PAZ WAP UTTA ie LI « 4 . 5j 5 “ où 2 s î AMARAERLARMEMIEIOEMREZ ROTICE SUR LES A | » 1 | : PLANTES DE mA tx | EL 102 HR EM Qu 18 Dr 1 x e er D NOTICE SUR LES PLANTES DE MICHAUX ET SUR SON VOYAGE AU CANADA ET À LA BAIE D’HUDSON D'après son Journul manuscrit et autres documents inédits | PAR L'ABBÉ OVIDE BRUNET LIBRARY (y NEW YORK | BOT ANICAL GARDEN QUEBEC BUREAU DE L’ABEILLIE 1863 + "MAO | euh 4 ut Em fuit hat ER. 7 | ehrLENs ME, | | À 4 #11 | < | | ra AA ) - HA MS: à | PE UE | ty, AW) 4 OUR A); rs - 1917 ‘) D 4 JAN AVANT-PROPOS L Tout le monde sait que la Flora Boreali-Ameri- canu de Michaux ne renferme pas toujours des renseigements très-précis sur les localités où les plantes décrites ont été prises. Aussi est-il ar- rivé qu’un grand nombre de ces plantes n’ont pas été retrouvées depuis; d’autres sontexcessivement rares et peu connues. Dans le désir de retrou- ver moi-même les plantes que cet auteur place en Canada, je fis, ces années dernières, quelques re- cherches pour retracer son voyage tant au Sague- nay qu’à la Baie d'Hudson. Je n’avais alors que peu de matériaux à ma disposition; c’était sa flore et quelques notes éparses répandues dans les ou- vrages de son fils; mais je n’avais pas vu son herbier, riche en renseignements sur les loca- lités, et le contenu du journal manuscrit de ses voyages, qu’il donna à la Société Philosophique de Philadelphie, m'était complètement inconnu. Depuis eette époque, j'ai pu consulter les plantes mêmes de Michaux, qui se trouvent soit au dar- din des Plantes, soit dans le Musée de M. Beuja- Dei min Delessert. De plus, la Société Philosophique de Philadelphie m’a donné la permission de faire copier le journal manuscrit dont Jai parlé plus haut ; je lui offre ici mes remercîments. Je dois aussi témoigner ma profonde reconnaissance aux professeurs du Jardin des Plantes de Paris, ainsi qu’à M. B. Delessert, pour la bienveillance avec laquelle ces messieurs m'ont donné accès à à leurs herbiers pendant mon séjour à Paris. Dans lintérêt de la géographie botanique, je donnerai une liste des plantes les plus intéres- santes trouvées dans chaque localité visitée par notre botaniste voyageur. Quant aux plantes vulgaires, je ne ferai qu’in- diquer leur limite la plus septentrionale. J’ose espérer que ce travail ne sera pas sans utilité. Cette notice sera, en quelque sorte, comme un supplément à la Flora Boreali-Americana de Michaux. Par ce moyen, les botanistes du Ca- nada pourront retrouver les plantes décrites dans dans cet ouvrage ; les savants étrangers y puiseront des renseignements très-utiles pour l’étude de la géographie botanique, et tout le monde, des dé- tails très-intéressants sur un vaste territoire dont la topographie est à peu près inconnue ; je veux parler de cette partie du pays qui s'étend depuis le lac Saint-Jean jusqu’à la Baie d'Hudson. l : j | r, NOTICE SUR LES PLANTES DE MICHAUX ET SUR SON VOYAGE EN CANADA Michaux, ses premières années, sa mission en Amérique. André Michaux, que la nature avait doué d’une extrême activité, se livra d’abord aux paisibles tra- vaux de l’agriculture. Il avait pour ce genre de vie le goût le plus vif: il observait les produc- tions de la terre, allait examiner les jardins, et, pour joindre la théorie à la pratique, il consacrait à l’étude tous ses moments de loisir. Quelques . années s'étaient écoulées, lorsqu'il sentit renaître en lui le désir de voyager, désir qu’il avait eu dans son enfance. Ce n’était pas un désir vague de voir de nouveaux pays : Michaux voulait se ren- dre utile à sa patrie ; il voulait visiter des con- Le trées peu connues, en rapporter les productions qui pouvaient s’acclimater en France. Mais ses con naissances n'étaient pas encore assez étendues pour voyager avec fruit, et voilà qu’il se livre pen- dant deux ans à l’étude de la Botanique, sous Bernard de Jussieu , et, en 1779, il vint se loger à Paris, près du Jardin des Plantes, pour y prendre des notions sur les diverses parties de l’histoire naturelle. : NÉE” Déjà André Michaux avait visité l'Angleterre, parcouru les Pyrénées, et passé en Espagne ; déjà il avait visité la Perse, et en avait rapporté un herbier magnifique et une nombreuse collection de graines ; lorsque le gouvernement français, désirant enrichir la France de plusieurs arbres qui croissent dans l’Amérique septentrionale, le choi- sit pour cette commission. Il avait ordre de parcourir les Etats-Unis, d’y recueillir des graines et des plants d’arbres, et de les faire passer en France. Michaux se disposa donc à quitter PEurope. Un mémoire (1), publié par son fils nous ap- prend qu’il s’embarqua le 25 août 1785 pour New-York, où il arriva le premier octobre suivant, accompagné d’un garçon jardinier, qui [ui avait été donné par Monsieur Thouin. Quoique ce voyage parût avoir seulement pour but d’introduire (1) Mémoire sur la Naturalisation des arbres forestiers de l’Amé- que septentrionale, par F. A, Michaux, in-8, Paris 1805, . “Ps Q@ 2 en France des arbres utiles, cependant ils avait reçu ordre d’envoyer tous les arbri-+ bustes qui pouvaient servir à décorer de Sa Majesté. Cet article fut même sp recommandé comme devant fairé jouir |; ment du voyage entrepris, vu que ces arbuste voyés en nature, pouvaient donner des fleurs © la seconde année de leur transplantation en Eu- rope. | Michaux établit sa principale résidence à New-- York, parcourant le New-Jersey, la Pensylvanie et le Maryland. On avait pensé avec raison, 41e la formation d’une pépinière près de New-Yo! serait très-utile pour élever de jeunes plants d’une belle venue ; car ilest rare de trouver de bons plants dans les forêts. (Cette pépinière, établie dañs le New-Jersey, fut aussi destinée à être le dépôt des graines récoltées dans l’intérieur du pays. Dès la preraière année, Michaux envoya à Paris douze caisses de graines et plusieurs mille pieds d’arbres. Plus tard, il se jendit à Charles- _ton, dans la Caroline du Sud, et y forma, à l’ins- tar de celui de New-Jersey, une seconde pépinière qui devint considérable par la vaste collection d’arbres et d’arbustes, qu’on y avait réunis. C'était le fruit de plus de soixante voyages dans intérieur du continent. Ses notes manuscrites ne nous apprennent rien 3 LA — 10 — , des excursions qu’il fit jusqu’au mois d’avril de 1787, époque où il entreprit son premier voyage dans les monts Alléganys. Il remonta alors la rivière Savannah jusqu’à sa source ; ce fut là qu’il découvrit grandsombre de jolies plantes et plu- sieurs espèces de chênes. Encouragé par ces sue- - cès, il voulut parvenir jusqu’à la cime des monts Alléganys, se lia d'amitié avec les sauvages,et, re- montant avec eux les rivières qui se jettent dans la Savannah, il arriva aux sources de la rivière Ten- nessée, de l’autre côté des monts ; ce fut là le terme de son voyage. Il revint alors à Charles- ton le premier de juillet, après avoir parcouru 300 lieues à travers la Caroline et la Géorgie. Les no- tes manuscrites renferment souvent des remar- ques sur les plantes les plus intéressantes qu’il rencontra ; il indique même d’une manière si pré- cise les lieux où il les découvrit, qu’il serait en- core facile de les retrouver. Les années 1788 et 1789 furent employées à visiter successivement la Floride espagnole. les îles Lucayes et la Virginie. Il entra dans ce dernier état au premier de juillet à Washington Court House, “ première ville dans la Virginie, que l’on trouve, sur la côte occiden- tale des montagnes, en sortant