L’espece habite le limon du Leman devant Morges et Villeneuve par 150—200 metres et plus de profondeur. Espece Nr. 2. Limnaea abyssicola, A. Brot. Cette espece la a &t& reconnue par Mess. Brot et Clessin comme forme adaptive derivant de la Limnaea palustris, O. F. Müller; Bueeinum palustre, ©. Müller. Celle-ei est commune dans les mares du littoral. Station et localites. Habite le limon du fond du lac devant Morges, Lausanne et Villeneuve. Elle a &te retrouvee bien que tr&s rarement par Mr. Asper aux lacs de Vallenstadt, de Zoug et de Cöme. Nous en avons dernierement drague encore par 150 mötres de profondeur devant Ouchy. C'est sur cette espece et la preceedente que Mr. Forel a d’abord observe que le poumon fonetionne comme une branchie, car des pro- fondeurs enormes oü ils vivent ces gasteropodes ne sanraient jamais venir A la surface pour y respirer comme font leurs eongeneres des marais. Nous avons dernierement trouve encore un exemplaire de cette espece au lac de Neufchätel devant Grandson. Provenance. Provient de la faune littorale. > Espece Nr. 3. Limnaea Foreli, S. Clessin. Cette espece ne serait non plus suivant Mr. Clessin qu’un simple derive de la Zimnaea aurieularia, Linne, qui est tr&s commune sur le littoral du Leman et dans les mares avoisinantes. N N Er De Station. L’espece a ete draguce dans les m&mes conditions que les preeedentes, mais plus rarement encore. Elle fait defaut dans d’autres lacs Suisses. Origine et filiation des Limndes. Toutes les especes susdites proviennent on le voit de formes de la faune littorale, qui ont emigre au fond du lac y sont devenues un peu differentes et surtout plus petites et Sy sont accoutumees A ne plus respirer d’air. La chose est evidente pour les numeros 2 et 3 dont les formes littorales savoir la Zimnaea palustris et la Limnaea auricularia habitent le lae m&me. Pour le No. 1, qui deriverait de la Zimnaea stagnalis comme cette derniere n’habite pas normalement le lac, la filiation serait moins nette bien que l’importation puisse avoir eu lieu indireetement. B. GASTEROPODES BRANCHIAUX. a) Famille des Valvatides. Genre I. Valvata, Müller. Espece Nr. 1. Valvata lacustris, S. Clessin. D’apres Mr. Olessin cette forme de la faune profonde deriverait de l’esp&ee littorale connue sous le nom de Valvata antiqua. Station et localites. L’espece habite le limon du fond du Leman ä diverses pro- fondeurs et a &t& draguce devant Morges et Villeneuve. Provenance. L’espece derive de la faune littorale. C’est une forme adaptive de la Valvata antigua, qui outre le Leman a et& signal&e encore par Mr. Asper aux lacs de Zwich et de Pfäffikon. b) Famille des Paludinides. Genre I. Bythinia, Gray. Espece Nr. 1. Bythinia tentaculata, Linne. — Helix tentaculata, Linne. — Paludina tentaeulata. — Paludina impura. — Paludina jaculator. Station et localites. L’espece semble fort repandue dans nos laes Suisses. Elle abonde dans le Leman oü elle fait regulierement partie de la faune profonde devant Morges, Ouchy et Villeneuve. On la retrouve aux lacs de la Valldee de Joux dans le haut Jura, puis aux lacs de Neufchätel et Bienne. Dans la Suisse allemande Mr. Asper la observ&e dans les lacs de Zurich et de Greifensee. Origine et provenance. Liespece a &migr& simplement de la faune littorale oü elle est partout tres commune aux m&mes lacs ol onla retrouve depuis les bords jusques au fond. Les exemplaires du fond sont toujours beaucoup plus petits. L’animal est tout blane et sa coquille & peine teintee en jaunätre, tandis que les sujets du littoral ont la coquille ambree et Yanimal noirätre. Seeonde Classe. Peleeypodes, V. Carus. — Lamellibranches, Cuvier. Cette elasse renferme plusieurs especes appartenant & la faune profonde et derivant de la facon la plus &vidente des formes littorales, mais chose curieuse toutes ces es- peees se rapportent & un seul genre (le genre Pisidium) et ehose "eneore plus curieuse, presque chaque espece de la faune profonde a pour s&jour favori un lae speeial quelle contribue A caracteriser. a) Famille des Sphaerides, Locard. Genre I. Pisidium, ©. Pfeiffer. Espece Nr. 1. Pisidium profundum, S. Clessin. Station et localites. Cette espece a &te retiree du Leman devant Villeneuve par 60—80 metres de profondeur. Elle se tient comme les suivantes dans le limon oü elle ereuse des chemins. Espece Nr. 2. Pisidium oceupatum, S. Clessin. Station et localites. Habite le limon du fond dans le lae de Neufchätel jusqwä 60—70 metres de profondeur. Nous en avons retire des S—10 metres. Espece Nr. 3. Pisidium Foreli, S. Clessin. Station et localites. Habite en tres grande abondance le limon du fond du L&man depuis 30—300 metres de profondeur d’apres Mr. Forel. C'est la l’espece caracteristique du Leman. On ne l’a encore retrouvee quau lace de Constance. Espece Nr. 4. Pisidium urinator, S. Clessin. Station et localites. Habite le iimon du fond du lae de Zurich par 30-—150 metres de profondeur. Espece Nr. 5. Pisidium quadrangulum, S. Clessin. Station et localites. Habite le limon du fond du lac de Lucerne par 70—200 metres de profondeur. Espece Nr. 6. Pisidium Tritonis, S. Clessin. Station et localites. Habite le limon du fond du lac de Greifensee par 30 metres de fond. Il existe encore un certain nombre de Pisidiums eites par Mr. Clessin et deerits par lui comme especes nouvelles. Si nous les omettons iei e’est que ces especes sont ou a bien de la faune littorale seulement ou bien d’une zöne intermediaire entre les regions littorales et les regions profondes. D’ailleurs tous les zoologistes specialistes n’ont pas encore admis definitivement ces especes comme nouvelles. Origine et provenance. Beaucoup de ces especes proviennent sans doute de formes littorales, mais jusquwiei la filiation n'est prouv6e que pour un petit nombre. Ainsi p. ex. pour le Pisidium Foreli Mr. Clessin admet quil provient du Pisidium nitidum littoral, mais pour les autres especes profondes il n’en indique pas l'origine. uannnannnannn Cinquieme partie. Embranchement des Vers. Cet embranchement est un de ceux dont les diverses classes comptent le plus de representants dans le limon du fond des lacs. Quelques unes des especes que nous y avons observ6es sont absolument sans analogues dans la faune littorale. On ne les re- trouve jamais non plus dans les eaux du pays environnant et elle rapellent par leur organisation des formes marines, ou bien derivent peut &tre des eaux souterraines pro- venant des puits profonds et des cavernes voisines des laes oü on les rencontre. Ce groupe des Vers n’a pas encore pu &tre etudi& comme il le faudrait et la determination exacte des especes trouvdes dans nos divers lacs laisse encore beaucoup trop & desirer. Jusquw’ä present nous n’avons de renseignements preeis et de speeification assurde que pour le lae Leman et cela nous pouvons bien le dire gräce & nos propres recherches publiees dans le Bulletin de la SocietE vaudoise des sciences naturelles, dans les comptes- rendus de la SocietE Helvetique des sciences naturelles et dans les Archives de zoologie ewperimentale de Mr. de Lacaze Duthiers. Premier sous-embranchement. Platyhelmintes, Leuckhardt. — Platodes. — Acoelomes, Haeckel. — Parenchymateux, Cuvier. Cette premiere division ne comprend pour nous que deux classes. Savoir: I. Platodes libres ou Turbellaries, II. Platodes parasites ou Entozoaires. La premiere classe seule renferme & proprement parler des habitants reguliers de la faune profonde. On trouve bien ga et la dans certains lacs quelques rares sujets ap- partenant & la classe des Parasites, mais ce sont la des individus egares, fourvoyes qui pour une raison queleongue, ayant quitte le corps de leur höte habituel, ou se rendant en pelerinage d’une espece ä lautre se trouvent momentandment dans le limon du fond meles aux especes non parasites. Ce sont la des trouvailles accidentelles qui ne font aucunement partie de la faune normale. Pemiere Classe. Turbellaries, Ehrenberg. — Platodes libres nobis. Des trois ordres dont se composerait pour nous cette classe (Rhabdoeeles, Dendro- eeles, Rhynehoeeles), les deux premiers seuls presentent des especes lacustres. Premier Ordre. Rhabdoceles. a) Fuamille des Macrostomides, E. V. Beneden. Genre I. Macrostoma, V. Beneden. — Macrostomum, ex parte. — Turbella Diesing, ex parte. Especes Nr. 1. Maerostoma hystrix, Oerst. — Turbella hystrix, Diesing. — Planaria appendieulata, Fabrieius. — Macrostoma appendieulatum, Oerst. — Turbella appendieulata, Diesing. Cette espece est tr&s connue, tres bien deerite et tr&s bien figurde en divers ouvrages. Station et localites. Nous avons trouve l’animal frequemment dans le detritus foconneux du fond du Leman, ramene par la drague A räteau devant Morges et devant Ouchy par 30—60 et 150 metres de profondeur. Origine et provenance. Liespece etant aussi commune dans les mares du rivage communiquant avee le lac lors des hautes eaux (par exemple a Vidy pres du Flon) Fim- portation littorale est de toute Evidence. b) Famille des Microstomides, 0. Schmidt. Genre I. Microstoma, OÖ. Schmidt. — Microstomum, ©. Schmidt. — ex parte Microstoma, Oerst. — ex parte Anotocelis et Typlomicrostomum, Diesing. — ex parte Strongylostomum, Schmard. Especes Nr. 1. Micerostoma lineare, Oerst. — Faseiola linearis, ©. Müller. — Planaria vulgaris, Fabrieius. — Derostoma leucops, Dugis. — Derostoma flavicans, Ehrenberg. — Planaria faleata, Dalyell. — Mierostomum giganteum, Hallez. L’on voit par tous ces synonymes quil s’agit d’une espece bien des fois deerite et figuree, notamment dans les derniers travaux de Graff oü se trouvent les meilleurs dessins. Station et localites. L’espece se rencontre souvent devant Morges, Ouchy et Ville- neuve parmi les debris d’Entomostraces pelagiques accumules au fond du lac. On la trouve a toutes les profondeurs. Dernierement encore nous en avons trouve beaucoup devant u Sie ee ee 23 — Ouehy par 150 metres. Chez les sujets venant des grandes profondeurs les points oeu- liformes rouges ou oranges d’ordinaire pälissent et deviennent presque imperceptibles, au point quwon serait parfois tente sans un examen fort minutieux de prendre ces sujets pour aveugles. En meme temps ces sujets se distinguent par une teinte rosce semblable a celle de ’Hydra carnea et tenant A la m&me cause, d’est-ä-dire A Talimentation par de petits Entomostraeds A tissu adipeux orange. Nous ne ferons point pour cela de cette forme-la une espece nouvelle puisquwil est trop Evident pour nous que e’est le m&me animal que les sujets du bord. En effet on trouve au lac de Neufchätel des le rivage de semblables individus. Il sen trouve aussi dans les mares du littoral du Leman. Origine el provenance. Les sujets de la faune profonde proviennent par importation de la faune littorale. On retrouvera done probablement lespece dans nos divers lacs, puisque lanimal est fort repandu partout dans les eaux stagnantes de tout le pays. Genre II. Stenostoma, Graff. — Stenostomum, 0. Schmidt. Espece Nr. 1. Stenostoma unicolor. — Stenostomum leucops, O. Schmidt. — Mierostomum leuecops, Oerst. Encore une espece tres connue et bien decrite. Station et localites. Cette petite espece a &te trouvee par nous dans le detritus molc- eulaire ramen& par la drague & räteau par 45 A 60 & 150 mötres de profondeur devant Morges et Ouchy. Sa taille, presque mieroscopique, la rend diffieile a trouver. Origine et provenance. Les sujets rencontres au fond proviennent &videmment des bords, ear animal est encore beaucoup plus frequent dans toutes les mares du littoral et dans les eaux stagnantes du canton. e) Famille des Prorlynchides, Diesing. Genre I. Prorhynchus, M. Schultz. — Geocentrophora, de Man. Espece Nr. 1. Prorhynehus stagnalis, M. Schultz. — Prorhynehus fluviatilis, Leydig. Prorhynchus rivularis, Fedsch. — Planaria serpentina, Dalyell. — Prorhynchus serpentinus, Leuckhardt. — Opistoma serpentina, Johnston. Voiei un genre et une espece absolument caracteristique. L’espece a &t& plusieurs fois deerite et figuree notamment tres bien par G. Wagener. Station et localites. L’espece se reneontre dans le limon du fond du Leman devant la ville de Morges. Elle n’y est pas frequente et les exemplaires etant toujours beau- coup plus petits que ceux du littoral sont tr&es difficiles a voir et & saisir. Nous en avons obtenu de diverses profondeurs jusqwä 60 metres. Nous l’avons re- trouvee devant Ouchy par 45 metres. En outre on les rencontre, bien que rarement, 4 Dee dans les mares de Vidy communiquant avec le lac durant la periode des hautes caux et de plus dans divers ruisseaux et mares du eanton. Origine et provenance. Evidemment cet animal est d’importation littorale et les sujets du fond proviennent par &migration des eaux des bords. d) Famille des Proboscides, J. V. Carus. Genre I. Gyrator, Ehrenberg. — ex parte Prostomum autt. — ex parte Vortex, Diesing — Rhynchoprobolus, Schmard. Espeee Nr. 1. Gyrator hermaphroditus, Ehrenberg. — Prostoma lineare, Oerst. — Prostomum furiosum, O. Schmidt. — Gyrator furiosus, Diesing. — Turbella notops, Diesing. — Derostoma notops, Dug&s. — Prostomum banaticum, Graff. — Gyrator eaecus, Graff. Le nombre des synonymes‘ annonce deja une espece fort eonnue bien des fois de- erite et surtout bien &tudice par Hallez qui en a donn& une excellente Monographie. Station et localites. LWanimaleule habite le charnier moleeulaire d&pose sur le fond du lae devant Ouchy et surtout devant Morges par 45—60 mötres de profondeur. Les exemplaires du fond sont roses tres transparents, les points oculiformes au lieu d’ötre noirs comme chez les sujets du bord sont rouges ou oranges. Quelquefois ils dis- paraissent totalement. C'est cette forme aveugle qui a &t& indiqu6e par Graff eomme espece nouvelle sous le nom de Gyrator c@cus, mais nous n’y pouvons voir que le m&me animal du bord simplement prive des points oculaires et rendu plus transparent par les eireonstances du milieu ambiant. La couleur rose s’explique par son regime speeial. Origine et provenance. Lannimal etant frequent dans les etangs transparents du eanton et aussi dans les mares du littoral son importation littorale ne saurait faire le moindre doute. e) Famille des Mesostomides, Duges. Genre I. Mesostoma, Duges. — ex parte Mesostomum et Typhloplana autt. — Tetracelis, Ehrenberg. — Strongylostoma, Oerst. — Schizostomum, OÖ. Schmidt. — ex parte Turbella et Vortex, Diesing. Espece Nr. 1. Mesostoma produetum, Leuckhardt. — Schizostomum productum, ©. Schmidt. — Turbella produeta, Diesing. — Fasciola grossa, Müller. — Planaria srossa, Müller. — Derostomum grossum, Duges. — Mesostomum fallax, Schneider. Turbella fallax, Diesing. Espece tres connue, assez souvent deerite et figurde notamment par Öse. Schmidt. Station et localites. Nous n’avons jusqwiei rencontre Vespece au Leman que devant Morges parmi le detritus moleeulaire ramen& par la drague A räteau depuis 60 metres jusques au rivage m&me. Nous en avons retrouv& un exemplaire au lae de Joux. Origine et provenance. Comme lespece A Morges est commune aussi dans la faune littorale oü elle se trouve encore plus souvent que dans le fond, il est certain pour nous que les exemplaires du fond proviennent de ceux des bords qui ont emigre. Liespece est done d’origine littorale. Espece Nr. 2. Mesostoma lingua, O. Schmidt. — Planaria lingua, Müller. — u Turbella lingua, Diesing. Espece tres eonnue et bien figuree. Station et localitds. Cette espeee se rencontre parfois dans le detritus du fond devant Morges A diverses profondeurs. Elle est tres commune aussi au fond du lac de Joux (1009 m£tres) dans le haut Jura. Les exemplaires du fond sont plus transparents que ceux des bords et ont souvent les points oculaires rouges. Origine et provenance. Liespece se trouvant frequemment dans les mares et etangs en divers lieux du canton et se trouvant en partieulier fr&quemment aussi dans les mares du littoral A Vidy p. ex., il est elair que les sujets du fond ne peuvent provenir que de la faune littorale. Espece Nr. 3. Mesostoma rostratum, Ehrenberg. — Faseiola rostrata, Müller. — Planaria rostrata, Müller. — Derostoma rostratum, Duges. — Turbella rostrata, Diesing. — Planaria velox, Dalyell. — Dalyellia velox, Johnston. — Mesostomum Wandae, ©. Schmidt. — Turbella Wandae, Diesing. — Mesostomum variabile, Weiss. Mesostomum montanum, Graff. On voit par tous ces synonymes que beauceoup d’auteurs ont eu sous les yeux cette espece tres earaeteristique et lont deerite et figurde sous des noms differents, ce qui montre une fois de plus eombien il faut se defier des noms nouveaux appliques A des especes que Yon eroit nouvelles et qui sont depuis longtemps deerites. Notre espece est tres bien figur&e dans les travaux de Schmidt et de Graff. Station et localites. Jusquiei nous n’avons eu cet animaleule que devant Ouchy par 45 metres de profondeur. L’espece se tient dans le detritus mol&eulaire ramene par la drague A räteau. Les exemplaires du fond sont incolores plus petits que ceux des marais et presque mieroscopiques. Cette jolie espece nage tres vite. Elle est souvent d’une teinte rosece, comme celle de "Hydra carnea, Agass. Origine et provenance. L’esptce commune dans les tourbieres et les pres inondes se trouve aussi dans les mares du littoral, done les individus du fond proviennent de la ‚faune littorale. 