«.ri* C^'v'*;- i;^-'»*»- NOUVEAU DICTIONNAIRE D'HISTOIRE NATURELLE, • APPLIQUÉE AUX AUTS, À l'Agriculture, à l'Economie rurale et domestique, à la Me'decine , etc. PAR UNE SOCIÉTÉ DE NATURALISTES ET D'AGRICULTEURS. Nouvelle Édition presqu' entièrement refondue et considé- rablement augmentée ; AVEC DES FIGURES TIRÉES DES TROIS RÈGNES DE LA NATURE. TOME IL DE L'IMPRIMERIE D'ABEL LANOE, nUE DE LA HARPE. A PARIS, Chez DETERVILLE, libraire, rIjehautefeuille^jno 8. M DCCG XVI, Indication des Pages ou doivent être placées les Planches du Tome second, avec la note de 00 fju'elles représentent. A 3l. Animanx fossiles P^^- 1^0 Squelette d'AnoplolTiprium commun. — Tétc du même animal. — ÎNloIaires inférieures à a et 3 rroissans. — Incisives inférieures. — Molaire supérieure. —Sque- lette d'Anoplotherium médium. A 32. Animaux quadrupèdes l8l Antilope Saïga. — Tète du même animal. — Antilope Leucoryx. A 33. Animaux mammifères I99 Le Nil-Gaut. — le Nagor. A 4- Vers et Mollusques 219 Actinie onduleusc. — Actinie ravernalc. — Actiniere- courbe'e. — Alcyon digite'. — Alcyon pélasgique. — Amphinome chevelue. — Amphitrite ventrue. — An- tipate myriophille. — Aphrodite armadille. — Are'- nicole des pêcheurs. A 10. Oiseaux 25G Amazone jaune. — Ara vert. — Agami. Ail. Botanique 364 Diverses espèces de Greffes. A 12. Botanique 3gi Diverses manières de tailler les arbres. A l3. Mine'ralogie ^, . 462 Aiguë marine sur cristal de roche noir. — Albâtre oniv. — Albâtre veine'. — Argent en ve'getation. — Asbeste rayonnant. — Bismuth de Schne'eberg. A 7. Poissons 521 Acanlhinion rhomboïde. — Acanihure chirurgien.— Acipensère esturgeon. — Acipensère huso. — Aci- pensère sterlet, — Ammodite apas. — Anableps gi os yeux. — Anarhicag loup. — Aptèronote passan. —, Argentine Caroline. — Argyreïose vomer.— Aspido» phore armé. ^ Aspidophoroïde tranquebar— Àthe- rine joel. 'S- l4- Mollusques^ Zoophytes et Vers .... 553 Arrosoir de Java, — Ascaride vermiculaire. — Ascidie papilleuse. — Ascidie sphérique. — Aste'rie oreiller. — « Astérie granulaire. — Astérie glaciale. — Astérie Cordifère. NOUVEAU DICTIONNAIRE D'HISTOIRE NATURELLE. A N I Animal, première Partie. Des caractères dlstinctlfs dtivégétal et de l'animal comparés. — Les premiers regards in-8^* 8 A N I l'environne; il passe son existence dans une vie égale, sanj connoître le plaisir et la douleur. Quelle différence entre cea combats , ces haines , ces passions des animaux sauvages qui s'entre-dévorent au milieu des forêts , et ces paisibles chênes que n'émeuvent ni la pitié, ni l'ainour , ni les plus douces fiassions ! Heureux de ne rien sentir, ils coulent une vie sem- >lable il celle de l'âge d'or, et telle que les philosophes la de- mandent. Mais ce bonheur est imaginaire; car quiconque ne peut pas éprouver le mal , est-il capable de jouir du bien? Cet état de sensibilité dans les animaux entraîne encore une autre considération très-essentielle. Une plante étant insensible et sans volonté , ne peut pas se mouvoir ; car com- ment se mouvoir lorsqu'on n'a ni sens pour se diriger , ni ins- tinct pour guider ses actions , ni faculté de connoitre? II faut donc que cette plante demeure constamment en sa place , au risque d'y périr sans pouvoir l'éviter. Mais comment subsis- tera-t-elle ? comment prendra-t-elle la nourriture qui lui est nécessaire? Ne pouvant la cherclier au loin, il faut qu'elle la trouve autour d'elle ; il faut que ses organes de nutrition soient placés 'a l'extérieur , afin qu'ils aient un contact plus immé- diat avec l'aliment : il faut que ses racines s'étendent sous la terre , son feuillage dans les airs , pour offrir un plus facile accès aux alimens qui pénètrent de toutes parts dans son tissu. Tout au contraire , l'animal étant sensible doit jouir de la faculté de se mouvoir, et ayant des sens, il peut distinguer ce qui lui convient de ce qui lui est nuisible; il n'a donc pas besoin que l'aliment vienne le trouver; il faut, au contraire, qu'il aille le saisir. Mais si les organes de nutrition de l'animal eussent été placés à la circonférence comme dans les plantes ; ils l'eussent empêché de se mouvoir, et il n'eût pas pu rece- voir une assez grande quantité de nourriture à la fois, puisque ses viscères digestifs auroient été très-écartés. Il auroit fallu d'ailleurs qu'il fût plongé au milieu de ses alimens pour les absorber de tous les côtés , ainsi que les plantes- ce qui étoit incompatible avec la mobilité et la sensibilité animale ; car ces deux fonctions ne pourroient point alors se manifestes: à l'extr'-rieur, et seroient par conséquent inutiles , puisqu'elles n'ont de rapports qu'avec les corps extérieurs à l'être vivant. Or, la nature voulant établir une série de productions aniroées qui pût entrer en communication avec tout ce qui existe , et qui formât un lien entre toutes les parties de l'univers, a dû placer à l'extérieur du corps des animaux, la faculté de sentir et de se mouvoir; mais, romme il étoit nécessaire que ces mêmes corps prissent de la nourriture , il falloil que celle- ci fût reçue intérieurement. Celte disposition étoit d'autant plus convenable:, qu'elle pcrmettoil à Tuninjal d'exercer ses A NI g facultés extérieures de sensibilité et de mobilité sans empêcher sa nutrition. Telle est encore une des différences essentielles qui distin- guent les animaux des plantes , savoir , la position des organes nourriciers qui est intérieure dans les premiers et extérieure dans les secondes. Les racines des végétaux sont plantées dans la terre ; les animaux ont leurs racines dans leurs viscères in- térieurs et leur estomac. L'animal est à cet égard une plante retournée. Cet arrangement, diminuant l'étendue des vis- cères de la nutrition cliez les animaux , doit être compensé par la nature des alimens. On observe, en effet, que les ani- maux prennent des nourritures plus substantielles que les végétaux , parce qu'ils doivent trouver beaucoup de parties alimentaires sous un petit volume , afm de se mouvoir assez facilement. La nature y a même pourvu pour les espèces car- nivores qui ont besoin d'une extrême agilité dans tous leurs mouvemensj leurs alimens de chair offrent beaucoup de ma- tière nutritive , proportionnellement à leur masse. Ce sont aussi les animaux les plus parfaits dans leur classe, parce qu'ils sont doués , au plus haut degré , des qualités essentielles à tout animal. Leur vie est plus énergique , leur sensibilité plus ac- tive , leur mobilité plus grande , et xiussi leur intelligence plus étendue,- il en est de même des autres espèces qui se nourrissent d'alimens très-substantiels sous un petit vo- lume ; tels sont les oiseaux granivores, les quadrupèdes ron- geurs ou frugivores; tandis que les espèces herbivores sont plusstupides et plus pesantes; les rumiuans , par exemple, les oiseaux d'eau , etc. En effet , a mesure c{ue les organes de la vie végétative acquièrent de la prépondérance dans Técouo- jnie animale , les organes de la vie sensitive se dégradent et s'affoiblissent. Il résulte de ces observations, que chez les végétaux , la structure organiqiie est nécessairement plus simple que par- mi les animaux ; en effet le tissu des plantes , des arbres ornés des parties les plus diverses , n'est guère composé que de fibres entrelacées avec un tissu celluleux ou lamelieux , puis des rayons médullaires et des trachées. Toute la complication se manifeste davantage au dehors, ce qui fait que l'anatomie végétale interne se réduit à peu de chose. Aussi on ne peut trouver à l'Intérieur des plantes , des caractères suffisans de leur classification ( excepté la division générale en végétaux celluleux acotylédones , en monocotylédones endogènes, et en dicotylédones exogènes ou formés do couches concentri- ques superposées ). Mais parmi les animaux , la complication des organes est bien plus considérable, surtout à l'intérieur; c'est pourquoi leur anatomie fournit des caraclcrçs excellent k6 A N I pour leur classification , en les tirant de rintérieuf , toujours moins soumis que le dehors à des modifications particulières. L'animal est formé au dedans d'organes , pour ainsi dire , végétaux et peu sensitifs ; tels sont tous ceux qui ont rap- port à la nutrition; à son extérieur , il est revêtu d'organes animaux , ou plus éminemment sensibles. Or, les animaux ne diffèrent guère entre eux que par cette écorce d'animalité , moins parfaite à mesure qu'on descend depuis l'homme jusqu'à l'animalcule microscopique. Dans les dernières classes, on ne trouve même que les parties les plus essentielles de la vie végétative, et quelques indices légers d'animalité. On peut ainsi évaluer combien un être estjolus animal qu'un autre, ou, ce qui revient au même , moins végétal qu'un autre. Plus cette enveloppe d'animalité sera considérable dans un être , plus il sera élevé dans l'échelle des animaux. L'homme est plus loin des végétaux par sa propre nature, que tous les autres animaux. L'essence de la plante consiste dans la nutrition , l'accroissement, la génération et la destruction ; l'essence de l'animal , indépendamment de ces facultés communes a la plante, consiste dans la mobilité spontanée, par le moyen d'un système musculaire, et dans une sensibilité plus ou moins active , à l'aide d'un système nerveux. Ces deux fonctions, pu- rement animales, et surtout extérieures, mettent tous les êtres vivans en communication entre eux ; elles sont un centre où toutes les parties de la nature viennent se réfléchir; la sensa- tion est en quelque sorte la source de l'existence intellec- tuelle. Tout animal a un ou plusieurs sens. Le toucher est commun a toutes les espèces d'animaux, depuis l'animalcule microscopique jusqu'à l'homme ,• mais il diffère en étendue et en activité, suivant la conformation des individus. ( Voyez l'article Sens.) La plante n'a aucun sens, aucune relation d'intelligence avec ce qui l'environne ; au contraire , l'animal ( du moins dans les classes les plus élevées surtout ) peut con- noitre et comparer, parce qu'il peut sentir les rapports des objets avec lui-même. Comme le goût est un sens nécessaire pour reconnoîtrela nature des alimens dans tous les animaux, il paroît être aussi généralement répandu que le toucher, dont il n'est qu'une modification. Ce sens est tout physique et pu- rement animal, ce qui annonce sa grande nécessité dans l'or- ganisation. En effet, les plus imparfaits des animaux savent fort bien distinguer les nourritures qui leur conviennent, de celles qui leur sont nuisibles ; ce qui ne peut s'exécuter qu'à l'aide du goût. Le tissu des animaux est encore différent de celui des, plantes ; la nature de leurs fibres a dans chaque règne ua. caractère particulier. L'animal a de la chair:, la plante n'a A N I ïi qu'une organisation fibreuse ou celluleuse, souvent moins sou- ple, moins extensible ; elle a plus de rigidité ., de sécheresse j rien chez elle ne ressemble aux muscles , aux tendons, aux cartilages. Cette différence remarquable tient à un mode particulier d'assimilation des nourritures cliez les animaux, et à leur grande composition organique. En effet, la plante subsiste, en général, d'alimens plus simples que ne fait l'animal ; elle peut vivre d'eau, d'air, de carbone , ou du détritus des matières organiques, comme le fumier , le terreau, etc. Elle est donc formée de principes, ou élémens peu compliqués. [Voyez l'art Aliment. ) L'ana- lyse chimique n'y trouve d'ordinaire que trois principes, le carbone , l'hydrogène et l'oxygène} elle n'offre que peu ou même souvent point d'azote dans sa composition. La plante prend les simples élémens de la nature et iie leur donne qu'un premier degré de combinaison ; aussi ne parvient-elle qu'à une organisation peu complexe. L'animal, au contraire , tire en général sa première nourriture des végétaux ; il peut donc pousser la composition plus loin par le mouvement centralisant et les combinaisons de la puissance vitale ; aussi la cliimia trouve dans les tissus des animaux, outre le carbone , l'hydro- gène et l'oxygène, communs au végétal , de l'azote en abon- dance, ou même du phosphore et d'autres principes ^ com- binaison. Il paroît que c'est au moyen de sa respiration, ou de l'air atmosphérique , que l'animal (même le simple herbivore tel que le bœuf) s'incorpore l'azote qui constitue h propre- ment parler la chair, la matière animalisée. C'est en dépouil- lant d'azote cette chair ( au moyen de l'acide nitrique où l'on peut la faire macérer ), qu'elle retourne à l'état végétal. On a soutenu toutefois que ce fait n'étoit pas exact ; que des végétaux pouvoient subsister de matériaux très-composés, et que ceux-ci fournissoient même d'excellens engrais aux plantes; témoins aussi les matières les plus aninialisées sur lesquelles naissent des champignons. L'on a vu ces végéta- tions, lesbyssus, les hypoxylons, sur le fromage, sur des por- tions de chairs , de cornes , de gélatine gâtées , sur des chry- salides même d'insectes, comme les spliœria militaris et en- tomorhiza, qui parurent un fait vsi étrange ( Gui 11. Watson , ■philos, tran.s. 1^63, ;p 271; Fougeroux de Bondaroy, Mém. ac. Paris , 1769,/?. Sçi; et Fr. Mùller , Nov. act. jiat. cur. tom. IV, 21 5). Enfin le loranthus, le gui et d'autres parasites vivent de sucs déjà précédemment élaborés , tout comme font les animaux. A l'égard des engrais animalisés, desquels se nourrissent plusieurs plantes , celles-ci admettent tantôt une portion d'à- ïote dans leurs organes (comme on en trouve chez les charr^- „ A N I pignons, les crucifères et autres plantes animalisées) , tantôt elles séparent de ces engrais les matériaux qui leur conviennent, et laissent l'azote ; ce principe alors libre se combine à de l'oxygène^ et forme l'acide nitrique. De la vient la production du salpêtre ou nilre dans les terreaux animalisés , et même en certaines plantes, telles que les heliavthus^ lesborraginées^ preuve que les végétaux ne prennent les élemens des engrais que décomposés , ou les disgrègent s'ils sont très-compliqués et animalisés. Ainsi, les végétaux simplifient la nourriture à leur niveau de simplicité , tandis que les animaux la surcom'- posent pour l'amènera leur état de complication. Si le gui et les plantes parasites ont besoin de sucs végétaux déjà éla- bores, c'est qu'elles manquent d'organes élaboraleurs , de racines spéciales ; donc elles ne surcoraposent jîoint les sucs végétaux, comme le feroit un animal qui s'en nourriroit; et notre principe établi subsiste. Ainsi, la plante ne vivant que d'élémens simples ou foiblement élaborés, ne se compose que d'un petit nombre de principes ; de là vient que sa vie et son organisme sont peu développés ; mais l'animal se nourrissant de substances déjà préparées par la puissance végétale, élève la combinaison organique plus haut, rassemble un plus grand nombre de matériaux et leur impriq^ davantage l'activité, l'énergie vitale, le mouvement et le sentiment. A cet égard même les animaux carnivores, prenant des nourritures d'une composition plus élevée, por- tent plus loin aussi les facultés actives et énergiques de la vie animale , que les espèces simplement herbivores. • S'il résulte de cette gradation une vitalité plus animée dans les êtres dont l'assimilation des alimens est plus compli- quée; si elle compose des organes d'une structure plus perfec- tionnée , il s'ensuit aussi que la destruction , la dissolution , y seront plus faciles et plus promptes. Un minéral formé d'un ou de deux principes au plus, est un corps peu ou point al- térable, parce que ses élémens sont étroitement combinés. Le végétal étant formé de trois élémens , est déjà plus altérable; et à sa mort, une dissolution plus ou moins rapide disgrège ses principes \ mais chez les animaux, formés de quatre élémenSi au moins , la dissolution est plus prompte et plus inévitable, A peine la morta-t-ellc frappé ces créatures, que leurs chairs tendent à se putréfierjlcs principes qui éloient retenus comme par violence dans une combinaison organique au moyen de Ja vie , se séparent, .surtout chez les carnivores oii la compli- cation des élémens est plus considérable. Pendant la vie même, leurs déjections sont déjà putrides. Ces faits portent à croire que la nature a dû atteindre le maximum de s«« co|nplicalion& organiques en formant leâ A IN- ï I > animaux , puisque leur vie lutte à peine contre la putréfaction ou là dissolution, chez les races carnivores les plus perfec- tionnées, et chez l'homme surtout, si sujet aux maladies pes- tilentielles et malignes. Un degré au-delà de perfection oit de surcomposilion ne paroît pas possible dans l'ordre de notre nature actuelle, puisque la dissolution fait équilibre à la vie la plus développée et la plus intense. L'arbre de la vie , en produisantl'espèce humaine, a fleuri, est parvenu a son faîte le plus éminent , sur cette terre du moins ; car nous igno- rons ce que la nature pourroit former en d'autres mondes. Une autre différence entre l'animal et le végétal , est que le premier absorbe l'oxygène de l'air atmosphérique ( ou des eaux ) comme un stimulant nécessaire à sa vie ; plus l'a- nimal respire, plus il a d'intensité d'existence , ou de vivacité et de chaleur, comme le prouvent les oiseaux, les espèces a sang chaud comparées à toutes celles à sang froid, qui res- pirent peu. Le végétal , au contraire, absorbe l'acide carbo- nique de l'air ou celui qui se trouve dissous dans l'eau. Il rejette beaucoup d'oxygène, surtout a la lumière , pour s'em- parer du carbone , et aussi de l'hydrogène de l'eau. Donc les végétaux reportent dans l'air l'oxygène qu'y puisent au con- traire les animaux (comme la combustion, l'oxydation, etc.); c'est ainsi que s'établit une circulation générale dans les élé- mens divers de notre globe. L'organisation générale des animaux présente enfin des formes spécialement appropriées à eux seuls. Ils sont tous pourvus d'un orifice , par lequel entre la nourriture ; c'est leur Bouche ( Voyez ce mot ). Tous ont un estomac ou un organe central de digestion , qui varie de forme suivant les genres. La plupart ont des pieds , des bras , des tentacules , qu'ils peuvent mouvoir à volonté; ils ont quelque notion des corps qui les environnent; la forme générale de leur corps est plus ramassée, plus concentrée , que dans les végétaux. Ceux-ci semblent plus divisés , plus répandus dans leur con- formation : ce qui est convenable à la manière dont ils se nourrissent. Ils sont presque tous implantés et enracinés dans la terre ; enfin , leurs feuilles , fleurs , rameaux , etc. , distin- gueront toujours ce grand règne de celui des animaux qui n'ont rien de semblable. Le végétal commence à périr par le centre , l'animal périt d'abord par sa circonférence , parce " que les organes nutritifs , toujours les derniers moux'ans ,sont extérieurs au premier, et intérieurs au second. L'animal peut donc être défini : un corps organisé , sen- sible ^ -volontairement mobile , qui est poun>u d'un organs central de digestion. Les termes de corps organisés empor- tent avec eux les notions de vie, d'accroissement, de nu- ii A N I tnlioii , de génération et de mort, qui sont des caractères inséjjarables de toute substance animée. La sensibilité ou la faculté de percevoir des impressions ^ Suppose l'existence de quelque sens, de la mobilité spontanée , delà structure char- nue des libres. La présence de la bouche est nécessaire à tout individu pourvu d'un viscère intérieur de nutrition : tels sont les seuls principes essentiels à tout animal ; car ils se trouvent, quoique plus ou moins diversifiés, dans toutes les espèces de ce vaste règne de vie. Telles sont les principales considérations qui établissent la ligne de séparation entre l'animal et la plante, plus exacte- ment qu'on ne l'avoit fait encore. Le célèbre Hedwig en a présenté, de plus, une remarquable, savoir, que les organes sexuels tombent chaque année dans les végétaux , tandis que les animaux conservent les leurs pendant toute leur vie. Mais nous devons porter beaucoup plus loin l'intéressant parallèle entre ces deux règnes, comme il sera exposé dans la suite de cet article. Etablissons d'abord , à cet égai'd, quel- ques observations nouvelles. Dans les végétaux et dans les animaux , les organes les plus éminemment vitaux et excitables , les plus perfectionnés ou composés, se portent surtout vers les régions antérieures ou supérieures de l'individu : ce sont les parties de la fructifi-* cation et de la floraison chez les plantes j ce sont le cerveau et la moelle épinière ou les principaux troncs nerveux, chez la plupart des animaux. L'on peut dire que ces organes im- priment le mouvement à toute la machine, ou qu'ils en sont la portion la plus délicate, la plus élaborée. Est-ce la chaleur ou le soleil qui détermine plus de vitalité ou de perfection organique, de facultés et de sentimentaux parties des animaux et des végétaux qui se trouvent le plus immédiatement soumises à leur influence? Nous en pourrions offrir diverses inductions importantes, qui seront exposées à l'article Nature. Chez les végétaux , le maximum de leur élaboration vitale aboutit à la génération , à fleurir et fructifier. Ils pré- sentent leurs fleurs et leurs fruits, avec orgueil, pour ainsi (lire , comme ce qu'ils ont de plus parfait. C'est là leur tète et leur visage; par conséquent ils n'ont pour langage et action principale que de faire l'amour. Chez les animaux , au contraire , ce sont le cerveau , le système nerveux et les principaux sens qui se rassemblent à la tète et au-devant de l'individu, avec sa bouche; celui-ci semble donc demander surtout à sentir, à connoitre , à se nourrir , tandis que ses organes sexuels sont reculés ordinai- rem ntàune extrémité opposée, et dérobés même à la vue. A N I ,5 Si les végétaux font parade de leurs amours, les animaux les cachent le plus souvent dans l'ombre du mystère, et même avec pudeur chez plusieurs espèces. Ils ne vivent pas tout entiers pour l'amour ou la génération , comme les végétaux , quoiqu'ils aient des organes sexuels plus permanens ; mais il y a des époques de rut ou de chaleur. Ainsi, la nature a créé l'animal plus spécialement pour sentir, exercer une vie ac- tive par le moyen du système nerveux ; elle a formé le végétal, au contraire, pour fleurir et fructifier. Plus un animal devien- dra sensible , nerveux , intelligent, plus il sera parfait; tel est l'homme surtout ; plus un végétal déploiera ses facultés génératives , donnera des fruits abondans et savoureux, plus il atteindra le faîte de la perfection qui lui est propre. Ainsi la culture qui tend à civiliser davantage l'homme et les ani- maux domestiques , a dompter les sucs âpres et acerbes de l'arbre sauvage, dans nos jardins, n'est point, comme l'ont prétendu J.-J. Rousseau et d'autres philosophes , un acte opposé au vœu de la nature ; c'est, au contraire , seconder ses efforts, suivre la route de ses impulsions les plus nobles, ac- complir ses volontés , remplir enfin nos propres destinées sur la terre. Eh ! ne portons-nous pas notre admiration et une estime involontaire même au mérite , a tout ce qui nous pa- roît le résultat d'une nature plus sublime et plus achevée , soit dans l'homme, soit dans tous les autres êtres organisés? Nous aurions encore un caractère distinctifà tracer entre l'animal et la plante, à l'égard de leur station. D'ordinaire , la plante se tient verticalement, parce qu'elle est enracinée dans le sol; l'animal, ou du moins la plupart des animaux, sont posés horizontalement , parce qu'ils marchent, volent, ram- pentpu nagent. La plante aspirant l'air et la lumière , doit s'é- lancer en haut, el épanouir ses branches pour les chercher ; l'animal quêtant sa pâture, devoit se placer parallèlement au sol qui la lui fournit. Il en résulte encore que la structure de la plante devra pré- senter des formes circulaires , rayonnantes en émanant d'un centre, comme sont la plupart des fleurs régulières (et les irrégulières même ne sont telles que par l'inégal accroissement de quelques parties, ou l'avortement de quelques autres, ainsi que l'a fait voir M. Decandolle). Les animaux, au con- traire , prendront presque tous des formes symétriques , ou seront composés de deux moitiés pareilles , accolées dans leur longueur. Cetaccolement est tel dans l'homme, par exem- ple, que souvent une moitié du corps tombe malade ou pa- ralytique ( hémiplégique ), et l'autre reste saine. Cet accole- nient s'est opéré par entre-croisement , puisque les lésions d'un côté du cerveau se font sentir aux nerfs des membres du coté t(i A S I ojjposè; el l'oû voil les iieils optiques se croiser manlfeste- nieiit, chez les poissons surtout: mais ce qui devient non moins remarquable, est que cette forme rayonnante , chez les plantes , rassemble d'ordinaire les deux sexes sur le même individu j savoir , la partie femelle au centre , et les or- ganes milles autour. Les animaux de forme circulaire , n'ont point, à la vérité, de sexes distincts; mais ils se re- produisent d'eux seuls sans accouplement , et doivent être aiusi considérés comme hermaphrodites. L'hermaphrodisme, ou la réunion des sexes , concourt donc avec la forme rayon- nante parmi ces animaux , comme chez les végétaux ; de telle sorte qu'on n'a jamais vu de zoophyte rayonnant présenter im sexe mâle ou femelle , séparés surtout. Ces deux élémens de la génération semblent incorporés et pétris tellement dans l'organisation parmi la classe des radiaires , que toutes leurs parties ont la faculté de reproduire des individus par bou- ture ou par des bourgeons, à la manière des végétaux herma- phrodites. Il n'en est pas de même des animaux symétriques ; pres^ que tous ont leurs deux sexes séparés sur des individus dif- iérens ; et si l'on trouve des colimaçons, deshuitres et autres mollusques portant les deux sexes sur le même individu, vous reconnoitrez aussi que presque toutes ces espèces s'é- loignent de la forme symétrique régulière, en se contournant en spirale , ou portant des valves inégales , etc. Ainsi la loi de la symétrie des organes doubles , et celle de la divisioa des sexes chez les animaux' , sont généralement correspon- dantes. Mais parmi les végétaux, comme il n'y a presque jamais que des formes circulaires , la plupart aussi sont her- maphrodites ; le petit nombre dedioïques, que l'on observe, le sont souvent par avortement de l'un des deux sexes sur un pied, et de l'autre sexe sur l'autre pied. Ces végétaux , en etièt , deviennent quelquefois monoïques d'eux-mêmes , ])ar une abondante nutrition et la culture , comme dans les cliitia ^ divers saules , àes juniperus, etc. Ainsi , la loi constante de la dioicité des sexes appartient spécialement aux animaux symétriques; et l'hermaphrodisme, ou l'état monoïque , aux plantes et aux animaux de formes rayonnantes comme elle. Voyons avec quelle merveilleuse industrie la nature or- donne ses êtres, et montrons combien d'ignorance et de lé- gèreté de prétendus philosophes ont étalée , en soutenant que tout étoit le résultat du hasard dans l'univers ! N'est-il pas certain que si l'huître sans yeux , sans moyen de changer de place , renfermée dans sa coquille, n'eût pas possédé les deux sexes pour se reproduire d'elle seule , sa A N I ij rare eût été anéantie aussitôt qu'elle eut été créée ? L'her- ïnnplirodisine ou Tandrogynisme est donc une condition de rigueur dans toutes les créatures privées de la faculté de se mouvoir et de sens si nécessaires pour retrouver les individus d'un autre sexe de leur espèce. La nature a donc sagement créé hermaphrodites presque tous les végétaux , ainsi que les animaux lents et privés de la plupart des sens extérieurs. S'il y a des végétaux dioïques , la nature a pourvu bien in- génieusement à la fécondation des femelles , en donnant aux mâles un pollen abondant que le vent transporte sur les premières, toujours humides de désir et d'amour, si l'on peut ainsi parler. Il y a des fleurs mâles qui s'allongent vers leurs femelles comme les valisneria. Il existe même des insectes chargés d'opérer , à leur insu , cette fécondation,- comme les cynips psénés dans la caprification du figuier sy- comore de l'archipel grec ; comme les abeilles et d'autres anthophiles qui vont butiner dans mille corolles le pollen des étamines , et transportent ainsi dans le sein des fleurs vierges ou veuves , les gages de la fécondité de leurs époux éloignés. J^oyez Créatures. Chez les animaux qui peuvent déjà se mouvoir et se retrou- ver par le tact ou la vue , tels que les colimaçons et d'autres mollusques gastéropodes, la nature, tout en leur accordant \&s deux sexes , n'a pas voulu qu'ils en pussent abuser à leur gré : ils ne sauroient se féconder d'eux-mêmes ; mais par le concours mutuel d'un secoud individu , ils deviennent réciproquement l'un pour l'autre , fécondateur et fécondé , comme on l'observe aussi dans les vers de terre , les sang- sues, etc. Ainsi la nature s'est garantie de ses propres abus. Elle a pris plus de soin encore dans les races perfection- nées et sensibles , ou les animaux à formes asymétriques, en séparant constamment leurs sexes. Si les désirs les plus ar- dens , les plus impérieux d'amour , eussent pu se çalîsfaire sans cesse avec la réunion habituelle des sexes, ils auroient bientôt fait périr les individus par les voluptés destinées au contraire à multipher les races ; mais ces désirs sont subor- donnés, par la séparation des sexes , à la volonté des deux individus dilTérens. Il faut alors que le plus fort prie ou solli- cite le plus foible; car dans cette guerre, c'est l'être qui cède qui devient vainqueur. Cependant la femelle n'obtient le plus glorieux et le plus doux des triomphes que pour être chargée de tous les devoirs de la maternité. Aiiisi , à mesure qu'un être est doué d'une plus vive sen- sibilité et d'un plus grand nombre de sens, les sexes sont plus séparés , plus indépendans l'un de l'autre ; alors les désirs d'amour doivent être plus impétueux et plus enflammés par ,8 A N I cette contrainte ; chez les races moins sensibles , moins mo- biles , et par-là plus exposées à la destruction , la nature a ras- semblé les deux sexes, afm que la reproduction put s'opérer sans difficulté. Il n'étoit guère à craindre que ces créatures apathiques abusassent de la facilité que l'hermaphrodisme permet pour des jouissances volontaires; c'est ce que la nature semble avoir merveilleusement prévu , puisqu'elle a rendu androgyties, mais non fécondables d'eux seuls, divers mol- lusques et des vers, déjà plus sensibles que ne le sont les mollusques acéphales et bivalves, leszoophytes, et surtout les végétaux. Ployez Hebmapheodite. Enfin, l'on doit observer encore que les êtres sont d'au- tant moins sensibles que leurs sexes sont plus étroitement rajjprochés par la nature. Ceux-ci sont en effet comme rassasiés continuellement l'un de l'autre , tandis que les sexes séparés conservent toujours plus ou moins le désir du rap- prochement. Donc la séparation sexuelle est un caractère plus propre à l'animalité, et l'hermaphrodisme, à l'état végétal. On pourroit regarder encore l'instinct comme une qua- lité particulière atout le régne animal , si l'on n'en observoit pas des indices parmi -les végétaux; par exemple , lorsque les racines recherchent les bonnes veines de terreau , etc. ( Consultez Instinct.) Il parok plutôt que l'instinct est une des propriétés de l'organisation , qui tend à se conserver , de même que tous les corps de notre monde tendent vers le centre de la terre. La vie gravite vers la vie , comme la matière vers la matière. Après avoir posé les bornes qui séparent les animaux des plantes , il est important de déterminer le rang qu'ils tiennent entre eux , ou plutôt de fixer, d'après une échelle commune , les degrés qui' éloignent chaque animal du régne végétal. Car tout animal n'a y>as la même dose d'animalité. L'homme , qui est , sans contredit, le plus parfait des animaux , est aussi le plus animal au physique , c'est-à-dire, le plus éloigné de la plante; un frêle vermisseau est plus végétant que lui. Mais comment mesurerons-nous le degré d'animalité de chaque être ? Par sa sensibiUté, pari 'étendue de sa vie animale ou sensitive. Seconde partie. — De Tordre et delà distribution la plus naturelle des animaux. La plupart des méthodes inventées jusqu'à ce jour pour classer les animaux , ont été établies sur des principes artificiels , ou sur des caractères précaires. On n'a presque jamais remonté à la source même de l'animalité , pour en saisir les principales différences. Il faut chercher sans doute les grands traits de l'économie vivante dans l'in- térieur des animaux ; mais quels organes doit-on choisir de A N I ,9 préférenre ? Prendra-t-on ceux qui sont rbmmuns à la plante et à l'animal? Einploiera-t-on d'abord ceux qui ne se trouvent pas dans tous les animaux ?Fera-t-on usage des plus variables ? A quels caractères reconnoîtra-t-on les plus essentiels ? Par la définition même que nous avons donnée de l'animal, il est certain que la sensibilité, Ja mobilité volontaire et la nutri- tion centrale , forment ses caractt^res fondamentaux : c'est donc dans ces trois principales sources d'animalité qu'il faut puiser les différences qui distinguent chaque classe; car à mesure que ces caractères seront moins marqués, l'animalité se dé- gradera, et l'être se rapprochera du végétal ou de l'organisa- tion primitive, qui est le tronc duquel sortent toutes les bran- ches des êtres vivans. Plus i\\\ caraclèr-e est fondamental , plus il est répandu dans le système des corps organisés j mais les caractères trop généraux étant communs à toute matière or- ganique ou vivante, ne peuvent pas être applicables à un règne exclusivement à un autre. Il faut donc trouver un caractère exclusif à chacun d'eux. Pour les animaux , c'est la sensibilité et les effets qui en émanent; savoir, la mobilité spontanée et la digestion centrale. Ni le cœur, ni le squelette osseux, ni la forme des membres, ne donnent des principes suffisans pour graduer tous les animaux ; ilsn'indiquentpas la quantité d'ani- malité qui entre dans chaque classe et chaque famille. Il faut, en quelque sorte, que la méthode cle classification soit un zoo- mètre , c'est-à-dire, une mesure des degrés d'animalité, comme le thermomètre indique les degrés de chaleur. Le corps de tout animal est composé de deux ordres d'or- ganes; les uns appartiennent a des fonctions communes à tous les corps organisés : tels sont ceux de la nutrition , de l'assimi- lation et de la génération ; les autres sont l'apanage exclusif des aniniaux; tels sont ceux du sentiment, des sens et de la mobilité spontanée. Les premiers (à l'exception des fonctions génitales) agissent sans interruption pendant tout le cours de la vie , et leur position est toujours au centre de l'animal ; les seconds éprouvent des intermittences d'action, des repos ou sommeils, pendant lesquels ils se réparent; ils sont placés a la circonférence des premiers, et leur servent d'enveloppe ou d'écorce. Ces suspensions de la vie sensitive, ou de l'action de cette écorce sensible et mobile f n'arrêtent jamais la vie végétative , qui est le fondement de Hexistence de tout corps organisé ; elles laissent l'individu dans nn état analogue à celui des plantes. Un homme profondément endormi, un loir, un serpent, un poisson, un insecte-, un ver, enfin tout animal engourdi , n'a , dans ce cas , que la vie végétative ; c'est , pour ainsi dire, une plante, car il n'est pas mort, et même il ve'- ^ète et se répare mieux alors que dans la veille; mais il ne sent îo ANI pas, il ne se meut pas : il n'est donc plus animal; il faut qu'il se réveille pour redevenir tel. Ainsi , tout animal a deux sortes d'existences , celle de la veille et celle du sommeil ou de l'en- gourdissement j la plante n'a qu'une seule existence, plus ou moins active , suivant les degrés de chaleur, de froidure , ou l'intensité de la lumière, etc. Or , la portion de vie de l'animal , qui est aussi commune à la plante, n'est ici d'aucune considération; et comme en al- gèbre on néglige les quantités communes, nous négligerons cette vie générale ( dont nous parlons aux articles Corps orga- nises et Vie ), pour ne nous occuper que de celle qui cons- titue l'animal , strictementparlant. Celle-ci caractérise seule le degré d'animalité tle chaque être. Il est certain que l'étendue des fonctions sensitivcs nous donnera seule la mesure de ce degré ; elle nous indiquera combien un animal est plus ani- mal qu'un autre, et nous donnera la véritable échelle de la perfection des êtres animés. Les méthodes des naturalistes ne nous présentent pas cet avantage; car l'ancienne distinction des animaux en ceux qui ont un sang blanc et ceux qui ont un sang rouge, est premièrement inexacte, puisque le ver de terre, la sangsue et d'autres vers qui sont dans la première division, ont cependant un sang rouge; secondement, elle n'exprime point les qualités , ou le degré de perfection des animaux. Le sang n'est pas la matière la plus essentielle du corps animé. La division plus récente en animaux à vertèbres et animaux sans vertèbres, quoique exacte, n'indique pourtant pas plus les rapports et l'échelle de perfection, que le premier moyen. Ce n'est pas dans les os des vertèbres ou du squelette que réside particidierementla vie des ces êtres. La présence ou l'absence du cœur n'est pas plus essentielle ; car cet organe n'est que l'instrument d'une seule fonction vitale. En recherchant donc les parties les plus essentielles à la vie animale, je les trouve dans le système nerveux, ou les nerfs. Comme ils sont les premiers organes du sentiment, ils sont ainsi la racine de l'animalité. Donnez des nerfs à une plante , il faudra nécessairement qu'elle devienne animale. Les nerfs sont donc la trame première , le germe de l'animal, puisqu'ils sont le principe de la sensibilité. Sentir, c'est avoir des nerfs, c'est être animal. Plus le^fystème nerveux est parfait , plus ou est sensible , plus on «st élevé dans l'échelle des animaux. L'expérience et la théorie sont d'accord à cet égard. On n'est animal qu'en proportion de ses nerfs et de sa sensibilité. C'est donc sur le système nerveux que doivent être établies les pre- mières et principales divisions du règne animal. Les corps organisés insensibles sont des plantes ; les corps organisés lBensil>les sont des animaux. A N I Comme , clans toute science vraiment philosophique , il faut marcher du simple au composé , nous placerons les ani- maux les plus simples avant les plus compliqués^ de même qu'on dispose, suivant l'ordre naturel, les plantes les plus simples, les acotylédones cryptogames , cellulaires dans leur structure , avant toutes les autres. La nature nous présente trois grandes divisions dans le règne animal. La première , analogue aux végétaux acotylé- dones ou cellulaires, est celle des animaux appelés zoophjtes ^ ou animaux-plantes ; ce sont les plus simples de tous : leur tissu organique est pulpeux et très-mou 5 il est plus ou moins diaphane ; on n'y aperçoit presque aucune fibre musculaire , quoiqu'il soit trés-contractile en tous sens. Son caractère fon- damental de vie consiste dans l'extrême division des molécules nerveuses chez ces animaux (i). Parmi eux, il n'y a point de système nerveux, à proprement parler, si ce n'est dans quel- ques échinodermes et radiaires où il semble exister quelques rayons nerveux peu apparensj chaque portion de leur corps a sa molécule nerveuse , et sa vie animale particulière ; il n'y a nul centre commun de vitalité j il est également disséminé en toutes les parties : voila pourquoi ces animaux, divisés et mutilés, se réjj;énèrent et se complètent facilement^ car chaque molécule de leur corps semble avoir son existence propre • outre celle du corps entier. On conçoit que la génération doit être fort simple dans cette tribu de productions vivautes j elle n'est, en effet, qu'une simple bouture , ime sorte de tige qui se sépare de la souche maternelle dans la plupart des espèces ; quelques-unes produisent aussi des œufs , ou plutôt des bour- geons qui se développent à la manière de ceux des végétaux. Les zoophytes n'ont aucun sexe, et se suffisent seuls pour se reproduire : ils ressemblent ainsi aux végétaux agames. Plusieurs genres s'enveloppent d'un tissu spongieux, comme les éponges , les flustres ( eschara ) , ou forment une tige , soit; cornée, soit crétacée, comme les antipathes, les coraux, ou construisent des polypiers , comme les madrépores , tubi- pores, etc., ou se couvrent d'une cuirasse testacée ; tels sont les oursins , les étoiles de mer , etc. j enfin d'autres sont nus , comme les polypes d'eau douce, les anémones de mer, etc. On remarque dans presque toutes les espèces une forme rayon- (1) Nous ne sentons que par les extrémités des filets nerveux, qni sont tellement déliés qu'on ne peut les suivre même à l'aide du microscope. It ne serviroit donc à rien de nier l'esislcnce des molécules nerveuses chez, les radiaires et les zoophytes, par la raison qu'elles ne sont pas visibles. La sensibilité et la contractilité les indiquent cheï eux comme dans nos extrémités nerveuses les moins apercevables. aa A N I nante et circulaire, avec des espèces de bras non artieulés , qu'on nomme tentacules. ( /^oj'ez Zoophytes. ) La bouche est placée au centre de l'animal , et quelquefois il existe plu- sieurs bouches et divers suçoirs. Plusieurs genres n'ont qu'un seul orifice pour recevoir leur nourriture et rejeter leurs ex- crémens: nuls viscères , excepté quelques poches ou cavités et cœcums en certaines espèces; point de cœur ni de vaisseaux artériels ou veineux : ainsi, nulle circulation véritable, nul organe visible de respiration et de génération. Ces animaux sont tous aquatiques; ce sont les cryptogames du règne ani- mal. On ne peut pas commencer l'histoire des êtres vivans par des corps plus simples. La seconde tribu des animaux nous présente une plus grande complication d'organes, et une vie plus étendue, plus reîatli^e aux objets extérieurs; car chez les zoophyles, et sur- tout clie? les plantes, la vie paroit être renfermée et concen- trée dans l'individu; mais 'a mesure qu'on s'élève dans l'échelle des animaux, la vie se développe et sort de l'intérieur du corps , pour s'épanouir au-dehors et se répandre sur tous les objets environnans j semblable au soleil du matin, qui, mon- tant peu à peu sur l'horizon, remplace successivement les té- nèbres de la nuit par l'éclatante lumière du jour. La vie des jWantes est obscure comme la nuit; celle des zoophytes est dans le crépuscule du matin, celle des autres animaux res- semble au jour dans ses différens états de lumière ; mais la vie do l'homme resplendit sur toute la nature, comme le soleil au midi de sa course. L'individu de chaque espèce d'être orga- nisé passe de même par différens états, depuis l'époque de sa première existence jusfpi'au midi de sa vie ; ensuite il rétro- grade par une roule parallèle à celle qu'il a suivie , et se trouve au soir de ses jours dans un état analogue à celui de son matin. Et ne voyons-nous pas chaque jour, la plante . l'animal et riiomme s'élever par nuances du sein du néant au sommet de leur vie, puis redescendre peu h peu vers leur tombeau ? La vie des substances organisées est une roue qui tourne sans cesse, et qui porte les uns au faîte, en même temps qu'elle abaisse les autres; tout naît et décline à son tour. L'homme, qui esta la tête de tous les êtres vivans, commence, dès le sein maternel , par un état de végétation ; il devient ensuite zoo- jihyle, pour ainsi dire , puis ver, mollusque , poisson, reptile, quadrupède , enfin homme. Chaque être monte ainsi à son rang naturel par degrés successifs ; telle est la marche cons- tante de la nature , qui ne fait jamais de saut brusque: elle lie toutes ses opérations par un fil commun et général. Nous distinguerons donc la seconde division animale par la présence d'un système nerveux, épars dans le corps des indi- A N I 23 vîdus , et s'étendant surtout dans la cavité intestinale par de nombreuses ramifications. Dans toutes les espèces, les troncs nerveux passent sous le ventre, et sont pourvus d'un grand nombre de ganglions ou de nœuds qui fournissent des branches à différens organes. Ce qu'on nomme cerveau dans ces ani- maux, n'est qu'un ou plusieurs ganglions placés au-dessus de l'œsophage. Deux branches nerveuses sortant de ces ganglions, entourent l'œsophage, et se réunissent eu dessous pour distri- buer des nerfs atout le corps.Ce système nerveux se trouve dans les vers (excepté les intestinaux), les helminthides, les insectes, les crustacés, lescoquillageset les mollusques nus ; quoiqu'il va- rie beaucoup dans ses formes, il porte toujours ces caractères généraux. La vie n'a point un centre commun dans ces ani- mauxj c'est pourquoi ils ne périssent pas lorsqu'on leur enlève quelque partie importante. Plusieurs espèces reproduisent mê- me de nouveaux organes en remplacement de ceux qu'ils ont perdus. Ainsi les vers, les limaçons repoussent une autre tête lorsqu'on la coupe ; ce qui prouve qu'ils n'ont pas un véritable cerveau. Les insectes et les vers annélides ont un ganglion ner- veux à chacune de leurs articulations ; aussi ont-elles , pour la plupart, une vie particulière. Il paroît même que chaque arti- culation du ver solitaire, appelé cucurbiiain , peut subsister d'elle-même. Le système nerveux ganglionique , c'est-à-dire , composé de nœuds qui sont autant de petits cerveaux, distingue donc parti- culièrement les animaux invertébrés à sang blanc (excepté les zoophytes, qui n'ont aussi aucune espèce de sang ). Les vers et la plupart des insectes n'ont pas un véritable cœur; mais on trouve chez plusieurs quelques vaisseaux, dans lesquels circule une liqueur nutritive; ils ont communément pour organe respi- ratoire , des ^rac/zeej ou des tuyaux àparois élastiques très-ra- mifiés , et communiquant avec l'air extérieur par des trous , ou des stigmates. Les crustacés et les mollusques, ou coquil- lages, sont pourvus d'un cœur, d^'un foie et de branchies ou lames, sur lesquelles rampe une multitude de vaisseaux san- guins. ( Voyez Respiration. ) Cet appareil d'organes ne va jamais l'un sans l'autre ; la présence du cœur paroît exiger celle du foie et des branchies ou des poumons. Les organes de gé- nération sont quelquefois réunis dans les mêmes individus parmi les mollusques , les helminthides et les cirrhipèdes. Enfin , la troisième division des animaux comprend tous ceux qui ont, premièrement, un système nerveux à gan- glions, qu'on appelle sympathique, pour les fonctions de la vie interne ; ensuite un autre système nerveux , dont le principal tronc est renfermé dans des cavités osseuses; tel est le cerveau et la moelle épinière pour les fonctions de la vie extérieure. s4 A "N I Ces animaux sont les plus parfaits de tous; ils ont cinq sens , et la tête n'en a jamais moins de quatre chez eux ; on leur trouve un cœur , un sang rouge , un foie , des poumons ou des branchies :, et des organes de génération séparés en deux sexes sur différens individus. Une charpente osseuse articulée, symétrique , donne de la solidité aux diverses parties du corps. Ces animaux sont les poissons , les reptiles (quadrupèdes ovi- pares et serpens )., les oiseaux et les mammifères, ou quadru- pèdes vivipares et cétacés. L'homme appartient a cette même division. Elle peut se partager en deuxordt-es: i .° des animaux a double système nerveux qui ont le sang froidet respirent peu, tels sont les poissons et les reptiles; 2*^. des animaux à sang <îhaud, comme l'homme, les autres mammifères et les oiseaux. On reconnoît facilement que l'étendue et la complication des systèmes nerveux donnent la mesure de la perfection vi- tale, et qu'ils offrent trois grandes différences dans tout le règne animal, qu'on peut enfin descendre du plus au moins parfait des ordres , suivant cette échelle. A mesure que les systèmes nerveux se dégradent, on voit l'intelligence s'éteindre pro- portionnellement, et les organes se simplifier, se décomposer peu à peu , pour arriver enfin au dernier terme de la vie sen-. sitive. Ce moyen me semble plus précis et plus instructif que les autres méthodes. La division générale des animaux, par Linnaeus , ne pouvoit pas être parfaite de son temps. Les na- turalistes modernes' ayant divisé les animaux en r>ertébrés et çninvertébrés , cette division, bien que juste, ne donne jîas la mesure de la vie sensitive ou animale, qui tient à faction ner- veuse, et non pas au squelette. Il y a deux ordres de nerfs t^ans plusieurs animaux : x.^ ceux qui dépendent du cerveau, soit directement, soit indirectement par la moelle épinière; et 2.*^ ceux du système nerveux, appelé grand sympathique ou intercostal, chez l'homme , les quadrupèdes, les oiseaux , les reptiles et les pois-r sons. Ce deuxième ordre de nerfs est le seul qui existe dans les mollusques ou coquillages , les crustacés, les insectes et les vers (l); il n'a point de racine unique ou de centre vital , chaque ganglion est, pour ainsi dire,, wowaz-^we dans sa sphère d'activité. Enfin les zoophytes n'ont aucun nerf vi- sible ; mais leur sensibilité dénote assez qu'il existe des mo- lécules nerveuses, ou des ganglions imperceptibles dans toutes les parties de leur corps. Voici donc l'ordre, suivant lequel il convient de ranger les animaux. (i) .-.nui les vers dont k- corpsesi formé (ranneaux , ceux qui ont d<;s Iratichies et une circulation , comme les tnbicoles , se rapprochent de rorganisation des mollusques. Les vrais annélides , sans branchies, se Tappiochenidcs vers iniestiuaus. J'appelle lespteiuicrs , Helmimthides. A N I 25 t r THommeet Mammi- A deux systèmes TierA A ''^"S ^^^'^'^ ] J^'^^- x.\,^:lecérébraÛ [vJ^^i^l ^ ^ ' /a sang froid,.., 1 Poissons. ^ r Mollusques. Coquillage». ^ Ayant un cœur et) Helminiliides. A Tin svstème ner \ ^es branchies .| Cirrhipedes. A un systtme ner- I ICrustaces. veux y entourant^^ . , , j T Anrlini(lpy ou simplement irritables^ parce que ces vers ne montrent point en effet de nerfs apparens. Néanmoins ils ont des formes tellement analogues à celles de plusieurs annélides ou vers aquatiques et terrestres, une sorte de tète, des Fibres circulaires, et souvent des organes sexuels, avec une génération par des oeufs ou par des petits vivans , que ces caractères réunis les rapportent tous nécessairement à la classe suivante, plus relevée. D'ailleurs, leur système ner- veux peut être si délié qu'on ne l'aperçoit pas- et l'existence de ces parasites est tellement favorisée, couvée, pour ainsi dire , par celle des animaux où ils subsistent (,car ils meurent lorsqu'ils sont forcés d'en sortir ) , qu'ils avoient moins spé- cialement besoin d'un système nerveux développé, que le lombric terrestre ou les gordius et les planaires aquatiques , qui leur ressemblent à tant d'égards. C'est encore dans la seule classe d'animaux sans système nerveux apparent, que doivent se ranger ces singuliers grou- pes d'ascidies sociales, des botryles, à.es pyrosomes^diG stépha- nomies^ des alcjons, etc., décrits par MM. Savigny , Lesueur et Desmarest. On ne trouvera des animaux ainsi associés et prolifères que parmi les diverses espèces de zoophytes, depuis les vortirelles rameuses ^ les urcéolaires , les cristatelles , jus- qu'aux madrépores et autres polypiers composés de milliers ou peut-être de millions d'animaux adhérens et vivans en commun. Chez les végétaux , cette association d'individus, ou de germes multipliés sur le même pied se remarque sur- tout parmi les arbres et les plantes vivaces \ de là vient qu'on les peut multiplier de bouture , de marcotte , de drageons , decaïeux, etc. ;tout comme en séparant ces polypes assodlés, on donne naissance à de nouvelles sociéte's, on multiplie des groupes semblables à ceux dont ils ont tiré leur origine. Mais si ce sont les végétaux les plus composés ou les plus perfectionnés , tels que les arbres , et non les herbes annuelles , qui manifestent surtout cette multiplicité d'individus réunis sur un tronc commun , ce sont au contraire , dans le régne animal , les races les plus imparfaites et les plus simples qui 36 A N I se groupent et s'associent d'une manière analogue. Hors la classe des animaux sans sysrèine nerveux apparent, nul individu n'adlière ainsi naturellenieut et constamment pen- dant toute sa vie à un autre individu , même parmi les naides, les salpa^ etc. ( excepté les cas de monstruosité ). Il y a donc une individualité plus indépendante parmi les animaux t|ue chez les végétaux , parce que les premiers ont une volonté et un besoin de se mouvoir peu compatibles avec ces asso- ciations. Celles-ci n'ont lieu que chez des animaux excessi- vement mollasses , petits et foibles ,pour les garantir d'une destruction et d'une dispersion inévitables, au milieu de l'in- TRIBU Il.e Animaux a système nerveux . sympathique ou ganglionique. Végétaux à une seule feuille séminale : DIonocotylédones Endogènes. Vi)^ intosiînaux. acjna tiques ou annélides. Insectes diptères. — lépidoptères. — hyménoptères. — névroptùres. — oithoptèrcs. — hémiptères. — coléoptères, aptères. Vrachoides. Crustacés. Mollusques cirrhopodes. lleirainihides. — bivalves-acéphales. — univalvcs. — céphalopodes. Joncs. Cype'roides. l Graminées. i.\ioides. [Palmiers. ILiliacées. Iridées , etc. I Balisiers. [Orchidées. Morènes. etc. A mesure qu'on s'avance dans le tableau comparatif des animaux et des plantes , on trouve que leurs analogies sont moins étroites et moins prochaines. La raison en est sensible ^ car chaque règne marche graduellement vers son état de per- fection, qui est diamétralement opposé dans les plantes et les animaux, excepté à leur origine , où ils se touchent. On pour- roit donc ranger tous les corps organisés sur une ligne. L'iiom- A N I 37 me seroit placé a sa première extrémité, et les végétaux les plus parfaits à l'autre bout. Les plantes cryptogames , sans cotylédons, et les zoophytes, seroient placés au milieu; le resta des êtres prendroit son rang plus ou moins près d'une extré- mité , suivant leur plus ou moins grande perfection animale ou végétale. Plus les animaux sont simples , plus leurs fonctions pure- ment vitales acquièrent de l'intensité et de l'énergie ; ainsi, la génération, la nutrition, l'irritabilité, s'augmentent à mesure que la complication de leurs organes diminue. Mais les fonctions de l'intelligence et de la sensibilité se dégradent aussi en même quantité. Cette seconde tribu du règne animal est, dans toutes les métliodes _, la moins régulière ou la plus disparate. En effet^ l'anatomie démontre bien chez l'huître et les autres mollus- ques un coeur , des brancldes, un système rirculatoire , tandis qu'il n'y a rien de semblable et d'aussi compliqué dans l'inté- rieur des insectes; ceci justifie à cet égard le savant zoologiste qui, le premier, a placé les mollusques au-dessus des insectes dans l'ordre de la perfection. Cependant, qui ne mettra l'a- beille ou le moindre des autres insectes au-dessus de ces ani- maux baveux , même les plusintelligens , pour peu que l'on compare les facultés de ces deux classes d'êtres? Et si l'on doit placer l'homme à la tête des mammifères et de tous les animaux , principalement à cause de la sublime raison qu'il déploie par- delà toutes les créatures , par quelle injustice soumettroit-on, en quelque manière, lesindustrieux insectes à l'huître inepte, au mollasse coUmaçon ? Si c'est la sensibilité , l'activité , l'intelligence , ou du moins l'instinct, qui rehaussent le plus éminemment l'animal; certes, l'insecte méritera un rang bien supérieur à celui des mollusques; son. système nerveux, tout borné qu'il nous paroit, doit nécessaire- ment receler des moyens instinctifs d'un ordre très-relevé; la complicationadmirable de toute sa structure externe et sa par- faite symétrie, la séparation des sexes, peuvent encore militer en faveur de son élévation au-dessus des mollusques , même les moins disgraciés de la nature. C'étoit le sentiment intime du mérite proportionnel de ces créatures qui , sans doute , avoit déterminé Linnasus à placer sa classe des insectes avant celle de ses vers mollusques ; et s'il faut ici revendiquer les droits du génie des insectes , pour ainsi parler, leur cause doit être rappelée au tribunal des lois zoologiques. Déjà , comme pour mettre les parties d'accord , de savans naturalistes, MM. Lamarck et Latreille , présument qu'il existe deux séries distinctes parmi les invertébrés, deux bran- ches , l'une des aTii?naux articulés (crustacés, arachnides^ 3^ A N I insectes, vers) , l'autre des mollusques cépliale's et acéphales ( avec ou sans tète ). Les animaux articulés seroient une tige plus spécialement terrestre , et les mollusques une bianclie aquatique qui se rattacheroit à la tribu des zoophytes par les ascidies, comme à ses racines primordiales. La tige terrestre, toujours plus perfectionnée dans ses facul- tés, que ne le sont les racesaquatiques, vient s'anastomoser, en quelque sorte, avec la famille des mollusques , par les crusta- cés qui vivent dans l'eau, et se rapprochent beaucoup des cirrhopodes ( lépas, anatifes, etc. ). Ces derniers, tantôt con- fondus avec les vrais mollusques , mais plus récemment rapprochés des crustacés dont ils ontbeaucoup decaractères, servent de hen ou forment la communication intermédiaire de ces deux grandes classes. Ainsi , nous trouvons des raisons et pour se'parer et pour rassembler ces divers ordres d'animaux de la même tribu, par le système nerveux; l'anatomie n'établit pas entre eux une différence aussi éloignée que celle qui distingue soit les zoophytes, soit les vertébrés, des autres tribus. Ces mollus- ques, ainsi que les animaux articulés , sont également polir- vus d'un système nerveux a ganglions, mais diversement disposé dans chacun d'eux , comme l'expose la division de M. Cuvier. Ce sont donc des êtres à peu près parallèles en- tre eux et s'avançant , pour ainsi dire , de front dans l'échelle progressive de l'animalité. Les masses ganglioniques des nerfs àts mollusques sont distribuées en diverses régions de leur corps; chez les aniujaux articulés , ces ganglions sont placés de distance en distance le long du cordon médullaire double qui s'étend de la tète à l'anus; cette disposition donne plus d'unité à la vie et aux facultés des insectes, que la dispersion fies masses ganglioniques n'en attribue aux mollusques. A N I TRIBU III.« % Animaux a double système ner- Végétaux a deux feuilles sémi- veux nales : ( le sympathique et le cérébral ). Dicotylédones VERTÉBRÉS. EIO GÈMES. Poissons à squelette épineus, ^ Aristoloches et Amaranthes. acaathoptérygiens. Chicoracées. malacoptérygieiis. Corymbifères. bianchiostcges. Crucifères. chondioptérygieas. Ombellifères. 1 . . Malvacées. [Reptiles : Grenouilles. Renonculées. ^ 1 Serpens. w Fapavéracées. a 1 Lézards. u Sol a nées. j 1 Tortues. 1.3 Ai>ocvnées, Rubiacces. I - jUipsacées , Labiées, etc. ^ jEt la plupart des herbes. -0 ; Oiseaux palmipèdes. ^ / scolopaces. N , gallinacés. « \ oisillons. " 1 ^ \ La plupartdes arbustes et des: rapaces et picoïdes. «o arbres : les a grimpeurs. a Câpriers. Bruyères, Rhododendrons. ■< Mammifères cétacés. ti Légumineuses. u pachydermes. y Oranj^ers , Myrtes. ruminans. Vignes , Erables. rongeurs. Rosacées. carnivores. Ciicurbitacées. grimpeurs. Figuiers. Amentacées. Tèrébinthacée?. ^ Homme. Conifères , etc. i Les herbes dicotylédones correspondront aux animaux à sang rouge et froid (reptiles et poissons) ; tandis que les arbres et arbustes seront plus analogues aux animaux à sang cliaud. ( mammifères et oiseaux ). II faut considérer que par rapport au nombre comparatif des espèces d'animaux vertébrés, et de végétaux dicotylé- dones correspondans , ceux-ci l'emportent infiniment sur ceux-là. Il existe , au contraire , un bien plus graud nombre d'animaux articulés et mollusques de notre seconde tribu , que de végétaux monocotylédones correspondans ; en total , on connoit une quantité d'espèces bien plus considérable et plus variée d'animaux que de végétaux. Comme les élémens de l'animalité sont plus nombreux , il en résulte aussi plus da 16 A N I complication organique et de variabilité que chez des créa- tures d'un ordre plus simple , telles que sont les plantes. Il en résulte encore que les analoj^jies deviennent de plus en plus foibles et éloignées , entre l'animal et le végétal, à inesure que Ton compare des i-aces plus nobles et plus accom- plies. Un arbre ne soutient pas de parallèle exact avec un quadrupède , comme lefaisoit une algue.avec un polype, ou même une fleur et son calice , avec le papillon et sa chenille. Donc les corps organisés s'écartent par leur sommet, tandis qu'ils se rapprochent par leur base. La tribu des animaux vertébrés ou pourvus de deux systèmes nerveux, est la moins nombreuse peut-être de ce grand ré- gne, mais la mieux connue, lapins perfectionnée sur un plan imiforme et régulier , à cause de sa charpente osseuse et de cette distribution coordonnée des diverses branches du sys- tème nerveux cérébral et spinal , dans toute l'économie. De là vient que chez eux la tète contient toujours l«s quatre sens particuliers de la vue, l'ouïe , l'odorat et le goîit, et qu'il n'existe jamais plus de quatre membres et une queue (quoi- que diverses espèces en soient privées). Tous les naturalistes sont parfaitement d'accord sur la di- vision de ces vertébrés en quatre classes ou grandes familles , et sur la liiérarchie de leurs rangs , soir en remontant des pois- sons aux i-eptiles , aux oiseaux , aux mammifères , soit dans l'ordre inverse. L'on est même très-près de saisir toutes les nuances progressives de perfection dans chacune des classes et des familles naturelles, à l'exception des poissons. Dans cette dernière classe, nous sommes loin encore , vraisem- blablement, de connoilre la plus grande partie des espèces ; les principales familles naturelles qui sont observées ne se rat- tachent pas eiîkre elles aussi bien que dans les autres classes de vertébrés. Par rapport au nombre d'espèces , les oiseaux et les pois- sons l'emportent beaucoup sur les mammifères et les rep- tiles, c'est-à-dire, les classes les plus agiles, sur les plus lentes. L'air et l'eau sont des milieux plus favorables pour échapper aux dangers , que la progression sur le sol. Aussi, tous les êtres lents sont les plus exposés à la destruction ; et probablement les plus inertes, les moins protégés , ont dû périr , syrtout a mesure que l'homme s'est répandu sur la terre , comme il détruit les forêts et les végétaux agrestes, lï semble que la nature ait confié à la plus parfaite de ses créatures, l'auto- rité de retrancher ainsi diverses branches de son domaine. Troisième partie. Des sens et des facidtés intellec- tuelles des divers ordres d'animaux.— 'Nous observons que plus lesaniinaux et les végétaux ont d'organes multipliés et A N I 4i différens , plus leurs facultés vitales sont étendues, plus leur conformation est parfaite et leur vie complète. Rien de plus simple que la conformation d'un fuDgus,d'un zoophyte ; rien aussi de plus borné dans ses fonctions vitales. La vie se proportionne toujours â la constitution des corps organisés. L'intelligence de certains animaux se mesure presque tou- jours sur leur conformation organique , soit extérieure , soit intérieure. ( ^. Ame des bÊtls.) En effet, l'àme des bêtes, le principe vital des plantes, n'a2,issent que par le moyen des organes des corps qu'ils animent. Si lame humaine pou- voit entrer dans le corps d'un zoophyte , elle y seroit comme emprisonnée d#ns toutes ses actions , et ne pourroit produire rien de plus que la portion ordinaire de vie de cet animal. Peut-être les animaux ont-ils originairement la même dose de vie, une égale portion d'âme , et ne di fièrent- ils que par leur confoi-mation; par exemple , il est probable que tous le» hommes ont à peu près reçu des âmes semblables ; cepen- dant, combien de différences .entre leur intelligence , leur habileté , leurs divers génies ? Et qu on prenne garde que l'instruction n'engendre pas seule ces différences ; car , dans les mêmes é^les , sous les mêmes maîtres, avec les mêmes soins 3 on ne peut cependant pas rendre deux esprits par- faitement égaux , malgré la parité des circonstances et de l'éducation. D'où viennent donc ces différences ? Pourquoi les «ns sont-ils plus vifs , d'autres plus lents ? C'est sans doute parla même raison que les uns ont un tempérament bilieux , et les autres , flegmatique ; que tel est grand , celui-ci pe- tit , etc. Or , si la conformation intime des corps a tant de pou- voir dans la seule espèce humaine, à combien plus forte rai- son dans les autres espèces d'animaux ? L'âme paroit être égale dans tous, et les organes, c'est-à-dire, les instrumens dont elle se sert pour agir au dehors, sont différens dans chaque espèce, et même dans cliaque individu; car il y a souvent au- tant de distance d'un cheval à un autre cheval, que d'un homme à nu autre homme. L'âme ou la puissance vitale ne se manifeste donc au dehors, qu'autant que la struc- ture de l'individu le permet. Ainsi, parmi les hommes, les uns naissent propresàla guerre, lesautres aux arts, etc., parce qu'ils ont reçu en partage une constitution analogue à ces sortes d'occupations. De même, les animaux sont déterminés à leurs actions, parce qu'ils sont conformés spécialement pour cet objet. Le tigre n'est pas cruel par volonté-, mais par le besoin de sa nature et par sa constitution. Si l'agneau, doux et timide, avoit les muscles, les dents, les griffes, l'estomac, l'ap- pétit et l'organisation du loup , vous le verriez tout à coup de^ venir la terreur des campagnes et des troupeaux, L'aniuiul ix A N 1 n'est point maître ; il obéit en esclave à sa conformation phy- sique, il cède à ses penchans, il suit ses appétits , croyant être l'arbitre de sa propre volonté. C'est la vertu qui rend Thomine libre; c'est elle qui s'oppose à nos appétits corporels , à nos passions , pour suivre la seule raison : c'est elle qui fait retour- ner Piégulus à Cartilage, certain de son supplice; c'est elle qui soutient la fierté de Louis ix dans les fers des Sarrasins , au péril de sa vie. Voilà la liberté ; elle n'appartient pas à la bête : l'homme se commande ; l'animal s'obéit. Les différences qu'on observe dans l'intelligence des ani- maux, dépendent surtout de l'organisation plus ou moins dé- veloppée de leurs systèmes nerveux ; et l'oiï peut établir à cet égard une régie générale. Plus ces organes se compli- quent , plus les fonctions vitales se multiplient , et , par cette raison, plus les sensations se diversifient. Or, c'est cette di- versité de sensations qui , exigeant naturellement une infinité de comparaisons entre elles , agrandit le domaine de la pensée j de sorte que, plus on sent de diverses manières, plus on com- pare , et plus on a d'intelligence, parce qu'on aperçoit les objets sous un plus grand nombre de rapports^Anaxagore a dit que l'intelligence de l'homme venoit de sa main ; en effet ,, rien ne nous, donne une aussi grande quantité de sensations diverses, que le toucher. Ce sens est la première base de toute intelligence ; il se trouve dans tous les animaux , abso- kunent et sans aucune exception , quoiqu'en différens degrés ; et ceux qui peuvent le moins toucher , sont communément les plus slupides; témoins les tortues, les cochons, les rhino- céros , etc. , et tous les êtres couverts d'une peau épaisse et insensible. De plus, chaque organe des animaux a sa manière parti- culière de sentir. Les toucliers des lèvres, du mamelon , du gland , du doigt, de la langue, sont fort différens entre eux. Ensuite , l'état d'irritation, celui de foiblesse , le temps froid ou chaud, sec ou humide, etc. , changent encore le mode de sensation. ( ^. les articles Sens et Sensibilité. ) Ajoutez en- core la diverse texture d'un organe dans chaque individu , texture qui rend la main d'un homme sensible a tel corps , et qui x-end telle autre main incapable de la même sensation. Beaucoup d'animaux ont cinq sens, et en particulier tous ceux de notre troisième tribu, ou tous les vertébrés qui sont les plus parfaits ; cependant aucun d'eux ne sent de la même manière que tous les autres. Il en est , à cet égard , comme de la digestion. Beaucoup d'hommes vivent des mêmes alimens ; mais ils ne font pas un chyle semblable ; leur estomac et leurs forces digestivcs ne sont pas les mêmes. Le cerveau est à In A N I 45 sensation ce que Testomac est à Taliment ; tout dépend de la bonne digestion. Dans In longue se'rie du règne animal, le sens le plus géné- ralement répandu après le toucher, qui semble élre le fon- dement de toute sensation, c'est (avec la faim ou la nécessité de se nourrir) le goût, qiii nest qu'un toucher plus intime , plus moléculaire; devant, pour cet effet , sentir des parti- cules plus divisées , il ne s'exerce qu'au moyen de surfaces humides. Tout animal ayant besoin de choisir sa nourriture, de la discerner du poison ou des matières non alimentaires pour lui , a donc le sens du goût. Nous l'admettrons ainsi chez les polypes et les plus imparfaits des animaux, comme modification du tact. Ce seront les deux seuls sens des zoo- phytes, et les plus inhérens au règne animal. Le sens voluptueux de l'amour doit résider nécessairement chez toutes les espèces pourvues d'organes sexuels, soit réu- nis, soit séparés, sur des individus différens. La plus grande généralité des animaux, depuis les vers et les mollusques an- drogynes ou hermaphrodites de diverse manière, jusqu'aux insectes, aux crustacés, aux mollusques à sexes séparés sur chaque individu, et comme tous les vertébrés, sera donc com- prise à cet égard. L'on conçoit que cette sensibilité volup- tueuse, ou l'amour génital, sera d'autant plus ardent que la dis- tinction sexuelle sera plus parfaite, et que les sexes seront plus indépendans l'un de l'autre. Nous avons remarqué ci-devant que les animaux les plus symétriques étoient aussi les plus complètement dioïques ; car on n'a jamais vu de vrais androgynes ou d'hermaphrodites parmi les insectes , les arachnides , les crustacés, les poissons, les reptiles, les oiseaux et les mammifères (sauf des monstruo- sités). Ainsi , l'homme ou l'être le plus éminemment sensible de la création, sera le plus amoureux dans la nature ; ce que confirment sa faculté d'engendrer en tout temps, et son habi- tude de vivre dans un mariage régulier et constant ; au lieu que les animaux jie se rapprochent que dans les époques de chaleur ou de rut. Les oiseaux, à cause de la grande étendue de leur respiration qui rend leur sang si chaud et leur vivacité si impétueuse , paroissent être plus amoureux que les mam- mifères; ils exercent beaucoup plus fréquenunent le coït qu'aucun autre des animaux. Ensuite viennent les espèces à sung froid, les reptiles et les poissons. Parmi des races moins parfaites encore , les crustacés , les arachnides , les insectes , espèces bien symétriques et à sexes distincts, le sens de l'a- mour paroit plus vit' que chez les mollusques céphalés ou jiourvus de tète , mais dont la plupart sont déjà androgynes , q:io.ique incapables de se féconder d'eux seuls. Les. insectes à 44 A N I métamorpliose , en particulier, n'engendrent qu'une seule fois, et meurent ensuite , à la manière des plantes annuelles. On pourroit penser que les mollusques androgynes, tels que les colimaçons et autres gastéropodes ou coquilLges univalves, étant mâles et femelles , agens et patiens dans Facte féconda- teur, doivent éprouver doublement les voluptés d'amour ; il se pourroit , au contraire , que cette circonstance leur en causât moitié moins. Leur apathie semble même le témoigner, car la volupté de chaque sexe doit être d'autant moindre qu'elle se rassasie mutuellement davantage ; de là vient que les hermaphrodites complets, se suffisant à eux seuls, comme l'huître et tous les mollusques acéphales, paroissent très-froids, sont dans cet équilibre de saturation qui établit l'indifférence. Le sens de l'amour, de même que le goût , semblent n'être que des tacts spéciaux , soit des organes de la nutrition , soit de ceux de la génération. Aussi sont-ils très-inliérens à l'ani- malité ; et plus on les exerce, plus on descend vers la brute dont l'essence est de manger, ensuite d'engendrer. Delà viennent les vices d'intempérance et de sensualité grossière qui dégradent l'intelligence et les facultés les plus nobles , à mesure que l'homme et les animaux s'adonnent davantage aux appétits désordonnés de ces sens. Selon l'ordre de la délicatesse ou finesse des sens, l'odorat prendroit rang après ceux du goût et de l'amour; car chez les animaux il a même des relations plus ou moins intimes avec chacun de ceux-ci. C'est la sentinelle avancée qui donne avis au goût des qualités présumables des alimens et de leur voisi- nage; c'est aussi l'odorat qui dirige beaucoup d'espèces dans la recherche des individus d'un autre sexe, et qui suscite tout à coup leurs désirs. Aussi plusieurs animaux mâles et fe- melles sécrètent et exhalent des odeurs spéciales à leurs orga- nes génitaux (ce qui se remarque pareillement chez les fleurs, bien que les plantes n'aient aucun sens ). Dans l'espèce hu- maine seulement, à ce qu'il paroit, l'odorat prend des rela- tions morales et ne sert pas uniquement au goût et à la géné- ration. Nous respirons en effet avec délices des odeurs suaves de fleurs qui ne semblent affecter le boeuf ou la brebis dans nne prairie que sous le rapport alimentaire. Les émanations fétides agissent aussi sur le système nerveux de l'homme, et surtout de la femme , indépendamment des rapports avec le goût et les fonctions génitales; tandis que les animaux n'y paroissent démêler que des impressions purement physiques. D'ailleurs, l'odorat, par rapport à l'appétit, est moins parfait et moins véhément chez l'homme que chez les animaux , tels que le chien, le cochon, etc. ; mais , en général , ce sens ne se trouve que dans un nombre assez, borné des animaux. On A N I 45 n'en reconnolt aucun organe spécial parmi les insectes et les crustacés, qui pourtant paroissent odorer de loin; tous les autres invertébrés en manquent. L'oiiie est un sens peut-être plus borné encore, dans la gé- néralité du règne animal , que l'odorat. Après tous les ani- maux vertébrés qui en sont pourvus ( Camper et d'autres ana- tomistes l'ont bien décrit dans les poissons ), l'organe de l'au- dition ne se remarque qu'imparfait encore dans les céphalo- podes ( sèches et poulpes ) et dans les crustacés , selon Com- paretti et Scarpa. La vue, bien que le plus délicat de tous les sens , est l'un des plus répandus parmi les animaux. Toutes les espèces hermaphrodites ou se suffisant d'elles seules , comme les zoo- phytes et radiaires , les vers , les mollusques acéphales ou les bivalves , sont privées de la vue , quoique le contact des rayons solaires ou la chaleur puissent être aperçus par des zoophytes nus ( polypes, actinies, etc.) ; mais les insectes , les arachnides et crustacés , les mollusques céphalés pour la plu- part, et tous les vertébrés, ont l'organe plus ou moins parfait de la vision -, de même qu'ils ont les deux sexes séparés , au moins de manière à ne pouvoir se suffire à eux seuls. La vue et l'ouïe n'étant pas des sens à simple contact, comme le toucher et le gt»ût , ni même l'odorat qui s'exerce sur des surfaces membraneuses ; ces sens , au contraire, étant affectés par les vibrations de l'air et de la lumière , ils donnent des idées d'obiets plus éloignés , que ne le font les sens tout maté- riels; ils agrandissent, pour l'animal, la sphère de son intel- ligence et de son univers. Aussi tous les animaux qui jouissent de la vue et de l'ouïe sont plus intelligens que les espèces de la même classe qui en seroient privées ; ces sens dépendant des nerfs du cerveau , coïncident ainsi avec l'existence plus ou moins développée de cet organe. Les animaux qui peuvent entendre sont plus ou moins susceptibles d'apprendre ou de s'instruire; ils ne sont plus réduits au pur instinct; de là vient que tous les animaux à double système nerveux, surtout les vertébrés , sont capables de quelque degré d'instruction ou de connoissance acquise. Mais, dans les animaux, il faut bien distinguer deux sources d'action vitale : considération essentielle , qui nous montrera l'importance des divisions que nous avons établies sur le sys- tème nerveux. L'animal agit , ou par instinct , ou par connaissance. Dans le cas de l'instinct , c'est-à-dire , d'une impulsion tout inté- rieure et non raisonnée , l'animal est forcé de faire une chose sans pouvoir s'en défendre, au péril de sa vie, et sans avoir été instruit. L'agneau naissant cherche la mamelle ds 46 A NI sa mère par besoin , sans y être appris ; il suce son lait , sans idée, sans instruction de ce qu'il fait. Une feuiuie aime son enfant, et le défend au péril de ses jours, parla naïve impulsion de la nature. L'iiomme , la bête , cherchent chacun leuj: nour- riture , ont faim, soifj sommeil , etc., sans qu'on les y ins- truise. Un homme aime une femme , par un attrait qui ïi'est point le fruit du raisonnement. En voyant souffrir un jnallieureux, on se sent attendri et compatissant, quoique la raison nous prouve que nous n'avons pas de mal nous-mêmes. Bnfin , les animaux sont sujets aux passions conservatri- ces de leur individu , telles que la colère , la haine , la ja- lousie, la vengeance, la peur, etc. , contre la voix du raisonne- ment. Voilà l'instinct 5 il nait en même temps que l'animal ; il est ancré dans sa propre vie , dans sa constitution , dans sa iibre même. Il tend à la conservation et à la propagation de l'individu; personne ne l'apprend aux êtres vivans {f^. Ins- tinct); il est fondé sur l'organisation: ainsi le jeune taureau sans cornes frappe déjà de la tète; le poulet sortant de l'œuf sait marcher et prendre le grain de blé qui lui convient. Le corps est savant de lui-même pour ces choses qui ne s'appren- nent pas; c'est, pour ainsi parler, une conséquence de sa vie. La seconde source d'action dans les animaux, est celle qui dépend de la connoissance et de l'instruction , au moyen des impressions transmises du dehors au cerveau , par les nerfs qui aboutissent à nos organes des sens. Par exemple, un jeune chien se dresse à la chasse ; les vieux loups sont plus rusés que les jeunes ; les renards s'instruisent à mettre en pratique diffé- vens stratagèmes, suivant les occurrences ; l'oiseau s'apprend à sifder des airs agréables, etc. Or, tout ceci n'est point donné immédiatement par la nature, comme l'instinct ; c'est ]e résultat de l'expérience, acquise et gardée par la mémoire, ou comparée par le jugement, ou reproduite par l'imagi- nation. Ces choses sont plus ou moins parfaites , suivant le degré d'étude et d'instruction; elles sont susceptibles de per- fection et d'imperfection; elles tiennent à l'individu et non pas à l'espèce : ce qui est tout le contraire de l'instinct; car relui-ci n'est susceptible , ni de plus, ni de moins d'activité ; il ne s'acquiert point , il n'est point particulier à un individu , mais à l'espèce entière; il ne se perd point; il est donné avec la vie elle-même. La science ne se transmet point par voie de génération ; elle n'est point générale et infuse , elle nous vient seulement du dehors; l'instinct est au dedans de nous. Tout ce qui s'opérera dans vous , sans la participa- tion de votre volonté, dépendra de l'instinct; tout ce qui s'exécutera d'après votre volonté sera le fruit de la réflexion et de la connoissance.il y a de même, dans tous les animaux, A N I ^7 des actions qui se font sans volonté et sans connoissance , d'autres qui s'opèrent avec connoissance et volonté. Les premières appartiennent à l'instinct et au sentiment; les secondes , 'a la raison et à l'esprit. Ces deux classes bien distinguées ont deux principaux sièges. Tout ce qui vient de l'esprit ou de la connoissance , appartient au cerveau ; tout ce qui est le résultat de l'instinct , émane de l'intérieur du corps, du cœur et des sens. Voici donc deux ordres de fonctions. La fonction de l'esprit peut être suspendue , sans que l'animal périsse , comme on l'observe dans les hommes idiots, dans les individus ivres ou endor- mis, etc.; enfin, dans tous les cas qui empêchent l'entende- luent ou l'action du cerveau. La fonction de l'instinct est perpétuelle pendant la vie , parce qu'elle préside à son exis- tence ; ou plutôt elle n'est que la manifestation de la vie sensitive elle-même. Elle existe indépendamment de la fonc- tion de l'intelligence , car une foule d'animaux n'ont aucune intelligence proprement dite ; tels sont les zoophytes , ensuite les vers , les insectes et mollusques, qui n'ont rien au-delà de l'instinct. Aussi tous ces êtres n'ont pas de véritable cerveau, ne possèdent qu'un seul ordre de nerfs, qui a été nommé sympathique , parce qu'il établit un accord et une corres- pondance entre toutes les parties du corps vivant. Or, tout animal qui n'a que des molécules nerveuses ou un seul ordre de nerfs (c'est-à-dire, tous les zoophytes, les vers , les in- sectes, les crustacés, les coquillages ou mollusques), est privé de véritable cerveau , siège de l'intelligence , et n'a guère que Yinstinct seul. Mais tous les animaux qui sont pourvus de deux ordres de système nerveux, le sympathique et le céré- bral, tels que les poissons, les reptiles, les oiseaux, les mam- mifères et l'homme , jouissent non-seulement de l'instinct, mais encore de l'intelligence ou de l'esprit, en différens de- grés, parce qu'ils ont un véritable cerveau. V. Cerveau. Remarquez, en effet, que cet organe est le seul qui puisse comparer des sensations, juger et déterminer la volonté. Les animaux à instinct seulement, et à systè;me nerveux unique , n'ont pas de volonté, a parler exactement; ils agissent par une sorte de besoin ou de nécessité ; ils n'inventent et ne per- fectionnent rien ; tout ce qu'ils exécutent est purement orga- nique; ils n'apprennent rien; ils naissent tout appris. Prenez des abeilles qui n'aient jamais vu de rayons de cire et de miel; bientôt elles en feront de semblables, qui ne seront ni plus ni moins parfaits , depuis le commencement du monde jusqu'à la fin des siècles. Toute la surprenante industrie des insectes est le produit de leur instinct inné, inappris et naturel. Il n'y a point d'intelligence ou d'esprit dans ces actions ; c'est plutôt 48 A N I le résultat de leur organisation très-ingénieuse et très-sage ; res petits animaux font de très-belles choses sans s'en douter. nc incontestablement une source féconde et intarissable de vraies richesses ; on ne doit, par conséquent, rien négliger pour l'entreprendre avec succès, et nous allons essayer de tracer les principales règles de conduite qui doivent diriger l'économe rural et tout pro- priétaire de bestiaux dans cette grande entreprise, et qui sont surtout applicables aux quadrupèdes , particulièrement aux utiles compagnons de l'homme dans ses travaux les plus importans. Les principaux objets à considérer dans Téducation des animaux domestiques les plus précieux, sous les grands rap- ports de leur multiplication et de leur amélioration, sont le sol, le climat, la nourriture, l'exercice, le logement, le pansement de la main, la destination et l'instruction. Chacun de ces objets exige des attentions particulières, que nous de- vons examiner ici successivement et succinctement. Le sol sur lequel on élève les animaux domestiques peut être bas ou élevé, sec ou humide; et ces quatre états lui donnent des propriétés relatives bien différentes les unes des autres , a l'égard de ceux qui en reçoivent les influences. Deux de ces états rentrent souvent dans les deux autres, et leur communiquent ou en reçoivent leurs principales propriétés ; par exemple, le sol élevé est ordinairement sec, tandis que le sol bas est ordinairement humide. Le sol élevé, lorsqu'il est sec , est généralement plus sain que le sol bas, lorsqu'il est humide : l'air y est plus vif, plus léger et plus pur; il a plus de ressort, et il le communique aux animaux qui y sont habituellement exposés. L'aliment végétal qu'il procure est plus rare, mais il est plus substantiel, et il donne aux anim.nix qui s'en nourrissent plus de force et d'énergie que de volume et de corps. Ce sol convient essen- tiellement a la chèvre, au mouton et a la plupart des rumi- nans, qui le choisissent dans l'état de nature. Nos premiers oiseaux domestiques paroissent aussi le rechercjierets'y plaire, et ils y trouvent souvent a nu le gravier dont ils lestent ordi- nairement leur estomac. Le sol bas, lorsqu'il Qst humide, paroit être moins favo- rable 'a la plupart des constitutions : l'air y est plus chargé de molécules hétérogènes; il est moins sain, il est plus lourd, et A N I 87 il communique cette dernière propriété aux animaux qui y sont habituellement plongés- L'immidité qui les environne amollit leurs fibres, allonge leurs membranes, disteiul leurs membres, et les rend plus massifs, plus pesans et plus lents. L'aliment végétal y estplns abondant^ mais il est plus aqueux, il Cbt moins nourrissant; il perd en qualité ce qu'il gagne eu quantité, et il donne aux animaux plus de corpulence que d'énergie, plus de volume que de force. Le. principe vénéneux y paroit aussi plus abondant, parmi les plantes , que dans le site opposé , ainsi que les miasmes délétères , et les animaux y sont plongés continuellen)ent , en quelque sorte, dans un bain de vapeurs. Ce sol convient surtout au buffle , au bœuf, au porc , au cygne , au canard , a l'oie , et a tous les oiseaux aquatiques, qui le recherchent, lorsqu'ils sont abandonnésa la nature. Le milieu entre ces deux extrêmes est ordinairement , comme en toutes choses, le point préférable pour le plus grand nombre des animaux domestiques; c'est surtout le plus convenable, avec le degré de chaleur suffisant, pour le cheval, l'âne , le chien, le chat, le lapin , l'abeille et le ver a soie,* et les plaines conviennent particulièrement aux solipèdes, afin qu'ils puissent y exercer librementleurs membres à la course. On voit, d'après ces données générales, qu'il existe néces- sairement les plus grands rapports entre la nature des lieux liabilés par les animaux domestiques et la complexion de ces mêmes animaux. Le caractère fondamental de cliaque classe paroît même dépendre de la nature des lieux qu'elle habite. Aussi voyons-nous que, dans les terrains bas et aquatiques , ces animaux ont un tempérament humide , une rliair molle , un caractère apathique et stupide ; sur un sol élevé et sec , au contraire , leur structure est fine , nerveuse et délicate , et leur taille svelte; leurs mouvemens sont prompts, et leur sensi- bilité exaltée répond a leur agilité et a leur vigueur. On a aussi remarqué que « les quadrupèdes des pays doux , fertiles » et cultivés par l'homme, se sont, pour ainsi dire, policés, en )) vivant près de lui , et que le chien a perdu, par ce voisinage, » son ancienne férocité , le bœuf sa fierté primitive , et la )) chèvre sa liberté vagabonde. » La qualité du sol exerce aussi son influence sur la taille des animaux, et l'on observe encore que, par une loi qui régit également les végétaux, les animaux qui habitent les mon- tagnes élevées, granitiques ou schisteuses, et les terrains'si- liceux , secs et arides , sont plus petits que ceux qui couvrent les plaines calcaires et végétales , et les contrées basses et hu- mides; parce que, dans le second cas, leurs fibres sont plus molles et plus nourries , et les mailles des tissus étant plus 88 A N I lâches , elles se prêtent davantage a Textension que dans le premier cas, où la fibre reste sèche et courte. C'est pourquoi, dans les terrains bas et humides, et dans les vallons fertiles , les mêmes races d'animaux domestiques prennent plus de corps et d'embonpoint que sur un sol aride , élevé , pierreux et stérile; et c'est aussi par celte cause que les chevaux, les boeufs et les bétes h laine de la Flandre, de la Hollande et des gras pâturages de la Suisse et de la France , deviennent plus volumineux que les animaux des mêmes espèces nourris sur les Alpes , les Pyrénées , les Apennins, et sur tous les sites âpres et montueux. Il est donc incontestable que la nature du sol agit très- puissamment sur la constitution des animaux domestiques , et qu'elle exige les attentions les plus sérieuses de la part de l'économe rural. L>e climat agissant égT , AvORTEMLNT, STERILITE, CaSTRATION , Co^SA^GUl- KiTÉ, Nourriture, et Engraissement, (yvart.) ANII\t/VL. Dans les pays méridionaux de la France, où l'on élève beaucoup de mulets, ràne étalon est généralement désigné par le mot animai L'on dit conduire une jument à ï animal (s) AîMlMAL anonyme de Buffon. C'est le Fennec, (desm.) ANIMAL ou CHEVRE DU BEZOARD. 11 paroUque c'est la Chèvre sauvage ou le Paseng des Persans , qu'il ne faut pas confondre avec le pasan de Buffon, qui est une An- tilope, (desm.) ANIMAL FLEUR. On donne ce nom à plusieurs vers des classes des Polypes, des Radiaires, qui, lorsqu'ils sont développes , ressemblent à une fleur revêtue de ses pé- tales ou de ses étamines. Ce nom est aujourd'hui rejeté de l'histoire naturelle, (b.) ANIMAL DU MUSC ou PORTE-MUSC. IMammi- fère ruminant du genre des ChevrotâiNS. V. ce mot. (s.) ANlMALCULfcL. Nom que les anciens naturalistes fran- çais ont donné aux animaux microscopiques des infusions. Ces animaux forment aujourd'hui une division, dont les caractères sont d'être infiniment petits , vagabonds , gélati- A N T ,09 neux, tratisparens , contractiles, et d? so rcpro luire par une section naturelle Je leur corps. Us so^it les mêmes sous le cercle polaire et sous Téquateur. Ils multiplient av.-c la plus étonnante facilité, lorsqu ils se trouvent dans d;;s ciicons- tauces favorables. Depuis la découverte des animaux infusoires par Leuwen- hoeck, il y a cent ans, tout s'est animé ; tous les fluides, hors les huiles elles esprits ardens , se sont trouvés en regorger; toutes les espèces d'infusions, surtout celles qui sont faites avec dos graines , en sont remplies. On ne peut boire un verre d'eau stagnante sans en avaler des milliers, et quelquefois des millions. La plus pure même encontient toujours quelques-uns. Ces êtres confondent toutes les idées qu'on se fait sur l'éco- nomie animale. 11 y en a qui peuvent rester desséchés pen- dant un grand nombre d'années, et reprendre le mouvement dès qu'on les a remis dans leur élément, c'est-à-dire dans l'eau. Ils ont un mouvement varié qui s'accélère ou se ralen- tit à leur gré. Chaque espèce se distingue par des allures particulières; ils agissent enfui comme des animaux les plus parfaits dans les principaux actes de l'animalité. On a beaucoup disputé sur la nature des animaux infu- soires. Les nombreux écrits qui ont été publiés il y a une cinquantaine d'années pour prouver qu'ils n'éfolent point des animaux, mais simplement des molécules organi(iues, sont oubliés. Guettard est le dernier qui ait osé soutenir cette opi- liîon. En ce moment, les naturalistes ne doutent plus du rapport qu'il y a entre les animalcules hifusuires et les roilfères., entre les rotlfères et les pofypes , etc.; et allant toujours du plus simple au plus composé, entre eux et l'homme. Cependant, des métaphysiciens, quoique reconnoissant cette vérité , cher- chent encore , par des suppositions, à les faire sortir de la classe des animaux, uniquement parce qu'ils ne peuvent de- viner comment il en naît dans une infusion où il n'y en avoit pas quelques jours auparavant; ils ont recours à la préexis- tence, à rindestructibillté des germes, à la matière plas- tique , aux molécules organiques, à la vitalité de la matière, et aux autres mots de celte sorte dont personne ne peut com- prendre le sens. Des observateurs ont prétendu que les animaux infusoires se mangent réciproquement. Cependant on peut supposer, en considérant la simplicité de leur organisation et leur ex- cessive petitesse, que la matière extracllve , muqueuse, qui se trouve toujours dans les eaux qu'ils habitent, est suffisante pour leur nourriture. Muller a vu rejeter de l'estomac d'un jBraohion , des animalcules plus petits que lui , et ils éloient iio A N I aussi pleins de vie que lorsqu'ils y étoient entrés. Ainsi, puis- tjue cette espèce, qui est une des plus grandes et des mieux organisées de la classe , ne peut digérer celles de sa fa- mille , il faut croire que les autres s'en nourrissent encore moins. K. au mot Polype. Lors([u'on fait bouillir l'eau d'une infusion qui contient des animalcules, on les fait mourir; mais lorsqu'on laisse cette même infusion exposée à l'air pendant quelques jouis, il en reparoit de nouveaux. Il n'en est pas de même lorsqu'on laisse évaporer cette eau naturellement; les animaux qu'elle contient se dessèchent , perdent toute action vitale ; mais il suffit de leur rendre de la nouvelle eau, pour, au bout de quelques minutes , les voir reprendre leurs mouvemens. Ce- pendant il faut le dire , tous les animaux iufusoires ne résis- tent pas à cette épreuve , et il semble qu'elle devienne d'au- tant moins vraie , qu'on la répète sur ceux qui sont les plus voisins du dernier terme de l'animalilé, du moiias thernius. V. au mot iNÏONADE. On a cherché à connoître si les animalcules varioient spé- cifiquement , à raison de la différence des platites ou des autres substances qu'on avoit fait infuser dans l'eau où ils sont nés, et on n'a rien trouvé de régulier à cet égard. Il est vrai cependant que certaines espèces se trouvent plus constam- ment dans telle infusion que dans telle autre ; mais aussi la même infusion en donne , dans des temps ou dans des lieux différens , d'absolument dissemblables. Spallanzani amis des infusions, bouillies , dans des vases, dont les uns étoient hermétiquement fermés , les autres à peine couverts, et les autres exactement fermés. Au bout de quelques jours, il observa que toutes offroient des animal- cules ; mais il y en avoit d'autant moins que le vase à qui elles appartenoient étolt mieux fermé. Cette expérience a été variée de différentes manières, et a toujours réussi. La reproduction de ces animaux ne peut se faire par la génération, puisqu'ils n'ont pas d'organes propres à l'opérer ; par conséquent , ce qu'on a pris dans quelques-uns pour àcs œufs ou des petits vivans , n'étoit que des bourgeons sem- blables à ceux qui se produisent sur les Polypes. ( V. ce mot.) Il résulte encore des expériences de Spallanzani et autres , que cette reproduction se fait principalement par division, c'est-à-dire , que l'animal se fend , en commençant par sa partie antérieure , et se sépare bientôt en deux parties qui deviennent chacune un animal parfait. Lorsqu'on a lu l'ou- vrage de ce savant physicien , intitulé Ohseivations et Expé- riences sur les animalcules, dans ses Opuscules de physique , on ne peut plus faire d'objections raisonnables contre ce fait. A N I t„ Leuwenhoeck, en s'occupant de ses précieuses recherches sur les animalcules , en découvrit dans la semence de l'homme et des autres grands animaux. Aussitôt on ahandonna les sys- tèmes anciens sur la génération ; on en fit un nouveau qui fut combattu et ensuite oublié. Buffon l'a renouvelé dans ces derniers temps, et Ta paré des charmes de son style; au- jourd'hui il n'est défendu par personne , et avec raison; car il suffit d'examiner, sans préjugés, aumicroscop»', les vers sper- matiques de Leuwenhoeck , qu'il ne faut pas confondre avec ics animalcules TpuU'iàincux de la semence , comme le fait Buf- fon , pour se convaincre que ce ne sont point des animaux. Leuwenhoeck, Valisniéri , Bono , Ledermuller , Baker, Buffon, Needam, Spallanzani et Bonnet ont obsené, et sur- tout beaucoup disserté sur les animalcules infusoires ; mais Othon-Frédéric MuUer est le premier qui les ait étudiés avec suite, qui les ait décrits avec méthode, qui les ait figurés avec exactitude. 11 est véritablement le créateur de cette par- lie de riiistoire naturelle. 11 ne s'agit que de jeter un coup d'œil sur son ouvrage intitulé Animalia infusunu , et de com- parer son travail avec ceux de ses devanciers , pour juger combien il leur est supérieur. On y puise , et on y puisera encore long-temps les plus solides matériaux des nouveaux écrits sur cette matière. 11 divise les animaux infusoires en quinze genres, dont les uns ont des organes ciliés et rota- loires autour de la bouche , et les autres n'en ont point. Les premiers , appelés roUfères par Lamarck , ne renferment que deux genres : Brachion et Vorticelle. Les derniers se subr divisent en animalcules qui ont les organes extérieurs , et en ani- ■malcides qui n'en ont point. Ceux de cette première subdivi- sion sont : les Himamopes , les KeroîvES, les Trichodes et les Cercaires. Ceux de la seconde se partagent encore en animalcules à corps membraneux et en animalcules à corps épais. Les premiers sont : les Bursaires , les Gones , les Kolpodes, les Paramécies, les Cyclides ; les seconds : les Vibrions, les Enchelides, les Volvoces et les Protées. F. ces mots, (b.) ANIMAUX FOSSILES. Foy. Fossiles et Animaux PERDUS. ANIMAUX PERDUS. On appelle ainsi les êtres jadis animés , dont on trouve les dépouilles dans le sein de là terre , lorsque ces dépouilles , comparées aux parties cor- respondantes dans les espèces vivantes qui nous sont ac- tuellement bien connues , présentent des différences telles qu'on est obligé de convenir qu'elles n'ont pu appartenir à aucune de ces espèces. Toutes les classes d'animaux, à l'exception de celles qui ne comprennent que des espèces totalement dépourvues de ii:. A N I parties solides , offrent des vestiges susceptibles d'être de'crits et (l'être comparés aux parties analogues des êtres actuelle- ment existans. Les mammifères , les oiseaux , les reptiles et les poissons osseux nous fournissent des os ou des arêtes pour Fordinaire très-bien conservés , surtout lorsqu'ils sont com- pris dans des couches cristallisées. Le plus grand nombre de mollusques nous présentent aussi leur têt ou coquille à l'état fossile ; des crustacés, leur carapace, ou quelquefois seule- ment leurs empreintes ; des insectes , leurs formes générales lorsqu'ils sont englobés dans l'ambre jaune ou succin , et des polypiers pierreux , leur substance même, souvent telle qu'elle a été déposée par les animaux qui les ont formés dansTorigine. Toutes les parties molles , cornées ou cartilagineuses, des animaux enfouis , ont disparu. C'est en vain qu'on espéreroit trouver, dans l'intérieur de la terre, les ongles ou les sabots des mammifères qui offrent de si bons caractères pour clas- ser ces animaux. C'est aussi vainement qu'on chercheroit les becs des oiseaux, les éaiii/es des tortues , les squelettes cartila- gineux des raies et des squales (i). Toutes ces parties , comme la chair, comme le poil, n'ont pu résister à la destruction. De môme, les mollusques, tels que les aplysies, les téthis , les clio , les biphores , les ascidies , les pyrosomes , les botrylles , etc., s'ils ont eu des types dans les premiers âges du monde , ne nous en présentent aucune trace : ces types sont perdus pour tou- jours. Les vers intestinaux, les animaux infusoires , les vers marins mous , comme les actinies , les méduses , les beroës , les ^es nus , etc. , sont absolument dans le même cas. ne nous est donc donné que de pouvoir étudier les parties solides des animaux perdus , auxquels certains auteurs ont appliqué l'épithète à'antédilmiens. Ces débris animaux peuvent se trouver dans différentes circonstances , dans diverses positions , et dans des forma- tions de nature variée. Jamais on ne les rencontre dans les roches granitiques anciennes ; jamais aussi dans les gneiss ou roches feuilletées primitives dont la composition est essentiellement de mica et de quarz ; jamais non plus on ne les a découverts dans l'épaisseur des bancs de houille grasse , ni dans les lits ar- gileux qui les accompagnent , bien cependant qu'on en ait rencontré quelques-uns accompagnant V anthracite^ qui est la houille des terrains de transition. La houille grasse cependant offre les premiers vestiges des êtres organisés enfouis ; ses épontes sont remplies d'em- (i) Il n'est resté de ces derniers , que des dents qui sont connues sous le nom de glassopèlrcs. pulypt A N I xi3 preintes de végétaux, dont la plus grande partie peut se rap- porter aux familles à^s fougères ^ des palmiers , des graminées j des nibiacées , etc. Les premiers animaux dont on trouve , sinon des fragmens solides, du moins des moules, se voient dans le schiste Ardoise, Ils appartiennent à des groupes très-différens de ceux que pré- sentent nos méthodes , et c'est avec beaucoup de ménagement qu'on doit les rapprocher des crustacés branchiupodes. Ces êtres , très-imparfaitement décrits par Guettard et par Knorr, ont fourni récemment à M. Brongniart le sujet d'un mémoire lu à l'Institut, et dans lequel il propose de diviser ces premiers animaux du monde antique en deux genres auxquels il donne les noms de Callymène, et d'OoYGiE. Le même savant paroît avoir démontré que plusieurs roches cristallisées qu'on avoit désignées sous le nom de siéniles , et qu'il nomme diahases , sont de création posté- rieure au temps où vivoient les animaux des ardoisières. Il s'appuie des observations faites en Suède et en Norvvége , à Arandal et à Konsberg, par MM. de Buch et Haussman. Plusieurs formations postérieures à la siénite ne pré- sentent aucun débris de corps organisés , si ce ne sont des entruques , lesquels ont beaucoup d'analogie avec le polypier que l'on a trouvé très-rarement dans la mer des Antilles , et qui a reçu le nom iïencrine. Encore a-t-on bien pu pren- dre quelquefois pour des entroques, des maries qui cons- tituent une espèce minérale bien distincte. ( V. ce mot. ) Le calcaire gris et compacte , celui qui est souvent dé- signé sous la dénomination de calcaire de Jura et de cal- caire à cavernes , celui qui forme la plus grande partie des montagnes adossées aux grandes chaînes alpines , ,et qui compose lui seul des chaînes très-considérables ; ce calcaire , dis-je , renferme des débris d'êtres dont les analogues vi- vans , non-seulement d'espèces , mais encore de genres , nous sont inconnus. C'est là qu'on obsei've , pour la première fois , les ammonites , les nummulaires nommées aussi lenticu- laires et caménnes^ les bélemniies , etc. On y voit aussi figurer des crustacés fossiles ; mais ils y sont peu communs. Ce même calcaire contient néanmoins quelques corps analogues de genres seulement , avec ceux que l'on trouve à l'état de vie dans nos différentes mers ; ce sont des ma- drépores et des oursins principalement, ainsi que de nombreuses espèces de iéréhratules ou poulettes, des nautilithes , des gry- phites , des huîti-es plissées ^ etc. Un terrain glaiseux mais parfois solide , et présentant des rochers calcaires à grain très-fm et très-homogène , sépare la formation qui précède , de celle de la craie qui vient au- II. b ,i4 A N I dessus. Ce terrain se montre à découvert dans plusieurs conlrées d'Angleterre ; c'est lui qui borde les falaises de cette île, ainsi que les nôtres sur la côte de Normandie , et qui forme l'ile Shepey à l'embouchure de la Tamise , et ces longues lignes de ressifs que nous nommons les Vaches- Noires et le (Calvados ; c'est lui également qui limite la craie de Champagne au levant , où il forme le pays nommé le Vallage , au milieu duquel coule la rivière d'Aisne jusqu'à ReJ^iel. Il a offert, aux recherches des naturalistes , des fos- siles particuliers , parmi lesquels on remarque les ossemens d'un crocodile qui , sans appartenir à l'espèce du gavial qui habite maintenant les Deltas du Gange , en approche ce- pendant beaucoup par la forme très-effdée de son museau. Il contient également beaucoup de fragmens de tortues de mer , des coquilles du genre irigonie , et nombre d'autres espèces dont il ne reste plus que les moules , mais parmi lesquelles on distingue parfaitement plusieurs piérocères , dont l'un a quelques rapports avec celui qui est désigné sous le nom de P. pès pelecani. C'est ici principalement qu'on ren- contre des fragmens de crustacés fossiles , soit voisins des crabes , soit voisins des palœmons.. C'est également dans cette formation que paroîl se trouver V entumolithus paradoccus de Blumenbach ( qui n'est pas celui de Linnceus, lequel paroît appartenir à la formation des roches schisteuses dont nous avons parlé plus haut). Cet entomolithe de Blumenbach n'est pas rare dans le Dudley en Angleterre , et aussi, sur plusieurs points de nos côtes de Normandie. La craie qui vient ensuite dans l'ordre de superposition , ne renferme pas non plus de fossiles que l'on puisse rapporter aux animaux connus. Les carrières de Maëstricht qui sont ou- vertes dans cette substance , ont offert des débris de squelettes assez complets d'un très-grand reptile saurien , rapporté d'a- bord par M. Faujas augenre des crocodiles^ mais que M. Cuvier a cru devoir placer dans celui des monilor. On y trouve aussi des carapaces de tortues marines, ainsi que des plastrons denticulés qui leur ont appartenu, et dans lesquels on a cru reconnoître des bois d'un cerf voisin de Y élan. Au point où la craie se trouve en contact avec le terrain qu'elle recouvre , par exemple au cap la Hêve près du Havre, les fossiles que l'on observe dans les derniers lits delà craie sontdesannuonitesde forme variée, moins grandes que celles du calcaire compacte ( qui ont quelquefois jusqu'à cinq pieds de diamètre), des grandes naulilites , des alcyons en forme de figues , des pectinites , des lérébratules , etc. La partie moyenne de cette formation de craie , celle que l'on peut étudier à la montagne Sainte-Catherine de Rouen, A N I ,,5 présente des hirrilite.s , ou cornes d'ammon en forme de vis ou de cérite, des baculites que l'on trouve aussi dans la partie inférieure , des modiolites de grande dimension et de petites nautilites qui ont conservé leur nacre. Enfin , la partie que l'on peut regarder comme supérieure , celle que l'on découvre par exemple à Meudon et à Bougival près Paris , offre principalement des onanchites , des crantes , une térébratule, desbélemnites et des fragmens d'une grande coquille , que sa structure a fait rapprocher des jambonneaux ou pinnes marines , bien qu'elle en soit très-différente par la forme de sa charnière , ainsi que l'a observé M. de France. Le calcaire à corites , ou notre pierre à bâtir de Paris , qui se montre à -découvert en France et en Angleterre sur des espaces ass r^ étendus, vient au-dessus de la craie , dont il n'est séparé que par l'argile plastique, ou par des sables noirs, remplis de sulfate de fer provenant de pyrites en décompo- sition , et au milieu duquel on trouve quelquefois des masses de succin. 11 renferme une énorme quantité de coquilles, dont les environs de Daï, les falhunières de la Touraine et les environs de Courtagnon et de Grignon ont offert une collec- tion de plus de six cents espèces. La plupart de ces coquines sont analogues , de genre seulement , avec nos coquilles vivantes , et c'est avec peine qu'on en peut citer dix qui ressemblent beaucoup , pour leurs formes, à des espèces con- nues. Encore n'a-t-on pu employer , pour faire ce rapproche- ment , -eux. (b.) ANIS. Semence d'unBoucAGE {PîmpineIlaamsiim)^lAnn.(B.') ANISACANTHE, Jmsarantha. Genre établi par R. Brown , mais qui ne diffère du Sclérol.ene que par le nombre des divisions du calice et des étamines. (b.) ANIS ACRE. V. Cumin, (b.) ANIS AIGRE. Semence du Cumi>'. (b.) ANIS ÉTOILE ou ANIS DE LA CHINE. C'est le fruit du Badian de la Chine, (b.) ANIS DE PARIS. C'est la semence du Fenouil ou Aneth. (b.) ANISODACTYLES, Jm'sodartyll. Deuxième tribu de Tordre des oiseaux sylvains. Caractères : trois doigts dirigés en avant , un derrière , quelquefois versatiles ; deux devant et un derrière , chez une pu deux espèces anomales, (v.) ANISODON. Nom ^un Squale, (b.) ANISOMÈLE , Anîsomeïes. Genre de plantes de la di- dynamie gymnospernie et de la famille des Labiées , éta- ,22 A N .T bli par R. Brown , pour placer trois plantes de la Nouvelle- Hollande. Ce genre présente pour caractère: un calice tubulé, glandu- leux, à six stries et à cinq dents ; une corolle à deux lèvres, la supérieure petite, très-entière , Finférieure à trois lobes,. ce- lui du milieu échancré ; les étamines saillantes , les anthè- res des deux plus courtes, plus grosses et à deux loges ; les se- mences lisses, (b.) ANISONYX, Anisonyx, Lat. Genre d'insectes, de l'or- dre des coléoptères, famille des Lamellicornes, tribu des scarabéides , et qui s'y distingue des autres genres par les caractères suivans : palpes filiformes; mandibules très-min- ces, en partie membraneuses ; languette bifide , avancée au- delà du menton; mâchoires terminées par une pièce mem- braneuse et allongée ; le bec recouvert par un chaperon avancé , rétréci , et allant en pointe vers son extrémité an- térieure. Ces insectes font le passage des hoplies aux cétoines et aux trichies : ils ont le corps court , velu et plus étroit en de- vant ; les antennes de dix articles , dont les trois derniers forment une massue ovoïde et lamellée , les mandibules membraneuses au côté interne et sans dent ; les palpes très- grcles, longs , avec le dernier article allongé et cylindrique ; les mâchoires filiformes; le menton très-étroit, long, fort velu, avec le bord supérieur dilaté de chaque côté , et au- delà duquel s'avance la languette qui est divisée en deux pièces membraneuses; le corselet en trapèze, rétrécis de la base à la pointe ; les étuis carrés , et .les pieds postérieurs grands, avec les jambes renflées dans plusieurs. Les quatre tarses antérieurs sont terminés par deux crochets bifides ; les deux derniers n'en ont qu'un, mais plus fort que les précédens ; son extrémité est entière. Les anisonyx sont presque tous propres au Cap de Bonne- Kspérance et à quelques autres parties méridionales de l'Afrique. Olivier les a placés dans le genre des hannetons, tels que ceux qu'il nomme : dnevea , crintla , ursus , lynx , prohosciâen. (l.) ANISOPE , Aimopus. Genre d'insectes de M. Meie;en , correspondant à celui que j'avois établi sous le nom de 1\hi- PAES. F. ce mot. (l.) AISISOTOME, Anisoiomn, Illig. Fab. Genre d insectes de l'ordre des Coléoptères. F. Leïode. ANISSILO. Plante du Chili, qui se rapproche de l'As- TRANA. (b.) ♦ ANITRA. Nom italien du Canard, (s.) ANJA-01I)Y. Bruyère de Madagascar, (b.) A N N 123 ANJOUYIN DES PROVENÇAUX. C'est la Liî^otte (s.) ANKAENDA. C'est le Calyprante a feuilles de Gé- ROFLIER. (b.) ANLAC. On appelle ainsi, à l'île de France , deux DoLics dont on mange la semence, (b.) ANNAKl. Nonî d'un ro/wrc? qu'on trouve à Surinam. On lui donne des couleurs très-brillantes, (v.) ÀNNATCHIRI. Espèce de Costus. (b.) ANNEAU ou SEGMENT { Entomologie y Nom dpnnc aux pièces qui forment , par leur réunion , la partie extérieure de l'abdomen ou ventre des insectes. Les anneaux sont joints l'un à l'autre par une membrane solide , mais assez flexible pour leur permettre de glisser les uns sur les autres, ou de s'étendre en s'écartant. Ils sont dis- posés en recouvrement, de façon que le second est encbâssé sous le premier, le troisième s'ous le second, et ainsi des autres. Par le moyen des muscles qui ont leur attache au-dessous des anneaux , l'insecte peut les mouvoir à volonté ; il peut allonger ou raccourcir son ventre, en porter rextrémité à droite ou à gauche , la relever ou l'abaisser. On voit de chaque côté des anneaux , dans presque tous les insectes, un petit point enfoncé, en forme de boutonnière, par où s'introduit l'air nécessaire à la respiration de Tanimal. Quelques insectes, tels que les cloportes, les jules, les sco- lopendres, etc., ont tout leur corps composé d'anneaux, tandis que les autres n'en ont qu'à leur ventre. Les crabes , les écrevisses , etc., n'ont des anneaux qu'à leur espèce de queue. Les araignées et les mites n'en ont point d'apparens. (o.) ANNEAU. C'est un Holacaîsthe. (b.) ANNEAU. Nom que les marchands donnent à une Co- quille du genre Porcelaine, (a.) ANNEAU DE SATURNE. Cette planète présente un phénomène qui est unique dans le système du monde : elle est environnée d'un anneau qui est séparé de toute part. La largeur de cet anneau est égale à la distance qui le sépare de Saturne, et l'une et l'autre sont d'environ le tiers du diamètre de cette planète. Cet anneau a des phases qui le font paroître et disparoître alternativement. Comme il est opaque, il n'a de lumière que celle qu'il réfléchit du soleil ; quand il présente à la terre son plan éclairé , nous le voyons : quand il ne présente que sa tranche , qui est mince , la lumière qu'elle renvoie est trop foLble pour que nous l'apercevions avec des instrumens ordi- naires ; mais Herschel , avec ses immenses télescopes , ne ,24 A N N cesse point de le voir. Ce célèbre astronome a découvert que l'anneau de Saturne est composé de deux bandes concen- triques , séparées l'une de l'autre par un espace qu'il a jugé être de huit cents lieues. Cet anneau a , comme les planètes , un mouvement de rotation d'occident en orient ; sa révolution s'exécute en dix heures autour d'un axe qui est perpendiculaire à son plan , et qui passe par le centre de Saturne. Galilée aperçut en 1601, aux deux côtés de Saturne , deux corps qui lui paroissoient en être détachés ; c'étoient les deux extrémités de cet anneau. Huygens, en i655, en reconnut la véritable forme, (pat.) ANNELIDES. Classe d'animaux sans vertèbres établie par Cuvicr. Elle rentre dans les vers extérieurs à organes exté- rieurs de Lamarck, les VERSBRAlSCHIODÈLESetENDOBRANCHES de Duméril. Les animaux qui la composent sont les seuls , parmi les invertébrés , qui aient le sang rouge. Leur corps est mou , plus ou moins allongé , divisé en un nombre souvent très-considérable de segmens. Excepté le Lombric ou ver de terre, tous vivent dans l'eau. Les genres qui s'y trouvent, sont divisés en ordres appelés Tubicoles, Dorsibranches et Abr ARGUES, par le mC'me naturaliste. Voyez ces mots et le mot Ver. (b.) ANNESLEE , Anneslea. Plante vivace de la Chine , crois- sant dans les eaux dormantes, à feuilles nageantes, peltées, très-grandes , veinées , rouges en dessous ; à fleurs solitaires à l'extrémité de tiges garnies de soies épineuses ; qui seule constitue, dans la polyandrie polygynie , un genre fort voisin des Nénuphars. Les caractères de ce genre sont : calice de quatre folioles, rouges en dedans et persistantes; vingt à quarante pétales bleuâtres et persistans ; soixante à soixante-dix étamines iné- gales -, ovaire inféri'^ir à stigmate sessile , en coupe , à dix sillons; baie ovale, très-épineuse, à dix loges renfermant chacune deux semences. Cette belle et singulière plante est figurée pi. 612 du Botanists repositoiy d'Androvs, et mieux, pi. 1 4^4-7 àuBotanical magazine de Curtis. On la voit quelquefois représentée sur les tapisseries de la Chine, où on l'avoit prise pour le Nélumbo. On la cultive dans quelques jardins des environs de Londres, (b.) ANNO-GUAZTJ. Nom que porte, au Paraguay, I'Ani DES Palétuviers. V. ce mot. (v.) ANNON. Thevet dit que c'est un oiseau d'Amérique , de la grosseur d'un petit moineau , et tout noir, qui , lorsqu'il est rassasié d'insectes , va dans quelque arbre , où il ne fait que A N O 1,5 voltiger de haut en bas et de branche en branche , sans se donner aucun repos. Cette description de Thevet, à laquelle les ornithologistes n'ont fait aucune attention , est fort juste, et elle convient parfaitement au Jacarim. (s.) ANNONE, Variété rougcâlre de Froment, qu'on cultive aux environs de Draguignan. (b.) ANNONON. Nom que TAm porte au Paraguay. Fo)'ez ce mot. (v.) ANNULAIRE. Nom donné par Mouffet à la chenille que Réaumur appelle la Livrée , Bomhix neustria. (l.) ANNUMBL Nom que les naturels du Paraguay ont im- posé à deux espèces d'oiseaux ., qui ont des rapports avec le FouRNiER , dans plusieurs caractères génériques , et dans quelques habitudes ; ce qui m'a décidé à les classer dans le genre Fournier. V. ce mot. (v.) ANC. V. Hocco. (s.) ANOBIUM. V. Vrillette. (o.) ANODE , Anoda. Genre de plantes établi par Cavanilles, dans la famille des malvacées. Ses caractères sont : calice simple à cinq divisions ; corolle de cinq pétales ; étamines réunies en tubes presque dans toute leur longueur ; ovaire supérieur, globuleux, surmonté dun style divisé en quinze à seize parties , et terminé par des stigmates en tête ; cap- sule hémisphérique en dessous, déprimée en dessus et à plusieurs loges monospermes. Ce genre contient quatre espèces , venant de l'Amérique méridionale. Ce sont des herbes annuelles qui s'élèvent à deux ou trois pieds de haut, dont les feuilles sont angu- leuses, les fleurs solitaires et axillaires, et les pédoncules non articulés. Elles diffèrent des Abutilons par leur fruit, qui est à plusieurs loges ; mais les loges sont formées par une membrane si mince , qu'il faut être prévenu pour les recon- noître. Aussi la plupart des botanistes n'ont-ils point adopté CQ genre. V. au mot Abutilois. (b.) ANODON , Anodon. Nom donné par Klein à un genre de serpent qui n'a pas de dents aux mâchoires. On ne connoît pas de serpent sans dents , et on ignore par conséquent sur quoi ce genre a été établi. Il est à croire qu'il y a eu erreur d'observation de la part de ce père de l'Erpétologie, (b.) ANODONTE , Anodonta. Genre de coquilles de la classe des Bivalves , dont le caractère est d'être régulières, trans- verses; d'avoir une charnière simple, sans aucune dent- trois impressions musculaires. Les coquilles de ce genre sont toutes fluviatiles, et ont été confondues par la plupart des auteurs, avec les moules^ quoi- qu'elles aient des caractères plus que suflisans pour les en 126 A N 0 séparer ; Léach, dans ses Mélange» de Zoologie , a établi le genre Dipsas, entre celui-ci et les Mulettes. La plupart des habitans des campagnes connoissent la co- quille de la plus grande espèce de ce genre, de la moule d'étang de Geoffroy, dont on emploie presque partout les valves pour écrémer le lait. Cette coquille est demi-transparente , nacrée iotérieurement , d'un brun verdâtre à l'extérieur, et a souvent un demi-pied de long. L'analomie de l'animal qui l'habite a été faite par le savant Cuvier, et lui a présenté deux phénomènes remarquable^ , dont le second a, depuis, été reconnu commun à beaucoup d'autres genres de Bivalves. V. ce mot. Le premier est que le rectum passe au travers du cœur; elle second, que le pou- mon, c'est-à-dire, les lames des branchies, servent de matrice. Ce dernier fait avoit été annoncé il y a plus de cent ans par Poupart, qui décrit les branchies sous le nom d'oxaires , parce que lorsqu'il fit son observation , l'intervalle des deux lames qui composent chacune d'elles, étoit rempli de globules qu'il prit pour des œufs. Cuvier a trouvé dans l'épaisseur des bran- chies de la moule d'étang , non pas des œufs , mais de petites moules toutes écloses , vivantes et recouvertes de leurs deux valves. Chaque moule en contient bien des milliers. Mangilli a aussi publié un Mémoire sur le même objet. Ainsi l'A^'ODOîsTE est vivipare et hermaphrodite , coititne la plupart des coquillages bivalves. Cette coquille se trouve dans presque tous les étangs et les lacs boueux du centre cl du nord de l'Europe ; elle fait l'objet d'un petit commerce. Les autres anodontes, au nombre de sept à huit, sont moins communes que celles-ci, ou mieux, sont presque partout con- fondues avec elles , allendu qu'elles n'en diffèrent que par la grandeur, et d'autres caractères aussi peu tranchés. Toutes s'enfoncent dans la boue qui couvre le fond des rivières ou des étangs , pendant Thlver, et même quelquefois pendant l'été , lorsque ces rivières ou ces étangs se dessèchent. Elles peu- vent rester très-long-temps sansmanger et sans changer l'eau qu'elles ont renfermée avec elles. On s'en nourrit dans quel- ques endroits. L'AisoDONTE a^atine, qui est une des plus petites , est figurée pi. A. 6. C'est celle que l'on mange le plus souvent, à raison de ce que, vivant dans les rivières, sa chair sent moins la boue, (b.) ANŒiMA. M. Frédéric Cuvier appelle ainsi le genre dans lequel il place le cochon-d'Inde, cmna cobaya^ Linn. — llliger, en adoptant ce genre, lui conserve la dénomination de A N O 127 eavia. M. Georges Cuvler lui donne, en français, celle de Cobaye, (desm.) AN O LIN G. Arbre des Philippines, dont l'écorce est em- ployée comme savon. 