de la Caroline sep- tentrionale. ? Michaux fut de retour à Charleston au mois de septembre 1759. Pendant l’hiver, il parcourut de LS És . nouveau les montagnes qu'il avait visitées l'été précédent, Ce voyage, que Michaux fit en com- pagnie de son fils, dura moins qu’il ne lavait pro- jeté, et, au printemps de 1790, nous le retrouvons à Charleston, après une absence de cinq mois et demi. Lei se trouve malheureusement une laçune dans le Journal de Michaux. Tout ce que nous savons, c’est qu’il séjourna dans le voisinage de Charles- ton jusqu’au mois d’avril de 1791. C’est dans cet intervalle qu’il enseigna aux Américains l’époque où l’on doit eueillir le Ginseng, et la,çmanière de le préparer. Les notes manquent pour le reste de l’année. H Motifs du voyage à la baie d’Hudson. Départ pour Montréal. Il y avait près de six à sept ans que Michaux était en Amérique ; ses ressources pécuniaires s’é- puisaient ; il craignit d’être obligé de retourner en France, et cependant le but qu’il s’était pro- posé en visitant notre continent n’était pas par- faitement atteint. Ce n’était pas seulement le dessein de faire une Flore américaine qui l’avait déterminé à entreprendre de si longs et de si péril- leux voyages. Mais depuis longtemps il s’occupait - d’un projet infiniment utile pour la science : c’était < Lu 4e = d’étudier la topographie des arbres et des plantes de l'Amérique septentrionale, c’est-à-dire, de 4° terminer leur lieu natal ; e’était d'examiner atten. tivement la latitude où ils commencent à croître, celle où ils deviennent rares et chétifs, celle enfin où ils disparaissent entièrement. Il regardait comme la patrie d’un arbre le lieu où il atteint son plus grand degré de force végétative, c’est-à- dire, sa plus grande hauteur et son plus grand dia- mètre. Prenons pour exemple le Tulipier, Lyrio- dendron T'ulipifera, que l’on trouve dans le Haut. Canada. Cet arbre y atteint à peine trois pieds de diamètre, et soixante d’élévation. Cependant cet arbre a communément, dans les états de l’ouest et surtout dans le Kentucky, jusqu’à sept à huit pieds de diamètre, et parvient jusqu’à cent quarante pieds d’élévation ; de plus il y forme à lui seul de vastes forêts. Plus au nord, le T'ulipier devient plus rare et plus petit : c’est pour cette raison. que Michaux regardait cet arbre comme origi- naire du Kentucky(1). Michaux avait donc résolu de tracer la topogra- phie des arbres de l’Amérique septentrionale. Déjà, il avait visité le sud, et avait parcouru les Florides ; il lui restait encore à faire un voyage beaucoup plus longet plus difficile, mais en même (1) Annales du Muséum, . ee DE temps beaucoup plus utile que ceux qu’il avait entrepris jusqu'alors : c'était de visiter le Canada et de se rendre jusqu’à la baie d'Hudson. Ce projet, il lexécuta en 1792. Il partit de Charles- ton au mois d’avril, et résolut de se rendre par terre jusqu’à Québec. Son Journal manuscrit, nous doune les dates suivantes. André Michaux se rendit d’abord à New-York ; puis, ayant pris une embarcation à New-Haven, il arriva à Albany le 14 juin. Le 1S, nous le retrou- vons à Saratoga, et le 20 il s’embarque à White- hall, pour se rendre au lac Champlain. Le reste de ce mois fut employé à herboriser sur les bords de ce lac, qu’il traversa à différentes reprises pour herboriser à la fois sur les deux rives. Sa flore fait mention d’un grand nombre de plantes qu’il y rencontra (1). Poursuivant alors son chemin, il arriva le 30 juin à Montréal. Michaux demeura dix jours à Montréal. Ce temps fut employé à étudier la flore des environs de cette ville, comme on le verra par les lignes suivantes extraites de son Journal : “ Arrivé le 30 (juin) à Montréal, et visité plu- (1) I serait superflu de donner la liste des plantes dont !es localités sont isdiquées dans sa Flore Ceyendant, pour faciliter les recherches, on f ra connaitre, de là meniè e suivante, les piges où ces plantes sont mentionnées : Flora Boreali-Americana, In Canada ad ripaslacus Chcmplain. Vol. I. fol. 47, 75, 136, 153, 304, Vol. IL fol, 28, 198, 227, 245. À - sieurs personnes pour qui j'étais muni de lettres de recommandation.” # Le premier juillet, herborisé sur une monta- gne.prèr de Montréal... 41.4, :,, , .. 100M - # Le 8, herborisé dans les campagnes et dans : lesproiries bassoees 6 loue. ui à “ Le dimanche 8, herborisé aux Bois de la Chi- ne, dans l’espace d’une lieue en remontant la ri- vière.?? Ce fui dans ces diverses excursions qu’il re- cueillit les plantes suivantes, que son herbier don- nent comme se trouvant aux environs de Montréal. À Scirpus spataceus, Michx, Elodea canadensis, Michx, Poa compressa, Linn. Scutellaria parvula, Michx. Oxzalis conniculata, Linn. Hypericum macrocarpum, Michx. Acalypha virginica, Linn, Zanthozylum fraxineum, Willd. III Québec.—La Malbaie.— Tadoussac. . Michaux s’embarqua le onze pour Québec. Le vent contraire le força de s’arrêter à Sorel et à Ba- tiscan, deux localités où il herborisa. Ce fut dans cette dernière place qu’il trouva : — 15 — Scheuchzeria palustris, Linn. Triglochin maritimum, Linn. Drosera longifolia, Linn. Michaux arriva à Québec le seize juillet, et ne resta que quinze jours dans cette ancienne métro- pole du Canada. Dans l'intervalle, il fit quelques berborisations aux environs de Québec. Il se ren- dit au saut Montmorency, visita Lorette, (très-pro- bablement la jeune Lorette), et herborisa dans les bois à droite de la rivière Saint-Charles. Comme la saison avançait, il se hâta de prendre des infor- mations sur la baie d'Hudson, et commença dès lors les préparatifs de son voyage aux Mistassins. Ayant fait la rencontre d’un jeune métis qui avait demeuré trois ans avec les sauvages, il l’engagea pour lui servir d’interprète ; puis il se mit en route pour le Saguenay. L’extrait suivant nous fait connaître la route qu’il suivit. “ Le 31 juillet, parti de Québec, passé lie le cap Tourmente et le cap Brûlé, situés l’an à douze lieues de Québec et l’autre à quatorze lieues, Reconnu sur les montagnes Juniperus communis, T'huja, Abies balsameu, Abies ulba, Epigæa repens, Linnæu borealis, etc, etc. . , . .” “ Le soir, arrivé devant la baie Saint-Paul, dis- tante de 17 lieues. L’on voit l’Isle-aux-Coudres, estimée à 18 lieues de Québec. . .. .” “ Le premier août, vers une heure du matin, le vent a changé ; et, à 3 heures une pluie considéra- TU — 16 — ble, qui a continué jusqu’à 10 heures. Herborisé sur les montagnes. . . . . .” ‘ Le 2 aoû:, arrivé d'la Malbaie. . . 22 ‘* Le 3 août, séjourné à la Malbaie. ” ‘ Le 4 août, parti et couché à embouchure de la rivière Seganey (Saguenay).” “ Le dimanche 5, arrivé le matin à 4 heures à Tadoussac . . . 