\-'^< ^i LIBRARY OF l8e5_IQ56 ■'-'"^ r<- ■^ ^..>/- v-^. r^*'^, ^':r;^ NOUVEAU DICTIONNAIRE D'HiSTOIRE NATURELLE, APPLIQUEE AUX ARTS, A. r Agriculture , à l'Economie rurale et domestique, a la Médecine , etc. PAR UNE SOCIÉTÉ DE NATURALISTES ET D'AGRICULTEURS. Nouvelle Édition presqu'entièrement refondue et considé- rablement augmentée ; AVEC DES FIGURES TIRÉES DES TROIS RÈGNES DE LA NATURK. TOME XXI L Uk L'1WPH1M£K1£ U'ABEL LMiOE, llUK D£ LÀ. nAlU-E. A PARIS, GuEz DETER VILLE, libkaire, rue hautefiiUille, w" ^. M DGCC XVI IL Indication pour placer les Planches du Tome XXII. G 3i. Oiseaux , pag. qo. Molleux mâle. — Mocqueur (merle). — Musophage violet. G 37. Oiseaux , pag. 199. Naudu •— Francolin perlé. — Podargue. G 3o. Crruiiles, pag. 235. Stalice caurcne.— Nautile flambé. — Nérile dunar. — Nucule allongée. Olive marbrée. Onguline laque. Orbiciile. — Orbulile. — Orlhocère oblique. — Oscabrion oursiné. Oscanc aslacaire. — Ovule œuf. G 33. Insectes, /ï/z^. 409. îsabis guttule. TS'aucore cimîcoïde. Nébrie arénaire. !Nécrobie vio- leiie. Necrophbie fossoyeur, — — Kemoplère coa. — NemolMe uligineuse. — Nèpc cendré. î^itidule biponctuéc. — î^omade de la Jacobée. — JSo- lonecle glauque. Noloxe raonoceros. Nyctéribie pédiculaire. - — Né- cydale fauve. G 38. Oiseaux,;?/?^. 490" 5iémosie à coiffe noire. — Pigeon de Nicobar. — Pie bleu-de-ciel. G 35. PiîtrX.s , pr.l'. b02. Nclumbo des Indes. -^ Kepenle dellude.— ^ Nicoliane tabac Nyssa aqua- tique. :S-rrrri^:ia!iŒS NOUVEAU DICTIONNAIRE D'HISTOIRE NATURELLE. M U G iVlU. En portugais, c'est le mulet mà\e ', la femelle porte le nom tle jnuhi. (besm.) MU-CaO-CAO. C'est , sur la cote orientale d'Afrique , un petit arbre que Loureiro nomme liepiaca afrir.ana. (ln.) MUCH A. Nom géorgien du Chêne roure. (ln.) MUCHEN STECHER. Nom autrichien de I'Engoule- VENT. (V.) MUCHOMORE. L'un desnoms russes de rAsPERGE.(i.N.) MUCILACjE. Substance végétale de nature visqueuse et nourrissante , très-miscible à l'eau , et qui , en étant privée , se transforme le plus souvent en une autre substance sèche et concrète, appelée Gomme (F. ce mot). Le mucilage , qu'on nomme aussi le muqucuv , est répandu dans presque tous les végétaux. Il est coummnément plus abondant dans les raci - nés et les semences, que dans les autres parties. V. au mot Plante, (d.) MUCILAGO, Mucilago. Genre de plantes cryptogames de la famille des Champignotss , qui forme le dernier chaînon du règne végétal. !l est composé de plantes des plus simples; ce sont des filets fugaces colorés. Quelques botanistes les ont pris pour des commencemens de Moisissures ; mais d'autres , et principalement Haller, ont pensé que, ne prenant jamais de tête , elles dévoient en être distinguées. Les mucilago se trouvent sur les plantes pourries , sur les fruits en état de décomposition. On en compte quatre espèces, le Mucilago plumeux, qui est blanc et plnmeux ; le Mucilago cespiteux, qui est XXII. 1 a M V C plnmeux et jaune ; le Mucflago cendré , qui est simple ou raiTieux et gris , et le MuciLAGO miniate , qui est velu et très- rouge, (b.) MUCIPETA. Nom d'une division des gobe-mouches, dans le Règne animal, (v.) MUCKAOUISS. Nom que les aborigènes de TAméri- qve septentrionale donnent à I'Engoulevent wip pooR-wiL. 11 est tiré du cri de cel oiseau, (v.) MUCKEN BAUM. L'un des noms allemands du Peu- plier ^iOlR. (ln.) MUCKÊN-PULVERouMlGHENPULVER, Poudre à mouches. Nom que les Allemands donnent à Varsenic natif ou arsenic iestacé réduit en poudre , (|u'on mêle avec de l'eau pour tuer les mouches. L'arsenic sulfuré et les autres substan- ces arsenicales produisent le même effet. V. Arsenic, (pat.) MUCOK. Nom latin des Moisissures. V. ce mot (desm.) MUCU. Poisson du genre Trichure ^ Trichurus leplurus , Linn. (b.) MUCUN\ et MAC UN A. Noms brasiliens du doUchos urcns. Les graines de celte légumineuse sont grosses, noires, orbiculaires et entourées, en grande partie , par un ombilic circulaire blanc. Ce caractère remarquable a porté Pierre Brown à faire de celle plante son genre zoophlhalmum, qu'A- dan on nomme mucuna en y rapportant le kaku-valli des Ma- labares (Do/ichos giganteus , Wiild.). Les auteurs de la Flore du Pérou ayant reconnu le même caractère sur les gr-^Ines du dolichos altissim us el snr celles de deux autres espèces nouvel- les, les ramenèrent au même genre qu'ils nommèrent negretiat Enfin Persoon considère \q stizolohium (D. pruriens) de Pierre Brown, comme devant appartenir au même ge are negre/ia, ou mucuna, ou zoophlhalmum^ qu'il présente avec le même nom de stizolohium. Il pense en outre que le citta de Loureiro pour- roit y être ramené. On ne pourroit môme pas en douter si le dolichos urens , L. , étoit vraiment le citta nigricans de Lou- reiro, comme il l'a avancé. F. Dolic et Stizolobium. (ln.) MUCUS. On nomme ainsi une sécrétion d'humeur gluante à la surface de plusieurs organes du corps des animaux , soit pour les garantir des contacts trop rudes et trop immédiats, soit pour faire glisser, pour lubréfier et faciliter les mouve- luens des parties. Aussi le mucus abonde soit au nez, soit dans les bronches ou les conduits de larespiration, soii dans les voies urinaires et génitales, pour diminuer l'impression des liquides acres et stimulans comme l'urine, le sperme , soit dans le ca- nal intestinal jusqu'à l'anus , pour faciliter le passage des ma- tières solides. F. Membranes muqueuses. U V G 3 Maïs ce sont siirtoiil les animaux à peau molle et sans écail- les ni défenses qui sécrètent le plus abondamment des mu- cosités -, tels sont les batraciens, grenouilles, crapauds , sa- lamandres , les poissons , surtout ceux sans écailles , comme les anguilles et la plupart des chondroptérygien:; , les lam- proies ; enfin , ce sont principalement les mollusques , ces êtres gluans, à peau nue et toujours baveuse ou visqueuse, JuGS limaces peuvent même sécréter une quantité étonnante de mucosité , lorsqu'on les pique et qu'on les force à des con- tractions répétées ; il en est de même des vers , des sangsues, et en général de toutes les races nues et comine écorchées, auxquelles la nature n'a donné pour défense que de s'enve- lopper ainsi dans ces humeurs glutioeuses Cela n'est point extraordinaire chez des espèces aquatiques , toujours impré- gnées de liquides et dont toute la contexture du corps semble n'être que de la mucosité plus ou moins concrétée. Néanmoins , le mucus proprement dit n'est point la même chose que 1 albumine ou la gélatine composant le tissu propre des organes avec la fibre musculaire ; mais ce gluten viscide est le produit dune excrétion ; il est hors du corps même , et rejeté à l'extérieur. Aussi remarquez qu'il n'est cuère sus- ceptible de nourrir, et répugne au contraire, comme matière excrénientitielle. En effet , s'il est desséché , il devient une substance dure , cornée , absolument comme la corne des bœufs , le sabot du cheval , etc. Il est fort analr.gue à Tépi- derme ; car 1 épiderme , avant son dessèchement -n écailles, étoit un mucus. Il n'y a donc d'autre différence entre un lé- zard qui se dépouille de son épiderme et une salamandre qui se nettoie de sa mucosité , que celle du plus ou moins d'hu- midité ; car le lézard vit en lieu sec , et la salamandre dans l'eau. Le mucus animal, une fois desséché , devient indissoluble à l'eau. 11 ne ressemble point à la gélatine à cet égard et à plu- sieurs autres humeurs ; ainsi il ne fait point gelée comme elle; ni la noix dé galle ne le concrète comme elle , ni le sublimé corrosif ne le précipite comme l'albumine ; il est au contraire précipité par raeétate de plomb qui n'agit pas sur la géla- tine ; il n'est point concrète par la chaleur comme le blanc de l'œuf. Le mucus se rencontre aussi en dissolution dans plu- sieurs humeurs , telles que les larmes, l'urine ; il paroit être le lien de plusieurs concrétions, comme des pierres de la ves ■ sie. 11 suinte des pores de la peau avec la sueur. Les animaux muqueux ont des pores ou des cryptes mucipares ; les pois- sons portent surtout ces glandules à mucus , sur la tête et le front, de sorte que par l'action même de la natation , cette mucosité se répand sur leur corps ou enduit leurs écailles 4. M TT E pour les rendre plus glissantes et inattaquables à Teau. Telle est la précautioi; àc la uaîuie. F". PoissJN. (virey.) MUDE, Amia. iTC.ire de poissons de la division des Abdominaux, dont le caractère consiste à avoir la tête os-* seuse , noe , rude au iruchcr , avec les sutures peu visibles ; des dfiils aij^uësel nombreuses aux mâchoires et au palais ; deuK bai-biitans auprès des narines ; le corps couvert d'é- caillfs. Ce geore es. fort voisin des Silures, et ne contient qu'une* espèce, le MuoE CHAUVE, qui a la tête aplatie, Topercule des br^n -bies -isseux et oblus ; deux osselets striés à la gorge; le corps près jue cylindrique ; la ligne latérale droite ; les n gejires pectorales plus courtes que les ventrales, qui sont situées au milieu de Tabdomen; la dorsale allongée; iacau- da'e arrondie et précédée d'une tache noire. On trouve ce poisson dans les eaux douces de la Caroline, où on le mange rarement. 11 porte le nom de mude ou de mutlfisrh. (b.) MU DU AN. Nom arabe du bubon macédonien, (ln.) MUE (M«/fl//o ). C'est un changement qu'éprouvent la plupjrt des animaux , comme la délloraison et reffeuillaison des végétaux. Ce sujet se rattachant à l'histoire très-curieuse des Métamorphoses des corps organisés , et surtout des in- sectes , nous y renvoyons, (virey. ) MUE. On u*iet des oiseaux en mue pour deux motifs et de deux manières: l'une pour les faire chauler dans la saison oui ils se taisent ordinairement ( Foyez Pinson, article Frin- gslle) ; l'autre pour les engraisser ( Voyez Ortolan , article Bruant). (,v. ) MUE. Nom du Pavot en Norwége. (ln.) MUE (vénerie). Changement du bois de la tête des cerfs , qui alieu au comrnencement du printemps. Une mue est le bois d'un seul côté de la tête que Tanimal a mis bas ; lorsque les deux côtés en sont dégarnis , on les nomme alors les deux mues. Dans un autre sens, le mot de mue s'applique aussi aux chiens courans. Les mettre à la mwe , c'estles en)pêcher de chasser, (s.) MUEl-XU. C'est, en Chine , le nom du Prunier. Voy. Cay-moi. (ln.) MUEL/V. Nom espagnol de la Pierre meulière, (ln.) MUEL-SGK V.VJ. C'est, dans Rhéede, la Cacalie a feuille:» de lmtron. (b.) MUELLE ou MOLLE et MOLY de Fragosa. C'est le Molle ou Poivrier d'Amérique ( Schinus moùé). (ln.) IM U F 5 MUERDAGO. Nom^du Gui, en Espagne, (ln.) MUER MER A. Ç'esi, en Espagne , la Clématite com- mune ( Clemalis vUalba ). (ln.) MUET. Serpent qui avolt été placé parmi ks crotales^ quoiqu'il n'eût pas de sonnettes à la queue. C'est le Scytale A CHAÎNE de Laircille. (b.) MUFELN. L'un des noms allemands de la rose canine ( Cynorhodon ). (LN.) MUFFQLI des Italiens. C'estle mouflon, type originaire de l'espèce du Mouton domestique, (desm.) MUFIONE. Nom du même animal en Sardaigne et en Corse. V. l'article Mouton, (s.) MUFLAUDE , viufle de chien ^ mufle de hcriif ou de veau , viouron violet , œil de chat , gueule de lion , gueule de loup , etc. Ce sont les noms vulgaires du Muflier des jardins (y^/«^/tr- rhinum rnajus , Linn. ). A Montpellier on l'appelle Cucalaca. V. Muflier, (ln.) MUFLE. On doiane ce nom à la partie antérieure et nue de latête de quelques quadrupèdes etnotamment des ruminans. Parmi ces derniers, ceux qui n'ont pas de mutie Sont: l'o- vibos, le renne , l'élan, les chameaux, les chèvres et la gi- rafe ; tous les autres, c'est à-dire , les bœufs, les antilopes, les cerfs , daims , chevreuils, les muscs ou chevrotains , etc. ,_ en ont un. (desm.) L'on donne encore le ïioxnàemufle à lextrémité de certaines corolles de fleurs personnées, qui semblent imiter des mufles, d'animaux. Voyez Mufle de veau ( Antirrhimim ). (yirey.) MUFLE DE BOEUF. Voyez Muflaude. MUFLE DE CHIEN. V. Muflaude (ln). MUFLE DE VEAU. V. Muflaude et Muflier, (b.) MUFLIER , MUFLE DE VEAU, Antirrhinum, Linn, ( Didynamie angiospermie'). Genre de plante de la famille des personnées, auquel Linnseus a réuni la ïinaire et Vasa- /YnwdeTournefort. 11 présente pour caraclères : un calice per- sistant à cinq divisions ovales ou oblongues ; une corolle mo- nopétale, irrégulière, dont l'entrée est fermée par une espèce de palais , le limbe partagé en deux lèvres , la supérieure bifide , l'inférieure trilobée , le tube ventru , terminé par un éperon ou une bosse; quatre étamines , dont deux plus courtes, quelquefois le rudiment d'une cinquième; un ovaire supérieur presque rond , surmonté d'un style à stigmate obtus. Le fruit est une capsule ovale - oblongue ou arrondie . à, ieux loges et polysperme ; dans plusieurs espèces, elle se fecà^ 6 M U F en décnnpures réfléchies ; dair; d'antres, elle s'ouvre par di-r.x ou trois trous placés à son sommet. Les semences sont alla- chées à un réceptacle central, et ont souvent leurs bords mem- braneux. Les mufliers ont des rapports avec les Digitales et la Cym- BAiRE. Mais dans les digitales^ le limbe de la corolle n'est point à deux lèvres ; et dans la cymhaire,\e calice est profondément découpé en six dents. Ce genre , qui diffère à peine de celui appelé NémÉ- siÉ , comprend environ cent espèces qui sont des herbes et des arbustes à feuilles ordinairement alternes ou épar- ses » quelquefois opposées ou verlicillées înférieurement, et à fleurs axillaires , ou plus souvent disposées en épis ter- minaux y et njunies de bractées. L'éperon et la bosse , qui terminent ces fleurs divisent naturellement le genre en deux sections. Dans la première , sont les mu ffliers linaires , dans la seconde, les mufjliers proprement dits. Desfontaines a séparé de ce genre cinq espèces pour en former celui qu'il a appelé AnarRHINE , et dont il fonde le caractère sur le défaut de lèvre supérieure saillante et concave. Parmi les mufliers dont les corolles sont prolongées en éperon , on distingue : Le Muflier CYMBALIER , Antîrrhinum cymbalaria ^ Linn. , plante annuelle de l'Europe , qui se trouve ordinairement dans les fentes des vieux murs. Elle a une lige rampante , des feuilles alternes en cœur à cinq lobes. Le Muflier alriculÉ, Aniirrhinum elatine^ Linn. , vulgai- rement Velaiine, \a } inaire or cillée , la velooie mdle. Sa tige est couchée ; ses feuilles varient dans leur forme et leur position; elles sont tantôt ovales, tantôt en fer de (lèche ou avec des oreil- lettes à leur base , communément opposées inférieurement , et alternes sur le reste de la lige. Cette espèce est annuelle , et croit aux environs de Paris dans les endroits cultivés. On la distingue de la suivante à ses feuilles moins grandes, à ses tiges moins velues , et surtout à ses rameaux qui s'ouvrent à angles droits. Le Muflier bâtard ou Violette femelle , Antîrrhinum spurium , Linn. Il est annuel , eJ vient à peu près dans les mêmes lieux que le précédent, auquel il ressemble beau- coup. On lui suppose les mêmes vertus. Le Muflier triormtophore, ^«/iV/7//rt«m triomilophorum^ Linn. , originaire d'Amérique et de Portugal. C'est une des plus belles espèces du genre. Ses feuilles, de forme lan- céolée, sont disposées quatre à quatre par vertlcilles; ses fleurs sont de couleur pourpre et pédonculées. Le Muflier pourpre, AiUirriuuunt. purpureum, Linn. Il a l\ï U F 7 un port qui lui est parliculier. Ses tfges sont droites, et quand elles sont garnies de (leurs, elles représentent une pyramide. Ses feuilles sont linéaires, lancéolées et sessiles. On trouve ce muflier au pied du mont Vésuve. Le Muflier réticulé, Anllrrhlnum retlculatum , Smith, ainsi nommé à cause des stries ou lignes croisées qu'on re- marque sur sa corolle , lesquelles imitent assez bien les mailles d'un réseau. Il croît en Barbarie , d'où il a été rap^ porté par Desfontaines. C'est un des plus beaux. Le Muflier oes Alpes , /hitirrhinum alpimim , Linn. , est annuel , croit en Suisse , en Autriche , dans les Pyrénées ; a des feuilles verticillées , une tige diffuse , presque tombante, et des fleurs disposées en épis courts et serrés. Le Muflier linaire , Antirrhinum linaria , Linn., vulgai- rement la linaire^ le lin sauoage. Cette espèce, dont la racine est vivace et la lige droite, se distingue des autres à ses feuilles linéaires , lancéolées , éparses et serrées contre la tige , et à ses (leurs comme imbriquées et formant des épis sessiles et terminaux. Elle est très-commune en Europe , et se plaît dans les terrains incultes , parmi les décombres et jusque sur les murailles. On peut encore citer dans cette section , le Muflier m- TARNAT ou à fleurs rouges , rapporté d'Espagpe par Antoine de Jussieu. Le Muflier jaune de Barbarie. Le Muflier py- ramidal qui croît en Arménie. Le Muflier Dalmatien , originaire de Crète , et dont les (leurs , dune belle couleur Jaune, sont plus grandes que celles de V antirrhinum majus. Le iVIuFUER BIGARRÉ du Mont-d'Or , à corolle jaune , à palais safrané , à éperon violet. Le Muflier a trois feuilles, qu'on trouve dans les montagnes de la Sicile. Ses fleurs sont jaunes , avec les lèvres couleur de safran. Il offre une variété fort belle , à fleurs pourpresT Le Muflier de Montpellier, à (leurs bleues et odorantes, Antirrhinum m onspessulanum , Linn. Le Muflier d'Alep , à tleurs petites et blanches, munies de très-longs éperons. Il croît en Sicile et aux envi- rons de Montpellier. La section qui renferme les mufliers dont les corolles sont terminées par une protubérance obtuse , est beaucoup moins nombreuse que la précédente. Les espèces remarquables qu elle offre , sont : Le Muflier des jardins ou Mufle de veau , Antirrhi- num maJus, Linn. C'est celui qu'on cultive le plus communé- ment dans les parterres , à cause de la grandeur de ses tleurs el des variétés de couleurs qu'elles offrent. Ce muflier a des tiges droites, des feuilles entières , pétiolées , lancéolées , un îM'u obtuses, d'un vert foncé , alternes sur la lige, opposées^ 8 M U G sur les rameaux; des fleurs disposées en é[>i, droites, grosses, pédonculées , communément d'une couleur purpurine , avec un palais jaune et des capsules oblongues , presque cylindri- ques , percées à leur sommet de trois trous , et imitant à peu près la télé d'un veau; de petites semences noires et angu- leuses : tels sont les caractères spécifiques de cette plante qui aime les lieux pierreux, qui vient facilement de graines, et qui subsiste plusieurs années dans les jardins, lorsqu'elle se trouve placée dans un sol médiocre , et qu'on a soin d'en couper sauvent les fleurs. Ces fleurs ont beaucovîp d'appa- rence , et se succèdent pendant tout l'été. 11 y a une variété de ce mulller à feuilles plus longues et une autre à feuilles panachées ; celle-ci se multiplie par boutures. Le Muflier tortuelix , Antlnhinum tortuosum , Bosc. Il ressemble beaucoup au précédent par la grandeur , la forme et la beauté de ses fleurs , communément de couleur pour- pre ; mais ses tiges sont tortueuses et entièrement lisses ; ses rameauif penchés et comme sarmenteux ; ses feuilles très- étroites et canaiiculées. Ce muflier, dont Bosc a donné la description en 1788, dans une des séances de la Société Lin- néenne , croît naturellement en Italie , et se cultive dans nos jardins. Le iVluFLlEH RUBICOND , Antînhinum oronthim^ Linn. ; An- liirhinum awense majiis, ïourn. On le dislingue du muflier des jardins , à ses feuilles linéaires , lancéolées , opposées dans le bas des tiges , allernes partout ailleurs ; à ses fleurs presque sessiles , éparses et axillaires ; à la corofle pourpre et plus petite; aux folioles du calice, pins longues que la corolle, et à la capsule représentant assez, bien la tête d'un singe, lors- qu'elle a versé ses semences. Cette plante est annuelle , croît en France, et passe pour vénéneuse. Le Muflier asarin , Antirrhinnm asarina, Linn. C'est une plante vivace qui n'a point de beauté , et que je ne cite que parce qu'elle appartient au genre <75a/7W de Tournefort. Elle est basse , a des tiges tombantes et des feuilles semblables à relies du lierre terrestre. Elle croît sur les rochers , en Ita- lie , et dans le midi de la France. Les mufliers de nos climats , tels que celui des jardins , la linaire , etc., se mullipiient de boutures ou de graines. lisse sèment d'eux-mêmes , croissent à peu près dans tout terrain, à toute exposition , et demandent à être peu arrosés, (d.) MUGAN. Le Ciste blanchâtre , Cis/us albidus , reçoit ce nom dans !e Midi de la France. (i-TS.) MUGE. Poisson du genre Mugil, Mugil cephalus^ Linn. Lacépède adonné le même nom au genre entier, (b.) MUGE VOLANT. C'est I'Exocet volant, (b.) Il V G g MUCxEL. V. MUGIL. (DESM.) MUGERA. Nom du Palma-Christi ^ en Espagne, (ln.) MUGGENKRUID. C'est un des noms hollandais de la Persicaire. (ln.) MUGGERT. Nom allemand de 1' Armoise, (ln.) MUGGI etMUGURA GUSSOW. Noms japonais d'un Gaillet , Galium uliginosum , Thunb. (LN.) MUGHË. Les Languedociens donnent ce nom à la Jacin- the, et non pas à notre Muguet, lequel est fort rare en Lan- guedoc, (ln.) MUGHETTUS. V. Muguet, (ln.) MUGHO ou MUGO. Espèce de Pin, Pmws miighus, qui croît dans les Alpes et en Tyrol. Il ne faut pas le confondre avec le Pin nain (^pùius pumilio), beaucoup plus commun, et que , dans quelques ouvrages , on trouve décrit sous le nom de Mugho. (ln.) MUGIL, Mugil. Genre de poissons de la division des Ab- dominaux , dont les caractères consistent à avoir deux na- geoires dorsales , la mâchoire inférieure carinée en dedans, point de dents, la membrane des branchies composée de sept rayons , les écailles striées. Ce genre renferme sept espèces , dont une est très-connue. C'est Le MuGiL mulet, ' Mugil ccphalus,'Lmn., qui a cinq rayons aiguillonnés à la première nageoire dorsale , et des lignes noires, longitudinales et parallèles , de chaque côté du corps. Il se trouve dans toutes les mers; il est surtout très-abondant dans la Méditerranée et sur les côtes d'Espa'gne. Il remonte par milliers à l'embouchure de la Garonne et de la Loire , pendant le printemps et l'été. Il peut vivre constamment dans l'eau douce , et n'en devient que meilleur. On le prend avec de grands filels d'enceinte , auxquels on adapte supérieure- ment un prolongement extérieur et assez large , en forme de sac , parce que , lorsque ce poisson se voit entouré ', il saute par-dessus la corde. Il a été connu des anciens , qui estimoient beaucoup sa chair, et il n'a pas perdu de sa réputation à cet égard. On en fait une grande consommation dans toutes les parties méridionales de l'Europe. F. pi. G i , où il est figuré. La pêche de ce poisson est quelquefois si abondante, qu'on ne peut le consommer frais ; alors on le sale et on le fume comme les harengs. Il perd , par ces opérations , une partie de ses bonnes qualités ; mais il en conserve assez pour être en- core recherché par la classe peu fortunée, dans les pays catho- liques , pendant le carême. Presque toujours on lui a enlevé les œufs, avec lesquels on fait une espèce de caviar appelé M U G poiifargve ou boxitarf^ue , qui forme un très-bon manger , et qui t'sl le lot des gens riches des mêmes pays. Pour faire la poulargue , on oie les œufs, appelés resure par les pêcheurs, sussilotque le poisson est pris. On les met pendant cinq à six heures dans une forte saumure ; ensuite on ies presse pour en faire sortir leau, el après les avoir la- vés dans une nouvelle saumure, on les fait sécher an soleil, (^omme ces opérations se font pendant lété, il ne fùut que dix à douze jours pour les terminer. Une précaution impor- tante à prendre , c'est de mettre les œufs en dessiccation a l'a- bri de la pluie et de la rosée de la nuit. Ils peuvent se conser- ver plusieurs années dans un lieu ?,^ç ; mais, en général , on ^'en fournit au commerce que ce qui est nécessaire à la con- sommation de la saison. La tête du mugil mulet , qu'on appelle aussi menille , mvgeo et mvjou^ est large par en haut, comprimée des deux côtés y et toute couverte d écailles ; l'ouverliire de la bouche est pe- tite ; les mâchoires sont égales et garnies de très-petites dents ; la langue est rude , et deux os , rudes au toucher, se voient à l'entrée du gosier; fouverture des ouïes est large, et 1< ur membrane est libre ; l'anus est une fois plus éloigné de la têle que de la nageoire de la queue. Sa longueur ordinaire est d'un pied. Le MlJGlL ALBULE a quatre rayons aîguillonnés à la pre- mière nageoire dorsale. Il est figuré dansCatesby. vol. 2 , pi. 6. il se trouve dans la mer qui baigne les côtes de la Caroline, et remonte les rivières à chaque niarée pendant tout l'été. U diffère fort peu du précédent; mais il ne constitue pas moins nne espèce, ainsi que je m'en suis assuré. On le prend au fi- let et à la ligne , en aussi grande quantité que l'on veut , car quelquefois il couvre la surface de l'eau. Sa chair est aussi bonne et a le même goût à peu près que celle du précédent : on l'accommode de même. C'étoit ma ressource pendant les grandes chaleursde l'été, lorsqu'iln'étoit paspossible regarder la viande une journée entière; il ne me falloit souvent que jeter deux à trois fois la ligne pour avoir mon dîner. Le Mugil A lèvres grenelées a quatre rayons tlexibles à la première nageoire dorsale , les lèvres crénelées , et l in- férieure bicrénelée. 11 se trouve dans la mer Rouge, et four- nit trois variétés qui portent les noms arabes de schelî ^ onrei iad, au rapport de Forskaël. Le Mlgil tang a quatre rayons aiguillonnés à la pre- mière nageoire dorsaie, la bouche petite et les opercules dénués d'écaillés. Il est figuré dans Bloch et dans le Biij^un de Deterville , vol. 6, p. 186. On le trouve sur les côtes d'A- frique et de l'Inde. M U G „ Le MuGiL PLUMIER a quatre rayons aiguillonnés à la pre- mière nageoire dorsale , et une bouche très-fendue. Il est fi- guré dans Bloch et dans le Buffon de Deterville , vol. 6 , p. i86. On le trouve dans les rivières des Antilles , où il porte le nom de mulet doré. Le MuGiL CHAisos a une seule nageoire sur le dos et deux ailes de chaque côté de la queue. Il habile la mer Rouge, et sert de type au genre Ghamus de Lacépéde. Le MuGlL CHILIEN a une seule nageoire sur le dos, et la queue simple. Il se trouve au Chili ; c'est le MugiloÏde de Lacépéde. Les MuGiLS DORÉS , sauteur et PROVEisçAL sont des es- pèces nouvelles que Risso nous a fait connoître dans son Ich- ifologie de Nice, (b.) MUGILOÏDE , Mugildides. Genre de poissons introduit par Lacépéde , pour placer le Mugil ï)U Chili. Ses carac- tères sont : mâchoire inférieure carénée en dedans ; têle re- vêtue de petites écailles ; écailles striées, une seule nageoire dorsale, (r.) MUGILOiMORE, Mngilovwms. Genre établi par Lacé- péde , pour placer un poisson que j'ai rapporté des côtes de la Caroline, et que j'avois nommé vm^il appendiculé. Il offre pour caractères : mâchoire inférieure carénée en dedans , ainsi que la supérieure , dénuée de dénis', mais garnie de petites protubérances ; plus de trenle rayons 'à la membrane des branchies; une seule nageoire du dos, avec un appen- dice à chacun de ses rayons. Le mugilomore atteint près de trois pieds de long. Sa chair est très-agréable, et sa couleur très-brillante. Lacépéde lui a donné pour nom spécifique celui de son estimable épouse , Anne Caroline. (B.) MUGNx\JO. Nom italien des I^.Iouettes. (.s.) MUGO et MOUJHES. Le Ciste ladanifère est ainsi nommé en Languedoc, (ln.) MUGOU. C'est, à Nice, le nom général des poissons du genre Muge. Le mugou carido est le muge provençal de Risso; le mugou daurin, le muge doré ; Je mugou flaveioiin , le muge sauteur ; le mugou labni , le muge céphale ; le mugou rnmado^ une variété de ce même muge céphale ; et le mugou sabouniéy une variété du muge provençal, (desm.) MUGUET , Convallaria ^ Linn. (^ Hexandne monogynie). Genre de plantes à un seul cotylédon , de la famille des aspa- ragoïdes, et qui comprend des herbes indigènes et exotiques, dont les fleurs sont axillaires ou en épi terminal. Ces fleurs n'ont point de calice. La corolle est monopétale, en cloche ,a IM U G ou en grelot , avec les Lor<îs découpés pfus on moins pro- iondément en six parties ; elle renferme six étamines , dont les filets en alcne portent des anthères oblongues et érigées; dans le centre est placé un germe globulaire qui soutient un style mince plus long que les étamines , et couronné par ua stigmate obtus e* à trois côtés. Le fruit est une baie ronde , tachetée avant sa maturité, et à trois loges, renfermant cha- cune une semence : souvent une de ces semences avorte par le renflement des deux autres. .. Desfontaines, Annales du Muséum^ a divisé ce genre en quatre; savoir: Muguet, Smilacina et Mai anthème. Depuis on a encore établi à ses dépens celui appelé Ophiopogue , Flugée , Slaterie et Evaterie, La plupart des muguets ont leurs feuilles sessiles et alter- nes; une espèce les a verticillées ; dans une autre, les feuilles embrassent la tige en forme de spalhe ; elles sont assez souvent unilatérales , ainsi que les fleurs. Les espèces les plus remarquables sont : Le Muguet de mai , Lis de mai. Lis des vallées, Conval- laria majab's , Linn. Cette jolie petite plante , qui ne s'élève qu'à cinq à six pouces , croît naturellement en Europe , dans les bois, dans les vallées, et à Tonibre des buissons. Ses (leurs paraissent au mois de mai , quand les violettes com- iraencent a se flétrir. Les bergères et les villageoises s'empres- , sent alors de les cueillir pour en parer leur sein ; l'odeur suave qu'elles exhalent approche de celle de la fleur d'orange; et leur blancheur jointe à leur petitesse contraste agréablement avec te vert luisant des larges feuilles qui les accompagnent. C'est du milieu de ces feuilles que s'élève la tige qui les porte ; cette tige est grille, anguleuse, nue et courbée sous le poids des Heurs qui sont disposées par intervalles vers son sommet, et tournées du même côté. Leur forme est celle d un petit grelot : les bords de la corolle sont légèrement découpés en six segmens obtus et réfléchis : chaque fleur est inclinée et portée par un pédicelle. Les feuilles , ordinairement au ïiombre de deux, partent immédiatement de la racine : elles sont ovales , pointues et marquées de veines longitudinales ; elles s'embrassent l'une et l'autre à leur base, en enveloppent la tige. Les baies qui succèdent aux fleurs mûrissent lente- ment : elles sont rouges, remplies de pulpe , et contiennent trois semences amères , presque aussi dures que la corne. Cette espèce est vivace , et offre deux variétés , l'une à fleur double , l'autre à fleur rouge. Elle se nvulliplie elle- même abondamment par ses racines fibreuses qui rampent sous terre, et s'y étendent à de grandes distances. Elle aime Tombre , se plaît dans une terre légère , et ne demande au^ M TT lî ,S cune culture ; il suRit de l'arroser dans les sécheresses, poai' empêcher ses racines de périr. L'odeur des fleurs du muguet est pénétrante ; son action se porte violemment sur les nerfs , et peut oecasioner des vsyncopes aux personnes délicates. On retire une belle cou- leur verte des feuilles de muguet macérées avec la chaux. Le Muguet anguleux , Sce\u de Salomon, Gowallaria polygonaium. , Linn. Cette espèce est vivacc , ainsi qv.c la pré- cédente , et croît spontanément dans les bois de l'Europe. Son nom vulgaire lui vient des empreintes de cachet ijue sa racine offre sur ses nœuds. Celte racine est grosse connue le doigt , longue , fibreuse , blanche , et située transversale- ment à fleur de terre. La tige est anguleuse , courbée , et garnie dans toute sa moitié supérieure de feuilles alternes qui l'embrassent à demi , et qui sont toutes rangées an même côté. Les fleurs sont opposées aux feuilles et unilatérales , tantôt solitaires, tantôt réunies deux à deux sur un pédoncule bifurqué et axillaire. Les jeunes pousses de cette plante sont tendres et nourrissantes ; on les mange apprêtées comme les asperges. Le Muguet a plusieurs fleurs , ConoaHana multi/lwa , Linn. Il vient sur les Alpes , et au milieu des bois sur les rochers. On distingue encore parmi les autres espèces : Le Muguet VERTICILLÉ , Conmllaria vertidllata , Linn. Cette plante est vivace et croît dans le Mirli de l'Europe. Le Muguet a grappes a les feuilles ovales , aiguës , sessi- les, et la panicule terminale et nue. 11 est originaire du Ca- nada , et se cultive dans nos jardins. Le Muguet quadrifide , Conmllaria hifoïia, Linn. , dont la corolle est à quatre divisions, et ne renferme que quatre étamines. Il est vivace , et on le trouve dans les bois monta- gneux , surtout du côté des Alpes, (b.) MUGUET DES BOIS ou PETIT MUGUET. C'est l'AsPÉRULE ODORANTE, (b.) MUGWORT. Nom de T Absinthe, dans le Yorskhire; c'est aussi le nom anglais de l'armoise, (ln.) MUHLENBERGIE ,71/M///ert/^f/-^/a. Genre de plantes de la triandrie digynie et de la famille des grauiinées , qui a été établi par Schreber, et qui offre pour caractères : une balle calicinale d'une seule valve très-petite et latérale ; une balle florale de deux valves ; trois étamines ; un ovaire superiejir , surmonté de styles plumeux ; une semenceovale. Ce genre renferme trois espèces propres à l'Amérique septentrionale , dont une est le Dilepyre de Michaux, et ï4 M F L l'autre \e Brachyélitre de Palisot <îe Beauvols. Elles ne présentent rien Ae remarquable, (b.) MUHLENSANDSTEIN. Nom allemand du grès ou quarz arénacé agglutiné (ln.) xMUfiLENSTÈlN (pierre à meules, en allemand). V. Pierre meulière. Ce nom désigne en général toute pierre à faire des meules de moulin, (ln.) MUHLSTEIN. F. Muhlenstein. (ln.) MU-HO/VN-XU, C est , en Chine, le nom d'une espèce de Savonier, Sapindus abruptus ^ Lour. , dont les fruits ser- vent à décrasser le linge et à le blanchir, (ln.) MUl-HON. Nom donné, en Chine, à la Rose cannelle, Rosa cinnamomea , qui y est très-cultivée ainsi qu'à la Co- chinchine. Ta-mui-hoa , est le nom de laKosE à cent feuilles. (LN.) MUIRE. Nom qu'on donne dans les salines à l'eau salée des sources , lorsqu'après avoir passé par les bâiimens de graduation , elle est parvenue au point de pouvoir être mise en évaporation dans les chaudières, (pat.) 'MUI VA. Nom que les Portugais du Brésil donnent à une espèce de Melastome ( M. holosericea , L. ). (ln.) MUCAGO-NISEN. Nom japonais du Chervi (5/um sisarum ). (LN.) MUKEICA et METHECA. Noms arabes du Sebestier, Cardia mixa , Linn. (LN.) MU-KELEGU. C'est IIsgname cultivée, figurée dans Rhéede , lab. 71. (b.) MUKÈSE et MUKNÈZE. V. Morusel. (ln.) MU-NO-KI. Nom qu'on donne , au Japon , à une es- pèce de Prunier , Prunus aspera^ Thunb. (ln.) MUKSON. Synonyme de MouKSOUN. (b.) MUKUNGE. Au Japon, c'est le nom d'une espèce de Ketmie que Thunberg dit être la même que celle de Syrie , Hibiscus syriacns, que nos jardiniers nomment alihea fruiex.Ç^LVi.} MULACCHIA, MUNACCHIA, MOUNACGHIA. Noms italiens de la Corneille jiantelée, (v.) MULALE. Nom donné , sur la côte orientale d'Afrique , à un Do/m/er qui paroît être une espèce de Coryphe, Corjpha Africana , Loureiro. (ln.) MULAMBE1R.A. Nom donné, sur la côte orientale d'Afrique, à un grand arbre dont Loureiro fait un genre qu'il appelle o/?/tc/Ms sitularim ^ L. C'est peut-être une espèce de Baobab. Les fruits de cet arbre , longs d'un pied et plus , sont employés, par les naturels, en guise de seau et de bouteille , et de plus servent de pot pour conserver des li- queurs, des graines , des légumes. V. Ophèle. (ln) MUL\R. Célacé du genre physetère de M. Lacépède. V, ce mol. (DËSai.) MUL V r. Poisson du genre Holacanthe. (b.) MULATRE. On a coaîurne d'appliquer ce nom, analogue àceluldii mulet, au's individus de l eàpi.e hum-^ine engendrés dune race blanclie et d'une noire. Gl'S mélanges sont fiéquens dans les pays qui réunissent ces deux sortes d'iiommes. Les blancs se font rarement scrupule d'abuser de leurs négresses esclaves, et celles-ci succombent d'aulant plus tôt à la séJuc- tion, qu'elles en espèrent quelque avanfage ou quoique adou- cissement dans leur esclavage. Il seroit digne de la sagesse des lois de réprimer cet abus , d'autant plus nuisible, qu'il est la source d'une foule de désordres civils, que les in lividus qui en sortent n'ont ni l'intelligence perfectionnée des blancs , ni la soumission laborieuse des nègres, et qu'étant mal élevés, pour l'ordinaire ils sont plus dangereux qu'utiles aux colonies euro- péennes. On lesy distingue sous le nom d hommes de couleur. Dans les différens mélanges des races et des espèces hu- maines , on peut établir quatre degrés ou générations. La première est celle des mélanges simples : par exemple , un blanc européen avec une négresse produisent un véritable mulâtre , qui tient également des deux espèces par la cou- leur , la conformation, la figure , les habitudes, le carac- tère, etc. Si ces mulàires se marient entre eux, Ils engendrent des individus semblables à eux , qu'on nomme casques. Les blancs, avecles Indiens asiatiques, donnent des indi- vidus mixtes , qu'on appelle plus particulièrement métis ; avec les Américains originaires , Ils produisent des mesdces oa jnesf-inJiens. Le nègre avec l'Américain caraïbe engendre un zambi ou lobus , et ces mélanges simples peuvent tous se per- pétuer entre eux ou avec d'autres races, et former une caste. La seconde génération comprend les produits des mélis précédens , mélangés avec une race primitive. Dans ces li- gnées , une tige forme les deux tiers , et l'autre tige n'y tient plus que pour un tiers , ce qui fait varier les individus suivant cette proportion. Ainsi , un blanc uni à un mulâtre donne des terrerons ou morisques; si c'est à un mélis, l'individu est un castisse indien ; si c'est à un mestice , on obtient un quatrahi ou castisse. Si un nègre engendre avec une mulâtresse , on a des griffes o\x cabres. Si un caraïbe se marie à un zambi , le pro- duit est un zambaigi; à un mestice , on obtient un trésahe ; à un mulâtre , on a un mulâtre funcé. Les carierons ( mélanges du mulâtre ou mulâtresse avec la blanche ou le blanc ) ont une lé- gère teinte basanée de peau ; les femmes ont les lèvres de la bouche et celles du vagin violettes; les hommes carierons ont i6 M TT L le scrotum noir. En général, celle teinture noire se conserve davantage dans les organes sexuels et nutritifs que dans les autres parties. Dans la troisième lignée ou génération , le blanc avec le terceron donnent un quarteron ou albinos ; avec le caslisse in- dien , un poslisse; avec le qualralvi , un octavon. Dans ce cas , il n'y a plus qu'une partie d'un sang sur quatre d'un autre sang; mais les mélanges se compliquent encore davantage quand les castes mélangées s'unissent entre elles. Ainsi, un terceron avec un mulâtre engendrent un salkdras ; un mestir e avec un quarteron forment un coyote ; un griffe avec un zambi donnent un gweros; un mulâtre avec un zambaigi produisent un camhuj'os. Dans cette seconde division de la troisième li- gnée , tous les produits sont au moins de sept à huit sangs dif- férens. A mesure que ces complications se multiplient , toutes les grandes différences de chaque sang s'effacent et se modi- fient les unes par les autres, de telle manière que ces pro- duits n'ont aucun caractère bien marqué. Nous avons encore une quatrième génération. La race blan- che unie au quarteron forme un quinteron ; avec un octavon caraïbe , c'est un pur.huelas ; avec un coyote , on a un harnizos. Un mulâtre avec un cambujo donne un alharassados ; avec un albarassados , on obtient un barzinos. On n'a pas décrit tous les mélanges qui peuvent se faire , soit qu'ils n'aient pas été remarqués , soit qu'on ait négligé de les tenter. Mais on sent bien que ces variétés peuvent se multiplier en progression géométrique et former une multitude de modifications ; cha- cune d'entre elles conservera plus ou moins ses traits origi- naires , en raison des différentes affinités qu'elle aura avec sa tige primitive. {Voy. rHist. natur. du Genre hum., tom, i.^"^ ) Tous ces termes donnés aux divers mélanges des races , si souvent confondues ensemble et sans ordre dans les auteurs et les voyageurs ; presque tous ces termes , dis-je , appartien- nent aux langues portugaise et espagnole , parce qu'on a d'a- bord observé ces castes dans les colonies de ces nations. Sui- vant quelques observateurs, et surtout Ulloa , Twiss, ces mélanges se perpétuant chacun dans leur propre caste, re- tournent , à la troisième génération , à leur race primitive , les sangs étrangers disparoissant et s'épurant successivement d'eux-mêmes. Si ce fait est constant , c'est une preuve que la nature tend à ses formes originelles, qu'elle ne transige point avec nos unions adultères qui semblent contrarier ses fins, et qu'elle revendique toujours ses droits lorsque nous cessons de lui faire violence. Ce seroit aussi une preuve que chaque race primitive d'homme est essentiellement différente d'une autre race , ou plutôt qu'elle forme des espèces véritables , outre IST U L ,j, les modifications des climats , des nourritures , des habi- tudes, etc. V. Homme. Les diverses castes mélangées qu'on remarque dans près-' que toutes les colonies , sont regardées comme la lie du genre humain par la plupart des blancs ; car ce sont ordinairement des bâtards , des produits d'une union furtive et repoussée par la société policée et les lois. Cependant, comme les mariages réguliers sont possibles entre les diverses castes , les individus qui en proviennent ayant reçu uue éducation soignée de- viennent en général robustes et bien conformes ; ce qui jus- tifie l'opinion que le croisement des races perfectionne les in- dividus. Pour ce perfectionnement, il n'est pas besoin toute- fois de recourir à des unions de races différentes et éloignées mais seulement à celles des familles diverses de la même race. Par exemple , il n'est pas nécessaire , pour avoir des enfans robustes et d'une bonne complexion , de marier un blanc avec une négresse , mais seulement d'unir un Européen avec une Européenne d'une autre famille ou dua pays voisin. Par ces mélanges depuis long-temps usités, les caractères nationaux se sont preque entièrement effacés ; les migrations des peu- ples du Nord, les conquêtes , les colonies, les révolutions des empires ont multiplié le croisement des familles sans utilité réelle pour l'espèce humaine , puisque les nations modernes , si confondues entre elles , ne sont pas plus robustes et plus vigoureuses que leurs ancêtres. Au contraire, c'est une ob- servation générale , que les mœurs se perverlîssent en pro- portion des mélanges. Les lumières deviennent, à la vérité, plus générales ; mais les maladies se répandent au loin parla même raison , comme nous l'avons vu pour la petite-vérole , la lèpre et la maladie vénérienne, (virey ) MULBERKY TREE. Nom anglais du Morier. (ln.) MULDVARP. Nom danois de la Taupe; Mullvaden en est le nom suédois, (desm.) MULE. C'est la femelle du Mulet, (desm^ M ULET. Voyez MuLLE. (s.) MULET ou MULE. Quadrupède produit par l'union des espèces de l'âne et du cheval. Le mulet qui provient de l'accouplement de l'âne et de la jument, est le mulet proprement Aïi{mulus) ; il a la tête plus grosse et plus courte que le cheval; ses oreilles sont presque aussi longues que celles de l'âne. Comme ce dernier, il a les jambes sèches et la queue presque nue ; mais il tient davan- tage de la jument par la grandeur et la grosseur du corps , par l'avant-main , par l'encolure , par l'arrondissement des cotes, par la croupe , la hanche , etc. Le mulet qui est le résultat de l'union du cheval avec Tâ- XXII. n ,8 ^I U L nesse , porte le nom de haràeau (hinnus ) ; sa têle est plus longue et plus petite , proporlions gardées , que celle de l'âne ; ses oreilles sont aussi plus courtes , ses jambes plus fournies , sa queue plus garnie de crins que celle de l'âne. 11 est plus petit que le mulet proprement dit ; son encolure est plus mince , son dos plus tranchant , sa croupe plus pointue jCI plus avalée. C'est à tort que l'on a prétendu que les mulets étoient «absolument inféconds. Ils ont, comme les autres animaux , tous les organes propres à la génération , et Ton a des exem- ples qui prouvent que le mulet peut engendrer et que la mule peut produire: cependant, « ils n'ont jamais produit, dit Buffon , dans les climats froids ; ce n'est que rarement qu'ils produisent dans les climats chauds , et plus rarement encore dans les climats tempérés : aussi leur infécondité , sans être totale , peut néanmoins être regardée comme positive , et cette infécondité est beaucoup plus grande dans le bardeau que dans le mulet proprement dit; car celui-ci lient de son père l'ardeur du tempérament à un très-haut degré , tandis que le bardeau provenant du cheval et de l'ânesse , est moins puissant en amour et moins habile à engendrer ». Le mulet proprement dit est fort estimé; presque aussi fort que le. cheval, il est aussi adroit que l'âne ; il bronche rare- ment; aussi il est employé avec beaucoup d'avantages dans les pays montueux. En Espagne , en Italie , et en général dans presque tous les pays méridionaux de l'Europe , on s'en sert comme de bête de somme , et il remplace très-bien le cheval dans le service des routes. Les Espagnols ont multiplié tes mulets au Paraguay ; ils y sont très-petits et ne sont pas employés au labourage. Ils forment une branche importante de commerce de cette pro- vince avec le Pérou ; chaque année , soixante mille mulets sont exportés pour ce dernier pays , où ils sonttrès-estimésv les Indiens des Cordilières les préfèrent même aux chevaux. Dans cette partie de l'Amérique , on ne connoît pas du tout le bardeau. Aristote a donné le nom de mulet fécond à I'Onagre ou I'Ane sauvage. On appelle yuma/-^ le prétendu produit du cheval avec la vache , ou du taureau avec la jument. Voyez Cheval et JUMARÏ. (desm.) MULET. Ce mot se prend aussi pour le métis des ani- maux. Voyez ce mot. (Virey.) MULET BARBET. C'est le Mulle rouget, (b.) MULET FÉCOND DE DAOURIE. Dénomination sous laquelle Messerchmidt a parlé du dzigithai , es- M U L tç) pèce de cheoal des déserfs de la Daourie , vers les frontières de la Tartarie chinoise. Foyez l'arlicle Cheval, (desm.) MULET-HINî^US ou GINNUS. C'est ainsi que les anciens distinguoient le Bardeau ou le Mulet engendré par le cheval et l'ânesse (s.) MULETS. On donne ce nom aux individus neutres de certaines espèces d'insectes hyménoptères ou névroptères, comme les aheilles , les fourmis, et les termes. On les appelle aussi soldats , tels que ceux des ternies et des fourmis ; ou bien oiu>rières, tels que ceux des abeilles. Il paroît que ces derniers ne sont que des femelles , dont les larves ont été nourries avec une pâtée différente de celle qui est employée pour les reines ou vraies femelles , et qui ont été placées dans des avéoles plus étroits, (desm.) MULETTE (^fauconnerie'). C'est le gésier ou estomac des oiseaux de vol. Lorsqu'un de ces animaux a le gésier embar- rassé et malade, les fauconniers disent qu'il a lat^ivlette. (s.) MULETTE. Unio. Genre de testacés de la famille des Bivalves, qui offre pour caractères: une coquille transverse, ayant trois impressions musculaires ; une demi-dent cardi- nale, irrégulière , calleuse , se prolongeant d'un côté sous le corselet, et s'articulantavec celle de la valve opposée. Les coquilles de ce genre étoient des Myes dans Linnseus. Elles ont étéconfondues avec les ANOnONTESquifaisoient par- tie des moules du même auteur; on les appelle vulgairement moules d eau douce. C'est à Bruguières qu'on doit de les avoir distinguées. Léach , dans ses Mélanges de Zoologie , a établi le genre DiPSAS intermédiaire entre celui-ci et les anodontes. Les animaux qui habitent les muleit^s ne font saillir aucun tube. Ils ont un pied musculeux qu'ils font sortir en forme de lame transversale , et qui leur sert à se transporter d'un lieu dans un autre , et à s'enfoncer dans la boue ou dans le sable pendant l'hiver pour échapper au froid, et pendant l'été , pour se soustraire à l'effet du dessèchement des eaux. J'ai ob- servé , en Amérique , qu'ils restoient en vie dans des vases assez durcies pour ne pouvoir être entamées avec la bêche, et ce , pendant trois ou quatre mois de l'été où ils n'avoient que des pluies momentanées pour se rafraîchir. Beudant est parvenu, en procédant graduellement , a ac- coutumer les espèces de ce genre à vivre dans l'eau salée. Poli, dans son ouvrage sur les testacés des deux Siciles, a donné l'histoire et l'anatomie d'une espèce de ce genre , ac- compagnée d'excellentes figures. M r'n résulte que l'animal qui l'habite forme parnw les mollusques un genre nouveau, nt 20 y^ li !