11 y a lieu de croire que c'est une espèce d'ARDisiE. (b.) ANOLIS, Anolis. Les habitans de Saint-Domingue, et autres colonies françaises de l'Amérique, appellent de ce nom de petits lézards qui entrent familièrement dans les maisons, se promènent sur les arbres, etc. Brongniart et La- treille en ont rangé plusieurs parmi les Iguanes et les geckos ; mais Daudin en a fait un genre particulier, auquel il adonné pour caractères : corps mince et allongé, surtout la queue ; toute la peau couverte de très-petites écailles , disposées sur des lignes transversales, irrégulières et comme réticulées sur la queue, qui est longue , cylindrique dans les uns , ou com- primée, légèrement crêtée à son extrémité , et ccailleuse en dessus dans les autres ; langue épaisse , courte et à peine fen- due ; tête allongée , amincie et couverte de petites écailles nombreuses ; col et gorge pouvant s'enller en dessous en forme de goitre ; pieds amincis, allongés, à cinq doigts moins séparés, ayant leur dernière phalange élargie et munie en dessous d'écaillés imbriquées, formant des stries transver- sales comme aux geckos ; les ongles crochus placés au bout de la dernière phalange. Daudin rapporte huit espèces à ce genre, dont I'Iguane BIMACULÉ peut être regardé comme le type. L' Anolis de l'Inde, figuré dans le premier volume des Mémoires sur l'Indostan, par James Forbes, est d'un jaune de différentes nuances avec trois taches sur la tête, et le corps annelé de bleu ; sa longueur est de six pouces. C'est une des plus belles espèces. Il se tient sur les arbres et vit d'insectes. Les Anolis gigantesque, marbré et paa^é sont originaires d'Egypte; on en voit de superbes figures pi. 3 et 4 de la partie d'histoire naturelle du grand ouvrage sur cette contrée, (b.) ANOMA. C'est le Ben ou I'Hypérantère décandre de Willdenow , espèce qui a servi à Loureiro pour établir un nouveau genre, et à laquelle il a adjoint deux nouvelles espèces, (b.) ANOMALIE. Ce mot grec signifie ^rofremenl i/regulaniê; anomal , iiréguUer. (s.) ANOMALIPÈDÉ. On donne ce nom aux oiseaux, dont le doigt intermédiaire est uni avec l'extérieur par trois pha- langes , et avec l'interne, par une seule, (v.) ANOMALON , Anomalon. Genre d'insecles , de l'ordre des hyménoptères, section des porte-tarières , famille des ichneumonides , établi par M. Jurine , el qui ne diffère de „8 A N O celui des ichneumons, du même auteur , que par l'absence de la seconde cellule cubitale; les ailes supérieures, dans ce dernier genre , offrent trois cellules cubitales , dont la se- conde très-petite , ronde , reçoit la seconde nervure récur- rente; elle manque dans les anomalons, et la môme nervure se joint à la seconde et dernière cellule cubitale , atteignant le bout de l'aile. Ce genre est artificiel ; et des coupes naturelles de cette famille, telle que celle des ophions de Fabricius , nous pré- sentent des espèces dont les ailes sont semblables à celles des ichneumons, et d'autres, comme le cîrcumfiexus, où ces ailes ont le caractère de celles des anomalons. On conçoit que cette seconde cellule cubitale étant très-petite , peut dispa- roître ou s'oblitérer. Nous disperserons conséquemment les anomalons de M. Jurine dans d'autres genres. F. Ichneumo- NIDES. (l.) ANOMATHEQUE , Ammatheca. Genre de plantes , établi sur le Glaïeul , et qui rentre dans celui appelé Lapeyrousie. (b.) AISOME. Famille de reptiles batraciens , établie par Duméril. Ses caractères sont : corps trapu , large , sans queue , à pattes de devant plus courtes que les postérieures. Les genres qui entrent dans cette famille sont: Rainette , Grenouille , Pipa et Crapaud, (b). ANOMIDES ou DIFFORMES. NomdonnéparM.Du méril à une famille d'insectes de l'ordre des orthoptères , et qui correspond à celle des mantides. V. ce mot. (l.) ANOMIE , Anomia. Genre de coquilles de la classe des Multivalves , dont le caractère est d'avoir deux grandes valves inégales , irrégulières , ordinairement minces et fra- giles, et réunies par un ligament attaché à une charnière sans dents; un corps plus dur, plus épais et d'une substance os- seuse , qui d'un côté s'engaine dans un trou ou une échan- crure presque toujours située à la base de la valve inférieure, et qui, de l'autre, se fixe aux rochers de la mer.. Ce genre , dans Linnseus , renfermoit des coquilles qui différoient beaucoup les unes des autres; mais Bruguières, et après lui Lamarck , en ont retranché un certain nombre pour former leurs genres Placune , Cranie / Térébratule , Calcéole et Hyale. V. ces mots. Ainsi donc , les anomies dont il est ici question , ne ren- ferment plus que les coquillages qui s'attachent aux rochers par le moyen d'un corps distinct de leurs valves , et cepen- dant organisé comme elles. Quelques naturalistes ont regardé ce corps comme une troi- A N O ,ig sîème valve , d'autres, comme mi simple opercule. On est embarrassé pour prendre un parti dans cette question, les anomies faisant réellement le passage des hivaloes aux mulihahes. On connoît environ une douzaine d'espèces de ce genre dont la plupart se trouvent dans les mers d'Europe ; leurs mœurs sont absolument les mêmes que celles des Huîtres. On en mange une , celle que les naturalistes français ont appelée Anomie pelure d'oignon, à raison du peu d'épais- seur , de la demi-transparence et de la couleur de ses grandes valves , et on regarde sa chair comme beaucoup plus délicate que celle des huîtres. Ses caractères sont d'être presque orbi- culaire, ridée, plissée , et d'avoir le sotnmet de la valve supé- rieure obtus. Poli l'appelle cepea , et la distingue de V ephippiutn de Lin- nseus , avec laquelle on l'avoit confondue jusqu'à lui. Elle sert de type à son genre EcHiON. L'Anomie turbinée , AiiQmia turhinata , qui a la coquille conique , striée transversalement , très-entière , et dont la valve fixée est presque ronde , épaisse et imparfaite , se trouve très-abondamment dans la Méditerranée , attachée aux madrépores. C'est la patelle anomale de Muller. Elle sert de type au genre appelé Criope de Poli, (b.) Anomie scarabée. C'est la Fissurelle. (b.) Anomie bec de Perroquet. V. Térébratule. (b.) On donne encore , chez les marchands, le nom à'anomîe à plusieurs coquilles du genre Térébratule. V. ce mot. (b.) ANOMITES. Nom qu'on donne aux anomies fossiles ou térébratules , qu'on nomme aussi poulettes ou bec-de-penvquet. V. aux mots Anomie et Térébratule. 11 paroît que les anomites ont été , avec les cornes d'ammon^ les premières coquilles qui aient habité l'Océan ; car leurs coquilles sont presque les seules qu'on trouve dans les cou- ches calcaires, qui sont les plus anciennes après \ts primitives. On les trouve aussi dans des couch^ plus récentes, (pat.) ANON. Petit de Vâne. On l'appelle encore vulgairement ânichon et bourriquet ; 11 conserve le nom à'ânon jusqu'à trois ans. (s.) ANON. C'est le Gade églefin. (b.) ANON. On appelle également ainsi le Corossolier ré- ticulé, (b.) ANONE. V. Corossol. (b.) ANONEK. C'est I'Hypéranthère. (b.) ANONES. Famille de plantes ainsi nomméepar Lamarck ^ à raison de ses rapports avec le genre du Corossol , que les botanistes appellent anona. Cette famille a été subdivisée par Yentenat en deux autres ; savoir ; les Tulipifères et les ,3o A N O Glyptospermes. Mais il se trouve dans la rdunion de La- marck quelques genres de plus, «jue Ventenat a mis de côté, comme encore trop imparfaitement connus. Ce sont ceux ap- pelés OcHNA, SiALiT , Durions , Porceue et Aberème. (b.) ANONYME. Nom que d'Azara(Hist. des oiseaux du Pa- raguay) donne à un Engoulevent. V. ce mot. (v.) ANONYME. (Animal) de Buffon. C'est le Fennec de Bruce, (desm.) ANOPÉE. Homère désigne sous ce nom THirondelle DES CHEMINÉES , OU T HIRONDELLE DOMESTIQUE, (s.) ANOPLOTHEKIUM , Auoplothenum. Les importantes recherches auxquelles M. Cuvier s'est livré , sur les ossemens fossiles des environs de Paris , et notamment sur ceux que renferme la pierre à plâtre , ont conduit ce célèbre natura- liste à la connoissance d'un grand nombre d'espèces de qua- drupèdes qui n'existent plus aujourd'hui , et dont l'enfouisse- ment se reporte au temps où les couches de cette pierre se déposoient ou se cristallisoient. 11 a refait d'abord pièce à pièce , membre à membre , les espèces qui ont fourni les os fossiles les plus nombreux , et il a reconnu qu'elles appartenoient à deux nouveaux genres de l'ordre des pachydermes, auxquels il a donné les noms de palœuiheiium et à' anoploihenmn. Rencontrant ainsi , à chaque pas , des restes d'anciens ha- bitans qui parolssent avoir été concentrés dans ce canton , il lui fut bientôt impossible, dit-il lui-même , de se restreindre à ses études purement anatomiques , et de ne pas essayer celle du terrain qui recéloit ces débris, afin de voir s'il étoit aussi particulier dans sa formation , qu'eux dans leur organisation. il s'adjoignit M. Brongniart , et après une étude suivie avec assiduité pendant plus de quatre années, ces deux savans par- vinrent à un résultat qu'on n'auroit pu entrevoir. Us ont reconnu de la manière la plus claire « que la mer , « après avoir long-temps couvert ce pays, et y avoir tran- V/ /. }fo/tzire.r uip'rieurej- a (/eiur ef froi.f i'roi.nnmt.r. ô . I/uv.noiv m/ènenfVJ. ô'J/o/ii/re ti-uperieure . ■7. JaueÂ'/te a , ou le quinoa , a les feuilles triangu- laires, ovales, légèrement dentées, et les rameaux très-rap- prochés. Cette plante est cultivée soigneusement au Pérou. On en mange les feuilles comme les épinards ou l'oseille , et la graine comme le millet. On fait avec cette dernière une espèce de bière très-agréable. Dombey , à son retour du Pérou , ne cessoit pas de s'étendre sur l'excellence de cette plante , et sur l'importance de la naturaliser en France. Les graines qu'il en avoit rapportées n'ont pas levé ; mais il pa- roît que les Espagnols en ont reçu depuis de meilleures , et il est à croire que le vœu de Dombey pourra se réaliser un jour. L'Atsseriîse sagittÉe , Chenopodium bonus Henn'ciis , plus connue sous le nom de bon Henri ^ dont les feuilles sont trian- gulaires , sagittées ; les épis axillaires, et sans feuilles. C'est une plante vivace qu'on trouve autour des lieux habités , le long des chemins , dans les vieilles masures , et dont on mange les jeunes tiges en manière d'asperges, et les feuilles en guise d'épinards. Klle passe pour émoUiente , vulnéraire et détersive. Elle lâche le ventre lorsqu'on en mange trop. L'Anseri>e vermifuge, Chenopodium\anihelmenficiim, dont les feuilles sont ovales oblongues , dentées , et les rameaux sans feuilles. C'est une plante que j'ai trouvée communément en Caroline, dans les champs cultivés, autour des maisons et sur la lisière des bois. Elle est vivace , très-odorante et extrêmement estimée en Amérique comme vermifuge. On la cultive en Europe dans quelques jardins. L'Anserine verte , qui a les feuilles rhomboïdales , den- tées par des sinuosités ; les rameaux composés et foliés. C'est une des plantes les plus communes dans les jardins , les champs voisins des villages, et en général dans tous les lieux cultivés. Les bestiaux ne la mangent pas ; mais dans quelques endroits , même aux environs de Paris , on en ramasse les tiges en automne pour chauffer le four, ce à quoi elles sont très-propres. Elle est annuelle. On l'appelle poule grasse. Dans la seconde division des anserines on remarque : L'AlsSERlNE FÉTIDE , Chenupodiiimvubana , qui a les feuilles entières, rhomboïdo-ovales ; les Heurs ramassées et axillaires. Cette plante croît autour des maisons , sur le bord des che- mins, et répand , lorsqu'on l'écrase , une odeur nauséabonde que son nom latin indique par comparaison. Elle passe pour antihystérique et emménagoguc. On l'emploie en lavemens ,36 A N T et en fomentations. On la connoît vulgairement sous le nom à'arroche puante et de vubaire. Elle est annuelle. L'Anserine a balai , dont les caractères sont d'avoir les feuilles linéaires lancéolées , ciliées en leurs bords , et les fleurs en paquets axillaires. Cette plante , originaire des par- ties méridionales de l'Europe et même de l'Inde, se cultive dans quelques jardins , à cause de l'élégance de son port et de l'épaisseur de ses touffes. On s'en sert habituellement en Italie pour faire des balais. L'Anseriisie maritime a les feuilles linéaires, charnues, et les fleurs en bouquets axillaires. Elle croît sur les bords de la mer en Europe, a toute l'apparence des soudes, et fournit comme elles de l'alkali minéral par sa combustion. On l'ap- pelle vulgairement la blanchette. Elle est annuelle, (b.) ANSERINETTE. Petite Oie. (s.) ANSI-MUGER. Nom persan du Grand Aigle. ANSEJOLI. C'est le Jaquier-hérisson, (b.) ANTA. Les Espagnols et les Portugais de l'Amérique méridionale appellent le Tapir , anta, danta , enl , ante et dante. (s.) ANTACEA. On a anciennement donné ce nom à tous les poissons qui ont le museau long , pointu , et la bouche en dessous , principalement à des Squales et à des Scom- BRES. (b.) ANTALE. C'est la Dentale entale. (b.) ANTAMBA. « Vantamba de Madagascar, dit Flaccourt, est une bête grande comme un chien , qui a la tête ronde , et , au rapport des nègres , elle a la ressemblance d'un léo- pard : elle dévore les hommes et le bétail , et ne se trouve que dans les endroits les plus déserts de l'île. » ( Voyage à Madagascar.) Suivant toute apparence, c'est là panthère. Voy. l'art. Chat, (s.) ANTANAIRES. V. Antenois. (desm.) ANTANOIS. V. Antenois. (desm.) ANTANS. r. Antenois. (desm.) ANTE. V. Anta. (desm.) ANTEDON, Antedon. Genre établi par FreminvîUe , dans l'ordre des radiaires. Il a pour type I'Etoile rosacée de Lincfe, tab. 3; , fig. 66 , qui est la Comatule méditer- ranéenne de Lamarck. (b.) ANTELÉE , Antelœa. Genre de plantes, qui a pour fruit un drupe bacciforme , à trois loges , avec une grande cavité vers le sommet. L'arbre qui produit ce fruit croît à Java, (b.) ANTENAIRE , Antenaria. Genre de plantes de la syn- génésie polygamie nécessaire et de la famille des Corymbi- l'ÈHES , établi par Gaertner pour placer quelques plantes des A N T 13/ genres CotoniÈre et Gnaphale de Linnseus, qu'il a suppri- més. Ses caractères sont d'avoir un calice arrondi , imbriqué d'écaillés scarieuses, obtuses et inégales; des fleurons herma- phrodites et femelles mêlés ensemble ; des semences à ai- grettes sessiles , simples et pédicellées. La plus belle espèce de ce genre est I'Atsitenaire léon- TOPODE , Filago leuriiopodium , vulgairement pied-de-lion , qui croît sur les Haules-Alpes , et dont les fleurs sont entourées de bractées, couvertes d'un duvet blanc très-dense. Elle passe pour astringente, (b.) ANTENAIRE. Commerson avoit donné ce nom aux LoPHiES qui ont deux filamens appendiculés sur la tête, (b.) ANTENALE. Nom donné à l' Albatros par quelques anciens voyageurs, (v.) ANTËNNA. C'est la Stramoine metel. (b.) ANTENNES , Aniennœ ( Entomologie ). ()rganes en forme de cornes , ou plutôt de filets articulés , mobiles , si- tués sur la tête des crustacés et des insectes, et ne faisant point partie de leur bouche. C'est par ce caractère qu'on les distingue des corps analogues nommés antennules ou palpes y qui sont Insérés sur les organes de la manducation. Les arachnides , d'après la manière dont nous restreignons cette classe , sont totalement privées d'antennes ; et de là vient la dénomination à'acères (sans cornes) que j'avois donnée primitivement à ces animaux, et que j'ai abandonnée, quoi- que préférable à celle d'arachnides , pour ne pas augmenter la confusion de la nomenclature. Le nombre des antennes est constamment de deux dans les insectes, et de quatre dans la plupart des crustacés. Les li- mules , genre de cette dernière classe et voisin des arach- nides, n'en ont point. On n'en trouve que deux dans d'autres entomostracés. J'avois , d'après ces observations , partagé les insectes de Linnceus en quelques grandes coupes très- naturelles : tétracères, acères , aptero-dicères , ptéro-dicères. Considérées dans leur composition , les antennes nous pré- sentent une quantité variable de petits articles cornés ©u co- riaces à l'extérieur , tubulaires ou perforés dans toute la lon- gueur de leur axe , et dont la cavité intérieure renferme une substance molle ou membraneuse, et recevant les derniers rameaux des nerfs et des trachées de l'extrémité antérieure du corps. Le nombre et la forme de ces articles varient beaucoup. Dans quelques sections ,' néanmoins , leur quantité est pres- que toujours la même. Ainsi les antennes des insectes à étuis ou des coléoptères sont , à l'exception d'un très-petit nombre de genres , de onze articles, en faisant abstraction du tuber- i38 A N T cille implanté dans la tête , et d'où elles prennent naissance. Cette quantité , chose singulière , correspond presque à celle des segmens du corps, que nous avons dit être le plus souvent de douze. Dans les hyménoptères à aiguillon, on compte treize articles aux antennes des mâles, et un de moins à celles de leurs femelles. 11 est important d'observer qu'elles diffèrent souvent dans les deux sexes , non pas toujours par le nombre de leurs articles, mais sous le rapport de leur étendue ; ils sont tantôt proportionnellement plus longs, tantôt plus di- latés dans le sens de la largeur ou garnis d'appendices pro- pres ; ainsi , par exemple , l'angle supérieur et interne de ces articles sera légèrement prolongé en forme de dents de scie dans plusieurs femelles , tandis qu'il formera un rameau plus ou moins long dans leurs mâles ; telle est l'origine des déno- minations suivantes : simples^ en srie^ pectinées , branchues ou rameuses, etc. Les antennes an genre srara/jceus de Linnaeus ont cela de remarquable , que les derniers articles , plus grands que les précédens, et semblables h de petites lames ou à des feuillets, sont rapprochés à leur base comme sur un cenire commun , et peuvent s'épanouir ou se fermer à la manière d'un éventail, ou mieux encore, à celle des feuillets d'un livre : Ce sont des antennes en massue latncUée ou feuilletée. Les ar- ticles ont quelquefois une forme lenticulaire, et paroissent comme enfilés dans leur milieu. On dit alors qu'elles sont perfuliées. La langue de la science nous offre plusieurs autres termes qui expriment laconiquement les divers modes de formes de ces organes. Sont-ils de la même grosseur partout , sans avoir les articles globuleux ni cylindriques? on les compare à un fil; tel est lesensdumot^///ôr/7?e. Mais les articles ont-ils les formes que nous venons d'indiquer sans que leur grandeur respec- tive change , on aura des antennes ryliiidnques , des antennes moniliformes , ou en forme de collier de perles. Là , vous les verrez allongées et amincies insensiblement en pointe, sem- blables à une soie, et vous les appellerez sétacées. Ici, elles sont courtes et terminées brusquement, d'une manière ai- guë" ; on les assimile à une alêne , à une sorte de poinçon , subulées. Renflées ou plus épaisses à leur extrémité , elles re- présentent une massue, que Ion désigne par l'épithèle de solide , si les pièces qui la composent sont très-serrées les unes contre les autres, ou ne laissent pas entre elles d'écarts sensibles. Quelquefois la dernière pièce est très-grande , et a la figure A' nne palette, accompagnée d'une sole simple ou barbue , comme dans les mouches. Elles ont la forme d'une épée {ensifuimes) dans les truxales , celle d'un fuseau {Jusi- funiies) dans lessésies. Leur coupe présente quelquefois celle A N T ,39 d'un prisme (^prismatiques^ , et les sphinx nous en fournissent un exemple ; elles se terminent , dans quelques autres in- sectes, d'une façon particulière, enfourche, par une soie , par un appendice en forme de stylet ; quelquefois encore , ainsi que dans les mâles des meloës , elles sont irrégulières. On compare les proportions relatives des articles ; on ob- serve les écailles , les poils et les autres petits corps dont leur surface est souvent garnie. On considère , en un mot , ces organes sous tous les aspects, et particulièrement quant à leur insertion et à l'intervalle qui les sépare à leur naissance. Leur longueur est mesurée sur celle du corps, et lorsqu'elle est inférieure à la sienne , la tête , le tronc, servent partiel- lement d'échelle comparative. La manière dont l'animal les place , dans le repos , n'échappera point au naturaliste atten- tif Il verra que celles des dryops se logent dans une cavité sous-oculaire; qu'un des articles de leur base, très-dilaté , et foriTiant une espèce d'oreillette {auuculées ^ prolifères) , les y recouvre à la façon d'un couvercle de tabatière. Il obser- vera que celles des anthrènes ont leur extrémité ou leur mas- sue Insérée dans un enfoncement des côtés du corselet; que celles dos chélonaires sont cachées dans des rainures de la poitrine , etc. Des insectes de la famille des apiaires, ou du genre apis de Llnnœus , ont quelquefois sur le front deux corps jaunâtres, pulvérulens et antenniformes ; mais ils sont accidentels, et produits , à ce qu'il paroît , par l'agrégation successive et con- tinuée dans le même sens de la poussière des étamines des Heurs. 11 faut v joindre quelque autre cause ; car cette dis- position est assez régulière. Il y a sur les fonctions des antennes une grande divergence d'opinions; mais la plus suivie et que les nouvelles expériences de M. Hubert fils semblent confirmer , est qu'elles sont le siège du sens du toucher, et que ces organes servent en quel- que sorte à l'animal de vedettes avancées , par l'impression (ju'ils reçoivent ; du moins paroît-il tâter avec eux les corps qu'il trouve sur sa route , et en faire l'essai. Les antennes des mâles étant souvent , ainsi que je l'ai dit , plus développées sous le rapport de leur volume , et particulièrement dans les espèces qui vivent de matières putrides, j'ai adopté le senti- ment des auteurs qui regardent ces organes comme le siège de l'odorat. Les différences que l'on observe à cet égard s'ex- pliquent facilement , puisque les mâles , toujours occu- pés de la recherche de leurs femelles ^ et que les insectes , dont les alimens sont bornés à quelques localités , doi- vent avoir, pour ces motifs, l'odorat plus exquis, el qu'Us sont précisément ceux dont les antennes, par l'accroissement .4o A N T de leur volume , sont les plus propres à recevoir les émana- tions odorantes. On voit à la base des antennes des crustacés décapodes, un petit corps arrondi ou presque triangulaire , semblable à un tubercule, et qui ferme l'issue extérieure d'une cavité, traversant de part en part le test ou Técaille de ces animaux. Il est entièrement pierreux dans les espèces dont la queue est courte ou les brachyures ; mais dans les macroures , ou celles dont la queue est au moins de la longueur du tronc , sa face antérieure est membraneuse. On a soupçonné, mais sans aucune expérience préalable , que c'est l'oreille ou l'organe extérieur du sens de l'ouïe. Baster dit avoir observé sur les antennes de l'écrevisse de mer ou du homard , une suite de petits trous dont nous igno- rons l'usage. Les antennes des crustacés du même ordre ont un support assez grand , en forme de pédoncule , et composé des pre- miers articles. Celui des extérieures ou latérales est souvent épineux ou accompagné d'une grande écaille dans les ma- croures. Les intermédiaires des brachyures sont terminées par deux filets très-courts, ou sont comme bifides , et se lo- gent dans deux fossettes pratiquées à la partie antérieure et inférieure du test ; elles sont beaucoup plus longues , avan- cées, et ont même souvent jusqu'à trois filets dans les ma- croures. Quelques animaux de la même classe, les branchio- podes , nous montrent un fait bien extraordinaire, celui d'à-' voir sur ces organes les parties sexuelles masculines. Telles sont les considérations les plus générales et les plus essentielles que nous pouvons donner relativement aux an- tennes des insectes, (l.) ANTENNULAIRE , Antenmûaria. Genre de polypier établi par Lam.irck aux dépens des Sertulaires. Ses carac- tères sont: polypier phytoïde, corné, à tiges fistuleuses , simples ou rameuses , articulées et munies de ramuscules plliformes. Les ramuscules verticlllées, garnies d'un seul côté de dents saillantes , calyciformes et polypifères. Les Sertulaires aîîtennine et rameuse servent de type à ce genre , qui rentre dans celui appelé Nemertesia par La- mouroux. (b.) ANTENNULES ou PALPES. Filets articulés et mo- biles , faisant partie de la bouche de la plupart des insectes de Linnœus. V. l'article Bouche {Entomologie), (l.) ANTEiNOIS, et quelquefois Antans , Aotanois, An- tanaires. Ce sont les jeunes animaux domestiques qui n'ont pas plus d'un an. La dénomination antanaire est plus particulièrement réser- A N T ,^, vée aux oiseaux de fauconnerie, dont le pennage, n^ ayant point éprouvé de mue , est le même que celui de l'année précé- dente ; ce mot vient à'anian , année précédente, (s.) ANTENORE , Antenor. Genre de Coquilles établi par Denys Montfort , et qui ne diffère des Nautiles que par un ombilic , une ouverture triangulaire , un dos caréné et ar- mé d'éperons inégaux. L'ombilic seul distingue ce genre de celui appelé Pha- RAMA par ce même auteur. 11 a pour type une coquille d'une ligne de diamètre qui se trouve dans les mers de l'Inde, et dont la carène est transparente comme du verre. L'animal a huit bras, dont deux palmés, qui, dans l'état de repos, s'appliquent sur la carène, (b.) ANTÉON , Anleon. Nom donné par M. Jurine à un genre d'insectes , de l'ordre des hyménoptères , de notre fa- mille des pupivores, tribu des oxyures, et que l'on distingue par ces caractères : tous les pieds semblables ; mandibules à trois ou quatre dents ; antennes filiformes, de dix articles dans les mâles, et dont le premier arqué et guère plus long que les autres ; ailes supérieures ayant une cellule brachiale et fermée ; une grande cellule radiale et incomplète ; les cubi- tales nulles. Les antéons , dont on ne connoît encore que les individus mâles, ressemblent beaucoup aux céraphrons; mais ils en diffèrent par la tête plus grosse et plus ronde ; le corselet plus effilé postérieurement , et par leur abdomen plus large que le corselet, mesuré entre les ailes, déprimé et rétréci, en forme de pédicule , à sa base ; enfin par l'existence d'une cellule brachiale aux ailes supérieures. Les palpes maxil- laires ont six articles , et les labiaux de trois à quatre. Antéon DE Jurine, Anteon Jurineanum, Latr. Gen. cnist. et insect. , tom. 4-7 pag- 35 : petit , luisant, avec les pieds jau- nâtres. Il se trouve aux environs de Paris. Voyez la Nouvelle méthode de classer les hyménoptères de M. Ju- rine , pag. 3o2. (l.) ANTEUPHORBIUM. Espèce de Cacalie. (b.) ANTHÉDON. V. Néflier azérolier. (b.) ANTïIELlE, Anihelia. Genre établi par Savigny aux dépens des Alcyons. Ses caractères sont : corps commun étendu en plaque mince sur les corps marins, supportant des polypes non rétractiles , saillans, droits et serrés , et à huit tentacules pectinées. Ce genre renferme cinq espèces dont fait partie I'Anthelie glauque , originaire de la mer Rotge. Lamarck lui rap- porte aussi , mais avec doute , I'Alcyon rouge figuré dans ,42 A N T le troisième volume de laZoologie danoise, lab. 82, n." i — 4. Cuvier pense que les genres Xenie, AmmothÉe et LoBU- LAlREdu même naturaliste, doivent être réunisà celui-ci. (b.) ANTHELMIA. F. Spigel. (b.) ANTHEMIDE. F. Camomille. (B.y AISTHEOSPERME, Antheospermes. F. Xypiialier. (b.) ANTHEPHORA , Srhrcb. Genre de graminées. 11 a pour caractères : axe articulé en épi -, chaque épi est com- posé d'un involucre quadrifide ; divisions égales , lancéo- lées, garnies à leur base d'un petit appendice denliforme, ob- tus , de trois ou quatre locustes sessiles , uniHores ; glumes inégales; paillette inférieure bifide ; cariopse non sillonné. Ce genre ne comprend qu'une seule espèce , le trïpsacum. fierniapfirodiliim , hinn. Le Calladoa de Persoon n'en dif- fère pas. (p. B.) ANTHERE , Jnthem. Petite bourse ou capsule portée par le filet de l'étamine , et qui , s'ouvrant au moment de la fécondation , répand la poussière prolifique (polkri). Lors- que le Pollen est dispersé , l'ouverture par laquelle il est sorti, s'appelle Amhèse. F. le mot Fleur, (d.) ANTHERIC , Anlherlcum. Genre de plantes de l'hexan- drie monogynie et de la famille des liliacees , dont le carac- tère consiste en une corolle de six pétales oblongs , très-ou- verts; ensixétaminesdonllesfilamens sont velus; en un ovaire supérieur arrondi , cliargé d'un style à stigmate presque sim- ple ; en une capsule à trois loges qui s'ouvre par trois battans, et qui renferme des semences anguleuses. Cette capsule est entourée par la corolle , qui subsiste après s'être flétrie. Ce genre , dans Linna?us, renfermoit trois divisions, qui ont servi à Lamarck pour former trois genres. 11 a donné au premier le nom de Phalangère, Phalangiiim , et l'a com- posé des anthérics à filamens des étamincs glabres. 11 a con- servé au second le nom d'AiSTHÉRic , et lui a donné pour caractères ceux énoncés plus haut. Enfin , il a renouvelé le nom de Narthèce , Narlhcdum , pour une seule plante , Winthericum calyculatum , Linn. , qui s'éloigne considérable- ment des autres anthérics. F. encore Abama. Depuis, les genres EcHEANDiE et Conanthère ont encore été établis à ses dépens. Les anthérics se trouvent donc réduits à un petit nombre d'espèces , presque toutes du Cap de Ronne-Espérance , et remarquables par leurs feuilles grasses ou épaisses. On en cultive dans quelques jardins de botanique ; mais elles ne présentent rien de remarquable. La plupart sontvivaces. Cependant je dois citer ici I'Anthéric bicolor qui croî* A N T ,43 tlans les landes de Bordeaux, d'où je l'ai rapporté; son bulbe desséché et réduit en poudre y sert de purgatif. Dans ce genre, ainsi réformé, Lamarck a conservé Van- ihericum ossifragum de Linnœus, qu'il appelle l'AiSïHERic des MARAIS. Cette plante , qui a tout-à-fait le port de la nar- thèce , mais qui s'en éloigne par la fructification , n'a aucu- nement l'apparence d'un anthéric; ses feuilles sont linéaires, aplaties , sèches comme celles des graminées et striées dans leur longueur ; ses tiges forment une hampe à épi lâche , garni dans toute sa largeur d'écaillés vaginales obtuses ; elle croît dans les marais du nord de l'Europe. Oncroit, en Suède, que lorsque les n>outons en mangent une certaine quantité , ils engraissent d'abord beaucoup , mais que l'année suivante il naît dans leur foie des vers qui les font mourir. On recon- noît là les hydatides qui se produisent lorsque les moutons paissent long-temps dans des pays marécageux. Le nom à'ossifragum vient de l'idée qu'on a , dans une autre partie de la Suède , que lorsque les bestiaux en mangent , leurs os s'amollissent au point qu'ils ne peuvent plus se soute- nir sur leurs jambes. L' Anthéric a millefleur , des Liliacées de Redouté , constitue aujourd'hui le genre Arïropodion. (b.) L' Anthéric paniculée constitue aujourd'hui le genre As- TROLOPODiON de R. Brown. ANTHERURE. Anthemra. Genre de plantes de la pen- tandrie monogynie, que Schreber croit qu'il faut réunir avec les Psychotres. 11 offre pour caractères : un calice inférieur tubuleux , persistant , et à quatre divisions aiguës ; une co- rolle supérieure monopétale , en roue , divisée en cinq par- ties ; cinq étamines , à anthères caudées ; un ovaire surmonté d'un style à stigmate simple ; une baie ovale , sillonnée , uni- loculaire et disperme , formée par le calice qui s'est accru. Ce genre ne renferme qu'une espèce , qui est un arbrisseau rougeâtre , à feuilles opposées , ovales , lancéolées , très-en- tières , très-peu pétiolées et à fleurs blanches , portées sur de grandes grappes presque terminales , qui croît dans les lieux incultes de la Cochincuine. Ses feuilles sont regardées comme stimulantes. On en met dans les oreilles pour les maux de dents ; sur les tumeurs pour les faire résoudre. On respire la vapeur de leur décoction pour faire couler la pituite, (b.) ANTHERYLIE , Antherylium. Genre de plantes de l'ico- sandrie monogynie , et de la famille des Salicaires , dont les caractères sont : calice divisé en quatre parties ; corolle de quatre pétales ; une vingtaine d'étamines insérées au ca- lice ; ovaire supérieur , d'où s'élève un style simple ; capsule à une loge , à trois valves et à plusieurs semences. lU A N T Ce genre ne renferme qu'une espèce : c'est un arbre de Saint-Thomas , à rameaux tétragones , à feuilles opposées , ovales , émarginées , et armées à la base de leur pétiole d'une large épine ; à fleurs disposées en petits bouquets axillaires. (b.) ANTHÈSE. C'est l'ouverture de I'Antuère, après l'é- mission du Pollen, (b.) ANTHIAS. Nom latin d'un genre de poissons établi par Bloch. Lacépède en a réuni les espèces à ses luTJaks, et Cu- vier a établi à leurs dépens , les genres Priacanthe , DiA- GRAME , AnABAS. (b.) ANTHICUS. PaykuU , dans sa Faune de Suède , a donne ce nom à des insectes appelés notoxes par Geoffroy, et qui sont des meloës et des attelâtes de Linnaeus. Fabricius , dans son Systema eleutheratorum , en adoptant le genre Anthicus de Paykul, y réunit les pselaphus d'Herbst ( qui sont des staphy- liiis de Linnaeus ). 11 conserve néanmoins le genre NoTOXUS , dans lequel il fait entrer les espèces nommées mollis, violaceus et chinensis. V. NoTOXE. (l.) AISTHIDIE , Anthydium. Fab. Genre d'insectes de l'ordre des hyménoptères , section des porte-aiguillons , famille des apiaires, et qne l'on distingue aux caractères suivans : premier article des tarses postérieurs s'étendant également de chaque côté , au point d'insertion du suivant , ou sans dilatation à l'angle extérieur de son extrémité ; labre en carré long , per- pendiculaire ; ventre des femelles couvert d'un duvet soyeux, en demi-ovale , convexe en-dessus ; mandibules fortes , in- cisives ; palpes maxillaires d'un seul article. Les anthidies , que je nommois anciennement abeilles car- deuses , et que j'avois ensuite réunies aux mégachiles ^ se rap- prochent , par la forme de leur labre , la brosse soyeuse qui garnit le dessous de l'abdomen des femelles et leur sert à ramasser le pollen des Heurs , et par quelques autres carac- tères , des osmies , des mégachiles , des stélides , et de quel- ques autres apiaires solitaires. Elles en sont distinguées par leurs palpes maxillaires , qui ne sont composés que d'un seul article ; caractère qui leur est même exclusivement propre dans la section des apiaires solitaires; ces palpes sont très-pe- tits, presque cylindriques ou presque coniques, obtus et velus. Les anthidies ont d'ailleurs , comme les espèces des genres précités , les antennes filiformes , courtes et brisées ; le labre carré et voûté ; les mandibules saillantes , presque triangu- laires , souvent dentées et terminées en une pointe forte et aiguë ; la languette soyeuse , avec deux oreillettes courtes , en forme de dent triangulaire , et deux palpes , dont les deux premiers articles , grands , comprimés , écailleux , presque de A N T ,45 la même longueur , et dont le troisième , très-petit , ainsi que le suivant ou le dernier , est fixé obliquement au côté exté- rieur du second , près de sa pointe. Elles ont le port des os- mies ; mais leur corps est moins velu , tacheté de jaune sur un fond noir, ou mélangé de ces deux couleurs et de rougeàtre. M. Kirby , qui n'a décrit que l'espèce la plus commune (^A. manîcatum) ^ en a formé une division particulière dans son genre des abeilles. M. Jurine comprend sous le nom géné- rique de traduise , les osmies , les mégachilcs , les anthidïes , et autres genres d'apiaires solitaires , remarquables par la fi- gure parallélogrammique du labre, ces insectes n'ayant tous qu'une cellule radiale , et deux cellules cubitales. Il divise néanmoins ses trachuses en deux familles, dont la seconde est composée des anthidies ; la deuxième nervure récurrente de leurs ailes supérieures s'insère hors de la seconde cellule cubitale. Les espèces de nos climats paroissent vers le solstice d'été. L'accouplement a souvent lieu sur les fleurs ou sur les feuilles. Le mâle est aussi grand que la femelle, ou même d'une taille plus forte , avec les mandibules plus étroites et les pieds an- térieurs arqués ; les jambes et le premier article des tarses ont une frange de poils ; l'extrémité de l'abdomen offre souvent des dents ou des pointes aiguës , en forme d'épines ou de cro- chets. Ces insectes , de grandeur moyenne , se trouvent plus spé- cialement au midi de l'Europe et au nord de l'Afrique. On en connoît une trentaine d'espèces. \. Dernier segment de Vahdovien des mâles échancré , avec une dent crocliue de chaque côté , et une saillie intermédiaire très -foiie et presque carrée. Anthidie stictique, Anthidium sticticum , Fab. Latr. Ann. du Mus. d'Hist. nat. tom. i3. pl.^^. i, mâle. Noire ; pre- miers articles des antennes et l'abdomen d'un fauve rougeàtre ; une rangée de taches noires le long du milieu de cette dernière partie. Dans les départemens les plus méridionaux de la France, en Italie, en Espagne et en Barbarie. II. Dernier segment de l'ahdumen des mâles largement échancré, aoec une dent étroite et crochue de chaque côté, et une troisième plus petite , dans l'intervalle. L'abdomen est marqué de bandes jaunes transverses , et ses bords latéraux sont frangés de poils , dans les mâles. Anthidie À CINQ CROCHETS , Anthidium manie aium. Fab. Panz. Faim, insect. germ. fasc. 55. tab. 11 , le mâle; ibid. fasc. 7. tab. 14. la femelle. Longue de cinq à sept lignes ; noire , avec des taches jaunes ; celles de l'abdomen y formajit II. 10 U6 A N T des bandes transverses , interrompues dans leur milieu ; cin- quième et sixième segmens de Tabdomen des mâles uni- dentés de chaque côté ; mandibules jaunes ; labre ayant en dessus deux tubercules ; une tache noire sur l'écusson , dans les deux sexes ; les quatre cuisses postérieures rougeâlres ou jaunes dans les femelles. Les taches jaunes variant beaucoup. 1/ abdomen du mâle a sept crochets ; mais ceux du cinquième segment sont moins apparens , et on n'en compte bien que cinq. La femelle détache avec ses mandibules le duvet cotonneux et blanc de certaines plantes, des labiées surtout, et en forme de petites pelotes , qu'elle transporte avec les pieds dans les cavités des murs qu'elle a choisies pour être le berceau de sa famille ; revient faire une nouvelle provision ; et , après avoir recueilli une quantité assez considérable de ce duvet, y dépose de la pâtée et ses œufs; elle recouvre ensuite le tout avec la même matière cotonneuse; les petits y subissent leur métamorphose et ne deviennent insectes parfaits que dans le courant de Tété de l'année suivante. A>"nuDlE FLOREISTINE , Anthidiiim florciUlnum , Fab. Panz. îlnd. fas'c. io5, tab. 20, mâle. Ressemble beaucoup à la précédente ; un peu plus grande ; chaperon jaune , sans tache ; dessus du labre enfoncé longitudinalenient dans son milieu, avec une ligne élevée de chaque côté ; cuisses pos- térieures unidentécs près de leur base ; quatrième , cinquième et sixième segmens abdominaux du mâle ayant une dent de chaque côté , de sorte qu'avec les trois du dernier , le nombre total de ces dents est de neuf Au midi de la France , er» Es- pagne et on Italie. Les mâles de quelques autres espèces ont le dernier seg- ment de l'abdomen échancré , avec une dent aplatie , courte , et large , de chaque côté. Telle est Vanihidie allongée , dont Panzer a pris le mâle pour une variété de VA. à cinq crochets ; fasc. 55 , tah. 10. Les mâles des autres ont le dernier segment de l'abdomen tronqué ou obtus au bout , avec une dent , au plus , au milieu de son bord postérieur. Telles sont les anthidies : lUuratum ( Panz. ibid.fasc. 80. tab. 21, femelle. ) , strigatum. ( Panz. ibid. fasc. 86. tab. 14. , fem. ), etc. Quelques petites espèces de cette division contractent leur corps en boule. Les femelles de plusieurs autres sont presque entièrement rases et sans poils , même sous le ventre. V. la monographie que j'ai donnée de ce genre , dans les Annales du Muséum d'Histoire naturelle, (l.) A]STHIE,yi«- ,52 A N T çoit deux nouveaux, qui subdivisent le prisme diagon&le- itient. {Haiiy.) Suivant M. Brard , elle est susceptible d'acquérir l'élec- tricité résineuse , par le frottement , étant isolée. Elle est infusible au chalumeau , sans addition, et diffici- lement fusible , à l'aide du borax , en un émail verdâtre. Celte substance n'occupe pas encore de place distincte dans la méthode de M. Haiiy ; elle est assez rare dans les collections. (LUC.) ANTHOPHORE, Anthophom, Lat. Genre d'insectes, de l'ordre des hyménoptères, section des porte -aiguillon, famille des apiaires, et qui a pour caractères : premier ar- ticle des tarses postérieurs des femelles , dilaté vers l'angle extérieur de son extrémité ; l'angle opposé, ou l'intérieur plus voisin de l'insertion du second article que celui-ci; face extérieure de ce premier article , et celle des jambes qui lui sont annexées , garnies de poils nombreux et serrés ; les deux pièces latérales accompagnant les languettes , ou les para- glosses, beaucoup plus courtes que les palpes; ces palpes en forme de sole écallleuse ; mandibules unidentées , au côté interne ; palpes maxillaires formés de six articles distincts. J'avois d'abord désigné ce genre sous le nom de Podalirie : mais, ayant reconnu depuis qu'on l'avoit employé en bota- nique, je lui al substitué celui d'ANTHOPHORE. Fabriciu.s applique la même dénomination à un genre d'opialres, qui est composé, dans ma méthode, des genres sulvans : CllELOS- TOME, HÉRIADE, Stélide , OsMiE et MÉGACiiiLE ; il com- prend mes Anthopiiores, sous la dénomination de Méoille : ce sont les Lasies de M. Jurine , et que celui-ci caractérise ainsi : une cellule radiale, petite, légèrement appendicée ; trois cellules cubitales égales, dont la seconde et la troisième reçoivent chacune une nervure récurrente ; la troisième de ces cellules éloignée du bout de l'aile ; mandibules inégale- ment bldentées ; antennes fdlformes , ou un peu en massue. Il rapporte à ce genre VEurera Ivngiromis de Fabrlcius. Les anthophorcs volent avec rapidité, toujours en bourdon- nant , et s'arrêtant peu à chaque Heur. Ils font leurs nids dans les terrains coupés à pic , ou dan» les vieux murs exposés au midi, profitant des trous qui y sont déjà, ou bien en creusant de nouveaux, et y portant de la terre pour former une ou deux cellules, dont l'inlérlcur est poli, lustré, et a la forme d'un dé à coudre. Ils mettent au fond de ces cellules, de la pâtée, et y pondent ensuite un œuf L'ou- verture de riiabltatlon est fermée avec de la terre. Ces cel- lules sont souvent placées deux par deux , l'une sur l'autre. Les individus mâles diffèrent souvent beaucoup! desj fe- A N T ,53 melles de la même espèce, par la couleur du duvet du corps , et surtout par celle de la lèvre supérieure ; cette dernière partie est jaune ou blanchâtre , souvent tachetée de noir dans les mâles, tandis qu'elle est noire comme le fond du corps, dans les femelles. Ce n'est pas tout; les mâles de plusieurs ont le premier article de leurs tarses intermédiaires garni de poils plus fournis et plus longs ; ceux de quelques autres espèces ont les cuisses postérieures renflées et Tabdomen plus court et plus rond que ne l'est celui des femelles. Ces diffé- rences de sexes ont dû nécessairement tromper les auteurs , et leur faire multiplier mal à propos les espèces. Les on//?o/7/zor^.s paroissent au printemps, et on n'en voit plus un mois après le solstice d'été. Nous citerons pour exemple les espèces suivantes , qui se trouvent autour de Paris. Anthophore jambes -fauves, Megilla acetvorum ^ Fab. (Panz. Faim, inseci. germ. fasc. 78, iab. iS, fem.). La femelle est toute noire, avec les jambes postérieures couvertes d'un duvet rougeâtre. Le mâle est noir, mais couvert , excepté aux derniers an- neaux de l'abdomen , d'un duvet d'un gris jaunâtre ; la lèvre -supérieure est jaune, avec un point de chaque côté de sa base, et les bords noirs; le nez, ou la partie de la tcte qui est immédiatement en dessus, est jaune, avec une teinte rougeâtre sur les côtés; on voit une grande tache noire dentée., en bas, au-dessus et sous les antennes, dont le premier article est jaune en dessous. Les quatre derniers articles des tarses sont d'un roussâtre pâle ; le premier des intermédiaires a de poils longs et noirs. AiSTiiOPHORE des MURS, Megiîla pan'eiina ^ Fab.; Latr., Ann. du Mus. d Hisi. nat. t. 3. pi. 22. fig. i. La femelle est noire, avec une bande roussâtre ougrisâtresurle milieu del'abdomen. Le mâle est couvert d'un duvet d'un gris jaunâtre , avec l'extrémité de l'abdomen presque nue et tout-à-fait noire. La lèvre supérieure et le nez en entier sont blancs. Les tarses in- termédiaires n'ont pas de faisceaux de poils noirs. Cette espèce élève à l'entrée du nid qu'elle prépare à ses petits , un petit tuyau cylindrique , courbe , formé de grains de terre , et qu'elle détruit en employant ses matériaux dans la construction du nid. Akthophore hérissé, MegUla pilîpes^ Fab.; Panz. ibîd., fasc. 55, tab. 6, 8 , mdle. La femelle a la tête noire , avec le corselet, Tabdomen et les pattes couverts d'un duvet d'un roux jaunâtre ou grisâtre. Le mâle a la lèvre supérieure , le nez et le dessous des articles des antennes, jaunes; le nez a deux points noirs. Les tarses intermédiaires ont sur le eu lé i54 A N T extérieur , de longs poils grisâtres ; leur premier article et le dernier même, sont garnis d'un faisceau de poils noirs. Cette espèce est figurée ici sous le nom de podaliric hérissée , pi. M. 2g, fig. g. Elle fait son nid dans les murs. Parmi les espèces exotiques , I'./Vnthophore À zones , Apis zonata , Linn. , est une des plus belles. Son abdomen a quatre bandes d'un bleu pâle. Elle est propre aux Indes orientales, (l.) ANTHORE. C'est une espèce d'AcoMT, celle qu'on croit être le contre-poison des autres. On emploie sa racine contre les vers ; mais on ne doit en faire usage qu'avec prudence, (b.) ANTHOS. C'est le Verdier, chez les anciens Grecs, (s.) KN'ÏWO^VY.^MYa ^ Anthuspenmtm. Genre de plantes de la famille des RuBiACÉEs(des Monimiées, suivant R. Brown), sur les caractères duquel les botanistes ne sont pas encore d'accord. Linneeus et Lamarck ont observé que la première, et la plus connue des espèces qui le composent, I'Antho- SPERME d'Ethiopie, a des fleurs mâles et des fleurs herma- phrodites, et point de corolle. Jussieu et Ycnlenat ont observé qu'elle éloit hermaphrodite, et pourvue d'une corolle monopétale quadrifide. Il est probable qu'ils ont tous bien vu, et que la fructification de cet arbre varie dans les parties en litige. Elle ne change pas dans le nombre des étamines , toujours fixé à quatre, ni dans celui des pistils, ni dans celui des semences , toujours géminées. Ce genre ne comprend que trois espèces , dont deux sont des sous- arbrisseaux originaires d'Afrique. Leurs feuilles sont linéaires, verticillées ; leurs fleurs axillaires. Une seule, celle déjà citée, est cultivée dans nos jardins de botanique. L'une d'elles , I'Anthosperme galopine de Thunberg , . avoit été d'abord établie par ce voyageur, en titre de genre, sous le nom de GalopIiSE. Voyez ce mot. (b.) ANTHOTIE , Anthotium. Petite plante de la Nouvelle- Hollande , que R. Brown regarde comme devant servir de type à un genre de la penlandrie monogynie , et de la famille des Campanulacées. Ce genre a pour caractères : un calice à cinq découpures ; une corolle monopétale, irrégulière , à tube fendu longitudi- nalemenl, à lèvre supérieure auriculée à son bord intérieur; les anthères adhérentes ; un ovaire inférieur à deux loges po- lyspermes , surmonté d'un style à stigmate en godet ; une capsule, (b.) ATNTHRACIENS, Anthracii, Latr. Famille dïnsectes de l'ordre des diptères , ayant pour caractères : gaîne de la trompe univalve ; antennes de trois pièces ; suçoir de quatre soies , dont deux adhérant chacune à un palpe ; leur gaîne A N T ,55 presque cylindrique ou conique , à lèvres très-pelites ou peu dilalées , ordinairement avancées ; ailes écartées ; antennes terminées en alêne , distantes l'une de l'autre ; tête de la hauteur du corselet. Cette famille a de l'affinité avec celles des lomhyliers ^ des vêsiaileux ^ des empides et des asiliques ; mais les ailes sont couchées sur le corps, dans les empides et les asîHqaes; les antennes sont rapprochées, et le corselet est élevé, comme bossu, dans les vésicitleux et les bombyliers. Les anthraciens comprennent les genres NÉMESTRlîJE , MuLioN , Anthrax. Voyez ces mots, (l.) ANTHRACITE (I)olomieu). Les ouvriers qui emploient la houille , ou charbon de terre , avoient remarqué depuis long-temps qu'une variété de ce combustible ne bVûloit qu'a- vec une extrême difficulté, sans donner cette flamme blanche, accompagnée d'une fumée noire et d'une odeur bitumineuse, qui caractérise la houille proprement dite, et l'avoient séparée do cette dernière , en la nommant houille sèche et charbon de terre incombustible. C'est aussi sous ce nom qu'elle a été décrite par Guyton-Morveau , dans les Mémoires de l'Académie de Dijon. Deborn en a également fait connoitre une variété compacte, à cassure conchoïde et luisante, venant de Schem- nitz ; il la nommoil plombagine charbonneuse ou anthracolithe. JMais Dolomieu est le premier qui ait considéré cette substance comme une espèce particulière ; il l'a désignée sous le nonti A' anthracite , c'est-à-dire , composé de charbon. Sa ressem- blance avec la houille l'a aussi fait nommer houillit , par Daubenton. Les Allemands l'ont d'abord appelée Kohlen blende., ou blende charbonneuse; c'est la houille éclatante ou glanz kohle de Werner, et Yanthracit de Karsten. M. Tondi place cette espèce à la suite du diamant, dans le genre carbone, sous le nom de carbone oxydulé ., ou géunthrace. Le principal caractère de ï anthracite est de brûler dif- ficilement en laissant très-peu de résidu ; et de ne point fournir de pétrole , ni d'ammoniaque, à la distillation. Sa couleur ordinaire est le noir-bleuâtre éclatant, ouïe noir-grisâtre , avec éclat demi-métallique; il est aussi par- faitement opaque. Il est facile à casser , quelquefois même friable , mais plus dur que la houille, le javet et le fer carburé. Il tache assez souvent les doigts en noir, et est sec au toucher; ce qui le distingue surtout du graphite. Sa pesanteur spécifi- que est 1,8 ; la houille est plus légère. Il est électrique par communication , et donne des étincelles , à l'approche d'un excitateur, lorsqu'il est en contact avec un corps conducteur cleclrisé. Réduit en poudre et humecté, il exhale l'odeur du charbon de bois. i56 A N T Une partie de ces caraclères est due à M. Héricart de Thury, qui les a indiqués dans son beau Mémoire sur Vanihvacite^ inséré dans le i4-'^ vol. du Journ. des Min., pag. i6i à 187. Ce mémoire , qui renferme des obser- vations très - importantes sur l'origine de cette subs- tance , et sur sa manière d'être dans le sein de la terre , a fourni la preuve cjue l'anthracite n'appartient pas exclusive- ment au?c terrains primitifs , ou antérieurs à l'existence des corps organisés, comme le croyoitDolomieu, et qu'il abonde, au contraire , dans les formations postérieures. V. plus bas. D'après les analyses qui ont d'abord été faites de ce mi- néral, on l'avoit considéré comme une combinaison de car- bone, de silice et d'alumine ; mais on s'est assuré depuis , que , quand il est pur, il n'est presque entièrement composé que de carbone : tel est celui du plateau de Troumose , dans les Pyrénées , suivant Vauquelin. L'anlhracile du Chevalier-aux-Chalanches contient , sur looparfies : carbone, 97,25; oxyde de fer, i,5o; silice, 0,95 ; et alumine , o,3o ; et celui de Schemnitz, selon Deborn: 90 de carbt)ne , 3 d'alumine , 3 de fer et 2 de silice. On dislingue plusieurs variétés de ce minéral : 1.0 \J' Anlhracile feuilleté {Schieferige glanz kohle, Werner ; Gemeiner anthradt , Karsten ). C'est le plus commun : il se trouve en grandes masses dans certaines houillères , et no- lammentàF resnes, département duISord.U est noir-bleuâtre et souvent recouvert de charbon fibreux , presque pulvérulent et tachant fortement les doigts. 2.° U'yJiiÛiracite compacte, noir ou noir-grisâtre, bronzé, et comme métalloïde ( Mushliche-glanz kohle, Werner; Schla^ ktgcr anthracil, Karst. ). La suljstance décrite par Deborn , sous le nom iVauthracolilhe ( V. plus haut), appartient à celte variété. Elle vient aussi d'Angleterre et de Styrie ; on en trouve au Creusot, qui est très-éclatanle et irisée ; dans le département de l'Isère; au Meissner, dans la Hesse ; en Espagne , d'un noir parfait et luisant ; aux environs de Phi- ladelphie, etc. 3." V Anthracite globuleux, h cassure écailleuse et luisante , d'un beau noir. Cette variété vient de Konsberg , en Nor- wége, où elle accompagne l'argent natif et la chaux carbonatée laminaire. 4.." L'Anthracite caverneux, noir-mat. La découverte en est due au savant Pvamond, qui l'a observé dans les Pyrénées , au fond de la vallée de Héas, plateau de Troumose; il forme de petites veines dans le schiste argileux, noirâtre, renfer-- mant des macles, qu'on trouve en cet endroit. L'anihratile , que Ton croyoit appartenir exclusivement A N T ,5; aux terrains de première formation , y est, au contraire, fort rare , si toutefois même il s'y rencontre. M. Erochant, dont l'opinion est bien faite pour servir d'autorité en cette matière, révoque en doute l'existence de l'anthracite, dans tette sorte de terrains, et notamment à la Chandoline , en Savoie, où on le cite en lits dans le gneiss. Mais il abonde dans les ter- rains de transition de la Tarentaise , et de différentes par- ties des Alpes, d'après les observations de MM. Héricart de Thury et Brochant. 11 a été observé, par le premier de ces savans, à la montagne des Chalanchcs et à Venose, en Oisans ; à Laval et à Sainte-Agnès, dans le Graisivaudan , et toujours dans le sol secondaire. lise montre encore en beau- coup d'endroits de la Tarentaise. Ses cinqgisemens principaux sont situés à Moutiers , Macot, Samt-Landry, le petit Saint- Bernardet Montagny. C'est dans ces deux derniers, dit M. Bro- chant, que j'ai le mieux observé les circonstances géologiques qui caractérisent le terrain de transition. A Montagny, l'an- thracite forme tantôt des amas irréguliers parallèles aux couches, assez épais , mais peu étendus , tantôt des couches déterminées. Il est souvent entrecoupé de veines de quarz blanc , et il en renferme quelquefois des rognons : il est aussi toujours mélangé de pyrites. Il est encaissé dans un schiste noir bitumineux , qui est lui-même accompagné d'un schiste micacé, gris, à petites paillettes et à feuillets non brillans , qui renferme quelquefois de petites veinules d'anthracite gra- nuleux. Ces caractères et cette association se rencontrent éga- lementdans lesautres gîtes d'anthracite ; mais à l\Iontagny, le schiste micacé adhère immédiatement à des poudingues quar- zeux, à pâte de schiste micacé, et de fragmcns de roches pri- mitives, dont il est impossible de nepasreconnoître la structure arénacée... Le schiste bitumineux qui accompagne les couches d'anthracite du petit Saint-Bernard, présente des empreintes végétales qu'il est impossible de révoquer en doute A Villarlurin, près de Moutiers, et à Landry , on en trouve de semblables, etc. >> (Journ. des Min., t. aa, p. 357 et suiv. ) Ces empreintes avoient déjà été observées aux Chalanches , par M. Héricart de Thury, dans son Mémoire sur l'anthracite, cité plus haut. M. Roemer a reconnu également que le schiste argileux, de Géra en Saxe, qui contient l'anthracite, renferme, en même temps, des empreintes de végétaux. Il forme des couches , dans la grauvvacke {Psammife^ H. ), à Lischvvitz , près de Géra en Saxe , et en Hongrie. Il est aussi contemporain de la formation de la houille bitumi- neuse , comme le prouvent les rognons d'anthracite que M. d'Omalius d'Halloy a observés dans la chaux carbonatée ,58 A N T blliimînifèrc, entre Vise et Argenleau , sur les bords tle la Meuse ; les masses feuilletées , de la mt^me nalure, que renferment les houillères de plusieurs parties de la France y et celles de Brandau, en Bohème. Il existe enfin dans la formation charbonneuse des terrains trappéens, comme en Ecosse et dans la liesse, et jusque dans les veines métallifères. Il accompagne l'argent natif, à Konsberg, et le plomb sulfure, à Jvlaustal , au Hartz. On en trouve également en Espagne, et dans l'Amérique sep(enlrionale. On a découvert en Espagne , tout près du monastère d'Marbas, situé à peu de distance de la gorge qui conduit à • Ovledo , par le délicieux vallon de Campomanès , un bel anthracite qui donne des traces sensibles d'acide prussique. 11 avoll donc appartenu dans l'origine, dit M. Proust, aux charbons de terre. Nous ne saurions en effet douter aujourd'hui que cette subs- tance ne soit, comme la houille, le résultat d'un mode par- ticulier de décomposition des végétaux. V. Houille, (luc.) ANTIIRACOLITHE. Nom donné par Deborn aune variété àanlhrarîte. V. plus haut, (luc.) ANTHUAX, ^«////fli: , Scop. Tah. Genre d'insectes de l'ordre des diptères , famille des anthraciens , et distingué des autres genres qu'elle comprend , par ses palpes qui sont intérieurs , sa trompe peu saillante et ses antennes , dont la première pièce est sensiblement plus longue que la seconde, enforme de poire ou decônecourt et se termine brusquement en une longue alêne , munie d'un stylet très-distinct. Linnœus et Geoffroy ont placé ces insectes parmi les mouches , et Degcer les a réunis à ses némotèlcs. l'abricius, dans ses premiers ouvrages, les distinguoit sous le nom de bibion , genre qu'il a ensuite divisé en deux : midas et aiitlirax. On ne connoît point les larves des anthrax; Tinsecle parfait se trouve, pendant la belle saison, dans les endroits garnisdc (leurs, ou auprès des umrs situés aumidi. Ces diptères volent avec beaucoup de légèreté, surtout lorsque le soleil brille ; on les volt planer d,ms l'air, ensuite se poser sur les plantes , et ce n'est qu'avec beaucoup d'adresse et de célérité qu'on peut les saisir. Les uns ont les ailestransparenteset sans couleurs; les autres les ont opaques et très-colorées. Parmi eux on remarque les espèces suivantes : Amhrax MORlO, Anthrax morio^ Fab. pi. A. 9. fig. 7. de cet ouvrage, il a environ six lignes de long , le corps noir , velu, avec deux taches blanches, formées par des poils, à rextrémité de l'alxiomen ; les ailes sont d'un brun noirâtre , avec l'extrémité, blanche transparente , et les pattes noires. A N T % On le trouve en Europe , aux environs de Paris. Anthrax varié , Anthrax varia. Fab. Coqueb. IllusL icon, ins. lab. aS , fig. 2. 11 est de la grandeur du précédenl ; son corps est brun, velu, avec des poils ferrugineuxsur les côtés du corselet , et des laciies blanches sur l'abdomen ; les ailes sont blanches , avec des points noirs. On le trouve aux environs de Paris , sur les fleurs. Anthrax m. w ke., A nûiraxmawa^ Yah.Sche/i. dipt.tab. 82, fig. 2. Uestdela grandeur du précédent, noir et velu; son cor- selet est bordé de poils blancs, mélangé de roux et de noir; Tab- donien a des bandes transversales blanches ; les ailes sont noires , opaques jusque vers le milieu , blanches et transpa- rentes à l'extrémité ; les patles sontnoires. La partie transpa- rente de l'aile est sinuée. On le trouve en Europe, sur les fleurs, (l.) ANTHRÈNE,y^n///rertî/5,Geoff.Genre d'insectes de l'ordre des coléoptères , section des pentamères , famille des clavi- cornes , ayant pour caractères : pieds contractiles , dont les jambes se replient sur le côté postérieur des cuisses aux- quelles elles sont annexées , et dont les tarses sont libres ; antennes en massue solide , se logeant dans une cavité pratiquée aux angles antérieurs du corselet ; mandibules pe- tites ou point saillantes; avant-sternum dilaté à son extrémité antérieure pouij recevoir la bouche ; corps ovoïde. Les anthrènes sont de très-petits insectes à deux ailes mem- braneuses , cachées sous des étuis durs , dont le corps est ovale , presque globuleux ; dont les antennes sont courtes , droiles , terminées par une espèce de masse ovale, solide , un peu comprimée ; dont la bouche est munie de deux man- dibules , de deux mâchoires et de quatre anlennules inégales , filiformes ; et enfin dont les tarses ont cinq articles presque coniques , terminés par deux petits crochets. Ces insectes ont beaucoup de rapports avec les genres des dr.rmestes , des hyrrhcs et Acs sphéridies ; ils en diffèrent par les antennes. Les antennules présentent encore quelques différences , mais difficiles à apercevoir , à cause de leur petitesse. On trouve les anthrènes souvent en grande quantité sur les fleurs , occupés à sucer la liqueur mielleuse qui y est con- tenue : on les rencontre aussi quelquefois dans les maisons. Ils tiennent leurs pattes retirées et appliquées contre le corps lorsqu'on les prend,et conservent cette position après leur mort. Leur couleur est due à une espèce de poussière colorée , très-facile à détacher , faite en forme de petites écailles triangulaires , à peu près semblables à celles qui couvrent les ailes des papillons , et implantées sur tout le corps de ces insectes par le sommel: ou la pointe du triangle : le haut est i6o A N T arrondi ou légèremeTit dentelé. Le moindre frottement suffît pour les faire disparoîtrc ; aussi arrive-t-il souvent que lors- qu'on prend l'insecte, on emporte ces petites écailles , on le décolore , et il paroît alors très-lisse et entièrement noir. La larve a une tête écaillcuse , et garnie de deux espèces d'antennes coniques très-courtes , une bouche munie de deux mâchoires assez fortes, le corps composé de douze ou treize anneaux peu distincts, et six pattes écailleuses, assez lon- gues , terminées par un petit crochet courbé. Ces larves sont très-petites ; les plus grandes n'ont guère plus de deux lignes lorsqu'elles ont pris tout leur accroisse- ment ; tout leur corps est plus ou moins couvert de poils , disposés en faisceaux, en paquets, ou en aigrcHes , princi- palement sur les éôlés. Il est terminé par deux espèces de houppes , que la larve redresse , soulève et écarte lorsqu'on la touche un peu rudement , et qu'elle applique de nouveau sur le corps , lorsqu'on cesse de l'inquiéter. Degeer a observé que tous les poils du corps et de la tête ne sont pas simples , mais sont comme hérissés, dans toute leur étendue , de petites pointes courtes , en forme d'épines, à peu près comme les poils de quelques chenilles velues- Ceux qui forment les aigrettes ou les houppes , ne ressem- blent point à ceux qui couvrent les autres parties du corps. Cliaque poil est composé d'une suite de petites parties co- niques ou triangulair(;s , mises bout à bout , et dont la base est extrêmement déliée. Le poil est terminé par un gros touton , ou masse ovale , allongée , presque conique , portée sur un filet très-mince. « 11 est difficile, ajoute cet entomo- « logiste , de savoir Tusage de ces jolies aigrettes , et pour « quelle raison les larves les redressent et les étalent quand « on les touche. Est-ce que leur but seroil d'effrayer leurs « ennemis , ou de leur causer quelque mal à nous inconnu? « Elles semblent élever les poils , à peu près comme les «c porcs-épics redressent leurs piquans , quand on les fâche « ou qu'on les approche. » Les larves des anûirènes ressemblent un peu à celles des dermesles; mais elles en sont suffisamment distinctes par les houppes qu'elles ont à la partie postérieure du corps. Elles habitent les cadavres dépouill-és de leurs chairs ,lcs pelleteries et toutes les matières animales desséchées. Elles attaquent les insectes morts , les oiseaux et les autres animaux pré- parés ; elles détruisent tôt ou lard les collections qui ne sont pas exactement fermées ; elles se nourrissent du corps même de l'animal, ou elles rongent les plumes , les poils, et les réduisent en poussière ; elles mangent et consument presque entièrement les insectes, ne laissant que les ailes, les élytres A N T ,6i et les pattes. Les fumigations de tabac , la vapeur de soufre , le camphre et les préparations arsenicales les éloignent , mais les font rarement périr , surtout lorsqu'elles sont dans le corps de l'animal où ces vapeurs pénèttent difficilement et en petite quantité. Une chaleur assez considérable , telle que celle de cinquante degrés , suffit pour les faire périr ; mais le plus sûr, c'est de fermer, avec le plus grand soin , les collections. Ces larves passent près d'un an dans cet état. Elles se montrent indifféremment dans toutes les saisons de l'année ; mais le temps où elles sont en plus grand nombre , et où elles font le plus de dégâts , c'est vers la fin de l'été , lors- qu'elles ont acquis presque toute leur grosseur. Elles passent l'hiver, ou dans l'état de larve , ou dans celui de nymphe ; et l'insecte parfait ne se montre ordinairement qu'au prin- temps ; on en voit cependant dans toutes les saisons , mais en moindre quantité. La larve , en grossissant , change plusieurs fois de peau ; mais ce qui est fort singulier, ^e ne la quitte pas lors- qu'elle passe à l'état de nymphe ; la peau se fend seule- ment tout le long du dos ; les bords de la fente s'éloignent l'un de l'autre , et laissent une ouverture qui doit faciliter la sortie de l'insecte parfait. Il faut néanmoins observer que cette peau de larve n'est plus adhérente à celle de nymphe ; celle-ci, dégagée de toutes parts, s'ouvre tout le long du dos , à l'endroit où est déjà ouverte la peau de larve , et l'insecte sort par cette ouverture , laissant l'une dans l'autre les deux peaux qu'il quitte, celle de nymphe et celle de larve. On a observé que les larves des anthrèncs étoient quelque- fois attaquées par une petite espèce d'ichneumon , qui les pique et y dépose un œuf, d'où sort bientôt une petite larve qui se nourrit aux dépens de l'autre. La larve de Vanthrène continue à vivre ; elle passe même à l'état de nymphe ; mais elle y périt toujours. Paniii cinq ou six espèces à'anthrènes connues , on dis- tingue I'At^thrÈNE onde , Anthrenus scrophulariœ , F ah. Oliv. col. tom. 2 , n,° i4., pi i. fig. 5, d'un noir foncé, dont les élytresont leur suture roussâtre , avec trois bandes grises; et I'Anthrème destructeur , Anthrenus musœorum , Fab. Oliv. ifu'd. pi. I. fig. I , d'un brun obscur, et dont la larve est l'ennemi le plus redoutable qu'aient k craindre les natu- ralistes, (o,) ANTHRIBE, Anthribus, Géoff , Fab. Genre d'insectes de l'ordre des coléoptères , section des tétramères , famille des porte-bec ou rhinchophores, ayant pour caractères : devant de la tête prolongé en un museau plat , avec un labre II. Il x6. A N T apparent , des palpes filiformes et très-sensibles , les antennes en massue ou plus grosses à leur extrémité , le pénultième article des tarses fortement bilobé. Geoffroy , qui a établi ce genre , mentionne sept espèces: les trois premières, dont il en a représenté deux, appar- tiennent au genre anthrUms de Fabricius ou à celui des macro- céphales d'Olivier; le quatrième est une nitidule ; les trois au- tres se rangent avec les phaiaci-es de M. Paykull, et forment le genre anthribe d'Olivier. ( Encycl. méthod. et now. Dict. d^Hîsl. naturelle. ) Mais ce célèbre entomologiste a pris pour type du genre , des insectes qui diffèrent essentiellement de ceux que Geoffroy avoit particulièrement en vue, ainsi que le prouvent les figures des deux espèces d'anthribes qu'il a données. Je désignerai donc ici sous cette dénomination les coléoptères , dont Olivier compose son genre macrocéphale , d'autant plus que je serai ainsi d'accord avec Fabricius et tous les autres naturalistes, qui suivent, à cet égard, sa nomenclature. Les anlhribes ont le corprplus ou moins oblong ou ovoïde , avec les antennes ordinairement plus longues et moins en massue dans les mâles ; cette massue est formée de trois ar- ticles. Les yeux sont entiers , le labre est court et transversal, les mandibules sont assez fortes , avec une ou deux dents au côté interne dans plusieurs. Les palpes sont filiformes, courts, très-visibles, ce qui distingue les coléoptères de cette famille, des charansonites, avec lesquels ils ont des rapports, par la forme de l'extrémité antérieure de la tête. Les mâchoires ont deux divisions, dont l'extérieure est étroite et a la figure d'un palpe. Le menton est très-échancré , en forme de crois- sant ; les étuis ne recouvrent pas l'anus. On trouve quelques espèces sur le bois ou sous l'écorce des arbres ; les autres vivent sur les fleurs. Les plus remarquables sont : L'Anturibe ALBINOS, yi«^//n'^fi5aMmi«, Fab. 7; Oliv. iom. 4, n." 80, pi. i.Jig. 4- Il est noir, avec le front et l'anus blancs ; le corselet est tubercule, et les antennes du mâle sont plus longues que celles de la femelle. L'Anthribelatirostre, Anthrihuslatirostris, Fab.; Oliv., ibid. , pi. I. ifig. 6; Geoff. , Ins.., tom. i , pi. S, Jig. 2 , a le bec plus large que le précédent et de couleur cendrée ; son corps est noir ; les élytres ont des taches ondées grises , et l'ex- trémité blanchâtre. L' Anthribe raboteux, Anthribus scabrosus ., Fab. ; Oliv. , ibid. , pi. 2 ijig. 20 ; Geoff , insect. ^ pi. 5, Jig. 3 , est court , renflé, noir ; ses élytres sont brunes, striées , avec des points élevés et noirs. F. le genre Rhinomacer. (l.). A N T ,63 ANTHRISQUE, Anthriscus. Genre établi par Persoon pour placer quelques espèces de Cerfeuils qui ont un in- volucre droit, lancéolé, ainsi que des semences ovales, héris- sées cl terminées en bec. (b.) ANTHROCÈRE, Anihwcera. Scop. V. Zygène. (l.) ANTHROPOÏDE , Anthropoïdes, Vieil.; Ardea, Lath. Genre de Tordre des oiseaux échassiers et de la famille des AErophones. F. ces mots. Caractères : Rec à peine plus long que la tête , comprimé latéralement, entier, épais, convexe, sillonné en dessus , pointu ; narines situées dans un sillon , concaves, elliptiques, ouvertes, closes en arrière par une membrane ; langue charnue , large , pointue ; doigts, exté- rieurs réunis à la base par une membrane; ongles courls, un peu obtus ; tête ou totalement emplumée ou avec les tempes nues ; les première et quatrième rémiges les plus longues; les secondaires plus prolongées que les primaires. Ce genre ne contient que deux espèces, que j'ai cru devoir isoler des grues avec lesquelles on les a classés jusqu'à présent, parce qu'ils ont des caractères qui leur sont particuliers. Le nom d' Anthropoïde ( copiste de t homme ) , par lequel j'ai distingué ce genre , est celui que les Grecs ont imposé à la Demoiselle de Numidie, d'après les gestes-mimes qu'on lui voit affecter, (v.) L'Anthropoïde ou la Demoiselle de Numidie , Ardea virgo , Lath.; Anthropoïdes vir go, \lElL. , pi. D. 3. fig. i. de ce Dictionnaire. Cette gnie a l.e sommet rde la tête d'un cendré clair; le reste de la tête, la gorge et le haut du cou en des- sus, noirs ; l'autre partie du cou, et les côtés , le dos , le crou- pion , la poitrine, le ventre, les flancs et le haut des jam- bes, d'un joli cendré bleu; les scapulaires, les couver- tures du dessus et du dessous des ailes, celles de la queue dç la même couleur ; de l'angle extérieur de chacun des yeux part un petit faisceau de plumes blanches , longues de trois pouces six lignes, très-flexibles, pendantes eu arrière et flot- tantes au moindre mouvement de l'oiseau ; le bas du devant du cou est couvert de plumes noires, longues, se terminant en pointe, très-fle.xibles , dont quelques-unes ont jusqu'à neuf pouces de long et tombent sur la poitrine ; les pennes des ailes sont cendrées depuis leur origine jusque vers la moitié de leur longueur , le reste est noirâtre ; les secondaires sont pareilles aux couvertures ; parmi elles , les plus proches du corps forment , par leur longueur et leur épaisseur, des touffes flexibles et pendantes, qui, lorsque l'aile est pliée , s'étendent jusqu'à l'extrémité des plus grandes rémiges ; la queue est composée Ue douze pennes d'un cendré bleu et x64 A N T terminées de noirâtre ; i'iris d'un rouge vif; le bec verdâtre à son origine , jaune vers le milieu , et rouge à son extrémité ; la partie des jambes qui est dénuée de plumes , les pieds et les ongles sont noirs. Grosseur inférieure à celle de la grue commune; longueur, depuis le bout du bec jusqu'à celui de la queue, trois pieds, et jusqu'à celui des ongles, six pouces de plus. Cette espèce de grue doit son nom de demoiselle à son élé- gance , à sa parure , à la manière de s'incliner par plusieurs ré- vérences y à sa marche qu'elle semble faire avec ostentation , à la gai'té qu'elle manifeste par des sauts et des bonds , comme si elle vouloit danser. Ses gestes mêmes n'ont échappé à aucun des auteurs qui ont parlé de cet oiseau de Numidie. Les anciens, d'après ses jeux et son adresse , l'ont appelé le comédien : si l'on en croit Xénophon dans Athénée , il porte cet instinct scé- nique jusqu'à l'imitation de ce qui le frappe dans le moment, et, selon lui, l'on en tiroit parti pour tendre des pièges à ces oiseaux : « Les chasseurs , dit-il , se frottent les yeux en leur présence avec de l'eau qu'ils ont mise dans des vases ; ensuite ils les remplissent de glu , et s'éloignent : l'oiseau vient s'en frotter les yeux et les pattes à l'exemple des chas- seurs. » Aussi Athénée l'appelle-l-il le copiste de l'homme; « et si, dit Buffon, cet oiseau a pris de ce modèle quelque foible talent , il paroît aussi avoir pris ses défauts, car il a de la va- nité, il aime à s'étaler , il cherche à se donner en spectacle, et se met en jeu dès qu'on le regarde ; il semble préférer le plaisir de se montrer à celui même de manger , et suivre , quand on le quitte , comme pour solliciter encore un coup d'œil. » Les académiciens qui ont observé les six demoiselles de Numidie qui étoient dans la ménagerie de Versailles , com- parent leur marche, leurs postures et leurs gestes aux danses des bohémiennes ; on doit à ces savans deâ détails sur les parties intérieures de ces oiseaux qu'ils disséquèrent. La trachée-artère , d'une substance dure et comml; osseuse , éloit engagée par une double circonvolution dans une pro- fonde cannelure creusée dans le liaut du sternum ; au bas de la trachée on remarquoit un nœud osseux , ayant la forme du larynx, séparé en deux à Tinlérieur par une languette , comme on le trouve dans Voie et dans quelques autres oiseaux ; le cerveau et le cervelet ensenible ne pesoient qu'une drachme et demie ; la langue étoit charnue en dessus et cartilagineuse en dessous ; le gésier étoit semblable à celui d'une poule ^ et , comme dans tous les granivores, on y trouvoit des graviers. ( Mémoires pour sen>ir à T histoire des animaux , tom. 3 , j)art. 2 , pag. 5.) Il ne seroit pas impossible de naturaliser ces oiseaux , et d'en établir la race en France, puisque les Demoiselles dt A N T ,65 Niimidie de la ménagene royale y ont produit , et celle qui a vécu vingt-quatre ans y étoit née. Ces gnies se trouvent dans diverses parties de l'Afrique et de l'Asie ; celles que Ton a vues vivantes en France venoient de la côte de Guinée; mais elles sont plus nombreuses dans l'ancienne Numidie , aux environs de Tripoli , et sur les côtes de la mer Méditerranée ; elles sont assez communes en Egypte, où elles arrivent dans le temps de l'inondation du Nil; elles paroissent vers Constantinople au mois d'octobre. On les rencontre encore dans la parlie méridionale des mers Noire et Caspienne, ainsi que dans les environs du lac Baikal; elles se tiennent ordinairement près des ileuves et dans les lieux marécageux. L'-\NTHROPOïdE ou ]^ISE\V ROYAL , Anthropoïdes paoo- nia^ Yieill. ; Ardea paç>: , Latb. , \>\. enl. de Buff. , n." 265. Un port noble , une forme remarquable , une taille baute de quatre pieds et un bouquet de soies épanouies sur le som- met de la tête, distinguent très-bien cet oiseau d'Afrique , qui.doit à sa couronne le nom A'oisean royal. Un large oreillon d'une peau membraneuse, blanche sur la tempe,. d'un rouge vif sur la joue, enveloppe la face, descend presque sous le bec et se termine en un fanon pendant sur la gorge. Le front est rond , avancé et couvert d'un duvet noir , fin , serré comme du velours ; des brins touffus de couleur isabclle , aplatis et filés en spirale, composent son aigrette qui, épanouie, paroît plus grosse que la tête ; chaque brin est hérissé de très-petits filets à pointe noire , et terminé par un petit pinceau de la même couleur; l'iris est d'un blanc pur; le bec noir, ainsi que les jambes et les pieds ; im cendré clair brunâtre colore le cou et tout le corps en dessus et en dessous; les plumes du cou sont longues et étroites; celles du dos, larges et poin- tues ; les premières pennes des ailes et celles de la queue noires; les secondaires sont d'un roux brun et s'étendent au-delà du croupion; les couvertures blanches et celles qui recouvrent les pennes primaires , d'un jaune pâle. Longueur du bout du bec à l'extrémité de la queue , deux pieds neuf pouces. Grosseur du héron huppé. La femelle se distingue du mâle par des oreillons fort petits et par la couleur noire qui partout remplace le teint bleuâtre du mâle. U oiseau royal que B^on a eu vivant, est, dit-il, doux et paisible, n'a de défense que dans la hauteur de sa taille, la rapidité de sa course et la vitesse de son vol , qui est élevé , puissant et soutenu; il craint moins l'homme que ses autres ennemis ; il semble même s'approclier de lui avec confiance , avec plaisir; en captivité, il s'ennuie dès qu'on le laisse seul trop long-temps; il aime qu'on lui rende visite, et, lors-' qu'après l'avoir- considéré , on se promène indifféremment , i66 A N T sans prendre garde à lui, il suit les personnes ou marclie k cAlé (iVlles, et fait plusieurs tours de promenade ; et si quelque chose l'amuse et qu'il reste en arrière, il se hâte de rejoindre la compagnie ; dans l'attitJide du repos , il se tient sur un pied ; son grand cou est alors replié comme un serpentin, et son corps, affaissé et comme tremblant sur ses hautes jambes , porte dans une direction presque hori7.ontale ; mais quand quelque chose lui cause de l'étonnement ou de l'inquiétude , il allonge le cou, élève sa tOte , prend un air fier, comme s'il vouloit en effet en imposer par son maintien ; tout son corps paroît alors dans une situation à peu près verticale ; il s'avance gravement et à pas mesurés, et c'est dans ces momens qu'il est beau, et que son air, joint à sa ^ÉÉronne , lui mérite vrai- ment le nom 0 L 1 T H E S ou ANTIIROPOLITES , d' «l'flooîB-of , homme, et Aiôof, ip'iQrre {AnJliropoliUius, Linn. ; Zuolilushominis , Gess. ) On a donné ce nom à de prétendues pétrifications d'os humains , que l'on assure avoir été trou- vées en plusieurs lieux. Il est néanmoins certain maintenant pour les naturalistes qui observent avec attention , qu'on ne connoîl aucun reste de l'espèce humaine , ni aucun des produits de son indus- trie , qui soit véritablement pétrifié ni même fossile , c'est-à- dire, enfoui dans des couches vieilles et solides de la terre et d'une formation ancienne ; et par fornvalion ancienne , on entend tout ce qui est antérieur à l'état actuel de la surface des continens. Parmi les vrais fossiles qui ont reçu le nom iVon/hmpofi- ihes , et dont il ait été fait mention le plus anciennement , on doit remarquer principalement ceux qu'on trouva en i583, eu faisant sauter un rocher auprès d'Aix (Bouches du KhAne). ilapelius, et d'après lui Henckel, dans sa Flora salurnisans , sont les premiers qui en parlent. En 1760, on découvrit en- core des ossemens près de lamdme ville , et Ton assura qu'ils étoient humains , et qu'il y avoit des tètes dans lesquelles on distinguoit les yeux , le nez , les joues , la bouche , le menton el les muscles. (iuettard décrivit dans les Mémoires de l'Académie des sciences , ces corps qu'on avoit pris pour des têtes d'hom- mes , comme étant des noyaux de naulilites ou d'ammo- nites. Lamanon, en 1780, inséra dans le Journal de physique une description de ces mômes corps , dont on avoit trouvé de nouveaux débris en 1779, et il prouva que ce n'étolent que des tortues. Enfin , M. Covier dans son travail sur les tortues fossiles , en reconnoissant l'exactitude de la détermination de Lama- no#, ajoute que ces tortues , qui ne paroissent exister qu'à l'étal de jioyaux fossiles, ont appartenu au genre des tortues proprement dites {testudo) , ou des tortues terrestres. Il y a huit côtes de chaque côté; elles sont très-recourbées, el aboutissent à de petites pièces rangées longitudinalement , et qui sont les plaques vertébrales , et la saillie du corps des vertèbres présente des impressions en creux sur ces moules. Le corps est très-convexe et de la grosseur d'une tête d'homme. i68 A N T Un autre fossile beaucoup plus fameux , est Vhomme fos' sile , r homme témoin du déluge {homo diluvii testis et theoskopos) , de Scheuchzer (Trans. philos. 1726), trouvé dans les schistes calcaires d'OEningen, dans le grand duché de Bade. Ce fossile fut considéré pendant plus de trente ans comme un squelette humain , et ce n^est qu''après avoir publié , eniySS, son Traité des pétrifications, que J .Gessner pensa que ce pour- roit bien n'être qu'un mal ou salut , poisson du genre des silures , et qui porte spécialement le nom de sîhu-us glanis. Cette opinion , dit M. Cuvier , fut adoptée ensuite par tous les naturalistes , quoiqu'elle ne soit guère plus fondée que celle qui faisoit voir un anthropolithe dans ce fossile d'OEningen. M. Cuvier , après avoir lui-même examiné avec beaucoup de soin les caractères ostéologiques qu'il présente , ne ba- lance point à le regarder comme ayant appartenu à un rep- tile du genre ProtÉe , proteus , voisin des salamandres , ainsi que les sirènes et les axolotl. Le même Scheuchzer a publié la description et la figure de deux vertèbres qu'il avoit trouvés dans un marbre grisâtre, non loin de Nuremberg , et qu'il considéroit comme des ver- tèbres humaines. M, Cuvier, en faisant remarquer que l'une des faces articulaires du corps de ces vertèbres est saillante , tandis que l'autre est creuse , démontre qu'il est impossible de les rapprocher de celles de l'homme , qui les ont toutes deux planes, llyabienplus d'apparence que ce sont desvertèbres de crocodiles qui présentent cette forme , et qui d'ailleurs ont comme elles leur surface cylindrique marquées de côtes lon- gitudinales et dépourvues d'apophyses articulaires ; ce qui semble encore établir, la probabilité de cette opinion, c'est qu'on a trouvé des mâchoires fossiles de crocodiles dans les environs d'Altorf. Nous nous bornerons à parler de ces prétendues anthropo- lithes, comme étant celles qu'on a pu examiner avec le plus de soin, et nous terminerons cet article en donnant une courte notice sur les squelettes réellement humains que l'on trouve à la Guadeloupe , englobés dans une pierre solide , et qui sont nommés galibi par les naturels de cette île. Ces squelettes , dont M. Kœnig a publié une description , accompagnée d'une très-bonne figure , se trouvent daiS la partie de la Guadeloupe qui est séparée par un bras de mer, de l'île proprement dite , et que l'on nomme la Grande- Terre , dans un parage qui est sous le vent , et qui s'appelle la Moule. Ils sont incrustés et comme enveloppés dans une pierre fort dure , et situés au-dessous de la ligne de la haute mer. Ils forment, avec la pierre qui les entoure , des blocs qui paroissent comme séparés du reste de la masse , et qui A N T ,69 cmt environ vingt-trois décimètres (sept pieds) de long , sur six à huit décimètres (deux pieds à deux pieds six pouces ) d'épaisseur. La pierre devient d'autant plus dure qu'elle ap- proche plus du squelette, et elle y devient même , dit-on, d'une dureté supérieure à celle du marbre statuaire. Celte roche est calcaire et se dissout complètement dans l'acide nitrique. Cependant le chimiste Thompson dit avoir trouvé un peu de phosphate de chaux dans la partie qui est la plus voisine des os. Sa structure est généralement grenue, mais à grain distinct, serré et agrégé fortement sans ciment apparent; dans quelques parties de la pierre , ces grains sont confluens et forment une masse plus ou moins poreuse. Ils sont de plusieurs sortes ; les uns paroissent C:\rc des pe- tites parties résultant de la trituration d'un calcaire com- pacte ; les autres sont des débris de zoophytes de différentes espèces ; plusieurs d'entre eux sont rouges, et paroissent venir du millcpora miniacea de Pallas. M. Brongniart , qui a donné (Nouv. Bull, de la soc. phiL 1814 ) un extrait du Mémoire de M. Ch. Kœnig , a eu sous les yeux un fragment de cette pierre. Il est, dit-il, entière- ment composé de grains de calcaire compacte, jaune Isa- belle très-pâle, même dans ses parties les plus denses , qui n'offrent aucune cavité. Ces grains , sans être régulièrement ovoïdes , approchent cependant de cette forme , et sont à peu près de la grosseur de grains de millet. On n'y voit aucuns débris de coquilles ; mais seulement quelques grains qui pré- sentent la structure organique du corail. Plusieurs parties de ce morceau présentent des pores nombreux, dans lesquels les grains sont en saillie et en partie isolés. On remarque alors très-distinctement, à l'aide d'une loupe , qu'ils sont tous en- veloppés d'une incrustation calcaire luisante qui en arrondit les aspérités , et l'on voit que c'est cette incrustation qui , par son abondance dans certains points , a lié ces grains ensemble ; ce qui rend cette pierre compacte dans ces parties. On a d'ailleurs trouvé adhérens ou enveloppés dans celte même pierre un fragment de madrépore blanc , une hélice voisine de Vhélice acuta de Martini , un ùirho qui paroît être le turbo pica, conservant encore quelques-unes de ses taches ; un grand morceau de basalte et une poudre noire qui paroît être du charbon de bols. Un de ces squelettes a été apporté à Londres par S. Alex. Cochrane. Il est très-peu enfoncé dans le bloc auquel il est attaché. Les os qui le composent à la sortie du bloc , étoient entièrement friables ; mais ils devenoient plus durs par leur exposition à l'air : beaucoup d'entre eux sont fracturés , et 7" A N T portent l'empreinte d'une violente secousse ; la iête manque , ainsi que plusieurs os des extrémités. Les os des cuisses et des jambes semblent avoir été dilatés par la pierre calcaire , qui a rempli leurs cavités ; le tibia est fendu presque dans toute sa longueur , et sa fente est remplie de pierre calcaire. Ces circonstances fort remarquables semblent indiquer , ainsi que le pense M. Brongniart , que la pierre calcaire qui enveloppe ce squelette , a été dans une sorte d'état de fluidité , ou au moins de grande mollesse. Ces os ont été analysés par M. Davy , qui y a trouvé tout le pliosphale calcaire et presque toute la gélatine qu'ils dévoient contenir. Tels sont les faits rapportés par M. Kœnig : il ne cherche pas à expliquer la position de ces squelettes humains dans «'ette pierre calcaire dure , ni à découvrir l'époque où ils y ont été déposés ; mais 11 fait remarquer que celte dépen- dance de l'île de la Guadeloupe, qu'on appelle la Grande- Terre , est un terrain plat, composé de pierre calcaire , principalement formée de débris de zoophytes , avec plu- sieurs collines de calcaire coquillier , dont, selon quelques auteurs, la slratification est triVs-irrégulière et semble avoir été dérangée , tandis que la Guadeloupe proprement dite est un terrain entièrement volcanique. M. Brongnlart doute que , d'après ces détails , on puisse conclure que ces squelettes humains soient véritablement fossiles dans la rigoureuse acception de ce mot. La présence d'un volcan , ajoute-t-il , et rinduence que ces terrains ont sur la disposition et même sur la nature de ceux qui les envi- ronnent , peut avoir été la cause de la formation de la roche calcaire très-hétérogène qui enveloppe ces squelettes , dont les os parolssent avoir été altérés par la même cause. Il lui semble qu'on ne peut encore assurer qu'on ait trouvé de vé- ritables uniliropolWies. (desm.) ANTHROPOMORPHE. Être fabuleux semblable aux Hommes marins ou aux Sirènes , dont les anciens natura- listes, tels que Jonston , ont donné des figures plus ou moins bizarres, (desm.) ANTHROPOMORPHITE. Les oryctographes ont ap- pelé ainsi les pétrifications des crustacés. Ce nom est aban- donné depuis que l'histoire des fossiles s'est appuyée sur celle des animaux auxquels ils correspondent. V. Crus- TACÉ. (B.) ANTHROPOPHAGES ou MANGEURS d'HOM^ MES. C'est un des plus tristes états de l'espèce humaine , que celui des peuplades abandonnées à leur indépendance et ANT ,7c livrées sans lois et sans frein à toutes les passions , à tous les besoins. La terre , d'abord sans culture , n'offre qu'une rare subsistance qu'il faut payer de sueurs et de fatigues ; rien encore n'a imposé le joug de la civilisation aux hommes. Chaque individu se regarde comme roi de la terre et ne re- connoît d'autre empire que celui de la force. S'égalant aux animaux des forêts qu'il immole pour son besoin , il s'ima- gine que chaque être a le même droit sur la vie de son sem- blable ; il fonde tous ses titres sur la loi de la nécessité , parce qu'il n'en connoît aucune autre. Cependant , l'instinct naturel qui l'attire vers sa femelle pour propager son espèce , met une borne à sa férocité ; il épargne celle dont il reçut les premiers témoignages d'amour; ses plaisirs la lui rendent chère , et la douce amitié lie des cœurs indomptés qui ne connoissent que les besoins physi- ques. Une famille naissante sortie du sein d'une épouse , et partageant ses caresses , embrassant son père de ses mains enfantines , adoucit encore le caractère féroce des premiers hommes. Le sauvage aime d'autant mieux sa famille, qu'il ji'a nulle autre affection sur la terre. C'est pour défendre une famille si chère , c'est pour main- tenir son indépendance , élément premier de sa vie , et su- périeure même aux plus doux sentimens de l'amour , que riiomme sauvage s'expose aux plus grands dangers. La rareté des suljsistances fait , de la concurrence de la chasse , une source d'inimitiés. L'arme aiguisée contre le cerf fugitif, est tournée contre le sein de l'homme , et la terre est bientôt rougie du sang de ses enfans. La haine d'un ennemi , la soif de la vengeance , le besoin de nourriture au milieu de vastes forêts dépeuplées d'habitans , l'ignorance et la férocité réu- nies , surmontèrent facilement le sentiment de répugnance qui dut s'élever au cœur de l'homme la première fois qu'il approcha de sa bouche la chair palpitante de son semblable. Les premiers crimes sont ceux qui coûtent le plus ; on s'en- durcit aux attentats , et il suffit que cette habitude soit con- tractée , pour qu'elle se propr.ge , soit par des représailles , soit par la nécessité. En effet, on sait que celle-ci a plusieurs fois contraint les hommes à s'entre-dévorer dans l'excès de la disette. Au siège de Jérusalem par Vespasien , des femmes dévorèrent leurs enfans. On connoît l'épisode du dixième chant de la Hen- n'ade ; dépareilles horreurs arrivèrent aussi dans la ville de Sancerre , et se sont renouvelées quelquefois sur des vais- seaux surpris par la famine dans les vastes solitudes de l'Océan. Des Esquimaux, des Gaspésiens , des Cabères et autres Américains barbares , ont été forcés de manger leurs; n72 7' A N T cnfans dans de longues famines. ( F. EUîs y Leclerq , GumîHa et autres voyageurs cités dans mon Hist. nat. du Genre Hu- main , tom. 2 , pag. 48. ) On prétend aussi que la chair hu- maine a un goût agréable , ce qui a pu contribuer à perpétuer V anthropophagie. Dutertre , Histoire des Antilles , tom. 3 ; Léry , Voy. chap. i3 ; Lettres édif. tom. g , chap. g, affirment que les Chiriguanes , peuple montagnard voisin du Pérou, et d'autres Américains , font subir la castration à leurs prison- niers de guerre , afin de les faire engraisser et s'en nourrir ensuite. Je ne répéterai pas toutes les horribles absurdités rapportées dans les relations des voyageurs ; trop souvent ils les ont exagérées ou même inventées , pour donner à leur récit l'intérêt qui naît de la curiosité et de la terreur. Il paroît certain que l'excès de la gourmandise a porté certains hommes à manger de la chair humaine , comme Galien le rapporte ( De Aliment, facult. etc. ) de quelques Romains du temps de l'empereur Commode. On sait que Vedius PoUion faisoit jeter ses esclaves dans des viviers pleins d'anguilles , afin degoi\terde la chair humaine sous une nou- velle forme. ( Pline , Histoire nat. , liv. 1 1 , chap. 23. ) D'autres sont devenus anthropophages par quelque cas particulier. Selon Greilmann {Ziir Bohem) , on exécuta plus de cent Bohé- miens û/2//jro/;o/j/io^« en 1783; et l'on a observé quelques exemples d'anthropophagie dans le cours de la révolution française. M. Meîner prétend que la chair humaine paroît meilleure que celle des animaux , au goût des Cannibales. {Diss. Hist. Act. acad. Gotling. tom. 8, p. 36.) On mange des singes en plusieurs contrées , et leur chair paroît fort bonne ; mais la ressemblance avec l'homme fait qu'on a souvent répugnance à la servir sur les tables. On se croit au festin de Lycaon, et dévorer des enfans. Labat nous assure que les Caraïbes aiment moins la chair du nègre que celle de l'Européen , et moins celle du Français que celle de l'Anglais ; car elle est plus coriace , à ce qu'ils assurent. Les Sumatranais disent que la plante des pieds et la paume des mains sont un man- ger délicat , parce qu'il y a beaucoup de parties tendineuses à ces extrémités , comme dans les pattes des animaux. Léo- nard Fioraventi s'éloit imaginé que cette horrible coutume avoit engendré la maladie vénérienne , et Bacon de Vérulam avoit adoptw cette opinion , réfutée victorieusement depuis par Astruc. On a trouvé cependant des peuplades anthropophages qui ne manquoient pas de nourriture. (Cook et Forster , voy. 2.^, lom. 3, p. i63, trad. franc. in-/t..° ; Bancroft , Giiian , p. aSg; Piobertson, Hist, Amer, liv. 6 , p. 385; Sonnerat, Voyage A N T 73 [iid. lom. 2 , liv. i, p- 102 ) ; et l'on ne peut pas douter que la vengeance n''ait porté les hommes barbares à dévorer leurs ennemis, car ils ne se mangent pas entre eux. Les Battes , peuple de Sumatra , ont avoué à des Européens qu'ils_ne se portoient à cette barbarie que par esprit de ressentiment , et nullement à cause de la' faim (Marsden, liistory of Su- matra , p. Soi et seq.'). Les femmes mômes, dit Dutertre {Hist. des Antill. t. 2 , pag. 4.06) , semblables à des furies enragées , excitent la jeunesse au meurtre et à la vengeance ; elles don- nent le sang des prisonniers de guerre à sucer à leurs enfans- i^Rcc. de voy. au Nord, tom. 3 , pag. 807 ). La vengeance est un sentiment si violent chez les hommes barbares , qu'il passe même pour un devoir , pour une sanctification. Chez les Morlaques , le mot osoela , vengeance , dérive du verbe osoetiti , se sanctifier ; aussi leur ressentiment se perpétue dans les familles d'âge en âge. Fortis , Voyage Daimat. tom. i , pag. 89 seg. ) Langsdorff vient de constater , dans ses voyages, que la vengeance étoit le seul motif de cette horrible cour tume parmi les sauvages. Il n'est aucune nation sur la terre qui n'ait été anthropo- phage, parce que toutes ont passé successivement de l'état sauvage à l'état de barbarie dans lequel V anthropophagie est comme ehdémique. Cette coutume est déjà même le signe d'un commencement de civilisation , puisqu'il indique un état de guerre nationale , et l'établissement des droits de re- présailles , tandis que l'homme, dans l'état de nature, est isolé, sauvage et craintif, comme la brute dans les foreîs. D'ailleurs , ïanthwpophagi'e conduit naturellement à la cou- tume des sacrifices humains ; car , lorsque les prerilîers lé- gislateurs prohibèrent ï anthropophagie , elle fut en quelque sorte réservée à la Divinité , qu'ils représentèrent à des peu- ples farouches et indomptés comme un ogre terrible qu'on ne pouvoit apaiser que par le sang humain. Les premiers dieux des hommes furent des dieux de colère et de terreur, et les sauvages n'adorent leurs fétiches qu'autant qu'ils les craignent. JEsse Deos, iimor fecH quà nemp'e remotâ , Templa ruent 'antiijua , erit Jupiter ullus. LucR, Les nations aujourd'hui les plus policées furent jadis anthro- pophages ; Pelloutier l'assure de tous les Celtes (^Hist.des Celles , t. I , p. 235-24-2 ), et Cluvérius, des Germains, ( Ger- mon antic/.). On trouve même dans les capitulaires de Char- \emagnc (^ Edit. d'Heinerc. p. 882 , que ce grand prince fut obligé d'établir des peines contre ce crime , asses commun ,.4 A N T parmi des gens qu'on regardoit alors comme sorciers. Dans une guerre contre les Russes en 17/fO , les Tartares sucèrent le sang de ceux qu'ils avoient tués. Tous les Européens des- cendent d'une race scythique , originairement anthropophage. Un ancien scholiaste de Pindare l'assure de même des peuples de l'Attique dans des temps reculés , et Pausanias le rapporte des premières peuplades grecques, qui devinrent dans la suite la nation la plus policée de l'ancien univers. 11 n'est donc pas étonnant que les autres nations de la terre aient aussi dévoré des hommes. Pline , Strabon , Porphyre , témoignent que les Scythes étoient anthropophages; Martia- nus Capella nous l'affirme pour plusieurs peuples asiatiques et européens. Hérodote et Arien assurent la même chose d'un grand nombre d'Indiens. Nous lisons dans Strabon , que les Massagètes étoient adonnés à celte affreuse coutume , et Tite-Live prétend qu'Annibal voulut y accoutumer les soldats carthaginois qu'il conduisoit en Italie , pour n'avoir pas be- soin d'autres vivres. On trouve dans la Condamine ( Voy. à la rix). desAmaz. 1 745, p. 84 et 97), dans Garcilasso de la Vega, Lopez de Gomara , le vertueux évêque Barthélemi de las Casas , Charlevoix , Dutertre , Gumilla , Pison , Champlain^ Lapotherie , Lahontan , etc. , des exemples à' anthropophagie observés chez les Américains. Pauw , Robertson et Carli ont montré qu'aucun peuple des vastes contrées du Nouveau- Monde ne fut exempt de celte barbarie. On ne refusera pas le témoignage de Cook , de Forsler , de Marion et Ducles- lueur , de Neuhoff, Marsden , Foresl , qui l'affirment de presque tous les insulaires de l'Océan indien. En Afrique , que n'a-t-on pas raconté de la barbarie des Ethiopiens , des Caffres , des Galles , des Jaggas , etc. etc. i* Consultez Ludolf , Labat , Vincent Leblanc , le père Jai - rie, Mocquet , Cavazzi, Lobos, Marinol , Norris , Snell- grave , Oldendorp et une foule d'autres voyageurs , vous n'y trouverez que des preuves de cette atrocité , dont les anciens auteurs avoient déjà fait mention. Faites attention que tous ces peuples ont en. même temps sacrifié des hommes à leurs dieux. Les Romains , dans leurs grandes défaites , immoloient des hommes et des femmes aux divinités infernales. Les Esclavons faisoient dans leurs sacrifices des aspersions de sang humain. Les Carthaginois ofTroient leurs enfans au dieu Moloch. Les Druides sacri- fioient les étrangers au dieu Theutatès ; tout le monde con- noît le sacrifice d'Iphigénie, et celui de la fille de Jephté. Eusèbe , Diodore de Sicile , Justin , Tertullien , Lactance , en reprochent de semblables à plusieurs nations anciennes. Jablonski l'a prouvé pour les Arabes , et Pelloutier pour les A N T ,75 Celtes ; enfin , Geusius a démontré qu'aucun peuple n'avoit été à l'abri de cette cruauté. Qu'estfCe que l'inquisition, sinon une semblable barbarie ? Nous sommes encore les descen- dans des anthropophages. Dampier et Aïkins n'ont observé dans le cours de leurs voyages , aucun exemple A^ anthropophagie , et ils ont douté de l'existence de cette coutume ; mais Cook et Forster sont trop dignes de foi , et ils en ont vu des preuves trop convaincantes à la Nouvelle-Zélande , pour qu'on puisse balancer à l'ad- mettre. Voilà ce qu'est le genre humain ; il a été aussi loin en mal qu'en bien. La répugnance de l'homme pour la chair de son semblable est peut-être plus fondée sur les institutions civiles et reli- gieuses que dans ia nature. Le loup mange du loup , l'arai- gnée dévore l'araignée , et un grand nombre de carnivores de même espèce s'entre-dévorent ; on a même vu des lapins, des truies dévorer leurs petits en quelques circonstances. Cependant- la nature n'a pas pu établir une guerre contre elle-même , et des combats qui tendroient à l'anéantissement des espèces. Elle a donné de la répugnance à beaucoup d'a- nimaux pour la chair de leur semblable ; néanmoins , celle répugnance est foible , incertaine , et souvent méconnue. Nos institutions , nos mœurs l'ont affermie parmi nous ; et quoique des hommes endurcis puissent quelquefois s'y sous- traire , l'anthropophagie sera toujours un objet d'horreur et d'exécration pour les nations civilisées. ( Voyez mon Hisloite naturelle du Genre Humain , t. 2 , p. 4-0-48- ) Il existe enfin d'autres exemples d'anthropophagie qui dé- pendent de la dépravation de l'instinct et des appétits, comme nous en venons de citer quelques preuves parmi les animaux qui dévorent leurs petits. On a vu des femmes enceintes avoir l'appétit si dépravé par le pica , qu'elles ont désiré et osé manger de la chair humaine. Il y a pareillement certain état de manie meurtrière, dans quelques fous atroces, qui les porte à massacrer et à dévorer leur propre espèce. N'est-ce point à cette démence exécrable qu'on doit attribuer les exemples d'anthropophagie obseiTés soit chez les Bohémiens , soit chez d'autres individus ? ( Voy. Gruner, de Anthropophago bercano , Jena, 1781 , in-^.".) Cet état maladif étoit héréditaire dans une famille d'Écossais , au rapport d'Hector Boëtius , dans son histoire d'Ecosse. On pourroit citer d'autres faits ana- logues , qui prouvent jusqu'à quel point les facultés morales peuvent se dépraver, (virey.) ANTHURE , Anthura. Genre de crustacés , de l'ordre des isopodes , section des ptorysibranches , établi par M. Léach y sur une espèce figurée par Montagii dans le xyG A N T tome neuvième des Transactions de la société Linnéenne , sous le nom à^Oniscus gracilis {iab. S.Jig. 6. ), mais qui nous est inconnue. Ce genre paroît être intermédiaire entre ceux à'idothée et de c^mothoé. (l.) ANTHYLLIDE , AnthylUs. Genre de plantes de la dia- delphie décandrie et de la famille des légumineuses , dont le caractère consiste en un calice monophylle , ovale , oblong ou campanule , souvent renflé dans sa partie moyenne , €t étroit à son entrée , velu , persistant , à cinq dents inégales ; une corolle papilionacée , composée d'un étendard plus long que les autres pétales , de deux ailes oblongues et plus courtes , d'une carène comprimée ; dix étamlnes dont les filets sont réunis en gaîne ; un ovaire oblong chargé d'un style simple , un peu redressé , et ter- miné par un stigmate obtus ; une gousse fort petite , ren- fermée dans le calice , et qui contient une ou deux se- mences. Ce genre , tclqu'ilvient d'être exposé, comprend en outre le genre Ébène que Lamarck lui a réuni. En effet, les Ébènes, qui ne sont point les plantes connues vulgairement sous ce nom , avoient pour unique caractère distinctif les divisions du calice terminées par des arêtes plumcuses , et les se- mences velues. Les anthyllides comprennent dix-huit espèces ; leurs fleurs sont ramassées en paquets terminaux ou axillaires ; leurs feuilles sontternéesou ailées avec une impaire, et toujours stipulées. Parmi les espèces herbacées, il faut citer ici : L'Anthyllide VULNÉRAIRE, plante vivace que l'on trouve dans les prés montagneux de l'Europe. Elle est vulnéraire à un haut degré. Ses caractères sont d'avoirles feuilles pinnées, inégales , les fleurs en têtes , doubles , et les tiges couchées. L'Anthyllide de montagne , qui a les feuilles pinnées égales ; les têtes de fleurs terminales, unilatérales et obliques. Elle vient sur les montagnes sèches des parties méridionales de l'Europe , a les mêmes propriétés que la précédente , et est 'assez belle pour être quelquefois cultivée dans les jardins d'ornement. Parmi les espèces dont les tiges sont ligneuses, on distingue : L'AnthYLLIDE DE Crète, qui étoit Yebenus cretica de Linnseus. Ses caractères sont d'avoir les feuilles quinées , velues , les fleurs en épis très-serrés , et les arêtes du calice plumeuses. On a cru long-temps que c'éloit le vrai ébène , mais on sait aujourd'hui que le bois noir que les tabletiers emploient sous ce nom, provient d'un Pi.aqueminier. {Vo^'ez. ce mot.) \j\inthyllUle de Crète vient naturellement dans l'île de ce nom. C'est un arbuste d'un port trcs-agrcable , et qui A N T _ .77 mériteroit cVêtre employé à la décoration des jardins ; mais il ne peut venir en pleine terre que dans les parties les plus méridionales de la France. On trouve encore de remarquable dans cette division , rA^THYLLlDBHÉRlSSONNE, petit arbusle qui est extrêmement épineux et ramassé en boule , dont les fleurs sont nombreuses et les feuilles rares ; il est naturel à l'Espagne : et I'Anthyl- LiDE BARBE DE JuPiTER , qui croît dans les déparlemens mé- ridionaux, et passe pour apéritive. (b.) ANTIARE , Antiaris. Grand arbre de Java , à feuilles alternes , entières , caduques , à fleurs axillaires , qui seul constitue un genre dans la monoécie monandrie, et dans la famille des urticées. Ce genre , que Leschenault nous a fait connoître dans les Annales du Muséum, offre pour caractères : fleurs mâles réu- nies dans un réceptacle en forme de chapeau ; anthère unique , presque sessile , recouverte par une écaille ; fleurs femelles solitaires , entourées de dix à douze écailles ; ovaire surmonté de deux styles divariqués; un drupe monosperme. Cet arbre laisse fluer, lorsqu'on entame son écorce , un suc blanc ou jaunâtre , très-visqueux , qui est un violent poison , et qu'on mêle avec celui de TUpas ou BoHON upas, pour rendre mortelles les blessures des flèches , ou pour faire mourir les criminels. Une figure de cet arbre se trouve jointe au mémoire de Leschenault, dans le recueil précité, pi. 22 , vol. 16. R. Brown a décrit et figuré une seconde espèce de ce genre , dans ses remarques sur la botanique des terres aus- trales, (b.) ANTIBARILLET. C'est un Maillot, (b.) ANTICHORE , Antirhorus. Petite plante herbacée , an- nuelle , qui forme un genre dans l'octandrie monogynie , et dans la famille des Till\cées. Son caractère consiste en un calice à quatre folioles caduques ; une corolle à quatre pétales ; une capsule supérieure, allongée, divisée intérieure- ment en quatre loges qui s'ouvrent en quatre battans et qui renferment quantité de petites graines disposées les unes sur les autres. Cette plante , dont les tiges sont couchées sur la terre , les feuilles alternes , ovales et dentées , les fleurs axil- laires et jaunes , croît naturellement en Arabie , et s'y mange , comme la Corette , avec laquelle elle a de grands rap- ports. C'est la JussiE édule de Forskael. (b.) AISTIDESME , Antidesma. Genre de plantes de la dioé- cie pentagynie, qui offre pour caractères: un calice très-peti». 178 A N T à cinq divisions, et point de corolle ; cinq étamines à an- thères bifides aux fleurs mâles ; un ovaire supérieur , chargé de cinq styles bifides, à la fleur femelle ; une baie ovale , hérissée , contenant une seule semence. Jussieu a réuni le Stilago à ce genre , qui- avoit été ap- pelé Névropore par Commerson. Ce genre renferme huit espèces, dont les plus importan- tes sont : L'Antidesme alexitère. Arbre d'une grandeur moyenne, qui a les feuilles ovales, oblongues , les fleurs eu épis, et les baies allongées, rouges et acides. Son écorce sert à faire des cordes ; on mange ses fruits , et ses feuilles pas- sent pour l'antidote de la morsure des serpens. 11 croît au Malabar. L'Antidesme de Madagascar, dont les feuilles sont ova- les, oblongues, et ont, à la jonction de leurs principales ner- vures , des callosités perforées ; dont les fleurs sont en épis solitaires , et le fruit ovale. Lamarck croit que c'est Vam~ poufoutchi dont parle Flaccourt. L'Antidesme de Ceylan, dont les feuilles sont ovales, aiguës; les fleurs en épis gémeaux, et les fruits cylindriques. II est regardé comme l'antidote de la morsure des serpens. L'Antidesme sauvage, qui croît au Malabjir, et dont le fruit n'est bon à rien. L'Antidesme de Brown forme aujourd'hui le genre Picramnie. F. ce mot. (b.) ANTIGONE. C'est la Grue des Indes, (v.) ANTILOPE, Antilope. Genre de mammifères de l'or- dre des ruminans et de la section des ruminaiis à cornes creusés entourant un noyau osseux solide. Ce genre a pour caractères : des cornes creuses persis- tantes , dont le contour est rond, et la base souvent mar- quée d'anneaux ou de bourrelets s.'iillans ou d'arêtes longitu- dinales, prenant des inflexions différentes selon les espèces ; le poil ras , la taille élégante et svelte des cerfs ; ordinaire- ment des larmiers sous les yeux comme dans les cerfs ; une queue courte , garnie de longs poils ; les genoux ou poignets des jambes antérieures , le plus souvent munis de paquets ou touffes de poils plus longs que les autres , et qui ont reçu le nom de brosses ; la peau du ventre , ou plutôt des aines , pllssée dans plusieurs , et formant ainsi des cavités remar- quables ou pores inguinaux., etc. Les antilopes ont les yeux grands et très-vifs , les jambes très-fines et très-déliées ; celles de devant sont moins longues que celles de derrière , ce qui leur donne plus de facilité A N T ,;9 pour courir en montant qu'en descendant ; elles ne sautent et ne bondissent point en courant , mais elles courent uni- formément. La plupart sont fauves sur le dos et blanches sous le ventre , avec une bande brune qui sépare ces deux cou- leurs au bas des flancs. Leurs oreilles sont droites , un peu longues , assez ouvertes dans leur milieu , et se terminent en pointe. Tous les quadrupèdes du genre des antilopes , à l'exception d'un seul, décrit par M. de Blainville sous le nom à' antilope avierirana, appartiennent à l'ancien continent. On n'en a pas encore trouvé à la Nouvelle-Hollande. Deux espèces ha- bitent en Europe ; ce sont le chamois et le sdiga : toutes les autres sont de l'Afrique et des contrées chaudes de l'Asie. Ces quadrupèdes surpassent en nombre le reste des riiminans ( avec lesquels ils sont placés ) : leur taille est plus élancée et plus déliée que celle des cerfs; ils ont aussi moins de force, mais plus de légèreté dans leurs mouvemens. La plupart d'en- tre eux vivent en troupes quelquefois très-nombreuses; d'au- tres sont solitaires et monogames. Quelques - uns habitent de préférence les déserts les plus arides, et ne mangent que des plantes aromatiques ou salées , tandis que d'autres ne quittent point les bords des fleuves ou les pays maréca- geux, et ne vivent que d'herbes douces. Le plus grand nombre supporte les chaleurs de la Zone - torride , et un seul au contraire (le chamois) semble confiné dans la région des neiges de nos montagnes alpines. En général, ce sont des êtres très-doux, qu'on aprivoise avec la plus grande facilité, (i). LiC genre antilope a été formé par Pallas sur une espèce ainsi nommée par Rai , et a été conservé jusqu'à ce jour tel qu'il a été établi. M. de Blainville vient cependant de proposer son démembrement dans un Mémoire qu'il a • inséré dans le nouveau Bulletin de la Société Philomatique ( 1816 , pag. 73 ). Ce naturaliste forme sous le nom de CÉ- ROPHORE, cerophonis , un seul genre de tous les ruminans à cornes creuses et persistantes , parmi lesquels on en distin- guoit quatre précédemment, savoir : i.°ies antilopes ; 2." les chèvres; 3." les béliers ; 4" les bœufs. M. de Blainville partage son grand genre cérophore en douze sous-genres, dont huit se rapportent au seul genre an- tilopes de Pallas: il les nomme : i.° antilope ; 2° gazclla ; 3.° ceivicapra ; 4-° alcelaphus ; 5.° tmgelaphiis ; 6." boselaphus ; 7." oryx ; 8.° chamois ou rupicapra. (i) Une espèce cependant est excessivement farouche ; c'est le gnou : mais cette espèce s'éloigne des autres par ses caiactères , poiu- st rapprocher des animaux du genre des bœufs. i8o A N T Les quatre autres sont : i." celai des chèvres , capra , tel qu'il étoit établi ; 2.° celui des béliers ( ovis ou ammon ) , aussi sans changement; 3." celui qu'il nomme ooibos^ et qu'il compose du buffle musqué d'Amérique ; et /^..° le genre bœuf, bos. Dans cet article nous adopterons comme sous-genre du genre des antilopes , que nous conservons tel que Pallas l'a fondé , les huit premières divisions que M. de Blainville propose pour son genre ^-«ïro/y/iore, et qui renferment en effet toutes les antilopes de Pallas. Le nom d^ antilope n'est point grec , ainsi que sa tournure sembleroit l'indiquer. Dans son Règne animal , et précé- demment dans l'article sur la corinne de la ménagerie du Mu- séum ^ M. Cuvier nous en apprend l'origine. Ce nom, dit- il , n'est pas ancien ; il est corrompu à'antholopos , que l'on trouve dans Eusthatius, auteur du temps de Constantin , pour désigner un animal à longues cornes , dentelées en scie. PREMIER SOUS-GENRE. — ANTILOPE , Antilope. Des cornes à double ou triple courbure , subspirales , annelées , sans arêtes , dans le sexe mâle seulement ; des larmiers et des brosses le plus souvent ; des pores inguinaux ; deux mamelles ; point de mufle. Première Espèce. — L'Antilope proprement dite , Buff. , suppl. , tom. 6 , pi. i8 et 19 ; Antilope cer^icapra , Linn. , Erxleb. Cet animal est de la taille de nos plus grands the-_ vreuils ; il ressemble beaucoup à \a gazelle commune et au ke- i>el : cependant il s'en distingue par beaucoup de caractères. Ses cornes , contournées trois fois sur elles-mêmes , comme ceWes àvi coudons , ont environ quatorze pouces de longueur; elles sont fort rapprochées à la base, et distantes à la pointe de quinze ou seize pouces ; elles sont entourées d'anneaux et de demi-anneaux, moins relevés que ceux du kevel et de \a gazelle. Le poil de V antilope est ras comme celui de V antilope gazelle: il est fauve sur le dos et blanc sous le ventre ; mais ces deux couleurs ne sont point séparées sur les flancs par une bande brune ou noire , comme dans la gazelle , le kevel , la Co- rinne. Vers l'âge de six ans la femelle se trouve marquée d'une bande blanche étroite sur chaque épaules. U'antilope est plus forte et plus farouche que les autres ga- zelles; elle est fort propre , et ne se couche que dans les en- droits secs et nets : elle est très-légère à la course , très-at- tentive au danger , Irès-vigilante ; de sorte que dans les lieux découverts , elle regarde long-temps de tous les côtés , et A. ■^^^m-m ^.f^'^' .1 ii/i/,yu- Sdi,;,! ■ 2./,/, ,/,,,,,.,,,, ,i/,l/,,.r/. 3 ^hi/l/i-,., I.t'll<'re du hèzoard appartient à la chèvre sauvage, oupasengàe Kœmpfer, et ne doit être appli- qué à aucune espèce d'antilope. - Cinquième Espèce. — LeKevel; Antilope ka^ella, Linn., Erxleb, Buff.,tom. 12, pi. 26. F. pi. E. 22 de ce Dict. Ce joli animal est plus petit que la gazelle commune , et est à peu près delà gran- deur de nos petits chevreuils ; il diffère aussi de la gazelle^ en ce que ses yeux sont beaucoup plus grands, et que ses cornes, au lieu d'être rondes , sont aplaties par les côtés : leurs anneaux sont plus nombreux (i5 à 20) ; leur pointe est brusquement dirigée en devant dans le mâle comme dans la femelle. Au reste, le keoel ressemble en entier à la gazelle , et a , comme elle , le poil court et fauve , les fesses et le ventre blancs , la queue noire , la bande des flancs brune , les trois raies blanches dans les oreilles, les cornes noires , etc. Cet animal , qui habite les forêls du bord du fleuve Sé- négal , d'où il a été rapporté par Adanson, a les mêmes ha- bitudes que la gazelle. Sixième Espèce. — La Corinne, Aniilope Con'nna, LpBuff., lom. 12 , pi. 27. La Corinne ressemble à la gazelle et au kevel ; mais elle est encore plus petite que ce dernier , 'et ses cornes sont beaucoup plus menues , plus courtes et plus lisses que celles de la gazelle et du ke^fel ; les anneaux qui environnent ces cornes sont très-peu proéminens et à peine sensibles. Ce joli ruminant paroît tenir un peu du chamois, mais il est beaucoup plus petit , n'ayant que deux pieds et demi de lon- gueur et moins de deux pieds de hauteur; son poil est court, luisant et fourni , fauve sur le dos , blanc sous le ventre et sous les cuisses, avec la queue noire ; les flancs sont marqués d'une bande brune. 