2 ge zer 2 er Ed en Sit te 2 ab nn cu ”z { a 4 x rt a I Bin er 33. — Espece Nr. 4. Mesostoma trunculum, O. Schmidt. — Mesostomum truneulum, O. Schmidt. — Turbella truneula, Diesing. — Mesostomum banaticum, Graff. Cette espece est deja bien figurce par O. Schmidt et Graff. Station et localites. L’espece habite le fond du lac parmi les debris d’Entomostraces pelagiques morts qui tombent et s’aceumulent en abondance dans ces regions. Nous n’avons jusqwiei recolte Yanimal que devant Ouchy par 45 metres de fond pendant l’hiver et nous n’en avons encore jamais trouve que dans le lac. Origine et provenance. Liespece se retrouvant dans les mares et eaux stagnantes en divers points de l’Europe est probablement importee du littoral, mais cette origine ne sera demontree que quand on aura des sujets du bord du laec trouves dans les mares du Jittoral. Espece Nr. 5. Mesostoma splendidum? Graff. Monographie der Rhabdoeoelen, Leipzig 1882. Nous rapportons avee quelque doute A cette espece un tres beau Mesostome, avec points oculiformes du plus beau carmin. L’animal appartient aux petites especes du groupe. Station et localites. Nous n’avons observe ce Mesostome que devant Morges dans le produit des dragages faits depuis 30 & 60 metres de profondeur. Il se tient parmi les floeons du detritus moldeulaire, mais il nage aussi fort bien et s’eleve souvent Jusquw'au niveau de leau des vases. Il est transparent et pourrait appartenir temporairement ä la faune pelagique. Origine et provenance. Nous eroyons avoir vu animal dans les mares de Vidy. Il serait done d’importation littorale. Genre II. Typhloplana, O. Schmidt. Espeee Nr. 1. Typhloplana viridata, Ehrenberg, — Planaria viridata, Müller. — Derostoma viridatum, Duges. — Mesostoma viridatum, M. Schultz. — Typhloplana variabilis, Oerst. — Mesostoma lapponieum, O. Schmidt. — Planaria prasina, Dalyell. — Typhloplana prasina, Johnston. — Derostoma vorax, Johnston. Espece tr&s aneiennement eonnue et qui attire de suite l’attention des observateurs par sa belle couleur verte et son agilite. C’est un des plus petits Rhabdoceles, pas plus grand que eertains grands Infusoires. Il est & peine visible A loeil nu comme une petite ligne verte. Station et localites. Nous avons trouv& frequemment cette jolie petite espece devant Morges et devant Ouchy ä diverses profondeurs jusques ä 150 metres. Elle se tient dans le dötritus mol6deulaire et A la surface du limon. L’animal rampe et nage vivement sur les parois des vases ol l’on tient le produit de la p@che et on n’a qu’ä les passer en reyue avec la loupe pour en apercevoir plusieurs. Les exemplaires du fond sont d’un vert jaunätre, tres päle. Nous lavons revu au lac de Joux. Origine. L’espece etant commune dans les mares du pays est d’importation littorale. Espece Nr. 2. Typhloplana sulfurea, ©. Schmidt. Nous avons observ& frequemment cette petite espece (d'un jaune soufr& et quelquefois legerement fauve) devant Morges. Station. Habite le detritus moleculaire ramene par la drague & räteau par 30 A 60 metres de profondeur. ÖOrigine. L’espece est tres commune dans les eaux stagnantes du pays. L’esp&ce habite aussi divers ruisselets. Elle est done sans doute d’importation littorale. f) Famille des Monotides, Graf. Genre I. Monotus, Diesing. Comme il s’agit ici d’une espeee nouvelle et fort eurieuse nous allons en donner une deseription sommaire et une figure, afın que animal puisse &tre mieux reconnu. Definition du genre Monotus. Animal a vesieule auditive frontale, placde entre deux taches pigmentaires oculiformes. Espece Nr. 1. Monotus Morgiense (nobis). — Mesostomum auditivum (nobis). — Mesostomum Morgiense (nobis). — Otomesostoma Morgiense, Graff. Description. Longueur. Elle va de 1—2, 3—5—10 millimetres et plus selon läge et la eroissance des sujets. Largeur: /„—2—3 millimetres. Forme. Le eorps, tres eontractile, peut prendre toutes sortes d’aspects, mais dans la reptation ou la natation lente le long des parois d’un vase ou sur le sol l’animal res- semble quand il rampe a une petite feuille arrondie A l’un des bouts et lanc6olee A l’autre, tandis que dans la natation la feuille est alors laneeolde aux deux extremites. Le dos est bombe, le ventre est aplati. Couleur. La nuance generale du fond est une teinte cafe au lait. Cette nuance peut devenir blanchätre ou au contraire brune selon l’etat des sujets. Sur ce fond Yon voit se dessiner au milieu de la face dorsale une grande tache ovale d’un brun fonee, tres souvent aussi noire, ou plus rarement rose et quelquefois m&me d’un rouge vermillon. Cette tache est bordee A droite et ä gauche par deux festons d’un blane laiteux. La tache est le sac digestif. Les trainees laiteuses sont les vitellogenes. En avant du sac a la pointe anterieure du corps on remarque un point d’une eouleur tantöt rousse tantöt a A nl 7 ;. EI Te Pre 4 — 30. — noire, il est form6 par les deux taches oculiformes r&unies toutes deux par une vesieule auditive frontale placee entre elles. La face eentrale de Yanimal est aplatie, elle est blanche ou legerement roussätre. Au ventre on remarque comme une petite rosace en forme de roue; e’est la bouche. Au dessous d’elle un point presque imperceptible denote Youverture des organes sexuels. Partieularites anatomiques. La peau se eompose d’une simple eouche de cellules plates, epitheliales, irregulierement polygonales couvertes de eils courts et serres. (es cellules A noyau ovale sont ceriblees de pores pour le passage des eils et des bätonnets qui sont places sous l’epiderme et qui sont scerätes par des glandes monoeellulaires la- geniformes. L’epiderme eilie repose sur une membrane basilaire tr&s fine qui le separe d’une eouche museulaire eomposde de fibres longitudinales et transversales ou annulaires, qui forment deux zönes se eroisant A angle droit. La fibre museulaire lisse et rubande A ses extremites est souvent rameuse, les fibrocellules ne presentent iei ni noyau ni en- veloppe. Le saec digestif parfaitement ovale est termine en eul de sac A ses deux extr&mites. Il souvre par un pore buceal arrondi debouchant au milieu de la face ventrale. Ce pore est Youverture non pas direetement de lintestin, mais d’une poche ou gaine eireulaire qui eontient une trompe tr&s courte en forme de baril. Cette trompe forme une rosace tres eontractile composde de museles radiaires et eireulaires qui Iui permettent de w’al- longer et de se retreeir en faisant saillie au dehors. La paroi du sae digestif est formee uniquement par de longues cellules pedieulees elaviformes, dont le bout interne en massue regarde en dedans, tandis que tous les pedieules sont appuyes en dehors di- reetement sur le tissu cellulaire m&sodermique, qui forme un reseau eomblant lintervalle entre la peau et lintestin. Ce dernier n’a done aueune tunique, aueune membrane d’en- veloppe et n’est limit& que par les cellules &pitheliales elaviformes, ee que les mac&rations demontrent A levidence. II n’y a pas de cils sur ces cellules digestives. Elles sont nues sans aucune membrane d’enveloppe et elles presentent au moment de la digestion et quand on les isole sur le porte-objet les m@mes eurieux mouvements amoeboides signales en premier lieu par nous chez le Plagiostoma Lemani. Quant au parenchyme mesodermique retieule qui unit les deux feuillets du corps, c'est entre ses mailles que se glissent les glandes sexuelles et les vaisseaux aquiferes. Ce qui frappe en premier lieu ce sont A droite et A gauche les deux vitellogenes en forme de traindes de lobules blanes & la lumiere ineidente et noirs par transparenee. Au dessous du pharynx un pore genital unique eonduit dans un vestibule ol aboutissent les ovaires et les testieules qu’on voit tres diffieilement A cause de Yopacite des tissus. Les ovaires sont pairs et en grappe, les testieules sont des vesieules &parpilldes dans le parenchyme en formant deux trainees follieulaires & droite et A gauche en dedans des vitellogenes. La vesieule seminale A laquelle convergent les faiseeaux de zoospermes se A. continue en pointe sous la forme d’un penis chitineux termine par une couronne de erochets ou d’epines simples. Les vaisseaux aquiferes (A flammes vibratiles plaeces ou dans les canaux, ou dans des entonnoirs) sont jei tres diffieiles A voir et nous ne con- naissons pas leur disposition generale, ni leurs orifiees. Le point le plus interessant de lorganisation eoncerne la vesieule auditive ou Otocyste. Elle repose direetement sur le ganglion eer&bral bilobe qui est tr&s diffieile A apercevoir et dont les nerfs efferents ne peuvent &tre suivis A cause de l’'opaeite des teguments. La vesieule pleine d’un liquide transparent renferme un seul otolithe globuleux et a couches eoneentriques. Il semble soutenu dans le liquide ambiant par un ruban proto- plasmique grisätre en forme d’anneau. Il est toujours immobile et Yon ne peut deeouyrir dans la vesieule ni eils ni poils acoustiques d’aucun genre. A droite et ä gauche de la vesieule deux taches pigmentaires triangulaires s’etendent plus ou moins loin suivant les sujets. Nous n’avons pu decouvrir sous ce pigment aucune trace de eristallin. Peut ötre que la vesieule auditive en fait aussi les fonetions et quelle represente en m&me temps leeil et loreille. Il est eertain d’ailleurs que, vu sa transparence, elle peut röfraeter les rayons lumineux comme une lentille a forte eourbure. Soit la vesieule auditive, soit les taches pigmentaires, reposent direetement sur le ganglion eerebral et sous la eouche &pidermique, les organes sont done souscutanes. Station et localites. C’est nous qui avons decouvert et fait connaitre dans un travail speeial publi& dans le Bulletin de la soeiete vaudoise des sciences naturelles*) ce re- marquable Turbellari6.. Nous avons en deerivant son organisation, signal& les rapports que cette espece semble prösenter avec certaines formes marines d’ancienne origine du groupe des Monotides. Ces formes se rapportent au genre Convoluta Aphanostoma et sur- tout au genre Monotus, duquel l’Otom&sostome semble se rapprocher beaueoup. Ces genres sont marins. Notre travail a recu une pleine confirmation et une conseeration suffisante par la magnifigue monographie de Graff dans laquelle cet auteur admet notre nouvelle espece sous le nom que nous lui avions attribu& d’abord. L’espece se tient dans le limon du fond et surtout aussi dans le detritus mol6eulaire qui forme A la surface du limon une couche floconneuse legere. Si Von recolte ce de- tritus dans des vases assez haut, l’on voit bientöt les Otome&sostomes s’en degager partout et nager avee une telle vivacite, en appointissant leurs deux extremites que je ne connais aucun autre Turbellari& dou& de mouvements aussi vifs. Dans ces conditions notre espece se rencontre depuis quelques metres de profondeur jusqwWaux plus grands fonds. Nous lavons trouvee devant Morges, Ouchy et Villeneuve A tous les dragages et A toutes les profondeurs jusqu’a 150 metres et en toute saison il se presente des individus adultes et portant des eufs mürs. L’espece semble tres repandue en d’autres lacs. Nous lavons dragu6e tres souvent devant Yverdon et Grandson *) Materiaux pour la faune profonde du L&man, II° et II® serie dans Bulletin No. 75 et 76. EBD au lae de Neufchätel, nous Yavons retrouvece au lae de Joux dans le Jura (1009 me£tres). Mr. Forel Ya draguce au lace de Zurich et probablement que partout ol Mr. Asper in- dique dans ses recherches quil a trouve des Mesostomes notre espece en faisait partie; malheureusement ce zoologiste n’ayant jamais determine exactement les especes de vers qwil a rencontrees, on n’a pas de certitude a cet Egard. Mr. Asper eite des M&sostomes dans les laes de Zurich, de Cöme, lae Majeur, lae de Klön. Il est probable qu'on les retrouvera partout. Un fait qui eontraste absolument avec la frequence de cet animal dans la faune lacustre, c'est qwon ne le retrouve nulle part que dans les laes. Il w’existe dans aueun marais du littoral ni dans les eaux stagnantes ou cowrantes du reste du eanton. Nous l’avons recherche avee soin et il est si caracteristigne quwil maurait pu nous &chapper. Il wexistait non plus dans le limon d’aueune de nos rivieres.*) Origine et provenance. Comme d’apres son organisation animal se rapproche beau- eoup de types purement marins et de tr&es ancienne origime comme les Monotus et les Monocelis, serait-il un transfuge de la faune marine? ou bien proviendrait-il des eaux des cavernes ou des puits communiquant avec nos lacs? (est ce que des recherches ulte- rieures seules pourront deeider. Dans tous les cas il ne provient pas des animaux de la faune littorale, sans cela il se retrouverait dans les eaux du pays environnant. Monotus Morgiense (nobis). — Otomesostoma Morgiense, Graff. — Mesostomum Morgiense (nobis). Notre figure represente l’animal nageant sur un fond obseur et vu & la lumiere ineidente par la face dorsale A un grossissement de vingt fois en diametre. On apercoit V’otoeyste, les points oculiformes, le sac digestif et les vitellogenes. L’animal est examine vivant et sans compression. 9) Famille des Vortieides, Graf. — Derostomees Verst. — Opistomees, Schmard. Genre I. Vortex, Ehrenberg. Espece Nr. 1. Vortex intermedius (nobis). — Peut &tre = n = RT Fig. 1. G. de Plessis ad Vortex truncatus (variet.) natur. viv. delin. - Cette espece que nous ninserivons qu’avee point d’interrogation pourrait bien n’ötre qu’une variete adaptive du Vortex truncatus si commun dans les mares du littoral, *) Nous venons d’apprendre par une lettre de Mr. O. Zacharias ä& Mr. Forel que parmi des Tur- bellaires de certains lacs de Silesie, il s’en trouve un qui n’est autre que notre Monotus ou une espece tr&s voisine. mais dont elle difiere pourtant par sa taille beaucoup plus grande, son front bombe et non tronque, sa teinte cafe au lait beaucoup plus elaire, et ses marbrures pigmentaires. Il y aurait aussi quelques differences anatomiques peu importantes. Station et localites. Nous avons trouv6 Yanimal devant Ouchy par 45 mötres de fond, dans le charnier moleeulaire qui se depose A la surface du limon. Origine et provenance. Comme nous avons retrouve dans les mares de Vidy et d’Ouchy la m@me espece, elle est bien certainement d’origine littorale. h) Famille des Plagiostomides, Graf]. Genre I. Plagiostoma, ©. Schmidt. Espece Nr. 1. Plagiostoma Lemani (nobis). — Vortex Lemani (nobis). — Planaria Lemani, Graff. Ce ver est la trouvaille la plus interessante faite jusqwä present parmi ses conge- neres lacustres. Mr. Forel le decouyrit des ses premiers draguages. I! le prit alors pour une Planaire et des qwil nous en fit voir quelques exemplaires nous Tui deelarämes aussitöt quil ne s’agissait point d’une Planaire, mais bien au contraire d’un Rhabdoc2le tout partieulier constituant une espece nowvelle tres interessante. Nous fümes done le premier ü signaler et ü faire connaötre cet animal dans un travail speeial et detaille.