46 lieues de Québec.” x Les plantes récoltées à la Malbaie sont : Hippuris vulgaris, Linn. | “ is D ut ts sh. Salicornia herbacea, Linn. Pulmonaria parviflora, Michx. Laigusticum scoticum, Linn. Salsola salsa ? Michx. Polygonum cilinode, Michx. Potentilla hirsuta, Michx. Astragalus secundus, Michx. (1) Medicago lupulina, Linn. Püeris gracilis, Michx. ; Un peu plus bas, toujours sur les bords du fleuve Saint-Laurent, Michaux cueillit : Salicornia herbacea, Linn. Arundo arenaria, Linn. Glaux maritima, Linn. Sa/sola salsa? Michx. Atripiex patula, Lion. Rumez verticillatus, Linn. (1) Au sujet de cette plante, voyez la note qui accompagne la liste des plantes trouvées au lac Saint-Jean. ‘ Arenaria rubra, Lian. Spergularia, Pers. * . Potentilla hirsuta, Michx. Empetrum nigrum, Licn. D. premier poste de la compagnie de la baie d’Hud- son ; c’est là que les sauvages venaient tous les ans faire la traite des pelleteries. Il y éébarqua, enga- gea trois sauvages, et y acheta deux canots d'écor- n A l’entrée du Saguenay se trouve Tadoussac, h | ce. Tadoussac est un joli petit village bâti sur une pointe de rocher qui s’avance à Pendroit où les eaux du Saguenay viennent se mêler à celles du Saint-Laurent. Sa petite chapelle, longue de vingt-cinq pieds environ, se distingue des autres habitations par son toit rouge et son joli petit clo- cher. Les édifices qui l’environnent, les hautes montagnes dont les sommets sourcilleux contras- tent avec la sombre forêt de sapins qui .se trouve au pied, tout contribue à donner à ce lieu un as- pect des plus pittoresques. Michaux profita du séjour qu'ily fit pour explorer les mornes voisins et les rivages environnants ; sa Flore (1) et son herbier mentionnent plusieurs plantes qu’il y trouva. Les principales sont : Ligusticum scoticum, Lion. (1) Michaux. Flora Boreali-Americana. Ad ripas fluminis S. Lau- rendit, juxta Tadoussac. Vol.I, fol. 166, 177. In fluminis S. Lau- enti aquis affluente mare subsalsis . Vol. I, fol. 1, 67, 95, 102, 132. 5 e ni ÉE :i Ligusticum acteifolium, Michx. | Gentiana acuta, Michx. Epilobium tetragonum, Linn. Vaccinium Vilis-Idea, Linn. Potentilla hirsuta, Michx. Lex canadensis, Michx. [V La rivière Saguenay—Chicoutimi: : Comme le temps le pressait, Michaux s’embar- qua de nouveau, et bientôt après il entra dans les éaux du Saguenay. Cette rivière, pendant l’espace de vingt-sept milles, c’est-à-dire, jusqu’à Pance Saint-Jean, coule entre deux immenses murailles de gneiss et de granite qui surpassent de beaucoup les palissades de l’'Hudson. Ses rivages sont pres- que dénués de toute végétation ; seulement, dans les anfractuosités des rochers, on remarque quel- ques pins et quelques sapins très-courts, des gro- seilliers sauvages, des vaccinium, char.zés de leur fruits bleuâtres, et un genièvre (Juniperus subina), formant un vaste tapis de verdure suspendu à ces escarpements abruptes, qui s’élèvent quelquefois jusqu’à 1100 pieds de hauteur (1). En approchant de la baïe des Ha! Ha l'les rivages s’abaissent, et (1) Flora Boreali-Americana “In sixosis ad amunem Saguenay, Vol. I, fol. 111, Vol. 11, fol, 246. =. 9 — alors commencent ces immenses forêts de pins, qui font la richesse de ces contrées. C’est à Chi-_ coutimi que le Saguenay cesse d’être navigable pour les vaisseaux d’un gros tonnage. En cet en- droit, la rivière s’élargit et forme un vaste bassin qui reçoit les eaux d’une jolie cataracte dont la hauteur est de 40 pieds environ. Michaux y arriva le onze d’août. Chicoutimi (dérivé d’un mot sauvage qui signi- fie eau profonde) n’était alors qu’un petit villa- ge au confluent de la rivière Chicoutimi avec le Saguenay. Sur une pointe qui se projette dans le bassin, s'élevait une petite chapelle, longue d’en- viron 25 pieds, et bâtie par les Jésuites, premiers apôtres de ces contrées alors sauvages. On y voy- ait, à l’intérieur. un autel uni et quelques pein- tures qui portaient des marques non équivoques de vétusté, et, à l’extérieur, ia pierre sépulcrale du Père Coquart, dernier des Jésuites, qui ait, avec le Père Labrosse, évangélisé le Saguenay. A Pexemple de tous les étrangers qui débarquent à Chicoutimi, Michaux voulut visiter ces lieux, ri- ches en pieux souvenirs. Dans les notes ma- nuscrites qu’il laissa à son fils, il parle ainsi : “Lors de mon voyage à la baie d'Hudson, j’arrivai au mois d’août près du lac Chicoutimi, situé près le 46e degré, et j'y trouvai encore l’église, établie en 1728 (ainsi que l’indiquait la date placte au- — 920 — ; x dessus de la porte principale) par les Pères Jé- suites, pour y rassembler les sauvages des envi- rons. Ce bâtiment, construit en poutres équarries de T'huja occidentalis (cèdre blanc) élevées les unes au-dessus des autres, était encore en bon état, et, quoique ces poutres n’eussent jamais été couvertes ni en dedans, ni en dehors, je les trou- vai tellement intactes, qu’elles n'avaient pas été altérées de l'épaisseur d’une demi-ligne, depuis ‘plus de soixante ans.” (1) Cette petite chapelle subsistait encore en 1857 ; elle avait donc alors près de 130 ans. v Le lac Saint-J can, La route qui conduit au lac Saint-Jean était alors plus difficile que celle que nous suivons aujour- d’hui. Il fallait remonter en canot la rivière Chi- coutimi, puis, comme on le fait encore, parcourir dans toute sa longueur le lac Kinogomi. Après un portage de quinze arpents, on tombait dans le lae Kinogomichich, dont la décharge lente et tortueuse va sé perdre dans la Belle-Rivtère ; celle-ci, à son tour, va se jeter dans le lac Saint-Jean. Telle fut aussi la route que suivit cet infatigable voya- (1) Michaux fils. Arbres forestiers, Vol. III, page 34. De "RE geur. Enfin, après six jours de navigation, les ca- nots arrivèrent au lac Saint-Jean. Les plantes, trouvées pendant le trajet, sont : Scirpus spataceus, Michx. 4 .Swertir corniculata, Linn. Prinos verticillatus, Linn. Gentiana pneumonanthe, Linn. Drosera rotundifolia, Linn. Triglochin palustre, Linn. Juncus fluitans, Michx. Ditella diphylla, Linun. Sparganium natans, Michx. Nymphen lutea, @. Kalmiana. Linn. Spergulastrum lanceolatum, Michx. (Stellaria bo- [reahs, Bigelow.) Alnus crispa, Michx. & glauca, Michx. Lobelia dortmanna, Lion. Le lac Saint-Jean est situé entre 48°, 23m. et 48°© , 42m. de latitude, et entre 71° ,29m.et 729, Im. de longitude, à plus de trente lieues au nord de Québec. Sa plus grande longueur est de 16 lieues. Michaux le parcourut dans toute son étendue, et découvrit, dans ses herborisations, des plantes très-nombreuses (1). Mais, tout en exa- minant les végétaux qui croissent sur les rivages du lac, Michaux ne perdait. pas de vue le plan (1) Michaux. Flora Boreali-Americana, in lacu vel juxta lacum S. JoannisVol. I, fol. 240, vol. II, fol. 205, 220, 225. 2 6 } nu, = d'étude qu’il s’était fait : aussi il ne se contentait pas de parcourir les bords des eaux ; il pénétrait dans l’épaisseur des forêts, et observait les es- sences qui y prédominaient. Les forêts qui entourent le lac Saint-Jean se composent de diverses espèces de bois très-pré- cieux, tels que pins, mélèzes, épinettes, cèdres, etc. Des détails seront donnés plus loin sur la nature et la distribution de ces différentes espèces d'arbres. Ce fut le 16 août au soir que Michaux arriva au lac Saint-Jean. Le lendemain, comme le vent était contraire, il fut contraint de séjourner quel- que temps à l’entrée de la Belle-Rivière. Ce fut là qu’il cueillit : Lycopus virginicus, Linn. Circæa canadensis, Linn. Bromus canadensis, Michx. Arundo arenaria, Linn. Galium Claytonii, Michx. Galium asprellum, Michx. Cornus alternifolia, Linn. Polygonum amphibium, Linn. Cerasus pumila, Michx. Lathyrus palustris, Linn. Astragalus secundus, Michx. Obs. Depuis longtemps, M. Asa Gray avait pensé que l’Astragalus secundus, Mx. pouvait bien être le Phaca astragalina, D. C, (Astragalus ulpinus, L). = D = En 1861, je retrouvai cette plante à l'endroit même où Michaux l’avait prise (au lac Saint-Jean). Un exemplaire, envoyé à M. Gray, est venu pleine- ment confirmer la justesse de son observation. L’Astragalus secundus ne serait autre chose que l'A. alpinus de Linnée. Mais à quoi serait due cette différence de forme ? J’en fis, l’été dernier, le su- jet de mes recherches. A l’isle d'Orléans, où cette plante est abondante, je