11 v a , dans celte même espèce de la Corinne , des individus dont le corps est parsemé de taches blanchâtres , disposées sans ordre. Les corinnes se rassemblent en troupes , sont d'un naturel doux, et s'accoutument aisément à la domesticité ; leur chair est très - bonne à manger. Elles se trouvent au Sénégal , et y portent le nom de korin. La fiemelle qui a vécu dix-huit mois à la ménagerie avoit été prise près de la ville de Cônstantine dans l'état d'Alger. Elle étoil douce, caressante, familière ; il lui prenoit des accès de A N T i85 gaité dans lesquels elle sautoit irrégulièrement. Elle falsoit alors entendre un petit cri assez semblable à celui d'un lapin blessé; le reste du temps elle étoit muette. Elle étoit sobre et très-propre. (Ménag. du Mus. art. Corinne.^. Septième Espèce. — L' ANTILOPE DE Perse; Jhuàe Kœmpfcr; Tseyrain des Turcs et des Persans; Antilope suhgutturosa ^ Gull denstadt. , Gmel. Cette antilope a les cornes longues d'un pied environ , et ridées à la base. Sa taille est à peu près celle du cheoreuil ; ses oreilles sont pointues et très-longues ; sa queue est assez longue , terminée par une touffe de poils ; son pelage est plus roux que fauve sur le dos, et blanc sous le ventre. Les femelles ont les cornes très-petites. Les mâles ont des pores ingxiinaux et leur larynx forme une légère saillie en dehors. Elle se trouve en Perse , à la Chine , dans la Sibérie mé- ridionale , dans le voisinage du lac Baïkal et en Daourie. Les tseyrains vont par grandes bandes , comme les gazelles , et se mêlent quelquefois aux troupeaux domesliques. Les fe- melles mettent bas dans le mois de mai. Pris jeunes , on les apprivoise aisément. Leur chair est estimée. Huitième Espère. — Le SprINGBOCK , Buff. , supl. 6 , pi. 2 1 ; Gazelle a bourse , Ant. eur.hore\ Forst., Schreb., pi. 272 ; A.dorsata, Lac; A. marsupialis ^7Àmmtr\ Gazelle sautante DU Cap de Bonne Espérance , Antilope saliens ^ Lacép. La gazelle sautante ou à bourse , est plus grande dun tiers que la gazelle proprement dite , à laquelle elle ressemble beaucoup par ses formes et par ses couleurs ; son pelage est , en gé- néral, d'un fauve jaunâtre ou d'une couleur de cannelle vive ; la partie postérieure des pieds , une portion du cou , la poi- trine , le ventre et la queue , sont d'un .assez beau blanc , à Tcxception de l'extrémité de cette dernière partie qui est noire ; le blanc du ventre est bordé par une bande d'un brun rous- sàtre , qui s'étend tout le long du flanc ; il y a aussi une bande de brun noirâtre qui descend depuis les yeux jusqu'aux coins de la bouche ; et sur le front, une autre bande triangulaire fauve jaunâtre, qui descend quelquefois jusque sur le museau , où elle finit en pointe , et qui , en remontant sur le sommet de la tête, où elle s'élargit, se joint à la couleur fauve du dessus du corps. Le cou est assez long, grêle et un peu com- primé sur les côtés. Les cornes , qui varient quelquefois de formes et de direction , ont ordinairement un pied de lon- gueur, et sont marquées à la base de douze anneaux ou ren- ilemens circulaires ; leur extrémité est lisse. Les Hollandais du Cap de Bonne - Espérance appellent ces animaux springboch (^chèi>res sautantes) : ils ai)ondenl dans les terres intérieures de l'Afrique méridionale , et n'appro- i86 A N T chent les colonies du Cap que lorsque la grande sécheresse ouïe manque d'eati et d'herbage les force de changer de lieu; mais c'est alors qu'on en voit des troupes , depuis dix mille jusqu'à cinquante mille , quoiqu'ils soient toujours accompa- gnés ou suivis par les lions , les panthères et les hyènes , qui en dévorent une grande quantité. L'avanl-garde de la troupe , en s'approchant des habitations , a de l'embonpoint ; le corps d'armée est en moins bonne chair , et l'arrière-garde est fort maigre et mourant de faim , mangeant jusqu'aux racines des plantes dans ces terrains pierreux : mais en s'en retournant , l'arrière-garde devient à son tour plus grasse , parce qu'elle part la première ; et l'avant-garde , qui alors se trouve la dernière , devient plus maigre. Ces antilopes ne sont point peureuses lorsqu'elles sont ainsi toutes rassemblées, et ce n'est même qu'à coups de fouet ou de bâton qu'un homme peut passer à travers leur troupe. Levaillant , dans son Voyage en Afnque^ rapporte que s'é- tant posté près d'un défilé par lequel passoit une horde de ces animaux , pour se procurer le plaisir de leur chasse , il remarqua un fait qui semble d'abord bien extraordinaire ; c'est qu'au moment où les balles pleiivoient sur eux, leur croupe changeoit de couleur, et que de roux, ils devenoient blancs. Pour expliquer ce phénomène , il faut remarquer que les poils seuls de la smface du corps ont une teinte fauve ; les intérieurs sont blancs. L'animal pouvant étendre ou ré- trécir la peau de sa croupe qui forme un repli , ces deux sortes 4e poils peuvent ainsi alternativement paroître oudispa- roître. Les rhèorea sautantes ^ prises jeunes, s'apprivoisent facile- ment. Les maies sont assez pélulans et méchans , même en domesticité , et ils donnent des coups de cornes aux personnes qu'ils ne connoissent pas ; lorsqu'on leur jette des pierres , ils se mettent en posture de défense , et parent le coup avec les cornes. Neuvième Espère. — L' ANTILOPE POURPRE , Antilope pygarga, Schreb. , pi. ayS. C'est une des plus grandes espèces connues. Sa taille égale celle du cerf et de Vantilope proprement dite. Ses cornes sont contournées comme celles de la gazelle , mais elles sont plus fortes (quinze à seize poures^ de longueur) ; celles du ni.alc présentent une douzaine de bourrelets fort saillans. Celles de la femelle , au contraire , sont presque lisses. Le dessus de la tête et du cou sont d'un brun rouge très-brillant ; le dos offre la même couleur, mais moins vive et piquetée de gris ; les épaules et la bande des flancs sont d'un brun noir ; le A N T ,87 chanfrein , le ventre et les fesses sont blancs ; la queue brun noir, avec l'exlrémité blanchâtre. Pallas avoit d'abord donné le nom d'A. âorcas à cette es- pèce, qui habite les environs du Cap de Bonne-Espérance- Dixième Espère. — Le Koba, Antilope Koha , Buff. , tom. 12 , pl. 82 ^fig. 2 , Erxleb. , System, mammal. , p. 293. Cette antilope, que Pallas confond avec V antilope pourpre, et que Pennant , Forster et Buffon réunissent au caama , s'ap- pelle koba au Sénégal , et a reçu des Français établis dans celte colonie, le nom de grande vache brune. Elle est de la gran- deur du cerf ; ses cornes ont dix-neuf à vingt pouces de lon- gueur ; elles sont aplaties sur les côtés , disposées en forme de branches de lyre , marquées de quinze à dix-sept an- neaux à leur base et lisses à leur pointe. Sa tête a quinze pouces de longueur ; ses oreilles en ont neuf. Le corps est d'un roux obscur ; le ventre est d'un blanc sale ; les genoux sont marqués d'une tache noire ; les jambes sont fines ; les sabots petits ; la queue est longue d'un pied , noire , et cou- verte de longs poils. Onzième Espèce. — LeKob , Antilope koh ^ Erxleb., Buff., tom. 12, pl. "ài^fig. I. Espèce voisine de la précédente, et qui est de la grandeur du daim. Ses cornes ont beaucoup de ressem- blance et de rapport avec celles de la gazelle et du kevcl. Ce- pendant elles sont moins arquées que celles-ci , près de leur base ; elles sont longues d'un pied , et n'ont que huit ou neuf bourrelets en avant ; leur moitié supérieure est lisse. La forme de la tête est différente de celle du koba ; le museau est plus long ; les os maxillaires ne présentent point les enfoncemens que l'on remarque dans les espèces qui sont pourvues de lar- miers; ce qui est, pour cette espèce, une exception au carac- tère du sous-genre dans lequel elle se trouve placée. Ces descriptions ne sont pas assez comparatives pour qu'on puisse décider la question de savoir si le kob et le koba ne sont qu'un seul et même animal , ou si ces deux quadrupèdes ap- partiennent à des espèces différentes. Buffon , Erxleben et Pennant ont penché pour ce dernier avis. Lacépède , au con- traire , a adopté le premier , et a réuni sous le nom d'anti- lope pygarga , le koba et le kob de Buffon. Cette espèce habite les forêts du Sénégal et de Gambie , et y vit à la manière des gazelles. Les Français établis dans ce pays lui donnent le nom de petite vache brune. Sa tête dé- charnée a été rapportée par Ad.nnson , qui d'ailleurs n'a point donné de description de cet animal. Pallas a voulu réunir cette espèce à celle de la Lerwée ( Antilope Lenvia de Shaw ) ; mais M. Cuvier se refuse à ad- mettre ce rapprochement , à cause de la différence des cornes : i88 A N T dans Ja Lerwée , elles sont cannelées et courbées en arrière comme celles des chèvres ; celles du kob , au contraire , sont voisines , par leurs formes , des cornes de la gazelle. Douzième Espèce. — L'Antilope NEZ-TAChÉ ., Antilope naso- maculaia. Blainville , nouv. Bull, de la Soc. Philom. 1816 , pag. 78, décrit cette nouvelle espèce qu'il a observée à Londres, dans le Panthérion de M. BuUok , où elle est désignée sous le nom à'' Antilope bleue, qui ne lui appartient certainement pas : sa taille est à peu près celle d'une chèvre ; les jambes sont fortes , grosses , assez courtes , avec des brosses aux poignets ; les cornes , assez longues , se courbent d'abord en avant et en de- hors , puis dans le reste et la plus grande partie de leur éten- due en dedans et en avant ; les anneaux y sont assez bien marqués. Toute la partie supérieure du corps paroît être brune , le dessous blanc , la tète et surtout la racine des cornes d'un rouge vif, une grande bande blanche transversale au mi- lieu du chanfrein ; les yeux sont dans la couleur rouge ; les jambes de devant sont blanches depuis le coude , et celles de derrière en totalité , si ce n'est la cuisse ; la queue estcourle , pointue , toute brune , à poils courts ; le poil a paru devoir être assez rude. B'après ceJle description , M. de Blainville fait voir que celte Antilope est beaucoup plus rapprochée de VA. pygarga que de loute autre ; il lui semble cependant qu'elle, en diffère assez sensiblement par la taille et par la disposition des cou- leurs , pour en être au moins provisoirement distinguée , d'au- tant plus qu'il a observé dans la collection du Collège royal àes chirurgiens , la peau d'une tête avec ses cornes , qui doit avoir appartenu à la même espèce. La tache blanche un peu plus grande, à la même place, ctoit également au milieu d'uue couleur rousse assez foncée , la courbure des cornes étant ab- solument la même. TROISIÈME SOUS-GENRE.—- CERVIC APR A, Ceivicapm. (-ornes à simple courbure antérieure , postérieure , ou presque nulle , peu ou point annelées , sans arêtes , dans le sexe mâle seule- ment ; (les larmiers; point de brosses; des pores inguinaux ;• quatre mamelles ; la queue courte ; point de mufle. Treizième Espèce. — Le Nagor ; Antilope redunca., Linn. , Erxleb. ; Nagor, Buff , tom. 1 2 , pi. 4.6- f^- pi- Cx. 82 de ce Dict. Ce quadrupède a quatre pieds de hauteur sur deux pieds trois pouces de longueur; ses cornes, qui s'élèvent d'abord perpendiculairement et sont ensuite recourbées en avant vers leur bout , n'ont que cinq pouces de longueur ; elles sont annelées à la base, et lisses à l'extrémité; les oreilles sont assez longues. Tout le corps est d'un roux pâle, et le ventre A N T ,89 n'est pas blanc comme dans les autres gazelles. La queue est courte. Cette espèce et la suivante ont été rapportées du Sénégal par Adanson. Quatorzième Espèce. — LeNanguer ou Nangueur, Adan- son ; Antilope dama., Linn. , Buff. , tom. 12 , pi. 34-. Adanson a rapporté du Sénégal une tête décharnée et sans peau, sur l'examen de laquelle il a fondé cette espèce , dont il ne donne d'ailleurs qu'une description très-imparfaite, rapportée par Buffon , et dont voici les principaux traits : « I^e nanguer a trois pieds et demi de longueur , deux pieds et demi de hauteur ; il est de la forme et de la couleur du chevreuil; fauve sur les parties supérieures du corps, blanc sur le ventre et sur les fesses, avec une tache de celte même couleur sous le cou -, ses cornes n'ont qu'environ six ou sept pouces de longueur; elles sont noires, rondes, courbées à la pointe en avant, à peu près comme ctWes An chamois \e sont en arrière. » Ces nanguers sont de très-jolis animaux, et fort faciles à apprivoiser. Il y a tout lieu de croire, d'après la forme des cornes , que cet animal est le dama de Pline , dont Buffon rapporte le passage suivant : cornua nipicapris ia dursum adunca , damis in adversum. Pallas dit que les dents incisives du nanguer sont seule- ment au nombre de six ; que les deux du milieu sont très larges, presque obliques, terminéesparunesailliedroite,tranS' versale, et que les deux latérales sont petites ef linéaires. Quinzième Espèce. — Le Grisbock , Cuv. Celui-ci, que l'on a trouvé dans les terr^sdu Cap de Bonne- Espérance, a été regardépar Forster comme une variété du nagor , ainsi que le nanguer. Il diffère du nanguer et du steenbock par la couleur de son poil , qui est gris au lieu d'être d'un rouge brun. 11 est de la taille de la chèvre commune , et il est plus haut sur jambes que le nanguer. Son pelage ne paroît gris que parce qu'il est mêlé de longs poils blancs ; sa tête et ses pieds sont d'un brun plus clair que le corps. Le ventre est presque blanc ; le mu- seau est noir ; les yeux aussi entourés de noir ; les cornes , qui ont cinq pouces de longueur , sont marquées d'un ou de deux anneaux à la base , lisses vers la pointe qui est très- aigue , courbées en avant, et de couleur noire. Seizième Espèce. Le Steenbock ou Bouquetin du Cap, Forster. M. Cuvier croit devoir rapporter le Steenbock du cap de Bonne-Espérance, décrit par Forster, à l'espèce du nan- guer, trouvé au Sénégal par Adanson. En effet, ces animaux ont beaucoup de rapports communs entre eux; cependant ,9o A N T Ils présentent des différences susceptibles d'être appréclées. Buffon regardoit le steenbock comme une variété du nagor^ aussi du Sénégal; mais, dit-il, le museau est un peu plus effilé dans le premier , et les cornes sont un peu moins cour- bées en avant que dans le second. Au reste , le steenbock de Forster est de la grandeur d'une chèvre commune d'environ deux pieds et demi de hauteur; son poil est d'un rouge brun sur le dos et les côtés du corps , et d'un blanc sale sous le ventre ; Il y a au-dessus des yeux , sous le cou et sur les fesses, une tache de cette dernière cou- leur. Le poil des oreilles est fauve : les cornes , qui n'pnt que cinq ou six pouces de longueur , sont noires , ridées à la base , lisses à la pointe , extrêmement effilées et courbées en avant. La queue est courte comme celle des chèvres. Cet animal habite les rochers et les plateaux des mon- tagnes arides qui forment le Cap de Uonne-Espérance ; Il se tient parmi les broussailles , court très-vite , et fait des sauts de huit à neuf pieds de hauteur. Sa chair est bonne à manger. Une varlélé de cette espèce, dont le pelage est plus clair, porte au Cap le nom de beek-bock, c'est-à-dire , dmne pâle. Dix-septième Espèce. — Le Rit-Bock, Rict-Rhée-Bock ou Nagor des roseaux, Buff. , suppl., tom. 6, pi. i3 et i4. ( A. eleotragus. Schreb. ; A. anindinacea , Shaw. ) Celte antilope , dont les cornes longues de dix pouces sont légèrement recourbées en avant et d'une manière égale, a près de quatre pieds de longueur , mesurée depuis le bout du nez jusqu'à l'origine de la queue ; sa hauteur, au train de de- vant, est de deux pieds sept pouces, et à celui de derrière , de deux pieds neuf pouces ; sa queue a onze pouces. La fe- melle est un peu plus petite que le mâle , et n'a point de cornes. Le dessus du corps de cet animal est d'un gris cendré ; son ventre , sa gorge et ses fesses sont blancs; mais il n'a point cette bande roussâtre ou noire qui sépare la couleur du ventre d'avec celle du reste du corps , et qui se trouve dans la plu- part des autres antilopes. Ses yeux sont noirs ; l'on remarque un larmier en dessous de chacun. Il se trouve à une centaine de lieues vers le nord du Cap de Bonne- Espérance. 11 forme des troupes peu nombreu- ses, qui se tiennent de préférence dans le voisinage des eaux. On dit même qu'on le rencontre par paires comme nos che- vreuils d'Europe. Dix -huitième Espèce. — AiSTiLOPE DE Sumatra. (^An- tilope sumatrensis.) Penn. Shaw.; Bouc des bois ou Cambing Ootan de Marsden ; Sumatra, p. 9.3. Cette espèce est de la A N r ,Ç5, taille du bouc , mais elle est plus élevée sur ses jambes ; son pelage paroît d'un noir uniforme, à l'exception de la nuque, dont le poil est hérissé et plus long qu'ailleurs , et une bande sur les joues , qui sont d'un blanc jaunâtre. Ses oreilles sont de grandeur médiocre, et présentent à leur face interne trois bandes blanchâtres sur un fond plus coloré , ainsi que cela se remarque dans plusieurs autres antilopes. Les cornes ont six pouces de longueur et sont recourbées en arrière depuis leur base et insensiblement; leur première moitié est annelée de rides proéminentes , et l'extrémité en est lisse et d'un noir foncé et luisant. La queue est pointue , et sa longueur est d'un demi-pied anglais environ. Les sabots sont petits et noirs. Les poils sont durs et roides ; chacun d'eux , à sa base , est de couleur grise , et la pointe est d'un noir terne ; ce qui fait que le pelage n'est point lustré , si ce n'est sous le ventre» où il est plus lisse que dans aucune autre partie du corps. Dix-neu\Hème Espèce. — liE Klip-springer ou SàUTEUR DES ROCHERS; Buff. , tom. 6, pi. 22 \ Antilope oreotragus, Forst. ; Antilope klipspiinger , Lacép. Cett^inlilope , dont Kolbe et Forster ont donné la des- cription est de la grandeur de la chèi>re commune; mais elle a les jambes beaucoup plus longues ; sa tête est arrondie ; elle est d'un gris jaunâtre, marqueté par-ci par-là de pe- tites taches noires ; le museau, les lèvres et les environs des yeux sont noirs; devant chaque œil, il y a un larmier avec un grand orifice de forme ovale; les oreilles sont assez grandes, et finissent en pointe; les cornes ont environ cinq pouces de longueur; elles sont droites et lisses à l'extrémité, mais ridées de quelques anneaux à la base. Le pelage est d'un fauve jaunâtre ; chaque poil est blanc à sa racine , brun ou noir au milieu , et d'un jaune grisâtre à l'extrémité; les oreilles et Tes pieds sont couverts de poils blanchâtres ; la queue est très-courte. •Un caractère particulier à cette espèce , c'est que les sa- bots ont leur extrémité ou pince assez large et arrondie. Le klipspringer se trouve aux environs du Cap de Bonne- Espérance. 11 se tient sur les rochers les plus inaccessibles , et franchit d'un saut de grands intervalles d'une roche à l'autre avec une prestesse étonnante. Sa chair est excellente à manger, et passe pour le meilleur gibier du pays. Son poil, qui est plat, sec et cassant, et qui tombe très-facilement, sert, au Cap , pour faire des matelas, et même pour piquer des jupes de femmes. Vingtième Espèce. — La Grimm de Pallâs. Buffon, tom. 3, pi. i4» {Antilope grimmia, Linn. ) , qui habile la côte de 192 A N T Guinée , est de très-petite taille , puisque sa hauteur n'excède pas un pied ; son pelage est gris eu dessus et blanc en des- sous. Son chanfrein est marqué d'une bande noire longitu- dinale, et le sommet de sa tête est orné d'un bouquet bien fourni de poils dirigés en haut. Les cornes du mâle sont droites , presque parallèles entre elles , très-petites et pres- que cachées dans le poil. Leur forme est conique ; elles sont annelées à la base, lisses et un peu comprimées à la pointe. Nous ferons observer que Pallas et V osmaer ne parlent point des larmiers de celte antilope ; ce qui semble prouver qu'ils n'ont rien de bien remarquable , et qu'ils ne sont pas plus grands que ceux de la plupart des autres espèces du même genre. On a dit que celte espèce se Irouvoit aussi au Cap de Bonne-Espérance, et plusieurs naturalistes, à la tête des- quels se trouve Forster , ont cru la reconnoître dans Yanti- lope plongeante ou druyker-bock, que nous décrirons ci-après d'après Barrovv , et dont la femelle est l'animal mentionné par Griami , en 1686 , dans les Ephémérides des Curieux de la Nature. Vingt-unième Espèce. — Le Guévei ou Roi DES ^evro- TAINS {Antilope pygnuza). Pallas , Gmel. ~ Ce petit ruminant, placé à lort dans le genre des chevro- talns, (^moschus) par quelques naturalistes, n'a guère que neuf pouces de hauteur au train de devant; sa couleur est d'un roux obscur; les cornes du mâle n'ont que deux pouces de longueur; elles sont noirâtres, très-légèrement courbées , fort pointues à leur extrémité , et environnées à leur base de deux ou trois bourrelets ou anneaux salllans. La femelle n'a point de cornes. Ce petit quadrupède vit à la manière des gazelles dans les forêts de l'Afrique occidentale, et principalement à Congo , à Vlga et même près du Cap de Bonne-Espérance. 11 saute avec une grande force. Vingt-deuxième Espèce. — L' Antilope de Salt, Antilope saltiana , est une nouvelle espèce qui existe dans le Musée britannique , et qui a été décrite par M. de Blalnvllle, Nouv. Bull, des Se. , 1816, pag. 79. Elle a les cornes coniques, extrêmement petites, poin- tues, annelées dans la moitié de leur longueur, à simple courbure postérieure et à peine sensible. M. de Blalnvllle a vu de cette jolie espèce une peau de la tête presque entière , avec les extrémités antérieures et pos- térieures. Les cornes sont noires , de près de deux pouces de long, avec six à sept stries ou anneaux transverses; les oreilles sont au contraire très-giandes ; il n'y a aucune ' A N T ,93 trace de larmiers; loule la tête est couverte de poils fins, courts", serrés , entièrement fauves en dessus et blancs sous la ganache. Quant aux pieds , les antérieurs ont treize pouces de long depuis le coude , et les postérieurs, dix (Jepuis le cal- caneum; ils sont entièrement fauves, et sont terminés par des sabots fort longs, les ergots étant, au contraire, extrême- ment courts. Elle se trouve en Abyssinie , où elle est appelée madoka , suivant M. Sait, voyageur anglais qui Ta rapportée en An- gleterre en 181 1. M. de Blainville la compare avec les deux espèces évidemment les plus voisines, c'est-à-dire, avec VA. grimmia et VA.pfgmœa^ et il conclut que très-probablement elle en est distincte. Vingt-troisième Espèce. — L' ANTILOPE A CORNES AIGUËS, Antilope acuticomis. M. de Blainville a observé en Angle- terre , et fait connoître aussi dans le Bulletin de la Soc. pbi- lom. , cette nouvelle espèce , dont il n'a vu qu'une partie de crâne, sans aucun indice de nom ni de pays. Ce crâne offre de singulier une élévation considérable du sinciput , et en outre un large espace rugueux et tuberculeux à la partie postérieure de la racine des deux cornes , qui sont simples , coniques, très-pointues, lisses , verticales , à courbure à peine sensible et antérieure. • , ., ... Vingt-quatrième Espèce. — L' ANTILOPE À QUATRE CORNES, Antilope quadricomis ., du même naturaliste, est très-remar- quable. M. de Blainville , qui Ta vue à Londres , la caracté- rise ainsi : antilope à quatre cornes, les deux antérieures lisses, assez grosses, subtrigoues , un peu courbées en ar- rière; les postérieures plus grêles, plus élevées, coniques, presque droites, à simple courbure antérieure. Il n'existe de cette espèce , fort singulière , qu'un crâne presque entier. Ce crâne , qui a tous les caractères anatomiques du genre , dans le nombre et la disposition des dents molaires , l'absence des canines , offre de plus remarquable un large espace non rempli dans les parois de la face , mais surtout quatre cornes à cheville osseuse bien distinctes, fort régulières et symé- triques , ayant, en un mot , tous les caractères d'une disposi- tion normale , et portées comme à l'ordinaire par l'os fron- tal, la première en avant de l'orbite, et la seconde à sa par- tie postérieure. Cette antilope, dont il paroît qu'aucun auteur n'a parlé, est native de Tlnde , où elle porte le nom de Hoorma-Dabad. Vingt-cinquièms Espèce. — ANTILOPE PLONGEANTE, Antilope mergens. Blainville, Druyker-bork ou clwére plongeante du Cap. Chèvre saumge d Afrique , de Grimm. Presque tous les voyageurs qui se sont plus ou moins ar- 11. l3 ,gi A N T rêtés au Cap de Bonne-Espérance , parlent d'une manière très-vague d'une espèce d'antilope qu'ils nomment rhèi're plon- geante {druylcer-bock'). Forster, le premier, a cru devoir la rapporter à l'espèce de la grimme de Buffon et de Pallas ; inais il n'en parle que par ouï-dire , et il n'en a vu qu'une corne. Barrowa donné de cet animal une description plus détaillée. Sa taille est, dit-il, de deux pieds neuf pouces; sa hauteur, de deux pieds trois pouces et demi (en mesures françaises); sa couleur entièrement d'un brun foncé. Le sinus lacrymal est excessivement grand , et les cornes du »iâle ( le seul qui en soit pourvu) sont droites, noires, presque parallèles , et ne divergeant un peu que vers la pointe ; elles ont quatre pouces de long, et sont annelées jusqu'à la base. Les oreilles de la femelle ont sept pouces de longueur, et la queue cinq seulement. En comparant cette description avec celle que nous avons donnée de la grimme de Buffon, il est facile de s'assurer que le dmyker-hock doit constituer une espèce particulière. L'animal décrit par Grinmi étoit une femelle dont les larmiers étoient très-considérables et remplis d'une humeur jaunâtre , grasse et visqueuse , qui se durcit et devient noire avec le temps , et dont l'odeur participe de celle du casloreum et de celle du musc. Le nom de chèi>re plongeante , dont on appelle celte espèce au Cap de Bonne-Espérance , lui a été appliqué parce qu'elle se tient toujours parmi les broussailles, etque, dès qu'elle aper- çoit un homme , elle se lève par un saut pour découvrir sa position et ses mouvemens ; après quoi elle replonge dans les broussailles , s'enfuit, et de temps en temps reparoîtpour voir si elle est poursuivie. Vingt - sixième Espère. — L'OuREBI, Antilope scoparla. Schreb , pi. 261 , qui , d'après M. Cuvier , doit être séparé du druyker , de la grimme et du guévei , quoique appartenant à la même section , ne nous est connu que par la figure qu'en donne Schreber. D'après cette figure, Vantilope scoparia pa- roît être de petite taille ; sa tête , son cou , son dos , ses flancs, la partie extérieure de ses quatre membres, sont d'une cou- leur fauve , uniforme , sans bandes , plus foncée sur les cô- tés. Sa poitrine , son ventre , l'intérieur de ses cuisses et ses fesses sont blancs. Il a des brosses à ses poignets de devant. Le mâle a de petites cornes droites, avec cinq bourrelets ou anneaux dans leur première moitié ; l'extrémité en est lisse. La femelle a quatre mamelles. C'est dans cette division qu'il convient peut - être de placer l'animal dont les cornes ont été décrites et figurées par Hans Sloane (Transar.t. philos, de Lond., année 1727.); ces cornes onl six pieds de longueur, et s'élèvent d abord parfaitement droites sur les trois quarts de leur longueur , pour se recourber ensuite brusquement. Si TAnt. (.randicornis d'Hermann n'est point une cJièi>re, elle doit aussi appartenir à ce sous-genre. QUATRIÈME SOUS-GEISRE. — ALCELAPH E, Alrelaplius. Cornes à double courbure, annelées ^ sans arête, dans les deux sexes ; des larmiers ; point de brosses; des pores inguinaux ; queue médiocre, terminée par un flocon de longs poils ; deux mamelles; un demi-mufle. Vingt-septième Espèce. — LeBubaî.E. Bufï. , suppl. , tom. 6 , pi. i4-; Ménag. du Mus. , Antilope bubalis. ^ Lin. ; vache de Barbarie , bubalis d Arislote ; bubalus de Pline , d Oppien et d'^lien. Buselaphus , \bocula - cervina , vache-biche , taureau- cerf de quelques auteurs. 11 semble avoir été formé sur le modèle du cerf et du bœuf, et en être, pour ainsi dire, un intermédiaire. La taille, la forme du corps, et surtout la conformation des jambes et de la queue , le rapprochent extrêmement du cerf; mais les cornes sont permanentes , non rameuses et coniques comme celles du bœuf; la longueur du museau et la figure de la tète le font ressembler à la vache, de sorte qu'on pourroit bien le représenter par un cerf qui auroit une tête de bœuf. Cet animal est bien pris dans sa taille , qui égale celle du cerf Ses cornes sont noires , longues d'un pied , chargées près de leur racine d'anneaux raboteux ; lisses , pointues et écartées entre elles à leur extrémilé. Dans leur longueur, elles ne sont pas droites, mais recourbées en arrière el presque torses. La tête est longue et étroite ; les yeux sont placés très-haut. Les épaules , qui sont fort élevées , présentent une sorte de bosse sur le garrot, et la queue est toufïue à son extrémité. Le pelage est uniformément roussâtre , avec le flocon de la queue noir. Buffon , trompé par Allamand , a confondu le bubale avec le caama^ dont nous traiterons ci-après. Pallas et Gmelin aussi n'ont point distingué ces deux espèces. Le caama habite les environs du Cap de Bonne- lispérance , tandis que le bu- bale appartient à tout le nord de l'Afrique, et surtout à la Barbarie et au désert. M. Cuvier ( Ménag. du Mus., in-12 , tom. I , p. 35o ) donne les détails suivans sur les habitudes de celui-ci, qui lui ont été conmmniqués par M. Geoffroy Saint-Hilaire : Il marche en troupe ; ses petits s'apprivoisent aisément, et paissent avec les troupeaux de bœtifs. Il court, s'arrête et se défend comme la gazelle, La direction des ,96 AN T pointes Je ses cornes le force cepeu/lant à adopter une ma- nœuvre particulière. Lorsqu'il est vivement pressé, il se re- tourne , se porte avec fureur contre l'assaillant , en tenant sa tête entre ses jambes et la relevant subitement; lorsqu'il est à proximité, il fait d'énormes blessures. Il en vient quelque- fois, en Egypte, boire dans les marcs ou dans les petits ca- naux d'arrosement; mais ils s'enfuient à l'approche de l'homme. Les anciens les connoissoieni très-bien, et les Français en ont trouvé plusieurs figures fort reconnoissables parmi les hiéroglyphes des temples de la Haute-Egypte. Ceux qu'on a eus dans les ménageries étoient assez doux, et mangeoient toute sorte de substances végétales. Vingt- huitième Espèce. — IjE Caama , Antilope caama. Le caama , Buff , suppl. , tom. 6 , pi. i5. Cette espèce, si différente de celle du bubale., a cepen- dant été confondue avec elle. M. Cuvier, à qui on en doit la distinction, remarque que, comme Bufton ii'avoit point de figure du bubale dans son Histoire naturelle, AUamandcrut devoir y en ajouter une ; mais qu'il donna, au lieu de celle du vrai bubale, celle du ra«m.7 des Hottentots , ou cerf du Cap des Hollandais. Buffon , en publiant ensuite, dans le sixième volume de son supplément, une bonne figure du vrai bubale, fil copier aussi celle d'AUamand, sans en distinguer l'espèce, et la regardant même comme plus exacte que la sienne. Pal- las et Gmelin ont également continué à supposer que le bu- bale et le caama étoient le même animal; mais il est très-vrai qu'ils sont différens. Le caama a la tête plus longue et plus étroite à proportion que le bubale ; la courbure de ses cornes en avant et en arrière est beaucoup plus prononcée et angu- leuse , tandis qu'elles s'écartent beaucoup moins de côté ; elles sont aussi plus grandes a proportion , et ont des anneaux plus nombreux et plus marqués ; leur extrémité est lisse et très-pointue. Celles des femelles sont plus petites. La cou- leur du caama est un fauve bai , plus brun sur le dos ; une grande tache noire entoure les cornes. Il v a aussi une bande noire sur les deux tiers inférieurs du chanfrein ; une ligne étroite sur le cou et une bande longitudinale sur chaque jambe sont de la même couleur , ainsi que le bout de la queue. Ces différentes marques sont brunes plutôt que noires dans la femelle du caama ; mais elles y sont encore très-distinctes , tandis que les bubales de l'un et de l'autre sexe n'en ont au- cune. ( Cuv. , Ménagerie du Mus., article nu. bubale.^ L'espèce du caoma est très-nombreuse près du Cap de Bonne-Espérance , mais se tient assez éloignée des endroits habités. Dans l'intérieur du pays, on voit ces animaux courir en grandes troupes et avec une très-grande vitesse. Ils pa- A. K T ,37 roissenl préférer les pays de plaines aux montagnes; leur cri est une espèce (i'élernuenient : leur chair est fl'nn très-bon goût; les paysans qui sont éloignés du Cap en coupent des tranches fort minces qu'ils font sécher au soleil, et qu'ils mangent souvent avec d'autres viandes au lieu de pain. Les femelles ne font qu'un petit à la fois; elles mettent bas en septembre, et quelquefois aussi en avril. Cl^QUrÈME SOUS-GENRE. — TRAGELAPHE, Tragelaphus. Cornes comprimées, spirales, à arêtes, tantôt du m les deux sexes ^ tantôt dans le mâle seulement; larmiers quehpiejuis mds; brosses nulles; des pores inguinaux; queue médiocre, terminée par un flo- con de longs poils ; quatre mamelles; un demi-mufle. Vingt-neuvième Espèce. — Le ^OSJiOç.K., Antilope .syhalicn., on BoscH-JBocK d'AUamand et de Sparniann, Buff, suppl, tom. 6, pi. 25. Les habitans du Cap de Bonne-Espérance nomment bosbock , motqui signifie bouc des bois, une très- jolie espèce d'antilope que l'on trouve effectivement dans les forêts. Ses cornes sont noires, très-légèrement courbées en avant ; leur base présente quelques anneaux et une arête ou saillie qui monte en une longue spirale jusqu'à moitié de leur hauteur ; la longueur de son corps est à peu près de trois pieds et demi ; le dessus en est d'un bruXi fort obscur , mais qui tire un peu sur le roux à la tète et sous le cou; son ventre est blanc, de même que le bas du cou; la croupe est parsemée de petites taches rondes et blanches; on voit sur le front une tache noire ; les oreilles sont longues et pointues ; la queue a près de six pouces, et elle est garnie de longs poils blancs; il y a quatre mamelles. Les femelles diffèrent des mâles en ce quelles n'ont point de cornes et qu'elles sont un peu plus rousses. Les hosborks ne se trouvent guère qu'à soixante lieues du Cap ; ils se tiennent dans les bois , où ils font souvent entendre une sorte d'aboiement assez semblable à celui du chien. Ils sont monogames , ou s'unissent par couples ; leur course n'est pas assez rapide pour qu'ils puissent éviter d'être pris par les chiens. Ils en percent et tuent souvent quelques- uns avec leurs cornes, dont ils se servent comme de défenses, après s'être agenouillés. Ces cornes sont quelquefois funestes au bosbock lui-même , en l'arrêtant dans sa course. Pour évi- ter cet accident , il porte toujours le nez horizontalement , en sorte que ses cornes sont couchées sur son cou. La chair de cette antilope n'est pas fort bonne. Trentième Espèce. — Le Coudous , ou CoESDOES , 'Antilope sirepsiceros , Liiin. Le Condoma de Buff. , suppl. , 19» A N T tom. 6, pi. i3. Le roës^oës ou coiichw, a quatre pieds de hauteur, mesuré aux jambes /• . a. . A //t/f///// Jl / ' A N T ,99 forme de la tête et du museau , par les yeux, par les oreilles et par la longueur de la queue et le défaut de barbe ; mais toutes les gazelles , et surtout le nangiier, ont le ventre d'un beau blanc , au lieu que le guib a la poitrine et le ventre d'un brun marron assez foncé ; le dedans des jambes, le dessous du cou et une tache sous chaque œil , sont blancs. Il diffère encore des gazelles par ses cornes , qui sont lisses , sans an- neaux transversaux, et qui portent deux arêtes longitudinales , l'une en dessus , l'autre en dessous , lesquelles forment un tour de spirale depuis la base jusqu'à la pointe. Elles sont aussi un peu comprimées. Cet animal est surtout remarquable par des bandes blanches sur un fond de poil brun-marron. Ces bandes sont disposées sur le corps en long et en travers , comme si c'étoitunharnois. Le gm'b vit en société, et se trouve par grandes troupes dans les plaines et dans les bois du pays de Podor. » M. Lacépède pense que le guiJb et le saïga appartiennent à la même espèce , et que les variétés que ces animaux pré- sentent , ne sont produites que par la différence des climats qu'ils habitent. Nous sommes loin de partager celte opinion. L'Ant. torticornis d'Hermann, dont les cornes sont en spirales, un peu comprimées, rugueuses et presque carénées, semble appartenir à ce sous-genre. SIXIÈME SOUS-GENRE. — BOSELAPHE. Boselaphus. Cornes simples , non rugueuses , quelquefois nulles dam la femelle ; larmiers nuls; brosses nulles; des pores inguinaux; la queue longue, terminée par un flocon de longs poils; quatre mamelles; un mufle. Trente-deuxième Espèce. — Le Nii-GAUT ou Nyl-GHAUT , Antilope albipes, Erxleb.; Antilope picia et tragocamelus^ Linn. ; Buff , suppl., tom. 6, pi. 10 et 11. V. pi. G. Sa de ce Dict. Ce quadrupède , connu sous le nom de nil-gaut (i) dans plusieurs endroits de Tlnde, est appelé par quelques voya- geurs bœuf gris du Mognl Buffon a décrit le nil-gaul mâle et le nil-gaut femelle , qui vivoient en lyyi dans le parc du château royal de la Muette. « Le mâle , dit-il , éloit de la grandeur d'un cerf de taille moyenne ; les cornes n'avoient que six pouces de longueur, sur deux pouces neuf lignes de grosseur à la base. Dans le mâle , le train de derrière est plus bas que celui de devant , et l'on voit une espèce d'élévation ou de bosse sur les épaules : cet endroit est garni d'une petite crinière qui prend du som- met de la tête et finit au milieu du dos. Sur la poitrine , il y a une touffe de grands poils noirs. Le pelage de tout le (i) Ce nom, en persun, signifie (^■ac^e 6/eue, ou plutôt fdurgau iilca. 200 A N T corps est d'un gris d'ardoise ; mais la tête est garnie d'un poil plus fauve , mêlé de grisâtre, et le tour des yeux d'un poil iauve clair, avec une petite tache blanche à l'angle de chaque œil ; le dessus du nez est brun ; les naseaux sont noirs , avec une bande blanche à côté ; les oreilles sont fort grandes et larges , rayées de trois bandes noires vers leur extrémité ; le sommet de la tête est garni d'un poil noir ; le ventre est gris d'ardoise , comme tout le corps ». Les jambesont leur face extérieure d'un gris plus foncé que celui du corps ; à la face externe des pieds de devant il y a une tache blanche, et à la même partie des pieds de derrière , il y en a deux ; la queue est d'un gris d'ar- doise vers le milieu , et blanche sur les côtés ; elle est termi- née par une grande touffe de poils noirs. Elle est nue en dessous. Les couleurs sont cependant plus foncées dans quelques individus. La femelle du nil-gaui « étoit bien plus petite que le mâle , et en même temps plus svelte et plus haute sur ses jambes ; elle n'avoit point de cornes; sa couleur étoit roussâtre , mé- langée d'un poil fauve pâle , et de poils d'un brun roux. La plus grande différence qu'il y eût entre cette femelle et son mâle, étoit dans le train de derrière , qu'elle avoit plus élevé que celui de devant, tandis que c'est le contraire dans le mâle.... Du reste , ce mâle et cette femelle se ressembloient par tous les autres caractères extérieurs, et même par les taches; ils paroissoient avoir un grand attachement l'un pour l'autre ; ils se lécholent souvent , et quoiqu'ils fussent en .pleine liberté dans le parc , ils ne se séparoient que rarement , et ne se quit- toient jamais pour long-temps. » Les nil-gauts sont moins rares à Surate et à Bombay que dans le Bengale ; et uiï auteur , qui a publié dans les Tran- sactions PhilosopJiiques (1771 1 pag. 170) un excellent mémoire sur quelques-uns de ces animaux qui avoient été amenés de ces contrées en Angletenre , M. Hunter conjecture qu'ils sont originaires de Guzarate , l'une des provinces les plus occi- dentales de l'empire du Mogol, étant située au nord de Surate, et s'étenàant jusqu'à l'océan indien. Les nil-gauts sont regardés comme une rareté dans l'Tnde. On en fait des présens aux nababs et autres personnes de con- sidération. On les trouve sauvages dans les forêts de ces con- trées : ils courent mal. Leur chair passe pour être fort bonne. Ces animaux, quoique très-vifs , sont assez doux pour se laisser régir; et il esta souhaiter, dit M. Hunter, qu'on puisse en multiplier l'espèce en Europe. On pourroit les nourrir d'herbe , de foin et d'avoine ; mais ils aiment surtout le pain do froment. A N T aoi Trente-troisième Espère. — Le Gnou ou Niou, Antilope gnn^ Llnn. ; Buff. suppl., tom. 6 , pi. 8 et g. Le gnou est de la grosseur d'un «ine de moyenne taille ; sa hauteur est de trois pieds et demi , sa tête est grosse et semblable à celle du bœuf; tout le devant est garni de longs poils noirs , qui s'éten- dent jusqu'au dessous des yeux ; son mufle est large , entouré de poils roides ; la lèvre inférieure est couverte de poils très- blancs , qui contrastent d'une manière singulière avec les poils noirs du dessus de la tête -, ses yeux , noirs et bien fen- dus, sont entourés de poils roides et divergens ; ses cornes ont dix-huit à vingt pouces de longueur ; elles se touchent à leur base et sont appliquées au front , dans une étendue de six pouces : elles se relèvent ensuite vers le haut , et se terminent par ime pointe perpendiculaire. A la base de ses cornes, com- mence une crinière épaisse de longs poils roides , blancs à la racine et noirs à l'extrémité, qui s'étend tout le long de la partie supérieure du cou jusqu'au dos ; sa queue , assez sem- blable à celle du cheval , est composée de longs crins blancs ; sur la partie inférieure du cou , il y a une ligne formée de poils noirs : tout le reste du corps présente les formes du che- val ; ses flancs sont pleins , sa croupe arrondie , ses jambes fines et sèches ; il est recouvert par un poil court de couleur brune. L'espèce du gnou se trouve dans les montagnes , à deux cents lieues au nord du Cap de Bonne-Espérance. Elle pa- roît avoir été connue des anciens. Le gnou est d'un naturel extrêmement sauvage. On assure que le mâle, dans l'état de nature, est aussi farouche et aussi méchant que le buffle^ quoiqu'il soit moins fort. Dans la cap- tivité, cet animal est assez doux. On le nourrit de pain, de feuilles de chou , etc. Trente-quatrième Espèce. — Le CanKa, Antilope créas., Linn. ; CouDOUS de Buff, suppl., pi. i3 ; Elon du Cap des Hollan- dais. Le canna est un des plus grands animaux à pieds fourchus qu'on voie dans l'Afrique méridionale ; sa longueur est de huit pieds , sa hauteur de cinq , mesurée depuis la partie du dos qui est au-dessus des épaules , et qui forme là une éminence assez remarquable ; son poids est de sept à huit cents livres : la couleur de son corps est d'un fauve tirant sur le roux; il est blanchâtre sous le ventre; sa tête et son cou sont d'un gris cendré , et quelques-uns de ces animaux ont tout le corps de cette couleur; tous ont, au-devant de la tête , des poils qui y forment une espèce de crinière. Il n'y a point de larmiers. Les cornes du canna sont très-grosses , presque droites, et d'une substance épaisse et noire; elles portent, depuis la base ao2 A N T et dans la plus grande partle.de leur longueur, une grosse arête , épaisse et relevée d'environ un pouce ; et quoique la corne soit droite , cette arête proéminente fait un tour et demi de spirale dans la partie inférieure , et s'efface en en- tier dans la partie supérieure , qui se termine en pointe. Le canna a un fanon très-remarquable qui lui pend au-devant de la poitrine , et qui est de la même couleur que la tête et le cou ; celui des femelles est moins grand ; aussi sont-elles un peu plus petites que les mâles ; elles ont moins de poils sur le front, et c'est presque en cela seulement que leurs figures diffèrent. Cet animal a , comme Y élan, une loupe sous la gorge , de la hauteur d'un pouce , produite par l'os du larynx. Sa queue , longue de deux pieds trois pouces , est terminée par une touffe de longs poils ou crins noirs, les sabots sont aussi noirs. Les cannas que les habitans du Cap de Bonne-Espérance nomment élatis , et que les Caffres appellent impoots , marchent par troupes de cinquante à soixante, et quelque- fois de deux ou trois cents, près des fontaines ; il est rare de voir deux mâles dans une Iroupe de femelles, parce qu'alors ils se battent; et le plus foible se retire. Le plus grand marche ordinairement le premier. C'est un très-beau spec- tacle que de les voir trotter et galoper en troupes ; si l'on tire un coup de fusil chargé à balle parmi eux, tout pesans qu'ils sont , ils sautent fort haut et fort loin , et grimpent sur des lieux escarpés , où il semble qu'il est impossible de par- venir. Quand on les chasse , ils courent tous contre le vent, et , avec un bon cheval , il est aisé de les couper dans leur marche : ils sont fort doux. Leur chair est excellente ; on casse leurs os pour en tirer la moelle, qu'on fait rôtir sous la cendre ; leur peau est très-ferme ; on s'en sert pour faire des ceintures et des courroies. C'est à tort que Buffon a donné au canna le nom de coudous (coësdoës). Ce nom appartient à l'espèce qu'il a nommée Condoma, sans doute d'après une fausse indication. Nous croyons devoir ici faire mention , avec M. de Blain- ville , de deux espèces de cornes qu'il a aussi vues en An- gleterre, lesquelles sont parfaitement lisses, et peuvent avoir appartenu à des espèces du sous-genre Boselaphus ou même peut-être du genre Bœuf (Bos). Les premières, qui sont encore attachées à une partie de la peau du front, très-rapprochées à la base, se déjettent ensuite en dehors en se courbant un peu en dedans ; la partie de la peau qui reste a un large espace de couleur foncée au IVoul avec une tache Hanche , triangulaire , en croissant , A N T 2o5 symétrique , partant de la racine de chaque corne ; il paroît que le reste du museau éfcoit blanc. Les secondes, qui ne sont accompagnées que de la petite portion de peau qui les réunit , sont également lisses , noires , fort rapprochées à la hase et déjetées en dehors ; mais elles forment à leur racine le commencement d'une courbure en ce sens pour se recourber ensuite en dedans le reste *de leur étendue ; et ce qu'elles offrent surtout de remarquable, est d'êlre comprimées ou aplaties vers leur pointe, au lieu d'être coniques comme cela est ordinairement, SEPTIÈME SOUS-GENRE. — ORYX, Oiyx. Cornes très-grandes , pointues , droites ou h simple courhure pos- térieure , annelées , sans arêtes ; larmiers nu/s ; brosses nulles ; pores inguinaux? queue longue, terminée par un flocon de longs poils F mamelles ; un demi-mufle. Trente- cinquième Espèce. — L' ANTILOPE ORYX , Antilope ory-x. Pas\n de Buffon. Suppl. tom. 6, pi. 17. — Chamois du Cap. Jntilope-à cornes droites. Cet animal est au moins de la taille du cerf ; ses cornes sont noires , longues de trois pieds , droites , environnées d'anneaux obliques sur la moitié de leur longueur , lisses et très-pointues à leur extrémité. Elles sont plus petites et moins fortes dans les femelles que dans les mâles. Le corps est d'un gris cendré, tirant sur le bleu. La tête est blanche , avec une large bande noire en demi-cercle à l'origine des cornes , laquelle s'étend jusqu'à une autre grande tache qui couvre en partie le museau, dont l'extrémité est grise : de plus, il y a deux autres petites bandes noires qui partent du museau et qui s'étendent jusqu'aux cornes, et une ligne noire le long du dos qui se termine aux lombes et y forme une tache triangulaire. On voit aussi une petite bande noire longitu- dinale sur les flancs, et une tache brune sur chaque épaule et sur chaque cuisse. La queue est longue et brune jusqu'à son extrémité, qui est noire; le ventre est blanchâtre ainsi que les pieds. Ce qui est remarquable , c'est que les poils qui forment la ligne noire du dos ont leur pointe dirigée vers la tête de l'animal. Ses sabots sont très-longs , et ont leur pince ar- rondie. Cette antilope , qui est l'oryx d'jffilien, habite au nord du Cap de Bonne-Espérance dans les lieux escarpés , et ne forme point de troupes. Il est vraisemblable que son espèce s'étend beaucoup dans l'intérieur de l'Afrique , et peut-être jusqu'en Abyssinie. V. l'article OryX des anciens. Le nom de pasan , attribué à cette espèce par Buffon , vient de ce que ce célèbre naturaliste fa regardé comme étant 2o4 A N T Vam'mal du bézoard que Kœmpfer «lécrit et figure sous le nom de Paseng , lequel est le type de l'espèce de la chèvre , ou l'œgagre des anciens. Trenie-sixième Espèce. — L'Antilope LEUCORYX, Antilope Leu- co/jc.Pall.Gmel.Schreb.Penn.pl.aSG.B. F.pl. A.Bade ce Dict. M. Cuvier et plusieurs autres naturalistes pensent que le /(?Mro/yj;dePallasetdePennansn'estqu'unevariété de l'espèce précédente. M. de Blainville , d'après la description et la figure qu'il a trouvée dans l'ouvrage intitulé Oriental Micel- lany , croit pouvoir confirmer la distinction de ces deux espèces. « Le port du leucoryx est sensiblement différent de celui de l'oryx de l'Afrique méridionale. Il ressemble à un petit âne dont les jambes seroient très-fines ; les sabots n'ont pas cette singulière forme que l'on a observée dans Voryx ; la queue est peut-être encore plus longue que celle de cet animal ; le cou est surtout beaucoup plus court , plus épais ; le museau plus large ; les cornes sont très-sensiblement cour- bées d'avant en arrière ; enfin , la couleur paroît être cons- tamment blanche , à l'exception d'une tache brunâtre sur le museau et sur les joues ; ce qui se trouve assez en rapport avec la courte description qu'en donne Oppien. » Trente -septième Espère. — L'/Vntilope bi.eue, nommée à tort l'SEïR.\>' parBuffon, suppl. lom. 6, pi. 20. ; Antilope leu- cophœa^ L. Gazelle du Cap de Bonne-Espérance. Plus grande que le cerf; ses cornes, qui existent dans les deux sexes, sont fortes, uni^forménient recourbées en arrière, et ne diffè- rent des cornes de rhèores qu'en ce qu'elles ne sont pas tran- chantes en avant :*elles ont vingt pouces de long au moins, et vingt anneaux. Le pelage est cendré-blanchâtre en dessus , et blanc en dessous ; il y a une tache blanche devant chaque œil ; les pieds sont de la même couleur , et la queue longue de sept pouces est terminée par une houppe de poils blancs. Cette grande espèce habite les terres au nord du Cap de Bonne-Espérance. Ses habitudes ne sont point connues. Kolbe assure que sa couleur esl d'un bleu céleste lorsqu'elle est vivante. M. Cuvier croit que le Muséum d'Histoire natu- relle renferme une corne semblable pour la forme à celle de l'antilope bleue , mais dont la- longueur est presque double : elle est, en outre, marquée de cinquante anneaux. Trente-huitième Espèce. — L' Anti LOtE chevaline ou Antilope bSANNE, Antilope ecjuina , Geoffr. Ce quadrupède est de la taille d'un âne ; ses cornessont semblables à celles de V antilope Ijleue, c'est-à-dire , qu'elles sont grandes, uniformément recourbées en arrière , et annelées surtout à leur base. Le poil est gris- brun sur le corps et marron sur la tête. En avant de cliaque A- N T 2o5 œil , on remarque une. tache blanche en croissant ; le chan- frein est aussi Liane ; les poils du cou forment une crinière ; la queue est noire. On ignore le lieu natal de cette antilope, connue depuis long-temps sous le nom d'antilope osanne,dont une peau bourrée est conservée dans les galeries du Muséum d'Histoire naturelle de Paris. — ^ï,. de Blainville pense que cette espèce pourroit bien n'être qu'une variété de la précédente. HUITIÈME SOUS-GENRE. — CHAMOIS, Rupicapra. Cornes simples, lisses, à simple courhure postén'eure, dans les deux sexes; larmiers nuls; brosses milles; des pores inguinaux; queue couiie ; deux mamelles ; les poils longs ; point de mufle. Trente-neuvième Espèce. — Le Chamois, Antilope rupicapra. L. BufTon , tom. 1 2, pi. i6 ; YsaRD des Pyrénées! V. pi. B. 12 de ce Dict. C'est un joli quadrupède de nos pays, qui paroît ne différer du bouc que par les cornes ; mais eu l'observant attenti- vement, on voit qu'il a le nez moins reculé en arrière que celui du bouc, et par conséquent la lèvre inférieure moins saillante au-devant des narines ; ses jambes sont un, peu plus grosses ; il n'a point de longs poils sous le menton, en forme de barbe , ni de glands au-devant de la partie supérieure du cou. Ses cornes ont tout au plus six pouces de longueur'; elles sont d'abord dirigées en haut, et un peu inclinées eu dehors; l'ex- trémité est recourbée en arrière et en. bas; comme un cro- chet; la partie inférieure en est presque ronde, le reste est aplati sur les côtés. Elles ont une couleur brune , et elles sont marquées de petites stries longitudinales et d'anneavi,x transversaux très-peu apparens ; la tète est d'un fauve blan- châtre , avec des bandes noires ou brunes de chaque côté. Le poil qui recouvre le coi-ps est, eu été, court et serré comme celui du cerf; en hiver, il est plus long et plus fourni que celui du bouc ; il varie de couleur suivant les saisons : au printemps, il est d'un gris cendré ; en été, d'un fauve roussâtre ; en au-, tourne, d'un fauve brun mêlé de noir; et en hiver, d'un brun noirâtre: la face externe des oreilles est de couleur noirâtre , une bande noire s'étend depuis l'occiput le long du cou , du dos et de la croupe , jusqu'au bout de la queue. La face inférieure des sabots , qui touche la terre , e^t concave, et terminée par un bord saillant, principalement sur, le côté extérieur ; l'empreinte de ce bord fait reconnoître le . pas de cet animal. Derrière les oreilles, il y a deux ouver- tures qui n'ont qu'une très-petite issue au dehors , et que l'on a prétendu à tort servir à la respiration , puisque le crâne ne présente à leur place aucune cavité. 3o6 A N T Buffon a voulu prouver que le chamois , le bouquetin et la chèvre n^étoient que des variétés constantes d'une même es- pèce; mais la plupart des naturalistes qui l'ont suivi , n'ont pas plus été de son avis sur l'identité d'espèce de ces trois quadrupèdes , que ceux qui l'avoient précédé. Ils ont séparé ces animaux non-seulement en espèces différentes , mais en- core en genres distincts. Pallas en particulier reproche sur ce sujet, à Buffon, d'avoir abandonné la marche qu'il avoit constamment suivie de distinguer des espèces d'après de lé- gères différences, soit dans les formes, soit dans les habi- tudes des quadrupèdes , pour ne faire qu'une espèce de trois animaux que des dissemblances nombreuses éloignent l'un de l'autre. Les principaux traits de dissemblance se trouvent dans les cornes de la femelle du bouquetin , lesquelles sont à la vérité petites , mais approchantes de celles de la chèi^re , et ayant, comme celles-ci, une arête longitudinale; dans les ouvertures de la peau derrière les oreilles du chamois , et qui semblent remplacer les larmiers ; dans les brosses au-dessous du genou , etc. D'ailleurs, le bouquetin dif- fère du chamois non-seulement par la longueur, la gros- seur et la forme des cornes ; mais il est plus vigoureux et plus fort. Ses habitudes ne sont pas tout - à - fait les mêmes ; plus agile que le chamois , il s'élève jusqu'au sommet des plus hautes montagnes, au lieu que celui-ci n'en habite que le second étage; ce dernier animal vient quelquefois de lui-même se mêler aux troupeaux de rhèi>rcs domestiques ; le premier ne s'y môle jamais, à moins qu'on ne l'ait apprivoisé. Le chamois diffère de la chèvre en ce qu'il est plus petit; ses cornes sont petites , presque lisses, et de la nature des cornes des antilopes; celles de la chèvre sont pres- que toujours plus longues , et présentent une arête et des renflemens; elles sont aussi d'une nature plus grossière ; la chèvre et le bouc ont une barbe assez longue ; le chamois n'en a pas ; le poil de cet animal est ras en été ; celui du bouc ou de la chèvre est toujours long et touffu , etc. On trouve les chamois en quantité dans les montagnes du Dauphiné , du Piémont , de la Savoie , de la Suisse et de l'Allemagne. Ces jolis quadrupèdes vivent en société ; on les rencontre deux , trois , quatre , cinq , six ensemble , et très- souvent par troupeaux de huit à dix , quinze ou vingt et plus ; on en voit jusqu'à soixante et quatre-vingts , et quelquefois jusqu'à cent qui sont répandus par divers petits troupeaux sur le penchant d'une même montagne ; les gros chamois mâles se tiennent seuls et éloignés des autres, excepté dans le temps du rut , qu'ils s'approchent des femelles , et en écar- tent les jeunes. Ils ont alors une odeur très-forte, comme les A N T 207 houes.) et même encore plus forte ; Ils bêlent souvent , et cou- rent d'une montagne à l'autre. Le temps de leur accouple- ment est en septembre ou octobre; ils font leurs petits en avril et en mai ; une jeune femelle prend le mâle à un an et demi; ils font un petit par portée, et quelquefois deux, mais assez rarement. Le petit suit sa mère jusqu'au mois de sep- tembre, quelquefois plus long-temps, si les chasseurs ou les loups ne les dispersent pas. On assure qu'Us vivent de vingt à trente ans. La viande du rl/amois est bonne à manger; un chamois bien gras peut avoir dix ou douze livres de suif, qui surpasse eu dureté et en bonté celui de la rhèore. Le sang du chamois est extrêmement chaud ; on prétend qu'il approche beaucoup de celui du bouquetin^ pour les qualités et les vertus qu'on lui attribue , et les empyriques l'emploient contre la pleurésie. Onne connoît dMchamois qu'un bêlement fort bas , peu sen- sible , ressemblant un peu à la voix d'une chhre enrouée : c'est par ce bêlement qu'ils s'appellent entre eux , surtout les mères et les petits. La vue du chamois est des plus péné- trantes ; il a l'ouïe aussi fine que l'odorat. Quand il sent ou qu'il entend quelque chose , et qii'il ne peut pas en faire la découverte par les yeux , il se met à siffler avec tant de force , que les rochers et les forêts en retentissent ; s'ils sont plusieurs, ils s'en épouvantent tous ; ce sifflement est aussi long que l'haleine peut tenir sans reprendre : il est d'abord fort aigu , et baisse vers la fin ; le chamois se repose un ins- tant, regarde de tous côtés, et recommence à siffler ; il con- tinue d'intervalle en intervalle ; il est dans une agitation extrême ; il frappe la terre du pied de devant, et quelquefois des deux ; il court sur des éminences, il regarde encore , et s'il découvre quelque chose , il s'enfuit. Le sifllement du mâle est plus aigu que celui de la femelle ; ce sifflement se fait par les narines , et n'est proprement qu'un souffle aigu très-fort. Le chamois se nourrit des meilleures herbes ; il choisit les parties les plus délicates des plantes , comme les fleurs et les bourgeons tendres ; il est très-friand de quelques herbes aro- matiques, particulièrement de la carline et du géii^. Il boit très-peli; il craint beaucoup la chaleur, et va pâturer le inatin et le soir seulement. Il parcourt les rochers avec beaucoup d'aisance; il n'y a rien de si admirable que de le voir monter et descendre des lieux inaccessibles ; il se jette du haî:;t en bas au travers d'un rocher qui est à peu près perpendi- culaire , de la hauteur de plus de vingt et trente pieds , sans qu'il y ait la moindre place pour poser ou retenir ses pieds ; il frajipe la roche trois ou (juatre fois des pieds en se préci- 2o8 A N T pitant , et va s'arrêter à quelque petite place au-dessous , qui est propre à les retenir. On fait usage des cornes du chamois ^ovlt les porter sur des cannes ; les cornes de la femelle sont plus petites et moins courbes ; les maréchaux s'en servent pour tirer du sang au* chevaux. Les peaux de chamois que l'on fait passer à l'apprêt de la chamoiserie sont très-fortes , nerveuses et bien souples ; on en fait de très-bonnes culottes en jaune ou en noir , de très-bons gants , et quelquefois des vestes pour la fatigue. La chasse du chamois est très-pénible et dangereuse -, elle ne peut guère être pratiquée que par les montagnards nés sur les lieux, et accoutumés dès l'enfance à gravir les rochers et à marcher d'un pas ferme sur le bord des préci[jices où sou- vent ils ne pourroient éviter de tomber, sans recourir à des expédiens qui les garantissent des chutes et des glis- sades périlleuses auxquelles ils sont exposés. Elle se fait dans toutes les saisons de l'année , au milieu des glaces et des neiges endurcies qui tapissent les points les plus éle- vés des hautes montagnes de la jSuisse , du Dauphiné et des Pyrénées. Malgré les fatigues et les dangers qui accompagnent cette chasse , elle devient une pa$sion pour les habitans mon- tagnards qui s'y livrent, et on a vu des pères y périr, sans que les enfans fussent détournés de ce périlleux métier. Quarantième Espèce. — A. AMÉRICAINE. Rupicapra ameri- cana., Blainv-, Bull., Soc. phil. , 1816, page 80. M. de Blainville, dans un mémoire lu à la Société philo- matique de Paris, propose l'établissement de cette espèce , sur la description qu'il donne d'un bel individu conservé dans la collection de la Société linnéenne de Londres. (]'est un animal de la grosseur d'une chèvre médiocre , dont le corps allongé, peu élevé sur pattes, est entièrement couvert de longs poils pendans,non frisés, comme soyeux et tout-à- fait blancs; la tête est assez allongée , sans mutle ou partie nue ; le front n'est pas busqué , les oreilles sont médiocres ; les cornes courtes , assez grosses , noires , un peu annelées transversale- ment, sont rondes, presque droites, dirigées en arrière, et terminées p# une pointe mousse ; les jambes sont courtes , grosses et supportées par des sabots courts et épais; la queue n'a pu êliraperçue, peut-être àcause de la longueur des poils. M. de Blainville cherche ensuite si cet animal n'auroit pas quelques rapports avec \e piiddu de Molina , qu'on place à tort parmi les moutons , puisque ses cornes sont rondes , lisses et seulement divergentes; et il lui semble possible que l'individu de la collection de la Société linnéenne ne soit autre chose qu'un animal domestique appartenant à celte espèce, ou le type sauvage couvert d'un poil d'hiver, (desm.) A N T ,09 Antilope DU BÉzoARD. C'est ie Paseng ou Chèvre sau- vage , et non Vanlilupe pasan de lîuffon , qui est l'oryx des anciens. F. Chèvre, (desm.) Antilope à cornes droites ou Pasan de Buffon. C'est TAntilope oryx. (dlsm.) Antilope zebké , Antilope Jasdala , Gcoii'. , (de la col- lection du Muséum) paroît être une jeune femelle de Tan- tilope CouDOUS ou CoNDOMAde Buffon (^antilope slrepsicerus) Gin. (desm.) ANTIMOINE. Métal blanc, brillant et 1res - fragile. Quand il est pur , bien fondu , el qu'on l'a laissé refroi- dir lentement , sa surface est convexe , et présente une belle étoile à ravons brauchus , imitant la forme des feuilles de fougère ; phénomène qui a paru merveilleux aux anciens chimistes , qui en ont tiré des inductions plus ou moins étranges. C'est le produit d'un arrangement symétrique , qui se fait remarquer dans toutes les substances métalliques, mais d'une manière moins sensible que dans l'antimoine. Le tissu de ce métal est lamelleux , et Ton observe que plus il est pur , et plus les lames qu'il offre dans sa cassure sont larges et brillantes. Elles sont divisibles à la fois paral- lèlement aux fcices d'un octaèdre régulier et à celles d'un do- décaèdre rhomboïdal. M. Brongnlart , professeur de chimie appliquée aux arts, au Jardin du Koi, a, le premier, obtenu des cristallisations régulières d'antimoine par la fusion ; c'étoient des pyra- mides isolées , composées de cubes implantés les uns dans les autres ' L'antimoine est un des métaux les plus légers ; sa pesan- teur spécifique, suivant Bergman, est de 6,860 ; celui ducom- laerre pèse seulement 6,7021. Allié avec les métaux mous, l'antimoine leur donne delà roideur et de l'élasticité ; il les rend sonores et susceptibles dun beau poli, mais très-cassans. 11 entre dans la composition du métal des cloches et dans celle des miroirs de télescopes ; mais sa plus grande consommation se fait pour les caractères d'imprimerie, qui sont un mélange dune partie d'antimoine et d'environ quatre parties de plomb. On le mêle à l'étaia pour lui donner de la dureté , etc. La médecine fait un usage journalier des préparations an- timoniales, surtout de celle qu'on nomme iaiire érnéd^ue ou tartre stibié , qui est un tarlrite d'antimoine et de potasse ; le kermès m' nf? rai , qui est un oxyde d'antimoine sulfuré rouge , nommé autrefois poudre des Chartreux ; V antimoine diaphoré- tique, qui est un oxyde blanc de ce métal, obtenu par sa dé- tonation avec le nilre \ le hurre d'antimoine pu munate d'an- II. i4 aïo À N T ilmoine suhlirné , qu'on obtient par la distillation d'un mélange de douze parties d'antimoine avec trente-deux parties de su- blimé corrosif. La nature présente le plus ordinairement dans les mines l'antimoine à l'état de sulfure, c'est-à-dire , combiné avec le soufre, et mêlé avec des matières terreuses ou pierreuses. Pour le séparer de celles-ci, on pile grossièrement le mine- rai ; on le met dans un grand pot percé au fond de plusieurs trous; on place ce pot sur un autre qui est destiné à recevoir le métal. Ou chauffe le pot supérieur, et le métal coule dans celui qui est au-dessous. 11 n'est pas pur ; il est combiné avec le soufre dans la proportion d'environ le tiers de son poids; c'est ce qu'on nomme antimoine cm. Pour le réduire à l'état de régule ou de métal pur, on le traite avec des matières qui ont plus d'affinité avec le soufre que n'en a l'antimoine lui-même ; tel que le fer , qui, dans le creuset, s'empare du soufre, se convertit avec lui en sco- ries , à l'aide influx blanc qu'on y ajoute , et laisse un cu- lot d'antimoine à l'état de métal pur, et qui présente une étoile à sa surface. C'est ce qu'on appeloit régule d'antimoine martial, auquel les alchimistes attribuoient des propriétés par- ticulières. Dans l'usage ordinaire et dans les travaux en grand, c'est par le grillage qu'on enlève la plus grande partie du soufre ; et l'on achève d'en débarrasser l'antimoine en le faisant; fondre avec partie égale de flux noir , et un peu d'huile ou de savon , qui ramènent à l'état métallique la portion d'anti- moine qui s'étoit oxydée dans le grillage. Quand on tient l'antimoine fondu sur un feu un peu vif, et avec le contact de l'air , 11 s'enflamme et se volatilise sous la forme d'une fumée blanche et épaisse , qui se condense en flocons de petites aiguilles d'un blanc éclatant, qu'on nomme fleurs argentines d'antimoine. En passant ainsi à l'état d'oxyde , ce métal absorbe environ trente pour cent d'oxvgène. Quand on le fait fondre au chalumeau , il répand un^ odeur de phosphore, et le bouton prend une forme polyèdre, comme le phosphate de plomb. M. Glllet de Laumont fait une fort jolie expérience avec ce métal ; il fond au chalumeau un fragment d'antimoine na- tif, et lorsqu'il est rouge-blanc , il le jette brusquement sur unetable. Le globule se divise en une multitude de molécules enflammées qui roulent de toutes parts en jetant beaucoup 4e lumière, et laissentsur leur passage des traces blanches de leur oxyde. Ou fait la même chose avec l'étain. Comme l'antimoine est singulièrement inflammable , de même que le zinc , c'est avec un mélange de ces deux me-. A N T ,,, taux qu'on produit les étoiles et tout ce qu'il y a de plus bril- lant dans les feux d'artifice. Si l'on projette de lantinioine en poudre dans le gaz mu- riatique oxygéné, il y brûle comme l'arsenic , mais avec en- core plus d'éclat et de rapidité. L'acide nitrique laltaque sans le dissoudre , et le convertit en une poudre blanche , insoluble; mais il se dissout dans Tacide nitro-muriatique. Sa dissolution donne un précipité blanc par l'eau, et jaune orangé par l'hydrogène sulfuré. 11 n'y a point de substance métallique sur laquelle les an- ciens chimistes aient fait autant de recherches et d'expérien- ces que sur l'antimoine; leurs travaux sur cette matière sont immenses. Les alchimistes surtout l'ont tourmenté de toutes les manières. Tous ceux qu'on a regardés comme les plus ha- biles et comme les vcâis adeptes, l'ont unanimement pris pour base de leurs préparations philosophales. Ils le nommoient ioiip ou satume des philosophes j plomb desapience, magnésie de Saturne , bain solaire , etc. L'un de leurs traités les plus curieux , est celui de Basile Valentin , intitulé Cumis iiiumphalis antimonii. 11 est le pre- mier qui parle de l'antimoine pur, sous le nom de régule d'antimoine, et qui ait avancé que ce métal peut fournir des remèdes à toutes sortes de maux. Cet alchimiste écrivoifc dans le douzième siècle. Malgré son autorité et malgré le.* efforts que fit Paracelse , long-temps après , on continua de regarder ce minéral comme un poison ; l'usage même en fut interdit par arrêt du parlement, en date de i566 ; et plu- siem's médecins, au nombre desquels on compte i^esnier et Paumier de Caen, grand chimiste et habile médecin, fu- rent dégradés pour l'avoir employé. Enfin , Ton recommença à préconiser l'excellence de 1 antimoine , et l'arrêt de i566 fut supprimé en i6.5o. La Faculté le fit alors admettre au nombre des remèdes purgatifs; et 1 usage en fut permis au public en requérant l'avis des médecins, etc. Quand on prend la peine de déchiffrer les hiéroglyphes et le langage énigmatique des disciples d Hermès , et quand on compare leurs écrits, on voit que , sûuî; des noms et des em- blèmes plus ou moins différens, ils ont toujours exprimé les mêmes choses , qu'ils ont a peu près suivi les mêmes procé- dés, et surtout employé les mêmes matériaux. Si quelque chose pouvoit donner de la confiance à un art regardé comme chimérique, ce seroit sans doute cette unanimité dans les opinions de ceux qui s'y sont ..ppliqucs, sans se communiquer leurs idées. Autant que j'en puis juger , après les avoir étudiés à un certain point, il me paroît que Isxxn nombreux et obs- A N T curs volumes pourrolent se réduire au simple exposé suivant. Ils commencent par préparer le régule marUal , c'est-à- dire , rantimoine purifié par le fer , auquel ils joignent du cuivre. Us mêlent cet antimoine avec du sublimé corrosif et de l'ar- gent ; ils subliment le mélange, et obtiennent un beurre d'an- timoine lunaire; c'est cette matière qui est proprement leur pierre philosophale. Pour la préparer, ils emploient de pré- férence l'argent natif ou la mine d'argent rouge ; quelques- uns V ajoutent un peu dor natif Ils font sublimer buit à dix fois ce beurre d'antimoine lu- naire , en le reniêlant chaque fois avec \es fèces ou le résidu. Le tout ensuite est mis dans un vaisseau de verre déforme ovale , qu'ils appellent V aiif philosophique , qui doit être une douzaine de fois plus grand qu'il ne faut pour contenir îa matière qu'ils y renferment : ils bouchent ce vase herméti- quement , et Texposenth une chaleur modérée , comme celle d'une lampe ou d'un bain de sable , qui soit seulement capa- ble de tenir la matière dans un état de sublimation et de cir- culation continuelles. Cette opération dure plusieurs mois sans interruption ; pendant ce temps-là , on voit la matière prendre différen- tes couleurs ; enfin la circulation cesse , et tout se fixe sous la fonue d'une poudre rouge. Alors l'opération est finie , les travaux sont à leur terme , et le temps des jouissances com- mence. Quand on veut opérer la transmutation des métaux , on prend la matière rouge, qui est la poudre de projection^ et l'on en jette quelques parcelles sur un métal quelconque en fu- sion , mais principalement sur du mercure bouillant. Aussi- tôt il se fait une combinaison des deux substances ; le mer- cure devient solide et prend une couleur jaune. On le fond ; on a de l'or, et l'on atteint le but philosophique. J'ignore si l'on obtient, en effet, de l'or par ce moyen; je n'ai pas été tenté d'en faire l'essai ; mais ce qui paroît certain, c'est qu'avec des procédés très-lents , des digestions , des cir- culations long-temps continuées, on peut opérer des combi- naisons très-différentes de celles que produisent nos expé- riences instantanées. Ce seroit surtout de la rencontre de la combinaison de différens fluides gazeux, soit entre eux, soit avec d'autres substances disposées dans des appareils conve- nables , qu'on pourroit espérer des découvertes vraiment intéressantes. Etudions et imitons la marche de la nature , si nous voulons arriver à quelque chose qui ressemble à ses j)roductions. Autant l'antimoine est utlje , autant la nature en a été li- A N T 3i3 Lérale ; on en trouve des mines dans presque toutes les con- Irées de TEurope. La France en possède un grand nombre ; les plus abondantes sont dans l'Auvergne , notamment à Massiac ; il en .existe aussi dans le Poitou et en Bretagne. On distingue quatre espèces dans le genre Antimoine ; savoir : V Antimoine nalif ^ V Antimoine sulfuré, V Antimoine oxy- dé et V Antimoine oxydé sulfuré. (PAT. et LUC.) Antimoine arsenical. V. Antimoine natif arsenifère. Antimoine blanc. V. Antimoine oxydé. On a aussi donné ce nom à rAntimoine natif arsenifère. (luc.) Antimoine corné. V. Antimoine oxydé. Antimoine en plumes grises. V. Antimoine sulfuré ca- pillaire. Antimoine en plumes rouges. V. Antimoine oxydé SULFURÉ capillaire. Antimoine gris. V. Antimoine sulfuré. Antimoine iiydro - sulfuré. V. Antimoine oxydé sulfuré. Antimoine jaune. V. Antimoine oxydé épigène. Antimoine muriaté. V. Antimoine oxydé. A.i\TllVIOINE NATIF (Antimoine natif ou vierge , Bo- niare ; Gediegen Spiesglas ou Spiesglanz , Werner ). Pres- que entièrement semblable à l'antimoine fondu , si ce n'est que SCS lames sont ordinairement plus petites ; il en présente d'ailleurs tous les caractères. V. plus haut. Ce minéral est jusqu'ici très-rare. Cent parties d'antimoine natif , du Hartz , contiennent , suivant Ivlaproth: antimoine, g8 ; argent, i; fer, o,25. L'antimoine natif a été observé , pour la première fois, dans la mine d'argent de Sabla , en Suède , par M. Swab ( Arta Holmiensia, 1788). Il étoit en rognons dans la chaux carbo- natée laminaire. M. Schreiber , inspecteur divisionnaire au corps royal des mines , l'a rencontré depuis ( en 1780 ) dans les filons de la montagne de gneiss des Chalanches, dépar- tement de l'Isère , où il a pour gangue le quarz. Il est asso- cié à diverses mines de cobalt et à l'antimoine oxydé ; sou- vent aussi il est mélangé d'arsenic. Ses masses ont alors une structure testaçée , au lieu d'être composées de lames en- trelacées. V. plus bas. On le trouve également en petites masses réniformes, recouvertes d'oxyde blanc du même mé- tal , et engagées dans le spath calcaire , à Cuencamé au Mexique , et dans les veines argentifères d'Andreasberg au Hartz. Selon Bomare , l'antimoine natif s'amalgame facilement avec le mercure ; ce que ne fait point l'antimoine fondu, A quoi tiendroit cette différence ? 2U A N T Antimoine natif arsenifère. (Rëgule d'Antimoine natif arsenical , Sclireibcr ; Antimoine arsenical , Delamétherie ; Antimoine testacé , Brochant. ) Il se distingue du précédent par i odeur d'ail qu'il exhale par la percussion , et surtout par l'action du feu , et qui est due à l'arsenic. Il en renferme de 0,02 à 0,16. S? cassure est ondulée et écailleuse, et ses lames, plus pe- tites que celles de l'antimoine natif pur , sont aussi plus éclataiites L'antiinoine nah( arsenifère a été trouvé aussi par M. Schreî- bcr d.'ns L» mine d'^Hemont, avec l'antimoine natif et l'an- liuioine oxydé. 11 est en masses concrétionnées , testacées. C'est à cette sous-espèce que doit se rapporter Téchan- iillon envoyé par De Jiorn à Romé-de-l'Isle , sous le nom d'antimoine natif analogue à celui de la Suède, et qui ve- noit de Bergstadel en Bohème. Il avoit pour gangue le spath calcaire , comme l'antimoine natif de Sahla. ANTIMOINE OXYDÉ. (Chaux d'antimoine native , Mongez ; JMuriate d'antimoine , De Born ; Antimoine corné , IVciss Spiessglanzerz , \Verner ; Antimoine blanc , Brochant.) Ce minéral , d'un blanc nacré , est fusible à la simple flamme d une bougie , et évaporable en fumée par le feu du chalumeau : il décrépite sur les cliarbons ardens. Il est ten- dre , irès-f.^.cile à entamer avec le couteau, et lamelleux dans Mm seul sens. Il est en lames rectangulaires, ou en aiguilles radiées, ou compHcle, de couleur blanche , ou légèrement jaunâtre. L'antimoine oxydé cristallisé se trouve à Pzibram, en Bo- hème , où ses lames rectangulaires, isolées ou groupées, gar- nissent des cavités dans le plomb sulfuré lannillaire. Il se rencontre sous la forme d'aiguilles radiées , ou sous celle d'une croate lamelleuse ou compacte , sur l'antimoine na- tif, dans la mine dAllemont ; on en trouve également avec l'antimoine sulfuré , en Hongrie , en Transylvanie et en Si- bérie. V. Antimoine OXYDÉ ÉPiGÈNE. Il est très-probable que cette substance doit son origine , soit à l'antimoine natif, soit a l'antimoine sulfuré ; mais, comme elle a des caractères propres , elle n'en constitue pas moins une espèce à part. Seulement M. Haiiy range à la suite de l'antimoine sulfuré , sous le nom d'antimoine oxydé èpigène, c'esl-k-à'ire ^ produif après coup , celui qui doit évi- demment son existence à un mode particulier d'altération de la dernière de ces mines d'antimoine. L'antimoine oxydé de Pzibram est de l'oxyde pur suivant A N T ,,S Klaprotïi. Celui d'Allemont est mélangé d'un peu de ferei de silice. Antimoine oxydé éPigène , jaunâtre. (Variété de l'Anti- moine blanc , Antimoine jaune et Ocre d'Antimoine , Bro- chant ; Spiessglanzocher , Werner. ) Ses caractères sont les mêmes que ceux de l'antimoine oxydé ordinaire ( V. plus haut ) ; seulement il renferme quel- quefois un peu de soufre. Il est ordinairement terreux; mais onlerencontre aussisous la forme d'aiguilles radiées, et sous celle de masses compac- tes à tissu laminaire ou fibreux. On le trouve à la surface ou dans le voisinage db l'anti- moine sulfuré, en France , en Hongrie, en Transylvanie , en Espagne et dans les mines de la Sibérie , voisines du fleuve Amour. Ce dernier est aurifère , et sa gangue est quarzeuse. Hoppensak ditque les filons d'antimoine d'Ëstramadure et de Castille contiennent aussi de l'or; fait qui avoit déjà été ob- servé en Hongrie, en Transylvanie et en Dauphiné. Feu Guytqn-Morveau a publié en 1802, dans le quatrième volume an Journal de l'Ecole polytechnique^ pag. 3o8 et suiv. jun- IMémoire intéressant sur l'antimoine oxydé épigène de Cer- vantes en Galice. Il a leconnu qu'il provonoil d'un mode d'altération particulier du sulfure d'antimoine , dont ce même oxyde a conservé le tissu, et dont il renferme encore de pe- tites masses brillantes qui n'ont point éprouvé de change- ment. Ce savant a fait voir en outre que cette altération étoit analogue à celle du fer sulfuré de Bérésof. Il pense que ce phénomène , qu'il a vainement essayé de reproduire par les agens chimiques ordinaires, pourroit bien être dû à l'élec- tricité galvanique. V. son Mémoire. ANTIMOINE OXYDÉ SULFURÉ, Hauy. ( Mine d'antimoine rouge granuleuse, Kermès minéral natif. Anti- moine en plumes rouges, et Soufre doré natif, strié, Romé- de-l'Isle; Oxyde d'antimoine sulfuré rouge. De Born; An- timoine hydro-sulphuré , Delamétheric ; Antimoine rouge ^ Brochant; Roih Spiessglanzerz ^ Werner. ) Ce minéral est d'un rouge-sombre , tirant sur le mordoré. Mis dans l'acide nitrique, il se couvre d'un enduit blanchâtre,. Il est évaporable en fumée par l'action du chalumeau. D'après une analyse de M. Klaproth, 100 parties contien- nent: antimoine, 67,5; oxygène, 10,8; soufre, 19,7. Il avoitété- regardé d'abord comme une combinaison d'acide arsenique et d'oxyde d'antimoine, unis au soufre ; puis- ensuite, comme un composé d'oxyde d'antimoine, de soufre et d'hydrogène ;: i'analyse de M. Klaproth a fait connoître sa véritable nature. Suivant De Born, cette espèce est produite par l'altcralion 2i6 A N T qu'éprouve , dans le sein de la terre, l'antimoine sulfure' ; ce quiparnît très-probable. L'antimoine oxydé se trouve avec l'antimoine sulfuré ou a sa surface, soit en aiguilles déliées, divergentes., soit en masses granuleuses, d'un rouge-mordoré plus ou moins vif; à Braunsdorff et à Freyberg , en Saxe ; à Malaska , en Hongrie et en Transylvanie, il accompagne aussi l'antimoine oxydé épigène et l'antimoine natif, comme à AUemont, en France. Celui de Pereta, en Toscane, forme une espèce de croûte, revêtue elle-même de très-petits cristaux de soufre, sur l'antimoine sulfuré, en beaux cristaux prismatiques. Antimoiise oxxdé sulfuré épigène. Les caractères de cette sous-espèce sont les mêmes que ceux de l'antimoine oxydé sulfuré {Voyez ci-dessus); elle a aussi re^u les mêmes noms. Elle se trouve constamment avec l'antimoine sulfuré, auquel elle doit sa naissance. On voit sur certains morceaux des ai- guilles dantimoine sulfuré , dont une partie a conservé Téclat métallique naturel à celte mine , tandis que l'autre est changée en antimoine rouge, (luc.) Antimoine rouge. V. Antimoine oxydé sulfuré. Antimoine spéculaire. Voyez Antimoine sulfuré pris- matique. ANTIMOINE SULFURÉ. Antimoine cru, ousimple- ment Antimoine des anciens chimistes. ( Mine d'antimoine crise ou sulfureuse, Komé de 1 Isle ; Gruii spiess ghnizerz^ Werner ; Antimoine gris , Brochant ; Antimoine sulfuré pur , lîrongniart; Proto-sulfure d'antinmine , Thénard. ) Le sulfure natif d'antimoine est éclatant, d'un gris bleuâ- tre, et beaucoup plus fusible que l'antimoine pur. 11 est indécomposable par l'action du feu. Sa pesanteur spéciiique varie de 4-, 1327 à 4-i-^if>5. Il est très-facile à briser. Passé svec frottement sur le papier ou le silex, il les tache en r oir. H acquiert l'électricité résineuse par le frottement, après avoir été isolé. Ses cristaux se divisent, parallèlement à leur axe, avec i:ne grande netteté , et ont pour forme primitive un octaèdre, 1 igèrement rhomboïdal, à triangles scalènes, dans lequel l'angle foniié par deux des arêtes de la base est de 87° Sa. (Haiiy.) Les variétés de formes déterminables sont très- rares. M. Haiiy en décrit les suivantes : 1. Antimoine s,uUiirc giiadrîoctonal ; prisme à quatre pans, sommets à quatre faces. 2. Antimoine sulfuré sexoctunal ; la variété précédente , dont le prisme est augmenté de deux- faces. A N T .,7 Les deux premii^res variétés existetit dans les mines de Hongrie et dans celles de l'Auvergne; la troisième se trouve à Stollherg-Roslar , en Thuringe. 3. Anfimoine sulfuré octoduodécimal ; prisme à dis pans, sommets à quatre faces. On compte, parmi les variétés indéterminables de cette substance , dont la plupart des collections abondent : L'Antimoine sulfuré prismatique^ à sommets fracturés . présentant une surface miroitante , qui a été nommé Antimoine spéculaire : les variétés cylindrdidc et aciculaire , en rayons di- rergens, ou en aiguilles plus ou moins déliées, ainsi que les masses laminaires, appartiennent :\viStrahliges et au Blattriges grau spiessglanzerz de Werner ; Antimoine gris rayonné , et Antimoine gris lam:illeux, Brochant. L'une des plus recherchées est l'Antimoine sulfuré capil- laire ( Antimoine en plumes grises , Federerz, Wern. ). Elle est ordinairement d'un gris-bleuâtre terne, et quelquefois d'un bleu d'acier trempé; plus rarement /m^'c. L'antimoine sul- furé aciculaireprésente quelquefois cet accident. Cette variété se trouve parliculièrcnicnl en Hongrie et en Transylvanie. L'antimoine sulfuré laminaire , ou en masses composées de lames miroitantes et disposées en rayons , est la plus com- mune des variétés de cette espèce. Enfin, l'on a T Antimoine sulfuré compacte , en masses d'un gris de plomb , dont la cassure est granulaire , à grains très- fins , et submélalloïde ou terne. Cette variété est une des plus rares. On l'a trouvée à Braunsdorff en Saxe , à Goldronack dans le pays de Bareith, à Malaska en Hongrie, et aussi , dit-on, en Auvergne : elle est souvent accompagnée de quarz et de fer spathique. L'Antimoine sulfuré , la plus commune des mines de ce genre , est aussi la seule exploitée pour en retirer ce métal. 11 appartient principalement aux terrains de première for- mation ; mais on le rencontre aussi quelquefois dans ceux qui leur sont postérieurs , notamment au Hartz et en Tran- sylvanie. Il est en veines dans le gneiss , à Massiac et à Langle , dans la ci-devant Auvergne , et dans le schiste ar- gileux , en Haute-Hongrie. Il est tantôt seul dans les veines, et tantôt avec différentes substances. Le quarz et la baryte sulfatée sont ses gangues les plus ordinaires : la chaux car- banalée ferro-ma«ganésifère, le fer sulfuré, le zinc sulfuré, la chaux lluatée , l'accompagnent encore. Il est associé au Tellure graphique et au cuivre gris , dans la mine d'or de INagyag. Les autres espèces de ce genre existent dans son voisinage, et même à sa surface. Ce minéral se trouve abon- damment à Braunsdorff eu. Saxe, à Krcmnitz et à Schemnitz 2i8 A N T en Hongrie , à StoUberg au Hartz , en Souabe , en Tran- sylvanie , etc. La Sibérie , la Saxe , l'Angleterre , l'Espagne , et en France les départemens du Gard, de la Haute-Loire , de la Haute-Vienne , de la Corse , etc. , en renferment également. On en trouve aussi en Suède , en Toscane , en Sardaigne , en Sicile , au Mexique , etc. (luc. et pat.) Antimoine sulfuré argentifère. ( Mine d'antimoine rise tenant argent , dite Mine d'argent grise antimoniale , ". D.; Srhivarz spiessglanzerz , Werner. ) L'Antimoine sulfuré argentifère se trouve à Freyberg , dans la mine d'Himmelsfurt , en cristaux fort éclatans, rismatiques, hexaèdres , terminés par des sommets dièdres. Is sont entremêlés de mine de fer spathique en petits cris- taux lenticulaires, et de petits cristaux de roche , sur une gan- gue quarzeuse , avec blende, galène et gneiss. (^Romé-de- risle ). Il en vient aussi du Mexique de très-beaux groupes- {Hauy^ t. 4-, pag. ayS. ) Il se rencontre également à Him- melsfurt, en petites masses compactes, avec le cuivre gris et le fer spathique ( Haiiy^ 1812 ), Antimoine sulfuré aurifère. On trouve à Malaska , dans la Basse - Hongrie , une mine d'antimoine grise solide, à petites écailles luisantes , qui contient de l'or disséminé {Romê-de-l'Isle, t. 3 , p. 55 ). Antimoine sulfuré cuprifère. ( Mine de cuivre grise an- timoniale, Sage, Analyse chim., t. 3, p. 120. ) Ce minéral, qui a les plus grands rapports avec certaines variétés de cuivre gris, est en masses informes, très-fragiles, à cassure conchoïde, lisse et éclatante. Sa couleur est le gris tirant au noir de fer, et quelquefois au rougeâtre. Il est extrêmement fusible , en répandant des vapeurs blanches, mais ne se réduit pas sans addition. L'acide nitrique le dis- sout en partie, avec une vive effervescence, et en laissant un résidu blanchâtre très-abondant. Un échantillon de cette substance , venant des Pyrénées, contenoit : Antimoine, 70; cuivre, 20; soufre, 9; arsenic, i. Suivant M. de la Chabeaussière , cité par Mongez , Sciagra- phie , t. 2, pag. i4.5, celui de Baigorry ne renferme que 14. pour 100 de cuivre. L'Antimoine sulfuré cuprifère estsouvent recouvert de cui- vre carbonate vert-blanchâtre, pulvérulent. On le trouve avec différentes mines de cuivre , et notamn>ent avec le cuivre carbonate vert terreux, le cuivre carbonate bleu, et la baryte sulfatée laminaire , dans les Pyrénées ; au comté de Sayn , dans la principauté de Nassau-Usingen , et à Baigorry, en France. (Sage, ouvrage cité.) Il en vient également de Si- bérie (Haiiy, 1812). (luc.) A. 4 . t£li!£^ / /////>r(' . -/. . J/ci/on t/f (/(/<■ ■ .') .//ri/ on />(''Ar,rt//(/u<' ■ ///ii)//f/i()fin' t'//fr/w . J/t///>/ii//<' )///<' iT//tliu/l//l' //•('//ni>/(' t/'.r tn'(/ictif\ /,,/, A N T ,,3 Antimoine SULFURÉ NicKELiFÈftE. Sous-espèce d'aniimoine sulfuré récemment découverte. Nous allons indiquer ses ca- ractères, d'après M. Yauquelin (Ann. du Mus., t. 19, p. Sa), Ce minéral est composé en partie de larges lames paral- lèles, d'un blanc éclatant, à peu près semblable à celui de l'antimoine , et en partie d'une matière compacte, légère- ment luisante, dont la couleur tire sur le gris de plomb ; il est recouvert d'une légère couche jaunâtre , qui a l'apparence de l'oxyde de fer. Sa pesanteur spécifique est de 5,65. Sa dureté est plus grande que celle du sulfure d'antimoine ordinaire. Exposé au feu du chalumeau , il se fond et répand des va- peurs blanches qui ont Todeur de l'arsenic , et dont une por- tion fixée sur le charbon lui donne une couleur jaune. A mesure qu'il exhale ainsi des vapeurs, sa fusibilité diminue ; il arrive même un moment où la chaleur produite par le cha- lumeau est insuffisante pour le tenir en fusion : il reste un petit boulon blanc et fragile; ce qui prouve qu'il entre au moins deux métaux dans la composition de cette mine. Il est soluble en partie dans l'acide nitrique auquel il communique une couleur verte , en laissant déposer une poudre blanche. L'acide muriatique le dissout presque en entier. Il renferme : i." de l'antimoine, 2." du nickel, 3.° de l'arsenic , 4-° du fer, 5.° du plomb, et 6." du soufre. M. UUman est le premier qui en ait fait l'analyse ; et son résultat a été confirmé depuis par M. Klaproth , qui a retiré , du minéral dont il s'agit, environ 4- huitièmes d'anti- moijie , 2 huitièmes de nickel , i huitième de fer et i huitième de soufre. L'antimoine sulfuré nickelifère a été trouvé dans une mine récemment ouverte près de Treusbourg, dans le comté de Sayn-Altenkirchen , pays de Nassau , d'où il a été envoyé à M. Haiiy, par M. Hoël de Minden. Sa gangue est un fer spa- thique, dans lequel sont engagées des masses de plomb sulfuré et de cuivre pyriteux , sans aucun indice de cobalt ; ce qui est remarquable , le nickel se trouvant presque toujours dans le voisinage de ce dernier métal. ( Vauquelin^ Mémoire cité, pag. 5i. ) (LUC.) ANTINOMPAREILLE. C'est un Maillot, (b.) ANTIPATE , ylnttpaies. Genre de vers de la famille des Polypiers coralligènes , dont le caractère est d'avoir une tige simple ou rameuse , épatée et fixée à sa base , d'une substance cornée et noirâtre , ordinairement hérissée de petites épines , et recouverte d'une croûte gélatineuse , po- 320 A N T lypifère, qui disparoh parle dessèchement, V. pi. A. 4-» où il est figuré. Ce genre diffère fort peu des Gorgones , avec lesquelles il a été long-temps confondu. Les espèces qu'il contient, crois- sent dans la mer, s'attachent aux rochers par leur base , et sont branchues. Leur croûte est plus épaisse sur le bout des rameaux que sur les branches ou sur les tiges , et sert de lo- gement aux polypes qui ont formé le tout. Cette croûte étant susceptible de putréfaction, ne peut se conserver comme celle des gorgones; mais on voit souvent ses restes sur quel- ques parties de leur surface, et ils suffisent pour rétablir l'analogie des espèces consei'vées dans les cabinets avec celles qui forment ce genre. Les antipates^ ou mieux leur partie intérieure , sont assez communes dans les collections , qu'elles ornent par l'élé- gance de leurs ramifications. La plupart viennent de la Mé- diterranée ou de la mer des Indes. Il paroît qu'elles se trouvent de préférence dans les eaux tranquilles. V. aux mots Gorgone et Polypier, (b.) ANTIRRHit:A. V. Malani. (b.) ANTHIRRHINUM. V. Muflier, (b.) ANTITRAGDE, Antilragm. Nom donne par Gaertner à un genre établi par lui aux dépens des Crypsides , mais qui ne paroît pas devoir être adopté, (b.) ANTLIATES, AiitUatu. Ordre d'insectes de Fabri- cius , qui répond à celui des diptères de Linnœus , et renfer- mant en outre notre ordre des parasites et notre seconde tribu des arachnides holètrcs , ou les acaridcs. (l.) AN TOFLES DE GIROFLE. C'est le nom que l'on donne, dans le commerce des épiceries , aux girofles qui sont restés sur les arbres après la récolte. Ces fruits oubliés con- tinuent à grossir, devienncntpresque aussi gi'os que le pouce, et exhalent une odeur suave. Les Hollandais les appellent mères de girofle, (s.) ANTOLANG. On croit que c'est une Carman'HISE. (b.) ANTRE ou BOTYNOC. V. Aurore boréale, (s.) ANTRIA.DES, ^^n^nW^^. Vingt-sixième famille de l'or- dre dos oiseaux sylvains. Caractères : pieds médiocres , un peu robustes ; tarses annulés ; les doigts extérieurs réunis jusqu'au milieu; pouce robuste, épais ; bec fort , médiocre , un peu voûté , crochu à la pointe ; douze rectrices. Cette fa- mille ne renferme que le genre Rupicole. V. ce mot. (v.) ANTRIBE. V. Anthribe. (l.) ANTRON. Sorte de fruit qui ne diffère pas du MÉLO- N1DIE et du POMMONE. (B.) ANÏROPOLIÏHES. V. Anturopolitues. (desm.) A NT ANTROPOMORPHITE. V. Aîs-thropomorphite. (d.) ANTSJAC. Arbre de Java, fort peu distinct du Figuier DES Pagodes, (b.) ANTURE , yinlura. Genre de plantes , qui est le même que celui des Calacs. (b.) ANUS ( Entomologie ). Nom donné à l'ouverture placée à la partie postérieure du corps des insectes , et destinée à la sortie des excrémens, des parties de la génération, des œufs, de Taiguillon , etc. Dans presque tous les insectes , il n'y a qu'une seule ou- verture pour les excrémens et les parties de la génération. Lorsque le mâle s'accouple avec la femelle , il introduit dans Vanus de celle-ci , la partie qui constitue son sexe ; mais à peu de distance de l'ouverture , il y a intérieurement deux espèces de canaux, dont l'un aboutit aux intestins , et l'autre aux ovaires. Quelques animaux cependant , tels que les cra- bes, les araignées el les libellules, ont leurs parties génitales à d'autres endroits du corps. Il y a des araignées dont Vanus , placé à la partie infé- rieure du ventre , forme une saillie de plus d'une ligne , figu- rée en cône tronqué. On entend quelquefois par le nom à' anus ^ les parties qui lui sont voisines , comme, par exemple , tout ce qui est à l'extrémité du ventre, (o.) ANYALI. Fruit du Phyllante emblic. (b.) ANVFRUS. C'est, à la Guadeloupe , le Maranïa ARUNDINACÉ. AN VOIS , ANVOYE. Synonlmc d'ANGUis-ORVET. (b.) ANYGHIE , Anychia. Genre de plante établi par Mi- chaux, Flore de l'Amérique septentrionale, pour placer la QuÉRiE DU Canada de Linnœus , qui a cinq étamlnes et un seul pistil , et deux autres plantes peu remarquables. Ses caractères sont : un calice à cinq découpures creusées en voûte et conniventes à leur sommet ; point de corolle ; deux stigmates ; une capsule utrlculalrc monosperme , qui ne s'ouvre pas. (b.) AOCACOUA, Il paroît que c'est un Psychotre. (b.) AODON , Aodon. Genre établi par Lacépède, pour placer trois espèces de poissons de l'ordre des Cartilagineux , qui ont cinq ouvertures branchiales de chaque côté du corps , et des mâchoires sans dents. Ces poissons avolent été réunis aux Squales ( V. ce mot ) ; mais le défaut total de dents mis en opposition avec les dents très-grandes, très-fortes et très-nombreuses, qui se remar- quent dans les sfjuales^ nécessite leur séparation. 22a A O T L'AoDON MASSADA a les nageoires pectorales très-longnes. L'AoDON KUMALalesnageolrcs pectorales comtes, et quatre barbillons auprès de l'ouverture de la bouche. Ils se trouvent tous deux dansla jVIer-Rouge, où ils ont été observés par Forskael. L'AoDON CORNU a un long appendice au-dessus de chaque œil. On ne connoît que la tête de cette espèce. Elle a été décrite par Brunich, •On ne sait rien sur les mœurs de ces poissons, (b.) AORTE, du mot grec «oprij, qui signifie vaisseau, sac, etc., artère qui s'élève directement du ventricule gauche du cœur, et de là se partage pour distribuer le sang dans toutes les parties du corps. On l'appelle aussi la grande artère , et on la divise ordinairement en aorte ascendante et aorte descendante, (s.) AOTE , Aotus. Genre de singe établi par M. de Humboldt et adopté par Ullger, qui renferme une seule espèce , sous le nomdeDoUROUCOULI on Aote à trois raies {A.trioirgatiis.)^ pi. 28. Ce singe a la tête ronde et fort large ; ses dents n'ont point été observées ; son museau est peu prolongé ; sa face est nue ; il n'a point d'abajoues ni d'oreilles externes ; ses yeux sont grands et presque contigus; sa queue est longue et touffue -, ses mamelles, au nombre de deux, sont placées sur la poitrine ; on compte cinq doigts à tous ses pieds ; les pouces postérieurs sont très-écarlés des autres doigts ; ses fesses sont poilues et sans callosités. Le douroucouli a le pelage gris mêlé de blanc ; une ligne brune se prolonge au milieu du dos depuis la têle jusqu'à la queue. La poitrine , le ventre et Tinlérieur des jambes sont d'un jaune orangé qui tire sur le brun. Le front est marqué de trois raies noirâtres longitudinales, dont une aboutit à la ra- cine du nez, et les deux autres à l'angle extérieur des yeux. Ces raies lui ont fait donner , par les missionnaires de l'Oré- noque , le nom de cara rayada ( face rayée ). Les yeux ont l'iris d'un beau jaune; le nez est noir; la paume de la main et la plante du pied sont d'un beaublanc. La queue est touffue, de moitié plus longue que le corps , grise comme le dos , à l'exception de la pointe qui est noirâtre. Le corps, mesuré de- puis Icxtrémité du museau jusqu'à la base de la queue , n'a guère plus de neuf pouces de longueur. La queue a quatorze pouces passés : la hauteur de l'animal atteint à peine quatre pouces. Ce petit animal habite les forêts épaisses qui couvrent les rives duCassiquiare et du haut Orénoque , près des Maypures et de VEsmeralda. Il se tient sur les arbres dans les forêts, et passe le jour à dormir ; la lumière l'incommode beaucoup , et ce A P A „3 n'est que dans l'obscurité qu'il cherche sa nourriture. Il chasse de petits oiseaux, mais surtout des insectes. Il mange aussi des végétaux, et surtout est très-friand de bananes , de cannes à sucre, de fruits de palmiers, etc. Il attrape les mouches avec une grande adresse. Il mange peu, et passe quelquefois vingt à trente jours sans boire. Il est monogame , et chaque paire vit isolée. Il se niche dans les creux des arbres, où les Indiens vont le prendre pendant le jour, lorsqu'il ne peut voir. Ces Indiens se servent de sa peau , dont le pelage est fort doux , pour faire de petits sacs à tabac. Le douroucouli paroît difficile à apprivoiser; il est peu joueur. Le cri très-fort qu'il fait entendre pendant la nuit (muh, muh) ressemble à celui du jaguar. Lorsqu'il est irrité, il se gonfle comme un chat, et fait entendre un son guttural (quer, quer) très-désagréable, (desm.) AOÏE, Aoliis. Genre de plantes établi par Smith dans ses Décades des paplllonacées, et confirmé par Labillardière dans ses plantes de la Nouvelle-Hollande. 11 est de la décan- drie monogynle et de la famille des légumineuses. Ses carac- tères consistent en un calice à cinq divisions; en une corolle papilionacée , dont les ailes sont plus courtes que l'étendard ; en un ovaire supérieur surmonté d'un style filiforme à stigmate obtus; en un légume uniloculaire et disperme. Les espèces de ce genre sont des arbrisseaux à feuilles sim- ples, (b.) AOUACA. C'est le fruit du Laurier-Avocàt. (b.) AOUARA. V. au mot Avoiïia. (b.) AOUARE. Les naturels de la Guyane donnent ce nom au Sarigue, (s.) AOUCO des Provençaux. C'est le nom de l'OiE. (s.) AOUQUE. L'OiE s'appelle ainsi dans le département du Var. (B.) AOURAOUCHI. Espèce d'huile concrète qu'on lire du fruit de I'Iciquier-sebifère. (b.) AOURNIER. Variété du Cornouiller, (b.) AOUROU. Nomque les sauvages de la Guyane donnçnt au COURICACA. (s.) AOUROU-COURAOU. F. Perroquets amazones. AOUSSEL-BERT. C'est le nom qu'on donne au Mar- ÏIN-Pècheur d'Europe au pied des Pyrénées orientales, (s.) AOUTIMOUTA. Espèce de Bauhinies. (b.) APACARO. Arbre fort voisin du Canang. (b.) APACHYCOALT. Couleuvre pétalaire. (b.) APACTE , Apactis. Arbre du Japon qui a les feuilles al- ternes, ovales , pétiolées et dentelées à leur somcnet^ et les 324 A P A fleurs disposées en grappes terminales. Il forme un genre par- ticulier, dont les caractères sont d'avoir : quatre pétales cré- nelés ; point de calice ; douze ou quinze ètamines ; un ovaire supérieur terminé par un style à stigmate trifide ; un drupe oval et monosperme. Ce genre a été appelé Sxixis par Loureiro. (b.) APAHU. Liseron de Ceylan. (b.) APALACHINE. C'est 17/^xca55/rtede Linnoeus. F. au mot Houx, (b.) APALANCHE, Prims. Genre de plantes de Ihexandrie nionogynie , et de la famille des rhamnoïdes , qui offre pour caractères : un calice très-petit et à six divisions ; une corolle monopélale, plane, à six divisions; six ètamines à filamens subulés et à anthères oblongues ; un ovaire supérieur, sur- monté d'un style court à stigmate simple; une baie arrondie, contenant six osselets monospermes, dont quelques-uns avortent souvent. Ce genre renferme sept à huit arbrisseaux à feuilles alternes et à fleurs portées sur des pédoncules axillaires, dont les deux plus importans à connoitre , sont : . L'Apalanche verticillé, qui a les feuilles ovales, lan- céolées, aiguës, doublement dentelées, et velues sur leurs nervures. 11 croît dans rAmérique septentrionale. C'est un arbrisseau de six à huit pieds de haut, dont les feuilles tom- bent pendant Ihiver, dont les fruits sont rougeàtres et dispo- sés en verlicilles denses. Son écorce, qui est asliiugenle et amère, se substitue souvent avec avantage au quinquina dansles Etats-Unis. Cel arbrisseauest cultivé dans les jardins d'agré- ment, etyest multiplié de semenceset de marcottes. C'est par erreur qu'on l'appelle ajialarliine , ce nom appartenant au houx rassine^ puisque c'est lui qui le porte dans le pays. V. au mot Houx. L'Apalanche glabre a les feuilles lancéolées , obtuses , glabres et dentées à leur extrémité. C'est un arbrisseau de même grandeur que le précédent, mais qui conserve ses feuilles pendant tout l'hiver. J'en ai observe d'inmienses quantités en Caroline, dans les lieux humides des grands bois. Il est beau- coup plus élégant que le précédent , et mérite, sous tous les rapports, d'être cultivé de préférence dans les jardins d'agré- ment. Ses fleurs sont petites , blanches , légèrement odo- rantes, et ses fruits sont noirs. On le multiplie plus difficile- ment que le précédent, (b.) APALAT. V. Opalat. (b.) APALATOU, Cnidia. Arbre de la Guyane, à feuilles al- ternes, ailées ou composées de quatorze folioles de grandeur inégale, et à fleurs en épis, sortant de l'aisselle des fiuilles A P A ,,5 supérieures. Chaque fleur est composée d'un calice mono- phylle , quadridenté , muni à sa base de deux bractées ; de dix étamines insérées sur le calice; d'un ovaire supérieur, ovale pédicule , se terminant en un style courbé. Il n'y a pas de co- rolle. Le fruit est une gousse arrondie, comprimée, bordée d'un large feuillet membraneux et ondulé , qui ne renferme qu'une seule semence. Ainsi cet arbre forme un genre dans la décandrie monogynie et dans la famille des légumineuses, (b.) APALE , Apalus. Genre d'insectes de l'ordre des coléop- tères, section des hétéromères, famille desiracbélides, ou de ceux dont la tête est en forme de cœur et séparée du corselet par un étranglement. Il a été établi par Fabricius sur une espèce fort rare de la Suède, le méloë bimaculé de Linnseus, rangé avec les pyrochres ou cardinales par Degeer. Oli- vier a réuni aux apales les zonites de Fabricius. Ayant reçu du Piémont un insecte très-analogue à l'espèce men- tionnée ci-dessus, envoyée sous le même nom, et qui a les caractères de mes sitarls , j'avois supprimé ce dernier genre, dans ridée qu'il n'étoit pas essentiellement distinct de celui des apales. Mais, d'après la description que Degeer donne de l'apale bimaculé , la forme surtout de son corselet , je soupçonne que cet insecte est plus voisin des pyrochres , et qu'il en diffère génériquement par ses antennes simples et les articles entiers des tarses; je présume, par analogie, que les crochets de ses tarses ne sont point divisés , caractère qui éloigneroit les apales des sitaris et des méloës de Linnaeus. Suivant Fabricius, les apales ont les palpes filiformes , égaux; les mâchoires cornées, unidentées ; et la languette membraneuse , tronquée et entière. L'Apale bimaculé , Apalus Mmaculatus. Deg. Mém. insect. , tom. 5, pi. 1., fis- i8 : est noir, avec les étuis d'un jaune fauve , et ayant chacun , vers leur extrémité , un point noir. On trouve cet insecte dans les lieux sablonneux de la Suède , dès les premiers jours du printemps. Uapale quadrimaculé de Fabricius est une espèce de Tétraonix. V. ce mot. (l.) APALIKE. Nom vulgaire d'un poisson du genre Clupé , Clupea cyprindides, qui se trouve dans la mer entre les tropi- ques , et qui remonte les rivières. Il devient fort gros , mais sa chair n'est point agréable au goût. V. Clupé. (b.) APALY TRES ou MOLLIPENNES. Famille d'insectes de l'ordre des coléoptères, section des pentamères, établie par Duméril dans sa Zoologie analytique , et qui a pour ca- ractères : élytres molles , corselet plat , antennes filiformes et variables. Il se compose des genres : Drile, Lyque , Oma- LiSE, Melyre, Lampyre, Téléphore et Cyphon. Voyez ces articles, et notre famille des coléoptères serricornes. (l.) 226 A P E APAMA. r. Alpam. (h.) APAMEA. C'est TAmphisbène. (b.) APAN. Coquille du Sénégal, du genre des PiNNES. C'est le pinna rudis de Linnseus. (b.) APANXALOA. Plante du Mexique , qui appartient au genre des Salicaires , et qu'on emploie comme vulnéraire dans son pays natal. (b.) APAK ou APARA. Nom que porte au Brésil le Tatou A TROIS BANDES , Dasypus tricinctus , Linn. (desm.) APARÉA ou APÉKEA. Petit quadrupède rongeur de l'Amérique méridionale, qui paroîtêtre le CoBAYE CocHOist- d'Inde à l'état sauvage, (desm.) APARGIE , Apargia. Nom donné par Willdenow aux plantes du genre Liondent , de Linnœus , dont les aigrettes sont sessiles. V. aux mots Liondent et Pissenlit, (b.) APARINE. Plante du genre Gaillet. (b.) APATE , Jpate. Fabricius , en adoptant le genre Bos-^ TRICHE, Bostrichus , de Geoffroy, lui a donné le nom dapaiey et a transmis le précédent aux insectes que celui-ci appeloit ScoLiTES , Scolilus. V. ces mots. (o. et L.) APATE. Ancien nom de la Laitue vivace (b.) APATHIQUE. Nom donné par Lamarck à la première division des animaux invertébrés. Ces animaux n'ont point de forme symétrique , de sens apparens , de moelle longitu- dinale , de cerveau , de véritable squelette. Les classes qui composent cette division sont les Infusoi- res, les Polypes, les Radiaires, les Vers. V. ces mo^. (b.) APATITE. M. Werner donne ce nom aux cristaux pris- matiques de chaux phosphatée des veines d'étain , qui n'ont point de pyramides au prisme , et à la variété terreuse de la même substance. Il est emprunté du grec, et signifie qui trompe, parce qu'on avoit cru d'abord que ces cristaux, dont la couleur est tantôt verdâtre et tantôt violette, appartenoient à l'émeraude ou au quarz. F. Améthyste basaltine et Chaux phosphatée, (luc.) L'Apatite des Pyrénées. On a quelquefois nommé ainsi Varragonite , en prismes hexaèdres déprimés , qui se trouve dans le voisinage de ces montagnes , soit en Erance , soit en Espagne. V. Arragonite. (luc.) APATTA. L'un des noms de l'OiE de Guinée parmi les nègres de l'Afrique, (s.) APATURE , Apatura. V. Nymphale. (l.) APAU ou TATU APARA. Au Brésil , c'est le Tatou À TROIS BANDES , Dasypus tricinchis , Linn. (desm.) APEIBA, Auhlelia. Genre de plantes de la polyandrie monogynie , et de la famille des Tiliacées, dont les carac- A 1 îli 22 7 lères consistent : en un calice divisé profondément en cinq par- ties ; en cinq pétales arrondis, frangés à leur extrémité , on- guiculés à leur base et moins grands que le calice ; en un grand nombre d'étamines dont les anthères sont adnées à des filamens courts et foliacés; en un ovaire supérieur, arrondi, comprimé , velu , ayant à son extrémité un stigmate évasé et concave ; en une capsule orbiculaire , coriace, hérissée de pointes molles , multlloculaire , qui contient quantité de pe- tites semences attachées à un placenta charnu. Ce genre , qui diffère fort peu de celui des Quapaliers, a d'abord été appelé Marcgrave ; mais Willdenow vient de changer ce nom en celui d'AuBLET. Il renferme cinq es- pèces , toutes formant des arbres indigènes à TAmérique méridionale. La première , I'Apeiba velu , le tiboin-bou des naturels de la Guyane, où il croît, a ses feuilles alternes, distiques, ovales-oblongues , légèrement en cœur , légèrement den- telées , velues en dessous, et stipulées à leur base; ses fleurs en grappes opposées aux feuilles ; ses fruits de la largeur de la main , et hérissés de pointes semblables à celles des oursins. La seconde, I'Apeiba glabre, le boîs de mèche des Créoles, a ses feuilles ovales-oblongues ,, aiguè's, entières , glabres et stipulées; ses fleurs en grappes terminales ; ses fruits chargés de petites aspérités semblables aux dents d'une lime. Il croît à Cayenne. Les sauvages se servent de son bois pour avoir du feu, c'est-à-dire, qu'ils l'allument en le frottant avec beaucoup de rapidité sur un morceau de bois plus com- pacte. Les trois autres sont moins importantes à connoître ; deux d'entre elles croissent également à Cayenne , et sont appe- lées petoumo par les naturels ; la troisième vient de Baha- ma. (b.) APER. Nom latin du sanglier ou Porc sauvage, (desm.) APER. Nom donné au Baliste caprisque et au Gapros SANGLIER, (b.) APERE , Apera. Genre de plantes de la famille des gra- minées , établi aux dépens des Agrostides , par Palisot Beauvois. Il en diffère principalement parce que les valves calicinales sont presque égales; la balle florale infé- rieure un peu plus longue que Tauti'e , entière et sétigère vers son extrémité. L'Agrostide des champs lui sert de type, (b.) APERE A. Quadrupède rongeur du Brésil et du Paraguay, qui paroît être le Cochon-d'Iisde sauvage. V. l'article Co- baye, (desm.) 2a8 A P H APERIANTHACÉES,y^;pman/^acetE. Famille de plantes établie par Mirbel , pour placer les genres Zamies et Cycas, qui , sous quelques rapports , appartiennent aux Fougères, et sous d'autres , aux Palmiers. Cette famille offre pour caractères généraux : des fleurs dioïques ; point de calice ; point de corolle ; les fleurs mâles disposées en cônes composés d'écaillés en bouclier, couvertes en dessous d'anthères sessiles , globuleuses, uniloculaires, à deux valves. Les fleurs femelles composées d'ovaires surmon- tés chacun d'un stigmate sessile ou porté sur un style, et nichés deux à deux à la base de chaque écaille d'un cône , ou bien solitaires et enfoncés dans les sinus d'un long spadix aplati. Le fruit est un drupe à noyau monosperme, (b.) APHACA. Nom cité dans les auteurs grecs , et qu'on croit être une Orobanche ouune Crépide. Aujourd'hui, c'est une Gesse qui le porte, (b.) APHANIT^E, c'est-à-dire, qui a disparu. M. Haiiy donne ce nom à I'Amphibole compacte , dans un état particulier, qui forme la base du serpentin ou ophite , et celle des va- riulites (^irapp et Curnéenne de Dolomieu ; ophihase de Saus- sure ; ophitine ntvan'oline de Delamétherie ; variétés du man- delstein et du givnstein de Werner ). Sa couleur varie du vert sombre au noir et au brun-rougeâtre. Il en distingue trois espèces : 1. L'Aphariite porphyriijue (serpentin ou ophite , Griln porphyr , AV. ) ; pâte d'un vert sombre , renfermant des cris- taux de feldspath blanchâtre ou verdâtre , et quelquefois des globules de calcédoine. > 2. JJA.variolaire (variolite de la Durance ; variolit., ^^0» nœuds de feldspath compacte , disséminés dans une base de couleur verdâtre. 3. L'A. Gmy^^/a/re( variolite du Drac ; mandelsiein ., W.); terreux , de couleur brune , empâtant des globules de chaux carbonatée laminaire. Cronstedt et Wallerius avoient déjà reconnu que Yophite ou porphyre vert antique avoit pour base l'amphibole compacte , ou, comme ils l'appeloient , le basalte solide ou schorl en masse. V. Roches, (luc.) APHARCA. On croit que c'est I'Alaterke. (b.) APHELANDRE, Aphelandra. Genre établi par R. Brown, pour placer la CARMAiNiTmE A CRÈTE. Ses caractères sont : calice à cinq divisions inégales ; corolle bilabiée ; an- thères uniloculaires ; capsule biloculaire , bivalve , à cloison contraire. Cette plante est figurée pi. iByS du Botanical magazine de Curtis. (B.) A Jr xl 22(1 APHÉLIE, Àphelia. Petite plante de la Nouvelle-Hol- lande, à feuilles radicales filiformes ; à tige nue filiforme; à épi unique et terminal, qui seule, selon R. Brown , constitue un genre dans la monandrie digynie , et dans la famille des restiacées, fort voisin des DesVauxies , et qui doit rentrer dans celui appelé Centrolepis par Labillardière, et Varoquier par Poiret. Les caractères de ce genre sont : écailles distiques, uni- flores ; balle cajicinale univalve; une seule étamine à anthère simple; un ovaire supérieur, à style terminé par un seul stigmate; un utricule s'ouvrant longiludinalement. (b.) APHIDIENS, Aphidii, Lar. Famille d'insectes, de l'ordre des hémiptères , section des homoptères , et qui a pour caractères : tarses à deux articles ; le premier peu dis- tinct, et le suivant terminé par deux crochets, ou vésiculeux ; antennes de sept à huit pièces. Cette famille comprend les genres Thrips , Puceron , Aleyrode , qui sont tous composés d'^insecles très-petits , mous et vivant du suc des végétaux. Plusieurs sont aptères. V. les genres que je viens d'indiquer, (l.) APHIDIVORE ou Mangeur de pucerons. Nom donné à quelques insectes se nourrissant de pucerons, tels que les larves de Coccinelles , d'HÉMÉROBES et de Syrpîies. (o. et L.) APHIE. Nom d'un poissf n du genre Cyprin, (b.) APHIE MARINE. C'est une espèce du genre Gobie.(b.) APHITÉE , Aphyteîa. Plante dépourvue de feuilles et même de tige , qui croît sur les racines de V euphorie de Mau^ ritanie ^ au Cap de Bonne-Espérance. Elle ne consiste , comme la clandestine, qu'en une fleur qui naît de la racine. Cette fleur est coriace , succulente , et de deux ou trois pouces de haut. Elle a un calice monophylle , infundibuli- forme , persistant , et divisé en trois parties ; trois pétales insérés à l'orifice du calice , et plus petits que les divisions de ce dernier ; trois étamines monadclphes dont les anthères sont cordiformes ; un ovaire presque inférieur , chargé d'un style court , à stigmate trigone et canaliculé. Le fruit est une baie uniloculaire qui contient beaucoup de semences nichées dans une pulpe. L'odeur de cette fleur et de son finit n'est pas désagréable. Les Hottentots la mangent crue ou rôtie , et elle est recher- chée par les renards , les civettes et les mangoustes. Uaphilêe a été appelée Hydnore par Thunberg. (b.) APHODIE,^/>AoJ/'j«, Illig., Fab. {jdaiycéphales ^^vons,.) 23o A P H Genre d'insectes, de l'ordre des coléoptères, section despen- tamères, famille des lamellicornes, tribu des scarabéides , et très-voisin de celui des bousiers^ dont il faisoit d'abord partie, mais en étant distingué par les caractères suivans : tous les pieds séparés entre eux, à leur naissance, par des intervalles égaux ; palpes labiaux presque ras ou peu velus , composés d articles cylindriques et presque semblables ; un écusson distinct. • Des antennes composées de neuf articles, un labre mem- braneux et caché sous un chaperon en demi-cercle , des mandibules molles , des mâchoires terminées par un lobe membraneux et transversal, et les habitudes, rapprochent les aphodies des ateuchus , des bousiers et des onitis ; mais dans ces trois genres , les pieds de la seconde paire sont beaucoup plus éloignés l'un de l'autre , à leur origine, que les autres ; au lieu que tous les pieds des aphodies , ainsi que ceux des autres scarabéides , sont séparés entre eux par des intervalles égaux. Les aphodies ont d'ailleurs un écusson dlslinct, les palpes labiaux presque filiformes , peu velus , composés d'ar- ticles cylindriques, et qui diffèrent peu quant à leurs propor- tions relatives. Leur corps est ovalaire ou ovoïde , arrondi aux deux extré- înités , convexe en dessus , et plat en dessous. La tête est taillée en forme de croissant ou de demi-cercle , et offre dans plusieurs, dans les mâles surtout, une à trois petites élévations ou tubercules. Les antennes sont courtes et com- posées de neuf articles , dont les intermédiaires très- courts, et les trois derniers, en massue arrondie et feuilletée. Le menton est profondément échancré , avec la languette bi- fide, membraneuse et garnie de longs poils, comme celle des bousiers. L'écusson est triangulaire. Les étuis embras- sent ordinairement les côtés de l'abdomen. Les pieds sont robustes , avec les jambes antérieures Iridentées au côté ex- térieur , et les autres incisées, ciliées ou épineuses. Ces insectes vivent , de même que les bousiers , d'excré- mens ou de fiente, et forment un genre nombreux. On trouve communément en France les espèces suivantes : Aphodie fossoyeur , Jphodius fossor, Fab. , Oliv. , col. tom I , n." 3 , pi. 20,fig. 184.. Long de cinq à six lignes. Ovale, allongé , d'un noir luisant , chaperon échancré trois tuber- cules sur la tète , dont celui du milieu ; en forme de petite corne; corselet enfoncé en devant.; étuis striés , quelquefois rouge âtres. x\PHODlE FiMÉïAlRE, ApJwdiusJimetanus^ Fab. , Oliv. , ibid. pi. ,8, A"-- 167. Un peu plus petit , noir , avec les antennes , Igs palpes , A P H 23i les angles antérieurs «lu corselet et les éluis rougeâtres ; la tête a troistubercules. L'exlrémilë antérieure du corselet olTrc , dans le mâle , une fossette. Les étuis ont des stries presque crénelées. Très-commun dans les bouses. L'Aphodie puant (^J.fœtens) n'en diffère que par la couleur roussâtre de son abdomen. Aphodie terrestre , Aphodhis terresln's^ Fab. , Oliv. , iln'd. , pi. iljf^fig. 209. Noir , luisant ; corselet lisse ; tète munie de trois tubercules égaux; étuis striés; deux ou trois fois plus 2>etit que X \.. fossoyeur. Aphodie sale , Aphodhis conspvrcatus^ Fab. , Oliv. , ihid. , pi. il^^fig. 210 ; pi. 25 .,fig. 214.. Noir ; tête avec trois tuber- cules; bords du corselet pâles ; étuis striés, gris, avçc des points noirs , oblongs. Aphodie luride , Jplwdius luridus^ Fab. , Oliv. , ihid. , pi. iS,Jig. 168, et 36, /(Ç^. 