*) La meilleure preuve que nous puissions donner de la justesse de nos vues, e’est que Mr. Graff vient de publier une splendide Monographie des Rhabdoe£les, et que dans cette Monographie il admet parfaitement notre nouvelle espece, la eonsiderant ainsi comme ce quelle est r&ellement, c’est-A-dire comme un Rhabdocele et non point comme une Pla- naire ce qui en ferait un Dendrocele. Nous avions done raison dans la diseussion qui eut lieu entre nous de soutenir que cet animal devait &tre eonsidere comme un Rhab- doeele. Puisquil sagit ici d’une des rares espeees que nous avons eru devoir considerer eomme inedite (nous n’en avons propose que deux dans tout ce travail) nous allons en donner une deseription sommaire jointe A une figure de facies afin qu’on puisse plus fa- cilemet la reconnaitre. Description. Dimensions. Longueur. Variable suivant la eroissance et pouvant aller Jusquw’a& quinze millimötres quand le sujet est bien etendu. Largeur 2 millimetres si le sujet est bien etir& et 3—4 ou plus s'il est rötraete. Forme. Ce ver est susceptible de prendre diverses formes, tantöt il est ovale en pepin de courge, ou bien cordiforme ou allong& en laniere. La face dorsale est bombee eomme le dos d’une limace, la face ventrale est aplatie et un peu carende. La tete est *), Voir materiaux pour servir & l’&tude de la faune profonde du L&man 1’° et 2° serie. Bulletin de la soeiete vaudoise des sciences naturelles, T. XIII, Nr, 27. Be re arrondie en pointe mousse, la partie posterieure du corps S’allonge en pointe aigue. Par la forme generale du eorps et la lenteur des mouvements lanimal ressemble fort A la petite Zimax agrestis qwil rappelle en diminutif. Couleur. Le fond de la couleur est un beau blane laiteux; sur ce fond se remarque au tiers anterieur du corps une masse blanche plus opaque et d’un &elat bleuätre. Der- riere cette tache bleuätre qui est la trompe, une vaste tache roussätre ou jaunätre, selon les sujets, s’etend jusquw’ä la queue et marque les eontours de la eavite digestive. Cette tache rousse est flanquce A droite et A gauche de traindes jaunätres en forme de cornes de cerf. Ce sont les glandes vitellogenes. Enfin A V’extremite eephalique on remarque deux points oeuliformes noirs et irregulierement bilohes, A contours ramifies. De ces yeux etoiles partent des traindes pigmentaires noires ou brunes qui &tendant leurs ra- meaux sur le dos s’y anastomosent A linfini en y dessinant un reseau marbr& d’un aspeet tr&s Elegant et absolument earaecteristique. Ce reseau tres fin etend ses mailles sur tout le dos jusqw’ä la poimte de la queue. Il est plus ou moins fone6, plus ou moins serr& suivant lage et la provenance des sujets, mais il ne manque jamais. A la face ventrale il n’existe point de pigment et Fon voit simplement par transparence la trompe, le sae digestif et les vitellogenes. De plus A la partie posterieure du corps on remarque une petite ouverture ronde, au dessus de laquelle s’etend de eöte une forte trainee blanehe. Cette ouverture ronde est celle des organes sexuels. Par cette ouverture fait quelquefois saillie un penis tu- buleux. La tache blanche est la poche eopulatriee pleine de zoospermes. Voiei tout ce que lon peut deeouvrir A la simple inspection A la lumiere ineidente lorsque Yanimal est examine sans compression A un faible grossissement et rampant sur un fond obseur. Partieularites anatomiques. Voiei ee que r&evele la disseetion des sujets places sous le eompresseur ou bien dureis et colores, ou maeeres dans divers r&actifs. La peau se eompose d’une simple eouche de grandes et larges cellules plates irre- sulierement polygonales dont on ne peut apercevoir les limites qu’avee des reactifs. Le meilleur reactif est Yammoniaque qui dissolvant le eiment intereellulaire, söpare les ele- ments les uns des autres. On voit alors que ces cellules polyedriques n’ont point de membrane propre. Elles ont chaeune un gros noyau ovale et elles sont ceribl&es de pores pour le passage des eils vibratiles et pour de nombreux bätonnets qui y sont places verticalement comme des pieux. La eouche &pidermique repose sur une membrane limi- tante ou basilaire parfaitement homogene qui la separe partout de l’etui museulaire sous- eutane. Les muscles forment sous l’epiderme une couche eontinue eomposee de fibres longi- tudinales et transversales ou annulaires se eroisant A angle droit. Outre cette eouche museulo-eutande il existe en divers endroits des fibres dorso-ventrales et obliques. Les fibro-cellules museulaires sont des rubans plats fusiformes &chevelös au deux bouts, tant «s Ye: N ge ils sont ramifies. On ne voit sur la fibro-eellule ni noyaux ni membrane cellulaire. La fibre est lisse et parfaitement homogene. Le systeme digestif commenee par la bouche large boutonniere transversale, placde A la pointe eephalique. Cette bouche terminale ne eonduit pas direetement dans l’estomae, mais bien dans un vaste sac qui oceupe le tiers anterieur du corps et du fond duquel s’eleve une puissante trompe en forme de baril ou de tonnelet. Elle est formee d’une epaisse träme de museles radiaires et longitudinaux, qui en permettant ä ce large tube de se retreeir et de s’allonger, le font souvent saillir au dehors de la bouche. Cette trompe est semblable ä celle des Vorticides par toute son organisation. De cette trompe part un tres eourt oesophage indiqu& seulement par des glandes monocellulaires en forme de bouteille, qui lui forment une collerette et eette partie rötreeie du sae digestif se dilate brusquement pour former un vaste sac roussätre qui remplit les deux tiers posterieurs du corps et qui est le sac gastro-intestinal. Ce sae n’a point d’ou- verture anale, il est totalement ferm& A sa partie posterieure. Le sac tout entier est form& d’une seule couche de cellules epitheliales en massue ou claviformes. Ce sont des cellules digestives des plus remarquables. Elles sont nues sans membrane d’enveloppe et leur massue terminale est tournde en dedans, tandis que tous les pedieules Sıappuyent en dehors sur le tissu eonjonetif qui joint Vintestin & la peau et comble le mesoderme. Il resulte de cette disposition un aspeet irregulierement mamelonne du front de ces cellules, mais cette apparence r6sulte de la digestion et le front des cellules redevient lineaire quand animal est A jeun. Ces cellules detachees de leur point d’appui s’arron- dissent irregulierement, se groupent parfois deux ä& deux, trois A trois pour former des masses d’aspeet framboise qui poussent de tous eötes des prolongements amoehoides et font ressembler ces cellules ä& des rhizopodes. Comme ces eellules sont sans membrane d’enveloppe elles incorporent direetement dans leur sarcode les aliments et les substances organiques quelles rencontrent et il en resulte ainsi une digestion direete que nous avons le premier signalde dans lespece qui nous occupe ici et qui depuis a &t& reconnue comme se rencontrant ehez beaucoup d’animaux inferieurs de diverses elasses. L’appareil exereteur qui se voit fort bien sous le compresseur se compose de deux gros trones lateraux qui serpentent sur les deux cötes du sae digestif. Is se ramifient diehotomiquement en branehes tres fines qui de bifureation en bifurcation arrivent A se terminer dans de petits entonnoirs vibratiles. Les deux trones lateraux convergent ä la pointe posterieure du corps et debouchent au dehors par une petite boutonniere eiliee mediane. Les organes sexuels ressemblent tout & fait comme plan general A ceux des Planaires marines. En effet les testieules et les ovaires sont disperses irregulierement au milieu du parenehyme conjonetif qui forme un reseau entre la peau et lintestin. C'est entre les mailles de celui-ei que sont disperses p@le-mele les follieules testieulaires et ovariens. Les premiers se resolvent en faisceaux de zoospermes, entourant les wufs et formant des traindes qui, saccumulant dans les interstices laisses libres se poussent de proche en proche jusquwä la base d’une vesieule seminale arrondie ou ovale, pourvue de parois distinetes. Le col de cette vesieule se continue par un long tube museuleux replie sur lui-m&me, et contenu dans une poche eutande aboutissant au pore genital commun hors duquel il fait parfois saillie quand il se deroule. I wa point d’armure ehitineuse. Les zoospermes mürs sont de forme tr&s partieuliere. Ils sont comme ceux des formes marines du genre composes d’une nervure mediane bord&e comme chez les Tritons par une membrane ondulante, simulant une helice, ou une spirale. Les follieules ovariens mettent en liberte des @ufs de toute taille, qui eireulent comme les zoospermes dans les mailles du parenchyme pour s’y rev6tir du jaune seerdte par les lobules du vitellogene. Dans le voisinage de la vesieule seminale les @ufs mürs sont recus dans un receptacle musculeux aboutissant au sinus genital commun par un oviduete fort eourt. Öette espece d’uterus ne contient A la fois qu’un seul auf, entour& d’une coque orangce, sceretee par une. couronne de glandes lageniformes monocellulaires. Station et localites. L’espece exelusivement lacustre ne se voit que dans le detritus ou le limon du fond et eela depuis le bord des lacs jusqwaux plus grandes profondeurs. Au Leman elle se trouve partout ol on drague, ä Villeneuve, Ouchy, Morges depuis un mötre jusqu'a trois cent mötres de profondeur. De m&me au lae de Neufehätel. Elle se retrouve au lae de Constanee, de Zurich, de Zoug et hors de la Suisse Mr. Forel la trouvee aux laes du Bourget et d’Annecy en Savoie. Mr. Graff au lac de Starnberg en Baviere. En revanche malgre toutes nos recherehes nous n’avons jamais pu trouver cet animal dans les eaux stagnantes ou courantes du littoral, ni dans le limon de nos rivieres. Origine et provenance. Puisquon ne trouve absolument pas lanimal dans la faune littorale des marais et des rivieres et que d’un autre eöte il appartient A un genre pure- ment marin qui compte quinze especes marines pour une seule d’eau douce, il est possible que ce soit un religuat d’une aneienne population maritime ou bien ses aufs auront &te importes par quelque oiseau de passage et il aura pu sadapter A l’eau douce. Peut- etre aussi vient-il des eaux souterraines, des puits ou des cavernes. Plagiostoma Lemani (nobis.) Notre figure represente lanimal place sous le eompresseur et vu de la face dorsale A un grossissement de vingt fois en diametre. En fait d’organes internes on n’apergoit que les contours de la trompe et du sac digestif. L’animal est reprösente vivant et dans l’eau. G. du Plessis ad natur. Viv. del. e>| 08 0) Deuxiöme Ordre. Dendroceles. I Seetion. Trielades. — ‚Planaires d’eau douce, Lang. a) Famille des Planarides. Genre I. Dendrocalum, Oersted. — Planaria, Linne. Espece Nr. 1. Dendrocelum laeteum, Oerst. — Planaria laetea, Linne. — Planaria quadri-oculata, de Rougemont. — Planaria cavatica, Fries. Cette espece cosmopolite, si eonnue et si souvent deerite, est tr&es eommune dans la faune littorale sur les rivages du Leman depuis Villeneuve jusqwä Geneve sous les pierres de la greve. Lä les sujets sont de grande taille, le canal digestif est color& en noir, eu brun plus ou moins fonee. Les points oeculiformes sont tres marques; souvent ils sont divises en deux, c’est alors la Planaria quadri-oeulata, Rougemont. Cette m&me espöce typique deseend du littoral dans les plus grandes profondeurs du lae et la elle se modifie de facon A rester toujours trois ou quatre fois plus petite que les sujets du bord. Elle devient aussi moins opaque et plus translueide. Le tube di- gestif est ordinairement teint en rose ou en jaune päle par les Entomostraees du fond dont elle se nourrit. Mais ce quil y a de plus eurieux c’est que les points oculiformes toujours tres petits A peine visibles ä la loupe disparaissent totalement chez beaucoup de sujets qui deviennent aveugles. L’espece se rapporterait alors a la Planaire blanche des cavernes Planaria cavatica, Fries, qui est ordinairement aussi aveugle. Station et localites. Cette petite Planaire rose se tient dans le limon et parmi le detritus molseulaire du fond devant Villeneuve, Ouchy et Morges par 50-150 —200 mötres et plus de profondeur. Elle n’est jamais eommune dans ees conditions et lon n’en trouve jamais que peu d’exemplaires mais assez constamment aux m@mes places. Mr. Asper eite du lac Majeur de grandes Planaires aveugles. Peut-etre sont-ce de grands sujets de eette m&me espece, peut-etre aussi se rapportent-ils plutöt vu leur taille au Dendro- celum Angarense, Gerstfeld, qui provenant du lac Baikal a &t& retrouve en France dans le limon des fosses de la ville de Lille par Hallez et qui ressemble beaucoup au prece- dent, dont il differe surtout par sa grande taille. La chose restera inddeise tant qu'on maura pas revu et determine exactement les especes de Mr. Asper. Origine et provenance. Les sujets du fond ne peuvent provenir que de la faune littorale, par &migration successive qui expliquerait fort bien selon nous comment & eöte d’individus totalement aveugles il s’en trouve encore bon nonibre ayant conserv& des yeux fort petits. Ces derniers seraient eeux dont Y&migration serait faite depuis moins long- temps. Pent-etre aussi les sujets aveugles proviendraient-ils des eaux souterraines des puits ou des cavernes. Nemathelminthes. — Cavitaires, Cuvier. -—— Acoelomes, Haeckel. Ce sousembranchement offre trois elasses ayant des repr&sentants lacustres savoir les Systolides, les Nematoides et les Annelides. Premiere Classe. Systolides, Dujardin. — Rotateurs. — Rotiferes. Cette elasse renferme surtout des especes pelagiques. Les formes du fond sont tres rares et jusquwiei fort peu connues. On ne peut citer avec ceertitude comme especes de fond que des especes fixees appartenant A l’ordre des Systolides sedentaires. lei done se reproduit le fait eite deja pour les Infusoires savoir que les formes du fond y sont en- traindes par les animaux sur lesquels elles se fixent d’habitude. Premier Ordre. Sedentaires, Dujardin. a) Famille des Flosculariens, Dujardin. Genre I. Floscularia, Oken. Espece Nr. 1. Floscularia ornata, Ehrenberg. — Floseularia hyacinthina, Oken. — Floseularia appendiculata, Leydig. — Floseularia cornuta, Dobie. Station et localites. Nous avons trouve cette espece se tenant fixce dans des gaines transparentes sur le polypier de la Fredericella sultana du fond devant Villeneuve par 50—80 metres de profondeur. Origine et provenance. L’espece est tres commune dans les mares du littoral &ä Vidy par exemple. Elle est certainement d’importation littorale. Remarque: Mr. Imhof eite des lacs de Savoie une autre espece tres voisine la Floscularia proboscidea. On trouve quelquefois dans le detritus des carapaces de certains Brachioniens, entre autres du genre Euchlanis et Brachionus, mais ce sont des debris morts venant de la faune pelagique. Seconde Classe. Nematoides Rudolph. — N@matodes. Premier Ordre. Nematoides libres. a) Famille des Enoplides ou Enopliens. Genre I. Dorylaimus, Dujardin. — Urolabes, Carter. Espece Nr. 1. Dorylaimus stagnalis, Dujardin. Station et localites. Cette petite espece se tient dans le limon du fond. Elle est tr&es abondante et dans tous les dragages devant Morges, Ouchy et Villeneuve a toutes les profondeurs. Elle est tres commune aussi dans le lae de Neufechätel et dans ceux de la Vallce de Joux. Probablement partout ou Mr. Asper indique quil a trouv& dans la vase des petits N&matodes libres celui-Ja en faisait partie. — 359 — S Origine et provenance. L’animal etant tres commun dans la vase et le detritus des marais et cours d’eau du pays eirconvoisin, emigre par les aftluents dans le fond du lae. Genre II. Trilobus, Bast. Espece Nr. 1. Trilobus gracilis, Bast. Ce ver tres caracteristique est aussi commun que le pree@dent aux me&mes lieux et dans les m&mes eonditions. Nous lavons eu devant Ouchy par 150 metres de profondeur. Origine. Il est, comme le preeedent, d’importation littorale. Peut-tre que les tres petits Nömatoides signales du lac de Cöme par Mr. Asper appartiennent A Tune ou A lautre des especes eitces iei, mais il faudrait pour deeider la question une determination qui nous manque. Deuxieme Ordre. Nematoides pseudo-parasites. b) Famille des Mermitides. Genre I. Mermis, Dujardin. Espece Nr. 1. Mermis aquatilis, Dujardin. Station et localites. Espece tres frequente dans divers laecs de la Suisse et qu’on retrouvera probablement partout. Elle a et& signal&e d’abord au Leman par Mr. Forel devant Morges; nous l’avons retrouvee devant Ouchy par 45—50—S0 metres. Elle est eitee du lac de Cöme par 100 metres, du lae de Zurich par 60—140 metres, du lae de Zoug par 200 metres. Elle se trouve egalement aux lacs de Neufchätel et de Constance. L’espece se tient eonstamment dans le limon du fond. Origine et provenance. Liespece ayant te trouvee par Dujardin dans l’eau des rivieres et etangs et par Mr. Forel dans la faune littorale attachee par paquets dans le jeune äge parmi les radicelles du Potamogeton erispus, il est permis d’en eonelure quelle est dimportation littorale. ec) Famille des Gordiaces. Genre I. Gordius. Espece Nr. 1. Gordius aquatieus, Linne. Station et localites. Nous l’avons retire une fois du fond du lae des Brenets A la Vallee et Mr. Forel en eite quelques individus du Leman. Cependant il nous semble que ces cas sont trop rares pour permettre encore une eonelusion definitive. San Troisieme Olasse. Annelides, Cuvier. Öette elasse est bien celle dont on trouve sinon le plus d’especes au moins les es- peces les plus abondantes de la faune profonde. Il est certains lacs, le lae Majeur entre autres, dont le limon recele partout des quantites prodigieuses d’Annelides souvent d’assez grande taille et qui doivent fournir aux poissons du fond la plus suceulente nourriture. Malheureusement cette classe a &t@ encore moins etudice que les autres, au point de vue de la determination exacte des especes et en conscquence letude de leur distribution et repartition dans les divers lacs de la Suisse ne peut gueres se faire. Comme pour les autres elasses les premieres recherches ä cet egard datent des trayaux de Mr. Forel au Leman. Tout son materiel soigneusement prepare, avait &t€ envoy& au professeur Grube. Ce dernier etant mort avant d’avoir publie le resultat de son