-! qu'il est vivipare à la manière âes anodonics dont il est congé- nère. V. AisoDONTE et Coquillage. Une espèce de ce genre, la Mulette margaritifère , est célèbre à raison des perles qu'elle produit , et dont on lire un certain parti sous ce rapport, dans le nord de l'Europe et de l'Asie. Les perles n'étant qu'une cxiravasation de la matière qui sert à former l'intérieur de la coquille, toute coquille qui est nacrée en dedans, peut en donner, soit qu'elle habite la mer ou les tleuves. Or , la mulette en question est dans ce cas , mais encore plus souvent que I'Avicule perlière : au lieu de perles rondes et détachées du test, on n'y trouve que des tubercules nacrés adhérens, et rarement d'une certainevaleur. Linnœus, qui avoit remarqué que l'animal formoit à vo- lonté de ces tubercules , pour mettre obstacle au percement de sa coquille par les vers qui vivent à ses dépens, avoit pro- posé d'en faire produire artificiellement en la perçant avec une tarière. Ce moyen, dont le gouvernement de Suède a fait un secret , a réussi jusqu'à un certain point ; mais le nombre des perles marchandes qu'il fournissolt étoit si peu considérable à proportion des tubercules nacrés , dont la vente n'étoit pas avantageuse , que la dépense Temportoit sur la recette , et le projet a été abandonné. Une autre espèce de mulette est très-connue, parce qu'elle est très-commune dans les rivières , et qu'elle sert aux pein- tres à mettre les couleurs préparées. Les coquilles des mulettes sont, en général, épaisses, d'une couleurbrune, presque uniforme en dehors, et plus oumoins nacrée en dedans. Elles sont assez difficiles à distinguer par la description , parce que leurs différences résident presque uniquement dans leur forme. Il y a seize espèces de mulettes gravées pi. 24.7 et suivantes de V Encyclopédie , dont les plus importantes à connoître sont : La Mulette margaritifère, qui est ovale, avec le devant plus large, et le sommet rongé. Elle se trouve dans les lacs et les étangs boueux de l'Europe ; c'est elle qui fournit des perles. La Mulette carolusietsne est ovale , allongée , et a les sommets rongés. Elle est représentée au quart de sa grandeur naturelle, pi. 23 , n." 2 de Ihistoire naturelle des coquilles , faisant suite au Buffon de Déterville. Elle se trouve dans les eaux dormantes de la Caroline , où je l'ai observée, décrite et dessinée. La Mulette des peintres est ovale , et a les sommets entiers. Elle se trouve dans les rivières , elle est très-com- M U 1. 21 mune dans la Seine. On la mange à Naples , au rapport de Poli. Vuyez , pi. G i4 où elle est figurée, (b.) MULIN, MuUnum. Genre établi dans la penlandrie di- gynie et dans la famille des ombelllfères , pour placer quatre plantes d'Amérique qui diffèrent extrêmement peu des Sélins. Il a pour caractères : ombelle simple à involucre poîyphylle ; calice dentelé; pétales jaunes ; fruit très-renllé , ovale , pro- fondément sillonné , à angles arrondis. (B.) MUUNUM. V. MuLiN. (LN.) MULION , Mulio. Genre d'insectes de l'ordre des diptè- res, famille des tanystomes, tribu des anlbraclens, distingués de ceux de némestrine et à'anihmxe, appartenant à la même tribu , par les caractères suivans : palpes retirés dans la ca- vité buccale ; trompe pas plus longue que la tête , saillante ; les deux premiers articles des antennes presque de la même longueur; le dernier allongé , d'abord cylindrique , puis ter- miné en forme d'alêne courte ; stylet du sommet peu dis- tinct. Fabricius a établi ce genre ; mais l'ayant appelé cytherea , nom qui ne diffère que par une lettre de celui de cythere, dé- signant dans Muller un genre à^ eniomosiracés , nous avons été obligés de rejeter cette dénomination, et de lui substituer celle de million. L'illustre entomologiste de Kiell a donné en- suite ce dernier nom à un genre qu'il a formé de plusieurs syrphes. Il en résultera qu'à la fin on ne pourra plus s'en- tendre. Les millions ont le corps court ; la tête assez grosse , pres- que globuleuse ; le corselet un peu bossu ; les ailes grandes , horizontales, écartées; les balanciers petits; l'abdomen plus long que le corselet , conique; les pattes longues, menues, les tarses sanspelotes distinctes. Leur antennes sont très-écarlées l'une de l'autre , caractère qui distingue ce genre de ceœ: de la tribu des bombyliers ; elles sont de moitié au moins plus courtes que la tête, de trois pièces , dont les deux premières presque également longues , et dont la dernière se termine en alène,avec un stylet très-petit au bout. Les petits yeux lisses sont écartés. Ce genre est peu nombreux; la seule espèce connue que l'on trouve en France , est le MuLiON obscur. Il a environ cinq à six lignes de longueur. Tout le corps est noir , mais couvert d'un duvet cendré ; la trompe , les antennes et les pattes sont d'un brun noirâtre à la base. Cette espèce est la cyihérée obscure de M. Fabricius. Elle a été figurée par M. Co- quebert, dans la seconde décade de ses Illustrations icono- graphiques des insectes , pi. 30, fig. 6. On ne latrouve que dans les départemens les plus méridio- 22 l^J U î^ natix. Voyez ^ quant aux mulions de M. Fabricîus , les genres Chrysostoxe et Aphrite. (l.) MULLA. Dans Rhéedece nom se trouvera lasnitede ceux qu'on donne au Malabar à diverses espèces de jasminées , et paroît être , en conséquence , synonyme de notre mot jas- min. Ainsi \e f:aiu pitsjegam-mul/a désigne le mogorhim tiiflo- riim , LK , et le caiu-tsjiregam mulla , le mogorium miiliiflonun , LK. ClN.) MULLE ou MULET, MuUus. Genre de poissons de la dlvisioti des Thoraciques, dont les caractères consistent à avoir le corps couvert de grandes écailles, qui se détachent facilement-, deux nageoires dorsales, plus d'un barbillon à la mâchoire inférieure. Ce genre , qu'il faut bien se garder de confondre avec celui du MUGIL comme le font beaucoup de personnes , à cause de la similitude des noms, renferme quatorze espèces, dont plusieurs sont célèbres à raison de la bonté de leur chair. Le MuLLE rouget , Mullus harhatm , Linn. , a le corps et la queue rouges, point de raie longitudinale, les deux mâ- choires également avancées. ( F. pi. G. i, où il est figuré.) Il se trouve dans toutes les mers d'Europe , où il parvient à huit à dix pouces de long. C'est le barbei et le surmulet Ae quel- ques auteurs. Il ne faut pas le confondre avec le Trigle ROUGET, Trigla cuculus. La tête de ce poisson est tronquée, large , comprimée et couverte d'écaillés qui se détachent facilement, et qui sont transparentes. Les mâchoires sont d'égale longueur et armées d'une grande quantité de petites dcnis ; le palais est rude , !a langue lisse et le gosier garni de quatre os en forme de lime. IjC menton est orné de deux longs barbillons. Le*; narines n'ont qu'une ouverture. Les yeux sont pourvus d'une mem- ])rane. Les opercules sont unis , et les ouïes grandes. La ligne l.itérale est près du dos. Tous les rayons de la première dor- sale sont aiguillonnés, ainsi que le premier dans la seconde, dans la ventrale et dans l'anale. Le ventre est argentin et les nageoires jaunes. C'est de crustacés et de petits poissons que vit- le muUe rouget. On le prend au filet et à la ligne. Il a la chair blan- che , ferme et de très-bon goût. Il a été connu des Grecs et des Romains , qui en font souvent mention dans leurs ou- vrages. Ces derniers, dans le temps où les vertus républi- caines avoient cédé la place aux vices de toute espèce, où le luxe le plus effréné et la gourmandise la plus grossière étoient les seuls moyens de se distinguer parmi les esclaves ram- pans à la cour du despote , ont payé ce poisson des sommes énormes ; Suétone en cite trois qui furent vendus So.ooo M U L 23 sesterces , c'est-à-dire , 6000 francs. Ce n'étoit pas seulement comme manger qu'on les recherchoit avec tant d'ardeur, ce n'étoit pas seulement pour les nourrir dans des bassins où l'onpouvoit admirer l'éclat de leur robe, c'étoit encore pour s'y donner le barbare plaisir de les faire expirer entre les mains , pour jouir de la variété des nuances pourpres , vio- lettes ou bleues qui se succédoient depuis le rouge du cinabre jusqu'au blanc le plus pâle , à mesure que passant par tous les degrés de la diminution de la vie, et perdant leurs forces , le sang de ces poissons se concentroit dans les gros vais- seaux. L'âme se révolte, à l'idée d'une barbarie aussi futile, qui heureusement n'est plus dans nos mœurs. Le MuLLE SURMULET a le corps et la queue rouges ; des raies longitudinales jaunes ; la mâchoire supérieure un peu plus avancée que l'inférieure. Il se trouve dans les mers d'Eu- rope, et dans celles d'Asie et d'Amérique ; il a été assez gé- néralement confondu avec le précédent, dont il diffère fort peu. On le connoît, sur les côtes de France ,sous le nom de barharln , de rouget barbé et de mulel barbé. Les anciens , qui l'estimoient autant que le muUe rouget , l'avolent consacré à Diane, et faisoient beaucoup de contes à son sujet. Sa gran- deur est ordinairement d'un pied. 11 va par troupes faire au printemps sa ponte sur les rivages de la mer, à l'embouchure des rivières , où on le prend au filet ou à l'hameçon. Le MuLLE JAPONAIS a le corps et la queue jaunes , et point de raies longitudinales. On le trouve dans les eaux du Japon où il a été observé par Houttuyn. Le MuLLE ORIFLAMME a le dos bronzé ; une raie longitu- dinale , large et rousse, de chaque côté du corps; une tache noire vers l'extrémité de la ligne latérale ; la nageoire de la queue jaune et sans taches; les barbillons blancs ; les dents petites et nombreuses. Il est figuré dans Lacépède, vol. 3, pi. i3. On le voit dans la mer Rouge et dans celle des Indes. Le MuLLE RAYÉ est blanchâtre , a cinq raies longitudi- nales de chaque côté , deux brunes et trois jaunes , les na- geoires de la queue rayées obliquement de brun ; les barbil- lons de la longueur des opercules ; les écailles légèrement dentées. Il est figuré dans Lacépède , vol. 3 , pi. tl^. Il habite la mer Rouge. Le MuLLE TACHETÉ a la tête, le corps , la queue et les nageoires rouges; trois taches grandes, presque rondes et noires de chaque côté du corps ; huit rayons à la première nageoire du dos; dix à celle de l'anus. Il est figuré dans Bloch , pi. 348, et dans le Buffon de Deterville , vol. 5 , paç. 87. Il se pêche sur les côtes du Brésil. 24 INT V L Le MuLLE DEOX BA^TDES a une bande très-foncée , trans- versale et terminée en pointe à l'origine de la première na- geoire du dos ; une bande presque semblable vers l'origine de la nageoire caudale, divisée en deux lobes très-distincts; la tête couverte d écailles semblables à celles du dos ', les barbillons épais à leur base et déliés à leur extrémité. 11 est figuré dans Lacépède , vol. 3 , pi. i4.. Commerson l'a ob- servé , décrit et dessiné dans la mer des Indes. Le MuLLECYCLOSTOME n'a point de raies, de bandes ni de taches; l'extrémité de ses barbillons atteint à l'origine des nageoires thoracines; l'ouverture de sa bouche représente une très-grande portion de cercle ; sa ligne latérale est parallèle au dos; il a huit rayons à la première dorsale. Il est figuré dans Lacépède, vol. 3 , pi. i4, et se trouve avec le précédant. Le MuLLE TROIS BATSDES a trois bandes transversales , larges , très-foncées et finissant en pointe ; la tête couverte d'écaillés semblables à celles du dos ; l'extrémité des barbil- lons atteignant à l'extrémité des nageoires thoracines. Il est figuré dans Lacépède , vol. 3, pi. i5. On le pêche avec les précédens. Le MuLLE MACROTSÈME a une raie longitudinale de chaque côté du corps ; une tache noire vers l'extrémité de la ligne la- térale; sept rayons à la première dorsale; l'extrémité des barbillons atteignant l'extrémité des nageoires thoracines. Il est figuré dans Lacépède , vol. 3 , pi. i3. On le trouve avec les précédens. Le MuLLE BARBERIN a une raie longitudinale de chaque côté du corps ; une tache noire vers l'extrémité de la ligne latérale ; huit rayons à la première dorsale ; lextrémilé des barbillons n'atteignant que jusqu'à la seconde pièce des oper- cules ; cette seconde pièce garnie d'un piquant recourbé. Il est figuré dans Lacépède , vol. 3 , pi. i3 , et habite les mêmes mers que les précédens. Le Mulle rougeâtre a le corps et la queue rougeâtres ; une tache noire vers l'extrémité de la ligne latérale ; la se- conde nageoire dorsale parsemée , ainsi que la nageoire de l'anus et celle de la queue , de taches brunes en forme de lentilles, il habite les mers des Moluques. ,Le MuLLE ROUGEoa, MuUus chryserythrosj a le corps et la queue rouges; une grande tache dorée entre les nageoires dorsales et celles de la queue ; des rayons dorés aboutissant à 1 œil ; les opercules dénués de piquans , mais non d'écaillés ; les barbillons atteignant jusqu'à la base des nageoires thora- cines, et se recourbant ensuite ; quatre rayons à la mem- brane des branchies. Il se trouve avec le précédent. Le MuWiE CORDON JAUKE a le dos bleuâtre ; une raie laté- M U L 25 raie e* longitudinale dorée ; la nageoire de la queue et le sommet de celle du dos, jaunâtres ; trois pièces à chaque oper- cule; un petit piquant à la seconde pièce operculaire ; les opercules dénués d'écaillés semblables à celles du dos ; quatre rayons à la membrane des branchies; les barbillons recour- bés et n'atteignant pas tout-à-fail jusqu'à la base des nageoires thoracines. Il se trouve avec les précédens; et c'est encore à Commerson qu'on en doit la connoissance. (b.) MULLE. Nom de la plus mauvaise qualité de Garatsce. (B.) MULLEIN. Synonyme anglais de Mollène. (ln.) MULLER, Miillera. Genre de plantes établi par Linnseus. C'est le couBLANDiE d'Aublet. (b.) MULLER-GLAS et MULLERISGHES-GLAS. Nom allemand du quarz hyalin concrélionné. ( Voy. cet article et Hyalite.) (ln.) MULLET. Nom du macareux, dans la province d'Yorck. (V.) MULLEYH. Nom arabe d'une espèce de Soude , salsola fœlida , Delil. (ln.) MULLEYH etA'DBEH. Noms arabes du reaumunaver- miculata , L. (ln.) MULLI de Garcillaso. V Murlle. (ln.) MULLI ou MOULLL Nom péruvien du Poivrier du Pérou, schînus molle ^ L. (ln.) MULM. Les mineurs allemands nomment ainsi un mine- rai quelconque effleuri, décomposé, friable ou en poudre. (ln.) MULOT , Mus sybaticus , Linn. Mammifère rongeur du genre des Rats proprement dits. V. ce mol. (desm.) MULOT (grand). V. Rat surmlulot. (desm.) MULOT BLEU DU CHILL C'est un animal fort peu connu, qui a été décrit imparfaitement par Molina , sous le nom de Guangue , Mus ryaneus. (desvi.) MULOT A COURTE QUEUE. Dénomination appli- quée au Campagnol. V. ce mot. (s.) MULOT YOLANT. Voyez ûIyoptère Rat-volant. (desm.) MULOTTER {terme déchusse). C'est l'action Au sanglier qui fouille les caveaux du mutai, pour se repaître du grain qu'il y trouve amassé, (desm.) MULTINERVI \. L'on a nonimé ainsi autrefois le ;;/a/î- tain^ à cause de sas feuilles marquées de plusieurs nervures longitudinales, (ln.) .6 ^T 11 L MULTIPLIANT. Les Français de Pondîchérî appellent ainsi le figuier des pagodes (b.) MULTIVALVES. On appelle ainsi tous les coquillages qui ont plus de deux valves. Quoique cette classe semble être bien caractérisée, on n'est pas d'accord jusqu'à présent sur les coquilles qui doivent en faire partie. Lamarck, par exemple, pense que les pholades ^ les tareis et les fistulanes , doivent être regardés comme des bivalves qui ont des pièces accessoires , et que les oscabrions sont des mollusques nus , dans le dos desquels sont encaissées de petites lames testacées. En adoptant cette opinion , qui est très-certainement fondée sur des bases solides, il faudroit supprimer la classe entière des multivalves; car les deux seuls genres qui y resteroient , les anatifs et les balanites , sont formés par des animaux étran- gers aux mollusques , et qui pourroient faire seuls une classe voisine des radiaires de ce naturaliste , classe qu'on dit que Lamarck a en effet éf^ablie dans son dernier cours. On compte buit genres dans les muhîvahes , dont les ca- ractères se tirent tantôt de la position des valves , tantôt de leur nombre , tantôt de leurs rapports ; savoir : Oscabrion, Anatif, Balanite , Pholade, Taret, Fistulane, Ats(o- MiE et Calc.éole. (b.) MULTUN(iUL\ (^plusieurs sabots). Nom donné par llli- ger aux mammifères pachydermes. Il est en opposition avec celui de solidungida ^ appliqué à l'ordre qui renferme le genre du cheval , et qui forme notre famille des Solipèdes. (desm.) MULU. Suivant d'anciennes relations , les Chinois don- nent le nom de mnlu à une race de cerfs , qui paroît être Vhip- pelaphe ou cerf des Anîennes. V. au mot Cerf. (s.) MULUS. Nom latin du midet. (desm.) MUMIE. V. Momie, (v.) MUMINAHl. Nom qu'on donne en Perse au Naphte. V. Bitume, (lis.) MU-MINFO. C'est, à Canton, en Chine, le nom d'une espèce de SarrÈte, Serratula multijlora^ Lour. (ln.) MUNACGHIA. Nom de la corneille mantelée en Italie, (s.) MUNCHAUSIER, Munchausia. Très-bel arbrisseau de rinde , dont Linnœus avoit fait un genre particulier , mais que Lamarck a réuni au lagerstrome dont ilne diffère que parce qu'il a les élamines inégales, (b.) MUNCHUSIA de Heister. Ce genre de plante est rentré dans celui des Ketmies , Hibiscus, (ln.) MUNCOS. Dans Rumphius , c'est la Mangouste de l'Indl. V. ce mot. (desm.) l\ U N 27 MUNDA-VALLI. Nom malabare d'une espèce de Lise- ron , Conwlmlus grandiflorus , L. C'est aussi le nom de Vipo- meahoîia nox, espèce de Quamoclit. (ln.) MUNDHOLZ. L'un des noms du Troène en Alle- magne, (ln.) MUNDIC. Nom que l'on donne, en Allemagne, au Fer ARSENICAL. (LN.) MUNDICK des Anglais. V. Pyrite, (ln.) MUNDOURE. Nom du spare mendole. (b.) MUNDUBL Nom brasilien de Varachis hypogœa, selon Marcgrave et Pison; le mundubi d' Angola ou pois d'Angole, est le glycine suhierranea ; enfin, le MUNDUBl GUAÇU, est le jatropha curcas. Quelques auteurs écrivent manduhi au lieu de mundubi. (LN.) MUNDUI-GUAÇU de Pison. F. Mundubï-guaçu, à l'ar- ticle Mundubi. (ln.) MUNGO. Dans le Systrma naturœ de Linnseus , la man- gouste porte le nom de viverm mungo. V. Mangouste; (desm.) MUNGO. Nom indien d'une espèce de Haricot , pha~ seoltis mungo. (ln.) MUNGOS. C'est sous cette dénomination indienne que Ton connoît depuis long-temps les graines de Vophîonhiza mungos , L. , que Garcias nomme mungo , et Avicenne messe. (ln.) MUNGUL. V. Gros-bec mungul. (v.) MUNIS et NESCHASCH. Noms arabes de Vinuleodo- ra«fe, suivant F orskaè'l. Elle est cultivée dans les jardins de TArabie-Heureuse , à cause de son parfum. On mange ses feuilles crues, et les femmes les mêlent dans leurs cheveux. Les Arabes l'appellent également Chaa. (ln.) MUNISTERou MUNÏSTIER. Jonsion et Gesner rap- portent ces noms au honasus ^ race de bœufs de Paonie , dont parle Aristolp , et qui paroît se rapporter à l'espèce de V aurochs. Voyez ce mot. (desm.^ MUNNOZE, MunuGzia.ijexïVQ de plantes de la syngé- nésie polygamie sup -iilue , et de la famille des corymbifères , fort voisin des Golomellies, qui offre pour caractères : un ca- lice commun campimulé, imbriqué d'écaillés membraneuses^ dont les exlérieures sont plus larges, et les intérieures trifides ; un réceptacle convexe creusé de cellules ciliées enleursbords, et garni de fleurons hermaphrodites dans son disque , et de demi-fleurons tridentés, femelles fertiles, à sa circonférence ; des semences ovales , tronquées , striées , et surmontées d'une aigrette velue. 28 INI U R Ce genre renferme quatre espèces. Ce sont des arbrisr seaux du Pérou, à feuilles opposées et velues, (b.) MUNSTER-PLUMBS. L'un des noms anglais de la Batate. (ln.) MUNTINGIA. Genre de plantes établi par le Père Plu- mier , et consacré à la mémoire d'Abrah. Munting, méde- cin-botaniste hollandais, qui vivoit vers la fm du dix-seplième siècle. Plumier rapportoil à ce genre plusieurs plantes , qui rentrent dans le genre celtis ( MicO(;oulier). Le genre mun~ iingia de Linnaeus ne contient qu'une espèce ; c'est le cala- luraalba de Plumier. V. Calabure. (ln.) MUNTJAC. C'est le nom d'un quadrupède ruminant du genre des Cerfs, (desm.) MUOLLO. Nom nicéen àa poisson lune oncèphale. (desm.) MUONG-CHUONG-CHUM. C'est en Cochinchine le coccoloha cymosa, Loue, espèce de Raisinier. (ln.) MUOP-DANG. Nom donné en Cochinchine au momor- dica charantia^ Lour., plante de la famille des cucurUtacées. (lw.) MUOP-KHEN, Une espèce de Concombre, Cucumis acutangulus ^ Tw. , est cultivée sous ce nom en Cochinchine. (ln.) MUOP-NGOT. En Cochinchine , on nomme ainsi le Soqua des Chinois. V. ce mot. (ln.) MUOP SAOC. C'est en Cochinchine le nom du tricho- santhes anguina , L. , qu'on y mange et qu'on y cultive à cet effet , comme en Chine, (in.) MUOU. Le Mulet des Provençaux. MUOU. C'est I'Uranoscope rat à Nice, (desml) MUQUA. V. MuEM xu. (ln.) MUQUEUSE. Nom spécifique d'une Couleuvre, (b). MUR d'un filon. V. Filon et Salbande. (pat.) MURADA. Nom du Spare à bec pointu, Sp. acutirostrù^ de Laroche , aux îles Baléares, (desm.) MURAENA. Foy. Murène, (desm.) MURAJES et MURUGES. V. Morujes. (ln.) MURALTA. Genre de plantes établi par Adanson pour placer quelques espèces de clematisy tel que le clemaiiscirrhosa , que Sibthorpe regarde comme le demalilis de Dioscoride y et qui diffère des autres espèces. Ce genre est le même que le viorna de Persoon. M. Decandolle , qui en fait une section du genre clematis , l'appelle cheiropsis ; ce qui le caractérise est un involucre caliciforme , composé de deux bractées sou- dées , situé immédiatement sous la fleur, (ln.) MURA-NURA. Nom de I'Ail au Japon, (ln.) MUR 29 MURAPA. Nom d'une plante de la famille des Aroïdes et du genre Carludovicea, 6'. ietragona , Kmith. ^ qui croît proche de la Cuesla-de-Folima , à la hauteur de sept cents toises, (ln.) 3IURARIA. Nom du Violier jaune ou Giroflée jaune ( Cheiranthus cheiii) chez les Romains, (ln). MURASAKI. C'est au Japon le nom du Gremil des CHAMPS , suivant Thunberg et de la Baselle rouge ou GandolE , Basella rubra , L. (ln.) MURBERSANDSTEIN(me/ax//e, Hauy). Nom qu'on donne en Allemagne au Grès des houillères ou Psammite (LN.) MURCIELAGO,MORCIELAGO,MURCIEGALO, MURCEGUILLO. Divers noms espagnols des Chauve- souris, (desm.) MURDADSCHA. Nom du Cornouiller sanguik en Turquie, (ln.) MURE. C'est le Buccin ouvert, (b.) MURE. C'est le murex mancinella , Linn. ; la MuRE AILÉE est le murex neritdideus , L. Ces coquilles ne font plus partie du genre rocher (murex). V. ces mots, (ln.) MURE. Dans l'acceplion vulgaire du mot , il désigne les fruits du MuKiER et ceux des RoNCES. Les derniers, s'ap- pellent mures sawages. (ln.) MURE AILÉE. C'est le nom marchand d'un Rocher, (b.) MURE, MUREGRiESS. Noms de 1' Argentine {Poten- tilla anserina, L. ) en Norwége. En Islande , on lui donne les noms de mura et de mumsoley. (LN.) MURE. V. Mûrie, (pat.) MURENE, Murœna. Genre de poissons de la division des Apodes, dont les caractères consistent à avoir des nageoires pectorale, dorsale, caudale et anale; les narines tubulées;i les yeux voilés par une membrane ; le corps serpentiforme et visqueux. Ce genre renfermoit , dans le Sjsiema naturœ , édition de Gmelin, plusieurs espèces ({ui ne lui appartenoient réelle- ment pas, et qui en ont été séparées par Bloch et Lacépède pour former les genres Gymnothorax, Ophisure et Sirène. L'espèce surtout qui portoit parliculièremcnt le nom de mu- rène chez les anciens , et qui le porte encore dans une partie de l'Europe, le murena helena de Linnseus, n'en fait plus par- tie. Elle entre dans le genre Gymnothorax de Bloch , qui appartient au vingt-neuviè^ne ordre de Lacépède, c'est-à-dire des poissons osseui qui n'ont ni opercules ni membranes des 3o M U R brancbies. Depuis , Cuvier a formé trois sous genres ; savoir : Anguille , Congre et Alabès. Les espèces qui restent dans le genre Murène , selon La- cépède , sont au nombre de quatre. La Murène anguille , qui a la mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure ; cent rayons ou environ à la na- geoire de Tanus; le dessus du corps et de la queue sans taches. On la trouve dans les eaux douces et salées des quatre parties du monde. V. au mot Anguille. La Murène tachetée, Murœna ophis, Linn. , qui a la mâ- cboire inférieure plus avancée que la supérieure ; trente-six rayons ou environ à la nageoire de l'anus ; la couleur ver- dâtre ; de petites taches noires ; une grande tache de chaque côté et auprès de la tête. Elle habite la mer du Sud. Elle devient fort grande. Sa chair est de mauvais goût. La Murène myre a le museau un peu pointu , deux petils appendices un peu cylindriques à la lèvre supérieure ; la na- geoire du dos toute cendrée ou blanche, et liserée de noir. Elle se trouve dans la Méditerranée. La Murène congre a deux appendices un peu cylindriques à la lèvre supérieure, et la ligne latérale blanche. V. pi. G. i, où elle est figurée. On la trouve dans les mers d'Europe et d'Amérique. Elle parvient à une grandeur considérable , et a plus de dix pieds de long. V. au mot Congre. Les Murènes des îles Baléares et a larges lèvres ont été observées, décrites et dessinées par Delaroche, dans son Mémoire sur les poissons de ces îles , inséré dans les Annales du Muséum, Les Murènes cassini et none ont été découvertes par M. Risso dans la mer de Nice. Lesueur, compagnon de Péron dans le voyage aux Terres Australes, dirigé par le capitaine Baudin, a décrit , dans le Journal de l'Académie des sciences naturelles de Philadel- pbie, de septembre 1817, cinq espèces nouvelles de murènes propres aux eaux douces et salées de l'Amérique septentrio- nale. 11 les a appelées Murène rostrale , Murène de Boston , Murène serpentine , Murène argentée et Mu- rène microcéphale, (b.) MURENOBLENNE, Murœnoblenna. Poisson observé par Commerson dans le détroit de Magellan , et qui fournit, par ses pores , une matière gluante , très-analogue à celle des Gastrobranches , et si abondante que le corps en est presque entièrement composé. Ce poisson forme un genre dans la division des Apodes , qui offre pour caractères : point d'apparence de nageoires ; le corps et la queue presque cylindriques. Il parvient à un ou M U R 3t deux pieds de long, sur deux à trois potices de diamètre, (b.) MURÈNOÏDE, Murœnoides. Genre de poissons de la division des Jugulaires , établi par Lacépède pour placer une espèce qui avoit mal à propos été rapportée aux Bi.ennies. Cuvier a fait un sous-genre des Blennies , et a changé ce nom en celui de (ioTSNELLE. Ce genre offre pour caractères: un seul rayon à chacune des nageoires jugulaires; trois rayons à la membrane des branchies; le corps allongé, comprimé , en forme de lame. lî'espèce qui compose ce genre a été appelée Murèîsoïde SUJEF, du nom du naturaliste russe qui l'a fait connoîlre. On ignore sa patrie, (b). MURÉNOPHIS, Murœnophis. Genre de poisson , de la division des apodes , établi par Lacépède , pour placer douze espèces de Murènes qui n'ont point de nageoires pectorales. C'est le même que le Gymnoïhorax de Bloch , augmenté de trois espèces nouvelles. Le MuRÈNOPHis d'utse SEULE COULEUR est une espèce nouvelle, observée par Delaroche aux îles Baléares, et qu'il a figurée dans son Mémoire sur les poissons de cette île , imprimé dans les y^n««/« du Muséum, l[ y a encore les Mu- RÈNOPHis Pauve, DE Cristini et SouRCiÈRE , observés par Risso dans la mer de Nice, (b.) MURENOT. Nom donné, aux îlesBaléares, à une nou- velle espèce de MuRÈNOPHis, décrite par Delaroche {Annales du flïuséum) sous le nom de Murenophis unicolor. (desm.) MURER. Le Giroflier jaume porte ce nom. (b.) MUREX. Nom sous lequel Burmann a figuré ( Ind. , tab. 4-5 , fig- 2 ) le pedalium murex , plante dont la fleur sent fortement le musc, et dont le fruit est tétragone , et garni sur les angles d'épines , comme cela est fréquent dans les co- quilles du genre Murex, (ln.) MUREX. Nom latin des coquilles du genre Rocher. V. ce mot. (b.) MURFAÏN. Nom de I'Hyène dans le royaume de Dar- Four, en Afrique , au midi de l'Egypte , au rapport de W.-Q, Browne. (desm.) MURIACIT. Werner donne ce nom à l'espèce miné- rale que les minéralogistes françaisnomment Ch aux anhydro- sulfatée muriatifère. (ln.) MURIATES. Combinaisons du chlore (acide muriatique- oxygéné) ou de Tacide hydrochlorique (acide muriatique) avec une base. Les minéralogistes ne connoissent qu''un très-petit nombre 32 M TT R de muriates dans la nature , et à l'exception de la soude mu- riatée ou sel marin , ils sont très-peu répandus. Les uns sontsolubles dans V eau {hydroMorafes) tels que la chaux nturiaiée, la magnésie muriulée, 1 ammoniaque muriaté^ les autres sont insolubles ( chlorures ) comme V argent muriaté; le mercure muriaté^ le ciiiore muriaté, le plomb muriaté et \e fer muriaté. V. ces mots. (LN.) MURICAIRE , Muriraria. (ienre de plantes établi par Desvaux pour placer la Bcniade couchée de Desfontaines. 11 ne paroît pas suffisamment distinct de celui appelé LjELie par Persoon. (b.) MURICALCITE de Kirwan. C'est une variété de la Chaux carbonatée magnésifère, dite Bitterspath. V. vol.VI, pag. i8o. (ln.) MURICIER. Animal des Rochers. Il a un opercule ; deux tentacules pointus portant des yeux à leur base ; un pied sessile , allongé , et pourvu d'appendices, (b.) MURICIER, Muricia. Grand arbrisseau grimpant, à vrilles solitaires, à feuilles alternes, pétiolées, veinées, glabres, di- visées en cinq lobes, dont les trois du milieu sont aigus, et les deux latéraux obtus el couris; à fleurs jaunâtres, latérales, solitaires et longuement pédonculées, qui forme , selon Lou- reiro, un genre dans la monoécie syngénésie. Ce genre offre pour caractères : une spathe renflée , obtuse , uniflore et très-grande ; un calice divisé en cinq parties su- bulées, striées, colorées, égales ; une corolle de cinq pétales ovales, lancéolés et nervés ; dans les fleurs. mâles trois éta- mines à filamens courts, épais, trigones , réunis par leur base ; à anthères bilobées etdivariquées dans deux seulement, la troisième n'ayant qu'une fossette longitudinale farinifère, dans les fleurs femelles, *in germe ovale-oblong, velu, in- termédiaire entre la spathe et le calice, à style épais et à trois stigmates sagitlés ; une grande baie ovale , épineuse, unilo- culaire et polysperme. Le muricierse trouve dans la Chine et dans la Cochinchine. wSes baies sont d'un rouge pourpre et d'une saveur fade. On les emploie pour teindre les boissons et les alimens en rouge Ses feuilles et ses semences sont apéritives et astringentes, bonnes dans les obstructions du foie et de la rate , dans les ulcères et les tumeurs malignes, (b.) MIIRIE, MURE. Nom que quelques naturalistes don- nent aux eaux et aux terres naturellement imprégnées de sel marin. Dans les salines , on donne à Teau qui est saturée de sel, après qu'on lui a fait subir l'évaporation convenable, le nom de muire, qui est sa véritable dénomination, (pat.) MUR 33 MURIEU. C'est en Lorraine le nom des GbBE-MouciiEs NOIRS dans leur plumage (V automne, et connus ailleurs soas celui de ber.-fis^ie. On donne la même dénoinination , dans le midi de la France, nnxfam^elfes, rossignols, frotjiieis, tan'ers., mol/eux, pipis , et généralement à tous les petits oiseaux à bec Gn qui , lors de leur passage aux mois d'août et de sep- tembre , ont la chair succulente, (v.) MURIER, Monts, LiîiB. {Monoéine tétrandrie). (iênre de plantes de la famille des urticées , qui a de grands rapports avec le Jaquier. Le mûrier a les fleurs unisexuelles et mo- noïques, rarement dioïques. Les fleurs mâles et les femelles viennent communément sur le même individu; Elles sont portées sur des chatf>ns oblongs ou ovoïdes, mais séparés- Les unes et les autres, privées de corolle, ont un calice découpé en quatre segmens , ovales-concaves dans [ks mâles, arrondis au sommet et persistans dans les femelles; les pre- mières renferment quatre étamines, dont les filets en alêne et courbés avant le développement de la fleur , se redressent ensuite et dépassent le calice. Les secondes contiennent un ovaire en cœur , surmonté de deux'longs styles un peu rudes, réfléchis et à stigmates simples. Le calice de celles-ci , après leur fécondation , devient une petite baie charnue, succu- lente et monosperme; et c'est la réunion, en assez grand nom- bre, de ces baies groupées , qui forme le fruit connu sour le nom de mûre , lequel est globuleux ou ovale , plus ou moins gros, et assez semblable à celui de la Ronce. Tels sont les caractères génériques des mûriers. Ces arbres lactescens, à feuilles simples, alternes, quelque- fois opposées et toujours accompagnées de stipules. Leurs chatons sont solitaires el axillaires , et leurs fruits communé- ment bons à manger. On en compte quinze à seize espèces , dont quelques-unes sont mal déterminées et d'autres peu connues. Toutes ont une origine étrangère; plusieurs ont été depuis long-temps naturalisées en Europe. Celles-ci ont donné naissance à beau- coup de variétés, qui portent différens noms, suivant les pays, ^ qui en rend la connoissance an peu embarras- sante. L Espèi^et Variétés. Le Mûrier blanc, Moms alba ^ Linn. Arbre monoïquç, devenant plus grand que les cerisiers, 11 a Técorce épaisse et gercée, le bois jftone, les branches éparses et confuses. U M TJ R les feuilles pétiolées , dentées, lisses, un peu rudes, iamiot entières et obliquement taillées en cœur, lanlôt à deux oa trois lobes; les fleurs vertes, et les fruits blancs, fades et à peu près ronds. 11 offre beaucoup de variétés que je fe- rai connoître tout à l'heure , avec celles des espèces sui- vantes. C'est le mulrier qui est le plus généralement cul- tivé en Europe pour la nourriture des vers-à-soie. Le Mûrier noir, Morus nlgra, Linn., plus élevé que le pré- cédent , lui ressemble beaucoup; mais il est souvent dioïque et porte un fruit beaucoup plus gros , d'une forme plus allon- gée , constamment noir, et rempli d'un suc vineux et abon- dant. Ses branches longues , forment une forte tête ; ses feuilles sont luisantes , communément découpées en cinq lobes, quelquefois entières, en général grandes, plus fer- mes et plus nerveuses que celles ànmûrier blanc. Le Mûrier ROUGE, Morus rubra , Linn. Arbre dioïque plus fort et plus élevé que les autres mûriers. Une écorce noire ; des chatons pendans et cylindriques; des fleurs lâches et écar- tées; des feuilles ovales, en cœur , grandes, larges, entières et quelquefois palmées, très-rudes, dentées à leur circon- férence, terminées en pointe allongée, et velues en dessous dans leur jeunesse : tels sont les caractères qui distinguent cette espèce, originaire de Virginie , et recherchée pour les bosquets à cause de son feuillage. Le Mûrier du Camada, Morus canaâensis, Lam. Il est dioï- que comme le précédent et s'en rapproche beaucoup ; mais sa taille est médiocre ; son écorce d'un brun jaunâtre ; ses chatons sont plus gros ; ses fleurs très-rapprochées ; ses fruits comme réunis en faisceaux ; ses feuilles divisées en trois ou cinq lobes. On le croit originaire du Canada. Le Mûrier des Indes , Morus indira , Linn. ; Mûrier de TaRTARIE, Morus tafarira , Linn. Poiret soupçonne que ces deux mûriers cités par Linn?pus comme formant chacun une espèce distincte, ne sont que deux variétés de la même es- pèce; il n'y trouve aucun caractère spécifique qui puisse les distinguer. En effet , le premier livré à lui-même , conserve à la vérité la forme d'an buisson : mais étant émondé, il ac- quiert une hauteur assczconsidérable, ainsi que le secftid. L'é- corce du premier est d un noir cendre , celle du second est jaunâtre. Celui-ci a ses pédor^jfces et ses pétioles plus longs , et les découpures de ses feuilles plus distinctes ; mais, pour tout le reste , ces deux prétendues espèces se ressemblent. Il découle , pcu incision , de l'un et de l'autre arbre , un suc lym- phatique et visqueux. L'un et l'autre ont des feuilles inégale- MUR 35 ment dentées , et des fruits d'un rouge noirâtre qui se man- gent ; enfin leurs feuilles sont également estimées dans l'Inde pour la nourriture des vers-à-soie. On les regarde comme plus délicates , et plus propres à fournir à ces ir>sertes une plus grande quantité de substance soyeuse. Quand elles sont jeunes, on les emploie aussi dans les cuisines comme plantes potagères. Voyez dans Rumphius et dans Rhéede la descrip- tion du mûrier des Indes , et dans Miller celle du mûrier de Tartane , dont il dit avoir reçu les semences de Rombay. Le MURIERDES TEINTURIERS, Moriis finfturia, Linn.; MuRlER A RAMEAUX ÉPINEUX, Morus zaïit/ioxylum , Mill. Ces deux es- pèces semblent encore n'en devoir constituer qu'une seule. .Voici comment Miller a décrit l'un et l'autre de ces mûriers. Le bois du premier, dit-il, sert aux teinturiers. Il est plus connu sous le nom àefustique appliqué au bois, que par son fruit qui n'est pas fort estimé. 11 croît naturellement dans presque toutes les îles de l'Amérique, et en plus grande abon- dance à Campeche que partout ailleurs. On exporte ce bois de la Jamaïque , où on le trouve plus communément que dans aucune autre des îles britanniques. Cet arbre , dans son pays natal, s'élève au-dessus de soixante pieds de hau- teur. Son écorce est d'un brun clair, et quelquefois .sillonnée; son bois est ferme , solide , et d'un jaune brillani. 11 pousse de tous côtés plusieurs branches couvertes d'une écorce blanche, et garnies de quatre feuilles de quatre pouces de lon- gueur, larges et arrondies à leur base, et plus larges d'un côté que de l'autre, demanièt>î quellesparoissent placées oblique- ment sur les pétioles; leur largeur diminue par degrés vers l'ex- trémité, qui se termine en pointe aiguë. Elles sont rudes comme celles du mûrier noir^ d'un vert foncé , et supportées par de courts pétioles.Vers l'extrémité des jeunes branches sortentles chatons courts , et de couleur pâle herbacée ; le fruit qui sort sur de courts pédoncules dans d'autres parties des mêmes branches, est de la grosseur d'uns grosse noix-muscade, d'une forme ronde , couvert de protubérances , vert en dedans et en dehors , d'une saveur douce et sucrée lorsqu'il est mûr. Le second mûrier , morus zanthoxylum {c esX. toujours Mil- ler qui parle), se trouve a la Jamaïque et dans les îles de Ba- hama , d'où ses semences m'ont été envoyées. On vend son bois, et on l'emploie aux mêmes usages que celui du morus iinctoria , duquel les botanistes ne l'ont pas trop bien distin- gué.Cette espèce ne parvient pasjjune grosseur aussi considé- rable. Ses branches sont plus qBces ; ses feuilles sont plus étroites, plus rondes à leur b aïe , dentées en scie sur leurs 36 ^l V R bords et terminées en pointes aiguës. Du pétiole de chacfue feuille sortent deux épines aiguës qui , dans les plus vieilli-& branches ,ont jusqu'à deux pouces de longueur. Le fruit a ia même forme que celui du morus tinctoria; mais il est plus petit. MuRiEK AïTSTRAL, Morus oustrah's ^ Lam., soupçonné dioï- que. Il a ses feuilles portées sur de longs pétioles et de très- petits fruits barbus, moins pulpeux que dans les autres es- pèces , et plutôt secs que charnus. On le cultive à l'ile-de- Bourbon. Ses feuilles varient et sont souvent laciniées. Mûrier RÂPE, BJorusradula, Lam., à feuilles très-entières, ovales et coriaces , et à fruits cylindriques , verts et succu- lens. Son nom lui vient des tubercules petits et nombreux qui recouvrent ses rameaux et ses feuilles. Ils sont très-apparens sur les rameaux, mais à peine visibles sur les feuilles. Ce sont des aspérités semblables à cellesdes râpes, sirudesautoucher, qu'on ne peut faire glisser ces feuilles entre les doigts. On s'en sert à l'île de ^ladagascar pour donner un beau poli aux ouvrages en bois. Il y a encore le Mûrier de l'île Maurice, Morus mau- ritia , Jacq. ; le Mûrier a larges feuilles , Morus latifolia , Lam.; le Mûrier a feuilles laciniées, Moi-us laciniala, Lam. Le premier est un arbre grand et fort qui croît à l'Ile- de-France ; les deux autres ont été peu observés. Le Morus laciniata de Miller et celui qu'on cultive au Jar- din des Plantes de Paris sou« le même nam, sont vrai- semblablement des variétés du mûrier blanc ou noir. L'arbre connu sous le nom de mûrier à papier n'appartient pointa ce genre; il en constitue un particulier qu'on trouvera décrit au mot Broussonetie. Les mûriers cultivés varient beaucoup, non-seulement par les feuilles qui offrent des formes et des découpures diffé- rentes, mais aussi par les fruits plus ou moins gros, plus oit moins ovales ou ronds, et diversement colorés. De toutes les espèces que je viens de décrire , les deux premières sont celles qu'on cultive le plus en France et dans le reste de l'Europe, l'une pour sa feuille , l'autre pour son fruit. Ces deux mûriers , assez mal nommés mûrier blanc et mûrier noir ^ ont produit par la culture un grand nombre de variétés. Mais rien de plus confus que la nomenclature de ces variétés ; chaque pays a la sienne ; et parmi le gran^iombre de cultivateurs , même éclairés, qui s'occupent d^ipls arbres , à peine en est-il un qui puisse vous dire quel est le véritable type de ceux qui font l'objet de ses soins. Selon Rozler, le mûrier sawageon est le MUR 37 type de tous les mûriers cultivés en France. Mais qu'est-ce que le mûrier sauvageon ? d'où vient-il ? quel est son pays natai ? En rénéral , dans la culture des végétaux utiles et agréa- bles, on cherche moins l'avancement de la science qu'à satisfaire son intérêt ou son gùût , et quelquefois son amour -propre. La plupart des grands jardiniers et des amateurs recueillent beaucoup d'espèces d'un même gen- re, élèvent grand nombre de variétés et sous-variétés, et enrichissent kur collection d'une foule de plantes plus ou moins rares , sans s'inquiéter de les bien classer et coordon- ner , et sans chercher' suitout à connoître la souche primi- tive à laquelle chacune d'elles doit être rapportée ; ce qu'il seroit essentiel néanmoins de savoir pour éviter toute confu- sion dans les livres, et pour prévenir les fausses applications de caractères et de propriétés d'une plante à une autre. Rozier établit deux races de mûriers blancs , l'une qu'il appelle mûriers sauvageons , dont les feuilles sont découpées, minces et de couleur claire : l'autre qu'il nomme mûriers- roses, parce qu'ils ont des feuilles entières, épaisses, d'un vert foncé , et les fruits rouge-pâle. Les fruits de ces deux sor- tes de mûrier varient, dit-il, également par leurs couleurs, tant dans le sauougeou que dans le mûrier-rose. Ils sont tan- tôt blancs, tantôt d'une teinte jaunâtre, et d'autres fois il approchent de la couleur noire. En lisant dans Rozier même les principes sur lesquels il appuie cette distinction et les développemens qu'il leur donne , on trouvera que ce qu'il dit à ce sujet n'est ni clair, ni suffisamment prouvé. Le Mûrier d'Italie, Morus italica, Lam. Le rédacteur de l'article Mûrier dans Lam arck ( iVoMf. EncycL), a détaché celui - ci du grand nombre des variétés du mûrier blanc pour former une espèce , parce qu'il se montre constam- ment le même , et parce que ses fruits sont de couleur rose et très-petits , sa .hauteur médiocre , ses rameaux courts ej diffus, ses feuilles presque toujours divisées en deux ou trois lobes, avec la surface supérieure d'un vert plus clair que En parlant tout à l'heure de la culture en général du mû-, rier, je citerai la partie du mémoire de Lindet qui traite de cell^e des mûriers de Syrie. que dans 42 M U R les pays tempérés ou froids. Ainsi, qu'on puisse en Europe élever le mûrier depuis les bords de la Méditerranée jusqu'en Prusse , la feuille des mûriers du. Nord n'égalera jamais celle des mûriers du Midi , et par conséquent la soie qu'on en reti- rera sera toujours inférieure en qualité relativena-nt à l'autre. Les mûriers doivent être plantés de préférence dans des endroits élevés et bien abrités, à l'exposition du midi. ou du soleil levant. Si on n'a pour but que la vigueur de la végéta- tion de l'arbre , la grande abondance de belles et larges feuil- les , on peut choisir les meilleurs fonds. Mais ces feuilles ont peu de sucs et sont peu nourrissantes ; elles le sont beaucoup moins encore , lorsque Tarbre qui les donne a crû sur un sol aquatique , marécageux ou humide. Par cette raison les sols crayeux et argileux qui retiennent l'eau ne conviennent point aux mûriers. Les terrains âpres, ferrugineux et tous ceux qui s'opposent à l'extension des racines , ne leur sont pas propres non plus ; cependant la feuille en seroit très-bonne , mais en trop petite quantité. Si le sol est graveleux, sablonneux et mêlé d'une certaine quantité de bonne terre , le mûrier y prospérera, et sa feuille sera excellente. Dans un pareil ter- rain, les racines s'étendront au. loin, au grand avantage de l'arbre. Il seroit pourtant plus convenable que le sol eût beau- coup de fond, et que les racines s'étendissent moins en sur- face , et plus en profondeur, parce qu'elles ne dévoreroient pas les récoltes voisines qu'on doit compter pour quelque chose, puisque celle du mûrier ne doit être qu'une récolte accessoire , à moins que la nature du terrain se refuse à toute autre production , ce qui est rare. " , Quand on veut faire un bon semis de mûriers, on doit choi- sir avec attention les graines. La mauvaise graine donne de mauvaise pourrette (i) , et une pourrette défectueuse produit rarement de beaux arbres. On doit