168 b. Moins grand que les pre- miers , sans tubercules sur la tête ; noir; cbaperon arrondi ; étuis striés , grisâtres , avec des lignes longitudinales , courtes et noires. *L' Aphodie jayet, Scambceus gogatcs, Oliv., ibid., pi. 2^; fig. 2i3, n"est qu'une variété de cette espèce à élytres noires. V. pour la s)'nonymie de ce genr^i , Schonherr, Synon. inscct. , tom. I , pag. 66. (l.) APHRITE , Aphntis.1 Lat. Genre d'insectes, de l'ordre des diptères , famille des syrpbies , et qui se distingue des autres genres dont elle est composée , par ses antennes plus longues que la tête,etdont le troisième article forme une pa- lette conique , allongée , avec une soie simple à sa base. La partie antérieure ou nasale de cette tête ne se prolonge point en forme de bec , et n'offre pas de proéminence. Les ailes sont couchées sur le corps ; Técusson a deux dents. Ce genre a pour type la mouche abeille (^apijoimis^ de De- geer, Mém. inserl., tom. 6, pi. jijig 18-20. La tête et le cor- selet sont d'un bronzé verdâtre , avec des poils roux ; l'abdo- men est noir , avec des poils dorés ; les jambes et les tarses sont d'un jaune roux. Ce diptère est le midicn apiaire (^mulio apiaiius) de Fabri- cius. Jl faut rapporter au même genre l'espèce qu'il nomme mjitafiilis , et peut-être son M. bidens. V. pour les autres syno- nymes le quatrième volume de mon Gênera cnistaceontmetinsec- turi/m., pag. 32q. (l.) APHRIZITE, Variété delà Tourmaline, Hauy. M. d'An- drada a donné ce nom , qui signifie énime, à une substance minérale de couleur noire et cristallisée , fusible au chalu- meau, avec écume et boursouflement, dans laquelle il n'a- voit pas reconnu la propriété de s'électriser par la chahriir. = 32 4 P H Elle se trouve avec le quarz et le fer oxydulé dans Pile de Langoé , près de Krageroé, en Norvvége. La forme de ces cris- taux est une modification de la variété isogone de M. Haiiy. V. Tourmaline, (luc.) APHRODITE, Aphrodita. Genre de vers marins, dont le caractère est d'avoir : un corps ovale , un peu aplati , sub- articulé , ayant sur les côtés des paquets d'épines ou de soies roides , disposées par rangées et entremêlées de poils luisans ; sur le dos , deux rangées de branchies en écailles membra- neuses , cachées sous un tissu feutré ; .une bouche terminale simple , accompagnée de deux filets simples. Ce genre ne comprend , ici , qu'une partie des animaux dé- crits tomme lui appartenant par Linnaeus ; les autres en ayant été retranchés par Bruguières , pour former le genre Amphinome. V. ce mot. Les aphrodiles ne se trouvent que dans la mer. Elles sont ovipares et vivent de coquillages , au moyen de leur museau rétractileet armé de quatre petites dents. On trouve ordinaire- ment après la tempête , sous les tas de varecs que le flot amoncelle sur la plage la plus grande des espèces, connue des pêcheurs sous le nom de taupe de mer. Elle a cinq à six pouces de long ; son dos brille du plus vif éclat. Les autres espèces , au nombre de sept à huit, sont plus petites et moins remarquables. Parmi elles je ne citerai que Î'Aphrodite armadille que j'ai observée , décrite et dessi- née sur les côtes d'Amérique. Elle a vingt -quatre écailles unies et ponctuées de brun. Ses soies sont très-petites. Elle se cache sous des pierres , et se met en boule comme les clo- portes. V. pi. A. 4- où elle est représentée grossie du double. L'Aphrodite clavigère a des soies claviformes à la tête et à l'anus. On la trouve dans la mer de Zélande. Elle est décrite et figurée dans le nouveau Bulletin des sciences par la Société philomatique, année i8i3 , et dans les Transactions de la Société linnéenne de Londres, pi. 6, vol. 9. (b.) APHRONATBON. On a donné ce nom et ceux Alm- linatron et de sel mural ^ à une efflorescence saline que l'on confond quelquefois avec le salpêtre^ et qui est du carbonate de soude. M. Proust l'a observé en assez grande quantité sur l'enduit de mortier et de sable qui recouvre le schiste argileux dans les constructions des caves de la ville d'Angers. Il ne l'a jamais trouvé effleuri sur le schiste lui-même. Il existe éga- lement dans le voisinage de la pierre à plâtre et de la craie , sur certains murs en état de dégradation, etc. (luc.) APHYE. Nom d'un poisson du genre GoBiE, qui se trouve dans la Méditerranée, et qui remonte dans le Nil. Presque tous les naturalistes anciens et modernes ont parlé de ce pois- API 233 son , qui n'est cependant remarquable , ni par sa grandeur ( de 3 à 4- pouces) , ni par sa couleur, qui est blanchâtre, tachée et fasciée de brun. Il s'appelle vulgairement loche de mer. (b.) APHYLLANTHE. T. Joncoïde. (b.) APHYOSÏOME. Famille de poissons établie par Du- méril , pour placer ceux qui sont cartilagineux, dont les bran- chies sont complètes, qui ont les nageoires ventrales derrière les pectorales, et la bouche àj'extrémilé du museau. Les genres Macrorhinque, Solexostome et Centrisque constituent cette famille, (b.) API. C'est l'AcHE et une variété de PoMME. (b.) APIABA. Espèce d'HvpTis (b.) APIAIRES. Apiariœ. Famille d'insectes de l'ordre des hyménoptères, section des porte-aiguillons, et qui a pour caractères : pattes postérieures ayant le premier article de leurs tarses très-grand , comprimé , en carré long ou en triangle renversé , ordinairement propres, dans les femelles ou dans les neutres, à récolter le pollen des étamines ; languette sétacée ou linéaire , aussi longue au moins que sa gaine , fléchie en dessous et appliquée sur elle, dans le repos ; palpes labiaux, le plus souvent semblables à des soies écail- leuses, comprimées et terminées par deux articles très-petits. Réaumur, dans ses beaux Mémoires sur les abeilles, avoit dit que la trompe de quelques-uns de ces insectes, tels que ceux qu'il propose de distinguer sous le nom de pro— abeilles., comme encore les abeilles, dont les nids sont faits d'es- pèces de membranes soyeuses, présentoit une organisation particulière. Nous avons formé, avec ces espèces, une famille particulière , celle des Andrenètès. Toutes les autres abeilles de cet auteur , et que Linnaeus réunissoit avec les précédentes dans un seul genre, portant le nom à' apis , composent notre famille des apiaires. Restreinte d'abord aux genres Nomade, Eiicère et à celui A^ Abeille y de Fabricius et d'Olivier, elle embrasse aujour- d'hui , dans notre méthode , une trentaine de coupures géné- riques ; elle est réduite, dans celle de M. Jurine , dont la base systématique est plus bornée, aux genres : Nomade, Pasit , Epéofe^ Cératine ., Lasie ., Crocise ^ Trachuse, Xylocope ^ Brème, Abeille et Trigone. Il est facile de distinguer les apiaires des autres hyménop- tères , à l'allongement , en manière de trompe de leurs mâchoires et de leur lèvre, et à la forme très-déliée, se terminant en une pointe ordinairement velue ou soyeuse , de Idir languette. "Cette dernière partie , immédiatement au point où elle sort de sa gaine demi-tubulaire, elles mâchoires, à l'inscrlian des palpes , forment un coude el se replient en rtH A P I dessous, de sorte que, dans les espèces oii ces pièces sont plus longues, la fausse trompe s'étend , en majeure partie, le long de la poilrine; c'est ce que Ton remarque spéciale- ment dans les bourdons et les euglosses. Les palpes maxillaires sont ordinairement fort courts, presque sélacés ou coniques, et d'un à six articles; les labiaux sont ^lus grands, de quatre articles , dont les deux inférieurs , considérablementplus longs et plus larges que les deux autres, écailleux et comprimés, protègent la languette et ont l'apparence d'une soie lan- céolée , portant près de son estrémité latérale et extérieure les deux derniers articles. La languette est accompagnée à sa base, et de chaque côté, d'une petite pièce presque trian- gulaire, en forme d'oreillette, quelquefois étroite et allongée, et semblable encore à une soie. Ces pièces, peu sensibles dans plusieurs, ont été appelées, par quelques naturalistes, oreillettes Q.\ paraglosses. Y ?Àiricms {es désigne quelquefois sous le nom de petite-écaille ; ne considérant comme palpes labiaux que leurs deux articles supérieurs , et prenant les deux infé- rieurs réunis, pour une division de la lèvre, il donne aux eiicères^ OÙ les paraglosses sont très-allongées, une lèvre de cinq pièces, ou une langue à sept divisions, ce mot de langue étant pour lui synonyme de celui de trompe, ou de l'en- semble des mâchoires et de la lèvre; lorsque les paraglosses sont beaucoup plus courtes , ou qu'il n'y a pas égard, la langue est de cinq pièces {litigua qui'nqiie^da). Les apiaircs ressemblent aux autres hyménoptères à aiguil- lon, quant à la composition générale du corps et aux diffé- rences sexuelles. Leurs antennes, souvent brisées, courtes et filiformes, ou terminées en fuseau, ont treize articles dans les mâles, et douze dans les femelles et les mulets des espèces qui vivent en société ; leur tète est triangulaire, comprimée , verticale, de la largeur du corselet, avec les yeux ovales et entiers, et trois petits veux lisses; leur labre est toujours saillant, et même très-allonge dans plusieurs; leurs man- dibules sont toujours cornées, et, comme elles sont les instrumens avec lesquels ces insectes exécutent une partie de leurs travaux, leur forme est singulièrement variée ; ainsi, dans les espèces dont les habitudes sont les plus simples, ces mandibules sont étroites , vont en pointe et n'offrent point ou presque pas de dentelures; elles ont la figure d'une cuiller, avec des sillons et des côtes sur le dos , dans les apiaires charpentièrcs ; elles s'élargissent et deviennent des espèces de ciseaux , pour les apiaires coupeuses, les abeifles proprement dites ; une sorte de truelle , pour les espèces maçonnes ; leur forme est , en un mot , appropriée à leur API 235 genre de vie; celles des mâles sont plus étroites, et pré- sentent quelquefois d'autres différences. Tous les apiaires ont quatre ailes avec une cellule radiale ; deux ou trois cellules cubitales complètes et deux nervures récurrentes aux supérieures -, la dernière de ces cellules est éloignée du bord postérieur de l'aile ; l'abdomen est armé d'un aiguillon caché , et se compose de six anneaux, dans les femelles et les mulets ou neutres; celui des mâles a un segment de plus; il a ordinairement, dans les deux sexes, la forme ovoïde , ou d'un corps ovalalre , dont la base est tronquée et tient au corselet par un pédicule très-court ; les pieds de la dernière paire sont plus grands et très - remar- quables dans les femelles et les mulets, par les poils nom- breux ou le duvet dont les jambes et le premier article des tarses sont garnis ; ces parties ont , dans les mêmes in- dividus des espèces réunies en société , des caractères qui leur sont exclusivement propres. Les mâles ont souvent les antennes un peu plus longues et moins coudées, les'yeux plus gros, les pieds moins velus, et dont les deux premiers sont arqués : le bout de l'abdo- men est courbé , dentelé ou épineux, dans plusieurs. Ces insectes volent , avec rapidité et en bourdonnant, de (leur en (leur, afin d'en extraire , au moyen de leur trompe, qu'elles allongent et enfoncent jusqu'au fond du calice , le miel de leurs nectaires. La plupart des femelles et les neu- tres y font une autre récolte , celle de la poussière des étamlnes, dont elles cbargent leurs pieds postérieurs, et quelquefois, comme dans les mégaclilles , les osmies, les antbidies, etc., la brosse soyeuse de leur ventre. L'accou- Flement s'opère le plus souvent sur les plantes ou dans air. Il est peu d'insectes dont les femelles nous montrent, dans le choix des matériaux qui composent le premier domicile de leur postérité, dans la forme de sa construction, des soins aussi attentifs et aussi dignes de notre admiration. Une pâtée , formée du pollen de différentes fleurs et mêlée d'un peu de miel, est l'unique aliment de leurs larves. Elles ressem- blent, en général, à celle de l'abeille domestique. Leur corps est oblong, rétréci aux deux extrémités, blanc, mou, divisé en douze anneaux , sans pattes , avec une petite tête écail- leuse , et offrant deux apparences d'yeux, des mandibules, des mâcboires , et une lèvre , à l'extrémité supérieure de laquelle est une filière ; le corps est ordinairement un peu courbé en arc ; on distingue sur chacun de ses côtés neuf stigmates. Après avoir acquis toute leur grandeur, ces larves se filent une coque, où elles se changent en nymphes : mais, dans toutes les apiaires solitaires de nos climats , les nym- 236 API phes ne subissent guère leur dernière transformation que l'année suivante, à l'époque de la floraison ou de l'apparition des végétaux que la femelle semble préférer pour sa nour- riture , et celle de ses petits, et dont elle emploie quelque- fois des portions dans la construction de son nid. Quelques femelles , auxquelles la nature a refusé , dans cette vue , les moyens propres à recueillir le pollen des fleurs , vont dé- poser leurs œufs dans les nids tout préparés des autres apiaires » et leur postérité profite ainsi des travaux de celles-ci. J'expo- serai ces faits curieux, en traitant chaque genre de la famille. Je la partage de la manière suivante , en faisant observer que les caractères sont toujours tirés des femelles ou des neutres : I. Fare extérieure des deux dernières jambes , sans enfoncement y en corbeille , pour recevoir le pollen aggloméré des fleurs , garnie ordinairement , ainsi que le même côté du premier article de leurs tarses , de poils très-nombreujo et serrés. APIAIRES SOLITAIRES. A. Premier article des tarses postérieurs point dilaté à l'angle extérieur de son extrémité inférieure; le milieu de cette extrémité servant de base à V article suivant. a. Palpes labiaux presque semblables ^ pour la forme, aux palpes maxillaires (Apiaires rapprochées des Andrènes). Les genres : RoPHiTE, Systrophe, Pa tsurge , Xylocope. b. Les deux premiers articles des palpes labiaux très-comprimés y en forme d' écailles allongées, membraneuses, transparentes sur leurs bords , et imitant , réunies , une soie lancéolée, * Labre carrée parallélogrammique dans les uns, en triangle allongé tronqué y dans les autres. -j- Mandibules fortes , triangulaires ou avancées , et en forme de pince. Lesgenr;es : Cératits'e, Chélostome, Hériade, Stélide, Anthidie, Osmie, Mégachile, Cœlioxyde. W Mandibules très-étroites et en forme de crochet. Les genres : Nectarée , Ammobate , Philérème. ** Labre presque en forme de segment de cercle. ( Mandibules comme dans la dernière division ; Apiaires parasites., ainsi que les quatre genres prérédens. ) Les genres : Pasite , Épéole , Nomade , Crocise , MÉ- J.ECTE, OxÉE. B. Premier article des tarses postérieurs dilaté à P angle extérieur de son extrémité inférieure ; l'angle opposé donnant presque naissance à l'article suivant. Si. Mandibules unidentées au plus sous leur pointe. Les genres: EucÈRE, Macrocère, Melliturge, Ai^tho- PHORE , SaROPODE. API ,37 b. Mandibules ayant plusieurs dentelures le long de leur côté intérieur. Les genres : Centris, Épicharis, Acanthope. 11. Face extérieure des deux dernières jambes ayant un enfon-^ cernent uni, bordé de poils, ou une corbeille, pour rer.ewir une pelote de pollen ; côté interne du premier article de leurs tarses garni d'un duvet soyeux , court et serré , en forme de brosse , ajin de recueillir le pollen. APIAIRES SOCIALES. a. Jambes postérieures terminées par deux épines. Apiaires réunies en société temporaire. Les genres ; Euglosse , Bourdon. b. Jambes postérieures sans épines. Apiaires réunies en société permanente. Les genres : Abeille , Mélipone et Trigone. Voyez ces articles, (l.) APIATRE ouAPIASTRE. V. Guêpier. (L.) APICHU. C'est la Batatte ou Patatte. (b.) APICRE , Apicra. Genre de plantes établi par Willde- now pour placer vingt-huit espèces d'ALOÈs. Ses caractères sont : calice nul ; corolle à tube ventru , à limbe à deux lè- vres, la supérieure concave, Tinférieure à trois découpures recourbées ; capsule à trois loges, à trois valves, renfermant des semences anguleuses et marginées. Les espèces les plus communes dans nos jardins sont: les Aloès porte-perle , Rétus et Spiral, (b.) APILIG ou APILAIN. On croit que c'est une espèce d'ÉBÉNIER. (b.) APINEL. Nom de la racine de I'Aristoloche angui- CIDE. (b.) APION , Apion , Herbst. Genre d'insectes , de l'ordre des coléoptères , section des tétramères , famille des rhyn- chophores ou porte-bec, et démembré de celui des attelâtes de Fabricius. 11 s'en éloigne par sa trompe cylindrique ou co- nique et non dilatée au bout; par les épines terminales des jambes qui sont très-petites ou presque nulles ; et en ce que l'abdomen est très-renflé , presque ovoïde ou même globu- leux. Ces insectes sont les plus petits de la famille des rhyncho- phores. Apion rouge , Apion frumeniarium , Oliv. , col. , tom. 5 , n.° 81 , pi. 3 , fig. 47 , des attelabes; rouge , avec les yeux noirs ; trompe de la longueur du corselet , assez épaisse , un peu courbée ; corselet presque cylindrique , pointillé ; ély- tres à stries pointillées. En Europe. Apion des vergers, ylpion Fomonœ , Oliv. ilid., pi. 3, 238 A P L fig. 4.3 : noir ; trompe allongée , amincie en manière d'à- lène vers son exlrénillé ; abdomen presque globuleux , étuis à strres pointillées. En Europe , sur les arbres fruitiers. Apion bronzé, Apion œneum^ Oliv. , ibid. pi. "i ^ fig. 4-5 : noir ; trompe cylindrique , de la longueur du corselet , qui est d'un noir cuivreux ; étuis d'un vert bronzé , striés. En Europe , sur les plantes. Apion bleuet, Apium cyaneum , Oliv. , ib. pi. 3, fig. 5,4-6: ovale-oblong , noir ; éluis bleus, striés avec les précédens. • F^oyez , pour les autres espèces , Herbst. , 0\\y. {'ibidem) et la Monographie des apions d'Angleterre, publiée par M. Kirby. (L.) APIOS. Espèces des genres Euphorbe, Terrenoix, Gesse et Glycine, (b.) APIRA. Nom que les naturels de la Guyane donnent au CoTiNGA rouge. V. ce mot. (v.) APIROPODES (pieds sans fm ). Dénomination sous la- quelle M. Savigny désigne les animaux sans vertèbres , à corps et à pieds articulés , et dans lesquels le nombre de ces organes locomoîiles surpasse celui de six ; tels sont les crustacés^ nos arachnides , et le premier ordre de notre classe des insectes , les myriapodes. Cette division générale répond exactement à la classe des crustacés de Brisson. (Rè- gne animal. ) Les insectes, soit aptères , soit ailés, qui n'ont que six pattes, embrassent la féconde division des insectes, \tshejxi- podes. Quelques arachnides n'ont que six pieds proprement dits , et sont néanmoins rangés par M. Savigny avec les apiropo- des ; mîiis, suivant lui, leur bouche offre des parties analogues à ces organes, et qui en remplissent les fonctions dans les apiropodes supérieurs. V. Bouche d'insectes, (l.) APIUS, Jur. (àenre d'insectes, de l'ordre des hyménop- tères, et le même que celui de Trypowlon. V. ce mot (l.) APLITE. Les Suédois donnent ce nom à une roche com- posée de quarzetde feldspath, blanchâtre ou rougeâtre, à gros grains et à grains fins , dont le feldspath fait la principale partie. Il en existe des montagnes entières dans la Dalécar- îie : c'est le granitin de Daubenton. {Gallizin, nomenclature minéralogique , pag. 2 3. ) APLOCERES ou SIMPLICICORNES. Famille d'in sectes, de l'ordre des diptères, établie par Duméril dans sa Zoologie aiialytique, et quia pour caractères : suçoir nul ou caché ; trompe rélractile dans une cavité du front ; .an- tennes sans poil isolé, latéral. Elle comprend les genres : Rh.\gio:^; , BiEioN , Anthrax , Hypolkon, Sique , Stka- A P O 239 •noME, Cyrte, Némotèle , Cérie et Mydas. V. ces articles et celui de Diptères, (l.) APLOME. Ce minéral, qui a beaucoup de rapports avec le grenat , se présenle comme lui sous la forme d\m dodé- caèdre à plans rhombes ; mais il en diffère en ce que ses faces sont chargées de stries dans le sens de leur petite dia- gonale ; c'est ce qui a fait présumer à M. Haiiy que leur forme primitive éloil le cube , et lui a suggéré le nom d'«- plome , qui veut dire simple , parce que les cristaux dérivoient d'une loi simple de décroissement. Sa pesanteur spécifique est de 3,4-4^4-4-; il '"^ye fortement le verre et légèrement le quarz ; sa cassure est en partie ra- boteuse et terne, et en partie conchoïde et éclatante : enfin , il est fusible au chalumeau en verre noirâtre. Les cristaux d'aplome ont été long-temps confondus avec ceux du qre- nat, et.il en existoit dans différentes collections sans qu'on sût leur lieu natal. Ceux qui viennent de Schwarzenbcrg , en Saxe , ont pour gangue la chaux carbonatée laminaire , quelquefois le quarz-hyalin prisme, et plus rarement l'amé- thyste. Leur éclat est assez vif , et leur couleur varie du jaune roussâlre au verdàlre et au brun. Ces derniers sont ordinai- rement opaques , les autres sont demi-transparens. Il s'en trouve aussi dans le Bannat et en Sibérie. M. Laugier, qui a fait l'analyse de l'aplome de Saxe, y a trouvé : silice , 4o "> alumine, 20 ; chaux, i4-,5; oxyde de fer, 14,5; silice ferruginée, 2; perte parla calcination, 2 ; perte dont la cause est inconnue , 5, ( Ann. du Mus., tom. 11, pag. 267.) (LUC.) APLUDEE, Apluda. Genre de plantes de la polygamie monoécie, et de la famille des Graminées, qui offre pour ca- ractères : trois fleurs dans le même calice, dont une est sessile et femelle , et les deux autres pédonculées et mâles. Les balles de chaque fleur sont bivalves, et ont une de leurs val- ves plus petite que l'autre. Ce genre contient quatre à cinq espèces venant de l'Inde, et une qui croît à la Jamaïque , toutes peu remarquables , soit parleur aspect, soit par leur utilité pour l'homme. V. Zeugites. (b.) APLYSIE. Genre de mollusques. Par faute typogra- phique , ce genre a été appelé Laplisie dans les secondes éditions du Système t^iurel , et il est actuellement inconvenant de rappeler son premier nom. F. Laplysie. (b.) APOA. Espèce de Canard du Brésil qui a , selon Marc- grave , une crêie noirâtre et charnue au-dessus du bec. (v.) APOA. Serpent du Brésil, imparfaitement connu, (b.) APOAÏRE. ^ova vulgaire du Guêpier, (v.) :i/o A P O APOCALBASUM. Substance gommo-résineuse , qu'on croit être le suc épaissi d'une espèce d'EuPHORBE, dont on se sert en Afrique pour empoisonner les armes de guerre. (B.) APOCAPOUC. Arbre de Madagascar, dont le fruit est un poison, et sert cependant à faire de Thuile. (b.) APOCIN ou APOCYN, Apocynum. Genre déplantes de la penlandrie digynie , et de la famille des jApocins. Ses ca- ractères sont : calice monophylle , petit, persistant , et à cinq divisions ; corolle monopétale , campanulée, courte, divisée en cinq parties roulées en dehors ; cinq corpuscules glandu- leux , placés à la base interne de la corolle ; cinq étamines, dont les filets soutiennent des anthères bifides et qui ne sor- tent pas de la fleur ; deux ovaires supérieurs , dont les styles ont leurs stigmates bilobés. Le fruit est composé de deux follicules longues, acuminées, uniloculaires , qui s'ouvrent par une seule fente longitudi- nale , et qui contiennent des semences fort petites , très- nombreuses , couronnées d'une longue aigrette de poils , et attachées autour d'un placenta libre et en alêne. Ce genre renferme une vingtaine d'espèces, dont la plupart sontfruliculeuses , ont les feuilles opposées et les fleurs dis- posées en corymbes axillaires ou terminaux. Toutes donnent un suc laileux, vénéneux, lorsqu'on coupe leurs tiges ou leurs feuilles. Les plus connues de ces espèces sont ; L'Apocin gobe - MOUCHE , Apocinum androsœmifolium , Linn. , qui a une tige droite , herbacée , des feuilles ovales, luisantes des deux côtés , et le corymbe des fleurs terminal. Cette espèce est originaire de l'Amérique septentrionale , et est cultivée dans les jardins d'agrément , à raison de la beauté de ses feuilles et de l'élégance de son port. On lui a donné le nom de gobe-mouche , parce que les mouches , avides du suc mielleux qui se trouve au fond de ses fleurs, in- sinuent leur trompe entre l'ovaire et les corpuscules d'où il résulte une irritation qui détermine le rapprochement de ces parties , et par suite la compression delà trompe qui la fait naître. Les mouches périssent ainsi , comme prises dans un piège ; car les efforts qu'elles font pour se dégager augmentent de plus en plus la cause qui les retient. L' Apocin chanvrard, qui a la tige herbacée et droite , les feuilles oblongues , et les panicules de Ijlurs latérales. Il est vivace, et donne par le rouissage une très- bonne fHassc ; ce qui fait croire qu'on en pourroit former des plan- tations utiles en France, car il ne craint pas les gelées de nos hivers. L'Apocin maritime , Apocinum venelum , Linn. , qui vient A P 0 ,^, ïialurellement sur le bord de la mer Adriatique. C'est la seule espèce propre à l'Europe. Elle a les liges droites , her- bacées , les feuilles lancéolées, nuicronées, deulclécs , et granuleuses sur leurs bords. C'est un poison très-actif, mais qui se décèle trop facilement pour pouvoir être souvent dangereux. Une troisième espèce, I'Apocin des Indes, qui n'est peut- être que l'ApoGiN RAJEUNISSAIT de Loureiro , a la lige frutescente, volubile , velue et rougeâtre ; les feuilles ovales, velues , et les grappes de fleurs dichotomes ; sa racine passe dans le pays pour ranimer les esprits , pour rendre la force aux vieillards. Le genre Quirivel de Poiret a été réuni à celui-ci. (b.) APOCINÈES, Jporyneœ, Jussieu. Famille de plantes fort bien caractérisée par un calice à cinq divisions ; une co- rolle régulière à cinq lobes presque toujours obliques , unie ou munie intérieurement d'appendices dont la forme est dif- férente ; cinq étamines insérées à la base de la corolle , et alternes avec ses lobes, dont les filamens sont ordinairement réunis en un tube qui entoure l'ovaire et lui est étroitement uni , dont les anthères sont biloculaires , membraneuses et sétiformes à leur sommet ; un ovaire géminé , porté sur un réceptacle glanduleux , monostyle ou dislyle , dont le stig- mate est rarement bifide; un fruit bifolliculaire, ou follicules* conjuguées, souvent gonflées ou ventrues dans leur partie moyenne , uniloculaires , s'ouvrant chacune par une seule fente longitudinale ; polyspermes , renfermant des semences fhauves, ou planes et membraneuses à leur sommet ou sur leurs bords , le plus souvent chevelues , imbriquées sur plu- sieurs rangs , et attachées à un placenta latéral libre, sémi- nifère d'un côté ; un périspeime charnu; un embryon droit ; des cotylédons .planes ou cylindriques ; une radicule supé- rieure. Ces caractères sont ligures pi. 1 1, n.o i , du Tableau du règne végétal , par \ entenat , de qui on en a emprunté l'expres- sion. Les apocinées sont , en général , ligneuses ou vivaces , et contiennent un suc laiteux souvent acre et caustique. Les feuilles sont simples et entières , alternes ou opposées , quel- quefois verticillées ,• munies ordinairement a leur aisselle de deux ou trois petites stipules sétiformes. Les fleurs sont termi- nales ou axillaires , solitaires ou disposées en ombelles , en corj mbes, et sont souvent conformées d'une manière très-re- marquable. Les genres qui composent celte famille , sont rangés sous deux divisions. 11. 16 A semences chauves :1a Pervekche, le Taberî^e, le Ca- MÉRiER et le Frangipanier. A semences chevelues : le Laurose, PEchite, le Céro- PÈGE , la Pergulaire , la Stapèle , le Périploque , 1 Apo- c.i>' , le CY^A^-QUE et 1' Asclépiade. Il faut y ajouter le Rawolfe, le Calac et la Gelsémie, qui ont beaucoup de rapports avec cette famille , mais qui en sont cependant repoussés par quelques caractères. Lamarck a réuni à la même famille quelques genres de plus. Ce sont ceux appelés la Matelée, 1;Ahouay, le Pacou- RiER, IAmbelanier , le Cynoctome , r OcHROsiE et 1 Ore- LIE. f^. ces mots. R Brown a proposé de séparer quelques genres de cette famille pour en former celle des Asclépiadees. (b.) APOCIN - HOUATTE. C est I'Asclépiade de Sy- *ïï^- C^) . . . 1- r^ 1 T. APOCRYPTE. Genre de poisson établi par Usbeck, pour placer quelques GoBiES. 11 n'a pas été admis, (b.) \POD\ APUS(sans pieds ). Noms tirés du grec. Un continue de faire l'application du premier à V oiseau-de-paradcs émeraude , el du second au martinet noir; quoique 1 on sache «ue ces oiseaux ont des pieds , qui , chez ce dernier , som à ïa vérité très-courts, mais qui, chez T autre , sont aussi longs et aussi robustes que ceux de la comédie, (v.) APOD \NTHE,^;?o(7««^/i«5. Nouveau genre proposé, dans la famille des MoussES , par M. Lapilale , Joum. J^oL^.^^l,, „ o o pag. 70. Ses caractères sont : urne sessile oblongue , ovafe tronquée; péristome externe simple, garni de huit dents pyîamidalel un peu écartées, entières et droites; tige et feuilles nulles. Il n'en a été décrit qu'une seule espèce presque micros- copique, croissant en Suède sur les splachnes; c est 1 Apo- DANTHE SANS FEUILLES. (P- B.) APODE. (Ornilhol.) Nom vulgaire du Martinet noir. V. ce mot. (V.) . . , • \PODE Nom d'une division de la classe des poissons. Elle renferme ceux qui n'ont point de nageoires ventrales. K les mots ICHTHYOLOGiE et Poisson. (B.) ^ APODE. Nom donné aux larves d'insectes qui n ont poUit de pattes , qui sont semblable, à des vers, mais dont ïues dlffèrem par la présence des stigmates, et souvent par la bouche. Telles sont les larves des diplères de la plupart des hyménoptères et de plusieurs coléoptères, {p. L.) APOGON , Apogon. Poisson de la Méditerranée, que ■^ P O .43 Lmnaeus avoit réuni aux MuLLES , maïs dont Lacépède a formé un genre particulier. Le caractère de ce nouveau genre consiste à avoir le som- met de la tête élevé, deux nageoires dorsales; point de bar- billons au-dessous de la mâchoire inférieure ; des écailles grandes et faciles à détacher. V. au mot Mulle. Vapogon vit dans les eaux qui baignent lîle de Malte. II est remarquable par sa belle coulem' rouge. On le connoît sous le nom de Roi des ïrigles , des Mulles ou des Rou- gets , probablement à raison de la qualité supérieure de sa chair, (b.) APOGON. Nom donné par Palisot Beauvois à sa pre- mière section de la famille des Mousses , qui répond aux apéristomes de Hedwig et aux gymnospéristomates de Bri- del ; il renferme les genres privés de dents et de cils à leur urne, tels que: Andrée, Tourbette, Phasc, Tétraphe Gymnostome , Anictaisgie et Hedwigie. (b.) ' APOLLE, Apollon. Genre de Coquilles établi aux dé- pens des Rochers de Linnœus. Ses caractères sont : coquille libre, univalve, plane, à spire élevée, à cordons latéraux, à ouverture ronde , plus ou moins dentée ; columelle ombi'li- quée ; base canaliculée et échancrée. L'espèce qui sert de type à ce genre , est le Rocher gyrin vulgairement appelé la grcnouillette , qui se trouve dans toutes les mers des pays chauds , même dans la Méditerranée. Elle paroît être aplatie par l'effet de la saillie de ses cordons laté- raux. V. Crapaud. Sa surface est granulée et colorée par des bandes blanches, brunes et aurores. Sa longueur ne sur- passe pas un pouce et demi. L'animal qui la forme est car- nassier, (b.) APOLLON. V. Parnassien, (l.) APONARS ou APONATS. Par cette dénomination , Ihevet paroit avoir désigné les Manchots, (s) APONCOÏTA. C'est- le Cânéficier. (b.) APONOCiET, yiponogetoji. Genre de plantes de l'hep- tandrie digynie et de la famille des Gouets , qui a pour ca- ractères : une petite écaille tenant lieu de calice et de corolle- SIX à douze étamines un peu plus longues que l'écaillé ; deux à quatre ovaires, terminés par un style obtus, «ui se changent en autant de capsules ovales, renfermant chacune trois semences. Les apofiogets sont des plantes aquatiques originaires de 1 Inde , dont les fleurs sont disposées en épi terminal ; ils ont les plus grands rapports avec les Saurures , et ont l'aspect des Potamots ; leurs racines gont bulbeuses. aU A P O On en connoîl quatre espèces , dont la plus remarquable est TAponoget à deux épis , qui croît dans les eaux, au Cap de Bonne Espérance. Ses fleurs ont une odeur très -suave , et ses racines sont bonnes à manger. 11 est figuré pi. 2g3 du Botanical magazine de Curtis. L'Aponogeï monostachion forme le genre Spathipn de Loureiro. APOPHYLLITE,2^'o///c d'Hel/esta, Rlnmann; Ichthyoph- /o/me de d'Andrada ; Ichthyophthalm^ Karsten; Fischaugensteiru, Werner ; Ichthyophtahniie, Fourcroy et Vauquelin. Nous de- vons la connoissance de cette nouvelle espèce de la classe des substances terreuses , à M. de d'Andrada qui l'a observée en Suède et en a le premier donné la description. Elle se rap- proche du feldspath à certains égards, et présente, comme l'adulaire , des reflets nacrés, d'où lui est venu le nom à'œil de poisson que lui a donné ce savant , et qui a été adopté par M. Werner. Celui A\jpophylliie , c'est-à-dire qui s'exfolie , qu'elle a reçu de M. Haiiy , rappelant un des caractères les plus saillans de ce minéral , doit être préféré comme ne don- nant lieu à aucune équivoque. Le caractère essentiel de l'apophyllite est de se diviser en un prisme droit, quadrangulaire, à bases rectangles, et d'avoir une triple tendance à l'exfoliation, par le feu, parles acides et par le frottement. Sa pesanteur spécifique est de 2,4.67. Il raye légèrement la chaux flualée , et très-sensiblement la chaux carbonatée. Sa cassure est conchoïde et médiocrement éclatante. Il a la réfraction simple. La surface de ses cristaux et celle de ses lames ont un éclat qui tient le milieu entre l'éclat vitreux et l'éclat nacré; ces cristaux acquièrent facilement l'électricité vitrée , à l'aide du frottement. Exposé à l'action de la flamme d'une bougie, l'apophyllite se délite en feuillets ; au chalumeau il se fond , mais avec difficulté , en un émail blanc. Enfin, ses fragmens mis dans l'acide nitrique à froid, s'y divisent au bout de quelques heures , et se convertissent en une matière floconneuse blanchâtre ; sa poussière y forme une espèce de gelée semblable à celle que produit la mésotype. Les variétés de formes déterminables que présente cette espèce sont peu nombreuses ; une des plus nettes est celle que M. Haiiy nomme yl. épointé ; c'est le parallélipipède primitif, dont les huit angles solides sont remplacés par autant de facettes triangulaires. ( V. J. des M., t. 28 , p. 385) . Il vient de Suède. Le cabinet du Pvoi en possède un très-beau mor- ceau, La variété laminaire, nacrée, de Suède, est un peu A P O ,,5 moins rare dans les collections que les variétés crislallisées. h' A. unitaire , dont ce savant n'a pas encore publié la des- cription , ressemble à certaines variétés de baryte sulfatée : c''est un prisme rectangulaire très-comprimé, terminé aux deux bouts par des facettes situées de biais , et qui intercepten' les angles solides , en laissant à chaque extrémité une petite face hexaèdre allongée , parallèle à la base 'du prisme. Il lui a été envoyé du ïyrol en 181 2. Analyse de l'apophyllite d'Uton , par MM. Fourcroy et A^auquelin , comparée à celle de la même substance par M. Rose ; et à celle de la Zéoliie d'Hellesta par Rinmann, Vauquelin. Rose. Rinmann. Silice. . . . 5i,o 55 55,0 Chaux. . . . 28,0 aS. » Magnésie. . 0,0 0,0 o,5 Alumine.. . 0,0 0,0 2,5 Potasse. . . 4-70 2,25 0,0 Eau. .... 17,0 i5, o. . .'. . 17,0 Perte .... 0,0 2, 75 0,0 100,0 100,0 100,0 L'apophyllite a été trauvé d'abord dans la mine de fer d'Utoé, province de Roslagen, en Suède, où il a pour gangue, tantôt une chaux carbonatée lamellaire , rougeâtre , et qui renferme de l'amphibole vert -noirâtre ou noir - verdâtre , tantôt l'amphibole seul, et tantôt le fer oxydulé granuleux. On l'a rencontré depuis k Grodenthal , dans la vallée de Fassa , en cristaux translucides jaunâtres et en masses laminaires d'un blanc mat ou nuancées de rougeâtre , avec des cristaux d'amphigène et de chaux carbonatée , dans les cavités d'un grunsteiiien partie décomposé , et passant à l'état de wacke. Suivant le docteur Macculloch, cité par M. Jameson {Système de Minéralogie, tom. 2, pag. 4-o8, édit. de 1816) , l'apophyllite se trouve aussi à Dunvagen , dans l'île de Skye, située sur la côte occidentale de l'Ecosse. Il paroît que la pierre décrite sous le nom d'ichtJiyophfalme par M. de d'Andrada, étoit connue en Suède sous le nom de zéulithe spaihique ., et qu'il faut lui rapporter la substance dé- crite et analysée sous le nom dîe zéolilhe d'Hellesta par Rinmann. F. plus haut. Quoi qu'il en soit , V apophyllite , dit M. Haiiy , dont on a fait d'abord une zéolithe , et que l'on a soupçonnée depuis cire une variété de feldspath , est une des espèces les mieux cir- conscrites par les résultats de la chimie et par ceux de la cris- tallographie. (LUC.) • 246 A P P APORE , Aponis. V. Pompile. (l.) APORÉTIQUE , Jporetica. Genre de plantes e'tabli par Forster. 11 ne se dislingue pas des Gemelles, des Orni- TROPHES et des POMÉTIES. (B.) APORHAIS. Coquille du genre Strombe. (b.) APOSSUMES. C'est le Sarigue. V. Didelphe. (desm.) APOUCONITA.. Espèce de Casse, (b.) APPAREILLEMENT {Economie rurale). On désigne par ce mot l'assemblage de deux ou d'un plus grand nombre «i'animaux domestiques , destinés à travailler ensemble. 11 indique aussi l'union convenable de deux animaux pour la génération. V. pour les précautions que l'appareillement exige , dans les deux cas , l'article Accouplement , dans lequel nous avons considéré cet objet sous ses rapports les plus importans. (yvart.) APPAT. C'est le nom générique sous lequel on comprend tous les moyens dont on se sert, soit à l.i rbasse , soit à la pêche , pour altirer les animaux dans les pièges. L'on nappâte avec succès qu'autant que l'on connoît les habitudes et sur- tout les appétits propres à chaque espèce, (s.) APPAT DE VASE. On donne vulgairement ce nom , dans quelques ports de mer, à I'Ammodyte, qui sert à prendre les maquereaux et autres poissons de mer voraces. (b.) APPEAU. Sifflets de diverses formes , qui servent à imiter le cri de la perdrix , de la cai/le , de Valoueite , etc. , pour les attirer dans les pièges qu'on leur tend, (v.) APPEL. Arbre du Malabar , dont les caractères sont im- parfaitement connus. 11 est de la pentandrie monogynie. Ses fruits sont des baies rondes à un seul noyau ; ses feuilles sont opposées et ovales ; ses racines ont l'odeur et la couleur du safran. Toutes ses parties , et surtout ses fleurs , répan- dent une odeur piquante , mais qui n'est pas difeagréable. Sa décoction , employée en bains , dissipe les douleurs de tète, (s.) APPELAINS. Nom que l'on donne aux oiseaux dont on se sert dans diverses chasses , surtout dans celle qui se fait avec des filets, (v.) APPENDICE (Entomologie). Nom donné à des pièces surajoutées au corps des animaux de la classe des insectes de Linuccus , et qui paroissent comme surnuméraires ou acces- soires : telles sont les soies qui terminent le corps des éphé- mères , des perles ; les pointes articulées de l'extrémité pos- térieure de celui des cloportes , etc. On a aussi donné le nom ^'appendice à cette partie ovale et saillante que l'on voit à la base des cuisses postérieures des carabes, des ciciodèles. A P T 3^7 etc. , mais d'une manière impropre , puisqu'elle n'est qu'un article prolongé des hanches de ses pattes, (o. l.) APPENDICES MÉDULLAIRES (desplantes). Voyez Arbre, (tol.) APROCTÔME , Apwctovius. Genre de polype infusoire établi par M. Raffinesque pour placer un animal transparent, oblong , à extrémités aiguës , I'Aproctome sbrome , qui vit dans les mers de Sicile et qui a plus d'un pied de long. Ce genre offre pour caractère : un corps flottant, gélatineux, déprimé , mutique , sans apparence de bouche, mais à canal alimentaire interne, (b.) APRON. Poisson du genre des Perches , Perça asper, Lin. Lacépède l'a placé parmi ses Diptérodons. (b.) APSEUDE , y4/w«/r/«, Léach. Genre de crustacés de l'ordre des isopodes , section des phytibranchcs , et qui a pour caractères : quatorze pieds, dont les deux premiers en pinces ; les deux suivans élargis , comprimés et dentés au bout; et les quatre derniers natatoires; quatre antennes; corps allongé , terminé postérieurement par deux soies. Ce genre a été établi sur un crustacé des côtes d'Angle- terre, décrit et figuré par Montagu, sous le nom de cancer ia/pa, dans le tome neuvième des Transactions de la société linnéenne. Voyez aussi le tome onzième , où M. Léach donne les caractères du genre. JJ'eupheus ligldides de M. Risso {Hist. nat. des crust. deNice^ doit y être rapporté, (i.) APTÉNODYTE, Aptenodytes. Genre de l'ordre des oiseaux Nageurs (/?a/7/2«yO^^^A- de Latham)et de la famille des Manchots. V. ces mots. Caractères : bec plus long que la tète , lisse, droit, subulé , grêle, cylindrique, pointu; mandibule scpérieure inclinée à la pointe ; l'inférieure pointue et plus courte. Narines linéaires ; langue pointue , munie d'épines recourbées en arrière; ongles médiocres, falculaires; ailes sans rémiges; faisceaux de plumes roides tenant lieu de queue ; quatre doigts , dont trois engagés dans la même membrane ; le pouce isolé et dirigé en devant. L'espèce qui est le type de ce genre, fait partie des apte- nodytes de Latham ; mais j'ai cru devoir l'en séparer, vu qu'elle a le bec très-différent de celui de tous les aptenodytes de cet auteur. V. le genre Gorfou dans lequel ceux-ci se trouvent. L'Apténodyte papou , Aptenodytes papua^ Lath. ; Sonnerat, Voyag. pi. ii5: a deux pieds quatre pouces de longueur; le bec, long de quatre pouces, rouge; l'iris jaune ou d'un rouge pâle ; la tête et le cou d'un noir sombre et inclinant au bleu ; sur chaque côté de la tête, au-dessus de l'œil, une grandemarqueblanche,îj'élendantenarrière jusqu'ài'octipul^ 2^8 A P T et réunie surle sommet par une raie-étroiie et àe même cou- Jeur; les parties inférieures blanches ; le dessus du cou et le dos d'un noir bleuâtre ; les plumes des ailes noires , bordées et terminées de blanc ; la queue cunéiforme :.les pieds rouges , quelquefois jaunes ; la membrane des ^oigts noirâtre , et les ongles noirs. Cette espèce se trouve à la Nouvelle -Guinée , aux îles des Papous et Falkland. (v.) APTERES {Entumologié). Animaux sans vertèbres , ayant le corps et les pieds articulés , sans ailes proprement dites. On applique même cette dénomination aux insectes qui , sans avoir ces organes, sont cependant pourvus d'élylres. L'ani- mal , sous ce rapport , est considéré d'une manière isolée ou abstraction faite des relations qu'il a , à cet égard , soit avec un individu de la même espèce, mais d'un autre sexe, soit avec des espèces différentes du même genre ou d'une division supérieure. Il faut distinguer parmi ces animaux deux sortes d'aptères. Les uns le sont d'une manière propre et rigoureuse , en ce qu'ils appartiennent à des classes ou à des ordres composés d'animaux n'offrant jamais d'ailes , parce que telle est leur destination ; ils forment l'ordre des insectes aptères de Linnœus. Lies autres ne sont aptères que d'une manière impropre , si leurs congénères ,et même souvent l'autre sexe, sont pourvus de ces organes. Les premiers éprouvent rarement des méta- morphoses complètes; le genre de la puce nous offre seul une exception; les seconds, au contraire, n'acquièrent ces or- ganes qu'à la .suite de changemens plus ou moins remarqua- bles, et dont beaucoup se rapportent à cette espèce de méta- morphose que je viens de nommer. Ceux qui parmi eux n'ont point d'ailes, sortent du plan général de la nature ; et cette anomalie est , suivant M. de Lamarck, la suite d'un avorte- ment qui s'est perpétué par voie de génération. Les aptères propres forment, dans la méthode de Lin- nseus, le septième et dernier ordre de sa classe des insectes. Il le partage en trois sections d'après le nombre des pieds et la manière dont la tête s'articule avec le corselet. La pre- mière se compose des aptères qui ont six pieds , avec la tête séparée du corselet ; la sccontle , de ceux qui ont ces deux parties intimement unies, et de huit à quatorze pieds ; la troi- sième comprend ceux qui en ont une plus grande quantité , et qui se rapprochent des premiers, quant à la distinction de la tête et du corselet. Rai , ou plutôt Willughby , avoit aussi divisé les insectes pourvus de pieds et sans métamorphoses, en quatre coupes établies sur le nombre des pieds : 6 , 8 , i4 24 et au-delà. A P T ./g Degeer distribue les insectes sans ailes en deux ordres: ceux qui subissent des transformations et ceux qui n'y sont pas sujets. Le genre puce compose seul le premier ordre et sa onzième classe. Le second est divisé , conformément aux principes de lannaeus, en trois classes ; i." six pattes, têle distincte du corselet ; 2." huit ou dix pattes , tête confondue avec lui ; 3." quatorze pattes et davantage , tête distincte du corps par un étranglement. Dans la méthode d'Olivier {Encyd. meth.) , les aptères em- brassent son huitième ordre des insectes , qu'il partage en trois sections : i.° six pieds , 2.° huit pieds , 3.° dix pieds et un plus grand nombre. Ces mêmes aptères, dans la division générale des insectes, qui fut l'objet d'un Mémoire que je présentai à la Société phi- lomatique, au mois d'avril lygS, et que je développai dans mon Précis des caractères génériques des insectes, se composoient de sept ordres : les ^iceurs , les thysanourcs , les parasites , les acé- phales , les entomostracés , les crustacés et les myriapodes. V. ces mots. M. Cuvier, Tabl. élém. deVHist. nat. des Animaux, 1798, divise les insectes en neuf ordres , dont les aptères forment les deux extrêmes. Le premier est composé de quatre sous- ordres : les crustacés, les mille-pieds, les aranéides , les phty~ réides ou nos thysanoures. Il place dans le dernier les puces , les pous et les mites. En 1801, M. Lamarck publia {Syst. des anim. sans ver- tèbres), relativement à la classe des insectes aptères de Lin- nseus, la méthode la plus naturelle qui eût encore paru. Ceux qui ne subissent pas de métamorphoses furent mis en tête et composoient deux classes , les crustacés et les arach- nides. Ceux qui y sont sujets , comme les puces , formèrent , sous le nom à' aptères , son dernier ordre de la classe des in- sectes. M. Dumérll (^Zool. analyt. 1806) adopte la classe des crustacés de M. de Lamarck ; mais il en sépare nos crustacés isopodes pour les réunir aui autres aptères de Linnœus , dans son huitième et dernier ordre des insectes, qu'il désigne aussi sous le nom à' aptères. Notre classe des crustacés se partage , dans le système en- tomologique de Fabricius , en trois ordres : les kleistagnaihes , les exochnntes et les polygonates. Les miiosates sont nos myria- podes, et son ordre des unogates comprend nos arachnides pulmonaires, et nos arachnides trachéennes, pourvues de mandibules. Il réunit aux arUllates les aufi-es arachnides , ainsi que notre ordre des parasites ; à celui des rhingotes , nos su- ceurs ; et enfin àuxsynistates^ nos thysanourea. r^Zo A P T Le fils du célèbre professeur Hermann avoît fait beaucoup de recherches sur les insectes aptères de Linnœus , et parti- culièrement sur les arachnides trachéennes. Son travail a élé publié, après sa mort, sous le titre de Mémoire apiérolo- gique , 1804.- Les aptères y sont divisés en quatre familles: L Six pieds; corselet distinct de la tête ou de t abdomen : les ihy- sanoures , les parasites, les suceurs et notre genre nyctéribie. II. Huit pieds ; tête , corselet et abdomen (très-grands) unis; la famille des HolèTRES. Elle embrasse le second ordre de noire classe des arachnides , ou les trachéennes. III. Huit à quatorze pieds; tête et corselet unis; abdomen ou queue distincts. Nos arachnides pulmonaires et les crustacés. IV^. Plusieurs pieds ; tête séparée du corselet. Notre ordre des myriapodes. Les aptères avoient aussi fixé mon attention particulière , et j'avois établi (Pr/mV;/i//?w5. (ienre de poissons établi par Duméril , et qui rentre dans celui appelé Cécilie par Lacépède , et Spiiaoebranche par Bloch. La Murène AVEUGLE de Linnseus, figurée pi. 2, dans le Mémoire de Delaroche sur les poissons des îles Baléares, lui sert de type. (B.) APTERO-DICERES, Aptero-dicera. Nom sous lequel j'ai désigné , dans mon Gênera cnistaceonnn et insectorum ^ une sous-classe d'insectes , composée de ceux qui sont aptères , A P T 25i ne subissent poin^ de métamorphose , et ont deux antennes et six pieds. Elle comprend une partie des arachnides anien- nistres de M. de Laniarck, ou notre ordre des thysanoures et celui des parasites. V. ces articles et le mot Insectes, (l.) APTÉROGYNE , Jpteroe^yna , Lat. Genre d'insectes de Tordre des hyménoptères, section des porte-aiguillons, famille des mutlllaires, très-voisin de celui des mutilles , et dont il diffère en ce que les ailes supérieures n'ont qu'une cellule cubitale , que les deux premiers anneaux de l'abdomen sont plus étroits que les autres , séparés par des ctranglcmens profonds, et forment deux nœuds, ainsi que les mêmes de plusieurs fourmis; l'antérieur a presque la figure d'une poire, et le suivant, celle d'une cloche. Les antennes sont sétacées, de la longueur du corps dans les mâles, un peu plus courtes et avec le premier article plus allongé dans les femelles. Les mandibules sont arquées et sans dents. Les ailes supérieures n'ont d'autres cellules que celles de leur base, et la cubitale mentionnée ci-dessus. Ces Insectes ne parolssent pas, d'ailleurs, différens des mutilles, quant aux autres caractères. L'Aptérogyne d'Olivier , Aplerogyna Oli^ien ., Lafr. Gen. cnist. et insecl. ^ tom. 4-, pag. 122, est la seule espèce connu© de ce genre; elle a été rapportée de l'Arabie par le célèbre naturaliste dont elle porte le nom. La femelle est fauve , très-ponctuée, avec des poils gris; l'abdomen, à l'excep- tion de son premier anneau, est noir. Le mâle est presque noir, avec des taches sur le corselet, les antennes et les pieds fauves, (l.) APTERONOÏE , Jpteronoius. Genre de poissons établi parLacépède, pour placer une espèce réunie aux Gymnotes, mais qui en diffère suffisamment pour en être séparée. Il offre pour caractères : une nageoire à la queue ; point de nageoire dorsale ; des lèvres festonnées et non extensibles. L'APTÉRONOTE PASSAN, Gymnotus albifroiis^ Linn. , édit. de Gmel, a le museau très-obtus, la tète dénuée d'écaillés sensibles, et parsemée de très-petits trous , qui laissent fluer une humeur visqueuse. \ers le milieu du dos commence un filament charnu qui s'étend jusqu'à la queue , à l'origine de la nageoire de laquelle il s'attache. Ce filament se loge dans une rainure qui se voit sur le dos, rainure d'où par- tent une douzaine de petits fils qui l'empêchent de trop s'en écarter, lorsque le poisson l'en fait sortir. Cette très-singulière conformation, qui avoit d'abord été observée par Pallas , vient de Têtre d'une manière plus complète par Lacépède. 252 A P T Le corps de Vapiéronote passan est couvert de petite* écailles arrondies. 11 est blanc en dessus et noir sur les côtés et sous le ventre. On trouve ce poisson dans les eaux douces ou saumâtres de Surinam ; il acquiert au-delà d'un pied de long. V. pi. A. 7, où il est figuré, (b.) APTINE, Apiinus. V. Brachine. (l.) APUA.C'est la Gobie aphye. (e.) APULEGE, Apuleja. Gjenre établi aux dépens ait?, GoR- TÈRES, par Gaertncr. La Gorxère a feuilles de houx , lui sert de type. Il ne diffère pas des Agryphilles de Jussieu. Thunberg l'a appelé Rohrie, et Willdenow Berckheye. V. tous ces mots, (b.) APUS. Nom spécifique d'un poisson dugenreBoDiAN. (b.) APUS, Apus^ Scop. Genre de crustacés de l'ordre des branchiopodes , section des pbyllopes , et qui a pour carac- tères : pieds très-nombreux ( 5o à 60 paires environ ) , en ;nageolres; les deux antérieurs beaucoup plus grands, en forme de rames, terminés par des soies articulées représen- tant des antennes ; tête confondue avec le tronc ; un test d'une seule pièce, corné, très-mince, ovale, échancré et libre postérieurement , portant en devant trois yeux lisses très-rapprochés ; bouche composée d'un labre, de deux fortes mandibules, sans palpe, d'une languette profondément bifide, et de deux paires de mâchoires; abdomen terminé par deux filets. Les apus, ainsi que les autres branchiopodes, font partie du genre nionocuhis de Linnœus. Geoffroy les a réunis à ses binocles , et Mùllcr, aux lunules. Scopoli, et ensuite M. Cuvier, cil ont formé un genre propre. Schœffer en a publié une bonne monographie, dont nous avons donné un long extrait dans le tome quatrième de notre Histoire "générale des crustacés et des insectes. Ils sont, après les limules, les plus grands branchiopodes connus. Leur corps est très-mou , recouvert et fortement débordé par un test, en forme de bouclier corné, mais très-mince et très-flexible, comme membraneux, ovale, avec une échancrure profonde , en manière d'angle , à son extré- mité postérieure ; il n'adhère au corps qu'en devant , de sorte qu'on peut le soulever et mettre à nu la plus grande partie du dos de l'animal; chaque côté du test offre plusieurs lignes ovales, concentriques, très-rapprochées, et plus colorées, qui paroissent formées par des vaisseaux sanguins; le bord interne de l'échancrure est dentelé ; au sommet de l'angle qu'elle fonne aboutit une carène aigiie , qui s'étend le long du mUieu du test jusque près des yeux lisses ; ces organes sont très - rapprochés dans la ligne du milieu du test , et à A P T :.53 quelque distance de son bord antérieur ; ils sont au nombre de trois, dont deux beaucoup plus grands, presque en forme de rein, et le troisième très-petit, ovale, situé postérieu- rement entre les deux autres ; ceux-ci , dans l'animal vivant, ont de Téclat, et offrent une prunelle et un iris ; ils parois- sent même alors être un peu mobiles; mais c'est l'effet d'une illusion optique. Si on examine l'animal en dessous, son extré- mité antérieure présente une espèce de front aplati, grand, taillé en segment de cercle, et formé par une plicature du test. Immédiatement au - dessous est la bouche. Le labre n'est qu'un prolongement de la membrane du test ; il est carré et avancé. Les mandibules sont fortes, cornées, ven- trues intérieurement, comprimées et très-dentelées à leur extrémité; leur derme sert d'envelopne à un corps intérieur charnu, ou moins solide, et qui a exactement la même confor- mation qu'elles. Derrière lesmandibulesestinsérée, de chaque côté, une antenne très-courte, filiforme, et de deux articles presque égaux. En dessous des mandibules sont, de chaque côté, deux feuillets, appliqués l'un sur l'autre, d'une figure triangulaire, avec le côté extérieur arqué ou courbe. M. Savi- gny considère les deux supérieurs comme une languette pro- fondément bifide , et qui a , suivant lui , un canal cilié , conduisant droit à l'œsophage ; les deux feuillets suivans forment une paire de mâchoires épineuses , et ciliées au bord interne; l'on voit, immédiatement au-dessous d'elles, deux autres pièces membraneuses, semblables à de fausses pattes, et que le même observateur prend pour deux autres mâchoires. Viennent ensuite les pieds, dont le nombre a été évalué approximativement à cent vingt ; mais je crois qu'il n'est pas aussi grand ; ces organes sont très-rappfochés à leur naissance , et diminuent progressivement de grandeur ; ils ont tous la base ciliée, et, sur un de leurs côtés, une grande lame branchiale , avec un sac ovalaire et vésiculeux en des- sous ; les deux premiers sont beaucoup plus longs , en forme de rames, et ont quatre feuillets articulés, dont les deux supé- rieurs plus longs et ayant l'apparence d'antennes ; ces deux piçds représentent, dans l'opinion de M. Savigny, les deux premières mâchoires auxiliaires des crabes , ou la première paire de pieds-mâchoires ; les autres ont, au côté opposé à celui où est située la lame branchiale, quatre petits feuillets triangulaires et ciliés, et se temiinent par deux autres appen- dices d» même forme , et qui ressemblent à des doigts très- comprimés, ou à la pince des crabes. La onzième paire de pieds, en y comprenant celles qui sont en rames, ou les deux antérieures, porte les œufs; ils sont renfermés dans une capsule à deux valves circulaires, appliquées l'une sur :.54 A P U l'autre , et formées par deux de ces feuillets dont je viens de parler; ces œufs ressemblent à de petits grains d'im rouge très-vif L'abdomen est composé d'une douzaine d'anneaux très-courts , plus ou moins épineux , et forme une espèce de queue presque cylindrique , dont la grosseur diminue in- sensiblement, et qui se termine par deux soies longues et très-arliculécs. Les organes de la génération des mâles n'ont pas encori- cte observés. Tous les individus que j'ai examinés portoient des œufs : ces animaux se féconderoient-îls eux- mêmes, ainsi qu'on l'a déjà présumé:' Ces crustacés habitent les fossés, les mares, les eaux dor- mantes, et presque toujours en sociétés innombrables. Ils se nourrissent spécialement de têtards, et paroissent au prin- temps ou au commencement de l'été ; mais la durée de leur vie est très-courte, et souvent on n'en trouve plus, huit ou quinze jours après leur apparition. Us nagent très -bien et sur le dos; ils s'enfoncent dans la vase en tenant leur queue élevée. Vus dans leur premier âge, ces branchiopodes ont une forme assez différente de celle qui leur est propre dans Tétat adulte. Leur corps , à sa sortie de l'œuf, est arrondi , sans queue, avec quatre bras ayant des aigrettes de poils, dont ceux de la seconde paire beaucoup plus grands ; ils n'ont qu'un œil distinct, et leur test ne forme qu'une plaque couvrant la moitié du corps. Leurs organes se développent peu à peu, à mesure qu'ils changent de peau ; ce n'est guère qu'à la hui- tième mue quils ont acquis toute leur grandeur et qu'ils peuvent jouir de toutes leurs facultés. M. \alenciennes, employé au Muséum d'Histoire natu- relle , a observé que ces crustacés étoicnt sovivent dévorés par l'oiseau que l'on désigne sous le nom de lavandière. Les Apus les plus communs et les plus connus sont : I'Apus cancriforme , Jfjusranrriformis; le Bl>ocLE À QUEUE EN FILET, Geoff, Hlsl. des Jnsert., pi. i\^ Jlg. l^\ Schœffer, ISIunog.^ iab. i — 5.; Sav. Mém. sur les yhiîm. sans vert.^ pari, i , pi. 7 : long d'un pouce , d'un vert plus ou moins foncé ; carène du test ne se prolongeant pas en pointe saillante à l'angle intérieur de l'echancrure postérieure ; point de lame entre les filets de la queue. L'Apus PR0L0>'GÉ , Apus produftus; Monoculus apus., Linn.; Limule seniraude ., Herm., Mrm. Apter. pag. i3o, ^/. \I : plus petit que le précédent; carène dorsale du test terminée pos- térieurement en une ])etile épine ; une lame entre les filets de la queue ; pinces des pieds antérieurs dentelées (l.) APUTE-JUBA- Nom d'une Perruche à Cayenne. Voyez ce mot. (v.) A Q U 2:;5 AQUARIUS. Nom générique donné par Schellenberg aux insectes hémiptères qui composent notre genre Gerris. Voyez ce mot. (l.) AQUART , Aquarlîa. Genre de plantes de la tétrandrie monogynie , et de la famille des Solanées. Il a pour carac- tères : un calice monophylle, persistant, à quatre divisions; une corolle monopétale, à tube très-court, divisée égale- ment en quatre parties linéaires et très-ouverles; des étamines au nombre de quatre, dont les anthères sont linéaires et aussi longues que la corolle; un ovaire supérieur, arrondi, chargé d'un style fdiforme , incliné , terminé par un stigmate simple ; une baie globuleuse , uniloGulaire , qui contient des semences comprimées. U y a deux espèces d'ayz/rtrfo, toutes deux épineuses. L'une a les feuilles ovales, aigiies, et l'autre les a linéaires, (b.) AQUIFOLIAGÉES. Famille de plantes dont le type est le genre Houx, (b.) AQÙILA. Nom latin de 1' Aigle, (b.) AQUILA, C'est la Raie-aigle, (b.) AQUILAIRE , Aquilaria, Arbre à feuilles alternes , pé- tiolées, oblongues ou ovales , aiguës, glabres, très-entières et à (leurs solitaires, qui forme un genre dans la décandrie monogynie. Cet arbre avoit été indiqué par Lamarck comme devant former un genre- différent de I'Agalloche, quoiqu'il fût figuré dans le second volume de Rumphius, pi. lo, sous le nom (ï agallochum secimdarium. Cavanilles , dans sa septième Dissertation de Botanique^ a effectué cette séparation, et a donné pour caractères au nouveau genre qu'il en a formé : un calice campanule à cinq divisions ; point de corolle ; dix étamines insérées sur cinq écailles réunies à leur base ; un ovaire à stigmate simple; une capsule pyriforme, ligneuse, bivalve , biloculaire , contenant deux semences noires , entourées d'une matière spongieuse. Uaquilaire , qui est connue sous le nom de garo dans la presqu'île de Malaca , est un des arbres dont on retire la substance précieuse, si recherchée dans l'Orient sous le nom de 'bois d aigle , et que l'on paye plus que son poids d'or. Voye^ au mot Agalloche. On préfère les morceaux les plus résineux, ceux qui sont produits par les plus vieux pieds, ou qui sont le résultat d'une maladie ; on les cou^e en petits morceaux, et on les met sur des charbons ardens", dans des cassolettes percées de trous. La fumée qui résulte de leur combustion embaume les appartemens d'une manière plus agréable et plus durable que la plupart des autres parfums fie rOrient. 256 A R A On apporte rarement du bois de V aquUaîre en Europe , où on ne l'y regarde que comme un objet de curiosité, et on Ty payebeaucoup moins que dans l'Inde. ^.pl.A. i,oùileslfiguré. Le genre de TAquilaire paroft être le même que le genre Ophisperme de Loureiro. Il se rapproche des Samydes et des Anavinges. Voyez ces mots, (b.) AQUILICE, Aqidlicia. Arbrisseau qui croît naturellement dans l'Inde et dans les îles qui en sont voisines. Il forme un genre dans la penlandrie monogynie, et dans la famille des méllacées. Ses caractères sont : un calice court, turbiné et à cinq dents ; cinq pétales ovales et sessiles ; quinze petites écailles moins longues que les pétales ; cinq étamines courtes; un ovaire supérieur, chargé d un style à stigmate obtus ; une baie globuleuse qui contient de cinq à dix semences noyées dans un suc bleuâtre , visqueux, qui excite une déman- geaison brûlante lorsqu'on le met dans la bouche. Les feuilles de cet arbrisseau sont alternes , pétiolées , une ou deux fois ailées ; les fleurs sont disposées en corymbes et se développent deux fois l'année. La décoction de sa racine calme les douleurs d'estomac , les coliques et les tranchées. Ses feuilles broyées , torréfiées et appliquées sur la tête , sou- lagent dans le vertige et la foiblesse du cerveau , et leur suc aide à la digestion. M illdenow le rapporte au genre LÉE. (b.) AQUILLE , Aquillus. (icnre de Coquilles établi par Denys IMontfort, aux dépens des Rochers. Ses caractères sont I coquille libre , univalve, à spire élevée, cordonnée, armée; ouverture allongée, dentée, offrant une gouttière à la jonction supérieure des deux lèvres ; lèvre extérieure den- tée, festonnée; base ombiliquée , canalirulée, échancrée. L'espèce qui sert de type à ce genre est le Rocher cutacÉ de Linnieus, coquille de trois pouces de long, pourvue de deux rangs de gros tubercules , qui se trouve à une certaine distance des côtes, dans toutes les mers situées entre les tro- piques. On l'appelle chez les marchands : faux cabestan, degrés bordés , péron à étage, (b.) AQUIQUi. C'est un singe HiXj. genre des alouates , ou stentor de Geoffroy, que l'on trouve au Brésil. Cet animal est extrêmement criard; il fait retentir les déserts de sa \T>ix rauque et enrouée. On prétend qu'il crie avec tant de foixe, qu'il en jette abondamment de l'écume par la bouche, et qu'un petit S^nge, assis près de ce moderne Démosthène, a soin de lui essuyer officieusement le museau. ( Voyez l'article AlOUATE. ) (VIREY.) • AKK^Marrocercus., Vieil. ; psittacus., Lath. Genre de l'ordre des oiseaux sylvains , de la tribu des Zygodactyles et de la famille des' PslTTACl^s. V. ces mots. Latham a class« A . £0 3. V./. ARA , 257 7 les aras dans son ordre picœ avec les perroquets • j'en aï lait un genre distinct , dont les caractères sont : le bec earni d'une membrane à la base, très - robuste , très-comprimé par les côtés, convexe dessus et dessous, incliné dès l'o- rigine ; la mandibule supérieure à bords très-anguleux cro chu; l'inférieure , plus courte, retroussée, obtuse, avec un cran transversal sur le bout , dans lequel entre la pointe de la partie supérieure ; les narines orbiculaires , ouvertes si tuées dans la membrane; la langue charnue, épaisse- ob tuse et entière ; le tarse plus court que le doigt externe an- térieur ; les deuxième et troisième rémiges \es plus courtes - les rectrices très-longues et étagées; les tempes et les ioues nues chez les uns; ces dernières seulement en partie dé- nuées de plumes chez les autres. Les aras sont les plus belles espèces de perroquets nul existent sur la terre. On les voit éclater des reflets de l'azur de 1 or et de la pourpre ; leur longue queue, leur démarche majestueuse , leurs habitudes , les font rechercher partout- et leur grande docilité permet de les apprivoiser fac^lament' Mais ils ont une voix extrêmement rude et croassante • ils sont même criards , et leur intelligence paroît moins vive leur conception moins prompte que celle des autres perro' quels. Au reste, ils semblent connoître leur beauté et cher chent à se faire admirer; leur affection n'est pas aussi intime' que celle des perruches ou des perroquets ; on les croiroit dédaigneux et vains. On ne leur trouve point la pétulance des autres espèces ; ils sont assez graves. Leur bec est d'une grosseur extraordinaire, et leur tète petite en comparaison i.es aras ne se trouvent jamais qu'entre les tropiques et seulement dans le Nouveau-Monde. Leur voix est rauque • ils prononcent le mot ara en grasseyant; leur prononciation n est pas aussi distincte que celle des autres perroquets Ils sont peu défians, et même lourds; cependant ils ont assez de docilité. Ces animaux sont très-sujets au mal caduc ; pour remède on conseille de leur entamer le pied , afin de le faire sai- gner. Cette espèce d'épilepsie s'appelle rrampe ; c'f^st un téta- nos ou enroidissement du système musculaire de ces oiseaux Dans les colonies de l'Amérique , les aras causent de grands dommages aux plantations de café et de cacao sur lesquelles ils fondent en grand nombre. On manee de r,-. animaux, dont la chair est dure; mais celle des leunes est assez bonne. ' ^^ On a prétendu que les Indiens savoient faire chaneer la couleur des plumes des aras et des autres perroquets en im pregnant la peau de l'animal vivant, du sang d'une -renouil'e 258 ARA d'arbre ou rainette. Cette opération s'appelle tapirer. Cepen- dant ces belles couleurs jaunes et rouges des plumes ne nie semblent point être le résultat de cette opération, lime paroît que ces variations de plumage dépendent d'un état maladif {particulier , comme la panachure des feuilles des arbres, ou es taches des quadrupèdes ont pour cause une pareille dégé- nération. Ce qui vient à l'appui de cette opinion, c'est que les perroquets qu'on appelle iapirés , sont précisément des individus malades et languissans. Les arai sont jaloux et impatiens. Ils se servent très-adroi- tement de leurs pattes pour porter leur nourriture à leur bec, de même que pour grimper et s'accrocher aux branches. Pendant leur sommeil , ils demeurent quelquefois accrochés et suspendus. Ce qui distingue principalement les aras , c'est leur beau plumage et leur taille avantageuse. La première fois qu'ils furent apportés en Europe , les princes se disputoient , en quelque sorte , leur possession. Mais ils ont moins de gen- tillesse , de douceur et d^ esprit que les autres perroquets. Les aras ne volent point en troupes comme les perroquets; ils se tiennent ordinairement par paires, et on en voit rare- ment sept ou huit ensemble : ils s'agitent et crient, lors- qu'ils aperçoivent quelqu'un. Ils ne vont jamais à terre , d'où ils ne pourroient s'élever, vu la grande longueur de leurs ailes et leurs pieds courts ; aussi est-il facile de les «rendre lorsqu'ils y sont. S ils veulent s'envoler , ils s'élè- vent de dessus les arbres , et choisissent les plus hauts pour se percher , sans cependant monter à leur cime. Ils ont un vol horizontal et médiocrement élevé. Les fruits du palmier et des arbres des grandes forêts forment leur nourriture de préfé- rence, et on ne les voit jamais dans les plantations d'orangers et de goyaviers. Ces oiseaux nichent dans des arbres creux. Leur ponte n'est que de deux œufs, dont le mâle partage Tincubalion avec sa femelle. Les petits ne crient point pour exprimer leur besoin, et ils prennent leur nourriture en frappant de leur bec le tronc des arbres. On assure que Vara aiwerl niche souvent dans des trous qu'il creuse lui-même sur les bords perpendiculaires des rivières. Les Espagnols de l'Amérique appellent les aras, ^acamajo; et les naturels du Paraguay, guhaa et aracaca^ d'après leurs cris, (v.) L'Ara, AraCANGA, Mucroœrcus ; aracanga , Vieillot \ psii- tacus ara^ Lath. , pi. enl. 64i de Buff., sous le nom de petit ara rousse. Tous les ornithologistes ont fait une espèce de cet ara , à l'exception de Buffon qui le donne pour une variété ou ARA aSg plutôt pour une race distincte de I'Ara. rouge. Il a la tête, le cou , le haut du dos, la poitrine , le ventre et les jambes d'un beau rouge ; le bas du dos et le croupion d'un bleu clair ; les couvertures supérieures de la queue de la même cou- leur; les inférieures couleur de rose pâle à leur origine, et terminées d'un bleu clair; les joues et la gorge couvertes d'une peau blanche ; les petites couvertures des ailes d'un rouge vif; les moyennes de cette couleur, orangées et termi- nées de vert ; les grandes , les plus extérieures , d'un bleu mêlé d'une légère teinte de violet le long de la tige ; les autres et les scapulaires jaunes et terminées de vert ; les dix-huit premières pennes de l'aile bleues en dehors, noirâtres en de- dans; les autres, variées de vert, de bleu et de marron poui-pré ; toutes les pennes de la queue d'un rouge obscur en dessous ; les latérales d'un bleu clair en dessus ; par- mi les intermédiaires, les unes sont rouges et bleues, les au- tres d'un bleu mêlé d'une légère teinte de violet; la mem- brane du bec est blanche; le bec de cette couleur en dessus et noir à la pointe; l'iris jaune; les pieds bruns et les ongles noirs. L' Ara Azu VERT , Macrocercus glaucus , Vieil. Cette espèce, dont nous devons la connoissance à M. de Azara , habite l'Amérique australe, entre le vingt-septième et le trente-troi- sième degré de latitude. Elle niche non-seulement dans les trous d'arbres , mais aussi , et même le plus souvent , dans ceux qu'elle creuse sur les bords perpendiculaires des rivières de Parana et d'Uruguay. Elle diffère des autres en ce que la membrane du bec qui est couleur de paille , et large de deux lignes à la base de la mandibule supérieure , diminue de largeur jusqu'à l'angle de la bouche , d'où s'étend une se- conde membrane étroite , d'un blanc jaunâtre , qui embrasse la mandibule inférieure et s'élargit près de l'œil ; une autre peau nue , jaune et séparée de la première, entoure l'œil. Elle en diffère encore par la largeur du bout de la mandibule inférieure. Cet ara a vingt-six pouces de longueur totale (la femelle est un peu plus petite) ; la queue longue de treize pouces et demi, le bec de trente lignes ; un bleu foible colore la tête , et un bleu de ciel , changeant en vert de mer , règne sur toutes les autres parties supérieures ; une couleur d'acier bruni est répandue sur les inférieures , sur les ailes et sur la queue ; le bec et les pieds sont noirs, ainsi que la langue dont les bords sont d'un jaune paille ; le bord de la paupière a la nuance de la fleur du romarin. Son plumage présente de l'analogie avec celui de Vara hyacinthe , dont la patrie est inconnue. L'Ara A BANDEAU ROUGE. ï^. Perruche â bandeau rouge 26o ARA L'Ara bleu, Macrocercus ararmina , Vieil. ; psît. ararauna^ Lath. -, pi. enl. de Buff. , n." 36 , a tout le dessous du coi^ps d'un jaune d'or pur, et le dessus, y compris les ailes et la queue, d'un beau bleu d'azur, avec des rellets violets d'un éclat éblouissant ; la peau nue des joues d'une teinte couleur de rose mêlée de blanc , avec trois raies horizontales de plu- mes noires et d'autres raies verticales sur tout l'espace dénué de plumes ; l'iris est d'un vert céladon. Cette espèce se trouve au J5résil, et ne prononce pas si distinctement ara que l'ara rouge ; elle porte au Paraguay le nom de Canimdé. L'Ara à gorge variée. V. Perruche à gorge variée. L'Ara gris a trompe. V. Kakatoès gris. L'Ara HYACINTHE, Macrocercus hyacinlhinus ; psit. hyacinthe nus, Lath., a deux pieds deux pouces de long; le bec noir et très-grand ; la tête bleue ; le corps dun bleu foncé ; les pennes alaires et caudales d'un bleu violet avec une nuance de vert sur les bords; les pieds noirâtres ; l'orbite et le men- ton couverts d'une peau nue, de couleur jaune ; la queue moi- tié plus courte que celle de Vara rouge. Cette espèce est figu- rée dans les oiseaux du Muséum lévérian. L'Ara macao. V. Ara rouge. L'Ara MAKAVOUANA , Macivcercus makavouana , Vieill. ; psît. makavouana^ Lath. ; perriche ara, Bufl"., pi. enl., 864.. Celte perriche, ayant tous les caractères des aras, ne doit pas en être distraite. Elle a la queue longue de neuf pouces; tout le dessus du corps, des ailes et de la queue , d'un vert foncé , un peu rembruni; les grandes pennes alaires bleues, bordées de vert , et terminées de brun du côté extérieur ; le dessus et les côtés de la tête d'un vert nii^lé de bleu foncé, de fac^on qu'à certains aspects ces parties paroissent entièrement bleues ; la gorge , le devant de cou et le haut de la poitrine sont roussdtres; le reste de la poitrine , le ventre et les flancs d'un vert pâle ; le bas ventre d'un rouge brun , ainsi que plu- sieurs plumes des couvertures inférieures de la queue , la- quelle est, en dessus, d'un vert jaunâtre. Cette espèce se trouve à la Guyane. L'Ara maracana , Macrocercus maracana , Vieil. Cet ara, que M. de Azara a décrit dans ses \oyages, sous le nom de maracana farde , vit en petites troupes au Paraguay jusqu'à la rivière de la Plata. 11 se perche sur les grands arbres et sur les petits buissons. Son cri est plus fort que celui des au- tres aras , et a quelque rapport avec le nom de l'oiseau. Sa longueur est de dix-sept pouces , dont la queue en a huit. La membrane du bec est d'un jaune de paille ; la peau nue qai entoure l'œil et qui couvre ^es joues , est d'un beau jaune ; ARA 261 on remarque quelques poils noirs entre les narines et les an- gles de la bouclie. Il a trois taches rouges , la première sur le front , entre les deux narines , et elle s'étend de six li- gnes sur la tétc ; la deuxième sur le dos où les plumes sont vertes et bordées de rouge ; la troisième dont la teinte n'est pas aussi vive , est entre les Jambes. Le reste de la tête est d'un bleu noirâtre; les couvertures supérieures, et les pennes des parties extérieures de l'aile, et presque la dernière moitié de la queue, sont bleues; l'autre moitié de la queue est d'un vertrougcâtre; les pennes, ainsi que celles des ailes, ont l'ex- trémité brune , et le reste d'une foible couleur d"or ; un vert foncé , plus clair sur les parties inférieures , couvre tout le reste du plumage ; l'iris est orangé ; le tarse couvert de petites écailles couleur de paille. La femelle est un peu plus petite que le mâle. Sonnini , traducteur des Voyages d'Azara , rapproche cet oiseau de I'Ara militaire. F. cette espèce. L'Ara militaire , Macrocemis militaris , Yieill ; psil. mili- tam, Lath., pi. SiS, des oiseaux d'Edowards, aie front rouge; le corps vert; les ailes et le croupion bleus ; le dessus de la queue rouge et blanc à l'extrémité ; le dessous d'un orangé sale ; ses couvertures inférieures mélangées de rouge ; les supérieures bleues ainsi que le milieu du dos ; l'iris jaune ; la peau nue des joues avec des lignes composées de plumes noires ; les pieds couleur de chair. Cet ara se trouve à la Guyane. Latham rapproche de cette espèce un Ara que Bancroft a vu à Surinam, et qu'on y nomme acushé. Cet ara est à peu près de la grandeur de Vara macao ou rouge ; le bec long et de couleur de chair ; le corps couvert de plumes d'un beau vert de paon ; celles du sommet de la tête et le bord des ailes rouges ; la queue longue, verte, rouge et pourpre. Cet individu n'apparliendroit-ilpas plutôt à l'espèce du grand ara militaire? (s.) L'Ara militaire (le grand) , pi. 6 des perroquets de Le- vaillant , diffère du précédent en ce qu'il a six pouces de plus ; le bec plus robuste ; les mandibules arrondies au lieu d'être aplaties ; les plumes des oreilles et de la gorge sont dun brun qui approche du violet ; le devant du cou et la poitrine d'un gris- brun à reflets d'un vert nuancé ; les lianes, le ventre et les jambes vertes ; les pennes caudales dun bleu d'azur à la pointe, d'un roux pourpré dans le reste ; les pieds d'un brun terreux ; la mandibule supérieure noire et d'un brun de corne à la pointe ; l'inférieure noire, et les ongles de cette couleur. L'Ara noir, Psittacus ater , Lath. , n'appartient point à 263 A R A la famille des perroquets. C'est le rand Ani. (F. ce mot) auquel les Américains donnent quelquefois le nom de per- roquet. L'Ara noir à trompe. V. Kakatoès noir. L'Ara pavouane. V. Perruche pavouane. L'Ara rauna. F. Ara bleu. L'Ara rouge, Macrorerrus marao, Vieill. ; psittacus macao^ Lath., pi. enl. de Buff., n." 12, a vingt-huit à trente pouces de longueur totale , dont la queue fait la moitié ; la mandibule supérieure garnie en dedans d'une proéminence contre la- quelle l'oiseau appuie les noyaux durs pour les briser , en les pressant avec le bout de la mandibule inférieure. La partie nue de la tête est blanchâtre et sillonnée par quelques rides , avec des lignes de petites plumes rouges ; le bec est blanchâ- tre en dessus, noir à sa pointe , à l'angle de la bouche et en dessous ; l'iris couleur de paille ; le corps et les quatre plus longues plumes de la queue sont d'un beau rouge foncé ; un bleu turquin couvre les pennes primaires des ailes en dessus , et un rouge de cuivre sur un fond noir est en des- sous ; les secondaires sont bleues et vertes; les couvertures supérieures d'un jaune doré et terminées de vert ; celles de la queue bleues ; les quatre pennes latérales de chaque côté de cette couleur en dessus et d'un rouge de cuivre en des- sous ; le front est bordé d'un rouge mordoré ; la gorge est d'un rouge brun ; les pieds sont noirâtres. Cette espèce est répandue dans toute l'Amérique méridionale : elle se trou- voit autrefois à Saint-Domingue , mais la culture l'en a chassée. L'Ara TRICOLOR , Macrncercus tricolor^ Vieill. , pi. 5 des perroquets de Levaillant , est indiqué par Buffon pour une variété de I'Ara rouge. Levaillant le présente comme une espèce distincte. En effet , son plumage présente des diffé- rences assez remarquables , surtout sur la nuque qui est jaune. 11 a vingt pouces de long, tandis que l'autre en a près de trente ; la mandibule supérieure moins arquée et l'infé- rieure plus renflée. La tête , le devant et les côtés du cou , la poitrine , le ventre et les jambes sont rouges ; le derrière du cou est d'un jaune très-pur; le menton d'un rouge brun, frangé de jaune ; les scapulaires et les petites couvertures des ailes sont de la même couleur avec une bordure verte, frangée de jaunâtre ; les grandes couvertures et les pennes d'un bleu d'azur verdâtre en dessus, d'un rouge de cuivre en dessous ; le croupion et les couvertures supérieures de la queue d'un bleu violet ; les inférieures d'un bleu pâle bordé de vert et d'un rouge-brun; les pennes latérales d'un bleu d'outremer à l'extérieur et à la pointe, d'un rouge cramoisi à Tinté- ARA 263 rîeur; les deux intermë<îiaîres de cette couleur, bleue vers la bout; les couvertures inférieures des ailes rouges , jaunes et d'un brun-verdâtre léger-, le bec et les ongles noirs ; la peau nue des joues, blanche. L'Ara vert, Macrocerciis seoerus , Vieill. ; psittacus , sevenis , Lath. , pi. lo du Dictionnaire. Taille de seize pouces, plu- mage d'un vert foncé, avec un lustre doré et éclatant; le dessous des ailes et de la queue d'un rouge de cuivre , et le dessus de leurs pennes vert mêlé d'un bleu vif et clair de l'aigue-marine ; un bandeau de couleur marron ou rouge ceint son front. Il habite à la Guyane, (v.) ARA. Poisson qu'on croit être le Caraisix trachure. (b.) ARARATA ou ARABATE. Singe d'Amérique cité par Gumilla {El Orinoco lllustrado , etc., Madrid 1755 , tom. i.« , pag. 295), et dont M. Geoffroy fait une espèce de son genre hurleur', genre anciennement établi par M. Lacépède , sous le nom d'ALOUAiTE, que nous conserverons. Voy. ce mot. (desm.) ARABETTE , Arahis. Genre de plantes de la tétrady- namie siliqueuse et de la famille des crucifères , dont le caractère est d'avoir un calice de quatre folioles conniventes, dont deux opposées, souvent plus grandes et gibbeuses àleur base; quatre pétales en croix; six étamines , dont deux plus courtes; un ovaire supérieur, glanduleux; une silique lon- gue , linéaire , qui s'ouvre en deux battans , qui est divisée dans toute sa longueur en deux loges par une cloison mi- toyenne, et qui contient des graines membraneuses, ovoïdes et comprimées. Les arabettes sont toutes , excepté une , des herbes Euro- péennes , dont la tige est ordinairement simple et les fleurs disposées en épis. Les botanistes français leur ont réuni les TouRETTES qui n'en diffèrent que par l'absence des glande.s de l'ovaire , et par d'autres caractères encore moins impor- tans ; mais leur opinion n'a pas été admise par les bota- nistes du nord. Les espèces de ce gCTire sont au nombre de vingt à vingt- cinq. Voici les plus communes. L'Arabette rameuse , Arabis ihaliana , qui a les feuilles radicales oblongues , pétiolées ; les caulinaires lancéolées , sessiles; la tige droite, hérissée à sa base ; les pétales deux fois plus longs que le calice. Elle est annuelle , et se trouve sou- vent en grande abondance dans les champs sablonneux, dans les terrains en friche. Elle fleurit de très-bonne heure. L'Arabette des Alpes, qui a les feuilles oblongues, lancéolées, amplexicaules , et bordées de dents aiguës. Elle 264 ARA est vivace , et se trouve sur les Alpes et autres montagnes froides. L'Arabette à feuilles de PAQUERETTE a les feuilles presque dentées ; les radicales ovales ; celles de la tige lancéo- lées, et les rameaux relevés. Elle est vivace, et se trouve dans les mêmes endroits que la précédente. L'Arabette grêle a les feuilles dentées, obtuses, his- pides, les radicales presque en lyre ; la tige hérissée et les pétales droits. Elle est vivace , et se trouve sur les mon- tagnes sèches et rocailleuses. L'Arabette tourrette ^ qui a les feuilles amplcxicaules ; les siliques planes, linéaires, et plus épaisses sur les bords, est annuelle , et se trouve sur les montagnes arides. Elle a l'aspect de la tourrette ç,labre ; mais ses siliques ne sont point quadrangulaires comme celles de cette dernière, (b.) ARÀBI. Poisson du genre Mugile , Mugil crenilabris. (b.) ARABOUTAN. C'est un des noms du Brésillet. (b.) ARACA-GUACU et ARACA-MIRI. Arbrisseaux du Brésil , mentionnés dans Ray, dont les fruits sont musqués el se confisent, et dont les racines sont diurétiques et bonnes dans le traitement de la dyssenterie. C'est la Goyave, (b.) yVRACA-PUDA. Nom du Rossolis de l'Inde, (b.) ARACARIS. Oiseaux du genre Toulan. V. ce mot. (v.) ARACHIDE , Ararhis. C'est une plante de la famille des Légumineuses , originaire d'vVfrique , mais cultivée au- jourd'hui dans tous les élablissemens des Européens entre les tropiques , à raison de son fruit qui se mange sous le nom de pistache de terre. Elle forme un genre qui offre pour caractère : un calice divisé en deux parties , dont la supérieure est se- mitrifide , et l'inférieure lancéolée ; une corolle papiliona- cée , presque renversée ; neuf étamines monadelphes cl une dixième libre et stérile ; un ovaire supérieur , qui devient un légume oblong , cylindrique , réticulé , s'ouvrant à peine , à v.ne. ou trois semences. Les feuilles sont alternes, ailées sans impaire , ou composées chacune de quatre folioles ovales , et ayant à leur base une stipule membraneuse divisée en deux. V. pi. A. 8, ou elle est figurée. Poiteau a remarqué que ce qu'on prenoit pour le pé- doncule du fruit, étoitla partie tubulée du calice. Les fleurs de V arachide naissent dans les aisselles des feuilles. Les supérieures avortent toujours, quoique pourvues de tous les organes : ainsi il est monoïque ; mais le germe des infé- rieures , Immédiatement après la fécondation , ainsi que je l'ai observé en Caroline , se recourbe vers la terre , et s'y in- sinue , pour achever de se développer hors de l'action de la lumière : c'est donc dans la terre qu'on est obligé d'aller ARA 265 chercher les graines, qu'on mange cultes dans l'eau ou grillées sous la cendre. Celte graine, qui est de la grosseur du petit doigt , a un goût d'amande altéré par un goût de pois secs qui ne plaît pas à ceux qui n'y sont pas accoutumes. On peut en retirer , par expression , une huile aussi honne que celle de l'olive , et qui se conserve sans rancir pendant fort long-temps. On fait, dans beaucoup de fabriques, entrer des graines à' arachides moulues ou pilées, dans la confection du chocolat; ce qui altère beaucoup sa qualité. La culture de Varachîde , en Caroline , ne fait pas un ar- ticle de spéculation pour les colons ; elle est abandonnée aux Nègres , qui se contentent, après les avoir grattés avec la pioche , d'en planter quelques pieds au printemps , dans les terrains qui leur sont abandonnés. Ils les arrachent au mi- lieu de l'été. Chaque pied, aux environs de Charleston, où la terre est mauvaise, ne donne que sept à huit gousses à deux graines chacune. La récolte est ordinairement consommée quinze jours après qu'elle est faite ; car les graines fraîches sont meilleures que les vieilles, et les enfans en mangent du matin au soir. Loureiro rapporte qu'on la cultive abondamment à la Chine et à la Cochinchine , et qu'on retire de ses fruits une huile propre à manger et à brûler. Celte planle ne réussit que dans les pays chauds et dans les terrains en môme temps sablonneux et frais. Sa culture exige plusieurs binages, et sa récolte manque souvent. Elle a été , dans ces derniers temps , l'objet de beaucoup d'écrits en France , en Espagne et en Italie ; écrits où l'on assuroit que son fruit, soit pour le manger cru ou cuit , soit pour en faire de l'huile également bonne pour la cuisine et pour la lampe , devolt être d'un produit extrêmement avantageux. Je n'ai point partagé l'enthousiasme général ; et de fait , tous ceux qui , en France , ont entrepris sa culture , ont été obli- gés d'y renoncer. Il faut donc, selon moi , se borner à en tenir quelques pieds , dans les jardins en sol sablonneux du midi de la France. C'est à la fin d'avril, lorsque les gelées, auxquelles l'arachide est très-sensible , ne sont plus à redouter , qu'on doit mettre sa graine en terre, à un pied de distance en tous sens, sur des ados de six à huit pouces de haut, dirigés du levant au couchant. A la fin de mal ou au commencement de juin, on donne im premier binage, et successivement un tous les mois, ayant soin de ramener au pied du plant la terre qui a pu être entraînée au bas de l'ados. La récolte se fait en octobre. i66 ARA Loureiro en mentionne deu? espèces, I'Asiatique et 1' Afri- caine. La première a les stipules bifides , et la seconde les a entières, (b.) ARACHNÉ. V. Satyre, (l.) ARACHNÉOLITE. Nom donné aux crustacés fossiles, qui, par la longueur de leurs pattes, approchent de celui qu'on appelle araignée de mer. V. au mot Maja. (b.) ARACHNIDES, Arachnides. Nom donné par M. de Lamarck à une classe d'animaux sans vertèbres , qu'il signale ainsi : animaux ovipares, ayant, en tout temps, des pattes articulées, ne subissant point de métamorphoses, et n'ac- quérant jamais ni ailes , ni élytres , ni nouvelles sortes de parties ; plusieurs ouvertures stigmatiformes pour l'entrée de l'air à respirer ; un cœur et une ébauche de circulation dans plusieurs ; la plupart exécutant plusieurs fécondations dans le cours de la vie. Il y comprend tout l'ordre des insectes aptères de Linnœus , à l'exception des genres cancer., monoculiis , oniscus , qui com- posent sa classe des crustacés , et ceux de termes et de pulcx , qu'il réunit aux insectes proprement dits , et formant une autre classe. Les arachnides , ainsi nommées du genre principal et le plus nombreux, celui d'araignée ou à'arachne en grec, se divisent en deux ordres, les antennistes et les palpistes ; les pre- mières ont deux antennes; les secondes en sont privées. J'a- vois , depuis long-temps , distingué ce dernier ordre sous la dénomination ai' acéphales (^Préc. des caract. gêner, des insectes). M. Cuvier l'ayant ensuite appliquée à un ordre de mollusques, je lui avois substitué celle d'«tORBE. (b.) ARAGUATO, Simia ursina. M. de Humholdt décrit sons ce nom un singe roux des bords de l'Orénoque, qui appar- tient au genre hur/eur de M. Geoffroy ou à celui auquel nous laissons le nom d'ALOUATTE que M. Lacépède lui a donné. (DESM.) ARAGUIRA. Nom que d'Azara donne à une Fringille de l'Amérique méridionale. F. ce mot. (v.) ARAIGNE ou ARAIGNÉE. Nom d'un filet composé de trois nappes, qui sert particulièrement à la chasse des merles et des grimes, (v.) ARAIGNÉE , Aranea. Genre d'animaux , de la classe des arachnides , ordre des pulmonaires , famille des aranéides ou des fileuses , tribu des tubitèles , et qui se dislingue des autres genres de cette tribu par les caractères suivans : huit yeux ; les deux filières supérieures notablement plus longues que les autres; la première et la dernière paire de pieds plus grandes ; mâchoires droites et lèvre carrée. Les animaux désignés par Linnœus , Geoffroy, Degeer , Fabricius , etc., sous le nom d'araignée , composent aujour- d'hui dans notre méthode , une famille , celle des aranéides ou arachnides fileuses , et notre genre araignée ne comprend plus que Tespèce de cette famille la plus commune dans nos habitations , la domestique , et quelques autres analogues. M. Walckenaer les avoit d'abord réunies dans une petite fa- mille , les araignées lapiformes ( Faun. Paris. ). Je les ai en- suite séparées génériquement sous le nom de tégénaire {^nouv. Dict. d'Hisi. Nat. tom. 24.), ce que le même naturaliste a fait aussi dans son tableau des aranéides , mais en lui donnant un peu moins d'étendue, par la formation du genre agelène. Celui que j'appelois araignée se composoit («oî/f. Dict. d'Hist. J^t'ai. , tom. 10) des espèces désignées sous la dénomination de tendeuses , maintenant les épéires. Dans le même ouvrage de M. Walckenaer, les araignées embrassent la seconde tribu des aranéides. Au milieu de cette variation , je me suis déterminé ( Gêner, crust. et insect. ) à conserver aux araignées tendeuses le nom d'épeïre , expression qui les caractérise très- Jbien, à supprimer celle de tégénaire, et à la remplacer par le mot araignée ; changement qui m'a été suggéré par ce na- turaliste. Notre genre araignée fait partie de l'ancienne division des A. tapissières, et comprend ceux de tégénaire et d'agelène de cet auteur. Leurs yeux, au nombre de huit, sont disposés ARA 271 quatre par quatre , à rextrémité antérieure du corselet, sur deux lignes transverses , arquées en arrière , et à peu près de la même longueur ; les quatre du milieu forment un carré , et les latéraux sont plus rapprochés du devant du corselet, que les intermédiaires de leurs lignes respectives. Les man dlbules ont sur leur côté intérieur un sillon dentelé sur ses deux bords , et qui reçoit la griffe ou le crochet, lorsqu'il se replie ; les mâchoires sont droites, et presque terminées en forme de palette. La lèvre est carrée , plus longue que large dans les unes, et à diamètres presque égaux dans les autres. Les deux filières supérieures sont très-saillantes, caractère qui , dans cette tribu , ne convient qu'à elles et aux dotho. Presque toutes les espèces de ce genre sont domestiques. Elles filent dans les coins des appartemens négligés, des gre- niers, des étables , des toiles grandes, horizontales, qui en occupent exactement les angles. Leur surface forme un plan triangulaire, mais qui devient un peu concave par Taffaisse- ment naturel de latoile. Ses fils sont très-serrés, se croisent, et, liés fortement ensemble par leur viscosité, lui donnent quel- que ressemblance avec de l'étoffe très-mince , mais qui peut néanmoins retenir les divers insectes qui s'y posent , souvent même d'assez gros coléoptères, et dont ces animaux se nour- rissent. Plusieurs fils lâches , comme tlottans , comparés par Lister à des cordages ou à des antennes de vaisseaux , sont placés sur le côté supérieur de la toile , et deviennent des es- pèces de lacets pour les insectes qui s'y embarrassent. Im- médiatement à l'angle , formé par la réunion des deux murs , l'araignée file un tuyau cylindrique , ayant une de ses ou- vertures en devant, et l'autre en dessous. Elle s'y tient cons- tamment à l'affût , la tête tournée en avant. Dès qu'une mouche ou un autre petit animal est arrêté dans la toile , elle accourt promptement, s'empare de sa proie, [et l'entraîne au fond de sa loge, afin de l'y sucer plus librement. Si quel? que danger pressant effraye l'araignée , elle se sauve bien vite et à toutes jambes , par l'ouverture inférieure de son habita- tion. Homberg a décrit dans les Mémoires de l'Académie des sciences, 1707, la manière dont ces animaux parviennent à tendre leurs toiles. Les cavités qui se trouvent sous les pier- res placées à terre , dans les décombres , leur servent au^si de domiciles. Lister les a encore rencontrées quelquefois dans les bois. Il a vu le mâle et la femelle sur la même toile, au commencement de juin, époque de leurs amours; leur ayant jeté des mouches , chaque individu en prit une. La ponte a lieu vers la fin du mois suivant. Le cocon a une double enveloppe de soie très-blanche ; il est placé près de Touverture antérieure du tube , où l'araignée se tient et 272 ARA semble faire partie de la toile. Les œufs sont blanchâtres et n'ont aucune adhérence. Audebert a nourri, pendant quel- ques années , plusieurs individus de l'araignée donieslique. Des femelles qu'il avoit isolées ont produit successivement plusieurs générations également fécondes. L'araignée do- mestique croît beaucoup avec l'âge , et l'on trouve des indi- vidus très-grands; mais, suivant Lister, les pattes seules augmentent de volume et deviennent plus velues. , L'araignée labyrinthique, type du genre agelène de M. AValc- kenaer, construit sa toile sur le même modèle ; mais elle la place sur les haies, les buissons, au bas des arbres ou sur différcns végétaux touffus, et particulièrement sur l'ajonc. On voit dans les champs , vers la fm de l'été, une grande quan- tité de ces toiles. Cette espèce est cependant moins comnmne au nord de l'Europe. Lister remarque qu'elle s'établit de préférence dans le voisinage des habitations des grandes fourmis. Il paroît même , d'après une observation qui m'a été communiquée par M. Kummer, que l'araignée tend suc- cessivement des fds, pour embarrasser ces insectes, lorsqu'ils s'échappent en courant; qu^elle les pique lorsqu'ils s'arrê- tent, et qu'elle revient les chercher quelques secondes après, le venin avant produit son effet. Elle fait encore sa nourri- ture des abeilles; mais elle prend, à leur défaut, d'autres Insectes, des coléoptères même. Les pattes du mâle sont plus longues que celles de la femelle , de même que dans l'araignée domestique. L'ac- couplement se fait , du moins au midi de l'Angleterre , vers la fin de juillet. Le cocon est placé de la inanière que nous avons indiquée plus haut. Il contient environ soixante œufs; leur couleur est blanchâtre , et Lister dit qu'ils sont les plus grands de tous ceux qu'il a observés. Une femelle qu'il nourrissoit , suspendit au milieu du verre, où elle étolt renfermée , son cocon; elle l'enveloppa de différentes toiles , divisées par des cloisons , formant des espèces de chambres ou d'allées, mais qui aboutissoient au dépôt de ses œufs. Le cocon avoit la figure d'une étoile. L'organe sexuel des mâles des araignées est très-compli- qué ; on remarque à celui de toutes les espèces , un grand cfochct qui se courbe vers la base du dernier article des palpes, et se termine en pointe. Parmi les araignées, les unes ont les mâchoires fortement tronquées à leur extrémité intérieure, et la lèvre plus longue que large ; leurs pattes sont très-longues ; elles forment le genre tégénaire de M. Walckenaer. Telle est : L'Ar.MG>ÉE DOMESTIQUE, Araneadumestica, Llnn. ; Clerclc , aruit. suec.,pag. 76, /)/.2, taù. 9, d'un brun grisâtre, avecTabdo- ARA 73 plus enfoncé ; corselet sans taches dans le mâle ; une bande lon- gitudinale et noirâtre, de chaque côté, sur celui de la femelle ; milieu de l'abdomen en dessus ayant deux rangées de taches jaunâtres, entremêlées de petites lignes obscures, forniant des chevrons ou des angles aigus. Foyez encore la trgénaire ■cmle de M. Walckenaer, Hisl. des Aranéides^ fuse. 5, lab. 5. Les autres araignées ont les mâchoires foiblement tronquées à leur extrémité , et un peu inclinées ; leur lèvre n'est pas plus longue que large; les pattes sont de longueur moyenne. £lles composent le genre agélène de ce naturaliste. L'AraiGiNÉe LABYRINTHIQUE , Aranea labyrinthka , Linn. ; Schœff., Icon, insect.^ pi. \^., fig. 8, d'un roussâtre clair, avec un duvet cendré; abdomen noir, ovoïdo-conique , avec deux rangées de lignes blanchâtres et chevronnées ; les deux filières supérieures plus longues que dans l'araignée domestique. Voyez pour les autres espèces d'araignéesmentionnées dans la première édition de ce Dictionnaire , les renvois suivans : Araignée aquatique, V. Argyronète, Araignée calicine , V. Thomise. Araignée chevronnée , V. Saltique. Araignée couronnée , V. Théridion, Araignée des caves , F. Ségestrie. Araignée porte-croix , V. Epéire. Araignée tarentule , V. Lycose. Araignée tuberculée, V. Epéire. T. l'art. Aranéides. (l.) ARAIGNÉE DE MER. Quelques pécheurs appellent de ce nom un poisson de trois et quatre pouces de long, qui ne paroît être qu'une jeune Vive. V. au mot Trachine. (b.) ARAIGNÉE DE MER. On donne encore ce nom, chez les marchands d'histoire naturelle , à plusieurs coquilles du geni^ Strombe , dont la lèvre se divise en digitations qui imitent les pattes de l'araignée, (b.) ARAK. Nom arabe d'une espèce d'AcHiT. (b.) ARALD A. C'est la grande Digitale, (b.) ARALIACEES, Araliœ. C'est une famille de plantes, con- fondue avec les ombcUiJères par plusieurs botanistes, mais qui en a été distinguée par Jussieu. Ses caractères sont d'avoir le calice à bord entier ou denté ; les pétales et les éta- mines en nombre déterminé ; le style multiple et les stigmates simples; une baie, ou rarement une capsule, multiloculaire , dont les loges sont monospermes et en nombre égal à celui des styles. Cette famille ouvre, dans le Tableau du règne végétal, par Ventenat, la classe des Dicotylédones, et ses caractères sont figurés pi. i3 du même ouvrage. Elle renferme I'Aralie, le Gaston, le Polyscias, le Schefflera, le Scyodaphille, il. 18 274. ARA le CussoNE, la Ma.ralie, le Ginseng, et, selon Poîret, le Lierre; la tige des espèces qui les composent est ou arbo- rescente, ou frutescente, ou herbacée; les feuilles alternes, ordinairement composées; les fleurs petites et presque lou- eurs disposées en ombelle. (B.) ARALIE , AraVui. Genre de plantes de la pentandrie pen- tagynie , et de la famille des Araliacées, dont les caractères sont : calice supérieur à cinq dents; corolle de cinq pétales; cinq étamincs ; ovaire inférieur , surmonté de cinq styles courts , et terminés chacun par un stigmate simple et légère- ment globuleux; baie arrondie, couronnée, et qui contient cinq semences dures et oblongues. Les arolies renferment une douzaine de plantes qui sont gé- néralement fruliculeuses , et quelquefois même frutescentes. Les unes ont les feuilles entières , les autres les ont lobées ou digilées, quelques unes les ont deux ou trois fois ailées. L'espèce la plus connue , et en même temps , peut-être, la plus remarquable , est TAralie épineuse, vulgairement ap- pelée Vanc;é[ique épineuse , qui croît naturellement dans les parties chaudes de l'Amérique septentrionale. C'est un ar- buste de Jix à douze pieds de haut , et quelquefois de la gros- seur du bras , dont la lige et les feuilles sont hérissées d'épines. Il est fort élégant, on peut même dire .très-pittoresque par l'effet que produit sa tige grêle, ses feuilles toutes terminales, surcomposées, très-étendues, et ses panicules de fleurs ou de fruits , souvent si chargées qu'elles font plier la tige : il est employé en France à Tornement des bosquets d'été et d'automne. On le multiplie de semence , ou par ses racines. Il aime une terre fraîche et un emplacement un peu ombragé , k ce que dit Tschoudi, et c'est ce que je puis confirmer, l'ayant observé dans son pays natal. Ses Heurs sont blanches et onl une odeur agréable ; ses baies noires sont fort recherchées par les oiseaux de passage à l'entrée de liiiver ; et ses racines sont employées comme un puissant sudoriûque pour les ma- ladies des chevaux. L'Aralis à rK.APPE et TAralie à tiges nues , qui se trou- vent dans l'î arsid de l'Amérique septentrionale , y sont em- ployées pou,.' <^lé!erger les ulcères invétérés, et guérir la leu- cophleguiat-.e. On les cultive dans quelques jardins d'Europe. On vend quehjuefois la racine de cette dernière sous le nom de celle de la Serpentaire, et elle en a les vertus. On peut encore mentionner les Aralies octophylle Palmée et chinoise, qui croissent dans la Chine et la Co- chinchine , et qui y sont très-employées en médecine , comme apéritives, diuréiiques et diaphorétiques. Elles y sont surtout regardées comme un spccifique conlre Thydropisie. A 11 A a y 5 On appelle aussi le Clusier du nom d'ARALiE. Foy. ce mot. (b.) ARAMAQUE. C'est le Pleuronectes papillosus , Linn. Voy. Pleuronecte. (».) ARANA PANNA. F. Polypode de l'Inde, (b.) ARAN AT A. Quelques anciens voyageurs ont fait mention, S'ius ce nom, d'un quadrupède des Indes, qui a, disent-ils. Il taille d'un chien, la barbe d'un bouc, un cri horrible, 1 habitude de grimper aux arbres avec beaucoup de légèreté , et de se nourrir de leurs fruits. C'est probablement un Man- DML. (s.) ARANÉIDES ou ARACHNIDES FILEUSES. Fa- mille d'animaux de la classe des arachnides, de l'ordre des pulmonaires , et qui a pour caractères : palpes en forme de petits pieds, mais sans pince ni griffe au bout, et terminés, au plus, par un petit onglet; leur dernier article portant, dans les mâles, les organes sexuels; des mamelons, servant de fdières et situés à l'anus , dans les deux sexes. Le corps des aranéides est composé de deux parties prin- cipales : i.° d'un tronc inarticulé avec lequel la tcte est con- fondue , portant six à huit yeux lisses immobiles ; à sa partie antérieure et dorsale, les organes de la manducation, et huit pattes; 2." et d'un abdomen, fixé à l'extrémité postérieure du tronc par un petit filet, ordinairement mou, sans anneaux ou n'ayant que des plis, avec quatre à six mamelons extérieurs et placés sous l'anus. Le tronc , désigné le plus souvent sous le nom de corselet ou de thorax , est crustacé , en forme de cœur ou d'ovoïde tronqué en devant, déprimé, mais souvent élevé en dos d'âne au milieu de sa longueur, et présente à sa partie antérieure un espace triangulaire qui paroît correspondre à la tête, et sur lequel les yeux lisses sont situés. Ces organes remplacent évi- demment les yeux ordinaires ou yeux composés des insectes, et sont toujours au nombre de six ou de huit. Leur grandeur et leur disposition respective varient selon la manière dont ces animaux se tiennent ordinairement dans le repos, et selon quelqueshabitudcs particulières. Ils sont très-brillans et offrent, dans quelques-uns , l'apparence d'une prunelle et d'un iris. Les organes de la manducation occupent l'extrémité an- térieure et inférieure du tronc. Ils consistent en deux man- dibules, deux palpes, une lèvre, et une sorte d'épiglotte ou de langue intérieure. Les mandibules, nommées, par quelques auteurs, pinces, tenailles, serres, griffes, terminent, en avant, le corps, et, appliquées Tune contre l'autre, dan£ leur longueur, s'avancent parallèlement ; elles sont compo- sées de deux articles tubulaites , dont le premier beaucoup ûyG ARA plus grand, plus ou moins conique ou cylindrique , souvent denté en dessous, et dont le terminal est plus solide, écailleux, en forme de crochet très-aigu, et se repliant sur le précédent, dans l'inaction. Il a sous son extrémité, aVi côté extérieur, une pelite fente destinée au passage d'une liqueur venimeuse, qui y est conduite par un canal intérieur, depuis la base du premier article , où est son réservoir ou la fiole à venin. Les palpes, semblables à de petits pieds, surtout dans les mygales, sont de la même grosseur ou fdiformes dans les femelles , et plus gros ou en massue à leur extrémité dans les inâles , et composés de cinq ou même de six articles , en considérant, avec M. Savigny, l(!s mâchoires comme le pre- mier de la hanche ; le second et le dernier de ces articles sont les plus longs de tous ; celui-ci , souvent terminé par un petit crocliet , du moins dans les femelles , et quelque- fois dentelé, porte les organes sexuels masculins, qui sont écailleux, souvent d'une forme compliquée, irrégulière, et qu'il est difficile de bien faire connoître sans le secours de figures. Us sont extérieurs et plus simples dans les mygales et quelques genres voisins; mais dans les autres, l'intérieur de cet article des palpes forme une espèce de boîte ou de capsule renfermant la partie sexuelle, et qui ne s'ouvre qu'au moment de la copulation. Ces organes ne se développent qu'avec l'âge, de sorte qu'on ne les distingue f>oint dans les jeunes individus; mais le dernier article de eurs palpes est toujours plus gros, sous la figure d'une massue ou d'un bouton. Les mâchoires sont composées d'une seule pièce, en forme de lame, plus ou moins ovale ou triangulaire, tantôt droite, tantôt penchée sur la lèvre, et dont l'extrémité intérieure est ordinairement très-garnie de poils. Les palpes s'articulent avec leur sommet, dans les mygales , de manière que les mâchoires en sont réellement le premier article; mais dans les autres aranéides, c'est à la base de leur côté extérieur que les palpes sont insérés. Les mâchoires des aranéides, ainsi que celles des autres arachnides, ne correspondent point, par leur situation, aux mâchoires des insectes. On peut les désigner sous le nom de sciatiques (qui appartiennent aux hanches), ex- pression qui me semble préférable à celle àe fausses mâchoires^ employée par M. Savigny. La lèvre , pareillement d'une seule pièce , et dont la figure se rapproche le plus souvent de celle d'un carré , ou de celle d'un ovale tronqué à sa base, n'est qu'un appendice de l'extrémité antérieure de la poitrine. L'intérieur de la bonche ou le palais , offre une pièce charnue, velue, en forme de langue, et qui, «Jans la plupart des espèces, ée i Aranea, qu'en deux sections. Les espèces de la première fon* A R A 289 des toiles ; celles de la seconde n'en construisent point, et vont simplement à la chasse de leur proie. La méthode de Degeer, qui est celle de Lister perfection- née, a été adoptée par Olivier , dans l'Encyclopédie métho- dique , avec l'addition d'une nouvelle famille. Nous l'avons présentée sous cette dernière forme dans la première édition de ce Dictionnaire , et comme elle est commode pour les personnes qui ne veulent pas faire une étude spéciale de ces animaux , nous allons la reproduire , avant d'exposer la nôtre. i.'« Famille. Araignées tendeuses. Caractères : Toiles circulaires et régulières , en réseau ver- tical ; longueur respective des pattes : les premières , les se- condes , les quatrièmes et les troisièmes ; yeux , quatre au milieu en carré , deux de chaque côté sur une ligne oblique, écartés des précédens. Quelques auteurs ont donné à ces araignées le nom d'arai- gnées des jardins ; elles s'accouplent vers la fin de l'été ou le commencement de l'automne , enveloppent leurs œufs dans une coque de soie , les placent le long d'un mur ou d'un arbre : les petites araignées éclosent le printemps suivant , et la mère meurt ordinairement avant l'hiver , ou reste engourdie pen- dant celte saison dans des tious ou sous l'écorce des arbres. Il.e Famille. ARAIGNÉES FILANDIÈRES. Caractères : Toiles irrégulières et sans figures déterminées ; longueur respective des pattes : les premières , les quatrièmes , les secondes et les troisièmes ; yeux, quatre au milieu eu carré , deux de chaque côté , sm' une ligne oblique , très- rapprochés l'un de l'autre. Ces araignées diffèrent peu de celles de la première famille; elles pondent dans la même saison , enveloppent de même leurs œufs , et attachent la coque qui les renferme assez près de leur nid. Elles se trouvent dans les jardins et dans les gre- niers. Il paroît qu'elles vivent plus d'une année , car on en voit de très-grosses au printemps. HI.6 Famille. ARAIGNÉES TAPISSIÈRES, Caractères : Toiles horizontales , régulières , d'un tissu serré ; longueur respective des pattes : les quatrièmes , les premières , les secondes et les troisièmes ; yeux , quatre au milieu en carré inégal, deux de chaque côté sur une ligne oblique , séparés et un peu en arrière. Ces araignées qu'on appelle araignées domestiques , diffèrent peu de celles des deux familles précédentes ; elles construi-^ II. 19 aqo A R A 9^ sent leurs toiles dans les coins ou dans les angles des murs , et se tiennent cachées dans la loge qu'elles font auprès de celte toile : dès qu'une mouche ou un autre insecte s'y trouve pris , elles accourent aussitôt pour s'en saisir et l'emporter dans leur loge ; mais si l'on touche rudement à leur toile , laraignée s'enfuit à toutes jambes , et ne revient que quand elle voit le danger passé. L'accouplement de ces insectes a lieu en été ; la femelle enveloppe ses œufs dans une coque , qu'elle place à côté de sa loge, iv.e Famille. AraigtsîÉes loups. Cara^/(?r« : Vagabondes , ne filant point, mais attrapant leur proie à la course ; pattes grosses ; longueur respeclive : les quatrième , les premières, les secondes et les troisièmes; yeux, quatre gros en carré à la partie supérieure de la tête , quatre en ligne transversale à la partie antérieure. La manière de vivre de ces araignées leur a fait donner par les anciens le nom ^''araignées loups. Elles ne filent point de toiles , vont à la chasse des insectes , qu'elles attrapent à la course. Elles ne les sucent point , mais les dévorent presque entièrement. Leur accouplement a lieu vers le milieu de l'été. Les femelles pondent à la fin de celte saison un très- grand nombre d'œufs qu elles enferment dans une coque; elles attachent cette coque à leur derrière, et la traînent partout avec elles , sans jamais l'abandonner. Lorsque les œufs sont éclos , la mère déchire la coque , les petites araignées en sortent et se placent sur son dos ; elles sont nourries par leur mère jusqu'à la première mue , après quoi elles se dispersent chacune de leur côté. v.^ Famille. ARAIG^É£S piialaisces. Caractères : Vagabondes , ne filant point de toiles , mais sautant sur leur proie , toujours attachées par un fil ; pattes assez grosses , de longueur presque égale entre elles ; yeux en ligne parabolique. Les araignées de cette famille ont été appelées araignées phalanges par les anciens naturalistes , vagabondes par Hom- berg , sauteuses par Degeer. Elles ont les pattes postérieures plus longues que les autres , qui sont d'égale longueur. On les trouve sur les murailles exposées au soleil , où elles courent avec vitesse en avant , à reculons et de côté , cherchant à at- traper leur proie. Dès qu'elles aperçoivent une mouche ou un autre insecte , elles s'élancent dessus en sautant, toujours soutenues par un fil attaché à la muraille , qu'elles dévident en marchant et qui les soutient. Leur accouplement a lieu dans le courant de l'été. La femelle pond , peu de temps ARA ,g, après, un petit nombre d'œufs ; elle les renferme dans une coque de soie , et attache cette coque contre un mur ou sur le tronc d'un arbre. Vl.e Famille. ARAIGNÉES CRABES. Caractères :^e filant point de toiles, mais attendant leur proie cachées sous des fleurs ou sous des feuilles ; les quatre antérieures beaucoup plus longues que les autres; yeux en lunule , ou sur deux lignes transversales , dont l'antérieure est plus ou moins courbe ; corps souvent aplati. On a donné aux araignées de cette famille le nom de crabes , parce qu'elles ont, dans leur figure et leur démarche, quelque ressemblance avec les crabes. Leurs pattes posté- rieures sont les plus courtes , ensuite celles de la troisième paire. Elles ne marchent pas droit en avant , mais de côté ; elles attrapent leur proie à la course en s'élançant dessus. Elles se tiennent sur les troncs des arbres ou sur les feuilles , à Taffiit, où elles attachent un fil qui les soutient et les em- pêche de tomber lorsqu'elles se jettent sur les insectes comme font les araignées loups. Elles enveloppent leurs œufs dans une coque de soie , et la placent dans une feuille dont elles plient les bords , se tiennent auprès , et ne les quittent point. VII. « Famille. ARAIGNÉES AQUATIQUES. Caractères : Loge hémisphérique , arrêtée et fixée au milieu des eaux ; yeux , presque sur deux lignes parallèles ; longueur- respective des pattes : les premières , les quatrièmes, les se- condes et les troisièmes. On ne connoît qu'une seule araignée de cette famille. Elle construit au milieu des eaux un logement rempli d'air , fait la chasse aux insectes aquatiques , et les attrape à la nage. Elle passe l'hiver enfermée dans sa loge. VIII. e Famille. ARAIGNÉES MINEUSES. Caractères : Nid cylindrique , creusé dans la terre , tapissé d'une légère toile, et fermé par une opercule quis'ouvre par un des côtés ; pattes courtes , presque égales ; longueur res- pective : les quatrièmes , les premières , les secondes et les troisièmes; yeux; quatre petits en avant et sur une même ligne, séparés par paires ; deux au milieu, rapprochés, et deux gros, postérieurs, écartés l'un de l'autre. Les araignées de cette famille ne filent point de toile pour attraper leur proie ; elles font un nid dans la terre comme les araignées loups , avec la différence que les nids sont fer- més par une espèce de petite porte ronde qui tient au nid par un côté, comme si elle y étoit attachée par une charnière. Dans cette méthode , et dans les précédentes, les aranéides ag* ARA ne forment qu'un genre , dont les divisions sont uniquement fondées sur le nombre et la disposition générale des yeux. Les caractères que prcscnlent les pieds , dans les diffé- rences de leurs longueurs respectives, et les organes de la nianducation , dont la forme varie selon les coupes , n'ont pas été employés. On voit par le Mémoire que Dorthès a donné sur V araignée maçonne de Sauvages , et qui est inséré dans le second volume des Transactions de la société Unnéenne , que ce naturaliste avoit déjà observé la forme spéciale de la bouche de cette aranéidc. M. Walckenaer y donna encore plus d'attention, et fit de cette espèce et de quelques autres semblables à cet égard , le genre des mygales. Ces travaux récens , quoique d'tme application très-bornée , furent néan- moins utiles par le changement qu'ils opérèrent dans l'étude de ces animaux. Je les ai , le premier , considérés , d'une manière générale ,, sous ce nouveau point de vue , dans un Mémoire présenté à la Société philomatique , en i8oi , im- primé à la suite de mon Histoire des fourmis (1802), et re- produit dans le second volume de la première édition de ce Dictionnaire , article araignée. La méthode que j'y ai donnée offre, malgré son imperfec- tion , l'ébauche de la plupart des divisions établies, depuis, par ]>L Walckenaer , dans sa Faune parisienne. Profitant à mon tour de ses recherches , j'ai développé et rectifié mon premier essai (^Nou\>. Dut. cl'Hist. nat. , tom. 24.). Cet habile naturaliste a publié , quelque temps après , son Tableau des aranéides et \ts premiers fascicules de son histoire des mêmes animaux , ouvrages excellens , et où il traite son su- jet de la manière la plus profonde et la plus étendue. Sa mé- thode , néanmoins , par la multitude des divisions et des subdivisions qui la compliquent , ne convenant guère qu'aux personnes qui veulent faire une étude spéciale des aranéides , i'ai suivi, à cet égard, une marche plus simple et plus fa- cile , et que je crois plus naturelle dans plusieurs points. La méthode que je suis est celle que j'ai employée dans le troisième volume de l'ouvrage de M. Cuvier, ayant pour litre : le Règne animal distribué d'après son organisation. FAMILLE DES ARANÉIDES , ou DES ARACH- NIDES FILEUSES. SECTION PREMIERE. Aranéides sédentaires. Yeux rapprochés dans la largeur de V extrémité antérieure du corselet , soit au nombre de six , soit au nombre de huit., et dont quatre ou deux au milieu et deux ou trois de chaque côté. £lles foat des toil çs , ou jettent au moins quelques fils pour ARA 2g3 surprendre leur proie, et se tiennent immobiles dans leur piège, ou tout auprès. I. Les deux paires extrêmes de pieds dans les uns , la première et puis la seconde , ou la quatrième et ensuite la précédente , dans les autres , les plus longues de toutes. Elles tiennent toujours , dans le repos , les pieds élevés , et ne marchent qu'en avant. Leurs yeux ne forment point » par leur réunion , un segment de cercle ou un croissant. Elles font toutes des toiles pour surprendre leur proie. A. Crochets des mandibules fléchis en dessous ; deux filières heau' coup plus longues que les autres , dans toutes ; celles-ci très-petites. Tribu première. — Les TerritÈLES ( Araignées mineuses ). Aranéides nocturnes : habitation dans la terre ; organes sexuels des mâles toujours à découvert et très-simples. Les genres: Mygale, Atype , ÉaionoN. B. Crochets des mandibules repliés en travers, le long de leur côté interne. Tribu seconde. — Les TubitÈLES ( Araignées tapissières ). Quatre filières extérieures , saillantes, cylindriques , rapprochées en un faisceau , dirigées en arrière; pieds robustes. Aranéides pour la plupart nocturnes , ayant ordinairement la quatrième paire de pieds , et ensuite la première , ou ré- ciproquement , plus longues que les autres ; elles font des toiles serrées , soit tubulaires , soit en nasse ou en trémie. Les genres : Ségestrie , Dysdère, Clotho , Araignée, FiLisTATE , Drasse , Clubione , Argyronète. Tribu troisième. —IjES InÉQUITÈLES {Araignées filandières). Filières extérieures presque coniques , faisant peu de saillie , con- vergentes , disposées en rosette ; pieds [ grêles ; mâchoires inclinées sur la lèvre , plus étroites à leur extrémité , ou presque également larges. Elles ont , le plus souvent , la première paire de pieds , et ensuite la quatrième , plus longues. Leur abdomen est , proportionnellement , plus volumineux , plus mou et plus coloré que celui des précédentes. Elles font des toiles à ré- seau irrégulier , composées de fils se croisant en tous sens et sur plusieurs plans; elles garrottent leur proie , et veillent à la conservation de leurs œufs. Leur vie est courte. * Première paire de pieds , et ensuite la quatrième , plus longues. Les genres: Scytode, Théridion, Épisine. ** Première paire de pieds , et ensuite la seconde, plus longues. Le genre Pholcus. 