travail sur les es- peces de Mr. Forel, on comprendra que nous n’avons lä-dessus que des renseignements oraux et tr&s vagues A reproduire, car nous n’avons pas en mains les notes laissdes par Mr. Grube. Premier Ordre. Oligochetes, Ulaparede. a) Famille des Tubificides, Claus. Genre I. Tubifex, Lamarck. — Saenuris, Hoffmann. Espece Nr. 1. Tubifex rivulorum, Lamarck. — Saenuris variegatus, Hoffmann. Station et localites. Nous l’avons observe ordinairement dans le limon du fond du Leman devant Ouchy par 40—50 meötres de profondeur et il se retrouvera probablement partout. Mr. Asper ne eite pas cette espece parmi celles quil aurait rencontr&es dans les divers laecs de la Suisse quil a explores, mais elle n’y manque sans doute pas. Origine. La faune littorale ol Yanimal abonde. Espece Nr. 2. Tubifex velutinus, Grube. — Saenuris velutinns, Grube. Cette espece, encore inedite, devait &tre deerite en detail dans le travail du pro- fesseur Grube, auquel Mr. Forel avait envoy& tous ses materiaux. Ce travail n’a point paru. Neanmoins Mr. Grube a declare Tespece nouvelle et lui a impose le nom de Sae- nuris velutinus pour rappeler laspect veloute tres caracteristique que presente la peau de cet animal, aspeet dü & ce que l’eEpiderme chitineux du ver est tout couvert de petites asperites tr&s serrees. On distingue & cela immediatement cette espece de tous les autres Annelides des lacs qui tous sont transparents tandis que ce ver est tr&s opaque. Station et localites. L’espece, comme la preeedente, se tient eonstamment dans le limon du fond quelle sillonne en tout sens et oü elle se forme des galeries enduites de macus. Dans ces conditions-JA on la rencontre dans le L&man partout oü Yon drague A des 10 mötres aux plus grandes profondeurs devant Villeneuve, Ouchy, Morges ete. Mr. Asper retrouve cette m@me espece, en grande abondance, dans plusieurs laes Suisses, notamment au lae de Zurich pres de Zollikon, par 100—200 metres de fond. Origine. Nous n’avons encore jamais vu cette espece ni dans le limon des rivieres ni dans les marais du bord du lac. Elle n’est done pas d’origine littorale. b) Famille des Lombrieulides, Claus. Genre I. Lumbriculus, Grube. Nous rapportons avee quelques doutes a cette famille et a ee genre une espece encore plus eommune et plus röpandue que la pr&eedente et qui s’est reneontree jusqwä present dans tous les laes Suisses ol lon a drague. Cette espece se distingue imme- diatement par sa tr&s grande transparence et par la lenteur de ses mouvements du ZLum- brieulus variegatus, OÖ. F. Müller, qui abonde dans la faune de rivage. Mr. Grube lavait ceonsideree dans les notes manuscrites remises ä Mr. Forel, comme constituant un nouyeau genre et une nouvelle espece sous le nom de Bathynomus profundus, Grube. Mais ce meme nom de Bathynomus profundus e&tant deja applique auparavant A un Crustac& Isopode de la faune profonde ne saurait &tre conserv6 ici; nous designons done provisoirement l’espece sous le nom de: Espece Nr. 1. Lumbrieulus pellueidus (nobis), spec. incert. sed. ? Station et localites. Cette espece se trouve partout dans le limon du Leman & toutes les profondeurs et devant toutes les localites. Nous l’avons retrouvce aux lacs de la Vallee de Joux (1009 metres) et & celui de Neufchätel. Mr. Asper l’a rencontree en abondance aux lacs de Zurich, de Wallenstadt, d’Aegeri, de Zoug, de Lucerne, de Cöme, de Lugano, au lace Majeur, aux lacs de Klön, de Sils et de Silvaplana dans les alpes. On voit par cette liste qwil n’y a pas d’espece plus repandue. Origine et provenance. Nous ne connaissons pas encore cet animal dans la faune littorale non lacustre. Dans tous les cas une description nouvelle et detaillee sera indispensable ainsi qu’une determination exacte et tout ce qui eoncerne eet animal est A revoir avant de le nommer d’une maniere definitive. c) Famille des Naides, Claus. Genre I. Stylaria, Lamarck. — Nais, OÖ. F. Müller. Especes Nr. 1. Stylaria proboseidea, O. F. Müller. — Nais proboseidea, O. F. Müller. Station et localites. Cette espece habite surtout le detritus mol6eulaire, ramend par la drague a rateau du fond du Leman devant Morges et Villeneuve. C'est une forme 6 en w qui va sans interruption de la faune du rivage A la faune du fond. Nous l’avons eue par 45, 50, 60 et 150 metres. Nous avons retrouve Tespece en tr&s beaux exemplaires au fond du lae de Joux. Les exemplaires du fond ne sont point aveugles, mais le pigment des taches oeulaires au lieu d’etre noir est souvent rouge, ou meme d’un jaune orange. Les sujets sont aussi plus translucides. Origine et provenance. Li’espece Ctant tres commune dans nos marais et eaux du littoral, elle emigre de la faune littorale A la faune profonde. Genre II. Nais, OÖ. F. Müller. Espece Nr. 1. Nais elinguis, O0. F. Müller. Station et localites. Nous avons parfois trouve cette espece devant Morges dans le detritus mol&eulaire des profondeurs moyennes. Origine et provenance. L’animal est commun dans la faune littorale du lae parmi les Potamots et les Myriophylles ä Ouchy et Morges et de la il &migre plus loin vers le fond. Genre III. Chaetogaster, V. Baer. Espece Nr. 1. Chaetogaster diaphanus, Gruithuisen. — Chaetogaster vermiecularis, 0. F. Müller. E7 Station et localites. L’espece est frequente dans le detritus mol&eulaire devant Morges et Ouchy & toutes les profondeurs. Origine et provenance. L’animal est frequent dans toutes les mares du bord du lac; il est done d’origine littorale. Il nous reste parmi les Platyhelminthes parasites quelques especes, eitees par nos devaneiers et qui sont des hötes incertains du fond de nos lacs. [2 Classe des Gestodes. Genre Ligula. Espece Nr. 1. Ligula simplieissima, Rud. *; Cette espece a Ete rencontree, quoique assez rarement, dans le Leman par Mr. Forel. Elle se tient dans le limon. Genre Caryophyllaeus. Espece Nr. 1. Caryophyllaeus mutabilis, Rud. Cette espece a Et trouvde par Mr. Asper dans le fond des lacs de Pfäffikon et de Greifensee. Elle habite le limon. h: « _— 3 — Classe des Hirudinees. Genre Piscicola. Espece Nr. 1. Piseicola geometra. Cette espece a ete trouvee dans les produits de la p&che pelagique et dans le sac de la drague A räteau oü elle s’engage lorsque on le remonte. C'est un animal qui nage tres bien et tr&s vivement, mais les sujets qu’on prend ainsi sont petits et non encore adultes. En revanche on en trouve souvent d’entierement developpes sur les filets des pecheurs de Feras. Cette sangsue parasite des poissons peut en allant de Tun ä l’autre, s&journer par hasard au fond du lae sans pour cela faire r&gulierement partie de la faune profonde. Sixieme partie. Eimbranchement des Artieules. — Arthropodes. Premiere Classe. Crustaces. Pour les ordres inferieurs de cette classe nombreuse et importante nous n’avons jusqu’a present des documents preeis et exacts que pour le lac L&eman. Premier Ordre. CGopepodes. Pr a) Famille des Cyelopides, Claus. Ed Genre I. Cyclops, O. F. Müller. Espece Nr. 1. Cyclops brevicornis, Claus. — Espece Nr. 2. Cyelops magniceps, Liljeb. Nous eitons ces deux especes d’apres la determination de Mr. H. Vernet. Station et localites. Ces Crustaces se tiennent parmi le detritus floconneux ramene par la drague ä& räteau devant Morges, Lausanne et Villeneuve jusqu’ä 150 metres de profondeur. Origine et provenance. Les m&mes especes se trouvant dans les eaux stagnantes du littoral emigrent de la dans la faune profonde. b) Famille des Harpactides, Claus. Genre I. Canthocamptus. — Cyclops, OÖ. F. Müller. Espece Nr. 1. Canthocamptus minutus, Claus. Station et localites. Nous avons toujours rencontre ce tres petit Copepode dans le detritus moleeulaire du fond du lae devant Ouchy depuis 45 metres A 150 metres de profondeur. a u. BERN u Ale ie Origine et provenance. L’espece habitant aussi les eaux stagnantes du rivage est cer- tainement d’importation littorale. Peut-&tre aussi faut-il eiter encore le Canthocamptus staphylinus, Jurine, tres voisin du preeedent et que Mr. Vernet eite dans sa liste des Copepodes du lac. Deuxieme Ordre. Phyllopodes, Claus. — Branchiopodes. Sous-ordre des Cladoceres. ’ a) Famille des Lynceides, Claus. Genre I. Eurycercus, Baird. — Lynceus, OÖ. F. Müller. Espece Nr. 1. Eurycercus lamellatus, OÖ. F. Müller. — Lynceus lamellatus, O. F. Müller. Ce gros Lyneece abonde dans le detritus du fond devant Morges, Ouchy et Ville- neuve. Nous lavons retrouve aux lacs de la Vallee de Joux, au lae Ter et & l’tang d’Arnex; lä les exemplaires sont d’un brun fonee, tandis que les sujets du Leman venant de 50--150 metres sont tout & fait incolores. Origine et provenance. L’espece abonde dans les mares du pays, surtout A l’etang d’Amex elle est done dans tous les cas d’importation littorale. Mr. Forel dit que Jurine n’avait jamais rencontre lespece en Suisse ailleurs qwau lae. S’il eut peche A l’etang d’Arnex il Yaurait trouvde en abondanee ainsi qu’au lae Ter A la Vallee. Genre II. Lynceus, O. F. Müller. Espece Nr. 1. Lynceus maerurus, O. F. Müller. — Camptocercus macrurus, Baird. Station et localites. L’espeee se reneontre avec la pr&cedente aux m&mes localites et dans les m&mes conditions devant Ouchy, Villeneuve, Morges jusqu’ä 100—150 mötres de profondeur. Origine. Elle est comme la preeedente de provenance littorale. Genre III. Alona, Baird. Espece Nr. 1. Alona quadrangularis, O. F. Müller. — Lynceus quadrangularis, 0. F. Müller. — Lynceus striatus, Jurine. — Lynceus affinis, Leydig. Station et localites. Habite en abondance les m&mes lieux que les pr&eeedents; se rencontre aussi au lac de Neufchätel. Origine. La faune littorale oü elle abonde. Genre IV. Acanthocercus, Schiödte. Espece Nr. 1. Acanthocereus rigidus, Schiödte. Station et localites. Üette petite espece se trouve devant Morges dans le detritus moleeulaire du laec. ) s) "MB | En b) Famille des Daphnides, Claus. Genre I. Moina, Baird. Espece Nr. 1. Moina bathycola, Vernet. — Peut-&tre Moina brachiata ou Monoeulus brachiatus, Jurine. B:- Cette tres ceurieuse Daphnia consideree comme nouvelle par Mr. H. Vernet est probablement simplement le Monoculus brachiatus de Jurine, legerement modifie. L’animal ne nage jamais comme les autres Daphnies, il ne peut que ramper et s’enfouir dans le detritus avee ses longues antennes, c’est purement une forme du fond. Station et localites. Nous lavons eu tres frequemment devant Ouchy par 45—50 metres et devant Morges par 60 metres. Il se tient dans le detritus moleeulaire. \ Origine. Comme le Monoculus brachiatus est de la faune littorale il est probable que c’est de la aussi que proviendrait la Moina bathyeola qui n'est jusqwiei eitee d’aucun autre lac Suisse. ce) Famille des Sidides, Claus. Genre I. Sida. — Daphnia, OÖ. F. Müller. Espece Nr. 1. Sida eristallina. — Daphnia eristallina, OÖ. F. Müller. Cette belle espece semble appartenir simultanement a la faune pelagique et a la littorale. Du moins Mr. Forel et moi nous en avons ordinairement trouve dans le de- tritus ramene par la drague A räteau. Mais il reste quelque doute A cet &gard, attendu que les sujets pourraient s’&tre engages simplement dans l’embouchure du sae pendant que celui-ci remonte & la surface. Station et localites. Detritus du fond devant Morges et Ouchy jusqu’ä 150 metres. Örigine. L’espece abonde le long du rivage du lac de Joux et des Brenets et aussi sur le littoral du Leman, elle est done entierement d’importation littorale. Troisieme Ordre. Ostracodes. a) Famille des Cyprides, Claus. Genre I. Cypris, OÖ. F. Müller. — Candona, Baird. Especes Nr. 1 et 2. Cypris minuta, Baird. — Cypris lucens, Baird. Candona lucens et Candona similis, Baird. Station. Ces deux petites especes sont tres abondantes dans le detritus ramene du fond par la drague & räteau devant Ouchy par 45 mötres et devant Morges par 60 mötres. Origine et provenance. La faune littorale est leur point de depart car elles sont tres communes le long du rivage. Elles se retrouvent au lac de Neufchätel. Ze Espece Nr. 3. Cypris acuminata, Zenker. Cette espece assez grande et tr&s caraeteristique est fort eommune. Il se pourrait quelle ait &t& confondue par Mr. Vernet avec son Acanthopus elongatus, au moins d’apres la figure qu'il donne des valves de ce dernier. Station et localites. L’espece abonde partout devant Morges, Ouchy, Villeneuve & toutes les profondeurs. Elle s’enfouit dans le detritus. Nous lavons trouvee aussi au lac de Neufchätel. Origine et provenance. L’espece habitant aussi les marais et les &tangs est done, comme les preeedentes, d’origine littorale. b) Famille des Cytherides, Claus. Voiei une famille composee excelusivement d’especes rampantes, habitant la mer. Neanmoins Mr. Vernet a decouvert dans le fond du Leman une espece d’eau douee. I a fonde pour elle un nouveau genre sous le nom de Acanthopus, H. Vernet. Espece Nr. 1. Acanthopus resistans, Vernet. Cette espeee, d’un facies tout partieulier, ne peut que ramper et jusquiei n’a pas ete trouv6e sur le littoral ni dans les eaux stagnantes ou courantes du pays environnant. Station et localites. L’espece se tient surtout parmi les debris mol6&eulaires d’Ento- mostraees p6elagiques tombes au fond du lae. Dans ces eonditions nous en avons trouve partout des 30 metres jusquwaux plus grandes profondeurs devant Ouchy, Morges et Villeneuve. L’espece n’est encore cite d’aueun autre lae Suisse, mais il est neanmoins probable quw'on la retrouvera partout. Mr. Vernet indique comme seconde espece un Acanthopus elongatus dans laquelle nous pensons au contraire reconnaitre la Cypris acuminata de Zenker. Origine et provenance. L’animal appartenant A un groupe, compose jusquiei unique- ment d’especes marines et ne s’&tant rencontr& jusqwä present que dans la faune laeustre profonde. Mr. Vernet pense quwil est un reste d’une ancienne faune maritime ou plus probablement le resultat d’importation des oeufs par quelque oiseau marin de passage. Acanthopus resistans. Description resumee d’apres Mr. Vernet. Taille. Longueur 0 mm. 905. Largeur 0 mm. 530. Forme. Valves ovoides mais ä partie anterieure beaucoup plus large que la pos- terieure. Bord inferieur legerement ereux ou eoncave A son milieu. Bord des valves recourbe en dedans. Surface des valves rugueuse, bombee, presentant pres du bord su- perieur une arete irr&guliere peu marquee, formant plusieurs saillies, entre lesquelles se N ae detachent quelques sinus allant vers le bord inferieur. Valves eouvertes de poils tres fins et delicats formant sur les bords des soies rayonnantes roides. Couleur. L’animal est d’une teinte rosde qui se voit au travers des valves. Au eentre de celle-ei se voient quelques taches brunes marquant les visceres. Membres developpes normalement et se composant de deux paires d’antennes, une paire de mandibules, une paire de maxcilles, trois paires de pattes et un post abdomen rudimentaire. Membrure en somme semblable ä celle des Cytherides. Quatrieme Ordre. Isopodes. a) Famille des Asellides, Gerst. Genre I. Asellus, Geoftroy. Espece Nr. 1. Asellus Foreli, Blane. — Asellus Sieboldi, Rougemont. — Asellus eavatieus, Schiödte. Cette espece de la faune lacustre profonde qui n’est probablement pas speeifique- ment difförente de l’Asellus cavaticus des eaux souterraines a et prösentee par Mr. Forel qui Pa rencontree, bien que rarement, au fond du Leman depuis 30 & 300 metres de profondeur. Station et localites. Habite le dötritus du fond du lac devaut Morges, Ouchy et Villeneuve, assez rarement toutefois. On trouve plus fröquemment l’animal sur les filets du fond, employes en hiver pour la peche A la Fra. Ce meme Asellus se retrouve tres abondamment au lac de Lucerne par 50 a 80 metres de profondeur devant Beggenried selon Mr. Asper, et Mr. Forel vient aussi de le retrouver en Savoie au lae d’Anneey. Mr. H. Blane l’a deerit et figure sous le nom de Forel. Origine et provenance. Dans les eaux du canton et dans celle du littoral on ne trouve nulle part l’Asellus aquaticus qui pourrait ui servir d’aneetre, il ne reste done plus qwä le faire deriver des eaux souterraines, des puits ou cavernes en communication avec le lac. Si cette supposition est fond6e l’_Asellus Foreli de nos laes proviendrait de l’Asellus cavaticus des eaux souterraines, lequel ä son tour ne serait que l’Asellus aquaticus modifie. Cinquieme Ordre. Amphipodes. a) Famille des Gammarides. Genre I. Niphargus. Espece Nr. 1. Niphargus puteanus, Koch. — Niphargus Foreli, A. Humbert. Station et localites. Cette ceurieuse espece aveugle et translueide fut trouvde par e Mr. Forel des ses premiers draguages du fond du Leman devant Morges par les plus “ r art AP ae u“ 1 A ER “ er nee grandes profondeurs jusqwWä pres de 300 metres. Il en trouva de m&me devant Ville neuve et nous devant Ouchy par 150 metres de profondeur. L’espece n’est pas rare au Leman. Elle est commune aussi au lac de Zurich ä Wädensweil