trouvai les deux formes dans la même localité. Lorsque la plante croît à découvert sur les rochers, elle a la forme ordi- naire au P. astragalina ; mais lorsqu'elle végète au milieu des hautes herbes, elle prend la forme grêle et allongée de la plante de Michaux. Hedysarum alpinum, Michx. Aster amygdalinus, Michx. cordifolius, Linn. Solidago flexicaulis, Linn. 6 aspera, Aït. Senecio pauperculus, Michx. Artemesia canadensis, Michx. | Lobelia Kalmii, Lian. Eriocaulon pellucidum, Michx Calla palustris, Linn.. Saliz cordata, Michx. Ilez canadensis, Michx. Vitis riparia, Michx. N. B. “Nommée vigne des butlures par les Fran- ais qui voyagent sur l’Ohio et le Mississipi, parce SE que cette espèce croît sur les rochers et les sables inondés annuellement par les débordements. . . On ne trouve nullement cette espèce à l’est des monts Alléganys.” (Extrait de l Herbier.) VI La rivière Mistassini—Les Larges-Rapides, Avant d’aller plus loin, jeme permetterai de don- ner quelques détails sur la position des lieux afin de faciliter l’intellig@ce de ce qui va suivre. Le lac Saint-Jean est un vaste réservoir où vien- nent se perdre plusieurs rivières dont quelques- unes prennent leur source dans les hauteurs qui sé- parent le territoire de la baie d'Hudson d’avec le Canada. Au nombre de ces dernières se trouve la rivière Mistassini, appelée aussi rivière des Sables, à cause ce la grande quantité de sable qu'elle charrie. Le cours de cette rivière est d'environ 150 milles. C’est le chemin par lequel descendaient les Mistassins, peuple sauvage qui habite les contrées situées aux environs du grand lac des Mistassins. Ces sauvages venaient faire la traite des pelleteries à la Pointe-Bleue, dernier poste situé dans la partie septentrionale du Ca- nada. Ils descendent encore de nos jours vers le mois de juin pour le commerce et en même temps De À. D D, a. SN — pour rencontrer le missionnaire. Ce fut par là que Michaux résolut de se rendre à la baie d'Hudson. Michaux laissa donc le poste de la Pointe-Bleue le 21 août. Il était neuf heures du matin, et ce ne fut qu’à deux heures de Paprès-midi que Porn entra dans la rivière Mistassini. On continua à voyager jusqu’à huit heures du soir. A l’embou- chure de la rivière, les eaux sont peu profondes, et, pendant cinq à six lieues, lon ne rencontre que des bancs de sable mouvant qui ont quelquefois plus d’une demi-lieue de long. La rivière coule à travers une belle contrée. Les terres sont basses, et l’on n’aperçoit pas de montagnes ; les arbres qui bordent la rivière sont d’une belle venue ; ce sont des ormes, des frênes, des pins et, en général, les essences que l’on observe autour du lac Saint- Jean(1). Après une marche de 158 lieues environ, nos voy- ageurs arrivèrent au pied d’une cascade. La ri- vière, resserrée entre deux rochers, se précipite d’une montagne coupée en amphithéâtre, par une hauteur de S0 pieds. Sur les degrés de cet am- phithéâtre, croissent des arbres qu’on aperçoit à travers la nappe d’eau courbée en voûte au-dessus de leur cime. En tombant avec un fracas épou- vantable, elle se brise, et les vapeurs, s’éleyant (1) Les plantes que Michaux rencontra sur la rivière Mistassini sont indiquées aux pages suiyante de sa Flore. « In Cauada, ad amnem Mistassini Vol. 1, fol, 34, 61, 110. Eu 0 comme un nuage, baignent au loin les environs. Au bas de la cascade, les eaux de la rivière for- ment un bassin dont la surface est sans cesse a- gitée. Les eaux viennent heurter le flanc des col- lines environnantes, et reviennent de nouveau se perdre à la base des rapides. Entraîné par le courant, le canot vint aborder sur la rive. Ceten, droit porte le nom de Larges-Rapides. C'était le 22 au soir ; on y campa pour y passer la nuit. Pendant le trajet, Michaux avait remarqué que la dernière limite du Potentilla tridentata est les Larges-Rapides, et que le Gaultheria procumbens disparaît à 10 lieues au-dessus du lac Saint-Jean. L’aire de cette dernière plante est beaucoup plus considérable qu’on l’a pensé jusqu’à présent, puis- que la Floru Boreuli-Americana de Hooker 1n- dique Québec comme sa limite la plus septentrio- nale (1). Le lendemain, le voyage fut interrompu, et l’on resta campé toute la journée à cause de la pluie, qui dura jusqu’au soir. Les trois jours suivants furent employés à remonter la rivière Mistassini. - (T) Quelqües botanistes se sont permis de changer le nom de cette plante et lui ont subtitué le nom de Gautiera, prétendant faussement que l’on devrait écrire Dr Gautier. La véritable ortographe de ce nom est Gaultier comme il appert par les régistres de Notre-Dame de Qué. bec, dans lesquels l’on trouve la signature de ce médécin. (Voyez Ré- gistre de 1751, août 26). Au reste, il serait vraiment regrettable de changer un nom maintenant consacré par un lo ng usage. — 21 — Le courant était devenu très-rapide, et le vent, qui soufilait du nord, contribuait à ralentir la marche. Le 27 août, la rivière avait extrêmement diminué de largeur. Resserrées entre les rochers, les eaux devenaient de plusen plus rapides, et laviron n’était plus suflisant. Il fallut alors avoir recours à un expédient en usage dans de semblables circon- stances : c’était de naviguer à la perche, afin de surmonter plus facilement la violence du courant. Enfin, après une pénible navigation, on arriva au portage Monle-à-peine. À VII Monte-à-peine.—Le lac des Cygnes. Le nom de Monte-à-peine fut pour Michaux un avertissement de bien examiner ses jambes et de consulter son haleine avant d’entreprendre de gra- vir la montagne. En eflet cette ascension fut des plus pénibles ; elle ne put s’eflectuer qu’avec beau- coup de peines et de dangers. Les sauvages étaient accoutumés à ces sortes de fatigues ; pour lui, il n’y était pas habitué. Il gravissait avec beaucoup de difhculté, saisissant tour à tour les branches et les racines qui se rencontraient sur son pas- sage. Tantôt il grimpait sur une pierre glis- sante, tantôt sur des cailloux roulants, tantôt sur Pherbe humide qui croissait dans les crevasses des FAN, ee rochers. La hauteur de la montagne est de huit à neuf cents pieds. Il fallut quatre heures pour la gravir. _ Les plantes suivantes furent cueillies sur la montagne et dans les bois voisins. Vuccinium cæspitosum, Michx,. Epigea repens, Lion. Arbutus Uva ursi, Linn. Lycopodiun inundatum, Linn. - 4 Selaginoides, Linn. Beirypus lunaroides, Michx. Du sommet de Monte-à-peine, l’œil plonge dans une longue vallée, embrassant une immense éten- due de terrain entrecoupé de montagnes, qui res-: semble à un océan de verdure dont chaque va- gue est un monticule. Une petite rivière, qui ser- pente à travers les collines paraît seule briser Ja monotonie du paysage. Nos voyageurs prennent cette direction, et bientôt après il arrivent à un petit cours d’eau qui avait à peine dix-huit pieds de largeur. L’eau de la rivière était généralement assez profonde pour les canots ; cependant, en dif- férents endroits, il fallut décharger les embarca- tions pour les soulever au-dessus des digues de cas- tors dont les cabanes étaient sur la rive. Cette ri- vière les conduisit au lac des Cygnes, où ils arrive- rent le 29 août, vers trois heures de laprès-midi. Le lac des Cygnes, situé à 45 lieues au nord du lac Saint-Jean, est très-intéressant par le pittores- . — 29 — que de ses alentours. Une multitude d'angles rentrants et d’angles saillants lont prendre à ses contours les formes les plus caprieieuses. ‘"Tantôt ses rivages