rejeter la eraine des mû- riers trop jeunes ou trop vieux , des arbres cariés , des arbres plantés en terrains gras ou humides, et rigoureusement celle des arbres à feuilles découpées, petites ou chiffonnées. Il ne faut point effeuiller le mûrier Sur lequel on se proposera de récolter la graine. L'époque où on doit la cueillir est indiquée par la nature ; c'est celle où le fruit tombe de lui-même. Les caractères d'une bonne graine sont d'être grosse , pesante , blonde , de répandre beaucoup d'huile quand on l'écrase, et de pétiller lorsqu'on la jette sur une pelle rouge. Le moment des semailles dépend de la saison et du climat. Dans les parties de laFrance où l'on cultive les oliviers, on peut et on doit semer les graines de mûrier aussitôt qitt la baie est (,t) Oa appelle pourrette les jeunes plantes du mûrier. MUR 43 iîîefi mAre et desséchée ; on gagne ainsi une anne'e , parce que la pourrette sera en état d'être mise en pépinière après l'hiver. Dans les provinces du centre et du Nord , il convient de semer dès qu'on ne craint plus les fortes gelées. En géné- ral , la fin de février, les mois de mars et d'avril, sont à peu près les époques des semis , suivant les quatre climats de la France, qu'on peut distinguer par climats à oliviers, climats à grenadiers , à vignes et sans vignes. Chacun sème a sa manière ; la meilleure de toutes est de tracer, avec un bâton, de petites rigoles de deux pouces de profondeur , de les aligner au cordeau , et de les recouvrir après le semis. La dislance entre chaque raie doit être de six pouces au moins, et il faut semer épais. Lorsque les jeunes plants ont acquis une certaine hauteur, il y a deux sortes de sarclages essentiels , celui des plants surnuméraires , et celui des mauvaises herbes. Le premier demande à être fait à plusieurs reprises ; on commence par les endroits les plus fourrés , on éclaircit successivement jusqu'à ce que le meilleur pied reste , et soit éloigné d'un pouce de son voisin. Il convient d'arroser après chaque sar- clage , afin de serrer la terre contre les racines. Quand l'époque de la transplantation- arrive , on fait la levée des jeunes plants , pour les placer à demeure ou en pépinière. Si le cultivateur veut former une pépinière, il en défoncera le sol à deux pieds de profondeur, ouvrira de pe- tites fosses de âouze à quinze pouces sur toute la longueur , et y plantera la pourrette avec soin , traçant les rangs au cordeau, et laissant quatre ou cinq pieds de distancé en tous sens entre chaque plant. Dans les pays méridionaux où le printemps est sec , il est prudent de planter la pépinière à la fin de novembre, si toutefois les feuilles sont déjà tom- bées. Les arbres plantés alors , supportent très -bien l'hiver dans ces climats , et commencent à végéter quinze jours ou même un mois plus tôt que des arbres semblables , c'est-à-dire, en février ou en mars. Au centre de la France, il seroit possible de suivre la même méthode , mais en pre- nant des précautions contre les gelées. Au Nord, on ne peut prescrire d'époque fixe pour cette transplantation ; elle doit se faire lorsque les grands froids sont passés. Quand, dans les hivers rigoureux, la gelée détruit la tige des jeunes mûriers , surtout le premier hiver, on n'a qu'à les couper rez terre, et ils repoussent des tiges aussi belles et aussi vigoureuses que les premières. Le jeune plant mis en pépinière , ne demande plus que quelques labours faits de temps à autre. Si , après la pre- mière année de pépinière , il se trouve des tiges qui ne soient i,!, M U R pas assez fortes pour recevoir la greffe , on doit les recepor près de terre. Cette opération augmente le nombre et la force des racines ; et il est rare qu'à la seconde année on n'ait pas des tiges d une belle venue. Ce retranrhement doit avoir lieu en février ou mars, lorsqu'il ne gèle plus. Le mûrier est susceptible de toutes les espèces de greffe. Colle à écusson est aujourd'hui la seule employée dans les pépinières. On greffe ainsi au bas de la lige de l'année , à six pouces au-dessus du sol , pourvu que dans cet endroit la lige ait au moins six lignes de diamètre ; sans quoi elle est trop foible pour recevoir l'écusson. On ne doit greffer que lorsque la sève commence à être en mouvement. On peut égalemenl faire cette opération à la seconde sève. Si quelque circonstance a empêché de greffer dans la pé- pinière , on laisse l'arbre s'y fortifier, et, quand il a acquis une grosseur raisonnable , on le transplante à demeure ; on arrêle son tronc à cinq ou six pieds de hauteur ; on lui laisse pousser, pendant Tannée suivante, un certain nombre de branches; diuis le cours de l'été , on supprime les surnumé- raires ; les trois , quatre ou cinq que l'on conserve comme les mieux disposées et les nùeux venantes , sont greffées en flûte. Dans le Midi de la France, on transplante le mûrier en tout temps , et principalement au renouvellement dès deux sèves. Je ne crois pas que cette transplantation fûl avanta- geuse dans lesprovinr.es du Nord. En. général , c'est quinze jours ou trois semaines après la chute entière des feuilles qu'elle doit avoir lieu. On gagne beaucoup à transplanter de bonne heure. Le mûrier, dit-on, est le plus prudent des ar- îjres , parce qu'il pousse fort tard ; c'est que sa végétation ne peut avoir lieu que lorsque la chaleur de l'atmosphère est à un certain point. Dans la Provence et le Bas-Languedoc, ses feuilles paroissent un mois plus lot que dans le Nord , et rei pendant elles tombent presque en même temps dans Tun et l'autre climat. Ainsi on peut choisir partout la même époque , e'esl-à-dire , le commencement de l'hiver pour le trans- planter, La profondeur et l'ouverture des fosses doivent être pro- portionnées à l'étendue et au volume des racines. La dislance de 1 une à l'autre fosse ne sauroit être fixée ; elle dépend de la qualité du sol , du climat et de la destination de Tarbre. Le mûrier ( à plein vent) est destiné à border les champs et les grands chemins , ou à couvrir un champ. Le sol est bon , mé- diocre ou mauvais , sec ou humide. Six toises sont à peine suffisantes dans un bon fond, où les arbres sont placés en li- sières ; quatre dans le médiocre et trois dans le mauvais. MUR 45 Le mt!b'ier est un des arbres qui souffrent le moins de la re- plantation , quoique son tronc ait déjà acquis une certaine grosseur. Rozier a fait replanter des mûriers âgés de plus de vingt-cinq ans, qui ont très-bien repris. Durant la première année , cet arbre n'exige aucun travail particulier, sinon quelques labours donnés tous les trois mois, et plus souvent si l'on peut. A l'entrée de Thivcr , ou après qu il sera passé , on le taillera ; les branches gourmandes et surnuméraires seront supprimées ; on n'en laissera que trois ou quatre au plus, et on recouvrira les plaies. Le point essen- tiel, d'où dépendent parla suite la beauté et laprospérité delà tête du mûrier , est de conserver dans ses branches un équi- libre tel , que la sève ne se porte pas plus à l'une qu'à l'auire. Si une branche est trop forte et sa voisine Iropfoible, la pre- mière demande une taille longue , et la seconde une taille courte , à un , deux ou trois yeux, suivant sa vigueur. En rava- lant celles qui sont trop vigoureuses, on les oblige à pousser des bourgeons, qui se mettront ensuite en équilibre avec les autres branches ; et jusqu'à ce moment, les branches foibles acquerront une bonne consistance. La taille du mûrier doit se faire depuis la chute des feuilles jusqu'à là fin de Ihiver. La récolte des feuilles force la sève à refluer dans le corps et les branches de l'arbre ; s'il ne se hâloit d'en pousser de nouvelles , ses canaux seroient bientôt engorgés , la sève sV putréfieroit, et la mort seroit la suite de cette stagnation con- tre nature. N'est-il pas évident qu'en taillant à cette époque on diminue le nombre des couloirs , dont la sève a alors le plus grand besoin .'' Le même raisonnement peut être appli- qué à la taille faite avant le renouvellement de la seconde sève. Celte taille a des suites aussi fâcheuses que la première. Toutes deux produisent ces chancres , ces gouttières et la carie qu'on remarque sur beaucoup de mûriers. Si l'on suit , au contraire , l'indication de la nature , et qu'on taille le mû- rier huit ou quinze jours après la chute ^s feuilles, lorsque toute végétation a cessé , quand tous les Foutons qui doivent former les bourgeons au printemps suivantont acquis leur per- fection , alors l'arbre n'est exposé à aucun accident , et son tronc reste sain , sans cavité ni gouttltre. Les arbres qui ne sont point contrariés par la main de l'homme ^poussent leurs branches suivant des angles régu- liers ; et ces angles varient selon les différens âges de l'indi- vidu , depuis dix degrés jusqu'à quatre-vingts. Lorsque l'arbre est dans toute sa force, ses branches font communément, avec la tige, un angle de quarante à quarante - cinq degrés- On doit donc tailler le mûrier de manière à conserver ou à ^6 MUR faire prendre à ses branches cette direction , qui est reconnue la plus avantageuse , et qui perpétue et ménage sa force. Si on laisse subsister la branche verticale au sommet de la tige, la sève y afflue ; et cette branche enrichie d une sève surabondante, appauvrit et desséche les inlérieures. Si la taille est parallèle , suivant la coutume d'une grande partie da Bas- Languedoc , on a, pendant quelques années, beaucoup de jeune bois , et par conséquent des feuilles larges et bien nourries; mais Tarbre s'épuise , et on est obligé de revenir souvent à de fortes tailles. Je ne vois aucun avantage dans la taille parallèle ou hori- zontale , pas même pour la facilité de la récolle , puisqu il faut que Téchellede celui qui cueille la feuille, soit promenée sur toute la longueur des branches, qui sont très-allongées et parallèlement étendues. D'ailleurs cette taille amène plus promptement l'arbre vers sa décrépitude , nuit au tronc , et occasione une perte considérable au sol recouvert par les branches, qui forment des espèces de parasols. Au contraire , l'arbre dont la taille a été dirigée vers l'angle de quarante- cinq degrés, étant maintenu dans sa position naturelle, n'in- tercepte point l'air et le soleil aux grains semés dessous; il ne perd pas chaque année autant de bois , et il se garnit d'un plus grand nombre de branches du premier et du second or- dre , qui sont autant d'échelons ou de points d'appui , à l'aide desquels, une fois monté sur l'arbre , on peut en cueillir très- facilement les feuilles jusqu'au sommet. Enfin il fournit une grande quantité de feuilles , ainsi que feroit le mûrier qui au- roit été livré à lui-même depuis le moment de sa plantation ; et ces feuilles recevant toutes à peu près les regards du soleil , leur suc se trouve plus également et mieux élaboré. Les habi- tans du royaume de Grenade ne taillent jamais leurs mûriers , et leur soie est la plus fine de l'Espagne; ce qui prouve que dans la taille de ces arbres il faut se rapprocher le plus qu'il est possible delà nature. ïiu Mûrier naîn.,*- La culture du mûrier nain ^ préférée à celle du mûrier àhauie tige, a été soutenue et contredite par des auteurs respectables et des cultivateurs instruits. Parmi les uns et les autres, onpeutciterM. Sauvages qui l'improuve , et M. Payan qui l'adopte. Ce dernier, dans une lettre adres- sée à M. Faujas de Saint-Fond , insérée dans son Histoire nature/le du Dauphiné , développe les principes qui l'ont guidé dans cette culture, qu'il a suivie pendant plus de trente ans, et en présente les avantages qu'on peut réduire aux suivans : i." Les mûriers nains réussissent où ceux à haute tige ne végè- tent qu'avec peine. 2." Ils donnent des feuilles plus préco- ces, ressource précieuse au moment où le ver-à soie rient M U B 4/ d'éclore , surtout dans les pays chauds , où l'éducation de ces vers ne réussit qu'autant qu'elle est avancée. 3.° Des femmes , des enfans en ramassent la feuille sans peine , sans risque , et plus promptement que les hommes les plus adroits ne le fe- roient sur des grands arbres.4-° Leur feuijle est aussi bonne que celle des autres mûriers ; mais il faut observer que les feuilles des plantations nouvelles doivent êlre données dans les pre- miers temps de Téducalion; qu'il faut réserver celles des vieux pieds pour l'époque de la/r<;c«.(r.lemolVER-A-soiE).5.''Dans la culture des mitriers nains, tout le terrain est mis à profit. 6.° Le propriétaire est plus tôt remboursé de ses avances. M. de Sauvages , auteur d'un excellent traité sur l'éducation des vers-à-soie et sur le miirier ^ n'est pas du même avis que M. Payan sur le produit du mûrier nain , comparé à celui qu« donne le milrier à haute tige. Voici comment il s'explique. « Il n'est pas douteux que dans les preuiières années de la plantation , le champ de miîriers nains ne rende beaucoup plus de feuilles que celui des mûriers de tige ; mais celui-ci en re- vanche en donnera beaucoup plus que l'autre, lorsque les mûriers des deux champs auront pris leur entier accroisse- ment.» La raison de celle dernière assertion est évidente. Les mûriers nains doivent toujours laisser de grands vides entre eux ; si leurs branches qui s étendent de côté se touchoient, le pende hauteur qu'elles ont au-dessus de terre ne permettroit pas aux ouvriers d'y aborder pour les cultures. D'ailleurs leur tête d'une taille déterminée, n'est jamais plus haute que de cinq à six pieds , et ne peut donner de feuilles qu'à propor- tion de celte masse ; au lieu que celle des mûriers de tige s'élève le plus souvent au dessus de deux toises ; et les branches de deux mûriers voisins venant à se toucher dans quelques an- nées , remplissent les grands vides qu'elles laissoient d'abord entre elles , sans gêner cependanlles ouvriers dans les labours qu'ils font par-dessous. « Des Haies de mûriers. Les haies de mûriers donnent une clô- ture impénétrable , et procurent une feuille précoce. Pour les former, on ouvre sur toute la longueur proposée, une tranchée de trois pieds et demi de largeur sur deux pieds et demi de profondeur, et avec les précautions indiquées ci- dessus, pour la plantation, on dispose les pourrettes sur l'un des bords de la tranchée , en leur conservant quatre pieds d'intervalle ; l'autre bord est garni pareillement de sujets , mais disposés de manière que les pourrettes de l'un des bords se trouvent vis-à vis le milieu de l'intervalle qui sépare celles An bord opposé. On les recèpe à deux pouces au-dessus du terrain , et on n'y touche plus jusqu'à la fin de la seconde an- née. A cette époque , on ravale les plants à quatre pouces de 48 M U R hauteur ; les branches latérales sont alors conservées ; on les incline vers Thorizon ; de ces branches inclinées s'élancent de nouveaux bourgeons qu'on incline encore , en les forçant de former les uns avec les autres des losanges très-allon- gées par les deux bouts, et même en les greffant par appro- che au point de leur réunion. On ne doit permettre à aucune branche de croître en ligne droite , parce qu'elle absorberoit la sé'^e des branches inférieures. Les soins annuels que cette haie exige, sont d'être taillée au ciseau, ou au croissant, ou à la serpette , après la chuie des feuilles et avant la seconde sève. Quand sa hauteur aura été conduite de cette manière Jusqu'à cinq ou six pieds d'élé- vation , on pourra l'y assujettir , et arrêter en même temps son épaisseur. Après la haie plantée en sureau , celle de mûrier est la plus tAt venue. Elle ne laisse pas que de donner un assez bon nombre de fagols pour le four. Ceux qui veulent en cueillir la feuille pour la première, et même pour la seconde éduca- tion du ver-à-soie , peuvent conserver les pousses de la se- conde sève , et les tailler aussitôt après que la feuille a été recueillie. Dans le Tonquin, les mûriers sont plantés en palissades, h hauteur d'homme , irès-peu éloignées les unes des autres, et par conséquent privées de l'influence du soleil. Si on les disposoit de même dans les parties moyennes de la France , les feuilles seroient trop aqueuses , et par conséquent influe- roient d'une manière nuisible sur la santé des vers et la qua- lité de la soie. Des taillis de mûriers. On peut considérer le mûrier en taillis sans sa feuille, quoiqu'elle soit presque aussi abondante et aussi aisée à cueillir que celle du mHr/>//îo?rt; envisagés ainsi, les taillis de mûrier présentent plusieurs avantages. Ils sont propres à garnir les terrains montueiîx et rocailleux , dont on ne sauroit tirer presque aucun parti ; ils peuvent couvrir ceux que leur éloignement ou leur pente trop rapide ne pennet pas de cnltiver en grain ; par le moyen de ces taillis, on peut mettre en valeur d'immenses bruyères , dont l'utilité se borne à un simple parcours de troupeaux ; ils fournissent du bois de chauffage et des échalas ; enfin leurs vastes souches et leurs racines superficielles soutiennent et arrêtent les terres contre les efforts des pluies d'orage. Tous les arbres de pépinières , qui ne pourront servir aux plantations de mûriers à plein vent ou nains , seront utiles dans les taillis. On doit les planter dans des fosses espacées en tout sens de six ou neuf pieds. On laissera chaque touffe s'étendre à droite et à gauche, de MUR manière pourtant k ne pas gêner la culture ; il en résultera un plus grand produit de rameaux et de feuilles. Les jets qui s'élèveront en pyramides seront taillés tous les deux ans. M. de la Gardette propose de planter les mûriers taillis à intervalle de six à sept pieds , sur la même file , et en sépa- rant les files de trois toises. « L'entrée de ces taillis , dit Rozier , doit être interdite aux troupeaux , excepté pendant l'hiver ; encore faut-il que la feuille tombée ait eu le temps de se dessécher , parce qu'elle sert d'engrais. Ce n'est donc que depuis le mois de janvier jusqu'au commencement de mars ou d'avril , suivant le climat, que le parcours sera permis. Après les premières années , les brebis y trouveront une herbe fine et abondante. Il n'existe point de taillis d'un produit égal, et dont l'accroissement soit aussi prompt .» Je ne parlerai point de la propagation des mûriers par boutures ou marcottes; ces sortes de productions ne donnent jamais que des arbres dégénérés. D'ailleurs, il est si aisé de se procurer des sujets par la voie du semis, et il est si avanta- geux, que les autres moyens de multiplication peuvent être négligés. il est difficile d'assigner l'âge fixe auquel un jeune mûrier peut être effeuillé, La première cueillette dépend de la force du sujet; elle a ordinairement lieu la troisième ou la qua- trième année après la plantation. Comme ces jeunes arbres seront les premiers garnis, c'est par eux que doit coniiiiencer la récolte , afin qu'ils aient le temps de pousser des jets longs , bien nourris et devenus ligneux avant la chute des feuilles. La feuille des jeunes mûriers est en générai trop aqueuse et peu nourrissante; elle ressemble en ce point à celle des mûriers plantés dans des fonds bas et humides. De la manière de la cueillir dépend la prospérité de l'arbre. On doit prendre la petite branche d'une main , et glisser l'au- tre de bas en haut, SI, au contraire, on prend de haut en bas, l'effort de la main fait sauter les yeux ou boutons , et leur rupture entraînant souvent une partie de Técorce , forme des plaies sur l'arbre. Si, pour avoir plus tôt fait, on arrache le petit bouquet de feuilles qui se présente , on détruit les bour- geons à venir ; la sève se porte alors entièrement vers ceux du sommet ; il n'en pousse plus dans la partie inférieure des branches : ce qui oblige à les ravaler souvent , d'où résulte l'épuisement de l'arbre. On doit donc cueillir feuille à feuille , et laisser les deux plus élevées du bouquet, afin qu'elles fa- cilitent le prolongement de Toeil en bourgeon. A mesure qu'on effeuille un arbre ; on doit séparer les mûres , et ne pas les mêler avec les feuilles dans les sacs. C'est 5o M U R augmenter le fardeau en pure perle ; d'ailleurs l'odeur ou l'aîr qui s'exhale des fruils , se communlquanl a la feuille , 1 allere et la rend nuisible au ver-à-sole. Aussitôt que les charges de feuilles sont arrivées au lieu de leur destination , il taut les ôter des sacs, les étendre dans un lieu bien aéré, et achever d'en séparer les fruits , qu'on jette à la volaille. Elles ne doi- vent jamais rester amoncelées , pressées ou serrées , elles s'échaufferolent alors , fermenterolent cl donneroient des maladie aux vers. Un point essentiel dans la récolte des feuilles , est dV'n dé- pouiller complètement l'arbre , une fols qu'on a commence à cueillir. Si on en laisse sur quelques branches, la sève suivra son cours ordinaire, et ne nourrira qu imparfaitement la par- tie offeuillée. Mais c'est une erreur de croire qu il taille ej- feuliler l'arbre chaque année-, quand sa feuille est attaquée par la rouille , quand elle est jaune et languissante , c est une preuve qu'il souffre , et on augmenterolt alors son mal-elre ; au lieu de le dépouiller, il faut chercher à le rétablir par des labours , par des engrais , ou par tout autre moyen. Aussitôt après avoir cueilli les feuilles du mûrier , on l'é- monde. Emonder n'est pas tailler, mais c'est supprimer tous les bois morts, les chicots , les ergots, le bout des branches cassées , réparer les déchirures, et tout au plus enlever quel- ques petites branches chiffonnées qui nuiroient a l accroisse- ment des bourgeons, ou qui leur feroienl prendre une nou- velle direction La taille , différente de 1 émondage , n a heu qu après la chute naturelle des feuilles, c est-a-dire, lorsque l'arbre n'est plus en sève. Toutes choses égales d'ailleurs , la feuille du mûrier doit varier en qualité selon le sol et le climat , et donner par con- leWmdes qualités de soie différentes Les mûriers plantes dans un sol léger, substantiel et nature lement sec, ou dans un sol rocailleux; pierreux , et qui a du fond , fournissent un. feuille moins abondante en sucs , moms ^^Y'^^^'ll mais dont les principes sont mieux assimiles entre eux , et le. parties nutritives plus élaborées. Les mûriers, au contraire, qui croissent dans un sol nche en terre végétale , et formant un excellent champ a blé , a 1^^ onl chfnvre , ont une feuille plus large , plus épaisse et «lus aqueuse Le ver y trouve une ample nourriture , mais Eu iosslTre 11 est rare, dans les années pluvieuses, de voir FTofeT belle qualité. Quelle peut donc être -l e ^ui aura été filée par des vers nourris avec la feuille de l '-^«-brc plan e dans un bas-fond, dans un terrain aquatique , ou dont la crchTinf,^ricurc st de l'argile ï elle sera à coup sur medio- MUR 5i cre , et rarement les vers seront exempts de ces maladies qui en détruisent la moitié. II. Propriétés économiques et d'agrément des Mûriers. La feuille du mûrier employée à la nourriture et à l'édu-* cation des vers-à-soie, fait sans doute la plus grande richesse de cet arbre. Mais il présente en même temps aux arts, à la médecine et à l'amateur des jardins, d'autres avantages. Son écorce préparée comme le lin, donne de la filasse. Cette pro-' priété éloit connue très-anciennement, el cependant les journaux l'ont annoncée il y a quelques années , comme une découverte nouvelle. Ecoutons ce qu'en dit Olivier de Serres, dans son Théâtje d agriculture. Ce fragment de son ouvrage ne peut être omis dans cet article. Afm qu'il fut entendu de toug les lecteurs , je me suis permis d'en rajeunir un peu le style. « Le revenu du mûrier blanc , dit Olivier de Serres , ne consiste pas seulement dans la feuille pour en avoir la soie , mais aussi dans l'écorce pour en faire des cordages , des toiles grosses , moyennes , fines , déliées comme l'on voudra ; en quoi il paroît être la plante la plus riche dont nous ayons eu connoissance. J'ai déjà parlé de la feuille du mûrier.^ de son utilité , de son emploi , et de la manière d'en retirer la soie , je vais maintenant faire connoîlre les propriétés de son écorce , et, comme il a plu au roi me l'ordonner, publier les moyens de la convertir en cordages , toiles , etc. » Voici comment j'ai acquis la connoissance de ces pro- priétés. L'écorce du mûrier blanc se séparant facilement de son bois, quand l'arbre est en sève , j'en fis faire des cordes, à l'imitation de celles d'écorce de tilleul qu'on façonne en France. Ces cordes ayant été mises à sécher au haut de ma maison , furent jetées par le vent dans un fossé. Après y avoir séjourné quelques jours, elles furent retirées de l'eau boueuse, et lavées en eau claire. Quand elles furent tordues et séchées, je vis paroître la teille ou poil , matière de la toile comme soie ou fin lin. Je fisbattre ces écorces à coups de massue pour en séparer le dessus, qui, s'en allant en poussière , laissa la matière douce et molle , laquelle broyée , sérancée, peignée, devint propre à être filée, et ensuite à être tissue et réduite en toile. Plus de trente ans auparavant j'avois employé l'é- corce des tendres rejetons de mûriers blancs , à lier des entes à écusson , au lieu de chanvre dont on se sert communément. » Voilà la première preuve de la valeur de l'écorce du mûrier blanc. (5n peut tirer un grand parti de cet essai réduit en art. Plusieurs plantes et arbres rendent aussi du poil , mais en petite <]^uantitc , ou de foible qualité. 11 n'eu est pas ainsi 52 M U R du mûrier blanc. L'abondance de son branchage, la facilité de l'écorcement , la bonté du poil qui en procède , rendent le profit très-assuré ; avec peu de dépense le père de famille retirera des avantages infinis de ce riche arbre, do'it la valeur, inconnue à nos ancêtres , a demeuré comme enterrée jusqu'à présent. « Mais pour rendre ces avantages durables , c'est-à-dire , pour écorcer le mûiier sans l'offenser, ceci soit noté que , pour le bien de la soie, il est nécessaire d'émonder, d'élaguer, d'étêter ces arbres inissitôt après en avoir cueilli la feuille pour la nourriture des vers , selon toutefois les distinctions requises. Les branches provenant de ces coupes serviront à notre invention, parce qu'étant alors en sève (car dans tout autre cas il ne faut jamais mettre la serpe aux arbres) , elles s'écorceront facilement, et l'on tirera ainsi parti d'une chose perdue , car aussi bien faudroit-il jeter ces branches au feu ; et même dépouillées de leur écorce , elles pourront égale- ment être brûlées, si on n'aime mieux les employer aupara- vant en cloisons de jardins, vignes , etc. , à quoi ce branchage est très-propre étant sec, parce qu'il est dur et ne pourrit pas de long-temps. « Comme les diverses qualités des branches diversifient la valeur des écorces, dont les plus fines procèdent des tendres sommités des arbres, les grossières des grosses branches déjà endurcies , les moyennes de celles qui tiennent l'enlre-deux, lorsqu'on taillera les mûriers , soit en les émondant, élaguant ou étêtant , le branchage en sera assorti, et l'on en mettra chaque sorte à part et en faisceaux , afin de pouvoir retirer et manier, sans confusion, toutes les écorces selon leurs pro- priétés particulières. On les séparera sans délai de leurs branches, profitant pour cela de la fleur de la sève qui passe vite , sans laquelle on ne peut faire celte opération ; ensuite les ayant botlelées, chacune des trois sortes à part, on les tiendra dans l'eau claire ou trouble , trois ou quatre jours , plus ou moins selon les qualités et les lieux où l'on est ; c'est à l'expérience à limiter le terme. Mais en quelque endroit qu'on se trouve , on ne doit pas laisser tremper les écorces minces et tendres aussi long-temps que les grosses et fortes. Retirées de l'eau à l'approche du soir, elles seront étendues sur r herbe de la prairie, pour y demeurer toute la nuit , et pour y boire les rosées du niatin. Puis, dès que le soleil commencera à s'élever, elles seront amoncelées jusqu'à l'heure de son coucher, remises alors au serein, le lendemain retirées du soleil comme il a été dit, et ainsi de suite pendant dix à douze jours , à la manière des lins , et jusqu à ce que la matière paroisse suffisamment rouie , ce qu'on reconnoîtra M U R 55 en séchant et battant une poignée de chacune de ces trois «corces. « Le bois des taillis de mûriers est employé utilement comme perches à soutenir des treillages , comme tuteurs pour les arbres. Celui du tronc et des grosses branches fendu et scié en planches d'un à deux pouces d'épaisseur, sert à la fabrication des vaisseaux vinaires. Ce bois est particulièrement avantageux pour les vins blancs ; il leur communique un petit goût agréable et approchant de celui qu'on appelle violette. Dans les pays de vignobles , on apprécie le bois de mûrier pour les échalas. Il dure infiniment plus que les autres bois blancs» moins que le chêne à la vérité, mais autant que celui des taillis de châtaigniers , surtout si on a la précaution de l'écorcer. Le bois du mûrier hlanci^èse, selon Varennes de Fenille , 4-^ ii^- i3 onces 3 gros par pied cube ; et celui du mûrier twir, 4-1 ^iv. i4 onces 7 gros. « La culture des mûriers ne nuit point à celle des blés dans nos provinces méridionales, où la chaleur du climat permet des plantations en plein de ces arbres à six toises de distance les uns des autres, sans que leur ombrage fasse tort aux blés: l'on en garnit les bords des chemins , l'on en fait des haies , de^ bois taillis dans les mauvais terrains où les grains ni les prés artificiels ne sauroient végéter avec succès. « Le mûrier^ dans ces contrées , devient encore un arbre très-précieux pour les décorations des jardins , puisque la charmille, le hêtre, ne sauroient y croître sans être largement arrosés , et que l'eau y est trop rare pour être consommée en objets de pur agrément. Le mûrier craint peu la sécheresse ; ses branches se prêtent volontiers à la forme qu'on veut leur donner ; et si on sait les conduire , les incliner à propos, et supprimer le canal direct de la sève , on peut en faire des berceaux agréables et des palissades semblables à celles des charmilles, et dont les feuilles seront d'un vert plus gai. c< La culture de cet arbre est avantageuse aux troupeaux ,1. parce qu'on en ramasse avec soin la seconde feuille , qu'on ifait sécher pour nourrir les moutons en hiver, La litière des vers-à-soie sert aussi à la nourriture du bétail , surtout des ^ cochons ; ou bien elle est convertie en un excellent engrais , Irès-actif , propre à la vigne , auxbJés et aux jardins. » Le fruit du mûrier noir est nourrissant et rafraîchissant. On en fait un sirop simple ou composé , propre à calmer la toux et à diminuer l'inflammation des amygdales dans les maux de gorge. On retire des mûres , après qu'elles ont fermenté , ua vinaigre très-fort et très-agréable. Le procédé consiste à trai- %«c ces fruits , pour en avoir du vinaigre , comme on traite 5/; M TT Tl les raisins pour en obtenir du vin. Lorsqu'ils sont parvenus à leur degré de niaturllé , on les récolle soit sur l'arbre, soit à mesure qu'ils tombent, ce qui est plus économique. On en remplit un tonneau qu'on foule le plus possible , ainsi qu'on fait des raisins lorsqu'ils sont mis dans la cuve ; la fermenta- tion vineuse s'établit. Quand elle est arrivée à son plus haut degré , on tire la liqueur du tonneau, on la mêle avec celle que contiennent encore les mûres qu'on exprime. Cette liqueur est mise dans une barrique ; quoique douce dans son principe , elle s'aigrit au point que , dans l'espace de deux années, elle est convertie en un excellent vinaigre. C'est sur des mûriers blancs qu'il convient de récolter des mûres pour faire du vinaigre ; mais il faut avoir soin de n'en pas récolter la feuille. Vuy. les mots Soie et Bombyx, (d.) MURIER DES HAIES. C'est une Ro^CE, Rubusfruii- rosus. (ln.) MURIER DE RENARD. C'est la Ronce a fruits ELEUS, Riibiis cœsiiis. (lTS.) MURINGUl-RINGUE. Nom donné , sur la côte orien- tale d'Afrique , à un grand arbre qui constitue un genre par- ticulier ; c'est Vallasia payas de Loureiro. Ce naturaliste trouve qu'il a des rapports avec le jaracatia de Pison. (Bras., pag. i6o. V. Allasie. (ln.) MURINS, Muriiiî. Famille de rongeurs que nous avions établie d'aprèsVicq-d'Azyr dans les tableaux du 24.^ volume de la i.f^ édition de cet ouvrage. Elle ne renfcrmoit que le genre des rats dont la queue est longue, nue et écailleuse. Illîger {Prodr. sysf. mam. et iw.') forme aussi une famille de MURINS, murina, caractérisée ainsi : pieds de devant penta- dactyles ou tétradactyles, avec un pouce court en forme de verrue ; molaires tuberculeuses , au nombre de 10, 8, 6 à la mâchoire d'en haut, et de 8 ou 6 en bas; queue allongée , poilue ou nue et annelée , ou courte. Elle renferme les genres arc/o/«^5 ( marmotte ) ; criceiiis ( hamster) ; mus ( rat ) ; spalax ( rat-taupe , Cuv. ) ; et lathyergiis (marmotte du Cap ). (DE.SM.) MURIO - CARBONATE de plomb de Thompson. Kof. Plomb muriaté. (ln.) MURMÉCOPHAGE ou MYRMÉCOPHAGE. Voyez Fourmilier, (desm.) MURMENTLE, MURMELTHIER ou MISTBEL- LERLE, Gesner rapporte ces noms à la Marmotte. V. ce mot. (DESM.) MUROK. Nom de la Carotte , en Hongrie, (ln.) MURRA, MORRHA, Murrina , Myrrhiina. Ce sont ¥, U R 55 îcs diverses dénominations qu'on a données aux vases nmr- rhins. F. MuRRiHN. (ln.) MUIaPiAÏ , Mwm/ra. Arbrisseau à feuilles ailées avec im- paire, à folioles alternes, presque ovales , légèrement cré- nelées , à fleurs disposées en pnnicules terminales, qui cons- titue seul un genre dans la décandric monogynie, et dans la famille des hespéridées. Chaque Heur consiste en un calice très-petit, persistant et à cinq divisions pointues; en cinq pétales oblongs , ongui- culés , beaucoup plus grands que le calice , et disposés en manière de cloche ; en dix élamines inégales; en un ovaire supérieur , entouré d'un anneau urcéolé , et chargé d'un style dont le stigmate est on télé vcrrnqueuse. Le fruit est une baie ovale-oblongue , rouge dans sa matu- rité , et qui contient une ou deux semences jointes ensemble et un peu cartilagineuses extérieurement. Le murraî croît dans les Molnques. On le cultive pour la bonne odeur de ses fleurs. Son bois est propre aux ouvrages d'ébénisterie. Il se voit au jardin du Muséum de Paris. 11 a été reconnu que c'est la ntême plante que le Calchas pani- rxLÉ du mautissa de Linnseus , la Marsa>;e ou Bois de la. CiiiNEde Sonnerat. Il se rapproche infiniment de I'Aglaia de Loureiro. (B.) MURREYR. Nom arabe de la Ptcride élevée, Picris ahissima , Delille. segypt. , pi. 4-1 ■> f'g- 2. (ln) MUPxRHIN {vases-mnirhins'). Les anciens donnoient ce nom à des vases dont ils faisoienl un très-grand cas , et qu'ils liroient de diverses contrées de l'Orient , de la Carmanie ( contrée d'Asie au nord ouest du Golfe persique ) , du pays des Parthes ( aujourd'hui la Perse ) , et particulièrement de l'Egypte. Ces vases étoicnt de deux sortes : les uns se fabri- quoient avec une matière naturelle, et les autres avec une matière artificielle. Ceux-cis'apporloientd'Egyple, ilsétoîent les moins estimés. La matière mjwv/j/ne naturelle se trouvoît en masses assez volumineuses , pour pouvoir en faire de petites tables et des vases qui continssent trois setiers. Ce n'étoit même que la très-petite partie des morceaux de minrhin qui pouvoit ser- vir à faire des vases à boire , d'où il faut croire que le mur- iliin n'étoit pas rare ni d'un grand prix , mais seulement les blocs d'un grand volume : aussi , observe M. Rozière , n'a- t-on jamais cité un seul objet d'un petit volume ayant quelque valeur. ^La matière murrhine étoh assez fragile , médiocrement dure et même susceptible d'être attaquée par l'action des dents. Ella avolt l'aspect vitreux ; son éclat, quoique brillant , n'é^ 56 n U [l toit pas celui des gemmes. Elle en offroit rependantla rariélc, la richesse et la vivacité des couleurs. C'est de la beauté de ces couleurs que les vasas murrhins tiroient tout leur prix. Les couleurs dominantes étoient le pourpre (ou le violet foncé ) et le Liane disposé par bandes ondulées ou contournées de diverses manières , et presque toujours séparées par une troi- sième bande qui, participant des deux autres , imitoit aux yeux la couleur de la flamme. On admiroit encore certains reflets irisés quiajoutoient à la beauté delà matière murrhine. Celle-ci n'étoit cependant pas toujours pure , et Pline lui re- proche d'être souvenlsalie à l'intérieur pardes matières étran- gères. La transparence parfaite étoit un défaut plutôt qu'une qualité dans les vases murrhins. £n réfléchissant sur l'ensemble des caractères et des qua- lités attribuées à la matière murrhine., on est surpris de leur similitude avccles caraclères et les qualités de la chaux fluatée; £t nous ne doutons pas, avec M. Rozière, que la chaux tlualée en masse , qu'on nomme vulgairemenl spath fluor., spath vitreux , albâtre vitreux , ne soit la matière des vases murrhins naturels. M. Rozière, dans un excellent Mémoire (inséré dans le Journal des mines , vol. 36 , pag. igS) , d'où nous avons extrait ces lignes, fait voir qu'on a cru , mais à tort, que la matière murrhine étoit une sorte d'albâtre calcaire ou gyp- seux , ou une sorte de gomme , ou même une coquille , soit encore de la porcelaine ou même lasardonyx., ou lagathe, l'obsidienne , et la pierre de lard de la Chine. En comparant les caractères de ces substances avec ceux de la matière des vases murrhins , on voit aussitôt que tous ces rapprochemens sont inexacts. La fragilité du spath fluor , son altérabilité au feu , et plu- sieurs autres circonstances qui tiennent à sa nature explique- roient pourquoi aucun vase muirhin naturel n'est parvenu jusqu'à nous. M. Gillet - Laumont , inspecteur général des mines, possède un vase de spath fluor que, à sa forme et à ses caractères de vétusté on n'a pu méconnoîsre pour un vase an- tique , c'est , sans doute , ajoute M. Rozière, un des anciens vases murrhins. Nous ajouterons aussi que ce vase fit soupçon- ner à M. Gillet-Launiont que le spath fluor pouvoit bien être la matière des vases murrhins. Mais Deborn a indiqué le pre- mier le rapprochement de ces deux substances. L'on sait qu'en Angleterre on travaille le spath fluor, et qu'on en fa- brique des vases et d'autres objets d'agrément. Cet usage pou- voit donc bien exister chez les anciens. ( V. Chaux fluatée.) Quant à la matière des vases murrhins ârlificleh ou du faux murrhin qui se fabriquoit dans les anciennes manufactures de Thebes, ce devoit être une matière vitreuse , colorée par M V S 57 bancles et par nuances. On sait ç[ue les Egyptiens ont ex celle de tout temps dans Tart de colorer le verre et dans la fabrication des émaux, (ln.) MURRINA. V. MuRRA. (ln.) MURTA etlMURTERA. Noms du Myrte, en Espagne; myrtinos et murtones sont ceux des fruits de ce même arbuste. (LN.) MURIE etMURTRE ouMEURTE. V. Myrte, (ln.) MURTIA de Pline. V. Myrtus. (ln.) MURTILLE. C'est la même chose que I'Airelle. (b.) MURTRO. C'est le Myrte, en Languedoc. Cet arbris- seau , consacré à Vénus , élolt le symbole de l'amour et da mariage, suivi le plus souvent de chagrins , et toujours de soucis. C'est ce que signifie le nom herbe des chagrins que l'on donne encore au Myrte, en Languedoc, (ln.) MURTUS. V. Myrtus. (ln.) MURUCUIA, Miirucuia.Genre de plantes établi par Jus- sleu. Il ne diffère des Grenadilles que par l'absence de la couronne frangée , à la place de laquelle on trouve un tube conique et tronqué. (B.) MUR CJ GUTL Nom malabare de Vhedyoiis auricuïaria , L. (ln.) MURUME. Sur la côte orientale d'Afrique, on cultive, sous ce nom , le borassusfiabelUfonnis. Ce grand et magnifique palmier s'y trouve également sauvage. 11 est aussi répandu dans toute l'Asie; c'est le ainpana ou carïrti pana des Mala- bares , et le ial ou ialghala de Ceylan. Les Indiens nomment sura la liqueur vineuse qu'ils en retirent, tl j agora le sucre qu il produit. V. Rondier. (ln.) MURUO. Nom du LEPTOCÉPHALESPALLANZANideRisSO, i Nice. (DESM.) MUS. Nom latin des mammifères du genre des Rats. Sous celte désignation collective, Linnaeus a décrit une foule de pe- tits rongeurs qui sont divisés en un assez grand nombre de gen- res dont les caractères sont tirés de la forme et du nombre des dents molaires, du défaut ou de l'existence d'abajoues ou sacs propres à contenir les alimens , de la longueur relative , ou du manque absolu de la queue, de la quantité de poils qui couvrent cette partie lorsqu'elle existe, etc. V. les articles Rat, Mus; Loir , Myoxus ; Gerboise , Dipus; Gerbille; Campagnol , Lemmns ; Hamster, Cricetus ; Marmotte, Arctomys ; On- datra , Fiber; Rat-Taupe , Aspalax^ H ydromys , Eciiimys , Bathyergus et Pedetes. Quelques animaux assez éloignés des rats par leur organisation , mais leur ressemblant par leur petite taille et 58 M TT .<^ leurs formes extérieures, ont aussi été appelés du nom de mus^ par certains auteurs. Ce sont notamment les Musaraignes. F. ce mot. (desm.) MUS ALPINUS. Nom latin de la Marmotte. V. ce mot. (s.) MUSA. Nom arabe qui désigne les bananiers^ ainsi que miiZf mauz , mauze^maum el musa. Musa., latinisé par les bo- tanistes, indique le genre Ban amer. F. ce mot. (ln.) MUSANGÈRE. Nom vulgaire des mésanges, (v.) MUSARAKiNE , ^-omr , Linn. , Erxl. , Schreb. , Cuv. , Lacép, , lllig. ; Mu.saraneiis , Brisson, Genre de mammifères carnassiers de la famille des insectivores, présentant les ca- ractères suivans : Deux incisives supérieures à double crochet, au moyen dun éperon situé à leur talon ; deux incisives in- férieures allongées sortant droites de Talvéole et ne se cour- bant que vers rextrémllé; canines , surtout les supérieures, beaucoup plus petites que les incisives, au nombre de six ou huit à la mâchoire d'en haut et de quatre seulement à celle d'en bas ; huit molaires supérieures et six inférieures, toutes à couronne large, hérissée de pointes, les supérieures étant les plus grandes et ayant leur tranchant oblique ; télé très- allongée; nez prolongé et mobile ; oreilles courtes , arrondies; yeux petits, mais visibles; corps couvert de poils fins et courts ; queue plus ou moins longue , tantôt tétragonc , tan- tôt comprimée dans une partie de sa longueur , tantôt léré-^ tile , etc. ; mamelles situées sur la poitrine et le ventre au nombre de six à dix; pieds pentadaclyles courts, à doigts foibles , munis d'ongles crochus mais également foibles ; tarse postérieur appliqué sur le sol. Ce genre renferme les plus petites espèces connues de la classe des mammifères. Elles sont assez nombreuses et plu- sieurs sont de nos climats. C'est principalement à Dauben- lon, au docteur Gall , à feu Hermann de Strasbourg el à M. Geoffroy Saint -Hilaire, qu'on en doit la distinction précise. Plusieurs mammifères placés avec les musaraignes par Linnœus et Pallas , ont dû en être retirés pour former des genres nouveaux , ou rentrer dans des gem-es connus ; tels sont : i.o le sorex aqiiaiicus^ qui est le scalope , différant des musaraignes par ses mains semblables à celles de la taupe , ,et ses incisives inférieures qui sont séparées par deux autres dents plus petites; 2.°\e^ sorex cristatus, que tous ses caractères rapprochent des taupes; 3.° le sorex brasiUensis, dont la taille et les organes extérieurs de la génération du mâle , se rap- portent plutôt au didelphetricolor ou touan, qu'àlout autre; |..'> le soreji auratus , dont M. Lacépède a formé son genre M TT S 59 CHRYSOCHLORE, et qui a les dents conformées comme les sca- lopes elles mains comme les taupes', à cela près qu'elles n'ont que trois doigts seulement au lieu de cinq ; 5." le :iorex mos- chatus , qui a servi de type au genre DESMaN , mygale^ parti- culièrement distingué par son nez prolongé en trompe , ses pieds palmés , sa queue comprimée et ses dents incisives semblables à celles des scalopes et des chrysocblores. Tous ces animaux misa part, il reste encore dans le genre musaraigne onze espècesbiencaraclériséesetqutoffrent toutes les caractères que nous avons reconnus à ce genre. Acelles-ci, il faudra peut-être, lorsqu'on les connoîtra mieux, en joindre six autres sur lesquelles on n'a que desdescriplionstrop abré- gées ou trop vagues pour qu'il soit possible de se décider à cet égard , dès à présent. Ces espèces sont : i.° le sorex mini* mus, Pallas, Voyag., tom. 2, pag. 664; brune, à queue ronde et étranglée à la base ; 2." le sorex cœculiens , Laxmann , Act. petrop. lySS, p. 285; très-voisine de la musaraigne de Daubenton; 3." \e sorex exilis de Sibérie, qui a la queue ronde, très-épaisse, et qui passe pour la plus petite de toute» les musaraignes ; 4-° le sorex pusîllus , Gmelin , Voy. tom. 3, pag. 499 , qui habite le nord de la Perse et qui se rapproche surtout des desmans par la forme de ses dents; 5.» le sorex pygmœus de Laxmann , qui , ainsi que le remarque M. Geoffroy, s'éloigne des musaraignes à cause de son man- que de queue et de ses narines très-petites et extrêmement allongées; 6.» le sorex indiens , indiqué comme étant de Java y sans détails suffisans sur ses caractères pour le faire distin- guer de la musaraigne de l'Inde. 11 paroît qu'il existoit autrefois en Egypte une espèce de musaraigne que les naturalistes français n'ont point retrou- vée pendant leur séjour dans cette contrée avec l'armée- Olivierenavoitdécouvertdesmomies, préparées à la manière de celles des ibis , et placées avec celles de ces oiseaux, dans les catacombes de Sakkara , où elles étoient réunies en assez grand nombre dans un même pot ; car on en retira six têtes entières, indépendamment de quelques autres qulse bri- sèrent, La taille de celte musaraigne éloit beaucoup plus considérable que celle de nos espèces d'Europe , puisque la tête avoit seulement un pouce à quinze lignes de long, sur six lignes à peu près de large à sa partie postérieure ; la queue paroissoit à peu près aussi longue que le corps ; le poil qui s'éloit conservé étoit roux et très-fin, etc. Oliv. , Voyage en Egypte , tome 3 , page 164 , plane. 