et Oberried jusqu’a 150 metres de fond. On la retrouve plus rarement au lac de Lucerne et ä celui de Cöme selon Mr. Asper et aussi ä celui de Neufechätel selon Messieurs Forel et de Rougemont. Origine et provenamce. L’espece provient certainement des eaux souterraines, des puits ou des cavernes communiquant avec le lac; elle est done d’origine littorale. Genre II. Gammarus. Espece Nr. 1. Gammarus pulex, variet. Mr. Asper deerit du lac de Zurich une variete albine de cette espece qui se dis- tingue surtout par labsence de tout pigment oculaire et la transparence generale des tissus. Elle se trouve aux m&mes localites que la pre&cedente. Deuxieme Classe. Arachnides. Premier Ordre. Tardigrades, Claus. Genre I. Arctiscon, Schrank. — Milnesium, Doyere. Espece Nr. 1. Aretiscon tardigradum, Schrank. — Milnesium tardigradum, Doyere. Espece tres connue et bien figuree par divers auteurs. Ce ceurieux Arachnide est frequent dans les moyennes profondeurs du lac. Mr. Se- lenka Ta vu d’abord devant Morges et nous l’avons retrouve depuis devant Ouchy. Station et localites. Se tient dans le detritus moleeulaire ramen& par la drague ä räteau devant Morges par 60 metres et devant Ouchy par 45—150 metres. On ne le decouvre quen explorant avec une forte loupe les parois des flacons oü lon a laisse reposer le produit de la drague ä räteau. Les Tardigrades viennent ramper le long des parois oü on les apergoit comme des points blanchätres. L’espece a e&t& trouvee aussi dans les lacs italiens. Origine et provenance. L’animal &tant tr&s commun dans la masse des toits, des arbres des gouttieres et aussi dans les marais et au fond des eaux stagnantes du littorale, il est facile d’en deduire que les sujets du fond sont d’importation littorale. Deuxieme Ordre. Acariens, Duges. a) Famille des Hydrarachnides. — Hydrachnelles. Cette famille-lä eontient une foule de genres et d’espöces qui peuplent tous les lacs de la Suisse depuis ceux de la plaine jusqu'aux bassins les plus &eleves des montagnes 2 (par ex. les laes du Faulhorn, 2335 metres, Haller). Malheureusement il est quelquefois tres diffieile pour celles de ces especes qui nagent bien, de savoir sil faut les ranger dans la faune profonde, ou dans la pelagique, ou dans la littorale. Il y a des especes qui, comme l’Atax crassipes, se tiennent durant le jour au fond des bassins, et viennent la nuit se m@ler aux danses vagabondes des ch@urs de la faune pelagique. D’autres es- peces ordinairement littorales peuvent neanmoins dans leurs courses descendre assez loin du rivage vers les zönes profondes sans demeurer pour cela regulierement dans les pro- fondeurs. Cest pourquoi sur le grand nombre des especes lacustres observces jusqwiei nous nous eontenterons de eiter les quelques formes, desquelles il est bien &tabli que ce sont des especes de la faune profonde. Pour la determination et la synonymie de ces especes-la nous nous sommes servi de Vexcellent petit manuel du Dr. G. Haller (die Hydrachniden der Schweiz) auquel nous renvoyons pour les deseriptions et les details. Deuxiöme Section. Hydrachnides lateroculces, Haller. Genre I. Hygrobates, ©. L. Koch. Espece Nr. 1. Hygrobates longipalpis, Herrmann. — Hygrobates rotundatus, C. L. Koch. — Nesaea dentata, Kramer. — Campognatha Foreli, Lebert. — Campognatha Schnetzleri, Lebert. Voiei un animal fait expres pour montrer une fois de plus eombien il faut mainte- nant de prudence quand on veut cercer des genres ou des especes nouvelles, dans des groupes deja bien etudies. En effet, lors des premieres recherches de Mr. Forel, Mr. Lebert erut pouvoir de- erire, eomme nouveau genre et nouvelle esptcee, animal dont il s’agit ici et qui appar- tenait au contraire A une forme deja eonnue et m&eme d’aneienne date. Cette espece etait m&me dejäa bien figuree. Mr. Könike, dans ses remarques sur le travail posthume de Lebert, eut loccasion de retablir la synonymie de cette esp£ce selon le v£ritable etat des choses, et nous en reproduisons ei-dessus la plus grande partie. Station et localites. L’espece en question est, de toutes, celle qui atteint les plus grandes profondeurs. Mr. Forel, des ses premiers dragages en a ramene, des plus grands fonds du lae Leman par pres de 300 metres. Pour se faire une idee de la quantite ineroyable de ees animaleules !on n’a quw’ä examiner en hiver les cordes des filets que les p@cheurs laissent sejourner ä 200 metres pour saisir les Feras. Chaque maille est eouverte de centaines de ces petites araigndes meldes A quelques Hydres roses et ä des sangsues parasites du genre Piscicola. L’espece se reneontre partout dans le lae aussi bien devant Villeneuve qwä Ouchy et Morges, mais on la rencontre seulement ä partir de 20—30 metres. Elle est fort 7 Ey commune aussi dans les laes de Zurich, Constanee, Neufehätel, Cöme ete. et il est pro- bable qwon la retrouvera partout. C’est en m&me temps l’espeee qui monte le plus haut dans les Alpes, puisque d’apres Mr. Haller, on la trouve jusque dans les lacs du Faul- horn A 2335 mötres d’altitude. La Campognatha Sehnetzleri n’est quwune varicts de la forme typique. Origine et provenance. Comme YHygrobates longipalpis existe dans une foule de mares et d’etangs en Suisse et en Allemagne et qwil peut s’attacher lui-m&me, ou tout au moins ses larves, aux pattes ou au plumage des oiseaux aquatiques, il est tr&s facile d’expliquer pourquoi il est si repandu dans tous nos laes. Comme il a la vie dure et peut subir impundment des vieissitudes extr@mes, soit comme 6&eart de temperature, soit eomme variation de pression, on eomprend que cette forme originairement littorale, ait pu s’aecomoder si bien & la faune profonde, au point de devenir une espece de fond par excellenee. Mais elle n’en est pas moins pour cela d’origine littorale. Genre II. Pachygaster, Lebert. De tous les nouveaux genres admis et fondes par Lebert, eelur-ei est le seul qui ait pu surnager et l’espece unique sur laquelle il est fonde est, en effet, une forme caracte- ristique des profondeurs moyennes de nos lacs dans les limites de 30—40 metres. Espece Nr. 1. Pachygaster Tau insignitus, Lebert. — Lebertia insignis, Neumann. Station et localites. Habite en abondance le limon du Leman devant Morges, Ouchy et Villeneuve partout oü on drague depuis 20—40—45 metres de profondeur. Se retrouye au lae de Neufehätel et puis A celui de Zurich et de Zoug d’apres Mr. Asper jusqwWä une profondeur de 60 metres, mais iei les exemplaires sont d’une belle eouleur rouge. Genre III. Neszxa, 0. L. Koch. Espöce Nr. 1. Neswa retieulata, Kramer. — Nesz#a luteseens, Lebert. Voiei encore une espeee deerite par Lebert eomme &tant nouvelle, mais qui £tait deja eonnue quoique moms bien que la preeedente. Station et localites. Elle habite le fond du Leman devant Morges par 45 metres a peu pres, et se reneontre souvent dans ces eonditions avec I Hygrobates longipalpis. Nous lavons retrouvee dans le lae de Neufehätel. Origine et provenanee. Probablement la faune littorale, puisque lespece se retrouve dans les laes et &tangs d’Europe. ne Appendice. Famille des Oribatides. Genre IV. Halacarus, Brady? (Voir Brady dans Proceed. Zool. Society 1575, Nr. XX.) Espece Nr. 1. Halacarus, nov. spec? spee. incert. sedis? Nous avons rencontre r&guliörement dans tous nos dragages une espece mieroseopique tres diffieile a decouvrir & la loupe. Elle rappelait entierement une forme marine trouvde par nous ä& Villefranche, & St. Tropez, ä Cette et ailleurs encore ä Toulon. Cette espece marine se rapportait elle-m&me assez bien & un Acarien deerit et figure par Giard, dans les archives de zoologie de Mr. de Lacaze Duthiers, comme parasite des Synaseidies. Cet Acarien se rapportant au genre Halacarus de Brady, nous n’hösitons pas pour le moment A y rapporter notre espece lacustre, mais cependant comme une connaissance speciale de ces animaux est indispensable, avant de nommer cette forme, nous lavons envoyce au Dr. G. Haller a Zurich, bien connu par des travaux excellents sur les Acariens. Il nous a repondu quil tenait, comme nous, Yanimal pour un Halacarus, mais que les ouyrages necessaires pour sen assurer positivement lui manquaient, ainsi qwWä nous. C'est pourquoi, par pr&caution, nous ne nommons pas encore cette esp&ce et nous accompagnons la eitation d’un point d’interrogation, qui laisse place ä toutes les suppositions et aux recherches ulterieures. Personne, avant nous, n’avait decouvert cet animal, que nous avons signale le premier. Station et localites. Notre espece, presque invisible A leeil nu, ne se tient que dans le detritus mol&eulaire ramene par la drague A räteau. On ne la deeouvre quwen ex- plorant avec une bonne loupe les parois des flacons oü l’on a depose ce dötritus re- couvert d’une bonne couche d’eau. Alors on voit cet &tre comme un tr&s petit point roussätre, qui se meut en rampant avee une excessive lenteur. Le delai qui nous est fix& ne nous permet pas d’attendre les documents necessaires pour Tetudier en detail. L’espece est du reste eommune partout et ä toutes les profondeurs devant Villeneuve, Öuchy et Morges. Nous en avons retire en dernier lieu devant Ouchy par 150 metres de profondeur. Origine et provenance. Comme nous avons retrouve ce m&eme animal dans un etang pres de Mont-Cherend, nous pensons quwil existe quelque part dans les &tangs du littoral et quwil est par eonsequent un &migre de la faune littorale. Troisieme Classe. Insectes. lei il n’y aurait A proprement parler rien & eiter puisquaueun inseete parfait n’a encore etE reneontre jusqwiei dans la faune profonde. Cependant, si les insectes par- faits y manquent en revanche les larves d’insectes y pullulent et eela ä& toutes les pro- fondeurs et dans les lacs les plus &leves des Alpes, aussi bien que dans ceux de la vs plaine. Toutes ces larves appartiennent, chose eurieuse, au m&me ordre d’inseetes. Ce sont toujours en effet des larves de Dipteres que l’on reneontre dans le limon des pro- fondeurs. Et parmi les Dipteres ees larves appartiennent en general & quelques grandes familles. Ce sont des larves de Tipulaires, de Chironomides et de Culieides. Ce sont done toujours des Dipteres Nömoceres. Mais tant quon ignore quel est linseete parfait qui sort de ehaque larve, leur determination speeifique est impossible. Or une seule larve jusqwWiei A pu &tre determinde speeifiquement et justement cette larve, parfaitement transparente, et nageant fort bien, appartient plus probablement & la faune pelagique. Ordre des Dipteres. Genre Il. Corethra. Espece Nr. 1. Corethra plumicornis. Station et localites. Le laec de Pfäffikon oü elle se tient avec les animaux pelagiques. Mr. Forel vient de retrouver eette larve dans le lae d’Annecy en Savoie. Origine et provenance. Üette larve existant dans beaueoup d’etangs et de marais du eanton, entre autres A Orbe d’apres nos propres observations, et se trouvant assez röpandue en Suisse, elle est certainement d’origine littorale et fait alternativement partie tantöt de la faune profonde et tantöt de la faune pelagique, comme cela arrive aussi pour l’Atax erassipes. Notice compl&ömentaire. Animaux faisant seulement temporairement partie de la faune profonde. lei outre l’Ataw erassipes et la Corethra plumicornis nous n’avons plus ä eiter que quelques poissons qui se rendent en hiver dans les regions profondes. Vertebres. Classe des Poissons. Genre I. Coregonus. Espeee Nr. 1. Coregonus Fera, Jurine. — Espece Nr. 2. Coregonus hiemalis. Siebold. Espeee Nr. 3. Coregonus Wartmanni, Siebold. De ces trois especes les deux premieres habitent le fond du Leman en hiver, pour y deposer le frai. La troisieme habite le fond du Lae de Constance. Genre II. Lotta. Espece Nr. 1. Lotta vulgaris, Cuvier. Cette espece accompagne les Feras dans les profondeurs du lac, afın d’en devorer le frai. N nt Septieme partie. Conditions gendrales de la vie pour les animaux de la Faune profonde. Tous les animaux que nous venons de passer en revue dans les six premieres parties de ce travail vivent au fond de nos lacs dans des conditions toutes partieulieres, que nous avons indiqudes, en passant, dans notre Introduction, mais quil eonvient de re- prendre iei en detail pour en donner la justification appuyce sur des preuves experi- mentales. Voieci eomment Mr. Forel lui-m&me resume ces eonditions du milieu ambiant (voir Materiaux etc. II’ et III” serie 1876): „Pression ceonsiderable, temperature basse et inva- riable, lumiere nulle, agitation nulle, flore nulle, alimentation moyennement abondante.“ Reprenons maintenant un & un tous ces points pour les discuter. Quant au premier „Pression considerable® c'est un simple fait indiseutable que de dix en dix metres la pression s’augmente A chaque fois d’une atmosphere. Les animaux retires de la plus grande profondeur du Leman, par trois cents metres environ, ont done A supporter une pression de trente atmospheres. Personne ne niera sans doute que ee ne soit la une pression eonsiderable. Cest done un fait e&tabli. Mais les eonsequences de ce fait ne sont pas du tout ee quw’on pourrait eroire au premier abord. Il arrive ordinairement en 6t6, que les animaux de la faune profonde perissent tr&s vite apres avoir &t& ramends ä la surface. Il serait naturel de eroire que d’est & la brusque depression quils subissent en revenant vers la surface que ce rösultat est dü. Or il est parfaitement prouve ä present que ce west pas du tout le ehangement de pression qui les tue, mais simplement Velevation de temperature de l’eau. D’abord en hiver et surtout s’il gele, ils supportent parfaitement bien le transport A la surface et on peut les conserver des semaines ainsi. De plus, m&me en te, on les maintient parfaitement vivants dans les bocaux oü lon a soin de mettre fondre quelques morceaux de glace. Enfin les animaux pelagiques viennent le soir et la nuit jouer & fleur d’eau & la surface et m’ont la qwune pression d’une at- mosphere A soutenir. Puis pendant le jour, surtout s’il fait soleil, ces memes animaux redescendent ä einquante, ä cent metres de profondeur, la ot ils ont une pression dix fois plus forte ä& soutenir et cependant ils subissent sans nul inconvenient ces brusques alter- natives de pression et depression. Mr. Forel nous a donne lexplieation de cette contradietion apparente en prouvant, dans un chapitre intitule „physiologie de la respiration dans les grandes profondeurs“ (voir $ XXX, Faune profonde, 2” serie) que la quantit@ des gaz dissous dans l’eau pro- fonde ne differe pas sensiblement dans les &ehantillons ramenes par la pompe de ce qwelle est & la surface et que, par consdquent, les animaux ne sont exposes ni a des ruptures d’organes, par lexpansion de gaz d&comprime6s, ni A un ehangement trop grand dans leur regime respiratoire. ne Il dit textuellement (voir Faune profonde du Leman, 2°“ serie, page 202): „La com- position chimique de l’eau ne varie pas de la surface aux grandes profondeurs. (Ce fait rend possible les migrations annuelles des poissons qui, suivant les saisons, habitent des couches fort diverses de l’eau et celles des animaux pelagiques qui, suivant les heures du jour ou de la nuit, habitent la surface ou la region profonde du lae. „La quantite des gaz dissous dans l’eau est sensiblement la m&me A la surface et dans les grands fonds. Ce fait est aussi une condition sine qua non des migrations des animaux.“ Prenons maintenant le second point des conditions de milieu, r&sumees par Mr. Forel pour les animaux des profondeurs, et nous le trouverons tout aussi bien prouve, tout aussi indiseutable que le premier et bien plus important comme consequences pour les animaux qui y sont soumis. Ce second point. Forel l’enonce ainsi „temperature basse et inva- riable.“ En eftet, on sait depuis longtemps, que la temperature de leau douce A son ma- ximum de densite est de 4.3 de degres centigrades. C'est A cette temperature quelle est le plus pesante. Ainsi il est de toute &vidence qu’ä cette temperature ou aux environs de cette temperature, elle doit gagner le fond des lacs et s’y maintenir toujours ainsi, puisqwä ces profondeurs elle ne peut plus &tre agitce par les vagues, ni influeneee par le soleil. Voiei des chiffres tires des tout derniers sondages de Mr. Forel qui montrent qwil en est partout ainsi: Lae du Bourget par 120 metres temp. 5.7 centigrades. „ (dAnnecy id 4 PK H]| = „ Leman rl2DE n0329:8 5 sedenNeutchäteles sel 2 Ogses- RR D3) r „ de Zurich le 5 „ 44 + „ de Lucerne FE - dd = „ de Thoune alODE, „483 „A partir de 50 metres, nous dit encore Mr. Forel dans son premier travail, la tem- perature peut ötre eonsiderde comme eonstante et oseillant autour de 5 centigr. On peut admettre qwä ces profondeurs la temperature est la m&me pendant toute l’annde.