se rapprochent, tantôt ils s’éloignent de plus de deux lieues, Les terres qui lenviron- nent sont généralement basses, entrecoupées de col- lines courounées d'arbres rabougris. Quelquefois ses eaux sont très-profondes, mais en d’autres en- droits la profondeur est à peine suffisante pour laisser passer ie iéger canot d’écorce. Ce qui douna lieu à Paccident suivant. On se pré- parait à décharger les canots ; en débarq'ant, le sauvage glissa ; comme il avait encore une jambe dans le canot, il le fit pencher, et, dans! une ins- tant, l’embarcation se trouva à demi remplie d’eau. Tous les papiers, les plantes, en un mot tout le bagage fut mouillé. Une partie du jour sui- vant fut employé à sécher les plantes qu’il avait récoliées. Pendant que Michaux est occupé a réparer les dommages causés par cet accident, nous allons examiner les plantes cueillies autour du lac des Cygues. Avena striata, Michx. Arundo canadensis, Michx. Xylosteum villosum, Michx. Junrus melanocarpus, Michx. Vaccinium Vitis-Llea, Linr. Epigau repens, er mé (0) Epilobium oliganthum, Michx. + op Potentilla fruticosa, Linn. | Aster uniflorus, Michx. Curex lenticularis, Michx. Abies balsamifera, Michxe. & denticulata, Michx. Betula glandulosa, Michx. Michaux fait ici observer que l’Avena striala est la seule graminée qu’il rencontra dans ces parages, et que le lac des Cygnes est la liraite la plus sep- tentrionale du Vaccinium Vilis-Idea. VIII La Hauteur des Terres—Arrivée au lac des Mistassins, La distance qui sépare le lac Saint-Jean du lac des Mistassins est d’environ 100 lieues. Déjà Mi- chaux avait parcouru la moitié de cette distance non sans de grandes difhcultés ; une route plus pénible encore lui restait à faire. C'était de traver- ser cesaffreuses solitudes où règne la désolation la plus complète. Dans ces contrées, la végétation se réduit à un petit nombre d’espèces rabougries, arrêtées, en quelque sorte, dans leur dé‘veloppe- ment par la rigueur du climat. “ Les arbres qui, quelques degrés plus au sud, forment la masse des forêts, ont, sous cette latitude, presqu’entiè= rement disparu et par la sévérité des hivers et Le par la stérilité du sol; toutes ces contrées, sont entrecoupées de milliers de Jacs, et cou- vertes d'énormes rochers entassés les uns sur les autres, qui sont le plus souvent tapissés de larges lichens de couleur noire, ce qui ajoute encore à l’aspect sombre et lugubre de ces régions désertes et presque inhabitables. C’est dans les intervalles de ces nochers que l’on apperçoit cà et là quelques individus d'un pin rabougri (Pinus rupestris) qui fructifient à trois pieds de terre, et qui, à ce peu de hauteur, portent avec eux toute l’empreinte de la décrépitude. Cependant, à 150 milles plus au sud, cet arbre offre déjà une végé- tation plus forte ; mais il ne s’élève presque jamais au-dessus de 8 à 10 pieds” (1). Rien ne fera mieux connaître la nature du cli- mat et de la végétation de ces contrées boréales, que l’extrait suivant du Journal même de Mi- chaux. ‘ Le 30, nous avons navigué dans trois lacs environnés de montagnes peu élevées, et qui se communiquent par des issues entre ces collines. Le sol, dans toute cette contrée est entrecoupé de montagnes et de collines dont les bas-fonds ou vallées sont remplis d’eanx, et forment ces multi- tudes de lacs, dont la plupart n’ont pas de noms, même parmi les sauvages qui chassent fréquem- Q) Michaux fils. Arbres forestiers, Vol 1, page 49. "… ont ment dans cette contrée. Des intervalles considé- rables sont remplis de Sphignum. L’on y enfonce jusqu'aux genoux, et même dans les plus beaux temps de sécheresse, l’on y est toujours imbibé d’eau. Nous avons fait trois portages, et nous avons fait environ trois à quatre lieues, à cause de la difliculté à tra ei-er ces désagr:ae: ma- récages.”? , ; ‘ Ces marécages abondent en Kalmia glauca, Andromeda polifolia, Surraceniu purpureu et Vac- cinium oxycoccus. Dans les parties moins humi- des, sont les Andromedu calyçuluta, Ledum palu- stre, Kalmia ungustifolia, Epigea repens, Pinus rubra. Le P. ubies bulsumifera cesse au lac des Cygnes ; je n’en vis aujourd’hui que trois en for- me de buisson, et toute la végétation porte ici l'empreinte de pigmées décrépits, à cause de la stériiité du sol et de la rigueur du froid.” pt 2 à août, nous avons navigué pendant une beure, et nous avons rencontré un portage. Le froid était excessif, le temps couvert depuis deux Jours, et la pluie était comme de la neige fondue. Ar- rêtés pour déjeuner, le froid nous ôtait appétit, et les sauvages tremblaient de froid, étant tout tra- LA versés d’eau. , +... ; ‘ Le samedi, premier septembre, la plu'e nous 2) empêcha de voyager. et ui de nos scuviges fut malade. . . . L’après-midi, le temps était moins D | 0 > obseur, et nous avons navigué nonobstant la pluie. Toute la nuit, il yeut pluie, tonnerre et éclairs. Nous avons fait environ six lieues, et nous avons eu à passer un lac et des rivières très-étroites où il n’y avait que la largeur d’un canot.” . ‘“ Le dimanche 2, le temps fut très-obseur dès le matin, et il se résolut en neige fondue. Le froid fut moins rude ; mais nous avons eu un portage de trois quarts de lieue au-travers d’une savane, . ... Malgré les ondées de grêle qui continuèrent toute la journée, nous continuâmes à voyager ; car les sauvages, anssi bien que moi, désiraient arriver le plus tôt possible à Mistassin, de peur que les neiges et les froids ne devinssent plus considéra- bles. Nous avons eu trois lacs à traverser, et nous avons fait environ dix lieues.” ‘“ Le 3, la gelée fut à glace d’environ une ligne d'épaisseur. Dès minuit, je vis la gelée blanche sur les arbrisseaux et les herbes qui environnaient le foyer où nous étions campés. Le temps parut bien disposé pour la journée; mais, vers sept heures, l'air devint nuageux, et nous avons eu de la pluie et al- ternativement de la grêle, de la neige et des inter- valles d’un beau soleil. ,. À onze heures, nous en- trâmes dans une grande rivière qui coule vers Île nord. Ayant les courants favorables, nous avons fait 16 à 13 lieues. Le sol me parut meilleur.” # Le 4 septembre, nous avons fait trois portages, 9 | à cause des courants très-rapides dans les roches. A dix heures et üun quart, entré dans le lac des Mis- tassins.”? Les plantes suivantes ont été cueillies à la Hau- teur des Terres. Scirpus eriophorum, Michx. Cinna arundinacea, Linn. Avena striatu, Michx. Symplhwricarpos racemosus, Michx. | | | an 8é ne . Gentiana pneumonanthe, Linn. Juncus melanocarpus, Michx. Triglochin maritimum, Linn. Alisma pluntago, Linn. Vaccinium oxycoccus, Michx. " cæspitosum, Michx. [Lam.) & Myr'illoides, Michx. (pennsylvanicum, Mentha borealis, Michx, Pinus inop:? Ait. Lycopodium Selaginoides, Linn. IX Le lac des Mistassins.