33 , fie. i , A , B , C , D , E. Les musaraignes de nos pays se nourrissent d'insectes , de chair pourrie, et, dit-on, de grains j elles creusent rare? 6a M U S ment la terre comme les taupes, mais elles se cacîient fe plus souvent dans les trous abandonnés par celles-ci ; ordinaire- menl on les renconire dans les herbes, sous la mousse, etc. Elles sont peu acllves , se laissent prendre ai_sémenl , mais pullulent beaucoup. Elles exhalent une odeur très-forte qui tient de celle du musc. Cette odeur est celle d'une humeuF sécréJée par des glandes dont M. (Geoffroy , a reconnu l'existence ", et qu'il a décrites dans le premier volume des Mémoires du Muséum. << Elles sont situées, dit-il, sur les (lancs, un peu plus près des jambes de devant que de celles de derrière ; leur forme est ovalaire. Elles se manifestent extérieurement par un bourrelet en biseau , qui se compose de deux rangées de poils courts et roîdcs. Chaque rangée en cherchant à se renverser sur l'autre y est retenue et adossée. Ces poils , constamment enduits de la viscosité fournie par l'appareil intérieur ont un aspect gras et huileux; une auréole autour, produite par le nu des par- ties, contribue à rendre encore plus distincte cette singulière disposition des poils. Toute fois cet arrangement n'est bien visible que dans les individus revêtus de leur robe d'été; alors le poil est assez court pour que le cercle nu et la saillie da milieu puissent être aperçus ; mais en hiver, ces parties sont masquées . le poil ayant à cette époque la longueur néces- saire pour les recouvrir entièrement ». M.Geoffroy, présume que les glandes sont plus tuméfiée* dans les mâles que dans les femelles, et encore plus dans ceux- là aux approches du rut , c'est-à-dire vers la fin de février au le commencement de mars. On attribue àl'odeurdes musaraignes de natre pays, la répu- gnance que les chats manifestent pour manger leur chair; mais cette odeur n'est presque pas à comparer pour sa force avec celle desespèces des pays chauds. On assure même qu'au Cap de Bonne-Espérance, où les caves sont fréquentées par ces animaux, elle empêche de conserver le vin. Première Espèce. — MuSARAlONE VULGAIRE, Sx)rex araneus » Linn. , Gmcl. — Daubenton , Mem. de T Acad. des Sciences de Paris., année ijSô, pag. 212 , pi. 5 — Buff. tome YIII, pi. 10, fig. I — Geoffr. Jnn. du Mus. , lom. 17, pag. 1^4^, pi. 2, fig. 2; Schreber , Saeugih. tab. i6o. V. pi. G 3.7 de ce Dictionnaire. La musaraigne vulgaire, bien décrite par Daubenton , est, dit ce naturaliste , à peu près aussi grosse que la souris : elle a environ deux pouces et demi de longueur depuis le bout du museau jusqu'à l'origine de la queue ; elle pèse pour l'ordinaire trois gros; elle a li- poil plus fin, pkis doux et M U S Ci |)lirs court que celui de la souris, et d'une couleur appro- chante , mais un peu plus brune sur la tête et sur le corps, cl d'un gris plus foncé sur la face inférieure de l'animal ; tous ses poils sont de couleur cendrée sur la plus grande partie de lenr longueur, et leur pointe est de couleur brune mclcc d'une légère teinte de fauve sur le dessus et sur les cotés de la tête et du corps, et de couleur grise mêlée d'une légère teinte de jaunâtre sur le dessous du corps , depuis le bout de la mâchoire inférieure jusqu'à l'extrémité de la queue, qui n'est guère plus longue que celle du campagnol et qui n'a pas plus de poil ; sa longueur est d'un pouce qua- tre lignes. A ces caractères M. Geoffroy joint celui qu'offre la forme de l'oreille externe , qui ne se retrouve dans aucune des au- tres musaraignes d'Europe. La conque est ample , nue , et l'on remarque en dedans deux replis ou lobes placés l'un au- dessus de l'autre , dont 1 inféri'eur correspond à l'entrée du méat auditif, et a sans doute pour usage de le fermer entière- ment à la volonté de l'animal. Le même naturaliste fait re- marquer aussi que la queue est assez renflée , demi-arrondie ou plutôt légèrement carrée ; les quatre faces en sont bom- bées , et Ton aperçoit très-bien les lignes en angle qui les séparent. Les lèvres , les pieds et la queue sont couleur de chair; quelquefois la dernière de ces parties est d'une teinte brune. Il existe quelques variétés dépendantes des couleurs plus ou moins foncées du pelage ; de la longueur plus ou moins consi- dérable de la queue qui peut varier d'unquart; de la taille, qui est quelquefois moindre d'un douzième, etc. On a trouvé aussi des musaraignes atteintes de la maladie albine, et d au- tres qui avoient seulement sur les côtés du corps des taches blanches de forme elliptique. On rencontre la musaraigne assez communément , surtout pendant l'hiver, dans les greniers à foin, dans les écuries, dans les granges , dans les cours à fumier; elle se nourrit d'insectes, de matières animales en décomposition, on dit même de grain. Elle est aussi très-commune dans les bois oii elle se lient cachée sous les troncs d'arbres , sous \a mousse, sous les feuilles, elc, et quelquefois dans les trous abandon- nés par les taupes , ou dans d'autres trous plus petits qu'elle se creuoe elle-même en fouillant avec les ongles et le mu- seau. C'est elle particulièrement qu'un préjugé accuse de causer aux chevaux une enflure subite par ses morsures ; mais outre que cet animal n'est point venimeux, la trop petite ouverture de sa gueule ne lui permeltroit pas de saisir la dou- €2 IM U S ble épaisseur de la peau d'un animal quelconque, et à plus forte raison , colle des chevaux qui l'ont fort épaisse. La musaraigne habile dans toute l'Europe. Seconde Espèce. — Musaraigne de Daubenton, Sorex I>aubentonii,Èï-x[eh. , Blumenb. , Boddaert., Geoffr. Ann. du Mus. , toui. 17 , pag. 176; — Musaraigne d'eau , Dauben- ton, Mémoires de l'ylcad. roy. des Se. , 1766 , pi. 5 , fig. 2 — Buff., tom. YIII, pi. 10; — Sorex fodkns^ Pallas, Grael. — Sorex carinalus ^ Hermann, Ofjseroationes zoologicœ j ^a^. 4-6. Cette espèce, confondue pendant long-temps avec la pré- cédente , en a été distinguée par le célèbre Daubenton. Elle est plus grande que la musaraigne , puisque sa taille est inter- médiaire à celle de la souris et à celle du mulot. Elle a trois pouces un quart de longueur depuis le bout du museau jus- qu'à l'origine de la queue, qui a deux pouces deux lignes de long. Elle pèse pour Tordinaire une demi-once ; elle a le museau un peu plus gros , la queue et les jambes plus longues et garnies de poil, et les pieds , principalement ceux de derrière , plus grands que ceux de la musaraigne vulgaire. Les couleurs de la musaraigne d'eau sont aussi différentes de celles de la musaraigne; car la partie supé- rieure du corps, depuis le bout du museau jusqu'à la queue , est d'un noirâtre, mêlé d'une teinte de brun; et la partie inférieure est d'un blanc pur. La queue a une couleur grise ; elle est presque nue , à l'exception du côté intérieur , qui a d'un bout à l'autre un poil court et blanchâtre ; les doigts ont aussi sur leurs côtés des poils disposés en forme de nageoires, qui ne sont pas sur ceux de la musaraigne vulgaire. Daubenton n'attribue pas à sa musaraigne deau la couleur blanche pure que M. Geoffroy assigne aux parties inférieures de la musaraigne de Daubenton , qu'il considère néanmoins comme ne différant pas de la musaraigne d'eau. Selon Dau- benton, cet animal auroit sur le dessous du corps des teintes de fauve , de gris et de cendré , parceque l'extrémité des poils seroit fauve ou grise, et le reste de couleur cendrée jus- qu'à la racine. Outre les caractères rapportés ci-dessus pour distinguer cette espèce de la précédente, il en est encore d'autres re- connus par M. Geoffroy. Ainsi , le blanc des parties infé- rieures du corps s'étend sur les flancs en s'élevant presque par-dessus les cuisses; derrière chaque œil est une petite ta- che blanche ; l'extrémité des dents incisives est ferrugineuse ; lesorelUes ont une conformation particulière (commune d'ail- leurs à toutes les espèces de musaraignes aquatiques ) ; c'est qu'elles sont couvertes de longs poils et qu'elles peuvent se MUS G3 fermer au besoin, au moyen de l'antitragus, ici très-grand, et qui vient se placer au-devant du conduit auditif. Cette espèce habite le bord des eaux ; on la prend à la source des fontaines, au lever et au coucher du soleil; dans le jour elle reste cachée dans des fentes de rochers ou dans des irous sous terre, le long des petits ruisseaux; elle met bas au printemps, ©t ordinairement elle produit neuf petits. Troisième Espèce. — Musaraigne carrelet, Sorex tetrago" nums, Hermann, Ohs. zoo/.^i*. ^S — l^oàdaerl Elench. animcn lium, pag. 123, n.o 3 — Geoffroy, Jnn. du Mus., tom. 17 , pag. 1 77 , n.o 3 , pi. 2 , fig. 3 ; Schreber , pi. CLIX. B. Cette espèce , que le docteur (xall trouva aux environs de Strasbourg, en 1778 , fut communiquée par ce savant à Her- mann , qui la décrivit sous le nom de sorex tetragonurus. De- puis, Boddaerl, Zimmerman et Pennant en parlèrent ; et Daubenion , en lui appliquant le nom français de carrelet^ en donna une très-courte description dans le Tableau métho- dique des quadrupèdes qui précède le Système anatoniîque des animaux de Vicq-d'Azyr. Cette musaraigne est fort voisine de l'espèce vulgaire ; ce- pendant elle est un peu plus petite. Son corps et sa tête réu- nis ont deux pouces trois lignes de longueur, et la queue seulement un pouce et demi. Cette dernière partie est sur- tout remarquable en ce qu'elle est tout-à-fait carrée et termi- née subitement en pointe arrondie comme le sont les aiguil- les appelées carrelets; sa base est nue et le restant est cou- vert de poils verticillés ; à sa face inférieure on observe un léger sillon. Son pelage est d'un brun noir en-dessus, plus pâle en dessous. On trouve celte espèce en France , et notamment dans la ci-devant province d'Alsace , dans les mêmes lieux que la musaraigne vulgaire. M. Risso l'a aussi rencontré dans les environs de Nice. Quatrième Espèce. — MUSARAIGNE PLARON, Sorex constric- tus , Hermann , Observ. zoolog. , pag. 4/ — Boddaert , Elench. animalium, pag, laS, sp. 4 — Geoffroy , Ann. du Mus. d^Hist. nat,, tom. 17 , pag. 178 , sp. 4 ? P^- 3 , fig. i — Sorex cunicu- larius^ B echstein Zoo/o^/« — Musaraigne plaron^ \icq-d'Azyr, Syst. anat. des animaux , Tabl. méihod. Cette musaraigne a deux pouces sept lignes de longueur , et sa queue seulement un pouce et demi. Le museau est plus fort que celui de l'espèce ordinaire , la tête est plus large et le chanfrein plus arqué , le boutoir semble plus gros et plus 64 M U S court , ce qui est dA à des poils roldes qui garnissent les narines ; les oreilles sont couvertes en entier par le poil ; la mâchoire supérieure a deux petites canines de plus que dans les autres espèces. La queue, dit M. Geoffroy, est, à l'ori- eine , plate , étroite et comme étranglée , tandis que dans le reste, spécialement au milieu, elle est épaisse, comme ren- flée , et ronde , excepté à son extrémité , où on la retrouve aplatie et où les poils se réunissent en pointe comme ceux d'un pinceau. Le poil, ajoute ce naturaliste, est très-fourni, assez long et fort doux au toucher; noirâtre dans sa plus grande longueur et roux à sa pointe. Le ventre est gris brun et la gorge cendrée. Les pieds sont velus. Cette espèce a été trouvée par le docteur Gall, dans une prairie qu'on venoit de faucher, aux environs de Strasbourg. MM. Marchand et Bâillon l'ont aussi observée , l'un dans le département de l'Eure , l'autre dans celui de la Somme au- près d'Abbeville. Cinquième Espèce. — Musaraigne leucode , Sorexleucodon , Hermann , Obsejv. zooleg., pag. 49 — Boddaert, Elench. ani- malium , ]^ag. 12 j , sp. 2 — Geoffroy, ylnn. du Mus. d'Hist. nat., tom. 17 , page 181 , n.oS— Musaraigne leucode., Vicq- d'Azyr , Syst. anat. des anim. , ï abl. mcth. La musaraigne leucode est de la taille de la musaraigne de Daubenton, c'est à-dire qu'elle a deux pouces dix lignes de longueur mais sa queue est plus courte proportionnellement puisqu'elle n'a qu'un pouce quatre lignes. Son pelage est brun endessuselblanc en dessous ainsi que surles flancs. Sa queue, qui n'est pas exactement arrondie , ressemble en cela à celle de la musaraigne vulgaire ; en dessus elle est brune et en des- sous elle est blanche. Tous les poils sont gris à leur base. Le nom de Leucode (qui signifie dents blanches), a été donné à cette espèce par Hermann, qui n'avoil observé que de jeunes individus, lesquels avoient leurs dents incisives toutes blanches. Mais, ainsi que le remarque M. Geoffroy , ce nom est fort mal appliqué , attendu que dans les individus adultes la pointe de ces dents se colore en brun. Elle a été trouvée dans un jardin de Strasbourg. Sixième Espèce. — Musaraigne rayée, Sorex lineatus , Geoffroy, Ann. du Mus. d'Hisi. nat. , tome 17, page 181 , sp. 6. Cette nouvelle espèce , décrite pour la première fois par M. (ieoffroy Sainl-Hilaire , existe dans la collection publi- que du Muséum d'Histoire naturelle de Paris. Elle a deux pouces dix lignes de longueur , et sa queue dix M U S 65 huit lignes. Sa forme est plus élancée, etson museau plus long et plus fin quecrluides espèces précédentes. Tout son pelage est d'un brun noirâtre, à l'exception du ventre, qui est plus pâle, et dé la gorge qui est cendrée. Une ligne étroile, blanche, s'étend sur le chanfrein depuis le front jusqu'aux narines. Les oreilles sont marquées d'uue tache blanche for- mée par les poils qui recouvrent les deux lobes intérieurs de la conque. La queue est ronde et fortement carénée en des- sous , ce qui fait soupçonner à M. Geoffroy que cette espèce est aquatique. Les deuts incisives sont brunes à leur pointe. Septième Espèce. — Musaraigne porte-rame , Sorex remi- fer^ Geoffr., Ann. du Mus, , tom. 17 , page i8a , pi. 2 , fig. i. La connoissance de cette espèce, la plus grande qui ait été observée en France , est encore due à M. (Geoffroy. Deux individus lui ont été adressés, l'un de Chartres, par IVL Marchand, l'autre d'Abbeville, par M. Bâillon. Tous les deux avoient été pris sur le bord des eaux. La musaraigne porte-rame est particulièrement caracté- risée par sa queue carrée dans sa première moitié, ayant chaque face parfaitement plane , hors celle de dessous qui est marquée d'un sillon de la fin duquel naît dans l'autre moitié une carène qui se prolonge d'autant plus en dessous, que la queue s'amincit davantage. Cette queue finit par être comprimée et tout-à-fait plate, de manière à figurer une es- pèce de rame. Le corps de cette musaraigne a quatre pouces de longueur, et sa queue a deux pouces sept lignes. Comparée à la précédente, elle en diffère par ses proportions plus trapues, et par son museau plus gros et plus court. Les couleurs de son pelage sont à peu près les mêmes, si ce n'est qu elles paroisscnt un peu plus foncées en dessus. Le ventre est brun cendré, la gorge cendré clair; le chaufreia n'a pas de rayure blanche longitudinale, Huilième Espèce. — MUSARAIGNE A COLLIER BLANC, Sorex collaris^ Geoffr. , Mémoires du Muiéuin , tom. i, p. Sog. Cette espèce n'est qu'indiquée par M. Geoffroy dans son Mémoire sur les glandes odoriférantes des musaraignes. Il faut, dit- il, ajouter aux espèces que j'ai fait connoître , tom. 17 des Ann. du Mus. , une musaraigne noire à collier blanc. Il tient ce fait d'un naturaliste , M. l'abbé Manesse , qui a eu souvent l'occasion de la voir en Hollande , où elle est très-abon- dante, dans les îles comprises entre l'embouchure de l'Es- caut et la rivière de Meuse. XXII. 5 66 MUS Jf Neuvième Espèce. — Musaraigne de l'Inde , Sorex indiens, Geoffroy, Ann. du Mus. d'Hist.nat.^ tom. 17, page i83, sp. 8; Ejusd. , Mém. du Mus.., tom. i, pag, 3og, pi, i5 , fig. i. Buff. , suppl. , tom, VII, pag. 281 , pi, 71, ; Sorex murinus, Boddaert , Gmelin , Erxleb. ; Cette musaraigne ,1a plus grande de toutes, a six pouces de long , et sa queue en a trois. Ses formes générales sont absolument semblables à celles des espèces de notre pays. Ses oreilles sont apparentes , nues et aussi grandes compa- rativement que celles de l'espèce vulgaire. Ses dents sont blancbes ; son pelage est d'un gris brun assez clair, ondulé de légères teintes roussâtres ; sa queue est ronde, ce qui la rapproche des espèces qui vivent éloignées de l'eau. Aussi Buffon rapporte-t-il , d'après Sonnerat, qu'elle habite dans les champs, et qu'elle vient aussi dans les maisons de Pon- dichéry, où elle se rend fort incommode à cause de son odeur extrêmement forte. C'est particulièrement sur un individu de cette espèce, envoyé de Tranquebar au Muséum d'Histoire naturelle , que M. Geoffroy Saint-Hilaire a observé les glandes odoriféran- tes des musaraignes. Depuis il les a retrouvées dans les es- pèces de nos pays. Dixième Espèce. — Musaraigne du Cap, Sorex capensis , Geoffr. , Ann. du Mus. d'Hist. nai. , tom. 17 , pag. 184. , sp. 9, pi. 4 •) fig- 2 ; Sorex araneus maximus capensis., Petiver, pi. 28 , fig. g ; Valentin, Musée des musées , tom. 2, pag. 27 , fig. 2 , (d'après Petiver) ; Burmann, Animaux du Cap. Un individu rapporté du Cap de Bonne- Espérance, par Péron et Lesueur, a fourni à M. Geoffroy, le moyen de donner une description de cette espèce jusqu'alors impar- faitement connue. C'est la plus grande après celle de l'Inde. Sa longueur est de trois pouces huit lignes , mesurée depuis le bout du nez jusqu'à l'origine de la queue ; et cette partie a un pouce trois quarts environ. Son museau est très-long et très- effilé; ses oreilles sont grandes et nues comme celles de Fes- pèce de l'Inde , et sa queue est proportionnellement aussi longue que la sienne, et également ronde. Son pelage est cen- dré; il est sur le dos lavé d'une légère teinte de fauve, les côtés de la bouche sont roussâtres, et la queue est d'un roux qui tranche avec la couleur du dos. Cette musaraigne est fort commune au Cap de Bonne- Espérance; elle habite les caves et y répand une odeur ex- trêmement forte. Les habitans lui font une guerre très-actlve. M V S 67 Onzième Espèce. — Musaraigne a queue de rat , Sorex tnyosuriis , Pallas , Acta Pctrupol. , 1781 , tom. 2 , pag. 387 , pi. 47%- I ; Geoffroy, Ann. du Mus. d'Hist. t:at.^ lom. 17 , pag. i85 , sp. 10 , pi. 3 , fig. 2 et 3. Cette espèce, qui n'est connue que par ce qu'en a dit Pallas, et par la figure qu'il en a donnée, est fort rapprochée, ainsi que le remarque M. Geoffroy, de la musaraigne du Cap, surtout par sa taille et par la forme ef la grandeur de ses oreil- les.. Cependant sa queue est plus longue d'un tiers, et surtout beaucoup plus épaisse ; son museau paroit plus court et plus renflé sur les côtés, ses pieds sont plus épais, les poils de sa queue plus rares, ce qui la fait ressembler à celle d'un rat, etc. L'un des individus décrits par Pallas étoil tout blanc et paroissoit atteint de la maladie albine ; un autre , figuré par ce naturaliste sur la même planche, comme en étant le mâle présentoit dans ses formes et surtout dans la cou- leur de son poil , d'un brun noirâtre , des différences assez considérables, pour paroître à M. Geoffroy ne devoir pas être considéré comme appartenant à la même espèce. Le squelette du sorex myosiims diffère de celui de la mu- saraigne vulgaire , en ce qu'il a deux vertèbres dorsales et deux côtes de plus. On ignore quelle est la patrie de cette espèce, (desm.) MUSARAKiNE CUNICULAIRE de Bechslein. C'est la Musaraigne plaron. V. cet article, (desm.) MUSARAIGNE DORÉE. F. Chrysochore. (desm.) MUSARAIGNE DE PERSE, Sorex pusiUus. V, les gé- néralités des Musaraignes, (desm.) MUSARAIGNE DU BRESIL, Sorex hrasiliensis. V. les généralités de l'article Musaraigne, (desm.) MUSARAIGNE D EAU. Voy. Musaraigne de Dau- benton. (desm.) MUSARAIGNE DE VIRGINIE, Sorex aquaticus. Voy. l'article Scalope. (desm.) MUSARAIGNE (petite) , Sorex minulus. V. les généra- lités de l'article Musaraigne, (desm.) MUSARAIGNE SOURIS, Sorex murmus. V. MUSA- RAIGNE DE l'Inde, et les généralités de l'article Musarai- gne, (desm.) MUSARAIGNE MUSQUÉE. Voy, Desman de Mos- COViE. (DESM.) MUSARAIGNE À QUEUE EN CARENE , Sorex carinatus., Hermann, {thc carinuted lail shrew, Penn. ). Voy. Musaraigne de Daubenïon. (desm.) 68 M Û S MUSARAIGNE À QUEUE À REBOURS (^Ihe rei>er- sedtail shrew). Nom donné par Pennant à la MusARAlG^E PLARON, Sorex coustridits ^ Linn. (desm.) MUSARAIGNE A QUEUE CARREE {square taû shrea>), Pennant, Quadr. , p. 482. C'est notre Musaraigne CARRELET, OU Sorex teiragonunis à' Uermann. (desm.) MUSARAIGNE DE TERRE. Voy. Musaraigne vul- gaire, (desm.) MUSARAIGNE À DENTS BLANCHES {the ^t^/i/V iheeih shrew). F". Musaraigne lEucode. (dêsM.) MUSARANEUS. Nom latin des Musaraignes. Brisson l'a employé pour désigner le genre qui renferme ces petits animaux ; mais celui de sorex que lui a imposé Linnaeus a pré- v^u. V. Musaraigne, (desm.) MUSARANHO , MURGANHO. Noms portugais des Musaraignes, (desm.) MUSC ou PORTE-MUSC, Moschus, mosrhiferus, Linn. Mammifère ruminant du genre Cuevrotâin , figuré pi. G 29 de ce Dictionnaire. V. l'art. Cuevrotâin. (desm.) MUSCA.Nom latin des Mouches, (desm.) MUSCADE. Fruit du Muscadier. T. ce mot. (desm.) MUSCADE (la). C'est la huila ampulla de Linnaeus. Voy. Bulle, (b.) MUSCADE DU PARA. On appelle de ce nom la se- mence d'un arbre de Cayenne dont on ne connoît pas le genre, (b.) MUSCADIER, Myristica, Linn. {Polyandrie monogy nie , Linn., Bioécie monadelphie ^ Lam.). Genre de plantes de la famille des laurinées, qui renferme des arbres ou arbris- seaux étrangers toujours verts , dont les feuilles sont entières et alternes, et dont les fleurs petites et axillaires sont réunies plusieurs ensemble sur des pédoncules divisés, et plus longs que les feuilles. Lamarck est le premier botaniste qui ait bien décrit ce cenre , dont voici les principaux caractères. Les fleurs sont dioïques, c'est-à-dire , toutes mâles sur cer- tains pieds, et toutes femelles sur d'autres. Les unes et les autres manquent de corolle , et sont pourvues d'un calice en grelot et à trois divisions. Les [leurs mâles ont de six à douze étamines , rarement neuf, avec des filets réunis en un faisceau et couronnés par de longues anthères droites et à deux loges. Les fleurs femelles sont sans styles ; elles contiennent uu ovaire libre , supérieur , ovale ou oblong , terminé par deux Stigmates. Le fruit est un drupe arrondi , ovale ; il renferme une M U S 69 seule semence, grosse, solide, huileuse , quelquefois aroma- tique , et toujours parsemée à l'intérieur de veines rameuses et diversement colorées. Cette semence est défendue et re- couverte par trois enveloppes distinctes, qu'on nomme le brou , le macis et la coque. Le brou ou l'enveloppe extérieure est ordinairement charnu, quelquefois desséché et coriace. Le macis placé entre le brou et la coque , est une mem- brane colorée , très-découpée , comme réliculaire et appli-" quée fortement contre la coque. La coque ou l'enveloppe immédiate de la semence est mince , dure , fragile , sillonnée extérieurement par les im- pressions des ramifications du macis. Ce genre , dont celui appelé Knema par Loureiro se rap^ proche beaucoup, comprend environ vingt espèces. Les plus intéressantes sont : le MuscAniEa aromatique et le Musca- dier PORTE-SUIP. Le Muscadier aromatique , Myrislica aromaiica , Lam. , figuré pi. (t 26 de ce Dictionnaire, est un bel arbre, élevé de trente pieds , remarquable par le beau vert de son feuillage et par la disposition de ses branches. Quand il jouit d'une forte végétation , il s'orne alors d'une grande quantité de rameaux grêles, qui lui forment une tète arrondie et si touffue, qu'il est impossible de voir au travers. Dans cet état , il ressemble beaucoup à nos plus beaux orangers, lorsqu'ils viennent de de se couvrir de nouvelles feuilles. Le tronc de cet arbre est droit , garni circulairement , se- lon M. Céré , de branches disposées quatre et cinq ensemble par étages ou verlicilles , écartés les uns des autres de deux ou trois pieds : ces branches s'étendent beaucoup et presque horizontalement; elles ont des ramifications alternes. L'é- corce qui revêt le tronc est d'un brun jaunâtre au dehors , blanche et pleine de suc intérieurement , assez unie , peu épaisse ; celle des jeunes rameaux est luisante et d'un beau vert. Les feuilles sont ovales , lancéolées, très-entières, fort lisses , et soutenues par des pétioles ; leur surface est marquée de nervures latérales, obliques , simples et presque parallè- les , qui parlent à droite et à gauche de la côte moyenne ; la surface supérieure est d'un beau vert , l'inférieure d'un vert blanchâtre : ces feuilles varient sur le même arbre dans leur forme, et surtout dans leur grandeur : elles ont, en général, depuis deux pouces et demi jusqu'à six ou sept pouces de lon- gueur, sur une largeur d'un pouce et demi à trois pouces ; leur pétiole est long de cinq à six lignes. Les fleurs naissent en petits corymbes aux aisselles des feuilles , le long des petits rameaux ; elles sont petites, jau-» nâîres, péjonculées et pendantes- Dans les individus nlâles les pédoncules communs soutiennent deux à sept fleurs , qui ont chacune leur pédoncule propre , long de six à sept lignes, avec une bractée à son sommet. Dans les individus femelles il y a quelques pédoncules simples et uniflorcs ; mais la plu- part portent deux ou trois Heurs , un peu plus courtes que les fleurs mâles, et attachées à des pédoncules propres , moins grêles, de trois à cinq lignes de longueur, et munis aussi d'une bradée placée à la base du calice. Le muscadier aromatique croit naturellement aux Molu- quos , et particulièrement dans les iles de Banda. Il est con- tinuellement en fleurs et en fruits de tout âge , et n'éprouve qu'une effeuillaison si foible , qu'elle est comme insensible, îl est impossible , suivant M. Géré , de distinguer l'individu mâle de l'individu femelle, à l'inspection de la feuille et même au port de l'arbre ; il faut , pour les reconnoîlre , les voir l'un et l'autre en fleurs. Il y a des muscadiers qui donnent des noix rondes et longues , et d'autres qui les donnent toutes rondes. Cet arbre commence à rapporter à l'âge de sept ou huit ans. 11 est plus avantageux de planter la noix muscade nue ou dé- pouillée de sa coque , qu'avec elle , parce qu'elle germe beau- coup plus vile, comme en trente ou quarante jours, et que les vers n'ont pas le temps de la dévorer, Lors(jue celle noix germe , la radicule sort du bout le plus £TOS, c'est-à-dire, de celui auquel étollaitaché le pédoncule; elle se développe à la manière de celle du gland , et pointe e!> terre. Quand cet individu naissant a sept ou huit pouces d'a\ccrolssement et de longueur, sa tige alors sort iminédia- temenl au-dessus de la radicule : elle se montre d'abord sous la forme de deux petites feuilles séminales , et son sommet est d'un rouge- de sang, iiienlôt celte tige a atteint cinq ou six pouces de hauteur; alors elle a l'air à une asperge naissante , excepté qu'elle esld'un brun foncé et luisant. La noix reste à nourrir l'une et l'autre (la radicule et la jeune tige) , quelque- fois une année entière. On cultive depuis cinquante ans le muscadier à l'île de la Réunion. Dans les semis qu'on en fait , il lève tou- jours beaucoup plus de mâles que de femelles ; et comme, ainsi que je l'ai dit , on ne peut distinguer les uns àes autres qu'à l'époque de leur fleuraison , il en résulte l'impossibillié absolue d'en faire un triage dans leur enfance, pour suppri- mer l'excédant des maies et ne conserver que les femelles. C'est un Inconvénient dans cette cuUure ; car quel moyen em- ployer pour ne pas se trouver surchargé, au bout de quelques années, d'arbres superflus .^ Un habitant de cette ile, M. J. Hubert, en a trouve un. Ne pouvant deviner le isccret de la M U S 71 nature , il a imaginé de la faire dévier de sa marche , et a pris le parti de greffer le muscadier femelle sur tous les jeunes muscadiers dont le sexe ne pouvoit lui être connu , conser- vant à chacun deux branches , Tune pour recevoir la greffe , et l'autre qu'il abandonnoit à la nature. 11 s'est ainsi procuré d'une manière certaine plus de 3o mille pieds de muscadiers femelles, dont plusieurs se sont trouvés réunir les deux sexes. Il y a un€ variété de muscade qui est allongée , et que par cela seul on estime moins dans le commerce. On doit au même M. J. Hubert, un très-bon mémoire par lequel il prouve que celle variété ne diffère pas de l'autre en qualité. Ce mémoire est imprimé dans les Annales d'agriculture, année 1818, En incisant l'écorce du muscadier , en tranchant une bran- che , ou en détachant une feuille, il en sort un suc visqueux assez abondant , d'un rouge pâle , et qui teint le linge d'une manière durable. Le bois du muscadier est blanc , poreux , filandreux , d'une extrême légèreté. On peut en faire de petits meubles. Il n'a aucune odeur. Les feuilles vertes répandent une légère odeur de muscade lorsqu'on les froisse; mais sèches et écrasées dans le creux delà main, elles ont l'odeur de celles du Kavensara, às'y tromper. Le fruit, comme l'observent Valentlni,Rumphe etM.Céré, ne parvient à l'état de maturité qu'environ neuf mois après l'é- panouissement de la fleur qui le produit. Il ressemble alors à une gouyave blanche , ou à une pêche -brugnon de grosseur moyenne. Sou brou a la chair d'une saveur si acre et si as- tringente , qu'on ne sauroit le manger cru et sans apprêt. On le confit , on eu fait des compotes et de la marmelade. L'em- ploi de la muscade est suffisamment connu, ainsi que ses qua- lités. On en fait un plus grand usage dans les cuisines qu'en médecine. Cependant l'huile essentielle qu'on en retire est très-utile , lorsqu'on veut faire des onctions sur les membres paralysés. Le Muscadier porte-suif, Myn'stîcasebifera, Lam. Quoique Aublet, et aprèslui Jussieu , aient fait un genre particulier de cette plante sous le nom de Virole , elle n'en a pas moins, soit dans la fleur, soit dans le fruit , tous les caractères essen- tiels d'un muscadier. On en jugera par la description sui- vante qu' Aublet en donne lui-même , et qui est très-exacte. « Le tronc de cet arbre , dit-il, s'élève à trente , quarante , cinquante et jusqu'à soixante pieds , sur deux pieds et plus de diamètre. Son écorce est épaisse , roussàtre , gercée , ridée. Son bois est blanchâtre , peu compacte : il pousse à son som- met un grand nombre de branches tortueuses et rameuses^ ;q mu s qui s'élendent en tout sens ; les unes droites , d'autres incli- nées, etd'autres pr^-sque horizontales. Les rameaux sont gar- nis de feuilles alternes , entières, obiongues , aiguës, échan- créeS à leur naissance , terminées par une pointe ; elles sont vertes en dessus, et couvertes en dessous d'un duvet court et roussâlre. Les plus grandes ont huit ponces de longueur sur trois et demi de largeur ; la nervure longitudinale qui les par- tage est fort saillante , ainsi que les nervures latérales qui en parlent. » Les fleurs sont de deux sortes , les unes mâles , les autres femelles , naissant sur des individus séparés, hes fleurs mâles sont ramassées p.tr petits bouquets de cinq à six fleurs sessi- ies, sur de grosses grappes qui naissent de l'aisselle des feuil- les et à rextrémilé des rai leaux. Le pédoncule de la grappe, ses branches et ses Fleurs sont couverts d'un duvet roussâtre. « Le calice est d'une seule pièce en foruje de coupe , à trois dents. Il n'y a point de corolle. Les étamines sont au nombre de six, attachées au fond de la fleur sur un disque ; leur filet est court ; Tanlhère est très-petite , et a deux bour- ses -, le contre du disque est couvert de plusieurs petites émi- nences arrondies , et que l'on découvre à l'aide d'un verre len- ticulaire. M u S Ces larves se nourrissent de différentes matières , tant ani- males que végétales ; les unes dévorent la chair des animaux morts, dont elles accélèrent la corruption; d'autres vivent dans les excrémens, dans le fumier et la terre grasse: quel- ques espèces mangent le fromage ; quelques autres liabitent dans le corps des chenilles et de différentes larves , qu'elles rongent et consument. Parmi celles qui se nourrissent de substances végétales , les unes vivent dans les feuilles , qu'elles minent intérieurement ; les autres vivent dans des galles, dans des champignons, dans les graines des plantes, dans les fruits. Les larves à queue de rat, qui habitent les eaux bourbeuses et marécageuses, et qui se nourrissent de frag- mcns de feuilles pourries et de beaucoup d'autres matières , appartiennent aux insectes d'une tribu voisine, celle des syr- phies. L'uiililé des larves carnassières du genre des mouches, paroîl donc être de consumer les cadavres des animaux qui se trouvent dispersés dans les bois et les campagnes , et que les bêtes féroces ont épargnés ; par leur nombre , elles sont capables de manger un cadavre en fort peu de temps. Celles qui vivent d'excrémens , semblent être faites pour purger la terre de ces immondices. Les larves des muscides ne quittent point leur peau pour se métamorphoser; celte peau extérieure se durcit, devient écailleuse , et forme comme une coque oblongue , d'un brun-rougeâtre ou marron , qui renferme toutes les parties de l'insecte. Dans cette espèce de coque, la larve y prend d'abord la figure d'une boule allongée , à laquelle on ne voit aucune partie distincte ; elle n'est que comme une simple masse de chair molle : ensuite cette boule se développe et prend la figure d'une nymphe , à laquelle on voit toutes les parties extérieures de l'insecte parfait. Dans la larve , l'ex- trémité antérieure de son corps éloit la partie la plus menue, tandis que l'autre étoit la plus grosse. C'est ordinairement l'inverse dans la nymphe. Parmi les diptères de cette tribu, il y en a une espèce qui dépose ses œufs sur le fromage ; il en sort des larves dont l'extérieur n'a rien de bien remarquable; mais elles of- frent un phénomène qui surprend , ce sont les sauls qu'elles exécutent en s'élevanl et s'élançant en l'air quelquefois à plus de six pouces. Ces sauls étonnent d'autant plus dans un in- secte aussi pelit, qu'il paroîl n'avoir aucun organe qui puisse l'aider à les faire. Pour découvrir sa manœuvre , on peutre^ garder attentivement une larve qui se dispose à sauter; on la verra se dresser sur sa partie postérieure , et se tenir dans cette position au moyen de quelques tubercules qui sont au 4ernier anneau de sou corps : ensuite elle se courbe , fprni« M U S 77 une espèce de cercle en amenant sa tête vers sa queue , enfonce les deux crochets de sa bouche dans deux sinuosités qui sont à la peau du dernier anneau , et les tient aussi for- tement accrochés : toute celte opération est Taffaire d'un instant. Alors elle se contracte et se redresse si prompte- ment, que les deux crochets, en sortant des deux enfoncemens dans lesquels ils étoient retenus , font entendre un petit bruit ; par ce mouvement vif, le corps frappe avec force la terre, et rebondit en même temps très-haut. C'est à Swainmerdam qu'on doit les premières observations sur ia manœuvre de ces larves ; on les trouve souvent en grande quantité sur les vieux fromages à demi-pourris. Après avoir resté plus ou moins de temps sous la forme de nymphe , selon que la saison est favorable à leur déve- loppement, ces diptères sortent de leurs coques : pour cette fin , ils brisent et font sauter une portion avec leur tête, qui se gonfle dans celte opération ; à la sortie , leurs ailes sont plissées , chiffonnées , et si courtes , qu'elles paroissent être des moignons ; mais bientôt elles se développent , s'étendent, deviennent planes et unies, comme cela arrive aux autres insectes. Ces insectes , pour être féconds , ont besoin de s'accou- pler ; leur accouplement n'offre rien de singulier , à l'excep- tion de celui de la mouche domestique. La femelle de cette espèce , au lieu de recevoir l'organe du mâle , introduit au contraire , dans le corps du sien , un long tube charnu , par une fente qu'il a au derrière. Assez ordinairement on voit les mâles monter et s'élancer sur le corps des femelles, les sol- liciter à l'accouplement; mais il n'a lieu que quand celles-ci y sont disposées. Alors on les voit voler joints ensemble , la femelle emportant le mâle sur son dos. Celte espèce de mouche et quelques autres sont sujettes à une maladie assez singulière , et dont la cause est inconnue : leur ventre enfle extraordinairement , ses anneaux se déboî- tent, et les pièces d'ailleurs qui les couvrent s'éloignent les unes des autres ; la peau est très-tendue et parfaitement blanche ; si on leur ouvre le ventre , on le trouve rempli d'une matière grasse , onctueuse, de couleur blanche , qui pénètre la peau et s'accumule sur la surface du corps. Dans cet état , ces mouches s'accrochent avec leurs pattes sur les murailles, sur les fenêtres et sur les plantes, dans les prairies, où on les trouve mortes. Les fleurs du laurier rose {nerium oleander) et quelques au- tres nous offrent aussi souvent les cadavres de plusieurs pe- tites mouches et d'anlhomyies, qui sont suspendus aux fi- lets de leurs étamiaes. Mais, dans celte circonstance, ces in- yg MUS sectes n'ont point été empoisonnés. Une liqueur très-vîs- queuse a collé rextrémité de leurs trompes contre ces parties, de manière qu'ils n'ont pu se débarrasser et qu'ils y ont péri. Ce fait ayant eu lieu plusieurs fois sous mes yeux, je suis cer- tain de cette explication. D'autres diptères peuvent encore périr dans les corolles de quelques fleurs {dionœa muscipuld), par la suite de l'irrilalion qu'éprouvent alors les corolles, et peut pas travailler continuellement au-delà de huit jours sans quelque repos ; mais l'homme, qui vil de nourritures plus substantielles, peut se livrer à de grands travaux et sans interruption , pendant des mois entiers. Il est inconcevable jusqu'à quel point la vi- gueur des animaux carnivores peut être portée ; aussi la na- ture n'a pas voulu rendre carnivores les éléphans, les rhino- céros, les hippopotames , ni tous les vastes quadrupèdes, de peur qu'ils n'envahissent et ne dépeuplassent la terre. On a vu un tigre se défendre contre trois éléphans plastronnes , quoi- qu'il fùl lié et circonscrit dans une enceinte , et l'on jugea que s'il eût été libre et ses adversaires sans plastron , il les auroit très-maltraités. Les loups , les hyènes , les chacals , sont aussi des animaux très- robustes , infatigables à la course, indomptables au combat; mais la vigueur des herbivores est bientôt éteinte ; on fatigue aisément un liè<>re , un cerf dans un jour; on les abat promptement , lorsque leur feu est passé; il leur faut ensuite plusieurs jours de repos pour se rétablir ; il faut qu'ils mangent chaque jour , mais un seul repas peut suffire pendant cinq à six jours à un Carnivore ; sans être ac- cablé par ce défaut de nourriture , il en devient même plus terrible , rien n'égale la rage et la fureur d'un Hun ou même à'un loup affamés. Les frugivores , quoique moins robustes que les carnassiers , le sont cependant davantage que les herbivo- res , parce que les semences et les fruits sont plus substantiels que 1 herbe. Les peuples du Nord , qui ont besoin d'une grande vigueur de muscles , se nourrissent principalement de chair , tandis que les habitans du IMidi n6 vivent que de fruits et d'autres substances végétales. La nourriture de chair est même contraire à la santé , dans les pays chautîs, et le régime pythagoricien est trop affoiblissant dans les climats du Nord. Une autre cause contribue au développement de l'action musculaire : c'est le rut chez les animaux , ou la sécrétion de la semence. C'est à l'époque des amours que les quadru- pèdes, les oiseaux, etc. sont les plus robustes et les plus bel- liqueux. Il en est de môme dans l'espèce humaine. La semence est un grand stimulant de la force des muscles ; elle commu- nique même à la chair une odeur et une saveur vireuse , désagréables. On ne peutmanger du taureau, dubouc,dube- lier , du verrai, au temps du rut ; leur chair soulève le cœur, et ne peut se digérer, comme si la nature avoit voulu cïnpê- 88 ^M U S cher la destruction des êtres , dans le temps qu'elle choisit pour leur niulliplication. Il en est de nicuie de la chair des poissons, des huîtres, des moules qui fraient ; et en général , les carnivores font plus rarement la guerre aux animaux en rut qu'a ceux qui n'y sont pas. Voyez quelle distance prodigieuse met l'amputation des parties sexuelles , entre un chapon cl un coq , un bœuf et un taureau, un mouton et un bélier, et entre un eunuque et un homme ! Quelle différence de force ne se remarque-t-elle pas entre les mâles et les femelles des animaux! 11 semble que toute la vigueur des animaux soit située dans les organes du mâle. La force du rhinocéros ou héhémoth ( dans le livre de Job , c. 4-0 , V. 12 ), est caractérisée par l'entortillement des nerfs et des vaisseaux de ses testicules : nervi teslicitlomm eji/s perplexi sunt. 11 est dit encore que sa vigueur est dans ses lom- bes et sa verge, ce qui est vrai pour tous les animaux ; leurs fatigues , leurs combats leurs forces , sont incalculables à l'époque du rut , les plus timides deviennent même audacieux alors ; et les plus vigoureux sont toujours les plus aimés des femelles , par un instinct de la nature qui cherche , dans tou- tes ses œuvres , la plus grande perfection unie à la vigueur et à l'énergie. En effet, les combats que se livrent les animaux en rut sont Institués par la nature pour écarter les foibles et pour favoriser la race des vainqueurs. Cet instinct n'est pas même étranger aux femmes; l'homme robuste et le guerrier sont plus aimés que les hommes foibles et délicats. On sait que Vénus préféroit Mars à son \ulcain, et Hercule n'étoit pas moins vigoureux en amour qu'au combat. Pour conser- ver la force des athlètes , on les empêchoit d'approcher des femmes , en les infibulant , etc. V. Infibulatjon. Le système musculaire est placé à l'extérieur des animaux comme une enveloppe de la vie intérieure , une écorce capa- ble de sentiment, de mouvement, et pour connoître et écar- ter tout ce qui pourroit nuire aux organes internes. Aussi les parties musculaires sont moins importantes que celles de l'in- térieur du corps , et leurs blessures moins dangereuses. En outre , les organes extérieurs sont soumis à la volonté ; leur activité, à des intermittences de sommeil et de veille, de mouvement et de repos ; mais les parties internes , comme le cœur , les poumons , l'estomac , les intestins et leurs fonc- tions , sont indépendantes de la volonté de l'animal ; elles sont permanentes dans leur action pendant toute la vie ; lors- qu'elles cessent , l'animal meurt. L'homme et les animaux sont donc doubles , et formés d'une écorce ou d'une enve- loppe extérieure , et d'une partie intérieure et vitale ; plus luce a de forces , plus l'autre est affoiblle. La partie corti- M U S 85 cale est composée des systèmes osseux et musculaires , des sens , des mem})res, etc.; toutes ses formes sont doubles oa symétriques, La partie interne est toute différente ou même opposée. Nous traitons de la Locomotion ou du Mouvement des Animaux , à ces deux articles, (vire y.) MUSCULÎTE. On donne fréquemment ce nom, dans les oiivr;ers le milieu du bec. Le Musophage violet , Musophaga violacea , Lath. , pi. G !îi , fig. 3 de ce Dict. Cette belle espèce , décrite pour la pre- mière fois par Latham , a près de dix huit pouces de longueur, dont la queue en prend six; la base de la mandibule supé- rieure s'avance au-dessus du front , et s'élève sur le sommet de la tête , de manière qu'elle cache sa liaison avec le crâne. G. 3i. 2 . MoUeucf 7tîâle caiceur f^er/e ) . 3 . Mzùpovka^e violei:. M TT S gi (Cette forme n'est point apparente sur Tinàividu mort, il eembie qu'alors la mandibule supérieure adhère tellement au sommet de la tête, que Ion croiroit qu'el'e en fait partie; sans doute que Latham l'a vue caractérisée comme je l'ai dit ci-dessus, puisqu'il l'a décrite et fait figurer ainsi, 2.^ Suppl. to gen. synop. , pi. lao.) Cette partie du bec est terminée par un petit crochet et une dentelure plus grande et plus profonde que les autres, dans laquelle s'emboîte l'extrémité de l'infé- rieure ; toutes les deux sont d'un beau jaune. Une peau nue , rouge , qui s'avance sur le côté de la mandibule inférieure , de quatre lignes environ , couvre Tespace entre le bec et les yeux, entoure ceux-ci , et s'étend un peu au-delà. Latham î)e fait pas mention de ce caractère , et dans la figure qu'il a donnée , cette partie de la tête est couverte de plumes; l'iris est brun et les paupières sont pourpres ; des plumes courtes , fines et déliées couvrent la lêle et la nuque ; elles sont, ainsi que tout le plumage , d'un beau violet à reflets pourpres , verts sur les ailes, et moins apparens en dessous du corps; une Lande blanche part des yeux et passe au-dessus des oreilles; la queue est cunéiforme et assez longue ; les pieds sont noi- râtres et très-forts. Celte rare espèce se trouve en Afrique , à la côte de Guinée ; elle fréquente les plaines et les bords des rivières de la province d'Acra , où elle se nourrit princi- palement des fruits du plantain , musa paradisiaca et sapienlum. B. Base de la mandibule supérieure ne dépassant pas T origine du front ; narines situées près du capistnim. LeMusOPHAGF. GÉATSï , Musophagn giganiea , Vieill. , pi. 19 dos promerops, g7V(?^ie/s, etc., de Le vaillant. Cette belle et rare espèce , A.i« et les 5co//«. lueurs habitudes sont peu connues. On les trouve dans les sablon- nières, où ils courent avec vitesse, ou cachés sons des pierres, et même sur des fleurs. Les femelles ont un aiguillon caché dans l'abdomen , avec lequel elles piquent très-fort quand on les saisit. Olivier a décrit, dansl'Encyclopédie méthodique, soixante- neuf espèces de mutilles. On en trouve une partie en Eu- rope , et quatre seulement aux environs de Paris. J'ai donné un Mémoire sur celles de France , dans les Actes delà Sur.iété dldstoîrc naturelle de Paris. Mon ami Antoine Coquebert en a ligure un grand nombre dans la seconde décade de ses Iliust rations iconographiques des insectes. Nous renvoyons à ces ouvrages, ainsi qu'à celui de M. Jurine , sur les hyménoptères. XXil. 7 gS MUT MUTILLE EUROPÉENNE , Mutilla europœa ^ LiDn., Fab.Elle a la tête noire; le corselet roux , un peu noir à sa partie an- térieure v l'abdomen noir, avec la base et le bord des an- neaux d'un blanc brillant un peu doré. MuïiLLE ITALIQUE, Mutillu italica , Fab. Elle a le corps velu, noir peu brillant; le second segment de Tabdomen fer- rugineux; les ailes obscures. On la trouve en Italie. MuTiLLE MAURE , Mutîlla maura^ Linn. , pi. G, 28, i3de cet ouvrage. Elle est noire , avec le corselet fauve, et quatre tacbes blanches, soyeuses, sur l'abdomen. MuTiLLE R\J¥ivÈDE , Mutilla rufipes , Fab. Elle est noire, et velue ; l'abdomen a un point à sa base , et deux bandes très- rapprocbées , presque contiguës , blancs ; les pattes sont fauves. On la trouve quelquefois aux environs de Paris. L'Amérique septentrionale en a une superbe espèce. Elle est fort grande, couverte d'un duvet soyeux d'un beau rouge écarlale , avec une bande noire transverse sur l'abdomen. C'est la MuTiLLE écarlate, Mutilla coccinca. (l.) MUTISIE , Mutisia. Genre de plantes de la syngénésie superflue, et de la famille des corymbifères , qui réunit une douzaine d'espèces toutes originaires du Pérou et du Chili. Ce sont des arbustes ou des arbrisseaux à feuilles simples ou ailées , terminées par une vrille , et à fleurs solitaires d'un très-bel aspect. Aucun ne se cultive dans les jardins d'Eu- rope. Les caractères de ce genre sont : calice cylindrique, imbri- qué de larges écailles ; corolle du disque trifide ; réceptacle nu ; aigrette plumeuse. Le genre ïrichlocline de H. Cassinis'en rapproche beau- coup, (b.) MUTONDO. Grand arbre de la côte orientale d'Afrique, dont Loureiro fait un genre dans la monadelphie polyandrie. Voy. CoRDYLE. (LN.) MUTONHA. Sur la côte orientale d'Afrique , vers Mo- zambique, on appelé un grand arbre que Loureiro a nommé iriphaca africana. (ln.) MUTOU ou MOYTOU de Jean-de-Laet et de Lery. C'est le Hocco noir, (s.) MUTTERBLUME. L'Anémone pulsatille et le Poly- GALA COMMUN portent ce nom en Allemagne, (ln.) MUTTERHARZ. C'est, en Allemagne , le Bubon galba- num. (in.) MUTTERHOLZ. C'est un des noms que les Allemands donnent au Camerisier , Lonicera ocylosteum. {\JS.) MUTTERKRAUT. Ce nom s'applique à la fois en Al- . M U Y gg lentagtie , à fa matrîcmre des jardins , à la w à Vagri- paume et à Valchi'mille commune, (ln.) MUTTERNAGELEIN. C'est , en Allemagne , le GÉ- ROFLE. (LN.) MUTTERWURZ. C'est, en Allemagne, onV Amique de montagne , ou V Athamanie Meon. (lN.) MUTUCHI de Gmelin. F. Moutouchi. (ln.) MU-TUM. Trois espèces de plantes sarmenteuses sont décrites sous ce nom dans les livres de botanique chinois. L'une d'elles est le clematls sincnsis de Loureiro , appelé Mouc-THUONG en Cochinchine. (ln.) MUTZCHEN. V. Musklewer. (ln.) MUURBLOEM. Nom vulgaire hollandais de la Giro- flée JAUNE, (ln.) MUWAKITYA. Nom ceylanais d'une espèce d'Eu- PH0RBE( Euph. tim-calH, L. ). (LN.) MUXOEIRA. Les naturels de la côte orientale d'Afrique, vers Mozambique , appellent ainsi une espèce de graminée dont les graines leur servent de nourriture. La description que Loureiro donne de cette plante , qu'il nomme phleuw africa- num, peut faire soupçonner que ce n'est point celle d'un pjileum , mais sans doute celle d'un panicum. Ce n'est point le Tef des Abyssins , ni le Dora des Arabes, (ln.) MUYS-HOND. C'est le nom que les Hollandais du Cap de Bonne-Espérance donnent généralement à tous les petits quadrupèdes carnassiers. Les Hotlentots l'appliquent principalement à un animal dont le genre ne sauroit être dé- terminé, attendu qu'on n'a aucun renseignement sur le nom- bre et la forme de ses dents. 