“ Les regions profondes des lacs ne connaissent done non seulement pas les differences diurnes et nocturnes de temperature qui influent si notablement sur .tous les animaux adriens, mais il n’y a point de saisons pour les animaux qui les habitent. Ils n’ont ni te ni hiver et mapprennent le retour des frimas que par la visite des poissons qui ar- rivent dans ces regions pour y ehercher une eau ne se refroidissant pas au-dessous de la temperature de 5 centigrades. Cette temperature (de 5 ou 4.8) est pourtant fort basse comparativement ä celle de leau de la surface, qui parfois en ete s’eleve jusqw’ä 22 et 24 centigrades. 2 | Cest preeisement A cette grande difference entre la temperature du fond et celle de la surface quwon doit la prompte mort et la tr&s diffieile conservation des animaux du fond en &te, si lon ne met dans leau de suite apres la p&che des moreeaux de glace pour en rabaisser la temp£rature. Parlons maintenant du troisieme point. Mr. Forel l’enonce ainsi: „Lumiere nulle.“ Nous dirions, plus volontiers, obseurit@ toujours tr&s grande souvent absolue dans les plus grandes profondeurs. Au debut de ses recherehes Mr. Forel s’exprimait ainsi: „La lu- miere est fort affaiblie absorböe quelle est presqwentierement par lepaisse couche d’eau qwelle a A traverser. Un objet, quelque brillant qwil soit, disparait & nos yeux lorsqwil est plonge dans le lae & 12 ou 15 mötres de profondeur.“ Plus tard Mr. Forel re- prenant la m&me methode, nous dit dans ses „Materiaux, seconde serie, $ XXVIIL, page 149,“ en r&unissant les chiffres de deux anndes d’observations (faites par la methode du pere Secchi, au moyen d’un disque en töle verni en blane et qu’on descend sous leau en notant le point oü il cesse d’&tre visible) Yon obtient les moyennes suivantes pour fixer la Zimite de wisibilite. Moyenne d’hiver d’Oetobre en Avril 12 metres 7. Moyenne d’ete de Mai en Septembre 6 metres 6. C'est A dire que leau est beaueoup plus transparente en hiver qu'en &te et que, par eonsequent, en hiver la lumiere penetre A peu pres deux fois plus profond&ment qu’en dte. Mr. Forel attribue Topaeit& plus grande de Teau en et@ A la masse des partieules flottantes de limon que les affluents amenent par la fonte des neiges et leau des pluies. Il- dit page 150: „En nous montrant le peu d’influence de lintensite de l’eclairage cette methode (celle du disque) nous a eonfirme dans idee que le trouble des eaux d’ete est dü, non pas ä un pouvoir absorbant plus grand que possederait Teau elle-m&me, mais ä la masse enorme de eorpuseules opaques, en suspension dans leau, qui y forment un nuage, un &eeran non transparent.“ Mr. Forel s’est en outre servi d’experienees photographiques dont il donne les resultats dans le $S XXVIII sur la transparence de leau du lae. Il y dit page 202: Je rappellerai que, pour mesurer la penetration des rayons solaires dans les eouches profondes du lae jutilise laction des rayons cehimiques qui noireissent un papier photo- graphique pr&pare au chlorure d’argent. Je depose de nuit ce papier dans un appareil convenable. Je le fais descendre au fond du lae et Ty laisse expos&c pendant une ou plusieurs fois 24 heures, puis je vais le retirer de nuit.“ Resumant dans un tableau le r&sultat de toutes ses experiences Mr. Forel ajoute: „Ce tableau montre: 1. Que la limite d’obseurit& absolue est en &t& entre 40 et 50 mötres (exper. III et IV), 2. Quelle est en hiver entre 90 et 100 meötres, 3. Que la penetration des rayons lumineux va en augmentant de Decembre en Mars, resultat dü, comme on vient de le prouver, & la plus grande transparence de l’eau et non pas & laugmentation de hauteur du soleil.“ Mr. Asper a etudie aussi cette question au moyen des plaques au gelatino-brö- mure, mais celles-ei sont d’une telle sensibilit@ que la lumiere si faible des &toiles peut y faire, de nuit, une certaine impression quand on place Yappareil. D’ailleurs il faut les developper, et suivant le liquide revelateur employe on peut eroire qu’une impression a eu lieu, alors qwil ne s’agit que de voiles produits par le li- quide applique. Nous eonsiderons les expcriences faites’avee le papier au ehlorure d’ar- gent comme beaucoup plus süres et absolument suffisantes si on laisse le papier sejourner plusieurs jours au fond de leau. La eonelusion generale de toutes les expCriences est celle-ci: „On peut dire sans erainte de se tromper qwä partir de 100 metres de profondeur il rögne au fond de nos laes une obseurite presque totale.“ Les eonsequences que cette grande obseurite entraine pour les animaux vivant dans ce milieu, c'est qu’on y trouve quelques especes qui sont constamment aveugles et un plus grand nombre encore dont les yeux sont simplement atrophies ou tr&s petits. Mais ieci on peut eonstater dans notre faune lacustre les m@mes faits en apparence contra- dietoires, qui ont deja frappe les zoologistes modernes lors des premiers dragages faits dans les abimes de la mer. Tout de suite, en effet, Von a ramen& des esp&ces avengles, mais on a vu immediatement aussi que ce caraetere n’etait pas general et que d’un milieu totalement obseur, on retirait simultanement des espeees aveugles et d’autres munies d’yeux parfaitement developpes. Or dans nos lacs on constate sous ce rapport les m&emes faits qui nous frappent dans la mer sur une plus vaste &chelle. Ainsi au Leman A 30 metres de profondeur, dans des regions oü certainement la lumiere penetre encore bien qwaffaiblie, on p@che deja des animaux aveugles. D’un autre cöte, A 300 mötres, dans des fonds oü bien certainement la lumiere n’arrive jJamais on trouve des Crustaces, des Mollusques, des Arachnides et des Vers avec des yeux normalement developpes, quoique toujours tres petits. La chose se remarque meme dans les puits profonds et prives de toute Jumiere amsi que la bien fait voir Veidowsky. Iny a quune facon d’expliquer eeei e’est d’admettre une emigration d&jä tres ancienne et durant continuellement; allant des regions littorale et pelagique A la zöne profonde. Alors les esp&ces &migrees dans les temps les plus rapproches de nous n’ont pas encore perdu les yeux, gräce A la perseverance de T’hereditd conservatrice. Au contraire ces organes ont fini par disparaitre chez les plus aneiens transfuges et ceux-ei, encore par herddit£, four- nissent des descendants parfaitement aveugles, m&me dans des regions oü la lumiere pe- netre encore. Ce qui prouve que cette interpretation est bien la vraie, c’est que dans une m&me espece du fond vous trouvez A cöte de sujets parfaitement aveugles, d’autres ot les yeux sont atrophies et d’autres enfin ot ils sont parfaitement normaux quoique fort petits. Les uns et les autres descendent de parents du rivage, mais ayant emigre depuis des temps plus ou moins &loignes. Le fait est frappant parmi les Vers pour la petite Planaire aveugle du fond du lae, qui provient du Dendrocelum lacteum du bord. Il en est de möme pour le Prostome aveugle (Gyrator caecus, Graf) et le Mierostome aveugle. On peut eiter des exemples analogues dans la faune des puits et des eavernes. Il est möme tres probable que certains animaux du fond dont la filiation avec des formes de rivage ne peut &tre eneore prouvce descendent plutöt d’especes eavernicoles. Tel serait le cas pour l’Asellus Foreli et le Niphargus puteanus variet. Foreli. Passons maintenant & un quatrieme facteur que Mr. Forel enonce ainsi: „Agitation nulle.“ Ailleurs il dit encore: „Leau est dans un repos presque absolu* (voir seconde serie, page 131). Dans son Introduction Mr. Forel developpe ainsi sa these: „I r&gne dans ces pro- fondeurs un calme presqwabsolu. L’action des vagues y est nulle; en effet I& mouve- ment horizontal des plus hautes vagues du lac ne se fait pas sentir au delä de 5—6 metres et le mouvement vertical est tres faible aussi. Les plus fortes vagues du lae ont 1 metre ä 1 m. 50 d’elevation. Il y a done pour chaque point du fond au moment des vagues un changement de 1 metre a 1 metre 50 dans la hauteur de la colonne d’eau qui pese sur le sol suivant que la er&te de la vague ou que sa depression passe sur ee point. Mais cette legere differenee ne peut occasionner dans les grands fonds aucun mouve- ment appr£eciable. Quant aux courants ou lardiöres du lac ils sont bien eonnus et bien reels. L’on observe, ind&pendamment de Yagitation de Fair & diverses profondeurs des courants assez energiques pour entrainer parfois ä de grandes distances les filets des p@cheurs.“ Mr. Forel eite ensuite & lappui de son dire un courant qui agissait d’une facon tres sensible sur le plomb de sa sonde & un niveau de 30 me£tres environ. Il a observ& devant Morges un courant superfieciel marchant & raison de 12 metres par minute. Toutefois si ces eourants vont jusquWaux grands fonds ce qui est douteux les animaux de la faune profonde ont assez de place, pour les @viter et ne pas rester sur leur trajet. L’eau &tant done parfaitement calme et quelques rares courants ne pouvant dans tous les cas ocea- sionner sur leur trajet qu’un mouvement excessivement faible, les animaux qui habitent le fond et qui proviennent d’especes de rivage habituees A-se fixer pour r6sister au choc des vagues, n’ont plus besoin de s’attacher au sol avee autant de force et prennent A cet egard d’autres habitudes. Le fait est frappant pour le bryozoaire des grands fonds qui derive de la Fredericella sultana du rivage. Celle-ci a des colonies couchees, coll&es par un eiment partieulier sous les pierres de la rive, dont le polypier suit toutes les con- cavites. La colonie est toujours cachde sous les pierres pour fuir la lumiere et collee aux cailloux pour resister aux vagues. Dans le fond du lae Yanimal n’ayant plus A eraindre ni vive lumiere, ni deplacements par leau redresse ses rameaux qui ne rampent plus et la colonie est si peu fixde quelle devient ambulante, quoique le eiment fixateur ne manque pas plus qwau rivage puisque les rameaux agglutinent toutes sortes de grains de sable 8 ur; WERE RN u en et de Diatomdes autour d’eux. Jamais Yanimal ne profite des seories de coke ou de cailloux du fond pour s’y fixer, ce qwil ne manquerait päs de faire comme au rivage, sil y avait au fond de leau la moindre agitation. Les mömes habitudes s’observent pour lHydre rose du fond. Ainsi se trouve demontre par les animaux eux-m&mes le calme de eette zöne profonde. Passant A la flore lacustre Mr. Forel dit encore simplement: „Flore nulle,* et il developpe cette these d’une maniere convainquante en disant: „La flore qui a sur la vie des animaux une si grande influence est elle-m&öme, par suite de ces diverses conditions de milieu dans des eirconstances tout a fait exceptionnelles. Au delä de 20 mötres de profondeur je n’ai jusqwWä present plus trouve de plantes vertes. A 75—80 mötres on trouve bien un nombre considerable de Diatomees fort diverses, mais dest A ces algues silieeuses seulement que se r&eduit ee que Jai pu eonstater des repre- sentants (du r&gne vegetal.“ Plus tard Mr. Forel deerit, sous le nom de feutre organique, une couche brunätre de ces mömes Diatomdes et de quelques Palmellaedes, qui se forme A la surface du limon venant de cette m&me profondeur. Il ajoute (Faune profonde, 1° et III" serie): „De nouvelles recherches m’ont prouv& que ce feutre organique au lieu de tapisser comme je le eroyais toute la surface des grands fonds du lae est localise sur les bords et ne depasse pas les couches &elairees. Son developpement en effet varie avec la trans- parence de leau. Je lai constate en hiver jusqwä SO metres de fond, tandis qu'en te il est A peine visible dans les eaux louches et peu translucides.* Ce feutre est done, comme le reste de la flore, lie & la lumiere et la oü celle-ci ne penetre plus du tout il n’y a plus aueune plante vivante, eomme nous le disions dans l’introduetion. Il en re- sulte, pour les animaux du fond, une eonsäquence inevitable; e’est qu'ils ne peuvent vivre qwen s’entredevorant les uns les autres. Mr. Forel, passant & lalimentation comme derniere condition de milieu dit encore simplement: „Alimentation moyennement abondante.“ Nous eroyons plus exact encore de dire „Alimentation purement animale.“ A ce sujet nous n’avons quune observation generale A faire, e’est que les parois des eavites digestives chez beaucoup d’animaux du fond sont souvent teintes en rose ou m&eme en rouge de sang et quelquefois en orange assez vif. C'est le cas pour les eponges, les Hydres, tous les Turbellaries et certains Mollusques et Arachnides du fond. Or cette nuance provient certainement de ce que tous ces animaux vivent en grande partie de petits Entomostraees du fond, qui y existent comme la drague nous le demontre en quantite prodigieuse, au moins comme nombre d’individus sinon comme nombre d’especes. Or tous ces Crustacds, Copepodes, Ostracodes, Cladoceres ete. portent des pigments, rouges, roses ou oranges qui remplacent le tissu adipeux d’autres animaux et sont formes de gouttelettes d’huile eoloree. Ce sont tout justement ces gouttelettes qui, absorbees par les cellules &pithöliales eolorent ainsi la paroi intestinale des animaux qui avalent ces Crustaces. Et en effet leur estomae est toujours plein de earapaces plus ou moins videes. Il ne nous reste plus pour &puiser la liste des conditions generales de la vie pour les animaux du fond qwä traiter la nature de ce fond lui-möme. Cette nature en effet er) Y en x N u u DEN h eb I Er FT u u TH 7; Pe 5 — 590—. ne saurait jamais &tre indifferente, puisque ce fond constitue la demeure, Yunique domieile de tous les hötes de la faune profonde. Nous avons aussi touche un mot de ce sujet dans l’introduetion. Nous y avons dit eombien les materiaux de la rive etaient grossiers en eomparaison de ceux du fond. Reprenons ce sujet plus en detail, appuye que nous sommes sur les documents fournis par Mr. Forel. Voiei comme il s’exprime: „Dans le fond de tous nos lacs, & un kilometre du rivage en moyenne, on ne trouve plus en general comme revötement du sol que du limon tr&s fin, recouvert par places d’un sediment floconneux tr&s leger form& entierement par des morceaux de eara- paces des erustaces pelagiques dont les cadavres tombent continuellement au fond de leau. De ces cadavres les parties molles disparaissent et il ne reste plus que le sque- lette chitineux parfaitement incorraptible“ Or parlant de ce limon A propos du Leman, Mr. Forel nous dit dans son introduetion (Bulletin 62, page 220): „Ce limon est, a partir de 20—25 mötres de fond une argile excessivement fine dont les moleeules n’ont gueres plus d’un millitme de millimetre de diametre. C'est la tres fme poussiere que les vagues et courants peuvent porter longtemps en suspension dans l’eau. Cette argile est tres plastique; elle se laisse bien modeler et bien euire; elle a donne A la euisson des vases trös lögers, tres poreux et tr&s sonores. Les seuls corps etrangers quelle renferme, sont quelques debris de feuilles mortes des fibres de bois pourri et surtout, en tres grand nombre, des debris de coke provenant des scories des four- naises de bateaux A vapeur.“ „Partout et toujours, ajoute plus loin Mr. Forel, j’ai trouv& dans ce limon des ani- maux vivants en plus ou moins grand nombre. En moyenne dans 2 deeimetres cubes de limon je puis dire que jai toujours reneontr& de 50—100 individus differents.* Parlant dans sa seconde serie, page 116, des eailloux du limon Mr. Forel dit encore: „Dans notre lac les pierres et cailloux wexistent que sur la rive et, A une faible distance des cötes, en plein lae on n’en trouve plus. Et cependant, si l’on remonte ä Phistoire g&ologique de notre vall&e le plancher du lae a &t@ entierement couvert par le glacier du Rhöne; dans sa retraite, il a dü laisser tomber sur le fond toutes les pierres et cailloux quwil portait A sa surface. Le fond du lae presente certainement le m&me melange de moraimes et de boues glaciaires que nous Cconnaissons sur nos coteaux du pied du Jura. Or ce terrain ne se trouve plus dans le grand lae que sur la rive et seule- ment la ou elle est rong&e par les Erosions et la ol Valluvion des rivieres n’a pas recouvert ces moraines. A un kilometre du rivage on ne trouve plus de pierres. Jamais ma drague ne m’a rapporte un gravier ou un grain de sable. Tous ces debris que le glacier du Rhöne des temps antiques a laisse au fond de notre vall&ee, tout ce terrain erratique est done reeouvert par une eouche uniforme de limon. Quelle en est lepaisseur? Nous lignorons, mais elle doit ötre assez puissante car elle a dans son depöt regulier combl& toutes les inegalitös du fond et nivel& une plaine plate et sans aceidents. Cette couche vient des alluvions du Rhöne meldes aux debris des faunes p@lagique et profonde. Mais Zu») Su quand on se rapproche du rivage la nature du sol change; il devient caillouteux et l’on peut eonelure de nos dragages les faits suivants: 1. A plus d’un kilomötre du rivage les cailloux sont si rares qu'on les peut dire absents. 