294 A R A Tribu quatricme. — Les OrbitÈles {^Araignées ienàeuses').. Filières extérieures presque coniques , faisant peu de saillie , con- vergentes, disposées en rosette; pieds grêles ; mâchoires droites et s^ élargissant sensiblement vers leur extrémité. Aranéides se rapprochant pour la Ibiine , la mollesse du corps et la v.iriété des couleurs de l'abdomen, la durée de leur vie , des inéquilèles ; ayant toujours la première paire de pieds et ensuite la seconde plus longues , huit yeux, dont quatre au milieu, formant un quadrilatère, et deux, de chaque côté. Elles font des toiles en réseau régulier, composées de cercles concentriques , coupés par des rayons droits , partant du centre , où ces animaux se tiennent le plus souvent, et dans une situation renversée. CSlufs agglutinés , très-nombreux et renfeiTTiés dans un cocon volumineux. * Aranéides faisant des toiles à réseau , horizontales , et tendant au-dessus, cV une manière irrégxilière , d autres fils. Les genres : Linyphie , LTlobore. ** ylranéides faisant uniquement des toiles « réseau et verticales. Les genres : Tetragnathe , Epeïre. H. Les deux premières paires de pieds plus longues que les autres ; la seconde surpassant la première ou à peine plus courte ; tous les huit étendus dans leur longueur sur le plan de position , dans le re- pos ; aranéides marchant en tous sens et ayant toutes huit yeux , qui forment par leur réunion un croissant ou un segment de cercle. Tribu cinquième. — LesXatÉRIGRADES ( Araignées crabes^. Elles ne font point de toiles , et jettent simplement quel- ques fils solitaires , afin d'arrêter leur proie. Cocon orbicu- laire, aplati, gardé assidûment par la mère jusqu'à la nais- sance des petits, et souvent caché entre des feuilles, dont les bords sont rapprochés. Les genres : Micrommate, Sélékopa, Thomise. SECTION SECONDE. Aranéides vagabondes. Yeux ( toujours au nombre de huit) , s'étendant presque autant ou plus dans le sens de la longueur du corselet que dans relui de sa largeur ., formant soit un triangle cuiviligne ou un ovale tronqué, soit un quadrilatère. Vranéides ne faisant point de toile , courant ou sautant après leur proie ; ayant les crochets des mandibules repliés transversalement; les mâchoires droites ; la lèvre saillante ; deux ou quatre de leurs yeux souvent beaucoup plus gios que les autres ; le corselet grand ; les pieds robustes ; ceux de la quatrième paire , et ensuite ceux de la première ou de la se- conde, surpassent les autres en longueur. ARA 295 Tribu sixième. — Les Citigrades ( Araignées loups). Yeux formant, réunis j soit un triangle cwviligne ou un ooale , soit un quadrilatère , mais dont le coté antérieur est beaucoup plus étroit que le corselet mesuré dans sa plus grande largeur ; corselet ovôide , rétréci en devant et en carène dans le milieu de sa lon- gueur ; pieds , du plus grand nombre , uniquement propres à la course. La plupart des femelles se tenant sur leur cocon, ou l'em- porlant même avec elles dans leurs courses , ne Tabandon- nant que dans une extrême nécessité , retournant le cher- cher lorsqu'elles croient n'avoir plus rien à craindre , veil- lant aussi , pendant quelque temps , à la conservation de leurs petits. Les genres : Ctène , Oxyope , Dolomède , Lycose. Tribu septième. — Les Saltigrades ( Araignées phalanges ou sauteuses. ) Yeux disposés en un grand quadrilatère , dont le côté antérieur ou la ligne trans^'erse formée par les premiers, s'étend dans toute la largeur du corselet ; corselet presque carré ou en demi-omide, plat ou peu bombé en dessus , aussi large en devant que dans le reste de son étendue, et tombant brusquement sur les côtés ; pieds' propres à la course et au saut. Aranéidcs guettant leur proie, s'élançant sur elle en sautant , se suspendant en l'air par le moyen d'un fil de soie , ayant souvent les cuisses des deux pieds antérieurs grandes ; plusieurs se construisent des nids de soie en forme de sacs ouverts au deux bouts , où elles se retirent et dont elles s'échappent dans le danger ; changent de peau , se garantissent des intempéries de l'air. Quelques femelles se forment , avec de la soie , une espèce de lente , qui devient le berceau de leur postérité , et où les petits vivent pendant quelque temps en commun avec leurs mères ; couleurs sou- vent brillantes ou agréables ; mandibules très-grandes dans quelques mâles. Les genres : Erèse, Saltique. V. ces genres, (l.) ARANÉOLE. C'est la jeune Vive, (b.) ARANG[. V. Oranger, (b.) ARANGIO ou ARANO. C'est la Vive en Provence et en Espagne, (desm.) ARANTELLES ( Vénerie'). Ce sont des filandres qui sont au pied du cerf tX. ressemblent, dit-on, aux fils de la toile des araignées, (s.) ARAOUAROU. Espèce de Courge d'Amérique, (b.) ARAOUEBARA. Espèce d'EuPHORBE. (b.) ARAPABACA. C'est la Spigèle aîstuelmentique. (h.) 296 ARA ARAPÈDE. Nom qu'on donne aux Patelles dans quel- ques ports de la Méditerranée, (b.) ARARA ou APIRA. V. Guette et Ouin. On a aussi donné ce nom à Y ara rouge, (s.) ARARAC A. C'est ainsi que les naturels du Paraguay ap- pellent les Aras. V. ce mot. (v.) ARvVRACANGA des BrasiUens. V. Ara rouge. ARARAUNA des BrasiUens. C'est I'Ara bleu, (s.) ARARE. On nomme ainsi le Mirobolan citrin. (b.) ARARUNA de Laet. C'est I'Ara noir, (v.) ARASSADE. C'est la Salamandre, (b.) ARAT. C'est le Flammant, selon Thevet. (s.) ARATA GUAM. V. Araticu. (b.) ARATARATA-GUACU. Espèce d'OisEAU-MoucHE du Brésil. (V.) ARATICA et ARATA-GUACU. Dénomination sous laquelle Ma regrave comprend toute la famille des oiseaux^ mouches du Brésil, (v.) ARATICU. C'est le fruit du Corossol échiné. On donne aussi ce nom à un autre fruit du Brésil qui lui ressemble be^iucoup , mais qui est vénéneux. On ne sait pas à quel genre appartient ce dernic-r. (b.) ARAU. Oiseau des mers du Nord, plus gros que le ca- nard., à tête, cou et dos noirs ; à ventre bleu, à bec long et pointu , que Buffon croit être une espèce de Plongeur, (v.) ARAUCAIRE, Aracuarîa. Nom donné p^r Jussieu à l'arbre appelé Dombey par Lamarck. C'est un véritable Pitiy d'après Molina et les auteurs de la Flore du Pérou ; cepen- dant ses semences étant renfermées dans une capsule , sem- blent devoir le séparer de ce genre. Le pin rapporté par l'expédition envoyée de Philadelphie à la côte ouest de l'A- mérique septentrionale , et que nous cultivons sous le nom àe pinus columbaria., appartient aussi à ce genre , si l'on en croit les cultivateurs anglais, (b.) ARAUNA. Poisson du genre Lutjan. (b.) ARA WERERO A. C'est le Coucou brun varié de noir, aux îles de la Société, (b.) " ARBALÉTRIER. Nom vulgaire du Martinet noir, à Avignon, (v.) ARBAYIRKSOAK ou ARBEK. Les Groënlandais don- nent ce nom à la Baleine franche, (desm.) ARBENNE. Nom vulgaire du Lagopède en Savoie, (s.) ARBOIS. Le Cytise des Alpes porte ce nom dans quel- ques lieux, (b.) ARBOPvISATIONS. Dessins naturels imitant des arbres ou des buissons , qu'on observe dans différentes pierres, sur- A R B 297 tout dans les agates et dans d'autres pierres calcaires ou mar- neuses. On peut remarquer que, dans la même carrière , les arborisations se ressemblent, surtout dans le marbre de Hesse. Les arborisations diffèrent des dendriles ^ en ce que celles-ci ne sont que superficielles ; elles sont formées par des infiltra- tions de fluides cbargés de molécules métalliques , qui pénè- trent dans les joints ou les fissures de la pierre ; au lieu que les arborisations pénètrent dans son intérieur, de manière qu'on peut scier et polir la pierre sans les faire disparoître : elles présentent seulement des formes plus ou moins différentes. On les nomme aussi dendrites , en les distinguant, comme le fait M. Haiiv , par l'épilhète de profondes, (pat.) ARBOUSE D'ASTRACAN. Une variété de Courge porte ce nom. (b.) ARBOUSIER, y^r^uftw. Genre de plantes de la décan- drie monogvnie et de la famille des Bicornes , dont les ca- ractères sont d'avoir un calice très-petit , divisé en cinq par- ties ; une corolle monopétale , globuleuse, divisée légèrement en cinq lobes ; dix étamines non saillantes ; une baie à cinq loges qui contiennent de petites semences très-dures. Les espèces de ce genre sont toutes des arbustes ou des soiis-arbrisseaux à feuilles alternes et à fleurs axillaires ou ter- minales , qui ne croissent que dans les montagnes ombragées. Quatre, des dix à douze qu'il contient , se remarquent par leur beauté ou leur utilité. L'Arbousier commun, Àrbubis imedo , Linn., qui porte aussi le nom de fraisier en arbre , est un arbrisseau de huit à dix pieds de haut , dont les feuilles sont ovales , oblongues, dentées en leur bord, glabres, dures et coriaces ; dont les fleursnaissent en grappe à l'extrémité des rameaux , et dont les fruits , rouges et hérissés de tubercules , ressemblent à une grosse fraise. Il croît naturellement dans les parties mé- ridionales de l'Europe. J'en ai vu des montagnes entièrement couvertes, dans le royaume de Léon en Espagne. Les paysans, et surtout leurs enfans , en mangent le fruit , quoiqu'il soit fade. On en peut retirer une quantité considérable de sucre , parles procédés employés pour extraire celui du raisin. On peut aussi en faire une boisson vineuse agréable , mais qui ne se conserve pas : boisson qui fournit beaucoup d'alcohol par la distillation , et du vinaigre par la fermentation. Malgré cela, je ne crois pas , comme le prétendent quelques person- nes, qu'il puisse être profitable de spéculer sur la fabrication de ces objets, soit que les arbouses soient récoltées dans les bois, soit qu'elles soient le produit de la culture , parce que, mûrissant successivement, les frais de la récolte seroient trop considérables. 298 A R B Les feuilles de V arbousier servent , dans quelques parties de la Grèce , pour tanner le cuir ; ce qui indique un degré con- sidérable d'astringcnce : aussi leur décoction est-elle recom- mandée pour arrêter le cours de ventre. Ces feuilles restent vertes toute l'année, et les fruits ne tombent qu'au printemps suivant , ce qui rend Varbousier très-propre à garnir les bos- quets d'hiver ; mais il est dans le cas de craindre la gelée ; et aux environs de Paris , il est difficile de l'employer à cet objet sans des précautions nombreuses , et dont l'effet est incertain : r.ussi ne l'y culllve-t-on guère que dans des caisses , pour pouvoir le placer dans l'orangerie pendant les grands froids. On le multiplie presque exclusivement de semences , ses marcottes reprennant difficilement. L'Arbousier À PANicuLE , ^/'Âiffti^ andrachne^ Linn. , est connu sous le nom à^andrachné , parles jardiniers comme par les botanistes. Il s'élève beaucoup plus haut que le précédent, et s'en distingue par ses feuilles à peine dentées , ses panl- cules de fleurs beaucoup plus grandes et pendantes, et par ses fruits très-petits et unis. Il vient de l'Orient. On le cultive généralement pour sa beauté dans les jardins d'agrément ; mais il a , encore plus que le précédent , besoin d'être ga- ranti du froid. 11 faut le rentrer de bonne heure dans l'oran- gerie. L'Arbousier des Alpes. Petit arbrisseau presque ram- pant , dont les feuilles sont spalulées , dentées en avant et ciliées en arrière ; dont les Heurs sont ramassées au sommet des rameaux , les baies noirâtres et d'une saveur agréable. Il croît dans les lieux humides des montagnes de la Suisse , des Pyrénées , de la Sibérie et de la Laponle. Les habitans de ces pays en mangent le fruit. C'est le dernier présent de la nature , prête d'expirer sous les glaces du pôle. Adanson et Desvaux en ont fait un genre, appelé Arctos- PiiiLLOS par le premier, et Mairanie par le second. Enfin , I'Aruousier traînant , Arhutusuva ursi , Llnn. , connu des bergers sous le nom de husserole. Cette plante a les tiges couchées , les feuilles ovales, glabres dans leur par- fait développement , très-entières et toujours vertes ; les fleurs en grappes terminales , et les fruits d'un beau rouge. Elle croît dans les montagnes élevées de l'Europe méridionale , et constitue aujourd'hui le genre Loiseleurie. On en mange les baies , qui sont astringentes et diurétiques. Les ours et les oiseaux les recherchent beaucoup. Les feuilles et les tiges, observe Vlllars dans sa Flore du Daiiphiné, sont excellentes pour tanner le cuir , et il serolt à désirer qu'on les employât davantage à c€t objet, pour ménager les bois de chêne. On A R B 299 fait usage de leur décoction contre les calculs qui se forment dans les reins, (b.) ARBRE , Jrbor. Végétal ligneux , plus ou moins élevé , auquel sa texture , plus solide que dans les autres végétaux , donne la faculté exclusive d'élever vers les régions célestes une tige plus ou moins rapprochée de la ligne perpendiculaire, et surmontée de branches également ligneuses, susceptibles, comme le tronc qui les porte, de résister et de survivre aux différentes températures des saisons, dans l'état ordinaire des influences atmosphériques sur la vie végétale. En consi- dérant tous les végétaux , on voit que c'est une attribution exclusive des arbres d'être des végétaux ligneux perpendiculaires. Dans tous les climats, les saisons indiquent le terme de la vie des plantes annuelles , et concentrent dans les racines des plantes vivaces le principe du mouvement organique , qui , avec le retour de la chaleur du printemps, donnera naissance à de nouvelles tiges, dont la durée ne sera que d'une ou deux années, et jamais ligneuses. Les plantes sarmenleuses, telles que la vigne., les aristoloches., les ménispermes ., les périploques ., les clématites^ sortent, ainsi que les plantes annuelles et vi- vaces, de la série àts végétaux ligneux perpendiculaires ^ puisque, quoiqu'elles soient ligneuses, elles ramperoient toujours à la surface de la terre , si des végétaux ligneux perpendiculaires ne leur servoient de tuteurs. Un arbre doit être considéré comme une succession con- tinue de fibres composant un tissu réticulaire, qui s'augmente en tous sens par addition successive des molécules ligneuses que la nutrition dépose entre elles. Ces fibres composent un tissu réticulaire, dont la cessation de dilectabilité marque la cessation d'accroissement des végétaux; c'est-à-dire que le système vasculaire et réticulaire qu'elles forment, arrivé au terme de sa distension naturelle, ne pouvant plus admettre de molécules nutritives, les parois des vaisseaux résistent, les molécules ligneuses alimentaires s'y accumulent, et les obstruent de manière que le tissu végétal ne présente alors qu'un tout ligneux, que son activité vitale moindre expose à céder à l'inlluencc active et continue des corps atmosphéri- ques, à devenir la proie des autres corps vivans, à cesser de vivre enfin pour entrer dans de nouveaux composés organiques. D'après cette manière de considérer la vie végétale, il est évident que la vie et la mort de la plante sont deux effets de la même cause, et qui doivent être rapportés à la nutrition, qui, dans le premier âge, produit l'accroissement et la mort à une époque plus éloignée. Il en résulte aussi une vérité phvslologique , qui reconnoît encore une foule d'autres preuves: savoir, que, dans tous les corps organisés, la force 3oo A R B d" absorption est la plus durable, car cette manière de consi- dérer l'accroissement est applicable à tous les corps organisés, animaux et plantes. Le système réticulaire primitif, que nous avons dit être composé de fibres élémentaires, se continuant et se subdivisant en une foule de formes , produit des organes de différentes espèces, agens de la vie végétale, destinés à absorber, à trans- mettre, à digérer, à assimiler les parties élémentaires et à ex- créter le superflu de la nutrition. Ces agens sont les vaisseaux qui portent dans toutes les parties végétales le fluide nourri- cier, soit que s'ouvrant en bouches absorbantes aux surfaces du chevelu des racines, ils l'absorbent du sein de la terre, ou que disséminés sur toutes les parties végétales , ils l'as- pirent de l'atmosphère. Le reploiement et l'entre-croisement en tous sens de ces tubes ou vaisseaux, composent les diverses parties des plantes, telles que l'écorce, le tissu cellulaire, les couches corticales, le liber, l'aubier, le bois, etc., dont la densité et la capacité vitale sont toujours en raison inverse de la force d'absorption des vaisseaux qui les composent, et de la quantité des parties solides , salines et charbonneuses que la vie végétale aspire du sein de la terre ou compose dans les viscères végétaux par un mécanisme encore inconnu. Il ré- sulte de ces données, qu'un arbre est un moule organique solidifiant, et fixant sans cesse entre les parties qui le com- f>osent les corps qu'il absorbe , et dont l'implélion totale est e terme de la vie. V. le mot Végétal. Ces notions générales sur la composition primordiale , la vie et la mort des arbres, étoient nécessaires avant d'entrer dans l'examen particulier des diverses parties qui les compo- sent , et que nous considérerons anatomiquement et physio- logiquement en eux-mêmes , et dans leurs rapports avec les arts et l'hygiène , en renvoyant cependant aux titres qui doi- vent en traiter plus particulièrement ce qui concerne la ra- cine , les feuilles , les fleurs , les poils , les épines , et une foule d'autres détails de physiologie végétale qu'on trouvera dans l'ordre alphabétique de ce Dictionnaire. Nous nous attache- rons donc particulièrement à traiter, dans cet article , de la fibre ^ des tubes ou vaisseaux^ de V écorne^ du liber ^ de V aubier ^ du bois , de la moelle , de la ti^e et des rameaux. L'analyse chimique nous fera connoître la composition des humeurs et du squelette ligneux. Ces diverses parties , qui composent le végétal , examinées séparément , nous considé- rerons les arbres sous les rapports hygiéniques et dans les arts, et nous terminerons par leurs maladies. Nous apporterons partout le doute ou l'assurance que la vérité réclame pour éclairer l'anatomie , la physiologie et la pathologie des arbres. A R B 3o, Mais, avant d'entrer en matière, nous devons payer un tribut de reconnoissance aux auteurs dont nous avons consulté les ouvrages, et en particulier au savant et illustre Sénebier, qui, au mérite d'être l'historien exact de la physiologie des plantes, joint celui d'avoir beaucoup perfectionné cette science par ses expériences et la manière avec laquelle il la considère. Quoique l'anatomie végétale soit le moyen le plus certain p(,ur connoître l'organisation des plantes , elle a été peu cul- tivée chez les anciens, et les difficultés qu'elle offre souvent à ceux qui s'y livrent de nos jours, les repoussent de cette partie intéressante de l'histoire naturelle animée. Les moyens pour mettre à nu et pour pénétrer dans l'orga- nisation végétale, dérangent ou détruisent le tissu organique , à cause de l'imperfection de nos instrumens et de la densité ou de la mollesse des parties des plantes ; et lorsque nous parvenons à faire des découvertes heureuses, les faits observés ne permettent pas toujours d'en tirer des conséquences géné- rales ou des résultats applicables à tous les végétaux. La dissection, la macération, la dissolution, les injections, les verres les plus forts, ont été mis en usage ; mais ces moyens sont insuffisans. La dissection est arrêtée partout dans ses effets, par les ins- trumens les mieux faits ; la finesse et l'homogénéité des orga- nes arrêtent le scalpel , qui coupe , au lieu de séparer et de présenter les. parties dans leur intégrité. La macération divise les organes et les met à nu ; mais elle les altère souvent, soit qu'elle les désorganise en partie , ou qu'elle les dissolve en totalité. Les injections ont fait faire les plus belles découvertes à la physique végétale ; cependant il arrive souvent qu'elles in- duisent en erreur, car elles peignent toujours les vaisseaux de leurs parties colorantes, dont l'influence ayant une action chi- mique plus ou moins active sur les tubes des plantes, doii nécessairement les altérer. Les dissolutions dans l'eau, dans l'alcohol ou dans les acides employés selon les affinités de ces corps pour les parties dis- solubles , ont éclairé l'anatomie végétale , en mettant à part les parties insolubles. Toutes les parties des plantes ont été examinées par le» moyens que nous venons d'énoncer ; et quelque satisfaisant que soit l'ensemble des faits observés qui constituent de nos jours la physiologie végétale , il reste une foule de décou- vertes à faire et de doutes à éclaircir, qui présentent une car- rière glorieuse à parcourir à quiconque a un goût particulier pour se liver à l'étude d'une science qui éclaire l'hygiène , et qui présente le but si désirable d'augmenter nos richesses 3oa A R B géoponiques et agraires , en éclairant toutes les parties de l'agricullure. On appelle fibre la partie la plus déliée et la plus élémen- taire des plantes. L'imagination la conçoit dans une divisibi- lité telle, que par ses reploiemens en tous sens , elle soit la base primitive de la texture des plantes microscopiques et des végétaux les plus volumineux. . Les physiologistes ont beaucoup disserté sur la nature de la fibre, pour savoir si elle est lubulée, et il a été impossible d'arriver à une solution complète de cette question. Nous pensons qu'elle n'est pas tubulée dans son état de divisibilité extrême , où elle se confond dans la matière ; mais, sans pé- nétrer la nature intime des fibres, on voit que ce sont des filets plus ou moins longs , et plus ou moins fins, qu'on re- marque surtout dans l'aubier, dans l'écorce et dans le bois. On les obserye dans toutes les directions, perpendiculaires au terrain ou transversales, se liant et établissant entre elles une communication réciproque ; elles forment la plus grande partie des plantes , et surtout des arbres. Leur reploiement constitue les vaisseaux dont elles sont les parois, et leur expansion en surfaces aplaties forme les membranes. Les fibres corticales constituent le réseau cortical de l'écorce. Celles-ci ont plus de souplesse que les fibres ligneuses , et sont plus ou moins dilatées et resserrées , selon qu'elles pro- duisent les aiguillons, les poils, les feuilles et les calices, et qu'elles logent entre leurs mailles une plus ou moins grande quantité de tissu cellulaire. Les fibres de l'écorce parolssent se régénérer au premier aperçu. Des plaies faites dans cette partie se réparent en peu d'années; mais c'est par une interposition de tissu cellulaire, et par des vésicules qui s'organisent avec les fibres , et qui semblent les lier entre elles. Cette régénération ne doit point être considérée comme un accroissement des fibres. Ce n'est qu'une interposition de tissu cellulaire , comme il arrive dans les parties molles des animaux, dont la perte de substance ne se répare pas par accroissement. La fibre ne croît pas , elle ne peut que se dilater ; et si une ablation quelconque , une solution de continuité avec perte de substance , en sé- pare une partie du corps animé , la place que celle-ci occupoit sera réparée par du tissu cellulaire végétal ou animal. La théorie de la cicatrisation des plaies végétales et animales des parties molles et solides , rentre dans ce sujet, et les consé- quences qu'il faut en inférer pour l'économie rurale et géo- ponique , et pour la pathologie végétale , seront exposées ailleurs en traitant des mutilations végétales naturelles ou artificielles, telles que les bourrelets^ les boutures , les marcoiteo , A R B 3o3 V incision annulaire de l'écorce , ia torsion forcée des parties molles et les fractures des végétaux , pour hâter la maturité des fruits , etc. Les fibres ligneuses composent le bois ; elles s'entre-croisent pour former un réseau , dans lequel se digèrent les sucs ali- mentaires, comme on le voit dans l'aubier. Les fibres ligneuses et corticales observées avec des verres très-forts , présentent de petits bourrelets , et Sénebier pense que les germes des boutons sont placés dans ceux de ces bourrelets qui sont dans l'écorce. Si cette opinion n'est pas bien démontrée , elle pa- roît au moins très-probable ; elle est conforme à celle de Bonnet, qui pense <^ue les germes des végétaux sont placés dans le régime cortical , où ils attendent une circonstance nécessaire , une énergie vitale suffisante pour se développer. La théorie des mutilations végétales de toute espèce repose sur celte hypothèse , à laquelle l'observation des circons- tances que présente la cicatrisation des plaies des arbres donne beaucoup de probabilité. V. les mots Bourrelet et Incision ANNULAIRE. Quels que soient les moyens de formation première des corps organisés par germes préexistans ou par molécules or- ganiques réunies pour former un tout susceptible de vivre, le collet des racines étant la partie la plus vivante et la plus du- rable dans les arbres , et le point conservateur de la vie dans les plantes vivaces, doit être considéré comme le point unique d'où partent toutes les fibres qui , dilatées en tous sens, pro- duisent les racines , les tiges , etc. V. le mot Évolution. La fibre est identique dans toutes les parties des plantes. Les différences de souplesse , de densité , de grosseur et de forme qu'elle affecte , proviennent de ses modifications pour constituer les organes nécessaires à l'entretien de la vie des plantes. Hedvvig, l'un des hommes! qui se sont le plus occupé des fibres végétales, suppose la fibre composée de parties filifor- mes extrêmement multipliées, dont Tensemble constitue les trachées que la nutrition solidifie pour constituer le corps ligneux. Il a observé les fibres dans les plus petites parties du végétal, telles que la radicule , la plantule, les cotylédons et les parties de la fructification. Le nombre des fibres que ren- ferme la plumule du gland , dit cet auteur, est égal à celui des fibres longitudinales et transversales du chêne le plus élevé. On observe que les parties végétales les plus abondantes, en fibres , contiennent moins de trachées que les parties molles. Cette observation peut étayer le sentiment de Hedwig, et faire considérer les trachées soudées ensemble comme Je moule de la substance ligneuse. l 3a4 A R B Un Mémoire sur l'anatomie végétale, par Mîrbel, annoncé qu'on ne trouve jamais de véritables fibres dans les végétaux, et que toutes les plantes sont d'abord formées d'un mucilage analogue à l'albumine de l'œuf; qu'il se développe ensuite dans ce mucilage un tissu membraneux continu dans toutes les parties végétales , qui donne consécutivement naissance à deux ordres de tissus, qu'il appelle tissu cellulaire et tissu tabu- laire. Le premier se trouve dans toutes les parties des plantes ; le second, divisé en cinq espèces de tubes, affecte diverses formes, et est souvent particulier à une partie végétale. Nous reviendrons sur ces tubes, en parlant des vaisseaux des plantes- On trouve des fluides dans le tissu végétal , et on suppose , par analogie , que ces fluides sont contenus dans des vaisseaux dans lesquels Ils circulent. Quoique la science de la physio- logie végétale ait fait de grands progrès, et qu'on se soit sur- tout beaucoup occupé des mouvemens des fluides dans les liantes depuis la découverte de la circulation du sang dans es animaux , les plus habiles observateurs n'ont pu prouver encore les trois ordres de vaisseaux séi>eux, propres et aériens, tels que les botanistes les admettent assez généralement. Ce n'est point ici comme dans les animaux, où les vaisseaux ob- servent un calibre proportionné à leur grosseur. Les canaux qui contiennent l'humeur végétale dans le gramen, ont une capacité égale à celle des canaux d'un arbre. Le volume des plantes n'est pas en rapport avec leurs vaisseaux. On observe que les fluides sont plus abondans dans les jeunes plantes que dans celles d'un âge avancé ; mais à aucune époque de la vie végétale , les vaisseaux ne paroissent susceptibles d'une dé- monstration exacte. Examinons les diverses expériences et les opinions les plus concluantes pour ou contre l'existence des vaisseaux des plantes. C'est un fait démontré , que les plantes contiennent des fluides qui ne sont pas stagnans; ce qui semble supposer des organes tubulés pour les conduire d'une extrémité à l'autre du végétal : mais des physiciens d'une grande autorité expli- quent le mouvement d'ascension de la sève par la communi- cation successive des cellules du parenchyme , sans qu'il soit nécessaire de vaisseaux continus. En coupant transversalement un corps ligneux , on ob- serve de petits trous, que Malpighi et Grew ont cru être des vaisseaux ; mais jamais ou n'y a aperçu d'épanchement de fluides. SI on presse ime tranche de racine de rave , on voit sortir des gouttes de suc aqueux ; mais en cessant la compression , ce fluide rentre comme si on comprimoit une éponge. L'expérience des liqueurs colorées qui montent dans les A R B 3o5 plantes, prouve peu en faveur des vaisseaux, puisque la cause qui les fait monter peut être la même qui fait élever leurs fluides propres, et qui peut se rapporter à la communication des cellules unies entre elles ; d'ailleurs, les injections colorées n'ont pu arriver dans la moelle ni dans Fécorcc des plantes , où les fluides sont cependant plus abondans qu'ailleurs, et où les vases pour les contenir doivent nécessairement être plus multipliés. Examinons maintenant les faits nombreux qui portent à croire a l'existence des vaisseaux tubulés. Grew et Lewen- hoeck décrivent des vaisseaux dans les plantes. Ce dernier physicien en décrit de plusieurs sortes, dont il mesure les diamètres ; mais la prodigieuse finesse qu'il leur suppose , rappelle l'idée des fibres de Duhamel. Duhamel est parvenu à injecter des sucs colorés dans les plantes arundinacées, et il a vu leurs vaisseaux intérieurement revêtus d'un duvet très-fin , et se prolonf;;er en ligne droite d'un nœud à l'autre et sans se ramifier. Sénebier a fait les mêmes observations sur les tiges et les pétioles des nymphéa et des potamogeton. Corti a découvert une circulation particulière dans les charognes; mais cette circulation est bornée par les nœuds de cette plante. Ce mouvement des fluides, qu'on peut obser- ver aussi dans les tiges presque transparentes de quelques Presles, suppose, à la vérité, un appareil circulatoire; mais est-ce plutôt dans des vaisseaux particuliers que par le parenchyme , que s'opèrent les mouvemens des fluides de ces plantes.-* Si l'observation anatomique ne nous a pas encore démontré l'existence des vaisseaux des plantes, le raisonnement et l'ana- logie nous portent à croire qu'ils existent et qu'ils sont de différens ordres, comme dans les animaux. La même plante renferme des fluides différens et séparés, qui supposent né- cessairement des vaisseaux séparés pour les contenir et em- . pêcher leur mélange. Puisque les plantes ont des sécrétions réelles, il faut qu'elles aient des tubes pour charrier et contenir les différens sucs qu'elles élaborent ; car l'idée d'un organe sécrétoire donne celle d'un organe vasculaire. L'expérience la plus concluante en faveur des vaisseaux, est la suivante. Des vaisseaux plongés dans l'encre , l'absor- bent, et ce fluide ne colore que quelques parties de la plante ; il semble que, d'après cette expérience, on puisse admettre des organes longs et tubulés, distincts dans les plantes, puisque la coloration n'est pas générale. Il résulte de ce que nous venons d'énoncer sur la question de savoir si les plantes ont des vaisseaux, que ce sujet est encore obscur, et i^u'il faut de II. '2l> ^o6 A R B •nouveaux faits pour affirmer ou rejeter leur existence; j'ai voulu insister sur cette question tant de fois agitée , afin de fixer l'attention sur une matière qui devient d'autant plus difficile à expliquer, qu'on l'approfondit davantage. Les naturalistes qui admettent des vaisseaux dans les plantes, en trouvent dans tous les organes; leur division principale est en vaisseaux propres et lymphatiques. Les pre- miers se subdivisent en trois espèces : i." les vaisseaux propres extérieurs, logés entre t épiderme et l écorne^ qui s'observent au printemps, après avoir enlevé l'épidenne ^ et dans toutes les saisons, en faisant macérer la plante, disposés par petits faisceaux, s'étendant autour de la tige, et faisant un réseau à grandes mailles. 2." Les vaisseaux propres intérieurs^ distincts dans le chêne, et plus particulièrement dans le pin, où ils sont plus grands, ot où on les découvre en faisant digérer des tranches minces de cet arbre dans l'alcohol, qui dissout le suc propre qu'ils contiennent, et les met à nu. Ces vaisseaux charrient un suc qu'on voit sortir à l'œil nu dans le chelidonium maj'us. 3." Les vaisseaux propres intimes., dont le siège est dans l'aubier, et quelquefois dans le corps ligneux, toujours unis À des substances qui les voilent, et peu susceptibles d'être isolés comme les intérieurs et les extérieurs. Le piscidia erythrina est l'arbre où l'on remarque le mieux ces vaisseaux, que Hill a séparés après une longue macération. Les vaisseaux propres sont ceux qu'on découvre le plus facilement, et leur existence paroît démontrée. Ils observent un diamètre plus grand que les vaisseaux lymphatiques, renferment un fluide épais et coloré, et communiquent avec les utricules , ce qui ne s'observe pas dans les vaisseaux lymphatiques. En général, ils existent plus abondamment et plus près des surfaces des plantes, que de leur axe; on leur attribue la propriété de.recevoir les fluides des vaisseaux séveux ou lymphatiques , et de les élaborer par les forces vitales en sucs propres, et constituer ainsi les diverses humeurs végétales. Le nombre des vaisseaux lymphatiques ou séveux est incalcu- lable : ils sont placés dans les parties dures des végétaux, et communiquent à l'extérieur pour absorber les sucs de la terre j>ar les racines, et les élever dans toutes les parties des plantes. On les suppose partir du collet des racines, et se distribuer à toutes les parties de la plante ; enfin leur histoire est celle des fibres ligneuses au milieu desquelles on les a placés. Dans l'hypothèse de la circulation végétale , on dit que la sève monte par les vaisseaux lymphatiques situés entre les fibres ligneuses , et qu'elle descend par les vaisseaux propres entre le bois et l'écorce ; mais cette circulation totale n'est pas A R B 3o7 iémontrcc, puisque les feuilles absorbent rhumidite atmo- sphérique, qui peut être considérée coauiie la source la plu* abondante de la sève dcscendanle. Hill est, de tous les botanistes, celui qui a poussé le plus loin les recherches sur les vaisseaux séveux; il les a vus surtout dans le chêne rouge d'Amérique. Cet auteur les peint comme formés de petites cellules emboîtées les unes dans les autres, et formant un cylindre creux; il dit qu'on les voit en faisant macérer de petites tranches de bois dans l'alcohol. Indépendamment des vaisseaux propres et lymphatiques, l'analogie indique l'existence de vaisseaux inhulans^ qui intro- duisent les sucs nécessaires , et de vaisseaux exhalans , qui rejettent les sucs superflus à F économie intérieure des plantes. On appelle utricules^ des vaisseaux composés de vésicules liées entre elles, et qui forment un tube souple, légèrement resserré à des distances k peu près égales, et conservant néanmoins une communication libre dans toute la longueur du canal. On donne ce nom aux vésicules du parenchyme qui existe dans toutes les parties des plantes, et particulière- ment sous Técorce, où les utricules sont disposées par paquets, La forme des utricules varie ; elles affectent dans quelques plantes celle de vésicules oblongues , et dans d'autres elles sont rondes ou anguleuses. Les injections prouvent que les utricules communiquent avec les vaisseaux lymphatiques, desquels on leur attribue la propriété d'élaborer les fluides; elles communiquent aussi avec la moelle et les vaisseaux propres. Les physiologistes considèrent les utricules comme les organes digestifs des végétaux. On appelle trachées^ dans les plantes, des vaisseaux, ou, pour parler plus exactement peut-ctre , des filamens roulés en spirale ou en tire -bourre , que quelques physiologistes ont considérés comme conducteurs de l'air que contiennent les végétaux : mais cette opinion ne paroit pas fondée; car les trachées renferment souvent des fluides aqueux et colorés. Les trachées sont plus abondantes dans les plantes qui croissent sous l'eau, que dans celles qui végètent dans l'air atmosphérique; on les découvre dans les jeunes rameaux de toutes les plantes et dans les nervures des feuilles de la vigne. Grew et Malpighy les ont vues dans les racines , dans les E étales et dans les fruits. Nous avons dit ailleurs que Reichei îs avolt observées dans les parties les plus déliées des plantes, telles que le style, les filets des étamines, la radicule et la plumule. Lancry pense , contre l'opinion de Pieichel , que ces organes n'existent pas dans les parties naissantes des végétaux, 3u8 A R B où ils ne se développent que lorsque les Jeunes plantes sont arrivées à une certaine consistance par l'âge et la nutrition. Les trachées communiquent avec tous les autres vaisseaux. Reichél et Hedwig les considèrent comme les organes primi- tifs des plantes, ainsi que nous l'avons dit en parlant des fibres ; Tuniversalilé des trachées répandues dans toutes les parties fonde l'hypothèse de ces auteurs. Grey, Malpighy et Duhamel ont regardé les trachées comme les poumons des plantes; mais aucune expérience bien décisive ne prouve qu'elles renferment plus d'air que les autres vaisseaux. Ces auteurs expliquoient l'ascension de la sève par la dilatation • alternative des trachées et des vaisseaux lymphatiques, selon que ces organes sont stimulés par la température plus on moins élevée de l'atmosphère. On leur a attribué la propriété de conduire la sève, de même que les vaisseaux lymphatiques, avec lesquels on les a souvent confondues, et avec lesquels elles se confondent peut-être en effet. Sénebier pense que c'est sans fondement qu'on a dit que les trachées étoient les organes de l'irritabilité, puisque ce physicien a stimulé celles de Voignon et du channe avec l'al- cohol et l'acide nitreux, sans qu'elles aient manifesté aucune marque de contractilité. Si les trachées deviennent fibres, comme le pense Hedwig, et comme le professe le docteur . Desfontaines, dans ses leçons de physique végétale, au Mu- séum, il faut, comme dit Sénebier, en saisir le passage, et le trouver dans le commencement de la fibre ou à la fin des vaisseaux spiraux; mais il est difficile de saisir la nature sur le fait , et surtout dans ses opérations qui constituent la science de l'organisation des végétaux. Les trachées sont les organes les plus flexibles des plantes. Le seul usage bien constaté qu'on puisse leur assigner dans l'état actuel , est de produire la flexibilité des plantes, et d'empêcher ainsi que les corps extérieurs les rompent. Nous ne terminerons pas l'histoire des vaisseaux et des trachées sans faire mention des recherches de Mirbel. Ce physiologiste admet dans les végétaux cinq espèces de tubes qui remplissent les fonctions attribuées aux vaisseaux décrits par les auteurs. Les tubes simples et les tubes poreux^ qui contiennent les sucs propres , les fausses trachées et les trachées^ qu'il considère aussi comme des tubes, et dont il n'indique pas les usages ; les petits tubes^ qui forment les fdets et les couches ligneuses. Indépendamment de ces vaisseaux , Mirbel appelle la- cunes^ dans Tes plantes d'un tissu mou, des vides réguliers et symétriques formés par le déchirement des membranes. Ces tubes et ces lacunes se composent d'un tissu mcm- A R B 3^g braneux quî seul compose la base primitive des végétaux. Les uns sont dépourvus de pores, et d'autres en sont semés, sans doute, pour la transfusion des fluides d'un tube à l'autre, et pour l'absorption et l'exhalation; ces pores sont itisensili/j's, allongés ou glanduleux, selon les parties ou les espèces dos plantes. SJépîdeime est la partie la plus extérieure des planies , affectant diverses couleurs selon les plantes qu'il revel, composé de fibres longitudinales dans la plupart des plantes, et de transversales dans le cerisier; quelquefois composé de lames dont les plus externes paroissent inorganiques, et sont visiblement appliquées par lames successives , comme dans le platane et Vorme. La cause de la coloration de l'éplderme paroît Inconnue; elle a été attribuée à la lumière et au parenchyme qu'il recouvre. L'éplderme du tronc des arbres se régénère quand il a été enlevé ; celui des feuilles et des fruits ne se régénère jamais. Mis à nu par la macération, il présente un réseau semblable à une toile d'araignée. On peut aussi en voir l'organisation dans les feuilles disséquées par les insectes , où on l'observe souvent composé de plusieurs réseaux super- posés. L'épiderme est parsemé de vaisseaux couverts de pores qui s'ouvrent aux surfaces végétales : on avoit faussement prétendu qu'il étoit le produit des sécrétions végétales des- séchées à la surface des plantes. Il est, ainsi que l'éplderme animal, en communauté de vie et d'action avec la plante , comme le prouvent les injections et les plantes vigoureuses où il se confond dans l'écorce , tandis qu'il s'exfolie dans les plantes qui croissent dans un sol stérile. On aperçoit, dans l'éplderme, des glandes, que Gucltard appelle glandes miliaires transparentes , et qui affectent la cou- leur du parenchyme qui les enveloppe de toutes parts. C'est sans doute, comme le pense Sénebier, et comnie je le soup- çonne, dans ces glandes qu'on peut considérer comme organes sécrétoires et excrétoires, que se décompose l'eau dans les feuilles, pour dégager l'oxygène à la lumière solaire, et le gaz acide carbonique quand les rayons lumineux ont dispaini, ou planent avec moins d'intensité sur les plantes. Les usages de l'éplderme sont de s'opposer à Tévaporatlon trop grande des végétaux, et de défendre la fibre végétale de l'impression des corps atmosphériques et des corps inorga- nisés avec lesquels il semble se confondre dans ses lames les plus éloignées du centre des plantes. Considéré dans sa paroi extérieure , on ne voit en lui qu'une membrane celluleuse et rétlculaire , à la vérité, mais sans vie, sans couleur, souveul 3io A J\ B transparente et réfléchissant à nos yeux la couleur des fluides contenus dans les vésicules corllcales. Il étolt peut-être inutile de chercher les usages d'une parlie organique dont la nature est si peu connue : selon la manière ingénieuse de considérer la composition organique des plantes de Mirbel, Tépiderme ne peut être considéré désormais comme une partie distincte et séparée du tout végétal. Les plantes n'étant qu'un com- posé de plusieurs rangs de cellules superposées, leur épiderme (doit nécessairement être la paroi extérieure du premier rang de ces cellules, et ne former dans aucune plante un sys- tème isolé. On appelle iissu reUiilan-e, enveloppe cellulaire , ou paren- chyme , un réseau forme par des fibres ou des vaisseaux transparens remplis d'un suc vert , anastomosés dans leurs rencontres , et gonflés dans leurs intervalles , lequel se dé- couvre dès que l'épidermc est enlevé , et qui est plus abon- dant dans cette partie. Malpighy et Grcw pensent que le parenchyme est formé cle vésicules conliguës , liées horizontalement, coupant à angles droits les fibres longitudinales. Hedwig confirme ce sentiment dans l'examen des champignons. On doit considérer le parenchyme ou tissu cellulaire comme un organe composé de plusieurs réseaux superposés, com- muniquant entre eux et agissant de concert pour élaborer la sève , et décomposer le gaz acide carbonique. La couleur verte qu'il présente le plus ordinairement, est attribuée par Duhamel à l'action de la lumière; et Sénebier pense qu'elle est due au carbone laissé par la décomposition de l'acide carbonique dans les vésicules parenchymateuses : il est évident que ces deux auteurs sont d'accord; car la décomposition de l'eau est un effet nécessaire de l'action de la lumière solaire. Halles, Tngenhouz, Priestley, Desaussure et Spallanzani avoient démontré la décomposition de l'air et de l'eau dans les plantes; mais il étoit réservé à l'illustre Sénebier d'indi- quer l'organe, et de démontrer le mécanisme de ces décom- positions. Mirbel, dans un mémoire d'anatomîe végétale, dont nous avons parlé en traçant l'histoire des fibres et des vaisseaux, considère le tissu cellulaire comme formé d'une membrane dont les lames se séparent en quelque sorte pour donner nais- sance aux cellules qu'on observe entre les mailles de la trame qui le compose. Ces cellules sont percées de pores de diverses grandeurs, qui facilitent la transfusion des fluides d'une cel- lule à l'autru'. Cette manière de considérer le tissu celluleux est conforme aux descriptions que Malpighy et Grew nous en ont données. Les petits tubes de Mirbel avoient aussi A R B 3,. ëlé decrils par Hîll; mais Mîrbel les a considères dans les dicotylédones et les monocotylédoncs. On appelle couches corticales l'enveloppe des plaates, con- nue sous le nom d'ecurce ou de peau végplale. Elles se com- posent de plusieurs plants de tissu cellulaire superposés, mais dont les mailles sont plus serrées que celles du tissu cellulaire ou parenchymateux proprement dit; elles forment des réseaux aplatis dans lesquels on voit des fibres longitudinales et transversales qui communiquent aux tubes et au tissu pa- renchymateux. Ces fibres, dans le chanvre et le tilleul^ servent à faire la toile et les cordes. Les solutions de continuité avec perte de substance de l'écorce, se séparent par la dilatation du tissu cellulaire. Le liber est la dernière couche corticale du côté du centre de la plante ; cette partie est composée de réseaux super- posés et plus serrés que ceux de l'écorce, mais moins adhé- rens, de manière qu'on peut les séparer, et qu'ils donnent ridée d'un livre ouvert dont on aperçoit les feuilles. Les trachées sont très-abondantes dans le liber; lorsqu'il y a solution de continuité dans le bols, avec perte de subs- tance, le liber s'introduit dans la plaie, et la répare en pe« d'années , en formant un bourrelet ligneux. Duhamel a comparé le liber au périoste des animaux ; et , fondé sur l'observation que le liber se gllssolt entre les fragmens ligneux, il expliquoit, par analogie, le cal des os dans les fractures de la rotule, de la tête, de l'humérus et de l'olécrâne, par l'In- terposition d'une, membrane formée du périoste, qui se gllssolt entre les fragmens osseux : mais on sait maintenant qu'il suffit de mettre les parties osseuses en contact parfait pour produire le cal; et on peut en dire autant des parties ligneuses fracturées. Immédiatement au-dessous du Uber, on découvre les cou- ches de Vaubier, qui diffèrent de celles de l'écorce par leur couleur blanche et une plus grande densité. Les parties vasculalres et tubulalres y sont plus serrées , moins nom- breuses et moins sensibles que dans l'écorce. Le saule mar- saiilt est l'arbre le plus propre pour étudier l'aubier. La position et les usages de l'aubier sont tels, qu'il signale l'écorce qui s'évanouit, et le bols qui commence à se fomier, de manière que lorsque les parties de l'écorce qu'on appelle liber, commencent à se solidifier, c'est l'aubier qui se forme, pour former lui-même plus tard le bois. Duhamel observe que les couches corticales ne se changent jamais en aubier; celui-ci est le développement d'une partie préexistante dans les plantes, et entre les fibres de laquelle la nutrition dépose suceessivemcnties élémens du bois. Le pre- Bt^ a r b niier étal do l'aubier est d'être albumineux , comme toutes les autres parties végétales ; mais ses fibres paroissent moins fortes çt plus faciles à rompre. Il passe à l'état solide par l'action des matières nutritives et par l'influence de la lu- mière ^ qui lui donne la consistance et les qualités du bois. Les plantes privées de la lumière ne contiennent que de l'aubier, et jamais de bois parfait : l'aubier n'est qu un bois ébauché ; il est plus léger et moins résineux que celui-ci. L'aubier se change plus vile en bois lorsqu'on enlève l'écorce qui le revêt ; Buffon s'est servi de ce procédé pour le convertir en bois, et Tutiliser ainsi dans les arts : ce procédé détourne au profit de l'aubier les sucs qui dévoient nourrir l'écorce ; et l'action de la lumière solaire étant plus directe sur lui, le solidifie et le convertit en bois ; mais ce moyen fait périr les arbres, et ne doit être employé qu'une année avant leur coupe. Il présente un grand avantage pour l'exploi- tation du chêne, puisque, après avoir utilisé son écorce dans l'art du tanneur, on obtient, l'année suivante, des troncs entiè- rement dépourvus d'aubier et passés à l'état ligneux le plus dur, moins susceptible de devenir la proie des insectes, et surtout du ieredo navalis, qui perce la substance parenchyma- leuse des bois de construction. Le f^ois est la partie la plus dure des végétaux ; c'est le complément de leur organisation : il est composé des mêmes rlémens que les autres parties, mais dans des proportions différentes. Son tissu est très-serré et renferme , au lieu de fluides , la matière du carbone qui en constitue la base so- lide , de même que dans les animaux les mailles de la fibre osseuse renferment le phosphate de chaux. Les vaisseaux Ivmphatiques y sont plus abondans que dans les autres par- ties, y charrient la sève , et fournissent au printemps les pleurs de la vigne , qui ne sortent ni de l'écorce ni des boutons, mais de la substance même du bois qu'il faut entamer pour les faire couler, comme on le pratique pour obtenir les sucs sucrés de Vérahle. On dit que le bois se compose de lames successives , qui indiquent le nombre des années de végétation ; mais Duhamel a réfuté cette opinion. Le nombre des couches n'est pas dé- terminé par celui des années ; il arrive souvent que plu- sieurs couches se confondent , et que la végétation d'une année donne lieu à plusieurs couches , parmi lesquelles on remarque particulièrement celles des sèves du printemps et de l'automne. La moelle est une substance spongieuse, renfermée dans la partie moyenne des plantes dicotylédones, et disséminée dans toutes les parties des plantes monocotylédones, selon A R B 3i3 les recherches du professeur Desfontaines. Elle est com- posée àe vaisseaux très-laches, et d'utricules qui ne se des- sèchent qu'après un certain temps ; en général , elle paroît avoir de grands rapports avec le parenchyme; comme lui, elle varie de densité selon les plantes qui la contiennent. Le cimal médullaire observe une direction parallèle aux fibres longitudinales , au milieu desquelles il est placé ; et il communique, par ses cellules et par ses vaisseaux, avec le tissu celluleux. Les sucs que renferment ces deux parties ne diffè- rent que par la couleur. Le suc celluleux est ordinairement vert , parce qu'il est plus en contact avec la lumière. Le canal médullaire des plantes dicotylédones fournit laté- ralement les productions rnédidlaires qui partent de Taxe des plantes où est placé le canal , et qui viennent s'épanouir à la surface de Técorce , ou se répandre dans toutes les parties végétales; de même que les nerfs qui parlent du canal médul- laire vertébral des animaux se répandent dans toutes les par- lies aijimées. Le canal médullaire donne lieu aussi à un autre ordre de productions médullaires qui ne s'étend pas au-delà du tissu ligneux voisin , et dont la moelle est toujours sans couleur, comme celle du canal médullaire. Ce sowvles appen- dices médullaires. La moelle existe en plus grande quantité dan's les jeunes plantes que dans les autres, parce que le bois la comprime en se solidifiant; la première année , elle est verte comme le parenchyme ; mais dès que la plante passe à l'état li- gneux , cette couleur disparoît , et elle s'en éloigne d'autant plus que le corps ligneux est plus épais , et laisse moins péné- trer les rayons lumineux jusqu'au centre médullaire. Celte théorie de la coloration de la moelle par l'action de la lu- mière se prouve par les prolongemens médullaires, qui pré- sentent la couleur verte de l'écorce à mesure qu'ils s'éloignent du canal d'où ils sont partis pour s'épanouir dans les tégu- mens végétaux; tandis que les appendices médullaires , qui ne s'éloignent jamais au-delà du tissu ligneux proprement dit , sont toujours de la couleur de la moelle des tiges et des racines. On ne trouve , dans la plupart des vieux arbres , ni canal, ni prolongemens , ni expansions médullaires; et il est à remarquer que, à cette époque de la vie végétale , ces arbres donnent souvent des fruits sans noyaux. Les anciens ont cru que les fruits éloient une production de la moelle. Démocnie , qui vivoit il y a plus de deux mille ans, est le premier qui ait énoncé ce sentiuietit, qui fut admis par les auteurs géoponiques grecs et latins qui vinrent après ce philosophe. Cette opinion nous a été transmise de siècle en siècle par les écrits des Comariusj des Pline j des Columcllc^ 3i4 A É B de* Vairon et des Caton , auteurs cëlèbres dans les fastes des sciences et de l'agriculture. Cette idée est écrite dans l'ex- cellent recueil de l'agriculture des Grecs , intitulé les Géopo- niques ^ yioits-oviKu, ^ sive de re ritstlcâ, lib. 20, grccrè el latine. Magnot la reproduisit dans le dernier siècle , eu disant que les fruits étoient formés par la moelle ; et les physiologistes modernes, en démontrant que le tissu cellulaire et le tissu médullaire logent les mêmes sucs, confirment celte opinion de l'antiquité, puisqu'ils admettent, avec le célèbre Duhamel , que les fmits ne sont qu'un tissu cellulaire dilaté, dans les mailles duquel la lumière développe et combine leur arôme €t leurs saveurs. L'observation de tous les temps ayant prouvé que les arbres dépourvus de moelle par vétusté produisoient des fruits sans pépins et sans noyaux , plus succulens que ceux Aqs arbres poui^vus de moelle , les anciens crurent qu'en privant artificiellement de sa moelle un arbre dans la force de la végétation , on obtiendroit des fruits entièrement pul- peux , analogues à ceux qu'il produit dans sa caducité ; ils annoncent avoir réussi à en obtenir , et ils décrivent divers procédés d'extraction de la moelle , que nous avons rap- portés dans le premier volume des Mémoires de la Sodélé mé- dicale de Paris. Duhamel a répété les procédés consignés dans les Géoponifjues ., yiuzs-o^nKtt , izVe de re nistirâ , sans avoir pu obtenir les résultats promis par les anciens ; mais ce phy- sicien n'a pas opéré tout-à-fait comme l'indique l'auteur des Géoponiques. Si on se reporte à ce que nous avons dit en parlant des tissus médullaires et cellulaires comparés, qu'on a vus être de même nature et une continuité d'un même système , il res- tera évident qu'il est impossible de priver totalement un arbre de sa moelle , et par conséquent impossible de tirer Acs conséquences positives sur la présence ou l'absence de cette matière, pour produire des fruits avec ou 5wm s organes de reproduction. V. les mots Maturité et Marcottes , pour les phénomènes physiologiques à déduire de Tabsencc de la moelle. Les arbres se multiplient d*autant plus facilement de bou- tures , de couchages et de marcottes , qu'ils contiennent plus de*moelle. Linuteus a dit que la moelle avoit de grands rapports avec les parties sexuelles des plantes ; il pensoit qu'elle donnoit naissance au pistil. Halles pensoit que la moelle étoit l'organe le plus essentiel à la nutrition des plantes ; mais les vieux saules qui , comme Tobserve Sénebier, croissent encore avec gloire , quoique dépourvus de moelle , réfutent ee senllmcnt. A R B 3i5 Coulomb ayant fait des trous de diverses profondeurs dans la direction des fibres transversales des liges , et ayant remar- qué que, parvenu au canal médullaire , la sève devenoilplus abondante dans les trous , surtout dans le temps que la lu- mière planoit avec plus d'intensité , pense que la sève monte dans les végétaux par le canal médullaire, au lieu de s'élever f>ar les fibres ligneuses , selon l'opinion commune des physio- ogistes des plantes. Plenck , Physiologia et pathologiaplantanim ^ dit que la moelle est une ressource alimentaire pour les plantes dans les temps de sécheresse ; mais, dans cette circonstance , la moelle est très-sèche elle-même , et ne paroit pas susceptible de pro- duire ce bienfait. Il paroît que la moelle doit être considérée comme un suc nourricier pour les jeunes plantes , dans lesquelles elle est abondamment placée : c'est un réservoir destiné à nourrir les plantes naissantes , et qui remplace l'émulsion et l'albumine des cotylédons avec lesquelles se nourrissoit la plante , im- médiatement après sa germination. Cette opinion acquerra plus de fondement, si on réfléchit que toutes les jeunes plantes sont très-médullaires. Les plantes naissantes n'ayant plus d'organes assez forts pour décomposer et s'assimiler les corps nourrissans extérieurs , il falloit bien qu'elles eussent en elles-mêmes un moyen de se nourrir ; et ce moyen est la moelle, que la nature a placée plus abondamment en elles. La disposition diaphragmatique très-lâche , le volume du canal médullaire, et la quantité de fluides qu'il renferme , nous portent à croire que la moelle est l'aliment secondaire des plantes, quelque temps après la germination; car, à une époque plus rapprochée encore de l'évolution , elles se nourrissent aux dépens du périsperme albumineux des se- mences. Ces deux époques de la nutrition par l'albumine et paria moelle étant terminées , la plante jouit alors d'une force d'absorption suffisante pour décomposer et s'assimiler les corps extérieurs , tels que le gaz acide carbonique , l'hu- midité de l'atmosphère , et les autres substances qui com- posent le pabulum des végétaux adultes. On conçoit qu'à cette troisième et dernière époque du mode de nutrition des plantes, le canal médullaire doit disparoître, puisqu'il devient inutile ; il s'oblitère , en effet , par la formation de nouvelles couches intérieures , formées dans le canal par la moelle elle-même. La tige est la partie de la plante qui sort du collet de la racine , et qui s'élève au-dessus delà surface de la t<'rre , dans une direction plus ou moins verticale , soit qu'elle s'élève par 3i6 A T\ B ses propres forces ou qu'elle s'attache à d'autres plantes. Con- sldérëe dans sa structure anatomique. Les travaux de Daubenton et deDesfontalnes ont établi une division nouvelle des liges , fondée sur la présence ou l'ab- sence de la moelle dans un canal médullaire, ou disséminée dans toutes les parties végétales. Les tiges se divisent en troncs cylindriques et en troncs coniques. i." l^ns troncs cylindiiques sont propres aux plantes monocoty- lédones , et présentent, depuis le collet des racines jusqu'au sommet , une grosseur égale , comme dans les liliacées , les palmiers , les aloès ^ les agaves, \es fougères , les roseaux , etc. Les tiges cylindriques n'ont, dans les palmiers, ni épiderme, ni écorce. Ces parties sont remplacées par des feuilles des- séchées ; elles n'ont point de canal médullaire au centre , ni d'expansions médullaires latérales ; leur moelle est dis- séminée partout dans des fibres dont la dureté est plus con- sidérable à l'extérieur qu'à l'intérieur. Cette dureté est telle, que certains palmiers refusent les scies les mieux trempées. 2." Les troncs coniques affectent un diamètre qui va toujours en décroissant depuis le collet de la racine jusqu'au som- met de la plante. Cette disposition est propre aux plantes dicotylédones. Dans ceux-ci , la moelle , placée dans un ca- nal médullaire, occupe l'axe de la plante, d'où elle envoie latéralement des expansions médullaires , et la dureté des fibres est plus considérable vers l'axe que vers les parties extérieures. Les tiges coniques croissent en longueur par jets successifs , et en épaisseur par couches conceutri(}ues. Chaque extrémité des tiges renferme un boulon qui se développe chaque année, et greffe sur la pousse de l'année antérieure un deuxième jet qui produira une troisième pousse , et successivement. Les couches concentriques parlent chaque année du collet de la racine, et se continuent jusqu'au sommet. Mais, tandis que de nouveaux jets et de nouvelles couches se greffent et s'élèvent dans l'air, les couches et les jets primitifs inférieurs se dilatent en tous sens , et donnent à la partie inférieure du tronc la plus grande épaisseur qu'on y remarque , et qui constitue la forme conique des plantes dicotylédones. Cette disposition donne l'idée grossière des cônes emboîtés les uns dans les autres , et dont l'ensemble formeroit une pyramide. Les tiges cylindriques croissent aussi par jets successifs en longueur, d'année en année, mais jamais par couches concentriques additionnelles du côté cortical. Nous avons dit que les troncs coniques étoient plus ligneux et plus com- pactes à l'axe de la plante qu'à l'extérieur, et que le con- traire avoit lieu dans les troncs cylindriques. Cette différence A R B 3i7 provient Ae l'absence ou de la présence du liber qui , dans les uns, forme les couches concentriques qui composent Tau- bier , tandis que , n'existant pas dans les plantes monocoty- ledones, elles ne peuvent croître en épaisseur par couches successives d'aubier. L'écorce et l'aubier étant les parties molles des plantes , celles qui en sont pourvues sont nécessairement moins com- pactes à l'extérieur qu'à leur centre ; et celles qui en sont dépourvues, présentant constamment les mêmes fibres à l'at- mosphère, doivent nécessairement offrir plus de durefÇ à lextérieur, par l'action que l'air exerce sur elles. Les tiges cylindriques ne jettent jamais de branches laté- rales, parce que celles-ci proviennent des boutons qui, dans les tiges coniques , correspondent aux extrémités des prolon- gemens médullaires, qui n'existent pas dans les tiges cylin- driques. La forme cylindrique passe insensiblement à la forme conique, depuis les palmiers jusqu'à Véphédra^ les aloès , les aristoloches. Les fragmens de tiges qu'on trouve pétrifiés dans les en- trailles de la terre , sont le plus souvent cylindriques , et pa- roissent provenir de la famille des Palmiers. V. le mot Plante, pour les dénomirfations admises pour rcconnoître les diverses formes qu'elles affectent. Les tiges tendent constamment à s'élever vers le ciel , et la cause de ce phénomène est inconnue ; elles sont presque nulles , humifuses ou gigantesques , selon la force relative de distension de leur tissu primordial. Les variétés de formes des tiges proviennent aussi du climat et du sol : ainsi les plan- tes alpines élèvent dans nos jardins des tiges plus longues que sur les montagnes. Le chamœrops humilis, qui ne croît sur les côtes de Barbarie qu'à la hauteur de quelques pieds , s'est élevé à celle de trente à quarante au Jardin de botani- que de Paris. La grandeur des tiges décroît à mesure que le sol s'élève, et qu'il devient plus septentrional. Nous avons attribué l'absence des rameaux latéraux des troncs cylindriques à celle du canal et des productions mé- dullaires latérales. Certains troncs coniques parviennent à une hauteur très-considérable sans jeter des rameaux, quoi- que pourvus des organes de leur développement. On dlroit que, dans cette dernière circonstance, la sève, entraînée avec force vers les parties supérieures, ne peut s'arrêter dans son cours pour baigner le réseau de l'écorce où sont placés les germes qui ne se développent qu'autant qu'une plaie faite à l'écorce détermine un afflux humoral qui sollicite l'évolution des germes en rameaux. La partie la plus inférieure de la tige est un centre de vitalité , qui correspond à la partie 3i8 A R B moyenne de la plantule, et qui réunît toutes les fibres pri- mitives qui en partent , pour constituer les troncs et les branches. La durée des tiges dépend du nombre des réseaux primitifs qui les composent. Plus ceux-ci sont multip liés et suscepti- bles d'extension , plus les tiges doivent avoir de longévité et d'épaisseur: ainsi l'histoire d'une plante annuelle est bornée à une année , parce que son réseau organique se développe et se remplit dans une année ; tandis que d'autres plantes se composent d'une multitude de réseaux que les siècles dis- tendent et superposent pour former la charpente ligneuse de ces arbres antiques , que les nations vénèrent de nos jours , et dont l'origine s'est effacée du souvenir des hommes , comme le cèdre du Liban. Les tiges sarmenteusessont les plus susceptibles de croître en longueur. Il y a des lianes qui ont deux cents pieds. On voit, aux Indes, des plantes sarmenteuses qui ont six cents pieds de longueur. Le chêne s'élève de cent cinquante à cent quatre-vingts pieds; le cèdre du Liban en a cent soixante. Certains pins croissent à deux cents pieds de hauteur. On voit en France des saules qui ont trente pieds d'é- paisseur. 11 y avoit à Rome une yeuse de trente-cinq pieds de circonférence , d'où sorloient dix tiges qui formoient dix gros arbres, La durée des arbres est incalculable. Nous avons dit ail- leurs que le nombre des couches ligneuses n'indiquoit pas exactement le nombre d'années de végétation; et, en suppo- sant qu'il l'indiquât , ce calcul ne pourroit s'appliquer aux plantes monocotylédones , dont les troncs cylindriques ne laissent apercevoir aucune couche ligneuse. Le chêne vit six cents ans ; l'olivier parvient à une plus grande longévité. Le cèdre du Liban arrive peut - être au terme le plus long de la vie végétale. Adanson dit que le laohah vit six mille ans, et qu'il a quatre cent trente-cinq pieds de circonférence. Les branches sont les prolongcmens des fibres du tronc après leur séparation , et les rameaux sont formés par des fibresqui partent de labranche. Lesbranches ont un rapport manifeste avec les racines; celles qui sont du même coté que les racines , sont plus grandes et plus vigoureuses, si les ra- cines sont plus fortes elles-mêmes ; et si au contraire les ra- cines sont malades, lesbranches qui leur correspondent lan- guissent atissi. La direction des tiges est déterminée par l'angle que fait le bouton avec la tige ^ et ce bouton forme ; dans la tige , A R B 3i9 un cône renversé , dont le sommet est dans l'Inte'rîeur de l'arbre. Les grosses branches sont cylindriques , et ce n'est que •dans les jeunes liges qu'on en remarque de polygones. Le peuplier, le fusain et V oranger ont des tiges polygones dans leur jeune âge; mais, plus tard, ces tiges deviennent cylin- driques : cependant il en est qui conservent la forme angu- leuse dans un âge avancé, tels que les cactus^ dont les branches ne s'arrondissent qu'à une époque très-voisine de leur destruction. J-iCS branches à buis ^ c'est-à-dire, à boulons sans fleurs, son* lisses, droites et flexibles; les branches à Jlcurs et fruits sont ridées , criblées de trous comme ceux d'un dé à coudre , et leurs fibres se rompent nettement. Il y a aussi des branches à faux bois et des branches gourman^ des, dont les boutons observent de longs espaces entre eus et sont de couleur noire : les cultivateurs connoissent aussi les branches chiffonnes, petites et nuisibles aux arbres foibles? mais pourquoi les branches à bois ne portent-elles jamais de fleurs i* et pourquoi celles à fruits portent-elles moins de bois? Les branches à bois sont-elles dépourvues de germes ? ou ceux-ci, au contraire, y sont-ils présens, mais non suscep- tibles de se développer, parce que les forces vitales , occu- pées de donner à l'arbre et à ses parties toute la force dont il est susceptible , ne s'emploient point encore pour les moyens de reproduction dont les fleurs et les fruits sont les organes? L'art de tailler les arbres se déduit de la connoissance de ces branches, et des boutons qu'elles portent pour augmenter, diminuer ou éloigner la sève d'une partie, et la faire affluer dans une autre. Vues physiologiques et anafomiques pour servir de suite à l'histoire- du mot Arbre. — On appelle nœuds les protubérances des vé- gétaux formées parles boutons; car, à mesure que ceux-ci se distendent , le nœud se forme ; et comme ce mécanisme a lieu dans le liber , la sève descendante se trouve entravée dans son cours , et forcée de s'introduire dans ces nœuds , et d'en favoriser le développement en produisant une tu- meur. On observe que les fibres sont moins fortes vers les nœuds, et qu'elles sont surtout plus fragiles; et telle est la cause de la maladie appelée champlure , dans les vignes dontles bourgeons se rompent à chaque nœud à la suite de la gelée. Les nœuds sont les parties les plus dures du bois , parce que les fibres y sont pressées par le bouton ou par l'abon- 320 A R B dance des parties nourricières qui y sont accumulées. Les nœuds ne s'effacent jamais; les années végétales les recou- vrent ; mais on les retrouve en exploitant le bois. Les articulations sont une espèce de nœuds propres aux plantes herbacées et ligneuses, et qui produisent communé- ment des rameaux. Les nœuds ou articulations des roseaux , examinés au microscope , présentent un tissu régulièrement formé par des hexagones mêlés de petits corps ronds dont le tissu paroit plus fin. Les nœuds de la canne à sucre for- ment des anneaux d'environ cinq lignes, dont la surface pré- sente cinq rangs de points à derai-transparens, disposés en quinconce. Les parties articulaires sont plus abondantes en sucs que les autres parties végétales. C'est dans les nœuds de la canne que se prépare le sucre. Il y a beaucoup d'analogie entre les branches et les nœuds, qu;mt aux moyens de reproduction ; car c'est des nœuds que sortent communément les racines dans les plantes sola- nées et dans celles qu'on multiplie de boutures ou de mar- cottes. Les bourgeons et les rejetons sont des branches dans Fen- fanco ; ce sont des boutons à feuilles presque épanouies, for- mant un petit rameau d'abord herbacé. 11 faut une année entière pour former un boulon qui ne sera bourgeon que l'année suivante. Le printemps voit naître Tœil qui devient bouton vers le solstice ; il se nourrit pendant l'automne , et H sera bourgeon axi printemps suivant. Ainsi , le germe que nous avons supposé préexistant et placé dans les mailles du tissu cellulaire , subit divers changemens, qui se succèdent dans l'ordre suivant: d'abord, il observe dans son premier état de dilatation la forme d'un cane remyersé ; ensuite , par- venant à l'extérieur , il prend une autre forme , et s'appelle ttll ; enfin, celui-ci se développant , devient ^ow/o« , et plus tard ce sera le bourgeon, qui produira ensuite \ts branches ci les rameaux. Le moment le plus favorable au développement des bour- geons, est celui où les feuilles se déploient, parce qu'elles attirent les fluides intérieurs et extérieurs entre leurs mailles, pour distendre et écarter les tuniques qui les environnent , et jouir ainsi d'une vie plus active, et dont l'effet sera désor- mais le produit d'un stimulus extérieur. Le bourgeon ne diffère de là planiule que parce qu'il n'est point pourvu de racines ; il est nourri par les feuilles et par ses écailles , comme la plantule est alimentée par les coty- lédons et les feuilles séminales. Dans les plantes herbacées, les bourgeons naissent du col- let des racines , et on les observe en automne se dévelop- A R B 3,, pant et se recouvrant successivement d'écaillcs pour résister à l'humidilé de l'hiver , à laquelle ils sont plus exposés que les boutons des arbres, qui ha'bitent les tiges , et que celles- ci protègent : ces écailles sont constamment humectées d'une humeur indissoluble dans Teau. Quant aux rejetons, ils ne- diffèrent nullement des boutons; mais on a donné ce nom aux bourgeons qui naissent acci- dentellement à la suite d'une plaie ou d'une solution de continuité quelconque , qui , bornant et interrompant le cours du fluide séveux , développe un bourrelet duquel les germes sont sollicités de sortir sous forme de hoitrgeons , parce que les sucs nourriciers baignent cette partie, et y détermi- nent une synergie ou concours de forces vitales. La constance des épines à paroître dans les mêmes parties des plantes , a fait penser qu'elles étoient un organe primor- dial, et non des rameaux avortés, comme on le dif, fondé sur ce qu'elles se changent quelquefois en rameaux. 11 est vrai- semblable que ces parties ont une raison suffisante d'exister sur les plantes qu'elles protègent, et qu'elles ne sont, pas plus que les griffes , vrilles et mains végétales , des feuilles ou des branches avortées : leur usage indique assez qu'elles ont ^un but essentiel à remplir, surtout dans l'enfance des végé- taux, qu'elles accompagnent et qu'elles abandonnent à une époque plus avancée. Lorsque à la suite d'une végétation sou- vent monstrueuse dans les arbres fruitiers, ou dans ceux que le luxe a introduits dans les jardins d'agrément , les épines disparoissent et se changent en branches , celles-ci ne donnent jamais ni fleurs ni fruits; et ces branches^ appelées chiffonnes ^ sont épineuses , tandis que les autres sont ornées de fleurs ou chargées de fruits. D'ailleurs, les épines regardent le plus sou- venue centre de la terre , ou observent une direction plus ou moms horizontale , qui s'incline légèrement vers le sol, tan- dis que les branches suivent une direction opposée. luépine a une écorce la première année ; la deuxième an- née, cette écorce disparoît; et le plus souvent, à la troisième , l'épine périt et tombe par fragmens , comme un corps inor- ganisé. Les épines n'ont aucune force d'absorption. Si on intercepte le cours des fluides en faisant une incision an- nulaire à l'écorce , et qu'on ôte les feuilles de la partie de la plante qui se trouve au-dessus de cette opération , les épines , la première année , se flétrissent, et périssent comme elles l'eussent fait natur.ellement la troisième , quatrième ou cin- quième année. Les arbres, dépoui-vus artificiellement d'épines, n'éprou-- vent aucun dérangement dans leurs fonctions, II. ?, I 322 A R B Comparetli a disséqué les aiguillons de la bourrache , et a remarqué qu'ils éloient creux et coniques, et terminés infé- rieurement , dans le tissu cortical , par une bulbe , iVc même qu'on l'observe dans les poils des animaux. ( Vov. Poils des PLANTES , à la suite du mot Feuilles. ) Les aii;ui}lous d'ortie présentent la même structure ; ils.se tenninent aussi par une bulbe qui contient une humeur brûlante, qui distille de leurs extrémités. Les plantes à épines sont plus robustes , d'un tissu plus sec et plus serré; et quand les épines disparoissent dans les végétaux qui en étoient d'abord armés , c'est que ceux-ci s'amollissent par une culture trop assidue et des alimens plus substantiels que dans l'état de nature. Les arbres épineux semblent attirer , par leurs pointes , le fluide électrique , dont l'action puissante sur la fibre végétale leur donne peul-êlre le caractère de force el de densité dont ils jouissent exclusi- vement. Verrez, pour les détails de nomenclature , VyllphaLet des termes de botanique. Les arbres, considérés dans leur taille, sont divisés en arbustes, arbrisseaux et arbres : les premiers comprennent ceux de deux ou trois pieds d'élévation ; les seconds , ceux de quinze à vingt pieds ; et les autres comprennent les végétaux ligneux perpendiculaires au-delà d'une vingtaine de pieds de grandeur. Considérés dans leur usage , on les a divisés en arbres frui- tiers^ en arbres forestiers , et en arbres d'agrément et d'aligné^ ment. Les expériences des physiologistes sur les plantes ont démon- tré que les végétaux dégagent de l'oxygène le jour , et du g?.z acide carbonique pendant la nuit; mais que la quantité d'oxy- gène , ou air vital, qu'ils fournissent est beaucoup plus cfnsi- dérable que celle du gaz acide carbonique : et on a ainsi ex- pliqué la réparation de l'oxygène , que la respiration. animale ose sans cesse : ces conséquences hygiéniques, à déduire d«\s sécrétions végétales , sont le résultat des expériences de Halles, d'ingenhouz et de Séncbier. Spallanzani a fait une suite d'expériences qui opposent quelques doutes sur la quantité d'oxygène que les plantes four- nissent, selon ces physiciens. Cet illustre auteur attribue aux plantes la propriété de fournir au moins autant de gaz impur que d'air vital; et, ne trouvant point en elles une source assez féconde d'oxygène pour fournir à la respiration animale , il supposoit que les eaux de la mer se décomposoientpourpro- duire ce gaz inséparable de la vie animale, parce que lui seul peut l'entretenir; mais , quoi qivil en soit des expériences de A R B 3^3 ce savant naturaliste, les plantes, considérées dans leur en- semble , paroisseut purifier l'air par la sécrétion de Toxygène. L'oxygène qu'on suppose s'échapper des végétaux , est pro- duit par la propriété dont ils jouissent de décomposer, au moyen de leurs feuilles, l'eau atmosphérique et l'acide car- bonique , desquels l'oxygène sort pour aller purifier l'air, et dont le carbone se fixe dans le végétal pour en constituer la substance ligneuse , en même temps que l'hydrogène de l'eau s'y fixe aussi, y passe à l'état solide, et entre dans la compo- sition des gommes, des résines , etc. Indépendamment de cette propriété des végétaux, de ré- parer la perte continuelle que nous faisons de l'oxygène par l'acte de la respiration , ih contribuent à la salubrité atmo- sphérique d'une auire manière. Ils absorbent, neutralisent et s'assimilent tous les gaz impurs, les émanations putrides ani- males , les dissolutions impures qui sont dans l'air, les mias- mes de toute nature , les gaz septiques , les substances excré- mentielles et animales pouries ; enfin tout ce qui imprime un sentiment de dégoût et d'inappétence ; et toutes les subs- tances qui répugnent à l'organisation animale doivent être considérées comme le pahulum^ comme l'aliment le plus favorable à l'organisation et à l'entretien de la vie des vé- gétaux. Les végétaux dégagent de l'oxygène , comme nous l'avons dit, et absorbent le gaz acide carbonique ; tandis que, au con- traire , les animaux expirent le gaz acide carbonique et ab- sorbent l'oy^-gène ; et si on veut modifier ces propositions , qui se déduisent d'expériences certaines, les uns et les autres périssent. Ainsi, la vie des animaux est subordonnée à celle des plantes , et vice versa. Ces transitions éternelles et néces- saires des corps, ou des produits animaux et végétaux les uns dans les autres, en établissant une dépendance réciproque entre tous les êtres vivans, prouvent Timportance d'une dis- tribution justement proportionnée entre les forêts et les terres consacrées aux divers genres de culture. Les végétaux joignent à tant de bienfaits la propriété d'attirer le fluide électrique et les orages qu'ils éloignent ainsi des frôles et^utiles plantes céréales ; de modifier et de briser la fougue des vents ; d'adou- cir la rude température de l'hiver, et de répandre dans l'air brûlant de l'été une fraîcheur salutaire. Les forêts aspirent de la surface de l'océan , des fleuves et des rivières , l'eau qui , vaporisée et soutenue dans les régions célestes par le calo- rique, s'introduit dans les feuilles, s'y décompose en partie pour purifier l'air et nourrir la plante, et dont une autre partie descend par \q& filières végétales dans le sein de la 324 A R B terre, d'où elle sort ensuite par le flanc àes montagnes, pottC porter la fertilité dans les plaines. La destruction des végétaux diminue la fécondité du sol ; leur absence totale stérlliseroit la terre , et produiroit par- tout la tristesse et la mort. Considérés dans leurs produits chimiques, les végétaux se réduisent, en dernière analyse, en carbone, en hydro- gène, en oxygène et un peu à'azoie : ces quatre principes cons- tituent les végétaux et les principes immédiats qu'on en sé- pare , comme l'extraclif, la fécule, l'amidon , les sels , etc. , le ligneux, surtout , qui en forme la base solide , et qui doit sa densité au carbone. On y trouve aussi du soufre , du fer, du phosphore, de l'or et de la silice pure en petite quantité. Les différences chimiques les plus notables entre les ani- maux et les V égétaux, sont que ceux-ci abondent en car- bone et en produits oxygénés susceptibles de passer à la fer- mentation vineuse; tandis que les animaux, au contraire, abondent en phosphate de chaux et en produits azotés sus- ceptibles de passer à la décomposition putride. Un arbre dé- barrassé, par les procédés chimiques de ses parties molles, présente un squelette continu dans toutes ses parties , com- posé de carbone. Un animal traité de la même manière , présente un sque- lette de plusieurs pièces attachées par des ligamens, et com- posé d'un sel terreux : d'où on voit que la masse presque totale des végétaux est du charbon , et que celle des animaux est de la terre. Quand on réfléchit sur l'utilité plus ou moins réelle de sciences pour la prospérité d'un pays et le bonheur de l'hu- nianité , on s'étonne de voir que celles dont le seul objet est de fournir aux premiers besoins des hommes, soient les moins cultivées et les moins avancées. La pa/hologie végétale , de la- quelle nous allons nous occuper , est une de celles auxquelles cette réflexion peut s'appliquer davantage. Bornée jusqu'alors h quelques formules et à quelques recettes empiriques des cultivateurs , fette science ne fut jamais considérée comme devant faire suite à la pathologie animale , dont elle ne pré- sente, à la vérité, que quelques traits de ressemblance , mais qui peuvent suffire cependant pour établir les rapports qui lient tous les êtres vivans par leurs maladies ; de même que dans létat de santé, ils sont unis par des nuances insensibles d'organisation et de fonctions, depuis les diverses variétés de l'espèce humaine jusqu'aux plantes et aux animaux crypto- games et microscopiques. A R V. 3,5 11 est vrai que la pathologie végétale ne présente aucune de ces tristes histoires de maladies qui dépendent uniquement de la composition physi<{ue et morale des animaux; elle n'offre aucune maladie d'un caractère aigu et douloureux ; les affections inflammatoires et nerveuses ne s'ohservent ja- mais en eux, parce que, dépourvus de sang et de nerfs, ils ne présentent que des affections indolentes et d'un caractère chronique ; mais, quoique le spectacle des maladies des plan- tes n'excite pas en nous ce sentiment pénible et cette sym- pathie douloureuse que nous éprouvons en voyant souffrir nos semblables, elles doivent nous intéresser comme faisant suite à la pathologie générale et à l'histoire naturelle médi- cale , et parce qu'elles nous touchent d'ailleurs pour nos be- soins de première nécessité , puisqu'elles s'exercent sur nos alimens les plus sains et les plus abondamment répandus sur la terre. Les végétaux, constamment attachés au sol , dépourvus de la faculté de vouloir, et presque de celle de sentir, sont des- tinés à nos besoins, et répandus dans tous les climats , pour composer et décomposer tous les corps naturels, et établir ainsi celte succession continue de naissances et de morts qu'on observe dans la nature , et qui est l'effet d'une transi- tion éternelle des corps vivans dans ceux qui ont vécu , et de ceux-ci dans les autres. Ces sublimes fins des végétaux leur sont communes avec les animaux ; mais ils les accomplissent sans s'accompagner , dans le cours de leur vie , des misères et des douleurs attachées à l'existence animale. Sans volonté comme sans susceptibilité bien prononcée , l'histoire de leur vie est bornée à l'action des alimens, et celle de leurs mala- dies ne présente que des phénomènes réguliers , lents et très- peu compliqués dans leur marche, et qui ne peuvent, sous aucun point de vue, se rapporter à l'im des systèmes de l'é- conomie animale , à moins de faire abstraction des symp- tômes actifs que développe la douleur dans les systèmes osseux et lymphatique des animaux, auxquels il seroit alors possible de rapporter les systèmes ligneux et lymphatique des plantes , dans lesquels il nous paroît possible de com- prendre la plupart des maladies des végétaux. Quoi qu'il en soit des considérations générales que nous venons d'énoncer dans l'examen comparé des maladies des animaux et des plantes, et des cause-s d'organisation pour les produire, plus ou moins compliquées, aigiiës , chroniques ou indolentes, on ne peut refuser aux plantes une chaleur inhérente en elles, et supérieure aux corps atmosphériques, qui, dans les saisons de l'automne et de l'hiver, lutte contre l'action du froid pour empêcher leur gel. Il faut aussi acn 326 A îl V- corder aux plantes une sensibilité particulière , une suscep- tibilité nerveuse quelconque qui existe évidemment en eux , puisqu'ils sont affectés par les corps extérieurs. La sensitwe , fatiguée par des irritations successives et long-temps conti- nuées, tombe enfin dans l'état pathologique de prostration de forces; et si les rayons lumineux cessent de stimuler les feui^es du lupin ^ elles cessent de décrire un cercle ; de même que SI les rayons solaires cessent de frapper les feuilles des mimosa et de plusieurs autres plantes, elles se penchent vers la terre, et paroissent dans cet état plus pour obéir aux lois de la pesanteur qu'aux influences vitales. On voit des végétaux avoir des appétences particulières pour un objet plutôt que pour un autre, se porter vers lui , et s'éloigner à^s, autres corps , comme si un sentiment con- servateur les portoit à chercher ou à fuir les choses qui leur nuisent ou leur sont nécessaires. Il résulte de ces données , que l'organisation intime étant moins compliquée, la chaleur et la sensibilité moindre dans les plantes que dans les animaux, leurs fonctions sont moins énergiques, et leurs maladies moins nombreuses , moins com- pliquées , et toujours d'un caractère indolent et chronique. On appelle maladie tout état contre nature , qui trouble l'exercice libre et facile àcs. fonctions des corps vivans. Ceux- ci sont divisés en deux séries. L'une comprend les corps vi- vans qui changent de place à volonté : ce sont les animaux. L'autre renferme les corps vivans, qui , ne pouvant exercer la locomotion , sont fixés au sol : ce sont les végétaux. Ces derniers, considérés dans leurs maladies, seront l'objet de nos recherches. Les maladies des plantes sont susceptibles d'être divisées par les causes qui les produisent , et par les signes qu'elles présentent. Ces divisions étant arbitraires et toujours sujettes à exceptions , nous n'en adopterons aucune : elles appar- iienuent d'ailleurs à un traité complet de pathologie végé- tale, et les bornes d'un dictionnaire ne nous permettroient pas de les présenter ici. I. Plaie. Solution de continuité avec ou sans perte de subs- tance , qui peut être produite par un instrument tranchant ou contondant, ou par des morsures d'animaux. Quelle que soit la cause des plaies , elles seront abritées du contact de l'air et de la lumière avec un lut compacte et vis- queux, composé d'argile et de paille hachée ; ou mieux encore avec la composition suivante , appelée cimentum forsythiamim. Prenez : sang de bœuf, une partie ; chaux éteinte et cendre dç bois, dé chaque j deux parties; sable fin, un seizième; A R B 327 La cljnux et le sahlc bienpulvéï'isés, seront joints à la ccnàre, et amalgamés avec le sang de bœuf: les plaies en seront en- duites et recouvertes d'un demi-pouce dans toute leur lon- gueur. Les plaies par instrumens tranchans se guérissent plus fa- cilement que celles qui résultent des instrumens contondans qui écrasent , macèrent et désorganisent les parties , sans que cependant il y ait solution de continuité totale. Ainsi , lorsque l'écorce d'un arl)re a cessé d'être en communauté de vie avec l'aubier , et qu'elle se dessècbe et commence à de- venir un réceptacle d'insectes , ou qu'on s'aperçoit que le système vasculaire se flétrit ou s'engorge , il faut amputer tout ce qui paroît malade, et recouvrir la place avec la composi- tion dont nous venons de parler ci-dessus. On évitera , par ce moyen, le contact de la sève avec l'air atmosphérique , qui la changeroit incessamment de nature et la convertiroit en une matière sanieuse , qui donneroit lieu à un ulcère dont les progrès , toujours croissans, dépraveroient la limbe et pour- roient finir par produire une ulcération général capable de détruire tout le tissu végétal. On arrête aussi , par ce moyen , la formation des tumeurs ou exostoses qui reconnoissentpour cause un fluide cxtravasé à la suite d'une plaie. 2. Ulcère. Toute solution de continuité par érosion, ou par instrumens tranchans ou contondans , d'où découle ou suinte une matière sanieuse, acre et corrosive , est un ulcère. Les ulcères diffèrent des plaies , en ce que celles-ci sont tou- jours le produit des corps extérieurs violemment poussés sur les arbres , et parce qu'elles suintent toujours de leurs lèvres un suc séveux qui s'emploie <à la formation d'un bourrelet de cicatrisation. Les ulcères sont produits par une plaie ou bles- sure mal pansée, comme nous l'avons dit en parlant des plaies contuses : ils sont aussi produits par les insectes et pnr la dé- pravation des fluides végétaux, lisse montrent souvent spon- tanément, sans cause apparente , sur l'écorce , et pénètrent quelquefois jusqu'au corps ligneux , comme on le remarque dans l'orme ; ils se manifestent aussi spontanément, et par communication , dans les bulbes des jacinthes et des narcisses. Enfin , il y a des ulcères qui sont le produit d'un sol malsain ou d'émanations malfaisantes de certaines plantes qui répu- gnent à d'autres. Ces ulcères, plus ou moins malsains, selon les causes qui leur ont donné lieu ou qui les entretiennent, seront nelloyéi; et lavés avec une eau légèrement saline ou balsamique , pour slinmler la partie malade et y déterminer un afflux vital. Ceux qui sont fistuleux ou caverneux , de manière que ces lotions lie puissent y arriver, seront amputés jusqu'au vif, et traité» 328 A R B comme une plaie simple. Les uns et les autres seront soi- gneusement abrités du contact de l'air par les moyens que nous avons indiqués pour les plaies. Dans les petits ulcères des plantes rares et des bulbes des jacinthes , on pourra em- ployer un emplâtre fait avec vingt parties de cire , dix de poix- résine , et dix de térébenthine liquide. Cette composition , dont l'efficacité est reconnue par la pratique , conviendroit à tous les genres d'ulcères , si elle coùtoit moins ; mais pn pour- roit en enduire légèrement les plus difficiles à guérir, et mettre de l'argile par-dessus. Examinons les ulcères en particulier. Ulcère gommeux , connu des agriculteurs praticiens sous le nom de gomme, fréquent dans les pruniers , les cerisiers, les pêchers et les amandiers , sera extirpé pour en faire une plaie simple , dont on opérera la cicatrisation par les moyens indiqués , en même temps qu'on ouvrira au-dessous et du côté opposé , un exutoire fait de plusieurs incisions lorigilu- dinales , d"où puisse s'écouler la gomme. Mais, si la maladie avoit trop épuisé Tarbre , on en tenteroit la guérison sans ou- vrir d'exutoire. Ulcère des racines. Les racines mordues par les animaux qui vivent sous terre , et qui seroient ulcérées au point de ces- ser leurs fonctions , seront retranchées du végétal, afin que celui-ci puisse reprendre vigueur en poussant de nouvelles racines. Llcère des bulbes. L'ulcère spontané des bulbes , et surtout des fameuses et riches jacinthes de Harlem, sera nettoyé avec un linge doux et couvert de sciure de bois tamisée. Les oignons seront mis dans un lieu sec et enveloppés de papier, ou au moins séparés les uns des autres ; car cet ulcère se communique par contact. Plaie ulcérée. Quant à l'ulcère consécutif d'une plaie né- gligée , son traitement se déduit de la théorie générale , qui consiste à l'abriter du contact de l'air et de la lumière. , Ulcère interne ou pouriture. 11 existe dans les gros arbres «ne maladie commune dans les saules et les arbres qui ha- bitent les lieux humides, et qui se remarque aussi quelque- fois dans les lieux secs, sur les vieux arbres à fruits cultivés : elle est souvent le produit de l'âge ; mais il arrive aussi qu'elle survient , dans le cours d'une année ou d'une saison , à des arbres qui sont dans un état très-vigoureux , et qui devien- nent creux ou fistuleux vers la région médullaire , ou qui meu- rent partiellement , d'une moitié du tronc et des rameaux. Cette maladie , des bois blancs en général , est produite par des animaux qui dévorent une ou plusieurs racines correspou- A R B 329 dantes au côté du tronc et des rameaux morts , et qui s'élè- vent successivement dans rintérieur du tronc en y creusant de longues gouttières : on y portera remède en coupant les racines attaquées , et en garnissant celles qui rest«mt , d'hu- mus végétal mêlé de suie ou de toute autre substance qui puisse éloigner les animaux destructeurs. Ulcère carcinomateux. Excroissance fongueuse sur le tronc , d'où il suinte une matière corrosive. Maladie commune aux arbres à noyaux et à pépins , plantés dans les lieux maréca- geux où croupissent des eaux impures : on la distingue en cancer omert et en cancer occulte : l'un et l'autre seront ex- tirpés et eujportés. Ulcère cutané^ lèpre ou gale. Lorsque, à la suite d'un ulcère négligé, toute Técorce est ulcérée, ou lorsque, à la suite du tra- vail des animaux qui se logent dans l'écorce, le même phéno- mène est produit , on dit qu'un arbre a la lèpre et la gale. Si c'est un arbre commun et d'une végétation active , on l'ar- rachera pour en substituer un autre à sa place. Si, au con- traire , c'est un arbre exotique et rare , on pourra lui appli- quer le traitement indiqué pour l'ulcère simple : les lo- tions, les frictions avec une brosse, les pansemens avec des matières onctueuses et balsamiques ou les incisions prati-, quées dans la saison convenable. Avantde quitter les plaies et les ulcères des végétaux, il nous paroît nécessaire de présenter la théorie de leur cicatrisation. L'oblitération des plaies végétales se fait par l'anastomose du système vasculaire , quelle que soit sa forme, si la solution de continuité est sans perte de substance ; quand , au con- traire , il y a plaie avec perte de substance corticale , celle-cî se répare par la dilatation de son système réticulaire , qui forme par le bord supérieur , et un peu par le bord inférieur, un bourrelet dont les bourgeons croissent successivement d'un bord à l'autre de la plaie , jusqu'à ce que venant à se tou- cher , ils entrent en communication vitale. Cette opération de la nature dure une saison, une année entière ou plusieurs, selon la grandeur de la plaie , la texture et les forces vitales de Técorce. Si la solution de continuité avec perte de substance existe dans le corps ligneux , elle ne se réparera jamais dans la di- rection naturelle des fibres ; mais la portion de l'écorce ap- pelée liber, se dilatant et se glissant dans l'orifice de la plaie, y forme de nouvelles couches réticulaires, ligneuses et super- posées , qui laissent toujours, après leur formation , les traces de la solution de continuité du corps ligneux. J'en ai dit assez pour faire pressentir que la théorie de U ?»Zo A R B cicatrisation des ulcères admet les mcmes explications , puis- que j'ai dit, en parlant de leur étiologie et de leur.iraiienteiil, que, pour les guérir, il falloit commencer par les amener à l'état de plaie simple. La théorie de la cicatrisation des fentes oufissures des arhres, ainsi que celle des fractures dont nous allons nous occuper , rentre dans celle des plaies avec ou sans perte de substance. On appelle fracture une solution de continuité totale des fibres ligneuses du tronc ou des rameaux ; les fractures peu- vent être produites par la foudre qui rompt et dilacère en frac- tures comminutives le tronc des arbres ; par l'impétuosité des vents qui rompent les tiges et quelquefois les racines : les fragmens ligneux seront mis , autant qu'il sera possible , bout à bout. On appelle yè«te une division spontanée et longitudinale du tronc. Cette maladie, de même que les fractures, est propre aux arbres: elle est produite par deux causes, l'exces- sive vigueur et la gelée; dans le premier cas, les sucs nutri- tifs trop abondans rompent en fentes longitudinales l'épi- derme , dont la division se continue dans Técorce. On dimi- imera l'abondance de la sève par l'ablation partielle des feuilles, et en mettant au pied de l'arbre une mauvaise qua- lité de terre. Les fentes des arbres produites par la gelée donnent lieu à deux accidens, qui influent plus ou moins sur leur texture , selon qu'elles existent dans l'écorcc, l'aubier ou le bois : l'un est produit par les gerces ou gelmires qui surviennent dans le tours Aas hivers rudes, et qui s'étendent dans la direction des fibres longues de l'écorce ; l'autre résulte des fentes qui s'é- tendent jusqu'au corps ligneux , et s'appelle gclnmrcs entre- lardées. Cette dernière maladie laisse des traces indes- tructibles après elle ; car la partie ligneuse que les fentes ont mise en contact avec l'air, se désorganisant, et venant ensuite à être recouverte par de nouvelles couches ligneuses , laisse ainsi dans l'intérieur des arbres des taches et des veines de bois mort , ou très-peu susceptibles de se conserver <}uand il est débité en planches, ou de toute autre manière. La maladie qui nous occupe est, pour parler d'une ma- nière plus conforme aux expressions reçues en pathologie ani- male, une véritable nécrose végétale ; car ici la partie ligneuse scç^t\é.t gelhure entrelardée ^ forme un séquestre végétal, sans communication vitale avec le corps ligneux ; de même que dans les animaux une portion osseuse morte existant dans un os, sans être en communauté de vie et d'action avec l'autre partie osseuse , donne lieu à la maladie appelée nécrose. A R B 33i La decwUitwn ^ ou couronnement des arbres, est une ma- ladie dont les chênes offrent des exemples, ainsi que plusieurs grands arbres des forêts , à la suite de laquelle la moitié supé- rieure de l'arbre languit, et meurt par un défaut de nutrilion, orcasioné par la stérilité du sol ou par Tatonie des feuilles dépourvues des propriétés absorbantes par un coup de soleil ou par une gelée. On séparera de l'arbre les parties qui ten- den: évidemment à la mort, et on alimentera les autres par une terre substantielle mise aux racines. Uexfoliaiion de récorce. Lorsque , à la suite de l'action trop vive du soleil , de la gelée , des pluies , des morsures d'insectes ou d'une lotion corrosivc quelconque , une tige ou un arbre abandonne son écorce désorganisée en totalité ou en pai'lle , il faut favoriser encore cette desquamation de l'écorce, ou même de l'aubier, si elle s'étoit continuée jusqu'à lui, afin d'ai- der le travail de la nature, et d'éviter les voyages des animaux entre le bois et l'écorce , ainsi que l'action de l'air et du soleil qui dessèchent, et celle de l'eau qui, séjournant, pourit les parties environnantes ; l'exfoliation opérée artificiellement dans les parties où elle se seroit faite naturellement, la plaie, suite de l'absence de l'écorce, quelque grande qu'elle soit, sera couverte partout d'^t^ile délayée dans le sang de bœuf, recou- verte de mousse, et maintenue par un bandage approprié. Exostnses on tumeurs végétales. Les arbres portent quelquefois des tumeurs très-volumineuses , qu'on pourroit comparer aux exostoses animales. Ces maladies, produites par une déviation du suc nourricier, déforment les troncs ligneux et les font quel- quefois cesser de croître en hauteur; elles sont l'indice d'im sol stérile, et produites sur des arbres peu vigoureux; leur tissu organique est toujours plus serré et plus dur que le reste du corps ligneux ; les sucs y sont plus abondans et plus éla- borés. Chute prématurée des feuilles {Defoliatio^. A la suite d'une pluie froide, précédée et suivie d'un soleil ardent, les feuilles tom- bent quelquefois toutes. Cet accident peut arriver aussi aux arbres exotiques frappés par le froid , ou dans les indigènes par l'action d'un engrais trop brûlant, ou par des énianatlons muriatiques qui coirodent les feuilles , conmie on le volt sur les bords de la mer. La connoissance bien acquise de la cause de cette maladie , indique le moyen de la faire cesser ou de la prévenir. Quand cette effeuillaison pathologique est totale, il faut rabattre les rameaux près du tronc, et mettre une terre végétale de bonne qualité au pied. Panacimres. Les panachures indiquent un état patholo- gique des feuilles ; elles cessent quelquefois en plantant les arbres dans un sol plus riche. 33a A R B La cloque. La cloqne est une autre maladie des feuilles , fîans laquelle celles-ci se roulent sur elles-mêmes, à la suite des intempéries qui troublent leurs fonctions exhalantes et absorbantes , et qui empêchent ainsi Thumidité de leur porter la vie, soit que cette humidité leur provienne de l'air atmo- sphérique ou de rintérieur de l'arbre ; les feuilles seront toutes enlevées , surtout si leur roulure est le produit d'œufs d'in- sectes déposés sur elles; dans ce dernier cas, les aspersions d'eau de tabac, et une terre plus alimentaire déposée au pied des arbres, pourront faire cesser la maladie. Brûlure. Souvent elle s'indique , au mois d'août . par la mort de la plus grande parlie de l'extrémité des branches indépen- damment du terrain, de l'exposition , de la sécheresse et de l'humidité. Elle se propage même par les semis , et toujours par les marcottes , Jes boutures, la greffe. Quelquefois elle est due au manque de nourriture ou d'eau qui ne permet pas à la sève de monter jusqu'aux extrémités des branches dans les terrains sablonneux et pendant les chaleurs de l'été. Une troisième variété de cette maladie est produite par les gouttes d'eau qui font l'effet d'un verre convexe , et occasionent des brûlures par petites taches sur les feuilles et l'écorce des arbres. La rouille est une maladie des bourgeons et des feuilles , qui s'annonce par des taches jaunâtres sur l'écorce des feuilles et des tiges. Elle est due à un Cuabipio^on parasite du genre des Uredo. Une saison , une exposition ou un terrain hur- mide , la développent. Le blanc ou meunier., se manifeste sous la forme d'une pous- sière blanche, que Linureus annonce être le mucor erysiphœ. {V. Moisissure etÉRYSiPiiÉ.) Cette plante cryptogame, crois- sant sur les feuilles des houblons., de V érable, des pois et des lau- riers, produit en eux la maladie appelée blanc. Le moyen curatif consiste à ôter toutes les feuilles malades pour détruire les moisissures; il faut aussi mettre au pied de ces arbres une meilleure terre, car il est d'observation que les arbres vigou- reux nourrissent moins de plantes parasites que les arbres appauvris par un sol stérile. La verminaïion est une maladie produite par la présence des larves d'insectes dans les feuilles, les fruits ; maladie commune dans les arbres fruitiers, et qui les tue quelquefois ; elle s'ob- serve encore dans tous les autres végétaux : le fusain en offre un exemple chaque année. La mort. C'est ainsi que les cultivateurs appellent une ma- ladie dont les progrès sont si rapides dans les bulbes de sa- fran, qu'elle les détruiroit très-rapidement, si on ne faisoit A P. B 333 une tranchée de quinze ou dix-huit pouces de profondeur, pour séparer ceux qui sont attaqués de cette maladie , de ceux qui sont encore sains. Elle est produite par la présence de la truffe parasite ^ espèce de champignon qui croît sur les plantes, et qui les rend malades en se nourrissant de leur propre substance. V. Sclérote et Rhizoctone. Ergot ^ maladie particulière au seigle, et plus rare sur les autres graminées. J/ergbt occupe dans les balles du seigle la place que les graines occuperoient dans l'état sain ; l'ergot a un caractère animal bien prononcé ; tous ses produits chi- miques sont ammoniacaux. DecandoUe a prouvé que l'ergot étoit un Champignon parasite du genre Sclérote ; l'humi- dité favorise sa reproduction. Carie se propage par contagion. Elle est due à un Cham- pignon parasite , du genre des Uredo. Le Froment en est plus souvent affecté que les autres grains. On la fait cesser par le chaulage. Le charbon est encore dû à un Uredo, et diffère de la carie en ce qu'il est plus noir et qu'il ne sent pas le pouri. Il se dévc* loppe plus souvent sur l'avoine et sur l'orge que sur le fro- ment On s'en débarrasse aussi, mais moins complètement, par le chaulage. La carie, le charbon et l'ergot sont plus fréquens dans les terres humides et froides , et lorsque le grain est semé trop profondément dans la terre. 11 faut consulter, sur la nielle et la coulure des blés, la rouille, le charbon, la carie et l'ergot , l'ouvrage du docteur Tessier, et celui de M. TlUet. V. aussi au mot Réticulaire. Hémorragies des plantes. Il survient au printemps, à la vigne, un écoulement qu'on appelle pleurs., ainsi qu'au bouleau et au saule. Quand cet écoulement , naturel dans beaucoup d'au- tres plantes , est trop abondant , les fluides se dépravent et donnent lieu à des maladies. V. Ulcère gommeux. Les excroissances végétales sont les tumeurs ou exostoses des- quelles nous avons parlé ; les galles des chênes et des rosiers, la desquamation et le gonflement des boutons , les verrues et les follicules charnues des feuilles , dont il sera fait mention en traitant de ces parties physiologiquement. Les monstruo- sités des fleurs et des fruits , et les vices de conformation des plantes, seront également traités ailleurs. V. au mot Galle. La stérilitépeul être produite ou par la foiblesse de la plante , ou par son excès de vigueur, ou par les pluies qui lavent et en- traînent le pollen. Dans le second cas, elle est produite par \a fullomanie , ou excessive abondance de feuilles sur les ra- meaux 5«iU5 fieuis nifruils; dans le troisième , par la maladie 334 A R B appelée coulure, que nous niions examiner dans la vigne, où elle se manifeste quelquefois d'une manière si désastreuse , qu'elle stérilise des vignobles entiers. On préviendra cette maladie en faisant à chaque cep de vigne une incision, circulaire de quelques lignes d'épaisseur, au moment où elle commence à ficui'ir. L'effet de cette opé- ration est de f;ûre tourner au profit des fleurs toutes les forces vitales de la plante, et d'empêcher que les pluies et les brouil- lards n'emportent la poussière fécondante , pendant que les vignes sont en fleurs. Cette opération , facile à pralîquer avec tout instrument tranchant, réunit au précieux avantage de favoriser la fructification des grains de raisin , celui de les faire mûrir plus tôt dans les vignes d'une maturité diffi- cile dans les pays froids , comme les muscats , les raisins de Corinthe, etc. L'observation des phénomènes consécutifs de cette in- cision circulaire démontre que la coulure de la vigne re- connoît pour cause une débilité datis les parties de la fruc- tification, puisque, dès que l'opération est faite, toutes les parties de la plante qui sont au-dessus de l'incision prennent un accroissement très-considérable, tandis que la partie inférieure cesse de croître, jusqu'à ce que la plaie qui résulte de la solution de continuité de Técorce soit oblitérée totalement. 11 est évident , par ce qui résulte de cette opération , qu'il suffit, pour faire cesser la coulure des vignes , de diriger, par un moyen quelconque , les forces vitales vers les organes de la reproduction. On peut arriver à ce but par plusieurs moyens : i.° 1j^ incision annulaire dans l'écorce de la tige , qui empêche les fluides de descendre vers les racines, cl les refoule vers les parties supérieures. 2.° La perforation et les ligatures des tiges , qui produisent le même effet. 3.° La torsion ou Vablation totale des extrémités dos rameaux , qui tendent aussi au même but. 4." Enfin les arrosemens de matières animales délayées ré- pandues sur les racines, ainsi que les cendres végétales et les eaux légèrement salées , dont le but est de stimuler la plante , et de favoriser une forte végétation dans toutes les parties des vignes. Les anciens paroissent ne point avoir connu Tiacision an- nulaire, qui a produit de nos jours des effets merveilleux, et qui inérite toute l'atlention des cultivateurs , scil pour faire A R B 335 cesser la coulure de la vigne, ou pour hâter la maturité de» fruits. V. Fruits. J'ai fait cesser la coulure des vignes, qui depuis long-temps avoit lieu chaque année , en faisant une incision annulaire, ou en perçant transversalement les tiges , et mettant une che- ville de bois dans les trous , ou en y faisant de fortes ligatures ; mais le succès fut plus complet par l'incision circulaire avec perte de substance de quelques lignes d'écorce. L'opération eut un succès égal sur le bois d'une , de deux ou de trois années. Aucun cep ni branche de vigne ne périt, et, outre l'avantage obtenu par la non - coulure , qui permît à tous les fruits qui composent une grappe de raisin de succéder aux fleurs et d'offrir ainsi des grappes bien fournies , il ré- sulta de l'opération de l'incision annulaire, une maturité com- plète des espèces de raisins qui , dans l'état ordinaire des in- fluences atmosphériques du climat du nord de la France , ne mûrissent que dans les années très-chaudes , tels que les mus- cats, les raisins de Corinthe, et le verjus, etc. La chlorose ou éllolement^ est une maladie produite par l'ab- sence de la lumière , et dans laquelle les tiges et les feuilles sont blanches , fades , sans saveur, odeur ni couleur pronon- cée , et dans lesquelles les principes immédiats qu'on retire des végétaux dans l'état de santé , ne se trouvent plus. Les Fiantes et les arbres étiolés seront exposés graduellement à air et à la lumière. La pléthore végétale est un état de grande vigueur dans les plantes , pendant lequel elles ne produisent ni fleurs ni fruits. Cet état cesse en retranchant quelques racines et quelques ra- meaux; alors les fleurs se développent, et les fruits leur suc- cèdent. 'Vîdère [végétal ou jaunisse, est une 'maladie dans laquelle les feuilles jaunissent tout à coup , ou passent à la couleur jaune graduellement ; elle peut être produite par l'absence de la lumière , par la gelée ou par des arrosemens immodé- rés pendant l'ardeur du soleil , par les insectes qui dévorent les racines , ou par un mauvais sol : elle cessera en faisant cesser les causes qui la produisent. Vanasarque. Plenck, Physiologia etpathologiaplantarum, fait, dans sa quatrième classe ou maladies cachectiques , un genre qu'il appelle Anasarque , propre aux plantes oléracées , et aux arbres qui , dans le temps des pluies abondantes et con- tinues , s'abreuvent d'eau sans avoir la couleur blanche des plantes étiolées. Ces plantes sont sans saveur, quoique vertes, et ne peuvent le plus souvent amener leurs semences à ma- turité ; ou celles-ci germent dans leurs péricarpes. Lors- que, dans les années pluvieuses et froliics, les pluies pio- 336 A R B duisent Vanasarque dans la vigne , le vin est de mauvaise qualité. La champlure est produite par la gelée ; elle est commune à la vigne. Dans cette maladie , les sarmens se séparent presque d'eux-mêmes comme les épiphyses se séparent du corps osseux dans les jeunes animaux ; on y remédie en coupant le bois mort , pour attendre de nouveaux jets. Le gel n'est pas toujours une cause de mort pour les végé- taux qui en paroissent entièrement atteints. On arrache sou- vent des arbres et des plantes qui se seroient relevés au prin- temps ou dans Tété. Les plantes liiiacées surtout ne doivent être jugées mortes que tiès-long-temps après les gelées. Les liges des couronnes impériales tombent souvent gelées et flétries au premier printemps , et se redressent quand le froid diminue. Le gel des plantes est le produit de la solidification de leurs liuides dans les organes qui les renferment. Lorsque ces organes sont dilatables , ils se prêtent au volume un peu plus considérable que les fluides occupent dans l'état de glace ; et si le dégel arrive par degrés, le tissu végétal ne se désor- ganise pas , et les plantes peuvent continuer leurs fonctions et être rendues à la vie. Les arbres dont le tissu est plus serré que celui des plantes herbacées , gèlent plus difficilement ; mais lorsqu'ils sont ge- lés , leur tissu organique se déforme , et ils périssent ordinai- rement dans toute leur partie hors de terre ; mais , en les coupant près du sol , ils poussent de nouveaux jets. D'après cette considération , que les plantes d'un tissu plus mou et plus abreuvé sont les plus sujettes à geler, il est évi- dent qu'en prévenant celte disposition dans les végétaux, on préviendra leur gel. Lorsque, aux approches de l'automne, on voit des jeunes arbres, retardés dans leur végétation, pousser des tiges considérables qui ne pourroient acquérir assez de densité pour résister aux froids de l'hiver, on leur ôte pres- que toutes les feuilles pour faire cesser l'absorption ; les tiges prennent de la densité , et peuvent passer l'hiver sans être gelées. La gangrène est la pouriture qui résulte dans les plantes des suites de la gelée , de l'humidité du sol, de la pléthore végétale , des contusions et du contact des plantes ou des fruits gangrenés : toutes les parties atteintes de gangrène se^ ront amputées. Phthiiiasis est l'état d'un végétal couvert d'insectes extrê- mement petits , placés dans l'épiderme de .toute la plante. Cette maladie est fréquente dans k ruder ^ ïaillei et le hou-' A R B 337 blon ; elle sera combattue par les lotions et les aspersions d'eau savonneuse. La défaillance on flétrissure est un état des plantes , dans lequel leur système vasculalre est flétri et affaissé par le dé- faut d'ascension de la sève. La mousse. Quand les arbres et les plantes sont couverts de lichens , et que ceux-ci fixent leurs suçoirs dans Fécorce au point de nuire à la transpiration et d'affoiblir la santé des végétaux , on dit qu'un arbre a la maladie de la mousse. On f>eut pallier cette maladie en détruisant les mousses par les otions et les frictions ; et en mettant une bonne terre au pied , on la guérit radicalement , parce que la mousse sur- vient rarement aux arbres qui végètent dans un sol riche. Taches des plantes. Les taches des plantes sont produites par les insectes , par le défaut de nutrition , et souvent par de petites plantes parasites. Une foule de plantes à peine vi- sibles vivent aux dépens des autres plantes, et les font souvent périr. F. Champignons parasites internes. Le Gui et la Cuscute s'attachent sur les végétaux pour en sucer la substance , et la dernière les fait toujours périr. Mais si les plantes se causent mutuellement des maladies , les animaux concourent d'une manière plus active à en dé- velopper dont les conséquences portent souvent l'empreinte de la calamité publique. Les hannetons , les cantharides y les pucerons , les chenilles , les guêpes , les lapins , les liè- vres , les loirs , les mulots, les corneilles , et les vers qui s'introduisent dans leur tissu , y causent des accidens variés qui retardent leur accroissement ou les détruisent , soit en dévorant les feuilles , l'écorce ou les racines , ou en y pro- duisant des piqûres qui laissent échapper la sève , ou en ré- pandant sur leurs rameaux des excrémens et des odeurs nuisibles à la végétation. Dans les étés chauds qui succèdent à un hiver doux , les chenilles sont quelquefois si abondantes qu'elles dévorent des forêts entières et isolées , situées dans un pays plus déboisé que ne le comportent les proportions nécessaires entre les terres , les forêts et les eaux , pour conserver l'harmonie de la nature. Quand les mulots ont dévoré toutes les racines et les tiges succulentes d'une contrée, ils se jettent sur les racines ligneuses , et leur nuisent quelquefois mortellement. Des troupes de moineaux s'abattent sur les moissons et les déso- lent, tandis qu'un foible insecte , multiplié en nombre pro- digieux , dévore les prairies. Lorsque ces animaux dévasta- teurs stérilisent un pays , on voit les cultivateurs proposer des secrets de toutes espèces , et toujours insuffisans pour les détruire. 