11 y a tout lieu de croire, ce- pendant , qu'il appartient à celui des mangoustes ou à celui des suricates , si Ion en juge par la disposition des couleurs du pelage. Cependant le nombre de ses doigts ne convient ni aux unes ni aux autres , les mangoustes en ayant cinq, et les suricates , quatre seulement . à tous les pieds. Il a la taille d'un chat de six mois , le museau fort allongé, la mâchoire supérieure débordant l'inférieure de près de huit lignes, et formant tine espèce de groin mobiie absolu- ment semblable à celui du loati de la Guyane. Les pieds de devant ont quatre grands ongles arqués et ircs-poinlus; ceux de derrière en ont cinq , courts et émoussés ; des bandes transversales d'un brun foncé rayent le dessus du corps , sur un fond brun clair , mêlé de blanc ; le dessous du corps et le dedans des jambes sont d'un blanc roussâtre ; la queue , très- charnue et plus longue que les deux tiers du corps , est loo M Y A noire à son extrémité , et d'un brun mêlé de blanc sur tout le reste. Le muys-hond se creuse des terriers très-profonds , dans lesquels il demeure pendant tout le jour : il n'en sort qu'au soleil couchant , pour chercher sa nourriture. Cet animal , décrit par Levaillant, est , au dire des Hot- tentnts, très-commun dans plusieurs quartiers de la colonie du Cap de Bonne-Espérance, (desm.) MUZ. V. Musa, (ln.) MUZERAIGNE. V. Musaraigne, (desm.) MUZARRUBA. Les naturels de la côte de Zanguebar, en Afrique , désignent par ce nom un arbrisseau que les por- tugais nomment Parrei'ra brava, mais qui n'est pas le Cissam- p.e(os pareira que les portuguais d'Amérique appellent Parrei- ra-hraoa. La plante d'Afrique appartient à un genre très- différent ; c'est le hotria- a f ricana ^ Lour. (lis.) MWYR-COK. Nom écossais du Lagopède d'Egosse. (v.) MYACAlSTHA. Chez les Grecs ce nom sappliquoil à plusieurs plantes épineuses. Le ruscus est dans ce cas. Le myacanthos de Théophraste seroit , selon Dalechamp , notre chausse-lrape ( centaurea calcitrapa, L. ) ; et le myaconiha de Dioscoride , ['asparagus acutifuUus , L. , etc. D'après Pline , il paroît que les Grecs nommoient orminon et myaraaihon les asperges sauvages que les Latins appeloient corruda. (lts.) MY /V(tRE , Myagrum. Genre de plantes, de la tétradyna- mie siliculeuse et de la famille des crucifères , qui a pour caractères: un calice de quatre folioles concaves et caduques; une corolle de quatre pétales à onglet étroit et à sommet arrondi ; six élamines , dont deux plus courtes ; un ovaire supérieur ovale , chargé d'un style à stigmate obtus ; une siiiculc terminée par le style qui persiste, et contenant plu- sieurs loges à une seule semence. Ce genre , aux dépens duquel on a établi les genres Nés- lie, Yogelie, DiDESME, EUCLIDIE, CaLEPITSE, MoEISCHIE et Rapistue , renferme douze à quinze espèces , dont les plus communes sont ; Le MYAGRt. viVACE, qui a les silicules de deux articles, les feuilles sinuées et denliculées. Il est vivace , et se trouve dans les parties méridionales de la France , le long des champs. Le Myagreriidé, quia les silicules sillonnées , velues et rugueuses, et les feuilles oblongues et obtusément dentées. 11 est annuel, et se trouve dans les mêmes contrées que le précédent. Le Myagre perfolié , qui a les silicules presque sesslles , M Y A loi presque en cœur, et les feuilles amplexicaules. îî est annuel , et se trouve à peu près par toute la France, dans les champs et les jardins. Le Myagre aquatique , qui a les silicules ovales , et les feuilles oblongues , dentées , quelquefois pinnatifides. Il se trouve par toute la France , sur le bord des eaux , dans les marais. Il est vivace. C'est le Sisimbre aquatique de Linn., et de la plupart des botanistes. On l'emploie en médecine comme antiscorbutique. Le Myagre oriental donne ses graines à la teinture sous le nom àtfaux chouan, (b.) MYAGROIDES. Barrelier figure ( dans ses Icônes, pi. 8i6) sous ce nom la Drave des murailles {draba muralis, L.), (LN.) MYAGRON ou MYAGRUM. Il n'est pas complète- ment démontré que cette plante des anciens soit notre Cameline ( Myagrum saimim). Ce que Pline et Dioscoride en disent , prouve qu'il est très -douteux qu'ils aient voulu parler de la cameline. Suivant eux , le myagrum étoit une herbe haute de deux coudées, garnie de feuilles semblables à celles de la garance , et qui produisoit des graines huileuses et pareilles à celles du fenugrec. L'huile servoit pour les lampes , et pour amollir et lisser les peaux. 11 est plus pro- bable qu'ils ont voulu indiquer la na\>etie , dont les graines sont oléifères, comme celles de la cameline, et contenues dans des siliques allongées , comme les légumes du fenugrec. Quelques auteurs ont cru qu'il s'agissoit du sésame, mais ce n'est pas probable. Dioscoride nomme aussi le myagron, me- lampyron ; mais il paroît que ce nom a été mal copié , et qu'il falloit melanpycnon. Quelques plantes se trouvent décrite* sous le nom de myagrum , dans le Pinax de C. Bauhin , ou dans les autres auteurs de la même époque. Par exemple : les myagrum satwum, L. ; myagr. dentatum , W. ; myagr. perfoliatum, L. ; myagr. paniculatum , Linn. ; bunias cochleanoïdes , Willd. ; eiysimum cheirantoîdes , L. ; saponaria vaccaria, L. , etc. Le genre Myagrum de Tournefort ou Bricour d'Adanson, a pour type le myagr. perfoUatum , L. ; le myagrum d'Adanson répond au camelina, Mœnch. , et comprenàhs myagr. satimm et paniculatum , L. ; \e myagrum Linn. est composé de toutes ces plantes et de plusieurs autres , qui sont très-voisines des crambe et des bumas, deux genres dont les espèces, comme celles du myagrum Linn. , peuvent, à cause de la variabilité de leurs caractères , former presqu' autant de genres qu'on n'a pas manqué d'établir. Il en résulte une grande confusion dans celle partie de la famille des crucifères. 11 seroit même 1res- difficile de faire connoître en peu de lignes, tous les I02 M Y C changemens qu'ont subis les genres myagrum et bumas , et tous les genres qu'on a faits à leurs dépens. On peut consul- ter à cet égard Tartlcle crucifère de la nouvelle classification proposée par Desvaux, pour les crucifères siliculeuses ; et les articles Myagre., Camelene , Rapistrum, Schrankia, Kernera, Mœnchia , Crambe, Buniade , Calepine, Sorie , DiDESME , Neslie , VoGEtiE et Euclide. (ln.) MYAGRUM. T.Myagron. (ln.) MYASPilON. Nom que les Mages donnaient à Therbe que 1^-s Grecs et les Latins nommoient Cyclaminos et Cy- CLAMEX. Voyez ces mots (ln). MYCASTRE , Mycastrum. Genre de champignons , fort voisin des Ves.seloups établi par M. Rafinesque. Ses caractè- res sont : champignon sessile à enveloppe s'ouvrant en étoile, et à corps se déchirant dans sa partie supérieure pour l'é- mission des bourgeons séminiformes. Ce genre, qui se rapproche infiniment de l'AsTRiQUE, ne contient qu'une espèce qu'on trouve en Sicile , dans les terrains siliceux, (s.) MYCENE , Mycena. Genre de champignons établi aux dépens des Agarics de Linnaeus , auquel on peut donner pour type 1' Agaric fistuleux, figuré par BuUiard. Son caractère est : point de coiffe ni d'anneau ; pédicule central ordinairement fistuleux ; chapeau non ombiliqué ; lames qui ne noircissent pas en vieillissant, (b.) MYCES. Théophraste donne ce nom aux Champignons à tige et à chapiteaux, (b.) MYCETES. Nom tiré du grec /j-v^nTuf {Mugîens)^ appliqué par lUiger aux singes d'Amérique du genre àes Alouattes , et que M. (xeoffroy appelle Hurleurs (Stentor). Le premier de ces noms étant reçu depuis long-temps , nous avons cru devoir le conserver. (Desm.) MYCETOBLES. Familled'insectes de l'ordre des coléop- tères , de la section des hétéromères. Voyez Fongivores. (o.) MYCETOPHAGE , Mycetophagus. Fab., Oliv. ; Tn/oma , Geoff. Genre d'insectes de l'ordre des coléoptères , section des tétramères , famille des xylophages , tribu des trogossi- taires , ayant pour caractères : quatre articles à tous les tarses , entiers, et dont le premier beaucoup plus long que le sui- vant ; antennes de onze articles , plus ou moins perfoliécs , grossissant insensiblement vers leur extrémité, ou terminées en massue de trois à quatre articles ; mandibules bifides à leur extrémité ; palpes maxillaires , beaucoup plus grands que les labiaux , plus gros vers leur pointe ; ceux - ci petits , presque filiformes; mâchoires à deux lobes; langueite en- M Y C ,a3 tière ; corps ovale , déprimé , avec le corselet transversal , plus large postérieurement , et les jambes allongées , grêles, presque cylindriques , sans épines au côté extérieur. Une des espèces principales etdesplus connues de ce genre, le myceiophage quadrimaculé ^ fut décrite , pour la première fois , par Linnaeus , dans la seconde édition de sa Faune suédoise, et placée avec les chrysomèles {^-pustulata), et avec les carabes {^-pusiulatus). Geoffroy fit de cet insecte un genre particulier qu'il nomma tritome , qui signifie trois pièces , ses tarses luiayantparun'avoirque ce nombre d'articles. Ne con- noissant point cette édition de la Faune suédoise, il ne cita point Linnaeus. Fabricius , dans son premier ouvrage général sur l'entomologie (^Systema eniom. 1775), ayantprispar erreur une autre espèce, et formant même un genre propre, pour l'insecte de Geoffroy, fit une fausse application du nom de tritome. Une adoption presque générale l'ayant , en quelque sorte , légitimée , ce naturaliste a depuis distingué le genre tritome de Geoffroy par la dénomination de mycétophage. Les mêmes insectes sont des silphdides pour Herbst , et des bolétaires pour Marsham. Dans les plus grandes espèces, les antennes vont en grossissant dès le troisième ou quatrième article ; mais dans les petites , les trois ou quatre derniers seuls sont plus gros et forment une massue. Quelques-unes de ces dernières ont été rangées , soit avec les cryptopha^es d'Herbst , soit avec les dennestes et les ips. Les mycétophages se trouvent au printemps et en été dans les bolets et sous les écorces des vieux arbres. Nous ne con- noissons point la larve de ces insectes ; mais il est probable qu'elle vit dans les bolets et dansles troncs pourris des arbres. Parmi les mycétophages des environs de Paris , la plus grande espèce esl le Mycétophage quadrimaculé, il^cersis clu- nilfus). Les femelles portent leurs œufs sous le ventre. On en - châsse dans de l'or les griffes de leurs mandibules, pour s'en servir en guise de cure-dents , et même comme d'un très-bon odontalgique. Non-seulement la piqûre de ces animaux', mais la liqueur qui distille de leur bouche , et même ,- dit-on , leurs poils , sont réputés venimeux. La partie du corps que l'animal a piquée s'engourdit, devient livide et noirâtre, s'enfle considérablement , et le mal augmente quelquefois à un tel point qu'il est , suivant Pison, incurable. On cicatrise la plaie ; mais le meilleur antidote, au rapport de cet au- teur, est fourni par la préparation du crabe qu'il nomme M Y G X.5 aratu (^grapsns pictus). On le pile , et on en fait un breuvage ou une potion avec du vin. 11 agit comme vomitif. Les anciens ont ée;alemenl vanté les vertus antivénéneuses des crustacés, et leur emploi peut, en effet, être salutaire -lans les circonstances qui nécessitent l'usage des alkalis. M. Ar- thaud a donné la mort à des poulets, en les faisant piquer par la grosse araignée-crabe du Cap , ou notre mygale crabe. Celte espèce fréquente , suivant lui , les lieux humides , tue et suce de gros insectes , des kakerlaques , et souvent ses semblables. 11 prétend qu'une sorte de taon la fait périr , en la piquant sous le ventre , probablement aux orgnnes de la respiration. L'attouchement de celte dernière araneïde , ou plutôt ses poils, produisent des démangeaisons urticaires, et semblables à celles qui résultent de l'introduction des poils de certaines chenilles dans Tépiderme. Si une saine critique nous autorise à révoquer en doute ou à soupçonner d'exagération et de partialité les témoignages de quelques voyageurs ou de quelques historiens au sujet des effets du venin de ces araneïdes , une prudeijB éclairée par l'observation nous défend de nier l'existence cie ce venin, et nous tiendra en garde contwî les périls d'une fausse sécurité. Ici, comme dans bien d'autres incertitudes, elle attendra que de nouvelles expériences assurent son jugement. Les poils de ces mygales font aussi, dit-on , sur la peau la même impression que ceux de quelques chenilles. « Un malin comme je me levois , un des voyageurs espagnols fil une ex- clamation , en voyant sur mes habillemens , depuis les pieds jusque vers les épaules, une trace brune , occasionée par le passage d'une de ces araignées-crabes, et d'une liqueur acre et caustique qui distille sans cesse de sa bouche et de ses pattes. Heureusement elle éloit passée innocemment pendant que je dormols profondément, et s'étoit contentée de me laisser ce billet de visite .» (Lescallier, Notes sur la traduct. franc, du Voyage du capitaine Sledman , tom. 3, p. 24.0.) Pison rapporte que la mygale, dont nous avons parlé plus haut d'après lui , se dépile avec l'âge, et que la peau de son ventre est alors d'un rouge incarnat pâle. Mademoiselle Merlan nous dit avoir trouvé plusieurs indi- vidus de la mygale aviculaire sur l'arbre nomme guajaoe , y faisant leur domicile et se tenant à l'affût dans le cocon que forme , pour se changer en chrysalide , une chenille du même arbre ; elle assure formellement que cette mygale ne fiie point de cocons longs , comme quelques voyageurs ont voulu , suivant elle , nous le faire accroire. La plupart des autres té- moignaiges que nous pourrions alléguer ici,ne nous semblen pas d'une grande autorité, soit parce qu'ils ne sont pas ex „6 M Y G visUf soit parce qu'il est difficile de savoir à quelle sorte d'aranéïdes il faut les appliquer. L'auteur de l'Histoire natu- relle de la France équinoxiale place Thabilation de la my- gale aviculaire , ou celle de l'espèce suivante , dans les fentes des rochers. Dans le Voyage ii la Guyane, du capitaine Stedman , cet insecte y est appelé araignée de huisson^ et sa toile , y est-il dit , est de peu d'étendue , mais forte. La my- gale aviculaire est pourvue de deux longues filières; ainsi point de doute qu'elle ne puisse filer ; mais lorsqu'on examine la forme des crochets de ses tarses , lorsqu'on les voit si petits et presque sans dentelures, et si différcns ainsi de ceux dés aranéïdes industrieuses , on est tenté de refuser à cette my- gale les facultés qu'ont la plupart des autres aranéïdes et de supposer que sa force lui suffit. Elle vil, suivant mademoi- selle Mérian , de fourmis , qui échappent difficilement à sa vigilance et à ses poursuites ; à leur défaut , elle tache de surprendre dans leur nid de petits oiseaux, dont elle suce le sang avec avidité. Ce changement de nourriture est un peu différent, m A n'importe. Les fourmis se vengent quelquefois des maux qu™les éprouvent de la part de leur ennemi , et tombent sur lui en si grande quantité , qu'il est hors d'état de se défendre , et finit par être dévoré. M. Moreau de Jonnès , chevalier de l'ordre de la légion d'honneur , correspondant de l'académie des sciences , et qui a fait une étu^e spéciale des productions natu- relles de la Martinique, où il a fait un séjour de plusieurs années, a bien voulu, sur mon invitation , rédiger les obser- vations qu'il avoit recueillies au sujet d'une espèce de mygale commune dans cette île. Mes lecteurs me sauront, j'espère , gré de leur offrir ici le Mémoire où il a réuni ces faits inté- ressans , et qu'il a eu l'amitié de me donner, après en avoir fait la lecture à la même académie. « La mygale aviculaire (i) porte aux Antilles le nom d'a- raignée crabe. Elle garde encore celui de matoiUou , que lui donnoient autrefois les Caraïbes. Cette espèce est la plus grande des deux cents , qui sont connues des naturalistes. Sa longueur est d'un pouce et demi ; lorsque ses pattes sont étendues , elle couvre une surface de six à sept pouces. Elle fuit les lieux habités , et je ne l'ai jamais trouvée dans les villes où V araignée chasseuse de Linnœus et six autres espèces du même genre se sont, au contraire, très-multipliées. Amsi que M. de Latreille l'a reconnu par la seule inspec- tion de l organisation de QCt animal , il ne file point de toile (i) Cette mygale dont M. Moreau de Jcnnès m'a donne un indi- vidu, n'est point Vaficalaire , mais celle que j'ai nomme'e craie ( cancerides). M Y G 117 qui lui serve de demeure ; il se terre et s'embusque dans les fentes de la paroi dépouillée des ravins creusés , dans les tufs volcaniques , ou dans les laves décomposées. 11 chasse souvent au loin , et se tapit sous des feuilles pour surprendre sa proie , ou il grimpe sur les rameaux des arbres pour dé- vorer les petits du colibri et du sucrier {certhia flaveoia, L. ). 11 profite ordinairement de la nuit pour attaquer ses ennemis , et c'est communément à son retour, vers son terrier, qu'on peut le rencontrer le matin , et l'enlever quand la rosée , dont les plantes sont chargées, ralentit sa marche. » « La force musculaire de la mygale est très-grande , et l'on a beaucoup de peine à la faire lâcher les objets qu'elle a saisis, même lorsque leur surface ne donne prise ni aux crochets dont ses tarses sont armés , ni aux fortes tenailles qui lui ser- vent à tuer les oiseaux et les anolis. L'opiniâtreté, l'achar- nement qu'elle montre en combattant ne cessent qu'avec sa vie ; j'en ai vu qui , percées vingt fois d'outre en outre à tra- vers le corselet, continuoient d'assaillir leurs adversaires, sans montrer la moindre envie de leur échapper par la fuite. Au moment du danger , cette arachnide cherche ordinaire- ment un appui contre lequel elle puisse se dresser et épier l'occasion de se jeter sur son ennemi. Ses quatre pattes pos- térieures sont alors fixées sur la terre ; mais les autres, à demi étendues , sont prêtes à saisir l'animal qu'elle va attaquer. Quand elle s'élance sur lui , elle se cramponne sur son corps avec tous les doubles crochets qui terminent ses pattes, et elle s'efforce d'atteindre la base supérieure de sa tête pour enfoncer ses tenailles entre le crâne et la première vertèbre ; j'ai reconnu , dans d'autres insectes américains, le même ins- tinct de destruction. « Lorsque la mygale applique ses tenailles sur un corps dur et poli , on y voit aussitôt les traces d'un liquide qui doit être le venin qu'elle injecte , et qui rend sa piqûre dan- gereuse ; cependant je n'ai pu découvrir l'issue par laquelle se fait rémission de cetJe liqueur , dont les effets passent pour redoutables dans les Antilles ; je n'ai point vu non plus la mygale se servir, comme on l'assure , d'une autre liqueur sécrétée par des glandes situées à l'extrémité de l'abdomen , et qu'on prétend être lancée par elle contre ses adversaires pour les aveugler par sa puissance corrosive. Les individus de cette espèce que j'ai conservés long-temps , et en grand nombre , n'ont jamais eu recours à ce moyen dans les com- bats qu'ils se livroient pour s'emparer de leur proie ; mais j'ai reconnu l'existence de cette liqueur qui est lactescente , et d'une singulière abondance pour le volume de l'animal. » « La mygale porte ses œufs renfermés dans une coque de ii8 V Y C, soie blanche , d'un tissu très-serré , formée de deux pièces ar- rondies , unies par leur limbe. Elle maintient celte coque sons son corselet au moyen de ses antennules, et elle la transporte avec elle ; quand elle est très-pressée par ses ennemis , elle l'abandonne un instant; mais elle revient la prendre aussitôt que le combat a cessé. 'c Les petits éclosent par une succession rapide ; ils sont entièrement blancs ; le premier changement qu'ils éprouvent est l'apparition d'une tache noire triangulaire et velue qui se forme sur le centre de la partie supérieure de l'abdomen. « J'en ai conservé , de iBoo k 2000 , qui provenoient de la même coque ; ils furent tous dévorés dans une seule nuit par des fourmis rouges , qui , guldéespar un instinct dont la fmesse mit en défaut tous mes soins, découvrirent la boîte où je les avois renfermés, et s'y introduisirent au moyen d'une ouverture presque imperceptible , par laquelle des myriades passèrent une à une dans l'espace de quelques heures. C'est très-vraisemblablement à la guerre destructive que ce genre d'insecte fait aux araignées aviculaires qu'on doit les bornes étroites dans lesquelles est renfermé le nombre de ces arach- nides, qui ne répond point à leur prodigieuse puissance de re- production, a Mon ami et mon confrère à l'Académie des sciences , M. le baron Palisot de Beauvois, m'a dilque la mygale avicu- laire , représentée dans son bel ouvrage sur les insectes re- cueillis par lui (icins ses voyages en Amérique et en Afrique, aptères ^Y\. 3 , fig. i , habite les campagnes et s'établit dans les cavités que le sol lui présente. Elle revêt les bords de l'ou- verture de son domicile d'une toile , ainsi que le font les sé- gesiries et autres araneïdes tubitèles. Mygale jambes-épineusls, Mygale spinicrus. Cette espèce, dont je n'ai vu que le mâle , et qui a été rapportée du Brésil par M. Delalande fils , ressemble beaucoup à Vaviculaire. Son corps est long d'environ un pouce et trois quarts , d'un noir mat et tout couvert de poils assez longs, d'un brun fauve foncé. L'organe sexuel a la forme d'une larme batavique , se terminant en une pointe assez longue et assez forte, se diri- geant d'abord en bas, et faisant ensuite un crochet en de- hors ; l'extrémité de cette partie est ainsi contournée : les deux jambes antérieures sont terminées en dessous par deux pointes cornées , aiguës, fortes, recourbées, et dont l'interne plus grande. Celte espèce est peut-être le nhamdu de Pison , dont j'ai parié ci-devant. Mygale de le Blond , Mygale Blondiî , Lat. , Gêner. .^ Cfust. et Insect. , tom. i , tab. 5 , fig. 1 ; Palis.-de-Beauv. , M Y G ïig iiisect. âtAfriq. et d Am. ; aplères , pi. 3 , fig. 2 ; Aranea spini - moUlis F Linn. Son corps est long de deux pouces et demi , tout garni d'un duvet d'un brun minime ou roussâlre , avec quelques raies plus foncées sur les cuisses , et des poils plus longs sur les pattes et sur l'abdomen. Le premier article des tarses est parsemé de piquans noirs et mobiles; les deux on- gles du bout sont un peu dentelés à leur base. Les organes sexuels du mâle sont presque coniques, courts , épais et creusés à leur extrémité supérieure en façon de cure-oreille. Elle m'a été donnée par feu le Blond, médecin'et correspon- dant de l'Institut , qui l'avoit trouvée à Cayenne. Mygale crabe, Mygale cancerides, Lalr. Elle est un peu plus petite que la précédente , d'un brun foncé et un peu rous- sâlre, avec la poitrine et le dessous de l'abdomen noirs. L'or- gane sexuel du mâle, finit en une pointe arquée , comprimée au bout , unA()eu plus longue seulement que sa base. On la trouve à Saint-Domingue, à laMartinique , etc. EU» est connue sous le nom à' araignée crabe. Mygale fasciée , Mygale fasdata. Cette belle espèce est figurée dans Séba , tom. i , pi. 67 , fig. 7. M. AValckenaër l'a aussi représentée dans son histoire des aranéïdes , fasc.^ , tab. I. (la femelle). Elle est de la taille àe Y aviculaire ^ mais bien distincte par une bande grise, large et festonnée, qui occupe le milieu de la longueur de l'abdomen ; le fond de sa couleur est d'un brun rougeâtre. Elle est de l'île de Ceylan. Mygale très-noire. Mygale atra. Elle ressemble beau- coup à la mygale articulaire ^ mais elle est un peu plus petite , d'un noir plus foncé , avec les poils moins longs ; ceux du dessous des mandibules et des bords des mâchoires sont d'un roux assez vif. L'organe sexuel du mâle est presque globu- leux, avec une pointe très-fine et arquée à son extrémité ; l'extrémité des premières jambes offre en dessous, dans le même sexe , une épine fort avancée, courbée , et accompa- gnée de poils. Cette espèce a été trouvée , par M. Cattoire, dans les en- virons du Cap de Bonne-Espérance. Elle y fait son domi- cile sous les pierres et les saillies des rochers. M. Dumont a observé, dans l'Île-de-France, une mygale de la même division , mais dont la taille ne surpasse pas celle de la lycose tarentule. Son corps est d'un brun ferrugineux , et légèrement couvert d'un duvet cendré. Celte espèce sera désignée sous le nom spécifique de Brunne , brunnea. M. La Billardière en a apporté une aulr« et assez grande de son voyage en Syrie. I20 M y Cr h. Exiiémitcs inférieures des pâlies çans brosses et simplement ve- lues ; ciochets terminaux découverts , saillaus ( Ires-dislincle- ment pertinés en dessous ). Mygale calpéiène, Mygale calpeiana , Walck, , Hist. des aran. , Fasc i , pi. 8 et 9 ; le maie. Elle est d'un brun ro«- geâlre uniforme , très-velue, avec deux éminences carrées sous le ventre , au-dessus des organes de la respiration. Les nian allongées et plus comprimées lalérale- meftl que dans l'avicnlaire ; 1 extrémité de 1 abdomen offre deux filières cjuadriarticulées , dont la longueur surpasse sen- siblemeni ©«ile de la moitié de cette partie du corps ; les f>altes sont garnies de piquans ; les palpes du mâle sont al- ongés et terminés par mi article en massue ovale , ayant en dessous un appendice ovale , rouge , et qui se prolonge en un fiict irès-grêie, et guère plus court que le palpe. Cette espèce a un peu plus de deux centimîlres de lon- gueur. Elle est très-commune aux environs de Gibraltar, où on la confond avec la tarentule. Elle y a été observée par M. Durand, de Montpellier. Mygale noïasiène , Mygale nota^iana , Walck. ; tab. des Aran. , pi. i , fig. 5 (pour le dessin des yeux). Elle n'a guère plus de sept à huit lignes de longueur ; son corps est d'un brun clair, luisant, peu velu, si ce n'est sur les pattes; les deux premières paroissenl être aussi grandes que les deux der- nières ; le tubercule sur lequel les yeux sont placés est peu élevé. Elle a été rapportée de la Nouvelle - Hollande par feu Péron et M. Lesueur.. 1 1 . Exlrémité supériewe de la première pièce des mandibules , armée de pointes cornées , droites^ ai>an(:ees ., et dont qucli^ues- uncs forment ordinuircmenl une sorte de m/^a«. ( ARAIGNÉES MtNEtI^ES d'Olivier. ) A. Bout des tarses gnrni en dessons d'une brosse épai^.se et serrée, «.-(icbant , en majeure partie, les crochets. Mygale herseuse , Mygale cratiens. Je n'ai qu'un individu niulllé de celte espèce. Son corps est de la taille de la précé dente , et noir; mais il conserve des restfîs d'un duvet cendré, , Oliv. 11 diffère du précédent en ce que les élytres sont d'un M Y L j,ç, jaune testacé , et qu'elles ont un point noir de plus ; il est situé à quelque distance de leur extrémité, (l.) MYLASIS, Myhisls. Pallas , dans ses /^wie* , donne ce nom à un nouveau genre d'insectes de l'ordre des Coléop- tères , dans lequel il fait entrer le tenebriu gigas de Fabri- cius. F. Tjînébrion. (o.) MYLETE , Myletes. Sous-genre de poissons établi par Cuvier aux dépens des Saumons. Les espèces qui le com- posent , dont une est figurée pi. lo de l'important ouvrage du naturaliste précité , et dont une propre au Nil est appelée Raii, se font remarquer par leurs dents très angulaires et creuses au sommet. Ces dents sontsur deux rangs à la mâchoire supérieure et sur un seul à l'inférieure, qui en offre cependant deux isolées en arrière. Ce sous-genre renferme trois espèces, outre les deux pré- citées. Ce sont des poissons d'une assez forte taille , dont la chair est très-recherchée, (b.) MYLIOBATfS. Nom proposé par M. Duméril et adopté par iVI. Cuvier, pour désigner les espèces de raies appelées vul- gairement IVlouRiNEs ei Aigles, et celles qui en approchent par leur têfe saillante hors des nageoires pectorales, celles- ci étant pins larges transversalement que dans les autres raies. V. MOURINES. (DESM.) MYLLOPHYLLON, Dioscor. F. Myriophyllok (ln ) MYLOCARION , Mylocarium. Arbrisseau de l'Amérique septentrionale, à feuilles éparses , réunies au sommet des rameaux, à fleurs disposées en grappes terminales , qui seul constitue, selon Piirsh, Flore de l'Amérique septentrionale, un genre dans la décandrie monogynie. Les caractères de ce genre sont : calice à cinq denîs; cinq pétales; style persistant à trois divisions; capsule à trois ou quatre ailes, à trois loges. Le Mylocarion a feuilles de troène est figuré pi. iGaS du Bofanical magazine de Curtîs. C'est la ^Valterie de Fraser, (b.) MYLOC/VRPE , MyJocarpum. Arbrisseau de l Amérique septentrionale , à feuilles alternes, simples , et à fleurs blan- ches disposées en grappes terminales , qui seuJ , selon Will- denovv, constitue un genre dans la décandrie monogynie et dans la famille des Bicornes , fort voisin du Clethra. Les caractères de ce genre sont : calice à cinq découpures profondes; cinq pétak's ; dix étamines à fibmens dilatés et anguleux ; un ovaire supérirur à stigmate sessile et en tête ; une noix à quatre ailes et à trois loges, (b.) MYLŒQUE , Mylœchus, Latr. , Oliv. Genre d'insectes de l'ordre des coléoptères , section des pentamères , très- XXII. y ,3o V. y o voisin des cltvleoes (^caiops ., Fab.), et n'en difîérant géncri- quement qu'en ce que leurs antennes ont leurs premiers ar- ticles sensiblement plus grands que les suivans , et que les quatre avant-derniers , qui , avec le onzième , forment la massue , sont presque égaux , tandis que le huitième est plus petit que les contigus dans les cholèi^es. Le port et les organes de la manducalion sont d'ailleurs identiques dans ces deux genres. Le Mylœque brun , Mylœchus brunneus, Latr. , Gen£r. Crust. et Insect.^ tome I, tab. 8, fig. ii , et tome II , pag. 3o , est long d'une ligne , ovoïde , d'un brun châtain , pubcscent , finement et vaguement pointillé , avec une dent peu distincte aux cuisses postérieures. 11 paroît avoir de grands rapports avec leca/t»^>s hrevicorne de Paykull, le catops agile de Panzer. J'ai trouvé cet insecte dans le bois de Yincennes , aux envi- rons de Paris, (l.) MYLOICOPHORON de Pluknet {Alm., tab'. 32 , fig. 6) de Catesby {Can.c. iQ, t. Sa). C'est une graminée du genre Paiuriîn' (Poa)^ suivant Adanson. (ln.) MYRMECITIS. C'éloit, chez les anciens, une pierre qui pi'ésenlolt la figure d'une fourmi rampante. Il se peut que ce l"ûl du succin , substance dans laquelle on trouve fréquem- ment des insectes, ou bien une pierre figurée. Pline ne donne aucun détail au sujet du my/mecitis. (LM.) MYRMECIUM. Nom que les (irecs donnoientà Voriiey parce que celte plante fait naître , lorsqu'on la touche , des ampoules sur la peau ; myrmccium. signifiant en général tous boutons ou pustules qui démangent, (ln.) MYODE, Myades (forme de mouche) , Latr; Rîpiphorus^ Fab. Genre d insectes, de l'ordre des coléoptères , section des hétéromères, famille des trachélides , tribu des mor- dellones. Olivier et Fabricius placent avec les ripiphures ( V. ce mot.) un insecte qui, parla forme des antennes, celle des palpes et la physionomie générale, présente, en effet, les caractères de ce genre , mais qui s'éloigne cependant des autres espèces par la brièveté de ses élytres , de sorte que ses ailes sont presque entièrement découvertes ; de là l'origine de sa déno- mination spécifique subdipterus. Dorthes ( Voyez son éloge par ÏJuinas), qui découvrit le premier cette espèce , en donna la description ainsi que la figure , et fut d'avis qu'elle devoit for- r.icr un nouveau genre à côté des nétydales de Linnceus. Les naturalistes anglais nommèrent ce genre dorthesia , dénomi- lïation que M. Bosc a depuis appliquée à un nouveau genre d'hémiptères, ayant pour objet le coccus caraccias découvert et M Y O x3i décrit encore par Dorthes. Il paroît que le premier àt ces genres répondoit à celui que Ton appelle nialulenanl n'jji- phore. Mais l'espèce décrile par Dorllies , comme lype de cette coupe , offre plusieurs différences essenliclles qui me sem])lent devoir l'en fuire déiaclier : i." Les antennes, quoique semblables à celles des ripipliores par leur forme en éventail , sont insérées de chaque côte du sommet de la tête, près de l'extrémité supérieure et interne des yeux, et dans une fos- sette : les trois premiers articles sont si courts et si serrés, qu'ils paroisscnt former ensemble un tubercule radical ; les huit derniers articles jettent chacun une {femelle) ou deux (jnâle) branches, longues et linéaires, foimantun peigne oa un grand panache , ainsi que le font les mêmes articles des antennes du ripiphore paradoxal. Le labre est grand , forte- ment échancré ou bifide , et s'attache par sa base inférieure à celle de la lèvre qu'elle recouvre. Les mâchoires se ter- minent par un seul lobe et très-petit. La languette s'avance , entre ses palpes, en forme d'une petite pièce presque conique, entière et obtuse : il m'a paru qu'elle se plaçoil dans l'échan- crure du labre , ou du moins immédiatement au-dessous. Les palpes ont d'ailleurs la forme et les proportions de ceux des ripiphores ; il en est de même des mandibules. Mais les autres parties de la bouche , ou celles que je viens de décrire , ont une autre forme dans les ripiphores. Les crochets des tarses présentent des dissemblances; ici, leur extrémité est bifide ou bidentée, et sans dentelures le long de leur côté inférieur. Dans lesmyodes, ces crochets sont garnis, en dessous, d'une rangée de dentelures très-fines et se terminant en une pointe simple. Enfin , les élylres de ces insectes sont très-courtes et ont la figure d'une écaille triangulaire et voûtée. Elles sont étroites , un peu courbes et pointues dans le mâle: celles de •la femelle sont plus courtes , plus larges , obtuses ou tron- quées au bout, et se rapprochent de la forme carrée. Les ailes sont étendues dans toute leur longueur. Myode de Dorthes, Myodes Dorihesii; Ripiphorus suhàipterus , Fab. ; OUv. , Culéopt. , tom. 3 , n." 65 , pi. i , fig. i. Cet in- secte n'a guère plus de trois à quatre lignes de long. Le mâle a le corps d'un noir luisant , avec les antennes , \tts pattes et une grande partie de l'abdomen jaunâtres ; les an- tennes forment un beau panache, qui s'épanouit en manière de gerbe ; les élytres sont d'un jaunâtre pâle , presque testa- cées; le milieu des ailes a une teinte brune ou roussâlre, en forme de tache. Les antennes de la femelle n'ont qu'un seul rang de lames ou de feuillets, ceux du côté interne ; elles sont tantôt jaunes , tantôt noires ; les pattes sont enlièremeut jaunes ou entremiilées de noir. i3. 1\T y o Dans l'un et l'autre sexe , les antennes sont courtes. Celle espèce se trouve au midi de la France et en Espagne, (l.) MYODOQVE , Myodocha, Latr., Oliv. Genre d'inseclos, de l'ordre des hémiptères, section des héléroplères, famille des géocorises , tribu des longilabres , très-raJ>prochés des tygées et des miris, mais en élanl distingués par la forme ovoïde etallongée de leur tête, qui se rétrécit postérieurement en ma- nière de col, comme dans les redwes. Leurs antennes vont un peu,en grossissant vers leur extrémité, et sont composées de quatre articles , dont le dernier ovale. Le corps est oblong , avec le corselet presque conique , plus étroit en devant , et comme divisé transversalement en deux par une impression linéaire. Les cuisses antérieures sont renlléeset épineuses en dessous. J'ai établi ce genre sur l'espèce suivante. Myodoque SERRIPÈDE, Myodocha scrripes. Corps long d'en- viron quatre lignes , noir ; élytres d"un brun clair , bordées extérieurement de blanchâtre ; pattes pâles , avec l'extrémité antérieure des cuisses obscure. Dans l'Amérique septentrionale. Deux punaises de Degeer (^tipuloides ^ trîspinosus') paroissent former deux autres espèces du même genre. Voyez Olivier, Encyclopédie méthodique, (l.) MYOKTONON etMYOCTYNON. Synonymes d'Aco- NiTUM, chez les anciens. V. ce mot, suppl, (lts.) MYON. L'un des noms des Asperges, chez les anciens. (LN.) MYONIME, Tkfyom'ma. Genre de plantes de la tétrandrie monogynie et de la famille des rubiacées , dont les caractères consistent : en un calice très-petit et presque entier ; en une corolle monopétale à tube très-court et à limbe à quatre divi- sions obtuses; en quatre étaminesà anthères saillantes; en un ovaire inférieur arrondi, supportant un style simple astigmate un peu épais ; en une baie sèche, globuleuse, déprimée , à qua- tre loges, dont les semences, renfermées dans un noyau, sont solitaires, concaves d'un côté et convexes de Taulre. Ce genre , établi par Lamarck , comprend deux arbris- seaux à feuilles entières et opposées , et à fleurs axillaires ou terminales, et presque solitaires. Le Myonime ovoïde, dont les feuilles sont presque ovales et obtuses, et les baies obtusément tétragones , est un bel arbrisseau, qui se fait distinguer par le luisant de son feuil- lage. H se trouve à l'Ile de France, et y est connu sous le nom de hois de rai^ parce que les rats sont très-friands de son fruit. Le Myonime \ feuilles de myrte a les feuilles ovales , lancéolées, aiguës, et les baies sphériques. 11 se trouve dan? le même pays, (b.) M Y O i33 MYOPE , Myopa. Genre d'Insectes de l'ordre des dip- tères, famille des alhéricères, tribu des conopsaires. Ses caractères sont: suçoir de deux soies au plus , reçu dans une trompe saillante , cylindrique , coudée à sa base et au milieu ; antennes à palette ; soie latérale. Les myopes ont la tête plus large que le corselet, grande ; la face revêtue d'une membrane molle , blanche, comparée à un masque; les yeux grands; trois petits yeux lisses; le cor- selet presque cylindrique, un peu convexe; deux points éle- vés aux angles huméraux ; les ailes couchées; l'abdomen sessile, presque cylindrique, un peu renflé à l'extrémité, arqué; les pattes fortes , avec les cuisses un peu renflées, et les tarses à deux crochets et deux pelotes. Les myopes ont beaucoup de rapports avec les conops et les asiles , dont ils diffèrent par la forme des antennes et par les parties de la bouche; on les trouve sur les (leurs; leurs larves ne sont point encore connues. Ils forment un genre peu nombreux , dont la plus grande partie habite l'Europe ; les plus remarquables sont les espèces suivantes : Myope ferrugineux , Myopa ferruginea , Fab. , Conops fermginea^ Linn. ; Asile, Geoff, ; pi. G 17 , 10, de cet ou- vrage. Il a environ quatre lignes de long ; les antennes ferru- gineuses ; le devant de la tête d'un jaune citron; les yeux bruns; le corselet varié de noirâtre et de ferrugineux ; l'ab- domen d'un brun ferrugineux; les ailes noirâtres ; les pattes ferrugineuses; les balanciers jaunâtres.On le trouve en Euro- pe , aux environs de Paris. Myope testacé , Myopa testacea , Fabric. Il est fauve » avec l'anus cendré , et un point noirâtre au milieu des ailes. M. Meigen y rapporte le conops buccala de Linnseus , et le Myope joufflu { myopa buccata) de Panzer, Faun. insecL ^ Germ. , fasc. 12 , tab. 24. On trouve quelquefois, aux environs de Paris, sur les char- dons, le Myope dorsal, ikfjo/>a Jor^w/a de Fabricius, figuré par Schseffer , Icon. Insecl. ratisb, tab. 49» fig- ^3. Cette espèce est une des plus grandes du genre, d'un fauve rouge , très- vif, lorsqu'elle est vivante, avec le devant de la tête blanc et le dessus du corselet noirâtre ; on voit du blanc sur les bords des anneaux de l'abdomen, (l.) MYOPORE , Myoponim. Genre de plantes delà didyna- rnie angiospermie et de la famille desprimulacées, ou mieux de son nom, établi par Forster. Il a pour caractères : un calice divisé en cinq parties ; une corolle campanulée, dont le limbe est ouvert et divisé en cinq parties presque égales; quatre étamines, dont deux plus petites ; un ovaire supérieur il; M O Y Surmonté (Vun style simple: un drupe à une ou deux noix à deux loges et à deux semences. Ce genre, qui ne paroît pas suftisamment différer deTAN- DREUSIE de Venlenat, et de la Pooome d'Andrew, renferme huit espèces, qui sont des arbres exlrémemont voisins des C TiLhTS, ei qu'on trouve à la Nouvelle-Zélande et autres îles de l;i mer du Sud. Le myopuir déhile est figuré, n." i83o du Bulanical maga-' tins de Curlis (b.) MYOPORIMÉF.S. Famille de plantes éîaWie par Rob. Brown. Elle a pour type le genre de ce nom. (b.) MYOPOTAM E, Myopotamus ou ratdesflem>es.^ovn donné par Commerson à un rongeur à pieds palmés de l'Amérique méridionale , qui fait partie du genre hydromys de M. Geof- froy. C'est r Hydromys coypou ou le Quouiyia de d'Azara. Voy. ces mots, (desm.) MYOPTÈRE , Myoptenis , GeofTr. ; VesperliUo , GmeL Genre de mammifères carnassiers, de la famille des chéïrop- téres, fondé par M. Geoffroy Saint-Hilaire , et ainsi ca- ractérisé : Deux incisives et deux canines à chaque mâchoire ; quatre molaires de chaque côté à celle d'en haut, et cinq à celle d'en bas, toutes à couronne garnie de tubercules aigus; nex simple ; chanfrein méplat , sans feuilles , membranes ou sillons ; oreilles larges, isolées et latérales, avec l'oreillon intérieur ; membrane interfémorale moyenne; queue lon- gue , à demi enveloppée à sa base, et libre à son extrémité. On ne connoît qu'une seule espèce de ce genre de chauve- Souris , particulièrement voisin de celui des Molosses, et qui n'en diffère guère qu'en ce que les oreilles de ces derniers animaux sont réunies et couchées sur la face avec leur oreil- Ion extérieur, et en ce que leur chanfrein est convexe. Les Taphiens qui se rapprochent encore beaucoup du myoptère, offrent cependant tme autre combinaison dans le nombre des incisives et des molaires; une forme de tête différente, et une membrane inlerfémorale plus développée. Espèce unique. — Myoptère Rat-volant , Geoffroy , Mém. tV Egypte , Hisl. JSat. , tom. 2 , page ii3. — Rat a'o- L\NT, Daubenton , Mérn. Je f Académie des Sciences de Pa- ris , 175g , page 386. Le rat volant de Daubenton n'est connu que \ii\v la courte description qu'en donne ce naturaliste, et dont les princi- paux traits ont servi à l'établissement des caractères du genre dans lequel M. Geoffroy a jugé à propos de le placer. Ce chéïroptère a trois pouces un quart de longueur, depuis le M Y 0 i35 bout Jes lèvres jusqu'à l'origine de la queue; ainsi il n'est guère pins grand que le Vespertilion noctule de notre pays , nul est long de trois pouces. Le museau est court et gros : les oreilles sont larges et ont un orelllon très-petit. Lé dessus de la tête et du corps a une couleur brune, et le des- sous est d'un blanc sale avec une légère teinte de fauve ; la membrane des ailes et de la queue a des teintes de brun et de gris. Les deux incisives supérieures sont pointues et rap- prochées Tune contre l'autre ; celles de la mâchoire inférieure ont chacune deux lobes , et occupent tout l'espace qui est en- tre les deux canines. V. Dauhenton , loc. cit. (desm.) MYOPTEROS des anciens. T.Thlaspi. (ln.) MYORTOCHON. Ce nomse donnoit, chez les anciens, au Myosotis et à Valsine ou Mcrgeline. (ln.) MYOSOTA. V. Myosotis, (ln.) MYOSCHILE, Myoschilos. Arbrisseau du Pérou, qui forme un genre dans la pentandrie monogynie et dans la fa- mille des éléagnoïdes. Il offre pour caractères: un calice de cinq folioles colorées et persistantes; point de corolle; un ovaire inférieur, à style et stigmate trlgones; un drupe oblong, couronné par le calice et contenant une noix unl- loculaire. (b.) MYOSOTE, Myosotis. Genre déplantes de la pentandrie monogynie et de la famille des borraginces, dont les carac- tères consistent en un calice à cinq découpures profondes et persistantes; une corolle monopétale, hypocratériforme , à tube court , fermé par cinq écailles convexes , à limbe plane , partagé par cinq lobes échancrés ; cinq étamlnes cachées dans le tube ; quatre ovaires surmontés d'un style filiforme , terminé par un stigmate obtus ; quatre semences ou noix renfermées au fond du calice qui s'est agrandi. Ce genre, aux dépens duquel R. Erown a établi celui qu'il a appelé Hexaruhène, renferme des plantes à feuilles alternes, souvent calleuses à leur sommet, et à fleurs dis- posées en épis terminaux et unilatéraux. On en compte une trentaine, dont un tiers appartient à l'Europe. Ces espèces sont : La Myosote des marais , Myosotis sr.orpidides , Llnn,, qui a les semences lisses; le tube de la longueur de la corolle, et les feuilles lancéolées , est annuelle, se trouve dans les marais et les champs humides , varie beaucoup, et se fait remarquer par l'élégance de sa corolle bleuâtre à fond jaune. Lamarck, dans sa Flore française ^ l'appelle la scor- pionne. La Myosoie des champs a les semences lisses; le calice aigu , hérissé , de la longueur du tube de la corolle ; le.