2. A moins d’un kilomötre ils commencent ä devenir assez fröquents sans £tre tr&s nombreux. 3. Is sont assez lourds pour que ni les vagues ni les courants ne puissent suffire ä& expliquer leur transport. 4. Leur presenee sur les rives rösulte du transport par les affluents, les racines darbres et surtout les glagons et glaces de riviere, ce qui explique parfaitement pourquoi ils sont bornes A la zöne littorale, oü ils sont roul&s par l’action des vagues.“ Ces eonditions generales du fond tel que Mr. Forel le deerit au Leman d’apres ses dragages, sont A peu pres les m&mes partout ailleurs. Ainsi Mr. Asper, parlant en ge- neral du sol des lacs Suisses, nous dit: „Il serait superflu de r&peter une deseription du limon pour chaque lae Suisse, car elle nous est fournie en detail pour le lac de Geneve par Mr. Forel (Materiaux, page 154 et suiv.) et presque tous nos lacs montrent A peu pres les m&mes faits. A un kilo- metre des rives on ne trouve plus que du limon fin et tenace. Dans les differents lacs ce limon varie naturellement comme eomposition ehimique et comme consistanee, suivant les roches pulverisces qui le constituent. (Ainsi p. ex. au Leman il est gris et argileux, au lae de Neufehätel il est jaune et calcaire.) Au lac de Zoug il est fortement mel& de sable grossier et de detritus vegetaux. Ceux-ei abondent au lac de Klön et aux laes de la Vall&e de Joux, oü d’apres nos propres observations le fond est recouvert de debris de Charas, ealeifies. Il en est de möme devant Beggenried au lae de Lucerne. Au lae de Lugano, deyant Monte Caprino, le limon se compose de partieules de miea nettement feuilletees et eontenant peu d’or- ganismes. De m&me au lac de Wallenstadt. Mais ces depöts sont exceptionnels. En these generale le domieile des animaux des grands fonds est toujours un limon fin et tenace, recouyert plus ou moins de detritus moleeulaire. Si, maintenant, nous jetons un regard en arriere sur toutes les conditions d’existenee que nous venons de passer en revue telles que pression, temperature, lumiere, eireulation, flore et nature du fond, nous trouvons comme resultat final quil y a la dans tous nos laes une grande uniformit& dans les conditions materielles de lVexistence, pour les ani- maux de ces regions profondes. Faut-il s’etonner alors qwä luniformite des conditions, corresponde Tuniformite de la faune? Les influenees etant partout les m&mes, agissent partout et toujours de m&me sur les animaux qui les subissent de temps immemorial et si elles agissent de m&me partout le r&sultat sera qu’on trouvera partout les m&mes ani- maux et semblablement modifies. Et c'est ee qui arrive en effet. Le tableau de la faune ar A DE na TAN ; = ae profonde prise dans son ensemble est le m&me pour tous nos laes. On pouvait s’y at- _ tendre et c’est si cette uniformite manquait quil faudrait plutöt s’en &tonner, tandis que comme cela l’effet cadre avec la cause. y wa K7 Huitieme partie. a Conelusion. Origines de Ja faune profonde. EN Si Von a seulement parcouru avee quelqu'attention les six premieres parties de ce travail oü nous avons passe en revue un ä un chaque animal de la faune profonde, Torigine de eette derniere ne pourra faire pour le leeteur Vobjet d’aueun doute. Nous avons mentionne en tout dans ces chapitres quatre-vingt especes d’animaux de tous les _ groupes (12 Protozoaires, 5 Zoophytes et Molluseoides, 12 Mollusques, 25 Vers, 23 Arti- eules et 3 Vertebres). Sur ce nombre total nous ne trouvons que quatre Vers et un Crustac& qui ne soient pas d’origine littorale. Partout, en effet, presque pour chaque Se espece en partieulier nous avons, en diseutant son origine et sa provenance, eite la faune littorale comme point de depart. Presque tous nos animaux du fond sont des formes dont les ascendants direets habitent eneore actuellement Peau des rivages. Presque chaque espece profonde a encore au rivage des parents de la m@me espece et, quand il n’en est pas ainsi, au moins les m&mes esp&ces ont-elles &t€ retrouvees dans les mares du lit- toral ou dans les eaux cireonvoisines. Aussi, pour nous, lorigine de la faune profonde actuelle, est-elle fort simple. Les animaux des regions profondes proviennent par Emi- gration directe de ceux qui peuplent les bords; et ceux-ci arrivent eux-mömes dans les N: lacs par les eauw courantes sous forme d’affluents de tout genre, ou par les eaux sta- gnamtes des marais et etangs commumniquant avec les lacs au moyens des hautes eauzx. En resume notre faune lacustre Zittorale west quun simple cas partieulier de la faune en des eaus courantes et stagnantes des pays circonvoisins et par suite la faune ‘profonde i n'est qu’un rameau special de la faune du rivage, comme une partie de la faune pelagique, iu \ qui s’en detache pareillement. EN Quelques animaux de notre faune profonde &chappent encore, il est vrai, a cette interpretation. Ainsi l’Asellus Foreli, le Niphargus puteanus, variet. Foreli n'ont jamais &t& trouves dans les eaux eourantes ou stagnantes des pays avoisinant les lacs otı on les trouve prösentement. Il en est de m&me pour le Plagiostoma Lemani, le Monotus Diorgiense, le Tubifex velutinus et Y Acanthopus resistans. Mais dejä pour les deux pre- mitres espöces susdites, il parait prouv& maintenant qwelles proviennent des eaux sou- terräines littorales. Cela est deja admis pour le Niphargus puteanus, variet. Foreli qui a 6t& trouvd dans des puits aux environs des lacs de Geneve et de Neufehätel. Il est 3 tr&s simple d’admettre que pour des animaux aussi mobiles ils auront passe de ces puits au lac. Il en sera tres probablement aussi de möme pour l’Asellus Foreli, qui se rap- porterait alors comme filiation ä l’Asellus cavaticus des eaux souterraines. Voiei done encore deux formes qui se rattacheraient, indireetement, il est vrai, & la faune littorale, et de la & la faune profonde. Il en serait autrement pour trois autres especes qui, chose plus importante, rappellent par leur structure des formes marines. Le Plagiostoma Lemani est d’un genre qui ne comptait jusquwä present que des especes marines. Le Monotus Morgiense rappelle par son otocyste plusieurs genres purement marins*) et l’ Acanthopus resistans appartient aux Cytherides, famille purement maritime aussi. lei nous ne pouvons &videmment invoquer lVorigine littorale, puisqw’aueune de ces trois es- peces n’a encore &t& retrouvee ni dans les eaux courantes ou stagnantes du eanton ni meme dans celles de la Suisse. Puisquil s’agit en outre de formes dont la structure ne se retrouve telle quelle que dans des esp&ces marines, il ne reste plus pour expliquer leur presence dans nos laes que quelques suppositions dont aucune n’est encore bien prouvee. D’abord il se peut faire qu’on retrouve encore plus tard lune ou Yautre de ces especes dans la faune des eaux souterraines littorales, venant de quelques puits ou de quelques cavernes. Dans ce cas Yorigine rentrerait dans la faune littorale. Ou bien les aufs d’hiver (trös r&sistants comme l'on sait) de ces Turbellaries et Crustaees auront &te ap- portes dans les laes Suisses par Yun ou l’autre des ces nombreux Palmipedes ou &chas- siers qui passent regulierement ä& la mer une partie de la belle saison et reviennent en hiver chez nous. Il y aurait la importation passive et ces @ufs auraient donn& des larves ayant pu malgre leur origine maritime s’acelimater chez nous. Ou bien en derniere ana- Iyse lon pourrait songer & appliquer ä nos especes I'hypothese de Pavesi, appliquee par lui aux formes marines qu'il a trouveces dans les lacs de la haute Italie. On sait quil s’y reneontre jusqu’au pied des Alpes certaines especes d’un faciös absolument maritime telles que surtout le Palemon d’eau douce (Palae monetes varians), le Spheröme d’eau douce (Sphaeroma fossarum) et d’autres encore. Or Pavesi considere ces individus comme les derniers survivants d’une aneienne faune maritime qui aurait peupl& ces lacs, alors que la mer venait jusqu’au pied des Alpes et que ces laes actuels formaient autant de golfes marins. La mer s’etant retiree depuis longtemps, ces bassins isoles se sont rem- plis d’eau douce, par les affluents des montagnes et sont devenus les laes de la haute Italie. La plupart des formes marines qui les habitaient n’ont pu supporter un tel ehange- ment. D’autres en petit nombre, ont pu resister, et se rencontrent ga et la comme autant de religues d’un passe lointain. Voilä pourquoi Mr. Pavesi appelle cette faune-la du nom de Fauna relicta et pourquoi Mr. Sars a baptise du nom de Mysis relieta**) un erus- *), Entre autres le genre Monotus. *=) Mr. Zacharias vient de deeouvrir en Silesie un Monotus d’eau douce qu’il nomme preeisement Monotus relietus, Ewa > * tac& des laes de Norvege appartenant ä un genre purement marin. Eh bien, d’apres cette hypothese, qui semble en effet tres plausible pour les laes de Suede et d’Italie, nos trois formes marines de la faune profonde deriveraient non pas de la faune littorale, mais de la fauna relicta. Cette supposition est-elle admissible pour nos laes de la Suisse? _ La question n’ötant pas de notre competence, nous laissons le soin de la resoudre A des plumes plus autorisees que la nötre. Bornons-nous, en terminant, & constater que, si, sur quatre-vingts especes trois seulement ne se rattachent pas & la faune littorale, cela eonstitue une exception de faible importance et qui ne saurait infirmer notre eonelusion savoir que: Notre faune profonde dans son ensemble derive de la faune littorale actuelle et que celle-ci vient elle-möme de la faune aquatigue des pays circonvoisins. Be Mr. Forel de son cöte arrive A cet egard au m&me resultat que nous, puisqwil dit dans ses eonelusions sur lorigine des faunes lacustres en general (voir: Faune profonde, 2" serie, page 500). : 1. Les faunes lacustres de nos contr&ees subalpines descendent d’animaux immigrds depuis l’epoque glaciaire. 2. Par le fait quils sont immigres d’autres eontrees, ils ont tous dü s’adapter aux conditions sp&ciales de chaque lae. e 3. L’immigration s’est faite pour chacune des trois faunes d’nne facon partieuliere, savoir: a) Faune littorale: par migration passive d’animaux dejäa adaptes A la vie laecustre d’autres lacs, et par migration active danimaux ayant remonte les rivieres et ayant dü par eonsequent s’adapter sur place, A la vie lacustre. b) Faune pelagiqgue: par migration passive d’animaux deja adaptes dans d’autres laes & la vie lacustre. ce) Faune profonde: par migration active ou passive d’animaux provenant des faunes _ littorale et pelagique du lac lui-m&me et ayant subi sur place ladaptation au milieu de la faune profonde. On le voit, la derniere de ces conelusions revient tout A fait A la nötre et nous ne pouvions _ mieux terminer quen nous reneontrant avee Mr. Forel dans les dernieres lignes d’un travail qui, sans ses recherches perseverantes, n’aurait sans doute pas eu Yhonneur de _ vous ötre prösente. in Errata nn Page 20 ligne 8 depuis en haut au lieu de Brugniere 23 24 30 32 38 40 48 bas H n Platyhelmintes bas Typlomierostomum haut face centrale f bas G. de Plessis Acoelomes macus masse e IE lisez Bruguiere. ER ” re 2. Platyhelminthes. _Typhlomierostomum. “ face ventrale. @. du Plessis. Coelomes. MUcCus. MOUSSE. Neue Denkschriften der allgemeinen schweizerischen Gesellschaft für die gefammten Haturwillenfdaften. 2000 — NOUVTEAUX MEMOIRES DE LA SOCHETE HELVETIQUE DES SCIENCES NATURELLEN. ed = Band XXIX, Abth. 1, Vol. XXIX, 1° livraison, mit IX Tafeln. avec IX planches. m Auf Kosten der Gesellschaft gedruckt von Zürcher & Furrer in Zürich. Commissions-Verlag von H. Georg in Basel, Geneve und Lyon or ie} 10. 11. 12. 13. 14. 15. Separat-Abdrücke aus den Denkschriften der allgemeinen schweizerischen naturforschenden Gesellschaft, H. Georg’s Buchhandlung in Basel, Genf und Lyon. Tirages & part des Memoires de la Societe helvetique des Sciences naturelles. Librairie de H. Georg ä Bäle, Geneve et Lyon. . Agassiz, Ls., Description des Echinodermes fos- Fr. siles de la Suisse, 1839—40, 2 vols. de 101 et 107 pag. av. 37 pl. Iconographie des coquilles tertiaires r&- putees identiques avec les especes vivantes ou dans differens terrains de l’epoque ter- tiaire, accompagnee de la description des especes nouvelles, 1845, 66 pag., av. 15 pl. . Amsler, Jacob, Ueber die Gesetze der Wärme- leitung im Innern fester Körper unter Be- rücksichtigung der durch ungleichförmige Erwärmung erzeugten Spannung, 1852, 24 Seiten Zur Theorie der Vertheilung des Magnetis- mus im weichen Eisen, 1849, 26 Seiten . Bernoulli, Dr. Gust., Uebersicht der bis jetzt bekannten Arten von Theobroma, 1871, 15 Seiten mit 7 Tafeln . Blanchet, Mömoire sur quelques inseetes qui nuisent & la vigne dans le canton de Vaud, 1841, 44 pag. av. 1 pl . Braun, Alexander, Uebersicht der Schweizerischen Characeen. Ein Beitrag zur Flora der Schweiz, 1849, 23 Seiten . Bremi, J. J., Beiträge zu einer Monographie der Gallmücken, Cecidomya Meigen, 1848, 71 Seiten mit 2 Tafeln . Bruch, Dr. Carl (Prof. der Anatomie), Beiträge zur Entwicklungsgeschichte des Knochen- systenis, 1852, 174 Seiten mit 4 Tafeln Brunner, Vater, C., Beitrag zur Elementaranalyse der organischen Substanzen, 1852,11 Seiten mit einer Karte — Ueber natürliches und künstliches Ultra- marin, 1845, 27 Seiten Brunner, Dr. med., Einiges über den Steinlöcher- pilz (Polyporus Tuberaster Jaeq. et Fries) und die Pietra Fungaja der Italiener, 1845, 19 Seiten mit 2 Tafeln Brunner-v. Wattenwyl, C., Apergu göologique des environs du lac de Lugano accompagne d’une carte et de plusieurs coupes, 1852, 18 pag. Geognost. Beschreibung der Gebirgsmasse des Stockhorns, mit einer Karte, Ansicht und sieben Profilen, 1857, 55 Seiten Untersuchungen über die Cohäsion der Flüssigkeiten, 1849, 44 Seiten mit 2 Taf. 16. Candolle, Alph. de, Planches relatives au genre Gaertnera Lam., par M. Bojer, prof.a Port- Louis, ile Maurice, 1849, 1 pag. av. 2 pl. 16Pis Candolle, Aug. Pyr. et Alph. de, Monstruosites 17 vegetales, I. fasc., 1841, 23 pag. av. 7 pl. . Capellini, J. et O.Heer, Les Phyllites cretacees du Nebraska, 1867, 22 pag. av. 4 pl. 20. IS) Ct. 50 . 50 .50 „50 18. 19. 20. 21. 26. 27. 28. 29. 50. sl. 32. 33. 34. 39. Charpentier, J. de, Catalogue des mollusques terrestres et fluviatiles de la Suisse, 1837, 28 pag. av. 2 pl. . Christ, Dr. H., Ueber die Verbreitung der Pflanzen der alpinen Region der europäischen Alpenkette, 1867, 84 Seiten mit 1 Karte Cramer, Dr. C. (Professor der Botanik), Phy- siologisch - systematische Untersuchungen über die Ceramiaceen, Heft I, 1363, IV und 130 Seiten mit 13 Tafeln — Ueber die geschlechtslose Vermehrung des Farn-Prothallium, 1881, 16 Seit., 3 Tfl. . De la Harpe, Dr. J. C., Faune Suisse, Lepidop- teres VI. Part., Tortrieides, 1858, 151 pag. — Idem, part. V., Pyrales, 1855, 75 pag. — Idem, part. IV., Phalenides, (Geometra Lin.), I—III Suppl., 1855—63, 3 part, de 160, 36, et 81 pag. av. 2 pl. . Denzler, H. H. (Ingenieur), Die untere Schnee- grenze während des Jahres vom Bodensee bis zur Säntisspitze, 1855, 59 Seiten Deschwanden, J. W. v., Ueber Locomotiven für geneigte Bahnen, 1848, 48 Seiten mit 1 Tafel Dietrich, Kaspar, Beitrag zur Kenntniss der In- secten-Fauna des Kantons Zürich, Käfer, 1365, 240 Seiten Escher v..d. Linth, Arnold, Erläuterung der An- sichten einiger Contact-Verhältnisse zwi- schen krystallinischen re und Kalk im Berner Oberlande, 1839, 13 Seiten mit 1 Tafel Geologische Bemerkungen über das nörd- liche Vorarlberg und einige angrenzende Gegenden, 1853, 135 Seiten mit 10 Tafeln Escher, A., und B. Studer, Geologische Be- schreibung von Mittelbündten, 1839, 218 Seiten mit 3 Karten und 2 Tafeln Favre, Ernest, Recherches geologiques dans la partie centrale de la chaine du Caucase, 1876, XII et 117 pag. av. 1 pl. et une carte geolog. Fick, Adolf, Untersuchungen über Muskelarbeit, 1867, 68 Seiten mit 2 Tafeln Forel, A., Les Fourmis de la Suisse, 1876, 452 pag., 2 pl. Frick, H. R., Ueber Schlesische Grünsteine, 1852, 25 Seiten mit 1 Karte und 1 Tafel Gaudin, Charles Theoph., et le marquis Carlo Strozzi, Contributions ä la flore fossile italienne, M&moire sur quelques gisements des feuilles fossiles dela Toscane, 1858—63, 5 part. de 47, 78, 30, 12 et 31 pag. av. 41 pl. et 2 cartes Fr. @ 20. 36. 37. 38. 39. 40. 4. 42. 50, 5l. 52. 54. 55. 56. 