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NOUVEAU
DICTIONNAIRE
D'HISTOIRE NATURELLE,
APPLIQUÉE AUX ARTS,
A l'Agriculture , à l'Économie rurale et domestique,
à la Médecine , etc.
PAR UNE SOCIÉTÉ DE NATURALISTES
ET D'AGRICULTEURS.
Nouvelle Édition presqu'entièrement refondue et considé-
rablement augmentée ;
AVEC DES FIGURES TIRÉES DES TROIS RÈGNES DE LA. NATURE.
TOME XII.
LE L'IMPRIMERIE D'ABEL LANOii, RUE DE LA IIARPE:
A PARIS,
Chez DETERVILLE, libraire, rue hautefeuille, ïs° 8.
M DCCC XVII.
Indication des Pages ou doivent être placées les
Planches du Tome XII, avec la note de ce
qu'elles représentent.
D i. Insectes Pag. 8
Célonite apiforme , son antenne grossie. — Céphus
pygme'e. — Ce'ratine à lèvre blanche. — Céropalès à
cinq bandes. — Chlorion comprime. — Clepte demi-
doré. — Colette ceinturée. — Courtillière didactyle,
avec une de ses pattes de devant , et une des pattes
de devant de la Courtillière commune- — Cyllénie
tachete'e. — Cyrte acéphale et ses antennes. — Dia-
prie rufipède. — Dolichope à crochets. — Forficule
biponctué, mâle et femelle.
D 2O. Oiseaux u4
Faisan doré. — Faucon. ■ — Fourmilier palikour.
G 20. Oiseaux 229
Aguassière. — Fringille à tête blanche ( Pinson leuço-
phore). — Moucherollc à queue en éventail.
D 27. Insectes 3l2
Foène jaculateur. — Fourmi fauve, mâle et femelle. —
Fulgore porte-lanterne.
D 28. Quadrupèdes mammifères 3î3
Furet. — Fourmilier.
D 29. Plantes 364
Galanga officinal. — Gale cirier , mâle et femelle. —
Gayac officinal. — Gingembre de l'Inde.
E G. Quadrupèdes mammifères 3yG
Galéopithèque roux. — Girafe. — Guenon à long nez.
D 3?.. Poissons 455
Gade morue. — Gai verdàtre. — Gastcrostce épinoche.
— Gastrobranche aveugle. — Glyphisodon moucha-
ra. — Gobie Bosc. — Gobioïde Broussonnet. —
Gobiomore taïboa. — Gobiésoce testard. — Gom-
phosebleu. — Gymnètre hav/ken. — Gymnote élec-
trique. — Gymnothorax murène.
NOUVEAU
DICTIONNAIRE
D'HISTOIRE NATURELLE.
FOR
JfORESTIERS. Nom imposé par M. de Azara , à une
petite famille d'oiseaux du Paraguay , qu'il faut voir en
nature , pour s'assurer s'il n'y en a pas parmi eux qui font
partie des genres connus. Ils ont, suivant ce savant natura-
liste espagnol, le bec plutôt en pyramide qu'en poinçon , fort,
comprimé sur les côtés , un peu courbé et pointu ; les narines
situées dans un enfoncement; la langue, qui n'est indiquée
que dans une seule espèce (\c forestier à tête dorée), unpeugrosse
et étroite ; la quatrième penne de l'aile la plus longue de
toutes ; quatre doigts , trois devant , un derrière. Ces carac-
tères rapprochent les forestiers des fringilles ; mais comme ils
ont le bec courbé, et que ceux-ci l'ont droit, ils doivent
composer un genre particulier , que j'aurois établi , si je les
eusse connusautrement que par des descriptions. Ils onl aussi
de grands rapports avec mes némosies ; mais celles-ci ont une
petite échancrure au bec, et M. de Azara n'en indique point
pour ses forestiers.
Quoique le nom de forestier, dit ce savant, convienne
à plusieurs familles d'oiseaux , je l'ai appliqué particulière-
ment à celle-ci , parce que les oiseaux qui la composent ne
sortent jamais, à ce que je crois, des forêts épaisses et em-
barrassées , et ne se posent jamais sur les branches sèches.
Les forestiers, ajoute cet excellent observateur, diffè-
rent principalement des becs-en-poinçon (V. ce mot), en ce
qu'ils onl un peu plus de grosseur dans la tête et le corps; les
plumes du sommet de la tête et du dos moins pressées les
unes sur les autres ; la queue plus foible , un peu plus longue,
et les extrémités de ses pennes un peu pointues ; l'aile plus
xii. I
FOR
courte , moins forte et pointue ; les jambes , les tarses et les
doigts un peu plus longs; les mouvemens moins vifs, sans
être lourds ; enfin , moins de finesse dans l'instinct. Les fo-
restiers sont sédentaires ; ils ne se rassemblent que par
paires , encore n'est-ce pas pendant toute l'année , à ce qu'il
croit.
Le Forestier doré et verdatre a la base du bec , les
côtés de la tête et les parties inférieures de couleur jaune
d'œuf, un peu plus foncée sur les côtés du corps; le bord
extérieur de l'aile de couleur d'or; ses couvertures inférieures
d'un gris de perle; toutes les parties supérieures d'un vert
assez sombre ; les pennes des ailes et de la queue brunes et
presque imperceptiblement bordées de vert; le bec noirâtre
en dessus et blanchâtre en dessous ; les tarses couleur de
plomb. Longueur totale , cinq pouces sept lignes.
M. de Azara fait mention, dans ce même article , d'un
individu qui est moins long de trois lignes et demie que le
précédent , et qui a la base du bec , les côtés et le dessus de
la tête blanchatr.es , avec une foible teinte violette ; la poi-
trine d'une légère couleur d'or ; le ventre blanc ; le dos et le
croupionmêlésde très-peu d'or ; les ailes et la queue comme
dans le précédent , mais les douze pennes caudales se termi-
nant en pointe ; le bec est un peu plus court, formant un angle
aigu à la partie supérieure, pointeomprimé sur sescôtés , et les
ouvertures des narines n'étant point dans un enfoncement.
Toutes ces dissemblances ne paroissent pas à l'historien des
oiseaux du Paraguay , suffisantes pour établir une espèce
particulière. Je suis loin de partager son opinion; les seules
différences dans la forme du bec et des narines me semblent
suffisantes pour ne pas le rapporter au forestier doré et verdatre.
Ces oiseaux se plaisent dans les broussailles épaisses.
Le Forestier rouge et noirâtre. Un trait blanchâtre
surmonte les yeux de cet oiseau; un autre de la même cou-
leur part du coin de la bouche, et au-dessous , il y en a un
troisième d une teinte noirâtre ; le dessus , les côtés de la
tête et le haut du cou sont d'un noirâtre mêlé de bleu terreux ;
le reste du cou en dessus, et la moitié du dos, sont nuancés
de roux et de brun ; l'autre moitié du dos et le croupion rou-
geâtres; les couvertures supérieures des ailes sont couleur
de plomb ; les plus grandes couvertures, les pennes alaires
et caudales sont noirâtres et bordées finement de roux ; une
tache blanche est à l'extrémité de la penne extérieure de
chaque côté de la queue ; la gorge et le devant du cou sont
d'un brun clair : le dessous du corps est presque blanc,
ses côtés sont rougeàtres, ainsi que les couvertures in-
férieures de la queue; celles des ailes sont blanchâtres; les
pennes et le dessous des ailes de la queue sont d'un noirâtre
FOR 3
brillant ; le tarse est d'un noirâtre plombé; l'iris brun; le bec
noirâtre en dessus , et d'un blanc jaunâtre en dessous.
Longueur totale , cinq pouces et demi. Cet oiseau a un ra-
mage assez agréable, et il se tient dans les grands halliers très-
fourrés.
Le Forestier a tète dorée se plaît à la moitié des grands
arbrisseaux et des arbres embarrassés et touffus. Il a cinq pou-
ces et demi de longueurtotale ; la tète dorée jusqu'aux yeux , et
le reste du plus beau jaune; la gorge, les côtés du corps et les
couvertures inférieures des ailes d'un blanc doré ; le reste du
dessous du corps blanc , et le dessus brun ; le tarse couleur
de plomb ; l'iris brun ; le bec d'un brun clair en dessus et
d'unbleu de ciel en dessous; la queue étagée. L'individu que
M. de Azara croit être la femelle , a l'envergure plus courte
d'un pouce ; la tête d'un roux doré , avec quelques taches
plus vives ; le dessus du cou et du corps , les bords des cou-
vertures supérieures, les pennes alaires et caudales, le de-
vant du cou et la poitrine, d'un brun jaunâtre, plus clair
sur les parties inférieures; le ventre et les couvertures du
dessous de l'aile d'un jaune lavé. L'auteur cité ci-dessus a vu
un autre individu semblable à cette femelle , excepté qu'un
brun doré couvroit la tête, un brun jaunâtre le dessus du
corps , un vert foncé et mêlé de jaune le dessous.
Le Forestier a tète écarlate. Sa longueur totale est de
cinq pouces deux lignes ; le bec et les yeux sont entourés par
un noir profond, et le reste de la tête est d'un rouge écar-
late ; les couvertures inférieures des ailes sont blanches ; les
supérieures noires , les plus grandes et les pennes noirâtres
et bordées de bleu terreux; le reste du plumage est d'un
bleu d'ardoise , un peu plus clair sur les parties inférieures ;
le bec noirâtre en dessus et d'un bleu terreux en dessous ;
la queue est étagée. Je ne suis pas du sentiment de M. Sonnini ,
qui , dans la traduction de l'ouvrage de M. de Azara , rap-
proche cet oiseau à la mésange grise couronnée d'ècarlate (pa-
rus griseus), envoyée du Nord de l'Amérique à Mulier, et
figurée dans sa Zoolog. danic. , pi. 34 , n.° 284.
Le Forestier vert a tète rousse. Longueur totale , six
pouces. Pennes de la queue terminées en pointe ; sommet de
la tête et sourcils roux ; côtés de la tête et menton cendrés;
derrière du cou verdâtre et mêlé de roux; les autres parties
supérieures d'un verdâtre pur; devant du cou, couver-
tures supérieures des ailes et le bord des pennes, jaunes; poi-
trine et ventre d'un blanc teinté de roux; couvertures inférieu-
res de la queue avec du jaune, du vert et du blanc fondus
ensemble ; tarses d'un bleu terreux ; dessus du bec brun ,
le dessous blanchâtre.
4 FOR
Je rapproche des Forestiers plusieurs CRTPiusdeM.ô'e
Azara, parce qu'ils ont comme ceux-ci le bec fort comprimé
sur les côtés etun peu courbé. Ces oiseaux se nourrissent de che-
nilles et d'autres insectes qu'ils cherchent dans les brous-
sailles ou sur la terre; cependant leur bec est assez fort
pour briser de petites graines, et M. de Azara croit quelles
pourroient servira les nourrir en cage. Ils vivent réunis ou par
paires ; ils sont sédentaires, vifs et peu farouches, et on les
rencontre partout où ils trouvent à se cacher, à l'exception
de l'intérieur des bois fourrés ; ils se posent sur les glayeuls,
les joncs , les buissons et par terre. Leur vol est fort court.
Le Chipiu brun et roux a les mêmes habitudes que le
chipiu noir et rougeâtre. M. de Azara ne Ta vu qu'au Paraguay.
Son chant est si beau et si mélodieux , que ce naturaliste
trouve qu'il surpasse celui du chardonneret et du serin de Ca-
narie. Cet oiseau est remarquable parles pennes de sa queue,
qui sont usées et terminées en pointe, surtout les deux inter-
médiaires qui ont dix lignes de plus que les autres, lesquelles
sont en tuyau d'orgue. Son doigt postérieur est plus robuste
que ceux de devant, et articulé comme le doigt intérieur; six
pouces font la longueur de ce chipiu, quia les sourcils blancs ;
les parties inférieures d'un roux lavé; les couvertures de desr-
sous des ailes blanches ; la tête d'un bleu azuré et les cou-
vertures supérieures de l'aile d'un bleu d'ardoise ; chaque
plume du derrière du cou d'un brun clair, avec une tache
longitudinale et noirâtre ; le dos et le croupion d'un brun
un peu roussâtre. Des individus de cette espèce présentent
quelques différences; les uns ont la tête d'un brun rougeâtre,
une partie des côtés du cou bleue et le dessus roux; chez
d'autres la queue est plus courte. M. de Azara croit que ce
sont des femelles.
Le Chipiu noir et blanc ne se trouve qu'au Paraguay où
il est assez rare et où il demeure toute l'année. Il se tient
toujours à la lisière des bois et dans les halliers qiri les avoi-
sinent, où il se cache avec soin. Il monte plus haut sur les
arbres que les deux autres, et y cherche les chenilles et les
insectes dont il se nourrit. Il n'est point farouche et va seul
ou par paire. Son chant se borne à un petit cri , et son vol
ne s'étend que pour passer d'un arbre à un autre. Son nid, qui
est attaché à la fourche de trois rameaux et comme suspendu,
est petit, profond, formé de pailles menues sans aucune
garniture intérieure. La ponte est de deux œufs blancs, poin-
tillés de noir au gros bout. Il est remarquable que la ponte
dis oiseaux du Paraguay est beaucoup moins nombreuse que
dans le Nord du nouveau Continent et qu'en Europe.
Ce chipiu a quatre pouces trois quarts de longueur totale ;
les plumes des ailes sont foibles ainsi que celles de la queue
FOR 5
qui sont un peu étroites et étagées ; les parties inférieures d'un
blanc lavé d'une teinte plombée sous les ailes; les parties su-
périeuresbleuâtres, et lesgrandes couvertures desailesnoirâtres
dans leur milieu ; cette couleur est aussi celle àes pennes et de
la queue , dont la plus extérieure a du blanc sur sa dernière
moitié et la seconde un peu moins, avec un trait noirâtre sur
son côté extérieur ; la troisième est comme la seconde ; la
quatrième a très-peu de blanc, et toutes ont une bordure,
bleuâtre sur tout ce qui n'est pas blanc; le bec est noir y
'l'iris rouge et le tarse noirâtre.
Le Chipiu noir et rougeàtre a cinq pouces et demi de
longueur totale ; un trait blanc qui part de la narine et s'é-
tend jusque sur les côtés de l'occiput, où il prend une teinte
rougeàtre ; les parties inférieures de cette dernière cou-
leur , à l'exception du milieu de la poitrine et du ventre qui
sont presque blancs ; les couvertures inférieures de l'aile
comme jaspées de blanc et de noirâtre ; tout le reste du plu-
mage est presque noir ; on remarque encore du blanc à
l'extrémité de la queue; le bec est noir, et le tarse noirâtre.
Des individus ont le menteauplus ou moins de cette couleur;
d'autres ont des taches de la même teinte ; le trait blanc des
côtés de la tête très-peu apparent, il manque même chez quel-
ques-uns. Ces variétés , comme dit M. de Azara, paroissent
tenir plutôt à l'âge qu'au sexe. Ces oiseaux ne sont pas rares
au Paraguay, et se trouvent aussi à la rivière de la Plata. (v.)
FORÊT. Coquille du genre des Vis. C'est le Murex
strigillatum. (B.)
FORÊTS, Sylvœ. V. Bois, (d.)
FORFICULE^oç/îcu/a, Linn. Genre d'insectes, de l'or-
dre des orthoptères , tribu des forficulaires , ayant pour ca-
ractères : ailes plissées en éventail et repliées transversale-
ment , sous deux élytres très-courtes , crustacées , à suture
droite ; abdomen terminé par deux pièces écailleuses , for-
mant une pince; tarses à trois articles, dont le second bi-
fide; antennes filiformes, de douze à treize articles, presque
cylindriques ; mandibules bidentées à leur extrémité ; palpes
filiformes; languette à deux divisions profondes.
Ces insectes tiennent des coléoptères , avec lesquels quel-
ques auteurs les ont rangés, et des orthoptères. Leurs élytres
ont la suture droite , et leurs ailes sont pliées transversale-
ment comme dans les premiers ; mais ces mêmes ailes sont
aussi pliées longiludinalement ou en éventail dans une por-
tion de leur étendue, de même que cellesdesseconds. La tête des
forficules est dépourvue de petits yeux lisses, caractère qui
est propre aux coléoptères ; la forme du corselet esl la même
6 FOR
que celle de ceux-ci; mais l'organisation de la bouche des fbr-
ficules, les appendices qu'ils portent à l'extrémité du corps,
leurs métamorphoses plus encore que ces caractères, les éloi-
gnent des insectes de cet ordre. Ils semblent faire un genre
isolé et intermédiaire entre les coléoptères et les orthoptè-
res. Si on se guidoit d'après le nombre des articles des tarses ,
on les rejetteroit loin de leur place naturelle, puisqu'on les
associeroit aux criquets.
Les forficules ont le corps allongé , étroit , presque de la
même largeur partout, et déprimé ; la tête presque triangu-
laire; le corselet plat, carré ; les élytres, très-courtes , hori-
zontales, presque carrées, sans écusson apparent intermé-
diaire; le bout des ailes coriace , dépassant les élytres dans
le repos; l'abdomen fort long, obtus ou tronqué au bout,
terminé par deux crochets écailleux formant une pince , dif-
férant un peu suivant les sexes ; les pattes courtes, assez grêles,
comprimées, sans épines; leurs tarses n'ayant point de pelote
entre les crochets.
Leur bouche nous présente une lèvre supérieure coriace,
grande, saillante, presque semi-circulaire; deux mandibules
cornées, refendues à la pointe ; deux mâchoires terminées par
une pièce cornée , arquée, pointue, entière ou simplement
bifide, et surmontée d'une galette et d'un palpe de cinq arti-
cles ; une languette divisée en deux lanières , avec deux pal-
pes de trois articles ; le menton coriace , presque carré ,
un peu rétréci et tronqué à son extrémité supérieure.
Les forficules mâles diffèrent un peu des femelles par la
pince de leur abdomen ; c'est ce qu'il est facile d'observer
dans l'espèce appelée Auriculaire, et qui est la plus com-
mune. Les branches de cette pince sont plus grandes et plus
arquées dans les individus du premier sexe que dans les se-
conds. Degeer a vu leur accouplement. Le mâle s'approche à
reculons de la femelle, dont il tâte le ventre avec sa pince
pour se mettre dans une position favorable, et s'unit à elle,
en faisant sorlir de l'avant-dernier anneau de son abdomen ,
une pièce qui caractérise son sexe. Les deux insectes restent
ainsi tranquillement , les deux pièces appliquées respective-
ment contre leur ventre ; ils sont alors dans une même ligne
et. opposés l'un à l'autre , leurs têtes formant les deux bouts
de la ligne.
On rencontre fréquemment les forficules , soit à terre , soit
sur les plantes , et principalement sous les écorces des arbres,
où ils s'assemblent souvent en grande société. Us se nourris-
sent de diverses matières soit animales, soit végétales. La for-
me de leurs mandibules dénote suffisamment qu'ils sont ron-
FOR 7
geurs; ilsfont beaucoup detort auxfruits, ctaux fleurs d'oeillet
surtout.
Frisch et Degeer ont observe que la femelle veilloit avec
tous les soins possibles à la garde de ses œufs, que l'on trouve
au commencement d'avril, dans des lieux frais, sous des
pierres , et qui sont rassemblés par tas. L'observateur sué-
dois ayant rencontré une femelle posée sur ses œufs , la prit
avec eux , et la plaça dans un poudrier rempli a demi de terre
fraîche. Les œufs, dispersés ça et là, furent, au bout de quelques
jouis, rassemblés par la soucieuse mère qui les avoit portés
un à un avec ses mandibules. Ils éloient sur la surface de la
terre du poudrier; la mère placée sur eux comme une poule
qui couve , ne les quitta pas un instant.
Ces œufs sont assez grands , blancs, lisses , et éclosent au
mois de mai. Les petits paroissent très -grands relativement
au volume de l'œuf, ce qui suppose qu'ils y sont très-compri-
més. Le mouvement du vaisseau dorsal est très-sensible dans
les jeunes larves , qui n'ont ni élytres , ni ailes , de même que
toutes les autres larves d'orthoptères; leur corps est moins gros
aux deux bouts et formé de treize anneaux ; les trois premiers
portent chacun une paire de pattes, et répondent au corselet
et à la poitrine. Les deux pièces de la pince sont coniques et
un peu divergentes ; les antennes n'ont encore que huit arti-
culations; les palpes et les pattes sont renflés.
Degeer nourrit pendant quelque temps avec des morceaux
de pomme, les petits qu'il avoit obtenus. Ils muèrent plusieurs
fois. Leurs antennes s'allongèrent et crûrent en articulations ;
les anneaux du corselet furent mieux marqués , et leur figure
commença à se rapprocher de celle qui leur est propre lors-
que ces insectes sont adultes; les deux branches de la pince
étaient plus fortes , et leur extrémité étoil déjà un peu arquée.
Ces larves , dont Degeer prenoit soin, périrent peu à peu, à
l'exception d'une qui se changea en nymphe au mois de juil-
let. Le corselet étoit distinct dans cette nymphe ; les fourreaux
des élytres et des ailes éloient plats et collés sur le dos. Les
deux pièces de la pince avoient leur courbure ordinaire. La
mère étoit morte auparavant, et Degeer la trouva à demi
mangée. Le besoin avoit sans doute forcé les petits à en venir
à cette extrémité, car on n'a pas remarqué que ces insectes
se dévorassent les uns les autres.
Cette tendresse de la mère pour ses petits est appuyée d'un
autre fait. Le même observateur trouva , au commencement
de juin , sous une pierre , une femelle de forficule , ayant
autour d'elle ses petits, de même que les poussins le font
avec la poule. La mère se tenoit tranquillement sur eux des
heures entières.
En admirant la prévoyance maternelle de ces insectes ,
8 FOR
nous sommes cependant obligés de leur faire la guerre et àe
chercher à les détruire, puisqu'ils nous sont pernicieux. Le
jardinier doit surtout s'occuper de cette chasse ; c'est lui qui a
le plus à se plaindre. Il est nécessaire qu'il visite exactement
les arbres dont l'écorce se détache , les parties des murs de
son jardin, qui, parles séparations des pierres, le mauvais
état de l'enduit , offrent à ces insectes des retraites ou un abri ;
il doit de temps en temps changer les pots a fleurs de place,
examiner l'intérieur de ceux qui sont vides ou qu'il a aban-
donnés ; il peut placer de distance en distance des tuyaux de
bois ou de terre pour y attirer ces insectes et les y surpren-
dre. C'est par sa seule vigilance et son activité , qu'il se pré-
servera des ravages de ces animaux. Jusqu'à ce que des expé-
riences long -temps répétées nous aient fait connoître des
moyens plus simples, je regarderai les autres comme dou-
teux ou peu efficaces; car il y a partout du charlatanisme.
FoRFICULE AURICULAIRE, Forficula aurirularia, Linn. Cette
espèce est connue de tout le monde en Europe. Elle a envi-
ron un demi-pouce de long ; le corps est d'un brun ferrugi-
neux ; les antennes sont d'un jaune fauve pâle , composées de
treize à quatorze articles; la tête est d'un fauve foncé, avec
les yeux noirs; le corselet est obscur au milieu avec les côtés
jaunâtres ; les élytres sont d'un fauve pâle ; les pièces de la
pince sont d'un jaune-brun , rapprochées et dentées à leur
base, arquées ensuite, simples et sans dentelures; les pattes
sont pâles.
Forficule GIGANTESQUE , Forficula gigantea , Fab. Il a
environ un pouce de longueur. Son corps est d'un jaunâtre
pâle , tacheté de noirâtre ; les antennes ont vingt-neuf articles;
l'abdomen est obtus avec les côtés pâles; le dernier anneau
de l'un des sexes a deux dents aiguës ; les branches de la pince
sont d'un jaune-brun , grandes, peu arquées , légèrement den-
telées , armées d'une dent obtuse , un peu au-delà de leur mi-
lieu , et ont leur extrémité noire.
Forficule bimoucheté , Forficula biguitaia , Fab., pi. D
i, 17. Il est noir, avec une tache jaunâtre sur chaque
élytre; la pince est courbée et dentée à sa base et au milieu.
Forficule nain, Forficula minor, Linn. Il n'a pas plus de
trois lignes de long ; il est brun , avec la tête et le corselet
noirs; les élytres rougeâtres ; la poitrine et les pattes pâles,
et la pince d'un brun fauve , à peine arquée , et dentelée dans
l'un des sexes ; les antennes n'ont que onze articles.
Il se trouve dans toute l'Europe, particulièrement autour
des fumiers. Il entre dans les maisons la nuit, attiré sans
doute par l'éclat de la lumière.
FoRFiCULE BIPLNCTUÉ. Il se fait remarquer par deux
]) . 1
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J2. Cl/ffem'e /<■••
i~ . Tornade &tfnmeâtêe,màle et/èmeB*
FOR 9
taches blanchâtres sur ses élytres , el la femelle par la forme
contournée de sa pince.
On le trouve dans les Hautes-Alpes, où il passe au moins
six mois sous la neige. Voy. sa tig. , pi. D 12.
Ce genre , quoique peu nombreux, est répandu dans tout
le monde. On en trouve des espèces en Asie , en Afrique, en
Amérique, et jusque dans l'île d'Otaïti. M. Palisot-de-Beau-
vois nous en a fait connoître de nouvelles, dans son bel ou-
vrage sur les insectes recueillis par lui en Afrique et en Amé-
rique, (l.)
FORGAA et FRAEKAHL. Noms arabes donnés par
les Egyptiens à la JussiE DIFFUSE (jussiœa diffusa ) , plante
qui croit dans le Delta. (LN.)
FORGERON. Poissons des genres Zée et Chétodois. (b.)
FORGESIE , Forgesia. Genre de plantes de la pentan-
drie monogynie , établi par Jussieu. C'est le même que ce-
lui qui a été appelé Escalone par les autres botanistes, (b.)
FORHU ( vénerie ). Ton du cor , pour rappeler les
Chiens, (s.)
FORHUS (vénerie ). Ce sont les intestins et la carcasse
Au cerf ^ que Ton donne aux chiens pour curée, (s.)
FÔRLONGER (vénerie). Un cerf Forlonge quand il
quitte son canton ou pays , et lorsqu'il laisse fort loin les
chiens derrière lui. (s.)
FORMATION. On a d'abord employé ce mot, en géo-
gnosie, et on l'emploie encore quelquefois dans son sens
ordinaire, c'est-à-dire, pour désigner la manière dont on sup-
pose que les différentes substances minérales ou les divers
gites de ces substances se sont formés. Ainsi l'on dit que la
formation de tel terrain paroît due à une précipitation cris-
talline , ou à des dépôts de sédimens , ou à des éruptions vol-
caniques, etc.; on expose des idées sur le mode de forma-
tion ou sur l'origine des filons, etc.
Mais M. Werner, et d'après lui tous les géognostes, don-
nent aujourd'hui au mot formation une autre acception sous
laquelle il est beaucoup plus généralement employé. Dans
cette acception , il désigne l'ensemble des couches, ou por-
tions de terrains , ou gites quelconques de substances miné-
rales, qui paroissent avoir été formés à la même époque et
ensemble , qui se présente , partout où on le retrouve, avec
les mômes caractères généraux de composition et de gisement.
On classe ainsi les terrains, selon leur ancienneté rela-
tive, présumée d'après leur ordre et leur mode de superpo-
Mtion , et selon la cause première supposée à leur origine, en
un certain nombre de formations qui composent donc les
subdivisions ou pour ainsi dire les genres et les espèces géo-
guosliques dans les ordres ou classes qu'on a désignés sous
io F O R
les noms de terrains primordiaux ou primitifs, terrains de
transition ou intermédiaires, terrains secondaires, terrains
d'alluvion et terrains volcaniques.
Considérée de cette manière , une même formation peut
renfermer des couches de nature très-diverse , lorsque ces
couches alternent constamment ensemble, ou que l'une est
toujours comprise, comme banc subordonné, entre les couches
de l'autre, enfin lorsqu'elles portent l'empreinte d'uneybr-
matiun contemporaine (le mot pris ici dans sa première accep-
tion ).
Ainsi, Information du gneiss, par exemple, comprend, en
bancs subordonnés, une grande quantité de roches de na-
ture différente, tels que le quarz, le porphyre , la diabasc ,
l'amphibolite , le granité, le calcaire et la serpentine.
Ainsi , la formation gypseuse des terrains des environs de Pa-
ris est composée de couches alternatives de gypse et de marne
«rgileuse et calcaire.
Dans cette manière de déterminer les formations, il faut
observer très en grand, ei faire des rapprochemens nom-
breux entre les terrains de nature analogue de différens
pays. On ne désigne alors sous le nom de formation , que des
groupes dont chacun comprend un nombre plus ou moins
considérable de couches ou de terrains, lesquels observés
isolément auroient été classés comme autant de formations
particulières. C'est surtout ainsi que M. Werner et les géo-
gnostes de son école appliquent le mot de formation.
M. Werner considère cependant aussi les formations re-
lativement à la nature des roches qui les constituent, mais
alors seulement comme composant des séries qui traversent
toutes les époques, en se présentant, dans chacune, d'elles sous
différentes modifications ou avec des caractères particuliers.
11 distingue à cet égard trois séries principalesde formations.
i.° La série des formations schisteuses comprend le gra-
nité, qui passe/Vune part à la syénite et au porphyre , d'autre
part au gneiss; puis le micaschiste, et les schistes argileux
et siliceux primitifs ou de transition, les psammites schistoï-
des, les psammites (grauwacke, grès des houillères, etc.)
et les grès de toutes les époques.
2.0 La série des formations calcaires comprend les cal-
caires primitifs , de transition et secondaires.
3.° La série des formations trappéennes comprend les dia-
bases ou diorites ( #wWm?) et amphibolites grenus, porphy-
roïdes et schistoïdes , les trapps de transitions, cornéennes,
variolites ou amygdaloïdes , et les trapps secondaires qui renfer-
ment les basaltes , les porphyres basaltiques , le graustein , le
klingstein etle porphyr schieffer, les tufs basaltiques, etc., roches
donllaplupart sont regardées comme volcaniques par les géog-
FOR
nostes français. — Lcsporphyrcs, lesserpentines,lesgypses,la
houille ou plutôt les combustibles charbonneux, etc., constituent
«le petites séries de formations qui sont comme subordonnées
aux grandes séries précédentes.
M. Werner admet aussi: 4-.° Une série de formations vol-
caniques composées de produits de volcans dont l'existence
ancienne est évidente , et de volcans aujourd'hui en activité.
Le plus grand nombre des minéralogistes déterminent au-
jourd'hui les formations d'une manière un peu plus spéciale ,
et en prenant en considération les deux points de vue sous les-
quels on vient de les envisager.
C'est dans ce sens que l'on dit qu'on connoît plusieurs
formations de granité primitif et une formation de granité de
transition; parce que le granité s'est présenté, soit situé au-
dessous de toutes les autres roches , soit alternant avec l'eu-
rite ( JVeissiein ), soit en bancs dans le gneiss, soit au-dessus
de divers terrains de transition, soit en filons; que les terrains
calcaires présentent une ou plusieurs formations primitives en
bancs dans le gneiss, dans le micaschiste ou dans les schistes
ouphyllades, aumoinsdeuxformationsdetransiliondontl une
constitue des montagnes entières et l'autre des bancs dans le
terrain de grauwacke et de schiste , et un assez grand nom-
bre de formations secondaires, dont les principales sont dé-
signées sous les noms de calcaire alpin, calcaire du Jura,
calcaire coquillicr (muschclkalk), craie, calcaire à cérites,
calcaire d'eau douce, calcaire siliceux, etc.
On voit que, dans ce cas, on regarde comme constituant,
une formation , ce qui , dans la première manière de voir ,
n'étoit regardé que comme faisant partie du groupe auquel
seul on appliquoit ce mot.
Dans létude spéciale de chaque terrain ou de chaque lo-
calité , on subdivise encore , et on emploie souvent le mot
formation pour désigner les différens membres d'une forma-
tion générale. De semblables observations de détail , ré-
pétées avec soin dans un grand nombre de lieux divers ,
sont les seuls fondemens sur lesquels on puisse espérer
bâtir quelque jour un système raisonnable de géognosie , et
elles ne peuvent offrir que des avantages, si l'on se garde
bien de vouloir conclure trop précipitamment du particu-
lier au général.
Il faut remarquer, en effet, que, considérées sous le pre-
mier point de vue , les formations se retrouvent les mêmes ,
et disposées de la même manière, dans les parties du globe
les plus éloignées les unes des autres. L'ordre général des
terrains , la manière dont ces terrains sont composés , le
type qui caractérise chaque formation d'après les principes
FOR
de l'école allemande, ont été reconnus dans la chaîne àes
Andes, parM. de Humboldt, analoguesà ce quia été observé
depuis long-temps en Allemagne. Mais il cesse d'en être
ainsi , aussitôt qu'on descend aux observations de détail :
on trouve alors souvent, dans la même formation, des cir-
constances particulières , des caractères propres à chaque
localité. Quelquefois aussi on observe des formations en-
tières qui ne se représentent en aucune autre contrée ; mais
alors le domaine de ces formations est en général circons-
crit à un petit espace. Il importe donc beaucoup de distin-
guer avec soin les formations locales des formations générale-
ment répandues, et de ne pas tirer, des observations faites sur
les premières, des conséquences qui netrouveroient point ail-
leurs leur confirmation. Entre ces deux classes de forma-
tions, on peut en désigner une troisième sous le nom de for-
mations circonscrites; elle comprend les formations qui se re-
trouvent les mêmes dans différens pays , mais qui , dans
chaque localité , n'occupent qu'un espace peu considérable ,
et borné de tous côtés par les autres terrains.
On observe dans tous les pays des formations circonscrites.
Les formations locales sont moins répandues : il en existe
cependant un plus grand nombre qu'on n'a paru le croire jus-
qu'ici: il en existe probablement dans touslesâges des terrains.
Telle manière d'être du granité, qui paroît contraire à
tout ce qui est connu ailleurs sur cette roche , doit se rap-
porter sans doute à une formation purement locale ; tel ter-
rain calcaire qui remplit une vallée entière , et qu'on ne re-
trouve point en d'autres pays , est le produit d'une sem-
blable formation. Les formations locales sont plus frap-
pantes dans les pays de montagnes où leur étendue est plus
bornée ; elles le sont surtout, lorsqu'elles présentent des dé-
bris ou des empreintes de corps organisés qu'on n'est pas
habitué à rencontrer à l'état fossile.
La roche de topaze du Voigtland, que les minéralogistes
allemands classent dans le nombre des terrains primitifs, paroit
être le produit d'une formation purement locale ; car on ne
la cite dans aucun autre pays. Elle semble former , à lamon-
tagne de Scheckenstein , un amas transversal très - puissant
dans le micaschiste.
Le terrain de Locle , dans la principauté de Neuchâtel ,
a été cité comme exemple remarquable d'une formation lo-
cale. Il remplit un petit vallon , élevé de cinq cent cinquante
mètres au-dessus du lac de Neuchâtel et de près de mille
mètres au-dessus de la mer , fermé de tous côtés par -les
montagnes calcaires du Jura , et dont les eaux ne s'écoulent
que par un conduit souterrain. Sur le calcaire , dit calcaire
FOR i3
du Jura , repose une brèche formée de gros fragmens cal-
caires anguleux , analogue à la brèche nommée en Suisse
Nagelfluhe ; puis un calcaire marneux en couches puissantes ,
qui renferme de petits bancs de silex corné d'un gris de
fumée. Le silex et le calcaire marneux contiennent une grande
quantité de coquilles fluviatiles dont les tests ont conservé
leur état naturel , et des empreintes de roseaux. Sous le
silex corné se trouve, dit M. de Buch , une petite couche
d'opale d'un brun noirâtre, à cassure parfaitement conchoïde,
(c'est probablement un silex résinite des minéralogistes fran-
çais), puis une couche mince de schiste bitunimeux noir, rempli
d'empreintes de roseaux; puis des couches peu épaisses d'un
combustible charbonneux annoncé comme houille, mais qui doit
probablement être rapporté au lignite. Il renferme de petites
coquilles d'eau douceen grande quantité. Celte formation pa-
roît se rattacher à celle du lignite d'eau douce qu'on re-
trouve dans un assez grand nombre de pays, mais à Locle
elle est au moins extrêmement circonscrite.
Il existe aux environs d'OËnningen , près du lac de Cons-
tance , une formation locale , célèbre par la grande quantité
de débris de corps organisés de toute classe qu'on y a trouvés
dans les couches d'un calcaire schisteux quelquefois bitumi-
neux, et dont beaucoup paroissent analogues aux êtres qui
existent encore dans les environs. On a voulu tirer, de cette
disposition locale, des conséquences générales, sur la struc-
ture de la terre , qui ont été contredites par l'observation t
dans tous les autres pays. Toutes les coquilles trouvées à
Œnningen sont des coquilles d'eau douce.
On présente aussi comme formations locales, les terrains
dé Glaris en Suisse , de Pappenheim en Franconie, qui ren-
ferment une grande quantité d'empreintes de poissons et de
coquilles; mais des terrains à poissons, qui paroissent de na-
ture à peu près semblable, se retrouvent près de Vérone , dans
les Apennins , sur les côtes d'Afrique et ailleurs.
Les formations d'eau douce , c'est-à-dire , les terrains qui
renferment des débris de corps organisés dont les genres ana-
logues ou les espèces voisines , aujourd'hui existantes , ne peu-
vent pas vivre dans la mer, mais seulement dans les fleuves,
les lacs d'eau douce et les étangs , ou sur leurs bords , ont été
d'abord considérées comme des formations locales ; mais l'ob-
servation fait reconnoître de semblables terrains dans un si
grand nombre de localités, qu'il paroît à peu près certain que
quelque cause générale a contribué à les former. Ces forma-
tions se présentent partout en terrains circonscrits plus ou
moins étendus. Pour l'indication plus complète des forma-
, voyez Terrains.
14 FOR
Les gîtes de minerais offrent aussi des formations très-dis-
tincles. La même formation se reconnoît souvent dans des
gîtes différens et même de différente nature. Ailleurs, plu-
sieurs formations se rencontrent dans le même gîte. V. Filon
et Gîte de muserais, (bd.)
FORME {chasse ). Nom donné à un espace de terre
qu'occupe un piège tendu, de quelque espèce qu'il soit. On
donne aussi ce nom à une fosse que se creusent les ISappistes
pour avoir la facilité de tirer commodément le filet. C'est
aussi le gîte du lièvre, (v.)
FORMENT ONE. Césalpin donne ce nom italien au Sar-
rasin , Polygonum fagopynim. Les Italiens nomment aussi
Formentone et. GranodTndia, le Mais, (ln.)
FORME {fauconnerie'). Ce sont les femelles des oiseaux
de vol : les mâles se nomment Tiercelets, (s.)
FORMES DES MINÉRAUX. ( V. aux mots Caractè-
res et Théorie de la structure des cristaux.) (luc.)
FORMI {fauconnerie'). Maladie qui attaque le bec des
oiseaux de vol. ( F. l'article Fauconnerie, (s.)
FORMICA. ( V. Fourmi. ) (desm.)
FORMIC AIRES, Foro^W/o;. Tribu d'insectes , de l'ordre
des hyménoptères , section des porte-aiguillons , famille des
hétérogynes , ayant pour caraclères essentiels : insectes vi-
vant en société ; trois sortes d'individus, des mâles et des fe-
melles ailés, et des neutres aptères ; antennes des femelles,
et celles des neutres au moins, grossissant, le plus souvent,
vers le bout, fortement coudées; la longueur du premier ar-
ticle égalant la moitié ou le tiers de la longueur totale;
le second en forme de cône renversé , aussi long que le troi-
sième ; premier anneau de l'abdomen en forme d'écaillé ou de
nœud dans les uns; les deux premiers , noduleux dans les au-
tres; labre grand, corné , tombant perpendiculairement sous
les mandibules.
Ainsi que l'indique sa dénomination , cette sous-famille
embrasse le genre primitif de fourmi , formica. De tous les
hyménoptères vivant en société , ces insectes sont les seuls
dont les neutres soient dépourvus d'ailes. Les antennes sont
plus courtes que le corps , brisées , surtout dans les femelles
et les neutres , ordinairement un peu plus grosses vers le bout ,
simplement filiformes dans d'autres , et composées de treize
articles dans les mâles , et de douze dans les autres indivi-
dus ; le premier est fort long , et presque cylindrique ; le se-
cond a la forme d'un cône renversé ; l'insertion de ces orga-
nes varie. Le labre est grand , corné , presque carré et ra-
battu perpendiculairement , pour protéger les mâchoires et la
FOR ,5
lèvre. Les mandibules sont écaiileuses, très-fortes et avan-
cées dans les neutres et les femelles , de formes variées ,
mais le plus souvent triangulaires et dentées. Les mâchoires
et la lèvre sont peliles ; les mâchoires sont très-comprimées ,
coriaces, dilatées et arquées au côté extérieur et terminées
par un lobe grand , demi-ovoïde ou triangulaire , fléchi ou
courbé. La languette est petite, membraneuse , arrondie en
forme de cuilleron ou creusée en voûte , et entière. Les pal-
pes sont filiformes ou sétacés ; les maxillaires sont les plus
longs , et ordinairement composés de six articles ; les la-
biaux n'en ont que quatre. La tête est en général triangulaire
ou presque ovoïde , très-forte dans les neutres, et beaucoup
plus petite dans les mâles ; elle offre deux yeux arrondis , en-
tiers, plus gros dans les mâles ; ceux-ci, ainsi que les femel-
les, ont, déplus, trois petits yeux lisses, qui manquent ou sont
très -peu distincts dans les neutres. Le tronc est presque
ovoïde , comprimé sur les côtés , avec le premier segment ar-
qué; celui des neutres est proportionnellement plus étroit et
souvent inégal. Les ailes sont grandes et très-caduques ; les
supérieures ont communément une cellule radiale étroite, et
allongée, et deux cellules cubitales , dont la seconde atteint
le bout de l'aile. Beaucoup d'espèces ont le premier anneau
de l'abdomen petit , comprimé , en forme d'écailie ; dans
d'autres , il a , ainsi que le suivant , la figure d'un nœud ; mais
on en commît où ce premier segment diffère peu des au-
tres , et plusieurs ponères sont dans ce cas. Les pattes sont or-
dinairement longues et grêles et terminées par deux crochets,
sans pelote. Les femelles et les neutres de plusieurs espèces,
et dont les deux premiers anneaux de l'abdomen sont pres-
que toujours noduleux , sont armés d'un aiguillon , et même
assez poignant; les mêmes individus des autres, comme
de celles dofft le premier anneau abdominal est en forme
d'écaillé , n'ont point cette défense ; mais ils ont , près de
l'anus, des glandes renfermant un acide particulier, que les
chimistes ont n\>\>c\éformique.
Les insectes de cette tribu, généralement désignés sous le
nom de fourmis , ne sont que trop connus par leurs dégâts et
leurs ravages. Non-seulement, plusieurs d'eux rongent les
fruits de nos jardins , nuisent à la végétation par les galeries
qu'ils creusent dans la terre , souvent aussi dans le tronc des
arbres ; mais il en est qui pénètrent dans l'intérieur de nos
habitations, et jusqu'aux parties les plus élevées, attaquent
nos provisions de bouche , les sucreries surtout , et leur com-
muniquent une odeur de musc désagréable.
Ils vivent tous en sociétés , souvent très-nombreuses, con-
tinues , et interrompues, dans nos climats seulement , par les
,6 FOR
rigueurs des hivers. Les neutres , ou les ouvriers , et qui
sont des femelles dont les ovaires n'ont point reçu lelabora-
tion convenable , sont exclusivement chargés de tous les tra-
vaux! Ils construisent ou préparent 1 habitation , nourrissent ,
soignent et défendent les petits , saisissent et retiennent les fe-
melles qui ont été fécondées , et en conservant leurs œufs ,
assurent l'existence de nouvelles générations. Les mâles et les
femelles ne se trouvent que temporairement , sous leur der-
nière forme , dans la fourmilière. Ils en sortent dès qu'ils ont
acquis des ailes. Les premiers individus sont très-inférieurs ,
pour la taille, aux autres. Ils ont la tête et les mandibules pro-
portionnellementpluspetites, et les yeux plus gros. Les mâles
fécondent les femelles hors de l'habitation , souvent au milieu
des airs , où ils forment , avec elles , des essaims nombreux ,
et périssent bientôt après , sans rentrer dans leur ancien do-
micile , où ils ne sont plus nécessaires, le vœu de la nature
étant rempli.
Ces femelles, propres à devenir mères, perdenlbientôt leurs
ailes, soit au moyen de leurs pattes, soit parce que les neu-
tres les leur arrachent ; ceux de ces individus qui se sont ac-
couplés aux environs de la fourmilière , y sont souvent en-
traînés par les neutres et retenus captifs, jusqu'à ce qu'ils
aient fait leur ponte; mais les autres, ou fondent de nouveaux
établissemens, ou augmentent de la même manière ceux où
ils se trouvent portés. Des auteurs prétendent qu'ils sont
expulsés de l'habitation, peu de temps après leur ponte.
Les œufs sont très- petits, ronds, d'un blanc jaunâtre, et
rassemblés par tas. Les larves qui en sortent, sont semblables
à de petits vers blancs, gros , courts, d'une forme presque
conique , sans pattes , et dont le corps est divisé en douze
anneaux ; sa partie antérieure est plus menue et courbée ;
on remarque à sa tête deux espèces de crochelfc , quatre pe-
tites pointes et un mamelon , presque cylindrique, mou, ré-
tractile, et par lequel la larve reçoit la becquée. Cette nour-
riture doit être d'une consistance molle ou fluide ; elle est
une élaboration de la liqueur mielleuse ou saccharine ,
que les neutres recueillent auprès des pucerons ou retirent
des végétaux. Des matières animales, ayant subi une prépa-
ration dans F estomac de ces individus neutres , servent aussi
d'alimens à ces larves , que le vulgaire nomme , ainsi que
leurs nymphes, œufs de fourmis.
Les neutres ne se bornent pas à nourrir les larves. Elles
les défendent contre les agressions de leurs ennemis, et veil-
lent avec le plus grand soin à leur conservation; elles les
transportent , dans les beaux jours, à la superficie extérieure
de l'habitation, afin de leur procurer de la chaleur , et les
FOR t7
descendent plus bas, aux approches de la nuit et du mauvais
temps. La fourmilière souffre- t-elle quelque dérangement,
elles saisissent aussitôt ces larves , pour les sauver et les" met-
tre à l'abri.
Les nymphes, entièrement semblables à l'insecte parfait
qui doit en provenir, mais de consistance molle, blanchâ-
tres ou jajmàtres , inactives , et n'ayant que les rudimens
des ailes , sont tantôt nues , tantôt renfermées dans une coque
soyeuse qu'elles se sont préparée. Les neutres ont ordinai-
rement l'attention de la déchirer lorsque la nymphe est sur
le point de se développer , ou de subir son dernier change-
ment. L'époque de cette métamorphose varie selon les espè-
ces. Les neutres empêchent les individus qui viennent d'ac-
quérir des ailes, de sortir, jusqu'au moment favorable , et
presque toujours déterminé par une chaleur assez forte de
l'atmosphère. Ils leur frayent alors des passages et leur don-
nent la liberté.
La plupart des fourmilières sortt uniquement composées
d'individus de la même espèce; mais il en est de mixtes. Les
neutres se procurent, en usant de violence ou par des expé-
ditions militaires , des individus de la même caslc ou pareil-
lement neutres, d'une autre espèce ou même de deux éta-
blies dans le voisinage , afin de leur servir d'auxiliaires, lia
les arrachent à leurs foyers, lorsqu'ils sont en état de larve
ou de nymphe. Ces individus, ainsi expatriés, arrivés à leur
état parfait , tantôt coopèrent simplement aux travaux du mé-
nage, comme dans les sociétés mixtes de la fourmi sanguine;
tantôt en sont seuls chargés , comme dans celles des fourmis
amaiones ou légionnaires. Les ouvrières de celles-ci ne sont
propres qu'au combat et à la défense de l'habitation.
On a célébré, avec raison, la prévoyance de ces insectes,
et leur amour infatigable pour le travail. Maison se méprend,
en partie, sur leur but. Ils n'amassent point desprovisions de
bouche pour 1 hiver, puisqu'ils sont alors engourdis et inca-
pables de prendre de la nourriture. Les grains de blé et au-
tres différentes substances qu'ils charrient dans les beaux
temps , ne sont que des matériaux de construction , et desti-
nés à étendre et à consolider leurs ouvrages.
La forme et la nature de leurs habitations varient selon
l'instinct particulier des espèces: mais en général* elles sont
beaucoup plus simples que celles des aulres insectes vivant
en sociélés. Quelques espèces se logent dans le vieux bois,
qu'elles creusent en manière de labyrinthe; d'autres habitent
la terre. Parmi celles-ci, les unes ne sont que de simples ma-
çonnes ; les molécules terreuses qu'elles ont détachées sont
les seuls matériaux qu'elles mettent en œuvre; mais il en est
,8 FOU
qui forment, au-dessus du sol , des monticules ou des cônes
plus ou moins élevés, et qu'elles composent, non-seule-
ment de sable , de terre , mais encore de petits morceaux de
bois, de feuilles, et de tous les corps qu'elles trouvent à leur
bienséance. Dans toutes ces habitations , différens chemins
ou galeries conduisent à un centre principal, qui est le sé-
jour de la famille. .
Les neutres vont à la recherche des provisions, et parois-
sent s'instruire par le toucher et l'odorat, de l'heureux suc-
cès de leurs découvertes , s'encourager et s'aider mutuelle-
ment. Des fruits , des insectes ou des larves , des chenilles
surtout, souvent même des cadavres de quadrupèdes ou d'oi-
seaux de petite taille, leur servent de nourriture , de sorte
que si ces insectes nous sont nuisibles sous plusieurs rapports ,
ils nous sont utiles sous quelques autres considérations.
Je présenterai d'autres détails à l'article Fourmi.
Geoffroy, Degeer, Fabricius et Olivier ne firent aucun
changement au genre Formica de Linnœus. Le second cepen-
dant le divisa en deux familles; les espèces de la première
ont une écaille verticale sur le filet ou pédicule du ventre ;
dans la seconde , ce filet est composé d'une ou de deux piè-
ces rondes, en forme de boules ou de nœuds; ces espèces
ont ordinairement dps pointes ou des épines sur le corselet.
Déjà, dans mon Essai sur l'histoire naturelle des fourmis de
France, j'avois cherché à faciliter, par de nouvelles obser-
vations et d'autres coupes, l'étude de ces^ animaux. Des re-
cherches plus générales et plus suivies ont ensuite servi de
base à la Monographie que j'ai publiée en 1802 , et qui est
accompagnée de figures.
J'y partage le genre fourmi , composé de plus de cent es-
pèces, en neuf familles, dont voici l'énumération et les ca-
ractères:
i.re Fourmis arquées , Arcuatœ. Point d'étranglement
sensible entre le second anneau de l'abdomen et le troisième ;
antennes insérées près du milieu de la face delà tête ; écaille
lenticulaire ; dos continu , arqué.
a.e Fourmis chameaux, Camelinœ. Point d'étrangUpnent
sensible entre le second anneau de l'abdomen et le troisième ;
antennes insérées près du milieu de la face de la tête; écaille
lenticulaire ; dos ayant des enfoncemens.
3.e Fourmis atomes, Atomariœ. Point d'étranglement sen-
sible entre le second anneau de l'abdomen et le troisième ;
antennes insérées près du milieu de la face de la tête ; écaille
en forme de coin allongé.
4..e Fourmis ambiguës , Ambiguœ. Point d'étranglement
sensible entre le second anneau de l'abdomen et le troisième;
FOR Ig
antennes insérées près du bord inférieur de la face de la
tête; écaille noduleuse, arrondie, ou tronquée supérieure-
ment.
5.e Fourmis porte-pince , Chelatœ. Point d'étranglement
sensible entre le second anneau de l'abdomen et le troisième ;
antennes insérées près du bord inférieur de *la face de la
tête; écaille s'élevant en pointe. ,
6.e Fourmis étranglées , Coarctafœ. Second anneau de
l'abdomen séparé du troisième par un étranglement guère
plus étroit que lui, point noduleux.
j.e Fourmis bossues, Gibbosœ. Second anneau de l'abdo-
men séparé du troisième par un étranglement beaucoup plus
étroit que lui, noduleux comme le premier; premier article
des antennes toujours à découvert ; corselet élevé antérieu-
rement.
8.e Fourmis piquantes, Piaictoriœ. Second anneau de
l'abdomen séparé du troisième par un étranglement beau-
coup plus étroit que lui , noduleux comme le premier; pre-
mier article des antennes toujours à découvert; corseletpres-
que également continu.
9-c Fourmis chaperonnées, Caperatœ. Second anneau de
l'abdomen séparé du troisième par un étranglement beau-
coup plus étroit que lui, noduleux comme le premier; pre-
mier article des antennes se logeant dans une rainure laté-
rale de la tête.
J'ai suivi la même méthode dans le troisième volume de
mon Histoire générale des insectes , mais en formant un
genre propre, sous le nom de Céphalote, que j'ai changé
plus tard en celui de Cryptocère, avec les espèces de la
dernière famille, ou les chaperonnées. Dans les tables du 24.-'
et dernier volume de la première édition de ce Dictionnaire,
la famille des formicaires est composée de sept genres , dont
voici une exposition plus simple.
I. Pédicule de l'abdomen formé d'une écaille ou d'un seul nœud.
A. Point d'aiguillon.
Fourmi s Antennes insérées près du milieu du devant de la
tête ; mandibules triangulaires.
Polyergue : Antennes insérées près du bord antérieur de
la tête ; mandibules longues , étroites et arquées.
B. Un aiguillon dans les femelles et les neutres.
Odontomaque : Mandibules des neutres presque linéaires.
Ponère : Mandibules des neutres triangulaires.
20 FOR
II. Pédicule de l'abdomen formé de deux nœuds.
À. Antennes découvertes.
Eciton: Mandibules des neutres presque linéaires.
Myrmice: Mandibules des neutres triangulaires.
h. Premier article des antennes se iogeant dans une rainure laté-
rale de la tète.
Cryptocère.
Fabricius, dans son Système des piëzates, admet le der-
nier genre; réunit en un , ceux d'odontomaque et d'éciton,
sous le nom de myrmecia ; sépare quelques espèces de celui
que j'avois nommé myrmice , pour en former on autre , au-
quel il applique mal à propos , la dénomination d'atta , déjà
employée par M. Walckenaer, dans son travail sur les ara-
néïdes ; comprend dans son genre formica, une partie du mien
et mes autres myrmices ; et compose, avec mes autres four-
mis, le genre lasius.
Les formicaires, dans la méthode de M. Jurine, sont dis-
tribuées en trois genres , savoir : fourmi , atte et manique. Le
premier correspond à celui que j'appelle ainsi, et renferme en
outre mes polyergues. Le dernier embrasse mes myrmices.
Cet habile naturaliste ne cite presque aucune espèce exotique,
parce que, comme je le présume, n'en possédant pas d'individus
ailés, il ne pouvoit les classer d'après sa base systématique.
La distribution des insectes de cette tribu que j'ai présen-
tée dans mon Gênera crustac. et insect., ne diffère de celle que
j'ai exposée ci-dessus, qu'en ce que le genre atte est adopté ,
et que ceux d'odontomaque et d'éciton sont détruits ; le pre-
mier forme une division des ponères ,.et le second est réuni
avec les attes et les myrmices.
Plutôt disciple de Réaumur que de Linnœus , et voulant
faire aimer la science des insectes, M. Hubert fils s'est
occupé exclusivement de l'étude des mœurs des fourmis, et a,
lui seul, découvert plus de faits historiques que tous les na-
turalistes qui l'avoient précédé depuis plus d'un siècle. Nous
en rendrons compte à l'article Fou; ii. V . cet article et ceux
de Polyergue, de Potsère , d'OEcoDOME (au lieu à' atte),
de Myrmice et de Cryptocèûe. (l.)
FORMICA-LEO. Nom latin du Fourmi-lion. V. ce mot.
(L.)
FORMICA-YULPES. Nom donné aune larve de diptère,
qui a les habitudes de celle qu'on nomme fourmi-lion. Nom
ia décrirons à l'article Rhagion. (V. ce mot.) (l.)
FORM1CO-ICHNEUMONS. {V. Psoque, genre qui
comprend un insecte désigné par plusieurs auteurs sous le
nom de Pou de BOIS.) (l).
FOR M
FORNEUM. Genre établi par Adanson. C'est le méma
que I'Andryala de Linmcus. (ln.)
FORREICH, NETUCH, RAGHLEK.Différensnoms
arabes d'un Héliotrope, heliutropium lineafum(V alh)qui croît
aux environs despyramides , en Egypte. V. Delisle , Egypt. (ln)
FORRESTIA. Genre établi par M. Raffinesque Schmaltz,
sur une plante trouvée aux Etats-Unis par M. Forrest, dans
le Nord des Etats de New-Yorck. Ses caractères n'ont pas en-
core été publiés : seulement on sait qu'elle est très-proche du
genre Céanothe, avec cette différence qu'elle n'a que trois
styles, (ln)
FORSETIE, FARSETIE, Farsetla. Genre de plantes
établi aux dépens des Ai.ysses. Il ne diffère pas de celui ap-
pelé Vesicaire par Tournefort. (u).
FORSKALE, Forskalea. Genre de plantes, de la monoé-
eie monandrie , et de la famille des Urticées, qui a pour ca-
ractères : un involucre de cinq à six divisions, laineux, turbiné,
multiflore , monoïque ; neuf à dix fleurs mâles , situées à la
circonférence , trois à cinq femelles au centre ; chaque Heur
mâle ayant-un calice squammiforme, courbé endedans, àlimbe
entier et denté , et une étamine à lilamens élastiques; chaque
fleur femelle ayant un ovaire a style droit, à stigmate simple ,
comprimé , entouré de laine , qui fait les fonctions de calice ;
une semence ovale , comprimée , laineuse, à embryon droit.
Ces caractères , dont l'observation est fort difficile à voir,
à raison de la laine dans laquelle les fleurs sont placées, ap-
partiennent à des plantes annuelles , hérissées dans toutes
leurs parties de poils roides, et dont les feuilles sont simples,
alternes, et les fleurs petites , axillaires. Elles viennent des
parties les plus chaudes de l'Afrique , et on les cultive dans
les jardins de botanique de Paris. On en compte trois ou
quatre espèces qui ne présentent rien d'intéressant, (b.)
FORSTERE, Forstera. Petite plante de la gynandrie dy-
nandrie , et de la famille des C aprifoliacées, qui forme seule
un genre dont les caractères sont : calice double, dont l'exté-
rieur est inférieur , plus court . situé d'un seul côté , et formé
de trois folioles oblongues; tandis que l'intérieur est supérieur,
monophylle, cylindrique, divisé profondément en cinq
découpures ; une corolle monopétale , campanulée , à limbe
à six divisions égales et obtuses ; deux écailles ovoïdes, péta-
liformes, attachées, de chaque côté, sur le style, au-dessous
du stigmate ; deux étamines à filamens très-courts , qui s'in-
sèrent sur le style entre le stigmate et une des écailles; un
ovaire ovale à style droit, terminé par deux stigmates laçges
et un peu barbus ; une capsule ovale , uniloculaire , et qui
contient des semences nombreuses, attachées à un placenta >
F O S
Cette plante croît dans la Nouvelle-Zélande , sur le som-
met des montagnes. Sa tige est herbacée , en partie couchée,
rameuse , et haute de quatre à cinq lignes ; ses feuilles sont
petites, nombreuses, presque imbriquées, alternes ; ses fleurs
sont blanches extérieurement , rouges intérieurement , et
portées sur des pédoncules terminaux et solitaires.
Labillardière pense que ce genre ne doit pas être séparé de
sa Candollée.
Il y a eu une autre Forstère , à laquelle Gœrtner a donné
le nom d'ATHÉciE. (b.)
FORSTERIA. Scopoli donne ce nom au genre Breynie
(V. ce mot) , établi par Forster sur un arbre qu'il découvrit
dans 1 île de Tanna et à la Nouvelle-Calédonie. Ce breynia
n'est pas le breynia de Plumier , lequel rentre dans le genre
Câprier, (ln.)
. FORSYTHIE , Forsythia. Genre de plante établi par
Vahldans la diandrie monogynie, et dans la famille des Jas-
minées, sur une plante du Japon , que Thunberg avoit placée
parmi les Lilas.
Il a pour caractères: un calice divisé en quatre parties, et
une corolle campanulée à quatre divisions.
La forsythie aies rameaux tétragones, grimpans, opposés;
les feuilles opposées , pétiolées , ovales, dentées ; les fleurs
jaunes , presque solitaires et opposées aux bourgeons ; le fruit
n'est pas connu.
Jussieu appelle ce genre Rangion.
i Walter avoit donné le même nom à un arbuste de la Ca-
roline, que j'ai prouvé être le Décumaire de Linnœus. (b).
FORT ( vénerie ). Endroit du bois épais et fourré, (s.)
FORTERESSE. C'est une Patelle, Patellagranalina.(*.')
FOSSA. Les habitans de Madagascar donnent ce nom à
la Civette fossane. (desm.)
FOSSANE. Mammifère du genre des Civettes, qui se
rapproche principalement de la genette. Elle est figurée pi.
D. 25 de ce Dictionnaire. V. l'art. Civette, (desm.)
FOSSAR. Coquille du Sénégal , qui , par ses caractères ,
est intermédiaire entre les Hélices et les Natices: c'est ce-
pendant dans ce dernier genre quelle doit être placée, (b.)
FOSCARENIA, Vand. Genre de plante qui appartient
k la tétrandrie , et doift les seuls caractères connus sont : ca-
liceadhérent, à quatre découpures égales; corolle monopé-
tale *en entonnoir ; quatre longues anthères presque sessiles ,
attachées à l'orifice de la corolle; drupe monosperme, (ln.)
FOSEI. Nom donné, au Japon, au Pissenlit (leonto-
don laraxacum , L. ). (LN.)
FOSSELIN1E, Fosselinia, Nom donné par Allioni à
F O S 33
la plante qui forme actuellement le genre Clypéole. (b.)
FOSSETTE. Espèce de chasse que les bouviers font pen-
dant Ihiver. On nomme ainsi des trous faits dans les haies
que fréquentent les merles et les grives. Ces trous ont quatre
ou cinq* pouces de profondeur, sur douze de long et six ou
sept de large ; on les couvre avec un gazon ou une tuile que
l'on tient élevés parle moyen d'un morceau de bois en forme
d'un quatre de chiffre. On y met pour servir d'amorce , du chè-
nevis , du blé , des vers de terre, des baies de genièvre, (v.)
FOSSILES. Nom que les anciens minéralogistes et quel-
ques naturalistes allemands donnent à toutes les substances
qu'on tire du sein de la terre, quelles que soient leur nature
et leur origine : pierres, métaux, pétrifications, etc. Mais les
naturalistes français désignent spécialement sous le nom de
fossiles , les corps organisés qu'on trouve enfouis dans les
couches de la terre , depuis des temps dont on ne peut soup-
çonner l'ancienneté , la plupart paroissant même fort anté-
rieurs à l'existence de l'espèce humaine, (pat.)
Les fossiles s'observent à différens états : tantôt ce sont les
parties solides elles - mêmes des êtres enfouis , qui sont
conservées, mais dont la substance est altérée de diverses ma-
nières ; tantôt ces corps ont disparu , mais la cavité qu'ils
avoient laissée dans les couchas qui les renferment , s'est en-
suite remplie d'une substance nouvelle dont la nature varie ,
et qui en reproduit le moule ; d'autres fois encore, il n'existe
ni corps, ni moule , mais seulement des empreintes, des
traits, des linéamens qui démontrent incontestablement que
les pierres où on les observe , contenoient des corps orga-
nisés à l'époque de leur formation.
Les fossiles d'animaux vertébrés sont toujours des portions
plus ou moins complètes de leur charpente osseuse. Ceux
des animaux sans vertèbres consistent dans les enveloppes
calcaires plus ou moins solides , que beaucoup d'entre eux
produisent par excrétion, et qui leur servent de demeure , ou
qui protègent leur corps en tout ou en partie.
Les fossiles végétaux sont ordinairement des troncs ligneux
pétrifiés , des noyaux ou autres semences plus ou moins so-
lides ; des empreintes de feuilles disposées entre les feuillets
de pierres fissiles , comme des plantes dans un herbier.
Les fossiles d'animaux mammifères consistent en ossemens
de toute espèce , et en dents qui paroissent se conserver en-
core mieux que les os. On trouve aussi des fragmens de bois ,
ou de ces cornes caduques qu'on n'observe que dans les espè-
ces du genre des cerfs; mais jamais onne rencontre de substances
cornées , telles que sabots, ongles, cornes proprement dites ,
fanons de baleine, etc. — Ceux des oiseaux , bien moinsnoiu-
34 F 0 S
breux, et bien moins conservés , offrent diverses parties du
squelette, mais jamais ni bec, ni ongles, ni plumes. 11 en est de
même des reptiles ; et parmi ceux-ci, les tortuesprésentent tou-
tes les pièces de leur carapace , mais point l'écaillé qui la recou-
vre ; les espèces de ces reptiles sont aussi peu communes que
celles des oiseaux, mais quelques-unes sont remarquables par
leur taille et par leurs caractères. Parmilespoissons* lescarti-
lagineux ne laissent aucune trace de leur squelette , et l'on
ne trouve d'eux, que ces dents isolées qui sont connues sous
les noms vulgaires de langues pétrifiées ou glossopètres (i).
Les poissons osseux, au contraire , offrent des débris solides
fort nombreux.
Dansla classe desmollusques, des becsdesèchesetdespor-
tions de l'os intérieur que présente ces animaux; de nombreuses
coquilles univalves , bivalves ou multivalves ; des fragmens de
test d'oscabrions, des valves d'anatifes, et des demeures co-
niques de balanes , sont les corps qui se trouvent le plus or-
dinairement dans les couches de la terre.
Les annelides n'offrent que des tuyaux de serpules et de
dentales , si toutefois les animaux de ces dernières sont bien
annelides.
Les crustacés se présentent assez souvent pétrifiés, et le
plus ordinairement , leur test ^st bien conservé ; mais leurs
pattes manquent presque toujours , et se retrouvent isolément.
Les insectes que l'on peut regarder comme fossiles , sont
ceux que renferment les fragmens d'ambre jaune ou de suc-
cin , puisque cette substance elle-même est renfermée dans
des couches assez anciennes ; ces insectes sont très-bien
conservés dans cette matière bitumineuse , et paroissent ne
pas avoir éprouvé la moindre altération.
Aucun des vers dits intestinaux , n'a été rencontré à l'état
de fossile.
Mais les radiaires sont au contraire très-abondans ; les
oursins se trouvent fréquemment pétrifiés ainsi que leurs
pointes ; et les madrépores ou polypiers pierreux sont , avec
les coquilles , les productions les plus abondantes que ren-
ferment les couches de la terre.
Parmi les végétaux fossiles , on trouve des plantes mono-
cotylédones , dicotylédones et acotylédones. Les feuilles que
comprennent les lits de pierres feuilletées , appartiennent le
plus souvent à des plantes de la famille des fougères ; et l'on
3 pu déterminer assez bien des feuilles de gallium , de pla-
(i) Les couches de Monte Bolca seulement présentent dans les
feuillets delà pierre qui les compose, des vestiges de raies ,• mais le
squelette y manque également.
F O S 25
tanes , de saules, etc. , etc. On a reconnu parfaitement le
bois de palmier à l'état rie pétrification , ainsi que celui de
quelques arbres dicotylédons. On a trouvé des noix , des
cônes d'arbres verts, des fruits et des tiges de charagnes, etc.
Les différens fossiles ont reçu des noms particuliers. Ainsi,
on appelle anthropolites de prétendus squelettes humains fos-
siles , amphiàiolitçs les débris de reptiles, ornitholiles ceux des
oiseaux, ichtJiyoliles ceux des poissons, crustaciles , canr.roliles ,
astarolites ceux des crustacés, entomolilhes ceux des insec-
tes, c.arpolites et phytolites ceux des fruits ou des feudles, etc.
Lorsque les fossiles consistent en parties solides de corps
organisés, tantôt ils n'ont aucunement changé de nature et
présentent les mêmes principes à l'anal) se, et la même struc-
ture que les corps analogues vivans; mais très-souvent on
observe des altérations plus ou moins sensibles.
Ainsi, pour les ossemens, ordinairement la gélatine a dis-
paru en presque totalité, et il ne reste plus que le phosphate
calcaire ; quelquefois l'oxyde de cuivre s'y introduit, et alors
les -os deviennent des turquoises; d'autres fois encore, ils se
pénètrent de bitume, de mercure sulfuré, de substances pyri-
leuses , salines, etc.
Quant aux coquilles , il arrive souvent qu'elles ont perdu
leur drap marin et leurs couleurs, et quelquefois que les lames
de matière calcaire dont elles sont formées, se sont écartées
les unes des autres; ce qui augmente beaucoup leur épaisseur.
Quant aux moules de ces coquilles, et quant à ceux des po-
lypiers, ils sont formés, ou de substances semblables à celles
de la couche dans laquelle on les observe, ou de substances
différentes. Ainsi , par exemple : tantôt des bancs d'argile ou
de pierre calcaire contiennent des moules d'argile ou de
pierre calcaire, absolument identiques à leur nature; d'au-
tres fois leur substance seulement a plus de solidité, tandis
que dans certaines circonstances elle en a moins. Souvent
des couches calcaires renferment des moules siliceux , pyri-
teux ou de fluate de chaux , etc.
Les moules des coquilles sont de plusieurs sortes. Tantôt
ils représentent les formes extérieures de ces corps , et tantôt
ils n'offrent que celle de la partie interne ou de la partie
vide de ces mêmes coquilles. Dans ce dernier cas ils sont
libres dans une cavité dont les parois sontmarquées des formes
extérieures de la coquille , et le vide qui existe est exactement
l'espace qu'occupoit la coquille elle-même, avant d'avoir
disparu. — On peut donc diviser les moules en intérieurs et
extérieurs.
Il arrive souvent que cet espace vide entre le moule inlé-
rieur et l'empreinte extérieure de la coquille, a été rempli
2G F O S
par une cristallisation calcaire , à lames bien distinctes, qui
semble être elle-même la coquille , quoiqu'elle n'en soit que
la représentation. C'est principalement ce qu'on observe dans
les oursins de la craie, dont l'intérieur est souvent rempli de
matière siliceuse (i).
Les fragmens de bois trouvés à l'état fossile n'offrent plus
rien des élemens constitutifs du bois ; ils sont toujours à
l'état de pétrification, et, ce qui mérite d'être remarqué , c'est
qu'ils sont toujours changés en matière siliceuse.
Enfin les fossiles dételle nature qu'ils soient, n'ont pas
toujours été conservés dans le sein de la terre , tels qu'ils ont
été déposés. Dans beaucoup de cas on observe qu'ils sont dé-
primés et comme écrasés et rompus , soit par l'effet d'un dé-
placement de la couche qui les contient , lorsqu'elle venoitde
se former et qu'elle étoit encore molle : soit par la compression
que cette couche a éprouvée par l'effet du poids des masses
qui lui sont superposées, (desm.)
Les fossiles qui sont incomparablement plus multipliés
que tous les autres , sont les coquilles et autres productions
marines ; elles forment à elles seules une portion considérable
de la matière calcaire dont les couches les plus récentes sont
composées , ce qui a fait penser à Buffon et à quelques autres
auteurs , que toute matière calcaire provenoit des débris de
corps marins ; mais cette hypothèse est complètement dé-
truite par l'observation ; car, indépendamment des roches
calcaires primitives qui sont évidemment antérieures à toute
espèce d'organisation animale ou végétale , et dont l'existence
remonte à l'époque même de la formation du globe terrestre ,
on observe que les couches calcaires secondaires les plus
anciennes , et qui sont en même temps les plus puissantes, ne
contiennent que des vestiges extrêmement rares de corps
marins , dont l'existence commençoit à peine quand ces
premières couches ont été formées.
Le nombre des corps marins augmente eusuite graduelle-
ment, de sorte que l'abondance de ces fossiles est, suivant la
remarque de Saussure (§ 6o5), en raison inverse de l'ancien-
neté des couches qui les contiennent. Une autre observation
curieuse qui a été faite par M. Cuvier, c'est que les corps orga-
nisés fossiles, de toute espèce, diffèrent d'autant plus de ceux
qui vivent aujourd'hui, que les couches où ils se trouvent sont
d'une plus haute antiquité. La plupart des fossiles un peu
(i) On a regarde comme des fossiles d'épongés et d'autres subs-
tances animales marines, les masses de silex noir qu'on trouve dans,
celte même craie.
F O S 27
anciens n'ont plus d'analogues vivans, et ceux qui se rappro-
chent des espèces actuelles par leurs formes, les surpassent
de beaucoup en grandeur; parmi les poissons surtout , cette
différence de volume est quelquefois énorme.
Ces divers faits ont donné naissance à beaucoup d'hypo-
thèses de révolutions et de catastrophes; tandis que ce ne sont
que de simples effets des changemens graduels et insensibles
arrivés à la surface du globe terrestre , et surtout de la dimi-
nution de l'Océan, opérée par la décomposition continuelle
de ses eaux.
Les fossiles, considérés dans leurs rapports avec l'histoire
de la terre , se divisent suivant l'ordre des temps où ils ont
commencé d'exister.
Il paroît que les premiers êtres vivans qui se formèrent
dans l'Océan, furent quelques petits coquillages; ce sont du
moins les seuls animaux qui nous aient laissé des traces
certaines de leur existence dans les plus anciennes couches
Mi ondaircs.
Quand la surface de l'Océan se fut assez abaissée pour
permettre à la lumière de parvenir aux sommités des mon-
tagnes , il s'y forma quelques zoophytes à corps solide et à
demeure fixe; et ceux -ci se multiplièrent ensuite progressi-
vement , de même que les coquillages , à mesure que les rayons
solaires purent exercer leur action vivifiante sur des espaces
plus étendus dans le fond des mers.
Parurent ensuite les poissons , et enfin les amphibies.
Lorsque , par l'abaissement graduel de la mer, les terrains
les plus élevés eurent été mis à découvert , ils produisirent
d'abord des fougères , des roseaux , et quelques autres plantes
de cette nature : ce sont les plus anciens végétaux dont il
reste des vestiges; on les trouve communément dans les schis-
tes bitumineux qui accompagnent les couches de houille ou
de charbon de terre. V. Houille.
Les grands végétaux , les arbustes et les arbres , n'ont été
formés que lorsqu'une partie considérable des éminences du
globe a été abandonnée par la mer, et long-temps exposée
aux influences de l'atmosphère et des eaux courantes qui
commençoient à ruisseler de toutes parts.
C'est à la même époque où commença le règne des ani-
maux terrestres ; aussi les débris des uns et des autres ne se
trouvent-ils que dans les couches les plus modernes.
L'espèce humaine, qui est la plus récente comme la plus
parfaite des productions de la nature, n'a paru qu'après tous
les autres corps organisés , et l'on n'a pas un seul exemple
d'ossemens humains trouvés dans les couches formées par \a
S8 F O S
mer. Ceux qu'on avoit regardés comme tels , ont été reconnu*
pour des os de cétacés ou de reptiles, (pat.)
On peut ajouter à ce qui vient d'être dit, qu'après la re-
traite de la mer de dessus les continens , et avant que les
vallées se fussent complètement formées, les eaux pluviales
ont dû s'amasser dans beaucoup de lieux, et former de vastes
lacs , dont les dépôts ont donné lieu à ces terrains peu re-
marqués jusqu'à ces derniers temps , et qui ont reçu le
nom de terrains d'eau douce , parce que les fossiles qu'ils
renferment sont très-semblables aux corps que nous con-
noissons vivans dans les amas d'eau non salée ; ce qui
doit faire présumer qu'ils ont vécu dans un liquide de même
nature.
On a dit souvent et l'ona répété que la plupart des fossiles
ont leurs analogues vivans, mais dans les grandes profon-
deurs des mers ou dans des mers très-éloignées. Cependant
l'observation la plus approfondie conduit bientôt à faire re-
connoître une foule de différences entre les corps fossiles eï
ceux qu'on regarde comme leurs analogues vivans. Nous
avons traité ce sujet avec quelques détails , à l'article ani^-
maux perdus , auquel nous renvoyons , afin de ne pas nous
répéter ici.
Les nombreuses recherches de M. Cuvier sur les fossiles
des animaux vertébrés, nous ont mis à même d'augmenter
cette édition d'un extrait détaillé de ses nombreux Mémoires
à ce sujet. Nous avons toujours traité des fossiles à la suite
des articles qui ont pour objet les genres dont il existe des
espèces vivantes ; et nous avons décrit à part ceux de ces
fossiles dont les genres ne nous étoient pas connus au
moment de leur découverte. Ainsi pour les mammifères,
nous renvoyons aux mots Anthropolithes, Ours fossiles ,
Mangoustes fossiles, Hyènes fossiles, Chiens fossiles ,
Chats fossiles, Didelphes fossiles, Campagnols fos-
siles , Pikas fossiles , Castors fossiles , Ëléphans fos-
siles, Rhinocéros fossiles, Hippopotames fossiles,
Tapirs fossiles, Cochons fossiles, Chevaux fossiles,
Lamantinsfossiles, Dauphins fossiles, etc.,quionttousdes
rapports marqués avec les articles qui traitent de ces genres
d'animaux; et nous renvoyons également à ceux de Méga-
therium, de Mégalonyx , de Palœotherium , d'ANOPLO-
therium et de Mastodonte, l'histoire des fossiles dont les
analogues, (même de genre), ne nous sont point connus.
Comme les caractères des oiseaux pétrifiés sont toujours,
fort difficiles à apprécier, et qu'il est par conséquent presque
impossible de déterminer les genres auxquels ils ont appai-
F O S a9
tenu, nous en traiterons dans un article général , celui des
Oiseaux fossiles ou ornitholites.
Les reptiles, à l'état fossile , présentent plusieurs genres
Lien caractérisés , et dont un seul est inconnu aux natura-
listes -, c'est celui du lézard à ailes de chauve-souris d'Ais-
chtedt, qui a reçu le nom de Ptéro-dactyle; les autres sont
décrits aux articles Tortues fossiles , Crocodiles fos-
siles, Momtors fossiles, Salamandres fossiles , etc.
Quant aux poissonsque renferment les couches feuilletées de
certains cantons , quoiqu'on en ait donné de nombreuses
figures en apparence exactes , on est Lien loin de les avoir
décrits avec le soin et la méthode convenables. Aussi serons-
nous obligés , comme pour les oiseaux pétrifiés , d'en traiter
dans un article général. V. Poissons fossiles.
La plupart des genres de mollusques offrant des coquilles
vivantes et des coquilles fossiles , leurs descriptions ont été
assezgénéralement réunies dans les articles des genres de ces
coquilles ; il en est cependant quelques-unes dont les ana-
logues nous sont toul-à-fait inconnus et qui ont été décrites
à part: comme les Ammonites , les Baculites, les Num-
mulites , les Orthocératites , les Bélemnites , etc.
On trouvera aussi aux articles Conchyliologie , Coquil-
lage et Coquille , des notions fort instructives sur les
coquilles fossiles, et notamment sur les moyens de dis-
tinguer les espèces de mer de celles qui sont terrestres et
de celles d'eau douce ; notions très- importantes pour ceux
qui se livrent à l'étude des terrains de formation récente
Dans notre article Crustacés Fossiles , nous avons dé-
crit , avec un soin particulier, toutes les espèces de ces ani-
maux enfouis dont nous avons pu étudier les restes ; nous
les avons classés par genres et par ordres, et nous avons
joint à notre travail l'extrait de celui que M. Brongniart a
communiqué à l'Institut de France sur les crustacés bran-
chiopodes qui ont reçu le nom de Trilobites et d'ENTO-
MOLITHES.
Dans l'article Insectes fossiles, nous ferons connoître le
résultat de nos recherches et de nos observations sur les in-
fectes contenus dans le succin , ou dans quelques pierres cal-
caires feuilletées.
Enfin, pour compléter l'indication des différens articles de
ce Dictionnaire , qui ont pour objet la description des fos-
silesd'animaux, nous indiquerons les articles Oursin, Étoile
de mer, Astroïtes, Caryophillites , Madréporites,
Fongites, Alcyons pétrifiés, etc., ainsi que les arti-
cles Polypiers et Madrépores , où l'on trouvera des ren-
3o F O S
vois à beaucoup d'autres qu'il nous est impossible de citer ici.
A l'article Végétaux fossiles , on fera connoître le ré-
sultat des recherches des naturalistes sur ces corps organisés
enfouis.
Pendant très-long-temps les naturalistes se sont occupés à
recueillir des fossiles , à les décrire et à les faire figurer ;
mais ils n'avoient pour objet que de faire connoître quelques
espèces de plus , ou seulement de prouver que les lieux les
plus élevés où ils rencontroient ces fossiles , avoient dû être
couverts par la mer. Langius , Bourguet, Guettard , Knorr,
Scheuchzer et une foule d'autres , sont dans ce cas ; mais
leurs ouvrages ont , depuis fort peu de temps , acquis un
degré d'utilité dont on ne les croyoit pas susceptibles ; c'est-
à-dire , depuis qu'on applique la connoissance des fossiles
4 la distinction des couches de la terre , afin de pouvoir dé-
terminer, d'une manière certaine , Tordre de superposition
relative de ces couches.
Le Bulletin de la Société philomathique renferme , à ce
sujet , un extrait fort concis d'une dissertation , sur l'His-
toire naturelle des pétrifications , sous le point de vue de la Géo~
gnosie , par M. Schottheim , que nous croyons devoir rap-
porter ici afin de compléter cet article.
« Depuis quelques années, y est-il dit, lesnaturalistes soup
çonnent dans la succession des phénomènes de la formation du
globe, l'existence de deuxlois généralesetimportantes: i.°une
différence presque totale entre les corps organisés qui vivent
actuellement à la surface du globe , et ceux dont on trouve les
dépouilles enfouies dans des couches; 2.0 des différences re-
marquables entre les dépouilles enfouies à diverses profon-
deurs et à diverses époques dans les couches du globe.
« Leibnitz , Michoelis , professeur de Goëttingue; Deluc,
Werner, Blumenbach, de Buch , etc. , ont avancé quelques
idées surl'existente de ces lois; mais personne n'avoit encore
entrepris de les prouver par des recherches particulières et
convenablement dirigées. Tant qu'on ne décrivoit les pétrifi-
cations que d'une manière vague et non systématique , tant
qu'on ne désignoit celles qui se présentoient dans les diverses
couches que par des dénominations générales, il n'étoit pas
possible d'arriver à admettre ou à rejeter les lois dont l'exis*
tence étoit soupçonnée. C'est aux travaux de M. Cuvier , rem-
plissant la double condition de la détermination précise des
espèces fossiles et de celle des terrains qui les renfermoient ;
c'est à la méthode suivie dans la description géognostique des
environs de Paris , qu'est dû un des plus grands pas que la
géologie ait faits dans cette direction.
« M. Schloltheim , qui, en i8o/j. . avoit déjà décrit avec
F O S 3.
précision, et figuré un grand nombre d'empreintes de plantes
fossiles , et qui , dans cet ouvrage, avoit déjà émis son opi-
nion sur l'importance de 4a détermination précise des pétri-
fications pour l'étude de la géognosie , vient d'aider très-
efficacement les progrès de cette science , fondés sur la con-
sidération des corps organisés fossiles.
« Il a , le premier, présenté le tableau général de rénu-
mération des pétrifications qui paroissent être propres à
chaque sorte de terrain. 11 n"a pu, il est vrai , qu'ébaucher
ce tableau , parce que , ainsi qu'il le dit lui-même , les ma-
tériaux nécessaires à ce travail ne sont encore ni assez nom-
breux, ni assez bien préparés, pour qu'on puisse présenter
autre chose qu'une ébauche.
« M. Schlottheim, en donnant dans ce Mémoire une liste
des pétrifications qu'il croit particulières à chaque terrain ,
ne se contente pas d'indiquer ces pétrifications par de simples
noms génériques , mais il les désigne par des noms d'espèces.
Tantôt il prend ces noms dans les auteurs systématiques ,
tantôt il assigne des noms à des espèces décrites ou figurées
par des auteurs connus ; dans d'autres circonstances , il pa-
roît que ses dénominations se rapportent à des descriptions
qui lui sont particulières, et qu'il ne fait pas connoître ; et,
dans ce cas, ces citations deviennent beaucoup moins utiles.
« Malgré l'importance de ce Mémoire , comme il n'est
guère susceptible d'être extrait, à cause de ces longues listes
qui en font la partie essentielle, nous nous contenterons de
le faire connoître, en indiquant, pour chaque terrain, les
pétrifications qui nous paroissent les plus caractéristiques.
« Terrains de transition. — Pétrifications des psammistes schis-
toïdes (Grauwake). On y trouve quelques ammonites trop
imparfaites pour être déterminées, des coralliolites , de
grandes orthocératites , V orthoceraliles gracilis de Blumen-
bach, quelques moules de coquilles mal conservés, des em-
preintes de plantes analogues aux roseaux , et des tiges de
palmiers qui paroissent différens de ceux des houilles. Dans
le schiste argileux de ces mêmes terrains , se trouvent le tri-
lobiles paradoxus , les hystérolithes , qui paroissent être les
noyaux des terebratulites vuharius et paradoxus. M. Schlot-
theim en exclut les véritables trochites , qui sont des portions
d'encrinites. Dans le calcaire de transition se présentent des
madrépores en abondance, dont les espèces ne sont pas assez
caractérisées pour être déterminables ; des coralliolites ortho-
ceratdides de Picot Lapeyrouse , Yechidnis diluviana de Mont-
fort, des espèces de trilobites, V orthocératites anachorela ,
Y ammonites annulatus. M. Schlollheim assure n'avoir vu aucun
3à F OS
véritable trochite ou portion d'encrine dans le calcaire de
transition.
« Terrain de sédiment. — L'auteur rappelle, à l'occasion AeÉ
empreintes de plantes qu'on observe dans les terrains houil-
lers , ce qu'il a dit à ce sujet dans sa Flore de l'ancien monde.
Il n'a vu, dans ces terrains, aucune trace d'animaux marins ,
et il n'y connoît d'autre coquille que le mytilus carbonarius 7
qui , suivant lui , a pu vivre également dans l'eau marine , ou
dans l'eau douce. 11 a remarqué, parmi les végétaux, des
empreintes qui paroissent dues à un casuarina {V. Filao. ), et
il fait observer que les fruits du palmier qu'on y rencontre
quelquefois , sont très-différens de ceux qu'on trouve dans le
lignite terreux de Liblar, près Cologne. Enfin , il dit que tous
les végétaux des terrains houillers qu'il a eu occasion de voir ,
présentent ces deux considérations remarquables , qu'ils sont
à très-peu près les mêmes par toute la terre , et que partout
ils appartiennent aux genres qui vivent actuellement dans lés
pays méridionaux.
« Les ammonites et les nummulilesde Lamarck (lenticu-
lites de l'auteur) sont, suivant M. Schlotlheim, les pétrifica-
tions caractéristiques des calcaires des Alpes. Deux seuls
oursins s'y présentent : ce sont Yechiniies oculalus, et Yechi-
nites campanuîatus.
« Les pétrifications du sebiste bitumineux sont assez re-
marquables ; les poissons , et un quadrupède ovipare du genre
des monitors, s'y présentent pour la première fois : les em-
preintes des plantes qu'on y voit n'appartiennent point aux
fougères, ou du moins on n'en a pu reconnoître jusqu'à pré-
sent aucune partie bien caractérisée. On y trouve aussi un
trilobite différent des précédens, de belles espèces de pen-
tacrinites , le gryphites aculeatus , le terebratulites lacunosus , etc.
« La houille du calcaire compacte alpin (Zechstein) né
présente aucune empreinte de plante, mais souvent des co-
quilles. Au reste , la distinction des différentes formations de
houille ne nous a pas paru établie d'une manière assez claire,
pour que nous puissions rapportera chacune d'elles les pétri-
fications qui paroissent leur être propres.
« Le calcaire du Jura est si riche en pétrifications , que
nous ne savons lesquelles citer de préférence. L'auteur fait
remarquer qu'elles se présentent principalement dans la
marne, le sable , et les lits de schiste fétide posés entre les
couches de ce calcaire. Il convient que , dans certains cas,
ce calcaire est très-difficile à distinguer de celui des Alpes ,
et il dit qu'il seroit important de déterminer si les pétrifica-
tions sont les mêmes dans ces deux calcaires , ou si elles sont
différentes.
F O S 33
«L'auteur remarque, avec tous les géognostes, que les
pétrifications sont rares dans le grès; mais cependant il donne
la liste d'un assez grand nombre d'espèces, qu'il lâche de
rapporter aux différentes formations de grès , encore plus
difficiles à distinguer que les diverses formations de houille.
Le gypse , subordonné au grès bigarré , n'a offert jusqu'à
présent aucune véritable pétrification.
« S'il est difficile de choisir , parmi les nombreuses pétri-
fications des calcaires de sédimens anciens , celles qui parois-
sent devoir plus particulièrement les caractériser, ce choix
devient encore plus difficile à faire parmi les pétrifications
innombrables de calcaire coquillier proprement dit , des
géognostes allemands (MuschelHœtzkalk); aussi n'en nom-
merons-nous aucune. Nous ferons seulement remarquer que,
d'après la liste donnée par M. Schloltheim , les oursins y sont
très-rares, tandis que les ammonites, les térébratules, etc.,
y sont très-communes.
« Dans la craie , au contraire , les oursins , ou du moins
les animaux de celte famille , deviennent très-abondans , et
les ammonites fort rares. M. Schlottheim rapporte à la for-
mation de la craie le terrain de la montagne de Saint-Pierre,
près Maë'stricht , et par conséquent les grands reptiles sau-
riens qu'on y a trouvés.
« Calcaire de sédiment nouveau , et gypse. — C'est le terrain
des environs de Paris. L'auteur renvoie a la description qu'en
ont donnée MM. Cuvier et Brongniart. C'est, comme on
sait , dans ces terrains qu'apparoissent pour la première fois ,
dans les couches de la terre , des débris d'oiseaux et de mam-
mifères terrestres. M. Schloltheim semble rattacher, mais à
tort , les terrains coquilliers friables de Grignon , Compa-
gnon , Chaumont, aux terrains d'alluvion , el partager l'opi-
nion peu fondée , et qu'on peut presque regarder comme un
préjugé , que ces terrains renferment beaucoup de coquilles
parfaitement semblables à celles qui vivent dans nos mers
actuelles.
« Les détails donnés par MM. Cuvier et Brongniart , dans
leur dernier travail, dont il paroîlroit que M. Schlottheim
n'avoit pas encore eu connoissance , prouvent l'antériorité
de ces couches , et les différences constantes que les pétrifi-
cations qui y sont renfermées présentent avec les corps qui
peuplent actuellement les mers.
« Nouvelle formation des trapps. — M. Schlottheim énonce
sur ces terrains deux opinions que M. Brongniart avoit déjà
admises. Premièrement, qu'ils sont d'une époque postérieure
à celle de la formation de la craie; secondement, que les
basaltes proprement dits ne renferment pas de pétrifications.
34 F O T
Toutes celles qu'on a fait voir à l'auteur apparlenoienl ou à
des morceaux de calcaire enveloppés dans du basalte , ou à
des fragmens de calcaire de transition altérés et poreux , qui
faisaient partie de quelques couches de brèche volcanique
ou irass , et qu'on avoit pris mal à propos pour du basalte.
« En traitant des pétrifications propres à la formation des
lignites , que l'auteur regarde comme appartenant à l'époque
des trapps de sédiment , et qu'il nomme sieinkohlenlager , il
dit n'y avoir jamais vu que des débris de coquilles ou de vé-
gétaux , soit terrestres , soit fluviatiles , et jamais aucune
trace d'animaux marins. Il y reconnoît des empreintes de
fougères semblables à celles des anciennes houilles; mais,
comme il cite à cette occasion les empreintes qu'on trouve
dans le minerai de fer qui accompagne en Angleterre la plu-
part des anciennes houilles , nous soupçonnons que , dans
ce cas , l'auteur a confondu deux formations distinctes, et
qui appartiennent à des époques tout-à-fait différentes ; et
nous persistons à croire qu'on n'a encore reconnu aucune
empreinte de fougère dans les véritables formations de lignite,
dans celles qui sont au-dessus de la craie, ou qui sont même
quelquefois interposées en couches beaucoup moins puis-
santes et moins continues , soit dans la craie , soit dans le
calcaire qui est immédiatement inférieur à la craie.
« L'auteur termine ce Mémoire , très-étendu et très-im-
portant , par quelques considérations générales sur l'appari-
tion successive des corps organisés à ta surface de la terre.
Ces considérations sont une conséquence naturelle des faits
rapportés dans son Mémoire , et que nous venons d'indiquer
très-superficiellement. » V. l'article Terrains, (desm.)
FOSSILE VERT (GriinesfossU, Léonhard). On a don-
né en Allemagne le nom de griinesfossil à un minéral de cou-
leur verte, assez analogue au quarz granuleux vert jaunâtre ,
du Cantal (Cantalitde Karsten). 11 se trouve dans la foret
de Spessart en Franconie. (luc.)
FOSSOYEUR. Le Nécrophore à point d'Hongrie
( necrophorus vespillo ) a reçu ce nom, à cause de ses habitu-
des. V. Nécrophore. (desm.)
FOTEl-SOO. Nom japonais d'une espèce de Cypripède
( Cypripeàium japonicum ). (LN.)
FO-TH AN-MU. Nom donné, en Chine, à une espèce
de PeRSICAIRE ( polygonum chinense , L. ) , qui croit aussi au
Japon où, suivant Thunberg, elle sert pour teindre les toiles
en bleu et en vert, (ln.)
FOTHERGIL, Fothergi/la. Petit arbuste de la polyan-
drie digynie, et de la famille des amentacées , dont les
feuilles sont alternes, ovales, cunéiformes ou émoussées, et
FOU 35
gârnief à leur extrémité de quelques dents, dont la termi-
nale est la plus grande; dont les (leurs, disposées en épis ter-
minaux, sont sessiles dans l'aisselle d'une écaille concave et
blanche. Toutes ces parties sont couvertes d'un léger duvet,
souvent coloré.
Chaque (leur offre un calice monophylle très-court, com-
me tronqué, velu en dehors et persistant ; point de corolle;
quinze étamines saillantes , formant éventail ; un ovaire supé-
rieur, bifide, velu, chargé de deux styles terminaux à stig-
mate simple.
Le fruit est une capsule velue, à deux lobes coniques, bilocu-
laire, et qui contient une semence osseuse dans chaqueloge.
Cet arbuste croît naturellement en Caroline, dans les par-
ties humides des grands bois, où je l'ai fréquemment observé.
Il fleurit vers la fin de l'hiver, avant la pousse des feuilles;
pcs Heurs répandent une odeur forte, qui n'est pas désagréa-
ble; ses capsules sont éminemment élastiques, et lancent avec
bruit leurs semences à une distance de plus d'une toise. On
le cultive dans les jardins de Paris.
Aublet a figuré, sous ce nom, un arbuste qui est men-
tionné à l'article des Mélastomes. V. ce mot. (b.)
FOTOK. On donne ce nom, dans le Nord , aux crustacés
qui se fixent sur les poissons. V. au mot Crustacé. (b.)
FOU, Monts, Vieill. ; Pclecanus , Lath. Genre de l'ordre
des oiseaux Nageurs et de la famille des Syndactyles. V.
cas mots. Caractères : bec robuste , plus long que la tête, un
peu épais , droit, un peu comprimé latéralement, arrondi
en dessus ; finement dentelé en scie sur les bords ; mandi-
bule supérieure suturée, lléchie à la pointe ; narines linéai-
res, très-étroites , oblitérées dans une rainure et très-prolon-
gées ; langue très-courte, ovale ; face nue ; gorge extensible ;
pieds posés presque à l'équilibre du corps; quatre doigts di-
rigés en avant et engagés dans une même membrane, les
deux extérieurs les plus longs, l'externe bordé en dehors d'une
petite membrane ; le deuxième ongle pectine sur le bord in-
terne; les premières et deuxième rémiges à peu près égales
et les plus longues de toutes. Les fous portant un plumage
qui varie depuis leur premier âge jusqu'à l'âge avancé, il
n'est pas certain que les espèces soient aussi nombreuses
dans la nature que dans les ouvrages d'ornithologie. Ce-
pendant on n'a pas à ce sujet des éclaircissemens satisfaisans.
La nature a donné à ces oiseaux la force et la grandeur,
une arme redoutable dans leur bec robuste , de longues ailes
et des pieds entièrement et largement palmés, tout ce qu'il
faut enfin pour agir et vivre dans l'air et dans l'eau; mais elle
semble ne leur avoir accordé que la moitié de l'instinct qui
36 FOU
sert au maintien de leur existence, puisqu'ils ne savent ni
prévoir ni éviter ce qui peut la détruire , en fuyant , comme
les autres oiseaux, à l'aspect de l'homme, leur plus dange-
reux ennemi. Cette indifférence au péril ne vient ni de fer-
meté ni courage, puisqu'ils n'attaquent ni ne se défendent,
quoiqu'ils en aient tous les moyens ; leur insouciance est telle ,
qu'ils se laissent prendre à la main sur les vergues des navires
qui sont en mer, leur élément naturel, qu'on les tue à coups
de bâton sur les îles ou les côtes, qu'ils ne se détournent ni
ne prennent leur essor devant le chasseur, qui les assomme
tous les uns après les autres , sans qu'ils cherchent à éviter
ses coups. Ils ne savent pas même défendre ni conserver
leur proie vis-à-vis un autre ennemi {V oiseau frégate') ; celui-
ci les suit , ou les attend sur les rochers où ils nichent , fond
sur eux aussitôt qu'ils paroissent, se moque de leurs cris, et
à coups d'ailes et de bec les force de regorger leur pêche,
qu'il saisit et avale à l'instant. « Dès que ce pirate, dit Ca-
tesby (c'est ainsi qu'il désigne la frégate), s'aperçoit que le
fou a pris un poisson, il vole avec fureur vers lui, et l'oblige
de plonger sous l'eau , pour se mettre en sûreté ; le pirate
ne pouvant le suivre , plane sur l'eau jusqu'à ce que le fou ne
puisse plus respirer; alors il l'attaque de nouveau, jusqu'à ce
que le fou, las et hors d'haleine, soit obligé d'abandonner son
poisson ; il retourne à la pêche pour souffrir de nouveaux
assauts de son infatigable ennemi. »
De tous les récits des hostilités des oiseaux frégates contre
les fous, celui deDampier est le plus curieux, et fait très-
bien connoître le naturel des uns et des autres. « Dans les îles
Alcranes, sur la côte d'Yucalan, la foule de ces oiseaux,
dit-il, y est si grande , que je ne pouvois passer sans être in-
commodé de leurs coups de becs; j'observerai qu'ils étoient
rangés par couples, ce qui me fit croire que c'étoient le mâle
et la femelle Les ayant frappés, quelques-uns s'envolè-
rent; mais le plus grand nombre resta; ils ne s'envoloient
point malgré les efforts que je faisois pour les y contraindre ;
je remarquai aussi que les guerriers ( les frégates ) et les bou-
bies (les fous), laissoient toujours des gardes auprès de leurs
petits, surtout dans les temps où les vieux alloient faire leur
provision en mer; on voyoit un assez grand nombre de guer-
riers malades ou estropiés, qui paroissoient hors d'état d'aller
chercher de quoi se nourrir; ils ne demeuroient pas avec les
oiseaux de leur espèce, et soit qu'ils fussent exclus de la so-
ciété , ou qu'ils s'en fussent séparés volontairement, ils étoient
dispersés en divers endroits pour y trouver apparemment
l'occasion de piller. J'en vis un jour plus de vingt sur une des
îles, qui faisoient de temps en temps des sorties en plate cam-
FOU 37
pagne pour enlever du butin, mais ils se retiroient presque
aussitôt ; celui qui surprenoit une jeune boubie sans garde ,
lui donnoit d'abord un grand coup de bec sur le dos, pour
lui faire rendre gorge, ce qu'elle faisoit à l'instant; elleren-
doitun poisson ou deux de la grosseur du poignet, et le vieux
guerrier l'avaloit encore plus vite. Les guerriers vigoureux
jouent le même tour aux vieilles boubies qu'ils trouvent en
mer; j'en vis un moi-même qui vola droit contre une boubie,
et qui, d'un cou de bec, lui fit rendre un poisson qu'elle ve-
noit d'avaler; le guerrier fondit si rapidement dessus, qu'il
s'en saisit en l'air avant qu'il fût tombé dans l'eau. »
C'est d'après cette espèce de stupidité, que les marins et les
voyageurs de toutes les nations se sont accordés à leur donner
les noms de boubie, booby en anglais , bobos en portugais , sida
en latin moderne ou de nomenclature , qui tous signifient
fous , niais , slupides.
Ces dénominations conviennent aussi à plusieurs autres
oiseaux des grandes mers, puisqu'ils se laissent approcher et
saisir avec la même sécurité; mais cette stupidité que partagent
tous les animaux qui ne nous connoissent pas, n'est qu'appa-
rente. « Elle montre très-clairement, dit l'immortel Buffon,
combien l'homme est pour eux un être nouveau , étranger ,
inconnu, et témoigne la pleine et entière liberté dont jouit
l'espèce loin du maître qui fait sentir son pouvoir à tout ce
qui respire près de lui. »
Les fous sont répandus sur toutes les mers , et partout ils
ont le même naturel ; ils pèchent en planant, les ailes presque
immobiles , et tombent sur le poisson à l'instant qu'il paroît
près de la surface de l'eau; ils volent le cou tendu et la queue
étalée ; ils ne peuvent prendre leur vol que de quelque point
élevé , aussi se perchent-ils comme les cormorans et plusieurs
autres palmipèdes. Les fous ont le vol rapide et soutenu,
mais moins que les frégates , aussi s'éloignent - ils beaucoup
moins qu'elles au large. La rencontre de ces oiseaux en mer
annonce assez sûrement aux navigateurs le voisinage de quel-
que terre ; néanmoins quelques voyageurs assurent qu'on
trouve des fous à plusieurs centaines de lieues de terre
(Feuille , Observations.) De célèbres marins , Cook (Second
voyage ) , la Peyrouse ( Voyage autour du Monde), ne semblent
pas les regarder, dans certaines circonstances, comme ne*
avant— coureurs de terre sur lesquels on doit toujours se fier.
Dans mes voyages en Amérique , j'ai vu, comme Feuille p
des fous à une très-grande distance au large, d'après l'estime
des navigateurs. La nuit seule m'en déroboit la vue ; et les
retrouvant au lever du soleil à peu près dans le& mêmes
38 FOU
parages, je ne pouVois croire qu'ils eussent couché à
terre et qu'ils en fussent revenus en aussi peu de temps
qu'en laissoit l'intervalle d'un crépuscule à l'autre. Doutant
donc qu'ils eussent pu franchir en peu d'heures plusieurs
centaines de lieues , ainsi qu'on l'assuroit autour de moi , je
pris le parti de les observer au coucher du soleil, et de répéter
plusieurs fois mes observations. Je vis , surtout dans les cal-
mes, que lorsque le crépuscule du soir approchoit de sa fin,
les fous, qui pêchoient dans un même arrondissement, se réu-
nissoient tous ensemble et se reposoientsur la mer; peut-être,
comme plusieurs autrespalmipèdes, pourypasserlanuit; mais
ce qu'il y a de certain, c'est que , pendant ce temps , j'ai sou-
vent entendu leurs cris ; néanmoins , je suis persuadé que,
lorsque la terre n'est pas éloignée , ils s'y rendent ; mais
ils s'en écartent beaucoup moins lorsqu'ils couvent et qu'ils
ont des petits ; en effet , on les voit , alors , presque tou-
jours à une distance moindre d'une terre quelconque , et
on en rencontre beaucoup moins en grande mer. Ce genre de
vie, pendant et après les couvées, n'est pas étranger à divers
oiseaux de mer, tels que \es frégate% , les noddis et autres.
Les fous jettent un cri fort . dont les accens participent de
celui du corbeau et de l'oie; ils le font entendre ordinairement
lorsque la frégate les poursuit , ou qu'étant rassemblés ils sont
saisis de quelque frayeur subite.
C'est aux iles les plus lointaines et les plus isolées au milieu
de la mer qu'on les trouve en plus grande abondance ; ils y
habitent par peuplades avec les mouettes, les oiseaux du tro-
pique et les frégates , qui les suivent presque partout ; c'est là
qu'ils se retirent pour nicher. Les îles qu'ils préfèrent sont
celles qui se trouvent d'un tropique à l'autre; cependant
quelques espèces remontent au Nord jusqu'au Kamtschatka ,
et il y en a aux îles Feroë; mais ils n'y restent que pendant
l'été, et ils retournent au Sud, avec leurs petits, aux approches
de l'hiver. A l'île d' Aves , ils font leur nid sur les arbres ,
selon Dampier ; ailleurs, on les voit nicher à terre, et tou-
jours en grand nombre dans un même quartier; ils pondent
au plus deux œufs; les petits restent long-temps couverts d'un
duvet très-doux, et très-blanc dans la plupart.
Le Fou proprement dit , Morus su/a , Vieill. ; Pelecanus
sula , Lath. Cette espèce est la plus commune ; on la voit aux
Antilles, en grande quantité sur l'île d'Aves, sur le roc du
grand Connétable, près de Cayenne , où l'attire la multitude
incroyable de poissons qui se trouvent dans les eaux qui le
baignent; sur les côtes de la Nouvelle-Espagne, aux îles de
Bahama, à la Caroline pendant l'été seulement, ainsi qu'à
l'île de Feroë ; on la rencontre encore à la Nouvelle-Guinée ;
FOU 39
enfin il paroît que de toutes les espèces de fous , c'est la plus
répandue sur le globe.
Elle est d'une taille moyenne entre celle du canard et de
l'oie ; sa longueur est de deux pieds cinq pouces , et d'un pied
onze pouces du bout du bec à l'extrémité des ongles ; son bec
a quatre pouces et demi, et sa queue près de dix; la peau
nue, qui entoure les yeux, est jaune, ainsi que la base du bec ,
dont la pointe est brune ; les pieds sont d'un jaune pâle ; le
ventre est blanc ; tout le reste du plumage est d'un cendre'
brun. Tous les oiseaux de ce genre ont la queue eUigée ; le
jeune a la tète et le coublancs , et mélangés djiin peu de brun.
La distribution des deux couleurs brune* t blanche n'est
pas conslanle sur tous les individus; les uns ont la poitrine
blanche comme le ventre, d'autres le ventre blanc et le dos
brun , et plusieurs sont totalement bruns. Leur chair est noire
et sent le marécage.
Le Fou DE BaSSAN, Morus bassartus, Vieill. ; Pe/ecanus bas-
sanus, Lath. , pi. enl. n.° 278 de YHist. nat. deBuffon. La dé-
nomination de Bassan a été donnée à ce fou, parce que l'on
croyoit qu'il ne se trouvoil que dans cette île, ou plutôt au
Grand-Rocher; mais Ion sait que l'on en voit aussi aux iles
de Feroë, à l'île d'Alèse et dans les autres îles Hébrides. 11
se montre encore en Islande, en Nonvége, à La Caroline ,
à Terre - Neuve ; il s'avance même jusqu'au Groenland ,
mais rarement. On assure qu'il paroit quelquefois de ces fous
sur les côtes de Bretagne , et qu'on en a vu, jetés sans douîe
par les vents, jusqu'au milieu des terres et même aux environs
de Paris. Leur pêche ordinaire est celle des harengs; cepen-
dant ils avalent aussi d'autres poissons, et leur bec s'ouvre au
point de donner passage à un gros maquereau. Quoique leur
chair ait un fort goût de hareng, on recherche les jeunes dans
1 île de Bassan , assez pour aller les dénicher en se suspendant
à des cordes et en descendant le long des rochers , seule
manière de pouvoir les prendre ; l'on pourroit tuer les vieux
à coups de bâton, car ils ont le caractère de la famille ; mais
leur chair est fétide à l'excès. Les fous ayant les ailes très-
longues et les pieds courts, ne peuvent s'envoler que posés
sur une certaine élévation ; c'est pourquoi il est si facile de les
prendre à la main et de les tuer de la manière dite ci-dessus.
Leur ponte n'est que d'un œuf, posé à nu dans les trous de
rocher. Ils quittent le Nord en automne, et passent 1 hiver
dans le Midi.
Ce fou est de la grosseur de l'oie ; sa longueur est de deux
pieds onze pouces, et son envergure de cinq pieds trois pou-
ces ; excepté une partie des couvertures et de quelques pennes
des ailes qui sont brunes , tout son plumage est blanc ; l'es-
4o FOU
pace entre le bec et l'œil , noir ; les mandibules sont d'un
cendré bleuâtre, et les pieds bruns. Dans un âge moins
avancé , ce fou a le plumage d'un brun noirâtre , tacheté de
blanc; la poitrine et le ventre, ondes de brunâtre sur un fond
blanc ; le lonim, le bec et les pieds jaunâtres.
Le Fou bl ANC, Morus piscato?; Vieill. ; Pelecanuspiscator, Lath.
est un peu plus gros que le fou commun ; il a de longueur deux
pieds sept pouces; le bec long de cinq pouces ; cinq pieds deux
pouces de vol ; tout son plumage est blanc, excepté quelques
pennes des ailes et une partie des couvertures qui sont bru-
nes ; l'espace nujpntre le bec et l'œil est rouge, etcette couleur
teint le bec et les pieds.
Cette espèce habite dans les mêmes lieux avec le fou propre-
ment dit ; elle paroît être moins stupide , ne se perche guère
sur les arbres, et vient encore moins se faire prendre sur les
vergues des navires. Le capitaine Cook a vu des fous blancs
à l'île de Norfolk.
Le Fou du Brésil, pi. 18 du Voyage du capitaine Reen
Krusenstern autour du monde, est brun en dessus, avec des
reflets bfeus autour de la base du bec et sur le dos ; le ventre
et les parties postérieures sont blancs ; le bec et les pieds
Y>leuâtres. Il se rapproche du petit fou de Cayenne , mais il a
le bec beaucoup plus long. Cependant ne seroit-ce pas une
variété d'âge ou de sexe ?
Le Fou de Cayenne. V. Petit Fou.
Le Fou brun de Cayenne. V. Petit Fou brun.
Le Fou commun. V. Fou proprement dit.
Le Grand Fou, Pelecanus bassanus, var., Lath. Buffonet
Brisson en font une espèce particulière ; Latham et Gmelin,
un jeune du fou de Bassan : il a le bec long de cinq pouces
deux lignes , et près de six pieds d'envergure ; un brun foncé ,
semé de taches blanches , très-proches les unes des autres ,
petites sur la tête, moins nombreuses et plus larges sur le cou,
le dos et la poitrine , couvre tout son plumage , à l'exception
du ventre et des couvertures du dessous de la queue qui sont
d'un blanc sale ; l'iris est noisette, l'espace dégarni de plumes
entre le bec et l'œil est noirâtre ; le bec d'un gris-brun; les
pieds sont noirs. La femelle a des couleurs moins vives.
Ce grand fou se trouve sur les côtes de la Floride et s'avance
sur les grandes rivières de cette contrée. Catesby dit qu'il reste
un temps considérable sous l'eau , où sans doute il rencontre
des poissons qui le blessent , car on trouve quelquefois sur
le rivage des fous estropiés ou morts.
Un individu de cette espèce a été pris vivant dans les en-
virons de la ville d'Eu, où sans doute il avoit été entraîné par
wn coup de vent.
F O TT 4t
Le Petit Fou , Monis paivus, Vieill.; Pelecanus parous, Lath.
Sa longueur du bout du bec à celui de la queue, n'est guère
que d'un pied et demi. Tout son plumage est noirâtre, à
l'exception de la gorge, de l'estomac et du ventre, qui sont
blancs. On le trouve à Cayenne.
Le Petit Fou brun , Pelecanus ^?for,Lath., pi. enl. 974» est
un jeune de l'espèce du Cormoran nigaud.
Le Fou TACHETÉ, Pelecanus hassanus, var., Lath. pi. enl. 386,
est une variété d'âge du Fou de Bassan. (v.)
FOUAH. Nom arabe donné, en Egypte, à la Garance
{ruina tinctoruni) , Linn. (LN.)
FOUCAULT. Nom que les chasseurs donnent à la pe-
tite Bécassine, (v.)
FOUCQUE, FOULCRE. Noms de la Foulque, (v.)
FOUDENN. Nom du Henné, au Sénégal, (b.)
FOUDI. Nom sous lequel Buffon a réuni plusieurs oi-
seaux de Madagascar et du Cap de Bonne-Espérance. V.
Gros-bec orix, etFouDi, article Fringille. (v.)
FOUDI-ZALA. Nom d'un oiseau de Madagascar qui est
décrit à l'article Fauvette. V. ce mot. (v.)
FOUDRE. Matière enflammée qui , dans certaines cir-
constances, semble s'élancer du sein des nuages avec une ex-
plosion plus ou moins vive.
Il n'y a entre foudre et tonnerre , d'autre différence , si ce
n'est que le premier désigne la matière enflammée qui s'é-
chappe de la nue , tandis que le second exprime le bruit
souvent formidable avec lequel cette même matière sillonne
les nuages suspendus dans l'atmosphère. ^.Tonnerre, (biot.)
FOUDRE. Coquilles des genres Rocher et Volute, qui
ont des raies rouges en zigzag, (b.)
FOUENE. C'est le nom du fruit du HÊTRE, (b.)
FOUET DE L'AILE ( Ornithologie). C'est la portion la
plus extérieure, le bout de l'aile, (s.)
FOUETTE-QUEUE. Nom spécifique d'un Saurien que
Cuvier regarde comme le type d'un sous-genre des Stellions.
Les caractères de ce sous-genre sont : tête non renflée ;
écailles du corps très-petites ; celles de la queue grandes et
épineuses ; série de pores sous les cuisses, (b.)
Le fouette-queue de Linnœus ou gecko du Pérou appartient
au vrai genre Gecko et au sous-genre des Ptyodactyles. (b.)
FOUGÈRES, Fi lie es , Juss. Famille de plantes sur
les parties de la fructification de laquelle les botanistes ne
sont pas encore complètement d'accord.
Les seuls organes qu'on y découvre sont de petites coques,
de petites capsules , ou plutôt des follicules uniloculaires re-
couvertes par une membrane, et s'ouvranl presque toujours
42 FOU
transversalement en deux valves , souvent réunies par un an-
neau élastique, ou cordon à grains de chapelet, quelquefois
nues. Ces follicules sont tantôt situées sur la partie inférieure
du feuillage (Fronde, Foy. ce mot), et réunies sous des
formes différentes ; tantôt elles sont distinctes et séparées.
Selon quelques botanistes, les folliculesdont il vient d'être
question, contiennent le fluide spcrmatique, et sont de véri-
tables anthères ; d'où il résultèrent que l'organe femelle reste-
roil encore à découvrir. Selon d'autres botanistes, les fol-
licules sont des capsules qui contiennent les graines dont
la fécondation s'est faite dans linlérieur. Cette dernière
opinion est aujourd'hui celle qui prévaut , attendu qu'on
fait venir des fougères en semant cette poussière, et qu'on
voit à la loupe dans toutes les follicules naissantes , des or-
ganes analogues à ceux qu'on a reconnus dans les globules
de la Pilulaire. V. ce mot.
Lindsai a donné, sur cet objet , une dissertation dans le se-
cond volume des Actes de la Société linnéenne de Londres.
Les follicules des fougères ont servi à tous les botanistes
pour établir les caractères des genres. Parmi les différens sys-
tèmes qui ont été émis à cet égard , deux seuls sont dans le cas
d être mentionnés ici : celui de Linnaeus, qui ne considère
ces follicules que relativement à leur disposition, et celui de
Smith, qui emploie dans la formation de ses genres: i.° la
présence ou l'absence du tégument , espèce de membrane qui
recouvre ordinairement la fructification des fougères, quand
elle n'est pas parvenue à sa maturité ; 2.0 le lieu d'où le tégu-
ment tire son origine; savoir, tantôt du bord du feuillage,
tantôt de sa nervure, tantôt des ramifications de cette même
nervure ; 3.° la position de la fructification , qui est terminale
ou latérale ; 4--° la manière dont s'ouvre le tégument, tantôt
extérieurement , c'est-à-dire , sur le bord du feuillage ; tantôt
intérieurement, c'est-à-dire, du côté qui regarde la nervure
principale; 5.° les follicules mêmes, ordinairement entou-r
rées d'un anneau articulé et élastique , quelquefois nues.
Les plantes de cette famille sont ou herbacées ou frutes-
centes. Toutes celles qui croissent en Europe, sont de la pre-
mière division. Leurs feuilles naissent immédiatement de la
racine, et sont roulées dans leur première jeunesse , du som-
met à la base , en forme de crosse. Elles sont souvent écail-
leuses dans leur partie inférieure. Celles qui croissent entre
les tropiques , par leur port et par leur organisation , res-
semblent à des palmiers ; car leur racine, en s'élevant hors
de terre , forme insensiblement une espèce de tige droite ,
sans branches, et garnie de plusieurs feuilles à son sommet.
Cette partie, coupée transversalement , présente une subs-i
F O U &
tanee blanche , ferme et entourée d'un aubier dur, et pres-
que toujours noir comme l'ébène. Les feuilles en naissant
ressemblent à la volute d'un chapiteau ionique. Elles sont
hérissées d'écaillés membraneuses, roussâtres , et elles pren-
nent, en se développant, une direction droite. Dans les unes
et dans les autres , ces feuilles sont ou simples ou composées,
ou surcomposées, longues ou courtes, etc.
Mirbel, qui a éclairé la philologie de cette famille d«
plusieurs bonnes observations, et qui l'a enrichie de plusieurs
genres nouveaux, croit qu'on doit appeler stype souterrain ,
ce qu'on appeloit rarine traçante, dans beaucoup de fougères,
tel que le Polypode vulgaire.
Ce qu'on a dit, d'après Desfontaines, de l'anatomie et du
mode de la végétation des palmiers, convient en très-grande
partie aux fougères. V. au mot Palmier.
Decandolle a établi la famille des Equisétacées , et
Willdenow, les familles des Gonoptérides , des Sta-
CHYOPTÉRIDES , des POROPTÉRIDES , des SCHISMATOPTE-
rides et des Hydroptérides, aux dépens de celle-ci.
Ventenat, dans son Tableau du rèjne végétal , mentionne
vingt-un genres de fougères . sous cinq divisions. Elles for-
ment la cinquième famille de sa première classe , et leurs
caractères sont figurés pi. 2 , n.° 2 , du même ouvrage.
Les genres dont la fructification est disposée en épis,
sont : Ophiogi.osse, Onoclée et Osmonde.
Les genres dont la fructification est située sur la surface
inférieure du feuillage, sont : Acrostique , Polypode, Do-
RADILLE , HÉMIOMTE , BlÈGNE, Lo^CHITE , PtÉRIDE ,
Myriothèque, Adiante, Cénoptère, Dicksonie et Tri-
CHOMATSE.
Les genres dont la fructification est portée sur un spadix,
et dont les organes sexuels sont apparens et séparés, sont .
Zamie et Cycas, genres dont on a fait une nouvelle famille,
qui fait le passage entre celle-ci et celle des Palmiers.
Les genres dont la fructification est située dans les aisselles
des feuilles ou près de la racine, et dont les organes sexuels
sont contenus dans le même involucre, sont: Pilulaire,
Salvinie, Isote , Azole et Marsile.
Les genres qui ont de l'affinité avec les fougères , sont :
Prête et Charagne.
M. Desvaux a établi les genres DiDYMOcnLŒN , Gymno-
grame , Cyclophore et Monograme, dans cette famille.
Les fougères cueillies un peu avant leur complète maturité,
et brûlées, donnent une plus brande quaniiti de potasse (al-
kaltvégétal) que la plupart des autres plantes herbacées. Pour
en tirer le plus possible, il faut que la combustion se fasse
44 FOU
très-lentement et avec très-peu d'air ; c'est pourquoi on les
met dans une fosse, on les y comprime autant que possible ,
et on les allume en-dessous.
Les feuilles de plusieurs espèces de celles d'Europe , peu-
vent servir à la nourriture des bœufs et des chevaux , et leurs
racines être données avec avantage aux cochons. Toutes four-
nissent une excellente litière.
Les hommes, dans la Norvège, mangent les jeunes pous-
ses des mêmes feuilles; et les racines de plusieurs espèces
des pays situés entre les tropiques , au rapport des voyageurs
servent de nourriture habituelle à leurs habitans.
Il est peu de plantes qui , au dire des anciens , aient plus ,
de vertu que les fougères. Les modernes ont beaucoup réduit
leurs propriétés ; mais ils n'en font pas moins , sous le nom
de capillaire , un grand usage en médecine. Ces plantes sont
en général mucilagineuses , et d'une saveur douceâtre ou lé-
gèrement amère , et regardées comme apéritives , incisives ,
pectorales et un peu astringentes; en conséquence, estimées
propres dans les maladies chroniques qui affectent les viscè-
res de la poitrine et du bas-ventre. Les racines d'une ou deux
espèce, c'est-à-dire du Polypode mâle et de la Ptèride
aqttilitse, sont spécifiques contre le taenia.
On trouve très -fréquemment, en Europe , des fougères
pétrifiées dans les schistes de seconde' formation , dans les ar-
giles de même nature , et dans les charbons de terre. Ces fou-
gères , examinées par les botanistes , ont paru se rappro-
cher des espèces qui croissent dans les Indes et en Amé-
rique ; souvent la substance de la feuille est changée en
charbon de terre. Presque toujours la partie inférieure est
engagée dans la pierre, et la partie supérieure s'en sépare et
se montre avec toutes ses nervures, comme si elle était vi-
vante , quelle que soit d'ailleurs sa position dans la pierre.
On a expliqué ce fait , en disant que la partie inférieure étant
couverte de fructifications et de poils, absorboit la matière
boueuse, tandis que la partie supérieure étant lisse , ne pou-
voit que la recevoir. Cette théorie peut être vraie dans quel-
ques cas, mais elle ne répond pas à tous les faits, (b.)
FOUGÈRE AQUATIQUE. L'Osmokde royale porte
ce nom. (r.)
FOUGÈRE EN ARBRE. V au mot Polypode. (b.)
FOUGERE COMMUNE ou ORDINAIRE. V. Pté-
de aquiline. (desm.)
KiFOUGÈRE CORNUE. V. Acrostique. (desm.)
FOUGÈRE FEMELLE. On appelle ainsi la Ptéride
aquili"ne. C'est principalement elle qu'on a en vue lorsqu'on
Prononce le mot de fougère sans aucune espèce d'épithète ,
FOU 45
parce que c'est la plus commune et la plus remarquable de
celles qui croissent en Europe, (b.)
FOUGÈRE FLEURIE. C'est ainsi que Ion nomme
l'OSMONDE ROYALE. (DESM.)
FOUGERE GRIMPANTE. C'est une espèce d'os-
monde {osmunda scandens ). (DESM. )
FOUGÈRE IMPÉRIALE. C'est la Ptéride aquiline.
V. cet article, (desm.)
FOUGÈRE MALE. Espèce de Polypode. (b.)
FOUGÈRE MUSQUÉE. C'est le Cerfeuil musqué.(b.)
FOUGÈRE RAMEUSE. V. Lonchite. (desm.)
FOUGÈRES FOSSILES. Les schistes bitumineux qui
accompagnent les houilles, renferment très-souvent des
empreintes de fougères très-faciles à reconnoître , mais qui
diffèrent toujours des espèces virantes connues. V. Végé-
taux fossiles, (desm.)
FOUGERIA, du nom de Fougeroux deBondaroy, bo-
taniste de l'Académie des sciences. Moench nomme ainsi le
Tithonia de Desfontaines, plante de la famille des Corym-
byfères. (ln.)
FOUGEROLE. C'est le Polypode mâle (potypodium
fdix mas). (DESM.)
FOUGUE {vénerie). La plante ou la racine que le sanglier
arrache avec son boutoir. On dit que le sanglierjfoï/gï/^ quand
il fouille la terre, (s.)
FOUILLE - MERDE. C'est la dénomination vulgaire
appliquée parle peuple à tous les insectes qui habitent dans
les excrémens des animaux et dans les fumiers. V. Copro-
phages, Bousier, Géotrupe, Scarabé, etc. (o.)
FOU1LLET. M. Salerne dit que , en Sologne, l'on ap-
pelle ainsi le petit oiseau connu sous le nom de Pouillot.
V. à l'article Fauvette, (s.)
FOUILLURES. V. Boutis. (s.)
FOUIN. C'est le Didelphe Touan. (s.)
FOUINE , Musiela foina , Linn. Petit mammifère car-
nassier de nos contrées , du même genre que Y hermine , la
belette , le putois, le furet , et la marte à laquelle elle ressemble
beaucoup. Son pelage est brun avec une tache blanchâtre
sous la gorge , tandis que la marie a cette tache jaunâtre.
La fouine se tient près des habitations des hommes, et
fait de grands dégâts dans les basses-cours. Elle est figurée
pi. D. 25, n.° 3. de ce Dictionnaire. V. Marte, (desm.)
FOUINE DE LA GUYANE de Bufion. C'est le même
animal que le Grison,' espèce du genre Glouton, (desm.)
FOUINE ( PETITE) DE LA GUYANE , de Buffon
46 FOU
( muslela guyanensis ) Lacépède. Animal décrit trop légère-
ment pour qu'on puisse lui assigner une place dans la mé-
thode. C'est peut-être un jeune Coati ; on peut du moins le
présumer d'après l'allongement de sa tête dans la fig ure que
Buffon en a donnée, (desm.)
FOUINE ( PETITE ) DE MADAGASCAR {Vwerra
cafra), Linn., paroîtêtre le Nems, espèce du Genre Man-
gouste. V. ce mot. (desm.)
FOUL. Nom arabe de la Fève {vicia faba , Linn.(LN.)
FOULADO. V. Pholade. (desm.)
FOULCRE. C'est la Foulque, (s.).
FOULE-CRAPAUD. M. Salerne , dans son Ornithologie,
rapporte cette dénomination vulgaire de I'Engoulevent. '(s)
FOULÉE, et quelquefois FOULURES {vénerie). Im-
pression légère du pied d'une bête sur le sol. (s.)
FOULER , se dit lorsqu'on fait battre un canton parles
chiens, (s.)
FOULE HAIO. Xr. Créadion. (v.)
FOULIMENE ou OISEAU DE FEU. Oiseau de l'île
de Madagascar , trop mal décrit dans d'anciennes relations ,
pour que l'on puisse le rapporter à quelque espèce connue.
Son plumage est de couleur écarlate. On ne peut l'élever ,
parce qu'il meurt en hiver , et qu'il se bat continuellement
avec les oiseaux de son espèce , si on en renferme plusieurs
ensemble, (s.)
FOULON. C'est une espèce d'insecte du genre du Han-
neton. V. ce mot. (o.)
FOULON (terre à). V. Argile, (desm.)
FOULQUE, Fuîica, Lath. ; gallinula, Linn. Genre de
l'ordre des oiseaux Nageurs et de la famille des Pinnati-
PÈDES ( V. ces mots). Caractères : bec plus court que la tête,
droit , épais à la base, conico-convexe , comprimé latérale-
ment ; mandibule supérieure couvrant les bords de l'infé-
rieure , inclinée vers le bout ; celle-ci un peu gtbbeuse vers la
pointe; narines oblongues, couvertes d'une membrane gon-
tlée ; langue comprimée , entière ; front chauve ; quatre
doigts, trois devant, un derrière; les antérieurs séparés dès la
bnse , allongés, bordés dune membrane découpée ; le pos-
térieur pinné, portant à terre sur le bout ; ongles courts ,
falculaires , un peu pointus ; ailes concaves, arrondies; la
première et la cinquième rémiges, égales; la deuxième et la
troisième, les plus longues de toutes; queue composée de
douze ou quatorze pennes.
Le s foulques , sans avoir les pieds entièrement palmés , ne
le cèdent à aucun des oiseaux nageurs , et restent même plus
constamment sur l'eau que la plupart de ceux-ci. Il est très-
FOU ^
rare de les voir à terre, et elles y paroissentsi dépaysées, que
souvent elles se laissent prendre à la main ; si elles mettent
pied à terre , c'est pour passer d'un étang à l'autre , car elles
les préfèrent aux rivières , et si la traversée est un peu lon-
gue, elles la font envolant : ordinairement elles ne voyagent
que pendant la nuit. On les voit souvent s'élever sur l'eau ,
y déployer leurs ailes , et en raser la surface en courant ;
elles ne s'élèvent en l'air, dans le jour, que pour éviter le
chasseur ; encore il semble qu'il leur en coûte pour se déter-
miner, car elles se cachent et s'enfoncent même dans la vase,
plutôt que de s'envoler. Comme ces oiseaux voient très-bien
pendant la nuit , c'est pendant ce temps que les vieux sor-
tent et cherchent leur nourriture; les jeunes, moins défians,
paroissent à toutes les heures du jour, et jouent entre eux,
en s'élevant droit vis-à-vis Tun de l'autre, s'élançant hors
de l'eau , et retombant par petits bonds. On les approche
aussi plus aisément ; ils regardent et fixent le chasseur ,
et plongent si prestement à l'instant qu'ils aperçoivent
le feu , que souvent elles échappent au plomb meurtrier.
Les Foulques font leur nid à terre dans les roseaux , les
joncs, les halliers aquatiques :leur ponte est nombreuse; leurs
petits quittent le nid et nagent aussitôt qu'ils sont éclos.
Elles vivent d'insectes aquatiques, de petits poissons , de
sangsues , de graines , etc. On trouve des foulques dans
toutes les parties du monde.
La Foulque a aigrettes ou a cornes d'Edwards, est le
Grèbe cornu.
La Foulque a bec varié de Catesby , est le Grèbe a
BEC CERCLÉ.
La Foulque a crête , Fulica crislata , Lath. se trouve
à Madagascar , ainsi qu'à la Chine , où elle est connue
sous le nom de tzing kye : elle a la plaque charnue du
front relevée et détachée en deux lambeaux , qui forment
une véritable crête ; le bec rouge à la base , et blanchâtre
dans le reste de sa longueur ; la plaque du front d'un rouge
foncé ; tout le plumage d'un noir-bleu ; les pieds noirâtres,
et seize pouces de longueur.
La Grande Foulque ou j\Jacroule,F?//*7:« aterrima, Lath.,
est un vieux mâle de l'espèce de la Foulque proprement dite.
La Foulque a jarretières rouges du Paraguay, Fulica
armillaia, Vieill., est donnée par M. de Azara , pour une
espèce distincte de sa foulque proprement dite ( foul-
que leucoptère ) ; en effet , elle en diffère par environ
trois pouces de plus de longueur , par sa queue composée
de quatorze pennes qui ne se terminent point en pointe ,
par le tarse peu comprimé et par la base du bec q
lit
48 F 0 U
n'est pas circulaire à son insertion dans la tête ; de plus
les pennes les plus rapprochées du corps n'ont point de
blanc à leur extrémité ; le bas de la jamba est d'un orangé
vif; le bec d'un jaune verdâtre avec une tache couleur de sang
sur la mandibule supérieure. Le reste est comme dans la. foul-
que leucopûre. Sonnini donne cette foulque pour la même que
notre grande foulque ou macroule , qui n'est point une espèce
particulière, mais bien un vieux mâle de l'espèce européenne.
L'historien des oiseaux du Paraguay a remarqué que cette
foulque nageoit avec aisance , mais a/ec moins d'agilité que
les canards; c'est le contraire dans la foulque d'Europe; elle
en diffère encore , en ce qu'elle marche assez bien et d'assez
bonne grâce ; et des deux qu'il a vues , aucune ne plongea
après qu'il les eut tirées.
La Foulque leucoptère , Fullca leucoptera , Vieill. , se
trouve au Paraguay. Elle a douze pouces huit lignes de lon-
gueur totale ; le tarse très-comprimé ; la"base du bec s'avan-
çant sur le front presque en demi-cercle ; la queue composée
de douze pennes pointues ; la tête entière et la moitié du cou
d'un noir profond ; le reste du plumage d'une teinte moins
foncée , particulièrement sur les parties inférieures ; les cou-
vertures inférieures de la queue , l'extrémité des pennes de
l'aile les plus rapprochées du corps , les bords de la première
penne et la pointe de Taile, blancs ; les pennes de l'aile en
dessous, ainsi que les grandes couvertures inférieures, d'un
blanc d'argent ; les autres couvertures et l'aile en dessus ,
noirâtres ; la partie nue de la jambe d'un vert jaunâtre ; le
tarse d'un vert pâle en devant et noirâtre sur le reste ; l'iris
rouge de sang ; le bec d'un blanc verdâtre à sa base , d'une
teinte plus foncée et foiblement lavée de rouge sur le reste.
Cette foulque , dont nous devons la connoissance à M. de
Azara, est donnée par Sonnini comme la même que la nôtre.
Cependant , elle en diffère par une taille plus petite et par
la couleur blanche et argentée qu'elle a dans l'aile.
La Foulque du Mexique (Fulica mexicana ) est un Por-
phyriois. V. ce mot.
La Foulque morelle, FuHcaatra, Lath. , pi. enl. , n.° 197 de
YHisl. nat. deBuf. , est de la grosseur d'une moyenne poule; elle a
quinze pouces de longueur; la membrane dufrontblanche, d'un
rougevifdanslasaisondesamours;latêteetlecounoirs;lespen-
nesetlescouvertures du dessous de la queue, noirâtres ; leresle
du plumage , excepté le bord de l'aile , d'un cendré noirâtre
foncé sur lesparties supérieures, et clair sur les inférieures;
lespieds, les doigts etlesmembranes d'un cendré verdâtre; la
portion nue de la jambe est d'un rouge verdâtre; le bec jaunâtre;
l'iris d'un rouge cramoisi. La femelle diffère en ce que la par-
FOU i9
partie nue du front a un peu moins d'étendue; le jeune , après
sa première mue, est roussâtre sur les parties inférieures; il
est avant cette mue d'un cendré blanchâtre sur ces mêmes par-
ties et il a la membrane du front très-peu apparente et olivâtre;
le bec et les pieds sont de celle teinte , mais un peu cendrée.
Cette espèce niche de bonne heure au printemps , et éta-
blit son nid dans les endroits noyés et couverts de roseaux
secs, sur lesquels elle en entasse d'autres, et assez pour qu'ils
puissent s'élever au-dessus de l'eau; l'intérieur du nid est
garni de petites herbes sèches et de sommités de roseaux ; il
est grand , assez informe , et se fait apercevoir de loin ; la fe-
melle y pond dix-huit à vingt œufs, d'un blanc sale , et pres-
que aussi gros que ceux de la poule; elle couve pendant vingt-
deux ou vingt trois jours ; et dès que les petits sont éclos , ils
quittent leur nid , et n'y reviennent plus. Ils sont alors cou-
verts d'un duvet noir enfumé , et n'ont que l'indice de la pla-
que blanche qui doit orner leur front. La mère ne les ré-
chauffe pas sous ses ailes ; ils couchent sous les joncs , au-
tour d'elle; elle les conduit à l'eau, où, dès leur naissance, ils
nagent et plongent très-bien. Si la couvée est détruite , sou-
vent cette foulque en fait une seconde de dix à douze œufs ;
car cette espèce est très-féconde ; mais on doit attribuer son
peu de population à la chasse cruelle que lui fait le busard ,
qui mange les œufs , enlève les petits , et souvent la mère ;
aussi les vieilles foulques , instruites par le malheur , établis-
sent leur nid le long du rivage , dans les glayeuls , où il est
mieux caché , et tiennent leurs petits dans les endroits fourrés
et couverts de grandes herbes. Ce sont ces couvées qui perpé-
tuent l'espèce ; car, comme le dit fort bien un excellent ob-
servateur , Bâillon , qui a particulièrement étudié les mœurs
des foulques, et le genre de vie de tous les oiseaux d'eau qui
fréquentent nos cotes maritimes , la dépopulation des jeunes
est si grande , qu'il en échappe au plus un dixième à la serre
des oiseaux de proie , particulièrement du busard.
"Les foidques restent sur nos étangs pendant la plus grande
partie de l'année ; elles quittent les petits à l'automne , pour
se réunir en grandes troupes sur les grands , et y restent jus-
qu'à l'époque où les gelées les en chassent ; elles descendent
alors dans les plaines où la température est plus douce , sur
les lacs où l'eau ne gèle que très-tard , ou se retirent dans des
contrées voisines et plus tempérées ; mais elles y restent fort
peu de temps , car elles reparoissent dès le mois de février.
En hiver, elles couvrent tous les étangs de la Sardaigne ; aussi
ne sème-t-on pas de blé autour de ces étangs , parce que les
foulques qui sortent de l'eau pendant la nuit, couperoienttout
xn. 4
5o FOU
celui qui seroit à leur portée. On n'y sème que du lin , auquel
ces oiseaux ne touchent pas (Cetti , Uccelli di Sardegnti).
On trouve cette espèce dans toute l'Europe , depuis l'Italie
jusqu'en Suède ; on la rencontre aussi en Asie , en Perse , en
Sibérie , en Chine , au Groenland , à la Jamaïque et dans tou-
tes les contrées de l'Amérique septentrionale.
On a donné la Grande Foulque ou Macroule, Fulica
atertima, pour une espèce particulière; mais, depuis on a re-
connu que les individus qui ont le plumage d'un noir plus dé-
cidé, la plaque du front plus étendue, le bec plus long et la
membrane des doigts plus large , sont de vieux mâles. On
remarque plusieurs variétés d'âge ou accidentelles. Telles
sont :
ha foulque aux ailes blanches, qui ne diffère de la précé-
dente que par ses ailes blanches, dont les grandes pennes
ont les tiges noirâtres. Gmelin en fait une espèce , sous le
nom lalin fulica leucoryx; mais on doit la regarder comme une
variété purement individuelle , puisqu'on ne l'a rencon-
trée qu'une seule fois dans un oiseau trouvé mort près de
Stockholm.
ha foulque toute noire, donnée comme une espèce par Gme-
lîn, d'après Sparmann, sous le nom de fulica œthiops , ne dif-
fère de la foulque commune, qu'en ce que les ailes sont noires,
et que la poitrine et le ventre ont des ondes brunes et rous-
sâtres. C'est un jeune oiseau.
La foulque à ventre blanc , Fulica fusca , var. , Lath. , a la
gorge , le ventre , les grandes pennes des ailes , quelques ta-
ches sur la tête , et une seule à la gorge , de couleur blanche.
C'est une variété accidentelle, ainsi que la suivante.
La foulque blanche , Fulica alba , var. , Lath , a le corps
blanc , avec des taches éparses sur la tête et les ailes.
La foulque cendrée, Fulica amencana. Latham dit que
cette foulque habile l'Amérique ; elle est plus petite que la
morelle; son bec est d'un vert pâle ; la plaque du front est plus
petite et blanche ; le plumage d'un cendré noirâtre dessus le
corps, et plus pâle en dessous; la gorge d'un blanc sale, ainsi
que le milieu du ventre ; les pieds sont d'un noir bleuâtre et
les membranes très-étroites. C'est une espèce douteuse.
La Foulque noire et blanche d'Edwards, est le Petit
Grèbe.
La Foulque oreillée d'Edwards , est le Grèbe a
oreilles, (v.)
Chasse aux foulques. — On les prend au tramai! ou huiliers
{Voy. Caille, article de la Perdrix), à la pince d'Ehaski
( Voy. Gallinule) , et on les chasse au fusil, Dans l'arrière
FOU 5*
saison, quand ces oiseaux, après avoir quitté les petits
étangs, se sont réunis sur les grands, on leur fait la chasse ,
particulièrement en Lorraine, sur les étangs de Tiaucourt et
de l'Indre , dans lesquels on en tue plusieurs centaines. On
s'y prend de cette manière : on s'embarque sur un nombre
de nacelles qui se rangent en ligne , et croisent la largeur de
l'étang ; cette petite flotte alignée pousse devant elle la troupe
de foulques , de manière à la conduire et à la renfermer dans
quelque anse; pressés alors , tous ces oiseaux s'envolent en-
semble , pour retourner en pleine eau, en passant par-dessus
la tête des chasseurs , qui font un feu général, et en abattent
un grand nombre. On fait ensuite la même manœuvre vers
l'autre extrémité de l'étang, où les foulques se sont portées.
Ce qu'il y a de singulier, c'est que ni le bruit ni le feu des
armes des chasseurs, ni l'appareil de la petite flotte, ni la
mort de leurs compagnons, ne peuvent engager ces oiseaux
à prendre la fuite ; ce n'est que la nuit suivante qu'ils quittent
des lieux aussi funestes, et encore y trouve-t-on quelques
traîneurs le lendemain. Leur chair est noire , et sent un peu
le marais, (s.)
FOUNINGO MAITSOU. Nom que l'on donne à un
Pigeon vert, dans l'île de Madagascar. V. TrÉron. (v.)
FOUNINGO-MENA-RABOU. Nom que porte, à
Madagascar, un Pigeon bleu, (v.)
FOUQUET (Petit). V. Sterne, (v.)
FOURA\. Nom donné, par les naturels de l'île de Mada-
gascar, au Calaba à fruits ronds, Calophyllum irwphyllum.
(LN.)
FOUR ARDENT. Nom vulgaire du Turbo chrysostomus ,
d'un Sabot, (ln.)
FOURBISSON. L'un des noms vulgaires du Troglo-
dyte, (v.)
FOURCHE {Vénerie). Bâton à deux branches , au bout
duquel on donne la curée aux chiens courans. (S.)
FOURCHU. Sur la Saône , c'est le Pilet , ou Canard
À LONGUE QUEUE. (V.)
FOLTRDRAINE. On domie ce nom aux Prunelles dans
la Picardie et le Boulonais, et celui de Fourdinier, au pru-
nier épineux, (b.)
FOURMEIRON. V. Rouge-queue , tom. n , pag. 267,
et Tr.iQUET. (s.)
FOUIaMI , Formica. Genre d'insectes , de l'ordre des hy-
ménoptères , famille des hétérogynes , tribu des formicaires.
Les naturalistes qui m'ont précédé, ont conservé à ce genre
toute l'étendue que Linna'uslui avoit donnée; et c'est ce que
52 FOU
j 'a vois fait moi-même, en rédigeant le même article , dans
la première édition de cet ouvrage. Mais la multitude des
espèces dont ce groupe étoit composé, la diversité de leurs
formes et de quelques-unes de leurs habitudes , nécessitoient
des changement à cet égard. Ayant fait une élude particu-
lière de ces insectes , et dont les résultats ont été l'objet d'une
monographie (Hisl. nat. des Fourmis, 1802, in-8.°), je pou-
vois, plus que tout autre , entreprendre cette réforme, et
j'avois déjà commencé à l'établir dans les tables du der-
nier volume de ce Dictionnaire. J'ai exposé à l'article For-
micaires l'état actuel de ces travaux. Le genre fourmi ne
renferme plus aujourd'hui que les espèces, dont les ouvrières
et les femelles sont privées d'aiguillon , dont les antennes
sont insérées près du milieu de la face antérieure de la tète,
et qui ont des mandibules fortes, triangulaires et dentées. Le
pédicule de leur abdomen n'est jamais composé que d'un
seul anneau , savoir le premier , et qui , par sa forme, res-
semble à une écaille comprimée et verticale; mais ce carac-
tère , convenant aussi aux polyergues et aux potières , n'est pas
exclusif. Les fourmis sont cependant bien distinctes des es-
pèces du premier de ces genres par le mode d'insertion de
leurs antennes et leurs mandibules. Elles n'ont point d'ai-
guillon , ce qui empêche de les confondre avec les ponè-
res , dont les ouvrières et les femelles présentent cette arme
offensive.
Les fourmis ontbeaucoup de rapport avec les tiphies , les
muiilles et les doryles , par la forme des palpes et par celle de
la lèvre inférieure ; mais les antennes brisées , dont le second
article est presque conique et beaucoup plus grand que les
suivans, et le pédicule de leur abdomen formé d'une écaille
droite , élevée , empêchent de les confondre avec ces in-
sectes , qui ont le second article des antennes très -petit ,
presque arrondi, elle pédicule de l'abdomen figuré diffé-
remment.
Ces insectes , qui sont assez généralement connus , ainsi
que la plupart de leurs habitations, vivent en société comme
les abeilles et les guêpes. Leur société est également compo-
sée de trois sortes d individus, de mâles, de femelles et d'ou-
vrières ou neutres ; mais ces neutres sont aptères.
La tête est presque triangulaire ou presque ovale dans les
ouvrières, avec son extrémité postérieure plus large que le
corselet; elle est à peu près de la largeur de cette par-
tie dans les femelles, plus étroite et plus convexe dans les
mâles.
Les antennes des ouvrières et des femelles sont filiformes,
une fois plus longues que la tète, de douze articles; le pre-
FOU 53
mier est presque cylindrique et a environ la moitié' de la
longueur de l'antenne; le troisième et les suivans sont pres-
que égaux ; elles sont insérées vers le milieu du front ;
celles du mâle sont plus longues , plus minces et de treize
articles.
Les yeux des femelles et des ouvrières sont petits, arrondis,
fieu saîllans , à facettes, et insérés vers le milieu des côtés de
a tête ; ceux des mâles sont plus gros et plus saillans.
Les petits yeux lisses, placés en triangle sur le sommet de
la tète , sont très-apparens dans les femelles et les mâles; le
plus grand nombre des ouvrières en est dépourvu.
La bouche est composée de deux mandibules , de deux
mâchoires, d'un labre, d'une lèvre et de quatre palpes ; les
mandibules sont fortes, écailleuses , triangulaires , rétrecies
à leur base , un peu plus courtes que la tête , dentelées au
côté intérieur et terminées en pointe ; celles des femelles
sont un peu moins fortes que celles des mulets; celles des
mâles sont beaucoup plus petites et peu dentées. Les mâ-
choires sont petites , coriacées , terminées par une pièce
presque membraneuse, courbée, large et arrondie , ou trian-
gulaire. Les palpes maxillaires sont sétacés ou filiformes,
de six articles , et plus longs que les mâchoires , sur le
dos desquelles ils sont insérés. Le labre est grand , corné ,
presque carré , tombe perpendiculairement au-dessous des
mandibules , et protège les autres parties de la bouche.
La lèvre est formée d'une gaine conique, coriace , et d'une
espèce de langue reçue intérieurement dans la gaîne , termi-
née en un cuilleron membraneux et entier. Les palpes la-
biaux sont courts , filiformes , de quatre articles , insérés
au-dessus de l'extrémité supérieure de la gaine, un de chaque
côté.
Le corselet dans les neutres est comprimé obliquement
de chaque côté, grand et arrondi à sa partie antérieure, étroit
et tronqué à sa partie postérieure , arqué et continu en dessus
ou interrompu dans son milieu par un enfoncement, muni
de quatre stigmates, dont deux dans une impression latérale,
un de chaque côté, les deux autres près de son extrémité :
dans quelques espèces il est armé d'épines ou de pointes; celui
des femelles est ovoïde, un peu comprimé sur les côtés, de
la largeur de la tête ; dans le mâle il est plus petit et plus con-
vexe que celui des deux autres individus.
Les ailes, au nombre de quatre, sont grandes, inégales et
veinées ; les supérieures dépassent le ventre dans le plus
grand nombre. Elles ont une cellule radiale , grande , aU
longée et rétrécie , et deux grandes cellules cubitales, dont la
H FOU
seconde atteint le bout de l'aile ; les nervures récurrentes ,
ou du moins la seconde , manquent.
L'abdomen des femelles et des ouvrières est, comme dans
tous les hyménoptères , de six anneaux et celui des mâles de
sept. Le premier est figuré en forme d'écaillé lenticulaire ;
dans tous les individus, les autres forment , réunis, une masse
plus ou moins ovoïde ou carrée , mais beaucoup plus volu-
mineuse dans les femelles. Ces individus ont , ainsi que les
ouvrières , des glandes intérieures , situées près de l'anus ,
renfermant une liqueur acide , et qu'ils éjaculent pour leur
défense et peut-être aussi pour quelque autre besoin. L'ab-
domen des mâles est plus petit, ordinairement courbé ou ar-
qué à l'extrémité ; souvent les organes du sexe sont saillans.
Les parties qui caractérisent le sexe des femelles ne peu-
vent être vues sans une pression assez forte : elles sont si-
tuées à l'extrémité du dernier anneau ; il existe les plus grands
rapports entre ces organes et ceux des ouvrières , ce qui fait
croire que celles-ci sont comme les abeilles ouvrières , des fe-
melles impuissantes , dont les organes de la génération n'ont
pas eu un entier et parfait développement, et que , comme ces
abeilles ouvrières , elles sont destinées au travail. Les parties
sexuelles du mâle sont composées de plusieurs pièces, placées
de chaque côté de l'extrémité du dernier anneau, et la plu-
part en forme de pinces ou de crochets.
Les pattes sont comprimées ; celles de l'ouvrière et de la
femelle sont plus ou moins fortes ; les tarses sont assez longs,
de cinq articles; le dernier est terminé par deux petits cro-
chets , avec un empâtement au milieu; celles du mâle sont
un peu plus longues et plus minces que celles des deux au-
tres individus.
Les fourmis ouvrières sont plus petites que les femelles ,
et n'ont jamais d'ailes ; les mâles sont encore dune taille
inférieure , ou les plus petits de ces trois sortes d'individus.
Elles sont seules , comme les abeilles ouvrières , chargées
de tous les travaux.
On sait que les Grecs appelaient les fourmis myimex ou
myrmica ; que les anciens naturalistes en distinguoient plu-
sieurs espèces sous les noms dhippoinymiex, d herculanea ,
de so/ifuga ou sulpuga , laeriœ, senipes, etc., et que les pre-
miers élémens de l'histoire de ces insectes sont entremêlés de
beaucoup de fables. On avoit cependant découvert qu'ils ti-
roient leur origine d'un ver qui, d'abord très-petit et arrondi,
s'allonge, se développe peu à peu , et reçoit la forme convena-
ble; et qu'une partie de ces fourmis adesailes.Leuwenhoeck,
Swammerdam et Degeer nous ont donné les premiers , sur
FOU 55*
ces animaux , des notions sures et positives. J'ai ajouté moi-
môme plusieurs faits à ceux qu'ils avoient recueillis.
Mais , de tous les naturalistes , il n'en est point qui ait
observé ces animaux avec autant de soin et de sagacité que
M. Pierre Huber , fils du célèbre naturaliste du même
nom. Ses curieuses découvertes sont exposées dans son ex-
cellent ouvrage , intitulé : Recherches sur les fourmis indigènes ,
et dont je vais offrir un extrait, en témoignant mes regrets de
ne pouvoir lui donner plus d'étendue.
Les sociétés des fourmis sont simples ou mixtes , je veux
dire uniquement composées d'individus de la môme espèce,
ou ayant, de plus, des individus neutres , d'une, et même
quelquefois de deux autres espèces de fourmis. Les six pre-
miers chapitres de l'ouvrage sont consacrés à l'histoire des
fourmis réunies en sociétés simples , celles qui se présentent
le plus souvent à nos regards. L'auteur considère successi-
vement ces insectes dans leur manière de bâtir , leur repro-
duction , leurs métamorphoses , et leurs autres habitudes
particulières.
Une espèce des plus multipliées dans toute l'Europe , et
dont on donne les larves et les nymphes en nourriture aux
perdreaux et jeunes faisans, est la fourmi fauve {formica ruf a. ,
Linn.). M. Huber en distingue deux variétés d'après la diffé-
rence des couleurs du dos ou de la partie supérieure du cor-
selet, qui est noir dans l'une et rouge dans l'autre. Celle-ci
habite de préférence les bois, et son habitation est plus gronde.
La précède s'établit le long des haies et des prairies. Leurs
habitudes sont d'ailleurs peu différentes.
L'habitation de ces fourmis est composée de brins de
chaume , de fragmens ligneux, de cailloux et de coquillages
d'un petit volume , et de tous les objets d'un transport facile
qu'elles rencontrent ; et comme elles ramassent souvent ,
dans le même dessein , des grains de blé , d'orge et d'avoine ,
on a cru qu'elles faisoient des provisions pour l'hiver et les
temps d^disette. Leur vie laborieuse et leur prévoyance ont
été célébrées par l'antiquité, et depuis le sage Salomon jusqu'au
bon La Fontaine, le paresseux a été renvoyé à l'école de la
fourmi.
L'habitation des fourmis fauves se présente sous la forme
d'un monticule ou d'un dôme arrondi , dont la base est
souvent couverte de terre et de petits cailloux, et au-dessus
de laquelle les matériaux ligneux s'élèvent en pain de sucre.
Tout paroît d'abord disposé sans ordre ; mais un œil attentif
découvre bientôt que tout est arrangé de manière à éloigner
les eaux de la fourmilière , à la défendre des injures de l'air,
des attaques de ses ennemis, à lui ménager la chaleur du so-
56 FOU
leil , et à conserver celle de son intérieur. La portion la plus
considérable du nid est cachée et s'étend plus ou moins pro-
fondément dans la terre. Des avenues, en forme d'enton-
noirs assez irréguliers, conduisent du sommet de l'édifice
dans son intérieur ; leur nombre est proportionné à la po-
pulation , et leur ouverture est plus ou moins large. On en
trouve quelquefois une principale à la partie supérieure. Sou-
vent aussi il y en a plusieurs à peu près égales , et autour
desquelles sontplacés circulaicement, depuis la base du mon-
ticule jusqu'à son extrémité , beaucoup de passages plus
étroits. Bien différentes de quelques autres espèces du même
genre, qui se tiennent volontiers dans leur nid , et à l'abri du
soleil , les fourmis fauves semblent préférer de vivre en plein
air, et ne pas redouter, dans leurs travaux, notre présence.
Les habitations en dôme de plusieurs autres fourmis sont
fermées avec de la terre, de tous côtés , et n'ont qu'une issue,
assez petite , près de leur base , à laquelle même on ne
parvient souvent que par une galerie tortueuse qui serpente
dans le gazon. On seroit tenté de croire que les fourmis
fauves ont moins de prévoyance, puisque leur demeure est
percée d'un grand nombre de portes, où les eaux pluviales et
les ennemis de ces insectes trouvent un accès facile. Mais
elles ont soin , vers le déclin du jour ou aux approches du
mauvais temps, de fermer les passages et de se barricader ;
elles apportent d'abord de petites poutres , près des galeries ,
dont elles veulent diminuer l'entrée , et les enfoncent même
quelquefois dans le massif du chaume ; elles vont ensuite en
chercher d'autres , mais plus foibles , qu'elles placent sur les
précédentes, dans un sens contraire; enfin elles emploient
des morceaux de feuilles sèches ou d'autres matériaux d'une
forme élargie pour recouvrir le tout. Les dernières portes
étant fermées, quelques individus sont placés derrière, pour la
garde et veiller àla sûreté des autres. Au retour sur l'horizon
de l'astre qui vivifie la nature, les barricades sont défaites ,
et les passages ordinaires sont rétablis. Ces travaux se re-
nouvellent chaque jour , soir et matin , pendant la belle
saison ; si cependant le temps est pluvieux , les portes res-
tent fermées (i).
Ces fourmis commencent leur habitation , par creuser dans
la terre une cavité plus ou moins spacieuse. Les unes vont
ensuite chercher , aux environs , les matériaux propres à la
construction de la charpente extérieure , et les disposent dans
(ï) Les anciens croyoient que les fourmis ne travailloient point,
lorsque la lune , étant trop près de sa conjonction avec le soleil , ne
nous éclaire point.
FOU 57
un ordre peu régulier, mais qui couvre néanmoins l'entrée
de la demeure. D'autres ouvrières apportent les parcelles de
terre qu'elles ont détachées , en pratiquant l'excavation , les
mêlent avec les matières déjà mises en œuvre , afin de rem-
plir les vides, et de fortifier l'édifice. A en juger d'après ses
dehors, on croiroit qu il est massif; mais il n'en est pas ainsi.
Son intérieur est divisé en plusieurs étages, et offre des gale-
ries , des salles spacieuses , qui , quoique basses et d'une cons-
truction grossière, sont commodes pour leur usage: les lar-
ves et les nymphes y sont transportées à certaines h. Mires du
jour. La salle la plus grande est presque au centre de l'édifice.
Elle est beaucoup plus élevée que les aulres , et traversée
seulement par les poutres soutenant le plafond. Toutes les
galeries y aboutissent , et c'est là aussi que se tiennent la plu-
part des fourmis. La terre étant délayée par les eaux plu-
viales , et durcie ensuite par le soleil , forme une sorte de
mortier qui donne de la solidité à l'édifice. L'eau même, après
de longues pluies , n'y pénètre guère , lorsqu'il est habité, et
qu'il n'a point été dérangé , aiFdelà d'un quart de pouce, à
partir de sa surface. On ne peut en observer la portion sou-
terraine , que lorsqu'il est situé contre une pente. Si on en-
lève le monticule de chaume , on verra la coupe intérieure
du bâtiment ; des loges pratiquées horizontalement dans la
terre, composent ces souterrains.
M. Hubert décrit ensuite l'architecture des fourmis qu'il
appelle maçonnes, parce que leurs nids, toujours sous la
forme de monticules, comme ceux des fourmis fauves, ne sont
composés que de te#e , sans mélange d'autres matériaux , et
que leur intérieur , divisé en manière de labyrinthe , offre
des loges, des voûtes et des galeries construites avec art.
On distingue plusieurs fourmis maçonnes. La terre qu'em-
ploient les espèces d'une certaine grandeur, telles que la
noir-cendrée et la mineuse, est d'une pâle moins fine que celle
dont sont formées les habitations de quelques autres four-
mis maçonnes plus petites , comme la jaune , la brune , et
celle qu'il nomme microscopique.
Le monticule élevé par la fourmi noir-cendrée , offre tou-
jours des murs épais , composés d'une terre grossière et rabo-
teuse, et àl'intérieur, des étages très-prononcés, ainsi que de
larges voûtes , soutenues par des piliers solides , et dont la
force est proportionnelle à la largeur de ces voûtes. On y
voit partout de grands vides et de gros massifs de terre. On
n'y trouve point des chemins ni des galeries proprement dites ,
mais des passages en forme d'œil de bœuf.
La fourmi brune est beaucoup plus industrieuse ; son nid
est construit par étages de quatre à cinq lignes de haut , dont
ss FOU
les cloisons n'ont pas plus d'une demi-ligne d'épaisseur , et
dont la matière est d'un grain si fin , que les parois intérieures
des murs paroissent fort unies. Ces étages suivent la pente
du terrain , et ne sont pas toujours arrangés avec la même
régularité, ni sur un plan bien fixe; mais le supérieur recou-
vre toujours les autres , et cette disposition concentrique est
continuée jusqu'aux logemens souterrains. On voit à chaque
étage, des cavités travaillées avec soin , d«s loges plus étroites
et des galeries allongées leur servant de communication. De
petites colonnes et des murs fort minces , en un mot , de
vrais arcs-boutans supportent les places les plus spacieuses.
Ici les cases n'ont qu'une seule entrée , et il en est dont l'ori-
fice répond à l'étage inférieur; là , nous découvrons des es-
paces plus larges , et formant des espèces de carrefours. Les
cases et les places les plus larges sont habitées par les four-
mis adultes ; mais les nymphes sont toujours réunies dans des
loges plus ou moins rapprochées de la surface extérieure ,
suivant les heures et la température ; car ces insectes parois-
sent être très-sensibles aux impressions de l'état de l'atmos-
phère, eteonnoître le degré de chaleur qui convient à la fa-
mille qu'ils élèvent. Si cette chaleur est trop forte , ils trans-
portent les petits dans les étages inférieurs ; et si le rez-de-
chaussée est inhabitable à raison des pluies ou de l humidité ,
ils les montent à la partie élevée de l'habitation. Celte par-
tie offre quelquefois plus de vingt étages , et il y en a pour
le moins autant au-dessous du sol.
La fourmilière que ces insectes placent souvent dans les
herbes , sur les bords des sentiers , a idus sans nervures
récurrentes.
Fourmis ronge-bois , Formica herculanea , Linn. ; Lat.
Hist. nal. des Fourni., pag. 88 , pi. i ,fig. i. Cette espèce est
la plus grande d'Europe et a quelquefois jusqu'à sept lignes de
longueur. L'ouvrière a les antennes noirâtres, avec le pre-
mier article d'un noir luisant , et l'extrémité du dernier d'un
brun rougeâtre ; la tête est grande , beaucoup plus large que
le corselet, d'un noir luisant, glabre ou peu velue; le cor-
selet est assez court, d'un rouge sanguin luisant, avec quel-
ques poils; le dos est arqué ; l'écaillé est étroite, presque ova-
le; l'abdomen est court, gros, presque ovale, d'un noir luisant,
avec le devant du premier anneau d'un rouge sanguin, et plu-
sieurs rangs transversaux de poils jaunâtres ; les hanches et les
cuisses sont noires ; les jambes et les tarses d'un brun foncé.
On trouve des individus d'un tiers plus petits, dont la têle
est beaucoup plus étroite et plus allongée.
La femelle diffère de l'ouvrière par sa tête proportionnel-
lement moins forte , son corselet d'un rouge plus foncé et
noir en dessus, par écaille un peu son plus grande , son ab-
domen plus allongé , moins velu , et par ses ailes qui sont
fort grandes, obscures, excepté à leur bord postérieur , et
dont les nervures , ainsi que les stigmates des supérieures ,
sont d'un brun jaunâtre.
Le mâle est d'un noir luisant ; il a les antennes d'un brun
rougeâtre foncé, avec le premier article noir; la tête petite,
arrondie postérieurement ; le corselet convexe ; l'écaillé
courte , beaucoup plus épaisse que dans les femelles, un peu
velue ; l'abdomen petit, ovale , velu à l'extrémité , avec les
organes du sexe saillans; les pattes noirâtres, avec les ge-
noux, l'extrémité des jambes et les tarses d'un brun rou-
FOU 97
geâire ; les ailes, surtout les supérieures , d'un jaune obscur.
Cette fourmi établit sa demeure dans l'intérieur des parties
mortes des vieux arbres, sous leur écorce : on ne la trouve
pas dans les champs ; elle vit en société peu nombreuse , et
paroît plus propre au Midi ; on la trouve rarement aux en-
virons de Paris.
Fourmi éthiopienne, Formica œthiops, Lat., ibid. , pi. 2 >
Jig. 4- L'ouvrière a le corps long de quatre lignes , d'un noir
très-luisant et lisse ; les mandibules et les antennes, à par-
tir du coude, d'un brun foncé ; les pattes sont de cette cou-
leur , avec les jambes et les tarses d'un brun rougeâtre ; Té-
caille est petite , épaisse et ovée ; l'abdomen est pointu. La
femelle est presque semblable , pour les couleurs, mais un
peu plus grande , avec les ailes blanches ; elles ont un point
marginal, épais, noirâtre, et les nervures brunes. Le mâle,
aux différences sexuelles et à la taille près , n'en diffère pas
beaucoup.
J'ai toujours trouvé cette espèce sous les pierres, ce qui
me donne lieu de présumer que la fourmi nommée ainsi par
M. Huber , est plutôt celle que j'ai décrite sous le nom de
Pubescente , pubescens , ibid. , pag. g6, pi 1 ,fig. 2. Elle res-
semble beaucoup à la F. ronge-bois , et vit de la même ma-
nière ; mais elle est entièrement noire , avec l'abdomen plus
obscur. Commune dans les bois des départemens méridio-
naux de la France.
Fourmi biépineuse , Formica bispinosa, Oliv. ; Lat. , ibid.
pag. i33 , pi. {±,fig. 20; Formica fungosa , Fab. Elle est longue
de trois lignes, noire , avec le corselet biépineux en devant,
et l'écaillé terminée en une pointe longue.
Cette espèce mérite d'être connue par la singularité et la
nature d'une matière qui entre dans son nid. Cette matière
ressemble au premier coup d'oeil à de l'amadou ; elle est
composée d'un duvet cotonneux, qui paroît être formé- de
petits brins de semence du fromager globuleux d'Aublet. L'a-
nimal les empile , et en fait une espèce de feutre qui est
très-efficace dans les hémorragies.
Elle se trouve à Cayenne.
Foi ami MILITAIRE , Formica militaris , Fab. ; Lat. , ibid. ,
pag. ia4 , pi- 4 \fig> 22. Le corps de l'ouvrière est long d'en-
viron cinq lignes , et d'un noir mal ; son corselet est remar-
quable par quatre épines, deux en devant, et deux à son
extrémité postérieure ; son écaille a aussi deux pointes très-
fortes , et une dent sous chaque ; l'abdomen est globuleux.
Elle se trouve en Afrique.
XII. 7
98 FOU
II. Dos du corselet des ouvrières ayant des enfoncemens qui te
rendent sinueux ; ailes supérieures des autres individus ayant une
nervure récurrente et reçue par la première cellule cubitale ; la
seconde nervure récuir ente nulle.
Nota. Fabricius rapporte quelques espèces de cette divi-
sion à son genre Lasius.
Fourmi fauve, Formica rufa , Linn., D. 27 , 2-— 4- de cet
ouvrage; Lat., ibid. , pag. i4-3 , pi. 5 , fig. 28. On la trouve
très-communément dans les bois, où elle fait des nids élevés
en pain de sucre ou en dôme, de deux à trois pieds de hau-
teur , et qui sont composés d'un mélange de feuilles , de
paille , de petites tiges de différens végétaux , de terre , de
sable, etc. Pour peu qu'on touche à ces habitations, il
en sort aussitôt une vapeur acide et forte. C'est ordinaire-
ment de cette espèce que les chimistes retirent X acide for-
mique. Elle récolte en Suède la résine des genévriers, qui y
sont très-communs; leshabitans de ces contrées ont soin de
lui enlever cette substance , dont la combustion purifie l'air,
en répandant une odeur agréable.
Ces fourmis , lorsqu'on les prend ou qu'on les irrite , éja-
culent fortement par l'anus leur acide. On ne peut guère
douter qu'elles n'aient ce mode de défense , d'après les ob-
servations de Degeer.
L'ouvrière a trois lignes de longueur; elle est noirâtre ,
avec une grande partie de sa tête , son corselet et l'écaillé
fauves; la tête a trois petits yeux lisses.
La femelle est longue de quatre lignes ; sa tête ressemble
à celle de l'ouvrière ; on voit seulement du noir au milieu de
sa partie antérieure , près de la bouche ; le corselet est ova-
laire, d'un fauve vif, avec le dos noir; l'écaillé est grande
et ovée ; l'abdomen est court, presque globuleux, d'un noir
un peu bronzé , avec le devant fauve ; les ailes sont enfumées ;
les pattes sont noirâtres , avec les cuisses rouges.
Le mâle est à peu près de la même longueur, mais plus
étroit, noir, avec la tête petite; l'écaillé épaisse, presque
carrée; l'abdomen conico-trigone , courbé à l'anus, tjuiesi
roussâtre ; ses pattes sont d'un rouge-brun, avec les cuisses
d'un brun noirâtre intérieurement ; les ailes sont obscures ,
avec les nervures jaunâtres , et le stigmate obscur.
FOURMI SANGUINE , Formica sanguinea, Lat., ibid. pag. i5o,
pi. S, fig. 29. L'ouvrière ressemble beaucoup à celle de l'es-
pèce précédente ; mais les antennes et la tête sont entière-
ment d'un fauve sanguin ; les yeux lisses sont appareils; le cor-
selet et les pattes sont fauves ; l'abdomen estd'un noir cendré.
Fourmi mineuse, Formica cunicularia , Lat. ribid. pag. i5i.
F ° u . »
L'ouvrière est longue d'environ deux lignes et demie ; ses an-
tennes sont d'un rouge noirâtre , avec le premier article plus
clair. La tête est noire , avec le dessous et les environs de
la bouche rougeâtres; les trois petits yeux lisses sont appa-
rens ; le corselet est d'un fauve pâle , ainsi que l'écaillé , dont
la forme est ovée , avec le bord supérieur comme tronqué ;
l'abdomen est d'un noir cendré ; les pattes sont fauves. La
femelle ressemble beaucoup à celle de la fourmi fauve ; mais
elle est plus petite ; le dessus du corselet offre des taches
noires sur un fond fauve ; l'écaillé est plus fortement échan-
crée.
Fourmi NOIRE , Formica nigra, Linn. ; Lat. ibid. , pag. i56.
Le neutre est fort petit, n'ayant pas au-delà de deux lignes
de long; il est d'un brun noirâtre , avec les mandibules et le
premier article des antennes plus clairs ; les cuisses et les
jambes brunes, et dont les articulations sont aussi plus claires ;
ses tarses sont d'un rougeàlre pâle ; l'écaillé est éebancrée.
Cette espèce est la plus commune de celles de notre pays.
Elle fait son nid sur les bords des chemins, dans les champs,
les jardins, et creuse, à fleur de terre, de petites galeries ,
qui aboutissent à son habitation. Ses dégâts nous sont très-
nuisibles.
Les mâles et les femelles paroissent dans le mois d'août ,
en grande quantité.
FOURMI ÉCHANCRÉE , Formica emarginata, Oliv. ; Lat. , ib. ,
pag. i63 , pi. 6 , fig. 33. Elle se trouve très-communément en
France , et diffère de la précédente , avec laquelle on pour-
roit la confondre , par sa couleur d'un brun marron , avec la
première pièce des antennes , la bouche et les pattes plus
claires; le corselet rougeâtre, etl'écaille ovée, un peu échan-
crée.
Elle s'établit dans les fentes des mUrs, au bas des arbres,
et pénètre même dans les maisons , pour y attaquer les frian-
dises qu'on y conserve.
Fourmi noir-cendrée , Formica fusca , Linn. ; Lat. , ibid. T
pag. i5o,, pi. (>,Jîg. 32. L'ouvrière a un peu plus de deux
lignes de long; elle est d'un noir cendré, avec la partie
inférieure des antennes et les pattes rougeâtres; on distingue
les petits yeux lisses ; l'écaillé est grande et presque triangu-
laire. La femelle est d'un noir tres-luisant , avec un léger
reflet bronzé ; les ailes sont un peu obscures , avec les
nervures et le point marginal noirâtres; les pieds sont rou-
geâtres. Le mâle est noir , avec l'anus et les pattes d'un
rouge pâle.
Très-commune , surtout dans les bois.
Fourmi fuligineuse , Formica fuliginosa , Lat. , ibid ,
F O U
pag. i£o i pl- ^ifig- 27- Celte espèce, que l'on trouve très-
fréquemment sur les arbres , dans les environs de Paris , a le
corps d'un noir très-foncé et luisant ; la tête fort grosse , en
forme de cœur ; les antennes, à l'exception de leur premier
article , et les tarses bruns ; l'écaillé petite et ovée. Cette
fourmi n'a guère que deux lignes de long. La femelle est
presque semblable à l'ouvrière ; la base des ailes supérieures
est noirâtre ; leurs nervures et le point de la côte sont d'un
jaunâtre clair.
On pourroit étendre cette énumération des fourmis : il en
est même quelques-unes qui mériteroient de trouver ici une
place particulière , telles que la fourmi de Pharaon, celle de
Salomon , la fourmi omnivore , \& fourmi saccharwore , etc.; mais
ces espèces n'étant pas encore bien caractérisées , nous ne
croyons pas qu'il soit nécessaire de rapporter, à leur égard,
des citations vagues et insignifiantes , et des faits mal obser-
vés, et racontés avec exagération; d'ailleurs, l'histoire des
fourmis véritables est souvent confondue avec celle des
termes.
On trouve dans le Journal d'Histoire naturelle et de Physique
de Rozier , 1776 , novembre et décembre , des observations de
Barboteau sur des fourmis des Antilles, de la Martinique
principalement. Les espèces qu'il mentionne n'étant pas suf-
fisamment caractérisées , nous n'en parlerons pas.
Fourmi amazone. V. Polyergue.
FOURMI CÉPHALOTE et FOURMI DE VISITE. V. OECODOME.
Fourmi mélanure. V. Myrmice.
Fourmi resserrée. V. Ponère.
Fourmi rouge. V. Myrmice.
Fourmis blanches. V. Termes.
Fourmis volantes. Nom collectif, sous lequel le peuple
désigne la plupart des insectes à quatre ailes nues, (l.)
FOURMILIER {Myrmecophaga, Linn. , Briss. , Sc.hreb. ,
Cuv., etc. ). Genre de mammifères de l'ordre des édentés,
ainsi caractérisé: corps couvert de poil ; tête plus ou moins
allongée et terminée par une bouche peu ouverte ; point de
dents d'aucune sorte, tant en haut qu'en bas; langue très-
longue, cylindrique, extensible ; oreilles courtes, arrondies;
queue prenante dans quelques espèces ; tantôt quatre doigts
antérieurs et cinq postérieurs , tantôt deux antérieurs et
quatre postérieurs, tous réunis jusqu'à la phalange ungueale
et armés d'ongles forts , comprimés et tranchans , dont les
antérieurs sont relevés obliquement du côté interne dans
l'état de repos, ce qui les empêche de s'émousser, etc.
FOU
L'estomac de ces animaux est simple et musculeux vers le
pylore; leur canal intestinalest de médiocreélendue, avecdeux
pelils cœcums dans une espèce seulement; leur mâchoire in-
férieure est très-grêle et sans branches montantes; ils n'ont
point d'arcades zygomatiques. Leurs clavicules sont com-
plètes, etc.
Les fourmiliers appartiennent exclusivement à l'Amérique
méridionale, et sont ace continent ce que les m nuis ou pan-
golins sont au nôtre. Leurs espèces sont peu nombreuses, et
même on n'en connoît bien encore que trois. L'une d'elles,
la plus grande, n'a pas moins de quatre pieds de longueur ,
sans compter la queue qui en a plus de deux; et la plus petite
est en totalité à peine longue d'un pied.
Ces animaux sont lents. Le plus grand ou tamanoir, dont la
queue n'est pas prenante , se tient à terre, ou. il attaque les
habitations des termes et des fourmis pour se nourrir de ces
insectes. Les autres, qui ont la faculté de s'accrocher avec
leur queue, montent sur les arbres, où ils vont également
rechercher ces mêmes termes, (desm.)
Fremière espèce. LeT AMAKOIR (myrmecophaga ' juhata, Linn.,
Iluff, tom. 10, pi. 29, et suppl. loin. 3, pi. 55). C'est la plus
grande espèce du genre.
Les naturels du Brésil l'appellent tamandoua-guacu {grand
tamandoua); ceux de la Guyane, ouariri ; les Espagnols du
Paraguay, ours fourmilier ; les Guaranis , yogoui et youroumi ,
ougnouroumi , c'est-à-dire , petite bouche.
Cette bouche n'est , en effet, qn'une petite fente horizon-
tale , sans dents et presque sans jeu dans les mâchoires. Maïs
l'animal n'a besoin ni d'une plus grande ouverture, ni de
beaucoup de mobilité de la bouche , pour recevoir et mâcher
la nourriture que la nature lui a destinée. Il ne mange que des
fourmis et des termes. Il traîne sur les immenses fourmilières
répandues sur le sol de l'Amérique méridionale sa langue
charnue, presque cylindrique, très-flexible , longue de plus
de deux pieds , semblable à celle des oiseaux du genre des
pics , se repliant dans la bouche, lorsqu'elle y rentre toute
«■litière ; enfin , enduite d'une humeur visqueuse et gluante,
il la retire avec les fourmis qui y sont prises et qu'il avale.
Il répète cet exercice jusqu'à ce qu'il soit rassassié , el, sui-
vant M. de Azara (Quadnipèdcs du Paraguay), avec tant de
prestesse, que dans une seconde de temps il retire et rentre
deux fois sa langue chargée d'insectes.
La même roideur qui existe dans les mâchoires du tamu-
ror
noir, se fait remarquer dans tous ses membres; ses jambes
antérieures fortes, comprimées sur les côtés, cl tout d'une
venue , ont l'air de billots courts ; celles de derrière sont si
mal conformées , qu'elles ne paroissent pas faites pour mar-
cher. Ses pieds sont ronds : ceux de devant sont armés de
quatre ongles, les deux du milieu sont les plus grands, et
l'extérieur est le plus gros ; les piçds de derrière ont cinq
doigts et cinq ongles. « Les pattes de devant ressemblent à
des moignons plutôt qu'à des mains ; il n'en fait guère usage
pour marcher ; car il s'appuie sur la partie dure de la chair,
ou sur l'ongle extérieur , les trois autres sont très-courts,
n'ont pas même l'apparence de doigts , et à peine peut-il les
ouvrir un peu. Les pattes de derrière sont mal formées et ont
cinq doigts , dont l'intérieur est plus court et plus foible.
( Voyage dans l'Amérique méridionale ^ traduction française,
iom. i , pag. 254-) »
Si Ton passe à l'examen des autres parties du tamanoir ,
Fonreconnoîtra que ce quadrupède présente en tout l'assem-
blage bizarre des formes les plus disparates. Il a la télé en
trompe tronquée , et n'égalant pas , dans sa plus grande lar-
geur, la grosseur du cou ; le museau très-allongé , et s'aqpin-
cissant par degrés; les narines larges et en C ; les deux mâ-
choires d'égale longueur ; les yeux très-petits , enfoncés et
noirs ; les paupières sans cils; de petites oreilles arrondies ;
Je cou court j enfin, la queue fort longue, aplatie sur les
côtés , diminuant d'épaisseur jusqu'à sa pointe , et couverte
de poils très-rudes, longs de plus d'un pied, et disposés en
forme de panache. L'animal la laisse traîner en marchant
lorsqu'il est tranquille, et il balaye le chemin par où il passe;
mais quand il est irrité , il agite fréquemment et brusque-
ment sa queue , et la relève sans la plier. Il a deux ma-
melles sur la poitrine , et la verge du mâle a la forme d'une
toupie.
La nature des poils dont le tamanoir est revêtu , n'est pas
moins singulière que sa conformation. Ils ne sont pas ronds
dans toute leur étendue ; ils sont plats à l'exlrémité , durs et
$ecs au toucher comme du foin. Ces poils grossiers sont très-
courts sur la tête , et moins longs sur les parties antérieures
du corps que sur les postérieures ; ceux-ci se dirigent en ar-
rière, et les autres en avant ; ils forment une espèce de crête
sur la ligne du dos , depuis le cou jusqu'à la racine de la queue.
La couleur des poils est brune , depuis le museau jusqu'aux
oreilles , mêlée de brun foncé et de blanc sale sur le corps
et la queue. 11 y a plus de blanchâtre aux parties antérieures ,
et plus de noir aux parties postérieures. L'on remarque une
bande noire sur le poitrail , laquelle se prolonge sur les cô-
F 0 TT Ift3
tés du corps, et se termine sur le dos, près dos lombes , ou
commencent deux raies blanchâtres qui accompagnent ia
bande noire en-dessus et en dessous, ce qui est du à la lar
geur de l'anneau blanc des poils qui bordent la raie noire.
Les jambes de devant sont presque blanches , avec deux ta-
ches noires , l'une sur les doigts et l'autre sur le tarse ; les
jambes de derrière , presque noires, ont une grande tache
blanche vers le milieu , et sont principalement grises en ai
rière et en dedans. Les ongles sont noirs.
On est étonné que de petits insectes, tels que Xêafêumtis
et les termes , puissent suffire à la subsistance d'un animal aussi
grand que le tamanoir. Sa longueur ordinaire est de quatre a
cinq pieds , et il atteint quelquefois jusqu'à sept ou huit pieds ,
de la tête à la queue. C'est un des quadrupèdes les plus consi-
dérables de l'Amérique méridionale. Afin de faire sortir les
fourmis de leurs retraites , il gratte la terre avec ses ongles,
comme les poules et les lapins , et lorsqu'elles sortent en
foule , il leur présente sa langue , pour l'en charger de la ma-
nière que j'ai déjà rapportée. Ces mêmes ongles des pieds
antérieurs sont aussi la seule défense de ce tamanoir ; mais
ce sont des armes meurtrières, dont il fait usage avec beau-
coup de vigueur, de courage el d'opiniâtreté ; il saisit tout ce
qui vient à lui, l'embrasse el le serre avec force; aucun chien
n'oseroil le chasser, et on assure que le jaguar ne peut le
vaincre; il ne lâche jamais prise; il fait des blessures pro-
fondes, et il résiste plus qu'un autre au combat , parce qu'il
est couvert d'un grand poil touffu, d'un cuir fort épais, et
qu'il a la chair peu sensible et la vie très-dure. Tous les voya-
geurs on assuré que le tamanoir grimpe sur les arbres, ef
JJuffon a écrit ce fait d'après leur témoignage. M. d'Azara as-
sure positivement que c'est une erreur. S il m'est permis d'é-
noncer mon opinion , il me paroît prouve que de fausses in-
formations ont trompé M. d'Azara lui-même. Il n'est point de
chasseurs en Amérique qui ne regardent comme un fait cer-
tain la faculté que le tamanoir possède de monter sur les ar-
bres. Le Capitaine Stedman qui a parcouru l'intérieur de la
Guyane hollandaise, est d'accord à cet égard avec les voya-
geurs qui l'ont précédé, et si je n'ai pas vu les tamanoirs
grimper sur les arbres, j'ai reconnu l'empreinte de leurs grif-
fes sur la tige de plusieurs arbres à écorec lisse.
Le tamanoir vil solitaire ; sa démarche est lente ; il va la
tête baissée, et lorsqu'il court , un homme peut l'atteindre
sans peine ; il traverse les grandes rivières à la nage ; il sou-
tient long-temps la privation de toute nourriture ; il n'avale
pas toute la liqueur qu'il prend en buvant, une partie qui
retombe passe par les narines: il dort beaucoup , et pendant
Io4 FOU
son sommeil il esl couché sur le côté , la tête entre les jambes
de devant, les quatre pieds joints ensemble, et la queue cou-
vrant tout le corps. La femelle ne met bas qu'un petit, et
elle l'emporte souvent sur son dos. Cet animal est rarement
gras ; on le tue à coups de fusil , et même à coups de bâton ;
mais c'est un très-mauvais gibier , dont le besoin seul peut
s'accommoder. On se sert de sa graisse au Paraguay , pour
guérir les écorchures que les selles et les bâts font aux che-
vaux.
On trouve assez communément les tamanoirs dans plu-
sieurs parties du midi de l'Amérique ; je les ai rencontrés
dans les forets de noire Guyane , ainsi que dans les savanes ;
ils sont également répandus dans la colonie de Surinam , au
Pérou, au Brésil , etc., et ils deviennent rares depuis le
Paraguay jusqu'à la rivière de la Plata. Ils s'apprivoisent
assez aisément ; on en a transporté de vivans en Europe , en
leur donnant de la mie de pain , de très-petits morceaux de
viande et de la farine délayée dans de l'eau. Ce sont des hôtes
qui peuvent intéresser la curiosité , mais qui n'offrent ni
utilité ni agrément, (s.)
ma .
Seconde Espère. — Le TAMANDUA , Myrmeeophagatamandu
Cuv. ; Myrmerophaga tetradactyla et tridactyla , Linn. ; Blyrm.
trid.ictyla, Séba, Thés. , lom. i, pi. 32,fig. 2. L'épithète spéci-
fique tetradactyla ( à quatre doigts) attribuée à cet animal par
plusieurs naturalistes modernes , n'a rapport qu'aux pieds
antérieurs -, car ceux de derrière sont divisés en cinq doigts.
Au surplus , cette dénomination n'est nullement caractéris-
tique, puisque le tamanoir, autre espèce de fourmiller, a le
même nombre de doigts aux pieds , c'est-à-dire , quatre aux
pie 1s antérieurs et cinq aux postérieurs.
Tamandua , que Ton doit prononcer tamandoua , est le
nom que ce quadrupède porte au Brésil, suivant Marcgrave.
Pison ajoute un i ( iamandua-i) , et cette lettre finale qui est
un diminutif, indique que l'animal a de plus petites dimen-
sions que le vrai tamandua ou le tamanoir. Les naturels du
Paraguay le connoissent sous le nom de caaigouare ou ca-
guaré , qui signifie , dit M. de Azara , habitant des bois et des
lieux puans et infects. Les Espagnols de la même contrée don-
nent au tamandua la dénomination de petit ours fourmiller , par
comparaison avec le tamanoir qu'ils appellent simplement
ours fourmiller.
Il n'est pas inutile d'observer que les descriptions faites
par Séba, de plusieurs espèces de fourmiliers, sont remplies
d'erreurs et de confusion , et que des quatre espèces indiquées
par Gmelin (Linn. Syst. nat.), la deuxième (Mynnecophaga
FOU Io5
tridaclylu) , doit être retranchée comme n'ayant eu pour
type que des individus mutilés de l'espèce du tamandua.
D'un autre côté , on trouve dans l' Histoire naturelle des
quadrupèdes de Buffon , suppl. tom. 3, pi. 56, et dans Shaw
( niYrmecophaga slriaia ) , une figure du tamandua, qui est fau-
tive ; elle a été dessinée d'après un animal factice déposé
dans la collection du Muséum d'Histoire naturelle de Paris ,
et qui avoit été formé d'une peau de- coati y sur laquelle on
avoit collé diverses bandes d'autre peau, alternativement
jaunes et noires. De pareilles fraudes ne sont point rares , et
plus d'un naturaliste en a été la dupe. Ce n'est qu'après la
mort de Buffon que Ton s'est aperçu de la composition frau-
duleuse d'un quadrupède qui n'existe pas , et pour cela il a
fallu en dépecer le manequin.
Beaucoup moins grand que le tamanoir , le tamandua pro-
prement dit , celui de Buffon , auquel M. Geoffroy a donné
le nom de Fourmilier bai, n'a guère que trois pieds de long ;
son museau est fort allongé ,• pointu et légèrement courbé en
dessous ; il a la bouche et les yeux petits et noirs ; les oreilles
droites et arrondies; le cou assez épais; les jambes courtes;
la queue très-grosse à sa base , aussi longue que le corps ,
amincie, écailleuse et dénuée de poil vers son extrémité,
tant en dessus qu'en dessous , par laquelle il se suspend aux
branches des arbres sur lesquels il grimpe , et se balance le
corps.
Des poils durs , courts et luisans, surtout sur la tète et les
parties antérieures du corps , couvrent ce quadrupède; leur
couleur est jaunâtre ou roussâtre , et cette teinte , plus obs-
cure sur l'épaule, y forme une bande qui s'étend sur tout
le corps. Les yeux sont entourés de brun qui se prolonge
en une ligne , jusqu'à l'extrémité du museau. La tète en
dessus et en dessous, les pattes, les cuisses et la partie ve-
lue de la queue sont d'un jaune de paille mêlé de poils
bruns.
Le jaune de la tête et du cou se prolonge en pointe jus-
qu'au milieu du dos. Tout le reste du corps, notamcnl le ven-
tre et l'intérieur des cuisses est d'un brun qui est moins foncé
que les épaules par le mélange de poils jaunes avec les bruns.
Les poils très courts et très-rares sur la tête vont en aug-
mentant progressivement de longueur , jusqu'à la base de
la queue où ils ont jusqu'à deux pouces et demi de longueur.
M. d'Azara est le seul qui ait décrit la femelle et les jeunes
de cette espèce, et je ne puis mieux faire que de rapporter ce
qu'en dit cet excellent observateur.
« Les femelles ont moins de noir à l'œil, et quelques-unes
« n'en ont même point du tout , et la bande noire qui est
io6 FOU
« sur l'épaule est beaucoup plus étroite. Le noir du corps
" gagne les deux tiers de la queue , et occupe la cuisse et
«< l'entre-deux des jambes de derrière. Finalement, la por-
« tion intérieure des poils noirs est blanc-jaunâtre , et cette
« nuance, dans tout ce qu'elle occupe, est plutôt d'un blanc
« cannelle, unique couleur des nouveau-nés, qui sont exces-
« sivement laids, et portés sur les épaules par leur mère
« J'ai trouvé, en juillet, un cagouré (tamandua) mort dans un
« ebamp ; il avoit trente-sept pouces trois quarts, et tout son
« poil , sans exception , étoit blanc jaunâtre ; d'où je conclus
« que les cagourés ( lamanduas) ne sont point adultes , et ne
« prenneut pas la livrée des pères avant la seconde année. »
( Essai» sur l'Histoire naturelle des quadrupèdes de la province
du Paraguay. ). Les femelles ont deux mamelles pectora-
les. Deux jeirhes individus qui font partie de la collection
du Muséum d'Histoire naturelle de Paris, diffèrent de ceux
que nous venons de décrire , en ce que l'un , dont l'es cou-
leurs sont assez semblablement disposées, a cependant le
brun du dessus du corps plus foncé sur la croupe et plus
étendu vers le cou et tous les poils bruns terminés de jaune
surtout sur les épaules , et que l'autre est d'une teinte brune
plus uniforme et glacée de jaune , "moins cependant sur les
épaules que partout ailleurs.
De même que les autres espèces de fourmiliers , le taman-
dua manque absolument de dents , et il ne se nourrit que
d'insectes, principalement de fou/mis qui s'attacbent à sa
langue fort longue, placée dans une espèce de gouttière au~
dedans de la mâchoire inférieure, et extensible comme celle
des pics. M. d'Azara soupçonne qu'il mange aussi le miel et
les abeilles, qui, dit-il, ne piquent point au Paraguay, et
s'établissent sur les arbres ; il sent fortement le musc. Pour
dormir, le tamandua met son muse>au sous sa poitrine, et le
laisse tomber sur le ventre , cachant sa tête sous son cou ,
et plaçant ses pattes de devant le long de ses côtés , et sa
queue étendue sur son corps. Ce fourmilier a, du reste, les
mêmes habitudes que le tamanoir, et vit dans les mêmes con-
trées méridionales de l'Amérique ; mais il y est moins com-
mun. V. l'article du Tamanoir, (s.)
Outre le tamandua tel que nous venons de le décrire ,
l'Amérique méridionale offre encore plusieurs animaux qui
lui ressemblent presque totalement, par leurs formes et par
leur taille , unis qui en diffèrent cependant par la distribu-
tion des teintes du pelage. M. Cuvier (Règne animal) ne dé-
cide pas si ces différences tiennent aux espèces, et il se con-
tente de dire qu'il y a des tamnnduas gris-jaunâtres, avec
une bande oblique sur l'épaule, sensible seulement par le
FOI" 107
reflet; de fauves à bandes noires ; de fnuves à bande, croupe
et ventre noirs; entin, qu'il y en a d'entièrement noirâtres.
Cependant M. Geoffroy, d'ans la détermination des mam-
mifères de la collection du Muséum , avoit depuis long-
temps décidé la question pour deux de ces variétés. Il les
considéroil comme formant des espèces distinctes.
Son Fourmilier noir, Myrmeenphaga nigra, ne diffère de
son fourmilier bai ou lamandua de Buffon, que par sa couleur
qui est entièrement noire ; par ses ongles proportionnelle-
ment plus forts, et par ses poils plus courts; sa queue est
noire el presque nue, dans les deux tiers de sa longueur;
les poils qui recouvrent sa base sont jaunâtres ; son corps a
dix sept pouces de longueur, sa queue vingt, et sa tête dix.
Cet animal est très-bien figuré dans Y Atlas des Voyages de
dun Félix de Azara, dans V Amérique méridionale.
Son Fourmilier a deux bandes, Myrmerophaga hhùliata,
ressemble beaucoup plus que le précédent au fourmilier ta-
manàua proprement dit, ou fourmilier bai dont il a toutes
les formes de corps, et la même nature de poil. Sa tête
est couverte de poils très-courts, jaunes, brillans connue
des soies de porc, et l'on remarque deux bandes dont la
peau est nue et brune, et qui s étendent depuis les yeux
jusqu'auprès du museau. La couleur jaune du dessus de
la tète se prolonge en se rétrécissant jusqu'à la croupe où
elle finit, et s'étend également sur le devant du cou, les
quatre pattes , les épaules et la queue ; la croupe, les côtés
du corps et le ventre , sont d'un brun noirâtre et les poils de
ces parties sont jaunes à leur base. Celte même teinte
brune forme une ligne bien marquée sur les épaules. Les
oreilles de cet animal paroissent moins longues que celles
du tamandua proprement dit ; mais cela n'est peut-être dû,
qu'au raccornissement de la peau dans l'individu empaillé
qui a servi à cette description.
Un autre individu de la même collection , a tout le corps
assez uniformément jaunâtre , avec le ventre très-brun , ainsi
qu'une bande de la même couleur, peu étendue sur ebaque
épaule.
Ces fourmiliers ont été rapportés du Brésil, el faisoient
partie de la collection de Lisbonne.
Tmisième Espère. — Le FOURMILIER A QUEUE VARIÉE, Myr-
merophaga anmdata, Nob. Cette espèce, qui nenous est con-
nue que par une figure de l'atlas du Voyage autour du
monde , du capitaine russe Krusenslern, a le nez à peu près
conformé comme un groin de cochon ; le pelage brun uni-
forme , avec le bout du museau et l'extrémité des pattes plus
xo& F O IT
foncés ; les joues claires , avec une longue tache triangulaire
brune, qui comprend l'œil; la queue fauve , plus courte que
le corps, avec onze anneaux d'un brun-noir. Il est du Brésil.
Quatrième Espèce. — Le Fourmilier proprement dit, Buff.
tom. 10, pi. 3o , Myrmecophaga didaclyla, Linn. , pi. D. 28
de ce Dictionnaire.
Le fourmilier est beaucoup plus petit que le tamandua et
que le tamanoir (premières espèces du même genre), puisqu'il
n'a que six ou sept pouces de longueur depuis le bout du mu-
seau jusqu'à l'origine de la queue ; il a la tête longue de
deux pouces ; le museau proportionnellement moins allongé
que celui du tamanoir ou du tamandua et même de beaucoup;
sa queue, longue de sept pouces, est très-forte à sa base; et
son extrémité est dégarnie de poils en dessous ; sa langue est
étroite , un peu aplatie et assez longue ; son cou est presque
nul; sa tête est assez grosse à proportion du corps; ses yeux
sont placés bas et peu éloignés des coins de la gueule; ses
oreilles sont petites et cachées dans le poil; ses jambes n'ont
que trois pouces de hauteur ; ses pieds ne sont pas faits pour
marcher, mais pour grimper et pour saisir; ceux de devant
«'ont que deux ongles , dont l'externe est bien plus gros et
bien plus long que l'interne; les pieds de derrière en ont qua-
tre à peu près égaux. Le poil du corps est fin et long d'environ
neuf lignes; il est très-doux au loucher, et dune couleur bril-
lante , d'un blanc teinté de roux clair mêlé de jaune vif. La plu-
part des individus ont le dos marqué d'une ligne rousse assez
foncée, tout le long du dos; mais d'autres en sont dépour-
vus. Un individu de cette dernière variété, dont les ongles •
sont moins longs comparativement , a été regardé par
M. Geoffroy comme devant former une espèce distincte à
laquelle il a appliqué la dénomination de fourmilier unicoior.
Daubenlon a observé dans cette espèce deux petits cœcums
qui n'existent pas dans les autres.
Ce petit animal se trouve à la Guyane , où il a reçu, des
naturels, le nom de ouaLiriouaou. Il se nourrit de fourmis,
qu'il prend à l'aide de sa langue , qu'il insinue dans les four-
milières et sous les écorces des arbres, et qu'il retire promp-
tement. Il marche lentement, s'attache, comme l'aï, sur un
bâton qu'on lui présente ; il se suspend aux branches des
arbres, à l'aide de sa queue prenante et de ses ongles cro-
chus ; il n'a aucun cri; il ne fait qu'un petit dans des creux
d'arbres, sur des feuilles, (desm.)
FOURMILIER (petit). C'est le fourmilier proprement
dit de.l'article précédent, (desm.)
FOURMILIER auxlosgues oreilles de Brisson. C'est
FOU IOD
le fourmilier tridactyle de Séba, qui ne diffère pas du fourmi-
lier tamamlua. (desm.)
FQURMILLIëA ÉPINEUX, V. Echidné. (desm)
FOURMILIER RAYÉ ( Myrmer.ophaga striata de Shaw).
C'est une espèce factice , rapportée au fourmilier tamaïuhia
par Buffon , mais qui n'est autre qu'un Coati défiguré par
l'empaillage, (desm.)
FOURMILIER, Myrmothera, Vieill. ; Twdus, Lath.
Genre de l'ordre des oiseaux Sylvaiks , et de la famille des
chanteurs. ( V. ces mots.) Caractères : bec plus haut que large
à la base , droit, un peu fort, convexe en dessus, mandi-
bule supérieure échancrée et crochue vers le bout; l'in-
férieure entaillée et retroussée à la pointe ; narines étroi-
tes, couvertes d'une membrane ; langue courte , terminée
par de petites soies; jambes hautes ; quatre doigts, trois de-
vant, un derrière, l'intermédiaire joint à l'externe presque
jusqu'au milieu , et à l'interne à la base ; le postérieur
plus long que le doigt interne ; l'ongle du pouce plus long
et plus crochu que les antérieurs; ailes courtes; la première
rémige la plus courte de toutes; les quatrième et cinquième
les plus longues ; queue très-courte.
Les fourmiliers tiennent de si près aux balaras, que M. de
Azara a cru en reconnoître plusieurs dans ceux-ci : cepen-
dant ils en diffèrent par des pieds proportionnellement plus
longs et une queue très-courte et égale ; les bataras ont des
rapports avec les pie-grièches ; mais on les reconnoilra tou-
jours à leur bec très-comprimé sur les côtés, droit, tendu ,
et seulement crochu à la pointe. Tous ceux que j'ai décrits
ont les ailes courtes, arrondies, et les pennes caudales ré-
gulièrement étagées; au lieu que chez les vraies pies-grièchesy
le bec est moins comprime latéralement et sensiblement
incliné du milieu à la pointe ; les ailes sont moyennes et
pointues , et la queue est irrégulièrement élagée. Comme
le plumage des fourmiliers est très-variable dans la plupart des
espèces, et souvent dans la même , je ne puis assurer si parmi
celles qui seront décrites ci-après , il ne s'en trouve pas en
double emploi, attendu que je n'ai pour guide que leurs dé-
pouilles. Sonnini est le premier qui ait fait connoître ces oi-
seaux. Il les a observés dans l'intérieur des terres de la
Guyane, dans les hautes et sombres forêts qui couvrent le
sol de cette partie de l'Amérique méridionale. Ils y vivent ,
généralement parlant , en petites troupes , et s'y nourrissent
principalement de fourmis, qui sont eu quantité prodigieuse
dans ces terres chaudes et humides. Là, où l'homme n'a pas
encore" porté sa destructive imprévoyance , l'on remarque le
soin admirable avec lequel la nature a disposé toutes ses œu-
FOU
vres, Tharmonie dans leur distribution , l'équilibre qui les
maintient dans un ordre parfait , empreinte incontestable
d'une intelligence suprême et ordonnatrice. Nulle part sur le
globe il n'existe un plus grand nombre de fourmis que dans
le midi de l'Amérique ; nulle part aussi , plus d'espèces d'a-
nimaux ne sont destinées à se nourrir de ces insectes. Ils sont,
pour quelques-unes de ces espèces, non-seulement une pâ-
ture de prédilection, mais encore un aliment nécessaire et
exclusif. Les quadrupèdes auxquels on a donné , par cette
raison, le nom de fourmiliers , n'en ont pas d'autre, et il en
est de même des oiseaux dont il est quesiion dans cet article.
Une pareille nourriture n'exige pas un fréquent exercice
du vol. il suffit, pour la trouver, de voltiger d'une fourmi-
lière à une autre. Aussi les oiseaux fourmiliers se tiennent
presque toujours à terre ; ils y courent avec légèreté, et s'ils
la quittent , ce n'est que pour sauter sur quelques branches
des buissons ou des arbres peu élevés , sur lesquelles ils
passent la nuit. Ils y attachent aussi leur nid, tissu d'herbes
sèches assez grossièrement entrelacées et de forme hémisphé-
rique ; la ponte est ordinairement de trois ou quatre œufs , à
peu près ronds. La structure des parties qui servent au mé-
canisme du vol dans les oiseaux, répond dans ceux-ci à leur
genre de vie ; ils ont les ailes et la queue très-courtes , et ,
par conséquent , fort peu propres à les élever dans les airs ;
mais, en même temps , leurs pieds sont longs et disposés
pour la course ; il ne leur en falloit pas davantage.
Ces oiseaux sont vifs et agiles ; on les voit presque toujours
en mouvement , mais toujours fort loin des lieux habités, où
ils ne rencontreroient pas l'abondance des insectes dont ils
composent leur subsistance. Leur naturel est social ; ils se
réunissent non-seulement en petites troupes de la même es-
pèce , mais encore d'espèces différentes ; et leur plumage ,
généralement sans éclat, paroîl se ressentir de ce mélange ,
car , à l'exception des grandes espèces, qui sont mieux ca-
ractérisées , il est rare de rencontrer , parmi les petites ,
deux individus qui se ressemblent parfaitement. Leur chair
contracte une forte odeur de fourmi , qui la rend désagréable.
On les connoît dans notre colonie de la Guyane sous la dé-
nomination générale de petites perdrix ; et les naturels du pays
les appellent palikours. (s. etv.)
Le Fourmilier proprement dit. V. Fourmilier pali-
kour.
Le Fourmilier arada. V. le genre Troglodyte.
Le Fourmilier ardoisé , Myrmothera cœmlescens, \ieill.,
a quatre pouces et demi de longueur totale; les pieds gris;
le plumage généralement d'un gris ardoisé, à l'exception des
F O U
ailes et de la queue, qui sont noires et tachetées de blanc.
On le trouve dans la Guyane, (v.)
Le Fourmilier bambla, Myrmothcra bambla, Vieill. ; Tur-
dm hambla , Lalh. , fig. pi. enlum. de Buffon, n.° 703. La
dénomination bambla , que JBuffon a donnée à ce fourmi-
ller, désigne, par uue double syncope , l'attribut le plus sail-
lant de son plumage; une bande blanche qui traverse chaque
aile ; des teintes sombres occupent le reste ; le dessus du
corps, les petites couvertures des ailes , de même que les
pennes , sont noirs ; un gris blanchâtre s'étend sous le
corps et la queue ; le bec est noirâtre ; les pieds sont de cou-
leur plombée , et les ongles noirs. La grosseur de cet oi-
seau est inférieure à celle d'un moineau, et son bec est plus
long, à proportion , que celui des autres fourmiliers; il se
trouve comme eux dans l'intérieur des terres de la Guya-
ne , mais il y est rare, (s.)
Le Fourmilier , dit le Grand Béfroi , Myrmothera tin-
nica , Vieill. ; Turdus iinnicus, Lath. , pi. enl. de Bufibn ,
?o6, fig. 1. Dans les mêmes déserts montueux et boisés de
a Guyane , où Varada inquiète le voyageur par ses coups de
sifflet , semblables à ceux d'un homme qui appelleroit ses
compagnons do brigandage, un autre oiseau donne l'alarme,
et semble l'avertir de se tenir sans cesse sur ses gardes , au
milieu des dangers qui l'environnent. Plus commun que
Varada , cet oiseau fait retentir plus souvent les forêts et les
montagnes de sons graves, mais éclatans et précipités , qui
paroissent être ceux d'une cloche sur laquelle on frappe rapi-
dement. J'ai été long-temps avant de connoître quel animal
produisoit un bruit aussi singulier, que je ne manquois pas
d'entendre matin et soir autour de moi ; je ne me doutois
guère que ce tocsin vivant fut un assez petit oiseau que je ren-
controis souvent dans ces immenses solitudes , et qui m'y
fournissoit un des mets ordinaires de ma table , plus sauvage
encore que frugale. J'ai fait connoitre le premier cette espèce
à Buffon, qui lui a conservé le nom de béfroi, que je lui
«vois donné ; et c'est d'après mes notes qu'il en a composé
l'histoire naturelle , ou pour parler plus exactement , j'ai
écrit moi-même cette histoire , ainsi que celle de plusieurs
autres oiseaux de l'Amérique méridionale , sous les yeux du
grand Naturaliste qui voulut bien m'associer pendant quel-
que temps à ses travaux immortels, (s.)
La longueur moyenne du grand béfroi n'est que de six
pouces et demi; son bec long d'onze lignes, a ses deux pièces
d'égale longueur ; et quoique , dans certains individus, la
mandibule supérieure soit un peu échancrée et crochue, elle
ne dépasse pas l'inférieure : celle-ci est blanchâtre , et l'autre
H2 FOU
est noire. Le dessus du corps est d'un brun très-pâle , et le
dessous blanc ; les plumes qui couvrent la poitrine ont une1
bordure d'un gris blanchâtre : les pieds ont une teinte plom-
bée. Le jeune a la gorge d'un blanc pur -,. la poitrine mouchetée
de noir sur un fond blanc ; les flancs roux; le devant du cou,
le ventre et les parties postérieures bruns, avec des lignes
rousses, étroites et longitudinales ; les côtés de la tête rayés.
en longueur de noirâtre et de gris ; les ailes tachetées de
roux, (s.)
Le Fourmilier dit le Petit Béfroi , Myrmoihera lineata ,
Vieill.; Turdus lineatus , Lath. , fig. pi. enlum. de Buffon ,
n.° 820. La conformation de cet oiseau est la même que celle
du grand béfroi , et ses couleurs ne présentent que de légères
différences. Une teinte olivâtre est répandue sur le corps , et
du gris tacheté de brun roussâtre couvre le devant du cou et
la poitrine ; la gorge est blanche , et le ventre roussâtre. Cet
osieau n'a que cinq pouces et demi de long. Je n'ai pu m'as-
surer si cette petite espèce , qui se trouve , comme l'autre,
dans l'intérieur des terres de la Guyane , produit les mêmes
sons, (s.)
Le Fourmillier A CALOTTE bruine , Myrmoihera fusci-
ca pilla , Vieill., a le dessus de la tête brun ; les joues et les
côtés du cou roux ; le manteau , les ailes et la queue d'un
bleu d'ardoise foncé ; la gorge noire ; les parties inférieures
d'un noir bleuâtre , mélangé de blanc sur le ventre , dont le
bas est totalement de cette couleur; le bec et les pieds bruns.
Taille du fourmilier tetema ; peut-être en est-ce une variété
d'âge, (v.)
Le Fourmilier carillonneur , Myrmothera campanella ,
Vieill., Turdus campanella , Lath. ; Turdus tintinnabula, Linn. ,
pi. enl. de Buffon, n.° 700 , f. 2. La longueur totale du caril"
lonneur est'de quatre pouces etdemi ; il est d'un blanc tacheté
de noir sur la tête , la gorge, le cou et la poitrine , gris-
brun sur le dos , brun-roux sur le ventre et les couvertures
de la queue , brun sur les ailes et la queue , enfin , noirâtre
sur le bec et les pieds ; un trait noir est sur chaque côté de
la tête et passe au-dessus de l'oeil; et un liseré roussâtre rè-
gne sur le bord extérieur de toutes les pennes. Je donne pour
unjeunede cette espèce, unindividuque j'ai sous les yeux, le-
quel est d'un gris cendré sur la tête, le cou, le corps, les ailes
et la queue d'un blanc sale sur les joues; roux sur la gorge ,
le devant du cou et la poitrine, et d'un blanc un peu roussâtre
sur les parties postérieures. Les hautes et antiques futaies
qui croissent sous l'équateur , retentissent de sons qui frap-
pent d'étonnement quiconque s'égare dans ces sombres dé-
serts ; la voix de plusieurs espèces de fourmiliers forme les
FOU tià
plus remarquables de ces bruits éclatans. L'un siffle comme
l'homme, et module la gamme et des airs harmonieux comme
le musicien ; l'autre sonne le tocsin ; et les carillonneurs,
réunis en petites troupes et sautillant sur les branches des
arbrisseaux, forment entre eux le carillon de trois cloches de
ton différent ; leur voix est très-forte , si on la compare à leur
petite taille, et ils continuent leur singulier carillon pendant
des heures entières sans interruption, (s.)
Le Fourmilier de Cayenne. V. Fourmilier pali-
kour.
Le Fourmilier colma , Myrmothera coïma , Vieill. ;
Turdus colma, Lath. Cette espèce rare , paroît très-voisine
du palikour, ou fourmilier proprement dit, et n'en est peut-
être qu'une variété. On la trouve dans les grandes forêts de
la Guyane. Buffon a composé le nom coima par contrac-
tion de collum marulatum , cou lâcheté, parce que cet oiseau
a la gorge blanche, piquetée de gris-brun; il y a aussi une,
tache blanche entre le bec et l'œil, et une espèce de demi—
collier roux sur la nuque ; le reste du plumage est d'un brun
mêlé de gris sous le cou et la poitrine , et de cendré sur le
ventre. La longueur totale du colma est de six pouces, (s.)
Le Fourmilier a flancs blancs, Myrmothera axillarisy
Vieill. Grosseur du troglodyte ; bec noirâtre ; pieds couleur
de chair; plumage généralement d'un gris bleuâtre en des-
sus , noir sur le devant du cou , la poitrine , les grandes
pennes des ailes et les latérales de la queue; celles-ci terminées
par une petite tache blanche , ainsi que les moyennes cou-
vertures qui recouvrent les ailes en dessus et l'aile bâtarde ;
les plumes des flancs sont d'un beau blanc , longues , effilées
•et très-touffues. Longueur totale , trois pouces et demi* On
le trouve dans la Guyane.
Le Fourmilier grivelé de Cayenne. Les pi. enl. de
Buffon représentent , sous cette dénomination , le Four-
milier PETIT BÉFROI.
Le Fourmilier huppé. V. Batara huppé.
Le Fourmilier longipède, Myrmothera longîpes , Vieill.,
est de la taille de Y alouette, mais plus effilé. 11 a les pieds
très-longs et la queue fort courte^ le bec et les tarses sont
noirs; le front, les sourcils, la gorge, le ventre et les parties
postérieures blancs ; la poitrine et la queue noires ; le dessus
du corps , des ailes, de la tête et du cou, d'un gris roussâtre.
Il habite dans la Guyane.
Le Fourmilier a oreilles blanches. V. Conopo-
phage.
Le Fourmilier noir et blanc , Myrmothera melanoleucos,
Vieill. , se trouve à la Guyane. Il a trois pouces et demi de
xn. S
1,4 FOU
longueur ; le bec assez long, noir en dessus, blanc en dessous;
les plumes des parties supérieures et de la queue , noires et
frangées de blanc; une bande étroite de cette couleur sur l'aile;
les parties inférieures blanches , avec des taches longitudi-
nales sur chaque plume; les pieds noirâtres.
Le Fourmilier palikour , Myrmothera formicivora ,
Vieill.; Turdus formicworus , Lath. , pi. enl. de YHisl. nat.
de fiuffon, n.° 700, fig. 1 et pi. D 36 de ce Dictionnaire. C'est
le fourni Hier proprement dit de l'Histoire naturelle de Buffon.
Sa longueur est d'environ six pouces , une plaque noire en
forme de cravate garnit la gorge , le devant du cou, le haut
de la poitrine , et s'attache derrière le cou par une sorte de
ruban noir et blanc; le dessus du corps est d'un brun-roux ,
et le dessous blanchâtre ; la queue est rousse, et il y a des
taches jaunes sur les ailes ; les yeux ont l'iris rougeâtre , et
ils sont entourés d'une peau de couleur bleue céleste ; le
jeune a la gorge rousse.
Les habitudes naturelles du palikour sont les mêmes que
celles des autres fourmilers. J'ai néanmoins remarqué que
celui-ci se cramponne aux arbrisseaux , et s'y soutient en
étendant les plumes de sa queue ; qu'il fait entendre un fre-
donnement , coupé par un petit cri bref et un peu aigu ; qu'il
prend plus de soin pour faire son nid que les oiseaux de sa tribu;
qu'enfin ses œufs sont bruns. J'ai trouvé cette espèce dans
les forêts solitaires et humides de la Guyane française, (s.)
Le Fourmilier rayé , Myrmothera vitiata , Vieill. , a
quatre pouces de longueur totale ; la tête est rayée en lon-
gueur de noir et de blanc ; le dessus du corps , les ailes et la
queue sontbruns ; les petites couvertures des ailes mouchetées
de blanc; le dessous du corps est de cette couleur , avec des
raies noirâtres sur les côtés de la gorge , du cou et de la poi-
trine; les flancs sont roux; le bec est brun, et les pieds sont
gris. On le trouve à la Guyane.
Les Fourmiliers rossignols. V. Bataras , Alapi et
Coroya.
Le Fourmilier roux , Myrmothera rufa , Vieill. Longueur
totale , cinq pouces et demi ; bec brun en dessus , couleur
de corne en dessous ; plymagc généralement roux ; d'une
nuance foncée en dessus , sur les ailes , la queue et sur les
flancs; claire sur les parties inférieures; plumes du capistrum
presque noires. On le rencontre à Cayenne.
Le Fourmilier a sourcils elatscs, Myrmothera leueo-
phiys , Vieill., se trouve à la Guyane. Il est un peu plus petit
que le bambla ; il a la gorge, les côtés du cou , le milieu du
ventre, les ailes et la queue noirs ^ celle-ci terminée de
blanc ; les petites couvertures des ailes pareilles à la queue ;
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les côtés du venlre et les sourcils blancs ; le reste des parties
supérieures d'un gris terne.
Le Fourmilier tacheté. V. Conofophage tacheté.
Le Fourmilier a tête noire , Myrmothcra atricapilla ,
Yieill. , a la taille du iélèma ; le bec, la tète , la gorge et les
petites couvertures de l'aile, noirs; celles-ci terminées par un
petit croissant blanc ; tout le reste du plumage d'un gns
bleuâtre. On le trouve à Cayenne.
Le Fourmilier tétéma , Turdus colura , Var. , Lath. :
planche enlum. de ttuff. , n.° 821. Cet oiseau de Cayenne
paroit avoir beaucoup de rapport avec le colma, non-seu-
lement par sa grandeur qui est la même et sa forme qui est
assez semblable, mais encore par la disposition des couleurs
qui est à peu près la même sur presque tout le dessus du
corps. Le tèléina diffère du colma en ce qu'il a la
orae
la poitrine et le venlre d'un brun noirâtre , au lieu que dans
le ro/ma, le commencement du cou et la gorge sont blancs
et variés de petites taches brunes. Il a aussi la poitrine et le
ventre d'un gris cendré ; ce qui pourroit faire présumer que
ces différences ne viennent que du sexe. Buffon ajoute qu'il
seroit porté à regarder le tétéma comme le mâle, et le colma
comme la femelle. Il faut avouer que le plumage varie tel-
lement chez la plupart des fourmiliers , qu'on éprouve les
plus grandes difficultés à déterminer les espèces ; la taille
même varie aussi chez les individus couverts du même plu-
mage; en effet, j'ai vu un bambla qui n'étoit pas plus grand
que notre troglodyte, (v.)
FOURMILIÈRE. Habitation des FouRMts. (desm.)
FOURMI-LIONS, Myrmeleonicles. Tribu d'insectes de
l'ordre des névroptères , famille des planipennes , et qui a
pour caractères : antennes renflées à leur extrémité , d'un
grand nombre d'articles ; mandibules cornées ; six palpes ■
tarses à cinq articles.
Les fourmi-lions ont la tête courte , de la largeur du corselet
au plus , avec les yeux gros et sans petits yeux lisses ; le cor-
selet rond ou ovalaire , avec le premier segment court ; les
ailes grandes, en toit dans le repos; l'abdomen ovalaire ou
allongé et cylindrique , muni de forts crochets ou d'appen-
dices au bout dans les mâles ; les pâlies courtes , avec deux
forts crochets au bout des tarses.
Ses genres sont ceux de Myrméléon ,*d'AscALAPHE et de
Nymphes. Nous donnerons au premier de ces trois articles le
détail intéressant des mœurs de ces insectes qui nous sont
connues, (l.)
FOURMILLON. Un des noms vulgaires du Crimpe-
U u . (v.)
n6 FOU
FOURNEIRON ou FOURNEIROU DE CHEMI-
NÉE. C'est, en Provence, le Rouge-queue ou Rossignol
DE MURAILLE. (V.)
FOURNIE. C'est le nom d'un poisson du genre Lutjan
(Lutjanus cinereus , Risso ) à Nice, (desm.)
FOURNIER, Fumarius , Vieiil.; Merops, Lath. Bec aussi
épais que large , comprimé latéralement , entier , robuste ,
fléchi en arc, pointu; narines longitudinales, couvertes
d'une membrane; langue médiocre, étroite, usée à la pointe;
ailes foibles, à penne bâtarde courte; les deuxième, troisième
et quatrième rémiges les plus longues de toutes ; quatre
doigls , trois devant, un derrière.
Le Fournier proprement dit, Furnarius rufus , Vieiil.;
Merops rufus, Lath., porte, à la rivière de la Plata, le nom
de hornero (fournier ), et au Tucuman celui de casero (mé-
nagère); ces deux noms font allusion à la forme extérieure
du nid qui ressemble à celle d'un four; on l'appelle au Para-
guay alonzo garua. Il bâtit son nid dans un endroit apparent,
sur une grosse branche dégarnie de feuilles , sur les fenêtres
des maisons, sur les croix , les palissades , ou sur les po-
teaux de plusieurs pieds de haut. Ce nid hémisphérique a la
forme d'un four à cuire du pain ; il est construit en terre , et
quelquefois deux jours suffisent à sa construction. Le mâle et
la femelle y travaillent de concert , et ils apportent chacun
une boulette d'argile , grosse comme une petite noix; qu'ils
arrangent et vont chercher alternativement. En dehors, ce
nid a six pouces et demi de diamètre et un pouce d'épais-
seur. L'ouverture , pratiquée sur le côté , est du double plus
haute que large : l'intérieur est partagé en deux parties, par
une cloison qui commence au bord de l'entrée et va se ter-
miner circulairemenl à la partie intérieure, en laissant une
ouverture pour pénétrer dans une espèce de chambre , où
sont déposés, sur une couche d'herbes , quatre œufs un peu
pointus à un bout , piquetés de roux sur un fond blanc et
dont les diamètres ont dix et neuf lignes. Quelquefois d'au-
tres oiseaux se servent de vieux nids de fourniers , pour y
faire leur nichée ; mais ceux-ci en chassent les usurpateurs,
quand ils en ont besoin , parce qu'ils ne se donnent pas la
peine de faire chaque année de nouveaux nids , et les pluies
ne les détruisent qu'au bout d'un certain temps.
Ce fournier et l'espèce suivante ne sont ni voyageurs, ni
inquiets, ni farouches; ils s'approchent des habitations cham-
pêtres et des bourgs ; ils contruisent leur nid de préférence
près des maisons, quelquefois même dans leur intérieur. Tous
deux se tiennent dans lesbuissons, et semontrent dansles lieux
découverts ; ils ne pénètrent point dansles grands bois, et on
F 0 ÏT „7
ne les rencontre point sur les endroits élevés. On les trouve
toujours par paires , et ils ne vont jamais en familles ni en
troupes; leur vol ne se prolonge pas beaucoup , parce que
leurs ailes, un peu courtes, ne sont point très-fortes.
M. dcAzara, à qui nous sommes redevables de la con-
noissance des habitudes intéressantes et de 1 histoire de cet
oiseau, qui n'étoit connu que par la description de ses for-
mes et de s*es couleurs, ajoute de nouveaux faits sur la ma-
nière dont unfournier adulte s'est conduit en domesticité. 11
étoil libre, et quoique , faute de nourriture , il mangeât du
maïs piié , il préférait toujours la viande crue : si le morceau
étoit trop gros pour être avalé, il le pressoit contre terre avec
son pied, et le tiroit avec son bec. Lorsqu'il vouloit marcher,
il s'appuyoit vivement sur un pied, et levoit l'autre en même
temps avec la même promptitude ; et après l'avoir tenu un
peu en l'air, il le posoit en avant et loin , pour lever l'an-
tre. Après avoir répété plusieurs fois ce manège , il se met-
toit à courir avec rapidité , et s'arrêtoil ensuite tout a coup,
et il reprenoil sa marche lente et grave. 11 s'avançoit ainsi
alternativement à pas majestueux et précipités , d'un air libre
et dégagé, la tête haute et le cou élevé. Quand cet oiseau
chante, il avance le corps , allonge le cou et bat des ailes.
Son ramage , qui est commun aux deux sexes , et qui se fait
entendre pendant toute l'année, est d'un ton élevé, et con-
siste dens la répélion fréquente de la syllabe chi , d'abord
par intervalles , ensuite prononcée assez vivement pour
ne pins former qu'un fredon ou une cadence qui s'entend à
un demi-mille.
Ce fourm'er a sept pouces deux lignes de longueur totale ;
le bec long de neuf lignes, brun en dessus et à la pointe,
blanchâtre dans le reste ; les côtés et le dessus de la tête,
la partie supérieure du cou, du corps et les ailes d'un roux-
brun , plus foncé sur la tête ; les sourcils d'une teinte
plus claire , et qui tire au châtain sur la partie extérieure de
1 aile ; une bande de roux foible traverse L'aile au-dessous
des couvertures; la queue est de couleur de tabac d'Espagne;
la gorge , le devant du cou, la poitrine et le ventre sont d'un
beau blanc; les côtés du corps d'un roux-brun ; les tarses noi-
râtres; la queue est composée de douze pennes fortes, étagées
et coupées carrément.Le jeune ressemble aux adultes. L'indi-
vidu rapporté de Buenos-Ayres, parCommerson,et figuré sur
lapl.enl.de Buff., n.° j3y, diffère du précédent en ce qu'il a le
bec plus long de trois ou quatre lignes, et les parties inférieu-
res d'un roux tirant au jaune pâle.
LeFfJURNIER ANNUMBS, Furnan'us annumbi, Vicill. , aies
mêmes habitudes que le précédent; mais il donne à son nid
11
8 FOU
une autre forme , et le place dans les endroits les moins
cachés ; c'est d'un arbre isolé et dépouillé de ses feuilles qu'il
fait choix pour l'y établir. On voit souvent sur le même ar-
bre deux et jusqu'à six de ces nids, quelquefois appuyés l'un
contre l'autre : on en trouve aussi sur les poteaux des clô-
tures , sur les treillages et les berceaux des maisons de cam-
Ï»agne et sur les bois qui entourent les cours, près de la porte
a moins fréquentée.
Le mâle et la femelle de cette espèce ne se quittent ja-
mais , et lorsque l'un couve , l'autre se tient à portée. Si
l'un des deux enlève une paille pour la construction du nid,
ou donne à manger aux petits, l'autre l'accompagne, quoi-
que n'ayant rien à porter. Leur nid ne semble pas être leur
ouvrage , tant il est grand. 11 a deux pieds de hauteur et un
pied et demi de diamètre. Il est construit de rameaux épi-
neux et d'une grosseur qui paroît au-dessus des forces de pa-
reils ouvriers; une couverture assez grande est au haut de ce
nid, et au fond, sur une couche de feuilles et de bourre, sont,
quatre œufs blancs, un peu plus pointus à un bout qu'à l'au-
tre , et dont les diamètres sont de onze et huit lignes.
Cet annumbi a sept pouces et demi de longueur totale ;
la queue' composée de dix pennes pointues et étagées ; le
front d'une couleur rouge qui s'affoiblit en s'avançant sur la
tête au point de ne plus être qu'un brun clair à la nuque ;
chaque plume, à l'exception de celles du front, noirâtre sur
le milieu ; le dessus du cou et du corps, les deux pennes
intermédiaires de la queue , les couvertures supérieures , les
premières et dernières pennes de l'aile, d'un brun clair, avec
des taches noirâtres sur le haut du dos; les grandes couvertures
un peulavées de rouge, lesautres pennes d'un rouge plus foible
que celui du front ; toutes les pennes latérales de la queue
noirâtres, bordées de brun et terminées par une tache blan-
châtre , les côtés de la tête presque blancs ; un trait brun der-
rière l'œil ; la gorge blanche et entourée par une ligne noire
et blanche qni aboutit aux coins de la bouche ; les parties
postérieures mélangées de brun et de blanchâtre; le dessous
des ailes argenté et légèrement nuancé de rouge ; l'iris
roussâtre ; le bec d'un brun rougeàtre, et les tarses olivâ-
tres. La femelle ressemble au mâle. Nous devons tous ces
détails à M. de Azara.
Le Fourmer ROUGE, Furnarius rub er , Vieil!. Guira annumbi
est le nom de cet oiseau, que M. de Azara a placé à la suite
de ses batanis , mais en indiquant les attributs par lesquels
il en diffère, attributs qui en font xm fourni er. En effet, il a
la tête ,' le bec et la langue conformés de même , et se rap-
proche desitf/araspar son genre de vie; car il habite les mêmes
FOU IKJ
endroits , et se tient comme eux dans les halliers épais : par
son habitude d'être seul ou par paires, et de ne point se mon-
trer dans les campagnes ; enfin , par son cri, quoique plus
aigu. Il place son nid sur quelques petites branches épineuses,
flexibles et de la grosseur du doigt. Le poids des matières
qui y sont employées le fait abaisser et le rend vertical vers
sa pointe. C'est un amas de petits rameaux épineux , éten-
dus sur la branche qui sert de support ; ils sont assez grands
et assez gros pour que leur emploi paroisse au- dessus des
forces d'un aussi foible oiseau. Le totft est toujours balancé
par les vents, et on aperçoit ce nid de fort loin, non-seulement
parce qu'il est exlraordinairement grand , mais aussi parce
quecet annumbi l'établit, de préférence, sur lesarbresdesche-
mitis et des sentiers. 11 a , dans son contour, des entrées
ou des trous , et dans chacun quelques débris de végétaux
qui , en apparence , servent de lit pour les œufs et les pe-
tits ; mais ceux-ci se tiennent dans l'endroit le plus caché:
aussi faut- il chercher quelque temps pour les trouver à tra-
vers des rameaux entrelacés. Quelques personnes croient
que ces oiseaux pratiquent à leur nid plusieurs ouvertures
et des apparences de nid, pour tromperies curieux et mettre
a l'abri leur progéniture; mais M. de Azara ne doute pas que
ces oiseaux ne font un nid si volumineux que pour que leurs
petits s'v promènent ; en effet, dès qu'ils ont , dit-il, leurs
premières plumes , ils ne cessent de sautiller en avant ,
en arrière et de côté ; or , cet exercice exige un nid spa-
cieux, avec différentes ouvertures simulées dans lesquelles
les petits puissent se cacher, lorsque leurs père et mère les
avertissent du danger. La ponte est de quatre œufs blancs.
Ces oiseaux travaillent en commun à la construction du nid,
et quand l'un des deux couve , l'autre reste à l'entrée. Les
petits leur ressemblent.
Ce fournier annumbi a la tête et le haut du cou recouverts de
plumes rudes , dont les tiges dépassent les barbes; les douze
pennes qui composent la queue , coupées carrément à leur
extrémité et étagées; huit pouces de longueur totale ; le des-
sus de la tète , les ailes et la queue d'une belle couleur de
carmin; les pennes alaires noirâtres vers la pointe; les
côtés de la tête et du cou , le dessus du cou , le man-
teau et les couvertures inférieures de la queue d'un brun-
roux; les parties inférieures blanchâtres ; les tarses d'un
bleu argenté; l'iris d'un beau jaune; le bec noirâtre en dessus
et blanchâtre en dessous ; la femelle ressemble au mâle. On
trouve ces oiseaux au Paraguay, (v.)
FOURRAGE, Pabulum. C'est le nom qu'on donne à
toute espèce d'herbes , de feuilles , de fruits ou de racines
i2o F O V
dont on nourrit les chevaux , bœufs , moutons , etc. , soit en
été , soit pendant l'hiver ; on doit comprendre aussi sous
cette dénomination les jeunes tiges des arbres ou arbustes ,
qui , coupées et réunies en paquets , sont mangées avec
plaisir et profit par ces animaux.
On distingue en général deux sortes de fourrages , les four-
rages verts et les fourrages secs. Les premiers sont consommés
dans le cours de la belle saison , et les seconds en tout temps,
mais principalement. en hiver. Ceux-ci sont presque toujours
donnés à F animal dans l'écurie ou à l'étable ; les fourrages
péris , quoique mis quelquefois en râtelier , sont plus commu-
nément livrés au bétail dans les champs, les parcs, ou dans
les cours de la ferme. Leur usage demande des soins et quel-
ques précautions. V. les mots Foin , Paille , Prairie et
Pacage, (d.)
FOURRAGE DE DISETTE On donne ce nom h
la Spargoute. (b.)
FOURREAU. C'est, en Sologne, le nom de la Mé-
sange A LONGUE QUEUE. (V.)
FOURREAU DE PISTOLET. On donne quelquefois
ce nom aux coquilles du genre Pinne ou Jamboneau. (desm.)
FOURRE-BUISSON. C'est le nom du Troglodyte ,
en Bourgogne, (v.)
FOURRURES. Peaux d'animaux préparées et garnies
de leurs poils. Elles sont la base d'un commerce considé-
rable , principalement dans le Nord, (s.)
FOURS A CRISTAUX. C'est le nom que les habi-
tans des Alpes donnent aux grottes ou cavités tapissées de
cristal de roche , qu'on trouve dans les montagnes grani-
tiques, pour l'ordinaire à de très-grandes hauteurs, et dans
leurs parties les plus escarpées. On reconnoît l'existence de
ces cavités dans l'intérieur du rocher, par de larges veines
de quarz très-blanc qui se manifestent au-dehors, et par le
son qu'il rend quand on le frappe avec un marteau. Saussure
a vu dans les granités qui forment ces fours , des masses et
des veines considérables de spath calcaire dont la formation
lui a paru, sans aucun doute , contemporaine avec celle de
la roche même ; et si l'on pouvoit douler de l'existence du
calcaire primitif, ce fait la prouveroit d'une manière incon-
testable ; mais cette existence n'a plus besoin de preuves
nouvelles.
La recherche des cristaux étoit autrefois une des occupa-
tions favorites des habitans de la vallée de Chamouni ; l'es-
poir de s'enrichir tout d'un coup en trouvant une caverne
remplie de beaux cristaux , étoit un attrait si puissant ,
F R A I21
qu'ils s'exposoient dans celle recherche aux plus affreux
dangers , et souvent ils périssoient dans les neiges ou dans
les précipices.
Mais , soit que Ton regarde aujourd'hui ces montagnes
comme épuisées , soit que la quantité de cristal qu'on a
trouvée à Madagascar , en ait fait baisser le prix , celte
recherche est. maintenant presque abandonnée, (pat.)
FOUÏEAU. Nom vulgaire du Hêtre, (b.)
FOU TON. Nom français de la Petite Bécassine sur les
bords de l'Océan, (v.)
FOYEOLAIRE, Fsôeolana. Genre de plantes établi
par Ruiz et Pavon , dans ia décandrie monogynic. Il offre
pour caractères : un calice campanule «à cinq dents et persis-
tant ; une corolle de cinq pétales linéaires, recourbés,
attachés au sommet d'un tube cylindrique ; dix élamines
adnées au tube par la parti" inférieure de leurs filamcns ;
un ovaire supérieur, velu, strié au sommet, à style filiforme
et à stigmate trigone ; un drupe ovale, charnu, uniloculaire,
mais ayant les rudimens de trois cloisons.
Ce genre contient quatre arbres du Pérou, dont les ner-
vures des feuilles sont excavées à leur base. Il a été aussi
appelé Trémanthe et Strigilie. (a.)
FOVETTE. F. Fauvette, (v.)
FOX.Nomanglais du Renard. V. à l'article Chien. (desm.)
FRACASTORA. Genre établi par Adanson, sur une
plante labiée de Sicile que Roccone nomme Syderitis
Inrana oleœ folio. Adanson n'établit d'autre différence entre
ce genre et le Piiolmis, que celle des fleurs verticillées, accom-
pagnées de deux soies courtes, et dont une à chaque verticilic
estsessile. (ln.)
FRACTURE DES ARBRES. V. Arbre. {Maladie des)
(TOLE.)
FRAEKAHL. Nom égyptien de la Jussie diffuse. V.
aussi Forgaa. (ln.
FRACLICHE. V. Froçliche. (b.)
FRAGA et FRAGUM. Noms que les Latins donnoienl
à la Fraise. V. ce mot et Fragaria. La Peyrouse le con-
sacre au fragaria slerilis dont il fait un genre particulier. (EN.)
FRAGAFLUGA. C'est le nom d'une jolie espèce de
mouche domestique que Ton trouve en Islande, (o.)
FRAGARIA de Pline et des Latins. C'est le Fraisier,
ainsi nommé du mot latin fragrarc, parce que les fraises ont
une odeur agréable. Ce nom a été donné ensuite à des plantes
qui ressemblent aux Fraisiers : tels sont des potentilla dont
beaucoup d'espèces sont même placées par quelques bota-
nistes modernes, llaller, Crantz,elc. dans le genre fragaria de
«a F FI A
Linnseus , ainsi que le forment: 'Ha , !e cemarum et le sibbalâia.
îjefragaria îndica d' Andrews , forme le genre duchesnea de
Smith, et le Fragaria sterilis de Linnaeus , le fraga de
M. de Lapeyrouse. V. Fraisier, (ln.)
FRAGARIASTRUM. C'est encore le Fraisier stérile,
Fragaria slerilis , L. , placé avec les poienillla par plusieurs
botanistes (ln.)
FRAGARIOIDES. Nom dune espèce de Potentille.
(LN.)
FRAGARIUS NIGER.Rumph. ,Amb. 4- tabl.42. C'est,
selon Linnœus , le melastoma malabathiica. Loureiro penche
à croire qu il en est différent, et qu'il se rapproche davan-
tage de son melastoma seplem neivia. Rumphius donne le nom
Aefragarius ruber à une autre espèce de MelâSTOME , Melas-
toma aspera. Les Malais nomment aussi celui-ci birurong , et
les Macassars cara-mandyn. C'est le caduk-duk de Java , nom
donné aussi à mie autre espèce du même genre , Melastoma
oclandra. (LN.)
FR\GMENS PRÉCIEUX. On croyoit autrefois que
les pierres précieuses avoient des propriétés médicinales, et'
on les faisoit entrer dans plusieurs préparations pharmaceu-
tiques , sous le nom de fragmens précieux. Mais il est bien re-
connu maintenant que ces matières pierreuses ne pourroient
être que nuisibles dans les médicamens. (PAT.)
FR AGON, Rusais, Linn. (Dioérie monadelphie). Genre
de plantes à un seul cotylédon , de la famille des smilacées,
qui a des rapports avec les asperges , et qui comprend une
demi-douzaine de sous-arbrisseaux , dont les rameaux et les
feuilles sont munis à leur base de stipules membraneuses ,
et dont les fleurs naissent sur les feuilles mêmes, ou en
grappes terminales. Ces Heurs sont dioïques dans la plupart
des espèces , monoïques ou hermaphrodites dans quelques-
unes. Leur calice est formé de six folioles ovales, communé-
ment ouvertes et à bords réfléchis. Au lieu de corolle , elles
ont un nectaire chargé de trois ou six anthères dans les
mâles et les hermaphrodites , et nu à son sommet dans les
fleurs femelles. Celles-ci portent un ovaire surmonté d'un
style à stigmate obtus ; et cet ovaire , après sa fécondation,
se change en une baie ronde à deux ou trois cellules. Chaque
cellule renferme une ou deux semences. Le genre Danaé a
été établi aux dépens de celui-ci.
* Le Fragon piquant ou le petit Houx, Ruscus aculeatus ,
Linn , est l'espèce de ce genre la plus connue pour l'orne-
ment des bosquets. On lui donne aussi les noms de houx-
f reluit , de brusque , de myrte sauvage ou épineux , de bois ou
r R A i,3
buis piquant. C'est un petit arbuste toujours vert, qui croît
dans les haies ou dans les bois, en France, en Italie , en
Suisse. Ses racines produisent plusieurs tiges , hautes d'en-
viron trois pieds , très-flexibles , et qui se rompent difficile-
ment. Chaque tige pousse latéralement quelques rameaux
courts, garnis de feuilles ovales, roides, terminées eu pointe
aiguë et épineuse. Les fleurs sont solitaires , et placées sur le
milieu de la surface supérieure des feuilles. Elles sont mâles
sur quelques individus , femelles sur d'autres , petites , ses-
siles et faites en grelot. Les fleurs femelles sont remplacées
par des baies rouges dans leur maturité , et presque aussi
grosses que des cerises. On trouve dans chaque baie deux ou
trois semences dures et ressemblantes à de la corne. C'est
en hiver que ces baies mûrissent ; leur couleur vive forme
alors un contraste agréable avec le feuillage sombre de l'ar-
buste.
Le houx-frehn croissant assez lentement , et ses semences
restant une année dans la terre avant de germer, on aime
mieux le multiplier par ses racines, qu'il est .use d'enlever
dans les bois. Comme il vient très-bien à l'ombre, on peut
le placer dans les grandes plantations sous des arbres élevés.
Il formera , avec le temps, de gros buissons qui couvriront
la nudité de la terre en hiver, par leur verdure. Les mois de
mars et d'octobre sont les plus propres à la transplantation
de ses rejetons, qu'il faut garantir de l'ardeur du soleil. Quand
ils commencent à pousser au printemps, les pauvres gens les
coupent quelquefois, et les mangent comme des asperges;
on fait aussi des balais avec les jeunes branches de cet ar-
buste.
Les autres espèces àefragon sont, le Fragon a feuilles
NUES, Ruscus hypophyllum , Linn. , vulgairement le laurier
alexandrin , qui a ses feuilles plus larges , plus arrondies que
celle du houx-frelon , et ses fleurs placées sur la surface in-
férieure des feuilles. 11 croît naturellement en Italie , dans
les lieux montagneux. Ses baies sont petites et rouges. Le
Fr\gon a languette, Ruscus hippoçlossum , Linn., dont
la fleur naît à l'aisselle d'une petite feuille qui vient sur les
grandes. On le trouve en Italie , en Hongrie , dans les en-
droits élevés et ombragés ; on l'appelle vulgairement largue
de cheval. Le Fragon a GRAPPES , Ruscus racemusus , Linn.,
des îles de l'Archipel , dont le caractère spécifique est d'avoir
des fleurs hermaphrodites , disposées en grappes à l'extré-
mité des rameaux. Miller donne aussi le nom de laurier
alcvandrin à cette espèce , et prétend que c'est celle dont les
anciens couronnoient les poètes et les triomphateurs. Le
Ft;\coN androgyn , Ruscus undrog) nus , Linn., dont les
ni - F R A
feuilles portent sur leurs bords clés fleurs monoïques. Il crotî
aux Canaries et dans l'île de Madère ; il est délicat à élever,
et il demande à être tenu dans l'orangerie pendant l'hiver.
Mais les trois espèces précédentes sont dures , croissent par-
tout et à toutes les expositions, ce qui les rend très-propres
à border les bois épais, autour desquels ils formeront en
tout temps une verdure agréable, parce qu'ils ne se dépouil-
lent point de leurs feuilles. Ces dernières espèces se multi-
plient de leurs rejetons, comme le houx-frelon, (d.)
FRAGOSE , Fragosa. Genre de plantes de la pentandrie
digynie , et de la famille des ombellifères , qui offre pour
caractères : une collerette universelle de cinq folioles ; une
collerette partielle de huit à quatorze folioles ; les pétales
inégaux ; les semences ovales et striées.
Six espèces de plantes herbacées appartiennent à ce
genre. Elles sont toutes du Pérou , et sont placées parmi
les Azorelles parPersoon. (b.)
FRAGUE. Voyez Fraise, (b.)
FRAGULA de Cordus. C'est la Fraise , nommée Fret-
vola et Fragola en Italie.
FRAGUM. Nom latin de la Fraise, (ln.)
FRAI DE POISSON. Ce sont les œufs que les poissons
mettent bas à l'époque de leur rut. Ordinairement ces œufs
sont en masses plus ou moins grandes, et enduits d'une mu-
cosité qui les réunit. Les poissons mâles cherchent ces pa-
quets d'œufs , et les arrosent de leur laite ; de sorte que ces
animaux ne font pas l'amour à leurs femelles , comme dans
les autres espèces , mais seulement à leurs œufs. On peut, au
reste , féconder artificiellement les œufs des poissons , comme
l'a essayé avec succès M. Jacobi. Les grenouilles et les cra-
pauds jettent aussi un frai composé de bulles d'une substance
albumineuse transparente , avec un point noir au milieu de
chacune d'elles; c'est le rudiment de l'embryon qui exisie
déjà avant l'acte de la fécondation. Celle-ci se fait hors du
corps de la femelle et au moment de la sortie du frai. V. à
ce sujet les belles expériences de Spallanzani , sur la géné-
ration des grenouilles ; et notre article Fécondation.
La plupart des coquillages univalves et bivalves jettent de
même un frai gélatineux ; et en général le verbe frayer s'ap-
plique à tous les animaux ovipares aquatiques. V. l'article
Poissons.
On trouve dans les traités de vénerie , que le cerf fraie.
Cette expression signifie que ce quadrupède fait tomber la
peau velue qui recouvre ses cornes nouvelles , en se frottant
contre les aibres. (virey.)
¥ K A 12:>
FRAI. Nom du Frêne dans quelques endroits, (i.n.)
FRAI ÈRE et FRAGUE. Anciens noms français de la
Fraise, (ln.)
FRAILILLOS. Suivant Amatus , cité par Clusius , les
Espagnols , de leur temps, nommoient ainsi Yarum temrifo-
tiurh , L. , espèce du genre Gouet. (ln.) •
FRAIN A. Le Sarrasin porte ce nom , en Lombardie.
(LN.)
FRAISE. V. Caille, article de la perdrix, (v.)
FRAISE. C'est le fruit du Fraisier, (desm.)
FR VISE. Nom vulgaire des Rucarde fraise et Rucardk
ARBOUSE. (B.)
FRAISE ( Vénerie'). C'est le cercle raboteux qui entoure
la meule du bois du cerf et du chevreuil, (s.)
FRAISE DES ARBRES.On a donné ce nomàlaSPHÉRtE
FRAGIFORME. (B.)
FRAISÉE. V. Gnaphale. (ln.)
Fl\ AISERAT. Nom donné , dans le midi de la France ?
au Fraisier stérile de Linnaeus , que plusieurs botanistes
placent maintenant dans le genre potentille. (ln.)
FRAISETTE. C'est une coquille univalve du genre D AU-
PIIINUI.LE , turbo âelphinus. (DESM.)
FRAISIER, Fragaria, L. (Icosandriepolygynie). Genre de
plantes de la famille des rosacées, qui se rapprochent beau-
c >up des polenlilles , et dont le caractère essentiel est d'avoir
les semences attachées sur un réceptacle charnu et pulpeux y
qui , en grossissant, prend la forme d'une baie, communé-
ment rougeâtre et d'un goût très-agréable. Ce genre com-
prend des herhesvivaceset peu élevées, dont les feuilles sont
presque toutes radicales, et composées ordinairement de trois
folioles ovales et dentées en scie. Les (leurs viennent en bou-
quets à l'extrémité des tiges; elles sont hermaphrodites dans
la plupart des fraisiers, et dioïques dans quelques-uns. La
racine de ces plantes pousse communément des rejets ou cou-
rans qui rampent sur la terre, s'y enracinent, et donnent
ainsi naissance à de nouveaux individus. Le fraisier des In-
des constitue aujourd'hui le genre Dlchesnie.
Duchesne, qui s'est occupé, d'une manière particulière,
de la culture des fraisiers, a fait , sur ces plantes , des obser-
vations intéressantes et curieuses , dont les détails sont con-
signés dans Y Encyclopédie mélliodique. Nous ne pouvons of-
frir ici qu'un précis très-abrégé de cet intéressant travail.
Le caractère distinctif du fraisier , selon ce naturaliste ,
est le gonflement du centre du calice ; tous les autres lui sont
ip.6 F R A
communs avec les polenlilles; c'est pourquoi il renvoie à ce
dernier genre le fraisier stérile des botanistes, fragftria sterilis,
Linn., dont le placenta est sec et non pulpeux. Des trois
autres espèces de fraisiers établies par Linnajus , il est aisé
de prouver, dit Duchesne , que le fragaria muricuta , ou le
fragaria monophylla , ne peuvent être comptés pour espèces ,
non plus que le fragaria effï 'âge fis , qu'on voit cependant for-
mer race constante , et présenter un caractère aussi saillant
que les deux autres. Mais la division qu'on peut faire dans
les variétés existantes , en deux bandes ou séries principales,
peut-elle ou non y faire reconnoître deux espèces distinctes?
C'est ce qu'il laisse à décider. Nous en indiquerons seule-
ment les différences, aussi bien qmjjcelles qui distinguent les
races inférieures.
I. Fraisiers à ovaires petits et nombreux, et à courtes étamines.
Dans les sept premières variétés qui suivent , et qui cons-
tituent les fraisiers proprement dits , outre les caractères du
genre et de l'espèce , on trouve un feuillage mince et rond,
et une grande disposition à la couleur rouge. La substance
de la fraise, qui est une pulpe très-odorante, légère, poreuse
et fondante, est cependant peu aqueuse : aussi, d'une part,
s'y forme-t-il de très-grands vides dans son intérieur, et de
l'autre se dessèche- t-elle jusqu'à devenir friable. Elle se dé-
tache facilement, et souvent d'elle-même, du calice, donl les
points se recourbent du côté du pédicule de la fleur. Ce pé-
dicule court est toujours courbe lui-même, et la disposition
des rameaux est de se tenir droits, à moins que le poids des
fruits ne les abatte. L'influence du sol et du climat se fait
très-peu sentir sur tous ces fraisiers, qui se retrouvent les
mêmes dans toute l'Europe. Ils sont d'une assez courte du-
rée par leurs bourgeons, mais très-bien organisés quant aux
sexes, et produisent beaucoup de fleurs, toutes hermaphro-
dites, parfaites, presque toutes fécondes, dont il se trouve à
peine quelques ovaires qui avortent.
i. Le Fraisier des Alpes ou des mois, Fragaria semper
florens, Duch. La vivacité de sa végétation est en quelque
sorte la seule chose qui le distingue du fraisier commun de
nos bois ; il est en fleur et en fruit dans les Alpes pendant
toute la belle saison. Il se trouve notamment au mont Cénis ,
a été apporté en France en 1764. , par M. Fougcroux de Bon-
daroi, est cultivé chez tous les curieux et chez les marchands,
ïl a produit quelques variétés , tant pour la couleur blanche
ou rouge pâle du fruit, que pour sa forme , qui, primitive-
ment , étoit en pain de sucre. Le nom de fraisier des mois lui
convient assez, puisqu'il donne des fleurs , même en hiver ,
et ne cesse de porter fruit qu'aux premières fortes gelées.
F R A i2;
2. Le Fraisier des cois ou Fraisier commun, Fragaria
s\hestris. Duch. Il croît par toute l'Europe , surtout dans le
Nord, se plaît dans les taillis accrus, et se multiplie très-ra-
pidement dans les futaies abattues, particulièrement dans la
place des fourneaux à charbon. On le trouve dans les gazons ,
sur les collines , mais jamais à l'humidité. Il offre une sous va-
riété à fruits blancs. La fraise des bois a le fruit arrondi et
un parfum qui surpasse celui de toutes les autres.
3. Le Fraisier d'Angleterre ou le Fraisier À châssis,
Fragaria minur, Duch. Celle variété est destinée à être éle-
vée sous les châssis. Son fruit bien rond est très -parfumé et
haut en couleur, et son feuillage assez brun ; il a souvent des
feuilles palmées , à quatre ou cinq divisions. La sous-variété
blanche est la plus estimée.
4- Le Fraisier fressant ou Fraisier de Montreuil,
Fragaria hortensis, Duch. C'est celui qu'on cultive commu-
nément dans les jardins ; il porte le nom du pépiniériste qui
le premier s'occupa de sa culture. Il est plus haut , plus fort
que le fraisier des bois , à feuillage plus blond. Ses fleurs sont
plus amples, plus composées de pétales, qui varient beau-
coup dans leur nombre, ainsi que les découpures du calice.
Ses fruits sont pâles, allongés, les plus gros aplatis , angu-
leux ou cornus. Parmi les sous-variétés, il yen a une à fruit
blanc , et une autre appelée \& grosse noire. Le fraisier fressant
est aujourd'hui presque le seul dont le fruit se trouve dans les
marchés de Paris; on en fait des pépinières aux environs de
cette ville et de MonJlhéri, en plein champ.
5. Le Fraisier buisson, ou le Fraisier sans courant,
Fragaria efflagellis , Duch. L'absence des couransest presque
l'unique , mais la très-remarquable différence qui distingue
ce fraisier de tout autre. Il a beaucoup d'œilletons, et c'est
par eux qu'on le multiplie. 11 n'est pas très-commun.
6. Le Fraisier de Versailles, ou le Fraisier a feuil-
les SIMPLES, Fragaria monophy lia , Duch. Le premier indi-
vidu de cette variété est né dans un semis de fraisiers des
bois, fait à Versailles, en 1761. Il s'est depuis propagé cons-
tamment. Ce fraisier n'a rien d'utile; il est foible en toutes
ses parties; son fruit allongé, et quelquefois anguleux, est
toujours petit. Ses ovaires, ou, si l'on veut, ses graines , sont
les plus petites de toutes. Il n'en existe pas encore de sous-
variété à fruit blanc.
7. Le Fraisier double et couronné, ou le Fraisier a
trociiet, Fragaria eulgaris flore semi pleno, Duch. Cette va-
riété monstrueuse se propage constamment. Son feuillage
est blond, et son fruit assez petit ; il noue fort bien , malgré
la multiplicité des pétales qui sont quelquefois au nombre
,28 F R A
de vingt-cinq ou trente , disposés en cinq ou six rangées. U
arrive à quelques fleurs de produire entre les divisions du ca-
lice d'autres fleurs sessiles ou pédiculées, fort imcomplètes,
mais qui nouent cependant, et forment, par leur réunion,
des fruits monstrueux, en couronne ou en trochet. Ce fraisier
n'a point de sous-variété à fruit blanc. Il est très-rare.
8. Le Fraisier de Plymouth , appelé par quelques bota-
nistes, le Fraisier arbrisseau à fleur verte et à fruit épineux
(Fragaria muricata , Duch. ). Duchesne place à la suite des
vrais fraisiers , cette variété monstrueuse , sans être certain
qu'elle n'ait pas été de la race des caperonniers , comme le ,
peut faire croire le caractère qu'on lui attribue d'avoir les
feuilles velues. Il pense que ce fraisier n'est point un sous-
arbrisseau, qu'il n'est point à fleur verte, qu'il ne porte point
de fraises bonnes àmanger, quoique épineuses; que ce n'est
point une espèce , ni même une race qui ait pu exister, mais
une variété accidentelle, monstrueuse et stérile. Ce fraisier,
trouvé à Plymouth par Tradescant, vers 1620 , a été cultivé
pendant soixante ou quatre-vingts ans au plus, dans tous les
jardins de botanique de l'Europe, où il a totalement disparu.
II. Fraisiers à ovaires gros et rares , et à longues étamines.
Ce second ordre doit naturellement être divisé en quatre
bandes, que Duchesne appelle majaufes, breslinges , caperon-
niers et quoimios.
Les majaufes semblent faire la nuance entre les fraisiers
proprement dits et les breslinges. La couleur des feuilles ,
leur substance , la petitesse des fruits , leur pulpe tendre et
fondante, et leur couleur fort rouge les rapprochent des frai-
siers. Ils tiennent des breslinges par leurs rameaux grêles et
allongés , qui se courbent pour poser leurs fruits ; par la
multiplicité et par la disposition du courant; par l'eau abon-
dante dont est remplie la pulpe, qui, en outre, est de nature
à ne jamais se dessécher parfaitement: enfin , ils ont de com-
mun l'inconstance par la voie des graines et la propension à
la stérilité.
Dans les breslinges, les feuilles ont une substance plus forte
et plus sèche, une couleur plus brune et plus mate , et des
poils plus longs et plus drus: les pétales d'un blanc moins
pur, sont moins régulièrement arrondis , et les dents du ca-
lice beaucoup plus allongées, se ferment sur le support des
ovaires, qui adhère très-fortement au calice: la pulpe en est
très-ferme, quoique remplie de jus; elle est verdâtre, et le
dehors ne se colore de rouge que par l'effet du soleil: les
ovaires, extrêmement gros , sont d'autant plus écartés , qu'il
en avorte toujours une partie , et la pulpe se boursoufllant
dans les intervalles , ils se trouvent enfoncés dans des niches ;
F R A 12g
fort inconslans par la voie des graines , ils se reproduisent
cependant quelquefois exactement.
Les caperonniers , d'une plus grande taille que toutes les
races qui les précèdent , et égaux aux plus grands quoimios,
se rapprochent des hreslinges par la solidité de leurs fruils
qui sont cependant mains termes et aussi inoins adhérens au
calice, par la disposition de leurs tiges, de leurs fuihles ra-
meaux et de leurs courans, et par la substance et la couleur
des feuilles , à la différence près de la grandeur et de l'abon-
dance des poils. Les pétales d'un blanc éclatant, sont arron-
dis fort régulièrement, et sans aucune crénelure, ni aucun
pli dans les variétés les plus communes. Les caperonniers se
reproduisent presque aussi constamment que les fraisiers
par la voie des graines; leurs variétés même font race: elles
ne tombent point dans l'avortement, mais présentent la dou-
ble et réciproque stérilité des plantes dioïques, ou unisexuel-
les, dans leurs variétés les plusgénéralement répandues, dont
une moitié des individus est hermaphrodite-femelle, et l'au-
tre hermaphrodite-mâle ; accident qui se renouvelle dans les
individus élevés de graine avec une étonnante égalité.
hefruli/kr n'est pas le plus grand , mais le plus fort de tous
lesquoimios, qui sont les fraisiers duNouveauContinent.il
est arrivé, du Chili, dans le même état unisexuel oùétoient les
caperonniers communs ; et ses individus hermaphrodites-fe-
melles n'ayant jamais pu recevoir que des fécondations croi-
sées des races voisines , telles que le caperonnier , diverses
breslinges , ou le quoimio de Virginie , leur produit a fait naî-
tre les variétés mélisses que nous rassemblons sous ce nom
de quoimio, dont aucune n'est constante, mais qui entre elles
forment une race très-reconnoissablc, mitoyenne entre celles
du frutiller et du quoimio de Virginie. Le caractère le plus
frappant des quoimios est la couleur vert-glauque de leur
feuillage, et la substance sèche et ferme des feuilles, qui est
telle que , dans le bourgeon même , elles ne se trouvent que
pliées à plat, et non plissées en éventail comme celles de tous
les autres fraisiers. Les quoimios sont tous assez sujets à la
stérilité, surtout lorsqu'ils sont élevés de graine. Du reste, a.
peine peut-on indiquer entre eux quelque chose de commun.
9. Le Majaufe de Provence , ou le Fraisier de Bar-
GEMON , Fragaria bifera, Duch. Cette race est rohuste et porte
un fruit assez gros , rond et comprimé du côté de l'ombre où
ses ovaires avortent, et comme strié par les élévations que
forme sa pulpe entre les ovaires féconds. 11 a un parfum par-
ticulier ; mais s'il tient de la framboise , c'est plutôt par
l'eau dont il abonde.
10. Le Majalfe de Champagne, ou le Fraisier vineux,
xii. * y
,So "A
Fragarîadulia , Duch. , beaucoup moins fort que le précédent ,
produit un fruit plus aplati , plus coloré et plus vineux.
ii. Le Breslinge-coucou , ou le Fraisier coucou , Fra-
garia alortioa , Duch. Le principal trait qui le distingue , c'est
sa stérilité ; cependant il n'est pas totalement stérile. Il pro-
duit quelques bonnes graines , et en les semant , il en naît
des fraises d'un goût assez fin pour leur avoir mérité le nom
de fraises mignonnes.
12. Le Breslinge d'Allemagne , ou le Fraisier bres-
linge , Fragaria nigra , Duch. Cette variété est celle à la-
quelle le nom de breslinge appartient en propre. Elle fut
envoyée à Trianon par M. De Haller , en 1766. La
pulpe de sa fraise , quoique très-ferme , a assez de jus : elle
s'élève beaucoup entre les ovaires. Son parfum est très-fort,
et peut-être trop. Sa couleur verte est au soleil d'un rouge
brun. Le feuillage de ce fraisier est très-brun et bas.
i3. Le Breslinge de Bourgogne , ou le Fraisier mar-
teau , Fragaria pendula , Duch. Son nom lui vient de la
forme' de son fruit fait en poire tronquée et aplatie par
1 extrémité.
14. Le Breslinge ou le Fraisier de Long-Champ , Fra-
garia hispida , Duch. C'est un des plus vivaces , des plus ro-
bustes et des plus abondans en courans -, il donne un fruit
analogue aux précédens , plus allongé , plus coloré , ayant
plus de jus , et meilleur. Son feuillage est assez petit et fort
velu. Il reste fort bas , ainsi que ses rameaux, qui rampent
plutôt qu'ils ne s'élèvent.
i5. Le Breslinge ^Angleterre, ouïe Fraisier vert,
Fragaria viridis , Duch. Son fruit est bien rond, d'un vert gri-
sâtre , plein de jus et d'un parfum agréable. Les caperonniers
et lefrulil/er femelles ; fécondés par cette race de breslinge ,
ont produit des métis intéressans.
16. Le Breslinge de Suède ou le Fraisier brugnon ,
Fragaria pratensis , Duch. Il est très-commun en Suède , et
croit dans les prés ; c'est le plus petit de tous les fraisiers ; il
porte cependant d'assez gros fruits , qui sont très -ronds,
fort adhérens au calice , ne s'en détachent qu'avec bruit. La
plante est remarquable en ce que sa race est la seule qui ne
conserve pas ^es feuilles en hiver.
17. Le Caperonnier royal ou le Fraisier-caperon her-
maphrodite, Fragaria moschata , Duch. On l'appelle aussi le
fraisier de Bruxelles. Il tient des breslinges par son sexe her-
maphrodite , et par sa disposition à lleurir et à fructifier
une seconde fois. Il a un feuillage franc , de grandes ileurs,
et il est fécond en gros fruits ; il mérite d'être cultivé de pré-
férence à nos caperonniers communs,
F R A l3l
18. Le Caperonnier umsexuel , ou Je Fraisier-cape-
RON UMSEXUEL , Fragaria moschata diuicu ; la Jraisc- ubiicot j
fraise- framboise. Cette race est très-particulière ; ses {leurs
sont hermaphrodites- mâles ou hermaplu odites-femelles sur
difîérens individus. Les premières sont grandes, pourvues d'é-
tainines très-fortes, et ont un très-petit support chargé d'o~
vaires avortifs ; les secondes , moindres et à pétales plus régu-
lièrement arrondis , n'ont , autour d'un très-gros support ,
que des rudimens très-courts d'élamines ahsolument avortées.
Son fruit , dont la pulpe est légèrement pâteuse , est ordi-
nairement un peu allongé , d'un rouge pourpre très-foncé ,
et d'un goût musqué; il varie par la qualité de la pulpe, par
la couleur , et par la forme , qui pourtant n'est jamais apla-
tie ni anguleuse. Les individus femellesdescaperonniers , cons-
tamment stériles lorsqu'ils sont isolés, le sont même au mi-
lieu des fraisiers des hois , fressans et autres : pour qu'ils
soient fécondés , il faut les mêler aux mâles de leurs races;
ils le sont aussi quelquefois par le brcslingc d'Angleterre, le
auoimio de Harlem , ou le quoimio de lirginie. On ignore ah-
solument le lieu où le caperonnier se trouve sauvage.
19. Le Frutiller ou le Fraisier du Chili , Fragaria
diiloensis , Duch. Cette race , importée du Chili en Europe,
par le voyageur Frézier , en 17 12 , a enlevé à la précédente
l'honneur de donner les plus gros fruits de son espèce ; la
frutille égale au moins, et surpasse souvent du double les plus
gros caperons. Le frutiller a des fleurs mâles et des fleurs fe-
melles , séparées sur différens pieds; nous n'avons en France
que la plante femelle : elle ne produit qu'autant qu'il existe
dans son voisinage , une autre espèce qui fleurisse en même
temps et la féconde. L'odeur et le goût de son fruit sont excel-
lens : la couleur est d'un rouge jaunâtre très-pâle. Ce fraisier
fleurit lorsque celui des hois porte ses premiers fruits mûrs.
Sou pied ne donne que de mauvais œilletons : il ne porte
guère qu'une fois , et a besoin d'être toujours renouvelé.
20. Le Quoimio de Harlem ou le Fraisier-ananas ,
Fragaria ananassa , Duch. Ce fraisier a des rameaux allongés
comme dans les breslinges , et roides comme ceux du fru-
tiller. Ses feuilles sont fortes, d'une substance sèche et de la
grandeur de celles des caperonniers. Ses fleurs produisent as-
sez de fruits , qui varient beaucoup dans leur forme sur le
même pied; leur pulpe est analogue à celle de la frutille , et
leur parfum très-agréable.
ai. Le Quoimio de Bath ou le Fraisier de Bath , Fra-
garia ralyrulata , Duch. Celui-ci surpasse toutes les autres
races en force et en grandeur; cependant son fruit le cède
ordinairement en grosseur à la frutille, Ij est naturellement
i32 F R A
arrondi , un peu conique , quelquefois aplati ; il a une pulpe
très-blanche , très-légère ; son goût est agréable et son par-
fum délicat.
22. Le Quoimio de Caroline ou le Fraisier de Caro-
line , Fragaria caroliniensis , Duch. Son feuillage ferme et
régulier , a la disposition cambrée des fraisiers des bois ou des
majaufes; il en est de même des rameaux. Ses feuilles ne sont
pas fort grandes. Le fruit a une forme ronde rarement alté-
rée , une pulpe légère, peu de jus et un parfum particulier;
cette fraise moins exposée que les autres à se froisser, se garde
cueillie pendant deux ou trois jours sans altération.
23. LeQuOIMIODECANTORBÉRYOuleFRAISlER-QuOIMIO,
Fragaria lincia , Duch. C'est à cette variété que fut d'abord
donné , en Angleterre , le nom de quoimio ou coamiau , dont
nous ignorons l'origine. Ce quoimio ressemble presque en
tout au précédent ; son fruit est un peu moins gros et un peu
pointu ou conique ; sa couleur est beaucoup plus foncée, et
sa pulpe en est toute pénétrée, de sorte que le jus en est
rouge presque comme celui de la mûre. Son parfum est re-
levé , ayant même quelque chose de sauvage et de fort.
24- Le Quoimio de Virginie ou le Fraisier écarlate ,
Fragaria virginiana , Duch. Ce fraisier a toujours été cultivé
avec délices par les amateurs ; il produit beaucoup ; il est ro-
buste et vivace : ses touffes durent jusqu'à quatre ou cinq ans.
La larve du hanneton, qui dévore les racines et tue un si grand
nombre de fraisiers , fait rarement périr ceux-ci; mais elle les
fatigue beaucoup. Dans cette variété les feuilles sont grandes ,
à dents plus longues et plus étroites que dans aucune autre ,
les queues courtes et les courans jaunes , longs et vigoureux.
Cette fraise , mangée seule , n'a pas beaucoup de goût; mais
elle est très-agréable , mêlée avec les autres. Si on en exprime
le suc à travers un iinge serré , et qu'on y ajoute du sucre
réduit en poudre fine ( en remuant toujours), jusqu'à ce que
ce mélange ait pris la consistance d'une gelée , on obtient
une gelée de fraise qui se conserve bonne pendant plusieurs
mois. Le quoimio de Virginie , comme toutes les plantes
vivaces du même pays , est difficile à élever de graine, (d.)
Culture générale du Fraisier; ses ennnemis ; emploi de son fruit et
de sa racine.
Les fraisiers se multiplient par les jeunes pieds qui viennent
des filets , ou par les œilletons , et beaucoup mieux par les
semences qu'on doit retirer des fraises extrêmement mûresl
Il est à propos de mettre les semis à l'abri du soleil ; pour
cet effet on les couvre de mousse , et l'on arrose par-dessus.
On enlève les œilletons et les plantes enracinées , vers la fin
FRA l33
de l'automne ou au commencement du printemps ; on choisit
Tune ou l'autre époque , suivant le climat , le sol et l'expo-
sition. Les habitans de Montreuil , près Paris , très-grands
cultivateurs de fraisiers , œilletonnent à l'entrée de 1 hiver , et
plantent près à près les jeunes pieds, comme en pépinière,
pour les transporter ensuite à l'endroit qui leur est destiné,
aussitôt qu'ils n'appréhendent plus les rigueurs de cette sai-
son. Le, fraisiers aiment en général une bonne terre légère ,
meuble et fraîche ; ils demandent à être renouvelés tous les
trois ou quatre ans : les arrosemens fréquens leur sont néces-
saires , surtout dans le midi d^e la France : la plupart ne
donnent du fruit que la seconde année ; trop de fumier en
altère le parfum. On se procure des fraises hâtives , soit dans
des serres chaudes, soit par l'exposition du sol et l'abri qu'on
donne au plant.
Les ennemis des fraisiers sont les vers du hanneton. Ils cer-
nent la plante , et la font périr en rongeant le col de la racine
entre deux terres. Quand on voit des pieds dont la feuille
commence à jaunir, il faut fouiller tout autour; on trouve les
vers et on les écrase. La courtilière n'est pas si aisée à dé-
truire. Mais aussi elle ne fait du mal que dans les semis.
Tout le monde connoît le goût et le parfum des fraises ,
leur emploi dans les desserts , et le parti qu'on tire de leur
suc pour composer des boissons agréables. Dans quelques
pays , on en fait des conserves délicieuses , en broyant leur
pulpe avec de l'eau rose et du jus de citron. Les fraises se
mangent communément avec du sucre , arrosées d'eau ; mê-
lées avec du vin , du lait ou de la crème, elles sont plus dif-
ficiles à digérer. Ce fruit est apéritif et rafraîchissant ; il tem-
père la chaleur de l'estomac et de la poitrine ; mangé en
grande quantité , il est bon , suivant Linnœus , contre la gra-
velle et la goutte. Les racines de fraisier sont employées fré-
quemment dans les décoctions et les tisanes diurétiques et
apéritives. (D.)
FRAISIER EN ARBRE. L'Arbousier porte ce nom.
V. Fragaria. (b.)
FRAISIER DE MONTAGNE. C'est I'Arbousier ,
Arbutusunedo , en Provence, (ln.)
FRAISIER ROUGE EN ARBRE. C'est le melastoma
aspera, L. , Le Fraisier noir en arbre, est le melastoma
malabathrica , L. V. FRAGARIUS. (LN.)
FRAISSE ou FRAYSSE. Nom du Frêne, en Langue-
doc. Fraissine, est un lieu planté de frênes , appelé ail-
leurs, en France ,freyssinel7 frênaie, (ln.)
i34 F R A
FRAISSINETO. Nom de la Pimprenelle, Potevium
sanguisorba ," en Languedoc, (ln.)
FRAMBOISIER. Espèce de Ronce, que l'on cultive à
raison de la bonté de ses fruits, (b.)
FRANC-BASSIN. Nom donné, dans les Colonies, à
une espèce de Basilic a grandes feuilles, Ocymumame-
licanum , très -voisine du basilic, commun , et qui n'en est
qu'une variété , suivant quelques botanistes, (ln.)
FR\NCES1LLA. En Espagne , on donne ce nom à une
anémone et à une variété de la Renoncule des jardins
( ranunculus àsiaticus ). (LN.) «
FRANC-PICARD. Variété du Peuplier blanc, (ln.)
FRANC-REAL. Sorte de Poire d'automne, très-
grosse , pointue aux deux bouts , verdâtre , tachée de pelli-
cules grises, (ln.)
FRANCHE BARBOTTE. Poisson du Genre Cobite,
Cobi'is barbatula , L. (DESM.)
FRANCHE MULLE. On donne quelquefois ce nom à la
caillette ou quatrième estomac des ruminans, dont on se sert
pour faire prendre le lait. (DESM.)
FRANCHIPANE. Poire d'automne, moyenne, lon-
gue , un peu en forme de courge , moitié rouge et moitié
citron, (ln.)
FRANCHIPANIER^uFRANGIPANIER^/ammtf,
Linn. {Pentandrie inonogynie'). Genre de plantes de la famille
des apocinées, qui a des rapports avec le caméiier et le lau-
rier-rose, et qui comprend un petit nombre d'arbres ou d'ar-
brisseaux exotiques, dont les feuilles sont entières, grandes
et alternes , et dont les fleurs , communément très-belles et
odorantes, sont disposées en espèces de corymbes au som-
met des rameaux. On trouve dans chaque fleur: un petit calice
à cinq dents; une corolle monopétale en entonnoir, ayant
un long tube évasé de la base au sommet, et un limbe dé-
coupé en cinq segmens ovales et obliques ; cinq étamines
placées au milieu du tube , avec des anthères fort rapprochées ;
un ovaire supérieur divisé en deux parties , et portant un
style peu apparent, couronné par un stigmate double et aigu.
Le fruit est composé de deux longues capsules , renfermant
chacune plusieurs semences imbriquées , et attachées à un
placenta membraneux.
Tous les franchipaniers contiennent un suc laiteux, qui dé-
coule de leurs feuilles et de leurs rameaux aussitôt qu'on les
c oupe. Ce suc est abondant , épais et très-caustique : il tache ,
ronge et brûle tout ce qu'il touche , et doit être regardé
comme un poison. Les plus belles espèces de ce genre sont :
F R A ,35
Le FraïnCHIPANIER rouge, Phimeria ruhra , Linn. C'est
un petit arbre qui a été apporté de 1 Amérique espagnole aux
Antilles, où on le cultive dans les jardins comme arbre d'or-
nement. Il s'élève à douze ou quinze pieds. Sa tige , couverte
d'une écorce d'un vert foncé , soutient une cime assez ample ,
formée par un petit nombre de brandies tortueuses et cylin-
driques , vers l'extrémité desquelles sont placées les feuilles
et les fleurs. Les feuilles sont ovales - oblongues , lisses et
planes , et on aperçoit sur les parties nues de l'arbre les ves-
tiges de celles qui* sont tombées. Les fleurs, d'un rouge
clair, forment de beaux bouquets au baut des brandies; elles
répandent une odeur très-agréable, et ont l'apparence des
fleurs du laurier-rose , mais elles sont plus grandes et plus
éclatantes ; quoique plusieurs d'entre elles avortent, le som-
met de l'arbre en est couvert et comme couronné : elles se
renouvellent et se succèdent pendant une grande partie de
l'année.
Le Franchipamer blanc, Plumcria alla , Linn. Sa hau-
teur et son port sont à peu près les mêmes que dans le pré-
cédent ; mais il est moins beau et a moins d'éclat : il en dif-
fère principalement par sesfeuilles plus longues, plus étroites,
et à bords réfléchis en dehors, et par ses fleurs, qui sont
également très-odoriférantes , mais blanches avec un fond
jaune, et plus petites; elles ont aussi une plus courte durée.
On remarque des protubérances à la partie supérieure de
leurs pédoncules. Cet arbre croît en abondance à Campêdu ;
on le trouve à la Martinique et à Saint-Domingue. Son suc
laiteux est employé pour la guérison des dartres, des ver-
rues et des ulcères; sa racine , prise en tisane, passe pour
apéritiye ; ses fleurs, ainsi que celles du francfàpanier rouge ,
ont un goût acre et pimenté; on en assaisonne les J 'ranci: i-
panes.
Il y a encore le Franchipamer a panicule, Plumevia
obtusa, Linn., qui s'élève comme nos plus grands poiriers, et
qui en a la grosseur; on le trouve à la Guyane. Ses feuilles sont
lancéolées, pétiolées et obtuses : il porte des fleurs blanches.
Le Franchipamer a fleurs closes , Phimeria punira ,
Linn., arbrisseau de cinq pieds , droit, et ressemblant aux
autres espèces par son port. Il se couvre d'un grand nombre
de fleurs , qui répandent une odeur fort agréable ; leur co-
rolle , dont le limbe est fermé , est d'une couleur jaunâtre t
terminée par un rouge vif. Cette espèce , vraisemblablement
originaire de quelque partie de l'Amérique , est cultivée dans
les jardins de l ile de Curaçao.
Le Franchipamer a feuilles émoussées, Plumeria re-
fus» , que Lamarck croit être Yantafara de Madagascar ,
i36 F R A
si bien décrit par Poivre , et connu à l'Ile-de-France
sous le nom de bois de lait. Ses feuilles sont ovales, très-ob-
tuses , et faites en forme de coin ; ses fleurs naissent en co-
rymbes composés , et ont l'odeur de notre jasmin. On trouve
cet arbre dans presque toutes les contrées de l'Inde; il est
extrêmement laiteux. Son bois ressemble beaucoup au buis ,
tant par sa couleur que par la finesse de son tissu ; mais il est
beaucoup plus léger. Les tourneurs et les ébénistes l'em-
ploient à faire de jolis petits meubles.
Le Franchipanier a feuilles longues , Plumeria longi-
folia , Lam. , assez semblable au précédent , dont il diffère
par ses feuilles étroites, planes, entières, et longues quel-
quefois d'un pied. Il croît aussi à l'île de Madagascar.
Les auteurs de là Nouvelle Flore du Pérou, Ruyz et Pavon ,
font mention de quelques autres espèces de franchipaniers ,
qui croissent dans celte belle partie du Nouveau-Monde, et
qui y fleurissent pendant une grande partie de l'année. On
les trouve près des rivages de la meretdans lesvalléescbaudes,
et on les cultive dans les champs et dans les jardins. Ils se
dépouillent un instant de leurs feuilles, et paroissent alors
comme desséchés ; mais bientôt leurs (leurs se montrent , et
sont immédiatement suivies de nouvelles feuilles, qui ne
tardent pas à donner un ombrage agréable. Dans le pays, on
multiplie ces charmans arbres de boutures, qui reprennent
facilement. Les Péruviennes font avec leurs fleurs des guir-
landes qu'elles parfument d'ambre , et dont elles ornent leur
tête.
Ces espèces sont : le Franchipanier pourpré, Plumeria
purpurea, qui fleurit en janvier et février. Ses feuilles sont
oblongues-ovales, et ta bords réfléchis; ses fleurs très-odori-
férantes; la corolle , plus petite que dans les autres espèces,
est d'un rouge pourpré , avec un fond tant soit peu jaune.
Le Franchipanier incarnat, Plumeria incarnata , de la
même grandeur que le précédent , fleurissant dans les mêmes
mois , et ayant des fleurs de couleur incarnat , et des feuilles
ovales-oblongues et aiguës.
Le Franchipanier tricolor , Plumeria tricolor. C'est un
petit arbre dont les feuilles sont oblongues, aiguës, pointues,
et à bords planes. Ses fleurs, qui paroissent de janvier en mars,
offrent une corolle large d'un pouce , très-odorante , et à
trois couleurs ; le tube est droit et rouge , le fond d'une cou-
leur de safran ; le limbe ouvert, d'un blanc rose en dedans,
et mi-parti rouge et blanc en dehors.
Le Franchipanier en carène , Plumeria carinata. Son nom
lui vient de la forme de ses feuilles , qui sont oblongues-
ovales , pointues et en carène ; sa corolle est grande , jaune
F R A ,37
à l'intérieur, et au-dehors blanche et rougeâtre. Il fleurit dans
le môme temps que le franchi pâmer incarnat , avec lequel il a
beaucoup de ressemblance.
Le FraNCHIPANIER DE DEUX COULEURS, Plumeria bicolor.
Il porte des fleurs depuis décembre jusqu'en mars. Le tube de
la corolle est courbé, son ouverture d'un jaune foncé , et son
limbe d'un blanc de lait.
Le Francuipanier jaune, Plumeria lutea. Dans cette es-
pèce , la corolle , qui est grande et odorante, a un tube jau-
nâtre, et un limbe d'un jaune pâle. Ses fleurs viennent en
janvier.
lits f ranch' paniers étant trop délicats pour supporter le plein
air en Europe, même en été, on doit les tenir constamment
dans la serre, ayant soin de leur donner beaucoup d'air pen-
dant les chaleurs. On les multiplie ou par leurs semences ,
qu'on fait venir des contrées où ils croissent, ou par des bou-
tures, qu'on coupe deux mois avant de les planter , afin que
leurs blessures aient le temps de sécher. Comme ces arbres
sont laiteux et succulens, ils demandent à être élevés dans
une terre légère , et à être arrosés médiocrement; il faut,
par la même raison, les garantir de toute humidité , qui les
feroit bientôt périr. V. Plumeria. (d.)
FRANCISCAIN. C'est le nom d'une coquille du genre
CôlSE (comts franciscanus). (DESM.)
FRANCO A , Francoa, Plante des îles de Chiloé , à racine
fusiforme , à feuilles radicales étendues sur la terre , velues ,
molles, lobées, à lobes décurrens sur le pétiole, le supé-
rieur très-grand et sinué ; à hampe velue , portant des fleurs
rougeâtres , disposées à son sommet en grappe presque uni-
latérale , et accompagnées de bractées.
Cette plante forme, dans l'oclandrie tétragynie, un genre
dont les caractères sont : un calice divisé très-profondément
en quatre découpures lancéolées et persistantes; une corolle
de quatre pétales ovales, oblongs ; huit étamines insérées
contre l'ovaire et séparées par des corpuscules glandiformes ;
un ovaire supérieur , ovale , à quatre sillons , surmonté de
quatre stigmates sessiles et aplatis; le fruit est une capsule
tétragone, à quatre sillons profonds , ou quatre capsules uni-
loculaires , naviculaircs , réunies par leur angle , et renfer-
mant un grand nombre de semences oblongues et rugueuses.
(B.)
FRANCOLIN. V. le genre Perdrix. C'est, dans Belon,
I'Attacas ou le Lagopède, (s.)
Francolin blanc de la raie d'Hudson. Dénomination
faussement appliquée , par Edwards , à la large blanche, (s.)
ï38 F R A
Francolïn brun tacheté , est, dans Edwards , la geli-
notte du Canada, (s.)
Francolïn (grand) d'Amérique, d'Edwards, est la
large de la baie d'Hudson. (s.)
Francolïn a poitrine rouge. C'est, dans Edwards, la
barge rousse, (s.)
Francolïn du Spitzberg. Oiseau de rivage , auquel des
voyageurs ont mal à propos appliqué la dénomination de fran-
colïn. Il n'est pas plus gros qu'une alouette , ne s'éloigne ja-
mais beaucoup de la côte , et se nourrit de vers gris et de
chevrettes. On l'appelle aussi coureur de rivage. (Hist. générale
des Voyages , tom. 1 5 , pag. 2 26.) Ce prétendu francolïn est prOT
Lablement une Alouette de mer ou un Chevalier. (s.)
FRANCOLÏN. Nom donné à la coquille Cône drap
d'or, (b.)
FRANCOULO. Nom du Ganga , dans la plaine de la
Crau. (v.)
FRANDIK. Nom turc et arménien du Noisetier.
(LN.)
FRANGE. Poisson du genre Cyprin, (b.)
FRANGIPANIER.F. Franchipanier et Pluméria. (d.)
FRANGOEL. Nom du Pinson, dans le Bas-Mont-Fer-
rat (v.)
FRANGOUI , FRINGUEL. Noms du Pinson, à Turin.
Cv.)
FRANGUELLO. Nom italien du Pinson, (v.)
FRANGULA de Matthiole. C'est la Bourgène, Rham-
nus frangula, L., dont le bois est très-fragile. Depuis il a été
donné par Bauhin , au Rhamnus aJpinus. Tournefort avoit fait
de la Bourgène un genre qui différoitde celui des Nerpruns,
Rhamnus, par ses fleurs pentandres, pentapétales , et par le
fruit trisperme. Linnaeus ne l'a point conservé , de même
que Valalernus, le zizyphus et le paliurus , formés également
par Tournefort, sur des espèces de Rhamnus, L. L'on
trouve encore que le camensier, le cassine maurocenia, ont
été nommés frangula. (ln.)
FRANGULACÉES. Synonyme de Rhamnoïdes.(b.)
FRANKA. Nom donné, par Micheli, à un genre que
Linnseus adopte sous celui de Frankenia. V. Franquenne.
(ln.)
FRANKENIA. V. Franka et Franquenne. (ln.)
FRANKLANDIE , Franklandia. Arbrisseau de la Nou-
velle-Hollande , d'après lequel R. Brown a établi un genre
dans la tétvandrie monogynie et dans la famille des protées.
Ce genre offre pour caractères : un calice étalé à quatre
F R A l39
découpures caduques ; point de corolle ; des écailles réu-
nies en gaine autour du pistil ; une noix pédiculée fusi-
fonne, dilatée et aigrellée à son sommet.
Voyez pi. 6 des Remarques sur la Botanique des Terres - Aus-
trales, où il est figuré, (b.)
FRANKLINE, Frantdina. Genre déplantes établi par
Marshall, et auquel il a donné pour caractères : un calice à
cinq dents ; une corolle de cinq pétales ; un grand nombre
d'étamines; un ovaire supérieur, terminé par un stigmate à
cinq découpures; une noix à cinq loges et à plusieurs semences.
Ce genre n'est que celui des gordons , mal décrit sur une
espèce nouvelle. V. au mot Gordon, (b.)
FRANQUENNE, Frankenia. Genre de plantes, de
l'hexandrie monogynie, et de la famille des caryophyllées,
dont la fleur offre pour caractères : un calice inonophylle ,
infundibuliforme, persistant, et à cinq dents; cinq pétales
ovales, arrondis, ouverts, onguiculés et à onglet canaliculé ;
six étamines; un ovaire supérieur, ovale, chargé d'un style
trifide, à stigmate obtus ; une capsule contenue dans le ca-
lice , ovale , uniloculaire , trivalve , et renfermant plusieurs
semences très-petites.
Les espèces de ce genre , auquel le genre Nothrie de
Bergius a été réuni, sont au nombre de dix. Ce sont des
plantes herbacées, très-petites, dont les rameaux s'étalent
sur la terre ; dont les feuilles sont opposées, très-courtes, et
les fleurs petites, terminales et rapprochées par petits pa-
quets , ou axillaires et sessiles.
Les deux plus communes, sont :
La Franquetsne lisse, qui a les feuilles linéaires, ramas-
sées en paquet et ciliées à leur base ; elle est vivace, et se trouve
dans les parties méridionales de l'Europe , sur le bord de la
mer.
La Franquenne poudreuse, qui a les feuilles ovales,
rétuses et comme poudreuses en dessous. Elle se trouve avec
la précédente. Elle est vivace. (B.)
FRANSERIE, Fransen'a. C'est le nom que Cavanilles a
donné à un genre de plantes qu'il a établi , pour placer 1' Am-
broisie oulaLAMPOURDE arborescente, qu'il a trouvé n'a-
voir pas les caractères des autres espèces.
Ce nouveau genre offre des fleurs mâles réunies dans ua
calice commun, inonophylle plane , et composées d'une co-
rolle tubuleuse à cinq divisions, de cinq étamines, d'un ovaire
stérile, surmonté d'un style à stigmate pelté ; des fleurs fe-
melles apétales au-dessous des mâles , sur le même pied , et
composées d'un involucre formé de plusieurs folioles ovales,
Ho F R A
d'un germe supérieur, ovale, muriqué, surmonté de quatre
styles bifides. Le fruit est un drupe sec , couvert de piquans
recourbés , et contenant, dans autant de loges, quatre semen-
ces oblongues. (b.)
FRANSOSENHOLZ. Nom du Gayac, en Allemagne.
FRANZKRAUT. L'un des noms allemands de I'Aigre-
MOINE. (LN.)
FRANZOLA. Sorte de Châtaigne, en Toscane, (ln.)
FRANZWEIZEN. L'un des noms allemands du Sar-
rasin, Polygonum fagopyrum. (ln.)
FRAOUCO. Nom provençal de la Poule-d'eau, (v.)
FRAOUME. Nom vulgaire de I'Arroche portulacoïde,
à l'embouchure du Rhône. (B.)
FRARE. C'est, en Catalogne , le nom de I'Orobanche
major, L. V. Orobanche. (ln.)
FRASERE , Frasera. Genre de plantes de la tétrandrie
monogynie, et de la famille des gentiaoées, établi par
Walter, et auquel il a donné pour caractères : un calice à
quatre divisions persistantes ; une corolle de quatre pétales
.-ngus et velus en dedans ; quatre étamines ; un ovaire supé-
rieur à style court et à stigmate bifide.
Le fruit est une capsule aiguë et uniloculaire , qui contient
plusieurs semences.
Ce genre ne renferme qu'une espèce , dont la tige est
droite, les rameaux florifères , verticillés; les feuilles lan-
céolées et les fleurs géminées et axillaires. On la trouve en
Caroline , dans les marais, (b.)
FRASSINELLA. Anguillara et Césalpin nomment
ainsi le Sceau de Salomon, Conoallaria polygonatum latifo-
lium. Les Italiens désignent par ce nom la Fraxinelle. (b.)
FRASSINO. Nom du Frêne , en italien, (ln.)
FRASYOUN. Nom arabe d'une espèce de Marrube,
Marrubium alyssum , L. (LN.)
FRATERCULA. Nom générique du Macareux, dans
l'Ornithologie de Rrisson et d'une espèce dans Gesner. (v.)
FRAUDIUS AVIS. Dans Albert-le-Grand, c'est la Sit-
telle. V. ce mot. (s.)
FRAUENEIS. Nom allemand de la chaux sulfatée la-
minaire , et qui signifie : glace ou miroir de femme. V. Chaux
sulfatée. (LUC.)
FRAUENFINGERKRAUT.Nom allemand du Lotier
corniculé , Lotus corniculatus , L. , si commun dans les prés
et les bois, (ln.)
FRAUENVIOLE (Violette de Dame). L'un des noms al-
lemands de la Julienne, Hesperis malronalis, L. (ln.)
F R E l4l
FRAVOLA. Nom italien de la Fraise, (ln.)
FRAXINELLA de Pline. Les naturalistes pensent assez
généralement avec Dodonée , que cette plante est celle que
nous nommons Fraxinelle, à cause de la forme de ses
feuilles que l'on a comparées aux feuilles ùu. frêne. Plusieurs
botanistes croient que cette dernière planle est le nalrix de
Pline , et le Iragion de Dioscoride. Selon d'autres auteurs ,
il paroîl que les Grecs et les Arabes n'ont point parlé de
ce végétal auquel Tournefort et Adanson ont conservé
le nom de fra.iinella, cbangé par Linnœus en celui de dit-
iamnus , qui rappelle que celte plante est le dictante blanc des
anciens pharmaciens. Bauhin lui donne ce nom. (ln.)
FRAXINELLE. V. Dictame blanc, (b.)
FRAXINUS de Pline et des Latins. Arbre qu'Hippo-
crate et Théophraste, chez les Grecs, nomment melin et
buamelia, et dont ils désignent deux sortes. Virgile (Ecl. 7),
s'exprime ainsi sur cet arbre :
« Fraxinus in sylvis pulcherrima , pinus in hortis ,
« Populus in fluviis , abics in montibus altis. »
Le fraxinus est notre Frêne , appelé ainsi sans doute parce
qu'il se plaît dans les terrains rocailleux etmontueux, in loris
fragosis. Les anciens croyoient que les serpens redoutoient
tellement cet arbre , qu'ils en fuyoient même l'ombre , ce
que Camerarius a trouvé contraire à l'expérience qu'il en a
faite. Ce nom de fraxinus est resté au genre. Le Sorbier des
oiseaux est le fraxinea arbor de quelques anciens botanis-
tes. (LN.)
FRAY. Voyez Frai des poissons, (desm.)
FRAYE. Un des noms vulgaires de la Grive draine, (v.)
FRAYOIR ou FREYOIR {Vénerie}. Marque que le cerf
fait aux baliveaux quand il brunit son bois, c'est-à-dire , quand
il le frotte contre l'arbre pour en détacher la peau velue dont
il est couvert. Le vieux cerf fraye plus tôt que le jeune, et celui-
ci fraye aux jeunes arbres des taillis, (s.)
FRWONNE. V. Freux, article Corbeau, (v.)
FREDDO. L'un des noms du Colchique, en Italie, (ln.)
FREDERIC Poisson du genre Salmone. (b.)
FREDLOES. C'est, en Danemarck , l'un des noms de
la Lysimachie commune, (ln.)
FREGATA AVIS. Dans quelques auteurs, c'est le nom,
en latin moderne, de la frégate, (s.)
FRÉGATE, Tachypetes, Vieill. ; Pelecanus, Lath. Genre
de l'ordre des Oiseaux nageurs et de la famille des Syn-
DACTYLES ( V. ces mots ). Caractères : bec plus long que la
tête, robuste, entier, suturé en dessus; mandibules très-cro-
chues et acuminées à la pointe ; narines situées dans uns
»{i F R E
rainure; langue très-courte, lancéolée ; orbites nues; bou-
che très-ample; gorge extensible; pieds à l'équilibre du corps;
tarses à demi-emplumés ; quatre doigts^ tous dirigés en avant
et engagés dans une même membrane ; ongles aigus ; ailes
très-longues , les première et deuxième rémiges les plus lon-
gues de toutes ; queue fourchue.
Lies frégates, qu'on reconnoît aisément en mer à la longueur
démesurée de leurs ailes et à leur queue très-fourchue , doi-
vent leur nom à la rapidité de leur vol et à leur taille allon-
gée. De tous les oiseaux de mer , ce sont ceux qui ont le plus
de rapport avec l'aigle ; elles semblent le remplacer sur cet
élément. Armées d'un bec terminé par un croc aigu, de pieds
courts , robustes et couverts de plumes , de serres aiguës;
servies par une vue très-perçante et un vol des plus rapides,
elles possèdent tous les attributs qui caractérisent un tyran
de l'air. Si le paisible poisson volant, en s'élevant hors de
l'eau , évite la poursuite des dorades et des bonites, il devient
souvent la proie des frégates ; celles-ci même n'échappent
pas toujours à leur voracité ; elles les saisissent adroitement
lorsqu'elles se jotient à la surface des flots, ou qu'elles s'élan-
cent après leurs foibles victimes. Mais ce n'est pas sur les
poissons seuls que les frégates exercent leur empire ; elles
forcent les fous d'être leurs pourvoyeurs , et leur font à coups
d'ailes et de bec dégorger le poisson qu'ils ont péché , et
qu'elles saisissent avec adresse avant qu'il soit tombé. On
assure qu'elles font aussi la guerre au pélican , et qu'elles
usent des mêmes moyens pour lui faire lâcher sa proie. (Oviedo.')
Favorisée d'un vol très-étendu et très - puissant , la frégate
est, de tous les oiseaux de mer, celui qui pousse le plus
loin ses courses ; il brave les vents et les tempêtes , s'élève
au-dessus des orages , se porte au large a plus de quatre
cents lieues de toute terre ; parcourt du même vol ces traites
immenses ; et comme la durée du jour ne suffit pas , il est
forcé de continuer sa route pendant la nuit , n'ayant pas la
faculté de se reposer long-temps sur l'eau, où ii périroit ,
puisque le dessous de son corps n'est pas revêtu d'un duvet
assez épais pour le rendre impénétrable à l'eau. A l'aide de
sa vue perçante , la frégate discerne très-bien du plus haut
des airs les bandes de poissons volans , fond sur elles avec la
rapidité de la foudre , et ne manque guère d'en saisir avec
son bec et ses griffes ; mais l'on assure qu'elle ne peut les
Drendre dans l'eau : ses pieds, dit-on, ne lui permettent pas de
nager ; cependant ils sont palmés , et plus largement que ceux
de certains oiseaux d' eau. L'on trouve un second obstacle dans
la longueur de ses ailes, qui , privées d'un espace assez grand,
ne peuvent prendre le mouvement nécessaire pour qu'elle
F R E
4*
puisse s'élever de dessus l'eau. Lorsqu'elle se précipite
2 FRI
plats ; mais on en voit rarement de cette forme , communé-
ment ils sont cylindriques. Il y en a dont tout l'extérieur est
composé de brins de jonc collés les uns contre les autres.
Mais de quelque matière qu'ils soient couverts , il est rare
d'en trouver qui n'aient pas quelque pièce qui dépare le
reste , et celte pièce est nécessaire à sa perfection. Quelque-
fois c'est un morceau de pierre , un caillou ou une coquille ;
souvent on en voit qui sont entièrement couverts de petites
coquilles de limaçons aquatiques , ou de coquilles de moules,
qui renferment les animaux vivans.
Les fourreaux construits de matériaux si pesans , devien-
droientun fardeau pour l'insecte, s'il étoit obligé de marcher
toujours sur terre. Mais comme il doit marcher tantôt au
fond de l'eau , tantôt à sa surface , et sur les plantes qui y
croissent, il lui coûte peu à porter, si les différentes pièces
dont il est construit sont d'une pesanteur à peu près égale à
celle de ce liquide ; et c'est ce qu'il semble seproposer, en y
attachant des corps dont la pesanteur spécifique est moindre
que celle de l'eau.
Quand la larve, qui ne sait point nager, veut marcher,
elle sort sa tête et la partie antérieure de son corps hors de
son fourreau, cramponne ses pattes, et marche en sap-
puyant dessus ; elle trouve d'autant moins de difficulté , que
son fourreau est d'une pesanteur à peu près égale à celle de
l'eau.
Ces larves ont six pattes , la tête brune et écailleuse , la
bouche armée de mâchoires propres à couper les matériaux
qu'elles emploient pour faire leurs fourreaux. Leur corps est
composé de douze anneaux ; les six pattes tiennent aux trois
premiers ; sur le quatrième, elles ont trois éminences char-
nues, par lesquelles elles aspirent et rejettent l'eau. Les au-
tres ont des filets ayant quelque analogie avec les branchies
des poissons. On dit qu'elles se nourrissent des feuilles des
plantes aquatiques , et des larves de libellules et de tipules
qu'elles peuvent attraper; mais je les croirois simplement
herbivores. Quand on dépouille une de ces larves de son
fourreau , si on le laisse auprès d'elle, elle y rentre aussitôt
la tête la première.
Ce n'est pas seulement dans la construction de leur four-
reau que ces larves font voir leur industrie , elles en mon-
trent encore plus dans la manière dont elles le ferment,
avant de se changer en nymphe ; toutes subissent cette méta-
morphose dans l'eau, et dans l'espèce de tuyau qu'elles se
sont construit. Si la nature ne leur avoit pas donné la faculté
de le rendre inaccessible aux insectes aquatiques , leurs enne-
F R I *53
mis, elles deviendroîent leur proie; mais elles se mettent a
l'abri de leur serre meurtrière en bouchant les deux ouver-
tures de ce tuyau. Chaque larve y emploie la soie quelle a
à sa disposition , pour former une espèce de grille , dont les
mailles sont assez rapprochées pour empêcher les insectes
carnassiers de pénétrer dans L'intérieur du fourreau , et assez,
écartées pour laisser un libre passage à l'eau que la nymphe
a besoin de respirer. Mais avant de griller son fourreau , la
larve a soin de l'assujettir contre quelque corps solide , afin
d'avoir plus de facilité à le quitter quand elle en doit sortir.
La nymphe est d'un jaune citron , et on distingue sur elle
toutes les parties que doit avoir l'insecte parfait. Sa tête est
petite par rapport à son corps, et offre une singularité re-
marquable ; c'est une espèce de bec, formé par deux crochets,
placés un de chaque côté de la tête; elle s'en sert pour déta-
cher la grille qui ferme son fourreau du côté où elle doit en
sortir ; ce qui a lieu quinze ou vingt jours après sa métamor-
phose. Lesfriganes ne quittent point leur dépouille de nymphe
dans l'eau. La nymphe sort de son fourreau, et se retire dans
un endroit sec ; là elle reste tranquille à attendre que la peau
qui la recouvre se sèche et se fende ; elle y est rarement plus
d'une ou deux minutes ; au bout de ce court intervalle , l'in-
secte parfait est en état de faire usage de ses ailes.
Ces insectes volent ordinairement au bord des ruisseaux ,
des mares et des étangs. Les femelles déposent leurs œufs sur
les plantes qui croissent dans l'eau. Les œufe sont enveloppés
par une matière glaireuse , transparente , de la consistance
d'usé gelée molle , qui adhère à la plante presque aussitôt
qu'elle y est placée.
Pendant le jour , les friganes restent tranquilles; mais vers
le coucher du soleil , elles commencent à prendre leur essor.
11 n'est pas rare d'en voir dans les appartemens ; elles volent
autour de la lumière des bougies , où elles brillent leurs ailes.
Elles ont le vol vif et léger, et en marchant, elles semblent
glisser, tant elles courent vite. Quand on les saisit, elles
laissent aux doigts une odeur désagréable , qui y reste assez
long-temps. On connoît une cinquantaine d'espèces de ces
insectes, qu'on trouve presque tous en Europe : plusieurs sont
remarquables par la couleur de leurs ailes , qui ressemblent
à celles des phalènes.
FniGANE STRIÉE, Phryganea slrlaia , Linn.
Celte espèce , la plus grande de celles qu'on trouve aux
environs de Paris, a environ onze lignes de longueur; tout
son corps est roussâtre ; elle a quelques poils bruns sur la
tète et le corselet ; les antennes presque aussi longues que le
corps ; les yeux noirs ; les ailes très-grandes , avec des ner-
iU F R I
Tiîies très-marquées d'un roux foncé ; les pattes longues et
épineuses.
On la trouve au bord des eaux.
Frigane VERTE, Phryganm viridis , Geoff.
Elle a environ trois lignes et demie de long ; les antennes
plus longues que le corps, entrecoupées de brun et de gris-
blanc ; les yeux noirs ; la tête d'un beau vert clair ; le corse-
let vert , avec un peu de jaune en dessus et sur les côtés -, l'ab-
domen vert , sans taches ; les pattes d'un blanc argenté ; les
ailes entièrement blanches.
On la trouve aux environs de Paris, (l.)
FRIGANE (Fausse). Degeer donne ce nom à des in-
sectes que Geoffroy nomme perle , et M. Fabricius, semblis.
I . Perlaires , Nemoure et Perle, (l.)
FRIGANITES ou PLICIPENNES, phyganites. Famille
d'insectes, de l'ordre des névroptères , ayant pour carac-
tères : ailes inférieures beaucoup plus larges que les supérieu-
res , plissées; mandibules presque nulles; tarses à cinq arti-
cles ; antennes longues et sélacées.Ces insectes ont été nom-
més parRéaumur, mouches papilionacées. V. les genres Fri-
GANE et SÉRICOSTOjYIE. (l.)
FRIGARD. Nom sous lequel un épicier de Paris a vendu,
pendant quelques années, des harengs à moitié cuits sur les
bords de la mer , et ensuite marines. On les trouvoit exquis ,
dit-on, et cependant le commerce en est tombé. On ne sau-
roit trop cependant recommander cette manière de prépacer
le poisson , manière qui n'a les inconvéniens ni des salaisons,
ni des fumaisons, et qui conserve au poisson toute sa saveur
pendant au moins six mois. N
La méthode à suivre consiste à ouvrir le poisson aussitôt
qu'il est pris , et , après l'avoir vidé et bien lavé , à le faire
cuire à moitié ou dans le four, ou dans l'eau de mer;
ensuite , quand il est encore chaud, à le jeter dans un
tonneau défoncé par un bout , et à moitié plein de vi-
naigre. Au bout de vingt-quatre heures , on le retire de ce
vinaigre , on l'encaque légèrement dans de petits barils, en
le saupoudrant de quelques poignées de sel , et le parsemant
de feuilles de laurier ou de thym; puis on l'arrose de nou-
veau vinaigre jusqu'à ce qu'il n'en puisse plus absorber, et
on ferme le baril.
Ce qui a fait renoncer à cette excellente méthode , est pro-
bablement la difficulté de cuire les poissons toujours au même
nfgré. Lorsqu'ils sont trop cuits , ils se racornissent et de-
viennent durs sous la dent ; lorsqu'ils ne le sont pas assez ,
F R J ,;,s
ils se corrompent facilement. Il scroit probablement possible
de trouver des moyens de surmonter cette difficulté, (n.)
FRIGERÎO. lAm des noms du Micocoulier, en lialie.
FRIGOULE. C'est le nom de 1' Agaric social, qui se
mange à Montpellier, (r..)
FRIGOULE. Nom du Thym, en Languedoc, (ln.)
FRIJOLES. V. Frisoles. (ln.)
FRILLEUSE. Nom picard du Rouge-gorge, (v.)
FRIMAS. V. Givre, (pat.)
FRINGEGO des Portugais. C'est le pisoniaaculeata. (ln.)
FRINGILLE , Fringilla, Lath. Genre de Tordre des oi-
seaux Sylvauss et de la famille des GRANivoRE.s(r.ces mots).
Caractères : bec moins épais que la tête , à bords droits , entier,
brévi-cône , pointu; mandibule supérieure couvrant les bords
de l'inférieure , droite , rarement inclinée vers le bout , à pa-
lais creux et strié longitudinalement ; narines rondes , cou-
vertes en tout ou en partie par des plumes très- courtes et di-
rigées en avant ; langue épaisse , arrondie , à pointe compri-
mée et bifide ; quatre doigts, trois devant, un derrière ; les
extérieurs unis à la base; l'interne libre ; les quatre premiè-
res rémiges à peu près égales entre elles et les plus longues
de toutes.
On a réuni dans le même genre , les tarins , les chardon-
nerets , les bengalis , les sénégalis , les serins , les linottes , les
veuves , les pinsons , les moineaux, etc., parce qu'ils présentent,
dans la forme du bec, une analogie commune. Tous ces oiseaux
dépouillent les graines de leur péricarpe avant de les avaler;
ils ont un jabot où elles se macèrent avant de passer dans le
gésier; et tous, à l'exception de la veuve à épaulettes, sont
monogames. Mais leur genre de vie , les mœurs et l'instinct
n'étant pas les mêmes pour tous , ils se divisent naturelle-
ment en petites familles ; ce dont on peut se convaincre en
parcourant les divers articles qui les concernent.
Les espèces qui vivent entre les tropiques et dans les ré-
gions voisines , sont toutes sédentaires ; tandis que parmi cel-
les des zones tempérées et glaciales , il en est qui abandon-
nent leur pays natal aux approebcs des frimas, pour cher-
cher, dans des contrées plus méridionales, la nourriture dont
les privent les glaces et les neiges. Les tarins, les pinsons
d'Ardenne et la linotte aux pieds noirs, quittent alors les
montagnes pour descendre dans la plaine , et s'éloignent plus
ou moins de leur domicile d'été , selon que l'hiver est plus ou
moins froid. Une partie de nos pinsons , de nos friauets »
de nos verdiers se transportent alors plus au Sud, et sem-
blent faire place aux individus des mômes espèces qui vien-
i56 F R I
lient des régions boréales pour séjourner chez nous pendant
la mauvaise saison; les linottes, les chardonnerets , les moi-
neaux proprement dits , ne nous quittent en aucun temps.
Quoique tous ces oiseaux soient granivores , il s'en trouve
cependant parmi eux qui mangent des insectes ; tels sont les
moineaux, les friquets , les pinsons et quelques sénégalis; mais
ordinairement ils n'en font usage que pour nourrir leurs
petits , et dès que le bec de ceux-ci a acquis la force néces-
saire pour concasser les graines , ce n'est plus pour eux un
aliment préféré. J'ai observé que les chardonnerets , les li-
nottes , les serins ne touchent aux insectes en aucun temps.
Il en est de même du bouvreuil et du verdier. Ils élèvent leur
jeune famille avec les semences tendres du mouron , du sé-
ïioçon et de quelques autres plantes précoces. Tous font re-
monter du jabot la nourriture qu'ils lui destinent , tant qu'elle
ne se compose que de graines ; car les entomophages l'ap-
portent à leurs petits en tenant l'insecte dans le bec ou à
l'entrée de l'œsophage.
Les espèces des zones tempérée et glaciale n'ont qu'une
saison d'amour ; mais celles de la zone torride en ont plu-
sieurs. Les unes nichent dans les buissons, les autres sur les
arbres et plusieurs de celles-ci donnent à leur nid une forme
élégante ; les moineaux et les friquets le construisent grossiè-
rement dans les trous de murailles et d'arbres. La ponte est
de quatre à six œufs, rarement unique , et souvent les frin-
gilles en font deux , trois et quelquefois quatre, ce qui dépend
de la chaleur plus ou moins prolongée des contrées qu'elles
habitent. Tous ces oiseaux , à l'exception des moineaux , des
friquets et de quelques espèces étrangères , ont un chant
plus ou moins agréable , et il en est parmi eux dont le ra-
mage plaît presque autant que celui du rossignol. Tous s'ac-
coutument facilement à l'esclavage , et beaucoup font l'orne-
ment des volières.
Les caractères indiqués ci-dessus sont propres aux oiseaux
de ce genre que j'ai pu déterminer , et probablement à une
très-grande partie de ceux que les auteurs y ont classés ; mais
tous n'ayant pas le bec des mêmes grosseur et longueur, et
les uns l'ayant parfaitement conique , les autres un peu ovale,
plusieurs plus ou moins aigu et comprimé latéralement à son
extrémité , quelques-uns l'ayant un peu obtus , ou in-
cliné vers le bout ; je les ai en conséquence divisés par sec-
tions , ainsi que je l'ai indiqué dans mon Ornithologie élé-
mentaire. Ces sections renferment les seules espèces que j'ai
vues en nature , ou figurées d'une manière qui m'a paru ne
rien laisser à désirer. Quant aux autres fringilles des auteurs
que je ne connois que d'après leur description , je les signale
F R I ,S7
par une astérisque , et je les laisse sous les noms français qu'on
leur a imposés , sans garantir qu'ils leur conviennent. En effet ,
l'on a appelé moineaux beaucoup d'espèces étrangères, très-peu
connues et décrites trop succinctement pour juger sainement
si ce sont plutôt des moineaux que des pinsons , des tarins ,
des linottes, des chardonnerets, etc. On peut en dire autant
de celles qu'on a nommées pinsons , linottes , serins , verdiers.
J'aurois peut-être agi d'une manière plus uniforme en don-
nant à tous ces oiseaux le nom francisé du genre , ainsi qu'à
ceux qui ne portent aucune de ces dénominations, mais j'ai
cru devoir m'en abstenir dans un Dictionnaire ; pour ne pas
jeter de la confusion dans les idées du lecteur, qui ne les
trouveroil ainsi désignés dans aucun ouvrage d'ornithologie.
Enfin , j'ai placé parmi les fringilles plusieurs espèces , telles
que les vewes , les moineaux à bec rouge du Sénégal ou diocho ,
et lefoudi, que Gmelin et Latham ont donné pour àes Etnie-
rtxa/i'en ai retiré d'autres espèces qui m'ont paru placées
plus convenablement avec les passerines. K. ce mot.
Quoique à l'exemple de nos bons méthodistes , j'aie classé
dans deux genres les/ringilla et les coccolhruusles, je trouve l'in-
tervalle qui les sépare si peu prononcé que je crois qu'on
pourroit les réunir dans un seul , comme l'a fait Illiger, en le
divisant en plusieurs sections.
A. FRINGILLES dont la pointe du bec est comprimée latéralement,
plus ou moins allongée, grêle et très -aiguë (chardonnerets,
tarins, etc.)
Le Chardonneret, Fringilla cardue/is, Lath. , pi. enl. ,
n.° 4 > f'g- Le bec du chardonneret et celui de notre tarin pré-
sentent un caractère dont je n'ai point faitmention ci-dessus,
parce que je ne sais s'il peut être généralisé aux autres es-
pèces de cette section. Le bord de la mandibule supérieure pré-
sente à sa base un angle en forme de dent obtuse. Celattribut
rapproche ces oiseaux des sizerins, qui ont deux dents pareilles
sur la même partie du bec.
A une taille svelte et bien prise, à un plumage paré du
velouté et de l'éclat des plus belles teintes, le chardonneret
joint l'adresse , la docilité et une voix agréable ; l'accord et
la distribution des couleurs sont tels , qu'il ne cesse de plaire
à tous les yeux, quoiqu'il soit très-commun. Tl ne manque
enfin à ce charmant oiseau , que d'être né dans un pays éloi-
gné , pour être justement apprécié.
Dès les premiers jours du printemps , le mâle fait entendre
sa jolie voix ; mais c'est au mois de mai qu'il lire de son go-
sier les sons les plus doux ; perché alors à la cime d'un arbre
m f r i
de moyenne taille , surtout d'un arbre fruitier, sur lequelces
oiseaux se plaisent ie plus , il en fait fetentir nos vergers dès
la pointe du jour , et son chant ne finit qu'au coucher du so-
leil. 11 le continue ainsi jusqu'au mois d'août ; mais il l'inter-
rompt lorsqu'il a des petits ; comme il a pour eux beaucoup
d'attachement , les soins paternels remplissent tous ses mo-
mens. ïl les nourrit avec des graines tendres , telles que sont
alors celles du séneçon , du mouron, de la laitue et autres
plantes. L'on prétend qu'il leur donne aussi des chenilles, de
petits scarabés et autres insectes; mais je crois que les char-
donnerets ne sont que granivores, ainsi que la linotte , le se-
rin, etc. ; c'est pourquoi ils nichent plus tard que les moineaux,
bruants et pinsons , qui élèvent leurs petits avec des insectes ,
leur portent la becquée et ne dégorgent pas : lorsque ses pe-
tits sont plus avancés en âge, il y joint des graines d'une di-
gestion plus laborieuse ; cependant il les fait toujours ramollir
dans son jabot , pour les dégorger, comme font les canaris. 11
est tellement attaché à sa progéniture, que renfermé avec elle
dans une cage , il continue d'en avoir soin ; et ce à l'époque
où la liberté est si chère aux oiseaux , que très-peu survivent
à sa perte ; mais afin qu'il les amène à bien , il faut lui donner
en abondance le séneçon, le mouron, et surtout de la graine
de chardon , qui est sa nourriture favorite , et d'où lui vient
son nom ; aussi les oiseleurs qui lui tendent divers pièges ,
s'en servent-ils pour appât. Lorsque la femelle couve , le
mâle se tient et chante sur un arbre voisin ; il s'en éloigne
rarement, à moins qu'il ne soit inquiété ; alors il s'écarte ,
mais pour peu de temps; car c'est de sa part une petite feinte,
afin de ne pas déceler son nid; et si l'on persiste, il ne
larde pas à revenir. La femelle montre encore un attachement
plus grand pour ses petits ; rien ne peut la distraire de l'in-
cubation ; sa constance est vraiment admirable ; elle brave
tout , vents impétueux , pluies d'orage , grêle épaisse, pour
garantir ses œufs, surtout au moment où ils sont prêts à
éclore. Le mâle ne la quitte pas ; il l'accompagne dans toutes
les courses qu'exige le besoin d'alimens ou la construction du
nid ; mais il ne partage pas ce travail ni l'incubation ; il
veille seulement à sa sûreté lorsqu'elle est à terre , soit pour
chercher sa nourriture , soit pour choisir les matériaux néces-
saires au berceau de ses enfans , et se perche toujours sur la
branche la plus voisine. Cette femelle donne à son nid plus
de solidité , une forme mieux arrondie , et même plus élé-
gante que le pinson ; elle le pose ordinairement sur les ar-
bres fruitiei's , et choisit les branches les plus foibles ; cepen-
dant on en trouve dans les taillis et buissons épineux ; elle
emploie , pour le dehors , de petites racines , de la mousse
F R I l5g
fine, et le duvet de certaines plantes, qu'elle recouvre de
lichens; l'intérieur est composé d'herbes sèches, de crin , de
laine et d" plumes les plus duveteuses ; c'est sur cette couche
qu'elle dépose cinq à six œufs blancs , et tachetés de brun
rougcâtre vers le gros bout. Cette espèce ne fait son nid que
vers le milieu du printemps ; cependant elle fait trois cou-
vées, dont la dernière est en août Les jeunes ne neuvent se
suffire à eux-mêmes que long-temps après leur sorue du nid ;
aussi il faut de la patience lorsqu'on veut les élever. L'on pré-
tend que les meilleurs sont ceux qui naissent dans les buissons
épineux et ceux qui proviennent des dernières nichées ; ils
sont , dit-on, plus gais , et chantent mieux que les autres. Il
faut les prendre au nid , lorsque toutes leurs ptumessont pous-
sées , et les nourrir avec la composition suivante : on pile
ensemble des échaudés , des amandes mondées et de la
graine de melon ou bien des noix , ou du massepain : de la
pâte qui résulte de ce mélange , on fait des boulettes comme
de petits grains de vesce ; on les donne une à une avec la
brochette jusqu'à trois ou quatre de suite, à chaque jeune
oiseau, auquel on présente ensuite l'autre bout de la bro-
chette, garni d'un peu de coton trempé dans l'eau. Lorsqu'ils
commencent à manger seuls , on les nourrit de chènevis
broyé avec de la graine de melon et de panis ; et quand ils
sont forts , on leur donne du chènevis. Cette pâte , d'une com-
position très-compliquée , pourrait èire remplacée par une
autre , que tout le monde peut faire aisément. Elle est com-
posée de chènevis et de navette broyés , de mie de pain et de
jaune d'œuf, le tout délayé dans un peu d'eau, et on leur
donne la becquée comme l'on fait aux serins : lorsqu'ils man-
gent seuls, on doit supprimer le chènevis et le remplacer
par le millet, surtout si on en destine pour les accoupler
avec les canaris. Avec cette nourriture , ces oiseaux jouissent
d'une meilleure santé et vivent plus long-temps. Olina dit
que les jeunes qui sont à portée d'entendre des linottes, des
serins, etc., s'approprient leur chant ; d'autres disent qu'ils
ont plus de disposition à prendre celui du roitelet. Les oise-
leurs prétendent que parmi les chardonnerets pris au filet ,
l'on doit regarder comme meilleurs chanteurs ceux qui ont
les six pennes intermédiaires de la queue terminées de blanc,
et qu'ils désignent par le nom de sixains. Ceux qui en ont
huit , sont appelés huilai ns ; et ceux qui n'en ont que quatre ,
quatrains ; mais ces derniers sont , disent-ils , ceux qui chan-
tent mal. Ces distinctions sont sans aucun fondement, et ne
tournent qu'à l'avantage des marchands d'oiseaux, parce
qu'ils vendent les sixains à un prix double de celui des autres ;
mais ils se donnent bien de garde de dire que ces taches va-
160 F R I
rient sur le même individu pendant l'été , et que celui qui
étoit sixain au printemps , ne l'est plus au mois d'août ; sou-
vent même après la mue , le sixain devient quatrain. Sur
l'oiseau sauvage , toutes ces taches disparoissent en grande
partie depuis le mois de juin jusqu'en septembre ; alors toutes
les pennes , à l'exception, des latérales, sont noires; il en
est de même pour les taches qui sont sur les pennes des ailes ;
souvent en septembre, il n'en existe plus aucune trace, mais
elles reparoissent toutes avec les plumes nouvelles. Ce chan-
gement progressif n'a pas lieu en entier sur l'oiseau élevé en
cage. Il reste toujours des taches blanchessur quelques pennes
des ailes et de la queue.
Le chardonneret se ploie facilement à l'esclavage , et de-
vient même familier. Son activité et sa docilité font qu'il se
prête volontiers à mettre de la précision dans ses mouve^
mens, à faire le mort , à mettre le feu à un pétard , à exécuter
diverses autres manœuvres , telles qu'à sauter sur une roue
dans une cage , à y monter et descendre en volant , de tirer
des petits seaux qui contiennent son boire et son manger ;
mais pour lui apprendre ce dernier exercice , que l'on nomme
galère , il faut savoir l'habiller. L'habillement consiste dans
une petite bande de cuir doux , de deux lignes de large ,
percée de quatre trous , par lesquels on fait passer les ailes et
les pieds , et dont les deux bouts , se rejoignant sous le ventre,
sont maintenus par un anneau auquel s'attache la chaîne du
petit galérien. Cette chaîne a, à l'autre bout, un anneau
passé dans le demi-cercle de bois qui lui sert de juchoir , et
dont les deux bouts sont fixés dans la planche du fond. Sur
cette planche il y a une petite glace en face du cercle, et au-
dessous de celui-ci en est un autre d'un diamètre plus grand ,
pour que l'oiseau puisse monter et descendre à volonté. Les
deux seaux sont suspendus avec une petite chaîne au cercle
d'en haut ; dans l'un est le manger et dans l'autre le boire ,
et ils sont arrangés de manière que l'un ne peut baisser sans
tirer l'autre en haut. Alors il faut qu'il use d'industrie pour
attirer à lui celui qu'il veut avoir. Le besoin de société pour le
chardonneret , qui aime celle de ses pareils , paroît chez lui
être de première nécessité. C'est pourquoi il se plaît à se
regarder dans la glace , et qu'on le voit souvent prendre son
chènevis grain à grain , et l'aller manger devant elle , croyant
sans doute le manger en compagnie.
A d'autres galères , le miroir est supprimé, et est remplacé
par une petite trémie close de tous les côtés, à l'exception
d'une petite ouverture sur le devant , et fermée avec une bas-
cule arrangée de manière qu'elle obéit au moindre attouche-
ment et se referme d'elle-même. P'abord pour faire con-
FRI .8,
noîirc à l'oiseau l'endroit o>» es* sa nourriture, on tient ta
h isculeà demi-ouverte, ensuite; fermée aux trois quarts; trou-
vant alors une opposition, et voyant toujours la graine il
l'abaisse avec son bec ; enfin, on la ferme totalement; il use
alors de toute son adresse pour l'ouvrir, et la tient ouverte
avec ses pieds, en les posant sur la partie inférieure. Quant
à l'eau, elle est dans un petit seau attaché avec une chaîne à
un des cercles : l'oiseau l'attire à lui , en saisissant la chaîne
avec sou bec , et en la retenant sous ses pieds jusqu'à ce qu'il
ait é tanche sa soif.
Le chardonneret , naturellement actif et laborieux, veut de
l'occupation dans sa prison; et s'il n'a quelques têtes de pa
vots , des tiges de chènevis et de laitue à éplucher pour le tenir
en action , il remuera tout ce qu'il trouvera. Un seul qui se
trouve dans une volière où couvent des serins, s'il est sans
femelle , suffit pour faire manquer toutes les pontes. Il sfi
battra avec les mâles, inquiétera les femelles, détruira les
nids , cassera les œufs. Cependant ces oiseaux, vifs et pélu-
lans , vivent en paix les uns avec les autres , et n'ont de que-
relles que pour le manger et le juchoir, car tous veulent avoir,
pour se coucher, le juchoir qui est au plus haut de la volière et
lepremierquis'en empare, n'en veut point souffrir d'autres à
ses côtés. Il faut , pour pouvoir les contenter tous , en placer
à cette hauteur le plus qu'il est possible , ne donner aux ju-
choirs que la longueur nécessaire pour un seul oiseau , et les
isoler tous les uns des autres.
Quoique les chardonnerets puissent s'accoupler en volière,
cette union est rare et peu féconde. 11 est vrai qu'on s'en est
peu occupé , d'après la facilité d'en trouver en toutes sai-
sons, autant que l'on en désire. 11 ne faut, dit-on, qu'une
seule femelle au mâle chardonneret, et tous deux doivent être
libres , c'est-à-dire , dans une très-grande cage, et seuls ; car
en captivité le niàle s'apparie plus difficilement avec une fe-
melle de son espèce qu'avec une femelle étrangère, par
exemple ,- avec une serine; mais il est rare que la femelle
chardonneret s'accouple avec le maie canari. Ce n'est point
la conformité du chant, encore moins celle du plumage, qui
donne lieu à cet accouplement , mais parce que le chardon-
neret fait remonter de son jabot la graine pour la dégorger
comme fait le serin, et que c'est de celle manière qu'il
plaît à la femelle canari , la met en amour, et la nourrit
lorsqu'elle couve: ce qu'on ne peut attendre du bruant, du pin-
son , etc. , parce que ceux- ci portent souvent la becquée à leur
femelle et à leurs petit".: ce qui doit servir de règle pour tous
les oiseaux de diverses races que l'on veut apparier ensemble.
Quoique les couvées réassissent quelquefois entre une serine
XII. I I
x62 F R I
et un chardonneret sauvage , c'est-à-dire , pris au filet, néan-
moins , lorsqu'ils ne sont pas dans une grande volière en plein
air , il vaut mieux élever ensemble ceux dont on veut tirer de
la race , accoutumer le chardonneret à la nourriture du serin
c'est-à-dire le millet , l'alpiste et la navette , et ne les ap-
parier qu'au bout de deux ans. 11 seroit mieux aussi que la
serine n'eût jamais été accouplée avec un mâle de son es-
pèce, et qu'au printemps elle ne puisse ni le voirnil'entendre,
afin qu'elle l'oublie totalement, et puisse communiquer au
chardonneret, naturellement froid, le feu dont elle brûle.
Souvent sa première ponte sera d œufs clairs , surtout si elle
entre en amour dès les premiers beaux jours , époque où le
chardonneret est encore loin d'y être ; mais à la seconde ,
excité par ses agaceries, appelé si souvent par ses petits cris
amoureux , il finit par s'échauffer ; et une fois accouplé, il
devient plus assidu auprès d elle , et plus complaisant même
qu'un canari ; il partage alors tous les travaux du ménage, se
tient presque toujours sur le bord du nid, et lui dégorge sou-
vent de la nourriture tandis qu'elle couve; de plus, il l'aide
à élever ses petits.
Le bec du chardonneret est sujet à s'allonger , surtout en
captivité, au point même quelquefois qu'une mandibule dé-
passe tellement l'autre , qu'il ne peut saisir ses alimens : si
elles s'allongent également , elles deviennent très-aiguës , et
il en résulte un autre inconvénient; car , soit en dégorgeant
la nourriture dans le bec des petits ou de sa femelle , soit en
donnant à celle-ci des preuves de son amour, il arrive sou-
vent qu'il les blesse , même grièvement. Pour prévenir cet
accident, il faut les égaliser et les émousser avec des ciseaux.
Les métis , appelés vulgairement mulets, sont plus robustes
que les serins , vivent plus long-temps , et ont un chant plus
éclatant ; mais , dit Buffon , ils adoptent difficilement le ra-
mage artificiel de notre musique ; d'autres prétendent , au
contraire , qu'ils apprennent aisément les airs de serinette et
de flageolet. Ces métis ressemblent au mâle par la forme du
bec, par les couleurs de la tête et des ailes , et à la femelle
par le reste du corps. Il résulte quelquefois de celte alliance,
de belles variétés, surtout si la serine est de la belle race des
panachés. J'ai eu long-temps un métis pris au filet, que je
présume , d'après sa taille , ses couleurs et son chant , être
le résultat de l'union d'un vcrdiermàle et d'une femelle char-
donneret. Ce métis, pris au mois d'octobre, étant toujours
resté très-sauvage , et s'étânt très-peu familiarisé avec laçage,
ne me paroît pas être le fruit d'une alliance forcée , mais d'une
alliance faite en pleine liberté. Malgré son caractère farouche,
il céda aux impressions de l'amour, et s'accoupla avec une serine;
F R T lG.">
Mais il n'en est rien résulté. Cependant l'on prétendque tous
ces inélis ne sont pas inféconds , et que la seconde généra-
tion se rapproche insensiblement de celle du mâle. Celte
seconde génération est donc extrêmement rare , puisqu'on
n'en voit jamais. Les métis, il est vrai, sont d'une complexion
très-chaude et très-amoureuse, s'apparient facilement , soit
avec les serins, soit entre eux. Cependant il n'en résulte que
des œufs clairs -, du moins , après plusieurs années de suite ,
je n'ai pu réussir t ni avec ceux-ci , ni avec ceux qui prove-
noient de la linotle et du tarin. Les femelles métis construi-
sent leur nid beaucoup mieux que les serines , et sont de très-
bonnes nourrices ; elles peuvent remplacer celles-ci lors-
qu'elles sont ou malades ou mauvaises mères.
A l'automne , les chardonnerets se rassemblent, vivent pen-
dant l'hiver en bandes très-nombreuses , et fréquentent les
endroits où croissent les chardons et la chicorée sauvage.
Pendant les grands froids, ils se cachent dans les buissons
fourrés ; mais ils ne s'écartent guère des lieux où ils trouvent
leur pâture. Quelquefois ils se mêlent avec les autres oiseaux
granivores. Le chènevis est la graine qu'on leur donne pour
les familiariser avec la cage ; mais il seroil mieux d'y mêler le
millet et la navette , et de varier leur nourriture; par-là on
éviteroit les maladies dont ils ne sont atteints qu'en captivité;
c'est à quoi Ton ne s'attache pas assez, tant pour eux que
pour toutes les espèces d'oiseaux que l'on garde en volière.
La variété des alimens les tient en bonne santé, allonge leurs
jours, et les rapproche davantage de leur état naturel.
Les maladies auxquelles cet oiseau est plus sujet, sont : IV-
pi/epsiean mal-caduc, dont il tombe dans le temps où il est le
plus en amour et où il chante le plus fort; le gras-fondure ou
inflammation du bas-ventre; enfin, la mue est pour lui une
maladie mortelle. Le mal-caduc provient, selon Salerne, d'un
très-petit ver qu'il a dans la cuisse, quelquefois très-long,
angulaire et logé entre la peau et la chair; quelqu fois il sort
de lui-même en faisant une ouverture; quelquefois méine
L'oiseau le tire avec son bec, quand il peut le saisir. Pour moi,
j'attribue l'épilepsie au chènevis, seule nourriture que l'on
donne à cesoiseaux; maladie qui attaque aussi les serins, les
bauoreuUs, dès qu'on les borne à ce seul aliment, et à laquelle
le chardonneret est très-rarement sujet lorsqu'il est totalement
privé de cette graine. Quoi qu'il en soit, le mal-caduc est pour
lui, comme dit l'auteur du Traité des Serins, une maladie
très-violente, et si dangereuse, que souvent , en moins d'un
deini-quart-d'heure, il en meurt. Quand elle lui prend, il,
tombe, après avoir fait quelques inouvemens fort précipités ,
tout étendu dans sa cage, les deux pieds en l'air et les yeux
M F R I
renversés ; si on ne lui apporte un prompt secours , ii rend
les derniers soupirs. De tous les remèdes, le plus sûr, et celui
qui réussit le mieux , est de le prendre promptement et de
lui couper, avec des ciseaux, l'extrémité des ongles, et sur-
tout celui de derrière. Il en sort quelques gouttes de sang ;
on lui lave ensuite les pieds plusieurs fois dans du bon vin
blanc tiède. Si c'est en hiver, on lui en fait avaler aussi quel-
ques gouttes, en y mettant un peu de sucre fondu. Ce remède
soulage l'oiseau; il reprend de nouvelles forces, et jouit, peu
d'heures après , d'une santé aussi bonne que celle qu'il avoit
auparavant. L'on recommande encore de ne jamais les lais-
ser sans un niQrceau de plâtre suspendu dans leur cage de
manière qu'ils puissent le becqueter facilement. Enfin, quand
ces oiseaux sont bien soignés et tenus proprement , ils éprou-
vent moins de maladies, vivent seize à dix-huit ans, et même
plus.
L'espèce du chardonneret est répandue dans presque toute
l'Europe , et dans quelques parties de l'Asie et l'Afrique; elle
se trouve en Grèce , où elle porte le nom de karedreno ; quoi-
qu'elle ne soit ni de passage, ni voyageuse, elle ne reste pas
toute l'année sur la plupart des îles de l'Archipel; elle pré-
fère les plus grandes ainsi que les terres du continent voisin,
sans doute parce qu'elle y trouve des abris plus sûrs et plus
agréables.
Le mâle a le sinciput , les joues et le haut de la gorge d'un
rouge éclatant, bordé de noir sur les parties antérieures; le
sommet delà tête et l'occiput noirs; le dessous du cou et le
dos d'un brun rougeâtre, plus clair sur le croupion et les cou-
vertures de la queue ; les côtés de la tête , du cou , le ventre ,
blancs; les petites couvertures, les pennes des ailes et de la
queue noires; les grandes couvertures moitié jaunes, et les
pennes alaires, à l'exception de la première > de cette même
couleur sur le côté extérieur; l'aile, lorsqu'elle est dans son
état de repos, présente une suite de points blancs ; les côtés
de la poitrine ont une teinte rougeâtre ; la queue est un peu
fourchue; le bec blanc et noir à son extrémité ; les pieds
sont bruns.
La femelle diffère en ce que les couleurs sont moins vives ,
le noir de la tête et des petites couvertures est d'un brun
noirâtre, et le rouge est un peu orangé.
Les jeunes n'ont des vieux que le jaune des ailes, les taches
blanches des pennes et de celles de la queue; leur plumage
est un mélange de blanc sale et de gris, ce qui les a fait appe-
ler grisets ; le bec est d'un brun clair.
Peu d'espèces présentent autant de variétés que celle-ci :
outre celles qui proviennent, d'alliances forcées, il en est d'au-
F R I >65
très qui sont dues à la nourriture , au chènevis surtout , à l'âge
et a la domesticité.
Le chardonneret à sourcils et front blancs. Cet oiseau est blanc
où les autres sont rouges ; sur des individus cette couleur rem-
place le noir de la tête. Sur quelques-uns le rouge est nuancé
de jaune, et le noir paroît à travers ces couleurs. Le chardon-
neret àtète rayée de rouge et de jaune , a été trouvé en Amérique.
Le < harùuunrrct a capuchon noir un que de petites taches rousses
sur le front; le dos et la poitrine sont d'un brun jaunâtre,! iris
estjaunâtrc,lebecetlespiedssontcouleurdechair. Lechardon-
nerel blanchâtre a la queue et les ailes d'un cendré-brun; le des-
sus et le dessous du corps blancbâlres, et le jaune des ailes
pâle. Parmi les chardonnerets blancs ( pl.enl. n.° 4, «g 2) 1 1 on
voit des variétés totalement blanches ; d autres, ce sont les plus
raies et les plus belles, ont la tète rouge et les ailes bordées
de jaune. Sur le corps de plusieurs , les teintes sont plus ou
moins mélangées de blanc. Parmi les chardonnerets noirs, lesuns
sonttotalementnoirs, d'autres ont leur plumage varié de cette
couleur. Ces variétés sont dues aux effets du chènevis, lois-
qu'on le leur donne sans aucun mélange. 11 a la même in-
fluence sur le plumage du bouvreuil et même de V alouette ;
mais cette teinte n'est pas fixe, car Ion a vu des chardonnerets
reprendre leurs couleurs primitives après la mue, et d'autres
qui étoient totalement noirs, n'avoir plus que très-peu de
piumes de celte teinte. Ces changemensd'une mue à l'autre
sont plus sensibles , lorsqu'au chènevis l'on fait succéder le
millet et l'alpiste.
Chasse. — Les chardonnerets sont peu méfians et donnent
dans tous les pièges; mais ils ne se prennent point à la pi-
pée. Pour faire de bonnes chasses, il faut avoir pour appelons
des mâles bons chanteurs. On les prend de diverses manières,
à Yarbret ( V. Uouvreuil) ; avec des nappes oujilets à alouettes,
mais à petites mailles ; au trèbuchet, dans les tendues d'hiver,
et avec un filet ou rets-saillant. Ce filet se tend indistinctement
en divers endroits , au bord d'un ruisseau ou d'une eau stag-
nante , dans une allée de jardin , dans une cour. Cette chasse
est très-commode , parce qu'elle exige peu de place , et que
le filet se tire facilement sans qu'on ait besoin d'appeau ou
de réclame ; il doit avoir la qualité et la grandeur d'une des
parties de ceux qui servent aux alouettes , mais les mailles
plus petites; plus il est large , meilleur il est; on lui donne,
pour l'ordinaire , neuf ou dix pas de longueur; on nettoie une
petite place pour faire une aire ; on y place le filet en long;
on le fixe avec deux chevilles , l'une à la tête et l'autre au
pied; on l'étend et on l'élargit; quand on veut le ployer ,
on i'approche de la parlie distendue, et on attache aux
ï66 F R I
deux bouts deux bâtons qu'on arrête à terre avec un peu de
ficelle liée çà et là à deux autres chevilles, qui font leur effet
en tirant la corde à la partie repliée; c'est ainsi qu'on élargit
et qu'on détend totalement le filet. Pour le rendre stable ,
on tire par les deux bouts de la largeur du tiers ou au plus de
la moitié , une corde en travers attachée à la seconde par-
tie du filet repliée, et de l'attache du premier bâton doit par-
tir la corde que l'oiseleur tirera aussi de travers. Cette corde
sera arrêtée à une petite poulie ou à quelque cheville bien
lisse, pour qu'elle puisse aller et venir aisément; l'oiseleur se
tient couché ou caché, et quand il s'aperçoit que les oiseaux
peuvent être recouverts par le filet , il le tire; après avoir
serré sa proie , il replie le filet, et le couvre de manière qu'il
ne puisse pas être aperçu des oiseaux. On jette non - seule-
ment des graines dans l'aire , mais on place aux environs
des moquettes et des appelons en cage que Ton suspend à un
pieu ou aux branches voisines , s'il y en a dans le voisinage
pour attirer les oiseaux à la place qu'on a choisie , on jette à
manger plusieurs jours d'avance : parmi les appelans on en
met de différentes espèces, et même plusieurs ensemble à
qui Ton ne donne que très -peu à manger, surtout si l'on
fait cette chasse vers le soir , afin qu'ils crient et se dispu-
tent le peu daiimens qu'ils ont , comme ils font lorsqu'ils
pâturent en commun ; on tient aussi en L'air quelques ap-
pelans , attachés comme le chardonneret à la galère , et de
ceux qui fréquentent .ordinairement le canton ; on envoie
dans les environs des enfans pour faire lever les oiseaux et
les tourner de manière qu ils dirigent leur vol vers le filet.
La chasse usitée en Lorraine , est celle que l'on nomme
chasse aux chardons; on la fait avec deux plumes ébarbées
«le poulet ou de pigeon que Ton passe l'une dans l'autre en
sautoir , après en avoir fendu une dans son milieu, et y avoir
fait passer la seconde. On enduit de glu une partie de ces
.sautoirs , et on les pose sur les têtes des chardons, et surtout
des chardons à foulon , que les chardonnerets préfèrent ; on
place auprès un mâle chanteur dans une cage couverte de
branches; il appelle les oiseaux de son espèce qui viennent se
poser et se prendre sur les sautoirs englués.
Le Chardonneret acalanïue ou perroquet , Fringilla
psittacea, Lath., pi. 3a des Oiseaux chanteurs. La Nouvelle-Ca-
lédonie possède ce chardonneret, dont le plumage plaît autant ,
quoique moins varié, que celui du nôtre. Deux couleurs prin-
cipales régnent sur son vêtement ; unbeau rouge écarlate do-
mine sur la partie antérieure de la tête, les joues, la gorge,
Je croupion et la queue; un vert de perroquet (c'est sans
doute d'après cette couleur qu'on lui ena donné le nom) cou-
F R I ,67
vre le reste de la tête, le*dessus , le dessous du corps, le
bord extérieur des pennes alaires, dont un brun cendré teint
l'antre partie; la queue est cunéiforme et brune à l'exté-
rieur ; le bec noir : la taille de ce charmant chardonneret
ne surpasse pas celle du sènégali rayé.
Le Chardonneret d'Amérique ou du Canada. V. Char-
donneret jaune.
Le Chardonneret écarlate, Fringilla cocemea, Lath. ,
pi. 3t des Oiseaux chanteurs, se trouve dans les îles de
Sandwich. Tout son plumage est d'un orangé foncé , très-
brillant et tendant à la couleur écarlate; cette belle teinte
borde les pennes des ailes et de la queue qui, dans le reste,
sont noirâtres ; le bec est d'un brun pâle , et les pieds sont
noirs ; taille du chardonneret d'Europe.
Le Chardonneret jaune , Frtngilfa tristis, Lath. , pi. enl.
202 , f. 2 , le mâle sous son habit d'été. Cette espèce se
trouve en Amérique, depuis le Canada jusqu'à la Caro-
line et probablement jusqu'au Mexique ; mais elle est rare
aux deux extrémités, c'est-à-dire, au nord et au sud des
Etats - Unis, et très- commune dans l'état de New- Yorck.
Cet oiseau est bien le vrai représentant de notre chardon-
neret dans cette partie du nouveau continent : même cri ,
mêmes habitudes , même nourriture ; mais il en diffère
par les couleurs et une taille un peu inférieure ; de plus , il
subit deux mues par an , l'une à l'automne, et l'autre au
printemps. Après la première , il y a peu de différence dans
le plumage du mâle et de la femelle ; après la seconde , le
mâle a le bec rougeâtre ; le front noir ; le reste de la tête 7
le cou , le dos et la poitrine d'un jaune éclatant ; le ventre ,
les cuisses , les couvertures supérieures et inférieures de la
queue d'un blanc jaunâtre ; les petites couvertures des ailes
jaunes à l'extérieur, blanchâtres à l'intérieur, et terminées
de blanc; les grandes, noires et terminées de même; ce
qui forme deux raies transversales sur les ailes, dont les
pennes ont une frange blanche à l'extrémilé ; celles de la
queue sont noires en dessus et cendrées en dessous ; les la-
t.-. aies sont blanches à l'intérieur, vers le bout, et toutes sont
terminées par un liseré blanc.
La femelle se distingue facilement par sa tête et le dessus de
son corpsqui sonld'unvert-olive, parlesraiestransversalesdes
ailes quisont plus sombres, parle dessous du corps qui est plus
pâle, parson ventre blanc et par son bec brun. Les jeunes lui
ressemblent ; cependant leurs couleurs sont plus ternes.
Les jeunes mâles ne prennent la livrée des adultes qu'au
printemps; mais elle n'acquiert de l'éclat qu'après la 3.c mue.
Les individus représenléssur la pi. enl. de Buffon , h.°2o,2 ,
,G8 F R I
f:g. i et 2 , sous la dénomination de tarins de la Nouvelle-
Yorck , sont des mâles sous leur plumage d'hiver.
Cette espèce niche sur les arbres et place son nid à
l'extrémité des branches. Il est fait avec autant d'art que
celui de notre chardonneret, et présente une forme aussi
élégante. La ponte est de quatre œufs, d'un gris-de-perle.
Cet oiseau porte , au Mexique , le nom de coztoiolt. Les Es-
pagnols de celte contrée l'appellent canari.
Le Chardonneret olivarez , Fiingilla mageïïanica ,
Yieill. ; Fringilla spimis , Var. , Lath. , pi. 3o des Oiseaux
chanteurs. Cette espèce est répandue dans le sud de l'Amé-
rique jusqu'au détroit de Magellan. M. de Àzara l'appelle
gâfarron. Les Espagnols de Buenos-Ayres le nomment gilguem,
et les Guaranis, parachi. Elle ne fréquente ni les bois ni les
campagnes; elle s'approche des habitations en hiver, et se
plaît dansles jardins. Ellefaitsonniddansleshalliers.Laponte
est composée de trois ou quatre œufs blancs. A Buenos-Ayres
où ces chardonnerets sont communs , ils nichent en cage.
Le mâle a la tête, la gorge , la moitié des pennes alaires
et caudales noires ; celte couleur forme deux bandes trans-
versales sur l'aile , dont la partie antérieure est jaune, de
même que le milieu des couvertures, le dessus et le devant
du cou , la poitrine et les parties postérieures, l'autre moitié
des ailes et de la queue; le Veste du plumage olivâtre ou
d'un brun verdâtre ; le bec cendre ; la prunelle bleuâtre , et
les pieds d'un gris noirâtre. Le mâle , décrit par M. de Azara ,
diffère en ce qu'il a du jaune sur les cotés de la tête , et
qui va jusqu'aux oreilles , et le bec noirâtre. Les femelles ont
le dessus de la tête d'un gris -brun ; les joues , la gorge et
tout le devant du corps, jaunes ; le dos, le croupion , les
couvertures supérieures de la queue et des ailes , variés de
brun et d'olivâtre ; les pennes des ailes et de la queue noi-
râtres ; des individus du même sexe ont le dessus de la tête
d'un vert - olive , et nulle trace de brun sur les parties supé-
rieures du corps. Longueur totale , quatre pouces et demi.
Le Chardonneret perroquet. V, Chardonneret aca-
lanthe.
Le Chardonneret de Suède ou a quatre raies, Fiingilla
lulensis , Lath. Cet oiseau, qu'on a trouvé en Suède, vers le
golfe de Bosnie , n'est point un Chardonneret ni une es-
pèce particulière, c'est, selon M. Meyer, une jeune fe-
melle de l'espèce du pinson d' Ardennes.
Le Chardonneret vert, Fringilla mella , Lath. , pi. 272,
le mâle ; 128, la femelle ( Oiseaux d'Edmmls.) L'on est incer-
tain eur le pays qu'habite cet oiseau : selon Linnseus , il se
trouve à la Chine ; et Edwards, qui l'a vu vivant à Londres ,
F K I i6J
dit que c'est au Brésil. Le mâle a le bec d'un rouge pâle ,
l'espace entre ce bec et l'œil nu el bleuâtre ; le front, (a gorge ,
les couvertures supérieures et les pennes de la queue d un
rouge vif; le derrière de la fête, le dessus du cou , le dos el
le croupion d'un vert jaunâtre ; les couvertures supérieures
et les pennes secondaires des ailes verdâtres et bordées de
rouge ; le dessous du corps rayé transversalement de brun,
sur un fond qui est vert-olive sur la poitrine , et qui va tou-
jours en se dégradant jusqu'au ventre qui est blanc ; les cou-
vertures inférieures de la queue sont d'un gris cendré , ainsi
que les pieds : grosseur du chardonneret commun.
Le bec de la femelle est jaune pâle; le dessus de là tête
el le dessus du cou sont cendrés, et les ailes d'un vert jau-
nâtre , sans aucune teinte de rouge ; elle diffère encore en
ce qu'elle a les pennes de la queue brunes, et bordées à
l'extérieur d'un rouge vineux ; les couvertures inférieures
blanches ; les plumes du dessous du corps bigarrées de rouge ,
de vert-jaune pâle , de blanc el de brunâtre , et les pîeds cou-
leur de chair.
La Linotte de montagne, Fringi/Ia montium, La'.h. , pi.
10 de Frisch, sous le nom de linotte à gorge jaunâtre. Cet oi-
seau , que l'on a confondu tantôt avec le cabaret, tantôt avec
la linotte proprement dite , et qui se trouve en double emploi
dans presque tous les ouvrages d'ornithologie , est une es-
pèce très-distincte , non-seulement par son plumage , mais
encore par son genre de vie , son chant et son cri. Le mâle
a la tète , le dessus du cou, le dos et les plumes scapulaires
variés de brun foncé et de roussâtre ; cette dernière teinte
ne s'étend que sur le bord de la plume ; les couvertures su-
périeures des ailes brunes et terminées de roux , ce qui
donne lieu à deux bandes transversales ; les pennes noi-
râtres ; les primaires frangées de blanc à l'extérieur ; les
pennes de la queue pareilles , mais les huit latérales sont
bordées de blanc; le croupion d'un rouge cramoisi, pur
pendant l'été , moins éclatant, et rayé longitudinalement de
brun pendant l'hiver ; les joues, la gorge , le devant du cou
roux ; les côtés variés de brun ; le ventre et les parties pos-
térieures d'un blanc un peu lavé de roussâtre : la queue très-
fourchue ; le bec jaunâtre dans l'hiver, blanc dans l'été ; les
piedsetles ongles noirs. Longueur totale , cinq pouces quatre
à six lignes. La femelle ne diffère du mâle que par son crou-
pion roux et par une bordure blanche plus étroite dans l'aile
et dans la queue.
Cette espèce se trouve non-seulement en Angleterre, mais
encore en Allemagne el en France où elle se montre depuis
l'automne jusqu'au printemps. Elle ne pénètre guère dans
170 F R I
nos contrées septentrionales que tous les cinq ou six ans ;
elle y arrive , tantôt par troupes très - nombreuses, tantôt
par familles de vingt ou trente individus, quelquefois en
moindre quantité. On dit qu'elle niche sur les montagnes
de la Suisse ; mais on n'en a pas de preuves positives.
Les Anglais l'appellent linotte française , parce qu'ils
croient qu'elle vient de nos contrées , lorsqu'elle paroît
aux environs de Londres. Son chant est presque aussi
agréable que celui de la linotte commune. On s'est trompé
en lui donnant plus de grosseur qu'à celle-ci , et elle n'est
pas du double plus grande que la petite linotte de vigne
(Fringilla linarid), comme le dit Brisson , qui ne la décrit pas
d'après nature, puisqu'elle n'a qu'environ six lignes de plus.
La linotte à pieds noirs n'est point une variété de la linotte
commune , ainsi que l'a cru Montbeillard, c'est un individu
de l'espèce dont il vient d'être question. Enfin , des ornitho-
logistes allemands rapprochent de la linotte de montagne le
Pinson brun (Fringtila flariroslris) ; en effet , il a le bec de
la même couleur, mais il en diffère essentiellement, si ,
comme le disent Latham et Gmelin, les plumes delà poitrine
sont rouges à l'extrémité ; alors ce seroit plutôt un sizain.
Le Serin de Mozambique, Fringilla ictera , Vieillot;
fringilhi canaria, Var. , Lath. , pi. enl. , n.° 364, fig. 1 et 2.
Quoique cet oiseausoit une espèce distincte àuserin deCa?iariey
les méthodistes ont trouvé à propos de le présenter comme
une variété, probablement parce qu'il estconnusous le même
nom au Cap de Bonne-Espérance; mais il en diffère par la forme
du bec, le chant et la taille, et n'a avec lui que quelques rapports
dans les couleurs ; c'est pourquoi je le donne pour une es-
pèce distincte, avec d'autant plus de motifs que j'en ai possédé
plusieurs vivans. Ainsi que les sizerins en captivité , le mâle
eherchoit, par ses caresses réitérées, à communiquer à la fe-
melle ses désirs et ses feux , mais inutilement ; ce que j'at-
tribue au défaut d'une chaleur convenable, car elle ne s'est
jamais occupée de la construction du nid. Leur naturel est
fort doux , et leur chant foible est loin d'avoir la mélodie
de celui du serin.
Sa taille est au-dessous de celle de cet oiseau , et sa
longueur de quatre pouces et demi ; le jaune est la cou-
leur dominante des parties inférieures , du croupion, des
couvertures supérieures de la queue et de celles des ailes y
dont les pennes sont bordées de jaunâtre ; le brun règne sur
les parties supérieures, et se réunit avec le jaune pour former
des bandes alternatives sur la tête; celle qui courtsur le sommet
de la tête est brune , ensuite deux jaunes surmontent les
F R I ,7«
yeux ; puis deux brunes derrière , puis deux jaunes , et enfin
deux brunes qui partent des coins du bec.
La femelle diffère du mâle en ce que ses couleurs sont
moins vives, et que ses ailes et sa queue sont bordées de
blanchâtre. Ces serins ont été transportés à l'Ile - de-
France, où ils se sont naturalisés, et où ils sont connus sous
le nom vulgaire d'oiseaux, du Cap. (Commerson.)
Le Tarin proprement dit, Fringilla spinus , Latb. , pi.
enl. , n.° 485, fig. 3, a quatre pouces neuf lignes de longueur;
le sommet de la tête noir; l'occiput, le derrière du cou, le
dos, les plumes scapulaires d'une couleur d'olive jaunâtre ;
le croupion de celte même couleur, mais plus décidée ; les
petites couvertures du dessus de la queue jaunes ; les grandes
d'un vert-olive , et terminées de cendré ; la gorge brune ; les
joues, le devant du cou, la poitrine d'un jaune-citron ; le
ventre d'un blanc un peu jaunâtre ; les plumes des côtés de
cette dernière couleur, ainsi que les couvertures du dessous de la
queue , avec un trait noir sur le milieu de la plume ; les pe-
tites couvertures du dessus des ailes d'un vert- olive ; cette
teinte termine les moyennes, qui sont en grande partie
noires, de même que les grandes; ce qui forme sur chaque aile
deux bandes d'un vert olivâtre ; les pennes noirâtres et bor-
dées à l'extérieur d'olivâtre ; les deux intermédiaires de la
queue pareilles ; les latérales jaunes ., terminées de noirâtre
et bordées de gris ; le bec blanc , noirâtre à sa pointe ; les
pieds gris ; la femelle a la gorge blanche , et les plumes
noires de la tête bordées de gris. Longueur totale, quatre
pouces quatre à cinq lignes.
Les iân'ns , oiseaux de passage , ont dans leurs émigra-
tions le vol élevé, de manière qu'on les entend plutôt
qu'on ne les aperçoit. Ils sont très - nombreux dans les
provinces méridionales de la Russie , et très- communs en
Angleterre pendant l'hiver ; là , comme ailleurs, ils se plai-
sent dans les lieux plantés à' aulnes. Ils arrivent dans nos
contrées vers le temps des vendanges , se portent ordinaire-
ment plus au midi , et reparoissent lorsque les arbres sont
en (leurs ; mais ils n'y restent point pendant l'été , puis-
qu'on n'y en voit point dans cette saison ; il est probable
qu'ils se retirent dans des pays plus septentrionaux ou dans
tes mandes forêts situées sur les hautes montagnes; ce qui
est coiffiriné par Sonnini dans son édition de l'Histoire na-
turelle de Buffon. « Je sais , dit-il , à n'en pouvoir douter ,
que les tarins nichent sur les plus hautes montagnes des
Vosges lorraines , et particulièrement sur celle que Ton ap-
pelle le Donon. Ils passent dans la plaine au printemps ,
pour se rendre à cette chaîne de montagnes, aussi bien
i72 FBI
qu'en Suisse et en Franche- Comté ; lis en descendent après
les couvées , en septembre et octobre. » Ces individus qui
nichent dans le Nord , le font à la cime des pins et des
s spins. La ponte est de quatre ou cinq œufs d'un gris-blanc,
et tachetés de rouge.
Les tarins ont, dans leurs habitudes, des rapports avec les
s'zerins; comme eux ils se suspendent à l'extrémité des bran-
ches, et préfèrent la graine de Y aulne; ils se rapprochent des
chardonnerets , en leur disputant la graine de chardon : le
chènevis est pour eux une nourriture de choix, mais ils en
paroissent, surtout en captivité, plus grands consomma-
teurs qu'ils ne le sont en réalité , par l'habitude qu ils ont
décorcher une grande quantité de graines sans les manger.
Dans leur passage en Allemagne , en octobre , ils portent
préjudice aux propriétaires des houblonnières en mangeant
alors les graines de houblon ; en France ils font tort aux
pommiers en pinçant leurs fleurs.
Le chant du tarin n'est point désagréable , mais il est très-
inférieur à celui du chardonneret ; on lui accorde la faculté de
s'approprier assez facilement le ramage du serin , de la li-
notte , etc., s'il est dans le premier âge et à portée de les en-
tendre ; de plus, il a un cri particulier qu'il jette souvent,
et qui est pour ces oiseaux celui de rappel. Quoique
pris dans 1 âge adulte, il s'apprivoise facilement et devient
même aussi doux qu'un serin ; d'un naturel docile , il ap-
prend à aller à la galère , et on peut même 1 accoutumer à
venir se poser sur la main au bruit dune sonnette ; il ne
s'agit que de la faire sonner dans les commencemens chaque
fois qu'on lui donne à manger. Vif et gai, il est toujours
éveillé le premier dans la volière , et est aussi le premier à
gazouiller et à mettre les autres en train ; aussi les oiseleurs
l'appellent vulgairement boute-en-lruin. Ce petit captif a les
mœurs si douces , qu'il ne cherche querelle à aucun de ses
compagnons , et cède assez promplement quand on lui en
intente ; mis dans une volière où il y a plusieurs oiseaux
d'espèces différentes , il en prend un en affection , lui dé-
gorge la nourriture ; mais il donne la préférence à ceux de
ta race , mâle ou femelle.
On a remarqué qu'il y a une grande sympathie entre le
tarin et le serin; elle est telle, que si on lâche un tarin dans
un endroit où il y ail des canaris avec d'autres oiseatfc , il ira
droit à. eux, s'en approchera autant que possible, et que
ceux-ci le rechercheront avec empressement. Le mâle ou la
femelle s'apparie facilement avec eux; l'on prétend même que
la femelle le fera plutôt que le mâle, qui cependant, lorsqu'il
a plu à une femelle serine, partage tous ses travaux avec beau-
F R I
coup de zèle , aide à la construction do nid en lui portant les
matériaux et les employant même ; enfin , il ne cesse de lui
dégorger sa nourriture, tandis qu'elle couve ; mais , maigre"
toute celte bonne intelligence , il résulte souvent de lenrumon
des œufs clairs. Le peu de métis qui en proviennent, lient
du père et de ia in ère.
Les tarins en captivité vivent jusqu'à dix .ois, et sont peu
sujets aux maladies, si ce n'est à la gras-fondure , lorsqu'on
ne les nourrit que de chènevis ; c'est pourquoi il vaut mieux
les accoutumer au millet et à la navelle.
Chasse aux Tarins. — Un oiseau qui ne cherche point à
nuire , et qui est sans défiance , donne plus facilement dans
les pièges qu'on lui tend ; tel est le tarin : il se prend à tous
gluaux , trébuchels , filets , même aux pièges les plus grossiers.
Une cage dans laquelle est un mâle pour servir d'appeau, et
que l'on entoure de plusieurs hâtons de cinq à six pieds de
long, et fichés à terre dans une position verticale ; de bètfts
gluaux couchés sur les bâtons et fixés dans des entailles que
Ion y a pratiquées, sont tous les préparatifs de cette petite
chasse , que 1 on fait avec succès dans quelques cantons de
la Lorraine.
On a observé dans l'espèce du tarin , une variété qui avoit
le sommet de la tète jaunâtre, et le reste du plumage noi..
li suffit , pour que ces oiseaux noircissent, de toujours les
nourrir avec du chènevis. On dit que ce tarin se trouve en
Silésie. Montbeillard fait la description d'un autre qu'il soup-
çonne être un inélis de tarin et de canari. Enfin, on donne
pour variété de climats, le tarin de la Nouvelle- Yorck , pi. enl.
n.u 292 , fig. 1 el 2 , mâle et femelle ; mais c'est une méprise,
car on ne trouve point noire tarin dans l'état de New-Yorck
et dans aucune autre contrée de l'Amérique septentrionale.
Ces prétendus tarins sont des chardonnerets jaunes. Il est vrai
qu'à une des époques où ceux-ci changent de plumage , on
peut s'y méprendre. Le mâle figuré dans Buffon , est un
vieux mâle chardonneret jaune en mue, et la femelle un au-
tre mâle moins avancé en âge ; c'est pourquoi ses couleurs
sont plus faibles ; cependant , tous les deux sont adultes ,
car les jeunes mâles de cette espèce ne prennent leurs cou-
leurs dislinctives qu au printemps.
Le Tarin bleu d'acier, Fringilla splcndens, Vieil \., fringilla
nitens, var. Lat. , pi. 1 , enl. de liuff. , n.° 224. , fig. 3 ° 3e
trouve à Cayenne ; il diffère de notre tarin en ce que son
bec est carène en dessus ; il est totalement noir à reflets d'un
bleud acier poli. Le becet les pieds sont d'un noir mal ; taille à
peu près du Jriquet. On a donné cet oiseau pour une variété du
combasou, appelé improprement moineau du Brésil , pni pi H
i74 F R I
ne se trouve qu'en Afrique ; mais la couleur et la forme de soil
bec suffisent, ainsi que la teinte des pieds, pour ne pas le
confondre avec cet oiseau. En effet, chez ce tarin le bec est
plus haut que large, caréné en dessus, à pointe droite grêle et
comprimé, tandis que le combasou Ta blanc, arrondi en dessus
à pointe inclinée et nullement comprimé. Enfin , celui-ci a un
vrai bec de moineau. Ses pieds sont couleur de chair et son
plumage jette des reflets , plus prononcés et plus éclatans.
Le YeïSTV R.OH ,Fringilla citrinella; ernbenzu brumalis , Lalh.
pi. enl. de Buff. , 658, fig. 2. Cette espèce se trouve dans
toute l'Italie , en Grèce , en Turquie , en Autriche , en Pro-
vence , en Languedoc , en Espagne , en Portugal et quel-
quefois en Lorraine ; mais il y a des années où elle est fort
rare dans nos contrées méridionales. Le mâle a un chant
agréable et varié , mais moins beau et moins clair que celui
du serin de Canarie.En Italie , celte espèce fait son nid non-
seulement à la campagne , mais encore dans les jardins, sur
les arbres touffus , particulièrement sur les cyprès , le cons-
truit de laine , de crin et de plume ; la ponte est de 4 à S
œufs. Le mâle s'allie facilement à la femelle canari , et il
en résulte des métis dont la race ne peut, dit-on, se perpétuer.
Le plumage du venturon présente un mélange de brun
et de vert jaunâtre sur la tête , le dessus du cou, le dos et les
scapulaires ; la couleur brune tient le milieu de la plume ;
la gorge , le devant du cou , la poitrine , le haut du ventre
et les flancs sont d'un vert-jaune, mais plus clair sur le crou-
pion et sur les couvertures supérieures de la queue , dont les
inférieures sont blanchâtres , ainsi que le reste du ventre et
des jambes : les petites couvertures des ailes sont vertes, les
grandes, noirâtres et bordées de vert, de même que les pennes
et celles de la queue ; le bec est brun ; les pieds sont couleur
de chair pâle et les ongles noirâtres ; taille inférieure à celle
du serin de Canarie. Cette espèce est un double emploi ,
ayant encore été décrite sous le nom de bruant du Tyrol.
B. FRINGiLLEs , dont le bec est à pointe courte et peu aiguë ;
paroissant ( vu en dessus ) dilaté et un peu aplati près du capis-
irum ( Bengalis et sénégalis. )
L'Azu ROUGE, Fringil/a bicolor , Vieill., pi. ig, des Oiseaux
chanteurs , est de la taille du grenadin et se trouve dans les
mêmes contrées de l'Afrique. La tête, le cou, la gorge, le dor#
le croupion et les couvertures supérieures de la queue sont
d'un violet éclatant à reflets bleus ; un trait bleu part du
bec , enveloppe l'œil et le dépasse ; les ailes sont d'un beau
mordoré et bordées en dehors d'une nuance plus claire ; les
pennes caudales noires en dedans et frangées de bleu du côté
extérieur ; le bas-ventre et les couvertures inférieures de la
F R I î75
tmeuc de la dernière couleur, la poitrine , le venlrc et le bec
rouges, les pieds d'un rouge pâle.
Le Bengali amandava ou piqueté, Fringilla amandavaf
Lalh., pi. i et 2 des Ois. chant. \Jamandaoa réunit tout ce qui
peut plaire :à une taille élégante, à un ramage agréable, il joint
un riche plumage, dont les couleurs varient plusieurs fois dans
l'année, ce qui a donné lieu à des méprises ; telles que de le
présenter, sous le nom àchcngali brun, pour une espèce parti-
culière ; de donner le mile pour la femelle , lorsqu'il étoit
sous son plus modeste vêtement. Il a dans sa jeunesse, la
tèle et toutes les parties supérieures de couleur brun?; la
gorge blanchâtre ; le devant du cou et le dessous du corps de
la même couleur chez les uns, d'un jaune sale chez les au-
tres ; les couvertures des ailes parsemées de quelques points
blancs ; les pieds jaunâtres et le bec brun. Lorsqu'il est dans
la saison des amours, le bec, les pieds, la tête , le dessus et
le dessous du corps, sont d'un rouge foncé ; cette teinte se
rembrunit sur les pennes des ailes et se change en noir sur
relies de la queue, dont les latérales sont terminées de
blanc ; cette dernière couleur est encore indiquée par des
{>oints plus ou inoins grands sur les paupières et sur toutes
es couvertures alaires et caudales , sur les pennes secon-
daires et sur les Bancs ; enfin, un trait noir est à l'origine de
la gorge. Tel est l'oiseau représenté sur la pi. i , indiquée
ci-dessus. Le même, en habit d'hiver, pi. 2 , a le dessus de
la tète et du corps, les cotés du cou et le croupion bruns;
les plumes qui recouvrent la queue en dessus, d'un rouge
rembruni ; le front, les joues et le menton , d'un jaune foi-
ble , teinté de rouge ; le devant du cou d'un gns-blanc lavé
de jaune sale ; la poitrine, le ventre, les couvertures et les
penues des ailes , d'un brun foncé ; le bas-ventre et le dessous
de la queue noirs ; les flancs , les couvertures supérieures de
la queue et quelques pennes secondaires piquetées de blanc.
Des individus ont encore des points pareils sur les côtés du
cou ; d'autres ont des teintes plus ou moins foncées ; quel-
ques-uns ont la poitrine et le ventre noirâtres ; sur plusieurs
ces couleurs sont tellement mélangées pendant l'une ou l'au-
tre mue, qu'on ne sauroit en donner une idée parfaite. Enfinr
sur le même oiseau , et d'une année à l'autre , elles varient
dans leurs nuances, et les points blancs ne conservent pas
toujours leur même position. La femelle mue aussi plusieurs
fois, et chaque mue est accompagnée d'un changement dans
les couleurs , dans la distribution des points ; mais sa livrée
est en tout temps moins belle que celle du mâle.
On trouve cette espèce au Bengale , à l'Ile-de-France, et
dans diverses autres contrées des Grandes-Indes. La femelle
,76 F R T
est douée d'une faculté rare dans les oiseaux ; elle exprime
ses désirs amoureux par un ramage qui n'est pas sans agré-
ment, quoique moins fort cl moins varié que celui du mâle.
Le Bengali brun. V. Bengali amandata.
Le Bengali CENDRÉ, FvingiUa cinerea, Vieill., pi. 6 des
Oiseaux chanteurs , habile l'Afrique. Toutes ses parties supé-
rieures sont d'un gris cendré , plus foncé sur les pennes
alaires; le croupion, les pennes elles couvertures supérieures
de la queue sont noirs, les couvertures inférieures blanches,
ainsi que le bord des six pennes latérales; les joues , la gorge
et le devant du cou, sont gris; celte couleur prend sur la
poitrine et sur le haut du ventre, une teinte couleur de chair
à laquelle succède sur la partie postérieure un rose vif qui
s'étend jusqu'à l'anus; le bec, les sourcils et les pieds sont
rouges; le dessus et le dessous du corps sont traversés par de
très-petites lignes brunes. Taille du Sénégali à ventre rouge.
Le Bengali chanteur. V. ci-après l'article de la Linotte.
* Le Bengali a cou brun, Fringilla fusclcollis , Lalh. Cette
espèce , qui habite la Chine , a le bec rouge ; le sommet de
la tête.; le croupion et le bas-ventre, verts; un trait blanc
près des yeux , et passant en arrière ; la gorge d'un brun
pâle ; au-dessous d'elle une grande moucheture cendrée ; en-
suite , une tache roussâlre ; le dos gris-de-fer; les ailes noi-
râtres; une tache jaune vers l'origine des pennes; la queue
moitié jaune , moitié noire ; les pieds jaunes. Sa longueur
totale est d'environ quatre pouces.
Le Bengali enflammé, Fringilla ignata, Lalh., pi. A. 21 de
ce Dictionnaire. Cet oiseau est de la taille de la linotte. Le bec
est noirâtre et jaunâtre à sa base. La couleur générale de son
plumage est d'un rouge-brun éclatant, mais sombre sur le
bas-ventre ; les pennes des ailes et de la queue sont noirâ-
tres; celle-ci est cunéiforme; les pieds sont de couleur de
chair. La femelle a du brun-pâle pour couleur dominante ;
le front et un trait entre le bec et l'oeil , rouges ; la queue
rougeâtre , terminée de noirâtre et étagée comme celle du
mâle. L'on trouve celle espèce près de la rivière de Gambie,
sur la cote occidentale de l'Afrique.
Le Bengali gris-bleu, Fringilla cœrulcscens^ Vieill., pi. 8
des Oiseaux chanteurs. Le gris bleuâtre qu'offre la plus grande
partie de son plumage , s'éclaircit sur la gorge et prend par
gradation un ton plus foncé sur les parties postérieures jus-
qu'aux plumes de l'anus qui sont d'une nuance encore plus
chargée. Ce gris bleuâtre est coupé, entre le bec et l'œil ,
par un petit irait noir ; le bec , le bas du dos , le croupion et
toutes les couvertures de la queue sont rouges ; les pennes
caudales d'un brun rougeâtre en dessus, et d'un gris foncé en
F R I ,77
dessous; les pieds bruns. Il se trouve sous là Zone Torride
et sous les latitudes voisines des Tropiques. Taille du bengali
rouge.
Le Bengali impérial, Fringilla imperialis , Lalli. Cet oi-
seau, qu'on trouve à la Chine, est de la grosseur du bengali
piqueté, et long d'environ trois pouces quatre lignes. Le
bec est d'un rouge-brun ; le sommet de la tète et toutes les
parties inférieures du corps sont jaunes ; un gris-de-fer nuancé
de couleur rose couvre les supérieures, et une teinte noirâtre
domine sur les ailes et la queue : cette dernière est courte ;
les pieds sont pareils au bec , mais la couleur est plus pâle.
Le Bengali a joues orangées, Fringilla melpoda,\\ç\\\. ,
pi. 7 des Oiseaux chanteurs. Il a été trouvé dans l'Inde ,
et sur la cote occidentale de l'Afrique. Uire bande d'un
orangé foncé passe au-dessus de l'œil et s'étend sur la
joue ; les plumes du bas-ventre présentent la même couleur,
mais d'un ton plus jaune ; la tète est d'un gris qui devient
roussâtre sur le cou et sur le dos, prend une nuance plus
foncée sur les pennes alaires et caudales et se fond dans le
rouge rembruni du croupion et des couvertures supérieures
de la queue, dont les pennes latérales ont à l'extérieur un
liseré blanc ; la gorge et le devant du cou sont d'un gris-de-
fer qui s'obscurcit sur la poitrine, prend un ton roussâtre
sur le ventre et reparoit avec la même pureté sur les flancs
et sur les plumes du dessous de la queue ; le bec et les pieds
sont rouges. Taille du petit bengali rouge.
Le Bengali mariposa , Fringilla bcngalemis , Latb. , pi. 3
des Oheaux chanteurs. Ciueueau de Montbeillard a réuni sous
les noms de Bengalis et de Sénégalis , une famille de petits
oiseaux qui se trouvent en Afrique et en Asie. D'après leurs
noms , l'on se tromperoit si l'on croyoit que les premiers
n'habitent que le Bengale , et les seconds que le Sénégal ; car
l'on trouve les uns et les autres dans les deux pays : de plus ,
ils sont répandu^ dans toute l'Afrique , à la Chine , dans les
îles de France, de Madagascar, de Java, etc. Leur nombre
a été augmenté depuis Buffon, ou plutôt on a donné le nom de
bengalis et de sénégalis à presque tous les petits oiseaux grani-
vores qu'on rencontre en Afrique et dans l'Inde; mais comme
il s'en trouve parmi ceux-ci que je n'ai pas vus en nature , ni
figurés ; je n'ai pu m'assurer s'ils avoient le bec conformé de
même que les vrais bengalis, c'est pourquoi je les ai placés
parmi 1rs fringilles que j'ai isolés ci-après.
Ces charmans oiseaux , qui plaisent par leur forme , leur
taille élégante , leur naturel social , qui font l'ornement de
nos volières par leur beau plumage , et qui intéressent par la
douceur de leur ramage , sont un tléau pour le cultivateur afri-
i78 F R I
cain. Aussi destructeurs , aussi familiers que nos moineaux,
ils se jettent par troupes nombreuses dans les champs semés
de millet, où en peu de temps ils font de grands dégâts ; car
ces oiseaux, les plus petits des granivores , consomment plus
que de plus grands qu'eux, surtout de cette graine qu'ils pré-
fèrent à toutes les autres.
Tous les voyageurs ayant confondu sous les noms de bengalis
etàesénégalis, beaucoup d'espèces, moineaux, gros-becs, ou veu-
ves, desquelles plusieursmuentdeux ettroisfois pendant la mê-
me année, et qui à chaque mue changent de couleurs, l'on a cru
que ces oiseaux dévoient tous présenter des teintes différentes
après chaque mue, et muer plusieurs fois pendant l'année. Il en
est autrement: plusieurs espèces (le bengali mariposa, lesènégali
rouge, lesènégali rayé, etc.) ne font en Afrique qu'une seule mue,
et ne changent point de couleurs. C'est donc une erreur de
croire que la constance des teinteset qu'une seule mue annuelle
sont duesàl'influence de notre climat; de ce climat qui n'a nul-
lement influé sur les espèces qui , en Asie et en Afrique ,
muent deux et même trois fois , telles que le sénégali piqueté y
le moineau à bec rouge , le moineau bleu , le moineau cardinal,
les veuves, qui , en Europe, continuent de muer deux fois par
an pendant toute leur vie. Peut-être cette méprise pro-
vient-elle de ce que la plupart de ces petits oiseaux qu'on
apporte du Sénégal sont des jeunes sous leurs couleurs
primitives; couleurs ternes, auxquelles succèdent à leur pre-
mière mue en Europe, des teintes nouvelles et brillantes qu'ils
ne quittentplus , comme font ceux cités précédemment, pour
reprendre leur premier habit. J'ai eu occasion d'observer et
de suivre pendant près de quinze ans un grand nombre de
ces oiseaux , et je ne me suis jamais aperçu des effets du
climat sur leur mue et leur plumage. Ceux qui , dès la pre-
mière année , ont fait deux mues , ont continué de les faire
pendant toute leur vie. Il est vrai qu'elles n'arrivent pas,
pour tous , aux mêmes époques : les uns muent plus tôt, les
autres plus tard ; cela me paroît dépendre de la saison des
pluies du pays où ils sont nés.
Le man'posa a une espèce de croissant couleur pourpre
au-dessous des yeux; la tête, le dessus du cou , une partie du
dos , les couvertures des ailes d'un joli gris ; le reste du dos,
le croupion, la gorge , le dessous du cou, la poitrine, le
ventre et les couvertures inférieures de la queue d'un bleu
clair. Dans quelques individus, ces dernières parties sont pa-
reilles au dos , mais d'un gris plus clair ; dans d'autres , ce
même gris a une teinte de rouge sur le ventre ( on trouve ceux-ci
dans l'Abyssinie); les pennes des ailes sont brunes à l'inté-
rieur, et grises à l'extérieur ; celies de la queue du même
bleu que la f;orge ; le bec est rougeâïre dans les uns , blan-
châtre dans les autres , excepté sur les bords des mandibules,
qui sont noirâtres; les pieds elles ongles sont de cette couleur;
longueur totale , quatre pouces huit à neuf lignes.
Edwards décrit deux de ces oiseaux qui offrent des nuances
un peu différentes. 11 paroît que leurs couleurs varient, selon
le pays qu'ils habitent ; mais ces foibles dissemblances ne per-
iiitltinl pas de les donner, comme étant de différentes races.
Les oiseleurs appellent Cordons bleus , [es oiseaux de
cette espèce qui n'ont point de croissant sur les cotés de la
tète, et qui ont des teintes moins vives. Des naturalistes font
de d>s cordons bleus , des variétés du précédent; tandis que
plusieursles regardent comme une espèce particulière. Bruce
et quelques voyageurs les désignent pour les femelles de ceux
qui ont un croissant. J'ajouterai à cela que je ne les ai jamais
entendus chanter, et que les autresontun ramagefortagréable;
que parmi les man'posa qui se sont accouplés chez moi , où
ils ponvoient choisir leur compagne , étant dans la même vo-
lière , les mâles ont toujours été les individus qui portent un
croissant , et les autres des femelles. Ces dernières parois-
sent plus nombreuses , parce que les jeunes mâles leur
ressemblent jusqu'à leur première mue.
Ces oiseaux sont très-sensibles au froid , qui en fait périt"
beaucoup, surtout pendant ta première année de leur séjour
en France; mais une fois acclimatés, ils vivent huit à dixans.
I ls nichent en captivité, depuisdécembre jusqu'en mai , époque
où ils changent de plumes , ce qu'ils ne font qu'une fois par
an. Ils placent leur nid dans la partie la plus fourrée des ar-
bustes , lui donnent la forme d'un melon , et le composent
d'herbes sèches à l'extérieur , de coton et de plumes à l'inté-
rieur. L'entrée est sur le coté, garnie de flocons de colon,
attachés de manière que la femelle s'en sert, quand elle sort,
pour cacher l'ouverture. La ponte est de quatre à cinq œufs
blancs , de la grosseur de ceux du troglodyte. La chaleur né-
cessaire en France, pour faciliter la ponte et l'incubation, est
de vingt-cinq degrés.
Le Bengali PERRÉIN ( Fringilla Perrei ni.) Le nom que
j'ai donné à ceite espèce , est celui de l'estimable et zélé
naturaliste , qui le premier l'a fait connoître. Il l'a trou-
vée a Malimbc , dans le royaume de Congo et Cacongo. Un
gris cendré bleuâtre est la couleur de la tète el de toutes les
parties inférieures du corps; mais elle est plus claire sur la
gorge et la poitrine , plus foncée sur l'abdomen , noirâtre
sur lcbas-ventreetsur les couvertures inférieures delà queue.
Celte dernière teinte couvre les pennes alaires et caudales;
un Irait noir sépare l'œil du bec ; le dos , le croupion et les
couvertures supérieures de la queue sont d'un beau rouge
180 F R I
sanguin ; l'iris est noir -, le bec , les pieds et les ongles sont
de couleur d'ardoise. Longueur totale , trois pouces et demi.
Le Bengali piqueté. V. Bengali amandava.
Le Bengali a tète d'azur , Fringîlla picta , Lath. La
longueur de cet oiseau est de trois pouces huit lignes : un
bleu pâle couronne la tête : le bec , le devant du cou , la
gorge , la poitrine et les couvertures inférieures de la queue
sont rouges ; le venlre est d'un cendré pâle ; une teinte tirant
sur le pourpre, couvre les petites couvertures des ailes et le
haut du dos ; le bas du dos et le croupion sont jaunes ; les
ailes et la queue bleues ; les pieds rouges. Il habite la Chine.
Le Bengali tigré. V. Bengali piqueté.
Le Bengali vert , Fringilla viridis, Vieill. , pi. 4 des Oi-
seaux chanteurs, se trouve sur la côte occidentale de l'Afri-
que, Il a le bec et les pieds rouges ; l'œil placé au centre
dune raie de même couleur ; la tête d'un gris-de-fer , foi-
blement teint de verdâtre ; le dessus du cou et du corps,
les ailes et la queue, d'un vert-olive ; les joues, la gorge , la
poitrine et les parties postérieures d'un gris nuancé de rouge
très-pâle , qui prend un ton plus décidé vers l'anus ; taille du
sénégali à ventre rouge.
Le Grenadin, Fringilla granatina , Lath., pi. 17 et 18 des
Oiseaux chanteurs. Ce bel oiseau des côtes de l'Afrique , et
non pas du Brésil , comme le dit Edwards, a le bec et le
tour des yeux d'un rouge vif ; une grande tache bleue sur les
côtés de la tête ; une tache brune entre le bec et l'œil; la
queue et le haut de la gorge noirs ; celle - ci d'un brun ver-
dâtre dans des individus ; la partie inférieure du dos , le
croupion , le ventre et le bas - ventre d'un bleu - violet ; les
pennes des ailes d'un gris-brun ; celles de la queue, noires ;
le reste du plumage d'un brun mordoré; les pieds d'une couleur
de chair; les pennes alaires d'un brun pourpré en dehors et
d'un brun sombre en dedans longueur , cinq pouces un quart.
Le dos est varié d'un brun verdâtre , et le bec entouré à sa
base de bleu-violet chez des individus.
La femelle a le dessus de la tête , du cou , du corps et des
ailes d'un gris-brun ; les côtés de la tête et le front d'une
teinte lilas ; le croupion et les couvertures supérieures de la
queue bleus; toutes les parties inférieures d'un fauve pâle ;
les pennes alaires et caudales de la couleur du dos ; les
deux latérales de la queue ont du fauve à l'extérieur, et les
autres du bleu.
Latham fait mention de plusieurs variétés ; l'une a la
partie postérieure du corps violette; une autre a les plu-
mes du bas-ventre et des jambes de la même couleur que
le corps, une autre la queue rougeâtre. Le ramage du
grenadin est foible , mais agréable. Comme le moindre
F R I ,8.
froid lui cause la mort dans nos contrées , on doit le tenir
chaudement, si l'on veut l'y conserver, avec d'autant plus
de motifs qu'il est très-délicat.
Le SÉNÉGALI A COURONNE BLEUE , Fringilla cyanocephala ,
Lath. , pi. 24 des Illustr. de Miller, a environ sept pouces de
longueur ; le bec noirâtre et bordé de rouge ; le tour des
yeux, blanc; le dessus du cou et le haut du dos d'un brun
rougeâtre , le bas du dos , le croupion et le sommet de la
tête bleus ; les parties inférieures jaunes ; le bas-ventre
blanc ; les grandes couvertures des ailes bordées de cette
couleur ; les pennes et celles de la queue noires ; les pieds d'un
brun pâle. On le trouve au Sénégal.
Le Senégxli danbik, que le chevalier Bruce dit très-com-
mun dansl'Abyssinie, est donné parBuffon comme une va-
riété du sénéguli rouge. Sa taille est la même; la couleur rouge
qui règne sur toutes les parties antérieures ne descend pas
jusques aux jambes comme dans le sénégali rouge, mais elle
s'étend sur les couvertures des ailes où 1 on aperçoit quelques
points blancs ainsi que sur les côtés de la poitrine ; le bec
est pourpré , ses arêtes supérieure et inférieure bleuâtres, et
les pieds cendrés. La femelle est d'un brun presque uniforme ,
et n'a que tres-peu de pourpre.
Le Sénégali dufresne , Fringilla Dufresni , V. Taille du
sénégali piqueté ; tête et nuque d'un gris sombre ; menton
noir avec quatre taches d'un gris blanchâtre; gorge, devant
du cou et parties postérieures de ce même gris , milieu
du ventre un peu teinté de rouge vermillon; dessus du cou, haut
du dos, couvertures supérieures des ailes, etlebord extérieur
des pennes d'un vert-olive foncé; rémiges noirâtres;bas dudos,
croupion et couvertures supérieures de la queue couleur de
feu ; queue noire ; bec assez épais , noirâtre en dessus ,
jaunâtre en dessous ; pieds d'un rouge-brun. Cet oiseau fait
partie de la belle et nombreuse collection de M. Dufresne.
Le Sénégali a front pointillé , Fringilla frontulis , V. ;
la lia fronltilis, Lath. , pi. 16 des Oiseaux chanteurs. Cette
espèce s'éloigne un peu des autres par un plumage plus ef-
filé et des couleurs moins agréables ; il est aussi plus déli-
cat , quoiqu'il annonce un tempérament plus robuste. On
parvient difficilement à l'accoutumer à notre climat, car il
est très- sensible au froid. Difficile dans le choix de ses ali-
mens , il refuse , dans les premiers temps de sa transplanta-
tion, toute autre graine que le millet du Sénégal. Son na-
turel estdoux et social; mais il ne se plaît qu'avec les oiseaux de
son espèce. On l'entend rarement chanter en captivité , sans
doute parce qu'il ne trouve pas la nourriture et la chaleur
qui lui conviennent.
Le mâle a quatre pouces et demi de longueur ; le front
,% F R I
noir et pointillé de blanc ; deuxmoustaches près des yeux, de
même couleur et variées de même ; le dessus de la tête et
la nuque orangés , le sinciput piqueté de noir; le dessus du,
corps et du cou, les pennes alaires et caudales d'un gris fer-
rugineux , tirant au brun sur le milieu de la plume ; les cô-
tés du cou et les flancs gris; le bec, la gorge et les par-
ties postérieures blancs ; les pieds couleur de chair. La fe-
melle diffère du mâle en ce qu'elle a le sommet de la tête
et l'occiput d'une teinte de cannelle claire; les plumes du
dessus du corps brunes et bordées de blanc ; les côtés du
cou et les flancs de cette dernière couleur.
Le SÉNÉGALI A GORGE NOIRE, Fringilla atricollis , Vieill.
Cette nouvelle espèce se trouve au Sénégal et n'est pas
rare dans le royaume de Gambie; elle a trois pouces un quart
de longueur totale ; le front , les joues et la gorge noirs ;
le dessus du corps , les pennes des ailes et de la queue d'un
cendré sombre , les plumes de la poitrine et du ventre d'une
nuance plus claire avec des lignes transversales noires et blan-
ches ; les couvertures inférieures delà queue blanchâtres; le
bec noir en dessus , rouge en dessous ; les pieds cendrés
dans l'oiseau mort. L'individu qui a servi pour cette descrip-
tion est dans la collection de M. Bâillon.
Le SÉNÉGALI A MOUSTACHES NOIRES, Fringilla etythronoios ,
Vieill., pi. i/+ , se trouve dans l'Inde. Il a une tache noire
qui passe sous l'œil et couvre les joues; la tète , le cou , la
gorge, les couvertures supérieures et les pennes secondaires
des ailes ont des raies transversales brunes sur un fond gris ;
les flancs, le dos, le croupion et les couvertures supérieures
de la queue sont d'un beau rouge ; les inférieures et les pen-
nes, le milieu du ventre et les plumes de l'anus sont noirs;
les pennes primaires des ailes brunes ; les pieds d'un rouge
rembruni ; le bec est noir en dessus et d'une teinte plus
claire en dessous. Cet oiseau est de la grosseur du sénégali
rouge, mais d'une taille plus allongée.
Le SÉNÉGALI A MOUSTACHES ROUGES, Fringilla rnysiacea ,
Daudin. La grosseur de cet oiseau, qui se trouve à la Co-
chinchine , est celle du troglodyte , et sa longueur est de trois
pouces dix lignes ; un trait d'un rouge vif, passe au-dessus des
yeux, et un autre de la même couleur, placé de chaque côté
au coin de la bouche , y forme de petites moustaches; la
tête , le dessus du cou et le bec , à l'exception de sa pointe
noire , sont d'un brun rougeâtre ; le dessus du corps, les ailes
et la queue est d'un brun légèrement nuancé de verl-olive; la
gorge et le devant du cou, d'un gris pâle; le dessous du corps
d'un gris blanchâtre; les pieds sont d'un incarnai pâle et les
ongles grisâtres.
F R I |8S
Le SÉNÉGALI QUINTICOLOR , Fringilla quinticulor , Yieill.,
pi. i5 dos Oiseaux chanteurs, habite la Nouvelle-Hollande.
Cinq couleurs dominent sur son plumage; un gris bleuâtre
sur la tête et sur toutes les parties inférieures du corps, mais
il est plus foncé sur le sincipul ; un beau rouge sur le crou-
pion et sur les sourcils; un vert-olive sur le cou, le dos, le
bord des extrémités des pennes alaires ; un brun terne sur
les barbes internes de celles-ci; un noir mat sur la queue ;
le bec est rouge avec une raie noire sur le dessus , et une tache
de la même teinte en dessous ; les pieds sont, couleur de
chair. Taille un peu supérieure à celle du sénégall astrild.
Le SÉNÉGALI ROUGE , Fringilla senegala, pi. 9 des Oiseaux
chanteurs, a le dessus de la tète et du cou d'un gris verdàtre ,
à reflets légers tirant sur le violet ; le dos , les ailes d'un
gris olivâtre ; les pennes brunes en dedans; les côtés de la
tête et du cou, le croupion, les couvertures supérieures de
la queue, la gorge, les parties postérieures , rouges ; de pe-
tits points blancs sur les côtés de la poitrine et sur les flancs;
les couvertures inférieures de la queue et les pennes noires:
le bec d'un gris noirâtre ; les pieds d'un brun-roux : tel est
le mâle qui est figuré dans l'ouvrage cité ci-dessus. Mais il
paroît que le plumage des mâles n'est pas tout-à-fait le même
pour tous; car celui de la pi. enl. n.° i5y, f. 2, est , d'après
la description, d'un rouge vineux sur la tête , d'un brun ver-
dàtre sur le bas-ventre et sur le dos; les pieds sont gris ; le bec
est rougeâtre ; des individus n'ont de points blancs que sur
les (lancs. Longueur totale , environ quatre pouces.
La femelle est brune en dessus, d'un roux teinté de rou-
geâtre , où le mâle est rouge, d'un blanc sale sur le ventre, et
est privée, ou à peu près , des points blancs de la poitrine et
des lianes. Cette espèce se trouve au Bengale.
Avec des soins et quelques précautions , j'ai eu le plaisir
de faire multiplier ces jolis oiseaux sous notre climat , et
je suis bien convaincu qu'en les soignant de la manière
que j'ai indiquée pour les bengalis, l'on parviendroit à
les naturaliser et à les rendre aussi familiers que les serins.
Les jeunes ont le même plumage que la femelle, et naissent
couverts de duvet. Le sénégali qu'on a trouvé à Cayenne me
paroît appartenir à l'espèce suivante , mais je ne le juge que
d'après son plumage et la couleur totalement rouge du bec et
des pieds; car Montbeillard ne fait pas mention de la taille dans
sa description.
Le Sénégali roige (petit), Fringilla minima , Vieill., pi.
10 des Oiseaux chanteurs , a été donné pour une variété du
précédent ; mais je le regarde comme une espèce distincte
qui se trouve au Sénégal. Il a avec celui-ci quelque analogie
*m F R T
dans le plumage ; mais il en diffère par une taille moins
forte , une queue plus courte et presque égale à l'extrémité,
tandis que celle de l'autre est étagée. Le mâle a les pau-
pières jaunes , l'iris Liane , le bec , la tête , le cou , la
gorge, la poitrine et le ventre rouges; cette couleur borde
à 1 extérieur les pennes caudales qui , dans le reste , sont
noirâtres ; elle est mélangée de vert sur le dos et sur les
plumes de l'anus; les ailes sontd'un gris-brun, et les pieds rou-
geâtres.
La femelle et les jeunes ont la tête et toutes les parties su-
périeures brunes, la gorge et le devant du cou d'un roux jau-
nâtre ; la poitrine et le ventre d'un blanc sale ; quelques
points blancs sur les flancs ( des mâles en ont aussi ) ; le bec
et les pieds rougeâtres. Cette espèce se trouve au Sénégal,
et je l'ai eu souvent vivante en France. Elle est d'un naturel
doux et social et elle niche volontiers en volière , mais elle
exige une chaleur un peu au - dessus de celle de nos étés ;
c'est en la leur procurant que je suis venu à bout d'en tirer plu-
sieurs générations. La ponte a lieu au mois de février, quelque
fois plus tôt. Le mâle et la femelle couvent alternativement.
Le Senégali a ventre rouge (petit), Fringilla rubri-
centris, \ieill. , pi. i3 des Oiseaux chanteurs. Cette jolie pe-
tite espèce se trouve au Sénégal. Elle a dans son plumage
de grands rapports avec le sénégaH rayé , mais elle est plus
petite , et la couleur rouge de la poitrine et du ventre est plus
prononcée. L'intérieur des arbrisseaux, toujours verts etisolés,
est l'endroit qu'elle choisit pour y placer son nid , qui est en
forme de melon , et dont l'entrée est sur le côté. La ponte
est de quatre ou cinq œufs blancs. Ces sénégalis ont niché
dans mes volières, y ont pondu et élevé leurs petits; mais
comme ils ne s'en occupent que dans les mois de décembre ,
de janvier, de février et à l'automne , il leur faut une cha-
leur qui les rapproche de celle de leur pays natal , sans quoi
les femelles meurent à la ponte.
Les deux sexes ne présentent point de différences dans leur
plumage ; ils ont le bec et les pieds rouges ; une tache de
même couleur autour de l'œil; le dessus de la tête , du cou
et du corps d'un gris-brun qui devient plus foncé sur les côtés
de la poitrine et du ventre , dont le milieu est d'un beau
rouge; les plumes de l'anus et les couvertures inférieures delà
queue sont noires ; une grande partie du plumage est rayée
de noir en travers; les pennes des ailes sont brunes, et les
latérales de la queue noirâtres en dessous.
Quant à la manière d'acclimater, de faire nicher et cou-
ver en France les bengalis , les sénégalis et autres petits oi-
seaux granivores étrangers. V. le mot Sénégali à la lettre S.
F R I l8S
C. FRINGILLES dont le bec est un peu ovale, à pointe courte et un
peuobtuse (serin de Canarie, etc.).
Le Cini , fringilla Scrinus, Lath. , pi. enl. de Buffon ?
ri.0 658 , f . i , a quatre pouces cinq lignes de longueur totale ;
Je dessus de la tête d'un jaune-vert , varié de taches longitu-
dinales brunes ; le derrière de la tête un peu plus jaune; le
dessus du cou et le dos variés de brun et de vert jaunâtre ;
les plumes scapulaires pareilles; le croupion, les couver-
tures supérieures de la queue , la gorge , le devant du cou,
la poitrine et le haut du ventre d'un jaune tirant sur le vert ;
les côtés d'un jaune pâle et tachetés de brun; le bas-ventre
et les couvertures inférieures de la queue d'un blanc teinté
de jaune ; les petites couvertures des ailes d'un vert jaunâtre;
les moyennes tenninéesparcelte même teinte et brunes dans
le reste ; les plus grandes de celle couleur et bordées de gris ;
les pennes brunes en dessus, cendrées en dessous, et d'un
gris-vert sur le bord extérieur; la queue pareille; le bec d'un
gris-brun en dessus el blanchâtre en dessous; les pieds bruns
et les ongles noirâtres. La femelle a des couleurs plus pâles;
les parties supérieures nuancées de cendré ; les inférieures
d'un hlanc jaunâtre , avec plus de taches que le mâle.
Cette espèce se trouve dans nos provinces méridionales ,
quelquefois au centre de la France et de l'Allemagne. Ce
serin vert de Provence est remarquable par un chant fort et varié.
11 se nourrit de petites graines , vit long-temps en cage , et
seinhle se plaire avec le chardonneret; il paroît même l'écou-
ter avec attention , et emprunter à son chant des accens dont
il varie agréablement son ramage. Il fait son nid sur'les osiers
plantés le long des rivières , et en Allemagne , sur lès arbres
fruitiers, les hêtres et les chênes, le compose de crin, de
poil à l'intérieur, et de mousse en dehors. La ponte est de
quatre ou cinq œufs blancs , avec une zone de points et de
taches brunes sur le gros bout.
Cette espèce , assez commune aux environs de Marseille
et dans nos provinces méridionales, jusqu'en Bourgogne,
n'habite guère nos provinces septentrionales. Elle est très-
rare en Lorraine. On la trouve aussi en Suisse , en Allema-
gne , en Italie et en Espagne. Les Italiens lui donnent le
nom de serin ou scarzerin ; et les Catalans, celui de canari de
montagne.
L'Habesch de Syrie , Fringilla syriaca , Lath. M. Bruce ,
à qui l'on doit la connoissance de cet oiseau , dit qu'il a un
joli chant, qu'il est de passage , et que dans le cours de ses
voyages , il ne l'a vu qu'à Tripoli en Syrie. Cet observateur
regarde le habesch comme une espèce de linotte ; mais il a le
186 F R I
corps plus plein , plus gros que la nôtre. Buffon le place entre
celle-ci et le serin, d'après son bec épais, court et fort, sem-
blable à celui du canari; c'est ce qui m'a décidé à le classer
dans la même section. Un beau rouge vif colore le dessus de
la tête ; la gorge , les joues et le dessus du cou sont d'un brun-
noirâtre ; le reste du cou, la poitrine, le dessus du corps et
les petites couvertures des ailes, variés de brun, de jaune et
de noirâtre ; les grandes couvertures d'un cendré foncé et bor-
dées d'une couleur plus claire ; les grandes pennes et celles
de la queue du même cendré , frangées à l'extérieur d'un
orangé vif; le ventre et le dessous de la queue d'un blanc
sale, avec des taches peu apparentes de jaunâtre et de noi-
râtre; le bec et les pieds de couleur plombée ; la queue est
fourchue et ne dépasse les ailes pliées que de la moitié de sa
longueur.
Le Serin des Canaries , FringUla canaria , Lath. , pi. enl.
de Buffon, n.° 202, fig. i.Tout intéresse, toutcharmedansl'oi-
seau des Hespcrides : forme élégante , joli plumage , voix
mélodieuse , naturel aimant, docilité et familiarité; il réunit
toutes les qualités , les petits talens qui sont isolés dans les,
autres. Cet aimable volatile fait surtout l'amusement desjeunes
personnes ; et qui mieux qu'elles peut aider au développement;
de ses habitudes douces et sociales ? Soins , attentions , bai-
sers , rien n'est épargné. Son enfance , son éducation , causent
quelquefois de petits embarras , mais ce n'est point un in-
grat ; capable de reconnoissance et d'attachement , il en
donne des preuves à chaque instant du jour ; le soir, ses
adieux sont des caresses ; le matin , à peine éveillé, sa bien-
faitrice est l'objet de ses premiers regards, son premier vol
est à elle; il la Hatle de ses ailes , la becqueté tendrement y
et semble exprimer le sentiment qui l'anime par ces demi-
sons enchanteurs et pénétrans , vrais soupirs d'amour quin'é-
toient destinés qu'à sa femelle : elle repose encore , qu'il lui
a rendu tous les baisers qu'elle lui a prodigués la veille.
La docilité du canari est telle , qu'on en a vu , à la voix de
leur institutrice , voler à la tête d'un chat, y chanter à gorge
déployée , et recevoir un baiser de leur ennemi naturel. La
liberté donnée aux autres oiseaux dans le temps des amours,
est presque toujours le terme de leur attachement; il n'en
est pas de même du serin. Deux de ces oiseaux familiers ,
mâle et femelle , échappés de leur volière, se fixèrent dans
un bosquet assez éloigné et y nichèrent; le mâle venoit ré-
gulièrement deux fois par jour chanter près de sa première
demeure , et s'y gorge r de nourriture , pour la partager avec
sa compagne ;maisil ne se laissoit pas prendre, quoiqu'il s'ap-
prochât de très - près de sa maîtresse , et parût s-e plaire
F R I ,87
à voltiger sur elle en répétant l'air qu'elle lui avoit appris.
Enfin , il cessa tout d'un coup ses petits voyages ; inquiète
sur leur sort, les cherchant partout et ne les trouvant nulle
part , elle les crut victimes de l'oiseau de proie ; mais dix
jours après des recherches infructueuses , le couple reparut
accompagné de sa famille , et s'établit dans son ancien do-
micile , où , par la plus aimable familiarité, il sembloit vou-
loir faire oublier la peine qu'avoit pu occasioner son absence
momentanée.
Le canari est aussi docile que familier ; j'en ai vu , à un
signal , saisir dans ses doigts une mèche , l'allumer, mettre
le feu à un petit canon, tomber comme mort à l'explosion ,
se relever et se mettre en faction. Enfin, Valmont de Bo-
mare cite des faits encore plus surprenans , qui prouvent la
grande intelligence de ces oiseaux , et l'extrême patience de
celui qui les instruit.
Si la jeune beauté fait son amusement de ce charmant oi-
seau , et puise dans son petit ménage l'exemple des soins dé-
licats qu'exige une famille naissante ; s'il charme les ennuis
du cloître , et si par ses innocentes amours il fait naître la
tendresse dans un cœur sacrifié , il ne plaît pas moins aux
vieillards, qui trouvent dans sa société un adoucissement a
leurs souffrances : son amabilité et ses gentillesses rappellent
dans leur âme la gaîlé qu'en avoil bannie le poids des an-
nées.
Ce petit musicien a ses dépits , ses emportemens ; mais ils
ne blessent ni n'offensent. Cependant on doit le ménager ;
car des agaceries trop répétées exaltent si vivement sa colère ,
qu'il en est quelquefois la victime. Doué d'un gosier qui se
prête à l'harmonie de nos voix et de nos instrumens , il ap-
f>rend à parler et siffler les airs les plus mélodieux. Les mots,
es petites phrases les plus tendres, sont ceux qu'il semble
retenir et prononcer avec plus de facilité. C'est, de tous les
oiseaux, celui qui prend le plus de part et contribue le plus
aux agrémens de la société. Le rossignol nous étonne parles
ressources de son incomparable organe, nous intéresse par
la variété de ses sons , nous ravit même par ses roulades
brillantes et précipités : mais , fier de son talent , il dédaigne
tout ce qui lui est étranger, ou du moins ce n'est qu'avec
peine qu'il répèle les airs qu'on veut lui apprendre : de plus,
le charme de sa voix ne dure que quelques mois ; et pour en
jouir dans tout son éclat et avec tous ses agrémens, il faut
l'entendre dans les bois , dans le silence de la nuit. Devenu
notre prisonnier , renfermé dans nos apparlemens, son chant
perd de sa mélodie par des éclats trop bruyans pour une aussi
petite e.iLciule, et tes aceens y prennent une durelc qui fa-
i88 F R I
ligue. La linotte , le chardonneret , le louoreuil ', se prêtent vo-
lontiers à l'instruction ; niais le sm'n a plus d'oreille , plus de
facilité d'imitation , plus de mémoire ; il est d'un naturel
plus caressant ; son ramage , qui est un modèle de grâce , se
i.iit entendre en tout temps , et nous recrée lorsque tout se
tait dans la nature. C'est, enfin , de tous les oiseaux, celui
qu'on élève avec plus de plaisir , parce que son éducation
est la plus facile et la plus heureuse.
Le serin «les Canaries n'ayant point été décrit sous son
plumage naturel , je crois devoir le présenter tel qu'on le voit
sous l'heureux climat des Hespérides , afin qu'on puisse saisir
avec plus de facilité les différences occasionées par la do-
mesticité. On verra , en comparant sa description à ses belles
variétés, jonquilles , agates et panachées , qu il a acquis dans
la captivité des couleurs plus pures et plus brillantes. Si l'on
compare son chant naturel à celui de nos musiciens de cham-
bre , on voit que ceux-ci l'ont embelli et perfectionné , en
empruntant des accens étrangers et les employant agréable-
ment. Les uns ont dans leur ramage quelques traits de celui
de lafarjouse; d'autres ont des tours de gosier , d'aussi beaux
sons que le rossignol ; et tous ont acquis ce timbre pur, doux ?
mélodieux , que l'on cherche en vain dans le chant du serin
de la nature. J'ai long-temps possédé de ces oiseaux vivans,
je puis assurer que leur ramage est très-inférieur ; et quoi que
j aie fait, soit qu'ils aient été pris adultes, soit pour toute
autre cause, ils ne se sont jamais accouplés entre eux, et ont
constamment refusé de s'allier aux serins domestiques. Leur
taille est la même, mais elle m'a paru un peu plus ramassée ;
leur tête est plus grosse ; les plumes qui la recouvrent, ainsi
que celles du dessus du cou et du dos, sont grises sur les bords
et brunes dans le milieu; le croupion, les côtés de la tête ,
le front, la gorge, le devant du cou, la poitrine, sont d'un
vert-jaune , varié sur les flancs de traits bruns ; une teinte
blanchâtre domine sur le ventre dans sa partie inférieure , ain-
si que sur les petites couvertures des ailes , et sur les couvertures
du dessous de la queue , dont les supérieures sont pareilles au
croupion ; une couleur rembrunie teint les grandes couver-
tures des ailes, les pennes et celles delà queue; leur bord exté-
rieur est d'un vert -jaune ; le bec est couleur de corne , et
terminé de noirâtre ; les pieds sont bruns. La femelle a des
teintes moins vives.
Tel est le serin des Canaries, naturel et sans altération ,
le type de ses nombreuses variétés, dues à la domesticité,
f t dont le canari jaune citron, ou. jonquille , ou doré, décrit par
les naturalistes, est une des plus belles et des plus recher-
chées. ( Voy. au mot Serin, à la lettre S, pour tout ce qui
F RI ,S9
concerne l'éducation , les maladies et les diverses variole ;
de cette espèce.
Le Serin du Gap de Bonne-Espérance. Buffon nous a
fait connoître cette race, dont il a reçu plusieurs individus
de cette partie de l'Afrique , parmi lesquels il a cru recou-
noître trois mâles , une femelle et un jeune. « Ce sont, dit-il,
des serins panachés , mais dont le plumage est émaillé de cou-
leurs plus distinctes et plus vives dans les mâles que dans les
femelles; ces mâles approchent beaucoup de la femelle de
notre serin vert de Provence (le Cim); ils en diffèrent en ce
qu'ils sont un peu plus grands, qu'ils ont Je bec plus gros a
proportion; leurs ailes sont aussi mieux panachées ; les pennes
de la queue sont bordées d'un jaune décidé ; ils n'ont point
de jaune sur le croupion. Dans les jeunes, les couleurs sont
plus foibles , et moins tranchées que dans la femelle. » (v.)
D. FRINGILLES dont le bec est à la pointe un peu épais, incliné et
un peu obtus ( moineau proprement dit, friquets , etc. ).
Le Moineau proprement dit, Fringilla domestica, Lath., pi,
enl. àeVHist. naturelle de Buffon, n." 6, fig. î, et n.° 44- » %.
î. Si nous n'écrivions l'histoire naturelle que pour les habi-
tons de nos contrées , il seroit superflu de faire la description
d'un oiseau que le citadin loge dans ses murs , et rencontre
à chaque pas dans ses promenades, qui se trouve dans les ha-
bitations champêtres, partage le grain que la fermière distribue
à ses volailles et à ses pigeons , qu'enfin l'agriculteur signale
comme un de ses ennemis les plus actifs et les plus opi-
niâtres. Mais les objets les plus communs au milieu de nous ,
sont étrangers à d'autres climats, et l'historien doit généra-
liser ses vues comme ses écrits, s'il veut être recherché dans
tous les temps comme dans tous les pays.
Je ne m'appesantirai pas néanmoins sur des détails trop
minutieux, rarement consultés , plus rarement supportables
à une lecture suivie. Mais ce que je dirai suffira pour donner
une idée assez nette des formes, des dimensions et des cou-
leurs du moineau. Sa longueur ordinaire , en y comprenant
le be<^et la queue , est de cinq pouces dix lignes , son poids
d'un peu plus d'une once , et son vol de huit pouces huit à
neuf lignes. Le mâle a le dessus de la tête et les joues d'un
bleu cendré sombre ; une bande d'un rouge bai qui s'étend
d'un œil à l'autre en passant par l'occiput; le tour des yeux
noir, ainsi que l'espace entre le bec et l'œil; le dessus du cou
et du dos varié de noir et de roux; le croupion d'un grts-
brun ; une plaque noire sur la gorge et le devant du cou ; la
poitrine , les flancs et les jambes d'un cendré mêlé de bl un :
le ventre d'un gris-blanc ; les ailes et la queue noirâtres en
igo F R I
dessus , et cendrées en dessous ; sur chaque aile une bandé
transversale d'un blanc sale; l'iris couleur noisette; le bec
noirâtre, d'un brun sombre avec du jaune en dessous, surtout
à la base, et totalement noir dans la saison des amours;
enfin , les pieds couleur de chair sombre et les ongles
noirâtres.
La femelle , plus petite que le mâle , manque de la pièce
noire de la gorge et du devant du cou, ces parties étant d'un
gris clair ; le dessus de sa tête est d'un brun-roux , les autres
nuances de son plumage sont généralement plus claires. Les
jeunes mâles ressemblent aux femelles , et ce n'est qu'à leur
première mue qu'ils prennent le plumage qui distingue leur
sexe.
Il y a quelques variétés accidentelles dans l'espèce du moi-
neau franc : tel est le moineau blanc , qui a tantôt le plumage
d'un blanc sale , tantôt d'un blanc aussi brillant que la neige,
tantôt la tête et le cou de la même couleur que les autres ,
tantôt l'iris jaune , tantôt rouge ; les jeunes, qui sont blancs
dans leur premier âge , deviennent souvent pareils aux
autres à leur première mue. Cette couleur s'acquiert aussi
par l'âge , et il n'est pas rare d'en voir dans leur vieillesse
qui sont en partie blancs et en partie noirs. Le moineau noir
ou noirâtre, le moineau jaune , le moineau roux sont autant de
variétés individuelles.
Une grosse tête , que termine un bec épais et court , et
qu'animent des yeux très-vifs , donne au moineau la physio-
nomie d'une grossière impudence ; son cou est aussi très-court,
et son corps ramassé paroît encore avoir plus d'épaisseur par
le peu de largeur de la queue, qui est un peu fourchue, et
qui passe les ailes pliées des deux tiers environ de sa lon-
gueur. Ses formes n'ont rien de svelte , rien d'élégant , et
quoique précipités , ses mouvemens n'ont aucune grâce. Un
cri monotone et répété sans cesse , fatigue d'autant plus
qu'il n'est pas possible d'éviter l'ennui qu'il cause , et qui
nous poursuit autour de nos maisons et dans nos jardins.
Cette espèce a changé de nature ; elle est devenue presque
domestique , et elle ne vit plus , pour ainsi dire , qu'«n so-
ciété avec l'homme ; ce sont des casaniers importuns , des
commensaux incommodes , d'impudens parasites qui par-
tagent malgré nous nos grains , nos fruits et notre domicile.
Mais avant que l'homme ne formât de grandes sociétés ,
avant qu'il ne cultivât la terre pour lui faire produire des
moissons abondantes, qu'étoit alors le moineau livré à ses
propres ressources , ne trouvant point à partager la mense
qu'il a su se rendre commune , en un mot , dans l'état sau-
vage ? Nous l'ignorons ; il n'existe plus aucun de ces oiseaux
F R I ,9,
qui n'ait pris une teinte très-marquée de domesticité. L'on
peut seulement soupçonner avec beaucoup de vraisemblance
que , dans ces premiers âges du monde , l'espèce étoit beau-
coup moins nombreuse qu'elle ne l'est de nos jours.
L'habitude de vivre au milieu de nous , a perfectionné
l'instinct des moineaux ; ils savent plier leurs mœurs aux
situations, aux temps et aux autres circonstances ; ils savent
en quelque sorte varier leur langage ; et comme ils sont
très-parleurs, l'on peut à chaque instant distinguer leurs
cris d'appel, de crainte, de colère, de plaisir, etc. Mais
au sein d'une association qu'ils ont seuls formée contre le
gré d'une des parties et même de la plus puissante , pour
leur seul avantage et au détriment de ceux avec lesquels ils
établissent cette communauté forcée, les moineaux ont con-
servé leur indépendance. Plus hardis que les autres oiseaux ,
ils ne craignent pas l'homme , l'environnent dans les villes ,
à la campagne, se détournent à peine pour le laisser passer
sur les chemins , et surtout dans les promenades publiques,
où ils jouissent d'un entière sécurité ; sa présence ne les
gène point , ne les distrait point de la recherche de leur
nourriture , ni de l'arrangement de leurs nids , ni des soins
qu'ils donnent à leurs petits, ni de leurs combats, ni de
leurs plaisirs ; ils ne sont assujettis en aucune manière , et ,
à vrai dire, ils ont plus d'insolence que de familiarité.
Ils ne sont pas moins nombreux dans les villes qu'aux
champs; ils se logent et nichent dans les trous des murailles
et sous les tuiles des toits. Quoique l'on en voie plusieurs
dans le même lieu , ils ne forment pas société entre eux pen
dant l'été ; ils sont souvent seuls ou par couples ; c'est un
petit peuple toujours en mouvement , dont les individus se
croisent sans cesse , s'occupent à satisfaire leurs appétits , ne
songent qu'à eux , et s'inquiètent peu des intérêts communs ,
image trop fidèle des habitans de ces mêmes cités , qu'ils
ont choisis pour leurs botes.
Pendant la belle saison , ils se réunissent le soir sur les
grands arbres, pour y piailler tous ensemble. J'ai remarqué
à la campagne que ce tapage plus bruyant et plus prolongé
qu'à l'ordinaire , est un signe de beau temps pour le lende-
main. L'on voit aussi , en été , les moineaux en bandes sur
les haies qui bordent les pièces de terre dont les récoltes
mûrissent; mais c'est une réunion accidentelle que le désir
du butin a formée , et qui se dissipe quand il n'y a plus rien
a piller. Lorsqu'un coup de fusil ou tout autre bruit fait
enlever cet attroupement de voleurs, ils ne fuient pas loin ,
et reviennent bientôt se poser à la place où ils exercent
leurs déprédations. Cependant la même famille demeure
ïga F RI
rassemblée pendant quelque temps : les jeunes suivent leur
mère , et on peut les tuer tous l'un après l'autre avec une
sarbacane, pourvu que l'on commence par abattre la mère ;
les jeunes alors ne s'envolent pas , ils se serrent même entre
eux à mesure qu'il en tombe ; mais si l'on manque la mère ,
elle part et emmène ses enfans.
Le vol des moineaux est court et difficile ; ils ne peuvent
point s'élever , et lorsqu'ils partent en troupe , c'est toujours
tous à-la-fois , brusquement et avec beaucoup de bruit. Ce
ne sont pas des oiseaux voyageurs : ils ne changent point de
canton , et ils y suivent la maturité des différentes espèces
de.grains dont ils se nourrissent. Ils dédaignent de se fixer
dans les pays peu fertiles , et ils affluent dans ceux qui pro-
duisent de riches moissons. L'on peut juger avec certitude
de la fécondité d'une contrée par le nombre des moineaux
qui s'y trouvent ; on les rencontre même dans les lieux les
plus retirés et les plus solitaires , lorsqu'une ferme, entourée
de champs cultivés , et munie d'une basse-cour et d'un co-
lombier, leur offre une subsistance abondante et facile.
D'une constitution robuste , les moineaux supportent éga-
lement les chaleurs des climats brûlans et les froids des
régions hyperboréennes : ils sont répandus dans la Grèce ,
en Barbarie, etc. ; et d'un autre côté, on les retrouve
jusqu'en Sibérie. Quoique communs dans une partie de l'A-
frique , on n'en voit pas lé long de la côte occidentale de ce
continent. L'on ne peut en attribuer la cause à la chaleur
du climat , puisqu'ils souffrent celle de l'Egypte ; mais c'est
la différence des plantes alimentaires qui donne lieu à cette
particularité , à laquelle personne avant moi n'avoit fait
attention. Le froment et ses analogues sont cultivés en
Egypte, de même qu'en Syrie et en Barbarie ; ils cessent
de l'être aux environs du Cap Blanc : d'autres plantes nu-
tritives les remplacent chez les nègres qui habitent au midi
de ce promontoire , et les graines de ces plantes ne sont plus
une nourriture qui convienne aux moineaux; en sorte que si
ces oiseaux ne fréquentent pas tous les pays à blé , il est du
moins certain qu'ils ne paroissent jamais dans ceux où cette
espèce de grain et celles qui s'en rapprochent ne sont pas
cultivées. Un fait nouvellement connu vient confirmer mes
observations enlever tous les doutes , s'il pouvoit en rester.
On lit dans la relation du Voyage du commodore Billings , au
nord de la Russie asiatique, à la mer Glaciale, etc., que les bords
du Pellidoui , rivière de Sibérie qui se jette dans la Lena ,
sont fameux , tant à cause des animaux qu'on y trouve , que
parce que c'est le dernier endroit qui produit du blé. Les
moineaux et les pies ne vont pas plus avant dans le Nord .
F R I ,93
ii ny a mime que cinq am qu'on en voU là, c'est-à-dire, depuis
qn on a commencé à y cultiver du blé ( t. I de la traduction fran-
çaise , p. 42 ).
lîuffon a peint avec beaucoup de vérité, et mieux sans
doute que je ne pourvois le faire, les amours, ou, pour mieux
dire, le tempérament lascif, l'extrême pétulance des moi-
niMiK " Les mâles, dit-il , se battent à outrance pour avoir
des Femelles , et le combat est si violent , qu'ils tombent
souvent à terre. Il y à peu d'oiseaux si ardens, si puissans
en amoiii-: on en a vu se [oindre jusqu'à vingt fois de suite,
toujours avec le même empressement , les mêmes trépida-
tions, les mêmes expressions de plaisir; et ce qu'il y a de
sing lier, c est que la femelle paroît s'impatienter la pre-
mière d un jeu qui doit moins la fatiguer que le mâle , mais
qui peut lui plaire aussi beaucoup moins , parce qu'il n'y a
nul préliminaire , nulles carresses , nul assortiment à la
ebose ; beaucoup de pétulance sans tendresse, toujours
des mouvemens précipités qui n'indiquent que le besoin
pour soi-même. Comparez les amours du pigeon à celles
«lu moinea'a, vous y verrez presque toutes les nuances du
physique au moral -.
Ces oiseaux emploient du foin et des plumes pour la cons-
truction de leur nid: ils se contentent d'arranger négligem-
ment ces matériaux dans les pots qu'on leur offre', sous les
tuiles , dans les trous et les crevasses des murailles ; mais
ils en forment un tissu quand ils nichent sur les grands ar-
bres , tels que les charmes, les noyers , les peupliers, etc.;
ils donnent alors à leur nid une forme arrondie , en couvrent
exactement la partie supérieure, et ne laissent qu'une ou-
verture an -dessous de la calotte. Quelques-uns s'emparent
des nids des hirondelles, des boulins des pigeons, etc. Leur
ponte est île cinq, de six et quelquefois de huit œufs, d un
cendré blanchâtre , avec beaucoup de taches brunes. Les
petits missent sans plumes ni duvet , et ils sont tout rouges.
Qu 'Ique part qu'ils s'établissent pour multiplier leur espèce,
ils ne paroissent nullement affectes du bruil qui se fait au-
tour deux , et auquel ils. sont accoutumés -les leur naissance.
Des Oiseaux qui viennent d'eux-mêmes faire en quelque
sorte société avec l'homme, sont doues de. toutes les dispo-
sitions à une association plus infime Les moineaux s'élèvent
aisément en cage, s'accoutument sans peine à la captivité,
ont assez de docilité pour obéir à I 1 voix, pour recevoir leur
manger de la main qui l'offre, pour se laisser prendre, tou-
cher, caresser, enfui pour amuser : mais ils ne se privent
ainsi que parce qu'ils sont naturellement hardis, et qu'ils
trouvent dans l'esclavage les moyens faciles de satisfaire leur
,94 F R I
voracité. Ils n'aiment point; ils ne savent pas, comme le
serin, provoquer les caresses, les rendre avec plus de sensibi-
lité qu'elles ne sont reçues, se réjouir à la vue de l'objet chéri,
s'affliger de son absence. Comment l'amitié feroit-elle naître
en eux la tendresse, puisque ce sentiment est banni de leurs
amours ?
On a beaucoup varié au sujet de la durée de la vie des
moineaux ; quelques-uns ne leur accordent que deux ans ;
d'autres disent que leur existence se prolonge jusqu'à quatre,
et même jusqu'à huit années. Toutes ces assertions ne sont
point fondées ; les moineaux vivent plus long-temps qu'on
ne le croit généralement : il est à ma connoissanse qu'un de
ces oiseaux a vécu vingt-quatre ans en captivité , et encore
mourut-il de froid pendant une nuit de l'hiver de 1788.
L'excès dans les plaisirs de l'amour doit abréger l'existence
des moineaux qui vivent en liberté ; mais l'on peut présumer,
avec toute apparence de raison , qu'elle passe les bornes que
les auteurs lui ont assignées.
La gourmandise des moineaux égale leur pétulance en
amour. Les premiers fruits qui mûrissent dans les vergers,
les grains semés dans les campagnes , ceux qui approchent de
la maturité, ceux que le cultivateur a serrés dans ses granges
et ses greniers , deviennent leur pâture. Les épouvantails
n'arrêtent pas long-temps leur voracité ; ils se familiarisent
bientôt a^ec eux, et pleins de ruse et de finesse, ils tombent
rarement dans les pièges qu'on leur tend. On les voit aussi
manger des chenilles, des sauterelles, des mouches, etc.;
mais ce goût , qui n'est que secondaire dans les moineaux ,
les rend eucore plus pernicieux à l'agriculture, puisqu'il les
porte aussi à manger les abeilles. C'est donc à tort que quel-
ques écrivains d'économie ont prétendu que le nombre des
insectes détruits par les moineaux , compensoit leurs dégâts
par la consommation des grains et des fruits qu'ils dévorent.
Ces oiseaux ne font que du mal pendant leur vie, et ne sont
d'aucune utilité après leur mort ; leur chair est dure et ainère,
et les propriétés médicinales qu'on attribuoit anciennement
à quelques-unes de leurs parties, sont imaginaires.
Rougier de la Bergerie, à qui l'on doit d'excellens mé-
moires sur l'économie rurale , a fait le calcul approximatif
de ce que les moineaux coûtoient annuellement à la France.
Si l'on réduit leur nombre à dix millions seulement, ré-
duction fort au-dessous de la réalité , il s'ensuit que cha-
cun d'eux mangeant un boisseau de grains de vingt livres
pesant , dix millions de boisseaux se trouvent soustraits
à la consommation et au commerce des hommes ; et en
ne portant le prix du boisseau qu'à vingt sous, l'on n'en
F R I ,d8
a pas moins une somme de dix millions que les moineaux
ravissent cbaque année aux richesses agricoles. Ce calcul
d'un habile agriculteur est confirmé par toutes les obser-
vations ; ceux qui en élèvent en cage peuvent s'assurer
rie la quantité de grains que ces oiseaux consomment, et
j'ajouterai que j'ai compté quatre vingt - deux grains de
blé dans l'estomac d'un moineau que je venois de tuer.
Voyez Moineau à la lettre M, pour la manière de faire la
chasse à cet oiseau, (s.)
Le Moineau Comb a-SOU , Fringilla niîcns et ullramarina ,
Lath., pi. enl. de Buff. , n.° 291. J'ai cru devoir décrire cet
oiseau sous le nom qu'il porte au Sénégal, sa vraie patrie;
et non pas sous celui de moineau du Brésil, qu'on lui donne
sur la planche indiquée ci-dessus, puisqu'il ne se trouve
point en Amérique ; mais on l'a confondu avec le PÈRE noir,
Fringilla noclis, qui est une espèce très-différente. ( V. l'art.
Bouvreuil a sourcils roux); et surtout avec le Tauin
d'acier. V. pag. 173 de ce vol.
Cette espèce subit deux mues dans l'année. Le mâle est,
après la première , totalement d'un noir à reflets bleus, avec
le bec d'un blanc légèrement teint d'une couleur de chair;
dans l'oiseau vivant , les pieds sont colorés de même. Il con-
serve ce plumage pendant six mois ; après ce temps on le
distingue difficilement de sa femelle ; néanmoins ses teintes
sont plus prononcées. Celle-ci a les plumes du dessus du
corps d'un brun noirâtre , et entourées d'un brun-gris ; les
pennes de la queue et des ailes noirâlres, et bordées à l'ex-
térieur de cette dernière teinte. Trois bandes bien distinctes
se font remarquer sur la tête, l'une d'un brun clair sur le mi-
lieu, et deux autres noirâtres sur les côtés; celles-ci partent
de la base du bec, et passent au-dessus des yeux; un trait
de même couleur se prolonge en arrière depuis le coin de
l'œil ; les joues sont grises ; le dessous du corps est grisâtre ;
le bec d'un brun clair, et les pieds sont jaunâtres. Cette es-
pèce est en double emploi, car \ outremer est un individu de
la même espèce.
Le comba-sou , d'un caractère vif et pétulant, ne se fa-
çonne point à la captivité aussi facilement que les sénégalis ;
il conserve toujours dans la volière son air farouche et mé-
chant; mais il est d'un tempérament plus robuste. Sa voix
est forte et criarde , et son ramage peu agréable; sa vivacité
et sa pétulance sont extrêmes ; à peine le voit-on un instant
tranquille , surtout dans la saison des amours ; agitation
stérile , puisque la femelle se refuse à ses désirs. Des cir-
constances fort singulières accompagnent ses amours ; ie
mâle voltige avec beaucoup de vivacité au-dessus de la fe-
melle , se pose ensuite sur elle, toujours en se soutenant de
ig6 F R I
ses ailes) ; puis il disparoît aussitôt, et va se cacher dans un
boulin, où il crie pendant plusieurs secondes , comme s'il
se battôit avec d'autres oiseaux. La femelle n'est pas moins
pétulante , et ne cesse de voltiger et de crier pendant la sai-
son des amours. Pour les faire multiplier en captivité, il leur
faut, en France, une chaleur de vingt-cinq à trente degrés,
et les tenir seuls dans une volière , où l'on met des arbris-
seaux verts.
Le Moineau a croissant, Fringilla areuata, Lath. , pi.
enl. de Buff. , n.° a3o , fig. i. Ce moineau, du Cap de Bonne-
Espérance, a un caractère que je n'ai remarqué que dans
celte espèce : c'est d'avoir le bec surmonté d'une arête qui
donne lieu à une rainure sur chaque côté. Il a la tête , la
gorge et le devant du cou noirs; une sorte de croissant blanc,
qui s'étend depuis l'œil jusque dessous le cou; la nuque, le
dos, le croupion, les couvertures supérieures de la queue,
et les petites des ailes, d'une couljeur marron ; les moyennes
noirâtres et terminées de blanc ; les grandes et les pennes,
brimes et bordées de gris sale , ainsi que celles de la queue ;
le bec noir ; les pieds et les ongles bruns ; la grosseur du
moineau franc , et six pouces de longueur.
La femelle diffère du mâle en ce qu'elle est d'un gris-brun
sur la tête, sur le dessus du cou et sur le manteau; cette cou-
leur est plus sombre sur le milieu de la plume; le croupion est
nuancé de vert-olive; les pennes alaires et Caudales, sont
noires et bordées de brun ; les sourcils et la gorge d'un
blanc uniforme ; la poitrine et le ventre, cendrés ; les parties
postérieures blanchâtres.
Le Moineau friquet ; Fringllla montana , Lath. , pi. enl.
267 , f. 1. Le nom de friquet a été donné à cet oiseau , parce
qu'étant posé , il ne cesse de se remuer , de se tourner , de
frétiller, de hausser et baisser la queue. Celte espèce est sou-
vent confondue avec celle du moineau ; mais on la distingue
facilement à son genre de vie , à sa taille et à son plumage.
Le friquet n'approche guère de nos maisons ; il se tient à la
campagne , fréquente le bord des chemins et des ruisseaux
ombragés de saules, se pose sur les arbres et les plantes bas-
ses; il se trouve aussi dans les bois, mais plus rarement. Ce
moineau établit son nid dans des creux d'arbres , dans des cre-
vasses de vieilles murailles à peu de distance de terre ; il le
construit d'herbes fines et desséchées , de soies de cochon ,
de bourres et de plumes ; la ponte est au plus de six œufs d'un
blanc sale et tachetés de brun. Nozeman assure qu'au nombre
de ces œufs, il y en a toujours un beaucoup plus petit que les
autres , et que l'oiseau qui en sort est aussi beaucoup plus pe-
tit que ceux de la même couvée ; on l'appelle en Hollande,
F R T To7
te Petit roi. — Quoique les friquets fassent deux et trois
couvées par an , ils sont moins nombreux que les moineaux ;
ils se rassemblent en troupe dès la fin de l'été , demeu-
rent ensemble pendant tout l'hiver, et se joignent souvent,
pendant celte saison, aux bandes de pinsons , bruaris et ver-
diers ; moins défiaus que les moineaux , ils donnent plus vo-
lontiers dans les pièges qu'on leur tend; ils ont moins de
docilité , et ne se familiarisent jamais autant. On élève les
jeunes pris dans le nid , en les nourrissant avec an peu de
pain mouillé -, et lorsqu'ils mangent seuls , on leur donne les
mêmes graines qu'aux serins et chardonnerets. Cet oiseau vit en
cage cinq à six ans ; le ebant du mâle est assez peu de ebose ,
mais il n'a pas le désagrément de la voix du moineau ; moins
gourmand que lui, il ne fait pas grand tort aux grains; il pré-
fère les baies, les graines sauvages, et mange aussi les insectes.
L'espèce est répandue dans toute l'Europe, et se trouve aussi
dans la Sibérie orientale.
Le friquet a cinq pouces de longueur ; le sommet de la fête
rouge bai ; le dessus du cou et du dos varié de noir et de
roussàtre; le croupion et les couvertures de la queue , gris; la
gorge noire ; cette couleur est encore indiquée par deux ta-
ches , l'une entre le bec et l'œil , et l'autre sur la joue ; celle-ci
est blanche , ainsi que le baul du cou par-derriere ; la poi-
trine et le ventre sont d'un gris-blanc ; les petites couvertures
des ailes d'un rouge bai ; les moyennes noirâtres et termi-
nées de blanc; les plus grandes brunes, bordées de roussà-
tre , et terminées obliquement de blanc ; ces trois couleurs
forment sur les ailes trois bandes transversales ; les pennes
sont brunes, bordées de roussàtre, ainsi que celles de la
queue ; le bec est noir, et les pieds sont gris. La femelle a
des couleurs moins vives, principalement sur la tête ; du reste
elle ressemble au mâle ; les jeunes sont pareils à la femelle.
BuCfon regarde comme des oiseaux de cette espèce , les
moineaux de montagne , à collier et fou ; je suis d'accord avec
hii pour les deux premiers , mais pas pour le dernier. V . Moi-
neau fou , pag. 24.8 de ce vol.
Le Moineau ou Friquet huppé , Fn'ngilla cristàta , pi. enl.
de Uuff. , n." 181 , f. 2 , se trouve à la Guyane. Sa happe est;
d'un rouge très-vif; un rouge moins brillant couvre la gorge,
le devant du cou et toutes les parties postérieures; un brun
foncé uniforme colore l'occiput, le dessus du cou , le dos ,
le dessus des ailes et de la queue; le bec est rongeât re, et les
pieds sont d'un gris mêlé de jaune. L'individu indiqué par
iSuiïon pour la femelle, et qui est figuré sur la même plan-
che , n.° 2 , sous le nom de moineau de lu Caroline , appartient.
à une autre espèce. La figure de ce friquet présente une grandi;
iS8 F R I
analogie avec le Pinson brun huppé , Fringilla flammea. La
seule différence qui m'ait frappé , c'est qu'il est représenté
avec un bec de moineau , tandis que l'autre que j'ai vu en na-
ture a celui d'une linotte. Si ces deux oiseaux appartiennent
réellement à la même espèce , les ornithologistes allemands
ne devroient donc pas placer ce pinson parmi ceux de cette
partie de l'Europe; car il est certain que le friquet huppé ne se
trouve que dans l'Amérique méridionale. Il me paroît se rap-
procher beaucoup de I'Araguira du Paraguay ; cependant
celui-ci est plus grand et ses couleurs présentent des nuances
un peu différentes. Ce nom signifie oiseau de dieu, du ciel ,
de la lumière ou du feu. Comme notre friquet , l'araguira (pi.
a8 * des Ois. chanteurs ) , ne jette en tout temps qu'un sim-
ple cri d'appel. Cet oiseau, d'un naturel qui est un peu sau-
vage , ne fréquente pas les villes ni les habitations rurales ; il
se tient dans les campagnes et sur la lisière des bois , par
paires en été, en petites bandes ou en familles pendant l'hiver.
On trouve son nid au centre des grands buissons ; il est com-
posé d'herbes sèches en dehors , et de crins en dedans. La
ponte est de trois œufs blancs. La femelle, selonM.de Azara,
n'a point de huppe ; la tête est du même brun rougeâtre qui
couvre toutes les parties supérieures. La description du mâle
présente quelques différences entre lui et le friquet. Sa huppe
est d'un rouge vif, composée de plumes longues , soyeuses
et à barbes décomposées. Il la porte ordinairement couchée ;
alors elle est peu apparente , étant cachée par les plumes
noires qui forment sur les bords une sorte de saillie , et qui
l'accompagnent quand elle est verticale ; mais si quelque pas-
sion l'agite , il la relève et l'épanouit, de manière qu'elle pa
roît plus large en haut qu'à son origine ; les joues , la nuque,
' le dos et les couvertures des ailes sont d'un brun rougeâtre ;
les pennes et celles de la queue , noirâtres et bordées d'une
nuance plus claire ; le croupion et toutes les parties inférieu-
res , d'un rouge de feu ; le bec et les pieds bruns.
Le Moineau gris , Fringilla grisca , Vieill. ; se trouve dans
les Etats-Unis ; mais il y est rare. Un gris cendré règne sur
la tête et le dessus du cou ; le manteau est brun ; plusieurs
plumes des couvertures supérieures de l'aile sont blanches à
leur extrémité , ce qui donne lieu à une petite bande trans-
versale ; les pennes alaires et caudales sont de la couleur du
dos ; la gorge et toutes les parties postérieures d'un gris-blanc ;
le bec est noir ; le tarse d'un gris foncé ; la queue fourchue.
Longueur totale, quatre pouces neuf lignes.
Le Moineau ignicolor, Fringilla ignicolor , V. , pi. 5g des
Oisea tx- chanteurs. J'avois placé cet oiseau dans le genre Gros-
bec ; mais un nouvel examen m'a prouvé que sa véritable
Fin ,99
place étoit dans le genre frùigille. Les auteurs qui en ont parlé,
l'ont donné pour une variété du loxia orix ; en effet , il a
de grands rapports avec lui par son plumage ; mais il cons-
titue une espèce particulière , qui en diffère par une taille
moins longue et moins épaisse ; par la gorge totalement d'un
rouge orangé éclatant , et par la longueur de toutes les cou-
vertures de la queue , lesquelles sont composées de barbes
effilées et pendantes, et s'étendent jusqu'au bout des pennes;
leur couleur rouge de feu domine aussi sur le cou , le dos ,
l'estomac, et à l'extérieur descouverluressupérieures des pen-
nes desailes, et de celles de la queue, qui sont brunes du côté
interne ; un noir velouté règne sur la tête jusqu'au-dessous des
yeux , sur une grande partie de la poitrine et sur le ventre ;
le bec est d'un noir mat , et les pieds sont couleur de ebair.
Des individus ont des teintes moins foncées , d'autres ont le
ventre varié de noir et de blanc sale. Ce plumage indique des
mâles qui prennent leur livrée d'été pour la première fois ou
qui la quittent pour se revêtir de celle de la mauvaise sai-
son , époque à laquelle ils ne diffèrent pas des femelles , dont
les parties supérieures sont variées de taches longitudinales
brunes sur un fond gris, et les inférieures de taches pareilles
sur un fond blanc sale; les ailes et la queue sont d'un brun
sombre ; le bec estde cette couleur, et les pieds sont gris. Cette
espèce se trouve au Sénégal et dans d'autres contrées de la
côte d'Afrique. On l'apporte quelquefois vivante en France.
Le Moineau noir et blanc , Fringilla melanoleuca , Yieill. ;
se trouve dans l'Inde ; il est blanc sur le bec , la tête , les joues,
le dessus du corps , les ailes et sur une partie de la queue ,
avec des taches noires sur le manteau ; cette couleur domine
sur le reste du plumage; lespieds sont couleur de chair claire;
la queue est courte ; grosseur de la linotte.
Le Moineau a tête marron, ou d'iTALiE , Fringilla Italiœ ,
Vieill. , pi. 34.o , f. 2 de l'Ornithologie italienne , où il porte
le nom de capannaia scherzo/a (passer domesticus vulgaris). Cet
oiseau a été confondu avec notre moineau commun; mais c'est
une espèce particulière ou une race constante , dont le mâle
a le bec un peu plus court et plus bombé que le nôtre , et qui
en diffère encore par la couleur marron qui domine seule sur
le dessus de la tête, la nuque et le derrière du cou; par les plu-
mes du capistrum , qui sont noires et par la teinte rousse qui
termine les grandes couvertures ; du reste il ressemble au
nôtre. La femelle a les plumes de la tête et de la nuque rous-
sâtres. Ces moineaux sont très-communs à Turin. M. Bo-
nelli , à qui je dois la connoissanue de ces oiseaux en nature ,
m'a assuré que les nôtres étoient si rares dans le Piémont ,
qu'il n'y en avoit encore vu qu'un seul individu. 31. Them-
200 F R I
minok , qui a décrit le moinaeu de cet article comme une va-
riété constante du nôtre , assure qu'on le trouve en Sicile et
dans tout l'Archipel.
E. FriîsGILLES dont le bec est parfaitement conique, à pointe un
peu comprimée et peu aiguë , Linottes , etc.
La Linotte proprement dite, ou des plaides, Fringilla
linota et cannaùina, Lath. , pi. enl. de Buff. n.° 58, f. i, et
485, f. i.
Les personnes qui voient les nombreux traités que nous
avons sur les oiseaux d Europe , doivent être suprises qu'on
soit encore forcé de s'en occuper; cependant c est un fait
avéré qu'un certain nombre de ces oiseaux, quoique tous les
jours sous nos yeux, exigenlun nouveau travail. J en ai donné
un exemple à 1 arlicleya«i>^fe, et j'en prends un second dans
les linottes proprement dites, et dans celles de montagne, dans
les sizrrins et les cabarets; mais il ne sera question ici que des
premières. Consultez le mot sizerin pour les deux autres.
Brisson , Mauduyt , Sonnini et Erisch ont fait deux espè-
ces de la linotte proprement dite, sous les dénominations de
grise et de rouge ; Latham et Gmclin sous celles de lino a et de
cannabina ; Belon , Linna^us, Olinn, Gesner, Montbeillard ,
Meyer et Latham dans son deuxième supplément à son Synop-
sis, d'après les remarques de Boys et de Monlagu , natura-
listes anglais , n'en font qu'une seule espèce. Frappé de celte
discordance dans les opinions des naturalistes sur ces oiseaux,
j'ai multiplié et souvent réitéré mes recherches pour m'assurer
de la vérité; je les ai étudiés dans touteslessaisons, et danstous
les périodes de leur âge; de plus j'ai engagé plusieurs de mes
amis, observateurs judicieux, de les examiner de leur côté dans
la nature vivante. Il en est résulté un accord qui ne me laisse
plus de doute sur l'identité des linottes grise et rouge ; en
effet, toutes les deux, jeunes ou vieilles, mâles ou femelles,
sont grises à l'arrière-saison , et se ressemblent tellement
alors qu'on ne peut aisément distinguer les sexes, si 1 on n'a
égard à la bordure blanche des premières pennes alaires ,
laquelle est plus large et a plus d éclat chez le mâle que chez
la femelle. La couleur rouge, qui caractérise le mâle pen-
dant 1 été, commence à percer vers la fin de l'automne ; mais
à cette époque elle est terne et n'occupe que la partie
moyenne des plumes dont l'extrémité est d'un grisroussâtre,
de manière qu'on ne l'aperçoit qu'en les soulevant; plus le
printemps approche, plus cette couleur s'étend et s'embellit,
et vers le mois de mai, efle est d'un bel éclat chez le mâle
de deux ans, moins pure et moins étendue chez l'oiseau dans
F R I 2oi
sa première année, et elle prend quelquefois une nuance
orangée chez les vieux. Alors les linottes qui restent grises
ne sont que des femelles. Toutes mes recherches , tous mes
efforts, pour trouver en été «les mâles adultes gris, ont été
inutiles; j'ai toujours rencontré et Ton ma toujours envoyé
des maies qui étoient plus ou moins rouges.Cen est pas seule-
ment sur la lête et SUT la poitrine que leur plumage éprouve
des variations ; l'occiput et la nuque deviennent d un cendre
clair y «le gris et de roussâtre qu'ils étoient immédiatement
après la mue; le brun-marron des plumes du dos prend un
ton plus beau et plus prononcé ; le croupion passe du gris et
du blanc roussâtre au noirâtre et au blanc pur. Telles sont
les linottes mâles dans 1 état de liberté : mais il en es! tout
autrement si on les tient en captivité , même dans une vo-
lière toujours exposée à l'air ; le rouge disparoît, le brun-
marron reste terne, le gris de l'occiput et de la nuque garde
sa teinte roussâtre. Les jeunes qu'on élève à la brochette,
ou que 1 on prend avant leur première mue, n'ont jamais de
rouge en cage. Les principaux attributs, qui dans cet état
distinguent le mâle cl la femelle, consistent dans la couleur
du sommet de la tête et de la poitrine, qui est d'un rouge
leyne vers le milieu de la plume, et dans le blanc des pennes
alaircs, qui est plus étendu dans le mâle que chez laleinelle.
Quant aux proportions qu'on donne plus fortes aux linot-
tes grises, celle différence n'est pas exclusive pour les li-
nottes rouges, puisqu'il en est parmi celles-ci de la même
taille que les autres, et quelquefois «le plus grandes. .J'ai seule-
ment remarqué que toutes indistinctement paraissent un peu
plus grosses en hiver qu'en été, parce qu'alors leurs plumes
ont un duvet plus fourni. Enfui des auteurs, pour rendre plus
vraisemblable leur distinction spécifique, ont présente la fe-
melle de leur linotte grise sous des nuances moins foncées que
celles du mâle et de la femelle de leur linotte rouge , avec la
poitrine variée de brun sur un fond roussâtre, et avec le dos
tacheté de brun; mais ces différences, qui se rencontrent chez
tmiles les femelles indistinctement , dépendent des saisons,
toutes ayapt , comme les mâles, deux livrées, une d hiver et
une d eie; la livrée d'hiver est celle de la femelle de leur linot-
te grise; l'autre de la femelle de leur linotte rouge. Si ces faits
ne paroissent pas suftisans pour se convaincre de l identité
de ces deux prétendues espèces; que l'on consulte leurs
mœurs, leurs habitudes, leurs cris et leur chant, et on con-
viendra qu il n'y a pas la plus petite dissemblance. Des na-
turalistes ont indiqué quelques différences dans la situation
du nid et dans les matériaux dont il est composé, mais elles
tiennent aux localités. Quant aux œufs dont les couleurs ne
sont pas tout-à-fait pareilles, on sait qu'elles varient dans
aoa F 11 I
leurs nuances selon les époques de l'incubation. Ainsi donc ,
je crois avoir prouvé d'une manière convaincante que nous
ne possédons qu'une seule espèce de linotte commune, ainsi
que l'a fort bien démontré le savant collaborateur de Buffon,
et pas même deux races, comme je l'ai avancé dans la pre-
mière édition de ce Dictionnaire; parce que la linotte de vi-
gne sous des teintes pures et avec un rouge éclatant, m'avoit
paru plus rare que l'autre ; ce que depuis j'ai reconnu devoir
être, puisqu'elle n'est parée de ces couleurs qu'après deux
ou trois mues, et que les vieux sont toujours beaucoup moins
nombreux que les autres.
Si la linotte commune a été méconnue d'une certaine ma-
nière, nos ornithologistes modernes paroissent n'avoir con-
nu celle de montagne que dans des descriptions; en effet,
Brisson et Buffon ne la décrivent que d'aprèsWillugbhy ; en
outre Buffon en fait une variété de la linotte commune, sous
la dénomination de linuUe aux pieds noirs., et le synonyme du
cabaret , en donnant pour tel la linotte à gorge jaunâtre de la
pi. 10 de Frisch , qui n'est autre que la linotte de montagne.
M. Meyer cite cette planche de Frisch dans la synonymie du
sizerin , etGmelin la rapporte à la variété de son j ri 'ngilla m on-
t'um. M.Thenmiinck a d'abord adopté l'opinion de M. Meyer,
et par un double emploi, il donne pour une variété de la
linotte proprement dite, lefringi/la montium. 11 paroît que ces
naturalistes ont parlé de cefringi/la sans le connoître en na-
ture, car ils auroient vu que le mâle n'a en aucun temps, le
dessus de la tête et lapoitrine rouges, et que cette couleur n'est
indiquée chez lui que sur le croupion, tandis que les autres n'en
ont aucune trace sur celte partie ; il y a encore d'autres diffé-
rences non - seulement dans le plumage , mais dans les ha-
bitudes , les mœurs , le cri et Je ramage ; différences qui ne
constituent point une variété , mais une espèce particulière.
V. Linotte de montagne, p. i 69. Enfin il nous reste leixYNTEL,
fringillaargenloratr.nsis, oiseau dont l'existence est très suspecte,
qu'on ne voit dans aucune collection, et qu'on cherche en vain
dans la contrée indiquée pour sa demeure habituelle.
Le mâle, pi. enl. de'Buff. 4-85 , f . 1 , a pendant toute la
belle saison, le sommet de la tète et la poitrine rouges ; le
derrière du cou cendré ; le dqs et les plumes scapulaires et les
couvertures du dessus des ailes d'un marron rembruni pur ;
le croupion d'un blanc mêlé d'une légère teinte de roussâ-
tre; les couvertures supérieures de la queue noires dans leur
milieu et blanches sur les deux côtés; les trois pennes des
ailes les plus proches du corps, dun marron rembruni; le
bec noirâtre, lavé de blanc à sa base en dessous ; le reste
du plumage est pareil à celui d'hiver ; longueur totale , cinq
pouces six lignes.
F R I 2G3
La femelle diffère du mâle en ce qu'elle n'a point de rouge
sur le sommet de la tête et sur la poitrine ; il est remplacé sur
la première partie par une teinte cendrée tachetée de noir, et
sur l'autre, par une couleur roussâtre variée de taches brunes,
que l'on remarque aussi sur le dos.
Le màlcen hiver, pl.enl.de Buff.n.0 58, f . i , a lesplumes
du dessus de la tele d'un gris-brun dans leur milieu, et bor-
dées de roussâtre sur les deux côtés ; celles du dessus du cou,
bordées de gris; le dos et le croupion, les plumes scapu-
laires et les couvertures supérieures des ailes, d'un brun ti-
rant sur le marron, bordé d'une nuance plus claire ; les cou-
vertures du dessus de la queue, noires dans leur milieu T
blanches sur leur côté intérieur, et d'un gris roussâtre à l'ex-
térieur ; le tour du bec et des yeux et la gorge, d'un blanc
roussâtre ; les plumes du devant du cou d'un grisbrun : celles
de la poitrine d'un rouge obscur, et terminées de blanc rous-
sâtre, de manière que le rouge paroît fort peu; les côtés
roussâtre : le ventre, les jambes , d'un blanc sali de roux; les
couvertures du dessous de la queue blanches, avec une lé-
gère teinte de cette dernière couleur; les grandes couver-
tures , les plus extérieures des ailes , noires dans leur
milieu, blanches à l'intérieur vers l'origine, et grises à
l'extérieur ; les pennes des ailes noires ; excepté les trois
plus proches du corps, qui sont d'un brun-marron ; toutes
sont bordées de blanc à l'intérieur, et les grandes du côté
extérieur, ce qui forme sur l'aile, lorsqu'elle est pliée, une
raie longitudinale de cette couleur; les pennes caudales sont
noires, bordées de blanc des deux côtés; la queue est four-
chue ; l'iris de couleur noisette ; le bec d'un gris-blanc, ex-
cepté à la pointe qui est brune , ainsi que les pieds.
La femelle diffère en ce que ses couleurs sont moins fon-
cées que celles du mâle , et que les plumes de la poitrine
n'ont point de rouge.
Variétés accidentelles des linottes. —On voit des individus totale-
ment blancs; d'autresquin'ontque la tôle, les ailes et la queue
de cette couleur; sur d'autres, le blanc est la couleur domi-
nante, mais les pennes des ailes et de la queue sont noires,
et seulement bordées de la première couleur, avec quelques
vestigesde gris sur les couvertures des ailes ; j'ai possédé une
linotte dont le plumage étoit de la couleur des serins que l'on
nomme agates.
Le mâle ne partage ni le travail du nid, ni l'incubation;
mais rempli de petits soins pour sa femelle , il lui apporte
des alimens qu'il dégorge ennune le serin , égaie la monoto-
nie de sa position par un joli ramage, sans cesse répété
pendant tout le temps qu'elle couve , et veille encore à sa
2o4 FRI
sûreté, car, dès qu'on lui porte ombrage, il jette un cri
plaintif, voltige de buissons en buissons, s'éloigne un moment,
mais pour reparoîlre aussitôt; plus on approche de sa com-
pagne, plus ses cris redoublent; alors sa femelle, avertie
par ses plaintes , et pressée par le danger, quitte le nid;
aussitôt tous les deux s'en éloignent , et n'y reviennent ordi-
nairement qu'après une heure d'absence ; mais lorsque les
œufs sont près d'éclore , ils y retournent plus tôt ; le père
et la mère ont beaucoup d affection pour leurs petits; ils
les nourrissent de graines tendres , préparées dans leur ja-
bot, et les leur dégorgent dans le bec. Ces linottes font
ordinairement deux et trois pontes, et même quatre si elles
sont troublées dans les premières. Après les couvées, elles se
réunissent en troupes nombreuses, quittent les montagneset
descendent dans les plaines. C'est alors qu'on leur tend des
pièges , et qu'on en prend un grand nombre : comme ces
oiseaux engraissent facilement lorsqu'ils ont de la nourriture
en abondance, leur chair acquiert une saveur qui la fait re-
chercher, surtout dans nos contrées méridionales: de là leur
est venu en Provence le nom de bec-figue d'hiver.
Montbeillard trouve une grande analogie entre le serin et
la linotte, et avec raison; car ils ont les mêmes habitudes,
le même naturel; et, de tous nos oiseaux, la linotte est celui
qui s'accouple plus volontiers avec les canaris; mais j'ai
peine à croire que les individus qui résultent de ce mélange
soient plus féconds que ceux qui proviennent du chardon-
neret et du tarin : du moins, malgré des essais faits pendant
plusieurs années et de diverses manières, je n'ai pu réus-
sir à avoir des œufs féconds, soit d'une serine appariée avec
un métis linotte, soit d'une femelle mulelte accouplée avec
un serin, soit enfui de ces métis appariés ensemble.
Quoique la linotte soit un des plus communs de nos petits
oiseaux granivores, quoiqu'elle ne conserve en captivité au-
cune des brillantes couleurs qui en font désirer la possession ,
lorsqu'on la voit en liberté parée de son habit de noces , elle
n'est pas moins recherchée que l'éclatant chardonneret et le
charmant bouvreuil. Si alors des teintes sombres remplacent
la belle ..couleur rouge de sa tête et de sa poitrine, si alors
tout son plumage n'est grivelé que d'un brun terne et d'un
blanc sale, la linotte ne mérite pas moins d'attirer sur elle
l'attention de 1 homme, et de contribuer à ses plaisirs, car
elle a des qualités vraiment intéressantes. Elle réunit un na-
turel docile et susceptible d'attachement, un ramage agréa-
ble , un gosier qui se ploie facilement aux différens airs qu'on
" «fier; on parvient même à lui apprendre à ré-
F R I 205
péter distinctement quelques mots de telle langue que ce soit.
Petite vie, petit fils, /misez, baisez, petit fils , sont des demi-phra-
ses quelle prononce franchement et avec un accent si lou-
chant , qu il semble exprimer le sentiment. Il est vrai que cefl
oiseaux sont dune amabilité étonnante, et deviennent telle-
ment caressans , qu'il finissent souvent par importuner. Ils
savent très-bien distinguer les personnes qui les soignent; ils
viennent se poser sur elles de préférence , leur prodiguent
de tendres caresses, et semblent même exprimer leur affec-
tion par la douceur de leurs regards. Outre cela, ils ont la
faculté d imiter et de joindre aux modulations variées de leur
charmante voix, le chant des autres oiseaux qui se trouvent
à leur portée. Si on élève une très-jeune linotte avec un pin-
son, une alouette ou un rossignol , elle apprendra à chanter
comme eux; mais elle perdra souvent son chant naturel, et ne
conservera guère que son petit cri d'appel. Les linottes qu'on
désire instruire doivent être prises dans le nid, quand les plu-
mes commencent à pousser; car, si elles sont prises adultes,
au filet ou autrement , il est rare qu'elles profitent des leçons
qu'on leurpourroit donner : cependant on en voit quelquefois
devenir assez familières et assez caressantes. On indique dif-
férens moyens d'instruction, tel que celui de les siffler le soir
à la lueur d'une chandelle, avec l'attention de bien articuler
les mots qu'on veut leur faire dire. Quelquefois, pour les
mettre en train , on les prend sur le doigt; on leur présente
un miroir, dans lequel elles croient voir un autre oiseau de
leur espèce, et cette illusion produit, dit-on, une sorte d'é-
mulation , des chants plus animés et des progrès plus réels ;
mais ces précautions ne sont pas de première nécessité, car
les linottes ordinairement les mieux instruites sont celles
élevées par les savetiers , qui les sifflent sans interrompre
leur travail. On a remarqué , ce qui est vrai pour la plupart
des oiseaux chanteurs, tels que les tarins, chardonnerets, etc.,
qu'elles chantent plus dans une petite cage que dans une
grande. Cet oiseau vit long-temps en captivité, s'il est bien
soigné. Sonninien cite un qui a vécu quatorze ans, et eût vé-
cu davantage, car il n'est péri que par accident.Ce charmant
oiseau étoit rempli de gentillesse; il appeloit plusieurs per-
sonnes de la maison par leur nom et très-distinctement; il
siffloit cinq airs entiers de serinette ; et ce qui ajoutoit à l'a-
grément et à la vérité de son chant, c'est que ces cinq airs
étant en ré, si, mi mineur, cette linote les mêloit souvent en
semble sans aucune discordance à raison du ton , ce qui pro-
duisoit une sorte de pot-pourri extrêmement agréable. (V. son
édition de VHist. nalur. de Buffon. ) Enfin, ces oiseaux ont
l'avantage de chanter presque toute l'année, et leur docilité
2o6 F R I
est telle, qu'on peut les accoutumer à la galère comme le ta-
rin et le chardonneret.
Lorsqu'on veut élever de jeunes linottes, il faut choisir des
mâles; car les femelles ne chantent ni n'apprennent à chan-
ter. On les reconnoît à la couleur blanche des ailes, qui est
plus pure et plus étendue. On les nourrit d'abord avec du
gruau d'avoine et de la navette broyée dans du lait ou de l'eau;
d'autres remplacent le gruau avec de la mie de pain, et y
joignent un jaune d'oeuf dur. On leur donne la becquée
comme aux serins, et il faut les tenir chaudement et propre-
ment. Si on veut les rendre plus familiers , on leur présente
cette nourriture à la main , et on leur donne quelques dou-
ceurs avec la bouche. Lorsqu'ils commencent à vouloir man-
ger seuls, on laisse la navette entière, mais attendrie dans
l'eau, afin qu'ils puissent la casser plus aisément ; ensuite
l'on varie leur nourriture avec du panis, du millet, de l'al-
piste , des graines de rave , de choux , de laitue , de plantain ,
et quelquefois celle de melon broyée; de temps en temps,
du massepain , de l'épine-vinette , du mouron. Il leur faut
très-peu de chénevis , parce qu'il les engraisse trop , ce qui les
fait périr ou les empêche de chanter. Beaucoup de personnes
ne leur donnent pour nourriture que de la navette ; mais il en
résulte le même inconvénient. Plus on variera leurs ali-
mens, moins ils auront de maladies. De plus, on met dans
leur cage un petit plâtras ou morceau de craie, afin d'éviter
la constipation à laquelle elles sont sujettes. Il les guérit aussi
d'une maladie qu'on appelle subtile: leur tristesse, leur si-
lence , leurs plumes roides et hérissées, en sont les indices ;
et lorsqu'elle fait des progrès, leur ventre devient dur, leurs
veines sont grosses etrouges , leur poitrine est tuméfiée , leurs
pieds s'enflent, sont calleux, et à peine peuvent-elles se sou-
tenir. Les linottes sont encore sujettes au mal-caduc, pour
lequel on indique encore le morceau de craie; mais le mal
du bouton est presque incurable; cependant, on conseille de
le percer promptement, et d'étuver la petite plaie avec du
vin. Enfin , outre toutes ces maladies , dont la plupart sont
les effets de la captivité , elles souffrent encore de l'asthme,
ce qu'elles indiquent en frappant souvent du bec avec co-
lère. On met alors un peu d'oxymel dans leur abreuvoir, et
on change leur nourriture pendant quelques jours, en leur
donnant de la chicorée sauvage tendre etpilée avec de l'épi-
ne-vinette ou du chou , si cette maladie les attaque pendant
l'hiver ; et rien n'est meilleur , pour les tenir gaies et en bonne
santé, que de leur donner des groseilles rouges. Comme on
ne doit rien négliger pour conserver un oiseau qu'on s'est
donné la peine d'instruire, il faut, autant qu'on le peut , le
rapprocher île soii Jlol naturel. Ces oiseaux sont puhératcurs ;
on doit donc garnir le fond de leur cage d'une couche dt
petit sahle, qu on renouvelle de temps en temps; et comme
ils aiment à se haigner, il leur faut aussi une petite baignoire ,
dont on renouvelle l'eau tous les jours.
Les linottes se réunissent en société vers le mois de sep-
tembre, y restent pendant l'hiver, volent très - serrées,
s'abattent, s'élèvent toutes ensemble , et se posent sur les
mêmes arbres. Leur vol est suivi, et ne va point par él ai
répétés comme celui du moineau ; elles marchent en sau-
tillant; elles passent la nuit dans les bois,' et choisissent
pour asile les arbres dont les feuilles, quoique sèches, ne
sont pas encore tombées , tels que les chênes , les charmes, etc.
Elles fréquentent alors les terres en friches et les champs cul-
tivés, où elles se nourrissent de divers petits grains; elles pi-
quent aussi les boutons des peupliers, des tilleuls et des bou-
leaux, comme font les sizerins et les bouvreuils. Leur nom ,
linottes (linarûe), indique encore un de leurs alimens; il ne
leur a été imposé , que parce qu'elles aiment la graine de lin
ou celle de la linaire ; enfin toutes sortes de graines leur con-
viennent , mais je ne crois pas qu'elles touchent aux insectes:
ce qu'il y a de certain , c'est qu'elles n'en portent pas à leurs
petits, comme font les oiseaux granivores-insectivores. Vers
le commencement du printemps on les entend chanter toutes
à la fois, et leur chant est toujours devancé par une espèce de
prélude ; c'est alors qu'elles s'accouplent; une fois leur choix
fait, chaque paire s'isole et affecte un canton d'où elle ne
s'éloigne point pendant tout l'été. Les linottes sont commu-
nes en France, en Angleterre, en Italie, dans le Levant, en
Allemagne et dans les parties méridionales de la Russie. La-
tham soupçonne, d'après Kolbe , qu'elles se trouvent aussi
au Cap de Bonne-Espérance , ce qui paroîl très-douteux.
Enfin cet ornithologiste prétend que, du côté du Nord, l'es-
pèce de linotte rouge s'est répandue jusqu'à la baie d'Hudson.
Là, son plumage a varié; il est , dit-il, d'un brun plus pâle;
mais l'oiseau dont il parle est d'une autre espèce, et fait
partie d'un autre genre. V. Passerine de montagne.
Chasse aux linottes. — On prend ces oiseaux de diverses ma-
nières, à l'albret ou albrot ( V. Bouvreuil) ; il ne faut point
de cage, mais des moquettes apprivoisées : aux abreuvoirs
avec des gluaux ( V. Hochequeue ) ; aux filets d'ALOUETTE
( V. ce mot ) , car lorsque les linoites sont attroupées , elles
descendent très-bas, pour s'approcher du miroir, et se posent
quelquefois au milieu des filets ; on est certain de les y atti-
rer, si l'on a des mâles pour servir d'appeau ou de chanterelle,
mais les mailles du filet doivent être plus serrées que pour les
ao8 F R î
alouettes; alors il n'en échappe point. On les prend aussi avefi
un seul filet du retz saillant {V . Chardonneret); et enfin au
rets saillantlui-mêine, ou filet volant. Le terrain propre à cette
chasse doit être peu élevé ; les vallons conviennent assez ; il
ne faut pas qu'il y ait aux environs , ni arhres, ni haies sur
lesquels les oiseaux puissent se percher; plus les arhres sont
éloignés, plus la chasse est lucrative. La place que Ton pré-^
pare doit avoir au moins cinquante brasses de long , et vingt-
cinq de large; l'espace qui entourera les filets tendus, sera
couvert d un rang de petites plantes qui auront au plus un
demi-pied de hauteur, et qui seront ou de la lavande mâle,
ou du lentisque, ou du buis, ou du genévrier; le tout sera
rangé de manière qu'il cache les cordes auxquelles sont atta-
chés les filets ; on pratique autour de cet espace sur les côtés
une sorte d'allée large d'environ une brasse, et on termine
cette allée par un espalier fait avec les mêmes plantes , mais
beaucoup plus fortes et plus hautes que celles delà première
rangée. C est au milieu de cet espalier que Ton place les cages
des appelant; il faut avoir soin d'élaguer les petites branches,
ou les contenir avec un cerceau, afin d'éclairer la place où doi-
vent être les moquettes. Aux coins des qualre poulies qui font
couler les cordes des filets , on dresse quatre touffes de sem-
blables plantes, et on y place quatre cages d'oiseaux choisis
parmi les meilleurs chanteurs : il est encore à propos pour at-
tirer les linottes , de faire au milieu du bosquet , sur le côté
droit , une rangée d'osiers rouges et de tilleuls, longue de trois
brasses et large de deux; du même côté , on aura encore at-
tention que le sol du terrain soit un peu relevé, et descende
insensiblement pour favoriser le jeu du filet.
Il faut en outre construire une petite loge assez grande pour
qu'elle puisse contenir deux à trois personnes, simplement
avec des roseaux, la couvrir partout de verdure et mellre un
siège dans le milieu pour l'oiseleur ; ce siège est placé en droi-
ture vis-à-vis le retz saillant : on fait à cette cabane une ouver-
ture en forme de fenêtre, afin que le chasseur puisse diriger
sa vue sur ce qui se passe autour de lui. Lorsqu'on destine
cette place à servir pendant plusieurs années , on fait la loge
en maçonnerie ou en bois; elle doit, dans tous les cas , être
couverte de verdure, souvent renouvelée pendant tout le temps
de la chasse ; en outre , pour s'éviter le renouvellement des
plantes et arbrisseaux, on entretient celle plantation que l'on
a soin de contenir à la hauteur dite ci- dessus.
Les filets qu'on emploie pour le retz saillant doivent être
d'égale longueur ; celui de la droite a seulement une demi-
brasse ou une brasse de plus de largeur ; ces filets sont garnis
à leur bout de deux perches d'aulne, autrement, piquets qui
F R I 20g
servent à les lier, et qu'on plante vers le bosquet aux quatre
coins où l'on veutattacherr.es filets; d'autres les adaptent à une
petite pièce de bois , et qui a des poulies qu'on fiche en terre ;
l'extrémité du piquet est un fer qui entre dans une clochette ;
le fer qui les tient ensemble , et les cordes qui partent de la
clochette et vont aux filets, se nomment maîtresses, tandis qu'on
nomme couennes celles qui sont du côté de la place en dessus ;
les maîtresses cordes se joignent à un nœud qu'elles font elles-
mêmes; après quoi, à la distance de deux ou trois brasses,
quelquefois plus ou moins , selon l'avantage de l'oiseleur, est
un bâton qui sert à tirer les filets , et qui donne de la force
pour les fermer , en les rapprochant l'un contre l'autre ; il
Jfaut renforcer les cordes et les ficelles qui servent pour lesdits
filets, et on leur donnera une couleur de terre verte.
Pour pouvoir prendre un grand nombre de petits oiseaux,
il faut desappelans de chaque espèce ; car rarement un oiseau
s'abat, s'il n'y en a de sa race. A ce moyen , on peut prendre ,
à cette chasse, des linottes, chardonnerets, pinsons , lavan-
dières , bergeronnettes, verdiers , bruaris, etc.
La Linotte gris-de-fe% Fringilla cana,V \q\\\. ; Loxiacana,
Lath., pi. 179 desOw. d'Edwards, a la taille et les proportions
de la linotte ; mais son bec est un peu plus fort, ce qui a donné
lieu aux méthodistes de la ranger parmi les gros-becs. Elle a le
dessus de la tète, le cou et le dos gris-de-fer; le dessous du corps
cendré clair ; le croupion de la même teinte, mais plus foncée ;
lespennesdesaileset delà queue noirâtres, bordées de cendré
clair, excepté les plus longues des ailes, qui sont entièrement
noires vers leur extrémité , et blanches vers leur origine ; la
mandibule inférieure est bordée de cette même couleur, qui
s'étend jusque sous les yeux; le bec cendré ; les pieds sonteou-
leur de chair. Celte linotte, qu'on trouve en Asie, a un ra-
mage très-agréable.
La Linotte huppée, Fringilla flammea, Lath., pi. 29 des
Ois. chanteurs , sous le nom àzfringille huppée. Le mâle a une
huppe couleur de feu tirant au rouge ; les plumes qui la com-
posent sont de la même teinte que celles de la huppe du ma-
nakin tijé (pipra pareola ) ; la nuque , le dessus du cou et du
corps, les ailes et la queue, bruns; cette couleur est plus
claire à l'extérieur des pennes alaires et caudales ; toutes les
parties inférieures sont d'un rouge clair à peu près semblable
à celui d'une rose fanée. La femelle ou le jeune, aies côtés
de la tête et le haut de la gorge d'un blanc sale ; tout le des-
sous du corps d'un brun rougeâtre , et le reste du plumage
pareil à celui du mâle. La patrie de cet oiseau est à peu près
inconnue: Linnseus croit qn'il habite dans le nord; tous les
ornithologistes allemands le placent dans le nombre des oi-
XII. 14
F R ï
se aux do celte partie de l'Europe. On lui donne une très-n
grande analogie avec \efriquet huppé, que je n'ai jamais vu en
nature , ce quim'cinp :che de juger si leur identité est réelle.
V. ci-dessus, Friquet huppé.
La Linotte , dite Sénégali chanteur , Fringiïïa musica ,
Vieill. , pi. ii des Ois. chanteurs. Ce n'estpointpar une parure
élégante que se distingue ce sénégali; modeste dans ses cou-
leurs, il sait captiver noire attention par des qualités plus
intéressantes : chant mélodieux, douceur et familiarité , tels
sont ses attributs naturels. Il n'a point les sons flûtes, les
coups de gosier éclatans, les roulades précipitées durossignol;
mais doué d'une voix moelleuse , sonore , forte sans dureté ,
pleine de grâce et d'harmonie , il a l'avantage de se faire en-
tendre dans un appartement pendant presque toute l'année
sans jamais fatiguer. Ce charmant volatile feroit aisément
oublier le musicien des Hébrides , si, moins délicat et moins
rare, ilpouvoit s'acclimater dans nos pays; cependant avec
des soins et des attentions, on y parviendroit facilement,
puisqu'il suffit de mettre cet oiseau d'Afrique à l'abri du
froid ; l'on pourroit même l'y naturaliser et le faire mul-
tiplier , si on lui procuroit une chaleur convenable , que
j'estime à 25 degrés pour les oiseaux qui sont néssous la zone
torride; mais ce petit chantre demande une volière parti-
culière; car d'un naturel timide et doux, il est toujours la
victime de ces espèces hardies et hargneuses , tels que les
moineaux à bec rouge et certains bengalis , qui abusent
de sa foiblesse, se font un jeu de le déplumer, et par-là l'expo-
sent à périr du froid.
Cet intéressant sénégali est de la taille du bengali maripo-
sa , mais plus arrondie : tout son plumage est d'un gris-
blanc, et chaque plume a dans son milieu une tache brune ,
qui s'étend le long de la tige ; le gris est plus foncé sur la
tète , le dos , la poitrine et le haut du ventre ; il est presque
pur sur la gorge ; les ailes et la queue sont brunes ; cette der-
nière est un peu fourchue à son extrémité. La femelle ressem-
ble tellement au mâle que le chant seul en fait la distinction.
Ces oiseaux ne muent qu'une fois par an , et leurs plumes ne
reparoissent qu'^ cette époque, si elles ont été arrachées dans
le courant tj_e l'année , du moins sous notre climat. On les
trouve au Sénégal.
La Linotte tobaque , pî. 179 des Ois. d'Edwards, est
donnée par cet auteur pour le mâle de la linotte vengoline;
mais comme toutes les deux ont un chant fort agréable , il est
très-probable que ce sont deux mâles , dont l'un est plus
avancé en âge que l'autre , s'ils font partie de la même espèce.
Au reste, le tobaque, qu'Edwards appelle encore négral, a la
F fi T
1 " L 211
base du bec entourée d'une bordure noire, qui s'avance un
peu sur le front; cette même couleur occupe aussi le dessous
des yeux et descend sur les côtés de la gorge vers son origine;
la tête, le cou , le dos et les petites couvertures des ailes, d'un
cendré brunâtre varié de taches noirâtres ; les autres couver-
tures et les pennes des ailes sont de la même couleur et bor-
dées de jaune; le dessous du corps et des couvertures inférieu-
res de la queue est d un orangé tenu uniforpie , clair sur la
poitrine et sombre sur les parties postérieures ; l« croupion est
d'un jaune brillant ; les pieds cl les ongles sont couleur de chair.
La Linotte vengoi.ine, Fringilla angolensis, Lath. , pi. 179
des Ois. d Edwards , se trouve en Afrique , sur la côte d'An-
gola : les Portugais l'appellent Itanguelinha. Son ramage , dit
I)aincs-Barringlon , est supérieur à celui de tous les oiseaux
chanteurs de l'Asie, de l'Afrique et de l'Amérique, excepté
toutefois le chant du moqueur. Elle a les parties supérieures
variées de bsun foncé et de brun clair ; le croupion et les cou-
vertures du dessus de la queue jaunes; les couvertures supé-
rieures, les pennes des ailes et celles de la queue brunes et
bordées de gris clair; les côtés de la tête d'un roux clair;
un trait brun sur les yeux ; le dessous du corps tacheté de
brun sur un fond plus clair; le bec et les pieds bruns ; la taille
de la linotte.
Y. Fringilles dont le bec est plus fort que celui de la linotte ,
plus ou moins allonge , à pointe sans compression et un peu aiguë.
(Veuves , Pinsons , etc.)
Les Veuves. On appelle ainsi une belle famille d'oiseaux
qu'on trouve non-seulement en Afrique , mais encore dans
l'Asie jusqu'aux îles Philippines. Mais, dit Gueneau de Mont-
beillard , ce nom de veuve qui paroît bien leur convenir, soit
à cause du noir qui domine dans leur plumage , soit à cause
de leur longue queue traînante, ne leur a été imposé que par
une méprise. Les Portugais les appelèrent d'abord oiseauco
de Whidha , c'est-à-dire , de Juida , royaume d'Afrique , où
ils sont très-communs ; la ressemblance de ce mot avec celui
qui signifie veuve en langue portugaise, aura pu tromper des
étrangers qui auront pris l'un pour l'autre, et cette erreur se
sera accréditée d'autant plus aisément , que le nom de veuve
paroissoit, à plusieurs égards, fait pour ces oiseaux. Les fe-
•melles ne sont jamais parées d'une longue queue , et les
mâles ne la portent que pendant six mois qui ne sont pas les
mêmes pour tous ; ce qui paroît dépendre, pour les jeunes,
du jour de leur naissance , et pour les adultes , du climat sous
lequel ils se trouvent. Ordinairement la première mue,
celle où les mâles prennent leur habit de noces et font en-
ûia F R I
tendre leur ramage , a lieu au printemps , et la seconde h
l'automne , on pour mieux dire , au! époques qui répondent
à ces deux saisons. Après celle -ci, les mâles diffèrent si
peu des femelles, qu'on les confond souvent quand on n'a pas
une certaine connoissance de ces oiseaux , connoissance qui
ne s'acquiert que par l'habitude de les voir souvent et de les
comparer les uns aux autres. Les femelles subissent aussi
deux mues , mais elles n'éprouvent aucun changement dans
leur plumage ; cependant en vieillissant , il en est qui pren-
nent des couleurs presque pareilles à celles que le mâle
porte pendant la saison des amours. Celte observation a été
faite par Mauduyt sur un individu de l'espèce de la veuve au
collier d'or qu'il a conservé long - temps vivant : « à mesure ,
dil-il, qu'une femelle , qui a vécu chez moi neuf ou dix
ans , avançoit en âge , elle devenoit moins semblable à son
mâle dans son plumage d'hiver, et se rapprochoit davantage
de lui dans son plumage d'été , en sorte que dans ses der-
nières années , cette femelle paroissoit en tout temps un mâle
dans son plumage d'été, mais cependant un mâle moins beau;
et d'ailleurs elle n'a point eu de longues plumes à la queue. »
Gueneau de Montbeillard a présenté ces longues plumes
comme une fausse queue , et son sentiment a été adopté par
M. Cuvier ; mais l'observation me force de dire que ces sa-
vans se trompent pour toutes les veuves , à l'exception de la
veuve à êpauletles. En effet , ce nom de fausse queue qui con-
vient très-bien à quelques longues plumes de celte veuve ,
ne peut s'appliquer à celles des autres , puisque ce ne sont
point, comme ils le pensent, quelques plumes des couver-
tures supérieures qui se développent sous diverses formes ;
au contraire , ces longues plumes sont, chez les veuves au
collier d 'or , à quatre brins , dominicaine et en feu , les quatre
pannes intermédiaires de la queue qui , avec les huit autres ,
car ces oiseaux n'en ont pas davantage , forment le nombre
de douze que les mâles , les femelles et les jeunes ont en
tout temps. Si ces quatre pennes ne faisoient pas partie delà
queue , celle-ci ne seroit donc composée que de huit ;
d'où il résulleroitque les mâles en auroient quatre de moins,
quand ils sont sous leur plumage parfait, que lorsqu'ils por-
tent leur habit d'automne , ce qu'on ne peut admettre. Je
ne suis pas le seul qui ait indiqué ces longues plumes pour
appartenir à la queue , car l'exact Brisson en fait mention
pour les veuves qu'il a décrites. Lalham s'est conduit de
même. Mauduyt (Encyclop. méth.) a adopté l'opinion de
Montbeillard ; ce qui prouve qu'il n'a fait aucune vérifica-
tion, et qu'il n'a pas consulté à ce sujet l'ornithologie de
Brisson qui , d'ailleurs, lui a servi de guide dans presque
F R I „3
toutes ses descriptions. Au reste, c'est d'après un examen
réitéré des mâles , morts ou vivans , que je nie suis assuré
que les quatre grandes plumes sont les pennes intermédiaires
de la queue, et non pas quelques couvertures supérieures , et
que les pennes ne diffèrent nullement des huit autres, quand
les mâles portent la livrée des femelles. Enfin, si les longues
plumes ne sont qu'au nombre de deux, comme dans la veuve \
à Jeux brins , elles sont alors accompagnées des dix pennes
la le raies.
Les veuves , suivant les voyageurs , n'emploient que du
coton à la construction de leur nid , et ce nid a deux étages ;
le mâle habite l'étage supérieur, et la femelle couve dans
celui d'en bas ; mais un nid ainsi construit est-il le travail de
toutes les veuves , ou n'appartient-il qu'aune seule espèce;
et quelle est celle espèce ? c'est sur quoi se taisent les voya-
geurs , les naturalistes , et même les curieux hollandais , qui
oui , dit-on , fait couver ces oiseaux en captivité.
Brisson , Montbeillard et d'autres ornithologistes fran-
çais , ont rangé les veuves dans le genre des moineaux et des
pinsons ; Latham et Gmelin les ont classés avec les hruans;
mais la conformation de leur bec les place naturellement
dans le genre fringille.
La Veuve AU COLLIER d'or, Fringilïa paradisea, Vieill. ;
Emheriza pnradisra , Lath. , pi. R. il , fig. 3 de ce Dictionn.
La dénomination donnée à celte veuve, vient d'une espèce de
demi-collier d'un jaune doré qu'elle porte sur le derrière du
cou ; ce collier n'est pas de celte couleur dans tous les indivi-
dus; plusieurs l'ont d'un brun plus ou moins roux ou d'un oran-
gé pâle. Sa grosseur est à peu près celle d'un fort serin ; elle a
la tète, la gorge, le devant du cou, le dos, les ailes et laqueue
d'un beau noir; la poitrine d'un marron brillant ; les par-
ties postérieures blanches; dans quelques-unes; le bas-
▼enlre et les cuisses sont noirâtres ; dans d'autres , les
plumes des jambes, noires et terminées de roussâlre; les cou-
vertures inférieures de la queue , ou totalement noires , ou
noirâtres et terminées de blanc; les pennes primaires des
ailes ont à L'extérieur un liseré blanc; celles de la queue sont
noires; des quatre intermédiaires, deux ont une position ver-
ticale et sont opposées l'une à l'autre par leur surface exté-
rieure y et comme cannelées ; elles n'ont guère que quatre
pouces de longueur, sont larges, et se terminent tout d'un
coup par un filet délié , long de plus d'un pouce ; les deux
autres qui paroissent comme ondées et moirées, sont relevées
leur origine, ensuite recourbées et inclinées en arrière ; elles
portent onze pouces de long , 9 lignes de largeur près du crou-
pion , et se réduisent à trois vers leur pointe (ces dimen-
**4 F R I
sions varient chez les divers individus) ; enfin quelques barbes
de ces plumes ont des filets très-déliés, très-longs, plus ou
moins nombreux ; le bec est noir , et les pieds sont de cou-
leur de chair. Tel est le mâle dans la saison des amours , mais
lorsqu'il quitte ses longues plumes , son plumage brillant
disparoît avec elles ; alors la tête est variée de blanc et de
noir ; la poitrine, le dos et les couvertures supérieures des
ailes sont d'un orangé terne , moucheté de noirâtre ; les
pennes des ailes et de la queue , d'un brun très-foncé ; le
ventre et tout le reste du dessous du corps restent blancs ; le
bec et les pieds pâlissent.
La femelle a des couleurs encore plus ternes ; ce qui est
orangé dans le mâle , se change en roux blanc sale chez elle;
du brun remplace le noir ; le blanc est moins pur ; sa taille
est aussi un peu inférieure.
Il y a dans cette espèce deux races , dont l'une est plus
grande que l'autre ; mais c'est la seule différence qui existé
entre elles. Je les ai eu vivantes pendant plusieurs années ;
la petite race se trouve au Sénégal.
Ces veuves sont décrites et figurées dans l'ornithologie ita-
lienne , pi. 34.6 et 34-7 ■> sous les noms de vidua americana et
yidua africana.
Le mâle a un ramage que Mauduyt trouve assez agréable r
mais qui m'a paru un peu aigre , quoique assez varié ; il le
fait entendre avec plus de force lorsqu'il est décoré de sa
belle parure , et même en volant si on le tient dans une
grande volière. On rencontre ces veuves sur la côte occidentale
de l'Afrique , au Sénégal et dans le royaume d'Angola.
Jusqu'à présent on n'a pu faire couver ces oiseaux en
France ; mais je crois que cela vient de ce qu'on ne les tient
cas dans un local dont la chaleur se rapproche de celle de
leur pays natal. Us sont d'un naturel gai , familier , et peu
difficiles sur la nourriture : du millet et de Yalpisle leur suf-
fisent , avec quelques hci'bes rafraîchissantes , telles que le
mouron et la chicorée : ils ne demandent que des soins et quel-
ques précautions indispensables pour s'acclimater et multi-
plier , comme de les tenir dans une serre chaude , plantée
d'arbres toujours verts , et échauffée de vingt à vingt- cinq
degrés de chaleur. La femelle peut pondre à des degrés in-
férieurs , mais elle ne fait point de nid , et se refuse aux dé-
sirs du mâie ; les degrés que j'indique seront suffisans pour
la mettre en amour.
La Veuve chrysoptère , Fringilla chysoptera , Yieill. ,
pi. 41 des Oiseaux chanteurs. La longueur des quatre pennes
intermédiaires de la queue du mâle m'a décidé à ranger cet
oiseau avec les veuves , d'autant plus que , comme les mâles.
F R I 2î5
de cette petite famille , il ne les porte de celle longueur que
pendant la saison des amours , après laquelle il ,1 , de
même que ceux-ci, un plumage à peu près pareil à relui de
sa femelle. M. Cuvicr (Règne animal*) assure que cet oiseau
n'est point une veuve , mais bien un gros- bec ordinaire ; je ne
puis adopter son sentiment, i." parce qu'il n'a pas le bec
plus gros que Vemberiia longicauda que ce savant place parmi
les veuves, ni que le loxia dontinica, et qu'il l'a moins gros que
le paroare huppe., et que la loxia ori.i , oiseau que ce même sa-
vant classe avec les moineaux. Le bec du fringilla clnysoptera
le range dans lacalhégorie des veuves qui ont, comme il le
dit, le bec quelquefois un peu plus renflé à sa base au un bec de
linotte. 2.° J'avoue que cet oiseau ne seroit pas une veuve, si
on pouvoit généralisera toutes les veuves le caractère dislinc-
tif , indiqué par M. Cuvier, d'avoir quelques-unes des couver-
tures supérieures de la queue excessivement allongées dans les mâles ;
mais cet attribut n'est admissible que pour Yemberiza longi-
cauda ; car chez \qs veuves au collier d'or , à quatre brins, domi-
nicaine et en feu , ce sont , comme je L'ai déjà dit , les quatre
pennes intermédiaires de la queue qui sont très-allongées, et
non pas quelques plumes des couvertures , et il n'en est pas
autrement pour la veuve chrjsoptère mâle , seulement elles
sont moins longues que chez les autres veuves , cl elles n'ont
point de forme particulière, si ce n'est plus de largeur que
lorsqu'elle est sous son habit d'hiver.
Cette veuve a dans son ensemble etdansses couleurs del'ac
nalogic avec le pire noir à longue queue; cependant celui-ci en
diffère par une queue moins longue et par la teinte d'un roux
jaunâtre qu'on voit sur ledosel les couvertures supérieures de
l'aile ; mais on le reconnoît facilement dans Yyellmv srhoul-
dered oriole dont Brown a publié la figure dans ses lUusl. , et
que Ginelin et Latham ont eu tort de rapporter à Yemberiza
longicauda. Le noirveloulé qui règne sur le vêtement du mâle,
est coupé par le beau jaune qui couvre le dos cl la partie
antérieure de l'aile; celte dernière couleur, mais dégradée
presque jusqu'au blanc , frange les couvertures supérieures
et les pennes secondaires ; le bec est noir et les pieds sont
noirâtres : les quatre pennes intermédiaires de la queue outre-
passent les autres d'environ deux pouces , et sont à peu près
égales entre elles ; les autres sont étagées. Les plumes de la
tête et du cou semblent terminées carrément, et prennent la
forme d'une coquille lorsque l'oiseau les redresse. Il subit
deux mues par an , et après la saison des amours , il est pa-
reil à sa femelle qui porte un plumage tacheté longiludina-
lement de gris-brun , de roux et de blanc sale ; alors les
quatre pennes du milieu àe la queue dépassent très-peu lex
sifl F R I
autres. On trouve ces oiseaux sur la côte d'Afrique , et par-
ticulièrement dans le royaume de Congo et Cacongo.
La Veuve a deux brins , Fringilla superciliosa , Them-
minck , se trouve en Afrique. Elle a une bandelette blanche
au-dessus des yeux, laquelle se prolonge jusque sur les côtés
de la nuque ; une autre de la même couleur part de la base
supérieure du bec et s'étend en longueur sur le milieu du
veiie%\ le dessus et les côtés de la tête, les côtés du cou sont
noirs; cette couleur forme une sorte de ceinture sur le mU
lieu de la poitrine, et règne encore sur le manteau , les cou-
vertures , les pennes des ailes et le dessus de la queue ; un
blanc de neige domine sur la gorge, le devant du cou, le reste
de la poitrine , le ventre et les parties postérieures, borde les
plumes scapulaires et termine les petites et les moyennes
couvertures alaires ; ce qui donne lieu à deux bandes trans-
versales sur l'aile ; cette couleur forme encore une frange
très-étroite sur les bords des pennes caudales, et est répandue
sur la moitié des pennes les plus extérieures de la queue et
sur les Aeox pennes intermédiaires qui ont six pouces de lon-
gueur et dépassent les autres de quatre ; elles sont étroites, à
barbes décomposées, déliées et légèrement bordées de
noir ; couleur qui couvre la tige de ces pennes , les pieds, et
prend un ton brun sur le bec. Longueur totale , neuf pouces
environ. Je dois la connoissance de cette espèce nouvelle à
M. Themminck qui la conserve dans sa riche collection.
La Veuve dominicaine , Fringilla serena , Vieill. ; Emb.
serena, Lath. , pi. 36 des Ois. chanteurs. Un beau noir et un
blanc pur dominent seuls sur le plumage de cette veuve; le
noir occupe le dessus de la tête, le haut du dos, les pen-
nes des ailes et de la queue , tombe du dos en forme de ban-
delette sur chaque côté de la poitrine , vers le haut de l'aile ,
est indiqué par un point à la naissance de la gorge , par des
taches sur le bas du dos, par de plus petites sur le crou-
pion et sur les couvertures des ailes, et s'étend obliquement
sur les petites pennes de la queue, du côté intérieur; la cou-
leur blanche est répandue sur le devant du cou , la gorge , le
dessous du corps et les côtés de la tête au-dessous des yeux,
forme un demi-collier assez large sur le derrière du cou , et
borde l'œil ; le bec est rouge , et les pieds sont noirs ; sa gros-
seur est à peu près celle du serin ; les quatre plumes du milieu
de la queue sont d'un beau noir, longues de sept à huit pou-
ces, et d'une conformation particulière ; elles sont dispo-
sées en forme de tuiles creuses , dont l'arête seroit fort rele-
vée , et superposées depuis leur naissance jusqu'à leur pointe ;
elles s'emboîtent tellement l'une dans l'autre qu'elles ne pré-
sentent que deux pennes , et qu'il les faut séparer pour re-
F R I 217
ronnoître qu'il y en a quatre; les ornithologistes n'indiquent
que deux longues pi'.'.unes à la queue du mâle : c'est ainsi que
Brisson a fait figurer sa petite veuve et que Buffon a fait re-
présenter sa veuve dominicaine, pi. enl. n.° 8 , f. 2 ; mais
cette méprise provient de ce qu'ils ont décrit un individu
dont la queue n'avoit pas acquis toute sa perfection, tel qu'il
y en a un chez M. Delalande fils, naturaliste allaché au ca-
binet du roi. Deux des quatre pennes intermédiaires dépas-
sent les latérales d'environ deux pouces, tandis que les deux
autres ne sont pas plus longues que celles-ci ; mais il est fa-
cile de voir qu'aucune des quatre ne sont encore parve-
nues à leur longueur naturelle , et que les deux qui sont
courtes ne font que commencer à se développer; du reste,
cette veuve est totalement pareille à celle que j'ai fait figu-
rer dans mes Oiseaux clumteurs, et à des individus dont l'un
est dans la galerie du Muséum et l'autre dans la collection
de M. Delalande.
La description que je viens de faire d'un mâle ne peut con-
venir en totalité à plusieurs autres, dont les couleurs ne sont
pas tout-à-fait distribuées de même , et dont le blanc est
moins pur, ou plutôt terni de roussâtre ; celte teinte borde
les pennes secondaires des ailes les plus proches du corps ,
se mêle au blanc du demi-collier des côtés du cou, de la
gorge et la poitrine. Sur d'autres mâles le bas du dos et le
croupion sont variés confusément de gris sale et de noirâtre,
ce qui indique des oiseaux qui ne sont pas encore parvenus
à leur entière perfection. Lorsque les mâles sont dans leur
habit d'hiver, tout leur vêtement est en dessus moucheté de
noirâtre , sans moucheture en dessous et sur les petites cou-
vertures des ailes, dont les pennes et celles de la queue
sont brunes. La femelle , comme dans les autres veuves , est
privée des quatre longues plumes , et a les plus grands rap-
ports avec le mâle en mue ; mais ses couleurs sont plus ter-
nes. On trouve cette espèce dans le royaume d'Angola.
Si l'on rapproche cette veuve de la veuve mouchetée, qui se
trouve aussi dans la même contrée , l'on ne peut guère s'em-
pêcher de les regarder comme oiseaux de la même espèce.
( V. ci-après sa description.)
Levaillant nous assure qu'on rencontre aussi la veuve do-
minicaine au Cap de Bonne-Espérance, où dans une cer-
taine saison une seule sert de conductrice à chaque bande
de sénégalis et de bengalis ; elle se tient sur un buisson à
portée de la troupe qui cherche sa nourriture à terre, et dès
qu'elle s'envole, toute la bande la suit. Cette observation
peut aussi s'appliquer à la veuve au collier d'or, qui , au Sé-
négal, a la même habitude; cependant ces oiseaux forment
ai8 F R 1
aussi des bandes particulières qui ne sont composées que
d'individus de leur espèce.
La Veuve a épaulettes , Fringiïïa longicauda, Vieill. ;
Emb. longicauda , Lath., pi. 3g et 4o des Ois. chanteurs. Un
noir velouté est la couleur dominante de cette grande veuve
dont la grosseur approche de celle du grosrbec, et qui a dix-
neuf à vingt pouces de longueur du bout du bec à l'extrémité
des plus longues plumes de la queue; unesorted'epauletted'un
beau rouge dans sa partie supérieure , et d'un blanc pur dans
le bas, tranche agréablement sur l'uniformité des ailes qui
sont noires ainsi que toutes les plumes caudales; le bec est
de cette dernière couleur, et les pieds sont bruns; la queue
est composée de dix-huit pennes.
Cette veuve a réellement une double queue ; la supérieure
est composée de six plumes, dont les plus allongées ont treize
pouces, l'inférieure en a douze à peu près égales, et as-
sez longues; toutes s'élèvent verticalement, se courbent et
s'inclinent en airière. Elle ne porte cet ornement, sa belle
couleur noire et ses épaulettes, que dans la saison des amours ,
qui dure environ six mois. Après ce temps, il est très-diffi-
cile de la reconnoître pour le même oiseau , car sa livrée
d'hiver est totalement différente; sa queue n'est composée
que de douze pennes un peu étagées, dont le plan est hori-
zontal. Les plumes de la tête ont un brun noirâtre dans
leur milieu, et un blanc roussâtre sur les côtés; celles du
dessus du corps sont pareilles, mais la teinte du milieu est
moins sombre; les couvertures des ailes, les pennes et celles
de la queue sont brunes ; cette couleur est entourée, sur les
premières , du même blanc sale qui borde les pennes cau-
dales, entoure l'œil et est variée sur toutes les parties infé-r
rieures de taches brunes longitudinales; le bec est en dessus
de couleur de corne rembrunie; les pieds sont jaunâtres. Il
doit en être de cette espèce comme des autres; la femelle
et les jeunes doivent porter ce sombre plumage.
Levaillant nous assure que la femelle de la veuve à épau-
lettes jouit d'un privilège que la nature a refusé aux femelles
des autres espèces auxquelles elle a bien accordé, à un cer-
tain âge , les couleurs du mâle , mais qu'elle a privées d'une
longue queue. Dans celle-ci, au contraire, lorsqu'elle a perdu
la faculté de se reproduire, la queue, suivant ce voyageur,
toujours courte auparavant, s'allonge, et d'horizontale qu'elle
étoit devient verticale; mais il ne nous dit pas si les longues
plumes augmentent en nombre et se portent à celui de dix-huit
comme dansle mâle. Elle jouit encore d'un autre attribut, «c'est
de se revêtir toujours , ajoute-t-il, de l'uniforme que celui-
ci avoit arboré passagèrement dans les jours de ses plaisirs. »,
F R I ifg
De là il résulte que , pendant les six mois où le mâle est dans
son habit d'hiver, les individus qu'on rencontre avec leur grand
uniforme, sont certainement de vieilles femelles déguisées
sous l'habit des mâles, et qu'il faut chercher ceux-ci sous le
costume des femelles. Ce n'est pas la seule particularité
qu'on remarque dans cette espèce, elle diffère encore *de
tous les oiseaux de son ordre en ce qu'elle est polygame ; ces
jolis oiseaux vivent, dit Barrow , voyageur anglais, dans
une sorte de république où deux mâles suffisent au moins à
trente femelles ; n'en ayant pas vu, ajoute-t-il , une plus
grande quantité aux environs de trente ou quarante nids ras-
semblés sur une seule souche de roseaux. Ce fait est confir-
mé par M. Levaillant, car il nous assure que ces veuves vi-
vent en société et qu'elles construisent des nids très-près les
uns des autres. « Ordinairement, dit-il, cette société est
composée àpeuprès de quatre-vingts femelles; mais soit que
par une loi particulière de la nature, il éclose beaucoup plus
de femelles que de mâles, soit par quelque autre raison qu'on
ignore , il n'y a jamais, pour ce nombre de femelles, que,
douze ou quinze mâles qui leur servent en commun. » Se-
cond Voyage dans l'intérieur de l'Afrique, par le Cap de Bonne-
Espérance.
La Veuve EN FEU, Fringilla panayensis , Vieill. , Ernb.
panayensis, Lath. , pi. enl. n.° 64.7. Cette veuve, qu'a fait con—
noitre Sonnerat , se trouve à l'île Panay ; un beau noir ve-
louté colore tout son plumage, à l'exception d'une large
plaque d'un rouge vif qu'elle a sur la poitrine ; sa grosseur est
celle de \ a veuve au collier d'or , et sa longueur, du bout du bec
à l'extrémité des quatre longues plumes de la queue , de
douze pouces ; ces quatre plumes la dépassent de plus du dou-
ble de sa longueur, vont toujours en diminuant de largeur,
et fiuissent en pointe; le bec et les pieds sont noirs.
La Veuve MOUCHETÉE , Emberiza principalis, Lath. Cette
vcih't ' , que l'on ne connoît que d'après Edwards, pi. 370 ,
est de la grosseur de la dominicaine ; elle a le bec rouge ; les
pieds couleur de chair; le sommet de la tête , le derrière du
cou , le dos, le croupion et les ailes d'un brun vif tirant sur
l'orangé; chaque plume est noire dans son milieu; l'estomac
de la même teinte orangée , mais plus pâle et sans taches;
les côtés de la tête , les petites couvertures des ailes, le
ventre, les plumes des jambes et les couvertures inférieures
de la queue sont blancs ; les pennes courtes de la queue d'un
brun obscur, bordées d'un brun plus clair à l'extérieur, et
marquées de blanc du côté interne ; les quatre grandes, dont
les deux du milieu ont environ dix lignes de plus que les deux
autres , tombent sur les petites , les dépassent de près de six
aao F R I
pouces , dans la figure qu'en donne Edwards, et sont d'un
noir très-foncé. Cet oiseau est, selon moi, un individu de l'es-
pèce de la veuve dominicaine , dont le plumage n'avoit pas
encore toute sa perfection.
La Veuve a quatre brins , Emberiza regia , Lath. ; fritv-
gilla regia, Vieill. , pi. 3£ et 35 des Oiseaux chanteurs* De
toutes les veuves, celle-ci mérite la préférence par le charme
de sa voix, sa propreté et sa forme élégante; mais on doit la
tenir dans une grande volière, si Ton veut jouir de tous ces
agrémens ; il faut qu'elle puisse développer la souplesse ,
les grâces de ses mouvemens , et se livrer à son naturel vif et
gai ; rien ne la réjouit tant que de pouvoir se baigner à son
aise ; son chant , ses cris indiquent sa joie dès qu'on lui
présente de l'eau fraîche et limpide ; ce n'est point dans le
silence qu'elle se baigne, mais en chantant. On conserve fa-
cilement ces jolies veuves en France , en les nourrissant de
millet. J'en ai possédé plusieurs, dont une a vécu dix ans.
Mais il est très-difficile, si on ne les tient dans un local très-
chaud, d'en tirer de nouvelles générations, dans nos climats.
Les mâles sont très-disposés à s'apparier ; mais les femelles,
du moins celles que j'ai eues, se sont toujours refusées a leurs
agaceries. La température qui peut leur convenir pour se re-
produire, doit être au moins à 25 degrés de chaleur ; une vo-
lière en forme de serre, et plantée d'arbres toujours verts,
dans laquelle ces oisearx se plaisent plus qu'ailleurs, est un
moyen certain pour exciter leurs désirs amoureux et les faire
couver ; mais, comme je l'ai déjà dit, il faut des soins,
de la persévérance, et surtout étudier le goût, les inclina-
tions de tous les charmans oiseaux d'Afrique que l'on nous
apporte vivans , afin de leur donner tout ce qui peut leur
plaire et même leur être nécessaire pour construire , placer
leur nid et soigner leur jeune famille.
Les quatre pennes intermédiaires de la queue, prenant la
forme de quatre longs brins dénués de barbes jusqu'à deux
pouces de leur extrémité, distinguent cette veuve; un beau
noir règne sur la tête, le dos, le croupion, les pennes des
ailes et de la queue ; il est égayé par le rouge vif qui colore
le bec , les pieds , et par la nuance aurore qui couvre les
joues , la gorge, la poitrine, le ventre ; cette teinte forme un
demi-collier plus ou moins large derrière le cou ; le bas-ven-
tre et les couvertures inférieures de la queue sont d'un blanc
pur, lequel est sale sur le mâle en mue ; la couleur aurore
est alors remplacée par un roux terne , et tout le plumage
varié de gris et de brun par taches plus ou moins grandes,
oblongues et longitudinales ; il est privé de ses longs
brins ; les pennes des ailes et de la queue sont brunes
F R I ajM,
et bordées de blanc roussâtre , les dernières, d'égale lon-
gueur ; le bec et les pieds ont perdu leur couleur rouge, et
son ramage a disparu avec sa belle parure.
La femelle n'a, dans aucun temps, les quatre brins, ni les
couleurs brillantes du mâle : elle mue cependant deux fois;
niais elle porte , après Tune et l'autre mue , le plumage in-
diqué ci-dessus. On rencontre cette charmante veuve sur
les côtes d'Afrique. Elle est d'une grosseur inférieure à
celle du serin. Le mâle a douze à treize pouces de long,
pris du bout du bec à l'extrémité des brins : dans des indi-
vidus ces quatre plumes sont d'égale longueur entre elles ;
dans d'autres, il y en a deux plus courtes; enfin ces varia-
lions sont purement accidentelles, puisqu'on les a remar-
quées dans le même individu après diverses mues.
On voit rarement de ces veuves vivantes en France ; elles
sont plus communes à Lisbonne. On les rencontre sur les
cotes d'Afrique, mais il paroît qu'elles n'habitent pas le Sé-
négal , du moins on ne les voyoil jamais parmi la grande
quantité d'oiseaux vivans qu'on apportoit autrefois de celte
contrée.
Le Pinson proprement dit * Fringilla cœlebs , Latb. , pi.
enl. n.° 54-, a le front noir ; l'iris noisette; le dessus de la
tête et du cou d'un cendré bleuâtre ; les côtés de la tête, la
gorge et le devant du cou rougeâlres ; le dos marron ; le crou-
pion olivâtre; la poitrine et les autres parties inférieures, de
couleur vineuse ; celte teinte est plus décidée sur la poi-
trine ; sur les petites couvertures des ailes est une grande
tache blanche, et une bande transversale sur les grandes; les
pennes sont noires et bordées de jaunâtre, la queue est pa-
reille aux ailes et fourchue ; une raie blanche s'étend oblique
ment sur le bord extérieur des pennes latérales; et une tache
de même couleur est du côté interne des plus proches ; le
bec est bleuâtre et noir à la pointe pendant la belle saison
et couleur de corne dans la mauvaise ; les pieds sont bruns.
La femelle a des teintes sombres sur la tête et sur le dessus
du corps; le dessous est d'un blanc sale. Les jeunes lui res-
semblent; le plumage de ces oiseaux varie suivant les sai-
sons ; mais ils sont si connus , qu'une description plus dé-
taillée devient inutile.
Outre les variétés fréquentes dans les pinsons du même
pays , il en est d'accidentelles; tels sont les pinsons tout
blancs ou variés de blanc ; celui à ailes et queue noires , dont
font mention les ornithologistes, et qui ne présente que de
très-foibles dissemblances ; le pinson à collier, qui a le som-
met de la tête blanc et un collier de lamême couleur; h' pinson
blanc et gris-de-fer , chez lequel la première de ces couleurs
F R I
occupe les parties antérieures , et l'autre les parties postérieu-
res; enfin celui à dos jaunâtre, qui a la couleur du dessous du
corps très-sale, ou presque blanche. Montbeillard décrit en-
core deux variétés, mais il est reconnu que ce sont deux es-
pèces distinctes. {V. Pinson brun et Pinson brun huppé.)
Celte espèce est généralement répandue en Europe, de-
puis la Suède jusqu'au détroit de Gibraltar; on la trouve jus-
que sur la côte d'Afrique. Une partie voyage à l'automne ,
mais cette partie n'est composée que des femelles seules , à
ce que l'on prétend, et les mâles restent pendant l'hiver
dans leur pays natal. N'auroit-on pas pris à cette époque
des mâles pour des femelles ? car depuis la mue jusqu'au
mois de février , et surtout à l'automne , les deux sexes por-
tent à peu près les mêmes teintes. Quoi qu'il en soit , il est
certain qu'il reste aussi beaucoup de femelles qui, réunies aux
mâles, forment, avec les friquels, les verdie/s, les bruans et d'au-
tres oiseaux, ces bandes innombrables que l'on voit pendant
l'hiver dans les champs et les vignes , et qui viennent , lorsque
la terre est couverte de neige, devant nos granges , partager
avec les moineaux la nourriture de nos volailles.
Dès les premiers jours, chaque couple s'isole ; les uns se
fixent dans nos jardins et nos vergers , les autres se retirent
dans les bois taillis; et tous animent les lieux qu ils habitent
par leur gaîlé, et un ramage qui ne manque pas d'agrément.
Outre ce ramage , assez diversifié dans ces oiseaux , et com-
posé de phrases plus ou moins longues , ils ont divers cris
bien connus ; celui que le mâle et la femelle font entendre
à l'automne, et pendant toute la mauvaise saison est simple
et aigu; le mâle seul en jette au printemps un autre d'un ac-
cent plaintif, surtout le soir , et le répète plus souvent dans
les temps pluvieux. Cet oiseau pris dans le nid a la facilité de
s'approprier des chants étrangers , et il imitera celui du serin,
partie de celui du rossignol, etc., si on le tient auprès d'eux; il
apprend même à articuler des mots. Enfin l'on a remarqué qu'il
ne chantoit jamais mieux et plus long-temps, que lorsqu'il
avoit perdu la vue ; cette remarque est devenue funeste à
ces petits prisonniers, puisqu'on les aveugle pour augmenter
nos jouissances; cela se fait sur la fin de la lune, mais il
faut les préparer à celte opération , d'abord en les accoutu-
mant à la cage pendant quinze à vingt jours , s'ils ont été
pris adultes , et les tenir ainsi enfermes nuit et jour
de la manière indiquée ci - après , afin de les accoutu-
mer à prendre leur nourriture dans l'obscurité. Ensuite ,
avec deux fils de métal de la grosseur de l'œil, bien chauds,
gans être cependant rougis au feu , on réunit seulement les
deux paupières en approchant ces fils le plus près possible de
F R I a23
l'œil, et prenant garde de blesser le globe, ce qui forme une
espèce de cicatrice artificielle. Alors ces pauvres aveugles ,
que rien ne distrait , deviennent des chanteurs infatigables ;
mais ils sont sujets , si l'on n'a pas été assez adroit , à un
tournoiement 'de tète continuel, ce qui n'est pas agréable à
voir; aussi ne fait-on cette opération qu'à ceux qui servent
tf appeaux ou ftappclans pour mieux attirer dans les pièges
les pinsons sauvages . 11 n'est pas même nécessaire d'employer
ce moyen pour en faire de bons appelons; il suffit de les met-
tre en mue, ce qui se fait de cette manière , ainsi que pour
d'autres oiseaux qu'on destine au même emploi. Vers la fin
d'avril on prend deux ou trois de chaque espèce , et beaucoup
plus de pinsons que d'autres , que l'on prive par grada-
tion du grand jour, avant de les plonger tout- à- fait dans
les ténèbres ; et l'on finit parles enfermer dans une chambre
obscure ou dans un coffre ; celte préparation demande au
moins quinze jours; on commence d'abord par tenir à demi-
close la porte et les fenêtres, et on continue à les priver
par degrés de la lumière , jusqu'à ce qu'enfin il règne une
obscurité complète ; on doit avoir soin d'éloigner du voisi-
nage tout oiseau chanteur , de les nettoyer tous les jours,
de leur donner de nouvelle nourriture , et de changer l'eau
de leur abreuvoir qu'on lient plus grand qu'à l'ordinaire ;
niais cène sera que le soir à la lumière qu'on remplira cette
tâche. Si c'est dans une chambre qu'on les lient, on attachera
les cages au mur Tune auprès de l'autre, ou bien on les suspen-
dra avec des anneaux à une perche qu'on met en travers dans
le milieu de la chambre. S'il y en a parmi eux quelques-uns
qui chantent , on leur arrachera la queue. On les tient ainsi
jusqu'au moins d'août, époque à laquelle on les retire de la
chambre obscure ; il faut agir de précaution , et ne leur don-
ner le jour que peu à peu , ainsi qu'on l'a fait pour le leur
retirer. Mais avant, il faut les» purger, ce qu'on doit faire
à l'entrée de la mue; cetie purgation consiste à leur don-
ner pendant quatre à cinq jours du sucre de bette bien
coule et clarifié , avec un peu de sucre rouge dan^leur eau.
On les laisse quelques jours renfermés dans la chambre
éclairée avant de les exposera l'air; on leur donne quelques
feuilles de bettes à manger, et l'on met dans leurs cages un
morceau de plâtre. Les oiseaux qu'on destine pour la mue
doivent être mis en cage au mois d'octobre , pour avoir le
temps de séparer les bons chanteurs d'avec les mauvais; en
effet , ceux qui ne chantent point depuis ce temps jusqu'à la
fin de mars, n'y sont pas propres. Il faut encore les accoutu-
mer à manger de L'herbe , parce que sans cela ils langui-
roient daus la mue , où il faut leur donner trois ou quatre
324 F R I
fois de la bette. Afin de les y habituer , on leur ote le matin/
pendant quatre heures , la nourriture ordinaire , et on la
remplace avec des feuilles de choux tendres et de laitues ; il
est bon aussi de leur souffler trois ou quatre fois du vin fort
pour les garantir des poux. Enfin, lorsqu'après leur sortie
de la mue, on les mettra à l'air, il faut éviter de les exposer
au soleil pendant douze à quinze jours.
Le pinson commence à chanter de très-bonne heure : on
l'entend dans les beaux jours de février , et il ne finit que vers
le solstice d'été ; d'un naturel très-vif, il est toujours en
mouvement, et cela, joint à lagaîlé de son chant , a donné
lieu au proverbe gai comme pinson. Le mâle , d'un naturel
jaloux , une fois accouplé et fixé dans l'arrondissement qu'il
a adopté , n'en souffre pas d'autres dans son voisinage , et si
deux mâles s'y rencontrent, ils se battent avec acharnement
jusqu'à ce que le plus foible cède la place, ou succombe ;
il ne quitte point sa femelle tandis qu'elle couve , se tient la
nuit fort près du nid , et s'il s'en éloigne un peu pendant le
jour, ce n'est que pour aller à la provision, dont il lui fait
part à son retour. La femelle seule travaille à la construc-
tion du nid , et lui donne cette forme élégante , et ce tissu
solide qui le fait citer comme un des plus jolis de notre pays.
Elle le pose sur les arbres ou les arbustes les plus touffus ,
même dans nos jardins et nos vergers , sur les arbres frui-
tiers ; l'on a remarqué qu'elle le place très-haut dans les bois,
et que dans les vergers il n'est souvent qu'à la hauteur d'un
homme ; mais elle le cache si bien, qu'on passe souvent au-
près sans l'apercevoir. Différentes mousses blanches et ver-
tes , et de petites racines , sont à l'extérieur recouvertes en
entier d'un lichen pareil à celui des branches sur lesquelles
le nid est posé ; l'intérieur est garni de laine , de crin , de
plumes , liés ensemble avec des toiles d'araignées. Elle y
dépose quatre à six œufs gris rougeâtres ; semés de taches
noirâtres , plus fréquentes au gros bout. L'incubation que
ne partage pas le mâle, dure treize jours, et les petits nais-
sent couverts de duvet. Les père et mère les nourrissent d'a-
bord d'insectes et de chenilles, joignent ensuite à celte nour-
riture de petites graines d'herbes , et lorsqu'ils peuvent se
suffire à eux-mêmes , ils vivent en outre de navette , de mil,
de chènevis, depanis, de blé et d'avoine, qu'il savent fort bien
écorcher pour en tirer la substance farineuse. Ceux qu'on des-
tine à la cage doivent être pris dans le nid, car pris adultes
ils se façonnent difficilement à la captivité , refusent le man-
ger dans les premiers jours, ou ne mangent presque point,
frappant continuellement de leur bec les bâtons de la cage ,
et fort souvent ils se laissent mourir. On les élève avec la
F R I
nourriture des serins. Comme à cet âge il n'y a point de dif-
férence entre les sexes, on ne connoît les mâles qu'environ
quinze joursaprèsqu'ils mangent seuls, parce qu'alors ils com-
mencent à gazouiller. On prétend que si on veut en faire de
bons chanteurs , il faut leur donner un peu de pain, du fro-
mage ou du lait ; mais il ne faut pas que le fromage soit sa-
lé d'autres leur donnent des vers de farine, ou même quel-
ques sauterelles. Au reste, on les nourrit de chènevis, de
mil, de panis; mais le chènevis leur est pernicieux, ainsi
qu'à beaucoup d'autres petits granivores; c'est pourquoi il
faut leur en donner, peu , quoiqu'ils en soient très-friands ;
enfin, cet oiseau aimant beaucoup à se baigner, l'on doit
renouveler souvent l'eau dans sa baignoire , et lui en don-
ner en abondance.
Chasse au.c pinsons. — Le pinson est un oiseau de pipée :
il vient en faisant un cri , auquel les autres ne manquent pas
de répondre , et aussitôt ils se mettent tous en marche. On
le. prend encore aux raquettes ouwuterelles, aux trébuchets
et avec différentes sortes de filets , entre autres celui d'A-
louette ( V. ce mot) , dont les mailles doivent être pro-
portionnées à la grosseur de l'oiseau. On établit ce filet
dans un bosquet de charmille d'environ soixante pieds de
long sur trente-cinq de large , à portée des vignes et des
chènevières; le filet est à un bout, la loge où se place l'homme
qui tient la corde du filet, à l'autre bout ; deux appeaux
sont dans l'espace qui est entre les deux nappes ; plusieurs
pinsons en cage sont répandus dans le bosquet : cela
s'appelle une pinsonnière. 11 faut beaucoup d'attention à ca-
cher l'appareil; carie pinson, qui trouve aisément à vivre,
n'est point facile à attirer dans le piège, d'autant plus qu'il
est défiant et rusé. Le temps de celte chasse est celui où ces
oiseaux volent en troupes nombreuses , soit à l'automne ,
soit pendant l'hiver. Le temps calme est très-favorable ,
parce qu'alors ils volent bas et qu'ils entendent mieux ïap-
peau. On en prend considérablement dans nos contrées mé-
ridionales , avec un filet nommé aussi pinsonnière ; c'est un
grand hallier ou toile d'araignée, haut d'environ trois ou
quatre pieds , et à qui on donne telle longueur que l'on dé-
sire; cela dépend de l'emplacement où il doit être tendu;
ordinairement c'est entre deux rangs de vignes. Enfin, on les
prend encore à la tendue d'hiver ( V. Bruant ) , à la chouette
( V. Verdier à l'art. Fringille , pag. 24.0) , à Varbrot ( V.
Bouvreuil ) , au rets saillant ( V. Chardonneret à l'article
Fringille, pag. a65), enfin à Y assommoir du Mexique. Ce
piège nouvellement apporté en France , assomme le gibier
xii. i5
«6 F R I
qui devient sa proie. Voy. àans Y Aviceptologie française, pag.
212 , la description de ce piège , et sa figure , pi. 3o , qui
est très-nécessaire pour l'exécuter.
Le Pinson d'Ardennes, Fringilla montifringilla , Lalh. , pi.
enl., n.°4-4- Cette espèce arrive dans nos contrées à l'automne,
y passe l'hiver, et en partau printemps ; elle se tient en troupes
plus ou moins nombreuses, se réunit aux pinsons communs et
aux autres petits granivores, pour pâturer dans les champs , et
se retire le soir dans les forêts. On distingue facilement ces
pinsons des autres; car ils volent serrés, ils se posent et
partent de même, jettent souvent un cri qui a du rapport avec
celui du chat. Lottinger , excellent observateur , assure que
les femelles voyagent seules, et que les mâles restent dans les
Vosges lorraines ; mais cette assertion ne peut être générali-
sée, puisque nous voyons dans nos provinces des bandes
composées de mâles et de femelles ; il est vrai qu'à l'au-
tomne il est difficile de les distinguer les uns des autres , leur
plumage étant à peu près,pareil , surtout celui des jeunes de
l'année ; mais dès les premiers jours d'hiver, les couleurs ca-
ractéristiques du mâle commencent à pointer.
Outre le cri dont je viens de parler, ces oiseaux en ont un
autre qu'ils font entendre étant posés à terre ; il approche
de celui du traquel , mais il n'est pas aussi fort et aussi pro-
noncé. Leur ramage est foible et monotone; c'est un petit
gazouillement qu'on n'entend que de très-près. D'un naturel
plus doux que notre pinson commun , celui-ci se ploie ai-
sément à la captivité , et donne plus facilement dans les
pièges. Il ne niche point en France , nous quitte avec les
frimas , et se retire dans le Nord : quelquefois il reste jus-
qu'à la fin de mars; alors il devient un animal nuisible , car,
ainsi que le bouvreuil, il ébourgeonne les arbres fruitiers,
principalement les pruniers. Il paroît, d'après les voyageurs,
qu'il niche dans le Luxembourg et dans les forêts de North-
lande ; qu'il pose son nid assez haut sur les sapins les plus
branchus ; qu'il y travaille sur la fin d'avril , le construit au
dehors de la longue mousse de ces arbres, et au dedans de
crin , de laine et de plumes. Sa ponte est de quatre à cinq
œufs jaunâtres et tachetés. Il est probable , d'après leur
grand nombre, que ces oiseaux font plusieurs couvées par an.
Le mâle est d'une taille supérieure à celle de la femelle ;
il a six pouces un quart de longueur; le bec jaunâtre, noir à la
pointe; le front noir; le dessus de la tête et du cou, et le haut
au dos, variés de gris jaunâtre et de noir lustré (la première
couleur disparoît totalement dans le temps des amours ,
alors ces parties sont totalement noires); le croupion blanc,
F R I 237
ainsi que le bas de la poitrine et les parties postérieures; la
gorge , le devant du cou et le haut de la poitrine d'un roux
clair; les petites couvertures supérieures des ailes d'un jaune
orangé; les moyennes d'une teinte plus claire; ias grandes
noires, terminées de blanc ,. et les plus proches du corps ,
de roux; les pennes noires el bordées de blanc jaunâtre,
ainsi que celles de la queue ; les flancs mouchetés de noir
sur un fond blanc ; les pieds d'un brun olivâtre. La femelle
n'a point la lâche des ailes d'un aussi bel orangé, ni la belle
couleur jaune de ses couvertures inférieures; sa gorge est d'un
roux plus clair ; le sommet de la tète , le dessus du cou et du
dos sont d'un brun cendré. On décrit ainsi une variété qui se
trouve au Japon : les parties supérieures sont pareilles à
celles du précédent ; mais il a une strie noire au-dessus de
chaque œil , une autre sur l'occiput; une bande sur les ailes
d'un blanc rougeàtre ; une autre au-dessous, d'une teinte fer-
rugineuse ; la gorge et la poitrine de couleur de tan; le ven-
tre et le croupion blancs. On connoil plusieurs variétés acci-
dentelles dont le plumage est plus ou moins varié de blanc;
telle est celle à tête blanche de Brisson.
Le Pinson dit la C xkdeiave , Fringi/ia erjlhror.ephaJa , Lath.,
pi. 28 des Oiseaux chanteurs , se trouve «î l'Ile-de-France. Le
mâle a le bec noir; la tète , la gorge , le devant du cou , Le
croupion et les couvertures supérieures de la queue , d'un
rouge vif; cette couleur est coupée par un trait noir sur les
cotés de la tète ; ce trait part du bec , borde les paupières
qui sont blanches, et dépasse un peu l'œil ; les plumes du des-
sus du cou et du dos sont brunes dans le milieu et verdàtres
sur les bords ; les couvertures supérieures des ailes terminées
de blanc; leurs pennes et celles de la queue, brunes etbordee>
de vert en dehors ; la poitrine et les parties postérieures oli-
vâtres ; les pieds d'un gris rougeàtre. La femelle a le bec brun
en dessus , d'une nuance plus claire en dessous ; la tète , la
gorge , le devant du cou et les couvertures de la queue , ver-
dàtres ; du reste, elle ressemble au mâle. L'individu dont la
figure est indiquée ci-dessus , avoit le bec droit ; mais j'en ai
vu d'autres qui l'avoient un peu arqué vers le bout. Longueur
totale , quatre pouces trois à quatre lignes.
Le Pinson a gouge blanche , Fringilla pensylvanica , Lath. ;
Fringitta albicullis , Gmelin , est un double emploi dans les
auteurs ; car c'est encore leur fringilla slriaki. Les dissem-
blances qu'on remarque entre ces deux oiseaux , caractérisent
un âge plus avancé chez l'un que chez l'autre; et il y a cer-
tainement une méprise dans la longueur que ces auteurs don-
nent an fringilla albicullis, car il n'est pas plus grand que l'au-
tre qui a cinq pouces six à huit lignes; le bec brun en dessus,
328 F R I
et d'une nuance plus claire en dessous; une tache jaune sur
chaque côté de la tête ; cette tache part de la mandihule
supérieure et s'avance un peu sur le front, s'éclaircit en pas-
sant au-dessus de l'œil , et devient totalement blanche vers
l'occiput; une raie de la dernière couleur parcourt le sommet
de la tête , dans toute sa longueur , et est accompagnée sur
chaque côté , de deux bandes noires qui se réunissent sur la
nuque, et yprennent un ton rembruni; le dessus du cou est d'un
brun-roux; le dos de la même couleur et tacheté da noir ; la
gorge blanche ; le devant du cou, la poitrine et les joues sont
d'un gris cendré, inclinant au blanc sur les parties postérieu-
res , et se changeant en roux sur les flancs; les pennes alaires
et caudales , brunes ; celles- ci ont à l'extérieur une bor-
dure fuligineuse , et les autres une frange d'une nuance som-
bre ; les couvertures des ailes sont tachetées de blanc à leur
extrémité ; les pieds jaunâtres. La femelle diffère du mâle
par des couleurs plus ternes ; la teinte jaune est peu appa-
rente , et le blanc de la gorge n'occupe que le menton. Les
jeunes , dans le premier âge , n'ont point de jaune sur les
côtés de la tête , et leur gorge est totalement grise ; du reste ,
ils ressemblent à la femelle. Le mâle , âgé de deux ou trois»
ans , a le bec plombé , le lorum et le front d'un beau jaune ;
les côtés de la tête blanchâtres , les pennes alaires noirâtres ,
et la poitrine d'un gris bleuâtre. Ces oiseaux se trouvent dans
les Etats-Unis, au Canada et même à Terre-Neuve. Ils se
tiennent, après les couvées , en petites troupes de quinze à
vingt, jusqu'au printemps. Ils jettent à cette époque un petit
cri à peu près semblable à celui du bruant- rizi. Je ne sais s'ils
ont un ramage , ne les ayant jamais rencontrés dans la belle
saison.
Le Pinson griyelé, Fringillailiaca^hath.; Merem, beyt 2,
p. 4-o , tab. 10. Latham et Gmelin donnent à cet oiseau , près
de sept pouces anglais de long, et la grosseur de Vélourneau ;
il y a erreur dans ces dimensions , car il n'a réellement que
six pouces , et n'est pas plus gros que le proyer. Il a le bec
brun en dessus , et couleur de corne en dessous ; la tête , le
manteau et toutes les parties supérieures , d'un gris-brun ,
varié de taches d'un ton plus foncé sur le dos, et pre-
nant un ton rougeâtre sur les couvertures supérieures des
ailes , dont les moyennes et les grandes sont terminées de
blanc sale ; la teinte rougeâtre reparoît encore , mais sous
une nuance plus claire sur le bord extérieur des pennes , et
est indiquée par deux bandes qui descendent de la mandibule
inférieure , sur les côtés de la gorge ; cette partie et tout le
dessous du corps sont blancs ; une grande tache brune est sur
le milieu de la poitrine , et d'autres plus petites , sous la forme
G . 20
/ . Içuassiere
/'/r/u///,'r tr /e/e A/sr/zr/is. fP7n.r0/1 He/ecoirAore ■)
SI . MoucAvroffe
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t/,u/
F R I „9
d'un V renversé , se font remarquer au-dessus et sur les côtés.
Ces taches sont moins nombreuses sur le ventre , et s'éten-
dent en longueur sur les flancs; une petite marque d'un blanc
sale est à l'origine du bec , et une bande de la même couleur
sur les côtés de la tête ; les paupières sont d'un blanc pur ,
et les pieds d'un brun jaunâtre. La femelle ne diffère du mâle
que par des teintes un peu plus ternes ; et je crois que c'est
elle qui est figurée dans Merem.
Cette espèce habite le centre des Etats-Unis , au prin-
temps et à l'automne ; elle fréquente les taillis , se cache le
plus souvent dans les buissons des endroits incultes et aqua-
tiques, d'où lui est venu le nom de great sparrow-swamp (grand
moineau de marais) , que lui ont imposé les Anglais de la
baie d'Hudson , où elle se trouve pendant l'été , ainsi que ce-
lui de wilderness sparrow ( moineau des déserts ) , qu'elle
porte dans la Géorgie où elle passe l'hiver.
Le Pinson de neige, Fringilla australis, Lath., se trouve
dans les pays de hautes montagnes, d'où il descend dans la
plaine, lorsqu'elles sont couvertes de neige. Longueur totale,
sept pouces. Il a le bec et les pieds noirs, la tête et le dessus du
coucendrés;ledos, lesscapulaires, le corps et le croupion d'un
gris-brun , varié d'une couleur plus claire ; les couvertures ,
les pennes des ailes et les pennes intermédiaires de la queue,
noires; les autres blanches et terminées de noir; la gorge de cette
couleur; le dessousdu corps, une partie des pennes secondaires
ellescouverturessubalairesd'unblanc de neige; les plumes des.
jambes cendrées. La femelle diffère du mâle en ce qu'elle n'a
point la gorge noire, et en ce que ses couleurs sont ternes.
Le Pinson leucophorë, ouFringille a tète blanche r
Fringilla leucocephala , Lath., pi. G 20 , f. 2 de ce Diction-
naire, se trouve dans l'Australasie. Le beau blanc qui do-
mine sur le plumage du mâle, s'étend sur la tête, le cou,
la gorge , le milieu du ventre et sur les parties postérieures ;
il est encore indiqué par des taches rondes semées sur le fond
noir des côtés du corps; cette dernière couleur forme un petit
croissant entre le bec et l'oeil, couvre la poitrine, les pennes
alaires et eaudales , dont le bord extérieur est d'un brun-roux ;
le croupion , les couvertures supérieures de la queue , les
plumes scapulaires , une grande partie du dos et le bec sont
rouges ; l'iris est jaune et le tarse d'un brun pâle. La femelle
diffère en ce que les parties blanches chez le mâle , sont chez
elle d'un gris blanchâtre ; que la plaque noire de la poitrine a
moins d'étendue; que le dos et l'extérieur des pennes alaires et
caudales sont roussâtres , et qu'enfin le croupion et les cou-
vertures supérieures de la queue sont d'un rouge très-pâle.
Le Pinson dit le Paroare, Fringilla dominicana , Yicill. ;
23o F R I
Loxiu domùtirana , Lath. , pi. 69 des Ois. c/ianfeurs. Latham
fait de cet oiseau une variété du gros-bec du Brésil de Brisson,
( il ne faut pas confondre ce dernier avec le gros-bec du Brésil
de la pi. enl. n.° 3og , fig. 1 , lequel est le grhelin qui ne se
trouve point au Brésil, mais en Afrique), et il rapporte à ce
gros-bec, le cardinal dominicain d'Edwards , qui n'est autre que
le paroare. Ginelin donne ce dernier pour le même que 1-e
gviratirica sous
la même dénomination , porte un plumage très-analogue
à celui de Y ortolan dé neige , sous son habit d'été , et lo-
talement pareil à un individu de cette espèce que j'ai con^
serve vivant pendant deux ans,
* Le Moineau fou , Fringilia stulta , Lath. , est , selon
Buffon, le même oiseau que lefriquei; cependant la des-
cription qu'en fait Brisson, ne me paroît pas lui convenir;
en effet , il est de la grandeur et de la grosseur du moineau
proprement dit ; il a la tête , le dessus du cou , le dos et les
plumes scapulaires d'un gris roussâtre , varié de taches
ierrugineuses et oblongues , qui occupent le milieu des
plumes; le croupion et les couvertures supérieures de la queue
«l'un gris roussâtre sans taches ; la gorge , les parties postée
rieures et les couvertures inférieures des ailes jaunâtres ; les
petites couvertures supérieures pareilles au dos ; les autres
noirâtres, bordées à l'extérieur de roussâtre et terminées de
blanc ; les pennes alaires et caudales noirâtres ; l'iris jaune ;
le bec roux, et les pieds d'un jaune roussâtre. Il est aisé de
voir que cette description ne peut s'approprier au friquet,
M. Themminck est-il plus heureux , quand il fait du moineau
F R I =/9
fou le synonyme de \aSoukie (p. 236), qui certainement n'a
pas la gorge , toutes les parties postérieures et les couver-
tures du dessous des ailes d'une teinte jaunâtre , mais qui a
seulement une tache jaune sur le devant du cou ?
* Le MOINEAU DES HERBES, Fringilîa graminea , Lath. ,
s'appelle à New-Yorck , grass-bird {oiseau des herbes). La
tête, le dessus du cou et le dos sont variés de cendré, de
couleur de rouille et de noir ; les joues brunes ; les petites
couvertures des ailes d'un bai brillant; les autres noires bor-
dées de blanc ; le dessous du cou et les côtés blancs , avec
des petites stries ; le ventre est de cette même couleur, mais
pure ; la queue est noirâtre.
Je soupçonne que cet oiseau est le même que mon bruant
des herbes. V. ce mot.
* Le Moineau jaune , Fringilîa domestka , var.
Lath., est très-peu connu et décrit d'après Aldrovande.
Brisson, et les auteurs qui l'ont copié, en font une variété
du moineau commun , quoiqu'il n'y ait entre eux aucun rap-
port dans leurs couleurs et leur genre de vie ; ils ne se rap-
prochent que par la forme du corps et celle du bec, ce qui
iiidiquoit seulement, dit Sonnini, à l'ornithologiste italien,
qu'il appartenoit au genre du moineau. Cet oiseau se tient,
selon Aldrovande , presque toujours sur les branches de la
viorne , et se nourrit des fruits de cet arbrisseau. La nuance
qui domine sur son plumage tire à la couleur marron sur
les parties supérieures, et est pure sur les inférieures et sur le
bec ; les pieds sont rougeâlres ; les yeux et les ongles noirs ,
ei un peu longs. La femelle est d'un jaune plus pâle que le
mâle.
* Le Moineau de Java, Fringilîa melanoleuca, Lath., pi.
rnlum. , n.° 224., %• 2 , est de la taille de celui de Macao ; il
porte aussi le même plumage, mais il diffère en ce qu'il a,
sur la poitrine, une bande blanche, irrégulière et trans-
versale.
* Le Moineau a joues blanches, Fringilîa noEP/'a,Lath., a
les côtés de la tête blancs; le reste de la tête, le cou et le des-
sous du corps cendrés, avec des stries noirâtres sur le cou ; le
dos et les ailes d'un roux pâle avec les mêmes stries; une ligne
rougeâtre, bordée de noir dans sa partie postérieure, passe
.1 travers les yeux; une autre de cette dernière couleur est sur
les joues, et se réunit à la première; la queue est noirâtre ; le
bec cendré ; le tarse noir; taille du moineau-franc ; longueur,
ein»i pouces et demi. Cet oiseau a été vu au Cap de Bonne-
Kspérance.
* Le Moineau de Macao, Fringilîa melanictera , Lath.,
pi. cnl. n.° 224, fig- i- Taille de la UnoUe'; longueur* un peu
uSo F R I
plus de quatre ponces; plumage entièrement noir, excepté
quelques taches blanches sur le ventre ; ailes et queue bordées
de gris-de-fer ; bec et pieds d'un rouge brun.
* Le Moineau de Norton , Fringilla nortoniensù , Lath,
Cette espèce se trouve sur la côte nord-ouest de l'Amérique ,
dans le golfe de Norton. Les plumes de la tête , du dessus du
cou et les pennes secondaires sont noires et bordées d'un bai
brillant, avec une ligne transversale blanche; les primaires
noirâtres; le ventre et les flancs blancs; les plumes des côtés et
du devant du cou ont leur milieu couleur de rouille ; la queue
est noirâtre et bordée de blancsale; une ligne blanche parcourt
le bord de ses pennes latérales dans toute leur longueur.
* Le Moineau d'Onalaschka, Fiingilla cinerea, Lath,
a sur les côtés de la tête, deux traits, l'un gris et l'autre
noir ; la gorge grise ; le devant du cou cendré , avec des ta-
ches blanchâtres ; le milieu du ventre blanc ; les plumes des
autres parties brunes et bordées de gris-de-fer ; le bec et les
pieds noirs.
* Le petit Moineau de Bologne, Fringilla brachyum,
Lath. Il a à peu près la taille et la grosseur du friquet, mais
la queue plus courte ; le plumage généralement jaunâtre ,
plus clair sur la poitrine et le ventre ; les pieds jaunâlresx, et
le bec jaune.
Voilà encore, selon Sonnini,une espèce très-rapprochée
Au friquet. Ne seroij-ce pas plutôt une variété Aucini?
* Le Moineau des pins, Fringilla pinelorum , Lath. Lépé-
chin a trouvé ce moineau dans les forêts de pins de la Sibé-
rie : il est d'un roussâtre mêlé de rouge de brique en dessus,
jaune en dessous,' avec une bande transversale ferrugineuse
sur la poitrine.
Je rapproche de cet oiseau, le second moineau des pins,
fiingilla syhatica, qui en est peut-être la femelle. Il a été y,udans
le même pays, dans les mêmes forêts et par le même voyageur.
Son plumage est varié de gris et de noir sur les parties supé-
rieures ; la poitrine et le ventre sont d'un gris-blanc.
* Le Moineau a queue rayée, Fringilla fasciata , Lath.
Le dessus de la tête , du cou et du dos est d'une couleur de
rouilletachetée de noir; les taches sont plusgrandes sur le dos;
les ailes sont de la même teinte que la tête , mais uniforme;
les pennes primaires noirâtres et bordées de blanc; le dessous
du corps est blanc etmarqué de stries noires longitudinales; la
queue est brune, avec de nombreuses lignes transversales et
noirâtres. Cet oiseau, dit Pennant , se trouve à New-YoVck.
* Le Moineau rose , Fringilla rosea , Lath. Celte jolie et,
rare espèce a été rencontrée par Pallas dans les saussaies qui
avoisinent Lda et Salcnga en Sibérie. Les plumes qui en-
F R I a5.
lourcnl la base du bec semblent être de l'argent incrusté; le
reste de la tête est d'un rose pur, plus lavé sous le cou et vers
le croupion, moins pur à la poitrine, et mélangé de brun
et de gris sur le dos ; les ailes et la queue sont noirâtres
cl bordées de rose à 1 extérieur. Taille du pinson d'Ar-
d en n es.
* Le Moineau roux , FringMla colida , Latb. Un beau roux
nuancé debrun, colore généralement les plumes de cet oiseau;
il est uniforme sur celles des parties inférieures, mais chaque
plume sur les supérieures a dans son milieu un trait noirâtre ;
ce trait s'étend davantage sur celles de la tête et est plus dis-
tinct ; la queue est carrée à son extrémité ; le bec noirâtre ; lr-3
pieds sont d'un jaune pâle; longueur, cinq pouces trois lignes.
Cette espèce se trouve dans le pays des Marattes.
* Le Petit Moineau du Sénégal, Loxia aslrild, var.Lath.,
pi. enl.n.°23o, fi£. 2. Taille du sawan {F. pag. 253). Bec et
pieds rouges; trait de même couleur sur les yeux; gorge et
cotés du cou d'un blanc bleuâtre ; reste du dessous du corps
bleu; dessus delà tête d'un bleu plus clair; dessus du corps
d'un blanc mêlé de couleur de rose plus ou moins foncée ;
ailes et plumes scapulaires brunes ; queue noirâtre.
* Le Moineau de la TerRE-DE-FeU , Frmçilta austra/is ,
Latb. La taille de cet oiseau est inconnue. Son plumage est
entièrement brun avec un collier ferrugineux.
* Le MoiNEAU A TEMPES ROUG ES, Fringillatemporalis, Latb.
Un trait d'un rouge terne part du bec, s'agrandit vers les
yeux, et s'étend sur les oreilles, où il prend une forme ovale;
dessus de la tête d'un gris- bleu ; dessus du cou, dos , ailes et
queue bruns ; toutes les parties inférieures de couleur blan-
che ; croupion rouge; bec et pieds rougeâtres.
Latham rapproche de celte espèce plusieurs oiseaux du
même pays, qui présentent des différences assez tran-
chantes ; dans 1 un , le bec , la bande des côtés de la tête, le
croupion et les couvertures du dessous de la queue sont rou-
ges ; la tête paroit plus garnie de plumes que celle du pré-
cédent ; 1» dessus du corps est vert; le dessous d'un blanc
nuancé de vert, et légèrement teinté de rouge sur la poitrine ;
la queue est courte et pareille au dos. Un autre individu qui
se rapproche davantage du premier , a la queue courte
comme le précédent; le plumage en dessus d'un brun verdâ-
tre , et rendre en dessous; enfin, un troisième ne diffère
du second qn'en ce que sa queue est beaucoup plus longue.
No/a que ces oiseaux dont on ne connoît pas la taille,
ont été décrits par Latham, d'après des dessins faits à la
Nouvelle-Galles méridionale.
* Le Moineau a tète noire, Fn'ngilla melanoc.ephalu ,
25a F R I
Lath. Il a quatre pouces de longueur; le bec rouge; le dos, les
ailes et la queue d'un brun ferrugineux;latêle, le devant du cou
noirs ; des stries noires sur les côtés du cou et sur la poitrine;
le derrière du cou et le ventre blancs ; les pennes noires, les
pieds de couleur de plomb. Cet oiseau se trouve à la Chine.
Le Beau-Marquet , Fringilla ehgans , Lath. pi. s5 des
Ois. chant. , a le bec, le front, la gorge rouges ; le reste de la
tête et le dessus du cou gris; le dos et les couvertures des ailes
d'un vert-olive; la poitrine et le haut du ventre rayés de blanc,
de vert et de noir ; les parties postérieures blanches; la queue
cVun rouge rembruni; le croupion et les pieds couleur de chair;
on le trouve en Afrique. Cet oiseau doit être classé dans la
section A.
* L'Orxnoir, Fringilla aurea, Themminck, a quatre pou-
ces et demi de longueur totale ; le dessus de la tête , le devant
du cou et le haut de la poitrine d'une belle couleur de feu
éclatante ; un trait noir lui sert de bordure au-dessus des
yeux et sur le front ; cette teinte couvre les pennes des ailes à
leur origine et à leur extrémité, ainsi que les deux pennes inter-
médiaires de la queue et le bout des autres ; le milieu des ré-
miges et le reste des rectrices latérales sont orangés ; les
cotés de la tête et le manteau fauves avec des taches noires;
le ventre et les parties postérieures d'un blanc sale. On trouve
cette espèce dans l'île de Java. Elle fait partie de la collec-
tion de M. Themminck,
* Le Pinson brun , Fringilla fiavirostns , Linn. , est d'un
cendré brun sur les parties supérieures; d'un brun plus clair
en dessous ; noir sur les ailes, avec la queue fourchue ; le bec
jaunâtre et les pieds noirs. Tel est le pinson brun de Brisson
et de Buffon : Latham et Gmelin ajoutent que les plumes de
la poitrine sont rouges à l'extrémité. Des ornithologistes
allemands rapprochent le fringilla flavirastris de la linotte de
montagne; en effet , il a le bec et les pieds de la même
< ouleur ; mais s'il a la poitrine rouge , ce seroit plutôt
un sizerin , cependant il faut d'autres renseignemens pour le
déterminer avec justesse, tels que l'indication des couleurs
du sommet de la tête et du menton. Au reste, il me paroît
t certain que cet oiseau n'est point une espèce particulière ,
mais un individu décrit incorrectement.
* Le Pinson de la Chine ouI'Olivette , Fringilla sinica ,
Lath., a cinq pouces de longueur; le bec jaunâtre; les joues, la
gorge, le devant du cou et les couvertures supérienres de la
queue d'un vert d'olive; ledessusde latête et du corps d'un brun
olivâtre, légèrement nuancé de roux sur le dos, le croupion et
les couvertures des ailes les plus proches du corps; laj queue
noire, bordée de jaune, terminée de blanchâtre et fourchue \.
F R I 253
la poitrine et le ventre d'un roux mêlé de jaune ; cette der-
nière couleur est celle des couvertures inférieures de la queue
et des ailes ; les pieds sont jaunâtres. La femelle diffère par
des couleurs plus foibles. Ces oiseaux se trouvent à la Chine.
* Le PlNSON a DOUBLE COLLIER, Fringilla indira , Lath.
Cet oiseau de l'Inde a deux colliers, l'un noir par devant,
et le plus bas des deux, et L'autre blanc par derrière ; le bec
et la tête noirs; le tour du bec, les yeux, la gorge d'un blanc
pur; le dessous du corps d'un cendré brun, plusclairsur lescou-
verlures supérieures de la queue; les couvertures , les pennes
secondaires et primaires des ailes noires, mais les premières
et les secondes sont bordées d'un roux brillant ; la queue et les
pieds pareils au dos, et tout le dessous du corps d'un blanc
roussàtre ; grosseur du pinson ordinaire ; longueur, cinq
pouces environ.
* Le Pinson frisé , Fringilla crispa, Lath., est d'une taille
inférieure à celle du pinson commun; il a le bec blanc; la tête
et le cou noirs; le dessus du corps, les pennes des ailes et de la
queue d un brun olivâtre ; le dessus du corps jaune; les pieds
bruns. Lenom qu'onluiadonné vient de ce qu'il aplusieursplti-
mes frisées naturellement, tant sur le ventre que sur le dos.
On ne sait laquelle des deux contrées, Angola ouïe Brésil,
habile cet oiseau, que l'on a apporté du Portugal eu
France.
* Le Pinson jaune et rouge, Fringilla Eustachii , Lath.
C'est d'après Séba que cet oiseau est décrit ; il l'ap-
pelle beau moineau d Afrique , quoiqu'il dise qu'il se trouve à
Saint- Eustache, qui est une des petites Antilles. Grosseur
du pinson commun; longueur, cinq pouces et demi ; bec,
pieds, ailes et queue rouges; marque bleue immédiatement
au-dessous de l'œil; tête, gorge, cou et dessus du corps
jaunes ; poitrine et autres parties inférieures orangées.
* Le Pinson a long bec, Fringilla longirostris , Lath. Tête
et gorge noires ; dessus du corps varié de brun et de jaune ;
dessous d'un jaune orangé ; collier couleur marron ; pen-
nes de la queue olivâtres ; bec et pieds gris-bruns. Longueur,
six pouces un quart. On trouve cet oiseau au Sénégal.
Il a de si grands rapports avec la Passerine a tète
noire et la Fringille crocote , figurée dans les Oiseaux
chanteurs, pi. 27, que je les crois de la même espèce. V. l'ar-
ticle Passerine.
* Le Serevan Fringilla sereoan, Vieill. C'est, selon La-
tham , une variété dasénegali astrild. La tête, le dos, les ailes
et les pennes de la queue sont de couleur brune ; le dessous
du corps est gris clair , quelquefois fauve pâle, mais toujours
«uaflcé darougeàtrei le cxoupjonei.le bec sont rouges, et les
aS4 F R I
pieds rougeâlres. Dans des individus, la base du bec est
bordée de noir, et le croupion semé de points blancs, ainsi
que les couverlures des ailes. Cet oiseau a été envoyé de
l'Ile-de-France par Sonnerat. Je crois que c'est un indivi-
du de l'espèce du bengali amandava.
Un individu que Commerson appelle aussi sereoan , n'avoit
ni le bec ni le croupion rouges, ni une seule moucheture.
Son corps étoit fauve clair en dessous, et ses pieds étoient
jaunâtres. C'étoit probablement un jeune ou une femelle.
D'autres oiseaux fort approchant de celui-ci, et envoyés par
le même observateur sous le nom de bengalis du Cap, avoient
la tête rouge et étoient plus marqués de cette couleur sur le
devant du cou et sur la poitrine. En général, ces oiseaux sont
à peu près de la grosseur des bengalis et sénégalis.
* Le Serin de la Jamaïque , Fringilla cana , Lath. , a huit
pouces de longueur ; le bec d'un brun bleuâtre , plus pâle en
dessous ; la tête et la gorge grises ; le dessus du cou et du corps
d'un jaune-brun ; le dessous jaune ; le bas-ventre blanc ; les
ailes et la queue d'un brun foncé , rayé de blanc ; les pieds
bleuâtres ; les ongles bruns , courts et crochus.
* Le Serin jaune a front couleur de safran , Fringilla
flaoeola , Lath. On ne connoît pas le pays natal de cet oiseau
que Linnseus a vu dans le cabinet de M. Degeer. Latham en
a trouvé un pareil dans le Muséum Leverian , mais sans rensei-
gnemens sur son origine ; peut-être , dit l'ornithologiste an-
glais , est-ce un oiseau métis , produit du serin de Canarie et du
chardonneret. La couleur générale de son plumage est un beau
jaune qui prend une teinte de safran sur le devant de la tête 7
et tend au vert sur le dos ; les pennes des ailes et de la queue
sont noires et bordées de jaune ; celte dernière est fourchue;
le bec et les pieds sont d'une teinte pâle. Taille du serin de
Canarie.
* Le SlU , Fringilla barbaia , Lath. Siu est le nom que les
naturels du Chili donnent à cet oiseau, et les Espagnols l'ap-
pellent gilguero. Si l'on en croit Molina, le mâle de cette es-
pèce a une sorte de barbe composée de poils noirs qui ne
commence à pousser à la base du bec que lorsqu'il est âgé
de six mois, qui croît à mesure qu'il avance en âge et qui s'é-
tend jusqu'au milieu de la poitrine quand il est vieux. Il a le
bec blanc à la base et noir à la pointe ; la tête d'un noir ve-
louté ; le corps jaune , légèrement teint de vert ; les ailes va-
riées de noir, de vert et de jaune. La femelle en diffère par
un plumage tout gris ; ses ailes sont tachetées de jaune. Elle
n'a jamais de barbe. Forme et grosseur du serin.
Cette espèce place son nid sur les arbres, le compose de
F R I sa*
paille menue et de plumes. Sa ponte n'est que de deux œufs.
Le mâle , dit-on , a un chant très-mélodieux et beaucoup plus
agréable que celui du serin. Il imite facilement le chant des
autres oiseaux. Les sius nourrissent des graines de la madia
satioa ; ils mangent aussi les feuilles aromatiques du scundix
chilensis.
* Le Tarin de la Chine, Fringilla asiatica , Lath. , FringilL.
sinrnsiï, Gm. Cet oiseau qu'a fait connoîlre Sonnerat, csl un
peu moins gros que le moineau franc ; sa tête est noire ; et il
a le dessus du cou et le dos d'un vert d'olive; le devant du cou,
le dessous du corps , les petites pennes des ailes et les couver-
tures inférieures de la queue, jaunes ; deux bandes transver-
sales noires sur les ailes , dont les pennes les plus proches du
corps sont jaunes ; leur extrémité , les primaires , les pennes
de la queue , le bec et les pieds sont pareils à la tête.
* La TouiTE , Fringilla variegata , Lath. Le nom de cet oi-
seau est tiré de son cri , et celui qu'il porte à la Nouvelle-
Espagne. Il a la tête d'un rouge clair mêlé de pourpre ; la
poitrine de deux couleurs jaunes ; tout le reste varié de jaune,
de rouge , de brun et de bleu ; les ailes et la queue bordées
de blanc , le bec jaune et lesvpieds rouges. Longueur totale ,
cinq pouces huit lignes.
* La Veuve éteinte, Emberiza psit/acea, Lath. C'est d'après
sa longue queue traînante que Monlbeillard a placé cet oiseau
parmi les veuves ; Séba , qui le premier en a parlé , en fait un
pinson ; Albin , un friauet ; Brisson, une linotte ; Linnœus et les
méthodistes modernes , un bruant. Il résulte de cette diffé-
rence dans les opinions, que cet oiseau n'est guère connu. A
l'exception de la base du bec qui est entourée de plumes d'un
rouge clair, et des ailes qui sont variées de ce même rouge et
de jaune , tout son plumage est d'un brun cendré ; il n'a
que deux longues pennes à la queue ; ces pennes sont les in-
termédiaires et ont le triple de la longueur du corps ; elles
prennent naissance au croupion , et sont terminées de rouge
bai.
Les Chipius. Oiseaux du Paraguay auxquels M. de Azara
donne pour caractères d'avoir le bec droit , très-fort , pyrami-
dal, très-pointu et à mandibules égales. Ces caractères les rap-
prochent tellement des fringilla que j'ai cru qu'on pouvoil dé-
crire , à la suite des précédens, ceux d'entre eux que je n'ai
pas classés à la suite des forestiers [V. ce mot.).
Du cri d'un oiseau de cette petite famille exprimant chipiu,
les naturels en ont fait la dénomination générique de tous les
petits oiseauxgranivores. On trouve des c/iz/Mus au Paraguay jus-
qu'àBuenos-Ayres. lisse plaisent en captivité et se nourrissent,
256 F R I
dans l'état sauvage , de petites graines et d'insectes qu'ils chef-*
chent à terre, et non pas Sur les arbres. Ils ne pénètrent point
dans les bois. Leur vol est rapide, et quelquefois assez élevé
et incertain.
Le Chipiu proprement dit. Ce nom est l'expression du cri
de cet oiseau qui est commun au Paraguay. Il fréquente les
campagnes , les terrains cultivés , et pendant l'hiver les habi-
tations. Ces chipius vivent en troupes souvent si serréc#qu'ils
se touchent r lorsqu'ils se perchent sur les arbres et sur les
buissons. Le mâle a un ramage agréable ; cinq pouces de lon-
gueur totale ; le bec large et épais de trois lignes , noirâtre
en dessus, blanchâtre en dessous ; les parties inférieures d'un
jaune foncé , avec une petite tache blanche sur le ventre ; l'ex-
trémité des couvertures de la queue de cette couleur et du
brun jaunâtre sur la face extérieure des jambes ; un trait jaune
part des narines et passe au-dessus de l'œil ; les plumes du
sommet de la tête sont noirâtres et bordées de jaune ; elles
prennent une teinte plombée sur l'occiput , sur le dessus du
cou et sur les côtés de la tête ; mais l'oreille est brune , et une
petite tache d'un blanc jaunâtre se fait remarquer au-dessous
de l'œil ; le bas du dos et le croupion offrent un mélange de
jaune et de brun ; les petites couvertures supérieures des ailes
sont de la dernière couleur, et largement bordées de jaune ; le
haut du dos , la queue et les grandes couvertures des pennes
internes de l'aile , noirâtres ; les pennes secondaires ont
un liseré blanc, et les primaires un liseré jaune ; le tarse est
olivâtre. La femelle, qui est d'une taille plus petite que le
mâle, en diffère par la couleur blanche de sa gorge et des cou-
vertures inférieures de sa queue, par le dessous du corps qui
est blanchâtre , et par des teintes plus claires sur la bordure
des plumes et des pennes.
Le Chipiu balanceur. Selon Noséda , cité par M. de
Azara , le balanceur doit être regardé comme le meilleur
musicien entre les oiseaux chanteurs du Paraguay , et cer-
tainement , dit-il , comme le seul qui puisse surpasser le
rossignol. La dénomination de balanceur lui vient de 1 habitude
qu'a le mâle , au temps des amours , de s'élever soir et matin
à la hauteur d'un jet de pierre pour exécuter ses balance-
mens. Il vole sur un certain espace , comme d'environ
soixante pieds , en décrivant une courbe , et revenant aussi-
tôt en arrière pour la décrire encore, de la même manière que
s'il étoit suspendu par un fil à un point fixe. Il répète ce jeu
plusieurs fois de suite. Ce petit oiseau fait entendre en même
temps son ramage. Du reste, il se pose par instans, sur
F R I 25;
les joncs et les plantes un peu grandes, et il demeure tou-
jours caché dans les herbes.
Le balanceur a quatre pouces deux lignes de longueur ; le
bec aussi épais que large , presque droit, un peu comprimé
latéralement , large et épais de trois lignes , long de quatre ;
les couvertures de la queue fort longues ; les parties infé-
rieures d'une couleur sombre de plomb , légèrement sau-
poudrée de blanchâtre ; quelques individus ont sur la poitrine
des taches de la même teinte. Les couvertures inférieures
des ailes sont d'un blanc lavé d'un peu de jaune ; les côtés de
la tête et le dos noirâtres ; les plumes du dessus de la tête ,
du cou et du haut dû dos noires au milieu, d'un brun clairsur
le reste, et les petites couvertures des ailes presque noires ,
avec une large bordure d'un jaune .vif et verdàlrc, qui colore
aussi le pli de l'aile et le côté supérieur des pennes extérieu-
res; les grandes couvertures, ainsi que les dernières pen-
nes , bordées de roux en dehors ; cette teinte entoure fine-
ment les autres couvertures dont le fond est noir; les deux
pennes intermédiaires de la queue sont rousses sur leur moitié
supérieure ; l'extérieur de chaque côté l'est un peu moins ,
tout le reste est noir. Quoique je place cette espèce et les
r/iipi'us proprement dits, noir et rougedtre, brun et roux,
noir et blanc , à tête rayée , manimbé et à oreilles noires,
je ne garantis pas qu'ils soient classés convenablement ;
néanmoins les caractères indiqués par M. de Azara me
semblent les rapprocher plus du genre fringille , que de tout
autre. Au reste , c'est aux naturalistes qui verront ces
oiseaux en nature , à signaler la place qui leur est propre.
Le Chipiu manimbé. Tel est le nom sous lequel cet oiseau
est généralement connu chez les naturels du Paraguay. On le
trouve jusqu'à la rivière de la Plata. Ses habitudes sont les
mêmes que celles du chipiu à oreilles noires. Il se perche
ordinairement sur les buissons les plus bas et aux bords des
bois ; il vole peu , il n'est point farouche et son naturel est
paisible. Son ramage est doux , clair , et assez varié ; les
pennes de la queue sont pointues, fort étroites et élagées ;
le bec est épais de deux lignes et demie et large de trois ;
la gorge d'un blanc mêlé de gris noirâtre ; le devant du cou
et la poitrine sont blanchâtres; le ventre et les couvertures
inférieures des ailes de la même teinte, mais lavée foiblement
de jaune ; les côtés et le sommet de la tête , le dessus du
cou et la moitié du dos sont revêtus de plumes noirâtres au
milieu et de couleur de plomb sur le reste; celles du bas du
dos et du croupion sont d'un brun noirâtre ; les pennes des
ailes et de la queue brunes , les premières, bordées de roux
et les secondes de blanchâtre ; le pli de l'aile , ainsi qu'on
xn. 17
m® P R i
petit trait qui part des narines et qui se perd à l'angle anté-
rieur de l'œil , d'un jaune foncé pur ; les paupières blan-
châtres ; l'iris est brun , le tarse olivâtre -, le bec noirâtre en
dessus et blanchâtre en dessous. La femelle ressemble au
mâle. Longueur totale , cinq pouces.
Le Ciupiu a oreilles noires est un oiseau des plaines du
Paraguay , qui se tient caché dans les herbes hautes et
épaisses , où il court avec vitesse ; il se pose quelquefois ,
principalement le matin et le soir , sur les plantes élevées ,
et il y fait entendre un cri qui semble exprimer sili-sili , d'un
ton bas et foible qui ne paroît pas partir d'un oiseau. Son
vol est très-court , et souvent il a besoin de piétiner avant
de prendre son essor. Il ne se tient que par paires, et il vit
de vers et de petites graines. Il a la tête un peu comprimée
en devant et sur les côtés ; les plumes du bas du dos et du crou-
pion assez longues ; cinq pouces deux lignes sont sa longueur
totale. Il a le bec large et épais de trois lignes et demie; une
plaque d'un beau noir sur les oreilles , laquelle entoure l'œil
«;t s'étend jusqu'au bec ; le dessus de la tête de la même cou-
leur-, mais séparée des oreilles par un trait blanc , qui des
narines s'étend jusqu'à l'occiput; les parties inférieures blan-
châtres ; le pli de l'aile et les couvertures inférieures d'un
jaune pur ; les plumes du derrière de la tête noirâtres vers
le milieu et de couleur de plomb dans le reste , de même
que celles du cou en dessus et de la moitié du dos ; les cou
vertures de la queue bordées de roussâtre , ainsi que les
plumes du reste du dos et du croupion ; les pennes alaires
brunes et bordées de jaune ; leurs couverlures supérieures
de cette teinte , mais les plus grandes ayant du noir dans
leur milieu; la queue blanche à ia pointe, noire dans le
veste , excepté les deux pennes intermédiaires qui sont
brunes ; le tarse olivâtre ; l'iris brun ; le bec noir en
dessus et orangé en dessous. Les jeunes n'ont point la plaque
noire des oreilles.
Le Ciupiu a tète rayée a un cri foible et plaintif qui
semble dire chevêche ou chuchnchu ; il a six pouces six lignes
de longueur totale ; un trait jaune sur le milieu du dessus de
la tête dont le fond est noirâtre ; un autre trait d'un jaune
doré au-dessus des yeux , derrière lequel est une ligne étroite
et noirâtre qui se prolonge jusqu'aux oreilles ; le reste des
côtés de la lêle , le devant du cou et une partie de la poi-
trine d'un blanc doré ; la gorge plus blanche avec des petites
Saches rares et noirâtres ; le reste de la poitrine et le ventre
blanchâtres; les couvertures de la queue rougeâtres dans le
milieu et mordorées sur les bords ; la queue brune en
dessus , argentée en dessous : les plumes des parties supé-
F R I ij,
>icures noirâtres et bordées de blanc doré ; le tarse noirâtre.
La femelle est pareille au mâle. Cette espèce se tient dans
les halliers , les campagnes et les savanes noyées du Pa-
raguay. Elle est très-farouche, et se caclie entre les plantes.
Son vol est élevé.
FRINGILLA. Nom (afin du pinson, qui, dans les ou-
vrages latins des méthodistes, est devenu celui d'un genre
nombreux, où sont rangés non-seulement les pinsons, mafs
encore les moineaux, les linolles , les chardonnerets, les ben-
galis, les sénégalis , etc., etc. (s.)
FRINGILLÂE ADFINIS. Désignation de Youctie, dans
Moehring. V. Guette, (s.)
FRINGILLAGO. Relon et Gesner ont désigné, par
cette dénomination latine , la MÉSANGE charbonnière. V. ce
mot. (s.)
FRINGUELLO d'Olina. C'est le Pinson , fringilla cœ-
lebs, Linn. (desm.)
FR1NSON. Un des noms vulgaires du verdier. (s.) |
FRIPIER, Phorus. Genre de coquilles établi par Denys
de Montfort, pour séparer des Toupies, celles des espèces
qui comme la fripière, agglutinent descorps étrangers a leur
test. Les caractèresde ce nouveau genre sont: coquille libre
univalve, ombiliquée ( l'ombilic s'oblitérant quelquefois
avec l'âge), â spire régulière , aplatie; ouverture entière,
très-évasée, à bords tranebans ; carène tranchante et ae°lu-
tinante.
L'espèce qui sert de type a ce genre vit dans les mers in-
tertropicales de l'Amérique. Elle parvient à trois ou quatre
pouces de diamètre. Tantôt ce sont des coquilles entières ,
ou des fragmens de coquilles, de madrépores, etc., qui re-
couvrent son lest ; tantôt ce sont de petites pierres. L'enthou-
siasme des amis de la nature ne peut qu'être excité en con-
sidérant l'industrie avec laquelle elle se cache à la vue de ses
ennemis. On connoit plusieurs fripiers fossiles, dont l'un -
est assez commune à Grignon ; mais le plus souvent les corps
étrangers qui la recouvrent ne s'y voient plus, (b.)
FRIPIÈRE. Nom que les marchands donnent à plu-
sieurs coquillages qui ont la faculté de souder à leur test
des portions d'autres coquilles, des madrépores , de peti-
tes pierres , etc. Ces coquilles sont toutes du genre des
Toupies, (b.)
FRIQUET. V. l'article Fringille, section D p. 196. (v.)
FRISOLES et FRIJOLES. Noms espagnols du Hari-
cot (pltaseolus vitlgatù ). (l>.>
FRISOUN. Un des noms piémontais du Gros bec. (v.)
2Go F R I
FRIST-FRAST. L'on appelle ainsi , dans les faucon^
neries , une aile de pigeon dont on se sert pour frotter lea
oiseaux de vol quand on les instruit. V. Fauconnerie, (s.)
FRITILLAIRE, Frilillaria, Linn. {Hexandvie monogy~
nie.') Nom d'un genre de plantes de la famille des liliacées,
dans lequel les ileurs dépourvues de calice , ont une corolle
en cloche , composée de six pétales ovales et droits , creusés à
leur base d'une fossette oblongue; les étamines au nom-
bre de six, terminées par des anthères d'une forme ovoïde
allongée; le style, un peu plus long qu'elles, soutenu par un
germe supérieur, se partageant à son sommet en trois stig-
mates épais et obtus; le fruit est une capsule oblongue , unie ,
à trois lobes, et à trois cellules remplies de semences plates
et placées en double rang.
La FiUTlLLAlPiE impériale, dont Jussieu a fait un genre dis-
tinct sous le nom d'lMPÉRi\LE, est la plus grande des espè-
ces de ce genre. Elle a la racine bulbeuse , grosse et demi-
tronquée ; la tige simple , droite , haute de deux à trois pieds ;
les feuilles alternes, sessiles, nombreuses, lancéolées, lui-
santes ; les Ileurs grandes, rouges , striées, pendantes, au
nombre de six à huit, sous une touffe de feuilles terminales.
Elle est originaire de Perse et se cultive depuis plusieurs
siècles dans nos jardins, où elle varie à fleurs jaunes, à fleurs
doubles et à feuilles panachées. Sa floraison a lieu au milieu du
printemps. On la multipliede graine oupar division des caïeux.
Tout terrain et toute exposition lui conviennent. Les gelées
de l'hiver ne lui nuisent en aucune manière. Ses fruits se re-
lèvent et représentent un candélabre.
La plus jolie de toutes les fritillaires , est la FritillairE
MÉlÉaGRE, Fritillaria meleagris , Linn., appelée aussi fiilil-
laire panachée ou le damier. C'est une plante très-recher-
chée des fleuristes pour la beauté de ses fleurs, qui pa-
roissent au commencement du printemps. Elle croît en
France, en Italie, en Suisse, en Autriche, etc. , dans les
prés et les pâturages humides des montagnes. Sa racine est
un bulbe solide, composé de deux tubercules charnus; sa
tige s'élève à la hauteur d'un pied à quinze pouces: elle est
simple, droite, mince, cylindrique, et garnie de six ou sept
feuilles alternes , qui l'embrassent à demi. Elle porte à son
sommet une ou deux fleurs (rarement trois), belles, pen-
dantes, et ressemblant un peu à des tulipes renversées. Ces
fleurs, qui varient dans leur couleur , sont ordinairement ta-
chetées de pourpre, par.petits carreaux en forme de damierT
sur un fond d'un vert jaunâtre ou blanchâtre. On voit dans
les jardins des fleuristes un grand nombre de variétés de cette
espèce obtenues de semences.
"0 l6l
La fridttairc à damier demande un terrain gras, et doit
être couverte dans les gelées. Il est à propos de relever son
bulbe tous les trois an^ , au mois de juillet ou d'août- on le
garde dans un lieu sec ; on le replante en octobre , il fleurit
au mois d'avril. On multiplie cette plante ou par les caïeux
ou par les graines.
La Fritillaire de Perse , ou le Lis de Suze, Fritillaria
persica, Linn. , donne rarement des semences dans notre
climat ; mais on la multiplie par ses caïeux. Elle est ori-
ginaire de Perse , et a été apportée de Suze en Europe ,
en 1673. Sa racine est grosse et ronde; sa tige droite, sim-
ple, et haute d'environ deux pieds, est garnie de feuilles
étfcites, lancéolées, lisses, entières, obliques et cparses,
«es (leurs d'un violet noirâtre, sont penchées , et disposées en
une grappe pyramidale. V. Eucomis, genre établi aux dépens
de celui-ci. (n.)
Fritillaria, du mot latin frilillus (cornet à jouer aux
dés). C'est la fritillaire, dont les (leurs marquées de petits
carreaux colorés rappellent un damier par leur disposi-
tion , et par leur couleur le plumage du dindon, ce qui l'a fait
également nommer meleagris par JJodonée et d'autres bota-
nistes. Tourneforl en a fait un genre que Linnteus adopta ,
mais il y comprenoit le pelilium ( V. Impériale) et les es-
pèces dont Lhéritier a fait son genre Eucoans(/W/a;o, Juss.).
Stapel , botaniste hollandais, à la mémoire duquel on a con-
sacré le genre stapelia, en a fait connoître une espèce qu'il
nomme fritillaria, dont la corolle est jaune de soufre, mar-
quée de rides transverses et de taches d'un pourpre brun qui
ressemblent au damier. C 'est le stapelia variegata , L. (ln.)
FROELICHE, Froelichia. Genre déplantes delà té-
trandrie monogynic , établi par Wahl, sous le nom de Lil-
lmidière. Il a pour caractères: un calice rnonophylle à quatre
divisions ; une corolle tubuleuse ; une baie sèche à une seule
semence ailée.
Ce genre ne contient qu'une espèce , qui est un arbuste
de l'île de la Trinité ,'à rameaux quadrangulaires , à feuilles
opposées , elliptiques et entières , et à Heurs disposées en
panicnl.es terminales.
On a aussi donne ce nom au genre Kobresie. (b.)
Froelichia. Trois genres de plantes ont reçu ce nom.
L'un est de Wulfen ; c'est le Kobresia de Willde-
novv , ou Elyna de Schrœdcr ; le second de Mcench ,
fondé sur te gomphrena interrupla, L. , que Jacquin rapportait
au Celosia , et qui diffère des autres espèces de gomphrena.
par son calice Uibuleux à cinq dents. V. Amaranthinf.
3G, FRÎ
Le troisième Froeltchia est celui de Willderibw, décrit
ci-dessus. V. Froeliche.
Ces trois genres sont consacrés à la mémoire de J. A.
Froelich , botaniste allemand , de la lin du dernier siècle.
(LU.)
FROG. Nom anglais des Grenouilles, (desm.)
FROID. Ce mot pris dans son sens vulgaire désigneroitunc
sensation absolue produite par un principe particulier, comme
la sensation de cbaleur est produite par le calorique. Mais, en
approfondissant cetle idée , on trouve qu'aucun phénomène
ne prouve l'existence d'un principe frigorifique, ni même ne
donne lieu de le concevoir pour simplifier l'énoncé des résul-
tats.
Le froid, considéré par rapport aux êtres sensibles, n'est
qu'une sensation relative qui s'excite en eux lorsque le prin-
cipe calorifique agit sur leurs organes avec moins d'intensité
que dans d'autres circonstances antérieures, ou avecune inten-
sité plus foible qu'il ne conviendroit à leur constitution. Le
nom de froid , appliqué aux corps insensibles , ne désigne
qu'une diminution opérée dans les effets extérieurs et sensibles
du calorique qui agit sur eux. (biot.)
FROLE. Nom du Chèvreeeuille des Alpes, pag. 262.
( Lohicera alpigena , Lin ri. ). (lis.)
FROMAGE. Un des principes du lait (la partie caseuse),
privé de son eau surabondante et préparé de manière a
pouvoir être conservé pour la nourriture des hommes. Voyez
Lait et Vache.
Le lait de chaque animal contient une partie caseuse de
nature différente. Celui de la vache , de la brebis et de la
chèvre, sont les seuls avec lesquels on fabrique le fromage.
Le simple repos, aidé de la chaleur, suffit pour retirer le
fromage du lait, mais il convient souvent d'accélérer sa sépa-
ration par le moyen des acides et principalement de celui
qui est dans l'estomac des veaux qui tètent. V. Présure.
Il est quantité de sortes de fromages parce que non-seule-
ment celui du lait des trois animaux nommés plus haut, ainsi
que leur mélange dans toute sorte de proportions, en offrent
de différens, mais encore parce que la chaleur de la saison,
le mode de préparation, etc., influent considérablement sur
eux , et que celte préparation même varie beaucoup.
Les fromages sont fabriqués sans feu ou par l'intermède
de cet agent. Tous peuvent être, ou maigres /c'est-à-dire
privés de crème, ou gras , c'est-à-dire , contiennent plus ou
moins de crème. Les uns sont salés, les autres ne le sont pas.
Ceux qui sont préparés sans feu, ou se mangent frais, ou
même après avoir été gardés plus ou moins long-temps dans
F IL O a6li
un lieu frais; presque jamais on ne leur enlève que la por-
tion de partie séreuse (petit-lait) qui s'en sépare naturèlh--
nient, soit par l'affaissement de leurs parties, soit par l'éva-
poralion. Quelques précautions qu'on prennent, on ne peut
guères les conserver bons au-delà de six mois; de sorte qu'il
faut qu'ils soient consommés dans les environs des lieux où
ils ont été fabriqués.
Ceux qui sont préparés par l'intermède du feu, sont privés de
suite , par le moyen d'une puissante pression, de la presque
totalité du petit-lait qui s'y trouve. Ces fromages se conser-
vent plus d'un an et sont l'objet d'un commerce étendu, (b.)
FROMAGE DES ARBRES. On a donné ce nom à un
Champignon des arbres, dont la cbair est très-blanche, (b.)
FROMAGEON. Nom vulgaire de la Mauve, (b.)
FROMAGER, Bombax , Linn. ( Monadelphie polyandrie.}
On donne ce nom à plusieurs arbres exotiques de la famille
des malvacées , remarquables par la grandeur et la beauté
de leurs feuilles et de leurs fleurs , et par la singularité de
Jeurs fruits , qui sont très-gros, faits en forme de cône ou
de poire , et remplis de semences entourées d'un duvet
cotonneux. On trouve ces arbres dans les Indes , en Afrique ,
au Brésil et aux Antilles. Ils croissent très-promptement.
Plusieurs s'élèvent à une hauteur prodigieuse. Leur bois est
en général fort léger, et on s'en sert dans ces pavs pour faire
des pirogues ou canots d'une grandeur considérable.
Quoique les diverses espèces de fromagers connues offrent
entre elles de grandes différences , même dans les parties
de la fructification , on les a cependant réunies en un seul
genre qui porte le même nom. Ce genre a pour caractères
essentiels : un calice en cloche , à trois , quatre ou cinq
dents et persistant ; une corolle formée de cinq pétales
oblongs , concaves et réunis à leur base : cinq ou plusieurs
étamines dont les filets sont joints par le bas en anneau
ou colonne; et un ovaire supérieur, ovale, ou arrondi,
portant un style couronné par un stigmate en tête. Le fruit
est une capsule presque ligneuse , de forme ovoïde , plus
ou moins allongée, ayant cinq valves et cinq loges rem-
plies chacune de semences cotonneuses , attachées à un pla-
centa central.
Tous les fromagers ont les feuilles alternes et digitées.
Dans quelques-uns l'écorce du tronc est lisse et molle ; dans
d'autres elle est couverte d'aiguillons nombreux. Leurs fleurs
naissent tantôt en faisceaux aux aisselles des feuilles , et
tantôt en grappes au sommet des rameaux.
Fromager a cinq étaminf.s, ou Pentandre, Bombax pen-
tandrum, Linn. Arbre commun dans les Deux-Indes, de trente
2G4 F ft 0
à quatre-vingts pieds de hauteur, dont les fleurs sont très-
nombreuses et à cinq étamines, et dont les feuilles ont sept
à neuf folioles lancéolées. Son fruit a la forme d'un con-
combre rétréci par le bas ; et le duvet qui entoure ses se-
mences est très-ressemblant au colon. Cet arbre est figuré
pi. D 22 de ce Dictionnaire.
Fromager a fleur laineuse, Bombax erianûios , Cav. t
ou coton en arbre à écorce très -épineuse. Cette espèce a été
trouvée , par Commerson , dans le Brésil. Les digitations
de ses feuilles , au nombre de sept, sont lancéolées , lisses et
terminées par un filet particulier.
Fromager pyramidal , Bombax pyramidale , Cav., Mapou
de Saint-Domingue. C'est un des plus grands arbres des An-
tilles ; il y est très-commun. Il sert de type au genre Ochrome.
Son écorce fibreuse et cendrée , est parsemée de tacbes
blanchâtres. Ses feuilles ont un pied de diamètre ; elles sont
en cœur et à bords anguleux. Ses fruits , longs de huit k
dix pouces, représentent une petite pyramide à cinq côtés :
ils sont pleins d'un duvet très-fin et rougealre,. et dont les
Anglais font usage dans la composition de leurs chapeaux.
Le bois de mapou est blanc , et si léger, qu'il tient lieu de
liège aux pêcheurs.
Fromager grandiflore , Bombax grandijlorum , Cav. Il
croît aux environs de Bio-Janeiro , et se distingue des autres
par sa superbe corolle , dont les pétales blanchâtres et
veloutés en dehors , ont cinq pouces de longueur. C'est ,
selon Cavanilles , l'espèce qui a le plus de rapports avec le
baobab d'Adanson , par la grandeur des fleurs et par le
tuyau ou support des filamens. Il sert de type au genre Ca-
Rolinée , qui ne diffère pas du Pachirier.
Fromager a sept feuilles , Bombax heptaphyllum , Linn.
Il a des fleurs odorantes qui présentent des filamens très-
nombreux et rougeâtres , partagés en cinq paquets, des
feuilles à sept folioles , et un fruit qui a la forme d'un
concombre. On trouve cet arbre dans les Deux-Indes ; il
s'élève à cinquante pieds , et a quelquefois six pieds de dia-
mètre à sa base. Dans sa jeunesse il est muni d'épines qu'ij
perd en vieillissant. Son bois est mou , fragile et léger-
Fromager cotonnier , Bombax gossypium , Linn. Une
écorce verte et presque lisse ; des feuilles cotonneuses en
dessous , et divisées jusqu'à moitié en cinq lobes aigus : des
Heurs jaunes renfermant un grand nombre détamines , et
entourées d un calice à cinq folioles inégales : tels sont les
principaux caractères auxquels on peut reconnoître ce fro~
nws;ei\ qui est un grand arbre de la côte de Coromandel.
Fromager a fruit rqnd , Bombax globosum, Aul-det. Ar-
F R O 265
bre élevé de trente pieds , commun près de Cayenne ,
et dont les feuilles sont composées de cinq folioles de
grandeur inégale et légèrement échancrées à leur sommet.
Elles tombent et se renouvellent chaque année.
Fromager a cinq feuilles, Bombax ceiba , Linn. C'est
le ceiba des Espagnols , arbre très-élevé , très-gros , qui a
ses feuilles composées de cinq folioles unies et lancéolées,
et dont les (leurs de couleur pourpre renferment un grand
nombre détamines formant cinq paquets réunis par le bas
entre eux et avec la corolle, (d.)
FROMENT, Tritii:um. Genre déplante delà triandrie
digynie et de la famille des Graminées, dont les caractères
consistent : en une balle calicinale sessile sur un axe simple ,
dentée.en zigzag, et composée de deux valves, renfermant
trois fleurs ou davantage , chacune de deux valves , dont l'ex-
térieure est grande, concave, et l'intérieure petite et plane ;
trois étamines à anthère fourchue ; un ovaire supérieur , ovale,
surmonté de deux styles à stigmates plumeux.
Le fruit est une graine ovale, convexe d'un côté et sillon-
née de l'autre.
Les genres BRACHYPODEet Agropyron enlèvent quelques
espèces à celui-ci.
Ce genre renferme une trentaine de plantes annuelles ou
vivaces , dont quelques-unes sont de la plus grande impor-
tance pour l'homme.
On distingue parmi les premières :
Le Froment commun ou le Blé par excellence, Triti-
cum œstioum , Linn. , qui a l'épi simple , quatre (leurs ventrues
et imbriquées dans chaque calice. On lui réunit ordinaire-
ment, comme simples variétés, les triticum hybernum, com-
positum, turgidum et polunicum , que Linnreus avoit regardées
comme des espèces, et dont les unes sont pourvues de bar-
bes , et les autres en sont privées. {]r. son article ci-après.)
Le Froment épeautre, Triticum spelia, Linn. , qui a l'épi
sii«ple, la balle calicinale à quatre fleurs tronquées , dont les
deux extérieures sont hermaphrodites et presque toujours
pourvues de barbes, et les deux intérieures stériles et muti-
ques. On le cultive dans beaucoup d'endroits , principalement
sur les montagnes élevées. Sa graine ne se sépare pas natu-
rellement de sa balle ; et il faut le monder, comme l'orge, à
j'aide du moulin. Cette espèce a été trouvée sauvage en Perse,
par Michaux ( Voyez au mot Epeautre ). On peut lui réunir,
comme variété de culture , le triticum morweuccum de Lin-
pœus , qu'on appelle vulgairement la petite épeautre ou L' fro-
ment locular.
2C6 F R O
On distingue parmi les espèces vivaces :
Le Froment jonciforme, Tri/îcum junceum , Linn., qui a
les épillets alternes , composés de cinq (leurs , et les valves de
la balle calicinale tronquées. On le trouve très-abondamment
dans presque toute l'Europe, dans les bois , les haies , les fri-
ches sablonneuses, sur le bord des chemins. Il parvient à deux
à trois pieds de haut. Ses feuilles sont pubescentes , blanchâ-
tres , roulées sur elles-mêmes , et roides.
Cette plante , par sa grandeur et sa faculté de croître dans
les plus mauvais terrains , seroit très-précieuse si la séche-
resse et l'insipidité de son fanage ne la faisoient rejeter par les
animaux, surtout lorsqu'elle a acquis toute sa croissance,
c'est-à-dire en été et en automne. On peut cependant l'em-
ployer avec avantage pour fixer les landes sablonneuses et
faciliter les semis de bois qu'on désireroit y faire; car ses ra-
cines sont traçantes , très-longues et très-garnies de chevelus.
Ses fanes, «loupées à la fia de l'été, fournissent une excel-
lente litière.
Le Froment rampant, Triûaim repens, Linn. , a la balle
calicinale de deux valves aiguës , et renfermant ordinairement
cinq fleurs ; les feuilles supérieures hérissées ; les racines
articulées et rampantes. On le trouve dans toute l'Europe ,
dans les champs et les jardins, qu'il infesle souvent au point
d'empêcher la croissance des grains ou des légumes qu'on
y sème. C'est le gramen proprement dit des anciens, le
véritable chiendent des boutiques. Sa hauteur surpasse rare-
ment deux pieds; mais ses racines s'étendent à une distance
bien plus considérable. La plus petite portion de ces racines,
laissée dans la terre , suffit pour reproduire un pied; de sorte
que plus on laboure les terres où il s'en trouve , et plus on
le multiplie. Voyez au mot Chiendent, ses usages en méde-
cine , et les moyens de l'extirper, (b.)
Le Froment commun est, sans contredit, de toutes les gra-
minées qui couvrent la surface de l'Europe, celle qui mérite
le plus notre admiration, le travail assidu des cultivateurs,
et les soins que nous prenons de sa conservation ; aussi la'ha-
ture a-t-elle accordé à ce végétal une sorte de prédilection ,
en le faisant croître avec un égal succès dans les climats
chauds comme dans les climats froids.
Il paroît que les sentimens sont bien partagés relativement
à l'origine et à l'état primitif du froment. Les premiers histo-
riens et les plus anciens écrivains que nous commissions , en
font mention avec éloge.
Quelques auteurs veulent que dans la Sicile , l'île autrefois
la plus fertile en blé qu'il y eût au monde , il existe une terre
qui en produit sans culture. D'autres , qui nient l'existence
F R O 267
du blé sauvage, prétendent que le froment est le chiendent,
que la culture ou des acculons, dont l'histoire trop reculée se
perd dans la nuit des temps, ont assez éloigné de sa première
constitution , pour en faire l'espèce de plante vigoureuse
qu'on appelle froment.
Le vrai est que cette graminée est une véritable espèce
dont on ne connoît plus le pays natal. Cependant, si on en
juge par analogie, on pourra croire qu'elle nous vient de la
Haute-Asie, d'où nous ont également été apportés I'Epeau-
tre, r Avoine et l'O&GE.
Le froment porte généralement le nom de blé dans la plus
grande partie de la France; ainsi nous nous servirons indif-
féremment de ces deux mots dans le cours de l'article dont
nous nous occupons.
S'il falloit décrire les caractères des variétés de froment,
la notice abrégée que nous pourrions en donner , deviendroit
un article immense qui n'offriroit peut-être encore que des
conjectures, puisque, si l'on s'en rapporte aux observations
des plus célèbres botanistes, le nombre de ces variétés monte
déjà à trois cent soixante. Les variations du froment, comme
celles de toutes les plantes cultivées depuis long-temps, se
portent principalement sur l'objet qu'on a en vue , qui est ici
la graine. Ainsi, quoiqu'il y ait des fromens blanqf , des fro-
mens jaunes , des fromens rouges , des fromens longs ,
ronds, etc., on les réduira donc à deux classes, celle des
blés fuis ou tendres et celle des blés durs ou glacés. Une nomen-
clature plus étendue , tout exacte qu'elle pourroit être ,
deviendroit absolument inutile ici : car toutes ces variations
ne diffèrent entre elles que par des manières perceptibles
seulement pour ceux qui sont habitués à les voir. C'est une de
ctts. variétés à grains longs et grêles , qui, cultivée très-serrée
dans un terrain sablonneux aux environs de Florence., four-
nit la paille avec laquelle on fabrique ces chapeaux de paille
si estimés et qu'on paye jusqu'à 5oo francs.
Ces mêmes raisons m'empêcheront d'entrer dans des dé-
tails sur les fromens barbus ou sans barbe , sur ceux à épis
longs et à épis courts , à épis colorés , à maturité hâtive , à
maturité tardive , etc. , etc.
Les blés fins ou tendres semblent appartenir plus spéciale-
ment aux pays septentrionaux et aux sols humides. Leurs carac-
tères généraux sont d'être un peu flexibles sous la dent ; d'of-
frir dans leur intérieur une matière très-blanche ; d'avoir l'é-
corce mince , lisse et jaunâtre. Les blés de Pologne occupent
le premier rang dans cette classe ; ils s'écrasent plus aisément
sous les meules, et donnent une farine avec laquelle on pré-
pare un pain fort blanc.
368 F R O
Parmi les sous-variétés de ces sortes de blés , une de celles
qui ont paru à Tessier réunir le plus d'avantages , est le fro-»
ment à épis rouges sans barbes, et à tige creuse. Il L'a semée
à Rambouillet , au milieu d'un grand nombre d'autres , et
comme il a remarqué qu'elle étoit propre à donner du pain
très-blanc , il a cherché et employé tous les moyens pour
la multiplier,
La sécheresse et la chaleur du climat produisent plus par^
ticulièrcment les blés durs ou glacés ; aussi voit-on qu'ils ap-
prochent davantage de cet état dans tous les pays , à mesure
que la saison a été plus sèche et plus brûlante. Ces blés se
cassent sous la dent moins aisément et plus net que les blés
fins : ils offrent dans leur cassure une couleur grise ; ils sont
pesans, plus ou moins transparens, et ressemblent aune
gomme desséchée ; le son en est plus épais ; ils se broient
difficilement au moulin , et le pain, quoique savoureux, n'est
jamais bien blanc. Les blés de la Sicile ei de la Barbarie
tiennent en ce genre le premier rang.
Les blés se distinguent encore les uns des autres par l'épOr.
que de leurs semailles ; on appelle hivernaux , ceux que l'on
sème à la fin de septembre , et qu'on récolte au mois de juil->
let ou d'août l'année suivante ; et marsais ou printaniers, ceux
qu'on ne sème qu'en mars , comme les menus grains, et qu'on
moissonne aussitôt que les blés hivernaux. Ils sont ras ou bar-
bus.
L'introduction en France des blés de mars , remonte à l'é-
poque de 1709 : ils n'étoient réellement connus et cultivé-s.
alors que dans quelques contrées , et surtout en Espagne ;
c'est de là que Louis XIV en fit venir une certaine quantité ,
Î ourles semer après l'hiver sur les mêmes terres des mars,
ls donnèrent au mois d'août des épis en abondance et furent,
d'un grand secours. Ce succès auroit dû sans doute encoura-
ger leur culture et la répandre plus qu'elle ne l'est ; mais les
motifs d'opposition de la part des fermiers , sont que les fro-
mens marsais s'égrènent facilement ; que dans le temps où,
il faut les semer, ils ont beaucoup de travaux , et que cons-
tamment ces grains sont toujours d'un moindre rapport. Nous
pensons , tout en convenant de la justesse de ces motifs , qu il
seroit de la prudence des cultivateurs d'en avoir toujours une
certaine quantité , pour servir de ressource quand les pluies
continuelles d1 automne ont empêché de terminer les se-
mences de cette saison , ou lorsque les mulots, les insectes %
le froid, les débordemens les ont détruites.
On cultive au Bengale et en Egypte , une sous-variété de
F R O ^
lié de mars qui donne deux récoltes par an sur le même ter-
rain, et qui y est par conséquent fort estimée. Elle a été ap-
portée d'abord du premier de ces pays, par M. Cossigny ,
et cultivée en petit par M. Thouin , dans l'Ecole des plantes
économiques, au jardin de Muséum d'Histoire naturelle;
ensuite du second par un soldat belge, Taisant partie de l'ar-
mée française qui en a fait la conquête. L'estimable agricul-
teur M. Bottin a fait part , celte année (1817) , à la Société
d'agriculture de la Seine , des avantages que les cultivateurs
i\c la Belgique avoient reconnus dans ce blé, qu'ils appellent
blé de niai, ces avantages sont: i.° de pouvoir retarder ses
semailles jusqu'en mai ; 2.0 de pouvoir être récolté environ
cent jours après son ensemencement; 3.° de produire davan-
tage dans le même espace de terre; 4--° de s'accommoder
d'une terre de qualité inférieure; 5.° d'être moins sujet ou
peut-être jamais attaqué de la carie et du charbon; 6.° d'ê-
tre , proportion gardée, plus pesant que les autres; 7.0 de
pouvoir être coupé jusqu'à trois fois en vert pour la nourri-
ture des bestiaux dans le courant de l'été.
D'après ces faits constatés par une expérience de six à
sept ans, faite en grand, dans les environs d'Ypres, de Bru-
ges, de Bruxelles , la Société d'agriculture de la Seine, s'est
procuré une certaine quantité de ce blé dont la moitié a
été distribuée à ses membres, et l'autre semée pour son
compte dans les environs de Paris. Elle a de plus invité M.
Vilmorin, marchand grenetier, l'un de ses membres, de s'en
approvisionner suffisamment lors de la récolte prochaine,
pour pouvoir satisfaire au plus grand nombre de demandes
présumables; de sorte qu'il esta croire que cette précieuse
variété ne tardera pas à être généralement cultivée en France.
Pendant long-temps les cultivateurs , et même les commer-
çans, n'ont distingué dans un grain de blé que l'écorce qui
sert d'enveloppe , le germe destiné à la reproduction , enfin
la matière farineuse dans laquelle réside la vertu alimentaire ;
niais aujourd'hui que l'étude des objets d'utilité première a
mérité de fixer l'attention des physiciens , un examen appro-
fondi et des recherches plus exactes ont appris que cette ma-
tière farineuse est elle-même composée de plusieurs subs-
tances , dont la nature et les proportions varient à raison du
sol, du climat et de la culture. Ces substances sont :
L 'amidon.
Le muqueux sucré.
La matière glutineuse.
Ces trois parties constituantes du grain du blé , rangées
selon le degré nutritif de chacune, ont des caractères par-
ticuliers qui les distinguent.
27o F R O
La première , qui est l'amidon , se reconnoît à son toucher
froid et à un cri qui lui est particulier , à sa pesanteur et à la
disposition qu'elle a de prendre la forme pulvérulente , et de
ne se dissoudre que dans l'eau bouillante ; sans elle il est im-
possible de faire du pain et de l'empois. Le blé est, de tou-
tes les graminées , le grain qui en contient le plus.
La seconde est confondue et enveloppée d'une matière ex-
tractive dont il n'est pas aisé de la dépouiller entièrement ;
elle s'humecte à l'air, poisse les mains , se dissout dans l'eau
froide qu'elle colore. Ce muqueux sucré est distribué dans la
plupart des végétaux alimentaires : il a le privilège exrlusif
de fournir, par la fermentation et la distillation , de l'alcool;
de devenir plus sensible par la germination. Le blé est encore
le grain qui en contient le plus.
La substance glutineuse, qui forme la troisième partie
constituante du blé , est une espèce de gomme-résine parti-
culière qui se broie difficilement au moulin , et donne par
l'analyse tous les produits des matières animales : mais c'est
principalement à l'amidon qu'appartient essentiellement la
faculté éminemment nutritive , puisqu'il réunit tout ce qui la
caractérise ; que d'ailleurs le blé le plus médiocre en contient
jusqu'à huit onces par livre , tandis que la matière glutineuse
s'y trouve à peine pour un huitième; qu'elle est d'ailleurs pri-
vée des propriétés principales de l'aliment , la dissolubilité
dans l'eau , la forme muqueuse ou gélatineuse.
A ces vérités , ajoutons que la substance glutineuse et élas-
tique est contenue privativement dans le froment et dans l'é-
peautre, qu'il n'en existe pas un atome dans aucun autre
grain de la famille des graminées, tandis que tous renfer-
ment plus ou moins d'amidon ; que c'est à ce principe essen-
tiel des farineux qu'ils doivent l'état laileux qu'ils ont quand
ils approchent de l'époque de la maturité. Si donc la subs-
tance glutineuse joue le plus grand rôle dans la panification ,
l'amidon produit presque seul tout l'effet nutritif.
Au reste, il n'est pas indifférent de connoître la nature des
parties constituantes du blé , puisque l'art de le conserver ,
de corriger ses mauvaises qualités , de l'assortir avantageuse-
ment, de le moudre avec profit , enfin , de préparer un pain
de bonne qualité , dépend très-souvent de cette connoissance.
Elle n'a pas été dédaignée des hommes les plus recomman-
dables : heureux le siècle et le gouvernement où les objets
de première nécessité méritent quelque considération , et où
ceux qui s'y livrent sont assurés de ne pas rencontrer sur
leurs pas , d'obstacles aux efforts de leur zèle et à l'utilité de
leurs vues ! ,
Nous allons présenter ici , en abrégé , le tableau des tra-
F R 0
vaux des champs, qui ont pour objet la végétation et la cul-
ture du blé ; la plupart peuvent s'appliquer aux autres grains
de cette famille des plantes , la plus utile à l'homme et aux
animaux , puisqu'elle leur fournit la base de leur nourriture ;
d'ailleurs, les intérêts du laboureur pourroient 'ils être oubliés
dans un article où il s'agit de blé?
S'il est une opération critique et importante en agricul-
ture , c'est celle des semailles. De cette opération , bien ou
mal pratiquée, dépendent en partie la médiocrité ou l'abon-
dance des récoltes , la richesse ou la pauvreté des campa-
gnes ; il est donc de l'intérêt du cultivateur de s'en bien ac-
quitter , s'il veut recueillir le fruit de ses travaux et de ses
avances.
Quoique l'on sache , de temps immémorial, que les blés
échaudes ou retraits, qui ont mûri sans se remplir de farine ,
germent et poussent très-bien, qu'étant d'un prix moins cher,
il y auroit toujours du bénéfice à les employer en qualité de
semence, il est prouvé cependant que , toutes choses égales
d'ailleurs, ces grains chélifs produisent assez constamment
une paille moins nourrie , des tiges moins hautes , des épis
moins nombreux , enfin des grains moins volumineux.
Lcchoixdelasemence n'est donc pas une chose indifférente
au produit qu'on en attend; il convient donc de prendre celle
recueillie dans un terrain meilleur que celui qu'on veut ense-
mencer; de préférer les grains d'une terre parfaitement cul-
tivée, à ceux d'une autre qui ne l'est pas aussi bien ; de faire
choix encore de gerbes qui montrent de beaux épis, dont les
grains , parfaitement mûrs , se détachent avec facilité ; de
battre légèrement , pour n'en tirer que les grains les plus
murs , les mieux conformés, exempts de graines étrangères.
Sans doute il y a des pays , des terrains et des circons-
tances où le renouvellement des semences est absolument
indispensable ; mais il résulte des expériences de ïessier ,
qu'il n'est pas toujours nécessaire de les changer; de plus,
qu'on peut se dispenser de semer ceux de la dernière récolte ,
puisque quand ils sont parfaitement mûrs , ils conservent long-
temps leur propriété gerininatrice. Chacun doit semer selon
le climat qu'il habile , depuis le mois de septembre jusqu'à
la fin de novembre , et même de décembre ; cependant ,
comme les riches moissons dépendent , en général , de la
force qu'acquièrent les tiges avant l'hiver , et de la quantité
de racines qu'elles poussent, il faut donc semer aussitôt qu'on
le peut , selon cette maxime de l'antiquité :
Si tu veux liitii niuivsonmr,
Ne crains do trop lût seinoi.
Lesuccès des semailles précoces explique pourquoi les pays
27a FRO
froids sont si fertiles en grains , malgré le désavantage appa-
rent de leur climat ; or , voilà précisément ce qu'on ne fait
pas dans beaucoup de cantons , où , pour attendre souvent
les pluies d'automne et les sécheresses , on trouve à peine
le temps de semer avant le mois de janvier ; la tige mince
et peu nourrie , ne donne alors que des épis mesquins et de
très-petits grains.
Pour se convaincre que les semailles précoces sont en gé-
néral les plus constamment heureuses , il suffit de voir dans
les champs , les plantes dont le grain y étoit resté après la
moisson. Quoique venues, pour ainsi dire, sans culture,
leurs tiges sont belles et bien fournies , parce qu'elles ont
suivi l'ordre de la nature , sans être contrariées dans leur
végétation.
La chaux vive et l'eau suffisent pour chauler le grain de se-
mence ; mais la réussite de cette préparation , toute simple
qu'elle soit, dépend de la proportion observée et de la ma-
nière d'en faire l'application. Elle peut servir aux semailles
de toutes les plantes.
Lorsque le blé est moucheté , ou que l'on soupçonne qu'il
y a eu de la Carie ou du Charbon dans les moissons du can-
ton d'où l'on tire sa semence , il faut encore être plus attentif
à la composition du chaulage et à son application , augmen-
ter même l'action de la chaux, par une addition de potasse
caustique; mais jamais ce supplément n'est pas d'une néces-
sité indispensable , chez les cultivateurs soigneux , dont les
terres ne sont jamais infectées de ce fléau.
En faisant infuser les semences dans des décoctions de
plantes acres et amères , dans la saumure , dans l'égout de
fumier , ce seroit un moyen de les préserver de celte foule
d'animaux qui fondent dessus au moment où elles viennent
d'être confiées au sillon , en même temps qu'il deviendroit
une espèce d'engrais appliqué immédiatement au grain qui
pourroit augmenter la force du germe et de la plante naissante.
La macération de la semence , même dans l'eau simple ,
sera toujours de la plus grande utilité , ne dût-elle servir qu'à
faire connoître les grains légers : on les enlève au moyen de
l'écumoire , et ils servent avantageusement pour l'engrais des
animaux de la basse-cour ; alors il n'y auroit plus un grain
d'ensemencé sur lequel on ne pût compter.
Loin donc que cette opération préliminaire puisse nuire
en aucun cas aux récoltes, on devroit toujours l'employer;
les peuples les moins instruits pratiquent bien la macération
de la semence dans l'eau légèrement chaude , pour la ramol-
lir et la faire lever plus tôt.
L'expérience apprend qu'il ne faut pas faire rapporter plus
FRO 2;3
de plantes à la terre , qu'elle n'a le pouvoir d'en nourrir,
et d-r'clanl trop rapprochées, elles sont toujours , malgré la
bonté du sol , (bibles , élancées, languissantes et peu produc-
tives : le grand point est donc de semer avec égalité , et dans
une proportion relative à la nature du fonds , et à l'espèce
eohveffable a chaque production.
L.> quantité de semence à employer doit toujours être plus
considérable pour les terres maigres et légères, que pour les
bons fonds , parce que les grains poussent moins en feuillage
et en tiges; or, ces terres ne se trouve roient point assez cou-
vertes ni ombragées ; disposées d'ailleurs à laisser évaporer
aisément l'humidité essentielle à la végétation , le hàle agi—
roit trop puissamment sur le tuyau et sur les racines , qu'il
dessécheroit bien avant l'époque de la maturité.
Il faut donc proportionner la quantité de la semer.re à la
nature du sol sur lequel on la répand ; plus il est propre 3U
blé, moins on doit en employer ; l'augmenter, au contraire ,
s'il est maigre ; or , en supposant que six à sept boisseaux ,
mesure de Paris, puissent suffire pour chaque arpent, il sera
toujours nécessaire d'en mettre huit à neuf pour les terres
médiocres ; mais il faudra rarement excéder cette quantité,
attendu que lesfonds assez ingrats pour ne rapporterauplus, en
grain . que celui qu'on y auroit ensemencé , seroient plus
utilement consacrés à d'autres productions qui Les amélio-
reroient et les rendroient insensiblement propres à la cul-
ture du blé.
Ce n'est pas que les pratiques locales ne doivent encore
régler cette proportion ; car en semant trop clair dans un
bon sol, les liges acquerroient tant de force, de volume et de
consistance , que les bestiaux refuseroient d'en manger la
paille; mais dans tout cela , il y a un juste milieu à observer,
qu'on ne peut saisir que par sa propre expérience.
Dans la proportion ci-dessus énoncée , il se trouve assez
de grains pour fournir aux pertes inévitables occasionées
par les accidens , les avaries , les insectes et les autres ani-
maux destructeurs.
Dans un champ semé épais , tous les grains germent et
végètent à la fois ; les racines , au lieu de s'étendre , de se
ramifier, se rencontrent, s'entrelacent et se nuisent récipro-
quement: ces faits incontestables, recueillis sur la plante même
du blé , d'après la manière dont elle jette ses racines , ont dé-
terminé d'excellens agronomes à développer tous les incon-
véniens qu'il y avoit de répandre trop de semence , et à
prouver une vérité que la théorie avoue , et qu'une multitude
d'expériences ont confirmée ; toutes attestent que les cultiva-
teurs qui sèment communément par arpent un setier de blé
274 F R O
de douze boisseaux , mesure de Paris , en sèment un tiers
au moins de plus qu'il ne faut, et que cette prévoyance , cette
cupidité aveugle , se trouvent trompées à la moisson.
En donnant dans un excès ridicule , à l'égard des semences ,
on conçoit ordinairement les plus flatteuses espérances dès
qu'on aperçoit , pendant l'hiver , un tapis serré de verdure
couvrir parfaitement le champ ; mais souvent ces espérances
s'évanouissent à mesure qu'on approche de la moisson. Que
de faits nous pourrions accumuler ici , pour démontrer que
la diminution de la semence , par un événement quelconque,
a souvent influé sur le succès des récoltes , autant que les fa-
veurs de la saison.
Si les laboureurs qui accusent leur sol d'être peu favo-
rable à la culture , qui se plaignent que la récolte ne répond
ni aux peines qu'ils se donnent , ni aux dépenses qu'ils font,
peuvent faire taire un instant leurs préjugés; qu'ils arrachent,
au mois d'avril , la plante de froment qui occupe le plus de
place , qu'ilsla comparent ensuite à celle qui en prend le
moins dans le même champ , ils verront que le diamètre des
racines chevelues de l'une est deux ou trois fois moins consi-
dérable que l'autre ; ils verront que la semence étant bien
préparée et répandue à la distance de quatre à cinq pouces ,
tous les grains germent, poussent, tallent et épient ; tandis
que quand la plante se trouve trop serrée, elle est non-seu-
lement plus exposée aux accidens , mais encore infiniment
moins productive.
Comme, en agriculture, les essais, les exemples et les en-
couragemens sont plus puissans que tous les raisonnemens,
nous invitons les propriétaires éclairés à faire , dans leurs can-
tons respectifs , ce qu'ont fait dans le leur d'estimables agrono-
mes. Quils partagent une pièce de terre en trois parties, l'une
ensemencée à l'ordinaire , l'autre à un tiers de moins , et la
troisième à moitié ; les résultats de cette expérience compa-
rative ne laisseront plus subsister aucun doute dans l'esprit
des fermiers, en même temps qu'ils les pénétreront de l'uti-
lité d'une pareille méthode , dont voici un simple aperçu.
Toutes les expériences faites à dessein de prouver les in-
convéniens qui résultent de la prodigalité dans les semailles ,
servent en même temps à établir les avantages de la mé-
thode contraire ; elle épargne d'abord du grain , et produit
encore un très-grand bénéfice à la récolte.
Nous dirons aux cultivateurs : défiez-vous surtout de ces re-
cettes merveilleuses , de ces liqueurs prolifiques , présen-
tées comme des moyens infaillibles pour hâter le dévelop-
pement des grains , fortifier leur végétation , et procurer
des récoltes abondantes ; sachez que l'agriculture , comme
F R O 2?5
tous les arts , a aussi ses enthousiastes et ses charlatans ;
enfui, si vous voulez familiariser vos gens avec les maximes
fondamentales de l'économie rurale , faites inscrire en gros
caractères, dans l'endroit où ils se réunissent pour prendre
leur repas: Connaissance pur faite du sol; engrais suffisons et
appropries au terrain ; labours profonds et répétés à propos ; pré-
parution des sentences et économie dans leur distribution ; semailles
précoces et enterrées.
Pour semer épais, l'ouvrier ralentit son pas, et l'accélère
un peu pour semer clair; sa marche doit être uniforme, et
sa main ne prendre jamais plus de grains une fois qu'une au-
tre ; s'il changeoit la valeur de ses poignées , il répandroit
inégalement la semence.
Quoique le procédé de semer n'ait que l'apparence d'une
routine, cependant on peut hien savoir lahourer sans savoir
semer : comme ce talent ne s'acquiert que par l'usage, il y a
toujours dans les grandes fermes un ouvrierauquel est confiée
cette opération, à l'exclusion des autres.
Nous ne parlerons ni des semoirs, quoique quelques-uns
méritent d'être approuvés, ni des semis du blé au plantoir,
quelque avantageux qu'ils soient, parce que les uns elles au-
tres sont très-peu usités.
La profondeur à laquelle il convient d'enterrer la semence
dépend , i.° de la saison où l'on sème , 2.0 de la qualité du
terrain ; 3.° de la manière dont il aura été cultivé; 4.0 du
climat où le terrain est situé.
Dans tous les pays et dans toutes les saisons, si les terres sont
légères , il faut enfouir la semence à une bonne profondeur.
Les semailles d'hiver doivent être plus couvertes que celles
de mars et du printemps , parce que les racines des plantes
plus enfoncées en terre , résistent davantage aux rigueurs du
froid et aux haies du printemps.
Pour éviter les inconvéniens dont je viens de parler,
dans une terre parfaitement ameublie par les labours , une
profondeur de quatre à cinq pouces est suffisante. Lorsque
le grain est semé, on passe la herse à diverses reprises ; au
reste , pourvu qu'il soit assez recouvert, peu importe la
manière , qui varie selon le pays et la qualité du sol.
Les soins qu'on doit prendre d'un terrain' ensemencé
jusqu'à la moisson , dépendent de sa qualité et de celle de la
production : la plupart des grains se cultivent de ia même
manière; quelques autres exigent presque autant de travail
qu'une plante potagère : il faui les biner et les buter.
Lorsque le terrain est situé en pente , aussitôt que le
grain est enterré, on doit faire ouvrir de larges sillons pour
procurer à l'eau un écoulement lent , employer pour cet
27S F R O
effet une charrue à double oreille , c'est-à-dire , qui ait un
versoir de chaque côté ; par ce moyen , la terre est parfai-
tement bien renversée ; le cultivateur qui se dispense de ce
soin, sous le prétexte qu'il oçcasionc une perte de terrain ,
apprendra par l'expérience si cette économie peut tourner
à son profit.
Les agronomes sont bien persuadés que rien ne contribue
davantage aux progrès de le végétalion, que des labours pra-
tiqués à propos pendant l'accroissement des plantes ; il se-
roit à désirer qu'on put trouver la manière de faire passer
une petite charrue entre les rangées de froment ; ceux-ci de-
viendroient bien plus vigoureux : en attendant qu'on ait
trouvé le moyen de rendre praticable dans tous les terrains ,
cette excellente méthode déjà usitée dans quelqu'une de nos
exploitations, il ne faut pas négliger d'arracher les mauvaises
herbes sans porter aucun dommage aux grains.
Les opérations les plus importantes après les labours et
les engrais, sont le hersage et le roulage. La herse déracine,
arrache, entraîne les mauvaises herbes, les expose à la cha-
leur du jour qui les tue ; elle nettoie exactement la terre du
chiendent ; elle sert aussi à écraser les mottes, à dresser et à
niveler le sol : on donne à l'instrument qui y est destiné dif-
férentes formes , grandeurs et solidité.
Divers agronomes ne sont pas assez partisans du hersage
pour le répéter après chaque labour ; ils ne s'en servent que
quand les mottes de terre sont un obstacle au labourage; mais
dans ce cas , il est nécessaire que la herse soit forte et pe-
sante, sans quoi elle voltigeroit sur les mottes, et ne les écra-
seroitpas; d'ailleurs herser, avant de labourer, entraîne
à l'extrémité du champ une infinité de mauvaises herbes qui
embarrassent la marche de la charrue.
Lorsque les avoines et les orges se trouvent couvertes de
mauvaises herbes quelque temps après qu'elles sont levées,
la herse à dents de fer les enlève facilement , parce que
leurs racines sont , pour ainsi dire , à la surface. On peut
donc établir, comme une vérité démontrée , que dans les
temps humides il faut beaucoup de charrue , et point de herse ;
dans les temps secs, beaucoup de herse et point de charrue.
La destination du rouleau a pour but d'écraser les mottes
des terres nouvellement ensemencées , de les comprimer, de
maintenir dans leur sein les principes fertilisans, en fermant
tous les conduits par lesquels ils tendent à s'évaporer.
Après les gelées d'hiver, c'est le cas de herser les blés, ou
plutôt de passer le rouleau pour affaisser la terre soulevée
par l'effet de la pluie , et chausser les racines dont le collet
est déraciné ; mais le cultivateur expérimenté a grand soin
F R O 277
de ne point s'en servir quand la terre est trop humectée : on
en sent assez les raisons , sans qu'il soit nécessaire de les
détailler.
Dans tous les terrains où la herse de bois est employée ,
l'usage du rouleau est indispensable , parce qu'il en resserre
les molécules, et empêche la dissipation de l'humidité, sans
laquelle la végétation est languissante.
Il est bien étonnant que ces instrumens si utiles , connus
et mis en pratique dans les Gaules il y a tant de siècles , ne
le soient pas dans la plupart de nos cantons.
Il faut remonter jusqu'aux semailles pour saisir les causes
qui rendent souvent les blés sales et d'une garde difficile ; il
y a encore d'autres soins à employer, qui, négligés pendant
le cours de la végétation, peuvent nuire aux produits et à la
qualité des récoltes.
Le lié de semence renouvelé , choisi , parfaitement nettoyé
tt bien préparé, ne sauroit empêcher que les engrais , les
vents et d'autres causes, ne rassemblent souvent dans les
champs des graines étrangères qui croissent en même temps
que le blé , aux dépens duquel elles végètent, se multiplient,
pour long-temps, si on leur laisse parcourir le cercle de leur
développement : c'est ce qui détermine cette opération qu'on
nomme le sarclage. Ici il a lieu pour toutes les productions ,
tandis qu'ailleurs on n'en sarcle aucune. Cette négligence est
révoltante : il faudroitêtre plus persuadé qu'on ne l'est com-
munément de l'importance du sarclage , et combien il est es-
sentiel de ne point négliger une aussi utile opération, puis-
que les plantes qui occupent la place du bon grain , affa-
ment et étouffent celui qui est en végétation, et partagent en
pure perte sa subsistance.
Outre cet inconvénient, les semences qu'elles produisent
ne peuvent être aisément séparées par le van et par le crible,
quand leur forme est analogue à celle du blé ; en sorte
que , quoiqu'elles ne soient pas sensiblement de qualité nui-
sible, elles contribuent à rendre les fromens moins beaux, et
d'un débit difficile, à moins qu'on ne les vende au - des-
sous du prix commun : ces semences étrangères préjudi-
cient encore à la bonté de l'aiment qu'on en prépare. L'inté-
rêt public et l'intérêt particulier réclament donc contre celle
négligence.
L'opération du sarclage s'exécute de deux manières , on
à la main , ou en se servant d'une petite pioche ; mais
la première est préférable , parce qu'elle ne déchausse pas
autant le blé , et que la plante arrachée exactement avec
ses racines, n'est plus exposée à repousser; il s'agit seule-
ment de choisir un temps plus humide que sec, et surtout
278 F R O
de commencer dès le matin , parce qu'alors la terre est hu-
mectée de rosée.
Une seconde opération pareille est quelquefois nécessaire,
quand surtout on veut nettoyer parfaitement les fromens; car,
au premier sarclage , il est difficile de ne pas confondre les tiges
du seigle, de V avoine et de Y orge, avec celles du froment ; il faut
donc attendre qu'ilsoitmontéen épis; onn'emploieàce second
sarclage , que de petits garçons qui traînent leur pied d'un en-
droit à l'autre, pour ne pas casser les tiges; on leur apprend à
connoître les épis cariés, qui s'enlèvent en même temps.
Mais quand la terre est purgée du chiendent et des autres
herbes qui font la loi au grain par la profondeur de leurs
racines et la vigueur de leurs tiges ; qu'on a eu soin de n'en-
semencer que des blés nets , bien séparés , espacés et enter-
rés convenablement, on est dispensé d'un second sarclage ,
et les champs, malgré leur étendue , sont aussi exempts qu'il
est possible, de mauvaises herbes; souvent le seigle est em-
ployé pour les désinfecter , parce que ce grain tallant plus
tôt , le tuyau s'élève , et l'épi sort du fourreau de bonne
heure ; il subjugue les plantes inutiles , les empêche de
monter en graine, et par conséquent de se perpétuer.
S'il est étonnant que les meilleures méthodes ne soient pas
suivies dans tous les pays, pour semer, cultiver et récolter,
il l'est bien davantage que ces méthodes ne soient pas réci-
proquement connues ; chaque canton a la sienne ; et souvent
dans le cercle de quelques lieues, les usages ne se ressemblent
point.
C'est ici que commence la jouissance du cultivateur ; la
moisson est indiquée par la couleur de la paille et de l'épi ,
par la consistance du grain : il ne faut cependant pas attendre
qu'il soit durci dans son enveloppe ; car , si la journée étoit
chaude, on courroit les risques d'en perdre une grande partie.
Le fermier prévoyant n'attend point à être à la veille de la
moisson pour disposer tout ce que demande cette grande opé-
ration des champs; il arrête le nombre d'ouvriers proportion-
nés à la récolle , afin qu'elle puisse se faire dans le moins de
temps possible.
Dans les cantons méridionaux, où l'on bat la récolte aussi-
tôt qu'elle est levée, ilfautde bonne heure s'occuper de pré-
parer l'aire qui y est destinée. La grange où l'on renferme
la plupart des gerbes , doit être aussi l'objet de quelques pré-
cautions ; il est nécessaire de boucher les trous , toutes les ca-
vités qui donnent retraite aux rats, aux mulots, etc. Les voi-
tures destiaces au transport doivent également être prêtes et
F R O 27g
en bon état, afin que le service ne soit en aucun temps inier*-
rompu.
La manière de lever la récolte varie suivant le canton ; dans
l'un on travaille à la journée , et tous les ouvriers sont soumis
à un chef choisi parmi eux ; dans l'autre on donne à prix fait,
et ce prix diffère encore ; ici , on paye tant par mesure de
blé semé, et les moissonneurs sont obligés d'abattre \efm-
menl , de le rassembler en gerbes et de les lier ; celte dernière
opération est l'ouvrage des femmes qui suivent les coupeurs.
Là, les coupeurs en nombre fixé, font un traité avec le
propriétaire ou le fermier, d'abattre la moisson , de la mon-
ter en gerbier, moyennant deux, trois ou quatre mesures de
grain sur vingt. C'est celte dernière méthode qui paroît pré-
férable , parce qu'il est de l'intérêt de l'ouvrier : i.° de bien
moissonner ; 2.0 de bien lier les gerbes ; 3.° de les retourner
à propos sur le champ; de les monter en gerbier, de ma-
nière que les blés ne soient pas pénétrés par la pluie ; 5.° de
les battre et vanner convenablement : enfin , le maître ne peut
pas perdre par leur faute , sans qu'une partie de la perte ne
retombe sur eux , et il résulte pour tous un bien de cet inté-
rêt réciproque.
La plus mauvaise de toutes les méthodes , est de nourrir et
• de payer à la journée ; les ouvriers ne sont jamais contens de
la nourriture , boivent beaucoup , travaillent peu , puisqu'il
est de leur intérêt que l'ouvrage soit de longue durée , et pour
peu qu'il survienne du mauvais temps , ils ne vont pas à l'ou-
vrage, la gerbe pourrit sur le champ , et la récolte en souffre.
Si le prix fait du moissonnage est en argent, si celui du bat-
tage, vannage , l'est aussi, qu'arrive-t-il ? Pour inoins se cour-
ber et hâter le travail , 1 ouvrier coupe la paille à plus d'un
pied au-dessus de la terre , en donnant à son bras toute son
étendue , et le ramenant en demi-cercle ; il embrasse avec la
main gauche la plus grande quantité possible de paille serrée
par celte main , donne son coup de faucille sans aucune atten-
tion ; il reste beaucoup de tiges couchées ; un grand nombre
d'épis cassés au haut des tiges , par le contre-coup, tombent;
la paille coupée est mal étendue sur la terre ; la lieuse la ra-
masse à la hâte; l'on perd souvent un cinquième ou un sixième
de sa récolte.
Quant au battage et au criblage , il importe peu à ces ou-
vriers que le grain reste dans l'épi , que le blé soit net ; ils n'en
sont pas moins payés , et c'est tout ce qu'ils demandent.
J'insiste sur ces objets, parce que Rozier voulant se con-
vaincre de la méthode la plus avautageuse au propriétaire , il
les a toutes éprouvées , et il assure que la meilleure est de
payer en blé ou en argent, en fixant le salaire sur la mesure ;
?8o F R O
dans ce cas, l'ouvrier et le propriétaire ne sauroient être
trompés.
Celte pratique , adoptée parle Columelle fiançais ., est deve-
nue la règle de conduite de beaucoup de fermiers , qui payent
toujours bien , mais qui ne veulent jamais être dupes. Les
moissonneurs sont à leurs yeux des êtres intéressans ; jamais
salaire n'est plus justement mérité , un argent mieux gagné ;
n'est-ce pas , d'ailleurs , une justice que la moisson soit aussi
un temps de récolte pour les ouvriers qui y sont employés ?
Les outils destinés à couper les grains varient dans leur
forme suivant les cantons ; mais il paroit que la faux pro-
prement dite , armée de playons , est l'instrument le plus ex-
péditif , celui qui couche , arrange , étend le mieux les tiges
sur le sol , qui égrène le moins l'épi , coupe les pailles le plus
près qu'il est possible , et ne fatigue pas autant que la fau-
cille : le scieur donne une secousse assez forte à la poignée
des tiges qu'il saisi» , et en la retirant , pour peu que ces tiges
soient mêlées , ii fait tomber beaucoup de grains.
La moisson est encore beaucoup plus prompte , et moins
dispendieuse par la faux que par la faucille ; six faucheurs
abattent plus de blés en quinze jours avec la faux, que les
moissonneurs n'en coupent en un mois avec la faucille : on
sent que moins la récolte est abondante , plus le cultivateur a
intérêt d'en diminuer les frais.
Les reproches dirigés contre la faux , ne sont fondés que
sur l'ignorance de son meilleur emploi et sur l'intérêt particu-
lier ; mais parmi les faux dont on se sert , celle nommée dans
la Belgique piquet, mérite la préférence.
Dans les années pluvieuses , la récolte est perdue , si , pour
la faire , on ne profite du peu d'instans où le soleil peut se
montrer pour la sécher ; la faux peut seule procurer cette cé-
lérité : il seroit impossible d'avoir une assez grande quantité
de moissonneurs pour y suppléer avec la faucille , et quand la
faux occasioneroit quelque dispersion de grains , ne vaut-
il pas infiniment mieux éprouver une diminution sur la quan-
tité , que la perte totale de la moisson?
Lorsque la paille est basse , 1 intérêt le plus naturel et le
plus pressant est d'en perdre le moins possible ; or la faux ,
approchant la terre de plus près, fournit de plus que la fau-
cille un tiers de paille , que le cultivateur emploie à la nour-
riture de ses bestiaux et à l'engrais de ses terres, qui rendant
ordinairement à proportion des sacrifices que l'on fait , lui
rapportent au centuple Tannée suivante cet excédent d'en-
grais qu'il lui a donné.
Enfin , quand le blé est rare et foible , il est presque tou-
jours mêlé de beaucoup d'herbes. Avec la faucille, on ne peut
F R O 28i
couper le blé qu'au-dessus de la hauteur des herbes étran-
fères, et tandis qu'elles sont perdues pour le cultivateur avec
a paille qui les environne, elles restent sur la terre qu'elles
détériorent et qu'elles démeublen en se multipliant ; la faux
rasant la terre de près, coupe toutes ces herbes qui augmen-
tent la nourriture des bestiaux, el les empêche d'occuper inu-
tilement la terre sur laquelle elles se seroient reproduites en
renaissant , malgré tous les soins et les travaux du laboureur.
Il y a de deux sortes de inruhs : celles que l'on forme sur le
champ même pour être enlevées avant l'hiver, et celles au-
tour de la maison pour n'être démolies qu'au temps du bat-
tage.
Dès que le blé est coupé et réuni en gerbes, on les laisse sur
le champ pLs nu moins long -temps, afin qu'elles perdent
leur humidité superflue, humidité quidevient dangereuse, soit
que l'on forp e et amoncelle les gerbes dans la grange , ou
qu'on les mente en meules; celte humidité fait alors fermenter
le grain cl 1 échauffe ; souvent même il germe et moisit.
il y a encore des circonstances autres que les soins des la-
bours, des engrais et des semailles, qui peuvent amener des
disettes ; ce sont les coutumes plus ou moins vicieuses de pro-
céder à la moisson , et l'oubli des moyens indiqués pour con-
server aux grains toute leur qualité, parvenues sans acci-
dent au point de maturité convenable , les productions de la
terre sont encore exposées à devenir le jouet des élemens *,
les pluies continuelles qui précèdent et accompagnent les
moissons , peuvent diminuer les avantages sous lesquels elles
s'annoncoient d'abord.
Le glanage est l'aumône de l'agriculture ; il n'étoit ac-
cordé autrefois qu'aux pauvres et aux infirmes; mais à pré-
sent toutes sortes de mains y prétendent : dès que la récolte
est ouverte , une grande partie des habitans des petites com-
munes, de tout âge, de tout sexe , quittent leur profession
pour courir les campagnes , et des bandes de glaneurs se ré-
pandent dans les champs , inquiètent et fatiguent les culti-
vateurs ; souvent même, pendant leur absence, ils pillent
les gerbes , ce qui augmente la rareté des ouvriers qui, d'un
autre colé -, laissent par complaisance des épis pour favoriser
fcbjrianwnB.
Celte circonstance empêche, dans certains cantons, que le
fermier ne recueille paisiblement le fruit de ses récoltes;
il seroit à désirer qu'il fût fait une détense expresse à tout
citoven , avant un métier ou une propriété quelconque , de
jamais glaner , a moins qu'on ne trouvât plus sage d'interdire
le glanage; car il est immoral, ne favorise que la paresse,
le, roi», ie pillage; il ôte enfin des bras àl'agricullute.
=82 F R O
Le blé à la grange ne diffère de celui en meules, qu'en
ce que l'un est abrité par un toit , et l'autre par une couche
de paille ; que le premier est plus sous la main du proprié-
taire, tandis que le second demande une plus grande surveil-
lance : au reste, il est prouvé que, dans l'un et l'autre cas,
le grain, quelle que soit sa qualité, s'améliore encore dans la
gerbe , et acquiert le dernier degré de la maturité.
Chaque grain, il est vrai, se trouve comme isolé, recou-
vert d'une matière sèche et lisse qui le préserve de l'ac-
tion de la chaleur, le lient dans l'état froid, et rend in-
sensible l'évaporation de son humidité ; en sorte que, par
ce moyen, le b/éne perd presque point de sa couleur et de
son poids ; qu'il possède long-temps la faculté germinative
et le goût de fruit qui caractérise sa nouveauté, avantage qui
se perpétue dans le pain qu'on en prépare : on peut même
comparer le grain gardé dans cet état, à l'amande renfermée
dans sa coque.
Sans vouloir examiner à fond si la méthode adoptée dans
îles cantons méridionaux , de séparer le grain de l'épi par le
moyen du pied des animaux ; mérite la préférence sur celle
de le battre au fléau, il paroît que, par la première méthode,
on laisse plus de grains dans l'épi , que la paille perd une
partie de sa valeur, et que dans tous les endroits où les grains
sont également secs et recueillis à peu près à la même épo-
que, il seroit plus économique de substituer le fléau.
Le dépiquage des grains, au moyen du pied des animaux,
malgré les avantages d'expédier à la fois, et sans beaucoup
desoins, la totalité de la moisson, n'est nullement capable de
dédommager des sacrifices qu'il faut nécessairement faire :
on sait d'ailleurs qu'il existe des machines pour l'opérer
promptement; mais alors l'humidité végétative renfermée
dans le tuyau qui continue d'agir dans le grain , n'a pas le
temps de se combiner avec ses autres principes , et de lui
procurer le dernier degré de maturité , à peu près comme il
arrive à certains fruits qui achèvent de mûrir après qu'ils ont
été cueillis, surtout lorsqu'on leur a conservé un peu de la
tige à laquelle ils appartenoient.
Lorsque les gerbes sont battues , le grain est encore mêlé
et confondu avec les balles, la poussière, et des parcelles
de paille; il devient donc nécessaire de les séparer au moyen
d'un van, l'un des plus anciens instrumens de l'agriculture,
afin de débarrasser l'aire et de continuer successivement jus-
qu'à ce que la totalité du grain soit battue.
Le défaut de sarclage , l'habitude de battre sur des aires
malpropres, admettent nécessairement dans les grains des
FRO 283
matières étrangères que l'oubli des précautions, lors des
semailles, augmente encore ; il faut donc, si on veut avoir
des blés propres et sans mélange, imiter la pratique de ceux
qui multiplient les cribles, dont la construction joint à l'avan-
tage de rafraîchir le grain , celui de récurer et de le nettoyer
parfaitement : pour bien cribler, il ne faut pas expédier trop
de blé a la fois; six cents livres environ suffisent par heure,
et un jeune homme peut aisément faire tourner ce crible au
moyen d'une manivelle.
Comme il importe peu à l'ouvrier, chargé du criblage, que
le blé soit parfaitement nettoyé , parce qu'il n'en reçoit pas
moins son salaire , on a encore observé qu'il étoit essentiel
que la partie du bout du crible servant à mouvoir l'auget ,
fasse beaucoup de bruit, afin que , d'une part, le grain soit
tamisé avec plus de facilité, et que de l'autre , l'homme em-
ployé à ce service, ne puisse jamais en imposer sur l'activité
et la continuité de son travail.
Les pailles de froment , iYorge et <£ avoine, sont la base de
la nourriture des animaux d'une métairie, et par conséquent
l'objet des soins du fermier, qui ne doit rien négliger pour
les conserver dans la meilleure qualité sous des hangards, en
meules élevées et construites à la manière des gerbiers.
Rien de plus important que de préserver les pailles de
l'accès de l'humidité. Celles qni ont été mouillées ou ver-
sées sur le champ, ne méritent pas d'être conservées comme
aliment des bestiaux ; elle leur deviendroient très-funestes ,
et commuiiiqueroient une mauvaise odeur à celles qui se-
roient saines et qu'on mélangeroit avec elles.
La paille des blés mouchetés, quoique entièrement consom-
mée sous les animaux auxquels elle a servi de litière , ne
doit jamais être employée à l'engrais des terres destinées aux
fromens, parce qu'elle pourroit leur communiquer la carie ,
maladie particulière au froment, qui n'est point contagieuse
pour les autres grains. Il seroit à souhaiter qu'on pût inter-
dire l'usage où l'on est, dans les villes, de brûler la paille des
lits , sous le prétexte qu'elle peut propager quelques mala-
dies , et qu'on la fit servir de litière aux bestiaux , plutôt
que de la condamner aux flammes dans des rues très-
peuplées ; plusieurs grands incendies n'ont pas eu d'autre
cause.
Après le battage, le vannage et le criblage du blé, viennent
les moyens de le conserver ; la méthode la plus efficace em-
ployée dans ce cas, c'est l'air et le feu. On a déjà dit, au mot
Jîlé, que la moins coûteuse et la plus simple , consistoit à le
mettre en sacs isolés; que non-seulement elle étoit applica-
ble à toutes les graminées, mais encore aux semences légumi-
284 F R U
neuses. Voy. pour le développement de celte méthode, au mot
Farine, (parm.)
FROMENT-BARBU. C'est l'orge à large épi (Jwrdeum
zeocritum) appelée encore riz d'Allemagne. (LN.)
FROMENT DE VACHE. C'est le Mélampyre des
CHAMPS. (LN.)
FROMENT DES INDES. V. Maïs, (ln.)
FROMENTAL. V. au mot Avoine, (b.)
FROMENTEAU.Excellentesorte de Raisin de la Cham-
pagne. Ce raisin est d'un gris-rouge, à grappe grosse et ser-
rée. Les grains ont la peau dure et un goût exquis, (ln.)
FROMENTEL et Faux Froment. Espèce d'AvoiNE.
V. ce mot. (ln.)
FRONCHE. V. Figuier a feuilles percées, (ln.)
FRONDES. On a donné ce nom aux feuilles des Fou-
gères et aux expansions des Hépatiques qui ne sont pas en
rapport d'organisation avec les véritables Feuilles. V. ce
mot. (b.)
FRONDICULINE, Frondiculina. Nom donné par La-
marck au genre appelé Adéone par Lamouroux. (b.)
FRONDIFLORE. V. Phyllanthus. (ln.)
FRONDIPORE. Nom anciennement donné aux MillÉ-
PORES feuilles , dont on voit distinctement les pores, (b.)
FRONT , Frons. C'est le nom que l'on donne à la partie
antérieure et supérieure delà tête des insectes, qui se trouve
au-dessus de la bouche, entre les yeux et les antennes. Il
donne naissance à la lèvre supérieure, et est armé de cornes
dans quelques coléoptères. Sa partie antérieure a reçu le nom
de chaperon dans les scarabés. (o.)
FRONTIROSTRES ou Rhinostomes. Nom donné par
M. Duméril à une famille d'insectes, de l'ordre des hémiptè-
res , et qui a pour caractères : élytres demi -coriaces ; bec
paroissant naître du front ; antennes longues , non en scie ;
tarses propres à marcher. Elle comprend les genres : Penta-
tome, Scutellaire, Corée, Acanthie, Lygée , GERREet
Podicère. Cette famille réunie à celle qu'il nomme Sangui-
suges ou Zoadelges , embrasse notre famille des Géocori-
ses. V. ce mot. (l.)
FROSONE. Nom du Gros-bec dans Olina. (v.)
FROUER (chasse). C'est contrefaire, avec une feuille de
lierre , les cris des geais, des pies , des merles , des grives et
de différons petits oiseaux, pour les engager à s'approcher
des pièges qu'on leur tend, (v.)
FRUAR. C'est , en Danemarck, l'un des noms du Nénu-
PJaift BLANC (nymphœa alba). (LN.)
F R U 285
FRUCHBLUMACHEN. Un des noms allemands de la
Pâquerette , Btllls perennîs , L. (ln.)
FRUCTIFICATION. Ce mot se prend toujours dans un
sens collectif, et comprend non-seulement l'œuvre de la fé-
condation du germe et de la maturification du fruit, mais même
l'assemblage de tous les organes destinés à cette opéra-
tion. Ces organes se trouvent réunis dans la (leur et le fruil;
on peut les réduire à sept principaux , savoir : le calice , la
corolle, l'étamine, le pistil, le péricarpe, la graine et le
réceptacle. Ce sont ces parties qui, dans les plantes, con-
courent plus ou moins à la reproduction de toutes les espèces.
Les autres parties des végétaux , telles que les racines , les
tiges, les feuilles, sont spécialement destinées à entretenir
et à prolonger la vie des individus, (d.)
FRUCTUS. Fruit en latin. Les botanistes anciens ont dé-
crit sous ce nom, quelques fruits dont ils ne connoissoient
point les plantes qui les produisaient ; ainsi le
Fructus 5-an~gulus de Petiver, gaz. t. 3j , f. 8, paroft
être une espèce du genre cacoucier d'Aublet.
Fructus oblongus de Rai, 1800, est peut-être Vachras
mammosa F Li tin.
Fructus orbicularis major de Bauhin est le strychnos
coluhrina. V. VoMIQUIER.
Fructus régis de Rumph. , Amb. t. 7, f. 17 , est ïhe-
Uctercs isora , Linn.
Le Nelumbo est le fructus elegans de plusieurs anciens au-
teurs; le Sablier, le fructus crépitons, etc. , et le Zalacca (ca-
lamus zalacca) le fructus Bal y Insultz , etc. (LN,)
FRUGILEGA, en latin, le Freux. V. ce mot.
FRUGIVORES. Ce sont les animaux qui se nourrissent
de fruits, (s.)
FRUGIVORES, Fmgioori. Famille de l'ordre des oiseaux
Sylvains et de la tribu de Zygodactyles. (V. ces mots.) Ca-
ractères: pieds courts ou médiocres; tarses annelés, nus;
doigts antérieurs unisà la base par une membrane ; l'externe
le plus souvent dirigé en devant; bec court, un peu épais >
robuste , dentelé , fléchi à la pointe ; queue composée de dix
pennes. Cette famille est composée des genres Musophage et
f ouraco. V. ces mots, (v.)
FRUIT , Fructus. Dernier terme , en quelque sorte, de
la végétation annuelle ; but et fin bienfaisante que s'est pro-
posé l'auteur de toutes choses en créant cette multiplicité
de végétaux ,'dont les fruits sont si précieux pour l'homme
ou pour cette innombrable variété d'animaux, qui d'un côté
enlontunede leurs principales nourritures, et qui, d'un autre
286 F R TT
côté , leur offrent des secours de plusieurs genres et des sou-
lagemens à leurs maux.
Dans l'acception commune du mot fruit, le vulgaire n'en-
tend que les fruits charnus ou qui servent à sa nourriture ,
tels que les poires , les pommes , les figues , les cerises , les
fraises , les melons , etc. Le botaniste et le savant lui donnent
une plus grande extension ; ils comprennent , sous cette dé-
nomination générale , le résultat parfait de toute fleur com-
plète , dont l'ovaire ou les ovaires produisent un fruit quel-
conque ; ainsi le blé , le seigle, Y orge , Y avoine, le chènevis
dans lesquels le vulgaire ne voit qu'une graine , sont des fruits
complets. V. Plante,- Ovaire, Péricarpe, Graine.
Antérieurement au xvi.c siècle, les botanistes ont eu très-
peu d'égard au fruit, dans les diverses méthodes ou systèmes
qu'ils ont publiés sur les plantes. Ce n'est que vers la fin de
ce siècle, en 1576, que Lécluse , dans deux classes
seulement, a rangé quelques plantes étrangères d'après la
forme des fruits.
Vers le même temps à peu près , Césalpin , en distribuant
dans quinze classes les huit cent quarante plantes connues
alors , en a formé quatorze d'après la considération du fruit
et des graines. Ce botaniste est, à proprement parler, le
premier qui a fait usage de cette partie importante des vé-
gétaux pour les classer et les distribuer dans un ordre métho-
dique. Les savans qui, depuis cette époque , et à partir seu-
lement de C. Bauhin , ont eu égard au fruit , n'en ont fait
l'application que dans un petit nombre de familles. La mé-
thode naturelle, dont on s'occupe essentiellement depuis
quelques années , a surtout fait sentir l'importance du
fruit. Il étoit réservé au célèbre Gœrlner , vers la fin
du xvm.e siècle (1788), d'imaginer un système complet de
carpologie , c'est- à -dire, une méthode dans laquelle les
plantes fussent classées d'aprèsleurs fruits. Mais ce savant bo-
taniste s'est moins arrêté à la forme extérieure , à la con-
texture et à la qualité de la substance, qu'à l'organisation
intérieure, à l'arrangement, au nombre des graines , à la
composition intérieure de ces dernières , etc. ; quoi
qu'il en soit , cet ouvrage mémorable de Gsertner sera tou-
jours un des plus précieux en botanique.
Linnœus reconnoissoit sept sortes de fruits ; savoir : la
capsule, la silique, le légume, le drupe, la pomme, la baie et le
slwbile. Ce nombre ne concernoit que les plantes Phanéro-
games. On n'avoit pas acquis jusqu'alors sur les ^Ethéo-
games (Cryptogames, Linn.), les connoissances qu'ont ob-
tenues depuis des observateurs laborieux et persévérans. On
n'avoit que des idées très-imparfaites sur la fructification
F R U 287
des algues , des champignons , des lichens , des mousses , etc. ,
ainsi que sur les organes qui servent à leur régénération :'
quoique ce mystère ne soil pas encore complètement éclairci
aujourd'hui , néanmoins on a donné des noms différens aux
organes ultérieurement observés , et le nombre de ces nou-
veaux noms surpasse trois fois celui qu'on avoit employé pour
les plantes phanérogames.
M. le D. Sprengel, dans une nouvelle édition du Philo-
sophia botanica de Linn. , rapporte ces différens noms , et il
en donne l'explication. Nous allons faire connoître à nos
lecteurs, par différens paragraphes, la manière dont plu-
sieurs botanistes ont divisé les fruits.
§ I. — Classification des fruits par Linnœus.
Linnseus distingue sept sortes de fruits avec péricarpe,
dans les plantes phanérogames.
I. La Capsule, Capsula. Fruit sec , s'ouvrant d'une ma-
nière déterminée.
On distingue dans cette sorte de fruit : i.° les valves ou les
divisions extérieures des fruits ouverts; 2.0 les cloisons qui sé-
parent l'intérieur en deux ou plusieurs loges ; 3.° la columelle ,
axe central formant la réunion de l'intérieur des valves ;
4-° les loges ou vides intérieurs où sont placées les graines.
II. La Silique, Siliqua. Péricarpe bivalve; valves séparées
par une cloison membraneuse , à laquelle les graines sont
attachées.
Cette sorte de péricarpe se divise en silique lorsqu'il est
plus long que large , et en silicule quand il est plus large que
long.
III. Légume ou Gousse , Legumen. Péricarpe à deux val-
ves non séparées par une cloison membraneuse , et sur les-
quelles les graines sont attachées alternativement.
On distingue la gousse lomentée (lomenlum) lorsqu'elle
est articulée assez fortement pour former comme autant de
loges distinctes. (Les sophora, etc.)
IV. Le Drupe , Drupa. Péricarpe indéhiscent , charnu ,
recouvrant un noyau plus ou moins ligneux, dans lequel
l'amande est renfermée.
V. La Pomme , Puma. Péricarpe charnu , indéhiscent ,
entourant des semences renfermées dans des enveloppes par-
ticulières. (Les fruits à pépins.)
VI. La Baie , Bacca. Péricarpe mou , indéhiscent , dans
lequel les graines sont régulièrement disposées et nues.
Moè'nch distingue deux sortes de baies : la vraie haie qui n'a
point de loges , et dont les graines sont sans ordre ; la fausse
,88 F R U
baie qui a des loges et des graines rangées symétriquement.
"VII. Le Strolile, Strobihis, ouCôtne, Convs. Péricarpe
en forme de chaton , composé d'un assemblage d'écaillés ,
contenant chacune une graine ou des graines imbriquées.
§ II. — Classification des fruits par Sprengel.
A ces sept sortes de fruits, M. Sprengel en ajoute trois
autres , et six applicables aux .ÂEthéogames.
I. Le G albule , Galbulus. Nom donné d'abord par Yar-
ron et adopté par Gsertner, à un péricarpe subéreux, ovale,
composé d'écaillés peltées , striées en forme de rayons,
portant plusieurs graines à leur extrémité : le cyprès. Quel-
ques botanistes désignent mal à propos cette sorte de fruit
par le nom de noix , nux.
II. La Samare, Samara. Nom donné par Gsertner aux
péricarpes indéhiscens, membraneux, comprimés, en forme
d'ailes, et chargés d'un appendice sur les bords , à une ou deux
loges : Yonne.
III. L'Utricule, Utricuîus. Péricarpe membraneux, con-
tenant une semence libre de tous les côtés. Le mot utricule
étant employé en botanique dans plusieurs autres circons-
tances , il seroit plus convenable d'adopter celui proposé par
M. Link : Cystiâium.
IV. Apothécion, Apothecium. Nom donné par Acharius ,
à un organe particulier aux lichens, et qui paroît être le ré-
ceptacle des organes reproductifs.
On distingue dix sortes d'apolhécion, auxquelles on a
donné un nom particulier ; savoir :
i. La Lireïïe {Lirelld). Nom donné au réceptacle sessile ,
linéaire , plus ou moins flexueux, quelquefois divisé en étoile ,
et fendu longiludinalemenl. Les opégraphes et les graphis, Ach.
2. La Patelle (Patella). Réceptacle des lécidés , genre de li-
chen; il est plane, ayant un rebord distinct du thallus.
3. Le Bouclier (Pelta). On nomme ainsi la fructification
mince , large , aplatie et sans rebord de quelques lichens ,
dont Acharius a formé son genre Peltidée, peltidea, que dans
ses premiers ouvrages il nommoit peltigère ; tel est le lichen
caninus , Linn.
4 UOrbille (Orbilld). Réceptacle du genre LTsnée, usnea ,
Ach. , ordinairement orbiculaire , radié , c'est-à-dire , en-
touré à ses bords de fibrilles , formé entièrement par le
thallus, et de la même couleur. Exempl. Lichen floridus, Linn.
M. Decandolle applique ce nom au réceptacle des parmélies
qui diffère cependant beaucoup, i.° parce que l'extérieur
seul est une continuité du thallus; a.0 que l'intérieur est
F R U 28g
ordinairement d'un brun rougeâlre, et d'une couleur diffé-
rente de celle du lhallus.
5. La Girume (Tricà). Réceptacle plus ou moins orbicu-
laire, quelquefois plane à la superficie, chargé de stries et
de rugosités en forme de rides. Exemple : le gyrophora , Ach.
Linlc donne le noindegyroma à l'anneau élastique qui entoure
la fructification des fougères.
6. Céphalude (Cephaludiuni). Réceptacle orbiculairc , dont
le rebord disparaît dans la convexité.
7. Pilidion (Pitidiurn). Réceptacle hémisphérique , dont la
surface extérieure finit par se réduire en poussière. Exemple:
le genre calyrium , Ach.
&. Cistule (Cisluhi). Réceptacle fermé d'abord , formé par
le ihallus , et contenant une poussière. Exemple: les sphœro-
p/iures , Ach.
g. Thularnîon ( Tlialainiuni). Péricarpe sphéroïde , incrusté
dans le thallus : les endocarpes , Ach.
V. L'Urne des mousses, Theca, pyxis. Elle se compose
extérieurement de cinq parties: la coiffe, Y opercule, V anneau ,
le péristome simple ou double , et Yapophyse. M. Sprengel
oublie la gaine , le périchèse et les parties intérieures de
cet organe. V. Mousses.
VI. Péridion , Peridium. Nom donné par M. le docteur
Persoon aux champignons gastéromyces , dont le corps est
rempli d une matière pulvérulente.
VII. Hymenion, Hymenium. Nom appliqué par M. Per-
soon à une membrane particulière , où sont contenus les
organes reproductifs des champignons : tels sont les feuillets
ou laines des agarics, les rides des mérules , les pores ou
tuyaux des bolets , les pointes des hydnes et les papilles des
iliéléphores.
NUI. VUTRlCULEYEmiLE, Utricufusmatricalis. Onnomme
utricules fertiles des cloisons pleines d'une substance pulvéru-
lente : les conferves.
IX. Le Spermatocystidion, Spemialocysfidiurn. Ce nom,
donné d'abord par Hedwig à l'anthère des végétaux , est ap-
pliqué , par M. Sprengel, aux utricules transparentes et
oblongues , incrustées dans l'épidémie des pezizes , cla-
vaires , etc. , et aux tubercules des spheeries et des thélo-
tremales.
§ III. — Classification des fruits par M. Decandolle , dans
sa théorie élémentaire.
M. Decandolle , en rappelant la plupart des dénomina-
tions ci-dessus et celles proposées par M. Richard , en indique
plusieurs autres.
ago F R U
D'abord , il distingue trois sortes de fruits :
i. Les simples , ou ceux qui proviennent d'un seul ovaire ;
telles sont la cerise , la prune, etc.
a. Les multiples , ceux qui résultent de plusieurs ovaires
contenus dans la même fleur : par exemple, les fraises , les
framboises , les renoncules , etc.
3. Les agrégés, ceux qui se composent de plusieurs fruits
portés sur un même réceptacle , et provenant de plusieurs
ileurs : la mûre , etc.
Plus, les organes de la fructification des plantes œthéogames.
Fruits simples.
Parmi les fruits simples , il distingue les fruits pseudosper-
mes , gynobasiques , charnus et capsulaires.
Les fruits Pseudospermes ( quelques graines nues des an-
ciens auteurs ) sont de huit sortes.
1. Le Cariopse , Rich. ( Cariopsis ). Fruit indéhiscent , uni-
sperme , dont le péricarpe adhère fortement avec les tégu-
mens propres de la graine. Le fruit des graminées est un
cariopse.
2. hachène ( Achena , Neck. ; Achenium , Rich. ; Ace-
nium , Link ). Fruit monosperme dont le péricarpe adhère
plus ou moins intimement avec l'enveloppe propre de la graine
et avec le tube du calice ; telles sont les composées.
Quelques botanistes donnent à cette sorte de fruit , des
acceptions différentes. Voyez ci-après ce même mot défini
par M. Desvaux. M. Decandolle paroît adapter plus parti-
culièrement ce mot à la famille des plantes composées. 11
en distingue de deux sortes.
a. L'Achène nue , lorsque son sommet ne se prolonge ni
en membranes , ni en poils.
b. L'Achène aigrettée , lorsqu'elle est terminée par un
sommet saillant , dont on distingue six sortes , savoir :
<*. L'Achène bordante , lorsqu'elle ne présente qu'un léger
bord membraneux.
IL L'Achène membraneuse , lorsque le bord membraneux
est très-prononcé.
Ces sortes d'achènes, dont le caractère essentielestlemême
et ne dépend que d'un prolongement plus ou moins grand ,
pourroient être réunies.
y. L'Achène écailleuse , lorsqu'elle paroît composée de pe-
tites écailles.
à\ L'Achène capillaire ( Pilaris , Link ) , lorsqu'elle est
formée de poils simples.
e. L'Achène plumeuse, lorsque les poils sont divisés dans
toute leur longueur.
F R U agi
y. L'Achène rameuse , lorsque les poils se ramifient irré-
gulièrement.
3. La Polarhène, Rich. Fruit composé de deux ou plusieurs
loges soudées et renfermées dans le calice , se séparant lon-
giludinalement à leur maturité : les araliées et les ombellifères.
4- h'Uiricule, Gaertn. ( Cyslidium , Link). Voyez ci avant ,
au même mot adopté par Sprengel, § II , n.° 111.
5. La Scléranthe , Moe'nch. Fruit composé de la graine sou-
dée avec la base du périgone ( corolle ) , endurcie et persis-
tante : les belles-de nuit.
6. La Samare , G«*rtn. Fruit indéhiscent , contenant un
petit nombre de graines, membraneux, souvent prolongé sur
les bords , en aile ou appendice uni ou biloculaire : Vorme ,
Y érable , etc.
7. Le Gland. Fruit presque charnu , uniloculaire , uni-
sperme , dont le péricarpe adhère à la graine ; enchâssé et
articulé par sa base à une coupe coriace nommée cupule ,
et formée parles écailles de linvolucre : le chêne , etc. Cette
sorte de fruit est appelée Noix par quelques botanistes.
8. La Noisette. Fruit à enveloppe osseuse , uniloculaire ,
unisperme , indéhiscent, sans péricarpe distinct et souvent
enchâssé dans un involucre : le noisetier. Quelques botanistes
le confondent avec la noix.
Les fruits Gynobasiques, indéhiscens, dont les loges écar-
tées les unes des autres paraissent être autant de fruits sépa-
rés. M. Decandolle en distingue de deux sortes.
9. Le Sarcobase. Gynobase grand , charnu , composé de
cinq loges ou plus, toujours distinctes les unes des autres :
les ochnacées , les simaroiibées , le castela.
10. Le Microbase Gynobase petit, peu charnu, quadrilo-
r.ulaire ; loges peu distinctes lors de la lleuraison : les labiées,
les borraginées.
Les fruits Charnus ont le sarcocarpe (F. ce mot) mou,
pulpeux ou charnu. Ils sont indéhiscens , et contiennent un
petitnoinhredegraines.On en distingue de sept sortes: savoir:
11. Le Drupe, mou, succulent, renfermant un noyau
uniloculaire, àparoi osseuse ou ligneuse: la cerise, ['abricot, etc.
12. La Noix {nux). Noyau entouré d'un sarcocarpe charnu,
ferme et presque coriace , en quoi il diffère du drupe
proprement dit : le noyer , l'amandier.
Nous avons vu, à Saint-Domingue, des pêchers venus
d'Europe, qui ne portoient qu'un très-petit nombre de fruits,
et dont le sarcocarpe étoit à peine plus charnu et plus épais
que celui des amandiers de notre climat. Ce fait prouve com-
bien est arbitraire et peu naturelle cette multiplicité de noms
qu'on s'efforce de donner aux fruits.
392 F R U
i3. La Nuculaine (Nundanium , Rich.). Fruit charnu,
non couronné par le calice auquel l'ovaire n'adhéroit pas, et
qui rcptei i plusieurs noyaux distincts , nommés plus spé-
cialement osselets. V . ce mot.
i4- La Pomme ( Pomum , Melonida , Rich. ). Fruit charnu ,
couronné par les lohes du calice , à plusieurs loges , revêtues
chacune d'une tunique propre. On distingue deux sortes de
pommes.
A. La Pomme à pépins, dont les loges sont formées de
membranes cartilagineuses : le poirier, le pommier. Moënch
appeloit cette sorte de fruit antrwn.
B. La Pomme à osselets , à loges osseuses : le néflier, le
grenadier.
i5. La Péponide ( Peponida , Rich.; Pepo , Linn. ; Pepo-
nium, Brot. ). Fruit charnu, graines écartées de Taxe, pla-
cées près de la circonférence plus dure que le centre : la
courge, le melon, etc.
16. L1 Orange (Bacca corticatà). Charnue , enveloppe rem-
plie de glandes vésiculaires, à plusieurs loges membraneu-
ses , qui se séparent sans déchirement : les oranges , les
citrons, etc.
17. La Baie (Bacca). V. ci- avant nomenclature de Lin-
nœus, VI.
Les fruits Capsu laires, déhiscens, d'une consistance sèche,
contenant plusieurs graines. On en distingue cinq sortes :
18. Le Follicule , membraneux , univalve, s'ouvrant par
une suture longitudinale.
io. La Gousse. Même sorte de fruit ainsi désigné par Lin-
nseus. On le nomme aussi légume, d'où vient le nom de légu-
mineuse donné à la famille des plantes qui portent ce fruit : les
papilionacées. La gousse est:
A. Uniloculaire , lorsque les graines ne sont pas séparées
par une cloison.
B. Biloculaire, dans le cas contraire : X astragale.
C. Multiloculaire ou diaphragmatique, lorsqu'elle est par-
tagée en deux ou plusieurs loges monospermes, par des cloi-
sons transversales.
D. Lomentée ou articulée, comme dans Yhippocrepis , etc.
20. La Silique. V. § I, n.° II. Moënch nomme silique vraie
celle dont les graines sont attachées aux deux bords de la
cloison; et si U (pie fausse, celle dont les graines sont attachées
aux bords des valves.
21. ha Boite à savonnette (Pyxidiujn, Ehr. ). Cette sorte
de fruit est une véritable capsule, qui, au lieu de s'ouvrir par
le sommet, se sépare par le milieu et horizontalement en
deux valves hémisphériques : le mouron , etc.
FRU 293
22. La Capsule. V. § I, n.'° I.
Fruits multiples.
Les fruits multiples sont ainsi nommés, lorsque plusieurs de
ceuxci-dessus décrits et de la même espèce, se trouvent réunis
surun même réceptacle el proviennent d'une seule fleur. Ainsi
ils sont à deux ou plusieurs follicules : les apocinéet ; à plusieurs
utricules ou bacciformes : la fraise , la ronce , etc. ; ou cornés :
\e rosier; enfin à plusieurs capsules disposées surun réceptacle
cylindrique, nommé torus ou strobile de Lin meus :
Fruits agrégés.
Les fruits agrégés sont de cinq sortes.
a3. La Syncarpe(S\ncarpa , Rich.). Fruit composé de plu-
sieurs utricules charnues, à demi-soudées : le mûrier.
24. La Figue. Fruit composé d un grand nombre de ca-
riopses réunis dans un involucre charnu et succulent : le figuier.
25. Le Cane {coiius, strobilus). V. ci-dessus § I, n.° Vil.
C'est le fruit de certains arbres conifères, <\u protea , etc.
26. Galbule (Galbulus). Nom donné par Gœrlner au fruit
du cyprès, etc., qui, selon lui, a un péricarpe tubéreux,
ovale , composé d'écaillés pcltées, striées en forme de rayons ,
mucronées au centre et portant à leur extrémité quatre ou
un plus grand nombre de graines. Quelques botanistes nom-
ment cette sorte de fruit, noix.
27. Il est parmi les plantes conifères une autre sorte de
fruit qui ne diffère du précédent que parce que les bractées
y sont charnues et ne se séparent point à la maturité. Quel-
ques botanistes le nomment baie. M. Mirbel , qui l'a con-
fondu avec le précédent, désigne^l'un et l'autre par le nom
de pseudocarpe. C'est l'arcesthide de M. Desvaux.
Organes de la fructification des plantes œthéogames.
28. La Capsule des fougères. V. Fougères.
29. L'Inwlucre. Nom impropre donné à l'enveloppe géné-
rale et indéhiscente qui entoure la graine dumarsiléa, etc.
M. Decandolle décrit l'urne des mousses , qu'il regarde
avec Hedwig comme un fruit. Il en dislingie toutes les par-
ties. V . Mousses. Il rappelle également les noms donnés aux
organes des hépatiques, des lichens et des champignons. V.
ces mots, et ci-avant le § H,n.os IV et VII.
§ IV. — Classification des fruits, par M. Desvaux.
M. Mirbel avoit publié une classification des fruits avant
M. Desvaux ( V.Joum. bot., tom. IV, octobre i8i4, p- 181 ,
et ]\oui>. Bull, de la Soc. Phil. , n.° 11 ) ; mais comme il a
donné ultérieurement une nouvelle classification où il se
trouve beaucoup de changemens, nous croyons devoir pla-
cer auparavant celle de M. Desvaux, sauf aux amateurs à
2o4 F R U
recourir aux ouvrages indiqués pour comparer les deux clas-
sifications entre elles et même les deux classifications de
M. Mirbel.
M. Desvaux admet trois sortes principales de fruits: l'Au-
TOcarpien , « lorsque l'ovaire, en se développant, sans
contracter aucune adhérence avec les parties environnan-
tes et sans être immédiatement recouvert par elles, le fruit
alors n est modifié par aucune addition de partie. »
L'Hétérocarpien, « quand l'ovaire se développe conjoin-
tement avec quelques parties, qui, sans le cacher entière-
ment , modifient sa forme primitive : le fruit du chêne,
de Vif, etc. »
Le Pseudocarpiets'. C'est le strobileelle cône décrits dans
les paragraphes qui précèdent.
Ces trois sortes de fruits sont éparses dans les classes et
les ordres adoptés par ce botaniste , de la manière suivante :
Première classe. « — Fruits à péricarpe sec.
Premier ordre. — Fruits simples.
* Non déhiscens.
i. Le Cariopse (V. ci-devant § III) est un fruit autocar-
pien. M. Desvaux met le sparganium parmi les fruits à ca-
riopse. Celui de cette plante est une véritable achêne.
2. U Achêne ( V. id. ). Fruit autocarpien. C'est à tort que
l'auteur indique quelques graminées dont le fruit seroit une
achêne. Toutes les plantes de cette famille, sans excep-
tion , portent un cariopse , même les milium , paspa-
lum , panicum , elc , dont les paillettes dures , coriaces ,
persistantes , servent d'enveloppe au cariopse , qui leur
donne l'apparence d'une achêne; mais à toutes les époques,
avant ou après la maturité parfaite, les deux paillettes ne
sont jamais soudées et sont séparables.
3. Le Stêphanoe. Fruit hétérocarpien. Il est le même que
l'achêne de M. Decandolle, affecté principalement à la plu-
part des composées , aux valérianées, aux dipsacées, etc. M. Des-
vaux le distingue parce que son péricarpe est soudé avec le
calice et que les divisions du calice , qu'il nomme sépales
dans les composées, sont placées au sommet en forme de
couronne.
4- Le Diclésie (Diclesium). Fruit pseudocarpien. Le même
que le scléranthe de Moënch. V. ce mot , § III, Fruits sim-
ples, n.° 4-
5. Le Catoclésie (Caloclesium). Fruit hétérocarpien, uni-
sperme, à péricarpe coriace non ligneux, recouvert parle
calice qui ne devient jamais charnu. Les chénopodèes , etc.
6. Le Xylodie {Xylodium). Fruit hétérocarpien , non sy-
F R U 295
métrique, unisperme , ligneux, porté sur un gynophore et
charnu : Noix de plusieurs auteurs.
7. Noisette (Nucula). Fiuit hétérocarpien. V. ce même
nom au § III, n.° 8.
8. Le Gland. Fruit hétérocarpien. V. Gland au § III,
n.° 7.
9. Le Ptérodie (Pterodlum). Fruit autocarpien (Samare
de Gœrtner). V. ce mot, § III, n.° 6.
10. U Amphisanjue ( Àmphisurca). Fruit autocarpien , plu-
riloculaire , ligneux extérieurement et pulpeux dans l'inté-
rieur : ïompha/ocarpe, Vadausonia, le crescentia , etc.
11. Le Carcérule {Carcerulus"). Fruit autocarpien, sec,
pluriloculaire, à loges confluentes ou distinctes: le tilleul r
la plupart des sapindées.
** Déhiscens.
12. LSUtricule. V. ci-avant § II, n.° m.
i3. Le Concepiacle. Fruit autocarpien; le même nommé
follicule par M. Decandolle. V. ce mot, ci-avant § 111,
n.° 18.
i4 La Silique. Fruit autocarpien, auquel Linnseus avoit
donné le même nom. V. ci-avant § I, n.° il.
i5. La Gousse, le Légume. Fruit autocarpien. V. ci-avant
le mot Gousse, § 1, n.° m.
16. LSHémigyre {Hemlgyms}. Fruit autocarpien, non
symétrique, souvent ligneux, s' ouvrant d'un seul côté, uni,
rarement hiloculaire , loges uni ou bispermes.
Les Protées. Cette sorte de fruit est nommée noix par quel-
ques auteurs.
17. Le liegmate (Regmalus). Nom emprunté de M. Mir-
hel , pour désigner un fruit autocarpien , sec ou coriace , bi-i
triou pluriloculaire, dontles loges se séparent avec élasticité,
uni ou disperme , etc. Les euphorbiées. M. Richard a le pre-
mier distingué cette sorte de fruit ; il lui avoit assigné le nom
d'etalerium, donné depuis long-temps à un genre de plantes,
et ne pouvant pas par conséquent être conservé pour un
genre de fruit. M. Desvaux l1 avoit remplacé par le mot cre-
pitacle auquel il a renoncé lui-même.
18. La Capsule. Fruit autocarpien. V. le mot Capsule, ch,
avant § I , n." 1.
19. Le Stérigmc'(Sterigmum'). Fruit hétérocarpien, plu-
riloculaire, loges uni ou polyspermes, distinctes: famille
des mahacées et des geraniées.
20. Le Pyxidù (Pyxidium). Nom emprunté d'Ehrhard ,
et donné à un fruit autocarpien. V. ci-avant § III, fruit caps.,
n.° 21, Boîte à savonnette.
21. La Diplo'.ége [Diplotegia). Fruit hétérocarpien , soc ,
2y6 F R U
infère ou engagé dans le calice. M. Desvaux pense que les
diplotéges pourroient se diviser.
ORDRE SECOND. — Fruits à péricarpe sec, composé.
22. La Follicule {Follicula , Rich. ). Fruit autocarpien,
multiple, à double follicule, Decand. : les apocinées.
23. Le Carpudèle (Carpadelium). Fruit hétérocarpien , bi
ou pluriloculaire, enveloppé par le calice; loges distinctes ,
unispermes , opposées : les aralies, les ombellijères. V. Pola-
chêne, § III, n.° 3.
2^. Microbase. Fruit hétérocarpien. V. Microbase, § III,
n.° io : Fruits g)'nubasiques.
25. Le Plopocarpe (Plopocarpium). Fruit autocarpien,
plusieurs loges séparées, provenant de plusieurs ovaires dis-
tincts, polyspermes, déhiscens : la première section des re-
nonculées, les cr^ssulées, les alismées, etc.
26. Le Polysèque (Polysecus). Fruit hétérocarpien, loges
séparées provenant de plusieurs ovaires distincts mais uni-
spermes, indéhiscentes, portées sur un réceptacle distinct
du disque et en forme de colonne. Cette sorte de fruits com-
prend dans deux divisions, des fruits multiples de M. Decan-
dolle, les magnoliers , le fraisier , etc.
27. HAmalthée (AmaWiica'). Fruit pseudocarpien : plu-
sieurs ovaires secs, non symétriques, renfermés dans la
cavité d'un calice coriace, clos par le sommet. Quelques
genres de la famille des rosacées : poterium, agrimonia, etc.
28. Le Strobile. V. § I, ft.° VU. C'est un fruit pseudocar-
pien.
Seconde classe. — Fruits a péricarpe charnu.
Premier ordre. — Fruits simples.
29. Le Sphalérocarpe (Sphalerocarpum). Fruit pseudocar-
pien, unisperme, indéhiscent, recouvert en tout ou en par-
tie par le calice qui a pris l'apparence d'une baie ou d'un
péricarpe ebarnu. Les genres coccoloba , basella, blitum.
M. Desvaux comprend encore le genre if, qu'il avoit donné
pour exemple au fruit hétérocarpien. V. ce mot au présent § IV;
il y a sans doute dans ce double emploi contradictoire une
faute typographique.
30. La Baie. Fruit autocarpien. V. ci-avant § I , n.° VI.
3i. L' Acrosarque ( Acrosarcum ) . Fruit hétérocarpien,
sphérique , quelquefois didyme, charnu, soudé avec le ca-
lice qui souvent le couronne : les fruits baccifères, etc.
3a. La Pèponide est un fruit hétérocarpien. V. Péponide,
ci-avant § III, n.° i5.
33. L' Arcesthide (Arcesthida). Fruit pseudocarpien , sphé-
rique , composé de plusieurs écailles charnues : le genévrier.
34- Ullespe'ridc ( Hesperidium ) , est un fruit autoenrpien :
Y orange , Decand. V. ci-avant § III , n.° 16.
35. Le Drupe. Fruit autocarpien. M. Richard, dont
M. Desvaux adopte la nomenclature, ne place pas parmi les
drupes tous les fruits que Linnœus et d'autres botanistes y
avoicrit compris. Le drupe, suivant lui, se borne aux fruits
charnus plus ou moins uniloculaires, à en docarpe ligneux,
qui se sépare facilement de l'endocarpe lors de sa maturité.
La cerise , I \ amande , etc. Les palmiers.
3G. La Aucii/ainc(i\iuu/a/titim , Rich.). Fruit autocarpien.
Le même que le drupe, dont il ne diffère qu'en ce qu'il est
pluriloculaire. V. ci-avant $ 111 , n." i3.
oj. Le Pyrénaire (Pyrenarius). Fruit bélérocarpien , pul-
peux, demi-infère, pluriloculaire, endocarpe des loges li-
gneux: le néflier.
38. La Mélonide (Melonidium , Rich.), est un fruit pseu-
docarpien pommé au l ru m par Moëuch, et pomum par M. De-
candole. V. ci-avant § 111 , n.° i/f.
3g. La Balausle (Batausta). Fruit hétérocarpien, infère ,
péricarpe charnu, non succulent, grand nombre de graines,
épisperme drupacé : le grenadier.
4o. Le Cynarrlwde ( Cynarrhodium ). Fruit pseudocarpien ,
charnu, un grand nombre d'ovaires à péricarpe soudé, ren-
fermé dans un calice charnu, presque clos, mais distinct de
sa paroi intérieure : le rosier, le calyi anthus.
£1. L1 Erythrosfome (Erylhrostomum). Fruit hétérocarpien,
avant un placenta conique, supportant un grand nombre
d'ovaires distincts, bacciformes, provenant d'une seule fleur:
la ronce. 11 est compris dans les fruits multiples de M. De-
candolle.
4.2. Le Sarrobase, Decand. Fruit hétérocarpien. V. § III,
n.° Q-
4.3. Le Baccau/aire (Baccaularius). Fruit autocarpien, à
plusieurs ovaires distincts, bacciformes, provenant d'une
seule (leur, disque non charnu. Les genres drymis, zanloxy-
//////, les minispermées. Ne diffère du sarcobase que par son
disque non charnu.
4-4- LV/ss/'mine ( Assirnina). Fruit autocarpien, ovaires
nombreux bacciformes, uniloculaires, réunis en un fruit
sphérique : les anuiui.
45. La Syncarpe {Syncarpa, Rich.). Fruit pseudocarpien,
résultat de plusieurs (leurs réunies , mais distinctes sur un
réceptacle commun , très-variable par sa forme. M. Des-
vaux en distingue six sortes. Celui du poivrier et du cécropia ,
celui du mûrier et du bwussonelia , de Yarlocarpus , de la durs-
ténia , de Yumbora , enfin celui de lajigue.
298 F R U
M. Desvaux ne mettant pas au nombre des fruits les or-
ganes reproductifs des plantes aethéogames , n'en fait point
mention.
§ V. — Classification des fruits, par M. Mirbel.
M. Mirbel avoit publié une nouvelle classification des
fruits , dans le soixante-onzième numéro du Nouveau Bulletin
de la Société Philomathigue. Dans son dernier ouvrage , Elé-
métis, etc., cette classification ayantsubi deschangemens, nous
ne donnerons que celle dernière à nos lecteurs.
Les fruits y sont divisés en deux classes, sept ordres et
vingts un genres. La première classification comprenoit vingt-
neuf genres. Pour se rendre raison de celte différence, on
pourra consulter et comparer les deux classifications de l'au-
teur; on y verra treize genres supprimés de l'une et quatre
nouveaux genres insérés dans la seconde.
Première classe. — Fruits découverts ou gymnocarpes.
Ordre premier. — Les Carcérulaires, Carcerulares.
Fruits qui restent clos. Cet ordre est composé de trois
genres :
i. Cypsèle. Ce genre de fruit se trouve compris parmi les
achênes de M. Decandolle. V. ci-avant § III, n.° 2. Il est le
même que le stéphanoe de M. Desvaux. V. id. § IV, n.° 3.
M. Mirbel donne treize formes différentes de cypsèle, qui pré-
sentent encore des caractères particuliers dans la substance :
l'aigrette , etc.
M. Cassini a adopté ce nom dans son travail sur les com-
posées ou synanthérées.
2. Le Cérion {Ceris). Fruit des graminées, nommé de-
puis long-temps cariopse par M. Richard, adopté par tous
les autres'botanistes, et qu'il étoit conséquemment très-inu-
tile et même nuisible de changer. 11 est à remarquer que
Loureiro a établi le genre cérion , en latin cerium.
3. La Carcérule ( Carcerxda). Cette sorte de fruit est pré-
sentée avec des caractères d'abstractions, vagues, négatifs et
pour ainsi dire nuls; le fruit carcérulaire, dit l'auteur, est très-
variable, mais différent des deux prècédens. Ne pourroit-on pas
appliquer ici le précepte de Linnaeus: nomen specificum termi-
nis posithis, non vero negantibus, ulatur. — Negaiiva nihil dicunt,
9>el dicunlquod non est,nonvem quidest. Phil. Rot. Ed. Spreng.
pag. 365, n.° 298.
Ordre ii. — Les Capsulaires. Fruits simples qui s'ou-
vrent à la maturité.
4.. Le Légume. V. § I, n.° III. M. Mirbel présente trente-
F R II m
cinq espèces «le légumes différentes entre elles par la forme,
le nombre des loges , celui des graines , et la déhiscence.
5. La Silique. V. ci-avant § l,n.° II. M. Mirbel divise ce
fruit en silique et silicule , avec tous les auteurs. 11 en décrit
de vingt-sept formes différentes parmi lesquelles on trouve la
cylindracée, ( brtusica oltracea ou chou), et la cylindrique,
( erysimum barbarea ou herbe de Sainte-Barbe ). La nuance
n'est pas facile à saisir entre ces deux formes de fruit.
6. La Fyxide (Pyxis). La même que laBoîle à savonnette,
Decand. § 111, n.° 21, et la pyxidie, Desv. § IV, n.° 20. En
créant le mot pyxis, M. Mirbel ne s'est pas rappelé sans
doute qu'il a depuis long-temps une toute autre application,
et qu'il est adopté par les botanistes pour désigner la Heur
la plus apparente des mousses, que quelques-uns nomment
aussi dicta , capsula, etc.
7. La Capsule. V. ci-avant §1, n.° I. M. Mirbel en dési-
gne de soix;.nle-dix formes différentes, parmi lesquelles on
remarque encore comme dans la silique la forme cylindracée
et la cylindrique; la ferme ovoïde et obovoïde , iurbinèe ,
obiurbinée , et autres dont il est difficile de saisir la véritable
nuance qui les différencie.
Ordre m. Les Djérésiliens. Fruits simples qui se divi-
sent en plusieurs coques#à, leur maturité.
8. Le Crémocarpe. Nom donné au fruit des ombellifères.
C'est la polachéne, Rich., Decand; la carpadèle de M. Des-
vaux. M. Mirbel en dislingue de quatorze formes.
9. Le Rcgmate. M. Desvaux a adopté cette dénomination.
V. ci-avant § IV, n.° 17.
10. La Diérèsile correspond au stérigmé de M. Desvaux.
V. ci-avant § IV, n.° 19.
Ordre iv. — Les Etairionaires. Fruits composés, pro-
venant d ovaires portant le style, c'est-à-dire de deux ovaires
distincts qui n'ont qu'un seul style commun.
11. Le Double follicule correspond à la follicule, Rich.,
adoptée par M. Desvaux. V. ci-avant § IV, fig. 22. Il y en
a de six formes différentes, tels, entre autres, le follicule ven-
tru et le follicule enjlé.
12. lïEtairion. L auteur le définit ainsi. « Plusieurs Ca-
MARES disposées autour de l'axe imaginaire du fruit, forment
un ctairion.» Cette sorte de fruit correspond au Plopocarpe,
Desv. § IV, n.° 2 5.
M. Mirbel admet onze formes différentes d'étairions, entre
autres les Tricamares , Tetracamares, Pentacamares ,
Polycamares. On compte vingt sortes de Camares.
3oo F R U
Ordre v. — Les Cénobiois aires. Fruits composés , pro-
venant d'ovaires ne portant pas le style.
i3. Le Cenohion , correspond au microbase de M. Decan-
dolle. V. ci-avant § III.
On en distingue quatorze sortes suivant le nombre des
érêmes, et treize autres, n.° 10, d'après les formes des
érênies.
Ordre vi. — Les Drupac.ées. Fruits simples, succulens,
renfermant un noyau.
i4- Le Drupe. Fruit simple , ebarnu, contenant un noyau-
On en distingue de quarante sortes.
Ordre vu. — Les Bacciens. Fruits simples succulens,
contenant plusieurs graines séparées.
i5. Le Pyridion. La pomme de Linnœus ; le mélonide de
Richard. V. ci-avant § I , n.° V, et § III, n.° i4, A et if.
16. Le Pepon. V. Péponide, ci-avant § III , n.° i5.
17. Baie. V. ci-avant § I, n.° VI.
Seconde classe. — Fruits couverts ou angiocarpes.
18. Le Calybion, formé d'un ou de plusieurs glands, con-
tenus dans une capsule, le chêne, le noisetier, le châtaignier ,
Vif, ïéphedra, lecycas. On voit que cette sorte de fruit cor-
respond au gland, à la noisette, Decand. et Desv.
19. Le Strobile. V. § I, n.° Y IL
20. Le Sycone. Réunion de fruits couverts provenant de
plusieurs fleurs placées sur un clinunthe qui tapisse la parois
interne d'un involucre. Correspond à la figue -, Decand., et à la
Syncarpe, Desv. , en partie.
21. Le Sorose. Fruits réunis en un seul corps par l'inter-
médiaire des enveloppes florales , succulentes et entre-gref-
fées. Cette sorte de fruit n'est qu'une modification de la pré-
cédente, réunie par M. Desvaux sous le nom commun de
syncarpe.
M. Mirbel ne met pas non plus au nombre des fruits les
organes reproductifs des plantes jethéogames.
Le rôle important que le fruit joue dans la science de la
botanique, l'utilité de cette partie essentielle des végétaux
dans les arts et pour la nourriture des hommes et des ani-
maux, et surtout les travaux et les recherches récentes qui
ont été faites sur les fruits , nous ont déterminé à entrer dans
des détails sur les diverses classifications.
On a vu que Linnseus n'admelloit que sept sortes de fruits
dans les planles phanérogames ; que M. Sprengelen a ajouté
F R U 3ol
trois, déterminés parYarron, Gsertner, etc. ; que M. Dc-
candolle porte ci; nombre à vingt-sept; M. Desvaux a qua-
rante-six, et M. Mirbel en premier lieu à vingt-neuf, rédui-
tes dans ses élémens à vingt-un. Si à ce nombre, déjà imp
considérable, on ajoute les noms donnés pardifférens auteurs
aux organes reproductifs des plantes .'etbéojaines , plus les
divisions, sous-divisions, etc , dans chaque sorte de fruits,
et à chacune desquelles M. Mirbel a assigné un nom sou-
vent barbare, etc. , on trouvera que la nomenclature des
fruits est presque aussi nombreuse à elle seule que celle de
toutes les plantes en général.
On ne peut nier que depuis Linnœus on n'ait fait un grand
nombre d'observations nouvelles et importantes; on doit
convenir aussi que les nouvelles choses doivent être indiquées
par des noms nouveaux et qui leur sont propres : cette mar-
che est naturelle et inséparable des véritables progrès de la
science. Mais abuser de ce principe ; créer de nouveaux mots,
et des noms pour les modifications les plus légères, fussent-
elles même toutes constantes et invariables; surcharger inu-
tilement la nomenclature d'une science à qui Ton fait de-
puis long-temps le reproche d'en avoir beaucoup trop ; divi-
ser et subdiviser sans cesse par des noms, sous le prétexte
d'introduire de l'ordre et de la méthode , n'est-ce pas agran-
dir de plus en plus le chaos et jeter un désordre tel qu'il
devient impossible de sereconnoitre? Tel est du moins l'effet
que doit produire, dans notre opinion, cette multiplicité de
noms superUus,pour ne pas dire nuisibles aux véritables pro-
grès de la science.
Sansdoule, nous le répétons, les nouvelles choses doivent
avoir des noms nouveaux; mais ne nous écartons pas des rou-
tes tracées par nos maîtres. Les premiers travaux du Gœrtner
français ( M. Richard ), qui sans doute se rectifiera lui-mê-
me en devenant plus avare de nouveaux mots, nous donnent
lieu d'espérer que plus modéré dans ces sortes d innovations,
et se bornant à une juste proportion pour celles qui sont de-
venues indispensables, d'après les nouvelles découvertes, on
travaillera efficacement à soulager la mémoire des botanistes
et à dégager la science de toutes les épines qui n'ont d'autre
avantage que de hérisser et de combler les routes à suivre
pour atteindre le véritable but, les progrés réels de la
science.
Tous les fruits ne sont pas propres à la nourriture de
l'homme ; il en est même dont 1 usage lui seroil funeste ; il
en est encore qui sont recherchés par tel ou tel animal , et
qui donneroientla mort à l'homme. Dans ce nombre, nous ci-
terons celui du mancenillier , dont les effets sont très-singu-
3o2 F R U
liers. Cet arbre, indigène aux Antilles, croît ordinairement
sur le bord des fleuves et de la mer. Ses fruits , qui sont des
drupes charnus , ressemblent par la forme extérieure et par
les couleurs à une pomme d'api; ils sont pour l'ordinaire
très-abondans , et couvrent, en tombant, une surface assez
étendue de l'eau qui baigne son pied. Ces fruits sont mortels
pour l'homme ; mais au moment de leur maturité les poissons
viennent les dévorer, et s'en nourrissent sans aucun inconvé-
nient. On a remarqué que les hommes qui mangent de ces
poissons éprouvent les mêmes effets que s'ils eussent fait eux-
mêmes usage du fruit.
Les fruits trop petits pour être recueillis par l'homme ,
n'en sont pas moins utiles. Ils sont recherchés par les ani-
maux, et plus particulièrement par les oiseaux. Si l'on vient
à considérer dans la pensée le nombre incalculable de fruits
divers que les végétaux produisent chaque année , et qui tous,
ou la majeure partie , ont la faculté de produire autant d'in-
dividus nouveaux , semblables à celui dont ils sont sortis , on
concevra difficilement comment il existe un point sur le globe
qui ne produise pas un arbre ou une plante. Mais , si, d'un
autre côté , on met en parallèle la quantité d'animaux de
toutes sortes, pour lesquels ces fruits ont été créés, on ne
s'étonnera pas qu'une forêt aussi ancienne que le monde dis-
paroisse dans l'espace d'un petit nombre d'années, lorsque
l'homme s'en est une fois emparé pour sa convenance , qu'il
y a mis la hache , qu'il dévore , lui et les animaux qu'il en-
traîne à sa suite , etc. , les fruits des arbres dont le bois a servi
à la construction de sa demeure , à son chauffage et à toutes
sortes d'usages.
On distingue des fruits de toutes les formes , de toutes les
grosseurs, grandeurs, et de substances très-différentes. Il en
est de secs, de mous, de charnus, d'aqueux. Les uns sont
longs , d'autres ovales , sphériques , d'autres comprimés ,
aplatis , etc. ; dans l'intérieur, ils sOnt pleins , entiers ou di-
visés , et contiennent depuis une graine jusqu'à un nombre
infini. Lorsqu'ils sont simples comme la pêche, l'abricot, la
cerise , etc., on les nomme uniloculaires, unispermes, parce
que l'intérieur n'a qu'une seule loge et une seule graine. Mais
si l'intérieur est divisé comme la poire , la pomme , au centre
desquelles on remarque cinq rayons , contenant chacun or-
dinairement une graine , alors on le désigne uni , bi, tri , etc. ,
pluriloculaire , suivant le nombre des loges ; uni, bi, tri, etc. ,
sperme , suivant le nombre des graines renfermées dans
chaque loge.
Les fruits à l'usage de l'homme et cultivés par lui offrent
un grand nombre de variétés , qui sont le produit de son
F R TJ 3o5
industrie Il n'a été créé originairement qu'une seule sorte
tic poirier, pommier, etc., que l'on nomme sauoage.on. C'est
par les travaux constans d'une culture soignée que le cultiva-
teur est parvenu à adoucir l'àprelé de ces premiers fruits, et
à se procurer ces nombreuses et agréables variétés qu'il a
l'art de perpétuer par les greffes.
Chaque climat , chaque pays a des productions , et par
conséquent des fruits qui lui sont propres et particuliers. On
a remarqué que ces productions sont en général d'une qua-
lité analogue au tempérament des habitans de ces mêmes
contrées, et aux maladies auxquelles ils sont le plus sujets.
C'est ainsi que les plantes anliscorbuliques sont plus multi-
pliées et plus abondantes dans les endroits bas et maréca-
geux. L'ananas, l'orange, le citron et plusieurs autres fruits
acides et rafraîchissans, se trouvent en grand nombre dans
les climats chauds. Il ne sera peut-être pas inutile de faire
remarquer que l'ananas , placé avec raison à la tête des fruits
les plus délicieux, tant pour l'odeur que pour le goût, con-
tient un acide tellement corrosif, qu'au lieu d'être salutaire,
lorsqu'on en fait un usage modéré , il devient nuisible et
même mortel à la longue aux Européens, entraînés par tout
ce que ce fruit leur présente d'agréable, qui en font un usage
trop fréquent ou immodéré.
Nous terminerons cet article , qu'il eut été possible d'é-
tendre davantage , par quelques remarques qui donnent lieu
à diverses questions qu'il seroit important de résoudre , et
pour lesquelles, néanmoins , on pourra consulter les mots
Arbre , Bois et Graine.
i.° Rien de plus difficile et de plus problématiquQ que le
moyen de conserver les fruits pendant l'hiver.
Quelle est donc l'époque précise de la récolte des fruits ,
ayant égard à l'été plus ou moins chaud, sec ou pluvieux qui
s'est écoulé depuis leur maturité , soit à l'état atmosphérique
de l'automne P
Quel est le meilleur moyen de les conserver ? est-ce en les
renfermant, comme on a coutume de le pratiquer en France,
dans des fruitiers ? Quelle doit être la véritable exposition de
ces sortes de serres? Combien de fois par jour, et quand
faut-il leur donner de L'air? OU bien est-il préférable de suivre
le mode indiqué par Miller? 11 consiste à renfermer chaque
sorte de fruits dans un panier , d'en former plusieurs couches
séparées par des espèces de matelas de paille , liés avec des
ficelles.
2.0 Qu'est-ce que la blétissure de certains fruits? quelle
en est l'origine et la cause ? pourquoi tous les fruits n'y sont-
ils pas sujets ? Quels sont les moyens de la prévenir?
3o4 F R U
La ble'iissure est-elle une maladie , un commencement de
pourilure , ou une maturité parfaite ? L'exemple de la nèfle
et de plusieurs autres mespilus et cratœgus , dont les fruits ne
sont' bons à manger que lorsqu'ils sont parvenus à cet élat ,
semble:-oit décider affirmativement la troisième question;
mais d'un autre côté la poire d'Angleterre , le messïre-jean ,
la blanquette , etc. , sont moins bonnes lorsqu'elles sont
blettes , ce qui semble donner quelque crédit à la seconde
question.
La blétissure , dans les poires , commence ordinairement
par le centre. Dans la supposition que cet effet fût dû à l'in-
troduction de l'air, on a essayé de boucher avec de la cire le
bout de la queue , et l'extrémité opposée , l'œil ou la tête ,
mais sans succès. Cependant on a conservé ces sortes de
fruits pendant tout l'hiver, en les trempant en entier dans de
la cire fondue.
3.° Quelques fruits offrent une particularité très-remar-
quable et digne d'attirer les regards et les méditations des
physiciens. Si l'on examine les fruits à noyau , on voit plu-
sieurs substances très- différentes. D'abord l'épiderme , puis
la pulpe, puis le noyau osseux ; enfin, la graine composée
elle-mêmedediversesparties. Si , après cette première obser-
vation, on pense que les fibres dont elles sont formées par-
tent toutes d un même point, qui étoitle placenta de l'ovaire
dans la fleur , on se dit naturellement , il doit y avoir auiant
de fibres différentes qu'il y a de parties dans un fruit. Ces
fibres ne doivent pas être entretenues par les mêmes sucs, ou
doivent l'être par le suc commun , diversement élaboré. Puis
on se demande , i.° quelle est l'origine de ces fibres r1 Dans
les fruits , on remarque les mêmes parties que dans l'ensemble
d'un végétal, l'épiderme, le parenchyme, le corps ligneux
et la graine. Y auroit-il dans la moelle des fibres qui n'ont
pas encore été aperçues, et qui ne se développent et ne pren-
nent de la consistance que dans le fruit ; ou bien , ce qui
peut-être est plus probable, l'ovaire seroit-il formé par des
faisceaux des fibres qui entourent l'étui médullaire ? Mais ce
qu'il y a de plus remarquable , comment se fait il que dans
l'espace de moins de six mois , les noyaux des pêchers , des
abricotiers , des cocos , etc. , acquièrent plus de solidiié , de
dureté et de consistance que le corps de l'arbre , qui a mis
plusieurs années à parvenir à l'état de bois , beaucoup moins
dur et moins compacte? On connoît, on voit, on distingue
les diverses parties dont les troncs des arbres sont formées;
dans le bois des fruits à noyaux , on ne voit qu'une masse
serrée , compacte , dont on ne distingue pas les élémens. Ces
observations donnent lieu aune infinité de questions qu'Use-
F R U 3Ô5
roil trop long de présenter, et qu'il seroît à désirer que l'on
pût résoudre.
Enfin , quelle est l'origine et comment se forment les con-
crétions pierreuses dans la partie charnue de certains fruits,
et notamment des poires ? (pal.-BEAUV.)
FRUITA PEDRIKA des Portugais. V. Pattara. (ln.)
FRUIT A PAIN. Nom vulgaire du fruit du Jacquier
CULTIVÉ. (B.)
FRUIT ÉLASTIQUE. On appelle ainsi la capsule du
Sablier, qui décrépite avec bruit à l'époque de sa maturité,
et lance ses semences à une grande distance, (b.)
FRUIT ÉLASTIQUE. V. Balsamine, (ln.)
FRUIT EMPOISONNÉ, Cerbem manghas, L. C'est
I'Odallam des Malabares. V. Ahouai. (ln.)
FRUIT DU VRAI BAUME. C'est le fruit du Balsamier
de la Mecque, (b.)
FRUITS PÉTRIFIÉS ou CARPOLITES. V. Vége
taux fossiles, (pat.)
FRUIT RAISONNANT. V. Hernandier et Crotal-
LARIA. (LN.)
FRUITS A PEPIN. Terme d'agriculture employé pour
désigner les fruits qui contiennent plusieurs graines ou
amandes dans une chair croquante (pornum) ou juteuse (uva),
comme la poire et le raisin. On nomme Fruits a noyaux
les fruits {dnipa) qui conlienennt un ou plusieurs noyaux
durs et ligneux renfermant l'amande, (ln.)
FRUIT DU SOLEIL. V. Héliocarpe, (ln.)
FRUMENTAIRES. Soldani , dans sa Testacéographie,
a donné ce nom à une série de coquilles fossiles microscopi-
ques ou presque microscopiques, qui se rapprochent de La
forme des grains de froment. Ces coquilles, dont le nombre
est d'environ cinquante, ne sont pas faciles à décrire systéma-
iquement, à raison de ce qu'elles n'offrent pas toujours 1 in-
tégralité de leurs caractères. Je renvoie à cet ouvrage ceux
qui voudroient apprendre à les connoître. (b.)
FRUMENTUM. V. les articles Froment et Blé. (ln.)
FRUTA-DA-GRALHA. Les Portugais d'Asie donnent
ce nom au melastoma malabathrica. (LN.)
FRUTA MAN1LHA (Pomme de Manille). Nom por-
tugais d'une espèce de Sapotillier (achras disserta), (ln.)
FRUTEX, arbrisseau en latin. Beaucoup de plantes ont
été simplement désignées sous ce nom. Les plus remarquables
sont les suivantes que nous citons pour exemples, (ln.)
FRUTEX JETHIOPIUS (ARBRISSEAU DU CaP DE BONNE-EsPÉ-
Rance). Breyn a nommé ainsi quelques protea et le myrsine afn-
xii. 20
3o6 F R U
cana ; Séba, Mus. 4i p- 29 > *• 5, le rassine capensis ; Plukenet,
les borbonia , le gnaphalium cephalotes , W. ; le cllffortia rusci-
folia; et Commelin , Hort. i. t. 91., le cluiia pulchella. Linn.
Frutex africanus. C'est, dans l'Almageste de Plu-
kenet , Vanlhospermum œthiopkum, Linn.; dans le Thésau-
rus de Séba , Yerica bruniades; dans Boerhaave , Lugd. le
galenia à/ricana , Linn. ; dans Commelin , amst. 2. tab. 60 ,
ïeranlhemum parvifolium, L. ; dans Hermann , afra 10. ; le
buddleia sahifolia , L. (LN.)
Frutex americanus. C'est aune espèce de Poivre {piper
amalago) , qu'il faut rapporter, suivant Linnseus , cette
plante figurée parPlukenet, Alm. t. 2, 5, f. 2. (ln.)
Frutex aquosus feminea, Rumph , Amb. 4- 1. 45. C'est le
leca sambudna ,Linn. (ln.)
Frutex aquosus mas. , de Rumpb , Amb. 4- tab. 44 > Pa~
roît être I'Aralie de Chine, aralia chinensis, L. (ln.)
Frutex baccifer , Plukenet ( Alm. , pi. 95, f. 5. ) men-
tionne sous ce nom le scopoliaaculeata, W. et pi. 5o, f. 4 «le
Grewi a d'Orient; Catesby( Carol. 2, t. 47), le callicarpa
amerkana et Rai , I'Aralie de Chine, (ln.)
Frutex cinereus ( Pluk-Alm. , i5g ) , c'est le seriphium
cinereum , Linn., ou breynia cinero'ides de Petiver. (ln.)
Frutex corni foliis de Catesby, c'est le calycanthus florin
dus, Linn.
Frutex coronarius. Clusius nomme ainsi le Syringa ,
philadelphus coronarius. (LN.)
Frutex flore roseo de Lippi. Suivant M. de Jussieu ,
ce seroit le Nitraria ouGuirzim des Maures, (ln.)
Frutex foliis majoribus. Brown {Jam., tom. 3i, f. 2)
figure, sous ce nom, le Lagetto ( daphne lagelto , Sw. ) ou
Bois dentelle, (ln.)
Frutex foliis oblongis de Catesby ( Car. 1, tab. 71 ) ;
c'est l' andromeda arborea.Cel auteur nomme Yandromeda Cates-
bœi, Frutex foliis serratis. Gronove indique le callicarpa ame-
rkana sous le nom de Frutex foliis amplis, (ln.)
Frutex folio cotini de Catesby (Car. 1, tab. 25). C'est
le chrysobalanus icaco , L. , à ce que l'on croit, (ln.)
Frutex globulorum ( arbrisseau aux globules ). C'est le
nom que Rumpbe. (Amb. 5, tab. 4$) donne au guillandina
bonduc, à cause de la forme des graines, (ln.)
Frutex indicus , Plukenet ( Phys. 261, f. 4)- C'est Ya-
canthus ilki-folius, Linn. ; Rai (Hist. 1766) , désigne cet ar-
brisseau sous ce même nom ; mais son Frutex indicus ,
n.° 1765, est rHÉLlCTÈRE ISORA, Linn. Le phyllanthus rham-
iwides de Relz et de Willdenoyr se trouve être le Frutex
F R U 3o7
intlicus de Breyne {cent. 8, tom. 4) , et le tctracera sarmento-
sa , Linn. le frutex intlicus de lïurmann , Zeyl. ioi. (ln.)
Frutex indiak orientalis. C. Baubin désigne ainsi dans
son Pinax , pag. 1±q\ , le cacalia kleinia , Linn. (ln.)
Frutex marinus. Clusius et autres auteurs anciens don-
neni ce nom à divers polypiers marins. Le frutex marinus
eriar. furie , Clus., esl le gurgunia piacomus de Gm. ; le fritte v
parucarius de Wormius, ou frutex marinusflabelliforrnis de Rai,
est \e gorgonia verni' osa; le frutc x marinus elegttn'.issirnus , Clus.,
est le gorgonlu flàbettum de Gin cl., etc. V. Gorgone, (desm.)
Frutex nankin ensis. C'est le daphneïndicale. (ln.)
Frutex padi fouis de Catesby (Carol. i, tab. 64). C'est
Vlmlena tetraptem , L. (ln.)
Frutex pwonims. Breyn nomme ainsi la Poincillade
(- point iuiui pulcherrima , L. (ln.)
Frutex peregrinus de Walther. C'est le bosca yervamo-
ra, Linn. (ln.)
Frutex scandens de PluVenet (Manl., tab. £i2,f. a). C'est
la VlGNE en arbre {vitis arboren , L. ). (LN.)
Frutex spicatu,s. C. Baubin désigne ainsi le spirœa salici-
foliu, Linn. (en.)
Frutex spinosus. Catesby a fait connoîlre , le premier,
sous ce nom, un arbrisseau dont on a fait un genre qui lui a
été consacré; c'est le catesbœa spinosa, Linn. (ln.)
Frutex terribilis. Nom donné anciennement à la Glo-
bulaire turbith (globuluria alypum). (ln.)
Frutex trifolius , Burraaan , {Zeyl. ioo) nomme ainsi
Yornitrophe cobbc; Willd. et Catesby ( Carol. 2 , t. 33 , f. 3) le
Balsamier EEEMIFÈRE ( amyris elenufera , Linn. (LN.)
Frutex vlminibus lentes de Gronovius. C'est le Celas-
TRE GRIMPANT {celastrus scandens, L. ). (LN.)
Frutex virgini anus de Plukenet. C'est le Ptelea trifo-
lié, (ln.)
Frutex viscosus de Kœmpfer. C'est le Canang du Japon
( uoaria japonira , L.) (LN.)
F RUT ICULU S, petit arbrisseau, sous-arbrisseau ou végé-
tal sous-ligneux. Plukenet nomme fruticulus capsu/aris le Phyl-
LANTUS irinaria et quelques autres plantes du même
genre. Cet auteur désigne le China (smi/ax china') par fruti-
culus ronvohulaceus sinicus , et le sophora heptaphyUa par fruti-
culus sinensis. Le fruticulus foliis rusri de Dillen (Elth t. 123,
f. 149^1 4L,e Linnaeug avoit d abord considéré comme une es-
pèce de Medeole est maintenant \ejaa/uiiua ruscifolia, L.(ln.)
FRUTICULUS MARINUS de Morisson (Hkt. pi. 3,
pag. 662, tab. 10, n.° 18). C est un polypier flexible du
genre Antipatue (antipalfas cUitlirula, Gm.) (desm.)
3o8 F TJ C
FRUTILLAS Nom donné, par les Espagnols du Chili à
un Fraisier (fragaria chi/oensis, Willd. ), (ln.)
BRUTILIER. C'est le Fraisier duChili. (b.)
FRUTiGLIO. L'un des noms du Balisier (canna indi-
ca, L . ), en Italie, (ln.)
FU. Nom arabe d une espèce de Valériane (V. Phu).
On prétend qu'il est le radical defedia qui désigne main-
tenant un genre fait aux dépens de celui des Valérianes.
(LN.)
FU-CHAU-CAN-TSAO Nom donné, en Chine, aune
ÎLÉG LISSE (glycyrrhiza echinula, L.). Cette plante se trouve dans
le nord de cet empire. Le Cam-thao des Cochinchinois est
le nom de cette espèce et de celle de la réglisse proprement
dite (g/, glabra) , qui est le fan-chau-can-tsao des Chinois.
Elle est sauvage et cultivée dans diverses parties de la
Chine, (ln.)
FU-MUONTHAN. Nom donné, en Chine, à une
plante qui paroît être une espèce dApoCYN (apocynum al-
ternifolium, Lour. (ln.)
FU-PUEN-TSU. Nom donné, à la Chine, au Fraisier
(fragaria vesca, L. ). (LN.)
FU-RAN. Espèce d'orchidée qui naît au Japon; c'est le
dendrobium monili forme de Swartz. (ln.)
FU-RUBE. Poisson des mers du Japon, décrit par
Kœmpfer (Jap. i, pag. i5a), et rapporté par Gmelin à
son Tétrodon oceïïatus. (desm.)
FU-SI-THAN. Espèce de Pergulaire (pergularia si-
nensîs , Lour. ) qui croît en Chine, (ln.)
FU-YUNli. Nom donné, en Chine, à la Ketmie chan-
geante, hibiscus mutabilis , L. , cultivée dans les jardins de
l'Asie à cause de la beauté de ses (leurs, (ln.)
FUCACEES. Un des ordres de la famille des Thalas-
SIOPHYTES de Lamouruux, Annales du Muséum . mais qui ne
répond pas exactement aux fucacées de Richard et autres
botanistes Ses caractères sont : organisation ligneuse , cou-
leur olivâtre noircissant à l'air. V. au mot Varec rénumé-
ration des genres qui y entrent, (b.)
FUCÉES. Nom donné aux espèces de la troisième sec-
tion de lafamilie des algues dans la classification de Palissot-
Beauvois. Cette section comprend les espèces coriaces, dont
la plupart croissent dans la mer ,et qui sont connues généra-
lement sous les dénominations de Fucus ou Varecs. V. ces
mots. (P. b.)
FliCMS. Nom allemand du Renard. Voy. à l'article
Chien, (desm.)
FUCHSIA, du nom de Léonard Fuchsius, botaniste aile-
F U G 3o9
mand du seizième siècle , dont on a plusieurs ouvrages , sa-
voir : un premier intitulé histùria plantarum , et un second ,
Y Icônes plantarum, dont les figures, généralement cilées ,
sont fidèles. Plumier dédia, à ce naturaliste un genre fondé
sur une plante d'Amérique. Depuis, ce genre s est aug-
menté du Thilco de FEL'iLLÉEqui est notre FUCHSIE ECAR-
LATE ; du Skinncra de Forster ou quelusia de Roemers; du
dotvallia de Cominerson et d'autres espèces.
Le fuchsia involucrata de Swarlz n'est plus de ce genre ;
c'est le schradera de Vahl et Yurceolaria de Cothenius ; il a
des rapports avec la famille des rubiacées dans laquelle
Adanson place \efuschia de Plumier et avec les chèvrefeuilles r
rapprochement indiqué par M. de Jussieu. (ln.)
FUCHSIE, Fuchsia. Genre de plantes de 1 octandric mo-
nogynie , et de la famille des épilobiennes , dont la (leur
offre un calice monophylle , infundibuliforme , en massue
colorée , lubuleux intérieurement , et divisé supérieurement
en quatre découpures ovales , lancéolées , pointues et ou-
vertes ; quatre pétales ovales ou lancéolés, droits, insérés
à l'orifice du calice , alternes avec ses divisions , une fois
plus courts qu'elles; huit étarnines à très-longs filnmens; un
ovaire inférieur , ovale-oblong , chargé d'un style filiforme,
aussi long et plus long que le calice , à stigmate épais et
obtus; une baie ovoïde ouoblongue, divisée intérieurement
en quatre loges qui contiennent des semences ovales, petites
et nombreuses.
Ce genre renferme une quinzaine d'espèces. Ce sont des
plantes ligneuses ou herbacées, à feuilles simples opposées
ou verticillées, et à fleurs axillaires ou terminales , longue-
ment pédonculées et pendantes. Une seule de ces espèces
est cultivée dans les jardins de botanique. C'est la Fuchsie
Écarlate, ou fuchsie de Magellan , dont les fleurs sont soli-
taires et axillaires , et les feuilles dentées et ternées. Elle
vient du détroit de Magellan , et se multiplie fort bien, à Pa-
ris, de bouture ou de marcottes. Celte plante est très-élé-
gante par son port , et par le contraste de la couleur rouge
de son calice avec le violet foncé de sa corolle.
La Fuchsie involucrate entre dans le genre Schradère.
(b.)
FUCHSSCHWANZ. V. Fench. (ln.)
FUCHSWEDEL. V. Federball. (ln.)
FUCUS. V. au mot Varec. (b.)
FUCUS GALLO PAVONIS. Quelques oryetographes
doivent ce nom aux madrépores du genre Fungite. (desm.)
FUCUS L1NTEIFORMIS. V. Rétéporite. (desm.)
3io F U I
FUDENEGI, FOUDENIGIetFAUDENEGI. Noms
arabes des Marjolaines. V. Origan, (ln.)
FUDSINA LAMPOPO. V. Fosei. (ln.)
FUEDDAH. Nom de FEtain dans le pays de Dar-
Runga , en Afrique, (ln.)
FUFAL. Nom arabe du Poivre, (ln.)
FUGA-DOEYIONUM. Nom anciennement donné aux
Millepertuis , Hypericum , L. , et principalement à VHyp.
■perforation , L. (LN.)
FUGAL. V. Fugel. (LN.)
FUGE1ROU. Le Pied de veau , Arum maculatum , porte
ce nom en Provence, (ln.)
FUGEL, FUGAL et FIGL. Divers noms arabes des
Radis; le Fugla des Hébreux, (ln.)
FUGLEGRAES et FUGLESRERRE. Noms danois
de la Morgeline , Alsine média, (ln.)
FUGLELIM. Nom donné , en Norwége , au Gui, Vis-
cum album, (ln.)
FUGOSE , Cienfugosia. Arbuste a feuilles alternes , divi-
sées en trois ou en cinq lobes, à découpures lancéolées,
obtuses , et à fleurs axillaires et solitaires , qui forme un genre
dans la monadelphie dodécandrie , et dans la famille des
jnalvacées.
Ce genre a pour caractères : un calice double, l'intérieur divi-
sé en cinq parties, et Y extérieur formé de douze folioles très-
courtes; une corolle de cinq pétales; environ douze élamines,
réunies parleur base; un ovaire supérieur, arrondi, terminé
par un style filiforme à stigmate en massue ; une capsule glo-
buleuse , à trois loges et à trois semences, (b.)
FUIRENE , Fuirena. Genre de plantes de la triandrie
monogynie , et de la famille des'cypéroïdes , qui a de très-
grands rapports avec les Scirpes.
Ses caractères sont : fleurs en tête , formées d'écaillés
imbriquées, ovales, terminées par une petite barbe , cou-
vrant chacune une balle composée de trois écailles en cœur,
presque membraneuses , pétaliformes, planes et terminées
par une petite barbe cruciforme , qui naît de leur échan-
crure ; trois étamines ; un ovaire supérieur , chargé d'un
style filiforme et bifide ; une graine nue et trigone.
Ce genre , qui a été établi par Schreber , contient une
demi-douzaine d'espèces à tiges anguleuses, garnies de feuilles
alternes, profondément striées, qui croissent dans les marais.
Le genre Vaginaire a été fait aux dépens de celui-ci. (b.)
FUITES {Vénerie'), Ce sont les voies du cerf qui fuit de-
vant les chiens, (s.)
F U L 3,,
FUJET. Coquille du genre des Toupies , le trochus coral-
linus. (b.)
FUJO el FUJOA. Nom donné , au Japon, à la Ketmie
CHANGEANTE, Hibiscus mutabilis. (LN.)
FUJOO. V. FJOO. (LN.)
FUKU. Suivant Kaempfer , les Japonais appellent ainsi ,
et boo , obannu et tsikusits , une gramince qui, d'après Thun-
berg, est une espèce du genre saceharum. C'est le S.japoni
cum , L. , rapporté par M. Beauvois à son genre eiitmthus.
(LN.)
FUKU-SUBUKI. Nom d'un Tussilage, en Hongrie ,
Tussllago petasiles. (LN.)
FULA-COCO. Nom qu'on donne , à Macao , à une es-
pèce de Tulipier (Liriodendron coco, Lour.), dont le fruit
ressemble à celui du cocotier. Cet arbre est cultivé pour la
beauté de ses fleurs , ainsi que le suivant, (ln.)
FULA-FIGO. Arbre d'ornement, cultivé en Cbine. C'est
un Tulipier (LLriodendrumjigo , Lour.). (ln.)
FULBOM. Le Sureau ,Sambucus nigra , est ainsi nommé
en Gothlande, province de Suède, (ln.)
FUL DJELLABE et FUL-BABABRA. Deux noms
arabes du Dolichos Faba nigrita de Forskaé'l. (ln.)
FULD-KOPPE. Nom sous lequel le Petit Guillemot
est connu à l'île Féroë. (v.)
FULFEL, FULFUL , FULFER et FUTAL. Noms
arabes du Poivre, (ln.)
FULFULIMON des Arabes. Variété du Basilic, (ln.)
FULGA DAMONUM. C'est le Millepertuis, Hype-
ricum perforatum. (ln.)
FULGORE, Fulgora. Genre d'insecles , de l'ordre àes
hémiptères , et de la famille des cicadaircs. Ses caractères
sont : élytres de la même consistance ; tarses de trois arti-
cles; antennes insérées sous les yeux, de deux ou trois arti-
cles , dont le dernier beaucoup plus grand , presque globu-
leux , chagriné , ayant un tubercule surmonté d'une soie ;
bec long , de deux ou trois articles apparens ; tête poin-
tue , prolongée ordinairement en une espèce de museau ,
de forme variée , avec de petits yeux lisses placés au-
dessous des yeux à réseau, qui sont arrondis , saillans ;
trompe ou bec couché sur la poitrine, et renfermant
trois soies ; élytres el ailes en toit ; pattes de moyenne
longueur, avec les jambes postérieures armées d'épines;
tarses terminés par deux crochets et par une pelote.
Ces insectes soûl remarquables par la beauté et la variété
312 F U L
des couleurs qui ornent les élytres et les ailes du plus grand
nombre, et par la forme de la tête dans quelques espèces ;
cette partie est aussi singulière que variée. Dans les unes ,
elle présente une scie , dans d'autres une trompe semblable
à celle de l'éléphant, dans quelques autres un mufle; de
sorte qu'on est étonné de trouver dans les insectes du même
genre des différences aussi grandes.
Une espèce qui habite Cayenne, la fulgore porte-lan-
terne, a, au rapport de mademoiselle de Mérian, la pro-
priété singulière de répandre , pendant la nuit , une lumière
si considérable , qu'elle permet de lire facilement les carac-
tères les plus fins ; mais ce fait est contredit par plusieurs
naturalistes qui ont habité le pays où se trouve cette fulgore ,
qui , selon eux , ne répand aucune lumière. M. Richard est
cité , dans Y Encyclopédie , pour avoir élevé cette même es-
pèce , sur laquelle il n'a observé aucun point lumineux. On
doit désirer que des observations répétées fassent lever les
doutes que laissent ces différentes assertions ; car il est pos-
sible que cet insecte ne soit lumineux que dans certains temps
de sa vie , et à volonté , comme le sont les lampyres , qui
font paroître et disparoître les points phosphoriques , qui les
décèlent quand il leur plaît.
Ces points lumineux des lampyres , vers luisans , sont pla-
cés vers l'extrémité de leur corps , au lieu que c'est la tête de
la fulgore qui répand de la lumière. Pvéaumur , qui a cherché
à découvrir ce qui pouvoit produire ce phénomène , n'a trouvé
dans la vessie, qui fait partie de la tête de cet insecte ,
qu'une cavité considérable, et absolument vide ; mais cette
observation faite sur un individu mort depuis long-temps, ne
prouve rien , parce qu'il est possible que, dans l'insecte vi-
vant , cette cavité soit remplie par une matière qui se des-
sèche et s'évapore quand l'insecte meurt.
Les plus grandes fulgores sont apportées en Europe , de
l'Amérique méridionale , de Cayenne et de Surinam ; elles
vivent sur les arbres. Celles qui habitent l'Europe , sont très-
petites : on les trouve sur les arbustes et les buissons. Leurs
larves sont inconnues. Elles forment un genre composé d'une
cinquantaine d'espèces.
Fulgore porte - lanterne , Fulgora latemaria, Linn. ,
Fab. V. pi. D 27 , fig. 5 de cet ouvrage.
Elle a près de trois pouces et demi de long ; le front très-
avancé , vésiculeux , arrondi à son extrémité , bossu en dessus
près de son origine, garni aussi en dessus et sur les côtés de quatre
rangées de tubercules épineux, aplatis, de couleur rougeâtre ;
cette partie vésiculeuse est couleur d'olive , avec quelques
lignes rougeâtres supérieures; le corselet est d'un jaune pâle ;
/ (t>si<> /ant/a/eiir ,'i . Ze Jffale .
Fourmi /ir/t/'i- . 4 . /.,r /■'<■/// <■//<•
./ . Fn/t/ore norfie -lanterne ■
Fl'L 3,3
les élytres sont de la même couleur, avec les nervures et des
traits noirâtres; les ailes sont grisâtres, avec une grand** tache
en forme d'œil, entourée d'un cercle noir, et ayant une dou-
ble prunelle blanche et noire ; les pattes sont d'un jaune pâle.
On la trouve dans l'Amérique méridionale , à Cayenne ,
à Surinam.
Fulgore porte-CHANDELLE , Fulgora candelaria , Linn. ,
Fab.
Elle a environ deux pouces de longueur : le front très-
prolongé, mince, recourbé, de couleur jaune ; les yeux
bruns ; la tête et le corselet d'un beau jaune ; l'abdomen jaune
en dessus , noirâtre en dessous ; les élytres d'un beau vert ,
avec plusieurs bandes transversales et des taches jaunes , les
nervures des élytres élevées, et entre elles de petits traits
qui forment des espèces de grilles ; les ailes d'un jaune de
safran , avec une large bande, noire à l'extrémité; les pattes
jaunes; les quatre jambes antérieures noires, et les posté-
rieures épineuses.
On la trouve à la Chine, d'où on l'apporte en grande
quantité.
Fulgore européenne, Fulgora europœa , Linn., Fab.
Elle a environ cinq lignes de long; elle est entièrement
verte ; son front est prolongé , conique , relevé , avec deux
lignes longitudinales , élevées en dessus , et trois en dessous;
ses ailes sont transparentes, avec les nervures vertes.
On la trouve dans les cantons méridionaux de la France,
en Italie , en Sicile. V. Fulgorelles. (l.)
FULGORELLES, Fulgorellœ. Tribu d'insectes, de l'or-
dre des hémiptères, famille des cicadaires, ainsi nommée du
genre Fulgore , Fulgora, qui en est le type. Ces insectes dif-
fèrent des cicadaires chanteuses ou des cigales proprement di-
tes , en ce qu'elles n'ont que deux yeux lisses et que leurs an-
tennes ne sont composées que de trois articles ; ces organes
sont insérés immédiatement sous les yeux , caractère qui dis-
tingue ces hémiptères de ceux de la tribu des cicadelles. Les
uns et les autres ont des pattes propres à sauter ; leurs mâles
sont dépourvus de ces organes du chant que l'on voit à ceux
des cigales.
Olivier n'a fait aucun changement au genre fulgore de Lin-
nœus. Dans mon précis des caractères génériques des insec-
tes, j'en ai séparé les Pœcilloptères, auxquels Fabriciik»
adonné depuis le nom àeflaie^F. ce mot.), et les Asiraques,
dont il a encore changé la dénomination en celle de delphai»
J'ai postérieurement établi le genre Tettigomètre et celui
de Cixie ; mais le dernier me paroîl devoir être réuni aux
liâtes , el telle est aussi l'opinion de Fabricius. On peut en-
3i4 F U M
core distinguer des fulgores ses genres fyslra et issus. Celai
qu'il désigne sous le nom de derbe m'est inconnu; mais je soup-
çonne qu'il appartient à celte tribu. V. ces noms, (l.)
FULGUR. Nom latin adopté par Denys de Monifort ,
pour le genre de coquilles qu'il appelle en français, Carreau.
(desm.)
FUL-HENDI. Nom arabe d'un Doue, décrit par Fors-
taè'l , Dolichosfaba indica. (LN.)
FULICA. C'est , dans Brisson , le nom générique de la
Foulque ; et dans Gesner , c'est une Mouette, (v.)
FULI CARIA. En latin moderne et dans les ouvrages de
nomenclature , c'est le phalarope rouge. V. Phalarope. (s.)
FULIGO. Haller a donné ce nom aux Byssus , dont les
filamens sont mous, (h.)
FULIGUE, Fuligo. Genre de plante cryptogame , de la
famille des Champignons, qui est le même que celui des Ré-
ticulaires de Eulliard. (b.)
FULIGULA. Nom latin dont plusieurs ornithologistes se
sont servis pour désigner le petit morillon. V. au mot Canard
morillon, (s.)
FULL-BOTTOM de Pennant , ou Guenon a camail de
Buffon. R.oi des singes des nègres de Guinée. Voy. l'article
COLOBE , Colobus. (DESM.)
FULLO. Quelques auteurs ont désigné , par ce mot de la-
tin moderne , le Jaseur. V. ce mot. (s.)
FULMAR. Nom que l'on donne au Pétrel de l'île de
Saint-Kilda. (v.)
FULMINA1RE ; Pierre fulminaire; Pierre de fou-
dre ; Lapis fulminaris ; Fulmineum tellum ; Cuneus fulmineus : en
allemand donnerstein. V. Ceronnite, Belemnite et Oursins,
Bertr. Dict. des foss. (desm.)
FULOUN. Nom du Chevalier gambette, dans des can-
tons du Piémont, (v.)
FUMA. Nom provençal du Grèbe huppé, (v.)
FUMARIA. Nom d'une plante mentionnée par Pline.
Elle le doit , selon quelques auteurs , à sa propriété de four-
nir un excellent engrais pour la terre ; d'autres , et c'est le
plus grand nombre, l'attribuent à la vertu de son suc, qui pro-
duit sur les yeux un picotement analogue à celui causé par la
fumée.C'est le capnos ou capnitis de Dioscoride, et notre Fu-
meterre , suivant tous les botanistes ; aussi le nom defuma-
r/a lui a-t-il été constamment donné, ainsi qu'au genre dont
elle est le type ; genre que Tournefort divise en plusieurs ,
que la plupart des botanistes modernes ont adoptés. V. Fu-
meterre , Capnoïde , Corydalis , Cysticapnos , Çugu-
laria , Diclitra et Neckeria.
F U M 3i5
La MOSCATELINE ( Achxa moschatellina , L. ) est nommée
fiimaria hulhosa par Tabernamontanus (le. 3g). (ln.)
FUMAT. Espèce de Raie , qui paroît ne pas s'éloigner
de celle appelée à long bec , si elle n'est pas la même, (b.)
FUM-HOAM. Un des noms de I'Oiseau royal, (s.)
F UMÉE DES VOLCANS. Vapeur extrêmement épaisse
et noire qui sort des cratères, surtout avant l'éruption de
la lave, et qui forme une colonne immense , qui s'élève
quelquefois jusqu'à près de deux lieues de hauteur; le som-
met de cette colonne se dilate, et lui donne, suivant l'ex-
pression de Pline , la forme d'un pin. Cette fumée est pres-
que totalement composée de molécules terreuses, souvent
cristallisées, qui retombent dans le voisinage du volcan, si
l'atmosphère est tranquille , ou qui sont transportées par les
vents à des distances très-considérables. V. Cendres vol-
caniques.
Dans le moment où la fumée des volcans sort du cratère ,
elle est sillonnée par des éclairs continuels, produits par les
explosions du fluide électrique, l'un des principaux agens
de la nature dans les phénomènes volcaniques. Voyez
Volcan, (pat.)
La fumée du Vésuve est très-souvent aqueuse, et exhale
aussi une forte odeur d'acide muriatique , d'après les belles
observations de M. Breislak et de M. Ménard de la Groye.
/ '. FUMEROLES. (LUC.)
FUMÉES {Vénerie), sont les fientes des bêtes fauves. Les
fumées sont les indices que les chasseurs consultent pour
connoître la nature du gibier. Elles changent de forme dans
les différentes saisons : au printemps, elles sont en plateaux;
depuis le commencement de juin jusqu'à la mi-juillet, en
Irorhcs ; et depuis la mi-juillet jusqu'à la fin d'août, en nœuds.
Il y a aussi des fumées en bouzards , formées , martelées et ai-
guillonnées, (s.)
FUMEROLES. On donne, en Italie, le nom de ///-
mfrules,' soit aux canaux par lesquels s'échappent, dans les
terrains volcaniques de ces contrées, des vapeurs en grande
partie aqueuses, soit à ces vapeurs elles-mêmes. On sait que
dans certains endroits, comme à la Solfatarre , à l'île d'îs-
chia et ailleurs, elles entraînent avec elles du soufre , ou des
matières salines qui se déposent à l'entour d'elles. Les fume-
roles du Vésuve contiennent beaucoup de gaz acide muria-
tique ou hvdrochlorique et peu d'acide sulfureux; celles de
l'Ktna au contraire et du pic de Ténériffe , renferment da-
vantage de ce dernier. V. Volcan.
L'abondance des vapeurs aqueuses qui s'exhalent des fu-
merolcs de la Solfatarre , et de l'une d'elles en particulier,
3i6 F U M
est si considérable que l'on a entrepris de les réunir et de
les condenser, en les emprisonnant dans une sorte de tour.
Après beaucoup dessais, grâces aux travaux de M. Breislalc,
on est parvenu à la convertir en une fontaine qui fournissoit
alors (en 1800) , six à sept tonneaux de 480 bouteilles (en-
viron 3 kilolilres) chacun. On peut lire la description de
cet étonnant appareil et des soins nombreux qu'il a fallu
prendre pour l'établir, dans le second volume des Voyages
physiques et litltologiques dans la Campante (traduct. française,
t. 2 , p. 77 à 90.) , où il est aussi figuré.
Nous saisissons avec empressement l'occasion qui se pré-
sente ici de rendre à M. Breislak l'hommage qui lui est dû
pour son profond savoir en géologie, et pour réparer une
faute bien involontaire que nous avons commise envers lui ;
en laissant subsister , dans l'article Bitume de ce Diction-
naire , une imputation injuste de plagiat , que lui a intentée
feu Patrin , auteur de ce même article , au sujet de sa Théorie
des volcans. On peut consulter, à cet égard , Y Introduction à
la géologie , publiée par le savant italien , en 1810. (Traduct.
française, pag. 489 à 499.) (luc.)
FUMETERRE, Fumaria, Linn. (diadelphie hexandrie).
Nom d'un genre de plantes de la famille des papavéracées ,
qui comprend des herbes, la plupart annuelles , et dont les
Heurs sont très-irrégulières. Le calice est formé de deux pe-
tites folioles latérales , opposées et caduques , ou manque
quelquefois ; la corolle semble labiée ou papilionacée ; elle a
quatre pétales inégaux; le supérieur est recourbé postérieu-
rement en forme d'éperon simple ou double, linférieur plus
court, les deux latéraux rapprochés ; ils renferment six éta-
mines , dont les filets portent chacun trois petites anthères
ovales ; le germe est supérieur et oblong; il soutient un style
couronné par un stigmate orbiculaire , comprimé et à deux
sillons. Le fruit est une espèce de silique à une cellule , con-
tenant une ou plusieurs semences rondes.
hesfumeterres ont les feuilles alternes et ailées , avec les fo-
lioles découpées , et les fleurs disposées en épi ou en grappe.
Les espèces les plus connues , ou les plus intéressantes des
trente connues , sont :
La Fumeterre officinale , Fumaria officinalis , Linn., qui
est annuelle , et employée en médecine. Elle se trouve par
toute l'Europe, dans les lieux cultivés, et fleurit tout l'été. Sa
tige est diffuse , lisse, creuse , garnie de feuilles pétiolées
folioles obtuses. Les rameaux sont anguleux, opposés aux
feuilles , ainsi que les fleurs; et celles-ci sont remplacées par
de petites siliques rondes, qui ne renferment qu'une se-
mence.
FET ;>)!;
La FUMETERRE BULBEUSE, Fumaria bulbosa , Linn. Elle
croit en France et dans les pays tempérés de l'Europe,
aime les bois, les lieux ombragés, a des racines bulbeuses
et vivaces, et fournit des variétés agréables par leurs fleurs,
qui se montrent en mars et en avril. Ces variétés sont bleues,
purpurines, quelquefois roses ou blanches , sans calice, mais
accompagnées de bractées ovales, lancéolées, qui ont la
même longueur qu'elles.
La Fumeterre jaune, Fumaria lui 'ea , Linn., vulgaire-
ment fumetrrrc vivare. Cette espèce, qu'on trouve aux lieux
montagneux et pierreux du midi de la France et de l'Europe,
n'est pas moins agréable que la précédente. Elle forme de
belles touffes, est toujours en fleurs, et conserve sa verdure
pendant presque toute 1 année. Elle a une racine vivace ,
plusieurs tiges quadrangulaires , et des siliques minces , con-
tenant six semences. Cette plante a une belle apparence; on
peut en garnir les grottes , les ouvrages en rocaille : elle se
multipliera assez d'elle-même par ses semences, que les val-
vules élastiques des siliques lancent au loin , dès qu'elles sont
mûres.
La Fumeterre du Canada , Fumaria scmpeivircns , Linn.
C'est aussi une belle espèce, qui a un port élégant; mais elle
est mal nommée, puisqu'elle est annuelle. Elle croît en Vir-
ginie et dans le Canada. Sa tige est droite; ses fleurs sont
d un pourpre pâle, et ses siliques linéaires et disposées en
panirule. Elle fleurit pendant presque tout l'été, se ressème
d'elle-même , vient facilement dans un sol pierreux, et peut
être placée dans les mêmes lieux que la précédente.
Il y a encore la Fumeterre a épis, Fumaria spicata , L. ,
qui diffère a peine de 1 officinale ; ses tiges sont droites, ses
folioles capillaires, et ses fruits entourés dune espèce de
bourrelet. La Fumeterre a fruit vésiculeux, d'Ethiopie,
Fumaria vesicaria , Linn. La FUMETERRE A NEUF FEUILLES ,
d'Espagne, Fumaria enneaphy lia , Linn. La Fumeterre A
vrilles, d'Europe. Fumaria duviculala , Linn.; elle s'ac-
croche à tout ce qui l'environne , par ses feuilles supérieures
terminées en vrilles. Celle à grandes feuilles, de Sibérie,
Fumaria nobilis , Linn. ; elle ressemble à la fumeterre bulbeuse,
mais elle est plus grande et plus belle. Celle d'AFRlQi'E , dé
couverte dans ce piys par M. Desfonlaines; ses feuilles sont
ailées avec impaire et à folioles en coin , et ses fleurs sont
panachées de pourpre et de blanc. Toutes ces fumeterre s ont
des éperons si.npl *s. On en connoit deux espèces à éperon
double. La Fumeterre a grosses fleurs pourpres, de
Chine, Fumaria spectabilis , Linn. , très-belle plante , qui ,
selon Linnaeus , croit aussi en Sibérie ; et la Fumeterre a
3i8 F U M
fleurs jaunâtres et en capuchon , de Virginie , Fumaria
cucullaria, Linn. Quelques espèces de fume terre , et entre
autres la fumeterrc capno'ide , ont été regardées comme devant
faire un genre appelé Corydalis. V. Capnoïde et Cisticap-
NOS. (D.)
FUM-HOAM. V. Oiseau royal, (s.)
FUMIER. Ce mot, dans son acception propre, ne doit
s'appliquer qu'aux pailles , ou autres tiges et feuilles de plan-
tes qui ont servi de litière aux animaux domestiques , qui sont
imbibées de leur urine , mélangées avec leurs fientes , et dont
on se sert pour fertiliser les terres ; mais quelques agricul-
teurs l'étendent à toutes les espèces d'ENGRAis végétaux et
animaux.
Chaque espèce de paille ou de plante donne des fumiers
d'une nature particulière ; mais la différence n'est pas assez
sensible pour qu'on doive y faire une grande attention. Ce
sont des animaux qui ont concouru à leur formation , qu'ils
tirent leurs principales propriétés distinctives ; aussi en pren-
nent-ils le nom.
Le fumier de cheval est appelé chaud, parce qu'il a une
grande tendance à fermenter, et qu'il donne une très-grande
activité à la végétation. C'est celui dont on fait le plus géné-
ralement usage , surtout dans les jardins. C'est presque le
seul qui convienne dans la fabrication des couches.
Le fumier de vache est appelé/roi'J, parce qu'il fermente
moins facilement , moins fortement et moins long-temps.
Le premier convient aux terres fortes et humides , et le
second à celles qui sont sèches et maigres.
Le fumier de mouton est le plus actif de tous , parce qu'il
contient plus de carbone sous un plus petit volume. Celui de
chèvre n'en diffère pas sensiblement.
Celui des cochons passe également pour être très-actif,
chez quelques agriculteurs , tandis qu'il est regardé comme
froid par d'autres; ce qui peut être également fondé, car
c'est de la nourriture donnée à l'animal que dépend sa qualité.
Les fumiers sont employés plus ou moins long-temps
après qu'ils sont sortis de dessous les animaux qui les ont
fournis ; mais le plus généralement , on ne les répand sur
les terres qu'au bout de l'année , soit à la fourche, soit
à la main. La manière de les ramasser et de les conserver
varie à un point incroyable. Il semble que, dans certains
pays, on n'y mette aucune importance, tant ils sont négligés;
tandis que dans d'autres on paroît y en mettre trop , tant
ils sont soignés.
Aux environs de Paris, les fumiers couvrent le sol entier
F U M 3,9
de la cour des fermes , de manière qu'ils sont journellement
piétines par les hommes et les animaux. Cette méthode n'est
rien moins que saluhre pour les habitans de la ferme, el n'a
d'autre avantage que d'éviter la perte de quelques parcelles
de pailles, de quelques excrémens de volailles Elle ne doit
par conséquent pas être adoptée par un agronome éclairé.
Dans les parties septentrionales de la France , on fait gé-
néralement au centre de la cour un bassin où se dirigent
toutes les eaux pluviales, et on y jette le fumier, qui, étant
toujours noyé, se lave, perd la plus grande portion de ses
principes fertilisant , et ne peut fermenter.
Dans quelques autres cantons , au contraire , les fumiers
sont placés dans l'endroit le plus élevé de la cour, et on en
forme des cônes ou meules que l'on élève le plus possible
pour épargner la place; de sorte que d'un côté , les eaux plu-
viales entraînent leurs sels et leurs autres parties constituan-
tes , tandis que de l'autre , le soleil les prive de l'humidité
nécessaire à leur fermentation.
Voici la méthode la plus généralement avantageuse à em-
ployer pour disposer les fumiers, de manière à en tirer tout
le parti possible.
Dans la partie de la cour la plus voisine des écuries, mais
cependant à quelque distance de ces dernières , à l'exposition
du nord s'il est possible, on fera une fosse carrée de deux à
trois pieds au plus de profondeur, el d'une largeur propor-
tionnée à la quantité de fumier qui doit y entrer annuelle-
ment. On en pavera le sol avec de larges pierres plates , ou
bien , à défaut de pierres , on la couvrira d'un lit d'argile , et
on fera un lit autour. C'est là qu'on déposera les fumiers à
mesure qu'on les tirera des écuries, ayant soin de les répan-
dre toujours également. Ils y seront dans la position la plus
favorable pour fermenter, et passer, sans perte de subs-
tance, à ce qu'on appelle fumier consommé, c'est-à-dire,
à détenir noir, gras et homogène. Une bonne fermière ne
manquera pas d'y faire porter chaque jour les urines de la
nuit , les restes de la cuisine , les fientes de bœufs ou de
chevaux que ces animaux auront laissé tomber dans les autres
parties de la cour , etc.
Le fumier est ordinairement entièrement consommé au
bout de trois ans ; après ce temps , il se détériore , se change
-en terreau ; ainsi on doit l'employer dans cet intervalle.
Il y a de l'avantage à l'utiliser au sortir de l'écurie, sur-
tout dans les terres fortes.
On trouvera , au mot Engrais , les principes de l'action
32o F U N
des fumiers , et tout ce qu'on peut désirer de plus sur ce
sujet, (b.)
FUM-LAN des Chinois ; Phaong-lan des Cochinchinois.
C'est Vœride odorante de Loureiro , orchidée parasite à fleurs
odorantes. Les rameaux détachés de la plante sont suspen-
dus à l'air libre ; ils se développent et croissent ainsi pendant
plusieurs années. Loureiro ajoute qu'il se seroit refusé à le
croire , s'il n'en avoit été témoin journellement. L. (lis.)
FUNÀIRE , Funaria. Nom donné , par Hedwig , à un
genre de plantes de la famille des mousses , qui offre pour
caractères : un péristome double , l'extérieur à seize dents
obliques , rapprochées à leur sommet ; l'intérieur muni d'au-
tant de poils membraneux et aplatis ; fleurs mâles et femelles
terminales. Il a été aussi appelé Koelreutère.
L'Hypne hygrométrique sert de type à ce genre qui
contient sept espèces, (b.)
FUNCO et HINOIO. Noms du Fenouil, en Espa-
gne. (LN.)
FUNDUCH. Nom donné au Noisetier , par quelques
nations tartares , les Arméniens , etc. (ln.)
FUNDULE, Fundulus. Genre de poissons, établi par La-
cépède , pour placer deux espèces de Cobites qui n'ont pas
les caractères des autres.
Les leur sont : corps et queue presque cylindriques ; des
dents et point de barbillons aux mâchoires ; une seule na-
geoire dorsale.
Le Fundule mudfish , Cobilis lielerocliia , Linn. Il a six
rayons à chaque ventrale. Il se trouve dans les rivières de
Caroline.
Le Fundule japonais. Il a huit rayons à chaque ventrale ;
il habite les eaux du Japon, (b.)
FUNDULUS. On a donné ce nom à la loche , Cobilis
barbalula. (DESM.)
FUNGICOLES , Fungicola. Famille d'insectes coléop-
tères , de la section des trimères , ayant pour caractères : an-
tennes plus longues que la tête et le corselet; palpes maxil-
laires filiformes , ou simplement un peu plus gros à leur ex
trémité ; corps ovale , avec le corselet en trapèze.
Les espèces indigènes vivent , pour la plupart , dans les
lycoperdons et autres champignons, et telle est l'origine de
la dénomination de cette famille. Elle se compose des genres
Eumorphe , Lycoperdine , Endomyque , et Dasycère. Le
dernier n'y est placé qu'à raison du nombre des articles de
F 0 N 3lI
sos tarses et «le ses antennes; ses autres caractères l'en éloi-
gnent et le rapprochent davantage des lyctes , des haridies.
V, ces mots, (l.)
FUNG1E , Fungia. Genre de polypiers pierreux , établi
par Lamarck aux dépens des madré pores de Linnams. M a pour
caractères d'être libre , orbiculaire ou hémisphérique , ou
oblong ; convexe et lamelle ux en dessus . avec un sillon ou
un enfoncement au centre : concave <'t raboteux en dessous;
«l'avoir une seule étoile lamelleusc , subproliière , à lames
dentées ou hérissées latéralement.
Ce genre a pour type le Madrépore fungite de Lin-
nneus. (b.)
FUNGIFER LAPIS de Gesner. V. Pierre a champi-
(,NONS. (ni.i.M.)
FUNGITE Voy. Fonc.i ]•:.. (r.r.sM.)
FUNGIYORES. V. FoNMYOKESCtFuNGICoLFS. (desm.)
FUNG-MI-CllU. Nom chinois du Cteiudatdrum injoiiu-
natiim. L. (LN.)
FUNGOID ASTRE. Micheli a ai^si nommé les Pezizes
dont le chapeau est en forme de trompette, (b.)
FUNGUS. Nom collectif latin «les Champignons, (des» )
FUNGUS CYATHIFORMIS. V. Hippurite. (desm )
FUNGUS ENCEPHALOIDES. Voyez Menan-
DRITE. (DESM.)
FUNGUS GLAPHYRUS. V. Stalactites, (desm.)
FUNKIE , Funkia. Genre de plantes établi par Willde-
now, dans les Mémoires de l'académie de Berlin, pour pla^-
cer le Mélanthe nain de Forster. Ses caractères sont : ca-
lice nul; corolle de six pétales ; six élamines insérées à la
hase des pétales ; trois stigmates sessiles ; capsule polysperme
a trois loges et à trois sillons, (b.)
FUN1CULE. Synonyme de Cordon ombilical. C'est
un filet qui unit la graine au PLACENTA , et qui lui porte la
nourriture fournie par les racines et les feuilles. Souvent il
n existe pas , ou il est si court qu'on ne peut le voir. Quel-
«mefois il devient très-long, comme dans les Magnoliers. (b.)
FUN1CUL1NE, Funiculina. Genre de polypes (lottans,
établis par Lamarck aux dépens «les Pennatules. Ses ca-
ractères sont: corps libre , filiforme , très-simple , très-long,
charnu, garni de verrues ou papilles polypifères disposées
par rangées longitudinales ; un axe grêle , corné , presque
pierreux au centre ; polypes solitaires sur chaque verrue.
Les pennalules figurées par Linn. , Mus. Reg. , tab. ig ,
n.° 4 ; par Boadsch , Mar. , tab. 9 , n.° 4- ; et par Muller,
Zoo/. Dan. tab. 36 , n.os 1 — 3 , servent de type à ce genre, (b.)
FUNIOLE. Nom que les cultivateurs de l'Abruzze donnent
XII. 2 1
322 FUR
au Millepertuis crépu , qu'ils croient propre à donner la
mort aux moutons blancs , et à ne faire aucun mal aux mou-
tons bruns, (b.)
FUNIS CREPITANS. Rumphe fait connoître , sous
cette dénomination , plusieurs espèces d'AcmT ( Cîssus ) ,
dont l'un le F.C.major, vol. 5, tab. 164., estle Cissus latifolia;
etun*cond,leF.C.TRiFOLiUM, vol.5,tab. i65, estle Cissus
carnosa. (LN.)
FUNIS MURiENARUM , Rumph. , Amb. 5, t. 35. Es-
pèce de Melastome ( Mel. crispata , L. ) , qui croît à Am-
boine. (ln.)
FUNIS MUSARIUS , Rumph. , Amb. 4 ,. t. 72. C'est
le CANANGde Ceylan, Uvaria zeylanica , Linn. (ln.)
FUNIS QUADRANGULAR1S , ( Rumph., Amb. 5 ,
t. 44 1 f- 20 Espèce d' Achit {Cissus quadrangularis, D) , sur la-
quelle étoitfondé le genre sœlanthusàe Forskaël. La figure i.re
de la même planche de Rumphe, représente et sous le même
nom , le menispermum crispum. (LN.)
FUNIS UNCATUS , Rumph. , Amb. 5 , t. 34. M. de
Jussieu pense que l'on doit rapporter cette plante des Indes
orientales , au genre nauclea , dont la première espèce con-
nue étoit un céphalante pour Linnaeus , etrdont deux autres
forment le genre Uncaria de Schreber. Loureiro rapproche
avec doute la plante de Rumphe , de son avaria uncata , le
Ym-chao des Chinois, (lis.)
FUNIS VIMINALIS (Rumph. , Amb. 5 ,t. 2). C'est le
Venlilago maderaspalana de Gsertner. (ln.)
FUNON. Coquille du genre des Buccins, (b.)
FUR et FURN ou FURA. Ces noms désignent le Pin
sauvage , dans les provinces danoises , suédoises et Nor-
végiennes, (ln.)
FUR NOCTURNUS. Pline désigne ainsi le Crapaud-
volant ou 1' Engoulevent. V. ce mot. (s.)
FURAB ORDAO. Nom portugais du Nyctanthe velu
( Nyctanthes hirsuta , L. ). (LN.)
FURAFF. L'un des noms japonais de 1' Armoise des
Indes ( Artemisia indica, Willd. ). (ln.)
FURCOCERQUE, Furcocerca. Genre de vers infusoires,
établi par Lamarck, aux dépens des Cercaires de Muller.
Ses caractères sont : corps très-petit, transparent, rarement
cilié , muni d'une queue diphylle ou bicuspide.
Les espèces rapportées à ce genre par Lamarck, sont les
Cercaire verte , Podure , Bourse , Catelle, Lime , de
Muller , et la Cercaire cornue que j'ai observée en Amé-
rique , et décrite et figurée dans le Buffon de Deterville , par-
tie des Vers , pi. 32. (ï$.)
1). *8
i..:ÏL .i»'
/)c,epr>e œiis, Linn. Grand arbrisseau qui croît en France , en Suisse,
en Allemagne , dans les haies et les bois taillis. Il est élevé de
dix à quinze pieds , a une écorce lisse et verdâtre ; un bois
cassant; des branches nombreuses; desfeuilles opposées, en-
tières, ovales, dentées finement, et des fleurs d'un blanc sale ,
qui naissent en petits paquets aux parties latérales des tiges.
Son fruit est à quatre lobes obtus , ordinairement rouge ,
quelquefois blanc ; il imite dans sa forme un bonnet de prêtre.
Cet arbrisseau quitte ses feuilles tous les ans, fleurit au
mois de mai, et se trouve couvert, pendant les mois de sep-
tembre , octobre et novembre , d'une quantité de fruits vive-
ment colorés , qui lui méritent une place dans les bosquets
d'automne. Il est encore plus utile qu'agréable. Son bois
obéit au ciseau , et peut être employé quelquefois aux ou-
vrages de sculpture. Les luthiers en font usage. On en fait
des vis , des fuseaux, des cure-dents , des lardoires , et d'au-
tres instrumens. Les dessinateurs se font des crayons avec les
baguettes de fusain, qu'ils réduisent en charbon dans un tube
de fer rougi au feu, et bien fermé. Ce crayon est propre à
esquisser, parce qu'il s'efface très - facilement ; mais quand
on le taille, il faut faire la p/ointe sur un des côtés pour éviter
la moelle. Les fruits de cet arbrisseau sont employés par les
teinturiers, qui s'en servent pour trois couleurs, le vert, le
jaune et le roux : pour avoir la première , on en fait bouillir
les graines, encore vertes, avec de l'alun.
Le fusain commun croît partout , et fait de bonnes haies.
On peut le multiplier par semences, par marcottes, ou par
boutures. C'est toujours en automne qu'il faut ou semer ses
graines, ou coucher ses jeunes branches , ou planter ses bou-
tures. Au bout d'un an, les jeunes sujets doivent être trans-
plantés dans une pépinière , et y rester au moins deux ans
avant d'être placés à demeure.
Fusain a feuilles larges, Evonymus lalifalius, Linn. Ses
feuilles sont beaucoup plus larges , et presque toutes ses fleurs
ont cinqparlies au lieu de quatre. Il diffère du fusain commun ,
par ses fruits, donUes cinq lobes sont comprimés, tranchans,
él minces comme des ailes. On le cultive de la même manière.
F U S 327
Fusain galeux, Eoonymus verrucosus, Linn. On reconnoît
aisément celui-ci aux points verruqueux et noirâtres dont ses
rameaux sont couverts , et à ses fleurs quadrifides. Il croît
dans l'Autriche et la Hongrie, fleurit au commencement du
printemps , et se dépouille en hiver de ses feuilles.
Fusain d'Amérique, Evonymus americamis, Linn. Ce pe-
tit arbrisseau, qui vient sans culture en Virginie et dans la
Caroline, offre deux avantages aux amateurs des plantes exo-
tiques; il résiste au froid, pourvu qu'il ne soit pas planté dans
un endroit trop exposé , et il conserve ses feuilles en hiver.
On peut donc l'employer à garnir les bosquets sombres de
cette triste saison. 11 s'élève a huit ou dix pieds ; ses feuilles
sont sessiles et ses fruits quinquéfides. On le multiplie , dit
Miller, en marcotant ses jeunes branches en automne , en
observant de les fendre comme celles des œillets. (D.)
Le genre Fusan a été établi aux dépens de celui-ci.
Fusain tobine. Il est actuellement rangé parmi lespitios-
pores.
Fusain bâtard. C'est le Célastre grimpant, (b.)
FUSAIRE , Fusaria. Zéder avoit donqé ce nom à un
genre dans lequel il avoit réuni des Filaires et des Asca-
rides. Ce genre n'est pas adopté, (b.)
FUSAN , Fusanus. Genre de plantes de la létrandric mo-
nogynie , qui a pour caractères : un calice monophylle à
quatre dents; point de corolle; quatre étamincs ; un ovaire
inférieur à style presque nul, et à stigmate cruciforme,
obtus ; une noix ovale, ombiliquée et uniloculaire.
Ce genre ne contient qu'une espèce, qui avoit été décrite
par Bergius sous le nom de colpoon , et réunie , mal à
propos , d'abord aux Thésies, etensuite aux Fusains. C'est un
arbuste à feuilles opposées , ovoïdes et entières, et à fleurs
disposées en grappes terminales, qui croît au Cap de Bonne-
Espérance.
Depuis , R. Brown a ajouté à ce genre quatre nouvelles es-
pèces originaires de la Nouvelle-Hollande, (b.)
FUSANUS. V. Fusain et Fusan.
FUSARIA etFUSANO. Noms du Fusain en Italie.
(LN.)
FUSARION , Fusarium. Genre de plantes de la classe
des anandres, section des épiphytes , proposé par M. Link.
Ses caractères sont : un thallus globuleux, des sporidies en
forme de fuseau; non cloisonnées , couvertes. Ce genre ne
diffère du fusidion que par les sporidies qui sont nues dans
ce dernier geure.
328 F U S
Ce genre ne renferme qu'une seule espèce , F. roseum ,
trouvée sur les tiges sèches des malvacées. Nous l'avons
reconnue sur des feuilles d'orme et sur des morceaux de
bois morts. (P. B.)
FUSCALB1N. V. l'article Héorotaire. (v.)
FUSCINIE , Fusrinia. Schrank donne ce nom au genre
de mousse , appelée Fissident par Hedwige. (b.)
FUSCITE. Nom donné par M. Schumacher à un miné-
ral observé par lui à Kallerigen , près d'Arendal en Nor-
vyége , dans du quarz grenu roulé , accompagné d'un peu de
feldspath et de chaux carbonatée ferro-manganésifère.
Ce minéral est opaque et d'un noir grisâtre ouverdâtre ;
il est tendre , facile à racler , et donne une poussière d'un
gris blanchâtre. Sa pesanteur spécifique est de 2,5 à 3. Il
cristallise en prismes à 4 et à 6 pans , et sa cassure est ra-
boteuse. Il devient luisant et comme émaillé par le feu du
chalumeau , mais ne se fond pas.
Suivant M. Brongniart, il paroîl avoir beaucoup de ressem-
blance avec la pinite. On a aussi nommé Fuscitë une subs-
tance très-différente de celle-ci, et qui se trouve également
en Norwége.
Cette dernière nous a présenté tous les caractères d'un
porphyre à base de feld-spath résinite; elle est d'un vert
noirâtre foncé. (LUC.)
FUSEAU, Fusus. Genre de coquilles univalves établi par
Lamarck, aux dépens de P».ochers ( Murex) de Linnœus.
Son expression caractéristique est : coquille fusiforme, cana-
liculée à sa base, sans bourrelets constans, et ayant sa partie
ventrue, soit également distante des extrémités, soitplus voi-
sine de sa base ; spire allongée ; columelle lisse; bord droit ,
sans échancrure.
Ce genre comprend presque toutes les coquilles figurées
dans Dargenville sous le nom de Fuseau, (b.)
Fuseau blanc, a dents, dentelé, étoile, de ternate.
Synonymes du strombus fusus de Linnœus, coquille du genre
ROSTELLAIRE. (DESM.)
Fuseau a longue queue , Fusus colus. C'est le type du
genre Fuseau, (desm.)
FUSEAU A COLLET. Espèce d' Agaric qui se trouve
fréquemment aux environs de Paris, et que Paulet a figuré
pi. i^Q de son Traité des champignons. Il a le chapeau fauve
clair en dessus, et fauve foncé en dessous; le pédicule fu-
siforme et pourvu d'un collet. Il n'a pas incommodé les ani-
maux à qui on l'a fait manger.
Fuseau a ruban. Autre espèce d' Agaric qui croît aussi
FUS Ui
aux environs de Paris, et qui ne paroît pas dangereuse. Elle
se fait remarquer par son pédicule fusiforme blanc avec un
cercle rouge dans son milieu. Son chapeau est marron clair
en dessus et marron foncé en dessous. Paulet Ta figurée .
pi. 1^9 de son Traité des champignons', (b.)
FUSÉE. «Les chasseurs appellent quelquefois ainsi une
partie du terrier du renard.
C'est aussi , en vénerie , l'espèce de sillon que le sanglier
trace en fouillant la terre avec son boutoir, (s.)
FUSÉE. Nom vulgaire de I'Agaric élevé qui se mange
dans beaucoup de lieux, (b.)
FUSELÉE. C'est le Chardon prisonnier {alractilis can-
cellata. Linn. (ln.)
FUSEN. V. Fusain, (ln.)
FUSICORNES ou CLOSTOCÈRES, Dumér. Fa-
mille d'insectes , de l'ordre des lépidoptères , composée du
genre sphinx de Linnseus , et qui répond à rlotre division des
lépidoptères crépusculaires. V. ce mot , et ceux de Sphin-
GIDES et Zycenides. (l.)
FUSIDION , Fusidium. Nouveau genre de plantes pro-
posé par M. Link. 11 a pour caractères : des sporidies fusi-
formes non cloisonnées, nues, libres, reunies en masse.
Ce genre comprend quatre espèces, (p. B.)
FUSIL. Les carriers appellent ainsi un banc particulier de
pierre à pliUre qui existe dans la première masse exploitée,
a Montmartre , à Belleville et autres lieux des environs J-:
Paris, (desm.)
FUSIL. ( Pierre a-) V. Silex pyromaque. (desm.)
FUSIPORFE , fusiporium. Genre de plantes de la classe
des anandres , deuxième ordre ou section , les moisissures,
proposé par M. Link. 11 a pour caractères: unlhallus com-
posé de filamens réunis en gazon, rameux, cloisonnés; desspo-
ridies fusifonnes rassemblées au milieu du thallus.
Il se compose d'une seule espèce, le Fusipore. couleur
d"or, qui croit sur les tiges du maïs, des cucurbitacées et
autres plantes, (p. B.)
FUSTER. Echapper au piège. On dit qu'un oiseau nfuste,
soit qu'il ail vu le piège, ou qu'il ait été manqué, (v.)
FUSTET. Nom d'une espèce du genre Sumac, (b.)
FUSTICK - WOOD. Rai (Dendr. i4 et 666 ) désigne
par ce nom une espèce de Mûrier (moins tmeioria , L. ).
(LN.)
EUSUS. Nom latin des coquilles du genre Fuseau.
(DESM.)
33o G A B
FUSUS AGRES*TIS, Atractylts en grec. V. Atracty-
LIDE. (LN.)
FUTAIE. Bois qu'on a laissé croître au-delà de trente ou
quarante ans. A cet âge, il porte le nom de Futaie sur TAIL-
LIS j entre quarante et soixante ans , c'est demi-futaie ; après
ce terme, il est Haute-futaie; et quand il*a passé deux
cents ans ou qu'il est sur le retour, on l'appelle ordinaire-
ment Vieille futaie. V. les mots Arbre , Bois , Taillis.
(d.)
FUTE. C'est, au Japon, suivant Thunberg , le nom
d'une espèce de gnaphale qu'il rapporte au gnaphalium arc-
narium , L. (ln.)
FYR et FYRRETIUE. Nom du Pin sauvage en Da-
nemarck. (ln.)
FYRLOSKEN. L'un des noms du Faux narcisse (nar-
cissus pseudo-narcissus ) , en Allemagne, (ln.)
FUZENV. Nom donné, en Hongrie, à la Lysimachie
commune, (ln.)
G.
GA , GAI. Noms du Geai , en Piémont, (v.)
GAAPERKEM. Nom hollandais de Yantirrhinum oron-
tium. V. Muflier, (ln.)
GAAR. Nom espagnol de I'Esoce belone. (b.)
GAARBON. Nom norwégien de I'Engoulevent. (s.)
GAARDGRAES. Nom de la Renouée (polygonum aviat-
lare ) , en Norwége. (ln.)
GAAS ou GASA. Nom de I'Ours au Kamtschalka. V. ce
mot. (s.)
G AASGRAES. Nom de la Fétuque flottante ou Manne
DE Pologne ? en Suède et en Norwége. (ln.)
GAATI-EGER. C'est, en Hongrie, le Campagnol rat-
d'eau. V. ce mot. (desm.)
GABALIUM, Pline. Sorte d'aromate qu'on apportoit de
l'Arabie, (ln.)
GABANZA Nom de I'Eglantier ( rosa canina) , en Es-
pagne. (LN.)
GABAR. V. le genre Epervier. (v.)
GABBRO. Les marbriers florentins donnent ce nom à la
roche de diallage , appelé euphotide par M. Haiiy, et à plu-
sieurs variétés de serpentine, renfermant ce même minéral,
qui se trouvent en Toscane. * l'article Euphotide. 11 pa-
roît même avoir été étendu à des pierres différentes de la
G A ?» S3i
serpentine. Ferber cite un gabbro noir, avec des ta<*hes blan-
ches , venant de Cecina , dans les marcmuies de Vollerre ,
près de Pise, où il se trouve disposé par couches ; un gabbro
vert, blanc , noir et rouge , qui renferme de l'asbeste ; un
fabbro noir , mêlé de mica ; ces deux variétés se trouvem à
Vato, prèsde Pistoia ; on nomme la première verde di Pralo ,
la seconde nero di Prato.
Lesmontagncs d'Impnineta , à deux lieues au sud de Flo-
rence, sont formées de gabbro que Ferber désigne formelle-
ment sous le nom de serpentine de Saxe. On l'emploie à l'or-
nement des édifices, et l'on en voit suvtout de beaux échantil-
lons dans l'église de la Chartreuse, qui est à une lieue de
Florence.
DesmarestappeloitgaMre l'amphibole lamellaire en masse
ou horneblende commune. V. t. 1, p. 4-63. (pat. et LUC.)
GABBRONITE. M. Schumacher a décrit sous ce nom un
minéral trouvé par lui en Norwége, et auquel il assigne les
caractères suivans : sa couleur est le blanc grisâtre nuancé
de différentes teintes de vert ou de rougeâlre ; il raye le
verre , quoiqu'il étincelle difficilement sous le choc du bri-
quet, et sa cassure est en général écailleuse : son tissu est
très-serré : au chalumeau il fond, avec peine, en un émail
blanc. Il est ordinairement accompagné de feldspath com-
pacte incarnat, d'amphibole, de talc et de fer oligisle la-
minaire.
M. Haiiy penche à croire que l'opinion de M. Reuss qui
tend à rapprocher cette substance de la néphrite ou feld-
spath tenace , est assez vraisemblable. Suivant M. Jame-
soti, le gabbronite est une simple variété du paranthine com-
pacte. V. sa Minéralogie , t. i, p. 391. (LUC.)
GABELKRAUT. L'un des noms allemands des Bidens.
(LW.)
GABETS. ( Vénerie. ) Vers ou plutôt larves d'insectes qui
se logent dans la peau du Cerf. V. Oestre, (des.m.)
GABIAN. Nom vulgaire du Goéland, (desm.)
GABRIAN. C'est, en Provence, la dénomination du
Plongeon, (v.)
GABIER. Nom appliqué par M. de Azara à un petit oi-
seau du Paraguay, parce qu'il se tient vers le milieu des ar-
bres, (v.)
GABINA. Barrère dit que en Catalogne, le gabina est
une espèce de Goéland, qu'il désigne par cette phrase : Larus
a/bus, dorso, rostro et pedibus fusris (Ornith. class. 1, gcn. 4,
sp. 4-)- C'est-, selon toute apparence, l'espèce surnommée le
bourgitemcslrr ou le goéland à manteau -gris-brun. f. au mot
Mouette, (s.)
33z CAD
GABIOURNE. Nom des Pies-grièches dans une partie
du Piémont, (v.)
GABIOUSNA D'MARINA. Nom du Guêpier dans
l'Astesane. (v.)
GABIRA. C'est une espèce de guenon noire qui se trouve
en Afrique. Comme ces caractères ne sont pas assez détail-
lés , on ne sait à quelle espèce il faut la rapporter. Son
poil est noir; sa taille égale celle du renard , et sa queue
est longue. C'est probablement un mangabey (simia œthiopsy
Linn. ). V. l'article Guenon, (virey.)
GABON. Grand oiseau d'Afrique, auquel on donne six
pieds de long \ dans quelques voyages anciens , où l'on ne
dit rien de plus àxxgabon, si ce n'est qu'il se trouve vers la
Gambie, (s.)
GABOT. Nom d'un poisson qu'on pêche pour servir
d'amorce, et qui a la propriété de rester trois ou quatre jours
en vie hors de l'eau. On ignore à quel genre appartient ce
poisson, (b.)
GABRE. On désigne quelquefois par ce nom le Coq
d'Inde et le vieux mâle de la Perdrix, (des»»)
GABURA. Genre établi par Adanson dans la famille
des Champignons ou des Lichens. On ne l'a pas adopté.
(B.)
GACENIA d'IIeister. Cette plante est une Giroflée
(cheiranthus, Linn.). (ln.)
GACHELKRAÛT. L'un desnomsallemands delà Mille-
feuille (arhillea millefolium). (l,N.)
CACHET. Nom d'une Hirondelle de mer. V. le genre
Sterne, (v.)
GACHETTE. Dénomination d'une machine quelconque
qui sert à détraquer un piège, (v.)
GACHIPAES. Nom vulgaire d'un Bactris de la Nou-
velle-Grenade, décrit dans l'ouvrage de Humb'oldt , Bon-
plan et Kunth sur les plantes de l'Amérique méridionale.
(B.)
GADDEL. Les oiseleurs de Londres appellent ainsi le
Pilet. (s.)
GADE , Gadus. Genre de poissons de la division des Ju-
gulaires , dont les caractères offrent une tête comprimée ;
des yeux éloignés l'un de l'autre , et placés sur les côlés de la
tête ; un corps allongé, peu comprimé , et revêtu de petites
écailles ; les opercules composés de plusieurs pièces , et bor-
dés d'une membrane non ciliée.
Les sdus-genres suivans ont été proposés parCuvier pour
diviser celui-ci : Morue, Merlan, Merluche, Lotte, Mus-
telle, Bro.sme et Raniceps,
G A D 333
Les gades vivent dans la mer, et fournissent presque tous à
riiomine une nourriture aussi agréable que saine. Ils sont, en
général , si abondans, qu'il ne faut , pour ainsi dire, que les
désirer pour se les procurer. Quelques espèces , comme le
godé morue, le gade merlan , le gade lutte, le gatle mus/elle , sont
plus généralement connues ; mais on verra que les autres ne
leur cèdent pas en bonté.
On compte une vingtaine d'espèces de gades , qui se ran-
gent sous cinq divisions*
La première division comprend les gades qui ont trois na-
geoires sur le dos, un ou plusieurs barbillons au bout du mu-
seau , tels que :
Le Gade morue, dont la nageoire de la queue est four-
chue ; la mâchoire supérieure plus avancée que l'inférieure ;
le premier rayon de la première nageoire de l'anus aiguil-
lonné. V. pi. D. 32 où il est figuré. On le pèche dans les
mers du nord de l'Europe et de l'Amérique. Il est connu sous
le nom de cabillau sur nos côtes. C'est un des poissons les
plus précieux pour l'homme , à raison de son abondance et
de sa bonté. V. au mot Morue.
Le Gade Églefin a la nageoire de la queue fourchue ; la
mâchoire supérieure plus avancée que l'inférieure ; la couleur
blanchâtre ; la ligne latérale noire. On le trouve dans la mer
«lu Nord , et on le connoît, sur les côtes de France , sous le
nom Xègh'fin , àégrefin , et àanon.
Cette espèce a les plus grands rapports avec la précédente
pour la forme et les qualités de la chair; maïs elle a rarement
plus d'un pied et demi de long. Sa tête est cunéiforme ; ses
écailles petites, rondes et solidement fixées. Son dos est bru-
nâtre ; son ventre blanc ; on aperçoit une tache noke prés
de la nageoire pectorale.
On prend une grande quantité d'EgleGns dans la mer du
Nord ; mais c'est surtout sur les côtes d'Angleterre que leur
pêche est abondante. Ils arrivent sur les rivages d'Yorck au
milieu de l'hiver, et forment un banc de trois milles en lar-
geur et de quatre vingts milles en longueur. Dans cet espace ,
il suffit de jeter la ligne pour amener un poisson , et pendant
trois mois , trois pêcheurs peuvent en remplir leur canot deux
lois par jour. Aussi sont-ils , à cette époque , à si bon mar-
ché, qu'on les donne à un sou la pièce, et même quelquefois
moins. Sur les côtes du nord de la France, où ils ne sont ja-
mais aussi abondans , on les prend avec des lignes de fond. On
jelle ces lignes vers le soir, et le lendemain on les trouve or-
dinairement garnies chacune d'un gade ; de sorte que le pê-
cheur peut revenir avec cent poissons et plus.
334 GAD
Un fait digne de remarque , c'est que les gadcs églefins
n'entrent point dans la Baltique.
C'est en hiver qu'ils déposent leur frai entre les varecs du
rivage , et peu après ils rentrent dans les profondeurs de l'O-
céan. Ils vivent de mollusques et de petits poissons. Ils pour-
suivent surtout les Harengs, qui les engraissent rapidement;
ils sont eux-mêmes dévorés par les Requins , qui suivent cons-
tamment leur marche.
Le Gade bie , Gadus luscus , Linn. , a la nagoire de la
queue fourchue ; la mâchoire supérieure un peu plus avan-
cée que l'inférieure ; le premier rayon de chaque nageoire
jugulaire termirré par un long filament. On le trouve dans la
mer du Nord , et surtout autour de l'Angleterre. Il parvient
à la même grandeur que le précédent. Son dos est jaunâtre ;
et son ventre est blanc. Sa chair est exquise.
Le Gade saïda a la nageoire de la queue fourchue , la mâ-
choire supérieure un peu plus avancée que l'inférieure , le
second rayon de chaque nageoire jugulaire terminé par un
long filament. Il habite la mer Blanche , et ne parvient guère
au-dessus d'un pied. Sa tête est noire , son dos brun , parsemé
de points noirs , et son ventre blanc. Sa chair n'est pas aussi
savoureuse que celle de la plupart des gades ; mais elle est
très-mangeable.
Le Gade blennoïde a la nageoire de la queue fourchue ;
le premier rayon de chaque nageoire jugulaire plus long que
les autres , et divisé en deux. On le trouve dans la Méditer-
ranée. Il a beaucoup de rapports de grandeur et de forme
avec le gade merlan. Il est blanc partout , mais plus sous le
ventre. La forme du premier rayon de ses nageoires jugulai-
res, beaucoup plus grand que les autres, fait croire , à la pre-
mière ^ae , qu'il appartient au genre Blennie.
Le Gade callarjas a la nageoire de la queue en croissant ,
la mâchoire supérieure plus avancée que l'inférieure ; la ligne
latérale large et tachetée. On le trouve dans la mer du Nord
et dans la Baltique , où on le connoît sous le nom de dorse ou
dorsch en Allemagne.
On le prend pendant toute l'année , mais principalement
l'été , soit à la ligne , soit au filet, sur les côtes de la Prusse , du
Groenland et autres contrées du Nord. Il aime à se tenir à
l'embouchure des fleuves , et même à les remonter avec la
marée. Il vit d'autres poissons , de crustacés et de vers. Sa
chair est tendre et d'un excellent goût. On peut la donner
sans inconvénient aux personnes foibles et valétudinaires.
Quelquefois elle est verte , ce qu'on attribue aux varecs , par-
mi lesquels il vit , et sur lesquels il dépose son frai au com-
mencement du printemps. On la sèche en Irlande.
G A T) sas
Le Gade tacaud , Gadus barbatus , Linn. , à la nageoire
de la queue en croissant , la mâchoire Supérieure plus avancée
que l'inférieure , la hauteur du corps égale à peu près au tiers
de la longueur tolale. On le trouve sur toutes les cotes de
l'Europe septentrionale , où il arrive pour frayer au commen-
cement du printemps. Le reste de Tannée, il se tient en pleine
mer. On l'appelle molle ou molle dans quelques ports de
France. Il vit de petits poissons, de crustacés, de mollusques
ou de vers. Sa chair est blanche, molle , feuilletée, et se cor-
rompt très -rapidement; on la regarde comme un bon mets
lorsqu'elle est grasse ; mais , en France , on l'estime moins
que dans d'autres pays , qu'en Angleterre , par exemple. Les
Groënlandais la font sécher , ainsi que les œufs, pour leur
provision d'hiver.
On prend ce poisson , qui a rarement plus d'un pied , au
filet et à l'hameçon. Il est quelquefois si abondant dans cer-
taines rades, qu'on en amène plusieurs centaines d'un seul
coup. Son dos est brun et son ventre blanc.
Le Gade capelan , Gadus minuliis , Linn. , a la nageoire
de la queue arrondie ; la mâchoire supérieure plus avancée
que l'inférieure ; le ventre très-caréné; l'anus placé à peu
près à égale distance de la tête et de la queue. On le pèche
dans toutes les mers d'Europe. On le counoit à Marseille
sous le nom de capelan, et sur l'Océan sous celui d'officier.
Quand il paroît sur les côtes, il excite une grande joie
parmi les pêcheurs, parce qu'il leur annonce une pêche
abondante : en effet, comme les capelans arrivent en grandes
troupes , ils sont suivis de nombreux poissons voraces , tels
que les morues, les dorses, les égle/lns , dont la prise leur pro-
cure de grands bénéfices.
Le gade capelan , hors cette époque, qui est celle du frai, se
tient dans les profondeurs de la mer, où il vit de petits pois-
sons, de petits coquillages et de vers. Il ne parvient pas à plus
de six à sept pouces ; sa chair est blanche et de bon goût.
La seconde division des gades comprend ceux qui ont
trois nageoires sur le dos , et point de barbillons au bout du
museau , comme :
Le Gade colin, Gadus carbonarius, Linn., qui a la na-
geoire de la queue fourchue , la mâchoire inférieure plu»
avancée que la supérieure , la ligne latérale presque droite ,
la bouche noire. On le trouve dans toutes les mers du Nord.
Il parvient à la longueur de deux à trois pieds, et fraye à la
fin de l'hiver. On le pêche pendant toute l'année , soit au
filet, soit à l'hameçon amorcé de spot, ou de peau d'anguille.
Lorsqu'il est jeune, il passe pour un mets délicat; mais quand
il est vieux, sa chair est dure et coriace : on le prépare ce-
336 G A D
pendant de la même manière que la Morue , c'est-à-dire ,
qu'on ie sèche ou le sale pour le conserver pendant l'hiver, ou
l'envoyer au loin.
En Angleterre, où on prend beaucoup de ce poisson , il
porte différens noms, selon son âge : les jeunes, qui sont oli-
vâtres , s'appellent paars ; ceux d'un an , billets ; et les vieux,
raw-pullack.
Le Gade POLLACK , Gadus pqllachius , Linn. , a la nageoire
de la queue fourchue, la mâchoire inférieure plus avancée
que la supérieure, et la ligne latérale très-courbe. Son corps,
qui est ordinairement long de deux pieds, est couvert de pe-
tites écailles minces, oblongues et bordées de jaune ; son dos
est jaune , taché de brun, et son ventre blanc. On le pêche
dans la mer du Nord et dans la Baltique , dans les lieux où
l'eau est la plus agitée. Il arrive , pendant l'été , en grandes
troupes sur les côtes d'Angleterre , où on l'appelle whiting
polluck. Il est plus rare en France , où il est connu sous
le nom de Lieu. Sa chair est blanche, ferme et de très-bon
goût. Il vit de petits poissons et de crustacés, et surtout d'am-
modytes appâts , qu'il sait déterrer dans' le sable , où ils se
tiennent cachés.
Le Gade sey , Gadus virens , Linn. , a la nageoire de la
queue fourchue ; les deux mâchoires également avancées ;
la couleur du dos verdâtre. Il se trouve dans toutes les mers
du Nord. On l'a confondu long-temps avec le précédent ,
dont il diffère fort peu en effet. C'est sur les côtes de la Nor-
vège que s'en fait la plus abondante pêche ; aussi y porte-
t-il cinq noms différens , à raison de son âge.
Le Gade merlan, Gadus merlangus, Linn. , a la nageoire
de la queue en croissant ; la mâchoire supérieure plus avan-
cée que l'inférieure; la couleur blanche. C'est un des pois-
sons les plus abondans dans nos mers , et en même temps
un de ceux dont la chair est la plus délicate ; aussi en fait-
on dans l'Europe , et surtout dans le Nord , une énorme
consommation. V. au mot Merlan. •
On trouve dans la troisième division des gadcs, ceux qui
ont deux nageoires dorsales et un ou plusieurs barbillons au
bout du museau , tels que :
Le Gade molve, qui a la nageoire de la queue arrondie ,
et la mâchoire supérieure plus avancée que l'inférieure. On
le trouve en grande "quantité dans toutes les mers du nord
de l'Europe et de l' Amérique. Il porte le nom de lingue sur
nos côtes, où on en prend d'immenses quantités. Dans
d'autres contrées , on l'appelle gade long , à raison de sa
forme plus étroite et plus allongée qu'aucune autre espèce
de ce genre. Il parvient fréquemment à quatre pieds de long,
G A D 337
et on en voit quelquefois du double. Sa tête est grosse, apla-
tie par en haut; son corps est rond, brun en dessus, jaune
sur les côtés et blanc en dessous; ses écailles sont oblon-
gues; ses nageoires grises, bordées de blanc et tachetées quel-
quefois de noir.
Après le hareng et la morue , ce poisson , à cause de son
immense multiplication , est le plus important pour les
peuples du Nord. En Angleterre et en Norwége , où on en
consomme beaucoup et d'où on en exporte davantage , on le
prépare comme la Morue.
C'est au printemps, à l'époque du frai , et sur les bancs
de sable qui sont à quelque distance des côtes, surtout à l'em-
bouchure des (leuves, qu'on en prend le plus. On se sert pour
cela de lignes de fond, amorcées avec des harengs ou autres
poissons.
Le foie de ceux qu'on vide, pour saler ou pour sécher, est
mis de côté, et on en tire une huile très-douce, qu'on emploie
dans les arts. On met également décote sa vésicule aérienne,
pour en faire de la Colle de poisson.
Le Gade mustelle a la nageoire de la queue arrondie ,
la première nageoire du dos très-basse , excepté le premier
et le second rayons. On le trouve dans toutes les mers d'Eu-
rope , et principalement dans la Méditerranée. Il atteint
rarement plus d'un pied de long ; ses couleurs varient ; sa
chair est molle et de mauvais goût. On le prend au filet ou à
la ligne , amorcée de petits coquillages ou de crustacés. Il
fraye en automne. Il ne faut pas confondre ce poisson avec
la moittelle , ou moutcillc qui est le Comte LOCUE FRANCHE.
Le Gade lotte a la nageoire de la queue arrondie, et les
deux mâchoires également avancées. On le trouve dans les
rivières et les lacs de presque toute l'Europe. On l'appelle
barholle ou motelle dans quelques cantons de la France. Il a
tous les caractères des godes, mais il s'en éloigne par ses ba-
bil udes. V. au mot Lotte.
La quatrième division des gades ne renferme qu'une espèce
qui a deux nageoires dorsales et point de barbillons au bout
du museau. C est le Gade merlus, plus généralement connu
sous le nom de merlucha. On le trouve dans toutes les mers
d'Europe. 11 parvient à deux pieds de long.
Ce poisson est très-vorace, et poursuit particulièrement le
hareng et le maquereau. Il mange même ceux de son espèce.
11 va par troupes très-nombreuses, et est l'objet d'une pèche
très-considérable, faite en partie avec des filets , et en par-
tie avec la ligne.
En Angleterre, où il est de passage, il arrive pcnlant plu-
XII. 2?.
338 G A D
sieurs années de suite sur les mêmes bancs en quantité si
innombrable , que six hommes en peuvent prendre un mil-
lier dans une seule nuit avec la ligne ; mais aussi il va sur
d'autres bancs pendant les années suivantes , sans suivre ce-
pendant une marche régulière. En France , on n'en pêche
guère plus que ce qui est nécessaire pour la consommation du
pays. On l'y mange frais, salé ou séché; dans ce dernier
cas, on l'appelle stok-Jisch , mot anglais, qui indique que,
comme la morne , on le met sur des bâtons , et qu'on écarte
les deux parties de son ventre avec d'autres. V. aumotMoRUE.
En Espagne on estime beaucoup la chair de ce poisson ,
qui est blanche et feuilletée; en France , on ne la dédaigne
pas, même sur les bonnes tables ; mais en Angleterre et dans
le Nord , on la trouve molle et de mauvais goût ; ce qui vient
sans doute des lieux où le poisson habite ; car on a remarqué
que ceux qui éloient pris dans un fond pierreux étoient meil-
leurs que ceux qui provenoient d'une côte vaseuse.
Les anciens qui ont connu ce poisson , faisoient un cas
particulier de son foie , qui est gros , jaune et très - chargé
d'huile.
La cinquième division àesgades ne renferme encore qu'une
espèce , qui a une seule nageoire dorsale et des barbillons
au bout du museau. C'est le Gade brosme dont la nageoire
de la queue est lancéolée , et qui a des bandes transversales
sur les côtés. Il se trouve autour du Groenland.
Quatre espèces nouvelles ont été introduites dans ce genre
par M. Risso , savoir : le Gade moro , le Gade lépidion ,
le Gade brun , le Gade maraldi. (b.)
GADELBEERE et GANDELBEERE. Le Myrtille
{vaexinium myriillus) , porte ces noms en Allemagne, (ln.)
GADELLE. Nom que portent les Groseilles rouges ,-
dans la ci-devant province du Perche, (ln.)
GADELLIER. Le Groseillier épineux ( ribes grossula-
ria) porte ce nom dans quelques endroits, (ln.)
GADELUPAou GALEDUPA, Galedupa. C'est un arbre
de la famille des légumineuses, qui s'élève aune assez grande
hauteur, dont les feuilles sont alternes, ailées avec impaire,
composées de cinqàseptfoliolesovales, acuminéesetentières;
dont les fleurs sont blanches, odorantes et disposées en grap-
pes axillaires.
Chacune de ces fleurs offre un calice monophylle cyathi-
forme, à bord un peu oblique et entier; une corolle papi-
lionacée, composée de quatre pétales, à onglets saillans hors
du calice , savoir un étendard relevé et bilobé ; deux ailes
conniventes ; une carène oblongue et obtuse ; dix étamines ,
<> A D 33g
dont neuf réunies à leur base ; un ovaire supérieur , oblong,
velu, pédicule, se terminant en un style courbé supérieure-
ment, à stigmate simple ; une gousse elliptique, un peu en
croissant, terminée par une petite pointe courbe, et conte-
nant une ou deux semences réniformcs.
Cet arbre croit dans les Indes orientales. Il est toujours
vert: Les Français l'appellent pongohte. Willdenow l'a réu-
ni aux Dalbrrc.es. (b.)
G AD IN. Coquille du genre des Patei.lks. (b.)
G VDO-FOWLO, c'est-à-dire , ùifeoû du bon dieu. Les
colons de Surinam appellent ainsi un petit oiseau, assez,
semblable, dit le capitaine Stedman, an roitelet d'Angleterre,
mais plus gros ; il est très-familier , et son ramage délicieux
lui a fait donner aussi le surnom de tossignol de VÀméiiqut
septentrionale ( Voyage à Surinam , traduction de Henry, t. I,
pag. i56). Il y a sans doute une faute typographiqtré dans ce
passage du livre du capitaine Stedman. Comment, en effet
supposer qu'en parlant d'un oiseau du midi de l'Amérique,
il le nommeroit rossignol de l'Amérique septentrionale ? Au sur-
plus , quoique je commisse presque tous les oiseaux de la
Guyane, je ne devine pas à quelle espèce on doit rapporter
le gado-foivlo , tel que Stedman l'a décrit, (s.)
GADOFUM. L'Epicia {pinus abies) porte ce nom en
Danemarck. (ln.)
GxVDOLINITE. Substance minérale , décrite en ijqI,
par le professeur Gadolin, mais dont on n'a reçu des échan-
tillons en France qu'en 1800.
Ce minéral est en masses informes, et a l'apparence d'une
lave vitreuse. Sa couleur est noire , tirant quelquefois sur le
roussâtre ; sa cassure est éclatante et conchoïde comme celle
du verre ; sa dureté est plus considérable que celle du quarz,
et sa pesanteur spécifique plus grande que celle de presque
toutes les matières pierreuses : elle excède quatre. Elle est à
peu près infusiblc au chalumeau, sans addition. Fondue avec
le borax, elle lui communique une belle couleur jaune. Avant
même d'avoir subi l'action du feu, elle agit fortement sur le
barreau aimanté. Elle est soluble en gelée, dans l'acide ni-
trique étendu d'eau et chauffé ; elle est seulement décolorée
par l'acide muriatique à froid.
La Gadolinite acquiert l'électricité résineuse par le frot-
tement , étant isolée. (JtJaiiy.')
Le professeur Gadolin avoit reconnu que ce minéral conte-
noit une terre nouvelle , et M. Ekeberg , chimiste d'Upsal ,
a confirmé cette découverte, et nommé cette nouvelle terre
yttria , du nom de son lieu natal; et il a appelé le minéral qui
3{o G A D
la contient, gadolinile , en l'honneur du savant observateur qui
en avoit le premier reconnu l'existence.
On l'a aussi nommée Ytterbile , du lieu où elle se trouve;
c'est la Zéolithc noire de Geyer.
Suivant la première analyse de la gadolinile , faite par Ecke-
berg , elle contient :
Yttria 4? 5
Silice 25
Alumine 4- 5
Oxyde de fer 18
Perte 5
ioo
Le résultat de l'analyse faite par Vauquelin , offre des dif-
férences notables :
Yttria 35
Silice 25
Chaux a
Manganèse a
Oxyde de fer. aS 5
Perte io 5
ioo
"Vauquelin attribue cette perte considérable à l'eau que
contenoit probablement le minéral , et à un peu d'acide car-
bonique (Journ. de Phys. , fructidor an 8 , septembre 1800).
& yttria présente divers traits de ressemblance avec la glu -
cine ; mais Vauquelin a reconnu qu'elle en diffère , en ce
qu'elle n'est pas soluble dans les alkalis , tandis que la glu-
cine s'y dissout facilement. Elle est précipitée de ses dissolu-
tions par le prussiate de potasse : la glucine ne l'est pas ; et
M. Eckeberg a reconnu aussi qu'elle est précipitée par les
succinates. Enfin , la pesanteur spécifique de ces deux terres
est fort différente ; celle de Vyllria est de 4,84.2 ; celle de la
glucine n'est que de 2,967.
Dans un nouveau travail de M. Eckeberg, sur la gadolinile ,
il a reconnu qu'elle contient 4-, 5 de glucine , que Vauquelin
ni Klaproth n'y avoient trouvée. Suivant cette dernière ana-
lyse , elle contient :
Yttria 55 5
Silice t ' . 2$
Glucine 4- ^
Oxyde de fer 16 5
Perte o 5
100
G A E 341
M. Eckeberg n'y a jamais trouvé ni chaux ni manganèse ;
« mais ce qu'il y a d'étonnant, dit le rédacteur des Annales
de Chimie, c'est que M. Eckeberg n'ait éprouvé qu'un demi-:
centième de parte dans son analyse , tandis que Vauquelin
en a eu constamment une de dix à douze centièmes. Cette
différence , vraiment remarquable et extraordinaire , tien-
droil-elle à la diversité de la pierre, ou à la manière dont ils
ont opéré ?
« En soumettant à l'analyse d'autres échantillons qui lui
avoient été donnés par M. Geycr , comme étant de la gadu-
linite , M. Eckeberg y a découvert une substance métallique,
combinée, dans les uns, avec l'oxyde de fer et de manganèse ,
et dans les autres , avec l'y ttria et le fer. Ces minéraux avoient
été recueillis dans la paroisse de Kimito , en Finlande. Il
nomme le premier Tantàlite! et le second Yttrô-tantale ,
parce que le nouveau métal qu'ils recèlent ne se combine
point avec les acides. » V. Tantale.
La Gadoliniie , dont la découverte est due à M. Arrbe-
nius , a été trouvée d'abord a Ytterby en Suède , avec l'yt-
tiotantale, dans un feldspath pur , coupé verticalement par
de grands filons de mica, et surtout dans le voisinage du point
d'intersection de ces deux substances ; quelquefois aussi en
petits grains disséminés dans le feldspath. (Eckeberg , J. des
AL , t. 12 , p. 260.)
On en a rapporté depuis des échantillons., de Finbo près
de Fahlun, et de Brodbo, où elle est disséminée dansun gra-
nité blanchâtre; d'Afvestadet de l'ile de Bornholm, également
en Suède. Elle accompagne aussi le minéral récemment dé-
couvert dans ce pays , et que l'on a nommé Albite, à cause
de sa couleur blanche, (pat. et LUC.)
G AD RAY. Nom de la Sarriette , en Bohême, (ln.)
GADR1LLE. Un des noms du Bouge-gorge dans Se-
lon , et au Mans, (v.)
GAÏ) WALLE. Nom anglais du Chipeau. (s.)
GAENSBLUME. Nom du Pissenlit {Leoniodon iaraxa-
mm) , de la Pâquerette , de la Grande Marguerite des
PRÉS (Chrysanthemum leucanthemum) de la GLOBULAIRE, et
de la Drave printanière, dans diverses parties de l'Alle-
magne, (ln.) •
G.4ERTNÈRE , Gœrtnera. Nom donné par Schreher,
à ud genre de plantes formé aux dépens àes Banisteres de
Limtaeas. Ce genre a été appelé Hiptage par Gsertner, et
Molina par Cavanilles. Il diffère des banisteres parce que les
folioles du calice sont munies d'une seule glande , que l'o-
vaire est simple , a un seul style , et que la samare est munie
de quatre ailes inégales.
3/,2 GAG
L'arbre qui le compose , esl de moyenne grandeur, a les
feuilles opposées , ovales , lancéolées , el les Heurs disposées
en grappes terminales ; toutes ses parties sont velues. Il est
naturel aux Indes. On le cultive dans les ja^ins à raison de
la beauté de ses fleurs , qui , sous le nom de madabloia , ser-
vent à parer les autels des dieux.
Lamarck a donné le même nom à un genre de la pentan-
drie monogynie , dont il n'a pas encore publié les caractères.
C'est son fruit que les O'éoles de l'île de la Réunion appel-
lent café, marron, à raison de ses rapports avec le véritable
café. Jussieu croit que ce genre peut devenir le type d'une
nouvelle famille. Voyez son septième mémoire sur les carac-
tères des familles , inséré dans les Annales du Muséum, (b.)
Retzius avoit établi sur le pongati des Malabares un genre
G^ertnera* , que Gœrtner , auteur de l'immortel traité sur
les fruits et les graines des plantes (3 vol. in-4-°) , avoit formé
et nommé sphenoclea. (ln.)
GAESTEIN ou Pierre écumante. Rome de Plisle a dé-
crit sous ce nom, et rangé parmi les produits volcaniques.,
différens minéraux compactes et à cassure vitreuse , de cou-
leur grise , ou verte , ou roussâtre , fusibles en un émail blanc
et spongieux, que les minéralogistes allemands ont appelé
pechstein.
M. Hatiy les place à la suite du feldspatb sous le nom de
feldspath résinite. V. Pechstein. (luc)
GAFERI , GAFETI. Noms espagnols de I'Aigremoine.
(LN.)
GAFET. C'est le cardium costaium. V. BuCARDE. (B.)
GAFET. Les Arabes nommoient ainsi I'Eupatoire de
MESUÉ. (LTV.)
GAFF ARON. Nom espagnol du Venturon , et au Para-
guay celui du Chardonneret olivarez. (v.)
GAGATES. V. Jayet. (luc.)
GAGATHES. Anderson, dans son Histoire naturelle de
l'Islande , t. I , p. io3 , dit qu'il se trouve dans cette île deux
sortes de gagaihes: l'une combustible , qu'il nomme aussi am-
bre noir ; et T autre semblable au verre, appelée hrafntinna ou
pierre à fusil noire par les habitans du pays. La première est
une variété de Jayet, et la seconde une Obsidienne. V. ces
mots, (luc.)
GAGÉE, Gagea. Genre de plantes établi pour placer
TOrnithogale jaune. Ses caractères sont : corolle ca-
lyciforme , persistante , à six pétales égaux, recourbés
en dehors ; étamines à filaraens comprimés , droits , près-
G A I 343
que égaux; anthères verticales, attachées par leur base;
ovaire triangulaire , à style de même forme et à stigmate
frangé, (b.)
GAGEL. Nom allemand du Gale , Myrica gaie, (ln.)
GAGET. L'un des noms patois du Geai, (desm.)
GAGIANDRA, GALANA.Noins italiens des Tortues.
(desm.)
GAG-NAGES (vénerie). Champs ensemencés, où le cerf
va viander, c'est-à-dire, pâturer pendant la nuit, (s.)
Se dit aussi des gazons ou des champs où divers animaux pâ-
turent, (s.)
GAGNOL. Nom du Syngnathe trompette, (r.)
GA GNOLE. Le Syngnathe hippocampe porte ce nom à
Marseille, (b.)
GAGON. Arbre de Cayenne, qui sert à faire des canots
très-légers. On ignore à quel genre H appartient. (R.)
GAG HA. Nom de la Courge , en Géorgie, (ln.)
GAGUEDI. Espèce de Protea (Protea abyssinica , W.)t
découverte par Bruce aux environs de Lamalmon en Abys-
sinie. II en donne une figure pi. i5 de son Voyage, (ln.)
GAHLY. Nom du punis ou millet en épi (Panicum italicum ,
Linn.) , en Bohême, (ln.)
GARNIE, Gahnia. Genre de plantes de l'hexandrie mo-
nogynie , et de la famille des graminées, dont les caractères
sont d'avoir : la halle calicinale univalve, et contenant deux à
cinq fleurs ; lahalle floralededeuxvalveslronquées; sixétami-
nes ; un ovaire arrondi , surmonté d'un long style , divisé en
deux parties également subdivisées en deux; une semence ovale.
Ce genre , autrement appelé Zelari , a été établi par Fors-
ter. Il contient quatre espèces , qui viennent des îles de la mer
du Sud. Le genre Lampocarie de R. Brown diffère à peine
de celui-ci. (R.)
GAHNITE. Nom donné par le célèbre baron de Moll
à un minéral cristallisé en octaèdre , trouvé en Suède il y
a quelques années, et que l'on rapporte aujourd'hui auSpi-
nclle. 11 a été aussi appelé aulomalithe. V. Spinelle ZINCIFÈre.
M. le comte de Lobo a décrit , sous ce même nom de
Gahnile, un minéral du pays de Salzbourg que M. Haiïy re-
garde comme une variété d'Idocrase. V. ce mot. (luc.)
GAI. Nom qu'on donnoit anciennement, en France , au
Geai , et qu'il porte encore en Picardie et en Provence, (s.)
GAI MARIN. Nom piémontais du Rollier. (v.)
G A l D'MOUNÏAGNA. Nompiémoniais du Casse-noix.
(v.)
344 G A 1
GAI. Nom donné au Japon, suivant Thunberg , à une
espèce d'ARMOiSE qu'il prit pour l'armoise vulgaire ; mais
"Willdenovv en fait une espèce distincte ( ariemisia indica ) ;
elle croît aussi en Chine , où on la nomme Ngai-ye. (ln.)
GAIAC. V. Gayac. (ln.)
GAIANUS , Rumphius. Arbre des Moluques , qui porte
dans ces îles les noms de gajan, gajang, gapjen, et de angajin,
Boisna. V. Gajan. (ln.)
GAIDAROTHYMO. Nom sous lequel Clusius indique
I'Epiaire épineuse ( staçhys spinosa ) , arbuste qui croît en
Orient, (ln.)
GAIDAROTHYME.C'est, dans Lécluse, la Stachide
ÉPINEUSE de Linnœus. (b.)
GAIDEROxN. Espèce de Spondyle. (b.)
GAIFOL des Arabes. C'est le Macis. (ln.)
GAIGAMADOU. C'est, à Cayenne , le nom d'un arbre
de la graine duquel on retire, par l'ébullition dans l'eau, une
cire propre à faire des chandelles. On ignore à quel genre
appartient cet arbre. (B.)
GAILLARD. Synonyme de Gayac. Le Gaillard franc
est le guayacum officinale, et le Gaillard bâtard le guaya-
cum sanctum. (LN.)
GAILLARDIA. Ce genre, établi par Fougeroux de Ron-
daroy, est décrit à l'article Galardienne. (ln.)
GAILLET , Galium. Genre de plantes de la tétrandrie
monogynie, et de la famille des rubiacées , dont le caractère
est d'avoir un calice très-petit , à quatre dents ; une corolle
monopétale, très-courte, en rosette et à quatre décou-
pures ; quatre étamines ; un ovaire inférieur, didyme , chargé
d'un style bifide , à stigmates globuleux ; deux petites cap-
sules globuleuses , connées , glabres ou hispides , contenant
chacune une seule semence.
Ce genre comprend des herbes , la plupart vivaces et in-
digènes à l'Europe , dont les racines sont traçantes et colo-
rées en rouge ; dont les feuilles sont verlicillées à chaque
nœud , et dont les fleurs sont disposées en grappes ou en
panicules terminales^
Les gaillets tirent leur nom de la propriété qu'on leur a
reconnue de faire cailler le lait dans lequel on met de leurs
feuilles desséchées ; mais cette propriété leur est commune
avec un grand nombre d'autres plantes , et est même très-
foible en eux. On en compte près de cent espèces , que les
botanistes ont divisées , soit d'après le nombre de feuilles
qu'elles ont à chaque verticille , soit d'après la surface de
la capsule, qui est glabre ou ridée , ou hérissée , ou velue.
G A I 3{3
Ce dernier mode de division est préférable , comme moins
sujet à varier.
Les espèces les plus communes de la première division
sont :
Le Gaillet des marais , qui a les feuilles quaternées ,
un peu ovales , inégales, et les tiges filiformes et rameuses.
Il se trouve dans les marais.
Le Gaillet jaune, Gallium verum, Linn., qui a les ver-
iirilles de huit feuilles linéaires, sillonnées , et les rameaux
florifères très-courts. Il se trouve très-abondamment dans
les bois , les prés , le long des chemins. Il est astringent ,
vulnéraire, dessîcatif, cèphalique , antiépileptique , anti-
histérique et antispasmodique. On mêle, dans le comté de
Chester, en Angleterre , ses sommités fleuries avec de la
présure , pour faire cailler le lait, dont sont faits les excel-
lens fromages de ce pays , et on prétend que ce mélange
le^s rend beaucoup meilleurs. La racine de cette espèce est
propre à teindre en rouge ou en jaune, selon les ingrédiens
salins que l'on emploie comme inordans.
Le Gaillet blanc, Gallium mullugo, Linn. , a huit feuilles
ovales, linéaires, légèrement dentées et mucronées, à chaque
verticille ; sa tige eslfoible et ses rameaux écartés. Il se trouve
dans toute l'Europe , le long des haies , dans les prés , etc.
Il est astringent et dessiccatif, et sa racine teint en rouge.
Ses touffes ont quelquefois un aspect très-agréable.
Le Gaillet des bois a huit feuilles unies en dessus, et
rudes en dessous à chaque verticille , excepté aux environs
des fleurs , où il n'y en a que deux ; ses pédoncules sont
capillaires , et sa tige unie. Il se trouve dans les bois des
hautes montagnes. Il est plus rare que les précédens.
Le Gaillet glauque a environ huit feuilles linéaires à
chaque verticille; les pédoncules dichotomes , et la tige
unie. Il se trouve dans les parties méridionales de l'Europe.
Les espèces les plus communes de la seconde division
sont :
Le Gaillet bâtard , qui a six feuilles lancéolées , can-
nées et rudes au toucher, à chaque verticille ; les fruits re-
courbés. Il se trouve dans les champs , parmi les blés. Il est
annuel.
Le Gaillet uligineux , ou Gaillet couché de La-
marck , qui a six feuilles lancéolées , roides , mucronées ,
épineuses en leurs bords , à chaque verticille , et la corolle
plus grande que le fruit. , Il se trouve dans les pâturages
humides.
Les espèces les plus communes de la troisième division
sont :
34-6 v', A I
Le Gaillet boréal, qui a quatre feuilles lancéolées,
glabres , offrant trois nervures, à chaque verticille , et la tige
droite. 11 se trouve sur les hautes montagnes de la France et
dans le nord de l'Europe.
Le Gaillet accrochant , Gallium aparine, Linn. , qui a
huit feuilles lancéolées , carinées , hérissées de pointes à
cliaque verticille; les articulations velues. Il est annuel et très-
commun dans les haies, les lieux incultes , etc.
Le Gaillet parisien a six feuilles linéaires à chaque ver-
ticille , et les pédoncules biflores. Il est commun en France
et en Angleterre , dans les lieux stériles et sablonneux.
Le Gaillet tubéreux, qui a cinq feuilles à chaque ver-
ticille, les fleurs disposées en têtes axillaires , et la racine
tubéreuse. Il croît à la Cochinchine , où on mange sa
racine cuite , soit entière , soit réduite en farine. On en
ordonne l'usage aux phthisiques et aux convalescens.
Enfin , l'espèce la plus connue de la dernière division ejt
le Gaillet maritime , qui a cinq ou six feuilles hérissées à
chaque verticille, et les pédoncules uniflores. Il se trouve
dans les parties méridionales de l'Europe , sur le bord de
la mer. (u.)
GAI-MA-VUONG etBACH-TAT-LÈ. Nomscochin-
< hinois du Tribulus ierreslris , Lour. , qui paroît être le tri-
tfidus lanuginosus , Pers. Cette plante croît dans toute l'Inde.
V. Herse, (lis.)
GAINE. L'un des noms que porte le Loup, en Laponie. (s.)
GAINE, Vagina. Fabricius désigne ainsi le tuyau articulé
dans lequel sont placées les soies qui composent les organes
de la manducation dans les hémiptères. Il donne le nom de
bec (rostrunï) à l'appareil entier , composé des soies et de la
gaine. Cependant il emploie encore ce dernier mot pour
d'autres insectes , comme les hippohosqu.es , et pour des arach-
nides, tels que les alax. V. BOUCHE. (O. L.)
GAINE , Vagina. Espèce de tuyau formé tantôt par la
base prolongée des feuilles, qui embrasse la tige , tantôt par
la réunion des filets ou des anthères qui enveloppent le pistil.
V. le mot Spathe. (d.)
GAINIER, ARBRE DE JUDÉE, Cercis , Linn. (Dé-
candrie monogynie.) Genre de plantes de la famille des légumi-
neuses, remarquable par l'étendard de sa fleur, qui est
situé au-dessous des ailes ; ses autres caractères sont : un
petit calice persistant, en forme de cloche , à cinq dents, et
renflé à sa base ; une corolle papilionacée , composée d'un
étendard arrondi , de deux grandes ailes un peu réfléchies ,
ert; d'une carène partagée en deux segmens , et renfermant les
organes sexuels ; les étanùnes , au nombre de dix , sont dis^
GAI 3.;7
tinctes, inclinées, et légèrement velues à leur extrémité in-
férieure et interne ; l'ovaire supérieur est porté par un petit
pedicelle, et terminé par un slyle de la longueur des éta-
mines ; il se change en une gousse oblongue , aiguë , très-
comprimée , et bordée dans sa suture supérieure (Tune aile
étroite et membraneuse; à cette suture sont attachées plu-
sieurs semences ovoïdes et plates.
Ce genre comprend deux arbres de moyenne grandeur, dont
les feuilles en cœur, alternes, sont toujours précédées par les
(leurs , qui naissent en faisceaux sur les branches et le tronc.
(iAÎNIER COMMUN, Cera's siliquaslrum , Linn. C'est un pe-
tit arbre très-agréable à voir lorsqu'il est en (leur. Il croît
spontanément en Espagne, en Italie et dans le midi de la
France. Les Espagnols et les Portugais l'appellent arbre d'a-
mour; et le nom de gantier lui vient de la forme de ses
gousses, faites comme des gaines de couteau. 11 s'élève à la
hauteur de vingt à vingt - cinq pieds, avec une lige cou-
verte d'une écorce brune, et divisée en plusieurs branches
irrégulières , garnies de fiMiilles lisses, arrondies , échancrées
en cœur à leur base , et supportées par de longs pétioles.
Ces feuilles ne se développent tout-à-fait qu'après l'entier
épanouissement des fleurs, qui paraissent avant elles , et qui
naissent en grappes ou en faisceaux sur les parties latérales
des branches, et souvent même sur le tronc de l'arbre. Leur
couleur est rouge , et d'un pourpre rose éclatant ; quelquefois
elles sont blanches. Elles paroissent en mars , et conservent
leur éclat pendant près d'un mois ; comme elles ont une
saveur piquante et agréable , on en assaisonne les salades ; et
plusieurs oiseaux, les moineaux surtout , se plaisent à les
becqueter. Les gousses qui les remplacent , restent pendantes
à l'arbre jusqu'au retour de la belle saison; elles contiennent
neuf ou dix semences ovoïdes , comprimées, dures et rou-
geâtres. Le gaînier est un des plus beaux arbres qu'on puisse
cultiver pour l'agrément. Ses feuilles, grandes et belles, ne
sont pas sujettes à être dévorées par les insectes; mais il
gèle quelquefois dans le climat de Paris , et il se charge au
printemps d'une si grande quantité de Heurs , que ses bran-
ches en sont toutes couvertes. Il peut servir à former des pa-
lissades, à couvrir des cabinets ou des tonnelles. Il est aisé à
élever de semence, et il n'est pas délicat sur le choix du
terrain. Il se plail pourtant de préférence d;.:is un sol un peu
Bis, Chelone glahra , Linn., dont les feuilles
sontpétiolées , lancéolées, dentelées, et les inférieures al-
ternes.
La Galane a panicule , Chelone penstcmon , Linn. , dont
Ïoluc XII. 2 3
354 G A L
les feuilles sont amplcxicaules, lance'ole'es, presque entières;
les fleurs paniculees , et le filament stérile, barbu.
Je les ai toutes deux fréquemment observées en Caroline ,
dans les terrains améliorés parles alluvions , sur le bord des
bois humides.
La Gal.\ne barbue dont les feuilles radicales sont spa-
thulées, les caulinaires lancéolées; la corolle rouge et à lèvre
inférieure velue. Elle vient du Mexique.
On les cultive toutes trois dans nos jardins. On les multi-
plie par le semis de leurs graines ou par le déchirement de
leurs racines. Elles fleurissent fort tard en automne , et
sont susceptibles d'être frappées par les premières gelées ,
ce qui doit restreindre et restreint , en effet , leur culture.
(B.)
GALÀNCxA ou LANQUAS, Maranta, Linn. {Monan-
drie monogynie. ) Genre de plantes à un seul cotylédon , de
la famille des drymirrhizées, qui se rapproche des Amomes ,
et qui comprend des herbes exotiques , dont les feuilles , sim-
ples et alternes, embrassent la tige par leur base , et dont les
fleurs sont terminales et disposées en grappes lâches ou en
panicules. Ses caractères sont d'avoir: un calice court, placé
sur le germe , et divisé en trois parties; une corolle monopé-
tale en tube, terminée par un limbe découpé en quatre , cinq
ou six segmens inégaux ; une seule étamine , formée d'une
anthère linéaire attachée à une languette membraneuse ;
un ovaire arrondi , surmonté d'un style aussi long que la co-
rolle , à stigmate triangulaire et courbé. Le fruit est une
capsule ronde ou ovoïde , à trois valves et à une loge , con-
tenant une ou plusieurs semences rudes et dures. V. les mots
Alpinie et Thalie.
Le Galanga OFFICINAL , Maranta galanga, Linn. C'est une
plante vivace des Indes orientales , qui croît ordinairement
dans les lieux humides. Sa racine est employée depuis long-
temps en médecine. V. pi. 1). 29.
L'huile pure qu'on tire des rieurs de galanga , dans les
Indes, est aussi rare que précieuse. Bomare dit que M. Tron-
chin en reçut, en 1749* du gouverneur de Batavia , une
très-petite quantité, mais d'une qualité si parfaite , qu'une
goutte suffit pour embaumer admirablement deux livres de thé.
Le Galanga de l'Inde , Maranta indica , diffère peu de
l'officinal , et provient des mêmes pays. On le cultive au-
jourd'hui à la Jamaïque , pour ses racines qui , cuites ,
sont un mets très-agréable , et dont on tire une fécule en-
core meilleure qui sert à faire des crèmes et autres pré-
parations culinaires. V. Fécule.
La racine fraîche et la fécule de cette plante , sur laquelle
G A T 355
M. de Tussac a fait une dissertation très-intéressante, qu'il
«a inséra (I ans le Journal de botanique , sont en ce moment
L'objet d'un commerce de quelque importance entre la Ja-
maïque et l'Angleterre.
GaLVNGA A FEUILLES DE BALISIER, Maranta arundlnacea ,
Linn. Plumier a le premier découvert celle plante dans l'ile
de Saint-Vincent , lune des petites Antilles ; elle croît dans
les lieux humides el voisins des ruisseaux. Aublet dit qu'à la
Guyane Les Caraïbes la cultivent près de leurs Habitations, et
en mangent la racine cuite sous la cendre , pour faire passer
Les fièvres intermittentes, lisse servent également de cette
racine comme d'un spécifique contre les blessures faites par
des flèches empoisonnées; ils l'écrasent et lappiîpient, en
formé de cataplasme* sur la p.irlie blessée; elle attire le
poison et guérit la plaie, pourvu qu'elle ait été appliquée
assez tAi Cette propriété, et l'usage que ces Indiens font des
tiges de la mê ne pi mie , pour en former le corps de leurs
flèches , a fait donner à cette espèce de galanga le nom de
ros-au à flèches ou herbe aux flèches. Les Caraïbes l'appellent
tuut/u' i; Ils en fonl aussi îles corbeilles el despagaras, espèces
de p miers dans lesquels ils enferment leurs petits meubles.
Celle plante a à peu près le port d'un balisier. Sa racine
est vivace , noueuse , et garnie de fibres longues, blanches ,
tendres et rampantes. Elle pousse trois ou quatre liges droites,
effilées, grosses comme le doigt, hautes de trois ou quatre
pieds , el couvertes par les gaines des feuilles. Les feuilles
sonl amples , aiguës , quatre fois plus longues que larges ,
d'une texture membraneuse et d'un vert gai ; elles se roulent
d'elles-mêmes aussitôt qu'elles sont cueillies. Les rameaux
noueux, articulés, et étendus en panicule lâche , portent ,
à leur sommet , de petites fleurs blanches dont la corolle est
découpée en six parties ; à ces fleurs succèdent des fruits rou-
geàtres de la grandeur environ d une olive , et contenant une
graine blanche et raboteuse.
Il v a encore le Galanga effilé , Maranta juncea , Lam. ,
qui pousse plusieurs hampes très-droites, lisses, sans nœuds,
et hautes d'environ dix pieds; ses feuilles sont ovales et pétio-
lées ; ses fleurs , qui sonl rouges, ont leur corolle découpée
en cinq segmens , el un pédoncule commun , recouvert d'é-
cailles membraneuses et rougeâlres. Le Galanga jaune ,
Galanga Iniea , Lam. , à tige nue , à épis écailleux et à fleurs
jaunes; ses feuilles radicales sont amples, lancéolées, droites,
et portées par de très-longs pétioles ; ses fruits contiennent
trois semences. Ces deux gahmgns croissent aux Antilles et à
la Guyane , dans les lieux aquatiques et marécageux. Le pre-i
«lier porte, dans Je pays, le nom darouma ou aruman , et
356 G A L
ses racines se mangent sous le nom de topinambour; et le se-
cond celui de cachibou. Les Indiens fendent leur tige en la-
nières pour en faire des corbeilles , et autres meubles utiles.
Les galangas sont des plantes de serre-chaude. On les mul-
tiplie par leurs racines rampantes. Il leur faut une terre riche
et légère, (d.)
Galanga, Rumph., Amb.r5 ,' t. 63, ou Maranta galanga ,
Linn., est un alpinia pour Willdenow. Ce naturaliste réunit
le Galanga de Malacca de Rumph., Amb. 5, t. 71 , f. 1, au
genre maranta, décrit dans ce Dictionnaire au mot ga-
langa. Le kœmpferia galanga, Linn., Willd., est un troisième
Galanga nommé sonchorus par Rumphius , et katsjula ke-
lengu par Rheede. (ln.)
GALANGA. On appelle ainsi la Lophie baudroie, (b.)
GALANGA DE MARAIS. Ce sont le Souchet odo-
rant, le Scirpe maritime , le Choin marisque , quelques
Laiches, et plus rarement la racine de la Millefeuille,
ou celle de I'Acorus. (ln.)
GALANGA (petit). C'est Yaponogeton monostachyon.
(LN.)
GALANT D'HIVER. V. Galantine, (b.)
GALANT DE JOUR et GALANT DE NUIT. Ce sont
les noms que donnent les jardiniers à deux espèces de Ces—
treaux, dont l'une fleurit le jour et l'autre la nuit Le galant
d'hiver est la Galantine, (b.)
GALANTHUS. Fleur de Lait , en grec. La couleur
blanche des fleurs de la galantine, galanthus nivalis , explique
ce nom que Linneeus lui a donné , soit pour cette même
cause , soit parce qu'elle fleurit en hiver. Adanson , pen-
sant que cette plante est Vakrucorion de Pline , substitue
ce nom au genre galanthus, Linn. , auquel Haller réunit le
leucojum vernum , L. (ln.)
GALANTINE , Galanthus. Plante de l'hexandrie mono-
gynie , et de la famille des narcissoïdes, dont la racine est
bulbeuse, tuniquée; les feuilles longues, étroites et obtuses;
la fleur solitaire , penchée , blanche , portée sur une hampe
grêle , et sortant d'une spathe monophylle.
Cette plante forme seule un genre , qui a pour caractères :
«ne corolle presque campanulée , formée par six pétales ,
dont trois extérieurs sont oblongs, presque obtus, blancs ,
légèrement rayés , et trois intérieurs plus forts, plus épais ,
verdâtres et échancrés en cœur ; six étamines insérées sur une
glande calicinale qui recouvre l'ovaire, et dont les anthères
sont conniventes ; un ovaire inférieur, duquel naît un style
«ie la longueur des étamines çt à stigmate simple; une cap-
G A L 357
suie ovale, obtuse, friloculaire, trivalve , qui contient plu-
sieurs semences globuleuses.
On trouve cette plante dans les prés montagneux et cou-
verts de la partie moyenne de l'Europe. Elle fleurit dès le
commencement du printemps, souvent lorsque la terre est
encore couverte de neige , d'où on l'a appelée perce-neige.
On la cultive dans les jardins d'ornement, où elle a doublé.
Elle se multiplie par la séparation de ses caïeux , et on la
cultive comme la nivéole. V. ce mot. (b.)
GALANTINE DES JARDINS. C'est I'Ancolie dont
les fleurs paroissent au premier printemps, (ln.)
GALARD1ENNE, Galardia. Très-belle plante de la
syngénésie polygamie frustranée, et de la famille des corym-
bifères , qui seule forme un genre voisin des Rudbèques et
Oies, Coriopes.
Sa tige est baute de deux à tr^s pieds , rameuse , hispide ;
ses feuilles radicales sont oblongues , spathulées, grossière-
ment crénelées et âpres au toucher ; celles de la lige sont
alternes, ainplexicaules , oblongucs, bordées de quelques
dents ou crénelurcs anguleuses , légèrement velues. Les pé-
doncules sont simples , nus , longs , terminaux et uniflores.
Chaque fleur a un calice commun , à folioles linéaires ,
aiguës , ciliées à leur base , et disposées sur deux ou trois
rangs; des fleurons hermaphrodites très-nombreux au centre ;
des demi-fleurons stériles à languclle large, cunéiformes, et
profondément trifides à la circonférence; tous portés sur
un réceptacle légèrement convexe et chargé de paillettes.
Le fruit consiste en plusieurs semences turbinées, couron-
nées , chacune , de cinq à huit paillettes aiguës et scarieuses
qui forment leur aigrette.
Cette plante est originaire de la Louisiane , et est très-
propre à l'ornement desparterres, par la grandeurdesesfleurs
et la vivacité de leurs couleurs : les demi - fleurons étant
d'un beau pourpre vers leur base et jaunes à leur sommet.
Malheureusement elle est annuelle , et ses graines avortent
fréquemment ; de sorte qu'après avoir été très - abondante
dans les jardins de Paris , elle y est devenue très-rare. C'est
le Calonnée de Buchoz et le Virgihe de Lhéritier. Une
seconde espèce, la Galardietsne frangée, a été découverte
depuis par Michaux, (b.)
GALARICIDE. V. Galactite. (pat.)
GALARIPS. Nom sous lequel Allamand a fait cortnoître
une plante grimpante d'Amérique, qu'ensuite Linnseus lui dé-
dia; c'est Y allamanda cathartii a , quWubl et nomme orelia gran-
di flora. Cette plante est mentionnée par Barrère dans son
Histoire de la France êquinoxiale. Il dit qu'on la nomme LlANE
358 G A L
A lait. En effet , elle grimpe comme toutes les Hunes , et
elle est remplie d'un sur laiteux ; caractère propre à la fa-
mille des apocinées à laquelle elle appartient. (LN.)
G \L.\T H ÉE.G«fo#/«*,Fab. Genre de crustacés, de Tordre
des décapodes , famille des macroures , tribu des anomaux ,
ayant pour caractères : les deux pieds postérieurs beaucoup
plus petits que les autres, filiformes, repliés ; queue terminée
par des feuillets natatoires, connivens , étendue ou simple-
ment courbée à son extrémité; antennes latérales longues ,
sétacées , sans écaille à leur base; les mitoyennes saillantes ;
pieds -mâcboires extérieurs point dilatés à leur base; test
ovoïde ou oblong (rugueux) ; yeux gros, situés, un de chaque
côté, à la base de la saillie , en forme de bec ou de pointe,
de son extrémité antérieure ; les deux pieds antérieurs beau-
coup plus grands que les autres, en forme de serres al-
longées.
Les galathées se rappro#jent des crustacés décapodes ,
que j'ai nommés anomaux, à raison de leurs pieds posté-
rieurs très-différens des autres et pour la grandeur et pour leur
usage ; ils sont beaucoup plus petits , grêles, plies en double
sur eux-mêmes, et terminés par un article inulique et garni de
poils , ce qui paroît indiquer qu'ils peuvent servir à la nata-
tion. Ce genre et celui des porcellanes sont les seuls de la
même tribu dont la queue offre, à son extrémité, des feuillets
se réunissant pour former une nageoire en éventail , comme
dans les écrevisses et les macroures suivans ; la pièce du
milieu est divisée par des sutures , et très-échancrée ou bi-
lobée. Dans les porcellanes, la queue étant exactement ap-
pliquée contre la poitrine, comme celle des brachyures, ne
paroît pas joiï qu'on regarde l'animal en dessus ; le test est
presque c,;,'..ieulaire ; les yeux sont écartés: les antennes in-
termédiaires sont logées en dessous dans des fossettes; le ser
cond article des pieds-mâchoires extérieurs s'élargit au côté
interne ; les serres sont remarquables en ce que la pince
ou la main est presque triangulaire , et que l'article qui la
précède et qu'on appelle le carpe , est plus grand que tous les
inférieurs ensemble. Les galathées n'offrent point ces ca-
ractères, et paroissent , au premier aperçu, se rapprocher
davantage des écrevisses ; mais elles n ont que les deux pieds
antérieurs en forme de serres, et les deux derniers différent
des précédera ; les antennes intermédiaires , quoique sail-
lantes , sont terminées par deux divisions très-courtes , su-
bulées et portées sur un long pédoncule , ou ressemblent , à
leur longueur près , à celles du même rang des bracbyures.
Le test de ces crustacés est déprimé ,' divisé par des inci-
sions nombreuses , transverses et ciliées ; leijrs serres sonj
G A L 359
forl longues , avancées et garnies de poils , de tubercules ou
d'épines ; on en voit aussi sur les autres pattes. Les individus
des deux sexes sont presque semblables , quant à la forme
générale des corps.
On n'a pu observer les habitudes de ces animaux. M. Risso
dit , que leur natation est vive , et qu'en repos durant le
jour, ils ne sortent qu'au commencement de la nuit. Ils
sont très-bons à manger, et on les pèche presque toute
l'année sur la côte de Nice.
« Ayant eu occasion, dit M. Bosc ( i.re Edit. de cet Ou-
vrage), de prendre plusieurs galathées de différens âgés , et
d éludier leur composition sur le vivant , j'ai quelques motifs
de croire que leur accroissement ne se fait pas comme celui
des autres crustacés, par le renouvellement complet de leur
enveloppe, mais par la dislocation générale de toutes leurs
articulations ou écailles, et par la production rapide de la-
mes intermédiaires qui se soudent aux anciennes. 11 faut ,
sans doute , des expériences pour assurer un fait physiolo-
gique de celte importance , et on doit désirer que quelque
homme instruit veuille bien en faire sur les galathées de nos
mers, qui ne sont point rares, surtout dans la Méditerranée.
Il faudroit opérer à la manière de Réauinur. ( V. au mot
Crustacé et au mot Écrevisse). Cette reproduction sup-
posée du test des galalhéespeul être comparée à celle de celui
desB.VLANES.» Ces soupçons ne me paroissent pasfondés. Le
lest des galathées , malgré les impressions qui rendent sa
surface comme écailleuse , a une conformation parfaitement
analogue à celle du test des écrevisses et des autres ma-
croures , et dès lors son renouvellement doit être le même.
Rondelet a mentionné une espèce de ce genre sous le
nom de lion , donné, par Athénée et Pline , à un crustacé
macroure de la Méditerranée. Il ne parle point de la gala-
thée striée; la figure que cite , à cet égard , M. Risso, se rap-
porte évidemment à notre écrevisse de mer ou le homard.
Mais Aldiovande , de Cnist., lib. i , pag. 123 , a représenté
Celle galalhée et celle que M. Léach nomme porte - écailles ,
probablement la galaÛiée glabre de M. Risso, sans parler de
l'espèce de Rondelet, dont il a copié la figure.
M. Léach a divisé ce genre d'après la manière dont se
termine antérieurement le lest, d'après la forme des serres,
celle des saillies latérales, des tablettes delà queue et de
la pièce intermédiaire de sa nageoire , et encore d'après la
composition du pédoncule des antennes, et les longueurs
relatives des deux premiers articles des pieds-mâchoires ex-
térieurs , qu'il appelle pieds-pulpes.
La Galatrée REGLEUSE , Gulathra rngo*a , Fab ; le
36o G A L
lion, Rond., Hist. des Poissons, pag. 3go ; Léach. ; Malac.
Brit. , tab. 29 , se distingue par ses serres fort longues et
cylindriques, et surtout en ce que son test n'a point de bec
proprement dit en devant ; on y voit trois épines plus re-
marquables, dont celle du milieu est beaucoup plus forte
que les latérales. On trouve cette espèce dans la Méditerra-
née et dans la Manche, ainsi que les deux suivantes.
Galathée striée, Galathea slrigosa, Fab. ; pi. D i5. 5.
de cet ouvrage ; Galathea spini géra , Léach , ibid ^ tab. 28. B;
Aslacus similis pediculo marino , Aldrov. de Crust. , lib. 2 ,
pag. 123, fig. à gauche. Son corps est quelquefois d'un rouge
assez vif, ponctué de blanchâtre ; son bec s'avance nota-
blement au-delà des yeux , a trois épines de chaque côté T
outre celle du bout qui est plus forte ; les serres sont très-
velues, avec des épines nombreuses, sur une partie de leur
dessus et le long de leurs bords , jusqu'au bout des pinces;
les doigts sont comprimés et peu écartés l'un de l'autre , lors-
qu'ils sont fermés.
Galathée porte-écailles, Galathea squamifera, Léach. ;
ibid, pi. 28 A ; galathée glabre ? Riss. ; Aldrov. ilid , fig. à
droite ; son corps est d'un brun verdâtre ; son bec est plus
court que dans l'espèce précédente ; les serres sont chargées
de tubercules ciliés , et n'ont d'épines remarquables que
dans la partie inférieure de leur bord interne ; les doigts
des pinces sont plus étroits que ceux de la galathée striée , et
plus écartés entre eux ; l'ouverture forme un ovale étroit.
M. Risso a trouvé dans des excavations des environs de
Nice , et dans un sol calcaire argileux , un crustacé dont il
a fait une espèce de galathée, sous le nom d' Antique. Elle
m'est inconnue, (ln.)
GALATHÉE, Galathea. Genre de coquille, établi par
Lamarck dans la classe des Bivalves , et qui offre pour
caractères : coquille bivalve , équivalve , régulière , subtri-
gone ; deux dents cardinales, rapprochées sur la valve droite,
avec une cavité en devant ; deux dents cardinales, écartées
sur la valve gauche , et en devant une grosse callosité inter-
médiaire sillonnée ; dents latérales médiocres ; nymphes
proéminentes ; ligament extérieur très-bombé.
Ce genre , qui se rapproche de celui des Vénus et des
Mactres, et encore plus des CYCLADES,ne renferme qu'une
espèce, la Galathée a rayons, qu'on trouve dans les rivières
de l'Inde, et qui est figurée pi. 28 des Annales du Muséum.
Elle est blanche , avec des rayons violets. Son diamètre est
d'environ trois pouces, (b.)
G A L 36*
GALATïONdeDioscoride. Adanson rapporte cetteplante
aux Gaillets , Galium. (ln.)
GALAX , Galax. Plante de Virginie , dont les feuilles
sont radicales, la tige nue , les fleurs disposées en épis ter-
minaux, et qui forme seule un genre dans la pentandrie mo-
nogynie.
La Heur offre un calice de dix folioles , dont les extérieures
sont plus courtes et alternent avec les autres ; une corolle
monopétale , hypocralériforme , à tube cylindrique, à limbe
plane , divisé en cinq découpures obtuses ; cinq étamines ,
dont les anthères sont conniventes ; un ovaire supérieur ,
ovale , velu , surmonté d'un style semi-bifide , à stigmates
arrondis.
Le fruit est une capsule ovale , uniloculaire , bivalve , co-
lorée , s'ouvrant avec élasticité , et coutenant deux semences
ovales , convexes , calleuses , et qui semblent n'en former
qu'une.
Michaux croit que cette plante est la même que celle qu'il
a figurée sous le nom d'ERYTiiRORUiZE, quoique leurs carac-
tères ne soient pas les mêmes. Elle ne diffère pas non plus du
Blanfordie d'Andrews , et du Viticelle de Micheli.
V. Glaux. (b.)
GALAXAURE , Galaxaura. Genre de polypiers phy-
toïdes , dichotomes, articulés, fistuleux, cylindriques, à
cellules invisibles, établi parLamouroux aux dépens des Co-
rallixes de Linnspus et des Sertulaires d'Esper.
Lamouroux rapporte à ce genre dix espèces , toutes des
mers des pays chauds. La plus commune d'entre elles est la
Galaxaure rugueuse , figurée par Solander et Ellis , tab.
22 , n.° 3 , et qui vient des mers de l'Amérique. Ses articu-
lations sont cylindriques , annelées, légèrement rugueuses,
et aplaties à leurs extrémités, (b.)
GALAXIAS. Voyez Galaxie, (desm.)
GALAXIE. C'est un des noms des AéroHthts ou Mélèoro-
lithes , nommés aussi Chalasie , Céraunie , etc. (LUC.)
GALAXIE , Galaxia. Genre de plantes de la monadel-
phie triandrie , et de la famille des iridées , qui présente
pour caractères : une corolle monopélale, infundibuliforme ,
à tube filiforme et à limbe presque campanule, régulier, par-
tagé en six découpures , dont trois extérieures ont une petite
fossette nectarifère à leur base ; trois étamines dont les fila-
mens sont soudés les uns aux autres; un ovaire inférieur obtu-
sément triangulaire , chargé d'un style filiforme à trois stig-
mates multifides ; une capsule oblongue , presque cylindri-
que , marquée de trois sillons , triloculaire , trivalve , et qui
contient plusieurs semences fort petites.
3j2 G A L
Ce genre comprend trois espèces , qui sont de petites
plantes bulbeuses , à feuilles simples et radicales , à bampe
courte et uniflore, dont deux sont propres au Cap de Bonne-
Espérance, et l'autre au détroit de Magellan, (b.)
GALAXIE, Galaxias. Sous-genre de poissons établi par
Cuvier, aux dépens des Ésoces. 11 ne renferme qu'une espèce
qui n'a pas encore été décrite. Ses caractères sont : corps sans
écailles apparentes ; dents pointues et médiocres aux mâ-
choires, dont la supérieure est presque toute formée par fos in-
termaxillaire ; quelques fortes dents crochues sur la langue, (b.)
GALAXIE. Les anciens astronomes ont donné ce nom
à la Voie lactée. V. ce mot, cèGalactite. (pat.)
GAL - AYL. Nom arabe du Laiteron oléracé , Sonchus
oleraceus , L. (LN.)
GALBA. Ver qui , d'après Suélone , naît dans le chérie
vert. (DESM.)
GALBANON de Dioscoride , est , dit-on , la même plante
que nous nommons Bubon galbanifère. V Galbanum. (ln.)
GALBANUM. C'est une substance végétale , grasse , et
d'une consistance molle , ductile comme de la cire , à demi-
transparente , et qui semble tenir en quelque sorte le milieu
entre la gomme et la résine. Selon qu'elle est plus récente et
pure , elle est ou blanchâtre , ou jaune , ou rousse , ou gris-
de-fer. Sa saveur est atnère et médiocrement acre , son odeur
aromatique et forte ; elle est inflammable , demi-soluble dans
l'eau froide , soluble dans l'esprit-de-vin , les jaunes d'œufs,
le sirop , le miel , et en grande partie dans les huiles , les
graisses et dans l'eau chaude.
Cette gomme-résine découle avec ou sans incision d'une
plante qu'on soupçonne être le Bubon galbanifère, bubon
galbanum, Linn. ( Forez Bubon.). Elle nous vient de Syrie, de
la Perse et de quelques autres endroits du Levant. On l'ap-
porte en larmes pures , ou en pains visqueux remplis d'im-
puretés.
On attribuoit autrefois beaucoup de vertus au galbanum ,
et il étoit fréquemment employé en médecine , soit intérieu-
rement, soit sous la forme d'onguent ou d'emplâtre. Mais le
succès de ce remède ne répondoit pas toujours à l'attente. Il
manque d'observations , dit \ilet {Pharmacopée de Lyon'),
pour constater ses prétendues propriétés. On le prépare en le
pulvérisant et tamisant, et en l'incorporant avec du sirop ,
ou en le faisant dissoudre dans un jaune d'œuf ; la dose est
depuis dix grains jusqu'à une drachme, (d.)
GALBÂNUS. Juvénal nomme ainsi le Galbanum. (ln.)
GALBERO ou GARBELLA. Nota italien du Loriot
ïj
rope. (desm.)
G A T, 3G;>
GALBULA et GALBULUS. L'un des noms latins du
Loriot, désigné dans Linmeus et Lalhaui sons la dénomina-
tion spécifique d oriohis gullmla. Voyez. Loutor.
Moehring a appliqué la dénomination de galbula an jaca-
mar, et les ornithologistes modernes font adoptée. V. Jaca-
mar. (s.)
GALBULE, Galbulus. Sorte de fruit propre aux Pins et
aux CyI'RKs. Voyez ces mots. V. Erltt, section troisième ,
comprenant les fruits agrégés. (B.)
GALBULUS. C'est l'un des noms du Loriot, (s.)
GALDEBAERctGALLLBAER.CesilaBnYoNE(%o-
nia all/a) , en Danciiiarck. (EN.)
GALE. Nom du Poulet, dans quelques cantons de la
France, (desm )
GALE, Myiira. Genre de plantes de la dioécie lélran-
drie , et de la famille des amentacées, dont le caractère •■•■ u-
sisle à avoir les (leurs mâles et les fleurs femelles sur r'es
pieds distincts, et disposées en chatons imbriques d'écail'os.
Chaque écaille ovale , un peu pointue, concave , recouvre ,
dans les (leurs mâles, quatre ou six élamines à anthères di-
dymes, et dans les lleurs femelles, un ovaire supérieur ovoï-
de, surmonte de deux styles filiformes à stigmates simples.
Le fruit est une petite haie ovoïde ou globuleuse, unilocu-
laire » et qui contient une seule semence.
Ce genre renferme une douzaine d'espèces, dont une seule
est indigène. Ce sont des arbres de moyenne grandeur, ou
des arbrisseaux, à feuilles alternes, parsemées de points ré-
sineux, et à (leurs axillaires qui paroissent avant le dévelop-
pement des feuilles. Les plus remarquables sont:
Le Galé odorant, Myrica gule, Linn., dont les feuilles
sont lancéolées, dentelées à leur pointe , et l$* liges frutes-
centes. Il croit en Europe, dans les lieux marécageux. Toutes
ses parties, surtout ses fruits, ont une odeur iorte, aroma-
tique, et absorbent plus que la plupart des autres plantes,
lair impur ou L'hydrogène des marais. Ons'en servoil autre-
fois en guise de thé, maison a reconnu que l'usage en étoit
dangereux pour le cerveau. On l'appelle vulgairement le
piment royal.
Le Galé cirier , My rira ceri 'fera , Linn., a les feuilles
ovales, lancéolées, dentelées à leur extrémité , et les tiges
^arborescentes. 11 croit naturellement dans les marais,
sur le bord des rivières , dans l'Amérique septentrionale.
J'ai observé dans son pays natal, c'esl-à-dire en Caroline,
364 G A L
que la grande et la petite espèce ne sont que les extrêmes
d'une suite immense de variétés. Il a encore plus que le pré-
cédent la propriété d'améliorer l'air des marais. Lorsqu'il
fait chaud, il répand une odeur résineuse forte , qui porte à
la tête , mais qui est sans danger , et qui est même quelquefois
agréable. Lorsqu'on met ses fruits sous une claie ou dans un sac
au fond d'un vase d'eau bouillante , l'espèce de cire farineuse
qui le revêt, se fond, monte à la surface , d'où on l'enlève
pour en faire des bougies qui répandent en brûlant une odeur
agréable, mais qui, à raison dé leur couleur verle, donnent
«ne lumière triste. Quoique cet arbuste soit excessivement
abondant dans la basse Caroline, et qu'il ne coûte , à qui en
veut, que la peine d'en ramasser la graine , les bougies qu'on
en fait reviennent plus cher , à Charlestqn , que les chan-
delles de suif; en conséquence, on n'en brûle point dans la
ville , ni dans ses environs. II n'y a que les nègres esclaves
qui s'occupent quelquefois de cette récolte pour leur usage
seulement. Je ne crois donc pas qu'il soit avantageux, comme
on l'a prétendu , de le multiplier en France pour en tirer
parti sous ce rapport.
On cultive fréquemment une variété de ce gale , sous le
nom de gale du Canada, dans les jardins, en Europe. Cette
variété supporte fort bien la rigueur de nos hivers et se mul-
tiplie ou par graine ou par éclat de ses racines , ou par mar-
cottes : je dis variété, quoique je sois convaincu qu'elle
est espèce, parce qu'il est difficile de lui attribuer des carac-
tères différentiels suffisans. V. pi. D 29, où elle est figurée.
Le Gale À feuilles de chêne a les feuilles ovales, cu-
néiformes, sinuées, dentelées , obtuses , et les découpures
souvent anguleuses.il croît au Cap de Bonne-Espérance. Les
Hottentqts retirent de ses fruits une cire analogue à celle de
l'espèce précédente. Il se cultive dans nos orangeries.
Le Gale du Japon a les feuilles lancéolées et entières.
On le cultive dans le Japon , sous le nom de nagi , à raison
de la beauté de son feuillage, (b.)
GALE. Tournefort et Adanson donnent ee nom au genre
myrka de Linn., maintenant divisé en deux: l'un' le myrica
proprement dit ( V. Gale, ci-dessus), fondé sur le chamœ-
eleagnus de Dodonée ; le second, le nageia de Gsertner, fondé
sur le myrica nagi de Thunberg, et sur le buxus dioïca de Forsk.
Petiver plaçoit avec les gales le compionia asplenifolia , senti-
timent de Linnœus avant qu'il eût fait un liquidambar de
cette plante. Le coriotmgemaiodendros de Plukcnet répond au
genre actuel myrica. (ln.)
J). 2d
(>//; c.witr/ . .'/■ (rtryac o/fict/iaf .
Oft/e cfreer ma/e ef/èm* /• (htiçemfire <■ ///t////r//i- roua?. 2 ■
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G A L 377
petit que le pre'cédent ; sa tête est à proportion plus grosse ,
et son museau plus allongé et plus tendu. 11 est d'une cou-
leur obscure et variée de diverses nuances; des points blancs
sont semés sur ses jambes; il y en a aussi deux entre les yeux.
On ignore dansquelpays se trouve cette petite espèce, dont
le seul individu que Ton connoisse est conservé dans la col-
lection du Muséum d'Histoire naturelle. Audebert {Histoire
des singes et des makis) remarque avec raison que la petite
taille de cet individu, la grosseur de sa tête et la variété de
son pelage , semblent annoncer qu'il étoit dans le jeune âge ,
et qu'il n'est peut-être , en effet , qu'un jeune galéopilhèr/uc ,
de l'espèce précédemment décrite.
Troisième Espèce. — GaLÉOPITHÈQUE de TERNATE ( Ga-
leopilhecus tematensis) , Geoffr. M. Geoffroy admet encore
cette espèce d'après la description très-incomplète qu'en
donne Séba, thés. i. p. 93, pi. 58 , fig. 2 et 3. Elle a le corps
couvert d'un poil serré , court et doux comme celui de la tau-
pe , d'un roux-gris , plus foncé en dessus qu'en dessous. Sa
queue est légèrement tachetée, (desm.)
GALEOPSIS, Figure de belette, en grec, à cause de la
forme des fleurs. Cette plante <îe Dioscoride est un arbuste
semblable , pour la tige et les feuilles à 1' Ortie ; ses feuilles
exhaloient une forte odeur lorsqu'on les frottoit avec la main ;
et les fleurs étoient pourpres. La plante naissoit dans les haies.
Pline est d'accord avec Dioscoride. Galien ne parle pas de
ce végétal, qui semble devoir être un Lamium, autre genre qui
doit son nom à la forme de sa corolle comparée à la figure
d'une lamie et dont les espèces ressemblent assez à Y ortie pour
justifier le nom vulgaire d'orties mortes qu'elles portent. Peut-
être est-ce I'Épiaire des BOiS,Stachyssylvatica, Linn., nommé
Galeopsis légitima par Clusius ; peut-être un phlomis. Ce
nom de galeopsis désigne non-seulement des lamiers, dans les
ouvrages de botanique, mais aussi des sideriiis, des leonuriis,
des germanea, etc. Le genre galeopsis de Tournefort com-
prenoit des galeopsis et des sfachys de Linnseus. Adanson rap-
porte à son galeopsis le stachys germanica, Linn., et le glecho-
mahederacea ouLœrre terrestre. Enfin le genre Galeopsis
tel que Linnseus l'avoit reconnu dans sa première édition du
Systema naturœ, se trouve maintenant divisé en deux, galeopsis
et galeobdolon , et même en trois si l'on admetle tetra hit àWàaxi-
son et de Moënch.Enoutr* les espèces qu'il avoit d'abord re-
gardées comme des Lamiers et des Agripaumes, ont été repor-
tées dans ces genres. V. Galéope. Galiopsis et galeopseis sont
des synonvmes de galeopsis. (ln.)
_ GALEORHIN, Galeor-hinus. Sou^-gcnrc établi parBIai»
ville aux dépens des Squales.
37S G \ L
Les Squales MiLANDREet Émissole lui servent de type, (b.)
GALEOTE. Reptile du genre des Iguanes, (b.)
GALEPHOS de Dioscoride. V. Galeobdolon. (ln.)
GALERA. Mammifère carnassier indiqué par Brown, et
qui paroît être le même que le taira, espèce de Glouton.
V. ce mot. (desm.) .
GALERAND. Nom breton du Butor, (v.)
GALERE. C'est le nom que les matelots donnent à
la Physalide et à la Vellelle, parce qu'elles ont un peu la
forme d'un navire, (b.)
GALÈRE. Coquille du genre de r Argonaute, (b.)
GALERE. Les Éphémères ont reçu ce nom dans quel-
ques cantons, (desm.)
GALERITA. C est, en latin, I'Alouette huppée.
Varron désigne le cocheois , par le mot galeritus.
Galerila varia , dans Fabricius, est le Jaseur. (s.)
GALERITA. C'est le Petasites, espèce de tussilage. (ln.)
GALERITE, Galerila, Fab. Genre d'insectes, de Tordre
des coléoptères , section des penlamères , tribu des cara-
biques, ayant pour caractères : élytres tronquées à leur ex-
trémité ; jambes antérieures échancrées au côté interne ;
tête ovoïde, entièrement dégagée et tenant au corselet par
une sorte de nœud ou de rotule; corselet en forme de cœur
tronqué ; dernier article des palpes extérieurs plus grand,
presque sécuriforme ; languette trifide ; divisions latérales
petites , en forme d'oreillettes ; milieu du bord supérieur de
l'intermédiaire avancé en pointe ; antennes sétacées , avec
le premier article long; pénultième article des tarses bilobé ;
corps assez épais, ou n'étant point très-aplati.
Fabricius a établi ce genre sur un insecte qu'il avoit placé,
dans les premières éditions de son Entomologie , avec les
carabes, et qu'il avoit distingué sous le nom à'americanus. 11
lui associe plusieurs autres espèces de la même tribu , sem-
blables sous quelque rapports, mais très- différentes sous
d'autres , et qui composentmaintenant les genres Zuphie, Po-
LYSTïchus, Siagone et celui d'HELLUO , carabiques dont le
corps est très-aplati. M. Clairville {Entom. hehet., t. 2), a cité et
figuré pour exemple du genre galerita , l'espèce que Fabricius
nomme, d'après Rossi , olens ; mais il est aisé de voir que ces
caractères ne cadrent pas avec ceux que ce dernier lui assigne.
Il faut donc restreindre ce genre à la galérite américaine et à
celles qui présentent une conformation absolument identique.
Les galérites ont de grands rapports avec les insectes de
la même tribu que j'ai désignés sous le nom général de bom-
bardiers ; peut-être ont-elles aussi les mêmes propriétés. Ou-
tre l'espèce citée plus haut , j'en connois deux autres égale-
G A L 379
ment propres à l'Amérique ; l'une rapportée de la Nouvelle-
Espagne par MM. Humboldt etBonpland, et l'autre décou-
verte à la Guadeloupe par M. l'Herminier, et qu'il a eu
la complaisance de m'envoyer.
La Galerite américaine , Galerila amerirana , Fab. ;
Oliv. Col. , totn. 3, n."35, planche 6 , Jig. 72, a près de
neuf lignes de long. Son corps est noir , avec le premier
article des antennes, le corselet et les pattes fauves ; les ély-
tres sont d'un noir bleuâtre obscur, un peu soyeuses , avec
des lignes enfoncées , peu profondes et longitudinales.
On la trouve aux Etats-Unis.
Voyez pour la galerite odorante , mentionnée dans la pre-
mière" édition de cet ouvrage , les articles : Polystichus
et Zuphie. (l.)
GALERITE , Galerites. Genre établi par Lamarck aux
dépens des Oursins. Ses caractères sont : corps élevé ,
conoïde ou presque ovale; ambulacres complets , formés de
dix sillons qui rayonnent par paire du sommet à la base ;
bouche inférieure et centrale; anus dans le bord.
L'OuRSiNVULGAiRE,quise trouve si fréquemment fossile en
France et ailleurs, sert de type à ce genre , qui, dans l'ou-
vrage de Lamarck , contient seize espèces , toutes fossiles.
Klein avoit appelé ce genre Conule. (b.)
GALERO, GHIRO,GLlERO. C'est le Loir, en Italie.
(s.)
GALERUCITES , Galeniatœ. Tribu d'insectes coléop-
tères télramères, de la famille des cycliques, distinguée dos
autres tribus que cette familic comprend, en ce que les an-
tennes sont insérées entre les yeux et tres-rapprochées à leur
base. Elle est composée des genres : Adorie , Galéruque,
LrpÈRE et Ai.tise. V. ces mots, (l.)
GALERUQUE , Galeruca , Geoff. Genre d'insectes, de
l'ordre des coléoptères, section des tétramères , famille des
cycliques.
Les galéruques ont le corps ovale oblong , deux ailes mem-
braneuses , repliées, cachées sous des étuis durs , de la gran-
deur de l'abdomen, et quelquefois plus grands; le corselet
rebordé, ordinairement inégal; la tète plus étroite que le
corselet; deux antennes filiformes de la longueur de la moi-
tié du corps, avec le second article un peu plus court ; la
bouche composée de deux lèvres , de deux mandibules cour-
tes, grosses , en forme de cuiller , de deux mâchoires bifides,
et de quatre palpes filiformes ; enfin , les tarses composés de
quatre articles , dont les trois premiers sont courts , as-
sez larges, garnis de poils en dessous, et dont le troisième est
bilobé.
38o G A L
Ces insectes ontbeaucoup de rapports avec les ch/ysomèfesf
les allises, les adories et les hipères. Ils diffèrent des premières
par leurs antennes insérées entre les yeux et tres-rappro-
chées à leur base ; des secondes, en ce qu'ils ne sautent point,
leurs cuisses postérieures n'étant pas plus grosses que les au-
tres ; le dernier article de leurs palpes maxillaires est coni-
que et aussi long que le précédent, tandis qu'il est court et
tronqué dans les adories ; enfin , les antennes des galéruques
sont plus courtes que le corps, avec leurs siticies en cône
renversé, au lieu que celles des lupères sont longues et for-
mées d'articles cylindriques. Plusieurs galéruques, surtout
parmi les exotiques , ont le corps allongé. Fabricius en a
composé , ainsi qu'avec des altises à forme analogue , son
genre crioceris.
Les galéruques ressemblent surtout aux chrysomèles par
leurs habitudes, et même par leurs larves.
Les unes ainsi que les autres marchent lentement, se ser-
vent rarement de leurs ailes, sont timides, se laissent tomber
quand elles se croient menacées de quelque danger, demeu-
rent 6ans mouvement, et tentent de tromper leur ennemi
en paroissant à ses yeux privées de vie ; elles aiment les lieux
ombragés et frais, les bois, le bord des rivières, quelquefois
les prairies. Leurs larves ont six pattes, la tête écailleuse, le
corps mou et pulpeux. Elles vivent de la substance des feuil-
les , qu'elles rongent et dévorent. Elles se fixent sur une de
ces feuilles , et elles cessent de manger quand elles doivent
subir leur métamorphose.
Il manque à l'histoire des galéruques, comme à celle de la
plupart des insectes , des détails suivis et plus étendus. Nous
ne connoissons un peu particulièrement que trois espèces,
celles de la Tanaisie, de IOrme et du Nénuphar. La pre-
mière espèce vit sur la tanaisie vulgaire jaune , et c'est aussi
des feuilles de cette plante que la larve se nourrit. Les fe-
melles sont quelquefois remplies d'œufs , qui les gonflent si
fort, que les élytres ne peuvent plus atteindre que la moitié de
la longueur du ventre, en sorte que les trois derniers anneaux
sont entièrement à découvert. On trouve les larves en
quantité vers le mois de juin. Elles sont toutes noires, et de la
longueur d'un peu plus de cinq lignes; elles ont six pattes écail-
leuses, garnies à l'extrémité d'un seul crochet, et au derrière
un mamelon charnu, qui leur sert de septième patte, et d'où
sort une matière gluante, qui fixe la larve sur le plan où elle
marche. Sur le corps il y a plusieurs tubercules rangés trans-
versalement, et garnis de six ou sept petits poils. Elles mar-
chent lentement et se laissent tomber par terre , roulant Je
corps en cercle , pour peu qu'on touche la plante à laquelle
GAL 38,
elles sont fixées. C'est dans le môme mois qu'elles se trans-
forment en nymphes , d'un beau jaune tirant un peu sur l'o-
range , avec plusieurs petits poilsnoirs et roides, dont quel-
ques-uns sont placés sur des tubercules. Le ventre est courbé
en arc. On voit sur ces nymphes toutes les parties exté-
rieures de lagaléruque , comme les yeux, les antennes , les
six pattes et les fourreaux des élytres et des ailes. Vers les
cotés du corps on observe de petits points noirs, qui sont les
stigmates. Elles n'aiment pas à se donner de mouvement ,
et elles restent tranquilles quoiqu'on les louche. Dans trois
semaines, l'insecte parfait est prêt à quitter l'enveloppe de
nymphe.
Les ormes sont quelquefois, surtout au commencement de
l'automne, touteouverts de galéruques, qui vivent particuliè-
rement sur ces arbres, et dont elles ontemprunté le nom. Les
feuilles sont criblées de leurs morsures. Au premier froid
qui se fait sentir, l'insecte cherche à l'éviter; il se réfugie et
pénètre dans les maisons auprès desquelles il se trouve ;
on peut voir quelquefois des croisées qui regardent le midi,
couvertes de ces galéruques.
La galéruque du nénuphar se tient et vit, au mois de juin et
dans le reste de l'été, sur les feuilles du potamogéton , du né-
nuphar ou autres plantes aquatiques qui sont hors de l'eau r
et s'en éloigne rarement. La larve qui se trouve au mois de
juillet, vit en société sur les grandes feuilles, plus particulière-
ment du nénuphar , qui sont supendues à la surface de l'eau ,
et s'y promène souvent en assez grand nombre. Elle ronge la
substance supérieure de la feuille, laissant la membrane infé-
rieure entière, et quand elle mange, elle va toujours en avant.
Les endroits rongés paroissent sur les feuilles comme des ta-
ches brunes. Ces larves, noires et longues de quatre lignes,
sont en général semblables à celles des autres galéruques et
des chrysomèles. Les douze anneaux du corps , couverts de
plaques coriaces, sont très-bien marqués par de profondes
incisions, et le long des deux côtés ils ont des élévations en
forme de tubercules, chaque anneau a encore en dessus une
ligne transversale , en forme d'incision. Lorsque la larve
courbe le corps, ou qu'elle l'allonge considérablement, on
voit paroître entre les anneaux la peau membraneuse qui les
unit ensemble. Les excrémens que rejettent ces larves , se
trouvent sous la feuille, en forme de longs filets tortueux,
d'un brun grisâtre. Pour se transformer, elles s'attachent par
le mamelon du derrière, aux feuilles mêmes où elles ont
vécu, et prennent ensuite la figure de nymphe, en se dépouil-
lant de leur peau, qu'elles font glisser en arrière jusque près
du derrière, et qu'elles ne quittent pas tout-à-fait. L"extre-
38a G A L
mité du ventre de la nymphe reste engagée dans ïa peau pllssée,
qui sert aux larves de soutien et de point d'appui , pour rester
attachées à la feuille, comme on l'observe dans d'autres larves
du genre des chrysomèles et des coccinelles. La nymphe n'offre
rien de particulier; elle est courte et grosse, ayant d'abord une
couleur jaune , comme celle du dessous de la larve , mais qui
ensuite se change en noir luisant; les anneaux du ventre ont
en dessus quelques tubercules en forme de pointes courtes.
Comme ces larves, tant sous leur première que sous leur
seconde forme , sont souvent exposées à être submergées
dans l'eau, particulièrement quand les grandes feuilles où
elles habitent sont agitées par le vent , leur naturel est de ne
pas craindre l'eau, ni d'en recevoir aucun mal; cependant
elles paroissent plus à leur aise sur la surface de la feuille qui
reste à sec sur l'eau. Elles savent nager en quelque façon , ou
au moins ramper sur la superficie de l'eau, et se transporter
ainsi d'un endroit à un autre. En moins de huit jours elles se
métamorphosent en galéruques, qui se plaisent encore à res-
ter sur les feuilles de la même plante aquatique , qu'elles ron-
gent pour s'en nourrir, comme dans leur premier état. On a
observé qu'en retirant ces larves de dessous l'eau même ,
elles ne sont point mouillées, et paroissent sèches. Il faudroit
savoir si c'est une transpiration onctueuse, ou une enveloppe
aérienne qui les garantit du contact de l'eau , et par quel
mécanisme elles respirent sous l'eau.
Parmi une trentaine d'espèces connues, on distingue
comme les plus communes :
La Galéruque de la. tanaisie, Galeruca tanaceti , Oliv.,
Col. tom. 5, n.° g3 , pi. i , fig. i ; pi. E 22 de cet ouvrage ,
dont tout le corps est noir ; dont le corselet est rebordé , un
peu inégal , fortement pointillé , un peu raboteux ; dont les
élytres sont un peu plus grandes que l'abdomen , fortement
pointiliées , sans aucune strie élevée ; dont les pattes sont
de la couleur du corps. Elle se trouve dans presque toute
l'Europe , sur la tanaisie.
La Galéruque de l'orme , Galeruca calmariensis , Oliv.,
ibid. , pi. 3,Jïg. 3j , dont la grandeur varie depuis deux jus-
qu'à trois lignes de long ; elle a les antennes noirâtres, la tête
jaunâtre, avec une tache noire à sa partie supérieure ; le cor-
selet d'un jaune obscur, avec une tache longitudinale noire au
milieu, et une autre de chaque côté; l'écusson d'un jaune obs-
cur; lesélytrespubescentes, d'un gris jaunâtre , avec une raie
noire vers le bord extérieur, et quelquefois une petite ligne
courte, noire à la base; le dessous du corps noirâtre ; les pattes
d'un jaune obscur. Elle se trouve dans presque toute l'Eu-
rope , sur l'orme,
G A L 38J
La GalÉRUQUE du nénuphar , Galeruca nymphéa, , Oliv. ,
ihiJ. , pi. 3, fig. 5 1. Elle a le corps oblong, d'environ trois lignes
de long ; les antennes de la longueur du corps, mélangées
de noir et de jaune, la tête obscure, le corselet d'un jaune obs-
cur, avec trois taches enfoncées, noires ; lesélytres obscures ,
bordées de jaune; le dessous du corps obscur, avec le dernier
anneau jaunâtre ; les pattes d'un jaune brun , avec la moitié
des cuisses et les genoux noirs. Elle se trouve dans toute l'Eu-
rope , sur les plantes aquatiques, (o. L.)
GALET ou GALE. Le Poulet, dans le midi de la France.
(desm.)
GALETI. L'Anc.olie porte ce nom à Venise, (ln.)
GALETS. Pierres roulées qu'on trouve au bord des gran-
des rivières et sur le rivage de la mer. On les appelle aussi
Cailloux roulés; mais il semble que le mot cailloux soit
spécialement réservé aux pierres siliceuses , tandis que lesga-
lets en offrent de toutes les espèces.
Les galets du rivage de la mer ne se trouvent, pour l'or-
dinaire , en abondance que dans le voisinage des falaises ou
des côtes abruptes , qui étant continuellement minées par les
flots , éprouvent de fréquens éboulemens. Ces débris ba.ttus
et ballottés par les marées , sont bientôt arrondis et roulé » sur
les plages voisines ; c'est ce qu'on observe surtout quarjd les
falaises soot formées de couches calcaires , contenant des si-
lex ; la partie crétacée est triturée par le frottement e« entraî-
née par les eaux , et les galets siliceux restent presque seuls
sur le rivage , comme ou le voit sur les côtes de Normandie ,
où le flux les repousse jusque dans les ports , qu'on est obligé
de déblayer par le moyen des écluses de chasse-
Les galets forment aussi des barres à l'emboutchure des ri-
vières , ainsi qu'on peut le reconnoître mainte;naat à décou-
vert dans la fameuse plaine delà Grau , où fut jadis l'embou-
chure du Rhône. Comme la Méditerranée f.asoit alors partie
de l'Océan qui couvroit l'isthme de Suez , vile participoit à
ses marées qui repoussoient les galets que, le Rhône charrioit
dans son sein.
Cette plaine , dont le sol est entière ment formé de cailloux
roulés (qui sûrement s'étendent jusqivà une profondeur très-
considerable) , a près de vingt lieues earrées d'étendue , et sa
forme annonce clairement que c et oit bien là en effet l'em-
bouchure du Rhône ; car elle a la figure d'un triangle , dont la
poiute regarde la mer, comme edfi arrive dans tous les attéris-
semens formés par les rivières rapides , le milieu du courant
portant toujours les pierres qu'ùl roule plus en avant que leç
parties latérales de ses eaux, dont l'impulsion est moins forte
J'ignore sur quoi pouvoit &e fonder le célèbre Saussure,
38£ G A L
pour dire que ce n'est pas le Rhône qui a charrié les pierres
roulées qui composent le sol de cette plaine ; lui , surtout , qui
avoit reconnu que les sept huitièmes de ces cailloux étoient
formés de cette espèce singulière de quarz grenu , ou plutôt
de grès quarzeux qui composent également les sept huitiè-
mes des cailloux roulés qui accompagnent les deux rives de
ce fleuve , depuis le mont Jura jusqu'à la mer (§ i55r).
Ainsi, tout concourt à confirmer l'opinion des naturalistes
qui avoient déjà regardé la plaine de la Crau comme un atté-
rissement du Rhône , et non comme l'ouvrage d'une pré-
tendue déhâcle suhite de l'Océan. Et ce qui achève de prou-
ver, suivant la remarque même de Saussure , que la mer avoit
Jong-temps séjourné sur cet attérissement , c'est que toute la
. base de la plaine delà Crau est formée d'un pouding arénacéo-
^calcaire , qui commence tout près de la surface , et qui a ,
suivant Darluc , jusqu'à cinquante pieds de profondeur.
L'étude des dépôts de galets peut jeter un grand jour sur
divers points de géologie très-importans ; par exemple , leurs
entassemens prodigieux qui accompagnent la plupart des
grandes rivières , jusqu'à deux ou tiois lieues de distance à
droite et à gauche de leur lit actuel , sont des témoins irrécu-
sables , qui attestent combien les montagnes furent jadis plus
élevées qu'aujourd'hui , puisque ces immenses déblais ne sont
formés que de leurs débris. Ils attestent en même temps l'an-
cienne puissance des courans qui les ont charriés , et dont le
volume étoit proportionné à l'élévalion des montagnes , d'où
ils tiroient leur source.
Ils nous prouvent encore qu'il exista jadis d'immenses cou-
ches pierreuses , dont il ne reste plus aucun vestige. Saussure
et d'autres observateurs ont vainement cherché le gîte de ces
grès durs et purement quarzeux, qui non-seulement couvrent
les plaines , mais qui forment des chaînes de collines de cinq
à six cents pieds d'élévation , tout le long du cours du Rhône
et des rivières qui descendent , ou qui descendirent autrefois
des montagnes du Forez , des Cévennes , etc. , et qui ont com-
blé les vallées et couvert les plaines les plus élevées, d'une
immensité de galets de la même espèce.
A l'égard des pierres roulées d'un volume considérable ,
qu'on trouve quelquefois sur des sommets de montagnes d'une
nature toute différente ; des blocs de granité, par exemple ^sui-
des montagnes calcaires, c'est encore la grande élévation pri-
mordiale des montagnes qui a donné lieu à cet événement;
il n'a fallu pour cela ni débâcles subites de l'Océan , ni ma-
rées de huit cents toises, ni catastrophes d'aucune espèce.
La place qu'occupe le bloc roulé n'avoit pas toujours été
un sommet de montagne , c'étoit la superficie plane d'un en-
G A L 38~
tassement de couches calcaires, adossées contre le flanc d'une
très-haute montagne primitive. Le bloc détaché du sommet
de cette montagne , est venu s'arrêter dans quelque ravin de
ces assises calcaires. Les eaux qui couloientdansle ravin, trou-
vant cet obstacle , se sont divisées à droite et à gauche ; elles
ont creusé deux ravins, et bientôt le bloc s'est trouvé isole
sur un tertre. Vvec le temps , les ravins sont devenus vallées
et le tertre est devenu montagne. C'est ainsi qu'avec des moyens
simples , la nature fait de grande* choses , parce qu'elle a le
temps à sa disposition, tandis que nous ne songeons qu'à des
moyens violens, parce que le temps nous manque. V. Pou-
DlH&iUB. (l'vr.)
GALETTA. Nom du Roitelet à Turin, (v.)
GALETTE, Galea. Pièce inarticulée membraneuse, qui
recouvre la mâchoire de tous les ovtiwplcres et de quelques ne
vroplères. V. Bouche, Orthoptères, Psoque. (o.)
GALEUS.Nom latin que M. Cuvier a donné au sous-genre
de squales qui renferme les Milandres. (desim.)
GALFATE. V. Calfat. (v.)
GALGANA, G ALAN A et GALBANO.Noms espagnols
d'une Gesse , Luth) rus a'cera , L. (ln.)
GALGAN-PLANCY.NomduSouCHET,enBohème.(LN.)
GALGENKRAUT. Le Chanvre est ainsi nommé en Al-
lemagne, (ln.)
GALGO. C'est ainsi que les Portugais désignent les
chiens lévriers. Ils nomment galcn chico le levron de Buffon
(canis italiens , Linn. (des.m.)
GALGULE , Galgulus , Lat. Genre d'insectes, de l'ordre
des hémiptères , section des héléroptères , famille des hydro-
corises , tribu des ravisseurs, ayant pour caractères : anten-
nes insérées sous les yeux , plus courtes que la tête , n'ayant
que trois articles distincts, dont le dernier plus grand et ovoïde;
pieds antérieurs ravisseurs ; tous les tarses semblables , cylin-
driques , à deux articles , avec deux crochets au bout du der-
nier.
Les galgules ont un corps court, carré-orbiculaire, rabo-
teux ; la tète très-courte , avec les yeux saillans , situés à ses
angles latéraux qui sont allongés ; le corselet court , lobe oos-
térieurement; un écusson triangulaire; les élytres couaces
courtes ; l'abdomen court et large ; les pattes antérieures cour-
tes, appliquées sous la télé, avec les cuisses très-renflées, den-
tées en dessous ; les jambes et les tarses sappliquant sous les
mi. â5
386 G A L
cuisses ; les jambes et les tarses des autres pattes sont un peu
velus ; il y a deux crochets au bout de chaque tarse.
Ce genre a pour type la naucore oculée de Fabricius ,
Suppl. eniom. , pag. 52 5 , qui a été rapportée de la Caroline
par M. Bosc.
Les galgules s'éloignent des naucores , avec lesquelles ils
ont de grands traits de ressemblance , par le dernier article
de leurs antennes, qui est beaucoup plus grand que les autres,
et par leurs tarses antérieurs qui ont deux crochets.
Nous nommerons la seule espèce de ce genre qui nous soit
connue , Galgule oculé , Galgulus oculalus , E 2,3. Nous
ignorons sa manière de vivre ; mais il est probable qu'elle se
rapproche de celle des insectes des genres voisins. (L.)
GALGULUS. C'est , dans Brisson , le nom latin géné-
rique et spécifique du Rollier. (v.)
GALl DES INDIENS. Nom de I'Indigotier, Indigofera
iînctoria.
Les Brames nomment ainsi le Babouli et le Benkara des
Malabares. C'est un arbrisseau rapporté au genre RaNdia;
il appartient peut-être au Flaccourtia.
Adanson en fait un genre particulier dans sa famille des
Onagres ; il le place entre Vaîangium et le melasloma , et le
caractérise ainsi : feuilles opposées ; deux épines également
opposées ; fleurs en épis axillaires , munies d'un calice et
d'une corolle de cinq pièces ; de cinq étamines ; et d'une
baie à quatre loges polyspermes. (ln.)
GALIBI. A la Guadeloupe , les naturels donnent ce nom
aux squelettes humains que l'on trouve englobés dans un tuf
calcaire. V. Anthropolithe. (desm.)
GALICE. On donne ce nom aux Sardines, (b.)
GALI-DOUSA DES BRAMES. V. Perin-kara. (ln.)
GALIETTE et BIEN-SALÉE. A l'Ile-Bourbon , on
donne ce nom à une Conyse ( Conyza relusa, Lamark ) , dont
les feuilles ont un goût salé, (ln.)
GALIGAAN. Nom du Scirpe maritime et de quelques
Laiches , en Hollande, (ln.)
GALINASSA. Un des noms piémontais de la Bé-
casse, (v.)
GALINE. Nom de la Raie torpille, (b.)
GALINELLA. Nom italien de la Morgeline ( Alsine
média), (ln.)
GALINETTE. C'est la mâche ( valcriana locusta) dans
le midi de la France et en Italie. On applique aussi ce nom
aux CoCRÈTES ( Rhinanthus ). (LN.) ,
GALINIE , Galinia. C'est un arbrisseau dont les feuilles
sont linéaires , charnues , sessiles , canaliculées , persistantes ,
glutineuses , tantôt alternes et tantôt opposées , et les fleurs
G A L 387
disposées en panicules au sommetdes rameaux. Seul il forme,
dans l'octandrie digynie , un genre qui a pour caractères :
un calice fort petit, concave, à quatre divisions ; point de
corolle ; huit étamines à anthères didymes ; un ovaire
supérieur , arrondi, chargé dedeux styles astigmate simple.
Le fruit est une capsule arrondie , qui contient deux se-
mences.
Cet arbrisseau croît naturellement au Cap de Bonne-Es-
pérance, (b.)
GALINOTTE. V. Merle dominicain de la Chine, (v.)
GALINSOGA, Galinsoga. Plantes herbacées du Pérou,
qui forment un genre dans la syngénésie polygamie superflue,
et dans la famille des corymbifères. Ses caractères sont : un
calice hémisphérique , pentagone , composé de huit écailles
ovales , oblongues , dont cinq extérieures égales ; un récep-
tacle conique, garni de paillettes ciliées, renfermant plusieurs
fleurons hermaphrodites dans son disque , et cinq demi-fleu-
rons femelles fertiles , à sa circonférence ; des semences co-
niques, anguleuses , un peu courbes , à aigrettes écailleuses.
Ce genre , qui a aussi été appelé W iboroie et Vigoline ,
renferme trois espèces, dont une, cultivée dans le jardin du
Muséum de Paris, le Galinsoga ovale, qui a les tiges cou-
chées, les feuilles alternes, ovales, hérissées, et les fleurs
jaunes, portées sur des pédoncules axillaires et terminaux.
Elle est annuelle, et garnit fort agréablement le terrain, (b.)
GALION, Gallium, Galerium ou Galatium. Ces noms dé-
signent, chez Dioscorides etGalIien, la même plante , dont
la principale propriété étoit d'accélérer la coagulation du lait ,
lorsqu'on y faisoit séjourner ses feuilles desséchées. C'est
ce qu'exprime le nom grec de galion ou gallium des La-
tins. 11 est assez généralement reconnu que le gaittet jaune
est cette plante ; aussi Linnœus conserve-t-il le nom de Gal-
lium verum à cette espèce , et celui de Gallium au gerre
qui la comprend, et auquel il ramène Yaparine et le galion de
Tournefort, qui ne diffèrent que par les fruits lisses ou hé-
rissés. V. Gaillet. (l>\)
GALIOPS1S de Dioscoride. V. Galeopsis. (ln.)
GALTOT , Galliote et Gariot. Noms qu'on donne, dans
quelques cantons , à la Benoîte , Geum urbanum. (ln.)
GALIPIER. , Galipea. C'est un arbrisseau de la Guyane,
appelé Ïnga par les naturels , et qui se rapproche des Ra-
Putirs. Ses feuilles sont alternes , pétiolées , et composées
chacune de trois folioles lancéolées , entières, dont celle du
388 G A L
milieu est plus grande ; ses fleurs petites , verdâtres , et dis-
posées en corymbes terminaux.
Chaque fleur offre un calice monophylle , à quatre ou cinq
angles et à quatre ou cinq divisions; une corolle monopétale
presque infundibuliforme , à tube court et à limbe partagé en
quatre ou cinq découpures inégales et aiguës ; quatre filamens,
dont deux , plus grands , portent des anthères , et deux , plus
courts , sont stériles ; un ovaire supérieur , arrondi , à qua-
tre ou cinq côtes , surmonté d'un style long, à stigmate obtus,
marqué de deux sillons en croix. Le fruit n'est pas connu, (b.)
GALIPOT. Nom donné au suc résineux et fluide qui dé-
coule par incision de quelques pins , et particulièrement du
Pin maritime. Quand ce suc sèche sur l'arbre , en masses
jaunâtres , on l'appelle Barras. Si on l'épaissit par la cuisson,
et qu'après l'avoir filtré , on le coule en pains dans des moules,
il se trouve transformé en une matière connue sous le nom de
Brai sec.
Les Provençaux distillent en grand le galipoi. Ils en tirent
une huile qu'ils nomment Huile de raze. Enfin , le bois
des mêmes pins^ d'où suinte cette résine , coupé en mor-
ceaux plus ou moins grands , et réduit en charbon dans
des fourneaux construits exprès , donne le Goudron.
V. ce mot et celui de Résine, (b.)
GALLAÏCA. Nom d'une pierre chez les anciens. M.De-
launay (Min. desanc.) pense que ce peut avoir été une pyrite
blanche (fer sulfuré), se présentant par cubes séparés les
uns des autres, (desm.)
GALLAZONNE. Sorte de Raisin , ainsi nommée en
Italie. (UN.)
GALLE. On donne ce nom à des excroissances de formes
très-variées, qui se voient sur les feuilles, les pétioles, les
fleurs , les pédoncules , les bourgeons, les branches , les tiges
et même les racines des arbres et des plantes, et qui sont
dues à la piqûre des insectes. V. Arbre.
La plupart de ces galles ne sont que curieuses ; mais il en
est une qui est l'objet d'un commerce considérable, c'est
celle du chêne de l'Asie Mineure , connue sous le nom de
noix de galle , dont on fait un grand usage dans la teinture et
d'autres arts.
C'est à Réaumur qu'on doit presque exclusivement le peu
de notions que nous avons sur les galles. Les naturalistes
plus modernes se sont bien occupés de la description des
insectes qui les produisent , mais point, ou presque point de
de leur formation.
On a beaucoup disserté sur les moyens que la nature em-
ployoit pour faire naître des galles si différentes les unes des
G AL 389
autres, de la blessure faîte par un insecte à telle ou telle
partie d'une plante ; mais le résultat des idées émises à cet
égard ne peut satisfaire un bon esprit. Il faut, et il faudra
sans doute encore long-temps, avouer notre ignorance sur la
cause de la régularité d'accroissement que prennent ces sin-
gulières productions.
On peut diviser les galles en galles vraies et en galles fausses.
Les premières sont celles qui forment une excroissance
exactement fermée de toutes parts, et dans laquelle vit une
ou plusieurs larves d'insectes, qui en sortent avant ou après
leur métamorpbose ; les secondes sont celles qui sont formées
par l'augmentation, contre nature, d'une partie déplante
produite par la piqûre d'un insecte , mais dans laquelle la
cavité est souvent ouverte , ou même n'est qu'incomplète.
Les galles vraies se subdivisent en galles simples , c'est-à-dire
dans lesquelles il n'y a qu'une seule loge d insecte , soit qu'il
y ait un seul ou plusieurs insectes ; et en galles composées ,
c'est-à-dire formées par la réunion de plusieurs loges qui
croissent ensemble. On trouve dans l'une et l'autre de ces
divisions des galles globuleuses et unies , globuleuses et à surface
plus ou moins rugueuse , des galles feuillées , velues , osseuses ,
fongueuses , etc., etc.
C'est, pour la plupart des galles, une chose fort difficile
que d'obtenir parfaits les insectes dont elles contiennent la
larve. Plusieurs de ces larves meurent aussitôt que la galle
est séparée de la plante à qui elle étoit unie ; et d'autres exi-
gent, pour leur transformation, des conditions qui sont in-
connues ou qu'on peut difficilement leur procurer.
Beaucoup d'insectes font naître des galles : on en trouve
d'où sortent des coléoptères , des hémiptères, des lépidoptères et
des diptères; mais c'est dans les hyménoptères ([n'existe le genre
particulièrement consacré par la nature à les produire. Ce
genre est le genre Diplolèpe, Geoff. ( V. ce mot et le mot
Cyîsips. ) Toutes les espèces qui le composent sont nées dans
une galle ; ce sont les vraies galles. Les plus remarquables
d entre elles, sont :
La galle du rosier , appelée bédéguar : elle est grosse comme
une pomme, et couverte de longs filamens rougeâtres , pin—
nés. Elle croît sur la tige du rosier églantier, est composée
d'un grand nombre de loges , et est produite par le diplolèpe
du rosier. On l'a mise au nombre des remèdes qui peuvent
être employés avec succès contre les diarrhées et les dyssen-
teries, être utiles contre le scorbut, la pierre et les vers.
La galle fongueuse du chêne : elle est grosse comme la pré-
cédente, mais unie à l'extérieur. Elle croît à l'extrémité des
jeunes rameaux du chêne, est composée d'un grand nombre
390 G A L
de loges osseuses, renfermées dans une matière fongueuse,
et est produite par le diplolèpe terminal.
Tua galle grappe de raisin du chêne, qui vient sur les pédoncules
des fleurs mâles du chêne. Elle est grosse comme un grain de
raisin, demi-transparente, et ne renferme qu'une seule loge.
Son insecte n'a pas été décrit par Fabricius.
La galle en artichaut du chêne. Elle vient dans les bourgeons
du chêne , qui prennent un accroissement monstrueux, sem-
blable à un artichaut ou à un cône de sapin. Elle est pro-
duite par le diplolèpe des bourgeons.
La galle des feuilles du chêne. Elle croît sur la surface infé-
rieure des feuilles du chêne. Elle est de la grosseur , de la
forme et quelquefois de la couleur d'une cerise. Elle ne con-
tient qu'une seule loge , qu'habite la larve du diplolèpe des
feuilles.
La galle du chêne toza , qui vient sur les jeunes rameaux du
chêne toza, dans les Pyrénées. Elle est ronde et grosse
comme une pomme d'api, et aux deux tiers de sa hauteur se
voit un rang de tubercules pointus. Je l'ai figurée pi. 32. du
Journal d'Histoire naturelle. Olivier en a figuré une presque
semblable , mais visqueuse, pi. i5 de son Voyage dans V Em-
pire Ottoman.
La galle du commerce, ou noix de galle, qui croît sur les ra-
meaux du chêne à la galle, dans l'Asie Mineure , est fort
dure, et le plus souvent tuberculeuse. C'est à Olivier qu'on
doit la connoissance de l'insecte qui la forme , et du chêne
sur lequel elle naît. Elle estbeaucoup plus estimée lorsqu'elle
est cueillie avant sa maturité , c'est-à-dire avant la sortie de
l'insecte qui la produit. Les galles qui sont percées sont d'une
couleur plus claire et moins pesantes. Les Orientaux ont l'at-
tention défaire la récolte des galles au moment précis que l'ex-
périence leur a prouvé être le plus; avantageux ; c'est celui
où elles ont acquis toute leur grosseur. En conséquence, les
agas veillent à ce que les cultivateurs parcourent , vers le
commencement de juillet, les collines qui sont couvertes
de chênes. Les premières galles sont mises à part , et con-
nues dans le commerce sous le nom de galles noires ou galles
vertes. Celles qui ont échappé aux premières recherches s'ap-
pellent galles blanches , et se vendent moins cher.
Les galles des environs de Mossoul et de Tocat sont in-
férieures à celles d'Alep et de tout l'intérieur de la Natolie.
La noix de galle est d'un grand usage dans la teinture,
pour faire les couleurs noires et toutes les nuances qui en dé-
pendent; on l'emploie aussi dans la préparation des cuirs a
G A L 3g i
dans la fabrication de l'encre, et en médecine comme astrin-
gente, soit intérieurement, soit extérieurement. En général
elle a, mais à un plus haut degré , les propriétés du chêne,
c'est-à-dire, qu'elle contient une certaine quantité de tannin
ou de principe astringent.
La galle des racines du chêne .est ligneuse, composée d'une
grande quantité de loges réunies. Elle croît sur les racines
des vieux chênes qui sortent de la terre. C'est la plus dure de
celles de ce pays-ci. Je l'ai décrite et figurée dans le Journal
de Physique , an v.
La galle du cirsium des champs , ou chardon hémorrhoidal ,
qui n'est qu'un renflement de la tige même de cette plante, a
joui autrefois d'une grande réputation , parce qu'on la regar-
doit, seulement portée dans la poche, comme un excellent
remède contre les hémorragies , vertu qu'elle ne devoit qu'à
sa ressemblance avec le signe principal de cette maladie, le
gonflement de la veine. Elle est formée de plusieurs loges
presque ligneuses, et produite par un diplolèpe qui n'est pas
décrit, quoique peu difficile à se procurer.
La galle de la lerrèle ou lierre terrestre, qui naît sur les tiges
et les feuilles de cette plante. Elle est velue , et renferme un
petit nombre de loges ligneuses , au centre d'une chair spon-
gieuse et sphéroïdale. Elle est produite par le Diplolèpe glé-
COME , cynips glecome. On a quelquefois mangé ces galles, qui
ont un goût agréable, et qui jouissent à un haut degré de l'o-
deur de la plante qui les produit.
ha galle delà sauge, qui ressemble beaucoup à la précé-
dente , et qui se trouve sur une espèce de sauge, la sauge po-^
rnifère. Les habitans de l'île de Crète, où croît cette plante ,
en font tous les ans la récolte , comme objet de nourriture y
au rapport de Tournefort, confirmé par Olivier, qui ajoute
qu'on la confit au miel à Scio, et que cette confiture est très-
agréable et très-stomachique.
La galle du hêtre , qui couvre quelquefois les feuilles du
hêtre sous la forme de petits cônes très-luisans et très-durs.
Elle est produite par le cynips fagi, Fab.
Toutes ces galles, outre l'insecte qui les produit , four-
nissent souvent à ceux qui les conservent dans des boîtes
bien closes, des insectes des genres Ichneumon, Mou-
che, etc. Ces derniers ont été nourris aux dépens de la larve
de l'insecte producteur de la galle. Ils n'ont contribué en au-
cune manière à sa formation. Voyez aux mots Cynips et
ICHNEUMON.
Parmi les galles qui ne sont pas produites par un diplolèpe,
on ne peut pas citer d'espèces aussi connues que celles qui
viennent d'être mentionnées ; mais elles ne sont pas moins
%a G A I,
abondantes dans la nature. Les boutons à fleurs du genêt à
balais sont piqués par un moucberon d'un genre nouveau,
fort voisin des tipules'à ailes rapprochées , genre appelé Ce-
cidomye par Lalreille. Ces boutons ne se développent
point, et forment une galle pointue, qui est quelquefois
si abondante , que j'ai trouvé , une certaine année , pres-
que la moitié des fleurs des genêts de la forêt de Mont-
morency près Paris, avariées par cette cause. Il n'y a ja-
mais qu'une seule larve dans chaque galle. On voit souvent, à
la fin de l'été , les rameaux de la ronce chargés de tubéro-
sités, dans lesquelles il y a plusieurs cellules habitées par des
larves qui se changent au printemps en mouches à deux ailes.
Les feuilles de la viorne sont souvent chargées de galles qui
les traversent de part en part. Elles donnent naissance à un
coléoptère que Réaumur a figuré pi. 38 , fig. 2 et 3 de son
troisième volume , et qui paroit être du genre CrïOCÈre.
Il est quelques cantons où les feuilles des saules et des osiers
sont garnies de galles oblongues , qui, comme les précéden-
tes, saillent de chaque coté , et qui sont si abondantes , qu'il
y a peu de feuilles qui n'en aient une ou deux. Ces galles,
assez solides, donnent retraite à une fausse chenille, qui,
quand elle est parvenue à une certaine grosseur, perce la
galle, et va se transformer dans la terre. C'est une Tenthrède
qui en résulte.
Il est probable que les pays chauds de l'Ancien et du Nou-
veau-Monde contiennent une quantité de galles propor-
tionnée au grand nombre de plantes qui y croissent. Jusqu'à
présent, aucun naturaliste voyageur ne s est occupé de leur
étude. Je suis peut- être le seul qui a rapporté quelques notes
a leur sujet. J'en ai décrit et dessiné seize espèces pendant le
peu de temps que je suis resté en Caroline , mais je n'ai pu
obtenir les insectes d'aucune de ces espèces. Là , comme ici,
le chêne est l'arbre qui en fournit le plus; car sur ces seize
espèces, huit lui appartiennent. Parmi elles, deux méritent
spécialement de fixer l'attention.
La première vient sur les bourgeons du chêne rouge. Elle
estsphérique, muriquée, semblable au fruit du liquidambar à
styrax, mais très-lanugineuse. Elle est composée d'une grande
quantité de galles réunies. Dès qu'on la touche , ses poils s'af-
faissent, et ne reprennent plus leur position. Il faut la voir,
pour s'en faire une idée. On ne peut rendre par la descrip-
tion , l'effet qu'elle présente.
L'autre croît sur les feuilles du chêne figuré par Michaux ,
pi. i3 de son superbe ouvrage sur les chênes d'Amérique ,
cbêne qu'il regarde comme une variété de celui à feuilles de
sauic , mais qui forme certainement une espèce distincte .,
G A T, 393
puisqu'il ne s'élève jamais à plus de deux pieds, et que sa
grosseur surpasse rarement celle d'une plume d'oie , tandis
que le véritable chêne à feuilles de saule est un des plus
grands arbres du pays , et qu'il acquiert la grosseur du corps
d'un homme. Celte galle est ronde, verte, de la grosseur d'un
pois , et se forme sur la nervure principale de la feuille. Elle
esL creuse dans son intérieur, et ses parois sont même si peu
épaisses, qu'elles ont une demi-transparence , qui permet de
voir dans 1 intérieur une petite boule qui y roule , et qui n'est
pas plus grosse qu'un grain de millet. C'est dans celte boule
que loge la larve de l'insecte qui a produit la galle. Quoique
j'aie ouvert des centaines de ces galles , je n'ai jamais pu con-
cevoir comment la petite boule pouvoit rester libre dans la
grande , y croître , ou du moins conserver assez de fraîcheur
pour donner la nourrilure à la larve qui l'habite. Ce fait
donne lieu à beaucoup de réflexions.
Les fausses galles ne sont pas moins communes dans la
nature que celles dont il vient d'élre question. On en trouve
s'.ir un très-grand nombre de plantes, et quelques-unes sont
d'une grosseur et d'une abondance très-remarquables. Elles
se montrent cependant sur un moins grand nombre d'orga-
nes, c'est-à-dire presque uniquement sur les feuilles et sur
les fleurs ou parties voisines et délicates. 11 est peu de person-
nes qui n'aient remarqué de grosses vessies creuses, rougeâ-
tres , qui croissent par bouquets sur les branches d'orme ; et
qui, quelquefois, couvrent des branches entières. Elles sont
produites par des pucerons. Quand elles vsont jeunes, on ne
trouve dedans qu'une seule mère puceron ; mais au milieu de
l'été , on y en trouve des centaines. Quelquefois ces galles
sont entièrement fermées , quelquefois aussi elles ont commu-
nication avec l'extérieur.
On trouve dans les parties méridionales de l'Europe et en
Turquie, sur le térébinthe, des galles analogues à ces der-
nières, qui entrent, en Espagne, en Syrie et à la Chine, dans
la confection des teintures écarlates. On les appelle en Syrie
Laizunges. Ré a 11 mur en parle.
Les feuilles du peuplier noir sont aussi souvent déformées
par des vessies de même nature, ainsi que celles des saules.
Les fleurs de la germandrée sont quelquefois gonflées et
entièrement fermées ; elles n'acquièrent ni la couleur ni la
forme des autres. Un insecte du genre des AcaNTHIES, Acan-
thla clavicurnîs , Fabr., en est la cause.
On observe dans les fleurs de quelques autres plantes didy-
names, des concavités analogues, qui sont dues sans doute
encore à des insectes, mais que jusqu'à présent on a peu
étudiées.
39i G A L
.Beaucoup d'espèces de tipuîes, de mouches, toutes les
psiles, produisent des monstruosités aux feuilles et aux fleurs
d'un grand nombre de plantes , qui peuvent être aussi consi-
dérées comme des galles.
On ne finiroit pas si on vouloit ici passer en revue tout ce
qui peut être appelé galle dans le sens le plus général.
On observe que beaucoup d'excroissances qui se voient
sur des afbres sont appelées galles , sans être cependant des
produits d'insectes. Tantôt ce sont de simples extravasations
de suc , tantôt ce sont des plantes parasites des genres Va-
RiOLAiRE, Hypoxylon et autres, tantôt enfin elles sont le
produit de maladies de plusieurs espèces.
Quant à la galle, dans les animaux, c'est souvent le pro-
duit d'un insecte acarus scabiei de Degeer. (Voyez au mot Sar-
copte ) ; mais souvent aussi c'est une maladie de la peau.
(B.)
GALLEBAER. Nom danois de la Bryone. (ltn.)
GALLEGUA. Nom espagnol de la Lavanèse ou Rue
DE CHÈVRE ( Galega officinalis). (LN.)
GALLERAND. V. Galerand. (desm.)
GALLERIE , Galleria , Fab. Genre d'insectes , de l'ordre
des lépidoptères , famille des nocturnes, tribu des tinéïtes,
ayant pour caractères : ailes très-inclinées , appliquées sur les
côtés du corps, et relevées postérieurement en queue de coq;
langue nulle ; palpes supérieurs cachés ; les inférieurs avan-
cés , garnis uniformément d'écaillés , avec le dernier article
un peu courbé ; écailles du chaperon formant une saillie voû-
tée au dessus d'eux; antennes simples.
Les lépidoptères de ce genre ne méritent malheureusement
que trop notre attention. Les cultivateurs des abeilles voient
en eux un ennemi des plus redoutables, par les dégâts qu'ils
font dans les ruches, lorsqu'ils sont sous la forme de chenilles.
Ces chenilles sont connues sous le nom de fausses teignes de
la cire. Réaumur a cru devoir les désigner ainsi , pour les dis-
tinguer des teignes véritables : celles-ci se font des fourreaux
qu'elles transportent partout ; celles-là se pratiquent des
tuyaux immobiles dans lesquels elles marchent à couvert.
Les fausses teignes n'en veulent pas au miel , mais à la cire ,
et se logent de préférence dans les gâteaux dont les cellules
sont vides. Réaumur en distingue deux sortes d'inégale gran-
deur ; l'une et l'autre ont la peau tendre , rase et blanchâtre ,
parsemée de taches brunes; la tête de cette dernière couleur
et écailleuse ; seize pattes , dont les membraneuses ont des
couronnes de crochets. La plus grosse espèce est moins com-
mune , a les anneaux plus entaillés , et surpasse l'autre en
vivacité ; elle est de la grandeur des chenilles ordinaires,
G A L 3g5
Toutes les deux ont de grands poils noirs , dispersés sur le
dos ; leurs travaux et leurs habitudes sont les mêmes. Qui
croiroit que des animaux aussi délicats puissent braver le
dard empoisonné des abeilles ? IN'en soyons pas surpris , et
voyons comment ils se mettent à l'abri de leurs atteintes , et
comment ils les obligent même à abandonner leur propriété.
Chaque teigne sait s'enfermer dans un tuyau cylindrique ,
qui devient pour elle un logement bien couvert , une sorte
de galerie, dont elle ne sort presque jamais. Ces tuyaux ont
cinq à six pouces de long, et rarement un pied; leur intérieur
nous offre un tissu d'une soie blanche, serrée ; et leur exté-
rieur, une couche de grains de cire ou d'excrémens, qui sont
quelquefois si pressés les uns contre les autres , que ces tuyaux
semblent n'être composés que de cette matière grenue.
La chenille commence à se construire une habitation , dès
l'instant qu'elle est sortie de l'œuf, et le diamètre de ce lo-
gement est en raison de la grandeur du reclus. Il n'est d'abord
pas plus gros qu'un fil ; mais à mesure que l'animal avance
en âge , le tuyau s'allonge et s'élargit ; il est toujours assez
gros pour que l'insecte puisse s'y retourner bout à bout , je-
ter ses excrémens , ou les employer dans la couverture de sa
demeure. Mis à nu , et pressé de se couvrir , il rapproche
peu les fils du nouveau tuyau qu'il prépare , à peine distingue-
t-on sa forme ; mais bientôt le tissu est plus serré , et la che-
nille est à couvert.
La tête de cette chenille est écailleuse , comme nous l'avons
dit , et armée de deux dents ou mandibules , qui lui servent
à couper la cire , à la disposer en petits grains , et à former
avec eux et ses excrémens, le toit de sa maison.
Parvenues à leur accroissement, ces chenilles passent à
l'état de chrysalide. Elles se construisent à cet effet , au com-
mencement de juin , une coque d'un tissu fort et serré ,
qu'elles recouvrent de petits grains de cire et d'excrémens;
c'est là qu'elles subissent leurs denières métamorphoses; le
lépidoptère qui en sort est différent , suivant les deux espèces
de chenilles. Ces insectes marchent, sous cette forme, avec
une extrême vitesse; leurs ailes sont alors pendantes ; mais
dans le repos, elles sont en toit très-incliné. Les femelles
sont plus grandes que les mâles , et produisent une grande
quantité d'œufs.
Les fausses teignes établies dans un gâteau , vont d'un bout
à l'autre , à travers son épaisseur , et marchent à couvert.
Elles percent les alvéoles qui sont sur leur passage, et sè-
ment partout une malpropreté qui fait horreur aux abeilles.
Le gâteau semble couvert d'une toile d'araignée.
Un gâteau assez grand , que j'avois transporté dans mon
396 G A L
cabinet, et qui recéloit, sans que je m'en doutasse, des
œufs de ces chenilles , fut dévoré en peu de temps. Tirés de
leurs galeries, ces insectes marchoient avec vitesse sur la
surface du gâteau , introduisant à chaque instant leur tête
dans les alvéoles , comme pour reconnoîlre leur première
demeure. Us éloient en grand nombre. Lorsque le moment
de se transformer en chrysalides fut arrivé, ces chenilles se
répandirent dans les alentours , et filèrent çà et là leurs co-
ques , dont elles formèrent différens tas, en les fixant les uns
contre les autres.
La présence de ces hôtes' dangereux est annoncée par les
grains de cire , ou les excréniens qui tombent sur le support
de la ruche. Les dégâts quils occasionent sont plus consi-
dérables dans les pays chauds que dans ceux qui le sont
moins, et ils augmentent à raison de la sécheresse de la sai-
son. Des personnes versent du vinaigre sur les gâteaux infec-
tés de ces chenilles; mais l'humidité que cette liqueur pro-
duit, et son odeur, sont contraires aux abeilles.
Les ruches à hausse ont, à cet égard , un grand avantage ;
comme on peut renouveler chaque année les gâteaux, les
fausses teignes n'ont pas le temps de s'y établir. Ces animaux
se logeant dans les gâteaux supérieurs , il est facile de conce-
voir l'impossibilité où Ton est de les détruire lorsque les ru-
ches sont d'un système différent. C'est surtout dans les can-
tons où la taille n'est pas en usage, où ces insectes font de
grands ravages. Il faut donc avoir la précaution de visiter les
ruches au printemps , d'ôter avec la pointe du couteau les
œufs de ces teignes, et de donner aux abeilles , pour les forti-
fier, un peu de sirop composé de miel et de vin. Cette visite
est surtout nécessaire dans les temps secs. On arrache les
tuyaux que ces chenilles ont formés , ou mieux l'on coupe la
partie du gâteau qui est salie. Si le dommage que les abeilles
ont souffert est considérable, il faut leur faire changer de
ruche. On doit passer dans l'eau bouillante les ruches qui
sont vides , afin de détruire les œufs qui seroient attachés
après elles.
. GrALLÉRIE DE LA CIRE , Galleria cereana , Fab. , E 2 , 4- i
de cet ouvrage. Cette espèce a environ cinq lignes de lon-
gueur ; sen corps est cendré, avec la tête et le corselet plus
clairs , grisâtres ; l'extrémité postérieure du corselet a une
petite élévation ; les ailes supérieures ont le long de la suture
quelques espaces ou petites taches brunes , et leur extrémité
postérieure semble offrir quelques stries , des sortes de plis,
et a un sinus ou une échancrure au milieu du bord posté-
rieur.
Gallérte alvéolaire , Galleria abcaria , Fab. , est une
G A L 3q7
fois plus petite; sa tête est jaunâtre, et ses ailes sont d'un cen-
dré obscur. Je crois qu'elle doit être exclue de ce genre. (i..)
GALLERION , de Dioscorides. V. Galation. (in)
GALLETTA DI MAGGIOet GALLETTODI
MARZO. Noms de la Huppe, en Italie, (desm.)
GALLGRAES. Nom de la Fumeterre , en Westmanie,
province de Suède, (ln )
GALLHUMLE. Nom du Houblon, en Suède et en
Danemarck. (ln.)
GALLIA. La Coronille ( Coroni//a varia) porte ce nom
en Italie, (ln.)
GALLIASTRUM , d'Heisler. Voy. Pharnaceum cer-
viana , Linn. (ln.)
GALLICOLES, Galliœla. Tribu d'insectes, de l'ordre
des hyménoptères, section des térébrans, famille des pu-
pivores.
Ces insectes, qui composoient dans mes ouvrages anté-
rieurs la famille des Diplolépaires , n'ont point, ainsi que
les rhalcidiies , les oxyures et les clirysidcs, de nervures ou
d'aréoles aux ailes inférieures. Les femelles sont pourvues
dune tarière filiforme , naissant de la partie inférieure de
l'abdomen, roulée en spirale à sa base, et logée dans une
coulisse. Dans l'un et l'autre sexe , les palpes sont très-
courts , terminés par un article un peu plus gros, et quel-
quefois nul ; les antennes sont droites , filiformes ou légè-
rement plus grosses vers le bout, et composées ordinairement
de treize à quinze articles.
Les larves île ces insectes vivent dans des galles végétales,
dont nous avons expliqué la formation à l'article Cinips , et
dont on traite encore plus particulièrement à celui de
Galle.
Cette tribu renferme les genres ibalie , cinips et eucharh.
V. ces mots et les précédens. (l.)
GALLI-CRISTA. V. Cristagalli et Cocrète. (ln.)
GALLICRUS , d'Apulée. C'est le panicum sanguinale , L.
V. Digitaire. Le panicum crus-galli , Linn., est une plante
différente, (ln.)
GALLIGASTRE. Nom de la Poule d'eau , en Pro-
vence, (v.)
GALLINA. Nom du Dactyloptère pirapède, Dady-
lopiera pirapeda, à Nice. (DESM..)
GALLINA. Nom de la poule en Italie. On appelle
le coq Gallo. (desm.)
GALLINAÇA ou GALLINAÇO. Les Espagnols et les
Portugais ont appelé ainsi un vautour d'Amérique. V. Gal-
linaze. (v.)
398 G A L
GALLINACCIO. Nom du Dindon , en Italie. C'est aussi
l'un des noms de la Chanterelle, (desm.)
GALLINACE ^Pierrede), Pierre obsidienne, Agate
noire d'Islande. On a donné ces divers noms à un verre de
volcan, complètement noir et opaque , susceptible d'un poli
parfait. J'en ai vu dans le cabinet de Faujas de Saint-Fond ,
un miroir convexe , d'environ six pouces de diamètre, qui est
admirable pour dessiner des paysages et des vues d'après na-
ture. Il a trouvé ce beau verre parmi les produits volcaniques
du Vivarais. V. Verre de volcan, (pat.)
GALLINACEE. Porter appelle ainsi les Champignons,
aujourd'hui connus sous les noms de Girolle ou Chante-
relle. V. ces mots, (b.)
GALLINACÉS, Gallinacei, Vieill.; Gallinœ, Lath., troi-
sième ordre des oiseaux. Caractères : Pieds médiocres ou courts
jambes garnies de chair et de plumes jusqu'au talon , tarses
arrondis , ou nus et réticulés, ou emplumés , doigts fen-
dus , calleux en dessous ; trois devant , un ou point der-
rière ; les antérieurs , ou unis à la base par une membrane ,
ou totalement séparés, très-rarement distincts seulement à
la pointe ; le pouce des tétradactyles articulé sur le tarse
plus haut que les autres doigts, quelquefois sans ongle, ou ne
portant à terre que sur le bout, ou élevé de terre ; ongles
nullement rétractiles, un peu obtus, convexes, rarement com-
primés latéralement, courbés et pointus; reclrices , douze à
dix-huit, quelquefois nulles chez des Tinamous, selon M. de
Azara ; bec voûté, mandibule supérieure couvrant les bords
de l'inférieure. Les gallinacés ont le sternum osseux , dimi-
nué par deux échancrures si larges et si profondes qu'elles
occupent presque tous ses côtés ; sa crête tronquée oblique-
ment en avant, en sorte que la pointe aiguë de la fourchette
ne s'y joint que par un ligament; toutes circonstances qui ,
en affaiblissant beaucoup leurs muscles pectoraux , rendent
leur vol difficile ; leur larynx inférieur est très-simple ; aussi
n'en est-il aucun qui chante agréablement; ils ont un jabot
très-large et un gésier fort vigoureux (Règne animal). Tous ,
à l'exception du ganga et de Vhétérocliie , ont le port lourd ,
les ailes courtes et arrondies ; le vol peu élevé et presque
toujours à raze de terre. La plupart sont polygames ; le
mâle'ne nourrit pas sa femelle quand elle couve , et ne partage
point l'incubation ; les petits y voient dès leur naissance ,
quittent le nid , courent et prennent eux-mêmes la nourri-
ture indiquée par la mère , dès qu'ils sont éclos. Nota. On
assure que le gauga nourrit ses petits dans le nid.
C'est de cet ordre que sortent la plupart de nos oiseaux de
G A L 339
basse-cour; il est composé de deux familles sous les noms
de nudipèdes et de plumipèdes, et des genres Tinamou, Hocco,
Dindon, Paon, éperonnier , Argus, Faisan, Coq,
Monaut, Peintade , Rouloul, ïocro, Perdrix, Orty-
GODE , TÉTRAS, LAGOPÈDE, GaNGA , HÉTÉROCLITE. V. ces
mots, (v.)
GALLINACO. V. Gallinaze. (s.)
GALL1NARIA. Rumphius, dans son Herbier d'Amboinc,
vol. 5, figure sous ce nom, pi. 97, f. 1 , le cassia sophera ,
Linn. , et f. 2. de la même planche, le cassia oblusifolia. (ln.)
GALLINAZE, Catharista, Vieill.; Vxdtur, Lath. Genre
de l'ordre des Accipitres, de la tribu des Diurnes et de la
famille des Vautourins ( V. ces mots ). Caractères : bec al-
longé , droit jusqu'au delà du milieu , garni d'une cire a la
base , comprimé latéralement, convexe en dessus; mandi-
bule supérieure a bords droits , croebue à la pointe ; l'infé-
rieure plus courte , obtuse à l'extrémité ; narines grandes ,
situées dans la partie antérieure de la cire, oblongues et
percées à jour ; langue ebarnue , caronculée, abords den-
telés ; quatre doigts , trois devant , un derrière; les anté-
rieurs grêles, très - peu rétractiles ; l'intermédiaire long et
tendu , l'interne et le pouce égaux ; ongles courts , foibles ,
émoussés; le postérieur le plus court de tous; peau de la tête
et du cou nue, ou ridée ou mamelonnée; jabot dénué de
plumes , saillant ; première rémige moyenne ; les troisième
et quatrième les plus longues.
Ce genre n'est composé que de deux espèces qui diffèrent
en ce que l'une (l'urubu) a la tête et le cou garnis de ma-
melons, et les pennes caudales égales ; tandis que l'autre
(Vaura) a la peau de la tête et du cou ridée et la queue ar-
rondie , attributs spécifiques et distinctifs qui suffisent pour
ne pas les confondre, ainsi qu'on l'a fait, en les réunissant
ou en présentant l'un pour une variété de l'autre.
Les gallinazes ne se trouvent qu'en Amérique, et sont beau-
coup plus nombreux dans le Midi que dans le Nord. Ils sont
d'une si grande utilité dans la- partie méridionale , que les
Espagnols et les Portugais ont prononcé des peines contre
les personnes qui les tueroienl : en effet , ces oiseaux pur-
gent l'air en dévorant toutes les charognes ; mais ils devien-
nent dangereux, s'ils n'ont pas une nourriture suffisante ; car,
emportés par leur gloutonneriejet leur voracité, ils se jettent
sur les bestiaux ; malheur alors à l'animal qui est malade et
blessé; ils fondent aussitôtdessusetl'attaquentsurla partie af-
fectée ; c'est en vain que la pauvre bête cherche à leur échap-
per par la course et des bondissemens , ces carnivores ne
ioo G A L
lâchent pas prise qu'ils ne l'aient dévorée jusqu'au os. Ils ne
font point la chasse aux oiseaux, et ils ne jettent aucun cri;seu-
lement ils semblent prononcer la syllabe hu, d'une manière
nasale, lorsqu'on les suprend dans leur repos. Ces oiseaux
se tiennent presque toujours en troupes , soit dans les airs ,
soit sur les arbres, soit à terre; leur odorat est si fin qu'à peine
une charogne est-elle exposée dans un lieu oùl'on n'en aperçoit
aucun , qu'on les voit venir de toutes parts, volant en spirale
et descendant peu à peu jusqu'auprès de leur proie. Us se
nourrissent aussi de serpens , d'insectes , et surtout des œufs
de V alligator qui, sans les gallinazes, deviendroient si nom-
breux qu'ils feroient déserter le pays. A l'époque où les fe-
melles alligators déposent leurs œufs à terre , ces oiseaux se
tiennent sus les arbres voisins , les suivent de l'œil et .re-
marquent l'endroit où elles cachent leurs œufs , qu'elles
croient mettre à l'abri de tout danger en les renfermant dans
le sable; mais sitôt qu'elles sont retournées à l'eau, ils des-
cendent de leur observatoire, et, à l'aide de leur bec et de
leurs griffes, ils les déterrent et les dévorent. Les uns ni-
chent surles arbres ou dans les rochers , et les autres à terre,
sur les montagnes couvertes de broussailles. La ponte est de
deux œufs , et les petits naissent couverts d'un duvet blanc ,
lequel disparoît à mesure qu'ils se couvrent de plumes. Le
père et la mère les nourrissent dans les premiers jours de leur
naissance, en leur dégorgeant les alimens dans le bec, ce
que ne fait aucun autre oiseau de proie , à l'exception des
vautours.
Le Gallinaze AURA, Catharista aura , Vieil. ; Vullur aura ,
Lath. ,pl. 2 des Oiseauxde l'Amérique septentrionale, a élé
confondu avec l'urubu par les ornithologistes , et même
dans les pays qu'ils habitent ; car les naturels de la Loui-
siane les appellent indistinctement l'un et l'autre carancro ,
et les Anglais de la Caroline et des Florides, carriou-crown
ou turkay-buzard. Ces oiseaux, dont le plumage est totale-
ment pareil, diffèrent par leur manière de voler et par leur
genre de vie ; Y urubu, dit Catesby, monte et descend sans
qu'on aperçoive le mouvement de ses ailes; Y aura, selon
Bartram, qui a observé cet oiseau dans lesFlorides, frappe ses
ailes l'une contre l'autre , s'avance un peu , puis frappe en-
core ses ailes et ainsi de suite à chaque temps de vol, comme
s'il étoit toujours prêt à tomber , et toujours faisant effort
pour se relever. M. de Azara appelle cet oiseau acabiray , et
les Sauvages le nomment irilu- acabiray.
Il vole , dit ce naturaliste , près de terre et avec beau-
coup d'aisance , change rarement de direction , passe les
jours en l'air , et paroît néanmoins à chaque instant vouloir
se poser. J'ai cru lire dans le texte espagnol, que son volétoit
lent et embarrassé , ainsi que je l'ai dit à son article dans mon
Hist. des Ois. de l'Amérique sept. Il est moins glouton et moins
âpre de la charogne que l'urubu ; il joint à cette nourriture
les limaçons et les insectes. Son nid ne consiste qu'en un
léger enfoncement en terre dans les halliers, sans aucune
disposition de matériaux. Sa ponte est de deux œufs blancs et
marqués de rougeâtre. Ses petits naissent couverts d'un duvet
blanc et les yeux fermés. Il est, dans l'âge avancé , d un noir
à reflets bleus. L'individu dont j'ai publié la figure, n'avoil
pas encore acquis un plumage parfait ; il en est de même de
celui décrit par M. de Azara. 11 a alors les plumes du man-
teau d'un noir changeant en violet sur le milieu, et brunessur
les bords ; cette dernière couleur s'étend davantage sur les
couvertures des ailes , sur les pennes secondaires , et sur
toutes les latérales de la queue; la tige des primaires est d'une
nuance terne d'un côté, et blanche de l'autre; toutes sont
en dessous d'un gris-blanc lustré; la collerette est noire avec
des reflets d'un bleu d'acier bruni, ainsi que toutes les parties
inférieures, sur lesquelles les refletssont peuapparens ; le bec
est blanc ; la cire rouge ; la peau de la tête et du cou de la
dernière couleur , ridée sur le derrière du cou et semée de
})oils ras noirs, mais plus nombreux sur la nuque; les rides et
e tour des yeux sont jaunes , ainsi qu'une raie qui s'étend d'un
œil à l'autre en passant sur le front ; les pieds sont couleur
de paille chez des individus, couleur de chair chez d'autres;
les ongles noirâtres. Longueur totale , vingt-six à vingt-sept
pouces ; queue étagée.
LeGsL\AN\ZKVR.UhV,Calharistaurubu, Vieill.; Vulturaura !,
Lath. , pi. 2 des Oiseaux de l'Amérique septentrionale , a
vingt-deux pouces de longueur ; le bec blanc sur la partie
découverte; la cire bleuâtre; l'iris d'un roux clair; la pau-
pière d'un jaune de safran ; la peau de la tête et du cou d'un
rouge sanguin, couverte de petits mamelons et parsemée de
quelques poils ; le plumage d'un noir à refiels bleus et ver-
dâtres ; le dessous des pennes primaires d'un blanc jaunâtre ;
les pieds et les ongles noirs chez des individus; le tarse cou-
leur de chair chez d'autres ; la queue carrée à son extrémité.
11 est rare dans lesCarolincs , commun dans les Florides, et
très-nombreux sous la Zone-Toride; il niche sur les grands
arbres et dans les rochers. Ses œufs sont d'un blanc fuligi-
neux. Les jeunes sont bruns dans leur première année. Cet
oiseau, ou le précédent, porte, à Carthagène, le nom de cos-
quantli. Il y est si respecté , qu'il s'y promène dans les rues.
La description que M. de Azara fait de son urubu, que je
crois cependant être de l'espèce du précédent , diffère en
xii. A)
4o3 G AL
ce qu'il a la portion crochue du bec d'un olive clair, le reste
noir aussi bien que l'iris, et le plumage d'un noir uniforme.
Il est très-commun au Paraguay. L'on sait , par tradition ,
qu'au temps de la conquête et même long-temps après , cet
oiseau n'existoit pas à Monte Video, et qu'il y passa en sui-
vant les vaisseaux et les barques. Il paroît que dans ces con-
trées les urubus sont plus timides et moins voraces; car, dit M. de
Azara , ils n'attaquent ni ne harcèlent aucun animal, (v.)
GALLINEou GALLINETTE. Noms du trigle grondin ,
ou trigle gurneau , ou autres voisins , mais plus particulière-
ment du trigle hirondelle. Voy. Trigle. (b.)
GALLINELLA. Nom italien de la Poule d'eau, (v.)
GALLINETTE. V. Galline. (b.)
GALLINETTO. Nom niçard du Trigle hirondelle.
(desm.)
GALLINNA FARAOUNA. Nom piémontais de la
Peintade. (v.)
GALLINN./SE. C'est , dans Linnseus, le nom des oiseaux
Gallinacés. V. ce mot. (v.)
GALLINO. A Nice , c'est le nom du Trigle lyre.
(desm.)
GALLINOGRALLES. C'est le nom proposé par M. de
Blainville (Pi-odrome) pour désigner une famille d'oiseaux
de l'ordre des échassiers ou grallatores , qui comprend ceux de
ces oiseaux qui ont le plus de rapports avec les Gallinacés,
comme , par exemple , X* autruche , Vagcimi, etc. (DESM.)
GALLINSECTES , Gallinsecta. Famille d'insectes , de
l'ordre des hémiptères , section des homoptères, ayant pour
caractères: tarses d'un seul article , et terminé par un crochet
unique ; femelles aptères et munies d'un bec ; mâles privés
de cet organe , ayant deux ailes couchées horizontalement
sur le corps, et l'abdomen terminé par deux soies; antennes
des deux sexes^fuiformes ousétacées, le plus souvent de onze
articles.
Cette famille , à laquelle j'avois d'abord donné un peu
plus d'étendue, est composée du genre Cochenille, Conçus
de Linnseus , et forme dans la méthode de Degeer un ordre
particulier. Les femelles, après leur fécondation, se fixent
pour toujours sur les végétaux, où elles vivent; leur corps se
gonfle et prend la forme d'une galle, et telle est l'origine de
la dénomination de ces insectes. V. Cochenille et Kermès'.
GALLINULA. Nom générique des Poules d'eau ou
Gallinules, dans Brisson et Latham. (v.)
GALLINULE ou Poule d'eau, Gallinula, Rriss., Lath.;
G A L 4o3
Fulica , Linn. Genre de l'ordre des Echassiers et de la
famille des Macrodactyles ( V. ces mots ). Caractères : bec
plus court que la tête, chez la plupart , droit , épais à la
base , convexe en dessus , comprimé latéralement , un peu
renflé en dessous vers le bout ; mandibule supérieure in-
clinée à la pointe et couvrant les bords de l'inférieure ;
narines oblongues, couvertes d'une membrane gonflée; langue
comprimée, entière; front chauve; quatre doigts, trois devant,
un derrière ; les antérieurs très-longs , aplatis en dessous ,
et bordés d'une membrane étroite ; le postérieur portant à
terre sur plusieurs phalanges ; ongles presque arqués , com-
primés sur les côtés, un peu pointus; ailes concaves, arron-
dies ; la première rémige plus courte que la cinquième , les
deuxième et troisième les plus longues.
Les poules d'eau habitent le bord des rivières et des
étangs , et fréquentent quelquefois les marais ; elles nagent
facilement , mais elles ne le font guère que par nécessité ,
comme pour passer d'une rive à l'autre , ou pour chercher
leur nourriture , qui consiste en petits poissons , insectes et
plantes aquatiques; elles se tiennent, pendant la plus grande
partie du jour, dans les roseaux , se cachent sous les racines
des arbres marécageux, et n'en sortent guère que le soir, où
on les voit se promener sur l'eau ; leur manière de nager a
cela de particulier, qu'elles frappent sans cesse l'eau de leur
queue. Ces oiseaux quittent en octobre les pays froids et
les montagnes , pour passer la mauvaise saison dans les lieux
tempérés , où ils recherchent les sources et les eaux vives.
Ce sont les seuls voyages qu'ils se permettent , et dans ce
changement de demeure ils suivent régulièrement la même
route , et reviennent toujours faire leur ponte aux mêmes
lieux. Ils placent leur nid au bord des eaux , et le cons-
truisent d'un grand amas de débris de roseaux et de joncs
entrelacés. Les petits naissent couverts de duvet , et dès
qu'ils sont éclos , ils abandonnent le nid et suivent leur
mère ; mais elle les cache si bien qu'il est difficile de les lui
enlever ; ils la quittent de bonne heure , car en peu de temps
ils deviennent assez forts pour se suffire à eux-mêmes.
La famille des poules deau est répandue dans toutes les
parties du monde , et plusieurs des mêmes espèces se ren-
contrent dans les deuxeontinens. Un astérisque indique celles
que je n'ai pu déterminer, (v.)
* La Gallinule angoli , Gallinula maderaspatana , Lath.;
Fulica maderaspatana, Gm. Cet oiseau est trop peu connu
pour indiquer la place qui lui est propre. Il a la tiiillc du
canard. Son nom , à Madras , est cannangoli , que Siuffon a
abrogé. Les Gentous l'appellent boollu-cory. Il a le plumage
4o4 G A L
cendré sur le corps, lesaileset la queue; blanc aux côtés de la
tête , devant le cou et sous le corps ; quelques taches noires
en forme de croissant sur la poitrine , et un liseré noir au-
tour Aes pennes des ailes. Les ornithologistes ont copié
Brisson , qui prête à Yangoli une plaque nue et blanche au
front , quoique Petiver , qui en a donné une courte notice ,
n'en fasse aucune mention, (s.)
* La Gallinule ou la Poule d'eau cendrée , Gallinula
einerea, Lath.; Fulica cinerea , Linn. , édit. i3. Cette espèce,
qu'on croit avoir été apportée de la Chine , a sur le front
une petite protubérance rouge comme la peau qui l'entoure ;
sa taille est celle de la foulque , et sa longueur de dix-sept
pouces environ ; la tête et le cou sont cendrés ; cette couleur
est nuancée de vert sur le corps et les ailes ; les parties pos-
térieures sont d'un cendré pâle ; le milieu du ventre est
blanc ; les pieds sont bruns.
La Gallinule ouPoule d'eau commune, Gallinula chloro-
pus, Lath. ; Fulica chloropus Linn. , pi. iM3i , n.° 3. du Dict.
Sa grosseur est à peu près celle d'un poulet de six mois , et
sa longueur de quatorze pouces et demi ; la tête , la gorge ,
le cou et la poitrine sont noirâtres ; le ventre , les côtés et
le haut des jambes d'un cendré très-foncé , avec quelques
nuances blanches à l'extrémité des plumes , et des taches
longitudinales de même couleur sur celles des côtés ; le
dessus du corps est d'un brun olivâtre ; le bord de l'aile
blanc ; la queue d'un brun obscur ; là membrane du front
d'un rouge vif; le bec de même couleur à la base et jaune
à la pointe ; le haut de la partie de la jambe dénué de plu-
mes , entouré d'un cercle rouge et étroit ; les pieds sont
verdâtres. La femelle est un peu plus petite que le mâle , et
a des teintes plus claires. Sa ponte est de cinq à huit œufs
d'un blanc jaunâtre et tachetés irrégulièrement de brun
rougeâtre. On prétend que lorsque la femelle quitte ses œufs
pour prendre de la nourriture , ce qui a lieu le soir , elle les
couvre auparavant avec des brins d'herbes et de joncs.
* La Grande poule d'eau de Brisson et de Buffon, ou la
Porzane, gallinula fusca , Lath.; la Poulette d'eau , galli-
nula fusca; le Glout , gallinula fislulans , donnés comme es-
pèces particulières, sont, suivant M. Meyer, des individus de
cette espèce dans des âges différens; ce qui me paroît très-
vraisemblable. ( V. ci-après ces mots). Cette gallinule se
trouve en Europe , en Afrique et en Amérique.
Chasse. — Quoique la chair de, ces oiseaux soit un manger
médiocre et peu recherché , on leur fait la chasse de di-
verses manières, au fusil,avec la pince d'Elvaski (V. Canard),
et au iramail, Voy. Râle.
La Gallinule couleur de plomb, Gallinula plumèea-»
G A L ^o5
Vieill. , se trouve dans l'île de Java ; elle se distingue de
ses congénères en ce que la plaque frontale s'avance sur la
tête en forme de fer de lance ; un gris tirant à la couleur de
plomb couvre la tête , le cou et tout le dessous du corps ,
avec une bande blanche à l'extrémité de chaque plume ,
mais presque imperceptible ; les plumes du dos sont noires
et terminées par un gris de plomb ; les grandes couvertures
des ailes , les plus proches du corps , noires et large-
ment bordées d'un roux clair ; les pennes d'un gris-brun et
rayées de gris et de blanc en dedans; les couvertures infé-
rieures de la queue présentent les mêmes raies ; le bec est
d'un roux jaunâtre, et la membrane du front d'un rouge vif.
Longueur totale , vingt pouces.
* La Gallusule ou Poule d'eau a cou roux , Gallinula
rtificoUis, Lath.; Fulica rufa, Gin. , a seize pouces de longueur;
le bec long de deux pouces et demi , rouge à la base , et jaune
à la pointe ; le sommet de la tête brun ; le dessus du cou
cendré brun ; le dos d'un brun verdâtre ; les pennes pareilles
et à bord roux ; la naissance de la gorge blanche ; le devant
du cou et la poitrine d'un roux brillant ; le ventre , les parties
situés au-delà et le croupion noirs: les côtésetles couvertures
inférieures des ailes rayés transversalement de roux et de
noir; les pieds rouges et assez longs.
Sonnini regarde cet oiseau comme une variété de la grande
poule d'eau de Cayenne. V . Hale.
La Gali.INULE GLOUT , Gallinula fisiulans , Lath. ; Fulica
Jîstulans, Gm. La membrane qui couvre le devant de la tête est
d'un vert jaunâtre; lereste de la tête et du corpsest couvert de
plumesbrunes, bordées de roussâtre; le dessous du corps est
aussi de cette teinte; les ailes sont également bordées de rous-
sâtre et brunes dans lereste; le bec, laparliedesjambesdénuée
de plumes , et les pieds d'un vert jaunâtre. MM. Meyer et
Themminck, ainsi que je l'ai déjà dit, me semblent fondés à
présenter le gloul comme un jeune de la poule d'eau commune.
* La GALL1NULE GRINETTE, Gallinula nœvia , Lath. ; Fulica
nœoia , Gm. Cet oiseau, que l'on trouve en Italie , porte t
selon Aldrovande , le nom àe'porzana à Mantoue ; on le
trouve aussi en Allemagne, suivant Gesner ; et Girardin dit
qu'on a tué une grinetle sur un petit étang des Vosges.
M. Meyer le rapporte à la marouette ; cependant , si , comme
le dit Brisson, il a le front depuis l'origine du bec jusque
vers le milieu du sommet de la tête chauve et couvert d'une
membrane épaisse et d'un jaune safran , cet attribut est
totalement étranger à la marouelle. Au reste , la grinette
dont ce méthodiste fait une poule sultane , est trop peu
406 G A L
connue pour lui assigner le rang qu'elle doit tenir; c'est pour-
quoi je la laisse isolée.
Elle n'est pas tout-à-fait aussi grosse que le râle d'eau. La
longueur du bout du bec à celui de la queue , est de neuf
pouces trois lignes ; les plumes de la tête et de la partie
supérieure du cou sont noires et bordées de roux ; celles du
dos et des scapulaires ont de plus une bordure blanche après
la teinte rousse ; le croupion et les couvertures du dessus
de la queue sont pareils aux plumes de la tête ; celle-ci
a sur chaque côté une bande d'un gris-blanc partant du bec
et passant au dessus des yeux ; la gorge est d'un cendré
bleuâtre-, sur le devant du cou et sur la poitrine, cette
teinte prend un ton jaunâtre et est parsemée de taches noires ;
le reste des parties inférieures est roux, et les flancs ont
des raies transversales brunes et blanches ; cette dernière
couleur borde l'aile. On remarque sur le fond roux des cou-
vertures, des bandes transversales blanches; les pennes sont
noirâtres , ainsi que celles de la queue , dont les deux in-
termédiaires sont bordées comme les ailes ; queue étagée ;
yeux petits; iris d'un vert jaunâtre; bec pareil; pieds d'un
vert sale.
* La Gallinule ou Poule d'eau mouchetée, Gallinula
maculata, Lath. ; Fulica maculata, Gm. Taille du râle de genêt;
longueur, onze pouces ; bec jaune sale , ainsi que le front ;
plumage en dessus d'un brun-roux, marqué de noir et tacheté
de blanc sur les ailes ; côtés de la tête , gorge et devant du
cou blancs ; reste du dessous du corps brun ; pennes inter-
médiaires de la queue noires et terminées de blanc ; les
autres brunes ; pieds gris. Cette espèce se trouve en Alle-
magne , où elle porte les noms de matknettzel et matkern.
M. Themminck présente encore cet oiseau pour une jeune
poule d'eau commune.
La Gallinule ou la grande Poule d'eau porzatse ,
Gallinula fusca, var. Lath. , est rangée, par MM. Meyer et
Themminck , parmi les jeunes de la poule d'eau proprement
dite. Elle se trouve en Italie , aux environs de Bologne ,
où elle est connue sous le nom de Porzana. La tête , le cou
et la gorge sont noirâtres ; le dessus du corps est de couleur
marron ; la poitrine , le haut du ventre et les côtés sont d'un
cendré obscur; chaque plume est bordée de blanc par le
bout ; cette couleur couvre le bas-ventre , les couvertures
inférieures et les pennes latérales les plus extérieures de la
queue ; les autres et les pennes des ailes sont pareilles au dos;
les pieds sont verts et les ongles d'un brun verdâtre ; le bec
est jaunâtre à son origine et en dessous , et noir dans le reste
G A L 4o7
de sa longueur. La femelle ne diffère du mâle que par des
couleurs plus foibles.
La Gallinule dite Poulette d'eau, Gallinula fusca, Lath.;
Fulicafusca, (im. , est un jeune oiseau dans sa première
année , selon MM. Meyer et Themminck ; ce qui me paroît
lrès-vraisemblable , quoique Ton dise qu'elle vit isolée et
qu'elle ne se mêle jamais avec la précédente. Son cri s'ex-
prime par les syllabes bri, bri , bri , souvent réitérées. La
tête , le dessus du cou et du corps sont d'un brun olivâtre ;
la gorge et le devant du cou d'un cendré foncé , nuancé
d'olivâtre ; la poitrine et les parties postérieures cendrées ;
chaque plume terminée de blanc; les couvertures inférieures
de la queue noires ; le bord de l'aile est blanc , ainsi que le
bord de la première penne primaire , et la plus extérieure
de chaque côté de la queue ; les autres pennes caudales sont
d'un brun olivâtre , et celles des ailes noirâtres ; la mem-
brane qui couvre le front est d'un jaune olivâtre ; l'iris
rouge dans les unes , jaune dans d'autres ; le bec et les pieds
sont d'un vert d'olive , et les ongles d'un vert brunâtre.
* La Gai.linule ou Poule d'eau rousse a front bleu,
Gallinula carthagena, Lath. ; Fulica carlhagcna, Linn., édit. i3»
Cette espèce , dont la dénomination fait la description , est
de la taille de la foulque. On la trouve à Carlhagène d'A-
mérique.
* La Gallinule smirring, Gallinula flavipes, Lath. ; Fu-
lira flai't'pes , Gm. , est présentée par M. Themminck pour
une variété d'âge de la poule d'eau commune. Le nom que
Gesner lui a imposé est d'après son cri. Rzaczynski compte
cet oiseau parmi les espèces naturelles à la Pologne. Il dit
qu'il se tient sur les rivières et niche dans les halliers qui
les bordent ; il ajoute que la célérité avec laquelle il court,
lui a fait quelquefois donner le nom de Trorhilus. « Le fond
de tout son plumage , dit-il , est roux; les petites plumes des
ailes sont d'un rouge de brique ; la tête , le tour des yeux et
le ventre , blancs; les grandes pennes de l'aile , noires; des
taches de cette même couleur sont rà et là sur le cou, le dos,
les ailes et la queue ; les pieds et la base du bec sont jau-
nâtres. » J'ai peine à croire que cet oiseau soit un jeune de
notre poule d'eau , et il ne me paroît même pas certain qu'il
fasse partie du genre de la Gallinule ; car on ne nous dit
pas s'il a le front nu.
GALLI RION. Nom que les Grecs donnoient à un Lis à
fleurs rouges , qu'ils appeloient aussi sang de Mars, (ln.)
GALLI TK , Aleclrurus. Genre de l'ordre des oiseaux S\rLr
vains, de la famille des Myiothères. V. ces mots. Caractères:
bec plus large qu'épais, droit, conico-convexe, mandibule
/,oS G A Ij
supérieure un peu crochue à la pointe ; l'inférieure droite ;
narines arrondies, situées vers le milieu du bec; langue large ,
courte et ne se terminant pas en pointe; angles de la bou-
che garnis de longs poils noirs; ailes à penne bâtarde, cour-
te et pointue ; la troisième rémige la plus longue de toutes;
tarses un peu forts ; quatre doigts, trois devant , un derrière ;
pennes caudales verticales et susceptibles de rester relevées.
J'ai mis à la suite de l'espèce qui sert de type à ce genre, le
Guirayelapa, parce qu'il m'a paru s'en rapprocher davantage
que de tout autre; mais il diffère en ce qu il n'a que les deux
pennes extérieures de la queue qui soient sur un plan verti-
cal ; et il n'est pas question dans sa description, s'il a la fa-
culté de relever la queue. Ces deux espèces sont vraiment
extraordinaires, et l'on verra ci-après que l'on n'avoit pas
d'idée de pareils oiseaux dont on doit entièrement la connois-
sance à M. de Azara. Lune et l'autre ont les mêmes habitu-
des; elles sont d'un naturel tranquille , peu farouche, et leur
voix est sans agrément. Les campagnes voisines des eaux sont
les lieux qu'elles préfèrent; elles n'entrent point dans les bois
et elles ne se perchent que sur les joncs et les plantes aqua-
tiques, jamais sur les arbres et les buissons; leur nourriture
ne consiste que dans les insectes qui passent près d'eux, mais
pour l'ordinaire elles les prennent à terre. Lorsque ces oi-
seaux sont effrayés ou qu'ils veulent dormir, ils se cachent
si bien sous les plantes, qu'il est impossible de les en faire
sortir. M. de Azara dit qu'il n'a jamais vu deux mâles plus
près l'un de l'autre que de deux cents pas, mais qu'il a ren-
contré quelquefois des femelles en petites troupes.
La Gallitetricolor, Alectrumstricolor, Vicill. M. de Azara
appelle cetoiseauga&V/o, d'après la forme de sa queue, etSon-
nini a traduit ce nom par celui de petitcoq. Cette espèce ne se
trouve qu'entre le vingt-sixième et le vingt-septième degré et
demi de latitude australe, où elle arrive en septembre et d'où
elle repart en mars; cependant il en reste quelques individus
dans le pays, car M. de Azara a vu trois femelles au plus fort de
l'hiver du Paraguay. Le mâle s'élève quelquefois presque
verticalement dans les airs , et battant vivement des ailes
en relevant beaucoup sa queue ; il paroît alors plutôt un
papillon qu'un oiseau. Quand il est à trente ou trente six
pieds de hauteur, il se laisse tomber obliquement pour se po-
ser sur quelque plante. Ce petit coq n'est ni farouche ni in-
quiet, et quoique deux mâles se trouvent rarement plus rap-
prochés que de six cents pieds, il est assez ordinaire de ren-
contrer deux et jusqu'à six femelles presque ensemble ; cela
vient de ce que leur nombre est au moins double de celui
des mâles. Cette espèce ne seroit-elle pas polygame ? c'est de
(.AL 4o9
quoi ce savant naturaliste ne nous a pas informé. Cet oiseau
a les douze pennes de la queue bien fournies de barbes, et
toutes onti a l'exception des deux intermédiaires, la forme
d'une pelle, c'est à dire qu'elles s'élargissent beaucoup à leur
extrémité; les deux du milieu sont pressées par les côtés des
autres qui sont «à peu près de la mèine longueur et qui ont
douze lignes de moins que les deux intermédiaires. C'est un
attribut particulier de cette espèce de tenir toujours sa queue
verticale comme celle du coq.
Le mâle a le front marbré de blanc et de noir; les côtés
de la tête et les parties inférieures de couleur blancbe avec
les extrémités des pennes noirâtres, ainsi que 1 extérieur des
jambes ; le dessus de la tête et du cou , la queue , ses cou-
vertures supérieures , et un demi-collier au bas du cou, d un
noir profond ; le dos et le croupion cendrés; les plumes sca-
pulaires, le pli et les petites couvertures du dessus des ailes, d'un
beau blanc ; les grandes couvertures et les pennes, noirâtres
avec une bordure blancbe ; les tarses noirs; l'iris brun ; le bec
olivâtre et sa pointe noirâtre; longueur totale, cinq pouces et
demi: longueur de la queue, deux pouces un tiers: longueur du
bec, cinq lignes trois quarts. La femelle diffère du mâle en ce
qu'elle a des dimensions plus petites; le blanc des côtés de
la tête et du dessous du corps moins pur; les plumes du des-
sus de la tête et du cou d'un brun noirâtre , avec une bordure
d'une teinte plusclaire; le dessus du corpsd'un brun roussâtre ;
toutes les couvertures supérieures et les pennes de l'aile noi-
râtres et bordées finement de blanchâtre ; toutes les pennes
de la queue pareilles aux pennes extérieures de celle du mâle ;
mais ces pennes se plient en deux parties; elles forment en-
dessus un angle obtus ou un enfoncement, et l'oiseau ne les
relève jamais au-dessus du croupion. Quelques femelles sont
en dessous d'un blanc inoins sale; elles ont aussi la gorge
brune et les autres teintes moins vives.
Le GuiRAYETAPA.Ce nom signifie, dans la langue des Gua-
ranis, oiseau coupeur ou en ciseaux, et ces peuples du Paraguay
l'appliquent non-seulement à cette espèce, mais encore à
tous les oiseaux à longue queue; M. de Azara, qui lappelle
pardo y blanco, nous dit qu'elle est composée de huit ou dix
fois plus de femelles que de mâles, et qu'il a vu quelquefois
des bandes de trente femelles sans un seul de ces derniers;
n'en sero4t-il pas du guirayetapa comme de la veuveàépau-
letle , qui est polygame ? Cette espèce est sédentaire, et elle a
les mêmes habitudes que le petit coq. La principale diffé-
rence, qui fait distinguer les sex<\s, consiste dans la forme
et la disposition des pennes de la queue ; et comme ce
Uo GAL
savant a vu deux individus qui avoientdumâle la partie droite-
de la queue et la gauche de la femelle , il est tenté de soup-
çonner aussi qu'il existe des hermaphrodites parmi ces oiseaux.
Ces individus ont moins de roux dans leur plumage que les
femelles et moins de blanc que les mâles, de sorte que les
teintes de leur vêtement tiennent le milieu entre celles
des deux sexes. On croira difficilement à ces hermaphro-
dites, d'après cette différence dans la queue; ne seroit-ce pas
tout simplement des jeunes mâles qui commencent à se re-
vêtir de leur plumage parfait? ce n'est de ma part qu'une
conjecture , puisque M. de Azara ne nous indique point les
couleurs du jeune mâle dans son premier âge; cependant
je la crois très-vraisemblable. Au reste, cet habile naturaliste
ne nous indique point la forme que présente la queue de
la femelle, mais seulement la conformation de celle du mâle,
laquelle est composée de douze pennes dont l'extérieur d'un
côté se joint, en dessous des autres, à l'extérieur de l'autre
côté ; toutes deux sont ébarbées sur dix-sept lignes de lon-
gueur près de leur base ; les barbes , sur le reste de la par-
tie supérieure (car il n'y en a point à l'inférieure), sont Ion-,
gués de dix-huit lignes ; le plan de ces deux pennes est verti-
cal ; la seconde est plus courte et quatre pouces et demi plus
longue que les deux intermédiaires ; les autres sont étagées
et toutes sont pointues à leur extrémité, fortes, roides et pres-
que sans barbes à leur naissance ; les plumes qui environnent
les oreilles du mâle sont noires et longuettes; celles du tour de
l'oeil et de la base de la mandibule supérieure , la gorge , le
haut du cou en devant, et toutes les parties inférieures sont
blanches; un demi-collier de plumes noires frangées de brun
clair occupe le bas du cou et une partie de la poitrine; celles
du dessus de la tête et du cou sont noirâtres et bordées de
brun clair ; les plumes du dos et du croupion ont une bor-
dure brune sur un fond plombé; les pennes des ailes sont
brunes et liserées de hlanc ; les grandes couvertures noires et
frangées de blanc , les autres marbrées de cette couleur et de
cendré ; les pennes de la queue blanchâtres et terminées de
brun ; toutes sont noirâtres en dessus, à l'exception de la plus
extérieure de chaque côté qui est entièrement noire ; le tarse
est noirâtre, l'iris brun et le bec de couleur de paille sèche;
la femelle , qui est beaucoup plus petite que le mâle , a la
tête blanchâtre , ainsi que le devant du cou jusqu'au demi-
collier qui est d'un roux sale ; le dessous du corps est blanc ,
avec un peu de rouge sur les flancs; le dos, le croupion et les pe-
tites couvertures supérieures des ailes sont d'un brun roussâtre;
les grandes couvertures d une nuance plus foncée et bordées
de rouge ; les pennes alaires et caudales noirâtres et fine-
G A L 4ti
ment frangées de brun ; le reste comme dans le mâle.
(v.)
GALLITE. Espèce de linaire (antirrhinum fur/uni) , qui
croît en Espagne, (in.)
GALLITRICHUM. J. Bauhin mentionne sous ce nom
plusieurs espèces de S AUGES et de Sclarées décrites par d'au-
tres auteurs comme des Horminum. Morison le donne à la
Sauge des prés et , avec Bauhin , à I Hormin des Pyré-
nées (Jiorminum pyrenaicum, Linn.), dont le genre est nommé
Pasina par Adanson. (ln.)
GALLITZINITE. Nom donné par Lenz a une variété de
Titane, oxydé Jerrifère , découverte dans la foret de Spessart
par M. le prince Dimitri de Gallitzin, auquel la science est
redevable de plusieurs ouvrages qui ont contribué à ses pro-
grès , et notamment d'une Concordance entre les diverses
nomenclatures minéralogiques qui a eu plusieurs éditions ; la
dernière est de 1802. Voyez Titane oxydé. (luc.)
GALLOT. Nom vulgaire de la Tanche de mer. (desm.)
GALLUCIO. L'un des noms de la Chantrelle, en Ita-
lie, (s.)
GALLUS. Nom latin du Coq. (v.)
GALONNÉ. Poisson du genre Squale, (b.)
GALONNÉ. Un Lézard et une Grenouille portent ce
nom. (b.)
GALOPINE , Galopina. Genre de plantes établi par
Thunberg , dans la tétrandrie digynie et dans la famille des
rubiacées. Il a pour caractères: une corolle à quatre divisions;
point de calice ; un ovaire inférieur surmonté de deux styles ;
deux semences épineuses.
Ce genre ne contient qu'une espèce , qui est une plante
annuelle du Cap de Bonne-Espérance , dont la tige est ordi-
nairement simple , les feuilles opposées , oblongues , aiguës ,
glabres, et les fleurs disposées en corymbes terminaux , ac-
compagnées chacune de deux bractées sélacées et opposées.
(B.)
GALOS-PAULES. Nom que les Portugais ont donné au
patas , espèce de guenon. Voyez Guenon patas. (s.)
GALPIIIMIE, Galphimia. Arbrisseau à rameaux rougeâ-
tres , à feuilles opposées, pétiolées, ovales, blanchâtres en
dessous, à une seule dent à leur base , à fleurs jaunes , dis-
posées en grappes terminales , qui forme un genre dans la
décandrie trigynie.
Ce genre établi par Cavanilles, offre pour caractères: un ca-
lice à cinq divisions persistantes; une corolle de cinq pétales
ovales, dont Iesupérieureslplusgrand; dix étamines alternative-
4i2 G A L
ment grandes et petites; un ovaire supérieur ovale, trigone,
surmonté de trois styles à stigmates simples ; un fruit à trois
loges monospermes.
La galphimie se trouve dans le Mexique. Elle ne diffère
des Moureillers , que par le défaut de glandes calici-
nales.
On a depuis trouvé deux autres arbrisseaux du même
pays , qui se réunissent à celui-ci. Ainsi il y a une Gal-
phimie Glauque , une Galphimie hérissée et une Gal-
phimie GLANDULEUSE. (B.)
GALSTEM. Voyez Gast. (ln.)
GALTABÉ. L'un des noms duMoMTOR {lacerla monitor,
Linn. ). (desm.)
GALUCHAT. Peau grise , garnie de tubercules aplatis,
qu'on emploie ordinairement, après l'avoir colorée en vert ,
pour couvrir les boîtes et les éluis destinés à contenir des bi-
joux. On en connoît deux espèces , l'une à petits et l'autre à
gros grains.
La première, qui est très-commune et à bas prix , est four-
nie par plusieurs espèces de squales , principalement par le
Squale roussette.
On ignoroit quel poisson fournissoit la seconde, que les
gaîniers de Paris tirent exclusivement de l'Angleterre , et
qu'ils payent fort cher. C'est à Lacépède qu'on doit d'avoir
reconnu qu'elle appartenoit à une espèce de raie , à la Raie
sephen, qui habite la mar Rouge et celle des Indes. On doit
faire avec ce naturaliste des vœux pour que le commerce na-
tional, actuellement instruit des moyens de se procurer di-
rectement celle sorte de galuchat , ne laisse plus à la discré-
tion des étrangers la consommation de nos fabriques, (b.)
GALURT. En Danemarck , c'est le Gaillet jaune (ga-
lium verum , Linn.). (ln.)
GALVANIE, Gahania. Plante du Brésil , qui a servi à
établir un genre dans la penlandrie monogynie et dans la fa-
mille des rubiacées , fort voisin du Palicour et du Psyco-
thre ; ses caractères sont : un calice à cinq dents ; une co-
rolle ventrue à cinq découpures aiguës ; cinq étamines à fila-
mens velus ; un ovaire inférieur surmonté d'un style incliné
à stigmate trifide ; une baie à deux loges et à deux semences.
(B.)
GALVANISME. On a désigné , par cette expression , une
classe fort curieuse de phénomènes découverts d'abord par un
physicien italien nommé Galvani , et que Volta a réunis aux
lois ordinaires de l'électricité , en leur donnant une généra-
G A M 4l3
îité beaucoup plus grande. Limités comme Galvani lesavoit
vus d'abord, ils consistent dans des contractions musculaires
qui s'exécutent par le simple contact des nerfs et des muscles
dans les organes animaux vivans ou morts.
D'après les découvertes de Volta, l'effet qui a lieu dans
cette circonstance est produit par une électricité très-foible
qui se développe au contact des nerfs et des muscles , comme
en général à tout autre contact de substances bétérogènes. Il
est plus que vraisemblable que les secousses que donne la tor-
pille sont produites par un appareil de ce genre qu'elle fait
agir à volonté, (biot.)
GALVÈSE , Gahesia. Genre de plantes établi par Jus-
sieu, dans la didynamie angiospermie , et dans la famille des
personnées, fort voisin des Doda.rties.11 a pour caractères:
un calice petit, divisé en cinq parties -, une corolle mono-
pétale , tubuleuse , ventrue à sa base , et labiée à son limbe ,
dont la lèvre supérieure est divisée en deux lobes, et 1 infé-
rieure en trois parties ; quatre étamines, dont deux plus cour-
tes ; un ovaire supérieur , terminé par un style simple ; une
capsule globuleuse à deux loges. (B.)
GALVEZE, Gabezia. Arbre du Pérou , qui forme, dans
l'oclandrie té tragynieungenre dont les caractères consistent en
un calice de quatre folioles ovales et caduques; une corolle de
quatre pétales oblongs, sessiles et concaves; huit étamines,
dont quatre alternes, plus courtes; quatre ovaires supérieurs,
rapprochés , insérés sur un corps glanduleux , et termi-
nés chacun par un style comprimé à stigmate simple ; quatre
drupes ovales, contenant chacune une noix uniloculaire.
Ce genre se rapproche infiniment de la Porlière. (b.)
GAMAICU. Quelques voyageurs disent que les Indiens
donnent ce nom à certains corps calcaires , globuleux , qui
sont ou de simples concrétions , ou des corps marins fossiles,
et qu'ils y attachent de grandes vertus. Il y a tout lieu de croire
que c'est un Madrépore fossile {Voyez ce mot.) , et, dans
ce cas , ces vertus se réduisent à celles de la pierre calcaire la
plus commune, (pat.)
GAMAL. Nom hébreu, et GAMALA , nom chaldéen du
chameau d'Arabie , employé comme bête de somme. Voyez
Chameau, (desm.)
GAMAMAH , CHAMAMAH et DAZAMACH. Sui-
rant Gesner et Aldrovande , ce sont les noms arabes du
Pigeon. Les jeunes sont appelés Phera khaman. (v.)
GAMAO et GAMOEIRA.Noms portugais de 1' Aspho-
dèle , appelé gamon en Espagne, (ln.)
GAMARZA. Nom espagnol dupeganum harmala. (LN.)
£i4. G A M
Gx\MASE , Gamasus, Lat. Genre d'arachnides trachéen-
nes , de la famille des holètres , tribu des acarides , ayant
pour caractères : huit pieds simplement ambulatoires; man-
dibules d'un seul article , terminées en pince ; palpes saillans
et filiformes.
Ce genre se compose d'un assez grand nombre d'espèces,
rangées par Hermann fils (Mém. aptérol.} , soit avec ses
trombides , soit avec ses mites.
Fabricius, qui n'avoit d'abord détaché des acarus de Lin-
nseus que les trombidions , et auxquels il réunissoit les hy-
drachnes de Miiller , a distingué postérieurement (Syst. antliat.)
ces dernières arachnides sous le nom générique tfatax , et
adopté mes genres nyctéribie , ixode , bdelle et gamase. Il a
conservé les trombidions avec ses unogates; mais il paroît
avoir suivi , quant au rang qu'il assigne aux autres genres ,
le tableau élémentaire de Y Histoire des animaux de M. Cu-
vier. Ces genres, ainsi que celui des poux, terminent son
ordra-des antliates , qui répond à celui des diptères de Lin-
nœus. Ces animaux s'éloignent des autres antliates par l'ab-
sence des ailes , et forment, à l'exclusion des poux , une di-
vision spéciale , ayant pour caractère : point d antennes.
J'avois institué le genre Gamase sur la mite des coléop-
tères , acarus coleoplratorum de Linnseus. Elle court assez vite,
et de là sa dénomination générique qui, en grec, signifie
agile. Quelques espèces, et parmi lesquelles celle-ci doit être
comprise, vivent en parasites sur d'autres animaux, et
particulièrement sur divers oiseaux et quelques quadrupèdes.
Hermann en a même observé une {acarus marginatus} sur
le corps calleux du cerveau d'un homme. Les autres sont
tantôt vagabondes, tantôt fixées à des feuilles, y sont même
réunies en société , et les recouvrent de fils soyeux et très-
fins. M. Huber fils a recueilli , à l'égard de ces dernières es-
pèces , quelques faits particuliers , mais dont je n'ai pas
encore eu connoissance.
Je divise ce genre en deux sections : dans l'une , le dessus
du corps offre , en totalité ou partiellement, un derme écail-
leux ou coriace; tels sont ïacarus marginatus d'Hermann ,
son trombidium longipes , et Y acarus coleoptratorum de Linnaeus ;
dans l'autre , le corps est entièrement mou. Ici viennent les
mites , vespertilionis , hirundinis , du premier; celle de la poule
de Degeer, et les trombides, celer, bipustulatum, soçium, tilla-
rium et telarium d'Hermann. Les trois dernières espèces
sont du nombre de celles qui vivent sur les feuilles , et le plus
souvent à leur face inférieure : celles du tilleul et du haricot
y sont très-sujettes. Ces gamases y filent des toiles très-fines
et qui leur nuisent beaucoup. L'espèce nommée Tisserand,
G A M w
telarius, et que l'on y trouve abondamment, est rougeâtre ,
avec une tache noire de chaque côté.
Des habitudes aussi différentes nous annoncent que ce
genre n'est pas encore bien circonscrit. Un naturaliste, dont
les yeux sont très-exercés, ainsi qu'on peut s'en convaincre
par les observations fines et délicates qu'il a mises au jour,
M. Leclerc de Laval, s'occupe depuis long-temps de l'étude
des arachnides et des insectes parasites. Nous avons tout lieu
d'espérer qu'il éclaircira cette partie obscure et difficile de
l'entomologie. 11 est venu à bout de découvrir dans la mité
de la gale , des mandibules en pince , et c'est d'après ce fait
qu'il a eu la bonté de me communiquer, que je me suis dé-
terminé à supprimer le genre Sarcopte, et à le réunir à
celui d'AoARUS. (l.)
GAMBALEVROT. Nom du Pluvier gris , dans de*
cantons du Piémont, (v.)
GAMBALIEN. V. Caméléon, (desm.)
GAMBERETTO. Nom italien de la Courtilière,
Taupe-grillon, (desm.)
GAMBERO. Nom italien des Ecrevisses. Gambero d'à-
qua dolc.e est celui de Vêcransse ordinaire, cl gambero mariiio,
celui de la crevette, (desm.)
GAMBETTE. V. Chevalier aux pieds rouges, (v.)
GAMBIRLAUT. Nom donné par Rumphius à un arbre
de l'Inde, qui est le duuglassia d'Houstone et d'Adanson.
V. ce mot. (ln.)
GAMROEIRxX. Nom donné, en Portugal, à une va-
riété du CoiGNASSIER A GROS FRUIT. (LN.)
GAMMA. C'est le nom d'un Papillon de jour , Papilio
C. album, du genre Nymphale. (desm.)
GAMMA DORE. C'est un autre lépidoptère, du genre
Noctuelle , Noctua gamma, (desm.)
GAMMARINjŒ. V. Crevettines. (l.)
GAMMAROL1TE. Nom que les anciens naturalistes
donnoient aux Crustacés devenus fossiles, (b.)
GAMMARUS , Fab. V. Crevette et Amphipodes. (l.)
GAMMASIDES. M. Léach , dans sa nouvelle distribu-
tion des crustacés, des myriapodes et des arachnides, donne
ce nom à une famille d'arachnides comprise dans le qua-
trième ordre. Elle correspond au genre Gamase de M. La-
treille. Voyez ce mot. (desm.)
GAMOEIRA. En Portugal , c'est I'Asphodèle. (ln.)
GAMON. V. Gamao. (ln.)
GAMUTE. On appelle ainsi aux Philippines les filamens
/l6 G A N
de la base des feuilles de Palmiers , avec lesquels on fait
des cordes. (B.)
GAMUTO. V. Gomuto. (b.)
GAMUZA. Nom espagnol du Chamois, espèce d' Anti-
lope, (desm.)
GAN. Nom que Ton donne au Harle, sur le lac de Cons-
tance, (v.)
GANACHE. Nom que j'avois donné à cette partie de la
lèvre inférieure des insectes , qu'on appelle maintenant men~
ion. V. Bouche, (l.)
GANDA-MONOSSOL, de Rai, et Gandasulium ,
de Rumphius. C'est le Gandasuli des Indes- Orientales. Voy.
ce mot. (ln.)
GANDARUSSA-SOSA (Rumph., Amb. 4, t. 28 et 29).
Plante des Indes orientales, que Rheede a retrouvée au Mala-
bar , où elle porte le nom de Vada-koki. C'est le justicia
gandarussa , Linn. , dont Scopoli avoit fait son genre al-
dina , croyant que le fruit étoit une graine nue , tandis que
c'est réellement une capsule semblable à celle des autres es-
pèces du même genre. V. Carmantine. (ln.)
GANDASULI , Hedychium. C'est une plante dont la ra-
cine est grosse , traçante ; les tiges droites ; les feuilles al-
ternes, oblongues, pointues, presque sessiles, entières,
avec quelques longs poils ; les fleurs disposées en épis ter-
minaux, blanches , avec un peu de jaune , renfermées deux
par deux , avant leur épanouissement, dans une écaille spa-
thacée.
Chaque fleur offre un calice monophylle , tubuleux , cylin-
drique, membraneux, tronqué très-obliquement en son bord;
une corolle monopétale à tube long et grêle , un peu courbé,
à limbe à six divisions, dont les deux supérieures sont fort
étroites et presque linéaires , trois autres ovales oblon
gués , et la sixième , plus large , est échancrée en cœur , co-
lorée en jaune ; un filament linéaire , portant à son sommet
une anthère linéaire adnée , et dont les deux lobes laissent
entre eux une cavité qui donne passage au style ; un ovaire
inférieur petit, oblong , d'où sort un style capillaire, terminé
par un stigmate pubescent.
Cette plante est cultivée dans les jardins de Java et de la
presqu'île de Malaca, à raison de la bonne odeur de ses
fleurs. Elle n'y donne pas de graine , et on la multiplie de
c aïeux.
Lamarck l'a réunie aux Zédoaires. (b.)
GANDELBEERE. C'est le vaccinium myrtillus , en Alle-
magne, (ln.)
G AND OL A, Rumphius {Amb. 5, 1. 154, f. 2.) a figuré
G A N 4l?
sous ce nom une espèce de BaselLE , Basella nihra. Son
gunàola alba est une seconde espèce du même genre. Ces
plantes servent de nourriture dans les Indes. On les nomme
gundoles dans les colonies, (ln.)
GANELL1. C'estla Bauuroiepécheresse, à Nice.(DESM)
GANGA, CE nus , Vieill.; Telrao , Lath. Genre de Tordre
des Gallinacés et de la famille des Plumipèdes. ( Voy. ces
mois. ) Carat/ères : bec court, emplumé à la base , convexe
en dessus; mandibule supérieure voùlée, courbée vers le
bout et plus longue que I inférieure; narines couvertes d'une
membrane, cachées sous les plumes du raplstrum et ouvertes
en dessous ; langue charnue , entière ; tarses vêtus sur leur
partie antérieure; quatre doigts, trois devant unis à la base
par une petite membrane, un derrière très-court, flécbi et
élevé de terre; ongles très-courts, obtus; ailes longues,
pointues , étroites ; la première rémige la plus longue de
toutes ; queue composée de seize pennes , les deux intermé-
diaires les plus allongées , quelquefois subulées.
En adoptant le nom A'œnas , je me suis rangé du senti-
ment deGessner et de Brisson qui le donnent à notre ganga.
Buffon prétend , il est vrai, que Vœnas ne peut être qu'un
pigeon, parce que sa ponte n est que de deux œufs, ce qui ne
me paroit pas décisif, puisque la couvée de ce ganga n'est
ordinairement composée que de deux, ainsi que je le prouverai
ci-après d'après des observations réitérées.
Les espèces qui composent ce genre , ont été classées
par Latham, Gmelin , etc. , dans celui du tétras; mais j'ai
cru pouvoir les isoler, puisqu'elles diffèrent essentiellement
des tétras ou gelinottes par la forme et la longueur des ailes,
dont la première rémige est la plus longue de toutes , tandis
que ceux-ci portent des ailescourtes. arrondies, concaves, dont
lapremière rémigeest moins allongée que la sixième et la sep-
tième. De plus, les gangas ont le pouce articulé si baut qu'il
se trouve élevé de terre ; au contraire , ce doigt y porte
chez les autres. Si 1 on consulte l'instinct , le genre de vie
et 11* vol des gangas, on y trouve encore des disparités très-
tranchées. M. Triemminck qui a fait aussi, dans son Histoire
des Gallinacés , un genre particulier de ces oiseaux sous le
nom de ptérorles , dit qu ils font une ponte nombreuse et que
leurs petits courent au sortir de l œuf. Cependant nous voyons
tout le contraire dans l'Histoire naturelle de la Provence,
que ce naturaliste connoît très-bien, puisqu'il l'indique dans
le synonyme de son ganga kata. En outre, ne se contredit-il
pas lui-même ? car dans ces espères , dont il indique la
couvée , la plus forte n'est que de quatre ou cinq œufs , ce
qui certainement ne peut passer pour une ponte nombreuse.
4,8 G A N
Au reste , comme il n'a point étudié ces oiseaux d'après là
nature vivante, et qu'il ne cite aucun auteur à l'appui de son
assertion , on doit plutôt s'en rapporter aux naturalistes pro-
vençaux qui nous assurent que la ponte de ce ganga , qui se
tromve dans la plaine de la Crau , n'est que de deux ou trois
œufs au plus ; que les petits naissent sans plumes , sont
nourris dans le nid par la mère à la manière des pigeons ,
jusqu'à ce qu'ils soient assez forts pour se suffire à eux-
mêmes ; j'ai d'autant plus de confiance dans ces faits , que
depuis ils m'ont été confirmés par un très-bon observateur ,
M.deBelleval, de Montpellier, faits qui ont donné lieu à un
Mémoire qu'il a présenté à l'Académie de Lyon, il y a quel-
ques années. Ainsi donc , j'écarte comme apocryphe tout
ce que M. Themminck a publié sur ce sujet, et lorsqu'il dit que
lespieds de ces oiseaux sont propres à courir avec célérité sur
un sable mouvant; car, au contraire, ils marchent lentement.
î^es gangas diffèrent de tous les gallinacés par la forme et la
longueur de leurs ailes ; par leur vol élevé et très-rapide ;
par la lenteur de leur démarche -, par leur ponte , leur ma-
nière de boire et d'élever leurs petits , attributs qui
leur sont communs avec les pigeons , à l'exception de la
ponte ; si réellement elle est chez des gangas composée de
quatre ou cinq œufs : mais ils s'éloignent des uns et des autres
par l'élévation et la forme de leur doigt postérieur. Des
personnes, selon l'auteur de l'histoire citée ci -dessus, ont
trouvé des rapports si grands entre le ganga caia et le ramier,
qu'elles ont pris , le premier pour un métis procréé de ce
pigeon et de la perdrix , d'où lui est venu , dans quelques
cantons , le nom de pigeon-perdrix.
Les gangas habitent l'Afrique , les contrées chaudes de
l'Asie et de l'Europe; suivant M. Themminck, leur passage
n'est qu'accidentel en Europe , expression très-impropre et
qui porte à faux, puisqu'il en est qui nichent en Provence et
en Espagne, et y sont sédentaires. Ces oiseaux fuient les ter-
rains cultivés et ne se plaisent que dans les lieux pierreux et
sablonneux.
Le Ganga. bibande. V. Ganga a double collier.
Le Ganga cata , Œnas caia , Vieill. ; Tetrao alcata ,
Lath. , pi. enl. de Buffon , n.os io5 et 106. Cala , Kata ou
Chata est le nom turc et arabe de cette espèce, qui est décrite
par Brisson , sous le nom de Gelinotte des Pyrénées , parce
qu'elle se trouve près des Pyrénées Orientales. On la rencon-
tre également en Espagne , en Italie , en Perse , en Syrie ,
etc. Elle reste toute l'année dans les plainesde la Crau, où elle
est connue sous la dénomination de grandoulo. On la voit ra-
rement dans les campagnes éloignées de ce lieu; elle vole en
G A N 4»g
troupes très-nombreuses, et si haut qu'on ne peut tirer ces
oiseaux au fusil. Ils s'accouplent en mars; la ponte est, comme
je l'ai déjà dit , de deux ou trois œufs (il paroît quelle est ra-
rement de trois , car M. de Belleval ne me l'indique que
de deux). Les petits naissent sans plumes ; la mère les nourrit
en les gorgeant comme les pigeons , jusqu'à ce qu'ils soient
assez forts pour chercher leur nourriture. Ces gangas ne se
laissent point approcher, prennent aisément l'épouvante en
poussant de grands cris, et s'envolent à tire d'ailes, lorsqu'ils
aperçoivent quelqu'un. Us viennent, pendant les chaleurs de
l'été , au bord des étangs et des ruisseaux , pour boire, sur-
tout le matin : c'est là que le chasseur les attend à l'affût.
Mais, lorsqu'ils ont essuyé quelques coups de fusil, ils rasent
la surface de l'eau, et boivent envolant. Ces oiseaux ont la chair
noire et dure , aussi n'en fait-on pas grand cas; mais on es-
time davantage celle des jeunes , qui est tendre et de fort bon
goût : les gourmets la préfère même à celle de la perdrix. M.
Themminck , dans une note de son Histoire des gangas , pré-
tend que la perdrix de Damasde Belon, citée par Brisson, dans
la Description de sa gelinotte des Pyrénées ( l'espèce de cet ar-
ticle) , ne peut sous aucun rapport être comparée avec les
gangas ; cependant il suffit de jeter un coup d œil sur la figure
que Belon a publiée , pour se convaincre , malgré sa défec-
tuosité , que c'est le même oiseau que le gauga de la Crau,
mais auquel on a supprimé les deux longs brins de la queue.
Cet oiseau est connu à Montpellier sous les noms tïangel
et de perdrix d'Angleterre. Boussel assure que cette espèce
passe une grande partie de l'année dans les déserts de la Sy-
rie, et qu'elle ne se rapproche de la ville d'Alep qu'au mois
de mai ou de juin, lorsque la soif la contraint d'abandonner
ces solitudes arides pour chercher les lieux où il y a de l'eau.
Le mâle a i3 pouces 6 lignes de longueur depuis le bout du
bec jusqu'à la pointe de ses deux plus longues pennes caudales;
le dessusdela tête, le cou, etle dos variés d'olivâtre, de jaunâtre,
denoiretde roux; ccscouleursdonnentlieu à desbandes trans-
versales; le croupion est rayé transversalement de noir et de
roux ; les couvertures supérieures de la queue ont des raies
noires et jaunâtres; les petites couvertures des ailes sont d'un
brun-marron; les moyennes d'une teinte plus claire, avec
des bandelettes obliques, jaunâtres, et d'un marron foncé; les
grandessont olivâtres, variéesde jaunâtre, etterminéesdenoir;
le tour des yeux est de cette dernière couleur, ainsi qu'une
bande longitudinale, qui se fait remarquer en arrière de l'œil;
les joues sont fauves ; la gorge est noire ; la partie inférieure
du cou , d'abord olivâtre , ensuite traversée par deux bandes
étroites, noires , séparées 1 une de l'autre par un espace de
*ao G A N
dix -huit lignes , et qui forme un double collier; cet es-
pace est roux ; le reste des parties inférieures est blanc, avec
des raies transversales noirâtres et rousses sur une partie des
couvertures inférieures de la queue ; les pennes primaires
des ailes sont cendrées , terminées de brun et noires sur la
lige ; les secondaires blanches à l'intérieur , cendrées en de-
hors et a leur extrémité ; les autres olivâtres, rousses et noires
dans le milieu ; les seize pennes de la queue , dont les deux
intermédiaires ont presque le double de longueur des laté-
rales , et la partie qui les excède , très-étroite , d'un cendré
mêlé confusément d'olivâtre ; toutes ces pennes latérales ont
leur côté extérieur rayé transversalement de jaunâtre; celles
du milieu le sont sur les deux bords , avec leur partie étroite
noirâtre. Toutes les autres ont leur pointe blanche , et sont
noires en-dessous ; le bec et les pieds cendrés , les ongles
noirs ; enfin le devant du tarse est couvert de petites plumes
blanches. Les doigts sont garnis de chaque côté, d'appendices
écailleux très-courts, selon Brisson à qui j'ai emprunté la des-
cription de ce ganga. Ils sont bordés de petites dentelures»
suivant Buffon; mais si l'on en croit M. Themminck , ce ne
sont ni des appendices écailleux , ni des dentelures , mais des
membranes. M. \irey s'est rangé de l'opinion du Pline fran-
çais, pour les dentelures des doigts, et a ajouté que les sour-
cils et les orbites des yeux du ganga sont élevés ; que sur la
poitrine, on observe une espèce de plaque noire en croissant,
faite comme un hausse-col. Cm, dit M. Themminck, est écrit
à bon plaisir , et fait voir assez combien on peut s'en rapporter à des
livres d'Histoire naturelle dont les auteurs n'ont point étudié le grand
livre de la nature , et se contentent d'embrouiller la science par des
compilations. En aucun cas , on ne doit se permettre de
pareilles diatribes, et cet hollandais se trompe fort, si par-
là il croit donner des preuves de son savoir; car ce qu'a dit
M. Virey n'est pas aussi loin delà vérité, que M. Themminck
veut le persuader aux autres. En effet , les dentelures des
doigts ont été remarquées , comme je l'ai dit ci-dessus , par
Buffon , et de plus par des naturalistes qui méritent certaine-
ment quelque confiance , puisque les appendices indiqués
par Brisson, que M. Themminck dit fort mal à propos
être l'auteur le moins estimé en France, sont bien de véritables
dentelures; que les sourcils et les orbites élevés existent réelle-
ment sur l'oiseau vivant ; et que l'espèce de plastron en crois-
sant signale la bande transversale du haut de la poitrine,
qui, selon M. Themminck lui-même, s'étend en forme cir-
culaire.
La femelle diffère principalement du mâle , en ce qu'elle
a la gorge blanche , et que son collier est noir immédiatement
G A N frt
on- dessous de cette couleur ; l'espace enlre ce collier et la
largo bande de lapoitrine est d'un jaune-roux clair; cette bande
esl d'un roux orangé et bordée de noir ; elle n'a point de fi-
letsà la queue, elles deuxpennesintermédiairesne dépassent
les autres que d'un pouce environ. Les jeunes mâles et fe-
melles , avant leur première mue , ont , suivant M. Them-
minck, la gorge blanche, les colliers seulement indiqués par
quelques taches noires ; la tête , la nuque et le dos d'un cen-
dré olivâtre ; la couleur blanche des jambes et du ventre , avec
des lignes et des taches jaunâtres , brunes et cendrées ; le
plastron de la poitrine coupé par des bandes transversales ,
brunes et noirâtres.
Le Ganga a double collier, Œnas bicintta, Vieill. ;
Ptcrorfes bicinctus, Theium. Ce ganga , que M. Themminck
regarde comme une espèce nouvelle , se trouve , dit-il,
dans le pays des grands Narnaquois. M. Levaillant l'a
rencontrée sur les bords et au-delà de la grande rivière des
Poissons; elle n'est point connue au Cap de Bonne-Espé-
rance. On la rencontre en famille, composée du mâle, de
la femelle et des petits ; mais chaque couple s'isole dans le
temps des amours. Le mâle a une petite tache blanche à la
base du bec ; une large bande noire qui va d'un œil à l'autre,
laquelle est coupée au-dessus des yeux par deux grandes
taches blanches; les plumes, du dessus de la lète et de l'oc-
ciput, d'un roux jaunâtre sur les bords et noirâtres dans le
milieu; les joues, le cou, la poitrine et les petites couver-
tures alaires, d'un cendré jaunâtre; le dos, les autres cou-
vertures et les pennes secondaires des ailes d'un cendré brun,
avec des raies et des taches rousses qu'on n'aperçoit qu'en
soulevant les plumes qui toutes sont terminées par une ta-
che blanche triangulaire; le croupion, les couvertures et
les pennes de la queue, sont rayés transversalement de
brun et de roux jaunâtre ; ces dernières ont à leur extrémité
une grande tache de la dernière teinte ; celles des ailes sont
noires, avec la tige brune ; au collier blanc qui est au-dessus
de la poitrine , en succède un autre de couleur noire ; tous
les deux se terminent sur les parties latérales du dos ; le
reste des parties inférieures est rave finement de brun , sur
un fond blanc terne qui occupe aussi les plumes des tarses;
les doigts, les ongles et le bec, sont jaunâtres ; longueur to-
tale , neuf pouces et demi. La femelle n'a ni bandes sur le
front, ni colliers; le haut de la tête est d'un roux jaunâtre,
varié de taches longitudinales noirâtres ; les joues et la
gorge sont poinlillécsdc brun; le rou et la poitrine, tachetés
longitudinalement de brun et de jaunâtre ; les plumes du dos
et des ailes rayées de br_un et de jaune ; les moyennes et le*
4,a? G A N
grandes couvertures des ailes terminées par une zone blan-r
che ; les pennes d'un brun noirâtre et liserées de blanc à
leur extrémité ; le bec et les ongles bruns ; la queue est très-
étagée , mais les deux pennes intermédiaires ne sont ni al-
longées, ni subuléeff.
Le Ganga DES Indes , Œnas indicus , Vieil!. ; Teirao in-
dicus, Lath., pi. 96 du Voyage aux Indes, par Sonnerat.
Cette espèce habite la côte du Coromandel, où elle est con-
nue sous le nom de caille de la Chine. Le mâle a la tête en-
tourée d'un bandeau noir ; le front blanc ; l'occiput rous-
sâtre , avec une raie noire sur chaque plume ; le cou d'un
gris sale et terreux ; les plumes de la poitrine mordorées et
bordées de blanc transversalement; le dessus du corps d'un
roux jaunâtre , traversé de petites raies noires et courbées
en arc ; les ailes avec des bandes alternativement noires et
blanchâtres ; les plus longues pennes d'un brun noirâtre en
dessus et grises en dessous; l'abdomen d'un gris terreux,
avec des raies transversales noires ; le bec jaunâtre ; les pieds
et les ongles bruns ; longueur totale, neuf pouces et demi ;
la queue est pareille à celle du ganga à deux colliers.
La femelle diffère du mâle en ce qu'elle a la tête d'un
roux jaunâtre avec une bande longitudinale dans le milieu ;
la nuque , le dos et le croupion, rayés de brun-noir et de
jaunâtre ; les scapulaires bordées et terminées par cette der-
nière teinte, qui prend un ton plus clair et qui est coupée
en travers de noir sur les convertures des ailes ; les plumes
des parties inférieures sont d'une couleur plus claire que
celles du mâle.
Le Ganga namaquoiS , Œnas namaqua , Tetrao namaqua,
Lath. , a la tête , le cou et la poitrine d'un gris cendré ,
inclinant au roux sur les côtés de la tête et de la gorge ;
celle-ci jaune ; un croissant blanc et étroit sur le haut de la
poitrine , au-dessous duquel il y en a un autre d'un brun de
chocolat; le ventre, jusqu'aux cuisses, d'un cendré pres-
que noir , teint de pourpre selon Themminck ; le reste des
parties inférieures d'un gris-blanc pâle ; le dos et le croupion
sont d'un brun de chocolat, plus foncé sur le bord des plumes;
les petites couvertures des ailes blanches et bordées de brun;
les grandes de cette dernière couleur, plus pâle surles bords
avec une tache bleuâtre à l'extrémité de chaque plume ;
les pennes noirâtres ; les secondaires terminées de blanc ,
et les primaires de cette couleur sur leur tige ; les deux pen-
nes intermédiaires de la queue subulées comme celles du
ganga cala, noires vers le bout et cendrées dans le reste ;
toutes les autres de cette couleur et terminées de blanc jau-
nâtre ; les plumes des pieds d'un cendré bleuâtre ; le bec est
G A N 4,3
d'un bleu sombre ; les ongles sont noirs. Longueur totale ,
dix à onze pouces.
La femelle , qui est un peu plus petite , a la tête et le cou
comme le mâle, et un peu striés de noir ; la partie supé-
rieure du corps rayée transversalement de noir , de blanc
et de roux; la gorge roussâtre ; la poitrine d'un blanc rous-
sâtre, avec des bandes brunes et longitudinales qui se présen-
tent quelquefois en forme de croissant ; le ventre rayé en
travers de noir el de blanc ; la partie inférieure du ventre
d'un roux clair ; les pennes latérales de la queue ont des
marques jaunâtres et brunes à l'intérieur et à l'extérieur; les
deux intermédiaires sont un peu plus courtes que celles du
mâle.
M. Themminck rapporte à cette espèce la gelinotte du Sé-
négal , pi. enl. n.° i3o. Buffon en fait une variété an ganga
cala; Latham a adopté son opinion dans son synopsis r et
l'adonnée pour une espèce dans son Index, sous la dénomina-
tion de telrao senegalus. Ce ganga du Sénégal a le bec noi-
râtre , la couleur générale de son plumage d'un rouge de tan
pâle , une strie bleuâtre au-dessus de l'œil ; le menton et la
gorge fauves ; le devant du cou et la poitrine marqués de bleu
pâle; les couvertures des ailes avec des taches sombres; les
pennes intermédiaires de la queue pareilles à celles du gwjg-a
rata , et les autres delà même couleur que celles de cet oiseau.
Des individus ont une bande rousse sur la poitrine, mais la
couleur est plus foncée que sur l'individu de la planche enlu-
minée. Le caractère d'aprèslequel M. Themminck s'est décidé
à donner la gelinotte du Sénégal pour n'être pas une variété du
ganga cala, consiste dans la hauteur de la base du bec qui est
de quatre lignes chez celui-ci , et seulement de deux chez
l'autre.
Sparmann a vu le ganga qui fait le sujet de cet article ,
dans le pays des Namaquois , à la pointe australe de l'Afri-
que. Sa nourriture se compose des graines mûres des gra-
minées, et on le voit arriver en troupe près des sources
d'eau vive. Son vol est pareil à celui du pigeon , et il est
connu au Cap de Bonne-Espérance sous le nom de perdrix
des Namaquois. C'est de cette espèce que M. Levaillant parle
dans ses Voyages.
Le Ganga quadribande. V. Ga:.\
S. GlvpAiroJon ,nour/,*ra
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JO. (><>//l/l/lO/
jj . Gynfttefri
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%. (rofnomofe (a Mon ,
,2. us. (B.)
GATEAUX, Placefttœ. Klein donne ce nom à certains
Oursins. (DESM.)
GATEAUX DE LOUP. Champignons dugenre Bolet.
V. Seps ou Cèpes pinaux. (b.)
GATEAUX DE MIEL, Melita. Division établie parmi
les Oursins , par Klein, (desm.)
GAT-EL-CH ALLAH. Nom arabe du Caracal. (s.)
GATETA et GATICO. Noms donnés , en Espagne , à
une variété de Raisin noir, (ln.)
GATHUONE. Les Africains nommoient ainsi les Lai-
trons , suivant Tabernœmontanus. (ln.)
GATICK. C'est le Peuplier blanc, en Ialie. (ln.)
GATIES. V. GATETA. (ln.)
GATILLO , GATINO , GATUNA. Noms espagnols
de I'Arète-bœuf , Ononis spinosa. V. Bugrane. (ln.)
GATO. C'est le nom du Chat en espagnol et en portu-
gais. (<.)
GATO DE ALGALIA. Les Portugais ont donné cette
dénomination à la Civette, (s.)
GATRNIK. Nom de I'Anémone hépatique , en Bohème.
(LN.)
GATTAIR. Nom arabe d'une espèce de Canard, (desm.)
GATTARIA. L'Asaret et la Chataire portent ce nom
en Italie, (ln.)
GATT E. Sorte de poisson du genre Clupée , qui ne dif-
fère pas a «m), (ln.)
GAULIS. ( Vénerie. ) Branches d'un bois de dix-huit à
vingt ans. (s.)
GAULTHERIA. Genre établi par Kalm sur une plante
4So G A V
de l'Amérique septentrionale , et qu'il consacra à la mémoire
d'un naturaliste français qui exerça la médecine dans le Ca-
nada. Ce genre a été adopté : il comprend maintenant six
espèces. Voyez à l'article Palomier. Lamarck pense que le
gaultheria antîpoda doit être réuni aux Arbousiers. (ln.)
GAUR. V. Bruant gaur. (v.)
GAUR. des Arabes. C'est le Laurier, (ln.)
GAURA, Gaura. Genre de plantes de l'octandrie mono-
gynie et de la famille des épilobiennes , qui présente pour
caractères : un calice monophylle , caduc , et à limbe di-
visé en quatre parties oblongues et réfléchies ; quatre pétales
oblongs, onguiculés, rangés d'un seul côté, et insérés au
tube du calice; huit étamines , munies d'une glande à leur
base ; un ovaire inférieur, oblong, surmonté d'un style fili-
forme , à quatre stigmates oblongs et ouverts ; un drupe tur-
biné, quadrangulaire , acuminé à ses deux extrémités, strié,
dont le noyau est ordinairement uniloculaire et monos-
perme , mais présente toujours des vestiges de l'avortement
des trois autres.
Ce genre renferme cinq à six espèces , toutes naturelles à
l'Amérique. Ce sont des plantes bisannuelles , à feuilles al-
ternes et à fleurs disposées en petits bouquets ou en épis
terminaux. Long-temps on n'a connu que le Gaura bisan-
nuel , qui croît en Virginie , qui est propre à servir d'or-
nement dans les parterres , et dont les caractères sont : d'a-
voir les feuilles lancéolées , dentées , les pétales ovales et
courts , les étamines et le style inclinés. 11 est cultivé dans
les jardins, (b.)
GAUTEREAE.Nom vulgaire du Geai, (v.)
GAUTSKO. Nom de la Violette des bois (viola cam'nà) ,
en Norwége. (ln.)
GAUVERA. Quadrupède mal indiqué dans quelques an-
ciens voyages; l'on y dit que c'est une espèce de taupe sau-
vage , dont l'échiné est aiguë, et dont les pieds sont blancs,
ainsi que la moitié des jambes, (s.)
GAUZ et GAUZOZ. Noms que les Arabes donnent aux
Cocos. Rumphius prétend qu'ils dérivent de l'hébreu Egoz
qui veut dire noix, et d'où viendroit aussi le mot de cocos sui-
vant le même auteur, (ln.)
GAVARON. A Nice, on appelle ainsi les jeunes indivi-
dus de l'espèce du Spare smaris. (desm.)
GAVEZ ou GUVEZ. Noms de la Consoude chez les
Croates, (ln.)
GAVI-GAVI. En Italie , on appelle ainsi le Vanneau
(tringa vandlus ). (desm.)
G a y <&
GAVIA. Nom italien des Mouettes; c'est, dans Brisson,
leur dénomination générique, (v.)
GAVIAL. Nom spécifique d'un crocodile de l'Inde. Cu-
vicr en fait le type d'un sous-genre qui contient, outre cette
espèce, celle que Faujas a appelée le petit gavial (G . tenuiros-
tn's , Cuv.). V. Crocodile, (b.)
GAVIAN. Nom vulgaire de la Mouette tridactyle.
r. CTO
GAVION.Nom portugais de plusieurs Oiseauxde proie,
et particulièrement du Caracara. (s.)
GAVIAO. Nom du Caracara , au Brésil, (v.)
G WIOTA. Espèce de Mouette. V. ce mot. (s.)
GAVOUÉ DE PROVENCE. V. l'article des Bruants
(v.)
GAVRON. Nom polonais du Freux, (v.)
GAW'OR. Le Charme et I'Erable portent ce nom en
Bohème, (ln.)
GAYAC , ou BOIS SAINT , Guaiacum , Linn. ( décan-
drie monogynic.) Grand arbre de la famille des rutacées, qui
croît aux Antilles et au Mexique, et dont le bois est dur,
compacte , pesant et résineux. Ses feuilles sont opposées et
ailées sans impaire , et ses Heurs naissent en faisceaux à
l'extrémité des rameaux. Chaque (leur a un calice à cinq fo-
lioles inégales et caduques, cinq pétales ouverts et terminés
par un onglet , dix étamines, un ovaire supérieur porté par
unpédicelle très-court, et un style simple avec un stigmate
pointu. Le fruit est anguleux et surmonté d'une pointe obli-
que ; il a depuis deux jusqu'à cinq loges, qui renferment cha-
cune une semence, attachée à l'angle central de la loge os-
seuse par un cordon ombilical très- court. ( PI. 34-2 des Il-
lustrations deLamarck.
On connoît deux espèces de gayac : l'une à fleurs Unies ;
c'est le gayac officinal (guaiacum officinale , Linn.) ; l'autre, à
fleurs bleuâtres et dentelées, qui porte le nom de bois saint ou
gayac à feuilles de lentisque (guaiacum sanction , Linn. ).
Le Gayac officinal, est un grand arbre qui croît à S.-Do-
mingue et dans les autres Antilles. 11 est figuré pi. D 29 de ce
Dictionnaire. Son tronc est revêtu d'une écorce dure , cas-
sante et brunâtre. Il pousse plusieurs branches lisses et noueu-
ses, garnies de feuilles disposées par paires, et composées de
quatre ou six folioles ovoïdes et obtuses. Les fleurs , de cou-
leur bleue , sortent en grappes aux extrémités des rameaux.
Le fruit qui les remplace est une capsule charnue , à deux
angles, et faite à peu près en cœur. Cette capsule est rouge;
et quoique à deux loges , elle ne contient qu'une seule graine
462 G A Y
dure, ayant la forme d'une olive. L'autre graine avorte vrai-
semblablement.
Le bois de gayac a fort peu d'aubier; il est dur, pesant,
résineux, d'une odeur tant soit peu aromatique, et d'un
goût amer et un peu acre Sa couleur est jaune noirâtre. Ce
bois a toujours été regardé comme un bon sudorifique. On
Temployoit fréquemment autrefois pour guérir les maux vé-
nériens; mais la découverte des propriétés du mercure en a
restreint l'usage. D'ailleurs il a beaucoup moins d'efficacité
dans notre climat que dans les pays où il croît , et qui sont
situés sousla zone torride. Cependant sa décoction , ou celle
de son écorce, à la dose d'une once par jour dans une pinte
d'eau , est utile pour emporter les affections vénériennes
légères , qui n'ont point infecté la masse entière du sang.
Cette décoction fait la base des tisanes sudorifiques ordon-
nées en pareil cas. On la prescrit aussi avec succès dans les
rhumatismes et les maladies de la peau.
La résine de gayac a les mômes propriétés que le bois.
Elle découle naturellement, ou par incision , de cet arbre ;
dans le pays , onla nomme impvopremenl gomme de gayac.
Le bois de gayac. brûle mal ; il est si dur, qu'il émousse tous
les outils dont on se sert pour le couper ; il est employé aux
Antilles, à construire les roues et les dents des moulins à su-
cre ; on en fait des boules , des manches d'outils et d'autres
ustensiles, même de très-beaux meubles ; il est surtout re-
cherché, tant en Amérique qu'en Europe, pour faire les pou-
lies qui entrent dans le gréement des vaisseaux, les roulettes
des lits , etc.
Le Gayac a feuilles de lentisque. Cet arbre ne s'élève
pas à la même hauteur que le précédent. Ses feuilles sont plus
petites , et composées de huit à dix folioles ovales et oblon-
gues, ayant une pointe à leur sommet. Il est très-commun
dans l'île de Saint-Domingue : on le trouve aussi dans celle
de Porto-Rico et au Mexique. Son bois a la couleur du buis,
et il est aussi dur et aussi pesant que le bois de l'espèce ci-
dessus.
Ces deux espèces de gayac croissent avec une extrême
lenteur , même dans leur pays natal. On ne peut les élever
en Europe qu'en serre chaude, et les multiplier que par
leurs semences , qu'on est obligé de faire venir des pays
chauds.
Le Gayac africain, Guaiacum africamim , Linn. , ap-
partient, selon Lamarck , à la famille des Légumineuses.
On en a fait un genre, sous le nom de Schotie. V. ce mot.
0>)
GAYAC des Allemands. C'est le Frêne, (ln.)
G A Z £63
GAYACDE CAYENNE. J . Coumarou. (l*0
GAYAC (petit). C'est Le GLabrjer (glabraria tersa).
CLW.)
GAYAPAL/V. Nom donné, à Ceylan, au ero/o/i caiharUque
[çrotori tiglium, L.). (ln.)
GAYAPIN. Nom vulgaire du genista ang/ica de Linn.
F. au mot Genêt, (b.)
GAYE , GAYON. Envieux français, c'est le Geai, (v.)
GAYO. Nom espagnol du Geai.(v.)
GAYO COLORADO. Fruit d'un arbre de la dioécie
icosandrie. Il a été rapporté du Pérou par Dombey ; c'est
le même que le loque , également du Pérou , dont les cap-
sules sont an nombre de cinq , et dont les jeunes rameaux ,
suivant Joseph de Jussieu, servent, dans la province de Cus-
co, à faire d'excellentes cordes pour la construction des
ponts suspendus. Cet arbre paroit être, suivant M. de Jus-
sieu , le f/ui/laia de Molina. V. Quillai et SmegmadER-
MOS. (LN.)
GAYO MBA. Espèce de Genêt qui croît en Espagne
( spartîum monospermuin ). (LN.)
GAYON. Le Geai, en vieux français. V. ce mot. (s.)
GAYUBA. V. G au lia. (ln.)
GAZ. Substance réduite à l'état de fluide aériforme , par
sa combinaison permanente avec le calorique. Le gaz diffère
de la vapeur en ce que le calorique n'a qu'une adhérence
passagère avec celle-ci ; de sorte qu'à mesure qu'il se dis-
sipe , elle repasse à l'état de corps liquide ou solide. C'est ainsi
que les vapeurs aqueuses, qui exigent une température assez
élevée pour demeurer en cet état, repassent à celui d'eau
coulante par la diminution de la chaleur, et enfin à l'état so-
lide , en se changeant en glace.
Les gaz, au contraire , sont tellement unis au calorique ,
qu'ils ne reprennent la forme liquide ou solide que par l'effet
d'une nouvelle combinaison chimique avec quelque autre
substance dont l'affinité l'emporte sur celle du calorique , ou
lorsqu'on peut, par quelque moyen, opérer la soustraction
de ce dernier. C'est ainsi que les éléinens de l'eau ( ï hydro-
gène et V oxygène) demeurent constamment à l'état aériforme,
à moins , qu'on ne dégage, par la combustion , le calorique
qui les réduisoit à l'état de gaz; car , dès l'instant où ils sont
privés de la matière ignée qui les lenoit en dissolution , ils
se combinent subitement , et se montrent sous la forme d'eau
pure.
Les principaux gaz sont :
Le gai oxygène ou air vital; il entre dans la composition de
l'air atmosphérique pourrV„-, et dans la composition de l'eau
&l G A Z
pour ~s, le tout en poids. Il est un peu moins léger que
l'air atmosphérique : le pied cube de gaz oxygène pèse i once
4- gros 12 grains. Le pied cube d air pèse i once 3gros 3 grains.
Le gaz hydrogène entre dans la composition de Feau
pour,*^. Il est environ treize fois plus léger que L'air: un
pied cube de gaz hydrogène ne pèse qu'un peu plus de 6i
grains.
Le gaz hydrogène entre dans la composition du gaz am-
moniac dans la proportion d'environ 7- ; le surplus est du
gaz azote.
Le gaz hydrogène se combine très-bien avec le carbone ;
et c'est un gaz hydrogène carboné qu'on obtient dans la disso-
lution de la gueuse ou de l'acier par l'acide sulfurique, et
c'est le charbon qui lui communique une odeur fétide.
Le gaz hydrogène , combiné avec le gaz azote , forme Voir
inflammable des marais.
Combiné avec le phosphore , le gaz hydrogène a la pro-
priété de s'enflammer avec explosion, parle seul contact de
l'air atmosphérique.
Combiné avec le soufre , il forme le gaz hépatique, dont la
dissolution dans les eaux de source produit les eaux minérales
sulfureuses. (PAT.)
[ Le célèbre auteur de la Statique chimiques, fait remarquer,
depuis long-temps, quece gaz jouit de la plupart despropriélés
des acides, qu'il rougit la teinture de tournesol, et forme com-
me eux des combinaisons avec les bases alcalines, etc. On le
rencontre aussi dans la nature à l'état de liberté , et notam-
ment dans les volcans éteints de la campagne de Rome]. (luc.)
Le gaz azote est un des élémens de l'air atmosphérique , où
il entre pour environ -7^. Il entre également pour beaucoup
dans la composition de l'alcali volatil ; et comme il entre
aussi dans l'a composition de l'acide nitrique et du gaz ni-
treux , Chaptal l'appelle gaz nitrogene. On lui donne aussi le
nom de mofette atmosphérique , attendu qu'il tue les animaux
qui le respirent , sans être corrigé par un mélange suffisant
d'air vital.
Le gaz acide carbonique est une combinaison de carbone
et de gaz oxygène ;i\ entre pour environ -^ dans la composi-
tion de l'air atmosphérique. Ce gaz, est. un peu plus pesant
que l'air : un pied cube pèse 2 onces 4-O.grains. Use combine
très-aisément avec l'eau, et lui communique une saveur pi-
quante et vineuse, et diverses propriétés salutaires. Ce sont
les eaux minérales imprégnées de ce gaz qui sont connues
sous le nom d'eaux gazeuses ou acidulés.
Legs* ammoniii'-al est l'ammoniaque pure et séparée par
une distillation douce, de l'eau avec laquelle elle formoit
I ni (i/i volatil fluor.
Suivant les expériences de Priestley , l'étincelle électrique
tirée au milieu dagas mmmordaeai\ en augmente trois «ou
quatre fois le volume, el en dégage Au gaz hydrogène» D'autres
célèbres chimistes ont reconnu qu'il est composé de six par-
tics de gaz azote et d'une partie de gaz hydrogène.
Les acides minéraux passent à l'état de gaz par les modi-
fications qu'ils éprouvent, soit par une soustraction , soit par
une addition d'oxygène.
L'acide nitrique, en exerçant son action sur les matières
qu'il dissout, perd une partie de son oxygène, et se convertit
en gaz ait/eux.
lien est de même de l'acide sulfurique, qui devient gaz
acide sulfureux, lorsqu'onlui enlève une parlie de son Oxygène •
L'acide muriatique , au contraire, passe à l'état de gaz
sans rien perdre de son oxygène , et par la seule soustraction
de l'eau , dans laquelle ce gaz aride est dissous.
11 a même une telle affinité avec l'oxygène , que si l'on
expose de l'oxyde de manganèse à l'action de l'acide muria-
tique , celui-ci s'empare de son oxygène, et devient gaz-aride
muriatique suroi ygéae.
Le gaz nitro - muriatique se dégage dans la dissolution de
l'or on du platine par l'eau régale. Son odeur est très-désa-
gréable , et dangereuse à respirer.
Le caz aride fluorique se dégage pendant la dissolution du
spath-fluor par l'acide sulfurique. Ce gaz a la propriété re-
marquable de dissoudre la terre quarzeuse, et même de la
volatiliser et de l'enlever avec lui ; mais le contact de l'eau
ou d'un corps humecté la fait reparoître sous sa forme ter-
reuse. Le gaz fluorique a pour base une substance dont l'af-
finité avec l'oxygène est si grande , que le carbone même ne
sauroit l'en séparer.
Il existe encore plusieurs autres gaz, et surtout des com-
binaisons de gaz différens, mais dont les propriétés sont
moins connues que celles des précédens.
Le nom de gaz fut introduit par A an-Helmont , pour dé-
signer certains (luides aériformes incoercibles : et il est re-
marquable qu'il en ait fait surtout l'application aux élémens
de l'eau, ainsi qu'on le voit dans son Traite du Gaz aqueux. 11
avoit pressenti que l'eau n'étoit point une substance simple,
et qu'elle étoit composée de deux fluides dont l'un étoit extrê-
mement léger et pouvoit s'élever dans les parties supérieures
de l'atmosphère ; l'autre plus pesant , et tous deux réunis et
convertis en eau coulante par un troisième (comme nous
;C6 GAZ
voyons que les gaz hydrogène et oxygène sont combinés par
l'action du fluide électrique. )
Bernard de Palissy avoit pareillement reconnu , dans son
Traité de la Marne , que leau n'étoit pas une substance
simple , et qu'elle contenoit un fluide qu'il nommoit le cin-
quième élément , et auquel il attribue toutes les propriétés de
l'oxygène. Mais il étoit réservé à la chimie moderne de dé-
montrer , par des expériences exactes, une vérité qui n'avoit
été que soupçonnée par des hommes qui n'avoient pour
guide que leur génie , et cette sorte d'instinct qui fait de-
viner, au moins confusément, les secrets de la nature, (pat.)
GAZANÉ. Le Syngnathe pélagique s'appelle ainsi à
Marseille, (b.)
GAZANIE , Gazania. Genre de plantes établi par Gart-
ner, sur le gorleria rigens de Linnseus, qui diffère des autres
Gortères par ses semences véritablement aigrettées. Cette
plante , qui vient du Cap de Bonne-Espérance, a les feuilles
lancéolées , alternes à la base , pinnatifides au sommet , ar-
gentées en dessous , et les tiges uniflores. Sa fleur est très-
grande , à demi-tleurons jaunes, avec deux lignes blanches et
une tache noire à leur base, (b.)
GAZ/VR EL CHEYLAN. Au Caire , en Egypte , on
donne ce nom à un Tordylion , Tordylium anthriscùs , L. ,
nommé, àDamiette, koumeleh et goumely. (LN.)
GAZATHFALUS. Nom que les Arabes donnent à la
Casse des boutiques , Cassia fistula. (lis.)
GAZÉ , Papilio cratœgi. V. PlÉRlS. (l.)
GAZELLES. Cest le nom collectif d'animaux ruminans,
voisins des cerfs par leurs formes et leur taille, mais qui en
diffèrent en ce qu'ils ont des cornes persistantes, diverse-
ment contournées selon les espèces , et jamais rameuses. V.
l'article Antilope, (ln.)
GAZELLE proprement dite. V. Antilope gazelle.
(desm.)
GAZELLE A BOURSE. V. Antilope, (ln.)
GAZELLE A CORNES DROITES. C'est 1' Antilope
ORYX. (DESM.)
GAZELLE BLEUE ou CHEVRE BLEUE. V. Anti-
lope BLEUE. (DESM.)
GAZELLE D'AFRIQUE. On a donné ce nom , tantôt
à la gazelle commune , tantôt à 1' Antilope proprement dite
( Antilope cervicapra). V. Antilope, (desm.)
GAZELLE DE LA NOUVELLE-ESPAGNE. Bris-
son appelle ainsi un quadrupède de l'Amérique méridio-
nale, quiparoît appartenir au genre des cerfe, mais dont la
G A L 46;
description est trop incomplète pour qu'il soit possible de
déterminer l'espèce à laquelle il appartient réellement.
(DESM.)
GAZELLE DES INDES de Brisson, paroh être le
Pasan ou I'Antilope leucoryx. V. l'article Antilope.
(DESM.)
GAZELLE DU BÈZOARD ou ANIMAL DU BË-
ZOARD. 11 paroît que 1 animal ainsi désigné est le Pa-
seng ou Chèvre sauvage de la Perse,, et non I'Ahtilope
gazelle , comme Buffoo et quelques autres naturalistes ont
paru le croire, (desm.)
GAZELLE DU CAP DE BONNE- ESPÉRANCE.
C'est la Gazelle bleue ou Chèvre bleue. V. Antilope.
(DESM.)
GAZELLE (petite) DE JAVA. C'est le Memlnna ,
espèce du genre Chevrotain. (desm.)
GAZELLE SAUTANTE DU CAP DE BONNE-
ESPÉRANCE. V. Antilope springbock. (desm.)
GAZELLE TZEIRAN. V. Antilope de Perse, (desm.)
GAZOLA. Nom portugais du Butor, (v.)
GAZON , Cespes. On nomme ainsi toute herbe courte ,"
fine et touffue, qui couvre et tapisse un sol quelconque d'une
étendue plus ou moins considérable. Les allées des jardins ,
les parterres , les terrasses , les bois , les ruisseaux, les fossés,
les chemins publics ou vicinaux, et la plupart des champs,
sont ordinairement bordés de gazon. On voit aussi dans la
campagne, et surtout dans les grands parcs, des boulingrins
ou pièces de gazon de dimensions différentes, et qu'on en-
tretient pour l'agrément. Le gazon croît dans les cours, au-
tour des puits et des fumiers, et jusque sur les murailles. Il
s'empare de tous les lieux qu'abandonnent ou que n'occu-
pent pas les autres végétaux. Sa beauté consiste dans la fi-
nesse et l'épaisseur de son herbe, qui doit avoir peu d'éléva-
tion et qui doit être unie et comme veloulée.
Les gazons sont la robe de la nature ; ils forment un vaste
et magnifique tapis qui couvre la terre, et sur lequel l'œil de
l'homme aime toujours à se reposer. Ces draperies de ver-
dure diversement nuancées , et qui prennent toutes les for-
mes, se composent de tout ce qu'il y a de plus foible et de
plus petit dans les végétaux. C'est une herbe molle et tendre
qui fait la plus belle parure des champs'. Si ce simple vêle-
ment leur étoit oté, ils n'offriroient qu'un coup d'œil sec et
aride. Les arbres et les arbrisseaux nous elaleroienl vaine-
ment alors toute la pompe de leur feuillage et tout l'éclat de
leurs fleurs et de leurs fruits, leur aspect agréable et leurs
468 G A Z
abris ne pourroient nous consoler du spectacle offert par l'af-
freuse nudité de la terre.
Pourquoi l'intérieur d'une épaisse forêt nous inspire-t-il
presque toujours un léger sentiment de tristesse ? C'est parce
qu'on ne voit , à la surface du sol qu'elle ombrage , ni gazon ,
ni fleurs , qui égayent et reposent la vue. Tout y est grand ,
majestueux , mais aucun groupe , aucune masse d'objets ne
s'y montre sous des formes riantes et gaies. S'il s'y rencontre,
par hasard, quelques clairières qu'une fraîche pelouse couvre,
en les apercevant, lâuie sourit aussitôt à ce tableau, elle en
jouit avec transport , elle a peine à s'en détacher , et le voya-
geur, obligé de poursuivre sa route , n'entre qu'à regret dans
1 épaisseur des bois.
La teinte douce et variée des gazons , et leurs reflets ver-
doyans, répandent la fraîcheur et la vie dans tous les lieux et
sur tous les sites , même les plus sauvages. Ils ornent la cime
et la pente des coteaux arides , ils revêtent les rochers , cou-
vrent les pics et les gorges des montagnes , tapissent les val-
lons et les bords des fleuves, et forment autour des étangs et
des lacs , un cadre frais réfléchi par les eaux. Le long des
chemins , ils présentent de larges plate-bandes de verdure ,
que le commun des voyageurs foule avec indifférence, mais
que le naturaliste respecte. Le berger s'y repose quelquefois
agréablement, à l'ombre d'un buisson , pour entendre la voix
de l'objet qui lui est cher.
Il n'y a point de beau jardin, point de tableau naturel ou
paysagiste , sans gazon. Ce sont les gazons qui embellissent
non-seulement la campagne, mais même la toile sur laquelle
elle est représentée. L'ombre des bosquets , le doux murmure
des ruisseaux, la fraîcheur des grottes et des fontaines, per-
dent une partie de leurs agrémens , lorsque ces lieux n'offrent
point un siège de verdure au voyageur. C'est surtout aux
bords ou à l'entrée des bois, et sous les abris qu'ils procu-
rent, qu'on aime à trouver une herbe épaisse et molle , pour
pouvoir s'y reposer pendant la chaleur du jour, des fatigues
du travail ou d'une longue course.
Si les gazons , au lieu de ceindre un bois touffu, sont eux-
mêmes environnés d'un léger cordon d'arbres à feuillage
tremblotant, tels que les saules et les peupliers, ils offriront
un tableau plus séduisant encore et plus frais , surtout lors-
qu'un filet d'eau claire et vive baignera leur surface ou leurs
bords.
On vante, avec raison, les gazons de l'Angleterre, et les
prés rians et gras de la fertile Normandie. En voyageant
dans ces pays, je me suis souvent arrêté pour admirer ces
G A Z 46g
riches et nombreux tapis verts qu'on y rencontre presque à
chaque pas. J'ai joui aussi, autrefois , du spectacle ravissant"
qu'offrent les savanes , dans les Antilles , lorsque , après quel-
ques mois de sécheresse , les eaux du ciel revivifient tous les
germes des herbes nombreuses qui les composent. Elles re-
verdissent aussitôt comme par enchantement , reprennent
dans quatre ou cinq jours tout leur éclat , et présentent , aux
diverses époques de Tannée , 1 image fraîche du printemps.
Ce tableau, qui se renouvelle toutes les fois qu'il tombe des
pluies tant soit peu abondantes, frappe les voyageurs et les
étrangers : car les campagnes de l'Europe n'en offrent jamais
un semblable.
Ainsi, la beauté des gazons tient évidemment au climat,
que tous les efforts de l'art ne peuvent suppléer. L'exposition
et la hauteur des sites où ils se trouvent placés , concourent
aussi à les rendre plus ou moins frais et humides , plus ou
moins verts et épais.
Quoique le gazon croisse partout de lui même , excepté
sur un sol frappé de stérilité , cependant , pour l'avoir plus
beau , on le sème avec soin , ou bien on le prend tout forme
dausles champs , pour l'appliquer sur le terrain qu'on ren\
en revêtir; il s'appelle alors gazon plaqué.
La meilleure graine de gazon , est celle des hauts-prés ,
parce que l'herbe v est plus fine. Avant de la semer, on doit
enlever toutes les pierres et les mottes , labourer le terrain à
un fer de bêche de profondeur, le niveler et y passer le râteau.
Pour faciliter encore mieux la levée du gazon, on peut répandre
sur la surface du sol un ou deux pouces de bonne terre ou
terreau. On sème alors , soit en octobre , soit après l'hiver.
La saison de l'automne est préférable, parce que les plantes
seront plus formées au printemps et craindront moins la sé-
cheresse. On doit semer fort épais , par un temps couvert et
calme , et recouvrir avec le râteau ; si l'on sème clair, chaque
plante tallera et donnera une herbe grossière. Quand, peu de
jours après , il survient une douce pluie , elle épargne la peine
des arrosemens; dans le cas contraire , il faut y avoir recours ,
et se servir d'arrosoirs garnis de leurs griffes à petits trous.
On doit aussi , lorsque l'herbe est sortie de terre, remarquer
les endroits trop clairs , et les semer de nouveau , à moins
qu'on n'aime mieux remettre celte opération au mois de sep-
tembre ou d'octobre de l'année suivante. Le gazon demande
à être fauché tous les huit ou quinze jours ; plus il sera tondu
souvent, plus il s'épaissira. 11 faut, en outre, l'arroser dans
les temps de sécheresse, et faire passer dessus un rouleau de
fer ou de pierre , afin d'aplanir le sol , d'affaisser l'herbe ,
et empêcher qu'un brin ne passe l'autre. La pratique la plus
47o O K A
avantageuse pour l'entretenir enbon état, est de Je' recouvrir
chaque hiver d'une ou deux lignes d'épaisseur de terre fine ,
et encore mieux de terreau.
La meilleure plante pour former des gazons est, sans con-
tredit , II vraie vivaCE , parce qu'elle a ses feuilles d'un vert
foncé, et ne craint point d'être piétinée; mais comme elle
épuise la terre où elle végète , comme toutes les autres , il
arrive une époque plus ou moins éloignée , selon la nature
du sol , où il faut la remplacer.
> Pour faire le gazon plaqué , on choisit, aux bords des che-
mins ou dans les pâturages , les pelouses du gazon le plus fin
et 1*.' plus ras ; on le lève à la bêche , en le coupant par carrés
à peu près égaux, ordinairement longs d'un pied et demi ,
sur un pied de largeur, et épais de deux à trois pouces. On
enlève la même épaisseur de terre sur le terrain qu'on veut
gazonner , et on y applique ces carrés , en les serrant l'un
contre l'autre. Alors des hommes armés de baltes , frappent
à coups redoublés sur le sol , pour l'aplanir et 1 identifier avec
le gazon , qui doit être ensuite arrosé largement, (d.)
GVZON D'ANGLETERRE. On donne ce nom à la
Saxifrage uypnoïde. (b.)
G\Z()N "D'OLYMPE, ou D'ESPAGNE, ou DE MON-
TAGNE. C'est le Statice vulgaire. V. ce mot. (s.)
GAZON DU PARNASSE. C'est la Parnassie et le
JVÎUGUET A DEUX FEUILLES. (B.)
GAZON TURC. La Saxifrage hypîsoïde porte quelque-
fois ce nom. (b.)
GAZOU. Les Guaranis, peuplade du Paraguay, appel-
lent de ce nom toute espèce de chevreuils. V. Cerf, (s.)
GAZZA, GAZZURA, GAZZUOLA. Noms divers de
la Pie, en Italie, (desm.)
GAZZOLI. C'est le Potamot perfolié , en Italie, (ln.)
GEAI, Garrulus , Briss. ; Corvus, Lath. Genre de l'ordre
des Oiseaux Sylvains et de la famille des Coraces. ( V. ces
mois.) Caractères : bec médiocre , garni à la base de plumes
sétacées dirigées en avant , épais , robuste , tendu , à bords
tranchans; mandibule supérieure à échancrure usée vers
le bout et inclinée brusquement à la pointe ; narines pres-
que ovales , ouvertes , ou découvertes , ou cachées par les
plumes du capistrum; langue cartilagineuse, un peu aplatie,
fourchue à la pointe; ailes médiocres, à penne bâtarde
courte , arrondie à l'extrémilé ; les trois premières rémiges
étagées , les quatrième et cinquième les plus longues de tou-
tes ; queue ou carrée ou arrondie; quatre doigts, trois de-
vant, un derrière ; les extérieurs unis à la base. Les geais
sont remarquables en ce qu'ils ont les plumes du sommet de
GfcA 47f
la lêle, allongéesel effilées, qu'ils redressent, quand ita son*
agités de quelquespassions. lis ont beaucoup de rapports avec
les pics; mais celles-ci n'ont pas le bec tout-à-fait conformé
de même, et s'en distinguent p*r une queue plus longue et très-
étagée: Les geais sont omnivores, seplaisentdans les bois, se
réunissent en familles à l'automne et se tiennent par paires en
été ; les uns voyagent à l'arrière-saison, et les autres sont sé-
dentaires. Ces oiseaux sont pétulans, criards et curieux; ils se
nourrissent de graines , d'insectes , de baies et même de
chair, mais ils n avalent point les morceaux entiers; s'ils sont
d'une certaine grosseur, ils les postnt sous leurs pieds et les
déchirent ; c'est ainsi que je les ai vus dépecer les glands et
les petits oiseaux. Les geais ne marchent point; leurs pas sont
des sauts. On trouve leur nid sur les arbres, ordinairement
vers le milieu; leur ponte est de quatre à six œufs.
( Nota. Les astérisques indiquent les espèces que je ne
certifie pas être de véritables geais.)
Le Geai proprement dit , Garrulus glandarius, Vicill. ;
Curvu s glanda rius , Lalh. ; a treize pouces cinq lignes de lon-
gueur; le bec noir; le sinciput couvert de plumes variées de
blanc, de noir et d'une teinte bleuâtre, le noir occupant le
milieu de chaque plume; celles qui recouvrent les narines d'un
blanc sale; les joues, le cou, le dos, les couvertures des ailes, la
poitrine ctle haut du ventre d'un griscendré ctvineux; le crou-
pion, les couvertures du dessus etdu dessous de la queue, les
jambes, blancs; la gorge et le bas-ventre blanchâtres ; les plu-
mes de l'aile bâtarde rayée transversalement de bleu clair ,
de bleu plus foncé et de noir à leur côté extérieur, tl à leur
bout , toutes sont noires à l'intérieur; les pennes primaires
de l'aile noirâtres, et bordées de gris plus ou moins foncé ; les
secondaires noires et blanches, quelques-unes variées de bleu
plus ou moins clair, cl plusieurs de marron; la queue noire ,
excepté à l'origine où elle est cendrée : l'iris blanchâtre ; la
langue et le palais noirs; les pieds d'un brun tirant sur la
couleur de chair. Le mâle se distingue de la femelle par la
grosseur de la tête et la vivacité des couleurs ; les jeunes diffè-
rentdesvieux par des teintes plus foibles.
Les geais , naturellement pétulans et vifs, ont des mouve-
mens brusques, se mettent facilement en colère , et s'empor-
tent souvent au point d'oublier leur propre conservation.
On en a vu , dans leur accès de colère, se prendre quelque-
fois la tête entre deux branches , et mourir ainsi suspendus
en l'air; aussi c'est lorsqu'ils se battent qu'on les approche
avec plus de facilité. Une agitation perpétuelle semble être
leur élément, en captivité comme en liberté.
Ainsi qxielespies , ils ont l'habitude de cacher ou d'enfouir
473 G E À.
le superflu de leurs provisions, et celle de dérober tout ce
qu'ils peuvent emporter. Ceux qui restent l'hiver avec nous ,
le passent renfermés dans les arbres creux , au milieu des
provisions de glands, de noix, de faînes et de légumes qu'ils
ont amassés , et ne se montrent que dans les jours doux. Dans
l'été, ils se nourrissent d'insectes, de vers, de pois, de sorbes,
de groseilles, de cerises, de framboises et de raisin ; ils man-
gent aussi lesœufset mêmelespetitsoiseaux,auxquelsilscom-
mencenl par arracher les yeux et la cervelle. Leur voix natu-
relle esttrès-désagréable,et ils la font entendre souvent; ils ont
aussi de la disposition à contrefaire le cri de plusieurs oiseaux,
mais c'est celui des espèces qui ne chantent pas mieux qu'eux.
Selon l'auleur àeV Aoiceptologie française « il s'en trouve dans
les bois qui contrefont si bien la chouette, qu'un pipeur, tant ha-
bile soil-il, s'y trouve souvent trompé. J'aurois cru, dit-il, que
ceux-là ne viendroient point à la pipée , mais l'expérience
m'a prouvé le contraire : ils y sont des premiers; et si on
veut les élever dans l'espérance qu'ils piperont, c'est fort
abusivement, car ils semblent avoir perdu avec leur liberté ces
cris de chouettes qui leur paroissent si naturels. » S'ils aper-
çoivent dans les bois un renard ou quelque autre animal
de rapine, ils jettent un cri très-perçant, comme pour s'ap-
peler les uns et les autres ; tous se rassemblent en peu de
temps, et semblent vouloir en imposer par le nombre, ou du
moins par le bruit.
Ces oiseaux préfèrent les bois aux lieux habités , nichent
plus volontiers sur les chênes , choisissent les plus touffus,
*t ceux dont le tronc est entouré de lierre. Au mois d'avril,
ils construisent leur nid de bois sec en dehors , et le garnis-
sent intérieurement de racines et de filamens d'herbes ; la
femelle y dépose quatre à cinq œufs , un peu moins gros
que ceux d'un pigeoiï de colombier, d'un cendré verdâtre ,
avec de petites taches foiblement marquées ; le mâle et la
femelle les couvent alternativement , et l'incubation dure
treize à quatorze jours. Cette espèce fait ordinairement deux
pontes par an. Les petits de la première subissent leur pre-
mière mue dès le mois de juillet, et suivent leurs père et
mère jusqu'au printemps de l'année suivante, temps où ils
s'accouplent et s'isolent pour former de nouvelles familles.
Quand on veut élever les- jeunes , il faut attendre que les
plumes de la base du demi-bec supérieur soient un peu sail-
lantes. La meilleure nourriture, que l'on puisse leur donner
alors, consiste en des pois trempés dans du bouillon et mêlés
avec du cœur de mouton cuit et haché menu ; et lorsqu'on le
peut, avec des fruits. D'autres les nourrissent avec du lait et du
pain ; mais cet aliment n'a pas assez de substance , aussi
G È A 473
en périt-il beaucoup f
cétacées, les cachalots, les baleines gigantesques. C'est aussi
dans les terrains les plus humides et les plus chauds de l'Afri-
'88 G E A
que et de l'Asie que naît le baobab , arbre de dimensions im
menses, d'une texture molle et presque cotonneuse (adansonia
digitata, L. ), le vaste ceiba , les figuiers d'Inde des Pagodes ,
dont leslourdes branches se Recourbent, se repiquent en terre,
et forment de grands berceaux naturels. Les moindres grami-
nées se développent sous ces chaudes contrées, dans une boue
riche et féconde , comme une forêt, en une taille extraordi-
naire de quinze à vingt pieds, et les cannes des bambous de-
viennent des arbres; les flèches des palmiers s'élèvent à cent
cinquante pieds , comme le pin araucaria , les casuarina , ete.;
tant la végétation ou la force de croissance a d'énergie pour
les animaux et les végétaux sous ces climats humides et
chauds !
Quel sera donc l'homme des mêmes contrées? Sans doute
il se soustrait à leurs influences trop malfaisantes le plus qu'il
peut , à cause des maladies qu'elles causent ; nous voyons ce-
pendant partout les habitans des plaines basses, des vallons
humides et fertiles, acquérir un développementd.'embonpoint
et de taille très-remarquable. Sous le raêm; parallèle , les
vaches laitières des vallées suisses, celles de la Gueldre et de
la Frise deviennent énormes au milieu de gras et humides
pâturages, tandis que celles des montagnes voisines sont pe-
tites, maigres, ne donnent presque pas de lait; mais il est
plus substantiel. De même , ces gros et puissans corps si
fiasques des hommes des vallons contrastent avec lamaigreur et
la vivacité des montagnards. Mais c'est surtout sous Tes cli-
mats chauds et humides que souventun développement mons-
trueux a lieu. La plus haute taille humaine connue est celle
d'un Nègre du Congo, de neuf pieds de longueur, vu par
Vanderbroek , Voyages, pag4-i3. Lacaille cite, aussi dans son
Journal historique , pag. i/j.3, un Hottentot haut de six pieds
sept pouces. Les habitans d'Otahiti et des îles voisines,
les mieux nourris, sont de haute et belle taille; ainsi Tonne
doit pas établir que tous les habitans des pays chauds sont
petits , et tous ceux des pays modérément froids sont grands ,
mais que l'humidité sous tous les climats favorise extrême-
ment l'accroissement pour la hauteur, comme pour les au-
tres dimensions.
Si, comme on l'a remarqué, le mouvement de rotation
diurne de la terre décrivant un plus grand cercle sous les ré-
gions équatoriales, diminue la pesanteur, ainsi que le prouve
le ralentissement des oscillations du pendule en ces climats;
si la force centrifuge y devientplus considérable, ainsi que le
portent à croire le renflement du globe terrestre vers l'équa-
teur et son aplatissement vers les pôles ; si les montagnes ,
sous la zone torride et les tropiques, sont plus élevées que
G E K 4!î9
celles des climats tempérés et polaires, comme les observa-
tions l'ont démontré , pourquoi la même force centrifuge, ou
la diminution de la pesanteur, ne permcttroit-elle pas aux
végétaux de s'allonger, de s'exhausser davantage:' Aussi c'est
sous les tropiques que croissent les arbres les plus élevés de
la terre; c'est aussi là qu'on observe les animaux de plus
puissante stature , la girafe à col allongé, ayantdix-huil à vingt-
deux pieds de haut, et pouvant, lorsqu'elle se dresse, paître
les sommités du feuillage des forets. De même 1 homme, na-
turellement formé pour la station verticale, doit subir, comme
toute la nature de ces climats éqnatoriaux, l'élongation qui
résulte d'une moindre pesanteur, ou d'une plus grande force
centrifuge, aidée de l'action de la chaleur qui élève aussi plus
facilement la sève dans les tiges, et le sang vers le cerveau.
C'est pourquoi l'on observe de grands corps chez les Nègres
des terrains humides de la chaude Afrique.
Comme les plantes qui végètent à l'ombre et dans une hu-
midité tiède, s'allongent beaucoup, il en est à peu près de
même de l'homme. Certainement nos campagnards dessé-
chés à l'ardeur du soleil, dans leurs travaux rustiques, sont
généralement de plus courte taille que les citadins , les bour-
geois ou même les artisans casaniers du même pays, qui se
tiennent dans l'ombre des maisons et à une molle tempéra-
ture. L'on a remarqué pareillement que leshabitans des pays
boisés, ou couverts de forêts, étoient plus grands, plusblancs
ou étiolés, que ceux des contrées d'un semblable parallèle ,
maisnues, exposées à l'air et au soleil; aussi les anciens peu-
ples de la forêt Noire, ou Hercynie, étoient de longs corps
blonds; caractères que l'on observe encore en quelques lieux
ombragés de Souabe et de Franconie , comme dans les fo-
rêts de la Lithuanie.
Ces influences des climats et des stations diverses ont pu
établir, par la suite des âges, des races, soit d'hommes, soit
d'animaux, et des variétés de végétaux, de différente taille,
dans chaque espèce soumise à ces influences. ( V . Homme ,
Race, Variété, etc. ). Mais il est une autre cause non
moins puissante , que nous devons examiner.
j^ 111. De T influence des nourritures solides et liquides sur la
grandeur de la taille. — Il est évident, par ce que nous avons
déjà dit, queles animaux et les plantes vivant dans les terrains
humides, acquièrent , en toutes leurs dimensions, une plus
grande procérité; c'est parce que toutes les mailles de leur
tissu sont plus aisément distendues à cause de leur mollesse
el par une plus abondante nourriture aqueuse qu'ils reçoivent
ou prennent.
En effet, nourrissez un homme ou un animal avec parci-
monie, d'alimeiis secs et durs, fumés, salés, tpicés, ou bien
4ç,o G E A
astringens, toniques, resserrans ; ne lui permettez qu'une
boisson peu abondante , et encore un vin âpre et acerbe ,
comme du gros vin rouge, tartareux, et surtout des spiri-
tueux, des acres, qui racornissent et crispent les fibres; il est
très-manifeste que cet individu deviendra maigre , court ,
compacte dans tous ses organes. Au contraire , prodiguez ,
dès l'enfance, des alimens très-humides, soumettez à l'usage
du lait, de la bouillie et des pâtes, aux boissons mucilagineu-
ses de bière , d'hydromel, de petit-lait, de chocolat oléagi-
neux , de liquides chauds et délayans , un individu ; bourrez-
le , gonflez-le à volonté de tous les alimens propres à disten-
dre et accroître son organisation, comme» lorsqu'on veut en-
graisser les oies, les porcs, etc., il pourra devenir colossal
et gigantesque dans sa stature, relativement à un individu
nourri d'après une méthode opposée. Watkinson (Philoso-
pliical swvey of Irelanct, Lond. , 1777, m_8.° , p. 187), dit
que le célèbre Berkeley, évêque de Cioyne, voulut essayer
sur un enfant orphelin, nommé Macgrath, si l'on pouvoit
faire parvenir un individu à une taille aussi extraordinaire,
qu'on assure qu'était celle de Goliath, deOg, roideBasan,
et d'autresgéans cités dans la Bible. A seize ans, cet enfant
avoit déjà sept pieds anglais de haut, et on le conduisit en
divers lieux d'Europe pour le faire voir comme une merveille.
Le Londun Chrurdde de 1760, p. 5o6, lui donne sept pieds
huit pouces anglais. Mais ses organes étoienl si débiles et si
disproportionnés , qu'à vingt ans , Macgrath mourut de vieil-
lesse dans une imbécillité totale d'esprit et de corps. Or ,
quoiqu'on ne dise point quels procédés avoit suivis l'évêque
Berkeley, pour solliciter à ce degré la croissance de cet in-
ilividu, il est certain que des boissons chaudes, humectantes ,
mucilagineuscs, facilitent l'allongement, comme une plante
bien arrosée croit rapidement. Au contraire , les jeunes
chiens roquets et carlins , de Bologne , devenoient de
vrais nains, parce qu'on leur faisoit boire de l'eau-de-vie ,
et qu'on les lavoit avec de l'esprit-de-vin, afin de raccour-
cir leurs fibres , de rapetisser leur stature. Les habitans du
nord de l'Europe prennent beaucoup de boissons, souvent
chaudes, le thé, la bière, l'hydromel, le lait, ce qui facilite
l'allongement de leurs corps mous et blonds; tandis que dans
l'Europe australe, on fait usage ou de vins spiritueux, ou
d'alimens très-épicés et plus secs ; aussi les corps sont en gé-
néral plus courts, mais beaucoup plus vifs, plus bruns,
plus impétueux que les premiers. Un Provençal, un Langue-
docien sont en effet, pour la plupart , bien autrement mo-
biles et minces que les Flamands.
Une remarque frappante , est de 'voir comment, sous les
mêmes parallèles, les peuples oenopoie* ou buveurs de vin,
G E A £91
sont de plus courte taille et plus ardens que leurs voisins,
accoutumés au laitage, à la bière, etc. Cette observation est
facile à faire dans la haute Allemagne ; les Saxons , les habi-
tans de la Frise, elc, sont bien plus grands et plus blonds
que les Autrichiens , que les riverains du Rhin, qui cultivent
la vigne ( V. aussi Adrianus Turnebus, devino). Les Turcs ,
buveurs d'eau, sont généralement plus grands et plus robus-
tes que les Grecs même les mieux nourris, qui boivent du vin.
Eu ce à l'usage des spiritueux, et du vin surtout, qu'on doit
attribuer raccourcissement de la taille de ces anciens Fraucs,
des Bourguignons, des Goths , des Lombards, qui jadis en-
vahirent la h rance , l'Italie, 1 Espagne, et qui aujourd'hui
ne présentent plus généralement ces grands corps blancs et
blonds, anx yeux bleus, ayant, comme dit Sidoine Apolli-
naire, jusqu'à sept pieds de hauteur?
Hic Burgurdio septiprs fréquenter
Flexo poplile supplient quietc.
Cette taille équivaut à plus de six de nos pieds ( V. Pauc-
ton , Mes. aniiq. ). Mais nous verrons que d'autres causes
ont du pareillement concourir à celte diminution de la sta-
ture de plusieurs anciens peuples.
Il est facile de comprendre comment des nourritures sti-
mulantes et des boissons spiritueuses, excitant le système ner-
veux , la sensibilité , avivant la circulation, hâtent le mouve-
ment vital, et développent le corps avec une précocité rapide;
mais l'époque de la puberté étant d'abord sollicitée , ainsi que
l'acte de la génération, la croissance ou la végétation organi-
que est bientôt détournée , arrêtée. On est pubère dans les
villes de luxe et par des nourritures échauffantes, plus promp-
tement que dans les campagnes, où l'on vit davantage de lai-
tage et de végétaux. Mais l'usage du lait , des fruits et des her-
bages, donnant une nourriture plus rafraîchissante , plus hu-
mectante, ralentit les fonctions vitales; les périodes de la du-
rée étant plus longues, l'accroissement a tout le temps de
s'opérer. C'est ainsi que les simples pasteurs, les peuples
nomades, les Ethiopiens à si longue vie , ou Macrobies, dont
parle Hérodote, presentoient , malgré leur climat brûlant ,
de grands et beaux corps; ils subsistoient de lait et de fruits ,
comme ces anciens Germains dont les Romains admiroienl
les vertus, le courage, la majestueuse stature; c'est ainsi
qu'Homère nous dépeint ses énormes Cyclopesde la Sicile .
et Pcdyphème, se contentant de laitage et de chair. Tels
étoient aussi les Guanches et ces anciens habitans des îles
Fortunées (Canaries), ou ceux de la Taprobane (Cevlan) ,
qui ne vivoient pas moins d'un siècle, dit-on, avec ces ali-
492 G E A
mens naturels et doux, si propres à tempérer l'ardeur de la
vie et le feu des passions.
Les peuples qui recherchent les pâtes, les bouillies , le
laitage, les alimens mucilagineux et fades, deviennent de
grands corps simples et lourds, tels que les Suisses, les
Hollandais, les habitans du JBergamasc et duMantouan,
faisant usage de polenta, de maïs et de sorgho; comme aussi
les Valaqueset les Heïducques, la plupart grands individus
servant de gardes et de portiers chez les princes. De même ,
plusieurs peuplades nègres vivant de couz-couz , de mil
(panicum) , ou de coracan ( cynosurus, L. , eleusine , Willd.) ,
ou de patates farineuses (convolvulusbatatas , L.), ou des feuilles
mucilagineuses de gombo (hibiscus esculenlus , L.), présentent
de longs corps mollasses et inertes que l'écourgée du colon
a peine à faire mettre au travail , malgré l'abus de l'énergie
sur la faiblesse morale, et la langueur organique.
§ I V .Del 'influence du genre dévie sur la taille de l'espèce humaine.
— Un Européen civilisé, nourri chaque jour pleinement de
chairs succulentes bien préparées, de boissons fortifiantes,
est plus souvent malade de réplétion que de disette ; il sur-
passera sans peine, en force corporelle et en taille, les sau-
vages, quelque favorisés qu'ils puissent être des avantages de
la nature. C'est ce que démontrent les recherches de Péron
( Voyage aux "Terres australes, t. i ), et les expériences faites
avec le dynamomètre. Outre les famines qu'éprouvent néces-
sairement plus ou moins les sauvages, dans leur imprévoyance
çt leur paresse; leur vie continuellement exposée soit à la
froidure, soit à l'ardeur du soleil, soit à cette humidité sur-
tout préjudiciable à la santé , débilite leur organisation plus
que ne le fait la vie civilisée , soustraite à toutes ces influen-
ces trop directes des élémens sur nos corps. Aussi, malgré
la puissance de 1 habitude, pour résister à ces nuisibles in-
fluences, on voit plusieurs peuplades sauvages éprouver des
affections meurtrières; chez eux les seuls individus robustes
résistent, surtout sous les cieux froids. Nos animaux domes-
tiques sont pareillement de plus belle taille et plus prolifiques
que les mêmes races sauvages, moins bien nourries.
A l'égard de l'énergie du caractère, et du courage invin-
cible déployé par le sauvage, soit contre la douleur, soit
pour se venger de ses ennemis, il peut surpasser l'homme
civilisé , puisqu'une vie dure et impitoyable , l'exposant sans
cesse aux périls, à la rage des animaux et de ses semblables,
à tous les élémens conjurés , il doit devenir âpre , féroce ,
indomptable, pour se maintenir contre tant d'obstacles, et sa
pénible situation lui faitpresqueundevoir de l'anthropophagie.
Mais si l'homme déjà sorti de cette extrême barbarie, sait
G E A ^
*fc garantir de la disette en élevant des bestiaux, s'il vit heu-
reux et nomade comme les anciens Scythes ou d'autres peu-
ples pasteurs, il peut acquérir une riche stature dans l'inno-
cence patriarcale de ses mœurs cl la simplicité de ses goûts.
Avant l'état de civilisation actuelle de l'Europe, et la con-
quête des Romains, le Nord ou la Scandinavie, la Germa-
nie et une partie des Gaules étoienl couvertes de forets anti-
ques, et de marécages ou de terrains fangeux, parle débor-
dement irrégulier des fleuves et des rivières; le ciel étoit froid
e! brumeux. Aussi, les naturels de ces contrées portoienl l'em-
preinte de leur climat. C'étoient de grands corps blancs et
humides, ayant des yeux bleus, une longue chevelure blonde
ou rousse, un teint frais, mais l'air farouche, avec des habi-
tudes simples et martiales. Tous ces anciens Ombres et Teu-
tons défaits par Marius; toutes les nations germaniques con-
servoient à peu près les mêmes traits, parce qu'elles étoient
constamment sous les mêmes influences du climat et d'un
commun genre de vie , sans mélange avec des étrangers.
Qui leur donnoit cette stature gigantesque , dont l'aspect
effraya dabord la valeur des Romains? Nous le verrons
dans Tacite et les autres historiens. D'abord ces contrées
humides et couvertes de bois altribuoient nécessairement
aux corps une texture molle, un teint blanc et presque étiolé.
De là cet accroissement facile; et ce qui le favorisoit surtout,
c'étoit cette vie inculte et ignorante dès l'enfance, cette exis-
tence insouciante, adonnée à la bonne chère, aux abon-
dantes boissons de bière, d'hydromel, de laitage, et au som-
meil, près du foyer paternel , sous le même toit qui ren-
fermoit les bestiaux ; dans cette négligence et cette nudité
indolente, dit Tacite, les Germains s'accroissent en dévastes
membres que nous admirons. Ils ne se tiennent point comme
nous dans des villes, mais chacun élève sa maison solitaire
à son gré , dans la campagne qui lui plaît. Tout le jour ils
s'étendent près du foyer , se vêtissent à peine de quelques
habits ou peaux de bêtes sauvages. Chaque matin ils se lavent,
le plus souvent à l'eau chaude en hiver, ensuite se mettent
à table ; ce n'est point un vice de passer le jour et la nuit à
boire , et à s'enivrer de leur bière d'orge ou de froment ;
leurs alimens ordinaires sont de la chair fraîche, avec du
fromage et des fruits agrestes.
Mais rien n'est plus sévère et plus pur que leurs mœurs.
Les jeunes gens ne se livrent à l'amour qu'à un âge bien for-
mé ; il seroit honteux, dit César, à un Germain d'approcher
des femmes avant vingt ans: de là leur jeunesse n'étoil ja-
mais énervée.
On ne doit donc point s'étonner que tous les auteurs latins
4s4 G E A
s'émerveillent des immenses proportions de ces Germains
(Pomponius Mêla, De situ orbis^l. m , c. 3 ; Cœsar, Bell.
GalL, 1. tv; Columelle, 1. 3, c. 8; Végèce, Re milit. ; VI-
truv. , Archùect.; Quinctilianus , Der.lam. 3 ; aussi Josephe,
Bell, juddic. , 1. 1 1 , c. 16 ; Juvenal, Sut. v, etc. ). Les
Gaulois étoient moins grands, et les Romains plus petits en-
core que les Gaulois. Enfin, plus on s'avançoit vers le Nord,
plus les peuples sembloient devenir gigantesques et farou-
ches ; les Calédoniens ou Ecossais étoient de plus haute taille
aussi que les Bretons ou les Anglais (Tacit., in Agricola) ; et les
premiers historiens du Danemarck et de l'Islande ont cru ,
d'après d'anciens monumens, que la Scandinavie avoit élé
jadis peuplée de géans (Saxo grammatie. hist. Dan., proè'm.
Arngrim Jonas , Island. Descrlpt. c. 4- )•
Or, quoiqu'aujourd'hui les Allemands, les Prussiens , les
Danois , les Polonais et les Russes offrent de plus longs corps
et des complexions plus blondes et [dus molles que celles des
Français, des Italiens et des Espagnols, on ne peut néan-
moins les comparer à la haute stature attribuée à leurs an-
cêtres. Sans doute, les émigrations et les conquêtes des peu-
ples du Nord , depuis le troisième siècle jusqu'au sixième , et
plus tard , les invasions des Normands ; sans doute l'établis-
sement de l'empire de Charlemagne, et tous les remuemens
des peuples depuis tant de siècles, ont mélangé les races ,
altéré les tailles nationales, ainsi que les habitudes et les
mœurs dans toute l'Europe. Le sang des Sarrasins ou des
Maures s'est mêlé à celui des Goths , sur le sol de l'Ibérie ;
les Vandales, après avoir traversé l'Europe , se sont préci-
pités sur l'Afrique ; nos croisades ont reporté dans l'Orient
les successeurs des Galates , qui s'y étoient jadis fixés. Tous
les peuples sont aujourd'hui composés plus ou moins. Qui
débrouillera la généalogie , non-seulement des Cimbres , des
Teutons , des races gothiques sorties de la Scandinavie ou
Chersonnèse cimbrique vers la mer Baltique , mais des
Gètes, des Gépides, des Hérules,des Lombards, entraînés
par la fureur guerrière des Genséric et des Attila ; mais en-
core de ces Huns, ces Ostrogoths, ces Alains, ces Sarmates,
Quadcs et Marcomans , Croates , Avares , etc. , vomis par-
les antres du Caucase pour dévorer l'empire romain? {Voyez
Joh. Christ, de Jordan , De originibus slaviçis , Vienn. T 17 45 ,
in-fol., 2 vol.) Quoique ces peuples septentrionaux, de
belles proportions la plupart , aient dû rehausser la stature
des Européens plus méridionaux , comme les Francs , qui
étoient plus robustes que les Gaulois; quoique le sang nor-
mand se reconnoisse encore en France par un teint vif et des
cheveux blonds , tout fait présumer que la taille a pu dimi-
G F. A 495
«uer par l'effet de la civilisation et d'un genre de vie différent
des anciens. {Voytz Herinanni Conringii , de Germanirurum
corpomm habitas antiqui oc novî cousis, dissertât t'o , édil. 2,
Helmstad , i652, in-4~°; et Burggrav. , de habita Germon,
ejusque cous. , p. 8, sq., etc.)
Kn effet , comme l'observe Hufeland ,• toute notre civili-
sation actuelle tend à nous rendre éminemment nerveux , à
solliciter avec précocité l'organisation et le développement de
nos facultés; de là viennent ces affections spasmodiques , ner-
veuses et catarrhales, si multipliées aujourd'hui, à cause de nos
habitudes molles et efféminées. A peine un enfant est né
qu'on lui donne d'abord du vin , en plusieurs pays , sous
prétexte de le fortifier , ce qui crispe son petit et foible esto-
mac ; ensuite on l'abandonne à des nourrices étrangères ,
qui fournissent rarement un lait bien approprié à son âge ,
au tempérament qu'il a reçu. Heureux si l'on ne le comprime
pas encore dans d étroits maillots , qui retardent ou défor-
nieul sa croissance ! On le sevré souvent trop tôt, tandis que
tous les peuples simples allaitent leurs enfans au moins un
an , et les Mabométans , suivant le conseil du Coran , vont
jusqu'à deux ans ; aussi la plupart des Turcs sont robustes.
Les enfans marchent à peine , qu'aussitôt arrive la triste co-
horte des pédans ; puis les livres , les études arides et épi-
neuses des grammaires ; puis les punitions de toute espèce ,
les continuelles réprimandes, la vie sédentaire, appliquée.
Cela , sans doute , est nécessaire pour notre existence civili-
sée ; mais rien ne diminue , n'afîoiblit davantage la crois-
sance , le développement des organes ; aussi le système ner-
veux acquiert une activité prépondérante , au détriment des
autres systèmes ; nous devenons ingénieux, mais moins forts»
et les enfans rachitiques ont surtout d'autant plus d'intelli-
gence qu'ib sont plus délicats.
L'époque de la puberté est bientôt avancée par la préco-
cité du moral , par de pernicieux plaisirs solitaires qui, solli-
citant prématurément les organes sexuels, énervent la jeu-
nesse. Dès lors , la nutrition , détournée en grande partie par
l'excrétion dusperme, arrête l'accroissement , et les individus
restent courts de taille.
§. V. Si le genre humain avait jadis une plus haute taille qu'au-
jourd'hui, et s'il a pu, ou s'il peut exister des rares de géans?
Puisqu'on ne sauroit nier que parmi les nations les plus ci-
vilisées et dans les villes populeuses , l'espèce humaine ne
A\ génère , n'en peut-on pas conclure , avec plusieurs philo-
sophes , que nous allons toujours en déclinant , et que tout
diminue et se rapetisse sur la terre ? Cette question vaut
hieu la peine d'être examinée ici.
i9S G E A
Si l'on s'en rapporloit aux témoignages historiques, sacrés
et profanes, rien ne seroil mieux prouvé que l'existence des
géans dans l'antiquité la plus reculée. La Genèse, c VI, 4i
représente les premiers humains comme étant de taille gigan-
tesque et plus vivaces que ceux d'aujourd'hui. Des anciens
pères de l'Eglise {Lactance, l. Ji, c. i4; Athénagoras ,
Apologei. ; Clément d'Alexandrie, Slromat. , 1. m et v , et
Pœdag. , 1. il; Terlullien , De Idolat. , c. ix ; S. Cyprien , De
discip. ethab. virg. ; S. Ambroise, De Noë et arcâ, c. iv) , ont
regardé les géans comme produits par l'union des anges avec
les filles des hommes {froy. aussi Philon, De gigant. ; Josephe ,
Antiy.jud., 1. i , c. 4- ! Origcnc , Ap. Gennad. ; Eusèbe , Prœp.
evang.;S. Chrysostôme , Caien. ; S. Cyrille d'Alexandrie,
1. ix, etc.) ; toutes choses exposées dans les écrits de Goro-
pius, Becanus, Hiéron, Magius , Temporarius, dom Cal-
met , etc.
Il y avoit plusieurs peuples de taille gigantesque : les Ré-
phaïms , Cananéens cruels ; les Emims, anciens Moahites;
les géans d'Enac ou Enacims, étoient si grands, que les au-
tres hommes ne paroissoient devant eux que comme des sau-
terelles (Nombr. xill, 35). Og, roi de Basan, avoit un lit de
neuf coudéesdelong , ou déplus dequinzepieds (Deuléronom.7
III , 2). Goliath éloit haut de six coudées et une palme (Rois,
1 , c. 17, v. 4) = c'est environ dix pieds et demi.
Mais sans rappeler encore les histoires fabuleuses des Ti-
tans , ou des fils de la Terre , chantés par Hésiode et les au-
tres poêles de l'antiquité; ou le squelette d'Anthée , vu par
Serlorius vers Tanger , et qui avoit soixante coudées, selon
Plutarque ; ou le squelette d'Orion , de quarante-six coudées,
Irouvé en Candie, au rapport de Pline ; ou seulement celui
d'Oreste , haut de sept coudées ou douze pieds trois pouces;
celui du prétendu roi Teutobochus , décrit en i6i3 , par Ni-
colas Habicot , et qui devoit avoir vingt-cinq pieds de haut;
ou le géant Ferragus , haut de douze coudées , plus robuste
que quarante Espagnols, et qui fut tué, suivant nos chro-
niques , par le fameux Roland , neveu de Charlemagne , nous
rangerons tous ces contes avec ceux de Gargantua et de Pan-
tagruel.
Venons à des faits plus positifs , puisque aussi bien la ver-
sion de la Bible , par les Septante , traduit les mots nophel
etgiboor(au pluriel , nephilim et gibborim), par des hommes
violens , cruels et scélérats, tels quelSemrod , au lieu de tra-
duire par le terme de géans. S. Chrysostôme, Théodoret, etc.,
suivent aussi cette opinion ; et lorsque Dieu menace Israël
des peuples du septentrion, c'est plutôt d'hommes barbares,
belliqueux et impitoyables que de vrais géans (Sapient. 11, et
G E A «9>
Isaïe , c xiv, 4.1 , 4q; Je'rémie, c. xxxiv, 6, i3, i5, etc.;
Ezéchiel , vm, 48; Daniel , xi ; Zacharie, 11 , etc.)
Pline cite le géant Gabbare , vu à Rome , sous l'empereur
Claude, et qui avoit neuf pieds neuf pouces de haut. Martin
Delrio vit a Rouen, l'année 1572 , un Piémontais, haut de
plus de neuf pieds. Jul. Scaliger observa , à Milan , un géant
couché en deux lits placés bout à bout. La Gazette de France
rapporte qu'un squelette humain , de neuf pieds quatre pouces,
fut trouvé près de Salisbury (ann. 1719, du 21 septembre ,
art. Londr. ). Gasp. Bauhin (De Hermuphrod. , p. 78) cile
un Suisse haut de huit pieds; un Frison avoit aussi cette taille
(Van der Linden-, Physiol. réform. , pag. 24.2). Un Suédois ,
garde-du-corps du roi de Prusse, Guillaume I.«r, avoit huit
pieds et demi (Stoller, ÎVaschthum des menschen, pag. 18).
Diemerbroëk cite un homme de pareille taille, en son Ana-
tomie , p. 2 ; et Uffenbach a vu le squelette d'une fille d'aussi
haute stature (ltinèr. , tom. m, p. 546).
Indépendamment de ces faits particuliers et de beaucoup
d'autres cités par Haller(2)ws. de Gigantib., an. 1767) et par di-
vers auteurs, l'on demandera s'il est impossible qu'il ait existé
jadis des races d'hommes gigantesques. La terre, autrefois
plus fertile et plus jeune , disent les défenseurs de cette opi-
nion , tels que Torrubia , Lecat, etc. , portoit des animaux
plus puissans, des espèces plus colossales que celles d'au-
jourd'hui. Les glossopètres fossiles , qui sont des dents de
poissons squales , ont trois à quatre fois plus de grandeur que
ïesmemes dentsdenosplusfortsrequins actuels, commelere-
inarque Fabius Columna (De Glossopetris, dj'ss.), et les osse-
mens fossiles de megatherium , de palœotherium, décrits par
M. Cuvier , ceux de la plupart des éléphans trouvés enfouis
en divers climats , ne montrent-ils pas des individus prodi-
gieux en comparaison des plus grands d'aujourd'hui ? Voyons-
nous encore des baleines franches, longues de cent cinquante
pieds , comme il est avéré qu'on en trouvait jadis ? Il faut
donc convenir que ces races colossales ont diminué dans leur
stature, comme dans le nombre des individus, et même
elles peuvent s'éteindre et disparoître à jamais de la terre.
Virgile a pu dire que l'agriculteur admireroit un jour les
grands ossemens des premiers humains enfouis sous ses
guérets :
Grandiaquc effossis mirabitur ossa sepultis.
virgil. , Georg. 1.
Parmi les raisons apportées par Haller contre l'existence
des géans de l'antiquité, il dit que des hommes de quinze à
vingt pieds de haut ne seroient plus en rapport avec le blé,
xti. J2
498 G E A
les fruits qui nous sustentent , le cheval qui nous porte : les
arbres seroient trop petits pour nos édifices, etc. Mais ces
inductions ne sont pas de grande valeur , puisque de vastes
animaux peuvent bien subsister ; et d'ailleurs elles ne prou-
veroient point que les autres créatures organisées n'étoient
pas jadis également gigantesques à proportion de l'homme.
Nous ne voyons pas d'impossibilité physique à l'existence des
géans , ou de races d'hommes de sept a huit pieds , ou peut-
être plus , quoique cela soit douteux aujourd'hui. Voici ce-
pendant un fait récent et remarquable.
A la terre d'Edels , vers la rivière des Cygnes , M. Louis
Freycinet ( Voyag. de découv. aux Terres australes , Paris, i8i5,
in-4-° , p. 178), a trouvé des traces de pied humain, éton-
nantes par leur grandeur. Vlaming , cent cinq ans avant
nous , dit-il , avoit fait une observation semblable : Nous re-
marquâmes au rivage voisin plusieurs pas de personnes dune gran-
deur extraordinaire. On a vu d'autres pas , ou traces de pied
énorme , dans le havre de Henri Freycinet , et à la rivière
des Cygnes (Ibid., p. 204.) , et même on a aperçu de loin des
géans, sur la presqu'île Péron, à la terre d'Ëndracht (Ib.
Voyez aussi Péron, Voyage aux Terres australes, tom. II, pag.
201 , seq.}. A la vérité , M. Freycinet, qui a bien voulu nous
communiquer des détails à ce sujet, admet que ces hommes
n'ont été aperçus de loin , d'une si grande taille , que par une
illusion d'optique causée par le mirage , ou qu'à travers ces
vapeurs aqueuses , surtout sous les tropiques, qui agrandissent
énormément tous les objets.
Il est facile de prouver que le genre humain, s'il a pu dé-
croître en quelques âges et sous certains climats , ou par une
civilisation , une corruption de mœurs trop grandes, n'a pas
sensiblement dégénéré depuis environ quarante siècles. Nor-
den (Jim. JEgypl-, p. 75, 80), observe que les sarcophages
des anciens Egyptiens , dans la plus haute des pyramides ,
n'annoncent nullement une taille plus élevée que la nôtre. Il
en est de même des momies mesurées dans les catacombes
et les hypogées d'Egypte. 11 est permis aux poè'tes de feindre
que les anciens héros étoient des hommes gigantesques et ro-
bustes , comme Homère nous représente l'impétueux Dio-
mède, fils de Tydée , ou le bouillant Ajax, ou Hector lan-
çant un quartier de roche sur les ennemis : c'est ainsi que
Turnus lance à Enée une pierre que douze hommes d'aujour-
d'hui ne pourroient ébranler , selon Virgile. Les vieillards
qui vantent sans cesse le passé , se sentant affoiblis par l'âge,
soutiennent qu'on étoit plus vigoureux autrefois, comme le
dit Juvénal :
Namque genus hoc , vivo jam decreseelat Homero :
2erra muios 7
de le toucher pour que la main éprouve des démangeaisons
violentes, qui sont suivies de rougeurs et de pustules très-
douloureuses. Les alimens sur lesquels il dépose son hu-
meur, deviennent mortels pour ceux qui en mangent , ainsi
que Ta vu Hasselquist en Egypte, où il n'est pas rare. Sa
morsure est si dangereuse, qu'il n'y a point d'antre parti à
prendre que de couper ou de brûler sur-le-champ la partie
atteinte, liontius assure que le Curcuma est son contre-
poison.
Cet animal a quelque chose de l'espèce du caméléon. Sa
longueur, dont la queue fait la moitié, excède rarement en
r>ied. Il se tient de préférence dans les lieux humides , dans
es creux des arbres à demi -pourris, d'où il ne sort que la
nuit ou aux approches de la pluie ; mais il ne craint p<>s
d'entrer dans les maisons. Sa démarche est lente, excepté
lorsqu'il s'élance sur les insectes et les vers dont il fait ha-
bituellement sa nourriture. Il pond des œufs de la grosseur
d'une noisette.
Le Gecko de Mauritanie , Gecko mauritanicus, a le corps
couvert d'écaillés terminées par une épine ; la queue courte ,
garnie d'épines plus grandes et disposées en verticilles. Il se
trouve dans les parties méridionales de l'Europe , en Asie et
en Afrique. On le rencontre assez fréquemment en France ,
sur les bords de la Méditerranée, où on l'appelle lurenie. 11 se
plaît dans les lieux chauds, sous les toits, dans les fentes et les
crevasses des murs, et il évite les endroits humides. On ne le
voit point sortir de sa retraite lorsqu'il doit pleuvoir, mais
bien lorsque le soleil est dans sa plus grande force. 11 ne jette"
aucun cri et n'est point venimeux (d'aprèsl'observation d'Oli-
vier). Ses rapports avec le précédent, remarque Lacépède,
qui l'appelle Geckolte, sont si considérables, qu'il est difficile
de les distinguer par une simple phrase descriptive. Sa lon-
gueur s'étend rarement au-delà d'un demi-pied ; ainsi il est
de moitié plus petit que le gecko glanduleux. Il a , de plus , le
corps beaucoup plus épais proportionnellement : la queue
plus courte; et surtout il n'a point de tubercules glanduleux
aux cuisses postérieures. Le caractère qu'on tire de ses écailles
épineuses et de sa queue verticillée , n'est vrai que dans sa
jeunesse. 11 n'est par conséquent pas bon, mais on a dû rem-
ployer faute d'autre. Il est très-remarquable que cette espèce"
perde ses épines en avançant en âge. C'est la seule , dans la
famille des lézards, chez qui on ait remarqué ce phénomène,
qui paroît digne de l'attention des scrutateurs de la nature.
Le Gecko tète plate, Gecko fimùriuhis. 11 a la tète très-
aplatie, les côtés du corps et de la queue prolongés par une
membrane frangée, le dessous jaune, et le dessus changeant
xu. 66
5i4 G E C
comme le caméléon, d'après l'observation de Brugnières, qui
l'a vu à Madagascar , où il est appelé famocantratnn , selon
Drapper qui fait à son sujet un conte qu'on peut lire au mot
Famocantraton. Il se trouve en Afrique et à Madagascar ;
il n'est point venimeux , se tient pendant le jour sur les ar-
bres , occupé a courir après les mouches et autres insectes
dont il se nourrit , et se cache pendant la nuit dans des trous.
V. pi. D 3o.
Le Saroubé ( V. ce mot. ) paroît se rapprocher beau-
coup- de ce gecko , quoiqu'il n'ait que quatre doigts et point
de membranes latérales.
Le Gecko sputateur, Gecko sputator. Il aie corpsgris, varié
de brun, avec ioài2 anneaux d'un brun presque noir, liserés
de blanc. 11 se trouve dans les îles de l'Amérique. J'ai reçu de
Saint-Domingue , l'individu qui a été figuré par Lacépèdc ,
dans son Histoire des Quadiiipèdes ovipares. Il avoit trois pouces
de longueur. Sparmann , qui l' avoit le premier fait connoître
dans lesMémoiresde V Académie de Stockholm , pour l'année 1 784,
rapporte que ce gecko ne nuit à personne quand il n'est pas
inquiété, mais qu'il ne faut pas rapprocher de trop près ; car
alors il lance contre l'indiscret un crachat noir , assez veni-
meux pour qu'une petite goutte fasse enfler la partie du
corps sur laquelle elle tombe ; de là le nom de sputateur ou
cracheur qu'il lui a donné. Celte espèce offre une variété re-
marquable en ce que les bandes brunes manquent. Il est pro-
bable que cette variété , que j'ai , ainsi que Sparmann, re-
çue avec le sputateur , est produite par le sexe.
On guérit l'enflure produite par le gecko sputateur, par le
moyen de l'eau-de-vie camphrée.
Cette espèce s'éloigne un peu du genre; aussi Daudin l'a-
t-il placée parmi ses Abolis. V. pi. D 3o.
Le Gecko a oreilles, Geckoauritus. Il aune crête demi-orbi-
culaire de chaque côté de la bouche, etles trois doigts intermé-
diaires de ses pieds sont dentés en scie. On le trouve en Si-
bérie. V. pi. D 3o. Il a environ huit pouces de long. Sa cou-
leur est cendrée et jaunâtre , avec des points bruns très-rap-
prochés , et le bout de la queue noir. Les deux protubérances
rudes, molles , et remplies de sang , des coins de sa bouche ,
le rendent fort remarquable.
Les Geckos sans ongles , ocellé et cepédien, sont fi-
gurés pi. 5 de l'ouvrage de M. Cuvier , intitulé le Règne ani-
mal distribué selon son organisation.
Les Geckos Annulaire et Lobé le sont pi. 8 àagrand ou-
vrage de la Commission de I'' Institut d'Egypte , sur les animaux de
«ette contrée.
G E H 5x5
, Les Geckos de Siam et de Java constituent le sous-genre
Hémioactyle de Cuvier. (b.)
GECKOIDE , Geckoïdes. Péron ( Voy. aux Terres Atist.,
tom. i , pag. 4-°5 ) propose rétablissement d'un genre de
reptiles sauriens , sous le nom de geckdi.de pour placer le
gecko a large queue ( gecko palurus) Saw. , qu'il a observé
dans les lieux bas et fangeux des environs du port Juckson.
Il caractérise ainsi ce nouveau genre : corps extrêmement
plat ; tôle grosse ; yeux protubérant ; pupille linéaire et
verticale ; queue en forme de fer de lance , se détachant du
corps avec la plus grande facilité pour peu qu'on y touebe ;
doigts grêles allongés , très-comprimés latéralement , et dépourvus
des folioles qui caractérisent les geckos. Le gecko'ide de Péron
se nourrit de larves d'insectes aquatiques et de quelques-
uns de ses insectes mêmes, (desm.)
GECKOTIENS. Famille de reptiles sauriens , établie
par Cuvier, et qui est constituée par le seul genre Gecko. (b.)
GECKOTTE. Nom de la seconde espèce de Gecko, (b.)
GEDESIMMER. Nom donné , enNorwége, àl'ANEMONE
DES BOIS ( An. nernorosa ). (LN.)
GEDUAR et GEIDUAR. Noms arabes du ZÉ-
DOAIRE. (LN.)
GEDULDKRAUT. La Patience ( Rumex patientia , L. )
porte ce nom en Allemagne, (ln.)
GEECKA. Nom lapon du Coucou, (v.)
GEELGOELLING. L'un des noms allemands des Sou-
cis. (LN.)
GEERST-GEERS. C'est le Millet ( Panicum milia-
ceum ) en Hollande. (ln.)
GEERSELN. La Podagkaire ( JEgopodium podagraria)
porte ce nom , dans quelques parties de l'Allemagne. (LN.)
GEGENSTRAS. Un des noms de la Bourrache en Al-
lemagne. (LN.)
GEGVERS. Nom que les Arabes donnent au Mil-
let, (ln.)
GEHLENITE. Substance minérale découverte récem-
ment dans le royaume de Bavière , et que ses caractères doi-
vent f-iire considérer comme une variété remarquable de l'An-
dalousile {feldspath apyre , Haiiy ). On la fera connoitre à l'ar-
ticle Jamesonite. (ln.)
GEHLICE. Nom de l1 Arrête- bœuf ou Bugrane , en
Hongrie, (ln.)
GEHUPH. Arbre de l'Inde , qui porte un fruit que les
habitans de Sumatra appellent pêche de trapobune , lequel
contient une noix dont le dedans est fort amer, et a le goût
*i6 G E I
de la racine d'angélique. On en tire de l'huile fort estimée
dans le pays. 11 découle aussi de l'arbre une gomme qui a les
mêmes propriétés que l'huile. On ignore à quel genre appar-
tient cet arbre. (B.)
GEïDUAR. V. Geduar. (ln.)
GEIER. Nom allemand des Vautours, (v.)
GEIERADLER. C'est , selon Meyer , le nom allemand
du Gypaète, (v.)
GEIERLEIN. Le Sisaron ou Chervi {Sium sisarum)
est ainsi appelé en Allemagne, (ln.)
GE1R. Nom anglais du Vautour, (v.)
GEIRÂN. Nom altéré de celui de Tzeiran , que les
Turcs donnent à une espèce d'antilope. Voyez Antilope de
Perse, (desbi.)
GEISBLAÏT ( Cf lèvre-feuille ). Les Allemands nomment
ainsi, non-seulement les Chèvre-feuilles, mais encore l'A-
zalée , un Cytise ( cytisus nigricans) , le Trèfle des prés,
etc. (ln.)
GE1SBLUME ( Fleur de bouc. ). Les Allemands nom-
ment ainsi la Reine marguerite des prés , la Renoncule
scélérate , etc. (ln.)
GEISHOLZ. Le Troène est ainsi nommé en Alle-
magne, (ln.)
GE1SS. Nom allemand de la Chèvre, (desm.)
GEISSODE , Geissodea. Genre de plantes cryptogames
de la famille des algues, fait aux dépens des lichens de Lin-
nœus , et qui offre pour caractères , une croûte adhérente ,
foliacée , dont les folioles sont imbriquées , libres vers la cir-
conférence , et dont les scutelles sont sessiles ou très-peu
stipitées. Ce genre, par conséquent, comprend les lichens de
la seconde division de Linmeus , leprosi scutellali ; ceux qui
sont figurés planch. 2^ de l'ouvrage de Dillen, dont les prin-
cipaux sont les Lichens stellaire, centrifuge, pariétin,
OMPHALODE et SAXATILE. V. au mot LlCHEN.
Achard et Hoffmann ont appelé ce même genre Col-
LEMIE. (B.)
GEISSORHIZE , Geissorhiza. Genre de plantes établi
pour placer une douzaine d'ïxiES ; il offre pour caractères:
une spathe bivalve , lancéolée ; une corolle régulière à di-
visions ovales ; trois étamines à anthères frangées; un ovaire
inférieur, à style incliné , et à stigmate de trois lames cunéi-
formes ; une capsule membraneuse , ovale , trigone.
L'Ixie unilatérale, qui sert de type à ce genre, est fi-
gurée pi- no5 du Botanical Magasine de Curlis. (B.)
GE1TJE. Sparaiann a décrit, sous ce nom , un Lézard
du Cap de Bonne-Espérauce , qui passe pour très - venimeux
G E r, 5«7
dans cette colonie. Il rapporte qu'on lui a dit que sa irrorsarc
produisoit une lèpre qui se torminoit toujours par la ïnort ,
mais seulement après six mois ou un an do souffrances, pen-
dant lequel temps toutes les parties du corps se gangrèiioient
successivement et tomboient par lambeaux.
Il y a lieu de croire que ce rapport est le résultat d'un
préjugé ; car dans plusieurs pays on attribue aux lézards des
qualités venimeuses , on les accuse de causer des maladies
dont ils sont fort innocens. (b.)
GEL ( Maladie des arbres ). V. Arbre (tol*
GELA , Gela. Arbuste à feuilles opposées , ovales , lan-
céolées , très-entières, recourbées en leurs bords , glabres ,
luisantes , à fleurs jaune - verdâtres, disposées en grappes co-
rymbiformes, qui forme, selon Loureiro, un genre dansl'oc-
tandrie monogynie. V. Xime>ie.
Ce genre offre pour caractères : un calice très-court, di-
visé en quatre parties ; une corolle de quatre pétales linéaires;
huit étamines ; un ovaire supérieur, à style court et à stig-
mate épais et bifide ; une noix presque ronde et uniloculaire.
Le gela se trouve dans la Cochinchine. Ses feuilles exha-
lent , lorsqu'on les froisse , une odeur suave. Il se rapproche
si fort de I'Heymassoli de Forster , qu'on peut , sans in-
convénient, l'y réunir. (B.)
GELALA. Rumphius décrit trois espèces d'ERYTHRiKE ,
sous ce nom; l'une , YErythrinn fusra , Lour. , est le Gelala.
aquatic.a, Rumph. , Amb. 2 , t. 78 ; la seconde, YEryihrina Ia-
dica ou GelalaliUorea, Rumph., 2, tab. 76; enfin la troisième,
l1 Erythnna pic/a , qui est le Gciula alba , Rumph. , 2, t. 77. (LN.)
GELAPO. V. Jalap et Liseron, (ln.)
GELASIME, Gelasirriiis(Bntfon). Genre de crustacés, de
l'ordre de"E {Conus
geiimilis ). (DESM.)
GÉNÉRATION. Lorsque nous considérons les êtres vi-
vans qui peuplent le monde, et ce concours éternel de vie,
de reproduction et de mort, nous sommes frappés de la puis-
sance de la nature. Nous voyons avec effroi les âges entraîner
avec eux toutes les existences pour renouveler l'univers. Les
temps passés ne sont plus qu'un vain songe pour nous. Com-
bien de rois confondus aujourd'hui dans la terre avec les
derniers des hommes! Voyez ces princes des peuples: ils sem-
blent s'élever jusqu'aux cieux ; le tempspasse : voilà le colosse
brisé, et le pauvre cherche en vain ses ruines dans les lieux
qu'il remplissoit autrefois de sa gloire.
Telle est la loi de celui qui règne dans les cieux , loi qui re-
nouvelle et détruit, et dont les siècles sont les ministres. De-
puis l'homme jusqu'au moueberon , depuis le chêne jusqu'à
la mousse, tout naît et périt tour à tour; on n'achète l'exis-
tence qu'à ce prix. Les corps organisés sont les seuls qui doi-
vent mourir, parce qu'ils sont les seuls qui puissent vivre et
engendrer, car les minéraux n'étant pas organisés, sont pri-
?
532 G E N
vés de la faculté d'engendrer et de vivre. Voyez Corps or-
ganisés.
Mais le corps vivant tendant sans cesse à sa destruction ,
ses parties agissant sans cesse les unes sur les autres , parce
que la vie est un état violent et précaire, avoit besoin de ré-
parer son individu par la nutrition , et son espèce par la gé-
nération.
Celle-ci transmet donc la vie ; ainsi tout corps organisé est
pourvu dune impulsion intérieure on force initiale qui lui
est communiquée par la génération. La vie n'esj donc rien
autre que la cause même de la reproduction : c'est cet amour
universel, cet appétit de l'existence qui anime toute la matière
organisable. La vie n'est point , à proprement parler , séparée
en existences individuelles; c'est un principe général qui s'in-
sinue dans toutes les substances organisables , qui y dépose
la lumière vitale et le germe intérieur de leur fécondité,
parce qu'il ne suffit pas aux créatures animées de subsister
elle-mêmes ; il faut qu'elles puissent transmettre cette pro-
priété à d'autres êtres , comme un héritage éternel dont elles
ne sont que les dépositaires et les usufruitières. En effet , la
vie n'appartient point en propre à lindividu; elle est dans
la main de la nature ; c'est comme une liqueur qu'on rend
telle qu'on l'a bue dans la coupe inépuisable du temps.
La vie resse naturellement par la même cause qui l'a pro-
duite ; c'est-à-dire qu'elle se perd en se partageant ou se
communiquant , comme l'impulsion se perd par la communi-
cation de ses forces. C'est ainsi que le germe de la vie con-
tient en lui-même la cause de sa destruction. Plus la vie est
intense ou énergique , plus la mort est prompte ; et le moyen
d'exister long-temps est de vivre avec économie de ses forces.
C'est par cette raison qu'une existence latente et insensible,
comme de la plante dans sa graine ou de l'animal dans son
œuf, peut durer pendant plusieurs années. De même le
sommeil et l'engourdissement prolongent le terme de la vie
en différant de l'employer. Les excès, et surtout ceux de
l'amour, n'abrègent tant la vie que parce qu'ils l'usent beau-
coup en la communiquant ou la perdant.
Et quasi vitaï lampada tradunt.
Le principe vivifiant, source commune de tout ce qui res-
pire, est une émanation de la divinité; il n'est point de l'es-
sence de la matière, puisque la mort le sépare d'elle; il re-
passe dans de nouveaux corps et circule sans cesse dans toute
la nature. Obscur, foible dans les plantes et les plus imparfaits
des animaux , il se développe à mesure qu'il anime des espèces
plus parfaites. 11 se manifeste sur - tout lorsque , préparant
G E N -533
d'autres existences , il élabore les germes de nouveaux êtres.
Alors il anime toutes les créatures d'un esprit de vie qui
cherche à s'exhaler au dehors. Un feu subtil erre dans tous
les membres des animaux, pénètre dans les vaisseaux des
plantes; tous semblent frémir en présence de celle âme divine,
agent primitif des reproductions et moteur de tous les êtres
vivans. In Deo pm'mus, mootmur et sumus; la main de Dieu
tient le fil de nos vies, ou plutôt nous possédons tous une
parcelle de la divinité ; elle est répandue elle-même dans tout
l'univers : mais les corps organisés sont , pour ainsi dire , des
foyers où cette puissance divine s'est concentrée, tandis que
les masses brutes ne sont pourvues que de qualités plus géné-
rales et de forces mécaniques ou chimiques.
Cependant nous voyons qu'il s'élève un germe de vie, de-
puis la masse informe de terre jusqu'au champignon , du
champignon jusqu'au chêne , et depuis le ver de terre jusqu'à
l'espèce humaine. Cette àme de la matière semble germer
dans plusieurs minéraux, se perfectionner peu à peu dans les
végétaux, et s'exalta par nuances dans toute la série des ani-
maux jusqu'à 1 homme, qui en est comme la fleur, la por-
tion la plus délicate et la plus subtile. Consultez l'article Na- .
TURE.
§ I. Généralités sur la fonction reproductrice dans tous les êtres
organisés.
La manière dont on envisage la fonction génitale, dans la
plupart des traités de physiologie , nous semble tellement
étroite et imparfaite, s il nous est permis de le dire, que
nous ne pouvons pas suivre l'ordre qu'ils ont adopté. En
effet, le grand Haller, lui-même, avoit déjà bien vu qu'il
f.illoit généraliser la recherche du problème , si l'on vouloit
obtenir des vues saines sur ce profond et inextricable phéno-
mène. Il avoit rassemblé , dans sa grande physiologie, toutes
les observations faites sur les animaux et les végétaux, jusqu'à
son temps, par rapport à la génération. Il y avoit aussi réuni
ses propres recherches sur l'œuf et le poulet ; celles de Bon-
net et de Réaumur sur les pucerons; celles de Koëlreuter
sur les plantes hybrides, etc., parce que cet homme illustre
romprenoit que l'a reproduction humaine n'étoit qu'une scène
de ce grand acte de la vie universelle des créatures.
Kt , en effet, n'y a-t-il pas des êtres qui se propagent sans
sexe, sans liqueur fécondante , sans accouplement, etc.;
comme il y a des animaux qui possèdent l'ouïe sans conque
externe de l'oreille, sans méat auditif, sans membrane du
tympan , sans limaçon, etc. ? 11 faut ainsi considérer la'géné-
ration dans ce qu'elle a de général , d'essentiel, dans toutes
534 G E N
les créatures. IL faut faire la physiologie comparée de cette
fonction chez les animaux et les végétaux, puisqu'elle est une
faculté commune de tout être vivant et végétant. C'est ainsi
que l'histoire naturelle s'enchaîne nécessairement à l'étude de
la médecine , ou plutôt ce sujet physiologique n'est , ainsi que
beaucoup d'autres, qu'une branche de 1 histoire générale de
la nature.
L'ensemble de la matière est séparé en deux grands règnes
qui embrassent tous les êtres connus dans l'univers: i.° la
matière brute, qui est la base du globe terrestre , les fossiles ,
l'eau et l'air; 2.0 les corps organisés , qui sont les végétaux et
les animaux. La première , toujours inanimée, n'obéit qu'aux
impulsions physiques et chimiques , et aux forces mécaniques
généralement répandues dans l'univers. Le second règne ,
toujours animé , doué d'une force vive , est» composé d'êtres
qui tous naissent , se nourrissent , s'accroissent , engendrent
et meurent tour à tour. La pierre du temps du déluge sub-
siste encore aujourd'hui ; elle a traversé les siècles et persé-
véré dans l'éternelle immobilité de sa nf^ure. L'animal et la
plante se succèdent sans cesse, comme au sein de l'Océan le
flot remplace le flot, 1 onde pousse l'onde, qu'une autre
pousse à son tour. Empreintes fugitives d'un moule toujours
subsistant, elles ne sortent du néant que pour s'y replonger.
Le moment présent n'est qu'un point entre deux abîmes,
celui dupasse et celui de l'avenir, au milieu de l'océan
des âges. Le minéral ne connoît ni passé, ni présent, ni
avenir; c'est le contemporain de tous les siècles. Ne pouvant
pas vivre , comment pourroit-il mourir ? Tant que des for-
ces étrangères ne viennent point altérer sa forme et son es-
sence, il demeure toujours le même: chacune de ses parties
est indépendante du tout , elle peut subsister par elle-même ,
et n'a point d'individualité. La matière vivante, au contraire,
est composée de parties correspondantes entre elles, et qui ne
subsistent point séparément. Le corps organisé est un tout
individuel dont i'exislence est bornée , et dont la durée est la
seule mesure des temps. Les principes de son existence et les
germes de sa destruction, sont en lui-même; le minéral n'a
point de principes intérieurs d'existence ; il ne subsiste que
par les forces générales de la matière brute; tous ses change-
mens, toutes ses altérations n'émanent point de lui-même t
mais dépendent des puissances circonvoisines dont il est per-
pétuellement entouré.
La matière inanimée et les corps organisés sont ainsi un
éternel théâtre de vicissitudes ; tout change , tout périt, tout
s'altère, et tout renaît dans l'ample sein de la nature. Ce ne
s >nt pas des créations nouvelles de matière qu'on voit naître,
briller et s'éteindre successivement sur la scène du monde ;
G E N 535
ce sont de perpétuelles transformations et des changemens de
figures. La matière demeure la même au fond , mais elle
est tourmentée de mille manières par de secrets ressorts ; elle
est remuée en tous sens ; tantôt déchirée de combats inté-
rieurs dans ses entrailles, tantôt organisée par des principes
d'amour et de concorde entre ses diverses substances.
A l'origine des mondes, lorsque la matière , vierge encore,
parut pour la première fois dans le sein des espaces , sortait
des mains de son créateur, elle fût demeurée immobile et
éparse au milieu de l'univers , si la main toute-puissante qui
l'avoit fait na'îlre , ne l'eût empreinte des semences de vie et
des principes d'attraction qui la fécondent sans cesse. Celte
âme intérieure des mondes , est la nature ; force toujours
active, toujours constante dans ses changemens, toujours
obéissante aux lois immuables du créateur qui lui donna l'em-
pire de l'univers physique, et qui se réserva seul les droits de
la toute-puissance.
Cet esprit fécondateur de la matière , qui , semblable à Sa-
turne , au dieu du temps, engendre et dévore tous ses eofans;
celte âme du monde est la source des changemens que nous
y contemplons , et des générations successives de la matière
animée. Elle a été reconnue dans ious les siècles par les sages
des nations.
Principio cœlum , ar. terras, camposque liquenti* ,
Luceutomquc glolmtu lunse , Titaniaque aôtra,
Spiritus intùs aiit ; lolamque infusa por arlus
Mens agitât inolem , et niagno se corpore rnisoH.
Inde homiuum pecudumque genus , vitaeque voJantmn,
Et qua? nin^nioreo fort monstrasub aequore ponius.
Ignetis est ollis vigor et rœlestis origo
Semir.ibu.;.
Virgil. j£n. L. vi.
La matière, ou ce grand assemblage de corps qui com-
posent l'univers, est donc un mélange multiplié de divers
principes , dont la nature est fixe , invariable. Ce sont des
èlèmens qui entrent dans la composition des différens corps.
Les anciens en admettoient quatre : le feu, l'air, l'eau et la
terre; mais depuis que les observations des plusieurs ont fait
reconnoître que ces substances éloient encore composées de
diverses matières plus simples , le nombre des élémens a
paru plus considérable ; et ce que nous considérons aujour-
d'hui comme élémentaire , n'est peut-être qu'une preuve de
notre insuffisance pour en séparer d'autres élémens primitifs.
La nature enferme , dans ses profonds replis , le mystère de'
ses opérations ; l'homme n'en voit que l'écorce. Observateur
j>.'S
la femelle.
Plusieurs reptiles.
LPoissons cartilagineux
et quelques autres.
iDts insectes , des co-
quillages , des veis.
.Plantes vivipares.
Oiseaux.
iReptrles.
(Poissons.
/Crustacés , coquillages ,
insectes et vers.
JZoophytcs cchinoder-
mes.
Végétaux en général.
\
Vivipares vrais, ou mammifè-C jj
tes allait, ms
omme, quadrupïdes
et cétacés.
Nous mettons les plantes parmi les ovipares ; car qu'est-'
ce qu'une semence , un fruit , une graine ou amande quel-
conque , sinon une espèce d' œuf végétal ? Les faux vivipares
ou les espèces chez lesquelles les œufs eclosent dans le sein
maternel, ne diffèrent presque point des ovipares ordinaires.
( Consultez les articles Ovipare et Vivipare. ) On compte à
peine six cents espèces de vivipares vrais dans la nature or-
ganisée ; presque tout le reste est ovipare , car quelque*
gemmipares produisent aussi des œufs dans certains cas. La
plupart des végétaux et des vers peut se reproduire égale-
ment de bouture ou de semences et d'œufs ; de sorte qu'on
peut affirmer , en général , que les corps organisés sortent
d'un œuf : Omnia ex ooo , ont dit les naturalistes. Voyez les
mots OEuf et Ovaire.
Presque toutes les espèces d'animaux et de plantes qui
produisent des œufs , des graines ou des. petits vivans , ont
G E N 547
deux Sexes , ce que nous examinerons à l'article qui en trai-
tera spécialement , pour ne pas trop agrandir celui-ci.
Avant que de travailler à la perpétuité de l'espèce , l'indi-
vidu, soit animal , soit végétal , s'occupe de sa propre exis-
tence ; il se prépare pour le temps de l'amour , se fortifie , et
médite en silence le développement futur de sa vie. En effet ,
pour communiquer la puissance vitale , il.faut en posséder
surabondamment -, il en faut non -seulement pour soi-même,
mais en superflu. Or , L'enfance ne possède qu'une vie à peine
suffisante , les organes des jeunes animaux et végétaux ne sont
pas développés, nourris , remplis de force ; voilà pourquoi ils
sont incapables d'engendrer. Mais comme tous les êtres vi-
vans ont une croissance limitée , lorsque leur corps est par-
venu à ce point de perfection , les forces vitales ne sont plus
occupées au développement de ^individu; elles sont surabon-
dantes; et, comme elles tendent sans cesse à organiser, elles
aspirent à la reproduction. C'est ce qu'on exprime par le mot
amour ; c'est une tendance à l'organisation. L'amour , dans
l'individu , le dév eloppe et l'accroît ; dans le sexe ou l'espèce ,
il engendre et renouvelle.
Le temps de la puberté ou de la floraison dans les ani-
maux et les plantes, est donc placé vers l'époque de la limita-
tion de leur croissance , parce que toutes leurs parties ont
acquis un développement parfait, et jouissent non-seulement
de leur vie propre, mais d'un excès de force qui cherebe à se
répandre au-debors. En général , le sexe féminin parvient
plus promptement à l'époque de la puberté que le sexe mas-
culin , parce qu'il faut plus de perfection et de force à ce-
lui-ci qu'au premier. L'abondance de la nourriture accélère
l'accroissement et la puberté qui en est la suite : voilà pour-
quoi les hommes , les animaux , les plantes qui reçoivent
beaucoup d'alimens , se reproduisent plus tôt que les mêmes
espèces épuisées de disette et ajqÉfcvries de besoins. Mais la
chaleur influe beaucoup encore sur la précocité de la puberté
ou de la floraison des animaux et des végétaux. Les plantes
des pays chauds fleurissent tard dans les contrées froides ou
même tempérées, et celles des régions froides sont hâtives
et printanières dans les lieux tempérés. De même , les hommes
et les femmes du Midi sont pubères dès l'âge de dix à douze
ans , tandis quils le sont à peine à quinze ou dix-huit ans dans
le Nord La même observation peut se faire dans les animaux ;
et comme les oiseaux sont en général d'un tempérament chaud
et actif, ils peuvent engendrer de bonne heure. Mais l'époque
de la puberté est proportionnelle à la durée de la vie de
chaque être. Dans les mammifères , elle commence environ
au sixième de la vie totale de chaque espèce ; par exemple ,
548 G K N (
l'homme qui vit à peu près quatre-vingt-dix ans au plus , est
pubère à quinze ans. Ainsi , quand on connoîl à quel âge
un quadrupède est capable d'engendrer , 6n peut en conclure
que la durée de son existence est environ six fois au-delà.
Celte règle ne s'étend pas aux oiseaux et aux autres classes
d'animaux. On prétend même que plusieurs reptiles , et la
plupart des poissons, croissent pendant toute leur vie ; ce-
pendant ils engendrent assez jeunes, parce qu ils acquièrent
promptement une perfection suffisante d'organisation. Il
n'est point vrai d'ailleurs, qu'ils croissenttoujours;car quelle
seroit la limite de leur grosseur ? La mort naturelle , qui
n'est produite que par le décroissçment et l'affoiblissement des
forces réparatrices n'auroit donc jamais lieu dans ces espèces?
Dans les insectes , l'âge de la puberté n'arrive qu'à l'époque
de leur dernière métamorphose. Une larve, une chenille, une
chrysalide , ne sont point capables de s'accoupler. Le hanne-
ton, la mouche éphémère, demeurent pendant deux ou trois
ans dans la terre à l'état de larves , sans pouvoir se reproduire ;
mais lorsqu'ils ont reçu leur dernière forme, ils s'empressent
d'engendrer , et meurent aussitôt après avoir rempli ce de-
voir. La puberté des plantes est l'époque de leur floraison.
Le temps auquel les corps organisés sont capables de se re-
produire , est donc celui d'un développement plus ou moins
complet. Lorsqu'ils perdent par la vieillesse et le décroissc-
ment la plus grande partie de leur vigueur vitale , ils ne peu-
vent plus engendrer. Plus les êtres vivans abusent de leur fa-
culté générative , plus ils l'épuisent et deviennent vieux. La
vie de tout corps organisé a donc trois périodes ; la jeunesse ,
l'âge de la génération, et la vieillesse, hes deux extrémités de
la vie sont inutiles à la nature. A voir les dégoûts et les amères
douleurs dont elle abreuve la vieillesse de louslesêtresvivans,
elle semble supporter à peine un état qui n'est plus néces-
saire à la reproduction, lia nature n'accumule chaque jour
ses dons , ses plaisirs et ses grâces sur la jeunesse, que parce
qu'elle fonde sur elle toute l'espérance de la postérité des es-
pèces. Sur trois parties de la vie , le milieu seul est complet.
Le temps de la puberté des animaux et des plantes a même
des accès d'activité et des intermittences de repos. Sembla-
bles à certaines maladies chroniques dont les paroxysmes sont
réglés , le rut des animaux et la floraison des végétaux vivaces
ont des périodes déterminées de fonction. Lorsque le soleil
du printemps répand un esprit de chaleur et de vie dans l'at-
mosphère , la terre fermente et se couvre de productions ,
l'arbre déploie ses bourgeons, la plante épanouit ses fleurs ,
l'insecte engourdi se réveille et cherche l'insecte ; l'oiseau
appelle l'oiseau sous la ramée solitaire , et exhale son amou-
G E N 5/9
reux délire dans ses chants; le quadrupède , l'œil étincelant
d'ardeur, s'élance vers sa compagne et frémit d'amour ; mais
l'hiver , couronné de frimas , amène la tristesse et le repos
de mort sur la terre. Dans ces climats fortunés que n'aban-
donne jamais la chaleur fécondante de l'atmosphère , la fleur
remplace le fruit qui mûrit et qui tombe , la nichée de l'oi-
seau succède à la nichée , la génération appelle des générations
nouvelles. L'année n'est qu'on cercle perpétuel de fêtes; tous
les êtres ne semblent exister, dans ces heureuses contrées,
que pour s'y perpétuer au sein i\es plaisirs. La vie y passe
plus rapidement , parce qu'on l'use davantage. La chaleur
est, en général, l'un des plus puissans stimulans de la force
vitale el de la puissance génératrice; le froid est l'élément de
la mort. Aussi le temps du rut de la plupart des animaux ,
et de la floraison de presque tous les végétaux , est celui de
la chaleur plus ou moins vive , suivant le degré que demande
chaque espèce. A cette époque, les organes sexuelsgrossisscnt
et se développent ; car , dans la plupart des animaux , ils se
resserrent, se cachent, s'oblitèrent presque entièrement, lors-
que la saison d'amour est passée, ou avant quelle soit arri-
vée,de sorte qu'ilssont presque neutres, hors le temps durut.
Il n'en est pas de même des espèces qui trouvent des nour-
ritures abondantes , comme l'homme , les singes , le chien ,
le taureau, etc.; ils peuvent s'accoupler presque en tout temps,
quoiqu'il y ailune époquederut marquée poureux commeporr
les autres animaux. Plusieurs quadrupèdes rongeurs , et beau-
coup d'oiseaux , s'accouplent souvent et font plusieurs fois des
petits chaque année; aussi sont-ils presque toujours en rut.
§ V. De T Accouplement el des Phénomènes de l'imprégnation. Des
Unions de diverses espèces. De la Gestation et de l Accouchement.
Des Gemellipares. Du Mode de nutrition du fœtus.
Nous n'entrerons pas ici dans les détails qui concernent la
préparation du sperme dans les testicules des mâles, ni dans
tous les phénomènes physiologiques qui accompagnent la co-
pulation. Ils sont décrits aux articles sperme et testicules. Nous
ne prolongerons pas non plus cet article , par les descriptions
de V utérus , des trompes, de Y ovaire , de Y œuf humain et de ses
enveloppes, puisque cesorganes fournissent l'objet ri autant d'ar-
ticles particuliers. Nous ne devons donc traiter ici que de la
fonction génitale , dans ses généralités , parmi tous les corps
organisés, en les comparant à ce qui s'observe chez les mam-
mifères et notre espèce.
Les phénomènes de la fécondation, dans les animaux, sont
ceux qui accompagnent leur accouplement et leurs mariages.
Chez les plantes, la fécondation s'opère à peu près de même;
55 1 G E $
elles ont des étamines ou parties mâles, portant à leur som-
met des anthères couvertes d'une poussière fécondante qu'on
nomme pollen. Les organes femelles sont l'ovaire surmonté
d'un oudes pistils dontle stigmate reçoit lasemence. Comme la
plupart des fleurs sont hermaphrodites, et les étamincs voisines
du pistil, les fibres de leurs anthères étant élastiques , peu-
vent lancer aune petite distance, le pollen qui tombe sur le
stigmate; celui-ci , humecté d'une liqueur subtile, le retient.
Le pollen est un assemblage de petites bourses ou capsu-
les qui contiennent une essence très-délicate , l'humidité
fait rompre ces capsules , et Y aura seminalis , ou la matière
subtile et fécondante qui en sort, pénètre dans les canaux du
pistil pour féconder les graines. La nature a pris les mesures
convenables pour que cette fécondation pût s'opérer. Elle a
créé plus d'étramines que de pistils, pour l'ordinaire ; elle a
même donné à quelques-unes la faculté de se mouvoir pour
aller féconder l'organe Yemelle. Ainsi , dans la pariétaire , le
ciste des champs , l'épine-vinettc , et un grand nombre d'au-
tres espèces , les étamines sont irritables et se rapprochent
du pistil pour le féconder. Si le pistil est très-court , les an-
thères se réunissent sur le stigmate , comme dans les saxi-
frages , la parnassie , une espèce d'amaranthe ( celusîa ). La
corolle des ieucrium ou germandrées , serre les étamines
contre le pistil. Les fleurs qui se penchent ont des pistils plus
longs que les étamines, afin que le pollen puisse tomber sur
le stigmate , comme on le voit dans les campanules , la cou-
ronne impériale ( j titilla \ria ) , les perce-neige, etc. Plusieurs
fleurs aquatiques s'élèvent hors des eaux pour être fécondées ;
tels sont les nénuphars , les morènes , les valisnetia , etc. ;
d'autres demeurent au sein des ondes. Dans les plantes de la
syngénésie frustranée , il n'y a point de fécondation où man-
quent les pistils , comme dans quelques fleurons des soleils ,
des centaurées et jacées, etc. Si l'on enlève les étamines d'une
tulipe , d'un lis, avant sa fécondation, ses semences demeu-
rent stériles. Dans les plantes dont les étamines sont éloignées
et séparées des pistils , la quantité du pollen est très-consi-
dérable , et l'agitation de l'air peut le transporter à quelque dis-
tance : les organes femelles sont prêts à le recevoir , et l'atten-
dent avec une sorte de désir et d'impatience , comme dans les
saules , les peupliers , les noisetiers , etc. Les plantes dioïques,
c'est-à-dire mâles et femelles séparées sur deux pieds, comme
le chanvre , la mercuriale, les palmiers,-etc. , vivent plus ou
moins éloignées ; mais leur poussière séminale est extrême-
ment abondante et légère , et l'air la dissémine au loin , de
sorte que la femelle en reçoit presque toujours. D'ailleurs ,
les semences des végétaux dioïques fournissant des individus
G E N 55o
mâles et femelles qui croissent dans le même canton , ils sont
rarement hors de portée. Les anciens avoient considéré ce
fait sur les palmiers. ( Théophr. de Plant. , 1. vi. ) Les fleurs
femelles des figuiers sont renfermées dans un épais calice ,
de sorte qu'elles ne peuvent pas être fécondées par les figuiers
mâles ; mais une espèce d'insecte ( cynips ) fait un trou
dans ce calice, vers le temps de la fécondation , pour y dé-
poser ses œufs , et permet à la poussière séminale des fleurs
mâles de s'y introduire avec lui. Ainsi la nature se sert d'un
animal , comme d'un messager d'amour , pour féconder un
végétal. Lorsque de longues pluies arrivent au temps de la flo-
raison des arbres fruitiers, les fleurs avortent, parce que
le pollen des étamines est emporté par l'eau, et il n'y a
point de fécondation. Les plantes sont comme les animaux,
elles semblent avoir de l'amour et du plaisir dans leur géné-
ration ; leurs organes s'animent ; les étamines peuvent se re-
muer , les pétales se déploient , les fleurs témoignent une
espèce de volupté. Les noces et les amours des plantes tien-
nent le même rang dans la nature , que celles des animaux.
Les lois de la pudeur semblent même s'étendre jusqu'à elles.
Les étamines et leur pollen peuvent aller chercher le pistil ,
mais celui-ci conserve la chasteté jusqu'au sein de la volupté ;
il attend , dans le silence , l'esprit fécondateur que lui ap-
portent les Zéphyrs, et demeure tranquille. Chez les ani-
maux , les mâles ont souvent plusieurs femelles ; dans les
plantes , au contraire , les femelles ont plusieurs mâles. V. le
mol Polygamk.
L'accouplement des animaux est plu^compliqué que l'acte
de génération dans les végétaux. Lorsque l'animal entre dans
la saison d'amour, il s'agite, il perd le repos; une ardeur in-
quiète le tourmente; un feu secret le dévore ; il exhale ses
soupirs et ses douleurs par des cris, des accens de tendresse ;
l'oiseau dans le bocage , chante ses peines et ses plaisirs, ap-
pelle sa bien-aimée , construit son nid, et défie ses rivaux au
combat. Le temps de l'amour est aussi l'époque des guerres
des animaux. La jalousie est une passion instituée par la na-
ture, et destinée , qui le croiroit? à ennoblir les races, à écar-
ter les foibles, les maladifs, à donner l'avantage aux individus
jeunes , vigoureux et robustes, afin que l'espèce se maintienne
dans toute sa force. La jalousie peut faire le malheur de l'in-
dividu , mais elle est utile à l'espèce , et la nature ne consi-
dère que ce seul objet , comme nous l'avons montré ci-de-
vant. Voilà pourquoi tant d'animaux combattent pour avoir le
droit de jouir. L'amour est le frère de la guerre , et Mars est
toujours aimé de Vénus. Les femelles de tous les animaux
préfèrent les mâles les plus courageux , par un instinct d'à-
55a Cr V, N
mour très-remarquable. La foiblesse de l'une aspire après la
force Je l'autre. Le courage est le premier titre d'amour: la
ferveur de l'âge , la vigueur des membres, l'activité de l'ins-
tinct , l'impétuosité des passions , et la véhéirience des appé-
tits , annoncent que l'individu n'est pas incapable dedonnerla
vie. Qu'on examine même dans l'espèce humaine , combien
la nature se joue des entraves sociales , et devient plus puis-
sante que les religions et les lois, dans l'âge de l'amour. Tous
ces beaux sentimens qu'on décore du titre d'amour moral ,
toute cette métaphysique de sentimens , et celte délicatesse si
vantée, émanent presque toujours du physique', et tiennent
a lui seul. Les grâces, les charmes, l'amabilité, sont des qua-
lités physiques; c'est là que tend toute espèce d'amour. 11 n'y
a que l'amitié qui puisse être entièrement dégagée des liens
charnels. Le moral , je le sais , influe extrêmement sur l'a-
mour ; mais si vous y prenez garde , ces qualités morales , si
puissantes sur les cœurs sensibles , ont quelque racine dans
le corps , et n'en sont pas indépendantes. L'amour, sur le-
quel tant de gens raisonnent , n'est pas connu , quoique tout
le monde s'en mêle. La nature , plus ingénieuse que tout ce
que l'homme imagine, fait, même tourner ses facultés morales
et intellectuelles, au profit de la génération. C'est donc mal
connoître l'amour , que de le considérer comme une action
toute brutale ettoute charnelle; l'homme veutTassaisonner de
pudeur, d'attachement et de tendresse mutuelle; l'amour exige
un entier abandon de son être, il inspire une abnégation réci-
proque et totale , il rait l'âme toute entière , il lui faut le don
de la vie elle-même. Quiconque ne sait point mourir , est inca-
pable d'un véritable amour. Attachement du monde , lois de
la société , conventions humaines , tout doit céder quand il
parle : voilà l'amour tel que l'a fait la nature ; il est maître
partout , ou il n'est plus rien. On s'abuse en aimant , point
d'amour sans illusion. Nous croyons aimer une personne pour
elle-même ; il est pourtant vrai que ce n'est pas elle que
nous aimons , c'est sa faculté génératrice , c'est ce qui doit
émaner d'elle, c'est la postérité dont elle est la tige; car lors-
qu'une femme n'est plus capable d'engendrer , l'amour cesse
entièrement. On observe même que la plupart des hommes
ont moins d'amour pour une femme enceinte , que pour celle
qui ne l'est pas , quoiqu'on ait pour la première plus de res-
pect, de tendresse et de vénération que pour la seconde.
Nos sentimens se proportionnent naturellement et parins-
tinct, avec l'état d'une femme. Rien de plus aveugle et en même
temps de plus clairvoyant que l'amour ; c'est ce qui le rend
si inconcevable. Il semble qu'il s'exhale des émanations de
sympathie entre les sexes. Il y a un tel accord entre certains
GEN 553
caractères, une telle harmonie entre certains tempéramens,
qu'on aime une personne et on en hait une autre sans savoir
pourquoi.
Qu'est-ce que cette sympathie des cœurs, ces secrets liens
qui attachent les sexes par un mutuel amour ? D'où vient
cette concordance plus puissante que notre vie, et paria-
quelle on devient capable de s'exposer à mille morts pour ce
qu'on aime ? Pourquoi ces amours si violentes sont-elles ex-
posées quelquefois à se transformer tout à coup en haines
furieuses? Rien de médiocre dans les âmes ardentes. Cette
impétuosilé de sentimens dérive pourtant de la constitu-
tion physique. Ces rapports de sympathie sont le résultat
des conformités d'âge et de caractère , du mode de sen-
sibilité et d'une certaine correspondance entre l'état moral
de l'un et de l'autre sexe. La nature ne se contente pas
du seul physique, elle veut l'individu tout entier, pour l'im-
moler en quelque sorte à la postérité. On peut mesurer l'éten-
due de l'âme d'un homme par la grandeur de son amourmoral.
Ce qu'on appelle tiédeur d'amour , est plutôt petitesse et nullité
de l'âme ; ce qui se rencontre dans ceux qui sont comme plon-
gés dans la matière du corps.
Lorsque l'âme entière n'est point absorbée par l'acte de
l'union sexuelle, les produitsen sont foibleset délicats, comme
on le voit dans les enfans des hommes qui travaillent beau-
coup d'esprit. Les fils des hommes célèbres sont presque tous
indignes de leurs pères. On n'a jamais vu un grand homme
engendrer des grands Hommes. Les fils de Socrate , de Chry-
sippe, de Périclès, de Thucydide, de Cicéron, parmiles an-
ciens; de Racine, de La Fontaine, de Henri IV, de Crébillon,
dr ïîuffon, et de mille autres que je pourrois citer; aucun,
dis-je , n'a pu ressembler à son père. Au contraire, la plupart
des hommes devenus illustres par le caractère , le génie ou la
valeur, ont été le fruit d'un ardent amour, et ont eu pour
pères des hommes vulgaires, dont le mérite étoit tout phy-
sique. On compte surtout un grand nombre d'hommes célè-
bres parmi les bâtards , qui sont véritablement les fils de
l'amour. Cependant plusieurs femmes prétendent avoir conçu
sans avoir participé à la volupté; d'autres ont été imprégnées
pendant le sommeil. Mais ces faits laissent toujours subsister
le doute , et il paroît peu probable que la conception soit
possible sans un consentement intime et tacite, des organes
du moins, en supposanl que la volonté manque réellement.
Aristote s'est demandé pourquoi les difformités denaissance,
les monstruosités et les imperfections du fœtus, éloient plus
fréquentes dans l'espèce humaine que chez les animaux, et
il croit en trouver la cause , en ce que les hommes s'acquit-
554 G E N
lent quelquefois de Pacte vénérien négligemment , et en pen-
dant à d'autres choses , tandis que les bêles qui font l'amour
plus simplement, s'y adonnent tout entières ; aussi, les rus-
tiques habitans des villages , les hommes tout matériels ,
produisentles plus beaux et les plus robustes enfansdu monde,
parce qu'ils suivent mieux la simple nature que les grands du
siècle, toujours dévorés de passions, tracassés de soucis et
de peines, usés de jouissances, absorbés dans des affaires
épineuses ou des méditations abstraites.
La volupté que la nature a jointe à l'union sexuelle , est le
seul attrait de la reproduction , attrait impérieux et tyran-
nique, contrainte presque aussi puissante que la nécessité; car
les animaux y sont portés par un instinct plus fort que la vie.
Infiltras ignesque ruunt , amor omnibus idem. Avant même d'en
avoir connu les douceurs, ils en ont un pressentiment invo-
lontaire : et meniem Venus ipsa dédit.
Parmi les singes , les perroquets , les pigeons , les corbeaux
et quelques autres oiseaux , le moment de la jouissance est pré-
cédé de baisers et de tendres caresses, comme dans l'espèce
humaine. Les singes , les chauve - souris , les hérissons , les
porcs-épics, les phoques ou veaux marins, et les cétacés, s'ac-
couplent ventre contre ventre, tandis que les autres espèces
s'accouplent à la manière des quadrupèdes. Les chiens, les
loups , les renards, demeurent collés dans l'acte vénérien ,
parce que le gland des mâles se gonfle beaucoup , et le vagin
«e la femelle se resserre, de manière que la verge demeure
arrêtée pendant le temps de l'éjaculation de la semence ; ce
qui étoit nécessaire dans ces animaux , puisqu'ils sont privés
de vésicules séminales, et que leur sperme n'est pas dardé
dans l'utérus de la femelle , mais distille goutte à goutte. Or,
s'ils avoient puse séparer au moment de cette éjaculation lente ,
la femelle n'eût point été fécondée, et l'espèce se seroit éteinte.
Las femelles et les mâles des animaux s'attirent et s'excitent
mutuellement par des odeurs qu'ils exhalent au temps du
rut, et que desglandes sécrètent. Ces odeurs sont placées près
des organes sexuels, comme on le voit dans les castors, les
rats musqués, les civettes, les mouffettes , etc.
Cher tous les animaux à mamelles , il y a une véritable
intromission de la verge, et leurs femellessonttoutespourvues
d'un cli'toris , organe de volupté. {Consultez l'article Sexes.).
Le moment de la jouissance est accompagné d'un frémisse-
ment universel du corps , et d'une sorte de convulsion qui
fait tomber dans un état comateux et extatique. On a comparé
le coït à un accès d'épilepsic , et il en a presque tous les ca-
ractères, car il absorbe entièrement l'âme et le corps; on n'en-
tend, on ne voit plus rien; tout est mort excepté le plaisir;
G E N 555
lame est toute entière dans le sens dé l'amour ; on a vu des
personnes perdre la vie dans celte crise ( Schenk , de Coilu ,
«."g, Eph. nui. Cur.dec.3, an 9, obs. i63. Marcell. Douât.
Hist. mirab. lie. V. cap. 17); aussi le coït est mortel dans
certaines maladies nerveuses , ou après de grandes blessures,
des hémorragies, etc.; et lorsqu'il est répété trop souvent , il
ruine'cl détruit toute l'économie vivante. 11 faut songer qu'en-
gendrer , c'est dépouiller sa propre vie et abréger ses jours ;
c'est faire en quelque sorte son testament; c'est donner la
preuve qu'on est mortel , puisqu'on ne communique la vie
qu'au prix de la sienne.
Il est remarquable que le sperme ait une odeur analogue à
relie du pollen fécondateur de laplupartdesfleurs.Celleodeur
fade , et pourtant stimulante, se reconnoît dans la lîcur de
l'épine-vinelte (fjerberis), du châtaignier (fagus), de quel-
ques cistes, etc. Le pollen des végétaux contient de très-
petilescapsulcs que l'humidité fait ouvrir et fendre en quatre,
et desquelles sort une poudre exlraordinairementsubtile, pour
pénétrer sans doute, selon Bernard de Jussicu , à travers le
style du pistil , dans l'ovaire. De même, Néedham a remar-
qué dans la liqueur spermatique du poulpe (srpia. orlopus. , L.),
de petits tubes en forme d'étui, s'ouvrant comme par ressort,
au moyen d'une spirale qui se détend , et laissant écouler
alors des molécules spermatiques fécondantes. Tels sont
peut-être aussi ces ramuscules observés dans le sperme de
la plupart dc
etoît acide , celle la femelle alcaline, et qu'elles se combi-
noient comme un sel chimique. (Pascal, des Ferrnens, p. a45
et suiv. ). Vieussens aûmettoit que les semences éloient rem-
plies d'esprits. Van-Hclmont dlsoit que la femelle fournis-
soil la matière séminale et le maie une sorte d'esprit vital.
D'autres ont voulu que. chaque semence renfermât un ani-
mal non .développé, ou des parties d'un animal qui s'attiroieitt
ensuite et se rassemblaient. (Maupertuis, Vénus pfiysii/. , part.
3.) Empédoclc avoil déjà pensé, au rapport d'Aristote, que le
foetus exisloit dans les semences des deux sexes en portions
séparées, qui n'avoienl plus besoin que de se réunir entre
elles dans un ordre régulier pour former un tout complet.
Dans tous ces mélanges de semence on expliquoit facile-
ment la ressemblance au père et à la mère ; et Koëlreuter a
montré de môme que la poussière fécondante des végétaux
influoit beaucoup sur les produits.
Cependant les expériences de Spallanzani ont démontré
qu'un cent-millionième de grain de sperme de grenouille , et
privé d'animacules microscopiques, suflisoit pour féconder
dans l'eau une multitude d'œufs de femelles de grenouille; et ,
de plus, le petit têtard est déjà visible dans l'œuf non fécon-
dé , ainsi que les membranes du poulet sont formées dans
l'œuf de la poule qui n'est pas fécondé par le coq. C'est
donc la femelle qui donne le germe tout préparé ; c'est le
sperme du mâle qui en est l'excitateur ou le vivificateur.
3.° Les anciens ont aussi prétendu que le testicule droit des
mâles et la cavité droite de la matrice, produisoient des in-
dividus mâles; les femelles, au contraire, étoient engendrées,
selon eux, du côté gauche. Parménides , Anaxagore , selon
Plutarque ; Aristote , Hippocrate et Galien embrassèrent
cette opinion. Démocrite , Pline et Columelle ont même pré-
tendu qu'en liant le testicule droit ou gauche à un bélier, on
lui faisoit engendrer à volonté un mâle ou une femelle. Des
modernes, souvent imitateurs serviles des erreurs anciennes,
n'ont pas manqué d'adopter cette opinion ; mais Ambroise
Paré, Diemerbroek , Yerheyen , Alberti , Franco, EbI,
Massa, Fr.Hoffman, Amatus, Th. Bartholin, Vesale, et le
célèbre Harvey, ont démontré par l'expérience que des
hommes auxquels un testicule avoit été emporté, procréoient
des enfans des deux sexes; ils ont aussi reconnu que des fœtus
mâles se sont souvent trouvés du côté gauche de la matrice ,
et des femelles à droite; enfin que la trompe droite de Fallope
ayant été détruite , une femme engendra un garçon et une
fille. (Cyprian, Lettre à Millington , page 12). Miïlot, dans
un ouvrage intitulé Y Art de procréer les sexes à volonté , a re-
nouvelé avec succès cette fausse opinion des anciens , qu'il
574 G E N
s'est attribuée : cependant de nombreux essais ont démontré
le peu de foi qu'on devoil avoir sur de pareils objets.
4-0 L'hypothèse de la génération proposée par Buffon ,
tient des systèmes d'Hippocrate et de Démocrite ; il admet
que la semence est un extrait de toutes les parties du corps ;
qu'elle est un assemblage de molécules organiques qui reçoi-
vent la figure des parens par un moule intérieur. Ces molécu-
les organiques toujours vivantes, qui servent à la nutrition,
à l'évolution des animaux et des plantes, passent successive-
ment de corps en corps. Cette opinion ressemble encore au
système de la panspermie, proposé par Heraclite et par Hip-
pocrate {lib. de Diœ(d) , et renouvelé par Perrault, Gérike ,
Wollaston , Sturm , Logan , etc.
Dans cette hypothèse, que les père et mère fournissent de
toutes les parties de leur corps, des molécules pour compo-
ser un être qui leur ressemble , on ne sauroit nullement ex-
pliquer comment le papillon , par exemple , produit dans
ses œufs toutes les tuniques et enveloppes successives des
chenilles, qu'il ne possède plus lui-même, etqui doiventéclore
de ces œufs. Si l'on suppose un père et une mère manchots
du même bras, ou un chien avec une chienne , tous deux
ayant la queue coupée , il naîtra pourtant des enfans avec
deux bras bien conformés , et des chiens à longue queue or-
dinaire. Voilà donc la nature réparant , d'elle-même , les
défauts des êtres générateurs. Cependant, à la longue , les
chiens sans queue et sans oreilles externes , peuvent engen-
drer de petits chiens écourlés , avec d'autres plus parfaits ,
comme l'observe Blumenbach ; mais la nature aspire tou-
jours à reprendre le type primordial de l'espèce qui est son
modèle. De même, dans les amputés, l'âme se croit toujours
le corps complet, et le manchot se plaint du mal au bras
qu'il ne possède plus ; sa nutrition , toujours aussi considé-
rable que si le corps étoit entier, reverse un surcroît de for-
ces et de vie sur les organes subsistans. Ainsi, dans la géné-
ration, les facultés vitales de l'homme privé d'un membre,
ne laissent pas d'être entières.
5.° Néedham tient que la matière nutritive et la semence
ont beaucoup de rapports , que la vie végétale diffère peu de
la vie animale, et que la semence peut avoir divers degrés
d'exaltation, suivant lesquels elle peut produire un végétal ou
un animal plus ou moins élevé dansl'échelle de l'organisation.
Diogène , Hippon et toute l'école stoïque, admettoient que
le fœtus étoit produit par la semence du mâle seul ( Censo-
rinus, de die natali , cap. 5. ); la mère ne servoit que pour le
développement , comme la terre par rapport à la graine.
Le baron de Gleichen a suivi ce sentiment.
C & N §75
6.° On connoît l'hypothèse des vers sperm.n tiques, sou-
tenue par Harisoeker, Lceuwenhoeck , Boerhaave , Kcil,
Cheyne , Geoffroy, le cardinal de Polignac dans son Anli-
Luaère , Lieutaud, etc. Mais Valisneri supposa ensuite que
l'homme commence à être ver, qu'il se développe peu à peu
comme un inseclc qui se métamorphose. Celle opinion en-
traîna les suffrages de Bourguet, Woodward, Lvonnel, Bai,
Schelhammer, Paitoni , Launay , Duverney, Schlichling ,
Plouquet, Hambergcr, Sénac,etc.; etmcine Limueusainsi que
Buffon n'en furent pas Irès-éloignés. Spallanzani a montré
la fausseté de cette hypothèse en fécondant des œufs de gre-
nouilles sans ces vers.
7.0 Le système des œufs produits par la femelle seule , et
leur évolution, a été admis par Swammerdam , Malpighi,
Harvey, \alisneri, Plouquet et Graaf, qui les ont décou-
verts dans la femme. Cette opinion , aujourd'hui la plus
suivie , n'est pourtant pas à l'abri de toute difficulté. 11 est
évident que le sperme du mâle modifie beaucoup les organes
et la structure de l'embryon dans lcsmclets ou hybrides. Ainsi
la cavale montée par un âne, produit un mulet participant
des deux espèces à peu près également. Mais ce système «les
germes appartenant aux seules femelles expliqueront assez
bien la propagation des pucerons sans l'intervention des mâles.
8.° L'épigénèse, c'est-à-dire la formation partielle et suc-
cessive du fœtus, système déjà connu d'Aristote et de Ga-
lien, a été rappelé par Descartes, Harvey, Turberville Néed--
ham, Muller,etc; maissurtout par C. V. Wolf, qui l'appela
force essentielle (vis essentiatis). C'est à peu près ce que sou-
tiennent des physiologistes de ce siècle, sous le nom de nisus
format'wus, effort organisant, de principe vital, etc.; tels sont
Blumenbach, Barthez et plusieurs autres. Les formes plas-
tiques de Cudworth sont analogues à cette opinion, de même
que l'attraction des parties et la superstructure des organes
admise par Maupertuis.
Comme les organes ne deviennent visibles que lorsqu'ils
ont acquis de la consistance et de l'opacité, ils paroissentse
composer les uns après les autres. Ainsi le cœur, ou le point
saillant (punclum saliens ) devient visible le premier ainsi que
l'épine dorsale, puis les grosses artères et les veines, les
nerfs, les muscles, les os , enfin les membranes. Mais la na-
ture a jeté ses œuvres en moule , d'un seul jet ; ce qu'on
reconnoit à la parfaite symétrie et aux forces antagonistes
des diverses parties du corps : une pareille correspondance
ne pouvant s'établir que par un effort unique. Chaque or-
gane est tellement approprié à tous les autres, et lié par
tant de sympathies , qu'il ne se forme qu'un être individuel.
576 GEN
Toute parlie du même corps participe également au tempé-
rament général; la moindre fibre est intimement incorpo-*
rée à ce seul individu , à son genre, à son sexe, à son âge ,
kses habitudes ; elle vit de sa vie générale , elle concourt au
même but avec toutes les autres; enfin l'individu est unique,
ce qui seroit impossible , si chaque corps étoit formé de
pièces rapportées à plusieurs reprises et sans une puissance
qui agisse de concert et partout a la fois.
Lastructure des parties par l'attraction est une suite natu-
relle du système de l'épigénèse ; suivant Maupertuis et quel-
ques autres modernes, les molécules capables de s'organiser
sont attirées vers un centre ; par exemple , le nez af.ire les
deuxyeux, la main attire les doigts, le corps attire 1"S bras et
les jambes, à peu près comme las molécules d'un sv\ dis-
soutes dans une liqueur, viennent se disposer en cristaux ré-
guliers autour d'un même noyau. L'on a bientôt regardé la
génération d'un animal comme une véritable cristallisation
des molécules spermatiques , suivant un ordre organique ,
tandis que les molécules salines se disposent dans un ordre
géométrique.
D'ailleurs on démontre facilement que la formation suc-
cessive du foetus ne peut avoir lieu par apposition , ou su-
perposition d'organes. Ily aun enchevêtrement manifeste des
deux moitiés du corps. Ainsi, à commencer par le cerveau,
les nerfs optiques s'entre-croisent; cette décussation est très-
visible dans les poissons ; les deux hémisphères s'unissent
par le corps calleux ou mésolobe ; le croisement des fibres
nerveuses paroît bien prouvé parle phénomène des paraly-
sies et hémiplégies qui surviennent du côté du cerveau op-
posé à celui qui a reçu un choc ou une compression.
Et quand même les parties doubles et symétriques du
corps pourroient s'entre-croiser, il y a des organes essentiels
qui ne sont jamais symétriques , tels que tout le canal in-
testinal et les viscères abdominaux, le foie, la rate, le pan-
créas, etc. Il y a des os impairs, comme le vomer, etc., qui
ne paroissent nullement susceptibles de ce mode de struc-
ture , par réunion ou attraction.
L'énorme difficulté de comprendre la formation du fœtus
a fait reculer indéfiniment ce phénomène jusqu'à l'origine des
choses, par d'autres physiologistes.
g.0 Bonnet, Spallanzani et les écoles d'Italie ont suivi
l'opinion qu'il y a des germes préexistans et créés depuis
ie commencement du monde , mais emboîtés les uns dans
les autres et se développant successivement.
On a cité un singulier exemple de cet emboîtement dans
une dissertation de Ch. J. Aug. Oito, de fœtu puerperâ seu de
G E N S77
fœtuinfœtu; epistola , Weissenfels , 17^8, in-l^.0. Ce fœtus
femelle en contenoit un autre , mais cet exemple ne prouve
autre chose sinon que c'étoitune monstruosité, comme on voit
quelquefois un œuf dans un œuf , un citron dans un citron.
En adoptant d'ailleurs cette opinion de l'emboîtement
des germes et de leur existence antérieure à l'acte de la gé-
nération , il s'ensuit que Eve a du posséder tous les germes
des hommes nés et à naître sur la terre, jusqu'à la consom-
mation des siècles ; il en est de même pour chaque espèce
d'animaux et de plantes. Tel est le système de l' évolution.
Cet emboîtement suppose la division de la matière à l'in-
fini ; car non-seulement il faut compter tous les germes qui
se développent successivement, mais tous ceux qui avortent,
ou qui ne se développent pas, ou qui périssent avant de se
reproduire, avec toute la suite des générations qu'ils auraient
dû produire. Une seule plante de tabac ou de pavot, par
exemple, donne, chaque année, trois à quatre mille graines
assez petites; or, il faut admettre, dans celte hypothèse , que
chacune de ces graines contient non-seulement toutes les
parties de la plante qu'elle doit produire , mais encore les
graines qui en sortiront , puis les générations de ces graines
jusqu'à la fin du monde , en sorte qu'il faut multiplier , pour
ainsi dire, l'infini par l'infini , et que l'univers seroit bientôt
trop borné pour contenir tant de germes. Tels sont les ré-
sultats oùconduit cette opinion, dans laquelle on nepeutd'ail-
leurs expliquer, ni les monstruosités, ni les mulets et métis.
10. ° Une autre hypothèse quiserapprochedecelledesmolé-
cules organiques et de la préexistence des germes , est celle
de la patisperrnie , dont nous avons fait mention précédem-
ment. Elle suppose que toute la nature est remplie de ger-
mes , ou d'élémens imperceptibles, propres à former quel-
que être que ce soit. Ces germes reçus dans les corps vi-
vans par les alimens, par l'air , l'eau, la terre, etc. , s'assi-
milent en leur substance, passent dans leurs semences et y
deviennent capables de reproduire le même être que celui
dans lequel ils se sont assimilés. En passant dans d'autres
êtres , ces germes se moulent sur leur forme , et abandon-
nent ecllequ ils avoient reçue antérieurement. Ainsitoute ma-
tière , placée dans des circonstances convenables, devient
capable de produire un être; la nature entière n'est que se-
mence et génération.
1 1.° Pythagore, Timéede Locres admettaient que la généra-
tion s'opérait par des nombres ou rapports harmoniques; sui-
vant Platon, les idées sont les principes des formes de tous
les corps ; tous les êtres sont organisés d après un modèle
archétype ou idéal, et suivant une proportion ternaire et
xii. 37
578- G E N
symétrique. Cette harmonie triangulaire est l'image mysté-
rieuse de celui qui engendre, de celui dans lequel on engendre
et de celui qui est engendré. Le monde est l'animal proto-
type de tous les autres , et de lui émanent toutes les exis-
tences.
i2.° Lachaleuretle froid suffisoient, selon Parménide, pour
former de nouveaux êtres; les mâles sont conçus dans la ré-
gion droite de la matrice , et les femelles dans la région
gauche. Empédocle regardant la formation de nouveaux
êtres et leur destruction , comme le mélange et la sépara-
tion des élémens, prétendoit qu'il n'y avoit aucune généra-
tion véritable. L'humidité ou l'eau élémentaire étoit , selon
Thaïes , le principe de la génération.
i3.° Stahl a pensé que l'âme avoit le pouvoir de créer et
d'organiser le fœtus, et Van-Helmont admeltoit un esprit
formateur , une idée séminale dans la matrice : ils expli-
quoient les taches de naissance par les émotions de l'âme.
Selon ces auteurs, le sperme seroit , en quelque sorte, une
liqueur vivante , transmettant l'âme et les qualités morales
et physiques du père au fœtus.
i4-.° Ensuite la génération des gemmipares ou par bouture
a fait penser que le fœtus appartenoit à la femelle , dont il
n'étoit en quelque sorte qu'une émanation.
Telles sont à peu près toutes les opinions des hommes sur
le mystère de la génération ; et Mundiim tiad'ulit disimtulUt-
îtihus eorum , et Dieu a livré le Monde à leurs vaines disputes.
Cependant plusieurs de ces systèmes ne sont pas dépourvus
de génie ; mais leur insuffisance étant reconnue , il sera plus
raisonnable d'exposer simplement les faits et d'en tirer les
observations les plus sûres, que de s'attacher à quelque opi-
nion, ou de supposer quelque hypothèse que ce soit.
Premièrement, on s'est convaincu par l'observation que
tous les corps animaux et végétaux étoient organisés ; qu'ils
jouissoient de la vie; qu'ils pouvoient s'accroître , se nourrir
par intussusccplion , se reproduire et mourir : nous en avons
exposé les preuves à l'article dvs CoRPS organisés dans ce
Nouveau Dictionnaire d'Histoire naturelle. Leur mort ne les
confond point avec les matières brutes qui ne meurent point,
parce qu'elles n'ont jamais vécu; mais c'est un passage à une
nouvelle vie; un état de sommeil ou de repos pendant le-
quel se préparent ou s'opèrent de nouvelles transformations.
Les corps morts servent d'alimens aux corps vivans, ils ren-
trent dans le domaine de l'organisation, tandis que les ma-
tièresbrutesy demeurent toujours étrangères. Une substance
organisée ne peut se nourrir que des matières capable-
^.'organisation. (T. les mots Alimens, Nitritio>. ) li y a
G E N 5;n
donc dans la nature deux sortes de substances ; la masse des
substances brutes elles corps organisés, comme nous l'avons
dit ci-devant.
Or la matière organisée, tantôt vivante en moins , ce que
nous appelons mort, tantôt vivante en plus, ce que n;;us
nommons vie , diffère essentiellement des matières brutes,
lies substances organisées sont toujours actives, toujours plus
ou moius vivantes, toujours capables de transformations: elles
composent le tissu des corps végétaux et animaux , elles les
accroissent par la nutrition, «Iles s'en séparent par les sé-
crétions, elles se divisent et se dispersent par la mort, et se
réunissent par la génération. Toutes retournent à tout ce qui
vit; rien de ce qui est organisé ne se désorganise pour jamais.
Le bois qu'on brûle fournit des cendres, de la fumée , de
l'acide carbonique en ga2, des matières fuligineuses, qui ren-
trent dans la végétation. Le feuillage des plantes décompose
L'acide carbonique dans l'eau, les Cendres et la suie servent
d'engrais, etc. Un animal mort, nue charogne qui se pourrit,
rendent leurs principes à la nature, qui les reporte à' la vie
végétale ou animale.
Cette matière, perpétuellement active et vivante, est mise
en œuvre par deux forces principales, lune qui la réunit en
corps, c'est la nutrition ou l'accroissement et la génération ;
l'autre qui la sépare et la subdivise , c'est la destruction ou
la mort, et l'excrétion ou le décroissement. La première est
la force de vie, la seconde est la puissance de mort; ce sont
de perpétuels antagonistes , qui se contre -balancent sans
s'anéantir. Toute plante et tout animal s'accroît, se nourrit
et engendre : voilà la loi de vie; toute plante et tout animal
décroît, se détruit et sert à de nouvelles transformations:
voilà la puissance de mort.
Cependant la loi de la vie formant des assemblages de ma-
tière organisée , constitue des corps individuels , et tend sans
cesse à les conserver, à les perpétuer; l'individu cberche a
se soustraire à la mort par la nutrition, l'espèce tend à se
perpétuer par la génération; de sorte que la reproduction
est pour chaque espèce , ce que la nutrition est pour chaque
plante ou animal. La génération est pour ainsi dire l'aliment
de l'espèce comme la nutrition, est une génération continuelle
pour chaque individu ; ces deux fonctions coïncident tou-
jours entre elles; l'abondance des nourritures augmente la po-
pulation des hommes et des animaux: c'est pourquoi les
zones chaudes, de la terre sont plus peuplées que les régions
froides; les espèces qui croissent promptemenr, parce qu'elle .
assimilent en leur propre corps beaucoup d'alimensj sont
58o G E N
aussi les plus fécondes ; tels sont les quadrupèdes rongeurs,
plusieurs oiseaux et reptiles, les poissons, les coquillages, les
insectes, les zoophytes et la plupart des plantes. La fécondité
est toujours en rapport avec la puissance assirnilatrice ou la
nutrition des corps organisés; par exemple, un polype qui
mange beaucoup, un arbre qui reçoit une sève abondante,
grandissent et se développent à proportion ; ils poussent de
nombreux rejetons, qui, séparés de la tige primitive, jouissent
de leur propre vie, et composent un nouvel individu; voilà
donc une reproduction sans génération proprement dite ,
mais opérée par l'abondance de la nutrition. Il y a donc la
plus grande analogie entre la propagation et la nutrition.
C'est un fait d'observation journalière, que l'abstinence dimi-
nue la force générative, sine Cerereet Bacchufriget Venus; que
l'abondance la réveille; que les années de disette sont toujours
marquées par la diminution, ou celles de prospérité par l'aug-
mentation des naissances humaines. Si la nutrition abondante
s'applique à l'individu seul , comme dans les personnes très-
grasses, leur fécondité est presque nulle par cette raison ; au
contraire les individus maigres qni mangent beaucoup sont
aussi très-féconds, parce que leur substance nutritive se porte
surtout aux organes sexuels. Le chyle alimentaire préparé
par la digestion est une sorte de mucosité très-analogue
à la matière du sperme et aux humeurs dont sont composés le
fœtus ou l'œuf d'un animal, et la graine d'une plante. Se
nourrir, c'est produire de nouvelles chairs, de nouvelles hu-
meurs , de nouvelles fibres , et les ajouter aux anciennes ; en-
gendrer, c'est aussi former des humeurs, des fibres, des chairs
nouvelles; la différence n'est que du plus au moins. La nutri-
tion est une assimilation à l'individu, et la génération une as-
similation à l'espèce. Il n'y a guère d'autre différence entre
le sperme et la substance nutritive pure, que celle du degré
d'activité et d'exaltation ; l'un peut s'organiser en un nouvel
être dans un lieu convenable; la seconde s'organise de même
dans chaque partie d'un animal ou d'une plante. La généra-
tion est en quelque sorte une nutrition primitive, comme la
nutrition ordinaire est une espèce de génératiou partielle
dans chaque organe du corps ; par exemple, une pince d'é-
crevisse, une queue de lézard, une patte de salamandre, une
tête de ver , amputées ou détruites, se régénèrent par la
seule nutrition, comme une branche coupée qui repousse ;
voilà donc une nouvelle formation, une pince, une patte, une
tête, reproduites sur des modèles qui n'existent plus dans leur
lieu; c'est une véritable génération faite par nutrition. Ces
deux fonctions sont ainsi très-ressemblantes entre elles, et
(dépendent également de la force de la vie ; engendrer et se
G E N 58i
nourrir sont à peu près la même fonction , dont l'une s'ap-
plique à l'espèce, l'autre à l'individu.
C'est aussi à l'époque où la croissance est achevée dans
l'individu , que commence la fonction générative dans les
animaux et tes plantes, et lorsque le décroissement de la
vieillesse abat la force nutritive et assiinilatrice, la génération
s'éteint par la même cause. Dans la jeunesse , la plante el
l'animal se nourrissent abondamment , mais tout s applique
à l'individu pour le fortifier. Il faut donc que la matière nu-
tritive puisse être distraite de l'emploi auquel elle est desti-
née , pour servir à former un nouvel individu; c'est une ma-
tière nutritive plus élaborée, plus vivifiée, plus exaltée, qui
compose le sperme et les humeurs de l'œuf ou de la graine
encore jeunes.
Tout corps organisé commence son existence dans un état
de gelée muqueuse très-analogue à l'état de la matière nutri-
tive élaborée. L'œuf récent , la graine non mûre du végétal f
les tendres linéamens du fœtus , sont d'abord une sorte de
mucosité presque inanimée , existant dans la mère ou la fe-
melle , et qui a besoin d'être excitée par la force vitale du
père, par l'acte de la fécondation. ( Consultez aussi les mots
Fœtus , Embryon. ) Ensuite le jeune animal , la nouvelle
plante prennent plus de consistance à mesure qu'ils s'accrois-
sent et se fortifient , de sorte que le commencement de la vie
est humide et sa fin est aride. L'accroissement est d'autant
plus rapide et plus grand , que la mollesse des parties est plus
considérable ; aussi les premiers momens de la vie sont re-
marquables par la force et la promptitude de l'accroissement,
tandis qu'il devient successivement plus lent à mesure qu'on
avance en âge , et cesse enfin entièrement après l'époque de
la puberté , soit dans les plantes , soit dans les animaux. V. le
mot Accroissement.
Cette puissance de vie qui donne les premières formes à la
substance de l'embryon végétal et animal, ou au germe,
qui le fait croître et reproduire ensuite , est une force inhé-
rente à la matière organisée ; et celle-ci diffère, comme nous
l'avons vu \ de la matière brute. C'est donc une propriété gé-
néralement répandue dans les corps organisés , une espèce
de gravitation vitale qui fait que chacun d'eux tend à la vie.
Celle-ci n'appartient point à chaque individu , elle y est seu-
lement déposée pendant la durée de son existence ; elle se
transmet par la génération d'être en être ; elle passe d'in-
dividus en individus par la nutrition ; elle circule et voyage.
sans cesse : notre vie dépend de la nourriture que nous pre
nons , de celle que nous avons reçue , de la faculté que nous
ont transmise nos pères ; nous n'avons donc rien en propre ;
582 G E N
nous dépendons de tout ce qui nous environne , nous rece-
vons notre existence de diverses parties de la nature , de l'air,
de la chaleur, de l'aliment, etc. Un exemple .manifeste'dé-
montre que la puissance vitale se transmet ainsi du père au
jeune individu ou à l'embryon naissant. Un œuf de grenouille,
ou de poule , non féconds ,, contiennent déjà tous les linéa-
mens de l'animal qui doit en naître. Spallanzani a vu , au mi-
croscope, le jeune têtard dans celui de la grenouille : Haller
a remarqué dans l'œuf de la poule, la membrane du jaune qui
doit servir à la formation du poulet. Que manque-t-il donc à
ces jeunes êtres ? l'excitation vitale du père. En vain , si elle
manque, vous tiendrez ce frai , ces œufs à une douce chaleur
pour les couver , les faire éclore : au lieu d'un individu animé ,
vous n'en retirerez qu'une horrible putréfaction.
L'on dit qu'autrefois Phidias ayant sculpté, dans Athènes,
une magnifique statue de Minerve, d'un grand nombre de piè-
ces d'ivoire , les rattacha toutes habilement à un seul lieu du
bouclier de cette déesse où l'artiste avoit sculpté son propre
portrait. Ce travail étoit fait avec un art tellement merveil-
leux que si l'envie eût voulu détruire ce portrait , tous les resr
sorts qui retenoient ensemble les parties de la statue se se-
roient brisés et elle seroit tombée en mille pièces. Voilà l'e-
xemple de la vie qui anime le nouvel embryon. Aussitôt que
le mâle lui imprime son cachet, et qu'il tend les ressorts qui
retiennent en un centre toutes l^s parties de l'individu , la
machine organique montée, subsiste, s'accroît et vit. Si elle
est privée de ce mouvement centralisant qui rassemble toutes
ses facultés en une sorte de tourbillon actif et unique , les
diverses parties se détraquent, se séparent, divergent en tous
sens, et se décomposent ou se putréfient. Telle est donc la
différence entre l'œuf fécond et l'œuf non fécondé.
Il n'y a qu'une seule génération primitive dans l'univers ,
c'est la création de la matière vivante et organisée par la main
de- l'Être suprême. Ce que nous appelons génération , n'est
qu'une émanation éternelle de cette source, une continuation
de l'arrangement de chaque espèce organisée , une perpétuité
de la force vitale. Il n'y a point de véritable génération au-
jourd'hui, ce n'est qu'une suite de ce qui a été prescrit à l'ori-
gine des âges ; nous ne voyons que des modifications succes-
sives et toujours semblables dans le même ordre de matières.
Chaque individu se reproduit parce qu'il a été produit lui-
même ; la vie donne aux corps organisés une tendance à se
régénérer, comme la gravitation donne à la matière une ten-
dance à s'approcher du centre de la terre. La matière orga-
nisée vit en général dans les individus qui sont composés
d'elle. Us n'ont pas d'existence isolée , indépendante; ils sont
G E N 583
toujours sous la main de la nature , qui les transforme à son
gré , de sorte que la génération et la nutrition ne sont que
le passage d'un état de vie à un autre étal de vie. Ce sont les
portes par lesquelles passe sans cesse toute matière orga-
nisée. Celle-ci subsiste toujours, elle est toujours la même
dans son essence , toujours invariable dans ses actions ; c'est
le propre de sa nature d'être assujettie à de continuelles moj
difications , qui s'opèrent suivant un ordre constant et régu-
lier. La mort sert à la vie ; pour vivre , il Faut détruire ; mais
ce que nous appelons mort, n'est qu'un sommeil passager d>;
la matière vivante, une pause de la nature; il n"y a point d'a-
néantissement complet de la vie, mais bien des états d'exal-
tation et d'abaissement ; ainsi la vie végétale est moins exal
tée que la vie animale , et la vie d'un ver l'est moins aussi
que celle d'un homme. Il s'établit des oscillations perpé-
tuelles qui ramènent toujours tout à un niveau général , qui
est la mort ; c'est la que la matière organisée et vivante de
riiomme perd sa supériorité sur celle de la plante ou du ver
de terre ; c'est là qu'elle rentre dans la commune égalité que
la nature a établie sur tout ce qui végète et respire. De même
que la vie d'un insecte est une espèce de mort, par rapport à
la vie de l'homme ; celle de la plante est aussi une sorte de
mort eu égard à la vie de l'insecte ; de sorte qu'on descend
graduellement de la plus grande exaltation vitale, jusqu'à la
plus petite, que nous appelons mort. Celle-ci n'est donc qu'un
minimum de vie. Et pour prouver qu'un corps mort n'est pas
entièrement privé de la vie , c'est qu'il est capable de soute-
nir et de fortifier celle des êtres animés , en leur servant de
nourriture , puisque tout ce qui existe ne peut se nourrir que
de matières mortes, et extraire sa vie des cadavres des ani^
maux ou des plantes.
Or, si la force vitale réside en général dans la matière or-
ganisée , il n'y a donc point de génération , mais bien des trans-
formations d êtres, et des continuations. Une lige de blé pro-
duit sa graine , qui s'élève à son tour en une nouvelle tige ,
et qui donne naissance à d'autres ; voilà donc une superpo-
sition , un prolongement de la même tige jusqu'à l'infini ; car
on conçoit que la nature eût pu ne produire dans le monde
qu'une seule tige de blé qui se seroit accrue , exhaussée , mul-
tipliée de toutes celles qui en sont nées par la suite et qui en
naîtront un jour; de sorte qu'un seul pied auroit porté à la
fois toutes les générations successives qui en doivent sortir.
Mais, en réunissant ainsi dans un seul individu une espèce
toute entière , quelque nombreuse qu'elle soit, la mas6e eût
été trop considérable , elle se seroit augmentée à l'infini , el
eût absorbé toute la matière vivante des autres espèces. I',.
58£ G E N
exemple , si nous reeonnoissons avec les livres saints , qu'A-
. dam et Eve aient été la première tige du genre humain , et
que , ne pouvant jamais mourir, ils aient toujours subsisté , de
même que leurs enfans , et tous les descendons de leur posté-
rité , la terre seroit couverte aujourd'hui d'autant d'hommes
qu'il y a de grains de sable au bord de la mer. Comment eût
subsisté cette épouvantable masse de population ? Elle eût tari
les mers et dévoré tout ce qui existe ; enfin n'ayant plus rien à
manger, et par cette raison ne pouvant plus se reproduire ni
mourir, le genre humain eût été dans un état d'immobilité ,
approchant de celui des corps bruts. Si l'on suppose que la
nature ait ordonné la même chose de chaque espèce d'ani-
mal et de plante , il est évident que nul d'entre eux n'eût pu
se nourrir, puisque tous étant immortels, n'auroient pro-
duit aucune substance alimentaire aux autres espèces , et au-
cun d'eux n'auroit pu engendrer, puisqu'il n'auroit pas trouvé
à se nourrir. La nature vivante tomberoit donc dans l'immo-
bilité , parce que chaque matière se présenteroit un mutuel
obstacle d'une égale résistance. Sans la destruction il n'y au-
roit donc point de génération ; c'est la mort qui dégorge les
embarras de la nature ; c'est elle qui fait circuler librement
la force vitale dans l'univers.
Cette puissance de vie n'est point dans l'individu en parti -
culier, mais dans l'espèce et dans la matière organisée en
général. Les individus ne la reçoivent que momentanément ;
ils n'en jouissent que pour la transférer à d'autres ; de sorte
que chaque animal et chaque plante ne vivent point par eux-
mêmes , mais par la matière organisée , en général , qui pos-
sède seule la vie. Ils n'entrent que comme parties intégrantes
ou aliquotes dans la somme de* la vitalité générale de toute
matière organisée. Il est évident qu'un animal , une plante ,
ont puisé leur existence dans la source vitale de leurs parens ,
qui en avoient fait de même chez leurs ancêtres , en remon-
tant successivement jusqu'au premier mobile , qui est la créa-
tion de la matière organisée par la main de l'Être suprême.
C'est donc de cette formation originelle que découle le grand
fleuve des générations , jusqu'à la consommation des siècles ;
il charrie sans cesse les mêmes flots de matière organisée, et
les transforme continuellement. La génération n'est donc
point un phénomène particulier , mais une loi universelle de
toute matière organisée ; elle dépend surtout du premier mo-
bile , et n'est qu'une suite de l'impulsion primitive , que lui
imprima la main puissante du Maître des mondes. Elle ne peut
pas être conçue différemment.
Cette impulsion primitive de vie se manifeste dans tout être
organisé par deux espèces de gravitation que nous nommons
G E N 585
appétit, c'est-à-dire tendance vers un but désiré : c'est l'ap-
pétit de la nutrition et celui de la génération. Toute plante ,
tout animal , gravitent vers ces deux points par un effort cons-
tant. C'est une qualité inhérente à toute substance organisée,
car on n'enseigne à personne ces besoins naturels, ils naissent
avec nous ; ainsi la pierre tend sans cesse vers le centre de la
terre. C'est une espèce d'amour matériel , qui tend au main-
tien de l'individu par la nutrition , à la perpétuité de l'espèce
par la génération. Ainsi cette impulsion primitive de vie est
ce que nous appelons amour, appétit, et ce qu'on observe
aussi dans chaque plante et chaque animal. Cette force as-
pire sans cesse à construire des organes vivans et à les répa-
rer; mais elle est contre- balancée par la puissance de la des-
truction ou la mort , qui promène son niveau et son sceptre
dévastateur sur tout ce qui existe.
La vie individuelle des êtres organisés est toujours graduée
comme leur accroissement ; elle est d'abord foihle et à peine
vivante, ensuite elle se fortifie peu à peu, acquiert la pléni-
tude de ses forces , puis décline , et tombe enfin. C'est une es-
pèce de cercle ou de roue , sur laquelle il y a autant à s'abais-
ser qu'à s'élever; et à peine sommes-nous au sommet, que
nous aspirons à descendre. Peut-être en est-il de même des
espèces, car toutes sont composées d'individus semblables en-
tre eux. Dans le long cours des siècles , l'espèce peut avoir
son enfance , sa jeunesse , sa virilité , sa vieillesse , sa décré-
pitude , et enfin sa mort ; elle a sans doute aussi ses généra-
lions et ses mariages. Nous sommes peut-être à l'époque de
la vieillesse de l'espèce humaine ; et quelque jour elle s'étein-
dra, comme ces races de grands animaux inconnus , dont on
retrouve encore les dépouilles fossiles dans les contrées les
plus sauvages. V. la fin de l'article de I'Élephast et Espèce.
L'omour , la génération et la vie sont donc la même chose
sous différentes dénominations ; c'est un flambeau que nous
passons de main en main à ceux qui nous succèdent, comme
nos pères nous l'ont transmis ; nous n'y changeons rien ; nous
ne pouvons ni l'augmenter ni le diminuer; il ne nous appar-
tient pas en propre.
Nous avons fait remarquer que dans la formation des in-
dividus, le feu de la vie s'allume foiblement d'abord, puis
s'augmente et se fortifie peu à peu ; de sorte que l'homme
commence par un état de végétation , puis monte graduelle-
ment à la vitalité qui est due à son rang dans la nature. Tout
corps organisé marche successivement de l'obscurité de la
mort à la lumière de la vie. Ce n'est, dans le principe , qu'une
pulpe inanimée , qui reçoit l'empreinte de la vie , et s'élève
ensuite à la plénitude de son existence, par la nutrition et le
586 G F, N
développement. L'homme commence par la vitalité du polype
d'eau douce ; ensuite il prend celle du ver , de l'insecte , du
mollusque, du poisson , du reptile , du quadrupède , enfin ,
celle de son espèce. Il passe par tous ces étages pour arriver
à son rang. Chaque espèce d'animal a de même sa vie gra-
duelle , depuis le polype jusqu'à lui. La plante jouit aussi de
cette exaltation successive de vitalité , depuis la moisissure,
jusqu'au chêne et à la sensitive ; elle passe par tous les étals
intermédiaires. Le polype ou l'animalcule est donc en quel-
que sorte le point radical de la vie animale , comme la moi-
sissure ou la plantule est le germe de la vie végétale ; le po-
lype et la plantule sont ainsi les deux élémens de tous les êtres
organisés, animaux et végétaux ; ils forment la base radicale
de chaque individu. Toute plante tire sa racine de la molé-
cule vitale , comme tout animal est fondé sur sa molécule
originelle. Consultez le mot Awimal et EvoLUTroN.
A mesura que les animaux et les plantes sont plus impar-
faits dans l'échelle de l'organisation , leur fécondité est plus
considérable , comme si la nature dédommageoit leur im-
puissance parleur nombre. Les plantes aquatiques ou amphi-
bies se multiplient plus abondamment en général , que les
plantes terrestres ; et les semences des végétaux dégénèrent
plutôt dans les lieux humides, que dans les terrains secs. Les
plantes annuelles ne peuvent point se propager de boutures ,
mais seulement de semences ; au contraire , les plantes bul-
beuses , multipliées long-temps par leurs bulbes , sont plus
disposées à se propager de cette manière, que par des graines;
il semble que la génération prenne ainsi le chemin qu'on lui
a montré. On prétend de même qu'une jument qui a produit
un mulet , et qui porte ensuite un poulain, communique à ce
produit une certaine analogie avec le mulet; de sorte qu'il
sembleroit que la faculté formatrice de la mère ait été viciée ,
et conservât encore une réminiscence de l'empreinte éprou-
vée à l'époque de la conception du mulet , comme l'assure
Van-Helmont. Toutefois ce fait est contesté par le savant
Huzard.
§ VII. Des Altérations de la fonction génitale et reproductrice , ou
des Monstruosités et mélanges de races.
On reconnoît combien les parens influent sur le produit de
la génération. Par exemple , la force vitale , la durée de la vie,
le tempérament, la forme, les dégénérescences , et beaucoup
d'autres maladies sont héréditaires. Ce sont des contrariétés
vicieuses de la puissance de vie ; mais celle-ci ressaisit tôt
ou tard son empire lorsqu'on ne la déforme plus ; elle remonte
à son niveau , et reprend toujours sa régularité. Depuis
G E N 587
plusieurs milliers d'années, les Juifs, les Musulmans Se cir-
concisent , et pourtant naissent toujours avec un prépuce. Les
grenouilles et salamandres engendrent des têtards avec des
branchies, quoique ces pères et mères n'en aient plus. Les
maladies qui se transmettent par la génération , sont les af-
fections universelles dû corps, et non pas les maladies lo-
cales ; car un sourd , un aveugle , un boiteux , un bossu , un
manchot , commimifjuent rarement leurs vices corporels a
leurs descendans: mais les épileptiques, les goutteux, les cal-
culeux, les hypocondriaques, etc., sont sujets a perpétuer leurs
maladies dans leur famille. 11 en est de même de la constitu
tion forte ou foible des parens , de leur tempérament , etc.
Les animaux nés de parens âgés, deviennent foibles , vieux
et languissans de bonne heure , parce qu'ils n'ont reçu qu'une
vie pour ainsi dire usée et défaillante. 11 n'en est pas de même
dans les végétaux. \u reste, les ressemblances des enfans aux
parens se transmettent , de même que les lempéramens et.
les caractères héréditaires ;mais ces ressemblances sont plus
prononcées, à mesure que l'amour et la vigueur de la puis-
sance eénérative ont été plus considérables; et comme les
O .1 il 1
animaux suivent mieux la nature que les hommes , leurs
productions sont plus semblables à eux, que les enfans
a leurs parens. En effet , l'homme et la femme ne se livrent
souvent au coït, qu'en excilanl la nature et en abusant de leurs
forces ; ils songent plus fréquemment à satisfaire leurs désirs
qu'à produire dos enfans sains el robustes ; d'où il suit que
le but de la nature est négligé pour le plaisir. Il n'est donc
pas étonnant (pi il se forme souvent des productions vicieuses
et mal configurées ; en outre , l'irrégularité du genre de vie,
les passions, la mollesse , l'affoildisseuient , les maladies trou-
blent beaucoup la grossesse , et influent sur le fruit. Les ani-
maux domestiques , qui participent d'un genre de vie si op-
posé à l'état naturel , sont encore assujettis à des irrégularités
dans la génération. Les monstruosités deviennent aussi plus
communes, par la même raison , dans l'espèce humaine el dans
les races d'animaux domestiques, que parmi les espèces qui
vivent suivant les lois de la simple nature.
La foiblesse des semences, effet de l'abus des plaisirs d
mour , peut donner naissance à des produits imparfaits, à
des faux yrmes , a des mules f espèce de masse de chair in-
forme , contenant pour l'ordinaire des rudimens d'organes et
de membres, qui peut rester dans la matrice pendant I
temps, et même s'y endurcir. En effet , la nature ne poai anj
rien engendrer de plus que des organes imparfaits . aSau^Jp'
de la foiblesse des semences , aspire néanmoins à les pei!< «
tionner , à leut donner la vie , et emploie un temps beaucoup
588 G E N
plus kmg que celui des grossesses ordinaires, car on a vu des
môles subsister pendant toute la vie de celle qui les a conçues.
Les femelles qui ont porté des môles, ou produit des indivi-
dus monstrueux , conservent quelquefois la propriété d'en-
gendrer des môles ou des monstres par l'habitude que leurs
organes ont contractée. Les personnes que la crainte du
déshonneur n'a pu défendre assez d'une séduction , produi-
sent des môles, lorsque le chagrin et le secret désir d'avor-
ter, affoiblissent l'effet de l'imprégnation; car elles ne se
forment jamais sans une fécondation antérieure ; elles sont
toujours le produit d'une conception manquée. V. Môle.
Mais il y a de véritables monstres de plusieurs sortes , ou
par excès, comme des enfans à deuxtêtes, à quatre bras, etc.,
ou par défaut, comme des foetus sans jambes, sans parties
sexuelles , etc. , ou par transposition de parties , ou par alté-
ration des formes. Lorsque deux germes se développant en-
semble dans la même matrice, s'y trouvent trop resserrés,
ils peuvent se souder l'un à l'autre , et s'ils gênent mutuelle-
ment le développement de leurs parties accollées, ils seront
plus ou moins imparfaits ; c'est ainsi que des œufs contenant
deux jaunes , produisent des poulets à quatre pattes et quatre
ailes; on voit de même des fruits se coller l'un à l'autre,
lorsqu'ils naissent trop voisins, et les animaux qui engendrent
plusieurs petits à chaque portée, sont plus souvent exposés à
produire cette sorte de monstruosité , que les animaux qui
ne mettent bas ordinairement qu'un petit. Les monstres, par
surabondance de parties, comme les hommes qui naissent
avec six doigts à chaque main , et qui peuvent reproduire
cette difformité dans leurs enfans, ne la doivent qu'à urt sur-
croît de la matière qui a servi à leur formation ; il en est de
même des individus qui naissent avec deux rates , ou trois
et même quatre testicules; des boucs à quatre cornes, des
(leurs de quatre pétales qui en prennent cinq, six ou huit, etc.
Les monstruosités par défaut sont dues à une cause toute
contraire, car on trouve des individus qui n'ont qu'un rein,
qui manquent d'un ou plusieurs doigts, d'un œil; et d'autres
dont les membres sont oblitérés, raccourcis: la matière
ayant manqué. Cependant, le cœur, l'estomac et les organes
principaux existent toujours; mais les animaux privés de quel-
ques parties , comme les chiens sans oreilles et sags queue „
engendrent des individus le plus souvent complets , s'ils sont
vigoureux; et quelquefois mutilés comme eux , lorsqu'ils sont
foibles , exténués , et lorsque leur mutilation a été répétée
ndant plusieurs générations.
Indépendamment de ces causes ordinaires , il en est de
plus singulières et de plus profondes , puisqu'il se forme des
"î
G E N S89
monstres dont les traits offrent un mélange hideux et désor-
donné. De même que les pâles-couleurs ou la chlorose inspire
aux jeunes filles des appétits extravagans, leur fait avaler des
cheveux , de la cire à cacheter, du plâtre , du charbon , etc. ,
ainsi certaines affections de la matrice, surtout l'hystérie,
développent dans cet organe des émotions extraordinaires ,
et lorsqu'il a conçu à cette époque, il peut former des figures
bizarres et monstrueuses. En effet, ces femmes ardentes et
superstitieuses , ces vaporeuses sombres qui , oppressées du
cauchemar pendant la nuit, s'imaginent recevoir les einbras-
semens d'un démon incube , ces prétendues possédées , ces
sorcières, troublant sans cesse , parleur imagination blessée,
le travail de la grossesse , agitant par de fréquentes secousses
les forces vitales concentrées dans la matrice, empêchent la
formation régulière du fœtus , engendrent souvent des mons-
tres. Tant que cet arrangement s'opère librement, et que
chaque partie du corps n'a point la force de rompre l'équi-
libre de toutes les autres, l'embryon est également composé ;
mais s'il survient des spasmes imprévus dans l'intérieur de
la matrice , si l'ordre est interrompu , ou le développement
gêné , comprimé en quelques points par une mauvaise con-
formation de la mère, le foetus naîtra imparfait , ou sera dif-
forme. Aussi les femmes d'un caractère trop délicat et trop
sensible éprouvent de fréquentes révolutions de matrice , et
les hystériques engendrent non-seulement des individus foi-
bles , mais encore quelquefois des monstres. Il en est qui
ont les viscères transposés , comme le foie à gauche , la rate
à droite ; ils doivent sans doute ce renversement à quelques
émotions intimes éprouvées parleur mère, vers l'époque de
la conception. C'est à de pareils troubles génitaux, plutôt
qu'à l'imagination maternelle, que doivent leur origine, les
taches de naissance et les signes, les envies prétendues, mar-
quées en naissant sur la peau de plusieurs personnes. De plus
grands troubles sont capables de déplacer même les membres;
par exemple , de mettre un bras en place de la jambe. Le
dérangement d'une seule partie oblige toutes les autres à
changer plus ou moins de lieu. C'est ainsi que des compres-
sions exercées sur des parties encore molles et flexibles , des
dilatations et plusieurs autres causes mécaniques altèrent la
forme naturelle des embryons et les rendent monstrueux.
Des passions vives , comme la colère , la frayeur , l'amour
trompé, le désespoir d'une mère, peuvent aussi contribuer
à la difformité de son fruit ; et si les animaux , en général ,
produisent moins de monstruosités que notre espèce , c'est
qu'une vie plus uniforme , des passions plus tempérées ne
leur impriment point de fortes secousses. Aussi les bonnes
%ja G E N
mères, les paysannes robustes et saines, engendrent des en-
fans bien conformés , et ne font presque jamais de monstres,
parce qu'elles suivent mieux les lois naturelles que les femmes
trop délicates des grandes villes. A mesure qu'on s'écarte
davantage de la nature, on obtient des produits moins natu-
rels , ou plus difformes.
Dans les âges de superstition, la naissance d'un individu
monstrueux passoit pour la preuve d'un commerce exécrable
avec les enfers, ou pour un signe de la colère céleste; le
supplice du feu pouvoit seul expier un si grand crime aux
yeux des peuples.
C'est en effet de l'harmonie vénérienne et du- concours
volontaire des sexes , que résulte la bonne conformation des
individus ; car ces jouissances désavouées par le cœur , ces
voluptés arrachées par la crainte ou la violence sont stériles,
ou ne produisent que des êtres difformes , qui portent l'em-
preinte de la haine ou de la discorde de ceux qui les ont engen-
drés. Tels sont quelquefois les mélanges adultères de diverses
espèces d'animaux, puisque ces unions ne sont jamais com-
mandées par la nature. Et les ressemblances des enfans à
leurs parens dépendent également de cette concorde des se-
mences et de F activité de leurs parties, qui conservent leur
figure originelle ; mais le défaut d'énergie des semences pro-
duit des individus dégénérés , et qui ne conservent presque
aucun des traits de leurs parens. C'est ainsi que les animaux
domestiques ayant moins de vigueur que leurs espèces sau-
vages , engendrent des variétés, comme nous en voyons naître
parmi les chiens, les oiseaux de basse - cour, etc. Ces
races différentes de leur tige originelle par les couleurs , les
proportions , la taille, sont déjà des demi-monstruosités qu il
seroit facile de détériorer encore en affoiblissant le caractère
de leur espèce par des nourritures et un genre de vie affoiblis-
sans. Les animaux qui produisent un grand nombre de petits,
chaque portée , donnent naissance à beaucoup de variétés ,
tandis que les espèces unipares ont plus de fixité dans leurs
formes; tels sont surtout les grands animaux. C est ainsi que
1-e cheval , l'âne , le bœuf , le chameau, l'éléphant, qui ne
produisent guère qu'un petit à la fois , éprouvent peu de va-
riétés dans leurs espèces ; elles sont comme isolées dans leurs
genres, et il est rare qu'elles forment des monstruosités;
mais les espèces multipares, telles que le chien, le chat, les
rats et les souris , les lapins et les lièvres donnent naissance
à une multitude de races et de variétés collatérales de leurs
espèces. Cette altération de leurs types primitifs dépend
du peu de stabilité de l'équilibre de leurs organes; elle ré-
sulte du grand nombre d'individus formés à la fois dans la
G E N 59I
même matrice; il semble que les forces de la nature occupées
à construire plusieurs individus à la fois , donnent moins de
perfection à chacun d'eux. Aussi ces animaux mettent Las des
petits beaucoup moins achevés que les espèces unipares ;
ainsi, les petits des chiens et des chais ont les yeux clos et
les membres très-délicals dans les premiers jours de leur
naissance , tandis que le poulain, l'ânon , le chevreau , se
dressent sur leurs pieds , et peuvent déjà marcher, presque
en sortant du sein de leur mère.
D'ailleurs , le grand nombre <\os fœtus renfermés dans la
même matrice , nuit au développement de chacun d'eux ; ils
se gênent mutuellement, et cet état de compression peut dé-
former quelquefois leurs membres, ou souder ensemble deux
et même plusieurs embryons ; c'est pourquoi les espèces
multipares et de menue taille sont plus exposées que toute
autre à engendrer des monstres. Si les ovipares sont moins
sujets à produire des êtres difformes par le trouble et la con-
fusion des semences, ils peuvent engendrer des monstres
par la réunion des embryons; car on voit quelquefois des
serpens et des lézards à deux têtes, des poulets à deux corps,
des poissons aecollés, etc.
Les petites espèces, les races les plus communes et les
plus fécondes , engendrant avec facilité et en peu de temps ,
ont des formas moins fixes, une complexion plus modifiable
et plus capable de monstruosités, surtout celles dont le tem-
pérament est mou et humide , comme le cochon , le lapin ,
tandis que les espèces douées d'un tempérament sec et ferme
comme l'âne, le cheval , ont plus de consistance et de sta-
bilité dans la structure de leurs organes ; mais ils sont moins
féconds , et leur longue gestation permet au fœtus d'acquérir
beaucoup de forces.
Ce n'es.t pas, au reste, que les monstres puissent vivre
se perpétuer et introduire dans la nature de nouvelles es-
pèces ; car s'ils ne meurent pas dans le .sein où ils se forment,
c'est qu'ils y existent d une vie empruntée à leur mère , et
même ne pouvant pas recevoir une existence propre, ils
attirent à eux une grande partie de la vie maieruelle ; c'est
pourquoi les femelles qui produisent des monstres , ne
sont jamais aussi saines et aussi vigoureuses que celles (îni
portent des fœtus bien conformés et jouissant de leur vie pro-
pre. En effet, la plupart des monstres périssent bientôt après
leur sortie de la matrice ; car la vie ne peut s'exercer que dans
les corps dont toutes les parties disposées par rapport au tout,
correspondent à un centre d'action ; mais il n y a ni unité
ni concert d'organes dans les corps monstrueux ; leurs par-
ties ne sout point ordonnées pu- rapport à l'ensemble, et ch;i-
592 GEN
curie d'elles isolant ses forces, enraye tout mouvement général
de vie.
• On doit sans doute rapporter à une pareille disparité d'ac-
tion , lesproduits informes nés de semences inégales en vi-
gueur ; car le sperme de ceux qui sont dans la fleur de leur
âge , n'est pas semblable à celui des individus vieux. Lors-
que deux êtres d'un âge opposé s'unissent , il ne s'établit
presque aucune harmonie d'amour, c'est pourquoi la con-
ception n'a pas lieu, .ou elle engendre dés êtres imparfaits ,
des monstruosités. Les semences les plus profitables pour une
parfaite génération , sont celles des âges pareils , et qui as-
pirent le plus à se conjoindre ; car le sperme du vieillard
peut , en quelque sorte , faire vieillir un jeune organe femelle,
de même que le jeune homme se flétrit bientôt avec une
femme âgée ; aussi l'amour ne rétrograde jamais , et il tend
plutôt à la jeunesse qu'à la vieillesse.
Les monstres tiennent toujours du genre voisin de leur
origine , et se rapportent rarement à des genres trop éloi-
gnés ; ainsi les difformités des foetus humains ont plutôt des
.rapports avec la forme des singes et des quadrupèdes, qu'a-
vec celle des oiseaux ou des poissons ; mais les monstruosités
forment toujours des imperfections et non des perfections; il
semble que les écarts de la nature ne soient qu'une propen-
sion à tomber dans un règne inférieur. Le3 organes les
plus superficiles et les plus délicats , se forment les derniers
dans la génération , et s'altèrent plus facilement que tous les
autres ; car les parties principales , les viscères intérieurs
participent rarement aux monstruosités ; elles se forment
plutôt dans les membres et les parties extérieures qui sont
aussi plus exposées que toute autre aux chocs et aux altéra-
tions.
En croisant les races des animaux , on obtient des indi-
vidus plus robustes, on ennoblit l'espèce , et l'on augmente
le nombre des mâles ; ce qui indique toujours une plus grande
vigueur dans la puissance générative. Parmi les plantes dioï-
ques, telles que le chanvre , les individus mâles sont, en gé-
néral, moins nombreux d'un tiers que les femelles, comme
nous l'avons observé. Ils sont aussi moins forts et moins éle-
vés dans leur taille.
On a prétendu que la somme de l'aberration des variétés
parmi les animaux étoit en raison directe du nombre des
petits ; cependant il y a des exceptions remarquables , car
l'homme, par exemple , qui ne produit qu'un ou deux petits
à la fois, est pourtant exposé à de nombreuses variations sur
toute la terre ; mais la diversité des températures et des cli-i
mats , et surtout du genre de vie , en est la principale cause.
G E N s$
Les marques de naissance (/mb«) onlété attribuées à l'ima-
gination maternelle, par le peuple et même par beaucoup tle
.médecins; mais on en trouve ainsi dans les animaux et dans
les plantes ; or il est impossible d'attribuer ce fait à l'imagi-
nation chezees dernièresespèces : il.paroitque c'est plutôt un
vice de conformation , ou une organisation imparfaite de
quelques parties de la peau, etCQmme les mères sont souvent
crédules et superstitieuses , elles attribuent ordinairement ces
déformations à des causes imaginaires. V. le mot Monstre.
Il paroît que dans toutes les-espèces d'animaux et de plantes
à deux sexes , le mâle indue autant en apparence que la fe-
melle sur le produit de la génération, car on voit que les métis
participenfÇpeu près également de l'un et de l'autre ; ce-
pendant, si les influences sont pareilles, elles ne sont pas
d'égale force ou de semblable durée. Le parent le plus ro-
buste influe aussi davantage que le plus foible sur la produc-
tion. Koelreuter a prouvé par de longues expériences sur la
fécondation des plantes , qu'on pouvoit faire remonter, par
des générations successives, un individu métis à la tige pa-
ternelle, si l'on répèle, à chaque production, l'aspersion du
pollen du mâle; et au contraire, il revient spontanément à la
tige maternelle en l'abandonnant à sa propre vie. Il sembler-
roit donc que la puissance maternelle est active par elle-
même , et plus durable que l'influence paternelle ; la pre-
mière semble plus enracinée dans la vie individuelle , et plus
essentielle que la seconde. La femelle est le centre de l'es-
pèce, le mâle n'en est que la circonférence ; or les organes
intérieurs étant les plus importans dans l'économie animale
et végétale, les parties extérieures sont principalement régies
par la vitalité interne.
Dans les végétaux , les organes sexuels femelles sont situés
au centre de la fleur et de la tige; les organes mâles sont
placés à la circonférence. L'ingénieux Linnœus disoit que la
moelle centrale de la plante donnoit naissance aux graines et
au pistil, tandis que la substance ligneuse et corticale formoit
les étamines et la corolle. La substance extérieure est ainsi
la portion mâle du végétal, et la substance médullaire ou in-
térieure est la portion femelle. La première entoure la se-
conde , la nourrit et la vivifie; mais la substance intérieure
est la base de l'organisation et le fondement de l'espèce. Il
suit de là que dans les métis, la substance corticale appar-
tient au père, et la partie médullaire à la mère ; et comme
celle-ci est la principale , elle modifie beaucoup l'autre , et
parvient enfin à prendre la supériorité. Les influences d'un
mâle sur une femelle ne se portent donc qu'à la circonfé-
XII. 38
594 G E N
rence de l'individu qui en est le produit, tandis que celles de
la femelle tiennent à la partie centrale.
Il paroît que cette loi est semblable dans le Règne animal;
les métis tiennent plus du père à l'extérieur , et de la mère à
l'intérieur. ( V. 1 article Métis. ) On a remarqué, selon Lin-
nœus, que les chèvres d'Angora , accouplées avec les boucs
poils courts , et les brebis mérinos d'Espagne, à longue laine,
avec des béliers à laine grossière, produisoient des individus
dontles poils et la laine n'étoient pas aussi soyeux que ceux de
leurs mères; au contraire , des boucs d'Angora et des béliers à
longue laine ou mérinos, engendrent avec des femelles d'une
race commune, des individus à longs poils et à laine soyeuse.
Les mâles modifient donc la circonférence , et les femelles
influent sur les parties internes. Le dedans appartient à la
mère, le dehors au père; les produits participent ainsi des
deux sexes , comme on le remarque dans les mulâtres , les
métis, etc. Mais la plupart des individus, sortis de deux sou-
ches de différentes espèces , ne peuvent pas se reproduire ;
tels sont les mulets et autres hybrides. Cependant les mulets
des oiseaux ne sont pas toujours stériles, mais ils rentrent
dans Tune de leurs souches originaires par de nouveaux mé-
langes, et il ne se forme point d'espèces nouvelles; sans cette
loi de la nature, le nombre des races, des espèces et des va-
riétés, se multiplieroit à l'infini. D'ailleurs les mariages adul-
tères entre les races d'animaux sont rares etrépugnent à tous;
il y a même de telles disproportions de forme entre les orga-
nes sexuels des diverses espèces , qu'elles ne peuvent point
s'accoupler. Seulement les espèces voisines étant à peu près
conformées de même, et ayant le même genre de vie, un
temps de gestation égal, etc., elles peuvent engendrer ensem-
ble des mulets; c'est ainsi qu'on a surpris des papillons, des
coccinelles et d'autres insectes d'espèces différentes, mais voi-
sines, s'accouplant entre elles. Sans doute de là naissent un
grand nombre de variétés , comme dans les fleurs nombreu-
ses d'un parterre qui reçoivent le pollen fécondateur de leurs
voisines.
Les sexes paroir " produits par une inégalité de forces
dans les semences où le sperme mâle domine , il en-
gendre des individus i£ies ; et les femelles sont produites par
un excès de force dans le sperme femelle ou dans le germe
et l'œuf quelle produit. Lorsque les parties séminales de
chaque sexe se rencontrent dans une certaine égalité de force,
l'une ne pouvant pas surmonter l'autre , d;soit Empédocle,
elles neutralisent leurs efforts et produisent des êtres impar-
faits, des androgynes , des hermaphrodites, dont les deux sexes
réunis sont, pour la plupart , incapables d'agir. Aussi ces
G E N 595
êtres demeurent foibles; ils n'éprouvent point ou presque
point d'amour , parce qu'en eux , le principe mâle et fe-
melle se compensant mutuellement , ils demeurent dans l'é-
quilibre.'_En effet , plus les principes masculin domine dans
un être , plus il aspire à se joindre au principe féminin , et
réciproquement; mais dans l'égalité de ces deux principes,
on reste neutre, on demeure indifférent; tout de même que
deux impulsions contraires et d'égale force , établissent le
repos. C'est ainsi que l'animal et la plante rentrent dans
l'indifférence lorsque leur génération est accomplie et que
leurs besoins d'amour sont satisfaits. L'extrême jeunesse
comme la décrépitude , étant privées des facultés généra-
tives, sont, en quelque manière, de la nature des andro-
gynes, car elles n'appartiennent plus réellement à aucun
sexe , et sont entièrement neutres.
• On doit considérer les espèces qui se reproduisent de bou-
tures commesdes androgynes, c'est-à-dire, comme ayant les
deux sexes mélangés et incorporés dans toute leur substance ,
sans qu'on puisse les distinguer particulièrement. Ceci est
d'autant plus vraisemblable, que les mâles des plantes dioï-
ques , les annuelles surtout , ne peuvent pas ordinairement
se propager de bouture , tandis que les végétaux , pourvus
des deux sexes , se propagent facilement de cette manière.
11 paroît donc que les animaux privés de sexes visibles et
d'œufs, et qui sont gemmipares, tels que les zoophytes ,
portent en eux-mêmes les facultés vitales des deux sexes ,
sans en avoir les organes. La génération semble avoir besoin
de ces doubles modifications vitales pour former un nouvel
être.
Les parties femelles des animaux et des plantes offrent
presque toujours , dans leur ovaire , avant l'acte de la fécon-
dation , une matière plus ou moins organisée , qui est des-
tinée à produire le nouvel individu ; mais elle ne peut pas se
développer et exister de sa propre vie , avant que le sexe mâle
lui ait communiqué une portion de la sienne , en même temps
que la femelle en fournit aussi une portion. Le jeune animal
cm la plante nouvelle reçoivent de leur mère seule , la matière
qui les compose , et des deux sexes , la vie qui ies anime. 11
semble que le sperme et l'amour qu'il contient, pour ainsi
dire, soient doués d'une faculté slructrice qui imprègne la ma-
tière fournie par la mère , lui communique une impulsion
vitale, monte ses ressorts; de même qu'une horloge est re-
montée par la main de l'homme. Le sperme imprime sur le
jeune embryon encore extrêmement mou dans ses premiers
linéamens, le cachet de la forme paternelle; de là naissent les
ressemblances et l'analogie du mulet avec l'âne. Le sperme
5g6 G E N
sympathise avec les organes de la femelle , il les imprègne Je
sa vitalité, il augmente ainsi leur vie propre , de sorte que ce
surcroît de puissance animée se reporte sur l'embryon. La
matrice ou l'ovaire des animaux et des plantes, est doué d'une
vitalité spéciale, surtout à l'époque de la génération; il a son
existence à part, ses désirs , ses besoins , ses appétits ; c'est
un individu dans un autre individu ; il agit , il gouverne l'en-
semble de l'être vivant. L'utérus et ses dépendances dans
la femelle, sont, comme dit Platon, une espèce d'animal
vivant qui a ses caprices, ses affections , ses volontés, qui
maîtrise tout le corps , qui répand ses influences dans toutes
les parties ; de sorte qu'il est , pour ainsi dire , la racine
de la femelle , son tronc vital originaire. La matrice n'est
point formée pour la femme , mais bien la femme pour la
matrice , qui est l'essence du sexe. Aussi, dans son imprégna-
tion par le mâle , ce viscère n'est pas seulement fécondé ,
mais le virus vital s'étend dans toute l'organisation de la fe-
melle , la fécondation est universelle dans le corps ; les chairs
en sont imprégnées, ce qu'il est facile dereconnoîlre au goût,
dans la vache, la brebis, etc., dont la viande est mauvaise au
temps de la fécondation. Il en est de même dans tout le corps
des mâles, qui répandent à cette époque des exhalaisons fortes
et virulentes. Toutefois le sperme ne féconde pas seulement
par Y aura viialis , sorte d'émanation odorante de la semence ;
Spallanzani a vu qu'il falloit le contact immédiat de cette li-
queur sur l'œuf de la femelle. Parmi les poissons , le sperme
se mêlant à l'eau , va imprégner les œufs de la femelle de sa
propre espèce. Il faut qu'il ait des qualités spécifiques pour
telle espèce d'œufs , ou que la texture de ceux-ci n'admette
que telle liqueur fécondante , et non telle autre au milieu de
ce mélange de spermes de plusieurs poissons qui frayent dans
les mêmes parages. L'odeur des fleurs correspond à celle
des organes génitaux des animaux au temps du rut. Les nau-
sées, les vomissemens , le changement de couleurs, les taches
sur la peau , qu'on remarque chez la plupart des femmes qui
ont conçu , n'ont pour cause que cette action du sperme dans
toute l'économie animale , indépendamment de celle qu'il
exerce sur la matrice et les ovaires. V. Matrice ou Utérus.
11 y a beaucoup d'analogie entre l'imprégnation et la di-
gestion. Toutes les parties du corps concourent à l'acte de la
fécondation ; l'ébranlement est universel ; la vie semble s'ar-
racher de tous les sens et de toutes les parties pour concourir
à l'excrétion de la semence; et il en est de même dans la
femme. La digestion a besoin aussi de toutes les forces du
corps ; elle cause même , dans quelques individus , un petit
mouvement de fièvre, La digestion est , pour ainsi dire , la
G E N 597
conception de la nourriture et son imprégnation vitale ,
comme la conception du fœtus est une sorte de digestion vi-
tale du sperme. L'accouchement a de l'analogie avec le vo-
missement; c'est , pour ainsi dire, Le vomissement de la ma-
trice ; les secousses sont à peu près semblables en sens in-
verse : ou ressent un genre analogue-de douleurs.
Le but de l'amour n'est point la volupté , comme on le pré-
tend ordinairement, mais bien la génération; car la volupté
n'est complète que lorsque la fécondation s'opère , et l'amour
cesse ensuite. Ce n'est donc pas le plaisir que la nature avoit
en vue , mais plutôt la multiplication de l'espèce. La pré-
sence d'une femme enceinte ne produit pas la même affec-
tion dans le cœur «l'un homme , que l'aspect d°une jeune fdle.
Celle-ci inspire l'amour; l'autre inspire le respect; ainsi l'a
voulu la sage nature, supérieure à toutes les conventions hu-
maines. En amour, les rois sont comme les autres hommes;
ils n'y trouvent pas plus de volupté que les bergers, et la
nature a mesuré tous ses dons avec égalité.
Les organes sexuels ont aussi de grands rapports avec l'ex-
térieur du corps; avec la peau, les poils, les plumes , les
écailles , et en général , avec la beauté de tous les êtres. L'a-
mour dépend beaucoup aussi de la vigueur de la santé , de la
force , et du courage , parce que le but de la nature est le plus
grand développement des espèces, et la bonne conformation
des individus. Elle en use précisément avec nous , dit J.-J.
Rousseau , comme la loi de Sparte , qui livroit à la mort les
foibles et délicats, etprenoitun grand soin des individus ro-
bustes.
Telle est donc cette grande loi de renouvellement qui
change sans cesse la face du monde ,^qui fait sentir sa puis-
sance à l'aigle dans les cieux , au quadrupède sur la terre , au
poisson dans les abîmes de l'Océan, à la plante qui végète
dans les prairies. Tout prend l'être , tout circule de la mort
à la vie ; nous nous détruisons, parce que nous sommes nés.
Ces plaisirs , ces voluptés qui semblent jaillir à grands flots de
la nature vivante, et s'exhaler de toutes ses parties , qu'est-
ce autre chose qu'une loi de mort pour ce qui existe , et de
vie pour ce qui est mort ? L'amour est la fonction qui donne
l'existence aux substances inanimées , et la mort à tout ce qui
respire ; c'est la force de changement qui s'opère dans tout
l'univers créé ; semblable à la flamme , elle ne subsiste que
dans un continuel mouvement. Engendrer, c'est se préparer
à la mort ; et naître, c'est s'apprêter à la génération. Nous
ne sommes riensurla terre, nous passons comme les ombres,
du sein du néant dans l'éternité ; nous nous écoulons comme
un lleuve dans un Océan sans bornes , où nous sommes sub-
598 G E N
inergës pour toujours. La nature vivanteressemble à un grand
arbre dont nous représentons les fleurs et les fruits annuels ;
nous nous succédons tour à tour après avoir rempli notre
destinée. Qu'est-ce donc que la matière organisée ? un peu
de poussière qui s'agite sans cesse, et qui change continuel-
lement de forme. La vie n'est rien , nous la rendons comme
nous l'avons reçue, pour nous endormir d'un sommeil éter-
nel , et rendre notre corps aux élémens, au grand réservoir
de la reproduction.
Consultez les dcveloppemens de cet article aux mots Sexes,
Ovipare , Vivipare , Corps organisés , Vie , Nature ,
Monstre , Hermaphrodite , Androgvne , Polygame ,
Métis , Eunuque , Semence et Sperme , OEuf , Ovaire ,
Incubation , Embryon , Fœtus , Castration , Arrière-
Faix , Matrice, Menstrues, etc. , etc. (virey.)
GÉNÉRATION. V. Végétaux, (tol.)
GÉNESIPHYLLE, Genesiphylla. Genre de plantes éta-
bli par Lhéritier, aux dépens des Xylophylles de Linn£eus.
Il a pour caractères : un calice en roue , divisé en six parties ;
point de corolle ; six glandes entourant un seul filament à trois
anthères , dans les fleurs mâles; un opercule presque trigone ,
entourant un germe supérieur à trois styles tripartes , dans les
fleurs femelles ; une capsule à trois loges , contenant chacune
deux semences.
Ce genre est intermédiaire entre les Phylantes et les
Xylophylles. Il renferme l'espèce mentionnée sous le nom
de Xylophylle a larges feuilles, (b.)
GENESTPiOLE. Nom que donnent les teinturiers au
Genêt dont ils retirent une couleur jaune, (b.)
GENET. Race de Chevaux de petite taille , mais bien
proportionnés ; ils viennent d'Espagne, (s.)
GENET. Genista et Spartinm , Linn. (diadelplùe décandrie.')
Genre de plantes de la famille des légumineuses, voisin des
Cytises , et qui se confond avec le Spartion , que , par cette
raison , j'ai cru devoir réunir à lui, à l'exemple de Lamarck
et de Jussieu. Il n'en diffère que par sa corolle, dont les ailes
et la carène sont abaissées et écartées de l'étendard, tandis
que , dans le dernier, elles en sont rapprochées. D'ail-
leurs, toutes les espèces, au nombre de plus de soixante,
comprises jusqu'à présent sous l'un et l'autre genre , ont les
plus grands rapports entre elles.Ce sont des arbrisseaux et des
arbustes à feuilles alternes, toutes simples ( au moins les su-
périeures) , et dont les fleurs papilionacées offrent commu-
nément une carène tombante , qui laisse en partie à découvert
les étamines et le pistil.
G E N 5y9
Dans chaque fleur, on trouve un petit calice en tube , mo-
nophylle et à cinq dents , tantôt unilatéral , tantôt formé de
deux lèvres ; une corolle composée d'un étendard réfléchi ,
de deux ailes concaves , et d'une carène ayant ou deux dent»
ou deux feuilles ; dix élamines réunies en un seul corps, par
leurs filets ; un ovaire supérieur et ohlong , que surmonte
un style courbé , à stigmate simple et velu. Le fruit est une
gousse oblongue , renfermant une ou plusieurs semences ;
quelquefois cette gousse est comprimée , quelquefois elle est
renflée et arrondie. V. la fig. 619 des Illuslr. de Lamarck.
Nous ne ferons mention que de quatre espèces de genêt ,
les seules qui offrent quelque agrément ou quelque utilité.
Le Genêt d Espagne , Spartium junceum , Linn. C'est un
arbrisseau qui s'élève ordinairement en buisson, à la hauteur
de six à huit pieds. Ses rameaux sont droits , cylindriques ,
flexibles , pleins de moelle ; ils ressemblent à ceux de quelques
joncs ; ils n'ont qu'un très -petit nombre de feuilles sessiies,
alternes et lancéolées. Lesfleurs, grandes et jaunes, naissent à
1 extrémité et le long des tiges. Elles exhalent une odeur lé-
gère de (leur d'orange très-agréable ; elles paroissent en juin ,
se succèdent quelquefois jusqu'à la fin de l'été, et produisent
des gousses aplaties, très-velues, longues d'environ trois pou-
ces , renfermant des semences réniformes , qui mûrissent en
automne.
Cet arbrisseau se plaît dans les terres légères et sablon-
neuses. On le trouve en Espagne , en Italie , en Sicile, et dans
la France méridionale , le long des chemins et des haies. Il
sert d'ornement dans les jardins, où on le cultive depuis long-
temps. Avec son écorce on peut faire des cordes et de la toile
assez bonne. On le multiplie de semence. Comme il reprend
difficilement , si Ion veut qu'il réussisse, il faut l'élever la pre-
mière année dans un pot de terre , et le serrer l'hiver dans
l'orangerie ; le printemps suivant, il aura un bon chevelu , et
on pourra , sans risques, le confier à la pleine terre; Il aime
le soleil. Celte espèce offre une variété à fleur double , qui
se multiplie par la greffe , et une autre avec des fleurs d'un
jaune plus clair et plus petites , ainsi que les feuilles.
Cet arbuste forme , pour quelques communes des environs
de Lodève , l'objet d'une culture d'une certaine importance,
ainsi que nous la appris Broussonnet , Journal de Physique ,
avril 1787 On le sème au milieu de l'hiver , dans les lieux le*
plus arides , sur les coteaux les plus en pente, après un léger
labour, et on les abandonne à eux-mêmes pendant trois ans .
excepté qu'on arrache les pieds qui sont trop voisins les uns
des autres.
On en lire ensuite paru Je deux manières différentes: ses
6oo G E .^
rameaux fournissent des fils dont on fait du linge , ou bien
ils servent en hiver de nourriture aux moutons et aux chèvres.
Pour obtenir la filasse , on coupe les jeunes rameaux au
milieu de l'été, on les met en bottes , et on les fait rouir
dans un trou creusé sur le bord d'une rivière , non pour pou-
voir y mettre de l'eau , mais seulement afin de les arroser
journellement sans trop de peine. Cette opération dure or-
dinairement huit à dix jours. Ensuite on lave les bottes à
grande eau , on les fait sécher, on les délie et on teille les
rameaux brin à brin , comme le Chanvre. V. ce mot.
Les toiles fabriquées avec du fil de genêt , sont d'un bon
user. Leur finesse et leur blancheur seroient les mêmes que
celles de chanvre , si elles éloient mieux fabriquées ; mais , on
le répète, ce nesontqueleshabitansde trois ou quatre villages
qui se livrent à ce genre d'industrie, et ils n'ont pas cher-
ché la perfection.
Les moutons , dans presque toutes les montagnes des
Basses-Cévennes , n'ont d'autre fourrage pendant l'hiver et
le commencement du printemps , que des feuilles d'arbres
desséchées. C'est alors que les rameaux du genêt sont pour
eux une ressource précieuse.
Lorsque le temps est beau, on mène les troupeaux paître
le genêt sur la place ; dans les mauvais temps les bergers
vont en couper les rameaux qu'ils apportent aux bergeries.
Ce n'est encore , dans ce cas , qu'au bout de trois ans qu'on
r!oit livrer une génêtrie aux moutons et aux chèvres ; mais
elle peut produire pendant trente et quarante ans , même
au-delà , en ayant soin de recéper les pieds tous les quatre
à cinq ans.
Le seul inconvénient qui résulte , pour les moutons , de
cette nourriture , c'esl que lorsqu'ils mangent les graines de
genêt , ils sont exposés à une inflammation dans les voies
urinaires , mais qui la plupart du temps n'a pas une suite
grave.
Le Genêt a balais ou Genêt commun , Spariium scopa-
rium, Linn. Ce genêt forme un arbrisseau de quatre à cinq
pieds de hauteur , dont les rameaux sont grêles , verdâtres ,
anguleux et très-flexibles, et dont les feuilles ovales, lan-
céolées, sont tantôt solitaires , tantôt ternées. Il croît en
Europe , dans les terrains secs et arides , et fleurit au mois
de mai; ses Heurs jaunes et disposées une aune le long des
tiges sur de courts pédoncules , produisent par leur nombre
un très-joli effet. Elles sont remplacées par des gousses com-
primées et velues. Le nom de cette espèce indique assez
l'usage ordinaire qu'on fait de ses rameaux. Presque par-
tout où il croît, on confit ses fleurs, à. demi développées, en
G E N 6oi
guise de CÂPRES. Dans quelques pays, et surtout dans le
territoire de Pise , on en tire un meilleur parti ; on le dessè-
che au soleil , on le rouit après comme le chanvre , et ainsi
préparé , il donne un fil dont on fait de la toile ou des
cordes. (V.le Journal économique, du mois de novembre 1756.)
On a aussi employé avec succès ce genêt pour la préparation*
des cuirs.
Cet arbuste ne prospère que dans les sables qui reposent
sur l'argile /sables qui sont le plus souvent très-peu propres
à la culture , et qu'il utilise par conséquent , directement en
fournissant un chauffage , indirectement, en procurant un
abri aux graines germantes des arbres et des plantes an-
nuelles ou vivaces plus utiles.
Le Genêt des Teinturiers ou 1' Herbe aux Teintu-
riers , Genisla tincloria , Linn. On l'appelle aussi genestrole.
C'est un petit arbuste qui croit en France , en Allemagne ,
en Angleterre , etc. , sur les collines, sur le bord des bois et
dans les prés secs ; il s'élève tout au plus à la hauteur de deux
ou trois pieds, a des feuilles aiguës , lancéolées, velues ou ci-
liées sur leurs bords, et des rameaux cylindriques, cannelés,
placés sur les parties latérales des tiges": au sommet de ces
rameaux naissent les Heurs disposées en épis clairs , et ac-
compagnées de bractées. Elles sont jaunes , et donnent une
teinture de la même couleur, dont on fait usage dans les
arts. Les petites branches de cet arbuste, séchées au soleil
avec les gousses qu'elles portent, et mises ainsi en bottes ,
peuvent servir à nourrir les bestiaux en hiver. Les feuilles et
les fleurs sèches sont employées en médecine. On les prend
en infusion ; savoir: les feuilles depuis deux drachmes jus-
qu'à une once , dans huit onces d'eau , et les fleurs depuis
demi-drachme jusqu'à demi-once , dans six onces d'eau.
Elles passent pour apéritives et diurétiques.
Le Genêt a fleurs blanches, Genista alla , Lam. Cet
arbrisseau , qui croît naturellement en Portugal , est cultivé
depuis quelques années dans les jardins des amateurs. Sa
hauteur est d'environ trois pieds. 11 est agréable à voir par le
grand nombre de fleurs dont il se charge. Elles sont blanches ,
disposées latéralement, et ont un calice court, presque
tronqué et à deux lobes opposés et obtus. Les feuilles sont
soyeuses, et composées la plupart de trois folioles linéaires
et lancéolées. Le Genêt monosperme , ùfiartium mohosper-
nium , Linn. , a aussi les fleurs blanches; le Genêt effilé ,
Sparlium af/hyllum, Linn. , les a violettes ; mais dans toutes
les autres espèces elles sont jaunes. (D.)
GENÊT EPINEUX. C'est I'Ajonc. (b.)
GENETTA. Nom espagnol de la GbK£TTB , que h j a. -
(io2 G E N
turalistes ont adopté , lorsqu'ils ont écrit en latin moderne.
Ce nom est venu vraisemblablement de ce que la genette se
tient volontiers dans les cantons couverts de genêts, fort
communs en Espagne, (s.)
GENETTE, Vherragenelta, Linn. Mammifère du genre
des Civettes. V. ce mot. (desm.)
GENETTE. C'est un des noms vulgaires du Narcisse
des poètes, (b.)
GENETTE DU CAP DE BONNE-ESPÉRANCE
(La) de Sonnerat, paroît être, selon M. Sonnini, une genette
d'espèce différente de la genette proprement dite. V. l'article
Civette, (desm.)
GENETTE DE FRANCE. V. à l'article Civette , es-
pèce de la genette. (desm.)
GENETTE DE MADAGASCAR. C'est la Fossane,
autre mammifère du même genre, (desm.)
GENETTE NOIRE. V. Civette. Espèce de la genette.
(desm.)
GENEVRIER , SABINE , Juniperus , Linn. {Dioéciemo-
naddphiè) Genre de plantes à fleurs incomplètes, delà famille
des conifères , qui se rapproche des Cyprès et des Thuya ,
et qui comprend une vingtaine d'arbres ou d'arbrisseaux rési-
neux , toujours verts , dont les rameaux sont ordinairement
alternes , et dont les feuilles sont simples , petites , nom-
breuses, souvent piquantes, tantôt opposées, tantôt verti-
cillées ou imbriquées.
Dans ce genre , les fleurs sont unisexuelles , et naissent sur
de très-petits chatons. Les mâles et les femelles se trouvent
sur des individus différens , et quelquefois sur le même, mais
à des distances éloignées.
Les fleurs mâles viennent sur des chatons ovoïdes et ses-
siles, composés de trois rangées d'écaillés verticillées, au
nombre de trois à chaque rangée. Ces chatons comprennent
environ dix fleurs ; savoir : neuf verticillées trois à trois , et
la dixième terminant le chaton. Les écailles sont peltées ,
larges , couchées les unes sur les autres , et fixées à Taxe du
chaton par des pédoncules très-courts. La fleur n'a point de
corolle , mais seulement de trois à cinq ou huit anthères ,
presque sessiles , et à une loge.
Les fleurs femelles sont disposées au nombre de trois, sur
de très-petits chatons globuleux , formés de deux rangées
d'écaillés ternées. Les trois écailles de la rangée supérieure
paroissent stériles , et les trois autres recouvrent chacune un
ovaire surmonté d'un style très-court ( quelquefois nul) , que
couronne un stigmate simple et tubaieux.
G E N 6o3
Le fruit est une baie à peu près ronde , charnue ou suc-
culente, formée par la reunion des écailles du chaton fe-
melle, qui se sont épaissies et agglutinées ; elle a, a son som-
met , trois petites pointes ou éminences produites par les
écailles supérieures de ce. chaton, et elle renferme trois se-
mences osseuses, ohlongues j angulaires sur un côlé , et con-
vexes de l'autre.
Ce genre renferme une vingtaine d'espèces , parmi les-
quelles je ne citerai que les plus importantes à connoitre.
Le Genévrier commun. Juniperus communia , Linn. C'est
un arbrisseau qui croît en Europe , dans les lieux incultes,
arides , secs et pierreux , sur les collines et les montagnes. 11
est rameux et difforme , a un aspect comme sauvage , et s c-
lève ordinairement à la hauteur de trois ou quatre pieds. Ses
feuilles sont aiguës , ouvertes, verticillées trois à trois, et
plus longues que les baies; celles-ci ne mûrissent que la se-
conde année ; elles ont alors une couleur bleue un peu noi-
râtre. Elles sont stomachiques , carminatives , incisives et
diurétiques.
Cet arbrisseau peut être employé à garnir les bosquets
d'hiver; il vient dans les plus mauvais terrains. Lamarck dit
qu'il s'élève quelquefois à quinze ou vingt pieds , et même
davantage. Son bois répand une odeur agréable lorsqu'on le
brûle. 11 utilise , dans les pays calcaires et montueux, beau-
coup de terrains stériles, son bois servant à chauffer le four ,
cuire la chaux , etc. On récolte ses graines pour aromatiser
l'eau-de-vie , principalement celle de grain ; delà le nom de
gin, que porte celte eau-de-vie en Hollande.
Le Genévrier de Suède, Juniperus nana, "Willd. C'est
sans fondement que quelques botanistes regardent ce genévrier
comme une variété du genévrier commun. Ses feuilles sont plus
larges , ses fruits plus gros ; ses rameaux rampent sur le sol .
Il croît dans le nord de l'Europe et au sommet des Alpes.
On le cultive dans nos jardins.
On a remarqué au Canada, où croît cette espèce , que le
même pied offroit , certaines années, des Heurs mâles, et
certaines autres , des fleurs femelles , ce qui est fort extraor-
dinaire , et mérite d'être constaté par des observateurs
éclairés.
Le Genévrier oxicÈdre, Juniperus oxicedrus , Linn, vul-
gairement le petit cèdre ou le cade. 11 a , comme le genévrier
commun , des feuilles aiguës , ouvertes et lernéés , mais plus
courtes que les fruits. Il croît sur la côte de Barbarie, en
Espagne , en Portugal , et dans le midi de la France ; on re-
tire de son bois , distillé à la cornue, une huile fétide , con-
6o4 n v R
nue sous le nom à' huile de cade, et dont les maréchaux font
usage pour guérir la gale et les ulcères des chevaux.
Le Genévrier d'Espagne, Juniperus nispanica, Mill. ,
mal à propos nommé par Linneeus juniperus thurifera, gené-
vrier porte-encens , puisque l'arbre qui produit l'encens n'est
pas de ce genre. Le caractère spécifique de ce genévrier
ost d'avoir des feuilles aiguës , couchées les unes sur les au-
tres, et disposées sur quatre rangs. 11 croît en Espagne,
s'élève à vingt-cinq pieds, et porte de grosses baies noires.
Le Genévrier savinier , Juniperus sabino, Linn. On com-
prend ordinairement , sous cette dénomination , deux gené-
vriers , que Lamarck et quelques autres prétendent être des
variétés l'un de l'autre , mais que Miller , avec plus de raison,
regarde comme deux espèces très-distinctes. Ils sont connus ,
dans les jardins , sous le nom commun de sabine , et sont ap-
pelés improprement, l'un, la sabine mâle , l'autre, la sabine
femelle ou commune. C'est de la sabine mâle , ou à feuilles de
cyprès, dont il s'agit ici. Elle s'élève, en arbrisseau, à la
hauteur de six à dix pieds. Ses feuilles sont très-courtes , à
pointe aiguë, érigées, opposées alternativement, décur-
tentes à leur base , et très-serrées les unes contre les autres ;
«:lles ont une odeur forte. Ce genévrier vient dans le Levant,
en Italie et dans les Alpes. 11 produit des baies d'un bleu
noirâtre.
Le Genévrier a feuilles de tamaris, Juniperus folio ta-
marisci, ou la sabine commune. C'est un arbuste qui s'élève
rarement au-delà de trois ou quatre pieds , et qui croît dans
les mêmes pays que la sabine mâle , sur les montagnes d'une
température froide. Sa tige est moins forte que dans l'espèce
précédente. Ses branches sont moins droites ou plus étalées,
et ses feuilles un peu plus longues.
Le Genévrier phénicien, ouïe Cèdre de Lycie, Juni-
perus phœnicea, Linn. Celui-ci, qui croît en Portugal, en
Italie et à la côte de Barbarie, s'élève à la hauteur de quatre
ou cinq pieds. Il a des feuilles ternées et obtuses, à demi-
ouvertes vers le bas , et couchées les unes sur les autres , dans
les rameaux supérieurs.
Le Genévrier des Barbades , Juniperus barbadensis , L.
On trouve ce genévrier à la Barbade , à la Jamaïque , et
dans d'autres îles de l'Archipel du Mexique. Il forme un des
plus grands arbres de ce pays , et les habitans en recherchent
beaucoup le bois pour la charpente et pour la construction
de leurs navires. Son écorce est rude et d'une couleur sombre;
ses feuilles , extrêmement petites , sont imbriquées sur quatre
r.mgs. Il produit des baies d'un brun clair , plus petites que
colles dé l'espèce suivante.
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Le Genévrier des Bermudes , ou le Cèdre des Ber-
MUDES, Juniperus bermudtana , Linn. Il s'élève , en arbre , sot
une lige droite, et présente une forme presque pyramidale.
Son feuillage dense le fait remarquer. Ses feuilles sont ter-
nées, réunies à leur base , demi-ouvertes, et terminées en
pointe aiguë. Cet arbre croît aux îles de Bermude et de Ba->
haina. Son bois, d'un brun clair, ourougeâtre, a une odeur
très-forte. C'est avec ce bois qu'on fait les enveloppes des
crayons.
Le Genévrier de Virginie , ou le Cèdre rouge de Vir-
ginia, Juniperus virginiana , Linn. C'est un grand et bel
arbre, à cime conique ou pyramidale, dont le feuillage,
d'un assez beau vert , n'est point dense , comme dans l'es-
pèce précédente. 11 varie dans la forme et la disposition de
ses feuilles, selon l'âge et la grandeur des individus ; elles
sont toutes tërnées , et réunies par leur base; mais celles des
jeunes rameaux se recouvrent les unes les autres, et les feuilles
inférieures et anciennes sont ouvertes.
Ce genévrier croît naturellement en Virginie et dans plu-
sieurs parties de l'Amérique septentrionale, dans les sabler
les plus arides. Il vient facilement en pleine terre dans nos
climats, et s'y cultive très-fréquemment. Son bois est re-
cherché en Amérique pour la charpente , pour la construc-
tion des navires , pour des boiseries et différens ustensiles.
Il est rempli d'une résine amère , qui l'empêche d'être dé-
truit par les vers. On en fait de très-jolis secrétaires, qu'on
apporte dans les Antilles ; ils sont très-utiles pour serrer et
conserver les papiers , parce que l'odeur pénétrante , et pour-
tant agréable de ce bois , écarte tous les insectes.
Le Genévrier du Cap, Juniperus capensis, Lam. Ses
feuilles supérieures sont ternées , aiguës , ouvertes et réunies
par la base , et les inférieures opposées , imbriquées et plus
petites. La disposition de celles-ci rend tétragones les ra-
meaux qui les portenf.
Le Genévrier de Chine, Juniperus chinensis , Linn. Il a
des feuilles décurrentes , ouvertes , plus rapprochées les unes
des autres que dans les autres espèces , vertes des deux côtes ,
et à peine piquantes. Il vient spontanément à la Chine.
Le Genévrier thurifère est imparfaitement connu. Si
on en juge par une figure qui se voit dans le Voyage au Séné-
gal de M. Durand , pi. 3j , le véritable genévrier thurifère au-
roit les feuilles et les fruits comme ceux du genéwier commun,
mais avec de plus fortes dimensions. Au reste , plusieurs ar-
bres de ce genre donnent de l'encens.
Tous les genévriers se multiplient par leurs graines , qu'il
faut semer aussitôt qu'elles sont mûres, quand on peut se les
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procurer*, parce que , si elles sont gardées hors de terre jus-
qu'au printemps, elles ne poussent que dans la seconde an-
née. La terre qu'on destine aux espèces dures doit être neuve
et légère , mais sans fumier; lorsqu'elle est bien labourée
el nivelée , on y sème les baies en assez grande quantité. Les
espèces plus fortes peuvent être semées sur une plate-bande
à l'exposition de l'orient. La manière d'élever les genévriers
est décrite très-au long dans Miller, que le lecteur peut con-
sulter, (d.)
GENÉVRIÈRE. On donne ce nom à une espèce de
Grive dans le département du Mont-Blanc , parce qu'elle
se nourrit principalement de baies de genièvre dont sa chair con-
tracte le parfum. Voy. Litorne. (v.)
GENGFGRAVE et GERBEL. Noms de la Mille-
feuille ( achillea millefolium , L. ) en Allemagne, (ln.)
GENGIBA. Nom donné , en Espagne, à la Grande
Gentiane ( G. lutea ). (ln.)
GEN1CULARIS des Romains. Ce nom de plante pa-
roît désigner I'Agrostème des jardins (agrostemma corona-
ria). (ln.)
GENIÈVRE. Fruit du Genévrier. V. ce mot. (s.)
GENIÈVRE DOUX. C'est le fruit de la Camarine
BLANCHE( em/?e/n;m album). (B.)
GENILLOTTE, Nom de la gelinotte dans le pays de
Vaudi V. Gelinotte, (s.)
GENIOSTOME, Geniostoma. Nom d'une plante décou-
verte dans l'île de Tanna , et dont Forster a fait un genre
nouveau dans la pentandrie monogynie.
Les caractères de ce genre sont d'avoir : un calice à cinq
divisions pointues ; une corolle monopétale tubuleuse , plus
longue que le calice, dont le limbe est divisé en cinq lobes
à trois dents ; cinq étamines ; un ovaire supérieur, ovale,
chargé d'un style à stigmate épais et sillonné ; une capsule
oblongue , biloculaire , et qui contient dans chaque loge
plusieurs semences anguleuses attachées à un placenta cen-
tral, (b.)
GENIPA. Genre de plantes créé par Tournefort, adopté
parLinnseus, et que Lamarck, Willdenow et d'autres bota-
nistes réunissent au gardénia. Persoon conserve ce genre ; il
y réunit avec Richard le duroiade Linn., et soupçonne que le
stylocorina de Cavanilles doit y être rapporté. Ce botaniste
pose le caractère essentiel du genipa dans la forme en masse
du stigmate. La baie , selon Gsertner(3, p. 65, tab. 180,
f . i ) , est à trois loges. Adanson ne forme qu'un seul genre
du strychnos et du genipa de Linnseus. ( V. Gempayer et
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GardÈne. Ce nom de genipa dérive de ceux de genipat ou ja-
nipha eljunipa, donnés au Brésil à l'espèce dite G. americanu.
(LN.)
GENIPAYER D'AMERIQUE. Genipd americana, Linn.
^Pentandriemonogynie.') C'est un arbre de moyenne grandeur,
de la famille des rubiacées. 11 croit dans l'Amérique méridio-
nale et aux Antilles. Sa tige est droite , sa cime étalée ; ses
branches, qui s'étendent au loin de tous côtés, sont garnies
de feuilles entières, opposées, presque sessiles, ayant dix à
douze pouces de longueur sur trois de largeur , et disposées
en touffes aux extrémités des rameaux; leur surface est glabre,
et leur côte longitudinale , à laquelle aboutissent plusieurs
nervures obliques , est saillante en-dessous. Les fleurs blan-
ches d'abord, et ensuite d'un blanc jaunâtre, répandent une
odeur agréable; elles sont portées par de courts pédoncules,
et ont un pouce et demi de diamètre. Leur calice est entier,
ses bords sont comme tronqués ou ondulés ; ils renferment
une corolle monopétale, deux fois plus longue que lui, dontle
tube est presque cylindrique, et dont le. limbe , représeniant
une coupe, est divisé profondément en cinq parties ovales et
pointues; cinq étamines courtes et réfléchies sur le limbe ,
laissent voir, au milieu d'elles, un stigmate en massue que sup-
porte un style simple. L'ovaire, qui est inférieur, est remplacé
par une baie d'un vert blanchâtre, ovoïde , charnuç , à deux
loges, et delagrosseur d'un citron; chaque loge contient plu-
sieurs semences angulaires et comprimées, entourées dune
pulpe aigrelette , dont le suc teint tout ce qu'il touche d'une
couleur noirâtre qui s'efface d'elle-même au bout de quelques
jours. On trouve ces caractères représentés dans 1 Illustration
des genres de Lamarck , pi. i58, fig. 2.
Le genipayer fleurit communément en juin. Quoiqu'il ne
se dépouille jamais entièrement de ses feuilles, elles tombent
pourtant en grande partie vers le mois de décembre ; mais il
en produit après de nouvelles, qui se succèdent à différentes
époques dans la même année. Ses fruits mûrissent en août et
septembre; ils sont astringens, et ils ont la propriété de rani-
mer les forces et d'étancher la soif; les Indiens les mangent,
et ils se colorent la peau avec le suc qu'ils en expriment, pour
effrayer leurs ennemis à la guerre. Son bois est d'un gris de
perle ; il ne peut être employé que vieux , il prend bien le
poli, et sert à faire des montures de fusils, des brancards et
des filières de charpente ; mais la pluie le gâte , et il est en-
core sujet à être attaqué par les fourmis de bois qui le détrui-
sent en peu de temps, (d.)
GENISSE. Jeune vache au-dessus de deux uns. V. le
Bœuf, (s.)
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GrENISTA do Pline. Les botanistes pensent assez géné-
ralement que cette plante est notre genêt à balais {spartium
scoparium ) , ou notre genêt d'Espagne que quelques auteurs
prennent pour le spartium de Dioscoride ; mais il ne paroît
pas que cela soit. L'origine du mot genista est inconnue; Rai
lui donne pour racine le mot latin genu. JLe genista , selon lui,
auroit été ainsi nommé à cause que ses branches sont plian-
tes. Tournefort a créé le premier un genre genista ; Linnseus
l'adopta et l'augmenta, car Tournefort n'y rapportoit que des
espèces non épineuses , à feuilles simples point décurrentes.
Le genista de Linnseus comprend non - seulement celui de
Tournefort , mais aussi le genistella , genista-spartium et des
cyiiso genista du même botaniste ; néanmoins Linnseus ex-
cluoit de cette réunion Yulex confondu par Tournefort avec
les genista-spartium et le"s spartium. Lamarck a réuni le genista
et le spaiiium de Linnseus. Jussieu approuve cette réunion.
D'autres botanistes, par respect pour Linnseus, ont conservé
ses genres-, d'autres pour faire disparoître la confusion qui rè-
gne dans le classement des espèces , ont cru devoir créer de
nouveaux genres, tels que, genistdides, scorpius, listera, chamœ-
spartium, etc., ou bien renvoyer les espèces mal placées dans
d'autres genres. Si l'on rappeloit ici les plantes que les bota-
nistes, ont décrites comme des genista, on verroit que ce sont
toutes des espèces de légumineuses des genres actuels poda-
lyria , crotallariq , rafnia , spartium , genista , cytisus, lebeckia , '
aspalathus, ulex , anthylis , borbonia , liparia et hedysarum.
V. Genêt, (ln.)
Genista-spartium. Des espèces des genres spartium, genis-
ta, anthyl/is (an. erinacea), hedysarum (H. alhagi) , et pso-
ralea (psor. aculeata), de Linnseus, qui sont tous des arbris-
seaux épineux de la famille des légumineuses, ont été nommées
ainsi. Tournefort avoitréuni, sous ce nom, celles de ces espèces
dont les feuilles étoient simples. Adanson partage ce nouveau
genre en deux, listera et ulex. Linnseus avoit déjà séparé le
dernier, mais les espèces du premier avoient été renvoyées
par lui au genista. (LN.)
FIN DU DOUZIEME VOLUME.
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