—La rivière des Goëlands. Le grand lac des Mistassins est une vaste mer intérieure qui occupe un espace de plus de deux degrésentre le 71 et le 74 de longitude : il est situé sur le 5le degré de latitude nord, et se dé- charge dans la baie d'Hudson par la rivière Ru- ne ps pert. Près du lac et sur une petite rivière qui s’y jette, se trouve un antre de marbre informe que les sauvages appellent la ‘ maison du grand génie? ; de l’autre coté, c’est-à-dire, près de la décharge, s'élève une roche énorme et isolée qui domine le lac. Frappés de sa grosseur prodigieuse, les peu- ples infidèles du nord invoquent le manitou de cette roche ; lorsqu'ils traversent le lac, ils sont saisis d’une religieuse frayeur et détournent soi- gneusement les regards, dans la crainte d’exciter par là quelque tempête. Le nom de ce lac vient du mot sauvage Mista- assini, qui veut dire grosse roche, et les peuples qui sont aux environs portent le nom de Mistassins, soit à cause du lieu qu’ils habitent, soit peut-être aussi à raison de l’espèce de culte qu’ils rendent à cette roche. Le lac des Mistassins est peu connu. Voici ce que nous en appreni un nommé Jérome Saint- Onge, canadien de la paroisse des Eboulements, qui a passé la plus grande partie de sa vie soit au service de la compagnie du Nord-Ouest, soit à ce- lui de la compagnie des postes du Roi. “ Après avoir stationné pendant plusieurs années au lac des Mistassins pour faire le trafic avec les sauvages, il dit que l’étendue de ce lac est bien peu connue, car il mit trois Jours à le traverser daus l’endroit le plus étroit, allant d'îles en îles, qui sout dan: cette — (90 partie du lae. fl snppose que la “distance entre eiles et la terre ferme n’est pas moindre de trente milles, ce qui donnerait au lac dans cette partie environ 90 milles de largeur. . . .. La rivière Ru pert qui y prend sa source, est bien plus considé- rable que le Saguenay ; il Pa descendue jusqu’à une jouruée de marche de la baie James, il sup- pose que la distance entre Ja baie et le lac Mis- tassin est d'environ 50 à 60 lieues.” (Rapport de l'exploration du Saguenay de 1828, page 163)... Mai: il est temps de revenir à nos voyageurs. Michaux nous donne peu de détails sur Je Îac des Mistassins. Cependant il dit ‘“ que le sol des envirous du lac est peu élevé. Les collines sont à de grandes distances, et la décharge des eaux de ce lac est vers Le nord et le nord-ouest, par diffé- rentes rivières qui vont à la baie d'Hudson. Les sauvages disent qu’on peut y aller en quatre jours, mais il faudrait dix jours pour revenir, à cause des courants qui sont trop rapides.” Nous avons vu que Michaux était arrivé au lac le 4 septembre. Après avoir navigué environ dix à douze lieues, il vint camper sur une de ces lon- gues presqu'îles qui se trouvent à l’ouest du lae, Le lendemain matin, il commença ses herborisa- tions autour de la presqu'île. Ce fut là qu’ileueil- Lit les plantes suivantes. Lycopus virgènicus, Linn. — 37 — Scirpus sylvaticus, Linn. , « eriophorum, Michx. Phalaris arundinacea, Linn. Cornus canadensis, Lien. “ stolonifera, Michx. Potamogeton perfohiatum, Linn. Linnea borealis, Gronov. Ulmus fulva, Michx. Streptopus distortus, Michx. Convallaria stellata, Linn. Triglochin maritimum, Linn. Epilobium angustifolium, Linn. Vaccinium oxycoccus, Linn. “6 hispidulum, Linn. ce uliginosum, Lion. Pyrola secunda, Linn. Epigea repens, Lainn. Spergulastrum lanceolatum, Michx. Cerasus borealis, Michx. Sorbus aucuparia, Lian. (Pyrus americana, D. C.) Geum rivale, Linn. Potentilla fruticosa, Linn. Rubus occidentalis, Linn. “ arcticus, Linn. Brunella vulgaris, Lin. Rhinanthus Crista-Galli, Linn. Sisyrinchium Bermudiana, Linn, Geranium carolinianum, Linn. Bartsia pallida, Linn. Hedysarum alpinum, Michx. 10 Sac Hieracium scabrum, Michx. à « _canadense, Michx. | Aster macrophyllus, Linn. Solidago aspera, Ait. Senecio aureus, Linn. Lobelia dortmanna, Linn. Carex flava, Linn. Betula papyrifera, Michx. Sparganium angustifolium, Michx. Abies alba, Michx. ° balsamifera. Michx. & denticulata, Michx. Pinus inops? Ait. (1) Salix incana, Michx. Acer montanum, Ait. Osmundaregalis, Linn. (2) Le Lobelia dortmannæ trouvé au lac des Mis- tassins, est une espèce très-rare de la flore du Ca- mada. Je ne lui connais, jusqu’à présent, que deux localités : le lac Kinogomi et le lac de Saint- Joachim, où je trouvai cette plante en 1861. Après avoir fait une ample provision des plantes - (1) Le Pinus inops dont il est ici question, n’est autre chose que le P. Banksiana, Lamb. P.rupestris, Michaux fils, déjà mentionné à Ja page31. Cependant il est bon de faire remarquer que ce pin s’é- lève jusqu’à 30 pieds de hauteur dans certaines localités. (2) Comme j'ai coutume de le faire, j’ai omis, dans cette liste, les plantes dont les localités sont indiquées dans la Flore. - Flora Boreali-Americana. Ad sinum Hudsonis et juxta lacus Mistas- sins. Vol, 1, 5, 11, 14, 61, 64, 111, 124, 191, 223, Vol. II, 2, 115, 121, 193, 153, 154, 171. 172, 173,175, 180, 283. nom de Rupert. : nu * que je viens d’énumérer, Michaux se mit de nou- veau en marche pour arriver au terme de son voyage. Parmi les rivières qui sortent du lac des Mistassins, se trouve la rivière des Goëlands, belle et grande rivigre qui coule au nord-ouest et qui va tomber dans la baie d'Hudson (1). Michaux la suivit pendant l’espace de 26 lieues, et vint cam- per, le 5 septembre au soir, près de la rivière Atchoukue (Rivière des Loups-Marins). Le len- demain un brouillard épais et froid, qui bientôt se changea en une pluie neigeuse, les força de s'arrêter dans leur course. Les sauvages, croyant dangereux de s’avancer plus au nord dans cette saison, refusèrent d’aller plus loin ; ils assuraient que, si les neiges continuaient, il serait impossible de s’en retourner. Le retour fut donc arrêté, et l’on revint coucher au lac des Mistassins. Pendant le trajet, Michaux observa les plantes suivantes sur la rivière des Goëlands. | Xylostéum villosum, Michx. Primula mistassinica, Michx. Ledum latifolium, Ait. | Rubus chamæmorus, Lann. Aster uniflorus, Michx. Carez Richardi, Téuill. PA Betula nana, Linn. (1) I est très-probable que la rivière des Goëlands est la méme que celle qui est indiquée dans toutes les cartes géngraphiques sous le — 40 — Myriophyllum spicatum, Linn. Salix incana, Michx. Myrica Gale, Linn. Lycopodium annotinum; Linn. Michaux laissa le lac des Mistassins le 7 sep- tembre. Le retour fut très-pénible, bien qu’il s’ef- fectuât avec beaucoup de promptitude, car les sau- vages avaient hâte de revenir. Arrivés à la Hau- teur des Terres, les voyageurs avaient alors les . courants favorables. La plupart des rivières étaient gonflées et les canots les descendaient avec une rapidité difficile à décrire. Les portages étaient devenus moins fréquents, car le plus souvent on _sautait les rapides. Les sauvages fesaient passer les canots à travers les rochers, avec cette adresse qui leur est connue. A cet endroit du journal, Michaux fait les remarqués suivantes. “IL est évident que le pays situé entre le lac des Cygnes et le lac des Mistassins est le plus élevé, car le lac des Mistassins se décharge dans la baie d'Hudson par la rivière des Goëlands, qui coule au nord- ouest ; et le lac des Cygnes se décharge dans le fleuve Saint-Laurent par la rivière Mistassin, par le Jac Saint-Jean et enfin par la rivière Saguenay jus- qu’à Tl'adoussac, où elle rencontre le fleuve Saint- Laurent, C’est avec difficulté que je nomme ri- vière Mistassin, la rivière qui coule depuis le lac des Cygnes jusqu’au lac Saint-Jean. J’ai fait cette NE pe observation aux Canadiens qui vont traiter dans ce pays avec les sauvages. Ils m'ont dit que l’on croyait autrefois que lon pouvait remonter cette rivière jusqu’au lac des Mistassins.?” Le 9 septembre, on passa le lac des Cygnes et l’on vint coucher sur la montagne de Monte-à- peine. Le 10, on reprit la rivière Mistassini et lon vint camper le soir ‘ à quatre lieues au des- sous des Larges-Rapides, près des premiers pins de Weymouth (Pinus Strobus) que l’on rencontre en descendant du lac des Mistassins” ; enfin on arriva le 12 au lac Saint-Jean, pour reprendre, deux