57. Gerlach, H., Die Penninischen Alpen, Beiträge zur Geologie der Schweiz, 1868/69, 132 Seiten mit 2 geol. Karten und 2 Profilen Girard, Charles, Revision du genre Cottus des auteurs, 1852, 28 pag. Graeffe, Ed., Beobachtungen über Radiaten und Würmer in Nizza, 1860, 59 S. mit 10 Taf. Greppin, le Dr. J. B., Membre de la Societe jurassienne d’Emult. ete. Notes geologiques sur les terrains modernes, quaternaires et tertiaires du Jura Bernois et en parti- eulier du Val de Del&mont, 1855/57, 2 part. de 71 et 14 pag. av. 5 pl. Gressly, A., Observations geologiques sur le Jura Soleurois, 183S—41, 349 pag. av. 13 pl. Hartung, Georg, Die geologischen Verhältnisse der Inseln Lanzarote und Fuertaventura, 1357, 163 Seiten mit 1 geologischen Karte und 11 Tafeln Heer, Dr. Oswald, Beiträge zur Kreide-Flora, I. Flora von Moletein, in Mähren, II. Zur Kreide-Flora von Quedlinburg, 1368— 71, 2 Tlieile, 24 und 15 Seiten mit 14 Taf. Die Käfer der Schweiz mit besonderer Berücksichtigung ihrer geographischen Verbreitung, 1833—41, I. 1.2.3., 96, 67 und 79 Seiten Die Inseetenfauna der Tertiärgebilde von Oeningen und von Radoloj in Croatien, 1847—53, 3 Bde. von 229, 264 und 138 Seiten mit 40 Tafeln Fossile Hymenopteren aus Oeningen und Radoboj, 1867, 42 Seiten mit 3 Tafeln _— Ueber die fossilen Pflanzen von St. Jorge in Madeira, 1357, 40 Seiten mit 3 Taf, Ueber einige fossile Pflanzen von Van- couver und British-Columbien, 1865, 10 Seiten mit 2 Tafeln Ueber fossile Früchte der Oase Chargeh, 1876/77, 11 Seiten mit 1 Tafel Beiträge zur fossilen Flora von Sumatra, 1881, 22 Seiten und 3 Tafeln Henry, Colonel, le Commandant Deleroy et le professeur Trechsel, Observations astrono- miques pour determiner la latitude de Berne faites en 1812, 58 pag. Heusser, Dr. ). Ch., und 6. Claraz, Beiträge zur geognostischen und physikalischen Kennt- niss der Provinz Buenos Aires, 1865, 2 Thle,, 22 und 139 Seiten mit 2 Tafeln Hofmeister, R. H., Untersuchungen über die itterungsverhältnisse von Lenzburg, Kt. rgau, October 1839 bis December 1845, 73 Seiten mit einer Tafel . Kaufmann, F. J., Prof., Untersuchungen über die mittel- und ostschweizerische subalpine Molasse, 1860, 135 Seiten mit 1 Karte und 17. Profilen Koch, Heinrich, Einige Worte zur Entwicklungs- geschichte von Eunice, mit einem Nach- worte von A. Kölliker, 1847, 31. mit 3 Taf. Kölliker, A., Die Bildung der Samenfäden in Bläschen als allgemeines Entwicklungs- gesetz, 1847, 82 Seiten mit 3 Tafeln Kollmann, J., Statistische Erhebungen über die Farbe der Augen, der Haare und der Haut in den Schulen der Schweiz, 1881, 42 Seiten mit 2 Karten Lang, Prof. Fr., und L. Rütimeyer, Die fossilen Schildkröten von Solothurn, 1867, 47 Seiten mit 4 Tafeln Fr. 8. 1a 20. 10. 15. ct. .50 .50 .50 58. 59. 60. 61. 62. 63. 64. 65. 67. 74. 75. 76. 77. 78. Lebert, Prof. Dr, H., Ueber die Pilzkrankheit der Fliegen nebst Bemerkungen über andere pflanzlich-parasitische Krankheiten der Inseceten, 1857, 48 Seiten mit 3 Tafeln — Die Spinnen der Schweiz, 1877, 321 Seiten, 5 Tafeln Loriol, P. de, et V. Gillieron, Monographie pa- leontologique et stratigraphique de l’etage Urgonien inferieur du Landeron (Canton de Neuchätel), 1868/69, 122 pag. av. Spl. Lusser, Dr., Nachträgliche Bemerkungen zu der geognostischen Forschung und Darstellung des Alpendurchschnitts von St. Gotthard bis Arth am Zugersee, 1842, 14 Seiten mit 3 grossen Tafeln Merian, P., F. Trechsel und Dan. Meyer, Mittel und Hauptresultate aus den meteorolo- gischen Beobachtungen in Basel, 1826—36, in Bern 1826— 36, in St. Gallen 1827—32, 1838, 64 Seiten Meyer-Dür, Ein Blick über die schweizerische Orthopteren-Fauna, 1860, 32 Seiten — Verzeichniss der Schmetterlinge d. Schweiz, I. Abtheilung Tagfalter, mit Berücksich- tigung ihrer klimatischen Abweichungen nach horizontaler und vertikaler Ver- breitung, 1852, 239 Seiten mit 1 Tafel Moesch, Casimir, Das Flözgebirge im Kanton Aargau, I. Thl., 1857, 79 Seiten mit 3 Tafeln . Moritzi, Alexander, Die Pflanzen Graubündens. Ein Verzeichniss der bisher in Graubünden gefundenen Pflanzen, mit besonderer Be- rücksichtigung ihres Vorkommens (die Ge- fässpflanzen), 1839, 153 Seiten mit 6 Taf. Mousson, Albert, Bemerkungen über die natür- lichen Verhältnisse der Thermen von Aix in Savoyen, 1847, 47 Seiten mit 2 Tafeln und 1 Karte Revision de la faune malacologique des Canaries, 1873, IV et 176 pag. av. 6 pl. Ueber die Veränderungen des galvanischen Leitungswiderstandes der Metalldräthe, 1355, 90 Seiten mit 1 Tafel Ueber die Whewell’schen oder Quetelet'- schen Streifen, 1353, 45 Seiten mit 1 Tafel . Muller, Jean, Monographie de la famille des Resedacees, 1858, 239 pag. av. 10 pl. . Nägeli, Dr. Carl, Die Cirsien der Schweiz, 1841, VIII und 168 Seiten mit 7 Tafeln Die neuern Algensysteme und Versuch zur Begründung eines eigenen Systems der Algen und Florideen, 1848, 275 Seiten mit 10 Tafeln Gattungen einzelliger Algen, physiologisch und systematisch bearbeitet, 1849, VIII und 139 Seiten mit S Tafeln Neuwyler, M., Die Generationsorgane von Unio und Anodonta. Zootomischer Beitrag, 1842, 32 Seiten mit 3 Tafeln Nicolet, H., Recherches pour servir a l’histoire des Podurelles, 1342, 93 pag. av. 9 pl. Ooster, W. A., Catalogue des Cephalopodes fossiles des Alpes Suisses, avec la de- scription et les figures des especes remar- quables, 1860—61, 3 vols. de VIII et 32, 160, XXX et 100 pag. av. 61 pl. Otth, A., Beschreibung einer neuen europäischen Froschgattung, Discoglossus, 1837, 8 Seiten mit 1 Tafel Fr 10. [50} an 30. .90 «50 90 .50 h „istalozzi, H. (Ingenieur-Oberst), Ueber die Fr. Of. Höhenänderungen des Zürchersee’s, 1855, 26 Seiten und 10 Tafeln 2. effer, Dr. W., Bryogeographische Studien aus den rhätischen Alpen, 1871, 142 Seiten 2. rym, Dr. Friedr. (Prof. der Mathematik), Zur Theorie der Functionen in einer zwei- blättrigen Fläche, 1867, 47 Seiten 2. Quiquerez, A. (Ingenieur), Rapport sur la ques- tion d’epuisement des mines de fer du Jura Bernois & la fin de l’annde 1863 comparativement aux previsions de la com- mission speeiale des mines en 1854 soit apres une periode de dix ans, 1865, 52 pag. av. 3 cartes Reeueil d’observations sur le terrain side- rolitique dans le Jura Bernois et parti- culierement dans les vall&es de Delemont et de Moutier, 1852, 61 pag. av. 7 pl. 3. 84. Raabe, Dr. J. L., Ueber die Faktorielle 50 = m ml) (m—2) ... m—-k+) kei 92 PS AL .ulase jagt mit der komplexen Basism, 1847,19 Seiten 1. 85. Renevier, E., M&moire geologique sur la perte du Rhöne et ses environs, 1855, 71 pag.et4pl. 5. 86. Rütimeyer, Dr. L., Die Fauna der Pfahlbauten 87. 88, 89. 90. 91. 92 93. 94. 95. 96, 97 98. der Schweiz, 248 Seiten mit 6 Tafem 10. Die fossilen Schildkröten von Solothurn und der übrigen Juraformation, mit Bei- trägen zur Kenntniss von Bau und Ge- schichte der Schildkröten im Allgemeinen, 1873, V und 185 Seiten mit 17 Tafeln. 12. Eocaene Säugethiere aus dem Gebiet des Schweizer Jura, 1862, 98 Seiten mit5 Taf. 6. Ueber Anthracotherium magnum und hip- poideum, 1857, 32 Seiten mit 2 Tafeln 3. Ueber das schweizerische Nummuliten- terrain mit besonderer Berücksichtigung des Gebirges zwischen dem Thunersee und der Emme, Bern, 1850, 120 Seiten mit 1 Karte und 4 Tafeln Versuch einer natürlichen Geschichte des Rindes in seinen Beziehungen zu den Wiederkäuern im Allgemeinen, 1867, 2 Bände, 102 und 175 Seiten mit 6 Tafeln 14. . Sacc, F. prof., Analyse des Graines de Pavot Blanc.Variete A yeux ouverts, 1850, 37pag. 1. Experiences sur les parties constituantes de la nourriture qui se fixent dans le corps des animaux, 1855, 9 pag. Experiences sur les proprietes physiques et chimiques de l’huile de lin, 1845, 22pag. —. Fonctions de l’aeide pectique dans le de- veloppement des vegetaux, 1850, 15 pag. 1. Memoire sur les phenomenes chimiques que presentent les poules nourries avec de l’orge, 1849, 55 pag. . Schinz, H. R., Bemerkungen über die Arten der wilden Ziegen, besonders mit Beziehung auf den Steinbock der Alpen und den Steinbock der Pyrenäen, 1838, 25 Seiten mit 4 Tafeln Verzeichniss der in der Schweiz vorkom- menden Wirbelthiere. 1837.165 8.m. 1Tfl. 2. 99. Schläfli, Dr. Alexander, Versuch einer Clima- tologie des Thales von Janina (Epirus), 1862, 55 Seiten | 7.50 1.50 2.50 100. 101. 102. 103. 104. 105. 106, 107. 108. 109. 110. 116. 117. 118. 119. Schläfli, Dr. Alexander, Zur physikalischen Geo- Fr. graphie von Unter-Mesopotamien, 123 Seiten Schneider, Gust., Dysopes Cestonii in Basel, eine für die Schweiz neue Fledermaus. Beitrag zur Kenntniss dieser Art, 1871, 9 Seiten mit 1 Tafel Schweizer, Dr. E., Ueber Doppelsalze der chrom- sauren Kalis mit der chromsauren Talk- erde und dem chromsauren Kalke und über das Verhalten der arsenigen Säure und des Stickoxyds zu dem chromsauren Kali, 1848, 16 Seiten Staehelin, Chr., Die Lehre der Messung von Kräften mittelst der Bifilarsuspension, 1853, 204 Seiten mit 9 Tafeln — Untersuchung der Badequellen von Mel- tingen, Eptingen und Bubendorf im Sommer 1826, 1838, 13 Seiten Stierlin, Dr. G., und V.v. Gautard, Fauna coleop- terorum helvetica, die Käferfauna der Schweiz, 1868—71, 372 Seiten Stöhr, Emil, Die Kupfererze an der Mürtschen- alp und der auf ihnen geführte Bergbau, 1865, 36 Seiten mit 3 Tafeln, 3 Karten und 1 Profil i Theobald, Prof. G., Unterengadin, Geognost. Skizze, 1860, 76 Seiten mit 1 geolog. Karte Thurmann, J., Lethea Bruntrutana ou &tudes pal&ontologiques etstratigraphiques surle Jura Bernois et en particulier les en- virons de Porrentruy. Oeuyre posthume terminee et publiee par A. Etallon, 1861—63, 500 pag. av. 62 pl. et 3 plans. Tschudi, J. J., Monographie der Schweizer. Echsen, 1837, 42 Seiten mit 2 Tafeln Valentin, G., Beiträge zur Anatomie des Zitter- aales (Gymnotus electrieus), 1842, 74 Seiten mit 5 Tafeln 1863, . Venetz, Pere (Ingenieur), Ouvrage posthume, Memoire sur l’extension des anciens gla- ciers renfermant quelques explications sur leurs effets remarquables, 1861, 33 pag. . Vogt, Dr. C., Anatomie der Lingula anatina 1845, 18 Seiten mit 2 Tafeln — Beiträge der schweizerischen Crustaceen, 1845, 19 Seiten mit 2 Tafeln — Beiträge zur Nevrologie der Reptilien, 1840, 59 Seiten mit 4 Tafeln . Volger, Dr. G. H. Otto, Epidot uud Granat, Be- obachtungen über das gegenseitige Ver- hältniss dieser Krystalle und über Fels- arten, welche aus Kalzit, Pyroxen, Am- phibol, Granat, Epidot, Quarz, Titanit, Feldspath und Glimmerarten bestehen, 1855, 58 Seiten Wild, Dr. H., Beitrag zur Theorie der Nobi- lischen Farbenringe, 1857, 42. Seiten mit 1 Tafel — Bericht zur Reform der schweizerischen Urmasse, 1868/69, 173 Seiten mit 3 Taf. Zschokke, Dr. Th., Die Gebirgsschichten, welche vom Tunnel zu Aarau durchschnitten wurden, 1860, 15 Seiten mit 1 geognost. Karte Die Ueberschwemmungen in der Schweiz im September 1852, 1855, 23 Seiten mit 1 Tafel .50 .50 30. — 1.— Neue Denkschriften der allgemeinen schweizerischen Gesellschaft für die aefammten Haturwilfenfhaften. SOCHETE MELVETIAUE SCIENCES NATURELLES. oo Band XXIX, Abth. 2. Vol. XXIX, 2° livraison. Auf Kosten der Gesellschaft "u gedruckt von Zürcher & Furrer in Zürich. SA: “ Commissions-Verlag von H. Georg in Basel, Geneve und.Lyon 1385. 2 Denkschriften der allgemeinen schweizerischen naturforschenden Gesellschaft. » 13. 16 16 % > 17 Separat-Abdrücke H. Georg’s Buchhandlung in Basel, Genf und Lyon. Tirages & part aus den des Memoires de la Societe helvetique des Sciences naturelles. Librairie de H. Georg & Bäle, Geneve et Lyon. . Agassiz, Ls., Description des Echinodermes fos- Fr. siles de la Suisse, 1839—40, 2 vols. de 101 et 107 pag. av. 37 pl. Iconographie des coquilles tertiaires r6- putees identiques avec les especes vivantes ou dans differens terrains de l’epoque ter- tiaire, accompagnee de la description des espöces nouvelles, 1845, 66 pag., av. 15 pl. . Amsler, Jacob, Ueber die Gesetze der Wärme- leitung im Innern fester Körper unter Be- rücksichtigung der durch ungleichförmige Erwärmung erzeugten Spannung, 1852, 24 Seiten Zur Theorie der Vertheilung des Magnetis- mus im weichen Eisen, 1849, 26 Seiten . Bernoulli, Dr. Gust., Uebersicht der bis jetzt bekannten Arten von Theobroma, 1871, 15 Seiten mit 7 Tafeln ‚ Blanchet, Mömoire sur quelques insectes qui nuisent ä la vigne dans le canton de Vaud, 1841, 44 pag. av. 1 pl . Braun, Alexander, Uebersicht der Schweizerischen, Characeen. Ein Beitrag zur Flora der Schweiz, 1849, 23 Seiten . Bremi, J. J., Beiträge zu einer Monographie der Gallmücken, Cecidomya Meigen, 1848, 71 Seiten mit 2 Tafeln . Bruch, Dr. Carl (Prof. der Anatomie), Beiträge zur Entwicklungsgeschichte des Knochen- systenis, 1852, 174 Seiten mit 4 Tafeln . Brunner, Vater, C., Beitrag zur Elementaranalyse der organischen Substanzen, 1852, 11 Seiten mit einer Karte En Ueber natürliches und künstliches Ultra- marin, 1845, 27 Seiten . Brunner, Dr. med., Riniges über den Steinlöcher- pilz (Polyporus Tuberaster Jacq. et Fries) und die Pietra Fungaja der Italiener, 1845, 19 Seiten mit 2 Tafeln Brunner-v. Wattenwyl, C., Apergu geologiqne des environs du lae de Lugano accompagne d’une carte et de plusieurs coupes, 1852, 18 pag. Geognost. Beschreibung der Gebirgsmasse des Stockhorns, mit einer Karte, Ansicht und sieben Profilen, 1857, 55 Seiten Untersuchungen über die Cohäsion "der Flüssigkeiten, 1849, 44 Seiten mit 2 Taf. . Candolle, Alph. de, Planches relatives au genre Gaertnera Lam., par M. Bojer, prof. ä Port- Louis, ile Maurice, 1849, 1 pag. av. 2 pl. bis Gandolle, Aug. Pyr. et Alph. de, Monstruosites vegctales, I. fase., 1841, 23 pag. av. 7 pl. . Capellini, J. et 0. Heer, Les Phyllites erötacces ‘du Nebraska, 1867, 22 pag. av. 4 pl. 20. Ct. 18 19. 20. 21. 25. 26. 27. 28. 29. 50. 31. 32. 5. Gaudin . Charpentier, J. de, Catalogue des mollusques Fr. terrestres et fluviatiles de la Suisse, 1837, 28 pag. av. 2 pl. Christ, Dr. H., Ueber die Verbreitung der Pflanzen der alpinen Region der europäischen Alpenkette, 1867, 84 Seiten mit 1 Karte Cramer, Dr. C. (Professor der Botanik), Phy- siologisch - systematische Untersuchung; über die Ceramiaceen, Heft I, 1863, und 130 Seiten mit 13 Tafeln Ueber die geschlechtslose Vermehrung des Farn-Prothallium, 1881, 16 Seit., 3 Tfl. . De la Harpe, Dr. J. C., Faune Suisse, Lepidop- töres VI. Part., Tortrieides, 1858, 131 pag. Idem, part. V., Pyrales, 1855, 75 pag. — Idem, part. IV., Phalenides, (Geometra Lin.), I-II Suppl., 1853—63, 3 part. de 160, 36, et 81 pag. av. 2 pl. Denzler, H. H. (Ingenieur), Die untere Schnee- grenze während des Jahres vom Bodensee bis zur Säntisspitze, 1855, 59 Seiten Deschwanden, J. W. v., Ueber Locomotiven für geneigte Bahnen, 1848, 48 Seiten mit 1 Tafel Dietrich, Kaspar, Beitrag zur Kenntniss der In- secten-Fauna des Kantons Zürich, Käfer, 1365, 240 Seiten Escher v.d. Linth, Arnold, Erläuterung der An- sieliten einiger Contact-Verhältnisse zwi- schen krystallinischen Feldspathgesteinen und Kalk im Berner Öberlande, 1839, 13 Seiten mit 1 Tafel Geologische Bemerkungen über das nörd- liche Vorarlberg und einige angrenzende Gegenden, 1853, 135 Seiten mit 10 Tafeln Escher, A., und B. Studer, Geologische Be- schreibung von Mittelbündten, 1839, 218 Seiten mit 3 Karten und 2 Tafeln Favre, Ernest, Recherches geologiques dans Ta partie centrale de la chaine du ‚Caucase, 1876, XII et 117 pag. av. 1 pl. et une carte geolog. Fick, Adolf, Untersuchungen über Muskelarbeit, 1867, 68 Seiten mit 2 Tafeln . Forel, A., Les Fourmis de la Suisse, 1876, 452 pag., 2 pl. ,“ . Frick, H. R., Ueber Schlesische Grünsteine, 1852, 25 Seiten mit 1 Karte und 1 Tafel Charles Theoph., et le marquis Carlo zi, Contributions ä la flore fossile i ıne. M&ömoire sur quelques gisements des feuilles fossiles dela Toscane, 1858 —63, 5 part. de 47, 78, 30, 12 et 31 pag. av. 41 pl. et 2 cartes 3. r 10. 20. Ct. .50 Gerlach, H., Die Penninischen Alpen, Beiträge zur Geologie der Schweiz, 1868/69, 132 Seiten mit 2 geol. Karten und 2 Profilen . Girard, Charles, Revision du genre Cottus des auteurs, 1852, 28 pag. . Graeffe, Ed., Beobachtungen über Radiaten und Würmer in Nizza, 1860, 59 S. mit 10 Taf. . Greppin, le Dr. J. B., Membre de la Soeiete jurassienne d’Emult. ete. Notes geologiques sur les terrains modernes, quaternaires et " tertiaires du Jura Bermois et en parti- eulier du Val de Del&mont, 1855/57, 2 part. de 71 et 14 pag. av. 5 pl. 40. 'Gressly, A., Observations g&ologiques sur le Jura 41. 42. 43. 44. 31. 53. 54. 56. 57. Soleurois, 1855—41, 349 pag. av. 13 pl. Hartung, Georg, Die geologischen Verhältnisse der Inseln Lanzarote und Fuertaventura, 1857, 163 Seiten mit 1 geologischen Karte und 11 Tafeln Heer, Dr. Oswald, Beiträge zur Kreide-Flora, I. Flora von Moletein, in Mähren, II. 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Otto, Epidot und Granat, Be- obachtungen über das gegenseitige Ver- hältniss dieser Krystalle und über Fels- arten, welche aus Kalzit, Pyroxen, Am- phibol, Granat, Epidot, Quarz, Titanit, Feldspatlı und Glimmerarten bestehen, 1355, 53 Seiten Wild, Dr. H., Beitrag zur Theorie der Nobi- lischen Farbenringe, 1857, 42 Seiten mit 1 Tafel h — Bericht zur Reform der schweizerischen Urmasse, 1868/69, 173 Seiten mit 3 Taf. . Zschokke, Dr. Th., Die Gebirgsschichten, welche vom Tunnel zu ‘Aarau durchschnitten 1 0.— oV, 50 co 1.50 wurden, 1860, 15 Seiten mit 1 geognost. ‚1.50 Karte Die Ueberschwemmungen in der Schweiz im September 1852, 1855, 23 Seiten mit 1 Tafel if R Be i.: