>4£âé*S>_4âë9fr mmmwmmm êmsMèMëtmm LIBRARY OF I685- IQ56 % W&'' r^m fer -©t Y&3* ' ' : t'^V^* : ; ^ td NOUVEAU DICTIONNAIRE D'HISTOIRE NATURELLE, APPLIQUÉE AUX ARTS, A l'Agriculture , à l'Économie rurale et domestique, à la Médecine , etc. PAR UNE SOCIÉTÉ DE NATURALISTES ET D'AGRICULTEURS. Nouvelle Édition presqu'entièrement refondue et considé- rablement augmentée ; AVEC DES FIGURES TIRÉES DES TROIS RÈGNES DE LA. NATURE. TOME XII. LE L'IMPRIMERIE D'ABEL LANOii, RUE DE LA IIARPE: A PARIS, Chez DETERVILLE, libraire, rue hautefeuille, ïs° 8. M DCCC XVII. Indication des Pages ou doivent être placées les Planches du Tome XII, avec la note de ce qu'elles représentent. D i. Insectes Pag. 8 Célonite apiforme , son antenne grossie. — Céphus pygme'e. — Ce'ratine à lèvre blanche. — Céropalès à cinq bandes. — Chlorion comprime. — Clepte demi- doré. — Colette ceinturée. — Courtillière didactyle, avec une de ses pattes de devant , et une des pattes de devant de la Courtillière commune- — Cyllénie tachete'e. — Cyrte acéphale et ses antennes. — Dia- prie rufipède. — Dolichope à crochets. — Forficule biponctué, mâle et femelle. D 2O. Oiseaux u4 Faisan doré. — Faucon. ■ — Fourmilier palikour. G 20. Oiseaux 229 Aguassière. — Fringille à tête blanche ( Pinson leuço- phore). — Moucherollc à queue en éventail. D 27. Insectes 3l2 Foène jaculateur. — Fourmi fauve, mâle et femelle. — Fulgore porte-lanterne. D 28. Quadrupèdes mammifères 3î3 Furet. — Fourmilier. D 29. Plantes 364 Galanga officinal. — Gale cirier , mâle et femelle. — Gayac officinal. — Gingembre de l'Inde. E G. Quadrupèdes mammifères 3yG Galéopithèque roux. — Girafe. — Guenon à long nez. D 3?.. Poissons 455 Gade morue. — Gai verdàtre. — Gastcrostce épinoche. — Gastrobranche aveugle. — Glyphisodon moucha- ra. — Gobie Bosc. — Gobioïde Broussonnet. — Gobiomore taïboa. — Gobiésoce testard. — Gom- phosebleu. — Gymnètre hav/ken. — Gymnote élec- trique. — Gymnothorax murène. NOUVEAU DICTIONNAIRE D'HISTOIRE NATURELLE. FOR JfORESTIERS. Nom imposé par M. de Azara , à une petite famille d'oiseaux du Paraguay , qu'il faut voir en nature , pour s'assurer s'il n'y en a pas parmi eux qui font partie des genres connus. Ils ont, suivant ce savant natura- liste espagnol, le bec plutôt en pyramide qu'en poinçon , fort, comprimé sur les côtés , un peu courbé et pointu ; les narines situées dans un enfoncement; la langue, qui n'est indiquée que dans une seule espèce (\c forestier à tête dorée), unpeugrosse et étroite ; la quatrième penne de l'aile la plus longue de toutes ; quatre doigts , trois devant , un derrière. Ces carac- tères rapprochent les forestiers des fringilles ; mais comme ils ont le bec courbé, et que ceux-ci l'ont droit, ils doivent composer un genre particulier , que j'aurois établi , si je les eusse connusautrement que par des descriptions. Ils onl aussi de grands rapports avec mes némosies ; mais celles-ci ont une petite échancrure au bec, et M. de Azara n'en indique point pour ses forestiers. Quoique le nom de forestier, dit ce savant, convienne à plusieurs familles d'oiseaux , je l'ai appliqué particulière- ment à celle-ci , parce que les oiseaux qui la composent ne sortent jamais, à ce que je crois, des forêts épaisses et em- barrassées , et ne se posent jamais sur les branches sèches. Les forestiers, ajoute cet excellent observateur, diffè- rent principalement des becs-en-poinçon (V. ce mot), en ce qu'ils onl un peu plus de grosseur dans la tête et le corps; les plumes du sommet de la tête et du dos moins pressées les unes sur les autres ; la queue plus foible , un peu plus longue, et les extrémités de ses pennes un peu pointues ; l'aile plus xii. I FOR courte , moins forte et pointue ; les jambes , les tarses et les doigts un peu plus longs; les mouvemens moins vifs, sans être lourds ; enfin , moins de finesse dans l'instinct. Les fo- restiers sont sédentaires ; ils ne se rassemblent que par paires , encore n'est-ce pas pendant toute l'année , à ce qu'il croit. Le Forestier doré et verdatre a la base du bec , les côtés de la tête et les parties inférieures de couleur jaune d'œuf, un peu plus foncée sur les côtés du corps; le bord extérieur de l'aile de couleur d'or; ses couvertures inférieures d'un gris de perle; toutes les parties supérieures d'un vert assez sombre ; les pennes des ailes et de la queue brunes et presque imperceptiblement bordées de vert; le bec noirâtre en dessus et blanchâtre en dessous ; les tarses couleur de plomb. Longueur totale , cinq pouces sept lignes. M. de Azara fait mention, dans ce même article , d'un individu qui est moins long de trois lignes et demie que le précédent , et qui a la base du bec , les côtés et le dessus de la tête blanchatr.es , avec une foible teinte violette ; la poi- trine d'une légère couleur d'or ; le ventre blanc ; le dos et le croupionmêlésde très-peu d'or ; les ailes et la queue comme dans le précédent , mais les douze pennes caudales se termi- nant en pointe ; le bec est un peu plus court, formant un angle aigu à la partie supérieure, pointeomprimé sur sescôtés , et les ouvertures des narines n'étant point dans un enfoncement. Toutes ces dissemblances ne paroissent pas à l'historien des oiseaux du Paraguay , suffisantes pour établir une espèce particulière. Je suis loin de partager son opinion; les seules différences dans la forme du bec et des narines me semblent suffisantes pour ne pas le rapporter au forestier doré et verdatre. Ces oiseaux se plaisent dans les broussailles épaisses. Le Forestier rouge et noirâtre. Un trait blanchâtre surmonte les yeux de cet oiseau; un autre de la même cou- leur part du coin de la bouche, et au-dessous , il y en a un troisième d une teinte noirâtre ; le dessus , les côtés de la tête et le haut du cou sont d'un noirâtre mêlé de bleu terreux ; le reste du cou en dessus, et la moitié du dos, sont nuancés de roux et de brun ; l'autre moitié du dos et le croupion rou- geâtres; les couvertures supérieures des ailes sont couleur de plomb ; les plus grandes couvertures, les pennes alaires et caudales sont noirâtres et bordées finement de roux ; une tache blanche est à l'extrémité de la penne extérieure de chaque côté de la queue ; la gorge et le devant du cou sont d'un brun clair : le dessous du corps est presque blanc, ses côtés sont rougeàtres, ainsi que les couvertures in- férieures de la queue; celles des ailes sont blanchâtres; les pennes et le dessous des ailes de la queue sont d'un noirâtre FOR 3 brillant ; le tarse est d'un noirâtre plombé; l'iris brun; le bec noirâtre en dessus , et d'un blanc jaunâtre en dessous. Longueur totale , cinq pouces et demi. Cet oiseau a un ra- mage assez agréable, et il se tient dans les grands halliers très- fourrés. Le Forestier a tète dorée se plaît à la moitié des grands arbrisseaux et des arbres embarrassés et touffus. Il a cinq pou- ces et demi de longueurtotale ; la tète dorée jusqu'aux yeux , et le reste du plus beau jaune; la gorge, les côtés du corps et les couvertures inférieures des ailes d'un blanc doré ; le reste du dessous du corps blanc , et le dessus brun ; le tarse couleur de plomb ; l'iris brun ; le bec d'un brun clair en dessus et d'unbleu de ciel en dessous; la queue étagée. L'individu que M. de Azara croit être la femelle , a l'envergure plus courte d'un pouce ; la tête d'un roux doré , avec quelques taches plus vives ; le dessus du cou et du corps , les bords des cou- vertures supérieures, les pennes alaires et caudales, le de- vant du cou et la poitrine, d'un brun jaunâtre, plus clair sur les parties inférieures; le ventre et les couvertures du dessous de l'aile d'un jaune lavé. L'auteur cité ci-dessus a vu un autre individu semblable à cette femelle , excepté qu'un brun doré couvroit la tête, un brun jaunâtre le dessus du corps , un vert foncé et mêlé de jaune le dessous. Le Forestier a tète écarlate. Sa longueur totale est de cinq pouces deux lignes ; le bec et les yeux sont entourés par un noir profond, et le reste de la tête est d'un rouge écar- late ; les couvertures inférieures des ailes sont blanches ; les supérieures noires , les plus grandes et les pennes noirâtres et bordées de bleu terreux; le reste du plumage est d'un bleu d'ardoise , un peu plus clair sur les parties inférieures ; le bec noirâtre en dessus et d'un bleu terreux en dessous ; la queue est étagée. Je ne suis pas du sentiment de M. Sonnini , qui , dans la traduction de l'ouvrage de M. de Azara , rap- proche cet oiseau à la mésange grise couronnée d'ècarlate (pa- rus griseus), envoyée du Nord de l'Amérique à Mulier, et figurée dans sa Zoolog. danic. , pi. 34 , n.° 284. Le Forestier vert a tète rousse. Longueur totale , six pouces. Pennes de la queue terminées en pointe ; sommet de la tête et sourcils roux ; côtés de la tête et menton cendrés; derrière du cou verdâtre et mêlé de roux; les autres parties supérieures d'un verdâtre pur; devant du cou, couver- tures supérieures des ailes et le bord des pennes, jaunes; poi- trine et ventre d'un blanc teinté de roux; couvertures inférieu- res de la queue avec du jaune, du vert et du blanc fondus ensemble ; tarses d'un bleu terreux ; dessus du bec brun , le dessous blanchâtre. 4 FOR Je rapproche des Forestiers plusieurs CRTPiusdeM.ô'e Azara, parce qu'ils ont comme ceux-ci le bec fort comprimé sur les côtés etun peu courbé. Ces oiseaux se nourrissent de che- nilles et d'autres insectes qu'ils cherchent dans les brous- sailles ou sur la terre; cependant leur bec est assez fort pour briser de petites graines, et M. de Azara croit quelles pourroient servira les nourrir en cage. Ils vivent réunis ou par paires ; ils sont sédentaires, vifs et peu farouches, et on les rencontre partout où ils trouvent à se cacher, à l'exception de l'intérieur des bois fourrés ; ils se posent sur les glayeuls, les joncs , les buissons et par terre. Leur vol est fort court. Le Chipiu brun et roux a les mêmes habitudes que le chipiu noir et rougeâtre. M. de Azara ne Ta vu qu'au Paraguay. Son chant est si beau et si mélodieux , que ce naturaliste trouve qu'il surpasse celui du chardonneret et du serin de Ca- narie. Cet oiseau est remarquable parles pennes de sa queue, qui sont usées et terminées en pointe, surtout les deux inter- médiaires qui ont dix lignes de plus que les autres, lesquelles sont en tuyau d'orgue. Son doigt postérieur est plus robuste que ceux de devant, et articulé comme le doigt intérieur; six pouces font la longueur de ce chipiu, quia les sourcils blancs ; les parties inférieures d'un roux lavé; les couvertures de desr- sous des ailes blanches ; la tête d'un bleu azuré et les cou- vertures supérieures de l'aile d'un bleu d'ardoise ; chaque plume du derrière du cou d'un brun clair, avec une tache longitudinale et noirâtre ; le dos et le croupion d'un brun un peu roussâtre. Des individus de cette espèce présentent quelques différences; les uns ont la tête d'un brun rougeâtre, une partie des côtés du cou bleue et le dessus roux; chez d'autres la queue est plus courte. M. de Azara croit que ce sont des femelles. Le Chipiu noir et blanc ne se trouve qu'au Paraguay où il est assez rare et où il demeure toute l'année. Il se tient toujours à la lisière des bois et dans les halliers qiri les avoi- sinent, où il se cache avec soin. Il monte plus haut sur les arbres que les deux autres, et y cherche les chenilles et les insectes dont il se nourrit. Il n'est point farouche et va seul ou par paire. Son chant se borne à un petit cri , et son vol ne s'étend que pour passer d'un arbre à un autre. Son nid, qui est attaché à la fourche de trois rameaux et comme suspendu, est petit, profond, formé de pailles menues sans aucune garniture intérieure. La ponte est de deux œufs blancs, poin- tillés de noir au gros bout. Il est remarquable que la ponte dis oiseaux du Paraguay est beaucoup moins nombreuse que dans le Nord du nouveau Continent et qu'en Europe. Ce chipiu a quatre pouces trois quarts de longueur totale ; les plumes des ailes sont foibles ainsi que celles de la queue FOR 5 qui sont un peu étroites et étagées ; les parties inférieures d'un blanc lavé d'une teinte plombée sous les ailes; les parties su- périeuresbleuâtres, et lesgrandes couvertures desailesnoirâtres dans leur milieu ; cette couleur est aussi celle àes pennes et de la queue , dont la plus extérieure a du blanc sur sa dernière moitié et la seconde un peu moins, avec un trait noirâtre sur son côté extérieur ; la troisième est comme la seconde ; la quatrième a très-peu de blanc, et toutes ont une bordure, bleuâtre sur tout ce qui n'est pas blanc; le bec est noir y 'l'iris rouge et le tarse noirâtre. Le Chipiu noir et rougeàtre a cinq pouces et demi de longueur totale ; un trait blanc qui part de la narine et s'é- tend jusque sur les côtés de l'occiput, où il prend une teinte rougeàtre ; les parties inférieures de cette dernière cou- leur , à l'exception du milieu de la poitrine et du ventre qui sont presque blancs ; les couvertures inférieures de l'aile comme jaspées de blanc et de noirâtre ; tout le reste du plu- mage est presque noir ; on remarque encore du blanc à l'extrémité de la queue; le bec est noir, et le tarse noirâtre. Des individus ont le menteauplus ou moins de cette couleur; d'autres ont des taches de la même teinte ; le trait blanc des côtés de la tête très-peu apparent, il manque même chez quel- ques-uns. Ces variétés , comme dit M. de Azara, paroissent tenir plutôt à l'âge qu'au sexe. Ces oiseaux ne sont pas rares au Paraguay, et se trouvent aussi à la rivière de la Plata. (v.) FORÊT. Coquille du genre des Vis. C'est le Murex strigillatum. (B.) FORÊTS, Sylvœ. V. Bois, (d.) FORFICULE^oç/îcu/a, Linn. Genre d'insectes, de l'or- dre des orthoptères , tribu des forficulaires , ayant pour ca- ractères : ailes plissées en éventail et repliées transversale- ment , sous deux élytres très-courtes , crustacées , à suture droite ; abdomen terminé par deux pièces écailleuses , for- mant une pince; tarses à trois articles, dont le second bi- fide; antennes filiformes, de douze à treize articles, presque cylindriques ; mandibules bidentées à leur extrémité ; palpes filiformes; languette à deux divisions profondes. Ces insectes tiennent des coléoptères , avec lesquels quel- ques auteurs les ont rangés, et des orthoptères. Leurs élytres ont la suture droite , et leurs ailes sont pliées transversale- ment comme dans les premiers ; mais ces mêmes ailes sont aussi pliées longiludinalement ou en éventail dans une por- tion de leur étendue, de même que cellesdesseconds. La tête des forficules est dépourvue de petits yeux lisses, caractère qui est propre aux coléoptères ; la forme du corselet esl la même 6 FOR que celle de ceux-ci; mais l'organisation de la bouche des fbr- ficules, les appendices qu'ils portent à l'extrémité du corps, leurs métamorphoses plus encore que ces caractères, les éloi- gnent des insectes de cet ordre. Ils semblent faire un genre isolé et intermédiaire entre les coléoptères et les orthoptè- res. Si on se guidoit d'après le nombre des articles des tarses , on les rejetteroit loin de leur place naturelle, puisqu'on les associeroit aux criquets. Les forficules ont le corps allongé , étroit , presque de la même largeur partout, et déprimé ; la tête presque triangu- laire; le corselet plat, carré ; les élytres, très-courtes , hori- zontales, presque carrées, sans écusson apparent intermé- diaire; le bout des ailes coriace , dépassant les élytres dans le repos; l'abdomen fort long, obtus ou tronqué au bout, terminé par deux crochets écailleux formant une pince , dif- férant un peu suivant les sexes ; les pattes courtes, assez grêles, comprimées, sans épines; leurs tarses n'ayant point de pelote entre les crochets. Leur bouche nous présente une lèvre supérieure coriace, grande, saillante, presque semi-circulaire; deux mandibules cornées, refendues à la pointe ; deux mâchoires terminées par une pièce cornée , arquée, pointue, entière ou simplement bifide, et surmontée d'une galette et d'un palpe de cinq arti- cles ; une languette divisée en deux lanières , avec deux pal- pes de trois articles ; le menton coriace , presque carré , un peu rétréci et tronqué à son extrémité supérieure. Les forficules mâles diffèrent un peu des femelles par la pince de leur abdomen ; c'est ce qu'il est facile d'observer dans l'espèce appelée Auriculaire, et qui est la plus com- mune. Les branches de cette pince sont plus grandes et plus arquées dans les individus du premier sexe que dans les se- conds. Degeer a vu leur accouplement. Le mâle s'approche à reculons de la femelle, dont il tâte le ventre avec sa pince pour se mettre dans une position favorable, et s'unit à elle, en faisant sorlir de l'avant-dernier anneau de son abdomen , une pièce qui caractérise son sexe. Les deux insectes restent ainsi tranquillement , les deux pièces appliquées respective- ment contre leur ventre ; ils sont alors dans une même ligne et. opposés l'un à l'autre , leurs têtes formant les deux bouts de la ligne. On rencontre fréquemment les forficules , soit à terre , soit sur les plantes , et principalement sous les écorces des arbres, où ils s'assemblent souvent en grande société. Us se nourris- sent de diverses matières soit animales, soit végétales. La for- me de leurs mandibules dénote suffisamment qu'ils sont ron- FOR 7 geurs; ilsfont beaucoup detort auxfruits, ctaux fleurs d'oeillet surtout. Frisch et Degeer ont observe que la femelle veilloit avec tous les soins possibles à la garde de ses œufs, que l'on trouve au commencement d'avril, dans des lieux frais, sous des pierres , et qui sont rassemblés par tas. L'observateur sué- dois ayant rencontré une femelle posée sur ses œufs , la prit avec eux , et la plaça dans un poudrier rempli a demi de terre fraîche. Les œufs, dispersés ça et là, furent, au bout de quelques jouis, rassemblés par la soucieuse mère qui les avoit portés un à un avec ses mandibules. Ils éloient sur la surface de la terre du poudrier; la mère placée sur eux comme une poule qui couve , ne les quitta pas un instant. Ces œufs sont assez grands , blancs, lisses , et éclosent au mois de mai. Les petits paroissent très -grands relativement au volume de l'œuf, ce qui suppose qu'ils y sont très-compri- més. Le mouvement du vaisseau dorsal est très-sensible dans les jeunes larves , qui n'ont ni élytres , ni ailes , de même que toutes les autres larves d'orthoptères; leur corps est moins gros aux deux bouts et formé de treize anneaux ; les trois premiers portent chacun une paire de pattes, et répondent au corselet et à la poitrine. Les deux pièces de la pince sont coniques et un peu divergentes ; les antennes n'ont encore que huit arti- culations; les palpes et les pattes sont renflés. Degeer nourrit pendant quelque temps avec des morceaux de pomme, les petits qu'il avoit obtenus. Ils muèrent plusieurs fois. Leurs antennes s'allongèrent et crûrent en articulations ; les anneaux du corselet furent mieux marqués , et leur figure commença à se rapprocher de celle qui leur est propre lors- que ces insectes sont adultes; les deux branches de la pince étaient plus fortes , et leur extrémité étoil déjà un peu arquée. Ces larves , dont Degeer prenoit soin, périrent peu à peu, à l'exception d'une qui se changea en nymphe au mois de juil- let. Le corselet étoit distinct dans cette nymphe ; les fourreaux des élytres et des ailes éloient plats et collés sur le dos. Les deux pièces de la pince avoient leur courbure ordinaire. La mère étoit morte auparavant, et Degeer la trouva à demi mangée. Le besoin avoit sans doute forcé les petits à en venir à cette extrémité, car on n'a pas remarqué que ces insectes se dévorassent les uns les autres. Cette tendresse de la mère pour ses petits est appuyée d'un autre fait. Le même observateur trouva , au commencement de juin , sous une pierre , une femelle de forficule , ayant autour d'elle ses petits, de même que les poussins le font avec la poule. La mère se tenoit tranquillement sur eux des heures entières. En admirant la prévoyance maternelle de ces insectes , 8 FOR nous sommes cependant obligés de leur faire la guerre et àe chercher à les détruire, puisqu'ils nous sont pernicieux. Le jardinier doit surtout s'occuper de cette chasse ; c'est lui qui a le plus à se plaindre. Il est nécessaire qu'il visite exactement les arbres dont l'écorce se détache , les parties des murs de son jardin, qui, parles séparations des pierres, le mauvais état de l'enduit , offrent à ces insectes des retraites ou un abri ; il doit de temps en temps changer les pots a fleurs de place, examiner l'intérieur de ceux qui sont vides ou qu'il a aban- donnés ; il peut placer de distance en distance des tuyaux de bois ou de terre pour y attirer ces insectes et les y surpren- dre. C'est par sa seule vigilance et son activité , qu'il se pré- servera des ravages de ces animaux. Jusqu'à ce que des expé- riences long -temps répétées nous aient fait connoître des moyens plus simples, je regarderai les autres comme dou- teux ou peu efficaces; car il y a partout du charlatanisme. FoRFICULE AURICULAIRE, Forficula aurirularia, Linn. Cette espèce est connue de tout le monde en Europe. Elle a envi- ron un demi-pouce de long ; le corps est d'un brun ferrugi- neux ; les antennes sont d'un jaune fauve pâle , composées de treize à quatorze articles; la tête est d'un fauve foncé, avec les yeux noirs; le corselet est obscur au milieu avec les côtés jaunâtres ; les élytres sont d'un fauve pâle ; les pièces de la pince sont d'un jaune-brun , rapprochées et dentées à leur base, arquées ensuite, simples et sans dentelures; les pattes sont pâles. Forficule GIGANTESQUE , Forficula gigantea , Fab. Il a environ un pouce de longueur. Son corps est d'un jaunâtre pâle , tacheté de noirâtre ; les antennes ont vingt-neuf articles; l'abdomen est obtus avec les côtés pâles; le dernier anneau de l'un des sexes a deux dents aiguës ; les branches de la pince sont d'un jaune-brun , grandes, peu arquées , légèrement den- telées , armées d'une dent obtuse , un peu au-delà de leur mi- lieu , et ont leur extrémité noire. Forficule bimoucheté , Forficula biguitaia , Fab., pi. D i, 17. Il est noir, avec une tache jaunâtre sur chaque élytre; la pince est courbée et dentée à sa base et au milieu. Forficule nain, Forficula minor, Linn. Il n'a pas plus de trois lignes de long ; il est brun , avec la tête et le corselet noirs; les élytres rougeâtres ; la poitrine et les pattes pâles, et la pince d'un brun fauve , à peine arquée , et dentelée dans l'un des sexes ; les antennes n'ont que onze articles. Il se trouve dans toute l'Europe, particulièrement autour des fumiers. Il entre dans les maisons la nuit, attiré sans doute par l'éclat de la lumière. FoRFiCULE BIPLNCTUÉ. Il se fait remarquer par deux ]) . 1 / < elontte apï/vrme , 2 ,!'/>// .//l/i'li/l'c t/ri'.r.r/,' . .'> /',y////,r />///', r/i';>- ,'r Ct'tUt &qnde,f (>'.' C/dorian fomt'/unw' • •7. ('/,■/>.'<' t/tvaïf/are. 8. CaYe/fe ceinfurèe . l6. JJi ,///r,r '//,> devant. jj- /'//<■ de* panes de devant de ta ro//i//iti/)i- ■ J2. Cl/ffem'e /<■\>c\éformique. Les insectes de cette tribu, généralement désignés sous le nom de fourmis , ne sont que trop connus par leurs dégâts et leurs ravages. Non-seulement, plusieurs d'eux rongent les fruits de nos jardins , nuisent à la végétation par les galeries qu'ils creusent dans la terre , souvent aussi dans le tronc des arbres ; mais il en est qui pénètrent dans l'intérieur de nos habitations, et jusqu'aux parties les plus élevées, attaquent nos provisions de bouche , les sucreries surtout , et leur com- muniquent une odeur de musc désagréable. Ils vivent tous en sociétés , souvent très-nombreuses, con- tinues , et interrompues, dans nos climats seulement , par les ,6 FOR rigueurs des hivers. Les neutres , ou les ouvriers , et qui sont des femelles dont les ovaires n'ont point reçu lelabora- tion convenable , sont exclusivement chargés de tous les tra- vaux! Ils construisent ou préparent 1 habitation , nourrissent , soignent et défendent les petits , saisissent et retiennent les fe- melles qui ont été fécondées , et en conservant leurs œufs , assurent l'existence de nouvelles générations. Les mâles et les femelles ne se trouvent que temporairement , sous leur der- nière forme , dans la fourmilière. Ils en sortent dès qu'ils ont acquis des ailes. Les premiers individus sont très-inférieurs , pour la taille, aux autres. Ils ont la tête et les mandibules pro- portionnellementpluspetites, et les yeux plus gros. Les mâles fécondent les femelles hors de l'habitation , souvent au milieu des airs , où ils forment , avec elles , des essaims nombreux , et périssent bientôt après , sans rentrer dans leur ancien do- micile , où ils ne sont plus nécessaires, le vœu de la nature étant rempli. Ces femelles, propres à devenir mères, perdenlbientôt leurs ailes, soit au moyen de leurs pattes, soit parce que les neu- tres les leur arrachent ; ceux de ces individus qui se sont ac- couplés aux environs de la fourmilière , y sont souvent en- traînés par les neutres et retenus captifs, jusqu'à ce qu'ils aient fait leur ponte; mais les autres, ou fondent de nouveaux établissemens, ou augmentent de la même manière ceux où ils se trouvent portés. Des auteurs prétendent qu'ils sont expulsés de l'habitation, peu de temps après leur ponte. Les œufs sont très- petits, ronds, d'un blanc jaunâtre, et rassemblés par tas. Les larves qui en sortent, sont semblables à de petits vers blancs, gros , courts, d'une forme presque conique , sans pattes , et dont le corps est divisé en douze anneaux ; sa partie antérieure est plus menue et courbée ; on remarque à sa tête deux espèces de crochelfc , quatre pe- tites pointes et un mamelon , presque cylindrique, mou, ré- tractile, et par lequel la larve reçoit la becquée. Cette nour- riture doit être d'une consistance molle ou fluide ; elle est une élaboration de la liqueur mielleuse ou saccharine , que les neutres recueillent auprès des pucerons ou retirent des végétaux. Des matières animales, ayant subi une prépa- ration dans F estomac de ces individus neutres , servent aussi d'alimens à ces larves , que le vulgaire nomme , ainsi que leurs nymphes, œufs de fourmis. Les neutres ne se bornent pas à nourrir les larves. Elles les défendent contre les agressions de leurs ennemis, et veil- lent avec le plus grand soin à leur conservation; elles les transportent , dans les beaux jours, à la superficie extérieure de l'habitation, afin de leur procurer de la chaleur , et les FOR t7 descendent plus bas, aux approches de la nuit et du mauvais temps. La fourmilière souffre- t-elle quelque dérangement, elles saisissent aussitôt ces larves , pour les sauver et les" met- tre à l'abri. Les nymphes, entièrement semblables à l'insecte parfait qui doit en provenir, mais de consistance molle, blanchâ- tres ou jajmàtres , inactives , et n'ayant que les rudimens des ailes , sont tantôt nues , tantôt renfermées dans une coque soyeuse qu'elles se sont préparée. Les neutres ont ordinai- rement l'attention de la déchirer lorsque la nymphe est sur le point de se développer , ou de subir son dernier change- ment. L'époque de cette métamorphose varie selon les espè- ces. Les neutres empêchent les individus qui viennent d'ac- quérir des ailes, de sortir, jusqu'au moment favorable , et presque toujours déterminé par une chaleur assez forte de l'atmosphère. Ils leur frayent alors des passages et leur don- nent la liberté. La plupart des fourmilières sortt uniquement composées d'individus de la même espèce; mais il en est de mixtes. Les neutres se procurent, en usant de violence ou par des expé- ditions militaires , des individus de la même caslc ou pareil- lement neutres, d'une autre espèce ou même de deux éta- blies dans le voisinage , afin de leur servir d'auxiliaires, lia les arrachent à leurs foyers, lorsqu'ils sont en état de larve ou de nymphe. Ces individus, ainsi expatriés, arrivés à leur état parfait , tantôt coopèrent simplement aux travaux du mé- nage, comme dans les sociétés mixtes de la fourmi sanguine; tantôt en sont seuls chargés , comme dans celles des fourmis amaiones ou légionnaires. Les ouvrières de celles-ci ne sont propres qu'au combat et à la défense de l'habitation. On a célébré, avec raison, la prévoyance de ces insectes, et leur amour infatigable pour le travail. Maison se méprend, en partie, sur leur but. Ils n'amassent point desprovisions de bouche pour 1 hiver, puisqu'ils sont alors engourdis et inca- pables de prendre de la nourriture. Les grains de blé et au- tres différentes substances qu'ils charrient dans les beaux temps , ne sont que des matériaux de construction , et desti- nés à étendre et à consolider leurs ouvrages. La forme et la nature de leurs habitations varient selon l'instinct particulier des espèces: mais en général* elles sont beaucoup plus simples que celles des aulres insectes vivant en sociélés. Quelques espèces se logent dans le vieux bois, qu'elles creusent en manière de labyrinthe; d'autres habitent la terre. Parmi celles-ci, les unes ne sont que de simples ma- çonnes ; les molécules terreuses qu'elles ont détachées sont les seuls matériaux qu'elles mettent en œuvre; mais il en est ,8 FOU qui forment, au-dessus du sol , des monticules ou des cônes plus ou moins élevés, et qu'elles composent, non-seule- ment de sable , de terre , mais encore de petits morceaux de bois, de feuilles, et de tous les corps qu'elles trouvent à leur bienséance. Dans toutes ces habitations , différens chemins ou galeries conduisent à un centre principal, qui est le sé- jour de la famille. . Les neutres vont à la recherche des provisions, et parois- sent s'instruire par le toucher et l'odorat, de l'heureux suc- cès de leurs découvertes , s'encourager et s'aider mutuelle- ment. Des fruits , des insectes ou des larves , des chenilles surtout, souvent même des cadavres de quadrupèdes ou d'oi- seaux de petite taille, leur servent de nourriture , de sorte que si ces insectes nous sont nuisibles sous plusieurs rapports , ils nous sont utiles sous quelques autres considérations. Je présenterai d'autres détails à l'article Fourmi. Geoffroy, Degeer, Fabricius et Olivier ne firent aucun changement au genre Formica de Linnœus. Le second cepen- dant le divisa en deux familles; les espèces de la première ont une écaille verticale sur le filet ou pédicule du ventre ; dans la seconde , ce filet est composé d'une ou de deux piè- ces rondes, en forme de boules ou de nœuds; ces espèces ont ordinairement dps pointes ou des épines sur le corselet. Déjà, dans mon Essai sur l'histoire naturelle des fourmis de France, j'avois cherché à faciliter, par de nouvelles obser- vations et d'autres coupes, l'étude de ces^ animaux. Des re- cherches plus générales et plus suivies ont ensuite servi de base à la Monographie que j'ai publiée en 1802 , et qui est accompagnée de figures. J'y partage le genre fourmi , composé de plus de cent es- pèces, en neuf familles, dont voici l'énumération et les ca- ractères: i.re Fourmis arquées , Arcuatœ. Point d'étranglement sensible entre le second anneau de l'abdomen et le troisième ; antennes insérées près du milieu de la face delà tête ; écaille lenticulaire ; dos continu , arqué. a.e Fourmis chameaux, Camelinœ. Point d'étrangUpnent sensible entre le second anneau de l'abdomen et le troisième ; antennes insérées près du milieu de la face de la tête; écaille lenticulaire ; dos ayant des enfoncemens. 3.e Fourmis atomes, Atomariœ. Point d'étranglement sen- sible entre le second anneau de l'abdomen et le troisième ; antennes insérées près du milieu de la face de la tête ; écaille en forme de coin allongé. 4..e Fourmis ambiguës , Ambiguœ. Point d'étranglement sensible entre le second anneau de l'abdomen et le troisième; FOR Ig antennes insérées près du bord inférieur de la face de la tête; écaille noduleuse, arrondie, ou tronquée supérieure- ment. 5.e Fourmis porte-pince , Chelatœ. Point d'étranglement sensible entre le second anneau de l'abdomen et le troisième ; antennes insérées près du bord inférieur de *la face de la tête; écaille s'élevant en pointe. , 6.e Fourmis étranglées , Coarctafœ. Second anneau de l'abdomen séparé du troisième par un étranglement guère plus étroit que lui, point noduleux. j.e Fourmis bossues, Gibbosœ. Second anneau de l'abdo- men séparé du troisième par un étranglement beaucoup plus étroit que lui, noduleux comme le premier; premier article des antennes toujours à découvert ; corselet élevé antérieu- rement. 8.e Fourmis piquantes, Piaictoriœ. Second anneau de l'abdomen séparé du troisième par un étranglement beau- coup plus étroit que lui , noduleux comme le premier; pre- mier article des antennes toujours à découvert; corseletpres- que également continu. 9-c Fourmis chaperonnées, Caperatœ. Second anneau de l'abdomen séparé du troisième par un étranglement beau- coup plus étroit que lui, noduleux comme le premier; pre- mier article des antennes se logeant dans une rainure laté- rale de la tête. J'ai suivi la même méthode dans le troisième volume de mon Histoire générale des insectes , mais en formant un genre propre, sous le nom de Céphalote, que j'ai changé plus tard en celui de Cryptocère, avec les espèces de la dernière famille, ou les chaperonnées. Dans les tables du 24.-' et dernier volume de la première édition de ce Dictionnaire, la famille des formicaires est composée de sept genres , dont voici une exposition plus simple. I. Pédicule de l'abdomen formé d'une écaille ou d'un seul nœud. A. Point d'aiguillon. Fourmi s Antennes insérées près du milieu du devant de la tête ; mandibules triangulaires. Polyergue : Antennes insérées près du bord antérieur de la tête ; mandibules longues , étroites et arquées. B. Un aiguillon dans les femelles et les neutres. Odontomaque : Mandibules des neutres presque linéaires. Ponère : Mandibules des neutres triangulaires. 20 FOR II. Pédicule de l'abdomen formé de deux nœuds. À. Antennes découvertes. Eciton: Mandibules des neutres presque linéaires. Myrmice: Mandibules des neutres triangulaires. h. Premier article des antennes se iogeant dans une rainure laté- rale de la tète. Cryptocère. Fabricius, dans son Système des piëzates, admet le der- nier genre; réunit en un , ceux d'odontomaque et d'éciton, sous le nom de myrmecia ; sépare quelques espèces de celui que j'avois nommé myrmice , pour en former on autre , au- quel il applique mal à propos , la dénomination d'atta , déjà employée par M. Walckenaer, dans son travail sur les ara- néïdes ; comprend dans son genre formica, une partie du mien et mes autres myrmices ; et compose, avec mes autres four- mis, le genre lasius. Les formicaires, dans la méthode de M. Jurine, sont dis- tribuées en trois genres , savoir : fourmi , atte et manique. Le premier correspond à celui que j'appelle ainsi, et renferme en outre mes polyergues. Le dernier embrasse mes myrmices. Cet habile naturaliste ne cite presque aucune espèce exotique, parce que, comme je le présume, n'en possédant pas d'individus ailés, il ne pouvoit les classer d'après sa base systématique. La distribution des insectes de cette tribu que j'ai présen- tée dans mon Gênera crustac. et insect., ne diffère de celle que j'ai exposée ci-dessus, qu'en ce que le genre atte est adopté , et que ceux d'odontomaque et d'éciton sont détruits ; le pre- mier forme une division des ponères ,.et le second est réuni avec les attes et les myrmices. Plutôt disciple de Réaumur que de Linnœus , et voulant faire aimer la science des insectes, M. Hubert fils s'est occupé exclusivement de l'étude des mœurs des fourmis, et a, lui seul, découvert plus de faits historiques que tous les na- turalistes qui l'avoient précédé depuis plus d'un siècle. Nous en rendrons compte à l'article Fou; ii. V . cet article et ceux de Polyergue, de Potsère , d'OEcoDOME (au lieu à' atte), de Myrmice et de Cryptocèûe. (l.) FORMICA-LEO. Nom latin du Fourmi-lion. V. ce mot. (L.) FORMICA-YULPES. Nom donné aune larve de diptère, qui a les habitudes de celle qu'on nomme fourmi-lion. Nom ia décrirons à l'article Rhagion. (V. ce mot.) (l.) FORM1CO-ICHNEUMONS. {V. Psoque, genre qui comprend un insecte désigné par plusieurs auteurs sous le nom de Pou de BOIS.) (l). FOR M FORNEUM. Genre établi par Adanson. C'est le méma que I'Andryala de Linmcus. (ln.) FORREICH, NETUCH, RAGHLEK.Différensnoms arabes d'un Héliotrope, heliutropium lineafum(V alh)qui croît aux environs despyramides , en Egypte. V. Delisle , Egypt. (ln) FORRESTIA. Genre établi par M. Raffinesque Schmaltz, sur une plante trouvée aux Etats-Unis par M. Forrest, dans le Nord des Etats de New-Yorck. Ses caractères n'ont pas en- core été publiés : seulement on sait qu'elle est très-proche du genre Céanothe, avec cette différence qu'elle n'a que trois styles, (ln) FORSETIE, FARSETIE, Farsetla. Genre de plantes établi aux dépens des Ai.ysses. Il ne diffère pas de celui ap- pelé Vesicaire par Tournefort. (u). FORSKALE, Forskalea. Genre de plantes, de la monoé- eie monandrie , et de la famille des Urticées, qui a pour ca- ractères : un involucre de cinq à six divisions, laineux, turbiné, multiflore , monoïque ; neuf à dix fleurs mâles , situées à la circonférence , trois à cinq femelles au centre ; chaque Heur mâle ayant-un calice squammiforme, courbé endedans, àlimbe entier et denté , et une étamine à lilamens élastiques; chaque fleur femelle ayant un ovaire a style droit, à stigmate simple , comprimé , entouré de laine , qui fait les fonctions de calice ; une semence ovale , comprimée , laineuse, à embryon droit. Ces caractères , dont l'observation est fort difficile à voir, à raison de la laine dans laquelle les fleurs sont placées, ap- partiennent à des plantes annuelles , hérissées dans toutes leurs parties de poils roides, et dont les feuilles sont simples, alternes, et les fleurs petites , axillaires. Elles viennent des parties les plus chaudes de l'Afrique , et on les cultive dans les jardins de botanique de Paris. On en compte trois ou quatre espèces qui ne présentent rien d'intéressant, (b.) FORSTERE, Forstera. Petite plante de la gynandrie dy- nandrie , et de la famille des C aprifoliacées, qui forme seule un genre dont les caractères sont : calice double, dont l'exté- rieur est inférieur , plus court . situé d'un seul côté , et formé de trois folioles oblongues; tandis que l'intérieur est supérieur, monophylle, cylindrique, divisé profondément en cinq découpures ; une corolle monopétale , campanulée , à limbe à six divisions égales et obtuses ; deux écailles ovoïdes, péta- liformes, attachées, de chaque côté, sur le style, au-dessous du stigmate ; deux étamines à filamens très-courts , qui s'in- sèrent sur le style entre le stigmate et une des écailles; un ovaire ovale à style droit, terminé par deux stigmates laçges et un peu barbus ; une capsule ovale , uniloculaire , et qui contient des semences nombreuses, attachées à un placenta > F O S Cette plante croît dans la Nouvelle-Zélande , sur le som- met des montagnes. Sa tige est herbacée , en partie couchée, rameuse , et haute de quatre à cinq lignes ; ses feuilles sont petites, nombreuses, presque imbriquées, alternes ; ses fleurs sont blanches extérieurement , rouges intérieurement , et portées sur des pédoncules terminaux et solitaires. Labillardière pense que ce genre ne doit pas être séparé de sa Candollée. Il y a eu une autre Forstère , à laquelle Gœrtner a donné le nom d'ATHÉciE. (b.) FORSTERIA. Scopoli donne ce nom au genre Breynie (V. ce mot) , établi par Forster sur un arbre qu'il découvrit dans 1 île de Tanna et à la Nouvelle-Calédonie. Ce breynia n'est pas le breynia de Plumier , lequel rentre dans le genre Câprier, (ln.) . FORSYTHIE , Forsythia. Genre de plante établi par Vahldans la diandrie monogynie, et dans la famille des Jas- minées, sur une plante du Japon , que Thunberg avoit placée parmi les Lilas. Il a pour caractères: un calice divisé en quatre parties, et une corolle campanulée à quatre divisions. La forsythie aies rameaux tétragones, grimpans, opposés; les feuilles opposées , pétiolées , ovales, dentées ; les fleurs jaunes , presque solitaires et opposées aux bourgeons ; le fruit n'est pas connu. Jussieu appelle ce genre Rangion. i Walter avoit donné le même nom à un arbuste de la Ca- roline, que j'ai prouvé être le Décumaire de Linnœus. (b). FORT ( vénerie ). Endroit du bois épais et fourré, (s.) FORTERESSE. C'est une Patelle, Patellagranalina.(*.') FOSSA. Les habitans de Madagascar donnent ce nom à la Civette fossane. (desm.) FOSSANE. Mammifère du genre des Civettes, qui se rapproche principalement de la genette. Elle est figurée pi. D. 25 de ce Dictionnaire. V. l'art. Civette, (desm.) FOSSAR. Coquille du Sénégal , qui , par ses caractères , est intermédiaire entre les Hélices et les Natices: c'est ce- pendant dans ce dernier genre quelle doit être placée, (b.) FOSCARENIA, Vand. Genre de plante qui appartient k la tétrandrie , et doift les seuls caractères connus sont : ca- liceadhérent, à quatre découpures égales; corolle monopé- tale *en entonnoir ; quatre longues anthères presque sessiles , attachées à l'orifice de la corolle; drupe monosperme, (ln.) FOSEI. Nom donné, au Japon, au Pissenlit (leonto- don laraxacum , L. ). (LN.) FOSSELIN1E, Fosselinia, Nom donné par Allioni à F O S 33 la plante qui forme actuellement le genre Clypéole. (b.) FOSSETTE. Espèce de chasse que les bouviers font pen- dant Ihiver. On nomme ainsi des trous faits dans les haies que fréquentent les merles et les grives. Ces trous ont quatre ou cinq* pouces de profondeur, sur douze de long et six ou sept de large ; on les couvre avec un gazon ou une tuile que l'on tient élevés parle moyen d'un morceau de bois en forme d'un quatre de chiffre. On y met pour servir d'amorce , du chè- nevis , du blé , des vers de terre, des baies de genièvre, (v.) FOSSILES. Nom que les anciens minéralogistes et quel- ques naturalistes allemands donnent à toutes les substances qu'on tire du sein de la terre, quelles que soient leur nature et leur origine : pierres, métaux, pétrifications, etc. Mais les naturalistes français désignent spécialement sous le nom de fossiles , les corps organisés qu'on trouve enfouis dans les couches de la terre , depuis des temps dont on ne peut soup- çonner l'ancienneté , la plupart paroissant même fort anté- rieurs à l'existence de l'espèce humaine, (pat.) Les fossiles s'observent à différens états : tantôt ce sont les parties solides elles - mêmes des êtres enfouis , qui sont conservées, mais dont la substance est altérée de diverses ma- nières ; tantôt ces corps ont disparu , mais la cavité qu'ils avoient laissée dans les couchas qui les renferment , s'est en- suite remplie d'une substance nouvelle dont la nature varie , et qui en reproduit le moule ; d'autres fois encore, il n'existe ni corps, ni moule , mais seulement des empreintes, des traits, des linéamens qui démontrent incontestablement que les pierres où on les observe , contenoient des corps orga- nisés à l'époque de leur formation. Les fossiles d'animaux vertébrés sont toujours des portions plus ou moins complètes de leur charpente osseuse. Ceux des animaux sans vertèbres consistent dans les enveloppes calcaires plus ou moins solides , que beaucoup d'entre eux produisent par excrétion, et qui leur servent de demeure , ou qui protègent leur corps en tout ou en partie. Les fossiles végétaux sont ordinairement des troncs ligneux pétrifiés , des noyaux ou autres semences plus ou moins so- lides ; des empreintes de feuilles disposées entre les feuillets de pierres fissiles , comme des plantes dans un herbier. Les fossiles d'animaux mammifères consistent en ossemens de toute espèce , et en dents qui paroissent se conserver en- core mieux que les os. On trouve aussi des fragmens de bois , ou de ces cornes caduques qu'on n'observe que dans les espè- ces du genre des cerfs; mais jamais onne rencontre de substances cornées , telles que sabots, ongles, cornes proprement dites , fanons de baleine, etc. — Ceux des oiseaux , bien moinsnoiu- 34 F 0 S breux, et bien moins conservés , offrent diverses parties du squelette, mais jamais ni bec, ni ongles, ni plumes. 11 en est de même des reptiles ; et parmi ceux-ci, les tortuesprésentent tou- tes les pièces de leur carapace , mais point l'écaillé qui la recou- vre ; les espèces de ces reptiles sont aussi peu communes que celles des oiseaux, mais quelques-unes sont remarquables par leur taille et par leurs caractères. Parmilespoissons* lescarti- lagineux ne laissent aucune trace de leur squelette , et l'on ne trouve d'eux, que ces dents isolées qui sont connues sous les noms vulgaires de langues pétrifiées ou glossopètres (i). Les poissons osseux, au contraire , offrent des débris solides fort nombreux. Dansla classe desmollusques, des becsdesèchesetdespor- tions de l'os intérieur que présente ces animaux; de nombreuses coquilles univalves , bivalves ou multivalves ; des fragmens de test d'oscabrions, des valves d'anatifes, et des demeures co- niques de balanes , sont les corps qui se trouvent le plus or- dinairement dans les couches de la terre. Les annelides n'offrent que des tuyaux de serpules et de dentales , si toutefois les animaux de ces dernières sont bien annelides. Les crustacés se présentent assez souvent pétrifiés, et le plus ordinairement , leur test ^st bien conservé ; mais leurs pattes manquent presque toujours , et se retrouvent isolément. Les insectes que l'on peut regarder comme fossiles , sont ceux que renferment les fragmens d'ambre jaune ou de suc- cin , puisque cette substance elle-même est renfermée dans des couches assez anciennes ; ces insectes sont très-bien conservés dans cette matière bitumineuse , et paroissent ne pas avoir éprouvé la moindre altération. Aucun des vers dits intestinaux , n'a été rencontré à l'état de fossile. Mais les radiaires sont au contraire très-abondans ; les oursins se trouvent fréquemment pétrifiés ainsi que leurs pointes ; et les madrépores ou polypiers pierreux sont , avec les coquilles , les productions les plus abondantes que ren- ferment les couches de la terre. Parmi les végétaux fossiles , on trouve des plantes mono- cotylédones , dicotylédones et acotylédones. Les feuilles que comprennent les lits de pierres feuilletées , appartiennent le plus souvent à des plantes de la famille des fougères ; et l'on 3 pu déterminer assez bien des feuilles de gallium , de pla- (i) Les couches de Monte Bolca seulement présentent dans les feuillets delà pierre qui les compose, des vestiges de raies ,• mais le squelette y manque également. F O S 25 tanes , de saules, etc. , etc. On a reconnu parfaitement le bois de palmier à l'état rie pétrification , ainsi que celui de quelques arbres dicotylédons. On a trouvé des noix , des cônes d'arbres verts, des fruits et des tiges de charagnes, etc. Les différens fossiles ont reçu des noms particuliers. Ainsi, on appelle anthropolites de prétendus squelettes humains fos- siles , amphiàiolitçs les débris de reptiles, ornitholiles ceux des oiseaux, ichtJiyoliles ceux des poissons, crustaciles , canr.roliles , astarolites ceux des crustacés, entomolilhes ceux des insec- tes, c.arpolites et phytolites ceux des fruits ou des feudles, etc. Lorsque les fossiles consistent en parties solides de corps organisés, tantôt ils n'ont aucunement changé de nature et présentent les mêmes principes à l'anal) se, et la même struc- ture que les corps analogues vivans; mais très-souvent on observe des altérations plus ou moins sensibles. Ainsi, pour les ossemens, ordinairement la gélatine a dis- paru en presque totalité, et il ne reste plus que le phosphate calcaire ; quelquefois l'oxyde de cuivre s'y introduit, et alors les -os deviennent des turquoises; d'autres fois encore, ils se pénètrent de bitume, de mercure sulfuré, de substances pyri- leuses , salines, etc. Quant aux coquilles , il arrive souvent qu'elles ont perdu leur drap marin et leurs couleurs, et quelquefois que les lames de matière calcaire dont elles sont formées, se sont écartées les unes des autres; ce qui augmente beaucoup leur épaisseur. Quant aux moules de ces coquilles, et quant à ceux des po- lypiers, ils sont formés, ou de substances semblables à celles de la couche dans laquelle on les observe, ou de substances différentes. Ainsi , par exemple : tantôt des bancs d'argile ou de pierre calcaire contiennent des moules d'argile ou de pierre calcaire, absolument identiques à leur nature; d'au- tres fois leur substance seulement a plus de solidité, tandis que dans certaines circonstances elle en a moins. Souvent des couches calcaires renferment des moules siliceux , pyri- teux ou de fluate de chaux , etc. Les moules des coquilles sont de plusieurs sortes. Tantôt ils représentent les formes extérieures de ces corps , et tantôt ils n'offrent que celle de la partie interne ou de la partie vide de ces mêmes coquilles. Dans ce dernier cas ils sont libres dans une cavité dont les parois sontmarquées des formes extérieures de la coquille , et le vide qui existe est exactement l'espace qu'occupoit la coquille elle-même, avant d'avoir disparu. — On peut donc diviser les moules en intérieurs et extérieurs. Il arrive souvent que cet espace vide entre le moule inlé- rieur et l'empreinte extérieure de la coquille, a été rempli 2G F O S par une cristallisation calcaire , à lames bien distinctes, qui semble être elle-même la coquille , quoiqu'elle n'en soit que la représentation. C'est principalement ce qu'on observe dans les oursins de la craie, dont l'intérieur est souvent rempli de matière siliceuse (i). Les fragmens de bois trouvés à l'état fossile n'offrent plus rien des élemens constitutifs du bois ; ils sont toujours à l'état de pétrification, et, ce qui mérite d'être remarqué , c'est qu'ils sont toujours changés en matière siliceuse. Enfin les fossiles dételle nature qu'ils soient, n'ont pas toujours été conservés dans le sein de la terre , tels qu'ils ont été déposés. Dans beaucoup de cas on observe qu'ils sont dé- primés et comme écrasés et rompus , soit par l'effet d'un dé- placement de la couche qui les contient , lorsqu'elle venoitde se former et qu'elle étoit encore molle : soit par la compression que cette couche a éprouvée par l'effet du poids des masses qui lui sont superposées, (desm.) Les fossiles qui sont incomparablement plus multipliés que tous les autres , sont les coquilles et autres productions marines ; elles forment à elles seules une portion considérable de la matière calcaire dont les couches les plus récentes sont composées , ce qui a fait penser à Buffon et à quelques autres auteurs , que toute matière calcaire provenoit des débris de corps marins ; mais cette hypothèse est complètement dé- truite par l'observation ; car, indépendamment des roches calcaires primitives qui sont évidemment antérieures à toute espèce d'organisation animale ou végétale , et dont l'existence remonte à l'époque même de la formation du globe terrestre , on observe que les couches calcaires secondaires les plus anciennes , et qui sont en même temps les plus puissantes, ne contiennent que des vestiges extrêmement rares de corps marins , dont l'existence commençoit à peine quand ces premières couches ont été formées. Le nombre des corps marins augmente eusuite graduelle- ment, de sorte que l'abondance de ces fossiles est, suivant la remarque de Saussure (§ 6o5), en raison inverse de l'ancien- neté des couches qui les contiennent. Une autre observation curieuse qui a été faite par M. Cuvier, c'est que les corps orga- nisés fossiles, de toute espèce, diffèrent d'autant plus de ceux qui vivent aujourd'hui, que les couches où ils se trouvent sont d'une plus haute antiquité. La plupart des fossiles un peu (i) On a regarde comme des fossiles d'épongés et d'autres subs- tances animales marines, les masses de silex noir qu'on trouve dans, celte même craie. F O S 27 anciens n'ont plus d'analogues vivans, et ceux qui se rappro- chent des espèces actuelles par leurs formes, les surpassent de beaucoup en grandeur; parmi les poissons surtout , cette différence de volume est quelquefois énorme. Ces divers faits ont donné naissance à beaucoup d'hypo- thèses de révolutions et de catastrophes; tandis que ce ne sont que de simples effets des changemens graduels et insensibles arrivés à la surface du globe terrestre , et surtout de la dimi- nution de l'Océan, opérée par la décomposition continuelle de ses eaux. Les fossiles, considérés dans leurs rapports avec l'histoire de la terre , se divisent suivant l'ordre des temps où ils ont commencé d'exister. Il paroît que les premiers êtres vivans qui se formèrent dans l'Océan, furent quelques petits coquillages; ce sont du moins les seuls animaux qui nous aient laissé des traces certaines de leur existence dans les plus anciennes couches Mi ondaircs. Quand la surface de l'Océan se fut assez abaissée pour permettre à la lumière de parvenir aux sommités des mon- tagnes , il s'y forma quelques zoophytes à corps solide et à demeure fixe; et ceux -ci se multiplièrent ensuite progressi- vement , de même que les coquillages , à mesure que les rayons solaires purent exercer leur action vivifiante sur des espaces plus étendus dans le fond des mers. Parurent ensuite les poissons , et enfin les amphibies. Lorsque , par l'abaissement graduel de la mer, les terrains les plus élevés eurent été mis à découvert , ils produisirent d'abord des fougères , des roseaux , et quelques autres plantes de cette nature : ce sont les plus anciens végétaux dont il reste des vestiges; on les trouve communément dans les schis- tes bitumineux qui accompagnent les couches de houille ou de charbon de terre. V. Houille. Les grands végétaux , les arbustes et les arbres , n'ont été formés que lorsqu'une partie considérable des éminences du globe a été abandonnée par la mer, et long-temps exposée aux influences de l'atmosphère et des eaux courantes qui commençoient à ruisseler de toutes parts. C'est à la même époque où commença le règne des ani- maux terrestres ; aussi les débris des uns et des autres ne se trouvent-ils que dans les couches les plus modernes. L'espèce humaine, qui est la plus récente comme la plus parfaite des productions de la nature, n'a paru qu'après tous les autres corps organisés , et l'on n'a pas un seul exemple d'ossemens humains trouvés dans les couches formées par \a S8 F O S mer. Ceux qu'on avoit regardés comme tels , ont été reconnu* pour des os de cétacés ou de reptiles, (pat.) On peut ajouter à ce qui vient d'être dit, qu'après la re- traite de la mer de dessus les continens , et avant que les vallées se fussent complètement formées, les eaux pluviales ont dû s'amasser dans beaucoup de lieux, et former de vastes lacs , dont les dépôts ont donné lieu à ces terrains peu re- marqués jusqu'à ces derniers temps , et qui ont reçu le nom de terrains d'eau douce , parce que les fossiles qu'ils renferment sont très-semblables aux corps que nous con- noissons vivans dans les amas d'eau non salée ; ce qui doit faire présumer qu'ils ont vécu dans un liquide de même nature. On a dit souvent et l'ona répété que la plupart des fossiles ont leurs analogues vivans, mais dans les grandes profon- deurs des mers ou dans des mers très-éloignées. Cependant l'observation la plus approfondie conduit bientôt à faire re- connoître une foule de différences entre les corps fossiles eï ceux qu'on regarde comme leurs analogues vivans. Nous avons traité ce sujet avec quelques détails , à l'article ani^- maux perdus , auquel nous renvoyons , afin de ne pas nous répéter ici. Les nombreuses recherches de M. Cuvier sur les fossiles des animaux vertébrés, nous ont mis à même d'augmenter cette édition d'un extrait détaillé de ses nombreux Mémoires à ce sujet. Nous avons toujours traité des fossiles à la suite des articles qui ont pour objet les genres dont il existe des espèces vivantes ; et nous avons décrit à part ceux de ces fossiles dont les genres ne nous étoient pas connus au moment de leur découverte. Ainsi pour les mammifères, nous renvoyons aux mots Anthropolithes, Ours fossiles , Mangoustes fossiles, Hyènes fossiles, Chiens fossiles , Chats fossiles, Didelphes fossiles, Campagnols fos- siles , Pikas fossiles , Castors fossiles , Ëléphans fos- siles, Rhinocéros fossiles, Hippopotames fossiles, Tapirs fossiles, Cochons fossiles, Chevaux fossiles, Lamantinsfossiles, Dauphins fossiles, etc.,quionttousdes rapports marqués avec les articles qui traitent de ces genres d'animaux; et nous renvoyons également à ceux de Méga- therium, de Mégalonyx , de Palœotherium , d'ANOPLO- therium et de Mastodonte, l'histoire des fossiles dont les analogues, (même de genre), ne nous sont point connus. Comme les caractères des oiseaux pétrifiés sont toujours, fort difficiles à apprécier, et qu'il est par conséquent presque impossible de déterminer les genres auxquels ils ont appai- F O S a9 tenu, nous en traiterons dans un article général , celui des Oiseaux fossiles ou ornitholites. Les reptiles, à l'état fossile , présentent plusieurs genres Lien caractérisés , et dont un seul est inconnu aux natura- listes -, c'est celui du lézard à ailes de chauve-souris d'Ais- chtedt, qui a reçu le nom de Ptéro-dactyle; les autres sont décrits aux articles Tortues fossiles , Crocodiles fos- siles, Momtors fossiles, Salamandres fossiles , etc. Quant aux poissonsque renferment les couches feuilletées de certains cantons , quoiqu'on en ait donné de nombreuses figures en apparence exactes , on est Lien loin de les avoir décrits avec le soin et la méthode convenables. Aussi serons- nous obligés , comme pour les oiseaux pétrifiés , d'en traiter dans un article général. V. Poissons fossiles. La plupart des genres de mollusques offrant des coquilles vivantes et des coquilles fossiles , leurs descriptions ont été assezgénéralement réunies dans les articles des genres de ces coquilles ; il en est cependant quelques-unes dont les ana- logues nous sont toul-à-fait inconnus et qui ont été décrites à part: comme les Ammonites , les Baculites, les Num- mulites , les Orthocératites , les Bélemnites , etc. On trouvera aussi aux articles Conchyliologie , Coquil- lage et Coquille , des notions fort instructives sur les coquilles fossiles, et notamment sur les moyens de dis- tinguer les espèces de mer de celles qui sont terrestres et de celles d'eau douce ; notions très- importantes pour ceux qui se livrent à l'étude des terrains de formation récente Dans notre article Crustacés Fossiles , nous avons dé- crit , avec un soin particulier, toutes les espèces de ces ani- maux enfouis dont nous avons pu étudier les restes ; nous les avons classés par genres et par ordres, et nous avons joint à notre travail l'extrait de celui que M. Brongniart a communiqué à l'Institut de France sur les crustacés bran- chiopodes qui ont reçu le nom de Trilobites et d'ENTO- MOLITHES. Dans l'article Insectes fossiles, nous ferons connoître le résultat de nos recherches et de nos observations sur les in- fectes contenus dans le succin , ou dans quelques pierres cal- caires feuilletées. Enfin, pour compléter l'indication des différens articles de ce Dictionnaire , qui ont pour objet la description des fos- silesd'animaux, nous indiquerons les articles Oursin, Étoile de mer, Astroïtes, Caryophillites , Madréporites, Fongites, Alcyons pétrifiés, etc., ainsi que les arti- cles Polypiers et Madrépores , où l'on trouvera des ren- 3o F O S vois à beaucoup d'autres qu'il nous est impossible de citer ici. A l'article Végétaux fossiles , on fera connoître le ré- sultat des recherches des naturalistes sur ces corps organisés enfouis. Pendant très-long-temps les naturalistes se sont occupés à recueillir des fossiles , à les décrire et à les faire figurer ; mais ils n'avoient pour objet que de faire connoître quelques espèces de plus , ou seulement de prouver que les lieux les plus élevés où ils rencontroient ces fossiles , avoient dû être couverts par la mer. Langius , Bourguet, Guettard , Knorr, Scheuchzer et une foule d'autres , sont dans ce cas ; mais leurs ouvrages ont , depuis fort peu de temps , acquis un degré d'utilité dont on ne les croyoit pas susceptibles ; c'est- à-dire , depuis qu'on applique la connoissance des fossiles 4 la distinction des couches de la terre , afin de pouvoir dé- terminer, d'une manière certaine , Tordre de superposition relative de ces couches. Le Bulletin de la Société philomathique renferme , à ce sujet , un extrait fort concis d'une dissertation , sur l'His- toire naturelle des pétrifications , sous le point de vue de la Géo~ gnosie , par M. Schottheim , que nous croyons devoir rap- porter ici afin de compléter cet article. « Depuis quelques années, y est-il dit, lesnaturalistes soup çonnent dans la succession des phénomènes de la formation du globe, l'existence de deuxlois généralesetimportantes: i.°une différence presque totale entre les corps organisés qui vivent actuellement à la surface du globe , et ceux dont on trouve les dépouilles enfouies dans des couches; 2.0 des différences re- marquables entre les dépouilles enfouies à diverses profon- deurs et à diverses époques dans les couches du globe. « Leibnitz , Michoelis , professeur de Goëttingue; Deluc, Werner, Blumenbach, de Buch , etc. , ont avancé quelques idées surl'existente de ces lois; mais personne n'avoit encore entrepris de les prouver par des recherches particulières et convenablement dirigées. Tant qu'on ne décrivoit les pétrifi- cations que d'une manière vague et non systématique , tant qu'on ne désignoit celles qui se présentoient dans les diverses couches que par des dénominations générales, il n'étoit pas possible d'arriver à admettre ou à rejeter les lois dont l'exis* tence étoit soupçonnée. C'est aux travaux de M. Cuvier , rem- plissant la double condition de la détermination précise des espèces fossiles et de celle des terrains qui les renfermoient ; c'est à la méthode suivie dans la description géognostique des environs de Paris , qu'est dû un des plus grands pas que la géologie ait faits dans cette direction. « M. Schloltheim , qui, en i8o/j. . avoit déjà décrit avec F O S 3. précision, et figuré un grand nombre d'empreintes de plantes fossiles , et qui , dans cet ouvrage, avoit déjà émis son opi- nion sur l'importance de 4a détermination précise des pétri- fications pour l'étude de la géognosie , vient d'aider très- efficacement les progrès de cette science , fondés sur la con- sidération des corps organisés fossiles. « Il a , le premier, présenté le tableau général de rénu- mération des pétrifications qui paroissent être propres à chaque sorte de terrain. 11 n"a pu, il est vrai , qu'ébaucher ce tableau , parce que , ainsi qu'il le dit lui-même , les ma- tériaux nécessaires à ce travail ne sont encore ni assez nom- breux, ni assez bien préparés, pour qu'on puisse présenter autre chose qu'une ébauche. « M. Schlottheim, en donnant dans ce Mémoire une liste des pétrifications qu'il croit particulières à chaque terrain , ne se contente pas d'indiquer ces pétrifications par de simples noms génériques , mais il les désigne par des noms d'espèces. Tantôt il prend ces noms dans les auteurs systématiques , tantôt il assigne des noms à des espèces décrites ou figurées par des auteurs connus ; dans d'autres circonstances , il pa- roît que ses dénominations se rapportent à des descriptions qui lui sont particulières, et qu'il ne fait pas connoître ; et, dans ce cas, ces citations deviennent beaucoup moins utiles. « Malgré l'importance de ce Mémoire , comme il n'est guère susceptible d'être extrait, à cause de ces longues listes qui en font la partie essentielle, nous nous contenterons de le faire connoître, en indiquant, pour chaque terrain, les pétrifications qui nous paroissent les plus caractéristiques. « Terrains de transition. — Pétrifications des psammistes schis- toïdes (Grauwake). On y trouve quelques ammonites trop imparfaites pour être déterminées, des coralliolites , de grandes orthocératites , V orthoceraliles gracilis de Blumen- bach, quelques moules de coquilles mal conservés, des em- preintes de plantes analogues aux roseaux , et des tiges de palmiers qui paroissent différens de ceux des houilles. Dans le schiste argileux de ces mêmes terrains , se trouvent le tri- lobiles paradoxus , les hystérolithes , qui paroissent être les noyaux des terebratulites vuharius et paradoxus. M. Schlot- theim en exclut les véritables trochites , qui sont des portions d'encrinites. Dans le calcaire de transition se présentent des madrépores en abondance, dont les espèces ne sont pas assez caractérisées pour être déterminables ; des coralliolites ortho- ceratdides de Picot Lapeyrouse , Yechidnis diluviana de Mont- fort, des espèces de trilobites, V orthocératites anachorela , Y ammonites annulatus. M. Schlollheim assure n'avoir vu aucun 3à F OS véritable trochite ou portion d'encrine dans le calcaire de transition. « Terrain de sédiment. — L'auteur rappelle, à l'occasion AeÉ empreintes de plantes qu'on observe dans les terrains houil- lers , ce qu'il a dit à ce sujet dans sa Flore de l'ancien monde. Il n'a vu, dans ces terrains, aucune trace d'animaux marins , et il n'y connoît d'autre coquille que le mytilus carbonarius 7 qui , suivant lui , a pu vivre également dans l'eau marine , ou dans l'eau douce. 11 a remarqué, parmi les végétaux, des empreintes qui paroissent dues à un casuarina {V. Filao. ), et il fait observer que les fruits du palmier qu'on y rencontre quelquefois , sont très-différens de ceux qu'on trouve dans le lignite terreux de Liblar, près Cologne. Enfin , il dit que tous les végétaux des terrains houillers qu'il a eu occasion de voir , présentent ces deux considérations remarquables , qu'ils sont à très-peu près les mêmes par toute la terre , et que partout ils appartiennent aux genres qui vivent actuellement dans lés pays méridionaux. « Les ammonites et les nummulilesde Lamarck (lenticu- lites de l'auteur) sont, suivant M. Schlotlheim, les pétrifica- tions caractéristiques des calcaires des Alpes. Deux seuls oursins s'y présentent : ce sont Yechiniies oculalus, et Yechi- nites campanuîatus. « Les pétrifications du sebiste bitumineux sont assez re- marquables ; les poissons , et un quadrupède ovipare du genre des monitors, s'y présentent pour la première fois : les em- preintes des plantes qu'on y voit n'appartiennent point aux fougères, ou du moins on n'en a pu reconnoître jusqu'à pré- sent aucune partie bien caractérisée. On y trouve aussi un trilobite différent des précédens, de belles espèces de pen- tacrinites , le gryphites aculeatus , le terebratulites lacunosus , etc. « La houille du calcaire compacte alpin (Zechstein) né présente aucune empreinte de plante, mais souvent des co- quilles. Au reste , la distinction des différentes formations de houille ne nous a pas paru établie d'une manière assez claire, pour que nous puissions rapportera chacune d'elles les pétri- fications qui paroissent leur être propres. « Le calcaire du Jura est si riche en pétrifications , que nous ne savons lesquelles citer de préférence. L'auteur fait remarquer qu'elles se présentent principalement dans la marne, le sable , et les lits de schiste fétide posés entre les couches de ce calcaire. Il convient que , dans certains cas, ce calcaire est très-difficile à distinguer de celui des Alpes , et il dit qu'il seroit important de déterminer si les pétrifica- tions sont les mêmes dans ces deux calcaires , ou si elles sont différentes. F O S 33 «L'auteur remarque, avec tous les géognostes, que les pétrifications sont rares dans le grès; mais cependant il donne la liste d'un assez grand nombre d'espèces, qu'il lâche de rapporter aux différentes formations de grès , encore plus difficiles à distinguer que les diverses formations de houille. Le gypse , subordonné au grès bigarré , n'a offert jusqu'à présent aucune véritable pétrification. « S'il est difficile de choisir , parmi les nombreuses pétri- fications des calcaires de sédimens anciens , celles qui parois- sent devoir plus particulièrement les caractériser, ce choix devient encore plus difficile à faire parmi les pétrifications innombrables de calcaire coquillier proprement dit , des géognostes allemands (MuschelHœtzkalk); aussi n'en nom- merons-nous aucune. Nous ferons seulement remarquer que, d'après la liste donnée par M. Schloltheim , les oursins y sont très-rares, tandis que les ammonites, les térébratules, etc., y sont très-communes. « Dans la craie , au contraire , les oursins , ou du moins les animaux de celte famille , deviennent très-abondans , et les ammonites fort rares. M. Schlottheim rapporte à la for- mation de la craie le terrain de la montagne de Saint-Pierre, près Maë'stricht , et par conséquent les grands reptiles sau- riens qu'on y a trouvés. « Calcaire de sédiment nouveau , et gypse. — C'est le terrain des environs de Paris. L'auteur renvoie a la description qu'en ont donnée MM. Cuvier et Brongniart. C'est, comme on sait , dans ces terrains qu'apparoissent pour la première fois , dans les couches de la terre , des débris d'oiseaux et de mam- mifères terrestres. M. Schloltheim semble rattacher, mais à tort , les terrains coquilliers friables de Grignon , Compa- gnon , Chaumont, aux terrains d'alluvion , el partager l'opi- nion peu fondée , et qu'on peut presque regarder comme un préjugé , que ces terrains renferment beaucoup de coquilles parfaitement semblables à celles qui vivent dans nos mers actuelles. « Les détails donnés par MM. Cuvier et Brongniart , dans leur dernier travail, dont il paroîlroit que M. Schlottheim n'avoit pas encore eu connoissance , prouvent l'antériorité de ces couches , et les différences constantes que les pétrifi- cations qui y sont renfermées présentent avec les corps qui peuplent actuellement les mers. « Nouvelle formation des trapps. — M. Schlottheim énonce sur ces terrains deux opinions que M. Brongniart avoit déjà admises. Premièrement, qu'ils sont d'une époque postérieure à celle de la formation de la craie; secondement, que les basaltes proprement dits ne renferment pas de pétrifications. 34 F O T Toutes celles qu'on a fait voir à l'auteur apparlenoienl ou à des morceaux de calcaire enveloppés dans du basalte , ou à des fragmens de calcaire de transition altérés et poreux , qui faisaient partie de quelques couches de brèche volcanique ou irass , et qu'on avoit pris mal à propos pour du basalte. « En traitant des pétrifications propres à la formation des lignites , que l'auteur regarde comme appartenant à l'époque des trapps de sédiment , et qu'il nomme sieinkohlenlager , il dit n'y avoir jamais vu que des débris de coquilles ou de vé- gétaux , soit terrestres , soit fluviatiles , et jamais aucune trace d'animaux marins. Il y reconnoît des empreintes de fougères semblables à celles des anciennes houilles; mais, comme il cite à cette occasion les empreintes qu'on trouve dans le minerai de fer qui accompagne en Angleterre la plu- part des anciennes houilles , nous soupçonnons que , dans ce cas , l'auteur a confondu deux formations distinctes, et qui appartiennent à des époques tout-à-fait différentes ; et nous persistons à croire qu'on n'a encore reconnu aucune empreinte de fougère dans les véritables formations de lignite, dans celles qui sont au-dessus de la craie, ou qui sont même quelquefois interposées en couches beaucoup moins puis- santes et moins continues , soit dans la craie , soit dans le calcaire qui est immédiatement inférieur à la craie. « L'auteur termine ce Mémoire , très-étendu et très-im- portant , par quelques considérations générales sur l'appari- tion successive des corps organisés à ta surface de la terre. Ces considérations sont une conséquence naturelle des faits rapportés dans son Mémoire , et que nous venons d'indiquer très-superficiellement. » V. l'article Terrains, (desm.) FOSSILE VERT (GriinesfossU, Léonhard). On a don- né en Allemagne le nom de griinesfossil à un minéral de cou- leur verte, assez analogue au quarz granuleux vert jaunâtre , du Cantal (Cantalitde Karsten). 11 se trouve dans la foret de Spessart en Franconie. (luc.) FOSSOYEUR. Le Nécrophore à point d'Hongrie ( necrophorus vespillo ) a reçu ce nom, à cause de ses habitu- des. V. Nécrophore. (desm.) FOTEl-SOO. Nom japonais d'une espèce de Cypripède ( Cypripeàium japonicum ). (LN.) FO-TH AN-MU. Nom donné, en Chine, à une espèce de PeRSICAIRE ( polygonum chinense , L. ) , qui croit aussi au Japon où, suivant Thunberg, elle sert pour teindre les toiles en bleu et en vert, (ln.) FOTHERGIL, Fothergi/la. Petit arbuste de la polyan- drie digynie, et de la famille des amentacées , dont les feuilles sont alternes, ovales, cunéiformes ou émoussées, et FOU 35 gârnief à leur extrémité de quelques dents, dont la termi- nale est la plus grande; dont les (leurs, disposées en épis ter- minaux, sont sessiles dans l'aisselle d'une écaille concave et blanche. Toutes ces parties sont couvertes d'un léger duvet, souvent coloré. Chaque (leur offre un calice monophylle très-court, com- me tronqué, velu en dehors et persistant ; point de corolle; quinze étamines saillantes , formant éventail ; un ovaire supé- rieur, bifide, velu, chargé de deux styles terminaux à stig- mate simple. Le fruit est une capsule velue, à deux lobes coniques, bilocu- laire, et qui contient une semence osseuse dans chaqueloge. Cet arbuste croît naturellement en Caroline, dans les par- ties humides des grands bois, où je l'ai fréquemment observé. Il fleurit vers la fin de l'hiver, avant la pousse des feuilles; pcs Heurs répandent une odeur forte, qui n'est pas désagréa- ble; ses capsules sont éminemment élastiques, et lancent avec bruit leurs semences à une distance de plus d'une toise. On le cultive dans les jardins de Paris. Aublet a figuré, sous ce nom, un arbuste qui est men- tionné à l'article des Mélastomes. V. ce mot. (b.) FOTOK. On donne ce nom, dans le Nord , aux crustacés qui se fixent sur les poissons. V. au mot Crustacé. (b.) FOU, Monts, Vieill. ; Pclecanus , Lath. Genre de l'ordre des oiseaux Nageurs et de la famille des Syndactyles. V. cas mots. Caractères : bec robuste , plus long que la tête, un peu épais , droit, un peu comprimé latéralement, arrondi en dessus ; finement dentelé en scie sur les bords ; mandi- bule supérieure suturée, lléchie à la pointe ; narines linéai- res, très-étroites , oblitérées dans une rainure et très-prolon- gées ; langue très-courte, ovale ; face nue ; gorge extensible ; pieds posés presque à l'équilibre du corps; quatre doigts di- rigés en avant et engagés dans une même membrane, les deux extérieurs les plus longs, l'externe bordé en dehors d'une petite membrane ; le deuxième ongle pectine sur le bord in- terne; les premières et deuxième rémiges à peu près égales et les plus longues de toutes. Les fous portant un plumage qui varie depuis leur premier âge jusqu'à l'âge avancé, il n'est pas certain que les espèces soient aussi nombreuses dans la nature que dans les ouvrages d'ornithologie. Ce- pendant on n'a pas à ce sujet des éclaircissemens satisfaisans. La nature a donné à ces oiseaux la force et la grandeur, une arme redoutable dans leur bec robuste , de longues ailes et des pieds entièrement et largement palmés, tout ce qu'il faut enfin pour agir et vivre dans l'air et dans l'eau; mais elle semble ne leur avoir accordé que la moitié de l'instinct qui 36 FOU sert au maintien de leur existence, puisqu'ils ne savent ni prévoir ni éviter ce qui peut la détruire , en fuyant , comme les autres oiseaux, à l'aspect de l'homme, leur plus dange- reux ennemi. Cette indifférence au péril ne vient ni de fer- meté ni courage, puisqu'ils n'attaquent ni ne se défendent, quoiqu'ils en aient tous les moyens ; leur insouciance est telle , qu'ils se laissent prendre à la main sur les vergues des navires qui sont en mer, leur élément naturel, qu'on les tue à coups de bâton sur les îles ou les côtes, qu'ils ne se détournent ni ne prennent leur essor devant le chasseur, qui les assomme tous les uns après les autres , sans qu'ils cherchent à éviter ses coups. Ils ne savent pas même défendre ni conserver leur proie vis-à-vis un autre ennemi {V oiseau frégate') ; celui- ci les suit , ou les attend sur les rochers où ils nichent , fond sur eux aussitôt qu'ils paroissent, se moque de leurs cris, et à coups d'ailes et de bec les force de regorger leur pêche, qu'il saisit et avale à l'instant. « Dès que ce pirate, dit Ca- tesby (c'est ainsi qu'il désigne la frégate), s'aperçoit que le fou a pris un poisson, il vole avec fureur vers lui, et l'oblige de plonger sous l'eau , pour se mettre en sûreté ; le pirate ne pouvant le suivre , plane sur l'eau jusqu'à ce que le fou ne puisse plus respirer; alors il l'attaque de nouveau, jusqu'à ce que le fou, las et hors d'haleine, soit obligé d'abandonner son poisson ; il retourne à la pêche pour souffrir de nouveaux assauts de son infatigable ennemi. » De tous les récits des hostilités des oiseaux frégates contre les fous, celui deDampier est le plus curieux, et fait très- bien connoître le naturel des uns et des autres. « Dans les îles Alcranes, sur la côte d'Yucalan, la foule de ces oiseaux, dit-il, y est si grande , que je ne pouvois passer sans être in- commodé de leurs coups de becs; j'observerai qu'ils étoient rangés par couples, ce qui me fit croire que c'étoient le mâle et la femelle Les ayant frappés, quelques-uns s'envolè- rent; mais le plus grand nombre resta; ils ne s'envoloient point malgré les efforts que je faisois pour les y contraindre ; je remarquai aussi que les guerriers ( les frégates ) et les bou- bies (les fous), laissoient toujours des gardes auprès de leurs petits, surtout dans les temps où les vieux alloient faire leur provision en mer; on voyoit un assez grand nombre de guer- riers malades ou estropiés, qui paroissoient hors d'état d'aller chercher de quoi se nourrir; ils ne demeuroient pas avec les oiseaux de leur espèce, et soit qu'ils fussent exclus de la so- ciété , ou qu'ils s'en fussent séparés volontairement, ils étoient dispersés en divers endroits pour y trouver apparemment l'occasion de piller. J'en vis un jour plus de vingt sur une des îles, qui faisoient de temps en temps des sorties en plate cam- FOU 37 pagne pour enlever du butin, mais ils se retiroient presque aussitôt ; celui qui surprenoit une jeune boubie sans garde , lui donnoit d'abord un grand coup de bec sur le dos, pour lui faire rendre gorge, ce qu'elle faisoit à l'instant; elleren- doitun poisson ou deux de la grosseur du poignet, et le vieux guerrier l'avaloit encore plus vite. Les guerriers vigoureux jouent le même tour aux vieilles boubies qu'ils trouvent en mer; j'en vis un moi-même qui vola droit contre une boubie, et qui, d'un cou de bec, lui fit rendre un poisson qu'elle ve- noit d'avaler; le guerrier fondit si rapidement dessus, qu'il s'en saisit en l'air avant qu'il fût tombé dans l'eau. » C'est d'après cette espèce de stupidité, que les marins et les voyageurs de toutes les nations se sont accordés à leur donner les noms de boubie, booby en anglais , bobos en portugais , sida en latin moderne ou de nomenclature , qui tous signifient fous , niais , slupides. Ces dénominations conviennent aussi à plusieurs autres oiseaux des grandes mers, puisqu'ils se laissent approcher et saisir avec la même sécurité; mais cette stupidité que partagent tous les animaux qui ne nous connoissent pas, n'est qu'appa- rente. « Elle montre très-clairement, dit l'immortel Buffon, combien l'homme est pour eux un être nouveau , étranger , inconnu, et témoigne la pleine et entière liberté dont jouit l'espèce loin du maître qui fait sentir son pouvoir à tout ce qui respire près de lui. » Les fous sont répandus sur toutes les mers , et partout ils ont le même naturel ; ils pèchent en planant, les ailes presque immobiles , et tombent sur le poisson à l'instant qu'il paroît près de la surface de l'eau; ils volent le cou tendu et la queue étalée ; ils ne peuvent prendre leur vol que de quelque point élevé , aussi se perchent-ils comme les cormorans et plusieurs autres palmipèdes. Les fous ont le vol rapide et soutenu, mais moins que les frégates , aussi s'éloignent - ils beaucoup moins qu'elles au large. La rencontre de ces oiseaux en mer annonce assez sûrement aux navigateurs le voisinage de quel- que terre ; néanmoins quelques voyageurs assurent qu'on trouve des fous à plusieurs centaines de lieues de terre (Feuille , Observations.) De célèbres marins , Cook (Second voyage ) , la Peyrouse ( Voyage autour du Monde), ne semblent pas les regarder, dans certaines circonstances, comme ne* avant— coureurs de terre sur lesquels on doit toujours se fier. Dans mes voyages en Amérique , j'ai vu, comme Feuille p des fous à une très-grande distance au large, d'après l'estime des navigateurs. La nuit seule m'en déroboit la vue ; et les retrouvant au lever du soleil à peu près dans le& mêmes 38 FOU parages, je ne pouVois croire qu'ils eussent couché à terre et qu'ils en fussent revenus en aussi peu de temps qu'en laissoit l'intervalle d'un crépuscule à l'autre. Doutant donc qu'ils eussent pu franchir en peu d'heures plusieurs centaines de lieues , ainsi qu'on l'assuroit autour de moi , je pris le parti de les observer au coucher du soleil, et de répéter plusieurs fois mes observations. Je vis , surtout dans les cal- mes, que lorsque le crépuscule du soir approchoit de sa fin, les fous, qui pêchoient dans un même arrondissement, se réu- nissoient tous ensemble et se reposoientsur la mer; peut-être, comme plusieurs autrespalmipèdes, pourypasserlanuit; mais ce qu'il y a de certain, c'est que , pendant ce temps , j'ai sou- vent entendu leurs cris ; néanmoins , je suis persuadé que, lorsque la terre n'est pas éloignée , ils s'y rendent ; mais ils s'en écartent beaucoup moins lorsqu'ils couvent et qu'ils ont des petits ; en effet , on les voit , alors , presque tou- jours à une distance moindre d'une terre quelconque , et on en rencontre beaucoup moins en grande mer. Ce genre de vie, pendant et après les couvées, n'est pas étranger à divers oiseaux de mer, tels que \es frégate% , les noddis et autres. Les fous jettent un cri fort . dont les accens participent de celui du corbeau et de l'oie; ils le font entendre ordinairement lorsque la frégate les poursuit , ou qu'étant rassemblés ils sont saisis de quelque frayeur subite. C'est aux iles les plus lointaines et les plus isolées au milieu de la mer qu'on les trouve en plus grande abondance ; ils y habitent par peuplades avec les mouettes, les oiseaux du tro- pique et les frégates , qui les suivent presque partout ; c'est là qu'ils se retirent pour nicher. Les îles qu'ils préfèrent sont celles qui se trouvent d'un tropique à l'autre; cependant quelques espèces remontent au Nord jusqu'au Kamtschatka , et il y en a aux îles Feroë; mais ils n'y restent que pendant l'été, et ils retournent au Sud, avec leurs petits, aux approches de l'hiver. A l'île d' Aves , ils font leur nid sur les arbres , selon Dampier ; ailleurs, on les voit nicher à terre, et tou- jours en grand nombre dans un même quartier; ils pondent au plus deux œufs; les petits restent long-temps couverts d'un duvet très-doux, et très-blanc dans la plupart. Le Fou proprement dit , Morus su/a , Vieill. ; Pelecanus sula , Lath. Cette espèce est la plus commune ; on la voit aux Antilles, en grande quantité sur l'île d'Aves, sur le roc du grand Connétable, près de Cayenne , où l'attire la multitude incroyable de poissons qui se trouvent dans les eaux qui le baignent; sur les côtes de la Nouvelle-Espagne, aux îles de Bahama, à la Caroline pendant l'été seulement, ainsi qu'à l'île de Feroë ; on la rencontre encore à la Nouvelle-Guinée ; FOU 39 enfin il paroît que de toutes les espèces de fous , c'est la plus répandue sur le globe. Elle est d'une taille moyenne entre celle du canard et de l'oie ; sa longueur est de deux pieds cinq pouces , et d'un pied onze pouces du bout du bec à l'extrémité des ongles ; son bec a quatre pouces et demi, et sa queue près de dix; la peau nue, qui entoure les yeux, est jaune, ainsi que la base du bec , dont la pointe est brune ; les pieds sont d'un jaune pâle ; le ventre est blanc ; tout le reste du plumage est d'un cendre' brun. Tous les oiseaux de ce genre ont la queue eUigée ; le jeune a la tète et le coublancs , et mélangés djiin peu de brun. La distribution des deux couleurs brune* t blanche n'est pas conslanle sur tous les individus; les uns ont la poitrine blanche comme le ventre, d'autres le ventre blanc et le dos brun , et plusieurs sont totalement bruns. Leur chair est noire et sent le marécage. Le Fou DE BaSSAN, Morus bassartus, Vieill. ; Pe/ecanus bas- sanus, Lath. , pi. enl. n.° 278 de YHist. nat. deBuffon. La dé- nomination de Bassan a été donnée à ce fou, parce que l'on croyoit qu'il ne se trouvoil que dans cette île, ou plutôt au Grand-Rocher; mais Ion sait que l'on en voit aussi aux iles de Feroë, à l'île d'Alèse et dans les autres îles Hébrides. 11 se montre encore en Islande, en Nonvége, à La Caroline , à Terre - Neuve ; il s'avance même jusqu'au Groenland , mais rarement. On assure qu'il paroit quelquefois de ces fous sur les côtes de Bretagne , et qu'on en a vu, jetés sans douîe par les vents, jusqu'au milieu des terres et même aux environs de Paris. Leur pêche ordinaire est celle des harengs; cepen- dant ils avalent aussi d'autres poissons, et leur bec s'ouvre au point de donner passage à un gros maquereau. Quoique leur chair ait un fort goût de hareng, on recherche les jeunes dans 1 île de Bassan , assez pour aller les dénicher en se suspendant à des cordes et en descendant le long des rochers , seule manière de pouvoir les prendre ; l'on pourroit tuer les vieux à coups de bâton, car ils ont le caractère de la famille ; mais leur chair est fétide à l'excès. Les fous ayant les ailes très- longues et les pieds courts, ne peuvent s'envoler que posés sur une certaine élévation ; c'est pourquoi il est si facile de les prendre à la main et de les tuer de la manière dite ci-dessus. Leur ponte n'est que d'un œuf, posé à nu dans les trous de rocher. Ils quittent le Nord en automne, et passent 1 hiver dans le Midi. Ce fou est de la grosseur de l'oie ; sa longueur est de deux pieds onze pouces, et son envergure de cinq pieds trois pou- ces ; excepté une partie des couvertures et de quelques pennes des ailes qui sont brunes , tout son plumage est blanc ; l'es- 4o FOU pace entre le bec et l'œil , noir ; les mandibules sont d'un cendré bleuâtre, et les pieds bruns. Dans un âge moins avancé , ce fou a le plumage d'un brun noirâtre , tacheté de blanc; la poitrine et le ventre, ondes de brunâtre sur un fond blanc ; le lonim, le bec et les pieds jaunâtres. Le Fou bl ANC, Morus piscato?; Vieill. ; Pelecanuspiscator, Lath. est un peu plus gros que le fou commun ; il a de longueur deux pieds sept pouces; le bec long de cinq pouces ; cinq pieds deux pouces de vol ; tout son plumage est blanc, excepté quelques pennes des ailes et une partie des couvertures qui sont bru- nes ; l'espace nujpntre le bec et l'œil est rouge, etcette couleur teint le bec et les pieds. Cette espèce habite dans les mêmes lieux avec le fou propre- ment dit ; elle paroît être moins stupide , ne se perche guère sur les arbres, et vient encore moins se faire prendre sur les vergues des navires. Le capitaine Cook a vu des fous blancs à l'île de Norfolk. Le Fou du Brésil, pi. 18 du Voyage du capitaine Reen Krusenstern autour du monde, est brun en dessus, avec des reflets bfeus autour de la base du bec et sur le dos ; le ventre et les parties postérieures sont blancs ; le bec et les pieds Y>leuâtres. Il se rapproche du petit fou de Cayenne , mais il a le bec beaucoup plus long. Cependant ne seroit-ce pas une variété d'âge ou de sexe ? Le Fou de Cayenne. V. Petit Fou. Le Fou brun de Cayenne. V. Petit Fou brun. Le Fou commun. V. Fou proprement dit. Le Grand Fou, Pelecanus bassanus, var., Lath. Buffonet Brisson en font une espèce particulière ; Latham et Gmelin, un jeune du fou de Bassan : il a le bec long de cinq pouces deux lignes , et près de six pieds d'envergure ; un brun foncé , semé de taches blanches , très-proches les unes des autres , petites sur la tête, moins nombreuses et plus larges sur le cou, le dos et la poitrine , couvre tout son plumage , à l'exception du ventre et des couvertures du dessous de la queue qui sont d'un blanc sale ; l'iris est noisette, l'espace dégarni de plumes entre le bec et l'œil est noirâtre ; le bec d'un gris-brun; les pieds sont noirs. La femelle a des couleurs moins vives. Ce grand fou se trouve sur les côtes de la Floride et s'avance sur les grandes rivières de cette contrée. Catesby dit qu'il reste un temps considérable sous l'eau , où sans doute il rencontre des poissons qui le blessent , car on trouve quelquefois sur le rivage des fous estropiés ou morts. Un individu de cette espèce a été pris vivant dans les en- virons de la ville d'Eu, où sans doute il avoit été entraîné par wn coup de vent. F O TT 4t Le Petit Fou , Monis paivus, Vieill.; Pelecanus parous, Lath. Sa longueur du bout du bec à celui de la queue, n'est guère que d'un pied et demi. Tout son plumage est noirâtre, à l'exception de la gorge, de l'estomac et du ventre, qui sont blancs. On le trouve à Cayenne. Le Petit Fou brun , Pelecanus ^?for,Lath., pi. enl. 974» est un jeune de l'espèce du Cormoran nigaud. Le Fou TACHETÉ, Pelecanus hassanus, var., Lath. pi. enl. 386, est une variété d'âge du Fou de Bassan. (v.) FOUAH. Nom arabe donné, en Egypte, à la Garance {ruina tinctoruni) , Linn. (LN.) FOUCAULT. Nom que les chasseurs donnent à la pe- tite Bécassine, (v.) FOUCQUE, FOULCRE. Noms de la Foulque, (v.) FOUDENN. Nom du Henné, au Sénégal, (b.) FOUDI. Nom sous lequel Buffon a réuni plusieurs oi- seaux de Madagascar et du Cap de Bonne-Espérance. V. Gros-bec orix, etFouDi, article Fringille. (v.) FOUDI-ZALA. Nom d'un oiseau de Madagascar qui est décrit à l'article Fauvette. V. ce mot. (v.) FOUDRE. Matière enflammée qui , dans certaines cir- constances, semble s'élancer du sein des nuages avec une ex- plosion plus ou moins vive. Il n'y a entre foudre et tonnerre , d'autre différence , si ce n'est que le premier désigne la matière enflammée qui s'é- chappe de la nue , tandis que le second exprime le bruit souvent formidable avec lequel cette même matière sillonne les nuages suspendus dans l'atmosphère. ^.Tonnerre, (biot.) FOUDRE. Coquilles des genres Rocher et Volute, qui ont des raies rouges en zigzag, (b.) FOUENE. C'est le nom du fruit du HÊTRE, (b.) FOUET DE L'AILE ( Ornithologie). C'est la portion la plus extérieure, le bout de l'aile, (s.) FOUETTE-QUEUE. Nom spécifique d'un Saurien que Cuvier regarde comme le type d'un sous-genre des Stellions. Les caractères de ce sous-genre sont : tête non renflée ; écailles du corps très-petites ; celles de la queue grandes et épineuses ; série de pores sous les cuisses, (b.) Le fouette-queue de Linnœus ou gecko du Pérou appartient au vrai genre Gecko et au sous-genre des Ptyodactyles. (b.) FOUGÈRES, Fi lie es , Juss. Famille de plantes sur les parties de la fructification de laquelle les botanistes ne sont pas encore complètement d'accord. Les seuls organes qu'on y découvre sont de petites coques, de petites capsules , ou plutôt des follicules uniloculaires re- couvertes par une membrane, et s'ouvranl presque toujours 42 FOU transversalement en deux valves , souvent réunies par un an- neau élastique, ou cordon à grains de chapelet, quelquefois nues. Ces follicules sont tantôt situées sur la partie inférieure du feuillage (Fronde, Foy. ce mot), et réunies sous des formes différentes ; tantôt elles sont distinctes et séparées. Selon quelques botanistes, les folliculesdont il vient d'être question, contiennent le fluide spcrmatique, et sont de véri- tables anthères ; d'où il résultèrent que l'organe femelle reste- roil encore à découvrir. Selon d'autres botanistes, les fol- licules sont des capsules qui contiennent les graines dont la fécondation s'est faite dans linlérieur. Cette dernière opinion est aujourd'hui celle qui prévaut , attendu qu'on fait venir des fougères en semant cette poussière, et qu'on voit à la loupe dans toutes les follicules naissantes , des or- ganes analogues à ceux qu'on a reconnus dans les globules de la Pilulaire. V. ce mot. Lindsai a donné, sur cet objet , une dissertation dans le se- cond volume des Actes de la Société linnéenne de Londres. Les follicules des fougères ont servi à tous les botanistes pour établir les caractères des genres. Parmi les différens sys- tèmes qui ont été émis à cet égard , deux seuls sont dans le cas d être mentionnés ici : celui de Linnaeus, qui ne considère ces follicules que relativement à leur disposition, et celui de Smith, qui emploie dans la formation de ses genres: i.° la présence ou l'absence du tégument , espèce de membrane qui recouvre ordinairement la fructification des fougères, quand elle n'est pas parvenue à sa maturité ; 2.0 le lieu d'où le tégu- ment tire son origine; savoir, tantôt du bord du feuillage, tantôt de sa nervure, tantôt des ramifications de cette même nervure ; 3.° la position de la fructification , qui est terminale ou latérale ; 4--° la manière dont s'ouvre le tégument, tantôt extérieurement , c'est-à-dire , sur le bord du feuillage ; tantôt intérieurement, c'est-à-dire, du côté qui regarde la nervure principale; 5.° les follicules mêmes, ordinairement entou-r rées d'un anneau articulé et élastique , quelquefois nues. Les plantes de cette famille sont ou herbacées ou frutes- centes. Toutes celles qui croissent en Europe, sont de la pre- mière division. Leurs feuilles naissent immédiatement de la racine, et sont roulées dans leur première jeunesse , du som- met à la base , en forme de crosse. Elles sont souvent écail- leuses dans leur partie inférieure. Celles qui croissent entre les tropiques , par leur port et par leur organisation , res- semblent à des palmiers ; car leur racine, en s'élevant hors de terre , forme insensiblement une espèce de tige droite , sans branches, et garnie de plusieurs feuilles à son sommet. Cette partie, coupée transversalement , présente une subs-i F O U & tanee blanche , ferme et entourée d'un aubier dur, et pres- que toujours noir comme l'ébène. Les feuilles en naissant ressemblent à la volute d'un chapiteau ionique. Elles sont hérissées d'écaillés membraneuses, roussâtres , et elles pren- nent, en se développant, une direction droite. Dans les unes et dans les autres , ces feuilles sont ou simples ou composées, ou surcomposées, longues ou courtes, etc. Mirbel, qui a éclairé la philologie de cette famille d« plusieurs bonnes observations, et qui l'a enrichie de plusieurs genres nouveaux, croit qu'on doit appeler stype souterrain , ce qu'on appeloit rarine traçante, dans beaucoup de fougères, tel que le Polypode vulgaire. Ce qu'on a dit, d'après Desfontaines, de l'anatomie et du mode de la végétation des palmiers, convient en très-grande partie aux fougères. V. au mot Palmier. Decandolle a établi la famille des Equisétacées , et Willdenow, les familles des Gonoptérides , des Sta- CHYOPTÉRIDES , des POROPTÉRIDES , des SCHISMATOPTE- rides et des Hydroptérides, aux dépens de celle-ci. Ventenat, dans son Tableau du rèjne végétal , mentionne vingt-un genres de fougères . sous cinq divisions. Elles for- ment la cinquième famille de sa première classe , et leurs caractères sont figurés pi. 2 , n.° 2 , du même ouvrage. Les genres dont la fructification est disposée en épis, sont : Ophiogi.osse, Onoclée et Osmonde. Les genres dont la fructification est située sur la surface inférieure du feuillage, sont : Acrostique , Polypode, Do- RADILLE , HÉMIOMTE , BlÈGNE, Lo^CHITE , PtÉRIDE , Myriothèque, Adiante, Cénoptère, Dicksonie et Tri- CHOMATSE. Les genres dont la fructification est portée sur un spadix, et dont les organes sexuels sont apparens et séparés, sont . Zamie et Cycas, genres dont on a fait une nouvelle famille, qui fait le passage entre celle-ci et celle des Palmiers. Les genres dont la fructification est située dans les aisselles des feuilles ou près de la racine, et dont les organes sexuels sont contenus dans le même involucre, sont: Pilulaire, Salvinie, Isote , Azole et Marsile. Les genres qui ont de l'affinité avec les fougères , sont : Prête et Charagne. M. Desvaux a établi les genres DiDYMOcnLŒN , Gymno- grame , Cyclophore et Monograme, dans cette famille. Les fougères cueillies un peu avant leur complète maturité, et brûlées, donnent une plus brande quaniiti de potasse (al- kaltvégétal) que la plupart des autres plantes herbacées. Pour en tirer le plus possible, il faut que la combustion se fasse 44 FOU très-lentement et avec très-peu d'air ; c'est pourquoi on les met dans une fosse, on les y comprime autant que possible , et on les allume en-dessous. Les feuilles de plusieurs espèces de celles d'Europe , peu- vent servir à la nourriture des bœufs et des chevaux , et leurs racines être données avec avantage aux cochons. Toutes four- nissent une excellente litière. Les hommes, dans la Norvège, mangent les jeunes pous- ses des mêmes feuilles; et les racines de plusieurs espèces des pays situés entre les tropiques , au rapport des voyageurs servent de nourriture habituelle à leurs habitans. Il est peu de plantes qui , au dire des anciens , aient plus , de vertu que les fougères. Les modernes ont beaucoup réduit leurs propriétés ; mais ils n'en font pas moins , sous le nom de capillaire , un grand usage en médecine. Ces plantes sont en général mucilagineuses , et d'une saveur douceâtre ou lé- gèrement amère , et regardées comme apéritives , incisives , pectorales et un peu astringentes; en conséquence, estimées propres dans les maladies chroniques qui affectent les viscè- res de la poitrine et du bas-ventre. Les racines d'une ou deux espèce, c'est-à-dire du Polypode mâle et de la Ptèride aqttilitse, sont spécifiques contre le taenia. On trouve très -fréquemment, en Europe , des fougères pétrifiées dans les schistes de seconde' formation , dans les ar- giles de même nature , et dans les charbons de terre. Ces fou- gères , examinées par les botanistes , ont paru se rappro- cher des espèces qui croissent dans les Indes et en Amé- rique ; souvent la substance de la feuille est changée en charbon de terre. Presque toujours la partie inférieure est engagée dans la pierre, et la partie supérieure s'en sépare et se montre avec toutes ses nervures, comme si elle était vi- vante , quelle que soit d'ailleurs sa position dans la pierre. On a expliqué ce fait , en disant que la partie inférieure étant couverte de fructifications et de poils, absorboit la matière boueuse, tandis que la partie supérieure étant lisse , ne pou- voit que la recevoir. Cette théorie peut être vraie dans quel- ques cas, mais elle ne répond pas à tous les faits, (b.) FOUGÈRE AQUATIQUE. L'Osmokde royale porte ce nom. (r.) FOUGÈRE EN ARBRE. V au mot Polypode. (b.) FOUGERE COMMUNE ou ORDINAIRE. V. Pté- de aquiline. (desm.) KiFOUGÈRE CORNUE. V. Acrostique. (desm.) FOUGÈRE FEMELLE. On appelle ainsi la Ptéride aquili"ne. C'est principalement elle qu'on a en vue lorsqu'on Prononce le mot de fougère sans aucune espèce d'épithète , FOU 45 parce que c'est la plus commune et la plus remarquable de celles qui croissent en Europe, (b.) FOUGÈRE FLEURIE. C'est ainsi que Ion nomme l'OSMONDE ROYALE. (DESM.) FOUGERE GRIMPANTE. C'est une espèce d'os- monde {osmunda scandens ). (DESM. ) FOUGÈRE IMPÉRIALE. C'est la Ptéride aquiline. V. cet article, (desm.) FOUGÈRE MALE. Espèce de Polypode. (b.) FOUGÈRE MUSQUÉE. C'est le Cerfeuil musqué.(b.) FOUGÈRE RAMEUSE. V. Lonchite. (desm.) FOUGÈRES FOSSILES. Les schistes bitumineux qui accompagnent les houilles, renferment très-souvent des empreintes de fougères très-faciles à reconnoître , mais qui diffèrent toujours des espèces virantes connues. V. Végé- taux fossiles, (desm.) FOUGERIA, du nom de Fougeroux deBondaroy, bo- taniste de l'Académie des sciences. Moench nomme ainsi le Tithonia de Desfontaines, plante de la famille des Corym- byfères. (ln.) FOUGEROLE. C'est le Polypode mâle (potypodium fdix mas). (DESM.) FOUGUE {vénerie). La plante ou la racine que le sanglier arrache avec son boutoir. On dit que le sanglierjfoï/gï/^ quand il fouille la terre, (s.) FOUILLE - MERDE. C'est la dénomination vulgaire appliquée parle peuple à tous les insectes qui habitent dans les excrémens des animaux et dans les fumiers. V. Copro- phages, Bousier, Géotrupe, Scarabé, etc. (o.) FOU1LLET. M. Salerne dit que , en Sologne, l'on ap- pelle ainsi le petit oiseau connu sous le nom de Pouillot. V. à l'article Fauvette, (s.) FOUILLURES. V. Boutis. (s.) FOUIN. C'est le Didelphe Touan. (s.) FOUINE , Musiela foina , Linn. Petit mammifère car- nassier de nos contrées , du même genre que Y hermine , la belette , le putois, le furet , et la marte à laquelle elle ressemble beaucoup. Son pelage est brun avec une tache blanchâtre sous la gorge , tandis que la marie a cette tache jaunâtre. La fouine se tient près des habitations des hommes, et fait de grands dégâts dans les basses-cours. Elle est figurée pi. D. 25, n.° 3. de ce Dictionnaire. V. Marte, (desm.) FOUINE DE LA GUYANE de Bufion. C'est le même animal que le Grison,' espèce du genre Glouton, (desm.) FOUINE ( PETITE) DE LA GUYANE , de Buffon 46 FOU ( muslela guyanensis ) Lacépède. Animal décrit trop légère- ment pour qu'on puisse lui assigner une place dans la mé- thode. C'est peut-être un jeune Coati ; on peut du moins le présumer d'après l'allongement de sa tête dans la fig ure que Buffon en a donnée, (desm.) FOUINE ( PETITE ) DE MADAGASCAR {Vwerra cafra), Linn., paroîtêtre le Nems, espèce du Genre Man- gouste. V. ce mot. (desm.) FOUL. Nom arabe de la Fève {vicia faba , Linn.(LN.) FOULADO. V. Pholade. (desm.) FOULCRE. C'est la Foulque, (s.). FOULE-CRAPAUD. M. Salerne , dans son Ornithologie, rapporte cette dénomination vulgaire de I'Engoulevent. '(s) FOULÉE, et quelquefois FOULURES {vénerie). Im- pression légère du pied d'une bête sur le sol. (s.) FOULER , se dit lorsqu'on fait battre un canton parles chiens, (s.) FOULE HAIO. Xr. Créadion. (v.) FOULIMENE ou OISEAU DE FEU. Oiseau de l'île de Madagascar , trop mal décrit dans d'anciennes relations , pour que l'on puisse le rapporter à quelque espèce connue. Son plumage est de couleur écarlate. On ne peut l'élever , parce qu'il meurt en hiver , et qu'il se bat continuellement avec les oiseaux de son espèce , si on en renferme plusieurs ensemble, (s.) FOULON. C'est une espèce d'insecte du genre du Han- neton. V. ce mot. (o.) FOULON (terre à). V. Argile, (desm.) FOULQUE, Fuîica, Lath. ; gallinula, Linn. Genre de l'ordre des oiseaux Nageurs et de la famille des Pinnati- PÈDES ( V. ces mots). Caractères : bec plus court que la tête, droit , épais à la base, conico-convexe , comprimé latérale- ment ; mandibule supérieure couvrant les bords de l'infé- rieure , inclinée vers le bout ; celle-ci un peu gtbbeuse vers la pointe; narines oblongues, couvertes d'une membrane gon- tlée ; langue comprimée , entière ; front chauve ; quatre doigts, trois devant, un derrière; les antérieurs séparés dès la bnse , allongés, bordés dune membrane découpée ; le pos- térieur pinné, portant à terre sur le bout ; ongles courts , falculaires , un peu pointus ; ailes concaves, arrondies; la première et la cinquième rémiges, égales; la deuxième et la troisième, les plus longues de toutes; queue composée de douze ou quatorze pennes. Le s foulques , sans avoir les pieds entièrement palmés , ne le cèdent à aucun des oiseaux nageurs , et restent même plus constamment sur l'eau que la plupart de ceux-ci. Il est très- FOU ^ rare de les voir à terre, et elles y paroissentsi dépaysées, que souvent elles se laissent prendre à la main ; si elles mettent pied à terre , c'est pour passer d'un étang à l'autre , car elles les préfèrent aux rivières , et si la traversée est un peu lon- gue, elles la font envolant : ordinairement elles ne voyagent que pendant la nuit. On les voit souvent s'élever sur l'eau , y déployer leurs ailes , et en raser la surface en courant ; elles ne s'élèvent en l'air, dans le jour, que pour éviter le chasseur ; encore il semble qu'il leur en coûte pour se déter- miner, car elles se cachent et s'enfoncent même dans la vase, plutôt que de s'envoler. Comme ces oiseaux voient très-bien pendant la nuit , c'est pendant ce temps que les vieux sor- tent et cherchent leur nourriture; les jeunes, moins défians, paroissent à toutes les heures du jour, et jouent entre eux, en s'élevant droit vis-à-vis Tun de l'autre, s'élançant hors de l'eau , et retombant par petits bonds. On les approche aussi plus aisément ; ils regardent et fixent le chasseur , et plongent si prestement à l'instant qu'ils aperçoivent le feu , que souvent elles échappent au plomb meurtrier. Les Foulques font leur nid à terre dans les roseaux , les joncs, les halliers aquatiques :leur ponte est nombreuse; leurs petits quittent le nid et nagent aussitôt qu'ils sont éclos. Elles vivent d'insectes aquatiques, de petits poissons , de sangsues , de graines , etc. On trouve des foulques dans toutes les parties du monde. La Foulque a aigrettes ou a cornes d'Edwards, est le Grèbe cornu. La Foulque a bec varié de Catesby , est le Grèbe a BEC CERCLÉ. La Foulque a crête , Fulica crislata , Lath. se trouve à Madagascar , ainsi qu'à la Chine , où elle est connue sous le nom de tzing kye : elle a la plaque charnue du front relevée et détachée en deux lambeaux , qui forment une véritable crête ; le bec rouge à la base , et blanchâtre dans le reste de sa longueur ; la plaque du front d'un rouge foncé ; tout le plumage d'un noir-bleu ; les pieds noirâtres, et seize pouces de longueur. La Grande Foulque ou j\Jacroule,F?//*7:« aterrima, Lath., est un vieux mâle de l'espèce de la Foulque proprement dite. La Foulque a jarretières rouges du Paraguay, Fulica armillaia, Vieill., est donnée par M. de Azara , pour une espèce distincte de sa foulque proprement dite ( foul- que leucoptère ) ; en effet , elle en diffère par environ trois pouces de plus de longueur , par sa queue composée de quatorze pennes qui ne se terminent point en pointe , par le tarse peu comprimé et par la base du bec q lit 48 F 0 U n'est pas circulaire à son insertion dans la tête ; de plus les pennes les plus rapprochées du corps n'ont point de blanc à leur extrémité ; le bas de la jamba est d'un orangé vif; le bec d'un jaune verdâtre avec une tache couleur de sang sur la mandibule supérieure. Le reste est comme dans la. foul- que leucopûre. Sonnini donne cette foulque pour la même que notre grande foulque ou macroule , qui n'est point une espèce particulière, mais bien un vieux mâle de l'espèce européenne. L'historien des oiseaux du Paraguay a remarqué que cette foulque nageoit avec aisance , mais a/ec moins d'agilité que les canards; c'est le contraire dans la foulque d'Europe; elle en diffère encore , en ce qu'elle marche assez bien et d'assez bonne grâce ; et des deux qu'il a vues , aucune ne plongea après qu'il les eut tirées. La Foulque leucoptère , Fullca leucoptera , Vieill. , se trouve au Paraguay. Elle a douze pouces huit lignes de lon- gueur totale ; le tarse très-comprimé ; la"base du bec s'avan- çant sur le front presque en demi-cercle ; la queue composée de douze pennes pointues ; la tête entière et la moitié du cou d'un noir profond ; le reste du plumage d'une teinte moins foncée , particulièrement sur les parties inférieures ; les cou- vertures inférieures de la queue , l'extrémité des pennes de l'aile les plus rapprochées du corps , les bords de la première penne et la pointe de Taile, blancs ; les pennes de l'aile en dessous, ainsi que les grandes couvertures inférieures, d'un blanc d'argent ; les autres couvertures et l'aile en dessus , noirâtres ; la partie nue de la jambe d'un vert jaunâtre ; le tarse d'un vert pâle en devant et noirâtre sur le reste ; l'iris rouge de sang ; le bec d'un blanc verdâtre à sa base , d'une teinte plus foncée et foiblement lavée de rouge sur le reste. Cette foulque , dont nous devons la connoissance à M. de Azara, est donnée par Sonnini comme la même que la nôtre. Cependant , elle en diffère par une taille plus petite et par la couleur blanche et argentée qu'elle a dans l'aile. La Foulque du Mexique (Fulica mexicana ) est un Por- phyriois. V. ce mot. La Foulque morelle, FuHcaatra, Lath. , pi. enl. , n.° 197 de YHisl. nat. deBuf. , est de la grosseur d'une moyenne poule; elle a quinze pouces de longueur; la membrane dufrontblanche, d'un rougevifdanslasaisondesamours;latêteetlecounoirs;lespen- nesetlescouvertures du dessous de la queue, noirâtres ; leresle du plumage , excepté le bord de l'aile , d'un cendré noirâtre foncé sur lesparties supérieures, et clair sur les inférieures; lespieds, les doigts etlesmembranes d'un cendré verdâtre; la portion nue de la jambe est d'un rouge verdâtre; le bec jaunâtre; l'iris d'un rouge cramoisi. La femelle diffère en ce que la par- FOU i9 partie nue du front a un peu moins d'étendue; le jeune , après sa première mue, est roussâtre sur les parties inférieures; il est avant cette mue d'un cendré blanchâtre sur ces mêmes par- ties et il a la membrane du front très-peu apparente et olivâtre; le bec et les pieds sont de celle teinte , mais un peu cendrée. Cette espèce niche de bonne heure au printemps , et éta- blit son nid dans les endroits noyés et couverts de roseaux secs, sur lesquels elle en entasse d'autres, et assez pour qu'ils puissent s'élever au-dessus de l'eau; l'intérieur du nid est garni de petites herbes sèches et de sommités de roseaux ; il est grand , assez informe , et se fait apercevoir de loin ; la fe- melle y pond dix-huit à vingt œufs, d'un blanc sale , et pres- que aussi gros que ceux de la poule; elle couve pendant vingt- deux ou vingt trois jours ; et dès que les petits sont éclos , ils quittent leur nid , et n'y reviennent plus. Ils sont alors cou- verts d'un duvet noir enfumé , et n'ont que l'indice de la pla- que blanche qui doit orner leur front. La mère ne les ré- chauffe pas sous ses ailes ; ils couchent sous les joncs , au- tour d'elle; elle les conduit à l'eau, où, dès leur naissance, ils nagent et plongent très-bien. Si la couvée est détruite , sou- vent cette foulque en fait une seconde de dix à douze œufs ; car cette espèce est très-féconde ; mais on doit attribuer son peu de population à la chasse cruelle que lui fait le busard , qui mange les œufs , enlève les petits , et souvent la mère ; aussi les vieilles foulques , instruites par le malheur , établis- sent leur nid le long du rivage , dans les glayeuls , où il est mieux caché , et tiennent leurs petits dans les endroits fourrés et couverts de grandes herbes. Ce sont ces couvées qui perpé- tuent l'espèce ; car, comme le dit fort bien un excellent ob- servateur , Bâillon , qui a particulièrement étudié les mœurs des foulques, et le genre de vie de tous les oiseaux d'eau qui fréquentent nos cotes maritimes , la dépopulation des jeunes est si grande , qu'il en échappe au plus un dixième à la serre des oiseaux de proie , particulièrement du busard. "Les foidques restent sur nos étangs pendant la plus grande partie de l'année ; elles quittent les petits à l'automne , pour se réunir en grandes troupes sur les grands , et y restent jus- qu'à l'époque où les gelées les en chassent ; elles descendent alors dans les plaines où la température est plus douce , sur les lacs où l'eau ne gèle que très-tard , ou se retirent dans des contrées voisines et plus tempérées ; mais elles y restent fort peu de temps , car elles reparoissent dès le mois de février. En hiver, elles couvrent tous les étangs de la Sardaigne ; aussi ne sème-t-on pas de blé autour de ces étangs , parce que les foulques qui sortent de l'eau pendant la nuit, couperoienttout xn. 4 5o FOU celui qui seroit à leur portée. On n'y sème que du lin , auquel ces oiseaux ne touchent pas (Cetti , Uccelli di Sardegnti). On trouve cette espèce dans toute l'Europe , depuis l'Italie jusqu'en Suède ; on la rencontre aussi en Asie , en Perse , en Sibérie , en Chine , au Groenland , à la Jamaïque et dans tou- tes les contrées de l'Amérique septentrionale. On a donné la Grande Foulque ou Macroule, Fulica atertima, pour une espèce particulière; mais, depuis on a re- connu que les individus qui ont le plumage d'un noir plus dé- cidé, la plaque du front plus étendue, le bec plus long et la membrane des doigts plus large , sont de vieux mâles. On remarque plusieurs variétés d'âge ou accidentelles. Telles sont : ha foulque aux ailes blanches, qui ne diffère de la précé- dente que par ses ailes blanches, dont les grandes pennes ont les tiges noirâtres. Gmelin en fait une espèce , sous le nom lalin fulica leucoryx; mais on doit la regarder comme une variété purement individuelle , puisqu'on ne l'a rencon- trée qu'une seule fois dans un oiseau trouvé mort près de Stockholm. ha foulque toute noire, donnée comme une espèce par Gme- lîn, d'après Sparmann, sous le nom de fulica œthiops , ne dif- fère de la foulque commune, qu'en ce que les ailes sont noires, et que la poitrine et le ventre ont des ondes brunes et rous- sâtres. C'est un jeune oiseau. La foulque à ventre blanc , Fulica fusca , var. , Lath. , a la gorge , le ventre , les grandes pennes des ailes , quelques ta- ches sur la tête , et une seule à la gorge , de couleur blanche. C'est une variété accidentelle, ainsi que la suivante. La foulque blanche , Fulica alba , var. , Lath , a le corps blanc , avec des taches éparses sur la tête et les ailes. La foulque cendrée, Fulica amencana. Latham dit que cette foulque habile l'Amérique ; elle est plus petite que la morelle; son bec est d'un vert pâle ; la plaque du front est plus petite et blanche ; le plumage d'un cendré noirâtre dessus le corps, et plus pâle en dessous; la gorge d'un blanc sale, ainsi que le milieu du ventre ; les pieds sont d'un noir bleuâtre et les membranes très-étroites. C'est une espèce douteuse. La Foulque noire et blanche d'Edwards, est le Petit Grèbe. La Foulque oreillée d'Edwards , est le Grèbe a oreilles, (v.) Chasse aux foulques. — On les prend au tramai! ou huiliers {Voy. Caille, article de la Perdrix), à la pince d'Ehaski ( Voy. Gallinule) , et on les chasse au fusil, Dans l'arrière FOU 5* saison, quand ces oiseaux, après avoir quitté les petits étangs, se sont réunis sur les grands, on leur fait la chasse , particulièrement en Lorraine, sur les étangs de Tiaucourt et de l'Indre , dans lesquels on en tue plusieurs centaines. On s'y prend de cette manière : on s'embarque sur un nombre de nacelles qui se rangent en ligne , et croisent la largeur de l'étang ; cette petite flotte alignée pousse devant elle la troupe de foulques , de manière à la conduire et à la renfermer dans quelque anse; pressés alors , tous ces oiseaux s'envolent en- semble , pour retourner en pleine eau, en passant par-dessus la tête des chasseurs , qui font un feu général, et en abattent un grand nombre. On fait ensuite la même manœuvre vers l'autre extrémité de l'étang, où les foulques se sont portées. Ce qu'il y a de singulier, c'est que ni le bruit ni le feu des armes des chasseurs, ni l'appareil de la petite flotte, ni la mort de leurs compagnons, ne peuvent engager ces oiseaux à prendre la fuite ; ce n'est que la nuit suivante qu'ils quittent des lieux aussi funestes, et encore y trouve-t-on quelques traîneurs le lendemain. Leur chair est noire , et sent un peu le marais, (s.) FOUNINGO MAITSOU. Nom que l'on donne à un Pigeon vert, dans l'île de Madagascar. V. TrÉron. (v.) FOUNINGO-MENA-RABOU. Nom que porte, à Madagascar, un Pigeon bleu, (v.) FOUQUET (Petit). V. Sterne, (v.) FOURA\. Nom donné, par les naturels de l'île de Mada- gascar, au Calaba à fruits ronds, Calophyllum irwphyllum. (LN.) FOUR ARDENT. Nom vulgaire du Turbo chrysostomus , d'un Sabot, (ln.) FOURBISSON. L'un des noms vulgaires du Troglo- dyte, (v.) FOURCHE {Vénerie). Bâton à deux branches , au bout duquel on donne la curée aux chiens courans. (S.) FOURCHU. Sur la Saône , c'est le Pilet , ou Canard À LONGUE QUEUE. (V.) FOLTRDRAINE. On domie ce nom aux Prunelles dans la Picardie et le Boulonais, et celui de Fourdinier, au pru- nier épineux, (b.) FOURMEIRON. V. Rouge-queue , tom. n , pag. 267, et Tr.iQUET. (s.) FOUIaMI , Formica. Genre d'insectes , de l'ordre des hy- ménoptères , famille des hétérogynes , tribu des formicaires. Les naturalistes qui m'ont précédé, ont conservé à ce genre toute l'étendue que Linna'uslui avoit donnée; et c'est ce que 52 FOU j 'a vois fait moi-même, en rédigeant le même article , dans la première édition de cet ouvrage. Mais la multitude des espèces dont ce groupe étoit composé, la diversité de leurs formes et de quelques-unes de leurs habitudes , nécessitoient des changement à cet égard. Ayant fait une élude particu- lière de ces insectes , et dont les résultats ont été l'objet d'une monographie (Hisl. nat. des Fourmis, 1802, in-8.°), je pou- vois, plus que tout autre , entreprendre cette réforme, et j'avois déjà commencé à l'établir dans les tables du der- nier volume de ce Dictionnaire. J'ai exposé à l'article For- micaires l'état actuel de ces travaux. Le genre fourmi ne renferme plus aujourd'hui que les espèces, dont les ouvrières et les femelles sont privées d'aiguillon , dont les antennes sont insérées près du milieu de la face antérieure de la tète, et qui ont des mandibules fortes, triangulaires et dentées. Le pédicule de leur abdomen n'est jamais composé que d'un seul anneau , savoir le premier , et qui , par sa forme, res- semble à une écaille comprimée et verticale; mais ce carac- tère , convenant aussi aux polyergues et aux potières , n'est pas exclusif. Les fourmis sont cependant bien distinctes des es- pèces du premier de ces genres par le mode d'insertion de leurs antennes et leurs mandibules. Elles n'ont point d'ai- guillon , ce qui empêche de les confondre avec les ponè- res , dont les ouvrières et les femelles présentent cette arme offensive. Les fourmis ontbeaucoup de rapport avec les tiphies , les muiilles et les doryles , par la forme des palpes et par celle de la lèvre inférieure ; mais les antennes brisées , dont le second article est presque conique et beaucoup plus grand que les suivans, et le pédicule de leur abdomen formé d'une écaille droite , élevée , empêchent de les confondre avec ces in- sectes , qui ont le second article des antennes très -petit , presque arrondi, elle pédicule de l'abdomen figuré diffé- remment. Ces insectes , qui sont assez généralement connus , ainsi que la plupart de leurs habitations, vivent en société comme les abeilles et les guêpes. Leur société est également compo- sée de trois sortes d individus, de mâles, de femelles et d'ou- vrières ou neutres ; mais ces neutres sont aptères. La tête est presque triangulaire ou presque ovale dans les ouvrières, avec son extrémité postérieure plus large que le corselet; elle est à peu près de la largeur de cette par- tie dans les femelles, plus étroite et plus convexe dans les mâles. Les antennes des ouvrières et des femelles sont filiformes, une fois plus longues que la tète, de douze articles; le pre- FOU 53 mier est presque cylindrique et a environ la moitié' de la longueur de l'antenne; le troisième et les suivans sont pres- que égaux ; elles sont insérées vers le milieu du front ; celles du mâle sont plus longues , plus minces et de treize articles. Les yeux des femelles et des ouvrières sont petits, arrondis, fieu saîllans , à facettes, et insérés vers le milieu des côtés de a tête ; ceux des mâles sont plus gros et plus saillans. Les petits yeux lisses, placés en triangle sur le sommet de la tète , sont très-apparens dans les femelles et les mâles; le plus grand nombre des ouvrières en est dépourvu. La bouche est composée de deux mandibules , de deux mâchoires, d'un labre, d'une lèvre et de quatre palpes ; les mandibules sont fortes, écailleuses , triangulaires , rétrecies à leur base , un peu plus courtes que la tête , dentelées au côté intérieur et terminées en pointe ; celles des femelles sont un peu moins fortes que celles des mulets; celles des mâles sont beaucoup plus petites et peu dentées. Les mâ- choires sont petites , coriacées , terminées par une pièce presque membraneuse, courbée, large et arrondie , ou trian- gulaire. Les palpes maxillaires sont sétacés ou filiformes, de six articles , et plus longs que les mâchoires , sur le dos desquelles ils sont insérés. Le labre est grand , corné , presque carré , tombe perpendiculairement au-dessous des mandibules , et protège les autres parties de la bouche. La lèvre est formée d'une gaine conique, coriace , et d'une espèce de langue reçue intérieurement dans la gaîne , termi- née en un cuilleron membraneux et entier. Les palpes la- biaux sont courts , filiformes , de quatre articles , insérés au-dessus de l'extrémité supérieure de la gaine, un de chaque côté. Le corselet dans les neutres est comprimé obliquement de chaque côté, grand et arrondi à sa partie antérieure, étroit et tronqué à sa partie postérieure , arqué et continu en dessus ou interrompu dans son milieu par un enfoncement, muni de quatre stigmates, dont deux dans une impression latérale, un de chaque côté, les deux autres près de son extrémité : dans quelques espèces il est armé d'épines ou de pointes; celui des femelles est ovoïde, un peu comprimé sur les côtés, de la largeur de la tête ; dans le mâle il est plus petit et plus con- vexe que celui des deux autres individus. Les ailes, au nombre de quatre, sont grandes, inégales et veinées ; les supérieures dépassent le ventre dans le plus grand nombre. Elles ont une cellule radiale , grande , aU longée et rétrécie , et deux grandes cellules cubitales, dont la H FOU seconde atteint le bout de l'aile ; les nervures récurrentes , ou du moins la seconde , manquent. L'abdomen des femelles et des ouvrières est, comme dans tous les hyménoptères , de six anneaux et celui des mâles de sept. Le premier est figuré en forme d'écaillé lenticulaire ; dans tous les individus, les autres forment , réunis, une masse plus ou moins ovoïde ou carrée , mais beaucoup plus volu- mineuse dans les femelles. Ces individus ont , ainsi que les ouvrières , des glandes intérieures , situées près de l'anus , renfermant une liqueur acide , et qu'ils éjaculent pour leur défense et peut-être aussi pour quelque autre besoin. L'ab- domen des mâles est plus petit, ordinairement courbé ou ar- qué à l'extrémité ; souvent les organes du sexe sont saillans. Les parties qui caractérisent le sexe des femelles ne peu- vent être vues sans une pression assez forte : elles sont si- tuées à l'extrémité du dernier anneau ; il existe les plus grands rapports entre ces organes et ceux des ouvrières , ce qui fait croire que celles-ci sont comme les abeilles ouvrières , des fe- melles impuissantes , dont les organes de la génération n'ont pas eu un entier et parfait développement, et que , comme ces abeilles ouvrières , elles sont destinées au travail. Les parties sexuelles du mâle sont composées de plusieurs pièces, placées de chaque côté de l'extrémité du dernier anneau, et la plu- part en forme de pinces ou de crochets. Les pattes sont comprimées ; celles de l'ouvrière et de la femelle sont plus ou moins fortes ; les tarses sont assez longs, de cinq articles; le dernier est terminé par deux petits cro- chets , avec un empâtement au milieu; celles du mâle sont un peu plus longues et plus minces que celles des deux au- tres individus. Les fourmis ouvrières sont plus petites que les femelles , et n'ont jamais d'ailes ; les mâles sont encore dune taille inférieure , ou les plus petits de ces trois sortes d'individus. Elles sont seules , comme les abeilles ouvrières , chargées de tous les travaux. On sait que les Grecs appelaient les fourmis myimex ou myrmica ; que les anciens naturalistes en distinguoient plu- sieurs espèces sous les noms dhippoinymiex, d herculanea , de so/ifuga ou sulpuga , laeriœ, senipes, etc., et que les pre- miers élémens de l'histoire de ces insectes sont entremêlés de beaucoup de fables. On avoit cependant découvert qu'ils ti- roient leur origine d'un ver qui, d'abord très-petit et arrondi, s'allonge, se développe peu à peu , et reçoit la forme convena- ble; et qu'une partie de ces fourmis adesailes.Leuwenhoeck, Swammerdam et Degeer nous ont donné les premiers , sur FOU 55* ces animaux , des notions sures et positives. J'ai ajouté moi- môme plusieurs faits à ceux qu'ils avoient recueillis. Mais , de tous les naturalistes , il n'en est point qui ait observé ces animaux avec autant de soin et de sagacité que M. Pierre Huber , fils du célèbre naturaliste du même nom. Ses curieuses découvertes sont exposées dans son ex- cellent ouvrage , intitulé : Recherches sur les fourmis indigènes , et dont je vais offrir un extrait, en témoignant mes regrets de ne pouvoir lui donner plus d'étendue. Les sociétés des fourmis sont simples ou mixtes , je veux dire uniquement composées d'individus de la môme espèce, ou ayant, de plus, des individus neutres , d'une, et même quelquefois de deux autres espèces de fourmis. Les six pre- miers chapitres de l'ouvrage sont consacrés à l'histoire des fourmis réunies en sociétés simples , celles qui se présentent le plus souvent à nos regards. L'auteur considère successi- vement ces insectes dans leur manière de bâtir , leur repro- duction , leurs métamorphoses , et leurs autres habitudes particulières. Une espèce des plus multipliées dans toute l'Europe , et dont on donne les larves et les nymphes en nourriture aux perdreaux et jeunes faisans, est la fourmi fauve {formica ruf a. , Linn.). M. Huber en distingue deux variétés d'après la diffé- rence des couleurs du dos ou de la partie supérieure du cor- selet, qui est noir dans l'une et rouge dans l'autre. Celle-ci habite de préférence les bois, et son habitation est plus gronde. La précède s'établit le long des haies et des prairies. Leurs habitudes sont d'ailleurs peu différentes. L'habitation de ces fourmis est composée de brins de chaume , de fragmens ligneux, de cailloux et de coquillages d'un petit volume , et de tous les objets d'un transport facile qu'elles rencontrent ; et comme elles ramassent souvent , dans le même dessein , des grains de blé , d'orge et d'avoine , on a cru qu'elles faisoient des provisions pour l'hiver et les temps d^disette. Leur vie laborieuse et leur prévoyance ont été célébrées par l'antiquité, et depuis le sage Salomon jusqu'au bon La Fontaine, le paresseux a été renvoyé à l'école de la fourmi. L'habitation des fourmis fauves se présente sous la forme d'un monticule ou d'un dôme arrondi , dont la base est souvent couverte de terre et de petits cailloux, et au-dessus de laquelle les matériaux ligneux s'élèvent en pain de sucre. Tout paroît d'abord disposé sans ordre ; mais un œil attentif découvre bientôt que tout est arrangé de manière à éloigner les eaux de la fourmilière , à la défendre des injures de l'air, des attaques de ses ennemis, à lui ménager la chaleur du so- 56 FOU leil , et à conserver celle de son intérieur. La portion la plus considérable du nid est cachée et s'étend plus ou moins pro- fondément dans la terre. Des avenues, en forme d'enton- noirs assez irréguliers, conduisent du sommet de l'édifice dans son intérieur ; leur nombre est proportionné à la po- pulation , et leur ouverture est plus ou moins large. On en trouve quelquefois une principale à la partie supérieure. Sou- vent aussi il y en a plusieurs à peu près égales , et autour desquelles sontplacés circulaicement, depuis la base du mon- ticule jusqu'à son extrémité , beaucoup de passages plus étroits. Bien différentes de quelques autres espèces du même genre, qui se tiennent volontiers dans leur nid , et à l'abri du soleil , les fourmis fauves semblent préférer de vivre en plein air, et ne pas redouter, dans leurs travaux, notre présence. Les habitations en dôme de plusieurs autres fourmis sont fermées avec de la terre, de tous côtés , et n'ont qu'une issue, assez petite , près de leur base , à laquelle même on ne parvient souvent que par une galerie tortueuse qui serpente dans le gazon. On seroit tenté de croire que les fourmis fauves ont moins de prévoyance, puisque leur demeure est percée d'un grand nombre de portes, où les eaux pluviales et les ennemis de ces insectes trouvent un accès facile. Mais elles ont soin , vers le déclin du jour ou aux approches du mauvais temps, de fermer les passages et de se barricader ; elles apportent d'abord de petites poutres , près des galeries , dont elles veulent diminuer l'entrée , et les enfoncent même quelquefois dans le massif du chaume ; elles vont ensuite en chercher d'autres , mais plus foibles , qu'elles placent sur les précédentes, dans un sens contraire; enfin elles emploient des morceaux de feuilles sèches ou d'autres matériaux d'une forme élargie pour recouvrir le tout. Les dernières portes étant fermées, quelques individus sont placés derrière, pour la garde et veiller àla sûreté des autres. Au retour sur l'horizon de l'astre qui vivifie la nature, les barricades sont défaites , et les passages ordinaires sont rétablis. Ces travaux se re- nouvellent chaque jour , soir et matin , pendant la belle saison ; si cependant le temps est pluvieux , les portes res- tent fermées (i). Ces fourmis commencent leur habitation , par creuser dans la terre une cavité plus ou moins spacieuse. Les unes vont ensuite chercher , aux environs , les matériaux propres à la construction de la charpente extérieure , et les disposent dans (ï) Les anciens croyoient que les fourmis ne travailloient point, lorsque la lune , étant trop près de sa conjonction avec le soleil , ne nous éclaire point. FOU 57 un ordre peu régulier, mais qui couvre néanmoins l'entrée de la demeure. D'autres ouvrières apportent les parcelles de terre qu'elles ont détachées , en pratiquant l'excavation , les mêlent avec les matières déjà mises en œuvre , afin de rem- plir les vides, et de fortifier l'édifice. A en juger d'après ses dehors, on croiroit qu il est massif; mais il n'en est pas ainsi. Son intérieur est divisé en plusieurs étages, et offre des gale- ries , des salles spacieuses , qui , quoique basses et d'une cons- truction grossière, sont commodes pour leur usage: les lar- ves et les nymphes y sont transportées à certaines h. Mires du jour. La salle la plus grande est presque au centre de l'édifice. Elle est beaucoup plus élevée que les aulres , et traversée seulement par les poutres soutenant le plafond. Toutes les galeries y aboutissent , et c'est là aussi que se tiennent la plu- part des fourmis. La terre étant délayée par les eaux plu- viales , et durcie ensuite par le soleil , forme une sorte de mortier qui donne de la solidité à l'édifice. L'eau même, après de longues pluies , n'y pénètre guère , lorsqu'il est habité, et qu'il n'a point été dérangé , aiFdelà d'un quart de pouce, à partir de sa surface. On ne peut en observer la portion sou- terraine , que lorsqu'il est situé contre une pente. Si on en- lève le monticule de chaume , on verra la coupe intérieure du bâtiment ; des loges pratiquées horizontalement dans la terre, composent ces souterrains. M. Hubert décrit ensuite l'architecture des fourmis qu'il appelle maçonnes, parce que leurs nids, toujours sous la forme de monticules, comme ceux des fourmis fauves, ne sont composés que de te#e , sans mélange d'autres matériaux , et que leur intérieur , divisé en manière de labyrinthe , offre des loges, des voûtes et des galeries construites avec art. On distingue plusieurs fourmis maçonnes. La terre qu'em- ploient les espèces d'une certaine grandeur, telles que la noir-cendrée et la mineuse, est d'une pâle moins fine que celle dont sont formées les habitations de quelques autres four- mis maçonnes plus petites , comme la jaune , la brune , et celle qu'il nomme microscopique. Le monticule élevé par la fourmi noir-cendrée , offre tou- jours des murs épais , composés d'une terre grossière et rabo- teuse, et àl'intérieur, des étages très-prononcés, ainsi que de larges voûtes , soutenues par des piliers solides , et dont la force est proportionnelle à la largeur de ces voûtes. On y voit partout de grands vides et de gros massifs de terre. On n'y trouve point des chemins ni des galeries proprement dites , mais des passages en forme d'œil de bœuf. La fourmi brune est beaucoup plus industrieuse ; son nid est construit par étages de quatre à cinq lignes de haut , dont ss FOU les cloisons n'ont pas plus d'une demi-ligne d'épaisseur , et dont la matière est d'un grain si fin , que les parois intérieures des murs paroissent fort unies. Ces étages suivent la pente du terrain , et ne sont pas toujours arrangés avec la même régularité, ni sur un plan bien fixe; mais le supérieur recou- vre toujours les autres , et cette disposition concentrique est continuée jusqu'aux logemens souterrains. On voit à chaque étage, des cavités travaillées avec soin , d«s loges plus étroites et des galeries allongées leur servant de communication. De petites colonnes et des murs fort minces , en un mot , de vrais arcs-boutans supportent les places les plus spacieuses. Ici les cases n'ont qu'une seule entrée , et il en est dont l'ori- fice répond à l'étage inférieur; là , nous découvrons des es- paces plus larges , et formant des espèces de carrefours. Les cases et les places les plus larges sont habitées par les four- mis adultes ; mais les nymphes sont toujours réunies dans des loges plus ou moins rapprochées de la surface extérieure , suivant les heures et la température ; car ces insectes parois- sent être très-sensibles aux impressions de l'état de l'atmos- phère, eteonnoître le degré de chaleur qui convient à la fa- mille qu'ils élèvent. Si cette chaleur est trop forte , ils trans- portent les petits dans les étages inférieurs ; et si le rez-de- chaussée est inhabitable à raison des pluies ou de l humidité , ils les montent à la partie élevée de l'habitation. Celte par- tie offre quelquefois plus de vingt étages , et il y en a pour le moins autant au-dessous du sol. La fourmilière que ces insectes placent souvent dans les herbes , sur les bords des sentiers , a idus sans nervures récurrentes. Fourmis ronge-bois , Formica herculanea , Linn. ; Lat. Hist. nal. des Fourni., pag. 88 , pi. i ,fig. i. Cette espèce est la plus grande d'Europe et a quelquefois jusqu'à sept lignes de longueur. L'ouvrière a les antennes noirâtres, avec le pre- mier article d'un noir luisant , et l'extrémité du dernier d'un brun rougeâtre ; la tête est grande , beaucoup plus large que le corselet, d'un noir luisant, glabre ou peu velue; le cor- selet est assez court, d'un rouge sanguin luisant, avec quel- ques poils; le dos est arqué ; l'écaillé est étroite, presque ova- le; l'abdomen est court, gros, presque ovale, d'un noir luisant, avec le devant du premier anneau d'un rouge sanguin, et plu- sieurs rangs transversaux de poils jaunâtres ; les hanches et les cuisses sont noires ; les jambes et les tarses d'un brun foncé. On trouve des individus d'un tiers plus petits, dont la têle est beaucoup plus étroite et plus allongée. La femelle diffère de l'ouvrière par sa tête proportionnel- lement moins forte , son corselet d'un rouge plus foncé et noir en dessus, par écaille un peu son plus grande , son ab- domen plus allongé , moins velu , et par ses ailes qui sont fort grandes, obscures, excepté à leur bord postérieur , et dont les nervures , ainsi que les stigmates des supérieures , sont d'un brun jaunâtre. Le mâle est d'un noir luisant ; il a les antennes d'un brun rougeâtre foncé, avec le premier article noir; la tête petite, arrondie postérieurement ; le corselet convexe ; l'écaillé courte , beaucoup plus épaisse que dans les femelles, un peu velue ; l'abdomen petit, ovale , velu à l'extrémité , avec les organes du sexe saillans; les pattes noirâtres, avec les ge- noux, l'extrémité des jambes et les tarses d'un brun rou- FOU 97 geâire ; les ailes, surtout les supérieures , d'un jaune obscur. Cette fourmi établit sa demeure dans l'intérieur des parties mortes des vieux arbres, sous leur écorce : on ne la trouve pas dans les champs ; elle vit en société peu nombreuse , et paroît plus propre au Midi ; on la trouve rarement aux en- virons de Paris. Fourmi éthiopienne, Formica œthiops, Lat., ibid. , pi. 2 > Jig. 4- L'ouvrière a le corps long de quatre lignes , d'un noir très-luisant et lisse ; les mandibules et les antennes, à par- tir du coude, d'un brun foncé ; les pattes sont de cette cou- leur , avec les jambes et les tarses d'un brun rougeâtre ; Té- caille est petite , épaisse et ovée ; l'abdomen est pointu. La femelle est presque semblable , pour les couleurs, mais un peu plus grande , avec les ailes blanches ; elles ont un point marginal, épais, noirâtre, et les nervures brunes. Le mâle, aux différences sexuelles et à la taille près , n'en diffère pas beaucoup. J'ai toujours trouvé cette espèce sous les pierres, ce qui me donne lieu de présumer que la fourmi nommée ainsi par M. Huber , est plutôt celle que j'ai décrite sous le nom de Pubescente , pubescens , ibid. , pag. g6, pi 1 ,fig. 2. Elle res- semble beaucoup à la F. ronge-bois , et vit de la même ma- nière ; mais elle est entièrement noire , avec l'abdomen plus obscur. Commune dans les bois des départemens méridio- naux de la France. Fourmi biépineuse , Formica bispinosa, Oliv. ; Lat. , ibid. pag. i33 , pi. {±,fig. 20; Formica fungosa , Fab. Elle est longue de trois lignes, noire , avec le corselet biépineux en devant, et l'écaillé terminée en une pointe longue. Cette espèce mérite d'être connue par la singularité et la nature d'une matière qui entre dans son nid. Cette matière ressemble au premier coup d'oeil à de l'amadou ; elle est composée d'un duvet cotonneux, qui paroît être formé- de petits brins de semence du fromager globuleux d'Aublet. L'a- nimal les empile , et en fait une espèce de feutre qui est très-efficace dans les hémorragies. Elle se trouve à Cayenne. Foi ami MILITAIRE , Formica militaris , Fab. ; Lat. , ibid. , pag. ia4 , pi- 4 \fig> 22. Le corps de l'ouvrière est long d'en- viron cinq lignes , et d'un noir mal ; son corselet est remar- quable par quatre épines, deux en devant, et deux à son extrémité postérieure ; son écaille a aussi deux pointes très- fortes , et une dent sous chaque ; l'abdomen est globuleux. Elle se trouve en Afrique. XII. 7 98 FOU II. Dos du corselet des ouvrières ayant des enfoncemens qui te rendent sinueux ; ailes supérieures des autres individus ayant une nervure récurrente et reçue par la première cellule cubitale ; la seconde nervure récuir ente nulle. Nota. Fabricius rapporte quelques espèces de cette divi- sion à son genre Lasius. Fourmi fauve, Formica rufa , Linn., D. 27 , 2-— 4- de cet ouvrage; Lat., ibid. , pag. i4-3 , pi. 5 , fig. 28. On la trouve très-communément dans les bois, où elle fait des nids élevés en pain de sucre ou en dôme, de deux à trois pieds de hau- teur , et qui sont composés d'un mélange de feuilles , de paille , de petites tiges de différens végétaux , de terre , de sable, etc. Pour peu qu'on touche à ces habitations, il en sort aussitôt une vapeur acide et forte. C'est ordinaire- ment de cette espèce que les chimistes retirent X acide for- mique. Elle récolte en Suède la résine des genévriers, qui y sont très-communs; leshabitans de ces contrées ont soin de lui enlever cette substance , dont la combustion purifie l'air, en répandant une odeur agréable. Ces fourmis , lorsqu'on les prend ou qu'on les irrite , éja- culent fortement par l'anus leur acide. On ne peut guère douter qu'elles n'aient ce mode de défense , d'après les ob- servations de Degeer. L'ouvrière a trois lignes de longueur; elle est noirâtre , avec une grande partie de sa tête , son corselet et l'écaillé fauves; la tête a trois petits yeux lisses. La femelle est longue de quatre lignes ; sa tête ressemble à celle de l'ouvrière ; on voit seulement du noir au milieu de sa partie antérieure , près de la bouche ; le corselet est ova- laire, d'un fauve vif, avec le dos noir; l'écaillé est grande et ovée ; l'abdomen est court, presque globuleux, d'un noir un peu bronzé , avec le devant fauve ; les ailes sont enfumées ; les pattes sont noirâtres , avec les cuisses rouges. Le mâle est à peu près de la même longueur, mais plus étroit, noir, avec la tête petite; l'écaillé épaisse, presque carrée; l'abdomen conico-trigone , courbé à l'anus, tjuiesi roussâtre ; ses pattes sont d'un rouge-brun, avec les cuisses d'un brun noirâtre intérieurement ; les ailes sont obscures , avec les nervures jaunâtres , et le stigmate obscur. FOURMI SANGUINE , Formica sanguinea, Lat., ibid. pag. i5o, pi. S, fig. 29. L'ouvrière ressemble beaucoup à celle de l'es- pèce précédente ; mais les antennes et la tête sont entière- ment d'un fauve sanguin ; les yeux lisses sont appareils; le cor- selet et les pattes sont fauves ; l'abdomen estd'un noir cendré. Fourmi mineuse, Formica cunicularia , Lat. ribid. pag. i5i. F ° u . » L'ouvrière est longue d'environ deux lignes et demie ; ses an- tennes sont d'un rouge noirâtre , avec le premier article plus clair. La tête est noire , avec le dessous et les environs de la bouche rougeâtres; les trois petits yeux lisses sont appa- rens ; le corselet est d'un fauve pâle , ainsi que l'écaillé , dont la forme est ovée , avec le bord supérieur comme tronqué ; l'abdomen est d'un noir cendré ; les pattes sont fauves. La femelle ressemble beaucoup à celle de la fourmi fauve ; mais elle est plus petite ; le dessus du corselet offre des taches noires sur un fond fauve ; l'écaillé est plus fortement échan- crée. Fourmi NOIRE , Formica nigra, Linn. ; Lat. ibid. , pag. i56. Le neutre est fort petit, n'ayant pas au-delà de deux lignes de long; il est d'un brun noirâtre , avec les mandibules et le premier article des antennes plus clairs ; les cuisses et les jambes brunes, et dont les articulations sont aussi plus claires ; ses tarses sont d'un rougeàlre pâle ; l'écaillé est éebancrée. Cette espèce est la plus commune de celles de notre pays. Elle fait son nid sur les bords des chemins, dans les champs, les jardins, et creuse, à fleur de terre, de petites galeries , qui aboutissent à son habitation. Ses dégâts nous sont très- nuisibles. Les mâles et les femelles paroissent dans le mois d'août , en grande quantité. FOURMI ÉCHANCRÉE , Formica emarginata, Oliv. ; Lat. , ib. , pag. i63 , pi. 6 , fig. 33. Elle se trouve très-communément en France , et diffère de la précédente , avec laquelle on pour- roit la confondre , par sa couleur d'un brun marron , avec la première pièce des antennes , la bouche et les pattes plus claires; le corselet rougeâtre, etl'écaille ovée, un peu échan- crée. Elle s'établit dans les fentes des mUrs, au bas des arbres, et pénètre même dans les maisons , pour y attaquer les frian- dises qu'on y conserve. Fourmi noir-cendrée , Formica fusca , Linn. ; Lat. , ibid. T pag. i5o,, pi. (>,Jîg. 32. L'ouvrière a un peu plus de deux lignes de long; elle est d'un noir cendré, avec la partie inférieure des antennes et les pattes rougeâtres; on distingue les petits yeux lisses ; l'écaillé est grande et presque triangu- laire. La femelle est d'un noir tres-luisant , avec un léger reflet bronzé ; les ailes sont un peu obscures , avec les nervures et le point marginal noirâtres; les pieds sont rou- geâtres. Le mâle est noir , avec l'anus et les pattes d'un rouge pâle. Très-commune , surtout dans les bois. Fourmi fuligineuse , Formica fuliginosa , Lat. , ibid , F O U pag. i£o i pl- ^ifig- 27- Celte espèce, que l'on trouve très- fréquemment sur les arbres , dans les environs de Paris , a le corps d'un noir très-foncé et luisant ; la tête fort grosse , en forme de cœur ; les antennes, à l'exception de leur premier article , et les tarses bruns ; l'écaillé petite et ovée. Cette fourmi n'a guère que deux lignes de long. La femelle est presque semblable à l'ouvrière ; la base des ailes supérieures est noirâtre ; leurs nervures et le point de la côte sont d'un jaunâtre clair. On pourroit étendre cette énumération des fourmis : il en est même quelques-unes qui mériteroient de trouver ici une place particulière , telles que la fourmi de Pharaon, celle de Salomon , la fourmi omnivore , \& fourmi saccharwore , etc.; mais ces espèces n'étant pas encore bien caractérisées , nous ne croyons pas qu'il soit nécessaire de rapporter, à leur égard, des citations vagues et insignifiantes , et des faits mal obser- vés, et racontés avec exagération; d'ailleurs, l'histoire des fourmis véritables est souvent confondue avec celle des termes. On trouve dans le Journal d'Histoire naturelle et de Physique de Rozier , 1776 , novembre et décembre , des observations de Barboteau sur des fourmis des Antilles, de la Martinique principalement. Les espèces qu'il mentionne n'étant pas suf- fisamment caractérisées , nous n'en parlerons pas. Fourmi amazone. V. Polyergue. FOURMI CÉPHALOTE et FOURMI DE VISITE. V. OECODOME. Fourmi mélanure. V. Myrmice. Fourmi resserrée. V. Ponère. Fourmi rouge. V. Myrmice. Fourmis blanches. V. Termes. Fourmis volantes. Nom collectif, sous lequel le peuple désigne la plupart des insectes à quatre ailes nues, (l.) FOURMILIER {Myrmecophaga, Linn. , Briss. , Sc.hreb. , Cuv., etc. ). Genre de mammifères de l'ordre des édentés, ainsi caractérisé: corps couvert de poil ; tête plus ou moins allongée et terminée par une bouche peu ouverte ; point de dents d'aucune sorte, tant en haut qu'en bas; langue très- longue, cylindrique, extensible ; oreilles courtes, arrondies; queue prenante dans quelques espèces ; tantôt quatre doigts antérieurs et cinq postérieurs , tantôt deux antérieurs et quatre postérieurs, tous réunis jusqu'à la phalange ungueale et armés d'ongles forts , comprimés et tranchans , dont les antérieurs sont relevés obliquement du côté interne dans l'état de repos, ce qui les empêche de s'émousser, etc. FOU L'estomac de ces animaux est simple et musculeux vers le pylore; leur canal intestinalest de médiocreélendue, avecdeux pelils cœcums dans une espèce seulement; leur mâchoire in- férieure est très-grêle et sans branches montantes; ils n'ont point d'arcades zygomatiques. Leurs clavicules sont com- plètes, etc. Les fourmiliers appartiennent exclusivement à l'Amérique méridionale, et sont ace continent ce que les m nuis ou pan- golins sont au nôtre. Leurs espèces sont peu nombreuses, et même on n'en connoît bien encore que trois. L'une d'elles, la plus grande, n'a pas moins de quatre pieds de longueur , sans compter la queue qui en a plus de deux; et la plus petite est en totalité à peine longue d'un pied. Ces animaux sont lents. Le plus grand ou tamanoir, dont la queue n'est pas prenante , se tient à terre, ou. il attaque les habitations des termes et des fourmis pour se nourrir de ces insectes. Les autres, qui ont la faculté de s'accrocher avec leur queue, montent sur les arbres, où ils vont également rechercher ces mêmes termes, (desm.) Fremière espèce. LeT AMAKOIR (myrmecophaga ' juhata, Linn., Iluff, tom. 10, pi. 29, et suppl. loin. 3, pi. 55). C'est la plus grande espèce du genre. Les naturels du Brésil l'appellent tamandoua-guacu {grand tamandoua); ceux de la Guyane, ouariri ; les Espagnols du Paraguay, ours fourmilier ; les Guaranis , yogoui et youroumi , ougnouroumi , c'est-à-dire , petite bouche. Cette bouche n'est , en effet, qn'une petite fente horizon- tale , sans dents et presque sans jeu dans les mâchoires. Maïs l'animal n'a besoin ni d'une plus grande ouverture, ni de beaucoup de mobilité de la bouche , pour recevoir et mâcher la nourriture que la nature lui a destinée. Il ne mange que des fourmis et des termes. Il traîne sur les immenses fourmilières répandues sur le sol de l'Amérique méridionale sa langue charnue, presque cylindrique, très-flexible , longue de plus de deux pieds , semblable à celle des oiseaux du genre des pics , se repliant dans la bouche, lorsqu'elle y rentre toute «■litière ; enfin , enduite d'une humeur visqueuse et gluante, il la retire avec les fourmis qui y sont prises et qu'il avale. Il répète cet exercice jusqu'à ce qu'il soit rassassié , el, sui- vant M. de Azara (Quadnipèdcs du Paraguay), avec tant de prestesse, que dans une seconde de temps il retire et rentre deux fois sa langue chargée d'insectes. La même roideur qui existe dans les mâchoires du tamu- ror noir, se fait remarquer dans tous ses membres; ses jambes antérieures fortes, comprimées sur les côtés, cl tout d'une venue , ont l'air de billots courts ; celles de derrière sont si mal conformées , qu'elles ne paroissent pas faites pour mar- cher. Ses pieds sont ronds : ceux de devant sont armés de quatre ongles, les deux du milieu sont les plus grands, et l'extérieur est le plus gros ; les piçds de derrière ont cinq doigts et cinq ongles. « Les pattes de devant ressemblent à des moignons plutôt qu'à des mains ; il n'en fait guère usage pour marcher ; car il s'appuie sur la partie dure de la chair, ou sur l'ongle extérieur , les trois autres sont très-courts, n'ont pas même l'apparence de doigts , et à peine peut-il les ouvrir un peu. Les pattes de derrière sont mal formées et ont cinq doigts , dont l'intérieur est plus court et plus foible. ( Voyage dans l'Amérique méridionale ^ traduction française, iom. i , pag. 254-) » Si Ton passe à l'examen des autres parties du tamanoir , Fonreconnoîtra que ce quadrupède présente en tout l'assem- blage bizarre des formes les plus disparates. Il a la télé en trompe tronquée , et n'égalant pas , dans sa plus grande lar- geur, la grosseur du cou ; le museau très-allongé , et s'aqpin- cissant par degrés; les narines larges et en C ; les deux mâ- choires d'égale longueur ; les yeux très-petits , enfoncés et noirs ; les paupières sans cils; de petites oreilles arrondies ; Je cou court j enfin, la queue fort longue, aplatie sur les côtés , diminuant d'épaisseur jusqu'à sa pointe , et couverte de poils très-rudes, longs de plus d'un pied, et disposés en forme de panache. L'animal la laisse traîner en marchant lorsqu'il est tranquille, et il balaye le chemin par où il passe; mais quand il est irrité , il agite fréquemment et brusque- ment sa queue , et la relève sans la plier. Il a deux ma- melles sur la poitrine , et la verge du mâle a la forme d'une toupie. La nature des poils dont le tamanoir est revêtu , n'est pas moins singulière que sa conformation. Ils ne sont pas ronds dans toute leur étendue ; ils sont plats à l'exlrémité , durs et $ecs au toucher comme du foin. Ces poils grossiers sont très- courts sur la tête , et moins longs sur les parties antérieures du corps que sur les postérieures ; ceux-ci se dirigent en ar- rière, et les autres en avant ; ils forment une espèce de crête sur la ligne du dos , depuis le cou jusqu'à la racine de la queue. La couleur des poils est brune , depuis le museau jusqu'aux oreilles , mêlée de brun foncé et de blanc sale sur le corps et la queue. 11 y a plus de blanchâtre aux parties antérieures , et plus de noir aux parties postérieures. L'on remarque une bande noire sur le poitrail , laquelle se prolonge sur les cô- F 0 TT Ift3 tés du corps, et se termine sur le dos, près dos lombes , ou commencent deux raies blanchâtres qui accompagnent ia bande noire en-dessus et en dessous, ce qui est du à la lar geur de l'anneau blanc des poils qui bordent la raie noire. Les jambes de devant sont presque blanches , avec deux ta- ches noires , l'une sur les doigts et l'autre sur le tarse ; les jambes de derrière , presque noires, ont une grande tache blanche vers le milieu , et sont principalement grises en ai rière et en dedans. Les ongles sont noirs. On est étonné que de petits insectes, tels que Xêafêumtis et les termes , puissent suffire à la subsistance d'un animal aussi grand que le tamanoir. Sa longueur ordinaire est de quatre a cinq pieds , et il atteint quelquefois jusqu'à sept ou huit pieds , de la tête à la queue. C'est un des quadrupèdes les plus consi- dérables de l'Amérique méridionale. Afin de faire sortir les fourmis de leurs retraites , il gratte la terre avec ses ongles, comme les poules et les lapins , et lorsqu'elles sortent en foule , il leur présente sa langue , pour l'en charger de la ma- nière que j'ai déjà rapportée. Ces mêmes ongles des pieds antérieurs sont aussi la seule défense de ce tamanoir ; mais ce sont des armes meurtrières, dont il fait usage avec beau- coup de vigueur, de courage el d'opiniâtreté ; il saisit tout ce qui vient à lui, l'embrasse el le serre avec force; aucun chien n'oseroil le chasser, et on assure que le jaguar ne peut le vaincre; il ne lâche jamais prise; il fait des blessures pro- fondes, et il résiste plus qu'un autre au combat , parce qu'il est couvert d'un grand poil touffu, d'un cuir fort épais, et qu'il a la chair peu sensible et la vie très-dure. Tous les voya- geurs on assuré que le tamanoir grimpe sur les arbres, ef JJuffon a écrit ce fait d'après leur témoignage. M. d'Azara as- sure positivement que c'est une erreur. S il m'est permis d'é- noncer mon opinion , il me paroît prouve que de fausses in- formations ont trompé M. d'Azara lui-même. Il n'est point de chasseurs en Amérique qui ne regardent comme un fait cer- tain la faculté que le tamanoir possède de monter sur les ar- bres. Le Capitaine Stedman qui a parcouru l'intérieur de la Guyane hollandaise, est d'accord à cet égard avec les voya- geurs qui l'ont précédé, et si je n'ai pas vu les tamanoirs grimper sur les arbres, j'ai reconnu l'empreinte de leurs grif- fes sur la tige de plusieurs arbres à écorec lisse. Le tamanoir vil solitaire ; sa démarche est lente ; il va la tête baissée, et lorsqu'il court , un homme peut l'atteindre sans peine ; il traverse les grandes rivières à la nage ; il sou- tient long-temps la privation de toute nourriture ; il n'avale pas toute la liqueur qu'il prend en buvant, une partie qui retombe passe par les narines: il dort beaucoup , et pendant Io4 FOU son sommeil il esl couché sur le côté , la tête entre les jambes de devant, les quatre pieds joints ensemble, et la queue cou- vrant tout le corps. La femelle ne met bas qu'un petit, et elle l'emporte souvent sur son dos. Cet animal est rarement gras ; on le tue à coups de fusil , et même à coups de bâton ; mais c'est un très-mauvais gibier , dont le besoin seul peut s'accommoder. On se sert de sa graisse au Paraguay , pour guérir les écorchures que les selles et les bâts font aux che- vaux. On trouve assez communément les tamanoirs dans plu- sieurs parties du midi de l'Amérique ; je les ai rencontrés dans les forets de noire Guyane , ainsi que dans les savanes ; ils sont également répandus dans la colonie de Surinam , au Pérou, au Brésil , etc., et ils deviennent rares depuis le Paraguay jusqu'à la rivière de la Plata. Ils s'apprivoisent assez aisément ; on en a transporté de vivans en Europe , en leur donnant de la mie de pain , de très-petits morceaux de viande et de la farine délayée dans de l'eau. Ce sont des hôtes qui peuvent intéresser la curiosité , mais qui n'offrent ni utilité ni agrément, (s.) ma . Seconde Espère. — Le TAMANDUA , Myrmeeophagatamandu Cuv. ; Myrmerophaga tetradactyla et tridactyla , Linn. ; Blyrm. trid.ictyla, Séba, Thés. , lom. i, pi. 32,fig. 2. L'épithète spéci- fique tetradactyla ( à quatre doigts) attribuée à cet animal par plusieurs naturalistes modernes , n'a rapport qu'aux pieds antérieurs -, car ceux de derrière sont divisés en cinq doigts. Au surplus , cette dénomination n'est nullement caractéris- tique, puisque le tamanoir, autre espèce de fourmiller, a le même nombre de doigts aux pieds , c'est-à-dire , quatre aux pie 1s antérieurs et cinq aux postérieurs. Tamandua , que Ton doit prononcer tamandoua , est le nom que ce quadrupède porte au Brésil, suivant Marcgrave. Pison ajoute un i ( iamandua-i) , et cette lettre finale qui est un diminutif, indique que l'animal a de plus petites dimen- sions que le vrai tamandua ou le tamanoir. Les naturels du Paraguay le connoissent sous le nom de caaigouare ou ca- guaré , qui signifie , dit M. de Azara , habitant des bois et des lieux puans et infects. Les Espagnols de la même contrée don- nent au tamandua la dénomination de petit ours fourmiller , par comparaison avec le tamanoir qu'ils appellent simplement ours fourmiller. Il n'est pas inutile d'observer que les descriptions faites par Séba, de plusieurs espèces de fourmiliers, sont remplies d'erreurs et de confusion , et que des quatre espèces indiquées par Gmelin (Linn. Syst. nat.), la deuxième (Mynnecophaga FOU Io5 tridaclylu) , doit être retranchée comme n'ayant eu pour type que des individus mutilés de l'espèce du tamandua. D'un autre côté , on trouve dans l' Histoire naturelle des quadrupèdes de Buffon , suppl. tom. 3, pi. 56, et dans Shaw ( niYrmecophaga slriaia ) , une figure du tamandua, qui est fau- tive ; elle a été dessinée d'après un animal factice déposé dans la collection du Muséum d'Histoire naturelle de Paris , et qui avoit été formé d'une peau de- coati y sur laquelle on avoit collé diverses bandes d'autre peau, alternativement jaunes et noires. De pareilles fraudes ne sont point rares , et plus d'un naturaliste en a été la dupe. Ce n'est qu'après la mort de Buffon que Ton s'est aperçu de la composition frau- duleuse d'un quadrupède qui n'existe pas , et pour cela il a fallu en dépecer le manequin. Beaucoup moins grand que le tamanoir , le tamandua pro- prement dit , celui de Buffon , auquel M. Geoffroy a donné le nom de Fourmilier bai, n'a guère que trois pieds de long ; son museau est fort allongé ,• pointu et légèrement courbé en dessous ; il a la bouche et les yeux petits et noirs ; les oreilles droites et arrondies; le cou assez épais; les jambes courtes; la queue très-grosse à sa base , aussi longue que le corps , amincie, écailleuse et dénuée de poil vers son extrémité, tant en dessus qu'en dessous , par laquelle il se suspend aux branches des arbres sur lesquels il grimpe , et se balance le corps. Des poils durs , courts et luisans, surtout sur la tète et les parties antérieures du corps , couvrent ce quadrupède; leur couleur est jaunâtre ou roussâtre , et cette teinte , plus obs- cure sur l'épaule, y forme une bande qui s'étend sur tout le corps. Les yeux sont entourés de brun qui se prolonge en une ligne , jusqu'à l'extrémité du museau. La tète en dessus et en dessous, les pattes, les cuisses et la partie ve- lue de la queue sont d'un jaune de paille mêlé de poils bruns. Le jaune de la tête et du cou se prolonge en pointe jus- qu'au milieu du dos. Tout le reste du corps, notamcnl le ven- tre et l'intérieur des cuisses est d'un brun qui est moins foncé que les épaules par le mélange de poils jaunes avec les bruns. Les poils très courts et très-rares sur la tête vont en aug- mentant progressivement de longueur , jusqu'à la base de la queue où ils ont jusqu'à deux pouces et demi de longueur. M. d'Azara est le seul qui ait décrit la femelle et les jeunes de cette espèce, et je ne puis mieux faire que de rapporter ce qu'en dit cet excellent observateur. « Les femelles ont moins de noir à l'œil, et quelques-unes « n'en ont même point du tout , et la bande noire qui est io6 FOU « sur l'épaule est beaucoup plus étroite. Le noir du corps " gagne les deux tiers de la queue , et occupe la cuisse et «< l'entre-deux des jambes de derrière. Finalement, la por- « tion intérieure des poils noirs est blanc-jaunâtre , et cette « nuance, dans tout ce qu'elle occupe, est plutôt d'un blanc « cannelle, unique couleur des nouveau-nés, qui sont exces- « sivement laids, et portés sur les épaules par leur mère « J'ai trouvé, en juillet, un cagouré (tamandua) mort dans un « ebamp ; il avoit trente-sept pouces trois quarts, et tout son « poil , sans exception , étoit blanc jaunâtre ; d'où je conclus « que les cagourés ( lamanduas) ne sont point adultes , et ne « prenneut pas la livrée des pères avant la seconde année. » ( Essai» sur l'Histoire naturelle des quadrupèdes de la province du Paraguay. ). Les femelles ont deux mamelles pectora- les. Deux jeirhes individus qui font partie de la collection du Muséum d'Histoire naturelle de Paris, diffèrent de ceux que nous venons de décrire , en ce que l'un , dont l'es cou- leurs sont assez semblablement disposées, a cependant le brun du dessus du corps plus foncé sur la croupe et plus étendu vers le cou et tous les poils bruns terminés de jaune surtout sur les épaules , et que l'autre est d'une teinte brune plus uniforme et glacée de jaune , "moins cependant sur les épaules que partout ailleurs. De même que les autres espèces de fourmiliers , le taman- dua manque absolument de dents , et il ne se nourrit que d'insectes, principalement de fou/mis qui s'attacbent à sa langue fort longue, placée dans une espèce de gouttière au~ dedans de la mâchoire inférieure, et extensible comme celle des pics. M. d'Azara soupçonne qu'il mange aussi le miel et les abeilles, qui, dit-il, ne piquent point au Paraguay, et s'établissent sur les arbres ; il sent fortement le musc. Pour dormir, le tamandua met son muse>au sous sa poitrine, et le laisse tomber sur le ventre , cachant sa tête sous son cou , et plaçant ses pattes de devant le long de ses côtés , et sa queue étendue sur son corps. Ce fourmilier a, du reste, les mêmes habitudes que le tamanoir, et vit dans les mêmes con- trées méridionales de l'Amérique ; mais il y est moins com- mun. V. l'article du Tamanoir, (s.) Outre le tamandua tel que nous venons de le décrire , l'Amérique méridionale offre encore plusieurs animaux qui lui ressemblent presque totalement, par leurs formes et par leur taille , unis qui en diffèrent cependant par la distribu- tion des teintes du pelage. M. Cuvier (Règne animal) ne dé- cide pas si ces différences tiennent aux espèces, et il se con- tente de dire qu'il y a des tamnnduas gris-jaunâtres, avec une bande oblique sur l'épaule, sensible seulement par le FOI" 107 reflet; de fauves à bandes noires ; de fnuves à bande, croupe et ventre noirs; entin, qu'il y en a d'entièrement noirâtres. Cependant M. Geoffroy, d'ans la détermination des mam- mifères de la collection du Muséum , avoit depuis long- temps décidé la question pour deux de ces variétés. Il les considéroil comme formant des espèces distinctes. Son Fourmilier noir, Myrmeenphaga nigra, ne diffère de son fourmilier bai ou lamandua de Buffon, que par sa couleur qui est entièrement noire ; par ses ongles proportionnelle- ment plus forts, et par ses poils plus courts; sa queue est noire el presque nue, dans les deux tiers de sa longueur; les poils qui recouvrent sa base sont jaunâtres ; son corps a dix sept pouces de longueur, sa queue vingt, et sa tête dix. Cet animal est très-bien figuré dans Y Atlas des Voyages de dun Félix de Azara, dans V Amérique méridionale. Son Fourmilier a deux bandes, Myrmerophaga hhùliata, ressemble beaucoup plus que le précédent au fourmilier ta- manàua proprement dit, ou fourmilier bai dont il a toutes les formes de corps, et la même nature de poil. Sa tête est couverte de poils très-courts, jaunes, brillans connue des soies de porc, et l'on remarque deux bandes dont la peau est nue et brune, et qui s étendent depuis les yeux jusqu'auprès du museau. La couleur jaune du dessus de la tète se prolonge en se rétrécissant jusqu'à la croupe où elle finit, et s'étend également sur le devant du cou, les quatre pattes , les épaules et la queue ; la croupe, les côtés du corps et le ventre , sont d'un brun noirâtre et les poils de ces parties sont jaunes à leur base. Celte même teinte brune forme une ligne bien marquée sur les épaules. Les oreilles de cet animal paroissent moins longues que celles du tamandua proprement dit ; mais cela n'est peut-être dû, qu'au raccornissement de la peau dans l'individu empaillé qui a servi à cette description. Un autre individu de la même collection , a tout le corps assez uniformément jaunâtre , avec le ventre très-brun , ainsi qu'une bande de la même couleur, peu étendue sur ebaque épaule. Ces fourmiliers ont été rapportés du Brésil, el faisoient partie de la collection de Lisbonne. Tmisième Espère. — Le FOURMILIER A QUEUE VARIÉE, Myr- merophaga anmdata, Nob. Cette espèce, qui nenous est con- nue que par une figure de l'atlas du Voyage autour du monde , du capitaine russe Krusenslern, a le nez à peu près conformé comme un groin de cochon ; le pelage brun uni- forme , avec le bout du museau et l'extrémité des pattes plus xo& F O IT foncés ; les joues claires , avec une longue tache triangulaire brune, qui comprend l'œil; la queue fauve , plus courte que le corps, avec onze anneaux d'un brun-noir. Il est du Brésil. Quatrième Espèce. — Le Fourmilier proprement dit, Buff. tom. 10, pi. 3o , Myrmecophaga didaclyla, Linn. , pi. D. 28 de ce Dictionnaire. Le fourmilier est beaucoup plus petit que le tamandua et que le tamanoir (premières espèces du même genre), puisqu'il n'a que six ou sept pouces de longueur depuis le bout du mu- seau jusqu'à l'origine de la queue ; il a la tête longue de deux pouces ; le museau proportionnellement moins allongé que celui du tamanoir ou du tamandua et même de beaucoup; sa queue, longue de sept pouces, est très-forte à sa base; et son extrémité est dégarnie de poils en dessous ; sa langue est étroite , un peu aplatie et assez longue ; son cou est presque nul; sa tête est assez grosse à proportion du corps; ses yeux sont placés bas et peu éloignés des coins de la gueule; ses oreilles sont petites et cachées dans le poil; ses jambes n'ont que trois pouces de hauteur ; ses pieds ne sont pas faits pour marcher, mais pour grimper et pour saisir; ceux de devant «'ont que deux ongles , dont l'externe est bien plus gros et bien plus long que l'interne; les pieds de derrière en ont qua- tre à peu près égaux. Le poil du corps est fin et long d'environ neuf lignes; il est très-doux au loucher, et dune couleur bril- lante , d'un blanc teinté de roux clair mêlé de jaune vif. La plu- part des individus ont le dos marqué d'une ligne rousse assez foncée, tout le long du dos; mais d'autres en sont dépour- vus. Un individu de cette dernière variété, dont les ongles • sont moins longs comparativement , a été regardé par M. Geoffroy comme devant former une espèce distincte à laquelle il a appliqué la dénomination de fourmilier unicoior. Daubenlon a observé dans cette espèce deux petits cœcums qui n'existent pas dans les autres. Ce petit animal se trouve à la Guyane , où il a reçu, des naturels, le nom de ouaLiriouaou. Il se nourrit de fourmis, qu'il prend à l'aide de sa langue , qu'il insinue dans les four- milières et sous les écorces des arbres, et qu'il retire promp- tement. Il marche lentement, s'attache, comme l'aï, sur un bâton qu'on lui présente ; il se suspend aux branches des arbres, à l'aide de sa queue prenante et de ses ongles cro- chus ; il n'a aucun cri; il ne fait qu'un petit dans des creux d'arbres, sur des feuilles, (desm.) FOURMILIER (petit). C'est le fourmilier proprement dit de.l'article précédent, (desm.) FOURMILIER auxlosgues oreilles de Brisson. C'est FOU IOD le fourmilier tridactyle de Séba, qui ne diffère pas du fourmi- lier tamamlua. (desm.) FQURMILLIëA ÉPINEUX, V. Echidné. (desm) FOURMILIER RAYÉ ( Myrmer.ophaga striata de Shaw). C'est une espèce factice , rapportée au fourmilier tamaïuhia par Buffon , mais qui n'est autre qu'un Coati défiguré par l'empaillage, (desm.) FOURMILIER, Myrmothera, Vieill. ; Twdus, Lath. Genre de l'ordre des oiseaux Sylvaiks , et de la famille des chanteurs. ( V. ces mots.) Caractères : bec plus haut que large à la base , droit, un peu fort, convexe en dessus, mandi- bule supérieure échancrée et crochue vers le bout; l'in- férieure entaillée et retroussée à la pointe ; narines étroi- tes, couvertes d'une membrane ; langue courte , terminée par de petites soies; jambes hautes ; quatre doigts, trois de- vant, un derrière, l'intermédiaire joint à l'externe presque jusqu'au milieu , et à l'interne à la base ; le postérieur plus long que le doigt interne ; l'ongle du pouce plus long et plus crochu que les antérieurs; ailes courtes; la première rémige la plus courte de toutes; les quatrième et cinquième les plus longues ; queue très-courte. Les fourmiliers tiennent de si près aux balaras, que M. de Azara a cru en reconnoître plusieurs dans ceux-ci : cepen- dant ils en diffèrent par des pieds proportionnellement plus longs et une queue très-courte et égale ; les bataras ont des rapports avec les pie-grièches ; mais on les reconnoilra tou- jours à leur bec très-comprimé sur les côtés, droit, tendu , et seulement crochu à la pointe. Tous ceux que j'ai décrits ont les ailes courtes, arrondies, et les pennes caudales ré- gulièrement étagées; au lieu que chez les vraies pies-grièchesy le bec est moins comprime latéralement et sensiblement incliné du milieu à la pointe ; les ailes sont moyennes et pointues , et la queue est irrégulièrement élagée. Comme le plumage des fourmiliers est très-variable dans la plupart des espèces, et souvent dans la même , je ne puis assurer si parmi celles qui seront décrites ci-après , il ne s'en trouve pas en double emploi, attendu que je n'ai pour guide que leurs dé- pouilles. Sonnini est le premier qui ait fait connoître ces oi- seaux. Il les a observés dans l'intérieur des terres de la Guyane, dans les hautes et sombres forêts qui couvrent le sol de cette partie de l'Amérique méridionale. Ils y vivent , généralement parlant , en petites troupes , et s'y nourrissent principalement de fourmis, qui sont eu quantité prodigieuse dans ces terres chaudes et humides. Là, où l'homme n'a pas encore" porté sa destructive imprévoyance , l'on remarque le soin admirable avec lequel la nature a disposé toutes ses œu- FOU vres, Tharmonie dans leur distribution , l'équilibre qui les maintient dans un ordre parfait , empreinte incontestable d'une intelligence suprême et ordonnatrice. Nulle part sur le globe il n'existe un plus grand nombre de fourmis que dans le midi de l'Amérique ; nulle part aussi , plus d'espèces d'a- nimaux ne sont destinées à se nourrir de ces insectes. Ils sont, pour quelques-unes de ces espèces, non-seulement une pâ- ture de prédilection, mais encore un aliment nécessaire et exclusif. Les quadrupèdes auxquels on a donné , par cette raison, le nom de fourmiliers , n'en ont pas d'autre, et il en est de même des oiseaux dont il est quesiion dans cet article. Une pareille nourriture n'exige pas un fréquent exercice du vol. il suffit, pour la trouver, de voltiger d'une fourmi- lière à une autre. Aussi les oiseaux fourmiliers se tiennent presque toujours à terre ; ils y courent avec légèreté, et s'ils la quittent , ce n'est que pour sauter sur quelques branches des buissons ou des arbres peu élevés , sur lesquelles ils passent la nuit. Ils y attachent aussi leur nid, tissu d'herbes sèches assez grossièrement entrelacées et de forme hémisphé- rique ; la ponte est ordinairement de trois ou quatre œufs , à peu près ronds. La structure des parties qui servent au mé- canisme du vol dans les oiseaux, répond dans ceux-ci à leur genre de vie ; ils ont les ailes et la queue très-courtes , et , par conséquent , fort peu propres à les élever dans les airs ; mais, en même temps , leurs pieds sont longs et disposés pour la course ; il ne leur en falloit pas davantage. Ces oiseaux sont vifs et agiles ; on les voit presque toujours en mouvement , mais toujours fort loin des lieux habités, où ils ne rencontreroient pas l'abondance des insectes dont ils composent leur subsistance. Leur naturel est social ; ils se réunissent non-seulement en petites troupes de la même es- pèce , mais encore d'espèces différentes ; et leur plumage , généralement sans éclat, paroîl se ressentir de ce mélange , car , à l'exception des grandes espèces, qui sont mieux ca- ractérisées , il est rare de rencontrer , parmi les petites , deux individus qui se ressemblent parfaitement. Leur chair contracte une forte odeur de fourmi , qui la rend désagréable. On les connoît dans notre colonie de la Guyane sous la dé- nomination générale de petites perdrix ; et les naturels du pays les appellent palikours. (s. etv.) Le Fourmilier proprement dit. V. Fourmilier pali- kour. Le Fourmilier arada. V. le genre Troglodyte. Le Fourmilier ardoisé , Myrmothera cœmlescens, \ieill., a quatre pouces et demi de longueur totale; les pieds gris; le plumage généralement d'un gris ardoisé, à l'exception des F O U ailes et de la queue, qui sont noires et tachetées de blanc. On le trouve dans la Guyane, (v.) Le Fourmilier bambla, Myrmothcra bambla, Vieill. ; Tur- dm hambla , Lalh. , fig. pi. enlum. de Buffon, n.° 703. La dénomination bambla , que JBuffon a donnée à ce fourmi- ller, désigne, par uue double syncope , l'attribut le plus sail- lant de son plumage; une bande blanche qui traverse chaque aile ; des teintes sombres occupent le reste ; le dessus du corps, les petites couvertures des ailes , de même que les pennes , sont noirs ; un gris blanchâtre s'étend sous le corps et la queue ; le bec est noirâtre ; les pieds sont de cou- leur plombée , et les ongles noirs. La grosseur de cet oi- seau est inférieure à celle d'un moineau, et son bec est plus long, à proportion , que celui des autres fourmiliers; il se trouve comme eux dans l'intérieur des terres de la Guya- ne , mais il y est rare, (s.) Le Fourmilier , dit le Grand Béfroi , Myrmothera tin- nica , Vieill. ; Turdus iinnicus, Lath. , pi. enl. de Bufibn , ?o6, fig. 1. Dans les mêmes déserts montueux et boisés de a Guyane , où Varada inquiète le voyageur par ses coups de sifflet , semblables à ceux d'un homme qui appelleroit ses compagnons do brigandage, un autre oiseau donne l'alarme, et semble l'avertir de se tenir sans cesse sur ses gardes , au milieu des dangers qui l'environnent. Plus commun que Varada , cet oiseau fait retentir plus souvent les forêts et les montagnes de sons graves, mais éclatans et précipités , qui paroissent être ceux d'une cloche sur laquelle on frappe rapi- dement. J'ai été long-temps avant de connoître quel animal produisoit un bruit aussi singulier, que je ne manquois pas d'entendre matin et soir autour de moi ; je ne me doutois guère que ce tocsin vivant fut un assez petit oiseau que je ren- controis souvent dans ces immenses solitudes , et qui m'y fournissoit un des mets ordinaires de ma table , plus sauvage encore que frugale. J'ai fait connoitre le premier cette espèce à Buffon, qui lui a conservé le nom de béfroi, que je lui «vois donné ; et c'est d'après mes notes qu'il en a composé l'histoire naturelle , ou pour parler plus exactement , j'ai écrit moi-même cette histoire , ainsi que celle de plusieurs autres oiseaux de l'Amérique méridionale , sous les yeux du grand Naturaliste qui voulut bien m'associer pendant quel- que temps à ses travaux immortels, (s.) La longueur moyenne du grand béfroi n'est que de six pouces et demi; son bec long d'onze lignes, a ses deux pièces d'égale longueur ; et quoique , dans certains individus, la mandibule supérieure soit un peu échancrée et crochue, elle ne dépasse pas l'inférieure : celle-ci est blanchâtre , et l'autre H2 FOU est noire. Le dessus du corps est d'un brun très-pâle , et le dessous blanc ; les plumes qui couvrent la poitrine ont une1 bordure d'un gris blanchâtre : les pieds ont une teinte plom- bée. Le jeune a la gorge d'un blanc pur -,. la poitrine mouchetée de noir sur un fond blanc ; les flancs roux; le devant du cou, le ventre et les parties postérieures bruns, avec des lignes rousses, étroites et longitudinales ; les côtés de la tête rayés. en longueur de noirâtre et de gris ; les ailes tachetées de roux, (s.) Le Fourmilier dit le Petit Béfroi , Myrmoihera lineata , Vieill.; Turdus lineatus , Lath. , fig. pi. enlum. de Buffon , n.° 820. La conformation de cet oiseau est la même que celle du grand béfroi , et ses couleurs ne présentent que de légères différences. Une teinte olivâtre est répandue sur le corps , et du gris tacheté de brun roussâtre couvre le devant du cou et la poitrine ; la gorge est blanche , et le ventre roussâtre. Cet osieau n'a que cinq pouces et demi de long. Je n'ai pu m'as- surer si cette petite espèce , qui se trouve , comme l'autre, dans l'intérieur des terres de la Guyane , produit les mêmes sons, (s.) Le Fourmillier A CALOTTE bruine , Myrmoihera fusci- ca pilla , Vieill., a le dessus de la tête brun ; les joues et les côtés du cou roux ; le manteau , les ailes et la queue d'un bleu d'ardoise foncé ; la gorge noire ; les parties inférieures d'un noir bleuâtre , mélangé de blanc sur le ventre , dont le bas est totalement de cette couleur; le bec et les pieds bruns. Taille du fourmilier tetema ; peut-être en est-ce une variété d'âge, (v.) Le Fourmilier carillonneur , Myrmothera campanella , Vieill., Turdus campanella , Lath. ; Turdus tintinnabula, Linn. , pi. enl. de Buffon, n.° 700 , f. 2. La longueur totale du caril" lonneur est'de quatre pouces etdemi ; il est d'un blanc tacheté de noir sur la tête , la gorge, le cou et la poitrine , gris- brun sur le dos , brun-roux sur le ventre et les couvertures de la queue , brun sur les ailes et la queue , enfin , noirâtre sur le bec et les pieds ; un trait noir est sur chaque côté de la tête et passe au-dessus de l'oeil; et un liseré roussâtre rè- gne sur le bord extérieur de toutes les pennes. Je donne pour unjeunede cette espèce, unindividuque j'ai sous les yeux, le- quel est d'un gris cendré sur la tête, le cou, le corps, les ailes et la queue d'un blanc sale sur les joues; roux sur la gorge , le devant du cou et la poitrine, et d'un blanc un peu roussâtre sur les parties postérieures. Les hautes et antiques futaies qui croissent sous l'équateur , retentissent de sons qui frap- pent d'étonnement quiconque s'égare dans ces sombres dé- serts ; la voix de plusieurs espèces de fourmiliers forme les FOU tià plus remarquables de ces bruits éclatans. L'un siffle comme l'homme, et module la gamme et des airs harmonieux comme le musicien ; l'autre sonne le tocsin ; et les carillonneurs, réunis en petites troupes et sautillant sur les branches des arbrisseaux, forment entre eux le carillon de trois cloches de ton différent ; leur voix est très-forte , si on la compare à leur petite taille, et ils continuent leur singulier carillon pendant des heures entières sans interruption, (s.) Le Fourmilier de Cayenne. V. Fourmilier pali- kour. Le Fourmilier colma , Myrmothera coïma , Vieill. ; Turdus colma, Lath. Cette espèce rare , paroît très-voisine du palikour, ou fourmilier proprement dit, et n'en est peut- être qu'une variété. On la trouve dans les grandes forêts de la Guyane. Buffon a composé le nom coima par contrac- tion de collum marulatum , cou lâcheté, parce que cet oiseau a la gorge blanche, piquetée de gris-brun; il y a aussi une, tache blanche entre le bec et l'œil, et une espèce de demi— collier roux sur la nuque ; le reste du plumage est d'un brun mêlé de gris sous le cou et la poitrine , et de cendré sur le ventre. La longueur totale du colma est de six pouces, (s.) Le Fourmilier a flancs blancs, Myrmothera axillarisy Vieill. Grosseur du troglodyte ; bec noirâtre ; pieds couleur de chair; plumage généralement d'un gris bleuâtre en des- sus , noir sur le devant du cou , la poitrine , les grandes pennes des ailes et les latérales de la queue; celles-ci terminées par une petite tache blanche , ainsi que les moyennes cou- vertures qui recouvrent les ailes en dessus et l'aile bâtarde ; les plumes des flancs sont d'un beau blanc , longues , effilées •et très-touffues. Longueur totale , trois pouces et demi* On le trouve dans la Guyane. Le Fourmilier grivelé de Cayenne. Les pi. enl. de Buffon représentent , sous cette dénomination , le Four- milier PETIT BÉFROI. Le Fourmilier huppé. V. Batara huppé. Le Fourmilier longipède, Myrmothera longîpes , Vieill., est de la taille de Y alouette, mais plus effilé. 11 a les pieds très-longs et la queue fort courte^ le bec et les tarses sont noirs; le front, les sourcils, la gorge, le ventre et les parties postérieures blancs ; la poitrine et la queue noires ; le dessus du corps , des ailes, de la tête et du cou, d'un gris roussâtre. Il habite dans la Guyane. Le Fourmilier a oreilles blanches. V. Conopo- phage. Le Fourmilier noir et blanc , Myrmothera melanoleucos, Vieill. , se trouve à la Guyane. Il a trois pouces et demi de xn. S 1,4 FOU longueur ; le bec assez long, noir en dessus, blanc en dessous; les plumes des parties supérieures et de la queue , noires et frangées de blanc; une bande étroite de cette couleur sur l'aile; les parties inférieures blanches , avec des taches longitudi- nales sur chaque plume; les pieds noirâtres. Le Fourmilier palikour , Myrmothera formicivora , Vieill.; Turdus formicworus , Lath. , pi. enl. de YHisl. nat. de fiuffon, n.° 700, fig. 1 et pi. D 36 de ce Dictionnaire. C'est le fourni Hier proprement dit de l'Histoire naturelle de Buffon. Sa longueur est d'environ six pouces , une plaque noire en forme de cravate garnit la gorge , le devant du cou, le haut de la poitrine , et s'attache derrière le cou par une sorte de ruban noir et blanc; le dessus du corps est d'un brun-roux , et le dessous blanchâtre ; la queue est rousse, et il y a des taches jaunes sur les ailes ; les yeux ont l'iris rougeâtre , et ils sont entourés d'une peau de couleur bleue céleste ; le jeune a la gorge rousse. Les habitudes naturelles du palikour sont les mêmes que celles des autres fourmilers. J'ai néanmoins remarqué que celui-ci se cramponne aux arbrisseaux , et s'y soutient en étendant les plumes de sa queue ; qu'il fait entendre un fre- donnement , coupé par un petit cri bref et un peu aigu ; qu'il prend plus de soin pour faire son nid que les oiseaux de sa tribu; qu'enfin ses œufs sont bruns. J'ai trouvé cette espèce dans les forêts solitaires et humides de la Guyane française, (s.) Le Fourmilier rayé , Myrmothera vitiata , Vieill. , a quatre pouces de longueur totale ; la tête est rayée en lon- gueur de noir et de blanc ; le dessus du corps , les ailes et la queue sontbruns ; les petites couvertures des ailes mouchetées de blanc; le dessous du corps est de cette couleur , avec des raies noirâtres sur les côtés de la gorge , du cou et de la poi- trine; les flancs sont roux; le bec est brun, et les pieds sont gris. On le trouve à la Guyane. Les Fourmiliers rossignols. V. Bataras , Alapi et Coroya. Le Fourmilier roux , Myrmothera rufa , Vieill. Longueur totale , cinq pouces et demi ; bec brun en dessus , couleur de corne en dessous ; plymagc généralement roux ; d'une nuance foncée en dessus , sur les ailes , la queue et sur les flancs; claire sur les parties inférieures; plumes du capistrum presque noires. On le rencontre à Cayenne. Le Fourmilier a sourcils elatscs, Myrmothera leueo- phiys , Vieill., se trouve à la Guyane. Il est un peu plus petit que le bambla ; il a la gorge, les côtés du cou , le milieu du ventre, les ailes et la queue noirs ^ celle-ci terminée de blanc ; les petites couvertures des ailes pareilles à la queue ; J) . 26 / . y ///.)//// (/(>/'C ■ -2 /'(///<'( 3. /■<>//////////<'/' pa£koZtr FOU ,,9 les côtés du venlre et les sourcils blancs ; le reste des parties supérieures d'un gris terne. Le Fourmilier tacheté. V. Conofophage tacheté. Le Fourmilier a tête noire , Myrmothcra atricapilla , Yieill. , a la taille du iélèma ; le bec, la tète , la gorge et les petites couvertures de l'aile, noirs; celles-ci terminées par un petit croissant blanc ; tout le reste du plumage d'un gns bleuâtre. On le trouve à Cayenne. Le Fourmilier tétéma , Turdus colura , Var. , Lath. : planche enlum. de ttuff. , n.° 821. Cet oiseau de Cayenne paroit avoir beaucoup de rapport avec le colma, non-seu- lement par sa grandeur qui est la même et sa forme qui est assez semblable, mais encore par la disposition des couleurs qui est à peu près la même sur presque tout le dessus du corps. Le tèléina diffère du colma en ce qu'il a la orae la poitrine et le venlre d'un brun noirâtre , au lieu que dans le ro/ma, le commencement du cou et la gorge sont blancs et variés de petites taches brunes. Il a aussi la poitrine et le ventre d'un gris cendré ; ce qui pourroit faire présumer que ces différences ne viennent que du sexe. Buffon ajoute qu'il seroit porté à regarder le tétéma comme le mâle, et le colma comme la femelle. Il faut avouer que le plumage varie tel- lement chez la plupart des fourmiliers , qu'on éprouve les plus grandes difficultés à déterminer les espèces ; la taille même varie aussi chez les individus couverts du même plu- mage; en effet, j'ai vu un bambla qui n'étoit pas plus grand que notre troglodyte, (v.) FOURMILIÈRE. Habitation des FouRMts. (desm.) FOURMI-LIONS, Myrmeleonicles. Tribu d'insectes de l'ordre des névroptères , famille des planipennes , et qui a pour caractères : antennes renflées à leur extrémité , d'un grand nombre d'articles ; mandibules cornées ; six palpes ■ tarses à cinq articles. Les fourmi-lions ont la tête courte , de la largeur du corselet au plus , avec les yeux gros et sans petits yeux lisses ; le cor- selet rond ou ovalaire , avec le premier segment court ; les ailes grandes, en toit dans le repos; l'abdomen ovalaire ou allongé et cylindrique , muni de forts crochets ou d'appen- dices au bout dans les mâles ; les pâlies courtes , avec deux forts crochets au bout des tarses. Ses genres sont ceux de Myrméléon ,*d'AscALAPHE et de Nymphes. Nous donnerons au premier de ces trois articles le détail intéressant des mœurs de ces insectes qui nous sont connues, (l.) FOURMILLON. Un des noms vulgaires du Crimpe- U u . (v.) n6 FOU FOURNEIRON ou FOURNEIROU DE CHEMI- NÉE. C'est, en Provence, le Rouge-queue ou Rossignol DE MURAILLE. (V.) FOURNIE. C'est le nom d'un poisson du genre Lutjan (Lutjanus cinereus , Risso ) à Nice, (desm.) FOURNIER, Fumarius , Vieiil.; Merops, Lath. Bec aussi épais que large , comprimé latéralement , entier , robuste , fléchi en arc, pointu; narines longitudinales, couvertes d'une membrane; langue médiocre, étroite, usée à la pointe; ailes foibles, à penne bâtarde courte; les deuxième, troisième et quatrième rémiges les plus longues de toutes ; quatre doigls , trois devant, un derrière. Le Fournier proprement dit, Furnarius rufus , Vieiil.; Merops rufus, Lath., porte, à la rivière de la Plata, le nom de hornero (fournier ), et au Tucuman celui de casero (mé- nagère); ces deux noms font allusion à la forme extérieure du nid qui ressemble à celle d'un four; on l'appelle au Para- guay alonzo garua. Il bâtit son nid dans un endroit apparent, sur une grosse branche dégarnie de feuilles , sur les fenêtres des maisons, sur les croix , les palissades , ou sur les po- teaux de plusieurs pieds de haut. Ce nid hémisphérique a la forme d'un four à cuire du pain ; il est construit en terre , et quelquefois deux jours suffisent à sa construction. Le mâle et la femelle y travaillent de concert , et ils apportent chacun une boulette d'argile , grosse comme une petite noix; qu'ils arrangent et vont chercher alternativement. En dehors, ce nid a six pouces et demi de diamètre et un pouce d'épais- seur. L'ouverture , pratiquée sur le côté , est du double plus haute que large : l'intérieur est partagé en deux parties, par une cloison qui commence au bord de l'entrée et va se ter- miner circulairemenl à la partie intérieure, en laissant une ouverture pour pénétrer dans une espèce de chambre , où sont déposés, sur une couche d'herbes , quatre œufs un peu pointus à un bout , piquetés de roux sur un fond blanc et dont les diamètres ont dix et neuf lignes. Quelquefois d'au- tres oiseaux se servent de vieux nids de fourniers , pour y faire leur nichée ; mais ceux-ci en chassent les usurpateurs, quand ils en ont besoin , parce qu'ils ne se donnent pas la peine de faire chaque année de nouveaux nids , et les pluies ne les détruisent qu'au bout d'un certain temps. Ce fournier et l'espèce suivante ne sont ni voyageurs, ni inquiets, ni farouches; ils s'approchent des habitations cham- pêtres et des bourgs ; ils contruisent leur nid de préférence près des maisons, quelquefois même dans leur intérieur. Tous deux se tiennent dans lesbuissons, et semontrent dansles lieux découverts ; ils ne pénètrent point dansles grands bois, et on F 0 ÏT „7 ne les rencontre point sur les endroits élevés. On les trouve toujours par paires , et ils ne vont jamais en familles ni en troupes; leur vol ne se prolonge pas beaucoup , parce que leurs ailes, un peu courtes, ne sont point très-fortes. M. dcAzara, à qui nous sommes redevables de la con- noissance des habitudes intéressantes et de 1 histoire de cet oiseau, qui n'étoit connu que par la description de ses for- mes et de s*es couleurs, ajoute de nouveaux faits sur la ma- nière dont unfournier adulte s'est conduit en domesticité. 11 étoil libre, et quoique , faute de nourriture , il mangeât du maïs piié , il préférait toujours la viande crue : si le morceau étoit trop gros pour être avalé, il le pressoit contre terre avec son pied, et le tiroit avec son bec. Lorsqu'il vouloit marcher, il s'appuyoit vivement sur un pied, et levoit l'autre en même temps avec la même promptitude ; et après l'avoir tenu un peu en l'air, il le posoit en avant et loin , pour lever l'an- tre. Après avoir répété plusieurs fois ce manège , il se met- toit à courir avec rapidité , et s'arrêtoil ensuite tout a coup, et il reprenoil sa marche lente et grave. 11 s'avançoit ainsi alternativement à pas majestueux et précipités , d'un air libre et dégagé, la tête haute et le cou élevé. Quand cet oiseau chante, il avance le corps , allonge le cou et bat des ailes. Son ramage , qui est commun aux deux sexes , et qui se fait entendre pendant toute l'année, est d'un ton élevé, et con- siste dens la répélion fréquente de la syllabe chi , d'abord par intervalles , ensuite prononcée assez vivement pour ne pins former qu'un fredon ou une cadence qui s'entend à un demi-mille. Ce fourm'er a sept pouces deux lignes de longueur totale ; le bec long de neuf lignes, brun en dessus et à la pointe, blanchâtre dans le reste ; les côtés et le dessus de la tête, la partie supérieure du cou, du corps et les ailes d'un roux- brun , plus foncé sur la tête ; les sourcils d'une teinte plus claire , et qui tire au châtain sur la partie extérieure de 1 aile ; une bande de roux foible traverse L'aile au-dessous des couvertures; la queue est de couleur de tabac d'Espagne; la gorge , le devant du cou, la poitrine et le ventre sont d'un beau blanc; les côtés du corps d'un roux-brun ; les tarses noi- râtres; la queue est composée de douze pennes fortes, étagées et coupées carrément.Le jeune ressemble aux adultes. L'indi- vidu rapporté de Buenos-Ayres, parCommerson,et figuré sur lapl.enl.de Buff., n.° j3y, diffère du précédent en ce qu'il a le bec plus long de trois ou quatre lignes, et les parties inférieu- res d'un roux tirant au jaune pâle. LeFfJURNIER ANNUMBS, Furnan'us annumbi, Vicill. , aies mêmes habitudes que le précédent; mais il donne à son nid 11 8 FOU une autre forme , et le place dans les endroits les moins cachés ; c'est d'un arbre isolé et dépouillé de ses feuilles qu'il fait choix pour l'y établir. On voit souvent sur le même ar- bre deux et jusqu'à six de ces nids, quelquefois appuyés l'un contre l'autre : on en trouve aussi sur les poteaux des clô- tures , sur les treillages et les berceaux des maisons de cam- Ï»agne et sur les bois qui entourent les cours, près de la porte a moins fréquentée. Le mâle et la femelle de cette espèce ne se quittent ja- mais , et lorsque l'un couve , l'autre se tient à portée. Si l'un des deux enlève une paille pour la construction du nid, ou donne à manger aux petits, l'autre l'accompagne, quoi- que n'ayant rien à porter. Leur nid ne semble pas être leur ouvrage , tant il est grand. 11 a deux pieds de hauteur et un pied et demi de diamètre. Il est construit de rameaux épi- neux et d'une grosseur qui paroît au-dessus des forces de pa- reils ouvriers; une couverture assez grande est au haut de ce nid, et au fond, sur une couche de feuilles et de bourre, sont, quatre œufs blancs, un peu plus pointus à un bout qu'à l'au- tre , et dont les diamètres sont de onze et huit lignes. Cet annumbi a sept pouces et demi de longueur totale ; la queue' composée de dix pennes pointues et étagées ; le front d'une couleur rouge qui s'affoiblit en s'avançant sur la tête au point de ne plus être qu'un brun clair à la nuque ; chaque plume, à l'exception de celles du front, noirâtre sur le milieu ; le dessus du cou et du corps, les deux pennes intermédiaires de la queue , les couvertures supérieures , les premières et dernières pennes de l'aile, d'un brun clair, avec des taches noirâtres sur le haut du dos; les grandes couvertures un peulavées de rouge, lesautres pennes d'un rouge plus foible que celui du front ; toutes les pennes latérales de la queue noirâtres, bordées de brun et terminées par une tache blan- châtre , les côtés de la tête presque blancs ; un trait brun der- rière l'œil ; la gorge blanche et entourée par une ligne noire et blanche qni aboutit aux coins de la bouche ; les parties postérieures mélangées de brun et de blanchâtre; le dessous des ailes argenté et légèrement nuancé de rouge ; l'iris roussâtre ; le bec d'un brun rougeàtre, et les tarses olivâ- tres. La femelle ressemble au mâle. Nous devons tous ces détails à M. de Azara. Le Fourmer ROUGE, Furnarius rub er , Vieil!. Guira annumbi est le nom de cet oiseau, que M. de Azara a placé à la suite de ses batanis , mais en indiquant les attributs par lesquels il en diffère, attributs qui en font xm fourni er. En effet, il a la tête ,' le bec et la langue conformés de même , et se rap- proche desitf/araspar son genre de vie; car il habite les mêmes FOU IKJ endroits , et se tient comme eux dans les halliers épais : par son habitude d'être seul ou par paires, et de ne point se mon- trer dans les campagnes ; enfin , par son cri, quoique plus aigu. Il place son nid sur quelques petites branches épineuses, flexibles et de la grosseur du doigt. Le poids des matières qui y sont employées le fait abaisser et le rend vertical vers sa pointe. C'est un amas de petits rameaux épineux , éten- dus sur la branche qui sert de support ; ils sont assez grands et assez gros pour que leur emploi paroisse au- dessus des forces d'un aussi foible oiseau. Le totft est toujours balancé par les vents, et on aperçoit ce nid de fort loin, non-seulement parce qu'il est exlraordinairement grand , mais aussi parce quecet annumbi l'établit, de préférence, sur lesarbresdesche- mitis et des sentiers. 11 a , dans son contour, des entrées ou des trous , et dans chacun quelques débris de végétaux qui , en apparence , servent de lit pour les œufs et les pe- tits ; mais ceux-ci se tiennent dans l'endroit le plus caché: aussi faut- il chercher quelque temps pour les trouver à tra- vers des rameaux entrelacés. Quelques personnes croient que ces oiseaux pratiquent à leur nid plusieurs ouvertures et des apparences de nid, pour tromperies curieux et mettre a l'abri leur progéniture; mais M. de Azara ne doute pas que ces oiseaux ne font un nid si volumineux que pour que leurs petits s'v promènent ; en effet, dès qu'ils ont , dit-il, leurs premières plumes , ils ne cessent de sautiller en avant , en arrière et de côté ; or , cet exercice exige un nid spa- cieux, avec différentes ouvertures simulées dans lesquelles les petits puissent se cacher, lorsque leurs père et mère les avertissent du danger. La ponte est de quatre œufs blancs. Ces oiseaux travaillent en commun à la construction du nid, et quand l'un des deux couve , l'autre reste à l'entrée. Les petits leur ressemblent. Ce fournier annumbi a la tête et le haut du cou recouverts de plumes rudes , dont les tiges dépassent les barbes; les douze pennes qui composent la queue , coupées carrément à leur extrémité et étagées; huit pouces de longueur totale ; le des- sus de la tète , les ailes et la queue d'une belle couleur de carmin; les pennes alaires noirâtres vers la pointe; les côtés de la tête et du cou , le dessus du cou , le man- teau et les couvertures inférieures de la queue d'un brun- roux; les parties inférieures blanchâtres ; les tarses d'un bleu argenté; l'iris d'un beau jaune; le bec noirâtre en dessus et blanchâtre en dessous ; la femelle ressemble au mâle. On trouve ces oiseaux au Paraguay, (v.) FOURRAGE, Pabulum. C'est le nom qu'on donne à toute espèce d'herbes , de feuilles , de fruits ou de racines i2o F O V dont on nourrit les chevaux , bœufs , moutons , etc. , soit en été , soit pendant l'hiver ; on doit comprendre aussi sous cette dénomination les jeunes tiges des arbres ou arbustes , qui , coupées et réunies en paquets , sont mangées avec plaisir et profit par ces animaux. On distingue en général deux sortes de fourrages , les four- rages verts et les fourrages secs. Les premiers sont consommés dans le cours de la belle saison , et les seconds en tout temps, mais principalement. en hiver. Ceux-ci sont presque toujours donnés à F animal dans l'écurie ou à l'étable ; les fourrages péris , quoique mis quelquefois en râtelier , sont plus commu- nément livrés au bétail dans les champs, les parcs, ou dans les cours de la ferme. Leur usage demande des soins et quel- ques précautions. V. les mots Foin , Paille , Prairie et Pacage, (d.) FOURRAGE DE DISETTE On donne ce nom h la Spargoute. (b.) FOURREAU. C'est, en Sologne, le nom de la Mé- sange A LONGUE QUEUE. (V.) FOURREAU DE PISTOLET. On donne quelquefois ce nom aux coquilles du genre Pinne ou Jamboneau. (desm.) FOURRE-BUISSON. C'est le nom du Troglodyte , en Bourgogne, (v.) FOURRURES. Peaux d'animaux préparées et garnies de leurs poils. Elles sont la base d'un commerce considé- rable , principalement dans le Nord, (s.) FOURS A CRISTAUX. C'est le nom que les habi- tans des Alpes donnent aux grottes ou cavités tapissées de cristal de roche , qu'on trouve dans les montagnes grani- tiques, pour l'ordinaire à de très-grandes hauteurs, et dans leurs parties les plus escarpées. On reconnoît l'existence de ces cavités dans l'intérieur du rocher, par de larges veines de quarz très-blanc qui se manifestent au-dehors, et par le son qu'il rend quand on le frappe avec un marteau. Saussure a vu dans les granités qui forment ces fours , des masses et des veines considérables de spath calcaire dont la formation lui a paru, sans aucun doute , contemporaine avec celle de la roche même ; et si l'on pouvoit douler de l'existence du calcaire primitif, ce fait la prouveroit d'une manière incon- testable ; mais cette existence n'a plus besoin de preuves nouvelles. La recherche des cristaux étoit autrefois une des occupa- tions favorites des habitans de la vallée de Chamouni ; l'es- poir de s'enrichir tout d'un coup en trouvant une caverne remplie de beaux cristaux , étoit un attrait si puissant , F R A I21 qu'ils s'exposoient dans celle recherche aux plus affreux dangers , et souvent ils périssoient dans les neiges ou dans les précipices. Mais , soit que Ton regarde aujourd'hui ces montagnes comme épuisées , soit que la quantité de cristal qu'on a trouvée à Madagascar , en ait fait baisser le prix , celte recherche est. maintenant presque abandonnée, (pat.) FOUÏEAU. Nom vulgaire du Hêtre, (b.) FOU TON. Nom français de la Petite Bécassine sur les bords de l'Océan, (v.) FOYEOLAIRE, Fsôeolana. Genre de plantes établi par Ruiz et Pavon , dans ia décandrie monogynic. Il offre pour caractères : un calice campanule «à cinq dents et persis- tant ; une corolle de cinq pétales linéaires, recourbés, attachés au sommet d'un tube cylindrique ; dix élamines adnées au tube par la parti" inférieure de leurs filamcns ; un ovaire supérieur, velu, strié au sommet, à style filiforme et à stigmate trigone ; un drupe ovale, charnu, uniloculaire, mais ayant les rudimens de trois cloisons. Ce genre contient quatre arbres du Pérou, dont les ner- vures des feuilles sont excavées à leur base. Il a été aussi appelé Trémanthe et Strigilie. (a.) FOVETTE. F. Fauvette, (v.) FOX.Nomanglais du Renard. V. à l'article Chien. (desm.) FRACASTORA. Genre établi par Adanson, sur une plante labiée de Sicile que Roccone nomme Syderitis Inrana oleœ folio. Adanson n'établit d'autre différence entre ce genre et le Piiolmis, que celle des fleurs verticillées, accom- pagnées de deux soies courtes, et dont une à chaque verticilic estsessile. (ln.) FRACTURE DES ARBRES. V. Arbre. {Maladie des) (TOLE.) FRAEKAHL. Nom égyptien de la Jussie diffuse. V. aussi Forgaa. (ln. FRACLICHE. V. Froçliche. (b.) FRAGA et FRAGUM. Noms que les Latins donnoienl à la Fraise. V. ce mot et Fragaria. La Peyrouse le con- sacre au fragaria slerilis dont il fait un genre particulier. (EN.) FRAGAFLUGA. C'est le nom d'une jolie espèce de mouche domestique que Ton trouve en Islande, (o.) FRAGARIA de Pline et des Latins. C'est le Fraisier, ainsi nommé du mot latin fragrarc, parce que les fraises ont une odeur agréable. Ce nom a été donné ensuite à des plantes qui ressemblent aux Fraisiers : tels sont des potentilla dont beaucoup d'espèces sont même placées par quelques bota- nistes modernes, llaller, Crantz,elc. dans le genre fragaria de «a F FI A Linnseus , ainsi que le forment: 'Ha , !e cemarum et le sibbalâia. îjefragaria îndica d' Andrews , forme le genre duchesnea de Smith, et le Fragaria sterilis de Linnaeus , le fraga de M. de Lapeyrouse. V. Fraisier, (ln.) FRAGARIASTRUM. C'est encore le Fraisier stérile, Fragaria slerilis , L. , placé avec les poienillla par plusieurs botanistes (ln.) FRAGARIOIDES. Nom dune espèce de Potentille. (LN.) FRAGARIUS NIGER.Rumph. ,Amb. 4- tabl.42. C'est, selon Linnœus , le melastoma malabathiica. Loureiro penche à croire qu il en est différent, et qu'il se rapproche davan- tage de son melastoma seplem neivia. Rumphius donne le nom Aefragarius ruber à une autre espèce de MelâSTOME , Melas- toma aspera. Les Malais nomment aussi celui-ci birurong , et les Macassars cara-mandyn. C'est le caduk-duk de Java , nom donné aussi à mie autre espèce du même genre , Melastoma oclandra. (LN.) FR\GMENS PRÉCIEUX. On croyoit autrefois que les pierres précieuses avoient des propriétés médicinales, et' on les faisoit entrer dans plusieurs préparations pharmaceu- tiques , sous le nom de fragmens précieux. Mais il est bien re- connu maintenant que ces matières pierreuses ne pourroient être que nuisibles dans les médicamens. (PAT.) FR AGON, Rusais, Linn. (Dioérie monadelphie). Genre de plantes à un seul cotylédon , de la famille des smilacées, qui a des rapports avec les asperges , et qui comprend une demi-douzaine de sous-arbrisseaux , dont les rameaux et les feuilles sont munis à leur base de stipules membraneuses , et dont les fleurs naissent sur les feuilles mêmes, ou en grappes terminales. Ces Heurs sont dioïques dans la plupart des espèces , monoïques ou hermaphrodites dans quelques- unes. Leur calice est formé de six folioles ovales, communé- ment ouvertes et à bords réfléchis. Au lieu de corolle , elles ont un nectaire chargé de trois ou six anthères dans les mâles et les hermaphrodites , et nu à son sommet dans les fleurs femelles. Celles-ci portent un ovaire surmonté d'un style à stigmate obtus ; et cet ovaire , après sa fécondation, se change en une baie ronde à deux ou trois cellules. Chaque cellule renferme une ou deux semences. Le genre Danaé a été établi aux dépens de celui-ci. * Le Fragon piquant ou le petit Houx, Ruscus aculeatus , Linn , est l'espèce de ce genre la plus connue pour l'orne- ment des bosquets. On lui donne aussi les noms de houx- f reluit , de brusque , de myrte sauvage ou épineux , de bois ou r R A i,3 buis piquant. C'est un petit arbuste toujours vert, qui croît dans les haies ou dans les bois, en France, en Italie , en Suisse. Ses racines produisent plusieurs tiges , hautes d'en- viron trois pieds , très-flexibles , et qui se rompent difficile- ment. Chaque tige pousse latéralement quelques rameaux courts, garnis de feuilles ovales, roides, terminées eu pointe aiguë et épineuse. Les fleurs sont solitaires , et placées sur le milieu de la surface supérieure des feuilles. Elles sont mâles sur quelques individus , femelles sur d'autres , petites , ses- siles et faites en grelot. Les fleurs femelles sont remplacées par des baies rouges dans leur maturité , et presque aussi grosses que des cerises. On trouve dans chaque baie deux ou trois semences dures et ressemblantes à de la corne. C'est en hiver que ces baies mûrissent ; leur couleur vive forme alors un contraste agréable avec le feuillage sombre de l'ar- buste. Le houx-frehn croissant assez lentement , et ses semences restant une année dans la terre avant de germer, on aime mieux le multiplier par ses racines, qu'il est .use d'enlever dans les bois. Comme il vient très-bien à l'ombre, on peut le placer dans les grandes plantations sous des arbres élevés. Il formera , avec le temps, de gros buissons qui couvriront la nudité de la terre en hiver, par leur verdure. Les mois de mars et d'octobre sont les plus propres à la transplantation de ses rejetons, qu'il faut garantir de l'ardeur du soleil. Quand ils commencent à pousser au printemps, les pauvres gens les coupent quelquefois, et les mangent comme des asperges; on fait aussi des balais avec les jeunes branches de cet ar- buste. Les autres espèces àefragon sont, le Fragon a feuilles NUES, Ruscus hypophyllum , Linn. , vulgairement le laurier alexandrin , qui a ses feuilles plus larges , plus arrondies que celle du houx-frelon , et ses fleurs placées sur la surface in- férieure des feuilles. 11 croît naturellement en Italie , dans les lieux montagneux. Ses baies sont petites et rouges. Le Fr\gon a languette, Ruscus hippoçlossum , Linn., dont la fleur naît à l'aisselle d'une petite feuille qui vient sur les grandes. On le trouve en Italie , en Hongrie , dans les en- droits élevés et ombragés ; on l'appelle vulgairement largue de cheval. Le Fragon a GRAPPES , Ruscus racemusus , Linn., des îles de l'Archipel , dont le caractère spécifique est d'avoir des fleurs hermaphrodites , disposées en grappes à l'extré- mité des rameaux. Miller donne aussi le nom de laurier alcvandrin à cette espèce , et prétend que c'est celle dont les anciens couronnoient les poètes et les triomphateurs. Le Ft;\coN androgyn , Ruscus undrog) nus , Linn., dont les ni - F R A feuilles portent sur leurs bords clés fleurs monoïques. Il crotî aux Canaries et dans l'île de Madère ; il est délicat à élever, et il demande à être tenu dans l'orangerie pendant l'hiver. Mais les trois espèces précédentes sont dures , croissent par- tout et à toutes les expositions, ce qui les rend très-propres à border les bois épais, autour desquels ils formeront en tout temps une verdure agréable, parce qu'ils ne se dépouil- lent point de leurs feuilles. Ces dernières espèces se multi- plient de leurs rejetons, comme le houx-frelon, (d.) FRAGOSE , Fragosa. Genre de plantes de la pentandrie digynie , et de la famille des ombellifères , qui offre pour caractères : une collerette universelle de cinq folioles ; une collerette partielle de huit à quatorze folioles ; les pétales inégaux ; les semences ovales et striées. Six espèces de plantes herbacées appartiennent à ce genre. Elles sont toutes du Pérou , et sont placées parmi les Azorelles parPersoon. (b.) FRAGUE. Voyez Fraise, (b.) FRAGULA de Cordus. C'est la Fraise , nommée Fret- vola et Fragola en Italie. FRAGUM. Nom latin de la Fraise, (ln.) FRAI DE POISSON. Ce sont les œufs que les poissons mettent bas à l'époque de leur rut. Ordinairement ces œufs sont en masses plus ou moins grandes, et enduits d'une mu- cosité qui les réunit. Les poissons mâles cherchent ces pa- quets d'œufs , et les arrosent de leur laite ; de sorte que ces animaux ne font pas l'amour à leurs femelles , comme dans les autres espèces , mais seulement à leurs œufs. On peut, au reste , féconder artificiellement les œufs des poissons , comme l'a essayé avec succès M. Jacobi. Les grenouilles et les cra- pauds jettent aussi un frai composé de bulles d'une substance albumineuse transparente , avec un point noir au milieu de chacune d'elles; c'est le rudiment de l'embryon qui exisie déjà avant l'acte de la fécondation. Celle-ci se fait hors du corps de la femelle et au moment de la sortie du frai. V. à ce sujet les belles expériences de Spallanzani , sur la géné- ration des grenouilles ; et notre article Fécondation. La plupart des coquillages univalves et bivalves jettent de même un frai gélatineux ; et en général le verbe frayer s'ap- plique à tous les animaux ovipares aquatiques. V. l'article Poissons. On trouve dans les traités de vénerie , que le cerf fraie. Cette expression signifie que ce quadrupède fait tomber la peau velue qui recouvre ses cornes nouvelles , en se frottant contre les aibres. (virey.) ¥ K A 12:> FRAI. Nom du Frêne dans quelques endroits, (i.n.) FRAI ÈRE et FRAGUE. Anciens noms français de la Fraise, (ln.) FRAILILLOS. Suivant Amatus , cité par Clusius , les Espagnols , de leur temps, nommoient ainsi Yarum temrifo- tiurh , L. , espèce du genre Gouet. (ln.) • FRAIN A. Le Sarrasin porte ce nom , en Lombardie. (LN.) FRAISE. V. Caille, article de la perdrix, (v.) FRAISE. C'est le fruit du Fraisier, (desm.) FR VISE. Nom vulgaire des Rucarde fraise et Rucardk ARBOUSE. (B.) FRAISE ( Vénerie'). C'est le cercle raboteux qui entoure la meule du bois du cerf et du chevreuil, (s.) FRAISE DES ARBRES.On a donné ce nomàlaSPHÉRtE FRAGIFORME. (B.) FRAISÉE. V. Gnaphale. (ln.) Fl\ AISERAT. Nom donné , dans le midi de la France ? au Fraisier stérile de Linnaeus , que plusieurs botanistes placent maintenant dans le genre potentille. (ln.) FRAISETTE. C'est une coquille univalve du genre D AU- PIIINUI.LE , turbo âelphinus. (DESM.) FRAISIER, Fragaria, L. (Icosandriepolygynie). Genre de plantes de la famille des rosacées, qui se rapprochent beau- c >up des polenlilles , et dont le caractère essentiel est d'avoir les semences attachées sur un réceptacle charnu et pulpeux y qui , en grossissant, prend la forme d'une baie, communé- ment rougeâtre et d'un goût très-agréable. Ce genre com- prend des herhesvivaceset peu élevées, dont les feuilles sont presque toutes radicales, et composées ordinairement de trois folioles ovales et dentées en scie. Les (leurs viennent en bou- quets à l'extrémité des tiges; elles sont hermaphrodites dans la plupart des fraisiers, et dioïques dans quelques-uns. La racine de ces plantes pousse communément des rejets ou cou- rans qui rampent sur la terre, s'y enracinent, et donnent ainsi naissance à de nouveaux individus. Le fraisier des In- des constitue aujourd'hui le genre Dlchesnie. Duchesne, qui s'est occupé, d'une manière particulière, de la culture des fraisiers, a fait , sur ces plantes , des obser- vations intéressantes et curieuses , dont les détails sont con- signés dans Y Encyclopédie mélliodique. Nous ne pouvons of- frir ici qu'un précis très-abrégé de cet intéressant travail. Le caractère distinctif du fraisier , selon ce naturaliste , est le gonflement du centre du calice ; tous les autres lui sont ip.6 F R A communs avec les polenlilles; c'est pourquoi il renvoie à ce dernier genre le fraisier stérile des botanistes, fragftria sterilis, Linn., dont le placenta est sec et non pulpeux. Des trois autres espèces de fraisiers établies par Linnajus , il est aisé de prouver, dit Duchesne , que le fragaria muricuta , ou le fragaria monophylla , ne peuvent être comptés pour espèces , non plus que le fragaria effï 'âge fis , qu'on voit cependant for- mer race constante , et présenter un caractère aussi saillant que les deux autres. Mais la division qu'on peut faire dans les variétés existantes , en deux bandes ou séries principales, peut-elle ou non y faire reconnoître deux espèces distinctes? C'est ce qu'il laisse à décider. Nous en indiquerons seule- ment les différences, aussi bien qmjjcelles qui distinguent les races inférieures. I. Fraisiers à ovaires petits et nombreux, et à courtes étamines. Dans les sept premières variétés qui suivent , et qui cons- tituent les fraisiers proprement dits , outre les caractères du genre et de l'espèce , on trouve un feuillage mince et rond, et une grande disposition à la couleur rouge. La substance de la fraise, qui est une pulpe très-odorante, légère, poreuse et fondante, est cependant peu aqueuse : aussi, d'une part, s'y forme-t-il de très-grands vides dans son intérieur, et de l'autre se dessèche- t-elle jusqu'à devenir friable. Elle se dé- tache facilement, et souvent d'elle-même, du calice, donl les points se recourbent du côté du pédicule de la fleur. Ce pé- dicule court est toujours courbe lui-même, et la disposition des rameaux est de se tenir droits, à moins que le poids des fruits ne les abatte. L'influence du sol et du climat se fait très-peu sentir sur tous ces fraisiers, qui se retrouvent les mêmes dans toute l'Europe. Ils sont d'une assez courte du- rée par leurs bourgeons, mais très-bien organisés quant aux sexes, et produisent beaucoup de fleurs, toutes hermaphro- dites, parfaites, presque toutes fécondes, dont il se trouve à peine quelques ovaires qui avortent. i. Le Fraisier des Alpes ou des mois, Fragaria semper florens, Duch. La vivacité de sa végétation est en quelque sorte la seule chose qui le distingue du fraisier commun de nos bois ; il est en fleur et en fruit dans les Alpes pendant toute la belle saison. Il se trouve notamment au mont Cénis , a été apporté en France en 1764. , par M. Fougcroux de Bon- daroi, est cultivé chez tous les curieux et chez les marchands, ïl a produit quelques variétés , tant pour la couleur blanche ou rouge pâle du fruit, que pour sa forme , qui, primitive- ment , étoit en pain de sucre. Le nom de fraisier des mois lui convient assez, puisqu'il donne des fleurs , même en hiver , et ne cesse de porter fruit qu'aux premières fortes gelées. F R A i2; 2. Le Fraisier des cois ou Fraisier commun, Fragaria s\hestris. Duch. Il croît par toute l'Europe , surtout dans le Nord, se plaît dans les taillis accrus, et se multiplie très-ra- pidement dans les futaies abattues, particulièrement dans la place des fourneaux à charbon. On le trouve dans les gazons , sur les collines , mais jamais à l'humidité. Il offre une sous va- riété à fruits blancs. La fraise des bois a le fruit arrondi et un parfum qui surpasse celui de toutes les autres. 3. Le Fraisier d'Angleterre ou le Fraisier À châssis, Fragaria minur, Duch. Celle variété est destinée à être éle- vée sous les châssis. Son fruit bien rond est très -parfumé et haut en couleur, et son feuillage assez brun ; il a souvent des feuilles palmées , à quatre ou cinq divisions. La sous-variété blanche est la plus estimée. 4- Le Fraisier fressant ou Fraisier de Montreuil, Fragaria hortensis, Duch. C'est celui qu'on cultive commu- nément dans les jardins ; il porte le nom du pépiniériste qui le premier s'occupa de sa culture. Il est plus haut , plus fort que le fraisier des bois , à feuillage plus blond. Ses fleurs sont plus amples, plus composées de pétales, qui varient beau- coup dans leur nombre, ainsi que les découpures du calice. Ses fruits sont pâles, allongés, les plus gros aplatis , angu- leux ou cornus. Parmi les sous-variétés, il yen a une à fruit blanc , et une autre appelée \& grosse noire. Le fraisier fressant est aujourd'hui presque le seul dont le fruit se trouve dans les marchés de Paris; on en fait des pépinières aux environs de cette ville et de MonJlhéri, en plein champ. 5. Le Fraisier buisson, ou le Fraisier sans courant, Fragaria efflagellis , Duch. L'absence des couransest presque l'unique , mais la très-remarquable différence qui distingue ce fraisier de tout autre. Il a beaucoup d'œilletons, et c'est par eux qu'on le multiplie. 11 n'est pas très-commun. 6. Le Fraisier de Versailles, ou le Fraisier a feuil- les SIMPLES, Fragaria monophy lia , Duch. Le premier indi- vidu de cette variété est né dans un semis de fraisiers des bois, fait à Versailles, en 1761. Il s'est depuis propagé cons- tamment. Ce fraisier n'a rien d'utile; il est foible en toutes ses parties; son fruit allongé, et quelquefois anguleux, est toujours petit. Ses ovaires, ou, si l'on veut, ses graines , sont les plus petites de toutes. Il n'en existe pas encore de sous- variété à fruit blanc. 7. Le Fraisier double et couronné, ou le Fraisier a trociiet, Fragaria eulgaris flore semi pleno, Duch. Cette va- riété monstrueuse se propage constamment. Son feuillage est blond, et son fruit assez petit ; il noue fort bien , malgré la multiplicité des pétales qui sont quelquefois au nombre ,28 F R A de vingt-cinq ou trente , disposés en cinq ou six rangées. U arrive à quelques fleurs de produire entre les divisions du ca- lice d'autres fleurs sessiles ou pédiculées, fort imcomplètes, mais qui nouent cependant, et forment, par leur réunion, des fruits monstrueux, en couronne ou en trochet. Ce fraisier n'a point de sous-variété à fruit blanc. Il est très-rare. 8. Le Fraisier de Plymouth , appelé par quelques bota- nistes, le Fraisier arbrisseau à fleur verte et à fruit épineux (Fragaria muricata , Duch. ). Duchesne place à la suite des vrais fraisiers , cette variété monstrueuse , sans être certain qu'elle n'ait pas été de la race des caperonniers , comme le , peut faire croire le caractère qu'on lui attribue d'avoir les feuilles velues. Il pense que ce fraisier n'est point un sous- arbrisseau, qu'il n'est point à fleur verte, qu'il ne porte point de fraises bonnes àmanger, quoique épineuses; que ce n'est point une espèce , ni même une race qui ait pu exister, mais une variété accidentelle, monstrueuse et stérile. Ce fraisier, trouvé à Plymouth par Tradescant, vers 1620 , a été cultivé pendant soixante ou quatre-vingts ans au plus, dans tous les jardins de botanique de l'Europe, où il a totalement disparu. II. Fraisiers à ovaires gros et rares , et à longues étamines. Ce second ordre doit naturellement être divisé en quatre bandes, que Duchesne appelle majaufes, breslinges , caperon- niers et quoimios. Les majaufes semblent faire la nuance entre les fraisiers proprement dits et les breslinges. La couleur des feuilles , leur substance , la petitesse des fruits , leur pulpe tendre et fondante, et leur couleur fort rouge les rapprochent des frai- siers. Ils tiennent des breslinges par leurs rameaux grêles et allongés , qui se courbent pour poser leurs fruits ; par la multiplicité et par la disposition du courant; par l'eau abon- dante dont est remplie la pulpe, qui, en outre, est de nature à ne jamais se dessécher parfaitement: enfin , ils ont de com- mun l'inconstance par la voie des graines et la propension à la stérilité. Dans les breslinges, les feuilles ont une substance plus forte et plus sèche, une couleur plus brune et plus mate , et des poils plus longs et plus drus: les pétales d'un blanc moins pur, sont moins régulièrement arrondis , et les dents du ca- lice beaucoup plus allongées, se ferment sur le support des ovaires, qui adhère très-fortement au calice: la pulpe en est très-ferme, quoique remplie de jus; elle est verdâtre, et le dehors ne se colore de rouge que par l'effet du soleil: les ovaires, extrêmement gros , sont d'autant plus écartés , qu'il en avorte toujours une partie , et la pulpe se boursoufllant dans les intervalles , ils se trouvent enfoncés dans des niches ; F R A 12g fort inconslans par la voie des graines , ils se reproduisent cependant quelquefois exactement. Les caperonniers , d'une plus grande taille que toutes les races qui les précèdent , et égaux aux plus grands quoimios, se rapprochent des hreslinges par la solidité de leurs fruils qui sont cependant mains termes et aussi inoins adhérens au calice, par la disposition de leurs tiges, de leurs fuihles ra- meaux et de leurs courans, et par la substance et la couleur des feuilles , à la différence près de la grandeur et de l'abon- dance des poils. Les pétales d'un blanc éclatant, sont arron- dis fort régulièrement, et sans aucune crénelure, ni aucun pli dans les variétés les plus communes. Les caperonniers se reproduisent presque aussi constamment que les fraisiers par la voie des graines; leurs variétés même font race: elles ne tombent point dans l'avortement, mais présentent la dou- ble et réciproque stérilité des plantes dioïques, ou unisexuel- les, dans leurs variétés les plusgénéralement répandues, dont une moitié des individus est hermaphrodite-femelle, et l'au- tre hermaphrodite-mâle ; accident qui se renouvelle dans les individus élevés de graine avec une étonnante égalité. hefruli/kr n'est pas le plus grand , mais le plus fort de tous lesquoimios, qui sont les fraisiers duNouveauContinent.il est arrivé, du Chili, dans le même état unisexuel oùétoient les caperonniers communs ; et ses individus hermaphrodites-fe- melles n'ayant jamais pu recevoir que des fécondations croi- sées des races voisines , telles que le caperonnier , diverses breslinges , ou le quoimio de Virginie , leur produit a fait naî- tre les variétés mélisses que nous rassemblons sous ce nom de quoimio, dont aucune n'est constante, mais qui entre elles forment une race très-reconnoissablc, mitoyenne entre celles du frutiller et du quoimio de Virginie. Le caractère le plus frappant des quoimios est la couleur vert-glauque de leur feuillage, et la substance sèche et ferme des feuilles, qui est telle que , dans le bourgeon même , elles ne se trouvent que pliées à plat, et non plissées en éventail comme celles de tous les autres fraisiers. Les quoimios sont tous assez sujets à la stérilité, surtout lorsqu'ils sont élevés de graine. Du reste, a. peine peut-on indiquer entre eux quelque chose de commun. 9. Le Majaufe de Provence , ou le Fraisier de Bar- GEMON , Fragaria bifera, Duch. Cette race est rohuste et porte un fruit assez gros , rond et comprimé du côté de l'ombre où ses ovaires avortent, et comme strié par les élévations que forme sa pulpe entre les ovaires féconds. 11 a un parfum par- ticulier ; mais s'il tient de la framboise , c'est plutôt par l'eau dont il abonde. 10. Le Majalfe de Champagne, ou le Fraisier vineux, xii. * y ,So "A Fragarîadulia , Duch. , beaucoup moins fort que le précédent , produit un fruit plus aplati , plus coloré et plus vineux. ii. Le Breslinge-coucou , ou le Fraisier coucou , Fra- garia alortioa , Duch. Le principal trait qui le distingue , c'est sa stérilité ; cependant il n'est pas totalement stérile. Il pro- duit quelques bonnes graines , et en les semant , il en naît des fraises d'un goût assez fin pour leur avoir mérité le nom de fraises mignonnes. 12. Le Breslinge d'Allemagne , ou le Fraisier bres- linge , Fragaria nigra , Duch. Cette variété est celle à la- quelle le nom de breslinge appartient en propre. Elle fut envoyée à Trianon par M. De Haller , en 1766. La pulpe de sa fraise , quoique très-ferme , a assez de jus : elle s'élève beaucoup entre les ovaires. Son parfum est très-fort, et peut-être trop. Sa couleur verte est au soleil d'un rouge brun. Le feuillage de ce fraisier est très-brun et bas. i3. Le Breslinge de Bourgogne , ou le Fraisier mar- teau , Fragaria pendula , Duch. Son nom lui vient de la forme' de son fruit fait en poire tronquée et aplatie par 1 extrémité. 14. Le Breslinge ou le Fraisier de Long-Champ , Fra- garia hispida , Duch. C'est un des plus vivaces , des plus ro- bustes et des plus abondans en courans -, il donne un fruit analogue aux précédens , plus allongé , plus coloré , ayant plus de jus , et meilleur. Son feuillage est assez petit et fort velu. Il reste fort bas , ainsi que ses rameaux, qui rampent plutôt qu'ils ne s'élèvent. i5. Le Breslinge ^Angleterre, ouïe Fraisier vert, Fragaria viridis , Duch. Son fruit est bien rond, d'un vert gri- sâtre , plein de jus et d'un parfum agréable. Les caperonniers et lefrulil/er femelles ; fécondés par cette race de breslinge , ont produit des métis intéressans. 16. Le Breslinge de Suède ou le Fraisier brugnon , Fragaria pratensis , Duch. Il est très-commun en Suède , et croit dans les prés ; c'est le plus petit de tous les fraisiers ; il porte cependant d'assez gros fruits , qui sont très -ronds, fort adhérens au calice , ne s'en détachent qu'avec bruit. La plante est remarquable en ce que sa race est la seule qui ne conserve pas ^es feuilles en hiver. 17. Le Caperonnier royal ou le Fraisier-caperon her- maphrodite, Fragaria moschata , Duch. On l'appelle aussi le fraisier de Bruxelles. Il tient des breslinges par son sexe her- maphrodite , et par sa disposition à lleurir et à fructifier une seconde fois. Il a un feuillage franc , de grandes ileurs, et il est fécond en gros fruits ; il mérite d'être cultivé de pré- férence à nos caperonniers communs, F R A l3l 18. Le Caperonnier umsexuel , ou Je Fraisier-cape- RON UMSEXUEL , Fragaria moschata diuicu ; la Jraisc- ubiicot j fraise- framboise. Cette race est très-particulière ; ses {leurs sont hermaphrodites- mâles ou hermaplu odites-femelles sur difîérens individus. Les premières sont grandes, pourvues d'é- tainines très-fortes, et ont un très-petit support chargé d'o~ vaires avortifs ; les secondes , moindres et à pétales plus régu- lièrement arrondis , n'ont , autour d'un très-gros support , que des rudimens très-courts d'élamines ahsolument avortées. Son fruit , dont la pulpe est légèrement pâteuse , est ordi- nairement un peu allongé , d'un rouge pourpre très-foncé , et d'un goût musqué; il varie par la qualité de la pulpe, par la couleur , et par la forme , qui pourtant n'est jamais apla- tie ni anguleuse. Les individus femellesdescaperonniers , cons- tamment stériles lorsqu'ils sont isolés, le sont même au mi- lieu des fraisiers des hois , fressans et autres : pour qu'ils soient fécondés , il faut les mêler aux mâles de leurs races; ils le sont aussi quelquefois par le brcslingc d'Angleterre, le auoimio de Harlem , ou le quoimio de lirginie. On ignore ah- solument le lieu où le caperonnier se trouve sauvage. 19. Le Frutiller ou le Fraisier du Chili , Fragaria diiloensis , Duch. Cette race , importée du Chili en Europe, par le voyageur Frézier , en 17 12 , a enlevé à la précédente l'honneur de donner les plus gros fruits de son espèce ; la frutille égale au moins, et surpasse souvent du double les plus gros caperons. Le frutiller a des fleurs mâles et des fleurs fe- melles , séparées sur différens pieds; nous n'avons en France que la plante femelle : elle ne produit qu'autant qu'il existe dans son voisinage , une autre espèce qui fleurisse en même temps et la féconde. L'odeur et le goût de son fruit sont excel- lens : la couleur est d'un rouge jaunâtre très-pâle. Ce fraisier fleurit lorsque celui des hois porte ses premiers fruits mûrs. Sou pied ne donne que de mauvais œilletons : il ne porte guère qu'une fois , et a besoin d'être toujours renouvelé. 20. Le Quoimio de Harlem ou le Fraisier-ananas , Fragaria ananassa , Duch. Ce fraisier a des rameaux allongés comme dans les breslinges , et roides comme ceux du fru- tiller. Ses feuilles sont fortes, d'une substance sèche et de la grandeur de celles des caperonniers. Ses fleurs produisent as- sez de fruits , qui varient beaucoup dans leur forme sur le même pied; leur pulpe est analogue à celle de la frutille , et leur parfum très-agréable. ai. Le Quoimio de Bath ou le Fraisier de Bath , Fra- garia ralyrulata , Duch. Celui-ci surpasse toutes les autres races en force et en grandeur; cependant son fruit le cède ordinairement en grosseur à la frutille, Ij est naturellement i32 F R A arrondi , un peu conique , quelquefois aplati ; il a une pulpe très-blanche , très-légère ; son goût est agréable et son par- fum délicat. 22. Le Quoimio de Caroline ou le Fraisier de Caro- line , Fragaria caroliniensis , Duch. Son feuillage ferme et régulier , a la disposition cambrée des fraisiers des bois ou des majaufes; il en est de même des rameaux. Ses feuilles ne sont pas fort grandes. Le fruit a une forme ronde rarement alté- rée , une pulpe légère, peu de jus et un parfum particulier; cette fraise moins exposée que les autres à se froisser, se garde cueillie pendant deux ou trois jours sans altération. 23. LeQuOIMIODECANTORBÉRYOuleFRAISlER-QuOIMIO, Fragaria lincia , Duch. C'est à cette variété que fut d'abord donné , en Angleterre , le nom de quoimio ou coamiau , dont nous ignorons l'origine. Ce quoimio ressemble presque en tout au précédent ; son fruit est un peu moins gros et un peu pointu ou conique ; sa couleur est beaucoup plus foncée, et sa pulpe en est toute pénétrée, de sorte que le jus en est rouge presque comme celui de la mûre. Son parfum est re- levé , ayant même quelque chose de sauvage et de fort. 24- Le Quoimio de Virginie ou le Fraisier écarlate , Fragaria virginiana , Duch. Ce fraisier a toujours été cultivé avec délices par les amateurs ; il produit beaucoup ; il est ro- buste et vivace : ses touffes durent jusqu'à quatre ou cinq ans. La larve du hanneton, qui dévore les racines et tue un si grand nombre de fraisiers , fait rarement périr ceux-ci; mais elle les fatigue beaucoup. Dans cette variété les feuilles sont grandes , à dents plus longues et plus étroites que dans aucune autre , les queues courtes et les courans jaunes , longs et vigoureux. Cette fraise , mangée seule , n'a pas beaucoup de goût; mais elle est très-agréable , mêlée avec les autres. Si on en exprime le suc à travers un iinge serré , et qu'on y ajoute du sucre réduit en poudre fine ( en remuant toujours), jusqu'à ce que ce mélange ait pris la consistance d'une gelée , on obtient une gelée de fraise qui se conserve bonne pendant plusieurs mois. Le quoimio de Virginie , comme toutes les plantes vivaces du même pays , est difficile à élever de graine, (d.) Culture générale du Fraisier; ses ennnemis ; emploi de son fruit et de sa racine. Les fraisiers se multiplient par les jeunes pieds qui viennent des filets , ou par les œilletons , et beaucoup mieux par les semences qu'on doit retirer des fraises extrêmement mûresl Il est à propos de mettre les semis à l'abri du soleil ; pour cet effet on les couvre de mousse , et l'on arrose par-dessus. On enlève les œilletons et les plantes enracinées , vers la fin FRA l33 de l'automne ou au commencement du printemps ; on choisit Tune ou l'autre époque , suivant le climat , le sol et l'expo- sition. Les habitans de Montreuil , près Paris , très-grands cultivateurs de fraisiers , œilletonnent à l'entrée de 1 hiver , et plantent près à près les jeunes pieds, comme en pépinière, pour les transporter ensuite à l'endroit qui leur est destiné, aussitôt qu'ils n'appréhendent plus les rigueurs de cette sai- son. Le, fraisiers aiment en général une bonne terre légère , meuble et fraîche ; ils demandent à être renouvelés tous les trois ou quatre ans : les arrosemens fréquens leur sont néces- saires , surtout dans le midi d^e la France : la plupart ne donnent du fruit que la seconde année ; trop de fumier en altère le parfum. On se procure des fraises hâtives , soit dans des serres chaudes, soit par l'exposition du sol et l'abri qu'on donne au plant. Les ennemis des fraisiers sont les vers du hanneton. Ils cer- nent la plante , et la font périr en rongeant le col de la racine entre deux terres. Quand on voit des pieds dont la feuille commence à jaunir, il faut fouiller tout autour; on trouve les vers et on les écrase. La courtilière n'est pas si aisée à dé- truire. Mais aussi elle ne fait du mal que dans les semis. Tout le monde connoît le goût et le parfum des fraises , leur emploi dans les desserts , et le parti qu'on tire de leur suc pour composer des boissons agréables. Dans quelques pays , on en fait des conserves délicieuses , en broyant leur pulpe avec de l'eau rose et du jus de citron. Les fraises se mangent communément avec du sucre , arrosées d'eau ; mê- lées avec du vin , du lait ou de la crème, elles sont plus dif- ficiles à digérer. Ce fruit est apéritif et rafraîchissant ; il tem- père la chaleur de l'estomac et de la poitrine ; mangé en grande quantité , il est bon , suivant Linnœus , contre la gra- velle et la goutte. Les racines de fraisier sont employées fré- quemment dans les décoctions et les tisanes diurétiques et apéritives. (D.) FRAISIER EN ARBRE. L'Arbousier porte ce nom. V. Fragaria. (b.) FRAISIER DE MONTAGNE. C'est I'Arbousier , Arbutusunedo , en Provence, (ln.) FRAISIER ROUGE EN ARBRE. C'est le melastoma aspera, L. , Le Fraisier noir en arbre, est le melastoma malabathrica , L. V. FRAGARIUS. (LN.) FRAISSE ou FRAYSSE. Nom du Frêne, en Langue- doc. Fraissine, est un lieu planté de frênes , appelé ail- leurs, en France ,freyssinel7 frênaie, (ln.) i34 F R A FRAISSINETO. Nom de la Pimprenelle, Potevium sanguisorba ," en Languedoc, (ln.) FRAMBOISIER. Espèce de Ronce, que l'on cultive à raison de la bonté de ses fruits, (b.) FRANC-BASSIN. Nom donné, dans les Colonies, à une espèce de Basilic a grandes feuilles, Ocymumame- licanum , très -voisine du basilic, commun , et qui n'en est qu'une variété , suivant quelques botanistes, (ln.) FR\NCES1LLA. En Espagne , on donne ce nom à une anémone et à une variété de la Renoncule des jardins ( ranunculus àsiaticus ). (LN.) « FRANC-PICARD. Variété du Peuplier blanc, (ln.) FRANC-REAL. Sorte de Poire d'automne, très- grosse , pointue aux deux bouts , verdâtre , tachée de pelli- cules grises, (ln.) FRANCHE BARBOTTE. Poisson du Genre Cobite, Cobi'is barbatula , L. (DESM.) FRANCHE MULLE. On donne quelquefois ce nom à la caillette ou quatrième estomac des ruminans, dont on se sert pour faire prendre le lait. (DESM.) FRANCHIPANE. Poire d'automne, moyenne, lon- gue , un peu en forme de courge , moitié rouge et moitié citron, (ln.) FRANCHIPANIER^uFRANGIPANIER^/ammtf, Linn. {Pentandrie inonogynie'). Genre de plantes de la famille des apocinées, qui a des rapports avec le caméiier et le lau- rier-rose, et qui comprend un petit nombre d'arbres ou d'ar- brisseaux exotiques, dont les feuilles sont entières, grandes et alternes , et dont les fleurs , communément très-belles et odorantes, sont disposées en espèces de corymbes au som- met des rameaux. On trouve dans chaque fleur: un petit calice à cinq dents; une corolle monopétale en entonnoir, ayant un long tube évasé de la base au sommet, et un limbe dé- coupé en cinq segmens ovales et obliques ; cinq étamines placées au milieu du tube , avec des anthères fort rapprochées ; un ovaire supérieur divisé en deux parties , et portant un style peu apparent, couronné par un stigmate double et aigu. Le fruit est composé de deux longues capsules , renfermant chacune plusieurs semences imbriquées , et attachées à un placenta membraneux. Tous les franchipaniers contiennent un suc laiteux, qui dé- coule de leurs feuilles et de leurs rameaux aussitôt qu'on les c oupe. Ce suc est abondant , épais et très-caustique : il tache , ronge et brûle tout ce qu'il touche , et doit être regardé comme un poison. Les plus belles espèces de ce genre sont : F R A ,35 Le FraïnCHIPANIER rouge, Phimeria ruhra , Linn. C'est un petit arbre qui a été apporté de 1 Amérique espagnole aux Antilles, où on le cultive dans les jardins comme arbre d'or- nement. Il s'élève à douze ou quinze pieds. Sa tige , couverte d'une écorce d'un vert foncé , soutient une cime assez ample , formée par un petit nombre de brandies tortueuses et cylin- driques , vers l'extrémité desquelles sont placées les feuilles et les fleurs. Les feuilles sont ovales - oblongues , lisses et planes , et on aperçoit sur les parties nues de l'arbre les ves- tiges de celles qui* sont tombées. Les fleurs, d'un rouge clair, forment de beaux bouquets au baut des brandies; elles répandent une odeur très-agréable, et ont l'apparence des fleurs du laurier-rose , mais elles sont plus grandes et plus éclatantes ; quoique plusieurs d'entre elles avortent, le som- met de l'arbre en est couvert et comme couronné : elles se renouvellent et se succèdent pendant une grande partie de l'année. Le Franchipamer blanc, Plumcria alla , Linn. Sa hau- teur et son port sont à peu près les mêmes que dans le pré- cédent ; mais il est moins beau et a moins d'éclat : il en dif- fère principalement par sesfeuilles plus longues, plus étroites, et à bords réfléchis en dehors, et par ses fleurs, qui sont également très-odoriférantes , mais blanches avec un fond jaune, et plus petites; elles ont aussi une plus courte durée. On remarque des protubérances à la partie supérieure de leurs pédoncules. Cet arbre croît en abondance à Campêdu ; on le trouve à la Martinique et à Saint-Domingue. Son suc laiteux est employé pour la guérison des dartres, des ver- rues et des ulcères; sa racine , prise en tisane, passe pour apéritiye ; ses fleurs, ainsi que celles du francfàpanier rouge , ont un goût acre et pimenté; on en assaisonne les J 'ranci: i- panes. Il y a encore le Franchipamer a panicule, Plumevia obtusa, Linn., qui s'élève comme nos plus grands poiriers, et qui en a la grosseur; on le trouve à la Guyane. Ses feuilles sont lancéolées, pétiolées et obtuses : il porte des fleurs blanches. Le Franchipamer a fleurs closes , Phimeria punira , Linn., arbrisseau de cinq pieds , droit, et ressemblant aux autres espèces par son port. Il se couvre d'un grand nombre de fleurs , qui répandent une odeur fort agréable ; leur co- rolle , dont le limbe est fermé , est d'une couleur jaunâtre t terminée par un rouge vif. Cette espèce , vraisemblablement originaire de quelque partie de l'Amérique , est cultivée dans les jardins de l ile de Curaçao. Le Franchipamer a feuilles émoussées, Plumeria re- fus» , que Lamarck croit être Yantafara de Madagascar , i36 F R A si bien décrit par Poivre , et connu à l'Ile-de-France sous le nom de bois de lait. Ses feuilles sont ovales, très-ob- tuses , et faites en forme de coin ; ses fleurs naissent en co- rymbes composés , et ont l'odeur de notre jasmin. On trouve cet arbre dans presque toutes les contrées de l'Inde; il est extrêmement laiteux. Son bois ressemble beaucoup au buis , tant par sa couleur que par la finesse de son tissu ; mais il est beaucoup plus léger. Les tourneurs et les ébénistes l'em- ploient à faire de jolis petits meubles. Le Franchipanier a feuilles longues , Plumeria longi- folia , Lam. , assez semblable au précédent , dont il diffère par ses feuilles étroites, planes, entières, et longues quel- quefois d'un pied. Il croît aussi à l'île de Madagascar. Les auteurs de là Nouvelle Flore du Pérou, Ruyz et Pavon , font mention de quelques autres espèces de franchipaniers , qui croissent dans celte belle partie du Nouveau-Monde, et qui y fleurissent pendant une grande partie de l'année. On les trouve près des rivages de la meretdans lesvalléescbaudes, et on les cultive dans les champs et dans les jardins. Ils se dépouillent un instant de leurs feuilles, et paroissent alors comme desséchés ; mais bientôt leurs (leurs se montrent , et sont immédiatement suivies de nouvelles feuilles, qui ne tardent pas à donner un ombrage agréable. Dans le pays, on multiplie ces charmans arbres de boutures, qui reprennent facilement. Les Péruviennes font avec leurs fleurs des guir- landes qu'elles parfument d'ambre , et dont elles ornent leur tête. Ces espèces sont : le Franchipanier pourpré, Plumeria purpurea, qui fleurit en janvier et février. Ses feuilles sont oblongues-ovales, et ta bords réfléchis; ses fleurs très-odori- férantes; la corolle , plus petite que dans les autres espèces, est d'un rouge pourpré , avec un fond tant soit peu jaune. Le Franchipanier incarnat, Plumeria incarnata , de la même grandeur que le précédent , fleurissant dans les mêmes mois , et ayant des fleurs de couleur incarnat , et des feuilles ovales-oblongues et aiguës. Le Franchipanier tricolor , Plumeria tricolor. C'est un petit arbre dont les feuilles sont oblongues, aiguës, pointues, et à bords planes. Ses fleurs, qui paroissent de janvier en mars, offrent une corolle large d'un pouce , très-odorante , et à trois couleurs ; le tube est droit et rouge , le fond d'une cou- leur de safran ; le limbe ouvert, d'un blanc rose en dedans, et mi-parti rouge et blanc en dehors. Le Franchipanier en carène , Plumeria carinata. Son nom lui vient de la forme de ses feuilles , qui sont oblongues- ovales , pointues et en carène ; sa corolle est grande , jaune F R A ,37 à l'intérieur, et au-dehors blanche et rougeâtre. Il fleurit dans le môme temps que le franchi pâmer incarnat , avec lequel il a beaucoup de ressemblance. Le FraNCHIPANIER DE DEUX COULEURS, Plumeria bicolor. Il porte des fleurs depuis décembre jusqu'en mars. Le tube de la corolle est courbé, son ouverture d'un jaune foncé , et son limbe d'un blanc de lait. Le Francuipanier jaune, Plumeria lutea. Dans cette es- pèce , la corolle , qui est grande et odorante, a un tube jau- nâtre, et un limbe d'un jaune pâle. Ses fleurs viennent en janvier. lits f ranch' paniers étant trop délicats pour supporter le plein air en Europe, même en été, on doit les tenir constamment dans la serre, ayant soin de leur donner beaucoup d'air pen- dant les chaleurs. On les multiplie ou par leurs semences , qu'on fait venir des contrées où ils croissent, ou par des bou- tures, qu'on coupe deux mois avant de les planter , afin que leurs blessures aient le temps de sécher. Comme ces arbres sont laiteux et succulens, ils demandent à être élevés dans une terre légère , et à être arrosés médiocrement; il faut, par la même raison, les garantir de toute humidité , qui les feroit bientôt périr. V. Plumeria. (d.) FRANCISCAIN. C'est le nom d'une coquille du genre CôlSE (comts franciscanus). (DESM.) FRANCO A , Francoa, Plante des îles de Chiloé , à racine fusiforme , à feuilles radicales étendues sur la terre , velues , molles, lobées, à lobes décurrens sur le pétiole, le supé- rieur très-grand et sinué ; à hampe velue , portant des fleurs rougeâtres , disposées à son sommet en grappe presque uni- latérale , et accompagnées de bractées. Cette plante forme, dans l'oclandrie tétragynie, un genre dont les caractères sont : un calice divisé très-profondément en quatre découpures lancéolées et persistantes; une corolle de quatre pétales ovales, oblongs ; huit étamines insérées contre l'ovaire et séparées par des corpuscules glandiformes ; un ovaire supérieur , ovale , à quatre sillons , surmonté de quatre stigmates sessiles et aplatis; le fruit est une capsule tétragone, à quatre sillons profonds , ou quatre capsules uni- loculaires , naviculaircs , réunies par leur angle , et renfer- mant un grand nombre de semences oblongues et rugueuses. (B.) FRANCOLIN. V. le genre Perdrix. C'est, dans Belon, I'Attacas ou le Lagopède, (s.) Francolin blanc de la raie d'Hudson. Dénomination faussement appliquée , par Edwards , à la large blanche, (s.) ï38 F R A Francolïn brun tacheté , est, dans Edwards , la geli- notte du Canada, (s.) Francolïn (grand) d'Amérique, d'Edwards, est la large de la baie d'Hudson. (s.) Francolïn a poitrine rouge. C'est, dans Edwards, la barge rousse, (s.) Francolïn du Spitzberg. Oiseau de rivage , auquel des voyageurs ont mal à propos appliqué la dénomination de fran- colïn. Il n'est pas plus gros qu'une alouette , ne s'éloigne ja- mais beaucoup de la côte , et se nourrit de vers gris et de chevrettes. On l'appelle aussi coureur de rivage. (Hist. générale des Voyages , tom. 1 5 , pag. 2 26.) Ce prétendu francolïn est prOT Lablement une Alouette de mer ou un Chevalier. (s.) FRANCOLÏN. Nom donné à la coquille Cône drap d'or, (b.) FRANCOULO. Nom du Ganga , dans la plaine de la Crau. (v.) FRANDIK. Nom turc et arménien du Noisetier. (LN.) FRANGE. Poisson du genre Cyprin, (b.) FRANGIPANIER.F. Franchipanier et Pluméria. (d.) FRANGOEL. Nom du Pinson, dans le Bas-Mont-Fer- rat (v.) FRANGOUI , FRINGUEL. Noms du Pinson, à Turin. Cv.) FRANGUELLO. Nom italien du Pinson, (v.) FRANGULA de Matthiole. C'est la Bourgène, Rham- nus frangula, L., dont le bois est très-fragile. Depuis il a été donné par Bauhin , au Rhamnus aJpinus. Tournefort avoit fait de la Bourgène un genre qui différoitde celui des Nerpruns, Rhamnus, par ses fleurs pentandres, pentapétales , et par le fruit trisperme. Linnaeus ne l'a point conservé , de même que Valalernus, le zizyphus et le paliurus , formés également par Tournefort, sur des espèces de Rhamnus, L. L'on trouve encore que le camensier, le cassine maurocenia, ont été nommés frangula. (ln.) FRANGULACÉES. Synonyme de Rhamnoïdes.(b.) FRANKA. Nom donné, par Micheli, à un genre que Linnseus adopte sous celui de Frankenia. V. Franquenne. (ln.) FRANKENIA. V. Franka et Franquenne. (ln.) FRANKLANDIE , Franklandia. Arbrisseau de la Nou- velle-Hollande , d'après lequel R. Brown a établi un genre dans la tétvandrie monogynie et dans la famille des protées. Ce genre offre pour caractères : un calice étalé à quatre F R A l39 découpures caduques ; point de corolle ; des écailles réu- nies en gaine autour du pistil ; une noix pédiculée fusi- fonne, dilatée et aigrellée à son sommet. Voyez pi. 6 des Remarques sur la Botanique des Terres - Aus- trales, où il est figuré, (b.) FRANKLINE, Frantdina. Genre déplantes établi par Marshall, et auquel il a donné pour caractères : un calice à cinq dents ; une corolle de cinq pétales ; un grand nombre d'étamines; un ovaire supérieur, terminé par un stigmate à cinq découpures; une noix à cinq loges et à plusieurs semences. Ce genre n'est que celui des gordons , mal décrit sur une espèce nouvelle. V. au mot Gordon, (b.) FRANQUENNE, Frankenia. Genre de plantes, de l'hexandrie monogynie, et de la famille des caryophyllées, dont la fleur offre pour caractères : un calice inonophylle , infundibuliforme, persistant, et à cinq dents; cinq pétales ovales, arrondis, ouverts, onguiculés et à onglet canaliculé ; six étamines; un ovaire supérieur, ovale, chargé d'un style trifide, à stigmate obtus ; une capsule contenue dans le ca- lice , ovale , uniloculaire , trivalve , et renfermant plusieurs semences très-petites. Les espèces de ce genre , auquel le genre Nothrie de Bergius a été réuni, sont au nombre de dix. Ce sont des plantes herbacées, très-petites, dont les rameaux s'étalent sur la terre ; dont les feuilles sont opposées, très-courtes, et les fleurs petites, terminales et rapprochées par petits pa- quets , ou axillaires et sessiles. Les deux plus communes, sont : La Franquetsne lisse, qui a les feuilles linéaires, ramas- sées en paquet et ciliées à leur base ; elle est vivace, et se trouve dans les parties méridionales de l'Europe , sur le bord de la mer. La Franquenne poudreuse, qui a les feuilles ovales, rétuses et comme poudreuses en dessous. Elle se trouve avec la précédente. Elle est vivace. (B.) FRANSERIE, Fransen'a. C'est le nom que Cavanilles a donné à un genre de plantes qu'il a établi , pour placer 1' Am- broisie oulaLAMPOURDE arborescente, qu'il a trouvé n'a- voir pas les caractères des autres espèces. Ce nouveau genre offre des fleurs mâles réunies dans ua calice commun, inonophylle plane , et composées d'une co- rolle tubuleuse à cinq divisions, de cinq étamines, d'un ovaire stérile, surmonté d'un style à stigmate pelté ; des fleurs fe- melles apétales au-dessous des mâles , sur le même pied , et composées d'un involucre formé de plusieurs folioles ovales, Ho F R A d'un germe supérieur, ovale, muriqué, surmonté de quatre styles bifides. Le fruit est un drupe sec , couvert de piquans recourbés , et contenant, dans autant de loges, quatre semen- ces oblongues. (b.) FRANSOSENHOLZ. Nom du Gayac, en Allemagne. FRANZKRAUT. L'un des noms allemands de I'Aigre- MOINE. (LN.) FRANZOLA. Sorte de Châtaigne, en Toscane, (ln.) FRANZWEIZEN. L'un des noms allemands du Sar- rasin, Polygonum fagopyrum. (ln.) FRAOUCO. Nom provençal de la Poule-d'eau, (v.) FRAOUME. Nom vulgaire de I'Arroche portulacoïde, à l'embouchure du Rhône. (B.) FRARE. C'est, en Catalogne , le nom de I'Orobanche major, L. V. Orobanche. (ln.) FRASERE , Frasera. Genre de plantes de la tétrandrie monogynie, et de la famille des gentiaoées, établi par Walter, et auquel il a donné pour caractères : un calice à quatre divisions persistantes ; une corolle de quatre pétales .-ngus et velus en dedans ; quatre étamines ; un ovaire supé- rieur à style court et à stigmate bifide. Le fruit est une capsule aiguë et uniloculaire , qui contient plusieurs semences. Ce genre ne renferme qu'une espèce , dont la tige est droite, les rameaux florifères , verticillés; les feuilles lan- céolées et les fleurs géminées et axillaires. On la trouve en Caroline , dans les marais, (b.) FRASSINELLA. Anguillara et Césalpin nomment ainsi le Sceau de Salomon, Conoallaria polygonatum latifo- lium. Les Italiens désignent par ce nom la Fraxinelle. (b.) FRASSINO. Nom du Frêne , en italien, (ln.) FRASYOUN. Nom arabe d'une espèce de Marrube, Marrubium alyssum , L. (LN.) FRATERCULA. Nom générique du Macareux, dans l'Ornithologie de Rrisson et d'une espèce dans Gesner. (v.) FRAUDIUS AVIS. Dans Albert-le-Grand, c'est la Sit- telle. V. ce mot. (s.) FRAUENEIS. Nom allemand de la chaux sulfatée la- minaire , et qui signifie : glace ou miroir de femme. V. Chaux sulfatée. (LUC.) FRAUENFINGERKRAUT.Nom allemand du Lotier corniculé , Lotus corniculatus , L. , si commun dans les prés et les bois, (ln.) FRAUENVIOLE (Violette de Dame). L'un des noms al- lemands de la Julienne, Hesperis malronalis, L. (ln.) F R E l4l FRAVOLA. Nom italien de la Fraise, (ln.) FRAXINELLA de Pline. Les naturalistes pensent assez généralement avec Dodonée , que cette plante est celle que nous nommons Fraxinelle, à cause de la forme de ses feuilles que l'on a comparées aux feuilles ùu. frêne. Plusieurs botanistes croient que cette dernière planle est le nalrix de Pline , et le Iragion de Dioscoride. Selon d'autres auteurs , il paroîl que les Grecs et les Arabes n'ont point parlé de ce végétal auquel Tournefort et Adanson ont conservé le nom de fra.iinella, cbangé par Linnœus en celui de dit- iamnus , qui rappelle que celte plante est le dictante blanc des anciens pharmaciens. Bauhin lui donne ce nom. (ln.) FRAXINELLE. V. Dictame blanc, (b.) FRAXINUS de Pline et des Latins. Arbre qu'Hippo- crate et Théophraste, chez les Grecs, nomment melin et buamelia, et dont ils désignent deux sortes. Virgile (Ecl. 7), s'exprime ainsi sur cet arbre : « Fraxinus in sylvis pulcherrima , pinus in hortis , « Populus in fluviis , abics in montibus altis. » Le fraxinus est notre Frêne , appelé ainsi sans doute parce qu'il se plaît dans les terrains rocailleux etmontueux, in loris fragosis. Les anciens croyoient que les serpens redoutoient tellement cet arbre , qu'ils en fuyoient même l'ombre , ce que Camerarius a trouvé contraire à l'expérience qu'il en a faite. Ce nom de fraxinus est resté au genre. Le Sorbier des oiseaux est le fraxinea arbor de quelques anciens botanis- tes. (LN.) FRAY. Voyez Frai des poissons, (desm.) FRAYE. Un des noms vulgaires de la Grive draine, (v.) FRAYOIR ou FREYOIR {Vénerie}. Marque que le cerf fait aux baliveaux quand il brunit son bois, c'est-à-dire , quand il le frotte contre l'arbre pour en détacher la peau velue dont il est couvert. Le vieux cerf fraye plus tôt que le jeune, et celui- ci fraye aux jeunes arbres des taillis, (s.) FRWONNE. V. Freux, article Corbeau, (v.) FREDDO. L'un des noms du Colchique, en Italie, (ln.) FREDERIC Poisson du genre Salmone. (b.) FREDLOES. C'est, en Danemarck , l'un des noms de la Lysimachie commune, (ln.) FREGATA AVIS. Dans quelques auteurs, c'est le nom, en latin moderne, de la frégate, (s.) FRÉGATE, Tachypetes, Vieill. ; Pelecanus, Lath. Genre de l'ordre des Oiseaux nageurs et de la famille des Syn- DACTYLES ( V. ces mots ). Caractères : bec plus long que la tête, robuste, entier, suturé en dessus; mandibules très-cro- chues et acuminées à la pointe ; narines situées dans uns »{i F R E rainure; langue très-courte, lancéolée ; orbites nues; bou- che très-ample; gorge extensible; pieds à l'équilibre du corps; tarses à demi-emplumés ; quatre doigts^ tous dirigés en avant et engagés dans une même membrane ; ongles aigus ; ailes très-longues , les première et deuxième rémiges les plus lon- gues de toutes ; queue fourchue. Lies frégates, qu'on reconnoît aisément en mer à la longueur démesurée de leurs ailes et à leur queue très-fourchue , doi- vent leur nom à la rapidité de leur vol et à leur taille allon- gée. De tous les oiseaux de mer , ce sont ceux qui ont le plus de rapport avec l'aigle ; elles semblent le remplacer sur cet élément. Armées d'un bec terminé par un croc aigu, de pieds courts , robustes et couverts de plumes , de serres aiguës; servies par une vue très-perçante et un vol des plus rapides, elles possèdent tous les attributs qui caractérisent un tyran de l'air. Si le paisible poisson volant, en s'élevant hors de l'eau , évite la poursuite des dorades et des bonites, il devient souvent la proie des frégates ; celles-ci même n'échappent pas toujours à leur voracité ; elles les saisissent adroitement lorsqu'elles se jotient à la surface des flots, ou qu'elles s'élan- cent après leurs foibles victimes. Mais ce n'est pas sur les poissons seuls que les frégates exercent leur empire ; elles forcent les fous d'être leurs pourvoyeurs , et leur font à coups d'ailes et de bec dégorger le poisson qu'ils ont péché , et qu'elles saisissent avec adresse avant qu'il soit tombé. On assure qu'elles font aussi la guerre au pélican , et qu'elles usent des mêmes moyens pour lui faire lâcher sa proie. (Oviedo.') Favorisée d'un vol très-étendu et très - puissant , la frégate est, de tous les oiseaux de mer, celui qui pousse le plus loin ses courses ; il brave les vents et les tempêtes , s'élève au-dessus des orages , se porte au large a plus de quatre cents lieues de toute terre ; parcourt du même vol ces traites immenses ; et comme la durée du jour ne suffit pas , il est forcé de continuer sa route pendant la nuit , n'ayant pas la faculté de se reposer long-temps sur l'eau, où ii périroit , puisque le dessous de son corps n'est pas revêtu d'un duvet assez épais pour le rendre impénétrable à l'eau. A l'aide de sa vue perçante , la frégate discerne très-bien du plus haut des airs les bandes de poissons volans , fond sur elles avec la rapidité de la foudre , et ne manque guère d'en saisir avec son bec et ses griffes ; mais l'on assure qu'elle ne peut les Drendre dans l'eau : ses pieds, dit-on, ne lui permettent pas de nager ; cependant ils sont palmés , et plus largement que ceux de certains oiseaux d' eau. L'on trouve un second obstacle dans la longueur de ses ailes, qui , privées d'un espace assez grand, ne peuvent prendre le mouvement nécessaire pour qu'elle F R E 4* puisse s'élever de dessus l'eau. Lorsqu'elle se précipite 2 FRI plats ; mais on en voit rarement de cette forme , communé- ment ils sont cylindriques. Il y en a dont tout l'extérieur est composé de brins de jonc collés les uns contre les autres. Mais de quelque matière qu'ils soient couverts , il est rare d'en trouver qui n'aient pas quelque pièce qui dépare le reste , et celte pièce est nécessaire à sa perfection. Quelque- fois c'est un morceau de pierre , un caillou ou une coquille ; souvent on en voit qui sont entièrement couverts de petites coquilles de limaçons aquatiques , ou de coquilles de moules, qui renferment les animaux vivans. Les fourreaux construits de matériaux si pesans , devien- droientun fardeau pour l'insecte, s'il étoit obligé de marcher toujours sur terre. Mais comme il doit marcher tantôt au fond de l'eau , tantôt à sa surface , et sur les plantes qui y croissent, il lui coûte peu à porter, si les différentes pièces dont il est construit sont d'une pesanteur à peu près égale à celle de ce liquide ; et c'est ce qu'il semble seproposer, en y attachant des corps dont la pesanteur spécifique est moindre que celle de l'eau. Quand la larve, qui ne sait point nager, veut marcher, elle sort sa tête et la partie antérieure de son corps hors de son fourreau, cramponne ses pattes, et marche en sap- puyant dessus ; elle trouve d'autant moins de difficulté , que son fourreau est d'une pesanteur à peu près égale à celle de l'eau. Ces larves ont six pattes , la tête brune et écailleuse , la bouche armée de mâchoires propres à couper les matériaux qu'elles emploient pour faire leurs fourreaux. Leur corps est composé de douze anneaux ; les six pattes tiennent aux trois premiers ; sur le quatrième, elles ont trois éminences char- nues, par lesquelles elles aspirent et rejettent l'eau. Les au- tres ont des filets ayant quelque analogie avec les branchies des poissons. On dit qu'elles se nourrissent des feuilles des plantes aquatiques , et des larves de libellules et de tipules qu'elles peuvent attraper; mais je les croirois simplement herbivores. Quand on dépouille une de ces larves de son fourreau , si on le laisse auprès d'elle, elle y rentre aussitôt la tête la première. Ce n'est pas seulement dans la construction de leur four- reau que ces larves font voir leur industrie , elles en mon- trent encore plus dans la manière dont elles le ferment, avant de se changer en nymphe ; toutes subissent cette méta- morphose dans l'eau, et dans l'espèce de tuyau qu'elles se sont construit. Si la nature ne leur avoit pas donné la faculté de le rendre inaccessible aux insectes aquatiques , leurs enne- F R I *53 mis, elles deviendroîent leur proie; mais elles se mettent a l'abri de leur serre meurtrière en bouchant les deux ouver- tures de ce tuyau. Chaque larve y emploie la soie quelle a à sa disposition , pour former une espèce de grille , dont les mailles sont assez rapprochées pour empêcher les insectes carnassiers de pénétrer dans L'intérieur du fourreau , et assez, écartées pour laisser un libre passage à l'eau que la nymphe a besoin de respirer. Mais avant de griller son fourreau , la larve a soin de l'assujettir contre quelque corps solide , afin d'avoir plus de facilité à le quitter quand elle en doit sortir. La nymphe est d'un jaune citron , et on distingue sur elle toutes les parties que doit avoir l'insecte parfait. Sa tête est petite par rapport à son corps, et offre une singularité re- marquable ; c'est une espèce de bec, formé par deux crochets, placés un de chaque côté de la tête; elle s'en sert pour déta- cher la grille qui ferme son fourreau du côté où elle doit en sortir ; ce qui a lieu quinze ou vingt jours après sa métamor- phose. Lesfriganes ne quittent point leur dépouille de nymphe dans l'eau. La nymphe sort de son fourreau, et se retire dans un endroit sec ; là elle reste tranquille à attendre que la peau qui la recouvre se sèche et se fende ; elle y est rarement plus d'une ou deux minutes ; au bout de ce court intervalle , l'in- secte parfait est en état de faire usage de ses ailes. Ces insectes volent ordinairement au bord des ruisseaux , des mares et des étangs. Les femelles déposent leurs œufs sur les plantes qui croissent dans l'eau. Les œufe sont enveloppés par une matière glaireuse , transparente , de la consistance d'usé gelée molle , qui adhère à la plante presque aussitôt qu'elle y est placée. Pendant le jour , les friganes restent tranquilles; mais vers le coucher du soleil , elles commencent à prendre leur essor. 11 n'est pas rare d'en voir dans les appartemens ; elles volent autour de la lumière des bougies , où elles brillent leurs ailes. Elles ont le vol vif et léger, et en marchant, elles semblent glisser, tant elles courent vite. Quand on les saisit, elles laissent aux doigts une odeur désagréable , qui y reste assez long-temps. On connoît une cinquantaine d'espèces de ces insectes, qu'on trouve presque tous en Europe : plusieurs sont remarquables par la couleur de leurs ailes , qui ressemblent à celles des phalènes. FniGANE STRIÉE, Phryganea slrlaia , Linn. Celte espèce , la plus grande de celles qu'on trouve aux environs de Paris, a environ onze lignes de longueur; tout son corps est roussâtre ; elle a quelques poils bruns sur la tète et le corselet ; les antennes presque aussi longues que le corps ; les yeux noirs ; les ailes très-grandes , avec des ner- iU F R I Tiîies très-marquées d'un roux foncé ; les pattes longues et épineuses. On la trouve au bord des eaux. Frigane VERTE, Phryganm viridis , Geoff. Elle a environ trois lignes et demie de long ; les antennes plus longues que le corps, entrecoupées de brun et de gris- blanc ; les yeux noirs ; la tête d'un beau vert clair ; le corse- let vert , avec un peu de jaune en dessus et sur les côtés -, l'ab- domen vert , sans taches ; les pattes d'un blanc argenté ; les ailes entièrement blanches. On la trouve aux environs de Paris, (l.) FRIGANE (Fausse). Degeer donne ce nom à des in- sectes que Geoffroy nomme perle , et M. Fabricius, semblis. I . Perlaires , Nemoure et Perle, (l.) FRIGANITES ou PLICIPENNES, phyganites. Famille d'insectes, de l'ordre des névroptères , ayant pour carac- tères : ailes inférieures beaucoup plus larges que les supérieu- res , plissées; mandibules presque nulles; tarses à cinq arti- cles ; antennes longues et sélacées.Ces insectes ont été nom- més parRéaumur, mouches papilionacées. V. les genres Fri- GANE et SÉRICOSTOjYIE. (l.) FRIGARD. Nom sous lequel un épicier de Paris a vendu, pendant quelques années, des harengs à moitié cuits sur les bords de la mer , et ensuite marines. On les trouvoit exquis , dit-on, et cependant le commerce en est tombé. On ne sau- roit trop cependant recommander cette manière de prépacer le poisson , manière qui n'a les inconvéniens ni des salaisons, ni des fumaisons, et qui conserve au poisson toute sa saveur pendant au moins six mois. N La méthode à suivre consiste à ouvrir le poisson aussitôt qu'il est pris , et , après l'avoir vidé et bien lavé , à le faire cuire à moitié ou dans le four, ou dans l'eau de mer; ensuite , quand il est encore chaud, à le jeter dans un tonneau défoncé par un bout , et à moitié plein de vi- naigre. Au bout de vingt-quatre heures , on le retire de ce vinaigre , on l'encaque légèrement dans de petits barils, en le saupoudrant de quelques poignées de sel , et le parsemant de feuilles de laurier ou de thym; puis on l'arrose de nou- veau vinaigre jusqu'à ce qu'il n'en puisse plus absorber, et on ferme le baril. Ce qui a fait renoncer à cette excellente méthode , est pro- bablement la difficulté de cuire les poissons toujours au même nfgré. Lorsqu'ils sont trop cuits , ils se racornissent et de- viennent durs sous la dent ; lorsqu'ils ne le sont pas assez , F R J ,;,s ils se corrompent facilement. Il scroit probablement possible de trouver des moyens de surmonter cette difficulté, (n.) FRIGERÎO. lAm des noms du Micocoulier, en lialie. FRIGOULE. C'est le nom de 1' Agaric social, qui se mange à Montpellier, (r..) FRIGOULE. Nom du Thym, en Languedoc, (ln.) FRIJOLES. V. Frisoles. (ln.) FRILLEUSE. Nom picard du Rouge-gorge, (v.) FRIMAS. V. Givre, (pat.) FRINGEGO des Portugais. C'est le pisoniaaculeata. (ln.) FRINGILLE , Fringilla, Lath. Genre de Tordre des oi- seaux Sylvauss et de la famille des GRANivoRE.s(r.ces mots). Caractères : bec moins épais que la tête , à bords droits , entier, brévi-cône , pointu; mandibule supérieure couvrant les bords de l'inférieure , droite , rarement inclinée vers le bout , à pa- lais creux et strié longitudinalement ; narines rondes , cou- vertes en tout ou en partie par des plumes très- courtes et di- rigées en avant ; langue épaisse , arrondie , à pointe compri- mée et bifide ; quatre doigts, trois devant, un derrière ; les extérieurs unis à la base; l'interne libre ; les quatre premiè- res rémiges à peu près égales entre elles et les plus longues de toutes. On a réuni dans le même genre , les tarins , les chardon- nerets , les bengalis , les sénégalis , les serins , les linottes , les veuves , les pinsons , les moineaux, etc., parce qu'ils présentent, dans la forme du bec, une analogie commune. Tous ces oiseaux dépouillent les graines de leur péricarpe avant de les avaler; ils ont un jabot où elles se macèrent avant de passer dans le gésier; et tous, à l'exception de la veuve à épaulettes, sont monogames. Mais leur genre de vie , les mœurs et l'instinct n'étant pas les mêmes pour tous , ils se divisent naturelle- ment en petites familles ; ce dont on peut se convaincre en parcourant les divers articles qui les concernent. Les espèces qui vivent entre les tropiques et dans les ré- gions voisines , sont toutes sédentaires ; tandis que parmi cel- les des zones tempérées et glaciales , il en est qui abandon- nent leur pays natal aux approebcs des frimas, pour cher- cher, dans des contrées plus méridionales, la nourriture dont les privent les glaces et les neiges. Les tarins, les pinsons d'Ardenne et la linotte aux pieds noirs, quittent alors les montagnes pour descendre dans la plaine , et s'éloignent plus ou moins de leur domicile d'été , selon que l'hiver est plus ou moins froid. Une partie de nos pinsons , de nos friauets » de nos verdiers se transportent alors plus au Sud, et sem- blent faire place aux individus des mômes espèces qui vien- i56 F R I lient des régions boréales pour séjourner chez nous pendant la mauvaise saison; les linottes, les chardonnerets , les moi- neaux proprement dits , ne nous quittent en aucun temps. Quoique tous ces oiseaux soient granivores , il s'en trouve cependant parmi eux qui mangent des insectes ; tels sont les moineaux, les friquets , les pinsons et quelques sénégalis; mais ordinairement ils n'en font usage que pour nourrir leurs petits , et dès que le bec de ceux-ci a acquis la force néces- saire pour concasser les graines , ce n'est plus pour eux un aliment préféré. J'ai observé que les chardonnerets , les li- nottes , les serins ne touchent aux insectes en aucun temps. Il en est de même du bouvreuil et du verdier. Ils élèvent leur jeune famille avec les semences tendres du mouron , du sé- ïioçon et de quelques autres plantes précoces. Tous font re- monter du jabot la nourriture qu'ils lui destinent , tant qu'elle ne se compose que de graines ; car les entomophages l'ap- portent à leurs petits en tenant l'insecte dans le bec ou à l'entrée de l'œsophage. Les espèces des zones tempérée et glaciale n'ont qu'une saison d'amour ; mais celles de la zone torride en ont plu- sieurs. Les unes nichent dans les buissons, les autres sur les arbres et plusieurs de celles-ci donnent à leur nid une forme élégante ; les moineaux et les friquets le construisent grossiè- rement dans les trous de murailles et d'arbres. La ponte est de quatre à six œufs, rarement unique , et souvent les frin- gilles en font deux , trois et quelquefois quatre, ce qui dépend de la chaleur plus ou moins prolongée des contrées qu'elles habitent. Tous ces oiseaux , à l'exception des moineaux , des friquets et de quelques espèces étrangères , ont un chant plus ou moins agréable , et il en est parmi eux dont le ra- mage plaît presque autant que celui du rossignol. Tous s'ac- coutument facilement à l'esclavage , et beaucoup font l'orne- ment des volières. Les caractères indiqués ci-dessus sont propres aux oiseaux de ce genre que j'ai pu déterminer , et probablement à une très-grande partie de ceux que les auteurs y ont classés ; mais tous n'ayant pas le bec des mêmes grosseur et longueur, et les uns l'ayant parfaitement conique , les autres un peu ovale, plusieurs plus ou moins aigu et comprimé latéralement à son extrémité , quelques-uns l'ayant un peu obtus , ou in- cliné vers le bout ; je les ai en conséquence divisés par sec- tions , ainsi que je l'ai indiqué dans mon Ornithologie élé- mentaire. Ces sections renferment les seules espèces que j'ai vues en nature , ou figurées d'une manière qui m'a paru ne rien laisser à désirer. Quant aux autres fringilles des auteurs que je ne connois que d'après leur description , je les signale F R I ,S7 par une astérisque , et je les laisse sous les noms français qu'on leur a imposés , sans garantir qu'ils leur conviennent. En effet , l'on a appelé moineaux beaucoup d'espèces étrangères, très-peu connues et décrites trop succinctement pour juger sainement si ce sont plutôt des moineaux que des pinsons , des tarins , des linottes, des chardonnerets, etc. On peut en dire autant de celles qu'on a nommées pinsons , linottes , serins , verdiers. J'aurois peut-être agi d'une manière plus uniforme en don- nant à tous ces oiseaux le nom francisé du genre , ainsi qu'à ceux qui ne portent aucune de ces dénominations, mais j'ai cru devoir m'en abstenir dans un Dictionnaire ; pour ne pas jeter de la confusion dans les idées du lecteur, qui ne les trouveroil ainsi désignés dans aucun ouvrage d'ornithologie. Enfin , j'ai placé parmi les fringilles plusieurs espèces , telles que les vewes , les moineaux à bec rouge du Sénégal ou diocho , et lefoudi, que Gmelin et Latham ont donné pour àes Etnie- rtxa/i'en ai retiré d'autres espèces qui m'ont paru placées plus convenablement avec les passerines. K. ce mot. Quoique à l'exemple de nos bons méthodistes , j'aie classé dans deux genres les/ringilla et les coccolhruusles, je trouve l'in- tervalle qui les sépare si peu prononcé que je crois qu'on pourroit les réunir dans un seul , comme l'a fait Illiger, en le divisant en plusieurs sections. A. FRINGILLES dont la pointe du bec est comprimée latéralement, plus ou moins allongée, grêle et très -aiguë (chardonnerets, tarins, etc.) Le Chardonneret, Fringilla cardue/is, Lath. , pi. enl. , n.° 4 > f'g- Le bec du chardonneret et celui de notre tarin pré- sentent un caractère dont je n'ai point faitmention ci-dessus, parce que je ne sais s'il peut être généralisé aux autres es- pèces de cette section. Le bord de la mandibule supérieure pré- sente à sa base un angle en forme de dent obtuse. Celattribut rapproche ces oiseaux des sizerins, qui ont deux dents pareilles sur la même partie du bec. A une taille svelte et bien prise, à un plumage paré du velouté et de l'éclat des plus belles teintes, le chardonneret joint l'adresse , la docilité et une voix agréable ; l'accord et la distribution des couleurs sont tels , qu'il ne cesse de plaire à tous les yeux, quoiqu'il soit très-commun. Tl ne manque enfin à ce charmant oiseau , que d'être né dans un pays éloi- gné , pour être justement apprécié. Dès les premiers jours du printemps , le mâle fait entendre sa jolie voix ; mais c'est au mois de mai qu'il lire de son go- sier les sons les plus doux ; perché alors à la cime d'un arbre m f r i de moyenne taille , surtout d'un arbre fruitier, sur lequelces oiseaux se plaisent ie plus , il en fait fetentir nos vergers dès la pointe du jour , et son chant ne finit qu'au coucher du so- leil. 11 le continue ainsi jusqu'au mois d'août ; mais il l'inter- rompt lorsqu'il a des petits ; comme il a pour eux beaucoup d'attachement , les soins paternels remplissent tous ses mo- mens. ïl les nourrit avec des graines tendres , telles que sont alors celles du séneçon , du mouron, de la laitue et autres plantes. L'on prétend qu'il leur donne aussi des chenilles, de petits scarabés et autres insectes; mais je crois que les char- donnerets ne sont que granivores, ainsi que la linotte , le se- rin, etc. ; c'est pourquoi ils nichent plus tard que les moineaux, bruants et pinsons , qui élèvent leurs petits avec des insectes , leur portent la becquée et ne dégorgent pas : lorsque ses pe- tits sont plus avancés en âge, il y joint des graines d'une di- gestion plus laborieuse ; cependant il les fait toujours ramollir dans son jabot , pour les dégorger, comme font les canaris. 11 est tellement attaché à sa progéniture, que renfermé avec elle dans une cage , il continue d'en avoir soin ; et ce à l'époque où la liberté est si chère aux oiseaux , que très-peu survivent à sa perte ; mais afin qu'il les amène à bien , il faut lui donner en abondance le séneçon, le mouron, et surtout de la graine de chardon , qui est sa nourriture favorite , et d'où lui vient son nom ; aussi les oiseleurs qui lui tendent divers pièges , s'en servent-ils pour appât. Lorsque la femelle couve , le mâle se tient et chante sur un arbre voisin ; il s'en éloigne rarement, à moins qu'il ne soit inquiété ; alors il s'écarte , mais pour peu de temps; car c'est de sa part une petite feinte, afin de ne pas déceler son nid; et si l'on persiste, il ne larde pas à revenir. La femelle montre encore un attachement plus grand pour ses petits ; rien ne peut la distraire de l'in- cubation ; sa constance est vraiment admirable ; elle brave tout , vents impétueux , pluies d'orage , grêle épaisse, pour garantir ses œufs, surtout au moment où ils sont prêts à éclore. Le mâle ne la quitte pas ; il l'accompagne dans toutes les courses qu'exige le besoin d'alimens ou la construction du nid ; mais il ne partage pas ce travail ni l'incubation ; il veille seulement à sa sûreté lorsqu'elle est à terre , soit pour chercher sa nourriture , soit pour choisir les matériaux néces- saires au berceau de ses enfans , et se perche toujours sur la branche la plus voisine. Cette femelle donne à son nid plus de solidité , une forme mieux arrondie , et même plus élé- gante que le pinson ; elle le pose ordinairement sur les ar- bres fruitiei's , et choisit les branches les plus foibles ; cepen- dant on en trouve dans les taillis et buissons épineux ; elle emploie , pour le dehors , de petites racines , de la mousse F R I l5g fine, et le duvet de certaines plantes, qu'elle recouvre de lichens; l'intérieur est composé d'herbes sèches, de crin , de laine et d" plumes les plus duveteuses ; c'est sur cette couche qu'elle dépose cinq à six œufs blancs , et tachetés de brun rougcâtre vers le gros bout. Cette espèce ne fait son nid que vers le milieu du printemps ; cependant elle fait trois cou- vées, dont la dernière est en août Les jeunes ne neuvent se suffire à eux-mêmes que long-temps après leur sorue du nid ; aussi il faut de la patience lorsqu'on veut les élever. L'on pré- tend que les meilleurs sont ceux qui naissent dans les buissons épineux et ceux qui proviennent des dernières nichées ; ils sont , dit-on, plus gais , et chantent mieux que les autres. Il faut les prendre au nid , lorsque toutes leurs ptumessont pous- sées , et les nourrir avec la composition suivante : on pile ensemble des échaudés , des amandes mondées et de la graine de melon ou bien des noix , ou du massepain : de la pâte qui résulte de ce mélange , on fait des boulettes comme de petits grains de vesce ; on les donne une à une avec la brochette jusqu'à trois ou quatre de suite, à chaque jeune oiseau, auquel on présente ensuite l'autre bout de la bro- chette, garni d'un peu de coton trempé dans l'eau. Lorsqu'ils commencent à manger seuls , on les nourrit de chènevis broyé avec de la graine de melon et de panis ; et quand ils sont forts , on leur donne du chènevis. Cette pâte , d'une com- position très-compliquée , pourrait èire remplacée par une autre , que tout le monde peut faire aisément. Elle est com- posée de chènevis et de navette broyés , de mie de pain et de jaune d'œuf, le tout délayé dans un peu d'eau, et on leur donne la becquée comme l'on fait aux serins : lorsqu'ils man- gent seuls, on doit supprimer le chènevis et le remplacer par le millet, surtout si on en destine pour les accoupler avec les canaris. Avec cette nourriture , ces oiseaux jouissent d'une meilleure santé et vivent plus long-temps. Olina dit que les jeunes qui sont à portée d'entendre des linottes, des serins, etc., s'approprient leur chant ; d'autres disent qu'ils ont plus de disposition à prendre celui du roitelet. Les oise- leurs prétendent que parmi les chardonnerets pris au filet , l'on doit regarder comme meilleurs chanteurs ceux qui ont les six pennes intermédiaires de la queue terminées de blanc, et qu'ils désignent par le nom de sixains. Ceux qui en ont huit , sont appelés huilai ns ; et ceux qui n'en ont que quatre , quatrains ; mais ces derniers sont , disent-ils , ceux qui chan- tent mal. Ces distinctions sont sans aucun fondement, et ne tournent qu'à l'avantage des marchands d'oiseaux, parce qu'ils vendent les sixains à un prix double de celui des autres ; mais ils se donnent bien de garde de dire que ces taches va- 160 F R I rient sur le même individu pendant l'été , et que celui qui étoit sixain au printemps , ne l'est plus au mois d'août ; sou- vent même après la mue , le sixain devient quatrain. Sur l'oiseau sauvage , toutes ces taches disparoissent en grande partie depuis le mois de juin jusqu'en septembre ; alors toutes les pennes , à l'exception, des latérales, sont noires; il en est de même pour les taches qui sont sur les pennes des ailes ; souvent en septembre, il n'en existe plus aucune trace, mais elles reparoissent toutes avec les plumes nouvelles. Ce chan- gement progressif n'a pas lieu en entier sur l'oiseau élevé en cage. Il reste toujours des taches blanchessur quelques pennes des ailes et de la queue. Le chardonneret se ploie facilement à l'esclavage , et de- vient même familier. Son activité et sa docilité font qu'il se prête volontiers à mettre de la précision dans ses mouve^ mens, à faire le mort , à mettre le feu à un pétard , à exécuter diverses autres manœuvres , telles qu'à sauter sur une roue dans une cage , à y monter et descendre en volant , de tirer des petits seaux qui contiennent son boire et son manger ; mais pour lui apprendre ce dernier exercice , que l'on nomme galère , il faut savoir l'habiller. L'habillement consiste dans une petite bande de cuir doux , de deux lignes de large , percée de quatre trous , par lesquels on fait passer les ailes et les pieds , et dont les deux bouts , se rejoignant sous le ventre, sont maintenus par un anneau auquel s'attache la chaîne du petit galérien. Cette chaîne a, à l'autre bout, un anneau passé dans le demi-cercle de bois qui lui sert de juchoir , et dont les deux bouts sont fixés dans la planche du fond. Sur cette planche il y a une petite glace en face du cercle, et au- dessous de celui-ci en est un autre d'un diamètre plus grand , pour que l'oiseau puisse monter et descendre à volonté. Les deux seaux sont suspendus avec une petite chaîne au cercle d'en haut ; dans l'un est le manger et dans l'autre le boire , et ils sont arrangés de manière que l'un ne peut baisser sans tirer l'autre en haut. Alors il faut qu'il use d'industrie pour attirer à lui celui qu'il veut avoir. Le besoin de société pour le chardonneret , qui aime celle de ses pareils , paroît chez lui être de première nécessité. C'est pourquoi il se plaît à se regarder dans la glace , et qu'on le voit souvent prendre son chènevis grain à grain , et l'aller manger devant elle , croyant sans doute le manger en compagnie. A d'autres galères , le miroir est supprimé, et est remplacé par une petite trémie close de tous les côtés, à l'exception d'une petite ouverture sur le devant , et fermée avec une bas- cule arrangée de manière qu'elle obéit au moindre attouche- ment et se referme d'elle-même. P'abord pour faire con- FRI .8, noîirc à l'oiseau l'endroit o>» es* sa nourriture, on tient ta h isculeà demi-ouverte, ensuite; fermée aux trois quarts; trou- vant alors une opposition, et voyant toujours la graine il l'abaisse avec son bec ; enfin, on la ferme totalement; il use alors de toute son adresse pour l'ouvrir, et la tient ouverte avec ses pieds, en les posant sur la partie inférieure. Quant à l'eau, elle est dans un petit seau attaché avec une chaîne à un des cercles : l'oiseau l'attire à lui , en saisissant la chaîne avec sou bec , et en la retenant sous ses pieds jusqu'à ce qu'il ait é tanche sa soif. Le chardonneret , naturellement actif et laborieux, veut de l'occupation dans sa prison; et s'il n'a quelques têtes de pa vots , des tiges de chènevis et de laitue à éplucher pour le tenir en action , il remuera tout ce qu'il trouvera. Un seul qui se trouve dans une volière où couvent des serins, s'il est sans femelle , suffit pour faire manquer toutes les pontes. Il sfi battra avec les mâles, inquiétera les femelles, détruira les nids , cassera les œufs. Cependant ces oiseaux, vifs et pélu- lans , vivent en paix les uns avec les autres , et n'ont de que- relles que pour le manger et le juchoir, car tous veulent avoir, pour se coucher, le juchoir qui est au plus haut de la volière et lepremierquis'en empare, n'en veut point souffrir d'autres à ses côtés. Il faut , pour pouvoir les contenter tous , en placer à cette hauteur le plus qu'il est possible , ne donner aux ju- choirs que la longueur nécessaire pour un seul oiseau , et les isoler tous les uns des autres. Quoique les chardonnerets puissent s'accoupler en volière, cette union est rare et peu féconde. 11 est vrai qu'on s'en est peu occupé , d'après la facilité d'en trouver en toutes sai- sons, autant que l'on en désire. 11 ne faut, dit-on, qu'une seule femelle au mâle chardonneret, et tous deux doivent être libres , c'est-à-dire , dans une très-grande cage, et seuls ; car en captivité le niàle s'apparie plus difficilement avec une fe- melle de son espèce qu'avec une femelle étrangère, par exemple ,- avec une serine; mais il est rare que la femelle chardonneret s'accouple avec le maie canari. Ce n'est point la conformité du chant, encore moins celle du plumage, qui donne lieu à cet accouplement , mais parce que le chardon- neret fait remonter de son jabot la graine pour la dégorger comme fait le serin, et que c'est de celle manière qu'il plaît à la femelle canari , la met en amour, et la nourrit lorsqu'elle couve: ce qu'on ne peut attendre du bruant, du pin- son , etc. , parce que ceux- ci portent souvent la becquée à leur femelle et à leurs petit".: ce qui doit servir de règle pour tous les oiseaux de diverses races que l'on veut apparier ensemble. Quoique les couvées réassissent quelquefois entre une serine XII. I I x62 F R I et un chardonneret sauvage , c'est-à-dire , pris au filet, néan- moins , lorsqu'ils ne sont pas dans une grande volière en plein air , il vaut mieux élever ensemble ceux dont on veut tirer de la race , accoutumer le chardonneret à la nourriture du serin c'est-à-dire le millet , l'alpiste et la navette , et ne les ap- parier qu'au bout de deux ans. 11 seroit mieux aussi que la serine n'eût jamais été accouplée avec un mâle de son es- pèce, et qu'au printemps elle ne puisse ni le voirnil'entendre, afin qu'elle l'oublie totalement, et puisse communiquer au chardonneret, naturellement froid, le feu dont elle brûle. Souvent sa première ponte sera d œufs clairs , surtout si elle entre en amour dès les premiers beaux jours , époque où le chardonneret est encore loin d'y être ; mais à la seconde , excité par ses agaceries, appelé si souvent par ses petits cris amoureux , il finit par s'échauffer ; et une fois accouplé, il devient plus assidu auprès d elle , et plus complaisant même qu'un canari ; il partage alors tous les travaux du ménage, se tient presque toujours sur le bord du nid, et lui dégorge sou- vent de la nourriture tandis qu'elle couve; de plus, il l'aide à élever ses petits. Le bec du chardonneret est sujet à s'allonger , surtout en captivité, au point même quelquefois qu'une mandibule dé- passe tellement l'autre , qu'il ne peut saisir ses alimens : si elles s'allongent également , elles deviennent très-aiguës , et il en résulte un autre inconvénient; car , soit en dégorgeant la nourriture dans le bec des petits ou de sa femelle , soit en donnant à celle-ci des preuves de son amour, il arrive sou- vent qu'il les blesse , même grièvement. Pour prévenir cet accident, il faut les égaliser et les émousser avec des ciseaux. Les métis , appelés vulgairement mulets, sont plus robustes que les serins , vivent plus long-temps , et ont un chant plus éclatant ; mais , dit Buffon , ils adoptent difficilement le ra- mage artificiel de notre musique ; d'autres prétendent , au contraire , qu'ils apprennent aisément les airs de serinette et de flageolet. Ces métis ressemblent au mâle par la forme du bec, par les couleurs de la tête et des ailes , et à la femelle par le reste du corps. Il résulte quelquefois de celte alliance, de belles variétés, surtout si la serine est de la belle race des panachés. J'ai eu long-temps un métis pris au filet, que je présume , d'après sa taille , ses couleurs et son chant , être le résultat de l'union d'un vcrdiermàle et d'une femelle char- donneret. Ce métis, pris au mois d'octobre, étant toujours resté très-sauvage , et s'étânt très-peu familiarisé avec laçage, ne me paroît pas être le fruit d'une alliance forcée , mais d'une alliance faite en pleine liberté. Malgré son caractère farouche, il céda aux impressions de l'amour, et s'accoupla avec une serine; F R T lG."> Mais il n'en est rien résulté. Cependant l'on prétendque tous ces inélis ne sont pas inféconds , et que la seconde généra- tion se rapproche insensiblement de celle du mâle. Celte seconde génération est donc extrêmement rare , puisqu'on n'en voit jamais. Les métis, il est vrai, sont d'une complexion très-chaude et très-amoureuse, s'apparient facilement , soit avec les serins, soit entre eux. Cependant il n'en résulte que des œufs clairs -, du moins , après plusieurs années de suite , je n'ai pu réussir t ni avec ceux-ci , ni avec ceux qui prove- noient de la linotle et du tarin. Les femelles métis construi- sent leur nid beaucoup mieux que les serines , et sont de très- bonnes nourrices ; elles peuvent remplacer celles-ci lors- qu'elles sont ou malades ou mauvaises mères. A l'automne , les chardonnerets se rassemblent, vivent pen- dant l'hiver en bandes très-nombreuses , et fréquentent les endroits où croissent les chardons et la chicorée sauvage. Pendant les grands froids, ils se cachent dans les buissons fourrés ; mais ils ne s'écartent guère des lieux où ils trouvent leur pâture. Quelquefois ils se mêlent avec les autres oiseaux granivores. Le chènevis est la graine qu'on leur donne pour les familiariser avec la cage ; mais il seroil mieux d'y mêler le millet et la navette , et de varier leur nourriture; par-là on éviteroit les maladies dont ils ne sont atteints qu'en captivité; c'est à quoi Ton ne s'attache pas assez, tant pour eux que pour toutes les espèces d'oiseaux que l'on garde en volière. La variété des alimens les tient en bonne santé, allonge leurs jours, et les rapproche davantage de leur état naturel. Les maladies auxquelles cet oiseau est plus sujet, sont : IV- pi/epsiean mal-caduc, dont il tombe dans le temps où il est le plus en amour et où il chante le plus fort; le gras-fondure ou inflammation du bas-ventre; enfin, la mue est pour lui une maladie mortelle. Le mal-caduc provient, selon Salerne, d'un très-petit ver qu'il a dans la cuisse, quelquefois très-long, angulaire et logé entre la peau et la chair; quelqu fois il sort de lui-même en faisant une ouverture; quelquefois méine L'oiseau le tire avec son bec, quand il peut le saisir. Pour moi, j'attribue l'épilepsie au chènevis, seule nourriture que l'on donne à cesoiseaux; maladie qui attaque aussi les serins, les bauoreuUs, dès qu'on les borne à ce seul aliment, et à laquelle le chardonneret est très-rarement sujet lorsqu'il est totalement privé de cette graine. Quoi qu'il en soit, le mal-caduc est pour lui, comme dit l'auteur du Traité des Serins, une maladie très-violente, et si dangereuse, que souvent , en moins d'un deini-quart-d'heure, il en meurt. Quand elle lui prend, il, tombe, après avoir fait quelques inouvemens fort précipités , tout étendu dans sa cage, les deux pieds en l'air et les yeux M F R I renversés ; si on ne lui apporte un prompt secours , ii rend les derniers soupirs. De tous les remèdes, le plus sûr, et celui qui réussit le mieux , est de le prendre promptement et de lui couper, avec des ciseaux, l'extrémité des ongles, et sur- tout celui de derrière. Il en sort quelques gouttes de sang ; on lui lave ensuite les pieds plusieurs fois dans du bon vin blanc tiède. Si c'est en hiver, on lui en fait avaler aussi quel- ques gouttes, en y mettant un peu de sucre fondu. Ce remède soulage l'oiseau; il reprend de nouvelles forces, et jouit, peu d'heures après , d'une santé aussi bonne que celle qu'il avoit auparavant. L'on recommande encore de ne jamais les lais- ser sans un niQrceau de plâtre suspendu dans leur cage de manière qu'ils puissent le becqueter facilement. Enfin, quand ces oiseaux sont bien soignés et tenus proprement , ils éprou- vent moins de maladies, vivent seize à dix-huit ans, et même plus. L'espèce du chardonneret est répandue dans presque toute l'Europe , et dans quelques parties de l'Asie et l'Afrique; elle se trouve en Grèce , où elle porte le nom de karedreno ; quoi- qu'elle ne soit ni de passage, ni voyageuse, elle ne reste pas toute l'année sur la plupart des îles de l'Archipel; elle pré- fère les plus grandes ainsi que les terres du continent voisin, sans doute parce qu'elle y trouve des abris plus sûrs et plus agréables. Le mâle a le sinciput , les joues et le haut de la gorge d'un rouge éclatant, bordé de noir sur les parties antérieures; le sommet delà tête et l'occiput noirs; le dessous du cou et le dos d'un brun rougeâtre, plus clair sur le croupion et les cou- vertures de la queue ; les côtés de la tête , du cou , le ventre , blancs; les petites couvertures, les pennes des ailes et de la queue noires; les grandes couvertures moitié jaunes, et les pennes alaires, à l'exception de la première > de cette même couleur sur le côté extérieur; l'aile, lorsqu'elle est dans son état de repos, présente une suite de points blancs ; les côtés de la poitrine ont une teinte rougeâtre ; la queue est un peu fourchue; le bec blanc et noir à son extrémité ; les pieds sont bruns. La femelle diffère en ce que les couleurs sont moins vives , le noir de la tête et des petites couvertures est d'un brun noirâtre, et le rouge est un peu orangé. Les jeunes n'ont des vieux que le jaune des ailes, les taches blanches des pennes et de celles de la queue; leur plumage est un mélange de blanc sale et de gris, ce qui les a fait appe- ler grisets ; le bec est d'un brun clair. Peu d'espèces présentent autant de variétés que celle-ci : outre celles qui proviennent, d'alliances forcées, il en est d'au- F R I >65 très qui sont dues à la nourriture , au chènevis surtout , à l'âge et a la domesticité. Le chardonneret à sourcils et front blancs. Cet oiseau est blanc où les autres sont rouges ; sur des individus cette couleur rem- place le noir de la tête. Sur quelques-uns le rouge est nuancé de jaune, et le noir paroît à travers ces couleurs. Le chardon- neret àtète rayée de rouge et de jaune , a été trouvé en Amérique. Le < harùuunrrct a capuchon noir un que de petites taches rousses sur le front; le dos et la poitrine sont d'un brun jaunâtre,! iris estjaunâtrc,lebecetlespiedssontcouleurdechair. Lechardon- nerel blanchâtre a la queue et les ailes d'un cendré-brun; le des- sus et le dessous du corps blancbâlres, et le jaune des ailes pâle. Parmi les chardonnerets blancs ( pl.enl. n.° 4, «g 2) 1 1 on voit des variétés totalement blanches ; d autres, ce sont les plus raies et les plus belles, ont la tète rouge et les ailes bordées de jaune. Sur le corps de plusieurs , les teintes sont plus ou moins mélangées de blanc. Parmi les chardonnerets noirs, lesuns sonttotalementnoirs, d'autres ont leur plumage varié de cette couleur. Ces variétés sont dues aux effets du chènevis, lois- qu'on le leur donne sans aucun mélange. 11 a la même in- fluence sur le plumage du bouvreuil et même de V alouette ; mais cette teinte n'est pas fixe, car Ion a vu des chardonnerets reprendre leurs couleurs primitives après la mue, et d'autres qui étoient totalement noirs, n'avoir plus que très-peu de piumes de celte teinte. Ces changemensd'une mue à l'autre sont plus sensibles , lorsqu'au chènevis l'on fait succéder le millet et l'alpiste. Chasse. — Les chardonnerets sont peu méfians et donnent dans tous les pièges; mais ils ne se prennent point à la pi- pée. Pour faire de bonnes chasses, il faut avoir pour appelons des mâles bons chanteurs. On les prend de diverses manières, à Yarbret ( V. Uouvreuil) ; avec des nappes oujilets à alouettes, mais à petites mailles ; au trèbuchet, dans les tendues d'hiver, et avec un filet ou rets-saillant. Ce filet se tend indistinctement en divers endroits , au bord d'un ruisseau ou d'une eau stag- nante , dans une allée de jardin , dans une cour. Cette chasse est très-commode , parce qu'elle exige peu de place , et que le filet se tire facilement sans qu'on ait besoin d'appeau ou de réclame ; il doit avoir la qualité et la grandeur d'une des parties de ceux qui servent aux alouettes , mais les mailles plus petites; plus il est large , meilleur il est; on lui donne, pour l'ordinaire , neuf ou dix pas de longueur; on nettoie une petite place pour faire une aire ; on y place le filet en long; on le fixe avec deux chevilles , l'une à la tête et l'autre au pied; on l'étend et on l'élargit; quand on veut le ployer , on i'approche de la parlie distendue, et on attache aux ï66 F R I deux bouts deux bâtons qu'on arrête à terre avec un peu de ficelle liée çà et là à deux autres chevilles, qui font leur effet en tirant la corde à la partie repliée; c'est ainsi qu'on élargit et qu'on détend totalement le filet. Pour le rendre stable , on tire par les deux bouts de la largeur du tiers ou au plus de la moitié , une corde en travers attachée à la seconde par- tie du filet repliée, et de l'attache du premier bâton doit par- tir la corde que l'oiseleur tirera aussi de travers. Cette corde sera arrêtée à une petite poulie ou à quelque cheville bien lisse, pour qu'elle puisse aller et venir aisément; l'oiseleur se tient couché ou caché, et quand il s'aperçoit que les oiseaux peuvent être recouverts par le filet , il le tire; après avoir serré sa proie , il replie le filet, et le couvre de manière qu'il ne puisse pas être aperçu des oiseaux. On jette non - seule- ment des graines dans l'aire , mais on place aux environs des moquettes et des appelons en cage que Ton suspend à un pieu ou aux branches voisines , s'il y en a dans le voisinage pour attirer les oiseaux à la place qu'on a choisie , on jette à manger plusieurs jours d'avance : parmi les appelans on en met de différentes espèces, et même plusieurs ensemble à qui Ton ne donne que très -peu à manger, surtout si l'on fait cette chasse vers le soir , afin qu'ils crient et se dispu- tent le peu daiimens qu'ils ont , comme ils font lorsqu'ils pâturent en commun ; on tient aussi en L'air quelques ap- pelans , attachés comme le chardonneret à la galère , et de ceux qui fréquentent .ordinairement le canton ; on envoie dans les environs des enfans pour faire lever les oiseaux et les tourner de manière qu ils dirigent leur vol vers le filet. La chasse usitée en Lorraine , est celle que l'on nomme chasse aux chardons; on la fait avec deux plumes ébarbées «le poulet ou de pigeon que Ton passe l'une dans l'autre en sautoir , après en avoir fendu une dans son milieu, et y avoir fait passer la seconde. On enduit de glu une partie de ces .sautoirs , et on les pose sur les têtes des chardons, et surtout des chardons à foulon , que les chardonnerets préfèrent ; on place auprès un mâle chanteur dans une cage couverte de branches; il appelle les oiseaux de son espèce qui viennent se poser et se prendre sur les sautoirs englués. Le Chardonneret acalanïue ou perroquet , Fringilla psittacea, Lath., pi. 3a des Oiseaux chanteurs. La Nouvelle-Ca- lédonie possède ce chardonneret, dont le plumage plaît autant , quoique moins varié, que celui du nôtre. Deux couleurs prin- cipales régnent sur son vêtement ; unbeau rouge écarlate do- mine sur la partie antérieure de la tête, les joues, la gorge, Je croupion et la queue; un vert de perroquet (c'est sans doute d'après cette couleur qu'on lui ena donné le nom) cou- F R I ,67 vre le reste de la tête, le*dessus , le dessous du corps, le bord extérieur des pennes alaires, dont un brun cendré teint l'antre partie; la queue est cunéiforme et brune à l'exté- rieur ; le bec noir : la taille de ce charmant chardonneret ne surpasse pas celle du sènégali rayé. Le Chardonneret d'Amérique ou du Canada. V. Char- donneret jaune. Le Chardonneret écarlate, Fringilla cocemea, Lath. , pi. 3t des Oiseaux chanteurs, se trouve dans les îles de Sandwich. Tout son plumage est d'un orangé foncé , très- brillant et tendant à la couleur écarlate; cette belle teinte borde les pennes des ailes et de la queue qui, dans le reste, sont noirâtres ; le bec est d'un brun pâle , et les pieds sont noirs ; taille du chardonneret d'Europe. Le Chardonneret jaune , Frtngilfa tristis, Lath. , pi. enl. 202 , f. 2 , le mâle sous son habit d'été. Cette espèce se trouve en Amérique, depuis le Canada jusqu'à la Caro- line et probablement jusqu'au Mexique ; mais elle est rare aux deux extrémités, c'est-à-dire, au nord et au sud des Etats - Unis, et très- commune dans l'état de New- Yorck. Cet oiseau est bien le vrai représentant de notre chardon- neret dans cette partie du nouveau continent : même cri , mêmes habitudes , même nourriture ; mais il en diffère par les couleurs et une taille un peu inférieure ; de plus , il subit deux mues par an , l'une à l'automne, et l'autre au printemps. Après la première , il y a peu de différence dans le plumage du mâle et de la femelle ; après la seconde , le mâle a le bec rougeâtre ; le front noir ; le reste de la tête 7 le cou , le dos et la poitrine d'un jaune éclatant ; le ventre , les cuisses , les couvertures supérieures et inférieures de la queue d'un blanc jaunâtre ; les petites couvertures des ailes jaunes à l'extérieur, blanchâtres à l'intérieur, et terminées de blanc; les grandes, noires et terminées de même; ce qui forme deux raies transversales sur les ailes, dont les pennes ont une frange blanche à l'extrémilé ; celles de la queue sont noires en dessus et cendrées en dessous ; les la- t.-. aies sont blanches à l'intérieur, vers le bout, et toutes sont terminées par un liseré blanc. La femelle se distingue facilement par sa tête et le dessus de son corpsqui sonld'unvert-olive, parlesraiestransversalesdes ailes quisont plus sombres, parle dessous du corps qui est plus pâle, parson ventre blanc et par son bec brun. Les jeunes lui ressemblent ; cependant leurs couleurs sont plus ternes. Les jeunes mâles ne prennent la livrée des adultes qu'au printemps; mais elle n'acquiert de l'éclat qu'après la 3.c mue. Les individus représenléssur la pi. enl. de Buffon , h.°2o,2 , ,G8 F R I f:g. i et 2 , sous la dénomination de tarins de la Nouvelle- Yorck , sont des mâles sous leur plumage d'hiver. Cette espèce niche sur les arbres et place son nid à l'extrémité des branches. Il est fait avec autant d'art que celui de notre chardonneret, et présente une forme aussi élégante. La ponte est de quatre œufs, d'un gris-de-perle. Cet oiseau porte , au Mexique , le nom de coztoiolt. Les Es- pagnols de celte contrée l'appellent canari. Le Chardonneret olivarez , Fiingilla mageïïanica , Yieill. ; Fringilla spimis , Var. , Lath. , pi. 3o des Oiseaux chanteurs. Cette espèce est répandue dans le sud de l'Amé- rique jusqu'au détroit de Magellan. M. de Àzara l'appelle gâfarron. Les Espagnols de Buenos-Ayres le nomment gilguem, et les Guaranis, parachi. Elle ne fréquente ni les bois ni les campagnes; elle s'approche des habitations en hiver, et se plaît dansles jardins. Ellefaitsonniddansleshalliers.Laponte est composée de trois ou quatre œufs blancs. A Buenos-Ayres où ces chardonnerets sont communs , ils nichent en cage. Le mâle a la tête, la gorge , la moitié des pennes alaires et caudales noires ; celte couleur forme deux bandes trans- versales sur l'aile , dont la partie antérieure est jaune, de même que le milieu des couvertures, le dessus et le devant du cou , la poitrine et les parties postérieures, l'autre moitié des ailes et de la queue; le Veste du plumage olivâtre ou d'un brun verdâtre ; le bec cendre ; la prunelle bleuâtre , et les pieds d'un gris noirâtre. Le mâle , décrit par M. de Azara , diffère en ce qu'il a du jaune sur les cotés de la tête , et qui va jusqu'aux oreilles , et le bec noirâtre. Les femelles ont le dessus de la tête d'un gris -brun ; les joues , la gorge et tout le devant du corps, jaunes ; le dos, le croupion , les couvertures supérieures de la queue et des ailes , variés de brun et d'olivâtre ; les pennes des ailes et de la queue noi- râtres ; des individus du même sexe ont le dessus de la tête d'un vert - olive , et nulle trace de brun sur les parties supé- rieures du corps. Longueur totale , quatre pouces et demi. Le Chardonneret perroquet. V, Chardonneret aca- lanthe. Le Chardonneret de Suède ou a quatre raies, Fiingilla lulensis , Lath. Cet oiseau, qu'on a trouvé en Suède, vers le golfe de Bosnie , n'est point un Chardonneret ni une es- pèce particulière, c'est, selon M. Meyer, une jeune fe- melle de l'espèce du pinson d' Ardennes. Le Chardonneret vert, Fringilla mella , Lath. , pi. 272, le mâle ; 128, la femelle ( Oiseaux d'Edmmls.) L'on est incer- tain eur le pays qu'habite cet oiseau : selon Linnseus , il se trouve à la Chine ; et Edwards, qui l'a vu vivant à Londres , F K I i6J dit que c'est au Brésil. Le mâle a le bec d'un rouge pâle , l'espace entre ce bec et l'œil nu el bleuâtre ; le front, (a gorge , les couvertures supérieures et les pennes de la queue d un rouge vif; le derrière de la fête, le dessus du cou , le dos el le croupion d'un vert jaunâtre ; les couvertures supérieures et les pennes secondaires des ailes verdâtres et bordées de rouge ; le dessous du corps rayé transversalement de brun, sur un fond qui est vert-olive sur la poitrine , et qui va tou- jours en se dégradant jusqu'au ventre qui est blanc ; les cou- vertures inférieures de la queue sont d'un gris cendré , ainsi que les pieds : grosseur du chardonneret commun. Le bec de la femelle est jaune pâle; le dessus de là tête el le dessus du cou sont cendrés, et les ailes d'un vert jau- nâtre , sans aucune teinte de rouge ; elle diffère encore en ce qu'elle a les pennes de la queue brunes, et bordées à l'extérieur d'un rouge vineux ; les couvertures inférieures blanches ; les plumes du dessous du corps bigarrées de rouge , de vert-jaune pâle , de blanc el de brunâtre , et les pîeds cou- leur de chair. La Linotte de montagne, Fringi/Ia montium, La'.h. , pi. 10 de Frisch, sous le nom de linotte à gorge jaunâtre. Cet oi- seau , que l'on a confondu tantôt avec le cabaret, tantôt avec la linotte proprement dite , et qui se trouve en double emploi dans presque tous les ouvrages d'ornithologie , est une es- pèce très-distincte , non-seulement par son plumage , mais encore par son genre de vie , son chant et son cri. Le mâle a la tète , le dessus du cou, le dos et les plumes scapulaires variés de brun foncé et de roussâtre ; cette dernière teinte ne s'étend que sur le bord de la plume ; les couvertures su- périeures des ailes brunes et terminées de roux , ce qui donne lieu à deux bandes transversales ; les pennes noi- râtres ; les primaires frangées de blanc à l'extérieur ; les pennes de la queue pareilles , mais les huit latérales sont bordées de blanc; le croupion d'un rouge cramoisi, pur pendant l'été , moins éclatant, et rayé longitudinalement de brun pendant l'hiver ; les joues, la gorge , le devant du cou roux ; les côtés variés de brun ; le ventre et les parties pos- térieures d'un blanc un peu lavé de roussâtre : la queue très- fourchue ; le bec jaunâtre dans l'hiver, blanc dans l'été ; les piedsetles ongles noirs. Longueur totale , cinq pouces quatre à six lignes. La femelle ne diffère du mâle que par son crou- pion roux et par une bordure blanche plus étroite dans l'aile et dans la queue. Cette espèce se trouve non-seulement en Angleterre, mais encore en Allemagne el en France où elle se montre depuis l'automne jusqu'au printemps. Elle ne pénètre guère dans 170 F R I nos contrées septentrionales que tous les cinq ou six ans ; elle y arrive , tantôt par troupes très - nombreuses, tantôt par familles de vingt ou trente individus, quelquefois en moindre quantité. On dit qu'elle niche sur les montagnes de la Suisse ; mais on n'en a pas de preuves positives. Les Anglais l'appellent linotte française , parce qu'ils croient qu'elle vient de nos contrées , lorsqu'elle paroît aux environs de Londres. Son chant est presque aussi agréable que celui de la linotte commune. On s'est trompé en lui donnant plus de grosseur qu'à celle-ci , et elle n'est pas du double plus grande que la petite linotte de vigne (Fringilla linarid), comme le dit Brisson , qui ne la décrit pas d'après nature, puisqu'elle n'a qu'environ six lignes de plus. La linotte à pieds noirs n'est point une variété de la linotte commune , ainsi que l'a cru Montbeillard, c'est un individu de l'espèce dont il vient d'être question. Enfin , des ornitho- logistes allemands rapprochent de la linotte de montagne le Pinson brun (Fringtila flariroslris) ; en effet , il a le bec de la même couleur, mais il en diffère essentiellement, si , comme le disent Latham et Gmelin, les plumes delà poitrine sont rouges à l'extrémité ; alors ce seroit plutôt un sizain. Le Serin de Mozambique, Fringilla ictera , Vieillot; fringilhi canaria, Var. , Lath. , pi. enl. , n.° 364, fig. 1 et 2. Quoique cet oiseausoit une espèce distincte àuserin deCa?iariey les méthodistes ont trouvé à propos de le présenter comme une variété, probablement parce qu'il estconnusous le même nom au Cap de Bonne-Espérance; mais il en diffère par la forme du bec, le chant et la taille, et n'a avec lui que quelques rapports dans les couleurs ; c'est pourquoi je le donne pour une es- pèce distincte, avec d'autant plus de motifs que j'en ai possédé plusieurs vivans. Ainsi que les sizerins en captivité , le mâle eherchoit, par ses caresses réitérées, à communiquer à la fe- melle ses désirs et ses feux , mais inutilement ; ce que j'at- tribue au défaut d'une chaleur convenable, car elle ne s'est jamais occupée de la construction du nid. Leur naturel est fort doux , et leur chant foible est loin d'avoir la mélodie de celui du serin. Sa taille est au-dessous de celle de cet oiseau , et sa longueur de quatre pouces et demi ; le jaune est la cou- leur dominante des parties inférieures , du croupion, des couvertures supérieures de la queue et de celles des ailes y dont les pennes sont bordées de jaunâtre ; le brun règne sur les parties supérieures, et se réunit avec le jaune pour former des bandes alternatives sur la tête; celle qui courtsur le sommet de la tête est brune , ensuite deux jaunes surmontent les F R I ,7« yeux ; puis deux brunes derrière , puis deux jaunes , et enfin deux brunes qui partent des coins du bec. La femelle diffère du mâle en ce que ses couleurs sont moins vives, et que ses ailes et sa queue sont bordées de blanchâtre. Ces serins ont été transportés à l'Ile - de- France, où ils se sont naturalisés, et où ils sont connus sous le nom vulgaire d'oiseaux, du Cap. (Commerson.) Le Tarin proprement dit, Fringilla spinus , Latb. , pi. enl. , n.° 485, fig. 3, a quatre pouces neuf lignes de longueur; le sommet de la tête noir; l'occiput, le derrière du cou, le dos, les plumes scapulaires d'une couleur d'olive jaunâtre ; le croupion de celte même couleur, mais plus décidée ; les petites couvertures du dessus de la queue jaunes ; les grandes d'un vert-olive , et terminées de cendré ; la gorge brune ; les joues, le devant du cou, la poitrine d'un jaune-citron ; le ventre d'un blanc un peu jaunâtre ; les plumes des côtés de cette dernière couleur, ainsi que les couvertures du dessous de la queue , avec un trait noir sur le milieu de la plume ; les pe- tites couvertures du dessus des ailes d'un vert- olive ; cette teinte termine les moyennes, qui sont en grande partie noires, de même que les grandes; ce qui forme sur chaque aile deux bandes d'un vert olivâtre ; les pennes noirâtres et bor- dées à l'extérieur d'olivâtre ; les deux intermédiaires de la queue pareilles ; les latérales jaunes ., terminées de noirâtre et bordées de gris ; le bec blanc , noirâtre à sa pointe ; les pieds gris ; la femelle a la gorge blanche , et les plumes noires de la tête bordées de gris. Longueur totale, quatre pouces quatre à cinq lignes. Les iân'ns , oiseaux de passage , ont dans leurs émigra- tions le vol élevé, de manière qu'on les entend plutôt qu'on ne les aperçoit. Ils sont très - nombreux dans les provinces méridionales de la Russie , et très- communs en Angleterre pendant l'hiver ; là , comme ailleurs, ils se plai- sent dans les lieux plantés à' aulnes. Ils arrivent dans nos contrées vers le temps des vendanges , se portent ordinaire- ment plus au midi , et reparoissent lorsque les arbres sont en (leurs ; mais ils n'y restent point pendant l'été , puis- qu'on n'y en voit point dans cette saison ; il est probable qu'ils se retirent dans des pays plus septentrionaux ou dans tes mandes forêts situées sur les hautes montagnes; ce qui est coiffiriné par Sonnini dans son édition de l'Histoire na- turelle de Buffon. « Je sais , dit-il , à n'en pouvoir douter , que les tarins nichent sur les plus hautes montagnes des Vosges lorraines , et particulièrement sur celle que Ton ap- pelle le Donon. Ils passent dans la plaine au printemps , pour se rendre à cette chaîne de montagnes, aussi bien i72 FBI qu'en Suisse et en Franche- Comté ; lis en descendent après les couvées , en septembre et octobre. » Ces individus qui nichent dans le Nord , le font à la cime des pins et des s spins. La ponte est de quatre ou cinq œufs d'un gris-blanc, et tachetés de rouge. Les tarins ont, dans leurs habitudes, des rapports avec les s'zerins; comme eux ils se suspendent à l'extrémité des bran- ches, et préfèrent la graine de Y aulne; ils se rapprochent des chardonnerets , en leur disputant la graine de chardon : le chènevis est pour eux une nourriture de choix, mais ils en paroissent, surtout en captivité, plus grands consomma- teurs qu'ils ne le sont en réalité , par l'habitude qu ils ont décorcher une grande quantité de graines sans les manger. Dans leur passage en Allemagne , en octobre , ils portent préjudice aux propriétaires des houblonnières en mangeant alors les graines de houblon ; en France ils font tort aux pommiers en pinçant leurs fleurs. Le chant du tarin n'est point désagréable , mais il est très- inférieur à celui du chardonneret ; on lui accorde la faculté de s'approprier assez facilement le ramage du serin , de la li- notte , etc., s'il est dans le premier âge et à portée de les en- tendre ; de plus, il a un cri particulier qu'il jette souvent, et qui est pour ces oiseaux celui de rappel. Quoique pris dans 1 âge adulte, il s'apprivoise facilement et devient même aussi doux qu'un serin ; d'un naturel docile , il ap- prend à aller à la galère , et on peut même 1 accoutumer à venir se poser sur la main au bruit dune sonnette ; il ne s'agit que de la faire sonner dans les commencemens chaque fois qu'on lui donne à manger. Vif et gai, il est toujours éveillé le premier dans la volière , et est aussi le premier à gazouiller et à mettre les autres en train ; aussi les oiseleurs l'appellent vulgairement boute-en-lruin. Ce petit captif a les mœurs si douces , qu'il ne cherche querelle à aucun de ses compagnons , et cède assez promplement quand on lui en intente ; mis dans une volière où il y a plusieurs oiseaux d'espèces différentes , il en prend un en affection , lui dé- gorge la nourriture ; mais il donne la préférence à ceux de ta race , mâle ou femelle. On a remarqué qu'il y a une grande sympathie entre le tarin et le serin; elle est telle, que si on lâche un tarin dans un endroit où il y ail des canaris avec d'autres oiseatfc , il ira droit à. eux, s'en approchera autant que possible, et que ceux-ci le rechercheront avec empressement. Le mâle ou la femelle s'apparie facilement avec eux; l'on prétend même que la femelle le fera plutôt que le mâle, qui cependant, lorsqu'il a plu à une femelle serine, partage tous ses travaux avec beau- F R I coup de zèle , aide à la construction do nid en lui portant les matériaux et les employant même ; enfin , il ne cesse de lui dégorger sa nourriture, tandis qu'elle couve ; mais , maigre" toute celte bonne intelligence , il résulte souvent de lenrumon des œufs clairs. Le peu de métis qui en proviennent, lient du père et de ia in ère. Les tarins en captivité vivent jusqu'à dix .ois, et sont peu sujets aux maladies, si ce n'est à la gras-fondure , lorsqu'on ne les nourrit que de chènevis ; c'est pourquoi il vaut mieux les accoutumer au millet et à la navelle. Chasse aux Tarins. — Un oiseau qui ne cherche point à nuire , et qui est sans défiance , donne plus facilement dans les pièges qu'on lui tend ; tel est le tarin : il se prend à tous gluaux , trébuchels , filets , même aux pièges les plus grossiers. Une cage dans laquelle est un mâle pour servir d'appeau, et que l'on entoure de plusieurs hâtons de cinq à six pieds de long, et fichés à terre dans une position verticale ; de bètfts gluaux couchés sur les bâtons et fixés dans des entailles que Ion y a pratiquées, sont tous les préparatifs de cette petite chasse , que 1 on fait avec succès dans quelques cantons de la Lorraine. On a observé dans l'espèce du tarin , une variété qui avoit le sommet de la tète jaunâtre, et le reste du plumage noi.. li suffit , pour que ces oiseaux noircissent, de toujours les nourrir avec du chènevis. On dit que ce tarin se trouve en Silésie. Montbeillard fait la description d'un autre qu'il soup- çonne être un inélis de tarin et de canari. Enfin, on donne pour variété de climats, le tarin de la Nouvelle- Yorck , pi. enl. n.u 292 , fig. 1 el 2 , mâle et femelle ; mais c'est une méprise, car on ne trouve point noire tarin dans l'état de New-Yorck et dans aucune autre contrée de l'Amérique septentrionale. Ces prétendus tarins sont des chardonnerets jaunes. Il est vrai qu'à une des époques où ceux-ci changent de plumage , on peut s'y méprendre. Le mâle figuré dans Buffon , est un vieux mâle chardonneret jaune en mue, et la femelle un au- tre mâle moins avancé en âge ; c'est pourquoi ses couleurs sont plus faibles ; cependant , tous les deux sont adultes , car les jeunes mâles de cette espèce ne prennent leurs cou- leurs dislinctives qu au printemps. Le Tarin bleu d'acier, Fringilla splcndens, Vieil \., fringilla nitens, var. Lat. , pi. 1 , enl. de liuff. , n.° 224. , fig. 3 ° 3e trouve à Cayenne ; il diffère de notre tarin en ce que son bec est carène en dessus ; il est totalement noir à reflets d'un bleud acier poli. Le becet les pieds sont d'un noir mal ; taille à peu près du Jriquet. On a donné cet oiseau pour une variété du combasou, appelé improprement moineau du Brésil , pni pi H i74 F R I ne se trouve qu'en Afrique ; mais la couleur et la forme de soil bec suffisent, ainsi que la teinte des pieds, pour ne pas le confondre avec cet oiseau. En effet, chez ce tarin le bec est plus haut que large, caréné en dessus, à pointe droite grêle et comprimé, tandis que le combasou Ta blanc, arrondi en dessus à pointe inclinée et nullement comprimé. Enfin , celui-ci a un vrai bec de moineau. Ses pieds sont couleur de chair et son plumage jette des reflets , plus prononcés et plus éclatans. Le YeïSTV R.OH ,Fringilla citrinella; ernbenzu brumalis , Lalh. pi. enl. de Buff. , 658, fig. 2. Cette espèce se trouve dans toute l'Italie , en Grèce , en Turquie , en Autriche , en Pro- vence , en Languedoc , en Espagne , en Portugal et quel- quefois en Lorraine ; mais il y a des années où elle est fort rare dans nos contrées méridionales. Le mâle a un chant agréable et varié , mais moins beau et moins clair que celui du serin de Canarie.En Italie , celte espèce fait son nid non- seulement à la campagne , mais encore dans les jardins, sur les arbres touffus , particulièrement sur les cyprès , le cons- truit de laine , de crin et de plume ; la ponte est de 4 à S œufs. Le mâle s'allie facilement à la femelle canari , et il en résulte des métis dont la race ne peut, dit-on, se perpétuer. Le plumage du venturon présente un mélange de brun et de vert jaunâtre sur la tête , le dessus du cou, le dos et les scapulaires ; la couleur brune tient le milieu de la plume ; la gorge , le devant du cou , la poitrine , le haut du ventre et les flancs sont d'un vert-jaune, mais plus clair sur le crou- pion et sur les couvertures supérieures de la queue , dont les inférieures sont blanchâtres , ainsi que le reste du ventre et des jambes : les petites couvertures des ailes sont vertes, les grandes, noirâtres et bordées de vert, de même que les pennes et celles de la queue ; le bec est brun ; les pieds sont couleur de chair pâle et les ongles noirâtres ; taille inférieure à celle du serin de Canarie. Cette espèce est un double emploi , ayant encore été décrite sous le nom de bruant du Tyrol. B. FRINGiLLEs , dont le bec est à pointe courte et peu aiguë ; paroissant ( vu en dessus ) dilaté et un peu aplati près du capis- irum ( Bengalis et sénégalis. ) L'Azu ROUGE, Fringil/a bicolor , Vieill., pi. ig, des Oiseaux chanteurs , est de la taille du grenadin et se trouve dans les mêmes contrées de l'Afrique. La tête, le cou, la gorge, le dor# le croupion et les couvertures supérieures de la queue sont d'un violet éclatant à reflets bleus ; un trait bleu part du bec , enveloppe l'œil et le dépasse ; les ailes sont d'un beau mordoré et bordées en dehors d'une nuance plus claire ; les pennes caudales noires en dedans et frangées de bleu du côté extérieur ; le bas-ventre et les couvertures inférieures de la F R I î75 tmeuc de la dernière couleur, la poitrine , le venlrc et le bec rouges, les pieds d'un rouge pâle. Le Bengali amandava ou piqueté, Fringilla amandavaf Lalh., pi. i et 2 des Ois. chant. \Jamandaoa réunit tout ce qui peut plaire :à une taille élégante, à un ramage agréable, il joint un riche plumage, dont les couleurs varient plusieurs fois dans l'année, ce qui a donné lieu à des méprises ; telles que de le présenter, sous le nom àchcngali brun, pour une espèce parti- culière ; de donner le mile pour la femelle , lorsqu'il étoit sous son plus modeste vêtement. Il a dans sa jeunesse, la tèle et toutes les parties supérieures de couleur brun?; la gorge blanchâtre ; le devant du cou et le dessous du corps de la même couleur chez les uns, d'un jaune sale chez les au- tres ; les couvertures des ailes parsemées de quelques points blancs ; les pieds jaunâtres et le bec brun. Lorsqu'il est dans la saison des amours, le bec, les pieds, la tête , le dessus et le dessous du corps, sont d'un rouge foncé ; cette teinte se rembrunit sur les pennes des ailes et se change en noir sur relies de la queue, dont les latérales sont terminées de blanc ; cette dernière couleur est encore indiquée par des {>oints plus ou inoins grands sur les paupières et sur toutes es couvertures alaires et caudales , sur les pennes secon- daires et sur les Bancs ; enfin, un trait noir est à l'origine de la gorge. Tel est l'oiseau représenté sur la pi. i , indiquée ci-dessus. Le même, en habit d'hiver, pi. 2 , a le dessus de la tète et du corps, les cotés du cou et le croupion bruns; les plumes qui recouvrent la queue en dessus, d'un rouge rembruni ; le front, les joues et le menton , d'un jaune foi- ble , teinté de rouge ; le devant du cou d'un gns-blanc lavé de jaune sale ; la poitrine, le ventre, les couvertures et les penues des ailes , d'un brun foncé ; le bas-ventre et le dessous de la queue noirs ; les flancs , les couvertures supérieures de la queue et quelques pennes secondaires piquetées de blanc. Des individus ont encore des points pareils sur les côtés du cou ; d'autres ont des teintes plus ou moins foncées ; quel- ques-uns ont la poitrine et le ventre noirâtres ; sur plusieurs ces couleurs sont tellement mélangées pendant l'une ou l'au- tre mue, qu'on ne sauroit en donner une idée parfaite. Enfinr sur le même oiseau , et d'une année à l'autre , elles varient dans leurs nuances, et les points blancs ne conservent pas toujours leur même position. La femelle mue aussi plusieurs fois, et chaque mue est accompagnée d'un changement dans les couleurs , dans la distribution des points ; mais sa livrée est en tout temps moins belle que celle du mâle. On trouve cette espèce au Bengale , à l'Ile-de-France, et dans diverses autres contrées des Grandes-Indes. La femelle ,76 F R T est douée d'une faculté rare dans les oiseaux ; elle exprime ses désirs amoureux par un ramage qui n'est pas sans agré- ment, quoique moins fort cl moins varié que celui du mâle. Le Bengali brun. V. Bengali amandata. Le Bengali CENDRÉ, FvingiUa cinerea, Vieill., pi. 6 des Oiseaux chanteurs , habile l'Afrique. Toutes ses parties supé- rieures sont d'un gris cendré , plus foncé sur les pennes alaires; le croupion, les pennes elles couvertures supérieures de la queue sont noirs, les couvertures inférieures blanches, ainsi que le bord des six pennes latérales; les joues , la gorge et le devant du cou, sont gris; celte couleur prend sur la poitrine et sur le haut du ventre, une teinte couleur de chair à laquelle succède sur la partie postérieure un rose vif qui s'étend jusqu'à l'anus; le bec, les sourcils et les pieds sont rouges; le dessus et le dessous du corps sont traversés par de très-petites lignes brunes. Taille du Sénégali à ventre rouge. Le Bengali chanteur. V. ci-après l'article de la Linotte. * Le Bengali a cou brun, Fringilla fusclcollis , Lalh. Cette espèce , qui habite la Chine , a le bec rouge ; le sommet de la tête.; le croupion et le bas-ventre, verts; un trait blanc près des yeux , et passant en arrière ; la gorge d'un brun pâle ; au-dessous d'elle une grande moucheture cendrée ; en- suite , une tache roussâlre ; le dos gris-de-fer; les ailes noi- râtres; une tache jaune vers l'origine des pennes; la queue moitié jaune , moitié noire ; les pieds jaunes. Sa longueur totale est d'environ quatre pouces. Le Bengali enflammé, Fringilla ignata, Lalh., pi. A. 21 de ce Dictionnaire. Cet oiseau est de la taille de la linotte. Le bec est noirâtre et jaunâtre à sa base. La couleur générale de son plumage est d'un rouge-brun éclatant, mais sombre sur le bas-ventre ; les pennes des ailes et de la queue sont noirâ- tres; celle-ci est cunéiforme; les pieds sont de couleur de chair. La femelle a du brun-pâle pour couleur dominante ; le front et un trait entre le bec et l'oeil , rouges ; la queue rougeâtre , terminée de noirâtre et étagée comme celle du mâle. L'on trouve celle espèce près de la rivière de Gambie, sur la cote occidentale de l'Afrique. Le Bengali gris-bleu, Fringilla cœrulcscens^ Vieill., pi. 8 des Oiseaux chanteurs. Le gris bleuâtre qu'offre la plus grande partie de son plumage , s'éclaircit sur la gorge et prend par gradation un ton plus foncé sur les parties postérieures jus- qu'aux plumes de l'anus qui sont d'une nuance encore plus chargée. Ce gris bleuâtre est coupé, entre le bec et l'œil , par un petit irait noir ; le bec , le bas du dos , le croupion et toutes les couvertures de la queue sont rouges ; les pennes caudales d'un brun rougeâtre en dessus, et d'un gris foncé en F R I ,77 dessous; les pieds bruns. Il se trouve sous là Zone Torride et sous les latitudes voisines des Tropiques. Taille du bengali rouge. Le Bengali impérial, Fringilla imperialis , Lalli. Cet oi- seau, qu'on trouve à la Chine, est de la grosseur du bengali piqueté, et long d'environ trois pouces quatre lignes. Le bec est d'un rouge-brun ; le sommet de la tète et toutes les parties inférieures du corps sont jaunes ; un gris-de-fer nuancé de couleur rose couvre les supérieures, et une teinte noirâtre domine sur les ailes et la queue : cette dernière est courte ; les pieds sont pareils au bec , mais la couleur est plus pâle. Le Bengali a joues orangées, Fringilla melpoda,\\ç\\\. , pi. 7 des Oiseaux chanteurs. Il a été trouvé dans l'Inde , et sur la cote occidentale de l'Afrique. Uire bande d'un orangé foncé passe au-dessus de l'œil et s'étend sur la joue ; les plumes du bas-ventre présentent la même couleur, mais d'un ton plus jaune ; la tète est d'un gris qui devient roussâtre sur le cou et sur le dos, prend une nuance plus foncée sur les pennes alaires et caudales et se fond dans le rouge rembruni du croupion et des couvertures supérieures de la queue, dont les pennes latérales ont à l'extérieur un liseré blanc ; la gorge et le devant du cou sont d'un gris-de- fer qui s'obscurcit sur la poitrine, prend un ton roussâtre sur le ventre et reparoit avec la même pureté sur les flancs et sur les plumes du dessous de la queue ; le bec et les pieds sont rouges. Taille du petit bengali rouge. Le Bengali mariposa , Fringilla bcngalemis , Latb. , pi. 3 des Oheaux chanteurs. Ciueueau de Montbeillard a réuni sous les noms de Bengalis et de Sénégalis , une famille de petits oiseaux qui se trouvent en Afrique et en Asie. D'après leurs noms , l'on se tromperoit si l'on croyoit que les premiers n'habitent que le Bengale , et les seconds que le Sénégal ; car l'on trouve les uns et les autres dans les deux pays : de plus , ils sont répandu^ dans toute l'Afrique , à la Chine , dans les îles de France, de Madagascar, de Java, etc. Leur nombre a été augmenté depuis Buffon, ou plutôt on a donné le nom de bengalis et de sénégalis à presque tous les petits oiseaux grani- vores qu'on rencontre en Afrique et dans l'Inde; mais comme il s'en trouve parmi ceux-ci que je n'ai pas vus en nature , ni figurés ; je n'ai pu m'assurer s'ils avoient le bec conformé de même que les vrais bengalis, c'est pourquoi je les ai placés parmi 1rs fringilles que j'ai isolés ci-après. Ces charmans oiseaux , qui plaisent par leur forme , leur taille élégante , leur naturel social , qui font l'ornement de nos volières par leur beau plumage , et qui intéressent par la douceur de leur ramage , sont un tléau pour le cultivateur afri- i78 F R I cain. Aussi destructeurs , aussi familiers que nos moineaux, ils se jettent par troupes nombreuses dans les champs semés de millet, où en peu de temps ils font de grands dégâts ; car ces oiseaux, les plus petits des granivores , consomment plus que de plus grands qu'eux, surtout de cette graine qu'ils pré- fèrent à toutes les autres. Tous les voyageurs ayant confondu sous les noms de bengalis etàesénégalis, beaucoup d'espèces, moineaux, gros-becs, ou veu- ves, desquelles plusieursmuentdeux ettroisfois pendant la mê- me année, et qui à chaque mue changent de couleurs, l'on a cru que ces oiseaux dévoient tous présenter des teintes différentes après chaque mue, et muer plusieurs fois pendant l'année. Il en est autrement: plusieurs espèces (le bengali mariposa, lesènégali rouge, lesènégali rayé, etc.) ne font en Afrique qu'une seule mue, et ne changent point de couleurs. C'est donc une erreur de croire que la constance des teinteset qu'une seule mue annuelle sont duesàl'influence de notre climat; de ce climat qui n'a nul- lement influé sur les espèces qui , en Asie et en Afrique , muent deux et même trois fois , telles que le sénégali piqueté y le moineau à bec rouge , le moineau bleu , le moineau cardinal, les veuves, qui , en Europe, continuent de muer deux fois par an pendant toute leur vie. Peut-être cette méprise pro- vient-elle de ce que la plupart de ces petits oiseaux qu'on apporte du Sénégal sont des jeunes sous leurs couleurs primitives; couleurs ternes, auxquelles succèdent à leur pre- mière mue en Europe, des teintes nouvelles et brillantes qu'ils ne quittentplus , comme font ceux cités précédemment, pour reprendre leur premier habit. J'ai eu occasion d'observer et de suivre pendant près de quinze ans un grand nombre de ces oiseaux , et je ne me suis jamais aperçu des effets du climat sur leur mue et leur plumage. Ceux qui , dès la pre- mière année , ont fait deux mues , ont continué de les faire pendant toute leur vie. Il est vrai qu'elles n'arrivent pas, pour tous , aux mêmes époques : les uns muent plus tôt, les autres plus tard ; cela me paroît dépendre de la saison des pluies du pays où ils sont nés. Le man'posa a une espèce de croissant couleur pourpre au-dessous des yeux; la tête, le dessus du cou , une partie du dos , les couvertures des ailes d'un joli gris ; le reste du dos, le croupion, la gorge , le dessous du cou, la poitrine, le ventre et les couvertures inférieures de la queue d'un bleu clair. Dans quelques individus, ces dernières parties sont pa- reilles au dos , mais d'un gris plus clair ; dans d'autres , ce même gris a une teinte de rouge sur le ventre ( on trouve ceux-ci dans l'Abyssinie); les pennes des ailes sont brunes à l'inté- rieur, et grises à l'extérieur ; celies de la queue du même bleu que la f;orge ; le bec est rougeâïre dans les uns , blan- châtre dans les autres , excepté sur les bords des mandibules, qui sont noirâtres; les pieds elles ongles sont de cette couleur; longueur totale , quatre pouces huit à neuf lignes. Edwards décrit deux de ces oiseaux qui offrent des nuances un peu différentes. 11 paroît que leurs couleurs varient, selon le pays qu'ils habitent ; mais ces foibles dissemblances ne per- iiitltinl pas de les donner, comme étant de différentes races. Les oiseleurs appellent Cordons bleus , [es oiseaux de cette espèce qui n'ont point de croissant sur les cotés de la tète, et qui ont des teintes moins vives. Des naturalistes font de d>s cordons bleus , des variétés du précédent; tandis que plusieursles regardent comme une espèce particulière. Bruce et quelques voyageurs les désignent pour les femelles de ceux qui ont un croissant. J'ajouterai à cela que je ne les ai jamais entendus chanter, et que les autresontun ramagefortagréable; que parmi les man'posa qui se sont accouplés chez moi , où ils ponvoient choisir leur compagne , étant dans la même vo- lière , les mâles ont toujours été les individus qui portent un croissant , et les autres des femelles. Ces dernières parois- sent plus nombreuses , parce que les jeunes mâles leur ressemblent jusqu'à leur première mue. Ces oiseaux sont très-sensibles au froid , qui en fait périt" beaucoup, surtout pendant ta première année de leur séjour en France; mais une fois acclimatés, ils vivent huit à dixans. I ls nichent en captivité, depuisdécembre jusqu'en mai , époque où ils changent de plumes , ce qu'ils ne font qu'une fois par an. Ils placent leur nid dans la partie la plus fourrée des ar- bustes , lui donnent la forme d'un melon , et le composent d'herbes sèches à l'extérieur , de coton et de plumes à l'inté- rieur. L'entrée est sur le coté, garnie de flocons de colon, attachés de manière que la femelle s'en sert, quand elle sort, pour cacher l'ouverture. La ponte est de quatre à cinq œufs blancs , de la grosseur de ceux du troglodyte. La chaleur né- cessaire en France, pour faciliter la ponte et l'incubation, est de vingt-cinq degrés. Le Bengali PERRÉIN ( Fringilla Perrei ni.) Le nom que j'ai donné à ceite espèce , est celui de l'estimable et zélé naturaliste , qui le premier l'a fait connoître. Il l'a trou- vée a Malimbc , dans le royaume de Congo et Cacongo. Un gris cendré bleuâtre est la couleur de la tète el de toutes les parties inférieures du corps; mais elle est plus claire sur la gorge et la poitrine , plus foncée sur l'abdomen , noirâtre sur lcbas-ventreetsur les couvertures inférieures delà queue. Celte dernière teinte couvre les pennes alaires et caudales; un Irait noir sépare l'œil du bec ; le dos , le croupion et les couvertures supérieures de la queue sont d'un beau rouge 180 F R I sanguin ; l'iris est noir -, le bec , les pieds et les ongles sont de couleur d'ardoise. Longueur totale , trois pouces et demi. Le Bengali piqueté. V. Bengali amandava. Le Bengali a tète d'azur , Fringîlla picta , Lath. La longueur de cet oiseau est de trois pouces huit lignes : un bleu pâle couronne la tête : le bec , le devant du cou , la gorge , la poitrine et les couvertures inférieures de la queue sont rouges ; le venlre est d'un cendré pâle ; une teinte tirant sur le pourpre, couvre les petites couvertures des ailes et le haut du dos ; le bas du dos et le croupion sont jaunes ; les ailes et la queue bleues ; les pieds rouges. Il habite la Chine. Le Bengali tigré. V. Bengali piqueté. Le Bengali vert , Fringilla viridis, Vieill. , pi. 4 des Oi- seaux chanteurs, se trouve sur la côte occidentale de l'Afri- que, Il a le bec et les pieds rouges ; l'œil placé au centre dune raie de même couleur ; la tête d'un gris-de-fer , foi- blement teint de verdâtre ; le dessus du cou et du corps, les ailes et la queue, d'un vert-olive ; les joues, la gorge , la poitrine et les parties postérieures d'un gris nuancé de rouge très-pâle , qui prend un ton plus décidé vers l'anus ; taille du sénégali à ventre rouge. Le Grenadin, Fringilla granatina , Lath., pi. 17 et 18 des Oiseaux chanteurs. Ce bel oiseau des côtes de l'Afrique , et non pas du Brésil , comme le dit Edwards, a le bec et le tour des yeux d'un rouge vif ; une grande tache bleue sur les côtés de la tête ; une tache brune entre le bec et l'œil; la queue et le haut de la gorge noirs ; celle - ci d'un brun ver- dâtre dans des individus ; la partie inférieure du dos , le croupion , le ventre et le bas - ventre d'un bleu - violet ; les pennes des ailes d'un gris-brun ; celles de la queue, noires ; le reste du plumage d'un brun mordoré; les pieds d'une couleur de chair; les pennes alaires d'un brun pourpré en dehors et d'un brun sombre en dedans longueur , cinq pouces un quart. Le dos est varié d'un brun verdâtre , et le bec entouré à sa base de bleu-violet chez des individus. La femelle a le dessus de la tête , du cou , du corps et des ailes d'un gris-brun ; les côtés de la tête et le front d'une teinte lilas ; le croupion et les couvertures supérieures de la queue bleus; toutes les parties inférieures d'un fauve pâle ; les pennes alaires et caudales de la couleur du dos ; les deux latérales de la queue ont du fauve à l'extérieur, et les autres du bleu. Latham fait mention de plusieurs variétés ; l'une a la partie postérieure du corps violette; une autre a les plu- mes du bas-ventre et des jambes de la même couleur que le corps, une autre la queue rougeâtre. Le ramage du grenadin est foible , mais agréable. Comme le moindre F R I ,8. froid lui cause la mort dans nos contrées , on doit le tenir chaudement, si l'on veut l'y conserver, avec d'autant plus de motifs qu'il est très-délicat. Le SÉNÉGALI A COURONNE BLEUE , Fringilla cyanocephala , Lath. , pi. 24 des Illustr. de Miller, a environ sept pouces de longueur ; le bec noirâtre et bordé de rouge ; le tour des yeux, blanc; le dessus du cou et le haut du dos d'un brun rougeâtre , le bas du dos , le croupion et le sommet de la tête bleus ; les parties inférieures jaunes ; le bas-ventre blanc ; les grandes couvertures des ailes bordées de cette couleur ; les pennes et celles de la queue noires ; les pieds d'un brun pâle. On le trouve au Sénégal. Le Senégxli danbik, que le chevalier Bruce dit très-com- mun dansl'Abyssinie, est donné parBuffon comme une va- riété du sénéguli rouge. Sa taille est la même; la couleur rouge qui règne sur toutes les parties antérieures ne descend pas jusques aux jambes comme dans le sénégali rouge, mais elle s'étend sur les couvertures des ailes où 1 on aperçoit quelques points blancs ainsi que sur les côtés de la poitrine ; le bec est pourpré , ses arêtes supérieure et inférieure bleuâtres, et les pieds cendrés. La femelle est d'un brun presque uniforme , et n'a que tres-peu de pourpre. Le Sénégali dufresne , Fringilla Dufresni , V. Taille du sénégali piqueté ; tête et nuque d'un gris sombre ; menton noir avec quatre taches d'un gris blanchâtre; gorge, devant du cou et parties postérieures de ce même gris , milieu du ventre un peu teinté de rouge vermillon; dessus du cou, haut du dos, couvertures supérieures des ailes, etlebord extérieur des pennes d'un vert-olive foncé; rémiges noirâtres;bas dudos, croupion et couvertures supérieures de la queue couleur de feu ; queue noire ; bec assez épais , noirâtre en dessus , jaunâtre en dessous ; pieds d'un rouge-brun. Cet oiseau fait partie de la belle et nombreuse collection de M. Dufresne. Le Sénégali a front pointillé , Fringilla frontulis , V. ; la lia fronltilis, Lath. , pi. 16 des Oiseaux chanteurs. Cette espèce s'éloigne un peu des autres par un plumage plus ef- filé et des couleurs moins agréables ; il est aussi plus déli- cat , quoiqu'il annonce un tempérament plus robuste. On parvient difficilement à l'accoutumer à notre climat, car il est très- sensible au froid. Difficile dans le choix de ses ali- mens , il refuse , dans les premiers temps de sa transplanta- tion, toute autre graine que le millet du Sénégal. Son na- turel estdoux et social; mais il ne se plaît qu'avec les oiseaux de son espèce. On l'entend rarement chanter en captivité , sans doute parce qu'il ne trouve pas la nourriture et la chaleur qui lui conviennent. Le mâle a quatre pouces et demi de longueur ; le front ,% F R I noir et pointillé de blanc ; deuxmoustaches près des yeux, de même couleur et variées de même ; le dessus de la tête et la nuque orangés , le sinciput piqueté de noir; le dessus du, corps et du cou, les pennes alaires et caudales d'un gris fer- rugineux , tirant au brun sur le milieu de la plume ; les cô- tés du cou et les flancs gris; le bec, la gorge et les par- ties postérieures blancs ; les pieds couleur de chair. La fe- melle diffère du mâle en ce qu'elle a le sommet de la tête et l'occiput d'une teinte de cannelle claire; les plumes du dessus du corps brunes et bordées de blanc ; les côtés du cou et les flancs de cette dernière couleur. Le SÉNÉGALI A GORGE NOIRE, Fringilla atricollis , Vieill. Cette nouvelle espèce se trouve au Sénégal et n'est pas rare dans le royaume de Gambie; elle a trois pouces un quart de longueur totale ; le front , les joues et la gorge noirs ; le dessus du corps , les pennes des ailes et de la queue d'un cendré sombre , les plumes de la poitrine et du ventre d'une nuance plus claire avec des lignes transversales noires et blan- ches ; les couvertures inférieures delà queue blanchâtres; le bec noir en dessus , rouge en dessous ; les pieds cendrés dans l'oiseau mort. L'individu qui a servi pour cette descrip- tion est dans la collection de M. Bâillon. Le SÉNÉGALI A MOUSTACHES NOIRES, Fringilla etythronoios , Vieill., pi. i/+ , se trouve dans l'Inde. Il a une tache noire qui passe sous l'œil et couvre les joues; la tète , le cou , la gorge, les couvertures supérieures et les pennes secondaires des ailes ont des raies transversales brunes sur un fond gris ; les flancs, le dos, le croupion et les couvertures supérieures de la queue sont d'un beau rouge ; les inférieures et les pen- nes, le milieu du ventre et les plumes de l'anus sont noirs; les pennes primaires des ailes brunes ; les pieds d'un rouge rembruni ; le bec est noir en dessus et d'une teinte plus claire en dessous. Cet oiseau est de la grosseur du sénégali rouge, mais d'une taille plus allongée. Le SÉNÉGALI A MOUSTACHES ROUGES, Fringilla rnysiacea , Daudin. La grosseur de cet oiseau, qui se trouve à la Co- chinchine , est celle du troglodyte , et sa longueur est de trois pouces dix lignes ; un trait d'un rouge vif, passe au-dessus des yeux, et un autre de la même couleur, placé de chaque côté au coin de la bouche , y forme de petites moustaches; la tête , le dessus du cou et le bec , à l'exception de sa pointe noire , sont d'un brun rougeâtre ; le dessus du corps, les ailes et la queue est d'un brun légèrement nuancé de verl-olive; la gorge et le devant du cou, d'un gris pâle; le dessous du corps d'un gris blanchâtre; les pieds sont d'un incarnai pâle et les ongles grisâtres. F R I |8S Le SÉNÉGALI QUINTICOLOR , Fringilla quinticulor , Yieill., pi. i5 dos Oiseaux chanteurs, habite la Nouvelle-Hollande. Cinq couleurs dominent sur son plumage; un gris bleuâtre sur la tête et sur toutes les parties inférieures du corps, mais il est plus foncé sur le sincipul ; un beau rouge sur le crou- pion et sur les sourcils; un vert-olive sur le cou, le dos, le bord des extrémités des pennes alaires ; un brun terne sur les barbes internes de celles-ci; un noir mat sur la queue ; le bec est rouge avec une raie noire sur le dessus , et une tache de la même teinte en dessous ; les pieds sont, couleur de chair. Taille un peu supérieure à celle du sénégall astrild. Le SÉNÉGALI ROUGE , Fringilla senegala, pi. 9 des Oiseaux chanteurs, a le dessus de la tète et du cou d'un gris verdàtre , à reflets légers tirant sur le violet ; le dos , les ailes d'un gris olivâtre ; les pennes brunes en dedans; les côtés de la tête et du cou, le croupion, les couvertures supérieures de la queue, la gorge, les parties postérieures , rouges ; de pe- tits points blancs sur les côtés de la poitrine et sur les flancs; les couvertures inférieures de la queue et les pennes noires: le bec d'un gris noirâtre ; les pieds d'un brun-roux : tel est le mâle qui est figuré dans l'ouvrage cité ci-dessus. Mais il paroît que le plumage des mâles n'est pas tout-à-fait le même pour tous; car celui de la pi. enl. n.° i5y, f. 2, est , d'après la description, d'un rouge vineux sur la tête , d'un brun ver- dàtre sur le bas-ventre et sur le dos; les pieds sont gris ; le bec est rougeâtre ; des individus n'ont de points blancs que sur les (lancs. Longueur totale , environ quatre pouces. La femelle est brune en dessus, d'un roux teinté de rou- geâtre , où le mâle est rouge, d'un blanc sale sur le ventre, et est privée, ou à peu près , des points blancs de la poitrine et des lianes. Cette espèce se trouve au Bengale. Avec des soins et quelques précautions , j'ai eu le plaisir de faire multiplier ces jolis oiseaux sous notre climat , et je suis bien convaincu qu'en les soignant de la manière que j'ai indiquée pour les bengalis, l'on parviendroit à les naturaliser et à les rendre aussi familiers que les serins. Les jeunes ont le même plumage que la femelle, et naissent couverts de duvet. Le sénégali qu'on a trouvé à Cayenne me paroît appartenir à l'espèce suivante , mais je ne le juge que d'après son plumage et la couleur totalement rouge du bec et des pieds; car Montbeillard ne fait pas mention de la taille dans sa description. Le Sénégali roige (petit), Fringilla minima , Vieill., pi. 10 des Oiseaux chanteurs , a été donné pour une variété du précédent ; mais je le regarde comme une espèce distincte qui se trouve au Sénégal. Il a avec celui-ci quelque analogie *m F R T dans le plumage ; mais il en diffère par une taille moins forte , une queue plus courte et presque égale à l'extrémité, tandis que celle de l'autre est étagée. Le mâle a les pau- pières jaunes , l'iris Liane , le bec , la tête , le cou , la gorge, la poitrine et le ventre rouges; cette couleur borde à 1 extérieur les pennes caudales qui , dans le reste , sont noirâtres ; elle est mélangée de vert sur le dos et sur les plumes de l'anus; les ailes sontd'un gris-brun, et les pieds rou- geâtres. La femelle et les jeunes ont la tête et toutes les parties su- périeures brunes, la gorge et le devant du cou d'un roux jau- nâtre ; la poitrine et le ventre d'un blanc sale ; quelques points blancs sur les flancs ( des mâles en ont aussi ) ; le bec et les pieds rougeâtres. Cette espèce se trouve au Sénégal, et je l'ai eu souvent vivante en France. Elle est d'un naturel doux et social et elle niche volontiers en volière , mais elle exige une chaleur un peu au - dessus de celle de nos étés ; c'est en la leur procurant que je suis venu à bout d'en tirer plu- sieurs générations. La ponte a lieu au mois de février, quelque fois plus tôt. Le mâle et la femelle couvent alternativement. Le Senégali a ventre rouge (petit), Fringilla rubri- centris, \ieill. , pi. i3 des Oiseaux chanteurs. Cette jolie pe- tite espèce se trouve au Sénégal. Elle a dans son plumage de grands rapports avec le sénégaH rayé , mais elle est plus petite , et la couleur rouge de la poitrine et du ventre est plus prononcée. L'intérieur des arbrisseaux, toujours verts etisolés, est l'endroit qu'elle choisit pour y placer son nid , qui est en forme de melon , et dont l'entrée est sur le côté. La ponte est de quatre ou cinq œufs blancs. Ces sénégalis ont niché dans mes volières, y ont pondu et élevé leurs petits; mais comme ils ne s'en occupent que dans les mois de décembre , de janvier, de février et à l'automne , il leur faut une cha- leur qui les rapproche de celle de leur pays natal , sans quoi les femelles meurent à la ponte. Les deux sexes ne présentent point de différences dans leur plumage ; ils ont le bec et les pieds rouges ; une tache de même couleur autour de l'œil; le dessus de la tête , du cou et du corps d'un gris-brun qui devient plus foncé sur les côtés de la poitrine et du ventre , dont le milieu est d'un beau rouge; les plumes de l'anus et les couvertures inférieures delà queue sont noires ; une grande partie du plumage est rayée de noir en travers; les pennes des ailes sont brunes, et les latérales de la queue noirâtres en dessous. Quant à la manière d'acclimater, de faire nicher et cou- ver en France les bengalis , les sénégalis et autres petits oi- seaux granivores étrangers. V. le mot Sénégali à la lettre S. F R I l8S C. FRINGILLES dont le bec est un peu ovale, à pointe courte et un peuobtuse (serin de Canarie, etc.). Le Cini , fringilla Scrinus, Lath. , pi. enl. de Buffon ? ri.0 658 , f . i , a quatre pouces cinq lignes de longueur totale ; Je dessus de la tête d'un jaune-vert , varié de taches longitu- dinales brunes ; le derrière de la tête un peu plus jaune; le dessus du cou et le dos variés de brun et de vert jaunâtre ; les plumes scapulaires pareilles; le croupion, les couver- tures supérieures de la queue , la gorge , le devant du cou, la poitrine et le haut du ventre d'un jaune tirant sur le vert ; les côtés d'un jaune pâle et tachetés de brun; le bas-ventre et les couvertures inférieures de la queue d'un blanc teinté de jaune ; les petites couvertures des ailes d'un vert jaunâtre; les moyennes tenninéesparcelte même teinte et brunes dans le reste ; les plus grandes de celle couleur et bordées de gris ; les pennes brunes en dessus, cendrées en dessous, et d'un gris-vert sur le bord extérieur; la queue pareille; le bec d'un gris-brun en dessus el blanchâtre en dessous; les pieds bruns et les ongles noirâtres. La femelle a des couleurs plus pâles; les parties supérieures nuancées de cendré ; les inférieures d'un hlanc jaunâtre , avec plus de taches que le mâle. Cette espèce se trouve dans nos provinces méridionales , quelquefois au centre de la France et de l'Allemagne. Ce serin vert de Provence est remarquable par un chant fort et varié. 11 se nourrit de petites graines , vit long-temps en cage , et seinhle se plaire avec le chardonneret; il paroît même l'écou- ter avec attention , et emprunter à son chant des accens dont il varie agréablement son ramage. Il fait son nid sur'les osiers plantés le long des rivières , et en Allemagne , sur lès arbres fruitiers, les hêtres et les chênes, le compose de crin, de poil à l'intérieur, et de mousse en dehors. La ponte est de quatre ou cinq œufs blancs , avec une zone de points et de taches brunes sur le gros bout. Cette espèce , assez commune aux environs de Marseille et dans nos provinces méridionales, jusqu'en Bourgogne, n'habite guère nos provinces septentrionales. Elle est très- rare en Lorraine. On la trouve aussi en Suisse , en Allema- gne , en Italie et en Espagne. Les Italiens lui donnent le nom de serin ou scarzerin ; et les Catalans, celui de canari de montagne. L'Habesch de Syrie , Fringilla syriaca , Lath. M. Bruce , à qui l'on doit la connoissance de cet oiseau , dit qu'il a un joli chant, qu'il est de passage , et que dans le cours de ses voyages , il ne l'a vu qu'à Tripoli en Syrie. Cet observateur regarde le habesch comme une espèce de linotte ; mais il a le 186 F R I corps plus plein , plus gros que la nôtre. Buffon le place entre celle-ci et le serin, d'après son bec épais, court et fort, sem- blable à celui du canari; c'est ce qui m'a décidé à le classer dans la même section. Un beau rouge vif colore le dessus de la tête ; la gorge , les joues et le dessus du cou sont d'un brun- noirâtre ; le reste du cou, la poitrine, le dessus du corps et les petites couvertures des ailes, variés de brun, de jaune et de noirâtre ; les grandes couvertures d'un cendré foncé et bor- dées d'une couleur plus claire ; les grandes pennes et celles de la queue du même cendré , frangées à l'extérieur d'un orangé vif; le ventre et le dessous de la queue d'un blanc sale, avec des taches peu apparentes de jaunâtre et de noi- râtre; le bec et les pieds de couleur plombée ; la queue est fourchue et ne dépasse les ailes pliées que de la moitié de sa longueur. Le Serin des Canaries , FringUla canaria , Lath. , pi. enl. de Buffon, n.° 202, fig. i.Tout intéresse, toutcharmedansl'oi- seau des Hespcrides : forme élégante , joli plumage , voix mélodieuse , naturel aimant, docilité et familiarité; il réunit toutes les qualités , les petits talens qui sont isolés dans les, autres. Cet aimable volatile fait surtout l'amusement desjeunes personnes ; et qui mieux qu'elles peut aider au développement; de ses habitudes douces et sociales ? Soins , attentions , bai- sers , rien n'est épargné. Son enfance , son éducation , causent quelquefois de petits embarras , mais ce n'est point un in- grat ; capable de reconnoissance et d'attachement , il en donne des preuves à chaque instant du jour ; le soir, ses adieux sont des caresses ; le matin , à peine éveillé, sa bien- faitrice est l'objet de ses premiers regards, son premier vol est à elle; il la Hatle de ses ailes , la becqueté tendrement y et semble exprimer le sentiment qui l'anime par ces demi- sons enchanteurs et pénétrans , vrais soupirs d'amour quin'é- toient destinés qu'à sa femelle : elle repose encore , qu'il lui a rendu tous les baisers qu'elle lui a prodigués la veille. La docilité du canari est telle , qu'on en a vu , à la voix de leur institutrice , voler à la tête d'un chat, y chanter à gorge déployée , et recevoir un baiser de leur ennemi naturel. La liberté donnée aux autres oiseaux dans le temps des amours, est presque toujours le terme de leur attachement; il n'en est pas de même du serin. Deux de ces oiseaux familiers , mâle et femelle , échappés de leur volière, se fixèrent dans un bosquet assez éloigné et y nichèrent; le mâle venoit ré- gulièrement deux fois par jour chanter près de sa première demeure , et s'y gorge r de nourriture , pour la partager avec sa compagne ;maisil ne se laissoit pas prendre, quoiqu'il s'ap- prochât de très - près de sa maîtresse , et parût s-e plaire F R I ,87 à voltiger sur elle en répétant l'air qu'elle lui avoit appris. Enfin , il cessa tout d'un coup ses petits voyages ; inquiète sur leur sort, les cherchant partout et ne les trouvant nulle part , elle les crut victimes de l'oiseau de proie ; mais dix jours après des recherches infructueuses , le couple reparut accompagné de sa famille , et s'établit dans son ancien do- micile , où , par la plus aimable familiarité, il sembloit vou- loir faire oublier la peine qu'avoit pu occasioner son absence momentanée. Le canari est aussi docile que familier ; j'en ai vu , à un signal , saisir dans ses doigts une mèche , l'allumer, mettre le feu à un petit canon, tomber comme mort à l'explosion , se relever et se mettre en faction. Enfin, Valmont de Bo- mare cite des faits encore plus surprenans , qui prouvent la grande intelligence de ces oiseaux , et l'extrême patience de celui qui les instruit. Si la jeune beauté fait son amusement de ce charmant oi- seau , et puise dans son petit ménage l'exemple des soins dé- licats qu'exige une famille naissante ; s'il charme les ennuis du cloître , et si par ses innocentes amours il fait naître la tendresse dans un cœur sacrifié , il ne plaît pas moins aux vieillards, qui trouvent dans sa société un adoucissement a leurs souffrances : son amabilité et ses gentillesses rappellent dans leur âme la gaîlé qu'en avoil bannie le poids des an- nées. Ce petit musicien a ses dépits , ses emportemens ; mais ils ne blessent ni n'offensent. Cependant on doit le ménager ; car des agaceries trop répétées exaltent si vivement sa colère , qu'il en est quelquefois la victime. Doué d'un gosier qui se prête à l'harmonie de nos voix et de nos instrumens , il ap- f>rend à parler et siffler les airs les plus mélodieux. Les mots, es petites phrases les plus tendres, sont ceux qu'il semble retenir et prononcer avec plus de facilité. C'est, de tous les oiseaux, celui qui prend le plus de part et contribue le plus aux agrémens de la société. Le rossignol nous étonne parles ressources de son incomparable organe, nous intéresse par la variété de ses sons , nous ravit même par ses roulades brillantes et précipités : mais , fier de son talent , il dédaigne tout ce qui lui est étranger, ou du moins ce n'est qu'avec peine qu'il répèle les airs qu'on veut lui apprendre : de plus, le charme de sa voix ne dure que quelques mois ; et pour en jouir dans tout son éclat et avec tous ses agrémens, il faut l'entendre dans les bois , dans le silence de la nuit. Devenu notre prisonnier , renfermé dans nos apparlemens, son chant perd de sa mélodie par des éclats trop bruyans pour une aussi petite e.iLciule, et tes aceens y prennent une durelc qui fa- i88 F R I ligue. La linotte , le chardonneret , le louoreuil ', se prêtent vo- lontiers à l'instruction ; niais le sm'n a plus d'oreille , plus de facilité d'imitation , plus de mémoire ; il est d'un naturel plus caressant ; son ramage , qui est un modèle de grâce , se i.iit entendre en tout temps , et nous recrée lorsque tout se tait dans la nature. C'est, enfin , de tous les oiseaux, celui qu'on élève avec plus de plaisir , parce que son éducation est la plus facile et la plus heureuse. Le serin «les Canaries n'ayant point été décrit sous son plumage naturel , je crois devoir le présenter tel qu'on le voit sous l'heureux climat des Hespérides , afin qu'on puisse saisir avec plus de facilité les différences occasionées par la do- mesticité. On verra , en comparant sa description à ses belles variétés, jonquilles , agates et panachées , qu il a acquis dans la captivité des couleurs plus pures et plus brillantes. Si l'on compare son chant naturel à celui de nos musiciens de cham- bre , on voit que ceux-ci l'ont embelli et perfectionné , en empruntant des accens étrangers et les employant agréable- ment. Les uns ont dans leur ramage quelques traits de celui de lafarjouse; d'autres ont des tours de gosier , d'aussi beaux sons que le rossignol ; et tous ont acquis ce timbre pur, doux ? mélodieux , que l'on cherche en vain dans le chant du serin de la nature. J'ai long-temps possédé de ces oiseaux vivans, je puis assurer que leur ramage est très-inférieur ; et quoi que j aie fait, soit qu'ils aient été pris adultes, soit pour toute autre cause, ils ne se sont jamais accouplés entre eux, et ont constamment refusé de s'allier aux serins domestiques. Leur taille est la même, mais elle m'a paru un peu plus ramassée ; leur tête est plus grosse ; les plumes qui la recouvrent, ainsi que celles du dessus du cou et du dos, sont grises sur les bords et brunes dans le milieu; le croupion, les côtés de la tête , le front, la gorge, le devant du cou, la poitrine, sont d'un vert-jaune , varié sur les flancs de traits bruns ; une teinte blanchâtre domine sur le ventre dans sa partie inférieure , ain- si que sur les petites couvertures des ailes , et sur les couvertures du dessous de la queue , dont les supérieures sont pareilles au croupion ; une couleur rembrunie teint les grandes couver- tures des ailes, les pennes et celles delà queue; leur bord exté- rieur est d'un vert -jaune ; le bec est couleur de corne , et terminé de noirâtre ; les pieds sont bruns. La femelle a des teintes moins vives. Tel est le serin des Canaries, naturel et sans altération , le type de ses nombreuses variétés, dues à la domesticité, f t dont le canari jaune citron, ou. jonquille , ou doré, décrit par les naturalistes, est une des plus belles et des plus recher- chées. ( Voy. au mot Serin, à la lettre S, pour tout ce qui F RI ,S9 concerne l'éducation , les maladies et les diverses variole ; de cette espèce. Le Serin du Gap de Bonne-Espérance. Buffon nous a fait connoître cette race, dont il a reçu plusieurs individus de cette partie de l'Afrique , parmi lesquels il a cru recou- noître trois mâles , une femelle et un jeune. « Ce sont, dit-il, des serins panachés , mais dont le plumage est émaillé de cou- leurs plus distinctes et plus vives dans les mâles que dans les femelles; ces mâles approchent beaucoup de la femelle de notre serin vert de Provence (le Cim); ils en diffèrent en ce qu'ils sont un peu plus grands, qu'ils ont Je bec plus gros a proportion; leurs ailes sont aussi mieux panachées ; les pennes de la queue sont bordées d'un jaune décidé ; ils n'ont point de jaune sur le croupion. Dans les jeunes, les couleurs sont plus foibles , et moins tranchées que dans la femelle. » (v.) D. FRINGILLES dont le bec est à la pointe un peu épais, incliné et un peu obtus ( moineau proprement dit, friquets , etc. ). Le Moineau proprement dit, Fringilla domestica, Lath., pi, enl. àeVHist. naturelle de Buffon, n." 6, fig. î, et n.° 44- » %. î. Si nous n'écrivions l'histoire naturelle que pour les habi- tons de nos contrées , il seroit superflu de faire la description d'un oiseau que le citadin loge dans ses murs , et rencontre à chaque pas dans ses promenades, qui se trouve dans les ha- bitations champêtres, partage le grain que la fermière distribue à ses volailles et à ses pigeons , qu'enfin l'agriculteur signale comme un de ses ennemis les plus actifs et les plus opi- niâtres. Mais les objets les plus communs au milieu de nous , sont étrangers à d'autres climats, et l'historien doit généra- liser ses vues comme ses écrits, s'il veut être recherché dans tous les temps comme dans tous les pays. Je ne m'appesantirai pas néanmoins sur des détails trop minutieux, rarement consultés , plus rarement supportables à une lecture suivie. Mais ce que je dirai suffira pour donner une idée assez nette des formes, des dimensions et des cou- leurs du moineau. Sa longueur ordinaire , en y comprenant le be<^et la queue , est de cinq pouces dix lignes , son poids d'un peu plus d'une once , et son vol de huit pouces huit à neuf lignes. Le mâle a le dessus de la tête et les joues d'un bleu cendré sombre ; une bande d'un rouge bai qui s'étend d'un œil à l'autre en passant par l'occiput; le tour des yeux noir, ainsi que l'espace entre le bec et l'œil; le dessus du cou et du dos varié de noir et de roux; le croupion d'un grts- brun ; une plaque noire sur la gorge et le devant du cou ; la poitrine , les flancs et les jambes d'un cendré mêlé de bl un : le ventre d'un gris-blanc ; les ailes et la queue noirâtres en igo F R I dessus , et cendrées en dessous ; sur chaque aile une bandé transversale d'un blanc sale; l'iris couleur noisette; le bec noirâtre, d'un brun sombre avec du jaune en dessous, surtout à la base, et totalement noir dans la saison des amours; enfin , les pieds couleur de chair sombre et les ongles noirâtres. La femelle , plus petite que le mâle , manque de la pièce noire de la gorge et du devant du cou, ces parties étant d'un gris clair ; le dessus de sa tête est d'un brun-roux , les autres nuances de son plumage sont généralement plus claires. Les jeunes mâles ressemblent aux femelles , et ce n'est qu'à leur première mue qu'ils prennent le plumage qui distingue leur sexe. Il y a quelques variétés accidentelles dans l'espèce du moi- neau franc : tel est le moineau blanc , qui a tantôt le plumage d'un blanc sale , tantôt d'un blanc aussi brillant que la neige, tantôt la tête et le cou de la même couleur que les autres , tantôt l'iris jaune , tantôt rouge ; les jeunes, qui sont blancs dans leur premier âge , deviennent souvent pareils aux autres à leur première mue. Cette couleur s'acquiert aussi par l'âge , et il n'est pas rare d'en voir dans leur vieillesse qui sont en partie blancs et en partie noirs. Le moineau noir ou noirâtre, le moineau jaune , le moineau roux sont autant de variétés individuelles. Une grosse tête , que termine un bec épais et court , et qu'animent des yeux très-vifs , donne au moineau la physio- nomie d'une grossière impudence ; son cou est aussi très-court, et son corps ramassé paroît encore avoir plus d'épaisseur par le peu de largeur de la queue, qui est un peu fourchue, et qui passe les ailes pliées des deux tiers environ de sa lon- gueur. Ses formes n'ont rien de svelte , rien d'élégant , et quoique précipités , ses mouvemens n'ont aucune grâce. Un cri monotone et répété sans cesse , fatigue d'autant plus qu'il n'est pas possible d'éviter l'ennui qu'il cause , et qui nous poursuit autour de nos maisons et dans nos jardins. Cette espèce a changé de nature ; elle est devenue presque domestique , et elle ne vit plus , pour ainsi dire , qu'«n so- ciété avec l'homme ; ce sont des casaniers importuns , des commensaux incommodes , d'impudens parasites qui par- tagent malgré nous nos grains , nos fruits et notre domicile. Mais avant que l'homme ne formât de grandes sociétés , avant qu'il ne cultivât la terre pour lui faire produire des moissons abondantes, qu'étoit alors le moineau livré à ses propres ressources , ne trouvant point à partager la mense qu'il a su se rendre commune , en un mot , dans l'état sau- vage ? Nous l'ignorons ; il n'existe plus aucun de ces oiseaux F R I ,9, qui n'ait pris une teinte très-marquée de domesticité. L'on peut seulement soupçonner avec beaucoup de vraisemblance que , dans ces premiers âges du monde , l'espèce étoit beau- coup moins nombreuse qu'elle ne l'est de nos jours. L'habitude de vivre au milieu de nous , a perfectionné l'instinct des moineaux ; ils savent plier leurs mœurs aux situations, aux temps et aux autres circonstances ; ils savent en quelque sorte varier leur langage ; et comme ils sont très-parleurs, l'on peut à chaque instant distinguer leurs cris d'appel, de crainte, de colère, de plaisir, etc. Mais au sein d'une association qu'ils ont seuls formée contre le gré d'une des parties et même de la plus puissante , pour leur seul avantage et au détriment de ceux avec lesquels ils établissent cette communauté forcée, les moineaux ont con- servé leur indépendance. Plus hardis que les autres oiseaux , ils ne craignent pas l'homme , l'environnent dans les villes , à la campagne, se détournent à peine pour le laisser passer sur les chemins , et surtout dans les promenades publiques, où ils jouissent d'un entière sécurité ; sa présence ne les gène point , ne les distrait point de la recherche de leur nourriture , ni de l'arrangement de leurs nids , ni des soins qu'ils donnent à leurs petits, ni de leurs combats, ni de leurs plaisirs ; ils ne sont assujettis en aucune manière , et , à vrai dire, ils ont plus d'insolence que de familiarité. Ils ne sont pas moins nombreux dans les villes qu'aux champs; ils se logent et nichent dans les trous des murailles et sous les tuiles des toits. Quoique l'on en voie plusieurs dans le même lieu , ils ne forment pas société entre eux pen dant l'été ; ils sont souvent seuls ou par couples ; c'est un petit peuple toujours en mouvement , dont les individus se croisent sans cesse , s'occupent à satisfaire leurs appétits , ne songent qu'à eux , et s'inquiètent peu des intérêts communs , image trop fidèle des habitans de ces mêmes cités , qu'ils ont choisis pour leurs botes. Pendant la belle saison , ils se réunissent le soir sur les grands arbres, pour y piailler tous ensemble. J'ai remarqué à la campagne que ce tapage plus bruyant et plus prolongé qu'à l'ordinaire , est un signe de beau temps pour le lende- main. L'on voit aussi , en été , les moineaux en bandes sur les haies qui bordent les pièces de terre dont les récoltes mûrissent; mais c'est une réunion accidentelle que le désir du butin a formée , et qui se dissipe quand il n'y a plus rien a piller. Lorsqu'un coup de fusil ou tout autre bruit fait enlever cet attroupement de voleurs, ils ne fuient pas loin , et reviennent bientôt se poser à la place où ils exercent leurs déprédations. Cependant la même famille demeure ïga F RI rassemblée pendant quelque temps : les jeunes suivent leur mère , et on peut les tuer tous l'un après l'autre avec une sarbacane, pourvu que l'on commence par abattre la mère ; les jeunes alors ne s'envolent pas , ils se serrent même entre eux à mesure qu'il en tombe ; mais si l'on manque la mère , elle part et emmène ses enfans. Le vol des moineaux est court et difficile ; ils ne peuvent point s'élever , et lorsqu'ils partent en troupe , c'est toujours tous à-la-fois , brusquement et avec beaucoup de bruit. Ce ne sont pas des oiseaux voyageurs : ils ne changent point de canton , et ils y suivent la maturité des différentes espèces de.grains dont ils se nourrissent. Ils dédaignent de se fixer dans les pays peu fertiles , et ils affluent dans ceux qui pro- duisent de riches moissons. L'on peut juger avec certitude de la fécondité d'une contrée par le nombre des moineaux qui s'y trouvent ; on les rencontre même dans les lieux les plus retirés et les plus solitaires , lorsqu'une ferme, entourée de champs cultivés , et munie d'une basse-cour et d'un co- lombier, leur offre une subsistance abondante et facile. D'une constitution robuste , les moineaux supportent éga- lement les chaleurs des climats brûlans et les froids des régions hyperboréennes : ils sont répandus dans la Grèce , en Barbarie, etc. ; et d'un autre côté, on les retrouve jusqu'en Sibérie. Quoique communs dans une partie de l'A- frique , on n'en voit pas lé long de la côte occidentale de ce continent. L'on ne peut en attribuer la cause à la chaleur du climat , puisqu'ils souffrent celle de l'Egypte ; mais c'est la différence des plantes alimentaires qui donne lieu à cette particularité , à laquelle personne avant moi n'avoit fait attention. Le froment et ses analogues sont cultivés en Egypte, de même qu'en Syrie et en Barbarie ; ils cessent de l'être aux environs du Cap Blanc : d'autres plantes nu- tritives les remplacent chez les nègres qui habitent au midi de ce promontoire , et les graines de ces plantes ne sont plus une nourriture qui convienne aux moineaux; en sorte que si ces oiseaux ne fréquentent pas tous les pays à blé , il est du moins certain qu'ils ne paroissent jamais dans ceux où cette espèce de grain et celles qui s'en rapprochent ne sont pas cultivées. Un fait nouvellement connu vient confirmer mes observations enlever tous les doutes , s'il pouvoit en rester. On lit dans la relation du Voyage du commodore Billings , au nord de la Russie asiatique, à la mer Glaciale, etc., que les bords du Pellidoui , rivière de Sibérie qui se jette dans la Lena , sont fameux , tant à cause des animaux qu'on y trouve , que parce que c'est le dernier endroit qui produit du blé. Les moineaux et les pies ne vont pas plus avant dans le Nord . F R I ,93 ii ny a mime que cinq am qu'on en voU là, c'est-à-dire, depuis qn on a commencé à y cultiver du blé ( t. I de la traduction fran- çaise , p. 42 ). lîuffon a peint avec beaucoup de vérité, et mieux sans doute que je ne pourvois le faire, les amours, ou, pour mieux dire, le tempérament lascif, l'extrême pétulance des moi- niMiK " Les mâles, dit-il , se battent à outrance pour avoir des Femelles , et le combat est si violent , qu'ils tombent souvent à terre. Il y à peu d'oiseaux si ardens, si puissans en amoiii-: on en a vu se [oindre jusqu'à vingt fois de suite, toujours avec le même empressement , les mêmes trépida- tions, les mêmes expressions de plaisir; et ce qu'il y a de sing lier, c est que la femelle paroît s'impatienter la pre- mière d un jeu qui doit moins la fatiguer que le mâle , mais qui peut lui plaire aussi beaucoup moins , parce qu'il n'y a nul préliminaire , nulles carresses , nul assortiment à la ebose ; beaucoup de pétulance sans tendresse, toujours des mouvemens précipités qui n'indiquent que le besoin pour soi-même. Comparez les amours du pigeon à celles «lu moinea'a, vous y verrez presque toutes les nuances du physique au moral -. Ces oiseaux emploient du foin et des plumes pour la cons- truction de leur nid: ils se contentent d'arranger négligem- ment ces matériaux dans les pots qu'on leur offre', sous les tuiles , dans les trous et les crevasses des murailles ; mais ils en forment un tissu quand ils nichent sur les grands ar- bres , tels que les charmes, les noyers , les peupliers, etc.; ils donnent alors à leur nid une forme arrondie , en couvrent exactement la partie supérieure, et ne laissent qu'une ou- verture an -dessous de la calotte. Quelques-uns s'emparent des nids des hirondelles, des boulins des pigeons, etc. Leur ponte est île cinq, de six et quelquefois de huit œufs, d un cendré blanchâtre , avec beaucoup de taches brunes. Les petits missent sans plumes ni duvet , et ils sont tout rouges. Qu 'Ique part qu'ils s'établissent pour multiplier leur espèce, ils ne paroissent nullement affectes du bruil qui se fait au- tour deux , et auquel ils. sont accoutumés -les leur naissance. Des Oiseaux qui viennent d'eux-mêmes faire en quelque sorte société avec l'homme, sont doues de. toutes les dispo- sitions à une association plus infime Les moineaux s'élèvent aisément en cage, s'accoutument sans peine à la captivité, ont assez de docilité pour obéir à I 1 voix, pour recevoir leur manger de la main qui l'offre, pour se laisser prendre, tou- cher, caresser, enfui pour amuser : mais ils ne se privent ainsi que parce qu'ils sont naturellement hardis, et qu'ils trouvent dans l'esclavage les moyens faciles de satisfaire leur ,94 F R I voracité. Ils n'aiment point; ils ne savent pas, comme le serin, provoquer les caresses, les rendre avec plus de sensibi- lité qu'elles ne sont reçues, se réjouir à la vue de l'objet chéri, s'affliger de son absence. Comment l'amitié feroit-elle naître en eux la tendresse, puisque ce sentiment est banni de leurs amours ? On a beaucoup varié au sujet de la durée de la vie des moineaux ; quelques-uns ne leur accordent que deux ans ; d'autres disent que leur existence se prolonge jusqu'à quatre, et même jusqu'à huit années. Toutes ces assertions ne sont point fondées ; les moineaux vivent plus long-temps qu'on ne le croit généralement : il est à ma connoissanse qu'un de ces oiseaux a vécu vingt-quatre ans en captivité , et encore mourut-il de froid pendant une nuit de l'hiver de 1788. L'excès dans les plaisirs de l'amour doit abréger l'existence des moineaux qui vivent en liberté ; mais l'on peut présumer, avec toute apparence de raison , qu'elle passe les bornes que les auteurs lui ont assignées. La gourmandise des moineaux égale leur pétulance en amour. Les premiers fruits qui mûrissent dans les vergers, les grains semés dans les campagnes , ceux qui approchent de la maturité, ceux que le cultivateur a serrés dans ses granges et ses greniers , deviennent leur pâture. Les épouvantails n'arrêtent pas long-temps leur voracité ; ils se familiarisent bientôt a^ec eux, et pleins de ruse et de finesse, ils tombent rarement dans les pièges qu'on leur tend. On les voit aussi manger des chenilles, des sauterelles, des mouches, etc.; mais ce goût , qui n'est que secondaire dans les moineaux , les rend eucore plus pernicieux à l'agriculture, puisqu'il les porte aussi à manger les abeilles. C'est donc à tort que quel- ques écrivains d'économie ont prétendu que le nombre des insectes détruits par les moineaux , compensoit leurs dégâts par la consommation des grains et des fruits qu'ils dévorent. Ces oiseaux ne font que du mal pendant leur vie, et ne sont d'aucune utilité après leur mort ; leur chair est dure et ainère, et les propriétés médicinales qu'on attribuoit anciennement à quelques-unes de leurs parties, sont imaginaires. Rougier de la Bergerie, à qui l'on doit d'excellens mé- moires sur l'économie rurale , a fait le calcul approximatif de ce que les moineaux coûtoient annuellement à la France. Si l'on réduit leur nombre à dix millions seulement, ré- duction fort au-dessous de la réalité , il s'ensuit que cha- cun d'eux mangeant un boisseau de grains de vingt livres pesant , dix millions de boisseaux se trouvent soustraits à la consommation et au commerce des hommes ; et en ne portant le prix du boisseau qu'à vingt sous, l'on n'en F R I ,d8 a pas moins une somme de dix millions que les moineaux ravissent cbaque année aux richesses agricoles. Ce calcul d'un habile agriculteur est confirmé par toutes les obser- vations ; ceux qui en élèvent en cage peuvent s'assurer rie la quantité de grains que ces oiseaux consomment, et j'ajouterai que j'ai compté quatre vingt - deux grains de blé dans l'estomac d'un moineau que je venois de tuer. Voyez Moineau à la lettre M, pour la manière de faire la chasse à cet oiseau, (s.) Le Moineau Comb a-SOU , Fringilla niîcns et ullramarina , Lath., pi. enl. de Buff. , n.° 291. J'ai cru devoir décrire cet oiseau sous le nom qu'il porte au Sénégal, sa vraie patrie; et non pas sous celui de moineau du Brésil, qu'on lui donne sur la planche indiquée ci-dessus, puisqu'il ne se trouve point en Amérique ; mais on l'a confondu avec le PÈRE noir, Fringilla noclis, qui est une espèce très-différente. ( V. l'art. Bouvreuil a sourcils roux); et surtout avec le Tauin d'acier. V. pag. 173 de ce vol. Cette espèce subit deux mues dans l'année. Le mâle est, après la première , totalement d'un noir à reflets bleus, avec le bec d'un blanc légèrement teint d'une couleur de chair; dans l'oiseau vivant , les pieds sont colorés de même. Il con- serve ce plumage pendant six mois ; après ce temps on le distingue difficilement de sa femelle ; néanmoins ses teintes sont plus prononcées. Celle-ci a les plumes du dessus du corps d'un brun noirâtre , et entourées d'un brun-gris ; les pennes de la queue et des ailes noirâlres, et bordées à l'ex- térieur de cette dernière teinte. Trois bandes bien distinctes se font remarquer sur la tête, l'une d'un brun clair sur le mi- lieu, et deux autres noirâtres sur les côtés; celles-ci partent de la base du bec, et passent au-dessus des yeux; un trait de même couleur se prolonge en arrière depuis le coin de l'œil ; les joues sont grises ; le dessous du corps est grisâtre ; le bec d'un brun clair, et les pieds sont jaunâtres. Cette es- pèce est en double emploi, car \ outremer est un individu de la même espèce. Le comba-sou , d'un caractère vif et pétulant, ne se fa- çonne point à la captivité aussi facilement que les sénégalis ; il conserve toujours dans la volière son air farouche et mé- chant; mais il est d'un tempérament plus robuste. Sa voix est forte et criarde , et son ramage peu agréable; sa vivacité et sa pétulance sont extrêmes ; à peine le voit-on un instant tranquille , surtout dans la saison des amours ; agitation stérile , puisque la femelle se refuse à ses désirs. Des cir- constances fort singulières accompagnent ses amours ; ie mâle voltige avec beaucoup de vivacité au-dessus de la fe- melle , se pose ensuite sur elle, toujours en se soutenant de ig6 F R I ses ailes) ; puis il disparoît aussitôt, et va se cacher dans un boulin, où il crie pendant plusieurs secondes , comme s'il se battôit avec d'autres oiseaux. La femelle n'est pas moins pétulante , et ne cesse de voltiger et de crier pendant la sai- son des amours. Pour les faire multiplier en captivité, il leur faut, en France, une chaleur de vingt-cinq à trente degrés, et les tenir seuls dans une volière , où l'on met des arbris- seaux verts. Le Moineau a croissant, Fringilla areuata, Lath. , pi. enl. de Buff. , n.° a3o , fig. i. Ce moineau, du Cap de Bonne- Espérance, a un caractère que je n'ai remarqué que dans celte espèce : c'est d'avoir le bec surmonté d'une arête qui donne lieu à une rainure sur chaque côté. Il a la tête , la gorge et le devant du cou noirs; une sorte de croissant blanc, qui s'étend depuis l'œil jusque dessous le cou; la nuque, le dos, le croupion, les couvertures supérieures de la queue, et les petites des ailes, d'une couljeur marron ; les moyennes noirâtres et terminées de blanc ; les grandes et les pennes, brimes et bordées de gris sale , ainsi que celles de la queue ; le bec noir ; les pieds et les ongles bruns ; la grosseur du moineau franc , et six pouces de longueur. La femelle diffère du mâle en ce qu'elle est d'un gris-brun sur la tête, sur le dessus du cou et sur le manteau; cette cou- leur est plus sombre sur le milieu de la plume; le croupion est nuancé de vert-olive; les pennes alaires et Caudales, sont noires et bordées de brun ; les sourcils et la gorge d'un blanc uniforme ; la poitrine et le ventre, cendrés ; les parties postérieures blanchâtres. Le Moineau friquet ; Fringllla montana , Lath. , pi. enl. 267 , f. 1. Le nom de friquet a été donné à cet oiseau , parce qu'étant posé , il ne cesse de se remuer , de se tourner , de frétiller, de hausser et baisser la queue. Celte espèce est sou- vent confondue avec celle du moineau ; mais on la distingue facilement à son genre de vie , à sa taille et à son plumage. Le friquet n'approche guère de nos maisons ; il se tient à la campagne , fréquente le bord des chemins et des ruisseaux ombragés de saules, se pose sur les arbres et les plantes bas- ses; il se trouve aussi dans les bois, mais plus rarement. Ce moineau établit son nid dans des creux d'arbres , dans des cre- vasses de vieilles murailles à peu de distance de terre ; il le construit d'herbes fines et desséchées , de soies de cochon , de bourres et de plumes ; la ponte est au plus de six œufs d'un blanc sale et tachetés de brun. Nozeman assure qu'au nombre de ces œufs, il y en a toujours un beaucoup plus petit que les autres , et que l'oiseau qui en sort est aussi beaucoup plus pe- tit que ceux de la même couvée ; on l'appelle en Hollande, F R T To7 te Petit roi. — Quoique les friquets fassent deux et trois couvées par an , ils sont moins nombreux que les moineaux ; ils se rassemblent en troupe dès la fin de l'été , demeu- rent ensemble pendant tout l'hiver, et se joignent souvent, pendant celte saison, aux bandes de pinsons , bruaris et ver- diers ; moins défiaus que les moineaux , ils donnent plus vo- lontiers dans les pièges qu'on leur tend; ils ont moins de docilité , et ne se familiarisent jamais autant. On élève les jeunes pris dans le nid , en les nourrissant avec an peu de pain mouillé -, et lorsqu'ils mangent seuls , on leur donne les mêmes graines qu'aux serins et chardonnerets. Cet oiseau vit en cage cinq à six ans ; le ebant du mâle est assez peu de ebose , mais il n'a pas le désagrément de la voix du moineau ; moins gourmand que lui, il ne fait pas grand tort aux grains; il pré- fère les baies, les graines sauvages, et mange aussi les insectes. L'espèce est répandue dans toute l'Europe, et se trouve aussi dans la Sibérie orientale. Le friquet a cinq pouces de longueur ; le sommet de la fête rouge bai ; le dessus du cou et du dos varié de noir et de roussàtre; le croupion et les couvertures de la queue , gris; la gorge noire ; cette couleur est encore indiquée par deux ta- ches , l'une entre le bec et l'œil , et l'autre sur la joue ; celle-ci est blanche , ainsi que le baul du cou par-derriere ; la poi- trine et le ventre sont d'un gris-blanc ; les petites couvertures des ailes d'un rouge bai ; les moyennes noirâtres et termi- nées de blanc; les plus grandes brunes, bordées de roussà- tre , et terminées obliquement de blanc ; ces trois couleurs forment sur les ailes trois bandes transversales ; les pennes sont brunes, bordées de roussàtre, ainsi que celles de la queue ; le bec est noir, et les pieds sont gris. La femelle a des couleurs moins vives, principalement sur la tête ; du reste elle ressemble au mâle ; les jeunes sont pareils à la femelle. BuCfon regarde comme des oiseaux de cette espèce , les moineaux de montagne , à collier et fou ; je suis d'accord avec hii pour les deux premiers , mais pas pour le dernier. V . Moi- neau fou , pag. 24.8 de ce vol. Le Moineau ou Friquet huppé , Fn'ngilla cristàta , pi. enl. de Uuff. , n." 181 , f. 2 , se trouve à la Guyane. Sa happe est; d'un rouge très-vif; un rouge moins brillant couvre la gorge, le devant du cou et toutes les parties postérieures; un brun foncé uniforme colore l'occiput, le dessus du cou , le dos , le dessus des ailes et de la queue; le bec est rongeât re, et les pieds sont d'un gris mêlé de jaune. L'individu indiqué par iSuiïon pour la femelle, et qui est figuré sur la même plan- che , n.° 2 , sous le nom de moineau de lu Caroline , appartient. à une autre espèce. La figure de ce friquet présente une grandi; iS8 F R I analogie avec le Pinson brun huppé , Fringilla flammea. La seule différence qui m'ait frappé , c'est qu'il est représenté avec un bec de moineau , tandis que l'autre que j'ai vu en na- ture a celui d'une linotte. Si ces deux oiseaux appartiennent réellement à la même espèce , les ornithologistes allemands ne devroient donc pas placer ce pinson parmi ceux de cette partie de l'Europe; car il est certain que le friquet huppé ne se trouve que dans l'Amérique méridionale. Il me paroît se rap- procher beaucoup de I'Araguira du Paraguay ; cependant celui-ci est plus grand et ses couleurs présentent des nuances un peu différentes. Ce nom signifie oiseau de dieu, du ciel , de la lumière ou du feu. Comme notre friquet , l'araguira (pi. a8 * des Ois. chanteurs ) , ne jette en tout temps qu'un sim- ple cri d'appel. Cet oiseau, d'un naturel qui est un peu sau- vage , ne fréquente pas les villes ni les habitations rurales ; il se tient dans les campagnes et sur la lisière des bois , par paires en été, en petites bandes ou en familles pendant l'hiver. On trouve son nid au centre des grands buissons ; il est com- posé d'herbes sèches en dehors , et de crins en dedans. La ponte est de trois œufs blancs. La femelle, selonM.de Azara, n'a point de huppe ; la tête est du même brun rougeâtre qui couvre toutes les parties supérieures. La description du mâle présente quelques différences entre lui et le friquet. Sa huppe est d'un rouge vif, composée de plumes longues , soyeuses et à barbes décomposées. Il la porte ordinairement couchée ; alors elle est peu apparente , étant cachée par les plumes noires qui forment sur les bords une sorte de saillie , et qui l'accompagnent quand elle est verticale ; mais si quelque pas- sion l'agite , il la relève et l'épanouit, de manière qu'elle pa roît plus large en haut qu'à son origine ; les joues , la nuque, ' le dos et les couvertures des ailes sont d'un brun rougeâtre ; les pennes et celles de la queue , noirâtres et bordées d'une nuance plus claire ; le croupion et toutes les parties inférieu- res , d'un rouge de feu ; le bec et les pieds bruns. Le Moineau gris , Fringilla grisca , Vieill. ; se trouve dans les Etats-Unis ; mais il y est rare. Un gris cendré règne sur la tête et le dessus du cou ; le manteau est brun ; plusieurs plumes des couvertures supérieures de l'aile sont blanches à leur extrémité , ce qui donne lieu à une petite bande trans- versale ; les pennes alaires et caudales sont de la couleur du dos ; la gorge et toutes les parties postérieures d'un gris-blanc ; le bec est noir ; le tarse d'un gris foncé ; la queue fourchue. Longueur totale, quatre pouces neuf lignes. Le Moineau ignicolor, Fringilla ignicolor , V. , pi. 5g des Oisea tx- chanteurs. J'avois placé cet oiseau dans le genre Gros- bec ; mais un nouvel examen m'a prouvé que sa véritable Fin ,99 place étoit dans le genre frùigille. Les auteurs qui en ont parlé, l'ont donné pour une variété du loxia orix ; en effet , il a de grands rapports avec lui par son plumage ; mais il cons- titue une espèce particulière , qui en diffère par une taille moins longue et moins épaisse ; par la gorge totalement d'un rouge orangé éclatant , et par la longueur de toutes les cou- vertures de la queue , lesquelles sont composées de barbes effilées et pendantes, et s'étendent jusqu'au bout des pennes; leur couleur rouge de feu domine aussi sur le cou , le dos , l'estomac, et à l'extérieur descouverluressupérieures des pen- nes desailes, et de celles de la queue, qui sont brunes du côté interne ; un noir velouté règne sur la tête jusqu'au-dessous des yeux , sur une grande partie de la poitrine et sur le ventre ; le bec est d'un noir mat , et les pieds sont couleur de ebair. Des individus ont des teintes moins foncées , d'autres ont le ventre varié de noir et de blanc sale. Ce plumage indique des mâles qui prennent leur livrée d'été pour la première fois ou qui la quittent pour se revêtir de celle de la mauvaise sai- son , époque à laquelle ils ne diffèrent pas des femelles , dont les parties supérieures sont variées de taches longitudinales brunes sur un fond gris, et les inférieures de taches pareilles sur un fond blanc sale; les ailes et la queue sont d'un brun sombre ; le bec estde cette couleur, et les pieds sont gris. Cette espèce se trouve au Sénégal et dans d'autres contrées de la côte d'Afrique. On l'apporte quelquefois vivante en France. Le Moineau noir et blanc , Fringilla melanoleuca , Yieill. ; se trouve dans l'Inde ; il est blanc sur le bec , la tête , les joues, le dessus du corps , les ailes et sur une partie de la queue , avec des taches noires sur le manteau ; cette couleur domine sur le reste du plumage; lespieds sont couleur de chair claire; la queue est courte ; grosseur de la linotte. Le Moineau a tête marron, ou d'iTALiE , Fringilla Italiœ , Vieill. , pi. 34.o , f. 2 de l'Ornithologie italienne , où il porte le nom de capannaia scherzo/a (passer domesticus vulgaris). Cet oiseau a été confondu avec notre moineau commun; mais c'est une espèce particulière ou une race constante , dont le mâle a le bec un peu plus court et plus bombé que le nôtre , et qui en diffère encore par la couleur marron qui domine seule sur le dessus de la tête, la nuque et le derrière du cou; par les plu- mes du capistrum , qui sont noires et par la teinte rousse qui termine les grandes couvertures ; du reste il ressemble au nôtre. La femelle a les plumes de la tête et de la nuque rous- sâtres. Ces moineaux sont très-communs à Turin. M. Bo- nelli , à qui je dois la connoissanue de ces oiseaux en nature , m'a assuré que les nôtres étoient si rares dans le Piémont , qu'il n'y en avoit encore vu qu'un seul individu. 31. Them- 200 F R I minok , qui a décrit le moinaeu de cet article comme une va- riété constante du nôtre , assure qu'on le trouve en Sicile et dans tout l'Archipel. E. FriîsGILLES dont le bec est parfaitement conique, à pointe un peu comprimée et peu aiguë , Linottes , etc. La Linotte proprement dite, ou des plaides, Fringilla linota et cannaùina, Lath. , pi. enl. de Buff. n.° 58, f. i, et 485, f. i. Les personnes qui voient les nombreux traités que nous avons sur les oiseaux d Europe , doivent être suprises qu'on soit encore forcé de s'en occuper; cependant c est un fait avéré qu'un certain nombre de ces oiseaux, quoique tous les jours sous nos yeux, exigenlun nouveau travail. J en ai donné un exemple à 1 arlicleya«i>^fe, et j'en prends un second dans les linottes proprement dites, et dans celles de montagne, dans les sizrrins et les cabarets; mais il ne sera question ici que des premières. Consultez le mot sizerin pour les deux autres. Brisson , Mauduyt , Sonnini et Erisch ont fait deux espè- ces de la linotte proprement dite, sous les dénominations de grise et de rouge ; Latham et Gmclin sous celles de lino a et de cannabina ; Belon , Linna^us, Olinn, Gesner, Montbeillard , Meyer et Latham dans son deuxième supplément à son Synop- sis, d'après les remarques de Boys et de Monlagu , natura- listes anglais , n'en font qu'une seule espèce. Frappé de celte discordance dans les opinions des naturalistes sur ces oiseaux, j'ai multiplié et souvent réitéré mes recherches pour m'assurer de la vérité; je les ai étudiés dans touteslessaisons, et danstous les périodes de leur âge; de plus j'ai engagé plusieurs de mes amis, observateurs judicieux, de les examiner de leur côté dans la nature vivante. Il en est résulté un accord qui ne me laisse plus de doute sur l'identité des linottes grise et rouge ; en effet, toutes les deux, jeunes ou vieilles, mâles ou femelles, sont grises à l'arrière-saison , et se ressemblent tellement alors qu'on ne peut aisément distinguer les sexes, si 1 on n'a égard à la bordure blanche des premières pennes alaires , laquelle est plus large et a plus d éclat chez le mâle que chez la femelle. La couleur rouge, qui caractérise le mâle pen- dant 1 été, commence à percer vers la fin de l'automne ; mais à cette époque elle est terne et n'occupe que la partie moyenne des plumes dont l'extrémité est d'un grisroussâtre, de manière qu'on ne l'aperçoit qu'en les soulevant; plus le printemps approche, plus cette couleur s'étend et s'embellit, et vers le mois de mai, efle est d'un bel éclat chez le mâle de deux ans, moins pure et moins étendue chez l'oiseau dans F R I 2oi sa première année, et elle prend quelquefois une nuance orangée chez les vieux. Alors les linottes qui restent grises ne sont que des femelles. Toutes mes recherches , tous mes efforts, pour trouver en été «les mâles adultes gris, ont été inutiles; j'ai toujours rencontré et Ton ma toujours envoyé des maies qui étoient plus ou moins rouges.Cen est pas seule- ment sur la lête et SUT la poitrine que leur plumage éprouve des variations ; l'occiput et la nuque deviennent d un cendre clair y «le gris et de roussâtre qu'ils étoient immédiatement après la mue; le brun-marron des plumes du dos prend un ton plus beau et plus prononcé ; le croupion passe du gris et du blanc roussâtre au noirâtre et au blanc pur. Telles sont les linottes mâles dans 1 état de liberté : mais il en es! tout autrement si on les tient en captivité , même dans une vo- lière toujours exposée à l'air ; le rouge disparoît, le brun- marron reste terne, le gris de l'occiput et de la nuque garde sa teinte roussâtre. Les jeunes qu'on élève à la brochette, ou que 1 on prend avant leur première mue, n'ont jamais de rouge en cage. Les principaux attributs, qui dans cet état distinguent le mâle cl la femelle, consistent dans la couleur du sommet de la tête et de la poitrine, qui est d'un rouge leyne vers le milieu de la plume, et dans le blanc des pennes alaircs, qui est plus étendu dans le mâle que chez laleinelle. Quant aux proportions qu'on donne plus fortes aux linot- tes grises, celle différence n'est pas exclusive pour les li- nottes rouges, puisqu'il en est parmi celles-ci de la même taille que les autres, et quelquefois «le plus grandes. .J'ai seule- ment remarqué que toutes indistinctement paraissent un peu plus grosses en hiver qu'en été, parce qu'alors leurs plumes ont un duvet plus fourni. Enfui des auteurs, pour rendre plus vraisemblable leur distinction spécifique, ont présente la fe- melle de leur linotte grise sous des nuances moins foncées que celles du mâle et de la femelle de leur linotte rouge , avec la poitrine variée de brun sur un fond roussâtre, et avec le dos tacheté de brun; mais ces différences, qui se rencontrent chez tmiles les femelles indistinctement , dépendent des saisons, toutes ayapt , comme les mâles, deux livrées, une d hiver et une d eie; la livrée d'hiver est celle de la femelle de leur linot- te grise; l'autre de la femelle de leur linotte rouge. Si ces faits ne paroissent pas suftisans pour se convaincre de l identité de ces deux prétendues espèces; que l'on consulte leurs mœurs, leurs habitudes, leurs cris et leur chant, et on con- viendra qu il n'y a pas la plus petite dissemblance. Des na- turalistes ont indiqué quelques différences dans la situation du nid et dans les matériaux dont il est composé, mais elles tiennent aux localités. Quant aux œufs dont les couleurs ne sont pas tout-à-fait pareilles, on sait qu'elles varient dans aoa F 11 I leurs nuances selon les époques de l'incubation. Ainsi donc , je crois avoir prouvé d'une manière convaincante que nous ne possédons qu'une seule espèce de linotte commune, ainsi que l'a fort bien démontré le savant collaborateur de Buffon, et pas même deux races, comme je l'ai avancé dans la pre- mière édition de ce Dictionnaire; parce que la linotte de vi- gne sous des teintes pures et avec un rouge éclatant, m'avoit paru plus rare que l'autre ; ce que depuis j'ai reconnu devoir être, puisqu'elle n'est parée de ces couleurs qu'après deux ou trois mues, et que les vieux sont toujours beaucoup moins nombreux que les autres. Si la linotte commune a été méconnue d'une certaine ma- nière, nos ornithologistes modernes paroissent n'avoir con- nu celle de montagne que dans des descriptions; en effet, Brisson et Buffon ne la décrivent que d'aprèsWillugbhy ; en outre Buffon en fait une variété de la linotte commune, sous la dénomination de linuUe aux pieds noirs., et le synonyme du cabaret , en donnant pour tel la linotte à gorge jaunâtre de la pi. 10 de Frisch , qui n'est autre que la linotte de montagne. M. Meyer cite cette planche de Frisch dans la synonymie du sizerin , etGmelin la rapporte à la variété de son j ri 'ngilla m on- t'um. M.Thenmiinck a d'abord adopté l'opinion de M. Meyer, et par un double emploi, il donne pour une variété de la linotte proprement dite, lefringi/la montium. 11 paroît que ces naturalistes ont parlé de cefringi/la sans le connoître en na- ture, car ils auroient vu que le mâle n'a en aucun temps, le dessus de la tête et lapoitrine rouges, et que cette couleur n'est indiquée chez lui que sur le croupion, tandis que les autres n'en ont aucune trace sur celte partie ; il y a encore d'autres diffé- rences non - seulement dans le plumage , mais dans les ha- bitudes , les mœurs , le cri et Je ramage ; différences qui ne constituent point une variété , mais une espèce particulière. V. Linotte de montagne, p. i 69. Enfin il nous reste leixYNTEL, fringillaargenloratr.nsis, oiseau dont l'existence est très suspecte, qu'on ne voit dans aucune collection, et qu'on cherche en vain dans la contrée indiquée pour sa demeure habituelle. Le mâle, pi. enl. de'Buff. 4-85 , f . 1 , a pendant toute la belle saison, le sommet de la tète et la poitrine rouges ; le derrière du cou cendré ; le dqs et les plumes scapulaires et les couvertures du dessus des ailes d'un marron rembruni pur ; le croupion d'un blanc mêlé d'une légère teinte de roussâ- tre; les couvertures supérieures de la queue noires dans leur milieu et blanches sur les deux côtés; les trois pennes des ailes les plus proches du corps, dun marron rembruni; le bec noirâtre, lavé de blanc à sa base en dessous ; le reste du plumage est pareil à celui d'hiver ; longueur totale , cinq pouces six lignes. F R I 2G3 La femelle diffère du mâle en ce qu'elle n'a point de rouge sur le sommet de la tête et sur la poitrine ; il est remplacé sur la première partie par une teinte cendrée tachetée de noir, et sur l'autre, par une couleur roussâtre variée de taches brunes, que l'on remarque aussi sur le dos. Le màlcen hiver, pl.enl.de Buff.n.0 58, f . i , a lesplumes du dessus de la tele d'un gris-brun dans leur milieu, et bor- dées de roussâtre sur les deux côtés ; celles du dessus du cou, bordées de gris; le dos et le croupion, les plumes scapu- laires et les couvertures supérieures des ailes, d'un brun ti- rant sur le marron, bordé d'une nuance plus claire ; les cou- vertures du dessus de la queue, noires dans leur milieu T blanches sur leur côté intérieur, et d'un gris roussâtre à l'ex- térieur ; le tour du bec et des yeux et la gorge, d'un blanc roussâtre ; les plumes du devant du cou d'un grisbrun : celles de la poitrine d'un rouge obscur, et terminées de blanc rous- sâtre, de manière que le rouge paroît fort peu; les côtés roussâtre : le ventre, les jambes , d'un blanc sali de roux; les couvertures du dessous de la queue blanches, avec une lé- gère teinte de cette dernière couleur; les grandes couver- tures , les plus extérieures des ailes , noires dans leur milieu, blanches à l'intérieur vers l'origine, et grises à l'extérieur ; les pennes des ailes noires ; excepté les trois plus proches du corps, qui sont d'un brun-marron ; toutes sont bordées de blanc à l'intérieur, et les grandes du côté extérieur, ce qui forme sur l'aile, lorsqu'elle est pliée, une raie longitudinale de cette couleur; les pennes caudales sont noires, bordées de blanc des deux côtés; la queue est four- chue ; l'iris de couleur noisette ; le bec d'un gris-blanc, ex- cepté à la pointe qui est brune , ainsi que les pieds. La femelle diffère en ce que ses couleurs sont moins fon- cées que celles du mâle , et que les plumes de la poitrine n'ont point de rouge. Variétés accidentelles des linottes. —On voit des individus totale- ment blancs; d'autresquin'ontque la tôle, les ailes et la queue de cette couleur; sur d'autres, le blanc est la couleur domi- nante, mais les pennes des ailes et de la queue sont noires, et seulement bordées de la première couleur, avec quelques vestigesde gris sur les couvertures des ailes ; j'ai possédé une linotte dont le plumage étoit de la couleur des serins que l'on nomme agates. Le mâle ne partage ni le travail du nid, ni l'incubation; mais rempli de petits soins pour sa femelle , il lui apporte des alimens qu'il dégorge ennune le serin , égaie la monoto- nie de sa position par un joli ramage, sans cesse répété pendant tout le temps qu'elle couve , et veille encore à sa 2o4 FRI sûreté, car, dès qu'on lui porte ombrage, il jette un cri plaintif, voltige de buissons en buissons, s'éloigne un moment, mais pour reparoîlre aussitôt; plus on approche de sa com- pagne, plus ses cris redoublent; alors sa femelle, avertie par ses plaintes , et pressée par le danger, quitte le nid; aussitôt tous les deux s'en éloignent , et n'y reviennent ordi- nairement qu'après une heure d'absence ; mais lorsque les œufs sont près d'éclore , ils y retournent plus tôt ; le père et la mère ont beaucoup d affection pour leurs petits; ils les nourrissent de graines tendres , préparées dans leur ja- bot, et les leur dégorgent dans le bec. Ces linottes font ordinairement deux et trois pontes, et même quatre si elles sont troublées dans les premières. Après les couvées, elles se réunissent en troupes nombreuses, quittent les montagneset descendent dans les plaines. C'est alors qu'on leur tend des pièges , et qu'on en prend un grand nombre : comme ces oiseaux engraissent facilement lorsqu'ils ont de la nourriture en abondance, leur chair acquiert une saveur qui la fait re- chercher, surtout dans nos contrées méridionales: de là leur est venu en Provence le nom de bec-figue d'hiver. Montbeillard trouve une grande analogie entre le serin et la linotte, et avec raison; car ils ont les mêmes habitudes, le même naturel; et, de tous nos oiseaux, la linotte est celui qui s'accouple plus volontiers avec les canaris; mais j'ai peine à croire que les individus qui résultent de ce mélange soient plus féconds que ceux qui proviennent du chardon- neret et du tarin : du moins, malgré des essais faits pendant plusieurs années et de diverses manières, je n'ai pu réus- sir à avoir des œufs féconds, soit d'une serine appariée avec un métis linotte, soit d'une femelle mulelte accouplée avec un serin, soit enfui de ces métis appariés ensemble. Quoique la linotte soit un des plus communs de nos petits oiseaux granivores, quoiqu'elle ne conserve en captivité au- cune des brillantes couleurs qui en font désirer la possession , lorsqu'on la voit en liberté parée de son habit de noces , elle n'est pas moins recherchée que l'éclatant chardonneret et le charmant bouvreuil. Si alors des teintes sombres remplacent la belle ..couleur rouge de sa tête et de sa poitrine, si alors tout son plumage n'est grivelé que d'un brun terne et d'un blanc sale, la linotte ne mérite pas moins d'attirer sur elle l'attention de 1 homme, et de contribuer à ses plaisirs, car elle a des qualités vraiment intéressantes. Elle réunit un na- turel docile et susceptible d'attachement, un ramage agréa- ble , un gosier qui se ploie facilement aux différens airs qu'on " «fier; on parvient même à lui apprendre à ré- F R I 205 péter distinctement quelques mots de telle langue que ce soit. Petite vie, petit fils, /misez, baisez, petit fils , sont des demi-phra- ses quelle prononce franchement et avec un accent si lou- chant , qu il semble exprimer le sentiment. Il est vrai que cefl oiseaux sont dune amabilité étonnante, et deviennent telle- ment caressans , qu'il finissent souvent par importuner. Ils savent très-bien distinguer les personnes qui les soignent; ils viennent se poser sur elles de préférence , leur prodiguent de tendres caresses, et semblent même exprimer leur affec- tion par la douceur de leurs regards. Outre cela, ils ont la faculté d imiter et de joindre aux modulations variées de leur charmante voix, le chant des autres oiseaux qui se trouvent à leur portée. Si on élève une très-jeune linotte avec un pin- son, une alouette ou un rossignol , elle apprendra à chanter comme eux; mais elle perdra souvent son chant naturel, et ne conservera guère que son petit cri d'appel. Les linottes qu'on désire instruire doivent être prises dans le nid, quand les plu- mes commencent à pousser; car, si elles sont prises adultes, au filet ou autrement , il est rare qu'elles profitent des leçons qu'on leurpourroit donner : cependant on en voit quelquefois devenir assez familières et assez caressantes. On indique dif- férens moyens d'instruction, tel que celui de les siffler le soir à la lueur d'une chandelle, avec l'attention de bien articuler les mots qu'on veut leur faire dire. Quelquefois, pour les mettre en train , on les prend sur le doigt; on leur présente un miroir, dans lequel elles croient voir un autre oiseau de leur espèce, et cette illusion produit, dit-on, une sorte d'é- mulation , des chants plus animés et des progrès plus réels ; mais ces précautions ne sont pas de première nécessité, car les linottes ordinairement les mieux instruites sont celles élevées par les savetiers , qui les sifflent sans interrompre leur travail. On a remarqué , ce qui est vrai pour la plupart des oiseaux chanteurs, tels que les tarins, chardonnerets, etc., qu'elles chantent plus dans une petite cage que dans une grande. Cet oiseau vit long-temps en captivité, s'il est bien soigné. Sonninien cite un qui a vécu quatorze ans, et eût vé- cu davantage, car il n'est péri que par accident.Ce charmant oiseau étoit rempli de gentillesse; il appeloit plusieurs per- sonnes de la maison par leur nom et très-distinctement; il siffloit cinq airs entiers de serinette ; et ce qui ajoutoit à l'a- grément et à la vérité de son chant, c'est que ces cinq airs étant en ré, si, mi mineur, cette linote les mêloit souvent en semble sans aucune discordance à raison du ton , ce qui pro- duisoit une sorte de pot-pourri extrêmement agréable. (V. son édition de VHist. nalur. de Buffon. ) Enfin, ces oiseaux ont l'avantage de chanter presque toute l'année, et leur docilité 2o6 F R I est telle, qu'on peut les accoutumer à la galère comme le ta- rin et le chardonneret. Lorsqu'on veut élever de jeunes linottes, il faut choisir des mâles; car les femelles ne chantent ni n'apprennent à chan- ter. On les reconnoît à la couleur blanche des ailes, qui est plus pure et plus étendue. On les nourrit d'abord avec du gruau d'avoine et de la navette broyée dans du lait ou de l'eau; d'autres remplacent le gruau avec de la mie de pain, et y joignent un jaune d'oeuf dur. On leur donne la becquée comme aux serins, et il faut les tenir chaudement et propre- ment. Si on veut les rendre plus familiers , on leur présente cette nourriture à la main , et on leur donne quelques dou- ceurs avec la bouche. Lorsqu'ils commencent à vouloir man- ger seuls, on laisse la navette entière, mais attendrie dans l'eau, afin qu'ils puissent la casser plus aisément ; ensuite l'on varie leur nourriture avec du panis, du millet, de l'al- piste , des graines de rave , de choux , de laitue , de plantain , et quelquefois celle de melon broyée; de temps en temps, du massepain , de l'épine-vinette , du mouron. Il leur faut très-peu de chénevis , parce qu'il les engraisse trop , ce qui les fait périr ou les empêche de chanter. Beaucoup de personnes ne leur donnent pour nourriture que de la navette ; mais il en résulte le même inconvénient. Plus on variera leurs ali- mens, moins ils auront de maladies. De plus, on met dans leur cage un petit plâtras ou morceau de craie, afin d'éviter la constipation à laquelle elles sont sujettes. Il les guérit aussi d'une maladie qu'on appelle subtile: leur tristesse, leur si- lence , leurs plumes roides et hérissées, en sont les indices ; et lorsqu'elle fait des progrès, leur ventre devient dur, leurs veines sont grosses etrouges , leur poitrine est tuméfiée , leurs pieds s'enflent, sont calleux, et à peine peuvent-elles se sou- tenir. Les linottes sont encore sujettes au mal-caduc, pour lequel on indique encore le morceau de craie; mais le mal du bouton est presque incurable; cependant, on conseille de le percer promptement, et d'étuver la petite plaie avec du vin. Enfin , outre toutes ces maladies , dont la plupart sont les effets de la captivité , elles souffrent encore de l'asthme, ce qu'elles indiquent en frappant souvent du bec avec co- lère. On met alors un peu d'oxymel dans leur abreuvoir, et on change leur nourriture pendant quelques jours, en leur donnant de la chicorée sauvage tendre etpilée avec de l'épi- ne-vinette ou du chou , si cette maladie les attaque pendant l'hiver ; et rien n'est meilleur , pour les tenir gaies et en bonne santé, que de leur donner des groseilles rouges. Comme on ne doit rien négliger pour conserver un oiseau qu'on s'est donné la peine d'instruire, il faut, autant qu'on le peut , le rapprocher île soii Jlol naturel. Ces oiseaux sont puhératcurs ; on doit donc garnir le fond de leur cage d'une couche dt petit sahle, qu on renouvelle de temps en temps; et comme ils aiment à se haigner, il leur faut aussi une petite baignoire , dont on renouvelle l'eau tous les jours. Les linottes se réunissent en société vers le mois de sep- tembre, y restent pendant l'hiver, volent très - serrées, s'abattent, s'élèvent toutes ensemble , et se posent sur les mêmes arbres. Leur vol est suivi, et ne va point par él ai répétés comme celui du moineau ; elles marchent en sau- tillant; elles passent la nuit dans les bois,' et choisissent pour asile les arbres dont les feuilles, quoique sèches, ne sont pas encore tombées , tels que les chênes , les charmes, etc. Elles fréquentent alors les terres en friches et les champs cul- tivés, où elles se nourrissent de divers petits grains; elles pi- quent aussi les boutons des peupliers, des tilleuls et des bou- leaux, comme font les sizerins et les bouvreuils. Leur nom , linottes (linarûe), indique encore un de leurs alimens; il ne leur a été imposé , que parce qu'elles aiment la graine de lin ou celle de la linaire ; enfin toutes sortes de graines leur con- viennent , mais je ne crois pas qu'elles touchent aux insectes: ce qu'il y a de certain , c'est qu'elles n'en portent pas à leurs petits, comme font les oiseaux granivores-insectivores. Vers le commencement du printemps on les entend chanter toutes à la fois, et leur chant est toujours devancé par une espèce de prélude ; c'est alors qu'elles s'accouplent; une fois leur choix fait, chaque paire s'isole et affecte un canton d'où elle ne s'éloigne point pendant tout l'été. Les linottes sont commu- nes en France, en Angleterre, en Italie, dans le Levant, en Allemagne et dans les parties méridionales de la Russie. La- tham soupçonne, d'après Kolbe , qu'elles se trouvent aussi au Cap de Bonne-Espérance , ce qui paroîl très-douteux. Enfin cet ornithologiste prétend que, du côté du Nord, l'es- pèce de linotte rouge s'est répandue jusqu'à la baie d'Hudson. Là, son plumage a varié; il est , dit-il, d'un brun plus pâle; mais l'oiseau dont il parle est d'une autre espèce, et fait partie d'un autre genre. V. Passerine de montagne. Chasse aux linottes. — On prend ces oiseaux de diverses ma- nières, à l'albret ou albrot ( V. Bouvreuil) ; il ne faut point de cage, mais des moquettes apprivoisées : aux abreuvoirs avec des gluaux ( V. Hochequeue ) ; aux filets d'ALOUETTE ( V. ce mot ) , car lorsque les linoites sont attroupées , elles descendent très-bas, pour s'approcher du miroir, et se posent quelquefois au milieu des filets ; on est certain de les y atti- rer, si l'on a des mâles pour servir d'appeau ou de chanterelle, mais les mailles du filet doivent être plus serrées que pour les ao8 F R î alouettes; alors il n'en échappe point. On les prend aussi avefi un seul filet du retz saillant {V . Chardonneret); et enfin au rets saillantlui-mêine, ou filet volant. Le terrain propre à cette chasse doit être peu élevé ; les vallons conviennent assez ; il ne faut pas qu'il y ait aux environs , ni arhres, ni haies sur lesquels les oiseaux puissent se percher; plus les arhres sont éloignés, plus la chasse est lucrative. La place que Ton pré-^ pare doit avoir au moins cinquante brasses de long , et vingt- cinq de large; l'espace qui entourera les filets tendus, sera couvert d un rang de petites plantes qui auront au plus un demi-pied de hauteur, et qui seront ou de la lavande mâle, ou du lentisque, ou du buis, ou du genévrier; le tout sera rangé de manière qu'il cache les cordes auxquelles sont atta- chés les filets ; on pratique autour de cet espace sur les côtés une sorte d'allée large d'environ une brasse, et on termine cette allée par un espalier fait avec les mêmes plantes , mais beaucoup plus fortes et plus hautes que celles delà première rangée. C est au milieu de cet espalier que Ton place les cages des appelant; il faut avoir soin d'élaguer les petites branches, ou les contenir avec un cerceau, afin d'éclairer la place où doi- vent être les moquettes. Aux coins des qualre poulies qui font couler les cordes des filets , on dresse quatre touffes de sem- blables plantes, et on y place quatre cages d'oiseaux choisis parmi les meilleurs chanteurs : il est encore à propos pour at- tirer les linottes , de faire au milieu du bosquet , sur le côté droit , une rangée d'osiers rouges et de tilleuls, longue de trois brasses et large de deux; du même côté , on aura encore at- tention que le sol du terrain soit un peu relevé, et descende insensiblement pour favoriser le jeu du filet. Il faut en outre construire une petite loge assez grande pour qu'elle puisse contenir deux à trois personnes, simplement avec des roseaux, la couvrir partout de verdure et mellre un siège dans le milieu pour l'oiseleur ; ce siège est placé en droi- ture vis-à-vis le retz saillant : on fait à cette cabane une ouver- ture en forme de fenêtre, afin que le chasseur puisse diriger sa vue sur ce qui se passe autour de lui. Lorsqu'on destine cette place à servir pendant plusieurs années , on fait la loge en maçonnerie ou en bois; elle doit, dans tous les cas , être couverte de verdure, souvent renouvelée pendant tout le temps de la chasse ; en outre , pour s'éviter le renouvellement des plantes et arbrisseaux, on entretient celle plantation que l'on a soin de contenir à la hauteur dite ci- dessus. Les filets qu'on emploie pour le retz saillant doivent être d'égale longueur ; celui de la droite a seulement une demi- brasse ou une brasse de plus de largeur ; ces filets sont garnis à leur bout de deux perches d'aulne, autrement, piquets qui F R I 20g servent à les lier, et qu'on plante vers le bosquet aux quatre coins où l'on veutattacherr.es filets; d'autres les adaptent à une petite pièce de bois , et qui a des poulies qu'on fiche en terre ; l'extrémité du piquet est un fer qui entre dans une clochette ; le fer qui les tient ensemble , et les cordes qui partent de la clochette et vont aux filets, se nomment maîtresses, tandis qu'on nomme couennes celles qui sont du côté de la place en dessus ; les maîtresses cordes se joignent à un nœud qu'elles font elles- mêmes; après quoi, à la distance de deux ou trois brasses, quelquefois plus ou moins , selon l'avantage de l'oiseleur, est un bâton qui sert à tirer les filets , et qui donne de la force pour les fermer , en les rapprochant l'un contre l'autre ; il Jfaut renforcer les cordes et les ficelles qui servent pour lesdits filets, et on leur donnera une couleur de terre verte. Pour pouvoir prendre un grand nombre de petits oiseaux, il faut desappelans de chaque espèce ; car rarement un oiseau s'abat, s'il n'y en a de sa race. A ce moyen , on peut prendre , à cette chasse, des linottes, chardonnerets, pinsons , lavan- dières , bergeronnettes, verdiers , bruaris, etc. La Linotte gris-de-fe% Fringilla cana,V \q\\\. ; Loxiacana, Lath., pi. 179 desOw. d'Edwards, a la taille et les proportions de la linotte ; mais son bec est un peu plus fort, ce qui a donné lieu aux méthodistes de la ranger parmi les gros-becs. Elle a le dessus de la tète, le cou et le dos gris-de-fer; le dessous du corps cendré clair ; le croupion de la même teinte, mais plus foncée ; lespennesdesaileset delà queue noirâtres, bordées de cendré clair, excepté les plus longues des ailes, qui sont entièrement noires vers leur extrémité , et blanches vers leur origine ; la mandibule inférieure est bordée de cette même couleur, qui s'étend jusque sous les yeux; le bec cendré ; les pieds sonteou- leur de chair. Celte linotte, qu'on trouve en Asie, a un ra- mage très-agréable. La Linotte huppée, Fringilla flammea, Lath., pi. 29 des Ois. chanteurs , sous le nom àzfringille huppée. Le mâle a une huppe couleur de feu tirant au rouge ; les plumes qui la com- posent sont de la même teinte que celles de la huppe du ma- nakin tijé (pipra pareola ) ; la nuque , le dessus du cou et du corps, les ailes et la queue, bruns; cette couleur est plus claire à l'extérieur des pennes alaires et caudales ; toutes les parties inférieures sont d'un rouge clair à peu près semblable à celui d'une rose fanée. La femelle ou le jeune, aies côtés de la tête et le haut de la gorge d'un blanc sale ; tout le des- sous du corps d'un brun rougeâtre , et le reste du plumage pareil à celui du mâle. La patrie de cet oiseau est à peu près inconnue: Linnseus croit qn'il habite dans le nord; tous les ornithologistes allemands le placent dans le nombre des oi- XII. 14 F R ï se aux do celte partie de l'Europe. On lui donne une très-n grande analogie avec \efriquet huppé, que je n'ai jamais vu en nature , ce quim'cinp :che de juger si leur identité est réelle. V. ci-dessus, Friquet huppé. La Linotte , dite Sénégali chanteur , Fringiïïa musica , Vieill. , pi. ii des Ois. chanteurs. Ce n'estpointpar une parure élégante que se distingue ce sénégali; modeste dans ses cou- leurs, il sait captiver noire attention par des qualités plus intéressantes : chant mélodieux, douceur et familiarité , tels sont ses attributs naturels. Il n'a point les sons flûtes, les coups de gosier éclatans, les roulades précipitées durossignol; mais doué d'une voix moelleuse , sonore , forte sans dureté , pleine de grâce et d'harmonie , il a l'avantage de se faire en- tendre dans un appartement pendant presque toute l'année sans jamais fatiguer. Ce charmant volatile feroit aisément oublier le musicien des Hébrides , si, moins délicat et moins rare, ilpouvoit s'acclimater dans nos pays; cependant avec des soins et des attentions, on y parviendroit facilement, puisqu'il suffit de mettre cet oiseau d'Afrique à l'abri du froid ; l'on pourroit même l'y naturaliser et le faire mul- tiplier , si on lui procuroit une chaleur convenable , que j'estime à 25 degrés pour les oiseaux qui sont néssous la zone torride; mais ce petit chantre demande une volière parti- culière; car d'un naturel timide et doux, il est toujours la victime de ces espèces hardies et hargneuses , tels que les moineaux à bec rouge et certains bengalis , qui abusent de sa foiblesse, se font un jeu de le déplumer, et par-là l'expo- sent à périr du froid. Cet intéressant sénégali est de la taille du bengali maripo- sa , mais plus arrondie : tout son plumage est d'un gris- blanc, et chaque plume a dans son milieu une tache brune , qui s'étend le long de la tige ; le gris est plus foncé sur la tète , le dos , la poitrine et le haut du ventre ; il est presque pur sur la gorge ; les ailes et la queue sont brunes ; cette der- nière est un peu fourchue à son extrémité. La femelle ressem- ble tellement au mâle que le chant seul en fait la distinction. Ces oiseaux ne muent qu'une fois par an , et leurs plumes ne reparoissent qu'^ cette époque, si elles ont été arrachées dans le courant tj_e l'année , du moins sous notre climat. On les trouve au Sénégal. La Linotte tobaque , pî. 179 des Ois. d'Edwards, est donnée par cet auteur pour le mâle de la linotte vengoline; mais comme toutes les deux ont un chant fort agréable , il est très-probable que ce sont deux mâles , dont l'un est plus avancé en âge que l'autre , s'ils font partie de la même espèce. Au reste, le tobaque, qu'Edwards appelle encore négral, a la F fi T 1 " L 211 base du bec entourée d'une bordure noire, qui s'avance un peu sur le front; cette même couleur occupe aussi le dessous des yeux et descend sur les côtés de la gorge vers son origine; la tête, le cou , le dos et les petites couvertures des ailes, d'un cendré brunâtre varié de taches noirâtres ; les autres couver- tures et les pennes des ailes sont de la même couleur et bor- dées de jaune; le dessous du corps et des couvertures inférieu- res de la queue est d un orangé tenu uniforpie , clair sur la poitrine et sombre sur les parties postérieures ; l« croupion est d'un jaune brillant ; les pieds cl les ongles sont couleur de chair. La Linotte vengoi.ine, Fringilla angolensis, Lath. , pi. 179 des Ois. d Edwards , se trouve en Afrique , sur la côte d'An- gola : les Portugais l'appellent Itanguelinha. Son ramage , dit I)aincs-Barringlon , est supérieur à celui de tous les oiseaux chanteurs de l'Asie, de l'Afrique et de l'Amérique, excepté toutefois le chant du moqueur. Elle a les parties supérieures variées de bsun foncé et de brun clair ; le croupion et les cou- vertures du dessus de la queue jaunes; les couvertures supé- rieures, les pennes des ailes et celles de la queue brunes et bordées de gris clair; les côtés de la tête d'un roux clair; un trait brun sur les yeux ; le dessous du corps tacheté de brun sur un fond plus clair; le bec et les pieds bruns ; la taille de la linotte. Y. Fringilles dont le bec est plus fort que celui de la linotte , plus ou moins allonge , à pointe sans compression et un peu aiguë. (Veuves , Pinsons , etc.) Les Veuves. On appelle ainsi une belle famille d'oiseaux qu'on trouve non-seulement en Afrique , mais encore dans l'Asie jusqu'aux îles Philippines. Mais, dit Gueneau de Mont- beillard , ce nom de veuve qui paroît bien leur convenir, soit à cause du noir qui domine dans leur plumage , soit à cause de leur longue queue traînante, ne leur a été imposé que par une méprise. Les Portugais les appelèrent d'abord oiseauco de Whidha , c'est-à-dire , de Juida , royaume d'Afrique , où ils sont très-communs ; la ressemblance de ce mot avec celui qui signifie veuve en langue portugaise, aura pu tromper des étrangers qui auront pris l'un pour l'autre, et cette erreur se sera accréditée d'autant plus aisément , que le nom de veuve paroissoit, à plusieurs égards, fait pour ces oiseaux. Les fe- •melles ne sont jamais parées d'une longue queue , et les mâles ne la portent que pendant six mois qui ne sont pas les mêmes pour tous ; ce qui paroît dépendre, pour les jeunes, du jour de leur naissance , et pour les adultes , du climat sous lequel ils se trouvent. Ordinairement la première mue, celle où les mâles prennent leur habit de noces et font en- ûia F R I tendre leur ramage , a lieu au printemps , et la seconde h l'automne , on pour mieux dire , au! époques qui répondent à ces deux saisons. Après celle -ci, les mâles diffèrent si peu des femelles, qu'on les confond souvent quand on n'a pas une certaine connoissance de ces oiseaux , connoissance qui ne s'acquiert que par l'habitude de les voir souvent et de les comparer les uns aux autres. Les femelles subissent aussi deux mues , mais elles n'éprouvent aucun changement dans leur plumage ; cependant en vieillissant , il en est qui pren- nent des couleurs presque pareilles à celles que le mâle porte pendant la saison des amours. Celte observation a été faite par Mauduyt sur un individu de l'espèce de la veuve au collier d'or qu'il a conservé long - temps vivant : « à mesure , dil-il, qu'une femelle , qui a vécu chez moi neuf ou dix ans , avançoit en âge , elle devenoit moins semblable à son mâle dans son plumage d'hiver, et se rapprochoit davantage de lui dans son plumage d'été , en sorte que dans ses der- nières années , cette femelle paroissoit en tout temps un mâle dans son plumage d'été, mais cependant un mâle moins beau; et d'ailleurs elle n'a point eu de longues plumes à la queue. » Gueneau de Montbeillard a présenté ces longues plumes comme une fausse queue , et son sentiment a été adopté par M. Cuvier ; mais l'observation me force de dire que ces sa- vans se trompent pour toutes les veuves , à l'exception de la veuve à êpauletles. En effet , ce nom de fausse queue qui con- vient très-bien à quelques longues plumes de celte veuve , ne peut s'appliquer à celles des autres , puisque ce ne sont point, comme ils le pensent, quelques plumes des couver- tures supérieures qui se développent sous diverses formes ; au contraire , ces longues plumes sont, chez les veuves au collier d 'or , à quatre brins , dominicaine et en feu , les quatre pannes intermédiaires de la queue qui , avec les huit autres , car ces oiseaux n'en ont pas davantage , forment le nombre de douze que les mâles , les femelles et les jeunes ont en tout temps. Si ces quatre pennes ne faisoient pas partie delà queue , celle-ci ne seroit donc composée que de huit ; d'où il résulleroitque les mâles en auroient quatre de moins, quand ils sont sous leur plumage parfait, que lorsqu'ils por- tent leur habit d'automne , ce qu'on ne peut admettre. Je ne suis pas le seul qui ait indiqué ces longues plumes pour appartenir à la queue , car l'exact Brisson en fait mention pour les veuves qu'il a décrites. Lalham s'est conduit de même. Mauduyt (Encyclop. méth.) a adopté l'opinion de Montbeillard ; ce qui prouve qu'il n'a fait aucune vérifica- tion, et qu'il n'a pas consulté à ce sujet l'ornithologie de Brisson qui , d'ailleurs, lui a servi de guide dans presque F R I „3 toutes ses descriptions. Au reste, c'est d'après un examen réitéré des mâles , morts ou vivans , que je nie suis assuré que les quatre grandes plumes sont les pennes intermédiaires de la queue, et non pas quelques couvertures supérieures , et que les pennes ne diffèrent nullement des huit autres, quand les mâles portent la livrée des femelles. Enfin, si les longues plumes ne sont qu'au nombre de deux, comme dans la veuve \ à Jeux brins , elles sont alors accompagnées des dix pennes la le raies. Les veuves , suivant les voyageurs , n'emploient que du coton à la construction de leur nid , et ce nid a deux étages ; le mâle habite l'étage supérieur, et la femelle couve dans celui d'en bas ; mais un nid ainsi construit est-il le travail de toutes les veuves , ou n'appartient-il qu'aune seule espèce; et quelle est celle espèce ? c'est sur quoi se taisent les voya- geurs , les naturalistes , et même les curieux hollandais , qui oui , dit-on , fait couver ces oiseaux en captivité. Brisson , Montbeillard et d'autres ornithologistes fran- çais , ont rangé les veuves dans le genre des moineaux et des pinsons ; Latham et Gmelin les ont classés avec les hruans; mais la conformation de leur bec les place naturellement dans le genre fringille. La Veuve AU COLLIER d'or, Fringilïa paradisea, Vieill. ; Emheriza pnradisra , Lath. , pi. R. il , fig. 3 de ce Dictionn. La dénomination donnée à celte veuve, vient d'une espèce de demi-collier d'un jaune doré qu'elle porte sur le derrière du cou ; ce collier n'est pas de celte couleur dans tous les indivi- dus; plusieurs l'ont d'un brun plus ou moins roux ou d'un oran- gé pâle. Sa grosseur est à peu près celle d'un fort serin ; elle a la tète, la gorge, le devant du cou, le dos, les ailes et laqueue d'un beau noir; la poitrine d'un marron brillant ; les par- ties postérieures blanches; dans quelques-unes; le bas- ▼enlre et les cuisses sont noirâtres ; dans d'autres , les plumes des jambes, noires et terminées de roussâlre; les cou- vertures inférieures de la queue , ou totalement noires , ou noirâtres et terminées de blanc; les pennes primaires des ailes ont à L'extérieur un liseré blanc; celles de la queue sont noires; des quatre intermédiaires, deux ont une position ver- ticale et sont opposées l'une à l'autre par leur surface exté- rieure y et comme cannelées ; elles n'ont guère que quatre pouces de longueur, sont larges, et se terminent tout d'un coup par un filet délié , long de plus d'un pouce ; les deux autres qui paroissent comme ondées et moirées, sont relevées leur origine, ensuite recourbées et inclinées en arrière ; elles portent onze pouces de long , 9 lignes de largeur près du crou- pion , et se réduisent à trois vers leur pointe (ces dimen- **4 F R I sions varient chez les divers individus) ; enfin quelques barbes de ces plumes ont des filets très-déliés, très-longs, plus ou moins nombreux ; le bec est noir , et les pieds sont de cou- leur de chair. Tel est le mâle dans la saison des amours , mais lorsqu'il quitte ses longues plumes , son plumage brillant disparoît avec elles ; alors la tête est variée de blanc et de noir ; la poitrine, le dos et les couvertures supérieures des ailes sont d'un orangé terne , moucheté de noirâtre ; les pennes des ailes et de la queue , d'un brun très-foncé ; le ventre et tout le reste du dessous du corps restent blancs ; le bec et les pieds pâlissent. La femelle a des couleurs encore plus ternes ; ce qui est orangé dans le mâle , se change en roux blanc sale chez elle; du brun remplace le noir ; le blanc est moins pur ; sa taille est aussi un peu inférieure. Il y a dans cette espèce deux races , dont l'une est plus grande que l'autre ; mais c'est la seule différence qui existé entre elles. Je les ai eu vivantes pendant plusieurs années ; la petite race se trouve au Sénégal. Ces veuves sont décrites et figurées dans l'ornithologie ita- lienne , pi. 34.6 et 34-7 ■> sous les noms de vidua americana et yidua africana. Le mâle a un ramage que Mauduyt trouve assez agréable r mais qui m'a paru un peu aigre , quoique assez varié ; il le fait entendre avec plus de force lorsqu'il est décoré de sa belle parure , et même en volant si on le tient dans une grande volière. On rencontre ces veuves sur la côte occidentale de l'Afrique , au Sénégal et dans le royaume d'Angola. Jusqu'à présent on n'a pu faire couver ces oiseaux en France ; mais je crois que cela vient de ce qu'on ne les tient cas dans un local dont la chaleur se rapproche de celle de leur pays natal. Us sont d'un naturel gai , familier , et peu difficiles sur la nourriture : du millet et de Yalpisle leur suf- fisent , avec quelques hci'bes rafraîchissantes , telles que le mouron et la chicorée : ils ne demandent que des soins et quel- ques précautions indispensables pour s'acclimater et multi- plier , comme de les tenir dans une serre chaude , plantée d'arbres toujours verts , et échauffée de vingt à vingt- cinq degrés de chaleur. La femelle peut pondre à des degrés in- férieurs , mais elle ne fait point de nid , et se refuse aux dé- sirs du mâie ; les degrés que j'indique seront suffisans pour la mettre en amour. La Veuve chrysoptère , Fringilla chysoptera , Yieill. , pi. 41 des Oiseaux chanteurs. La longueur des quatre pennes intermédiaires de la queue du mâle m'a décidé à ranger cet oiseau avec les veuves , d'autant plus que , comme les mâles. F R I 2î5 de cette petite famille , il ne les porte de celle longueur que pendant la saison des amours , après laquelle il ,1 , de même que ceux-ci, un plumage à peu près pareil à relui de sa femelle. M. Cuvicr (Règne animal*) assure que cet oiseau n'est point une veuve , mais bien un gros- bec ordinaire ; je ne puis adopter son sentiment, i." parce qu'il n'a pas le bec plus gros que Vemberiia longicauda que ce savant place parmi les veuves, ni que le loxia dontinica, et qu'il l'a moins gros que le paroare huppe., et que la loxia ori.i , oiseau que ce même sa- vant classe avec les moineaux. Le bec du fringilla clnysoptera le range dans lacalhégorie des veuves qui ont, comme il le dit, le bec quelquefois un peu plus renflé à sa base au un bec de linotte. 2.° J'avoue que cet oiseau ne seroit pas une veuve, si on pouvoit généralisera toutes les veuves le caractère dislinc- tif , indiqué par M. Cuvier, d'avoir quelques-unes des couver- tures supérieures de la queue excessivement allongées dans les mâles ; mais cet attribut n'est admissible que pour Yemberiza longi- cauda ; car chez \qs veuves au collier d'or , à quatre brins, domi- nicaine et en feu , ce sont , comme je L'ai déjà dit , les quatre pennes intermédiaires de la queue qui sont très-allongées, et non pas quelques plumes des couvertures , et il n'en est pas autrement pour la veuve chrjsoptère mâle , seulement elles sont moins longues que chez les autres veuves , cl elles n'ont point de forme particulière, si ce n'est plus de largeur que lorsqu'elle est sous son habit d'hiver. Cette veuve a dans son ensemble etdansses couleurs del'ac nalogic avec le pire noir à longue queue; cependant celui-ci en diffère par une queue moins longue et par la teinte d'un roux jaunâtre qu'on voit sur ledosel les couvertures supérieures de l'aile ; mais on le reconnoît facilement dans Yyellmv srhoul- dered oriole dont Brown a publié la figure dans ses lUusl. , et que Ginelin et Latham ont eu tort de rapporter à Yemberiza longicauda. Le noirveloulé qui règne sur le vêtement du mâle, est coupé par le beau jaune qui couvre le dos cl la partie antérieure de l'aile; celte dernière couleur, mais dégradée presque jusqu'au blanc , frange les couvertures supérieures et les pennes secondaires ; le bec est noir et les pieds sont noirâtres : les quatre pennes intermédiaires de la queue outre- passent les autres d'environ deux pouces , et sont à peu près égales entre elles ; les autres sont étagées. Les plumes de la tête et du cou semblent terminées carrément, et prennent la forme d'une coquille lorsque l'oiseau les redresse. Il subit deux mues par an , et après la saison des amours , il est pa- reil à sa femelle qui porte un plumage tacheté longiludina- lement de gris-brun , de roux et de blanc sale ; alors les quatre pennes du milieu àe la queue dépassent très-peu lex sifl F R I autres. On trouve ces oiseaux sur la côte d'Afrique , et par- ticulièrement dans le royaume de Congo et Cacongo. La Veuve a deux brins , Fringilla superciliosa , Them- minck , se trouve en Afrique. Elle a une bandelette blanche au-dessus des yeux, laquelle se prolonge jusque sur les côtés de la nuque ; une autre de la même couleur part de la base supérieure du bec et s'étend en longueur sur le milieu du veiie%\ le dessus et les côtés de la tête, les côtés du cou sont noirs; cette couleur forme une sorte de ceinture sur le mU lieu de la poitrine, et règne encore sur le manteau , les cou- vertures , les pennes des ailes et le dessus de la queue ; un blanc de neige domine sur la gorge, le devant du cou, le reste de la poitrine , le ventre et les parties postérieures, borde les plumes scapulaires et termine les petites et les moyennes couvertures alaires ; ce qui donne lieu à deux bandes trans- versales sur l'aile ; cette couleur forme encore une frange très-étroite sur les bords des pennes caudales, et est répandue sur la moitié des pennes les plus extérieures de la queue et sur les Aeox pennes intermédiaires qui ont six pouces de lon- gueur et dépassent les autres de quatre ; elles sont étroites, à barbes décomposées, déliées et légèrement bordées de noir ; couleur qui couvre la tige de ces pennes , les pieds, et prend un ton brun sur le bec. Longueur totale , neuf pouces environ. Je dois la connoissance de cette espèce nouvelle à M. Themminck qui la conserve dans sa riche collection. La Veuve dominicaine , Fringilla serena , Vieill. ; Emb. serena, Lath. , pi. 36 des Ois. chanteurs. Un beau noir et un blanc pur dominent seuls sur le plumage de cette veuve; le noir occupe le dessus de la tête, le haut du dos, les pen- nes des ailes et de la queue , tombe du dos en forme de ban- delette sur chaque côté de la poitrine , vers le haut de l'aile , est indiqué par un point à la naissance de la gorge , par des taches sur le bas du dos, par de plus petites sur le crou- pion et sur les couvertures des ailes, et s'étend obliquement sur les petites pennes de la queue, du côté intérieur; la cou- leur blanche est répandue sur le devant du cou , la gorge , le dessous du corps et les côtés de la tête au-dessous des yeux, forme un demi-collier assez large sur le derrière du cou , et borde l'œil ; le bec est rouge , et les pieds sont noirs ; sa gros- seur est à peu près celle du serin ; les quatre plumes du milieu de la queue sont d'un beau noir, longues de sept à huit pou- ces, et d'une conformation particulière ; elles sont dispo- sées en forme de tuiles creuses , dont l'arête seroit fort rele- vée , et superposées depuis leur naissance jusqu'à leur pointe ; elles s'emboîtent tellement l'une dans l'autre qu'elles ne pré- sentent que deux pennes , et qu'il les faut séparer pour re- F R I 217 ronnoître qu'il y en a quatre; les ornithologistes n'indiquent que deux longues pi'.'.unes à la queue du mâle : c'est ainsi que Brisson a fait figurer sa petite veuve et que Buffon a fait re- présenter sa veuve dominicaine, pi. enl. n.° 8 , f. 2 ; mais cette méprise provient de ce qu'ils ont décrit un individu dont la queue n'avoit pas acquis toute sa perfection, tel qu'il y en a un chez M. Delalande fils, naturaliste allaché au ca- binet du roi. Deux des quatre pennes intermédiaires dépas- sent les latérales d'environ deux pouces, tandis que les deux autres ne sont pas plus longues que celles-ci ; mais il est fa- cile de voir qu'aucune des quatre ne sont encore parve- nues à leur longueur naturelle , et que les deux qui sont courtes ne font que commencer à se développer; du reste, cette veuve est totalement pareille à celle que j'ai fait figu- rer dans mes Oiseaux clumteurs, et à des individus dont l'un est dans la galerie du Muséum et l'autre dans la collection de M. Delalande. La description que je viens de faire d'un mâle ne peut con- venir en totalité à plusieurs autres, dont les couleurs ne sont pas tout-à-fait distribuées de même , et dont le blanc est moins pur, ou plutôt terni de roussâtre ; celte teinte borde les pennes secondaires des ailes les plus proches du corps , se mêle au blanc du demi-collier des côtés du cou, de la gorge et la poitrine. Sur d'autres mâles le bas du dos et le croupion sont variés confusément de gris sale et de noirâtre, ce qui indique des oiseaux qui ne sont pas encore parvenus à leur entière perfection. Lorsque les mâles sont dans leur habit d'hiver, tout leur vêtement est en dessus moucheté de noirâtre , sans moucheture en dessous et sur les petites cou- vertures des ailes, dont les pennes et celles de la queue sont brunes. La femelle , comme dans les autres veuves , est privée des quatre longues plumes , et a les plus grands rap- ports avec le mâle en mue ; mais ses couleurs sont plus ter- nes. On trouve cette espèce dans le royaume d'Angola. Si l'on rapproche cette veuve de la veuve mouchetée, qui se trouve aussi dans la même contrée , l'on ne peut guère s'em- pêcher de les regarder comme oiseaux de la même espèce. ( V. ci-après sa description.) Levaillant nous assure qu'on rencontre aussi la veuve do- minicaine au Cap de Bonne-Espérance, où dans une cer- taine saison une seule sert de conductrice à chaque bande de sénégalis et de bengalis ; elle se tient sur un buisson à portée de la troupe qui cherche sa nourriture à terre, et dès qu'elle s'envole, toute la bande la suit. Cette observation peut aussi s'appliquer à la veuve au collier d'or, qui , au Sé- négal, a la même habitude; cependant ces oiseaux forment ai8 F R 1 aussi des bandes particulières qui ne sont composées que d'individus de leur espèce. La Veuve a épaulettes , Fringiïïa longicauda, Vieill. ; Emb. longicauda , Lath., pi. 3g et 4o des Ois. chanteurs. Un noir velouté est la couleur dominante de cette grande veuve dont la grosseur approche de celle du grosrbec, et qui a dix- neuf à vingt pouces de longueur du bout du bec à l'extrémité des plus longues plumes de la queue; unesorted'epauletted'un beau rouge dans sa partie supérieure , et d'un blanc pur dans le bas, tranche agréablement sur l'uniformité des ailes qui sont noires ainsi que toutes les plumes caudales; le bec est de cette dernière couleur, et les pieds sont bruns; la queue est composée de dix-huit pennes. Cette veuve a réellement une double queue ; la supérieure est composée de six plumes, dont les plus allongées ont treize pouces, l'inférieure en a douze à peu près égales, et as- sez longues; toutes s'élèvent verticalement, se courbent et s'inclinent en airière. Elle ne porte cet ornement, sa belle couleur noire et ses épaulettes, que dans la saison des amours , qui dure environ six mois. Après ce temps, il est très-diffi- cile de la reconnoître pour le même oiseau , car sa livrée d'hiver est totalement différente; sa queue n'est composée que de douze pennes un peu étagées, dont le plan est hori- zontal. Les plumes de la tête ont un brun noirâtre dans leur milieu, et un blanc roussâtre sur les côtés; celles du dessus du corps sont pareilles, mais la teinte du milieu est moins sombre; les couvertures des ailes, les pennes et celles de la queue sont brunes ; cette couleur est entourée, sur les premières , du même blanc sale qui borde les pennes cau- dales, entoure l'œil et est variée sur toutes les parties infé-r rieures de taches brunes longitudinales; le bec est en dessus de couleur de corne rembrunie; les pieds sont jaunâtres. Il doit en être de cette espèce comme des autres; la femelle et les jeunes doivent porter ce sombre plumage. Levaillant nous assure que la femelle de la veuve à épau- lettes jouit d'un privilège que la nature a refusé aux femelles des autres espèces auxquelles elle a bien accordé, à un cer- tain âge , les couleurs du mâle , mais qu'elle a privées d'une longue queue. Dans celle-ci, au contraire, lorsqu'elle a perdu la faculté de se reproduire, la queue, suivant ce voyageur, toujours courte auparavant, s'allonge, et d'horizontale qu'elle étoit devient verticale; mais il ne nous dit pas si les longues plumes augmentent en nombre et se portent à celui de dix-huit comme dansle mâle. Elle jouit encore d'un autre attribut, «c'est de se revêtir toujours , ajoute-t-il, de l'uniforme que celui- ci avoit arboré passagèrement dans les jours de ses plaisirs. », F R I ifg De là il résulte que , pendant les six mois où le mâle est dans son habit d'hiver, les individus qu'on rencontre avec leur grand uniforme, sont certainement de vieilles femelles déguisées sous l'habit des mâles, et qu'il faut chercher ceux-ci sous le costume des femelles. Ce n'est pas la seule particularité qu'on remarque dans cette espèce, elle diffère encore *de tous les oiseaux de son ordre en ce qu'elle est polygame ; ces jolis oiseaux vivent, dit Barrow , voyageur anglais, dans une sorte de république où deux mâles suffisent au moins à trente femelles ; n'en ayant pas vu, ajoute-t-il , une plus grande quantité aux environs de trente ou quarante nids ras- semblés sur une seule souche de roseaux. Ce fait est confir- mé par M. Levaillant, car il nous assure que ces veuves vi- vent en société et qu'elles construisent des nids très-près les uns des autres. « Ordinairement, dit-il, cette société est composée àpeuprès de quatre-vingts femelles; mais soit que par une loi particulière de la nature, il éclose beaucoup plus de femelles que de mâles, soit par quelque autre raison qu'on ignore , il n'y a jamais, pour ce nombre de femelles, que, douze ou quinze mâles qui leur servent en commun. » Se- cond Voyage dans l'intérieur de l'Afrique, par le Cap de Bonne- Espérance. La Veuve EN FEU, Fringilla panayensis , Vieill. , Ernb. panayensis, Lath. , pi. enl. n.° 64.7. Cette veuve, qu'a fait con— noitre Sonnerat , se trouve à l'île Panay ; un beau noir ve- louté colore tout son plumage, à l'exception d'une large plaque d'un rouge vif qu'elle a sur la poitrine ; sa grosseur est celle de \ a veuve au collier d'or , et sa longueur, du bout du bec à l'extrémité des quatre longues plumes de la queue , de douze pouces ; ces quatre plumes la dépassent de plus du dou- ble de sa longueur, vont toujours en diminuant de largeur, et fiuissent en pointe; le bec et les pieds sont noirs. La Veuve MOUCHETÉE , Emberiza principalis, Lath. Cette vcih't ' , que l'on ne connoît que d'après Edwards, pi. 370 , est de la grosseur de la dominicaine ; elle a le bec rouge ; les pieds couleur de chair; le sommet de la tête , le derrière du cou , le dos, le croupion et les ailes d'un brun vif tirant sur l'orangé; chaque plume est noire dans son milieu; l'estomac de la même teinte orangée , mais plus pâle et sans taches; les côtés de la tête , les petites couvertures des ailes, le ventre, les plumes des jambes et les couvertures inférieures de la queue sont blancs ; les pennes courtes de la queue d'un brun obscur, bordées d'un brun plus clair à l'extérieur, et marquées de blanc du côté interne ; les quatre grandes, dont les deux du milieu ont environ dix lignes de plus que les deux autres , tombent sur les petites , les dépassent de près de six aao F R I pouces , dans la figure qu'en donne Edwards, et sont d'un noir très-foncé. Cet oiseau est, selon moi, un individu de l'es- pèce de la veuve dominicaine , dont le plumage n'avoit pas encore toute sa perfection. La Veuve a quatre brins , Emberiza regia , Lath. ; fritv- gilla regia, Vieill. , pi. 3£ et 35 des Oiseaux chanteurs* De toutes les veuves, celle-ci mérite la préférence par le charme de sa voix, sa propreté et sa forme élégante; mais on doit la tenir dans une grande volière, si Ton veut jouir de tous ces agrémens ; il faut qu'elle puisse développer la souplesse , les grâces de ses mouvemens , et se livrer à son naturel vif et gai ; rien ne la réjouit tant que de pouvoir se baigner à son aise ; son chant , ses cris indiquent sa joie dès qu'on lui présente de l'eau fraîche et limpide ; ce n'est point dans le silence qu'elle se baigne, mais en chantant. On conserve fa- cilement ces jolies veuves en France , en les nourrissant de millet. J'en ai possédé plusieurs, dont une a vécu dix ans. Mais il est très-difficile, si on ne les tient dans un local très- chaud, d'en tirer de nouvelles générations, dans nos climats. Les mâles sont très-disposés à s'apparier ; mais les femelles, du moins celles que j'ai eues, se sont toujours refusées a leurs agaceries. La température qui peut leur convenir pour se re- produire, doit être au moins à 25 degrés de chaleur ; une vo- lière en forme de serre, et plantée d'arbres toujours verts, dans laquelle ces oisearx se plaisent plus qu'ailleurs, est un moyen certain pour exciter leurs désirs amoureux et les faire couver ; mais, comme je l'ai déjà dit, il faut des soins, de la persévérance, et surtout étudier le goût, les inclina- tions de tous les charmans oiseaux d'Afrique que l'on nous apporte vivans , afin de leur donner tout ce qui peut leur plaire et même leur être nécessaire pour construire , placer leur nid et soigner leur jeune famille. Les quatre pennes intermédiaires de la queue, prenant la forme de quatre longs brins dénués de barbes jusqu'à deux pouces de leur extrémité, distinguent cette veuve; un beau noir règne sur la tête, le dos, le croupion, les pennes des ailes et de la queue ; il est égayé par le rouge vif qui colore le bec , les pieds , et par la nuance aurore qui couvre les joues , la gorge, la poitrine, le ventre ; cette teinte forme un demi-collier plus ou moins large derrière le cou ; le bas-ven- tre et les couvertures inférieures de la queue sont d'un blanc pur, lequel est sale sur le mâle en mue ; la couleur aurore est alors remplacée par un roux terne , et tout le plumage varié de gris et de brun par taches plus ou moins grandes, oblongues et longitudinales ; il est privé de ses longs brins ; les pennes des ailes et de la queue sont brunes F R I ajM, et bordées de blanc roussâtre , les dernières, d'égale lon- gueur ; le bec et les pieds ont perdu leur couleur rouge, et son ramage a disparu avec sa belle parure. La femelle n'a, dans aucun temps, les quatre brins, ni les couleurs brillantes du mâle : elle mue cependant deux fois; niais elle porte , après Tune et l'autre mue , le plumage in- diqué ci-dessus. On rencontre cette charmante veuve sur les côtes d'Afrique. Elle est d'une grosseur inférieure à celle du serin. Le mâle a douze à treize pouces de long, pris du bout du bec à l'extrémité des brins : dans des indi- vidus ces quatre plumes sont d'égale longueur entre elles ; dans d'autres, il y en a deux plus courtes; enfin ces varia- lions sont purement accidentelles, puisqu'on les a remar- quées dans le même individu après diverses mues. On voit rarement de ces veuves vivantes en France ; elles sont plus communes à Lisbonne. On les rencontre sur les cotes d'Afrique, mais il paroît qu'elles n'habitent pas le Sé- négal , du moins on ne les voyoil jamais parmi la grande quantité d'oiseaux vivans qu'on apportoit autrefois de celte contrée. Le Pinson proprement dit * Fringilla cœlebs , Latb. , pi. enl. n.° 54-, a le front noir ; l'iris noisette; le dessus de la tête et du cou d'un cendré bleuâtre ; les côtés de la tête, la gorge et le devant du cou rougeâlres ; le dos marron ; le crou- pion olivâtre; la poitrine et les autres parties inférieures, de couleur vineuse ; celte teinte est plus décidée sur la poi- trine ; sur les petites couvertures des ailes est une grande tache blanche, et une bande transversale sur les grandes; les pennes sont noires et bordées de jaunâtre, la queue est pa- reille aux ailes et fourchue ; une raie blanche s'étend oblique ment sur le bord extérieur des pennes latérales; et une tache de même couleur est du côté interne des plus proches ; le bec est bleuâtre et noir à la pointe pendant la belle saison et couleur de corne dans la mauvaise ; les pieds sont bruns. La femelle a des teintes sombres sur la tête et sur le dessus du corps; le dessous est d'un blanc sale. Les jeunes lui res- semblent; le plumage de ces oiseaux varie suivant les sai- sons ; mais ils sont si connus , qu'une description plus dé- taillée devient inutile. Outre les variétés fréquentes dans les pinsons du même pays , il en est d'accidentelles; tels sont les pinsons tout blancs ou variés de blanc ; celui à ailes et queue noires , dont font mention les ornithologistes, et qui ne présente que de très-foibles dissemblances ; le pinson à collier, qui a le som- met de la tête blanc et un collier de lamême couleur; h' pinson blanc et gris-de-fer , chez lequel la première de ces couleurs F R I occupe les parties antérieures , et l'autre les parties postérieu- res; enfin celui à dos jaunâtre, qui a la couleur du dessous du corps très-sale, ou presque blanche. Montbeillard décrit en- core deux variétés, mais il est reconnu que ce sont deux es- pèces distinctes. {V. Pinson brun et Pinson brun huppé.) Celte espèce est généralement répandue en Europe, de- puis la Suède jusqu'au détroit de Gibraltar; on la trouve jus- que sur la côte d'Afrique. Une partie voyage à l'automne , mais cette partie n'est composée que des femelles seules , à ce que l'on prétend, et les mâles restent pendant l'hiver dans leur pays natal. N'auroit-on pas pris à cette époque des mâles pour des femelles ? car depuis la mue jusqu'au mois de février , et surtout à l'automne , les deux sexes por- tent à peu près les mêmes teintes. Quoi qu'il en soit , il est certain qu'il reste aussi beaucoup de femelles qui, réunies aux mâles, forment, avec les friquels, les verdie/s, les bruans et d'au- tres oiseaux, ces bandes innombrables que l'on voit pendant l'hiver dans les champs et les vignes , et qui viennent , lorsque la terre est couverte de neige, devant nos granges , partager avec les moineaux la nourriture de nos volailles. Dès les premiers jours, chaque couple s'isole ; les uns se fixent dans nos jardins et nos vergers , les autres se retirent dans les bois taillis; et tous animent les lieux qu ils habitent par leur gaîlé, et un ramage qui ne manque pas d'agrément. Outre ce ramage , assez diversifié dans ces oiseaux , et com- posé de phrases plus ou moins longues , ils ont divers cris bien connus ; celui que le mâle et la femelle font entendre à l'automne, et pendant toute la mauvaise saison est simple et aigu; le mâle seul en jette au printemps un autre d'un ac- cent plaintif, surtout le soir , et le répète plus souvent dans les temps pluvieux. Cet oiseau pris dans le nid a la facilité de s'approprier des chants étrangers , et il imitera celui du serin, partie de celui du rossignol, etc., si on le tient auprès d'eux; il apprend même à articuler des mots. Enfin l'on a remarqué qu'il ne chantoit jamais mieux et plus long-temps, que lorsqu'il avoit perdu la vue ; cette remarque est devenue funeste à ces petits prisonniers, puisqu'on les aveugle pour augmenter nos jouissances; cela se fait sur la fin de la lune, mais il faut les préparer à celte opération , d'abord en les accoutu- mant à la cage pendant quinze à vingt jours , s'ils ont été pris adultes , et les tenir ainsi enfermes nuit et jour de la manière indiquée ci - après , afin de les accoutu- mer à prendre leur nourriture dans l'obscurité. Ensuite , avec deux fils de métal de la grosseur de l'œil, bien chauds, gans être cependant rougis au feu , on réunit seulement les deux paupières en approchant ces fils le plus près possible de F R I a23 l'œil, et prenant garde de blesser le globe, ce qui forme une espèce de cicatrice artificielle. Alors ces pauvres aveugles , que rien ne distrait , deviennent des chanteurs infatigables ; mais ils sont sujets , si l'on n'a pas été assez adroit , à un tournoiement 'de tète continuel, ce qui n'est pas agréable à voir; aussi ne fait-on cette opération qu'à ceux qui servent tf appeaux ou ftappclans pour mieux attirer dans les pièges les pinsons sauvages . 11 n'est pas même nécessaire d'employer ce moyen pour en faire de bons appelons; il suffit de les met- tre en mue, ce qui se fait de cette manière , ainsi que pour d'autres oiseaux qu'on destine au même emploi. Vers la fin d'avril on prend deux ou trois de chaque espèce , et beaucoup plus de pinsons que d'autres , que l'on prive par grada- tion du grand jour, avant de les plonger tout- à- fait dans les ténèbres ; et l'on finit parles enfermer dans une chambre obscure ou dans un coffre ; celte préparation demande au moins quinze jours; on commence d'abord par tenir à demi- close la porte et les fenêtres, et on continue à les priver par degrés de la lumière , jusqu'à ce qu'enfin il règne une obscurité complète ; on doit avoir soin d'éloigner du voisi- nage tout oiseau chanteur , de les nettoyer tous les jours, de leur donner de nouvelle nourriture , et de changer l'eau de leur abreuvoir qu'on lient plus grand qu'à l'ordinaire ; niais cène sera que le soir à la lumière qu'on remplira cette tâche. Si c'est dans une chambre qu'on les lient, on attachera les cages au mur Tune auprès de l'autre, ou bien on les suspen- dra avec des anneaux à une perche qu'on met en travers dans le milieu de la chambre. S'il y en a parmi eux quelques-uns qui chantent , on leur arrachera la queue. On les tient ainsi jusqu'au moins d'août, époque à laquelle on les retire de la chambre obscure ; il faut agir de précaution , et ne leur don- ner le jour que peu à peu , ainsi qu'on l'a fait pour le leur retirer. Mais avant, il faut les» purger, ce qu'on doit faire à l'entrée de la mue; cetie purgation consiste à leur don- ner pendant quatre à cinq jours du sucre de bette bien coule et clarifié , avec un peu de sucre rouge dan^leur eau. On les laisse quelques jours renfermés dans la chambre éclairée avant de les exposera l'air; on leur donne quelques feuilles de bettes à manger, et l'on met dans leurs cages un morceau de plâtre. Les oiseaux qu'on destine pour la mue doivent être mis en cage au mois d'octobre , pour avoir le temps de séparer les bons chanteurs d'avec les mauvais; en effet , ceux qui ne chantent point depuis ce temps jusqu'à la fin de mars, n'y sont pas propres. Il faut encore les accoutu- mer à manger de L'herbe , parce que sans cela ils langui- roient daus la mue , où il faut leur donner trois ou quatre 324 F R I fois de la bette. Afin de les y habituer , on leur ote le matin/ pendant quatre heures , la nourriture ordinaire , et on la remplace avec des feuilles de choux tendres et de laitues ; il est bon aussi de leur souffler trois ou quatre fois du vin fort pour les garantir des poux. Enfin, lorsqu'après leur sortie de la mue, on les mettra à l'air, il faut éviter de les exposer au soleil pendant douze à quinze jours. Le pinson commence à chanter de très-bonne heure : on l'entend dans les beaux jours de février , et il ne finit que vers le solstice d'été ; d'un naturel très-vif, il est toujours en mouvement, et cela, joint à lagaîlé de son chant , a donné lieu au proverbe gai comme pinson. Le mâle , d'un naturel jaloux , une fois accouplé et fixé dans l'arrondissement qu'il a adopté , n'en souffre pas d'autres dans son voisinage , et si deux mâles s'y rencontrent, ils se battent avec acharnement jusqu'à ce que le plus foible cède la place, ou succombe ; il ne quitte point sa femelle tandis qu'elle couve , se tient la nuit fort près du nid , et s'il s'en éloigne un peu pendant le jour, ce n'est que pour aller à la provision, dont il lui fait part à son retour. La femelle seule travaille à la construc- tion du nid , et lui donne cette forme élégante , et ce tissu solide qui le fait citer comme un des plus jolis de notre pays. Elle le pose sur les arbres ou les arbustes les plus touffus , même dans nos jardins et nos vergers , sur les arbres frui- tiers ; l'on a remarqué qu'elle le place très-haut dans les bois, et que dans les vergers il n'est souvent qu'à la hauteur d'un homme ; mais elle le cache si bien, qu'on passe souvent au- près sans l'apercevoir. Différentes mousses blanches et ver- tes , et de petites racines , sont à l'extérieur recouvertes en entier d'un lichen pareil à celui des branches sur lesquelles le nid est posé ; l'intérieur est garni de laine , de crin , de plumes , liés ensemble avec des toiles d'araignées. Elle y dépose quatre à six œufs gris rougeâtres ; semés de taches noirâtres , plus fréquentes au gros bout. L'incubation que ne partage pas le mâle, dure treize jours, et les petits nais- sent couverts de duvet. Les père et mère les nourrissent d'a- bord d'insectes et de chenilles, joignent ensuite à celte nour- riture de petites graines d'herbes , et lorsqu'ils peuvent se suffire à eux-mêmes , ils vivent en outre de navette , de mil, de chènevis, depanis, de blé et d'avoine, qu'il savent fort bien écorcher pour en tirer la substance farineuse. Ceux qu'on des- tine à la cage doivent être pris dans le nid, car pris adultes ils se façonnent difficilement à la captivité , refusent le man- ger dans les premiers jours, ou ne mangent presque point, frappant continuellement de leur bec les bâtons de la cage , et fort souvent ils se laissent mourir. On les élève avec la F R I nourriture des serins. Comme à cet âge il n'y a point de dif- férence entre les sexes, on ne connoît les mâles qu'environ quinze joursaprèsqu'ils mangent seuls, parce qu'alors ils com- mencent à gazouiller. On prétend que si on veut en faire de bons chanteurs , il faut leur donner un peu de pain, du fro- mage ou du lait ; mais il ne faut pas que le fromage soit sa- lé d'autres leur donnent des vers de farine, ou même quel- ques sauterelles. Au reste, on les nourrit de chènevis, de mil, de panis; mais le chènevis leur est pernicieux, ainsi qu'à beaucoup d'autres petits granivores; c'est pourquoi il faut leur en donner, peu , quoiqu'ils en soient très-friands ; enfin, cet oiseau aimant beaucoup à se baigner, l'on doit renouveler souvent l'eau dans sa baignoire , et lui en don- ner en abondance. Chasse au.c pinsons. — Le pinson est un oiseau de pipée : il vient en faisant un cri , auquel les autres ne manquent pas de répondre , et aussitôt ils se mettent tous en marche. On le. prend encore aux raquettes ouwuterelles, aux trébuchets et avec différentes sortes de filets , entre autres celui d'A- louette ( V. ce mot) , dont les mailles doivent être pro- portionnées à la grosseur de l'oiseau. On établit ce filet dans un bosquet de charmille d'environ soixante pieds de long sur trente-cinq de large , à portée des vignes et des chènevières; le filet est à un bout, la loge où se place l'homme qui tient la corde du filet, à l'autre bout ; deux appeaux sont dans l'espace qui est entre les deux nappes ; plusieurs pinsons en cage sont répandus dans le bosquet : cela s'appelle une pinsonnière. 11 faut beaucoup d'attention à ca- cher l'appareil; carie pinson, qui trouve aisément à vivre, n'est point facile à attirer dans le piège, d'autant plus qu'il est défiant et rusé. Le temps de celte chasse est celui où ces oiseaux volent en troupes nombreuses , soit à l'automne , soit pendant l'hiver. Le temps calme est très-favorable , parce qu'alors ils volent bas et qu'ils entendent mieux ïap- peau. On en prend considérablement dans nos contrées mé- ridionales , avec un filet nommé aussi pinsonnière ; c'est un grand hallier ou toile d'araignée, haut d'environ trois ou quatre pieds , et à qui on donne telle longueur que l'on dé- sire; cela dépend de l'emplacement où il doit être tendu; ordinairement c'est entre deux rangs de vignes. Enfin, on les prend encore à la tendue d'hiver ( V. Bruant ) , à la chouette ( V. Verdier à l'art. Fringille , pag. 24.0) , à Varbrot ( V. Bouvreuil ) , au rets saillant ( V. Chardonneret à l'article Fringille, pag. a65), enfin à Y assommoir du Mexique. Ce piège nouvellement apporté en France , assomme le gibier xii. i5 «6 F R I qui devient sa proie. Voy. àans Y Aviceptologie française, pag. 212 , la description de ce piège , et sa figure , pi. 3o , qui est très-nécessaire pour l'exécuter. Le Pinson d'Ardennes, Fringilla montifringilla , Lalh. , pi. enl., n.°4-4- Cette espèce arrive dans nos contrées à l'automne, y passe l'hiver, et en partau printemps ; elle se tient en troupes plus ou moins nombreuses, se réunit aux pinsons communs et aux autres petits granivores, pour pâturer dans les champs , et se retire le soir dans les forêts. On distingue facilement ces pinsons des autres; car ils volent serrés, ils se posent et partent de même, jettent souvent un cri qui a du rapport avec celui du chat. Lottinger , excellent observateur , assure que les femelles voyagent seules, et que les mâles restent dans les Vosges lorraines ; mais cette assertion ne peut être générali- sée, puisque nous voyons dans nos provinces des bandes composées de mâles et de femelles ; il est vrai qu'à l'au- tomne il est difficile de les distinguer les uns des autres , leur plumage étant à peu près,pareil , surtout celui des jeunes de l'année ; mais dès les premiers jours d'hiver, les couleurs ca- ractéristiques du mâle commencent à pointer. Outre le cri dont je viens de parler, ces oiseaux en ont un autre qu'ils font entendre étant posés à terre ; il approche de celui du traquel , mais il n'est pas aussi fort et aussi pro- noncé. Leur ramage est foible et monotone; c'est un petit gazouillement qu'on n'entend que de très-près. D'un naturel plus doux que notre pinson commun , celui-ci se ploie ai- sément à la captivité , et donne plus facilement dans les pièges. Il ne niche point en France , nous quitte avec les frimas , et se retire dans le Nord : quelquefois il reste jus- qu'à la fin de mars; alors il devient un animal nuisible , car, ainsi que le bouvreuil, il ébourgeonne les arbres fruitiers, principalement les pruniers. Il paroît, d'après les voyageurs, qu'il niche dans le Luxembourg et dans les forêts de North- lande ; qu'il pose son nid assez haut sur les sapins les plus branchus ; qu'il y travaille sur la fin d'avril , le construit au dehors de la longue mousse de ces arbres, et au dedans de crin , de laine et de plumes. Sa ponte est de quatre à cinq œufs jaunâtres et tachetés. Il est probable , d'après leur grand nombre, que ces oiseaux font plusieurs couvées par an. Le mâle est d'une taille supérieure à celle de la femelle ; il a six pouces un quart de longueur; le bec jaunâtre, noir à la pointe; le front noir; le dessus de la tête et du cou, et le haut au dos, variés de gris jaunâtre et de noir lustré (la première couleur disparoît totalement dans le temps des amours , alors ces parties sont totalement noires); le croupion blanc, F R I 237 ainsi que le bas de la poitrine et les parties postérieures; la gorge , le devant du cou et le haut de la poitrine d'un roux clair; les petites couvertures supérieures des ailes d'un jaune orangé; les moyennes d'une teinte plus claire; ias grandes noires, terminées de blanc ,. et les plus proches du corps , de roux; les pennes noires el bordées de blanc jaunâtre, ainsi que celles de la queue ; les flancs mouchetés de noir sur un fond blanc ; les pieds d'un brun olivâtre. La femelle n'a point la lâche des ailes d'un aussi bel orangé, ni la belle couleur jaune de ses couvertures inférieures; sa gorge est d'un roux plus clair ; le sommet de la tète , le dessus du cou et du dos sont d'un brun cendré. On décrit ainsi une variété qui se trouve au Japon : les parties supérieures sont pareilles à celles du précédent ; mais il a une strie noire au-dessus de chaque œil , une autre sur l'occiput; une bande sur les ailes d'un blanc rougeàtre ; une autre au-dessous, d'une teinte fer- rugineuse ; la gorge et la poitrine de couleur de tan; le ven- tre et le croupion blancs. On connoil plusieurs variétés acci- dentelles dont le plumage est plus ou moins varié de blanc; telle est celle à tête blanche de Brisson. Le Pinson dit la C xkdeiave , Fringi/ia erjlhror.ephaJa , Lath., pi. 28 des Oiseaux chanteurs , se trouve «î l'Ile-de-France. Le mâle a le bec noir; la tète , la gorge , le devant du cou , Le croupion et les couvertures supérieures de la queue , d'un rouge vif; cette couleur est coupée par un trait noir sur les cotés de la tète ; ce trait part du bec , borde les paupières qui sont blanches, et dépasse un peu l'œil ; les plumes du des- sus du cou et du dos sont brunes dans le milieu et verdàtres sur les bords ; les couvertures supérieures des ailes terminées de blanc; leurs pennes et celles de la queue, brunes etbordee> de vert en dehors ; la poitrine et les parties postérieures oli- vâtres ; les pieds d'un gris rougeàtre. La femelle a le bec brun en dessus , d'une nuance plus claire en dessous ; la tète , la gorge , le devant du cou et les couvertures de la queue , ver- dàtres ; du reste, elle ressemble au mâle. L'individu dont la figure est indiquée ci-dessus , avoit le bec droit ; mais j'en ai vu d'autres qui l'avoient un peu arqué vers le bout. Longueur totale , quatre pouces trois à quatre lignes. Le Pinson a gouge blanche , Fringilla pensylvanica , Lath. ; Fringitta albicullis , Gmelin , est un double emploi dans les auteurs ; car c'est encore leur fringilla slriaki. Les dissem- blances qu'on remarque entre ces deux oiseaux , caractérisent un âge plus avancé chez l'un que chez l'autre; et il y a cer- tainement une méprise dans la longueur que ces auteurs don- nent an fringilla albicullis, car il n'est pas plus grand que l'au- tre qui a cinq pouces six à huit lignes; le bec brun en dessus, 328 F R I et d'une nuance plus claire en dessous; une tache jaune sur chaque côté de la tête ; cette tache part de la mandihule supérieure et s'avance un peu sur le front, s'éclaircit en pas- sant au-dessus de l'œil , et devient totalement blanche vers l'occiput; une raie de la dernière couleur parcourt le sommet de la tête , dans toute sa longueur , et est accompagnée sur chaque côté , de deux bandes noires qui se réunissent sur la nuque, et yprennent un ton rembruni; le dessus du cou est d'un brun-roux; le dos de la même couleur et tacheté da noir ; la gorge blanche ; le devant du cou, la poitrine et les joues sont d'un gris cendré, inclinant au blanc sur les parties postérieu- res , et se changeant en roux sur les flancs; les pennes alaires et caudales , brunes ; celles- ci ont à l'extérieur une bor- dure fuligineuse , et les autres une frange d'une nuance som- bre ; les couvertures des ailes sont tachetées de blanc à leur extrémité ; les pieds jaunâtres. La femelle diffère du mâle par des couleurs plus ternes ; la teinte jaune est peu appa- rente , et le blanc de la gorge n'occupe que le menton. Les jeunes , dans le premier âge , n'ont point de jaune sur les côtés de la tête , et leur gorge est totalement grise ; du reste , ils ressemblent à la femelle. Le mâle , âgé de deux ou trois» ans , a le bec plombé , le lorum et le front d'un beau jaune ; les côtés de la tête blanchâtres , les pennes alaires noirâtres , et la poitrine d'un gris bleuâtre. Ces oiseaux se trouvent dans les Etats-Unis, au Canada et même à Terre-Neuve. Ils se tiennent, après les couvées , en petites troupes de quinze à vingt, jusqu'au printemps. Ils jettent à cette époque un petit cri à peu près semblable à celui du bruant- rizi. Je ne sais s'ils ont un ramage , ne les ayant jamais rencontrés dans la belle saison. Le Pinson griyelé, Fringillailiaca^hath.; Merem, beyt 2, p. 4-o , tab. 10. Latham et Gmelin donnent à cet oiseau , près de sept pouces anglais de long, et la grosseur de Vélourneau ; il y a erreur dans ces dimensions , car il n'a réellement que six pouces , et n'est pas plus gros que le proyer. Il a le bec brun en dessus , et couleur de corne en dessous ; la tête , le manteau et toutes les parties supérieures , d'un gris-brun , varié de taches d'un ton plus foncé sur le dos, et pre- nant un ton rougeâtre sur les couvertures supérieures des ailes , dont les moyennes et les grandes sont terminées de blanc sale ; la teinte rougeâtre reparoît encore , mais sous une nuance plus claire sur le bord extérieur des pennes , et est indiquée par deux bandes qui descendent de la mandibule inférieure , sur les côtés de la gorge ; cette partie et tout le dessous du corps sont blancs ; une grande tache brune est sur le milieu de la poitrine , et d'autres plus petites , sous la forme G . 20 / . Içuassiere /'/r/u///,'r tr /e/e A/sr/zr/is. fP7n.r0/1 He/ecoirAore ■) SI . MoucAvroffe 7'" t/,u/ F R I „9 d'un V renversé , se font remarquer au-dessus et sur les côtés. Ces taches sont moins nombreuses sur le ventre , et s'éten- dent en longueur sur les flancs; une petite marque d'un blanc sale est à l'origine du bec , et une bande de la même couleur sur les côtés de la tête ; les paupières sont d'un blanc pur , et les pieds d'un brun jaunâtre. La femelle ne diffère du mâle que par des teintes un peu plus ternes ; et je crois que c'est elle qui est figurée dans Merem. Cette espèce habite le centre des Etats-Unis , au prin- temps et à l'automne ; elle fréquente les taillis , se cache le plus souvent dans les buissons des endroits incultes et aqua- tiques, d'où lui est venu le nom de great sparrow-swamp (grand moineau de marais) , que lui ont imposé les Anglais de la baie d'Hudson , où elle se trouve pendant l'été , ainsi que ce- lui de wilderness sparrow ( moineau des déserts ) , qu'elle porte dans la Géorgie où elle passe l'hiver. Le Pinson de neige, Fringilla australis, Lath., se trouve dans les pays de hautes montagnes, d'où il descend dans la plaine, lorsqu'elles sont couvertes de neige. Longueur totale, sept pouces. Il a le bec et les pieds noirs, la tête et le dessus du coucendrés;ledos, lesscapulaires, le corps et le croupion d'un gris-brun , varié d'une couleur plus claire ; les couvertures , les pennes des ailes et les pennes intermédiaires de la queue, noires; les autres blanches et terminées de noir; la gorge de cette couleur; le dessousdu corps, une partie des pennes secondaires ellescouverturessubalairesd'unblanc de neige; les plumes des. jambes cendrées. La femelle diffère du mâle en ce qu'elle n'a point la gorge noire, et en ce que ses couleurs sont ternes. Le Pinson leucophorë, ouFringille a tète blanche r Fringilla leucocephala , Lath., pi. G 20 , f. 2 de ce Diction- naire, se trouve dans l'Australasie. Le beau blanc qui do- mine sur le plumage du mâle, s'étend sur la tête, le cou, la gorge , le milieu du ventre et sur les parties postérieures ; il est encore indiqué par des taches rondes semées sur le fond noir des côtés du corps; cette dernière couleur forme un petit croissant entre le bec et l'oeil, couvre la poitrine, les pennes alaires et eaudales , dont le bord extérieur est d'un brun-roux ; le croupion , les couvertures supérieures de la queue , les plumes scapulaires , une grande partie du dos et le bec sont rouges ; l'iris est jaune et le tarse d'un brun pâle. La femelle diffère en ce que les parties blanches chez le mâle , sont chez elle d'un gris blanchâtre ; que la plaque noire de la poitrine a moins d'étendue; que le dos et l'extérieur des pennes alaires et caudales sont roussâtres , et qu'enfin le croupion et les cou- vertures supérieures de la queue sont d'un rouge très-pâle. Le Pinson dit le Paroare, Fringilla dominicana , Yicill. ; 23o F R I Loxiu domùtirana , Lath. , pi. 69 des Ois. c/ianfeurs. Latham fait de cet oiseau une variété du gros-bec du Brésil de Brisson, ( il ne faut pas confondre ce dernier avec le gros-bec du Brésil de la pi. enl. n.° 3og , fig. 1 , lequel est le grhelin qui ne se trouve point au Brésil, mais en Afrique), et il rapporte à ce gros-bec, le cardinal dominicain d'Edwards , qui n'est autre que le paroare. Ginelin donne ce dernier pour le même que 1-e gviratirica sous la même dénomination , porte un plumage très-analogue à celui de Y ortolan dé neige , sous son habit d'été , et lo- talement pareil à un individu de cette espèce que j'ai con^ serve vivant pendant deux ans, * Le Moineau fou , Fringilia stulta , Lath. , est , selon Buffon, le même oiseau que lefriquei; cependant la des- cription qu'en fait Brisson, ne me paroît pas lui convenir; en effet , il est de la grandeur et de la grosseur du moineau proprement dit ; il a la tête , le dessus du cou , le dos et les plumes scapulaires d'un gris roussâtre , varié de taches ierrugineuses et oblongues , qui occupent le milieu des plumes; le croupion et les couvertures supérieures de la queue «l'un gris roussâtre sans taches ; la gorge , les parties postée rieures et les couvertures inférieures des ailes jaunâtres ; les petites couvertures supérieures pareilles au dos ; les autres noirâtres, bordées à l'extérieur de roussâtre et terminées de blanc ; les pennes alaires et caudales noirâtres ; l'iris jaune ; le bec roux, et les pieds d'un jaune roussâtre. Il est aisé de voir que cette description ne peut s'approprier au friquet, M. Themminck est-il plus heureux , quand il fait du moineau F R I =/9 fou le synonyme de \aSoukie (p. 236), qui certainement n'a pas la gorge , toutes les parties postérieures et les couver- tures du dessous des ailes d'une teinte jaunâtre , mais qui a seulement une tache jaune sur le devant du cou ? * Le MOINEAU DES HERBES, Fringilîa graminea , Lath. , s'appelle à New-Yorck , grass-bird {oiseau des herbes). La tête, le dessus du cou et le dos sont variés de cendré, de couleur de rouille et de noir ; les joues brunes ; les petites couvertures des ailes d'un bai brillant; les autres noires bor- dées de blanc ; le dessous du cou et les côtés blancs , avec des petites stries ; le ventre est de cette même couleur, mais pure ; la queue est noirâtre. Je soupçonne que cet oiseau est le même que mon bruant des herbes. V. ce mot. * Le Moineau jaune , Fringilîa domestka , var. Lath., est très-peu connu et décrit d'après Aldrovande. Brisson, et les auteurs qui l'ont copié, en font une variété du moineau commun , quoiqu'il n'y ait entre eux aucun rap- port dans leurs couleurs et leur genre de vie ; ils ne se rap- prochent que par la forme du corps et celle du bec, ce qui iiidiquoit seulement, dit Sonnini, à l'ornithologiste italien, qu'il appartenoit au genre du moineau. Cet oiseau se tient, selon Aldrovande , presque toujours sur les branches de la viorne , et se nourrit des fruits de cet arbrisseau. La nuance qui domine sur son plumage tire à la couleur marron sur les parties supérieures, et est pure sur les inférieures et sur le bec ; les pieds sont rougeâlres ; les yeux et les ongles noirs , ei un peu longs. La femelle est d'un jaune plus pâle que le mâle. * Le Moineau de Java, Fringilîa melanoleuca, Lath., pi. rnlum. , n.° 224., %• 2 , est de la taille de celui de Macao ; il porte aussi le même plumage, mais il diffère en ce qu'il a, sur la poitrine, une bande blanche, irrégulière et trans- versale. * Le Moineau a joues blanches, Fringilîa noEP/'a,Lath., a les côtés de la tête blancs; le reste de la tête, le cou et le des- sous du corps cendrés, avec des stries noirâtres sur le cou ; le dos et les ailes d'un roux pâle avec les mêmes stries; une ligne rougeâtre, bordée de noir dans sa partie postérieure, passe .1 travers les yeux; une autre de cette dernière couleur est sur les joues, et se réunit à la première; la queue est noirâtre ; le bec cendré ; le tarse noir; taille du moineau-franc ; longueur, ein»i pouces et demi. Cet oiseau a été vu au Cap de Bonne- Kspérance. * Le Moineau de Macao, Fringilîa melanictera , Lath., pi. cnl. n.° 224, fig- i- Taille de la UnoUe'; longueur* un peu uSo F R I plus de quatre ponces; plumage entièrement noir, excepté quelques taches blanches sur le ventre ; ailes et queue bordées de gris-de-fer ; bec et pieds d'un rouge brun. * Le Moineau de Norton , Fringilla nortoniensù , Lath, Cette espèce se trouve sur la côte nord-ouest de l'Amérique , dans le golfe de Norton. Les plumes de la tête , du dessus du cou et les pennes secondaires sont noires et bordées d'un bai brillant, avec une ligne transversale blanche; les primaires noirâtres; le ventre et les flancs blancs; les plumes des côtés et du devant du cou ont leur milieu couleur de rouille ; la queue est noirâtre et bordée de blancsale; une ligne blanche parcourt le bord de ses pennes latérales dans toute leur longueur. * Le Moineau d'Onalaschka, Fiingilla cinerea, Lath, a sur les côtés de la tête, deux traits, l'un gris et l'autre noir ; la gorge grise ; le devant du cou cendré , avec des ta- ches blanchâtres ; le milieu du ventre blanc ; les plumes des autres parties brunes et bordées de gris-de-fer ; le bec et les pieds noirs. * Le petit Moineau de Bologne, Fringilla brachyum, Lath. Il a à peu près la taille et la grosseur du friquet, mais la queue plus courte ; le plumage généralement jaunâtre , plus clair sur la poitrine et le ventre ; les pieds jaunâlresx, et le bec jaune. Voilà encore, selon Sonnini,une espèce très-rapprochée Au friquet. Ne seroij-ce pas plutôt une variété Aucini? * Le Moineau des pins, Fringilla pinelorum , Lath. Lépé- chin a trouvé ce moineau dans les forêts de pins de la Sibé- rie : il est d'un roussâtre mêlé de rouge de brique en dessus, jaune en dessous,' avec une bande transversale ferrugineuse sur la poitrine. Je rapproche de cet oiseau, le second moineau des pins, fiingilla syhatica, qui en est peut-être la femelle. Il a été y,udans le même pays, dans les mêmes forêts et par le même voyageur. Son plumage est varié de gris et de noir sur les parties supé- rieures ; la poitrine et le ventre sont d'un gris-blanc. * Le Moineau a queue rayée, Fringilla fasciata , Lath. Le dessus de la tête , du cou et du dos est d'une couleur de rouilletachetée de noir; les taches sont plusgrandes sur le dos; les ailes sont de la même teinte que la tête , mais uniforme; les pennes primaires noirâtres et bordées de blanc; le dessous du corps est blanc etmarqué de stries noires longitudinales; la queue est brune, avec de nombreuses lignes transversales et noirâtres. Cet oiseau, dit Pennant , se trouve à New-YoVck. * Le Moineau rose , Fringilla rosea , Lath. Celte jolie et, rare espèce a été rencontrée par Pallas dans les saussaies qui avoisinent Lda et Salcnga en Sibérie. Les plumes qui en- F R I a5. lourcnl la base du bec semblent être de l'argent incrusté; le reste de la tête est d'un rose pur, plus lavé sous le cou et vers le croupion, moins pur à la poitrine, et mélangé de brun et de gris sur le dos ; les ailes et la queue sont noirâtres cl bordées de rose à 1 extérieur. Taille du pinson d'Ar- d en n es. * Le Moineau roux , FringMla colida , Latb. Un beau roux nuancé debrun, colore généralement les plumes de cet oiseau; il est uniforme sur celles des parties inférieures, mais chaque plume sur les supérieures a dans son milieu un trait noirâtre ; ce trait s'étend davantage sur celles de la tête et est plus dis- tinct ; la queue est carrée à son extrémité ; le bec noirâtre ; lr-3 pieds sont d'un jaune pâle; longueur, cinq pouces trois lignes. Cette espèce se trouve dans le pays des Marattes. * Le Petit Moineau du Sénégal, Loxia aslrild, var.Lath., pi. enl.n.°23o, fi£. 2. Taille du sawan {F. pag. 253). Bec et pieds rouges; trait de même couleur sur les yeux; gorge et cotés du cou d'un blanc bleuâtre ; reste du dessous du corps bleu; dessus delà tête d'un bleu plus clair; dessus du corps d'un blanc mêlé de couleur de rose plus ou moins foncée ; ailes et plumes scapulaires brunes ; queue noirâtre. * Le Moineau de la TerRE-DE-FeU , Frmçilta austra/is , Latb. La taille de cet oiseau est inconnue. Son plumage est entièrement brun avec un collier ferrugineux. * Le MoiNEAU A TEMPES ROUG ES, Fringillatemporalis, Latb. Un trait d'un rouge terne part du bec, s'agrandit vers les yeux, et s'étend sur les oreilles, où il prend une forme ovale; dessus de la tête d'un gris- bleu ; dessus du cou, dos , ailes et queue bruns ; toutes les parties inférieures de couleur blan- che ; croupion rouge; bec et pieds rougeâtres. Latham rapproche de celte espèce plusieurs oiseaux du même pays, qui présentent des différences assez tran- chantes ; dans 1 un , le bec , la bande des côtés de la tête, le croupion et les couvertures du dessous de la queue sont rou- ges ; la tête paroit plus garnie de plumes que celle du pré- cédent ; 1» dessus du corps est vert; le dessous d'un blanc nuancé de vert, et légèrement teinté de rouge sur la poitrine ; la queue est courte et pareille au dos. Un autre individu qui se rapproche davantage du premier , a la queue courte comme le précédent; le plumage en dessus d'un brun verdâ- tre , et rendre en dessous; enfin, un troisième ne diffère du second qn'en ce que sa queue est beaucoup plus longue. No/a que ces oiseaux dont on ne connoît pas la taille, ont été décrits par Latham, d'après des dessins faits à la Nouvelle-Galles méridionale. * Le Moineau a tète noire, Fn'ngilla melanoc.ephalu , 25a F R I Lath. Il a quatre pouces de longueur; le bec rouge; le dos, les ailes et la queue d'un brun ferrugineux;latêle, le devant du cou noirs ; des stries noires sur les côtés du cou et sur la poitrine; le derrière du cou et le ventre blancs ; les pennes noires, les pieds de couleur de plomb. Cet oiseau se trouve à la Chine. Le Beau-Marquet , Fringilla ehgans , Lath. pi. s5 des Ois. chant. , a le bec, le front, la gorge rouges ; le reste de la tête et le dessus du cou gris; le dos et les couvertures des ailes d'un vert-olive; la poitrine et le haut du ventre rayés de blanc, de vert et de noir ; les parties postérieures blanches; la queue cVun rouge rembruni; le croupion et les pieds couleur de chair; on le trouve en Afrique. Cet oiseau doit être classé dans la section A. * L'Orxnoir, Fringilla aurea, Themminck, a quatre pou- ces et demi de longueur totale ; le dessus de la tête , le devant du cou et le haut de la poitrine d'une belle couleur de feu éclatante ; un trait noir lui sert de bordure au-dessus des yeux et sur le front ; cette teinte couvre les pennes des ailes à leur origine et à leur extrémité, ainsi que les deux pennes inter- médiaires de la queue et le bout des autres ; le milieu des ré- miges et le reste des rectrices latérales sont orangés ; les cotés de la tête et le manteau fauves avec des taches noires; le ventre et les parties postérieures d'un blanc sale. On trouve cette espèce dans l'île de Java. Elle fait partie de la collec- tion de M. Themminck, * Le Pinson brun , Fringilla fiavirostns , Linn. , est d'un cendré brun sur les parties supérieures; d'un brun plus clair en dessous ; noir sur les ailes, avec la queue fourchue ; le bec jaunâtre et les pieds noirs. Tel est le pinson brun de Brisson et de Buffon : Latham et Gmelin ajoutent que les plumes de la poitrine sont rouges à l'extrémité. Des ornithologistes allemands rapprochent le fringilla flavirastris de la linotte de montagne; en effet , il a le bec et les pieds de la même < ouleur ; mais s'il a la poitrine rouge , ce seroit plutôt un sizerin , cependant il faut d'autres renseignemens pour le déterminer avec justesse, tels que l'indication des couleurs du sommet de la tête et du menton. Au reste, il me paroît t certain que cet oiseau n'est point une espèce particulière , mais un individu décrit incorrectement. * Le Pinson de la Chine ouI'Olivette , Fringilla sinica , Lath., a cinq pouces de longueur; le bec jaunâtre; les joues, la gorge, le devant du cou et les couvertures supérienres de la queue d'un vert d'olive; ledessusde latête et du corps d'un brun olivâtre, légèrement nuancé de roux sur le dos, le croupion et les couvertures des ailes les plus proches du corps; laj queue noire, bordée de jaune, terminée de blanchâtre et fourchue \. F R I 253 la poitrine et le ventre d'un roux mêlé de jaune ; cette der- nière couleur est celle des couvertures inférieures de la queue et des ailes ; les pieds sont jaunâtres. La femelle diffère par des couleurs plus foibles. Ces oiseaux se trouvent à la Chine. * Le PlNSON a DOUBLE COLLIER, Fringilla indira , Lath. Cet oiseau de l'Inde a deux colliers, l'un noir par devant, et le plus bas des deux, et L'autre blanc par derrière ; le bec et la tête noirs; le tour du bec, les yeux, la gorge d'un blanc pur; le dessous du corps d'un cendré brun, plusclairsur lescou- verlures supérieures de la queue; les couvertures , les pennes secondaires et primaires des ailes noires, mais les premières et les secondes sont bordées d'un roux brillant ; la queue et les pieds pareils au dos, et tout le dessous du corps d'un blanc roussàtre ; grosseur du pinson ordinaire ; longueur, cinq pouces environ. * Le Pinson frisé , Fringilla crispa, Lath., est d'une taille inférieure à celle du pinson commun; il a le bec blanc; la tête et le cou noirs; le dessus du corps, les pennes des ailes et de la queue d un brun olivâtre ; le dessus du corps jaune; les pieds bruns. Lenom qu'onluiadonné vient de ce qu'il aplusieursplti- mes frisées naturellement, tant sur le ventre que sur le dos. On ne sait laquelle des deux contrées, Angola ouïe Brésil, habile cet oiseau, que l'on a apporté du Portugal eu France. * Le Pinson jaune et rouge, Fringilla Eustachii , Lath. C'est d'après Séba que cet oiseau est décrit ; il l'ap- pelle beau moineau d Afrique , quoiqu'il dise qu'il se trouve à Saint- Eustache, qui est une des petites Antilles. Grosseur du pinson commun; longueur, cinq pouces et demi ; bec, pieds, ailes et queue rouges; marque bleue immédiatement au-dessous de l'œil; tête, gorge, cou et dessus du corps jaunes ; poitrine et autres parties inférieures orangées. * Le Pinson a long bec, Fringilla longirostris , Lath. Tête et gorge noires ; dessus du corps varié de brun et de jaune ; dessous d'un jaune orangé ; collier couleur marron ; pen- nes de la queue olivâtres ; bec et pieds gris-bruns. Longueur, six pouces un quart. On trouve cet oiseau au Sénégal. Il a de si grands rapports avec la Passerine a tète noire et la Fringille crocote , figurée dans les Oiseaux chanteurs, pi. 27, que je les crois de la même espèce. V. l'ar- ticle Passerine. * Le Serevan Fringilla sereoan, Vieill. C'est, selon La- tham , une variété dasénegali astrild. La tête, le dos, les ailes et les pennes de la queue sont de couleur brune ; le dessous du corps est gris clair , quelquefois fauve pâle, mais toujours «uaflcé darougeàtrei le cxoupjonei.le bec sont rouges, et les aS4 F R I pieds rougeâlres. Dans des individus, la base du bec est bordée de noir, et le croupion semé de points blancs, ainsi que les couverlures des ailes. Cet oiseau a été envoyé de l'Ile-de-France par Sonnerat. Je crois que c'est un indivi- du de l'espèce du bengali amandava. Un individu que Commerson appelle aussi sereoan , n'avoit ni le bec ni le croupion rouges, ni une seule moucheture. Son corps étoit fauve clair en dessous, et ses pieds étoient jaunâtres. C'étoit probablement un jeune ou une femelle. D'autres oiseaux fort approchant de celui-ci, et envoyés par le même observateur sous le nom de bengalis du Cap, avoient la tête rouge et étoient plus marqués de cette couleur sur le devant du cou et sur la poitrine. En général, ces oiseaux sont à peu près de la grosseur des bengalis et sénégalis. * Le Serin de la Jamaïque , Fringilla cana , Lath. , a huit pouces de longueur ; le bec d'un brun bleuâtre , plus pâle en dessous ; la tête et la gorge grises ; le dessus du cou et du corps d'un jaune-brun ; le dessous jaune ; le bas-ventre blanc ; les ailes et la queue d'un brun foncé , rayé de blanc ; les pieds bleuâtres ; les ongles bruns , courts et crochus. * Le Serin jaune a front couleur de safran , Fringilla flaoeola , Lath. On ne connoît pas le pays natal de cet oiseau que Linnseus a vu dans le cabinet de M. Degeer. Latham en a trouvé un pareil dans le Muséum Leverian , mais sans rensei- gnemens sur son origine ; peut-être , dit l'ornithologiste an- glais , est-ce un oiseau métis , produit du serin de Canarie et du chardonneret. La couleur générale de son plumage est un beau jaune qui prend une teinte de safran sur le devant de la tête 7 et tend au vert sur le dos ; les pennes des ailes et de la queue sont noires et bordées de jaune ; celte dernière est fourchue; le bec et les pieds sont d'une teinte pâle. Taille du serin de Canarie. * Le SlU , Fringilla barbaia , Lath. Siu est le nom que les naturels du Chili donnent à cet oiseau, et les Espagnols l'ap- pellent gilguero. Si l'on en croit Molina, le mâle de cette es- pèce a une sorte de barbe composée de poils noirs qui ne commence à pousser à la base du bec que lorsqu'il est âgé de six mois, qui croît à mesure qu'il avance en âge et qui s'é- tend jusqu'au milieu de la poitrine quand il est vieux. Il a le bec blanc à la base et noir à la pointe ; la tête d'un noir ve- louté ; le corps jaune , légèrement teint de vert ; les ailes va- riées de noir, de vert et de jaune. La femelle en diffère par un plumage tout gris ; ses ailes sont tachetées de jaune. Elle n'a jamais de barbe. Forme et grosseur du serin. Cette espèce place son nid sur les arbres, le compose de F R I sa* paille menue et de plumes. Sa ponte n'est que de deux œufs. Le mâle , dit-on , a un chant très-mélodieux et beaucoup plus agréable que celui du serin. Il imite facilement le chant des autres oiseaux. Les sius nourrissent des graines de la madia satioa ; ils mangent aussi les feuilles aromatiques du scundix chilensis. * Le Tarin de la Chine, Fringilla asiatica , Lath. , FringilL. sinrnsiï, Gm. Cet oiseau qu'a fait connoîlre Sonnerat, csl un peu moins gros que le moineau franc ; sa tête est noire ; et il a le dessus du cou et le dos d'un vert d'olive; le devant du cou, le dessous du corps , les petites pennes des ailes et les couver- tures inférieures de la queue, jaunes ; deux bandes transver- sales noires sur les ailes , dont les pennes les plus proches du corps sont jaunes ; leur extrémité , les primaires , les pennes de la queue , le bec et les pieds sont pareils à la tête. * La TouiTE , Fringilla variegata , Lath. Le nom de cet oi- seau est tiré de son cri , et celui qu'il porte à la Nouvelle- Espagne. Il a la tête d'un rouge clair mêlé de pourpre ; la poitrine de deux couleurs jaunes ; tout le reste varié de jaune, de rouge , de brun et de bleu ; les ailes et la queue bordées de blanc , le bec jaune et lesvpieds rouges. Longueur totale , cinq pouces huit lignes. * La Veuve éteinte, Emberiza psit/acea, Lath. C'est d'après sa longue queue traînante que Monlbeillard a placé cet oiseau parmi les veuves ; Séba , qui le premier en a parlé , en fait un pinson ; Albin , un friauet ; Brisson, une linotte ; Linnœus et les méthodistes modernes , un bruant. Il résulte de cette diffé- rence dans les opinions, que cet oiseau n'est guère connu. A l'exception de la base du bec qui est entourée de plumes d'un rouge clair, et des ailes qui sont variées de ce même rouge et de jaune , tout son plumage est d'un brun cendré ; il n'a que deux longues pennes à la queue ; ces pennes sont les in- termédiaires et ont le triple de la longueur du corps ; elles prennent naissance au croupion , et sont terminées de rouge bai. Les Chipius. Oiseaux du Paraguay auxquels M. de Azara donne pour caractères d'avoir le bec droit , très-fort , pyrami- dal, très-pointu et à mandibules égales. Ces caractères les rap- prochent tellement des fringilla que j'ai cru qu'on pouvoil dé- crire , à la suite des précédens, ceux d'entre eux que je n'ai pas classés à la suite des forestiers [V. ce mot.). Du cri d'un oiseau de cette petite famille exprimant chipiu, les naturels en ont fait la dénomination générique de tous les petits oiseauxgranivores. On trouve des c/iz/Mus au Paraguay jus- qu'àBuenos-Ayres. lisse plaisent en captivité et se nourrissent, 256 F R I dans l'état sauvage , de petites graines et d'insectes qu'ils chef-* chent à terre, et non pas Sur les arbres. Ils ne pénètrent point dans les bois. Leur vol est rapide, et quelquefois assez élevé et incertain. Le Chipiu proprement dit. Ce nom est l'expression du cri de cet oiseau qui est commun au Paraguay. Il fréquente les campagnes , les terrains cultivés , et pendant l'hiver les habi- tations. Ces chipius vivent en troupes souvent si serréc#qu'ils se touchent r lorsqu'ils se perchent sur les arbres et sur les buissons. Le mâle a un ramage agréable ; cinq pouces de lon- gueur totale ; le bec large et épais de trois lignes , noirâtre en dessus, blanchâtre en dessous ; les parties inférieures d'un jaune foncé , avec une petite tache blanche sur le ventre ; l'ex- trémité des couvertures de la queue de cette couleur et du brun jaunâtre sur la face extérieure des jambes ; un trait jaune part des narines et passe au-dessus de l'œil ; les plumes du sommet de la tête sont noirâtres et bordées de jaune ; elles prennent une teinte plombée sur l'occiput , sur le dessus du cou et sur les côtés de la tête ; mais l'oreille est brune , et une petite tache d'un blanc jaunâtre se fait remarquer au-dessous de l'œil ; le bas du dos et le croupion offrent un mélange de jaune et de brun ; les petites couvertures supérieures des ailes sont de la dernière couleur, et largement bordées de jaune ; le haut du dos , la queue et les grandes couvertures des pennes internes de l'aile , noirâtres ; les pennes secondaires ont un liseré blanc, et les primaires un liseré jaune ; le tarse est olivâtre. La femelle, qui est d'une taille plus petite que le mâle, en diffère par la couleur blanche de sa gorge et des cou- vertures inférieures de sa queue, par le dessous du corps qui est blanchâtre , et par des teintes plus claires sur la bordure des plumes et des pennes. Le Chipiu balanceur. Selon Noséda , cité par M. de Azara , le balanceur doit être regardé comme le meilleur musicien entre les oiseaux chanteurs du Paraguay , et cer- tainement , dit-il , comme le seul qui puisse surpasser le rossignol. La dénomination de balanceur lui vient de 1 habitude qu'a le mâle , au temps des amours , de s'élever soir et matin à la hauteur d'un jet de pierre pour exécuter ses balance- mens. Il vole sur un certain espace , comme d'environ soixante pieds , en décrivant une courbe , et revenant aussi- tôt en arrière pour la décrire encore, de la même manière que s'il étoit suspendu par un fil à un point fixe. Il répète ce jeu plusieurs fois de suite. Ce petit oiseau fait entendre en même temps son ramage. Du reste, il se pose par instans, sur F R I 25; les joncs et les plantes un peu grandes, et il demeure tou- jours caché dans les herbes. Le balanceur a quatre pouces deux lignes de longueur ; le bec aussi épais que large , presque droit, un peu comprimé latéralement , large et épais de trois lignes , long de quatre ; les couvertures de la queue fort longues ; les parties infé- rieures d'une couleur sombre de plomb , légèrement sau- poudrée de blanchâtre ; quelques individus ont sur la poitrine des taches de la même teinte. Les couvertures inférieures des ailes sont d'un blanc lavé d'un peu de jaune ; les côtés de la tête et le dos noirâtres ; les plumes du dessus de la tête , du cou et du haut dû dos noires au milieu, d'un brun clairsur le reste, et les petites couvertures des ailes presque noires , avec une large bordure d'un jaune .vif et verdàlrc, qui colore aussi le pli de l'aile et le côté supérieur des pennes extérieu- res; les grandes couvertures, ainsi que les dernières pen- nes , bordées de roux en dehors ; cette teinte entoure fine- ment les autres couvertures dont le fond est noir; les deux pennes intermédiaires de la queue sont rousses sur leur moitié supérieure ; l'extérieur de chaque côté l'est un peu moins , tout le reste est noir. Quoique je place cette espèce et les r/iipi'us proprement dits, noir et rougedtre, brun et roux, noir et blanc , à tête rayée , manimbé et à oreilles noires, je ne garantis pas qu'ils soient classés convenablement ; néanmoins les caractères indiqués par M. de Azara me semblent les rapprocher plus du genre fringille , que de tout autre. Au reste , c'est aux naturalistes qui verront ces oiseaux en nature , à signaler la place qui leur est propre. Le Chipiu manimbé. Tel est le nom sous lequel cet oiseau est généralement connu chez les naturels du Paraguay. On le trouve jusqu'à la rivière de la Plata. Ses habitudes sont les mêmes que celles du chipiu à oreilles noires. Il se perche ordinairement sur les buissons les plus bas et aux bords des bois ; il vole peu , il n'est point farouche et son naturel est paisible. Son ramage est doux , clair , et assez varié ; les pennes de la queue sont pointues, fort étroites et élagées ; le bec est épais de deux lignes et demie et large de trois ; la gorge d'un blanc mêlé de gris noirâtre ; le devant du cou et la poitrine sont blanchâtres; le ventre et les couvertures inférieures des ailes de la même teinte, mais lavée foiblement de jaune ; les côtés et le sommet de la tête , le dessus du cou et la moitié du dos sont revêtus de plumes noirâtres au milieu et de couleur de plomb sur le reste; celles du bas du dos et du croupion sont d'un brun noirâtre ; les pennes des ailes et de la queue brunes , les premières, bordées de roux et les secondes de blanchâtre ; le pli de l'aile , ainsi qu'on xn. 17 m® P R i petit trait qui part des narines et qui se perd à l'angle anté- rieur de l'œil , d'un jaune foncé pur ; les paupières blan- châtres ; l'iris est brun , le tarse olivâtre -, le bec noirâtre en dessus et blanchâtre en dessous. La femelle ressemble au mâle. Longueur totale , cinq pouces. Le Ciupiu a oreilles noires est un oiseau des plaines du Paraguay , qui se tient caché dans les herbes hautes et épaisses , où il court avec vitesse ; il se pose quelquefois , principalement le matin et le soir , sur les plantes élevées , et il y fait entendre un cri qui semble exprimer sili-sili , d'un ton bas et foible qui ne paroît pas partir d'un oiseau. Son vol est très-court , et souvent il a besoin de piétiner avant de prendre son essor. Il ne se tient que par paires, et il vit de vers et de petites graines. Il a la tête un peu comprimée en devant et sur les côtés ; les plumes du bas du dos et du crou- pion assez longues ; cinq pouces deux lignes sont sa longueur totale. Il a le bec large et épais de trois lignes et demie; une plaque d'un beau noir sur les oreilles , laquelle entoure l'œil «;t s'étend jusqu'au bec ; le dessus de la tête de la même cou- leur-, mais séparée des oreilles par un trait blanc , qui des narines s'étend jusqu'à l'occiput; les parties inférieures blan- châtres ; le pli de l'aile et les couvertures inférieures d'un jaune pur ; les plumes du derrière de la tête noirâtres vers le milieu et de couleur de plomb dans le reste , de même que celles du cou en dessus et de la moitié du dos ; les cou vertures de la queue bordées de roussâtre , ainsi que les plumes du reste du dos et du croupion ; les pennes alaires brunes et bordées de jaune ; leurs couverlures supérieures de cette teinte , mais les plus grandes ayant du noir dans leur milieu; la queue blanche à ia pointe, noire dans le veste , excepté les deux pennes intermédiaires qui sont brunes ; le tarse olivâtre ; l'iris brun ; le bec noir en dessus et orangé en dessous. Les jeunes n'ont point la plaque noire des oreilles. Le Ciupiu a tète rayée a un cri foible et plaintif qui semble dire chevêche ou chuchnchu ; il a six pouces six lignes de longueur totale ; un trait jaune sur le milieu du dessus de la tête dont le fond est noirâtre ; un autre trait d'un jaune doré au-dessus des yeux , derrière lequel est une ligne étroite et noirâtre qui se prolonge jusqu'aux oreilles ; le reste des côtés de la lêle , le devant du cou et une partie de la poi- trine d'un blanc doré ; la gorge plus blanche avec des petites Saches rares et noirâtres ; le reste de la poitrine et le ventre blanchâtres; les couvertures de la queue rougeâtres dans le milieu et mordorées sur les bords ; la queue brune en dessus , argentée en dessous : les plumes des parties supé- F R I ij, >icures noirâtres et bordées de blanc doré ; le tarse noirâtre. La femelle est pareille au mâle. Cette espèce se tient dans les halliers , les campagnes et les savanes noyées du Pa- raguay. Elle est très-farouche, et se caclie entre les plantes. Son vol est élevé. FRINGILLA. Nom (afin du pinson, qui, dans les ou- vrages latins des méthodistes, est devenu celui d'un genre nombreux, où sont rangés non-seulement les pinsons, mafs encore les moineaux, les linolles , les chardonnerets, les ben- galis, les sénégalis , etc., etc. (s.) FRINGILLÂE ADFINIS. Désignation de Youctie, dans Moehring. V. Guette, (s.) FRINGILLAGO. Relon et Gesner ont désigné, par cette dénomination latine , la MÉSANGE charbonnière. V. ce mot. (s.) FRINGUELLO d'Olina. C'est le Pinson , fringilla cœ- lebs, Linn. (desm.) FR1NSON. Un des noms vulgaires du verdier. (s.) | FRIPIER, Phorus. Genre de coquilles établi par Denys de Montfort, pour séparer des Toupies, celles des espèces qui comme la fripière, agglutinent descorps étrangers a leur test. Les caractèresde ce nouveau genre sont: coquille libre univalve, ombiliquée ( l'ombilic s'oblitérant quelquefois avec l'âge), â spire régulière , aplatie; ouverture entière, très-évasée, à bords tranebans ; carène tranchante et ae°lu- tinante. L'espèce qui sert de type a ce genre vit dans les mers in- tertropicales de l'Amérique. Elle parvient à trois ou quatre pouces de diamètre. Tantôt ce sont des coquilles entières , ou des fragmens de coquilles, de madrépores, etc., qui re- couvrent son lest ; tantôt ce sont de petites pierres. L'enthou- siasme des amis de la nature ne peut qu'être excité en con- sidérant l'industrie avec laquelle elle se cache à la vue de ses ennemis. On connoit plusieurs fripiers fossiles, dont l'un - est assez commune à Grignon ; mais le plus souvent les corps étrangers qui la recouvrent ne s'y voient plus, (b.) FRIPIÈRE. Nom que les marchands donnent à plu- sieurs coquillages qui ont la faculté de souder à leur test des portions d'autres coquilles, des madrépores , de peti- tes pierres , etc. Ces coquilles sont toutes du genre des Toupies, (b.) FRIQUET. V. l'article Fringille, section D p. 196. (v.) FRISOLES et FRIJOLES. Noms espagnols du Hari- cot (pltaseolus vitlgatù ). (l>.> FRISOUN. Un des noms piémontais du Gros bec. (v.) 2Go F R I FRIST-FRAST. L'on appelle ainsi , dans les faucon^ neries , une aile de pigeon dont on se sert pour frotter lea oiseaux de vol quand on les instruit. V. Fauconnerie, (s.) FRITILLAIRE, Frilillaria, Linn. {Hexandvie monogy~ nie.') Nom d'un genre de plantes de la famille des liliacées, dans lequel les ileurs dépourvues de calice , ont une corolle en cloche , composée de six pétales ovales et droits , creusés à leur base d'une fossette oblongue; les étamines au nom- bre de six, terminées par des anthères d'une forme ovoïde allongée; le style, un peu plus long qu'elles, soutenu par un germe supérieur, se partageant à son sommet en trois stig- mates épais et obtus; le fruit est une capsule oblongue , unie , à trois lobes, et à trois cellules remplies de semences plates et placées en double rang. La FiUTlLLAlPiE impériale, dont Jussieu a fait un genre dis- tinct sous le nom d'lMPÉRi\LE, est la plus grande des espè- ces de ce genre. Elle a la racine bulbeuse , grosse et demi- tronquée ; la tige simple , droite , haute de deux à trois pieds ; les feuilles alternes, sessiles, nombreuses, lancéolées, lui- santes ; les Ileurs grandes, rouges , striées, pendantes, au nombre de six à huit, sous une touffe de feuilles terminales. Elle est originaire de Perse et se cultive depuis plusieurs siècles dans nos jardins, où elle varie à fleurs jaunes, à fleurs doubles et à feuilles panachées. Sa floraison a lieu au milieu du printemps. On la multipliede graine oupar division des caïeux. Tout terrain et toute exposition lui conviennent. Les gelées de l'hiver ne lui nuisent en aucune manière. Ses fruits se re- lèvent et représentent un candélabre. La plus jolie de toutes les fritillaires , est la FritillairE MÉlÉaGRE, Fritillaria meleagris , Linn., appelée aussi fiilil- laire panachée ou le damier. C'est une plante très-recher- chée des fleuristes pour la beauté de ses fleurs, qui pa- roissent au commencement du printemps. Elle croît en France, en Italie, en Suisse, en Autriche, etc. , dans les prés et les pâturages humides des montagnes. Sa racine est un bulbe solide, composé de deux tubercules charnus; sa tige s'élève à la hauteur d'un pied à quinze pouces: elle est simple, droite, mince, cylindrique, et garnie de six ou sept feuilles alternes , qui l'embrassent à demi. Elle porte à son sommet une ou deux fleurs (rarement trois), belles, pen- dantes, et ressemblant un peu à des tulipes renversées. Ces fleurs, qui varient dans leur couleur , sont ordinairement ta- chetées de pourpre, par.petits carreaux en forme de damierT sur un fond d'un vert jaunâtre ou blanchâtre. On voit dans les jardins des fleuristes un grand nombre de variétés de cette espèce obtenues de semences. "0 l6l La fridttairc à damier demande un terrain gras, et doit être couverte dans les gelées. Il est à propos de relever son bulbe tous les trois an^ , au mois de juillet ou d'août- on le garde dans un lieu sec ; on le replante en octobre , il fleurit au mois d'avril. On multiplie cette plante ou par les caïeux ou par les graines. La Fritillaire de Perse , ou le Lis de Suze, Fritillaria persica, Linn. , donne rarement des semences dans notre climat ; mais on la multiplie par ses caïeux. Elle est ori- ginaire de Perse , et a été apportée de Suze en Europe , en 1673. Sa racine est grosse et ronde; sa tige droite, sim- ple, et haute d'environ deux pieds, est garnie de feuilles étfcites, lancéolées, lisses, entières, obliques et cparses, «es (leurs d'un violet noirâtre, sont penchées , et disposées en une grappe pyramidale. V. Eucomis, genre établi aux dépens de celui-ci. (n.) Fritillaria, du mot latin frilillus (cornet à jouer aux dés). C'est la fritillaire, dont les (leurs marquées de petits carreaux colorés rappellent un damier par leur disposi- tion , et par leur couleur le plumage du dindon, ce qui l'a fait également nommer meleagris par JJodonée et d'autres bota- nistes. Tourneforl en a fait un genre que Linnteus adopta , mais il y comprenoit le pelilium ( V. Impériale) et les es- pèces dont Lhéritier a fait son genre Eucoans(/W/a;o, Juss.). Stapel , botaniste hollandais, à la mémoire duquel on a con- sacré le genre stapelia, en a fait connoître une espèce qu'il nomme fritillaria, dont la corolle est jaune de soufre, mar- quée de rides transverses et de taches d'un pourpre brun qui ressemblent au damier. C 'est le stapelia variegata , L. (ln.) FROELICHE, Froelichia. Genre déplantes delà té- trandrie monogynic , établi par Wahl, sous le nom de Lil- lmidière. Il a pour caractères: un calice rnonophylle à quatre divisions ; une corolle tubuleuse ; une baie sèche à une seule semence ailée. Ce genre ne contient qu'une espèce , qui est un arbuste de l'île de la Trinité ,'à rameaux quadrangulaires , à feuilles opposées , elliptiques et entières , et à Heurs disposées en panicnl.es terminales. On a aussi donne ce nom au genre Kobresie. (b.) Froelichia. Trois genres de plantes ont reçu ce nom. L'un est de Wulfen ; c'est le Kobresia de Willde- novv , ou Elyna de Schrœdcr ; le second de Mcench , fondé sur te gomphrena interrupla, L. , que Jacquin rapportait au Celosia , et qui diffère des autres espèces de gomphrena. par son calice Uibuleux à cinq dents. V. Amaranthinf. 3G, FRÎ Le troisième Froeltchia est celui de Willderibw, décrit ci-dessus. V. Froeliche. Ces trois genres sont consacrés à la mémoire de J. A. Froelich , botaniste allemand , de la lin du dernier siècle. (LU.) FROG. Nom anglais des Grenouilles, (desm.) FROID. Ce mot pris dans son sens vulgaire désigneroitunc sensation absolue produite par un principe particulier, comme la sensation de cbaleur est produite par le calorique. Mais, en approfondissant cetle idée , on trouve qu'aucun phénomène ne prouve l'existence d'un principe frigorifique, ni même ne donne lieu de le concevoir pour simplifier l'énoncé des résul- tats. Le froid, considéré par rapport aux êtres sensibles, n'est qu'une sensation relative qui s'excite en eux lorsque le prin- cipe calorifique agit sur leurs organes avec moins d'intensité que dans d'autres circonstances antérieures, ou avecune inten- sité plus foible qu'il ne conviendroit à leur constitution. Le nom de froid , appliqué aux corps insensibles , ne désigne qu'une diminution opérée dans les effets extérieurs et sensibles du calorique qui agit sur eux. (biot.) FROLE. Nom du Chèvreeeuille des Alpes, pag. 262. ( Lohicera alpigena , Lin ri. ). (lis.) FROMAGE. Un des principes du lait (la partie caseuse), privé de son eau surabondante et préparé de manière a pouvoir être conservé pour la nourriture des hommes. Voyez Lait et Vache. Le lait de chaque animal contient une partie caseuse de nature différente. Celui de la vache , de la brebis et de la chèvre, sont les seuls avec lesquels on fabrique le fromage. Le simple repos, aidé de la chaleur, suffit pour retirer le fromage du lait, mais il convient souvent d'accélérer sa sépa- ration par le moyen des acides et principalement de celui qui est dans l'estomac des veaux qui tètent. V. Présure. Il est quantité de sortes de fromages parce que non-seule- ment celui du lait des trois animaux nommés plus haut, ainsi que leur mélange dans toute sorte de proportions, en offrent de différens, mais encore parce que la chaleur de la saison, le mode de préparation, etc., influent considérablement sur eux , et que celte préparation même varie beaucoup. Les fromages sont fabriqués sans feu ou par l'intermède de cet agent. Tous peuvent être, ou maigres /c'est-à-dire privés de crème, ou gras , c'est-à-dire , contiennent plus ou moins de crème. Les uns sont salés, les autres ne le sont pas. Ceux qui sont préparés sans feu, ou se mangent frais, ou même après avoir été gardés plus ou moins long-temps dans F IL O a6li un lieu frais; presque jamais on ne leur enlève que la por- tion de partie séreuse (petit-lait) qui s'en sépare naturèlh-- nient, soit par l'affaissement de leurs parties, soit par l'éva- poralion. Quelques précautions qu'on prennent, on ne peut guères les conserver bons au-delà de six mois; de sorte qu'il faut qu'ils soient consommés dans les environs des lieux où ils ont été fabriqués. Ceux qui sont préparés par l'intermède du feu, sont privés de suite , par le moyen d'une puissante pression, de la presque totalité du petit-lait qui s'y trouve. Ces fromages se conser- vent plus d'un an et sont l'objet d'un commerce étendu, (b.) FROMAGE DES ARBRES. On a donné ce nom à un Champignon des arbres, dont la cbair est très-blanche, (b.) FROMAGEON. Nom vulgaire de la Mauve, (b.) FROMAGER, Bombax , Linn. ( Monadelphie polyandrie.} On donne ce nom à plusieurs arbres exotiques de la famille des malvacées , remarquables par la grandeur et la beauté de leurs feuilles et de leurs fleurs , et par la singularité de Jeurs fruits , qui sont très-gros, faits en forme de cône ou de poire , et remplis de semences entourées d'un duvet cotonneux. On trouve ces arbres dans les Indes , en Afrique , au Brésil et aux Antilles. Ils croissent très-promptement. Plusieurs s'élèvent à une hauteur prodigieuse. Leur bois est en général fort léger, et on s'en sert dans ces pavs pour faire des pirogues ou canots d'une grandeur considérable. Quoique les diverses espèces de fromagers connues offrent entre elles de grandes différences , même dans les parties de la fructification , on les a cependant réunies en un seul genre qui porte le même nom. Ce genre a pour caractères essentiels : un calice en cloche , à trois , quatre ou cinq dents et persistant ; une corolle formée de cinq pétales oblongs , concaves et réunis à leur base : cinq ou plusieurs étamines dont les filets sont joints par le bas en anneau ou colonne; et un ovaire supérieur, ovale, ou arrondi, portant un style couronné par un stigmate en tête. Le fruit est une capsule presque ligneuse , de forme ovoïde , plus ou moins allongée, ayant cinq valves et cinq loges rem- plies chacune de semences cotonneuses , attachées à un pla- centa central. Tous les fromagers ont les feuilles alternes et digitées. Dans quelques-uns l'écorce du tronc est lisse et molle ; dans d'autres elle est couverte d'aiguillons nombreux. Leurs fleurs naissent tantôt en faisceaux aux aisselles des feuilles , et tantôt en grappes au sommet des rameaux. Fromager a cinq étaminf.s, ou Pentandre, Bombax pen- tandrum, Linn. Arbre commun dans les Deux-Indes, de trente 2G4 F ft 0 à quatre-vingts pieds de hauteur, dont les fleurs sont très- nombreuses et à cinq étamines, et dont les feuilles ont sept à neuf folioles lancéolées. Son fruit a la forme d'un con- combre rétréci par le bas ; et le duvet qui entoure ses se- mences est très-ressemblant au colon. Cet arbre est figuré pi. D 22 de ce Dictionnaire. Fromager a fleur laineuse, Bombax erianûios , Cav. t ou coton en arbre à écorce très -épineuse. Cette espèce a été trouvée , par Commerson , dans le Brésil. Les digitations de ses feuilles , au nombre de sept, sont lancéolées , lisses et terminées par un filet particulier. Fromager pyramidal , Bombax pyramidale , Cav., Mapou de Saint-Domingue. C'est un des plus grands arbres des An- tilles ; il y est très-commun. Il sert de type au genre Ochrome. Son écorce fibreuse et cendrée , est parsemée de tacbes blanchâtres. Ses feuilles ont un pied de diamètre ; elles sont en cœur et à bords anguleux. Ses fruits , longs de huit k dix pouces, représentent une petite pyramide à cinq côtés : ils sont pleins d'un duvet très-fin et rougealre,. et dont les Anglais font usage dans la composition de leurs chapeaux. Le bois de mapou est blanc , et si léger, qu'il tient lieu de liège aux pêcheurs. Fromager grandiflore , Bombax grandijlorum , Cav. Il croît aux environs de Bio-Janeiro , et se distingue des autres par sa superbe corolle , dont les pétales blanchâtres et veloutés en dehors , ont cinq pouces de longueur. C'est , selon Cavanilles , l'espèce qui a le plus de rapports avec le baobab d'Adanson , par la grandeur des fleurs et par le tuyau ou support des filamens. Il sert de type au genre Ca- Rolinée , qui ne diffère pas du Pachirier. Fromager a sept feuilles , Bombax heptaphyllum , Linn. Il a des fleurs odorantes qui présentent des filamens très- nombreux et rougeâtres , partagés en cinq paquets, des feuilles à sept folioles , et un fruit qui a la forme d'un concombre. On trouve cet arbre dans les Deux-Indes ; il s'élève à cinquante pieds , et a quelquefois six pieds de dia- mètre à sa base. Dans sa jeunesse il est muni d'épines qu'ij perd en vieillissant. Son bois est mou , fragile et léger- Fromager cotonnier , Bombax gossypium , Linn. Une écorce verte et presque lisse ; des feuilles cotonneuses en dessous , et divisées jusqu'à moitié en cinq lobes aigus : des Heurs jaunes renfermant un grand nombre détamines , et entourées d un calice à cinq folioles inégales : tels sont les principaux caractères auxquels on peut reconnoître ce fro~ nws;ei\ qui est un grand arbre de la côte de Coromandel. Fromager a fruit rqnd , Bombax globosum, Aul-det. Ar- F R O 265 bre élevé de trente pieds , commun près de Cayenne , et dont les feuilles sont composées de cinq folioles de grandeur inégale et légèrement échancrées à leur sommet. Elles tombent et se renouvellent chaque année. Fromager a cinq feuilles, Bombax ceiba , Linn. C'est le ceiba des Espagnols , arbre très-élevé , très-gros , qui a ses feuilles composées de cinq folioles unies et lancéolées, et dont les (leurs de couleur pourpre renferment un grand nombre détamines formant cinq paquets réunis par le bas entre eux et avec la corolle, (d.) FROMENT, Tritii:um. Genre déplante delà triandrie digynie et de la famille des Graminées, dont les caractères consistent : en une balle calicinale sessile sur un axe simple , dentée.en zigzag, et composée de deux valves, renfermant trois fleurs ou davantage , chacune de deux valves , dont l'ex- térieure est grande, concave, et l'intérieure petite et plane ; trois étamines à anthère fourchue ; un ovaire supérieur , ovale, surmonté de deux styles à stigmates plumeux. Le fruit est une graine ovale, convexe d'un côté et sillon- née de l'autre. Les genres BRACHYPODEet Agropyron enlèvent quelques espèces à celui-ci. Ce genre renferme une trentaine de plantes annuelles ou vivaces , dont quelques-unes sont de la plus grande impor- tance pour l'homme. On distingue parmi les premières : Le Froment commun ou le Blé par excellence, Triti- cum œstioum , Linn. , qui a l'épi simple , quatre (leurs ventrues et imbriquées dans chaque calice. On lui réunit ordinaire- ment, comme simples variétés, les triticum hybernum, com- positum, turgidum et polunicum , que Linnreus avoit regardées comme des espèces, et dont les unes sont pourvues de bar- bes , et les autres en sont privées. {]r. son article ci-après.) Le Froment épeautre, Triticum spelia, Linn. , qui a l'épi sii«ple, la balle calicinale à quatre fleurs tronquées , dont les deux extérieures sont hermaphrodites et presque toujours pourvues de barbes, et les deux intérieures stériles et muti- ques. On le cultive dans beaucoup d'endroits , principalement sur les montagnes élevées. Sa graine ne se sépare pas natu- rellement de sa balle ; et il faut le monder, comme l'orge, à j'aide du moulin. Cette espèce a été trouvée sauvage en Perse, par Michaux ( Voyez au mot Epeautre ). On peut lui réunir, comme variété de culture , le triticum morweuccum de Lin- pœus , qu'on appelle vulgairement la petite épeautre ou L' fro- ment locular. 2C6 F R O On distingue parmi les espèces vivaces : Le Froment jonciforme, Tri/îcum junceum , Linn., qui a les épillets alternes , composés de cinq (leurs , et les valves de la balle calicinale tronquées. On le trouve très-abondamment dans presque toute l'Europe, dans les bois , les haies , les fri- ches sablonneuses, sur le bord des chemins. Il parvient à deux à trois pieds de haut. Ses feuilles sont pubescentes , blanchâ- tres , roulées sur elles-mêmes , et roides. Cette plante , par sa grandeur et sa faculté de croître dans les plus mauvais terrains , seroit très-précieuse si la séche- resse et l'insipidité de son fanage ne la faisoient rejeter par les animaux, surtout lorsqu'elle a acquis toute sa croissance, c'est-à-dire en été et en automne. On peut cependant l'em- ployer avec avantage pour fixer les landes sablonneuses et faciliter les semis de bois qu'on désireroit y faire; car ses ra- cines sont traçantes , très-longues et très-garnies de chevelus. Ses fanes, «loupées à la fia de l'été, fournissent une excel- lente litière. Le Froment rampant, Triûaim repens, Linn. , a la balle calicinale de deux valves aiguës , et renfermant ordinairement cinq fleurs ; les feuilles supérieures hérissées ; les racines articulées et rampantes. On le trouve dans toute l'Europe , dans les champs et les jardins, qu'il infesle souvent au point d'empêcher la croissance des grains ou des légumes qu'on y sème. C'est le gramen proprement dit des anciens, le véritable chiendent des boutiques. Sa hauteur surpasse rare- ment deux pieds; mais ses racines s'étendent à une distance bien plus considérable. La plus petite portion de ces racines, laissée dans la terre , suffit pour reproduire un pied; de sorte que plus on laboure les terres où il s'en trouve , et plus on le multiplie. Voyez au mot Chiendent, ses usages en méde- cine , et les moyens de l'extirper, (b.) Le Froment commun est, sans contredit, de toutes les gra- minées qui couvrent la surface de l'Europe, celle qui mérite le plus notre admiration, le travail assidu des cultivateurs, et les soins que nous prenons de sa conservation ; aussi la'ha- ture a-t-elle accordé à ce végétal une sorte de prédilection , en le faisant croître avec un égal succès dans les climats chauds comme dans les climats froids. Il paroît que les sentimens sont bien partagés relativement à l'origine et à l'état primitif du froment. Les premiers histo- riens et les plus anciens écrivains que nous commissions , en font mention avec éloge. Quelques auteurs veulent que dans la Sicile , l'île autrefois la plus fertile en blé qu'il y eût au monde , il existe une terre qui en produit sans culture. D'autres , qui nient l'existence F R O 267 du blé sauvage, prétendent que le froment est le chiendent, que la culture ou des acculons, dont l'histoire trop reculée se perd dans la nuit des temps, ont assez éloigné de sa première constitution , pour en faire l'espèce de plante vigoureuse qu'on appelle froment. Le vrai est que cette graminée est une véritable espèce dont on ne connoît plus le pays natal. Cependant, si on en juge par analogie, on pourra croire qu'elle nous vient de la Haute-Asie, d'où nous ont également été apportés I'Epeau- tre, r Avoine et l'O&GE. Le froment porte généralement le nom de blé dans la plus grande partie de la France; ainsi nous nous servirons indif- féremment de ces deux mots dans le cours de l'article dont nous nous occupons. S'il falloit décrire les caractères des variétés de froment, la notice abrégée que nous pourrions en donner , deviendroit un article immense qui n'offriroit peut-être encore que des conjectures, puisque, si l'on s'en rapporte aux observations des plus célèbres botanistes, le nombre de ces variétés monte déjà à trois cent soixante. Les variations du froment, comme celles de toutes les plantes cultivées depuis long-temps, se portent principalement sur l'objet qu'on a en vue , qui est ici la graine. Ainsi, quoiqu'il y ait des fromens blanqf , des fro- mens jaunes , des fromens rouges , des fromens longs , ronds, etc., on les réduira donc à deux classes, celle des blés fuis ou tendres et celle des blés durs ou glacés. Une nomen- clature plus étendue , tout exacte qu'elle pourroit être , deviendroit absolument inutile ici : car toutes ces variations ne diffèrent entre elles que par des manières perceptibles seulement pour ceux qui sont habitués à les voir. C'est une de ctts. variétés à grains longs et grêles , qui, cultivée très-serrée dans un terrain sablonneux aux environs de Florence., four- nit la paille avec laquelle on fabrique ces chapeaux de paille si estimés et qu'on paye jusqu'à 5oo francs. Ces mêmes raisons m'empêcheront d'entrer dans des dé- tails sur les fromens barbus ou sans barbe , sur ceux à épis longs et à épis courts , à épis colorés , à maturité hâtive , à maturité tardive , etc. , etc. Les blés fins ou tendres semblent appartenir plus spéciale- ment aux pays septentrionaux et aux sols humides. Leurs carac- tères généraux sont d'être un peu flexibles sous la dent ; d'of- frir dans leur intérieur une matière très-blanche ; d'avoir l'é- corce mince , lisse et jaunâtre. Les blés de Pologne occupent le premier rang dans cette classe ; ils s'écrasent plus aisément sous les meules, et donnent une farine avec laquelle on pré- pare un pain fort blanc. 368 F R O Parmi les sous-variétés de ces sortes de blés , une de celles qui ont paru à Tessier réunir le plus d'avantages , est le fro-» ment à épis rouges sans barbes, et à tige creuse. Il L'a semée à Rambouillet , au milieu d'un grand nombre d'autres , et comme il a remarqué qu'elle étoit propre à donner du pain très-blanc , il a cherché et employé tous les moyens pour la multiplier, La sécheresse et la chaleur du climat produisent plus par^ ticulièrcment les blés durs ou glacés ; aussi voit-on qu'ils ap- prochent davantage de cet état dans tous les pays , à mesure que la saison a été plus sèche et plus brûlante. Ces blés se cassent sous la dent moins aisément et plus net que les blés fins : ils offrent dans leur cassure une couleur grise ; ils sont pesans, plus ou moins transparens, et ressemblent aune gomme desséchée ; le son en est plus épais ; ils se broient difficilement au moulin , et le pain, quoique savoureux, n'est jamais bien blanc. Les blés de la Sicile ei de la Barbarie tiennent en ce genre le premier rang. Les blés se distinguent encore les uns des autres par l'épOr. que de leurs semailles ; on appelle hivernaux , ceux que l'on sème à la fin de septembre , et qu'on récolte au mois de juil-> let ou d'août l'année suivante ; et marsais ou printaniers, ceux qu'on ne sème qu'en mars , comme les menus grains, et qu'on moissonne aussitôt que les blés hivernaux. Ils sont ras ou bar- bus. L'introduction en France des blés de mars , remonte à l'é- poque de 1709 : ils n'étoient réellement connus et cultivé-s. alors que dans quelques contrées , et surtout en Espagne ; c'est de là que Louis XIV en fit venir une certaine quantité , Î ourles semer après l'hiver sur les mêmes terres des mars, ls donnèrent au mois d'août des épis en abondance et furent, d'un grand secours. Ce succès auroit dû sans doute encoura- ger leur culture et la répandre plus qu'elle ne l'est ; mais les motifs d'opposition de la part des fermiers , sont que les fro- mens marsais s'égrènent facilement ; que dans le temps où, il faut les semer, ils ont beaucoup de travaux , et que cons- tamment ces grains sont toujours d'un moindre rapport. Nous pensons , tout en convenant de la justesse de ces motifs , qu il seroit de la prudence des cultivateurs d'en avoir toujours une certaine quantité , pour servir de ressource quand les pluies continuelles d1 automne ont empêché de terminer les se- mences de cette saison , ou lorsque les mulots, les insectes % le froid, les débordemens les ont détruites. On cultive au Bengale et en Egypte , une sous-variété de F R O ^ lié de mars qui donne deux récoltes par an sur le même ter- rain, et qui y est par conséquent fort estimée. Elle a été ap- portée d'abord du premier de ces pays, par M. Cossigny , et cultivée en petit par M. Thouin , dans l'Ecole des plantes économiques, au jardin de Muséum d'Histoire naturelle; ensuite du second par un soldat belge, Taisant partie de l'ar- mée française qui en a fait la conquête. L'estimable agricul- teur M. Bottin a fait part , celte année (1817) , à la Société d'agriculture de la Seine , des avantages que les cultivateurs i\c la Belgique avoient reconnus dans ce blé, qu'ils appellent blé de niai, ces avantages sont: i.° de pouvoir retarder ses semailles jusqu'en mai ; 2.0 de pouvoir être récolté environ cent jours après son ensemencement; 3.° de produire davan- tage dans le même espace de terre; 4--° de s'accommoder d'une terre de qualité inférieure; 5.° d'être moins sujet ou peut-être jamais attaqué de la carie et du charbon; 6.° d'ê- tre , proportion gardée, plus pesant que les autres; 7.0 de pouvoir être coupé jusqu'à trois fois en vert pour la nourri- ture des bestiaux dans le courant de l'été. D'après ces faits constatés par une expérience de six à sept ans, faite en grand, dans les environs d'Ypres, de Bru- ges, de Bruxelles , la Société d'agriculture de la Seine, s'est procuré une certaine quantité de ce blé dont la moitié a été distribuée à ses membres, et l'autre semée pour son compte dans les environs de Paris. Elle a de plus invité M. Vilmorin, marchand grenetier, l'un de ses membres, de s'en approvisionner suffisamment lors de la récolte prochaine, pour pouvoir satisfaire au plus grand nombre de demandes présumables; de sorte qu'il esta croire que cette précieuse variété ne tardera pas à être généralement cultivée en France. Pendant long-temps les cultivateurs , et même les commer- çans, n'ont distingué dans un grain de blé que l'écorce qui sert d'enveloppe , le germe destiné à la reproduction , enfin la matière farineuse dans laquelle réside la vertu alimentaire ; niais aujourd'hui que l'étude des objets d'utilité première a mérité de fixer l'attention des physiciens , un examen appro- fondi et des recherches plus exactes ont appris que cette ma- tière farineuse est elle-même composée de plusieurs subs- tances , dont la nature et les proportions varient à raison du sol, du climat et de la culture. Ces substances sont : L 'amidon. Le muqueux sucré. La matière glutineuse. Ces trois parties constituantes du grain du blé , rangées selon le degré nutritif de chacune, ont des caractères par- ticuliers qui les distinguent. 27o F R O La première , qui est l'amidon , se reconnoît à son toucher froid et à un cri qui lui est particulier , à sa pesanteur et à la disposition qu'elle a de prendre la forme pulvérulente , et de ne se dissoudre que dans l'eau bouillante ; sans elle il est im- possible de faire du pain et de l'empois. Le blé est, de tou- tes les graminées , le grain qui en contient le plus. La seconde est confondue et enveloppée d'une matière ex- tractive dont il n'est pas aisé de la dépouiller entièrement ; elle s'humecte à l'air, poisse les mains , se dissout dans l'eau froide qu'elle colore. Ce muqueux sucré est distribué dans la plupart des végétaux alimentaires : il a le privilège exrlusif de fournir, par la fermentation et la distillation , de l'alcool; de devenir plus sensible par la germination. Le blé est encore le grain qui en contient le plus. La substance glutineuse, qui forme la troisième partie constituante du blé , est une espèce de gomme-résine parti- culière qui se broie difficilement au moulin , et donne par l'analyse tous les produits des matières animales : mais c'est principalement à l'amidon qu'appartient essentiellement la faculté éminemment nutritive , puisqu'il réunit tout ce qui la caractérise ; que d'ailleurs le blé le plus médiocre en contient jusqu'à huit onces par livre , tandis que la matière glutineuse s'y trouve à peine pour un huitième; qu'elle est d'ailleurs pri- vée des propriétés principales de l'aliment , la dissolubilité dans l'eau , la forme muqueuse ou gélatineuse. A ces vérités , ajoutons que la substance glutineuse et élas- tique est contenue privativement dans le froment et dans l'é- peautre, qu'il n'en existe pas un atome dans aucun autre grain de la famille des graminées, tandis que tous renfer- ment plus ou moins d'amidon ; que c'est à ce principe essen- tiel des farineux qu'ils doivent l'état laileux qu'ils ont quand ils approchent de l'époque de la maturité. Si donc la subs- tance glutineuse joue le plus grand rôle dans la panification , l'amidon produit presque seul tout l'effet nutritif. Au reste, il n'est pas indifférent de connoître la nature des parties constituantes du blé , puisque l'art de le conserver , de corriger ses mauvaises qualités , de l'assortir avantageuse- ment, de le moudre avec profit , enfin , de préparer un pain de bonne qualité , dépend très-souvent de cette connoissance. Elle n'a pas été dédaignée des hommes les plus recomman- dables : heureux le siècle et le gouvernement où les objets de première nécessité méritent quelque considération , et où ceux qui s'y livrent sont assurés de ne pas rencontrer sur leurs pas , d'obstacles aux efforts de leur zèle et à l'utilité de leurs vues ! , Nous allons présenter ici , en abrégé , le tableau des tra- F R 0 vaux des champs, qui ont pour objet la végétation et la cul- ture du blé ; la plupart peuvent s'appliquer aux autres grains de cette famille des plantes , la plus utile à l'homme et aux animaux , puisqu'elle leur fournit la base de leur nourriture ; d'ailleurs, les intérêts du laboureur pourroient 'ils être oubliés dans un article où il s'agit de blé? S'il est une opération critique et importante en agricul- ture , c'est celle des semailles. De cette opération , bien ou mal pratiquée, dépendent en partie la médiocrité ou l'abon- dance des récoltes , la richesse ou la pauvreté des campa- gnes ; il est donc de l'intérêt du cultivateur de s'en bien ac- quitter , s'il veut recueillir le fruit de ses travaux et de ses avances. Quoique l'on sache , de temps immémorial, que les blés échaudes ou retraits, qui ont mûri sans se remplir de farine , germent et poussent très-bien, qu'étant d'un prix moins cher, il y auroit toujours du bénéfice à les employer en qualité de semence, il est prouvé cependant que , toutes choses égales d'ailleurs, ces grains chélifs produisent assez constamment une paille moins nourrie , des tiges moins hautes , des épis moins nombreux , enfin des grains moins volumineux. Lcchoixdelasemence n'est donc pas une chose indifférente au produit qu'on en attend; il convient donc de prendre celle recueillie dans un terrain meilleur que celui qu'on veut ense- mencer; de préférer les grains d'une terre parfaitement cul- tivée, à ceux d'une autre qui ne l'est pas aussi bien ; de faire choix encore de gerbes qui montrent de beaux épis, dont les grains , parfaitement mûrs , se détachent avec facilité ; de battre légèrement , pour n'en tirer que les grains les plus murs , les mieux conformés, exempts de graines étrangères. Sans doute il y a des pays , des terrains et des circons- tances où le renouvellement des semences est absolument indispensable ; mais il résulte des expériences de ïessier , qu'il n'est pas toujours nécessaire de les changer; de plus, qu'on peut se dispenser de semer ceux de la dernière récolte , puisque quand ils sont parfaitement mûrs , ils conservent long- temps leur propriété gerininatrice. Chacun doit semer selon le climat qu'il habile , depuis le mois de septembre jusqu'à la fin de novembre , et même de décembre ; cependant , comme les riches moissons dépendent , en général , de la force qu'acquièrent les tiges avant l'hiver , et de la quantité de racines qu'elles poussent, il faut donc semer aussitôt qu'on le peut , selon cette maxime de l'antiquité : Si tu veux liitii niuivsonmr, Ne crains do trop lût seinoi. Lesuccès des semailles précoces explique pourquoi les pays 27a FRO froids sont si fertiles en grains , malgré le désavantage appa- rent de leur climat ; or , voilà précisément ce qu'on ne fait pas dans beaucoup de cantons , où , pour attendre souvent les pluies d'automne et les sécheresses , on trouve à peine le temps de semer avant le mois de janvier ; la tige mince et peu nourrie , ne donne alors que des épis mesquins et de très-petits grains. Pour se convaincre que les semailles précoces sont en gé- néral les plus constamment heureuses , il suffit de voir dans les champs , les plantes dont le grain y étoit resté après la moisson. Quoique venues, pour ainsi dire, sans culture, leurs tiges sont belles et bien fournies , parce qu'elles ont suivi l'ordre de la nature , sans être contrariées dans leur végétation. La chaux vive et l'eau suffisent pour chauler le grain de se- mence ; mais la réussite de cette préparation , toute simple qu'elle soit, dépend de la proportion observée et de la ma- nière d'en faire l'application. Elle peut servir aux semailles de toutes les plantes. Lorsque le blé est moucheté , ou que l'on soupçonne qu'il y a eu de la Carie ou du Charbon dans les moissons du can- ton d'où l'on tire sa semence , il faut encore être plus attentif à la composition du chaulage et à son application , augmen- ter même l'action de la chaux, par une addition de potasse caustique; mais jamais ce supplément n'est pas d'une néces- sité indispensable , chez les cultivateurs soigneux , dont les terres ne sont jamais infectées de ce fléau. En faisant infuser les semences dans des décoctions de plantes acres et amères , dans la saumure , dans l'égout de fumier , ce seroit un moyen de les préserver de celte foule d'animaux qui fondent dessus au moment où elles viennent d'être confiées au sillon , en même temps qu'il deviendroit une espèce d'engrais appliqué immédiatement au grain qui pourroit augmenter la force du germe et de la plante naissante. La macération de la semence , même dans l'eau simple , sera toujours de la plus grande utilité , ne dût-elle servir qu'à faire connoître les grains légers : on les enlève au moyen de l'écumoire , et ils servent avantageusement pour l'engrais des animaux de la basse-cour ; alors il n'y auroit plus un grain d'ensemencé sur lequel on ne pût compter. Loin donc que cette opération préliminaire puisse nuire en aucun cas aux récoltes, on devroit toujours l'employer; les peuples les moins instruits pratiquent bien la macération de la semence dans l'eau légèrement chaude , pour la ramol- lir et la faire lever plus tôt. L'expérience apprend qu'il ne faut pas faire rapporter plus FRO 2;3 de plantes à la terre , qu'elle n'a le pouvoir d'en nourrir, et d-r'clanl trop rapprochées, elles sont toujours , malgré la bonté du sol , (bibles , élancées, languissantes et peu produc- tives : le grand point est donc de semer avec égalité , et dans une proportion relative à la nature du fonds , et à l'espèce eohveffable a chaque production. L.> quantité de semence à employer doit toujours être plus considérable pour les terres maigres et légères, que pour les bons fonds , parce que les grains poussent moins en feuillage et en tiges; or, ces terres ne se trouve roient point assez cou- vertes ni ombragées ; disposées d'ailleurs à laisser évaporer aisément l'humidité essentielle à la végétation , le hàle agi— roit trop puissamment sur le tuyau et sur les racines , qu'il dessécheroit bien avant l'époque de la maturité. Il faut donc proportionner la quantité de la semer.re à la nature du sol sur lequel on la répand ; plus il est propre 3U blé, moins on doit en employer ; l'augmenter, au contraire , s'il est maigre ; or , en supposant que six à sept boisseaux , mesure de Paris, puissent suffire pour chaque arpent, il sera toujours nécessaire d'en mettre huit à neuf pour les terres médiocres ; mais il faudra rarement excéder cette quantité, attendu que lesfonds assez ingrats pour ne rapporterauplus, en grain . que celui qu'on y auroit ensemencé , seroient plus utilement consacrés à d'autres productions qui Les amélio- reroient et les rendroient insensiblement propres à la cul- ture du blé. Ce n'est pas que les pratiques locales ne doivent encore régler cette proportion ; car en semant trop clair dans un bon sol, les liges acquerroient tant de force, de volume et de consistance , que les bestiaux refuseroient d'en manger la paille; mais dans tout cela , il y a un juste milieu à observer, qu'on ne peut saisir que par sa propre expérience. Dans la proportion ci-dessus énoncée , il se trouve assez de grains pour fournir aux pertes inévitables occasionées par les accidens , les avaries , les insectes et les autres ani- maux destructeurs. Dans un champ semé épais , tous les grains germent et végètent à la fois ; les racines , au lieu de s'étendre , de se ramifier, se rencontrent, s'entrelacent et se nuisent récipro- quement: ces faits incontestables, recueillis sur la plante même du blé , d'après la manière dont elle jette ses racines , ont dé- terminé d'excellens agronomes à développer tous les incon- véniens qu'il y avoit de répandre trop de semence , et à prouver une vérité que la théorie avoue , et qu'une multitude d'expériences ont confirmée ; toutes attestent que les cultiva- teurs qui sèment communément par arpent un setier de blé 274 F R O de douze boisseaux , mesure de Paris , en sèment un tiers au moins de plus qu'il ne faut, et que cette prévoyance , cette cupidité aveugle , se trouvent trompées à la moisson. En donnant dans un excès ridicule , à l'égard des semences , on conçoit ordinairement les plus flatteuses espérances dès qu'on aperçoit , pendant l'hiver , un tapis serré de verdure couvrir parfaitement le champ ; mais souvent ces espérances s'évanouissent à mesure qu'on approche de la moisson. Que de faits nous pourrions accumuler ici , pour démontrer que la diminution de la semence , par un événement quelconque, a souvent influé sur le succès des récoltes , autant que les fa- veurs de la saison. Si les laboureurs qui accusent leur sol d'être peu favo- rable à la culture , qui se plaignent que la récolte ne répond ni aux peines qu'ils se donnent , ni aux dépenses qu'ils font, peuvent faire taire un instant leurs préjugés; qu'ils arrachent, au mois d'avril , la plante de froment qui occupe le plus de place , qu'ilsla comparent ensuite à celle qui en prend le moins dans le même champ , ils verront que le diamètre des racines chevelues de l'une est deux ou trois fois moins consi- dérable que l'autre ; ils verront que la semence étant bien préparée et répandue à la distance de quatre à cinq pouces , tous les grains germent, poussent, tallent et épient ; tandis que quand la plante se trouve trop serrée, elle est non-seu- lement plus exposée aux accidens , mais encore infiniment moins productive. Comme, en agriculture, les essais, les exemples et les en- couragemens sont plus puissans que tous les raisonnemens, nous invitons les propriétaires éclairés à faire , dans leurs can- tons respectifs , ce qu'ont fait dans le leur d'estimables agrono- mes. Quils partagent une pièce de terre en trois parties, l'une ensemencée à l'ordinaire , l'autre à un tiers de moins , et la troisième à moitié ; les résultats de cette expérience compa- rative ne laisseront plus subsister aucun doute dans l'esprit des fermiers, en même temps qu'ils les pénétreront de l'uti- lité d'une pareille méthode , dont voici un simple aperçu. Toutes les expériences faites à dessein de prouver les in- convéniens qui résultent de la prodigalité dans les semailles , servent en même temps à établir les avantages de la mé- thode contraire ; elle épargne d'abord du grain , et produit encore un très-grand bénéfice à la récolte. Nous dirons aux cultivateurs : défiez-vous surtout de ces re- cettes merveilleuses , de ces liqueurs prolifiques , présen- tées comme des moyens infaillibles pour hâter le dévelop- pement des grains , fortifier leur végétation , et procurer des récoltes abondantes ; sachez que l'agriculture , comme F R O 2?5 tous les arts , a aussi ses enthousiastes et ses charlatans ; enfui, si vous voulez familiariser vos gens avec les maximes fondamentales de l'économie rurale , faites inscrire en gros caractères, dans l'endroit où ils se réunissent pour prendre leur repas: Connaissance pur faite du sol; engrais suffisons et appropries au terrain ; labours profonds et répétés à propos ; pré- parution des sentences et économie dans leur distribution ; semailles précoces et enterrées. Pour semer épais, l'ouvrier ralentit son pas, et l'accélère un peu pour semer clair; sa marche doit être uniforme, et sa main ne prendre jamais plus de grains une fois qu'une au- tre ; s'il changeoit la valeur de ses poignées , il répandroit inégalement la semence. Quoique le procédé de semer n'ait que l'apparence d'une routine, cependant on peut hien savoir lahourer sans savoir semer : comme ce talent ne s'acquiert que par l'usage, il y a toujours dans les grandes fermes un ouvrierauquel est confiée cette opération, à l'exclusion des autres. Nous ne parlerons ni des semoirs, quoique quelques-uns méritent d'être approuvés, ni des semis du blé au plantoir, quelque avantageux qu'ils soient, parce que les uns elles au- tres sont très-peu usités. La profondeur à laquelle il convient d'enterrer la semence dépend , i.° de la saison où l'on sème , 2.0 de la qualité du terrain ; 3.° de la manière dont il aura été cultivé; 4.0 du climat où le terrain est situé. Dans tous les pays et dans toutes les saisons, si les terres sont légères , il faut enfouir la semence à une bonne profondeur. Les semailles d'hiver doivent être plus couvertes que celles de mars et du printemps , parce que les racines des plantes plus enfoncées en terre , résistent davantage aux rigueurs du froid et aux haies du printemps. Pour éviter les inconvéniens dont je viens de parler, dans une terre parfaitement ameublie par les labours , une profondeur de quatre à cinq pouces est suffisante. Lorsque le grain est semé, on passe la herse à diverses reprises ; au reste , pourvu qu'il soit assez recouvert, peu importe la manière , qui varie selon le pays et la qualité du sol. Les soins qu'on doit prendre d'un terrain' ensemencé jusqu'à la moisson , dépendent de sa qualité et de celle de la production : la plupart des grains se cultivent de ia même manière; quelques autres exigent presque autant de travail qu'une plante potagère : il faui les biner et les buter. Lorsque le terrain est situé en pente , aussitôt que le grain est enterré, on doit faire ouvrir de larges sillons pour procurer à l'eau un écoulement lent , employer pour cet 27S F R O effet une charrue à double oreille , c'est-à-dire , qui ait un versoir de chaque côté ; par ce moyen , la terre est parfai- tement bien renversée ; le cultivateur qui se dispense de ce soin, sous le prétexte qu'il oçcasionc une perte de terrain , apprendra par l'expérience si cette économie peut tourner à son profit. Les agronomes sont bien persuadés que rien ne contribue davantage aux progrès de le végétalion, que des labours pra- tiqués à propos pendant l'accroissement des plantes ; il se- roit à désirer qu'on put trouver la manière de faire passer une petite charrue entre les rangées de froment ; ceux-ci de- viendroient bien plus vigoureux : en attendant qu'on ait trouvé le moyen de rendre praticable dans tous les terrains , cette excellente méthode déjà usitée dans quelqu'une de nos exploitations, il ne faut pas négliger d'arracher les mauvaises herbes sans porter aucun dommage aux grains. Les opérations les plus importantes après les labours et les engrais, sont le hersage et le roulage. La herse déracine, arrache, entraîne les mauvaises herbes, les expose à la cha- leur du jour qui les tue ; elle nettoie exactement la terre du chiendent ; elle sert aussi à écraser les mottes, à dresser et à niveler le sol : on donne à l'instrument qui y est destiné dif- férentes formes , grandeurs et solidité. Divers agronomes ne sont pas assez partisans du hersage pour le répéter après chaque labour ; ils ne s'en servent que quand les mottes de terre sont un obstacle au labourage; mais dans ce cas , il est nécessaire que la herse soit forte et pe- sante, sans quoi elle voltigeroit sur les mottes, et ne les écra- seroitpas; d'ailleurs herser, avant de labourer, entraîne à l'extrémité du champ une infinité de mauvaises herbes qui embarrassent la marche de la charrue. Lorsque les avoines et les orges se trouvent couvertes de mauvaises herbes quelque temps après qu'elles sont levées, la herse à dents de fer les enlève facilement , parce que leurs racines sont , pour ainsi dire , à la surface. On peut donc établir, comme une vérité démontrée , que dans les temps humides il faut beaucoup de charrue , et point de herse ; dans les temps secs, beaucoup de herse et point de charrue. La destination du rouleau a pour but d'écraser les mottes des terres nouvellement ensemencées , de les comprimer, de maintenir dans leur sein les principes fertilisans, en fermant tous les conduits par lesquels ils tendent à s'évaporer. Après les gelées d'hiver, c'est le cas de herser les blés, ou plutôt de passer le rouleau pour affaisser la terre soulevée par l'effet de la pluie , et chausser les racines dont le collet est déraciné ; mais le cultivateur expérimenté a grand soin F R O 277 de ne point s'en servir quand la terre est trop humectée : on en sent assez les raisons , sans qu'il soit nécessaire de les détailler. Dans tous les terrains où la herse de bois est employée , l'usage du rouleau est indispensable , parce qu'il en resserre les molécules, et empêche la dissipation de l'humidité, sans laquelle la végétation est languissante. Il est bien étonnant que ces instrumens si utiles , connus et mis en pratique dans les Gaules il y a tant de siècles , ne le soient pas dans la plupart de nos cantons. Il faut remonter jusqu'aux semailles pour saisir les causes qui rendent souvent les blés sales et d'une garde difficile ; il y a encore d'autres soins à employer, qui, négligés pendant le cours de la végétation, peuvent nuire aux produits et à la qualité des récoltes. Le lié de semence renouvelé , choisi , parfaitement nettoyé tt bien préparé, ne sauroit empêcher que les engrais , les vents et d'autres causes, ne rassemblent souvent dans les champs des graines étrangères qui croissent en même temps que le blé , aux dépens duquel elles végètent, se multiplient, pour long-temps, si on leur laisse parcourir le cercle de leur développement : c'est ce qui détermine cette opération qu'on nomme le sarclage. Ici il a lieu pour toutes les productions , tandis qu'ailleurs on n'en sarcle aucune. Cette négligence est révoltante : il faudroitêtre plus persuadé qu'on ne l'est com- munément de l'importance du sarclage , et combien il est es- sentiel de ne point négliger une aussi utile opération, puis- que les plantes qui occupent la place du bon grain , affa- ment et étouffent celui qui est en végétation, et partagent en pure perte sa subsistance. Outre cet inconvénient, les semences qu'elles produisent ne peuvent être aisément séparées par le van et par le crible, quand leur forme est analogue à celle du blé ; en sorte que , quoiqu'elles ne soient pas sensiblement de qualité nui- sible, elles contribuent à rendre les fromens moins beaux, et d'un débit difficile, à moins qu'on ne les vende au - des- sous du prix commun : ces semences étrangères préjudi- cient encore à la bonté de l'aiment qu'on en prépare. L'inté- rêt public et l'intérêt particulier réclament donc contre celle négligence. L'opération du sarclage s'exécute de deux manières , on à la main , ou en se servant d'une petite pioche ; mais la première est préférable , parce qu'elle ne déchausse pas autant le blé , et que la plante arrachée exactement avec ses racines, n'est plus exposée à repousser; il s'agit seule- ment de choisir un temps plus humide que sec, et surtout 278 F R O de commencer dès le matin , parce qu'alors la terre est hu- mectée de rosée. Une seconde opération pareille est quelquefois nécessaire, quand surtout on veut nettoyer parfaitement les fromens; car, au premier sarclage , il est difficile de ne pas confondre les tiges du seigle, de V avoine et de Y orge, avec celles du froment ; il faut donc attendre qu'ilsoitmontéen épis; onn'emploieàce second sarclage , que de petits garçons qui traînent leur pied d'un en- droit à l'autre, pour ne pas casser les tiges; on leur apprend à connoître les épis cariés, qui s'enlèvent en même temps. Mais quand la terre est purgée du chiendent et des autres herbes qui font la loi au grain par la profondeur de leurs racines et la vigueur de leurs tiges ; qu'on a eu soin de n'en- semencer que des blés nets , bien séparés , espacés et enter- rés convenablement, on est dispensé d'un second sarclage , et les champs, malgré leur étendue , sont aussi exempts qu'il est possible, de mauvaises herbes; souvent le seigle est em- ployé pour les désinfecter , parce que ce grain tallant plus tôt , le tuyau s'élève , et l'épi sort du fourreau de bonne heure ; il subjugue les plantes inutiles , les empêche de monter en graine, et par conséquent de se perpétuer. S'il est étonnant que les meilleures méthodes ne soient pas suivies dans tous les pays, pour semer, cultiver et récolter, il l'est bien davantage que ces méthodes ne soient pas réci- proquement connues ; chaque canton a la sienne ; et souvent dans le cercle de quelques lieues, les usages ne se ressemblent point. C'est ici que commence la jouissance du cultivateur ; la moisson est indiquée par la couleur de la paille et de l'épi , par la consistance du grain : il ne faut cependant pas attendre qu'il soit durci dans son enveloppe ; car , si la journée étoit chaude, on courroit les risques d'en perdre une grande partie. Le fermier prévoyant n'attend point à être à la veille de la moisson pour disposer tout ce que demande cette grande opé- ration des champs; il arrête le nombre d'ouvriers proportion- nés à la récolle , afin qu'elle puisse se faire dans le moins de temps possible. Dans les cantons méridionaux, où l'on bat la récolte aussi- tôt qu'elle est levée, ilfautde bonne heure s'occuper de pré- parer l'aire qui y est destinée. La grange où l'on renferme la plupart des gerbes , doit être aussi l'objet de quelques pré- cautions ; il est nécessaire de boucher les trous , toutes les ca- vités qui donnent retraite aux rats, aux mulots, etc. Les voi- tures destiaces au transport doivent également être prêtes et F R O 27g en bon état, afin que le service ne soit en aucun temps inier*- rompu. La manière de lever la récolte varie suivant le canton ; dans l'un on travaille à la journée , et tous les ouvriers sont soumis à un chef choisi parmi eux ; dans l'autre on donne à prix fait, et ce prix diffère encore ; ici , on paye tant par mesure de blé semé, et les moissonneurs sont obligés d'abattre \efm- menl , de le rassembler en gerbes et de les lier ; celte dernière opération est l'ouvrage des femmes qui suivent les coupeurs. Là, les coupeurs en nombre fixé, font un traité avec le propriétaire ou le fermier, d'abattre la moisson , de la mon- ter en gerbier, moyennant deux, trois ou quatre mesures de grain sur vingt. C'est celte dernière méthode qui paroît pré- férable , parce qu'il est de l'intérêt de l'ouvrier : i.° de bien moissonner ; 2.0 de bien lier les gerbes ; 3.° de les retourner à propos sur le champ; de les monter en gerbier, de ma- nière que les blés ne soient pas pénétrés par la pluie ; 5.° de les battre et vanner convenablement : enfin , le maître ne peut pas perdre par leur faute , sans qu'une partie de la perte ne retombe sur eux , et il résulte pour tous un bien de cet inté- rêt réciproque. La plus mauvaise de toutes les méthodes , est de nourrir et • de payer à la journée ; les ouvriers ne sont jamais contens de la nourriture , boivent beaucoup , travaillent peu , puisqu'il est de leur intérêt que l'ouvrage soit de longue durée , et pour peu qu'il survienne du mauvais temps , ils ne vont pas à l'ou- vrage, la gerbe pourrit sur le champ , et la récolte en souffre. Si le prix fait du moissonnage est en argent, si celui du bat- tage, vannage , l'est aussi, qu'arrive-t-il ? Pour inoins se cour- ber et hâter le travail , 1 ouvrier coupe la paille à plus d'un pied au-dessus de la terre , en donnant à son bras toute son étendue , et le ramenant en demi-cercle ; il embrasse avec la main gauche la plus grande quantité possible de paille serrée par celte main , donne son coup de faucille sans aucune atten- tion ; il reste beaucoup de tiges couchées ; un grand nombre d'épis cassés au haut des tiges , par le contre-coup, tombent; la paille coupée est mal étendue sur la terre ; la lieuse la ra- masse à la hâte; l'on perd souvent un cinquième ou un sixième de sa récolte. Quant au battage et au criblage , il importe peu à ces ou- vriers que le grain reste dans l'épi , que le blé soit net ; ils n'en sont pas moins payés , et c'est tout ce qu'ils demandent. J'insiste sur ces objets, parce que Rozier voulant se con- vaincre de la méthode la plus avautageuse au propriétaire , il les a toutes éprouvées , et il assure que la meilleure est de payer en blé ou en argent, en fixant le salaire sur la mesure ; ?8o F R O dans ce cas, l'ouvrier et le propriétaire ne sauroient être trompés. Celte pratique , adoptée parle Columelle fiançais ., est deve- nue la règle de conduite de beaucoup de fermiers , qui payent toujours bien , mais qui ne veulent jamais être dupes. Les moissonneurs sont à leurs yeux des êtres intéressans ; jamais salaire n'est plus justement mérité , un argent mieux gagné ; n'est-ce pas , d'ailleurs , une justice que la moisson soit aussi un temps de récolte pour les ouvriers qui y sont employés ? Les outils destinés à couper les grains varient dans leur forme suivant les cantons ; mais il paroit que la faux pro- prement dite , armée de playons , est l'instrument le plus ex- péditif , celui qui couche , arrange , étend le mieux les tiges sur le sol , qui égrène le moins l'épi , coupe les pailles le plus près qu'il est possible , et ne fatigue pas autant que la fau- cille : le scieur donne une secousse assez forte à la poignée des tiges qu'il saisi» , et en la retirant , pour peu que ces tiges soient mêlées , ii fait tomber beaucoup de grains. La moisson est encore beaucoup plus prompte , et moins dispendieuse par la faux que par la faucille ; six faucheurs abattent plus de blés en quinze jours avec la faux, que les moissonneurs n'en coupent en un mois avec la faucille : on sent que moins la récolte est abondante , plus le cultivateur a intérêt d'en diminuer les frais. Les reproches dirigés contre la faux , ne sont fondés que sur l'ignorance de son meilleur emploi et sur l'intérêt particu- lier ; mais parmi les faux dont on se sert , celle nommée dans la Belgique piquet, mérite la préférence. Dans les années pluvieuses , la récolte est perdue , si , pour la faire , on ne profite du peu d'instans où le soleil peut se montrer pour la sécher ; la faux peut seule procurer cette cé- lérité : il seroit impossible d'avoir une assez grande quantité de moissonneurs pour y suppléer avec la faucille , et quand la faux occasioneroit quelque dispersion de grains , ne vaut- il pas infiniment mieux éprouver une diminution sur la quan- tité , que la perte totale de la moisson? Lorsque la paille est basse , 1 intérêt le plus naturel et le plus pressant est d'en perdre le moins possible ; or la faux , approchant la terre de plus près, fournit de plus que la fau- cille un tiers de paille , que le cultivateur emploie à la nour- riture de ses bestiaux et à l'engrais de ses terres, qui rendant ordinairement à proportion des sacrifices que l'on fait , lui rapportent au centuple Tannée suivante cet excédent d'en- grais qu'il lui a donné. Enfin , quand le blé est rare et foible , il est presque tou- jours mêlé de beaucoup d'herbes. Avec la faucille, on ne peut F R O 28i couper le blé qu'au-dessus de la hauteur des herbes étran- fères, et tandis qu'elles sont perdues pour le cultivateur avec a paille qui les environne, elles restent sur la terre qu'elles détériorent et qu'elles démeublen en se multipliant ; la faux rasant la terre de près, coupe toutes ces herbes qui augmen- tent la nourriture des bestiaux, el les empêche d'occuper inu- tilement la terre sur laquelle elles se seroient reproduites en renaissant , malgré tous les soins et les travaux du laboureur. Il y a de deux sortes de inruhs : celles que l'on forme sur le champ même pour être enlevées avant l'hiver, et celles au- tour de la maison pour n'être démolies qu'au temps du bat- tage. Dès que le blé est coupé et réuni en gerbes, on les laisse sur le champ pLs nu moins long -temps, afin qu'elles perdent leur humidité superflue, humidité quidevient dangereuse, soit que l'on forp e et amoncelle les gerbes dans la grange , ou qu'on les mente en meules; celte humidité fait alors fermenter le grain cl 1 échauffe ; souvent même il germe et moisit. il y a encore des circonstances autres que les soins des la- bours, des engrais et des semailles, qui peuvent amener des disettes ; ce sont les coutumes plus ou moins vicieuses de pro- céder à la moisson , et l'oubli des moyens indiqués pour con- server aux grains toute leur qualité, parvenues sans acci- dent au point de maturité convenable , les productions de la terre sont encore exposées à devenir le jouet des élemens *, les pluies continuelles qui précèdent et accompagnent les moissons , peuvent diminuer les avantages sous lesquels elles s'annoncoient d'abord. Le glanage est l'aumône de l'agriculture ; il n'étoit ac- cordé autrefois qu'aux pauvres et aux infirmes; mais à pré- sent toutes sortes de mains y prétendent : dès que la récolte est ouverte , une grande partie des habitans des petites com- munes, de tout âge, de tout sexe , quittent leur profession pour courir les campagnes , et des bandes de glaneurs se ré- pandent dans les champs , inquiètent et fatiguent les culti- vateurs ; souvent même, pendant leur absence, ils pillent les gerbes , ce qui augmente la rareté des ouvriers qui, d'un autre colé -, laissent par complaisance des épis pour favoriser fcbjrianwnB. Celte circonstance empêche, dans certains cantons, que le fermier ne recueille paisiblement le fruit de ses récoltes; il seroit à désirer qu'il fût fait une détense expresse à tout citoven , avant un métier ou une propriété quelconque , de jamais glaner , a moins qu'on ne trouvât plus sage d'interdire le glanage; car il est immoral, ne favorise que la paresse, le, roi», ie pillage; il ôte enfin des bras àl'agricullute. =82 F R O Le blé à la grange ne diffère de celui en meules, qu'en ce que l'un est abrité par un toit , et l'autre par une couche de paille ; que le premier est plus sous la main du proprié- taire, tandis que le second demande une plus grande surveil- lance : au reste, il est prouvé que, dans l'un et l'autre cas, le grain, quelle que soit sa qualité, s'améliore encore dans la gerbe , et acquiert le dernier degré de la maturité. Chaque grain, il est vrai, se trouve comme isolé, recou- vert d'une matière sèche et lisse qui le préserve de l'ac- tion de la chaleur, le lient dans l'état froid, et rend in- sensible l'évaporation de son humidité ; en sorte que, par ce moyen, le b/éne perd presque point de sa couleur et de son poids ; qu'il possède long-temps la faculté germinative et le goût de fruit qui caractérise sa nouveauté, avantage qui se perpétue dans le pain qu'on en prépare : on peut même comparer le grain gardé dans cet état, à l'amande renfermée dans sa coque. Sans vouloir examiner à fond si la méthode adoptée dans îles cantons méridionaux , de séparer le grain de l'épi par le moyen du pied des animaux ; mérite la préférence sur celle de le battre au fléau, il paroît que, par la première méthode, on laisse plus de grains dans l'épi , que la paille perd une partie de sa valeur, et que dans tous les endroits où les grains sont également secs et recueillis à peu près à la même épo- que, il seroit plus économique de substituer le fléau. Le dépiquage des grains, au moyen du pied des animaux, malgré les avantages d'expédier à la fois, et sans beaucoup desoins, la totalité de la moisson, n'est nullement capable de dédommager des sacrifices qu'il faut nécessairement faire : on sait d'ailleurs qu'il existe des machines pour l'opérer promptement; mais alors l'humidité végétative renfermée dans le tuyau qui continue d'agir dans le grain , n'a pas le temps de se combiner avec ses autres principes , et de lui procurer le dernier degré de maturité , à peu près comme il arrive à certains fruits qui achèvent de mûrir après qu'ils ont été cueillis, surtout lorsqu'on leur a conservé un peu de la tige à laquelle ils appartenoient. Lorsque les gerbes sont battues , le grain est encore mêlé et confondu avec les balles, la poussière, et des parcelles de paille; il devient donc nécessaire de les séparer au moyen d'un van, l'un des plus anciens instrumens de l'agriculture, afin de débarrasser l'aire et de continuer successivement jus- qu'à ce que la totalité du grain soit battue. Le défaut de sarclage , l'habitude de battre sur des aires malpropres, admettent nécessairement dans les grains des FRO 283 matières étrangères que l'oubli des précautions, lors des semailles, augmente encore ; il faut donc, si on veut avoir des blés propres et sans mélange, imiter la pratique de ceux qui multiplient les cribles, dont la construction joint à l'avan- tage de rafraîchir le grain , celui de récurer et de le nettoyer parfaitement : pour bien cribler, il ne faut pas expédier trop de blé a la fois; six cents livres environ suffisent par heure, et un jeune homme peut aisément faire tourner ce crible au moyen d'une manivelle. Comme il importe peu à l'ouvrier, chargé du criblage, que le blé soit parfaitement nettoyé , parce qu'il n'en reçoit pas moins son salaire , on a encore observé qu'il étoit essentiel que la partie du bout du crible servant à mouvoir l'auget , fasse beaucoup de bruit, afin que , d'une part, le grain soit tamisé avec plus de facilité, et que de l'autre , l'homme em- ployé à ce service, ne puisse jamais en imposer sur l'activité et la continuité de son travail. Les pailles de froment , iYorge et <£ avoine, sont la base de la nourriture des animaux d'une métairie, et par conséquent l'objet des soins du fermier, qui ne doit rien négliger pour les conserver dans la meilleure qualité sous des hangards, en meules élevées et construites à la manière des gerbiers. Rien de plus important que de préserver les pailles de l'accès de l'humidité. Celles qni ont été mouillées ou ver- sées sur le champ, ne méritent pas d'être conservées comme aliment des bestiaux ; elle leur deviendroient très-funestes , et commuiiiqueroient une mauvaise odeur à celles qui se- roient saines et qu'on mélangeroit avec elles. La paille des blés mouchetés, quoique entièrement consom- mée sous les animaux auxquels elle a servi de litière , ne doit jamais être employée à l'engrais des terres destinées aux fromens, parce qu'elle pourroit leur communiquer la carie , maladie particulière au froment, qui n'est point contagieuse pour les autres grains. Il seroit à souhaiter qu'on pût inter- dire l'usage où l'on est, dans les villes, de brûler la paille des lits , sous le prétexte qu'elle peut propager quelques mala- dies , et qu'on la fit servir de litière aux bestiaux , plutôt que de la condamner aux flammes dans des rues très- peuplées ; plusieurs grands incendies n'ont pas eu d'autre cause. Après le battage, le vannage et le criblage du blé, viennent les moyens de le conserver ; la méthode la plus efficace em- ployée dans ce cas, c'est l'air et le feu. On a déjà dit, au mot Jîlé, que la moins coûteuse et la plus simple , consistoit à le mettre en sacs isolés; que non-seulement elle étoit applica- ble à toutes les graminées, mais encore aux semences légumi- 284 F R U neuses. Voy. pour le développement de celte méthode, au mot Farine, (parm.) FROMENT-BARBU. C'est l'orge à large épi (Jwrdeum zeocritum) appelée encore riz d'Allemagne. (LN.) FROMENT DE VACHE. C'est le Mélampyre des CHAMPS. (LN.) FROMENT DES INDES. V. Maïs, (ln.) FROMENTAL. V. au mot Avoine, (b.) FROMENTEAU.Excellentesorte de Raisin de la Cham- pagne. Ce raisin est d'un gris-rouge, à grappe grosse et ser- rée. Les grains ont la peau dure et un goût exquis, (ln.) FROMENTEL et Faux Froment. Espèce d'AvoiNE. V. ce mot. (ln.) FRONCHE. V. Figuier a feuilles percées, (ln.) FRONDES. On a donné ce nom aux feuilles des Fou- gères et aux expansions des Hépatiques qui ne sont pas en rapport d'organisation avec les véritables Feuilles. V. ce mot. (b.) FRONDICULINE, Frondiculina. Nom donné par La- marck au genre appelé Adéone par Lamouroux. (b.) FRONDIFLORE. V. Phyllanthus. (ln.) FRONDIPORE. Nom anciennement donné aux MillÉ- PORES feuilles , dont on voit distinctement les pores, (b.) FRONT , Frons. C'est le nom que l'on donne à la partie antérieure et supérieure delà tête des insectes, qui se trouve au-dessus de la bouche, entre les yeux et les antennes. Il donne naissance à la lèvre supérieure, et est armé de cornes dans quelques coléoptères. Sa partie antérieure a reçu le nom de chaperon dans les scarabés. (o.) FRONTIROSTRES ou Rhinostomes. Nom donné par M. Duméril à une famille d'insectes, de l'ordre des hémiptè- res , et qui a pour caractères : élytres demi -coriaces ; bec paroissant naître du front ; antennes longues , non en scie ; tarses propres à marcher. Elle comprend les genres : Penta- tome, Scutellaire, Corée, Acanthie, Lygée , GERREet Podicère. Cette famille réunie à celle qu'il nomme Sangui- suges ou Zoadelges , embrasse notre famille des Géocori- ses. V. ce mot. (l.) FROSONE. Nom du Gros-bec dans Olina. (v.) FROUER (chasse). C'est contrefaire, avec une feuille de lierre , les cris des geais, des pies , des merles , des grives et de différons petits oiseaux, pour les engager à s'approcher des pièges qu'on leur tend, (v.) FRUAR. C'est , en Danemarck, l'un des noms du Nénu- PJaift BLANC (nymphœa alba). (LN.) F R U 285 FRUCHBLUMACHEN. Un des noms allemands de la Pâquerette , Btllls perennîs , L. (ln.) FRUCTIFICATION. Ce mot se prend toujours dans un sens collectif, et comprend non-seulement l'œuvre de la fé- condation du germe et de la maturification du fruit, mais même l'assemblage de tous les organes destinés à cette opéra- tion. Ces organes se trouvent réunis dans la (leur et le fruil; on peut les réduire à sept principaux , savoir : le calice , la corolle, l'étamine, le pistil, le péricarpe, la graine et le réceptacle. Ce sont ces parties qui, dans les plantes, con- courent plus ou moins à la reproduction de toutes les espèces. Les autres parties des végétaux , telles que les racines , les tiges, les feuilles, sont spécialement destinées à entretenir et à prolonger la vie des individus, (d.) FRUCTUS. Fruit en latin. Les botanistes anciens ont dé- crit sous ce nom, quelques fruits dont ils ne connoissoient point les plantes qui les produisaient ; ainsi le Fructus 5-an~gulus de Petiver, gaz. t. 3j , f. 8, paroft être une espèce du genre cacoucier d'Aublet. Fructus oblongus de Rai, 1800, est peut-être Vachras mammosa F Li tin. Fructus orbicularis major de Bauhin est le strychnos coluhrina. V. VoMIQUIER. Fructus régis de Rumph. , Amb. t. 7, f. 17 , est ïhe- Uctercs isora , Linn. Le Nelumbo est le fructus elegans de plusieurs anciens au- teurs; le Sablier, le fructus crépitons, etc. , et le Zalacca (ca- lamus zalacca) le fructus Bal y Insultz , etc. (LN,) FRUGILEGA, en latin, le Freux. V. ce mot. FRUGIVORES. Ce sont les animaux qui se nourrissent de fruits, (s.) FRUGIVORES, Fmgioori. Famille de l'ordre des oiseaux Sylvains et de la tribu de Zygodactyles. (V. ces mots.) Ca- ractères: pieds courts ou médiocres; tarses annelés, nus; doigts antérieurs unisà la base par une membrane ; l'externe le plus souvent dirigé en devant; bec court, un peu épais > robuste , dentelé , fléchi à la pointe ; queue composée de dix pennes. Cette famille est composée des genres Musophage et f ouraco. V. ces mots, (v.) FRUIT , Fructus. Dernier terme , en quelque sorte, de la végétation annuelle ; but et fin bienfaisante que s'est pro- posé l'auteur de toutes choses en créant cette multiplicité de végétaux ,'dont les fruits sont si précieux pour l'homme ou pour cette innombrable variété d'animaux, qui d'un côté enlontunede leurs principales nourritures, et qui, d'un autre 286 F R TT côté , leur offrent des secours de plusieurs genres et des sou- lagemens à leurs maux. Dans l'acception commune du mot fruit, le vulgaire n'en- tend que les fruits charnus ou qui servent à sa nourriture , tels que les poires , les pommes , les figues , les cerises , les fraises , les melons , etc. Le botaniste et le savant lui donnent une plus grande extension ; ils comprennent , sous cette dé- nomination générale , le résultat parfait de toute fleur com- plète , dont l'ovaire ou les ovaires produisent un fruit quel- conque ; ainsi le blé , le seigle, Y orge , Y avoine, le chènevis dans lesquels le vulgaire ne voit qu'une graine , sont des fruits complets. V. Plante,- Ovaire, Péricarpe, Graine. Antérieurement au xvi.c siècle, les botanistes ont eu très- peu d'égard au fruit, dans les diverses méthodes ou systèmes qu'ils ont publiés sur les plantes. Ce n'est que vers la fin de ce siècle, en 1576, que Lécluse , dans deux classes seulement, a rangé quelques plantes étrangères d'après la forme des fruits. Vers le même temps à peu près , Césalpin , en distribuant dans quinze classes les huit cent quarante plantes connues alors , en a formé quatorze d'après la considération du fruit et des graines. Ce botaniste est, à proprement parler, le premier qui a fait usage de cette partie importante des vé- gétaux pour les classer et les distribuer dans un ordre métho- dique. Les savans qui, depuis cette époque , et à partir seu- lement de C. Bauhin , ont eu égard au fruit , n'en ont fait l'application que dans un petit nombre de familles. La mé- thode naturelle, dont on s'occupe essentiellement depuis quelques années , a surtout fait sentir l'importance du fruit. Il étoit réservé au célèbre Gœrlner , vers la fin du xvm.e siècle (1788), d'imaginer un système complet de carpologie , c'est- à -dire, une méthode dans laquelle les plantes fussent classées d'aprèsleurs fruits. Mais ce savant bo- taniste s'est moins arrêté à la forme extérieure , à la con- texture et à la qualité de la substance, qu'à l'organisation intérieure, à l'arrangement, au nombre des graines , à la composition intérieure de ces dernières , etc. ; quoi qu'il en soit , cet ouvrage mémorable de Gsertner sera tou- jours un des plus précieux en botanique. Linnœus reconnoissoit sept sortes de fruits ; savoir : la capsule, la silique, le légume, le drupe, la pomme, la baie et le slwbile. Ce nombre ne concernoit que les plantes Phanéro- games. On n'avoit pas acquis jusqu'alors sur les ^Ethéo- games (Cryptogames, Linn.), les connoissances qu'ont ob- tenues depuis des observateurs laborieux et persévérans. On n'avoit que des idées très-imparfaites sur la fructification F R U 287 des algues , des champignons , des lichens , des mousses , etc. , ainsi que sur les organes qui servent à leur régénération :' quoique ce mystère ne soil pas encore complètement éclairci aujourd'hui , néanmoins on a donné des noms différens aux organes ultérieurement observés , et le nombre de ces nou- veaux noms surpasse trois fois celui qu'on avoit employé pour les plantes phanérogames. M. le D. Sprengel, dans une nouvelle édition du Philo- sophia botanica de Linn. , rapporte ces différens noms , et il en donne l'explication. Nous allons faire connoître à nos lecteurs, par différens paragraphes, la manière dont plu- sieurs botanistes ont divisé les fruits. § I. — Classification des fruits par Linnœus. Linnseus distingue sept sortes de fruits avec péricarpe, dans les plantes phanérogames. I. La Capsule, Capsula. Fruit sec , s'ouvrant d'une ma- nière déterminée. On distingue dans cette sorte de fruit : i.° les valves ou les divisions extérieures des fruits ouverts; 2.0 les cloisons qui sé- parent l'intérieur en deux ou plusieurs loges ; 3.° la columelle , axe central formant la réunion de l'intérieur des valves ; 4-° les loges ou vides intérieurs où sont placées les graines. II. La Silique, Siliqua. Péricarpe bivalve; valves séparées par une cloison membraneuse , à laquelle les graines sont attachées. Cette sorte de péricarpe se divise en silique lorsqu'il est plus long que large , et en silicule quand il est plus large que long. III. Légume ou Gousse , Legumen. Péricarpe à deux val- ves non séparées par une cloison membraneuse , et sur les- quelles les graines sont attachées alternativement. On distingue la gousse lomentée (lomenlum) lorsqu'elle est articulée assez fortement pour former comme autant de loges distinctes. (Les sophora, etc.) IV. Le Drupe , Drupa. Péricarpe indéhiscent , charnu , recouvrant un noyau plus ou moins ligneux, dans lequel l'amande est renfermée. V. La Pomme , Puma. Péricarpe charnu , indéhiscent , entourant des semences renfermées dans des enveloppes par- ticulières. (Les fruits à pépins.) VI. La Baie , Bacca. Péricarpe mou , indéhiscent , dans lequel les graines sont régulièrement disposées et nues. Moè'nch distingue deux sortes de baies : la vraie haie qui n'a point de loges , et dont les graines sont sans ordre ; la fausse ,88 F R U baie qui a des loges et des graines rangées symétriquement. "VII. Le Strolile, Strobihis, ouCôtne, Convs. Péricarpe en forme de chaton , composé d'un assemblage d'écaillés , contenant chacune une graine ou des graines imbriquées. § II. — Classification des fruits par Sprengel. A ces sept sortes de fruits, M. Sprengel en ajoute trois autres , et six applicables aux .ÂEthéogames. I. Le G albule , Galbulus. Nom donné d'abord par Yar- ron et adopté par Gsertner, à un péricarpe subéreux, ovale, composé d'écaillés peltées , striées en forme de rayons, portant plusieurs graines à leur extrémité : le cyprès. Quel- ques botanistes désignent mal à propos cette sorte de fruit par le nom de noix , nux. II. La Samare, Samara. Nom donné par Gsertner aux péricarpes indéhiscens, membraneux, comprimés, en forme d'ailes, et chargés d'un appendice sur les bords , à une ou deux loges : Yonne. III. L'Utricule, Utricuîus. Péricarpe membraneux, con- tenant une semence libre de tous les côtés. Le mot utricule étant employé en botanique dans plusieurs autres circons- tances , il seroit plus convenable d'adopter celui proposé par M. Link : Cystiâium. IV. Apothécion, Apothecium. Nom donné par Acharius , à un organe particulier aux lichens, et qui paroît être le ré- ceptacle des organes reproductifs. On distingue dix sortes d'apolhécion, auxquelles on a donné un nom particulier ; savoir : i. La Lireïïe {Lirelld). Nom donné au réceptacle sessile , linéaire , plus ou moins flexueux, quelquefois divisé en étoile , et fendu longiludinalemenl. Les opégraphes et les graphis, Ach. 2. La Patelle (Patella). Réceptacle des lécidés , genre de li- chen; il est plane, ayant un rebord distinct du thallus. 3. Le Bouclier (Pelta). On nomme ainsi la fructification mince , large , aplatie et sans rebord de quelques lichens , dont Acharius a formé son genre Peltidée, peltidea, que dans ses premiers ouvrages il nommoit peltigère ; tel est le lichen caninus , Linn. 4 UOrbille (Orbilld). Réceptacle du genre LTsnée, usnea , Ach. , ordinairement orbiculaire , radié , c'est-à-dire , en- touré à ses bords de fibrilles , formé entièrement par le thallus, et de la même couleur. Exempl. Lichen floridus, Linn. M. Decandolle applique ce nom au réceptacle des parmélies qui diffère cependant beaucoup, i.° parce que l'extérieur seul est une continuité du thallus; a.0 que l'intérieur est F R U 28g ordinairement d'un brun rougeâlre, et d'une couleur diffé- rente de celle du lhallus. 5. La Girume (Tricà). Réceptacle plus ou moins orbicu- laire, quelquefois plane à la superficie, chargé de stries et de rugosités en forme de rides. Exemple : le gyrophora , Ach. Linlc donne le noindegyroma à l'anneau élastique qui entoure la fructification des fougères. 6. Céphalude (Cephaludiuni). Réceptacle orbiculairc , dont le rebord disparaît dans la convexité. 7. Pilidion (Pitidiurn). Réceptacle hémisphérique , dont la surface extérieure finit par se réduire en poussière. Exemple: le genre calyrium , Ach. &. Cistule (Cisluhi). Réceptacle fermé d'abord , formé par le ihallus , et contenant une poussière. Exemple: les sphœro- p/iures , Ach. g. Thularnîon ( Tlialainiuni). Péricarpe sphéroïde , incrusté dans le thallus : les endocarpes , Ach. V. L'Urne des mousses, Theca, pyxis. Elle se compose extérieurement de cinq parties: la coiffe, Y opercule, V anneau , le péristome simple ou double , et Yapophyse. M. Sprengel oublie la gaine , le périchèse et les parties intérieures de cet organe. V. Mousses. VI. Péridion , Peridium. Nom donné par M. le docteur Persoon aux champignons gastéromyces , dont le corps est rempli d une matière pulvérulente. VII. Hymenion, Hymenium. Nom appliqué par M. Per- soon à une membrane particulière , où sont contenus les organes reproductifs des champignons : tels sont les feuillets ou laines des agarics, les rides des mérules , les pores ou tuyaux des bolets , les pointes des hydnes et les papilles des iliéléphores. NUI. VUTRlCULEYEmiLE, Utricufusmatricalis. Onnomme utricules fertiles des cloisons pleines d'une substance pulvéru- lente : les conferves. IX. Le Spermatocystidion, Spemialocysfidiurn. Ce nom, donné d'abord par Hedwig à l'anthère des végétaux , est ap- pliqué , par M. Sprengel, aux utricules transparentes et oblongues , incrustées dans l'épidémie des pezizes , cla- vaires , etc. , et aux tubercules des spheeries et des thélo- tremales. § III. — Classification des fruits par M. Decandolle , dans sa théorie élémentaire. M. Decandolle , en rappelant la plupart des dénomina- tions ci-dessus et celles proposées par M. Richard , en indique plusieurs autres. ago F R U D'abord , il distingue trois sortes de fruits : i. Les simples , ou ceux qui proviennent d'un seul ovaire ; telles sont la cerise , la prune, etc. a. Les multiples , ceux qui résultent de plusieurs ovaires contenus dans la même fleur : par exemple, les fraises , les framboises , les renoncules , etc. 3. Les agrégés, ceux qui se composent de plusieurs fruits portés sur un même réceptacle , et provenant de plusieurs ileurs : la mûre , etc. Plus, les organes de la fructification des plantes œthéogames. Fruits simples. Parmi les fruits simples , il distingue les fruits pseudosper- mes , gynobasiques , charnus et capsulaires. Les fruits Pseudospermes ( quelques graines nues des an- ciens auteurs ) sont de huit sortes. 1. Le Cariopse , Rich. ( Cariopsis ). Fruit indéhiscent , uni- sperme , dont le péricarpe adhère fortement avec les tégu- mens propres de la graine. Le fruit des graminées est un cariopse. 2. hachène ( Achena , Neck. ; Achenium , Rich. ; Ace- nium , Link ). Fruit monosperme dont le péricarpe adhère plus ou moins intimement avec l'enveloppe propre de la graine et avec le tube du calice ; telles sont les composées. Quelques botanistes donnent à cette sorte de fruit , des acceptions différentes. Voyez ci-après ce même mot défini par M. Desvaux. M. Decandolle paroît adapter plus parti- culièrement ce mot à la famille des plantes composées. 11 en distingue de deux sortes. a. L'Achène nue , lorsque son sommet ne se prolonge ni en membranes , ni en poils. b. L'Achène aigrettée , lorsqu'elle est terminée par un sommet saillant , dont on distingue six sortes , savoir : <*. L'Achène bordante , lorsqu'elle ne présente qu'un léger bord membraneux. IL L'Achène membraneuse , lorsque le bord membraneux est très-prononcé. Ces sortes d'achènes, dont le caractère essentielestlemême et ne dépend que d'un prolongement plus ou moins grand , pourroient être réunies. y. L'Achène écailleuse , lorsqu'elle paroît composée de pe- tites écailles. à\ L'Achène capillaire ( Pilaris , Link ) , lorsqu'elle est formée de poils simples. e. L'Achène plumeuse, lorsque les poils sont divisés dans toute leur longueur. F R U agi y. L'Achène rameuse , lorsque les poils se ramifient irré- gulièrement. 3. La Polarhène, Rich. Fruit composé de deux ou plusieurs loges soudées et renfermées dans le calice , se séparant lon- giludinalement à leur maturité : les araliées et les ombellifères. 4- h'Uiricule, Gaertn. ( Cyslidium , Link). Voyez ci avant , au même mot adopté par Sprengel, § II , n.° 111. 5. La Scléranthe , Moe'nch. Fruit composé de la graine sou- dée avec la base du périgone ( corolle ) , endurcie et persis- tante : les belles-de nuit. 6. La Samare , G«*rtn. Fruit indéhiscent , contenant un petit nombre de graines, membraneux, souvent prolongé sur les bords , en aile ou appendice uni ou biloculaire : Vorme , Y érable , etc. 7. Le Gland. Fruit presque charnu , uniloculaire , uni- sperme , dont le péricarpe adhère à la graine ; enchâssé et articulé par sa base à une coupe coriace nommée cupule , et formée parles écailles de linvolucre : le chêne , etc. Cette sorte de fruit est appelée Noix par quelques botanistes. 8. La Noisette. Fruit à enveloppe osseuse , uniloculaire , unisperme , indéhiscent, sans péricarpe distinct et souvent enchâssé dans un involucre : le noisetier. Quelques botanistes le confondent avec la noix. Les fruits Gynobasiques, indéhiscens, dont les loges écar- tées les unes des autres paraissent être autant de fruits sépa- rés. M. Decandolle en distingue de deux sortes. 9. Le Sarcobase. Gynobase grand , charnu , composé de cinq loges ou plus, toujours distinctes les unes des autres : les ochnacées , les simaroiibées , le castela. 10. Le Microbase Gynobase petit, peu charnu, quadrilo- r.ulaire ; loges peu distinctes lors de la lleuraison : les labiées, les borraginées. Les fruits Charnus ont le sarcocarpe (F. ce mot) mou, pulpeux ou charnu. Ils sont indéhiscens , et contiennent un petitnoinhredegraines.On en distingue de sept sortes: savoir: 11. Le Drupe, mou, succulent, renfermant un noyau uniloculaire, àparoi osseuse ou ligneuse: la cerise, ['abricot, etc. 12. La Noix {nux). Noyau entouré d'un sarcocarpe charnu, ferme et presque coriace , en quoi il diffère du drupe proprement dit : le noyer , l'amandier. Nous avons vu, à Saint-Domingue, des pêchers venus d'Europe, qui ne portoient qu'un très-petit nombre de fruits, et dont le sarcocarpe étoit à peine plus charnu et plus épais que celui des amandiers de notre climat. Ce fait prouve com- bien est arbitraire et peu naturelle cette multiplicité de noms qu'on s'efforce de donner aux fruits. 392 F R U i3. La Nuculaine (Nundanium , Rich.). Fruit charnu, non couronné par le calice auquel l'ovaire n'adhéroit pas, et qui rcptei i plusieurs noyaux distincts , nommés plus spé- cialement osselets. V . ce mot. i4- La Pomme ( Pomum , Melonida , Rich. ). Fruit charnu , couronné par les lohes du calice , à plusieurs loges , revêtues chacune d'une tunique propre. On distingue deux sortes de pommes. A. La Pomme à pépins, dont les loges sont formées de membranes cartilagineuses : le poirier, le pommier. Moënch appeloit cette sorte de fruit antrwn. B. La Pomme à osselets , à loges osseuses : le néflier, le grenadier. i5. La Péponide ( Peponida , Rich.; Pepo , Linn. ; Pepo- nium, Brot. ). Fruit charnu, graines écartées de Taxe, pla- cées près de la circonférence plus dure que le centre : la courge, le melon, etc. 16. L1 Orange (Bacca corticatà). Charnue , enveloppe rem- plie de glandes vésiculaires, à plusieurs loges membraneu- ses , qui se séparent sans déchirement : les oranges , les citrons, etc. 17. La Baie (Bacca). V. ci- avant nomenclature de Lin- nœus, VI. Les fruits Capsu laires, déhiscens, d'une consistance sèche, contenant plusieurs graines. On en distingue cinq sortes : 18. Le Follicule , membraneux , univalve, s'ouvrant par une suture longitudinale. io. La Gousse. Même sorte de fruit ainsi désigné par Lin- nseus. On le nomme aussi légume, d'où vient le nom de légu- mineuse donné à la famille des plantes qui portent ce fruit : les papilionacées. La gousse est: A. Uniloculaire , lorsque les graines ne sont pas séparées par une cloison. B. Biloculaire, dans le cas contraire : X astragale. C. Multiloculaire ou diaphragmatique, lorsqu'elle est par- tagée en deux ou plusieurs loges monospermes, par des cloi- sons transversales. D. Lomentée ou articulée, comme dans Yhippocrepis , etc. 20. La Silique. V. § I, n.° II. Moënch nomme silique vraie celle dont les graines sont attachées aux deux bords de la cloison; et si U (pie fausse, celle dont les graines sont attachées aux bords des valves. 21. ha Boite à savonnette (Pyxidiujn, Ehr. ). Cette sorte de fruit est une véritable capsule, qui, au lieu de s'ouvrir par le sommet, se sépare par le milieu et horizontalement en deux valves hémisphériques : le mouron , etc. FRU 293 22. La Capsule. V. § I, n.'° I. Fruits multiples. Les fruits multiples sont ainsi nommés, lorsque plusieurs de ceuxci-dessus décrits et de la même espèce, se trouvent réunis surun même réceptacle el proviennent d'une seule fleur. Ainsi ils sont à deux ou plusieurs follicules : les apocinéet ; à plusieurs utricules ou bacciformes : la fraise , la ronce , etc. ; ou cornés : \e rosier; enfin à plusieurs capsules disposées surun réceptacle cylindrique, nommé torus ou strobile de Lin meus : Fruits agrégés. Les fruits agrégés sont de cinq sortes. a3. La Syncarpe(S\ncarpa , Rich.). Fruit composé de plu- sieurs utricules charnues, à demi-soudées : le mûrier. 24. La Figue. Fruit composé d un grand nombre de ca- riopses réunis dans un involucre charnu et succulent : le figuier. 25. Le Cane {coiius, strobilus). V. ci-dessus § I, n.° Vil. C'est le fruit de certains arbres conifères, <\u protea , etc. 26. Galbule (Galbulus). Nom donné par Gœrlner au fruit du cyprès, etc., qui, selon lui, a un péricarpe tubéreux, ovale , composé d'écaillés pcltées, striées en forme de rayons , mucronées au centre et portant à leur extrémité quatre ou un plus grand nombre de graines. Quelques botanistes nom- ment cette sorte de fruit, noix. 27. Il est parmi les plantes conifères une autre sorte de fruit qui ne diffère du précédent que parce que les bractées y sont charnues et ne se séparent point à la maturité. Quel- ques botanistes le nomment baie. M. Mirbel , qui l'a con- fondu avec le précédent, désigne^l'un et l'autre par le nom de pseudocarpe. C'est l'arcesthide de M. Desvaux. Organes de la fructification des plantes œthéogames. 28. La Capsule des fougères. V. Fougères. 29. L'Inwlucre. Nom impropre donné à l'enveloppe géné- rale et indéhiscente qui entoure la graine dumarsiléa, etc. M. Decandolle décrit l'urne des mousses , qu'il regarde avec Hedwig comme un fruit. Il en dislingie toutes les par- ties. V . Mousses. Il rappelle également les noms donnés aux organes des hépatiques, des lichens et des champignons. V. ces mots, et ci-avant le § H,n.os IV et VII. § IV. — Classification des fruits, par M. Desvaux. M. Mirbel avoit publié une classification des fruits avant M. Desvaux ( V.Joum. bot., tom. IV, octobre i8i4, p- 181 , et ]\oui>. Bull, de la Soc. Phil. , n.° 11 ) ; mais comme il a donné ultérieurement une nouvelle classification où il se trouve beaucoup de changemens, nous croyons devoir pla- cer auparavant celle de M. Desvaux, sauf aux amateurs à 2o4 F R U recourir aux ouvrages indiqués pour comparer les deux clas- sifications entre elles et même les deux classifications de M. Mirbel. M. Desvaux admet trois sortes principales de fruits: l'Au- TOcarpien , « lorsque l'ovaire, en se développant, sans contracter aucune adhérence avec les parties environnan- tes et sans être immédiatement recouvert par elles, le fruit alors n est modifié par aucune addition de partie. » L'Hétérocarpien, « quand l'ovaire se développe conjoin- tement avec quelques parties, qui, sans le cacher entière- ment , modifient sa forme primitive : le fruit du chêne, de Vif, etc. » Le Pseudocarpiets'. C'est le strobileelle cône décrits dans les paragraphes qui précèdent. Ces trois sortes de fruits sont éparses dans les classes et les ordres adoptés par ce botaniste , de la manière suivante : Première classe. « — Fruits à péricarpe sec. Premier ordre. — Fruits simples. * Non déhiscens. i. Le Cariopse (V. ci-devant § III) est un fruit autocar- pien. M. Desvaux met le sparganium parmi les fruits à ca- riopse. Celui de cette plante est une véritable achêne. 2. U Achêne ( V. id. ). Fruit autocarpien. C'est à tort que l'auteur indique quelques graminées dont le fruit seroit une achêne. Toutes les plantes de cette famille, sans excep- tion , portent un cariopse , même les milium , paspa- lum , panicum , elc , dont les paillettes dures , coriaces , persistantes , servent d'enveloppe au cariopse , qui leur donne l'apparence d'une achêne; mais à toutes les époques, avant ou après la maturité parfaite, les deux paillettes ne sont jamais soudées et sont séparables. 3. Le Stêphanoe. Fruit hétérocarpien. Il est le même que l'achêne de M. Decandolle, affecté principalement à la plu- part des composées , aux valérianées, aux dipsacées, etc. M. Des- vaux le distingue parce que son péricarpe est soudé avec le calice et que les divisions du calice , qu'il nomme sépales dans les composées, sont placées au sommet en forme de couronne. 4- Le Diclésie (Diclesium). Fruit pseudocarpien. Le même que le scléranthe de Moënch. V. ce mot , § III, Fruits sim- ples, n.° 4- 5. Le Catoclésie (Caloclesium). Fruit hétérocarpien, uni- sperme, à péricarpe coriace non ligneux, recouvert parle calice qui ne devient jamais charnu. Les chénopodèes , etc. 6. Le Xylodie {Xylodium). Fruit hétérocarpien , non sy- F R U 295 métrique, unisperme , ligneux, porté sur un gynophore et charnu : Noix de plusieurs auteurs. 7. Noisette (Nucula). Fiuit hétérocarpien. V. ce même nom au § III, n.° 8. 8. Le Gland. Fruit hétérocarpien. V. Gland au § III, n.° 7. 9. Le Ptérodie (Pterodlum). Fruit autocarpien (Samare de Gœrtner). V. ce mot, § III, n.° 6. 10. U Amphisanjue ( Àmphisurca). Fruit autocarpien , plu- riloculaire , ligneux extérieurement et pulpeux dans l'inté- rieur : ïompha/ocarpe, Vadausonia, le crescentia , etc. 11. Le Carcérule {Carcerulus"). Fruit autocarpien, sec, pluriloculaire, à loges confluentes ou distinctes: le tilleul r la plupart des sapindées. ** Déhiscens. 12. LSUtricule. V. ci-avant § II, n.° m. i3. Le Concepiacle. Fruit autocarpien; le même nommé follicule par M. Decandolle. V. ce mot, ci-avant § 111, n.° 18. i4 La Silique. Fruit autocarpien, auquel Linnseus avoit donné le même nom. V. ci-avant § I, n.° il. i5. La Gousse, le Légume. Fruit autocarpien. V. ci-avant le mot Gousse, § 1, n.° m. 16. LSHémigyre {Hemlgyms}. Fruit autocarpien, non symétrique, souvent ligneux, s' ouvrant d'un seul côté, uni, rarement hiloculaire , loges uni ou bispermes. Les Protées. Cette sorte de fruit est nommée noix par quel- ques auteurs. 17. Le liegmate (Regmalus). Nom emprunté de M. Mir- hel , pour désigner un fruit autocarpien , sec ou coriace , bi-i triou pluriloculaire, dontles loges se séparent avec élasticité, uni ou disperme , etc. Les euphorbiées. M. Richard a le pre- mier distingué cette sorte de fruit ; il lui avoit assigné le nom d'etalerium, donné depuis long-temps à un genre de plantes, et ne pouvant pas par conséquent être conservé pour un genre de fruit. M. Desvaux l1 avoit remplacé par le mot cre- pitacle auquel il a renoncé lui-même. 18. La Capsule. Fruit autocarpien. V. le mot Capsule, ch, avant § I , n." 1. 19. Le Stérigmc'(Sterigmum'). Fruit hétérocarpien, plu- riloculaire, loges uni ou polyspermes, distinctes: famille des mahacées et des geraniées. 20. Le Pyxidù (Pyxidium). Nom emprunté d'Ehrhard , et donné à un fruit autocarpien. V. ci-avant § III, fruit caps., n.° 21, Boîte à savonnette. 21. La Diplo'.ége [Diplotegia). Fruit hétérocarpien , soc , 2y6 F R U infère ou engagé dans le calice. M. Desvaux pense que les diplotéges pourroient se diviser. ORDRE SECOND. — Fruits à péricarpe sec, composé. 22. La Follicule {Follicula , Rich. ). Fruit autocarpien, multiple, à double follicule, Decand. : les apocinées. 23. Le Carpudèle (Carpadelium). Fruit hétérocarpien , bi ou pluriloculaire, enveloppé par le calice; loges distinctes , unispermes , opposées : les aralies, les ombellijères. V. Pola- chêne, § III, n.° 3. 2^. Microbase. Fruit hétérocarpien. V. Microbase, § III, n.° io : Fruits g)'nubasiques. 25. Le Plopocarpe (Plopocarpium). Fruit autocarpien, plusieurs loges séparées, provenant de plusieurs ovaires dis- tincts, polyspermes, déhiscens : la première section des re- nonculées, les cr^ssulées, les alismées, etc. 26. Le Polysèque (Polysecus). Fruit hétérocarpien, loges séparées provenant de plusieurs ovaires distincts mais uni- spermes, indéhiscentes, portées sur un réceptacle distinct du disque et en forme de colonne. Cette sorte de fruits com- prend dans deux divisions, des fruits multiples de M. Decan- dolle, les magnoliers , le fraisier , etc. 27. HAmalthée (AmaWiica'). Fruit pseudocarpien : plu- sieurs ovaires secs, non symétriques, renfermés dans la cavité d'un calice coriace, clos par le sommet. Quelques genres de la famille des rosacées : poterium, agrimonia, etc. 28. Le Strobile. V. § I, ft.° VU. C'est un fruit pseudocar- pien. Seconde classe. — Fruits a péricarpe charnu. Premier ordre. — Fruits simples. 29. Le Sphalérocarpe (Sphalerocarpum). Fruit pseudocar- pien, unisperme, indéhiscent, recouvert en tout ou en par- tie par le calice qui a pris l'apparence d'une baie ou d'un péricarpe ebarnu. Les genres coccoloba , basella, blitum. M. Desvaux comprend encore le genre if, qu'il avoit donné pour exemple au fruit hétérocarpien. V. ce mot au présent § IV; il y a sans doute dans ce double emploi contradictoire une faute typographique. 30. La Baie. Fruit autocarpien. V. ci-avant § I , n.° VI. 3i. L' Acrosarque ( Acrosarcum ) . Fruit hétérocarpien, sphérique , quelquefois didyme, charnu, soudé avec le ca- lice qui souvent le couronne : les fruits baccifères, etc. 3a. La Pèponide est un fruit hétérocarpien. V. Péponide, ci-avant § III, n.° i5. 33. L' Arcesthide (Arcesthida). Fruit pseudocarpien , sphé- rique , composé de plusieurs écailles charnues : le genévrier. 34- Ullespe'ridc ( Hesperidium ) , est un fruit autoenrpien : Y orange , Decand. V. ci-avant § III , n.° 16. 35. Le Drupe. Fruit autocarpien. M. Richard, dont M. Desvaux adopte la nomenclature, ne place pas parmi les drupes tous les fruits que Linnœus et d'autres botanistes y avoicrit compris. Le drupe, suivant lui, se borne aux fruits charnus plus ou moins uniloculaires, à en docarpe ligneux, qui se sépare facilement de l'endocarpe lors de sa maturité. La cerise , I \ amande , etc. Les palmiers. 3G. La Aucii/ainc(i\iuu/a/titim , Rich.). Fruit autocarpien. Le même que le drupe, dont il ne diffère qu'en ce qu'il est pluriloculaire. V. ci-avant $ 111 , n." i3. oj. Le Pyrénaire (Pyrenarius). Fruit bélérocarpien , pul- peux, demi-infère, pluriloculaire, endocarpe des loges li- gneux: le néflier. 38. La Mélonide (Melonidium , Rich.), est un fruit pseu- docarpien pommé au l ru m par Moëuch, et pomum par M. De- candole. V. ci-avant § 111 , n.° i/f. 3g. La Balausle (Batausta). Fruit hétérocarpien, infère , péricarpe charnu, non succulent, grand nombre de graines, épisperme drupacé : le grenadier. 4o. Le Cynarrlwde ( Cynarrhodium ). Fruit pseudocarpien , charnu, un grand nombre d'ovaires à péricarpe soudé, ren- fermé dans un calice charnu, presque clos, mais distinct de sa paroi intérieure : le rosier, le calyi anthus. £1. L1 Erythrosfome (Erylhrostomum). Fruit hétérocarpien, avant un placenta conique, supportant un grand nombre d'ovaires distincts, bacciformes, provenant d'une seule fleur: la ronce. 11 est compris dans les fruits multiples de M. De- candolle. 4.2. Le Sarrobase, Decand. Fruit hétérocarpien. V. § III, n.° Q- 4.3. Le Baccau/aire (Baccaularius). Fruit autocarpien, à plusieurs ovaires distincts, bacciformes, provenant d'une seule (leur, disque non charnu. Les genres drymis, zanloxy- //////, les minispermées. Ne diffère du sarcobase que par son disque non charnu. 4-4- LV/ss/'mine ( Assirnina). Fruit autocarpien, ovaires nombreux bacciformes, uniloculaires, réunis en un fruit sphérique : les anuiui. 45. La Syncarpe {Syncarpa, Rich.). Fruit pseudocarpien, résultat de plusieurs (leurs réunies , mais distinctes sur un réceptacle commun , très-variable par sa forme. M. Des- vaux en distingue six sortes. Celui du poivrier et du cécropia , celui du mûrier et du bwussonelia , de Yarlocarpus , de la durs- ténia , de Yumbora , enfin celui de lajigue. 298 F R U M. Desvaux ne mettant pas au nombre des fruits les or- ganes reproductifs des plantes aethéogames , n'en fait point mention. § V. — Classification des fruits, par M. Mirbel. M. Mirbel avoit publié une nouvelle classification des fruits , dans le soixante-onzième numéro du Nouveau Bulletin de la Société Philomathigue. Dans son dernier ouvrage , Elé- métis, etc., cette classification ayantsubi deschangemens, nous ne donnerons que celle dernière à nos lecteurs. Les fruits y sont divisés en deux classes, sept ordres et vingts un genres. La première classification comprenoit vingt- neuf genres. Pour se rendre raison de celte différence, on pourra consulter et comparer les deux classifications de l'au- teur; on y verra treize genres supprimés de l'une et quatre nouveaux genres insérés dans la seconde. Première classe. — Fruits découverts ou gymnocarpes. Ordre premier. — Les Carcérulaires, Carcerulares. Fruits qui restent clos. Cet ordre est composé de trois genres : i. Cypsèle. Ce genre de fruit se trouve compris parmi les achênes de M. Decandolle. V. ci-avant § III, n.° 2. Il est le même que le stéphanoe de M. Desvaux. V. id. § IV, n.° 3. M. Mirbel donne treize formes différentes de cypsèle, qui pré- sentent encore des caractères particuliers dans la substance : l'aigrette , etc. M. Cassini a adopté ce nom dans son travail sur les com- posées ou synanthérées. 2. Le Cérion {Ceris). Fruit des graminées, nommé de- puis long-temps cariopse par M. Richard, adopté par tous les autres'botanistes, et qu'il étoit conséquemment très-inu- tile et même nuisible de changer. 11 est à remarquer que Loureiro a établi le genre cérion , en latin cerium. 3. La Carcérule ( Carcerxda). Cette sorte de fruit est pré- sentée avec des caractères d'abstractions, vagues, négatifs et pour ainsi dire nuls; le fruit carcérulaire, dit l'auteur, est très- variable, mais différent des deux prècédens. Ne pourroit-on pas appliquer ici le précepte de Linnaeus: nomen specificum termi- nis posithis, non vero negantibus, ulatur. — Negaiiva nihil dicunt, 9>el dicunlquod non est,nonvem quidest. Phil. Rot. Ed. Spreng. pag. 365, n.° 298. Ordre ii. — Les Capsulaires. Fruits simples qui s'ou- vrent à la maturité. 4.. Le Légume. V. § I, n.° III. M. Mirbel présente trente- F R II m cinq espèces «le légumes différentes entre elles par la forme, le nombre des loges , celui des graines , et la déhiscence. 5. La Silique. V. ci-avant § l,n.° II. M. Mirbel divise ce fruit en silique et silicule , avec tous les auteurs. 11 en décrit de vingt-sept formes différentes parmi lesquelles on trouve la cylindracée, ( brtusica oltracea ou chou), et la cylindrique, ( erysimum barbarea ou herbe de Sainte-Barbe ). La nuance n'est pas facile à saisir entre ces deux formes de fruit. 6. La Fyxide (Pyxis). La même que laBoîle à savonnette, Decand. § 111, n.° 21, et la pyxidie, Desv. § IV, n.° 20. En créant le mot pyxis, M. Mirbel ne s'est pas rappelé sans doute qu'il a depuis long-temps une toute autre application, et qu'il est adopté par les botanistes pour désigner la Heur la plus apparente des mousses, que quelques-uns nomment aussi dicta , capsula, etc. 7. La Capsule. V. ci-avant §1, n.° I. M. Mirbel en dési- gne de soix;.nle-dix formes différentes, parmi lesquelles on remarque encore comme dans la silique la forme cylindracée et la cylindrique; la ferme ovoïde et obovoïde , iurbinèe , obiurbinée , et autres dont il est difficile de saisir la véritable nuance qui les différencie. Ordre m. Les Djérésiliens. Fruits simples qui se divi- sent en plusieurs coques#à, leur maturité. 8. Le Crémocarpe. Nom donné au fruit des ombellifères. C'est la polachéne, Rich., Decand; la carpadèle de M. Des- vaux. M. Mirbel en dislingue de quatorze formes. 9. Le Rcgmate. M. Desvaux a adopté cette dénomination. V. ci-avant § IV, n.° 17. 10. La Diérèsile correspond au stérigmé de M. Desvaux. V. ci-avant § IV, n.° 19. Ordre iv. — Les Etairionaires. Fruits composés, pro- venant d ovaires portant le style, c'est-à-dire de deux ovaires distincts qui n'ont qu'un seul style commun. 11. Le Double follicule correspond à la follicule, Rich., adoptée par M. Desvaux. V. ci-avant § IV, fig. 22. Il y en a de six formes différentes, tels, entre autres, le follicule ven- tru et le follicule enjlé. 12. lïEtairion. L auteur le définit ainsi. « Plusieurs Ca- MARES disposées autour de l'axe imaginaire du fruit, forment un ctairion.» Cette sorte de fruit correspond au Plopocarpe, Desv. § IV, n.° 2 5. M. Mirbel admet onze formes différentes d'étairions, entre autres les Tricamares , Tetracamares, Pentacamares , Polycamares. On compte vingt sortes de Camares. 3oo F R U Ordre v. — Les Cénobiois aires. Fruits composés , pro- venant d'ovaires ne portant pas le style. i3. Le Cenohion , correspond au microbase de M. Decan- dolle. V. ci-avant § III. On en distingue quatorze sortes suivant le nombre des érêmes, et treize autres, n.° 10, d'après les formes des érênies. Ordre vi. — Les Drupac.ées. Fruits simples, succulens, renfermant un noyau. i4- Le Drupe. Fruit simple , ebarnu, contenant un noyau- On en distingue de quarante sortes. Ordre vu. — Les Bacciens. Fruits simples succulens, contenant plusieurs graines séparées. i5. Le Pyridion. La pomme de Linnœus ; le mélonide de Richard. V. ci-avant § I , n.° V, et § III, n.° i4, A et if. 16. Le Pepon. V. Péponide, ci-avant § III , n.° i5. 17. Baie. V. ci-avant § I, n.° VI. Seconde classe. — Fruits couverts ou angiocarpes. 18. Le Calybion, formé d'un ou de plusieurs glands, con- tenus dans une capsule, le chêne, le noisetier, le châtaignier , Vif, ïéphedra, lecycas. On voit que cette sorte de fruit cor- respond au gland, à la noisette, Decand. et Desv. 19. Le Strobile. V. § I, n.° Y IL 20. Le Sycone. Réunion de fruits couverts provenant de plusieurs fleurs placées sur un clinunthe qui tapisse la parois interne d'un involucre. Correspond à la figue -, Decand., et à la Syncarpe, Desv. , en partie. 21. Le Sorose. Fruits réunis en un seul corps par l'inter- médiaire des enveloppes florales , succulentes et entre-gref- fées. Cette sorte de fruit n'est qu'une modification de la pré- cédente, réunie par M. Desvaux sous le nom commun de syncarpe. M. Mirbel ne met pas non plus au nombre des fruits les organes reproductifs des plantes jethéogames. Le rôle important que le fruit joue dans la science de la botanique, l'utilité de cette partie essentielle des végétaux dans les arts et pour la nourriture des hommes et des ani- maux, et surtout les travaux et les recherches récentes qui ont été faites sur les fruits , nous ont déterminé à entrer dans des détails sur les diverses classifications. On a vu que Linnseus n'admelloit que sept sortes de fruits dans les planles phanérogames ; que M. Sprengelen a ajouté F R U 3ol trois, déterminés parYarron, Gsertner, etc. ; que M. Dc- candolle porte ci; nombre à vingt-sept; M. Desvaux a qua- rante-six, et M. Mirbel en premier lieu à vingt-neuf, rédui- tes dans ses élémens à vingt-un. Si à ce nombre, déjà imp considérable, on ajoute les noms donnés pardifférens auteurs aux organes reproductifs des plantes .'etbéojaines , plus les divisions, sous-divisions, etc , dans chaque sorte de fruits, et à chacune desquelles M. Mirbel a assigné un nom sou- vent barbare, etc. , on trouvera que la nomenclature des fruits est presque aussi nombreuse à elle seule que celle de toutes les plantes en général. On ne peut nier que depuis Linnœus on n'ait fait un grand nombre d'observations nouvelles et importantes; on doit convenir aussi que les nouvelles choses doivent être indiquées par des noms nouveaux et qui leur sont propres : cette mar- che est naturelle et inséparable des véritables progrès de la science. Mais abuser de ce principe ; créer de nouveaux mots, et des noms pour les modifications les plus légères, fussent- elles même toutes constantes et invariables; surcharger inu- tilement la nomenclature d'une science à qui Ton fait de- puis long-temps le reproche d'en avoir beaucoup trop ; divi- ser et subdiviser sans cesse par des noms, sous le prétexte d'introduire de l'ordre et de la méthode , n'est-ce pas agran- dir de plus en plus le chaos et jeter un désordre tel qu'il devient impossible de sereconnoitre? Tel est du moins l'effet que doit produire, dans notre opinion, cette multiplicité de noms superUus,pour ne pas dire nuisibles aux véritables pro- grès de la science. Sansdoule, nous le répétons, les nouvelles choses doivent avoir des noms nouveaux; mais ne nous écartons pas des rou- tes tracées par nos maîtres. Les premiers travaux du Gœrtner français ( M. Richard ), qui sans doute se rectifiera lui-mê- me en devenant plus avare de nouveaux mots, nous donnent lieu d'espérer que plus modéré dans ces sortes d innovations, et se bornant à une juste proportion pour celles qui sont de- venues indispensables, d'après les nouvelles découvertes, on travaillera efficacement à soulager la mémoire des botanistes et à dégager la science de toutes les épines qui n'ont d'autre avantage que de hérisser et de combler les routes à suivre pour atteindre le véritable but, les progrés réels de la science. Tous les fruits ne sont pas propres à la nourriture de l'homme ; il en est même dont 1 usage lui seroil funeste ; il en est encore qui sont recherchés par tel ou tel animal , et qui donneroientla mort à l'homme. Dans ce nombre, nous ci- terons celui du mancenillier , dont les effets sont très-singu- 3o2 F R U liers. Cet arbre, indigène aux Antilles, croît ordinairement sur le bord des fleuves et de la mer. Ses fruits , qui sont des drupes charnus , ressemblent par la forme extérieure et par les couleurs à une pomme d'api; ils sont pour l'ordinaire très-abondans , et couvrent, en tombant, une surface assez étendue de l'eau qui baigne son pied. Ces fruits sont mortels pour l'homme ; mais au moment de leur maturité les poissons viennent les dévorer, et s'en nourrissent sans aucun inconvé- nient. On a remarqué que les hommes qui mangent de ces poissons éprouvent les mêmes effets que s'ils eussent fait eux- mêmes usage du fruit. Les fruits trop petits pour être recueillis par l'homme , n'en sont pas moins utiles. Ils sont recherchés par les ani- maux, et plus particulièrement par les oiseaux. Si l'on vient à considérer dans la pensée le nombre incalculable de fruits divers que les végétaux produisent chaque année , et qui tous, ou la majeure partie , ont la faculté de produire autant d'in- dividus nouveaux , semblables à celui dont ils sont sortis , on concevra difficilement comment il existe un point sur le globe qui ne produise pas un arbre ou une plante. Mais , si, d'un autre côté , on met en parallèle la quantité d'animaux de toutes sortes, pour lesquels ces fruits ont été créés, on ne s'étonnera pas qu'une forêt aussi ancienne que le monde dis- paroisse dans l'espace d'un petit nombre d'années, lorsque l'homme s'en est une fois emparé pour sa convenance , qu'il y a mis la hache , qu'il dévore , lui et les animaux qu'il en- traîne à sa suite , etc. , les fruits des arbres dont le bois a servi à la construction de sa demeure , à son chauffage et à toutes sortes d'usages. On distingue des fruits de toutes les formes , de toutes les grosseurs, grandeurs, et de substances très-différentes. Il en est de secs, de mous, de charnus, d'aqueux. Les uns sont longs , d'autres ovales , sphériques , d'autres comprimés , aplatis , etc. ; dans l'intérieur, ils sOnt pleins , entiers ou di- visés , et contiennent depuis une graine jusqu'à un nombre infini. Lorsqu'ils sont simples comme la pêche, l'abricot, la cerise , etc., on les nomme uniloculaires, unispermes, parce que l'intérieur n'a qu'une seule loge et une seule graine. Mais si l'intérieur est divisé comme la poire , la pomme , au centre desquelles on remarque cinq rayons , contenant chacun or- dinairement une graine , alors on le désigne uni , bi, tri , etc. , pluriloculaire , suivant le nombre des loges ; uni, bi, tri, etc. , sperme , suivant le nombre des graines renfermées dans chaque loge. Les fruits à l'usage de l'homme et cultivés par lui offrent un grand nombre de variétés , qui sont le produit de son F R TJ 3o5 industrie Il n'a été créé originairement qu'une seule sorte tic poirier, pommier, etc., que l'on nomme sauoage.on. C'est par les travaux constans d'une culture soignée que le cultiva- teur est parvenu à adoucir l'àprelé de ces premiers fruits, et à se procurer ces nombreuses et agréables variétés qu'il a l'art de perpétuer par les greffes. Chaque climat , chaque pays a des productions , et par conséquent des fruits qui lui sont propres et particuliers. On a remarqué que ces productions sont en général d'une qua- lité analogue au tempérament des habitans de ces mêmes contrées, et aux maladies auxquelles ils sont le plus sujets. C'est ainsi que les plantes anliscorbuliques sont plus multi- pliées et plus abondantes dans les endroits bas et maréca- geux. L'ananas, l'orange, le citron et plusieurs autres fruits acides et rafraîchissans, se trouvent en grand nombre dans les climats chauds. Il ne sera peut-être pas inutile de faire remarquer que l'ananas , placé avec raison à la tête des fruits les plus délicieux, tant pour l'odeur que pour le goût, con- tient un acide tellement corrosif, qu'au lieu d'être salutaire, lorsqu'on en fait un usage modéré , il devient nuisible et même mortel à la longue aux Européens, entraînés par tout ce que ce fruit leur présente d'agréable, qui en font un usage trop fréquent ou immodéré. Nous terminerons cet article , qu'il eut été possible d'é- tendre davantage , par quelques remarques qui donnent lieu à diverses questions qu'il seroit important de résoudre , et pour lesquelles, néanmoins , on pourra consulter les mots Arbre , Bois et Graine. i.° Rien de plus difficile et de plus problématiquQ que le moyen de conserver les fruits pendant l'hiver. Quelle est donc l'époque précise de la récolte des fruits , ayant égard à l'été plus ou moins chaud, sec ou pluvieux qui s'est écoulé depuis leur maturité , soit à l'état atmosphérique de l'automne P Quel est le meilleur moyen de les conserver ? est-ce en les renfermant, comme on a coutume de le pratiquer en France, dans des fruitiers ? Quelle doit être la véritable exposition de ces sortes de serres? Combien de fois par jour, et quand faut-il leur donner de L'air? OU bien est-il préférable de suivre le mode indiqué par Miller? 11 consiste à renfermer chaque sorte de fruits dans un panier , d'en former plusieurs couches séparées par des espèces de matelas de paille , liés avec des ficelles. 2.0 Qu'est-ce que la blétissure de certains fruits? quelle en est l'origine et la cause ? pourquoi tous les fruits n'y sont- ils pas sujets ? Quels sont les moyens de la prévenir? 3o4 F R U La ble'iissure est-elle une maladie , un commencement de pourilure , ou une maturité parfaite ? L'exemple de la nèfle et de plusieurs autres mespilus et cratœgus , dont les fruits ne sont' bons à manger que lorsqu'ils sont parvenus à cet élat , semble:-oit décider affirmativement la troisième question; mais d'un autre côté la poire d'Angleterre , le messïre-jean , la blanquette , etc. , sont moins bonnes lorsqu'elles sont blettes , ce qui semble donner quelque crédit à la seconde question. La blétissure , dans les poires , commence ordinairement par le centre. Dans la supposition que cet effet fût dû à l'in- troduction de l'air, on a essayé de boucher avec de la cire le bout de la queue , et l'extrémité opposée , l'œil ou la tête , mais sans succès. Cependant on a conservé ces sortes de fruits pendant tout l'hiver, en les trempant en entier dans de la cire fondue. 3.° Quelques fruits offrent une particularité très-remar- quable et digne d'attirer les regards et les méditations des physiciens. Si l'on examine les fruits à noyau , on voit plu- sieurs substances très- différentes. D'abord l'épiderme , puis la pulpe, puis le noyau osseux ; enfin, la graine composée elle-mêmedediversesparties. Si , après cette première obser- vation, on pense que les fibres dont elles sont formées par- tent toutes d un même point, qui étoitle placenta de l'ovaire dans la fleur , on se dit naturellement , il doit y avoir auiant de fibres différentes qu'il y a de parties dans un fruit. Ces fibres ne doivent pas être entretenues par les mêmes sucs, ou doivent l'être par le suc commun , diversement élaboré. Puis on se demande , i.° quelle est l'origine de ces fibres r1 Dans les fruits , on remarque les mêmes parties que dans l'ensemble d'un végétal, l'épiderme, le parenchyme, le corps ligneux et la graine. Y auroit-il dans la moelle des fibres qui n'ont pas encore été aperçues, et qui ne se développent et ne pren- nent de la consistance que dans le fruit ; ou bien , ce qui peut-être est plus probable, l'ovaire seroit-il formé par des faisceaux des fibres qui entourent l'étui médullaire ? Mais ce qu'il y a de plus remarquable , comment se fait il que dans l'espace de moins de six mois , les noyaux des pêchers , des abricotiers , des cocos , etc. , acquièrent plus de solidiié , de dureté et de consistance que le corps de l'arbre , qui a mis plusieurs années à parvenir à l'état de bois , beaucoup moins dur et moins compacte? On connoît, on voit, on distingue les diverses parties dont les troncs des arbres sont formées; dans le bois des fruits à noyaux , on ne voit qu'une masse serrée , compacte , dont on ne distingue pas les élémens. Ces observations donnent lieu aune infinité de questions qu'Use- F R U 3Ô5 roil trop long de présenter, et qu'il seroît à désirer que l'on pût résoudre. Enfin , quelle est l'origine et comment se forment les con- crétions pierreuses dans la partie charnue de certains fruits, et notamment des poires ? (pal.-BEAUV.) FRUITA PEDRIKA des Portugais. V. Pattara. (ln.) FRUIT A PAIN. Nom vulgaire du fruit du Jacquier CULTIVÉ. (B.) FRUIT ÉLASTIQUE. On appelle ainsi la capsule du Sablier, qui décrépite avec bruit à l'époque de sa maturité, et lance ses semences à une grande distance, (b.) FRUIT ÉLASTIQUE. V. Balsamine, (ln.) FRUIT EMPOISONNÉ, Cerbem manghas, L. C'est I'Odallam des Malabares. V. Ahouai. (ln.) FRUIT DU VRAI BAUME. C'est le fruit du Balsamier de la Mecque, (b.) FRUITS PÉTRIFIÉS ou CARPOLITES. V. Vége taux fossiles, (pat.) FRUIT RAISONNANT. V. Hernandier et Crotal- LARIA. (LN.) FRUITS A PEPIN. Terme d'agriculture employé pour désigner les fruits qui contiennent plusieurs graines ou amandes dans une chair croquante (pornum) ou juteuse (uva), comme la poire et le raisin. On nomme Fruits a noyaux les fruits {dnipa) qui conlienennt un ou plusieurs noyaux durs et ligneux renfermant l'amande, (ln.) FRUIT DU SOLEIL. V. Héliocarpe, (ln.) FRUMENTAIRES. Soldani , dans sa Testacéographie, a donné ce nom à une série de coquilles fossiles microscopi- ques ou presque microscopiques, qui se rapprochent de La forme des grains de froment. Ces coquilles, dont le nombre est d'environ cinquante, ne sont pas faciles à décrire systéma- iquement, à raison de ce qu'elles n'offrent pas toujours 1 in- tégralité de leurs caractères. Je renvoie à cet ouvrage ceux qui voudroient apprendre à les connoître. (b.) FRUMENTUM. V. les articles Froment et Blé. (ln.) FRUTA-DA-GRALHA. Les Portugais d'Asie donnent ce nom au melastoma malabathrica. (LN.) FRUTA MAN1LHA (Pomme de Manille). Nom por- tugais d'une espèce de Sapotillier (achras disserta), (ln.) FRUTEX, arbrisseau en latin. Beaucoup de plantes ont été simplement désignées sous ce nom. Les plus remarquables sont les suivantes que nous citons pour exemples, (ln.) FRUTEX JETHIOPIUS (ARBRISSEAU DU CaP DE BONNE-EsPÉ- Rance). Breyn a nommé ainsi quelques protea et le myrsine afn- xii. 20 3o6 F R U cana ; Séba, Mus. 4i p- 29 > *• 5, le rassine capensis ; Plukenet, les borbonia , le gnaphalium cephalotes , W. ; le cllffortia rusci- folia; et Commelin , Hort. i. t. 91., le cluiia pulchella. Linn. Frutex africanus. C'est, dans l'Almageste de Plu- kenet , Vanlhospermum œthiopkum, Linn.; dans le Thésau- rus de Séba , Yerica bruniades; dans Boerhaave , Lugd. le galenia à/ricana , Linn. ; dans Commelin , amst. 2. tab. 60 , ïeranlhemum parvifolium, L. ; dans Hermann , afra 10. ; le buddleia sahifolia , L. (LN.) Frutex americanus. C'est aune espèce de Poivre {piper amalago) , qu'il faut rapporter, suivant Linnseus , cette plante figurée parPlukenet, Alm. t. 2, 5, f. 2. (ln.) Frutex aquosus feminea, Rumph , Amb. 4- 1. 45. C'est le leca sambudna ,Linn. (ln.) Frutex aquosus mas. , de Rumpb , Amb. 4- tab. 44 > Pa~ roît être I'Aralie de Chine, aralia chinensis, L. (ln.) Frutex baccifer , Plukenet ( Alm. , pi. 95, f. 5. ) men- tionne sous ce nom le scopoliaaculeata, W. et pi. 5o, f. 4 «le Grewi a d'Orient; Catesby( Carol. 2, t. 47), le callicarpa amerkana et Rai , I'Aralie de Chine, (ln.) Frutex cinereus ( Pluk-Alm. , i5g ) , c'est le seriphium cinereum , Linn., ou breynia cinero'ides de Petiver. (ln.) Frutex corni foliis de Catesby, c'est le calycanthus florin dus, Linn. Frutex coronarius. Clusius nomme ainsi le Syringa , philadelphus coronarius. (LN.) Frutex flore roseo de Lippi. Suivant M. de Jussieu , ce seroit le Nitraria ouGuirzim des Maures, (ln.) Frutex foliis majoribus. Brown {Jam., tom. 3i, f. 2) figure, sous ce nom, le Lagetto ( daphne lagelto , Sw. ) ou Bois dentelle, (ln.) Frutex foliis oblongis de Catesby ( Car. 1, tab. 71 ) ; c'est l' andromeda arborea.Cel auteur nomme Yandromeda Cates- bœi, Frutex foliis serratis. Gronove indique le callicarpa ame- rkana sous le nom de Frutex foliis amplis, (ln.) Frutex folio cotini de Catesby (Car. 1, tab. 25). C'est le chrysobalanus icaco , L. , à ce que l'on croit, (ln.) Frutex globulorum ( arbrisseau aux globules ). C'est le nom que Rumpbe. (Amb. 5, tab. 4$) donne au guillandina bonduc, à cause de la forme des graines, (ln.) Frutex indicus , Plukenet ( Phys. 261, f. 4)- C'est Ya- canthus ilki-folius, Linn. ; Rai (Hist. 1766) , désigne cet ar- brisseau sous ce même nom ; mais son Frutex indicus , n.° 1765, est rHÉLlCTÈRE ISORA, Linn. Le phyllanthus rham- iwides de Relz et de Willdenoyr se trouve être le Frutex F R U 3o7 intlicus de Breyne {cent. 8, tom. 4) , et le tctracera sarmento- sa , Linn. le frutex intlicus de lïurmann , Zeyl. ioi. (ln.) Frutex indiak orientalis. C. Baubin désigne ainsi dans son Pinax , pag. 1±q\ , le cacalia kleinia , Linn. (ln.) Frutex marinus. Clusius et autres auteurs anciens don- neni ce nom à divers polypiers marins. Le frutex marinus eriar. furie , Clus., esl le gurgunia piacomus de Gm. ; le fritte v parucarius de Wormius, ou frutex marinusflabelliforrnis de Rai, est \e gorgonia verni' osa; le frutc x marinus elegttn'.issirnus , Clus., est le gorgonlu flàbettum de Gin cl., etc. V. Gorgone, (desm.) Frutex nankin ensis. C'est le daphneïndicale. (ln.) Frutex padi fouis de Catesby (Carol. i, tab. 64). C'est Vlmlena tetraptem , L. (ln.) Frutex pwonims. Breyn nomme ainsi la Poincillade (- point iuiui pulcherrima , L. (ln.) Frutex peregrinus de Walther. C'est le bosca yervamo- ra, Linn. (ln.) Frutex scandens de PluVenet (Manl., tab. £i2,f. a). C'est la VlGNE en arbre {vitis arboren , L. ). (LN.) Frutex spicatu,s. C. Baubin désigne ainsi le spirœa salici- foliu, Linn. (en.) Frutex spinosus. Catesby a fait connoîlre , le premier, sous ce nom, un arbrisseau dont on a fait un genre qui lui a été consacré; c'est le catesbœa spinosa, Linn. (ln.) Frutex terribilis. Nom donné anciennement à la Glo- bulaire turbith (globuluria alypum). (ln.) Frutex trifolius , Burraaan , {Zeyl. ioo) nomme ainsi Yornitrophe cobbc; Willd. et Catesby ( Carol. 2 , t. 33 , f. 3) le Balsamier EEEMIFÈRE ( amyris elenufera , Linn. (LN.) Frutex vlminibus lentes de Gronovius. C'est le Celas- TRE GRIMPANT {celastrus scandens, L. ). (LN.) Frutex virgini anus de Plukenet. C'est le Ptelea trifo- lié, (ln.) Frutex viscosus de Kœmpfer. C'est le Canang du Japon ( uoaria japonira , L.) (LN.) F RUT ICULU S, petit arbrisseau, sous-arbrisseau ou végé- tal sous-ligneux. Plukenet nomme fruticulus capsu/aris le Phyl- LANTUS irinaria et quelques autres plantes du même genre. Cet auteur désigne le China (smi/ax china') par fruti- culus ronvohulaceus sinicus , et le sophora heptaphyUa par fruti- culus sinensis. Le fruticulus foliis rusri de Dillen (Elth t. 123, f. 149^1 4L,e Linnaeug avoit d abord considéré comme une es- pèce de Medeole est maintenant \ejaa/uiiua ruscifolia, L.(ln.) FRUTICULUS MARINUS de Morisson (Hkt. pi. 3, pag. 662, tab. 10, n.° 18). C est un polypier flexible du genre Antipatue (antipalfas cUitlirula, Gm.) (desm.) 3o8 F TJ C FRUTILLAS Nom donné, par les Espagnols du Chili à un Fraisier (fragaria chi/oensis, Willd. ), (ln.) BRUTILIER. C'est le Fraisier duChili. (b.) FRUTiGLIO. L'un des noms du Balisier (canna indi- ca, L . ), en Italie, (ln.) FU. Nom arabe d une espèce de Valériane (V. Phu). On prétend qu'il est le radical defedia qui désigne main- tenant un genre fait aux dépens de celui des Valérianes. (LN.) FU-CHAU-CAN-TSAO Nom donné, en Chine, aune ÎLÉG LISSE (glycyrrhiza echinula, L.). Cette plante se trouve dans le nord de cet empire. Le Cam-thao des Cochinchinois est le nom de cette espèce et de celle de la réglisse proprement dite (g/, glabra) , qui est le fan-chau-can-tsao des Chinois. Elle est sauvage et cultivée dans diverses parties de la Chine, (ln.) FU-MUONTHAN. Nom donné, en Chine, à une plante qui paroît être une espèce dApoCYN (apocynum al- ternifolium, Lour. (ln.) FU-PUEN-TSU. Nom donné, à la Chine, au Fraisier (fragaria vesca, L. ). (LN.) FU-RAN. Espèce d'orchidée qui naît au Japon; c'est le dendrobium monili forme de Swartz. (ln.) FU-RUBE. Poisson des mers du Japon, décrit par Kœmpfer (Jap. i, pag. i5a), et rapporté par Gmelin à son Tétrodon oceïïatus. (desm.) FU-SI-THAN. Espèce de Pergulaire (pergularia si- nensîs , Lour. ) qui croît en Chine, (ln.) FU-YUNli. Nom donné, en Chine, à la Ketmie chan- geante, hibiscus mutabilis , L. , cultivée dans les jardins de l'Asie à cause de la beauté de ses (leurs, (ln.) FUCACEES. Un des ordres de la famille des Thalas- SIOPHYTES de Lamouruux, Annales du Muséum . mais qui ne répond pas exactement aux fucacées de Richard et autres botanistes Ses caractères sont : organisation ligneuse , cou- leur olivâtre noircissant à l'air. V. au mot Varec rénumé- ration des genres qui y entrent, (b.) FUCÉES. Nom donné aux espèces de la troisième sec- tion de lafamilie des algues dans la classification de Palissot- Beauvois. Cette section comprend les espèces coriaces, dont la plupart croissent dans la mer ,et qui sont connues généra- lement sous les dénominations de Fucus ou Varecs. V. ces mots. (P. b.) FliCMS. Nom allemand du Renard. Voy. à l'article Chien, (desm.) FUCHSIA, du nom de Léonard Fuchsius, botaniste aile- F U G 3o9 mand du seizième siècle , dont on a plusieurs ouvrages , sa- voir : un premier intitulé histùria plantarum , et un second , Y Icônes plantarum, dont les figures, généralement cilées , sont fidèles. Plumier dédia, à ce naturaliste un genre fondé sur une plante d'Amérique. Depuis, ce genre s est aug- menté du Thilco de FEL'iLLÉEqui est notre FUCHSIE ECAR- LATE ; du Skinncra de Forster ou quelusia de Roemers; du dotvallia de Cominerson et d'autres espèces. Le fuchsia involucrata de Swarlz n'est plus de ce genre ; c'est le schradera de Vahl et Yurceolaria de Cothenius ; il a des rapports avec la famille des rubiacées dans laquelle Adanson place \efuschia de Plumier et avec les chèvrefeuilles r rapprochement indiqué par M. de Jussieu. (ln.) FUCHSIE, Fuchsia. Genre de plantes de 1 octandric mo- nogynie , et de la famille des épilobiennes , dont la (leur offre un calice monophylle , infundibuliforme , en massue colorée , lubuleux intérieurement , et divisé supérieurement en quatre découpures ovales , lancéolées , pointues et ou- vertes ; quatre pétales ovales ou lancéolés, droits, insérés à l'orifice du calice , alternes avec ses divisions , une fois plus courts qu'elles; huit étarnines à très-longs filnmens; un ovaire inférieur , ovale-oblong , chargé d'un style filiforme, aussi long et plus long que le calice , à stigmate épais et obtus; une baie ovoïde ouoblongue, divisée intérieurement en quatre loges qui contiennent des semences ovales, petites et nombreuses. Ce genre renferme une quinzaine d'espèces. Ce sont des plantes ligneuses ou herbacées, à feuilles simples opposées ou verticillées, et à fleurs axillaires ou terminales , longue- ment pédonculées et pendantes. Une seule de ces espèces est cultivée dans les jardins de botanique. C'est la Fuchsie Écarlate, ou fuchsie de Magellan , dont les fleurs sont soli- taires et axillaires , et les feuilles dentées et ternées. Elle vient du détroit de Magellan , et se multiplie fort bien, à Pa- ris, de bouture ou de marcottes. Celte plante est très-élé- gante par son port , et par le contraste de la couleur rouge de son calice avec le violet foncé de sa corolle. La Fuchsie involucrate entre dans le genre Schradère. (b.) FUCHSSCHWANZ. V. Fench. (ln.) FUCHSWEDEL. V. Federball. (ln.) FUCUS. V. au mot Varec. (b.) FUCUS GALLO PAVONIS. Quelques oryetographes doivent ce nom aux madrépores du genre Fungite. (desm.) FUCUS L1NTEIFORMIS. V. Rétéporite. (desm.) 3io F U I FUDENEGI, FOUDENIGIetFAUDENEGI. Noms arabes des Marjolaines. V. Origan, (ln.) FUDSINA LAMPOPO. V. Fosei. (ln.) FUEDDAH. Nom de FEtain dans le pays de Dar- Runga , en Afrique, (ln.) FUFAL. Nom arabe du Poivre, (ln.) FUGA-DOEYIONUM. Nom anciennement donné aux Millepertuis , Hypericum , L. , et principalement à VHyp. ■perforation , L. (LN.) FUGAL. V. Fugel. (LN.) FUGE1ROU. Le Pied de veau , Arum maculatum , porte ce nom en Provence, (ln.) FUGEL, FUGAL et FIGL. Divers noms arabes des Radis; le Fugla des Hébreux, (ln.) FUGLEGRAES et FUGLESRERRE. Noms danois de la Morgeline , Alsine média, (ln.) FUGLELIM. Nom donné , en Norwége , au Gui, Vis- cum album, (ln.) FUGOSE , Cienfugosia. Arbuste a feuilles alternes , divi- sées en trois ou en cinq lobes, à découpures lancéolées, obtuses , et à fleurs axillaires et solitaires , qui forme un genre dans la monadelphie dodécandrie , et dans la famille des jnalvacées. Ce genre a pour caractères : un calice double, l'intérieur divi- sé en cinq parties, et Y extérieur formé de douze folioles très- courtes; une corolle de cinq pétales; environ douze élamines, réunies parleur base; un ovaire supérieur, arrondi, terminé par un style filiforme à stigmate en massue ; une capsule glo- buleuse , à trois loges et à trois semences, (b.) FUIRENE , Fuirena. Genre de plantes de la triandrie monogynie , et de la famille des'cypéroïdes , qui a de très- grands rapports avec les Scirpes. Ses caractères sont : fleurs en tête , formées d'écaillés imbriquées, ovales, terminées par une petite barbe , cou- vrant chacune une balle composée de trois écailles en cœur, presque membraneuses , pétaliformes, planes et terminées par une petite barbe cruciforme , qui naît de leur échan- crure ; trois étamines ; un ovaire supérieur , chargé d'un style filiforme et bifide ; une graine nue et trigone. Ce genre , qui a été établi par Schreber , contient une demi-douzaine d'espèces à tiges anguleuses, garnies de feuilles alternes, profondément striées, qui croissent dans les marais. Le genre Vaginaire a été fait aux dépens de celui-ci. (b.) FUITES {Vénerie'), Ce sont les voies du cerf qui fuit de- vant les chiens, (s.) F U L 3,, FUJET. Coquille du genre des Toupies , le trochus coral- linus. (b.) FUJO el FUJOA. Nom donné , au Japon, à la Ketmie CHANGEANTE, Hibiscus mutabilis. (LN.) FUJOO. V. FJOO. (LN.) FUKU. Suivant Kaempfer , les Japonais appellent ainsi , et boo , obannu et tsikusits , une gramince qui, d'après Thun- berg, est une espèce du genre saceharum. C'est le S.japoni cum , L. , rapporté par M. Beauvois à son genre eiitmthus. (LN.) FUKU-SUBUKI. Nom d'un Tussilage, en Hongrie , Tussllago petasiles. (LN.) FULA-COCO. Nom qu'on donne , à Macao , à une es- pèce de Tulipier (Liriodendron coco, Lour.), dont le fruit ressemble à celui du cocotier. Cet arbre est cultivé pour la beauté de ses fleurs , ainsi que le suivant, (ln.) FULA-FIGO. Arbre d'ornement, cultivé en Cbine. C'est un Tulipier (LLriodendrumjigo , Lour.). (ln.) FULBOM. Le Sureau ,Sambucus nigra , est ainsi nommé en Gothlande, province de Suède, (ln.) FUL DJELLABE et FUL-BABABRA. Deux noms arabes du Dolichos Faba nigrita de Forskaé'l. (ln.) FULD-KOPPE. Nom sous lequel le Petit Guillemot est connu à l'île Féroë. (v.) FULFEL, FULFUL , FULFER et FUTAL. Noms arabes du Poivre, (ln.) FULFULIMON des Arabes. Variété du Basilic, (ln.) FULGA DAMONUM. C'est le Millepertuis, Hype- ricum perforatum. (ln.) FULGORE, Fulgora. Genre d'insecles , de l'ordre àes hémiptères , et de la famille des cicadaircs. Ses caractères sont : élytres de la même consistance ; tarses de trois arti- cles; antennes insérées sous les yeux, de deux ou trois arti- cles , dont le dernier beaucoup plus grand , presque globu- leux , chagriné , ayant un tubercule surmonté d'une soie ; bec long , de deux ou trois articles apparens ; tête poin- tue , prolongée ordinairement en une espèce de museau , de forme variée , avec de petits yeux lisses placés au- dessous des yeux à réseau, qui sont arrondis , saillans ; trompe ou bec couché sur la poitrine, et renfermant trois soies ; élytres el ailes en toit ; pattes de moyenne longueur, avec les jambes postérieures armées d'épines; tarses terminés par deux crochets et par une pelote. Ces insectes soûl remarquables par la beauté et la variété 312 F U L des couleurs qui ornent les élytres et les ailes du plus grand nombre, et par la forme de la tête dans quelques espèces ; cette partie est aussi singulière que variée. Dans les unes , elle présente une scie , dans d'autres une trompe semblable à celle de l'éléphant, dans quelques autres un mufle; de sorte qu'on est étonné de trouver dans les insectes du même genre des différences aussi grandes. Une espèce qui habite Cayenne, la fulgore porte-lan- terne, a, au rapport de mademoiselle de Mérian, la pro- priété singulière de répandre , pendant la nuit , une lumière si considérable , qu'elle permet de lire facilement les carac- tères les plus fins ; mais ce fait est contredit par plusieurs naturalistes qui ont habité le pays où se trouve cette fulgore , qui , selon eux , ne répand aucune lumière. M. Richard est cité , dans Y Encyclopédie , pour avoir élevé cette même es- pèce , sur laquelle il n'a observé aucun point lumineux. On doit désirer que des observations répétées fassent lever les doutes que laissent ces différentes assertions ; car il est pos- sible que cet insecte ne soit lumineux que dans certains temps de sa vie , et à volonté , comme le sont les lampyres , qui font paroître et disparoître les points phosphoriques , qui les décèlent quand il leur plaît. Ces points lumineux des lampyres , vers luisans , sont pla- cés vers l'extrémité de leur corps , au lieu que c'est la tête de la fulgore qui répand de la lumière. Pvéaumur , qui a cherché à découvrir ce qui pouvoit produire ce phénomène , n'a trouvé dans la vessie, qui fait partie de la tête de cet insecte , qu'une cavité considérable, et absolument vide ; mais cette observation faite sur un individu mort depuis long-temps, ne prouve rien , parce qu'il est possible que, dans l'insecte vi- vant , cette cavité soit remplie par une matière qui se des- sèche et s'évapore quand l'insecte meurt. Les plus grandes fulgores sont apportées en Europe , de l'Amérique méridionale , de Cayenne et de Surinam ; elles vivent sur les arbres. Celles qui habitent l'Europe , sont très- petites : on les trouve sur les arbustes et les buissons. Leurs larves sont inconnues. Elles forment un genre composé d'une cinquantaine d'espèces. Fulgore porte - lanterne , Fulgora latemaria, Linn. , Fab. V. pi. D 27 , fig. 5 de cet ouvrage. Elle a près de trois pouces et demi de long ; le front très- avancé , vésiculeux , arrondi à son extrémité , bossu en dessus près de son origine, garni aussi en dessus et sur les côtés de quatre rangées de tubercules épineux, aplatis, de couleur rougeâtre ; cette partie vésiculeuse est couleur d'olive , avec quelques lignes rougeâtres supérieures; le corselet est d'un jaune pâle ; / (t>si<> /ant/a/eiir ,'i . Ze Jffale . Fourmi /ir/t/'i- . 4 . /.,r /■'<■/// <■//<• ./ . Fn/t/ore norfie -lanterne ■ Fl'L 3,3 les élytres sont de la même couleur, avec les nervures et des traits noirâtres; les ailes sont grisâtres, avec une grand** tache en forme d'œil, entourée d'un cercle noir, et ayant une dou- ble prunelle blanche et noire ; les pattes sont d'un jaune pâle. On la trouve dans l'Amérique méridionale , à Cayenne , à Surinam. Fulgore porte-CHANDELLE , Fulgora candelaria , Linn. , Fab. Elle a environ deux pouces de longueur : le front très- prolongé, mince, recourbé, de couleur jaune ; les yeux bruns ; la tête et le corselet d'un beau jaune ; l'abdomen jaune en dessus , noirâtre en dessous ; les élytres d'un beau vert , avec plusieurs bandes transversales et des taches jaunes , les nervures des élytres élevées, et entre elles de petits traits qui forment des espèces de grilles ; les ailes d'un jaune de safran , avec une large bande, noire à l'extrémité; les pattes jaunes; les quatre jambes antérieures noires, et les posté- rieures épineuses. On la trouve à la Chine, d'où on l'apporte en grande quantité. Fulgore européenne, Fulgora europœa , Linn., Fab. Elle a environ cinq lignes de long; elle est entièrement verte ; son front est prolongé , conique , relevé , avec deux lignes longitudinales , élevées en dessus , et trois en dessous; ses ailes sont transparentes, avec les nervures vertes. On la trouve dans les cantons méridionaux de la France, en Italie , en Sicile. V. Fulgorelles. (l.) FULGORELLES, Fulgorellœ. Tribu d'insectes, de l'or- dre des hémiptères, famille des cicadaires, ainsi nommée du genre Fulgore , Fulgora, qui en est le type. Ces insectes dif- fèrent des cicadaires chanteuses ou des cigales proprement di- tes , en ce qu'elles n'ont que deux yeux lisses et que leurs an- tennes ne sont composées que de trois articles ; ces organes sont insérés immédiatement sous les yeux , caractère qui dis- tingue ces hémiptères de ceux de la tribu des cicadelles. Les uns et les autres ont des pattes propres à sauter ; leurs mâles sont dépourvus de ces organes du chant que l'on voit à ceux des cigales. Olivier n'a fait aucun changement au genre fulgore de Lin- nœus. Dans mon précis des caractères génériques des insec- tes, j'en ai séparé les Pœcilloptères, auxquels Fabriciik» adonné depuis le nom àeflaie^F. ce mot.), et les Asiraques, dont il a encore changé la dénomination en celle de delphai» J'ai postérieurement établi le genre Tettigomètre et celui de Cixie ; mais le dernier me paroîl devoir être réuni aux liâtes , el telle est aussi l'opinion de Fabricius. On peut en- 3i4 F U M core distinguer des fulgores ses genres fyslra et issus. Celai qu'il désigne sous le nom de derbe m'est inconnu; mais je soup- çonne qu'il appartient à celte tribu. V. ces noms, (l.) FULGUR. Nom latin adopté par Denys de Monifort , pour le genre de coquilles qu'il appelle en français, Carreau. (desm.) FUL-HENDI. Nom arabe d'un Doue, décrit par Fors- taè'l , Dolichosfaba indica. (LN.) FULICA. C'est , dans Brisson , le nom générique de la Foulque ; et dans Gesner , c'est une Mouette, (v.) FULI CARIA. En latin moderne et dans les ouvrages de nomenclature , c'est le phalarope rouge. V. Phalarope. (s.) FULIGO. Haller a donné ce nom aux Byssus , dont les filamens sont mous, (h.) FULIGUE, Fuligo. Genre de plante cryptogame , de la famille des Champignons, qui est le même que celui des Ré- ticulaires de Eulliard. (b.) FULIGULA. Nom latin dont plusieurs ornithologistes se sont servis pour désigner le petit morillon. V. au mot Canard morillon, (s.) FULL-BOTTOM de Pennant , ou Guenon a camail de Buffon. R.oi des singes des nègres de Guinée. Voy. l'article COLOBE , Colobus. (DESM.) FULLO. Quelques auteurs ont désigné , par ce mot de la- tin moderne , le Jaseur. V. ce mot. (s.) FULMAR. Nom que l'on donne au Pétrel de l'île de Saint-Kilda. (v.) FULMINA1RE ; Pierre fulminaire; Pierre de fou- dre ; Lapis fulminaris ; Fulmineum tellum ; Cuneus fulmineus : en allemand donnerstein. V. Ceronnite, Belemnite et Oursins, Bertr. Dict. des foss. (desm.) FULOUN. Nom du Chevalier gambette, dans des can- tons du Piémont, (v.) FUMA. Nom provençal du Grèbe huppé, (v.) FUMARIA. Nom d'une plante mentionnée par Pline. Elle le doit , selon quelques auteurs , à sa propriété de four- nir un excellent engrais pour la terre ; d'autres , et c'est le plus grand nombre, l'attribuent à la vertu de son suc, qui pro- duit sur les yeux un picotement analogue à celui causé par la fumée.C'est le capnos ou capnitis de Dioscoride, et notre Fu- meterre , suivant tous les botanistes ; aussi le nom defuma- r/a lui a-t-il été constamment donné, ainsi qu'au genre dont elle est le type ; genre que Tournefort divise en plusieurs , que la plupart des botanistes modernes ont adoptés. V. Fu- meterre , Capnoïde , Corydalis , Cysticapnos , Çugu- laria , Diclitra et Neckeria. F U M 3i5 La MOSCATELINE ( Achxa moschatellina , L. ) est nommée fiimaria hulhosa par Tabernamontanus (le. 3g). (ln.) FUMAT. Espèce de Raie , qui paroît ne pas s'éloigner de celle appelée à long bec , si elle n'est pas la même, (b.) FUM-HOAM. Un des noms de I'Oiseau royal, (s.) F UMÉE DES VOLCANS. Vapeur extrêmement épaisse et noire qui sort des cratères, surtout avant l'éruption de la lave, et qui forme une colonne immense , qui s'élève quelquefois jusqu'à près de deux lieues de hauteur; le som- met de cette colonne se dilate, et lui donne, suivant l'ex- pression de Pline , la forme d'un pin. Cette fumée est pres- que totalement composée de molécules terreuses, souvent cristallisées, qui retombent dans le voisinage du volcan, si l'atmosphère est tranquille , ou qui sont transportées par les vents à des distances très-considérables. V. Cendres vol- caniques. Dans le moment où la fumée des volcans sort du cratère , elle est sillonnée par des éclairs continuels, produits par les explosions du fluide électrique, l'un des principaux agens de la nature dans les phénomènes volcaniques. Voyez Volcan, (pat.) La fumée du Vésuve est très-souvent aqueuse, et exhale aussi une forte odeur d'acide muriatique , d'après les belles observations de M. Breislak et de M. Ménard de la Groye. / '. FUMEROLES. (LUC.) FUMÉES {Vénerie), sont les fientes des bêtes fauves. Les fumées sont les indices que les chasseurs consultent pour connoître la nature du gibier. Elles changent de forme dans les différentes saisons : au printemps, elles sont en plateaux; depuis le commencement de juin jusqu'à la mi-juillet, en Irorhcs ; et depuis la mi-juillet jusqu'à la fin d'août, en nœuds. Il y a aussi des fumées en bouzards , formées , martelées et ai- guillonnées, (s.) FUMEROLES. On donne, en Italie, le nom de ///- mfrules,' soit aux canaux par lesquels s'échappent, dans les terrains volcaniques de ces contrées, des vapeurs en grande partie aqueuses, soit à ces vapeurs elles-mêmes. On sait que dans certains endroits, comme à la Solfatarre , à l'île d'îs- chia et ailleurs, elles entraînent avec elles du soufre , ou des matières salines qui se déposent à l'entour d'elles. Les fume- roles du Vésuve contiennent beaucoup de gaz acide muria- tique ou hvdrochlorique et peu d'acide sulfureux; celles de l'Ktna au contraire et du pic de Ténériffe , renferment da- vantage de ce dernier. V. Volcan. L'abondance des vapeurs aqueuses qui s'exhalent des fu- merolcs de la Solfatarre , et de l'une d'elles en particulier, 3i6 F U M est si considérable que l'on a entrepris de les réunir et de les condenser, en les emprisonnant dans une sorte de tour. Après beaucoup dessais, grâces aux travaux de M. Breislalc, on est parvenu à la convertir en une fontaine qui fournissoit alors (en 1800) , six à sept tonneaux de 480 bouteilles (en- viron 3 kilolilres) chacun. On peut lire la description de cet étonnant appareil et des soins nombreux qu'il a fallu prendre pour l'établir, dans le second volume des Voyages physiques et litltologiques dans la Campante (traduct. française, t. 2 , p. 77 à 90.) , où il est aussi figuré. Nous saisissons avec empressement l'occasion qui se pré- sente ici de rendre à M. Breislak l'hommage qui lui est dû pour son profond savoir en géologie, et pour réparer une faute bien involontaire que nous avons commise envers lui ; en laissant subsister , dans l'article Bitume de ce Diction- naire , une imputation injuste de plagiat , que lui a intentée feu Patrin , auteur de ce même article , au sujet de sa Théorie des volcans. On peut consulter, à cet égard , Y Introduction à la géologie , publiée par le savant italien , en 1810. (Traduct. française, pag. 489 à 499.) (luc.) FUMETERRE, Fumaria, Linn. (diadelphie hexandrie). Nom d'un genre de plantes de la famille des papavéracées , qui comprend des herbes, la plupart annuelles , et dont les Heurs sont très-irrégulières. Le calice est formé de deux pe- tites folioles latérales , opposées et caduques , ou manque quelquefois ; la corolle semble labiée ou papilionacée ; elle a quatre pétales inégaux; le supérieur est recourbé postérieu- rement en forme d'éperon simple ou double, linférieur plus court, les deux latéraux rapprochés ; ils renferment six éta- mines , dont les filets portent chacun trois petites anthères ovales ; le germe est supérieur et oblong; il soutient un style couronné par un stigmate orbiculaire , comprimé et à deux sillons. Le fruit est une espèce de silique à une cellule , con- tenant une ou plusieurs semences rondes. hesfumeterres ont les feuilles alternes et ailées , avec les fo- lioles découpées , et les fleurs disposées en épi ou en grappe. Les espèces les plus connues , ou les plus intéressantes des trente connues , sont : La Fumeterre officinale , Fumaria officinalis , Linn., qui est annuelle , et employée en médecine. Elle se trouve par toute l'Europe, dans les lieux cultivés, et fleurit tout l'été. Sa tige est diffuse , lisse, creuse , garnie de feuilles pétiolées folioles obtuses. Les rameaux sont anguleux, opposés aux feuilles , ainsi que les fleurs; et celles-ci sont remplacées par de petites siliques rondes, qui ne renferment qu'une se- mence. FET ;>)!; La FUMETERRE BULBEUSE, Fumaria bulbosa , Linn. Elle croit en France et dans les pays tempérés de l'Europe, aime les bois, les lieux ombragés, a des racines bulbeuses et vivaces, et fournit des variétés agréables par leurs fleurs, qui se montrent en mars et en avril. Ces variétés sont bleues, purpurines, quelquefois roses ou blanches , sans calice, mais accompagnées de bractées ovales, lancéolées, qui ont la même longueur qu'elles. La Fumeterre jaune, Fumaria lui 'ea , Linn., vulgaire- ment fumetrrrc vivare. Cette espèce, qu'on trouve aux lieux montagneux et pierreux du midi de la France et de l'Europe, n'est pas moins agréable que la précédente. Elle forme de belles touffes, est toujours en fleurs, et conserve sa verdure pendant presque toute 1 année. Elle a une racine vivace , plusieurs tiges quadrangulaires , et des siliques minces , con- tenant six semences. Cette plante a une belle apparence; on peut en garnir les grottes , les ouvrages en rocaille : elle se multipliera assez d'elle-même par ses semences, que les val- vules élastiques des siliques lancent au loin , dès qu'elles sont mûres. La Fumeterre du Canada , Fumaria scmpeivircns , Linn. C'est aussi une belle espèce, qui a un port élégant; mais elle est mal nommée, puisqu'elle est annuelle. Elle croît en Vir- ginie et dans le Canada. Sa tige est droite; ses fleurs sont d un pourpre pâle, et ses siliques linéaires et disposées en panirule. Elle fleurit pendant presque tout l'été, se ressème d'elle-même , vient facilement dans un sol pierreux, et peut être placée dans les mêmes lieux que la précédente. Il y a encore la Fumeterre a épis, Fumaria spicata , L. , qui diffère a peine de 1 officinale ; ses tiges sont droites, ses folioles capillaires, et ses fruits entourés dune espèce de bourrelet. La Fumeterre a fruit vésiculeux, d'Ethiopie, Fumaria vesicaria , Linn. La FUMETERRE A NEUF FEUILLES , d'Espagne, Fumaria enneaphy lia , Linn. La Fumeterre A vrilles, d'Europe. Fumaria duviculala , Linn.; elle s'ac- croche à tout ce qui l'environne , par ses feuilles supérieures terminées en vrilles. Celle à grandes feuilles, de Sibérie, Fumaria nobilis , Linn. ; elle ressemble à la fumeterre bulbeuse, mais elle est plus grande et plus belle. Celle d'AFRlQi'E , dé couverte dans ce piys par M. Desfonlaines; ses feuilles sont ailées avec impaire et à folioles en coin , et ses fleurs sont panachées de pourpre et de blanc. Toutes ces fumeterre s ont des éperons si.npl *s. On en connoit deux espèces à éperon double. La Fumeterre a grosses fleurs pourpres, de Chine, Fumaria spectabilis , Linn. , très-belle plante , qui , selon Linnaeus , croit aussi en Sibérie ; et la Fumeterre a 3i8 F U M fleurs jaunâtres et en capuchon , de Virginie , Fumaria cucullaria, Linn. Quelques espèces de fume terre , et entre autres la fumeterrc capno'ide , ont été regardées comme devant faire un genre appelé Corydalis. V. Capnoïde et Cisticap- NOS. (D.) FUM-HOAM. V. Oiseau royal, (s.) FUMIER. Ce mot, dans son acception propre, ne doit s'appliquer qu'aux pailles , ou autres tiges et feuilles de plan- tes qui ont servi de litière aux animaux domestiques , qui sont imbibées de leur urine , mélangées avec leurs fientes , et dont on se sert pour fertiliser les terres ; mais quelques agricul- teurs l'étendent à toutes les espèces d'ENGRAis végétaux et animaux. Chaque espèce de paille ou de plante donne des fumiers d'une nature particulière ; mais la différence n'est pas assez sensible pour qu'on doive y faire une grande attention. Ce sont des animaux qui ont concouru à leur formation , qu'ils tirent leurs principales propriétés distinctives ; aussi en pren- nent-ils le nom. Le fumier de cheval est appelé chaud, parce qu'il a une grande tendance à fermenter, et qu'il donne une très-grande activité à la végétation. C'est celui dont on fait le plus géné- ralement usage , surtout dans les jardins. C'est presque le seul qui convienne dans la fabrication des couches. Le fumier de vache est appelé/roi'J, parce qu'il fermente moins facilement , moins fortement et moins long-temps. Le premier convient aux terres fortes et humides , et le second à celles qui sont sèches et maigres. Le fumier de mouton est le plus actif de tous , parce qu'il contient plus de carbone sous un plus petit volume. Celui de chèvre n'en diffère pas sensiblement. Celui des cochons passe également pour être très-actif, chez quelques agriculteurs , tandis qu'il est regardé comme froid par d'autres; ce qui peut être également fondé, car c'est de la nourriture donnée à l'animal que dépend sa qualité. Les fumiers sont employés plus ou moins long-temps après qu'ils sont sortis de dessous les animaux qui les ont fournis ; mais le plus généralement , on ne les répand sur les terres qu'au bout de l'année , soit à la fourche, soit à la main. La manière de les ramasser et de les conserver varie à un point incroyable. Il semble que, dans certains pays, on n'y mette aucune importance, tant ils sont négligés; tandis que dans d'autres on paroît y en mettre trop , tant ils sont soignés. Aux environs de Paris, les fumiers couvrent le sol entier F U M 3,9 de la cour des fermes , de manière qu'ils sont journellement piétines par les hommes et les animaux. Cette méthode n'est rien moins que saluhre pour les habitans de la ferme, el n'a d'autre avantage que d'éviter la perte de quelques parcelles de pailles, de quelques excrémens de volailles Elle ne doit par conséquent pas être adoptée par un agronome éclairé. Dans les parties septentrionales de la France , on fait gé- néralement au centre de la cour un bassin où se dirigent toutes les eaux pluviales, et on y jette le fumier, qui, étant toujours noyé, se lave, perd la plus grande portion de ses principes fertilisant , et ne peut fermenter. Dans quelques autres cantons , au contraire , les fumiers sont placés dans l'endroit le plus élevé de la cour, et on en forme des cônes ou meules que l'on élève le plus possible pour épargner la place; de sorte que d'un côté , les eaux plu- viales entraînent leurs sels et leurs autres parties constituan- tes , tandis que de l'autre , le soleil les prive de l'humidité nécessaire à leur fermentation. Voici la méthode la plus généralement avantageuse à em- ployer pour disposer les fumiers, de manière à en tirer tout le parti possible. Dans la partie de la cour la plus voisine des écuries, mais cependant à quelque distance de ces dernières , à l'exposition du nord s'il est possible, on fera une fosse carrée de deux à trois pieds au plus de profondeur, el d'une largeur propor- tionnée à la quantité de fumier qui doit y entrer annuelle- ment. On en pavera le sol avec de larges pierres plates , ou bien , à défaut de pierres , on la couvrira d'un lit d'argile , et on fera un lit autour. C'est là qu'on déposera les fumiers à mesure qu'on les tirera des écuries, ayant soin de les répan- dre toujours également. Ils y seront dans la position la plus favorable pour fermenter, et passer, sans perte de subs- tance, à ce qu'on appelle fumier consommé, c'est-à-dire, à détenir noir, gras et homogène. Une bonne fermière ne manquera pas d'y faire porter chaque jour les urines de la nuit , les restes de la cuisine , les fientes de bœufs ou de chevaux que ces animaux auront laissé tomber dans les autres parties de la cour , etc. Le fumier est ordinairement entièrement consommé au bout de trois ans ; après ce temps , il se détériore , se change -en terreau ; ainsi on doit l'employer dans cet intervalle. Il y a de l'avantage à l'utiliser au sortir de l'écurie, sur- tout dans les terres fortes. On trouvera , au mot Engrais , les principes de l'action 32o F U N des fumiers , et tout ce qu'on peut désirer de plus sur ce sujet, (b.) FUM-LAN des Chinois ; Phaong-lan des Cochinchinois. C'est Vœride odorante de Loureiro , orchidée parasite à fleurs odorantes. Les rameaux détachés de la plante sont suspen- dus à l'air libre ; ils se développent et croissent ainsi pendant plusieurs années. Loureiro ajoute qu'il se seroit refusé à le croire , s'il n'en avoit été témoin journellement. L. (lis.) FUNÀIRE , Funaria. Nom donné , par Hedwig , à un genre de plantes de la famille des mousses , qui offre pour caractères : un péristome double , l'extérieur à seize dents obliques , rapprochées à leur sommet ; l'intérieur muni d'au- tant de poils membraneux et aplatis ; fleurs mâles et femelles terminales. Il a été aussi appelé Koelreutère. L'Hypne hygrométrique sert de type à ce genre qui contient sept espèces, (b.) FUNCO et HINOIO. Noms du Fenouil, en Espa- gne. (LN.) FUNDUCH. Nom donné au Noisetier , par quelques nations tartares , les Arméniens , etc. (ln.) FUNDULE, Fundulus. Genre de poissons, établi par La- cépède , pour placer deux espèces de Cobites qui n'ont pas les caractères des autres. Les leur sont : corps et queue presque cylindriques ; des dents et point de barbillons aux mâchoires ; une seule na- geoire dorsale. Le Fundule mudfish , Cobilis lielerocliia , Linn. Il a six rayons à chaque ventrale. Il se trouve dans les rivières de Caroline. Le Fundule japonais. Il a huit rayons à chaque ventrale ; il habite les eaux du Japon, (b.) FUNDULUS. On a donné ce nom à la loche , Cobilis barbalula. (DESM.) FUNGICOLES , Fungicola. Famille d'insectes coléop- tères , de la section des trimères , ayant pour caractères : an- tennes plus longues que la tête et le corselet; palpes maxil- laires filiformes , ou simplement un peu plus gros à leur ex trémité ; corps ovale , avec le corselet en trapèze. Les espèces indigènes vivent , pour la plupart , dans les lycoperdons et autres champignons, et telle est l'origine de la dénomination de cette famille. Elle se compose des genres Eumorphe , Lycoperdine , Endomyque , et Dasycère. Le dernier n'y est placé qu'à raison du nombre des articles de F 0 N 3lI sos tarses et «le ses antennes; ses autres caractères l'en éloi- gnent et le rapprochent davantage des lyctes , des haridies. V, ces mots, (l.) FUNG1E , Fungia. Genre de polypiers pierreux , établi par Lamarck aux dépens des madré pores de Linnams. M a pour caractères d'être libre , orbiculaire ou hémisphérique , ou oblong ; convexe et lamelle ux en dessus . avec un sillon ou un enfoncement au centre : concave <'t raboteux en dessous; «l'avoir une seule étoile lamelleusc , subproliière , à lames dentées ou hérissées latéralement. Ce genre a pour type le Madrépore fungite de Lin- nneus. (b.) FUNGIFER LAPIS de Gesner. V. Pierre a champi- (,NONS. (ni.i.M.) FUNGITE Voy. Fonc.i ]•:.. (r.r.sM.) FUNGIYORES. V. FoNMYOKESCtFuNGICoLFS. (desm.) FUNG-MI-CllU. Nom chinois du Cteiudatdrum injoiiu- natiim. L. (LN.) FUNGOID ASTRE. Micheli a ai^si nommé les Pezizes dont le chapeau est en forme de trompette, (b.) FUNGUS. Nom collectif latin «les Champignons, (des» ) FUNGUS CYATHIFORMIS. V. Hippurite. (desm ) FUNGUS ENCEPHALOIDES. Voyez Menan- DRITE. (DESM.) FUNGUS GLAPHYRUS. V. Stalactites, (desm.) FUNKIE , Funkia. Genre de plantes établi par Willde- now, dans les Mémoires de l'académie de Berlin, pour pla^- cer le Mélanthe nain de Forster. Ses caractères sont : ca- lice nul; corolle de six pétales ; six élamines insérées à la hase des pétales ; trois stigmates sessiles ; capsule polysperme a trois loges et à trois sillons, (b.) FUN1CULE. Synonyme de Cordon ombilical. C'est un filet qui unit la graine au PLACENTA , et qui lui porte la nourriture fournie par les racines et les feuilles. Souvent il n existe pas , ou il est si court qu'on ne peut le voir. Quel- «mefois il devient très-long, comme dans les Magnoliers. (b.) FUN1CUL1NE, Funiculina. Genre de polypes (lottans, établis par Lamarck aux dépens «les Pennatules. Ses ca- ractères sont: corps libre , filiforme , très-simple , très-long, charnu, garni de verrues ou papilles polypifères disposées par rangées longitudinales ; un axe grêle , corné , presque pierreux au centre ; polypes solitaires sur chaque verrue. Les pennalules figurées par Linn. , Mus. Reg. , tab. ig , n.° 4 ; par Boadsch , Mar. , tab. 9 , n.° 4- ; et par Muller, Zoo/. Dan. tab. 36 , n.os 1 — 3 , servent de type à ce genre, (b.) FUNIOLE. Nom que les cultivateurs de l'Abruzze donnent XII. 2 1 322 FUR au Millepertuis crépu , qu'ils croient propre à donner la mort aux moutons blancs , et à ne faire aucun mal aux mou- tons bruns, (b.) FUNIS CREPITANS. Rumphe fait connoître , sous cette dénomination , plusieurs espèces d'AcmT ( Cîssus ) , dont l'un le F.C.major, vol. 5, tab. 164., estle Cissus latifolia; etun*cond,leF.C.TRiFOLiUM, vol.5,tab. i65, estle Cissus carnosa. (LN.) FUNIS MURiENARUM , Rumph. , Amb. 5, t. 35. Es- pèce de Melastome ( Mel. crispata , L. ) , qui croît à Am- boine. (ln.) FUNIS MUSARIUS , Rumph. , Amb. 4 ,. t. 72. C'est le CANANGde Ceylan, Uvaria zeylanica , Linn. (ln.) FUNIS QUADRANGULAR1S , ( Rumph., Amb. 5 , t. 44 1 f- 20 Espèce d' Achit {Cissus quadrangularis, D) , sur la- quelle étoitfondé le genre sœlanthusàe Forskaël. La figure i.re de la même planche de Rumphe, représente et sous le même nom , le menispermum crispum. (LN.) FUNIS UNCATUS , Rumph. , Amb. 5 , t. 34. M. de Jussieu pense que l'on doit rapporter cette plante des Indes orientales , au genre nauclea , dont la première espèce con- nue étoit un céphalante pour Linnaeus , etrdont deux autres forment le genre Uncaria de Schreber. Loureiro rapproche avec doute la plante de Rumphe , de son avaria uncata , le Ym-chao des Chinois, (lis.) FUNIS VIMINALIS (Rumph. , Amb. 5 ,t. 2). C'est le Venlilago maderaspalana de Gsertner. (ln.) FUNON. Coquille du genre des Buccins, (b.) FUR et FURN ou FURA. Ces noms désignent le Pin sauvage , dans les provinces danoises , suédoises et Nor- végiennes, (ln.) FUR NOCTURNUS. Pline désigne ainsi le Crapaud- volant ou 1' Engoulevent. V. ce mot. (s.) FURAB ORDAO. Nom portugais du Nyctanthe velu ( Nyctanthes hirsuta , L. ). (LN.) FURAFF. L'un des noms japonais de 1' Armoise des Indes ( Artemisia indica, Willd. ). (ln.) FURCOCERQUE, Furcocerca. Genre de vers infusoires, établi par Lamarck, aux dépens des Cercaires de Muller. Ses caractères sont : corps très-petit, transparent, rarement cilié , muni d'une queue diphylle ou bicuspide. Les espèces rapportées à ce genre par Lamarck, sont les Cercaire verte , Podure , Bourse , Catelle, Lime , de Muller , et la Cercaire cornue que j'ai observée en Amé- rique , et décrite et figurée dans le Buffon de Deterville , par- tie des Vers , pi. 32. (ï$.) 1). *8 i..:ÏL .i»' /)c,epr>e œiis, Linn. Grand arbrisseau qui croît en France , en Suisse, en Allemagne , dans les haies et les bois taillis. Il est élevé de dix à quinze pieds , a une écorce lisse et verdâtre ; un bois cassant; des branches nombreuses; desfeuilles opposées, en- tières, ovales, dentées finement, et des fleurs d'un blanc sale , qui naissent en petits paquets aux parties latérales des tiges. Son fruit est à quatre lobes obtus , ordinairement rouge , quelquefois blanc ; il imite dans sa forme un bonnet de prêtre. Cet arbrisseau quitte ses feuilles tous les ans, fleurit au mois de mai, et se trouve couvert, pendant les mois de sep- tembre , octobre et novembre , d'une quantité de fruits vive- ment colorés , qui lui méritent une place dans les bosquets d'automne. Il est encore plus utile qu'agréable. Son bois obéit au ciseau , et peut être employé quelquefois aux ou- vrages de sculpture. Les luthiers en font usage. On en fait des vis , des fuseaux, des cure-dents , des lardoires , et d'au- tres instrumens. Les dessinateurs se font des crayons avec les baguettes de fusain, qu'ils réduisent en charbon dans un tube de fer rougi au feu, et bien fermé. Ce crayon est propre à esquisser, parce qu'il s'efface très - facilement ; mais quand on le taille, il faut faire la p/ointe sur un des côtés pour éviter la moelle. Les fruits de cet arbrisseau sont employés par les teinturiers, qui s'en servent pour trois couleurs, le vert, le jaune et le roux : pour avoir la première , on en fait bouillir les graines, encore vertes, avec de l'alun. Le fusain commun croît partout , et fait de bonnes haies. On peut le multiplier par semences, par marcottes, ou par boutures. C'est toujours en automne qu'il faut ou semer ses graines, ou coucher ses jeunes branches , ou planter ses bou- tures. Au bout d'un an, les jeunes sujets doivent être trans- plantés dans une pépinière , et y rester au moins deux ans avant d'être placés à demeure. Fusain a feuilles larges, Evonymus lalifalius, Linn. Ses feuilles sont beaucoup plus larges , et presque toutes ses fleurs ont cinqparlies au lieu de quatre. Il diffère du fusain commun , par ses fruits, donUes cinq lobes sont comprimés, tranchans, él minces comme des ailes. On le cultive de la même manière. F U S 327 Fusain galeux, Eoonymus verrucosus, Linn. On reconnoît aisément celui-ci aux points verruqueux et noirâtres dont ses rameaux sont couverts , et à ses fleurs quadrifides. Il croît dans l'Autriche et la Hongrie, fleurit au commencement du printemps , et se dépouille en hiver de ses feuilles. Fusain d'Amérique, Evonymus americamis, Linn. Ce pe- tit arbrisseau, qui vient sans culture en Virginie et dans la Caroline, offre deux avantages aux amateurs des plantes exo- tiques; il résiste au froid, pourvu qu'il ne soit pas planté dans un endroit trop exposé , et il conserve ses feuilles en hiver. On peut donc l'employer à garnir les bosquets sombres de cette triste saison. 11 s'élève a huit ou dix pieds ; ses feuilles sont sessiles et ses fruits quinquéfides. On le multiplie , dit Miller, en marcotant ses jeunes branches en automne , en observant de les fendre comme celles des œillets. (D.) Le genre Fusan a été établi aux dépens de celui-ci. Fusain tobine. Il est actuellement rangé parmi lespitios- pores. Fusain bâtard. C'est le Célastre grimpant, (b.) FUSAIRE , Fusaria. Zéder avoit donqé ce nom à un genre dans lequel il avoit réuni des Filaires et des Asca- rides. Ce genre n'est pas adopté, (b.) FUSAN , Fusanus. Genre de plantes de la létrandric mo- nogynie , qui a pour caractères : un calice monophylle à quatre dents; point de corolle; quatre étamincs ; un ovaire inférieur à style presque nul, et à stigmate cruciforme, obtus ; une noix ovale, ombiliquée et uniloculaire. Ce genre ne contient qu'une espèce, qui avoit été décrite par Bergius sous le nom de colpoon , et réunie , mal à propos , d'abord aux Thésies, etensuite aux Fusains. C'est un arbuste à feuilles opposées , ovoïdes et entières, et à fleurs disposées en grappes terminales, qui croît au Cap de Bonne- Espérance. Depuis , R. Brown a ajouté à ce genre quatre nouvelles es- pèces originaires de la Nouvelle-Hollande, (b.) FUSANUS. V. Fusain et Fusan. FUSARIA etFUSANO. Noms du Fusain en Italie. (LN.) FUSARION , Fusarium. Genre de plantes de la classe des anandres, section des épiphytes , proposé par M. Link. Ses caractères sont : un thallus globuleux, des sporidies en forme de fuseau; non cloisonnées , couvertes. Ce genre ne diffère du fusidion que par les sporidies qui sont nues dans ce dernier geure. 328 F U S Ce genre ne renferme qu'une seule espèce , F. roseum , trouvée sur les tiges sèches des malvacées. Nous l'avons reconnue sur des feuilles d'orme et sur des morceaux de bois morts. (P. B.) FUSCALB1N. V. l'article Héorotaire. (v.) FUSCINIE , Fusrinia. Schrank donne ce nom au genre de mousse , appelée Fissident par Hedwige. (b.) FUSCITE. Nom donné par M. Schumacher à un miné- ral observé par lui à Kallerigen , près d'Arendal en Nor- vyége , dans du quarz grenu roulé , accompagné d'un peu de feldspath et de chaux carbonatée ferro-manganésifère. Ce minéral est opaque et d'un noir grisâtre ouverdâtre ; il est tendre , facile à racler , et donne une poussière d'un gris blanchâtre. Sa pesanteur spécifique est de 2,5 à 3. Il cristallise en prismes à 4 et à 6 pans , et sa cassure est ra- boteuse. Il devient luisant et comme émaillé par le feu du chalumeau , mais ne se fond pas. Suivant M. Brongniart, il paroîl avoir beaucoup de ressem- blance avec la pinite. On a aussi nommé Fuscitë une subs- tance très-différente de celle-ci, et qui se trouve également en Norwége. Cette dernière nous a présenté tous les caractères d'un porphyre à base de feld-spath résinite; elle est d'un vert noirâtre foncé. (LUC.) FUSEAU, Fusus. Genre de coquilles univalves établi par Lamarck, aux dépens de P».ochers ( Murex) de Linnœus. Son expression caractéristique est : coquille fusiforme, cana- liculée à sa base, sans bourrelets constans, et ayant sa partie ventrue, soit également distante des extrémités, soitplus voi- sine de sa base ; spire allongée ; columelle lisse; bord droit , sans échancrure. Ce genre comprend presque toutes les coquilles figurées dans Dargenville sous le nom de Fuseau, (b.) Fuseau blanc, a dents, dentelé, étoile, de ternate. Synonymes du strombus fusus de Linnœus, coquille du genre ROSTELLAIRE. (DESM.) Fuseau a longue queue , Fusus colus. C'est le type du genre Fuseau, (desm.) FUSEAU A COLLET. Espèce d' Agaric qui se trouve fréquemment aux environs de Paris, et que Paulet a figuré pi. i^Q de son Traité des champignons. Il a le chapeau fauve clair en dessus, et fauve foncé en dessous; le pédicule fu- siforme et pourvu d'un collet. Il n'a pas incommodé les ani- maux à qui on l'a fait manger. Fuseau a ruban. Autre espèce d' Agaric qui croît aussi FUS Ui aux environs de Paris, et qui ne paroît pas dangereuse. Elle se fait remarquer par son pédicule fusiforme blanc avec un cercle rouge dans son milieu. Son chapeau est marron clair en dessus et marron foncé en dessous. Paulet Ta figurée . pi. 1^9 de son Traité des champignons', (b.) FUSÉE. «Les chasseurs appellent quelquefois ainsi une partie du terrier du renard. C'est aussi , en vénerie , l'espèce de sillon que le sanglier trace en fouillant la terre avec son boutoir, (s.) FUSÉE. Nom vulgaire de I'Agaric élevé qui se mange dans beaucoup de lieux, (b.) FUSELÉE. C'est le Chardon prisonnier {alractilis can- cellata. Linn. (ln.) FUSEN. V. Fusain, (ln.) FUSICORNES ou CLOSTOCÈRES, Dumér. Fa- mille d'insectes , de l'ordre des lépidoptères , composée du genre sphinx de Linnseus , et qui répond à rlotre division des lépidoptères crépusculaires. V. ce mot , et ceux de Sphin- GIDES et Zycenides. (l.) FUSIDION , Fusidium. Nouveau genre de plantes pro- posé par M. Link. 11 a pour caractères : des sporidies fusi- formes non cloisonnées, nues, libres, reunies en masse. Ce genre comprend quatre espèces, (p. B.) FUSIL. Les carriers appellent ainsi un banc particulier de pierre à pliUre qui existe dans la première masse exploitée, a Montmartre , à Belleville et autres lieux des environs J-: Paris, (desm.) FUSIL. ( Pierre a-) V. Silex pyromaque. (desm.) FUSIPORFE , fusiporium. Genre de plantes de la classe des anandres , deuxième ordre ou section , les moisissures, proposé par M. Link. 11 a pour caractères: unlhallus com- posé de filamens réunis en gazon, rameux, cloisonnés; desspo- ridies fusifonnes rassemblées au milieu du thallus. Il se compose d'une seule espèce, le Fusipore. couleur d"or, qui croit sur les tiges du maïs, des cucurbitacées et autres plantes, (p. B.) FUSTER. Echapper au piège. On dit qu'un oiseau nfuste, soit qu'il ail vu le piège, ou qu'il ait été manqué, (v.) FUSTET. Nom d'une espèce du genre Sumac, (b.) FUSTICK - WOOD. Rai (Dendr. i4 et 666 ) désigne par ce nom une espèce de Mûrier (moins tmeioria , L. ). (LN.) EUSUS. Nom latin des coquilles du genre Fuseau. (DESM.) 33o G A B FUSUS AGRES*TIS, Atractylts en grec. V. Atracty- LIDE. (LN.) FUTAIE. Bois qu'on a laissé croître au-delà de trente ou quarante ans. A cet âge, il porte le nom de Futaie sur TAIL- LIS j entre quarante et soixante ans , c'est demi-futaie ; après ce terme, il est Haute-futaie; et quand il*a passé deux cents ans ou qu'il est sur le retour, on l'appelle ordinaire- ment Vieille futaie. V. les mots Arbre , Bois , Taillis. (d.) FUTE. C'est, au Japon, suivant Thunberg , le nom d'une espèce de gnaphale qu'il rapporte au gnaphalium arc- narium , L. (ln.) FYR et FYRRETIUE. Nom du Pin sauvage en Da- nemarck. (ln.) FYRLOSKEN. L'un des noms du Faux narcisse (nar- cissus pseudo-narcissus ) , en Allemagne, (ln.) FUZENV. Nom donné, en Hongrie, à la Lysimachie commune, (ln.) G. GA , GAI. Noms du Geai , en Piémont, (v.) GAAPERKEM. Nom hollandais de Yantirrhinum oron- tium. V. Muflier, (ln.) GAAR. Nom espagnol de I'Esoce belone. (b.) GAARBON. Nom norwégien de I'Engoulevent. (s.) GAARDGRAES. Nom de la Renouée (polygonum aviat- lare ) , en Norwége. (ln.) GAAS ou GASA. Nom de I'Ours au Kamtschalka. V. ce mot. (s.) G AASGRAES. Nom de la Fétuque flottante ou Manne DE Pologne ? en Suède et en Norwége. (ln.) GAATI-EGER. C'est, en Hongrie, le Campagnol rat- d'eau. V. ce mot. (desm.) GABALIUM, Pline. Sorte d'aromate qu'on apportoit de l'Arabie, (ln.) GABANZA Nom de I'Eglantier ( rosa canina) , en Es- pagne. (LN.) GABAR. V. le genre Epervier. (v.) GABBRO. Les marbriers florentins donnent ce nom à la roche de diallage , appelé euphotide par M. Haiiy, et à plu- sieurs variétés de serpentine, renfermant ce même minéral, qui se trouvent en Toscane. * l'article Euphotide. 11 pa- roît même avoir été étendu à des pierres différentes de la G A ?» S3i serpentine. Ferber cite un gabbro noir, avec des ta<*hes blan- ches , venant de Cecina , dans les marcmuies de Vollerre , près de Pise, où il se trouve disposé par couches ; un gabbro vert, blanc , noir et rouge , qui renferme de l'asbeste ; un fabbro noir , mêlé de mica ; ces deux variétés se trouvem à Vato, prèsde Pistoia ; on nomme la première verde di Pralo , la seconde nero di Prato. Lesmontagncs d'Impnineta , à deux lieues au sud de Flo- rence, sont formées de gabbro que Ferber désigne formelle- ment sous le nom de serpentine de Saxe. On l'emploie à l'or- nement des édifices, et l'on en voit suvtout de beaux échantil- lons dans l'église de la Chartreuse, qui est à une lieue de Florence. DesmarestappeloitgaMre l'amphibole lamellaire en masse ou horneblende commune. V. t. 1, p. 4-63. (pat. et LUC.) GABBRONITE. M. Schumacher a décrit sous ce nom un minéral trouvé par lui en Norwége, et auquel il assigne les caractères suivans : sa couleur est le blanc grisâtre nuancé de différentes teintes de vert ou de rougeâlre ; il raye le verre , quoiqu'il étincelle difficilement sous le choc du bri- quet, et sa cassure est en général écailleuse : son tissu est très-serré : au chalumeau il fond, avec peine, en un émail blanc. Il est ordinairement accompagné de feldspath com- pacte incarnat, d'amphibole, de talc et de fer oligisle la- minaire. M. Haiiy penche à croire que l'opinion de M. Reuss qui tend à rapprocher cette substance de la néphrite ou feld- spath tenace , est assez vraisemblable. Suivant M. Jame- soti, le gabbronite est une simple variété du paranthine com- pacte. V. sa Minéralogie , t. i, p. 391. (LUC.) GABELKRAUT. L'un des noms allemands des Bidens. (LW.) GABETS. ( Vénerie. ) Vers ou plutôt larves d'insectes qui se logent dans la peau du Cerf. V. Oestre, (des.m.) GABIAN. Nom vulgaire du Goéland, (desm.) GABRIAN. C'est, en Provence, la dénomination du Plongeon, (v.) GABIER. Nom appliqué par M. de Azara à un petit oi- seau du Paraguay, parce qu'il se tient vers le milieu des ar- bres, (v.) GABINA. Barrère dit que en Catalogne, le gabina est une espèce de Goéland, qu'il désigne par cette phrase : Larus a/bus, dorso, rostro et pedibus fusris (Ornith. class. 1, gcn. 4, sp. 4-)- C'est-, selon toute apparence, l'espèce surnommée le bourgitemcslrr ou le goéland à manteau -gris-brun. f. au mot Mouette, (s.) 33z CAD GABIOURNE. Nom des Pies-grièches dans une partie du Piémont, (v.) GABIOUSNA D'MARINA. Nom du Guêpier dans l'Astesane. (v.) GABIRA. C'est une espèce de guenon noire qui se trouve en Afrique. Comme ces caractères ne sont pas assez détail- lés , on ne sait à quelle espèce il faut la rapporter. Son poil est noir; sa taille égale celle du renard , et sa queue est longue. C'est probablement un mangabey (simia œthiopsy Linn. ). V. l'article Guenon, (virey.) GABON. Grand oiseau d'Afrique, auquel on donne six pieds de long \ dans quelques voyages anciens , où l'on ne dit rien de plus àxxgabon, si ce n'est qu'il se trouve vers la Gambie, (s.) GABOT. Nom d'un poisson qu'on pêche pour servir d'amorce, et qui a la propriété de rester trois ou quatre jours en vie hors de l'eau. On ignore à quel genre appartient ce poisson, (b.) GABRE. On désigne quelquefois par ce nom le Coq d'Inde et le vieux mâle de la Perdrix, (des»») GABURA. Genre établi par Adanson dans la famille des Champignons ou des Lichens. On ne l'a pas adopté. (B.) GACENIA d'IIeister. Cette plante est une Giroflée (cheiranthus, Linn.). (ln.) GACHELKRAÛT. L'un desnomsallemands delà Mille- feuille (arhillea millefolium). (l,N.) CACHET. Nom d'une Hirondelle de mer. V. le genre Sterne, (v.) GACHETTE. Dénomination d'une machine quelconque qui sert à détraquer un piège, (v.) GACHIPAES. Nom vulgaire d'un Bactris de la Nou- velle-Grenade, décrit dans l'ouvrage de Humb'oldt , Bon- plan et Kunth sur les plantes de l'Amérique méridionale. (B.) GADDEL. Les oiseleurs de Londres appellent ainsi le Pilet. (s.) GADE , Gadus. Genre de poissons de la division des Ju- gulaires , dont les caractères offrent une tête comprimée ; des yeux éloignés l'un de l'autre , et placés sur les côlés de la tête ; un corps allongé, peu comprimé , et revêtu de petites écailles ; les opercules composés de plusieurs pièces , et bor- dés d'une membrane non ciliée. Les sdus-genres suivans ont été proposés parCuvier pour diviser celui-ci : Morue, Merlan, Merluche, Lotte, Mus- telle, Bro.sme et Raniceps, G A D 333 Les gades vivent dans la mer, et fournissent presque tous à riiomine une nourriture aussi agréable que saine. Ils sont, en général , si abondans, qu'il ne faut , pour ainsi dire, que les désirer pour se les procurer. Quelques espèces , comme le godé morue, le gade merlan , le gade lutte, le gatle mus/elle , sont plus généralement connues ; mais on verra que les autres ne leur cèdent pas en bonté. On compte une vingtaine d'espèces de gades , qui se ran- gent sous cinq divisions* La première division comprend les gades qui ont trois na- geoires sur le dos, un ou plusieurs barbillons au bout du mu- seau , tels que : Le Gade morue, dont la nageoire de la queue est four- chue ; la mâchoire supérieure plus avancée que l'inférieure ; le premier rayon de la première nageoire de l'anus aiguil- lonné. V. pi. D. 32 où il est figuré. On le pèche dans les mers du nord de l'Europe et de l'Amérique. Il est connu sous le nom de cabillau sur nos côtes. C'est un des poissons les plus précieux pour l'homme , à raison de son abondance et de sa bonté. V. au mot Morue. Le Gade Églefin a la nageoire de la queue fourchue ; la mâchoire supérieure plus avancée que l'inférieure ; la couleur blanchâtre ; la ligne latérale noire. On le trouve dans la mer «lu Nord , et on le connoît, sur les côtes de France , sous le nom Xègh'fin , àégrefin , et àanon. Cette espèce a les plus grands rapports avec la précédente pour la forme et les qualités de la chair; maïs elle a rarement plus d'un pied et demi de long. Sa tête est cunéiforme ; ses écailles petites, rondes et solidement fixées. Son dos est bru- nâtre ; son ventre blanc ; on aperçoit une tache noke prés de la nageoire pectorale. On prend une grande quantité d'EgleGns dans la mer du Nord ; mais c'est surtout sur les côtes d'Angleterre que leur pêche est abondante. Ils arrivent sur les rivages d'Yorck au milieu de l'hiver, et forment un banc de trois milles en lar- geur et de quatre vingts milles en longueur. Dans cet espace , il suffit de jeter la ligne pour amener un poisson , et pendant trois mois , trois pêcheurs peuvent en remplir leur canot deux lois par jour. Aussi sont-ils , à cette époque , à si bon mar- ché, qu'on les donne à un sou la pièce, et même quelquefois moins. Sur les côtes du nord de la France, où ils ne sont ja- mais aussi abondans , on les prend avec des lignes de fond. On jelle ces lignes vers le soir, et le lendemain on les trouve or- dinairement garnies chacune d'un gade ; de sorte que le pê- cheur peut revenir avec cent poissons et plus. 334 GAD Un fait digne de remarque , c'est que les gadcs églefins n'entrent point dans la Baltique. C'est en hiver qu'ils déposent leur frai entre les varecs du rivage , et peu après ils rentrent dans les profondeurs de l'O- céan. Ils vivent de mollusques et de petits poissons. Ils pour- suivent surtout les Harengs, qui les engraissent rapidement; ils sont eux-mêmes dévorés par les Requins , qui suivent cons- tamment leur marche. Le Gade bie , Gadus luscus , Linn. , a la nagoire de la queue fourchue ; la mâchoire supérieure un peu plus avan- cée que l'inférieure ; le premier rayon de chaque nageoire jugulaire termirré par un long filament. On le trouve dans la mer du Nord , et surtout autour de l'Angleterre. Il parvient à la même grandeur que le précédent. Son dos est jaunâtre ; et son ventre est blanc. Sa chair est exquise. Le Gade saïda a la nageoire de la queue fourchue , la mâ- choire supérieure un peu plus avancée que l'inférieure , le second rayon de chaque nageoire jugulaire terminé par un long filament. Il habite la mer Blanche , et ne parvient guère au-dessus d'un pied. Sa tête est noire , son dos brun , parsemé de points noirs , et son ventre blanc. Sa chair n'est pas aussi savoureuse que celle de la plupart des gades ; mais elle est très-mangeable. Le Gade blennoïde a la nageoire de la queue fourchue ; le premier rayon de chaque nageoire jugulaire plus long que les autres , et divisé en deux. On le trouve dans la Méditer- ranée. Il a beaucoup de rapports de grandeur et de forme avec le gade merlan. Il est blanc partout , mais plus sous le ventre. La forme du premier rayon de ses nageoires jugulai- res, beaucoup plus grand que les autres, fait croire , à la pre- mière ^ae , qu'il appartient au genre Blennie. Le Gade callarjas a la nageoire de la queue en croissant , la mâchoire supérieure plus avancée que l'inférieure ; la ligne latérale large et tachetée. On le trouve dans la mer du Nord et dans la Baltique , où on le connoît sous le nom de dorse ou dorsch en Allemagne. On le prend pendant toute l'année , mais principalement l'été , soit à la ligne , soit au filet, sur les côtes de la Prusse , du Groenland et autres contrées du Nord. Il aime à se tenir à l'embouchure des fleuves , et même à les remonter avec la marée. Il vit d'autres poissons , de crustacés et de vers. Sa chair est tendre et d'un excellent goût. On peut la donner sans inconvénient aux personnes foibles et valétudinaires. Quelquefois elle est verte , ce qu'on attribue aux varecs , par- mi lesquels il vit , et sur lesquels il dépose son frai au com- mencement du printemps. On la sèche en Irlande. G A T) sas Le Gade tacaud , Gadus barbatus , Linn. , à la nageoire de la queue en croissant , la mâchoire Supérieure plus avancée que l'inférieure , la hauteur du corps égale à peu près au tiers de la longueur tolale. On le trouve sur toutes les cotes de l'Europe septentrionale , où il arrive pour frayer au commen- cement du printemps. Le reste de Tannée, il se tient en pleine mer. On l'appelle molle ou molle dans quelques ports de France. Il vit de petits poissons, de crustacés, de mollusques ou de vers. Sa chair est blanche, molle , feuilletée, et se cor- rompt très -rapidement; on la regarde comme un bon mets lorsqu'elle est grasse ; mais , en France , on l'estime moins que dans d'autres pays , qu'en Angleterre , par exemple. Les Groënlandais la font sécher , ainsi que les œufs, pour leur provision d'hiver. On prend ce poisson , qui a rarement plus d'un pied , au filet et à l'hameçon. Il est quelquefois si abondant dans cer- taines rades, qu'on en amène plusieurs centaines d'un seul coup. Son dos est brun et son ventre blanc. Le Gade capelan , Gadus minuliis , Linn. , a la nageoire de la queue arrondie ; la mâchoire supérieure plus avancée que l'inférieure ; le ventre très-caréné; l'anus placé à peu près à égale distance de la tête et de la queue. On le pèche dans toutes les mers d'Europe. On le counoit à Marseille sous le nom de capelan, et sur l'Océan sous celui d'officier. Quand il paroît sur les côtes, il excite une grande joie parmi les pêcheurs, parce qu'il leur annonce une pêche abondante : en effet, comme les capelans arrivent en grandes troupes , ils sont suivis de nombreux poissons voraces , tels que les morues, les dorses, les égle/lns , dont la prise leur pro- cure de grands bénéfices. Le gade capelan , hors cette époque, qui est celle du frai, se tient dans les profondeurs de la mer, où il vit de petits pois- sons, de petits coquillages et de vers. Il ne parvient pas à plus de six à sept pouces ; sa chair est blanche et de bon goût. La seconde division des gades comprend ceux qui ont trois nageoires sur le dos , et point de barbillons au bout du museau , comme : Le Gade colin, Gadus carbonarius, Linn., qui a la na- geoire de la queue fourchue , la mâchoire inférieure plu» avancée que la supérieure , la ligne latérale presque droite , la bouche noire. On le trouve dans toutes les mers du Nord. Il parvient à la longueur de deux à trois pieds, et fraye à la fin de l'hiver. On le pêche pendant toute l'année , soit au filet, soit à l'hameçon amorcé de spot, ou de peau d'anguille. Lorsqu'il est jeune, il passe pour un mets délicat; mais quand il est vieux, sa chair est dure et coriace : on le prépare ce- 336 G A D pendant de la même manière que la Morue , c'est-à-dire , qu'on ie sèche ou le sale pour le conserver pendant l'hiver, ou l'envoyer au loin. En Angleterre, où on prend beaucoup de ce poisson , il porte différens noms, selon son âge : les jeunes, qui sont oli- vâtres , s'appellent paars ; ceux d'un an , billets ; et les vieux, raw-pullack. Le Gade POLLACK , Gadus pqllachius , Linn. , a la nageoire de la queue fourchue, la mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure, et la ligne latérale très-courbe. Son corps, qui est ordinairement long de deux pieds, est couvert de pe- tites écailles minces, oblongues et bordées de jaune ; son dos est jaune , taché de brun, et son ventre blanc. On le pêche dans la mer du Nord et dans la Baltique , dans les lieux où l'eau est la plus agitée. Il arrive , pendant l'été , en grandes troupes sur les côtes d'Angleterre , où on l'appelle whiting polluck. Il est plus rare en France , où il est connu sous le nom de Lieu. Sa chair est blanche, ferme et de très-bon goût. Il vit de petits poissons et de crustacés, et surtout d'am- modytes appâts , qu'il sait déterrer dans' le sable , où ils se tiennent cachés. Le Gade sey , Gadus virens , Linn. , a la nageoire de la queue fourchue ; les deux mâchoires également avancées ; la couleur du dos verdâtre. Il se trouve dans toutes les mers du Nord. On l'a confondu long-temps avec le précédent , dont il diffère fort peu en effet. C'est sur les côtes de la Nor- vège que s'en fait la plus abondante pêche ; aussi y porte- t-il cinq noms différens , à raison de son âge. Le Gade merlan, Gadus merlangus, Linn. , a la nageoire de la queue en croissant ; la mâchoire supérieure plus avan- cée que l'inférieure; la couleur blanche. C'est un des pois- sons les plus abondans dans nos mers , et en même temps un de ceux dont la chair est la plus délicate ; aussi en fait- on dans l'Europe , et surtout dans le Nord , une énorme consommation. V. au mot Merlan. • On trouve dans la troisième division des gadcs, ceux qui ont deux nageoires dorsales et un ou plusieurs barbillons au bout du museau , tels que : Le Gade molve, qui a la nageoire de la queue arrondie , et la mâchoire supérieure plus avancée que l'inférieure. On le trouve en grande "quantité dans toutes les mers du nord de l'Europe et de l' Amérique. Il porte le nom de lingue sur nos côtes, où on en prend d'immenses quantités. Dans d'autres contrées , on l'appelle gade long , à raison de sa forme plus étroite et plus allongée qu'aucune autre espèce de ce genre. Il parvient fréquemment à quatre pieds de long, G A D 337 et on en voit quelquefois du double. Sa tête est grosse, apla- tie par en haut; son corps est rond, brun en dessus, jaune sur les côtés et blanc en dessous; ses écailles sont oblon- gues; ses nageoires grises, bordées de blanc et tachetées quel- quefois de noir. Après le hareng et la morue , ce poisson , à cause de son immense multiplication , est le plus important pour les peuples du Nord. En Angleterre et en Norwége , où on en consomme beaucoup et d'où on en exporte davantage , on le prépare comme la Morue. C'est au printemps, à l'époque du frai , et sur les bancs de sable qui sont à quelque distance des côtes, surtout à l'em- bouchure des (leuves, qu'on en prend le plus. On se sert pour cela de lignes de fond, amorcées avec des harengs ou autres poissons. Le foie de ceux qu'on vide, pour saler ou pour sécher, est mis de côté, et on en tire une huile très-douce, qu'on emploie dans les arts. On met également décote sa vésicule aérienne, pour en faire de la Colle de poisson. Le Gade mustelle a la nageoire de la queue arrondie , la première nageoire du dos très-basse , excepté le premier et le second rayons. On le trouve dans toutes les mers d'Eu- rope , et principalement dans la Méditerranée. Il atteint rarement plus d'un pied de long ; ses couleurs varient ; sa chair est molle et de mauvais goût. On le prend au filet ou à la ligne , amorcée de petits coquillages ou de crustacés. Il fraye en automne. Il ne faut pas confondre ce poisson avec la moittelle , ou moutcillc qui est le Comte LOCUE FRANCHE. Le Gade lotte a la nageoire de la queue arrondie, et les deux mâchoires également avancées. On le trouve dans les rivières et les lacs de presque toute l'Europe. On l'appelle barholle ou motelle dans quelques cantons de la France. Il a tous les caractères des godes, mais il s'en éloigne par ses ba- bil udes. V. au mot Lotte. La quatrième division des gades ne renferme qu'une espèce qui a deux nageoires dorsales et point de barbillons au bout du museau. C est le Gade merlus, plus généralement connu sous le nom de merlucha. On le trouve dans toutes les mers d'Europe. 11 parvient à deux pieds de long. Ce poisson est très-vorace, et poursuit particulièrement le hareng et le maquereau. Il mange même ceux de son espèce. 11 va par troupes très-nombreuses, et est l'objet d'une pèche très-considérable, faite en partie avec des filets , et en par- tie avec la ligne. En Angleterre, où il est de passage, il arrive pcnlant plu- XII. 2?. 338 G A D sieurs années de suite sur les mêmes bancs en quantité si innombrable , que six hommes en peuvent prendre un mil- lier dans une seule nuit avec la ligne ; mais aussi il va sur d'autres bancs pendant les années suivantes , sans suivre ce- pendant une marche régulière. En France , on n'en pêche guère plus que ce qui est nécessaire pour la consommation du pays. On l'y mange frais, salé ou séché; dans ce dernier cas, on l'appelle stok-Jisch , mot anglais, qui indique que, comme la morne , on le met sur des bâtons , et qu'on écarte les deux parties de son ventre avec d'autres. V. aumotMoRUE. En Espagne on estime beaucoup la chair de ce poisson , qui est blanche et feuilletée; en France , on ne la dédaigne pas, même sur les bonnes tables ; mais en Angleterre et dans le Nord , on la trouve molle et de mauvais goût ; ce qui vient sans doute des lieux où le poisson habite ; car on a remarqué que ceux qui éloient pris dans un fond pierreux étoient meil- leurs que ceux qui provenoient d'une côte vaseuse. Les anciens qui ont connu ce poisson , faisoient un cas particulier de son foie , qui est gros , jaune et très - chargé d'huile. La cinquième division àesgades ne renferme encore qu'une espèce , qui a une seule nageoire dorsale et des barbillons au bout du museau. C'est le Gade brosme dont la nageoire de la queue est lancéolée , et qui a des bandes transversales sur les côtés. Il se trouve autour du Groenland. Quatre espèces nouvelles ont été introduites dans ce genre par M. Risso , savoir : le Gade moro , le Gade lépidion , le Gade brun , le Gade maraldi. (b.) GADELBEERE et GANDELBEERE. Le Myrtille {vaexinium myriillus) , porte ces noms en Allemagne, (ln.) GADELLE. Nom que portent les Groseilles rouges ,- dans la ci-devant province du Perche, (ln.) GADELLIER. Le Groseillier épineux ( ribes grossula- ria) porte ce nom dans quelques endroits, (ln.) GADELUPAou GALEDUPA, Galedupa. C'est un arbre de la famille des légumineuses, qui s'élève aune assez grande hauteur, dont les feuilles sont alternes, ailées avec impaire, composées de cinqàseptfoliolesovales, acuminéesetentières; dont les fleurs sont blanches, odorantes et disposées en grap- pes axillaires. Chacune de ces fleurs offre un calice monophylle cyathi- forme, à bord un peu oblique et entier; une corolle papi- lionacée, composée de quatre pétales, à onglets saillans hors du calice , savoir un étendard relevé et bilobé ; deux ailes conniventes ; une carène oblongue et obtuse ; dix étamines , <> A D 33g dont neuf réunies à leur base ; un ovaire supérieur , oblong, velu, pédicule, se terminant en un style courbé supérieure- ment, à stigmate simple ; une gousse elliptique, un peu en croissant, terminée par une petite pointe courbe, et conte- nant une ou deux semences réniformcs. Cet arbre croit dans les Indes orientales. Il est toujours vert: Les Français l'appellent pongohte. Willdenow l'a réu- ni aux Dalbrrc.es. (b.) G AD IN. Coquille du genre des Patei.lks. (b.) G VDO-FOWLO, c'est-à-dire , ùifeoû du bon dieu. Les colons de Surinam appellent ainsi un petit oiseau, assez, semblable, dit le capitaine Stedman, an roitelet d'Angleterre, mais plus gros ; il est très-familier , et son ramage délicieux lui a fait donner aussi le surnom de tossignol de VÀméiiqut septentrionale ( Voyage à Surinam , traduction de Henry, t. I, pag. i56). Il y a sans doute une faute typographiqtré dans ce passage du livre du capitaine Stedman. Comment, en effet supposer qu'en parlant d'un oiseau du midi de l'Amérique, il le nommeroit rossignol de l'Amérique septentrionale ? Au sur- plus , quoique je commisse presque tous les oiseaux de la Guyane, je ne devine pas à quelle espèce on doit rapporter le gado-foivlo , tel que Stedman l'a décrit, (s.) GADOFUM. L'Epicia {pinus abies) porte ce nom en Danemarck. (ln.) GxVDOLINITE. Substance minérale , décrite en ijqI, par le professeur Gadolin, mais dont on n'a reçu des échan- tillons en France qu'en 1800. Ce minéral est en masses informes, et a l'apparence d'une lave vitreuse. Sa couleur est noire , tirant quelquefois sur le roussâtre ; sa cassure est éclatante et conchoïde comme celle du verre ; sa dureté est plus considérable que celle du quarz, et sa pesanteur spécifique plus grande que celle de presque toutes les matières pierreuses : elle excède quatre. Elle est à peu près infusiblc au chalumeau, sans addition. Fondue avec le borax, elle lui communique une belle couleur jaune. Avant même d'avoir subi l'action du feu, elle agit fortement sur le barreau aimanté. Elle est soluble en gelée, dans l'acide ni- trique étendu d'eau et chauffé ; elle est seulement décolorée par l'acide muriatique à froid. La Gadolinite acquiert l'électricité résineuse par le frot- tement , étant isolée. (JtJaiiy.') Le professeur Gadolin avoit reconnu que ce minéral conte- noit une terre nouvelle , et M. Ekeberg , chimiste d'Upsal , a confirmé cette découverte, et nommé cette nouvelle terre yttria , du nom de son lieu natal; et il a appelé le minéral qui 3{o G A D la contient, gadolinile , en l'honneur du savant observateur qui en avoit le premier reconnu l'existence. On l'a aussi nommée Ytterbile , du lieu où elle se trouve; c'est la Zéolithc noire de Geyer. Suivant la première analyse de la gadolinile , faite par Ecke- berg , elle contient : Yttria 4? 5 Silice 25 Alumine 4- 5 Oxyde de fer 18 Perte 5 ioo Le résultat de l'analyse faite par Vauquelin , offre des dif- férences notables : Yttria 35 Silice 25 Chaux a Manganèse a Oxyde de fer. aS 5 Perte io 5 ioo "Vauquelin attribue cette perte considérable à l'eau que contenoit probablement le minéral , et à un peu d'acide car- bonique (Journ. de Phys. , fructidor an 8 , septembre 1800). & yttria présente divers traits de ressemblance avec la glu - cine ; mais Vauquelin a reconnu qu'elle en diffère , en ce qu'elle n'est pas soluble dans les alkalis , tandis que la glu- cine s'y dissout facilement. Elle est précipitée de ses dissolu- tions par le prussiate de potasse : la glucine ne l'est pas ; et M. Eckeberg a reconnu aussi qu'elle est précipitée par les succinates. Enfin , la pesanteur spécifique de ces deux terres est fort différente ; celle de Vyllria est de 4,84.2 ; celle de la glucine n'est que de 2,967. Dans un nouveau travail de M. Eckeberg, sur la gadolinile , il a reconnu qu'elle contient 4-, 5 de glucine , que Vauquelin ni Klaproth n'y avoient trouvée. Suivant cette dernière ana- lyse , elle contient : Yttria 55 5 Silice t ' . 2$ Glucine 4- ^ Oxyde de fer 16 5 Perte o 5 100 G A E 341 M. Eckeberg n'y a jamais trouvé ni chaux ni manganèse ; « mais ce qu'il y a d'étonnant, dit le rédacteur des Annales de Chimie, c'est que M. Eckeberg n'ait éprouvé qu'un demi-: centième de parte dans son analyse , tandis que Vauquelin en a eu constamment une de dix à douze centièmes. Cette différence , vraiment remarquable et extraordinaire , tien- droil-elle à la diversité de la pierre, ou à la manière dont ils ont opéré ? « En soumettant à l'analyse d'autres échantillons qui lui avoient été donnés par M. Geycr , comme étant de la gadu- linite , M. Eckeberg y a découvert une substance métallique, combinée, dans les uns, avec l'oxyde de fer et de manganèse , et dans les autres , avec l'y ttria et le fer. Ces minéraux avoient été recueillis dans la paroisse de Kimito , en Finlande. Il nomme le premier Tantàlite! et le second Yttrô-tantale , parce que le nouveau métal qu'ils recèlent ne se combine point avec les acides. » V. Tantale. La Gadoliniie , dont la découverte est due à M. Arrbe- nius , a été trouvée d'abord a Ytterby en Suède , avec l'yt- tiotantale, dans un feldspath pur , coupé verticalement par de grands filons de mica, et surtout dans le voisinage du point d'intersection de ces deux substances ; quelquefois aussi en petits grains disséminés dans le feldspath. (Eckeberg , J. des AL , t. 12 , p. 260.) On en a rapporté depuis des échantillons., de Finbo près de Fahlun, et de Brodbo, où elle est disséminée dansun gra- nité blanchâtre; d'Afvestadet de l'ile de Bornholm, également en Suède. Elle accompagne aussi le minéral récemment dé- couvert dans ce pays , et que l'on a nommé Albite, à cause de sa couleur blanche, (pat. et LUC.) G AD RAY. Nom de la Sarriette , en Bohême, (ln.) GADR1LLE. Un des noms du Bouge-gorge dans Se- lon , et au Mans, (v.) GAÏ) WALLE. Nom anglais du Chipeau. (s.) GAENSBLUME. Nom du Pissenlit {Leoniodon iaraxa- mm) , de la Pâquerette , de la Grande Marguerite des PRÉS (Chrysanthemum leucanthemum) de la GLOBULAIRE, et de la Drave printanière, dans diverses parties de l'Alle- magne, (ln.) • G.4ERTNÈRE , Gœrtnera. Nom donné par Schreher, à ud genre de plantes formé aux dépens àes Banisteres de Limtaeas. Ce genre a été appelé Hiptage par Gsertner, et Molina par Cavanilles. Il diffère des banisteres parce que les folioles du calice sont munies d'une seule glande , que l'o- vaire est simple , a un seul style , et que la samare est munie de quatre ailes inégales. 3/,2 GAG L'arbre qui le compose , esl de moyenne grandeur, a les feuilles opposées , ovales , lancéolées , el les Heurs disposées en grappes terminales ; toutes ses parties sont velues. Il est naturel aux Indes. On le cultive dans les ja^ins à raison de la beauté de ses fleurs , qui , sous le nom de madabloia , ser- vent à parer les autels des dieux. Lamarck a donné le même nom à un genre de la pentan- drie monogynie , dont il n'a pas encore publié les caractères. C'est son fruit que les O'éoles de l'île de la Réunion appel- lent café, marron, à raison de ses rapports avec le véritable café. Jussieu croit que ce genre peut devenir le type d'une nouvelle famille. Voyez son septième mémoire sur les carac- tères des familles , inséré dans les Annales du Muséum, (b.) Retzius avoit établi sur le pongati des Malabares un genre G^ertnera* , que Gœrtner , auteur de l'immortel traité sur les fruits et les graines des plantes (3 vol. in-4-°) , avoit formé et nommé sphenoclea. (ln.) GAESTEIN ou Pierre écumante. Rome de Plisle a dé- crit sous ce nom, et rangé parmi les produits volcaniques., différens minéraux compactes et à cassure vitreuse , de cou- leur grise , ou verte , ou roussâtre , fusibles en un émail blanc et spongieux, que les minéralogistes allemands ont appelé pechstein. M. Hatiy les place à la suite du feldspatb sous le nom de feldspath résinite. V. Pechstein. (luc) GAFERI , GAFETI. Noms espagnols de I'Aigremoine. (LN.) GAFET. C'est le cardium costaium. V. BuCARDE. (B.) GAFET. Les Arabes nommoient ainsi I'Eupatoire de MESUÉ. (LTV.) GAFF ARON. Nom espagnol du Venturon , et au Para- guay celui du Chardonneret olivarez. (v.) GAGATES. V. Jayet. (luc.) GAGATHES. Anderson, dans son Histoire naturelle de l'Islande , t. I , p. io3 , dit qu'il se trouve dans cette île deux sortes de gagaihes: l'une combustible , qu'il nomme aussi am- bre noir ; et T autre semblable au verre, appelée hrafntinna ou pierre à fusil noire par les habitans du pays. La première est une variété de Jayet, et la seconde une Obsidienne. V. ces mots, (luc.) GAGÉE, Gagea. Genre de plantes établi pour placer TOrnithogale jaune. Ses caractères sont : corolle ca- lyciforme , persistante , à six pétales égaux, recourbés en dehors ; étamines à filaraens comprimés , droits , près- G A I 343 que égaux; anthères verticales, attachées par leur base; ovaire triangulaire , à style de même forme et à stigmate frangé, (b.) GAGEL. Nom allemand du Gale , Myrica gaie, (ln.) GAGET. L'un des noms patois du Geai, (desm.) GAGIANDRA, GALANA.Noins italiens des Tortues. (desm.) GAG-NAGES (vénerie). Champs ensemencés, où le cerf va viander, c'est-à-dire, pâturer pendant la nuit, (s.) Se dit aussi des gazons ou des champs où divers animaux pâ- turent, (s.) GAGNOL. Nom du Syngnathe trompette, (r.) GA GNOLE. Le Syngnathe hippocampe porte ce nom à Marseille, (b.) GAGON. Arbre de Cayenne, qui sert à faire des canots très-légers. On ignore à quel genre H appartient. (R.) GAG HA. Nom de la Courge , en Géorgie, (ln.) GAGUEDI. Espèce de Protea (Protea abyssinica , W.)t découverte par Bruce aux environs de Lamalmon en Abys- sinie. II en donne une figure pi. i5 de son Voyage, (ln.) GAHLY. Nom du punis ou millet en épi (Panicum italicum , Linn.) , en Bohême, (ln.) GARNIE, Gahnia. Genre de plantes de l'hexandrie mo- nogynie , et de la famille des graminées, dont les caractères sont d'avoir : la halle calicinale univalve, et contenant deux à cinq fleurs ; lahalle floralededeuxvalveslronquées; sixétami- nes ; un ovaire arrondi , surmonté d'un long style , divisé en deux parties également subdivisées en deux; une semence ovale. Ce genre , autrement appelé Zelari , a été établi par Fors- ter. Il contient quatre espèces , qui viennent des îles de la mer du Sud. Le genre Lampocarie de R. Brown diffère à peine de celui-ci. (R.) GAHNITE. Nom donné par le célèbre baron de Moll à un minéral cristallisé en octaèdre , trouvé en Suède il y a quelques années, et que l'on rapporte aujourd'hui auSpi- nclle. 11 a été aussi appelé aulomalithe. V. Spinelle ZINCIFÈre. M. le comte de Lobo a décrit , sous ce même nom de Gahnile, un minéral du pays de Salzbourg que M. Haiïy re- garde comme une variété d'Idocrase. V. ce mot. (luc.) GAI. Nom qu'on donnoit anciennement, en France , au Geai , et qu'il porte encore en Picardie et en Provence, (s.) GAI MARIN. Nom piémontais du Rollier. (v.) G A l D'MOUNÏAGNA. Nompiémoniais du Casse-noix. (v.) 344 G A 1 GAI. Nom donné au Japon, suivant Thunberg , à une espèce d'ARMOiSE qu'il prit pour l'armoise vulgaire ; mais "Willdenovv en fait une espèce distincte ( ariemisia indica ) ; elle croît aussi en Chine , où on la nomme Ngai-ye. (ln.) GAIAC. V. Gayac. (ln.) GAIANUS , Rumphius. Arbre des Moluques , qui porte dans ces îles les noms de gajan, gajang, gapjen, et de angajin, Boisna. V. Gajan. (ln.) GAIDAROTHYMO. Nom sous lequel Clusius indique I'Epiaire épineuse ( staçhys spinosa ) , arbuste qui croît en Orient, (ln.) GAIDAROTHYME.C'est, dans Lécluse, la Stachide ÉPINEUSE de Linnœus. (b.) GAIDEROxN. Espèce de Spondyle. (b.) GAIFOL des Arabes. C'est le Macis. (ln.) GAIGAMADOU. C'est, à Cayenne , le nom d'un arbre de la graine duquel on retire, par l'ébullition dans l'eau, une cire propre à faire des chandelles. On ignore à quel genre appartient cet arbre. (B.) GAILLARD. Synonyme de Gayac. Le Gaillard franc est le guayacum officinale, et le Gaillard bâtard le guaya- cum sanctum. (LN.) GAILLARDIA. Ce genre, établi par Fougeroux de Ron- daroy, est décrit à l'article Galardienne. (ln.) GAILLET , Galium. Genre de plantes de la tétrandrie monogynie, et de la famille des rubiacées , dont le caractère est d'avoir un calice très-petit , à quatre dents ; une corolle monopétale, très-courte, en rosette et à quatre décou- pures ; quatre étamines ; un ovaire inférieur, didyme , chargé d'un style bifide , à stigmates globuleux ; deux petites cap- sules globuleuses , connées , glabres ou hispides , contenant chacune une seule semence. Ce genre comprend des herbes , la plupart vivaces et in- digènes à l'Europe , dont les racines sont traçantes et colo- rées en rouge ; dont les feuilles sont verlicillées à chaque nœud , et dont les fleurs sont disposées en grappes ou en panicules terminales^ Les gaillets tirent leur nom de la propriété qu'on leur a reconnue de faire cailler le lait dans lequel on met de leurs feuilles desséchées ; mais cette propriété leur est commune avec un grand nombre d'autres plantes , et est même très- foible en eux. On en compte près de cent espèces , que les botanistes ont divisées , soit d'après le nombre de feuilles qu'elles ont à chaque verticille , soit d'après la surface de la capsule, qui est glabre ou ridée , ou hérissée , ou velue. G A I 3{3 Ce dernier mode de division est préférable , comme moins sujet à varier. Les espèces les plus communes de la première division sont : Le Gaillet des marais , qui a les feuilles quaternées , un peu ovales , inégales, et les tiges filiformes et rameuses. Il se trouve dans les marais. Le Gaillet jaune, Gallium verum, Linn., qui a les ver- iirilles de huit feuilles linéaires, sillonnées , et les rameaux florifères très-courts. Il se trouve très-abondamment dans les bois , les prés , le long des chemins. Il est astringent , vulnéraire, dessîcatif, cèphalique , antiépileptique , anti- histérique et antispasmodique. On mêle, dans le comté de Chester, en Angleterre , ses sommités fleuries avec de la présure , pour faire cailler le lait, dont sont faits les excel- lens fromages de ce pays , et on prétend que ce mélange le^s rend beaucoup meilleurs. La racine de cette espèce est propre à teindre en rouge ou en jaune, selon les ingrédiens salins que l'on emploie comme inordans. Le Gaillet blanc, Gallium mullugo, Linn. , a huit feuilles ovales, linéaires, légèrement dentées et mucronées, à chaque verticille ; sa tige eslfoible et ses rameaux écartés. Il se trouve dans toute l'Europe , le long des haies , dans les prés , etc. Il est astringent et dessiccatif, et sa racine teint en rouge. Ses touffes ont quelquefois un aspect très-agréable. Le Gaillet des bois a huit feuilles unies en dessus, et rudes en dessous à chaque verticille , excepté aux environs des fleurs , où il n'y en a que deux ; ses pédoncules sont capillaires , et sa tige unie. Il se trouve dans les bois des hautes montagnes. Il est plus rare que les précédens. Le Gaillet glauque a environ huit feuilles linéaires à chaque verticille; les pédoncules dichotomes , et la tige unie. Il se trouve dans les parties méridionales de l'Europe. Les espèces les plus communes de la seconde division sont : Le Gaillet bâtard , qui a six feuilles lancéolées , can- nées et rudes au toucher, à chaque verticille ; les fruits re- courbés. Il se trouve dans les champs , parmi les blés. Il est annuel. Le Gaillet uligineux , ou Gaillet couché de La- marck , qui a six feuilles lancéolées , roides , mucronées , épineuses en leurs bords , à chaque verticille , et la corolle plus grande que le fruit. , Il se trouve dans les pâturages humides. Les espèces les plus communes de la troisième division sont : 34-6 v', A I Le Gaillet boréal, qui a quatre feuilles lancéolées, glabres , offrant trois nervures, à chaque verticille , et la tige droite. 11 se trouve sur les hautes montagnes de la France et dans le nord de l'Europe. Le Gaillet accrochant , Gallium aparine, Linn. , qui a huit feuilles lancéolées , carinées , hérissées de pointes à cliaque verticille; les articulations velues. Il est annuel et très- commun dans les haies, les lieux incultes , etc. Le Gaillet parisien a six feuilles linéaires à chaque ver- ticille , et les pédoncules biflores. Il est commun en France et en Angleterre , dans les lieux stériles et sablonneux. Le Gaillet tubéreux, qui a cinq feuilles à chaque ver- ticille, les fleurs disposées en têtes axillaires , et la racine tubéreuse. Il croît à la Cochinchine , où on mange sa racine cuite , soit entière , soit réduite en farine. On en ordonne l'usage aux phthisiques et aux convalescens. Enfin , l'espèce la plus connue de la dernière division ejt le Gaillet maritime , qui a cinq ou six feuilles hérissées à chaque verticille, et les pédoncules uniflores. Il se trouve dans les parties méridionales de l'Europe , sur le bord de la mer. (u.) GAI-MA-VUONG etBACH-TAT-LÈ. Nomscochin- < hinois du Tribulus ierreslris , Lour. , qui paroît être le tri- tfidus lanuginosus , Pers. Cette plante croît dans toute l'Inde. V. Herse, (lis.) GAINE. L'un des noms que porte le Loup, en Laponie. (s.) GAINE, Vagina. Fabricius désigne ainsi le tuyau articulé dans lequel sont placées les soies qui composent les organes de la manducation dans les hémiptères. Il donne le nom de bec (rostrunï) à l'appareil entier , composé des soies et de la gaine. Cependant il emploie encore ce dernier mot pour d'autres insectes , comme les hippohosqu.es , et pour des arach- nides, tels que les alax. V. BOUCHE. (O. L.) GAINE , Vagina. Espèce de tuyau formé tantôt par la base prolongée des feuilles, qui embrasse la tige , tantôt par la réunion des filets ou des anthères qui enveloppent le pistil. V. le mot Spathe. (d.) GAINIER, ARBRE DE JUDÉE, Cercis , Linn. (Dé- candrie monogynie.) Genre de plantes de la famille des légumi- neuses, remarquable par l'étendard de sa fleur, qui est situé au-dessous des ailes ; ses autres caractères sont : un petit calice persistant, en forme de cloche , à cinq dents, et renflé à sa base ; une corolle papilionacée , composée d'un étendard arrondi , de deux grandes ailes un peu réfléchies , ert; d'une carène partagée en deux segmens , et renfermant les organes sexuels ; les étanùnes , au nombre de dix , sont dis^ GAI 3.;7 tinctes, inclinées, et légèrement velues à leur extrémité in- férieure et interne ; l'ovaire supérieur est porté par un petit pedicelle, et terminé par un slyle de la longueur des éta- mines ; il se change en une gousse oblongue , aiguë , très- comprimée , et bordée dans sa suture supérieure (Tune aile étroite et membraneuse; à cette suture sont attachées plu- sieurs semences ovoïdes et plates. Ce genre comprend deux arbres de moyenne grandeur, dont les feuilles en cœur, alternes, sont toujours précédées par les (leurs , qui naissent en faisceaux sur les branches et le tronc. (iAÎNIER COMMUN, Cera's siliquaslrum , Linn. C'est un pe- tit arbre très-agréable à voir lorsqu'il est en (leur. Il croît spontanément en Espagne, en Italie et dans le midi de la France. Les Espagnols et les Portugais l'appellent arbre d'a- mour; et le nom de gantier lui vient de la forme de ses gousses, faites comme des gaines de couteau. 11 s'élève à la hauteur de vingt à vingt - cinq pieds, avec une lige cou- verte d'une écorce brune, et divisée en plusieurs branches irrégulières , garnies de fiMiilles lisses, arrondies , échancrées en cœur à leur base , et supportées par de longs pétioles. Ces feuilles ne se développent tout-à-fait qu'après l'entier épanouissement des fleurs, qui paraissent avant elles , et qui naissent en grappes ou en faisceaux sur les parties latérales des branches, et souvent même sur le tronc de l'arbre. Leur couleur est rouge , et d'un pourpre rose éclatant ; quelquefois elles sont blanches. Elles paroissent en mars , et conservent leur éclat pendant près d'un mois ; comme elles ont une saveur piquante et agréable , on en assaisonne les salades ; et plusieurs oiseaux, les moineaux surtout , se plaisent à les becqueter. Les gousses qui les remplacent , restent pendantes à l'arbre jusqu'au retour de la belle saison; elles contiennent neuf ou dix semences ovoïdes , comprimées, dures et rou- geâtres. Le gaînier est un des plus beaux arbres qu'on puisse cultiver pour l'agrément. Ses feuilles, grandes et belles, ne sont pas sujettes à être dévorées par les insectes; mais il gèle quelquefois dans le climat de Paris , et il se charge au printemps d'une si grande quantité de Heurs , que ses bran- ches en sont toutes couvertes. Il peut servir à former des pa- lissades, à couvrir des cabinets ou des tonnelles. Il est aisé à élever de semence, et il n'est pas délicat sur le choix du terrain. Il se plail pourtant de préférence d;.:is un sol un peu Bis, Chelone glahra , Linn., dont les feuilles sontpétiolées , lancéolées, dentelées, et les inférieures al- ternes. La Galane a panicule , Chelone penstcmon , Linn. , dont Ïoluc XII. 2 3 354 G A L les feuilles sont amplcxicaules, lance'ole'es, presque entières; les fleurs paniculees , et le filament stérile, barbu. Je les ai toutes deux fréquemment observées en Caroline , dans les terrains améliorés parles alluvions , sur le bord des bois humides. La Gal.\ne barbue dont les feuilles radicales sont spa- thulées, les caulinaires lancéolées; la corolle rouge et à lèvre inférieure velue. Elle vient du Mexique. On les cultive toutes trois dans nos jardins. On les multi- plie par le semis de leurs graines ou par le déchirement de leurs racines. Elles fleurissent fort tard en automne , et sont susceptibles d'être frappées par les premières gelées , ce qui doit restreindre et restreint , en effet , leur culture. (B.) GALÀNCxA ou LANQUAS, Maranta, Linn. {Monan- drie monogynie. ) Genre de plantes à un seul cotylédon , de la famille des drymirrhizées, qui se rapproche des Amomes , et qui comprend des herbes exotiques , dont les feuilles , sim- ples et alternes, embrassent la tige par leur base , et dont les fleurs sont terminales et disposées en grappes lâches ou en panicules. Ses caractères sont d'avoir: un calice court, placé sur le germe , et divisé en trois parties; une corolle monopé- tale en tube, terminée par un limbe découpé en quatre , cinq ou six segmens inégaux ; une seule étamine , formée d'une anthère linéaire attachée à une languette membraneuse ; un ovaire arrondi , surmonté d'un style aussi long que la co- rolle , à stigmate triangulaire et courbé. Le fruit est une capsule ronde ou ovoïde , à trois valves et à une loge , con- tenant une ou plusieurs semences rudes et dures. V. les mots Alpinie et Thalie. Le Galanga OFFICINAL , Maranta galanga, Linn. C'est une plante vivace des Indes orientales , qui croît ordinairement dans les lieux humides. Sa racine est employée depuis long- temps en médecine. V. pi. 1). 29. L'huile pure qu'on tire des rieurs de galanga , dans les Indes, est aussi rare que précieuse. Bomare dit que M. Tron- chin en reçut, en 1749* du gouverneur de Batavia , une très-petite quantité, mais d'une qualité si parfaite , qu'une goutte suffit pour embaumer admirablement deux livres de thé. Le Galanga de l'Inde , Maranta indica , diffère peu de l'officinal , et provient des mêmes pays. On le cultive au- jourd'hui à la Jamaïque , pour ses racines qui , cuites , sont un mets très-agréable , et dont on tire une fécule en- core meilleure qui sert à faire des crèmes et autres pré- parations culinaires. V. Fécule. La racine fraîche et la fécule de cette plante , sur laquelle G A T 355 M. de Tussac a fait une dissertation très-intéressante, qu'il «a inséra (I ans le Journal de botanique , sont en ce moment L'objet d'un commerce de quelque importance entre la Ja- maïque et l'Angleterre. GaLVNGA A FEUILLES DE BALISIER, Maranta arundlnacea , Linn. Plumier a le premier découvert celle plante dans l'ile de Saint-Vincent , lune des petites Antilles ; elle croît dans les lieux humides el voisins des ruisseaux. Aublet dit qu'à la Guyane Les Caraïbes la cultivent près de leurs Habitations, et en mangent la racine cuite sous la cendre , pour faire passer Les fièvres intermittentes, lisse servent également de cette racine comme d'un spécifique contre les blessures faites par des flèches empoisonnées; ils l'écrasent et lappiîpient, en formé de cataplasme* sur la p.irlie blessée; elle attire le poison et guérit la plaie, pourvu qu'elle ait été appliquée assez tAi Cette propriété, et l'usage que ces Indiens font des tiges de la mê ne pi mie , pour en former le corps de leurs flèches , a fait donner à cette espèce de galanga le nom de ros-au à flèches ou herbe aux flèches. Les Caraïbes l'appellent tuut/u' i; Ils en fonl aussi îles corbeilles el despagaras, espèces de p miers dans lesquels ils enferment leurs petits meubles. Celle plante a à peu près le port d'un balisier. Sa racine est vivace , noueuse , et garnie de fibres longues, blanches , tendres et rampantes. Elle pousse trois ou quatre liges droites, effilées, grosses comme le doigt, hautes de trois ou quatre pieds , el couvertes par les gaines des feuilles. Les feuilles sonl amples , aiguës , quatre fois plus longues que larges , d'une texture membraneuse et d'un vert gai ; elles se roulent d'elles-mêmes aussitôt qu'elles sont cueillies. Les rameaux noueux, articulés, et étendus en panicule lâche , portent , à leur sommet , de petites fleurs blanches dont la corolle est découpée en six parties ; à ces fleurs succèdent des fruits rou- geàtres de la grandeur environ d une olive , et contenant une graine blanche et raboteuse. Il v a encore le Galanga effilé , Maranta juncea , Lam. , qui pousse plusieurs hampes très-droites, lisses, sans nœuds, et hautes d'environ dix pieds; ses feuilles sont ovales et pétio- lées ; ses fleurs , qui sonl rouges, ont leur corolle découpée en cinq segmens , el un pédoncule commun , recouvert d'é- cailles membraneuses et rougeâlres. Le Galanga jaune , Galanga Iniea , Lam. , à tige nue , à épis écailleux et à fleurs jaunes; ses feuilles radicales sont amples, lancéolées, droites, et portées par de très-longs pétioles ; ses fruits contiennent trois semences. Ces deux gahmgns croissent aux Antilles et à la Guyane , dans les lieux aquatiques et marécageux. Le pre-i «lier porte, dans Je pays, le nom darouma ou aruman , et 356 G A L ses racines se mangent sous le nom de topinambour; et le se- cond celui de cachibou. Les Indiens fendent leur tige en la- nières pour en faire des corbeilles , et autres meubles utiles. Les galangas sont des plantes de serre-chaude. On les mul- tiplie par leurs racines rampantes. Il leur faut une terre riche et légère, (d.) Galanga, Rumph., Amb.r5 ,' t. 63, ou Maranta galanga , Linn., est un alpinia pour Willdenow. Ce naturaliste réunit le Galanga de Malacca de Rumph., Amb. 5, t. 71 , f. 1, au genre maranta, décrit dans ce Dictionnaire au mot ga- langa. Le kœmpferia galanga, Linn., Willd., est un troisième Galanga nommé sonchorus par Rumphius , et katsjula ke- lengu par Rheede. (ln.) GALANGA. On appelle ainsi la Lophie baudroie, (b.) GALANGA DE MARAIS. Ce sont le Souchet odo- rant, le Scirpe maritime , le Choin marisque , quelques Laiches, et plus rarement la racine de la Millefeuille, ou celle de I'Acorus. (ln.) GALANGA (petit). C'est Yaponogeton monostachyon. (LN.) GALANT D'HIVER. V. Galantine, (b.) GALANT DE JOUR et GALANT DE NUIT. Ce sont les noms que donnent les jardiniers à deux espèces de Ces— treaux, dont l'une fleurit le jour et l'autre la nuit Le galant d'hiver est la Galantine, (b.) GALANTHUS. Fleur de Lait , en grec. La couleur blanche des fleurs de la galantine, galanthus nivalis , explique ce nom que Linneeus lui a donné , soit pour cette même cause , soit parce qu'elle fleurit en hiver. Adanson , pen- sant que cette plante est Vakrucorion de Pline , substitue ce nom au genre galanthus, Linn. , auquel Haller réunit le leucojum vernum , L. (ln.) GALANTINE , Galanthus. Plante de l'hexandrie mono- gynie , et de la famille des narcissoïdes, dont la racine est bulbeuse, tuniquée; les feuilles longues, étroites et obtuses; la fleur solitaire , penchée , blanche , portée sur une hampe grêle , et sortant d'une spathe monophylle. Cette plante forme seule un genre , qui a pour caractères : «ne corolle presque campanulée , formée par six pétales , dont trois extérieurs sont oblongs, presque obtus, blancs , légèrement rayés , et trois intérieurs plus forts, plus épais , verdâtres et échancrés en cœur ; six étamines insérées sur une glande calicinale qui recouvre l'ovaire, et dont les anthères sont conniventes ; un ovaire inférieur, duquel naît un style «ie la longueur des étamines çt à stigmate simple; une cap- G A L 357 suie ovale, obtuse, friloculaire, trivalve , qui contient plu- sieurs semences globuleuses. On trouve cette plante dans les prés montagneux et cou- verts de la partie moyenne de l'Europe. Elle fleurit dès le commencement du printemps, souvent lorsque la terre est encore couverte de neige , d'où on l'a appelée perce-neige. On la cultive dans les jardins d'ornement, où elle a doublé. Elle se multiplie par la séparation de ses caïeux , et on la cultive comme la nivéole. V. ce mot. (b.) GALANTINE DES JARDINS. C'est I'Ancolie dont les fleurs paroissent au premier printemps, (ln.) GALARD1ENNE, Galardia. Très-belle plante de la syngénésie polygamie frustranée, et de la famille des corym- bifères , qui seule forme un genre voisin des Rudbèques et Oies, Coriopes. Sa tige est baute de deux à tr^s pieds , rameuse , hispide ; ses feuilles radicales sont oblongues , spathulées, grossière- ment crénelées et âpres au toucher ; celles de la lige sont alternes, ainplexicaules , oblongucs, bordées de quelques dents ou crénelurcs anguleuses , légèrement velues. Les pé- doncules sont simples , nus , longs , terminaux et uniflores. Chaque fleur a un calice commun , à folioles linéaires , aiguës , ciliées à leur base , et disposées sur deux ou trois rangs; des fleurons hermaphrodites très-nombreux au centre ; des demi-fleurons stériles à languclle large, cunéiformes, et profondément trifides à la circonférence; tous portés sur un réceptacle légèrement convexe et chargé de paillettes. Le fruit consiste en plusieurs semences turbinées, couron- nées , chacune , de cinq à huit paillettes aiguës et scarieuses qui forment leur aigrette. Cette plante est originaire de la Louisiane , et est très- propre à l'ornement desparterres, par la grandeurdesesfleurs et la vivacité de leurs couleurs : les demi - fleurons étant d'un beau pourpre vers leur base et jaunes à leur sommet. Malheureusement elle est annuelle , et ses graines avortent fréquemment ; de sorte qu'après avoir été très - abondante dans les jardins de Paris , elle y est devenue très-rare. C'est le Calonnée de Buchoz et le Virgihe de Lhéritier. Une seconde espèce, la Galardietsne frangée, a été découverte depuis par Michaux, (b.) GALARICIDE. V. Galactite. (pat.) GALARIPS. Nom sous lequel Allamand a fait cortnoître une plante grimpante d'Amérique, qu'ensuite Linnseus lui dé- dia; c'est Y allamanda cathartii a , quWubl et nomme orelia gran- di flora. Cette plante est mentionnée par Barrère dans son Histoire de la France êquinoxiale. Il dit qu'on la nomme LlANE 358 G A L A lait. En effet , elle grimpe comme toutes les Hunes , et elle est remplie d'un sur laiteux ; caractère propre à la fa- mille des apocinées à laquelle elle appartient. (LN.) G \L.\T H ÉE.G«fo#/«*,Fab. Genre de crustacés, de Tordre des décapodes , famille des macroures , tribu des anomaux , ayant pour caractères : les deux pieds postérieurs beaucoup plus petits que les autres, filiformes, repliés ; queue terminée par des feuillets natatoires, connivens , étendue ou simple- ment courbée à son extrémité; antennes latérales longues , sétacées , sans écaille à leur base; les mitoyennes saillantes ; pieds -mâcboires extérieurs point dilatés à leur base; test ovoïde ou oblong (rugueux) ; yeux gros, situés, un de chaque côté, à la base de la saillie , en forme de bec ou de pointe, de son extrémité antérieure ; les deux pieds antérieurs beau- coup plus grands que les autres, en forme de serres al- longées. Les galathées se rappro#jent des crustacés décapodes , que j'ai nommés anomaux, à raison de leurs pieds posté- rieurs très-différens des autres et pour la grandeur et pour leur usage ; ils sont beaucoup plus petits , grêles, plies en double sur eux-mêmes, et terminés par un article inulique et garni de poils , ce qui paroît indiquer qu'ils peuvent servir à la nata- tion. Ce genre et celui des porcellanes sont les seuls de la même tribu dont la queue offre, à son extrémité, des feuillets se réunissant pour former une nageoire en éventail , comme dans les écrevisses et les macroures suivans ; la pièce du milieu est divisée par des sutures , et très-échancrée ou bi- lobée. Dans les porcellanes, la queue étant exactement ap- pliquée contre la poitrine, comme celle des brachyures, ne paroît pas joiï qu'on regarde l'animal en dessus ; le test est presque c,;,'..ieulaire ; les yeux sont écartés: les antennes in- termédiaires sont logées en dessous dans des fossettes; le ser cond article des pieds-mâchoires extérieurs s'élargit au côté interne ; les serres sont remarquables en ce que la pince ou la main est presque triangulaire , et que l'article qui la précède et qu'on appelle le carpe , est plus grand que tous les inférieurs ensemble. Les galathées n'offrent point ces ca- ractères, et paroissent , au premier aperçu, se rapprocher davantage des écrevisses ; mais elles n ont que les deux pieds antérieurs en forme de serres, et les deux derniers différent des précédera ; les antennes intermédiaires , quoique sail- lantes , sont terminées par deux divisions très-courtes , su- bulées et portées sur un long pédoncule , ou ressemblent , à leur longueur près , à celles du même rang des bracbyures. Le test de ces crustacés est déprimé ,' divisé par des inci- sions nombreuses , transverses et ciliées ; leijrs serres sonj G A L 359 forl longues , avancées et garnies de poils , de tubercules ou d'épines ; on en voit aussi sur les autres pattes. Les individus des deux sexes sont presque semblables , quant à la forme générale des corps. On n'a pu observer les habitudes de ces animaux. M. Risso dit , que leur natation est vive , et qu'en repos durant le jour, ils ne sortent qu'au commencement de la nuit. Ils sont très-bons à manger, et on les pèche presque toute l'année sur la côte de Nice. « Ayant eu occasion, dit M. Bosc ( i.re Edit. de cet Ou- vrage), de prendre plusieurs galathées de différens âgés , et d éludier leur composition sur le vivant , j'ai quelques motifs de croire que leur accroissement ne se fait pas comme celui des autres crustacés, par le renouvellement complet de leur enveloppe, mais par la dislocation générale de toutes leurs articulations ou écailles, et par la production rapide de la- mes intermédiaires qui se soudent aux anciennes. 11 faut , sans doute , des expériences pour assurer un fait physiolo- gique de celte importance , et on doit désirer que quelque homme instruit veuille bien en faire sur les galathées de nos mers, qui ne sont point rares, surtout dans la Méditerranée. Il faudroit opérer à la manière de Réauinur. ( V. au mot Crustacé et au mot Écrevisse). Cette reproduction sup- posée du test des galalhéespeul être comparée à celle de celui desB.VLANES.» Ces soupçons ne me paroissent pasfondés. Le lest des galathées , malgré les impressions qui rendent sa surface comme écailleuse , a une conformation parfaitement analogue à celle du test des écrevisses et des autres ma- croures , et dès lors son renouvellement doit être le même. Rondelet a mentionné une espèce de ce genre sous le nom de lion , donné, par Athénée et Pline , à un crustacé macroure de la Méditerranée. Il ne parle point de la gala- thée striée; la figure que cite , à cet égard , M. Risso, se rap- porte évidemment à notre écrevisse de mer ou le homard. Mais Aldiovande , de Cnist., lib. i , pag. 123 , a représenté Celle galalhée et celle que M. Léach nomme porte - écailles , probablement la galaÛiée glabre de M. Risso, sans parler de l'espèce de Rondelet, dont il a copié la figure. M. Léach a divisé ce genre d'après la manière dont se termine antérieurement le lest, d'après la forme des serres, celle des saillies latérales, des tablettes delà queue et de la pièce intermédiaire de sa nageoire , et encore d'après la composition du pédoncule des antennes, et les longueurs relatives des deux premiers articles des pieds-mâchoires ex- térieurs , qu'il appelle pieds-pulpes. La Galatrée REGLEUSE , Gulathra rngo*a , Fab ; le 36o G A L lion, Rond., Hist. des Poissons, pag. 3go ; Léach. ; Malac. Brit. , tab. 29 , se distingue par ses serres fort longues et cylindriques, et surtout en ce que son test n'a point de bec proprement dit en devant ; on y voit trois épines plus re- marquables, dont celle du milieu est beaucoup plus forte que les latérales. On trouve cette espèce dans la Méditerra- née et dans la Manche, ainsi que les deux suivantes. Galathée striée, Galathea slrigosa, Fab. ; pi. D i5. 5. de cet ouvrage ; Galathea spini géra , Léach , ibid ^ tab. 28. B; Aslacus similis pediculo marino , Aldrov. de Crust. , lib. 2 , pag. 123, fig. à gauche. Son corps est quelquefois d'un rouge assez vif, ponctué de blanchâtre ; son bec s'avance nota- blement au-delà des yeux , a trois épines de chaque côté T outre celle du bout qui est plus forte ; les serres sont très- velues, avec des épines nombreuses, sur une partie de leur dessus et le long de leurs bords , jusqu'au bout des pinces; les doigts sont comprimés et peu écartés l'un de l'autre , lors- qu'ils sont fermés. Galathée porte-écailles, Galathea squamifera, Léach. ; ibid, pi. 28 A ; galathée glabre ? Riss. ; Aldrov. ilid , fig. à droite ; son corps est d'un brun verdâtre ; son bec est plus court que dans l'espèce précédente ; les serres sont chargées de tubercules ciliés , et n'ont d'épines remarquables que dans la partie inférieure de leur bord interne ; les doigts des pinces sont plus étroits que ceux de la galathée striée , et plus écartés entre eux ; l'ouverture forme un ovale étroit. M. Risso a trouvé dans des excavations des environs de Nice , et dans un sol calcaire argileux , un crustacé dont il a fait une espèce de galathée, sous le nom d' Antique. Elle m'est inconnue, (ln.) GALATHÉE, Galathea. Genre de coquille, établi par Lamarck dans la classe des Bivalves , et qui offre pour caractères : coquille bivalve , équivalve , régulière , subtri- gone ; deux dents cardinales, rapprochées sur la valve droite, avec une cavité en devant ; deux dents cardinales, écartées sur la valve gauche , et en devant une grosse callosité inter- médiaire sillonnée ; dents latérales médiocres ; nymphes proéminentes ; ligament extérieur très-bombé. Ce genre , qui se rapproche de celui des Vénus et des Mactres, et encore plus des CYCLADES,ne renferme qu'une espèce, la Galathée a rayons, qu'on trouve dans les rivières de l'Inde, et qui est figurée pi. 28 des Annales du Muséum. Elle est blanche , avec des rayons violets. Son diamètre est d'environ trois pouces, (b.) G A L 36* GALATïONdeDioscoride. Adanson rapporte cetteplante aux Gaillets , Galium. (ln.) GALAX , Galax. Plante de Virginie , dont les feuilles sont radicales, la tige nue , les fleurs disposées en épis ter- minaux, et qui forme seule un genre dans la pentandrie mo- nogynie. La Heur offre un calice de dix folioles , dont les extérieures sont plus courtes et alternent avec les autres ; une corolle monopétale , hypocralériforme , à tube cylindrique, à limbe plane , divisé en cinq découpures obtuses ; cinq étamines , dont les anthères sont conniventes ; un ovaire supérieur , ovale , velu , surmonté d'un style semi-bifide , à stigmates arrondis. Le fruit est une capsule ovale , uniloculaire , bivalve , co- lorée , s'ouvrant avec élasticité , et coutenant deux semences ovales , convexes , calleuses , et qui semblent n'en former qu'une. Michaux croit que cette plante est la même que celle qu'il a figurée sous le nom d'ERYTiiRORUiZE, quoique leurs carac- tères ne soient pas les mêmes. Elle ne diffère pas non plus du Blanfordie d'Andrews , et du Viticelle de Micheli. V. Glaux. (b.) GALAXAURE , Galaxaura. Genre de polypiers phy- toïdes , dichotomes, articulés, fistuleux, cylindriques, à cellules invisibles, établi parLamouroux aux dépens des Co- rallixes de Linnspus et des Sertulaires d'Esper. Lamouroux rapporte à ce genre dix espèces , toutes des mers des pays chauds. La plus commune d'entre elles est la Galaxaure rugueuse , figurée par Solander et Ellis , tab. 22 , n.° 3 , et qui vient des mers de l'Amérique. Ses articu- lations sont cylindriques , annelées, légèrement rugueuses, et aplaties à leurs extrémités, (b.) GALAXIAS. Voyez Galaxie, (desm.) GALAXIE. C'est un des noms des AéroHthts ou Mélèoro- lithes , nommés aussi Chalasie , Céraunie , etc. (LUC.) GALAXIE , Galaxia. Genre de plantes de la monadel- phie triandrie , et de la famille des iridées , qui présente pour caractères : une corolle monopélale, infundibuliforme , à tube filiforme et à limbe presque campanule, régulier, par- tagé en six découpures , dont trois extérieures ont une petite fossette nectarifère à leur base ; trois étamines dont les fila- mens sont soudés les uns aux autres; un ovaire inférieur obtu- sément triangulaire , chargé d'un style filiforme à trois stig- mates multifides ; une capsule oblongue , presque cylindri- que , marquée de trois sillons , triloculaire , trivalve , et qui contient plusieurs semences fort petites. 3j2 G A L Ce genre comprend trois espèces , qui sont de petites plantes bulbeuses , à feuilles simples et radicales , à bampe courte et uniflore, dont deux sont propres au Cap de Bonne- Espérance, et l'autre au détroit de Magellan, (b.) GALAXIE, Galaxias. Sous-genre de poissons établi par Cuvier, aux dépens des Ésoces. 11 ne renferme qu'une espèce qui n'a pas encore été décrite. Ses caractères sont : corps sans écailles apparentes ; dents pointues et médiocres aux mâ- choires, dont la supérieure est presque toute formée par fos in- termaxillaire ; quelques fortes dents crochues sur la langue, (b.) GALAXIE. Les anciens astronomes ont donné ce nom à la Voie lactée. V. ce mot, cèGalactite. (pat.) GAL - AYL. Nom arabe du Laiteron oléracé , Sonchus oleraceus , L. (LN.) GALBA. Ver qui , d'après Suélone , naît dans le chérie vert. (DESM.) GALBANON de Dioscoride , est , dit-on , la même plante que nous nommons Bubon galbanifère. V Galbanum. (ln.) GALBANUM. C'est une substance végétale , grasse , et d'une consistance molle , ductile comme de la cire , à demi- transparente , et qui semble tenir en quelque sorte le milieu entre la gomme et la résine. Selon qu'elle est plus récente et pure , elle est ou blanchâtre , ou jaune , ou rousse , ou gris- de-fer. Sa saveur est atnère et médiocrement acre , son odeur aromatique et forte ; elle est inflammable , demi-soluble dans l'eau froide , soluble dans l'esprit-de-vin , les jaunes d'œufs, le sirop , le miel , et en grande partie dans les huiles , les graisses et dans l'eau chaude. Cette gomme-résine découle avec ou sans incision d'une plante qu'on soupçonne être le Bubon galbanifère, bubon galbanum, Linn. ( Forez Bubon.). Elle nous vient de Syrie, de la Perse et de quelques autres endroits du Levant. On l'ap- porte en larmes pures , ou en pains visqueux remplis d'im- puretés. On attribuoit autrefois beaucoup de vertus au galbanum , et il étoit fréquemment employé en médecine , soit intérieu- rement, soit sous la forme d'onguent ou d'emplâtre. Mais le succès de ce remède ne répondoit pas toujours à l'attente. Il manque d'observations , dit \ilet {Pharmacopée de Lyon'), pour constater ses prétendues propriétés. On le prépare en le pulvérisant et tamisant, et en l'incorporant avec du sirop , ou en le faisant dissoudre dans un jaune d'œuf ; la dose est depuis dix grains jusqu'à une drachme, (d.) GALBÂNUS. Juvénal nomme ainsi le Galbanum. (ln.) GALBERO ou GARBELLA. Nota italien du Loriot ïj rope. (desm.) G A T, 3G;> GALBULA et GALBULUS. L'un des noms latins du Loriot, désigné dans Linmeus et Lalhaui sons la dénomina- tion spécifique d oriohis gullmla. Voyez. Loutor. Moehring a appliqué la dénomination de galbula an jaca- mar, et les ornithologistes modernes font adoptée. V. Jaca- mar. (s.) GALBULE, Galbulus. Sorte de fruit propre aux Pins et aux CyI'RKs. Voyez ces mots. V. Erltt, section troisième , comprenant les fruits agrégés. (B.) GALBULUS. C'est l'un des noms du Loriot, (s.) GALDEBAERctGALLLBAER.CesilaBnYoNE(%o- nia all/a) , en Danciiiarck. (EN.) GALE. Nom du Poulet, dans quelques cantons de la France, (desm ) GALE, Myiira. Genre de plantes de la dioécie lélran- drie , et de la famille des amentacées, dont le caractère •■•■ u- sisle à avoir les (leurs mâles et les fleurs femelles sur r'es pieds distincts, et disposées en chatons imbriques d'écail'os. Chaque écaille ovale , un peu pointue, concave , recouvre , dans les (leurs mâles, quatre ou six élamines à anthères di- dymes, et dans les lleurs femelles, un ovaire supérieur ovoï- de, surmonte de deux styles filiformes à stigmates simples. Le fruit est une petite haie ovoïde ou globuleuse, unilocu- laire » et qui contient une seule semence. Ce genre renferme une douzaine d'espèces, dont une seule est indigène. Ce sont des arbres de moyenne grandeur, ou des arbrisseaux, à feuilles alternes, parsemées de points ré- sineux, et à (leurs axillaires qui paroissent avant le dévelop- pement des feuilles. Les plus remarquables sont: Le Galé odorant, Myrica gule, Linn., dont les feuilles sont lancéolées, dentelées à leur pointe , et l$* liges frutes- centes. Il croit en Europe, dans les lieux marécageux. Toutes ses parties, surtout ses fruits, ont une odeur iorte, aroma- tique, et absorbent plus que la plupart des autres plantes, lair impur ou L'hydrogène des marais. Ons'en servoil autre- fois en guise de thé, maison a reconnu que l'usage en étoit dangereux pour le cerveau. On l'appelle vulgairement le piment royal. Le Galé cirier , My rira ceri 'fera , Linn., a les feuilles ovales, lancéolées, dentelées à leur extrémité , et les tiges ^arborescentes. 11 croit naturellement dans les marais, sur le bord des rivières , dans l'Amérique septentrionale. J'ai observé dans son pays natal, c'esl-à-dire en Caroline, 364 G A L que la grande et la petite espèce ne sont que les extrêmes d'une suite immense de variétés. Il a encore plus que le pré- cédent la propriété d'améliorer l'air des marais. Lorsqu'il fait chaud, il répand une odeur résineuse forte , qui porte à la tête , mais qui est sans danger , et qui est même quelquefois agréable. Lorsqu'on met ses fruits sous une claie ou dans un sac au fond d'un vase d'eau bouillante , l'espèce de cire farineuse qui le revêt, se fond, monte à la surface , d'où on l'enlève pour en faire des bougies qui répandent en brûlant une odeur agréable, mais qui, à raison dé leur couleur verle, donnent «ne lumière triste. Quoique cet arbuste soit excessivement abondant dans la basse Caroline, et qu'il ne coûte , à qui en veut, que la peine d'en ramasser la graine , les bougies qu'on en fait reviennent plus cher , à Charlestqn , que les chan- delles de suif; en conséquence, on n'en brûle point dans la ville , ni dans ses environs. II n'y a que les nègres esclaves qui s'occupent quelquefois de cette récolte pour leur usage seulement. Je ne crois donc pas qu'il soit avantageux, comme on l'a prétendu , de le multiplier en France pour en tirer parti sous ce rapport. On cultive fréquemment une variété de ce gale , sous le nom de gale du Canada, dans les jardins, en Europe. Cette variété supporte fort bien la rigueur de nos hivers et se mul- tiplie ou par graine ou par éclat de ses racines , ou par mar- cottes : je dis variété, quoique je sois convaincu qu'elle est espèce, parce qu'il est difficile de lui attribuer des carac- tères différentiels suffisans. V. pi. D 29, où elle est figurée. Le Gale À feuilles de chêne a les feuilles ovales, cu- néiformes, sinuées, dentelées , obtuses , et les découpures souvent anguleuses.il croît au Cap de Bonne-Espérance. Les Hottentqts retirent de ses fruits une cire analogue à celle de l'espèce précédente. Il se cultive dans nos orangeries. Le Gale du Japon a les feuilles lancéolées et entières. On le cultive dans le Japon , sous le nom de nagi , à raison de la beauté de son feuillage, (b.) GALE. Tournefort et Adanson donnent ee nom au genre myrka de Linn., maintenant divisé en deux: l'un' le myrica proprement dit ( V. Gale, ci-dessus), fondé sur le chamœ- eleagnus de Dodonée ; le second, le nageia de Gsertner, fondé sur le myrica nagi de Thunberg, et sur le buxus dioïca de Forsk. Petiver plaçoit avec les gales le compionia asplenifolia , senti- timent de Linnœus avant qu'il eût fait un liquidambar de cette plante. Le coriotmgemaiodendros de Plukcnet répond au genre actuel myrica. (ln.) J). 2d (>//; c.witr/ . .'/■ (rtryac o/fict/iaf . Oft/e cfreer ma/e ef/èm* /• (htiçemfire ////r//)//<>// /ti/ '/■/■/h;'.:'./ <ï//;■ . G A L 377 petit que le pre'cédent ; sa tête est à proportion plus grosse , et son museau plus allongé et plus tendu. 11 est d'une cou- leur obscure et variée de diverses nuances; des points blancs sont semés sur ses jambes; il y en a aussi deux entre les yeux. On ignore dansquelpays se trouve cette petite espèce, dont le seul individu que Ton connoisse est conservé dans la col- lection du Muséum d'Histoire naturelle. Audebert {Histoire des singes et des makis) remarque avec raison que la petite taille de cet individu, la grosseur de sa tête et la variété de son pelage , semblent annoncer qu'il étoit dans le jeune âge , et qu'il n'est peut-être , en effet , qu'un jeune galéopilhèr/uc , de l'espèce précédemment décrite. Troisième Espèce. — GaLÉOPITHÈQUE de TERNATE ( Ga- leopilhecus tematensis) , Geoffr. M. Geoffroy admet encore cette espèce d'après la description très-incomplète qu'en donne Séba, thés. i. p. 93, pi. 58 , fig. 2 et 3. Elle a le corps couvert d'un poil serré , court et doux comme celui de la tau- pe , d'un roux-gris , plus foncé en dessus qu'en dessous. Sa queue est légèrement tachetée, (desm.) GALEOPSIS, Figure de belette, en grec, à cause de la forme des fleurs. Cette plante <îe Dioscoride est un arbuste semblable , pour la tige et les feuilles à 1' Ortie ; ses feuilles exhaloient une forte odeur lorsqu'on les frottoit avec la main ; et les fleurs étoient pourpres. La plante naissoit dans les haies. Pline est d'accord avec Dioscoride. Galien ne parle pas de ce végétal, qui semble devoir être un Lamium, autre genre qui doit son nom à la forme de sa corolle comparée à la figure d'une lamie et dont les espèces ressemblent assez à Y ortie pour justifier le nom vulgaire d'orties mortes qu'elles portent. Peut- être est-ce I'Épiaire des BOiS,Stachyssylvatica, Linn., nommé Galeopsis légitima par Clusius ; peut-être un phlomis. Ce nom de galeopsis désigne non-seulement des lamiers, dans les ouvrages de botanique, mais aussi des sideriiis, des leonuriis, des germanea, etc. Le genre galeopsis de Tournefort com- prenoit des galeopsis et des sfachys de Linnseus. Adanson rap- porte à son galeopsis le stachys germanica, Linn., et le glecho- mahederacea ouLœrre terrestre. Enfin le genre Galeopsis tel que Linnseus l'avoit reconnu dans sa première édition du Systema naturœ, se trouve maintenant divisé en deux, galeopsis et galeobdolon , et même en trois si l'on admetle tetra hit àWàaxi- son et de Moënch.Enoutr* les espèces qu'il avoit d'abord re- gardées comme des Lamiers et des Agripaumes, ont été repor- tées dans ces genres. V. Galéope. Galiopsis et galeopseis sont des synonvmes de galeopsis. (ln.) _ GALEORHIN, Galeor-hinus. Sou^-gcnrc établi parBIai» ville aux dépens des Squales. 37S G \ L Les Squales MiLANDREet Émissole lui servent de type, (b.) GALEOTE. Reptile du genre des Iguanes, (b.) GALEPHOS de Dioscoride. V. Galeobdolon. (ln.) GALERA. Mammifère carnassier indiqué par Brown, et qui paroît être le même que le taira, espèce de Glouton. V. ce mot. (desm.) . GALERAND. Nom breton du Butor, (v.) GALERE. C'est le nom que les matelots donnent à la Physalide et à la Vellelle, parce qu'elles ont un peu la forme d'un navire, (b.) GALÈRE. Coquille du genre de r Argonaute, (b.) GALERE. Les Éphémères ont reçu ce nom dans quel- ques cantons, (desm.) GALERITA. C est, en latin, I'Alouette huppée. Varron désigne le cocheois , par le mot galeritus. Galerila varia , dans Fabricius, est le Jaseur. (s.) GALERITA. C'est le Petasites, espèce de tussilage. (ln.) GALERITE, Galerila, Fab. Genre d'insectes, de Tordre des coléoptères , section des penlamères , tribu des cara- biques, ayant pour caractères : élytres tronquées à leur ex- trémité ; jambes antérieures échancrées au côté interne ; tête ovoïde, entièrement dégagée et tenant au corselet par une sorte de nœud ou de rotule; corselet en forme de cœur tronqué ; dernier article des palpes extérieurs plus grand, presque sécuriforme ; languette trifide ; divisions latérales petites , en forme d'oreillettes ; milieu du bord supérieur de l'intermédiaire avancé en pointe ; antennes sétacées , avec le premier article long; pénultième article des tarses bilobé ; corps assez épais, ou n'étant point très-aplati. Fabricius a établi ce genre sur un insecte qu'il avoit placé, dans les premières éditions de son Entomologie , avec les carabes, et qu'il avoit distingué sous le nom à'americanus. 11 lui associe plusieurs autres espèces de la même tribu , sem- blables sous quelque rapports, mais très- différentes sous d'autres , et qui composentmaintenant les genres Zuphie, Po- LYSTïchus, Siagone et celui d'HELLUO , carabiques dont le corps est très-aplati. M. Clairville {Entom. hehet., t. 2), a cité et figuré pour exemple du genre galerita , l'espèce que Fabricius nomme, d'après Rossi , olens ; mais il est aisé de voir que ces caractères ne cadrent pas avec ceux que ce dernier lui assigne. Il faut donc restreindre ce genre à la galérite américaine et à celles qui présentent une conformation absolument identique. Les galérites ont de grands rapports avec les insectes de la même tribu que j'ai désignés sous le nom général de bom- bardiers ; peut-être ont-elles aussi les mêmes propriétés. Ou- tre l'espèce citée plus haut , j'en connois deux autres égale- G A L 379 ment propres à l'Amérique ; l'une rapportée de la Nouvelle- Espagne par MM. Humboldt etBonpland, et l'autre décou- verte à la Guadeloupe par M. l'Herminier, et qu'il a eu la complaisance de m'envoyer. La Galerite américaine , Galerila amerirana , Fab. ; Oliv. Col. , totn. 3, n."35, planche 6 , Jig. 72, a près de neuf lignes de long. Son corps est noir , avec le premier article des antennes, le corselet et les pattes fauves ; les ély- tres sont d'un noir bleuâtre obscur, un peu soyeuses , avec des lignes enfoncées , peu profondes et longitudinales. On la trouve aux Etats-Unis. Voyez pour la galerite odorante , mentionnée dans la pre- mière" édition de cet ouvrage , les articles : Polystichus et Zuphie. (l.) GALERITE , Galerites. Genre établi par Lamarck aux dépens des Oursins. Ses caractères sont : corps élevé , conoïde ou presque ovale; ambulacres complets , formés de dix sillons qui rayonnent par paire du sommet à la base ; bouche inférieure et centrale; anus dans le bord. L'OuRSiNVULGAiRE,quise trouve si fréquemment fossile en France et ailleurs, sert de type à ce genre , qui, dans l'ou- vrage de Lamarck , contient seize espèces , toutes fossiles. Klein avoit appelé ce genre Conule. (b.) GALERO, GHIRO,GLlERO. C'est le Loir, en Italie. (s.) GALERUCITES , Galeniatœ. Tribu d'insectes coléop- tères télramères, de la famille des cycliques, distinguée dos autres tribus que cette familic comprend, en ce que les an- tennes sont insérées entre les yeux et tres-rapprochées à leur base. Elle est composée des genres : Adorie , Galéruque, LrpÈRE et Ai.tise. V. ces mots, (l.) GALERUQUE , Galeruca , Geoff. Genre d'insectes, de l'ordre des coléoptères, section des tétramères , famille des cycliques. Les galéruques ont le corps ovale oblong , deux ailes mem- braneuses , repliées, cachées sous des étuis durs , de la gran- deur de l'abdomen, et quelquefois plus grands; le corselet rebordé, ordinairement inégal; la tète plus étroite que le corselet; deux antennes filiformes de la longueur de la moi- tié du corps, avec le second article un peu plus court ; la bouche composée de deux lèvres , de deux mandibules cour- tes, grosses , en forme de cuiller , de deux mâchoires bifides, et de quatre palpes filiformes ; enfin , les tarses composés de quatre articles , dont les trois premiers sont courts , as- sez larges, garnis de poils en dessous, et dont le troisième est bilobé. 38o G A L Ces insectes ontbeaucoup de rapports avec les ch/ysomèfesf les allises, les adories et les hipères. Ils diffèrent des premières par leurs antennes insérées entre les yeux et tres-rappro- chées à leur base ; des secondes, en ce qu'ils ne sautent point, leurs cuisses postérieures n'étant pas plus grosses que les au- tres ; le dernier article de leurs palpes maxillaires est coni- que et aussi long que le précédent, tandis qu'il est court et tronqué dans les adories ; enfin , les antennes des galéruques sont plus courtes que le corps, avec leurs siticies en cône renversé, au lieu que celles des lupères sont longues et for- mées d'articles cylindriques. Plusieurs galéruques, surtout parmi les exotiques , ont le corps allongé. Fabricius en a composé , ainsi qu'avec des altises à forme analogue , son genre crioceris. Les galéruques ressemblent surtout aux chrysomèles par leurs habitudes, et même par leurs larves. Les unes ainsi que les autres marchent lentement, se ser- vent rarement de leurs ailes, sont timides, se laissent tomber quand elles se croient menacées de quelque danger, demeu- rent 6ans mouvement, et tentent de tromper leur ennemi en paroissant à ses yeux privées de vie ; elles aiment les lieux ombragés et frais, les bois, le bord des rivières, quelquefois les prairies. Leurs larves ont six pattes, la tête écailleuse, le corps mou et pulpeux. Elles vivent de la substance des feuil- les , qu'elles rongent et dévorent. Elles se fixent sur une de ces feuilles , et elles cessent de manger quand elles doivent subir leur métamorphose. Il manque à l'histoire des galéruques, comme à celle de la plupart des insectes , des détails suivis et plus étendus. Nous ne connoissons un peu particulièrement que trois espèces, celles de la Tanaisie, de IOrme et du Nénuphar. La pre- mière espèce vit sur la tanaisie vulgaire jaune , et c'est aussi des feuilles de cette plante que la larve se nourrit. Les fe- melles sont quelquefois remplies d'œufs , qui les gonflent si fort, que les élytres ne peuvent plus atteindre que la moitié de la longueur du ventre, en sorte que les trois derniers anneaux sont entièrement à découvert. On trouve les larves en quantité vers le mois de juin. Elles sont toutes noires, et de la longueur d'un peu plus de cinq lignes; elles ont six pattes écail- leuses, garnies à l'extrémité d'un seul crochet, et au derrière un mamelon charnu, qui leur sert de septième patte, et d'où sort une matière gluante, qui fixe la larve sur le plan où elle marche. Sur le corps il y a plusieurs tubercules rangés trans- versalement, et garnis de six ou sept petits poils. Elles mar- chent lentement et se laissent tomber par terre , roulant Je corps en cercle , pour peu qu'on touche la plante à laquelle GAL 38, elles sont fixées. C'est dans le môme mois qu'elles se trans- forment en nymphes , d'un beau jaune tirant un peu sur l'o- range , avec plusieurs petits poilsnoirs et roides, dont quel- ques-uns sont placés sur des tubercules. Le ventre est courbé en arc. On voit sur ces nymphes toutes les parties exté- rieures de lagaléruque , comme les yeux, les antennes , les six pattes et les fourreaux des élytres et des ailes. Vers les cotés du corps on observe de petits points noirs, qui sont les stigmates. Elles n'aiment pas à se donner de mouvement , et elles restent tranquilles quoiqu'on les louche. Dans trois semaines, l'insecte parfait est prêt à quitter l'enveloppe de nymphe. Les ormes sont quelquefois, surtout au commencement de l'automne, touteouverts de galéruques, qui vivent particuliè- rement sur ces arbres, et dont elles ontemprunté le nom. Les feuilles sont criblées de leurs morsures. Au premier froid qui se fait sentir, l'insecte cherche à l'éviter; il se réfugie et pénètre dans les maisons auprès desquelles il se trouve ; on peut voir quelquefois des croisées qui regardent le midi, couvertes de ces galéruques. La galéruque du nénuphar se tient et vit, au mois de juin et dans le reste de l'été, sur les feuilles du potamogéton , du né- nuphar ou autres plantes aquatiques qui sont hors de l'eau r et s'en éloigne rarement. La larve qui se trouve au mois de juillet, vit en société sur les grandes feuilles, plus particulière- ment du nénuphar , qui sont supendues à la surface de l'eau , et s'y promène souvent en assez grand nombre. Elle ronge la substance supérieure de la feuille, laissant la membrane infé- rieure entière, et quand elle mange, elle va toujours en avant. Les endroits rongés paroissent sur les feuilles comme des ta- ches brunes. Ces larves, noires et longues de quatre lignes, sont en général semblables à celles des autres galéruques et des chrysomèles. Les douze anneaux du corps , couverts de plaques coriaces, sont très-bien marqués par de profondes incisions, et le long des deux côtés ils ont des élévations en forme de tubercules, chaque anneau a encore en dessus une ligne transversale , en forme d'incision. Lorsque la larve courbe le corps, ou qu'elle l'allonge considérablement, on voit paroître entre les anneaux la peau membraneuse qui les unit ensemble. Les excrémens que rejettent ces larves , se trouvent sous la feuille, en forme de longs filets tortueux, d'un brun grisâtre. Pour se transformer, elles s'attachent par le mamelon du derrière, aux feuilles mêmes où elles ont vécu, et prennent ensuite la figure de nymphe, en se dépouil- lant de leur peau, qu'elles font glisser en arrière jusque près du derrière, et qu'elles ne quittent pas tout-à-fait. L"extre- 38a G A L mité du ventre de la nymphe reste engagée dans ïa peau pllssée, qui sert aux larves de soutien et de point d'appui , pour rester attachées à la feuille, comme on l'observe dans d'autres larves du genre des chrysomèles et des coccinelles. La nymphe n'offre rien de particulier; elle est courte et grosse, ayant d'abord une couleur jaune , comme celle du dessous de la larve , mais qui ensuite se change en noir luisant; les anneaux du ventre ont en dessus quelques tubercules en forme de pointes courtes. Comme ces larves, tant sous leur première que sous leur seconde forme , sont souvent exposées à être submergées dans l'eau, particulièrement quand les grandes feuilles où elles habitent sont agitées par le vent , leur naturel est de ne pas craindre l'eau, ni d'en recevoir aucun mal; cependant elles paroissent plus à leur aise sur la surface de la feuille qui reste à sec sur l'eau. Elles savent nager en quelque façon , ou au moins ramper sur la superficie de l'eau, et se transporter ainsi d'un endroit à un autre. En moins de huit jours elles se métamorphosent en galéruques, qui se plaisent encore à res- ter sur les feuilles de la même plante aquatique , qu'elles ron- gent pour s'en nourrir, comme dans leur premier état. On a observé qu'en retirant ces larves de dessous l'eau même , elles ne sont point mouillées, et paroissent sèches. Il faudroit savoir si c'est une transpiration onctueuse, ou une enveloppe aérienne qui les garantit du contact de l'eau , et par quel mécanisme elles respirent sous l'eau. Parmi une trentaine d'espèces connues, on distingue comme les plus communes : La Galéruque de la. tanaisie, Galeruca tanaceti , Oliv., Col. tom. 5, n.° g3 , pi. i , fig. i ; pi. E 22 de cet ouvrage , dont tout le corps est noir ; dont le corselet est rebordé , un peu inégal , fortement pointillé , un peu raboteux ; dont les élytres sont un peu plus grandes que l'abdomen , fortement pointiliées , sans aucune strie élevée ; dont les pattes sont de la couleur du corps. Elle se trouve dans presque toute l'Europe , sur la tanaisie. La Galéruque de l'orme , Galeruca calmariensis , Oliv., ibid. , pi. 3,Jïg. 3j , dont la grandeur varie depuis deux jus- qu'à trois lignes de long ; elle a les antennes noirâtres, la tête jaunâtre, avec une tache noire à sa partie supérieure ; le cor- selet d'un jaune obscur, avec une tache longitudinale noire au milieu, et une autre de chaque côté; l'écusson d'un jaune obs- cur; lesélytrespubescentes, d'un gris jaunâtre , avec une raie noire vers le bord extérieur, et quelquefois une petite ligne courte, noire à la base; le dessous du corps noirâtre ; les pattes d'un jaune obscur. Elle se trouve dans presque toute l'Eu- rope , sur l'orme, G A L 38J La GalÉRUQUE du nénuphar , Galeruca nymphéa, , Oliv. , ihiJ. , pi. 3, fig. 5 1. Elle a le corps oblong, d'environ trois lignes de long ; les antennes de la longueur du corps, mélangées de noir et de jaune, la tête obscure, le corselet d'un jaune obs- cur, avec trois taches enfoncées, noires ; lesélytres obscures , bordées de jaune; le dessous du corps obscur, avec le dernier anneau jaunâtre ; les pattes d'un jaune brun , avec la moitié des cuisses et les genoux noirs. Elle se trouve dans toute l'Eu- rope , sur les plantes aquatiques, (o. L.) GALET ou GALE. Le Poulet, dans le midi de la France. (desm.) GALETI. L'Anc.olie porte ce nom à Venise, (ln.) GALETS. Pierres roulées qu'on trouve au bord des gran- des rivières et sur le rivage de la mer. On les appelle aussi Cailloux roulés; mais il semble que le mot cailloux soit spécialement réservé aux pierres siliceuses , tandis que lesga- lets en offrent de toutes les espèces. Les galets du rivage de la mer ne se trouvent, pour l'or- dinaire , en abondance que dans le voisinage des falaises ou des côtes abruptes , qui étant continuellement minées par les flots , éprouvent de fréquens éboulemens. Ces débris ba.ttus et ballottés par les marées , sont bientôt arrondis et roulé » sur les plages voisines ; c'est ce qu'on observe surtout quarjd les falaises soot formées de couches calcaires , contenant des si- lex ; la partie crétacée est triturée par le frottement e« entraî- née par les eaux , et les galets siliceux restent presque seuls sur le rivage , comme ou le voit sur les côtes de Normandie , où le flux les repousse jusque dans les ports , qu'on est obligé de déblayer par le moyen des écluses de chasse- Les galets forment aussi des barres à l'emboutchure des ri- vières , ainsi qu'on peut le reconnoître mainte;naat à décou- vert dans la fameuse plaine delà Grau , où fut jadis l'embou- chure du Rhône. Comme la Méditerranée f.asoit alors partie de l'Océan qui couvroit l'isthme de Suez , vile participoit à ses marées qui repoussoient les galets que, le Rhône charrioit dans son sein. Cette plaine , dont le sol est entière ment formé de cailloux roulés (qui sûrement s'étendent jusqivà une profondeur très- considerable) , a près de vingt lieues earrées d'étendue , et sa forme annonce clairement que c et oit bien là en effet l'em- bouchure du Rhône ; car elle a la figure d'un triangle , dont la poiute regarde la mer, comme edfi arrive dans tous les attéris- semens formés par les rivières rapides , le milieu du courant portant toujours les pierres qu'ùl roule plus en avant que leç parties latérales de ses eaux, dont l'impulsion est moins forte J'ignore sur quoi pouvoit &e fonder le célèbre Saussure, 38£ G A L pour dire que ce n'est pas le Rhône qui a charrié les pierres roulées qui composent le sol de cette plaine ; lui , surtout , qui avoit reconnu que les sept huitièmes de ces cailloux étoient formés de cette espèce singulière de quarz grenu , ou plutôt de grès quarzeux qui composent également les sept huitiè- mes des cailloux roulés qui accompagnent les deux rives de ce fleuve , depuis le mont Jura jusqu'à la mer (§ i55r). Ainsi, tout concourt à confirmer l'opinion des naturalistes qui avoient déjà regardé la plaine de la Crau comme un atté- rissement du Rhône , et non comme l'ouvrage d'une pré- tendue déhâcle suhite de l'Océan. Et ce qui achève de prou- ver, suivant la remarque même de Saussure , que la mer avoit Jong-temps séjourné sur cet attérissement , c'est que toute la . base de la plaine delà Crau est formée d'un pouding arénacéo- ^calcaire , qui commence tout près de la surface , et qui a , suivant Darluc , jusqu'à cinquante pieds de profondeur. L'étude des dépôts de galets peut jeter un grand jour sur divers points de géologie très-importans ; par exemple , leurs entassemens prodigieux qui accompagnent la plupart des grandes rivières , jusqu'à deux ou tiois lieues de distance à droite et à gauche de leur lit actuel , sont des témoins irrécu- sables , qui attestent combien les montagnes furent jadis plus élevées qu'aujourd'hui , puisque ces immenses déblais ne sont formés que de leurs débris. Ils attestent en même temps l'an- cienne puissance des courans qui les ont charriés , et dont le volume étoit proportionné à l'élévalion des montagnes , d'où ils tiroient leur source. Ils nous prouvent encore qu'il exista jadis d'immenses cou- ches pierreuses , dont il ne reste plus aucun vestige. Saussure et d'autres observateurs ont vainement cherché le gîte de ces grès durs et purement quarzeux, qui non-seulement couvrent les plaines , mais qui forment des chaînes de collines de cinq à six cents pieds d'élévation , tout le long du cours du Rhône et des rivières qui descendent , ou qui descendirent autrefois des montagnes du Forez , des Cévennes , etc. , et qui ont com- blé les vallées et couvert les plaines les plus élevées, d'une immensité de galets de la même espèce. A l'égard des pierres roulées d'un volume considérable , qu'on trouve quelquefois sur des sommets de montagnes d'une nature toute différente ; des blocs de granité, par exemple ^sui- des montagnes calcaires, c'est encore la grande élévation pri- mordiale des montagnes qui a donné lieu à cet événement; il n'a fallu pour cela ni débâcles subites de l'Océan , ni ma- rées de huit cents toises, ni catastrophes d'aucune espèce. La place qu'occupe le bloc roulé n'avoit pas toujours été un sommet de montagne , c'étoit la superficie plane d'un en- G A L 38~ tassement de couches calcaires, adossées contre le flanc d'une très-haute montagne primitive. Le bloc détaché du sommet de cette montagne , est venu s'arrêter dans quelque ravin de ces assises calcaires. Les eaux qui couloientdansle ravin, trou- vant cet obstacle , se sont divisées à droite et à gauche ; elles ont creusé deux ravins, et bientôt le bloc s'est trouvé isole sur un tertre. Vvec le temps , les ravins sont devenus vallées et le tertre est devenu montagne. C'est ainsi qu'avec des moyens simples , la nature fait de grande* choses , parce qu'elle a le temps à sa disposition, tandis que nous ne songeons qu'à des moyens violens, parce que le temps nous manque. V. Pou- DlH&iUB. (l'vr.) GALETTA. Nom du Roitelet à Turin, (v.) GALETTE, Galea. Pièce inarticulée membraneuse, qui recouvre la mâchoire de tous les ovtiwplcres et de quelques ne vroplères. V. Bouche, Orthoptères, Psoque. (o.) GALEUS.Nom latin que M. Cuvier a donné au sous-genre de squales qui renferme les Milandres. (desim.) GALFATE. V. Calfat. (v.) GALGANA, G ALAN A et GALBANO.Noms espagnols d'une Gesse , Luth) rus a'cera , L. (ln.) GALGAN-PLANCY.NomduSouCHET,enBohème.(LN.) GALGENKRAUT. Le Chanvre est ainsi nommé en Al- lemagne, (ln.) GALGO. C'est ainsi que les Portugais désignent les chiens lévriers. Ils nomment galcn chico le levron de Buffon (canis italiens , Linn. (des.m.) GALGULE , Galgulus , Lat. Genre d'insectes, de l'ordre des hémiptères , section des héléroptères , famille des hydro- corises , tribu des ravisseurs, ayant pour caractères : anten- nes insérées sous les yeux , plus courtes que la tête , n'ayant que trois articles distincts, dont le dernier plus grand et ovoïde; pieds antérieurs ravisseurs ; tous les tarses semblables , cylin- driques , à deux articles , avec deux crochets au bout du der- nier. Les galgules ont un corps court, carré-orbiculaire, rabo- teux ; la tète très-courte , avec les yeux saillans , situés à ses angles latéraux qui sont allongés ; le corselet court , lobe oos- térieurement; un écusson triangulaire; les élytres couaces courtes ; l'abdomen court et large ; les pattes antérieures cour- tes, appliquées sous la télé, avec les cuisses très-renflées, den- tées en dessous ; les jambes et les tarses sappliquant sous les mi. â5 386 G A L cuisses ; les jambes et les tarses des autres pattes sont un peu velus ; il y a deux crochets au bout de chaque tarse. Ce genre a pour type la naucore oculée de Fabricius , Suppl. eniom. , pag. 52 5 , qui a été rapportée de la Caroline par M. Bosc. Les galgules s'éloignent des naucores , avec lesquelles ils ont de grands traits de ressemblance , par le dernier article de leurs antennes, qui est beaucoup plus grand que les autres, et par leurs tarses antérieurs qui ont deux crochets. Nous nommerons la seule espèce de ce genre qui nous soit connue , Galgule oculé , Galgulus oculalus , E 2,3. Nous ignorons sa manière de vivre ; mais il est probable qu'elle se rapproche de celle des insectes des genres voisins. (L.) GALGULUS. C'est , dans Brisson , le nom latin géné- rique et spécifique du Rollier. (v.) GALl DES INDIENS. Nom de I'Indigotier, Indigofera iînctoria. Les Brames nomment ainsi le Babouli et le Benkara des Malabares. C'est un arbrisseau rapporté au genre RaNdia; il appartient peut-être au Flaccourtia. Adanson en fait un genre particulier dans sa famille des Onagres ; il le place entre Vaîangium et le melasloma , et le caractérise ainsi : feuilles opposées ; deux épines également opposées ; fleurs en épis axillaires , munies d'un calice et d'une corolle de cinq pièces ; de cinq étamines ; et d'une baie à quatre loges polyspermes. (ln.) GALIBI. A la Guadeloupe , les naturels donnent ce nom aux squelettes humains que l'on trouve englobés dans un tuf calcaire. V. Anthropolithe. (desm.) GALICE. On donne ce nom aux Sardines, (b.) GALI-DOUSA DES BRAMES. V. Perin-kara. (ln.) GALIETTE et BIEN-SALÉE. A l'Ile-Bourbon , on donne ce nom à une Conyse ( Conyza relusa, Lamark ) , dont les feuilles ont un goût salé, (ln.) GALIGAAN. Nom du Scirpe maritime et de quelques Laiches , en Hollande, (ln.) GALINASSA. Un des noms piémontais de la Bé- casse, (v.) GALINE. Nom de la Raie torpille, (b.) GALINELLA. Nom italien de la Morgeline ( Alsine média), (ln.) GALINETTE. C'est la mâche ( valcriana locusta) dans le midi de la France et en Italie. On applique aussi ce nom aux CoCRÈTES ( Rhinanthus ). (LN.) , GALINIE , Galinia. C'est un arbrisseau dont les feuilles sont linéaires , charnues , sessiles , canaliculées , persistantes , glutineuses , tantôt alternes et tantôt opposées , et les fleurs G A L 387 disposées en panicules au sommetdes rameaux. Seul il forme, dans l'octandrie digynie , un genre qui a pour caractères : un calice fort petit, concave, à quatre divisions ; point de corolle ; huit étamines à anthères didymes ; un ovaire supérieur , arrondi, chargé dedeux styles astigmate simple. Le fruit est une capsule arrondie , qui contient deux se- mences. Cet arbrisseau croît naturellement au Cap de Bonne-Es- pérance, (b.) GALINOTTE. V. Merle dominicain de la Chine, (v.) GALINSOGA, Galinsoga. Plantes herbacées du Pérou, qui forment un genre dans la syngénésie polygamie superflue, et dans la famille des corymbifères. Ses caractères sont : un calice hémisphérique , pentagone , composé de huit écailles ovales , oblongues , dont cinq extérieures égales ; un récep- tacle conique, garni de paillettes ciliées, renfermant plusieurs fleurons hermaphrodites dans son disque , et cinq demi-fleu- rons femelles fertiles , à sa circonférence ; des semences co- niques, anguleuses , un peu courbes , à aigrettes écailleuses. Ce genre , qui a aussi été appelé W iboroie et Vigoline , renferme trois espèces, dont une, cultivée dans le jardin du Muséum de Paris, le Galinsoga ovale, qui a les tiges cou- chées, les feuilles alternes, ovales, hérissées, et les fleurs jaunes, portées sur des pédoncules axillaires et terminaux. Elle est annuelle, et garnit fort agréablement le terrain, (b.) GALION, Gallium, Galerium ou Galatium. Ces noms dé- signent, chez Dioscorides etGalIien, la même plante , dont la principale propriété étoit d'accélérer la coagulation du lait , lorsqu'on y faisoit séjourner ses feuilles desséchées. C'est ce qu'exprime le nom grec de galion ou gallium des La- tins. 11 est assez généralement reconnu que le gaittet jaune est cette plante ; aussi Linnœus conserve-t-il le nom de Gal- lium verum à cette espèce , et celui de Gallium au gerre qui la comprend, et auquel il ramène Yaparine et le galion de Tournefort, qui ne diffèrent que par les fruits lisses ou hé- rissés. V. Gaillet. (l>\) GALIOPS1S de Dioscoride. V. Galeopsis. (ln.) GALTOT , Galliote et Gariot. Noms qu'on donne, dans quelques cantons , à la Benoîte , Geum urbanum. (ln.) GALIPIER. , Galipea. C'est un arbrisseau de la Guyane, appelé Ïnga par les naturels , et qui se rapproche des Ra- Putirs. Ses feuilles sont alternes , pétiolées , et composées chacune de trois folioles lancéolées , entières, dont celle du 388 G A L milieu est plus grande ; ses fleurs petites , verdâtres , et dis- posées en corymbes terminaux. Chaque fleur offre un calice monophylle , à quatre ou cinq angles et à quatre ou cinq divisions; une corolle monopétale presque infundibuliforme , à tube court et à limbe partagé en quatre ou cinq découpures inégales et aiguës ; quatre filamens, dont deux , plus grands , portent des anthères , et deux , plus courts , sont stériles ; un ovaire supérieur , arrondi , à qua- tre ou cinq côtes , surmonté d'un style long, à stigmate obtus, marqué de deux sillons en croix. Le fruit n'est pas connu, (b.) GALIPOT. Nom donné au suc résineux et fluide qui dé- coule par incision de quelques pins , et particulièrement du Pin maritime. Quand ce suc sèche sur l'arbre , en masses jaunâtres , on l'appelle Barras. Si on l'épaissit par la cuisson, et qu'après l'avoir filtré , on le coule en pains dans des moules, il se trouve transformé en une matière connue sous le nom de Brai sec. Les Provençaux distillent en grand le galipoi. Ils en tirent une huile qu'ils nomment Huile de raze. Enfin , le bois des mêmes pins^ d'où suinte cette résine , coupé en mor- ceaux plus ou moins grands , et réduit en charbon dans des fourneaux construits exprès , donne le Goudron. V. ce mot et celui de Résine, (b.) GALLAÏCA. Nom d'une pierre chez les anciens. M.De- launay (Min. desanc.) pense que ce peut avoir été une pyrite blanche (fer sulfuré), se présentant par cubes séparés les uns des autres, (desm.) GALLAZONNE. Sorte de Raisin , ainsi nommée en Italie. (UN.) GALLE. On donne ce nom à des excroissances de formes très-variées, qui se voient sur les feuilles, les pétioles, les fleurs , les pédoncules , les bourgeons, les branches , les tiges et même les racines des arbres et des plantes, et qui sont dues à la piqûre des insectes. V. Arbre. La plupart de ces galles ne sont que curieuses ; mais il en est une qui est l'objet d'un commerce considérable, c'est celle du chêne de l'Asie Mineure , connue sous le nom de noix de galle , dont on fait un grand usage dans la teinture et d'autres arts. C'est à Réaumur qu'on doit presque exclusivement le peu de notions que nous avons sur les galles. Les naturalistes plus modernes se sont bien occupés de la description des insectes qui les produisent , mais point, ou presque point de de leur formation. On a beaucoup disserté sur les moyens que la nature em- ployoit pour faire naître des galles si différentes les unes des G AL 389 autres, de la blessure faîte par un insecte à telle ou telle partie d'une plante ; mais le résultat des idées émises à cet égard ne peut satisfaire un bon esprit. Il faut, et il faudra sans doute encore long-temps, avouer notre ignorance sur la cause de la régularité d'accroissement que prennent ces sin- gulières productions. On peut diviser les galles en galles vraies et en galles fausses. Les premières sont celles qui forment une excroissance exactement fermée de toutes parts, et dans laquelle vit une ou plusieurs larves d'insectes, qui en sortent avant ou après leur métamorpbose ; les secondes sont celles qui sont formées par l'augmentation, contre nature, d'une partie déplante produite par la piqûre d'un insecte , mais dans laquelle la cavité est souvent ouverte , ou même n'est qu'incomplète. Les galles vraies se subdivisent en galles simples , c'est-à-dire dans lesquelles il n'y a qu'une seule loge d insecte , soit qu'il y ait un seul ou plusieurs insectes ; et en galles composées , c'est-à-dire formées par la réunion de plusieurs loges qui croissent ensemble. On trouve dans l'une et l'autre de ces divisions des galles globuleuses et unies , globuleuses et à surface plus ou moins rugueuse , des galles feuillées , velues , osseuses , fongueuses , etc., etc. C'est, pour la plupart des galles, une chose fort difficile que d'obtenir parfaits les insectes dont elles contiennent la larve. Plusieurs de ces larves meurent aussitôt que la galle est séparée de la plante à qui elle étoit unie ; et d'autres exi- gent, pour leur transformation, des conditions qui sont in- connues ou qu'on peut difficilement leur procurer. Beaucoup d'insectes font naître des galles : on en trouve d'où sortent des coléoptères , des hémiptères, des lépidoptères et des diptères; mais c'est dans les hyménoptères ([n'existe le genre particulièrement consacré par la nature à les produire. Ce genre est le genre Diplolèpe, Geoff. ( V. ce mot et le mot Cyîsips. ) Toutes les espèces qui le composent sont nées dans une galle ; ce sont les vraies galles. Les plus remarquables d entre elles, sont : La galle du rosier , appelée bédéguar : elle est grosse comme une pomme, et couverte de longs filamens rougeâtres , pin— nés. Elle croît sur la tige du rosier églantier, est composée d'un grand nombre de loges , et est produite par le diplolèpe du rosier. On l'a mise au nombre des remèdes qui peuvent être employés avec succès contre les diarrhées et les dyssen- teries, être utiles contre le scorbut, la pierre et les vers. La galle fongueuse du chêne : elle est grosse comme la pré- cédente, mais unie à l'extérieur. Elle croît à l'extrémité des jeunes rameaux du chêne, est composée d'un grand nombre 390 G A L de loges osseuses, renfermées dans une matière fongueuse, et est produite par le diplolèpe terminal. Tua galle grappe de raisin du chêne, qui vient sur les pédoncules des fleurs mâles du chêne. Elle est grosse comme un grain de raisin, demi-transparente, et ne renferme qu'une seule loge. Son insecte n'a pas été décrit par Fabricius. La galle en artichaut du chêne. Elle vient dans les bourgeons du chêne , qui prennent un accroissement monstrueux, sem- blable à un artichaut ou à un cône de sapin. Elle est pro- duite par le diplolèpe des bourgeons. La galle des feuilles du chêne. Elle croît sur la surface infé- rieure des feuilles du chêne. Elle est de la grosseur , de la forme et quelquefois de la couleur d'une cerise. Elle ne con- tient qu'une seule loge , qu'habite la larve du diplolèpe des feuilles. La galle du chêne toza , qui vient sur les jeunes rameaux du chêne toza, dans les Pyrénées. Elle est ronde et grosse comme une pomme d'api, et aux deux tiers de sa hauteur se voit un rang de tubercules pointus. Je l'ai figurée pi. 32. du Journal d'Histoire naturelle. Olivier en a figuré une presque semblable , mais visqueuse, pi. i5 de son Voyage dans V Em- pire Ottoman. La galle du commerce, ou noix de galle, qui croît sur les ra- meaux du chêne à la galle, dans l'Asie Mineure , est fort dure, et le plus souvent tuberculeuse. C'est à Olivier qu'on doit la connoissance de l'insecte qui la forme , et du chêne sur lequel elle naît. Elle estbeaucoup plus estimée lorsqu'elle est cueillie avant sa maturité , c'est-à-dire avant la sortie de l'insecte qui la produit. Les galles qui sont percées sont d'une couleur plus claire et moins pesantes. Les Orientaux ont l'at- tention défaire la récolte des galles au moment précis que l'ex- périence leur a prouvé être le plus; avantageux ; c'est celui où elles ont acquis toute leur grosseur. En conséquence, les agas veillent à ce que les cultivateurs parcourent , vers le commencement de juillet, les collines qui sont couvertes de chênes. Les premières galles sont mises à part , et con- nues dans le commerce sous le nom de galles noires ou galles vertes. Celles qui ont échappé aux premières recherches s'ap- pellent galles blanches , et se vendent moins cher. Les galles des environs de Mossoul et de Tocat sont in- férieures à celles d'Alep et de tout l'intérieur de la Natolie. La noix de galle est d'un grand usage dans la teinture, pour faire les couleurs noires et toutes les nuances qui en dé- pendent; on l'emploie aussi dans la préparation des cuirs a G A L 3g i dans la fabrication de l'encre, et en médecine comme astrin- gente, soit intérieurement, soit extérieurement. En général elle a, mais à un plus haut degré , les propriétés du chêne, c'est-à-dire, qu'elle contient une certaine quantité de tannin ou de principe astringent. La galle des racines du chêne .est ligneuse, composée d'une grande quantité de loges réunies. Elle croît sur les racines des vieux chênes qui sortent de la terre. C'est la plus dure de celles de ce pays-ci. Je l'ai décrite et figurée dans le Journal de Physique , an v. La galle du cirsium des champs , ou chardon hémorrhoidal , qui n'est qu'un renflement de la tige même de cette plante, a joui autrefois d'une grande réputation , parce qu'on la regar- doit, seulement portée dans la poche, comme un excellent remède contre les hémorragies , vertu qu'elle ne devoit qu'à sa ressemblance avec le signe principal de cette maladie, le gonflement de la veine. Elle est formée de plusieurs loges presque ligneuses, et produite par un diplolèpe qui n'est pas décrit, quoique peu difficile à se procurer. La galle de la lerrèle ou lierre terrestre, qui naît sur les tiges et les feuilles de cette plante. Elle est velue , et renferme un petit nombre de loges ligneuses , au centre d'une chair spon- gieuse et sphéroïdale. Elle est produite par le Diplolèpe glé- COME , cynips glecome. On a quelquefois mangé ces galles, qui ont un goût agréable, et qui jouissent à un haut degré de l'o- deur de la plante qui les produit. ha galle delà sauge, qui ressemble beaucoup à la précé- dente , et qui se trouve sur une espèce de sauge, la sauge po-^ rnifère. Les habitans de l'île de Crète, où croît cette plante , en font tous les ans la récolte , comme objet de nourriture y au rapport de Tournefort, confirmé par Olivier, qui ajoute qu'on la confit au miel à Scio, et que cette confiture est très- agréable et très-stomachique. La galle du hêtre , qui couvre quelquefois les feuilles du hêtre sous la forme de petits cônes très-luisans et très-durs. Elle est produite par le cynips fagi, Fab. Toutes ces galles, outre l'insecte qui les produit , four- nissent souvent à ceux qui les conservent dans des boîtes bien closes, des insectes des genres Ichneumon, Mou- che, etc. Ces derniers ont été nourris aux dépens de la larve de l'insecte producteur de la galle. Ils n'ont contribué en au- cune manière à sa formation. Voyez aux mots Cynips et ICHNEUMON. Parmi les galles qui ne sont pas produites par un diplolèpe, on ne peut pas citer d'espèces aussi connues que celles qui viennent d'être mentionnées ; mais elles ne sont pas moins %a G A I, abondantes dans la nature. Les boutons à fleurs du genêt à balais sont piqués par un moucberon d'un genre nouveau, fort voisin des tipules'à ailes rapprochées , genre appelé Ce- cidomye par Lalreille. Ces boutons ne se développent point, et forment une galle pointue, qui est quelquefois si abondante , que j'ai trouvé , une certaine année , pres- que la moitié des fleurs des genêts de la forêt de Mont- morency près Paris, avariées par cette cause. Il n'y a ja- mais qu'une seule larve dans chaque galle. On voit souvent, à la fin de l'été , les rameaux de la ronce chargés de tubéro- sités, dans lesquelles il y a plusieurs cellules habitées par des larves qui se changent au printemps en mouches à deux ailes. Les feuilles de la viorne sont souvent chargées de galles qui les traversent de part en part. Elles donnent naissance à un coléoptère que Réaumur a figuré pi. 38 , fig. 2 et 3 de son troisième volume , et qui paroit être du genre CrïOCÈre. Il est quelques cantons où les feuilles des saules et des osiers sont garnies de galles oblongues , qui, comme les précéden- tes, saillent de chaque coté , et qui sont si abondantes , qu'il y a peu de feuilles qui n'en aient une ou deux. Ces galles, assez solides, donnent retraite à une fausse chenille, qui, quand elle est parvenue à une certaine grosseur, perce la galle, et va se transformer dans la terre. C'est une Tenthrède qui en résulte. Il est probable que les pays chauds de l'Ancien et du Nou- veau-Monde contiennent une quantité de galles propor- tionnée au grand nombre de plantes qui y croissent. Jusqu'à présent, aucun naturaliste voyageur ne s est occupé de leur étude. Je suis peut- être le seul qui a rapporté quelques notes a leur sujet. J'en ai décrit et dessiné seize espèces pendant le peu de temps que je suis resté en Caroline , mais je n'ai pu obtenir les insectes d'aucune de ces espèces. Là , comme ici, le chêne est l'arbre qui en fournit le plus; car sur ces seize espèces, huit lui appartiennent. Parmi elles, deux méritent spécialement de fixer l'attention. La première vient sur les bourgeons du chêne rouge. Elle estsphérique, muriquée, semblable au fruit du liquidambar à styrax, mais très-lanugineuse. Elle est composée d'une grande quantité de galles réunies. Dès qu'on la touche , ses poils s'af- faissent, et ne reprennent plus leur position. Il faut la voir, pour s'en faire une idée. On ne peut rendre par la descrip- tion , l'effet qu'elle présente. L'autre croît sur les feuilles du chêne figuré par Michaux , pi. i3 de son superbe ouvrage sur les chênes d'Amérique , cbêne qu'il regarde comme une variété de celui à feuilles de sauic , mais qui forme certainement une espèce distincte ., G A T, 393 puisqu'il ne s'élève jamais à plus de deux pieds, et que sa grosseur surpasse rarement celle d'une plume d'oie , tandis que le véritable chêne à feuilles de saule est un des plus grands arbres du pays , et qu'il acquiert la grosseur du corps d'un homme. Celte galle est ronde, verte, de la grosseur d'un pois , et se forme sur la nervure principale de la feuille. Elle esL creuse dans son intérieur, et ses parois sont même si peu épaisses, qu'elles ont une demi-transparence , qui permet de voir dans 1 intérieur une petite boule qui y roule , et qui n'est pas plus grosse qu'un grain de millet. C'est dans celte boule que loge la larve de l'insecte qui a produit la galle. Quoique j'aie ouvert des centaines de ces galles , je n'ai jamais pu con- cevoir comment la petite boule pouvoit rester libre dans la grande , y croître , ou du moins conserver assez de fraîcheur pour donner la nourrilure à la larve qui l'habite. Ce fait donne lieu à beaucoup de réflexions. Les fausses galles ne sont pas moins communes dans la nature que celles dont il vient d'élre question. On en trouve s'.ir un très-grand nombre de plantes, et quelques-unes sont d'une grosseur et d'une abondance très-remarquables. Elles se montrent cependant sur un moins grand nombre d'orga- nes, c'est-à-dire presque uniquement sur les feuilles et sur les fleurs ou parties voisines et délicates. 11 est peu de person- nes qui n'aient remarqué de grosses vessies creuses, rougeâ- tres , qui croissent par bouquets sur les branches d'orme ; et qui, quelquefois, couvrent des branches entières. Elles sont produites par des pucerons. Quand elles vsont jeunes, on ne trouve dedans qu'une seule mère puceron ; mais au milieu de l'été , on y en trouve des centaines. Quelquefois ces galles sont entièrement fermées , quelquefois aussi elles ont commu- nication avec l'extérieur. On trouve dans les parties méridionales de l'Europe et en Turquie, sur le térébinthe, des galles analogues à ces der- nières, qui entrent, en Espagne, en Syrie et à la Chine, dans la confection des teintures écarlates. On les appelle en Syrie Laizunges. Ré a 11 mur en parle. Les feuilles du peuplier noir sont aussi souvent déformées par des vessies de même nature, ainsi que celles des saules. Les fleurs de la germandrée sont quelquefois gonflées et entièrement fermées ; elles n'acquièrent ni la couleur ni la forme des autres. Un insecte du genre des AcaNTHIES, Acan- thla clavicurnîs , Fabr., en est la cause. On observe dans les fleurs de quelques autres plantes didy- names, des concavités analogues, qui sont dues sans doute encore à des insectes, mais que jusqu'à présent on a peu étudiées. 39i G A L .Beaucoup d'espèces de tipuîes, de mouches, toutes les psiles, produisent des monstruosités aux feuilles et aux fleurs d'un grand nombre de plantes , qui peuvent être aussi consi- dérées comme des galles. On ne finiroit pas si on vouloit ici passer en revue tout ce qui peut être appelé galle dans le sens le plus général. On observe que beaucoup d'excroissances qui se voient sur des afbres sont appelées galles , sans être cependant des produits d'insectes. Tantôt ce sont de simples extravasations de suc , tantôt ce sont des plantes parasites des genres Va- RiOLAiRE, Hypoxylon et autres, tantôt enfin elles sont le produit de maladies de plusieurs espèces. Quant à la galle, dans les animaux, c'est souvent le pro- duit d'un insecte acarus scabiei de Degeer. (Voyez au mot Sar- copte ) ; mais souvent aussi c'est une maladie de la peau. (B.) GALLEBAER. Nom danois de la Bryone. (ltn.) GALLEGUA. Nom espagnol de la Lavanèse ou Rue DE CHÈVRE ( Galega officinalis). (LN.) GALLERAND. V. Galerand. (desm.) GALLERIE , Galleria , Fab. Genre d'insectes , de l'ordre des lépidoptères , famille des nocturnes, tribu des tinéïtes, ayant pour caractères : ailes très-inclinées , appliquées sur les côtés du corps, et relevées postérieurement en queue de coq; langue nulle ; palpes supérieurs cachés ; les inférieurs avan- cés , garnis uniformément d'écaillés , avec le dernier article un peu courbé ; écailles du chaperon formant une saillie voû- tée au dessus d'eux; antennes simples. Les lépidoptères de ce genre ne méritent malheureusement que trop notre attention. Les cultivateurs des abeilles voient en eux un ennemi des plus redoutables, par les dégâts qu'ils font dans les ruches, lorsqu'ils sont sous la forme de chenilles. Ces chenilles sont connues sous le nom de fausses teignes de la cire. Réaumur a cru devoir les désigner ainsi , pour les dis- tinguer des teignes véritables : celles-ci se font des fourreaux qu'elles transportent partout ; celles-là se pratiquent des tuyaux immobiles dans lesquels elles marchent à couvert. Les fausses teignes n'en veulent pas au miel , mais à la cire , et se logent de préférence dans les gâteaux dont les cellules sont vides. Réaumur en distingue deux sortes d'inégale gran- deur ; l'une et l'autre ont la peau tendre , rase et blanchâtre , parsemée de taches brunes; la tête de cette dernière couleur et écailleuse ; seize pattes , dont les membraneuses ont des couronnes de crochets. La plus grosse espèce est moins com- mune , a les anneaux plus entaillés , et surpasse l'autre en vivacité ; elle est de la grandeur des chenilles ordinaires, G A L 3g5 Toutes les deux ont de grands poils noirs , dispersés sur le dos ; leurs travaux et leurs habitudes sont les mêmes. Qui croiroit que des animaux aussi délicats puissent braver le dard empoisonné des abeilles ? IN'en soyons pas surpris , et voyons comment ils se mettent à l'abri de leurs atteintes , et comment ils les obligent même à abandonner leur propriété. Chaque teigne sait s'enfermer dans un tuyau cylindrique , qui devient pour elle un logement bien couvert , une sorte de galerie, dont elle ne sort presque jamais. Ces tuyaux ont cinq à six pouces de long, et rarement un pied; leur intérieur nous offre un tissu d'une soie blanche, serrée ; et leur exté- rieur, une couche de grains de cire ou d'excrémens, qui sont quelquefois si pressés les uns contre les autres , que ces tuyaux semblent n'être composés que de cette matière grenue. La chenille commence à se construire une habitation , dès l'instant qu'elle est sortie de l'œuf, et le diamètre de ce lo- gement est en raison de la grandeur du reclus. Il n'est d'abord pas plus gros qu'un fil ; mais à mesure que l'animal avance en âge , le tuyau s'allonge et s'élargit ; il est toujours assez gros pour que l'insecte puisse s'y retourner bout à bout , je- ter ses excrémens , ou les employer dans la couverture de sa demeure. Mis à nu , et pressé de se couvrir , il rapproche peu les fils du nouveau tuyau qu'il prépare , à peine distingue- t-on sa forme ; mais bientôt le tissu est plus serré , et la che- nille est à couvert. La tête de cette chenille est écailleuse , comme nous l'avons dit , et armée de deux dents ou mandibules , qui lui servent à couper la cire , à la disposer en petits grains , et à former avec eux et ses excrémens, le toit de sa maison. Parvenues à leur accroissement, ces chenilles passent à l'état de chrysalide. Elles se construisent à cet effet , au com- mencement de juin , une coque d'un tissu fort et serré , qu'elles recouvrent de petits grains de cire et d'excrémens; c'est là qu'elles subissent leurs denières métamorphoses; le lépidoptère qui en sort est différent , suivant les deux espèces de chenilles. Ces insectes marchent, sous cette forme, avec une extrême vitesse; leurs ailes sont alors pendantes ; mais dans le repos, elles sont en toit très-incliné. Les femelles sont plus grandes que les mâles , et produisent une grande quantité d'œufs. Les fausses teignes établies dans un gâteau , vont d'un bout à l'autre , à travers son épaisseur , et marchent à couvert. Elles percent les alvéoles qui sont sur leur passage, et sè- ment partout une malpropreté qui fait horreur aux abeilles. Le gâteau semble couvert d'une toile d'araignée. Un gâteau assez grand , que j'avois transporté dans mon 396 G A L cabinet, et qui recéloit, sans que je m'en doutasse, des œufs de ces chenilles , fut dévoré en peu de temps. Tirés de leurs galeries, ces insectes marchoient avec vitesse sur la surface du gâteau , introduisant à chaque instant leur tête dans les alvéoles , comme pour reconnoîlre leur première demeure. Us éloient en grand nombre. Lorsque le moment de se transformer en chrysalides fut arrivé, ces chenilles se répandirent dans les alentours , et filèrent çà et là leurs co- ques , dont elles formèrent différens tas, en les fixant les uns contre les autres. La présence de ces hôtes' dangereux est annoncée par les grains de cire , ou les excréniens qui tombent sur le support de la ruche. Les dégâts quils occasionent sont plus consi- dérables dans les pays chauds que dans ceux qui le sont moins, et ils augmentent à raison de la sécheresse de la sai- son. Des personnes versent du vinaigre sur les gâteaux infec- tés de ces chenilles; mais l'humidité que cette liqueur pro- duit, et son odeur, sont contraires aux abeilles. Les ruches à hausse ont, à cet égard , un grand avantage ; comme on peut renouveler chaque année les gâteaux, les fausses teignes n'ont pas le temps de s'y établir. Ces animaux se logeant dans les gâteaux supérieurs , il est facile de conce- voir l'impossibilité où Ton est de les détruire lorsque les ru- ches sont d'un système différent. C'est surtout dans les can- tons où la taille n'est pas en usage, où ces insectes font de grands ravages. Il faut donc avoir la précaution de visiter les ruches au printemps , d'ôter avec la pointe du couteau les œufs de ces teignes, et de donner aux abeilles , pour les forti- fier, un peu de sirop composé de miel et de vin. Cette visite est surtout nécessaire dans les temps secs. On arrache les tuyaux que ces chenilles ont formés , ou mieux l'on coupe la partie du gâteau qui est salie. Si le dommage que les abeilles ont souffert est considérable, il faut leur faire changer de ruche. On doit passer dans l'eau bouillante les ruches qui sont vides , afin de détruire les œufs qui seroient attachés après elles. . GrALLÉRIE DE LA CIRE , Galleria cereana , Fab. , E 2 , 4- i de cet ouvrage. Cette espèce a environ cinq lignes de lon- gueur ; sen corps est cendré, avec la tête et le corselet plus clairs , grisâtres ; l'extrémité postérieure du corselet a une petite élévation ; les ailes supérieures ont le long de la suture quelques espaces ou petites taches brunes , et leur extrémité postérieure semble offrir quelques stries , des sortes de plis, et a un sinus ou une échancrure au milieu du bord posté- rieur. Gallérte alvéolaire , Galleria abcaria , Fab. , est une G A L 3q7 fois plus petite; sa tête est jaunâtre, et ses ailes sont d'un cen- dré obscur. Je crois qu'elle doit être exclue de ce genre. (i..) GALLERION , de Dioscorides. V. Galation. (in) GALLETTA DI MAGGIOet GALLETTODI MARZO. Noms de la Huppe, en Italie, (desm.) GALLGRAES. Nom de la Fumeterre , en Westmanie, province de Suède, (ln ) GALLHUMLE. Nom du Houblon, en Suède et en Danemarck. (ln.) GALLIA. La Coronille ( Coroni//a varia) porte ce nom en Italie, (ln.) GALLIASTRUM , d'Heisler. Voy. Pharnaceum cer- viana , Linn. (ln.) GALLICOLES, Galliœla. Tribu d'insectes, de l'ordre des hyménoptères, section des térébrans, famille des pu- pivores. Ces insectes, qui composoient dans mes ouvrages anté- rieurs la famille des Diplolépaires , n'ont point, ainsi que les rhalcidiies , les oxyures et les clirysidcs, de nervures ou d'aréoles aux ailes inférieures. Les femelles sont pourvues dune tarière filiforme , naissant de la partie inférieure de l'abdomen, roulée en spirale à sa base, et logée dans une coulisse. Dans l'un et l'autre sexe , les palpes sont très- courts , terminés par un article un peu plus gros, et quel- quefois nul ; les antennes sont droites , filiformes ou légè- rement plus grosses vers le bout, et composées ordinairement de treize à quinze articles. Les larves île ces insectes vivent dans des galles végétales, dont nous avons expliqué la formation à l'article Cinips , et dont on traite encore plus particulièrement à celui de Galle. Cette tribu renferme les genres ibalie , cinips et eucharh. V. ces mots et les précédens. (l.) GALLI-CRISTA. V. Cristagalli et Cocrète. (ln.) GALLICRUS , d'Apulée. C'est le panicum sanguinale , L. V. Digitaire. Le panicum crus-galli , Linn., est une plante différente, (ln.) GALLIGASTRE. Nom de la Poule d'eau , en Pro- vence, (v.) GALLINA. Nom du Dactyloptère pirapède, Dady- lopiera pirapeda, à Nice. (DESM..) GALLINA. Nom de la poule en Italie. On appelle le coq Gallo. (desm.) GALLINAÇA ou GALLINAÇO. Les Espagnols et les Portugais ont appelé ainsi un vautour d'Amérique. V. Gal- linaze. (v.) 398 G A L GALLINACCIO. Nom du Dindon , en Italie. C'est aussi l'un des noms de la Chanterelle, (desm.) GALLINACE ^Pierrede), Pierre obsidienne, Agate noire d'Islande. On a donné ces divers noms à un verre de volcan, complètement noir et opaque , susceptible d'un poli parfait. J'en ai vu dans le cabinet de Faujas de Saint-Fond , un miroir convexe , d'environ six pouces de diamètre, qui est admirable pour dessiner des paysages et des vues d'après na- ture. Il a trouvé ce beau verre parmi les produits volcaniques du Vivarais. V. Verre de volcan, (pat.) GALLINACEE. Porter appelle ainsi les Champignons, aujourd'hui connus sous les noms de Girolle ou Chante- relle. V. ces mots, (b.) GALLINACÉS, Gallinacei, Vieill.; Gallinœ, Lath., troi- sième ordre des oiseaux. Caractères : Pieds médiocres ou courts jambes garnies de chair et de plumes jusqu'au talon , tarses arrondis , ou nus et réticulés, ou emplumés , doigts fen- dus , calleux en dessous ; trois devant , un ou point der- rière ; les antérieurs , ou unis à la base par une membrane , ou totalement séparés, très-rarement distincts seulement à la pointe ; le pouce des tétradactyles articulé sur le tarse plus haut que les autres doigts, quelquefois sans ongle, ou ne portant à terre que sur le bout, ou élevé de terre ; ongles nullement rétractiles, un peu obtus, convexes, rarement com- primés latéralement, courbés et pointus; reclrices , douze à dix-huit, quelquefois nulles chez des Tinamous, selon M. de Azara ; bec voûté, mandibule supérieure couvrant les bords de l'inférieure. Les gallinacés ont le sternum osseux , dimi- nué par deux échancrures si larges et si profondes qu'elles occupent presque tous ses côtés ; sa crête tronquée oblique- ment en avant, en sorte que la pointe aiguë de la fourchette ne s'y joint que par un ligament; toutes circonstances qui , en affaiblissant beaucoup leurs muscles pectoraux , rendent leur vol difficile ; leur larynx inférieur est très-simple ; aussi n'en est-il aucun qui chante agréablement; ils ont un jabot très-large et un gésier fort vigoureux (Règne animal). Tous , à l'exception du ganga et de Vhétérocliie , ont le port lourd , les ailes courtes et arrondies ; le vol peu élevé et presque toujours à raze de terre. La plupart sont polygames ; le mâle'ne nourrit pas sa femelle quand elle couve , et ne partage point l'incubation ; les petits y voient dès leur naissance , quittent le nid , courent et prennent eux-mêmes la nourri- ture indiquée par la mère , dès qu'ils sont éclos. Nota. On assure que le gauga nourrit ses petits dans le nid. C'est de cet ordre que sortent la plupart de nos oiseaux de G A L 339 basse-cour; il est composé de deux familles sous les noms de nudipèdes et de plumipèdes, et des genres Tinamou, Hocco, Dindon, Paon, éperonnier , Argus, Faisan, Coq, Monaut, Peintade , Rouloul, ïocro, Perdrix, Orty- GODE , TÉTRAS, LAGOPÈDE, GaNGA , HÉTÉROCLITE. V. ces mots, (v.) GALLINACO. V. Gallinaze. (s.) GALL1NARIA. Rumphius, dans son Herbier d'Amboinc, vol. 5, figure sous ce nom, pi. 97, f. 1 , le cassia sophera , Linn. , et f. 2. de la même planche, le cassia oblusifolia. (ln.) GALLINAZE, Catharista, Vieill.; Vxdtur, Lath. Genre de l'ordre des Accipitres, de la tribu des Diurnes et de la famille des Vautourins ( V. ces mots ). Caractères : bec al- longé , droit jusqu'au delà du milieu , garni d'une cire a la base , comprimé latéralement, convexe en dessus; mandi- bule supérieure a bords droits , croebue à la pointe ; l'infé- rieure plus courte , obtuse à l'extrémité ; narines grandes , situées dans la partie antérieure de la cire, oblongues et percées à jour ; langue ebarnue , caronculée, abords den- telés ; quatre doigts , trois devant , un derrière; les anté- rieurs grêles, très - peu rétractiles ; l'intermédiaire long et tendu , l'interne et le pouce égaux ; ongles courts , foibles , émoussés; le postérieur le plus court de tous; peau de la tête et du cou nue, ou ridée ou mamelonnée; jabot dénué de plumes , saillant ; première rémige moyenne ; les troisième et quatrième les plus longues. Ce genre n'est composé que de deux espèces qui diffèrent en ce que l'une (l'urubu) a la tête et le cou garnis de ma- melons, et les pennes caudales égales ; tandis que l'autre (Vaura) a la peau de la tête et du cou ridée et la queue ar- rondie , attributs spécifiques et distinctifs qui suffisent pour ne pas les confondre, ainsi qu'on l'a fait, en les réunissant ou en présentant l'un pour une variété de l'autre. Les gallinazes ne se trouvent qu'en Amérique, et sont beau- coup plus nombreux dans le Midi que dans le Nord. Ils sont d'une si grande utilité dans la- partie méridionale , que les Espagnols et les Portugais ont prononcé des peines contre les personnes qui les tueroienl : en effet , ces oiseaux pur- gent l'air en dévorant toutes les charognes ; mais ils devien- nent dangereux, s'ils n'ont pas une nourriture suffisante ; car, emportés par leur gloutonneriejet leur voracité, ils se jettent sur les bestiaux ; malheur alors à l'animal qui est malade et blessé; ils fondent aussitôtdessusetl'attaquentsurla partie af- fectée ; c'est en vain que la pauvre bête cherche à leur échap- per par la course et des bondissemens , ces carnivores ne ioo G A L lâchent pas prise qu'ils ne l'aient dévorée jusqu'au os. Ils ne font point la chasse aux oiseaux, et ils ne jettent aucun cri;seu- lement ils semblent prononcer la syllabe hu, d'une manière nasale, lorsqu'on les suprend dans leur repos. Ces oiseaux se tiennent presque toujours en troupes , soit dans les airs , soit sur les arbres, soit à terre; leur odorat est si fin qu'à peine une charogne est-elle exposée dans un lieu oùl'on n'en aperçoit aucun , qu'on les voit venir de toutes parts, volant en spirale et descendant peu à peu jusqu'auprès de leur proie. Us se nourrissent aussi de serpens , d'insectes , et surtout des œufs de V alligator qui, sans les gallinazes, deviendroient si nom- breux qu'ils feroient déserter le pays. A l'époque où les fe- melles alligators déposent leurs œufs à terre , ces oiseaux se tiennent sus les arbres voisins , les suivent de l'œil et .re- marquent l'endroit où elles cachent leurs œufs , qu'elles croient mettre à l'abri de tout danger en les renfermant dans le sable; mais sitôt qu'elles sont retournées à l'eau, ils des- cendent de leur observatoire, et, à l'aide de leur bec et de leurs griffes, ils les déterrent et les dévorent. Les uns ni- chent surles arbres ou dans les rochers , et les autres à terre, sur les montagnes couvertes de broussailles. La ponte est de deux œufs , et les petits naissent couverts d'un duvet blanc , lequel disparoît à mesure qu'ils se couvrent de plumes. Le père et la mère les nourrissent dans les premiers jours de leur naissance, en leur dégorgeant les alimens dans le bec, ce que ne fait aucun autre oiseau de proie , à l'exception des vautours. Le Gallinaze AURA, Catharista aura , Vieil. ; Vullur aura , Lath. ,pl. 2 des Oiseauxde l'Amérique septentrionale, a élé confondu avec l'urubu par les ornithologistes , et même dans les pays qu'ils habitent ; car les naturels de la Loui- siane les appellent indistinctement l'un et l'autre carancro , et les Anglais de la Caroline et des Florides, carriou-crown ou turkay-buzard. Ces oiseaux, dont le plumage est totale- ment pareil, diffèrent par leur manière de voler et par leur genre de vie ; Y urubu, dit Catesby, monte et descend sans qu'on aperçoive le mouvement de ses ailes; Y aura, selon Bartram, qui a observé cet oiseau dans lesFlorides, frappe ses ailes l'une contre l'autre , s'avance un peu , puis frappe en- core ses ailes et ainsi de suite à chaque temps de vol, comme s'il étoit toujours prêt à tomber , et toujours faisant effort pour se relever. M. de Azara appelle cet oiseau acabiray , et les Sauvages le nomment irilu- acabiray. Il vole , dit ce naturaliste , près de terre et avec beau- coup d'aisance , change rarement de direction , passe les jours en l'air , et paroît néanmoins à chaque instant vouloir se poser. J'ai cru lire dans le texte espagnol, que son volétoit lent et embarrassé , ainsi que je l'ai dit à son article dans mon Hist. des Ois. de l'Amérique sept. Il est moins glouton et moins âpre de la charogne que l'urubu ; il joint à cette nourriture les limaçons et les insectes. Son nid ne consiste qu'en un léger enfoncement en terre dans les halliers, sans aucune disposition de matériaux. Sa ponte est de deux œufs blancs et marqués de rougeâtre. Ses petits naissent couverts d'un duvet blanc et les yeux fermés. Il est, dans l'âge avancé , d un noir à reflets bleus. L'individu dont j'ai publié la figure, n'avoil pas encore acquis un plumage parfait ; il en est de même de celui décrit par M. de Azara. 11 a alors les plumes du man- teau d'un noir changeant en violet sur le milieu, et brunessur les bords ; cette dernière couleur s'étend davantage sur les couvertures des ailes , sur les pennes secondaires , et sur toutes les latérales de la queue; la tige des primaires est d'une nuance terne d'un côté, et blanche de l'autre; toutes sont en dessous d'un gris-blanc lustré; la collerette est noire avec des reflets d'un bleu d'acier bruni, ainsi que toutes les parties inférieures, sur lesquelles les refletssont peuapparens ; le bec est blanc ; la cire rouge ; la peau de la tête et du cou de la dernière couleur , ridée sur le derrière du cou et semée de })oils ras noirs, mais plus nombreux sur la nuque; les rides et e tour des yeux sont jaunes , ainsi qu'une raie qui s'étend d'un œil à l'autre en passant sur le front ; les pieds sont couleur de paille chez des individus, couleur de chair chez d'autres; les ongles noirâtres. Longueur totale , vingt-six à vingt-sept pouces ; queue étagée. LeGsL\AN\ZKVR.UhV,Calharistaurubu, Vieill.; Vulturaura !, Lath. , pi. 2 des Oiseaux de l'Amérique septentrionale , a vingt-deux pouces de longueur ; le bec blanc sur la partie découverte; la cire bleuâtre; l'iris d'un roux clair; la pau- pière d'un jaune de safran ; la peau de la tête et du cou d'un rouge sanguin, couverte de petits mamelons et parsemée de quelques poils ; le plumage d'un noir à refiels bleus et ver- dâtres ; le dessous des pennes primaires d'un blanc jaunâtre ; les pieds et les ongles noirs chez des individus; le tarse cou- leur de chair chez d'autres ; la queue carrée à son extrémité. 11 est rare dans lesCarolincs , commun dans les Florides, et très-nombreux sous la Zone-Toride; il niche sur les grands arbres et dans les rochers. Ses œufs sont d'un blanc fuligi- neux. Les jeunes sont bruns dans leur première année. Cet oiseau, ou le précédent, porte, à Carthagène, le nom de cos- quantli. Il y est si respecté , qu'il s'y promène dans les rues. La description que M. de Azara fait de son urubu, que je crois cependant être de l'espèce du précédent , diffère en xii. A) 4o3 G AL ce qu'il a la portion crochue du bec d'un olive clair, le reste noir aussi bien que l'iris, et le plumage d'un noir uniforme. Il est très-commun au Paraguay. L'on sait , par tradition , qu'au temps de la conquête et même long-temps après , cet oiseau n'existoit pas à Monte Video, et qu'il y passa en sui- vant les vaisseaux et les barques. Il paroît que dans ces con- trées les urubus sont plus timides et moins voraces; car, dit M. de Azara , ils n'attaquent ni ne harcèlent aucun animal, (v.) GALLINEou GALLINETTE. Noms du trigle grondin , ou trigle gurneau , ou autres voisins , mais plus particulière- ment du trigle hirondelle. Voy. Trigle. (b.) GALLINELLA. Nom italien de la Poule d'eau, (v.) GALLINETTE. V. Galline. (b.) GALLINETTO. Nom niçard du Trigle hirondelle. (desm.) GALLINNA FARAOUNA. Nom piémontais de la Peintade. (v.) GALLINN./SE. C'est , dans Linnseus, le nom des oiseaux Gallinacés. V. ce mot. (v.) GALLINO. A Nice , c'est le nom du Trigle lyre. (desm.) GALLINOGRALLES. C'est le nom proposé par M. de Blainville (Pi-odrome) pour désigner une famille d'oiseaux de l'ordre des échassiers ou grallatores , qui comprend ceux de ces oiseaux qui ont le plus de rapports avec les Gallinacés, comme , par exemple , X* autruche , Vagcimi, etc. (DESM.) GALLINSECTES , Gallinsecta. Famille d'insectes , de l'ordre des hémiptères , section des homoptères, ayant pour caractères: tarses d'un seul article , et terminé par un crochet unique ; femelles aptères et munies d'un bec ; mâles privés de cet organe , ayant deux ailes couchées horizontalement sur le corps, et l'abdomen terminé par deux soies; antennes des deux sexes^fuiformes ousétacées, le plus souvent de onze articles. Cette famille , à laquelle j'avois d'abord donné un peu plus d'étendue, est composée du genre Cochenille, Conçus de Linnseus , et forme dans la méthode de Degeer un ordre particulier. Les femelles, après leur fécondation, se fixent pour toujours sur les végétaux, où elles vivent; leur corps se gonfle et prend la forme d'une galle, et telle est l'origine de la dénomination de ces insectes. V. Cochenille et Kermès'. GALLINULA. Nom générique des Poules d'eau ou Gallinules, dans Brisson et Latham. (v.) GALLINULE ou Poule d'eau, Gallinula, Rriss., Lath.; G A L 4o3 Fulica , Linn. Genre de l'ordre des Echassiers et de la famille des Macrodactyles ( V. ces mots ). Caractères : bec plus court que la tête, chez la plupart , droit , épais à la base , convexe en dessus , comprimé latéralement , un peu renflé en dessous vers le bout ; mandibule supérieure in- clinée à la pointe et couvrant les bords de l'inférieure ; narines oblongues, couvertes d'une membrane gonflée; langue comprimée, entière; front chauve; quatre doigts, trois devant, un derrière ; les antérieurs très-longs , aplatis en dessous , et bordés d'une membrane étroite ; le postérieur portant à terre sur plusieurs phalanges ; ongles presque arqués , com- primés sur les côtés, un peu pointus; ailes concaves, arron- dies ; la première rémige plus courte que la cinquième , les deuxième et troisième les plus longues. Les poules d'eau habitent le bord des rivières et des étangs , et fréquentent quelquefois les marais ; elles nagent facilement , mais elles ne le font guère que par nécessité , comme pour passer d'une rive à l'autre , ou pour chercher leur nourriture , qui consiste en petits poissons , insectes et plantes aquatiques; elles se tiennent, pendant la plus grande partie du jour, dans les roseaux , se cachent sous les racines des arbres marécageux, et n'en sortent guère que le soir, où on les voit se promener sur l'eau ; leur manière de nager a cela de particulier, qu'elles frappent sans cesse l'eau de leur queue. Ces oiseaux quittent en octobre les pays froids et les montagnes , pour passer la mauvaise saison dans les lieux tempérés , où ils recherchent les sources et les eaux vives. Ce sont les seuls voyages qu'ils se permettent , et dans ce changement de demeure ils suivent régulièrement la même route , et reviennent toujours faire leur ponte aux mêmes lieux. Ils placent leur nid au bord des eaux , et le cons- truisent d'un grand amas de débris de roseaux et de joncs entrelacés. Les petits naissent couverts de duvet , et dès qu'ils sont éclos , ils abandonnent le nid et suivent leur mère ; mais elle les cache si bien qu'il est difficile de les lui enlever ; ils la quittent de bonne heure , car en peu de temps ils deviennent assez forts pour se suffire à eux-mêmes. La famille des poules deau est répandue dans toutes les parties du monde , et plusieurs des mêmes espèces se ren- contrent dans les deuxeontinens. Un astérisque indique celles que je n'ai pu déterminer, (v.) * La Gallinule angoli , Gallinula maderaspatana , Lath.; Fulica maderaspatana, Gm. Cet oiseau est trop peu connu pour indiquer la place qui lui est propre. Il a la tiiillc du canard. Son nom , à Madras , est cannangoli , que Siuffon a abrogé. Les Gentous l'appellent boollu-cory. Il a le plumage 4o4 G A L cendré sur le corps, lesaileset la queue; blanc aux côtés de la tête , devant le cou et sous le corps ; quelques taches noires en forme de croissant sur la poitrine , et un liseré noir au- tour Aes pennes des ailes. Les ornithologistes ont copié Brisson , qui prête à Yangoli une plaque nue et blanche au front , quoique Petiver , qui en a donné une courte notice , n'en fasse aucune mention, (s.) * La Gallinule ou la Poule d'eau cendrée , Gallinula einerea, Lath.; Fulica cinerea , Linn. , édit. i3. Cette espèce, qu'on croit avoir été apportée de la Chine , a sur le front une petite protubérance rouge comme la peau qui l'entoure ; sa taille est celle de la foulque , et sa longueur de dix-sept pouces environ ; la tête et le cou sont cendrés ; cette couleur est nuancée de vert sur le corps et les ailes ; les parties pos- térieures sont d'un cendré pâle ; le milieu du ventre est blanc ; les pieds sont bruns. La Gallinule ouPoule d'eau commune, Gallinula chloro- pus, Lath. ; Fulica chloropus Linn. , pi. iM3i , n.° 3. du Dict. Sa grosseur est à peu près celle d'un poulet de six mois , et sa longueur de quatorze pouces et demi ; la tête , la gorge , le cou et la poitrine sont noirâtres ; le ventre , les côtés et le haut des jambes d'un cendré très-foncé , avec quelques nuances blanches à l'extrémité des plumes , et des taches longitudinales de même couleur sur celles des côtés ; le dessus du corps est d'un brun olivâtre ; le bord de l'aile blanc ; la queue d'un brun obscur ; là membrane du front d'un rouge vif; le bec de même couleur à la base et jaune à la pointe ; le haut de la partie de la jambe dénué de plu- mes , entouré d'un cercle rouge et étroit ; les pieds sont verdâtres. La femelle est un peu plus petite que le mâle , et a des teintes plus claires. Sa ponte est de cinq à huit œufs d'un blanc jaunâtre et tachetés irrégulièrement de brun rougeâtre. On prétend que lorsque la femelle quitte ses œufs pour prendre de la nourriture , ce qui a lieu le soir , elle les couvre auparavant avec des brins d'herbes et de joncs. * La Grande poule d'eau de Brisson et de Buffon, ou la Porzane, gallinula fusca , Lath.; la Poulette d'eau , galli- nula fusca; le Glout , gallinula fislulans , donnés comme es- pèces particulières, sont, suivant M. Meyer, des individus de cette espèce dans des âges différens; ce qui me paroît très- vraisemblable. ( V. ci-après ces mots). Cette gallinule se trouve en Europe , en Afrique et en Amérique. Chasse. — Quoique la chair de, ces oiseaux soit un manger médiocre et peu recherché , on leur fait la chasse de di- verses manières, au fusil,avec la pince d'Elvaski (V. Canard), et au iramail, Voy. Râle. La Gallinule couleur de plomb, Gallinula plumèea-» G A L ^o5 Vieill. , se trouve dans l'île de Java ; elle se distingue de ses congénères en ce que la plaque frontale s'avance sur la tête en forme de fer de lance ; un gris tirant à la couleur de plomb couvre la tête , le cou et tout le dessous du corps , avec une bande blanche à l'extrémité de chaque plume , mais presque imperceptible ; les plumes du dos sont noires et terminées par un gris de plomb ; les grandes couvertures des ailes , les plus proches du corps , noires et large- ment bordées d'un roux clair ; les pennes d'un gris-brun et rayées de gris et de blanc en dedans; les couvertures infé- rieures de la queue présentent les mêmes raies ; le bec est d'un roux jaunâtre, et la membrane du front d'un rouge vif. Longueur totale , vingt pouces. * La Gallusule ou Poule d'eau a cou roux , Gallinula rtificoUis, Lath.; Fulica rufa, Gin. , a seize pouces de longueur; le bec long de deux pouces et demi , rouge à la base , et jaune à la pointe ; le sommet de la tête brun ; le dessus du cou cendré brun ; le dos d'un brun verdâtre ; les pennes pareilles et à bord roux ; la naissance de la gorge blanche ; le devant du cou et la poitrine d'un roux brillant ; le ventre , les parties situés au-delà et le croupion noirs: les côtésetles couvertures inférieures des ailes rayés transversalement de roux et de noir; les pieds rouges et assez longs. Sonnini regarde cet oiseau comme une variété de la grande poule d'eau de Cayenne. V . Hale. La Gali.INULE GLOUT , Gallinula fisiulans , Lath. ; Fulica Jîstulans, Gm. La membrane qui couvre le devant de la tête est d'un vert jaunâtre; lereste de la tête et du corpsest couvert de plumesbrunes, bordées de roussâtre; le dessous du corps est aussi de cette teinte; les ailes sont également bordées de rous- sâtre et brunes dans lereste; le bec, laparliedesjambesdénuée de plumes , et les pieds d'un vert jaunâtre. MM. Meyer et Themminck, ainsi que je l'ai déjà dit, me semblent fondés à présenter le gloul comme un jeune de la poule d'eau commune. * La GALL1NULE GRINETTE, Gallinula nœvia , Lath. ; Fulica nœoia , Gm. Cet oiseau, que l'on trouve en Italie , porte t selon Aldrovande , le nom àe'porzana à Mantoue ; on le trouve aussi en Allemagne, suivant Gesner ; et Girardin dit qu'on a tué une grinetle sur un petit étang des Vosges. M. Meyer le rapporte à la marouette ; cependant , si , comme le dit Brisson, il a le front depuis l'origine du bec jusque vers le milieu du sommet de la tête chauve et couvert d'une membrane épaisse et d'un jaune safran , cet attribut est totalement étranger à la marouelle. Au reste , la grinette dont ce méthodiste fait une poule sultane , est trop peu 406 G A L connue pour lui assigner le rang qu'elle doit tenir; c'est pour- quoi je la laisse isolée. Elle n'est pas tout-à-fait aussi grosse que le râle d'eau. La longueur du bout du bec à celui de la queue , est de neuf pouces trois lignes ; les plumes de la tête et de la partie supérieure du cou sont noires et bordées de roux ; celles du dos et des scapulaires ont de plus une bordure blanche après la teinte rousse ; le croupion et les couvertures du dessus de la queue sont pareils aux plumes de la tête ; celle-ci a sur chaque côté une bande d'un gris-blanc partant du bec et passant au dessus des yeux ; la gorge est d'un cendré bleuâtre-, sur le devant du cou et sur la poitrine, cette teinte prend un ton jaunâtre et est parsemée de taches noires ; le reste des parties inférieures est roux, et les flancs ont des raies transversales brunes et blanches ; cette dernière couleur borde l'aile. On remarque sur le fond roux des cou- vertures, des bandes transversales blanches; les pennes sont noirâtres , ainsi que celles de la queue , dont les deux in- termédiaires sont bordées comme les ailes ; queue étagée ; yeux petits; iris d'un vert jaunâtre; bec pareil; pieds d'un vert sale. * La Gallinule ou Poule d'eau mouchetée, Gallinula maculata, Lath. ; Fulica maculata, Gm. Taille du râle de genêt; longueur, onze pouces ; bec jaune sale , ainsi que le front ; plumage en dessus d'un brun-roux, marqué de noir et tacheté de blanc sur les ailes ; côtés de la tête , gorge et devant du cou blancs ; reste du dessous du corps brun ; pennes inter- médiaires de la queue noires et terminées de blanc ; les autres brunes ; pieds gris. Cette espèce se trouve en Alle- magne , où elle porte les noms de matknettzel et matkern. M. Themminck présente encore cet oiseau pour une jeune poule d'eau commune. La Gallinule ou la grande Poule d'eau porzatse , Gallinula fusca, var. Lath. , est rangée, par MM. Meyer et Themminck , parmi les jeunes de la poule d'eau proprement dite. Elle se trouve en Italie , aux environs de Bologne , où elle est connue sous le nom de Porzana. La tête , le cou et la gorge sont noirâtres ; le dessus du corps est de couleur marron ; la poitrine , le haut du ventre et les côtés sont d'un cendré obscur; chaque plume est bordée de blanc par le bout ; cette couleur couvre le bas-ventre , les couvertures inférieures et les pennes latérales les plus extérieures de la queue ; les autres et les pennes des ailes sont pareilles au dos; les pieds sont verts et les ongles d'un brun verdâtre ; le bec est jaunâtre à son origine et en dessous , et noir dans le reste G A L 4o7 de sa longueur. La femelle ne diffère du mâle que par des couleurs plus foibles. La Gallinule dite Poulette d'eau, Gallinula fusca, Lath.; Fulicafusca, (im. , est un jeune oiseau dans sa première année , selon MM. Meyer et Themminck ; ce qui me paroît lrès-vraisemblable , quoique Ton dise qu'elle vit isolée et qu'elle ne se mêle jamais avec la précédente. Son cri s'ex- prime par les syllabes bri, bri , bri , souvent réitérées. La tête , le dessus du cou et du corps sont d'un brun olivâtre ; la gorge et le devant du cou d'un cendré foncé , nuancé d'olivâtre ; la poitrine et les parties postérieures cendrées ; chaque plume terminée de blanc; les couvertures inférieures de la queue noires ; le bord de l'aile est blanc , ainsi que le bord de la première penne primaire , et la plus extérieure de chaque côté de la queue ; les autres pennes caudales sont d'un brun olivâtre , et celles des ailes noirâtres ; la mem- brane qui couvre le front est d'un jaune olivâtre ; l'iris rouge dans les unes , jaune dans d'autres ; le bec et les pieds sont d'un vert d'olive , et les ongles d'un vert brunâtre. * La Gai.linule ou Poule d'eau rousse a front bleu, Gallinula carthagena, Lath. ; Fulica carlhagcna, Linn., édit. i3» Cette espèce , dont la dénomination fait la description , est de la taille de la foulque. On la trouve à Carlhagène d'A- mérique. * La Gallinule smirring, Gallinula flavipes, Lath. ; Fu- lira flai't'pes , Gm. , est présentée par M. Themminck pour une variété d'âge de la poule d'eau commune. Le nom que Gesner lui a imposé est d'après son cri. Rzaczynski compte cet oiseau parmi les espèces naturelles à la Pologne. Il dit qu'il se tient sur les rivières et niche dans les halliers qui les bordent ; il ajoute que la célérité avec laquelle il court, lui a fait quelquefois donner le nom de Trorhilus. « Le fond de tout son plumage , dit-il , est roux; les petites plumes des ailes sont d'un rouge de brique ; la tête , le tour des yeux et le ventre , blancs; les grandes pennes de l'aile , noires; des taches de cette même couleur sont rà et là sur le cou, le dos, les ailes et la queue ; les pieds et la base du bec sont jau- nâtres. » J'ai peine à croire que cet oiseau soit un jeune de notre poule d'eau , et il ne me paroît même pas certain qu'il fasse partie du genre de la Gallinule ; car on ne nous dit pas s'il a le front nu. GALLI RION. Nom que les Grecs donnoient à un Lis à fleurs rouges , qu'ils appeloient aussi sang de Mars, (ln.) GALLI TK , Aleclrurus. Genre de l'ordre des oiseaux S\rLr vains, de la famille des Myiothères. V. ces mots. Caractères: bec plus large qu'épais, droit, conico-convexe, mandibule /,oS G A Ij supérieure un peu crochue à la pointe ; l'inférieure droite ; narines arrondies, situées vers le milieu du bec; langue large , courte et ne se terminant pas en pointe; angles de la bou- che garnis de longs poils noirs; ailes à penne bâtarde, cour- te et pointue ; la troisième rémige la plus longue de toutes; tarses un peu forts ; quatre doigts, trois devant , un derrière ; pennes caudales verticales et susceptibles de rester relevées. J'ai mis à la suite de l'espèce qui sert de type à ce genre, le Guirayelapa, parce qu'il m'a paru s'en rapprocher davantage que de tout autre; mais il diffère en ce qu il n'a que les deux pennes extérieures de la queue qui soient sur un plan verti- cal ; et il n'est pas question dans sa description, s'il a la fa- culté de relever la queue. Ces deux espèces sont vraiment extraordinaires, et l'on verra ci-après que l'on n'avoit pas d'idée de pareils oiseaux dont on doit entièrement la connois- sance à M. de Azara. Lune et l'autre ont les mêmes habitu- des; elles sont d'un naturel tranquille , peu farouche, et leur voix est sans agrément. Les campagnes voisines des eaux sont les lieux qu'elles préfèrent; elles n'entrent point dans les bois et elles ne se perchent que sur les joncs et les plantes aqua- tiques, jamais sur les arbres et les buissons; leur nourriture ne consiste que dans les insectes qui passent près d'eux, mais pour l'ordinaire elles les prennent à terre. Lorsque ces oi- seaux sont effrayés ou qu'ils veulent dormir, ils se cachent si bien sous les plantes, qu'il est impossible de les en faire sortir. M. de Azara dit qu'il n'a jamais vu deux mâles plus près l'un de l'autre que de deux cents pas, mais qu'il a ren- contré quelquefois des femelles en petites troupes. La Gallitetricolor, Alectrumstricolor, Vicill. M. de Azara appelle cetoiseauga&V/o, d'après la forme de sa queue, etSon- nini a traduit ce nom par celui de petitcoq. Cette espèce ne se trouve qu'entre le vingt-sixième et le vingt-septième degré et demi de latitude australe, où elle arrive en septembre et d'où elle repart en mars; cependant il en reste quelques individus dans le pays, car M. de Azara a vu trois femelles au plus fort de l'hiver du Paraguay. Le mâle s'élève quelquefois presque verticalement dans les airs , et battant vivement des ailes en relevant beaucoup sa queue ; il paroît alors plutôt un papillon qu'un oiseau. Quand il est à trente ou trente six pieds de hauteur, il se laisse tomber obliquement pour se po- ser sur quelque plante. Ce petit coq n'est ni farouche ni in- quiet, et quoique deux mâles se trouvent rarement plus rap- prochés que de six cents pieds, il est assez ordinaire de ren- contrer deux et jusqu'à six femelles presque ensemble ; cela vient de ce que leur nombre est au moins double de celui des mâles. Cette espèce ne seroit-elle pas polygame ? c'est de (.AL 4o9 quoi ce savant naturaliste ne nous a pas informé. Cet oiseau a les douze pennes de la queue bien fournies de barbes, et toutes onti a l'exception des deux intermédiaires, la forme d'une pelle, c'est à dire qu'elles s'élargissent beaucoup à leur extrémité; les deux du milieu sont pressées par les côtés des autres qui sont «à peu près de la mèine longueur et qui ont douze lignes de moins que les deux intermédiaires. C'est un attribut particulier de cette espèce de tenir toujours sa queue verticale comme celle du coq. Le mâle a le front marbré de blanc et de noir; les côtés de la tête et les parties inférieures de couleur blancbe avec les extrémités des pennes noirâtres, ainsi que 1 extérieur des jambes ; le dessus de la tête et du cou , la queue , ses cou- vertures supérieures , et un demi-collier au bas du cou, d un noir profond ; le dos et le croupion cendrés; les plumes sca- pulaires, le pli et les petites couvertures du dessus des ailes, d'un beau blanc ; les grandes couvertures et les pennes, noirâtres avec une bordure blancbe ; les tarses noirs; l'iris brun ; le bec olivâtre et sa pointe noirâtre; longueur totale, cinq pouces et demi: longueur de la queue, deux pouces un tiers: longueur du bec, cinq lignes trois quarts. La femelle diffère du mâle en ce qu'elle a des dimensions plus petites; le blanc des côtés de la tête et du dessous du corps moins pur; les plumes du des- sus de la tête et du cou d'un brun noirâtre , avec une bordure d'une teinte plusclaire; le dessus du corpsd'un brun roussâtre ; toutes les couvertures supérieures et les pennes de l'aile noi- râtres et bordées finement de blanchâtre ; toutes les pennes de la queue pareilles aux pennes extérieures de celle du mâle ; mais ces pennes se plient en deux parties; elles forment en- dessus un angle obtus ou un enfoncement, et l'oiseau ne les relève jamais au-dessus du croupion. Quelques femelles sont en dessous d'un blanc inoins sale; elles ont aussi la gorge brune et les autres teintes moins vives. Le GuiRAYETAPA.Ce nom signifie, dans la langue des Gua- ranis, oiseau coupeur ou en ciseaux, et ces peuples du Paraguay l'appliquent non-seulement à cette espèce, mais encore à tous les oiseaux à longue queue; M. de Azara, qui lappelle pardo y blanco, nous dit qu'elle est composée de huit ou dix fois plus de femelles que de mâles, et qu'il a vu quelquefois des bandes de trente femelles sans un seul de ces derniers; n'en sero4t-il pas du guirayetapa comme de la veuveàépau- letle , qui est polygame ? Cette espèce est sédentaire, et elle a les mêmes habitudes que le petit coq. La principale diffé- rence, qui fait distinguer les sex<\s, consiste dans la forme et la disposition des pennes de la queue ; et comme ce Uo GAL savant a vu deux individus qui avoientdumâle la partie droite- de la queue et la gauche de la femelle , il est tenté de soup- çonner aussi qu'il existe des hermaphrodites parmi ces oiseaux. Ces individus ont moins de roux dans leur plumage que les femelles et moins de blanc que les mâles, de sorte que les teintes de leur vêtement tiennent le milieu entre celles des deux sexes. On croira difficilement à ces hermaphro- dites, d'après cette différence dans la queue; ne seroit-ce pas tout simplement des jeunes mâles qui commencent à se re- vêtir de leur plumage parfait? ce n'est de ma part qu'une conjecture , puisque M. de Azara ne nous indique point les couleurs du jeune mâle dans son premier âge; cependant je la crois très-vraisemblable. Au reste, cet habile naturaliste ne nous indique point la forme que présente la queue de la femelle, mais seulement la conformation de celle du mâle, laquelle est composée de douze pennes dont l'extérieur d'un côté se joint, en dessous des autres, à l'extérieur de l'autre côté ; toutes deux sont ébarbées sur dix-sept lignes de lon- gueur près de leur base ; les barbes , sur le reste de la par- tie supérieure (car il n'y en a point à l'inférieure), sont Ion-, gués de dix-huit lignes ; le plan de ces deux pennes est verti- cal ; la seconde est plus courte et quatre pouces et demi plus longue que les deux intermédiaires ; les autres sont étagées et toutes sont pointues à leur extrémité, fortes, roides et pres- que sans barbes à leur naissance ; les plumes qui environnent les oreilles du mâle sont noires et longuettes; celles du tour de l'oeil et de la base de la mandibule supérieure , la gorge , le haut du cou en devant, et toutes les parties inférieures sont blanches; un demi-collier de plumes noires frangées de brun clair occupe le bas du cou et une partie de la poitrine; celles du dessus de la tête et du cou sont noirâtres et bordées de brun clair ; les plumes du dos et du croupion ont une bor- dure brune sur un fond plombé; les pennes des ailes sont brunes et liserées de hlanc ; les grandes couvertures noires et frangées de blanc , les autres marbrées de cette couleur et de cendré ; les pennes de la queue blanchâtres et terminées de brun ; toutes sont noirâtres en dessus, à l'exception de la plus extérieure de chaque côté qui est entièrement noire ; le tarse est noirâtre, l'iris brun et le bec de couleur de paille sèche; la femelle , qui est beaucoup plus petite que le mâle , a la tête blanchâtre , ainsi que le devant du cou jusqu'au demi- collier qui est d'un roux sale ; le dessous du corps est blanc , avec un peu de rouge sur les flancs; le dos, le croupion et les pe- tites couvertures supérieures des ailes sont d'un brun roussâtre; les grandes couvertures d une nuance plus foncée et bordées de rouge ; les pennes alaires et caudales noirâtres et fine- G A L 4ti ment frangées de brun ; le reste comme dans le mâle. (v.) GALLITE. Espèce de linaire (antirrhinum fur/uni) , qui croît en Espagne, (in.) GALLITRICHUM. J. Bauhin mentionne sous ce nom plusieurs espèces de S AUGES et de Sclarées décrites par d'au- tres auteurs comme des Horminum. Morison le donne à la Sauge des prés et , avec Bauhin , à I Hormin des Pyré- nées (Jiorminum pyrenaicum, Linn.), dont le genre est nommé Pasina par Adanson. (ln.) GALLITZINITE. Nom donné par Lenz a une variété de Titane, oxydé Jerrifère , découverte dans la foret de Spessart par M. le prince Dimitri de Gallitzin, auquel la science est redevable de plusieurs ouvrages qui ont contribué à ses pro- grès , et notamment d'une Concordance entre les diverses nomenclatures minéralogiques qui a eu plusieurs éditions ; la dernière est de 1802. Voyez Titane oxydé. (luc.) GALLOT. Nom vulgaire de la Tanche de mer. (desm.) GALLUCIO. L'un des noms de la Chantrelle, en Ita- lie, (s.) GALLUS. Nom latin du Coq. (v.) GALONNÉ. Poisson du genre Squale, (b.) GALONNÉ. Un Lézard et une Grenouille portent ce nom. (b.) GALOPINE , Galopina. Genre de plantes établi par Thunberg , dans la tétrandrie digynie et dans la famille des rubiacées. Il a pour caractères: une corolle à quatre divisions; point de calice ; un ovaire inférieur surmonté de deux styles ; deux semences épineuses. Ce genre ne contient qu'une espèce , qui est une plante annuelle du Cap de Bonne-Espérance , dont la tige est ordi- nairement simple , les feuilles opposées , oblongues , aiguës , glabres, et les fleurs disposées en corymbes terminaux , ac- compagnées chacune de deux bractées sélacées et opposées. (B.) GALOS-PAULES. Nom que les Portugais ont donné au patas , espèce de guenon. Voyez Guenon patas. (s.) GALPIIIMIE, Galphimia. Arbrisseau à rameaux rougeâ- tres , à feuilles opposées, pétiolées, ovales, blanchâtres en dessous, à une seule dent à leur base , à fleurs jaunes , dis- posées en grappes terminales , qui forme un genre dans la décandrie trigynie. Ce genre établi par Cavanilles, offre pour caractères: un ca- lice à cinq divisions persistantes; une corolle de cinq pétales ovales, dont Iesupérieureslplusgrand; dix étamines alternative- 4i2 G A L ment grandes et petites; un ovaire supérieur ovale, trigone, surmonté de trois styles à stigmates simples ; un fruit à trois loges monospermes. La galphimie se trouve dans le Mexique. Elle ne diffère des Moureillers , que par le défaut de glandes calici- nales. On a depuis trouvé deux autres arbrisseaux du même pays , qui se réunissent à celui-ci. Ainsi il y a une Gal- phimie Glauque , une Galphimie hérissée et une Gal- phimie GLANDULEUSE. (B.) GALSTEM. Voyez Gast. (ln.) GALTABÉ. L'un des noms duMoMTOR {lacerla monitor, Linn. ). (desm.) GALUCHAT. Peau grise , garnie de tubercules aplatis, qu'on emploie ordinairement, après l'avoir colorée en vert , pour couvrir les boîtes et les éluis destinés à contenir des bi- joux. On en connoît deux espèces , l'une à petits et l'autre à gros grains. La première, qui est très-commune et à bas prix , est four- nie par plusieurs espèces de squales , principalement par le Squale roussette. On ignoroit quel poisson fournissoit la seconde, que les gaîniers de Paris tirent exclusivement de l'Angleterre , et qu'ils payent fort cher. C'est à Lacépède qu'on doit d'avoir reconnu qu'elle appartenoit à une espèce de raie , à la Raie sephen, qui habite la mar Rouge et celle des Indes. On doit faire avec ce naturaliste des vœux pour que le commerce na- tional, actuellement instruit des moyens de se procurer di- rectement celle sorte de galuchat , ne laisse plus à la discré- tion des étrangers la consommation de nos fabriques, (b.) GALURT. En Danemarck , c'est le Gaillet jaune (ga- lium verum , Linn.). (ln.) GALVANIE, Gahania. Plante du Brésil , qui a servi à établir un genre dans la penlandrie monogynie et dans la fa- mille des rubiacées , fort voisin du Palicour et du Psyco- thre ; ses caractères sont : un calice à cinq dents ; une co- rolle ventrue à cinq découpures aiguës ; cinq étamines à fila- mens velus ; un ovaire inférieur surmonté d'un style incliné à stigmate trifide ; une baie à deux loges et à deux semences. (B.) GALVANISME. On a désigné , par cette expression , une classe fort curieuse de phénomènes découverts d'abord par un physicien italien nommé Galvani , et que Volta a réunis aux lois ordinaires de l'électricité , en leur donnant une généra- G A M 4l3 îité beaucoup plus grande. Limités comme Galvani lesavoit vus d'abord, ils consistent dans des contractions musculaires qui s'exécutent par le simple contact des nerfs et des muscles dans les organes animaux vivans ou morts. D'après les découvertes de Volta, l'effet qui a lieu dans cette circonstance est produit par une électricité très-foible qui se développe au contact des nerfs et des muscles , comme en général à tout autre contact de substances bétérogènes. Il est plus que vraisemblable que les secousses que donne la tor- pille sont produites par un appareil de ce genre qu'elle fait agir à volonté, (biot.) GALVÈSE , Gahesia. Genre de plantes établi par Jus- sieu, dans la didynamie angiospermie , et dans la famille des personnées, fort voisin des Doda.rties.11 a pour caractères: un calice petit, divisé en cinq parties -, une corolle mono- pétale , tubuleuse , ventrue à sa base , et labiée à son limbe , dont la lèvre supérieure est divisée en deux lobes, et 1 infé- rieure en trois parties ; quatre étamines, dont deux plus cour- tes ; un ovaire supérieur , terminé par un style simple ; une capsule globuleuse à deux loges. (B.) GALVEZE, Gabezia. Arbre du Pérou , qui forme, dans l'oclandrie té tragynieungenre dont les caractères consistent en un calice de quatre folioles ovales et caduques; une corolle de quatre pétales oblongs, sessiles et concaves; huit étamines, dont quatre alternes, plus courtes; quatre ovaires supérieurs, rapprochés , insérés sur un corps glanduleux , et termi- nés chacun par un style comprimé à stigmate simple ; quatre drupes ovales, contenant chacune une noix uniloculaire. Ce genre se rapproche infiniment de la Porlière. (b.) GAMAICU. Quelques voyageurs disent que les Indiens donnent ce nom à certains corps calcaires , globuleux , qui sont ou de simples concrétions , ou des corps marins fossiles, et qu'ils y attachent de grandes vertus. Il y a tout lieu de croire que c'est un Madrépore fossile {Voyez ce mot.) , et, dans ce cas , ces vertus se réduisent à celles de la pierre calcaire la plus commune, (pat.) GAMAL. Nom hébreu, et GAMALA , nom chaldéen du chameau d'Arabie , employé comme bête de somme. Voyez Chameau, (desm.) GAMAMAH , CHAMAMAH et DAZAMACH. Sui- rant Gesner et Aldrovande , ce sont les noms arabes du Pigeon. Les jeunes sont appelés Phera khaman. (v.) GAMAO et GAMOEIRA.Noms portugais de 1' Aspho- dèle , appelé gamon en Espagne, (ln.) GAMARZA. Nom espagnol dupeganum harmala. (LN.) £i4. G A M Gx\MASE , Gamasus, Lat. Genre d'arachnides trachéen- nes , de la famille des holètres , tribu des acarides , ayant pour caractères : huit pieds simplement ambulatoires; man- dibules d'un seul article , terminées en pince ; palpes saillans et filiformes. Ce genre se compose d'un assez grand nombre d'espèces, rangées par Hermann fils (Mém. aptérol.} , soit avec ses trombides , soit avec ses mites. Fabricius, qui n'avoit d'abord détaché des acarus de Lin- nseus que les trombidions , et auxquels il réunissoit les hy- drachnes de Miiller , a distingué postérieurement (Syst. antliat.) ces dernières arachnides sous le nom générique tfatax , et adopté mes genres nyctéribie , ixode , bdelle et gamase. Il a conservé les trombidions avec ses unogates; mais il paroît avoir suivi , quant au rang qu'il assigne aux autres genres , le tableau élémentaire de Y Histoire des animaux de M. Cu- vier. Ces genres, ainsi que celui des poux, terminent son ordra-des antliates , qui répond à celui des diptères de Lin- nœus. Ces animaux s'éloignent des autres antliates par l'ab- sence des ailes , et forment, à l'exclusion des poux , une di- vision spéciale , ayant pour caractère : point d antennes. J'avois institué le genre Gamase sur la mite des coléop- tères , acarus coleoplratorum de Linnseus. Elle court assez vite, et de là sa dénomination générique qui, en grec, signifie agile. Quelques espèces, et parmi lesquelles celle-ci doit être comprise, vivent en parasites sur d'autres animaux, et particulièrement sur divers oiseaux et quelques quadrupèdes. Hermann en a même observé une {acarus marginatus} sur le corps calleux du cerveau d'un homme. Les autres sont tantôt vagabondes, tantôt fixées à des feuilles, y sont même réunies en société , et les recouvrent de fils soyeux et très- fins. M. Huber fils a recueilli , à l'égard de ces dernières es- pèces , quelques faits particuliers , mais dont je n'ai pas encore eu connoissance. Je divise ce genre en deux sections : dans l'une , le dessus du corps offre , en totalité ou partiellement, un derme écail- leux ou coriace; tels sont ïacarus marginatus d'Hermann , son trombidium longipes , et Y acarus coleoptratorum de Linnaeus ; dans l'autre , le corps est entièrement mou. Ici viennent les mites , vespertilionis , hirundinis , du premier; celle de la poule de Degeer, et les trombides, celer, bipustulatum, soçium, tilla- rium et telarium d'Hermann. Les trois dernières espèces sont du nombre de celles qui vivent sur les feuilles , et le plus souvent à leur face inférieure : celles du tilleul et du haricot y sont très-sujettes. Ces gamases y filent des toiles très-fines et qui leur nuisent beaucoup. L'espèce nommée Tisserand, G A M w telarius, et que l'on y trouve abondamment, est rougeâtre , avec une tache noire de chaque côté. Des habitudes aussi différentes nous annoncent que ce genre n'est pas encore bien circonscrit. Un naturaliste, dont les yeux sont très-exercés, ainsi qu'on peut s'en convaincre par les observations fines et délicates qu'il a mises au jour, M. Leclerc de Laval, s'occupe depuis long-temps de l'étude des arachnides et des insectes parasites. Nous avons tout lieu d'espérer qu'il éclaircira cette partie obscure et difficile de l'entomologie. 11 est venu à bout de découvrir dans la mité de la gale , des mandibules en pince , et c'est d'après ce fait qu'il a eu la bonté de me communiquer, que je me suis dé- terminé à supprimer le genre Sarcopte, et à le réunir à celui d'AoARUS. (l.) GAMBALEVROT. Nom du Pluvier gris , dans de* cantons du Piémont, (v.) GAMBALIEN. V. Caméléon, (desm.) GAMBERETTO. Nom italien de la Courtilière, Taupe-grillon, (desm.) GAMBERO. Nom italien des Ecrevisses. Gambero d'à- qua dolc.e est celui de Vêcransse ordinaire, cl gambero mariiio, celui de la crevette, (desm.) GAMBETTE. V. Chevalier aux pieds rouges, (v.) GAMBIRLAUT. Nom donné par Rumphius à un arbre de l'Inde, qui est le duuglassia d'Houstone et d'Adanson. V. ce mot. (ln.) GAMROEIRxX. Nom donné, en Portugal, à une va- riété du CoiGNASSIER A GROS FRUIT. (LN.) GAMMA. C'est le nom d'un Papillon de jour , Papilio C. album, du genre Nymphale. (desm.) GAMMA DORE. C'est un autre lépidoptère, du genre Noctuelle , Noctua gamma, (desm.) GAMMARINjŒ. V. Crevettines. (l.) GAMMAROL1TE. Nom que les anciens naturalistes donnoient aux Crustacés devenus fossiles, (b.) GAMMARUS , Fab. V. Crevette et Amphipodes. (l.) GAMMASIDES. M. Léach , dans sa nouvelle distribu- tion des crustacés, des myriapodes et des arachnides, donne ce nom à une famille d'arachnides comprise dans le qua- trième ordre. Elle correspond au genre Gamase de M. La- treille. Voyez ce mot. (desm.) GAMOEIRA. En Portugal , c'est I'Asphodèle. (ln.) GAMON. V. Gamao. (ln.) GAMUTE. On appelle ainsi aux Philippines les filamens /l6 G A N de la base des feuilles de Palmiers , avec lesquels on fait des cordes. (B.) GAMUTO. V. Gomuto. (b.) GAMUZA. Nom espagnol du Chamois, espèce d' Anti- lope, (desm.) GAN. Nom que Ton donne au Harle, sur le lac de Cons- tance, (v.) GANACHE. Nom que j'avois donné à cette partie de la lèvre inférieure des insectes , qu'on appelle maintenant men~ ion. V. Bouche, (l.) GANDA-MONOSSOL, de Rai, et Gandasulium , de Rumphius. C'est le Gandasuli des Indes- Orientales. Voy. ce mot. (ln.) GANDARUSSA-SOSA (Rumph., Amb. 4, t. 28 et 29). Plante des Indes orientales, que Rheede a retrouvée au Mala- bar , où elle porte le nom de Vada-koki. C'est le justicia gandarussa , Linn. , dont Scopoli avoit fait son genre al- dina , croyant que le fruit étoit une graine nue , tandis que c'est réellement une capsule semblable à celle des autres es- pèces du même genre. V. Carmantine. (ln.) GANDASULI , Hedychium. C'est une plante dont la ra- cine est grosse , traçante ; les tiges droites ; les feuilles al- ternes, oblongues, pointues, presque sessiles, entières, avec quelques longs poils ; les fleurs disposées en épis ter- minaux, blanches , avec un peu de jaune , renfermées deux par deux , avant leur épanouissement, dans une écaille spa- thacée. Chaque fleur offre un calice monophylle , tubuleux , cylin- drique, membraneux, tronqué très-obliquement en son bord; une corolle monopétale à tube long et grêle , un peu courbé, à limbe à six divisions, dont les deux supérieures sont fort étroites et presque linéaires , trois autres ovales oblon gués , et la sixième , plus large , est échancrée en cœur , co- lorée en jaune ; un filament linéaire , portant à son sommet une anthère linéaire adnée , et dont les deux lobes laissent entre eux une cavité qui donne passage au style ; un ovaire inférieur petit, oblong , d'où sort un style capillaire, terminé par un stigmate pubescent. Cette plante est cultivée dans les jardins de Java et de la presqu'île de Malaca, à raison de la bonne odeur de ses fleurs. Elle n'y donne pas de graine , et on la multiplie de c aïeux. Lamarck l'a réunie aux Zédoaires. (b.) GANDELBEERE. C'est le vaccinium myrtillus , en Alle- magne, (ln.) G AND OL A, Rumphius {Amb. 5, 1. 154, f. 2.) a figuré G A N 4l? sous ce nom une espèce de BaselLE , Basella nihra. Son gunàola alba est une seconde espèce du même genre. Ces plantes servent de nourriture dans les Indes. On les nomme gundoles dans les colonies, (ln.) GANELL1. C'estla Bauuroiepécheresse, à Nice.(DESM) GANGA, CE nus , Vieill.; Telrao , Lath. Genre de Tordre des Gallinacés et de la famille des Plumipèdes. ( Voy. ces mois. ) Carat/ères : bec court, emplumé à la base , convexe en dessus; mandibule supérieure voùlée, courbée vers le bout et plus longue que I inférieure; narines couvertes d'une membrane, cachées sous les plumes du raplstrum et ouvertes en dessous ; langue charnue , entière ; tarses vêtus sur leur partie antérieure; quatre doigts, trois devant unis à la base par une petite membrane, un derrière très-court, flécbi et élevé de terre; ongles très-courts, obtus; ailes longues, pointues , étroites ; la première rémige la plus longue de toutes ; queue composée de seize pennes , les deux intermé- diaires les plus allongées , quelquefois subulées. En adoptant le nom A'œnas , je me suis rangé du senti- ment deGessner et de Brisson qui le donnent à notre ganga. Buffon prétend , il est vrai, que Vœnas ne peut être qu'un pigeon, parce que sa ponte n est que de deux œufs, ce qui ne me paroit pas décisif, puisque la couvée de ce ganga n'est ordinairement composée que de deux, ainsi que je le prouverai ci-après d'après des observations réitérées. Les espèces qui composent ce genre , ont été classées par Latham, Gmelin , etc. , dans celui du tétras; mais j'ai cru pouvoir les isoler, puisqu'elles diffèrent essentiellement des tétras ou gelinottes par la forme et la longueur des ailes, dont la première rémige est la plus longue de toutes , tandis que ceux-ci portent des ailescourtes. arrondies, concaves, dont lapremière rémigeest moins allongée que la sixième et la sep- tième. De plus, les gangas ont le pouce articulé si baut qu'il se trouve élevé de terre ; au contraire , ce doigt y porte chez les autres. Si 1 on consulte l'instinct , le genre de vie et 11* vol des gangas, on y trouve encore des disparités très- tranchées. M. Triemminck qui a fait aussi, dans son Histoire des Gallinacés , un genre particulier de ces oiseaux sous le nom de ptérorles , dit qu ils font une ponte nombreuse et que leurs petits courent au sortir de l œuf. Cependant nous voyons tout le contraire dans l'Histoire naturelle de la Provence, que ce naturaliste connoît très-bien, puisqu'il l'indique dans le synonyme de son ganga kata. En outre, ne se contredit-il pas lui-même ? car dans ces espères , dont il indique la couvée , la plus forte n'est que de quatre ou cinq œufs , ce qui certainement ne peut passer pour une ponte nombreuse. 4,8 G A N Au reste , comme il n'a point étudié ces oiseaux d'après là nature vivante, et qu'il ne cite aucun auteur à l'appui de son assertion , on doit plutôt s'en rapporter aux naturalistes pro- vençaux qui nous assurent que la ponte de ce ganga , qui se tromve dans la plaine de la Crau , n'est que de deux ou trois œufs au plus ; que les petits naissent sans plumes , sont nourris dans le nid par la mère à la manière des pigeons , jusqu'à ce qu'ils soient assez forts pour se suffire à eux- mêmes ; j'ai d'autant plus de confiance dans ces faits , que depuis ils m'ont été confirmés par un très-bon observateur , M.deBelleval, de Montpellier, faits qui ont donné lieu à un Mémoire qu'il a présenté à l'Académie de Lyon, il y a quel- ques années. Ainsi donc , j'écarte comme apocryphe tout ce que M. Themminck a publié sur ce sujet, et lorsqu'il dit que lespieds de ces oiseaux sont propres à courir avec célérité sur un sable mouvant; car, au contraire, ils marchent lentement. î^es gangas diffèrent de tous les gallinacés par la forme et la longueur de leurs ailes ; par leur vol élevé et très-rapide ; par la lenteur de leur démarche -, par leur ponte , leur ma- nière de boire et d'élever leurs petits , attributs qui leur sont communs avec les pigeons , à l'exception de la ponte ; si réellement elle est chez des gangas composée de quatre ou cinq œufs : mais ils s'éloignent des uns et des autres par l'élévation et la forme de leur doigt postérieur. Des personnes, selon l'auteur de l'histoire citée ci -dessus, ont trouvé des rapports si grands entre le ganga caia et le ramier, qu'elles ont pris , le premier pour un métis procréé de ce pigeon et de la perdrix , d'où lui est venu , dans quelques cantons , le nom de pigeon-perdrix. Les gangas habitent l'Afrique , les contrées chaudes de l'Asie et de l'Europe; suivant M. Themminck, leur passage n'est qu'accidentel en Europe , expression très-impropre et qui porte à faux, puisqu'il en est qui nichent en Provence et en Espagne, et y sont sédentaires. Ces oiseaux fuient les ter- rains cultivés et ne se plaisent que dans les lieux pierreux et sablonneux. Le Ganga. bibande. V. Ganga a double collier. Le Ganga cata , Œnas caia , Vieill. ; Tetrao alcata , Lath. , pi. enl. de Buffon , n.os io5 et 106. Cala , Kata ou Chata est le nom turc et arabe de cette espèce, qui est décrite par Brisson , sous le nom de Gelinotte des Pyrénées , parce qu'elle se trouve près des Pyrénées Orientales. On la rencon- tre également en Espagne , en Italie , en Perse , en Syrie , etc. Elle reste toute l'année dans les plainesde la Crau, où elle est connue sous la dénomination de grandoulo. On la voit ra- rement dans les campagnes éloignées de ce lieu; elle vole en G A N 4»g troupes très-nombreuses, et si haut qu'on ne peut tirer ces oiseaux au fusil. Ils s'accouplent en mars; la ponte est, comme je l'ai déjà dit , de deux ou trois œufs (il paroît quelle est ra- rement de trois , car M. de Belleval ne me l'indique que de deux). Les petits naissent sans plumes ; la mère les nourrit en les gorgeant comme les pigeons , jusqu'à ce qu'ils soient assez forts pour chercher leur nourriture. Ces gangas ne se laissent point approcher, prennent aisément l'épouvante en poussant de grands cris, et s'envolent à tire d'ailes, lorsqu'ils aperçoivent quelqu'un. Us viennent, pendant les chaleurs de l'été , au bord des étangs et des ruisseaux , pour boire, sur- tout le matin : c'est là que le chasseur les attend à l'affût. Mais, lorsqu'ils ont essuyé quelques coups de fusil, ils rasent la surface de l'eau, et boivent envolant. Ces oiseaux ont la chair noire et dure , aussi n'en fait-on pas grand cas; mais on es- time davantage celle des jeunes , qui est tendre et de fort bon goût : les gourmets la préfère même à celle de la perdrix. M. Themminck , dans une note de son Histoire des gangas , pré- tend que la perdrix de Damasde Belon, citée par Brisson, dans la Description de sa gelinotte des Pyrénées ( l'espèce de cet ar- ticle) , ne peut sous aucun rapport être comparée avec les gangas ; cependant il suffit de jeter un coup d œil sur la figure que Belon a publiée , pour se convaincre , malgré sa défec- tuosité , que c'est le même oiseau que le gauga de la Crau, mais auquel on a supprimé les deux longs brins de la queue. Cet oiseau est connu à Montpellier sous les noms tïangel et de perdrix d'Angleterre. Boussel assure que cette espèce passe une grande partie de l'année dans les déserts de la Sy- rie, et qu'elle ne se rapproche de la ville d'Alep qu'au mois de mai ou de juin, lorsque la soif la contraint d'abandonner ces solitudes arides pour chercher les lieux où il y a de l'eau. Le mâle a i3 pouces 6 lignes de longueur depuis le bout du bec jusqu'à la pointe de ses deux plus longues pennes caudales; le dessusdela tête, le cou, etle dos variés d'olivâtre, de jaunâtre, denoiretde roux; ccscouleursdonnentlieu à desbandes trans- versales; le croupion est rayé transversalement de noir et de roux ; les couvertures supérieures de la queue ont des raies noires et jaunâtres; les petites couvertures des ailes sont d'un brun-marron; les moyennes d'une teinte plus claire, avec des bandelettes obliques, jaunâtres, et d'un marron foncé; les grandessont olivâtres, variéesde jaunâtre, etterminéesdenoir; le tour des yeux est de cette dernière couleur, ainsi qu'une bande longitudinale, qui se fait remarquer en arrière de l'œil; les joues sont fauves ; la gorge est noire ; la partie inférieure du cou , d'abord olivâtre , ensuite traversée par deux bandes étroites, noires , séparées 1 une de l'autre par un espace de *ao G A N dix -huit lignes , et qui forme un double collier; cet es- pace est roux ; le reste des parties inférieures est blanc, avec des raies transversales noirâtres et rousses sur une partie des couvertures inférieures de la queue ; les pennes primaires des ailes sont cendrées , terminées de brun et noires sur la lige ; les secondaires blanches à l'intérieur , cendrées en de- hors et a leur extrémité ; les autres olivâtres, rousses et noires dans le milieu ; les seize pennes de la queue , dont les deux intermédiaires ont presque le double de longueur des laté- rales , et la partie qui les excède , très-étroite , d'un cendré mêlé confusément d'olivâtre ; toutes ces pennes latérales ont leur côté extérieur rayé transversalement de jaunâtre; celles du milieu le sont sur les deux bords , avec leur partie étroite noirâtre. Toutes les autres ont leur pointe blanche , et sont noires en-dessous ; le bec et les pieds cendrés , les ongles noirs ; enfin le devant du tarse est couvert de petites plumes blanches. Les doigts sont garnis de chaque côté, d'appendices écailleux très-courts, selon Brisson à qui j'ai emprunté la des- cription de ce ganga. Ils sont bordés de petites dentelures» suivant Buffon; mais si l'on en croit M. Themminck , ce ne sont ni des appendices écailleux , ni des dentelures , mais des membranes. M. \irey s'est rangé de l'opinion du Pline fran- çais, pour les dentelures des doigts, et a ajouté que les sour- cils et les orbites des yeux du ganga sont élevés ; que sur la poitrine, on observe une espèce de plaque noire en croissant, faite comme un hausse-col. Cm, dit M. Themminck, est écrit à bon plaisir , et fait voir assez combien on peut s'en rapporter à des livres d'Histoire naturelle dont les auteurs n'ont point étudié le grand livre de la nature , et se contentent d'embrouiller la science par des compilations. En aucun cas , on ne doit se permettre de pareilles diatribes, et cet hollandais se trompe fort, si par- là il croit donner des preuves de son savoir; car ce qu'a dit M. Virey n'est pas aussi loin delà vérité, que M. Themminck veut le persuader aux autres. En effet , les dentelures des doigts ont été remarquées , comme je l'ai dit ci-dessus , par Buffon , et de plus par des naturalistes qui méritent certaine- ment quelque confiance , puisque les appendices indiqués par Brisson, que M. Themminck dit fort mal à propos être l'auteur le moins estimé en France, sont bien de véritables dentelures; que les sourcils et les orbites élevés existent réelle- ment sur l'oiseau vivant ; et que l'espèce de plastron en crois- sant signale la bande transversale du haut de la poitrine, qui, selon M. Themminck lui-même, s'étend en forme cir- culaire. La femelle diffère principalement du mâle , en ce qu'elle a la gorge blanche , et que son collier est noir immédiatement G A N frt on- dessous de cette couleur ; l'espace enlre ce collier et la largo bande de lapoitrine est d'un jaune-roux clair; cette bande esl d'un roux orangé et bordée de noir ; elle n'a point de fi- letsà la queue, elles deuxpennesintermédiairesne dépassent les autres que d'un pouce environ. Les jeunes mâles et fe- melles , avant leur première mue , ont , suivant M. Them- minck, la gorge blanche, les colliers seulement indiqués par quelques taches noires ; la tête , la nuque et le dos d'un cen- dré olivâtre ; la couleur blanche des jambes et du ventre , avec des lignes et des taches jaunâtres , brunes et cendrées ; le plastron de la poitrine coupé par des bandes transversales , brunes et noirâtres. Le Ganga a double collier, Œnas bicintta, Vieill. ; Ptcrorfes bicinctus, Theium. Ce ganga , que M. Themminck regarde comme une espèce nouvelle , se trouve , dit-il, dans le pays des grands Narnaquois. M. Levaillant l'a rencontrée sur les bords et au-delà de la grande rivière des Poissons; elle n'est point connue au Cap de Bonne-Espé- rance. On la rencontre en famille, composée du mâle, de la femelle et des petits ; mais chaque couple s'isole dans le temps des amours. Le mâle a une petite tache blanche à la base du bec ; une large bande noire qui va d'un œil à l'autre, laquelle est coupée au-dessus des yeux par deux grandes taches blanches; les plumes, du dessus de la lète et de l'oc- ciput, d'un roux jaunâtre sur les bords et noirâtres dans le milieu; les joues, le cou, la poitrine et les petites couver- tures alaires, d'un cendré jaunâtre; le dos, les autres cou- vertures et les pennes secondaires des ailes d'un cendré brun, avec des raies et des taches rousses qu'on n'aperçoit qu'en soulevant les plumes qui toutes sont terminées par une ta- che blanche triangulaire; le croupion, les couvertures et les pennes de la queue, sont rayés transversalement de brun et de roux jaunâtre ; ces dernières ont à leur extrémité une grande tache de la dernière teinte ; celles des ailes sont noires, avec la tige brune ; au collier blanc qui est au-dessus de la poitrine , en succède un autre de couleur noire ; tous les deux se terminent sur les parties latérales du dos ; le reste des parties inférieures est rave finement de brun , sur un fond blanc terne qui occupe aussi les plumes des tarses; les doigts, les ongles et le bec, sont jaunâtres ; longueur to- tale , neuf pouces et demi. La femelle n'a ni bandes sur le front, ni colliers; le haut de la tête est d'un roux jaunâtre, varié de taches longitudinales noirâtres ; les joues et la gorge sont poinlillécsdc brun; le rou et la poitrine, tachetés longitudinalement de brun et de jaunâtre ; les plumes du dos et des ailes rayées de br_un et de jaune ; les moyennes et le* 4,a? G A N grandes couvertures des ailes terminées par une zone blan-r che ; les pennes d'un brun noirâtre et liserées de blanc à leur extrémité ; le bec et les ongles bruns ; la queue est très- étagée , mais les deux pennes intermédiaires ne sont ni al- longées, ni subuléeff. Le Ganga DES Indes , Œnas indicus , Vieil!. ; Teirao in- dicus, Lath., pi. 96 du Voyage aux Indes, par Sonnerat. Cette espèce habite la côte du Coromandel, où elle est con- nue sous le nom de caille de la Chine. Le mâle a la tête en- tourée d'un bandeau noir ; le front blanc ; l'occiput rous- sâtre , avec une raie noire sur chaque plume ; le cou d'un gris sale et terreux ; les plumes de la poitrine mordorées et bordées de blanc transversalement; le dessus du corps d'un roux jaunâtre , traversé de petites raies noires et courbées en arc ; les ailes avec des bandes alternativement noires et blanchâtres ; les plus longues pennes d'un brun noirâtre en dessus et grises en dessous; l'abdomen d'un gris terreux, avec des raies transversales noires ; le bec jaunâtre ; les pieds et les ongles bruns ; longueur totale, neuf pouces et demi ; la queue est pareille à celle du ganga à deux colliers. La femelle diffère du mâle en ce qu'elle a la tête d'un roux jaunâtre avec une bande longitudinale dans le milieu ; la nuque , le dos et le croupion, rayés de brun-noir et de jaunâtre ; les scapulaires bordées et terminées par cette der- nière teinte, qui prend un ton plus clair et qui est coupée en travers de noir sur les convertures des ailes ; les plumes des parties inférieures sont d'une couleur plus claire que celles du mâle. Le Ganga namaquoiS , Œnas namaqua , Tetrao namaqua, Lath. , a la tête , le cou et la poitrine d'un gris cendré , inclinant au roux sur les côtés de la tête et de la gorge ; celle-ci jaune ; un croissant blanc et étroit sur le haut de la poitrine , au-dessous duquel il y en a un autre d'un brun de chocolat; le ventre, jusqu'aux cuisses, d'un cendré pres- que noir , teint de pourpre selon Themminck ; le reste des parties inférieures d'un gris-blanc pâle ; le dos et le croupion sont d'un brun de chocolat, plus foncé sur le bord des plumes; les petites couvertures des ailes blanches et bordées de brun; les grandes de cette dernière couleur, plus pâle surles bords avec une tache bleuâtre à l'extrémité de chaque plume ; les pennes noirâtres ; les secondaires terminées de blanc , et les primaires de cette couleur sur leur tige ; les deux pen- nes intermédiaires de la queue subulées comme celles du ganga cala, noires vers le bout et cendrées dans le reste ; toutes les autres de cette couleur et terminées de blanc jau- nâtre ; les plumes des pieds d'un cendré bleuâtre ; le bec est G A N 4,3 d'un bleu sombre ; les ongles sont noirs. Longueur totale , dix à onze pouces. La femelle , qui est un peu plus petite , a la tête et le cou comme le mâle, et un peu striés de noir ; la partie supé- rieure du corps rayée transversalement de noir , de blanc et de roux; la gorge roussâtre ; la poitrine d'un blanc rous- sâtre, avec des bandes brunes et longitudinales qui se présen- tent quelquefois en forme de croissant ; le ventre rayé en travers de noir el de blanc ; la partie inférieure du ventre d'un roux clair ; les pennes latérales de la queue ont des marques jaunâtres et brunes à l'intérieur et à l'extérieur; les deux intermédiaires sont un peu plus courtes que celles du mâle. M. Themminck rapporte à cette espèce la gelinotte du Sé- négal , pi. enl. n.° i3o. Buffon en fait une variété an ganga cala; Latham a adopté son opinion dans son synopsis r et l'adonnée pour une espèce dans son Index, sous la dénomina- tion de telrao senegalus. Ce ganga du Sénégal a le bec noi- râtre , la couleur générale de son plumage d'un rouge de tan pâle , une strie bleuâtre au-dessus de l'œil ; le menton et la gorge fauves ; le devant du cou et la poitrine marqués de bleu pâle; les couvertures des ailes avec des taches sombres; les pennes intermédiaires de la queue pareilles à celles du gwjg-a rata , et les autres delà même couleur que celles de cet oiseau. Des individus ont une bande rousse sur la poitrine, mais la couleur est plus foncée que sur l'individu de la planche enlu- minée. Le caractère d'aprèslequel M. Themminck s'est décidé à donner la gelinotte du Sénégal pour n'être pas une variété du ganga cala, consiste dans la hauteur de la base du bec qui est de quatre lignes chez celui-ci , et seulement de deux chez l'autre. Sparmann a vu le ganga qui fait le sujet de cet article , dans le pays des Namaquois , à la pointe australe de l'Afri- que. Sa nourriture se compose des graines mûres des gra- minées, et on le voit arriver en troupe près des sources d'eau vive. Son vol est pareil à celui du pigeon , et il est connu au Cap de Bonne-Espérance sous le nom de perdrix des Namaquois. C'est de cette espèce que M. Levaillant parle dans ses Voyages. Le Ganga quadribande. V. Ga:.\ S. GlvpAiroJon ,nour/,*ra i). Gp/>re.r/,„' />„.rc ■ JO. (><>//l/l/lO/ jj . Gynfttefri e />/cit ■ ,<>,■/,<■ t. Ot>/'/ilt,<„u-/n> , %. (rofnomofe (a Mon , ,2. us. (B.) GATEAUX, Placefttœ. Klein donne ce nom à certains Oursins. (DESM.) GATEAUX DE LOUP. Champignons dugenre Bolet. V. Seps ou Cèpes pinaux. (b.) GATEAUX DE MIEL, Melita. Division établie parmi les Oursins , par Klein, (desm.) GAT-EL-CH ALLAH. Nom arabe du Caracal. (s.) GATETA et GATICO. Noms donnés , en Espagne , à une variété de Raisin noir, (ln.) GATHUONE. Les Africains nommoient ainsi les Lai- trons , suivant Tabernœmontanus. (ln.) GATICK. C'est le Peuplier blanc, en Ialie. (ln.) GATIES. V. GATETA. (ln.) GATILLO , GATINO , GATUNA. Noms espagnols de I'Arète-bœuf , Ononis spinosa. V. Bugrane. (ln.) GATO. C'est le nom du Chat en espagnol et en portu- gais. (<.) GATO DE ALGALIA. Les Portugais ont donné cette dénomination à la Civette, (s.) GATRNIK. Nom de I'Anémone hépatique , en Bohème. (LN.) GATTAIR. Nom arabe d'une espèce de Canard, (desm.) GATTARIA. L'Asaret et la Chataire portent ce nom en Italie, (ln.) GATT E. Sorte de poisson du genre Clupée , qui ne dif- fère pas a «m), (ln.) GAULIS. ( Vénerie. ) Branches d'un bois de dix-huit à vingt ans. (s.) GAULTHERIA. Genre établi par Kalm sur une plante 4So G A V de l'Amérique septentrionale , et qu'il consacra à la mémoire d'un naturaliste français qui exerça la médecine dans le Ca- nada. Ce genre a été adopté : il comprend maintenant six espèces. Voyez à l'article Palomier. Lamarck pense que le gaultheria antîpoda doit être réuni aux Arbousiers. (ln.) GAUR. V. Bruant gaur. (v.) GAUR. des Arabes. C'est le Laurier, (ln.) GAURA, Gaura. Genre de plantes de l'octandrie mono- gynie et de la famille des épilobiennes , qui présente pour caractères : un calice monophylle , caduc , et à limbe di- visé en quatre parties oblongues et réfléchies ; quatre pétales oblongs, onguiculés, rangés d'un seul côté, et insérés au tube du calice; huit étamines , munies d'une glande à leur base ; un ovaire inférieur, oblong, surmonté d'un style fili- forme , à quatre stigmates oblongs et ouverts ; un drupe tur- biné, quadrangulaire , acuminé à ses deux extrémités, strié, dont le noyau est ordinairement uniloculaire et monos- perme , mais présente toujours des vestiges de l'avortement des trois autres. Ce genre renferme cinq à six espèces , toutes naturelles à l'Amérique. Ce sont des plantes bisannuelles , à feuilles al- ternes et à fleurs disposées en petits bouquets ou en épis terminaux. Long-temps on n'a connu que le Gaura bisan- nuel , qui croît en Virginie , qui est propre à servir d'or- nement dans les parterres , et dont les caractères sont : d'a- voir les feuilles lancéolées , dentées , les pétales ovales et courts , les étamines et le style inclinés. 11 est cultivé dans les jardins, (b.) GAUTEREAE.Nom vulgaire du Geai, (v.) GAUTSKO. Nom de la Violette des bois (viola cam'nà) , en Norwége. (ln.) GAUVERA. Quadrupède mal indiqué dans quelques an- ciens voyages; l'on y dit que c'est une espèce de taupe sau- vage , dont l'échiné est aiguë, et dont les pieds sont blancs, ainsi que la moitié des jambes, (s.) GAUZ et GAUZOZ. Noms que les Arabes donnent aux Cocos. Rumphius prétend qu'ils dérivent de l'hébreu Egoz qui veut dire noix, et d'où viendroit aussi le mot de cocos sui- vant le même auteur, (ln.) GAVARON. A Nice, on appelle ainsi les jeunes indivi- dus de l'espèce du Spare smaris. (desm.) GAVEZ ou GUVEZ. Noms de la Consoude chez les Croates, (ln.) GAVI-GAVI. En Italie , on appelle ainsi le Vanneau (tringa vandlus ). (desm.) G a y <& GAVIA. Nom italien des Mouettes; c'est, dans Brisson, leur dénomination générique, (v.) GAVIAL. Nom spécifique d'un crocodile de l'Inde. Cu- vicr en fait le type d'un sous-genre qui contient, outre cette espèce, celle que Faujas a appelée le petit gavial (G . tenuiros- tn's , Cuv.). V. Crocodile, (b.) GAVIAN. Nom vulgaire de la Mouette tridactyle. r. CTO GAVION.Nom portugais de plusieurs Oiseauxde proie, et particulièrement du Caracara. (s.) GAVIAO. Nom du Caracara , au Brésil, (v.) G WIOTA. Espèce de Mouette. V. ce mot. (s.) GAVOUÉ DE PROVENCE. V. l'article des Bruants (v.) GAVRON. Nom polonais du Freux, (v.) GAW'OR. Le Charme et I'Erable portent ce nom en Bohème, (ln.) GAYAC , ou BOIS SAINT , Guaiacum , Linn. ( décan- drie monogynic.) Grand arbre de la famille des rutacées, qui croît aux Antilles et au Mexique, et dont le bois est dur, compacte , pesant et résineux. Ses feuilles sont opposées et ailées sans impaire , et ses Heurs naissent en faisceaux à l'extrémité des rameaux. Chaque (leur a un calice à cinq fo- lioles inégales et caduques, cinq pétales ouverts et terminés par un onglet , dix étamines, un ovaire supérieur porté par unpédicelle très-court, et un style simple avec un stigmate pointu. Le fruit est anguleux et surmonté d'une pointe obli- que ; il a depuis deux jusqu'à cinq loges, qui renferment cha- cune une semence, attachée à l'angle central de la loge os- seuse par un cordon ombilical très- court. ( PI. 34-2 des Il- lustrations deLamarck. On connoît deux espèces de gayac : l'une à fleurs Unies ; c'est le gayac officinal (guaiacum officinale , Linn.) ; l'autre, à fleurs bleuâtres et dentelées, qui porte le nom de bois saint ou gayac à feuilles de lentisque (guaiacum sanction , Linn. ). Le Gayac officinal, est un grand arbre qui croît à S.-Do- mingue et dans les autres Antilles. 11 est figuré pi. D 29 de ce Dictionnaire. Son tronc est revêtu d'une écorce dure , cas- sante et brunâtre. Il pousse plusieurs branches lisses et noueu- ses, garnies de feuilles disposées par paires, et composées de quatre ou six folioles ovoïdes et obtuses. Les fleurs , de cou- leur bleue , sortent en grappes aux extrémités des rameaux. Le fruit qui les remplace est une capsule charnue , à deux angles, et faite à peu près en cœur. Cette capsule est rouge; et quoique à deux loges , elle ne contient qu'une seule graine 462 G A Y dure, ayant la forme d'une olive. L'autre graine avorte vrai- semblablement. Le bois de gayac a fort peu d'aubier; il est dur, pesant, résineux, d'une odeur tant soit peu aromatique, et d'un goût amer et un peu acre Sa couleur est jaune noirâtre. Ce bois a toujours été regardé comme un bon sudorifique. On Temployoit fréquemment autrefois pour guérir les maux vé- nériens; mais la découverte des propriétés du mercure en a restreint l'usage. D'ailleurs il a beaucoup moins d'efficacité dans notre climat que dans les pays où il croît , et qui sont situés sousla zone torride. Cependant sa décoction , ou celle de son écorce, à la dose d'une once par jour dans une pinte d'eau , est utile pour emporter les affections vénériennes légères , qui n'ont point infecté la masse entière du sang. Cette décoction fait la base des tisanes sudorifiques ordon- nées en pareil cas. On la prescrit aussi avec succès dans les rhumatismes et les maladies de la peau. La résine de gayac a les mômes propriétés que le bois. Elle découle naturellement, ou par incision , de cet arbre ; dans le pays , onla nomme impvopremenl gomme de gayac. Le bois de gayac. brûle mal ; il est si dur, qu'il émousse tous les outils dont on se sert pour le couper ; il est employé aux Antilles, à construire les roues et les dents des moulins à su- cre ; on en fait des boules , des manches d'outils et d'autres ustensiles, même de très-beaux meubles ; il est surtout re- cherché, tant en Amérique qu'en Europe, pour faire les pou- lies qui entrent dans le gréement des vaisseaux, les roulettes des lits , etc. Le Gayac a feuilles de lentisque. Cet arbre ne s'élève pas à la même hauteur que le précédent. Ses feuilles sont plus petites , et composées de huit à dix folioles ovales et oblon- gues, ayant une pointe à leur sommet. Il est très-commun dans l'île de Saint-Domingue : on le trouve aussi dans celle de Porto-Rico et au Mexique. Son bois a la couleur du buis, et il est aussi dur et aussi pesant que le bois de l'espèce ci- dessus. Ces deux espèces de gayac croissent avec une extrême lenteur , même dans leur pays natal. On ne peut les élever en Europe qu'en serre chaude, et les multiplier que par leurs semences , qu'on est obligé de faire venir des pays chauds. Le Gayac africain, Guaiacum africamim , Linn. , ap- partient, selon Lamarck , à la famille des Légumineuses. On en a fait un genre, sous le nom de Schotie. V. ce mot. 0>) GAYAC des Allemands. C'est le Frêne, (ln.) G A Z £63 GAYACDE CAYENNE. J . Coumarou. (l*0 GAYAC (petit). C'est Le GLabrjer (glabraria tersa). CLW.) GAYAPAL/V. Nom donné, à Ceylan, au ero/o/i caiharUque [çrotori tiglium, L.). (ln.) GAYAPIN. Nom vulgaire du genista ang/ica de Linn. F. au mot Genêt, (b.) GAYE , GAYON. Envieux français, c'est le Geai, (v.) GAYO. Nom espagnol du Geai.(v.) GAYO COLORADO. Fruit d'un arbre de la dioécie icosandrie. Il a été rapporté du Pérou par Dombey ; c'est le même que le loque , également du Pérou , dont les cap- sules sont an nombre de cinq , et dont les jeunes rameaux , suivant Joseph de Jussieu, servent, dans la province de Cus- co, à faire d'excellentes cordes pour la construction des ponts suspendus. Cet arbre paroit être, suivant M. de Jus- sieu , le f/ui/laia de Molina. V. Quillai et SmegmadER- MOS. (LN.) GAYO MBA. Espèce de Genêt qui croît en Espagne ( spartîum monospermuin ). (LN.) GAYON. Le Geai, en vieux français. V. ce mot. (s.) GAYUBA. V. G au lia. (ln.) GAZ. Substance réduite à l'état de fluide aériforme , par sa combinaison permanente avec le calorique. Le gaz diffère de la vapeur en ce que le calorique n'a qu'une adhérence passagère avec celle-ci ; de sorte qu'à mesure qu'il se dis- sipe , elle repasse à l'état de corps liquide ou solide. C'est ainsi que les vapeurs aqueuses, qui exigent une température assez élevée pour demeurer en cet état, repassent à celui d'eau coulante par la diminution de la chaleur, et enfin à l'état so- lide , en se changeant en glace. Les gaz, au contraire , sont tellement unis au calorique , qu'ils ne reprennent la forme liquide ou solide que par l'effet d'une nouvelle combinaison chimique avec quelque autre substance dont l'affinité l'emporte sur celle du calorique , ou lorsqu'on peut, par quelque moyen, opérer la soustraction de ce dernier. C'est ainsi que les éléinens de l'eau ( ï hydro- gène et V oxygène) demeurent constamment à l'état aériforme, à moins , qu'on ne dégage, par la combustion , le calorique qui les réduisoit à l'état de gaz; car , dès l'instant où ils sont privés de la matière ignée qui les lenoit en dissolution , ils se combinent subitement , et se montrent sous la forme d'eau pure. Les principaux gaz sont : Le gai oxygène ou air vital; il entre dans la composition de l'air atmosphérique pourrV„-, et dans la composition de l'eau &l G A Z pour ~s, le tout en poids. Il est un peu moins léger que l'air atmosphérique : le pied cube de gaz oxygène pèse i once 4- gros 12 grains. Le pied cube d air pèse i once 3gros 3 grains. Le gaz hydrogène entre dans la composition de Feau pour,*^. Il est environ treize fois plus léger que L'air: un pied cube de gaz hydrogène ne pèse qu'un peu plus de 6i grains. Le gaz hydrogène entre dans la composition du gaz am- moniac dans la proportion d'environ 7- ; le surplus est du gaz azote. Le gaz hydrogène se combine très-bien avec le carbone ; et c'est un gaz hydrogène carboné qu'on obtient dans la disso- lution de la gueuse ou de l'acier par l'acide sulfurique, et c'est le charbon qui lui communique une odeur fétide. Le gaz hydrogène , combiné avec le gaz azote , forme Voir inflammable des marais. Combiné avec le phosphore , le gaz hydrogène a la pro- priété de s'enflammer avec explosion, parle seul contact de l'air atmosphérique. Combiné avec le soufre , il forme le gaz hépatique, dont la dissolution dans les eaux de source produit les eaux minérales sulfureuses. (PAT.) [ Le célèbre auteur de la Statique chimiques, fait remarquer, depuis long-temps, quece gaz jouit de la plupart despropriélés des acides, qu'il rougit la teinture de tournesol, et forme com- me eux des combinaisons avec les bases alcalines, etc. On le rencontre aussi dans la nature à l'état de liberté , et notam- ment dans les volcans éteints de la campagne de Rome]. (luc.) Le gaz azote est un des élémens de l'air atmosphérique , où il entre pour environ -7^. Il entre également pour beaucoup dans la composition de l'alcali volatil ; et comme il entre aussi dans l'a composition de l'acide nitrique et du gaz ni- treux , Chaptal l'appelle gaz nitrogene. On lui donne aussi le nom de mofette atmosphérique , attendu qu'il tue les animaux qui le respirent , sans être corrigé par un mélange suffisant d'air vital. Le gaz acide carbonique est une combinaison de carbone et de gaz oxygène ;i\ entre pour environ -^ dans la composi- tion de l'air atmosphérique. Ce gaz, est. un peu plus pesant que l'air : un pied cube pèse 2 onces 4-O.grains. Use combine très-aisément avec l'eau, et lui communique une saveur pi- quante et vineuse, et diverses propriétés salutaires. Ce sont les eaux minérales imprégnées de ce gaz qui sont connues sous le nom d'eaux gazeuses ou acidulés. Legs* ammoniii'-al est l'ammoniaque pure et séparée par une distillation douce, de l'eau avec laquelle elle formoit I ni (i/i volatil fluor. Suivant les expériences de Priestley , l'étincelle électrique tirée au milieu dagas mmmordaeai\ en augmente trois «ou quatre fois le volume, el en dégage Au gaz hydrogène» D'autres célèbres chimistes ont reconnu qu'il est composé de six par- tics de gaz azote et d'une partie de gaz hydrogène. Les acides minéraux passent à l'état de gaz par les modi- fications qu'ils éprouvent, soit par une soustraction , soit par une addition d'oxygène. L'acide nitrique, en exerçant son action sur les matières qu'il dissout, perd une partie de son oxygène, et se convertit en gaz ait/eux. lien est de même de l'acide sulfurique, qui devient gaz acide sulfureux, lorsqu'onlui enlève une parlie de son Oxygène • L'acide muriatique , au contraire, passe à l'état de gaz sans rien perdre de son oxygène , et par la seule soustraction de l'eau , dans laquelle ce gaz aride est dissous. 11 a même une telle affinité avec l'oxygène , que si l'on expose de l'oxyde de manganèse à l'action de l'acide muria- tique , celui-ci s'empare de son oxygène, et devient gaz-aride muriatique suroi ygéae. Le gaz nitro - muriatique se dégage dans la dissolution de l'or on du platine par l'eau régale. Son odeur est très-désa- gréable , et dangereuse à respirer. Le caz aride fluorique se dégage pendant la dissolution du spath-fluor par l'acide sulfurique. Ce gaz a la propriété re- marquable de dissoudre la terre quarzeuse, et même de la volatiliser et de l'enlever avec lui ; mais le contact de l'eau ou d'un corps humecté la fait reparoître sous sa forme ter- reuse. Le gaz fluorique a pour base une substance dont l'af- finité avec l'oxygène est si grande , que le carbone même ne sauroit l'en séparer. Il existe encore plusieurs autres gaz, et surtout des com- binaisons de gaz différens, mais dont les propriétés sont moins connues que celles des précédens. Le nom de gaz fut introduit par A an-Helmont , pour dé- signer certains (luides aériformes incoercibles : et il est re- marquable qu'il en ait fait surtout l'application aux élémens de l'eau, ainsi qu'on le voit dans son Traite du Gaz aqueux. 11 avoit pressenti que l'eau n'étoit point une substance simple, et qu'elle étoit composée de deux fluides dont l'un étoit extrê- mement léger et pouvoit s'élever dans les parties supérieures de l'atmosphère ; l'autre plus pesant , et tous deux réunis et convertis en eau coulante par un troisième (comme nous ;C6 GAZ voyons que les gaz hydrogène et oxygène sont combinés par l'action du fluide électrique. ) Bernard de Palissy avoit pareillement reconnu , dans son Traité de la Marne , que leau n'étoit pas une substance simple , et qu'elle contenoit un fluide qu'il nommoit le cin- quième élément , et auquel il attribue toutes les propriétés de l'oxygène. Mais il étoit réservé à la chimie moderne de dé- montrer , par des expériences exactes, une vérité qui n'avoit été que soupçonnée par des hommes qui n'avoient pour guide que leur génie , et cette sorte d'instinct qui fait de- viner, au moins confusément, les secrets de la nature, (pat.) GAZANÉ. Le Syngnathe pélagique s'appelle ainsi à Marseille, (b.) GAZANIE , Gazania. Genre de plantes établi par Gart- ner, sur le gorleria rigens de Linnseus, qui diffère des autres Gortères par ses semences véritablement aigrettées. Cette plante , qui vient du Cap de Bonne-Espérance, a les feuilles lancéolées , alternes à la base , pinnatifides au sommet , ar- gentées en dessous , et les tiges uniflores. Sa fleur est très- grande , à demi-tleurons jaunes, avec deux lignes blanches et une tache noire à leur base, (b.) GAZ/VR EL CHEYLAN. Au Caire , en Egypte , on donne ce nom à un Tordylion , Tordylium anthriscùs , L. , nommé, àDamiette, koumeleh et goumely. (LN.) GAZATHFALUS. Nom que les Arabes donnent à la Casse des boutiques , Cassia fistula. (lis.) GAZÉ , Papilio cratœgi. V. PlÉRlS. (l.) GAZELLES. Cest le nom collectif d'animaux ruminans, voisins des cerfs par leurs formes et leur taille, mais qui en diffèrent en ce qu'ils ont des cornes persistantes, diverse- ment contournées selon les espèces , et jamais rameuses. V. l'article Antilope, (ln.) GAZELLE proprement dite. V. Antilope gazelle. (desm.) GAZELLE A BOURSE. V. Antilope, (ln.) GAZELLE A CORNES DROITES. C'est 1' Antilope ORYX. (DESM.) GAZELLE BLEUE ou CHEVRE BLEUE. V. Anti- lope BLEUE. (DESM.) GAZELLE D'AFRIQUE. On a donné ce nom , tantôt à la gazelle commune , tantôt à 1' Antilope proprement dite ( Antilope cervicapra). V. Antilope, (desm.) GAZELLE DE LA NOUVELLE-ESPAGNE. Bris- son appelle ainsi un quadrupède de l'Amérique méridio- nale, quiparoît appartenir au genre des cerfe, mais dont la G A L 46; description est trop incomplète pour qu'il soit possible de déterminer l'espèce à laquelle il appartient réellement. (DESM.) GAZELLE DES INDES de Brisson, paroh être le Pasan ou I'Antilope leucoryx. V. l'article Antilope. (DESM.) GAZELLE DU BÈZOARD ou ANIMAL DU BË- ZOARD. 11 paroît que 1 animal ainsi désigné est le Pa- seng ou Chèvre sauvage de la Perse,, et non I'Ahtilope gazelle , comme Buffoo et quelques autres naturalistes ont paru le croire, (desm.) GAZELLE DU CAP DE BONNE- ESPÉRANCE. C'est la Gazelle bleue ou Chèvre bleue. V. Antilope. (DESM.) GAZELLE (petite) DE JAVA. C'est le Memlnna , espèce du genre Chevrotain. (desm.) GAZELLE SAUTANTE DU CAP DE BONNE- ESPÉRANCE. V. Antilope springbock. (desm.) GAZELLE TZEIRAN. V. Antilope de Perse, (desm.) GAZOLA. Nom portugais du Butor, (v.) GAZON , Cespes. On nomme ainsi toute herbe courte ," fine et touffue, qui couvre et tapisse un sol quelconque d'une étendue plus ou moins considérable. Les allées des jardins , les parterres , les terrasses , les bois , les ruisseaux, les fossés, les chemins publics ou vicinaux, et la plupart des champs, sont ordinairement bordés de gazon. On voit aussi dans la campagne, et surtout dans les grands parcs, des boulingrins ou pièces de gazon de dimensions différentes, et qu'on en- tretient pour l'agrément. Le gazon croît dans les cours, au- tour des puits et des fumiers, et jusque sur les murailles. Il s'empare de tous les lieux qu'abandonnent ou que n'occu- pent pas les autres végétaux. Sa beauté consiste dans la fi- nesse et l'épaisseur de son herbe, qui doit avoir peu d'éléva- tion et qui doit être unie et comme veloulée. Les gazons sont la robe de la nature ; ils forment un vaste et magnifique tapis qui couvre la terre, et sur lequel l'œil de l'homme aime toujours à se reposer. Ces draperies de ver- dure diversement nuancées , et qui prennent toutes les for- mes, se composent de tout ce qu'il y a de plus foible et de plus petit dans les végétaux. C'est une herbe molle et tendre qui fait la plus belle parure des champs'. Si ce simple vêle- ment leur étoit oté, ils n'offriroient qu'un coup d'œil sec et aride. Les arbres et les arbrisseaux nous elaleroienl vaine- ment alors toute la pompe de leur feuillage et tout l'éclat de leurs fleurs et de leurs fruits, leur aspect agréable et leurs 468 G A Z abris ne pourroient nous consoler du spectacle offert par l'af- freuse nudité de la terre. Pourquoi l'intérieur d'une épaisse forêt nous inspire-t-il presque toujours un léger sentiment de tristesse ? C'est parce qu'on ne voit , à la surface du sol qu'elle ombrage , ni gazon , ni fleurs , qui égayent et reposent la vue. Tout y est grand , majestueux , mais aucun groupe , aucune masse d'objets ne s'y montre sous des formes riantes et gaies. S'il s'y rencontre, par hasard, quelques clairières qu'une fraîche pelouse couvre, en les apercevant, lâuie sourit aussitôt à ce tableau, elle en jouit avec transport , elle a peine à s'en détacher , et le voya- geur, obligé de poursuivre sa route , n'entre qu'à regret dans 1 épaisseur des bois. La teinte douce et variée des gazons , et leurs reflets ver- doyans, répandent la fraîcheur et la vie dans tous les lieux et sur tous les sites , même les plus sauvages. Ils ornent la cime et la pente des coteaux arides , ils revêtent les rochers , cou- vrent les pics et les gorges des montagnes , tapissent les val- lons et les bords des fleuves, et forment autour des étangs et des lacs , un cadre frais réfléchi par les eaux. Le long des chemins , ils présentent de larges plate-bandes de verdure , que le commun des voyageurs foule avec indifférence, mais que le naturaliste respecte. Le berger s'y repose quelquefois agréablement, à l'ombre d'un buisson , pour entendre la voix de l'objet qui lui est cher. Il n'y a point de beau jardin, point de tableau naturel ou paysagiste , sans gazon. Ce sont les gazons qui embellissent non-seulement la campagne, mais même la toile sur laquelle elle est représentée. L'ombre des bosquets , le doux murmure des ruisseaux, la fraîcheur des grottes et des fontaines, per- dent une partie de leurs agrémens , lorsque ces lieux n'offrent point un siège de verdure au voyageur. C'est surtout aux bords ou à l'entrée des bois, et sous les abris qu'ils procu- rent, qu'on aime à trouver une herbe épaisse et molle , pour pouvoir s'y reposer pendant la chaleur du jour, des fatigues du travail ou d'une longue course. Si les gazons , au lieu de ceindre un bois touffu, sont eux- mêmes environnés d'un léger cordon d'arbres à feuillage tremblotant, tels que les saules et les peupliers, ils offriront un tableau plus séduisant encore et plus frais , surtout lors- qu'un filet d'eau claire et vive baignera leur surface ou leurs bords. On vante, avec raison, les gazons de l'Angleterre, et les prés rians et gras de la fertile Normandie. En voyageant dans ces pays, je me suis souvent arrêté pour admirer ces G A Z 46g riches et nombreux tapis verts qu'on y rencontre presque à chaque pas. J'ai joui aussi, autrefois , du spectacle ravissant" qu'offrent les savanes , dans les Antilles , lorsque , après quel- ques mois de sécheresse , les eaux du ciel revivifient tous les germes des herbes nombreuses qui les composent. Elles re- verdissent aussitôt comme par enchantement , reprennent dans quatre ou cinq jours tout leur éclat , et présentent , aux diverses époques de Tannée , 1 image fraîche du printemps. Ce tableau, qui se renouvelle toutes les fois qu'il tombe des pluies tant soit peu abondantes, frappe les voyageurs et les étrangers : car les campagnes de l'Europe n'en offrent jamais un semblable. Ainsi, la beauté des gazons tient évidemment au climat, que tous les efforts de l'art ne peuvent suppléer. L'exposition et la hauteur des sites où ils se trouvent placés , concourent aussi à les rendre plus ou moins frais et humides , plus ou moins verts et épais. Quoique le gazon croisse partout de lui même , excepté sur un sol frappé de stérilité , cependant , pour l'avoir plus beau , on le sème avec soin , ou bien on le prend tout forme dausles champs , pour l'appliquer sur le terrain qu'on ren\ en revêtir; il s'appelle alors gazon plaqué. La meilleure graine de gazon , est celle des hauts-prés , parce que l'herbe v est plus fine. Avant de la semer, on doit enlever toutes les pierres et les mottes , labourer le terrain à un fer de bêche de profondeur, le niveler et y passer le râteau. Pour faciliter encore mieux la levée du gazon, on peut répandre sur la surface du sol un ou deux pouces de bonne terre ou terreau. On sème alors , soit en octobre , soit après l'hiver. La saison de l'automne est préférable, parce que les plantes seront plus formées au printemps et craindront moins la sé- cheresse. On doit semer fort épais , par un temps couvert et calme , et recouvrir avec le râteau ; si l'on sème clair, chaque plante tallera et donnera une herbe grossière. Quand, peu de jours après , il survient une douce pluie , elle épargne la peine des arrosemens; dans le cas contraire , il faut y avoir recours , et se servir d'arrosoirs garnis de leurs griffes à petits trous. On doit aussi , lorsque l'herbe est sortie de terre, remarquer les endroits trop clairs , et les semer de nouveau , à moins qu'on n'aime mieux remettre celte opération au mois de sep- tembre ou d'octobre de l'année suivante. Le gazon demande à être fauché tous les huit ou quinze jours ; plus il sera tondu souvent, plus il s'épaissira. 11 faut, en outre, l'arroser dans les temps de sécheresse, et faire passer dessus un rouleau de fer ou de pierre , afin d'aplanir le sol , d'affaisser l'herbe , et empêcher qu'un brin ne passe l'autre. La pratique la plus 47o O K A avantageuse pour l'entretenir enbon état, est de Je' recouvrir chaque hiver d'une ou deux lignes d'épaisseur de terre fine , et encore mieux de terreau. La meilleure plante pour former des gazons est, sans con- tredit , II vraie vivaCE , parce qu'elle a ses feuilles d'un vert foncé, et ne craint point d'être piétinée; mais comme elle épuise la terre où elle végète , comme toutes les autres , il arrive une époque plus ou moins éloignée , selon la nature du sol , où il faut la remplacer. > Pour faire le gazon plaqué , on choisit, aux bords des che- mins ou dans les pâturages , les pelouses du gazon le plus fin et 1*.' plus ras ; on le lève à la bêche , en le coupant par carrés à peu près égaux, ordinairement longs d'un pied et demi , sur un pied de largeur, et épais de deux à trois pouces. On enlève la même épaisseur de terre sur le terrain qu'on veut gazonner , et on y applique ces carrés , en les serrant l'un contre l'autre. Alors des hommes armés de baltes , frappent à coups redoublés sur le sol , pour l'aplanir et 1 identifier avec le gazon , qui doit être ensuite arrosé largement, (d.) GVZON D'ANGLETERRE. On donne ce nom à la Saxifrage uypnoïde. (b.) G\Z()N "D'OLYMPE, ou D'ESPAGNE, ou DE MON- TAGNE. C'est le Statice vulgaire. V. ce mot. (s.) GAZON DU PARNASSE. C'est la Parnassie et le JVÎUGUET A DEUX FEUILLES. (B.) GAZON TURC. La Saxifrage hypîsoïde porte quelque- fois ce nom. (b.) GAZOU. Les Guaranis, peuplade du Paraguay, appel- lent de ce nom toute espèce de chevreuils. V. Cerf, (s.) GAZZA, GAZZURA, GAZZUOLA. Noms divers de la Pie, en Italie, (desm.) GAZZOLI. C'est le Potamot perfolié , en Italie, (ln.) GEAI, Garrulus , Briss. ; Corvus, Lath. Genre de l'ordre des Oiseaux Sylvains et de la famille des Coraces. ( V. ces mois.) Caractères : bec médiocre , garni à la base de plumes sétacées dirigées en avant , épais , robuste , tendu , à bords tranchans; mandibule supérieure à échancrure usée vers le bout et inclinée brusquement à la pointe ; narines pres- que ovales , ouvertes , ou découvertes , ou cachées par les plumes du capistrum; langue cartilagineuse, un peu aplatie, fourchue à la pointe; ailes médiocres, à penne bâtarde courte , arrondie à l'extrémilé ; les trois premières rémiges étagées , les quatrième et cinquième les plus longues de tou- tes ; queue ou carrée ou arrondie; quatre doigts, trois de- vant, un derrière ; les extérieurs unis à la base. Les geais sont remarquables en ce qu'ils ont les plumes du sommet de GfcA 47f la lêle, allongéesel effilées, qu'ils redressent, quand ita son* agités de quelquespassions. lis ont beaucoup de rapports avec les pics; mais celles-ci n'ont pas le bec tout-à-fait conformé de même, et s'en distinguent p*r une queue plus longue et très- étagée: Les geais sont omnivores, seplaisentdans les bois, se réunissent en familles à l'automne et se tiennent par paires en été ; les uns voyagent à l'arrière-saison, et les autres sont sé- dentaires. Ces oiseaux sont pétulans, criards et curieux; ils se nourrissent de graines , d'insectes , de baies et même de chair, mais ils n avalent point les morceaux entiers; s'ils sont d'une certaine grosseur, ils les postnt sous leurs pieds et les déchirent ; c'est ainsi que je les ai vus dépecer les glands et les petits oiseaux. Les geais ne marchent point; leurs pas sont des sauts. On trouve leur nid sur les arbres, ordinairement vers le milieu; leur ponte est de quatre à six œufs. ( Nota. Les astérisques indiquent les espèces que je ne certifie pas être de véritables geais.) Le Geai proprement dit , Garrulus glandarius, Vicill. ; Curvu s glanda rius , Lalh. ; a treize pouces cinq lignes de lon- gueur; le bec noir; le sinciput couvert de plumes variées de blanc, de noir et d'une teinte bleuâtre, le noir occupant le milieu de chaque plume; celles qui recouvrent les narines d'un blanc sale; les joues, le cou, le dos, les couvertures des ailes, la poitrine ctle haut du ventre d'un griscendré ctvineux; le crou- pion, les couvertures du dessus etdu dessous de la queue, les jambes, blancs; la gorge et le bas-ventre blanchâtres ; les plu- mes de l'aile bâtarde rayée transversalement de bleu clair , de bleu plus foncé et de noir à leur côté extérieur, tl à leur bout , toutes sont noires à l'intérieur; les pennes primaires de l'aile noirâtres, et bordées de gris plus ou moins foncé ; les secondaires noires et blanches, quelques-unes variées de bleu plus ou moins clair, cl plusieurs de marron; la queue noire , excepté à l'origine où elle est cendrée : l'iris blanchâtre ; la langue et le palais noirs; les pieds d'un brun tirant sur la couleur de chair. Le mâle se distingue de la femelle par la grosseur de la tête et la vivacité des couleurs ; les jeunes diffè- rentdesvieux par des teintes plus foibles. Les geais , naturellement pétulans et vifs, ont des mouve- mens brusques, se mettent facilement en colère , et s'empor- tent souvent au point d'oublier leur propre conservation. On en a vu , dans leur accès de colère, se prendre quelque- fois la tête entre deux branches , et mourir ainsi suspendus en l'air; aussi c'est lorsqu'ils se battent qu'on les approche avec plus de facilité. Une agitation perpétuelle semble être leur élément, en captivité comme en liberté. Ainsi qxielespies , ils ont l'habitude de cacher ou d'enfouir 473 G E À. le superflu de leurs provisions, et celle de dérober tout ce qu'ils peuvent emporter. Ceux qui restent l'hiver avec nous , le passent renfermés dans les arbres creux , au milieu des provisions de glands, de noix, de faînes et de légumes qu'ils ont amassés , et ne se montrent que dans les jours doux. Dans l'été, ils se nourrissent d'insectes, de vers, de pois, de sorbes, de groseilles, de cerises, de framboises et de raisin ; ils man- gent aussi lesœufset mêmelespetitsoiseaux,auxquelsilscom- mencenl par arracher les yeux et la cervelle. Leur voix natu- relle esttrès-désagréable,et ils la font entendre souvent; ils ont aussi de la disposition à contrefaire le cri de plusieurs oiseaux, mais c'est celui des espèces qui ne chantent pas mieux qu'eux. Selon l'auleur àeV Aoiceptologie française « il s'en trouve dans les bois qui contrefont si bien la chouette, qu'un pipeur, tant ha- bile soil-il, s'y trouve souvent trompé. J'aurois cru, dit-il, que ceux-là ne viendroient point à la pipée , mais l'expérience m'a prouvé le contraire : ils y sont des premiers; et si on veut les élever dans l'espérance qu'ils piperont, c'est fort abusivement, car ils semblent avoir perdu avec leur liberté ces cris de chouettes qui leur paroissent si naturels. » S'ils aper- çoivent dans les bois un renard ou quelque autre animal de rapine, ils jettent un cri très-perçant, comme pour s'ap- peler les uns et les autres ; tous se rassemblent en peu de temps, et semblent vouloir en imposer par le nombre, ou du moins par le bruit. Ces oiseaux préfèrent les bois aux lieux habités , nichent plus volontiers sur les chênes , choisissent les plus touffus, *t ceux dont le tronc est entouré de lierre. Au mois d'avril, ils construisent leur nid de bois sec en dehors , et le garnis- sent intérieurement de racines et de filamens d'herbes ; la femelle y dépose quatre à cinq œufs , un peu moins gros que ceux d'un pigeoiï de colombier, d'un cendré verdâtre , avec de petites taches foiblement marquées ; le mâle et la femelle les couvent alternativement , et l'incubation dure treize à quatorze jours. Cette espèce fait ordinairement deux pontes par an. Les petits de la première subissent leur pre- mière mue dès le mois de juillet, et suivent leurs père et mère jusqu'au printemps de l'année suivante, temps où ils s'accouplent et s'isolent pour former de nouvelles familles. Quand on veut élever les- jeunes , il faut attendre que les plumes de la base du demi-bec supérieur soient un peu sail- lantes. La meilleure nourriture, que l'on puisse leur donner alors, consiste en des pois trempés dans du bouillon et mêlés avec du cœur de mouton cuit et haché menu ; et lorsqu'on le peut, avec des fruits. D'autres les nourrissent avec du lait et du pain ; mais cet aliment n'a pas assez de substance , aussi G È A 473 en périt-il beaucoup f cétacées, les cachalots, les baleines gigantesques. C'est aussi dans les terrains les plus humides et les plus chauds de l'Afri- '88 G E A que et de l'Asie que naît le baobab , arbre de dimensions im menses, d'une texture molle et presque cotonneuse (adansonia digitata, L. ), le vaste ceiba , les figuiers d'Inde des Pagodes , dont leslourdes branches se Recourbent, se repiquent en terre, et forment de grands berceaux naturels. Les moindres grami- nées se développent sous ces chaudes contrées, dans une boue riche et féconde , comme une forêt, en une taille extraordi- naire de quinze à vingt pieds, et les cannes des bambous de- viennent des arbres; les flèches des palmiers s'élèvent à cent cinquante pieds , comme le pin araucaria , les casuarina , ete.; tant la végétation ou la force de croissance a d'énergie pour les animaux et les végétaux sous ces climats humides et chauds ! Quel sera donc l'homme des mêmes contrées? Sans doute il se soustrait à leurs influences trop malfaisantes le plus qu'il peut , à cause des maladies qu'elles causent ; nous voyons ce- pendant partout les habitans des plaines basses, des vallons humides et fertiles, acquérir un développementd.'embonpoint et de taille très-remarquable. Sous le raêm; parallèle , les vaches laitières des vallées suisses, celles de la Gueldre et de la Frise deviennent énormes au milieu de gras et humides pâturages, tandis que celles des montagnes voisines sont pe- tites, maigres, ne donnent presque pas de lait; mais il est plus substantiel. De même , ces gros et puissans corps si fiasques des hommes des vallons contrastent avec lamaigreur et la vivacité des montagnards. Mais c'est surtout sous Tes cli- mats chauds et humides que souventun développement mons- trueux a lieu. La plus haute taille humaine connue est celle d'un Nègre du Congo, de neuf pieds de longueur, vu par Vanderbroek , Voyages, pag4-i3. Lacaille cite, aussi dans son Journal historique , pag. i/j.3, un Hottentot haut de six pieds sept pouces. Les habitans d'Otahiti et des îles voisines, les mieux nourris, sont de haute et belle taille; ainsi Tonne doit pas établir que tous les habitans des pays chauds sont petits , et tous ceux des pays modérément froids sont grands , mais que l'humidité sous tous les climats favorise extrême- ment l'accroissement pour la hauteur, comme pour les au- tres dimensions. Si, comme on l'a remarqué, le mouvement de rotation diurne de la terre décrivant un plus grand cercle sous les ré- gions équatoriales, diminue la pesanteur, ainsi que le prouve le ralentissement des oscillations du pendule en ces climats; si la force centrifuge y devientplus considérable, ainsi que le portent à croire le renflement du globe terrestre vers l'équa- teur et son aplatissement vers les pôles ; si les montagnes , sous la zone torride et les tropiques, sont plus élevées que G E K 4!î9 celles des climats tempérés et polaires, comme les observa- tions l'ont démontré , pourquoi la même force centrifuge, ou la diminution de la pesanteur, ne permcttroit-elle pas aux végétaux de s'allonger, de s'exhausser davantage:' Aussi c'est sous les tropiques que croissent les arbres les plus élevés de la terre; c'est aussi là qu'on observe les animaux de plus puissante stature , la girafe à col allongé, ayantdix-huil à vingt- deux pieds de haut, et pouvant, lorsqu'elle se dresse, paître les sommités du feuillage des forets. De même 1 homme, na- turellement formé pour la station verticale, doit subir, comme toute la nature de ces climats éqnatoriaux, l'élongation qui résulte d'une moindre pesanteur, ou d'une plus grande force centrifuge, aidée de l'action de la chaleur qui élève aussi plus facilement la sève dans les tiges, et le sang vers le cerveau. C'est pourquoi l'on observe de grands corps chez les Nègres des terrains humides de la chaude Afrique. Comme les plantes qui végètent à l'ombre et dans une hu- midité tiède, s'allongent beaucoup, il en est à peu près de même de l'homme. Certainement nos campagnards dessé- chés à l'ardeur du soleil, dans leurs travaux rustiques, sont généralement de plus courte taille que les citadins , les bour- geois ou même les artisans casaniers du même pays, qui se tiennent dans l'ombre des maisons et à une molle tempéra- ture. L'on a remarqué pareillement que leshabitans des pays boisés, ou couverts de forêts, étoient plus grands, plusblancs ou étiolés, que ceux des contrées d'un semblable parallèle , maisnues, exposées à l'air et au soleil; aussi les anciens peu- ples de la forêt Noire, ou Hercynie, étoient de longs corps blonds; caractères que l'on observe encore en quelques lieux ombragés de Souabe et de Franconie , comme dans les fo- rêts de la Lithuanie. Ces influences des climats et des stations diverses ont pu établir, par la suite des âges, des races, soit d'hommes, soit d'animaux, et des variétés de végétaux, de différente taille, dans chaque espèce soumise à ces influences. ( V . Homme , Race, Variété, etc. ). Mais il est une autre cause non moins puissante , que nous devons examiner. j^ 111. De T influence des nourritures solides et liquides sur la grandeur de la taille. — Il est évident, par ce que nous avons déjà dit, queles animaux et les plantes vivant dans les terrains humides, acquièrent , en toutes leurs dimensions, une plus grande procérité; c'est parce que toutes les mailles de leur tissu sont plus aisément distendues à cause de leur mollesse el par une plus abondante nourriture aqueuse qu'ils reçoivent ou prennent. En effet, nourrissez un homme ou un animal avec parci- monie, d'alimeiis secs et durs, fumés, salés, tpicés, ou bien 4ç,o G E A astringens, toniques, resserrans ; ne lui permettez qu'une boisson peu abondante , et encore un vin âpre et acerbe , comme du gros vin rouge, tartareux, et surtout des spiri- tueux, des acres, qui racornissent et crispent les fibres; il est très-manifeste que cet individu deviendra maigre , court , compacte dans tous ses organes. Au contraire , prodiguez , dès l'enfance, des alimens très-humides, soumettez à l'usage du lait, de la bouillie et des pâtes, aux boissons mucilagineu- ses de bière , d'hydromel, de petit-lait, de chocolat oléagi- neux , de liquides chauds et délayans , un individu ; bourrez- le , gonflez-le à volonté de tous les alimens propres à disten- dre et accroître son organisation, comme» lorsqu'on veut en- graisser les oies, les porcs, etc., il pourra devenir colossal et gigantesque dans sa stature, relativement à un individu nourri d'après une méthode opposée. Watkinson (Philoso- pliical swvey of Irelanct, Lond. , 1777, m_8.° , p. 187), dit que le célèbre Berkeley, évêque de Cioyne, voulut essayer sur un enfant orphelin, nommé Macgrath, si l'on pouvoit faire parvenir un individu à une taille aussi extraordinaire, qu'on assure qu'était celle de Goliath, deOg, roideBasan, et d'autresgéans cités dans la Bible. A seize ans, cet enfant avoit déjà sept pieds anglais de haut, et on le conduisit en divers lieux d'Europe pour le faire voir comme une merveille. Le Londun Chrurdde de 1760, p. 5o6, lui donne sept pieds huit pouces anglais. Mais ses organes étoienl si débiles et si disproportionnés , qu'à vingt ans , Macgrath mourut de vieil- lesse dans une imbécillité totale d'esprit et de corps. Or , quoiqu'on ne dise point quels procédés avoit suivis l'évêque Berkeley, pour solliciter à ce degré la croissance de cet in- ilividu, il est certain que des boissons chaudes, humectantes , mucilagineuscs, facilitent l'allongement, comme une plante bien arrosée croit rapidement. Au contraire , les jeunes chiens roquets et carlins , de Bologne , devenoient de vrais nains, parce qu'on leur faisoit boire de l'eau-de-vie , et qu'on les lavoit avec de l'esprit-de-vin, afin de raccour- cir leurs fibres , de rapetisser leur stature. Les habitans du nord de l'Europe prennent beaucoup de boissons, souvent chaudes, le thé, la bière, l'hydromel, le lait, ce qui facilite l'allongement de leurs corps mous et blonds; tandis que dans l'Europe australe, on fait usage ou de vins spiritueux, ou d'alimens très-épicés et plus secs ; aussi les corps sont en gé- néral plus courts, mais beaucoup plus vifs, plus bruns, plus impétueux que les premiers. Un Provençal, un Langue- docien sont en effet, pour la plupart , bien autrement mo- biles et minces que les Flamands. Une remarque frappante , est de 'voir comment, sous les mêmes parallèles, les peuples oenopoie* ou buveurs de vin, G E A £91 sont de plus courte taille et plus ardens que leurs voisins, accoutumés au laitage, à la bière, etc. Cette observation est facile à faire dans la haute Allemagne ; les Saxons , les habi- tans de la Frise, elc, sont bien plus grands et plus blonds que les Autrichiens , que les riverains du Rhin, qui cultivent la vigne ( V. aussi Adrianus Turnebus, devino). Les Turcs , buveurs d'eau, sont généralement plus grands et plus robus- tes que les Grecs même les mieux nourris, qui boivent du vin. Eu ce à l'usage des spiritueux, et du vin surtout, qu'on doit attribuer raccourcissement de la taille de ces anciens Fraucs, des Bourguignons, des Goths , des Lombards, qui jadis en- vahirent la h rance , l'Italie, 1 Espagne, et qui aujourd'hui ne présentent plus généralement ces grands corps blancs et blonds, anx yeux bleus, ayant, comme dit Sidoine Apolli- naire, jusqu'à sept pieds de hauteur? Hic Burgurdio septiprs fréquenter Flexo poplile supplient quietc. Cette taille équivaut à plus de six de nos pieds ( V. Pauc- ton , Mes. aniiq. ). Mais nous verrons que d'autres causes ont du pareillement concourir à celte diminution de la sta- ture de plusieurs anciens peuples. Il est facile de comprendre comment des nourritures sti- mulantes et des boissons spiritueuses, excitant le système ner- veux , la sensibilité , avivant la circulation, hâtent le mouve- ment vital, et développent le corps avec une précocité rapide; mais l'époque de la puberté étant d'abord sollicitée , ainsi que l'acte de la génération, la croissance ou la végétation organi- que est bientôt détournée , arrêtée. On est pubère dans les villes de luxe et par des nourritures échauffantes, plus promp- tement que dans les campagnes, où l'on vit davantage de lai- tage et de végétaux. Mais l'usage du lait , des fruits et des her- bages, donnant une nourriture plus rafraîchissante , plus hu- mectante, ralentit les fonctions vitales; les périodes de la du- rée étant plus longues, l'accroissement a tout le temps de s'opérer. C'est ainsi que les simples pasteurs, les peuples nomades, les Ethiopiens à si longue vie , ou Macrobies, dont parle Hérodote, presentoient , malgré leur climat brûlant , de grands et beaux corps; ils subsistoient de lait et de fruits , comme ces anciens Germains dont les Romains admiroienl les vertus, le courage, la majestueuse stature; c'est ainsi qu'Homère nous dépeint ses énormes Cyclopesde la Sicile . et Pcdyphème, se contentant de laitage et de chair. Tels étoient aussi les Guanches et ces anciens habitans des îles Fortunées (Canaries), ou ceux de la Taprobane (Cevlan) , qui ne vivoient pas moins d'un siècle, dit-on, avec ces ali- 492 G E A mens naturels et doux, si propres à tempérer l'ardeur de la vie et le feu des passions. Les peuples qui recherchent les pâtes, les bouillies , le laitage, les alimens mucilagineux et fades, deviennent de grands corps simples et lourds, tels que les Suisses, les Hollandais, les habitans du JBergamasc et duMantouan, faisant usage de polenta, de maïs et de sorgho; comme aussi les Valaqueset les Heïducques, la plupart grands individus servant de gardes et de portiers chez les princes. De même , plusieurs peuplades nègres vivant de couz-couz , de mil (panicum) , ou de coracan ( cynosurus, L. , eleusine , Willd.) , ou de patates farineuses (convolvulusbatatas , L.), ou des feuilles mucilagineuses de gombo (hibiscus esculenlus , L.), présentent de longs corps mollasses et inertes que l'écourgée du colon a peine à faire mettre au travail , malgré l'abus de l'énergie sur la faiblesse morale, et la langueur organique. § I V .Del 'influence du genre dévie sur la taille de l'espèce humaine. — Un Européen civilisé, nourri chaque jour pleinement de chairs succulentes bien préparées, de boissons fortifiantes, est plus souvent malade de réplétion que de disette ; il sur- passera sans peine, en force corporelle et en taille, les sau- vages, quelque favorisés qu'ils puissent être des avantages de la nature. C'est ce que démontrent les recherches de Péron ( Voyage aux "Terres australes, t. i ), et les expériences faites avec le dynamomètre. Outre les famines qu'éprouvent néces- sairement plus ou moins les sauvages, dans leur imprévoyance çt leur paresse; leur vie continuellement exposée soit à la froidure, soit à l'ardeur du soleil, soit à cette humidité sur- tout préjudiciable à la santé , débilite leur organisation plus que ne le fait la vie civilisée , soustraite à toutes ces influen- ces trop directes des élémens sur nos corps. Aussi, malgré la puissance de 1 habitude, pour résister à ces nuisibles in- fluences, on voit plusieurs peuplades sauvages éprouver des affections meurtrières; chez eux les seuls individus robustes résistent, surtout sous les cieux froids. Nos animaux domes- tiques sont pareillement de plus belle taille et plus prolifiques que les mêmes races sauvages, moins bien nourries. A l'égard de l'énergie du caractère, et du courage invin- cible déployé par le sauvage, soit contre la douleur, soit pour se venger de ses ennemis, il peut surpasser l'homme civilisé , puisqu'une vie dure et impitoyable , l'exposant sans cesse aux périls, à la rage des animaux et de ses semblables, à tous les élémens conjurés , il doit devenir âpre , féroce , indomptable, pour se maintenir contre tant d'obstacles, et sa pénible situation lui faitpresqueundevoir de l'anthropophagie. Mais si l'homme déjà sorti de cette extrême barbarie, sait G E A ^ *fc garantir de la disette en élevant des bestiaux, s'il vit heu- reux et nomade comme les anciens Scythes ou d'autres peu- ples pasteurs, il peut acquérir une riche stature dans l'inno- cence patriarcale de ses mœurs cl la simplicité de ses goûts. Avant l'état de civilisation actuelle de l'Europe, et la con- quête des Romains, le Nord ou la Scandinavie, la Germa- nie et une partie des Gaules étoienl couvertes de forets anti- ques, et de marécages ou de terrains fangeux, parle débor- dement irrégulier des fleuves et des rivières; le ciel étoit froid e! brumeux. Aussi, les naturels de ces contrées portoienl l'em- preinte de leur climat. C'étoient de grands corps blancs et humides, ayant des yeux bleus, une longue chevelure blonde ou rousse, un teint frais, mais l'air farouche, avec des habi- tudes simples et martiales. Tous ces anciens Ombres et Teu- tons défaits par Marius; toutes les nations germaniques con- servoient à peu près les mêmes traits, parce qu'elles étoient constamment sous les mêmes influences du climat et d'un commun genre de vie , sans mélange avec des étrangers. Qui leur donnoit cette stature gigantesque , dont l'aspect effraya dabord la valeur des Romains? Nous le verrons dans Tacite et les autres historiens. D'abord ces contrées humides et couvertes de bois altribuoient nécessairement aux corps une texture molle, un teint blanc et presque étiolé. De là cet accroissement facile; et ce qui le favorisoit surtout, c'étoit cette vie inculte et ignorante dès l'enfance, cette exis- tence insouciante, adonnée à la bonne chère, aux abon- dantes boissons de bière, d'hydromel, de laitage, et au som- meil, près du foyer paternel , sous le même toit qui ren- fermoit les bestiaux ; dans cette négligence et cette nudité indolente, dit Tacite, les Germains s'accroissent en dévastes membres que nous admirons. Ils ne se tiennent point comme nous dans des villes, mais chacun élève sa maison solitaire à son gré , dans la campagne qui lui plaît. Tout le jour ils s'étendent près du foyer , se vêtissent à peine de quelques habits ou peaux de bêtes sauvages. Chaque matin ils se lavent, le plus souvent à l'eau chaude en hiver, ensuite se mettent à table ; ce n'est point un vice de passer le jour et la nuit à boire , et à s'enivrer de leur bière d'orge ou de froment ; leurs alimens ordinaires sont de la chair fraîche, avec du fromage et des fruits agrestes. Mais rien n'est plus sévère et plus pur que leurs mœurs. Les jeunes gens ne se livrent à l'amour qu'à un âge bien for- mé ; il seroit honteux, dit César, à un Germain d'approcher des femmes avant vingt ans: de là leur jeunesse n'étoil ja- mais énervée. On ne doit donc point s'étonner que tous les auteurs latins 4s4 G E A s'émerveillent des immenses proportions de ces Germains (Pomponius Mêla, De situ orbis^l. m , c. 3 ; Cœsar, Bell. GalL, 1. tv; Columelle, 1. 3, c. 8; Végèce, Re milit. ; VI- truv. , Archùect.; Quinctilianus , Der.lam. 3 ; aussi Josephe, Bell, juddic. , 1. 1 1 , c. 16 ; Juvenal, Sut. v, etc. ). Les Gaulois étoient moins grands, et les Romains plus petits en- core que les Gaulois. Enfin, plus on s'avançoit vers le Nord, plus les peuples sembloient devenir gigantesques et farou- ches ; les Calédoniens ou Ecossais étoient de plus haute taille aussi que les Bretons ou les Anglais (Tacit., in Agricola) ; et les premiers historiens du Danemarck et de l'Islande ont cru , d'après d'anciens monumens, que la Scandinavie avoit élé jadis peuplée de géans (Saxo grammatie. hist. Dan., proè'm. Arngrim Jonas , Island. Descrlpt. c. 4- )• Or, quoiqu'aujourd'hui les Allemands, les Prussiens , les Danois , les Polonais et les Russes offrent de plus longs corps et des complexions plus blondes et [dus molles que celles des Français, des Italiens et des Espagnols, on ne peut néan- moins les comparer à la haute stature attribuée à leurs an- cêtres. Sans doute, les émigrations et les conquêtes des peu- ples du Nord , depuis le troisième siècle jusqu'au sixième , et plus tard , les invasions des Normands ; sans doute l'établis- sement de l'empire de Charlemagne, et tous les remuemens des peuples depuis tant de siècles, ont mélangé les races , altéré les tailles nationales, ainsi que les habitudes et les mœurs dans toute l'Europe. Le sang des Sarrasins ou des Maures s'est mêlé à celui des Goths , sur le sol de l'Ibérie ; les Vandales, après avoir traversé l'Europe , se sont préci- pités sur l'Afrique ; nos croisades ont reporté dans l'Orient les successeurs des Galates , qui s'y étoient jadis fixés. Tous les peuples sont aujourd'hui composés plus ou moins. Qui débrouillera la généalogie , non-seulement des Cimbres , des Teutons , des races gothiques sorties de la Scandinavie ou Chersonnèse cimbrique vers la mer Baltique , mais des Gètes, des Gépides, des Hérules,des Lombards, entraînés par la fureur guerrière des Genséric et des Attila ; mais en- core de ces Huns, ces Ostrogoths, ces Alains, ces Sarmates, Quadcs et Marcomans , Croates , Avares , etc. , vomis par- les antres du Caucase pour dévorer l'empire romain? {Voyez Joh. Christ, de Jordan , De originibus slaviçis , Vienn. T 17 45 , in-fol., 2 vol.) Quoique ces peuples septentrionaux, de belles proportions la plupart , aient dû rehausser la stature des Européens plus méridionaux , comme les Francs , qui étoient plus robustes que les Gaulois; quoique le sang nor- mand se reconnoisse encore en France par un teint vif et des cheveux blonds , tout fait présumer que la taille a pu dimi- G F. A 495 «uer par l'effet de la civilisation et d'un genre de vie différent des anciens. {Voytz Herinanni Conringii , de Germanirurum corpomm habitas antiqui oc novî cousis, dissertât t'o , édil. 2, Helmstad , i652, in-4~°; et Burggrav. , de habita Germon, ejusque cous. , p. 8, sq., etc.) Kn effet , comme l'observe Hufeland ,• toute notre civili- sation actuelle tend à nous rendre éminemment nerveux , à solliciter avec précocité l'organisation et le développement de nos facultés; de là viennent ces affections spasmodiques , ner- veuses et catarrhales, si multipliées aujourd'hui, à cause de nos habitudes molles et efféminées. A peine un enfant est né qu'on lui donne d'abord du vin , en plusieurs pays , sous prétexte de le fortifier , ce qui crispe son petit et foible esto- mac ; ensuite on l'abandonne à des nourrices étrangères , qui fournissent rarement un lait bien approprié à son âge , au tempérament qu'il a reçu. Heureux si l'on ne le comprime pas encore dans d étroits maillots , qui retardent ou défor- nieul sa croissance ! On le sevré souvent trop tôt, tandis que tous les peuples simples allaitent leurs enfans au moins un an , et les Mabométans , suivant le conseil du Coran , vont jusqu'à deux ans ; aussi la plupart des Turcs sont robustes. Les enfans marchent à peine , qu'aussitôt arrive la triste co- horte des pédans ; puis les livres , les études arides et épi- neuses des grammaires ; puis les punitions de toute espèce , les continuelles réprimandes, la vie sédentaire, appliquée. Cela , sans doute , est nécessaire pour notre existence civili- sée ; mais rien ne diminue , n'afîoiblit davantage la crois- sance , le développement des organes ; aussi le système ner- veux acquiert une activité prépondérante , au détriment des autres systèmes ; nous devenons ingénieux, mais moins forts» et les enfans rachitiques ont surtout d'autant plus d'intelli- gence qu'ib sont plus délicats. L'époque de la puberté est bientôt avancée par la préco- cité du moral , par de pernicieux plaisirs solitaires qui, solli- citant prématurément les organes sexuels, énervent la jeu- nesse. Dès lors , la nutrition , détournée en grande partie par l'excrétion dusperme, arrête l'accroissement , et les individus restent courts de taille. §. V. Si le genre humain avait jadis une plus haute taille qu'au- jourd'hui, et s'il a pu, ou s'il peut exister des rares de géans? Puisqu'on ne sauroit nier que parmi les nations les plus ci- vilisées et dans les villes populeuses , l'espèce humaine ne A\ génère , n'en peut-on pas conclure , avec plusieurs philo- sophes , que nous allons toujours en déclinant , et que tout diminue et se rapetisse sur la terre ? Cette question vaut hieu la peine d'être examinée ici. i9S G E A Si l'on s'en rapporloit aux témoignages historiques, sacrés et profanes, rien ne seroil mieux prouvé que l'existence des géans dans l'antiquité la plus reculée. La Genèse, c VI, 4i représente les premiers humains comme étant de taille gigan- tesque et plus vivaces que ceux d'aujourd'hui. Des anciens pères de l'Eglise {Lactance, l. Ji, c. i4; Athénagoras , Apologei. ; Clément d'Alexandrie, Slromat. , 1. m et v , et Pœdag. , 1. il; Terlullien , De Idolat. , c. ix ; S. Cyprien , De discip. ethab. virg. ; S. Ambroise, De Noë et arcâ, c. iv) , ont regardé les géans comme produits par l'union des anges avec les filles des hommes {froy. aussi Philon, De gigant. ; Josephe , Antiy.jud., 1. i , c. 4- ! Origcnc , Ap. Gennad. ; Eusèbe , Prœp. evang.;S. Chrysostôme , Caien. ; S. Cyrille d'Alexandrie, 1. ix, etc.) ; toutes choses exposées dans les écrits de Goro- pius, Becanus, Hiéron, Magius , Temporarius, dom Cal- met , etc. Il y avoit plusieurs peuples de taille gigantesque : les Ré- phaïms , Cananéens cruels ; les Emims, anciens Moahites; les géans d'Enac ou Enacims, étoient si grands, que les au- tres hommes ne paroissoient devant eux que comme des sau- terelles (Nombr. xill, 35). Og, roi de Basan, avoit un lit de neuf coudéesdelong , ou déplus dequinzepieds (Deuléronom.7 III , 2). Goliath éloit haut de six coudées et une palme (Rois, 1 , c. 17, v. 4) = c'est environ dix pieds et demi. Mais sans rappeler encore les histoires fabuleuses des Ti- tans , ou des fils de la Terre , chantés par Hésiode et les au- tres poêles de l'antiquité; ou le squelette d'Anthée , vu par Serlorius vers Tanger , et qui avoit soixante coudées, selon Plutarque ; ou le squelette d'Orion , de quarante-six coudées, Irouvé en Candie, au rapport de Pline ; ou seulement celui d'Oreste , haut de sept coudées ou douze pieds trois pouces; celui du prétendu roi Teutobochus , décrit en i6i3 , par Ni- colas Habicot , et qui devoit avoir vingt-cinq pieds de haut; ou le géant Ferragus , haut de douze coudées , plus robuste que quarante Espagnols, et qui fut tué, suivant nos chro- niques , par le fameux Roland , neveu de Charlemagne , nous rangerons tous ces contes avec ceux de Gargantua et de Pan- tagruel. Venons à des faits plus positifs , puisque aussi bien la ver- sion de la Bible , par les Septante , traduit les mots nophel etgiboor(au pluriel , nephilim et gibborim), par des hommes violens , cruels et scélérats, tels quelSemrod , au lieu de tra- duire par le terme de géans. S. Chrysostôme, Théodoret, etc., suivent aussi cette opinion ; et lorsque Dieu menace Israël des peuples du septentrion, c'est plutôt d'hommes barbares, belliqueux et impitoyables que de vrais géans (Sapient. 11, et G E A «9> Isaïe , c xiv, 4.1 , 4q; Je'rémie, c. xxxiv, 6, i3, i5, etc.; Ezéchiel , vm, 48; Daniel , xi ; Zacharie, 11 , etc.) Pline cite le géant Gabbare , vu à Rome , sous l'empereur Claude, et qui avoit neuf pieds neuf pouces de haut. Martin Delrio vit a Rouen, l'année 1572 , un Piémontais, haut de plus de neuf pieds. Jul. Scaliger observa , à Milan , un géant couché en deux lits placés bout à bout. La Gazette de France rapporte qu'un squelette humain , de neuf pieds quatre pouces, fut trouvé près de Salisbury (ann. 1719, du 21 septembre , art. Londr. ). Gasp. Bauhin (De Hermuphrod. , p. 78) cile un Suisse haut de huit pieds; un Frison avoit aussi cette taille (Van der Linden-, Physiol. réform. , pag. 24.2). Un Suédois , garde-du-corps du roi de Prusse, Guillaume I.«r, avoit huit pieds et demi (Stoller, ÎVaschthum des menschen, pag. 18). Diemerbroëk cite un homme de pareille taille, en son Ana- tomie , p. 2 ; et Uffenbach a vu le squelette d'une fille d'aussi haute stature (ltinèr. , tom. m, p. 546). Indépendamment de ces faits particuliers et de beaucoup d'autres cités par Haller(2)ws. de Gigantib., an. 1767) et par di- vers auteurs, l'on demandera s'il est impossible qu'il ait existé jadis des races d'hommes gigantesques. La terre, autrefois plus fertile et plus jeune , disent les défenseurs de cette opi- nion , tels que Torrubia , Lecat, etc. , portoit des animaux plus puissans, des espèces plus colossales que celles d'au- jourd'hui. Les glossopètres fossiles , qui sont des dents de poissons squales , ont trois à quatre fois plus de grandeur que ïesmemes dentsdenosplusfortsrequins actuels, commelere- inarque Fabius Columna (De Glossopetris, dj'ss.), et les osse- mens fossiles de megatherium , de palœotherium, décrits par M. Cuvier , ceux de la plupart des éléphans trouvés enfouis en divers climats , ne montrent-ils pas des individus prodi- gieux en comparaison des plus grands d'aujourd'hui ? Voyons- nous encore des baleines franches, longues de cent cinquante pieds , comme il est avéré qu'on en trouvait jadis ? Il faut donc convenir que ces races colossales ont diminué dans leur stature, comme dans le nombre des individus, et même elles peuvent s'éteindre et disparoître à jamais de la terre. Virgile a pu dire que l'agriculteur admireroit un jour les grands ossemens des premiers humains enfouis sous ses guérets : Grandiaquc effossis mirabitur ossa sepultis. virgil. , Georg. 1. Parmi les raisons apportées par Haller contre l'existence des géans de l'antiquité, il dit que des hommes de quinze à vingt pieds de haut ne seroient plus en rapport avec le blé, xti. J2 498 G E A les fruits qui nous sustentent , le cheval qui nous porte : les arbres seroient trop petits pour nos édifices, etc. Mais ces inductions ne sont pas de grande valeur , puisque de vastes animaux peuvent bien subsister ; et d'ailleurs elles ne prou- veroient point que les autres créatures organisées n'étoient pas jadis également gigantesques à proportion de l'homme. Nous ne voyons pas d'impossibilité physique à l'existence des géans , ou de races d'hommes de sept a huit pieds , ou peut- être plus , quoique cela soit douteux aujourd'hui. Voici ce- pendant un fait récent et remarquable. A la terre d'Edels , vers la rivière des Cygnes , M. Louis Freycinet ( Voyag. de découv. aux Terres australes , Paris, i8i5, in-4-° , p. 178), a trouvé des traces de pied humain, éton- nantes par leur grandeur. Vlaming , cent cinq ans avant nous , dit-il , avoit fait une observation semblable : Nous re- marquâmes au rivage voisin plusieurs pas de personnes dune gran- deur extraordinaire. On a vu d'autres pas , ou traces de pied énorme , dans le havre de Henri Freycinet , et à la rivière des Cygnes (Ibid., p. 204.) , et même on a aperçu de loin des géans, sur la presqu'île Péron, à la terre d'Ëndracht (Ib. Voyez aussi Péron, Voyage aux Terres australes, tom. II, pag. 201 , seq.}. A la vérité , M. Freycinet, qui a bien voulu nous communiquer des détails à ce sujet, admet que ces hommes n'ont été aperçus de loin , d'une si grande taille , que par une illusion d'optique causée par le mirage , ou qu'à travers ces vapeurs aqueuses , surtout sous les tropiques, qui agrandissent énormément tous les objets. Il est facile de prouver que le genre humain, s'il a pu dé- croître en quelques âges et sous certains climats , ou par une civilisation , une corruption de mœurs trop grandes, n'a pas sensiblement dégénéré depuis environ quarante siècles. Nor- den (Jim. JEgypl-, p. 75, 80), observe que les sarcophages des anciens Egyptiens , dans la plus haute des pyramides , n'annoncent nullement une taille plus élevée que la nôtre. Il en est de même des momies mesurées dans les catacombes et les hypogées d'Egypte. 11 est permis aux poè'tes de feindre que les anciens héros étoient des hommes gigantesques et ro- bustes , comme Homère nous représente l'impétueux Dio- mède, fils de Tydée , ou le bouillant Ajax, ou Hector lan- çant un quartier de roche sur les ennemis : c'est ainsi que Turnus lance à Enée une pierre que douze hommes d'aujour- d'hui ne pourroient ébranler , selon Virgile. Les vieillards qui vantent sans cesse le passé , se sentant affoiblis par l'âge, soutiennent qu'on étoit plus vigoureux autrefois, comme le dit Juvénal : Namque genus hoc , vivo jam decreseelat Homero : 2erra muios 7 de le toucher pour que la main éprouve des démangeaisons violentes, qui sont suivies de rougeurs et de pustules très- douloureuses. Les alimens sur lesquels il dépose son hu- meur, deviennent mortels pour ceux qui en mangent , ainsi que Ta vu Hasselquist en Egypte, où il n'est pas rare. Sa morsure est si dangereuse, qu'il n'y a point d'antre parti à prendre que de couper ou de brûler sur-le-champ la partie atteinte, liontius assure que le Curcuma est son contre- poison. Cet animal a quelque chose de l'espèce du caméléon. Sa longueur, dont la queue fait la moitié, excède rarement en r>ied. Il se tient de préférence dans les lieux humides , dans es creux des arbres à demi -pourris, d'où il ne sort que la nuit ou aux approches de la pluie ; mais il ne craint p<>s d'entrer dans les maisons. Sa démarche est lente, excepté lorsqu'il s'élance sur les insectes et les vers dont il fait ha- bituellement sa nourriture. Il pond des œufs de la grosseur d'une noisette. Le Gecko de Mauritanie , Gecko mauritanicus, a le corps couvert d'écaillés terminées par une épine ; la queue courte , garnie d'épines plus grandes et disposées en verticilles. Il se trouve dans les parties méridionales de l'Europe , en Asie et en Afrique. On le rencontre assez fréquemment en France , sur les bords de la Méditerranée, où on l'appelle lurenie. 11 se plaît dans les lieux chauds, sous les toits, dans les fentes et les crevasses des murs, et il évite les endroits humides. On ne le voit point sortir de sa retraite lorsqu'il doit pleuvoir, mais bien lorsque le soleil est dans sa plus grande force. 11 ne jette" aucun cri et n'est point venimeux (d'aprèsl'observation d'Oli- vier). Ses rapports avec le précédent, remarque Lacépède, qui l'appelle Geckolte, sont si considérables, qu'il est difficile de les distinguer par une simple phrase descriptive. Sa lon- gueur s'étend rarement au-delà d'un demi-pied ; ainsi il est de moitié plus petit que le gecko glanduleux. Il a , de plus , le corps beaucoup plus épais proportionnellement : la queue plus courte; et surtout il n'a point de tubercules glanduleux aux cuisses postérieures. Le caractère qu'on tire de ses écailles épineuses et de sa queue verticillée , n'est vrai que dans sa jeunesse. 11 n'est par conséquent pas bon, mais on a dû rem- ployer faute d'autre. Il est très-remarquable que cette espèce" perde ses épines en avançant en âge. C'est la seule , dans la famille des lézards, chez qui on ait remarqué ce phénomène, qui paroît digne de l'attention des scrutateurs de la nature. Le Gecko tète plate, Gecko fimùriuhis. 11 a la tète très- aplatie, les côtés du corps et de la queue prolongés par une membrane frangée, le dessous jaune, et le dessus changeant xu. 66 5i4 G E C comme le caméléon, d'après l'observation de Brugnières, qui l'a vu à Madagascar , où il est appelé famocantratnn , selon Drapper qui fait à son sujet un conte qu'on peut lire au mot Famocantraton. Il se trouve en Afrique et à Madagascar ; il n'est point venimeux , se tient pendant le jour sur les ar- bres , occupé a courir après les mouches et autres insectes dont il se nourrit , et se cache pendant la nuit dans des trous. V. pi. D 3o. Le Saroubé ( V. ce mot. ) paroît se rapprocher beau- coup- de ce gecko , quoiqu'il n'ait que quatre doigts et point de membranes latérales. Le Gecko sputateur, Gecko sputator. Il aie corpsgris, varié de brun, avec ioài2 anneaux d'un brun presque noir, liserés de blanc. 11 se trouve dans les îles de l'Amérique. J'ai reçu de Saint-Domingue , l'individu qui a été figuré par Lacépèdc , dans son Histoire des Quadiiipèdes ovipares. Il avoit trois pouces de longueur. Sparmann , qui l' avoit le premier fait connoître dans lesMémoiresde V Académie de Stockholm , pour l'année 1 784, rapporte que ce gecko ne nuit à personne quand il n'est pas inquiété, mais qu'il ne faut pas rapprocher de trop près ; car alors il lance contre l'indiscret un crachat noir , assez veni- meux pour qu'une petite goutte fasse enfler la partie du corps sur laquelle elle tombe ; de là le nom de sputateur ou cracheur qu'il lui a donné. Celte espèce offre une variété re- marquable en ce que les bandes brunes manquent. Il est pro- bable que cette variété , que j'ai , ainsi que Sparmann, re- çue avec le sputateur , est produite par le sexe. On guérit l'enflure produite par le gecko sputateur, par le moyen de l'eau-de-vie camphrée. Cette espèce s'éloigne un peu du genre; aussi Daudin l'a- t-il placée parmi ses Abolis. V. pi. D 3o. Le Gecko a oreilles, Geckoauritus. Il aune crête demi-orbi- culaire de chaque côté de la bouche, etles trois doigts intermé- diaires de ses pieds sont dentés en scie. On le trouve en Si- bérie. V. pi. D 3o. Il a environ huit pouces de long. Sa cou- leur est cendrée et jaunâtre , avec des points bruns très-rap- prochés , et le bout de la queue noir. Les deux protubérances rudes, molles , et remplies de sang , des coins de sa bouche , le rendent fort remarquable. Les Geckos sans ongles , ocellé et cepédien, sont fi- gurés pi. 5 de l'ouvrage de M. Cuvier , intitulé le Règne ani- mal distribué selon son organisation. Les Geckos Annulaire et Lobé le sont pi. 8 àagrand ou- vrage de la Commission de I'' Institut d'Egypte , sur les animaux de «ette contrée. G E H 5x5 , Les Geckos de Siam et de Java constituent le sous-genre Hémioactyle de Cuvier. (b.) GECKOIDE , Geckoïdes. Péron ( Voy. aux Terres Atist., tom. i , pag. 4-°5 ) propose rétablissement d'un genre de reptiles sauriens , sous le nom de geckdi.de pour placer le gecko a large queue ( gecko palurus) Saw. , qu'il a observé dans les lieux bas et fangeux des environs du port Juckson. Il caractérise ainsi ce nouveau genre : corps extrêmement plat ; tôle grosse ; yeux protubérant ; pupille linéaire et verticale ; queue en forme de fer de lance , se détachant du corps avec la plus grande facilité pour peu qu'on y touebe ; doigts grêles allongés , très-comprimés latéralement , et dépourvus des folioles qui caractérisent les geckos. Le gecko'ide de Péron se nourrit de larves d'insectes aquatiques et de quelques- uns de ses insectes mêmes, (desm.) GECKOTIENS. Famille de reptiles sauriens , établie par Cuvier, et qui est constituée par le seul genre Gecko. (b.) GECKOTTE. Nom de la seconde espèce de Gecko, (b.) GEDESIMMER. Nom donné , enNorwége, àl'ANEMONE DES BOIS ( An. nernorosa ). (LN.) GEDUAR et GEIDUAR. Noms arabes du ZÉ- DOAIRE. (LN.) GEDULDKRAUT. La Patience ( Rumex patientia , L. ) porte ce nom en Allemagne, (ln.) GEECKA. Nom lapon du Coucou, (v.) GEELGOELLING. L'un des noms allemands des Sou- cis. (LN.) GEERST-GEERS. C'est le Millet ( Panicum milia- ceum ) en Hollande. (ln.) GEERSELN. La Podagkaire ( JEgopodium podagraria) porte ce nom , dans quelques parties de l'Allemagne. (LN.) GEGENSTRAS. Un des noms de la Bourrache en Al- lemagne. (LN.) GEGVERS. Nom que les Arabes donnent au Mil- let, (ln.) GEHLENITE. Substance minérale découverte récem- ment dans le royaume de Bavière , et que ses caractères doi- vent f-iire considérer comme une variété remarquable de l'An- dalousile {feldspath apyre , Haiiy ). On la fera connoitre à l'ar- ticle Jamesonite. (ln.) GEHLICE. Nom de l1 Arrête- bœuf ou Bugrane , en Hongrie, (ln.) GEHUPH. Arbre de l'Inde , qui porte un fruit que les habitans de Sumatra appellent pêche de trapobune , lequel contient une noix dont le dedans est fort amer, et a le goût *i6 G E I de la racine d'angélique. On en tire de l'huile fort estimée dans le pays. 11 découle aussi de l'arbre une gomme qui a les mêmes propriétés que l'huile. On ignore à quel genre appar- tient cet arbre. (B.) GEïDUAR. V. Geduar. (ln.) GEIER. Nom allemand des Vautours, (v.) GEIERADLER. C'est , selon Meyer , le nom allemand du Gypaète, (v.) GEIERLEIN. Le Sisaron ou Chervi {Sium sisarum) est ainsi appelé en Allemagne, (ln.) GE1R. Nom anglais du Vautour, (v.) GEIRÂN. Nom altéré de celui de Tzeiran , que les Turcs donnent à une espèce d'antilope. Voyez Antilope de Perse, (desbi.) GEISBLAÏT ( Cf lèvre-feuille ). Les Allemands nomment ainsi, non-seulement les Chèvre-feuilles, mais encore l'A- zalée , un Cytise ( cytisus nigricans) , le Trèfle des prés, etc. (ln.) GE1SBLUME ( Fleur de bouc. ). Les Allemands nom- ment ainsi la Reine marguerite des prés , la Renoncule scélérate , etc. (ln.) GEISHOLZ. Le Troène est ainsi nommé en Alle- magne, (ln.) GE1SS. Nom allemand de la Chèvre, (desm.) GEISSODE , Geissodea. Genre de plantes cryptogames de la famille des algues, fait aux dépens des lichens de Lin- nœus , et qui offre pour caractères , une croûte adhérente , foliacée , dont les folioles sont imbriquées , libres vers la cir- conférence , et dont les scutelles sont sessiles ou très-peu stipitées. Ce genre, par conséquent, comprend les lichens de la seconde division de Linmeus , leprosi scutellali ; ceux qui sont figurés planch. 2^ de l'ouvrage de Dillen, dont les prin- cipaux sont les Lichens stellaire, centrifuge, pariétin, OMPHALODE et SAXATILE. V. au mot LlCHEN. Achard et Hoffmann ont appelé ce même genre Col- LEMIE. (B.) GEISSORHIZE , Geissorhiza. Genre de plantes établi pour placer une douzaine d'ïxiES ; il offre pour caractères: une spathe bivalve , lancéolée ; une corolle régulière à di- visions ovales ; trois étamines à anthères frangées; un ovaire inférieur, à style incliné , et à stigmate de trois lames cunéi- formes ; une capsule membraneuse , ovale , trigone. L'Ixie unilatérale, qui sert de type à ce genre, est fi- gurée pi- no5 du Botanical Magasine de Curlis. (B.) GE1TJE. Sparaiann a décrit, sous ce nom , un Lézard du Cap de Bonne-Espérauce , qui passe pour très - venimeux G E r, 5«7 dans cette colonie. Il rapporte qu'on lui a dit que sa irrorsarc produisoit une lèpre qui se torminoit toujours par la ïnort , mais seulement après six mois ou un an do souffrances, pen- dant lequel temps toutes les parties du corps se gangrèiioient successivement et tomboient par lambeaux. Il y a lieu de croire que ce rapport est le résultat d'un préjugé ; car dans plusieurs pays on attribue aux lézards des qualités venimeuses , on les accuse de causer des maladies dont ils sont fort innocens. (b.) GEL ( Maladie des arbres ). V. Arbre (tol* GELA , Gela. Arbuste à feuilles opposées , ovales , lan- céolées , très-entières, recourbées en leurs bords , glabres , luisantes , à fleurs jaune - verdâtres, disposées en grappes co- rymbiformes, qui forme, selon Loureiro, un genre dansl'oc- tandrie monogynie. V. Xime>ie. Ce genre offre pour caractères : un calice très-court, di- visé en quatre parties ; une corolle de quatre pétales linéaires; huit étamines ; un ovaire supérieur, à style court et à stig- mate épais et bifide ; une noix presque ronde et uniloculaire. Le gela se trouve dans la Cochinchine. Ses feuilles exha- lent , lorsqu'on les froisse , une odeur suave. Il se rapproche si fort de I'Heymassoli de Forster , qu'on peut , sans in- convénient, l'y réunir. (B.) GELALA. Rumphius décrit trois espèces d'ERYTHRiKE , sous ce nom; l'une , YErythrinn fusra , Lour. , est le Gelala. aquatic.a, Rumph. , Amb. 2 , t. 78 ; la seconde, YEryihrina Ia- dica ou GelalaliUorea, Rumph., 2, tab. 76; enfin la troisième, l1 Erythnna pic/a , qui est le Gciula alba , Rumph. , 2, t. 77. (LN.) GELAPO. V. Jalap et Liseron, (ln.) GELASIME, Gelasirriiis(Bntfon). Genre de crustacés, de l'ordre de"E {Conus geiimilis ). (DESM.) GÉNÉRATION. Lorsque nous considérons les êtres vi- vans qui peuplent le monde, et ce concours éternel de vie, de reproduction et de mort, nous sommes frappés de la puis- sance de la nature. Nous voyons avec effroi les âges entraîner avec eux toutes les existences pour renouveler l'univers. Les temps passés ne sont plus qu'un vain songe pour nous. Com- bien de rois confondus aujourd'hui dans la terre avec les derniers des hommes! Voyez ces princes des peuples: ils sem- blent s'élever jusqu'aux cieux ; le tempspasse : voilà le colosse brisé, et le pauvre cherche en vain ses ruines dans les lieux qu'il remplissoit autrefois de sa gloire. Telle est la loi de celui qui règne dans les cieux , loi qui re- nouvelle et détruit, et dont les siècles sont les ministres. De- puis l'homme jusqu'au moueberon , depuis le chêne jusqu'à la mousse, tout naît et périt tour à tour; on n'achète l'exis- tence qu'à ce prix. Les corps organisés sont les seuls qui doi- vent mourir, parce qu'ils sont les seuls qui puissent vivre et engendrer, car les minéraux n'étant pas organisés, sont pri- ? 532 G E N vés de la faculté d'engendrer et de vivre. Voyez Corps or- ganisés. Mais le corps vivant tendant sans cesse à sa destruction , ses parties agissant sans cesse les unes sur les autres , parce que la vie est un état violent et précaire, avoit besoin de ré- parer son individu par la nutrition , et son espèce par la gé- nération. Celle-ci transmet donc la vie ; ainsi tout corps organisé est pourvu dune impulsion intérieure on force initiale qui lui est communiquée par la génération. La vie n'esj donc rien autre que la cause même de la reproduction : c'est cet amour universel, cet appétit de l'existence qui anime toute la matière organisable. La vie n'est point , à proprement parler , séparée en existences individuelles; c'est un principe général qui s'in- sinue dans toutes les substances organisables , qui y dépose la lumière vitale et le germe intérieur de leur fécondité, parce qu'il ne suffit pas aux créatures animées de subsister elle-mêmes ; il faut qu'elles puissent transmettre cette pro- priété à d'autres êtres , comme un héritage éternel dont elles ne sont que les dépositaires et les usufruitières. En effet , la vie n'appartient point en propre à lindividu; elle est dans la main de la nature ; c'est comme une liqueur qu'on rend telle qu'on l'a bue dans la coupe inépuisable du temps. La vie resse naturellement par la même cause qui l'a pro- duite ; c'est-à-dire qu'elle se perd en se partageant ou se communiquant , comme l'impulsion se perd par la communi- cation de ses forces. C'est ainsi que le germe de la vie con- tient en lui-même la cause de sa destruction. Plus la vie est intense ou énergique , plus la mort est prompte ; et le moyen d'exister long-temps est de vivre avec économie de ses forces. C'est par cette raison qu'une existence latente et insensible, comme de la plante dans sa graine ou de l'animal dans son œuf, peut durer pendant plusieurs années. De même le sommeil et l'engourdissement prolongent le terme de la vie en différant de l'employer. Les excès, et surtout ceux de l'amour, n'abrègent tant la vie que parce qu'ils l'usent beau- coup en la communiquant ou la perdant. Et quasi vitaï lampada tradunt. Le principe vivifiant, source commune de tout ce qui res- pire, est une émanation de la divinité; il n'est point de l'es- sence de la matière, puisque la mort le sépare d'elle; il re- passe dans de nouveaux corps et circule sans cesse dans toute la nature. Obscur, foible dans les plantes et les plus imparfaits des animaux , il se développe à mesure qu'il anime des espèces plus parfaites. 11 se manifeste sur - tout lorsque , préparant G E N -533 d'autres existences , il élabore les germes de nouveaux êtres. Alors il anime toutes les créatures d'un esprit de vie qui cherche à s'exhaler au dehors. Un feu subtil erre dans tous les membres des animaux, pénètre dans les vaisseaux des plantes; tous semblent frémir en présence de celle âme divine, agent primitif des reproductions et moteur de tous les êtres vivans. In Deo pm'mus, mootmur et sumus; la main de Dieu tient le fil de nos vies, ou plutôt nous possédons tous une parcelle de la divinité ; elle est répandue elle-même dans tout l'univers : mais les corps organisés sont , pour ainsi dire , des foyers où cette puissance divine s'est concentrée, tandis que les masses brutes ne sont pourvues que de qualités plus géné- rales et de forces mécaniques ou chimiques. Cependant nous voyons qu'il s'élève un germe de vie, de- puis la masse informe de terre jusqu'au champignon , du champignon jusqu'au chêne , et depuis le ver de terre jusqu'à l'espèce humaine. Cette àme de la matière semble germer dans plusieurs minéraux, se perfectionner peu à peu dans les végétaux, et s'exalta par nuances dans toute la série des ani- maux jusqu'à 1 homme, qui en est comme la fleur, la por- tion la plus délicate et la plus subtile. Consultez l'article Na- . TURE. § I. Généralités sur la fonction reproductrice dans tous les êtres organisés. La manière dont on envisage la fonction génitale, dans la plupart des traités de physiologie , nous semble tellement étroite et imparfaite, s il nous est permis de le dire, que nous ne pouvons pas suivre l'ordre qu'ils ont adopté. En effet, le grand Haller, lui-même, avoit déjà bien vu qu'il f.illoit généraliser la recherche du problème , si l'on vouloit obtenir des vues saines sur ce profond et inextricable phéno- mène. Il avoit rassemblé , dans sa grande physiologie, toutes les observations faites sur les animaux et les végétaux, jusqu'à son temps, par rapport à la génération. Il y avoit aussi réuni ses propres recherches sur l'œuf et le poulet ; celles de Bon- net et de Réaumur sur les pucerons; celles de Koëlreuter sur les plantes hybrides, etc., parce que cet homme illustre romprenoit que l'a reproduction humaine n'étoit qu'une scène de ce grand acte de la vie universelle des créatures. Kt , en effet, n'y a-t-il pas des êtres qui se propagent sans sexe, sans liqueur fécondante , sans accouplement, etc.; comme il y a des animaux qui possèdent l'ouïe sans conque externe de l'oreille, sans méat auditif, sans membrane du tympan , sans limaçon, etc. ? 11 faut ainsi considérer la'géné- ration dans ce qu'elle a de général , d'essentiel, dans toutes 534 G E N les créatures. IL faut faire la physiologie comparée de cette fonction chez les animaux et les végétaux, puisqu'elle est une faculté commune de tout être vivant et végétant. C'est ainsi que l'histoire naturelle s'enchaîne nécessairement à l'étude de la médecine , ou plutôt ce sujet physiologique n'est , ainsi que beaucoup d'autres, qu'une branche de 1 histoire générale de la nature. L'ensemble de la matière est séparé en deux grands règnes qui embrassent tous les êtres connus dans l'univers: i.° la matière brute, qui est la base du globe terrestre , les fossiles , l'eau et l'air; 2.0 les corps organisés , qui sont les végétaux et les animaux. La première , toujours inanimée, n'obéit qu'aux impulsions physiques et chimiques , et aux forces mécaniques généralement répandues dans l'univers. Le second règne , toujours animé , doué d'une force vive , est» composé d'êtres qui tous naissent , se nourrissent , s'accroissent , engendrent et meurent tour à tour. La pierre du temps du déluge sub- siste encore aujourd'hui ; elle a traversé les siècles et persé- véré dans l'éternelle immobilité de sa nf^ure. L'animal et la plante se succèdent sans cesse, comme au sein de l'Océan le flot remplace le flot, 1 onde pousse l'onde, qu'une autre pousse à son tour. Empreintes fugitives d'un moule toujours subsistant, elles ne sortent du néant que pour s'y replonger. Le moment présent n'est qu'un point entre deux abîmes, celui dupasse et celui de l'avenir, au milieu de l'océan des âges. Le minéral ne connoît ni passé, ni présent, ni avenir; c'est le contemporain de tous les siècles. Ne pouvant pas vivre , comment pourroit-il mourir ? Tant que des for- ces étrangères ne viennent point altérer sa forme et son es- sence, il demeure toujours le même: chacune de ses parties est indépendante du tout , elle peut subsister par elle-même , et n'a point d'individualité. La matière vivante, au contraire, est composée de parties correspondantes entre elles, et qui ne subsistent point séparément. Le corps organisé est un tout individuel dont i'exislence est bornée , et dont la durée est la seule mesure des temps. Les principes de son existence et les germes de sa destruction, sont en lui-même; le minéral n'a point de principes intérieurs d'existence ; il ne subsiste que par les forces générales de la matière brute; tous ses change- mens, toutes ses altérations n'émanent point de lui-même t mais dépendent des puissances circonvoisines dont il est per- pétuellement entouré. La matière inanimée et les corps organisés sont ainsi un éternel théâtre de vicissitudes ; tout change , tout périt, tout s'altère, et tout renaît dans l'ample sein de la nature. Ce ne s >nt pas des créations nouvelles de matière qu'on voit naître, briller et s'éteindre successivement sur la scène du monde ; G E N 535 ce sont de perpétuelles transformations et des changemens de figures. La matière demeure la même au fond , mais elle est tourmentée de mille manières par de secrets ressorts ; elle est remuée en tous sens ; tantôt déchirée de combats inté- rieurs dans ses entrailles, tantôt organisée par des principes d'amour et de concorde entre ses diverses substances. A l'origine des mondes, lorsque la matière , vierge encore, parut pour la première fois dans le sein des espaces , sortait des mains de son créateur, elle fût demeurée immobile et éparse au milieu de l'univers , si la main toute-puissante qui l'avoit fait na'îlre , ne l'eût empreinte des semences de vie et des principes d'attraction qui la fécondent sans cesse. Celte âme intérieure des mondes , est la nature ; force toujours active, toujours constante dans ses changemens, toujours obéissante aux lois immuables du créateur qui lui donna l'em- pire de l'univers physique, et qui se réserva seul les droits de la toute-puissance. Cet esprit fécondateur de la matière , qui , semblable à Sa- turne , au dieu du temps, engendre et dévore tous ses eofans; celte âme du monde est la source des changemens que nous y contemplons , et des générations successives de la matière animée. Elle a été reconnue dans ious les siècles par les sages des nations. Principio cœlum , ar. terras, camposque liquenti* , Luceutomquc glolmtu lunse , Titaniaque aôtra, Spiritus intùs aiit ; lolamque infusa por arlus Mens agitât inolem , et niagno se corpore rnisoH. Inde homiuum pecudumque genus , vitaeque voJantmn, Et qua? nin^nioreo fort monstrasub aequore ponius. Ignetis est ollis vigor et rœlestis origo Semir.ibu.;. Virgil. j£n. L. vi. La matière, ou ce grand assemblage de corps qui com- posent l'univers, est donc un mélange multiplié de divers principes , dont la nature est fixe , invariable. Ce sont des èlèmens qui entrent dans la composition des différens corps. Les anciens en admettoient quatre : le feu, l'air, l'eau et la terre; mais depuis que les observations des plusieurs ont fait reconnoître que ces substances éloient encore composées de diverses matières plus simples , le nombre des élémens a paru plus considérable ; et ce que nous considérons aujour- d'hui comme élémentaire , n'est peut-être qu'une preuve de notre insuffisance pour en séparer d'autres élémens primitifs. La nature enferme , dans ses profonds replis , le mystère de' ses opérations ; l'homme n'en voit que l'écorce. Observateur j>.'S la femelle. Plusieurs reptiles. LPoissons cartilagineux et quelques autres. iDts insectes , des co- quillages , des veis. .Plantes vivipares. Oiseaux. iReptrles. (Poissons. /Crustacés , coquillages , insectes et vers. JZoophytcs cchinoder- mes. Végétaux en général. \ Vivipares vrais, ou mammifè-C jj tes allait, ms omme, quadrupïdes et cétacés. Nous mettons les plantes parmi les ovipares ; car qu'est-' ce qu'une semence , un fruit , une graine ou amande quel- conque , sinon une espèce d' œuf végétal ? Les faux vivipares ou les espèces chez lesquelles les œufs eclosent dans le sein maternel, ne diffèrent presque point des ovipares ordinaires. ( Consultez les articles Ovipare et Vivipare. ) On compte à peine six cents espèces de vivipares vrais dans la nature or- ganisée ; presque tout le reste est ovipare , car quelque* gemmipares produisent aussi des œufs dans certains cas. La plupart des végétaux et des vers peut se reproduire égale- ment de bouture ou de semences et d'œufs ; de sorte qu'on peut affirmer , en général , que les corps organisés sortent d'un œuf : Omnia ex ooo , ont dit les naturalistes. Voyez les mots OEuf et Ovaire. Presque toutes les espèces d'animaux et de plantes qui produisent des œufs , des graines ou des. petits vivans , ont G E N 547 deux Sexes , ce que nous examinerons à l'article qui en trai- tera spécialement , pour ne pas trop agrandir celui-ci. Avant que de travailler à la perpétuité de l'espèce , l'indi- vidu, soit animal , soit végétal , s'occupe de sa propre exis- tence ; il se prépare pour le temps de l'amour , se fortifie , et médite en silence le développement futur de sa vie. En effet , pour communiquer la puissance vitale , il.faut en posséder surabondamment -, il en faut non -seulement pour soi-même, mais en superflu. Or , L'enfance ne possède qu'une vie à peine suffisante , les organes des jeunes animaux et végétaux ne sont pas développés, nourris , remplis de force ; voilà pourquoi ils sont incapables d'engendrer. Mais comme tous les êtres vi- vans ont une croissance limitée , lorsque leur corps est par- venu à ce point de perfection , les forces vitales ne sont plus occupées au développement de ^individu; elles sont surabon- dantes; et, comme elles tendent sans cesse à organiser, elles aspirent à la reproduction. C'est ce qu'on exprime par le mot amour ; c'est une tendance à l'organisation. L'amour , dans l'individu , le dév eloppe et l'accroît ; dans le sexe ou l'espèce , il engendre et renouvelle. Le temps de la puberté ou de la floraison dans les ani- maux et les plantes, est donc placé vers l'époque de la limita- tion de leur croissance , parce que toutes leurs parties ont acquis un développement parfait, et jouissent non-seulement de leur vie propre, mais d'un excès de force qui cherebe à se répandre au-debors. En général , le sexe féminin parvient plus promptement à l'époque de la puberté que le sexe mas- culin , parce qu'il faut plus de perfection et de force à ce- lui-ci qu'au premier. L'abondance de la nourriture accélère l'accroissement et la puberté qui en est la suite : voilà pour- quoi les hommes , les animaux , les plantes qui reçoivent beaucoup d'alimens , se reproduisent plus tôt que les mêmes espèces épuisées de disette et ajqÉfcvries de besoins. Mais la chaleur influe beaucoup encore sur la précocité de la puberté ou de la floraison des animaux et des végétaux. Les plantes des pays chauds fleurissent tard dans les contrées froides ou même tempérées, et celles des régions froides sont hâtives et printanières dans les lieux tempérés. De même , les hommes et les femmes du Midi sont pubères dès l'âge de dix à douze ans , tandis quils le sont à peine à quinze ou dix-huit ans dans le Nord La même observation peut se faire dans les animaux ; et comme les oiseaux sont en général d'un tempérament chaud et actif, ils peuvent engendrer de bonne heure. Mais l'époque de la puberté est proportionnelle à la durée de la vie de chaque être. Dans les mammifères , elle commence environ au sixième de la vie totale de chaque espèce ; par exemple , 548 G K N ( l'homme qui vit à peu près quatre-vingt-dix ans au plus , est pubère à quinze ans. Ainsi , quand on connoîl à quel âge un quadrupède est capable d'engendrer , 6n peut en conclure que la durée de son existence est environ six fois au-delà. Celte règle ne s'étend pas aux oiseaux et aux autres classes d'animaux. On prétend même que plusieurs reptiles , et la plupart des poissons, croissent pendant toute leur vie ; ce- pendant ils engendrent assez jeunes, parce qu ils acquièrent promptement une perfection suffisante d'organisation. Il n'est point vrai d'ailleurs, qu'ils croissenttoujours;car quelle seroit la limite de leur grosseur ? La mort naturelle , qui n'est produite que par le décroissçment et l'affoiblissement des forces réparatrices n'auroit donc jamais lieu dans ces espèces? Dans les insectes , l'âge de la puberté n'arrive qu'à l'époque de leur dernière métamorphose. Une larve, une chenille, une chrysalide , ne sont point capables de s'accoupler. Le hanne- ton, la mouche éphémère, demeurent pendant deux ou trois ans dans la terre à l'état de larves , sans pouvoir se reproduire ; mais lorsqu'ils ont reçu leur dernière forme, ils s'empressent d'engendrer , et meurent aussitôt après avoir rempli ce de- voir. La puberté des plantes est l'époque de leur floraison. Le temps auquel les corps organisés sont capables de se re- produire , est donc celui d'un développement plus ou moins complet. Lorsqu'ils perdent par la vieillesse et le décroissc- ment la plus grande partie de leur vigueur vitale , ils ne peu- vent plus engendrer. Plus les êtres vivans abusent de leur fa- culté générative , plus ils l'épuisent et deviennent vieux. La vie de tout corps organisé a donc trois périodes ; la jeunesse , l'âge de la génération, et la vieillesse, hes deux extrémités de la vie sont inutiles à la nature. A voir les dégoûts et les amères douleurs dont elle abreuve la vieillesse de louslesêtresvivans, elle semble supporter à peine un état qui n'est plus néces- saire à la reproduction, lia nature n'accumule chaque jour ses dons , ses plaisirs et ses grâces sur la jeunesse, que parce qu'elle fonde sur elle toute l'espérance de la postérité des es- pèces. Sur trois parties de la vie , le milieu seul est complet. Le temps de la puberté des animaux et des plantes a même des accès d'activité et des intermittences de repos. Sembla- bles à certaines maladies chroniques dont les paroxysmes sont réglés , le rut des animaux et la floraison des végétaux vivaces ont des périodes déterminées de fonction. Lorsque le soleil du printemps répand un esprit de chaleur et de vie dans l'at- mosphère , la terre fermente et se couvre de productions , l'arbre déploie ses bourgeons, la plante épanouit ses fleurs , l'insecte engourdi se réveille et cherche l'insecte ; l'oiseau appelle l'oiseau sous la ramée solitaire , et exhale son amou- G E N 5/9 reux délire dans ses chants; le quadrupède , l'œil étincelant d'ardeur, s'élance vers sa compagne et frémit d'amour ; mais l'hiver , couronné de frimas , amène la tristesse et le repos de mort sur la terre. Dans ces climats fortunés que n'aban- donne jamais la chaleur fécondante de l'atmosphère , la fleur remplace le fruit qui mûrit et qui tombe , la nichée de l'oi- seau succède à la nichée , la génération appelle des générations nouvelles. L'année n'est qu'on cercle perpétuel de fêtes; tous les êtres ne semblent exister, dans ces heureuses contrées, que pour s'y perpétuer au sein i\es plaisirs. La vie y passe plus rapidement , parce qu'on l'use davantage. La chaleur est, en général, l'un des plus puissans stimulans de la force vitale el de la puissance génératrice; le froid est l'élément de la mort. Aussi le temps du rut de la plupart des animaux , et de la floraison de presque tous les végétaux , est celui de la chaleur plus ou moins vive , suivant le degré que demande chaque espèce. A cette époque, les organes sexuelsgrossisscnt et se développent ; car , dans la plupart des animaux , ils se resserrent, se cachent, s'oblitèrent presque entièrement, lors- que la saison d'amour est passée, ou avant quelle soit arri- vée,de sorte qu'ilssont presque neutres, hors le temps durut. Il n'en est pas de même des espèces qui trouvent des nour- ritures abondantes , comme l'homme , les singes , le chien , le taureau, etc.; ils peuvent s'accoupler presque en tout temps, quoiqu'il y ailune époquederut marquée poureux commeporr les autres animaux. Plusieurs quadrupèdes rongeurs , et beau- coup d'oiseaux , s'accouplent souvent et font plusieurs fois des petits chaque année; aussi sont-ils presque toujours en rut. § V. De T Accouplement el des Phénomènes de l'imprégnation. Des Unions de diverses espèces. De la Gestation et de l Accouchement. Des Gemellipares. Du Mode de nutrition du fœtus. Nous n'entrerons pas ici dans les détails qui concernent la préparation du sperme dans les testicules des mâles, ni dans tous les phénomènes physiologiques qui accompagnent la co- pulation. Ils sont décrits aux articles sperme et testicules. Nous ne prolongerons pas non plus cet article , par les descriptions de V utérus , des trompes, de Y ovaire , de Y œuf humain et de ses enveloppes, puisque cesorganes fournissent l'objet ri autant d'ar- ticles particuliers. Nous ne devons donc traiter ici que de la fonction génitale , dans ses généralités , parmi tous les corps organisés, en les comparant à ce qui s'observe chez les mam- mifères et notre espèce. Les phénomènes de la fécondation, dans les animaux, sont ceux qui accompagnent leur accouplement et leurs mariages. Chez les plantes, la fécondation s'opère à peu près de même; 55 1 G E $ elles ont des étamines ou parties mâles, portant à leur som- met des anthères couvertes d'une poussière fécondante qu'on nomme pollen. Les organes femelles sont l'ovaire surmonté d'un oudes pistils dontle stigmate reçoit lasemence. Comme la plupart des fleurs sont hermaphrodites, et les étamincs voisines du pistil, les fibres de leurs anthères étant élastiques , peu- vent lancer aune petite distance, le pollen qui tombe sur le stigmate; celui-ci , humecté d'une liqueur subtile, le retient. Le pollen est un assemblage de petites bourses ou capsu- les qui contiennent une essence très-délicate , l'humidité fait rompre ces capsules , et Y aura seminalis , ou la matière subtile et fécondante qui en sort, pénètre dans les canaux du pistil pour féconder les graines. La nature a pris les mesures convenables pour que cette fécondation pût s'opérer. Elle a créé plus d'étramines que de pistils, pour l'ordinaire ; elle a même donné à quelques-unes la faculté de se mouvoir pour aller féconder l'organe Yemelle. Ainsi , dans la pariétaire , le ciste des champs , l'épine-vinettc , et un grand nombre d'au- tres espèces , les étamines sont irritables et se rapprochent du pistil pour le féconder. Si le pistil est très-court , les an- thères se réunissent sur le stigmate , comme dans les saxi- frages , la parnassie , une espèce d'amaranthe ( celusîa ). La corolle des ieucrium ou germandrées , serre les étamines contre le pistil. Les fleurs qui se penchent ont des pistils plus longs que les étamines, afin que le pollen puisse tomber sur le stigmate , comme on le voit dans les campanules , la cou- ronne impériale ( j titilla \ria ) , les perce-neige, etc. Plusieurs fleurs aquatiques s'élèvent hors des eaux pour être fécondées ; tels sont les nénuphars , les morènes , les valisnetia , etc. ; d'autres demeurent au sein des ondes. Dans les plantes de la syngénésie frustranée , il n'y a point de fécondation où man- quent les pistils , comme dans quelques fleurons des soleils , des centaurées et jacées, etc. Si l'on enlève les étamines d'une tulipe , d'un lis, avant sa fécondation, ses semences demeu- rent stériles. Dans les plantes dont les étamines sont éloignées et séparées des pistils , la quantité du pollen est très-consi- dérable , et l'agitation de l'air peut le transporter à quelque dis- tance : les organes femelles sont prêts à le recevoir , et l'atten- dent avec une sorte de désir et d'impatience , comme dans les saules , les peupliers , les noisetiers , etc. Les plantes dioïques, c'est-à-dire mâles et femelles séparées sur deux pieds, comme le chanvre , la mercuriale, les palmiers,-etc. , vivent plus ou moins éloignées ; mais leur poussière séminale est extrême- ment abondante et légère , et l'air la dissémine au loin , de sorte que la femelle en reçoit presque toujours. D'ailleurs , les semences des végétaux dioïques fournissant des individus G E N 55o mâles et femelles qui croissent dans le même canton , ils sont rarement hors de portée. Les anciens avoient considéré ce fait sur les palmiers. ( Théophr. de Plant. , 1. vi. ) Les fleurs femelles des figuiers sont renfermées dans un épais calice , de sorte qu'elles ne peuvent pas être fécondées par les figuiers mâles ; mais une espèce d'insecte ( cynips ) fait un trou dans ce calice, vers le temps de la fécondation , pour y dé- poser ses œufs , et permet à la poussière séminale des fleurs mâles de s'y introduire avec lui. Ainsi la nature se sert d'un animal , comme d'un messager d'amour , pour féconder un végétal. Lorsque de longues pluies arrivent au temps de la flo- raison des arbres fruitiers, les fleurs avortent, parce que le pollen des étamines est emporté par l'eau, et il n'y a point de fécondation. Les plantes sont comme les animaux, elles semblent avoir de l'amour et du plaisir dans leur géné- ration ; leurs organes s'animent ; les étamines peuvent se re- muer , les pétales se déploient , les fleurs témoignent une espèce de volupté. Les noces et les amours des plantes tien- nent le même rang dans la nature , que celles des animaux. Les lois de la pudeur semblent même s'étendre jusqu'à elles. Les étamines et leur pollen peuvent aller chercher le pistil , mais celui-ci conserve la chasteté jusqu'au sein de la volupté ; il attend , dans le silence , l'esprit fécondateur que lui ap- portent les Zéphyrs, et demeure tranquille. Chez les ani- maux , les mâles ont souvent plusieurs femelles ; dans les plantes , au contraire , les femelles ont plusieurs mâles. V. le mol Polygamk. L'accouplement des animaux est plu^compliqué que l'acte de génération dans les végétaux. Lorsque l'animal entre dans la saison d'amour, il s'agite, il perd le repos; une ardeur in- quiète le tourmente; un feu secret le dévore ; il exhale ses soupirs et ses douleurs par des cris, des accens de tendresse ; l'oiseau dans le bocage , chante ses peines et ses plaisirs, ap- pelle sa bien-aimée , construit son nid, et défie ses rivaux au combat. Le temps de l'amour est aussi l'époque des guerres des animaux. La jalousie est une passion instituée par la na- ture, et destinée , qui le croiroit? à ennoblir les races, à écar- ter les foibles, les maladifs, à donner l'avantage aux individus jeunes , vigoureux et robustes, afin que l'espèce se maintienne dans toute sa force. La jalousie peut faire le malheur de l'in- dividu , mais elle est utile à l'espèce , et la nature ne consi- dère que ce seul objet , comme nous l'avons montré ci-de- vant. Voilà pourquoi tant d'animaux combattent pour avoir le droit de jouir. L'amour est le frère de la guerre , et Mars est toujours aimé de Vénus. Les femelles de tous les animaux préfèrent les mâles les plus courageux , par un instinct d'à- 55a Cr V, N mour très-remarquable. La foiblesse de l'une aspire après la force Je l'autre. Le courage est le premier titre d'amour: la ferveur de l'âge , la vigueur des membres, l'activité de l'ins- tinct , l'impétuosité des passions , et la véhéirience des appé- tits , annoncent que l'individu n'est pas incapable dedonnerla vie. Qu'on examine même dans l'espèce humaine , combien la nature se joue des entraves sociales , et devient plus puis- sante que les religions et les lois, dans l'âge de l'amour. Tous ces beaux sentimens qu'on décore du titre d'amour moral , toute cette métaphysique de sentimens , et celte délicatesse si vantée, émanent presque toujours du physique', et tiennent a lui seul. Les grâces, les charmes, l'amabilité, sont des qua- lités physiques; c'est là que tend toute espèce d'amour. 11 n'y a que l'amitié qui puisse être entièrement dégagée des liens charnels. Le moral , je le sais , influe extrêmement sur l'a- mour ; mais si vous y prenez garde , ces qualités morales , si puissantes sur les cœurs sensibles , ont quelque racine dans le corps , et n'en sont pas indépendantes. L'amour, sur le- quel tant de gens raisonnent , n'est pas connu , quoique tout le monde s'en mêle. La nature , plus ingénieuse que tout ce que l'homme imagine, fait, même tourner ses facultés morales et intellectuelles, au profit de la génération. C'est donc mal connoître l'amour , que de le considérer comme une action toute brutale ettoute charnelle; l'homme veutTassaisonner de pudeur, d'attachement et de tendresse mutuelle; l'amour exige un entier abandon de son être, il inspire une abnégation réci- proque et totale , il rait l'âme toute entière , il lui faut le don de la vie elle-même. Quiconque ne sait point mourir , est inca- pable d'un véritable amour. Attachement du monde , lois de la société , conventions humaines , tout doit céder quand il parle : voilà l'amour tel que l'a fait la nature ; il est maître partout , ou il n'est plus rien. On s'abuse en aimant , point d'amour sans illusion. Nous croyons aimer une personne pour elle-même ; il est pourtant vrai que ce n'est pas elle que nous aimons , c'est sa faculté génératrice , c'est ce qui doit émaner d'elle, c'est la postérité dont elle est la tige; car lors- qu'une femme n'est plus capable d'engendrer , l'amour cesse entièrement. On observe même que la plupart des hommes ont moins d'amour pour une femme enceinte , que pour celle qui ne l'est pas , quoiqu'on ait pour la première plus de res- pect, de tendresse et de vénération que pour la seconde. Nos sentimens se proportionnent naturellement et parins- tinct, avec l'état d'une femme. Rien de plus aveugle et en même temps de plus clairvoyant que l'amour ; c'est ce qui le rend si inconcevable. Il semble qu'il s'exhale des émanations de sympathie entre les sexes. Il y a un tel accord entre certains GEN 553 caractères, une telle harmonie entre certains tempéramens, qu'on aime une personne et on en hait une autre sans savoir pourquoi. Qu'est-ce que cette sympathie des cœurs, ces secrets liens qui attachent les sexes par un mutuel amour ? D'où vient cette concordance plus puissante que notre vie, et paria- quelle on devient capable de s'exposer à mille morts pour ce qu'on aime ? Pourquoi ces amours si violentes sont-elles ex- posées quelquefois à se transformer tout à coup en haines furieuses? Rien de médiocre dans les âmes ardentes. Cette impétuosilé de sentimens dérive pourtant de la constitu- tion physique. Ces rapports de sympathie sont le résultat des conformités d'âge et de caractère , du mode de sen- sibilité et d'une certaine correspondance entre l'état moral de l'un et de l'autre sexe. La nature ne se contente pas du seul physique, elle veut l'individu tout entier, pour l'im- moler en quelque sorte à la postérité. On peut mesurer l'éten- due de l'âme d'un homme par la grandeur de son amourmoral. Ce qu'on appelle tiédeur d'amour , est plutôt petitesse et nullité de l'âme ; ce qui se rencontre dans ceux qui sont comme plon- gés dans la matière du corps. Lorsque l'âme entière n'est point absorbée par l'acte de l'union sexuelle, les produitsen sont foibleset délicats, comme on le voit dans les enfans des hommes qui travaillent beau- coup d'esprit. Les fils des hommes célèbres sont presque tous indignes de leurs pères. On n'a jamais vu un grand homme engendrer des grands Hommes. Les fils de Socrate , de Chry- sippe, de Périclès, de Thucydide, de Cicéron, parmiles an- ciens; de Racine, de La Fontaine, de Henri IV, de Crébillon, dr ïîuffon, et de mille autres que je pourrois citer; aucun, dis-je , n'a pu ressembler à son père. Au contraire, la plupart des hommes devenus illustres par le caractère , le génie ou la valeur, ont été le fruit d'un ardent amour, et ont eu pour pères des hommes vulgaires, dont le mérite étoit tout phy- sique. On compte surtout un grand nombre d'hommes célè- bres parmi les bâtards , qui sont véritablement les fils de l'amour. Cependant plusieurs femmes prétendent avoir conçu sans avoir participé à la volupté; d'autres ont été imprégnées pendant le sommeil. Mais ces faits laissent toujours subsister le doute , et il paroît peu probable que la conception soit possible sans un consentement intime et tacite, des organes du moins, en supposanl que la volonté manque réellement. Aristote s'est demandé pourquoi les difformités denaissance, les monstruosités et les imperfections du fœtus, éloient plus fréquentes dans l'espèce humaine que chez les animaux, et il croit en trouver la cause , en ce que les hommes s'acquit- 554 G E N lent quelquefois de Pacte vénérien négligemment , et en pen- dant à d'autres choses , tandis que les bêles qui font l'amour plus simplement, s'y adonnent tout entières ; aussi, les rus- tiques habitans des villages , les hommes tout matériels , produisentles plus beaux et les plus robustes enfansdu monde, parce qu'ils suivent mieux la simple nature que les grands du siècle, toujours dévorés de passions, tracassés de soucis et de peines, usés de jouissances, absorbés dans des affaires épineuses ou des méditations abstraites. La volupté que la nature a jointe à l'union sexuelle , est le seul attrait de la reproduction , attrait impérieux et tyran- nique, contrainte presque aussi puissante que la nécessité; car les animaux y sont portés par un instinct plus fort que la vie. Infiltras ignesque ruunt , amor omnibus idem. Avant même d'en avoir connu les douceurs, ils en ont un pressentiment invo- lontaire : et meniem Venus ipsa dédit. Parmi les singes , les perroquets , les pigeons , les corbeaux et quelques autres oiseaux , le moment de la jouissance est pré- cédé de baisers et de tendres caresses, comme dans l'espèce humaine. Les singes , les chauve - souris , les hérissons , les porcs-épics, les phoques ou veaux marins, et les cétacés, s'ac- couplent ventre contre ventre, tandis que les autres espèces s'accouplent à la manière des quadrupèdes. Les chiens, les loups , les renards, demeurent collés dans l'acte vénérien , parce que le gland des mâles se gonfle beaucoup , et le vagin «e la femelle se resserre, de manière que la verge demeure arrêtée pendant le temps de l'éjaculation de la semence ; ce qui étoit nécessaire dans ces animaux , puisqu'ils sont privés de vésicules séminales, et que leur sperme n'est pas dardé dans l'utérus de la femelle , mais distille goutte à goutte. Or, s'ils avoient puse séparer au moment de cette éjaculation lente , la femelle n'eût point été fécondée, et l'espèce se seroit éteinte. Las femelles et les mâles des animaux s'attirent et s'excitent mutuellement par des odeurs qu'ils exhalent au temps du rut, et que desglandes sécrètent. Ces odeurs sont placées près des organes sexuels, comme on le voit dans les castors, les rats musqués, les civettes, les mouffettes , etc. Cher tous les animaux à mamelles , il y a une véritable intromission de la verge, et leurs femellessonttoutespourvues d'un cli'toris , organe de volupté. {Consultez l'article Sexes.). Le moment de la jouissance est accompagné d'un frémisse- ment universel du corps , et d'une sorte de convulsion qui fait tomber dans un état comateux et extatique. On a comparé le coït à un accès d'épilepsic , et il en a presque tous les ca- ractères, car il absorbe entièrement l'âme et le corps; on n'en- tend, on ne voit plus rien; tout est mort excepté le plaisir; G E N 555 lame est toute entière dans le sens dé l'amour ; on a vu des personnes perdre la vie dans celte crise ( Schenk , de Coilu , «."g, Eph. nui. Cur.dec.3, an 9, obs. i63. Marcell. Douât. Hist. mirab. lie. V. cap. 17); aussi le coït est mortel dans certaines maladies nerveuses , ou après de grandes blessures, des hémorragies, etc.; et lorsqu'il est répété trop souvent , il ruine'cl détruit toute l'économie vivante. 11 faut songer qu'en- gendrer , c'est dépouiller sa propre vie et abréger ses jours ; c'est faire en quelque sorte son testament; c'est donner la preuve qu'on est mortel , puisqu'on ne communique la vie qu'au prix de la sienne. Il est remarquable que le sperme ait une odeur analogue à relie du pollen fécondateur de laplupartdesfleurs.Celleodeur fade , et pourtant stimulante, se reconnoît dans la lîcur de l'épine-vinelte (fjerberis), du châtaignier (fagus), de quel- ques cistes, etc. Le pollen des végétaux contient de très- petilescapsulcs que l'humidité fait ouvrir et fendre en quatre, et desquelles sort une poudre exlraordinairementsubtile, pour pénétrer sans doute, selon Bernard de Jussicu , à travers le style du pistil , dans l'ovaire. De même, Néedham a remar- qué dans la liqueur spermatique du poulpe (srpia. orlopus. , L.), de petits tubes en forme d'étui, s'ouvrant comme par ressort, au moyen d'une spirale qui se détend , et laissant écouler alors des molécules spermatiques fécondantes. Tels sont peut-être aussi ces ramuscules observés dans le sperme de la plupart dc etoît acide , celle la femelle alcaline, et qu'elles se combi- noient comme un sel chimique. (Pascal, des Ferrnens, p. a45 et suiv. ). Vieussens aûmettoit que les semences éloient rem- plies d'esprits. Van-Hclmont dlsoit que la femelle fournis- soil la matière séminale et le maie une sorte d'esprit vital. D'autres ont voulu que. chaque semence renfermât un ani- mal non .développé, ou des parties d'un animal qui s'attiroieitt ensuite et se rassemblaient. (Maupertuis, Vénus pfiysii/. , part. 3.) Empédoclc avoil déjà pensé, au rapport d'Aristote, que le foetus exisloit dans les semences des deux sexes en portions séparées, qui n'avoienl plus besoin que de se réunir entre elles dans un ordre régulier pour former un tout complet. Dans tous ces mélanges de semence on expliquoit facile- ment la ressemblance au père et à la mère ; et Koëlreuter a montré de môme que la poussière fécondante des végétaux influoit beaucoup sur les produits. Cependant les expériences de Spallanzani ont démontré qu'un cent-millionième de grain de sperme de grenouille , et privé d'animacules microscopiques, suflisoit pour féconder dans l'eau une multitude d'œufs de femelles de grenouille; et , de plus, le petit têtard est déjà visible dans l'œuf non fécon- dé , ainsi que les membranes du poulet sont formées dans l'œuf de la poule qui n'est pas fécondé par le coq. C'est donc la femelle qui donne le germe tout préparé ; c'est le sperme du mâle qui en est l'excitateur ou le vivificateur. 3.° Les anciens ont aussi prétendu que le testicule droit des mâles et la cavité droite de la matrice, produisoient des in- dividus mâles; les femelles, au contraire, étoient engendrées, selon eux, du côté gauche. Parménides , Anaxagore , selon Plutarque ; Aristote , Hippocrate et Galien embrassèrent cette opinion. Démocrite , Pline et Columelle ont même pré- tendu qu'en liant le testicule droit ou gauche à un bélier, on lui faisoit engendrer à volonté un mâle ou une femelle. Des modernes, souvent imitateurs serviles des erreurs anciennes, n'ont pas manqué d'adopter cette opinion ; mais Ambroise Paré, Diemerbroek , Yerheyen , Alberti , Franco, EbI, Massa, Fr.Hoffman, Amatus, Th. Bartholin, Vesale, et le célèbre Harvey, ont démontré par l'expérience que des hommes auxquels un testicule avoit été emporté, procréoient des enfans des deux sexes; ils ont aussi reconnu que des fœtus mâles se sont souvent trouvés du côté gauche de la matrice , et des femelles à droite; enfin que la trompe droite de Fallope ayant été détruite , une femme engendra un garçon et une fille. (Cyprian, Lettre à Millington , page 12). Miïlot, dans un ouvrage intitulé Y Art de procréer les sexes à volonté , a re- nouvelé avec succès cette fausse opinion des anciens , qu'il 574 G E N s'est attribuée : cependant de nombreux essais ont démontré le peu de foi qu'on devoil avoir sur de pareils objets. 4-0 L'hypothèse de la génération proposée par Buffon , tient des systèmes d'Hippocrate et de Démocrite ; il admet que la semence est un extrait de toutes les parties du corps ; qu'elle est un assemblage de molécules organiques qui reçoi- vent la figure des parens par un moule intérieur. Ces molécu- les organiques toujours vivantes, qui servent à la nutrition, à l'évolution des animaux et des plantes, passent successive- ment de corps en corps. Cette opinion ressemble encore au système de la panspermie, proposé par Heraclite et par Hip- pocrate {lib. de Diœ(d) , et renouvelé par Perrault, Gérike , Wollaston , Sturm , Logan , etc. Dans cette hypothèse, que les père et mère fournissent de toutes les parties de leur corps, des molécules pour compo- ser un être qui leur ressemble , on ne sauroit nullement ex- pliquer comment le papillon , par exemple , produit dans ses œufs toutes les tuniques et enveloppes successives des chenilles, qu'il ne possède plus lui-même, etqui doiventéclore de ces œufs. Si l'on suppose un père et une mère manchots du même bras, ou un chien avec une chienne , tous deux ayant la queue coupée , il naîtra pourtant des enfans avec deux bras bien conformés , et des chiens à longue queue or- dinaire. Voilà donc la nature réparant , d'elle-même , les défauts des êtres générateurs. Cependant, à la longue , les chiens sans queue et sans oreilles externes , peuvent engen- drer de petits chiens écourlés , avec d'autres plus parfaits , comme l'observe Blumenbach ; mais la nature aspire tou- jours à reprendre le type primordial de l'espèce qui est son modèle. De même, dans les amputés, l'âme se croit toujours le corps complet, et le manchot se plaint du mal au bras qu'il ne possède plus ; sa nutrition , toujours aussi considé- rable que si le corps étoit entier, reverse un surcroît de for- ces et de vie sur les organes subsistans. Ainsi, dans la géné- ration, les facultés vitales de l'homme privé d'un membre, ne laissent pas d'être entières. 5.° Néedham tient que la matière nutritive et la semence ont beaucoup de rapports , que la vie végétale diffère peu de la vie animale, et que la semence peut avoir divers degrés d'exaltation, suivant lesquels elle peut produire un végétal ou un animal plus ou moins élevé dansl'échelle de l'organisation. Diogène , Hippon et toute l'école stoïque, admettoient que le fœtus étoit produit par la semence du mâle seul ( Censo- rinus, de die natali , cap. 5. ); la mère ne servoit que pour le développement , comme la terre par rapport à la graine. Le baron de Gleichen a suivi ce sentiment. C & N §75 6.° On connoît l'hypothèse des vers sperm.n tiques, sou- tenue par Harisoeker, Lceuwenhoeck , Boerhaave , Kcil, Cheyne , Geoffroy, le cardinal de Polignac dans son Anli- Luaère , Lieutaud, etc. Mais Valisneri supposa ensuite que l'homme commence à être ver, qu'il se développe peu à peu comme un inseclc qui se métamorphose. Celle opinion en- traîna les suffrages de Bourguet, Woodward, Lvonnel, Bai, Schelhammer, Paitoni , Launay , Duverney, Schlichling , Plouquet, Hambergcr, Sénac,etc.; etmcine Limueusainsi que Buffon n'en furent pas Irès-éloignés. Spallanzani a montré la fausseté de cette hypothèse en fécondant des œufs de gre- nouilles sans ces vers. 7.0 Le système des œufs produits par la femelle seule , et leur évolution, a été admis par Swammerdam , Malpighi, Harvey, \alisneri, Plouquet et Graaf, qui les ont décou- verts dans la femme. Cette opinion , aujourd'hui la plus suivie , n'est pourtant pas à l'abri de toute difficulté. 11 est évident que le sperme du mâle modifie beaucoup les organes et la structure de l'embryon dans lcsmclets ou hybrides. Ainsi la cavale montée par un âne, produit un mulet participant des deux espèces à peu près également. Mais ce système «les germes appartenant aux seules femelles expliqueront assez bien la propagation des pucerons sans l'intervention des mâles. 8.° L'épigénèse, c'est-à-dire la formation partielle et suc- cessive du fœtus, système déjà connu d'Aristote et de Ga- lien, a été rappelé par Descartes, Harvey, Turberville Néed-- ham, Muller,etc; maissurtout par C. V. Wolf, qui l'appela force essentielle (vis essentiatis). C'est à peu près ce que sou- tiennent des physiologistes de ce siècle, sous le nom de nisus format'wus, effort organisant, de principe vital, etc.; tels sont Blumenbach, Barthez et plusieurs autres. Les formes plas- tiques de Cudworth sont analogues à cette opinion, de même que l'attraction des parties et la superstructure des organes admise par Maupertuis. Comme les organes ne deviennent visibles que lorsqu'ils ont acquis de la consistance et de l'opacité, ils paroissentse composer les uns après les autres. Ainsi le cœur, ou le point saillant (punclum saliens ) devient visible le premier ainsi que l'épine dorsale, puis les grosses artères et les veines, les nerfs, les muscles, les os , enfin les membranes. Mais la na- ture a jeté ses œuvres en moule , d'un seul jet ; ce qu'on reconnoit à la parfaite symétrie et aux forces antagonistes des diverses parties du corps : une pareille correspondance ne pouvant s'établir que par un effort unique. Chaque or- gane est tellement approprié à tous les autres, et lié par tant de sympathies , qu'il ne se forme qu'un être individuel. 576 GEN Toute parlie du même corps participe également au tempé- rament général; la moindre fibre est intimement incorpo-* rée à ce seul individu , à son genre, à son sexe, à son âge , kses habitudes ; elle vit de sa vie générale , elle concourt au même but avec toutes les autres; enfin l'individu est unique, ce qui seroit impossible , si chaque corps étoit formé de pièces rapportées à plusieurs reprises et sans une puissance qui agisse de concert et partout a la fois. Lastructure des parties par l'attraction est une suite natu- relle du système de l'épigénèse ; suivant Maupertuis et quel- ques autres modernes, les molécules capables de s'organiser sont attirées vers un centre ; par exemple , le nez af.ire les deuxyeux, la main attire les doigts, le corps attire 1"S bras et les jambes, à peu près comme las molécules d'un sv\ dis- soutes dans une liqueur, viennent se disposer en cristaux ré- guliers autour d'un même noyau. L'on a bientôt regardé la génération d'un animal comme une véritable cristallisation des molécules spermatiques , suivant un ordre organique , tandis que les molécules salines se disposent dans un ordre géométrique. D'ailleurs on démontre facilement que la formation suc- cessive du foetus ne peut avoir lieu par apposition , ou su- perposition d'organes. Ily aun enchevêtrement manifeste des deux moitiés du corps. Ainsi, à commencer par le cerveau, les nerfs optiques s'entre-croisent; cette décussation est très- visible dans les poissons ; les deux hémisphères s'unissent par le corps calleux ou mésolobe ; le croisement des fibres nerveuses paroît bien prouvé parle phénomène des paraly- sies et hémiplégies qui surviennent du côté du cerveau op- posé à celui qui a reçu un choc ou une compression. Et quand même les parties doubles et symétriques du corps pourroient s'entre-croiser, il y a des organes essentiels qui ne sont jamais symétriques , tels que tout le canal in- testinal et les viscères abdominaux, le foie, la rate, le pan- créas, etc. Il y a des os impairs, comme le vomer, etc., qui ne paroissent nullement susceptibles de ce mode de struc- ture , par réunion ou attraction. L'énorme difficulté de comprendre la formation du fœtus a fait reculer indéfiniment ce phénomène jusqu'à l'origine des choses, par d'autres physiologistes. g.0 Bonnet, Spallanzani et les écoles d'Italie ont suivi l'opinion qu'il y a des germes préexistans et créés depuis ie commencement du monde , mais emboîtés les uns dans les autres et se développant successivement. On a cité un singulier exemple de cet emboîtement dans une dissertation de Ch. J. Aug. Oito, de fœtu puerperâ seu de G E N S77 fœtuinfœtu; epistola , Weissenfels , 17^8, in-l^.0. Ce fœtus femelle en contenoit un autre , mais cet exemple ne prouve autre chose sinon que c'étoitune monstruosité, comme on voit quelquefois un œuf dans un œuf , un citron dans un citron. En adoptant d'ailleurs cette opinion de l'emboîtement des germes et de leur existence antérieure à l'acte de la gé- nération , il s'ensuit que Eve a du posséder tous les germes des hommes nés et à naître sur la terre, jusqu'à la consom- mation des siècles ; il en est de même pour chaque espèce d'animaux et de plantes. Tel est le système de l' évolution. Cet emboîtement suppose la division de la matière à l'in- fini ; car non-seulement il faut compter tous les germes qui se développent successivement, mais tous ceux qui avortent, ou qui ne se développent pas, ou qui périssent avant de se reproduire, avec toute la suite des générations qu'ils auraient dû produire. Une seule plante de tabac ou de pavot, par exemple, donne, chaque année, trois à quatre mille graines assez petites; or, il faut admettre, dans celte hypothèse , que chacune de ces graines contient non-seulement toutes les parties de la plante qu'elle doit produire , mais encore les graines qui en sortiront , puis les générations de ces graines jusqu'à la fin du monde , en sorte qu'il faut multiplier , pour ainsi dire, l'infini par l'infini , et que l'univers seroit bientôt trop borné pour contenir tant de germes. Tels sont les ré- sultats oùconduit cette opinion, dans laquelle on nepeutd'ail- leurs expliquer, ni les monstruosités, ni les mulets et métis. 10. ° Une autre hypothèse quiserapprochedecelledesmolé- cules organiques et de la préexistence des germes , est celle de la patisperrnie , dont nous avons fait mention précédem- ment. Elle suppose que toute la nature est remplie de ger- mes , ou d'élémens imperceptibles, propres à former quel- que être que ce soit. Ces germes reçus dans les corps vi- vans par les alimens, par l'air , l'eau, la terre, etc. , s'assi- milent en leur substance, passent dans leurs semences et y deviennent capables de reproduire le même être que celui dans lequel ils se sont assimilés. En passant dans d'autres êtres , ces germes se moulent sur leur forme , et abandon- nent ecllequ ils avoient reçue antérieurement. Ainsitoute ma- tière , placée dans des circonstances convenables, devient capable de produire un être; la nature entière n'est que se- mence et génération. 1 1.° Pythagore, Timéede Locres admettaient que la généra- tion s'opérait par des nombres ou rapports harmoniques; sui- vant Platon, les idées sont les principes des formes de tous les corps ; tous les êtres sont organisés d après un modèle archétype ou idéal, et suivant une proportion ternaire et xii. 37 578- G E N symétrique. Cette harmonie triangulaire est l'image mysté- rieuse de celui qui engendre, de celui dans lequel on engendre et de celui qui est engendré. Le monde est l'animal proto- type de tous les autres , et de lui émanent toutes les exis- tences. i2.° Lachaleuretle froid suffisoient, selon Parménide, pour former de nouveaux êtres; les mâles sont conçus dans la ré- gion droite de la matrice , et les femelles dans la région gauche. Empédocle regardant la formation de nouveaux êtres et leur destruction , comme le mélange et la sépara- tion des élémens, prétendoit qu'il n'y avoit aucune généra- tion véritable. L'humidité ou l'eau élémentaire étoit , selon Thaïes , le principe de la génération. i3.° Stahl a pensé que l'âme avoit le pouvoir de créer et d'organiser le fœtus, et Van-Helmont admeltoit un esprit formateur , une idée séminale dans la matrice : ils expli- quoient les taches de naissance par les émotions de l'âme. Selon ces auteurs, le sperme seroit , en quelque sorte, une liqueur vivante , transmettant l'âme et les qualités morales et physiques du père au fœtus. i4-.° Ensuite la génération des gemmipares ou par bouture a fait penser que le fœtus appartenoit à la femelle , dont il n'étoit en quelque sorte qu'une émanation. Telles sont à peu près toutes les opinions des hommes sur le mystère de la génération ; et Mundiim tiad'ulit disimtulUt- îtihus eorum , et Dieu a livré le Monde à leurs vaines disputes. Cependant plusieurs de ces systèmes ne sont pas dépourvus de génie ; mais leur insuffisance étant reconnue , il sera plus raisonnable d'exposer simplement les faits et d'en tirer les observations les plus sûres, que de s'attacher à quelque opi- nion, ou de supposer quelque hypothèse que ce soit. Premièrement, on s'est convaincu par l'observation que tous les corps animaux et végétaux étoient organisés ; qu'ils jouissoient de la vie; qu'ils pouvoient s'accroître , se nourrir par intussusccplion , se reproduire et mourir : nous en avons exposé les preuves à l'article dvs CoRPS organisés dans ce Nouveau Dictionnaire d'Histoire naturelle. Leur mort ne les confond point avec les matières brutes qui ne meurent point, parce qu'elles n'ont jamais vécu; mais c'est un passage à une nouvelle vie; un état de sommeil ou de repos pendant le- quel se préparent ou s'opèrent de nouvelles transformations. Les corps morts servent d'alimens aux corps vivans, ils ren- trent dans le domaine de l'organisation, tandis que les ma- tièresbrutesy demeurent toujours étrangères. Une substance organisée ne peut se nourrir que des matières capable- ^.'organisation. (T. les mots Alimens, Nitritio>. ) li y a G E N 5;n donc dans la nature deux sortes de substances ; la masse des substances brutes elles corps organisés, comme nous l'avons dit ci-devant. Or la matière organisée, tantôt vivante en moins , ce que nous appelons mort, tantôt vivante en plus, ce que n;;us nommons vie , diffère essentiellement des matières brutes, lies substances organisées sont toujours actives, toujours plus ou moius vivantes, toujours capables de transformations: elles composent le tissu des corps végétaux et animaux , elles les accroissent par la nutrition, «Iles s'en séparent par les sé- crétions, elles se divisent et se dispersent par la mort, et se réunissent par la génération. Toutes retournent à tout ce qui vit; rien de ce qui est organisé ne se désorganise pour jamais. Le bois qu'on brûle fournit des cendres, de la fumée , de l'acide carbonique en ga2, des matières fuligineuses, qui ren- trent dans la végétation. Le feuillage des plantes décompose L'acide carbonique dans l'eau, les Cendres et la suie servent d'engrais, etc. Un animal mort, nue charogne qui se pourrit, rendent leurs principes à la nature, qui les reporte à' la vie végétale ou animale. Cette matière, perpétuellement active et vivante, est mise en œuvre par deux forces principales, lune qui la réunit en corps, c'est la nutrition ou l'accroissement et la génération ; l'autre qui la sépare et la subdivise , c'est la destruction ou la mort, et l'excrétion ou le décroissement. La première est la force de vie, la seconde est la puissance de mort; ce sont de perpétuels antagonistes , qui se contre -balancent sans s'anéantir. Toute plante et tout animal s'accroît, se nourrit et engendre : voilà la loi de vie; toute plante et tout animal décroît, se détruit et sert à de nouvelles transformations: voilà la puissance de mort. Cependant la loi de la vie formant des assemblages de ma- tière organisée , constitue des corps individuels , et tend sans cesse à les conserver, à les perpétuer; l'individu cberche a se soustraire à la mort par la nutrition, l'espèce tend à se perpétuer par la génération; de sorte que la reproduction est pour chaque espèce , ce que la nutrition est pour chaque plante ou animal. La génération est pour ainsi dire l'aliment de l'espèce comme la nutrition, est une génération continuelle pour chaque individu ; ces deux fonctions coïncident tou- jours entre elles; l'abondance des nourritures augmente la po- pulation des hommes et des animaux: c'est pourquoi les zones chaudes, de la terre sont plus peuplées que les régions froides; les espèces qui croissent promptemenr, parce qu'elle . assimilent en leur propre corps beaucoup d'alimensj sont 58o G E N aussi les plus fécondes ; tels sont les quadrupèdes rongeurs, plusieurs oiseaux et reptiles, les poissons, les coquillages, les insectes, les zoophytes et la plupart des plantes. La fécondité est toujours en rapport avec la puissance assirnilatrice ou la nutrition des corps organisés; par exemple, un polype qui mange beaucoup, un arbre qui reçoit une sève abondante, grandissent et se développent à proportion ; ils poussent de nombreux rejetons, qui, séparés de la tige primitive, jouissent de leur propre vie, et composent un nouvel individu; voilà donc une reproduction sans génération proprement dite , mais opérée par l'abondance de la nutrition. Il y a donc la plus grande analogie entre la propagation et la nutrition. C'est un fait d'observation journalière, que l'abstinence dimi- nue la force générative, sine Cerereet Bacchufriget Venus; que l'abondance la réveille; que les années de disette sont toujours marquées par la diminution, ou celles de prospérité par l'aug- mentation des naissances humaines. Si la nutrition abondante s'applique à l'individu seul , comme dans les personnes très- grasses, leur fécondité est presque nulle par cette raison ; au contraire les individus maigres qni mangent beaucoup sont aussi très-féconds, parce que leur substance nutritive se porte surtout aux organes sexuels. Le chyle alimentaire préparé par la digestion est une sorte de mucosité très-analogue à la matière du sperme et aux humeurs dont sont composés le fœtus ou l'œuf d'un animal, et la graine d'une plante. Se nourrir, c'est produire de nouvelles chairs, de nouvelles hu- meurs , de nouvelles fibres , et les ajouter aux anciennes ; en- gendrer, c'est aussi former des humeurs, des fibres, des chairs nouvelles; la différence n'est que du plus au moins. La nutri- tion est une assimilation à l'individu, et la génération une as- similation à l'espèce. Il n'y a guère d'autre différence entre le sperme et la substance nutritive pure, que celle du degré d'activité et d'exaltation ; l'un peut s'organiser en un nouvel être dans un lieu convenable; la seconde s'organise de même dans chaque partie d'un animal ou d'une plante. La généra- tion est en quelque sorte une nutrition primitive, comme la nutrition ordinaire est une espèce de génératiou partielle dans chaque organe du corps ; par exemple, une pince d'é- crevisse, une queue de lézard, une patte de salamandre, une tête de ver , amputées ou détruites, se régénèrent par la seule nutrition, comme une branche coupée qui repousse ; voilà donc une nouvelle formation, une pince, une patte, une tête, reproduites sur des modèles qui n'existent plus dans leur lieu; c'est une véritable génération faite par nutrition. Ces deux fonctions sont ainsi très-ressemblantes entre elles, et (dépendent également de la force de la vie ; engendrer et se G E N 58i nourrir sont à peu près la même fonction , dont l'une s'ap- plique à l'espèce, l'autre à l'individu. C'est aussi à l'époque où la croissance est achevée dans l'individu , que commence la fonction générative dans les animaux et tes plantes, et lorsque le décroissement de la vieillesse abat la force nutritive et assiinilatrice, la génération s'éteint par la même cause. Dans la jeunesse , la plante el l'animal se nourrissent abondamment , mais tout s applique à l'individu pour le fortifier. Il faut donc que la matière nu- tritive puisse être distraite de l'emploi auquel elle est desti- née , pour servir à former un nouvel individu; c'est une ma- tière nutritive plus élaborée, plus vivifiée, plus exaltée, qui compose le sperme et les humeurs de l'œuf ou de la graine encore jeunes. Tout corps organisé commence son existence dans un état de gelée muqueuse très-analogue à l'état de la matière nutri- tive élaborée. L'œuf récent , la graine non mûre du végétal f les tendres linéamens du fœtus , sont d'abord une sorte de mucosité presque inanimée , existant dans la mère ou la fe- melle , et qui a besoin d'être excitée par la force vitale du père, par l'acte de la fécondation. ( Consultez aussi les mots Fœtus , Embryon. ) Ensuite le jeune animal , la nouvelle plante prennent plus de consistance à mesure qu'ils s'accrois- sent et se fortifient , de sorte que le commencement de la vie est humide et sa fin est aride. L'accroissement est d'autant plus rapide et plus grand , que la mollesse des parties est plus considérable ; aussi les premiers momens de la vie sont re- marquables par la force et la promptitude de l'accroissement, tandis qu'il devient successivement plus lent à mesure qu'on avance en âge , et cesse enfin entièrement après l'époque de la puberté , soit dans les plantes , soit dans les animaux. V. le mot Accroissement. Cette puissance de vie qui donne les premières formes à la substance de l'embryon végétal et animal, ou au germe, qui le fait croître et reproduire ensuite , est une force inhé- rente à la matière organisée ; et celle-ci diffère, comme nous l'avons vu \ de la matière brute. C'est donc une propriété gé- néralement répandue dans les corps organisés , une espèce de gravitation vitale qui fait que chacun d'eux tend à la vie. Celle-ci n'appartient point à chaque individu , elle y est seu- lement déposée pendant la durée de son existence ; elle se transmet par la génération d'être en être ; elle passe d'in- dividus en individus par la nutrition ; elle circule et voyage. sans cesse : notre vie dépend de la nourriture que nous pre nons , de celle que nous avons reçue , de la faculté que nous ont transmise nos pères ; nous n'avons donc rien en propre ; 582 G E N nous dépendons de tout ce qui nous environne , nous rece- vons notre existence de diverses parties de la nature , de l'air, de la chaleur, de l'aliment, etc. Un exemple .manifeste'dé- montre que la puissance vitale se transmet ainsi du père au jeune individu ou à l'embryon naissant. Un œuf de grenouille, ou de poule , non féconds ,, contiennent déjà tous les linéa- mens de l'animal qui doit en naître. Spallanzani a vu , au mi- croscope, le jeune têtard dans celui de la grenouille : Haller a remarqué dans l'œuf de la poule, la membrane du jaune qui doit servir à la formation du poulet. Que manque-t-il donc à ces jeunes êtres ? l'excitation vitale du père. En vain , si elle manque, vous tiendrez ce frai , ces œufs à une douce chaleur pour les couver , les faire éclore : au lieu d'un individu animé , vous n'en retirerez qu'une horrible putréfaction. L'on dit qu'autrefois Phidias ayant sculpté, dans Athènes, une magnifique statue de Minerve, d'un grand nombre de piè- ces d'ivoire , les rattacha toutes habilement à un seul lieu du bouclier de cette déesse où l'artiste avoit sculpté son propre portrait. Ce travail étoit fait avec un art tellement merveil- leux que si l'envie eût voulu détruire ce portrait , tous les resr sorts qui retenoient ensemble les parties de la statue se se- roient brisés et elle seroit tombée en mille pièces. Voilà l'e- xemple de la vie qui anime le nouvel embryon. Aussitôt que le mâle lui imprime son cachet, et qu'il tend les ressorts qui retiennent en un centre toutes l^s parties de l'individu , la machine organique montée, subsiste, s'accroît et vit. Si elle est privée de ce mouvement centralisant qui rassemble toutes ses facultés en une sorte de tourbillon actif et unique , les diverses parties se détraquent, se séparent, divergent en tous sens, et se décomposent ou se putréfient. Telle est donc la différence entre l'œuf fécond et l'œuf non fécondé. Il n'y a qu'une seule génération primitive dans l'univers , c'est la création de la matière vivante et organisée par la main de- l'Être suprême. Ce que nous appelons génération , n'est qu'une émanation éternelle de cette source, une continuation de l'arrangement de chaque espèce organisée , une perpétuité de la force vitale. Il n'y a point de véritable génération au- jourd'hui, ce n'est qu'une suite de ce qui a été prescrit à l'ori- gine des âges ; nous ne voyons que des modifications succes- sives et toujours semblables dans le même ordre de matières. Chaque individu se reproduit parce qu'il a été produit lui- même ; la vie donne aux corps organisés une tendance à se régénérer, comme la gravitation donne à la matière une ten- dance à s'approcher du centre de la terre. La matière orga- nisée vit en général dans les individus qui sont composés d'elle. Us n'ont pas d'existence isolée , indépendante; ils sont G E N 583 toujours sous la main de la nature , qui les transforme à son gré , de sorte que la génération et la nutrition ne sont que le passage d'un état de vie à un autre étal de vie. Ce sont les portes par lesquelles passe sans cesse toute matière orga- nisée. Celle-ci subsiste toujours, elle est toujours la même dans son essence , toujours invariable dans ses actions ; c'est le propre de sa nature d'être assujettie à de continuelles moj difications , qui s'opèrent suivant un ordre constant et régu- lier. La mort sert à la vie ; pour vivre , il Faut détruire ; mais ce que nous appelons mort, n'est qu'un sommeil passager d>; la matière vivante, une pause de la nature; il n"y a point d'a- néantissement complet de la vie, mais bien des états d'exal- tation et d'abaissement ; ainsi la vie végétale est moins exal tée que la vie animale , et la vie d'un ver l'est moins aussi que celle d'un homme. Il s'établit des oscillations perpé- tuelles qui ramènent toujours tout à un niveau général , qui est la mort ; c'est la que la matière organisée et vivante de riiomme perd sa supériorité sur celle de la plante ou du ver de terre ; c'est là qu'elle rentre dans la commune égalité que la nature a établie sur tout ce qui végète et respire. De même que la vie d'un insecte est une espèce de mort, par rapport à la vie de l'homme ; celle de la plante est aussi une sorte de mort eu égard à la vie de l'insecte ; de sorte qu'on descend graduellement de la plus grande exaltation vitale, jusqu'à la plus petite, que nous appelons mort. Celle-ci n'est donc qu'un minimum de vie. Et pour prouver qu'un corps mort n'est pas entièrement privé de la vie , c'est qu'il est capable de soute- nir et de fortifier celle des êtres animés , en leur servant de nourriture , puisque tout ce qui existe ne peut se nourrir que de matières mortes, et extraire sa vie des cadavres des ani^ maux ou des plantes. Or, si la force vitale réside en général dans la matière or- ganisée , il n'y a donc point de génération , mais bien des trans- formations d êtres, et des continuations. Une lige de blé pro- duit sa graine , qui s'élève à son tour en une nouvelle tige , et qui donne naissance à d'autres ; voilà donc une superpo- sition , un prolongement de la même tige jusqu'à l'infini ; car on conçoit que la nature eût pu ne produire dans le monde qu'une seule tige de blé qui se seroit accrue , exhaussée , mul- tipliée de toutes celles qui en sont nées par la suite et qui en naîtront un jour; de sorte qu'un seul pied auroit porté à la fois toutes les générations successives qui en doivent sortir. Mais, en réunissant ainsi dans un seul individu une espèce toute entière , quelque nombreuse qu'elle soit, la mas6e eût été trop considérable , elle se seroit augmentée à l'infini , el eût absorbé toute la matière vivante des autres espèces. I',. 58£ G E N exemple , si nous reeonnoissons avec les livres saints , qu'A- . dam et Eve aient été la première tige du genre humain , et que , ne pouvant jamais mourir, ils aient toujours subsisté , de même que leurs enfans , et tous les descendons de leur posté- rité , la terre seroit couverte aujourd'hui d'autant d'hommes qu'il y a de grains de sable au bord de la mer. Comment eût subsisté cette épouvantable masse de population ? Elle eût tari les mers et dévoré tout ce qui existe ; enfin n'ayant plus rien à manger, et par cette raison ne pouvant plus se reproduire ni mourir, le genre humain eût été dans un état d'immobilité , approchant de celui des corps bruts. Si l'on suppose que la nature ait ordonné la même chose de chaque espèce d'ani- mal et de plante , il est évident que nul d'entre eux n'eût pu se nourrir, puisque tous étant immortels, n'auroient pro- duit aucune substance alimentaire aux autres espèces , et au- cun d'eux n'auroit pu engendrer, puisqu'il n'auroit pas trouvé à se nourrir. La nature vivante tomberoit donc dans l'immo- bilité , parce que chaque matière se présenteroit un mutuel obstacle d'une égale résistance. Sans la destruction il n'y au- roit donc point de génération ; c'est la mort qui dégorge les embarras de la nature ; c'est elle qui fait circuler librement la force vitale dans l'univers. Cette puissance de vie n'est point dans l'individu en parti - culier, mais dans l'espèce et dans la matière organisée en général. Les individus ne la reçoivent que momentanément ; ils n'en jouissent que pour la transférer à d'autres ; de sorte que chaque animal et chaque plante ne vivent point par eux- mêmes , mais par la matière organisée , en général , qui pos- sède seule la vie. Ils n'entrent que comme parties intégrantes ou aliquotes dans la somme de* la vitalité générale de toute matière organisée. Il est évident qu'un animal , une plante , ont puisé leur existence dans la source vitale de leurs parens , qui en avoient fait de même chez leurs ancêtres , en remon- tant successivement jusqu'au premier mobile , qui est la créa- tion de la matière organisée par la main de l'Être suprême. C'est donc de cette formation originelle que découle le grand fleuve des générations , jusqu'à la consommation des siècles ; il charrie sans cesse les mêmes flots de matière organisée, et les transforme continuellement. La génération n'est donc point un phénomène particulier , mais une loi universelle de toute matière organisée ; elle dépend surtout du premier mo- bile , et n'est qu'une suite de l'impulsion primitive , que lui imprima la main puissante du Maître des mondes. Elle ne peut pas être conçue différemment. Cette impulsion primitive de vie se manifeste dans tout être organisé par deux espèces de gravitation que nous nommons G E N 585 appétit, c'est-à-dire tendance vers un but désiré : c'est l'ap- pétit de la nutrition et celui de la génération. Toute plante , tout animal , gravitent vers ces deux points par un effort cons- tant. C'est une qualité inhérente à toute substance organisée, car on n'enseigne à personne ces besoins naturels, ils naissent avec nous ; ainsi la pierre tend sans cesse vers le centre de la terre. C'est une espèce d'amour matériel , qui tend au main- tien de l'individu par la nutrition , à la perpétuité de l'espèce par la génération. Ainsi cette impulsion primitive de vie est ce que nous appelons amour, appétit, et ce qu'on observe aussi dans chaque plante et chaque animal. Cette force as- pire sans cesse à construire des organes vivans et à les répa- rer; mais elle est contre- balancée par la puissance de la des- truction ou la mort , qui promène son niveau et son sceptre dévastateur sur tout ce qui existe. La vie individuelle des êtres organisés est toujours graduée comme leur accroissement ; elle est d'abord foihle et à peine vivante, ensuite elle se fortifie peu à peu, acquiert la pléni- tude de ses forces , puis décline , et tombe enfin. C'est une es- pèce de cercle ou de roue , sur laquelle il y a autant à s'abais- ser qu'à s'élever; et à peine sommes-nous au sommet, que nous aspirons à descendre. Peut-être en est-il de même des espèces, car toutes sont composées d'individus semblables en- tre eux. Dans le long cours des siècles , l'espèce peut avoir son enfance , sa jeunesse , sa virilité , sa vieillesse , sa décré- pitude , et enfin sa mort ; elle a sans doute aussi ses généra- lions et ses mariages. Nous sommes peut-être à l'époque de la vieillesse de l'espèce humaine ; et quelque jour elle s'étein- dra, comme ces races de grands animaux inconnus , dont on retrouve encore les dépouilles fossiles dans les contrées les plus sauvages. V. la fin de l'article de I'Élephast et Espèce. L'omour , la génération et la vie sont donc la même chose sous différentes dénominations ; c'est un flambeau que nous passons de main en main à ceux qui nous succèdent, comme nos pères nous l'ont transmis ; nous n'y changeons rien ; nous ne pouvons ni l'augmenter ni le diminuer; il ne nous appar- tient pas en propre. Nous avons fait remarquer que dans la formation des in- dividus, le feu de la vie s'allume foiblement d'abord, puis s'augmente et se fortifie peu à peu ; de sorte que l'homme commence par un état de végétation , puis monte graduelle- ment à la vitalité qui est due à son rang dans la nature. Tout corps organisé marche successivement de l'obscurité de la mort à la lumière de la vie. Ce n'est, dans le principe , qu'une pulpe inanimée , qui reçoit l'empreinte de la vie , et s'élève ensuite à la plénitude de son existence, par la nutrition et le 586 G F, N développement. L'homme commence par la vitalité du polype d'eau douce ; ensuite il prend celle du ver , de l'insecte , du mollusque, du poisson , du reptile , du quadrupède , enfin , celle de son espèce. Il passe par tous ces étages pour arriver à son rang. Chaque espèce d'animal a de même sa vie gra- duelle , depuis le polype jusqu'à lui. La plante jouit aussi de cette exaltation successive de vitalité , depuis la moisissure, jusqu'au chêne et à la sensitive ; elle passe par tous les étals intermédiaires. Le polype ou l'animalcule est donc en quel- que sorte le point radical de la vie animale , comme la moi- sissure ou la plantule est le germe de la vie végétale ; le po- lype et la plantule sont ainsi les deux élémens de tous les êtres organisés, animaux et végétaux ; ils forment la base radicale de chaque individu. Toute plante tire sa racine de la molé- cule vitale , comme tout animal est fondé sur sa molécule originelle. Consultez le mot Awimal et EvoLUTroN. A mesura que les animaux et les plantes sont plus impar- faits dans l'échelle de l'organisation , leur fécondité est plus considérable , comme si la nature dédommageoit leur im- puissance parleur nombre. Les plantes aquatiques ou amphi- bies se multiplient plus abondamment en général , que les plantes terrestres ; et les semences des végétaux dégénèrent plutôt dans les lieux humides, que dans les terrains secs. Les plantes annuelles ne peuvent point se propager de boutures , mais seulement de semences ; au contraire , les plantes bul- beuses , multipliées long-temps par leurs bulbes , sont plus disposées à se propager de cette manière, que par des graines; il semble que la génération prenne ainsi le chemin qu'on lui a montré. On prétend de même qu'une jument qui a produit un mulet , et qui porte ensuite un poulain, communique à ce produit une certaine analogie avec le mulet; de sorte qu'il sembleroit que la faculté formatrice de la mère ait été viciée , et conservât encore une réminiscence de l'empreinte éprou- vée à l'époque de la conception du mulet , comme l'assure Van-Helmont. Toutefois ce fait est contesté par le savant Huzard. § VII. Des Altérations de la fonction génitale et reproductrice , ou des Monstruosités et mélanges de races. On reconnoît combien les parens influent sur le produit de la génération. Par exemple , la force vitale , la durée de la vie, le tempérament, la forme, les dégénérescences , et beaucoup d'autres maladies sont héréditaires. Ce sont des contrariétés vicieuses de la puissance de vie ; mais celle-ci ressaisit tôt ou tard son empire lorsqu'on ne la déforme plus ; elle remonte à son niveau , et reprend toujours sa régularité. Depuis G E N 587 plusieurs milliers d'années, les Juifs, les Musulmans Se cir- concisent , et pourtant naissent toujours avec un prépuce. Les grenouilles et salamandres engendrent des têtards avec des branchies, quoique ces pères et mères n'en aient plus. Les maladies qui se transmettent par la génération , sont les af- fections universelles dû corps, et non pas les maladies lo- cales ; car un sourd , un aveugle , un boiteux , un bossu , un manchot , commimifjuent rarement leurs vices corporels a leurs descendans: mais les épileptiques, les goutteux, les cal- culeux, les hypocondriaques, etc., sont sujets a perpétuer leurs maladies dans leur famille. 11 en est de même de la constitu tion forte ou foible des parens , de leur tempérament , etc. Les animaux nés de parens âgés, deviennent foibles , vieux et languissans de bonne heure , parce qu'ils n'ont reçu qu'une vie pour ainsi dire usée et défaillante. 11 n'en est pas de même dans les végétaux. \u reste, les ressemblances des enfans aux parens se transmettent , de même que les lempéramens et. les caractères héréditaires ;mais ces ressemblances sont plus prononcées, à mesure que l'amour et la vigueur de la puis- sance eénérative ont été plus considérables; et comme les O .1 il 1 animaux suivent mieux la nature que les hommes , leurs productions sont plus semblables à eux, que les enfans a leurs parens. En effet , l'homme et la femme ne se livrent souvent au coït, qu'en excilanl la nature et en abusant de leurs forces ; ils songent plus fréquemment à satisfaire leurs désirs qu'à produire dos enfans sains el robustes ; d'où il suit que le but de la nature est négligé pour le plaisir. Il n'est donc pas étonnant (pi il se forme souvent des productions vicieuses et mal configurées ; en outre , l'irrégularité du genre de vie, les passions, la mollesse , l'affoildisseuient , les maladies trou- blent beaucoup la grossesse , et influent sur le fruit. Les ani- maux domestiques , qui participent d'un genre de vie si op- posé à l'état naturel , sont encore assujettis à des irrégularités dans la génération. Les monstruosités deviennent aussi plus communes, par la même raison , dans l'espèce humaine el dans les races d'animaux domestiques, que parmi les espèces qui vivent suivant les lois de la simple nature. La foiblesse des semences, effet de l'abus des plaisirs d mour , peut donner naissance à des produits imparfaits, à des faux yrmes , a des mules f espèce de masse de chair in- forme , contenant pour l'ordinaire des rudimens d'organes et de membres, qui peut rester dans la matrice pendant I temps, et même s'y endurcir. En effet , la nature ne poai anj rien engendrer de plus que des organes imparfaits . aSau^Jp' de la foiblesse des semences , aspire néanmoins à les pei!< « tionner , à leut donner la vie , et emploie un temps beaucoup 588 G E N plus kmg que celui des grossesses ordinaires, car on a vu des môles subsister pendant toute la vie de celle qui les a conçues. Les femelles qui ont porté des môles, ou produit des indivi- dus monstrueux , conservent quelquefois la propriété d'en- gendrer des môles ou des monstres par l'habitude que leurs organes ont contractée. Les personnes que la crainte du déshonneur n'a pu défendre assez d'une séduction , produi- sent des môles, lorsque le chagrin et le secret désir d'avor- ter, affoiblissent l'effet de l'imprégnation; car elles ne se forment jamais sans une fécondation antérieure ; elles sont toujours le produit d'une conception manquée. V. Môle. Mais il y a de véritables monstres de plusieurs sortes , ou par excès, comme des enfans à deuxtêtes, à quatre bras, etc., ou par défaut, comme des foetus sans jambes, sans parties sexuelles , etc. , ou par transposition de parties , ou par alté- ration des formes. Lorsque deux germes se développant en- semble dans la même matrice, s'y trouvent trop resserrés, ils peuvent se souder l'un à l'autre , et s'ils gênent mutuelle- ment le développement de leurs parties accollées, ils seront plus ou moins imparfaits ; c'est ainsi que des œufs contenant deux jaunes , produisent des poulets à quatre pattes et quatre ailes; on voit de même des fruits se coller l'un à l'autre, lorsqu'ils naissent trop voisins, et les animaux qui engendrent plusieurs petits à chaque portée, sont plus souvent exposés à produire cette sorte de monstruosité , que les animaux qui ne mettent bas ordinairement qu'un petit. Les monstres, par surabondance de parties, comme les hommes qui naissent avec six doigts à chaque main , et qui peuvent reproduire cette difformité dans leurs enfans, ne la doivent qu'à urt sur- croît de la matière qui a servi à leur formation ; il en est de même des individus qui naissent avec deux rates , ou trois et même quatre testicules; des boucs à quatre cornes, des (leurs de quatre pétales qui en prennent cinq, six ou huit, etc. Les monstruosités par défaut sont dues à une cause toute contraire, car on trouve des individus qui n'ont qu'un rein, qui manquent d'un ou plusieurs doigts, d'un œil; et d'autres dont les membres sont oblitérés, raccourcis: la matière ayant manqué. Cependant, le cœur, l'estomac et les organes principaux existent toujours; mais les animaux privés de quel- ques parties , comme les chiens sans oreilles et sags queue „ engendrent des individus le plus souvent complets , s'ils sont vigoureux; et quelquefois mutilés comme eux , lorsqu'ils sont foibles , exténués , et lorsque leur mutilation a été répétée ndant plusieurs générations. Indépendamment de ces causes ordinaires , il en est de plus singulières et de plus profondes , puisqu'il se forme des "î G E N S89 monstres dont les traits offrent un mélange hideux et désor- donné. De même que les pâles-couleurs ou la chlorose inspire aux jeunes filles des appétits extravagans, leur fait avaler des cheveux , de la cire à cacheter, du plâtre , du charbon , etc. , ainsi certaines affections de la matrice, surtout l'hystérie, développent dans cet organe des émotions extraordinaires , et lorsqu'il a conçu à cette époque, il peut former des figures bizarres et monstrueuses. En effet, ces femmes ardentes et superstitieuses , ces vaporeuses sombres qui , oppressées du cauchemar pendant la nuit, s'imaginent recevoir les einbras- semens d'un démon incube , ces prétendues possédées , ces sorcières, troublant sans cesse , parleur imagination blessée, le travail de la grossesse , agitant par de fréquentes secousses les forces vitales concentrées dans la matrice, empêchent la formation régulière du fœtus , engendrent souvent des mons- tres. Tant que cet arrangement s'opère librement, et que chaque partie du corps n'a point la force de rompre l'équi- libre de toutes les autres, l'embryon est également composé ; mais s'il survient des spasmes imprévus dans l'intérieur de la matrice , si l'ordre est interrompu , ou le développement gêné , comprimé en quelques points par une mauvaise con- formation de la mère, le foetus naîtra imparfait , ou sera dif- forme. Aussi les femmes d'un caractère trop délicat et trop sensible éprouvent de fréquentes révolutions de matrice , et les hystériques engendrent non-seulement des individus foi- bles , mais encore quelquefois des monstres. Il en est qui ont les viscères transposés , comme le foie à gauche , la rate à droite ; ils doivent sans doute ce renversement à quelques émotions intimes éprouvées parleur mère, vers l'époque de la conception. C'est à de pareils troubles génitaux, plutôt qu'à l'imagination maternelle, que doivent leur origine, les taches de naissance et les signes, les envies prétendues, mar- quées en naissant sur la peau de plusieurs personnes. De plus grands troubles sont capables de déplacer même les membres; par exemple , de mettre un bras en place de la jambe. Le dérangement d'une seule partie oblige toutes les autres à changer plus ou moins de lieu. C'est ainsi que des compres- sions exercées sur des parties encore molles et flexibles , des dilatations et plusieurs autres causes mécaniques altèrent la forme naturelle des embryons et les rendent monstrueux. Des passions vives , comme la colère , la frayeur , l'amour trompé, le désespoir d'une mère, peuvent aussi contribuer à la difformité de son fruit ; et si les animaux , en général , produisent moins de monstruosités que notre espèce , c'est qu'une vie plus uniforme , des passions plus tempérées ne leur impriment point de fortes secousses. Aussi les bonnes %ja G E N mères, les paysannes robustes et saines, engendrent des en- fans bien conformés , et ne font presque jamais de monstres, parce qu'elles suivent mieux les lois naturelles que les femmes trop délicates des grandes villes. A mesure qu'on s'écarte davantage de la nature, on obtient des produits moins natu- rels , ou plus difformes. Dans les âges de superstition, la naissance d'un individu monstrueux passoit pour la preuve d'un commerce exécrable avec les enfers, ou pour un signe de la colère céleste; le supplice du feu pouvoit seul expier un si grand crime aux yeux des peuples. C'est en effet de l'harmonie vénérienne et du- concours volontaire des sexes , que résulte la bonne conformation des individus ; car ces jouissances désavouées par le cœur , ces voluptés arrachées par la crainte ou la violence sont stériles, ou ne produisent que des êtres difformes , qui portent l'em- preinte de la haine ou de la discorde de ceux qui les ont engen- drés. Tels sont quelquefois les mélanges adultères de diverses espèces d'animaux, puisque ces unions ne sont jamais com- mandées par la nature. Et les ressemblances des enfans à leurs parens dépendent également de cette concorde des se- mences et de F activité de leurs parties, qui conservent leur figure originelle ; mais le défaut d'énergie des semences pro- duit des individus dégénérés , et qui ne conservent presque aucun des traits de leurs parens. C'est ainsi que les animaux domestiques ayant moins de vigueur que leurs espèces sau- vages , engendrent des variétés, comme nous en voyons naître parmi les chiens, les oiseaux de basse - cour, etc. Ces races différentes de leur tige originelle par les couleurs , les proportions , la taille, sont déjà des demi-monstruosités qu il seroit facile de détériorer encore en affoiblissant le caractère de leur espèce par des nourritures et un genre de vie affoiblis- sans. Les animaux qui produisent un grand nombre de petits, chaque portée , donnent naissance à beaucoup de variétés , tandis que les espèces unipares ont plus de fixité dans leurs formes; tels sont surtout les grands animaux. C est ainsi que 1-e cheval , l'âne , le bœuf , le chameau, l'éléphant, qui ne produisent guère qu'un petit à la fois , éprouvent peu de va- riétés dans leurs espèces ; elles sont comme isolées dans leurs genres, et il est rare qu'elles forment des monstruosités; mais les espèces multipares, telles que le chien, le chat, les rats et les souris , les lapins et les lièvres donnent naissance à une multitude de races et de variétés collatérales de leurs espèces. Cette altération de leurs types primitifs dépend du peu de stabilité de l'équilibre de leurs organes; elle ré- sulte du grand nombre d'individus formés à la fois dans la G E N 59I même matrice; il semble que les forces de la nature occupées à construire plusieurs individus à la fois , donnent moins de perfection à chacun d'eux. Aussi ces animaux mettent Las des petits beaucoup moins achevés que les espèces unipares ; ainsi, les petits des chiens et des chais ont les yeux clos et les membres très-délicals dans les premiers jours de leur naissance , tandis que le poulain, l'ânon , le chevreau , se dressent sur leurs pieds , et peuvent déjà marcher, presque en sortant du sein de leur mère. D'ailleurs , le grand nombre <\os fœtus renfermés dans la même matrice , nuit au développement de chacun d'eux ; ils se gênent mutuellement, et cet état de compression peut dé- former quelquefois leurs membres, ou souder ensemble deux et même plusieurs embryons ; c'est pourquoi les espèces multipares et de menue taille sont plus exposées que toute autre à engendrer des monstres. Si les ovipares sont moins sujets à produire des êtres difformes par le trouble et la con- fusion des semences, ils peuvent engendrer des monstres par la réunion des embryons; car on voit quelquefois des serpens et des lézards à deux têtes, des poulets à deux corps, des poissons aecollés, etc. Les petites espèces, les races les plus communes et les plus fécondes , engendrant avec facilité et en peu de temps , ont des formas moins fixes, une complexion plus modifiable et plus capable de monstruosités, surtout celles dont le tem- pérament est mou et humide , comme le cochon , le lapin , tandis que les espèces douées d'un tempérament sec et ferme comme l'âne, le cheval , ont plus de consistance et de sta- bilité dans la structure de leurs organes ; mais ils sont moins féconds , et leur longue gestation permet au fœtus d'acquérir beaucoup de forces. Ce n'es.t pas, au reste, que les monstres puissent vivre se perpétuer et introduire dans la nature de nouvelles es- pèces ; car s'ils ne meurent pas dans le .sein où ils se forment, c'est qu'ils y existent d une vie empruntée à leur mère , et même ne pouvant pas recevoir une existence propre, ils attirent à eux une grande partie de la vie maieruelle ; c'est pourquoi les femelles qui produisent des monstres , ne sont jamais aussi saines et aussi vigoureuses que celles (îni portent des fœtus bien conformés et jouissant de leur vie pro- pre. En effet, la plupart des monstres périssent bientôt après leur sortie de la matrice ; car la vie ne peut s'exercer que dans les corps dont toutes les parties disposées par rapport au tout, correspondent à un centre d'action ; mais il n y a ni unité ni concert d'organes dans les corps monstrueux ; leurs par- ties ne sout point ordonnées pu- rapport à l'ensemble, et ch;i- 592 GEN curie d'elles isolant ses forces, enraye tout mouvement général de vie. • On doit sans doute rapporter à une pareille disparité d'ac- tion , lesproduits informes nés de semences inégales en vi- gueur ; car le sperme de ceux qui sont dans la fleur de leur âge , n'est pas semblable à celui des individus vieux. Lors- que deux êtres d'un âge opposé s'unissent , il ne s'établit presque aucune harmonie d'amour, c'est pourquoi la con- ception n'a pas lieu, .ou elle engendre dés êtres imparfaits , des monstruosités. Les semences les plus profitables pour une parfaite génération , sont celles des âges pareils , et qui as- pirent le plus à se conjoindre ; car le sperme du vieillard peut , en quelque sorte , faire vieillir un jeune organe femelle, de même que le jeune homme se flétrit bientôt avec une femme âgée ; aussi l'amour ne rétrograde jamais , et il tend plutôt à la jeunesse qu'à la vieillesse. Les monstres tiennent toujours du genre voisin de leur origine , et se rapportent rarement à des genres trop éloi- gnés ; ainsi les difformités des foetus humains ont plutôt des .rapports avec la forme des singes et des quadrupèdes, qu'a- vec celle des oiseaux ou des poissons ; mais les monstruosités forment toujours des imperfections et non des perfections; il semble que les écarts de la nature ne soient qu'une propen- sion à tomber dans un règne inférieur. Le3 organes les plus superficiles et les plus délicats , se forment les derniers dans la génération , et s'altèrent plus facilement que tous les autres ; car les parties principales , les viscères intérieurs participent rarement aux monstruosités ; elles se forment plutôt dans les membres et les parties extérieures qui sont aussi plus exposées que toute autre aux chocs et aux altéra- tions. En croisant les races des animaux , on obtient des indi- vidus plus robustes, on ennoblit l'espèce , et l'on augmente le nombre des mâles ; ce qui indique toujours une plus grande vigueur dans la puissance générative. Parmi les plantes dioï- ques, telles que le chanvre , les individus mâles sont, en gé- néral, moins nombreux d'un tiers que les femelles, comme nous l'avons observé. Ils sont aussi moins forts et moins éle- vés dans leur taille. On a prétendu que la somme de l'aberration des variétés parmi les animaux étoit en raison directe du nombre des petits ; cependant il y a des exceptions remarquables , car l'homme, par exemple , qui ne produit qu'un ou deux petits à la fois, est pourtant exposé à de nombreuses variations sur toute la terre ; mais la diversité des températures et des cli-i mats , et surtout du genre de vie , en est la principale cause. G E N s$ Les marques de naissance (/mb«) onlété attribuées à l'ima- gination maternelle, par le peuple et même par beaucoup tle .médecins; mais on en trouve ainsi dans les animaux et dans les plantes ; or il est impossible d'attribuer ce fait à l'imagi- nation chezees dernièresespèces : il.paroitque c'est plutôt un vice de conformation , ou une organisation imparfaite de quelques parties de la peau, etCQmme les mères sont souvent crédules et superstitieuses , elles attribuent ordinairement ces déformations à des causes imaginaires. V. le mot Monstre. Il paroît que dans toutes les-espèces d'animaux et de plantes à deux sexes , le mâle indue autant en apparence que la fe- melle sur le produit de la génération, car on voit que les métis participenfÇpeu près également de l'un et de l'autre ; ce- pendant, si les influences sont pareilles, elles ne sont pas d'égale force ou de semblable durée. Le parent le plus ro- buste influe aussi davantage que le plus foible sur la produc- tion. Koelreuter a prouvé par de longues expériences sur la fécondation des plantes , qu'on pouvoit faire remonter, par des générations successives, un individu métis à la tige pa- ternelle, si l'on répèle, à chaque production, l'aspersion du pollen du mâle; et au contraire, il revient spontanément à la tige maternelle en l'abandonnant à sa propre vie. Il sembler- roit donc que la puissance maternelle est active par elle- même , et plus durable que l'influence paternelle ; la pre- mière semble plus enracinée dans la vie individuelle , et plus essentielle que la seconde. La femelle est le centre de l'es- pèce, le mâle n'en est que la circonférence ; or les organes intérieurs étant les plus importans dans l'économie animale et végétale, les parties extérieures sont principalement régies par la vitalité interne. Dans les végétaux , les organes sexuels femelles sont situés au centre de la fleur et de la tige; les organes mâles sont placés à la circonférence. L'ingénieux Linnœus disoit que la moelle centrale de la plante donnoit naissance aux graines et au pistil, tandis que la substance ligneuse et corticale formoit les étamines et la corolle. La substance extérieure est ainsi la portion mâle du végétal, et la substance médullaire ou in- térieure est la portion femelle. La première entoure la se- conde , la nourrit et la vivifie; mais la substance intérieure est la base de l'organisation et le fondement de l'espèce. Il suit de là que dans les métis, la substance corticale appar- tient au père, et la partie médullaire à la mère ; et comme celle-ci est la principale , elle modifie beaucoup l'autre , et parvient enfin à prendre la supériorité. Les influences d'un mâle sur une femelle ne se portent donc qu'à la circonfé- XII. 38 594 G E N rence de l'individu qui en est le produit, tandis que celles de la femelle tiennent à la partie centrale. Il paroît que cette loi est semblable dans le Règne animal; les métis tiennent plus du père à l'extérieur , et de la mère à l'intérieur. ( V. 1 article Métis. ) On a remarqué, selon Lin- nœus, que les chèvres d'Angora , accouplées avec les boucs poils courts , et les brebis mérinos d'Espagne, à longue laine, avec des béliers à laine grossière, produisoient des individus dontles poils et la laine n'étoient pas aussi soyeux que ceux de leurs mères; au contraire , des boucs d'Angora et des béliers à longue laine ou mérinos, engendrent avec des femelles d'une race commune, des individus à longs poils et à laine soyeuse. Les mâles modifient donc la circonférence , et les femelles influent sur les parties internes. Le dedans appartient à la mère, le dehors au père; les produits participent ainsi des deux sexes , comme on le remarque dans les mulâtres , les métis, etc. Mais la plupart des individus, sortis de deux sou- ches de différentes espèces , ne peuvent pas se reproduire ; tels sont les mulets et autres hybrides. Cependant les mulets des oiseaux ne sont pas toujours stériles, mais ils rentrent dans Tune de leurs souches originaires par de nouveaux mé- langes, et il ne se forme point d'espèces nouvelles; sans cette loi de la nature, le nombre des races, des espèces et des va- riétés, se multiplieroit à l'infini. D'ailleurs les mariages adul- tères entre les races d'animaux sont rares etrépugnent à tous; il y a même de telles disproportions de forme entre les orga- nes sexuels des diverses espèces , qu'elles ne peuvent point s'accoupler. Seulement les espèces voisines étant à peu près conformées de même, et ayant le même genre de vie, un temps de gestation égal, etc., elles peuvent engendrer ensem- ble des mulets; c'est ainsi qu'on a surpris des papillons, des coccinelles et d'autres insectes d'espèces différentes, mais voi- sines, s'accouplant entre elles. Sans doute de là naissent un grand nombre de variétés , comme dans les fleurs nombreu- ses d'un parterre qui reçoivent le pollen fécondateur de leurs voisines. Les sexes paroir " produits par une inégalité de forces dans les semences où le sperme mâle domine , il en- gendre des individus i£ies ; et les femelles sont produites par un excès de force dans le sperme femelle ou dans le germe et l'œuf quelle produit. Lorsque les parties séminales de chaque sexe se rencontrent dans une certaine égalité de force, l'une ne pouvant pas surmonter l'autre , d;soit Empédocle, elles neutralisent leurs efforts et produisent des êtres impar- faits, des androgynes , des hermaphrodites, dont les deux sexes réunis sont, pour la plupart , incapables d'agir. Aussi ces G E N 595 êtres demeurent foibles; ils n'éprouvent point ou presque point d'amour , parce qu'en eux , le principe mâle et fe- melle se compensant mutuellement , ils demeurent dans l'é- quilibre.'_En effet , plus les principes masculin domine dans un être , plus il aspire à se joindre au principe féminin , et réciproquement; mais dans l'égalité de ces deux principes, on reste neutre, on demeure indifférent; tout de même que deux impulsions contraires et d'égale force , établissent le repos. C'est ainsi que l'animal et la plante rentrent dans l'indifférence lorsque leur génération est accomplie et que leurs besoins d'amour sont satisfaits. L'extrême jeunesse comme la décrépitude , étant privées des facultés généra- tives, sont, en quelque manière, de la nature des andro- gynes, car elles n'appartiennent plus réellement à aucun sexe , et sont entièrement neutres. • On doit considérer les espèces qui se reproduisent de bou- tures commesdes androgynes, c'est-à-dire, comme ayant les deux sexes mélangés et incorporés dans toute leur substance , sans qu'on puisse les distinguer particulièrement. Ceci est d'autant plus vraisemblable, que les mâles des plantes dioï- ques , les annuelles surtout , ne peuvent pas ordinairement se propager de bouture , tandis que les végétaux , pourvus des deux sexes , se propagent facilement de cette manière. 11 paroît donc que les animaux privés de sexes visibles et d'œufs, et qui sont gemmipares, tels que les zoophytes , portent en eux-mêmes les facultés vitales des deux sexes , sans en avoir les organes. La génération semble avoir besoin de ces doubles modifications vitales pour former un nouvel être. Les parties femelles des animaux et des plantes offrent presque toujours , dans leur ovaire , avant l'acte de la fécon- dation , une matière plus ou moins organisée , qui est des- tinée à produire le nouvel individu ; mais elle ne peut pas se développer et exister de sa propre vie , avant que le sexe mâle lui ait communiqué une portion de la sienne , en même temps que la femelle en fournit aussi une portion. Le jeune animal cm la plante nouvelle reçoivent de leur mère seule , la matière qui les compose , et des deux sexes , la vie qui ies anime. 11 semble que le sperme et l'amour qu'il contient, pour ainsi dire, soient doués d'une faculté slructrice qui imprègne la ma- tière fournie par la mère , lui communique une impulsion vitale, monte ses ressorts; de même qu'une horloge est re- montée par la main de l'homme. Le sperme imprime sur le jeune embryon encore extrêmement mou dans ses premiers linéamens, le cachet de la forme paternelle; de là naissent les ressemblances et l'analogie du mulet avec l'âne. Le sperme 5g6 G E N sympathise avec les organes de la femelle , il les imprègne Je sa vitalité, il augmente ainsi leur vie propre , de sorte que ce surcroît de puissance animée se reporte sur l'embryon. La matrice ou l'ovaire des animaux et des plantes, est doué d'une vitalité spéciale, surtout à l'époque de la génération; il a son existence à part, ses désirs , ses besoins , ses appétits ; c'est un individu dans un autre individu ; il agit , il gouverne l'en- semble de l'être vivant. L'utérus et ses dépendances dans la femelle, sont, comme dit Platon, une espèce d'animal vivant qui a ses caprices, ses affections , ses volontés, qui maîtrise tout le corps , qui répand ses influences dans toutes les parties ; de sorte qu'il est , pour ainsi dire , la racine de la femelle , son tronc vital originaire. La matrice n'est point formée pour la femme , mais bien la femme pour la matrice , qui est l'essence du sexe. Aussi, dans son imprégna- tion par le mâle , ce viscère n'est pas seulement fécondé , mais le virus vital s'étend dans toute l'organisation de la fe- melle , la fécondation est universelle dans le corps ; les chairs en sont imprégnées, ce qu'il est facile dereconnoîlre au goût, dans la vache, la brebis, etc., dont la viande est mauvaise au temps de la fécondation. Il en est de même dans tout le corps des mâles, qui répandent à cette époque des exhalaisons fortes et virulentes. Toutefois le sperme ne féconde pas seulement par Y aura viialis , sorte d'émanation odorante de la semence ; Spallanzani a vu qu'il falloit le contact immédiat de cette li- queur sur l'œuf de la femelle. Parmi les poissons , le sperme se mêlant à l'eau , va imprégner les œufs de la femelle de sa propre espèce. Il faut qu'il ait des qualités spécifiques pour telle espèce d'œufs , ou que la texture de ceux-ci n'admette que telle liqueur fécondante , et non telle autre au milieu de ce mélange de spermes de plusieurs poissons qui frayent dans les mêmes parages. L'odeur des fleurs correspond à celle des organes génitaux des animaux au temps du rut. Les nau- sées, les vomissemens , le changement de couleurs, les taches sur la peau , qu'on remarque chez la plupart des femmes qui ont conçu , n'ont pour cause que cette action du sperme dans toute l'économie animale , indépendamment de celle qu'il exerce sur la matrice et les ovaires. V. Matrice ou Utérus. 11 y a beaucoup d'analogie entre l'imprégnation et la di- gestion. Toutes les parties du corps concourent à l'acte de la fécondation ; l'ébranlement est universel ; la vie semble s'ar- racher de tous les sens et de toutes les parties pour concourir à l'excrétion de la semence; et il en est de même dans la femme. La digestion a besoin aussi de toutes les forces du corps ; elle cause même , dans quelques individus , un petit mouvement de fièvre, La digestion est , pour ainsi dire , la G E N 597 conception de la nourriture et son imprégnation vitale , comme la conception du fœtus est une sorte de digestion vi- tale du sperme. L'accouchement a de l'analogie avec le vo- missement; c'est , pour ainsi dire, Le vomissement de la ma- trice ; les secousses sont à peu près semblables en sens in- verse : ou ressent un genre analogue-de douleurs. Le but de l'amour n'est point la volupté , comme on le pré- tend ordinairement, mais bien la génération; car la volupté n'est complète que lorsque la fécondation s'opère , et l'amour cesse ensuite. Ce n'est donc pas le plaisir que la nature avoit en vue , mais plutôt la multiplication de l'espèce. La pré- sence d'une femme enceinte ne produit pas la même affec- tion dans le cœur «l'un homme , que l'aspect d°une jeune fdle. Celle-ci inspire l'amour; l'autre inspire le respect; ainsi l'a voulu la sage nature, supérieure à toutes les conventions hu- maines. En amour, les rois sont comme les autres hommes; ils n'y trouvent pas plus de volupté que les bergers, et la nature a mesuré tous ses dons avec égalité. Les organes sexuels ont aussi de grands rapports avec l'ex- térieur du corps; avec la peau, les poils, les plumes , les écailles , et en général , avec la beauté de tous les êtres. L'a- mour dépend beaucoup aussi de la vigueur de la santé , de la force , et du courage , parce que le but de la nature est le plus grand développement des espèces, et la bonne conformation des individus. Elle en use précisément avec nous , dit J.-J. Rousseau , comme la loi de Sparte , qui livroit à la mort les foibles et délicats, etprenoitun grand soin des individus ro- bustes. Telle est donc cette grande loi de renouvellement qui change sans cesse la face du monde ,^qui fait sentir sa puis- sance à l'aigle dans les cieux , au quadrupède sur la terre , au poisson dans les abîmes de l'Océan, à la plante qui végète dans les prairies. Tout prend l'être , tout circule de la mort à la vie ; nous nous détruisons, parce que nous sommes nés. Ces plaisirs , ces voluptés qui semblent jaillir à grands flots de la nature vivante, et s'exhaler de toutes ses parties , qu'est- ce autre chose qu'une loi de mort pour ce qui existe , et de vie pour ce qui est mort ? L'amour est la fonction qui donne l'existence aux substances inanimées , et la mort à tout ce qui respire ; c'est la force de changement qui s'opère dans tout l'univers créé ; semblable à la flamme , elle ne subsiste que dans un continuel mouvement. Engendrer, c'est se préparer à la mort ; et naître, c'est s'apprêter à la génération. Nous ne sommes riensurla terre, nous passons comme les ombres, du sein du néant dans l'éternité ; nous nous écoulons comme un lleuve dans un Océan sans bornes , où nous sommes sub- 598 G E N inergës pour toujours. La nature vivanteressemble à un grand arbre dont nous représentons les fleurs et les fruits annuels ; nous nous succédons tour à tour après avoir rempli notre destinée. Qu'est-ce donc que la matière organisée ? un peu de poussière qui s'agite sans cesse, et qui change continuel- lement de forme. La vie n'est rien , nous la rendons comme nous l'avons reçue, pour nous endormir d'un sommeil éter- nel , et rendre notre corps aux élémens, au grand réservoir de la reproduction. Consultez les dcveloppemens de cet article aux mots Sexes, Ovipare , Vivipare , Corps organisés , Vie , Nature , Monstre , Hermaphrodite , Androgvne , Polygame , Métis , Eunuque , Semence et Sperme , OEuf , Ovaire , Incubation , Embryon , Fœtus , Castration , Arrière- Faix , Matrice, Menstrues, etc. , etc. (virey.) GÉNÉRATION. V. Végétaux, (tol.) GÉNESIPHYLLE, Genesiphylla. Genre de plantes éta- bli par Lhéritier, aux dépens des Xylophylles de Linn£eus. Il a pour caractères : un calice en roue , divisé en six parties ; point de corolle ; six glandes entourant un seul filament à trois anthères , dans les fleurs mâles; un opercule presque trigone , entourant un germe supérieur à trois styles tripartes , dans les fleurs femelles ; une capsule à trois loges , contenant chacune deux semences. Ce genre est intermédiaire entre les Phylantes et les Xylophylles. Il renferme l'espèce mentionnée sous le nom de Xylophylle a larges feuilles, (b.) GENESTPiOLE. Nom que donnent les teinturiers au Genêt dont ils retirent une couleur jaune, (b.) GENET. Race de Chevaux de petite taille , mais bien proportionnés ; ils viennent d'Espagne, (s.) GENET. Genista et Spartinm , Linn. (diadelplùe décandrie.') Genre de plantes de la famille des légumineuses, voisin des Cytises , et qui se confond avec le Spartion , que , par cette raison , j'ai cru devoir réunir à lui, à l'exemple de Lamarck et de Jussieu. Il n'en diffère que par sa corolle, dont les ailes et la carène sont abaissées et écartées de l'étendard, tandis que , dans le dernier, elles en sont rapprochées. D'ail- leurs, toutes les espèces, au nombre de plus de soixante, comprises jusqu'à présent sous l'un et l'autre genre , ont les plus grands rapports entre elles.Ce sont des arbrisseaux et des arbustes à feuilles alternes, toutes simples ( au moins les su- périeures) , et dont les fleurs papilionacées offrent commu- nément une carène tombante , qui laisse en partie à découvert les étamines et le pistil. G E N 5y9 Dans chaque fleur, on trouve un petit calice en tube , mo- nophylle et à cinq dents , tantôt unilatéral , tantôt formé de deux lèvres ; une corolle composée d'un étendard réfléchi , de deux ailes concaves , et d'une carène ayant ou deux dent» ou deux feuilles ; dix élamines réunies en un seul corps, par leurs filets ; un ovaire supérieur et ohlong , que surmonte un style courbé , à stigmate simple et velu. Le fruit est une gousse oblongue , renfermant une ou plusieurs semences ; quelquefois cette gousse est comprimée , quelquefois elle est renflée et arrondie. V. la fig. 619 des Illuslr. de Lamarck. Nous ne ferons mention que de quatre espèces de genêt , les seules qui offrent quelque agrément ou quelque utilité. Le Genêt d Espagne , Spartium junceum , Linn. C'est un arbrisseau qui s'élève ordinairement en buisson, à la hauteur de six à huit pieds. Ses rameaux sont droits , cylindriques , flexibles , pleins de moelle ; ils ressemblent à ceux de quelques joncs ; ils n'ont qu'un très -petit nombre de feuilles sessiies, alternes et lancéolées. Lesfleurs, grandes et jaunes, naissent à 1 extrémité et le long des tiges. Elles exhalent une odeur lé- gère de (leur d'orange très-agréable ; elles paroissent en juin , se succèdent quelquefois jusqu'à la fin de l'été, et produisent des gousses aplaties, très-velues, longues d'environ trois pou- ces , renfermant des semences réniformes , qui mûrissent en automne. Cet arbrisseau se plaît dans les terres légères et sablon- neuses. On le trouve en Espagne , en Italie , en Sicile, et dans la France méridionale , le long des chemins et des haies. Il sert d'ornement dans les jardins, où on le cultive depuis long- temps. Avec son écorce on peut faire des cordes et de la toile assez bonne. On le multiplie de semence. Comme il reprend difficilement , si Ion veut qu'il réussisse, il faut l'élever la pre- mière année dans un pot de terre , et le serrer l'hiver dans l'orangerie ; le printemps suivant, il aura un bon chevelu , et on pourra , sans risques, le confier à la pleine terre; Il aime le soleil. Celte espèce offre une variété à fleur double , qui se multiplie par la greffe , et une autre avec des fleurs d'un jaune plus clair et plus petites , ainsi que les feuilles. Cet arbuste forme , pour quelques communes des environs de Lodève , l'objet d'une culture d'une certaine importance, ainsi que nous la appris Broussonnet , Journal de Physique , avril 1787 On le sème au milieu de l'hiver , dans les lieux le* plus arides , sur les coteaux les plus en pente, après un léger labour, et on les abandonne à eux-mêmes pendant trois ans . excepté qu'on arrache les pieds qui sont trop voisins les uns des autres. On en lire ensuite paru Je deux manières différentes: ses 6oo G E .^ rameaux fournissent des fils dont on fait du linge , ou bien ils servent en hiver de nourriture aux moutons et aux chèvres. Pour obtenir la filasse , on coupe les jeunes rameaux au milieu de l'été, on les met en bottes , et on les fait rouir dans un trou creusé sur le bord d'une rivière , non pour pou- voir y mettre de l'eau , mais seulement afin de les arroser journellement sans trop de peine. Cette opération dure or- dinairement huit à dix jours. Ensuite on lave les bottes à grande eau , on les fait sécher, on les délie et on teille les rameaux brin à brin , comme le Chanvre. V. ce mot. Les toiles fabriquées avec du fil de genêt , sont d'un bon user. Leur finesse et leur blancheur seroient les mêmes que celles de chanvre , si elles éloient mieux fabriquées ; mais , on le répète, ce nesontqueleshabitansde trois ou quatre villages qui se livrent à ce genre d'industrie, et ils n'ont pas cher- ché la perfection. Les moutons , dans presque toutes les montagnes des Basses-Cévennes , n'ont d'autre fourrage pendant l'hiver et le commencement du printemps , que des feuilles d'arbres desséchées. C'est alors que les rameaux du genêt sont pour eux une ressource précieuse. Lorsque le temps est beau, on mène les troupeaux paître le genêt sur la place ; dans les mauvais temps les bergers vont en couper les rameaux qu'ils apportent aux bergeries. Ce n'est encore , dans ce cas , qu'au bout de trois ans qu'on r!oit livrer une génêtrie aux moutons et aux chèvres ; mais elle peut produire pendant trente et quarante ans , même au-delà , en ayant soin de recéper les pieds tous les quatre à cinq ans. Le seul inconvénient qui résulte , pour les moutons , de cette nourriture , c'esl que lorsqu'ils mangent les graines de genêt , ils sont exposés à une inflammation dans les voies urinaires , mais qui la plupart du temps n'a pas une suite grave. Le Genêt a balais ou Genêt commun , Spariium scopa- rium, Linn. Ce genêt forme un arbrisseau de quatre à cinq pieds de hauteur , dont les rameaux sont grêles , verdâtres , anguleux et très-flexibles, et dont les feuilles ovales, lan- céolées, sont tantôt solitaires , tantôt ternées. Il croît en Europe , dans les terrains secs et arides , et fleurit au mois de mai; ses Heurs jaunes et disposées une aune le long des tiges sur de courts pédoncules , produisent par leur nombre un très-joli effet. Elles sont remplacées par des gousses com- primées et velues. Le nom de cette espèce indique assez l'usage ordinaire qu'on fait de ses rameaux. Presque par- tout où il croît, on confit ses fleurs, à. demi développées, en G E N 6oi guise de CÂPRES. Dans quelques pays, et surtout dans le territoire de Pise , on en tire un meilleur parti ; on le dessè- che au soleil , on le rouit après comme le chanvre , et ainsi préparé , il donne un fil dont on fait de la toile ou des cordes. (V.le Journal économique, du mois de novembre 1756.) On a aussi employé avec succès ce genêt pour la préparation* des cuirs. Cet arbuste ne prospère que dans les sables qui reposent sur l'argile /sables qui sont le plus souvent très-peu propres à la culture , et qu'il utilise par conséquent , directement en fournissant un chauffage , indirectement, en procurant un abri aux graines germantes des arbres et des plantes an- nuelles ou vivaces plus utiles. Le Genêt des Teinturiers ou 1' Herbe aux Teintu- riers , Genisla tincloria , Linn. On l'appelle aussi genestrole. C'est un petit arbuste qui croit en France , en Allemagne , en Angleterre , etc. , sur les collines, sur le bord des bois et dans les prés secs ; il s'élève tout au plus à la hauteur de deux ou trois pieds, a des feuilles aiguës , lancéolées, velues ou ci- liées sur leurs bords, et des rameaux cylindriques, cannelés, placés sur les parties latérales des tiges": au sommet de ces rameaux naissent les Heurs disposées en épis clairs , et ac- compagnées de bractées. Elles sont jaunes , et donnent une teinture de la même couleur, dont on fait usage dans les arts. Les petites branches de cet arbuste, séchées au soleil avec les gousses qu'elles portent, et mises ainsi en bottes , peuvent servir à nourrir les bestiaux en hiver. Les feuilles et les fleurs sèches sont employées en médecine. On les prend en infusion ; savoir: les feuilles depuis deux drachmes jus- qu'à une once , dans huit onces d'eau , et les fleurs depuis demi-drachme jusqu'à demi-once , dans six onces d'eau. Elles passent pour apéritives et diurétiques. Le Genêt a fleurs blanches, Genista alla , Lam. Cet arbrisseau , qui croît naturellement en Portugal , est cultivé depuis quelques années dans les jardins des amateurs. Sa hauteur est d'environ trois pieds. 11 est agréable à voir par le grand nombre de fleurs dont il se charge. Elles sont blanches , disposées latéralement, et ont un calice court, presque tronqué et à deux lobes opposés et obtus. Les feuilles sont soyeuses, et composées la plupart de trois folioles linéaires et lancéolées. Le Genêt monosperme , ùfiartium mohosper- nium , Linn. , a aussi les fleurs blanches; le Genêt effilé , Sparlium af/hyllum, Linn. , les a violettes ; mais dans toutes les autres espèces elles sont jaunes. (D.) GENÊT EPINEUX. C'est I'Ajonc. (b.) GENETTA. Nom espagnol de la GbK£TTB , que h j a. - (io2 G E N turalistes ont adopté , lorsqu'ils ont écrit en latin moderne. Ce nom est venu vraisemblablement de ce que la genette se tient volontiers dans les cantons couverts de genêts, fort communs en Espagne, (s.) GENETTE, Vherragenelta, Linn. Mammifère du genre des Civettes. V. ce mot. (desm.) GENETTE. C'est un des noms vulgaires du Narcisse des poètes, (b.) GENETTE DU CAP DE BONNE-ESPÉRANCE (La) de Sonnerat, paroît être, selon M. Sonnini, une genette d'espèce différente de la genette proprement dite. V. l'article Civette, (desm.) GENETTE DE FRANCE. V. à l'article Civette , es- pèce de la genette. (desm.) GENETTE DE MADAGASCAR. C'est la Fossane, autre mammifère du même genre, (desm.) GENETTE NOIRE. V. Civette. Espèce de la genette. (desm.) GENEVRIER , SABINE , Juniperus , Linn. {Dioéciemo- naddphiè) Genre de plantes à fleurs incomplètes, delà famille des conifères , qui se rapproche des Cyprès et des Thuya , et qui comprend une vingtaine d'arbres ou d'arbrisseaux rési- neux , toujours verts , dont les rameaux sont ordinairement alternes , et dont les feuilles sont simples , petites , nom- breuses, souvent piquantes, tantôt opposées, tantôt verti- cillées ou imbriquées. Dans ce genre , les fleurs sont unisexuelles , et naissent sur de très-petits chatons. Les mâles et les femelles se trouvent sur des individus différens , et quelquefois sur le même, mais à des distances éloignées. Les fleurs mâles viennent sur des chatons ovoïdes et ses- siles, composés de trois rangées d'écaillés verticillées, au nombre de trois à chaque rangée. Ces chatons comprennent environ dix fleurs ; savoir : neuf verticillées trois à trois , et la dixième terminant le chaton. Les écailles sont peltées , larges , couchées les unes sur les autres , et fixées à Taxe du chaton par des pédoncules très-courts. La fleur n'a point de corolle , mais seulement de trois à cinq ou huit anthères , presque sessiles , et à une loge. Les fleurs femelles sont disposées au nombre de trois, sur de très-petits chatons globuleux , formés de deux rangées d'écaillés ternées. Les trois écailles de la rangée supérieure paroissent stériles , et les trois autres recouvrent chacune un ovaire surmonté d'un style très-court ( quelquefois nul) , que couronne un stigmate simple et tubaieux. G E N 6o3 Le fruit est une baie à peu près ronde , charnue ou suc- culente, formée par la reunion des écailles du chaton fe- melle, qui se sont épaissies et agglutinées ; elle a, a son som- met , trois petites pointes ou éminences produites par les écailles supérieures de ce. chaton, et elle renferme trois se- mences osseuses, ohlongues j angulaires sur un côlé , et con- vexes de l'autre. Ce genre renferme une vingtaine d'espèces , parmi les- quelles je ne citerai que les plus importantes à connoitre. Le Genévrier commun. Juniperus communia , Linn. C'est un arbrisseau qui croît en Europe , dans les lieux incultes, arides , secs et pierreux , sur les collines et les montagnes. 11 est rameux et difforme , a un aspect comme sauvage , et s c- lève ordinairement à la hauteur de trois ou quatre pieds. Ses feuilles sont aiguës , ouvertes, verticillées trois à trois, et plus longues que les baies; celles-ci ne mûrissent que la se- conde année ; elles ont alors une couleur bleue un peu noi- râtre. Elles sont stomachiques , carminatives , incisives et diurétiques. Cet arbrisseau peut être employé à garnir les bosquets d'hiver; il vient dans les plus mauvais terrains. Lamarck dit qu'il s'élève quelquefois à quinze ou vingt pieds , et même davantage. Son bois répand une odeur agréable lorsqu'on le brûle. 11 utilise , dans les pays calcaires et montueux, beau- coup de terrains stériles, son bois servant à chauffer le four , cuire la chaux , etc. On récolte ses graines pour aromatiser l'eau-de-vie , principalement celle de grain ; delà le nom de gin, que porte celte eau-de-vie en Hollande. Le Genévrier de Suède, Juniperus nana, "Willd. C'est sans fondement que quelques botanistes regardent ce genévrier comme une variété du genévrier commun. Ses feuilles sont plus larges , ses fruits plus gros ; ses rameaux rampent sur le sol . Il croît dans le nord de l'Europe et au sommet des Alpes. On le cultive dans nos jardins. On a remarqué au Canada, où croît cette espèce , que le même pied offroit , certaines années, des Heurs mâles, et certaines autres , des fleurs femelles , ce qui est fort extraor- dinaire , et mérite d'être constaté par des observateurs éclairés. Le Genévrier oxicÈdre, Juniperus oxicedrus , Linn, vul- gairement le petit cèdre ou le cade. 11 a , comme le genévrier commun , des feuilles aiguës , ouvertes et lernéés , mais plus courtes que les fruits. Il croît sur la côte de Barbarie, en Espagne , en Portugal , et dans le midi de la France ; on re- tire de son bois , distillé à la cornue, une huile fétide , con- 6o4 n v R nue sous le nom à' huile de cade, et dont les maréchaux font usage pour guérir la gale et les ulcères des chevaux. Le Genévrier d'Espagne, Juniperus nispanica, Mill. , mal à propos nommé par Linneeus juniperus thurifera, gené- vrier porte-encens , puisque l'arbre qui produit l'encens n'est pas de ce genre. Le caractère spécifique de ce genévrier ost d'avoir des feuilles aiguës , couchées les unes sur les au- tres, et disposées sur quatre rangs. 11 croît en Espagne, s'élève à vingt-cinq pieds, et porte de grosses baies noires. Le Genévrier savinier , Juniperus sabino, Linn. On com- prend ordinairement , sous cette dénomination , deux gené- vriers , que Lamarck et quelques autres prétendent être des variétés l'un de l'autre , mais que Miller , avec plus de raison, regarde comme deux espèces très-distinctes. Ils sont connus , dans les jardins , sous le nom commun de sabine , et sont ap- pelés improprement, l'un, la sabine mâle , l'autre, la sabine femelle ou commune. C'est de la sabine mâle , ou à feuilles de cyprès, dont il s'agit ici. Elle s'élève, en arbrisseau, à la hauteur de six à dix pieds. Ses feuilles sont très-courtes , à pointe aiguë, érigées, opposées alternativement, décur- tentes à leur base , et très-serrées les unes contre les autres ; «:lles ont une odeur forte. Ce genévrier vient dans le Levant, en Italie et dans les Alpes. 11 produit des baies d'un bleu noirâtre. Le Genévrier a feuilles de tamaris, Juniperus folio ta- marisci, ou la sabine commune. C'est un arbuste qui s'élève rarement au-delà de trois ou quatre pieds , et qui croît dans les mêmes pays que la sabine mâle , sur les montagnes d'une température froide. Sa tige est moins forte que dans l'espèce précédente. Ses branches sont moins droites ou plus étalées, et ses feuilles un peu plus longues. Le Genévrier phénicien, ouïe Cèdre de Lycie, Juni- perus phœnicea, Linn. Celui-ci, qui croît en Portugal, en Italie et à la côte de Barbarie, s'élève à la hauteur de quatre ou cinq pieds. Il a des feuilles ternées et obtuses, à demi- ouvertes vers le bas , et couchées les unes sur les autres , dans les rameaux supérieurs. Le Genévrier des Barbades , Juniperus barbadensis , L. On trouve ce genévrier à la Barbade , à la Jamaïque , et dans d'autres îles de l'Archipel du Mexique. Il forme un des plus grands arbres de ce pays , et les habitans en recherchent beaucoup le bois pour la charpente et pour la construction de leurs navires. Son écorce est rude et d'une couleur sombre; ses feuilles , extrêmement petites , sont imbriquées sur quatre r.mgs. Il produit des baies d'un brun clair , plus petites que colles dé l'espèce suivante. G E N Go3 Le Genévrier des Bermudes , ou le Cèdre des Ber- MUDES, Juniperus bermudtana , Linn. Il s'élève , en arbre , sot une lige droite, et présente une forme presque pyramidale. Son feuillage dense le fait remarquer. Ses feuilles sont ter- nées, réunies à leur base , demi-ouvertes, et terminées en pointe aiguë. Cet arbre croît aux îles de Bermude et de Ba-> haina. Son bois, d'un brun clair, ourougeâtre, a une odeur très-forte. C'est avec ce bois qu'on fait les enveloppes des crayons. Le Genévrier de Virginie , ou le Cèdre rouge de Vir- ginia, Juniperus virginiana , Linn. C'est un grand et bel arbre, à cime conique ou pyramidale, dont le feuillage, d'un assez beau vert , n'est point dense , comme dans l'es- pèce précédente. 11 varie dans la forme et la disposition de ses feuilles, selon l'âge et la grandeur des individus ; elles sont toutes tërnées , et réunies par leur base; mais celles des jeunes rameaux se recouvrent les unes les autres, et les feuilles inférieures et anciennes sont ouvertes. Ce genévrier croît naturellement en Virginie et dans plu- sieurs parties de l'Amérique septentrionale, dans les sabler les plus arides. Il vient facilement en pleine terre dans nos climats, et s'y cultive très-fréquemment. Son bois est re- cherché en Amérique pour la charpente , pour la construc- tion des navires , pour des boiseries et différens ustensiles. Il est rempli d'une résine amère , qui l'empêche d'être dé- truit par les vers. On en fait de très-jolis secrétaires, qu'on apporte dans les Antilles ; ils sont très-utiles pour serrer et conserver les papiers , parce que l'odeur pénétrante , et pour- tant agréable de ce bois , écarte tous les insectes. Le Genévrier du Cap, Juniperus capensis, Lam. Ses feuilles supérieures sont ternées , aiguës , ouvertes et réunies par la base , et les inférieures opposées , imbriquées et plus petites. La disposition de celles-ci rend tétragones les ra- meaux qui les portenf. Le Genévrier de Chine, Juniperus chinensis , Linn. Il a des feuilles décurrentes , ouvertes , plus rapprochées les unes des autres que dans les autres espèces , vertes des deux côtes , et à peine piquantes. Il vient spontanément à la Chine. Le Genévrier thurifère est imparfaitement connu. Si on en juge par une figure qui se voit dans le Voyage au Séné- gal de M. Durand , pi. 3j , le véritable genévrier thurifère au- roit les feuilles et les fruits comme ceux du genéwier commun, mais avec de plus fortes dimensions. Au reste , plusieurs ar- bres de ce genre donnent de l'encens. Tous les genévriers se multiplient par leurs graines , qu'il faut semer aussitôt qu'elles sont mûres, quand on peut se les Co6 Cr E N procurer*, parce que , si elles sont gardées hors de terre jus- qu'au printemps, elles ne poussent que dans la seconde an- née. La terre qu'on destine aux espèces dures doit être neuve et légère , mais sans fumier; lorsqu'elle est bien labourée el nivelée , on y sème les baies en assez grande quantité. Les espèces plus fortes peuvent être semées sur une plate-bande à l'exposition de l'orient. La manière d'élever les genévriers est décrite très-au long dans Miller, que le lecteur peut con- sulter, (d.) GENÉVRIÈRE. On donne ce nom à une espèce de Grive dans le département du Mont-Blanc , parce qu'elle se nourrit principalement de baies de genièvre dont sa chair con- tracte le parfum. Voy. Litorne. (v.) GENGFGRAVE et GERBEL. Noms de la Mille- feuille ( achillea millefolium , L. ) en Allemagne, (ln.) GENGIBA. Nom donné , en Espagne, à la Grande Gentiane ( G. lutea ). (ln.) GEN1CULARIS des Romains. Ce nom de plante pa- roît désigner I'Agrostème des jardins (agrostemma corona- ria). (ln.) GENIÈVRE. Fruit du Genévrier. V. ce mot. (s.) GENIÈVRE DOUX. C'est le fruit de la Camarine BLANCHE( em/?e/n;m album). (B.) GENILLOTTE, Nom de la gelinotte dans le pays de Vaudi V. Gelinotte, (s.) GENIOSTOME, Geniostoma. Nom d'une plante décou- verte dans l'île de Tanna , et dont Forster a fait un genre nouveau dans la pentandrie monogynie. Les caractères de ce genre sont d'avoir : un calice à cinq divisions pointues ; une corolle monopétale tubuleuse , plus longue que le calice, dont le limbe est divisé en cinq lobes à trois dents ; cinq étamines ; un ovaire supérieur, ovale, chargé d'un style à stigmate épais et sillonné ; une capsule oblongue , biloculaire , et qui contient dans chaque loge plusieurs semences anguleuses attachées à un placenta cen- tral, (b.) GENIPA. Genre de plantes créé par Tournefort, adopté parLinnseus, et que Lamarck, Willdenow et d'autres bota- nistes réunissent au gardénia. Persoon conserve ce genre ; il y réunit avec Richard le duroiade Linn., et soupçonne que le stylocorina de Cavanilles doit y être rapporté. Ce botaniste pose le caractère essentiel du genipa dans la forme en masse du stigmate. La baie , selon Gsertner(3, p. 65, tab. 180, f . i ) , est à trois loges. Adanson ne forme qu'un seul genre du strychnos et du genipa de Linnseus. ( V. Gempayer et G E N Ck7 GardÈne. Ce nom de genipa dérive de ceux de genipat ou ja- nipha eljunipa, donnés au Brésil à l'espèce dite G. americanu. (LN.) GENIPAYER D'AMERIQUE. Genipd americana, Linn. ^Pentandriemonogynie.') C'est un arbre de moyenne grandeur, de la famille des rubiacées. 11 croit dans l'Amérique méridio- nale et aux Antilles. Sa tige est droite , sa cime étalée ; ses branches, qui s'étendent au loin de tous côtés, sont garnies de feuilles entières, opposées, presque sessiles, ayant dix à douze pouces de longueur sur trois de largeur , et disposées en touffes aux extrémités des rameaux; leur surface est glabre, et leur côte longitudinale , à laquelle aboutissent plusieurs nervures obliques , est saillante en-dessous. Les fleurs blan- ches d'abord, et ensuite d'un blanc jaunâtre, répandent une odeur agréable; elles sont portées par de courts pédoncules, et ont un pouce et demi de diamètre. Leur calice est entier, ses bords sont comme tronqués ou ondulés ; ils renferment une corolle monopétale, deux fois plus longue que lui, dontle tube est presque cylindrique, et dont le. limbe , représeniant une coupe, est divisé profondément en cinq parties ovales et pointues; cinq étamines courtes et réfléchies sur le limbe , laissent voir, au milieu d'elles, un stigmate en massue que sup- porte un style simple. L'ovaire, qui est inférieur, est remplacé par une baie d'un vert blanchâtre, ovoïde , charnuç , à deux loges, et delagrosseur d'un citron; chaque loge contient plu- sieurs semences angulaires et comprimées, entourées dune pulpe aigrelette , dont le suc teint tout ce qu'il touche d'une couleur noirâtre qui s'efface d'elle-même au bout de quelques jours. On trouve ces caractères représentés dans 1 Illustration des genres de Lamarck , pi. i58, fig. 2. Le genipayer fleurit communément en juin. Quoiqu'il ne se dépouille jamais entièrement de ses feuilles, elles tombent pourtant en grande partie vers le mois de décembre ; mais il en produit après de nouvelles, qui se succèdent à différentes époques dans la même année. Ses fruits mûrissent en août et septembre; ils sont astringens, et ils ont la propriété de rani- mer les forces et d'étancher la soif; les Indiens les mangent, et ils se colorent la peau avec le suc qu'ils en expriment, pour effrayer leurs ennemis à la guerre. Son bois est d'un gris de perle ; il ne peut être employé que vieux , il prend bien le poli, et sert à faire des montures de fusils, des brancards et des filières de charpente ; mais la pluie le gâte , et il est en- core sujet à être attaqué par les fourmis de bois qui le détrui- sent en peu de temps, (d.) GENISSE. Jeune vache au-dessus de deux uns. V. le Bœuf, (s.) 6o8 G E N GrENISTA do Pline. Les botanistes pensent assez géné- ralement que cette plante est notre genêt à balais {spartium scoparium ) , ou notre genêt d'Espagne que quelques auteurs prennent pour le spartium de Dioscoride ; mais il ne paroît pas que cela soit. L'origine du mot genista est inconnue; Rai lui donne pour racine le mot latin genu. JLe genista , selon lui, auroit été ainsi nommé à cause que ses branches sont plian- tes. Tournefort a créé le premier un genre genista ; Linnseus l'adopta et l'augmenta, car Tournefort n'y rapportoit que des espèces non épineuses , à feuilles simples point décurrentes. Le genista de Linnseus comprend non - seulement celui de Tournefort , mais aussi le genistella , genista-spartium et des cyiiso genista du même botaniste ; néanmoins Linnseus ex- cluoit de cette réunion Yulex confondu par Tournefort avec les genista-spartium et le"s spartium. Lamarck a réuni le genista et le spaiiium de Linnseus. Jussieu approuve cette réunion. D'autres botanistes, par respect pour Linnseus, ont conservé ses genres-, d'autres pour faire disparoître la confusion qui rè- gne dans le classement des espèces , ont cru devoir créer de nouveaux genres, tels que, genistdides, scorpius, listera, chamœ- spartium, etc., ou bien renvoyer les espèces mal placées dans d'autres genres. Si l'on rappeloit ici les plantes que les bota- nistes, ont décrites comme des genista, on verroit que ce sont toutes des espèces de légumineuses des genres actuels poda- lyria , crotallariq , rafnia , spartium , genista , cytisus, lebeckia , ' aspalathus, ulex , anthylis , borbonia , liparia et hedysarum. V. Genêt, (ln.) Genista-spartium. Des espèces des genres spartium, genis- ta, anthyl/is (an. erinacea), hedysarum (H. alhagi) , et pso- ralea (psor. aculeata), de Linnseus, qui sont tous des arbris- seaux épineux de la famille des légumineuses, ont été nommées ainsi. Tournefort avoitréuni, sous ce nom, celles de ces espèces dont les feuilles étoient simples. Adanson partage ce nouveau genre en deux, listera et ulex. Linnseus avoit déjà séparé le dernier, mais les espèces du premier avoient été renvoyées par lui au genista. (LN.) FIN DU DOUZIEME VOLUME. v* ri "V-^* ^r+^&frt^T; •> ■•■■•1 :^.\ a ■ m K T-' \:V# *ù?W- W" S?3X>P££* is-vw.