338 A R B Ce ne seroit qu'en rétahlîssanl les proportions nécessaire» entre les animaux sauvages , les forets et les terres consa- crées à la culture , qu'on pourroit faire cesser ces calamités. Si les oiseaux de proie et les animaux carnivores trouvoient dans les plaines , exclusivement occupées par les céréales , des arbres pour nicher et se reposer , des fourrées de bois pour se retirer la nuit et se creuser des retraites , des ruis- seaux pour s'abreuver, et des prairies pour trouver les ani- maux dont la plupart vivent ; si surtout ces animaux étoient respectés par l'opinion publique et par les chasseurs, comme la cicogne est respectée en Hollande ; si , dis-je , les pro- portions étoient rétablies entre les animaux qui en dévorent id' autres et ceux qui se nourrissent de végétaux, on verroit cesser tant de calamités. Parmi les moyens qui furent pro- posés pour détruire les mulots qui infestoient le nord de la France , plusieurs personnes portèrent des chats sur leurs terres , et celles-ci cessèrent d'être fouillées par ces animaux , qui ne dévoient leur propagation qu'à l'absence des chais sau- vages et des autres animatix carnivores , comme le re- nard, etc. Les ouvrages à consulter sur les maladies des végétaxLx sont les Géoponiques , ouvrage traduit du grec en latin , et du latin dans les langues vivantes. Cet écrit est un recueil complet des préceptes et des connoissances des anciens en agricul- ture et en pathologie végétale. Olivier de Serres donne des receltes utiles pour quelques maladies des plantes, dans son Théâtre d'Agriculture ; Le Berriays doit être consulté pour" les maladies des arbres fruitiers ; Duhamel pour celles des arbres forestiers , et le docteur Tessierpour celles des grains. L'ouvrage qui vient de paroître à Vienne , sous le titre : Josephi Jacobi Plenck Physiologia et Pathologia planiurvm , divi- sant les maladies des plantes en huit classes , subdivisées en genres et en espèces , offre un tableau nosologique des ma- ladies des plantes, utile à consulter, parce qu'il facilite la mémoire en présentant une nomenclature plus analytique et rapprochée des expressions admises dans le langage médical. La pathologie végétale, peu avancée encore , mais culti- vée de nos jours par des physiciens distingués , touche à une époauc favorable. La physiologie végétale et la chimie , dont les notions se répandant partout , lui préparent un rang assuré sur la ligne des maladies de tous les corps vivans ; elle ne peut que prospérer de nos jours , puisque l'étude de l'his- toire naturelle est le goût dominant de tous les esprits , et que les objets dont elle s'occupe scmt pleins de charmes par les bienfaiîs qu'ils répandent sur l'agriculture, source du. bonheur des hommes, (tollaud aîné.) A R B 333 ARBRE ( Agriculture ). La disposition des branches des arbres varie, comme celle des plantes , à un point qu'il est difficile de Fa mentionner. Les unes sont alternes , les autres sont opposées , et, dans l'un et dans l'autre cas, elles forment, avec la tige , des angles de toutes les inclinaisons possibles. Ordinairement les angles aigus s'agrandissent chaque année , probablement par l'effet du poids que ces branches portent à leur extrémité , lorsqu'elles se chargent de feuilles et de fruits , et ce , jusqu'à devenir droits et même obtus. On a in- diqué ce moyen comme pouvant servir à déterminer'exacte- ment l'âge où il falloit couper les chênes de réserve ; mais il BsC l'autif, attendu que de très-jeunes chênes ont quelquefois leurs branches inférieures perpendiculaires sur le tronc , tan- dis que de très-vieux les ont encore relevées. L'âge des arbres ne peut jamais déterminer l'époque où il faut les couper. Un chêne , par exemple , qui a cru dans ua sol profond et fertile , peut encore végéter vigoureusement a cinq cents ans ; tandis que celui qui s'est trouvé dans uû terrain sans profondeur et aride , est déjà vieux à soixante. On reconnoît qu'un arbre est sur le retour, lorsque les bran- ches de son sommet se dessèclient , ou lorsque , comme on dit Vulgairement , il se couronne ; mais si un arbre couronné cesse de croître en liauteur, il continue souvent, pendant ua grand nombre d'années , à croître encore en grosseur. Il n'ea est pas moins vrai que ce couronnement indique l'époque où il doit être coupé ; car dès ce moment son bois commence à s'altérer, souvent même à se carier au centre, et par consé- quent à diminuer de valeur. Voyez au mot Bois. Les branches inférieures des arbres qui les étendent hori- zontalement , sont toujours parallèles au terrain , soit que ce terrain soit de niveau, soit qu'il soit en pente. II est très-pro- bable que cet effet est dû à la circulation de l'air et à l'évapo- ration de l'eau continue dans le sol ; mais il n'a pas encore été expliqué d'une manière complètement satisfaisante. De la reproduction des arbres. Toutes les véritables plan- tes , et par conséquent tous les arbres , se reproduisent de graines. ( Voyez au mot Plante et au mot Semence. ) Mais il est un grand nombre de plantes et d'arbres qui , outre ce moyen général , en ont un ou plusieurs autres particuliers ^ que l'homme doit souvent préférer d'employer , soit pour conserver le type de la variété qui l'intéresse le plus , soit pour accélérer ses jouissances , les plantes venues par ces moyens particuliers arrivant plus tôt au maximum de leur croissance, que celles procréées de graines. On va passer successivement en revue ces différens moyens 34a A R B et indiquer les principes théoriques et pratiques sur lesquels ils sont fondés. Les drageons sont des racines longues , qui tracent à quel- ques pouces sous terre , et en sortent pour donner naissance à des bourgeons qui forment de nouvelles plantes. On sépare les drageons des mères racines , lorsqu'ils sont pourvus d'une suffisante quantité de chevelu pour assurer leur reprise. Le temps le plus convenable à cette opération , pour les arbres qui se dépouillent de leurs feuilles , est celui du repos de la végétation ; c'est-a-dire , à la fin de l'automne et au commen- cement du printemps. On choisit le moment de l'ascension de la sève, soit au printemps, soit en automne, pour séparer avec plus de sûreté les drageons des arbres toujours verts. La plantation des drageons diffère peu de celle des jeunes plants ; on les place de même en pleine terre ou dans des pots, suivant le climat plus ou moins chaud d'où sont ori- ginaires les plantes qui les ont produits. On a remarqué que les arbres obtenus par drageons s'élèvent moins , ont une forme moins belle , et sont inférieurs en vigueur à ceux ob- tenus de graines. On nomme œilletons deS corps charnus qui croissent sur les grosses racines des plantes vivaces , et qui paroissent desti- nés par la nature à remplacer les racines mères , lorsqu'elles sont épuisées par une longue végétation , ou par une fructi- fication abondante. On les sépare avec un instrument tran- chant; en les mettant en terre , on en obtient de nouvelles plantes. ( Voyez au mot Artichaut et au mot BiNANiER. ) On n'en trouve pas sur les arbres : ils y sont remplacés par des éclats, c'est-a-dire, des parties de racines séparées des souches mères , et qui ont une organisation semblable , mais qui n'ont point de racines particulières. Ce sont; de véritables bourgeons qui, auUeu de croître sur les branches, viennent sur les racines ; les câpriers, les figuiers, les palmiers même se multiplient souvent par cette voie. On les sépare de leur support , et on les plante comme des bourgeons ; il faut seu- lement observer que la plupart ont plus besoin de chaleur que d'humidité, et qu'il convient en conséquence de ne les pas arroser avant qu'ils poussent. A défaut d'éclats naturels , on en fait quelquefois d'artificiels ; voici le moyen employé ; veut-on multiplier un jeune arbre de deux ou trois pieds de haut, dont la tige a environ deux ou trois pouces par le bas } on l'enlève de terre avec toutes ses racines , on lui coupe la tête, ensuite on le fend en deux, et même en quatre dans toute sa longueur, et on laisse à chaque quartier la portion de ra- cine qui lui appartient. On supprime toutes les parties de ces racines qui ont pu être déchirées par l'opération, et ou plante A R B 341 séparément ces morceaux dans une terre meuble et substan- tielle , en pleine terre ou en pots. Il convient d'envelopper de mousse ficelée toute la partie de tige qui est hors de terre , et de la couvrir ensuite de paille longue , pour l'abriter de la pluie et du contact de l'air , et en même temps l'entretenir dans un état de fraîcheur. Ce moyen de mullipUcation est plus extraordinaire qu'utile. Il compromet l'existence d'un arbre qu'on auroit pu multi- plier plussiàrement de marcottes, de greffes, de boutures, ou même de racines. On le pratique cependant a Gènes sur les •orangers , les citronniers et les câpriers. On fait a peu près la même chose lorsqu'on sépare un sauvageon ou telle autre es- pèce d'arbre , de sa souche , dans les bois , par le moyen de la pioche ou de la hache. Beaucoup d'arbres et d'arbustes des familles des Légumi- neuses , des Tebébinthes et autres, se multiplient par les racines. On coupe des racines à quelque distance de la sou- che ; on les lève avec le chevelu qui peut se rencontrer , et ensuite on les sépare en parties de six a huit pouces de long. Leur grosseur ne doit pas excéder celle du pouce , et ne doitjîas être moindre que celle d'un tuyau de plume. Ces racines sont plantées dans des pots avec une terre meu- ble très-substantielle , et bien affermie. Pour aider et ac- tiver leur végétation , on place ces pots sur une couche tiède, à l'exposition du levant , et on les bassine légèrement cha^ que jour. Lorsqu'on plante ces racines, il faut avoir l'at- tention de faire sortir hors de terre environ un quart de pouce de leur extrémité supérieure. La saison la plus favorable a la réussite de cette voie de multiplication , est le printemps , à l'époque.de la sève montante. Ces racines restent quelque- fois deux ans sans pousser de bourgeons. Il faut attendre leur reprise avec patience , et ne pas trop les tourmenter. Il est un moyen plus simple et plus sûr de multiplier cer- tains arbres par leurs racines ; le voici ; on sépare les racines de l'arbre ; mais , au lieu de les enlever , on les laisse en terre a la place qu'elles occupent. Il convient seulement d'éle- ver le bout coupé et de le faire sortir de terre d'un pouce ou deux. Ces racines n'ayant pas été déplacées , et se trouvant garnies d'un grand nombre de bouches nourricières , portent la sève a la partie de la racine qui est hors de terre, et y forment un bourrelet qui bientôt pousse des bourgeons. L'année sui- vante , on lève les jeunes arbres, et la multiplication ç^t effectuée. Faire des marcottes ou des provins , c'est déterminer, au moyen d'opérations et de cultures particulières , les branches «jLii tiennent a leur pied, à pousser des racines. Lorsqu'elles 343 A R B en sont suffisamment pourvues pour fournir à la nourriture des branches marcottées, on les sépare de leur pied j et elles forment de nouveaux individus. Cette pratique a pour but de multiplier certains végétaux ligneux , qui ne se propagent pas , avec leurs qualités utiles ou agréables , par la voie des semences ; ceux encore qui ne donnent point de bonnes graines , et enfin ceux qui sont plus long-temps a donner des jouissances par le moyen des graines que par celui des marcottes. Toute la théorie de cette opération consiste à déterminer, au moyen de l'humidité , de la chaleur , d'une terre pré- parée , des incisions on des ligatures , les rameaux marcottés à pousser des racines , et a former , par ce moyen , de nou- veaux individus doués de toutes les qualités de leurs souches. Elle est fondée sur un grand nombre d'expériences, qui prouvent que les branches des végétaux ligneux peuvent devenir des racines , en même temps que celles-ci deviennent des branches. On peut citer , entreautres , celle de Duhamel, qui planta un saule, déjà fort, la tête en b^s , et qui le força a donner des feuilles par ses racines , et du chevelu par ses branches. Les arbres et arbustes offrent plus ou moins de facilités ou de difficultés b se multiplier de marcottes; ce qui a obligé les cultivateurs a employer différens moyens et divers procédés. On va exposer et les uns et les autres, en commençant par les plus simples. luQ marcottage\e plus simple consiste à buter , ou à élever une butte de terre autour d'une cépée de jeunes tiges d'arbres ou d'arbustes plantées en pleine terre. On se sert ordinaire- ment, pour former cette butle , d'une terre limoiteuse un peu grasse , et qui soit susceptible de s'imprégner d'humi- dité et de la conserver pendant long-temps. Il convient de lui donner vingt îi vingt-quatre pouces par sa base , sur une hauteur d'à peu près autant, et une forme pyramidale. On la foule autour des jeunes branches , et on en affermit la surfice pour qu'elle se gerce moins et conserve plus long- temps sa fraîcheur. Lorsqu'on attache plus de prix à la réussite des marcottes , ou qu'elles exigent une terre plus meuble et plus d'humidité , on forme , avec quatre planchettes de vingt pouces de long sur huit a dix de large , une caisse sans fond autour de la cépée ; on la remplit de terre convenable ■■, on la couvre d'un lit de mousse de l'épaisseur de deux pouces , et on arrose sui- vant le besoin. La saison la plus convenable a cette sorte de marcottage , qui n'exige aucune autre opération, c'est la fia de l'hiver ;^ A R B 345 lorsque la terre a été humectée profondément. Elle ne de- mande d'autre culture que celle d'être arrosée de temps en temps pendant les grandes chaleurs de l'été. A l'automne, il est bon de s'assurer si les branches enterrées ont poussé suffisamment de racines pour être séparées de leur souche. Dans le cas où le chevelu est abondant, on sèvre les mar- cottes , et on les met en place. Si , au contraire , les racines ne sont pas assez nombreuses pour nourrir les jeunes ar- bustes , on attend l'année suivante pour les séparer de leurs mères. La voie de multiplication par provins contient un certaia nombre d'arbres et arbustes dont les tiges, d'une consistance plus ferme que celles de la division précédente , ont besoin d'une opération de plus pour pousser des racines. Elle con- siste à courber ces branches en terre , au lieu do les laisser dans leur direction perpendiculaire , et se contenter de les buter, comme dans le marcottage. On emploie ce moyen pour regarnir les clairières qui ne sont pas trop étendues dans les bois taillis ; et c'est un des procédés les plus simples et les moins dispendieux pour rem- plir cet objet important- Lorsque sur la lisière , ou dans l'in- térieur d'une clairière, il se trouve des espèces d'arbres com- posées de jeunes branches vigoureuses et flexibles, on ouvre de petites tranchées d'environ dix poures de large sur un pied de profondeur, et dans une longueur déterminée par celle des branches auxquelles elles sont destinées ; ensuite on ploie les branches avec précaution , pour ne les pas écla- ter de leurs souches. On les couche dans ces petites tran- chées. Les extrémités supérieures doivent être redressées , et sortir de terre d'environ six ponces. Il convient de rogner environ uu demi-pouce du haut de ces rameaux , afin d'ar- rêter la sève, et de la déterminer à donner naissance aux ra- cines. Des gazons, des feuilles pouries , de la terre delà sur- face du sol, doivent entourer les branches couchées, et le reste des rigoles est rempli par la terre qui en est sortie. On la foule pour l'affermir autour des branches, et leur con- server une humidité favorable au développement de leurs racines. 11 ne faut pas laisser sur la cépée , dont on a cou- ché une grande partie des rameaux , de branches perpendi- culaires j la sève de la souche ayant une bien plus grande tendance à monter droit qu'a circuler dans des branches recourbées, abandonneroit celles-ci pour se porter avec aftluence sur les autres , et il en résulteroit la perte des mar- cottes. Il est donc essentiel de supprimer toutes les branches verticales j et pour qu'il n'en pousse pas de nouvelles jusqu'à la parfaite reprise des branches marcottées, il convient de 344 A R B couvrir la cépée de quatre ou cinq pouces de terre , en forme de petite butte. Ceci ne s'applique cependant pas aux arbustes foibles , qui périssent souvent lorsqu'on couche toutes leui'S branches. Ces marcottes sont souvent deux années avant d'être en- racinées , et quelquefois davantage. Lorsqu'elles sont re- prises , on les sépare de leurs cépées , et Ton débarrasse ces cépées des terres dont on les avoit couvertes; elles ne tardent pas à donner naissance à des branches vigoureuses qui rem- placent celles qui ont été marcottées. Ce moyen est , on le répèle, bon pour regarnir les clairières de cinq à six toises carrées. Il est même préférable a des planta- tions d'arbres. Celles-ci ne feroient que languir dans un espace peu aéré , et dont les racines des arbres voisins se sont empa- rées. Les marcottes tirant des racines de leur souche la nour- riture qui leur est nécessaire , se défendent bien mieux, pen- dant leur jeunesse, de la voracité de celles des arbres voisins. Mais quand on a besoin de regarnir de grandes clairières , la voie des marcottes est trop longue , et souvent insuffisante. Il convient d'employer les Plantations, et encore mieux les Semis. Voyez ces mots. Lorsqu'il s'agit de remplacer des ceps de vigne dans une pièce , ou même de renouveler en entier les souches trop vieilles et dépérissantes d'une plantation de vignes , on em- ploie cette espèce de marcotte. Pour l'opérer, on ouvre de grandes fosses , dans lesquelles on enterre les jeunes sarmens des vieux pieds. On en laisse sortir quatre 'a cinq pouces diGS extrémités , et aux places oii on veut établir ces nou- veaux ceps. C'est à cette opération qu'est affecté plus par- ticulièrement le mot de provignei', et à son produit, ou au jeune plant obtenu par son moyen , le nom de provins. Dans les pépinières et chez les fleuristes , le moyeu de mul- tiplier les arbres par les marcottes en provins est fort en •usage ; mais il diffère un peu de celui qui vient d'être décrit. Dans un carré destiné à cet usage , on établit des mères sou- ches. Ce sont de forts pieds d'arbres et arbustes , dont ou coupe la tige principale , ou les plus gros jets , au niveau de la terre. Lorsque ces souches sont garnies d'un grand nombre de jeunes pousses vigoureuses, de deux à trois pieds de haut , on \es couche de huit à dix pouces de profondeur en terre , et dans toute la circonférence de la mère souche. On la re- couvre elle-même d'une éininence de terre en forme co- nique de six pouces de haut , et disposée de telle manière que les eaux pluviales glissent sur la souche et s'arrêtent sur des fossettes qui se trouvent dans sa circonférence. Pour cet effet, on établit un bourrelet en terre , qui forme le cercle, et A R B 345 contre lequel sont redressées toutes les extrémités des rameaux qui ont été couchés. Si ce sont des arbrisseaux et des arbustes, on leur pince l'extrémité de la tige, pour arrêter la scve et occasioner plus promptement la croissance des racines; mais si ce sont des arbres destinés a faire des lignes , il est convenable de ne pas couper cette extrémité des tiges. Pour l'ordinaire, cette opération se pratique en automne, dans dos terrains secs et sous des climats chauds. Dans les pays septentrionaux et aquatiques , on remet à la faire au prin- temps. Les branches ainsi marcottées poussent suffisamment de racines pour vivre sur leur propre fonds dans le courant de Tannée , et on peut les lever a fautomne suivant pour les mettre en pépinière. Si elles ne se trouvcient pas assez garnies de racines, il faudroit attendre à l'automne suivant pour les lever avec sûreté. On multiplie, par la voie des marcottes ou provins , toutes les espèces de vignes , plusieurs variétés d'arbres fruitiers qui font de bons sujets pour recevoir les greffes de variétés plus perfectionnées, principalement le CoiGNAssiER (^oje^ce mot), différons grands arbres d'ali- gnement , tels que le platane du Levant, l'érable à feuilles de frêne , les tilleuls , etc. ; et un grand nombre d'arbustes et d'arbrisseaux étrangers , qui ne portant point de graines dans nos climats, ne peuvent s'y propager que par ce moyen. La troisième manière de marcotter, est celle qui se pra- tique avec incision y comme pour les Œillets. ( J^. ce mot.) On emploie ce moyen pour déterminer la production des racines aux branches des arbustes et des arbres qui résistent aux deux procédés décrits ci-dessus. Voici la manière d'opérer : Pour l'ordinaire , on choisit un rameau de l'avant-dernière pousse. Au petit gonflement qui marque son extrémité et le commencement de la dernière pousse , on fait une incision horizontale qui coupe la branche jusque vers le milieu de son diamètre," ensuite, en remontant vers le haut de la branche , on fait une autre incision perpen- diculaire d'environ un pouce de long , qui aboutit, par sa partie inférieure, à l'incision horizontale. Il est très-utile de se servir, pour cette opération , d'un canif à lame fine et très-tranchante. Ces deux opérations faites, on courbe la marcotte 5 alors , la portion de la branche qui a été séparée par un bout de la partie du rameau qui tient a son pied, s'ouvre et forme un angle aigu , qui a la figure d'un j^ renversé. Pour que cette ouver- ture se maintienne dans son écartement, quelques personnes y mettent de la terre , d'autres une petite cale de bois, d'au- tres enfin un petit caillou. Lorsque les marcottes sont suscep- tibles de reprendre dans le courant d'une année , la terre seule est suffisante ; mais lorsqu'elles doivent rester deux à trois ans ^ur leurs pieds , comme cela arrive quelquefois, le caillou est 346 A R B préférable; mais la cale de bois doit être proscrite, par là raison qu'en se pourissant, elle peut vicier les plaies de la branche, et occasioner sa mort. Cette précaution de mettre un corps étranger dans la fente, a pour but d'empêclier ses deux parties de se rapprocher; ce à quoi elles ont de la pro- pension. La marcotte ayant été préparée ainsi, est courbée eu an;.e de panier, et enfoncée de quatre à huit pouces en terre, suivant la force de la branche, soit en pleine terre, soit dans un pot à marcotte ou un entonnoir, d'après sa position. Cette branche est retenue et fixée à sa place par un ou deux petits crocliets de bois fîrhés en terre. L'extrémité de la branche marcottée doit être relevée et maintenue perpendiculaire , soit par la pression qu'on donne à la terre , soit par un tuteur contre lequel elle est attachée. Il est quelques cultivateurs qui coupent les feuilles aux branches marcottées; qiioique cette opération semble être au moins inutile, comme les juarcotles qui l'ont subie reprennent très-bien, il paroît qu'elle n'est pas nuisible. La terre qu'on emploie pour marcotter doit être très-substantielle, fine, extrêmement douce au touclier; elle doit s'imprégner aisément de l'humidité, et la conserver long- temps sans se putréfier. On emploie souvent de la terre limo- neuse pure ; d'autres fois , on se sert de terreau de saule sans mélange. Mais, telle nature de terre dont on fasse usage, il est nécessaire d'en couvrir la surface d'un léger lit de mousse, qui la tienne fraîche et la garantisse des rayons d'un soleil trop ardent. Pour parvenir à entretenir une humidité cons- tante dans la terre des marcottes, on a imaginé de suspendre auprès des vases qui les renferment, un pot qu'on entretient plein d'eau, et dans lequel trempe une lisière de laine, dont l'autre bout est posé sur le vase à marcotte. La saison la plus favorable a la réussite de cette sorte de marcotte , est le prin- temps, lorsque la sève est sur le point de monter dans les branches des végétaux. Elle offre deux chances également favorables à courir. La première , c'est l'ascension de la sève , qui , rencontrant , sur son passage , pour monter à l'extrémité de la branche marcottée, une longue plaie, la cicatrise, y forme des mamelons qui, par la suite, deviennent des racines, mais seulement dans la partie où il n'y a pas solution de continuité. La seconde chance est celle de la sève descendante. Celle-ci , en revenant vers les racines , trouvant la portion qui a été séparée du reste de la branche , et qui n'y tient que par le haut , cicatrise les bords de la plaie, y produit des mamelons, et se trouvant arrêtée comme dans une bourse , sa propension la détermine à y pousser des racines. Lorsque les marcottes sont suffisamment pourvues de racines pour se sustenter elles-mêmes , sans avoir besoin du secours de leurs mères , on les eu sépare en coupant; la brâQche au-dessous de la partie A R B 34^ marcottée. Ces jeunes plants doivent être mis a Tombre pen- dant quelques jours, aidés par une douce clialeur, et traités enfin comme des végélalix délicats , jusqu'à ce qu'ils aient ac- quis de la force. Que, pour vouloir multiplier trop abondamment une plante unique , on se garde bien de la surcharger de marcottes. C'est ici le cas de dire que trop d'ambition nuit, ou peut nuire à la for- tune. En effet, les incisions faites sur un grand nombre de bran- ches d'un même pied, le fatiguent beaucoup. La sève se portant avec affluence pour cicatriser les plaies , lorsqu'elles sont trop multipliées, se dissipe en pure perte pour la végétation de l'individu; les feuilles tombent, n'étant plus alimentées par leur nourriture quotidienne ; et la mort , non-seulement des marcottes, mais même de la souche, eu est souvent la suite. On emploie la ligature des branches pour certaines espèces de végétaux ligneux, qui se prêtent difficilement au marcot- tage par incision. Elle convient particulièrement à des bran- ches portées sur des arbres élevés , d'une grosseur a ne pou- voir être courbées dans un pot à marcottes , et auxquelles oa se contente d'ajuster un entonnoir. Cette ligature se fait en fil , en ficelle cirée et en fil de fer ou de laiton , suivant le plus ou moins de temps qu'on présume que les marcottes doivent mettre à reprendre. Le laiton seul est ici dani. le cas d'être rejeté, son oxyde étant mortel pour presque tous les végétaux. C'est ordinairement sur de jeunes rameaux , de la dernière ou de l'avant-dernière pousse , que l'on fait les ligatures qui doivent serrer Técorce sans la trop comprimer , et encore moins en couper l'épiderme. Il vaut mieux laisser au gros- sissement insensible et progressif de l'écorce, le soin de for- mer le bourrelet , que de le déterminer subitement par une pression trop forte , qui obstrueroit les canaux de la sève. D'ailleurs , ce bourrelet se forme assez promptement , et il est même 'a craindre qu'ayant bientôt dépassé la ligature, il ne la recouvre, et que, se joignant avec la partie supérieure, il ne s'y soude , et rende , par ce moyen , la ligature inutile. Pour remédier à cet inconvénient , plusieurs cultivateurs donnent à leur ligature quatre à cinq lignes de large , en mul- tipliant autour de la branche les tours de leur corde ou de leur fil de fer. D'autres emploient un autre moyen : ils éta- blissent leur lig.iture en forme de spirale dans une longueur d'environ deux poures. Le premier tour du bas et celui du haut doivent êlre un peu plus serrés que les autres , et dis- posée horizontalement. La ligature étant faite, on passe un pot à marcotte ou un entonnoir dans la branche ligaturée , et on fait en sorte que 348 A R B la ligature se trouve au milieu du vase, qu'on remplit de terre préparée, recouverte de mousse. C'est plus particulière- ment pour cette sorte de marcotte qu'il convient de faire usage du vase rempli d'eau et de la lanière de laine , pour entretenir la terre dans un état d'humidité constante. Cette opération se fait avec plus de sûreté au printemps qu'en toute autre saison. La raison, c'est qu'on a quatre chances à courir pendant un été, les deux sèves montantes et les deux descendantes. Si, en visitant des marcottes, on ne leur trouve que de foibles racines à l'automne , il est convenable de les laisser attachées à leurs mères pendant l'hiver, et de ne les sevrer qu'au printemps. Dans ce cas, on supprime les arrosemens d'hiver, et si les marcottes sont en plein air, on les entoure de paille pour les préserver des fortes gelées qui pourroient les faire périr. On emploie le moyen de Vanneau cortical sur les branches gourmandes d'arbres fruitiers ou autres qui emportent la sève. C'est pour ne pas perdre ces branches, et en faire , au con- traire;, des arbres utiles et francs de pied , qu'on pratique cette sorte de marcotte. Son procédé est simple ; il consiste a enlever dans la circon- férence de la branche qu'on veut marcotter , un anneau d'é- corce de la largeur d'une à cinq lignes , suivant la grosseur des branches, l'état de Técorce et la force des individus. Non- seulement il est nécessaire au succès de l'opération que l'épi- derme de l'écorce soit enlevé dans la largeur de l'anneau , mais même les couches du liber dans leur intégrité , et que l'aubier se trouve 'a nu. L'instrument dont on se sert pour cette opération , doit avoir la lame fine et bien tranchante, afin de couper net, et sans dé- chirure, la lanière d'écorce qui doit être enlevée. On com- mence par décrire deux cercles autour de la branche dont on veut enlever l'anneau cortical 5 ensuite on fait dans la largeur de l'anneau une incision perpendici\laire ; après quoi , avec la ])ointe de l'instrument , on enlève un des bouts de la bande d'écorce qui a été coupée, et on la tire dans toute sa circon- férence. Lorsque l'arbre est en sève , cet enlèvement se fait avec la plus grande facilité , et c'est toujours le temps qu'il faut choisir pour cette opération. Mais il est plus naturel et plus sûr d'attendre le moment qui précède l'époque de la descente de la sève vers les racines. Cette sève, trouvant un obstacle insurmontable, s'arrête sur la partie de l'écorce qui forme la lèvre supérieure de la plaie. Elle y établit un bourrelet qui commence à s'y montrer entre l'aubier et les dernières cou- ches du liber, s'augmente rapidement , et donne naissance à des A R B 34^ mamelons qui, par leur prolongement, deviennent des racines. H est des arbres à écorce mince et a bois dur , dont il faut laisser l'incision à l'air libre jusqu'à ce que le bourrelet soit formé ; d'autres, au contraire, dont l'écorce est épaisse et le bois d'une consistance tendre , qu'il faut préserver du contact de lair. Les incisions faites sur les branches de ces derniers doivent être renfermées sur-le-champ dans des pots ou des entonnoirs a marcottes. Les soins qu'exigent ces marcottes, la nature de terre qui leur convient, et leur culture journalière, sont les mêmes que pour les autres sortes de marcottes ; oa doit seulement assujettir les rameaux marcottés à des tuteurs qui les préservent d'être cassée par les vents. On pratique dans quelques colonies une sorte de marcotte extrêmement simple , et qui est propre à multiplier des arbres dont le bois et l'écorce ne sont pas d'une consistance dure. Ce marcottage consiste a faire une ligature avec une ficelle cirée a la branche dont on veut faire un nouveau piedj ensuite oa prend un morceau de toile carré, susceptible de faire trois fois le tour de la branche ligaturée, et de la longueur d'envirou deux pieds. On place ce morceau de toile autour de la branche, de manière à ce qu'il déborde le dessus de la ligature d'en- viron le tiers de sa liauteur. On coud la partie inférieure de la toile en la plissant en forme de fond de sac, et en sorte que la branche se trouve au milieu du diamètre de ce morceau. Oa en coud aussi la partie latérale dans toute sa hauteur jusqu'au bord supérieur, qu'on laisse ouvert: c'est par cette ouverture qu'après avoir fixé le sac à la place qu'il doit occuper, on le remplit de terre. Ces sortes de marcottes se font a la veille de la saison des pluies , temps où la sève se met en mouvement dans les cli- mats chauds ; on les pratique sur des branches qui ont quel- quefois cinq pouces de diamètre. Elles poussent souvent , dans l'espace de six mois, un nombre prodigieux de racines qui , ne pouvant être contenues dans la terre du sac , le traversent dans toutes ses parties. C'est h cette époque qu'il convient de séparer la branche marcottée, et de la mettre en terre avec le sac qui renferme les racines. Chacune de ces sortes de marcottes a ses avantages et ses inconvéniens. 11 n'est pas possible de déterminer la préémi- nence des unes sur les autres, et encore moins de les affecter plus particulièrement à une espèce d'arbres qu'a une autre. C'est aux cultivateurs intelligens a les mettre en pratique seule a seule, ou combinées plusieurs ensemble, suivant la nature des arbres qu'ils veulent multiplier, leur état de vigueur les localités et le pays d'où ils sont originaiies. B5o A R B La bouture diffère de la marcotte en ce qu elle est complè- tement séparée et mise en terre comme un être isolé. La théorie de sa confection consiste a choisir avec discer- nement les époques de l'année et la sorte de rameau la plus propre à la réussite de cette voie de multiplication, relative- ment à la nature des végétaux et a la densité de leur bois ; à leur donner l'air, l'humidité et la chaleur propres à exciter le mouvement de leur sève, et à modérer ou activer ces agens suivant l'exigence des cas. Les époques pour faire des boutures varient en raison des climats et des années phis ou moins hâtives. On peut dire, en général, que la fin de l'hiver convient le mieux pour les arbres et arbustes de pleine terre ; le printemps, pour les végétaux d'orangerie, et la fin de l'automnej pour quelques arbres ré- sineux. On laisse quelquesboutures telles qu'on les cueillesurl'arbrei on coupe les feuilles au xautres , on les étête à la plupart. Leur plantation est sujette à varier à raison de leur gros- seur, de leur longueur et de l'état de leur bois. On les enfonce de trois pieds, de six à dix pouces, de deux à cinq pouces j on les place Verticalement ou horizontalement, ou dans toutes les positions intermédiaires , tantôt en plein champ , tantôt en planches, en costière , sur couche, sous cloclie , sous châssis, etc., suivant leur nature et le climat d'où elles vien- nent. On leur donne une terre composée de telle manière, des arrosemens plus ou moins nombreux, de l'air, de la lumièrd et de la chaleur, conformément aux mêmes données. On compte dix espèces de bouturés propres aux arbres et arbustes : 1.^ La simple, c'est-à-dire, faite avec une jeune branche de la dernière pousse , propre à la multiplication d'une grande quantité d'arbres et d'arbustes d'orangerie, de serre chaude j et de quelques-uns de pleine terre. On la place sur couche et sous cloche, et on l'entretient dans une douce chaleur hu- mide et à l'abri du soleil. 2.0 y4 bois de deux ans, c'est-à-dire, faite avec une jeune bï-anchc sur laquelle se trouve une portion de bois de deux ans et de l'année précédente. On l'emploie à la multiplicatioa des arbres et des arbustes au printemps, et on la place en ri- gole, en pleine terre et au nord. 3.^ A talon, c'est-à-dire, faite avec une jeune branche de l'année précédente avec la nodosité qui la joignoit à sa tige. Elle est propre à la multiplication des bois durs, soit de pleine terre, soit de serre, au printemps ; ou la met en pleine terre, à l'ombre ou sur couche et sous cloche. A R B 35î 4.° En plançon. C'est une branche de huit à dix pieds de haut, en forme de pieu , propre à multiplier des arbres iiqua- tiqiies, tels que le saule, le peuplier j ou la fiche en terre dans un trou fait avec un grand pieu. hP En rameaux. C'est une jeune branche ramifiée , en- terrée dans toute sa longueur, excepté le gros bout qui saille hors de terre de deux pouces ; elle est favorable pour multi- plier certaines espèces d'arbres qui se dépouillent, le grena- dier, le groseillier, et beaucoup d'arbres et d'arbustes de pleine terre. On doit la mettre au printemps en terre fraîche , et en exposition chaude 3 et pour les plantes d'orangerie , sur couche sourde. G.'' En ramée. Grande branche avec tous $,qs rameaux , propre à fournir des pépinières d'oliviers, à garnir des berges de rivières, de marais, à affermir et exhausser le terrain. Les saules, les peupliers, le tamaris, le chalef, l'aune , etc., sont propres a cet usage. On les plante horizontalement à la fin de l'hiver, à quatre ou cinq pouces de jîiolondeur, en ayant soin de laisser sortir Textrémilé des rameaux de trois ou quatre pouces. y.'* En fascines. Ce sont de jeunes branches de la dernière et de l'avanl-dernière pousses, réunies en fagots de deux pieds de long, et ployées sur elles-mêmes. On s'en sert lorsqu'on veut retenir des berges sur le point d'être enlevées par les eaux. On enterre ces fascines de manière à n'en laisser sortir que l'épaisseur de quatre pouces , et on les assujettit avec un pieu passé à travers ; ce sont toujours des osiers ou des saules qu'on plante ainsi. 8.'' Avec bourrelet , par étranglement. C'est une branche sur laquelle on a déterminé un bourrelet par une ligature faite dans la saison précédente. On l'emploie pour les arbres durs, «oit indigènes, soit étrangers; les fruitiers particulièrement. 9.^ Avec bourrelet , par incision. C'est la même que la précédente , avec la modification de l'incision : on l'emploie pour les espèces à bois plus dur, ou a la possession desquelles on attache plus de prix. xo.'^ A crossettc. Elles ont la forme de petites crosses celles sont formées du bois de la dernière et de l'avant-dernière sèves. Le bois le plus ancien ne doit former que le quart de la lon- gueur de celui de l'année précédente; et la longueur totale de la crossette ne doit pas passer quinze pouces. Un grand nombre d'arbres et d'arbrisseaux se multiplient parla voie des cros- settes, principalement ceux dont la consistance du bois est aussi éloignée de l'extrême dureté que de la mollesse. On se procure ces crossettes pendant l'hiver, lors de la taille des ar- bres. On choisit, autant que possible ; des rameaux crus sur 35a A R B des branches vigoureuses , et on les coupe le plus prés qu'il est possible de la tige , de manière à emporter avec elles le bour- relet qui les unit ensemble. On nomme ce bourrelet talon de la bouture. Ce talon est iufminieut utile à la reprise de la bou- ture; il est tout disposé à pousser des racines. lies crossettes se lient par bottes , et on les garde enterrées dans une cave jus- qu'à ce que les gelées soient passées ; alors on les plante en sillons dans une plaie-bande', exposée au levant et dans une terre un peu fraîche et bien meuble , à la distance de six à dix pouces les unes des autres. Lorsque la plantation est finie , on remplit les sillons avec du terreau ou du fumier consommé, et on arrose au besoin. Plantation des arbres. Les grands arbres destinés à former des forêts, doivent élre semés en place. La futaie en devient plus solidement fixée à la terre, plus belle , plus vigoureuse; les arbres en sont plus sains , vivent plus long-temps , et le bois en est de meilleure qualité. Tous ces avantages proviennent de ce que les arbres ont conservé leur pivot, qui, descendant en terre à une grande profondeur, les affermit contre les efforts des vents, et va chercher au loin vme nourriture qui se répartit avec plus d'a- bondance dans toute l'économie végétale, et y porte la santé et la vigueur. Par une autre raison encore, les arbres qui ont pris nais- sance sur un sol, y sont bien plus naturalisés que ceux des pépinières. C'est le procédé qu'ejnploie la nature pour la re- production de ces grands végétaux. Les graines transportées par les vents, semées par les oiseaux, ou conduites par les eaux, lèvent lorsque les circonstances leur sont favorables. Leurs pivots s'enfoncent a une grande profondeur, tandis que la cime des arbres s'élève dans le ciel. C'est en imitant les pro- cédés de la nature qu'on peut espérer de parvenir au degré de perfection qu'il nous est donné d'atteindre. Il fuit donc semer, et semer en place, les graines des arbres destinés à former des futaies. V. aux mots ForIts et Bois. Mais lorsque , par quelques circonstances particulières , ce procédé ne peut être mis en usage, il faut choisir celui qui s'en rapproche davantage. Les graines germantes qui ont été stratifiées pendant l'hiver, telles que les glands de chêne, de frêne, de châtaignier, etc., pour les pays septentrionaux, ceux d'yeuse , de liège , pour les pays méridionaux, peuvent remplir cet objet. Ils exigent peut-être un peu plus de pré- cautions pour être mis en terre ; mais la réussite doit dédom- mager de ces soins. Enfin , si ce moyen ne pouvoit être mis en pratique , il reste la ressource des jeunes plants; mais au moins faut-il choisir A R B 353 ceux qui ont les racines les plus longues, les plus saines, les plus vives, et ne pas les écourter avec autant de rigidité qu'on le pratique ordinairement,. 11 faut prendre soin de ne pas les meurtrir, écorcber ou déchirer, comme cela a lieu trop sou- vent; de les préserver du contact de l'air, et surtout de la gelée, depuis le moment de leur arrachage jusqu'à celui de leur plantation. Quant aux tiges de ces jeunes plants , comme elles doivent être rabattues rez terre, et quelquefois à plusieurs reprises, il importe peu qu'elles soieur droites et de belle venue, pourvu qu'elles soient saines et vigoureuses. Le choix de l'espèce d'.irbre qui convient au terrain ayant été fait, et le sol ayant été disposé , on procède à la plan- tation. Une charrue légère a socle , sans coutre ni versoirs , dirigée par des jalons, trace les lignes longitudinales, taudis que d'autres , coupant celles-ci à angles droits, établissent les transversales. Chaque point de section marque la placQ que doivent occuper les arbres. Des ouvriers y pratiquent des fos- settes, plus ou moins profondes, suivant la nature du sol et celle des jeunes plants. Viennent ensuite les planteurs qui, s'a- lignanlsur les portions de lignes existantes, placentaux points de section la racine des arbres-, et les y enterrent. Les distances auxquelles doivent être placés les arbres, varient suivant leur nature , celle du terrain qui leur est destiné , et le but de la plantation. Si on a le projet de planter un bois taillis, et que )e terrain soit de médiocre c[ualité , on place les jeunes plants à cinq pieds de distance. Si, au contraire, le terrain est riche et profond, on les écarte de six pieds. S'il s'agit de faire une plantation dont on se propose de laisser croître les arbres en futaie , on plante les individus à cinq pieds de distance. Vers la dixième ou quinzième année, lorsque les arbres commen- cent a se nuire , on en coupe un , entre deux , dans tous les sens : les arbres se trouvent alors à dix pieds de distance; vers la vingt-cinquième ou trentième année , on abat encore les in- dividus intermédiaires : alors les arbres se trouvent espacés à vingt pieds, et ils peuvent exister ainsi jusqu'à l'époque de la coupe de la futaie. Il est beaucoup d'autres méthodes de planter les taillis et futaies, qui sont pratiquées dans différens pays ; mais on a cru devoir s'attacher à celle qui a paru la plus perfectionnée. On a droit de regretter qu'on fasse aussi peu d'usage d'arbres étrangers pour la plantation des forets. 11 en existe cependant plusieurs centaines d'espèces différentes qui sont arrivées en France au dernier degré de naturalisation, et qui pourroient çtre employées avec succès à fertiliser des terrains qui sont lU 2 3 35; A R B abandonnés comme stériles. On aura occasion de revenir sur cet objet important. On plante encore en place les jeunes plants d'arbres des- tinés a faire des haies, des palissades, des massifs. L'arracliage de ceux-ci n'exige pas d'être aussi soigné que celui des jeunes plants destinés à faire des futaies: on les choisit ordinairement parmi des individus de deux , de trois ou quatre ans , venus de semence. Ce «sont des aubépines, des pruniers épineux, des ormilles , des charmes , des érables champêtres , des troënes et autres arbres et arbustes de celte nature. Ceux des- tine's à faire des haies se plantent dans des rigoles formées par l'enlèvement des terres dans la profondeur d'un fer de bêche. On coupe le pivot au jeune plant , et on le rabat de trois à six pouces hors de terre. Les individus sont rapprocliés les uns des autres depuis trois pouces jusqu'à cinq , et dressés sur la même ligne. Les plants propres 'a former des palissades dans les jardins, «e plstntent plus forts , et on les rabat h la hauteur de quinze à vingt pouces , même plus haut encore lorsqu'on veut jouir plus promptement , que les plants sont plus forts et le terrain d'une bonne nature. On les plante aussi eu rigole par lignes , entre trois et sept pouces de distance. Les massifs de plantations se forment dans les jardins avec toutes sortes d'arbres, arbrisseaux et arbustes. La manière dont on les plante dans ce moment 'a Paris et dans ses envi- rons , est vraiment désastreuse , en ce qu'elle coûte beaucoup, ne produit qu'une courte jouissance , et occasione beaucoup de regrets par la suite. On entasse pêle-mêle des individus d'espèces différentes, mais de même âge, dont les uns sont destinés à devenir de grands arbres , tandis que les autres ne sont que des arbustes. Tous sont placés à une distance qui est souvent moindre de quatre pieds. Les deux ou trois premières années , ces arbres vivent bien ensemble , le massif est garni , et le coup d'œil est satisfait ; mais bientôt les plus vigoureux s'emparent du terrain, étouf- fent les autres, la plantation va toujours en dépérissant , et la jouissance est perdue. Pour faire des plantations de cette es- pèce qui soient agréables et qui procurent des jouissances du- rables, il convient que les jeunes plants destinés à devenir de grands arbres , soient plantés à quinze ou vingt pieds de dis- lance les uns des autres, les arbrisseaux à huit ou dix , et les arbustes à environ trois pieds; de plus, il faut que les plus grands soient placés dans l'intérieur du massif, et les plus pe- tits par gradation sur les lisières j que, pour garnir le terrain dans la jeunesse de la plantation , on plante si on veut, dans les intei'valles les plus grands, des touffes de lilas, de Uoiiiie , A R B 355 ou d'autres arbrisseaux qui ne craignent pas beaucoup l'om- brage; la chose est aisée et nu pas un grand inconvénient. On en est quitte pour les perdre au bout de quelques années , pendant lesquelles on a joui. Lorsqu'on plante des massifs de bosquets d'une seule espèce d'arbres, comme le jeune plant est du même âge, qu'il est dans les mêmes circonstances, et que sa croissance est la même , rinconvénient annoncé ci-dessus n'a pas lieu , et on peut planter les sujets a peu de distance, comme de dix-huit à vingt-cinq pouces. Mais ces plantations n'offrent aucune beauté de détail , et qui a vu un des arbres du massif, les a tous Vus ; l'objet essentiel, celui qui captive les regards, la variété , c'est-a-dire , l'âme des jardins, est perdue pour la jouissance. Mais il est de ces massifs homogènes qui sont tolérés, même dans les jardins de goiàt; ce sont ceux destinés a soutenir les terres des talus rapides, et a les couvrir de verdure. On em- ploie à cet effet le troëne, l'ormille , les lyciets et autres de cette nature. Les plants de ces arbrisseaux peuvent être plantés à six pouces de distance les uns des autres , et rabattus à uii pouce au-dessus de la terre ; étant tondus chaque année, et le plus près possible , ils remplissent parfaitement le but qu'on se propose. On peut voir au jardin botanique de Paris plusieurs de ces massifs , dont un, planté en ormilles depuis plus de vingt-cinq ans, offre un tapis serré qui recouvre une pente ra-* pide exposée au soleil le plus ardent, et où aucun gazon n'a- voit pu se conserver. Les jeunes plants destinés à être plantés en pépinière, exi- gent un traitement un peu différent de celui qu'on donne aux autres plants. Ne devant y rester que jusqu'à ce qu'ils soient assez forts pour être transplantés à demeure, on les place en ligne dont on forme des planches ou des carrés , suivant le besoin ou la nature des arbres. Les plants des grands arbres propres à former des allées , border des routes, faire des quinconces et composer des mas- sifs de plantations, peuvent être placés en ligne, et espacés de quinze à trente pouces, suivant qu'ils doivent'rester de temps en pépinière j et surtout en raison de la place qui est néces- saire pour les arracher sans nuire aux racines des autres. Les arbustes et arbrisseaux se plantent aussi par lignes, mais en planches d'environ cinq pieds de largeur , séparés par des sentiers de quinze pouces de large. En raison de leur force et du temps que leurs jeunes plants doivent rester en pépinière, on les espace dans les lignes depuis six jusqu'à quinze pouces les uns des autres. ' " On a coutume de couper le pivot aux jeunes plants disposés à être mis en pépinière , et de leur tailler les tacinfes latérales-^ 556 A R B Cette pratique est sans inconvénient pour la sûreté et la re- prise des sujets , lorsqu'elle est faite avec modération ; et elle a même un bon effet pour la réussite des jeunes arbres lors de leur transplantation. Le pivot ayant été coupé, est remplacé par des racines divergentes, qui ont une tendance à s'enfoncer en terre, mais qui , n'ayant pas la force du pivot, prennent une direction différente. Les racines latérales qui ont été taillées, se bifurquent, se ramifient et donnent naissance à une grande quantité de cbevelu. Toutes ces racines et chevelu augmentent les bouches nourricières du jeune arbre, et le font croître plus vigoureusement. Le second avantage n'est pas moins impor- tant lorsqu'il s'agit de lever le jeune arbre de la pépinière, pour le transplanter h sa destination ; se trouvant muni d'un grand nombre de racines et de chevelu, il se lève mieux, et sa reprise est plus assurée que celle d'un sujet dont les racines n'auroient pas été traitées de cette manière. En général, il ne faut pas couper la tète des jeunes plants des grands arbres qu'on plante en pépinière, mais bien la laisser dans toute sa longueur; il convient seulement d'arrêter les branches latérales pour di- minuer la charge du jeune arbre , et laisser moins de prise au vent. Quant aux arbustes , arbrisseaux et sous-arbrisseaux qui n'ont point de tiges bien déterminées , il convient de les tailler et de rabattre leurs tiges en proportion de la quantité de leurs racines, et surtout de l'état dans lequel elles se trouvent. Si les racines sont fraîcltes et abondantes , et qu'on plante en bonne saison, on taille les tiges plus longuesj si, au contraire, les racines sont en petit nombre, qu'elles aient langui, et que la saison soit avancée , il convient de tailler très-court , comme à quatre , à cinq pouces hors de terre. La saison la plus favorable à la reprise des jeunes plants des grands arbres que Ton plante en pépinière, est la fin de l'au- tomne, dans les terres légères et les climats chauds. Il est plus convenable de ne planter qu'à la fin de l'hiver dans les terres fortes, aquatiques, et dans les pays sejjtentrionaux. Cependant ces époques varient à raison de la nature des arbres, du degré d'humidité des terrains et de plusieurs autres circonstances locales. Il est plus exact de dire qu'on peut piauler ce genre d'arbres depuis l'époque où ils ont quitté leurs feuilles jusqu'à celle où les boutons, sont sur le point de.se développer et de pousser de nouvelles feuilles. Quant à la qualité du terrain qui convient à ce genre de plantation, on ne peut la déterminer, parce qu'elle doit varier en raison de la nature des arbres qu'il est destiné a recevoir: mais il doit être essentiellement meuble, perméable aux racines, sans de trop grosses pierres, et avoir au moins trois ou quatre pieds de profondeur. Il doit être dé- A R B 357 fendu des bestiaux , et surtout du gibier, qui peuvent occasio- ner des dommages irréparables aux jeunes arbres. Les sauvageons d'arbres fruitiers, destinés plus particuliè- fement à être greffés en bonnes espèces, doivent être traités de même, excepté que, ne devant pas rester si long-temps en pépinière , ils peuvent être placés à des dislances plus rap- prochées. Les différentes espèces d'arbres ayant déjà eu le pivot coupé lorsqu'on les a arrachés de la planche du semis pour être mis en pépinière, n'oat plus besoin de subir d'opération aux ra- cines lorsqu'on les enlève pour les placer à demeure. Si ces arbres étoient déplantés avec précaution , que leurs racines fussent entières , il suffiroit de rafraîchir leurs extrémités ; mais la promptitude et la maladresse avec lesquelles on les arrache souvent , obligent a deux opérations également nui- sibles à la santé des arbres et a la jouissance des planteurs. La première de ces opérations est A^habiller les racines; elle con- siste à couper jusqu'au vif les racines qui ont été éclatées, dé- chirées ou meurtries lors de l'arrachage ; et comme on veut de la symétrie partout, même lorsqu'elle est nuisible, une racine qu'on avoit été forcé de rogner d'un côté de l'arbre , parce qu'elle avoit quelques vices qui en nécessitoient la sup- pression, oblige de rogner les racines qui lui sont opposées 'a la même longueur. Il en résulte que ks racines , ainsi rac- courcies outre mesure, n'étant pas suffisamment étendues pour solidifier l'arbre à la place qu'il occupe 5 et surtout ne pouvant suffire à procurer aux branches la nourriture qui îeur est nécessaire , on est obligé de couper ces dernières. Cette seconde opération , suite indispensable de la première , n'est pas moins désastreuse; on coupe les branches en proportion de ce que l'ont été les racines, et quelquefois même on nexi laisse aucune. Ce n'est pas tout ; non content de supprimer les branches , on coupe souvent même la tête des arbres. Ce priu- cipe vicieux est si généralement reçu chez un grand nombre de cultivateurs, qu'il est passé en proverbe que si un jar^ dinier plantait son père, il faiidroit qu'il lui coupât la tête et les pieds. Les résultats , quoique différens, n'en sont pas moins nuisibles aux végétaux qui sont soumis à celte cruelle opération. Un arbre dont on a écourté les racines et coupé la tête , pousse avec plus de vigueur les premières an- nées de sa plantation, que ceux plantés avçc leur tête ; mais il en résulte presque toujours une maladie qui abrège la durée de sa vie , diminue la valeur de son bois , et dénature son port. Cette maladie est ce qu'on nomme ordinairement la gouttière, espèce de carie qui décompose le cœur du bois.. Elle est occa- 6iuné« par l'infiltration des eaux pluviales à travers les ger- 358 A R B cures qui se forment immanquablement sur la plaie que laisse la coupure de la tète de l'arbre. Ces eaux, non élaborées par les vaisseaux séveux , s'introduisent dans la moelle de l'arbre , et la corrompent, La moelle viciée corrode les couches li- gneuses qui l'environnent, et, par succession de temps, tout l'intérieur d'un arbre se pourit. Cette maladie fait des pro- grès bien plus rapides sur les arbres qu'on étète périodique- ment, tels que les ormes , les frênes , les chênes , les mûriers , et surtout les saules. Elle n'en existe pas moins dans les arbres qui n'ont été étêtés qu'une seule fois , à moins qu'ils n'aient été plantés fort jeunes. Pour remédier à cet inconvénient très- grave , et que les partisans de cette manière de planter ne peuvent pas se dissimuler, ils ont la précaution de tailler la plaie en biseau, c'est-à-dire, de la rendre presque perpen- diculaire à l'horizon, ou du moins de lui faire décrire un angle de soixante à soixante-dix degrés. De plus, ils orientent cette plaie du côté du nord pour qu'elle soit moins exposée au soleil; et enfin il en est d'autres qui couvrent cette plaie à'ongueTit de Saint-Fiacre, ou d'une composition de cire et de poix , appelée emplâtre de W. Forsyth. Que de soins on se donne pour couvrir une mauvaise opération, et souvent sans obtenir la réussite qu'on désire ! Pourquoi ne pas employer un moyen plus simple et plus naturel, et dont les expériences ont dorme les résultats les plus satisfaisans 1 Tous les arbres plantés dans le jardin du Muséum d'histoire naturelle de Paris depuis trente ans, au nombre de vingt-cinq milliers d'individus , et de plus de trois cents espèces ou variétés différentes, tant indigènes qu'étrangères, l'ont été avec leurs têtes et la plus grande quantité de racines possible. i,e procédé qu'on a employé est très-simple, et fondé sur les principes de la pliysique. D'abord le déplantage des arbres dans les pépinières a été soigné j les racines ont été enlevées avec précaution , pour qu'elles ne fussent pas éclatées , déchirées et meurtries. On les a obtenues dans leur plus grande longueur; leur transport a suivi l'arra- chement, et a été fait avec les précautions requises pour évi- ter l'inconvénient de les entasser dans les voitures qui les ap- Ï)ortoient, et de froisser ou d'éclater leurs racines. Arrivés à eur destination, ils ont été plantés après une légère taille de l'extrémité des racines cassées ; tout le clievelu vif qui y étoit implanté a été conservé , ou simplement rafraîchi par son ex- trémité.La tête des arbres a été religieusement conservée , et on s'est permis seulement de tailler les branches latérales pour décharger les racines d'un entretien de sève qu'elles eussent eu de la difficulté à fournir et pour affoiblir l'effet des vents. Les trous et souvent les tranchées destinés à lesrecevoir, a voient été ouverts long-temps d'avance, afin que les terres, «xpo- A R B 359 sées à l'air, à la pluie et au soleil , fussent élaborées convena- blement. Enfin , lors de la plantation , les racines ont été mises dans leur position naturelle, recouvertes de terre meuble , garnies avec soin pour ne laisser aucun vide entre elles , ensuite plombées pour les bien assujettir , et enfin arrose'es suivant le besoin. C'est ainsi qu'ont été plantés les arbres des grandes allées du nouveau terrain de ce jardin. Quoique ces arbres eussent alors des tiges de six à huit pouces de diamètre sur une hau leur de plus de dix-huit-pieds, il n'en est pas mort un seul , et ils sont, après vingt-cinq ans de plantation, de la plus belle venue et de la plus grande vigueur. Ce procédé sans doute est plus dispendieux que celui qu'on emploie ordiuai- rement; il offre une augmentation de de'pense pour l'arra- chage, le transport, et surtout pour la confection de tranchées longitudinales au lieu de trous. Mais si on fait attention, d'une part, n la grande quantité d'arbres qu'on est obligé de rem- placer les trois ou quatre premières années qui suivent la plan- tation faite par le procédé ordinaire, il se trouvera, en résultat, qu'il est plus cher que l'autre; et, d'une autre part , quelle perte ne fait-il pas éprouver pour la jouissance et le retard du produit ! Ainsi , tout considéré , il y a profit et agrément de planter chèrement , perte et dégoût à planter à bon marché. Les arbres d'ahgnemefat se plantent depuis dix jusqu'à trente pieds de distance les uns des autres, suivant leur na- ture. Les plus grands, ou ceux qui croissent de. soixante à cent vingt pieds de haut, peuvent être plantés 'a trente pieds ; les moyens arbres , dont la croissance est de trente à soixante pieds , ont besoin d'être distans entre eux de vingt pieds ; enfin les petits arbres , qui s'élèvent de quinze à trente pieds , peu- vent être plantés à dix pieds. On sent très-bien , sans qu'il soit besoin de le dire , que la nature du terrain, et celle des arbres, doivent apporter des dif- férences dans ces dimensions , et qu'elles ne doivent servir que de bases approximatives. Quant à la qualité du terrain qui convient aux arbres d'alignement , elle doit être aussi variée que la faculté qu'ont ces mêmes arbres de croître et d'affectionner certains terrains de préférence aux autres. Ce- pendant on peut diviser les arbres en trois grandes classes: ceux de montagnes, ceux de plaines et ceux de marais. Voilà des indices qui indiquent la localité qui leur est la plus con- venable : l'expérience et l'observation apprennent le reste. S'il est nécessaire 'a la réussite des jeunes plants d'être plantés avant l'hiver dans les terrains secs et sous un climat chaud ^ c'est surtout pour les arbres d'alignement que cette précaution est indispensable : il n'y a que les cas d'infiltration des eaux 36o A R B ou de submersion dans un terrain, qui puissent la rendre nuisible danS les pays septentrionaux. On appelle arbres à tige dans les pépinières, les arbres fruitiers qui ont été greffés depuis cinq pieds jusqu'à huit au- dessus du niveau de la terre. Ces arbres sont destinés soit à garnir les parties supérieures des espaliers élevés , soit a for- mer des pleins-vents, ou à composer des vergers. La taille des racines de ces arbres , qui ont été élevés en pépinière, doit être la même que celle qu'on pratique pour des arbres d'a- ïignement ; même précaution dans l'arrachage et dans les soins qu'on doit prendre de conserver toutes les racines saines et le chevelu vivant. Mais comme ces arbres sont destinés à for- mer des espaliers , il convient de rabattre les greffes quelques pouces au-dessus du sujet, à l'effet de déterminer la crois- sance de bourgeons latéraux qui puissent être palissade's. Quant à la plantation de ces arbres, elle n'a rien de parti- culier. On observera seulement que, si le terrain est de mau- vaise nature , au lieu de se contenter de ftiire des trous pour ]es recevoir, il est plus sûr de faire des tranchées dans toute la longueur des espaliers, lorsqu'il est question de les planter en entier, d'en extraire les mauvaises terres, et de les rem- placer par d'autres de meilleure qualité. Les soins de la plan- tation , l'époque la plus convenable a leur réussite, sont les mêmes que pour les autres espèces d'arbres. Les pépiniéristes donnent le nom ^l arbres de demi-tige à des arbres fruitiers greffés à environ trois pieds et demi de terre. Ils sont destinés à garnir le milieu des espaliers qui ont plus de dix pieds d'élévation. On en forme aussi des buissons sur les bordures des carrés potagers. Ces arbres se plantent Je long des espaliers , entre les arbres à tige , et à la distance de huit à douze pieds, suivant les espèces et la qualité du terrain. On les rabat à deux ou trois pouces au-dessus de la greffe, pour leur faire pousser des branches latérales qui puissent être palissées le long des murs. On abandonne l'u- sage où on étoit ci-devant , de planter des demi-tiges entre les arbres à tige pour former des espaliers ; on a reconnu qu'étant obligé de tailler ceux-ci très-court pour les circonscrire dans la hauteur du mur, ils s'emportoient en gourmands, et ne produisoient que très-peu de fruits. On a relégué les tiges en plein-vent dans les vergers, et on ne compose plus les es- paliers que de demi-tiges et de nains. La taille des racines et les soins de leur plantation sout les mêmes que pour les autres arbres. On nomme arbres nains ceux qui ont été greffés rez terre sur des sauvageons d'espèce particulière qui ne per- mettent pas aux gi-efles de s'élever plus haut que des sousr A R B Z6i arbrisseaux. Les arbres nains sont employés dans les jardins à garnir la base des espaliers, à faire des éventails et des buis- sons. On plante ces arbres de la même manière que les autres; il n'y a que leur espacement qui soit diftérent. Lorsqu'on en forme des espaliers , on les place entre les demi-ti«çes , à la distance de cinq à dix pieds, suivaut leur nature plus ou moins vigoureuse. Destinés a former des éventails ou des contre-espaliers, on les rappro»"he un peu davantage. Si on en fait des buissons , ils peuvent être espacés à quatre pieds les uns des autres. Eu les plantant on leur coupe la lête à deux ou trois pouces au-dessus de la greffe , pour leur faire pousser de jeunes branches qu'où dirige dans le sens convenable a ses projets. La plantation des arbres résineux offre des différences re- marquables , et qui méritent attention. D'abord, toute taille, de quelque espèce qu'elle soit , est nuisible et doit être soigneusement évitée; il ne fout couper ni racines , ni branches, et respecter surtout les têtes de ces arbres. Le moment de leur plantation n'est pas le même que celui des autres arbres ; ces derniers se plantent pendant l'hi- ver , lorsque la sève est dans l'inaction; ceux-ci, au contraire, ont besoin d'être en commencement de végétation pour être transplantés avec succès. On plante les arbres résineux à deux époques différentes de l'annéej lors de la sève d'automne, et a celle du printemps. L'époque la plus favorable est celle où ils ont déjà développé leurs bourgeons d'environ un pouce de long ; on les lève en motte autant qu'il est possible, et si le lieu de la plantation est éloigné de plus d'un jour de chemin de la pépinière, on les plante dans des mannequins avec lesquels on les met en terre à la place qui leur est destinée. Il convient de les lever de la pépinière avec toutes leurs racines; et s'il en est qui ne soient pas garnies de terre, au lieu de les couper, il faut les conserver soigneusement^ et les éten- dre en les plantant dans la position où elles étoieut. Il ne faut pas que les arbres que l'on transplante soient trop âgés ou trop forts; leurréussite n'est bien assurée que lorsqu'ils n'ont pas passé leur cinquiè'.ne année , et qu'ils n'excèdentpas dix pieds de haut. Dés qu'ils sont plantés à demeure, il est utile d'assujettir leurs tiges à de forts tuteurs qui les em- pêchent d'être ébranlés par les vents ; sans cette précaution on en perdroit beaucoup, parce que les mouvemens qu'occa- sionent les vents font rompre les aiguilles que poussent les racines ; et cette rupture, répétée a différentes reprises , lait périr les arbres. On plante aussi les arbres résineux à racines nues et sans 36î A R B motte; mais c'est quand ils sont très-jeunes, en sortant du se- mis pour être placés en pépinière : dans ce cas il est indis- pensable de conserver leurs racines dans toute leur longueur, de les abriter soigneusement du contact de l'air: on les enve- loppe ordinairement dans de la mousse fraîche , qui remplit parfaitement cet objet. Si on laissoit ces racines a l'air , l'hu- midité qu'elles renferment seroit bientôt absorbée , et elles deviendroient sèches et cassantes. La difficulté qu'ont ces ar- bres à reprendre, lors de leur transplantation , qu'on vouloit toujours assimiler à celle des arbres qui se dépouillent de leurs feuilles , et qu'on exécutoit dans le même temps, avoit; fait imaginer le moyen de les planter dans des pots, et de con- tourner le pivot, qui est généralement assez long , pour ne pas- le couper. Les vases étoien-t ensuite enterrés dans une plate-bande à l'exposition du nord , et on les changeoit à mesure que l'arbre devenoitplus fort. Ce procédé est encore employé pour les espèces rares et délicates, et il mérite d'être suivi , remplissant complètement son objet. Lorsqu'on fait voyager des arbres verts à une grande dis- tance, qu'ils sont de quatre a cinq pieds de haut, et qu'il seroit trop dispendieux de les faire venir en motte, ou emploie un moyen peu connu et qui réussit parfaitement. Avant d'ar- racher les arbres de la pépinière, on prépare, dans un baquet, un mélange de terre limoneuse , de bouse de vache et d'eau , formant une bouillie ni trop liquide ni trop épaisse. A fur et mesure qu'on arrache les arbres, on trempe leurs racines jus- qu'au collet dans le mélange j on les laisse ressuyer un peu à l'air pour que l'amalgame se colle bien sur les racines, après quoi on les trempe une seconde fois dans le même mélange : on les laisse ressuyer encore et on trempe de nouveau. Au moyen de ces trois immersions successives , il s'établit sur les racines et le chevelu même , une croûte d'amalgame épaisse qui les préserve du contact de l'air, les tient fraîches et en bon état. Lors de la plantation de ces arbres en place , la composi- tion se délayant par la fraîcheur de la terre , fournit aux jeu- nes racines un humus végétatif , qui i^ contribue pas peu à leur reprise et à leur vigueur. Treize pins maritimes, préparés de cette manière , et qui ont été quinze jours en route , ont été plantés sur la butte du Jardin du Muséum, oîi ils sont, depuis vingt-cinq ans, encore pleins de vigueur. On doit employer ce moyen pour beaucoup d'arbres déli- cats d'une reprise difficile : il ne peut être qu'eflîcace. La distance à laquelle on plante ces arbres , ainsi que la nature du terrain , l'exposition et la situation qui leur con- vient, varient suivant les différentes espèces. Il en est qui aiment les terrains argileux et aquatiques; d'autres qui pré- fèrent les sols sablonneux et secs; quelques autres qui vivent A R B 363 sur les hautes montagnes et d'autres , clans les marais fangeux. Leur taille varie aussi depuis celle de l'arbuste jusqu'au plus grand arbre. On trouvera aux mots Pin , Sapin , Genévrier , Thuya , CÈDRE, etc., lesrenseignemensnécessairessurleurnature. Dans les cultures en grand, il est plus avantageux, sous tous les rapports, de semer ces arbres résineux que de les planter. Voyez aux mots Pin et Sapin. Les arbres qui conservent leurs feuilles toute Tonnée sans être rdsineux , tels que les Houx , les Lauriers , certams Pruniers, les Phyllirea , les Alaternes, etc. ( Voyez ces mots) , sont aussi d'une reprise difficile à la transplan- tation. C'est pour cette raison qu'on les cultive presque tous dans des pots , et qu'on plante leurs racines avec la motte de terre qui les environne. Lorsque ces arbres ont été ainsi élevés, on peut les planter pendant toute l'année , hors le temps des gelées. S'ils ont été élevés en pleine terre , il con- vient de les lever en bonne motte , de les planter dans des mannequins , et de les faire reprendre à une position ombra- gée. Après qu'ils ont donne des signes non équivoques de leur reprise , on les plante définitivement à leur destination. La saison la plus favorable à la plantation, en mannequin, des arbres verts , est le milieu du printemps, époque a laquelle ils commencent à entrer en sève. Si on les déplante avant et après cette époque , les jeunes arbres languissent pendant long-temps, et il en périt souvent un grand nombre. Moins on coupe de racines et de branches à ces arbres , et mieux cela est. Il est encore utile à leur réussite , de ne pas les planter trop vieux , parce qu'a un âge avancé , ils repren- nent encore plus difficilement. On choisit ordinairement des sujets vigoureux de six a huit ans, qui ont quatre à six pieds de haut, et dont la tige ne dépasse pas le diamètre de trois pouces a sa base. Cependant , cette règle n'est pas sans excep- tion. Il est des arbres , tels que le houx , qui ne reprennent jamais mieux que lorsqu'ils sont de la grosseur du bas de la jambe ; mais cela est très-rare. Enfin , il est des arbres verts , qui, malgré tous les soins de la transplantation , ne repren- nent que difficilement; comme, par exemple, un seul sur dix. Ce sont les chênes verts , liège , kermès , et à glands doux. Il est préférable de semer les graines de ces diverses espèces dans le lieu oîi ils doivent rester toujours. Pour plus de sûreté de la plantation, on pourroit stratifier les graines, et ne planter que celles dont la germination est bien développée. Empoter ou encaisser un arbre, c'est le déplanter d'un lieu pour le mettre dans un pot ou dans une caisse. Les em- potages et les encaissages ont lieu pomr les végétaux des pays 364 A R B cliauds qu'on est obligé de rentrer dans l'orangerie ou dans la serre tous les hivers. Il faut avoir soin de mettre sur le trou ou les trous , qui sont au fond des pots, et sur la totalité du fond des caisses, des morceaux de pots cassés, de coquilles ou de plâtras, pour faciliter l'écoulement de la surabondance des eaux nécessaires aux arroseraens. Il faut changer de pots tous les jeunes arbres qui ont acquis une croissance dispro- portionnée a la quantité de terre qui les entoure , et en même temps dégarnir leurs racines d'une partie de cette terre pour en mettre de la nouvelle améliorée par un repos d'au moins une année. Un arbre qui est trop à l'étroit dans un pot d'un pied de dianlètre à son ouverture , doit être placé dans une caisse , ayant l'attention de tenir la terre toujours un peu plus élevée que les bords de la caisse, à raison de l'arrosement qui a lieu. On peut traiter les arbres en caisses, comme les arbres en pots, tant qu'ils ne sont pas encore très-forts ; mais, parve- nus à une certaine grosseur, celle opération devient très-dif- ficile : on se contente de renouveler une partie de la terre ermanenceou la caducité de leurs feuilles , et dans les qualités de leurs sucs propres ; à A. 11 (t/^e^c nc!r approçAe j-imp/e Grf/f'c par approche en etattP (rreûè par approche en lo-icuu/e Greffe en /cnJ/i a lan^uu^e Or-ejfe ert^ente en pT'upe^ t: cn/enfe en coi/nmne "e en (vtrie-tiit , ,^/è en çeuTriK-CÉSAR , en fente, à deux ra- meaux, avec suppression de la moelle du sujet. i^., — Greffe Laquintinie , à deux fentes, en quatre parties égales et la coupe du sujet sur lequel on place quatre ra- meaux. Série seconde. — Greffe en tête ou en couronne. I. — Greffe DuMONT, àtête,à un rameau échancré triSngu- lairement par «a base pour être posé sur un sujet taillé en coin, a. — GreffI'Hervy', en tète, à un rameau taillé en coin par sa base , pour être posé sur un sujet dans une entaille tri«ngulaii-e. 3, — Greffe Pline, à couronne , k rameaux insérés entre l'aubier et l'écorce du sujet. ^. — Greffe Théophraste, en couronne, à rameaux insérés entre l'aubier et récorce du sujet , en fendant cette der- A R B 389 5. — Greffe LiÉBATJLT, en couronnera rameaux insérés sur le collet de la racine des forts sujets. Série troisième. — Greffes en ramilles. I. — Greffe Huard, en ramille posée dans une entaille triangulaire, faite aux dépens du tiers du diamètre de la - tête du sujet. Vuig. greffe à la Ponloise ', greffe à oranger. *j^ - 2. — Greffe Riedle', en ramille posée en coin triangulaire 0 ^ sur le milieu de la tige du sujet. ,^ / 1 — Gpppff C!oT.Tm«r>T/t (/(',r /•!'.>• /i fti ////i/i/c/'c (/r Jfit/i//-r//// , Ji. 7',i//A',i- i/f /h/-//tii//(>/t f/i-.f a/-/>/r,r ru />ii/\i\f(t/t.> i> //i- t/r /t/rf . A R B 391 14. — Greffe Lambert , composée de celle en écusson , en approche et en fente par scion. iS. — Gbeffe Magneville, en écusson avec une double in- cision en manière de chevron brisé , au-dessus de la greffe. i6. — Greffe SiKTA WD, en écusson, couverte par une plaque d'écorce d'un autre arbre. 17. — Greffe Aristote, en écusson carré, placée sur un su- jet dont récorce rabaissée le recouvre à moitié. 18. — Greffe Se'nebier, en écusson, par portion d'yeux terminaux. 19. — Greffe nébuleuse , de plantes ligneuses et d'arbustes sur des racines de plantes' vivaces. 2.0. — Greffe Bute et , en écusson d'espèce de même genre ou de même famille, qui diffèrent par la durée de leur feuillage , ou les époques du mouvement de leur sève. al. — Greffe Bonnet, à la manière des écussons , entre récorce et l'aubier , ou de semence ou de leurs germes sépare's des cotylédons. 22. Série seconde. — Greffe enjlûte. 1. — Greffe Jefferson , en flûte , sans couper la tête du sujet , à sève descendante , et à œil dormant. Vulg. Greffe en anneau. 2. — Greffe sifflet, en flûte, pratiquée au moyen d'un an- neau d'écorce enlevé à un arbre et placé sur un autre , en coupant le sommet de la partie greffée. 3. — Greffe DE Pan, en flûte, par l'amputation de la tète, ou des branches du sujet , et à œil dormant. 4. — Greffe de Faune, en flûte, à plusieurs yeux alternes, posée en supprimant la têle des parties greffées et lacé- rant leurs écorces. De la taille des arbres, — Parmi les procédés de culture qui ont singulièrement concouru à perfectionner les fruits de nos jardins, il faut compter la taille, quoique cette opé- ration soit contre nature^ et nuise plus ou moins à la santé et à l'existence des individus qui en sont l'objet. Bien opérée, elle est peu dangereuse -, elle est même salu- taire aux végétaux réduits a l'état de donxesticité. Mal opérée , elle est le fléau des arbres, et la ruine de leurs propriétaires. Elle doit être considérée sous les rapports de l'utilité et de l'agrément. Sous le rapport" de l'utilité , elle réduit à l'état de domesti- cité des êtres sauvageons , qui , emportés par leurs habitudes , 392 A R B ne produisent des fruits qu'après un grand nombre d'années d'existence , les donnent petits , sans saveur et sans couleur , ou de mauvaise qualité. La taille maîtrisant lenr vigueur fougueuse , les force de porter des fruits dans un âge moins avancé ; ne laissant sur les arbres qu'un certain nombre de fleurs , et à des posi- tions où la sève est forcée de ralentir son cours , elle occa- sione le grossissement des fruits. Suppri mant toutes les bran- ches qui pourroient empêcher l'action du soleil et la libre cir- culation de l'air autour des fruits , ils deviennent plus coloi'és , plus beaux et de saveur plus délicate. La taille d'utilité a pour but trois résultats principaux. Le premier, la formation des arbres , soit qu'ils soient des- tinés à devenir des pleins-vents, des buissons , ou à garnir des espaliers et des contre-espaliers. Le second , d'entretenir les arbres faits en santé , en vigueur et en rapport avantageux. Le troisième enfin , de remédier aux accidens , aux mala- dies qui leur surviennent , et de prolonger leur existence. , Sous le rapport de Tagrèment , la taille dispose les branches des arbres à former des palissades , des pieds-droits, et des voûtes qui sont propres à préserver d'un soleil brûlant , a défendre les yeux des rayons incommodes d'un soleil cou- chant, à établir des courans d'air salubre, et enhn à protéger l'exercice utile de la promenade. Les arbres considérés sous les rapports économiques se di- visent en quatre grandes classes ; savoir : celles des arbres fruitiers , forestiers , à'aliffiement , et étrangers. Les arbres fruitiers sontce\i-x.c\niT^voàyx\ienl cette diversité infinie de fruits , aussi propres a llatter la vue , l'odorat et le goût, qu'à servir de nourriture aux hommes. Il n'est pas de pays au monde où on eu trouve un plus grand nombre de variétés qu'en France. On comjitc dans ce moment vingt- ]mit genres , qui, par une longue culture, ont produit plus de ]mit cents variétés , estimables sous quelques rapports- En raison de leur propriété , de leur culture , du temps de la maturité de leurs fruits , on leur donne différens surnoms; tels que ceux à' arbres de w:rgers , à^arbres de plein-vent y d'arbres d'espaliers , etc. Les arbres de vergers sont ceux qui, étant indigènes ou rendus tels par une longue culture, peuvent croître et fruc- tifier sans le secours des murs, des palissades et antres a!)ris artificiels , et dout la culture se réduit à les élaguer de temps en temps , et à supprimer les branches mortes. On nomme arbres de plein-vent , ceux qui étant plus dé- licats que les arbres de vergers, ont besoin de quelques abris, A R B 3g3 qu'on cultive dans les jardins, et qu'on soumet à tme taille légère ou peu rigide, tels que dilïérentes espèces d'abricotiers , de cerisiers et de pêchers. • Les arbres fruitiers en quenouille et en pyramide sont des espèces de plein-vent qui sont soumises a luie taille réglée, quoique moins rigide que celle des arbres en éventail. Ces arbres sont garnis de branches depuis le collet de leur racine jusqu'au haut. On les cuUive dans les jardins oii la place est peu étendue, et dans lesquels on 'désire multiplier beaucoup d'espèces. Dans les quenouilles, la tige est restreinte à six ou huit pieds environ de hauteur, et les branches sont toutes taillées de la même longueur. Dans les pyramides, la tige monte de cinq'asix pouces tous les ans, et les branches du bas sont cons- tamment taillées plus longues que celles du haut, de sorte que l'arbre représente un cône très-allongé. Cette dernière manière de conduire les arbres , a l'avan- tage de donner beaucoup de fruits , de durer long-temps, d'être agréable à l'œil ; aussi , prend-elle beaucoup de faveur depuis quelques années. Le poirier est l'arbre qui s'y prête le plus facilement. Les arbres en girandole ne se distinguent des précédens qu'en ce que leurs branches, au lieu d'ètra placées sans ordre autour du tronc, sontétagées par place et a des distances ré- gulières. Ces étages , épais de cinq à six pouces , laissent des inter- valles entre eux , à peu près égaux à leur épaisseur. Ou leur donne une forme carrée , qui diminue graduellement d'éten- due depuis la base de l'arbre jusqu'au haut, ce qui leur donne une forme pyramidale à quatre angles. Cette taille est tombée en désuétude , à raison du peu d'avantage qu'elle présente. Les arbres en ere«^remiers coups de soleil du printemps , augmente ces petites fent;es dans lesquelles l'eau s'insinue , descend , vicie la sève, et fait périr le bout de la tige réservée jusqu'à la greffe, ce qui occasione la perte de l'arbre. Cela est arrivé plusieurs fois à des arbres à fruits à pépin, qui sont les moins délicats , plus souvent à des fruits à noyau ; et cela arrive assez fré- quemment au pécher, le plus délicat de tous, dans notre cli- mat. S'il ne meurt pas sur-le-champ , la sève s'extravasant par le bourrelet de la greffe , occasione , ainsi qu'aux autres ar- bres à fruits a noyau, la maladie de la gomme. Que faire dans cette circonstance , qui offre deux risques à courir presque également nuisibles au succès de la planta- tion ? Cela n'est ni difficile ni coûteux; c'est de mettre un emplâtre d'onguent de Saint-Fiacre sur la coupe de la tête de l'arbre , immédiatement après l'amputation. On l'abrite , 44 A R B par ce moyen , du contact de Tair ; on empêclie la fendille de se former; on réserve toute la sève pour subvenir à la croissance des nouveaux bourgeons , et on ne risque pas , par l'ébranlement de l'opération , d'occasioner la rupture des mamelons des racines. La distance à laquelle on doit couper la tète des arbres au- dessus de la greffe , varie en raison des espèces et de la vi- gueur des arbres. Cependant, con^me un des principes essen- tiels de celte taille est de supprimer le canal direct de la sève le plus près de la greffe qu'il est possible , il convient de couper la flèche au-dessus du quatrième ou cinquième œil , afin de choisir , dans les bourgeons qui en proviendront , les deux qui se trouveront les mieux disposés pour devenir les branches mères qui doivent former le V. Voici où se terminent les soins de la plantation, et où commencent les opérations de la formation et de la culture des arbres. Quatre à cinq yeux réservés au-dessus de la greffe , pous* sent communément chacun leurs bourgeons; et dans quelques espèces d'arbres, il en sort de l'écorce sans avoir été précédés par des yeux. Il est des personnes qui suppriment , à fur et mesure qu'ils croissent, les bourgeons mal placés, qui se trouvent sur le derrière et sur le devant de l'arbre , et qui ne laissent croître que ceux qui sont sur les côtés latéraux , disposés à former l'éventail sur le mur. D'autres laissent croî- tre les bourgeons jusqu'à l'époque de la cessation de la sève printanière , suppriment alors les inutiles , et palissent les au- tres. 11 en est quelques-unes qui préfèrent de laisser croître tous les bourgeons, les gourmands du sauvageon exceptés, et de ne donner ni coup de serpette ni pincement à leuis ar- bres jusqu'au sommet de la taille suivante. Celles-ci agissent prudemment , par la raison qu'en diminuant les bourgeons on diminue le nombre des feuilles, et par conséquent le nombre des bouches qui nourrissent les racines ; et comme, dans cette première année, il est plus essentiel de consolider la reprise des arbres , et de les assurer sur leurs racines , que de leur former la tète , cette pratique me paroît préférable, et d'autant plus, que les arbres, une fois bien piétés, auront bientôt regagné le temps perdu, et deviendront ensuite plus vigoureux que ceux qui auroient été taillés dès l'année de leur plantation. Ainsi donc il est bon de ne pas toucher à la pousse des arbres celte première année, et de s'en tenir à leur ad- ministrer la culture d'usage à tous les arbres nouvellement plantés. L'époque de la taille des arbres n'est pas la même pour toutes les espèces d'arbres ni pour tous les climats. Il faut A R B |j,5 consulter la nature des uns et des autres pour procède r à cette opération avec sûreté. Dans le climat de Paris, on t.- \il\p les arbres a fruits a pépin pendant tout l'hiver; et ceu r à fruits à noyau au premier printemps, en commençant par les plus liàtifs. La raison de cette pratique , est que les art ires à fruits à pépin sont , en général , moins délicats que ceux des fruits à noyau ; que le bois des premiers est rarement avr trié par les plus fortes gelées de l'hiver , tandis que celui d e la plupart des arbres à fruits à noyau , et particulièrement du pêcher, est sujet à être maltraité par les gelées, et surt ;oul par les faux dégels printaniers ; et comme le mal ne se fait apercevoir, à des signes certains, qu'au printemps, si on tailloit l'hiver, on seroit souvent obligé de recommen cer au printemps , ou au moins a faire une recherche minutie use et longue pour supprimer toutes les branches et rame aux viciés qui auroient été laissés sur l'arbre lors de la premi ière taille. Par un temps doux , le thermomètre se trouvant de q uel- ques degrés au-dessus du terme de la glace , vers les dix } leu- res du matin jusqu'à quatre heures après-midi, et à l'as} >ect du soleil, s'il est possible , on procède à l'opération dt î la taille. Il faut s'abstenir d'y travailler lorsqu'il gèle , que 1 l'air est sec et vif, parce que les branches s'éclatent et . pas- sent très-aisément. D'ailleurs , ce temps , qui engourdit les doigts des opérateurs, les rend peu propres a des opérati- >ns qui demandent de l'agilité et de la justesse. On commei ice par dépalisser tous les bourgeons qui ont pu être palis ses au treillage , ou a la loque , immédiatement sur le mur; ap rès quoi on fait choix, momentanément, des deux brancl les luères qu'on doit réserver, et qui doivent faire la base de fout l'édifice qu'on veut élever. Il faut qu'elles soient : i." le plus près possible ; 2.0 disposées des deux côtés de l'arbre < îu jiarallèlement au mur, oudans la direction du plan; 3." ra p- prochées l'une de l'autre, afin que le petit coude, qui do 'it exister les premières années, s'efface plus promptement \, et que les deux branches du V semblent partir du mên le point; 4" ^t enfin les plus droites , les plus saines, et les pli is vigoureuses de toutes celles qui ont poussé pendant la cam .- pagne dernière. Ce choix arrêté , on supprime, sans distinc ;- tion , tous les autres bourgeons, en les coupant avec unie serpette bien acérée , le plus près de la tige qu'il est possibh !, afin que l'écorce de l'arbre puisse recouvrir sans peine < ît promptement ces petites plaies. On rabat la tête du suj( ît &ur la branche la plus élevée des deux qu'on a réservées , pour former son arbre. Cette coupe doit être faite ave c justesse, pour que, sans affoiblir le rameau , qui lui e. Jt 4iS A R B opposé , elle n'occasione pas un argot. Pour cet effet , ori l'effectue ù rez de la branche réservée, et on arrondit la plaie par le haut. Reste à opérer les deux branches mères. La longueur qu'on laisse à chacune doit être déterminée par la vigueur de l'arbre qui les a produites , et par la leur particulière. Si l'arbre a poussé vigoureusement , on taille les branches au-dessus du sixième œil j s'il n'a poussé que modérément, on le raccourcit au quatrième; et enfin, si la pousse est chétive, on le taille au second. Lorsque les deux rameaux sont d'inégale force , on laisse plus de longueur à celui qui est le plus vigoureux ; et on rac- courcit davantage , au contraire , celui qui Test le moins. Par ce moyen très-simple , on rétablit promplement l'équilibre de vigueur dans les deux branches. Ces coupes des deux ra- meaux doivent être faites sur les yeux latéraux , afin que les bourgeons qui en sortiront se dirigent naturellement dans le sen.s où doivent se trouver les branches mères. On fixe en- suite, par des attaches , soit au mur, soit au treillage , ces deux iné)-es branches, de manière 'a ce qu'elles commencent à prendre leurs directions à l'angle de quarante-cinq degrés. Si cjn ne peut arriver à ce but cette première année , par la craiinte de rompre les branches , on les en approche le plus qu"il est possible, et on remet aux années suivantes à les y amener insensiblement. Voilà tout ce qui appartient a la pre- mi.ère pousse de l'arbre, depuis qu'il a été mis en place. Vien- ne nt ensuite l'ébourgeonnage et le palissage. L'époque la plus favorable 'a l'ébourgeonnement du plus grand nombre despèces d'arbres, est celle de la fin de la sève du printemps, lorsque les bourgeons, parvenus au maximum de leur grandeur, s'arrêtent et restent en repos jusqu'à la sève d'automne. On supprime d'abord les bourgeons qui se trouvent placés siir le derrière et qui se dirigent à angle droit sur le mur, et c mais ils le sont beaucoup moins pour ceux d'hiver. Les fruits d'été sont ceux qui mûrissent dans le cours de cette saison , tels que les cerises, les abricots, les framboises, les prunes, les premières figues, quelques espèces de poires , etc. Parmi ceux d'automne , on compte les mûres , les pèches, grand nombre d'espèces de poires, de pommes, de raisins, les figues tardives, etc. Ces fruits, destinés à subvenir aux besoins des hommes et des animaux dans une saison où leur sang a besoin d'être rafraîchi par des alimens aqueux , acides et balsamiques , n'ont point la faculté de se conserver, et doi- vent être mangés aussitôt qu'ils sont mûrs. Tout consiste donc à connoitre le point de leur maturité, et à les cueillir avec les précautions requises. La maturité de ces sortes de fruits s'annonce par des signes qui ne sont pas les mêmes dans toutes les espèces , ni mêm-e pour toutes les variétés de la même espèce. La grosseur est ordinairement le premier indice qui l'annonce, ensuite la couleur , puis l'odeur. Lorsqu'un fruit est parvenu à sa grosseur naturelle, qu'ex- posé 'a l'action du soleil, il est coloré d'une teinte vive, et que l'odeur qu'il exhale commence a parfumer ralmosphere, alors on peut risquer de le cueillir. Un indice moins variable et plus sûr, est celui de la consistance ou de la solidité des fruits. Un fruit pressé légèrement cède-t-il sous les doigts i' on peut le cueillir en toute assurance ; il est mûr. Mais il faut être extrêmement circonspect sur cette épreuve , qui , faite mal- adroitement sur un fruit délicat , dont la maturité est encore éloignée, pourroit le faire pourir, ou du moins en rendroit le suc acre et désagréable. C'est surtout 'a l'égard des pèches, des figues , des ananas , des bananes, etc. , que cette circons- pection devient plus nécessaire. Lorsque ces fruits sont destinés a n'être mangés que qi'e!- ques jours après leur récolte , il est a propos de les cueillit- avant leur parfaite maturité , et , autant qu'il est possible , de les détaclxer de leurs branches avec leur queue. S'il s'agit de I.-S transporter à quelque distance , on les place dans des cor- beilles isolées les unes des autres, avec des feuilles de vig le ^ Ji:8 A R B pour qu'ils ne se froissent pas, et on a soin qu'ils n'éprouvent, en chemin que le moins de secousses possible; mais quelques précautions qu'on prenne, quelque bien conservés qu'ils arri- vent, ces fruits n'auront ni le même goût, ni la même saveur que ceux qui auront été cueillis a leur point de maturité, et mangés dans la même journée. On ne s'appesantira pas sur les caractères qui indiquent la maturité des diverses espèces de fruits d'été on d'automne, parce que l'expérience est le meilleur et presque le seul guide qui doit dirigera cet égard. En détacliant un fruit d'im arbre, et en le goûtant, on reconnoîtra mieux le véritable point de maturité , qu'on ne sauroit le faire au moyen de tous les indices qu'on pourroit donner. On passera donc aux fruits d'hiver. A proprement parler, il n'existe point de fruits qui mû- rissent sur les arbres fruitiers pendant l'hiver, au moins dans le climat de la France ; mais on entend , par cette dénomina- tion, les fruits qui mûrissent l'automne , et qui, conservés avec les précautions requises , se perfectionnent dans le frui- tier , et se mangent pendant l'hiver. Ils sont de deux sortes : les uns sont chai-nus et pulpeux ; les autres sont secs et capsu- laires. Parmi les premiers, il en est que l'on doit récolter a l'ap- proche des gelées blanches, et d'autres qui! faut laisser sur les arbres jusqu'à ce qu'ils aient éprouvé quelques gelées. Dans le nombre de ceux qui doivent être récoltés avant les gelées , sont comprises une partie des nombreuses variétés de poires et de pommes , les diverses espèces d'oranges , de gre- nades , de raisins, etc. Lorsque la sévc descend des arbres vers leurs racines , que les feuilles jaunissent et commencent a tomber de l'extréHiité des tiges, les fruits, privés alors de sucs nourriciers-, ne pro- fitent que très-peu , ou même point du tout. En les laissant sur l'arbre, il seroit h craindre que l'humi- dité froide de cette saison, la longueur des nuits et les petites gelées , ne parvinssent à les détériorer , ou ne rendissent leur conservation plus diflicile.ll faut donc les cueillir auparavant. On choisit pour cela le milieu d'un beau jour, qui ait été précédé , s'il est possible , de deux ou trois autres jours sem- blables. S'il régnoit uu vent du nord , la récolte n'en seroit que plus avantageuse encore , parce que ce vent, sec de sa nature, a la propriété de resserrer les pores des fruits , et de les rendre moins perméables ^ l'humidité. On les cueille avec leur queue , autant qu'il est possible. On les dépose h mesure dans des paniers , que l'on vid« avec pi«caution dans de&^ A R B 4,(^ mannes , lesquelles sont transportées dans le fruitier où les fruits doivent être conservés. Il faut bien prendre garde d'eni- tainer et de meurtrir les fruits. Liisjrnitiers sont établis , le plus ordinairement, dans des pièces au rez-de-chaussée , et même quelquefois d'un pied et demi plus bas que les terres environnantes. Us sont orientés au sud-est, percés de croisées à doubles volets du côté du midi et du levant , et ils ont au nord un mur de forte épais- seur , sans ouverture. L'intérieur offre un carré lonji; , d'une grandeur proportionnée à la quantité de fruits à y placer. Au- tour des murs, et dans toute la circonférence, excepté de- vant les fenêtres , règne un corps de tablettes , larges de quinze, dix-huit et vingt-quatre pouces , garnies d'un rebord et placées de niveau. Ces tablettes soat espacées entre elles de- puis huit jusqu'à quinze pouces de distance. Au milieu de la pièce est un autre corps de tablettes à double face , autour duquel on doit pouvoir circuler librement. On ne peut guère donner a ce corps plus de quatre à cinq pieds de large , afin d'avoir la facilité de visiter les fruits, et de les retourner dans les endroits les plus éloignés de la main. Le bois d« chêne vieux, et bien sec est préférable à toute autre espèce de bois, et surtout a celui des arbres résineux , pour former ces corps de tablettes. On les recouvre , les unes d'une feuille de papier blanc , libre , les autres de feuilles de vigne presque sèches , quelques-unes d'une légère couche de paille de seigle j eafin d'autre-, sont garnies do graines de millet. Quelquefois , au lieu de tablettes en bois, ce sont des claies d'osier qui les remplacent dans certaines parties; d'autres fois, on met sur le bois une couche de sable de rivière , sec et très-fin. Ces dif- férentes substances se trouvent quelquefois réunies sur des tablettes différentes dans le même fruitier , et cela est néces- saire pour conserver les diverses espèces de fruits; mais ex- cepté les corps de tablettes qui sont permanens , toutes le» autres substances, quelles qu'elles soient^ doivent être clian- gées régulièrement tous les ans. Il faut même avoir l'attention de bien nettoyer le fruitier dans toutes ses parties , de le tenir ouvert quelque temps avant de s'en servir pour en renouveler l'air et chasser l'iiumidité. Après cela, ou y dépose les fruits qu'on vient de récolter. On met à la suite ies uns des autres ceux des mêmes variétés , en observant d'en faire trois divi- sions , suivant qu'ils sont plus ou moins beaux, plus ou moins «ains, qu'ils promettent de se conserver plus long-temps, ou qu'ils doivent être mangés plus tôt. Ces fruits sont rangés par lignes sur les tablettes, et placés à quelque distance en tous sens les uns des autres , afin que l'air pui>s« circuler autour. S'ils se loiichoieut, il seroit a craindre 430 A R B <[n'ih se conservassent moins long-temps , et qu'un fruit qui viendroit à se pourir, ne gâtât son voisin. Quelques per- ionneà posent les fruits sur queue, d'autres, sur la partie oppo- •ée qu'on appelle Vivil , et quelques autres, sur les côlés. Ces différentes manières puroissent assez indifférentes à la conser- vation des fruits ; mais ce qui ne l'est pas, c'est le soin qu'on doit avoir de les visiter souvent, pour retirer ceux qui com- mencent à se gâter, et empêcher qni\s ne gâtent les autres. Les raisins se conservent beaucoup mieux suspendus en l'air que posés a plat sur des tablettes ; on a imaginé pour cela des cerceaux de différens diamètres qui entrent les uns dans les autres, et qui. attachés au plancher du fruitier, forment des girandoles étagées , lesquelles peuvent recevoir , dans un petit espace, un grand nombre de grappes de raisins. On attache le plus ordinairement ces grappes aux créneaux par le plus gros bout de leurs queues , et on fait en sorte qu'elles ne se touchent pas. D'autres , au contraire, les suspendent par le petit bout; ils prétendent, avec raison, que les grains des grappes ainsi suspendues ; étant moins serrés les uns contre les autres, sont moins sujets a se gâter; mais quelle que soit celle de ces deux manières que l'on adopte , il n'est pas moins essentiel ù la conservation des grappes, de les visiter souvent pour couper avec des ciseaux les grains qui commencent à se pourir, et qui pourroient gâter toute la grappe. Toute l'atten- tion qu'exige un fruitier consiste h n'y pas laisser entrer la gelée, ni une chaleur au-dessus de huit degrés du thermo- mètre de Kéaumur; k empêcher que l'air ne devienne ni trop sec ni trop humide , et à visiter souvent les fruits pour retirer ceux qui sont arrivés à leur point de maturité, enlever ceux qui commencent à se vicier, et changer les autres de position. Les fruits pulpeux tardifs sont ceux qui, comme les nèfles, les alizés, les cormes , les jujubes, quelques espèces de rosiers, de plaqueminiers, d'oliviers, d'azeroliers, etc., ont besoin d'éprouver, sur les arbres mêmes , de petits froids qui dispo- sent leur chair à devenir plus tendre. Ceux-ci ne doivent être cueillis que lorsqu'il est survenu quelques gelées blanches, qui ont fait descendre la sève des arbres dans les racines; ce qu'on reconnoît aisément par la chute totale de leurs feuilles dans les arbres qui se dépouillent l'hiver, et par la cessation de la croissance des bourgeons, dans ceux qui sont toujours verts. Les fruits de cette sous-division doivent être cueillis avec les mêmes précautions que les autres, en évitant de les meurtrir ou de les déchirer; mais au lieu de les placer à nu sur des tablettes, comme cela se pratique pour qiielques autres fruits, il convient de les déposer sur un lit de paille dont les tablettes A R B "4^1 seront convertes. Ces fruits qui, pour la plupart, soiitacerbea au moment où ils sont détachés de l'arbre , ont besoin de pas- ser a l'éiat de fermentation vineuse pour devenir susceptibles d'être mangés j et cet étal est assez voisin de celui de leur dé- composition : il est donc à propos de les visiter souvent pour s'assurer de leur point de maturité, qui ne dure que quelque» jours. On dit qu'ils sont blets lorsqu'ils sout parvenus au point d'être mangeables, et l'opération qui les rend tels, s'ap* pelle bleure ou blétir. La récolte des fruits d'biver qui sont renfermés dans des coques , capsules ou siliques , et qui sont de nature sèche , se fait avec beaucoup moins de précautions que celle des fruiti pulpeux de la même saison. Ceux-ci , parmi lesquels sont com- pris les noix, les amandes, les glands doux, les noisettes, les châtaignes, les faines, les caroubes, les pistaches, les pommes-de-pin, etc. , se détachent et s'abattent à coups de gaule ou de perche. Lorsque tous les fruits sont tombés au pied de l'arbre, on les ramasse, on les met dans des sacs , ou les transporte dans une grange ou tout autre lieu à l'abri des injures de l'air. Ceux de ces fruits qui sont enveloppés d'un brou , en sont d'abord séparés ; ensuite on \gs expose, pen- dant ([uelques jours , a l'action du soleil, pour dessécher leurs capsules; après cela, on les met dans un endroit sec pour s'en servir au besoin, ou on les enferme dans des sacs pour îes porter au marché. Les châtaignes et les marrons se séparent aussi de leur en- reloppe épineuse , mais un peu plus tard que les noix de leur brou ; c'est une opération qui ne presse pas surtout à ceux de ces fruits qui , n'étant pas encore parvenus à leur maturité lorsqu'ils ont été détachés de l'arbre, achèvent de mûrir dans leur enveloppe. Les châtaignes et les marrons, séparés de leur enveloppe , sont exposés au soleil pour se dessécher, et ensuite ils sont portés au marché en sacs. Ceux qu'on veut garder pour servir d'aliment, sont placés sur des claies et desséchés au four; on les écorce ensuite, et on les place dans des lieux secs, où ils «e conservent toute l'année, et même au-delà. Voyez au mot Châtaignier. Les caroubes, les pistaches , les pommes-de-pin à pignons, n'exigent d'autres précautions, après leur récolte , que d'être étendus sur des planches dans un lieu sec, où les rats et les souris ne puissent pas pénétrer. Lorsque l'on veut séparer les pignons de la pomme-de-pin, on expose les cônes au soleil ou auprès du feu ; bientôt les écailles s'ouvsent, et les noyaux qu'elles recouvrent sortent avec be?iucoup da facilité; oa je* met ensuite dans des caissas^ 432 A R B où ils se conservent plusieurs années lorsqu'ils sont a l'abri Je riiumidité. Voyez au mot Pin. D'après le relevé de tous les arbres qui se trouvent en France, il est reconnu que nous en possédons quatre-vingts espèces diftérenles , qui s'élèvent d^^puis quinze pieds de haut jusqu'à cent vingt et plus. De ce nombre , vingt croissent naturelle- ment dans le midi de la France, et soixante viennent indiffé- remment dans le nord ou dans le midi. De ces quatre-vingts végétaux, vingt-quatre sont des arbres de la première grandeur, c'est-a-dire, qui croissent de soixante âcentvingtpieds; quatorze autres s'élèvent de trente àsoixante, et sont de la deuxième grandeur; la troisième division, ou les arbres de la troisième grandeur, qui ne croissent que de quinze à trente pieds de haut, forme le nombre de quarante- deux. Considérant sous un autre rapport ce nombre total de qua- tre-vingts arbres, on voit qu'il n'y en a que dix-huit seulement qui soient employés a former des forêts; les autres végètent isolés , ou viennent accidentellement, sans qu'il soit besoin de les planter. Il s'ensuit donc qu'on n'emploie en France que dix- huit espèces d'arbres pour faire des semis et des plantations en grande masse j ils sont la base de nos forets. Cinq de ces arbres ne sont propres qu'aux plantations de terrain humide et aquatique; ce sont le peuplier noir, le tremble ^ Vypréau , \q frêne et Vanne. Voy. ces mots. Les arbres qui croissent dans les terrains médiocres, sablon- neux, pierreux, montueux et secs, sont en plus grand nom- bre; on en compte neuf espèces, savoir : le chêne et ses varié- tés , le charme , le châtaignier, le hêtre , le pin sauvage , le pin maritime ^\q tilleul, pour toutes les parties de la France ; \ yeuse et le liège, pour les pays méridionaux seulement. l'ourles montagnes très-élevées, mais susceptibles de re- cevoir des bois , on n'a de choix k faire que dans les quatre arbres suivaus; le inélèze, \ épicéa, \e sapin et le bouleau. Ce petit nombre d'arbres est bien loin de suffire a la quantité et à la variété des terrains qui existent en France : aussi beau- coup de ces terrains restent-ils incultes. V. au mot Bois et au mot Forêt, les moyens de les mettre en valeur au moyen des arbres indigènes ou étrangers. Voy. aussi Mémoires de l'an- cienne société d" A g^ri culture, trimestre d'hiver de 178Ô, page 43. On trouvera aux mots Plante , Végétal , Racine , Tige , Branche , Feuille , Semence , Graine , Feuit , Bois et FoEST, les supplémens qu'on pourroit désirer à cet article. (THOUIN.) A R B ^33 ARBRE  CALEBASSES. V. CAtEBAssiER. (b.) ARBRE A ENIVRER LES POISSONS. C'estleBois- IVRANT. D'autres plantes produisent aussi le même effet , et peuvent porter le même nom dans différens pays ; mais c'est à celle-ci qu'il s'applique le plus généralement, (b.) ARBRE A FRANGES. Le CniONAisTiiEdeYirginie porte ce nom dans quelques ouvrages, (b.) ARBRE A LA GLU. C'est , à la Martinique , le Sapiu^i. (B.) ARBRE A LA GOMME, DE LA NOUVELLE - HOLLANDE. V. les mots Eucalypte et Métrosideros. (B-) ARBRE À GRIVE. On appelle ainsi le Sorbier des OISEAUX , qui attire principalement les Grives, (b.) ARBRE A HUILE. V. Abrasin. (b.) ARBRE A L'AIL. On a donné ce nom à plusieurs arbres, et surtout au Cerdane. (b.) ARBRE À L'HUILE. C'est la Driatïdre oléifère, (b.) ARBRE A LA MAIN. C'est le Cuiramode^dre. (b.) ARBRE A LA MIGRAINE. C'est I'Andarèse. (b.) ARBRE A ODEUR D'AIL. C'est le Bavang. (b.) ARBRE A PAIN. C'est le Jacquier. On appelle aussi de même le Sagou. (b.) ARBRE AVEUGLANT. C'est I'Agalloche , dont le suc est très-caustique, (b.) ARBRE AUX LIS. V. Tulipier, (b.) ARBRE AUX POIS. C'est le Caragaî^ en arbre, (b.) ARBRE AUX RAISINS. C'est le Staphylier. (b.) ARBRE AUX SAVONNIERS. C'est le Savonnier, (b.) ARBRE AUX TULIPES. V. Tulipier, (b.) ARBRE AU VERMILLON. C'est le Chêne Chermès. (b.) ARBRE D'AMOUR. C'est le Gaînier. (b.) ARBRE D'ARGENT. C'est ainsi que l'on nomme , le plus communément , le Proté argenté, (s.) ARBRE DE BAUME. On appelle ainsi le Gomart aux Antilles , ainsi que diverses espèces de Croton. (b.) ARBRE DE BUIS DE BOURBON. C'est le Gran- ger. (b.) ARBRE DE CASTOR. C'est le Magnolier à feuilles glauques. V. ce mot. (b.) ARBRE DE CIRE. C'est le Gale cirifère. Il vient aussi à la Chine un arbre de cire ; mais il ne donne pas directement de la cire. On l'a appelé ainsi , parce qu'il nourrit une espèce d'insecte qui dépose de la cixe sur ses feuilles. V. au mot Lacque. (b.) II. 28 43^ A R B ARBRE DE CORAIL. C'est le Coîsdori , donl les graines sont d'un beau rouge de corail. Il est probable qu'on donne aussi ce nom à TErythrine. (b.) ARBRE DE CYPRÈS. F. le mot Cyprès, (b.) ARBRE DE CYTHÈRE. Espèce de Mombin. (b.) ARBRE DE DIANE. Cristallisation métallique, qu'on obtient par différens procédés; le plus expédilif est celui du chimiste Baume. On mêle six gros de dissolution d'argent et quatre gros de dissolution de mercure , l'une et l'autre par l'acide nitrique el bien saturées. On y ajoute cinq onces d'eau distillée , et l'on verse le tout dans un bocal d'environ deux pouces de diamètre , où l'on a mis six gros d'amalgame fait avec sept parties de mercure et une d'argent. Au bout de quelques heures , on voit des végétations se former sur l'amalgame , et dans l'espace de quelques jours , elles s'élèvent de plusieurs pouces. Le procédé de Lemeri est plus long, mais les végétations sont beaucoup plus grandes et plus belles. Prenez une once d'argent en feuille ; faites-le dissoudre dans de l'acide nitrique ; mettez cette dissolution dans un bocal allongé , et ajoutez-y environ vingt onces d'eau dis- tillée et deux onces de mercure. Laissez le tout en repos : au bout d'environ quarante jours , vous aurez un arbre d'argent, de sept h huit pouces de haut , chargé d'une multitude de rameaux ; mais le moindre mouvement détruit ce chef- d'œuvre. Un troisième procédé est celui dont nous devons la con- ïioissance à Homberg. Le voici : Faites un amalgame de trois ou quatre parties de mercure avec une partie d'or ou d'argent : les uns et les autres doivent t^tre parfaitement purs. Mettez cet amalgame dansunmatras, sans aucune addition , et bouchez le matras hermétiquement. Placez-le sur un bain de sable assez chaud pour fondre des lames de plomb , qu'on enfonce dans le sable. Laissez-le exposé à celte température pendant quinze ou vingt jours sans interruption. Au bout de ce temps , votre amalgame sera couvert de très-belles végétations mclalliqucs d'un pouce de haut, (pat.) On ne considère les végétalionsmétalliques obtcnuesparles procédés ci-dessus, que comme de simples cristallisations dé- terminées peut-être par l'action galvanique. Des charlatans en abusoient autrefois, pour faire croire qu'ils avoient le secret de communiquer aux métaux la faculté de végéter à la ma- nière des plantes. (LUC.) ARBR E DE DIEU. C'est le Figuier des Pagodes, (b.) ARBRE DRAGON. F. Duagonmkr. (p..) ^ r^ B ^35 ARRRE D'ENCENS. Nom de I'Iciquier à sept feuil- les et du Badamier. (b.) ARBRE DE FER. V. Nagas. (b.) ARBRE DE LA FOLIE. On croit que c^est la même chose que le Copayery. F. ce mot et celui Car^gne. (b.) ARBRE DE GORDON. C'est le Salisbury bilo^é , introduit en Europe par Gordon, (b.) ARBRE DE JUDÉE. C'est le Gaînier. (b.) ARBRE DE JUPFfER. Espèce fnitescente du genre Anthylide , qui croît dans le midi de la France, (b.) ARBRE D E MAL Espèce d'ARALiE qui fleurit en mai dans nos jardins, (b). ARBRE DE MANGO. V. au mot Manguier, (b.) ARBRE DE MATURE. Espèce de Caîsang. (b.) ARBRE DE MILLE ANS. C'est le Baobab , dont la durée de la vie est de plus de mille ans. (b.) ARBRE DE MOYSE. C'estle Néflier buisson ardent, dont les fruits sont rouge de feu. (b.) ARBRE DE NEIGE. C'est le Chionanthe de Virgi- nie, (b.) ARBRE DE LA REINE. Le Peuplier baumier porte ce nom. (b.) ARBRE DE ROUEN. Un des noms vulgaires du Sor- bier des oiseaux, (b.) ARBRE DE SAINT-THOMAS. Espèce de Bauiiine, originaire de Tile de ce nom. (b.) ARBRE DE SANG. Millepertuis de la Guyane , qui donne un suc rouge, (b.) ARBRE DE SEL. Arbre de Madagascar, dont les feuilles servent à assaisonner les mets. On ignore à quel genre il ap- partient, (b.) ARBRE DE SOIE. C'est le Micocoulier à petites fleurs ainsi que I'Acacie ae.borescente , et , selon Tussac , le Calabure. (b.) ARBRE DE LA VACHE. Nom d'un arbre de lAmc- rique méridionale , appartenant à la famille des Sapotiliers, mais encore peu connu , qui donne un suc laiteux , propre à la nourriture des hommes, (b.) ARBRE DE VI R. C'est un des noms du Thuya, (b.) ARBPxE DU CIEL. Piidicule nom donné au Salisbury bilobé. (b.) ARBRE DU DIABLE. C'est le Sablier hura. (b.) ARBRE DU PAPIER. C'est le PapyrieH. V. au mot Mûrier et au mot Brousso'netie. (b.) ARBRE DU VERNIS. Il v a plusieurs-arbres qui portent ce nom ; mais ceux à qui il est le plus spécialement consacré , 436 A R B sont le Badamier au vernis , qui se trouve en Chine et dans les Moluques , TAugie , qui vient à la Chine et à la Cochin- chine , et le Sumac au vernis , qui croît au Japon, (b.) ARBRE INDÉCENT. C'est le Vacoua. (b.) ARBRE IMMORTEL. C'est I'Endarade Madagascar., V. ce mot , et TErythrine corallodendre. (b.) ARBPkE laiteux. Beaucoup d'arbres portent ce nom, et il est difficile de dire auquel il appartient plus particuliè- rement. 11 faudroit faire le résumé de tous les arbres qui , par incision , laissent couler une liqueur blanche , pour pouvoir traiter complètement cet article, (b.) ARBRE POISON. Plusieurs végétaux s'appellent ainsi , et il est impossible de dire d'une manière positive à queU genres ils appartiennent, (b.) ARBRE POIVRE. Nom du Gattilier commun, (b.) ARBRE PUANT. Cet arbre croît dans l'Inde et au Cap de Bonne-Espérance. Il répand, lorsqu'on le coupe , une odeur très-désagréable , mais qui se dissipe avec le temps. On fait des meubles avec son bois ; il est probable que c'est le stercuUa fœlida , Llnn. V. le mot ToNOCHU. (B.) ARBRES RÉSINEUX. On appelle ainsi les arbres qui , entaillés , laissent fluer un suc propre particulier , inflam- mable, non dissoluble dans l'eau , qu'on appelle résine. Les arbres résineux propres à l'Europe ne sont pas très- nombreux ; ils se réduisent à ceux qui composent les genres Pin , Sapin , Mélèze et Genévrier ( V. ces mots ) ; mais on en connoît , dans les autres parties du monde , une bien plus grande quant it'S, au Chêne-liége et au CHÈ^E A feuilles de houx. Leur culture demande quelques soins de plus que celle des arbres qui perdent leurs feuilles , principalement lors de leur plantation et de leurre- production par bouture, par marcotte ou par greffe. V. au mot Arbre et aux mots précités. Dans les pays chauds , les arbres toujours verts sont en Lien plus grand nombre. Sous la ligne , ils forment pres- que seuls la population des forêts. Ces arbres , soit indigènes , soit exotiques , sont recherchés pour ftiire des bosquets d'agrément, qui rappellent l'été, dans nos jardins , pendant les plus grandes rigueurs de l'hiver. On trouvera leur mode de culture aux articles qui les con- cernent, (b.) ARBRET ou ARBROT.Nomqtie l'on donne à un petit arbre dépouillé de ses feuilles ou factice , sur lequel on pose des gluaux pour prendre les oiseaux, (v.) ARBRISSEAU y Frulex. Plante ligneuse dans toutes ses parties , qui s'élève à une petite hauteur, ordinairement entre «juatre et douze pieds. Sa vie est quelquefois de longue durée. iJ aubépine , le grenadier , le goyavier , sont des arbrisseaux. V. le mot Arbre, (d.) ARBUSTE , ou SOUS -ARBRISSEAU , SuffruUx, Très-petite plante à tige ligneuse , qui ne s'élève pas plus que les herbes ordinaires , et qui a souvent la forme d'un buisson. L'arbuste , dit Rozier ^ a un caractère distinctif qui le sépare plus de l'arbrisseau, que l'arbrisseau ne l'est de l'arbre ; car en automne , l'arbre et l'arbrisseau poussent des boutons dans les aisselles des feuilles, qui se développeat dans le printemps, et s'épanouissent en feuilles et en fleurs. Au contraire , l'ar- buste attend le renouvellement de la sève pour produire des boutons , et le même printemps les voit naître et s'épanouir. La bmyère est un arbuste, (d.) ARC des Sauvages. Je ne sais si Hobbes n'a pas eu raison de considérer Thomme de la nature comme un animal cou- rageux qui aspire à la puissance , c'est-à-dire , au despo- tisme. Partout où les voyageurs ont pénétré , dans les climats les plus éloignés , chez tous les peuples les moins civilisés , comme chez les plus policés, on a trouvé des armes , des instrumens de guerre et de mort. Où rencontrer sur la terre 438 ARC des paisibles mortels , cultivant en paix leurs champs , et n'écoutant jamais que la voix de la justice , de la vérité , de l'humanité? II5 seroient bientôt subjugués, asservis, vendus et détruits par nous-mêmes , nous , Européens, qui van- Ions notre justice en traitant les Nègres comme des ani- maux , parce qu'ils sont moins habiles et moins courageux que nous. Ainsi, le foible a toujours tort dans la nature. L'araignée fait sa proie de la mouche , mais l'hirondelle mange l'araignée , et l'épervier détruit à son tour Thiron- delle , pour devenir lui-même la victime de l'homme. 11 y a guerre continuelle dans toute la nature. Elle a donné la force et les armes à l'aigle , au lion , pour vaincre et pour détruire ; l'habileté à Thomme , pour asservir toutes les créatures ; elle a dit au tigre : dévore et bols le sang ; et à l'innocent agneau : péris sous la dent cruelle du loup. Quoi ! la nature , si douce , si bienfaisante , a-t-elle dé- voué au malheur les êtres sensibles auxquels elle a donné la vie .■* ou plutôt est-ce un aveugle destin qui gouverne le monde ? Gardons-nous de le penser. Cherchons plutôt le but de cette prétendue cruaulé. Qui ne voit pas que les animaux appelés carnivores ne sont pas cruels, à parler exac- tement ? Ils ne cherchent rien autre chose que leur vie. Ne pouvant digérer des végétaux , ne périroient-ils pas de faim , slls ne détruisoient pas les espèces trop nombreuses ou inutiles d'animaux i* Quel mal fait le chat de manger des souris •' Ce n'est pas barbarie , c'est faim , c'est nécessité. Mais pourquoi créer des carnivores, direz-vous ? pour em- pêcher l'excessive propagation i\es animaux qui deviendroient alors à charge à la terre et insupportables à l'homme. Qui ne sait à quel point pulluleroient les souris , les insectes , les serpens , les vers , sans les animaux qui les dévorent ? La terre seroit bientôt trop petite pour eux. V. l'article Armes. L'homme sauvage s'arme aussi de Varc pour vaincre sa proie ; n'ayant ni la vitesse , ni les armes des animaux, ni l'aile de l'oiseau, il y supplée par l'adresse. Une branche d'arbre flexible et très-élastique , courbée par un cordon at- taché aux deux extrémités , est propre , par son ressort , à lancer au loin une flèche acérée qui s'enfonce avec effort au sein de sa proie fugitive. Quelquefois la pointe de cette flèche est trempée dans une liqueur empoisonnée , ou en- duite de quelque suc vénéneux. Les hommes des pays froids sont plus courageux , plus carnivores que ceux des pays chauds ; ils sont aussi toujours armés , toujours à la guerre ou à la chasse. Les nations peu civilisées emploient l'arc et le javelot ou la zagaie ; tels sont la plupart des Africains , des Asiatiques , des Américains el des Insulaires de l'Océan A R C ^3g Indien et Pacifique; on voit souvent ces armes dans les ca- bine'.s des amateurs. Mais , selon nous , c'est une puérile curiosité ; car que m'importe Tarme grossièrement travaillée d'un sauvage ? que m'apprend-elle i' Tétat des arts de cette nation. Mais il est facile de le savoir avec un peu de juge- ment, sans avoir besoin de faire venir à grands frais du bout du monde une misérable armure qui ne feroit pas peur à un enfant. Les Européens ont inventé des armes plus meur- trières, comme si le génie et l'esprit ne leur avoient été ac- cordés de préférence auc autres peuples , qu"afin de savoir mieux s'entre-détruirc. C'est pour cela que Thomme qui a fait périr beaucoup de ses semblables, est plus admiré que riiomme paisible et bienfaisant qui instruit ou qui rend heu- reux SCS compatriotes et le genre humain ; Ton est plus glo- rieux de s'être trempé les mains dans le sang innocent , d'avoir déchiré les entrailles d'un être sensible , de dévaster tout un pays, que d'apprendre à s'aimer, à se soulager, à se rendre mutuellement des services , à devenir bon ami , bon compatriote , à remplir enfin tous les devoirs d'un homme de bien et d'un cœur honnête et vertueux. On vante Alexandre , meurtrier de son ami Clitus , parce qu'il a fait périr plus d'un million d'hommes , renversé des gouverne- niens ; et l'on méprise un bon paysan qui n'a jamais fait que du bien. J'ignore combien de temps peuvent exister des nations entêtées de ce beau préjugé ; mais il nous amionce la destruction prochaine de l'Europe , s'il est encore inspiré a quelque puissant souverain. (viREY.) ARCANETTE. C'est la Sarcelle en Lorraine. (v.> , AHCANSON. C'est la résine retirée par incision du pin maritime , et qu'on a desséchée au feu. Elle est cassante ou friable , semblable à la poix noire, mais plus dure et plus nette. On s'en sert en pharmacie. Lorsqu'on veut l'employer pour les constructions navales , il faut en faire du bi-ai gras , c'est-à-dire , la faire fondre avec du suif, afin de la rendre propre à enduire la carène et les coulures des vaisseaux, (b.) ARCASSE ou ARCASE. Nom du courlis en Italie, (v.) ARG-EN-CIEL. Météore lumineux, d'une forme cir- culaire, qui paroît fréquemment sur les nuées, dans les temps de pluie. 11 ofifte l'aspect d'un et quelquefois de deux arc* concentriques , colorés de toutes les couleurs du prisme. Il ne se produit que lorsqu'il pleut et qu'en même temps le soleil luit ; mais la réunion de ces circonstances ne suffit pas pour le faire paroître. Il exige certaines positions à^ts nuées , de l'observateur et du soleil. Un de ses caractères , c'est que le centre de l'arc, de quelque lieu qu'où l'observe. 44o ARC paroît toujours diamétralement opposé à cet astre. En outre , on ne l'observe jamais lorsque la hauteur du soleil , au-dessus de l'horizon , surpasse 4^ degrés , pour l'arc inté- rieur , et 54. pour l'extérieur; et plus cet astre est bas , plus la portion circulaire de l'arc visible s'agrandit , de sorte que sur les hautes montagnes qui bordent les rives de la mer, on voit quelquefois des arcs- en-ciel qui embrassent beaucoup plus d'un demi-cercle. Ces rapports ont fait de- puis long-temps penser queTarc-en-ciel étoit occasioné par la réfraction des rayons du soleil dans les gouttes de pluie ; et en effet , on le voit aitificiellement se produire dans les jets d'eau et les cascades, lorsqu'on se place entre les gouttes d'eau et le soleil , et qu'un vent léger, en les agitant, les répand de toutes parts dans l'air. TJescartes , en soumettant cette expérience au calcul , a prouvé que l'arc-en-ciel inté- rieur , celui des deux: arcs qui a le plus petit diamètre , étoit produit par des rayons qui subissent une première réfraction dans la goutte d'eau , se réfléchissent à son fond et reviennent ensuite à l'observateur en se réfractant une seconde fois vers lui ; il a prouvé de même que Tarc-en- ciel extérieur est produit par des rayons qui, entrant de môme dans une goutte d'eau, se réfléchissent deux fois intérieure- ment sur sa concavité, et ressortent ensuite' vers l'œil. l)n conçoit qne la marche de ces rayons et leurs déviations peuvent se calculer d'après la connoissance que l'on a du pouvoir réfringent de l'eau ; les petits globules liquides agissant sur la lumière, par leurs surfaces courbes , comme feroient autant de petits prismes qui romproient les rayons à leur entrée et à leur sortie. Descartes avoit ainsi déterminé i amplitude qne rarc-en-ciel devoit embrasser , et son résultat <'st exactement conforme à l'expérience ; il avoit même très- bien vu à quoi tenoit la disposition des couleurs, en rappor- tant les effets des gouttes d'eau à ceux des prismes. Mais, comme il ne connoissoit pas les lois de la décomposition de la lumière et de la réfrangibilité inégale des rayons qui la composent , il n'a pas pu calculer les largeurs particu- lières de chacune des bandes colorées qui composent l'arc ; et c'est ce que Newton a fait depuis dans son optique. D'après ce que nous venons de dire , on conçoit que la lumière de la lune éclairant la nuit des nuages pluvieux , peut et doit y produire les phénomènes analogues. Telle est la cause des arcs-en-ciel lunaires , qui n'ont d'ailleurs rien de particulier, (biot.) ARC-EN-QUEUE, Oriolus annuîatus , Lat. Oiseau d'A- mérique qu'où pourroit ranger dans la section des Trou- ARC 44, PIALES, s'il n'avoil pas le demi-bec supérieur crochu vers sa pointe ; mais, comme il n'est décrit que d'après Seba, on doit l'isoler jusqu'à ce qu'il soit mieux connu. Son nom lui vient d'un arc ou croissant noir qui se dessine très-bien sur le fond jaune de la queue. La môme couleur jaune , nuancée de teintes plus ou moins foncées, règne sur tout le corps, en dessus comme en dessous , et forme un liseré autour des pennes des ailes, lesquelles sont noires aussi bien que les plumes de la tête , de la gorge et du cou. L'oiseau est à peu près de la grosseur d'un pigeon, (s.) AKGESTHIDE , Desv. Sorte de Fruit fort peu diffé- rent du Strobile. Le Genévrier en offre un exemple, (b.) ARCHANGEL. C'est I'Eupatoire odorante, (b.) ARCHANGÉLIQUE. V. les mots Impératoire , An- gélique CULTIVÉE et Lamier blang , ce nom ayant été donné à ces trois plantes, (b.) ARCHE, Arca. Genre de testacés de la classe des Bi- valves , dont le caractère est d'avoir la coquille transversale , inéquilatérale, à crochets écartés ; la charnière en ligne droite , simple aux extrémités , et garnie de dents nom- breuses, sériales, transverses, parallèles, entrantes ; le liga- ment extérieur. Ce genre est dû à Linnaeus ; mais il a été circonscrit dans des bornes plus étpoites par Lamarck. Il ne comprend plus , d'après l'expression caractéristique ci-dessus, que celles des coquilles de Linnseus qui ont la charnière en ligne droite. Les autres forment les genres Pétoncle et Nucule. V. ces mots et celui Cucullée. Les arches dont il est ici question , sont assez générale- ment transverses, c'est-à-dire, que leur largeur est plus con- sidérable que leur hauteur. Elles sont striées ou sillonnées , médiocrement épaisses ; deux ont des valves inégales ; plu- sieurs , des valves baillantes ; d'autres, des valves échancrées en leurs bords; et d'autres entières, etc. Toutes ont deux impressions musculaires, et la plus grande partie sont couvertes d'un épiderme écailleux , plus ou moins velu , pour les défendre de l'attaque des vers marins. Aldrovande étoit le seul qui eût figuré l'animal des arches, et son dessin étoit si incorrect , qu'on n'y pouvoit rien com- prendre ; mais Poli , dans son ouvrage sur les testacés des mers des deux Siciles , l'a fait connoître avec tous les détails auatomiques désirables. Selon lui , les arches de Linnseus renferment des animaux de deux genres différens; l'un, qu'il appelle Daphnès, ap- partient aux véritables arches., et l'autre , qu'il appelle AxiNÉE , est celui des Pétoncles. 44= ARC Les arches s'attachent aux rochers, aux madrépores et aux autres corps solides qui se trouvent dans la mer , parle moyen de leur pied, qui est une masse charnue , recouverte tVune substance cartilagineuse. Elles sont rejefées cepen- dant, par les tempêtes, sur les plages, où on les ramasse pour les manger , soit crues , soit cuites. La saveur de leur chair est peu agréable, et elle devient austère, en été, lorsque l'animal est rempli d'œufs. La plus connue des arches est celle qui est appelée Arche DE NoÉ. Ses caractères sont d'être rhomboïdale et striée , d'avoir les sommets très-écartés et crochus ; les bords simples et bâillans. Elle a la forme d'un bateau de construction an- tique. On la mange sur les bords de la Méditerranée. C'est elle qui sert de type au genre Daphnès de Poli , et dont on voit la figure , ainsi que celle de son animal, avec Aas détails anatomiques très-précieux , pi. 24 de son ouvrage précité. L'Arche barbue est iransvêrse, oblongue, mince, striée; granuleuse et couverte de poils; ses sommets sont serrés, ses bords simples et fermés. Elle se trouve sur les côtes des mers d'Europe , et principalement sur celles de la Médi- terranée. K. pi. A. 6, où elle se trouve figurée avec 1' Arche GLYCiMÉRiDE qui, aujourd'hui, faii partie du genre Pétoncle, dont on peut la regarder comme le type. Lamarck a décrit plusieurs arches fossiles dans les cahiers des Annales du Muséum, (b.) ARCHE TORSE. C'est I'Arche ristournée, (b) ARC H EN AS. C'est le Genévrier, (b.) ARCHER, 7oio/r5. Genre de p()is*)n établi par Cuvier, pour placer le Labre jaculateur , qui se rapproche des Chétodons. Ses caractères sont : corps comprimé à grandes écailles; museau obtus, aplati horizontalement; bouche fendue ; dents en lime ; bord inférieur du préopercule et du sous-orbitaire finement dentelé ; la dorsale courte , et ne commençant que vis-à-vis l'anale. V. à l'article du Labre , les singulières moeurs de ce poisson. (B.) ARCHIBIE, ylirhaias. Genre de coquille y établi par Denys Montfort. 11 olïre pour caractères : coquille libre ; univalve, cloisonnée et cellulée , en disque et aplatie ; spire excentrique , ombiliquée ; dos caréné ; ouverture aplatie , triangulaire , très-allongée , recevant dans son milieu le re- tour de la spire , et recouverte par un diaphragme criblé de pores; cloisons unies et criblées; le dernier tour de spire recouvrant tous les autres. La seule coquille qui entre dans ce genre, se trouve dans le golfe Persique , et atteint à peine à une ligne de diamètre. La position dorsale de sou ouverture la rend principale- A R C 4/^3 ment remarquable. Elle forme , avec les DiscoLiTES , les Clausulies et les Miliolites, le passage entre les coquilles et les Polypiers, (b.) ARCHIPEL. On donne ce nom à un assemblage d'îles, ou plutôt à la mer où elles se trouvent réunies. Ce nom fut spécialeuient donné à la mer de Grèce , à cause du nombre et de l'importance des îles qu'elle renferme. Les autres archipels les plus connus, sont : les Maldives , as- seaïblage d'îles si multipliées , qu'on en porte le nombre à plusieurs milliers. 11 est dans l'Océan Indien , à l'ouest de la côte de Malabar. U Archipel des Moluques , qui en comprend plusieurs autres, tels que l'archipel des Cèlèbes\ X Amboine ^ des Papous ^ etc. Ils sont à peu près sous l'équ'ateur , et sous les mêmes méri- diens que la Chine. Les Archipels ne sont autre chose que des chaînes de mon- tagnes couvertes par la mer , et dont il ne paroit que les som mets. Les Alpes , les Pyrénées , V Oural ^ Wiltdi ^ les Cordillères , ont formé jadis autant d'archipels , lorsque l'Océan , après les avoir totalement couverts , se trouva graduellement abaissé au-dessous de leurs différentes sommités, (pât.) ARCHONTE, Archonta. Genre de Coquilles établi par Denys Moulfort. Sesoaraclèressont:coquillelibre, univalve, droite , en corne d'abondance ; ouverture sinuée, mais entière. La coquille qui sert de type à ce genre, que Cuvier regarde comme très-voisin du Cléodoiie, a été trouvée dans la mer auprès de Dunkerque. Elle est de la grosseur d'un pois. Sa forme singulière la fait remarquer. Soldanl paroît avoir figuré une seconde espèce de ce genre, tom. I , pi. 25, S. (b.) ARCLNELLE. Espèce de Came, (b.) ARCTICK-BIRD. Nom anglois du Labbe a longue QUEUE, (b). ARCTIE , Arctia. Nom donné par Schrank à un genre d'insectes , de l'ordre des Ifp'ïdoplères , section des noc- turnes et famille des bombyeites. 11 diffère de celui desbom- byk , dont il a été séparé , par la présence d'une trompe, et de celui des callimorphes par ses antennes qui sont pecti- nées dans les mâles. La trompe des derniers est d'ailleurs al- longée, et ses deux filets sont réunis. Ils sont courts et ordi- nairement disjoints dans les arcties. M. Germar distingue ce genre sous le nom S'arclornis. Suivant lui , les palpes inférieurs ou les plus apparens ( les labiaux de M. Savigny ) sont relevés , presque cylindriques, hérissés de poils , tandis que ceitx des callimorphes sont avancés , un peu comprimes et presque nus. Dans l'un et ai, A R C l'autre genre , ces palpes sont compose's de trois articles , et les ailes sont en toit. Les chenilles ont seize pattes. ArcTIE CHRYSORRHÉE ^'Bombyx chrysoirhœa, Fab. , Roes. insect. , tom. i , dass. 2 , tab. 22. ; la phalène blanche , à cul- hmn, Engram.,^a/9. d Eur. , pi. i35, n.» 182 : corps très-blanc, long d'environ neuf lignes, et garni d'un duvet cotonneux; fdets latéraux des antennes roussâtres ; extrémité de l'abdomen garnie de poils ferrugineux; ailes sans taches ou n'ayant que deux ou trois petits points noirs; bord antérieur des ailes supérieures brun en-dessous dans le mâle. La femelle a l'ex- trémité postérieure de son abdomen grosse; les poils nom- breux qui forment cette grosseur se détachent au moment de sa ponte et recouvrent ses œufs. Ils éclosent vers la fin d'août. La chenille se réunit en société sous une toile filée en commun , y passe l'hiver et y demeure jusqu'à sa der- nière mue. Chacune vit alors séparément. On l'a désignée sous le nom de commune, parce qu'en effet on la trouve très-abondamment , tant dans les bois que dans nos jardins, où elle mange indistinctement les feuilles de nos arbres , et qu'elle en dépouille souvent et entièrement dès le prin- temps. Elle est velue, noirâtre, avec deux lignes rouges in- terrompues le long du milieu du dos, et deux autres , qui sont blanches et pareillement entrecoupées, une de chaque côté Elle se file, vers le commencement de juillet, entre les feuilles, une coque mince, et l'insecte parfait sort de sa chrysalide au bout de dix-huit à vingt jours. Arctie cul-doré , Bombyx awifliia , Fab. ; Roes. insect. , tom. I , class. 2 , tab. 21 ; la phalène blanche à cul /'aune, En- gram. , pap. d'Eur.^ pi. i36, n." i83. Elle ressemble beau- coup à la précédente , dont elle ne diffère que par la cou- leur d'un jaune fauve de l'extrémité postérieure de sgn ab- domen ; de plus, les ailes supérieures, ou du moins celles du mâle , ont le dessous de leur bord supérieur d'un brun plus foncé que celui de l'espèce précédente. La chenille vit sur beaucoti^ d'arbres fruitiers et sur l'au:^ bépine. Elle ressemble aussi beaucoup h celle de l'y/, chiyr sorrhce , mais elle a deux lignes rouges de plus , et qui sont situées sous les stigmates ; elle sort de l'œuf en automne , se cache pour passer l'hiver , et s'enveloppe d'un lissu de soie ; elle sort de sa retraite au printemps , ronge les bou- tons des arbres et se métamorphose au mois de juin, dans la coque qu'elle s'est filée entre des feuilles. Arctie du saule. Bombyx salicis., Fab. ; Roes. , insect. , tom. I , class. 2, tab. 9; V apparent y Engram., pap. d'Europ. , pi. i35, n.° 181. Son corps et ses ailes sont blancs , avec les filets latéraux des antennes roussâtres , et des anneaux noirs ARC ^5 aux pattes. Les ailes sont sans taches et d'un blanc'JuIsant. La femelle pond ses œufs sur les feuilles de saule et de tremble, et les recouvre dune matière blanchâtre , écumeuse et qui devient friable en se séchant. Ils éclosent en juillet ou vers le commencement d'août. Les chenilles se nourrissent des feuilles de ces arbres. Elles sont noirâtres, un peu velues , avec une rangée de taches blanches sur le dos. , et quatre petites taches rouges sur chaque anneau. Elles passent l'hiver enveloppées d'une petite toile et sous quelque abri ; elles re- paroissent au printemps, dévorent les jeunes pousses, et les feuilles de ces végétaux, et se filent, vers le commencementdo: juin, entre les feuilles ou dans les gerçures de Técorce , une coque mince , pour y subir leur dernière métamorphose. Arctie CAJA, Bombyx caja , Fab. ; Roes. , iiisect. lom. i, class. 1 , tab. i ; Y écaille martre , Engram. , pap. d'Europ , pL iSg — 14.2, n.o 187. Elle est longue d'environ un pouce. Sou corselet est brun avec un collier rouge en devant. Les ailes supérieures sont brunes, avec des bandes sinuées, blanches, qui y forment comme des ruisseaux; les ailes inférieures sont rouges, avec des taches d'un noir bleuâtre. Le dessus de l'ab- domen est rouge , avec une suite de taches noires. La che- nille est noirâtre , très-velue , avec quelques tubercules éle- vés et bleuâtres. Les poils sont fauves , fort longs , ce qui l'a fait appeler la maiire ou Vhérissonne. D'autres l'ont aussi dé- signée sous le roxn. de lièvre^ à raison de la vitesse de sa mar- che. On la trouve sur l'ortie , la laitue , l'orme , etc. Ella sort de l'œuf vers la fin de juillet, se cache aux approches de l'hiver , et acquiert toute sa croissance au commencement de l'été suivant. Elle se file une coque assez lâche. Arctie hébé , Bombyx hebe^ Fab. ; Roes. , insect.^ tom. 4- , tab. l'j ^ fig. I — 2; Kléem. , insect. , tom. i, tab. \^ ^ fig. X — 4-» Y écaille rose, Engram., pap. d'Europ., pi. i4.3,n.° 189; un peu pluspetite que la précédente. Son corps est noir, avec les côtés de l'abdomen rouges ; les ailes supérieures sont blanches, avec des bandes très-noires, bordées de jaune-au- rore , transverses , et dont quelques - unes interrompues. Les ailes inférieures sont rouges , avec le bord postérieur et quelques taches noires. Sa chenille est noirâtre , velue , avec un peu de brun sur les trois premiers anneaux. Elle vit sur la millefeuille, l'armoise , le thymale , etc., elle éclôt vers la fin de l'été, et s'enferme au printemps de l'année suivante dans une coque assez solide , où elle termine sa métamorphose. Je rapporte encore à ce genre les bombyx , mono, lepo- rina , hicolor , V. nigrum , menihastii , mendica , lubricipcda , luctifera ^ russula f matromda, uulica^ plantaginis^ etc., de Fa- bricius. (l.) /46 A R G ARCTIONE, Arctlum. Plante des Alpes, que ViUars a décrite et figurée sous le nom de Bérarde. (b.) ARCTIQUE. Saumon qu'on pèche dans les rivières du nord de l'Europe, (b.) ARCTOMYS. Nom latin de la Marmotte d'EuROPE. ARCTRIZITE, V. ^VER^ERIT£. ARCTOPITHÈOUE. Mot grec qui signifie ours-singe. Ce nom a été rapporté mal à propos par Gessner au Bradype aï. M. Geoffroy l'applique à la troisième division qu'il établit parmi les singes d'Amérique , ou platynhinins, laquelle com- prend les hapales d'Illig(*r, ou les ouistitis et les tamarins, (desm.) ARCTOTHEQUE, Arctothera. Genre de plantes établi par Wendland pour placerl'yVRCTOTiDE rampante, qui a un calice Imbrique ; un réceptacle alvéolé , garni d'écaillés , et des aigrettes nulles, (is.) ARCTOTIDE , Arctotis. Genre de plantes de la syn- génésie polygamie nécessaire, et de la famille des corymbi- féres, dontïe caractère est d'avoir une (leur radiée, composée de fleurons hermaphrodites, tubulés , quinquéfidcs, placés dans le disque, et de demi-fleurons femelles formant la couronne. Le calice est hémisphérique, imbriqué d'écaillés inégales et scarieuses au sonjmet. Le réceptacle est alvéolé. Les semences sont velues et couronnées d'une aigrette simple à quatre ou huit divisions. Ainsice genre ne comprend pas , ici, toutes les plantes que Linnspus avoit réunies sous ce nom. Lamarck, Jussieu et Ventenat en ont séparé la moitié, pour en former le genre Ursime, dont le principal caractère distinctif est d'avoir les semences glabres, surmontées d'une aigrette composée, et qui comprend les espèces de la seconde division du natu- raliste suédois. On a encore fait à leurs dépens les genres Arctotheque et Sphenogyne. Ainsi réduites, les arciotides se divisent encore en arcto- lides dont les demi-fleurons de la couronne sont stériles, et en arctotides dont les demi-fleurons de la couronne sont fertiles ; c'est-à-dire que dans les unes les graines sont pro- duites par les fleurons du disque , les demi-fleurons de la circonférence étant stériles: et dans les autres, elles pro- viennent des demi- fleurons de la couronne, les fleurons avortant, quoique hermaphrodites. Ces plantes viennent d'Afrique. Leurs feuilles sont simples et leurs fleurs terminales. Elles fleurissent pendant presque toutel'année. La plupart ont les tiges couchées et rampantes, et approchent beaucoup des soucis par leur aspect. On en compte une quarantaine d'espèces, (e.) A R C ^^, ARCIjATO. Le Courlis dans le pays de Venise, (v.) AllGULAIRE. CoqullledugcnreCASQUEdeLamarck.(B.) ARCYFilE, Arryria. Genre de plantes de la famille des Champignons , qui offre pour caractères : une substance fda- menteusc, dont la partie supérieure de l'épidenne, en se déchirant, laisse à découvert le réceptacle des graines, et paroît comme réticulée. Ce genre prend ses espèces parmi les Claïhres de Linnœus, elles Trichies de JBuUiard. Il a été réuni aux Stémonites. (b.) ARDA, ARDILLA. Noms espagnols de TÉcuREriL. (desm.) ARDA. Quadrupède du Brésil, insuffisamment décrit par Ray pour que Ton puisse le rapporter à un genre plutôt qu'à un autre. Tout ce qu'on peut reconnoître, c'est que c'est un rongeur de la taille du chat, et dont le pelage est laineux. (desm.) ARDABAR. C'est un Gouet. (b.) ARDASSINE. F. Ablaque. (s.) ARDENE. On donne ce nom à la Mélampyre. Te.) ARDENET et ARDERET. Noms vulgaires du Pinson des Ardenî\"es. (s.) ARDEOLA. Le Crabier chaliei, dans Marcerave. (y.) ARDERELLE , ARDEROLLE et ARDÈZELLE. Noms vulgaires de la Charbon>ière ou Grosse mésange, en Pologne. La mésange bleue porte , dans le même pays , celui de petite arderelle ou arderoUe bleue, (s.) ARDERET. V. Ardenet. (s ) ARDEROLLE. V. Arderelle. (s.) ARDEZELLE. V. Arderelle. (s.) ARDISL\CÉES. Famille de plantes qui ne diffère pas des Ophiospermes de Ventenat et des BIyrsinées de R. Brown. Elle a pour type le genre Ardisie. (b.) ARDISIE, ^/r/ma. Genre de plantes établi par Swartz, dans la pentandriemonogynie, et dans la famille des ophios- permes. 11 a pour caractère un calice de cinq folioles; une corolle monopétale hypocratériforme, dont le lymbe est re- courbé ; cinq étaraines ; un ovaire supérieur à stigmate simple ; une drupe monosperme. Ce genre, appelé Tinnelier par quelques auteurs, ren- ferme neuf espèces presque toutes frutescentes, dont cinq appartiennent aux Antilles ou à Cayenne, trois aux Indes orientales, et une à Madère. Cette dernière forme le genre Anguillaire de Gaertner; et une de celles de Cayenne, Ij genre Icacore d'Aublet. Il y en a aussi une de la Nov?.velle-Hollande, qui fait ncluellement partie du genre Styphelie. i;48 A R D Les genres Athruphylle , ■Wallenie,Rapane,Bladhie, Wedele , Manglille ou Caballaire, Heberdenie et B ADULE, ne diffèrent pas de celui-ci, au dire de quelques botanistes, et R. Brown venant après eux, soutient que tous doivent être réunis aux Myrsines. (b.) ARDOISE ( Schiste tégulaire^ Haiiy. ). La variété de schiste argileux^ que l'on désigne communément sous ce nom, est une roche feuilletée , d'apparence homogène , d'un gris- bleuâtre tirant sur le noir, peu dure et d'un aspect luisant, non susceptible de se déliter par l'eau , et ne faisant pas d'effervescence avec les acides. Elle est particulièrement connue par l'usage qu'on en fait à Paris et dans différentes parties de la France , pour la couverture des édifices. On a réuni pendant long-temps , sous le nom commun ^ ardoises j des roches qui ont en effet beaucoup de ressem- blance entre elles, soit par leur composition, et leurs carac- tères généraux, soit par les usages auxquels on les emploie , mais qui sont très-différentes aux yeux du géologue, relati- vement à l'époque de leur formation. Les ardoises primitives appartiennent au schiste argileux pri- mitif ou ancien ( Ur Thonschiefer^ Wern. ), et les ardoises secondaires ou proprement dites , au schiste argileux de transition ( Ubergangs Thonschiefer^ Wern. ). Les premières ne con- tiennent point de débris de corps organisés; les secondes, au contraire, présentent assez fréquemment des empreintes Je crustacés et de poissons. On a nommé aussi ardoises bitu- mineuses ou charbonneuses^ certaines roches feuilletées qui accompagnent les couches de houille, et qui sont des variétés d'argile schisteuse ( Schieferton , Wern. ). Elles renferment , en abondance , des empreintes de végétaux, V, Roches et Schiste argileux. Le reste de cet article appartient en entier à M. Palrin. Il renferme des détails intéressans sur les ardoisières exploi- tées en France, et nous les avons. conservés ; nous en avons cependant fait disparoître ce qui regarde l'origine des ardoises secondaires ^ qu'il attribue à des éruptions volcaniques, «ous-marines. Voyez sa Minéralogie, (luc.) Uardoise primitive est un schiste à base argileuse , ordinai- rement d'une couleur noirâtre , qui se trouve parfois inter- posée entre des couches de schistes micacés , quarzeux ou calcaires , qui sont tous primitifs. Ses couches sont parallèles à ces schistes, presque toujours dans une situation très-relevée , et presque verticale. Elles sont rarement d'une épaisseur considérable; elle varie de quelques pouces à quelques pieds. Le banc d'ardoisç primitive qui forme la canière de Char- A R D 44g /mV/e, a soixante pieds d'e'paisseur; mais c'est un phénomène peut-être unique : d'ailleurs , dans le nombre de ses cou- ches , il y en a qui sont d'une qualité plus ou moins différente des autres. Les feuillets de l'ardoise primitive sont toujours parallèles au plan général du banc dont ils font partie : c'est le contraire dans les ardoises secondaires ^ dont les feuillets sont toujours situés très-obliquement à la grande couche où ils se trouvent. Les Alpes présentent fréquemment des ardoises primitives, mais en bancs trop peu importans pour être exploités. Saus- sure en a décrit un assez grand nombre. ( Une partie de ces schistes est de transition, d'après les belles observations dé M. Brochant sur les terrains de la Tarentaise. /^. J. des Min. t. 23. ) Palassau en a vu dans les Pyrénées , qu'on exploite pour l'usage ordinaire, dans les dix ou douze principales vallées de cette chaîne de montagnes. Elles ne sont pas toutes de la même nature ni de la même couleui-. Plusieurs sont mêlées d'une grande quanliié de ma- tière calcaire; d'autres sont quarzeuses, et toutes plus ou moins micacées. Il y en a de diverses teintes de gris et de bleu ; on en trouve même d'une couleur verte , dans les vallées d'Aran et de Louron. Nous avons en France quelques autres carrières ^'ardoise primitive^ notamment près de Cherbourg et de Saint-Lô, en Normandie ; mais les plus importantes sont celles de Char- leville sur la Meiise. , Suivant M. Brongniart, les schistes de Cherbourg appar- tiennent aux terrains de transition. Voyez son Mémoire sur ia Minéralogie du Cotentin, J. des M., t. 35. Il en est peut- être de même pour ceux de Charleville. (luc.) Elles rie sont point exploitées à ciel ouvert^ comme les ar- iXo'islèi'es secondaires , mais par galeries souterraines, attendu que ce sont des bancs de schistes quarzeux épais et très- durs qui forment le toit du banc d'ardoise, qui d'ailleurs plonge très-rapidement dans la profondeur. La principale ardoisière de ce canton est celle de Rimogne, à quatre lieues à l'ouest de Charleville. Elle est dans une colline dont le noyau est primitif, mais dont les dehors £ont en partie recouverts de couches coquillières. L'ouverture de l'ardoisière est sur la hauteur; le banc qu'on exploite est incliné à l'horizon de ^o degrés : de sorte que pour avancer de quatre pieds , on s'enfonce d'environ trois pieds perpendiculaires. Les ouvriers appellent ce banc la Planche, a cause de sa forme , qui est plane et mince relativement à son étendue ; Ji. 2e es[ d'isiposée par bancs, communément assez minces, dont la situation est fort redressée, et dont les feuillets sont toujours parallèles à la surface du banc général. lu'arduise secondaire forme, au contraire, de puissantes couches à peu près horizontales , comme les autres dépôts formés dans la mer. Mais les feuillets de ces couches , bien loin de leur être parallèles , sont placés de champ , et dans une situation presque verticale. Si Ton remonte à l'origine de ces couches d'ardoises, on voit que ce sont des dépots argileux, qui soBt^us à des éma- nations volcaniques sous-marines, etc. JJardoise secondaire se rencontre bien moins fréquemment que Vardoise primitive; mais l'étendue et l'épaisseur de ces couches compensent leur rareté. La France possède plusieurs de ces grandes couches d'ar- doise , notamment près de la Ferrière en Nornjandie, et dans les environs d'Angers. Cette dernière est très-impor- tante; elle fournit une ardoise de la plus parfaite qualité; et son étendue,, ainsi que son épaisseur énorme, la font regarder comme inépuisable. Cette couche se prolonge l'espace de deux lieues , depuis Avrillé jusqu'à Télazé , en passant sous Angers , où la Mayenne , qui vient du Nord, la coupe à angle droit. La ville d'Angers est non-seulement couverte , mais cons- truite d'ardoises ; on emploie dans la maçonnerie les blocs qui sont le moins disposés à se diviser en feuillets. Les huit carrières actuellement en exploitation, sont sur la même ligne , de l'ouest à l'est; c'est dans cette direction que, parla disposition extérieure du soi, le banc d'ardoise se trouve le plus près de la superficie. Immédiatement au-dessous de la terre végétale , on trouve la cosse; c'est une ardoise qui, jusqu'à quatre à cinq pieds de profondeur, n'est qu'un feuîllelis qui se délite en petits fragmens de fonne rhomboïdale. Un peu plus bas, on rencontre ce qu'on appelle la pierre à bâtir; c'est une ardoise solide, mais qui se débite difficile- ment en feuillets. On l'emploie dans la maçonnerie quand elle a pris une dureté suffisante par la dessiccation au grand air. A quatorze ou quinze pieds de la superficie , on trouve le franc.-ifuartier y ou la bonne ardoise, qu'on exploite jusqu'à 4S. A R D ia profondeur perpendiculaire d'environ trois cents pieds ' on ignore l'épaisseur de ce qui reste encore plus bas. Cette exploitation se fait à ciel ouvert, par tranche'es ou foncées de neuf pieds de profondeur chacune , qui vont tou- jours en se rétrécissant, à mesure qu'on s'enfonce, afin de conserver un talus suffisant pour prévenir les éboulemens; de sorte qu'une tranchée à laquelle on donne ordinairement quatre cents pieds de large sur une longueur indéterminée , se trouve réduite à rien à la trentième /onc^'e, qui est à deux cent soixante-dix pieds de profondeur. Comme l'ardoise devient d'autant meilleure qu'elle est plus profonde, ce mode d'exploitation a un inconvénient très-grave ; c'est de laisser enfouie la partie la plus excel- lente de la carrière : il y a lieu de croire qu'on adoptera l'exploitation pa^ galeries, comme elle se pratique pour le charbon de terre. Quant à la structure intérieure de cette grande masse d'ar- doise, elle est divisée par de grandes veines ou délits de spath calcaire et de quarz, qui ont jusqu'à deux pieds d'épaisseur sur quinze à vingt pieds de hauteur. Ces espèces de cloisons sont parallèles entre elles, et se prolongent régulièrement de l'est à l'ouest, en faisant, du côté du sud, un angle de 70° avec l'horizon. Ces déli/s sont rencontrés, d'espace en espace, par d'au- tres cloisons semblables , et qui sont de même dirigées de l'est à l'ouest, mais inclinées dans un sens contraire, en faisant du côté du nord un angle de 70 degrés avec l'hori- zon, comme les premiers le font du côté du sud; de manière que , par leur rencontre , ils forment un demi-rhombe que Guettard compare à des Y, dont les uns sont droits et les autres renversés ; et il arrive assez fréquemment que ces demi-rhombes se trouvent opposés base à base , ce qui donne des rhombes complets. ( Ce n'est pas le seul lieu de la terre où la nature présente ces immenses rhomboïdes. Jars a observé que les filons de la mine de cuivre de Nyakoperberg ^ en Suède, formoient de même d'énormes prismes quadrangulaires. Le vaste filon du Rammelsberg, au Hartz, a pareillement une forme pris- matique rhomboïdale , etc. ) Tous les feuillets de l'ardoisière d'Angers sont disposés parallèlement aux premiers délits, c'est-à-dire, qu'ils se relè- vent de 70° en regardant le sud, et en plongeant au nord : quoique coupés par des délits dont l'inclinaison est contraire, la leur ne change point. On voit par-là que toute cette masse d'ardoise est divisée en rhomboïdes , qui sont composés de lames parallèles entre A R D 453 elles, et à deux faces opposées des délits qui les enveloppent. L'ardoise d'Angers s'extrait par blocs , dont les propor- tions sont déterminées ; el ils sont débités en feuillets de la pleine manière qu'à Charlevllle. C'est entre ces feuillets qu'on rencontre fréquemment des vestiges d'animaux marins , sous forme d'empreintes pyri' teuses (i). Mais ce qu'il y a de surprenant dans ces empreintes , surtout à l'égard des plus grandes, c'est que leur corps, qui ne paroît nullement avoir été écrasé , n'a presque aucune épaisseur : on diroit que ce sont plutôt de simples gravures, que des corps en relief La saillie que font ces grandes em- preintes sur un mince feuillet d'ardoise, est à peine d'un quart, ou même d'un dixième de ligne ; ou plutôt ce n'est que l'épaisseur de la poussière pyriteuse qui en dessine les formes ; et on ne s'aperçoit en aucune manière que le corps de l'animal pénètre dans l'épaisseur du feuillet : ce n'est que sa représentation. Et ce qui ajoute encore à cette espèce de merveilleux, c'est la situation presque verticale où ces empreintes se trouvent dans la carrière. On pourroit comparer une série de ces feuillets d'ardoise à une rangée de livres placés sur des tablettes, et les empreintes d'animaux, à des estampes contenues dans les volumes. Elles offrent encore fort souvent de belles dendrites pyri- teuses de plus d'un pied d'étendue , que Guettard regardoit comme des empreintes de trémelles ; mais il n'y a pas de irémelles au fond de la mer où il est incontestable que cette couche d'ardoise a été formée. Quand les blocs d'ardoise ont été tirés de la carrière, si on les laissoit exposés pendant quelques jours au grand air, ils perdroient ce qu'on appelle leur eau de carrière , et il ne seroit plus possible de les diviser en feuillets ; ce ne seroit plus que de la pierre à bâtir. La gelée produit sur ces blocs un effet remarquable : on les divise alors avec plus de facilité qu'auparavant ; mais, s'ils dégèlent un peu brusquement, ils deviennent intraitables. On peut de nouveau les rendre fissiles, en les faisant geler une seconde fois; mais, si cette alternative étoit trop répétée, il n'y auroit plus moyen de les réduire en feuillets. Dans les autres contrées, les ardoises secondaires sont, pour le moins, aussi rares qu'en France. (1) Ces vestiges, examinés avec soin par M. Brongniart, lui ont paru appartenir à uh crustacé ^//w«o^/-<7nf^/?, dont le genre n'exisîv; pas vivant, et qu'il a nommé ogyginc. (desw.) I,H ARE Yi' Angleterre n'a qu'une ou deux bonnes ardoisières dans le comté de Carnaroari. On trouve dans le Derbyshlre et dans d'autres provinces d'Angleterre, des couches d'ardoise, qui ont depuis trois cents jusqu'à quatre cent cinquante pieds d'épaisseur., mais qui, par leur mauvaise qualité , ne sont d'aucun usage. La Suisse n'en a que dans la vallée de Fernfl^ canton de Glaris. h' Italie ne possède qu'une seule bonne ardoisière, à La- vagna^ sur la côte de Gênes. L'ardoise y est d'une excellente qualité, et tellement impénétrable, qu'on l'emploie à revêtir l'intérieur des citernes où l'on conserve, à Gênes, les huiles d'olive: \j^ Allemagne a plusieurs espèces d'ardoises ou de schistes secondaires, dont la plupart sont marneux ou calcareo-argi- leux ; ils contiennent des empreintes de reptiles, de poissons et d'autres animaux : ces empreintes ont un relief assez sen- sible , et tout prouve que l'animal y a réellement existé. Les plus connues de ces ardoises sont celles à^Eisleben en Saxe, (Vllmenau, de Mansfeld en Thuringe, de Pappenheim en Franconie , etc. ( Voyez Animaux fossiles. ) Les vastes contrées de l'Asie boréale que j'ai visitées jus- qu'au fleuve Amour, possèdent, comme je l'ai dit, des couches A' ardoise primitioe; mais je n'ai vu ni ouï dire, pendant huit années que j'y ai passées , qu'il y eût la moindre couche ^''ardoise secondaire. Boivles , dans son Histoire naturelle d'Espagne, n'en a pas observé non plus dans tout ce myaume. (pat.) ARDOURANGA. On croit que c'est une espèce d'ÏN- DIGO. (B.) ARDSAN. Nom du Loriot dans l'Ostcsane. (v.) ARDUINE, Arduina. Genre de plantes établi par Lin- n^eus ; il est le même que celui des Calacs. (b.) AREC , Arera. Genre de plantes de la famille des Pal- miers , dont le caractère est fî'avoir les fleurs monoïques , disposées en panicules , et renfermées dans une spathe mono- phylle. Chacune de ses fleurs consiste en un calice à trois divisions pointues et coriaces ; en une corolle de trois pé- tales , parfaitement semblables au calice , et qui persistent ainsi que lui ; les mâles en six ou neuf étamines non saillantes , et les femelles en un ovaire supérieur, chargé de trois styles. Le fruit est une espèce de noix ovoïde , un peu pointue à son sommet , et accompagnée à sa base par le calice et la corolle , qui y forment une étoile ou une rosette très-adhé- rente. Il est composé d'un brou épais , fibreux , qui renferme un noyau dont la substance paroit cornée. Les Heurs mâles ARE 455 sont ordinairement placées dans la partie supérieure du panîcule , et les femelles à sa base. Ce genre comprend dix à douze espèces , dont deux sont très-célèbres, à raison du grand emploi que l'on en fait dans les pays où elles croissent. La première est I'Arec de l'Inde , appelé areca cathecu par Linnseus , parce qu'il croyoit qu'il fournissoit le Cachou. C'est un arbre de moyenne grandeur, dont la cime est couronnée par six ou huit feuilles , longues d'environ dix pieds et deux fols moins larges , compo- sées de deux rangs de folioles étroites, lancéolées, oppo- sées et plissées dans leur longueur. La côte ou le pétiole commun est anguleux , et embrasse le tronc à sa base par une gaine coriace. Au centre des feuilles est une espèce de bour- geon conique qu'on appelle le chou , mais que l'on ne mange pas dans celte espèce comme dans l'autre , parce qu'il a un goût trop acerbe. Les fruits sont de la grosseur d'un œuf de poule ; leur écorce recouvre une chair succulente et fibreuse , que les Indiens nomment pinangue , et qu'ils mêlent avec le bétel ( V. au mot Poivre ) , lorsqu'elle est fraîche ; mais c'est principalement l'amande qui est sous cette chair , dont ils font un grand usage , sous le nom propre à'arec. iJarec seul seroit peu agréable au goût , à raison de son austérité , à peu près semblable à celle du gland ; mais le bétel qu'on y ajoute fait disparoître cette austérité par son piquant , qui est tempéré par la chaux. Lamanièrcdeservirl'arecestdelecouperpartranches, qu'on saupoudre de chaux et qu'on enveloppe de feuilles de bétel. Dès qu'on a mâché l'arec , ainsi assaisonné , la salive se teint en un beau rouge purpurin. On crache cette première salive , qui conlienl la plus grande partie de la chaux ; puis on mâche et remâche le reste jusqu'à ce qu'il ne reste plus qu'un marc Insipide qu'on rejette. Cette mastication de l'arec est d'un usage général dans l'Inde ; on s'en occupe du matin au soir ; on en porte dans les visites ; on en offre à ceux qu'on rencontre ; enfin , on en tire parti pour chasser l'ennui , suite du désœuvrement , comme en Europe du tabac ; et on prétend que cet usage a de grands avantages diététiques, qu'il fortifie l'estomac, etc. Les habltans de la côte de Coromandel ont une autre ma- nière de préparer l'amande à' arec : c'est de la mettre , coupée en petits morceaux, dans de l'eau rose avec du cachou. En général , la mode fait varier les objets que l'on mâche avec l'arec ; on y mêle souvent des cardamomes et autres drogues aromatiques. Le grand usage qu'en font les Indiens leur carie les dents de bonne heure ; souvent ils n'en ont plus à vingt- 45§ ARE cinq ans. Il est pernicieux à certaines personnes , surtouif aux asthmatiques et aux phthisiques. La seconde espèce d'arec est I'Arec d'Amérique, Arecq oleracea , Linn. , dont la tige est très-haute , et se termine , comme dans la précédente , par un faisceau de feuilles ailées , longues de six à huit pieds , au milieu duquel s'élève le chou. Plus bas sortent quelques spathes , longues de deux à trois pieds , renflées comme un fuseau , qui , en s'ouvrant , don- nent naissance à des panicules de fleurs blanches qui se changent en baies oblongues , bleues et de la grosseur d'une olive , renfermant une seule amande. {Voy. pi. A. i5 , où il est figuré. ) Ce palmier , connu principalement sous le nom de palmiste ou chou palmiste , croît naturellement aux Antilles ; son bois est brun et compacte , plus dur que l'ébène ; mais il n'a qu'un à deux pouces d'épaisseur , le centre de l'arbre étant spongieux et mollasse. Les Américains sont dans l'usage de couper et de manger le bourgeon terminal ou le chou , qui est composé de jeunes feuilles non développées et très-len- dres. Il a un goût délicat qui approche de celui de l'artichaut. On le sert cru à la poivrade , ou cuit à la sauce blanche ; il est surtout excellent frit. Le tronc du palmiste est précieux pour faire des tuyaux et des gouttières, attendu qu'il ne s'agit, pour le rendre propre à celte destination , que de le fendre et d'ôter la partie fibreuse intérieure. Il est, pour ainsi dire, incorruptible : on l'emploie aussi , après l'avoir fendu et aplati en forme de planche , pour clore les habitations des nègres , les jardins , etc. C'est un arbre extrêmement utile à Saint-Domingue et partout où il croît ; mais comme il ne repousse pas de sa racine , et qu'on en fait une grande consommation , il devient de jour en jour plus rare , et finira peut-être par disparoîtrc un jour. On tire de ses amandes une huile très-bonne à brûler, et dont on fait une très-grande consommation. En pilant ces amandes et en les lavant dans l'eau , on en tire une espèce de fécule gommo-résineuse , qu'on a prise long-temps pour le cachou, et qui jouit, en effet , d'une partie des propriétés de cette substance. V. aux mots AcACiE et Cachou. Bory Saint- Vincent a décrit, dans son important voyage aux îles de l'Afrique , trois espèces nouvelles d'arec , qui croissent dans celle de la Réunion, le blanc , le rouge ^i\Q poiie-hourre. On mange le chou de toutes , et on se sert indif- féremment de leurs Empondres. V. ce mot. (b.) ARECA GOLl. C'est le Figuier benjamin, (b.) AREDULA. Nom latin de l'hirondelle de cheminée, (s.) A B E 457 AREGAZZA. Nom de la Pie en italien, (s.) AREKEPA. Le Cotule spilant porte ce nom. (b.) ARENARIA. C'est le Tournepierre dans rorniihologie de Brisson. Willugliby AnomméleSkT^BERLlTHG^ Arenanasandeiling. (s.) ARENDALTÏE. On a décrit sous ce nom et sous celui ài'akanticonc ( V. ce mot) , des cristaux à'épidote , d'une forme ordinairement très-nette et d'un beau volume , qui se trou- vent à Arendal en INorvvége. Quelques-uns ont plus d'un décimèlre (4 pouces) do longueur, sur une épaisseur propor- tionnée. M. de d'Andrada en cite qui pesoient jusqu'à cinq livres. V. Épidote. (i.uc.) ARENG, Arenga. Genre établi par Labillardière (Voyage à la recherche de Lapcyrouse), sur un palmier des Molu- ques, qui a été figuré par Rumphius , vol. i, pi. i3, sous le nom de Gornu/i ; mais dont les caractères n'étolent pas encore connus des botanistes. Cet arbre est monoïque, et s'élève à cinquante pieds; ses feuilles sont ailées et ont quinze à dix-huit pieds de longueur ; leurs folioles sont dentelées à leur extrémité , et ont deux appendices à leur base ; sa spathe est d'une seule pièce ; son spadix très-rameux ; ses fleurs mâles ont un calice de trois folioles , une corolle de trois pétales plus courts , et cin- quante à soixante étamines : ses fleurs femelles ont de même un calice de trois folioles, et une corolle de trois pétales, qui renferme un ovaire terminé par trois styles aigus. Le fruit est une drupe , presque spbérique, bacciforme, à trois loges , à trois semences , surmontée de trois protubé- rances. Les semences convexes en dehors , déprimées du côté interne, ont l'embryon latéral , et situé dans une cavité particulière. On ne connoît qu'une seule espèce dans ce genre , qui est fort voisin des Ro^DlERS, avec lesquels Loureii o l'a confondu : c'est I'Areng saccharifère, très-utile aux habitans des Mo- luques. On obtient du régime de ce palmier , pendant la moitié de l'année , en y faisant des incisions , une liqueur qui , au moyen d'une simple évaporation, produit un sucre de la cou- leur et de la consistance du chocolat nouvellement fabriqué, sucre qu'il est très-probable qu'on paryiendroit facilement à purifier. On fait de bonnes confitures avec les amandes de ses jeunes fruits, et on retire de son tronc un excellent sa- gou ; mais son brou est vénéneux ; du moins ceux qui en mangent éprouvent un prurit continuel , accompagné de vio- lentes douleurs que la nuit n'interrompt pas , et auxquelles il est difficile de porter remède. Les habitans d'une de ces i58 ARE îles, se défendirent victorieusement, au rapport de Rumphius» en jetant sur leurs ennemis une décoction de ce brou , qui causa à ces derniers des démangeaisons si atroces qu'ils de- vinrent furieux. Les filamens qui accompagnent la base des pétioles des feuilles , servent à faire des cordes très-durables, les pétioles à la construction des maisons, les folioles à les couvrir. Labillardière pense qu'il seroit possible de naturaliser cet arbre dans les colonies françaises , dont la température approche de celle des Moluques. (b.) ARÉNICOLE , ylrenkola. Genre de vers marins, dont le caractère consiste à avoir le corps cylindrique , annelé, garni extérieurement, dans une partie de sa longueur , de pinnules éparses et distantes , et de branchies membraneuses et péni- cellées, sans aucun filet tentaculaire près de la bouche. Ce genre a été établi par Lamarck , et ne renferme qu'une seule espèce, qui avoit été décrite par Linnœus sous le nom de lomhriciis marînus. C'est un ver de trois à quatre pouces de long , qui se rapproche davantage des Néréides par son organisation intérieure , que des Lombrics. Il creuse , dans les sables de la mer qui sont susceptibles d'être couverts et découverts alternativement par la marée, des trous assez profonds , où il se retire pour échapper à la poursuite de ses ennemis. Il sert , pendant l'été , d'appât pour prendre à la ligne les poissons de mer. Afin de s'en procurer, les i\"mmes et les enfans des pêcheurs vont, aux basses marées, munis d'un instrument de fer, fouiller le sable où il s'est ca- ché , mais où il se trahit par un petit trou réservé pour l'in- troduction de l'eau. Il paroit que ce ver, ou un autre fort peu différent, sert liabituellcment à la nourriture de l'homme, dans l'Inde et dans les îles qui en dépendent. Cuvicr a f;iit , sur cet animal, un très-important travail anatomlque, duquel il résulte, entre autres conséquences, que la division des animaux , par la couleur du sang , est fautive. Celui-ci a le sang rouge. Voyez Bullelin des Sciences , par la Société Phllomatique, ii." 64- L'<7rfmWg est figuré pi. A. 4. de ce Dictionnaire, (b.) ARENNA. Nom de la draine dans le Piémont, (v.) ARÉOLE. Espèce de Tortue, (b.) AREQUE. V. Arec, (s.) ARESON. Il est à croire que c'est I'A^ïdarèse. (b.) ARÊTE. On appelle ainsi les espèces d'épines qui servent d'os aux poissons. V. au mot Poisson, (b.) APiÉTE. Partie qui accompagne souvent les fleurs des Craminées. ARE ^59 Voici comment la iléflnit Palisot Beauvois, dans son im- portant ouvrage intitulé -.Essai d'une uomelle agmstograpfiie : « Substance dure , coriace , insérée subitement et le plus sou- vent sans une origine apparente , sur la balle ou sur la stra- GULE , servant fréquemment d'étui à la soie qu'elle • em- brasse, et à laquelle elle adhèie fortement. » Je cite ce passage, parce que, jusqu'à ce botaniste, on avoit confondu Vaj-étc avec la Soie. Voyez ce mot. Cette partie de la fleur fournissant de bons caractères gé- nériques , quoiqu'elle disparoisse sosivent par la culture , il faut toujours la prendre en considération dans la description des espèces, (b.) ARÉTHUSE , Areihusa. Genre de Coquille établi par Denys Montfort. Ses caractères sont : coquille libre , uni- valve , cloisonnée , fonnée en grappe ; sommet rond ; base élargie; concamérations triangulaires ; ouverture ronde , pla- cée latéralement à la base ; cloisons ondulées ; siphon in- connu. La coquille qui sert de type à ce genre a une demi-ligne de longueur, et vit dans T Adriatique. Elle est transparente, irisée et Irès-fragile. Sa construction en concamérations, dont la dernière recouvre en partie la précédente , la re;id fort remarquable, (b.) ARETHUSE , Areihusa. Genre de plantes de la gynan- drie monogynie et de la famille des Orchidées , dont le ca- ractère est d'avoir les fleurs accompagnées d'écaillés spatha- <ées qui tiennent lieu de calice ; une corolle de six pièces , dont cinq ovales , oblongues et à peu près égales, sont iin- [)arfaitement ouvertes ou presque conniventes ; et la sixième, qui est tubulée , et enveloppée par les autres, est située dans le fond de la fleur, et adhère au style; deux étamlnes fort courtes , dont les fdets s'insèrent sur le pistil , et porteiit des anthères qui sont recouvertes par le bord intérieur du pétale tubulé; mi ovaire inférieur, oblong, d'où s'élève un style un peu courbé et comme revêtu de la lèvre inférieure du sixième pétale ; à stigmate infundibuliforme ; une capsule oblongue ou ovale , uniloculaire , qui s'ouvre en trois battang et contient des semences extrêmement menues. Ce genre , fort voisin des Angrecs , et encore plus des LiMODORES, contientune quinzaine d'espèces presque toute» propres à l'Amérique septentrionale ou au Cap de Bonne- Espérance. Ce sont des plantes d'un port très-élégant dont la tleur frappe par sa singularité , et dont la plupart n'ont pour tige qu'une hampe uniflore, garnie au plus d'une ou deux feuiiles. Elles croissent généralement dans les "lieux 46o A R G humides , ainsi que je l'ai observé en Caroline où on e« trouve plusieurs. Elles sont toutes vlyaces. Jussieu et Swartz ont séparé plusieurs espèces de ce genre, pour en former les genres Pogonia et Dispère, (b.) APiÉTHTJSE. C'est aussi une Holothurie, (b.) ARETIE, Aretia. Genre de plantes de la pentandrie mo- nogynie , et de la famille des Primulacées , dont le carac- tère consiste en un calice à cinq découpures, une corolle hypocratériforme à limbe divisé en cinq parties ; cinq éta- inincs courtes ; un ovaire supérieur à stigmate capité ; une capsule à une loge , à cinq valves , contenant un petit nombre de semences. Les arélîes diffèrent très-peu des Androselles, avec les- quelles elles ont été réunies par la plupart des botanistes français. Ce sont de petites plantes rampantes et vivaces , propres aux hautes montagnes de l'Europe. Leurs feuilles sont nombreuses et presque imbriquées ; leurs fleurs solitaires et axillaires. On en compte trois espèces: I'Helvétique , I'Alpine et la Vitahenne. (b.) AKGALA. V. Jabiru argala. (v.) ARGvVLI. C'est le nom du Moufflon ou BtxiER sau- vage , chez les Mongoux. Dans la Sibérie méridionale , il porte aussi , selon Gmelin , celui de Stepnieharani. (desm.) yVRGALOU. C'est le Paliure, et quelquefois le Lyciet. Voyez ces mots, (b.) ARGAN , Sideroxylon. Genre de plantes de la pentandrie monogynie et de la famille des Hilospermes. Son caractère consiste en un calice petit, persistant, et à demi divisé par cinq découpures ; en une corolle monopétale , courte , et di- visée en cinq parties , et , de plus, souvent munie d'un pareil nombre de petites écailles dentées , courbées en dedans, et qui la font paroîtrc à dix divisions ; en cinq ou dix étamines, dont les filets , à peine aussi longs que la corolle , s'insèrent à la base du tube; en un ovaire supérieur, arrondi, chargé d'un style court à stigmate obtus ; en une petite baie qui contient une à cinq semences osseuses. Les espèces de ce genre sont toutes des arbres de moyenne grandeur, ou des arbrisseaux dont les feuilles sont alternes et les fleurs axillaires. On a fait , à leurs dépens, les genres EuMÉLiE et AuzuBA. Quelques-unes ont des épines, et toutes ont les rameaux rapprochés, mélangés, contournés. On les trouve en Afrique et en Amérique. ï-ia plus grande de cas espèces est I'Argan À feuilles de laurier , qu'on appelle lois blanc à l'Ile-de-France. Elle est toujours verte. L'Argan soyeux est remarquable par ses feuilles , cou- A îl G iéi Tcrles en dessous d'un duvet soyeux et argenté , qui devient brun à la fin de l'automne. Il est commun dans la basse Ca- roline, où je l'ai observé, et où ses fleurs répandent, le soir, une odeur fort douce. Les extrémités de ses rameaux sont épineuses. On l'a depuis peu placé dans le genre Buméue. Un autre argan , très- voisin du fenax , figuré par Jacquin , pi. 54 de ses Obseivatlons de Botanique , si ce n'est pas la même espèce, et qu'on a aussi placé dans le genre BuMÉLlE (^Bumelia rcdinala^ Vent. ) , croit également dans la basse Caroline , et m'a paru l'arbuste de ce pays le plus propre pour faire des haies. Il s'élève à la hauteur de quatre à cinq pieds; ses ra- meaux sont entrelacés et épineux, au point qu'il est impos- sible de passer la main au travers; et de plus, les jeunes pousses tendent toujours à s'abaisser comme celles du saule de Baby- lone; de sorte qu'on peut très- aisément le conserver garni autour de sa base autant qu'on le juge à propos. 11 faut ajouter à cela la presque impossibilité d'en casser les branches les plus foibles. 11 perd ses feuilles en hiver. J'ignore, au reste, si celte plante pourroit réussir en pleine terre dans nos climats. On trouve encore , dans le même pays, I'Argan À feuilles DE SAULE , épineux par l'extrémité de ses rameaux , et dont les jeunes branches et les pétioles des feuilles rendent, lors- qu'on les casse , un suc laiteux, onctueux, qui pourroit peul- ctre servir dans l'art du vernisseur. L'ARGAiSf DE Maroc, Sideroxylon spi'nosum, Linn. , a les fruits acides et agréables à manger. Il se trouve dans l'Inde et en Afrique. Cet arbuste fait aujourd'hui partie du genre El^odendre. On retire de la pulpe de son fruit une huile bonne à tous les usages. C'est dans les plus mauvais terrains qu'il croît ; ainsi il seroit une acquisition fort importante pour les par- lies chaudes de l'Europe. L'Argan bois de fer constitue le genre Siderodendre V. ce mot et celui Auzuba. (b.) ARGAS , Argas^ Lat. Genre d'arachnides , de l'ordre des trachéennes, famille des holètres, tribu des acarides, et très- voisin du genre des ixodes. Il en diffère par son suçoir qui est inférieur et à découvert ; ses palpes , en outre , ont une forme conique , et sont composés de quatre articles. Her- mann lui a donné le nom de rhyncoption. x\.RG AS BOKTii., Argasmargi'naiiis^ IjAt.j Gêner, cnist. et insecL tom. I , pag. i55, pi. 6 , Jig. 3 ; Herm. Mém. apter^ p. 69 , pi. 4-1 fig- 10 — 11; ixodes marginaius , Fab. ; d'un jaune pale, avec des lignes couleur de sang foncé ou obscures et anasto- mosées; sur les pigeons dont ils sucent le sang. Je l'ai quel- /;6a A R G (j'icfois trouvé dans Tintérieur des maisons des déparlemens iiiéridionaux de la France, (l.) ARGATILE , ou ERGATILE. C'est , en Sologne , l'HlRONDELLE DE RIVAGE. On Tappellc aussi hirondelle d'eau. Dans Pline , le nom latin argalilis désigne la Mésange : Belon l'a faussement appliqué à Vhirondelte de fenêtre, (s.) ARGAUTE. Autre nom vulgaire de I'Hirondelle de RIVAGE , en Sologne, (v.) ARGE. Genre d'inseclesde Schrank, et qui répond à ce- lui que j'ai nommé hylutome. V. ce mot. (l.) ARGEMONE , Argemone. Plante qui fait seule un genre dans la polyandrie monogynie et dans la famille des Papa- VÉRACÉES. Son caractère est d'avoir un calice de trois folioles caduques ; une corolle de cinq à six pétales ; un grand nombre d'étamines; un ovaire supérieur, ovale, oblong, à cinq angles, sans style , et surmonté d'un stigmate épais , obtus , ayant cinq lobes réfléchis en bas. Le fruit est une capsule ovale , à cin([ angles , qui s'ouvre à demi , dans sa partie supérieure , en cinq baltans , et qui contient, dans une seule loge , un grand nombre de semences fort petites, attachées à des pla- centa linéaires. Celte plante, qu'on appelle aussi pamt épineux , diffère principalement des pavots par sa capsule , qui n'est pas cou- ronnée par le stigmate , et qui s'ouvre par des fentes longitu- dinales. Elle croît naturellement au Mexique et aux Antilles, mais s'est naturalisée autour de plusieurs poris de mer et de quelques villes de l'intérieur, dans l'Europe australe. Ses tiges sont rameuses et épineuses; ses feuilles sont alternes, am- plexicaules, roncinées latéralement, vertes, et tachées de blanc ; ses fleurs sont terminales , solitaires et jaunes ; ses capsules sont épineuses. Cette plante rend, lorsqu'on lablesse, un suc laiteux jaunâtre , comme la chélidoine , avec qui elle a beaucoup de rapports. Ses graines sont purgatives et bonnes contre la dyssentcrie. Ses feuilles sont employées comme celles de la Chélidoine. Le Pavot du pays de Galles a la fleur du Pavot et le finiit de I'Argemone; ,ce qui a déterminé à en former un genre particulier, appelé Méconopsis. (b.) ARGENT (^Silher, W. ). '^léx A parfait , ou du moins re- gardé comme tel , parce qu'il possède à un degré éminent les propriétés métalliques , et surtout parce qu'il paroît fixe et inaltérable au feu. A . 15 M 1 1 \m .M. /?ùr,,r,/ ,l'o,l//' , /i<>(/• .///>ir/rr (hi/.v . ,>. ./o'/>t\. B/o'/n////i Jr ,l' 1789, on découvrit dans la mine du Coronel ^ deux pépites d'argent massif , l'une de huit , l'autre de deux quintaux de poids. » ( Id. , t. 2 , p. 608. ) « L'argent natif , beaucoup moins abondant en Amérique qu'on ne le suppose généralement, s'est trouvé en masses considérables, quelquefois du poids de 200 kilogrammes , dans les fdons de Batopilas, situés dans la Nouvelle - Bis- caye. >> (Xi, t. 2 , p. Sog.) ■r Les mines de Gualgayoc, presque aussi importantes que celles de Yauricocha ,. sont situées dans l'intendance de Truxillo , à 5o milles de cette ville et à gS au nord de Lima. Elles se trouvent dans une région élevée , selon M. de Hum- boldt, de i2;poo pieds au-dessus du niveau de la nien.A. Il A R G cette hauteur, on rencontre encore des coquilles pétrifiées ; l'argent s'y trouve en grandes masses. M. Helms pense que les Cordilières fourniroient à des mineurs, même médio- crement instruits , une masse de métaux qui , mise en cir- culation , bouleverseroit tout notre système industriel et ' commercial , en rendant l'argent aussi commun que le cuivre et le fer«. {Malie-Bmn , Annales des Voyages, t. 3, p. i5.) C'est à vingt degrés seulement de latitude australe , que se trouve au Pérou la fameuse montagne de Poiosi , à cent lieues de la mer du Sud , aux sources de l'immense rivière de la Plaia, mot qui s'igmûe Jleiwe d'argent. Cette montagne , l'une des plus considérables de la con- trée , est d'une hauteur prodigieuse, et a la forme d'un pain de sucre. D'après la description qui en a été faite par Ulloa et par d'autres voyageurs , il paroît qu'elle étoit , du haut en bas , remplie de veines et de fdons d'argent d'une richesse énorme. Si l'on pouvoit , dit XJlIoa , enlever la croûte extérieure de cette montagne , on y verroit un nombre infini de routes souterraines percées en tous sens , suivant la direction des veines métalliques. Il ajoute que dans les premières années de l'exploitation , le minerai rendoit cent marcs d'argent au quintal , ou la moitié de son poids. Aujourd'hui , ce produit est bien diffé- rent : il ne va qu'à quatre marcs par caxon ( de cinquante quintaux) : c'est à peu près cinq gros par quintal. Mais son abondance est telle , que le produit total est encore très- considérable. On traite ce minerai par la voie de V amalgamation. 'V. Mercure. Suivant plusieurs écrivains espagnols , la seule montagne de Potosi a rendu, dans l'espace de quatre-vingt-treize-ans , depuis i545, où commença son exploitation, jusqu'en i638, près de quatre cent millions de pesos , ou onces d'argent. C'est à peu près l'équivalent de tout celui qui circule en France. Si l'on compare l'esquisse faite par Ulloa de la montagne de Polosi , avec la description des Qialanches ., donnée par le savant inspecteur des mines Schreiber, on voit qu'il y a , sinon dans la richesse , au moins dans la constitution phy- sique de ces montagnes , de grands traits de ressemblance. Celle des Chalanches est aussi une montagne alpine très- considérable , et l'une des principales sommités de la chaîne qui règne à Tonent de Grenoble. Sa pente est rapide comme le pain de sucre du Potosl , et elle s'élève à quatorze cents toises perpendiculaires. Depvtis la base de la montagne jus- A R G ^73 qu'au sommet , on trouve , comme au Potosi , de nom- breuses veines métalliques , dirigées en tous sens , et con- tenant du minerai dont la richesse va , d'après les essais , jusqu'à soixante ou quatre-vingts marcs par quintal , mais dont la quantité , malheureusement , n'est pas considérable. Cette montagne est toute composée de bancs de gneiss entremêlés de bancs de roche calcaire primitive , comme on Tobserve dans les montagnes à filons de la Saxe. M. Schreiber a même remarqué que dans l'intérieur de la montagne , et surtout dans le voisinage desTilons , le gneiss étoit lui-même pénétré de molécules calcaires. Les mines d'argent du Mexique produisent, année com- mune,d'après le terme moyen des annéesiygy, lyggetiSoo, une valeur de 20,992,088 piastres, ou en poids 2,4.69,657 marcs ; celles du Pérou, 4,850,827 piastres, ou 570,68$ marcs ; celles du Chili , 5oo,ooo piastres, ou 58,828 marcs ; enfin les mines de Buenos-Ayres fournissent annuellement 3,000,000 de piastres. Le produit annuel des seules mines d'argent d'Amérique est de 181,04.8,4.00 fr. Les mines d'Europe , réunies , ne mettent annuellement en circulation que 282,800 marcs d'argent , qui ont une valeur de 14., II 5, 000 francs. Toutes les mines du monde , depuis qu'on les exploite , ont produit, d'après le Saini-James Chronkle de 179^» environ 5i6 millions en or , et 8 milliards 296 millions en argent : total, 8 milliards 812 millions. Leur produit annuel est d'environ 267 millions de francs , et celte valeur si con- sidérable ne représente cependant gvière que le quart de celle que composent les autres métaux et la houille extraits annuel- lement du sein de la terre , sans compter les pierres ni les terres employées par différens arts , et le sel qui , seul , peut être porté pour l'Europe à i25 millions de francs. Ces différens résultats sont empruntés à M. Héron de Vlllefosse , de l'Académie royale des Sciences , et l'un des inspecteurs divisionnaires des mines du royaume , qui les a consignés , avec beaucoup d'autres , dans son important ou- vrage sur la richesse minérale , ouvrage dans lequel se trouvent rassemblées une foule de considérations du plus haut intérêt sur les mines et salines des différens états , considérées non- seulement sous le rapport de leurs produits, mais encore sous celui de leur situation géologique , de leurs règlemens , etc.; ce qui en fait à la fols le livre du savant et celui de l'homme d'état : nous y renvoyons. M. Patrin en a publié un extrait fort intéressant dans le Magasin encyclopédique du mois de septembre i8ii. ^74 A R G Traitement des mines d'argent. — Nous ne pouvons indiquer ici que d'une manière très-succincte les opérations métal- lurgiques à l'aide desquelles on sépare l'argent de ses mines. Elles sont déterminées parla nature même du minerai, et se réduisent à deux principales, la/on/e et Y amalgamation. Ce qui va suivre à ce sujet , est extrait du Dictionnaire de Chimie de Klaproth. AKonsberg, on fait fondre l'argent natif avec partie égale de plomb , et on sépare l'argent par l'affmage , qui se fait en grand , au moyen de coupelles d'os calcinés. Deux soufflets , dont le vent est dirigé sur la surface du métal fondu, servent à favoriser l'oxydation du plomb. La litharge qui se (orme pen- dant l'opération , coule par une rigole. Dans les mines du Potosi, on traite l'argent natif par le moyen de l'amalgamation. V. Mercure. L'argent sulfuré est traité d'après sa richesse. Après avoir bocardé , lavé et grillé la mine , on y ajoute du fer qui se combine avec le soufre, et pénètre dans les scories comme un sulfure de fer. On sépare ensuite l'argent parla coupellalion. Les mines d'argent pauvres exigent souvent beaucoup de plomb. On les traite par le sulfure de fer : celui-ci se com- bine , par la fusion , avec les autres métaux sulfurés qui con- tiennent de l'argent, tandis que la gangue et les métaux oxydés restent dans les scories. Le produit de cette fusion ( appelé lerch, ou roh/ech^ contient du sulfure de fer, de l'argent et quelques autres sulfures métalliques. On fait griller le rohlech à plusieurs reprises , pour vola- tiliser le soufre ; on y ajoute aussi du minerai frais. Le rohlech devient par-là plus riche en argent, parce qu'il cède son plomb au soufre du minerai ajouté. L'argent muriaté peut être mis , d'après Sage , en ébulli>- tion , dans une chaudière de fer , avec de la limaille de fer et de l'eau ; on décante le murlate de fer liquide, et on fait fondre le résidu , bien lavé , avec du nitre et du borax. On peut aussi faire fondre l'argent muriaté avec l'oxyde de plomb , Je char- bon et la potasse ; on procède ensuite à la coupellation. Quant à la docimasie , ou analyse des mines d'argent par la voie sèche , on suit le procédé suivant : la mine étant séparée de sa gangue par la scorification , on fait broyer et griller le résidu; puis on le mêle avec partie égale de litharge et douze parties de plomb ; le tout est placé dans un têt à rôtir, de manière que la moitié du plomb se trouve au-des- sous, et l'autre au-dessus de l'argent. On chauffe le têt sous la moufle , jusqu'à ce que la gangue soit scorifiée , et l'oa termine par la coupellalioa. A R G 47!; On peut aussi faire fondre la mine à essayer avec 2 ou 3 parties de minium et 4 ou 5 parties de flux noir. Pour essayer les mines d'argent par la voie humide , on se sert de l'acide nitrique. On faitbouiilir la mine avec l'acide fiitrique, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus d'action. On décompose la dissolution obtenue par le muriate de soude, et le muriate d'argent précipité indique! la quantité d'argent contenue dans l'échantillon soumis à l'examen. Lorsque l'argent natif contient de l'or , ce métal reste , après l'action de l'acide nitrique , sous la forme d'une poudre noire. S'il y a du cuivre dans la dissolution , on peut l'en sé- parer au moyen d'une lame de fer. L'argent sulfuré doit être traité par l'acide nitrique étendu d'eau : l'argent se dissout, et le soufre reste en grande partie. Comme une certaine quantité de soufre est convertie en acide sulfurique , il faut le précipiter par le nitrate de baryte. M. Vauquelin a analysé l'argent rouge de la manière soi - vante : la mine pulvérisée avec cinq fois son poids d'acide nitrique étendu d'eau, le résidu fut mis en digestion avec de l'acide murialique , qui n'a laissé que du soufre. II a décom- posé la dissolution muriatique par l'eau, et l'antimoine oxydé s'est précipité. On sépare ensuite l'argent de la dissolution nitrique , par l'acide muriatique. ^JClaproihJ^ (luc. et pat.) Argent amalgamé, V. Mercure argental. Argent antimonial, Haiiy. (Mine d'argent blan- che antimoniale , Sage ; Argent arsenical de ÀVittichen , De Boni ; Spiesglanzsilher ^ VV erncr ). Ce minéral a la cou- - leur de l'argent ; mais il est cassant, et son tissu est lamelleux. Sa pesanteur spécifique est 9,44-o6- Mis dans l'acide nitrique , il s'y couvre , en peu de temps , d'un enduit blanchâtre, qui est de l'oxyde d'antimoine. Il est facile à réduire par le chalumeau. M. lïaiiy pense que la forme primitive de l'argent antimo- nial est un rhomboïde obtus , ce qui s'accorde parfaitement avec la forme du prisme hexaèdre que présentent ses cristaux. Il est plus communément cylindrdide , ou en petites masses composées de grains lamelleux brillans. L'argent antimonial ,à gros grains , de \Volfach , analysé par M. Klaproth, lui a donné, pour 100 parties: argent, 76; antimoine, 24- Une variété analogue, d'Andreasberg^ a fourni à M. Vauquelin: argent, 78; antimoine, 23. 11 est assez souvent mélangé d'arsenic. V. plus bas. L'argent antimonial est rare et ne se rencontre qu'en petite quantité. On le trouve dans les veines argentifères , à Altwol- fach , pays de Furstemberg, en Souabe ; à Casalla , près de Guadalcanal, en Espagne ; à Andreasberg , au Hartz; près ^^76 A R G de Sainle-Marie-aux-Mlnes, en France ; et à Rathnausberg, flans le pays de Salzbourg. Il y est tantôt seul et tantôt associé a l'argent rouge , à l'arsenic et au plomb sulfuré. Ses gangues les plus ordinaires sont la chaux carbonatée et la baryte sul- fatée. On indique encore , pour en fournir , les mines de Konsberg en Norwége, et celle d'AUemont en France. Argent antimonial ferro-arsenifère , Haiiy. (Argent arsenical, De Bom ; Arsenik Silber^ W.). Cette mine a, comme la précédente, la couleur de l'argent natif, et est de même cassante sous le marteau ; mais elle en est distinguée par l'odeur d'ail très-énergique qu'elle répand au feu du cha- lumeau, et qui est due à l'arsenic ; elle est aussi mélangée de fer. La quantité d'arsenic qu'elle renferme est quelquefois telle, que M. Karsten a placé le minéral dont il s'agit parmi les espèces de ce métal, sous le nom de Silber Arsenik , Arsenic argent. En effet, M. Klaproth a trouvé dans celui d'Andreas- berg : argent, 12,75; antimoine, 4- ; fer, 4-4-i25; arsenic, 35; la perte a élé de 4- centièmes. C'est plutôt un arsenic mélangé de fer, qui contient de l'argent anlimonial. On ne connoît pas encore de combinaison naturelle d'ar- gent et d'arsenic , qui offre un point d'équilibre entre ces deux métaux , analogue à celui de l'antimoine et de l'argent, et qui constitue une espèce proprement dite. L'argent antimonial ferro-arsenifère se trouve avec l'argent antimonial , en Souabe , en Espagne et au Hartz. Voy. plus haut. ARGENT ANTIMONIÉ SULFURÉ , ou ARGENT ROUGE ; H. Mine d'argent rouge, Rothgu/ligerz , W. Tous les minéralogistes se sont accordés pour donner à cette espèce le nom à' Argent rouge. Ils la divisent ordinairement en deux sous-espèces , d'après la couleur rouge claire ou l'aspect métallique que présentent ses cristaux ou ses masses. L'A. a. s. d'un rouge vif, est le lichtes rothgUltigerz. de Werner, et L'A. a. s. rouge obscur ou métalloïde , son dichtes rothgUltigerz. L'argent rouge est aigre, cassant, facile à racler avec le couteau. Sa poussière est rouge-cramoisi , quelle que soit la couleur de la masse. Il a une pesanteur spécifique d'environ 6. Sa cassure est vitreuse , éclatante. Les variétés d'un rouge vif sont translucides: les autres sont opaques. Il est électrique par communication, etrésineusementparle frottement, étant isolé. Il a , pour forme primitive, un rhomboïde obtus dont les angles plans sont de io4.° 28' et 75" Sa', et les incidences des faces de 109" 28' et 70° 82'. Exposé à l'action du feu duchalumeauou à la simple flamme A R G 4-7 d'une bougie , il s'y re'duit très-facileraent , en répandant une odeur d'ail assez semblable à celle de l'arsenic , mais sensiblement plus foible. On s cru pendant long-temps que l'argent rouge était le ré- sultat d'une combinaison triple d'argent , de soufre et d'ar- senic : MM. Klaprolh et Vauquelin ont fait voir que ce mi- néral , quand il est pur ^ ne contient pas d'arsenic, mais bien de l'antimoine. Ce résultat est aussi admis par M. Proust, qui considère en outre l'argent rouge comme composé de deux sulfures, l'un d'argent et l'autre d'antimoine , dans lequel les métaux seroient à l'état métallique. Il croit, de plus, qu'il existedesminesd'argentrougearsenico-antimoniales, etmême d'entièrement arsenicales. {V. J. de Ph., t. ^9 , p. 4o) La pré- sence d'une certaine quantité d'arsenic dans l'argent rouge n'a rien qui doive surprendre , ces métaux se trouvant souvent placés à côté l'un de l'autre dans le sein de la terre ; mais si l'on Irouvoit une mine d'argent dans laquelle ce métal fût uniquement combiné à l'arsenic , ou à l'arsenic et au soufre, elle offriroit une forme primitive et des caractères différens de l'espèce qui nous occupe. (Kojez le Tableau comparatif àe M. Haiiy.) Suivant M. Thénard , 100 parties d'argent rouge contiennent: argent, 58 ; antimoine, 28; soufre, i6. Les variétés de formes de l'argent rouge sont assez nom- breuses. M. Haiiy en a décrit et figuré quatorze dans son Traité de Minéralogie. Elles dérivent d'un rhomboïde , et ont de l'analogie avec celles de la chaux carbonatée. Ce sont , en général, des prismes hexaèdres, terminés par des som- mets rhomboïdaux simples , ou chargés d'un plus ou moins grand nombre de facettes , ou des dodéca^res bi-pyrami- daux , dont les arêtes et les angles solides sont diversement modifiés. Celles que l'on reiicontre le plus communément dans les collections, viennent d'Andreasberg, au Hartz ; elles sont or- dinairement d'un gris d'acier très-éclatant. Le Cabinet d'his- toire naturelle du Roi en renferme de très-beaux morceaux. Les groupes de cristaux d'argent rouge sont sujets à s''al- térer, surtout ceux des mines de Hongrie. Cet inconvénient est produit parla décomposition du fer sulfuré blanc, qui est très-fréquemment associé à cette suLstance. Les cristaux qui les composent sont ordinairement petits; le diamètre des plus volumineux est d'environ dix lignes. Il est rare aussi qu'ils soient nettement prononcés. L'argent antimonié sulfuré se trouve avec l'argent sulfuré et dans les mêmes circonstances géologiques , en Bohème , au liarlz, en Norvvége , etc. Les plus beaux groupes de cris- 478 A R G taux viennent de Hongrie et du Hartz ; ils ont ordinairement ia chaux carbonatée pour gangue. On en a trouvé aussi de fort intéressans et d'une belle cou- leur rouge à Sainte - Marie-aux-Mines , en France, à Guadalcanal en Espagne , au Mexique et ailleurs. 11 est rarement seul le sujet d'une exploitation , du moins en Europe ; mais il abonde à la Nouvelle-Espagne. La mine d'argent rouge , dit M. de Humboldt {^Statistique de la Nowelle-Espagne , t. 2 , p. 5o8), fait une partie prin- cipale des richesses de Sombrerete , de Cosala et de Zoalga, prés de Vilalta, dans la province d'Oaxaca. C'est de ce mi- nerai qu'on a extrait, dans la fameuse mine de Veta-Negra, près de Sombrerete , plus de sept cent mille marcs d'argent , dans l'espace de cinq à six mois. Argent ANTiMONiÉ sulfuré arsenifère. Ce mélange, qui se trouve à Andreasberg, au Hartz, est d'un rouge plus ou moins vif; il laisse exhaler, par l'action du feu, une odeur d'ail beaucoup plus forte que celle que dégage l'argent rouge ordinaire, traité de la même manière. Argent antimonié sulfuré noir ou Argent noir. (Mine d'argent noire, Romé-de-l'lsle ; Argent fragile. De 15orn ; SprœJglaserz, AV. ; Roschgeamch des mineurs hongrois ; Argent vitreux aigre , Brochant. ) Ce minéral que les minéralogistes étrangers regardent comme une espèce particulière , paroît n'être , suivant M. Haiiy , qu'une altération particulière de l'argent rouge. Ses cristaux s'en rapprochent par leur forme , qui les éloigne au contraire de l'argent sulfuré ou argent vi- treux. Leur poussière présente rarement la couleur rouge. Ils sont fragiles, et quelquefois corrodés et comme cariés; leur couleur est le grîî d'acier ou le noir de fer. M. Klaprolh en a analysé une variété en lames noirâtres , dans laquelle il a trouvé à peu près les mî^mes principes que dans l'argent rouge ; voici son résultat : Argent, 66,5; anti- moine, 10; soufre, 12; fer, 5; cuivre et arsenic, o,5 ; gangue , i , et 5 de perte. L'argent no'xr terreux forme une espèce particulière dans la Minéralogie allemande : c'est le Silbersclmarze de Werner. V. la Minéralogie de M. Brochant. L'argent noir se trouve à Freyberg , à Schnéeberg , et à Johann-Georgenstadt en Sa.xe ; à Joachimsthal en Bohème, en Hongrie, au Hartz, etc. Il accompagne ordinairement l'argent rouge et l'argent vitreux. M. de Humboldt en a rap- porté de la mine de x acateras au Mexique. Argent arsenical. V. Argent antimonial. Argent blanc ou Mine d'argent caanche. On a égale- A R G 479 ment donné ce nom h V Argent anthnûnial et au Plomb sulfuré antîmonifère etferrifère. V. ces mots. Argent bismuthifère , TVismuthlsches Sîlher, W. ; Argent sulfuré bismuthijèrc ^ Brongnlart. Ce minéral n'a encore été trouvé qu'en Saxe, dans la mine de Frédéric-Christian , val- lée de Schappach, dans le Schwarzwald. 11 est disséminé en petites masses d'un gris clair , et faciles à briser ; sa cassure est inégale et à grains fins ; il donne au chalumeau un globule irisé , cassant. M. Klaproth y a trouvé : plomb , 33; bismuth, 27; ar- gent, i5; soufre , 16; fer, environ 4^, et un peu de cuivre. Ce mélange ne paroît pas devoir constituer une espèce ; mais il est infiniment plus probable que c'est un plomb sul- furé mélangé de bismuth et d'argent , natif ou sulfuré. Argetst carbokaté. Brochant; Luftsaures Silher; Widenman. Cette mine d'argent , dont on doit la découverte à M. Selb , directeur et conseiller des mines du duché de Bade , est très-rare, et n'existe que dans un très-petit nombre de collections; il n'en a encore été trouvé jusqu'ici qu'un seul morceau. D'après l'analyse que ce savant en a faite , l'argent carbo- nate contient : Argent 72, 5o Acide carfjonique 12,00 Carbonate d'antimoine mêlé d'un peu de cuivre i5,5o Total. ..... 100,00 Ses caractères, d'après la noie que nous tenons de M. Selb lui-même , sont les suivans : Sa couleur est le gris de cendre, passant en partie au noir- grisâtre et au noir de fer. On le trouve en masses et disséminé. Il est mat et en partie foiblement brillant ; mais , par la ra- clure , il obtient un éclat métallique vif. Sa cassure est inégale , à petits grains , et passe d'une part à la cassure lamiforme , et de l'autre à la terreuse. 11 est tendre , plus doux qu'aigre; Kxtraordinairement pesant ; Facile à réduire par l'action du chalumeau ; faisant effer- vescence avec l'acide nitrique pendant un instant. L'argent carbonate n'a été trouvé qu'une seule fois dans la mine d'argent de Saint-Venceslas , près d'Altwolfach , dans le Furslemberg, en Souabe. llétolt mélangé d'argent natif, d'argent sulfuré et de cuivre gris, dans la baryte sulfatée. ^8o A R G Argeist de chat. V. Mica argentin. Argent corné. F. Argent muriaté. Argent en épis, F. Cuivre sulfuré spiciforme. Argent gris. F. Cuivre gris. Argent gris antimonial. F. Antimoine sulfuré argen- tifère. Argent fragile. F. Argent antimonié sulfuré noir , un pour cent. ARGENT MURIATE (Mine d'argent corné , Argent corné, Romé-de-l'Isle ; IJ. etMuriate d'argent natif, Deborn ; Homerz , W. ). Ce minéral , dans l'état de pureté , est translu- cide , d'un gris de perle ; mais sa couleur est ordinairement le gris nuancé de brunâtre , quelquefois de rouge et de vert. Il est tendre et facile à entamer avec le couteau. On peut même y enfoncer une épingle ; et c'est ce moyen que Ton emploie le plus souvent pour le reconnoître. Il est fusible à la simple flamme d'une bougie , en répan- dant des vapeurs d'acide muriatique. Le frottement du fer ou du zinc bumecté par la vapeur de Thaleine , fait reparoîlre à la surface l'argent sous forme métallique. Il acquiert l'élec- tricité résineuse, par le frottement, après avoir été isolé. (Haùy.) Cent parties contiennent, d'après une analyse de M. Kla- proth: argent, 67,75 ; acide muriatique, 21 ; oxyde de fer, 6; et environ 3 d'alumine. t On ne connoît pas sa forme primitive ; mais il est quelque- fois cristallisé en cubes- Les Allemands distinguent deux sous- espèces d'Argent mu- riaté ; l'A. m. commun, Gemeines Homerz^ qui est en masse ou incrustant; et l'A. m. terreux^ erdiges Homerz ou hutterMilcherzy qui est disséminé dans l'argile ; il se trouve au Hartz. La mine d'argent alkaline de Justi, d'Annaberg en Autricbe , est, suivant M. Klaproth , une pierre calcaire mélangée d'ar- gent muriaté. L'argent muriaté se rencontre toujours dans le voisinage des autres espèces de ce genre. On le trouve dans le gneiss , près de Freyberg en Saxe ; avec l'argent sulfuré dans la syé- nite porphyrique , à Scbemnitz en Hongrie ; dans le por- phyre argileux au Mexique ; en Sibérie , sur le quarz ; et dans la grauwacke , au Hartz. Il abonde plus particulièrement au Pérou et au Mexique, oii il est engagé dans la chaux carbo- natée ou sur l'argent natif. « L'argent muriaté qui se présente si rarement dans les filons en Europe , est au contraire très-abondant dans les mines de Catorce,Fresnillo, et du Cerro de San-Pedro, près de San-Luis Potosi. Celui de Tresnillo est d'un vert d'olive A R G 48i qui passe au vert-poireau. Dans les filons de Catorce , il est accompagné de plomb molybdaté et de plomb phosphaté. » {Humhuldl.) M. Patrin en a rapporté de Sibérie , qu'on avoit tiré des premiers travaux de la mine de Zmeof^ au commencement du siècle dernier : il a pour gangue un quarz-agate grossier {Homstein) , et il est tout parsemé de lames d'argent natif, Irès-riche en or. On peut en voir de semblables au Cabinet du Roi, qui ren- ferme en outre des masses compactes et très-pures d'argent muriaté venant du Mexique , où elles ont été recueillies par Dombey. Argent merde-d'oie, Ganzekotiges Sîlber^ Reuss. Les mineurs allemands donnent ce nom à un mélange de cobalt arseniaté , de nickel oxydé et de fer oxydé , renfermant de l'argent natif, qui existe dans les filons de plusieurs mines d'argent de la Saxe et de la flongrie, et dans ceux d'Allemont, département de l'Isère. ]>[. Haiiy le place à la suite du Cobalt arseniaté ^SQxis le nom de C. ars. terreux argentifère. Argent natif ( Argent vierge ou natif, R. D. ; Gedie- genSilber, W.). L'argent natif est rarement pur ; il renferme presque toujours , suivant Klaproth , de 3 à 5 centièmes d'or ou d'arsenic. Aussi présenle-t-il rarement la belle couleur blanche éclatante qui lui est propre ; il est plus communé- ment d'un blanc grisâtre , et quelquefois jaunâtre : il offre , d'ailleurs, tous les caractères indiqués cl- dessus. Il se rencontre ordinairement sous la forme de lames plus ou moins épaisses , de rameaux , de filamens ou de masses , engagés dans diverses gangues, et plus rarement sous celle de cristaux nettement prononcés. Ces derniers même sont tou- jours groupés et disposés en rameaux dlvergens. Les plus beaux échantillons en ce genre viennent des mines du Mesi- " que et de celles de Konsberg en Norwége. On a nommé Argent nâùîjî/idfurrne , ou en feuilles de fou- gère , une variété qui se trouve dans les fissures du quarz , aji Mexique, et dont les lames aplaties imitent, par leur dispo- sition, les rameaux de cette plante. Dans la variété réticulée , les rameaux se croisent sur un même plan ,' de manière à former une espèce de réseau. La mine de cobalt tricotée n'est autre chose , suivant l'opi- nion de Romé-de-l'Isle , que de l'argent réticulé, altéré par l'action du cobalt arsenical qui l'accompagne. Sa surface est terne, et sa couleur le gris-cendré ou le noirâtre. Les variétés de form.cs déleniiinables de l'argent natif sont des modifications du cube ou de l'octaèdre irré^ilier. H. ôl iS^ A R G L'argent natif existe principalement en veines dans lei terrains primordiaux; mais ii se rencontre aussi dans ceux de formation postérieure. C'est ainsi qu'on le trouve dans le granité , à Wittichen en Souabe ; dans le gneiss, à Freyberg en Saxe ; et dans le schiste micacé, en Bohème , en Saxe et au Pérou. Il est dans le schiste argileux, en Irlande (Jameson), en Saxe et en Bohème ; et dans la syénite et le porphyre , €n Hongrie ; dans l'amphibole schisteux , en Norvvége. Il est également en veines dans la grauwacke , au Hartz ; dans le porphyre argileux , à Alva ; dans les collines d'Ochilhils , près d'Edimbourg, et , dans d'autres lieux de l'Ecosse , dans ïa pierre calcaire , le grès et le schiste argileux ( Jameson ). Les substances auxquelles il est le plus souvent associé, sont la chaux carbonatée pure ou ferrifère , la chaux fluatée , la baryte sulfatée, le quarz, les autres espèces du genre argent et notamment l'argent sulfuré , quelques mines de cuivre , le fer et le zinc sulfurés. On le trouve encore avec l'anthracite , le nickel arsenical , le cobalt , lé talc , l'asbestc, le bismuth , t vierge. F. Argent natif, (luc.) Argent vitreux. F. Argent sulfuré, (luc.) Argent vitreux aigre. F. Argent antimonié sulfuré KOIU. (LUC.) Argent vif ou Vif-argent. F. Mercure, (luc) ARGENTAIRE. Synonyme d'ARGYRÈJE. (b.) ARGENTÉ. Plusieurs poissons, dont les écailles sont d'un Manc nacré , portent ce nom. Ceux à qui on l'applique le plus généralement, sont le CnÉTODON argenté, la Perche ARGENTÉE, IcTrIGLE ASIATIQUE, le PoLYNÈME ARGENTÉ. F. ces mots, (b.) ARGENTINE , Argentina. Genre de poissons de la divi- sion des afjdunu'nauxy dont le caractère consiste à avoir moins de trente rayons à la membrane des branchies ; des dents aux mâchoires, sur la langue et au palais ; plus de neuf rayons à chaque ventrale ; une seule nageoire dorsale ; le corps allongé et argenté. Ce genre renferme quatre espèces, dont deux seules sont dans le cas d'être citées : L'Argentine DE la Caroline a la nageoire anale compo- sée de quinze rayons. Elle se trouve à l'embouchure des fleuves de la Caroline et contrées voisines. On en prend au filet de grandes quantités, qu'on mange en friture, et qu'on emploie , comme amorce , pour la pêche à la ligne des gros poissons. Elle peut être comparée à V ablette sous les rapports delà grandeuret de la saveur; mais elle estbien plus brillan- te. On l'appelle siherfish. Foyez pi. A. 7 , où elle est figurée. L'Argentine spihrène a la nageoire anale composée de treize rayons. Elle se trouve dans la Méditerranée , sur les cotes d'Italie principalement. Elle ne parvient pas à plus d'un demi-pied de long , et son corps est demi-transparent. On la pêche presque uniquement pour avoir l'essence d'Orient, qui couvre abondamment son corps et ses organes extérieurs ; essence qui est plus belle et aussi facile à ramasser que celle que fournit I'Able. F. ce mot. (b.) On donne aussi ce nom à une espèce de Perche , Petra nobilis, Llnn., qu'on pêche sur les côtes de l'Amérique sep- tentrionale, (b.) ARGENTINE de Klrwan. Foyez Chaux carbcnatée îîacrée. (luc.) ARGENTINE des lapidaires. F. Adulaire. (luc) ARGENTINE. Plante des genres Potentille et CÉ- RAISTE. (c.) 48G A R G ARGEROLA. C'est t' Azerolier. (b.) ARGIELAS. C'est le Sp\rtiom scorpion, (b.) ARGILE ou ARGILLE ( Thon, A^V^erner. ) Celle dé- nomination s'applique à une collection assez nombreuse de corps qui, malgré leur apparence homogène, ne peuvent être considérés comme constituant des espèces minérales proprement dites, puisqu'ils ne sont que des mélanges na- turels de différentes terres unies entre elles dans Ags. propor- tions très-variables. C'est donc à tort , comme l'observe M. Haiiy , que quelques naturalistes étrangers placent en- core l'argile et ses variétés au rang des espèces ; leur véri- table place est dans la série des roches, où elles occupent un rang important. Quelque difficulté qu'il y ait à caractériser et à décrire des corps qui varient autant dans leur composition, il est; cepen«lant des caractères qui sont communs à toutes les va- riétés d'argile, et qui peuvent servir à les rattacher entre elles et à les distinguer des autres productions minérales. Caractères des argiles. — La plus importante de toutes les propriétés de l'argile, puisque c'est par elle que cette subs- tance devient susceptible de se prêter à tant d'usages divers, est celle qu'elle a de former avec l'eau une pâte molle , ductile et capable de prendre et de conserver toutes les formes qu'on veut lui donner. Exposée à l'action du feu, cette pâte acquiert de la con- sistance , et une dureté qui va quelquefois jusqu'au point de donner des étincelles par le choc du briquet. Après avoir subi cette épreuve, l'argile a perdu la pro- priété de se délayer et de faire pâte avec l'eau. Ilexiste dans la nature d'autres corps , tels que le schiste, l'aphanite, etc., qui, de même que l'argile, présentent une cassure terne et terreuse avec un aspect d'homogénéité ; mais ils ne partagent point avec elle la propriété que nous venons d'indiquer et qui doit servir à la distinguer de ces roches. Parmi les espèces proprement dites, il en est aussi dont certaines variétés peuvent avoir, avec la substance qui nous occupe , quelque ressemblance ; ainsi , le même carac- tère la distinguera de la craie qui se délaye également dans l'eau, mais qui n'y forme pas de pâle et n'acquiert aucune consistance par l'action du feu. Toutes les argiles ne jouis- sent pas au même degré de cette propriété ; mais dans toutes elle se manifeste plus ou moins , et toujours d'une manière suffisante, pour ne laisser aucun doute sur leur nature. Les argiles ont une grande affinité pour l'eau, qu'elles ab- sorbent rapidement et avec une sorte d'avidité. Si Ton place sur la langue un morceau de cette pierre, elle s'y attache et y A R G /.S; acîhère fortement. C'est ce que les naturalistes ont exprimé par les mots : happer à la langue. Les argiles sont en général douces et onctueuses au ton— clier ; ce caractère devient plus sensible dans celles qui renferment de la magnésie. Elles sont tendres , se laissent fa- cilement entamer par le couteau , et sont susceptibles de recevoir le poli par le seul frottement du doigt ou de l'ongle. Les couleurs de l'argile sont très-variables ; les plus or- dinaires sont le gris et le bleuâtre, avec de nombreuses nuan- ces ; mais lorsqu'elle renferme beaucoup de fer, ce métal lui communique des couleurs particulières qui serviront à ctablir des variétés. C'est aussi à la présence du fer qu'un grand nombre d'ar- giles doivent cette odeur qu'on a nommée argileuse ,' et qu'elles répandent par l'insufflation de l'haleine. Les argiles les plus pures, c'est-à-dire, celles qui son S presque entièrement composées d'alumine et de silice, sont très-réfractaires , c'est-à-dire qu'elles résistent à un feu vio- lent. La présence de quelques autres principes , et particuliè- rement celle de la chaux , les rend fusibles. Le mélange de la chaux communique à quelques variétés la propriété de faire effervescence dans l'acide nitrique. Variétés d'argile. — IVI. Brongniart, qui a examiné et traité avec beaucoup de détailles différentes variétés de l'argile, les a partagées en quatre ordres qui peuvent se rapporter à deux séries principales. La première comprendroit les ar- giles apyres ou infusibles , et la seconde les argiles fusibles. Ou a donné le nom à' argile native on di alumine pure à une substance terreuse blanche , friable , happant à la langue , trouvée en Saxe , mais qui n'est point , à proprement par- ler, une argile, puisqu'elle ne forme point de pâte avec l'eau. Jusqu'ici l'existence de cette terre à l'état de pureté est trcs- Sncertaine. ( V. yllumine pure, t. i,p. 388.) Argile brûlée. F. Thermatstide. Argile calcarifère, Haiiy ; (Argile marne, Brong. ; Mer- gel , Wern.). Cette variété renferme une quantité quelque- fois considérable de chaux carbonatée ; elle fait une vive ef- fervescence lorsqu'on la plonge dans Tacide nitrique , et y est en partie soluble. La présence de la chaux la rend aussi très-facile à fondre au chalumeau. Elle est friable. Plongée dans l'eau , elle l'absorbe avec une grande avidité, s'y divise en parcelles très-tenues, et finit par former une pâte qui n'a pas de consistance et de liant. Sa structure est quelquefois schistoïde ; mais alors l'effer- vescence qu'elle manifeste par l'acide nitrique suffit pour U distinguer de Targile feuilletée. /,S8 A R G Ses couleurs varient dans les différens lieux où on la trouve : ce sont , le blanc , comme dans celle que l'on exploite ^ Argenteuil; le jaunâtre, telle est celle que Ton trouve à Viroflay , près de Sèvres, où ou l'emploie à faire les ga- zettes dans lesquelles on cuit la porcelaine fritlée ; le ver- dâtre , à Montmartre. Celle-ci se divise facilement en pe- tits solides qui présentent la forme d'un prisme rhomLoïdal. On rencontre aussi dans cette dernière localité une sous- variété à laquelle on a donné le nom d'argile calcarifère mar- brée. Elle est d'une couleur grisâtre veinée de brun, et est connue par l'usage qu'on en fait à Paris , sous le nom de pierre à détacher , poux enlever les taches de graisse sur les étoffes de laine. Cette variété est une des plus communes de l'argile. On la trouve et on l'exploite en abondance dans les environs de Paris, où elle est d'une grande utilité. Argile coMMU^^E {Gememer Thon, Werner; Argile glaise^ Terre à potier^ Argile fi s^iline, lîrong. ). Cette argile est ordinairement très-douce et onctueuse au toucher ; elle se délaye dans l'eau et forme avec elle une pâte qui a de la ténacité. Sa cassure, est raboteuse et iné- gale ; celle qui est colorée en bleu étant exposée à l'action du feu, y acquiert une couleur rouge assez intense. Il en est qui font une légère effervescence dans l'acide nitrique. Elles sont toutes facilement fusibles. Elle se trouve dans une infinilé de lieux, et sert à un grand nombre d'usages. On l'emploie dans la fabrication de la poterie grossière , des carreaux, des tuiles, des briques, des fourneaux. Comme elle est souvent sujette à se fendiller par le dessè- chement , et à se tourmenter au four , on est obligé de la mélanger d'un peu de sable, qui sert aussi à donner plus de solidité à la poterie en lui faisant prendre un léger com- mencement .de vitrification. On emploie à ce mélange du sable plus ou moins fin , suivant la nature des objets à la fabrication desquels on fait servir ces argiles. Celle que l'on exploite à Arcueil est d'un grand usage à Paris et dans les environs. La pâte qu'elle foi-me avec l'eau est très-tenace : elle est d'un brun bleuâtre que la cuisson transforme en un rouge incaniat , plus ou moins vif; quelque- fois elle contient du fer sulfuré. Elle a donné à l'analyse Sa d'alumine, 63 de silice et 4 de fer. Outre les usages que nous avons indiqués , et auxquels elle est très-propre, les sculpteurs l'emploient avec avantage pour modeler , à cause de la duc- tilité et de la grande ténacité de sa pâte. Enfin, on s'en sert pour glaiser les bassins afin d'y retenir l'eau. A R G 48cj Argile Elv'DurxîE {Verhartetertlwn , W.). Le minéral au- quel on a donné ce nom ne présenle point les caractères communs aux argiles. 11 paroît être d'une nature différente et devoir en être séparé. Saussure lui a donné le nom d'ar- gillolite. C'est la base des porphyres qu'on a nommes porphyres ar- gileux. M. irlaiiy la regarde comme le produit d'une altéra- lion particulière du feldspath. Sa cassure est ordinairement compacte , terne ; elle passe quelquefois à l'écailleuse. Sa dureté varie beaucoup , ainsi que ses couleurs qui sont ter- nes. Quand elle est tendre , elle se divise dans l'eau, mais ne fait point pâte avec elle. On en trouve plusieurs variétés dans les environs de Frey- berg et de Schemnitz , en Saxe , où elle forme quelquefois des couches assez puissantes, tantôt simples et tantôt por- phyriques. V. Porphyre argileux. Argile feuilletée {Argile schisteuse, KlehsrMefer, Schiste happant, W. ). Celle de Ménil-Montant , près JParis, ana- lysée par Klaproth , a donné : Silice , . 66,5o Alumine 7^00 Magnésie i,5o Chaux 1,25 Oxyde de fer. 2,5o Eau 19,00 97'7^ Elle a tous les caractères des autres argiles, c'est-à-dire, qu'elle se délaye et fait pâte avec l'eau ; qu'elle est douce et onctueuse au loucher. Sa texture feuilletée sert à la distin- guer des autres variétés, et les propriétés qui lui sont com- munes avec elles empêcheront de la confondre avec le schiste qui ne les partage point. Elle forme des couches dans le teVrain de Ménil-Montant où elle sert de gangue et d'enveloppe à la variété de quarz subrésinite , connue sous le nom de ménilite. Elle existe aussi dans le terrain de Montmartre. a\RGILE FIGULINE , Brong. V. ArGILE COMMUNE. Argile a foulon ( Tene à foulon , Walkererdc^ Wern, ; Argile smectique , Brongniart ). Parmi les variétés les plus utiles de l'argile , on doit comp- ter les argiles à foulon , qui , par leur qualité s.avonneuse , sont propres à dégraisser les draps et autres étoffes de laine, et à leur donner le lustre et le moelleux qui en font une des principales beautés. Pour cette opération , on place les étoffes dans de grands mortiers de bois où se trouve le mé- i,go A R G lange d'eaa et d'argile à foulon , et au moyen de lourds pi- lons que l'eau fait mouvoir, elles y sont foulées sans inter- ruption pendant un temps convenable. On conçoit qu'il est essentiel , pour que le drap ne soit point usé ni déchiré par le frottement qu'il éprouve, que l'argile soit extrêmement fine , que les grains de silice qu'elle renferme soient très-atténués , et qu'enfin il ne s'y trouve pas, de corps étrangers qui en altèrent la pureté. Les Anglais, en possèdent qui sont de la plus excellente qualité , mais dont l'exportation est prohibée sous les peines les plus graves. Les argiles à foulon les plus connues sont celles du Hamp- shire, du Staffordshire, de Woburn, du comté de Kent et de quelques autres provinces de l'Angleterre ; celles de l'île de Skye en Ecosse ; celle d'Osmund en Dalécarlie, et de Lemnos dans l'Archipel , aujourd'hui Stallmène. Les Anglais donnent à leur terre à foulon le nom de smec- ils ou smectite^ qui signifie une chose qui a la propriété de net- toyer. Les anciens donnoicnt aussi ce nom à la terre qu'ils, tiroient de l'île de Ci'mo/is, aujourd'hui V Argentière. M. Bron- gniart fait de cette terre une variété qu'il a nommée argile cimolithe. La terre à foulon se délaye facilement dans l'eau, et y forme une bouillie qui a peu de ductilité. Elle est tendre et très-onctueuse au loucher. Sa texture est compacte, et sa cas- sure est raboteuse et quclquefoisun peuconchoïde. Ses cou- leurs varient beaucoup : ce sont, le gris , le jaunâtre, le vert, le rouge-clair, le brunâtre. Elle renferme ordinairement de la magnésie. Bergman a trouvé dans celle du Hampshire :■ 25 d'alumine; 5i de silice; de la chaux et de la magnésie carbonalée. \kgilek\olys (^Feldspath décomposé, Hauy; Kaolin^ W.). Le kaolin est une argile produite par la décomposition spontanée du feldspath dans les roches où ce minéral entre comme partie composante. F. Kaolin et Feldspath décom^ posé. Argile lithomarge (S/einmark , Wern. ). C'est une de celles qui renferment le moins d'alumine ; la proportion dans laquelle cette terre y entre, «est à peine d'un cin- quième. La lithomarge a une consistance ferme à peu près comme le savon sec ; elle est très-onctueuse au toucher et devient luisante sous le doigt : sa cassure est ordinairement con- choïde; mise dans l'eau , elle y tombç en morceaux qui se laissent pétrir ; si l'on bat l'eau, elle mousse comme avec le gavon. La litliomarge est iafusibie , si ce n'est à u» très-haui A R G 491 degré de chaleur ; alors elle se boursouffie en verre spon- gieux. Elle varie pour la couleur et la consistance suivant les dif- férentes localités : quand clic est molle, on lui donne le nom de moelle de pierre ; il ne faut pas la confondre avec une va- riété de chaux carbonatée qui porte le même nom. Elle se trouve dans les terrains priinllifs, où elle forme des fdons dans le granité , le gneiss et d'aulrcs roches ; elle ac- compagne Tétain oxydé, le cuivre carbonate, et s'associe à la roche de topaze. Argile marbrée. V. Argile calcarifère. Argile marne. V. Argile calcarifère. Argile martiale verte (T^rr^ Je Vérone^ Talc zographiquey Haiiy ; griinerde , Wern. ; baldogée^ Sausssure). Celte substance terreuse , qui se trouve au Mont-Baldo , près de Bretonico dans le Yéronais , doit sa couleur au fer, dont elle contient environ quarante pour cent; on la con- sidère comme une variété d'argile ; M. Haiiy la rapporte au talc. ( V. Talc zographique. ) Elle est employée dans la peinture à Thuile et à fresque. Argile muriatifère (»S'fl/si'^oR,W. ; Baldogee, Saussure). On donne ce nom à une variété d'argile d'un brun-grisâ- tre , qui accompagne la chaux sulfatée , ordinaire ou enhy- dre , dans les terrains qui renferment du sel gemme , ou des sources salées , et qui est elle-même imprégnée d'une certaine quantité de ce sel. Argile mative. F. Alumine pure, t. i , p. 388. Argile ogreuse rouge. Jrgile ocreuse rouge graphique , Haiiy ; Crayon rouge ou Sanguine. L'argile ocreuse rouge est d'un rouge de sang, quelquefois nuancé d'orangé. Elle doit celte couleur au fer qu'elle ren- ferme dans une grande proportion. La présence de ce métal paroît aussi être la cause qui empêche cette argile de faire pâte avec l'eau aussi bien que les autres. Elle lui doit en- core la propriété d'acquérir , par l'action du feu , le ma- gnétisme polaire , et celle de donner des étincelles lorsqu'elle est mise en communication avec un corps électrisé. Son aspect est terreux ainsi que sa cassure. Elle est friable et tache fortement^ les doigts et le papier sur lequel on lapasse avec frottement. Cette qualité la rend susceptible d'être employée à faire des crayons. Lorsqu'on la taille , dans son état naturel, pour cet usage , le crayon est friable et graveleux. M. Lomct a imaginé un procédé pour en faire d'artificiels , qui sont d'un usage beaucoup meilleur. Ce procédé consiste à broyer la sangqijie , 9 lét laisser déposer dans T^^U; puis à mêler à ce ^92 A R G dépôt une dissolution de gomme arabique , à laquelle on ajoule une petite quantité ne tabac d'Espagne , Papilio Paphia, tmn. , Fab. ; le Tahac d'Espagne , Geoff. Les ailes de ce beau papillon^ qui a plus de deux pouces et demi de largeur, sont en dessus d'un fàuve jaunâtre , avec quelques raies et plusieurs ran- gées longitudinales de taches rondes vers le bord postérieur, noires ; les inférieures sont glacées en dessous d'une teinte de vert , avec des raies ou des lignes transversales argentées ou nacrées. Cette espèce varie beaucoup , surtout dans les femelles. Pap. d'Europ. , pi. xii , n.° i5 , a — i5 ,/ — Dans la variété femelle, pi. LVii , i5, /, le dessous des ailes inférieures est d'un violet brunâtre. La variété, i5, /, et i5, A:, même planche, a les taches noires supérieures grandes et allongées ; les inférieures ont une bande tirant sur le violet eu dessous , au bord postérieur. Sa chenille est brune , avec des taches jaunâtres et alignées sur le dos ; le cou ou le premier anneau a deux grandes épines presque cylindriques; celles des autres anneaux sont plus pe- tites et coniques ; le second en a deux, les suivans six , et le dernier quatre. Elle se nourrit de feuilles de violette. Son ac- croissement est lent , et on ne la trouve qu'en juin. La chrysalide ressemble un peu à un sabot ; elle a plusieurs éminences dorées , et ses anneaux ont , au lieu de pointes aiguës , des tubercules arrondis. Le papillon valaisien d'Engram. , Pap. d'Europ.^ 3.« Siippl. , pi. II , n.° i5, a /er , x5, i /er, n'en est qu'une variété. Le dessus des ailes est obscur et tacheté de noir , comme dans celui-ci ; mais les ailes supérieures ont quelques taches blanches ; le dessous de ces mêmes ailes est jaunâtre. Argynne CARDllSAL, Papilio Cynara , Fab. ; Pap.pandora, Esp. ; le Cardinal^ Engr. , Pap. d'Europ.^ pi. LViii , n." i5 bis. Cette espèce a les plus grands rapports avec la précé- dente ; elle n'en diffère essentiellement que par la couleur pourpre de la moitié de la surface inférieure des ailes de dessus. Elle se trouve plus particulièrement en Hongrie. Le dessus des ailes a , dans quelques-uns , le fond verdâtre. V. Engram. , Pap. d'Europ. , pi. xii, i5 , g'; i5 , h. Argynne NACRÉ DÉCOUPÉ , Papilio Niphe^ Fab. ; Engram. , Pap. d'Europ., pi. XIV , j\.° 18 , a — 18 , h. Celte espèce est voisine à\i grand nacré. Ses ailes paroissent avoir leur bord postérieur plus sinué ; leur dessus offre des taches noires plus petites ; les inférieures ont un espace bleuâtre au bord postérieur , près l'abdomen. Le dessous de ces mêmes ailes offre un grand nombre de taches argen- 5i2 A R G técs , et particulièrement une bande formée de cinq yeux d'un fauve foncé , à prunelle argentée ; le tout sur un fond plus terne et moins jaunâtre que dans le grand nacré. Elle ne se trouve point aux environs de Paris , comme l'avoit dit Engramelle , mais à la Chine et aux Indes orien- tales. Argykne grande violette , Papilio Daphne , Fab. ; Pap. Clori's , Esper ; la grande violette , Engram. , Pap. d'Europe , pi. XV, n." 20. Ses ailes sont dentées, fauves , tachetées de noir ; le dessous des inférieures tire sur le jaune. Dans le mâle , leur milieu est traversé d'une bande purpurine pâle , avec une ligne formée de quelques yeux , derrière ou du côté du bord postérieur. Dans la femelle , la moitié postérieure du dessous de ces ailes est rougeâtre , à la bande ocellée du mâle, mais plus marquée, et une seconde bande d'un rouge purpurin blanchâtre, près du bord postérieur, dont elle suit le contour. La chenille vit sur le framboisier ; elle est épineuse , noi- râtre , rayée de blanc , avec les épines jaunes. La chrysalide est verdâtre , avec plusieurs éminences poin- tues en dessous. Se trouve dans la Haute-Alsace et en Allemagne. Argynke alezan, Papilio Amathusia , Esp. , Fab. ; V Ale- zan ^ Engram. , Pap. d'Europe , Suppl. m , pi. m , n.° ig , a bis , b bis. Ses ailes sont dentées , fauves , tachetées de noir; le milieu des quatre offre en dessus une raie anguleuse et coupée , noire ; le dessous des inférieures est fauve foncé , avec des taches jaunâtres et des traits noirs à la base : on y remarque un point noir environné d'un cercle jaune ; la moitié postérieure de l'aile est d'un rouge fleur de pêcher , avec une ligne de petits yeux à prunelle jaunâtre et iris noir vers le milieu, et de petites taches jaunâtres renfermées cha- cune dans un chevron noir, au bord postérieur. Engramelle regarde cette espèce comme voisine du papil- lon chiffre ; mais il est aisé de voir qu'elle se rapproche bien plus de la grande violette. 11 se trouve en Russie. Argynne petite violette , Papilio Dia , Linn. , Fab. ; la petie violette , Engram., Pap. d'Europe , pi. XV, n." 21. Ses ailes sont fauves , tachetées de noir , qui doniinc plus que dans les espèces précédentes ; les ailes inférieures ont en dessous des taches argentées et des taches jaunes vers leur naissance , sur un fond pourpré foncé ; une bande plus claire, transverse , dans leur milieu, et derrière elle, du côté du bord postérieur , une ligne d'yeux argentés, ou sim- A R G 5x3 plement une suite de points obscurs ; le bord postérieur est poui-pre foncé , avec une ligne. Aroyisne grand >acrÉ, Papilio Adippe^ Linn. , Fab.; le grand Nacré , Engram. Pap. d'Èurop. , pi. xiii , pi. lviii , i6, A — 16 , 0 ; Siippl. II , pi. II , n.o i6, q , r. Geoffroy ne l'a pas connu : son A. grand nacré est le vrai pop. Aglaia de Lin- nœus. Sa description, la figure qu'il y < iie de Roesel, la sienne , ne se rapportent qu'à cette dernièi\: o^nèce. Engra- melle s'est donc trompé en disant que \e grand narré de Geof- froy étoit le pap. Adippc de Linnaeus , avec une fausse citation de ce dernier. Uargynne grand nacré a ses ailes arrondies , peu dentées fauves en dessus , avec des taches et des raies noires ; le fond du dessous des ailes inférieures est fauve, ce qui le distingue du nacré, pap. Aglaia , et présente vingt-trois taches argen- tées ou nacrées, dont la majeure partie forme deux bandes transverses, entre lesquelles est un cordon de quelques taches rougeâtres, ayant un point nacré , autre caractère qui est propre à cette espèce. Sa chenille est d'un rouge de brique ou d'iui jaune olivâtre , avec une ligne blanche le long du dos , bordée de noir ; elle a six rangées d'épines ; le premier anneau ou le cou a une paire d'épines , comme dans les nacrés. Elle vit sur la violette tricolore. Sa chrysalide est roussâtre , avec des taches argentées. Voy. FUESSLY , ArchiiK , tab. i. Argynne nacré , Papllio Aglaia , Linn. , Fab. ; le grand Nacré , Geoff Cette espèce ressemble beaucoup à la précé- dente ; elle s'en éloigne principalement par le àesscus de ses ailes inférieures qui offre une teinte vcrdatre, et qui n'a pas les taches rougeâtres avec un point nacré au milieu, du vé- ritable grand nacré. Le dessous de ses ailes est orné d'environ ving^-une taches argentées ; on en voit aussi quelques-unes vers l'angle supérieur du dessous des premières ailes. Pap. d'Eu7-op., pi. XIV, n.° 17. Sa chenille esfnoirâtre , avec une bande de tacTies rousses de chaque côté , et une ligne plus pâle le long du dos ; les trois premiers et les deux derniers anneaux ont chacun quatre épines , et les suivans six ; en tout , cinquante-sept. Elle vit sur la violette tricolore . en juin. Sa rhr)'salide est rousse , ondée de brun ; les deux pointes de la tête sont arrondies ; ses autres éminences sont peu sensibles. Argynne CHIFFRE, Papilio Niobe , Linn., Fab. ; le Chiffre, Engram. , Pap. d'Europ., pi. xv, n.° 19. Ses ailes sont den- tées , fauves , tachetées de noii- ; les taches noires qui se 5i| A R G trouvent près de la côte des supérieures , représentent quel- quefois le nombre 1876 : le dessous des inférieures offre des taches dont le fond est plus pâle , et trois à quatre points ar- gentés, comme on le voit dans la variété 19 , ^, de la planche précitée. La planche Lix, n.» 19 , d—f, offre deux autres variétés. Ce papillon se plaît particulièrement sur la violette : on le trouve en mai et en août. La chenille vit sur le plantain , la violette : elle est grise , avec des rangées d'épines alternativement blanches et rou- geâtres. Engramelle a figuré, pi. lxxx , n." 21 , a et 6, quart, un argynne qui se rapproche beaucoup de celui-ci. Il est un peu plus grand ; ses ailes inférieures n'ont pas en dessous de taches nacrées, et elles offrent, sur un fond rouge, des taches jaunes , des taches noires , et , près du bord postérieur , une ou deux lignes de points ocellés. Argynne palès , Papilio Pales, Fab. ; le Paies, grande et petite espèce ^ Engram. Pap. d'Europ. , pi. LX , n.» 21. Les ailes sont fauves , avec de petites taches noires ; les supé- rieures ont en dessous , près de l'angle de l'extrémité , une ou deux taches rouges , et dans des individus des taches jaunes, qui s'élendent le long du bord postérieur ; le dessous des inférieures est d'un rouge brun ; sa base offre des taches argentées, dans son milieu du jaune , avec deux taches éga- lement argentées ; vers le bord postérieur est une ligne de points argentés ou presque noirs ; le bord a six à sept tache» argentées. Ce papillon se trouve en Autriche , en Piémont, etc. C'cst> le papillon Arsilache d'Esper. Argynne ino , VIno , Engram. , Pap. d'Euroge , pi. jj-ix , n.° 20 bis. Cette espèce a de l'affinité avec le papillon grande violette. Ses taches de dessus sont à peu près aussi nombreuses cl disposées également ; mais dans Vino l*origine des ailes est noire , le dessous des ailes inférieures est plus clair ; il est jaimâtre , avec des raies et des nuances brunes , et quel- ques taches en forme d'yeux. Elle a été trouvée dans les montagnes de l'Autriche. Argynne agave, Papilio Hécate, Fab. ; VJgai>e, Engram. , Pap. d'Europe, pi. Lix, n.° 20 ter. Ses ailes sont fauves, ta- chetées et poinllllées de noir; près du bord postérieur sont deux rangées de points noirs , plus remarquables sur le des- sous des inférieures , parce qu'elles sont plus isolées ; le bord postérieur et inférieur des premières i^st jaunâtre ; les A R G 5i5 ailes inférieures ont en dessous du jaune à leur naissance , un espace fauve ensuite , en forme de bande transverse , une bande jaune maculaire et bordée de noir immédiatement après l'autre ; le reste de l'aile est fauve , avec des ondes jaunes , et les deux rangées de points noirs dont nous avons parlé ; le bord postérieur est jaune : ce bord en dessus est noir , avec une rangée de lunules fauves , ce qui sert encore à distinguer cette espèce au papilio ino , dont les ailes infé- rieures ont une bordure noire sans taches fauves. Cette espèce se trouve en Autriche. Argynne collier argenté , Papillo Euphrosine , Linn. , Fab. ; le Collier argenté , Geoff. ; \& grand Collier argenté , En- gram. , Pap. d'Europe, pi. xvi , n.° 22. Le collier argenté a les ailes fauves , tachetées de noir ; elles ont en dessus une dou- ble bordure noire , au milieu de laquelle sont des taches jaunes ; le dessous des ailes inférieures est d'un fauve vif presque rouge , avec une tache argentée à sa base , une bande iaune transversale près du milieu , sur laquelle est une autre tache argentée , mais plus grande , une bande formée par une teinte plus claire , vers les deux tiers de l'aile , ayant cinq points presque ocellés, rougeâtres, et sept taches argen- tées le long du bord postérieur. Cette espèce ne paroît qu'une fois , et vers le milieu du printemps. Elle se trouve dans les forêts. La chenille est noire, épineuse , avec une paire de taches orangées sur le dos de chacun de ses anneaux. Elle se nourrit des feuilles de la vio-3 lette des montagnes. Engrîfhielle représente une variété d'un individu mâle du grand collier argenté , pi. LXI , 22 , c. ARGY^^NE SELÈNE , Papilio Selene , Fab. ; le petit Collier ar- genté^ Engram. , Pap. d Europe , pi. xvi , n." 23. Cette espèce ressemble beaucoup à la précédente : ses ailes n'ont pas en dessus et près du bord postérieur de taches jaunes ; les infé- rieures ont plusieurs taches argentées sur le jaune du milieu^ de leur surface inférieure. Engramelle en représente, Suppl. m, pi. m , n.^aS, c-/", plusieurs variétés. Argynne petit nacré, Papilio Lathonia, Linn. , Fab. ; le petit Nacré., Geoff ; Engram. , Pap. d'Europe , pi. xvi, n.° 2^. Ses ailes sont fauves en dessus , avec des taches et des points noirs ; les supérieures ont leur dessous jaune , orné , à l'ex- trémité ou près de l'angle extérieur , de sept ou huit tache$ nacrées ; les ailes inférieures sont jaunes en dessous , avec une trentaine de taches nacrées , dont sept grandes le long du boi^ postérieur , sept ensuite fort petites , et huit autre* 5i6 A R G plus grandes , entremêlées de huit plus petites , sur le reste de la surface. La chenille vit sur la petite ortie , le plantain , la violette tricolore. On la trouve en mai et en août. Elle est d'un brun grisâtre , avec une ligne blanche sur le dos : elle a soixante- huit épines ; le premier et le dernier anneau n'en ont point ; celles du second et du troisième sont plus courtes , et celles du milieu les plus longues. La chrysalide a les pointes de la tête très-arrondies ; le corps a de petits points dorés. Elle est commune vers la fin de l'été. Engramelle a figuré un individu femelle d'une variété de celte espèce , Suppl. m , pi. viii, n.° 24, e. IL Palpes très-poilus ; longueur de leur dernier article égalant au moins la moitié de celle du précédent. Chenilles ayant des tid)er' cules velus. ( Les Mélitées de Fab.) Argynne lucine , Papilio Lucina , Linn. , Fab. : le Damier fauve à taches blanches , Engram. , Pap. d'Europe ^ pi. xvi , n." 25. Ses ailes en dessus sont d'un brun noir, avec plusieurs taches d'un fauve jaunâtre , disposées en bandes Iransvcrses et irrégulières ; leur dessous est d'un fauve jaunâtre ; les in- férieures ont deux bandes transverses , formées par des ta- ches blanches ou jaunâtres , ombrées d'un côté avec du noir ; près du bord postérieur de ces ailes est une suite de petites taches ou de points rougeâtres. Elle fait sa résidence , dit Engramelle , dans les places rides et marécageuses des forêts. Argynne cynthia , Papilio Cynthia , Fab. ; le ^Damier à taches blanches , Engram. , Pap. d'Europe , pi. XYII , n.» 26. Ses ailes en dessus sont noirâtres dans le mâle , avec des taches fauves , dont celles du bout sont disposées en bandes ; les supérieures en ont deux , et les inférieures une : ici les taches ont chacune un point noir. Dans la femelle , les ailes sont fauves et coupées par un grand nombre de raies noires , de manière que le fauve est disposé en bandes , divisé même en taches près du bord postérieur : le dessous des supérieures offre un grand nombre de taches disposées en bandes irrégu- lières vers le bas , blanches ou d'un jaunâtre verdâtre ; le dessous des ailes inférieures a trois bandes pareillement colo- rées , une à la base , formée de quelques taches , une au milieu , coupée par une raie noire , et une troisième , près du bord postérieur , composée de taches semi-circulaires , contiguës , bout à bout ; entre la première et la seconde bande est une tache isolée , et l'on voit entre la seconde et troisième une ligne de cinq points noirs. Se trouve en Autriche ; sa chenille vit sur le peuplier. A R G 5i7 Prunner , qui a donné un ouvrage sur les lépidoptères du Piçmont, prend pour le papillon cynihia des auteurs allemands, le damier à taches famées d'Engraraelle. Nous avons cru devoir y rapporter plutôt le damier à taches blanches , parce qu'En- gramelle cite la figure troisième j et non la deuxième de la planche trente-septième d'Esper , parce que M. Fabricius cite la même figure à l'article du papillon cyntJiia , et parce que sa description convient bien au damier à taches blanches. Cette raie de cinq points distincts qui se trouve sous les ailes inférieures entre les bandes , empêche de confondre ce pa- pillon avec le damier à taches fauves. Argynne maturne , Papilio Matuma , Linn. ; le Damier à taches famés f Engramelle , Pap. d'Europ. pi. xvii , n.° 27. Cette espèce est celle qu'Esper a figurée pi. xxxvii , n.» 2 , et que Prunner nomme cynihia. Nous croyons y reconnoître le pap. matuma de Linnceus. Qu'on compare la description que le naturaliste suédois donne de cette dernière espèce avec celle du damier à taches famés , et Ton remarquera l'iden- tité de caractères. Le dessus des ailes est d'un fauve vif ou rougeâtre , avec des taches plus pâles au milieu, bordées de noir, et disposées en une bande régulière sur les inférieures ; les supérieures ont une tache blanche ; le bord postérieur des quatre ailes est noir , avec des petites taches fauves ; le dessous des ailes est d'un fauve rougeâtre , avec des-taches jaunâtres, qui forment sur les inférieures trois bandes trans- verses : une irrégulière à la base , une large au milieu, coupée par une nervure , et une troisième formée de lunules au bord postérieur. Cette espèce est très-rare. Sa chenille vit sur le plantain ; elle est noire, ponctuée de blanc, avec les épines verdâtrcs. Sa chrysalide est verdâtre , tachetée de noir. Argynne artemis, Papilio Aiiemis^ Fab.; le petit Damier à taches fau^^ es, Engram. , Pap. d'Europ. pi. xvii , n." 28, et pi. m. Suppl. 3.«, n.° 28, c ; var. D du damier., Geoff. Cette espèce a beaucoup de rapports n^^ec les deux précédentes ; le dessus de ses ailes est d'un fauve vif, avec des taches et des bandes transverses Jaunâtres ; les inférieures ont près da bord pos- térieur une ligne courbe , formée de six à sept points noirs , ce qui ne se voit pas dans les espèces que nous venons de dé- crire ; le dessous des ailes est d'un fauve plus pâle avec des ta- ches d'un jaune pâle; les inférieures ont troisbandes transverses de cette couleur ; une irrégulière et maculaire à la base , une seconde et la plus grande au milieu , et une troisième au bord postérieur qu'elle termine ; entre celle-ci et la suivante sont sept à huit points noirs entourés de jaune , disposés sur une ligne , et qui répondent à ceux de dessus. 5i8 A Vx G ^ Prunner rapporte ce lépidoptère au Matuma de Linn»ti», Sa chenille vit , suivant lui , sur la scabieuse mors du diable , le plantain moyen. Argynîîe PhŒBÉ, Papilio Phœbe , Fah. ; Pap. Coryihallia ^ Esp. ; le grand Damier^ Engram, , Pap. d'Europ. pi. LXI, n." 28, u eib bis , etSiippl. m , n.° 28, r, d, Aw. Celte espèce, propre à l'Autriche et à la Hongrie , est un peu plus grande que notre damier. Le dessus de ses ailes offre un mélange de petites taches d'un fauve pâle , d'un faure plus vif, de noir, ou bien un fond noirâtre , coupé par un grand nombre de petites taches d'un fauve terne , formant plus ou moins de raies ; le dessous des supérieures est fauve avec quelques traits noirs , et l'extrémité , à l'angle extérieur, jaunâtre , ondée de noir ; le dessous des ailes inférieures est d'un jaune Eâle , avec des lignes ondulées et transverses noirâtres; à la ase sont quatre points noirs; viennent ensuite quelques taches d'un fauve terne , bordées de noir, formant une bande f>eu prononcée ou irrégulière ; on voit vers les deux tiers de a longueur de l'aile , une rangée transversale d'environ sept taches fauves ; de là au bord de l'aile sont deux lignes trans- versales et ondées noires. Argyntse damier, Papilio Cinxia, Linn., Fab. ; le Damier ^ Geoff , var. A ; le Damier, première espère^ Engramelle, Pap. d'Europ. pi. XVIII , n." 29. Ses ailes sont fauves ou jaunâtres en dessus ; leur base est noire , et elles ont une grande quan- tité de petites taches de cette couleur ; le dessous des supé- rieures est d'un fauve pâle , très-tacheté de noir ; le bord postérieur est jaunâtre , avec deux rangées de points ; le des- sous des ailes inférieures est jaune , avec un grand nombre de points ou de petites taches noires , et deux bandes trans- verses fauves , dont celle qui est près de la base renferme un petit espace jaunâtre ; le bord postérieur des quatre ailes offre en dessus et en dessous une rangée de lunules blanches on jaunâtres, encadrées dans du noir. Sa chenille vit sur le piloselle , r<#eille de souris , en petite société : elle est noire , avec des anneaux de points blancs , des épines nombreuses , d'un rouge orangé et blanches à la pointe ; celles du cou se dirigent en avant; les deux anneaux suivans en ont sur chacun quatre , les suivans cinq , et le dernier trois. La chrysalide est courte , ramassée , grisâtre , avec àçs as- pérités noires. Le, lépidoptère représenté' par Engramelle, pi. LXi , n." 29 , g' , A , comme variété , a peu de taches noires en dessus ; ses ailes inférieures ont en dessous de gros points noirs sur un fond grisâtre , et non jaunâtre , entrecoupé par A R G 5i9 'deux bandes d'un fauve terne et sale. La dernière de ces bandes a une ligne de points noirs ; c'est peut-être une des rangées des points de la bande grisâtre continue. Je soupçonne que ce papillon est celui que MM. Fabricius et Esper nomment arduinna. Selon le premier, cette espèce est voisine duJû/n/er/ilyapeude taches noires sur le dessus des ailes; et les ailes inférieures sont blanches en dessous avec deux bandes fauves ; la dernière est ponctuée de noir. Argynne athalie, Pupilio Athalia^YsAi. ; Pap. phabe^ Esp., tah. 88 , 5 , 6 ; le damier, cinquième espèce d'Engramelle , Pap. d'Eiirop. pi. LXi , n." 29 , a — dbis. Cette espèce est très-voisine àa damier ordinaire, P. cinxia; mais elle est plus pelile. Le dessus des ailes est fauve , avec des points ou de petites ta- ches noires , dont une ou deux de la naissance des supé- rieures forment un o ou un 8 , et une raie noire , traiisverse , ondée près du bord postérieur , outre celle qui le termine , avec des lignes transverses de points noirs , quelques taches fauves à la base , une bande transverse de cette couleur et bordée de noir vers les deux tiers de l'aile. Entre cette bande et le bord postérieur sont deux lignes de points noirs isolés. Le bord ne paroît pas coupé par des traits noirs. Cette espèce n'a pas été trouvée en France ; elle vient de l'Allemagne et de la Russie. ÂRGYNiSE DÉLIE, Argynnis Délia ; le Damier^ var. C, GeofF. ; le Damier, quattième espèce^ Engram. , Pap. d'Europ. pi. xix , n." 82. M. Fabricius vient de réunir cette espèce, qu'il ai^oit d'abord distinguée, avec le pap. cinxia. J'y al remarqué des caractères suffisans pour la rétablir. Le dessus de ses ailes est d'un fauve jaunâtre, mais rayé transversalement, comme réticulé de noir ; chacune d'elles a près de la base une espèce d'ovale noir-, les inférieures ont de plus, près du bord pos- térieur, immédiatement avant les deux raies noires qui les terminent , une rangée de points noirs, qui se volt aussi en dessous au milieu de la seconde bande fauve. Dans le damier ordinaire , cette ligne Isolée de points n'existe pas. La chenilley'ii en société , sous un tapis de soie, sur le plan- tain ; on la trouve aussi sur la petite ortie et sur l'armoise. Elle paroît au printemps et en automne ; celles de cette der- nière saison passent l'hiver dans leur abri soyeux , et n'ac- quièrent toute leur grosseur qu'au printemps. Cette chenille est noire, avec une bande longitudinale de points blancs. Les épines et les pattes écailleuses sont noires comme le corps ; les pattes membraneuses sont rouges. La chrysalide est noirâtre avec des points fauves. Argynne dictynna, Papilio Dicfynna, Fab.; le Damier^ var- B., Geoff. ; le Damier^ troisième espèce, Engram., |Ptfjp. d'Europe, 520 A R G pi. XIX, n." 3i. Celle espèce diffère, parles caractères sui- vans , du pap. damier. Le fauve du dessus des ailes est coupé par plusieurs raies noires , en forme de bandes , qui sont elles-mêmes croisées par des nervures noires ; la naissance des ailes inférieures en dessous est fauve ; l'espace jaune du milieu de leur surface inférieure , et qui est renfermé entre deux bandes fauves, n'est pas ici ponctué de noir. Sa chenille vit en société peu nombreuse sur la petite ortie qui croît au bord des forêts ; elle est noire, avec des anneaux de points blancs. La tête et les pattes membraneuses sont rouges ; les autres pattes et les épines sont noires. Elle pa- roît au printemps et à la fm de l'été. Sa chrysalide est brunâtre , avec des tubercules orangés. On devroit peut-être rapporter à cette espèce les variétés du damier, troisième espèce d'Engramelle , pi. LXll , n.° 3i , e.f. et siippL. III. pi. IV , n.° 3i , g. n. k. Argytsne iïÉBÉ. Papilio Hebe, Borkh. ; le Damier, sixième espèce , Engram. , Pap. d'Europ. pi. LXll , n.° 3i , a — d , bis. Le dessus de ses ailes est d'un brun noirâtre , avec un grand nombre de petites taches rondes ou ovales d'un fauve obscur, rangées , pour le plus grand nombre , en lignes transver- sales. Le dessous des supérieures est d'un fauve clair , avec quelques taches jaunes près de l'extrémité , et des traits noirs, formant des espèces de caractères, près de la côte , en tirant ver^la base. Le dessous des inférieures nous offre les carac- tères suivans î la base est d'un fauve obscur, avec quelques taches (de 4 à 5) jaunâtres; le milieu est traversé d'une bande composée de taches de même couleur , ou même plus pâles; tout le long du bord postérieur est une suite de taches lunulées, également jaunâtres. L'espace ou la bande qui oc- cupe l'intervalle de celle du milieu et de la rangée de taches du bout , est d'un fauve plus foncé, le long du bord contigu à celte rangée terminale. Argynne CIILOÉ, Argynnis Chloe ; le Damier, deuxième espèce, Engram. , Pap. d'Europ. pi. xviii , n." 3o. Feu Gigot d'Orcy avoit reçu celte espèce d'Angleterre. Elle est un peu plus petite que le damier ordinaire. Le dessus des ailes est fauve, avec beaucoup de petites raies ou de traits noirs ; quelques- uns de ceux de la base forment , par leur réunion , des 8 ou une espèce de chaîne. Les supérieures ont leur extrérhité postérieure largement bordée de noir ; celle des inférieures a du bleuâtre , précédé d'une rangée de points noirs. Les supérieures sont, en dessous, partie fauves et partie d'un jaune- verdâtre , avec des raies foncées, et quatre taches noires ir- régulières. Le dessous des inférieures est d'un jaune-verdâtre , croisé par des mailles fauves ; le bord postérieur a une tach-c A. - ./ritnf/imi'on rAorn/>oi'i/i- (i . /i;f////i/rrt' r/iiri/iurie/i . 7. /f ,yA.vvv //...vJ o h, . Jiiirr/i/i-///>'. /"//•/■(»//(//(' /'/f.t;i-////f . //■ //■/////■(■/n.rr /i,i///,v . /,'i. ./,i-/>/t/i>/'//(>/t>/i/r //-ir/ii/.'/i'/iii A R G Soi blanche , entre deux petits traits noirs. Les points de la face supérieure paroissent ici , mais sont de couleur fauve. Cette espèce est-elle bien d'Europe? (l.) ARGYOpOlSTE. Nom grec de la Sciène ombre, (b.) ARGYREE , Argyreus. Genre d'insectes , de l'ordre des lépidoptères, famille des papilionides , fonné par Scopoli, et qu'il compose des Hespéries nirîcoles de Fabricius, dont les ailes sont ornées de bandes dorées ou argentées , avec des taches ou des points en forme d'yeux» A peine pourroit-on fonder sur de tels caractères ^es divisions de genres. V. Po- LYOMMATE, (L.) ARGYREIOSE, y^r^ymo5î«. Genre de poissons établi par Lacépède pour placer le zens vomer de Linnaeus , qu'il a reconnu dev-oir être séparé des autres Zées. Ce genre offre pour caractères : un corps très-comprimé; une seule nageoire dorsale , dont plusieurs rayons sont terminés par des filamens très-longs , et accompagnés latéralement de plusieurs piquans ; une membrane verticale, placée transvA*- salement au-dessous de la lèvre supérieure ; des nageoires ventrales très- allongées ; des aiguillons devant la nageoire du dos et celle de l'anus. L'Argyreiose vomer s'appelle en français le coq doré , et en brasilien guupewa. 11 se trouve dans les mers les plus chaudes comme dans les mers les plus froides , c'est-à-dire , dans celle du Brésil et dans celle de Norwége. Il se nourrît de crustacés et de jeunes coquillages ; sa longueur est d'un demi-pied ; il a peu de chair , mais elle est d'un bon goût. On le prend à l'hameçon et au filet. V. pi. A. 7, où il est figuré. Ce genre, réuni aux Gals et aux Sélènes, constitue le genre Vomer de Cuvier. (b.) ARGYREJE , Argyreja. Genre de plantes établi par Lou- reiro dans la pentandrie monogyuie et dans la famille des con- volvulacées. 11 offre pour caractères : un calice à cinq fo- lioles ovales, concaves, velues, dont deux plus grandes et extérieures ; une corolle monopétale à cinq divisions re- courbées, et intérieurement garnies d'un tube à cinq dents; cinq étamines à filets velus et épais à leur base , attachées au bord du tube ; un ovaire globuleux à style filiforme et à stigmate en tête émarginée. Le fruit est ime baie presque ronde , sèche , à quatre loges monospermes. Ce genre , qui se rapproche des Aquilicies et des LÉES , renferme trois espèces propres à la Chine et à la Cochin- chine ; deux sont des arbrisseaux grimpans sans vrilles , à feuilles alternes , ovales , entières et à fleurs blanches , dis- posées en panicules terminales. Ils passent pour aslringens. 522 A R G La troisième est un arbre à feuilles également alternes et ovales , et à fleurs jaunes , disposées en grappes terminales. On emploie fréquemment , dans le pays , ses feuilles et ses racines en cataplasme contre les intlammations externes et les tumeurs des mamelles, (b.) ARGYROCHETE , Jrgyrochœla. Plante annuelle, éta- blie en titre de genre par Ca vanilles, mais qui n'est autre que la PaRTHÉNIE HySTÉROPHORE.(B.) ARGYROCOME , Argyrocoma. Genre de plantes établi par Gsertner , aux dépens des Perlières et des Immor- telles de Linneeus. Ses caractères sont d'avoir un calice formé d'écaillés imbriquées , scarieuses , luisantes , dont les intérieures plus longues , colorées et ouvertes en étoile : les fleurons hermaphrodites et les fleurons femelles mêlés sur le disque ; les semences à aigrettes pénicellées ou entière- ment plumeuses ; le réceptacle nu. Ce genre , adopté par les botanistes français , renferme des espèces qui presque toutes viennent du Cap de Bonne- Espérance , et sont, comme les immortelles , scarieuses, arides, susceptibles de se conserver par la dessiccation, avec une apparence peu différente de l'élat de vie. (b.) ARGYROINÈTE, Argyroneta, Lat. Genre d'arachnides de l'ordre des pulmonaires, famille des aranéidesoudes fileu-» ses, tribu des tubitèles , et qui se distingue des autres genres qu'elle renferme, à ces caractères : huit yeux; filières exté- rieures , à peu près de la même longueur; mâchoires droites, presque carrées et coupées à leur sommet ; lèvre triangu- laire. Ce genre ne comprend encore qu'une seule espèce, V arai- gnée aquatique de Linneeus, de Geoffroy, de Degeer, etc. , et qui, dans la plupart des méthodes ( V. Aranéides), for- moit une section ou petite famille. M. Walckenaer, en adop- tant ce genre , l'a également isolé , et en a fait le type de sa division des naïades. Mais quoique les argyronètes diffè- rent des autres aranéides par la nature de leur milieu d'ha- bitation, l'ensemble de leurs caractères ne les rapproche pas moins des autres tubitèles ou araignées tapissières des auteurs. Les argyronètes , par la disposition des yeux, ont de l'af- finité avec les cluliiones nourrice, atroce , et plus particulière^ ment avec les aranéides filandières ou inéquitèles qui compo- sent le genre thén'dion. Ces yeux sont rapprochés, presque égaux entre eux, et forment, quatre par quatre, deux lignes trans- verses, parallèles, dont la postérieure est un peu plus longue ; les quatre du milieu représentent un carré , un peu plus étroit en devant , les deux yeux intermédiaires de la ligne an- térieure étant plus rapprochés et presque contigus ; les deuv A R G 523 3e chaque bout sont situés sur une petite élévation oblique , et ne sont séparés l'un de Tautre que par un très-petit espace. De même que dnns les espèces de clubiones citées plus haut, la première paire de pattes, et ensuite la quatrième , surpas- sent les autres eu longueur; de même encore, parmi leurs ^ix filières , il y en a quatre plus longues, cylindracées et à peu près égales. Les mandibules nous offrent aussi une grande ressemblance ; elles sont robustes et verticales ; leurs cro- chets seulement ne font que s'appuyer sur les dentelures de la première pièce. On retrouve celte identité de rapports dans la forme de leurs habitations. Les seules difTérences organiques bien ap- préciables sont prises des mâclioires et de la lèvre. Les mâ- choires , au lieu de se terminer en sommet d'ovale , sont presque carrées et coupées transversalement , ou du moins très-obtuses. La lèvre forme un triangle allongé, dont la pointe est mousse; et sa longueur, comparée avec celle des mâchoires, est un peu plus grande que celle de la lèvre des clubiones, parce que les mâchoires des argyronètes sont pro- portionnellement un peu plus courtes; la face antérieure de leur lèvre est un peu convexe. Les palpes et les pattes sont garnis de quelques poils plus longs et plus roides , en forme de piquans, mais en général plus soyeux que poilus. Le tronc même est presque glabre ; sa partie antérieure est élevée ; ses côtés offrent quelques lignes enfoncées et disposées en rayon. L'abdomen est soyeux, mou, ovale dans les femelles; plus étroit et plus allongé , presque cylindrique , avec la base un peu plus grosse et l'extrémité opposée un peu cour- bée , dans les mâles. Les individus de ce dernier sexe sont ordinairement plus grands que ceux de l'autre, et ont les pattes, proportions gardées, beaucoup plus longues. Leurs palpes se terminent par un renflement allongé, en forme de fuseau, dont l'extrémité supérieure va en pointe. Ce renflement , du moins dans les jeunes individus , est composé du quatrième et du cinquième articles; ce sont deux cônes, à pointes op- posées, et réunis par leur base. Dans les individus adultes, le cinquième article, ou le dernier, a, en dessous, une cavité ovale , garnie tout autour d'un rebord élevé, écail- leux , et en dedans d'une peau membraneuse. On y observe deux corps : l'un immobile, entièrement écailleux, reposant immédiatement au fond de la cavité , et ayant à son bout antérieur un fdet courbé en arc; l'autre mobile, moitié écail- leux , moitié membraneux, de figure irrégulière , terminé, au bout postérieur , par un crochet écailleux , s'appuyant dans une cavité intérieure , revêtue d'une peau molle et (Icxible , du quatrième article , lorsque les pièces sont en re- 524 A R G pos. Le filet de la première entre dans la seconde ; tel est l'appareil extérieur de l'organe sexuel du mâle , mais qui ne se développe qu'avec l'âge. Les habitudes de VA. aquatique ont, par leur singularité, fixé l'attention de plusieurs naturalistes , entre lesquels l'on doit citer Clerck et l'auteur d'un mémoire particulier sur ces animaux , dont quelques observations néanmoins ont été rectifiées par celles de Degeer. h' A- rqualique vit d^ms les eaux dormantes ou coulant très-lentement des marais et des fossés, qui ne se dessèchent pas, du moins entièrement. C'est dans l'intérieur de ces eaux , et non à la surface, qu'elle habile, différant en cela de quelques espèces d'araignées loups. On commence à la trou- ver «lès les premiers jours chauds du printemps. Elle nage dans une position renversée, ayant le dessous du corps tourné en haut. Son abdomen est alors enveloppé d'une bulle d'air, et paroît comme un petit globe argentin et très-brillanî. De- geer dit même que le corps , à l'exception des pattes , est tout environné d'une couche d'air; mais je n'ai point remar- qué qu'elle eut autant d'étendue. On voit souvent cette aranéldc venir se placer à la superficie de l'eau , s'y tenir comme suspendue , et ayant l'extrémité postérieure de son corps hors de cet élément. Nul doute que ce ne soit pour respirer et se former celte cloche aérienne , dont son abdomen est recouvert. Nous savons aujourd'hui quelle est la place des organes de la respiration , et ce ne sont pas les filières, ainsi que Clerck l'avoil pensé. Mais comment vient- elle à bout d'envelopper une grande partie de son corps avec celte masse d'air i* Quelle est la cause de son adhésion:* voilà des problèmes que l'observation n'a pas encore résolus. Une propriété de ces aranéides, non moins singulière , est celle de pouvoir se construire au sein de l'eau , une mal- son aérienne , une véritable cloche à plongeur , où elles respirent librement, où elles vivent en sûreté, et qui sert aussi de berceau à leur famille. Nous avons comparé cette retraite à une cloche à plongeur , parce qu'elle a non-seule- ment la même destination , mais encore sa forme , c'est-à- dire, celle d'une calotte, ou de la moitié de la coque d'un œuf de pigeon. Elle est entièrement remplie d'air , parfaitement close , à l'exception de sa partie inférieure , où est une ou- verture assez grande , qui donne entrée et sortie à l'animal. Ses parois sont minces et d'un tissu de soie blanche, forte et serrée. Un grand nombre de fils irréguliers la fixent aux tiges des plantes ou à d'aulres corps. Quelquefois la partie supé- rieure est hors de l'eau , mais , le plus souvent , elle y est en- lièremenl plongée ; son habitant est ainsi environné d'air. A R G 525 Elle s'y lient tranquillement, la tête ordinairement en bas, si- tuation qui lui permet de voir plus facilement ce qui se passe, de guetter sa proie , et de s'échapper au moindre danger. Degeer l'y a vue aussilatête en haut et les pattes appliquées contre le corps. 11 est facile de concevoir la manière dont l'argyronète in- troduit l'air dans sa cloche , et comment elle la remplit totalement. Dans le principe , leau occupe sa capacité inté- rieure. Pour la vider et y substituer l'autre fluide , l'animal va successivement à la surface de l'eau , se charge d'une bulle d'air , la transporte dans son habitation, s'y dégage de sa provision aérienne , et déplace une masse égale d'eau, qui sort par l'ouverture inférieure. En répétant plusieurs fois ce manège, il réussit à expulser toute l'eau de sa cellule, et y introduit le même volume d'air. Les mâles, ainsi que les femelles , se construisent , et dans tous les temps favorables de l'année , de semblables habitations , ce qui démontre l'analogie que nous avons remarquée , à cet égard, entre les argyronètes et les autres aranéides de la même tribu ou les tubitèles. Degeer trouva, au mois de décembre , une de ces cloches , fermée de toutes parts , et où l'animal étoit comme emprisonné II en sortit par une déchirure que cet ob- servateur y avoit faite, et se mit aussitôt à sucer une aselle d'eau douce qu'il lui présenta. Il est probable que ces ara- néides se claquemurent ainsi pour passer l'hiver. Le même naturaliste ainsi que Clerck ont conservé, dans le même vase, plusieurs individus des deux sexes , sans qu'ils se soient entre- mangés ; et quoiqu'ils eussent été privés , pendant plusieurs jours , de nourriture , tout se passa dans les rencontres de mâle à mâle et de femelle à femelle, en de simples tâtonne- niens ou en des attaques, sans aucune suite meurtrière : ainsi l'auteur du Mémoire sur les araignées aquatiques leur a faus- sement attribué, par présomption peut-être , un naturel cruel et vorace à l'égard de leur propre espèce. Les œufs sont ronds , d'un jaune couleur de soufre, et ren- fermés dans un cocon globuleux, soyeux, et dont le volume occupe environ le quart de la capacité intérieure de la cel- lule. La femelle se tient constamment auprès, ayant l'abdo- men dans l'intérieur de son habitation , et le tronc dans Te au. Clerck a vu plusieurs petits nager dans le mois de juillet , ce qui suppose que la ponte s'est effectuée dans le courant di/*mois précédent. Elle a lieu un peu plus tôt sous notre climat. Argyronète AQUATIQUE, Aranea aquatica ,J-ÀTin. ^ Geoff, Deg. , Fab. , Walck., iahl. dcsanin.^ p. 84. ; Clerck, arun. suec. , pag. 143, pi. 6, tab. ^ifig. 1.3. Lalande de Ligaac, Mém. pour SaS A R i servir à commencer l'histoire des ara/'g. aquat.^ Paris 174^9; de grandeur moyenne , d'un brun noirâtre, avec l'abdomen plus foncé , soyeux , ayant sur le dos quatre points enfoncés et une tache oblongue , plus obscure et peu marquée. Le mâle est plus fort et a les pattes plus longues. J'ai trouvé abondam- ment cette espèce dans les mares et les fossés du Petit- Gentilli, aux environs de Paris, aux premiers jours du prin- temps. Elle "habite aussi la Hollande , la Suède , etc. (l.) AKIA. V: Alizier. (s.) ARIA BEPOU. C'est l'AzÉDARACH. (b.) ARIA YÉELA. Nom .malabar du Mozambé visqueux. (B.) ARIANE. V. Satyre, (l.) ARIEL. C'est le nom que les Arabes des confins de l'Abyssinie donnent , selon Bruce , à un quadrupède de la grosseur d'une gazelle , qui est blanc sur une partie du dos et sur toute la croupe ; une ligne noire prend depuis la hanche et descend jusqu'à la jointure des jambes de der- rière : les ariels ne vont qu'en troupes, et courent avec une grande légèreté. Il paroît que ces animaux appartiennent au genre des Antilopes ; mais l'on ne sauroit dire à quelle espèce il convient de les rapporter, (s. et DESM.) ARIGNAN-OUSSOU. Nom du Hocco au Brésil. Ou Va attribué aussi au Dindon. ARILLE. F. Graines ou Semences. ARIIVIANON. V. Perruche, (v.) ARIN-DRANTO. Arbre de Madagascar, dont on ne connoît pas le genre, (b.) ÀRISARON. Nom spécifique d'un Gouet. (b.) ARISTEE , Arislea. (ienre de plantes établi par Aiton, dans la triandrie monogynie , et dans la famille des Irihées, pour placer le jnorea /ifiicima de Llnnseus , qui s'écarte des autres Morées. Il offre pour caractères une corolle de six pétales, un style décliné , un stigmate infundlbuliforme , ou- vert , une capsule inférieure et polysperme. Ce genre renferme aujourd'hui plusieurs espèces , toutes originaires du Cap de Bonne-Espérance , et la plupart figurées dans le Bofaniral magazine de Curtis. (B.) ARISTIDE , Aristlda. Genre de plantes de la triandrie dlgynie et de la famille des Graminées, dont les caractères sont d'avoir : une balle callclnale bivalve et ordinairement unidore ; une balle florale unlvalve et terminée par trois barbes à son sommet ; trois étamines ; un ovaire supérieur chargé de deux styles capillaires; une semence nue, enve- loppée par la (leur. Les plantes de ce genre ont, en général, le port des EÉ- A R I 527 TUQUES et ne présentent rien de particulier à faire connoître. J'en ai observé, pendant mon séjour en Amérique , plusieurs espèces qui toutes ont un fanage si dur et si insipide, qu'au- cun animal ne le mange : il est probable qu'il en est de même des espèces propres à l'Asie et à l'Afrique. La plus ancienne- ment connue , des trente qui y entrent, est appelée AnisTiDE DE l'Ascension, parce que c'est dans cette île qu'Osbeck l'a trouvée ; elle formoit à cette époque , avec la Rubéole li- gneuse , IIEuphorbe À fleurs d'origan et le Pourpier, toute la flore de cette île. Mais Bory-Saint-Vincent , qui vient de la visiter de nouveau , n'y a pas trouvé une seule plante, ce qui feroit croire qu'elles ont été détruites. Les genres Curtopogon, Chaet.vrie, Arthrateron et HétÉROSTÈGE, ont été établis aux dépens de celui-ci. (b.) AKIST OhOCRE, ^ An'stolochia. Genre de plantes de la gynandrie hexandrie, et de la famille des asaroïdes , dont les caractères sont : un calice d'une seule pièce, coloré, tu- buleux , irrégulier , ventru à sa base , élargi à son orifice , et dont le bord est prolongé en forme de languette ; six an- thères portées sur le pistil, et situées au-dessous des divisions du stigmate ; un ovaire inférieur , ovale , oblong , anguleux , surmonté d'un style très-court, et terminé par un stigmate con- cave à six divisions. Le fruit est une capsule ovale , hexagone , s'ouvrant par la base , et formée de six loges qui renferment un grand nombre de semences aplaties. Ce genre contient une trentaine d'espèces qui sont li- gneuses ou herbacées , volubles ou droites ; toutes ont les feuilles alternes, souvent cordiforraes ; les fleurs axillaires , et quelquefois remarquables par leur grandeur ou leur foixne baroque : plusieurs sont très-employées en médecine. Parmi les espèces à tiges grimpantes , on remaraue : L'Aristoloche odorante , dont les feuilles sont en cœur, les pédoncules solitaires et la fleur rouge. Elle croit à la Ja- maïque et au Mexique. Toutes les parties de cette plante ont une odeur forte , mais agréable : on dit sa décoction bonne pour fondre les tumeurs , guérir la fièvre , la morsure des serpens , etc. L'Aristoloche anguicide , qui approche beaucoup de la précédente , mais dont les feuilles sont accompagnées de stipules cordiformes , la fleur verte veinée de rouge , et l'o- deur nauséabonde. Cette plante croît dans la Nouvelle- Espagne. On rapporte, et Jacfiuin l'assure , qu'on fait fuir tous les serpens lorsqu'on s'approche d'eux avec la racine de cette plante à la main , ce qu'il attribue à son odeur. Lors qu'on met une goutte de son suc dans la bouche d'un serpent, il devient comme hébété et cesse d'être dangereux pendant quelques heures ; lorsqu'on en met davantage, il est saisi d'un BaS A R I tremblement convulsif qui le mène à la mort. Ce même suc , appliqué sur mie morsure récente d'un serpent venimeux , ou pris à rintérieur dans cette circonstance , guérit imman- quablement la personne qui en fait usage. Cette racine est appelée apinel par les habitans du Brésil ; les feuilles et les tiges jouissent de la même propriété , mais à im degré in- férieur. L'Aristoloche à grandes feuilles , Aristolochia sipho , l'Héritier: se trouve naturellement dans les bois de la Ca- roline et de la Vii^inie , et vient fort bien en pleine terre aux environs de Paris. C'est une plante qui mérite d'être cultivée pour la beauté de ses feuilles, qui sont en cœur et ordinairement de six à bult pouces de diamètre ; elle est propre surtout à faire des tonnelles imperméables aux rayons du soleil : elle demande un terrain frais et profond. Les fleurs , qui ont la forme d'une pipe turque , sont très-singu- lières , et frappent toute personne qui les voit pour la pre- mière fois. On la multiplie de semences, de marcottes , et même de boutures. L'Aristoloche à gra'NDES fleurs a la tige ligneuse, grim- pante , les feuilles en cœur, entières , les fleurs grandes , so- litaires , avec un appendice. C'est à la Jamaïque qu'elle se trouve. Elle se fait remarquer des plus indifférons par la grandeur de sa fleur, qui exhale l'odeur de cbair corrompue à un éminent degré. On regarde sa racine comme un poison qui tue les cochons qui en mangent. On ne cite point d'aristoloches de celte division en Eu- rope ; mais parmi celles de la seconde , c'est-à-dire , à tiges droites , on en trouve quatre , dont trois sont fort connues dans les boutiques d'apothicaires, à raison de leurs usages médicinaux. La première est I'Aristoloche ronde , dont les feuilles sont en cœur, obtuses, sessiles , et les (leurs solitaires : elle croît dans les parties méridionales de la France. La seconde est l'yVRiSTOLocHE longue, dont les feuilles sont en cœur, obtuses, péliolées, et les fleurs solitaires : elle croît dans les mêmes endroits que la précédente. La troisième, ryVRiSTOLOCUE clématite , dont les feuilles sont en cœur, pointues , et les fleurs rassemblées plusieurs ensemble : elle croît dans toute l'Europe , sur le bord des rivières , dans les lieux argileux. Ces trois plantes ont une odeur forte , une saveur acre et très-amère ; leurs racines passent pour être emniénagogues, atténuantes , toniques , vulnéraires , détersives : celles de la seconde sont les plus estimées. A R I S29 On trouve encore dans cette division TAristoloche ser- pentaire, plus connue sous le nom de serpentaire de Virginie^ qui croît dans la Virginie et les Carolines, dans les bois; sa racine est fibreuse ; sa tige est flexueuse; ses feuilles oblon- gués et en cœur; ses fleurs placées au collet de la racine. On en fait le plus grand cas en yVmérique, et il paroît qu'aux vertus des précédentes , qu'elle possède à un plus haut de- gré, elle joint celle d'être un puissant antidote contre la mor- sure des serpens , contre les vers intestinaux , contre les maladies vénériennes , la fièvre , etc. : elle est très-aroma- tique. Je l'ai employée fraîche pour guérir un nègre mordu par un serpent venimeux, et je crois qu'on peut la mettre au nombre des plus actifs sudorifiques connus. Quelques gouttes d'eau dans laquelle j'en avois fait infuser , ont suffi pour ex- citer en moi une transpiration abondante ; et le nègre en question , qui en prenoit de fortes doses , étoit dans un état perpétuel de sueur. Cette plante ne s'élève pas à plus de six à huit pouces, est toujours solitaire et ne pousse que fort tard; de sorte qu'elle est très-difficile à trouver parmi les grandes plantes qui cou- vrent le sol des bois en Amérique ; et de plus , ses feuilles sont presque toujours mangées par la chenille du papillon trdile: aussi sa racine est-elle chère ; même dans le pays. V. pi. A. i5, où elle est figurée, (b.) ARISTOLOCHES. Famille de plantes appelée Asaroï- DES, par Ventenat. (b.) ARISTOTÈLE, Aristotelia. (xenre de plantes de la do- décandrie monogynie , dont les caractères sont : calice tur- biné à cinq ou six divisions; corolle de cinq à six pétales, al- ternes avec les découpures du calice , et insérés sur la partie extérieure de son disque; quinze à dix-huit étamines aliemes avec les pétales ; ovaire arrondi , dont le style est trifide et les stigmates au nombre de trois ; baie pi^formc , tri— gone , iriloculaire, à loges à une ou deux semences convexes d'un côté. Ce genre a été établi par l'Réritier , sur un arbuste du Chili, dont les feuilles sont opposées, toujours vertes et mu- nies de stipules caduques ; les fleurs disposées en grappes axil- laires ou terminales, et nmnies de petites bractées. Ses fruits, gros comme une cerise , sont légèrement acides , et servent, dans le Chili , à faire une boisson rafraîchissant».' , qu'on di^ avantageuse dans les fièvres malignes. IL' arislolèle est appelée maapii^^r les Chiliens; elle fleurit tous les ans dans les orangeries des jardins de Paris, (b.) AKISTOTELEE, Arisiolelea. Plante annuelle à racines J^ulbeuses, obloDguçs j fasciculées; k feuilles radicales, tubu- . II. 34 53o A R M lées, trinervées, courbes; à hampe cylindrique, presque nue, terminée par un épi contourné en spirale , et garni de fleurs pourpres, sessiles et inodores, qui forme un genre selon Lou- reiro , mais lequel paroît devoir entrer dans celui appelé I\ÉOTTiE par les autres botanistes, (b.) ARJONE , Arjona. Plante vivace à racine fusiforme ; à tiges nombreuses , filiformes , très-dures; à feuilles éparses, engainantes, aiguës et écartées à leur pointe ; à fleurs jau- nâtres , terminales , ramassées , presque sessiles , couvertes par des bractées , laquelle forme un genre dans la pentan- drie monogynie et dans la famille des Ti.iymelées. Ce genre présente pour caractères un calice de deux fo- lioles concaves et persistantes; une corolle infundibuliforme à tube allongé , divisé en cinq parties : cinq é lamines très- courtes ; un ovaire supérieur, ovale , couronné par cinq écailles très'-courtes , et terminé par un style à stigmate bila- mellé ; une baie globuleuse , biloculairc, qui conserve les marques des écailles. L'Arjone tubéreuse croît dans l'Amérique méridionale , oii, on en mange sa racine sous le nom de Descado. (b.) ARLE , pour Hurle, (s.) APiLEQUIN. Klein nomme ainsi un oiseau d'Asie varié de bleu, de cendré, de brun et de jaune. Il le donne pour un Rossignol, (v.) ARLEQUIN. V. Colibri arlequin, (v.) ARLEQUIN DE CAYENNE. Nom vulgaire du Prione loginane d'Olivier. V. Lamie et Macrope (o. l.) Arlequiîs doré. Nom donné par Geoffroy à la Chryso- MÈLE CÉRÉALE, Chrysomela cerealis. V. Chrysomèle. (o.) Arlequiis velu. Nom donné par Geoffroy à la Cétoine velue , Cetonia hiiia. V. CÉTOINE, (o.) ARLEQLTINE. Nom que les marchands donnent à deux espèces de coquilles du genre Porcelaine, (b.) ARMADÎLLE, du mot espagnol ^/wa^/tV/o. F.TATOu.Seba a donné au pangolin la dénomination d'armadille à écaille de Ceylan. V. Pangolin, (s.) ARMADILLE, ^/7o«^/7/o, Lat. Genre de crustacés, de l'ordre des isopodes, section des ptérygibranches, ayant pour caractères : quatre antennes , dont les intermédiaires très- petites, à peine distinctes, et dont les extérieures ou latérales, gétacées, de sept articles , insérées dans une fossette relevée sur ses bords ; appendices latéraux du bout de la queue , ne faisant point de saillie, terminés par un article triangulaire ; corps se roulant en boule. C'est surtout par ce dernier caractère que ces crustacés se distinguent des cloportes , avec lesquels ils ont de très-grands A R M 531 rapports de formes et de manière de vivre. Lem's écailles Jbrarichiales et supérieures ont sous le bord inférieur une ran- gée de trois à quatre petites ouvertures , où Tair s'insinue et pénètre ensuite dans l'organe respiratoire , renfermé dans la dupllcature de ces écailles. Armadille COMMUN , Oniscus onnadlllo ^ Linn. ; Cmier, Joiirn. (VMst. nat.^ tom. 2, pag. 28, pi. 2.^ ^ fig. i4.-i5. D'un gris plombé, avec le bord postérieur î;s anneaux blanchâtre, ïrès-commun sous les pierres et au bas des murs. Panzer en a représenté une variété sous le nom à''&.mcus cinereus. Faun. imect. germ. fasc. 62 ,Jig. 22. Armadille mélangé, Oniscusvanegaius^Will.Enfom. tom.^, tab. ii,Jig. 16. Noir, avec les bords des anneaux et des taches blanches. Au midi de la France. V. encore V oniscus pulchellus de Panzer , ihid. ^fig. 21. Le genre armadille de M. Cuvler (^Joum. dlùst. nat. ) est le même tjue celui de Glumeris. V. ce mot. (L.) ARMARINTE , Curhys. Genre de plantes de la pen- tandrie digynie et de* la famille des ombellifères, dont le ca- ractère est d'avoir Tonibelle générale et les partielles égale- ment munies de collerettes de plusietirs folioles souvent dé- coupées; un calice entier ; cinq pétales lancéolés et égaux; cinq étamines : un ovaire inférieur, chargé de deux styles, cl terminé par un stigmate globuleux ; deux grosses semences demi-ovales , recouvertes d'une écorce épaisse et fongueuse. Ce genre comprend une dizaine d'espèces propres aux parties méridionales de l'Europe , et dont les feuilles sont très - composées , les tleurs jaunes. Une seule, I'Arma- RINTE À FRUITS ANGULEUX , Cachry S libanotis , Linn. , est de quelque usage. Cette dernière a les feuilles bipinnées , et leurs folioles aiguës et multifides ; les semences lisses , mais cependant sillonnées profondément. Toutes ses par- ties ont une saveur acre et une odeur aromatique d'encens, mais ses semences et sa racine plus que ses feuilles. On la regarde comme échauffante , astringente et antihystéiique. Elle croît tout autour de la Méditerranée, et forme, dans Gœrtner, un genre sous le nom de Libanote. On emploie aussi , comme odontalgique , I'Armarinte ODONTALGiQUE qui croît en Sibérie , et dont les caractères jsont d'avoir les feuilles radicales surdécomposées, couvertes de poils blancs, la tige nue et les semences unies, (b.) APiME. Nom spécifique d'un poisson du genre Silure, Silui-us militaris , Linn., qu'on trouve en Asie, suivant Lin- neeus, et à Surinam, suivant B loch. V. au mot Silure. On appelle aussi de ce nom les cottus quadricomis et cata- phractus de Linneeus. V. au mot Cotte, (b.) S32 ARM ARMELLINA, de Kleîn ; ARMELlNI, de Gesnen C'est la Marte hermiise. (desm.) ARMÉNISTAIRE. C'est un des noms des Méduses, (b.) ARMENTA de Laët. Cet animal paroît être le Bison d'Amérique. V. Rœuf. (desM.") ARMES ET DÉFENSES DES ANIMAUX. La na- ture ayant créé des carnivores pour mettre l'équilibre dans le règne animal et pour détruire l'excès des espèces trop nombreuses ou trop fécondes, qui épuiseroient le règne vé- gétal , a donné aux premiers des armes pour attaquer , eï aux secondes d'autres armes pour se défendre. Nous ne par- lerons point ici des ruses que mettent en usage les espèces foibles pour se soustraire à leurs implacables ennemis, ni des finesses des petites races carnivores qui ne peuvent pas vaincre leur proie par la force. Ces industries particulières à chaque espèce , émanent de son instinct et de son organi- s.Ttion; il en sera fait mention à chacun de leurs articles. Les animaux ont deux sortes d'armes : les unes purement d('fensives , les autres offensives; et celles-ci sont exclusive- ment le partage des espèces carnivores ; car les cornes des ruminans , de ces timides et paisibles animaux , servent à leur défense et non pas à l'attaque y comme on pourroit le penser, excepté au temps du rut. Il est donc vrai que la guerre est un besoin dans la nature; qu'il y a des êtres formés pour détruire , et des races inno- centes destinées à la mort, à servir de pâture à leurs tyrans ; que la dent cruelle , l'ongle déchirant ont été donnés au tigre, à la panthère ; et que la nature leur a dit : Va dévorer le foible , opprimer l'innocent ; sois barbare , inexorable ; il le faut , sans cela tune peux pas vivre; meurs ou lue; ne t'ai -je pas donné la force et les armes ? c'est à toi d'en faire usage. Plus j'examine cette objection terrible contre la divine sagesse , plus je me confirme dans l'opinion que nous lui im- putons à tort la cruauté et l'injustice. IMetlons-nous au vrai point de vue pour en bien juger. Tout animal doit mourir, c'est-à-dire, éprouver une certaine douleur à sa destruction; qu'elle arrive plus tôt ou plus tard, qu'importe i' l'individu en gera-t-il plus ou moins heureux i* Mourir de la fièvre ou de la morsure d'un serpent, lequel sera plus douloureux ? Je n'y vois pas grande différence. Il faut toujours périr une fois, et ilne sert à rien de reculer. On se récrie sur la férocité du tigre, du loup , etc. Cepen- dant, à vrai dire , que cherchent ces animaux:' rien qu'à se nourrir ; et ne pouvant pas digérer les plantes, ils ont recours è la chair. Les hommes en font autant. Est-ce par cruauté? est-ce pour avoir le plaisir de faire souffrir le bœuf que nous A R M 535 le tuons ? Si le blé nous suffisoit , pourquoi donnerions-nous la mort à ces animaux humbles et dociles, qui cultivent nos campagnes? N'est-ce donc pas le besoin, la nécessité de vivre, qui force , nous et les animaux carnivores , à détruire d'au- tres animaux? Rien n'est plus faux que de supposer desseu- timens de ftirocité aux animaux carnassiers. Quand le liort est bien repu , il est doux comme l'agneau. On a très-faus- sement exagéré l'instinct sanguinaire du tigre. A quoi lui ser- viroit une inutile férocité , lorsqu'il a mangé suivant ses be- soins ? On a la preuve, au contraire, que tout animal ne fait rien que ce que le besoin lui commande. La paresse suffi- roit môme pour que le tigre vécût tranquille tant que la né- cessité ne le forceroit point d'attaquer. Aimant la chair fraî- che , il ne se donneroit pas seulement la peine de luer sa proie d'avance. Mais enfin , répliquera-t-on , pourquoi créer des espèces carnivores ? Eh bien ! seriez-vous d'avis d'exterminer l'es- pèce des chats pour laisser multipliera l'aise celle des souris dans vos greniers ? Vous me direz : Quel bien fait le loup ? Ne mange-t-il pas les moutons, les lièvres, les lapins? Et moi je vous dis que si le loup vous est nuisible d'une part , il vous est aussi fort utile d'une autre , sans que vous vous en doutiez. Il s'en faut beaucoup que cet animal trouve tou- jom's à se» régaler de moutons et de lièvres ; mais il dévore chaque jour une grande quantité de taupes, de loirs, de mu- lots, qui dévastent nos, campagnes. Il fait la guerre aux es- fèces qui nous échappent, et il n'y a point d'animal dans univers qui soit absolument nuisible, sans avoir la moindre utilité ; car ces petites espèces mêmes ont leur but dans le monde ; leur surabondance seule peut avoir ses inconvc- nlens, et exige sa répression au moyen des races carnivorev*;. Plus vous étudierez l'histoire naturelle , plus vous serez convaincu de cette vérité. La suprême sagesse me paroît donc entièrement justifiée; d'ailleurs, je ne puis comprendre pour- quoi elle auroit établi le mal absolu sur la terre , sans néces- sité ; elle ne fait jamais rien en vain. Notre ignorance de ses lois nous a rendus téméraires et prompts à l'accuser ; car la présomption est toujours compagne de la sotte stu- pidité. De la nécessité des espèces carnivores pour réprimer l'ex- cessive pullulation des autres animaux , pour détruire les ca- davres , ronger les charognes , harceler les infirmes , purifier enfin le domaine de la nature , et ne laisser sur la leiTc que les individus sains et vigoureux , naît la nécessité des armes , aux uns pour attaquer, aux autres pour se défendre. Loin que la nature ait été cruelle, on la voit secourir sans ceiise 534 ^ R ^^ les plus foibles , en leur accordant , soit la ruse et l'indus- trie , soit des armes défensives ou des couvertures impéné- trables. Parmi les quadrupèdes vivipares, les armes sont les dents, les griffes et les cornes. Les singes savent lancer des pierres et se défendre avec des branches d'arbres. Les babouins mordent avec beaucoup de férocité. On trouve dans 5es makis un na- turel approchant de celui du renard ; cepentiant ils sont fru- givores. Les chauve-souris ont des dents fines j pointues, et denticul\*es , qui mordent profondément , et quelques-unes ont la langue rude comme les chats; elles s'en servent pour lécher fortement et sucer le sang, comme on le dit des vam- pires ou des roussettes {vesperdllo vampinis, Linn. ). Dans les hérissons , il n'y a que des armes défensives ; ce sont des gros poils roides et pointus sur le corps. Ces animaux se mettent en boule à l'approche des chiens , des loups , des renards, qui ne savent de quel côté l'entamer, se piquant le nez partout. Les musaraignes mordent vivement ; mais on a eu tort de prétendre que cette morsure étoit venimeuse. Les taupes détruisent beaucoup de vers et de larves d'insectes- Onconnoît l'instinct sauvage et brutal des ours, qui se ser- vent de leurs dents vigoureuses ; leur morsure est cruelle et tenace , car ils ne lâchent presque jamais prise. Ils savent aussi étouffer leurs adversaires entre leurs pattei en se te- nant debout. Les blaireaux, kinkajous , ratons, mangoustes, ne font usage que de leurs dents ; ils sont plutôt goulus et vo- races que cruels. Les martes , fouines , putois , mouffettes , ioulrcç, etc. n'attaquent point à force ouverte ; ce sont des animaux cauteleux et hypocrites, qui vont obliquement à leurs fins. Les lions , tigres, léopards, lynx, etc., aiment la chair fraîche , se tiennent en embuscade, atteignent d'un bond leur proie, la dévorent toute vivante. Ils sont aussi les mieux armés de tous les quadrupèdes, ayant des dents fortes, des griffes rétractiles , beaucoup de vigueur , d'agilité , et voyant clair pendant la nuit. Le genre des chiens, loups , renards, chacals, hyènes, est féroce et sanguinaire, mais moins courageux , moins redoutable par ses armes que les précédens ; ils sont vîtes à la course , ardens au combat , ra- paces à la curée, et marchent en troupes de pillards. On trouve aussi quelque férocité dans les civettes et les genettes, quoiqu'elles soient foibles. Les espèces frugivores, les ron- geurs , sont timides , et n'ont pas même des armes défensi- ves pour résister à leurs tyrans. Les dents incisives des ron- geurs leur servent quelquefois à s'enlre-déchirer, comme font les rats lorsqu'ils n'ont rien à manger. Tous ces animaux ont deç griffes: les uns s'en servent pour fouiller la terre ; d'au- A R U 535 très pour grimper rar les arbres, etc. , mais aucun p.our se défendre. Les fourmiliers n'ont que des griffes assez fortes, mais presque aucune dent. La nature a recouvert les pangolins et phatagins d'écaillés tuilées ; les tatous de bandes et de com- partlmeus de nature osseuse , comme une cuirasse. Ils se contractent en boule , offrant partout une masse compacte el presque impénétrable. On voit chez les éléphans des défenses ou dents incisives supérieures , fort longues et grosses, avec une trompe qui icur sert d'un bras robuste e!, flexible en tous sens ; ces armes sont seulement défensives, car ces animaux sont herbivores, et par conséquent paisibles et débonnaires. L'hippapoiame n'a pour armes que des iircisives assez lo.ngues ; cl le rhi- nocéros une ou deux cornes nasales , avec lesquelles il la- boure la terre , arrache les racines qu'il mange, et fend les ar- brisseaux encore tendres. De fortes canines, relevées sur le groin , sont les armes des sangliers, des babyroussas; ces animaux onf un cuir épais et coriace. Presque tous les rumi- nan.- sont armés de cornes frontales dont ils se dqfendenl; ceui: qui en sont privés, comme les chevrotins el les clia- meaux, ont des dents canines qui manquent aux autres. ( Voyez l'article Dents. ) L'arme des chevaux et des ânes est dans leurs sabots dont ils donnent de violentes ruades. Les morses ( trichechus ) sont armés de grosses Incisives su- périeures ; celles du narvvhal sont droites , rayées de sillons en spires. Les autres cétacés sont mal'armés et pacifiques ; car ce qu'on a dit des guerres de la baleine contre les re- quins est au moins fort douteux. Parmi les oiseaux, on ne voil pour armes que le bec , leà griffes ou serres , et quelques protubérances osseuses , soit aux pieds, soit aux ailes, etc. Tous les oiseaux carnassiers, les vautours , les aigles, faucons, chouettes, etc., ont un bec crochu et des serres acérées. Dans les espèces de la fa- mille àes pics et des grimpeurs , le bec est fort et pointu, droit chez la plupart , recourbé chez les perroquets , etc. ; mais tous ces oiseaux vivent de fruits ou d'insectes. On trouv e un instinct âpre et sanguinaire dans les pies-grièches. La nombreuse famille des petits oiseaux n'a pour armes qu'un bec court et petit , qui sert seulement à diviser grossière- ment la nourriture. Un éperon corné se voil sur les jambes ou tarses des mâles de la famille des Galhn\cées ; ils s'en servent avec avantage dans leurs combats , dont l'amour est la cause. Parmi les oiseaux de rivage à longues jambes , or- dinairement le bec est folble ; mais plusieurs espèces de pluviers , vanneaux, les karriichls , etc. , ont une épine os- seuse à l'aile , et lis ea frappent violemment. Le bec des lié- 556 ARM rons et des cîgôgfies est pointu, fort et droit. La plupart de* palmipèdes n'ont aucune arme ; cependant les goélands et mouettes ont le bec crochu, et ces animaux sont très-roraces; les cygnes savent donner de violens coups d'ailes. On connoît la couverture osseuse ou la carapace des tor- tues ; c'est là leur unique défense, quoiqu'elles aient la m;\- choire forte. Les autres reptiles sont pour la plupart couverts de lames écailleuses dures , mais leurs dents et leurs griffes sont communément foibles. Nous ne parlerons point ici des dents venimeuses des Vipères. V. l'article qui en traite, et lo mot Dent. Les poissons n'ont pour armes que leurs dents, quelques épines , et une singulière propriété électrique qui étourdit leurs ennemis ( F. à l'article qui traite des dnUs , ce que nous disons de celles des poissons ). Les raies bouclées ont des crochets osseux ; dans la vive ( trachiniis draco ) , les coryphè- nes , les perches, etc. , les rayons de la nageoire dorsale sont épineux et très-piquans. L'espadon {xiphias gladius) a son museau allongé et tranchant comme une épée. Le nez du poisson scie est long, aplati comme une planche , et chaque côté porte de fortes dents qui y sont enchâssées. Celte arme redoutable met ce squale en état de se mesurer avec les monstres les plus puissans de la mer. Les dents des requins sont des lames tranchantes en plusieurs rangées ; elles sont très-propres à déchirer et couper la chair par mille blessures. Des poissons branchdostèges sont couverts d'une matière dure, cartilagineuse, soit par plaques comme chez les estur- geons , soit entièrement comme chez le malarmat, le cha- bot cuirassé, et chez les poissons-coffres , etc. ; d'autres es- pèces sont toutes hérissées d'épines. Des trigles et des exo- cets peuvent voltiger dans Tair pendant quelques minutes , et se soustraire ainsi aux dorades ou coryphènes qui les at- taquent. La torpille , l'anguille tremblante {silurus electriais) , et quelques autres poissons, jouissent d'une sorte de batterie électrique , dont ils se servent pour donner une violente se- cousse à quiconque s'approche pour les saisir ou les inquié- ter. Cette décharge électrique s'opère de même que celle de la bouteille de Leyde , car les corps idioélectriques, comme la cire, la soie, le verre, etc., empêchent son action. T. l'ar- ticle Poisson. Parmi les animaux à sang blanc , les mollusques nus ont peu d'armes offensives. L'aplysie , ou lièvre de mer , sécrète une humeur acre , nauséeuse et dépilatoire , comme le font surtout les physalles ou vélelles et d'autres espèces nues. Les saches ont des bras chargés de suçoirs et un bec crochu. Ou A R M 537 trouve une trompe suçante aux lernées. tes autres mollus- ques sont couverts d'une ou plusieurs coquilles de matière crétacée. Les murex , les buccins ont une trompe ou tarière pour percer les coquillages. Les mollusques bivalves n'ont pour défense que leur coquille. C'est dans la classe des insectes qu'on trouve le plus grand nombre d'armes différentes , de ruses , de finesses y de guerres et d'animosités : c'est un pays de combats per- pétuels. On ne s'attendra point à trouver ici toutes leurs es- pèces d'armes, ce qui seroit infini, mais seulement les plus remarquables. Presque toutes les espèces ont ou des mâcboires oa une trompe ; les crustacés , comme les ccrevisses , crabes , etc. , sont armés de plusieurs paires de mâchoires et de pinces. Les scorpions en sont aussi pourvus , et leur queue porte un dard crochu et venimeux à son extrémité. Les mâchoires des araignées sont armées d'un crochet mobile ; ces espèces sont très-cruelles et antipathiques pour leur race même et pour le sexe féminin , hors le moment de l'accouplement. Aucun insecte hémiptèrc et diptère n'a de mâchoires , mais bien des suçoirs , ou soies renfermées dans une gaine ou une trompe. Ces animaux sucent le sang des quadrupèdes, etc., ou les sucs de plantes. Les névroplères , tels que les demoi- selles (^libellulœ)^ les perles, etc., ont quatre mâchoires ; les termites sont très-rongeurs. Outre des mâchoires , la plupart des hyménoptères sont armés dun aiguillon venimeux à l'ex- trémité de leur ventre ; plusieurs vivent en société , telles sont les abeilles et les fourmis ; d'autres sont habiles et in- dustrieuses comme les guêpes. Les sphex nourrissent leurs larves de cadavres d'araignées. Les femelles des mouches-à- scie {tenihi-edo ) sont armées , sous l'anus , d'un court ai- guillon logé entre deux lames, et dentelé en scie ; elles s'en servent pour faire des entailles à la peau des feuilles et y in- sinuer leurs œufs. Les ichneumons femelles ont un long ai- guillon dont elles percent les chenilles toutes vivantes pour y placer leurs œufs. Dans les coléoptères , les ailes sont couvertes d'une matière dure , cornée ; ils ont des mâchoires plus ou moins fortes: les uns sont herbivores , d'autres car- nivores. Leurs larves sont voraces et ont des mâchoires ro- bustes, pour l'ordinaire. Les coccinelles , carabes, méloès, dégorgent ou font suinter une liqueur désagréable quand on les saisit. Une espèce de carabe produit une sorte de pétil- lement lorsqu'on le prend, afin d'épouvanter son ennemi. On trouve un bec , c'est-à-dire , une trompe roide et poin- tue dans les hémiptères; ils s'en servent pour piquer vive- inent. La trompe des lépidoptères, papillons, phalènes, etc., 53S A R IM incapable de piquer, se roule en spirale et se déroule au gré de ranimai qui s'en sert pour sucer les sucs des fleurs. Les aptè- res, comme les poux, les puces, ont une trompe pour sucer le sang des grands anirtiaux ; quelques espèces pénètrent même dans le tissu de la peau de ces derniers. La plupart des vers ont des suçoirs , soit simples , soit mu- nis de crochets et de tentacules. Les espèces qui vivent dans les intestins des animaux sont quelquefois armées de crochets pour s'y cramponner. Parmi les radiaires , il y a peu d'espèces armées ou même protégées, à l'exception des échinodermes couverts d'une sorte de test épineux , et des madrépores pierreu». Les mé- duses, quelques holothuries, rendent une humeur acre et brûlante , qui fait tomber la peau quand on les touche ; mais la plupart de ces animaux n'est composée que d'une sorte de glaire ou de mucus , exposée sans défense à tout ce qui les entoure. Dans les plantes , on pourroit compter comme des armes , les épines, les piquans, les crochets, les poils des orties, etc. ; mais ces objets me paroissent étrangers à ceci. Au reste , les espèces que la nature n'a point armées , ont été pour la plupart douées de plus d'industrie , d'instinct et d'habileté que les autres , afin de se soustraire plus facilement au dan- ger- Ainsi l'homme a été jeté nu et sans défense sur la terre, comme un misérable animal sans force et en butte à taules les douleurs ; mais il a reçu la raison pour sa seule défense , et par elle il a saisi le sceptre du monde , et conquis l'empire de l'univers, (virey.) ARMOmiE. Yieux nom de I'QEillet. (b.) ARMOISE, ylrtemisia. Genre de plantes de la syngénésie polygamie superflue, et de la famille des corymbifères, dont le caractère est d'avoir le calice presque ovoïde et imbriqué ; les écailles longues et dentelées ; les fleurons du disque nom- breux , à cinq dents et hermaphrodites; les fleurons de la circonférence peu nombreux, subulés, entiers, femelles fer- tiles ; de petites graines unies , sans aigrettes , implantées sur un réceptacle nu. Ce genre , autrefois distinct des Absinthes , leur avoit été réuni par Linnaeus ; mais il vient d'en être séparé de nouveau. Les espèces les plus communes des cinquante qui le com- posent, sont iI'Armoise VULGAIRE, qui croît par toute l'Eu- rope , et même dans l'Asie septentrionale , sur le bord des chemins, autour des habitations. Ses caractères sont d'avoir les feuilles pinnatifides , planes, fendues , velues en dessous ; ' les fleurs en grappes recourbées , et seulement cinq fleurons fertiles. Elle est très-employée en médecine comme emmé- A R N 539 nagogue , antihystérique, antispasmodique et apéritive; exté- rieurement, elle est vulné -aire et détersive. Son odeur est forte et très-déplaisante à certaines personnes. L'Armoise sâintonique , qui vient de la Tartarie et de la Perse, dont la saveur est acre et Todeur aromatique, est em- ployée comme anthelmin tique et stomachique ; c'est la se- mence , ou mieu les sommités des tiges dont on fait usage , et on la trouve indiquée dans Lobel , sous le nom de semen sanclum. Ses caractères sont d'avoir les feuilles de la tige li- néaires et pinnato-mullifides , les rameaux entiers, les épis tournés d'un seul côté, et les calices à cinq fleurs. L'Armoise odorante , qui se trouve sur le bord de la mer , dont l'odeur est très-suave, et dont les caractère^ sont d'avoir les feuilles bipinnées , très-finement divisées , molles et cou- vertes d'un duyet blanc, (b.) ARMOL. C'est I'Arroche cultivée, (b.) ARMOSELLE , Seriphium. (ienre de plantes de la syn- génésic monogamie, et de la famille des corymbifères , fort voisin des Stœbés, dont, le caraclàre est d'avoir un calice im- briqué de plusieurs écailles et ne contenant qu'un seul fleuron. La corolle de ce fleuron est infundibuliforme , plus courte que le calice , et son limbe est divisé en cinq dents égales. Les étamines, au nombre de cinq, ont leurs anthères réunies ou seulement rapprochées. L'ovaire est sitvié sous la corolle , chargé d'un style que termine un stigmate bifide, et en outre couronné par des filets plumeux. Les armoselles renferment des plantes so as-ligneuses sem- blables à des bruyères par la petitesse de leurs feuilles , et presque toutes originaires du Cap de Bonne-Espérance. On ne trouve parmi elles aucune espèce remarquable par sa sin- gularité ou son utilité; ainsi on se dispense de les mentionner. Lamarck , qui avoit d'abord rapporté les Stœbés de Lin- nœus à ce genre , les en a séparés dans ses Illustrations, (b.) ARNAB, ERNEB ou ERNAP. Les Arabes donnent ces noms aune espèce de lièvre d'Afrique, qui diffère princi- palement de notre lièvre d'Europe par ses oreilles , qui sont plus longues que celles de ce dernier animal, (desm.) ARNAUCfiO. Nom péruvien du Piment, (b.) ARNAVL\RTAK. Nom que les Groënlandais donnent au Canard à tète grise, (v.) ARNEAT ou ERNEB. C'est, en Savoie, la Pie-grièche grise, (s.) ARNEBIE, Amebia. Genre établi par Forskal, mais de- puis réuni auxGREMlLS. (b.) ARNÉE ou ARNL C'est le buffle sauvage àes Indes. T. rarlicie Bœuf, (desm.) 540 A R N ARNIÉ. C'est l'un (îes noms du Martin pêcheur d'Eu- rope dans la vallée de TAude , au pied des Corbières et des Pyrénées orientales, (v.) ARNIQUE , Arnica. Genre de plantes de la syngénésie polygamiAË superflue et de la famille des corymblfères, dont le caractère ne diffère de celui des Doronics, que parce que ses demi-fleurons sont munis de cinq Clamens dépourvus d'anthères, et que ses semences sont toutes aigrettées. La- marck , trouvant ces caractères insuffisans pour former ua genre particulier, a réuni les amiques aux DoROMCS ; mais son opinion , quelque fondée qu'elle paroisse , n'a pas été géné- ralement adoptée , et le genre de Linneeus est encore en nom dans les ouvrages postérieurs à ceux du botaniste français. L'Arnique des montagnes doit être particulièrement citée. Ses caractères sont d'avoir les feuilles opposées et ovales. Elle croît sur les montagnes élevées de l'Europe , et prin^ eipalement dans les Alpes. On la cultive souvent dans nos jardins, où on la multiplie par le déchirement des vieux pieds. Cette plante, connue vulgairement sous les noms de béloine des montagnes., de tabac des Vosges, de doronic a feuilles de plantain, offre, dit Villars, Flore du Datiphiné., un des meilleurs remèdes que le règne végétal puisse fournir à la médecine. Elle est éminemment diurétique, tonique, fébri- fuge, antiparalytique, antîarthri tique. On l'emploie en dé- coction et en infusion, mais elle a besoin d'être dosée par des mains exercées , car elle a une action très-vive sur l'es- tomac. Les paysans des montagnes la connoissent presque lous , et s'en servent en guise de tabac pour fumer. Une autre espèce, I'Arnique scorpioïde , se trouve aussi sur les mêmes montagnes ; mais elle a une odeur vireuse désagréable, qm indique des qualités vénéneuses. Aussi n'en fait-on aucun usage. Ses caractères sont d'avoir les feuilles alternes et dentelées. Les autres amiques^ mentionnées dans les auteurs, vien- nent de l'Afrique, et ne sont connues que des botanistes, (b.) ARNIVE. V. Argalou. (b.) ARNOGLOSSON. C'est le Plantain, (b.) ARNOPOGON, Arnopogon. Nom donné par Willdeno\r au genre appelé Urosperme par Scopoli, et Barboucquine par Dumont Courset. (b.) ARNOSÈRE , Arnoscris. Genre de plantes établi par Gsertner, pour placer Vhyoseris minima de Linnseus, qui n'a pas les caractères qui lui sont attribués par le dernier de ces auteurs. Il en diffère principalement par les semences qui sont striées et couronnées d'un rebord coriace , droit et en- tier. Vamosère , une des plus petites chicoracées qui croissent A R 0 5^ en France , se trouve dans des terrains sablonneux. Elle a les feuilles ovales, dentées, les tiges nues , souvent rameuses, et les fleurs jaunes. V. au mot Hyoseride. (b.) AROCIRA. Espèce de Molle du Brésil, (b.) AROÏDES, Aroidœ, Jussieu. Famille de plantes de la classe des MoKOCOTYLÉDONES, dont les caractères consistent à avoir des fleurs sessiles , tantôt dépourvues de calice, ayant leurs ovaires ou séparés des étamines ou mêlés avec elles , tantôt entourées d'un calice propre à plusieurs divisions, et hermaphrodites ; des étamines en nombre déterminé ou in- déterminé ; des ovaires simples , libres , tantôt surmontés d'un style , tantôt terminés par un stigmate ; des baies ou capsules «ni ou multiloculaires , mono ou polyspermes, un embryon droit dans le centre d'un périsperme charnu ou farineux , la radicule inférieure. Les plantes de celte famille, dont les caractères sont figurés pi. 2 du Tableau du rè^nc végétal^ par\entenat, ont souvent une racine tubéreuse et charnue. Les unes sont caulescentes, les antres sont dépourvues de tige. Les feuilles, engaînantes par leur pétiole , sont alternes , plus souvent toutes radicales , simples et quelquefois lobées. On trouve tantôt au sommet de la tige, tantôt sur une hampe radicale , un spadix simple , mulliflore , nu ou entouré d'une spathe. Selon Jussieu, dix genres la composent : la Lagunée, le GouET, la Galle, le Pothos, rORO>CE, I'Houttuine , IAmbrosinie, la Zostère, le Dracoste et I'Acore. V. ces mots, (b.) AROLE DES ALPES. G'est le Pin cembro. (b.) AROMATES. On comprend sous ce nom toutes les par- ties des végétaux qui répandent une odeur suave; ainsi, il y a des aromates tirés des racines, du tronc, de l'écorce , des feuilles, des fleurs, des fruits, des gommes, des résines, etc. On les emploie , soit pour le simple plaisir de l'odorat , soit dans les alimens , soit en médecine. Leur usage est toujours agréable et souvent utile; mais il est aussi quelquefois dange- reux. On doit leur appliquer le dicton populaire : Il faut en user, et non en mésuser. (B.) AROMATIÏE. Dans la liste alphabétique donnée par Pline ( L. xxxvii), de différentes gemmes ou pierres qu'il regarde comme précieuses , il fait mention de Varomailte^ qu'on dlsoit venir d'Arabie ou d'Egvpte. Gette pierre avoit la couleur et Vodeur de la myrrhe ; nous ne connoissons rien de semblable. Cependant , comme Pline et d'autres écrivains de l'anti- *iulté parlent avec éloge de l'odeur agréable de certains vases ^'t autres ornemens faits avec des pierres qu'ils appellent 5^3 A R 0 précieuses, on ne doit guère douter qu'elles n'eussent en effet cette sorte de mérite ; mais il y a tout Heu de penser que c'étoit artificiellement qu^on les rcndoit odorantes, et je ne crois pas la chose impossible à l'égard de certaines pierres de la nature du silex, (pat,) AROME , ESPRIT RECTEUR. C'est un principe ou un composé subtil et volatil qui s'exhale de lui-même des vé- gétaux , et qui , porté par l'air sur le nerf olfactif de l'homme et des animaux, produit en eux la sensation de l'odeur. Quoique ce principe soit vraisemblablement conunu dans toutes les Î)lantes , il n'annonce pas toujours sa présence ; la plupart e retiennent en elles jusqu'au moment de leur destruction ou dissolution ; plusieurs ne le lâchent que dans certaines cir- constances ; et parmi celles même du sein desquelles il se dé- gage librement , et que par cette raison on nomme plantes odorantes, il en est qui exhalent ce principe avec plus de fa- cilité que d'autres, et plus abondamment. Les plantes aroma- tiques soni au nombre de ces dernières; on donne, en général, ce nom et celui <\ aromate à toutes les substances végétales qui répandant une bonne odeur, soit épices , herbes, graines, racines , bois , gommes , etc. On oblleiît ï arôme des plantes en les distillant à une cha- leur douce, et on le condense dans l'eau, qui prend l'odeur de la plante. Mais le principe de cette odeur est si subtil et en si petite quantité , que si on échauffe tant soit peu cette eau, ou si on la laisse seulement exposée à l'air, il se dissipe entièrement , sans que l'eau perde sensiblement de son poids. Le meilleur moyen de conserver V arôme., est de l'enchaîner dans l'esprit-de-vin ou dans les huiles essentielles. Il paroît avoir plus d'affinités avec ces deux corps qu'avec l'eau, (d.) AROMPO, ou mangeur dliommes. Quadrupède de la Côte- d'Or, mal décrit dans les anciens dictionnaires d'histoire na- turelle, et qui est peut-être le Chacal, (s.) ARONDE. C'est, enBrabant, I'Hirondelle. (s.) ARONDE. Espèce du genre Avicule , A<>>icula liîmndo, ou la Mère-perle, (b.) ARONDELLE ou HARONDELLE. Chez nos aïeux , c'étoit l'HlRODELLE. (s.) ARONDELLE. Poisson volant, placé parmi les Trigles par Linnseus, et dont Lacépède a fait un genre nouveau, ap- pelé Dactyloptère. (b.) ARON I E , Aronia. Genre de plantes établi par Persoon pour séparer des aliziersles espèces dont la semence est plus cartila- gineuse qu'osseuse. Il renferme 1 lizier nain, Î'Alizier A feuilles rondes et autres espèces voisines , au nombre de sept (B.) A B R 5.13 AR ORNAS ou ARC H EN AS. C'esi le Genévrier, (b.) AROUAOU. Espèce d'IciQuiER de la Guyane, (b.) AROUGHEUN. D'anciens voyageurs ont donné, sous cette dénomination , une notice vague d'un quadrupède de A^irginie , que l'on ne peut reconnoitre. Il seroit semblable au castor, et vivroit sur les arbres comme les écureuils. Sa fourrure seroit en usage et estimée, (s.) AROU-HARISI. Suivant le voyageur Thévenot , c'est le nom du rhinocéros aux Indes orientales. V. Rhinocéros, (s.) AROUMA ou AROMAN. C'est le Gaxanga effilé, (b.) AROUNIER, Arouna. Arbre de la Guyane, qui forme un genre dans la famille des légumineuses, dont le caractère est d'avoir un calice monophyllc, très-petit et divisé en cinq parties ; point de corolle ; deux étamines opposées ; un ovaire supérieur, conique, chargé d'un style menu et courbe , ter- miné par un stigmate obtus; une capsule ovoïde, comprimée , sillonnée , qui contient une ou deux graines enveloppées dans une pulpe rougeâtre et acide. Cet arbre croît dans les grandes forêts de la Guyane ; ses feuilles sont alternes , ailées avec une impaire , composées d'environ sept folioles alternes , ovales , entières et stipulées. Ses fleurs sont axillaires , paniculées et vertes ; son bois est dur et verdàtre. Vabl Ta réuni au DiURi. (b.) ARPAILLEURS. V. Orpailleurs. ARPAN. Nom du Pinson de neige surleMont-Cénis. (v.) ARPENTEUR. Dénomination du Grand-Pluvier en Beauce. (s.) ARPENTEUSES {chemUes). V. Phalènes. ARPHÎE. V. Orphie, (s.) ARPULI. Nom d'une Canine de l'Inde, (b.) ARQUE. Nom spécifique d'un Chétodon. (b.) ARQUIFOUX. V Alquifoux. ARRAGONE. La Julienne des jardins porte ce nom dans le Boulonois. (b.) ARRAGONITE. Werner; Id., Hauy. (Chaux carbo- natée dure, Bournon; Chaux carbonatée arragonite, Bron- gniart.) Ce minéral a long-temps été regardé comme une va- riété de la chaux carbonatée ; M. Haiiy a établi le premier, d'une manière précise , les caractères physiques et géomé- triques qui l'en distinguent; et la chimie, qui n'avoit pas re- connu d'abord de différence dans les principes constituans de ces deux substances , est venue récemment confirmer leur distinction en deux espèces. L'arragonite diffère essentiellement de la chaux carbonatée par son clivage , qui a lieu suivant des plans parallèles à l'axe des cristaux, et qui font entre eux des angles d'environ ii6» 544 A R n et G^"*, et par sa forme primitive, qui est un oclaèttre rec* tangulaire dans lequel les incidences des faces de chaque pyramide sont de ii5'^ 56' et de 109° 28'. 11 fait comme elle effervescence , et se dissout en entier dans les acides nitrique, stulfurique et muriatique. Sa pesanteur spécifique est de 2,967 à 2,()4G5, c'est-à-dire, un peu plus forte que celle de la chaux carbonatce. Sa du- reté est aussi plus grande que celle de cette substance , et même quelquefois supérieure à celle du verre. L'arragonite a un éclat plus vif que celui de la chaux carbonalëe, et ses cristaux Iransparens ont la réfraction simple, lorsqu'on re- ^garde à travers deux faces parallèles avix joints naturels, et double lorsqu'on regarde à travers deux faces inclinées Tune sur l'autre : la chaux carbonatéc a la réfraction double dans le premier cas. Sa cassure transversale est vitreuse et un peu •ondulée. L'on rcconnoît facilement l'arragonite à ce carac- ière. Un fragment exposé à la flamme d'une bougie pétille et se disperse, ou bien blanchit et devient friable. M. Hauy reconnoît pour la forme primitive de l'arragonite jl'octaèdre rectangulaire , comme nous l'avons dit. M. le comte de îîournon, adopte le prisme droit à base rhombe (de 62° 58' et de 117" 2'), lequel ne satisfait pas pour Texpli- cation mathématique des formes cristallines que l'on» observe dans l'arragonite , les unes simples et les autres composées. La forme la plus simple est, i." le prisme hexaèdre à sommet, dièdre, ou VArr. uni/aire. Les autres formes sont fournies par des cristaux groupés entre eux ; ce sont les premières qu'on ait observées dans l'arragonite. 2." le prisme rhomboïdal ter- miné de chaque côté par deux faces, ou l'octaèdre allongé, i^^ftslVarragoniirintègn'furme de M. Haiiy, trouvé en Espagne. 3." \Jarragonite apotome composé de deux très - longues py- ramides à six pans, apposées base à base, et quelquefois sé- parées par un prisme hexaèdre. C'est la forme la plus com- mune. Les suivantes résultent de cristaux octaèdres allon- gés , accolés par les' faces et par les arêtes similaires de ma- nière à produire des prismes hexaèdres avant quatre angles de 116 degrés, et deux de 128". i^ esiVairaguniie symétrique dont les bases sont quelquefois garnies d'arêtes radiées ( arragonile t'unêolaire ^ Haiiy ). Dans Varragonite confluent^ ces mêmes prismes hexaèdres sont formés d'octaèdres cunéiformes qui se pénètrent par leur sommet. M. le comte de Bournon a figuré plusieurs autres formes dans son traité de la chaux car- bon atée. L'arragonite analysé par MM. Fourcrov et\auquelin, a donné 58,;') de chaux et 4-ii5 d'acide carbonique. MM. Diot et Thèuard y onv trouvé ; chaux, 56i327-, acide cavbo-t A R R 545 nique, 4^3,04.5, et eau, 0,628; proportions semblables k celles de la chaux carbonatée : enfin les résultais des ana- lyses sembloient devoir lui faire réunir ^arr.^gonite : mais, récemment , M. Strocmeyer de Gottingue a docouverl de la strontiane dans Tarragonite. M. Laugier a confirmé la décou- verte de l'habile chimiste allemand en retrouvant celle terre dans diverses variétés d'arragonite , et notamment dans celle de Yertaison en Auvergne. La slrontiane y est en très-petite quantité , il est vrai , mais elle paroît constante ; on en compte de I à 4- parties sur cent d'arragonite; ainsi, tout concourt maintenant à séparer ce minéral de la chaux carbonatée. Voici les principes constituans de l'arragonite d'après M. de Stroemeyer : Arragonite du Béam, d'Arragon, d'Auvergne. Carbonate de chaux. . . g^^^a^q 94,5757 97,7227. — de stronîiane ^^oS'db 3,966a 2,o552. — de manganèse et hy- drate de peroxyde de fer. 0,0939 0,7070 0,0098. Eau de cristallisation. . , o,9o3i 0,0000 0,2104.- Perte o,oi4.5 o,45n iq. L'arragonite d'Auvergne ne contient point de carbonate de manganèse, ainsi que l'arragonite d'Arragon, qui présente en outre les principes indiqués du sulfate de chaux. L'arragonite d'Arragon ou de Bastènes (Béarn) , pulvérisé et jeté sur une pelle rouge, est très-phophorescent, et répand une lumière d'un beau jaune orangé , à peine sen- sible dans les autres variétés de cette espèce. L'arragonite est très-répandu dans la nature, et dans des gisemens très-variés. La variété qui vient en Espagne, dans les royaumes d'Arragon et de Valence , a été la première con- nue; c'est elle qui est mentionnée et décrite dans les ou- vrages de Cronstedt, Wallerius, Linnseus , Davila, et qu'on a classée parmi les spaths calcaires. Werner, en lui donnant le nom à'arragonit, l'a séparée de la chaux carbonatée; depuis, ce nom est demeuré à l'espèce. L'arragonite se trouve dans les terrains primitifs et dans les terrains secondaires, dans les filons métalliques et dans les produits volcaniques ; ce sont ces divers gisemens que nous allons faire remarquer. Dans les montagnes primitives, l'arragonite accompagne souvent les serpentines. On en trouve à Chambave , dans 1» il. rj 546 . A R R vallée d'Aoste en Piémont, de beaux groupes de cristaux hiancs de la variété apolome, diversement entrelacés dans les cavités et les fissures de cette roche. On la retrouve aussi eu masse fibreuse et striée au milieu des blocs de magnésie na- tive, de Raldissero en Piémont, et en prismes limpides dans la serpentine pyriteuse du Monte Ramazzo. L'arragonite d'Espagne se présente dans deux localités diffé- rentes : Tun à une demi-lieue du village de Mingranilla , royaume de Valence , dans des bancs de pierre à plâtre, avec de la chaux sulfatée en grandes lames, et beaucoup de cris- taux de quarz prismé-hématoïde. Les cristaux sont rougeâ- tres ou blanchâtres , avec le milieu violet ; leurs formes sont celles que nous avons nommées ci-dess>us s)'métriqiie etintegri- /ôrme. Ils sont tantôt isolés, tantôt agglomérés entre eux en forme de boules ou de sphères hérissées par les sommets des prismes. Une variété de couleur grise est en prismes grê- les entrelacés entre eux. A Molina , en Arragon , on retrouve les mêmes cristaux, avec les mêmes accidens, dans des couches argileuses qui sé- parent des bancs de plâtre. Dans cette localité , les cristaux , ordinairement mieux formés , sont enchâssés dans de la chaux sulfatée , limpide ou souillée d'une argile rouge , quelquefois imbibée de sel marin. Ces cristaux d'arragonites sont quel- quefois monstrueux ; on en cite de trois pouces de dia- mètre. La même variété d'arragonile , accompagnée des mêmes petits cristaux de quarz, a été découverte en France par M. Gillel Laumont, à Raslènes et Caupènes, près de Dax, dans les Basses-Pyrénées. Ces cristaux d'arragonite sont ordinairement sillonnés de nouibreuses stries et moins bril- lans; la glaise qui les recèle laisse suinter du bitume dans quelques endroits. Dans toutes ces localités, on n'a point trouvé de débris de corps organisés avec larragonite. Des cristaux de mêmes formes, transparens, d'un léger rose d'améthyste , ont été découverts par Dolomieu dans les mines de soufre de Césène, près de Havenne; ils sont la gangue de cristaux de soufre remarquables par leur conser- vation. L'arragonite avec les mêmes formes se trouve encore à Bergbaum-Schwarz, vallée de Léogang, dans le cercle de Sahzbourg en Tyrol. Ce sont^des prismes limpides , d'un feeau blanc, avec la surface des bases très-unie ; les cristaux sont assez gros et agglomérés dans les cavités d'une roche argileuse et quarzeuse, mélangée de cuivre pyriteux, de chaux flualée et de chaux carbonatée ferrifère. Cet arrago- îute est remarquable en ce qu'il seloigne , pour la foraïc , A R R 5^7 des arragonites qui se trouvent dans les filons métalliques. A Retten-Bach, dans la nteme vallée, l'arragonite se volt en petils cristaux aciculalres. Les arragonites particuliers aux lieux sulvans, se con- viennent tous par la petitesse de leurs cristaux de la forme apotome, et qui tapissent ou recouvrent diverses ininos ; ils sont ordinairement blancs ou gris. L'on trouve , dans la mine de Grunezweig, à Erbisdorf, pr(';s de Freyberg en Saxe, de l'arragonite en cristaux aciculaircs , blancs, vitreux, implantés perpendiculairement sur les faces de cristaux de ]>aryte sulfatée blanche ou rose , avec de la galène. On diroit du givre qui auroit transsudé de la substance de la baryte sulfatée. A Kamsdorf en Saxe, l'arragonite apotome en petits cris- taux limpides , hérisse les cavités d'une mine de fer héma- tite mélangée de manganèse ; et nous ferons remarquer, à ce sujet, qu'on trouve , dans la même contrée, de la stron- tlane carbonatée si semblable, au premier aspect , à de l'arragonite, qu'elle avoit été prise pour telle; mais l'examen de la forme cristalline l'a fait recomioître bientôt. A Schemnitz en Hongrie , à Nagiag en Transylvanie , on retrouve la même variété ; mais elle s'y présente quelquefois dans un état remarquable. Elle est blanche et farineuse , sans avoir perdu sa forme aiguillée ; d'autres fois elle est remplacée par de la silice qui a pris sa place. A Scharfeld en Thuringe, à Iberg sur le Hartz , à Fra- mont dans les Vosges , et dans diverses mines de fer des Pv- rénées , on trouve des cristaux gris jaunâtres et assez gros d'arragonite dans les cavités de mines de fer ocreux. A Vizile , département de l'Isère , des cristaux semblables, mais plus petits et mieux conservés, sont dans les cavités du fer carbonate. A Allemont , dans le même département , l'arragonite en pi'ismes d'une finesse extrême forme des tapis très-délicats dans les fentes de la mine d'argent dite merde- d'oie. L'on a trouvé également de l'arragonite apotome dans la fameuse mine de Guanaxuato au Mexique. L'arragonite en petits prismes limpides y accompagne ces nombreuses et belles variétés de chaux carbonatée qui s'y rencontrent avec l'argent sulfuré vitreux et l'argent sulfuré aigre. Enfin on trouve de l'arragonite en prismes fascicules verts dans les mines de Mariemberg en Saxe, à Sterzing en Tyrol, dans l'île d'Elbe, dans la mine dite Kollé, près Iglo en H ongrie, etc. On observe fréquemment l'arragonite en cristaux et en rognons ou noyaux dont l'intérieur est fibreux et radié, dan» 548 A R R les laves basaltiques anciennes ; c'est ainsi que Dolomîeul'a retrouvée en abondance dans les basaltes et les laves d'Yaci- Réale à la base de l'Etna; à Augusta, dans le Val dl Note', en Sicile ; dans le "Vicentin et dans différens endroits de l'Au- vergne , du Vivarais , du Languedoc et de la Provence. On trouve des basaltes contenant des rognons d'arrago- nite blanche à Vertaison , à quatre kilomètres de Pont-du- Château, près Clermont, département du Puy-de-Dôme. L'ar- ragonile s'y trouve aussi en masses considérables, fibreuses efc rayonnées, terminées par des cristaux qui ont quelquefois la grosseur du doigt , dans les fissures d'une roche qui paroît un basalte. Il existe à une demi-lieue de Tulle , dépar- tement de la Corrèze, un tuf regardé comme volcanique, et qui contient des noyaux d'arragonite. Enfin les laves ba- saltiques et compactes de la Souabe, de la Bohème , de la Saxe, d'Irlande, d'Ecosse, de Ténérifie , de l'île de France, de la Nouvelle-Hollande, etc., ont offert cette substance. Il est bon de faire remarquer qu'elle n'a pas encore été rencontrée dans les laves que vomissent actuellement les volcans, et qu'elle pourrolt bien avoir été formée postérieurement à la déjection de ces matières. L'on rapporte maintenant à l'arragonite un minéral qui 3t fait souvent l'admiration des anciens minéralogistes , et qui fait encore l'ornement des cabinets des curieux; c'est lejlos ferri. C'est à 31. Cordier que l'on doit ce rapprochement. Le flos ferri ou l'arragonite corallo'ide forme, comme l'ex- prime très-bien ce dernier mot , des groupes composés de petits cylindres très-blancs , soyeux ou satinés à la surface contourné, et dirigés en différens sens, à la manière des rameaux de corail. Elle se forme dans les mines de fer ; c'est ce qui lui a fait donner le nom Ac flos ferri. La mine d'Eisen-Erz , en Styrie, a offert jusqu'ici les plus beaux échantillons de cette variété , d'ailleurs commune dans d'au- tres lieux, tel qu'à Schemnitz en Hongrie, Sainte-Marie- aux-3lines dans les Vosges ; au mont Canigou et à Vic-Des- sos dans les Pyrénées. A Baigorry, on en trouve dont les rameaux ont la grosseur du pouce , et dont la surface est hérissée de longs cristaux aciculaires d'un beau blanc transparent. On rencontre aussi à\x flos ferri en Dauphiné. Pour terminer l'histoire de l'arragonite , il nous reste à faire remarquer que cette substance gît dans les terrains secondaires , en masses compactes ou finement striées , et associées h. l'albâtre dont elle prend le nom dans les arts. Les albâtres durs , dits orientaux à cause de leur beauté, et qui font feu au briquet, sont la plupart des arragouites. P»ir A R R 54, «emple , le bel albâtre qu'on ne retrouve plus que dans le» ruines de l'ancienne ville d'Orta, près d'Ostie , est un arra- gonite soyeux , très-dur , et d'un blanc de porcelaine. A Voiterra, en Toscane, on rencontre aussi des concré- tions d'un albâtre semblable , mais moins beau que celui d'Orta dont on ignore le gisement. M. Brongniart a re- connu des albâtres de celte nature dans les carrières à plâtre qui sont au nord de Montmartre. On trouve encore des al- bâtres arragoniteuxen Espagne. En Toscane , k Lavane , dans le Val d'Arno di Sopra » on donne le nom d'agoreiole a. de petits rognons argileux qui se trouvent dans de la marne , et dont l'intérieur est garni de très - fines aiguilles d'arragonite limpide et rose d'amé" thyste. (l. ^^) ARRAIN-CORRIA. Nom basque du Spare brun, (b.) ARRAS. V. Aras. ARRATCHO. C'est I'Avoine averon dans le départe- nient du Gers, (b.) ARRAYAN. Myrte du Pérou, (b.) ARREMON {Arrémon'). Genre de l'ordre des oiseaux Sylvains et de la famille des Péricalles. Voyez ces mots. Caractères : Bec conico-convexe, médiocre , un peu fort, à bords recourbés en dedans; mandibule supérieure échancrée et fléchie vers le bout ; l'inférieure droite , entière et poin- tue ; narines ovales, à demi couvertes vers la base par une membrane et des petites plumes; langue cartilagineuse, bifide à la pointe ; bouche ciliée ; la première rémige plus courte que la septième ; les quatrième et cinquième , les plus lon- gues de toutes. « L'oiseau dont il est question dans cet article, est, dit Buffon , d'une espèce que nous ne pouvons rapporter à au- cun genre, et que nous ne plaçons après les tangaras , que parce qu'il a, par sa conformation extérieure, quelques rap- ports avec eux. M. Desmarets, Histoire des tangaras^ l'a mis dans sa division des tangaras collmines ; en effet, cet oiseau a dans les caractères une certaine analogie avec les tangaras et les pies- grièrhes ; enfin M. d'Azara l'a placé à la suite de ses trou- piales des buis ^ n." 78, comme une espèce distincte de ceux-ci par divers attributs : ainsi donc, l'OlSEAU silencieux^ dénomina- tion que lui a imposée Buffon, n'étant point un tangara ni une pie-grièche, ni un troupiale, j'ai cru devoir en faire le type d'un nouveau genre, lequel n'est composé que de celte seule espèce, L'Arrémon à collier , Arremon torquatiis, Vieill. , tangara silens , Laih., pi. enl. de Buffon, 74.2 ) , a sur le sommet de la tête une bande bleuâtre ; les côtés d'un beau noir; un demi- coUier *ur le devant du cou ; une bande blanche au-dc?5U5 de 55û A R R l'œil; la gorge de cette couleur; la poitrine et le ventre blan- châtres ; le reste des parties inférieures d'un gris clair, un peu nuancé de bieuâtrf^ ; les parties supérieures d'un vert olive foncé ; le pli de l'aile jaune ; les pennes noires en dedans ; la queue pareille; le bec entièrement noir, ou seulement en dessus, et orangé sur les bords de sa partie supérieure et en dessous; les pieds sont d'un jaune verdâtre ; longueur, six pouces deux à quatre lignes. Cette espèce esl sujette à varier dans les différens individus qui la composent ; ce qui paroît être les effets de l'âge et des sexes: les uns ont le dessus du corps d'un gris terreux ; une bor- dure blanclie au pli de l'aile ; d'autres n'ont point de baiidc bleuâtre sur le sommet de la tête ; d'autres l'ont noirâtre; les couvertures supérieures lavées de jaune. Les arrémons se tiennent ordinairement à terre , et ne se reposent que rarement sur les branches les plus basses des arbrisseaux ; ils ne fréquentent point, comme les tangaras, les endroits découverts: leur naturel est tranquille , stupide et so- litaire , et ils se laissent facilement approcher. Il paroît que lorsqu'ils ont été observés à la Guyane par Sonnini, ils n'étoient pas dans la saison des amours, puisqu'ils gardoient le plus grand silence ; car, à cette époque , les mâles ont un chant agréable et varié , selon M. d'Azara , qui les a vus au Paraguay, (v.) ARREPIT. C'est le Roitelet et le Troglodyte en Guyenne, (s.) ARRÊTE-BOEUF. Espèce de Bugrane. (b.) ^ ARRÉTE-NEF. Nom vulgaire du rémora. V. ÉcHÉNEis. ARRHENATHERE , Arrhenathemm. Genre de plantes établi parPalisot Beauvois aux dépens des Avoines de Lin- neeus , dont il diffère essentiellement, parce qu'il a une fleur mâle et une fleur hermaphrodite dans la même balle cali- cinale : la première composée de deux valves, dont l'infé- rieure est laciniée , ciliée à son sommet, et porte une arête STir son dos , au-dessous de son milieu ; la seconde composée de deux valves , dont l'inférieure est pourvue d'une courte arête sur son dos, au-dessus de son milieu. L'Avoine élevée sert de type à ce genre, (b.) ARRHENOPTÈRE , ylnhenoptenim. Genre de mousse établi par Hedwig, dont le péristome est le même que celui desBRYS, mais dont les fleurs mâles sont latérales, et les femelles terminales. V. Brys et Hypne. (b.) ARRIAN. V. Vautour noir, (v.) ARRIÈRE FAIX ou DÉLn RE etSECONDINES.Le placenta et les membranes qui enveloppent le fœtus des qua- A R R 55f (Inîpèdes , est composé de deux parties intimement unies : l'une qui appartient à la matrice , et l'autre au fœtus. On les sépare plus facilement dans les premiers temps de la gros- sesse que dans les derniers mois. Le placenta de la vache est à peu près organisé de même que celui de la femme. V. Pla- centa. C'est un corps spongieux et cclluleux , dont les interstices sont remplis du sang maternel. 11 se trouve chez tous les qua- dnjpèdes, même dans les cétacés. Des membranes qui en- tourent le jaune de l'œuf en tiennent lieu dans les aniuiaux ovipares, oiseaux, reptiles et poissons. Les rameaux des veines ombilicales du fœtus viennent tous s'y insinuer et y ramper, de même que des racines d'arbres dispq^rsées dans la terre. Les artères de la matrice, sans l'intermède de petils rameaux, s'ouvrent dans les cellules du placenta des quadru- pèdes , et y déposent leur sang. De la même manière, les veines de la matrice repompent le sang que le fœtus renvoie au placenta. Le chorion est la première enveloppe de l'œuf humain; elle est placée entre la matrice et le placenta , et se trouve chez tous les quadrupèdes vivipares , même chez la truie qui n'a presque pas de placenta. L'amnios est une enveloppe in- térieure placée sous le chorion , et qui contient la liqueur dans laquelle nage l'embryon. Cette membrane se trouve aussi dans l'œuf des oiseaux. Dans l'œuf des quadrupèdes vivipares, elle renferme tout, excepté le placenta et le chorion qui lui sont extérieurs. La liqueur contenue dans l'amnios varie dans sa qualité suivant les époques diverses de la ges- tation. Elle est ordinairement de deux livres au temps de l'accouchement. On a pensé que ce fluide étoit propre à nourrir le fœtus : d'autres physiologistes ont rejeté cette opinion. Dans les quadrupèdes vivipares , même dans les oiseaux , on trouve encore une autre membrane appelée allanidide. M. Dutrochct a prouvé que celle-ci se développoit de ma- nière à recouvrir tout le jaune et le fœtus des ovipares^ et à former une sorte de chorion. L'embryon tient au placenta par l'ombilic. Après que le fœtus est sorti du sein maternel, on coupe cet ombilic, et on lie la portion qui tient à l'enfant , de peur que le sang ne s'ea écoule. Ensuite on attire peu à peu , par le moyen du cor- don ombilical , le placenta et les membranes de l'œuf hu- main , le chorion et l'amnios ; c'est ce qu'on nomme arrière- faix. Le cordon ombilical du fœtus à terme est de seize à vingl-quatre pouces de longueur; mais il est plus court chez les aulres'^naminifères. C'est ]>ar ce cordon (r . i't ■ ./.i-, ■/(//<• />iri>/ift'//ot' y. I.r,t,//c ,>i>/i(/-firtu' . (> ■ . /.i/c/-/c t/z/rz/ffAri/t' ■ A R R 553 les feuilles deltoïdes et irrégulièrement dentées, les fruits presque quadrangulaires , dentés en leurs bords extérieurs et réunis deux ou trois ensemble, comme une rose, au som- met des rameaux. Elle croît dans les pays méridionaux de la France. Lamarck regarde comme une variété de cette espèce Varroche de Sibéiie , quoiqu'elle n'ait que quatre élamines et quatre divisions au calice , ainsi que Ta observé Geertner, qui en a fait un genre sous le nom dOBio>E. V. ce mot. L'ArROCHE étalée, Atriplex patula^ Linn, , qui croît par- tout , et dont on mange les feuilles en guise d'épinards dans quelques endroits. Ses caractères sont : une tige herbacée à rameaux nombreux et écartés ; des feuilles deltoïdes , lan- céolées, et des semences dentées en leur bord. L'Arroche hastée , qu'on trouve avec la précédente et dont on fait le même usage. Ses caractères sont d'avoir : la tige herbacée, les feuilles hastées et les folioles calicinales de la fleur femelle deltoïdes et sinuées. Enfin I'Arroche des jardins , vulgairement appelée lonne-dame ou belle-dame , qu'on mange comme les éplnards , et qu'on mêle souvent avec l'oseille pour adoucir son aci- dité. Elle a pour caractère une tige herbacée, droite , et des feuilles triangulaires. Il y en a une variété rouge. Cette plante passe pour émolliente , rafraîchissante et laxative , et ses graines pour purgatives. Elle est annuelle comme les pré- cédentes , et se sèm.e d'elle-même, (b.) ARROCHE PUANTE. Espèce du genre Anseri>-e. (b.) ARROCHES. Famille de plantes ainsi nommée par Jus- sleu et Lamarck , parce qu'elle renferme plusieurs genres qui ont tous des rapports avec celui dont on vient de parler. \entenat a changé ce nom en celui de Chénopodées , et a fait, dans le développement de ses caraclères , quelques améliorations qu'on pourra voir au mot Chenopodées. (b.) ARROSOIR, Penicellus. Genre de testacés de la classe des univahcs. 11 offre pour caractère : une coquille tubulée , conique, très-allongée , dont l'extrémité supérieure est fermée par un disque fendu au milieu , garni de tubes nombreux , courts et perforés , bordés par une couronne saillante , et dont l'extrémité inférieure est fixée à demeure sur un corps solide. Il résulte de cet exposé , que l'animal qui est contenu dans cette coquille, y est exactement enferme, et qu'il ne doit communiquer avec l'eau que par les tubulures de son disque , qui peuvent tout au plus donner passage à des organes sem- blables à des tentacules , et qu'il ne peut croître qu'en faisant sauter son disque à des époques marquées pour en former un plus grand et allonger eu même tcn-ps son lulc. Au reste, 554 A R S cet animal est complètement inconnu , et peut l'ctre en- core long-temps , car les espèces de ce genre sont très-rares, même dans les pays qui les produisent. 11 est cependant pro- bable, comme l'obsei-ve Cuvier, quil se rapproche des tere- belles, dont une espèce , la Terebelle prudente , construit à ses tentacules un fourreau analogue aux tubes ci-dessus mentionnés. Outrouve deux tuberculessitucs un peu au-dessous de la couronne des arrosoirs^ qui semblent supposer une for- mation distincte de celle de la coquille , et qui , par cela, sont dignes de remarque. Ces coquilles sont fixées sur les rochers par leur extrémité inférieure, et constituent des groupes diver- gens peu considérables. Ou en connoît deux espèces, I'Arro- soiR DE Java, figuré par Dargenville , pi. 3, n.° 4. V. pi. A. 20, où il est figuré ; et I'Arrosoir de la NouvELLE-ZÉLA^DE , figuré par Favanne, pi. 79, lettre E. Linnseus les avoit pla- cées parmi les Serpules ( V. ce mot. ) ; mais Bruguière et Lamarclc ont , avec raison , jugé que l'état actuel de la science ne permetfoit plus de les conserver dans ce genre, (b.) ARROUMA. C'est le Bihai des Antilles, (b.) ARROUY. Espèce de Sensitive. (b.) ARROUSSE. C'est la Lentille, (b.) ARROZ. Altération du mot Riz. (b.) ARSENIATES ou Substances arsemâtées. Combi- naisons de l'acide arsenique avec une base terreuse, alcaline, ou métallique. La nature ne présente qu'un petit nombre de pareilles combinaisons. Ce sont l'arscniate de chaux , le fluo-arseniate de chaux , l'arscniate de cuivre , l'arseniale de plomb , l'arseniale de fer et Tarseniate de cobalt., qui, exposés au feu, laissent dégager l'acide arsenique, qu'on reconnoîl à son odeur alliacée. ( L. n. ) ARSENIC. Substance métallique , dont le nom seul ins- pire l'effroi, par la funeste propriété qu'elle a d'être un poison terrible. Elle appartient à l'ordre des métaux non ductiles , comme ranlimoine , et est du nombre de ceux qui peuvent passer à Tétat d'acide. On nommolt autrefois , i-é- f^ule d'arsenic , l'arsenic purifié par l'art , et que l'on appelle simplement arsenic. L'arsenic du commerce est celui qui se .«.ubllme à l'entrée des tuyaux des cheminées où l'on condense l'arsenic oxydé. Il est en masse écailleuse et noire. Lorsqu'on veut avoir le métal par , on sublime ce premier produit dans une cornue de grès. La Saxe et la SUésle fournissent à la France presque tout l'arsenic, soit pur, soit oxydé, qu'elle consomme. La quantité n'en est pas considérable ; elle s'élève annuellement a environ soixante quintaux. L'arsenic pur est un métal fragile , qui se volatilise avec la A R s 55S plus grande facilité, en répandant une fumée blanche qui a une odeur d'ail. L'on reconnoît très-aisément, par ce moyen , Tar- senic, même lorsqu'il est combiné ou mélangé avec d'autres substances. L'antimoine donne aussi, en brûlant, une odeur d'ail, mais à un degré bien plus foible. L'arsenic est gris d'acier, fragile , grenu, ou bien écailleux ou lamelleux : blanc et brillant dans ses cassures récentes, il se couvre aussitôt, par le contact avec l'air, d'une poussière noire qui n'est qu'un protoxyde d'arsenic , c'est-à-dire, un oxyde foible de ce mêlai. L'arsenic frotté donne une odeur parùculière comme le cuivre, le plomb. Sa pesanleur spé- cifique est de 8,3o8, d'après Bergmann, c'est-à-dire plus forte que celle de l'arsenic natif, portée à 5,72 par Brisson , et assez approchante de celle du cuivre et du nickel. Soumis à l'air libre, à une chaleur de 180 degrés, l'arsenic se sublime lentement sans se fondre, et cristallise en tétraèdre selon M. Thénard. Au-dessus de ce degré, il se sublime sans se fondre. Dans les vaisseaux clos il se sublime sous la forme mé- tallique, comme le zinc ; et si l'opération se fait lentement, on l'obtient quelquefois sous la forme de cristaux octaèdres régu- liers , forme qu'affectent beaucoup de métaux dans l'état de pureté. Un célèbre chimiste a obtenu de semblables cristaux d'arsenic, par la voie humide : « Ayant, dit-il, dissous de « la chaux (oxyde) d'arsenic dans de l'alcali volatil (am- « moniaque), j'ai laissé reposer la dissolution pendant six « mois; au bout de ce temps, j'ai trouvé au fond du vase des « nistaux octaèdres de ré gided' arsenic^ de la plus grande beauté. » {Joiim. dephys. janv. 1783. p. 61.) A la température ordinaire, Tarsenic n'agit sur l'air qu'autant qu'il est humide , et cette action donne naissance à l'oxyde noir. A une température élevée, il agit fortement sur le gaz oxygène, sec ou humide, qu'il absorbe rapidement , et il en résulte du deutoxyde d'ar- senic, c'est-à-dire , l'oxyde blanc ; dans ce cas, il y a déga- gement de calorique et de lumière bleuâtre. Nous revien- drons surcet oxyde , à l'article de I'Arseisic oxydé. L'affinité de l'arsenic pourl'oxygèneesttelle, que non-seule- ment il passe à l'état d'oxyde plus facilement que les autres mé- taux, mais encore il peut passer à l'état d'acide , en se combi- nant avecune plus grande quantité de ce gaz. Onle trouve natu- rellement combiné avec le plomb , le cuivre, le fer et la chaux. Onl'obtient artificiellement, entraitantle deutoxyde d'arsenic à l'aide de la chaleur , par l'acide nmriatique , ou mieux par un mélange d'acide nitrique et d'acide muriatique. L'acide arsenique est un coi-ps solide, blanc, qui rougit les teintures bleues végétales ; il est plus pesant que l'eau, et porte le Kont 556 A R S d'arsenic dans le commerce; c'est un violent poison. Foyet Acide arsenique. Le régule d''arsenic s'allie bien avec la p'upart des autres métaux ; mais il leur ôte complètement la ductilité , et chan- ge leur couleur. Il rend le cuivre blanc , For d'un gris terne, l'argent d'un gris foncé. Il entre dans la composition des miroirs de télescopes et autres miroirs mélalliques. L'un des meilleurs alliages en ce genre contient 48 parties de cuivre rouge , i8 parties d'étain et 1 6 de régule d'arsenic. On l'allie encore pour ce même objet avec le platine. C'est aussi un alliage d'arsenic et de laiton qui donne le suivre hlanc de la Chine. Il est beau comme l'argent , mais fragile comme le verre : les Chinois en font usage , priucipa-- lement pour leurs pipes. L'arsenic combiné avec le fer , même en très-petite quan- tité, lui enlève sa ductilité et sa propriété magnétique. Quand il se rencontre dans les minerais de fer , il produit le même effet que le phosphore : il rend le métal aigre et intraitable. On donne vulgairement le nom de poudre à mouche^ à de l'arsenic en poudre que Ton met dans de l'eau pour faire périr les mouches qui viennent la boire. L'eau, en cédant de son oxygène à l'arsenic, produit un oxyde qui se dissout en partie. Brandt, en lySS , est le premier qui ait considéré l'arsenic comme un métal particulier. Scheele fit la découverte de l'acide arsenique en 1775. L'arsenic et ses combinaisons sont de violens poisons, et, de cette terrible propriété, ce métal a reçu le nom d'arsenic, tiré du grec «pf>îv ou ufs s'enfle et devient livide , et la mort arrive dans les angoisses horribles. Les parties touchées par l'arsenic sont couvertes de taches gangreneuses , ulcérées et sont prompteraent trouées. Le premier soin que l'on doit prendre, est de pro- voquer le vomissement en faisant boire au malade du lait , de l'eau de gruau , de l'eau de graine de lin , ou une décoc- tion de racine de guimauve , en chatouillant le pharynx et en ouvrant de force les mâchoires resserrées. On a proposé éga- lement les sulfures alcalins ou l'hydrogène sulfuré , pour neutraliser l'effet de l'arsenic ; mais ces réactifs n'ont plus d'effet eux-mêmes, quand l'arsenic a été pris en poudre : cepen- dant l'on ne doit point négliger l'emploi des eaux minérales sulfureuses, très-propres à faire disparoître les affections ner- veuses, suite ordinaire de cette sorte d'empoisonnement, (ln.) Arsenic sulfuré, Réalgar, Orpiment; Rauschgelb , Wer- ner. C'est la combinaison de l'arsenic avec le soufre ; elle est rouge rubis ou d'un jaune citron, et très-reconnoissa- bie à l'odeur d'ail et de soufre à la fois qu'elle donne en se volatilisant , lorsqu'on la projette sur un corps enflammé. Elle est idio-électrique. Par le frottement , on lui commu- nique l'électricité résineuse. Sa pesanteur spécifique varie de 3,22 à 5,3i5. Dans la nature , l'arsenic sulfuré se présente cristallisé , surtout la sous-espèce rouge ; les cristaux ont des foimes dif- ficiles à étudier, et dérivent d'un prisme oblique à base rhombe , dont les pans sont inclinés entre eux de 72» lâ' «t de 107» 4*'' (Haiiy ^ Atm, du ]^Ius.) A R s 563 L'arsenic sulfuré peut être divisé en deux sous-espèces eu raison de sa couleur rouge ou jaune, bien qu'il soit composé d'arsenic et de soufre en proportions variables , et qu'il n'y ait point de limites distinctes pour séparer ces deux sous-es- pèces. M. Proust a fait voir qu'à une chaleur suffisante , l'orpiment se fond sans dégager aucun gaz , et qu'en se re- froidissant , il prend l'apparence du réalgar. Thomson pense que l'orpiment contient peut-être une petite quantité d'eau qu'il perd par la fusion. Ce qu'il y a de certain , c'est que l'arsenic est toujours à l'état non oxydé dans ses sulfures , et que la proportion du soufre peut varier. Première sous-espèce. — Arsenic SULFURÉ ROUGE ; Rubine d'arsenic, réalgar natif, et soufre rouge des volcans, Romé- de-Lisle; Idem etsandaraque, oxyde d'arsenic rouge, De Rorn; réalgar natif, arsenic oxydé au minimum, Delamétherie; Roihes rauschgelb , W ern. ; Dkhthes rauscligelb , Karst. , etc. Vulgairement. Reaigar, Arsenic rouge, Orpin rouge. L'arsenic sulfuré rouge est d'un rouge rubis , quelquefois tirant sur l'orangé. Sa transparence est si parfaite et son éclat si vif,qu'on l'a comparée à celle du rubis ; cette perfection est rare : le plus souvent ce minéral n'est que translucide. Sa cas- sure est vitreuse , largement conchoïde , très-brillante : cet éclat se perd par le contact prolongé de l'air. Le réalgar est fragile , s'éclate aisément ; il perd sa couleur dans l'acide ni- trique. Sa poussière est orangée. Sa composition , selon Klaproth , est d'arsenic 6i , et soufre 38 ; selon Thénard , d'arsenic yS , et soufre 25. Rergmann a trouvé dans l'arsenic sulfuré rouge de PouzzoUes, arsenic oxydé go, soufre lo. De Rorn indique 9,16 de soufre dans celui des mines de Hon- grie et de Transylvanie. Sa pesanteur spécifique est de 3,225 et de 3,338, plus foible que celle de l'arsenic sulfuré jaune. Le réalgar est communément cristallisé dans la nature , bien qu'il se trouve aussi en masses vitreuses , en veines et en concrétions. Ses formes déterminables sont difficiles à étudier, parce qu'elles sont obliques, et que les facettes qui naissent. sur les angles cachent par leur étendue très-variable l'ensemble du cristal. Les plus remarquables de ces formes sont : 1." le prisme oblique rhomboïdal, ou la forme primi- tive ; 2.° ce même prisme à huit pans, avec cinq facettes aux sommets, dont une plus grande, parallèle à la base, et quatre autres situées sur les angles solides aigus : en tout , dix-huit faces; c'est l'ars. suif roii^e , ociodécimal , Haiiy. 3.° La précé- dente , dont le prisme a dix pans et vingt faces en tout ; c'est l'A. sulfuré rouge , bisdécimxd ^ Haiiy. Le réalgar se rencQûUe dans le» fiions avec l'arsenic natif; 5C4 A R S . il s'y trouve mélangé ou accompagnant l'argent sulfuré rouge , le cuivre gris , le plomb , le fer et le zinc sulfures , le quarz, etc. Les mines de Felsobanya , en Hongrie, et de Kapnick, en Transylvanie; celles de Joachimsthal , en Bohème , de Marienberg et de Braunsdorf , en Saxe , fournissent, principalement les premières , les plus beaux groupes de cristaux de cette substance. Il y a dans la Buc- covine , entre la Gallicie et la Transylvanie , un filon de réalgar d'un pied d'épaisseur , friable et terreux : on en trouve des masses très-volumineuses, rouges opaques, comme écailleuses, dans une mine d'étain située à Kianfu, à cinq journées de Nankin, en Chine. Il est plus rare à Andreasberg au Hartz; il y colore quelquefois des cristaux de chaux carbona- tée. Dans une mine de Hongrie, il recouvre comme un ver- nis des cristaux de baryte sulfatée : les échantillons en sont difficiles à conserver , parce qu'ils ont pour gangue du fer sulfuré blanc qui se décompose facilement. A Sainle-Marie- aux-Mines , dans les Vosges , l'arsenic rouge se trouve sur un quarz compacte. L'arsenic sulfuré rouge gît quelquefois dans des roches primitives. Au Saint-Gothard, on en trouve de petits et jolis cristaux cpars dans la dolomie , avec le cuivre gris , le fer sulfuré , le zinc sulfuré , etc. A Schnee- berg , en Saxe , il est dans un schiste argileux. L'arsenic sulfuré rouge existe dans les terrains secon- daires ; il accompagne l'orpiment. Les volcans offrent fré- quemment ce sulfure métallique. A la solfalarre de Pouz- zolles, il se sublime à travers les gerçures des laves décompo- sées et blanchies par les vapeurs acides , et se dépose en petits cristaux rouges brillans sur ces laves déjà recouvertes d'une croûte verte de fer arseniaté , garnie çà et là de flo- cons d'arsenic oxydé blanc terreux. La lave du Vésuve , produite par l'éruption de I794-» P''é- senle l'arsenic sulfuré rouge en petits cristaux , en aiguilles ou en mamelons. La même lave donne le cuivre muriaté pulvérulent. Il existe à la Guadeloupe , dans une espèce de lave, dé- composé , en cristaux granuKformes ou en veines d'un roupe terne , avec l'arsenic sulfuré jaune. 11 y porte le nom de soufre rouge. Dans un volcan de la province de Bungo, dans l'île de Ximo , au Japon , on trouve , selon Bomé-de-Lisle , un réalgar en stalactites , dun rouge vif , dont on fait dos vases , des pagodes ; les Indiens et les Chinois se servent de ces vases pour se purger , en y faisant séjourner pendant quelques heures du vinaigre , du jus de limon , qu'ils ne re- doutent point d'avaler ensuite. Les habitans de la Sibérie emploient aussi le sulfure d'arsenic comme remède dans le» A R vS 565 fièvre* imermillentes : bien que moins actif que Tarsenic oxydé , ce remède doit êlre donné avec circonspection. L'arsenic sulfuré rouge est employé dans les arts : il y porte le nom à'orpin rouge , de réalgar et de rubine d'arsenic. Réduit en poudre , il sert pour les couleurs. Ou le fait entrer dans la composition des vernis. Les Chinois s'en servent pour colo- rer les pagodes , les figures que nous nommons magots, etc. II paroit que les anciens ont connu et nommé l'arsenic rouge sandaraque. On croit aussi que leur sandyx étoit encore U même substance , ou un mélange dans lequel elle enlroit. Le réalgar artificiel n'a pas encore été obtenu en cristaux; il est plus fusible que l'arsenic et que l'orpiment. Deuxième sous-espèce. — Arsenic sulfuré jaune. Orpiment natif, orpin, ou arsenic jaune fossile, Romé-de-Lisle ; Idem et arsenic sulfuré au maximum, Delamétherie ; Orpiment, oxyde d'arsenic sulfuré jaune, De Born; Gelbes raiischgelb, A^'emer; Blatlriges rauschgelb , Karst. ; Orpiment, Kirvv. ; le Réalgar jaune , Broch. L'orpiment doit son nom à sa brillante couleur jaune ci- trine , tirant sur l'orangé ou sur le verdâtre. Son tissu est très-lamelleux , comme celui du mica , et l'on peut l'exfo- lier en feuillets très-minces et flexibles; il est tendre, demi- transparent ou translucide, quelquefois concrétiouné. Sa pe- santeur spécifique est de 3,4522; De Born dit, 5,3i5, On le trouve très-rarement cristallisé ; alors ses cristaux sont très-petits et de même forme que ceax du réalgar. M. Thénard trouve dans l'orpiment environ Sy parties ^'arsenic et 43 de soufre ; Klaproth avoit indiqué 68 d'arse- nic et 3o,5 de soufre. De Born porte la proportion de l'arse- nic à 90 , et celle du soufre à 10. Cependant on peut en con- clure que le soufre est plus abondant dans l'orpiment que dans le réalgar. L'arsenic sulfuré jaune se trouve en masses feuilletées ou compactes concrélionnées dans les filons métalliques, avec le fer sulfuré , le cuivre pyrîteux , la baryte sulfatée , qu'il co- lore quelquefois agréablement en jaune, la chaux carbo- natée , l'argent rouge. On le volt aussi dans les volcans où il se sublime avec le réalgar , le soufre , l'anunoniac mu- riaié , etc. On le rencontre dans les mines de AViitlchln ,en Souabc, dans le granité ; à Ohlalapos , en Transylvanie , sous la forme de globules luisans , à couches concentriques et agglo- mérées comme les oolithes ; à Thajoba , près Neusolil , en Hongrie , en petits rognons formés de cristaux confusément groupés , dans une argile ferrugineuse ; à Moldawa , dans k* Baonat , dans un filon de cuivie pyrîteux; à Nag}ag, à Fci- 566 A R S sobanya , au Hartz ; près de Gumischcana ; en Géorgie , en Hongrie, danslaNatoIie, la Valachie et une grande partie de l'Orient; à Zimapan, au Mexique, à la Guadeloupe, etc. En général, l'orpiment appartient aux terrains à couches, et il accompagne le réalgar. Les arts emploient Tarsenic sulfuré jaune sousles noms à^orpin et à'oi-piment. Uni à la potasse , il dissout l'indigo dans les manufactures de toiles peintes. Il sert dans la peinture, et principalementpour peindre les boiseries, les carrosses , etc. Celui qu'on emploie est de deux sortes , ou natif et lamel- leux , il vient d Orient; c'est le plus estimé et le plus cher ; ou d'Allemagne , et produit artificiellement dans les mêmes fourneaux qui servent à recueillir l'oxyde blanc d'arsenic. Cet orpin est compacte , et composé d'une partie de soufre et de deux d'arsenic , qu'on a traité de la mêmje manière que l'on emploie pour obtenir l'oxyde. L'orpin sert également de remède en médecine , et dans les mêmes circonstances que le réalgar. Les Turcs et les Orientaux en composent un dépilatoire qu'ils nomment rusma. (l n.) Arsenic blanc. V. Arsenic oxydé blanc, (l n.) Arsenic jaune. V. Arsenic sulfuré jaune, (ln.) Arsenic noir. V. Arsenic oxydé noir, (l n.) Arsenic rouge. V. Arsenic sulfuré rouge, (l. n.) ARSEROLE. Altération d'AzEROLLE. (b.) ARSHAN ou HARISH. Dappcr prétend que les Arabes donnent ce nom à un animal qui, suivant lui, seroit la licomf des anciens, dont il cherche à prouver l'existence, (desm.) ARSIGNEUL. Nom du Rossignol à Turin, (v.) ARSIS, Arsls. Arbuste à feuilles altenics, ovales, lan- céolées, entières et rugueuses, et à ileurs blanches , portées sur des grappes terminales , qui, selon Loureiro , forme un genre dans la polyandrie monogynie. Ce genre offre pour caractères : un calice de cinq folioles presque ovales , colorées et caduques ; une corolle de cinq pétales oblongs , plus courts que le calice ; environ cinquante ctamines attachées à un réceptacle allongé ; un ovaire supé- rieur, presque rond, situé au sommet du réceptacle, à style tubulé et à stigmate aigu; une baie pédicellée , globuleuse et inonosperme. Varsis se trouve dans les forêts de la Cochinchine. (b.) -ARTEDIE , Artedia. Plante ombelllfère , remarquable par la forme de s^s, semences , et qui constitue seule un genre. ART 56; Sa tige est annuelle , rameuse , haute d'environ un pied. Ses feuilles sont alternes, découpées très-menu. La collerette de l'ombelle universelle est composée de huit à dix petites fo- lioles souvent rabattues sur la lige , découpées très-menu ou pectinées dans leur partie supérieure. Les collerettes des om- belles partielles ont une ou deux de leurs folioles beaucoup plus grandes que les autres , multifides , débordant sur les côtés d'une manière remarquable. Les fleurs sont petites f îrrégulières ; celles du milieu mâles ou stériles. Le fruit est composé de deux semences aplaties, striées, entourées de huit à dix écailles grandes, cunéiformes, presque en cœur, scarieuses. Celte plante croît dans la Syrie , sur le Liban, (b.) ARTEMISE. On donne quelquefois ce nom à TArmoise. (s.) ARTENNA. Nom du Pétrel puffin. (s.) ARTERES. On donne ce nom aux vaisseaux qui ap- portent le sang du cœur dans toutes les parties du corps , tandis que les veines sont les vaisseaux destinés à ramener le sang de tout le corps dans le cœur et le poumon, pour achever le tour de la circulation. On distingue les artères des veines, en ce que les premières ont : i." une pulsation simul- tanée avec celle du cœur ; a." une texture plus épaisse et plus solide avec des fibres musculaires en anneaux ; elles sont même composées de trois membranes : Textérieure dense , formée d'un tissu lamelleux; l'intermédiaire formée de fibres circu- laires, contractiles; et l'intérieure, mince, diaphane, et lisse; toutes sont animées par de petits rameaux nerveujt qui tou- jours accompagnent les artères, et sont nourries par de petites artérioles ; 3.° en ce qu'elles contiennent un sang rouge , écu- meux , chaud , tandis que les veines n'ont ni pulsation , ni parois épaisses et musculaires , et qu'elles ne recèlent qu'un sang noirâtre , un peu moins chaud et moins vital. Les artères sont , en général , enfoncées et intérieures dans le corps des animaux ; les veines sont placées plus à l'extérieur et à la cir- conférence. L'ouverture d'une artère cause de funestes hé- morragies , et le sang vermeil en jaillit avec violence à chaque pulsation ; l'incision d'une veine laisse sortir lentement un sang noirâtre , dont la source tarit bientôt. Les veines ont d'ailleurs des vahules qui empêchent le sang de rétrograder, et qui lui servent de point d'appui, et en quelque sorte d'au- tant d'échelons pour arriver au cœur. Les artères sont non- seulement des canaux par lesquels le sang est distribué à tout le corps , mais elles aident encore à chasser ce fluide en se resserrant et se contractant 6ur elles-mêmes à chaque pulsa-« 68 ART lion. Elles ont en effet une force vitale assez remarquable , chez les artérioles surtout, et des rameaux nerveux les ac- compagnent dans leur trajet. Lorsque les artères éprouvent de troj. fortes dilatations par la violence avec laquelle le sang y est reioulé , ou par des compressiorts , des extensions mé- caniques, elles peuvent se crever , se déchirer , ou seulement se distendre peu à peu en manière de poche , ce qu'on ap- pelle ané{?risme vrai ou faux ; cette maladie est fort dange- reuse , car si Tanévrisme s'ouvre, le sang s'épanche, et l'on en périt. On voil se former des anévrismes à la suite de vîo- lens efforts , de quelque agitation extraordinaire , d'un accès de colère , on mciue par une joie excessive. Quelquefois des artères s'ossifient , comme on le voit souvent à la crosse de l'aorte ou de la grosse artère qui sort du cœur : c'est cet os qu'on trouve dans le cœur du cerf, du bœuf, et dont on a fait jadis usage en médecine. On trouve dans l'homme , les quadrupèdes vivipares , les cétacés , les oiseaux, les reptiles et les poissons, un système .artériel et un système veineux, qui sont en quelque sorte antagonistes entre eux; car le système artériel jouit d'une ac- tivité plus considérable dans le jeune âge; et dans la vieil- lesse , le système veineux domine. Le premier est destiné à l'accroissement , à la nutrition , aux sécrétions, au dévelop- pement de l'individu ; le second a pour fonctions la répara- tion générale des liqueurs animales. Les artères partent du poumon pour se rendre au cœur, du côté gauche, et de là elles se distribuent à toutes les parties du corps; les veines, au contraire , prennent leur origine à toutes les extrémités des plus petites artères , pour se rendre au cœur du côté droit , et de là au poumon. Il y a donc deux systèmes sanguins isolés , l'un artériel , l'autre veineux , et es( autre genre fondé par le même na- 'e. La forme générale de la mem- << brane entourant la saillie considérable de la queue pro- « prement dite , les éloignent de celles des fossiles nommés « Ogygies par M. Brongniart, et qui sont les animaux des « ardoisières d'Angers. » Ce genre comprend deux espèces distinctes : 1. L'AsAPHE DE Debuch a sa queue sans tubercules ni épines. Elle ^ été trouvée dans des psammites schistoïdes micacées qui viennent d'Eger en Norvvége. (ï) Par le mot Branchiopodes, nous désignons ici l'ordre de crus- tacés ainsi nommé par M. Latreille , et non pas seulement le genr^e KRANCHioPonr. ou i^pus pisci/ormis de SchœfTcr, qui forme le type ai cette famille. A S A 577 2. L'AsAPHE d'HaUSSMANN, dont la queue se distingue de la précédente par sa forme générale plus arrondie et moins ovoïde , mais surtout par les petites pointes qui se voient très- dislinclementsuries anneaux, et qui y sont disposées comme celles qu'on observe sur la queue de 1 yVpLS. V. ce mot. Celle-ci a été décrite daprès un échantillon de la Collec- tion de M. de Drée. Cet échantillon était calcaire , et ne pré- sentoit aucune autre pétrification. 11 étoit indiqué comme provenant de Dudley en Angleterre, bien cependant qu'il ne ressemblât point au calcaire de cet endroit qui renferme len- iomolîthe de BliimenLuch ou CalymÈNE. La première espèce, par sa position géologique, paroît avoir vécu antérieurement à la cristallisation des syénites de Norwége , pierres que Ton a considérées long-temps comme une sorte de granité, et qui ont reçu de M. Brongniart la dé- nomination nouvelle de diabase. V. Ammaux PERDUS. (DESM.) ASARET, yisanim. Genre de plantes de la dodécan'drle monogynie, et de la famille des asaroïdes, dont les caractères sont d'avoir un calice monophylle , campanule , coloré , profondément divisé en trois ou quatre parties; point de corolle ; une douzaine d'étamines , un ovaire inférieur, ou mieux, caché dans la substance de la base du calice, d'où s'élève un style court, terminé par un stigmate à dix divisions étoilées -, une capsule légèrement hexagone, formée de la partie inférieure du calice, et divisée intérieurement en six loges qui contiennent de petites semences ovales. Ce genre renferme trois k quatre espèces particulières à l'Europe et à l'Amérique septentrionale, qui se conviennent parfaitement par l'ensemble de leurs caractères. Elles ont toutes des racines tubéreuses , traçantes, d où naissent de petites tiges terminées par deux feuilles , dans la fourche des- quelles nait une fleur pédonculée. Les feuilles sont constam- ment en cœur, et les fleurs d un brun rougeâtre; mais elles varient assez pour faire distinguer facilement les espèces. L'espèce européenne, appelée Cakaret eu Oreille d'homme , a les feuilles réniformes et obtuses. Elle croît d^ns les bois montueux à Texpositiou du nord. Sa racine est un peuamère, acre, aromatique, d'une odeur assez forte. Tou- tes ses parties sont très - purgatives, émetiqiies, emmena- gogues , antihypocondriaques et errhines. L'infusion ou la décoction des feuilles dans le vin a beaucoup plus d'acti- vité que celle faite daijs l'eau simple. Leur pou/. 3i : longue de six à sept lignes , plus ou moins brune , et tachetée de gris et de jaunâtre en dessus , cendrée en dessous ; deux petites bandes noirâtres sur le dernier segment ou la queue dans beaucoup d'individus. Voyez Asellotes. (l.) ASELLOTES , Aselhta , Lat. Famille d'animaux , ran- gés d'abord parmi les insectes , ordre des tétracères , et qui comprenoit les genres «5^//e, idotée , cymoihoa ., sphérome et hopyre , et qui , dans la méthode d'Olivier , n'en formoient qu'un , celui à' aselle. Celte famille et celle des cloportides composent le genre oniscus de Linnœus , ou l'ordre des tétracères. La première est distincte de la seconde par les antennes , qui sont toutes les quatre très-apparentes ou nulles ; les intermédiaires ne sont presque pas perceptibles dans les cloportides. Voyez ISOPODES. (l.) ASEROÉ, Aserœ. Champignon découvert par Labillar- dière au cap de Van-Diemen, et qu'il a figuré pi. 12 de son Voyage à la recherche de la Peyrc se. Il a un volva globu- leux marqué de sept stries. Son stipe est creux, ouvert a son extrémité supérieure qui est divisée en sept rayons bifur- ques ; sa couleur est rouge , excepté à l'extrémité de ses rayons où il y a du jaune. Ce champignon, qui a environ trois pouces de hauteur sur un demi-pouce de diamètre , est voisin du Satyre, (b.) 592 A S T ASHKOKO. Quadrupède décrit par Bruce, et qui est le même que le Daman, (s.) ASID^ , y4sida , Latr. Genre d'insecfcs de l'ordre des co- léoptères, section des hétéromères, famille des mélasomes , ayant pour caractères : Eluis soudés; pnlpes maxillaires ter- minés par un article plus grand, triangulaire; menton large, recouvrant la base des mâchoires ; les deux derniers articles des anten.ies réunis en un boulon : le terminal plus petit. Les asides ou les Machles d'Herbst ont des rapports avec les opatres, les blaps, les crotiles et les pédines. Leur corps est ovale , et même quelquefois presque rond. Elles vivent dans les lieux arides et sablonneux des pays chauds. AsiDE GRISE, Opatriimgriseum, Ta}}. ; ejusd. Platynotus va- riolusus , Oliv. , col. fom. 3, n." 56, pi. i-, _fig i : Longue de cinq lignes, noire, mais paroissant d un gris terreux; corselet chagriné , rebordé ; trois à quatre rides longitudinales sur chaque élylre. Aux environs de Paris et au midi de la France. On placera dansce genre les opatres : rugosum sen'reum , et villosum d'Olivier, ainsi que plusieurs espèces de platynotus de Fabricius. (l.) FIN DU SECOND VOU'MÎ. ^tl ^,v^.,.'^^ m.