jours après, la route de Québec. De Québec, Michaux retourna à Philadelphie, par la route qu’il avait suivie au mois de juin, c’est-à-dire par Montréal et le lac Champlain; il y arriva le huit décembre. X Retour en Europe. Ici se termine la tâche que je me suis imposée. Cette notice renferme plus de 160 plantes obser- vées dans des localités qui ne sont pas mentionnées dans la Flore de Michaux. Maintenant qu’il me soit permis de raconter un épisode qui se ratta- che à l’histoire de ces plantes. Michaux, après re passé quatre ans aux u 1 NÉE Etats-Unis s’en retournait en Europe sur ?Ophir, vaisseau qui faisait voile pour Amsterdam. Il partit de Charleston le treize août de l’année 1796. D’abord la traversée ne fut pas malheureuse ; mais le 10 octobre, comme on était en vue des côtes de la Hollande, il s’éleva une furieuse tem- pête : les voiles furent déchirées, les mâts brisés et le navire échoua et s’entrouvrit sur les rochers : matelots et passagers, tout était épuisé de fatigues et la plupart auraient péri, si les habitants d’Eg- mond, petit village voisin, ne leur eussent donné du secours. Michaux était attaché à une vergue, et il avait perdu connaissance, lorsqu’on l’emporta au village; il ne la reprit que quelques heures après, se trouvant auprès du feu avec d’autres habits et entouré d’environ cinquante personnes. Sa pre- mière pensée, en revenant à lui, fut de demander des nouvelles de ses collections. fl apprit que, les malles qui contenaient ses effets se trouvant sur le pont, elles avaient été emportées par les vagues ; mais on lui dit que les caisses placées à fond de cale avaient été retirées, et il fut consolé. Mal- gré le mauvais état de sa santé, il fut obligé de rester un mois et demi à Egmond, et d’y travailler jour et nuit ; ses plantes ayant été mouillées par l’eau de mer, il fallut les tremper toutes dans l’eau douce et les sécher l’une après l’autre dans de nouveaux papiers. Cette herbier si intéressant est allé enrichir les immenses collections du Muséum —— 43 — d'Histoire naturelle. On le conserve encore au- jourd’hui tel qu’il était alors, seulement, on en a détaché les plantes qui se trouvaient en double(1). Je terminerai cette courte notice sur Michaux par le portrait que nous en trace Deleuze, son con- temporain qui, ayant eu avec lui des rapports très- intimes, nous en a laissé une intéressante bio- graphie. | ‘“ Michaux était d’un caractère franc, quoique d’une humeur taciturne ; il faisait peu de démons- trations d’amitié, mais si on lui demandait un ser- vice, rien ne lui semblait difficile. Ayant rencon- tré en Amérique plusieurs Français infortunés, il leur ouvrit sa bourse, et leur procura des ressour- ces ; on en voit la preuve dans la note de ses dé- penses, où le nom de ceux qu’il avait obligés, esten blanc. Son extrême simplicité et le goût de l'indépendance qu’il avait pis dans sa vie er- rante et solitaire, lui donnait un extérieur singu- lier ; mais cette singularité ne tenait nullement au désir de se faire remarquer. Ses manières n’é- taient celles d’aucun pays particulier, parce qu’el- les convenaient également à tous. Il m'était ni un Français ni un Anglais, ni un Canadien ; mais partout on le trouvait plus rapproché des naturels que ne l’aurait été tout autre étranger. Il prenait (1) Ce récit, avec tous ses détails, est emprunté aux Annales du Muséum d’Hislcire naturelle. . LA séss HE ne peu de part à la conversation, parce qu’il ne disait et n’écoutait que des choses utiles. Passait-il par une ville, il visitait les marchés et s'informait d’où venaient toutes les denrées ; dans les campagnes, , il interrogeait les habitants sur les plus petits dé- tails relatifs à la culture. A une activité qui ne lui permettait pas de perdre un moment, il réunis- sait une patience qui ne se laissait jamais.” ‘“ Ses qualités morales étaient si bien connues, que lorsqu'on lenvoya en Amérique, après avoir fixé son traitement, on lui donna une lettre de cré- dit illimitée, avec laquelle il pouvait toucher, dans les villes où il passerait, tout l’argent nécessaire pour les acquisitions qu’il jugerait convenables et pour les frais de ses voyages. Michaux ne fit ja- mais usage de cette lettre, que pour l’objet parti- culier auquel elle était destinée, et ne fit jamais payer de ses appointements ; aussi n’a-t-il laissé à son fils que la plus petite partie de la fortune avec laquelle il était né. Mais il reste à ce jeune homme un nom considéré, les connaissances. ac- quises par ses travaux et ses voyages avec son père, et des titres à la faveur du gouvernement.” TABLE DES MATIERES. AVANT-PROPOS . . . . . . . . . . . ‘ . n Michaux, ses premières années, sa mission en Amérique. : Motifs du voyage à la Baie d’Hudson.—Départ pour Mont- MR Le dintot in natal à Québec.—La Malbaie.— Tadoussac. ,: . . , , . La rivière Saguenay.—Chicoutimi. . - . . Lol fent-Jean. ,« sue © in 2 0:01 La rivière Mistassini.—Les Larges-Rapides . . . . Monte-à-peine.—Le lac des Cygnes . : . . . « . . La Hauteur des Terres.— Arrivée au lac des Mistassins. Le lac des Mistassins.—La rivière des Goëlands . Retour en Europe . . . Ne as ge dm me mnt do à ee om ts Th mm om ne “er : ? ss . ' . ' © — 0 ré 1 — La à Rs PET “dre ie Le *à sr st . er pr si RASE NUE VOTES 9 see X LL 8124 Le dom Mat MINE dus im au (ne UN té MES QU APAS PAM DUT Pins a A nimes 144} HULL 0 Jun 1# N pis | are its 7 puvvedtà TE TU CDOTTCT cour tdott ve D RE Ra nr * | VAR 4 Pre LL PRIEX estaÿé Ÿ- Fou, ru rs jee LEA "sl fus PSE ares M: Qis us CUPCTENS an) ppt ni wi «MptnesiA PAL ny nr y be W ul vo qe sn x nent, mis “MU pre fa de Du. Le je pe AL roi x \& M s R bis UN BE ‘ «0 L} + j 4 der a" . 4 « LA : 1 F ÿ1 LS 0 LT 27 A ds ft + eo ge 7 . nette Len CE I EP TP — er — mn) 3072:37# à L'URARY \ YORK LE NICAL UA KO SN NOTES SUR LES PLANTES Recueillies en 1858, par M. L’ABBÉ FERLAND sur les côtes de Labrador, baignées par les eaux du Saint-Laurent. d | Ont fout, AT. À M. l’abbé Ferland ayant eu l’heureuse idée de recueillir les plantes qu’il a rencontrées dans son | voyage aux côtes du Labrador, nous nous empres- sons d’en donner la liste à nos lecteurs, persuadés que nous ferons plaisir à ceux d’entre eux qui prennent intérêt à la botanique. En effet, les | plantes des autres parties du Canada sont déjà con- nues, même à l’étranger; les envois successifs de plantes par monsieur Sarrazin, le docteur J. Gaultier, L- le marquis de la Galissonnière, plantes qui se voient encore dans les grands herbiers d'Europe, puis les travaux subséquents de Michaux, de Pursh, de Hooker et autres, ont déjà fait connaître la végéta- tion du Canada : il ne nous reste plus qu’à indiquer les lieux divers où se trouvent les plantes déjà décrites par ces auteurs. Une bonne flore locale remplira cette lacune. Mais il n’en est pas ainsi de la végétation du Labrador : ces plages ont été peu visitées par les naturalistes, et, bien que le nombre des espèces soit très-limité, soit à raison de lâpreté du climat, soit à cause de l’uniformité du sol, leur étude pe. 2 ne laisse pas d’être très-intéressante, parce qu’elle nous fait connaître les rapports de végétation qui existent entre ces contrées et les contrées analogues du continent européen. La liste suivante renferme plusieurs espèces qui ne sont pas mentionnées dans le petit ouvrage inti- titulé : De Plantis Labradoricis, publié en 1830. DROSERACEZÆ. D. C. Drosera rotundifolia. (Zinn.) Cette plante n’est pas particulière aux côtes du Labrador; on la retrouve dans ,presque toutes les savannes du Canada. Seulement, ce qu’il y a de remarquable, c’est que cette plante, qui atteint dix à douze pouces de hauteur presque partout, n’a que deux pouces sur les côtes du Labrador. A La Tabatière, en fleur au mois d’août. CARYOPHYLLACEZÆ. (Juss.) Arenaria serpyllifolia. (Zinn.) Nom français : Sabline à feuilles de serpolet. Cette plante, qui est très-commune en Europe, dans les lieux sablonneux et arides, est excessive- ment rare en Canada ; je ne pense pas qu’elle ait été signalée par aucun auteur. Elle est certainement spontanée au Labrador. A La Tabatière, en fleur au mois d’août. Silene acaulis. (Zinn.) Petite plante gazonnante, se rencontrant dans les Alpes, et très-commune sur les côtes du Labrador. A La Tabatière, en fleur au mois d’août. ATV " LL 7” LISA ROSACEZÆ. (Juss.) Rubus chamæmorus. (Zinn.) Cette plante, qui se retrouve dans le Groënland, en Sibérie, en Russie, est excessivement commune au Labrador. Le fruit jaune de cette plante est appelé chicoté par les Canadiens et les sauvages, et bake-apple par les Anglais du pays; il est très-estimé et mis à toutes les sauces, comme on le voit par le récit de monsieur | Ferland. | A La Tabatière, en fruit au mois d’août. N. B.—Pursh a aussi trouvé cette plante dans Pile d’Anticosti. | Rubus arcticus. (Zinn.) ‘# acaulis. (Hichr.) “_ pistillatus. (Smith.) La plante tout entière a environ quatre pouces en hauteur ; elle est très-commune sur ces parages. Ses fruits, qui ont la couleur de l’ambre, sont délicieux. Ile Saint-Augustin, en fleur le 12 août. Comarum palustre. (Zinn.) Potentilla palustris. (Scopoli.) Cette plante a une aire très-étendue, puisqu’on la trouve en Amérique, depuis le point le plus septen- trional du Labrador jusque dans les états de la Nou- velle-Angleterre, et, en Europe, depuis la Russie et la Sibérie jusqu’au nord même de l’Italie. A La Tabatière, en fleur au mois d’août. +10 4 JA Potentilla tridentata. (Ait.) Plante de quatre à dix pouces. Nos lecteurs sont probablement familiers avec cette plante, qui se ren- contre assez abondamment aux environs de Québec, dans la direction du Cap-Rouge. A La Tabatière, en fleur au mois d’août. ONAGRACEZÆ, (Juss.) Hippuris vulgaris. (Zinn.) Plante se retrouvant au Groënland, en Islande, en Laponie, en Russie et en France, dans les fossés aquatiques, etc. Bien que cette plante ait une aire très-étendue, comme on le voit, cependant elle est rare, puisqu'elle n’a été signalée jusqu’à présent qu’en deux endroits du Canada, à Lotbinière et à La Malbaie. A La Tabatière, en fleur au mois d’août. CRASSULACEZ. D. C. Sedum Rhodiola. (2. C) Rhodiola rosea. (Linn.) Plante du Groënland, de la Laponie, de la Sibérie, de la Suède, trouvée sur les hautes montagnes de PEcosse et de l’Angleterre, et dans les Alpes, à sept mille pieds au-dessus du niveau de la mer. A La Tabatière, en fleur au mois d’août. ERICACEZÆ. (Zind.) Vaccinium uliginosfn. (Linn.) Au lac des Cygnes.—(Michx.) Au Groënland, e Islande, en Laponie et dans toute l'Amérique septen- trionale. Cette plante se rencontre aussi dans les Alpes, jusqu'aux limites des neiges. A La Tabatière, en fleur au mois d’août. Vaccinium pensylvanicum. (Zam.) “°° corymbosum. (Zinn.) Cette espèce de Bluet, à variété à fruit noir (var : Atrocarpum), est abondante sur les côtes du Labra- dor ; elle est recherchée pour ses fruits par les habi- tants du pays. | A La Tabatière, en fruit au mois d’août. Vaccinium oxycoceus. (Zinn.) Oxycoccus palustris. (Pers.) « « vulgaris. (Pursh.) Le fruit porte le nom d’Afoca, dans le pays; il est aussi très-recherché par les habitants, qui le mangent. Cette plante se retrouve au Groënland, en Islande, en Laponie et dans les parties arctiques de la Sibérie et de la Russie. A La Tabatière, en fleur au mois d’août. Ledum latifolium. (Ait.) T'hé du Labrador. L’échantillon dontil esticiquestion a des dimensions beaucoup plus petites que les Ledum qué nous ren- * controns dans les savannes du Canada, plante qui est généralement connue sous le nom de ‘thé velouté.” À La Tabatière, en fleur au mois d’août. a 6 Arctostaphylos alpina. (Spreng.) Arbutus alpina. (Zinn.) Cette plante est une de celle que A. de Candolle met au nombre des espèces qu’il appelle disjointes, c’est-à-dire, se retrouvant dans des pays très-éloignés les uns des autres. En fruit au mois d’août, à La Tabatière. Andromeda polifolia. (Zinn.) Arbuste dont la hauteur varie depuis six pouces jusqu’à deux à trois pieds. Se retrouve aussi au Groënland, en Laponie et dans les parties froides et alpines de la Russie et de la Sibérie. A La Tabatière, en fleur au mois d’août. SCROPHULARIÆ. (Juss.) Euphrasia officinalis. (Zinn.) La plante trouvée au Labrador, n’a qu’un à deux pouces de hauteur, et se rapproche beaucoup de PEuphrasia minima (Jacqg.), tandis que, dans les autres parties du Canada, elle atteint jusqu’à six à \ huit pouces de hauteur. A La Tabatière, en fleur au mois d’août. POLEMONIACEZÆ. (Juss.) Diapensia Lapponica. (Zinn.) ‘ obtusifolia. (Salisb.) Plante commune dans les régions arctiques et dans toute la Laponie, comme l’indique son nom spéci- fique. A La Tabatière, en fruit au mois d’août. af 7 elle. d'ait d'ORS AL) d'A 7 GENTIANACEZÆ. (Juss) Pleurogyne rotata. ((riseb.) Gentiana sulcata.—( Willd.) 6 4 rotata.—(Froel.) Var : americana.—(Grises.) Au Labrador, au Groënland, à Terreneuve et en Islande. A La Tabatière, en fleur au mois d’août. EMPETRACEZX. Empetrum nigrum. (Zinn.) Cette plante se retrouve au Groënland, en Islande, en Laponie, en Russie, en Sibérie, dans le nord de PAllemagne et sur le sommet le plus élevé des Alpes. Son fruit porte le nom vulgaire de “ graine de corbi- geaux ?” (VNumenius hudsonicus), parce qu’il est très- recherché de ces oiseaux. A La Tabatière, en fruit au mois d’août. Empetrum rubrum. (Wäülld,) Cette plante se distingue, de la précédente surtout, par ses fruits rouges. Elle se retrouve à l’extrémité méridionale de lPAmérique, le long du détroit de Magellan, dans les sables. (Duchartre, Manuel des Plantes.) A La Tabatière, en fruit au mois d’août. BETULACEZÆ, Betula glandulosa. (Hichr,) -. “ pumila. (Zinn.) Petit arbre de six à huit pieds, mais qui est beau- coup plus petit au Labrador. L’échantillon dont il L sk est ici question ressemble en tout point a la pla “#4 qui se trouve sous ce nom dans l’herbier de Michar Be | A La Tabatière, en fruit au mois d’août. SALICACEZÆ. Salix alpestris. (Anderson.) # “ helvetica. 4 ‘“__ pyrenaica, (Gouan.) | kr. _#° americana. (Crdifolia Ph.) ù DU Nous avons comparé cet échantillon avec la plante LE de Gouan, venant des Pyrénées ; la plante du Labra- 51 ‘AL dor a les feuilles plus ovales, c’est-à-dire, plus larges | que l’espèce pyrénéenne, mais ressemble en tout Le ë {! point au S. helvetica de nos collections alpines. "il ? 1 12 A La Tabatière, en fruit au mois d’août. | °015 TYPHACEZ. | 0 Sparganium angustifolium. (Yichr.) l Cette espèce de Sparganier se retrouve aussi à la | Nouvelle-Hollande. 1 En fleur au mois d’août, à La Tabatière. OVIDE BRUNET, Pre. AY — uns ee — a he "©" "+ + _ : 2- — …. — ee — cn | EN LA dar Fe ENT re Ai: FT RAA. jh: à — . nd" L Pur LL fe UT | Lu ISAAC , « rh ion ismdert t Àe co e TE dé nr Le (Aer DV ” UUa. ; us Pas € ER u | Va , 1 te" s De . M LE | | os L ._&r “Rs s De AA: D ' d 2 2 aite Cu, r + or as Fr - Ne . We à 4 0 ET Te” “ ARE Ê M + ‘ - ne « + æ à b e de » à e ‘ € 4e ee" è sx | evrr h. 14 L] Le ln pe Te LL No cl. 2h. … —