« i36 M Y O feuilles ovales, obiongues et velues. Elle est extrêmement commune dans les champs , et est en iicur toul Vêlé. Ses fleurs sont moins grandes et moins belles que celles de la précédente. La MvosOTE A FLEURS JAUNES , Myosotis apula^ a les se- mences nues; les feuilles linéaires, lancéolées, hispides , et les grappes feuillées. Elle est annuelle , et se trouve dans le midi de la France. La Myosote lapulle a les semences hérissées d'épines doublement crochues , et les feuilles lancéolées. Elle se trouve en France, sur les vieux murs, parmi les décombres, dans les lieux incultes et stériles, (b.) MYOSOTIS ou MYOSOTA. Plusieurs plantes por- toient, chez les anciens, ce nom, qui signifie en grec oreille de souris ou de rat. Elles le dévoient à leurs feuilles que Ton avoit comparées aux oreilles de ces petits quadrupèdes. Pline décrit ainsi l'une de ces plantes. C'est une herbe lisse , dont la racine produit plusieurs tiges , qui ne sont point rougeâtres et creuses ; dont les feuilles qui avoisinent la racine sont longues, étroites, noires, et à dos tranchant et aigu, tandis que les autres feuilles sont espacées deux à deux sur les tiges. Celles-ci se ramifient en petites branches qui sortent des aisselles et portent des Heurs bleues. La ra- cine de la grosseur du doigt et filamenteuse, est acre et corrosive. Aussi s'en sert-on dans le traitement des fistules qui viennent entre l'œil et le nez. Les Egyptiens croyoient qu'en se frottant les yeux avec le jus de cette herbe le 27 de leur mois Thiatin (août), on n'avoit point de chassie aux yeux pendant le restant de l'année. Une seconde herbe myosotis ou myosota ^ est celle que les Grecs nommoient aussi alsine (du mot grec a/505, qui signi- fie hois^forét^ , parce que cette plante croissoit à l'ombre et au pied des buissons, des arbres, dans les bois touffus et dans les jardins. Ce myosotis poussoit dès le milieu de l'hi- ver, sa tige trainoit à terre et ses feuilles rappeloient parleur forme les oreilles des souris. Pline s'étend encore sur un myosotis qui ressembloit à la pariétaire (fielxine'). Le premier myosotis ne serolt-il pas une espèce de Véro- nique (veronica puria)] le second, la MorgÉLINE ( «/i/ne média, L. ); et le troisième une espèce de Céraiste ou notre myosotis des champs P C'est ce qui est probable et l'opinion de beaucoup de botanistes. Le nom de myosotis a été traduit en latin par aun'cula maris et c'est sous ce nom latin que Brunsfelsius , Dodonée, Tragus , Joach. Camérarius, Columna , Lonicerus, Césal- piu , Lobel, ont décrit quelques espèces dliieraiium (nolain- M Y O 13; ment le hieradum pilosella) , les myosotis aroensis et palus/ris , le meaicugo chcinaia , L. , le gnaphalium dioicum , diverses es- pèces de veionka {officinalis ^ spuriu , chamœdrys , etc.) ; les cerastiitm. et le ihaba vemu , toutes plantes qui ont été consi- dérées comme pouvant être les anciens myosotis. Tournefort et Vaillant ont donné le nom de myosotis au genre que Linnseus désigne par cerastium. Adanson en l'adop- tant y ramenoit quelques espèces de sirMaria , et le nommoit centunculus. Le genre myosotis de Linnseus est tout diffé- rent, appartient à la famille des borraginées et rentre dans le lithospenniim de Tournefort et dans le iuglossum d' Adan- son. C'est aux dépens du genre myosotis de Linnseus, que sont formés les genres echiodes et lappula de Mœnch. Li'exarrhena de Robert Brovvn paroît devoir être réuni au myosotis , n'en différant essentiellement que par les étamines saillantes, caractère regardé comme ayant peu de valeur et avec raison, ainsi que le prouvent les espèces du genre mentha. Le genre myosotis, Linn. , est mentionné dans ce Dictionnaire au mot Myosote. Quant au myosotis, Tournefort. Voyez Ce- RAISTE. (lN.) MYOSOTON. Ce genre , établi par Mœnch , a pour type le cerastium aquaticum, Linn. 11 ne diffère des cerastium que par sa capsule presque ronde , aussi longue que le calice et s'ouvrant au sommet en cinq parties ; dans le cerastium , la capsule est plus longue que le calice, cylindrique, et se di- vise au sommet en dix parties. V. Céraiste. (ln.) MYOSUROS, de Gallen. Cette plante est, selon Adan- son , la même que celle que nous nommons queue de souris et ratoncule. Dodonée est le premier des botanistes mo- dernes qui lui ait donné le nom de myosurus , et il est resté au genre qu'elle forme. Ce genre a été établi par Dil- len et adopté par Linnseus. Ce naturaliste y avoit d'abord rapporté le ranunculusfalcatus, que depuis il en ôta , et qui, suivant Mœnch , doit faire un genre particulier ; c'est sou ceralocephala. Le ranunculus reptans a été rangé aussi dans le genre myosurus. Ray et Tournefort plaçoient le myosurus dans le genre ranunculus , et Petiver dans celui des adonis. V. Ra- toncule. (ln.) MYOTERA. C'est dans le Prodomus d'IUiger et dans le Règne animal de M. Cuvier le nom générique de Fourmi- liers, (v.) MYOTON et MORTOCHON. Synonymes àeMyosotis chez les anciens, (ln.) MYOXOCEPHALE, Myoxocephalus, Genre de poisson 138 M y n éîal>li par Steiier , mais qui ne diffère pas suffisamment des Cottes, (b.) MYOXUS. Nom latin tiré du grec, employé d'abord par Gmelin, pour désigner le genre qui comprend les animaux rongeurs du genre des Loirs. Il a été adopté par la plu- part des zoologistes qui ont écrit sur l'histoire naturelle des mammifères. F. ce mot. (desm.) MYRABALANUM. V. Myrobalanum. (ln.) MYRABOLUS. C'est le nom que Ton donne à la myrrhe qui vient d'Arabie , mais que les Européens tirent souvent de Surate. V. Myrrhe, (d.) MYRACANTHUS. Bontius, dans son histoire naturelle des Indes orientales (6, p. 55), nomme 7l^rac«n^/iU5i;W/cw5, l'A- ^A^THE à feuilles de houx , que Rheède figure sous le nom de PainasrhyUi (Hort. malab. ), et que Cammeli appelle De- Iharia, qui dérive d'un des noms que l'on donne aussi dans l'Inde à cette même plante , maintenant séparée des Acan- thes. VoY. ce mot. (ln.) MYRACANTON. Chez les Grecs, c'étoit l'un des noms de la plante que Dioscoride nomme Eryngion. (ln.) MYRCINES. V. Myrsiné. (ln.) MYRE. Nom spécifique d'une Murène, (b.) MYREPSICA. V. Myrobolan myrepsique. (ln.) MYRHE. V. Myrrhe, (b.) MYRIADÈNE, Myriadenus. Genre déplantes établi par H., Cassini dans sa famille des synanthérées, pour placer la Ver- GErolle glutineuse et autres. Il diffère de celui appelé Pu- LICAIRE par Gsertner , en ce qu'il n'appartient pas aux ra- diées ; ses caractères sont : calice commun composé d'é- cailles imbriquées, linéaires, terminées par un appendice bractiforme ; point de rayons ; réceptacle commun, plane , fovéolé ; semences hispides, inférieures et à aigrcHe double, l'intérieure squamiforme , l'extérieure filiforme barbulée. MYRIADENE, Myriadenus. Genre déplantes établi par Desvaux , pour placer I'Ornithope tétraphylle , que la forme de son fruit écarte des autres, (b.) MYRIANTHE, Myrianthns. Arbre d'Afrique à feuilles alternes , digitées, et à fleurs disposées en corymbe , qui , selon Palisot de Beauvois, qui l'a figurée dans sa Flore d'O- ware et de Bénin, forme seul un genre dans la monoécie monadelphie. Les caractères de ce genre sont : calice à quatre divisions concaves ; point de corolle; un tube trifide portant une éla- mine à chaque division ; un péricarpe charnu à douze ou quatorze loges, contenant des semences allées, (b.) ^T Y R 139 MYRTANTHETK, Mynanlhem. Arbrisseaux de Madagas- car , à feuilles allâmes, épaisses, et à fleurs en grappes axil- laires, qui consliluent , selon du Petil-Thouars, un genre dans la polyadelpliie polyandrie , et dans la famille des Ro- sacées. Les caractères de ce genre sont : calice à cinq décou- pures conniventes; cinq pétales onguiculés, insérés sur le ca- lice ; cinq paquets de quatre à cinq élamines ; cinq écailles ; un ovaire à demi inférieur , contenant quatre ovules , et surmonté de quatre stylets courts. Le fruit n'est pas connu. (B.) MYRIAPODES , Myriapoda , Lair. Ordre d'insectes ayant pour caractères: point d'ailes; un très-grand nombre de pieds , silués dans presque toute la longueur du corps, une paire par chaque anneau; mâchoires et les deux ou qua- tre pieds antérieurs réunis à leur base, au-dessous des man- dibules. J'avois, depuis long-temps (^Préc. des Caractères génér. des inseci. ) , formé avec ces insectes un ordre particulier , et sous la même dénomination , mais en lui donnant plus d'étendue par l'adjonclion du genre onis'.us de Linnseus. M. de La- marck les a mis dans son ordre de arachnides antennistes. Les myriapodes ressemblent à de petits serpens ou à des néréides, ayant des pieds très-rapprochés les uns des autres , dans toute la longueur de leur corps ; de là le nom de mille- pieds^ sous lequel on les désigne communément. Leur corps, dépourvu d'ailes, est composé d'une série, ordinairement considérable , d'anneaux, le plus souvent égaux, et portant chacun généralement une ou deux paires de pieds , terminés par un seul onglet. 11 semble n'être formé que d'une tête et d'un tronc continu et très-prolongé , sans distinction d'abdo- men ; mais les premiers anneaux, d'après les motifs que nous avons exposés aux articles Chilognathe et Chilopodes, représentent le tronc et le corselet proprement dit des autres insectes. Ils ont , i.° deux antennes courtes-, et soit filiformes ou un peu plus grosses au bout, et composées de sept articles, soit sétacées avec un grand nombre d'articulations; 2." deux yeux formés d'une réunion d'yeux lisses , et quelquefois , comme dans les 5ri///^èrcs, très-nombreux et presque à facettes, mais dont les lentilles sont néanmoins proportionnellement plus grandes , plus rondes , plus distinctes que celles des yeux composés des insectes ailés ; 3.** deux mandibules dentées, propres à broyer ou à inciser les matières alimentaires, di- visées transversalement par une suture , ou comme emman- chées, et même accompagnées, dans plusieurs, d'un petit appendice palpifbrme ; 4'* une sorte de lèvre , sans palpes , i^o M Y R divisée et formée de pièces soudées , que M. Savîgny consi- dère comme les analogues des quatre mâchoires supérieures des crustacés , mais réunies ; les deux ou quatre pieds anté- rieurs se joignent à leur base , s'appliquent ou se couchent sur la lèvre , et concourent , presque exclusivement , à la manducation, tantôt sans changer de forme, comme dans les ckilognathes , tantôt convertis les uns en deux palpes , et les autres en une sorte de lèvre, avec deux crochets articulés, mobiles, analogues même par leur destination aux griffes des mandibules des aranéïdes ; c'est ce que l'on voit dans les clù- Jopodes; ces parties semblent répondre aux pieds-mâchoires des crustacés. Les stigmates sont souvent très-petits , imperceptibles même dans quelques-uns (^g/omeris)^ et leur nombre sur- passe ordinairement celui des stigmates des autres insectes qui en ont le plus, c'est-à-dire dix-huit. Les myriapodes vivent et croissent plus long-temps que les autres animaux de cette classe , et donnent, à ce que je présume , plusieurs générations. Ils naissent avec six pieds , ou n'ont pas , du moins, dans les premiers jours de leur vie, tous ceux qu'ils offriront dans leur état adulte. Les autres pieds, ainsi que les anneaux qui les portent, et dont la quantité varie selon l'espèce, se développent avecTâge, sorte de métamorphose qne j'ai nommée ébauchée, et qui leur est propre ; car les autres insectes n'acquièrent plus de nouveaux segmens , et les pieds à crochets , dont le nombre est invaria- blement de six, ou existent dans la larve, ou se montrent tous à la fois dans la nymphe. Ainsi les myriapodes font réellement un passage des insectes aux crustacés. Leurs for- mes extérieures les rapprochent de ceux-ci ; mais leur orga- nisation intérieure, seule base essentielle de nos coupes clas- siques, les associe à ceux-là; c'est ainsi encore que les arach- nides trachéennes ressemblent à l'extérieur anx arachnides pulmonaires , et sont néanmoins plus près des insectes sous les rapports de l'organisation interne. Les myriapodes font leur habitation dans la terre , sous les différens corps placés à sa surface , sous les écorces des arbresj, la mousse , entre les feuilles de quelques végétaux cultivés dans nos jardins , et beaucoup aiment l'obscurité. Des animaux fossiles et très-singuliers, dont ou n'a pas encore découvert les analogues , et dont plusieurs , à raison de la constitution minéralogique des terrrains où on les a trouvés , paroissent appartenir à des races totalement anéan- ties dans les antiques révolutions du globe , les irilobites , m'ont semblé remplirlevide qui sépare les myriapodes des crustacés. Du moins, s'ils. paroissent avoir de l'affinité avec quelques Çrands branchlopodes , ils en ont aussi et de plus grandes , soit parle nombre des anneaux de leur corps, soit par leur division en trois parties , avec \es f;lomêris ^ premier genre de notre famille des chilognathes. Les tiilolnles , qu'on avoit con- fondus jusqu'à ce jour, sous la dénomination générale d'e«- tomolitbe paradoxal , ont été , pour l'un de nos confrères à l'Académie des Sciences , M. Brongniart, un sujet de re- cherches curieuses et d'un beau travail. L'un de nos collabo- rateurs, M. Desmarest , en a présenté ici l'analyse , et il y a joint plusieurs observations qui lui sont propres. V. Trilo- BiTES et Crustacés FOSSILES. Les myriapodes forment deux familles, les Chilogna- thes et les Chilopodes. (l.) MYRICAet MYRICE des Grecs. Voyez T km kmscvs. Le genre myrica , Linn. , ne comprend point les myr'ica des anciens , qui sont nos iamarix , mais des plantes très-diffé- rentes. Tournefort avoit nommé Gale le genre myrica de Linnaeus. Voyez Gale, (ln.) MYRICITE ou TRILOBITE, ou Enthomolithus pam- fioxus, Linn. Voyez Trilobite et Parâdoxite. (ln.) MYRIOMORPHON. Synonyme A'AchiUea chez les an- ciens. Voyez M£t>LEFOLLIUM. (LN.) MYRIOPHYLHTM {jnille feuilles, en grec). Selon Pline, la plante connue des (irecs sous le nom de myriophyllon , et des Latins, sous celui (]ennllefolium^ avoit une tige tendre, semblable à celle des fenouils, et qui étoil revêtue d'une grande quantité de feuilles , d où lui venoient ces noms. Elle crois- soit dans les lieux marécageux , et étoit très-propre à guérir les plaies. Infusée dans du vinaigre , on la recommandoit comme uiile dans les maux de la vessie. Suivant Dioscoride, les feuilles du myriophyllum sont semblables à celles du fe- nouil. Pline et Dioscoride ont ils voulu parler de la même , ou de deux plantes différentes ? On a indiqué pour elles le ranunndus fluoiatîlis , Vhotionia paluslris , le phellandrium aqua- iii uni et même le volanl-d eau ( Voyez ce mol ) , dont il y a deux espèces dans nos marécages. C'est au volant-d eau que Vaillant a fixé le premier le nom de myriophyllon. Adanson y ramène \e myriophyllon de.'; Grecs et des Latins , qui étoit une plante connue des Cel- tes , si toutefois il est vrai que ce soit leur helioucandas. Voyez. MlLLEFOLlUM , StRATIOTES et VoLANT-D EAU. (LN.) ÂlYIxiOSTOME, Myriosioma. Genre de champignons établi ^df Desvaux, pour placer le Vesseloup figuré par Dickson dans' le premier fascicule de sa Cryptogamie brilan- iii(jue y sous le nom àe Lycoperdon coliforme. Ses caractères sont : chapeau presque sphérique , à- double ticorce , l'esté- i4a INI Y R rieure volviforme , fendue en rayons inégaux, tachetés à leur extrémité ; rinlérieure mince, percée au sommel de plusieurs trous ronds , ciliés , légèrement élevés ; plusieurs pédicules courts , rapprochés , comprimés , presque ligneux, (b.) MYRIOTHÈQUE, Myriotheca. Genre'de plantes crypto- games , de la famille des fougères , dont la fructification est formée de capsules nombreuses, nues, ovales , s'ouvrant longitudinalement au sommet en deux valves percées cha- cune intérieurement de deux trous , et éparses sur le dos des feuilles. Ce genre a été appelé maratiie par Swartz et Smith. II renferme trois espèces ; savoir : La Myrothèque ailée , qui a le pétiole commun écail- leux , les partiels ailés, et les folioles dentelées. Elle se trouve à la Jamaïque. La Myriothèque lisse , qui a le pétiole commun lisse ; les partiels ailés; les folioles obtusément dentelées. Elle se trouve à Saint-Domingue. La Myriothèque a feuilles de frêne , qui a k pétiole commun lisse et simple ; les folioles lancéolées et dentelées, et toutes distinctes. Elle se trouve à Tîle de la Réunion, (r..) MYRISTICA. Nomlatin du genre Muscadier. Ce genre est le komacon d'Adanson. Robert Brown pense qu'on doit y réunir le genre horsfieldia àe Willdenowet de Lamarck, et levirola^ d'Aublet. Peut-être le knema, de Loureiro, en doil- il aussi faire parjie. (ln.) MYRISTICEES. Famille de plantes proposée par R. Brown , et dont le type est le genre Muscadier, (b.) MYRLE. Voyez Merlin, (s.) MYRMECOPHAGA. Nom tiré du grec , et appliqué aux mammifères , du genre des Fourmiliers. Eniployé d'abord par Linnseus pour désigner des animaux assez différens , il a depuis été réservé pour les fourmiliers d'A- mérique, c'est-à-dire, les myrmecophaga jitbata ^ ietra- 'dadyla et didadyla. Le viyrmecophaga capensis en a été séparé pour former le genre Oryctérope. L'Echidné , quadrupède de la Nouvelle-Hollande , a reçu des auteurs anglais , qui les premiers en ont parlé , le nom de myrmecophaga aculeata, (desm.) MYRMÉCOPHAGES , Myrmecophaga. Sous ce nom , nous avons désigné ( Tubl. jneth. des mammij. , prem. édit. de ce Dict. ) une famille de quadrupèdes édentés , renfermant ceux qui sont absolument dépourvus de toutes sortes de dents , et qui ne présentent pas d'ailleurs Tes caractère* particuliers aux Monotrèmes. Ces genres sont ceux des Pan- golins et de» FouRMi! iers. (desm.) M Y R 143 MYRMÉCIE , Myrmecia. Nom donné, par SchreLer, au genre établi par Aublet , sous celui de Tachie. (b.) MYRMÉCIE, Myrmecia. Y ahricins nomme ainsi un genre d'insecles hyménoptères , de notre tribu des formicaires , et distingué plus spécialement des autres genres de celle division , par la forme et la grandeur des mandibules. Celles des neutres sont avancées, grêles , dentelées ati côté interne, parallèles et pointues à leur extrémité. Ce naturaliste n'ayant pas égard à la forme du corps , dans le caractère essentiel du genre , le compose d'espèces qui ont le pédicule de leur abdomen composé tantôt d'ane écaille , tantôt d'un ou de deux nœuds. Ces caractères , l'absence ou la présence d'un aiguillon , m'ont paru devoir servir de première base aux coupes génériques que j'ai établies dans cette tribu. Voyez, les articles Formicaires et Myrmice. (l.) MYRMÉCODE. Myrmecodes , Lalr. Genre d'insectes de l'ordre des hyménoptères , section des porte-aiguillons , famille des hétérogynes , tribu des mutillaires. Les myrmecodes diffèrent des autres insectes de cette tribu, et particulièrement des mutilles et des myrmoses , dont elles se rapprochent davantage , à raison de leurs palpes , qui sont très-courts. Les maxillaires sont à peine distincts , presque coniques ; les labiaux ont une forme cylindrique ; on n'aperçoit aux uns et aux autres que trois à quatre articles. Les antennes ne sont guère plus longues que la tête , et leur second article est reçu dans le premier ; caractère qui rapproche ces insectes des myzines , particulièrement des femelles , auxquelles ils ressemblent beaucoup quant au por^. Les mandibules sont avancées , arquées , étroites et sans dents. Le tronc a la forme d'un cube allongé , un peu rétréci en avant ; il est divisé en trois segmens , dont l'antérieur beaucoup plus grand. Ce genre est composé d'espèces propres à la Nouvelle- Hollaiide et aux îles voisines. Olivier le réunit à celui des myzines; mais ici les femelles sont ailées, et les palpes , ainsi que la languette , sont dlfférens. Le iiphle pédestre, de Fabricius est probablement une myr- mécode , et qui semble très-voisine de la suivante. ^ Myrmécode a taches jaunes , Myrmecoda flaoo-gutlata. Grande , d'un fauve marron , avec des taches jaunes et rondes sur l'abdomen. La myzine aplère., d'Olivier, Enrycl. méth. , paroît n'en être qu'une variété très-petite , et à taches moins nombreuses : de la Nouvelle-Hollande. ( L. ) MYRMÉLÉON,M/n7ïe/.ïort,Fab. Genre d'insectes de l'or- 1^4 M Y R dre des névroptères, famille des planipennes, tribu des four- nùllons, ayant pour caractères : desmandihubjs; six palpes; tarsesà cinq articles; antennes courtes, grossissant et couchées en crochet vers le bout. LeJr corps est fort aiîongé, cylin- drique, glabre , ou peu fourni de poils. Leur tête est courte, de la largeur du corselet au plus ; leurs yeux sont gros ; les petits yeux lisses ne sont pas apparens ; le corselet est rond ou ovalaire ; le premier segment est court; les ailes sont allongées, transp jrentes, très-réticulées, en toit; l'abdo- men est fort long, cylindri jue ; les pattes sont courtes , avec deux forts crochets au bout des tarses. Les myrméléons offrent beaucoup plus d'intérêt sous leur première forme que lorsqu'ils sont insectes parfaits. On a donné à la larve de l'espèce la pins commune en Europe , le nom àc formica leo ^ foiinni-Uon , par la même raii>on qui a fait donner aux larves d'héméro!>cs celui de Hun des puce- rons. Cette larve , qui est de coubmr grisâtre , a six pattes et une forme très-remarquable , en ce qu'elle a le ventre extraordinairement gros , par rapport au corselet et à la tête. Cette tête est très-petite , aplatie , étroite , et armée de deux cornes assez longues , mobiles , dentées intérieurement dans presque toute leur longueur , recourbées près de leur extrémité et terminées en pointe. Ces deux cornes lui servent de pinces et de suçoirs. Cette larve est carnassière, marche très-lentement et à re- culons. Comme elle ne pourroit attraper à la course des in- sectes beaucoup plus agiles qu'elle , et dont elle a cependant le plus grand besoin pour pouvoir se nourrir , la nature lui a enseigné les moyens de leur tendre des pièges. Elle sait dis- poser le lieu où elle se fixe , de manière qu'ils viennent tom- ber dans ses cornes qui les attendent. Elle se loge dans le sable , où elle se tient tranquille au fond d'un trou fait en en- tonnoir; elle y est cachée entièrement, à l'exception de ses cornes qu'elle tient élevées au-dessus et écartées l'une de l'autre. Malheur alors à tout insecte Imprudent , à la fourmi qui, en cheminant, ose en approcher! Si un de ces insectes est assez éloigné pour que la larve ne puisse le saisir , elle fait, pleuvoir sur lui une si grande quantité de sable, avec sa tête, dont elle se sert comme d'une pelle, qu'il en est étourdi ; il achève de perdre l'équilibre qu'il avoit peine à conserver en marchant sur un terrain en pente, et vient tomber au fond du trou , entre les pinces meurtrières de la larve , qui le serrent aussitôt, et le percent en se fermant. Quand la larve est maîtresse de sa proie , elle l'entraîne sous le sable pour la sucer à son aise , et après avoir tiré de M Y R ,45 rînsecle ce qu'il a de succulent , elle jette au-delà des bords de son trou le cadavre desséché , qui lui devient inutile. On ne trouve ces larves que dans les terrains sablonneux et composés de grains fins. C'est au pied des vieux murs, dans les endroits les plus dégradés et exposés au midi , qu'elles s'établissent le plus ordinairement. Une larve n'habite pas toute sa vie le même trou ; elle en change quand celui qu'elle s'est fait a été dérangé , ou quand elle n'y fait pas assez de capture. Lorsqu'elle se détermine à Tab mdonner , elle se met en marche, parcourt les environs; le chemin qu'elle fait est marqué par une espèce de petit fossé d'une ligne oa deux de profondeur; arrivée à Tendroit qui lui convient, elle se creuse une nouvelle habitation avec une ardeur infati- gable. Pour donner de justes proportions à son entonnoir , elle en trace l'enceinte en faisant un fossé semblable à celui qu'elle forme en ntarchant. Ce fossé entoure un espace cir- culaire plus ou moins grand. Les larves qui sont prés d'avoir tout leur accroissement, habitent quelquefois dans des trous dont le diamètre de l'entrée a plus de trois pouces : la pro- fondeur de l entonnoir nouvellemenlfait, égale les trois quarts environ du diamètre delà grande ouverture. Dès que la larve a fini son trou , qu'elle commence cl achève quelquefois en une demi-heure, elle se cache au fond pour y attendre sa proie , et 1 attend souvcnl très-long-tcmps ; mais comme elle est capable de supporter un long jeûne , elle peut rester plu- sieurs mois privée d'alimens, sans mourir ; elle n'est cep-^n- dant pas difficile sur le choix : tous les insectes lui convien- nent , même ceux de son espèce. Toute la nourriture que prend cette larve est employée utilement pour la faire croître ; ou s'il reste quelque résidu, il ne s'échappe du corps que par l'insensible transpiration , car elle ne rejette aucun grain sensible d'excrémens ; aussi n'a-l-elle point, à ce que l'on croit , d'ouverture analogue à l'anus. Les larves de ces insectes sortent des œufs en été ou en au- tomne , et ne se changent en nymphes que l'année suivante. Elles subissent leurs métamorphoses dans leur Irou , ou cherchent dans le sable un endroit commode pour y faire la coque dans laquelle elles se renferment. Cette coque est ronde ; l'extérieur est composé de grains de sahle qui tiennent ensemble par des fils de soie que la larve lire des filières qu'elle a à l'extrémité du corps ; l'intérieur est tapissé dune soie d'un blanc satiné On trouve de ces coques qui ont quatre on cinq lignes de diamètre ; celles-ci renferment les femelles. Quinze ou vingt jours après que la larve a subi sa métamorphose , xxn. lu ï46 -M Y R l'insecte parfait sort de sa coque par une ouverture qu il y fait , et laisse l'enveloppe de nymphe à l'entrée. On peut facilement élever de ces larves dans du sablon, en avant soin de leur donner des fourmis , des mouches ou autres insectes. Bonnet a trouvé , aux environs de Genève , une larve de myrméléon^ qui différoit de celles qui sont connues, en ce qu'elle ne marchoit pas à reculons , ne faisoit point d'en- tonnoir , et se cachoit seulement afin de saisir les insectes qui passoient auprès d'elle. C'est peut-êire une larve à^asca- laphe. ( Voyez ce mot. ) Ces insectes volent peu. Olivier ( Encyd. méth. ) en a décrit trente-huit espèces, parmi lesquelles je citerai : MyrmÉLÉON libelLULOïDE , Mymeleon libelluldides , Linn. , Fab. ; Drur. lllust. -of. ins. , tom. i , lab. 4^6. Cette espèce , la plus grande de celles qui sont connues , a un peu plus de quatre pouces d'envergure ; son corps est long d'environ un pouce et demi , jaune , rayé de noir ; les antennes sont noires ; les ailes sont transparentes , avec un très-grand nombre de taches et de points noirâtres ; deux de ces taches sont plus grandes , et presque en forme de bandes près du milieu des ailes inférieures. Cette espèce se trouve dans l'Europe méridionale , dans l'Asie mineure et au nord de l'Afrique. On confond avec elle une espèce du Cap de Bonne- Espérance , qui lui ressemble beaucoup pour la taille et les couleurs ; celle-ci a le sommet de la tête noirâtre ; le seg- ment antérieur de son corselet a une tache noire transverse ; la partie supérieure de l'abdomen est entièrement jaune. Dans la précédente , le dessus de la tête et du corselet est jaune , avec une raie noire et longitudinale au milieu ; elle se prolonge tout le long de l'abdomen. Les ailes pré- sentent aussi quelques différence dans la grandeur de leurs taches. MyrmÉLÉON FORmicaiue , Myrmeleonformicanum , Linn. , Fab. ; pi. G. 17 , 12 de cet ouvrage ; Fourmilion ^ Geoff. Il a tout le corps de couleur grise, avec des lignes jaunes sur la tête et le corselet ; les ailes transparentes , et quelques pe- tites taches brunes ; les pattes grises , avec des taches jaunes. Sa larve est très-commune aux environs de Paris ; on la trouve plus fréquemment que l'insecte parfait. Nous ren- voyons aux généralités pour les habitudes et la manière dont cette larve se nourrit. Voy. , pour les autres espèces , l'ar- ticle Myrméleon de l'Encyclopédie méthodique, (l.) MYRMIGE, Myrmica, Latr.; Formica; Linn., Manica , M Y R 1/7 Jur. Genre d'insectes de Tordre des hyménoptères, section (les porte- aiguillons , famille des hétérogynes , tribu des for- micaires , ayant pour caractères distinctifs dans cette divi- sion: un aiguillon; pédicule de Tabdomen , formé de deux nœuds ; antennes enlièrcment découvertes ; palpes maxil- laires longs, de six articles distincts. Jusqu'à l'époque où je publiai mon Histoire naturelle des fourmis , et la nouvelle distribution que je fis de ces hymé- noptères, soit dans mon histoire générale des crustacés et des insectes , soit dans les tables du vingt quatrième volume de la première édition de ce Dictionnaire , les entomolo- gistes avoient conservé le genre formica àe Linnœus dans toute l'étendue que Linnseus lui avoit v^onnée. Fabricius , dans son Système des piézales, déniembra re genre en quatre; savoir ; lasiuSfCryptocenis^ ai/a etmyrmecia. Leurs caractères distinctifs posent sur les antennes et les parties de la bouche , mais plus particulièrement sur la forme et la direction des mandibules. Sans examiner la valeur et l'exactitude de ces caractères , il n'en est pas moins vrai que cesgroupes , à l'exception de celui descryptocèresquej'avois établi avant lui, sont très disparates sous la considération du port des espèces qui les composent, et souvent même quant à leurs habitudes ; c'est ainsi que nos myrmices dont les neutres et les femelles sont armés d'un aiguillon , dont tous les individus ont le pédicule de l'abdomen formé de deux nœuds , dont les nymphes sont nues , etc. , se trouvent associées dans un même genre, celui des fourmis , à des espèces privées d'aiguillon , ayant le pre- mier anneau de l'abdomen en forme d'écaillé , et dont les nymphes sont renfermées dans une coque. Mais si nous pre- nons pour première base de notre distribution méthodique de ces insectes , les moyens de défense que la nature leur a donnés , les différences les plus importantes et les plus géné- rales qu'ils nous présentent dans la forme de leur corps , de leurs ailes , et si nous recourons ensuite aux organes, d'après lesquels Fabricius a établi son système, tous les contrastes auxquels il a été conduit par une suite de l'emploi de ces caractères exclusifs, disparoitront, et nos groupes seront en harmonie avec les mœurs de ces petits animaux. Je pense néanmoins qu'il seroit arrivé aux mêmes résultats que les nôtres , s'il avoit observé avec plus de soins et de détails les parties dont il fait usage pour signaler ses genres. Nos myrmices se trouvent ainsi dispersées dans les genres formica, a/tu et myrmecia de ce naturaliste. Si l'on. en excepte quelques espèces que j'ai rapportées au second de ces genres ( Voyez OEcodome), elles répondent à celui des maniques de M. Jurine. Les ailes supérieures n'ont , suivant lui , que i48 M Y R (iexix cellules cubitales , clont la première grande , en forme d'hexagone irrégulier, reçoit la première nervure récurrente, t;{ dont la seconde , pareillement grande , atteint presque le bout de l'aile ; la seconde nervure manque. Sous ces rap- ports , les maniques s'éloignent peu des fourmis de ce natu- raliste composant sa seconde famille , et si on n'avoit pas égard au caractère tiré de l'absence ou de la présence d'un aiguillon , l'on pourroit aisément se méprendre dans la dé- termin-ition des deux genres. J'ajouterai cependant, avec M. Jurine , que les antennes des maniques sont un peu plus grossesversleboutque cellcsdes fourmis, et presque grainées. 11 me paroît que cet auteur n'a vu qu'un petit nombre de maniques ailées ; quelques espèces , comme celles que j'a- vois nommées, dans mon Histoire des fourmis, capîîa/a ^ struclor ^ suhleri anea^ etc., ont trois cellules cubitales; les deu.^ Îremièresque j'aiplacées^dans mon Gênera^ avec les altes de 'abricius , en sont distinguées à cet ég?rd , puisque ces der- niers hyménoplcres n'ont que deux cellules cubitales et sans nervures récurrentes, la cellule ordinaire du milieu du disque manquant. D'après les principes de M. Jurine , les espèces que je viens de citer formeroienl un genre propre. 11 faudroit aussi séparer des myrmices ou des maniques , les myrmécics , gulosa ^forjicala et quelques autres espèces analogues ; celles- ci ont aussi trois cellules cubitales ; mais la seconde , et non la première, reçoit la nervure récurrente; ces fonnicaires ont en outre Its mandibules fort longues , très-étroites , et les antennes filiformes ; le pédicule de leur abdomen offre aussi des différences ; le second anneau est plus grand que le premier , un peu en cloche , de sorte que le pédicule a une forme intermédiaire entre celui de l'abdomen des ponères et celui des autres myrmices. Peut-être faudra -t-il rétablir le genre édton, dans lequel j'avols d'abord compris ces espèces particulières. Les ntyrmices ont la tête grande , le corselet long, étroit , noueux ou gibbeux en dessus , et souvent armé de dénis ou d'épines. Elles couchent leur abdomen en dessous , et don- nent à leur corps la forme d'un arc. Les neutres et les fe- ' melles sont munis d'un aiguillon , dont la piqûre est assez vive et même un peu venimeuse. Ces insectes font leur ha- bitation dans la terre, sous les pierres, et s'y creusent des galtîries plus ou moins profondes et soutenues par des puiers. La myrmice rouge se loge aussi, mais moins souvent; dans les vieux arbres, et y pratique de petites loges , dis- posées sur plusieurs étages , et qu'étayent de petites co- lonnes ; les parois de ces tases sont très-minces. Ainsi cette myrmice , suivant M. Huber fils , qui nous fournit ces ob&er- M Y R 1^9 valions, est sculpteuse et maçonne ; elle montre une adresse })articulière à saisir les goulleletles sucrées ou mielleuses que es pucerons laissent échapper de rexlrcmilé postérieure de leur corps. Elle emploie alternativement les bouts un peu rendes de ses antennes , et lorsqu'ils sont humectés de la li- queur , elle les porte à sa bouche , les y fait entrer et les presse entre ses parties. Ses antennes sont donc pour elle des sortes de doigts. Elle a eu pour historiens Leuwenhoeck et Swammerdam , et leurs observations sont même les premières qu'on ait recueillies à l'égard des insectes de cette famille. Les myrmices nous présentent dans l'économie et le ré- gime de leurs sociétés , dans leurs métamorphoses , les mêmes faits essentiels que les autres formicaîres. On remarquera seulement que leurs larves ne se filent point , pour passer à l'état de«nyinphe , une coque comme le font celles des for- tnicaires dépourvues d'aiguillon. Quelle est la cause de cette anomalie? C'est ce que l'observation ne nous a pas encore appris. Ces insectes ne subissent guère leur dernière meta morphose que vers la fin de l'été et en automne. L'espèce la plus commune et la plus grande , parmi les in- digènes , est la Myrmice rouge , Myrmica ruhra; Formica ru- era , Fab. ; Lalr. Hisi. nat. des fourmis , pi. lo , fig. 62. L'ou- vrière est noirâtre , finement chagrinée , pubescente , avec deux épines à l'extrémité postérieure du corselet , et une^ plus petite , sous le premier nœud da pédicule de l'abdo- men ; cet abdomen est luisant , lisse , avec le premier anneau brun. La femelle a les mêmes couleurs ; ses ailes sont d'un jaune-brun 'obscur , avec le stigmate d'un brun jaunâtre. Le mâle est d'un brun noirâtre , avec les antennes et une grande partie des pattes d'un brun jaunâtre ou roussâtre. La Myrmice des gazons , Myrmica cœspitum ; formica cœs- piliim , Fab. ; Latr. , ibid.i, pi. 10 , fig. 63. L'ouvrière n'a guère que deux lignes de long ; son corps est d'un noir-brun, avec les antennes et les mandibules d'un rouge-brun , et les pieds d'un brun rougeâtre; la tête et le corselet sont striés; cette dernière partie est terminée par deux épines courtes. La fe- melle est noire et luisante , avec les ailes blanches ; leur stig- mate est d'un brun jaunâtre clair. Le mâle est d'un noir-brun et luisant , avec les antennes d'un brun jaunâtre. Cette espèce fait son nid dans la terre , entre les racines du gazon. De petits monticules ou de petites traînées de terre réduites en particules très-fines. Indiquent leurs fourmilières. • Souvent aussi l'habitation est recouverte d'une pierre , avec de la terre auiour. (l.) MYRMOSE , Myrmosa , Latr. , Jur. Genre d'insecles, de ijo M Y il Tordre des hyménoptères , section des porte-aiguillons, fa- mille des hétérogènes , tribu des mutillaires. Comparés aux nmtilies sous les rapports des antennes et des organes de lamanducation, ces insectes ne paroissentpas en différer génériquement; mais il n'en est pas ainsi, si on étend ce parallèle aux autres parties du corps. Les mâles ont le segment antérieur du corselet en forme de carré trans- versal , 1 abdomen ovale ou elliptique, déprimé , et dont le second anneau n'est guère plus grand que les autres ; leurs ailes supérieures offrent quatre cellules cubitales , dont la quatrième atteint le bout de l'aile; la précédente est carrée , et la cellule radiale est plus grande que celle des mutilles. Les femelles ont bien le corselet cubique ; mais son segment antérieur est distinct ; l'abdomeii a la forme d'un cône al- longé, avec le premier anneau tronqué en devant. On trouve les myrmoses dans les mêmes lieux que les mu- tilles. Nous en connoissons deux espèces : l'une est la Myrmose TîOiRE , Myrmosaatra^ pi. G 17 , ii de cet ouvrage ; Panz. , Faun. insect. Germ. , fasc. 85, tab. i4., le mâle. 11 est tout noir; la femelle est la mutille têie-noire (^melanocephala^ de Fabricius. Elle est fauve , avec la lête et les derniers anneaux de l'abdomen noirs ; on la trouve auprès de Paris et dans le midi de la France. La seconde espèce est la Myrmose DOS ROUGE , Myrmosa ephifpium , Jur. , Hym. , pi. g. Le mâle est noir avec la partie supérieure du corselet rouge. La femelle est inconnue. Cette espèce se rencontre dans les départemens méridionaux de la France , en Italie et en Espagne, (l.) MYRMOTHERA. Nom générique des Fourmilliers. V. ce mot. (V.) MYROBALANOS. De deux mots grecs qui signifient gland parfumé. Les Grecs donnoient ce nom , suivant Pline , à des fruits qu'on faisoit entrer dans la composition des onguens. Le plus utile de ces fruits étoit le hen ou noix de Ijchen ( V. Ben ) qui est le balanos myrepskè de Dioscoride , et le mvrobalanos de Pline. Le meilleur se tiroit de l'Arabie, où on le cultive encore, ainsi qu'en Egypte. Suivant Bello- nius , les habitans du mont Sinaï nomment ce myrobalanos , pharagon , et Rauvvolfms l'appelle macalep blanc. Ce nom de myrobalanos a "été étendu par les Grecs moder- nes à divers fruits , i>ropres au même usage , ou qui sont purgatifs, V. au mot Mvrobolan , manière vicieuse d'écrire ce nom , m.nis consacrée par l'usage , car il (aut myrubalan. Ccsalpin est dans l'erreur , lorsqu'il avance que notre M Y R ,5i Marronier d'Inde peut être le myrohaîanus à feuilles d'hé- liotrope , cité par Pline , qui est peut-être un Badamier. (LN.) MYROBATINDUM. Ce genre de plantes établi par Vail- lant, est le même que le lantana de Linn. V. Camara. (ln.j MYROBOLAN MYREPSYC^UE. F. Ben. (ln.) MYROBOLANS. On donne ce nom à plusieurs fruits desséchés qui viennent des Indes orientales et de l'Amérique. On les vend chez les droguistes comme purgatifs , astringens. Ils étoient autrefois très-célèbres, mais on les emploie beau- coup moins aujourd'hui. Les myrobolans chebules , citrins et indiens , ne sont que dif- férens âges du même fruit , et appartiennent au Badamier CHÉBULE. Les myrobolans bellirics sont les fruits du Badamier de ce nom. Ces deux arbres sont figurés, pi. 197 et 198 de l'ou- vrage sur les plantes du Coromandel, par Boxburg. Les myrobolans d'Amérique sont ceux de la Trichilie SPONDfOïDE et de I'Heç^nandier sonore. Les myrobolans emblics sont les fruits du Phyllânthe de ce nom. Il paroît qu'on appelle souvent , en général , myrobolans , tous les fruits qui viennent des pays étrangers et qui purgent. (B.) MYROBOLANS A FEUILLES DE FRÊNE ( Mjro- halunus folio fraxini'). C'est le nom sous lequel Sloane figure^ dans son ouvrage sur les plantes de la Jamaïque , deux espè- ces de mombin ( spondias mombin et myrobalanus ). (ln.) MYROBROME , Myrobroma. Genre de plantes établi par Salisbury , Paradisus londinensis , tab. 82 , pour placer TEpidendre rouge de Lamarck. Ses caractères sont : six pétales , dont cinq ouverts ; lèvre inférieure formant un tube qui embrasse le style ; anthère insérée sur le dos da style : fruit à deux loges et à quatre valves, (b.) MYRODENDRUM. C'est ainsi que Schreber, WiUde- now , Persoon , etc. , nomment le genre houmiri d'Aublet. ( V. ce mot ) qui est le houmiria de Jussieu , et le werniseckia. de Scopoli. Ce genre a quelques rapports avec les Tiliacées. (LN.) MYRODIE , Myrodia. Nom donné par Svvartz , à un genre de plantes établi par Aublet sous le nom de Quara- ribea. V. ce mot. (b.) MYROSME , Myrosma. Genre de plantes de la monan- drie monogynie , et de la famille des drymyrrhisées, qui a ,52 M y R pour caractères: un calice double; l'extérienr de trois folioles luembraneuses , égaies et entières ; Tintérieur partagé en trois découpures égales et oblongues; une corolle monopét.ale inégale , à tube très-court , à limbe partagé en cinq parties , dont les deux supérieures plus courtes , oblongues , inégale- ment échancrées ; les trois inférieures plus longues , trilobées; le lobe du milieu plus court ; une seule étamiue insère sur le bord de la découpure intermédiaire inférieure ; un ovaire in- férieur à trois côtés, surmonté d'un style épais, courbé, fendu longitudinalement, hérissé k sa partie anlérieiire , à stigmate en forme de vulve , dont les lèvres sont dilatées ; une capsule à trois loges , à trois valves , à trois côtés , qui renferme des semences nombreuses et anguleuses. Ce genre ne contient qu'une espèce originaire de Surinam. C'est une plante à racine charnue , rampante , divisée en anneaux, à feuilles ovales , glabres, veinées; les inférieures àpélioles allongés parftint de la racine , à hampe. cylindrique, presque velue , terminée par une articulation d'où sort une feuille et un pédoncule solitaire , cylindrique , termi- né par un chaton formé par des bractées ou des écailles imbriquées, dont chacune porte deux fleurs et deux folioles. (B.) MYROSPERMUM (graine parfumée ^ en grec). Ce genre déplantes créé par Jacquin, est le mênrie que celui nommé myroxylon par NVilldenow et Persoon. Voyez LiNGOUM et MiROSPERME. (LN.) MYROXYLON. V. Myrospermum. (ln.) MYROTHÉCIE , Myrcthecium. Genre de champignon» établi par Tode. Il est composé de champignons sessiles , en forme de coupe , couvert d'un volva , et contenant des se- mences un peu visqueuses. On en compte cinq espèces ,dont aucune n'est connue en France. Ces espèces font partie du genre Pézize de Linnœus, ou mieux du genre Nidulaire de RuUlard. (B.) MYRRHA. Mittchell ( Gen. i8 ) donne ce nom à un genre de plantes qui ne diffère pas du cicuta^ Linn. , et qui a pour type le cicuia maculata , plante vivace , aquatique, et de Virginie, (ln.) MYRRHA. V. myrrhe et myrrhis. (lm.) MYRP\HE. Gomiae-résine qu'on emploie fréquemment en médecine , et qui a été célèbre chez les anciens , mais dont on ne connoîl cependant pas encore l'origine. Bruce , qui, dans son Voyage eu Abyssinie^ lui a consacré un chapitre , assure que l'arbre qui la produit , ne vient que dans la partie M Y R i53 cle l'Afrique qui est au sud du détroit de Babel -Mandai , d'où elle est envoyée en Abyssinie et en Arable , et de là dans le reste du monde. Ce voyageur a fait plusieurs tentati- ves inutiles pour se procurer des échantillons de l'arbre dont elle provient. On trouve dans les boutiques plusieurs sortes de myrrhes , dont la différence peut être considérée comme le fruit de la falsification; cependant Bruce assure, d'après le rapport des Abyssins , que sa qualité dépend de l'âge de l'arbre , de sa santé , de la manière de faire l'incision , du temps où on la recueille, etc. En général elle contient, selon Cartheuser, sept parties de gomme contre une de résine. La plus belle est en larmes ou morceaux plus ou moins gros, de couleur jaune ou rousse , veinée de blanc , un peu transparente. Son goût est amer, un peu acre. Son odeur est aromatique, forte etnau- séabonde. Quand on la pile ou qu'on la brûle , cette odeur est bien plus agréable. La myrrhe s'emploie principalement dans les obstruc- tions de la matrice, pour exciter les règles, les lochies, contre l'asthme, la toux, la jaunisse et les affections scorbutiques. On la donne en substance depuis un demi -gros jusqu'à un gros. On l'emploie aussi extérieurement dissoute dans l'eau-de- vie, pour les ulcères et la gangrène. Elle entre dans plusieurs préparations pharmaceutiques , telles que lathériaque, la con- fection d'hyacinthe, etc. Son usage demande à être dirigé par une main exercée , car il est sujet à plusieurs inconvéniens , surtout à augmenter la disposition à l'avortement , au pisse- ment de sang , etc. Il est très-possible que la myrrhe provienne d'un Balsa- MIER ; mais il n'est pas probable que ce soit , comme l'a avancé Loureiro , l'espèce de Laurier qu'il a décrite sous le nom de laurus myrrha , qui fournisse celle du commerce, (b.) MYRRHE ou MYRRHIDE , Myrrhis. Genre de plantes établi par Tournefort , et rappelé par Venlenat. Il comprend plusieurs espèces du genre Cerfeuil de Linnseus, celles dont le fruit est oblong , aminci au sommet , en une pointe courte , striée ou sillonnée , glabre ou hérissée. On doit lui rapporter les ceif euil s odorant ^ bulbeux^ à fruits jaunes ^ à fleurs jaunes , penclté et aquatique, (b.) MYRBH IDA. Herbe citée par Pline , et que Lobel croit être le géranium moschatum , Linn.; mais il n'est pas proba- ble que cela soit, (ln.) MYRRHINEetMYRRHINON.LesGrecsdonnoientce nom au Myrte, qu'ils nommoient aussi Myrtos , myrsine etmyr- sinos. (.LN.) MYRRIN. V. MURRHIN. (ln.) i54 M Y R MYRRIIIS , MYRRHA ou SMYRRHIZA. ( Rarme par- fumée, en grec), et coniiè, plante mentionnée par les anciens. Le MyrrJiis , selon Dioscoride , ressemble au riciUa par sa tige et par ses feuilles ; sa racine est oblongue , tendre , odo- ranle , et nullement désagréable à manger. On trouvoit le myrrhis dans les jardins et les lieux cultivés. Sa racine, d'tme douceur et d'une odeur agréables, passoit pour échauffante. L'usage de son infusion dans du vin , éloit utile pour se ga- rantir des maladies contagieuses ; pour guérir les morsures des araignées et autres animaux venimeux de cette classe. Pline donne au myrrhis le nom de ricutaria, le dit entièrement semblable au cicitlu , excepté qu'il est plus bas et plus menu; il ajoute qu'il excite l'appétit. Le Srandix odorata ou Cerfeuil musqué , est le myrrhis des anciens. Ce même scamdix odorata est le type du genre myrrhis de Tournefort , supprimé par Linnaeus , et rétabli par Adanson, Haller, Gseriner, Moench et Persoon. V. Myrrhe. Dans les ouvrages de botanique, antérieurs à ceux de Linn. , on trouve plusieurs plantes orabellifères indiquées et décrites sous le nom de myrrhis. Ces plantes appartiennent aux genres 5wo«, athumanta , caucu/is, et surtout scandix ti chœropJiyllum. (ln.) MYRRIIITES. Cette pierre^ selon Pline, a la couleur de la myrrhe ; lorsqu'on la frotte , elle exhale une odeur par- fumée analogue à celle du nard. Ce naturaliste la compare à une petite pierre précieuse , ce qui suppose que le myrrhiies ne se trouvoit pas en gros morceaux. Il est probable que c'étoil une variété de succin , de couleur noirâtre, ou une résine fossile, (ln.) MYRRHOIDES d'Heister. Ce genre rentre dans le Chœ- rophyllum de Linnœus. Il n'a pas été adopté, (ln.) MYPiSEN , de Kirwan. C'est la magnésie carbouatée , dite Ecume de mer ou Meerschaum. V. ces mots, (ln.) MYRSIDRUM. En 1810, Rafmesque Smaltz a établi sous ce nom un genre de végétaux acotylcdons marins , dont le type est Valcyonium bursa , rangé jusqu'ici et même tout récem- ment , auprès des éponges , c'est-à-dire , dans le règne ani- mal , par les naturalistes qui se sont le plus occupes de dé- crire les productions de la mer. Avant M. Rafmesque, néanuioins , Cavolini et Olivi avoient soupçonné que cet alcyon étoit un végétal. Voici les caractè- res qu'ils lui assignent: corps solide, composé d'une base cen- trale , fibreuse , à laquelle est attachée une grande quantité de petites vessies allongées qui forment très-souvent, par leur réunion , une masse solide dont la surface est granulée , le reste étant , comme dans un genre voisin , formé par M Y R i5S l'auteur , sous le nom de Physidrum. V. ce mot. Le genre myrsidrum en diffère encore , ainsi que de celui appelé Phyo- TRis par M. Raûnesque, par ses petites vessies allongées et attachées à une base fibreuse. Le JNIyrsidrum bourse (myr- sidrum bursa ), alcyon Lursa, Linn. ; lawarckia hursa, Olivl , est simple, arrondi, déprimé, voûté, et présente dans son intérieur des filainens fibreux. Le Myrsidrum vermiforme (^lumnrckia veimUara^ (^)livi; fucus tumentosus ^ Stackh. ;yuc«s fungasus , Desf. , FI. atlanl. ; uha iumentosa , Lam. et Decan- dolle , n. fr. , est rameux , dichotome avec les rameaux cy- lindriques obtus, et les ramifications obtuses. Le Myrsidrum DILATÉ ( myrsidrum dilatatum ) est rameux , dichotome ; les rameaux sont un peu comprimés, obtus, avec les bifurcations larges , dilatées , comprimées , arquées. Il est beaucoup plus grand que le précédent. Le Myrsidrum en massue est com- posé de lobes ovales, inégaux, simples, groupés entre eux. Le Myrsidrum répandu (myrsidrum effusmn ) , est simple , lobé, difforme, étalé. Le Myrsidrum rameux (77/j'r5iV//7/mramo5«A«) est rameux , avec des branches éparses , cylindriques , obtu- ses , entières ou bifurquées. Il diffère du myrsidrum bursa , parce qu'il est plus petit et que ses rameaux sont épars, • Ce genre , appelé Lamarckia par Olivi, a été adopté paf Stackhouse {Néréide hritannique) , sous le nom de codium ; et par M. Lamouroux {Essai sur les thalassiophites) , qui le place dans son ordre des alcyonldées , sous celui de Spongodium. V. Alcyon, (desm.) MYRSINE. Nom que les Athéniens donnoient au Myrte* V .myrlus. Linnseus a transporté ce nom à un autre arbrisseau dont il a fait un genre particulier. Adanson , pour éviter cette fausse application du mot myrsine , appelle ageria le genre de Linnœus. (ln.) MYRSINÉES. Nouvelle famille proposée parR. Brown , et qui rentre dans celle appelée Ophiosperme parVentenat. V. MiRSiNÉ et Ardisiacees. (b.) MYRSINEON des Grecs et MYRSINEUM des Latins- Noms du tenouil sauvage appelé aussi Hippomarathrum, dénomination qui s'élendoit à plusieurs plantes ombelli- fères. (ln.) MYRSINITE. Pierre qui a la couleur du miel et l'odeur du myrte. Cette pierre, mcntiotinée par Pline, pourroit bien être de I'Ambre ou Succin. (ln.) MYRSINITES, qui ressemble au Myrte. C'est la se- conde espèce de iiihymale citée par Pline , et que les com- mentaleurs rapportent à notre Euphorhia myrsinites. Ce nom demyrsiniles ou de myrtifolius a été étendu à plusieurs autres es- ,56 M Y R pèces d'euphorbes. Myrsinites , étoit aussi, cher les anciens, synonyme de Myrtitks. (î.n.) MYRSINOS. L'un des noms grecs du Myrte. Galien le donne encore au chèvrefeuille. Il y avoit encore le myrsine saumge ou Voxymirsine qui est notre Fragon ÉPINEUX , ruscus aculeatns. T. Myrtus, Peuiclymenon, etRrscus. (ln.) MYRSlPHYLLE,i)/;ra>/iy//Mm. Genre établi pir Will- denow , pour placer la Médéole asparagoïde, qui diffère en effet beaucoup des autres. Ses caractères consistent : en une corolle à six divisions recourbées; en trois styles rappro- chés ; en un ovaire pédicellé ; en une.baie à trois loges, con- tenant chacune deux semences, (b.) MYRSIPHYLLUM. Arbrisseau de quatre à cinq pieds de hauteur, qui croît à la Jamaïque , et dont les feuilles ont quelque ressemblance avec celles du myrte ; car elles sont opposées , ovales, pointues , dures et brillantes. Cet arbris- seau doit , selon Pierre Brown , constituer un genre particu- lier; mais ce genre diffère très-peu àxxpsychotrophum du même botaniste , et les deux ont été réunis par Swartz , au PsYCHO- TJ\IA, Linn. V. ce mot.(LN.) MYRSIPHYLLUM de Willdenow. F.MEDEOLAetMïR- SIP.HYLLE. (LM.) MYRTAKANTHA {Myrte épineux, en grec). C'est l'un des anciens noms du Fragon ( ruscus aculeahts). V. Rus- cus. (ln.) MYRTAKIA etMYRTARIUS. Plante citée par Théo- phraste et par Pline , au nombre de celles qu'on regardoit comme des espèces de tithymalus. ( V. ce mot). Elle se dis- tinguoit par ses feuilles semblables à celles du myrte. Plu- sieurs Euphorbes sont dans ce cas. (ln.) MYRTE , Myrlus , Linn. , Icosandrie monogynie. Genre de plantes de la famille des myrloïdes. Un calice d'une seule pièce , partagé en quatre ou cinq découpures persistantes; une corolle composée de quatre ou cinq pétales entiers, in- sérés au calice ; des étamincs nombreuses , dont les filets ca- pillaires, et de lalongueur de la corolle, portent de petites an- tiières arrondies ; un ovaire inférieur ; un style mince ; un stigmate obtus ; une baie sphérique ou ovale , couronnée par le calice, et à deux ou trois loges , renfermant chacune une semence réniforrae et presque osseuse : tels sont les carac- tères de ce joli genre qui a beaucoup de rapports avec les Jambosiers et les Gouyaviers ; mais dans ces derniers , la baie est polysperme, et dans les jambosiers, elle est h une seule loge. Les genres Calyptranthe , Sisygie et Chyatraculif. ont été formés aux dépens de celui-ci. Les myrtes sont des M Y R ,57 arbrisseaux ou des arbres de moyenne grandeur, la plupart étrangers, à feuilles simples, presque toujours opposées, perfo- rées comme celles des millepertuis, et munies, ainsi que dans les gouyaviers, de deux pointes en forme de stipules; à fleurs tantôt solitaires, garnies de deux écailles à leur hase etaxil- laires , tantôt disposées en corymbe ou en panicule , et alors axillaires ou terminales. Les bolanisies comptent aujourd'hui plus de cinquante es- pèces de myrtes, dont les plus intéressantes à connoîlre sont: Le Myrte commun, Myrtus commuais ^ Linn. , jadis consa-; cré à Vénus , et chanté par tous les poêles. C'est un char- mant arbrisseau , d'un port agréable , plus ou moins élevé , selon le climat , et dont le feuillage toujours vert et touffu , procure un ombrage épais dans les pays où il croît naturel- lement. Il a des rameaux nombreux et tlexibles , chargés de feuilles lisses et luisantes , formant avec ses fleurs blanches un joli contraste. Lorsqu'on froisse ces feuilles , elles exha- lent une odeur suave qui fait une impression vive sur le cer- veau. Elles sont entières , opposées , très-rapprochées ei por- tées par un court pétiole ; leur forme est ovale-lancéolée , leur consistance ferme , et leur surface également verte des deux côtés: elles diffèrent de grandeur, suivant les variétés. Les fleurs naissent aux aisselles des feuilles , solitaires et op- Îtosécs , soutenues par de longs pédoncules cylindriques; eur calice est à cinq divisions avec deux bractétrs au-dessous , leur corolle a cinq pétales. Elles donnent naissance à des baies ovales et à trois loges, d'un pourpre foncé, couronnées par les bords du calice. Cet arbrisseau croît en France, dans les provinces méri- dionales , en Italie , en Espagne , sur les côtes de Barbarie , et dans les contrées chaudes de l'Asie et de l'Afrique. La cul- ture lui a fait produire un assez grand nombre de variétés , qui ne diffèrent entre elles que par la forme des feuilles , et par quelques légers changemens dans le port. Le fruit d'une de ses variétés , qui se cultive dans l'Asie mineure , est blanc , gros coinme une prune moyenne, et se mange. Le myrte commun se multiplie très-facilement par mar- cottes et par boutures. La marcotte n'a rien de particulier. Pour la bouture, on choisit les jeunes pousses de Tamiée pré- cédente , on les effeuille jusqu'à la moitié , ensuite tor- dant la partie inférieure sans détacher l'écorce , on la plante. Le nombre des boutures doit être proportion- né à la grandeur du pot , qu'on place à l'ombre dans un lieu découvert, et qu'on arrose au besoin. C'est lorsque lar- bre est en sève qu'on doit faire cette opération. La bouture reste en terre jusqu'à la fin de l'hiver. A cette époque on l'en- i58 M Y R lève avec toutes ses racines pour la planter , soit dans un pot , soit en pleine terre , suivant le climat. Si dans les pays chauds on la place contre un mur pour en former des palissades , on doit faire en sorte que pendant six semaines ou un mois , elle ne soit point frappée directement par les rayons du soleil ; mais il ne faut pas le lui ôler entièrement, et encore moins la priver d'air. Quelques labours légers, et des arrosemens donnés au besoin , sont dans la suite les seuls soins qu'elle exige. En semant la graine de myrte , on jouit beaucoup plus tard, mais on peut obtenir de nouvelles variétés. Les myrtes placés dans des pots ou des caisses doivent êlre traités comme les orangers; on doit les garantir des premières petites gelées blanches , dans une bonne orangerie. Pendant rhiver il faut les arroser un peu , car s'ils n'étoient pas en- tretenus dans Une médiocre humidité, ils perdroient leurs feuilles et périroient même. On doit leur donner de Tair autant qu'il est possible. Toutes les variétés du myrte commun se multiplient et se cultiveVit de la même manière. On conserve par la greffe cel- les à feuilles panachées qui , à raison de la folblesse de leur constitution, réussissent rarement de boutures. Le bois de cet arbrisseau est dur ; son écorce , ses feuilles et ses baies sont propres à tanner les cuirs ; dans le royaume de Naples on emploie les feuilles à cet usage. Les baies ser- vent dans la teinture. Les merles en sont très -friands: cette nourriture leur donne un goût délicat ; les anciens met- toient ces baies dans leurs ragoûts. Elles sont astringentes. Les feuilles et les fleurs de myrte ont une odeur très-douce. On en retire, par la distillation , une huile essentielle aro^ matique, qui entre dans les parfums. Les autres espèces intéressantes de myrte sont celles qui suivent. Myrte pimetst ou toute-épice , Myiius pimenta , Linn. ; Cariophyllus pimenta^ Mill. n." 2. C'est un arbre d'une très- belle apparence , qui s'élève à plus de trente pieds avec une tige droite , revêtue d'une écorce unie et brune , et divisée en plusieurs branches opposées , garnies de feuilles oblongues , semblables par leur forme , leur couleur et leur texture à cel- les au laurier, mais plus longues. Ces feuilles, lorsqu'elles sont froissées , répandent , ainsi que le fruit , une odeiu' forte et aromatique. Les fleurs, suivant Miller, sont dioïques. Les mâles , dont les pétales sont très-petits , renferment un grand nomhre d'étamines de la même couleur que la corolle , aveq des anthères ovales et divisées en deux parties. Les femelles, dépourvues d'étamines , ont un germe ovale , surmonté d'un style mince à stigmate obtus. Ce germe , après avoir été fé- M Y R ,59 condé , devient une baie globulaire et charnue , dans laquelle sont contenues deux semences réniformes. Cet arbre , dont on voit la figure pi. (x 26 de ce Diction- naire , est originaire de la Jamaïque et se trouve plus abon- damment dans le nord de cette île que partout ailleurs. Il fleurit ordinairement en juin , juillet et août. Comme il con- serve ses feuilles pendant touie Tannée , les babilans en abri- tent et en ornent leurs possessions. D'ailleurs , il forme pour cette colonie une branche considérable de commerce par son fruit , qui , desséché avant sa maturité , fournit la toute-épice , si connue en Europe ; et comme il croît sur des terres rem- plies de rochers, où la canne à sucre ne réussiroit point , il est cultivé avec avantage par les planteurs qui tirent ainsi parti des mauvais terrains. Dans son pays natal, ce myrfîfe se multiplie de graines trans- portées au loin par les oiseaux. En Europe , la serre chaude est nécessaire à l'éducation et à la conservation de cet arbre ; mais il n'exige qu'une chaleur modérée. Pour le propager , on sème sa graine dans une terre douce et légère , ou on marcotte ses jeunes branches, en les fendant à un nœud, comme on le pratique pour les œillets. Si cette dernière opé- ration est faite avec soin , et que les marcottes soient légère- ment efrfégulièrement arrosées , elles pourront , au bout d'un an , être séparées des vieilles plantes. La disposition des feuil- les de cette espèce indique qu'elle s'écarte du genre. Myrte biflore, Myrtus bîjlora , Linn. Arbrisseau d'un as- pect très -agréable, qui croît naturellement à la Jamaïque, et qui mérite d'être élevé dans nos serres pour la beauté de son feuillage. Ses feuilles n'ont point d'odeur , mais elles sont d'un vert brillant durant toute l année -, et produisent un bel effet. Leur forme est lancéolée , et leur tissu plus ferme que dans les espèces précédentes. De l'aisselle de chacune d'elles sort un pédoncule lissé et cylindrique qui se divise en deux, et soutient deux fleurs auxquelles succèdent des baies rondes couronnées par le calice , et d'une couleur très-brillante. On multiplie ce myrte par ses semences , et on le traite comme le myrte piment. Myrte a feuilles rondes où de fustet, Mydus cotinî- folia , Lam. , Plum. On le trouve à Saint-Domingue et à Car- thagène dans l'Amérique méridionale. C'est un arbre haut de douze à quatorze pieds, qui a des tiges irrégulières, des feuilles fermes, ovales et opposées, des fleurs blanches pla- cées aux côtés des rameaux , au nombre de deux , de quatre ou de cinq ensemble , et des baies rondes, dont la plupart ne contiennent qu'une semence en forme de rein. Cette es- pèce n'a point de goût aromatique , mais elle conserve sts ,6o M Y R feuilles toute l'année. On la multiplie comme la dernière ; et elle exige le même traitement. Myrte musqué, Myr-tillus ugni , Molin. ; Myrliis buxi fulio , fructu rubro, vulgàmurtilla^ Fenill.3, tom. 3i. Petit arbrisseau du Chili, de trois à quatre pieds de hauteur, dont les ra- meaux sont opposés deux à deux, et garnis de feuilles assez semblables , pour la grandeur et la forme , à celles du buis ou du petit mj/'/e commun. Ses baies rouges , grosses couune une petite prune , et couronnées par le calice , ont une odeur aro- matique très-douce qui se répand au loin. Les naturels du Chili en font un vin agréable , stomacal , qui excite l'appétit , et que les étrangers préfèrent aux meilleurs vins muscats. Myrte LîTMA , Myriusluma, Molin.; Myriusjîon'ôus soiilan'is, foins suhorbiculalis , Molin., Hist-nat. Chil. , p. lyS. Ce myrte ^ dit Molina , diffère du myrte osdinaire par ses feuilles presque rondes , et par sa hauteur, s'élevant à plus de quarante pieds. Ses fleurs sont solitaires dans l'aisselle des feuilles; son bois est le plus propre que l'on connoisse pour la fabrication des voitures; aussi tous les ans on en embarque une très-grande quantité pour le Pérou. Les Indiens font avec les baies un via savoureux et stomacal. Molina cite encore une autre espèce de myrte, sur lequel il nous donne peu de détails ; il l'appelle myrtus maj^ma pe— dunculis miiltifloris , folils alternis subovalihus. C'est un arbre qui s'élève à plus de soixante pieds , et dont le bois est également très-estimé. (d.) MYRTE BATARD. Nom du Gale odorant (b.) MYRTE DES BOIS ou DES MARAIS. C'est le Gale {^Myrira gale , Linn.). (ln.) MYRTE ÉPINEUX. C'est le Houx frelon ( Ruscus aculeaiiis^ Linn.). (LN.) MYRTE JUIF. Variété du myrte ordinaire , dont les feuilles sont verticillées trois par trois , circonstance très-rare qui faisoit rechercher cette variété par les Juifs, principale- ment pour leurs cérémonies religieuses, (ln.) MYRTE DE MARAIS. C'est le Gale. {Myrica gale). (LN.) MYRTE PIMENT. V. Maniguette et Myrte, (ln.) MYRTE SAUVAGE C'est le Fragon, (b.) MYRTICOCCUS. Espèce de galle-insecte, observée en Orient par Belon , sur les petites branches du Myrte, (ln.) MYRTIDANUM, Hippocrate donne ce nom au poivre , ou pluiôl aux baies du myrte , qui servirent long-temps chez les Grecs en guise de poivre, avantque celui-ci fût connu. C'est avec les graines du myrte que Ton composoit cette sauce exquise, appelée myrtatum. Hippocrate nomme aussi myrii'^ M Y R ,6i danum les rejets et les pousses du myrte. C'est dans le mémp sens que Galien fait usage de ce mot ; mais Dioscoride l'ap- plique à une excroissance qui naît sur le tronc du myrte, et qui Tenveloppe comme feroit une main. Pline dit que le myr- tidamim est un vin dans lequel on avoit fait infuser des graines de myrte sauvage. On l'obtlboit aussi par l'infusion, dans le vin, des fruits, des fleurs et des feuilles à la fois, ou en les pilant et les arrosant petit à petit avec du vin ou de Teaude pluie. Le liquide clarifié donnoit un myrlidanum qu'on em- ployoit pour teindre les cheveux en noir, nétoyer la peau de ses taches et rousseurs , et pour la guérison des ulcères à la bouche , au fondement , etc. Il paroît que Pline a entendu par viyrte saumgç le vrai myrte , et non pas le fragon , qu'il appelle aussi myrte sawage et oxymyrsîne ^ dont on faisoit éga- lement, et par les mêmes procédés , une liqueur vineuse et médicinale , utile pour guérir de la jaunisse, etc. (ln.) MYRTILLE. Espèce d' Airelle, (b.) MYRTILLUS. Nom que les Latins donnoient au fruit du Myrte et à celui du Fragon épiîseux (ruscus aculeatus)\ il est resl« au Myrtille, espèce du genre Airelle {vaccinium myrlillus). Tragus appeloit grand myrtille ( myrtillus grandis^, V^K^OVSIEK P^LV\^ {arbutiisalpina); et Wlyrtille nain (myr- tillus exiguus) ; 1' Airelle ponctuée (vacciidum vitis idœà). (ln.) MYRTITES des anciens, f^. Myrtidanum, Sorte de vin fait avec le myrte, (ln.) MYRTOCISTUS. Thomas Pennseus, médecin de Lon- dres , qui vivoit en i58o , paroît être le premier botaniste qui ait découvert Vhypericum balearicum. Les fleurs de cette plante sont d'un jaune d'or, et analogues , pour la grandeur, à celles de quelques cistes ; ses feuilles ont la disposition et à peu près la forme de celles du myrte , et offrent de même des glandes. C'est d'après ces considérations que Pennseus et Clusiùs ont nommé myrtocisius cette espèce de Millepertuis, (ln.) MYRTOGENISTA. Jac.Breyn(Cent. tab.29) dopnè ce nom à un arbrisseau du Cap de Bonne-Espérance, dont les fleurs sont papilionacées comme celles du Genêt, et le^ feuilles semblables à celles du myrte. Cet arbrisseau paroît otre le même que celui figuré par Plukenet ( Alm.ldh. i85, fig. 2 ) , et représenté par Hermann ( Lugdb. tab. 271); c'est- à-dire le sophora biflora , Linn. , qui fait maintenant partie du genre podalyria : c'est le pudalyria myrlifolia , Willd. (LN.) MYRTOÏDES, Myrtdîdœ , Jussieu. Famille de plantes qui présente pour caractères : un calice monophylle, urcéolé ou tubulcux, tantôt nu, tantôt muni à sa base de deux écailles , €t persistant ; une corolle formée de pétales , dont le nombre iS2 . M Y R déterminé égale celui des divisions du calice , aliachées au sommet de cet organe et alternes avec ses divisions; des éla- mines en nombre indéterminé , insérées sur le calice au-des- sous des pétales , le plus souvent libres , quelquefois polya- delphes; un ovaire simple, iq^rieur ou semi-inférieur à style unique , à stigmate simple ou très-rarement divisé ; une baie ou drupe , ou quelquefois une capsule à une ou plusieurs loges , et à loges contenant une ou plusieurs se- mences; périsperme nul; embryon droit ou courbé presque en demi-cercle ; cotylédons ordinairement planes , radicule supérieure ou inférieure. Les myrtdi'dessont presque toutesexolîques , et remarquable* par la beauté de leur feuillage. Elles ont une tige frutes- cente ou arborescente ; des feuilles simples , le plus souvent opposées , rarement alternes , ponctuées dans plusieurs genres , ainsi que dans la famille des hespéridées , c'est-à- dire , qu'on y observe des points qui , regardés en face de la lumière , paroissent transparens. Les fleurs sont herma- phrodites et complètes, exhalent une odeur agréable et varient dans leur disposition. Elles sont tantôt axillaires et solitaires » tantôt disposées en grappes et alternes sur l'axe qui leur est commun. Ventenat , de qui on a emprunté ces expressions, rapporte il cette famille , qui est la neuvième de la quatorzième classe de son Tableau du Règne végétal y et dont les caractères sont figurés pi. 30 , n." i du même ouvrage , treize genres sous deux divisions , saroir : Les myrtdides à fleurs solitaires , axillaires , ou opposées sur des pédoncules multiflores, et à feuilles ordinairement oppo- sées et ponctuées : Angolan , Dodecas , Mélaleuque , GuAPURÉ , Catingue, Eucalypte , Métrosidkros , Lep- TOSPERME , FaBRICIE, SeRINGA , GoYAVIER, MyRTE , Ca- lyptranthe, Jambosier, Giroflier , Décumaire , Sonne- RATiE , Grenadier , et Les Myrtdides à fleurs disposées en grappes et alternes sur commun , à feuilles presque toujours alternes et non ponc- tuées: Lagerstrome, Stravalie, Pirigara, Couroupite, Quatelier et Butonic. Smith , dans le troisième volume des Actes de la Société Linnéetme de Londres, a fait une dissertation sur cette famille. Jussieu en a également séparé quelques genres pour les réunir aux Épi^OfiiENNES. (b.) MYRTOÏDES de Linnaeus (^Hort. Cliff.). C'est le Myrte de Ceylan du même auteur, myrtus zeylanica. (ln.) MYRTOxVIELlS. Selon G. Bauhin, Gesner proposoit ce nom pour I'Amelai^cuier {jnespUm amelanchier. Lion.), (ln.) M Y R i63 MYRTOPETALON. L'un des noms du poJygonon mâle de Dioscoride , qui, suivant Matthiole, Fuchsius , etc. , est notre Renouée {polygunum avicu/are). (ln.) MYRTOSIMILIS et JMYRTIi OLL\, Noms sous les- quels C. Rauhin et autres auteurs indiquent quelques arbres ou arbrisseaux. Dans leur nombre se trouvent le coca des Péruviens , le nyitunthes arbor irîsiis , quelques jasmins , proba- blement le champac , des espèces de tulipiers , le gale , des sumacs , etc. (ln.) MYRTOSPLENON. Chez les anciens , ce nom désigne la plante que les Grecs nommolent Alsine , et qui est notre MoRGELiNE ( alsine média ). V. Myosotis, (ln). MYRTUS et MURTUS des Latins. C'est le myrte des «nodernes. Les arbres furent les premiers temples consacrés à la Divinité. Le chêne fut dédié à Jupiter, le laurier à Apol- lon , l'olivier à Minerve , et le myrte à Vénus. Un feuillage parfumé , des fleurs élégantes et nombreuses , une verdure perpétuelle, ont sans doute fait consacrer le myrte à la mère des Amours. Chez les Athéniens, le myrte étoit connu sous le nom de myrsinè , du nom d'une jeune fille aussi célèbre par sa beauté que par sa force , brillantes qualités qui excitèrent la jalousie de Pallas, Cette déesse , dans «ne course de chars, fit périr l'infortunée Myrsinè. Mais elle fut changée en l'ar- brisseau qui porte son nom , et qui dès-lors devint aussi cher à la déesse que l'olivier. Au reste, chez les Grecs , le myrte s'appeloit aussi myrrinè et myrrhinon (Théoph. , Hipp. ) , et myrtos (Plat. , Aristoph.). Ces noms rappellent l'odeur agréa- ble de cet arbrisseau , et dérivent d'un mot grec qui signifie parfum. L'Orient paroît avoir été le berceau du myrte. Chez le» Hébreux, il s'appeloit hdas. On avoit l'opinion, du temps de Pline , qu'il étoit originaire des monts Cérauniens , dans l'Europe occidentale. Les premiers myrtes qui furent vus en Italie ombrageoient le tombeau d'Elphénor, au promontoire de Clrcé. Cette circonstance et les noms du myrte . qui , chez les Latins, étoient les noms grecs, faisoient croire à l'ori- gine étrangère de cet arbrisseau. Cependant Pline fait observer que, lors de la fondation de Rome , il existoit un petit bois de myrte dans l'emplacement où l'on voyoit de son temps le temple de Vénus Purgatrice , ainsi nommé parce que ce fut sur ce lieu même que les Sa- bins , venus pour combattre les Romains , et après l'enlève- ment des Sabines , se purifièrent avec du myrte et de la ver- veine , en signe de réconciliation. L'on plantoit le myrte au-devant des temples des dieux ; l'on en voyoit à Rome deuxpiedi devant le temple :s ne sont pas bien tranchés, n'étant fondés que sur de légr>»'es différences dans les cou- leurs de quelques parties et s'ir le nombre des taches. Myzine MACULEE , Myzuie macuJata , Latr. , Oliv. ; TipJii'a Tnanihfa, Fabric ; C'^queb. Il/i/st. i/on. , dec. 2 , tab. i3 , (ig. 2 , femelle. Son coips est lon^j; de sept h neuf lignes , noir , luisant, fortem?nt ponctue sur la tête et le corselet , et légèrement pubesn-ent ; les antennes sont fauves, avec le- premier article jaune: la tête aie bord antérieur du chape- ron, une ligne transverse au milieu de sa face , et deux autres de chaque côté , dont une derrière les yeux , et 1' autre le long de leur bord interne, jaunes; le corselet offre plusieurs lignes , et des taches de celte couleur ; deux transverses sur son premier segment , savoir : l'une à son bord antérieur et interrompue au milieu, et l'autre au bord opposé ; deux pa- reillement transverses et courtes , à Técus^on ; deux autres ,72 N A G postérieures, une de chaque côté, le long des angles ; on voit de chaque côté , au-dessus de Torigine de la seconde paire de pattes, une tache oblongue ; il y en a aussi deux sur le dos , une de chaque côté de la naissance des ailes. Les cinq premiers anneaux de l'abdomen ont , en devant, une bande jaune transverse : la première est écbancrée au milieu de son bord postérieur; la seconde est divisée en deux , les trois suivantes sont resserrées ou plus étroites dans leur milieu ; les pattes sont roussâtres , avec les han- ches, la majeure partie des quatre cuisses antérieures et la face postérieure des deux dernières, noires ; cette face offre une tache jaune. Les ailes ainsi que leurs veines sont rous- sâtres. Elle habite l'Amérique septentrionale. On y trouve aussi : i.o la Myzine flavipède , d'Olivier, figurée par Panzer , Entom. hymen. , pi. i , fig. « , A , c , sous le nom de Tiphia caruliniana ., et dont le mâle pourroit bien être la Stipyga maiorta du même auteur , ibid.^ tab. 2 , c?, e ; 2." la MyZ[NE SEREINE d'Olivier, Tiphia aerena^ Fab. ; Tiphia namea, Panz. ihid. , pi. I , fig. J, e, /•, 3.° les Myzitses obscuke et NAMÉE, d'Olivier. La'tiphie quinquecincAa de Fabricius est encore une myzine très-voisine des précédentes, mais qu'iUlit, par erreur, habiter l'Angleterre. Son élis sexcincia est proba- blement le mâle de la myzine namée , ou de quelque autre espèce très-voisine. On trouve ., dans les départeiTÎens méridionaux de la France et en Italie , son élis (ylindricus. Son corps est noir , avec une ligne d'un jaune pâle et dilatée de chaque côté en forme de point , sur le bord postérieur et supérieur des an- neaux de l'abdomen. L'élis vobuhis n'en est , je présume , qu'une variété à taches plus nombreuses. Ce sont, à mon avis , des myzines mâles, dont les femelles nous sont incon- nues. Les élis iniemipta , senilis et seplemcincta , du même au- teur, sont des scolies mâles, (l.) N. NA. Nom languedocien du Navet, (i.n.) NA et NAGI. L'arbre auquel les Japonais donnent ces noms , suivant Kcempfer , a la grandeur et le port du cerisier. Ses fruils ressemblent aussi aux cerises, par leur gran- deur, leur forme globuleuse et leur couleur d'un rouge pour- pre. Tbunberg en a fait une espèce de myrica (^ V. (tALÉ) ; mais (iœrlner et Willdenovv , sur la considération que les fleurs offrent un calice de quatre feuilles et un slyle fourchu , en ont fait le type de leur genre nageia. Dans le myrica , une N A B ,73 simple écaille ovale forme le calice , et il y a deux styles. Adanson avoil fait un genre de cet arbre , avant les botanistes précilés. C'est son Nagi. (in.) N\AHVAL. C'est le nom islandais du Narwhal. V. ce mot. (desm.) NAANKTA. Nom que les Tartares Tungouses donnent au Sapin, (ln.) NA ATIME. Nom du Jujubier commun , Rhamnus zizy- phus , Linn. , au Japon, (ln.) NAATSJONI. C'est, dans les Indes orientales, le nom du CoRACAN , Cynosurus coracanus ^ Linn. Rumphius figure sous ce nom cette espèce de Cretelle( Amb.5, tab. 76, f. 2 ). Rhéede lui donne le nom malabare de Tsittî-Pullu ^ et "Vesling( AEgypt. , tab. 53) , les noms de noem etsabii. Cette belle graminée , haute de quatre pieds , est une plante cé- réale très-cultivée dans toute l'Jnde (ln.) NABA et NABO. Ces deux noms désignent, en Espagne et en Portugal , le Cdou-rave et le Nayet, (ln.) NABACH. r. Nabqah. (ln.) NABATI. Nom que les Maures donnent à l'AiL des VIGNES , Allium vîneale. (LN.) NABBAou TUABBA. Les Hottentots donnent ces noms au Rhinocéros. V. ce mot. (desm.) NABBIMUS. Nom suédois de la Musaraigne com- mune, (desm.) NABELSAMEN. Le Grateron, Galium aparîne^ reçoit ce nom en Allemagne. (LN.) NABIROP. V. l'arlicle du Merle violet du royaume de Juida. (v.) NABIS des Ethiopiens du temps de Pline. C'est la Gi- rafe. V. ce mot. (desm.) . ^ ^ NABIS , Nabis , Latr. , Oliv. Genre d'insectes de l'ordre des hémiptères , section des hétéroptères, famille des géo- corises , tribu des nudicolles. Les nabis ont été confondus par Fabricius avec les redw oes, dont ils se rapprochent en effet beaucoup, à raison de leur tête rétrécie postérieurement , en manière de cou ; de leurs antennes sétacées ; de leur bec arqué et très-aigu à sa pointe; de leurs formes générales et de leurs habitudes car- nassières. Mais on les en distmgue aux caractères suivans : les antennes des nabis sont insérées plus bas que celles des réduoes , ou au-dessus d'une ligne idéale tirée des yeux à l'o- rigine du labre; l'extrémité postérieure de la tête n'offre point «74 ^ A C d'impression Iransverse ; le dessus du corselet forme un plan continu qui n'est pas divisé en deux parties ou lobes , comme celui des réduves. Le Nabis guttule. Nabis gidlula , pi. G 33 , i ; Reduvius guitula , Fab. , est très-noir , luisant , avec les élytres et les pattes d'un rouge de sang ; les appendices membraneux des élytres sont noirs, avec un point blanc; les cuisses antérieures sont renflées et uniden(ées. On trouve cet insecte en France et en Allemagne , sous les pierres et sous la mousse. Les habitans de rile-de-France redoutent la piqûre d'une grande espèce de ce genre , qu'ils appellent morpain , et qui est le reduvius gigas de Fabricius. On trouve encore dans nos environs, deux autres espèces, le Nabis aptère ( redui>ius apterus, Fab. ), et le Nabis cen- dré d'Olivier ( Encycl. mélh. ). (l.) NABKA. V. Nabqah. (ln.) NABLAGRAS. C'est le nom du kœnigia islandica , en Is- lande. (LN.) NABQAH. Selon M. Delile , ce nom arabe est, en .Egypte , celui du fruit d'une espèce de Jujubier , Rham- nus spina christi ^ Linn. L'arbre qui porte ce fruit s'appelle Sidr ou Nabfj. Prosper Alpin écrit nabca , et d'autres bota- nistes, nahach. Browne , voyageur anglais qui parcourut l'K- gypte et le Dar-Four , prétend qu'à Alexandrie on nomme ce fruit nebka , et lui attribue le parfum de la pomme. 11 ajoute que , dans le Dar-Four , on appelle nebbek deux es- pèces de nerprun; l'une est le nebka d'Alexandrie , l'autre, plus petite dans toutes ses parties, donne un fruit d'un goût différent. Les fruits de ces deux espèces, desséchés et réduits en pâte , ne sont pas désagréables , et servent de provision dans les voyages. Quelques auteurs ont écrit vicieusement Xiapeca pour nabqah. Foj. JuJUBiER et Paliurus. (ln.) NACARONES. Nom que l'on donne , en Espagne , à toute coquille nacrée, (un.) NACELLE. C'est la paitlla fomicaia de Linnseus. V. aux mots Patelle et Crépidule. On appelle aussi quelquefoisde ce nom les Oscabrions. (b.) NACHANI. Selon Garcias, c'est, dans l'Inde, le nom d'une très-petite graine noire qui a le goût du seigle, et dont la farine sert à faire du pain et entre dans la composition dut. cachou. Clusius la compare à la graine de moutarde , mais la dit plus noire. Il prétend que dans l'Inde on fait, avec sa fa- rine , des pains orbiculaires , qui servent de nourriture sur toute la côte d'Ethiopie. Cette graine est très-probablement, '«elle d'iHic graminée. (ln.) N A C 1^5 NACHBERG. Selon M. Beurard , c'est une sorte d'argîle calcarifère , schisteuse et bitumineuse ,et spécialement ceilç qui forme le sol du schiste cuivreux dans le comté de Mans- feld , à Bottendorf. (ln.) NACHL. Nom arabe du Dattier, (ln.) NACHTIGAL. Nom allemand du Rossignol, (v.) NACHTLIEBSTE , Arnica mcturna. Nom allemand de la Tubéreuse , dont les fleurs exhalent leur parfum, princi- palement le soir, (ln.) NACHTMANTEL. L'un des noms allemands du Pied- ï)E-LiON , Alchemilla vulgaris , Linn. (ln.) NACHT-RABL. Nom autrichien dei'ENGOULEVENT.(v.) NACHTSCHATTEN. Ce nom allemand est celui de plusieurs plantes différentes qui aiment Tombrage , par exemple , la Belladone , Atropa belladona ; la Scrophulaire AQUATIQUE , la ViGNE BLANCHE , Clematis v'Ualha , L. , et la Douce-amère. (ln.) NACHTVIOLE. L'Orchide à deux feuilles porte ce nom en Allemagne, parce que sa fleur exhale le soir une odeur douce , voisine de celle de la violette , mais plus agréable, (ln.) NAGHTSCHWALBK C'est, dans Frisch , I'Engou- LEVENT. (V.) Nx\CHUT. Nom arménien du Pois cultivé , Pisum sa- iii>um , L. (ln.) NACIBE , Naneltia. Genre de plantes de la tétrandrie monogynie' , et de la famille des rublacées , qui offre pour ca- ractères : un calice de quatre à huit folioles ; une corolle mo- nopétale a quatre divisions velues en dedans ; quatre étamincs ; un ovaire inférieur surmonté d'un style simple à stigmate quelquefois bifide ; une capsule à une seule ou à deux loges , à deux valves renfermant beaucoup de semences imbriquées , orbiculaires et ailées. Ce genre a été établi par Aublet , et on y a réuni une espèce du genre Petesie de Linnaeus , et V uphionhiza lanceolata de Forskaël , plante dont Lamarck a fait un Mussende. Il a été de plus augmenté de trois nouvelles espèces figurées dans la Flore du Pérou. Ainsi il est aujourd'hui composé de huit es- pèces , dont les plus remarquables , sont : Le Nacibe lygiste , qui a les feuilles ovales, aiguës , vei- nées ; la tige sarmenteus» et presque frutiqueuse. Il se trouve à la Jamaï^U€> ,76 N A C Le Nacibe rouge, qui a les feuilles ovales , aiguës ; les grappes multifores , et la tige sarmenleuse et fruiiqueuse. 11 se trouve à la Guyane, où il a été observé par Aublet. . Le Nacire blanc a été réuni au genre Cocipsile, Le Nacibe récliné a les feuilles ovales , aiguës , velues ; les liges recourbées et herbacées. 11 est annuel , et se trouve au Mexique, (b.) InACOUKY. Nom arabe et égyptien du Balbuzard. (V.) NACRE. C'est une matière blanche et brillante qui cons- titue l'intérieur de beaucoup de coquilles. ^lâisVaçicule per- lière dont, à raison de son épaisseur, on peut faire un grand nombre de petits meubles brillans , porte spécialement ce nom. Les perles elles-mêmes ne sont qu'une nacre isolée et plus pure. i^. aux mots Coquille , Avicule et Perle, (e.) NACRÉS. Nom donné à plusieurs espèces de papi//i»is de Linnaus, à raison des taches argentées de leurs ailes. Voyez Argykne. (l.) NACRITE {Talcite, K.'nw'.\Erd!gerialk, Wern.; Talc gra- nuleux^ Haiiy. — Nacri/e, Brong. - Jam. — Schiippiger-Thon^ Karsl., vulgairement, chtorile blanche^. Minéral long-temps confondu avec le talc et avec la chlorite , mais qui s'en distingue par des caractères assez importans. On le reconnoît aisément à son vif éclat perlé ou nacré ; ses couleurs sont le blanc de lait passant au jaunâtre ou au gris , et le vert blan- châtre ; il est léger, friable, et composé d'une multitude de petites écailles lâchement entrelacées, quelquefois curvili- gnes, mais le plus souventagglomérées en pelitesgranulosités; frotté sur la peau , il y laisse une trace blanche et brillante ; il est Irès-onctueux au toucher , et ce toucher est-plutôt gras que savonneux ; il donne une légère odeur argileuse à l'in- sufflation , et il se fond aisément à la llamme produite par le chalumeau. M, Vauquclin a fait la remarque que l'eau dans laquelle on fait macérer le nacnie , devient alcaline et verdit fortement le sirop de violette. Ce savant trouve dans cette pierre les principes suivans : Silice, 5o; alumine, 26; potasse, 17; fer, chaux et une pe- tite quantité d'acide murialique, Al. John a reconnu, dans le nacritede Mérowilz , silice, 60.20; alumine , 3o,83 ; oxyde de fer , 3,55 ; eau , 5. 11 n'y trouve point de potasse , ce qui peut fort bien faire croire que le nacriîe de Mérowilz ne doit pas être rapporté à la pierre analysée par M.\auquelin. Le nacrite se trouve dans les cavités et les fentes des roches primitives, et principalement dans celles où le quarz domine. 11 est en paillettes disséminées ou bien en petites masses. Il y en a auprès de Freyberg , en Saxe ; à Mérowilz et Gieren , N A D I-- en Silésie ; en Bohème ; à Sylva , en Piémont; dans les mon- tagnes de rOisan, en Dauphiné , d'où Dolomieu en a rap- porlé de forl beaux échantillons ; au Brésil, dans les monta- gnes qui avoisinent Canla-Gallo et Las Tocayès : on trouve aussi dans ces montagnes des quarz amorphes , limpides , dont l'intérieur renferme des nuages de narri/eh\anc du plus bel effet. On est dans Tusage de tailler ces morceaux en cabochon comme objet de curiosité. Au Chili , près de S^int-Feiix, on trouve une variété de n.tcriie très-remarquable, en «e qu'elle est mélangée A' eiscnrham ^ sorte de fer oxyde ronge , ayant la légèreté et la structure écailleuse du nacrîte. L on a rapproché le nanite de la lèpUolilhe. Nous avons fait voir que la lépidolithe est un mica. Ajoutons <|ue M. Pa- Irin a trouvé , en Sibérie , un mica jaunâtre , écailleux , sem- blable à de l'écume (T. à l'article Mica, mica spitmifurme) ^ ce qui rapprocheroit encore le mica du nacrîte , etc. (ln.) ]\ACUND/\. Nom d'un Engoulevent du Paraguay, (V.) NACUTUTU. Nom sous lequel d'Azara a décrit plu- sieurs oiseaux de nuit du Paraguay, (v.) NAD. Nom hongrois des Roseaux , Anmdo. (i.n.) NADAOUEH(/îo5'7V/a). Nom arabe de la Cresse bs CftèiE, Cressa cretica ^ Linn , petite plante de la famille des liserons ou convolvulacées, (ln.) NADELERS (mine en aiguilles , en allemand ). C'est le nom adopté par Werner et ses disciples, pour désigner le Blsmuth sulfuré plumbo-cuprifère. Torfz vol. 3, p;(g. 443. Le niidelers de la mine d'Eberhard, près d'Alfpirsbach, dans la foret Noire , est un cuivre sulfuré gris, bismuthifère et ar- gentifère. Ilparoit que le nndelers d'Allemont, en Dauphiné , est un cuivre gris analogue ; on l'a comparé au tellure natif, et même on l'a pris pour tel. (ln.) NADELÎIAFER. Nom vulgaire allemand de I'Epiette joncée , Stipajuncea. (ln.) NADELKOPFSPATHetNADELSPATH.Nomsdon- nés , par les Allemands, à la Cuaux carbonâtée spicu- laireou ACir.uLAiRE. (ln.) * NADELLE. Dans quelques cantons maritimes , on ap- pelle ainsi la Melette , petit poisson du genre Athékine. (desm.) NADELO. Sur les côtes de la Méditerranée , on donne ce nom à la Sardine fbaîcîie. (dksm.) NADEL-STEIN, c'est-à-dire, pierre en aiguille. C'est le nom que les minéralogistes allemands donnent à la subs- 178 N A E lance qu'on appelle vulgairement sc//or/ rouge , et que "VVer- »ier a nommée depuis rhutile ; c'est*le titane oxydé , V. ce mot. Werner avoit transporté le nom de nadehtein à la Méso- type en masses, composées de cristaux fascieulaires et radiés. V. MÉSOTYPE. (LTS.) NADELZINNERZ. Klaproth a donné ce nom à l'étaia oxydé , en cristaux très-déliés , comme on en trouve en Gor- nouailles. (ln.) ]NAD1R. C'est le point de la voûte céleste qui répond di- rectement au-dessous de nos pieds. Une ligne droite qui , étant perpendiculaire à notre horizon , seroit prolongée, en passant par le centre de la terre , jusqu'à la concavité de l'hémisphère inférieur du ciel , iroit aboutir à notre nadir. Le nadir est diamétralement opposé au zénith. ( Vuy. ZÉ- NITH ). Le zénith et le nadir sont les pôles de l'horizon. Chaque individu sur la terre a un nadir différent, et conséquemment un horizon particulier. Toutes les fois que nous changeons de place sur la surface de la terre , nous changeons de nadir et d'horizon. Si la terre avoit une figure exactement sphérique , le nadir scro'it le zénith de nos antipodes. Mais la sphéricité de la terre n'étant pas parfaite, il n'y a que les lieux situés sous Téqualeur ou sous les pôles, dont le nadir soit le zénith de leurs antipodes, (lib.) NADIUEL. C'est I'Anguis ORVET , dans le LangueTloc. (desm.) N^AJM. Suivant Forskaël j on connoît sous ce nom, au Caire , en Egypte, une plante qu'il rapporte à ïachyranthes decumhens. Les Arabes l'appellent âussimahot , uokkes et hoel- Icm. (LN.) N^-ffiOEISI. Selon Forskaël,les Arabes nomment ainsi et schudjara^ une espèce de Giroflée, qu'il rapporte au chei- ranthus iristis , Linn. (LN.) NAEGHE. Les Ethiopiens appellent ainsi I'Éléphant , d'Afrique, (desm.) NiSKMASPORE. Genre établi par Willdenow, aux dé- pens des SPliÉRiEsde Batsch. (b.) NTSEM ATOTHÈQUES , Nœmatothecii. Nom du sixième ordre de la deuxième classe de la méthode des champignons, par M. le docteur Pcrsoon. Il comprend dix genres, iVsco- PHORE , PÉRICONIE , ÏSAIRE , MONILIE , DeMATION , EuiNÉE , PvAComoN, Himantie, Mésentérie, Schizomorphe. (p. b.) N7*EPFCHENCOBALT et NiEPFELKOBALT. Noms qu'on donne , dans les mines du Hariz , à I'Arsenic NATIF. (^LN.) N A G ,73 NjVESE, Nœsa, Léach. Genre de cruslace's. Voy. Spuje- ROME. (l.) NAETTE. Les Lapons donnent ce nom à la Marte or- DIINAIRE, Muslcla niaiies, Linn. (desm.) NAF, NARF et ALCiiEF. Noms ^ue les Maures don- nent aux Cressons. Avicennes écv'it alharf , alrascd, etc. , et Averrhoès , alcherf. (ln.) Nx\FAH. Nom arabe d'une espèce de Luzerne {medicago inlertexla^ L. ). (ln.) NAFAL et REQRAQ. Noms arabes du Mélilot des Indes ( melîlutus imlka , Desf. ). (ln.) NAFVER. Nom suédois de TErable champêtre {^acer campestre'). (LN.) NAGA-DANÏI des Malabares. J. Eurmann rapporte cette plante au Croton a feuilles de Morelle {aotoiL sohi- nifo/ium). (LN.) NAGA-MUSADiE. Arbre des Lides orientales. Les Talingas emploient son écorce et ses racines contre les mor- sures du tîc/ga ou serpent à lunette Selon Roxburg, cet arbre a les feuilles réunies par une gaine stipulaire , et pourroit appartenir à la famille des rubiacées. Sa fructification n'est pas connue, (ln.) NAGA-MU- \'ALLL Nom malabare d'un arbre figuré dans Rbéede (Malab. 8, tab. 29), et qu'on rapporte au bauhînia scandens ^ Linn. (ln.) NAGA-SASAGL L'un des noms japonais d'une espèce de DOLIC (^doUchos ungw'culaius). (ln.) NAGA-WALLL Nom de pays de I'O'phiorrhize. (b.) NAGAM. Arbre de la côte du Malabar, figuré dans l'ou- vrage de Rbéede (Mal. 6, tab. 21). C'est le Mollavi (Jieri- iiera lit/oralis, L. ). F. MoLLWi. (ln.) NAGAS , Mesna^ Arbre de l'Inde, dont le bois porte le nom de bois-de fer ^ à raison de son extrême dureté. Ses feuilles sont opposées, très-longues et argentées en-dessous. Ses fleurs naissent dans l'aisselle des feuilles, vers l'extré- mité des rameaux. Elles sont presque solitaires, et répan- dent au loin une odeur fort agréable qui approche de celle du musc. Cet arbre forme, dans la monadelphie polyandrie, et dans la famille des GuttifÊRES , un genre qui a pour caractères : un calice simple], de quatre folioles ovales, concaves, obtuses et persistantes, deux opposées plus courtes que les autres; quatre pétales ondulés et comnie tronqués à leur sommet; un Irès-grand nombre d'élamluos réunies en godet à leur base ; un ovaire supérieur arrondi , i8o N A G snrmonlé d'un style épais à sligmale concave; une noix pics que ronde, remarquable par quatre sutures saillantes et ion- giludinales. Elle ne renferme qu'une seule semence. Le nagas croît dans les Indes orientales, et sa fleur est employée dans la confection des sachets odorans. il découle dr son fruit, avant «a maturité , une liqueur glutineuse très- tenace, (li.) NAGAS. Espèce de Baleine qui se pêche sur les côtes du J.ipon. (B.) NAGtASSARI { Nagassaniim , Rumph. , Amh. vol. 7, tah. 2). Grand arbre qui croît dans les Indes orientales. Ses feuilles sont alternes; ses fleurs en épis terminaux sont munies chacune d'un calice à quatre folioles persistantes; de qua- tre pétales; d'étamines nombreuses; d'un style à uu stigmate; d'un fruit uniloculaire à deux ou trois valves , à une seule an»ande. Adanson en fait un genre distinct du nugfias, dont il diffère essentiellement par la structure du fruit. JNéanmoins Linnseus , Willdenow , Lamarck , etc. , attribuent au na- gJias le même fruit ; alors le nagassari pourroit être une se- conde espèce du même genre. (i.N.) 1SAGATAMPO. Nom brame du nughas , adopté par Adanson pour désigner ce genre de plantes. Voyez. Naghas. NAGEI, Nageia. Genre de plantes établi par Geertner , pour séparer des Gales une espèce représentée , fig. 874. des Aménités de Kœmpfer , quia deux styles, tandis que les autres en ont un bifide. Cette espèce croît au Japon , et a ses fruits de la grosseur d'une cerise. F. au mot Gale, (b.) NAGEIA. F. Nagi. (ln.) NAGELEIN etNAGELKEN.Noms des Œillets, en Allemagne, (ln.) NAGELEINBAUM. L'un des noms allemands du Lilas. • (ln.) NAGELEIN-GRASS. Plusieurs plantes portent ce nom en Allemagne. Ce sont principalement quelques Laiches (rareiv); le Statice COMMUN ( ito//V;e armeria) ] une espèce de C ANCHE {aira caryuphyllea); I'Holosteum printanmek ( holosteum umbellatuin ). (LN.) NAGELERZ des Allemands. C'est le Fer oxydé rouge arglllfère bacillaire. F. vol. xi , p. 384. (ln.) NAGELFELS. F. Nagelfluhe. (ln.) NAGELFLUHE ou NAGELFELS. On donne ces notiis, en Suisse, à un poudingue formé de fragmens de toutes sortes de formations, de grandeur et de forme variables; de quarz, de granité, de calcaire compacte ou coquillier. N A G i8i "nis par un ciment argilo-ferrugineux. Le nagelfluhe abonde dans les parties méridionales et occidentales de la Suisse ; tantôt il y forme des bancs , ou des masses qui s'élèvent en rochers et en colHnes. On y a observé des glossopètres. Le nagelfluhc est une roche très-récente, qui avoisine et accompagne les chaînes de montagnes primitives. On ne connoît pas très-bien la nature et les espèces de roches sur lesquelles il repose. Cependant, la montagne dite le Rigi- berg, qui, il y a quelques années, engloutit tout un village et fit périr plus de 1800 personnes, est une masse de nagelfluke placée sur un terrain d'argile dont la mollesse permit à la montagne de glisser etde s'ébouler. Dans plusieurs points de ia Suisse et du Tyrol, on peut soupçonner que le nagel- fluhe repose sur le calcaire alpin. Les géologistes placent le nagelOnhe avec les roches déformation très-récente, avec les poudingues •, mais c'est un poudingue qui, par la grande hau- teur où il se trouve , doit être d'une formation très-ancienne. Cette roche esûe poudiiiguepolygénique deM.Brongniart(n«^e/- JluJie du Rigihi^rg).Le poudingue calcaire àa me me, est le nr.gcl- Jluhe de Salzbourg. M. Tondi étend le nom de nagelfluhe à tous les bancs d'alluvion des parties élevées d^ globe, qu'il nomme terrains de lavage et qui sont composés de sables , de caillouxroulés,c1e limon, etc., avec des pierres précieuses et de grains de substances métalliques que l'on obtient par un lavage particulier. Il se sert du nom de brèche pour désigner spécialement le nagelfluhe qu'il divise en trois, savoir : la brèche polygène , composée de fragmens de roches de toutes formations; la è/èc//e calcaire ; lu brèche qa^rzeuse. D'après cela, on voit qu'un très-grand nombre de brèches et de pou- dingues sont des nagelfluhe. Toutefois il y a des brèclies de terrains de transitions qui avoisinent les bancs de nageljluhe et qui n'en sont pas. Le nagelfl,uhe n'est pas susceptible de prendre le poli , tandis que les brèches de transition en peu- vent prendre un très-vif. V. Proches , Terrains, (ln.) NAGELKRAUT. La Benoîte , la Pimprenelle sau- vage, la Drave PRI^TAlNflÈRE et la Piloselle portent ce même nom en Allemagne, (ln.) NAGEOIRE, Pinna. Sorte de rame que la nature donne aux poissons, aux cétacés, et même à quelques mollusques» pour s'avancer au milieu des ondes. Les nageoires des vrais poissons à branchies sont des.raem- branes soutenues par des rayons ou tiges osseuses, pouvant se resserrer et s'épanouir plus ou moins comme un éventail. Oe» rayons des nageoires, articulés avec quelques arêtes , mais adhérant rarement au squelette , ou à la colonne verte- Vraie (excepté ceux de la oueuc), sont parfois durs et roi de s^ l82 ' - ^^ comnjc des épines, ou osseux el à tige simple , piqucintc , chez les poissons acaiitfioptérygiens , c'est-à-dire à n;igeoires épineuses ; telle est la perche , la vive , trachinus, le rasoir, etc., qui piquent fortement. » (2hez les poissons malacoptérygiens ^ ou à nageoires molles, comme les carpes, les merlans, les harengs , ces rayons des nageoires ne sont point épineux, mais flexibles et formés de cartilages mous, souvent à lige fourchue ou dichotome. Les nageoires des poissons , si Ton excepte celles qui cou- vrent les branchies, sous les opercules (ou les hranchiostcges ^ une de chaque côté , se pliant à volonté, et que Arlédi re- garde comme la première paire de nageoires); les autres sont au nombre de cinq vraies, et une fausse. Les nageoires pedorales placées aux deux côtés du thorax du poisson, tiennent lieu de bras; elles sont toujours paires et manquent rarement; quelquefois elles deviennent si lon- gues que le poisson s'en sert pour voltiger quelque temps hors de l'eau. F.PoissoN, où nous traitons des poissons volans. Les ventrales^ situées sous l'abdomen, ou eglre la lêle et l'anus, sont toujours paires et représentent les pieds; elles manquent chez les apodes; mais leur diverse situation chez les autres dSnne les ordres des jugulaires , des thoraci- ques , des abdominaux. La caudale^ nageoire terminale, perpendiculaire, toujours impaire, est la plus puissante pour la progression de r.'ini- mal; elle est tantôt échancrée, tantôt entière, ou arrondie, ou bifurquée , ou en forme de coin , ou de croissant, etc. L'a«a/e, qui manque assez souvent , est toujours impaire, placée en dessous de la queue , derrière l'anus, est longitu- dinale et s'écarte peu du corps. La dorsale^ qui ne se trouve pas non plus en toutes les es- pèces, est toujours impaire, mais a quelquefois deux ou même trois divisions, surtout chez les poissons bons nageurs, pé- lagiens ou de haute mer. Elle est placée longiludinalcment sur la carène dorsale , pour fendre les ondes. Enfin une fausse nageoire est ïadi/jeuse, ou d'un tissu épais et graisseux qu'on remarque sur le dos de quelques poissons, tels que les saumons. Elle manque de rayons osseux propres à la soutenir. Les poissons cartilagineux, comme les raies et squales . ont des nageoires à rayons également cartilagineux , articulés ; on les a nommés rhondropiéiygiens. Les céiacésont leurs pattes antérieures pourvues de tous les os propres aux mammifères, mais tellement raccourcies et dis- posées, sous une peau épaisse, que ces menibies imitent des î!-;igcoires. Quelques-uns portent sur le dos une fausse na- N A G i83 g€olre ou adipeuse ; mais celle qui termine leur queue est soutenue par des ossemens, restes en quelque sorte des jam- bes qui leur manquent; cette nageoire caudale est toujours placée horizontalement, tandis que les vrais poissons portent la leur verticalement, {F. Cétacés.) Les mollusques pourvus d'espèces de nageoires, sont les ptéropodes ^ comme les clio, les hyales , etc. ; leurs bras ou ailes aplatis en forme de nageoires sont placés de chaque côté de leur bouche , et servent à la natation. Beaucoup de crustacés et quelques insectes aquatiques ont des pattes en forme de rames ou de nageoires , pour s'avan- cer avec rapidilé au milieu des ondes ; on connoîl la vivacité avec laquelle le gyrin ou tourniquet décrit ses cercles à la surface des eaux; toutefois cesmoyensde natation diffèrent de ceux que la nature a distribués au Poisson. Voy. cet article. (VIREY.) NAGER {^fauconnerie ). Les fauconniers disent qu'un oi- seau de vol nage^ lorsqu'il s'élève beaucoup et qu'il plane. NAGEURS, Nataiores. Cinquième ordre des oiseaux. Caractère!, : pieds trei-létradactyles , courts, posés à l'équi- libre ou à l'arrière du corps; bas des jambes nu , quelque- fois couvert de plumes : tarses plus ou moins comprimés la- téralement , réticulés, glabres , très-rarement à demi emplu- mcs; doigts palmés ou lobés , 3-i , 3-o, 4--o; pouce allongé et portant à terre sur toute sa longueur chez les uns , court ou élevé de terre ou ne posant que sur son bout chez les au- tres , simple ou pinné , le plus souvent libre , quelquefois réuni au doigt interne, seulement à la base , ou totalement engagé dans la même membrane et tourné presque en devant ; ongles ordinairement courts, ou comprimés et un peu poin- tus ou aplatis , larges et arrondis ; riutermédiaire pec- tine sur le bord interne chez quelques-uns; bec de diverses formes. Cet ordre se compose des oiseaux qui sont dans la deuxième section des Palmipèdes de Laiham , de toutes les espèces qu'llliger a réunies dans ses NÂTATOR£s,de même que de celles quisontcomprises dans l'ordre des Palmipèdes de M. Cuvier. Les oiseaux d'eau que renferme cet ordre , se distinguent de tous les autres en ce qu'ils ont les tarses courts et des doigts lobés ou palmés ; leur corps est arqué et bombé comme la carène d'un vaisseau; leur plumage serré, lustré est imbibé d'huile , et garni d'un duvet épais qui les garantit de l'humidité et les fait flotter plus légèrement sur l'eau, que la nature leur a assignée pour leur demeure la plus ha- bituelle. « Ce sont aussi , dit M. Cuvier, les seuls oiseaux i84 iN A I où le cou dépasse, et quelquefois de benucoup , la longueur des pieds , parce qu'en nage, ni à la surface de Tcôu , ils ont souvent à chercher dans la- profondeur. Leur sternum est très-long , garantissant bien la plus grande partie de leurs viscères, et n'ayant de chaque culé qu'une échancrure ou un trou ovale , garni de membranes. Ils ont généralement le gésier musculeux , les cœcum longs et le larynx inférieur simple. » Cet ordre est composé de trois tribus , sous les noms de téléopodes , atéléopodes et pliloptères. V. ces mots, (v.) NACtEUR. Serpent de Sardaigne, qui ne paroît autre qiiç la Couleuvre a collier, (b.) NAGG-NADALY. Nom de la Consoude (syniphytam officinale^ Linn.), en Hongrie, (ln.) NAGHAS. A Ceylan, c'est le nom du même arbre que, sur la côte Malabare, on nomme Le/hUa-tsian>parum , àécvit dans ce Dictionnaire , au mol nagas. Cet arbre est le nciga- iampo des Brames et le type du genre mesua , Linn. ; selon Adanson , il ne doit pas être confondu avec le nagassaii de Kumphius, comme on le fait, parce qu il en diffère essen- tiellement par son fruit qui est une capsule à quatre loges, à quatre valves, munies chacune d'une cloison et de quatre amandes, (ln.) NAGI et NA. V. Galé du Japon, (b.) NAGIAGEUZ des minéralogistes allemands. C'est le Tellure natif AURo-PLOMBtFÈRE. V. cet article, (ln.) NAGI-BUROK. Nom de la grande Ciguë {conium ma^ cuhdum , Linn.) , en Hongrie. (LN.j NACilL. Nom arabe du Labre bossu, (b.) NAGMAXJL. On donne ce nom au Centropome san- DAT. (B.) NA(jOR, Antilope redunca, Linn., Gmel. Quadrupède d'Afrique du genre des Antilopes, figuré pi. G 82 de ce Dictionnaire, (desm.) NAGY-FU. En Hongrie, c'est la Belladone ( a/ro/?a lelludoiia , Linn. ). (LN.) NACiY-FtJLAK. Nom du Liseron des haies {conoolmlus sepium) en Hongrie. (LN.) NAGY-NYAU-FA. Nom du Peuplier clanc en Hon- grie. (LN.) NAHANAHA. Selon Matthiole, les Arabes appellent ainsi la Menthe, (ln.) NAHWAL. F. Narhwal. (desm.) NAL\. , Naiu. Serpent de l'Inde ; du genre des Vipères» N A l i85 dont on a fait un genre parce qu'il a la faculté d'enfler son col. On l'appelle aussi serpent à lunette, (b.) naïade , iV«?'5. Genre de vers aquatiques, dont l'ex- pression caraclérislique est : corps linéaire ou grêle, un peu aplati, transparent et garni latéralement de soies simples , rares, isolées ou fasciculées ; aucun tentacule près de la bouche. Cuvier réunit à ce genre la Cristatelle de Lamarck. Les espèces de ce genre vivent les unes dans la mer, et les autres dans les eaux douces. Elles se rapprochent beaucoup des néréides par l'aspect ; mais elles en diffèrent essentielle- ment par le défaut de branchies externes , et parce qu'elles soûl privées de la faculté de filer des tuyaux. La plupart vi- vent sous les pierres, dans la vase, dans des trous qu'elles se creusent, ou qu'elles trouvent faits dans la terre de^ rivages. Elles nagent à la manière des serpens, c'est-à-dire, en inclinant alternativement leur corps en sens contraire aux deux bonis. Les poils, dont la plupart sont garnis , peuvent bien encore les aider dans celte opération; mais leur principal objet paroîtêtre d'arrêter les efforts que peuvent faire les courans • ou leurs ennemis, pour les tirer de leur retraite. Ce dernier fait est prouvé par la disposition de ces poils et par l'expé- rience ; car on casse plutôt les articulations des naïades que de les faire sortir par violence de leurs trous. Les naïades d'eau douce ne sont point rares dans les lacs, les étangs d'eau vive, et même dans les rivières; mais elles ne multiplient pas autant dans les eaux vaseuses et alté- rées par la décomposition d'une trop grande quantité de végétaux. La bouche des naïades est tantôt une simple fente , tantôt un trou accompagné de deux lèvres, une supérieure et une inférieure ; tantôt une trompe plus ou moins longue. Les unes ont deux yeux placés sur la tête, dautrps n'en ont point. Leur intestin se voit presque toujours en entier sous une cou- leur différente, à travers du corps; leur anus est en général terminai; cependant, il est quelquefois un peu en avant de la pointe. Les soies dont leur corps est garni, sont plus ou moins nombreuses , plus ou moins longues , tantôt solitaires, tantôt géminées, tantôt fasciculées, suivant les espèces. Elles n'ont ni pieds ni tentacules. Ces vers vivent d'autres vers plus petits , de daphnies et ZMirts entromnsirac es àe Muller, d'animalcules infusoires, etc. toujours très-abondans dans les eaux. Ils sont ovipares , et il y a tout lieu de croire qu'ils sont hermaphrodites. On trouve vers le mois d'avril, une masse alloni^ée en dessous de leur corps, vers les deux tiers de sa longueur, d une couleur dif- ,8G ^ A l fércntc de l'ir.tcsiin , laquelle, regardée au niirroscopc , pa- roit conleiiir une immense quanlilé d'œufs. Celte masse se fait voir plus ou moins long-temps , suivant la chaleur de la saison; mais, en général, on n'en trouve plus aux individus qu'on observe en juin. Ce moyen de reproduction n'est pas le seul dont jouissent les naïades; elles peuvent êlre coupées <*n plusieurs morceaux, et chaque morceau devient un ani- mal parfait. Il est vrai de dire que celte expérience ne réussit pas toujours, comme je l'ai observé; mais sa réussite tient sans doute à des circonstances que je n'ai pas prévues, et en conséquence je ne nie pas, pour cela, les faits que rap- portent Trembley , Pxoësel , et autres observateurs dignes de foi. Ce genre seroilpeut-être susceptible d'être divisé en deux et même plus; mais on ne connoîtpas encore assezbien les carac- tères de fa bouche des espèces , même les plus communes , pour entreprendre défaire de nouveaux genres en ce moment. Il n'y a encore que huit espèces de bien caractérisées dans les auteurs , parmi lesquelles les plus communes sont : La Naïade vermiculaire , qui n'a point de soles latéra- les , mais qui a de longs poils au-dessous de la bouche. Foy. pi. G i8 où elle est figurée. Elle se trouve dans les eaux stag- nantes , parmi les lenticules. La Naïade serpentine qui n'a point de soies latérales, mais trois fascies noires sur le cou. Elle se trouve dans les mêmes endroits que la précédente. La Naïade proboscidale qui a lessoies latérales solitaires; une longue trompe pour bouche. Elle se trouve dans les eaux stagnantes. Le genre Stylaire la reconnoît pour type. La Naïade AURicuLAiREqui a une protubérance allongée de chaque côté des yeux , et point de soies latérales. Je l'ai obser- vée, décrite et dessinée dans la baie de Charlcston, en Ca- roline. V. sa figure pi. G i8. Sa description complète se trouve dans l'Histoire des vers, faisant suite au Buffon dé l'édition de Detervillc. Les genres Branchiarie ciDiplote de Montagu se rap- prochent de celui-ci. (b.) naïade, Nais. Plante qui croît dans l'eau. Elle pousse une tige longue, (iexible, herbacée , garnie de quelques dents épineuses , et qui se divise en rameaux nombreux et flexibles, garnis de feuilles opposées, vertlcillées , souvent au nombre de trois à chaque nœud. Elles sont engainantes, luisantes, iransparentes, ondulées, anguleuses et même épineuses par leurs angles. Ses fleurs sont très-petites, placées [dans l'ais- selle de feuilles. Cette plante forme dans la monoécie mo- nandrie, et dans la famille de son nom, un genre qui a pour N A I 187 caractères, dans les fleurs mâles : un calice cylindracé, tron- qué à sa base , divisé en son limbe en deux découpures ; une étamine à filament long, à anthère quadrivalve, que Lin- nœus appelle la corolle. Dans les fleurs femelles, seulement un ovaire ovoïde, terminé par un style à deux stigmates; une noix ovoïde à une ou quatre semences. Cette plante fleurit pendant les grandes chaleurs de Tété, est cassante , d'un vert obscur , et d'une odeur marécageuse. On Tarrache avec des râteaux, dans quelques endroits, pour en fumeries terres, ce à quoi elle est très-propre. Bloch a publié quelques faits qui tendent à faire croire que plusieurs poissons, et surtout les carpes ^ mangent volontiers les feuilles et les graines de cette plante , et qu'il est par con- séquent très-utile de la multiplier dans les étangs. Deux autres espèces, dont l'une a été établie en litre«de genre sous le nom de Caulinie, se réunissent à celle dont il vient d'être question. Gmelin a appelé ce genre Ittnèke et en a donné une bonne ligure dans sa Flore de Bade. Jussleu a donné le nom de cette plante à la famille que Venlenat a depuis appelée des Fluviales , dont elle fait partie, (b.) jNAIAS. Nom donné par Linnœus, au ^enve flimalis de Vaillant, Micheli , etc. Willdenow a fait aux dépens du ndias , Linn., le caulinia, mais comme il existoit déjà un genre de ce nom, M. Persoon l'a changé en celui de flmualis. ?^. Naïade etCAULiNiE. Ce genre paroît avoir quel- ques affinités avec les Hydrocuarides. (ln.) NAI-CORANA. C'est, dans Rhéede, le nom du DoLic A POILS CUISANS. V. DoLIC. (b.) NAIDES. Famille de plantes autrement appelées Flu- viale.s. (b.) NAIN , Nanus. L'accroissement de tous les corps vivans est susceptible d'éprouver des altérations qui l'empêchent de parvenir à son point naturel de perfection. C'est en quelque sorte un marasme, un défaut d'assimilation dans les alimens, une diminution de la faculté nutritive et une foiblesse du prin- cipe vital. Tantôt elle peut dépendre d'un vice , tel que celui du rachitisme ou des scrofules , tantôt aussi de l'étroitesse de l'utérus chez les femmes, ce qui ne permet point au fœtus de prendrç un accroissement suffisant. Enfin, certains climats trop froids empêchent les végétaux , les grands arbres et les animaux d'acquérir une stature aussi développée que sous des cieux plus tempérés. C'est à celte débililation de la vie qu'on doit rapporter la cause de la petite taille des nations polaires, i88 N A T belles que les Groënlandais, les Lapons , les Ostiaques , Ju- Jcagres , Jakutes , Koriaques , Samoièdes , Esquimaux , el les habilaiis des îles Kuriles. Leur stature ne surpasse guère qua- tre pieds et demi ; car le froid excessif de leurs rigoureuses contrées resserre et contracte tous les muscles de telle sorte , qu'ils ne peuvent s'étendre autant que dans les pays tempérés, l^a grande chaleur affaisse aussi les corps et les empêche de prendre un entier accroissement. Aussi les Suédois , les Da- nois , les Russes , les habitans de l'ancienne Samogitie ou les Lithuaniens, sont-ils en général plus grands que les ItalieViS, ies Espagnols , les Maures , les Arabes , les Indiens , etc. D'ailleurs, la puberté trop précoce de ces derniers prévient le développement complet de leur taille. Chez les animaux, la stature semble dépendre surtout de l'abondance des alimens. On connoît la petitesse des vaches qui habitent les pays secs , arides et peu riches en pâturages , tandis que les chevaux, les vaches de la Frise, des Pays— iiaS) de rUkraine,parviennent quelquefois à une taille énorme. Les bestiaux de la Lusace , du Holslein , qui se cachent dans les herbes succulentes et très-hautes des prairies de ces pays , acquièrent de grandes dimensions. Les peuples de la Suède, (!u Danemarck, de la Pologne, de l'Allemagne, mangent plus que les nations du Midi; c'est encore pour cela qu'ils sont plus gros, plus grands , plus forts et plus courageux. 11 n'y a point, au reste, de peuples entiers de nains. Les an- (iens Troglodytes, dont les auteurs grecs ont fait mention { Aristote , Hist. Anim. , 1. viii , c. 12 ) , sont fabuleux ; car ie pays qu'on disoit habité par ces nains, est peuplé d'hom- ïïîes de taille ordinaire ; c'est la contrée des Habeschs ou i Abyssinie (Ludolf, Comment. Mthiop. ^ p. 72.), d'où les Turcs tirent des recrues pour faire des soldats robustes el de bonne taille. Les prétendus pygmées des anciens paroissent avoir été des singes. V. Pygmee. L'usage des liqueurs fermentées arrête l'accroissement de l'homme et des animaux ; aussi pour obtenir ces petits chiens carlins d'abord connus à Bologne , on leur fait boire dès l'en- fance de l'eau-de-vie, et on les lave dans de l'alcool afin de crisper leurs fibres La fréquence prématurée des plaisirs de i'amour le suspend aussi. C est pourquoi, en prenant succes- sivement les chiens nés des premières portées et les faisant accoupler de bonne heure , on obtient de petits chiens qui sont d'une puberté précoce et d'une vie courte. {Vn DégÉnÉ- iiATiON.) Les peuples montagnards, ceux des pays secs el ari- des sont beaucoup plus petits que ceux des contrées humides et basses. Cette observation est applicable aux animaux et aux plantes des mêmes lieux ; car c'est une loi générale. N A I ,89 Ea effet, les G!)res sont plus molles , les mailles du tissu orj^misé sont plus lâches et se [)relenl davantage à l'exten- sion dans les individus (jui habitent un terrain mou , humide , gras et tempéré, qui dilate tous les organes ; tandis qu'on ob- serve le contraire dans les climats très-froids, les terres éle- vées et privées d'eau. Les nains qui se voient assez fréquemment chez toutes les nations , ne forment aucune race distincte. Leur conforma- lion est fort irrégulière dans la plupart, car ils ont une grosse tête, l'esprit stupide , et le corps mal fait. Ils sont ordinaire- ment impuissans, soit entre eux (Louis V,nyoi\^ Lcçuiis dl\>er- ses, t. L, liv. i5, c. 6, p. 799; cl Jourit. de méd., t. la , p. 169), soit avec des individus d'une taille ordinaire. La nature re- pousse les monstruosités de son sein, et ne les laisse pas vivre long-temps ; le co'it énerve et tue bienick les nains. Fabricius de Hilden a vu un nain de quarante pouces ; les T runsar /ions philosophiques ^ n.° 4-95 , en citent un de trente- huit pouces, pesant quarante -trois livres. G. Bauhin parle d'un nain de trois pieds ;on en a vu de trente pouces. {Foy. P/iilos trans. , n." 261). Le Journal de médecine en cite de vingt- huit pouces (t. 12 , p. 167). Cardan rapporte 1 exemple d'uu nain de deux pieds. De Maillet en a observé un de dix-huil pouces (Telliamed , t. 2 , p. 19,.) ; et Birch (Coll. , tom. 4 » p. 5oo.) en offre un de seize pouces, âgé de trente-sept ans : c'est un des plus petits qu'on ait pu voir. Bébé , ce nain si connu du roi de Pologne, Stanislas, duc de Lorraine , étoit plus grand; il avoit 33 pouces. La plupart de ces petites tail- les sont causées par quelque maladie du fœtus qui diminue l'accroissement ultérieur. En général , les nains restent toujours analogues aux en- fans dans tout leur caractère; comme eux, ils dorment beau- coup, ont des mouvemens vifs, et l'esprit inconstant: comme le sang se porte avec force au cerveau , qui est volumineux, ils sont exposés au carus, à l'apoplexie. Nous avons en ce moment (1818) sous les yeux une naine âgée de huit à neuf ans, qui n'a guère plus de dix-huit pou- ces de hauteur, ou la taille et le poids d un enfant naissant. Elle est vive et gaie cependant, et son intelligence est à peu près celle d'un enfant de trois à quatre ans. Son pouls bat environ quatre vingt-dix fois par minute ; elle n'a commencé à marcher et à parler que vers Tâge de quatre ans ; la denti- tion première ne s'est faite qu'à deux ans. La mère , qui a cinq pieds de haut (et le père cinq pieds cinq pouces) , avoit ou déjà un petit nain long de quelques pouces a sa naissance , m.iis qui mourut à un mois ; il étoit venu à terme , ainsi que celte jeune naine. Ceci semble annoncer que la cause pro- iqo N A I duclrice de ces individus à petite taille , est l'étroilesse de l'utérus. En effet , il y a des femmes qui avortent parce que leur matrice est trop serrée naturellement, ou parce qu elle est trop irritable et se crispe ; de là viennent ces constric- ions spasmodiques qui expulsent avant terme le fœtus. Si pourtant l'avortement n'a pas lieu , l'embryon peut rester pe- tit, émacié, appauvri de nourriture, enfin nain dans toutes ses dimensions. On voit, au reste , des foetus nés à terme, fort petits, mais se développer à une taille assez grande par une bonne alimentation , et surtout à l'époque de la puberté ; ainsi, un nain de deux pieds est parvenu presque tout à coup à trois pieds et demi de hauteur à l'âge de quinze ans. Tous les hommes d'une taille plus courte que de coutume, comparés à ceux de haute stature ( K. Géant), sont plus prompts , plus irascibles , plus turbulens que ceux-ci. Bona- parte, quiétoitde petite taille, faisoit la remarque, en Egypte , au sujet du général Kléber, dont la stature étoit très-élevée , que ces grands et gros corps étoient toujours menés par des hommes plus petits qu'eux. La force vitale agit avec plus de ressort, et le caractère montre plus de résolution dans des corps ramassés; la tête étant plus voisine du cœur, elle en re- çoit plus promptement du sang ; aussi ces individus ayant le concourt et gros, sont menacés fréquemment d'apoplexie, surtout dans leur irascibilité ( quoique, chez les nains , la force vitale soit trop énervée ou affoiblie). Toutefois, les corps allongés, détendus comme un ressort trop lâche , ont plus de peine à recueillir leurs forces et à faire des mouve- mens rapides. Une souris fera mille tours avant qu'une balei- ne ou qu'un éléphant se remuent avec leurs chairs énormes; et les gros arbres à bois fongueux , comme le baobab , le cei- ba, se coupent ou se brisent plus aisément que les petits ar- bustes d'un bols dur, comme les petits chênes. Au reste , les petits individus vivent moins long -temps que les grands et s'usent plutôt par la rapidité de leurs fonctions. Si l'on désire de plus amples éclaircissemens au sujet des nains , on en trouvera aux articles Dégénération , Géant , Homme , et dans les auteurs suivans : S aiioeur Morand ^ Obs. sur les nains , mém. acad. se, Paris, 1764, Hist. , p. 62. FiiedrichlVilhelrnClauderus, Nanorum generaiio, Mise. acad. nat. cur. , déc. 2 , an 8 , 1689, p. 54.3. Claud. Jos. Geoffroy , Descript. d'un petit nain nommé Ni- colas Ferry, Mém. acad. se, Paris, 1746 ? Hist., p. 44- C'est Bébé. William Arderon, Extract of a letter concerning an account of a dvvarf; togcther vvilh a comparison ofhis dimensions with N K I lot those of a cbild under four years old. Phil. irans., lySo, p. 4.67. Jufm Browning, Extract of a letter concerning adwarf., Phil. trans. , lySi , p. 278. Frideiick V. JVurmh , Beschryving van kitip , cen klein en simeelrisch wanschaapen mensch, en dwerg. Verhandelvan het bataviaasch., genootsch.Deel. 3, bl. 33g. Augusl. Christian. Kuhn, Kurze geschichte einer zwerg-fa- mllie. Schriften derberllnerges. naturf freunde , B. 1, S, 3afam à V article an gardénia florida. Il faut donc croire que ces deux plantes qui font l'ornement des jardins du Malabar , ne sont pas assez connues pour qu'on puisse re- connoître leur genre. L'uhe, le riandi-en>afan major, qui est un petit arbre , est le vallomanditu des Brames. L'autre , qui est un arbrisseau, est nommée dacolo-mandifu par les mêmes Brames, (ln.) NANDINE, iVû«£?/«a. Arbrisseau dont les feuilles sont al- ternes , deux fois ailées, leurs folioles opposées cl lancéolées , et dont les fleurs sont disposées en panicule terminale. Il forme un genre dans Thexandrie monogynie et dans la famille des berbéridées , qui a pour caractères : un calice de plusieurs folioles imbriquées; une corolle de six pétales; six élamiies; un ovaire supérieur surmonté d'un style à stigmate en tête et persistant; une baie sèche, à deux loges. Cet arbrisseau croît au Japon , où on le cultive dans l'en- ceinte et autour des villes , à raison de l'odeur suave de ses {leurs. La Natsdine domestique est figurée pi. 1109 du Buianical magazine de Curtis , et pi. G 4o àe ce Dictionnaire, (b.) NANDIROBE , FeviUea. Genre de plantes de la dioécie décandrie et de la famille des rucurbitacées , qui a pour ca- ractères : un calice campanule divisé en cinq parties ; une G. 57 N A N .g, corolle monopétale en roue , divisée en cinq lobes arron- dis, et fermée par des écailles; dix étamines dans les fleurs mâles , dont cinq sont stériles ; un ovaire inférieur chargé de cinq styles à stigmates en cœur, dans les fleurs femelles; une grosse baie ovale , obtuse , à trois loges, couronnée par le calice, et contenant plusieurs semences comprimées et or- biculaires. Ce genre comprend trois espèces. Ce sont des plantes grimpantes, à feuilles lobées ou en cœur , et à fleurs axiUaires, qui sont originaires des îles de l'Amérique. On les appelle lianes contre-poison ou lianes à boîte à savonnette , à Saint-Do- mingue , et leurs graines, qui sont fort amères ^ noix de ser- pent , parce que pilées et appliquées sur les morsures des ser- pens, elles diminuent leur danger. Elles passent aussi pour alexitères et fébrifuges, (b.) NANDSJOKF. Selon Kœmpfer , c'est le nom qu'on donne, au Japon , à un arbrisseau qu'on cultive pour l'agré- ment , à cause de la douce et agréable odeur qu'exhalent ses fleurs. C'est le nandina dpmesiica de Thunberg. Voy. Nan- dine.(ln,) N AN DU, iî/iea, Lalh. Genre de l'ordre des Oiseaux échas- siERSet de la tribu dcsTRiDACTYLES. V. ces mots. Caractères: Bec garni à la base d'une membrane oblitérée, déprimée, robuste , médiocre , à pointe arrondie ; mandibule supérieure à arcle distincte et un peu élevée, plus longue que l'inférieure, onguiculée , échancrée et fléchie vers le bout ; narines ovales, ouvertes , situées sur les côtés vers le milieu du bec ; langue courte, grosse, charnue et formant une demi-ellipse allongée; yeux recouverts par un os saillant ; pieds robustes , très-longs ; jambes charnues et couvertes de plumes seulement sur leur partie supérieure ; trois doigts dirigés en avant, point der- rière; ongles presque égaux, un peu comprimés latéralement, arrondis , obtus ; tête parfaitement emplumée ; ailes armées d'un éperon très-court, sans véritables rémiges et impropres au vol ; queue nulle. Ce genre n'est composé que d'une seule espèce qui se trouve dans l'Amérique australe. Le Nandu ou l'Autruche de Magellan, jR/zetfa/nm'cana, Lath. , pi. G 37 de ce Dictionnaire. La plupart des natura- listes ont placé le Nandus dans le même genre que ïau~ iruche. Bl. Latham en a fait , avec raison , un genre par- ticulier, auquel il a donné, d'après Brisson et Moehring , le nom latin de Rhea. Barrère, Brisson et Guenaud-de-Mont- beillard ont confondu cet oiseau avec le TouYOU ; j'avois fait, dans l'hist. nat. de Buffon, une erreur de nom et de. faits que je n'ai pas manqué de rectifier, pag. 29 du tom. I^q de mon édiliou , eu gubstituaut au nom mai appliqué de 20O N A N fouyou, ce\m à' auintche de Magellan ^ plus convenable et moins susceplihle d'équivoque , et en séparant ce qui devoit appar- tenir à l'une et l'autre espèce. En effet , le touyou ou iouyou you de la Guyane ou \e jaèiru du Brésil , est un oiseau de ri- v.ige qui vole aussi bien que le héron, et qui n'a d'autre rap- port avec celui dont il est question dans cet arîicle que par sa grande taille. Brisson, avant (iuenaud-de-Montbeillard, avoit déjà confondu le touyou ou le jabiru avec V autruche de Magel^ lan. L'on en prendroit donc une fausse idée , si l'on s'en rap- porloit aux ouvrages du plus grand nombre des ornilholo- gisles , el particulièrement à celui de Buffon , dans lequel ne se trouveroient pas les notes indispensables que j'y al ajoutées à ce sujet. Au reste , la dénomination d'autruche de Magellan , que j'ai substituée à celle de touyou , n'est point nouvelle , et en l'a- doptant, je n'ai fait que conserver celle que quelques auteurs avoienl déjà imposée à cet oiseau. On la nommé aussi au- truche d'occident , autruche de la Guyane , autruche bâtarde , etc. ; et ces noms , quoique composés , ont été appliqués avec beau- coup de justesse , parce qu'ils indiquent en même temps , du moins pour la plupart , et la nature de l'oiseau et les contrées où il existe. De même que parmi les quadrupèdes du même continent, }e lama paroîl y remplacer le chameau , ainsi l'oiseau de cet article y représente l'autruche qui ne se trouve que dans l'Afrique et dans quelques cantons de l'Asie. Aussi les naïu- lalisles l'ont-ils désigné par la même dénomination dî oiseau chameau. Il n'a pas, plus que l'autruche de notre hémisphère, la faculté de voler; ses ailes sont également courtes et for- mées de plumes flexibles , à barbes désunies , qui les rendent inutiles pour le vol. Voilà , sans doute, de nombreux rapports îivec l'autruche proprement dite , et qui sont suffisans pour justifier la parité des noms , surtout lorsqu'on retrouve la ïiiême conformité dans les habitudes. Lé'autruche de Magellan compense en effet l'impossibilité de voler, par la légèreté de sa course , pendant laquelle on la voit déployer ses ailes; les chiens les plus vites ne peuvent l'atteindre, et les naturels de l'Amérique , qui font des parasols , des panaches et d'autres orncmens avec ses grandes plumes , sont réduits à user de ruse et à Lui tendre des pièges pour la prendre. Elle avale aussi tout ce q^u'on lui présente, même le féroce qui prouve ijue son organisation intérieure doit être à peu près la même. Les grains etles herbes composent te fond de sa subsistance , Vnais sa nourriture favorite sont les insectes qu'elle prend avec beaucoup d'adresse. Son naturel est simple et innocent ; elle n'attaque point les aulres animaux ; et si elle est forcée N A N 20I de se de'fendre , elle ne le fait qu'avec ses pieds , dont elle se sert pour se débarrasser de tout ce qui Tincommode. Cepen- dant à tant de traits de ressemblance avec l'autruche , se joi- gnent quelques disparités remarquables. \S autruche de Magel- lan a trois doigts en avant et un rudiment d'un quatrième doigt , c'est-à-dire , un tubercule calleux et arrondi en ar- rière. Il e.^iste encore une autre disparité dans le cri ; celui de V autruche de Magellan , lorsqu'elle appelle ses petits , est un sifflement qui ressemble à celui de l'homme. On verra ci-après que le mâle en a un autre à l'époque des amours. Les autruches de Magellan se trouvent au Pérou ; mais seu- lement dans les régions froides des Cordillères ; au Chili , dansles vallées qui séparent leshautes montagnes des Andes; au Brésil et principalement aux Terres magellaniques ; mais on ne les voit point à la Guyane, pays qui ne leur convient point , puisqu'elles ne se plaisent que dans les contrées le.'y moins chaudes de l'Amérique. Barrère ne les range parmi les oiseaux de la France équinoxiale ou delà Guyane française, qu'à cause de la méprise qu'il a faite en les confondant avec les touyous ou les jabirus {Hist. nat. de la France equinox. ^ pag, 33 ) -, et Fermin, qui en parle comme devant se trouver à la Guyane hollandaise , convient qu'il n'en a jamais vu (^Description de Surinam , p. 14.2 ); ce dont on ne peut douter à la description fautive qu'il en fait , et qu'il emprunte de celle de l'autruche de l'ancien continent. Un autre voyageur dans la Guyane hollandaise, le capitaine Stedman , en donne une notice beaucoup plus juste ; il dit qu'on les appelle à Su- rinam toyou ou émou , et qu'oc les trouve principalement en remontant le MaronI etlaSaramua.Mais, quoiqu'il ait voyagé fort avant dans l'intérieur des terres, il ajoute qu'il n'a jamais rencontré un seul de ces oiseaux {^Voyage à la Guyane^; d'où il résulte qu'on ne les connoît à Surinam que par les rela- tions, (s.) Nous devons à M. de Azara de nouvelles observations sur cette autruche, qui n'étoient pas connues de Sonnini, et qui compléteront la description et l'histoire de cet oiseau. Les. noms de nandu et de cliuri sont ceux que lui ont imposés les naturels du pays; nvais les Espagnols l'appellent aoestruz (au- truche), et les Portugais du Brésil le nommentema, dénomi- nation qui est consacrée au casoar. Celte espèce est présen- tement rare au Paraguay , mais elle est plus commune dans les plaines de Montevideo, dans les Missions et dans les campagnes de Buenos-Ayres. Elle ne pénètre jamais dans les bois, elle reste toujours dans les plaines découvertes, soit par paires, soit par troupes qui excèdent quelquefois trente individus ; dâjis les conlrces où Tonne fait point la chasse à N A N ces autruches , elles s'approchent des habitations champêtres , et elles ne se dérangent pas à la vue des hommes de pied. Mais dans les pays où l'on a coutume de les poursuivre , elles fuient de loin , et elles son», toujours en défiance; si elles s'a- perçoivent qu'on cherche U les surprendre , elles se mettent à courir de très-loin et avec tant de vitesse, qu'il n'y a que d'excellens chevaux, montéspar de bons cavaliers , qui puissent les atteindre; les chasseurs, pour les prendre, leur lancent au cou une espèce de collet , formé de trois pierres , grosses comme le poing, et attachées par des cordes à un centre com- mun. Quand les nandus se trouvent arrêtés dans leur course par ce collet, on ne doit les approcher qu'avec précaution , car ils détachent des ruades capables de briser une pierre. Lorsqu'ils courent de toute leur force , ils étendent les ailes en arrière, ce qui est sans doute l'effet du vent; et pour tourner et faire de fréquens crochets, ils ouvrent une aile , et le vent les aide à exécuter très-rapidement ces voltes , qui mettent le chasseur en défaut. S'ils sont tranquilles, leur dé- marche est grave et majestueuse ; ils tiennent la tête et le cou élevés et leur dos arrondi : pour paître , ils baissent le cou et la tête , et ils coupent l'herbe dont ils se nourrissent. Les jeunes que l'on nourrit dans les maisons deviennent familiers dès le premier jour, et ils entrent dans tous les ap- partemens, se promènent dans les rues et vont dans les cam- pagnes, quelquefois jusqu'à une lieue de distance , et retour- nent à leur logis. Ils sont très-curieux, et ils s'arrêtent aux fenêtres et aux portes pour regarder ce qui se passe dans l'intérieur. On les nourrit de grain , de pain el d'autres ali- mens; comme Wndruche d'Afrique, ils avalent des pièces de monnaie , àtia morceaux de mêlai, et quelquefois les petites pierres qu'ils renconlrenl'. Ce sont d'excellens nageurs, et ils traversent les rivières el les lagunes, même sans être pour- suivis. La chair des jeunes est tendre et de bon goût , mais on ne fait point de cas de celle des adultes. Le mois de juillet est l'époque des a niours du nandu; on entend alors les mâles pousser des mugissemens assez semblables à ceux d'une vache. Les femelles commencent à pondre à la fin d'août, et les premiers petits paroissent en novembre. Les œufs ont leur surface très-lisse, d'un blanc mêlé de jaune , et également gros aux deux bouts. Ils sont fort bons , et on les emploie principalement pour faire des biscuits. Le nid ne consiste qu'en un creux large , mais peu profond , fait naturellement dans la terre ; quelquefois les nandus le façonnent avec de la paille. Ils ne cherchent point à le cacher ; de sorte que Ton aptMçoll de loin les œufs et l'oiseau. Le nombre des œufs de chaque ponle n'est pas connu. N A N 2o3 Cependant M. de Azara a vu une femelle nandu qui vivoit en domesticité, et privée de mâle , pondre dix-sept œufs k trois jours d'intervalle l'un de l'autre , et les laisser tomber en différens endroits. C'est ainsi qu'agissoit une femelle que j'ai vue vivante dans un parc près de Rouen ; mais sous notre climat , la ponte avoit lieu au mois de janvier, époque de l'été dans l'Amérique australe. Elle a vécu pendant dix-huit mois; l'hiver elle couchoit de préférence sur la neige , et en tout temps elle se refusoit constamment aux soins qu'on voulait prendre pour l'enfernier pendant les nuits. Le mâle ayoit péri dans la traversée de Buenos- Ayres à Cadix, et l'on regrette que l'occasion de multiplier chez nous une espèce qui peut devenir utile , ait été perdue et ne se soit pas retrouvée de- puis. Dans l'état de nature, on voit quelquefois soixante-dix à quatre-vingts œufs dans un seul nid, et c'est sans doute le produit de la ponle de plusieurs femelles. En effet, on dit dans le pays que toutes les femelles du canton déposent leurs œufs dans le même nid, et qu'un seul mâle se charge de les couver. Il est certain, d'après les observations de M. de Azara, qu'un seul individu fait éclore les œufs , conduit et protège les petits , sans l'aide d'aucun autre. L'on assure aussi que si quelqu'un vient à toucher les œufs, l'oiseau les abandonne ; et s'il s'aperçoit qu'on le regarde pendant l'incubation, il les prend en horreur et les brise à coups de pied. C'est une opi- nion générale que le mâle sépare avec soin quelques œufs , qu'il casse quand les petits éclosent, afin qu'ils trouvent à leur naissance de la pâture dans la multitude de mouches qui s'y rassemblent. Les nandus paroissent ne pas connoître la jalousie , puisqu'ils se réunissent par bandes pour faire un nid où toutes les femelles font en même temps leur couvée; mais cette espèce a cela de singulier, qu'un seul mâle se charge de couver les œufs et de conduire les petits. Toute la dissemblance entre le mâle et la femelle consiste en ce que celle-ci est un peu plus petite , et qu'elle a moins de noir à l'origine du cou ; distinction qu'on ne peut saisir si on les voit ensemble. Les nandus, dit IVl. de Aza^a, ont la jambe fort grosse en devant ; le tarse très-robuî^ie et revêtu de grandes écailles ; l'œil arrondi ; le croupion conique et pointu ; les plumes du corps longues , foibîes et décomposées ; celles de la tête ser- rées et rudes comaie des crins ; le fouet de l'aile terminé par un éperon long de six lignes et qui ne sert point à l'oiseau; cinquante-sept pouces et demi de longueur totale; vingt-sept de la dislance du bout du bec à la clavicule , et quarante et demi de l'extréaiilé de l'ongle au haut des épaules , les plumes du corps blanches, à lexcepliou de celles du dos, 20,4 N A N qui ont la couleur de plomb ; celles du dessus et du derrière de la tête sont noirâtres ; une bande noire commence à la nuque , descend sur la partie postérieure du cou , et s'élargit jusqu'à entourer le cou entier à son insertion dans le corps: le reste du cou et de la têle est blanchâtre ; les épaules et les plumes scapulaires sont cendrées ; les plumes des ailes ont à peu près la même teinte, mais les grandes ont du blanc vers leur origine et du noirâtre dans leur milieu ; parmi celles du dessous de l'aile, quelques-unes sont cntièreraeat blanches, et les autres n'ont cette couleur que jusqu'au tiers de leur longueur; le reste est noirâtre, (v.) NANG-UAI-LOUNG. Nom cochiachinois d'une herbe que Loureiro nomme iniica pilosa , mais que sa capsule trilocu- laire éloigne du genre des Orties, de môme que Vuiiicagemina et Vurtica interrupia^ aussi de Loureiro. Peut-être doivent-elles former un genre à part, (ln.) NANG-HAI-TLON-LA. Selon Loureiro, c'est en Co- chinchine le nom d'une espèce d'ÛRTiE ( unica gemimi). (lis.) NAjNGUER ou INANGUEUR, Antilope dama , Linn. „ Gme!. Espèce de mammifère ruminant du genre des AiSTL-» LOPES. V. ce mot. (desm.) NANGUEUR. V. Antilope nanguer. (desm.) NANL Arbre figuré table 7 de VIlerLier d/imboiney par Rumphius. Il est bien remarquable par la nature de son bois , qui est si dur lorsqu'il est sec , qu'il ne peut être entamé par les outils. On est obligé de le mouiller pour le travailler. Il est presque indestructible , et se conserve dans l'eau aussi bien que sur terre. On en fabrique particulièrement des gou- vernails et des ancres. Il paroît , par la figure citée , qu'il a un calice à quatre di- visions ; une corolle de quatre pétales ; un grand nombre d'étammes à filamens très-longs et inégaux; un ovaire supé- rieur, surmonté d'un style filiforme; une baie ronde, divisée en quatre parties , et contenant une petite semence membra- neuse. Cet arbre a les feuilles opposées , ovales , entières, et les fleurs disposées en corymbe à l'extrémité des rameaux, (b.) NANl DES RRAMES. Voy. à l'article Malî^aregam , où par erreur typographique on a mis nain, (lis.) NANI-FINAiN(;0. Nom qu'on donne au Japon à la. GALiiBASSE (rucurbita lagenaria , L.). (lî*!.) NANI-HUA. Nom malais d'un arbre figuré par Rum- phius {Arnb. vol. m, pag. 21 , tab. 9), cl qui estlf; bac- caurea ratnijîom de Loureiro. C'est , d après Loureiro , un. petit arbre de la polygamie dloécie , à feuilles ovales , oblon- gaes , pointues , entières , éparses cl péliolccs ; ses Uouis ,, N A N 2o5 d'un Jaune verdâtre, naissent sur les rameaux mêmes en pe- tites grappes simples et pendantes : on en voit aussi aux extré- mités des branches. Les fruits sont des baies de la grosseur du pouce, couleur d'orange, inodores, aigre-douces, glabres ettriloculaires : on les mange. Rumphiusles dit lanugineuses, couronnées par le calice et à un seul noyau. Cet arbre, que Loureiro n'a vu que dans les jardins de Cochinchine , y est appelé giâu-tien^ et varie dans le nombre des loges de son fruit. D'après ce qui précède, on voit qu'on ne peut pas pren- dre le nani-kua pour une espèce de Caramboher (aQerrlioa) j nipour un Jambosier {eugenia). (LN.) NANISTERSTEIN. Suivant Trebra , les Allemands donnent ce nom au porphyre lorsqu'il a la structure feuille- tée, (lis.) NANK. et NIIG. Ce sont des noms du Mélèze {pinus lariiv, Linn.) chez lesWoguls et chez quelques autres hordes Tartares. (ln) NANKA. F. Nanko. (ln.) NANKAN. Arbre des Philippines, dont le fruit se mange. C'est un Jaquier, (b.) NANKIN-MAME. Espèce japonaise de Dolic {DoUchos ///2ea^«5, Thunb.). (ln.) NANKO et NANKA. Espèce de Jaquier ou arbre k pain {artocarpus) qui croît à Sumatra, de même que plu- sieurs autres espèces du môme genre , que les habitans de cette île nomment sookoon , calavée et oolan. Cette dernière espèce est la plus estimée. L'on mange leurs graines rôties comme des châtaignes. L'arbre fournit une glu blanche , et ses racines une teinture jaune. L'écorce du calavée sert à faire des vètemens. Ces espèces rentrent dans Vartocarpus incisa et Vartoc. ittiegrifolia. Voyez Jaquier, (ln.) NAN-QUA et SAN-QUA. Noms chinois du yDey3on(Cf/rar- hita melopepo , L. ). Cette plante est très-cultivée en Chine , et en général dans toute l'Asie. Les marins emportent quan- tité de ces fruits dans les voyages de long cours, (ln.) NANSCHERA-CANSCHABU. Rhéede (Mal. lo. pi. 5o ) donne ce nom malabare , à une herbe que les bota- nistes ne peuvent rapporter à aucun genre. Elle a quelques ressemblances avec une Véronique, (ln.) NANSJERA-PATSIA. Nom d'une espèce d'asclépiade ( asclepias alexicaca , Jacq. ) , qui croît sur la côte Malabare et à Ceylan. (LN.) NANSOO. Selon Kaempfer, c'est, au Japon, le nom d'une espèce de Gouet , que Thunberg avoit d'abord prise pour ïarum iriphyllum, et qu'il en a distinguée ensuite sous le 2o6 N A P nom de arum rtngens. Cleyer avoit observé cette plante a« Japon avant les botanistes ci-dessus ; et, selon lui , elle y est appelée din-nan-sch o . (ln.) NANTI. Nom que les Egyptiens donnoient ancienne- ment au Pavot, (ln.) NANTILLE et NENTILLE. V. Lentille, (lk.) NAO-HIEN-HOA. Nom chinois du Métel iDaiura metel , L.) , selon Lourelro. (ln.) NAOURKOU. Nom donné , en Nubie , à une espèce de Buchnère ( Buchnera hermontica, Delil. Mgypt. , pi, 34, %3.). (LN.) NAP-FUVE et NAPRA-NEZO-FU. Noms de I'Hé- liotrope d'Europe , en Hongrie, (ln.) NAP-KASA. L'un des noms du GrÉmil (^ Lîlhospermum officinale , Linn.) , en Hongrie, (ln.) N AP , NAPC A et NAPEC A. C'est sous ces noms arabes que le Vicentin Honoré Bellus a connu le Nabqah. V. ce mot. (ln.) NAPAUL. V. Faisan napaul. (v.) NAPECA et NAPEKA. V. Nabqah (ln.) NAPÉE, Napœa. Genre de plantes de la famille des malvacées , qui ne diffère des ahulilons que par des carac- tères extrêmement peu imporlans, et qui , en conséquence, leur a été réuni par Cavanilles et A'Villdenow. Ces carac- tères, selon Jussieu, sont de n'avoir point les pétales obli- ques et le pédicule articulé. V. au mot Abutilon. On compte deux espèces de napées , dont une , la Napée GLABRE , a les pédoncules nus , unis , les feuilles lobées et glabres. L'autre , la Napée velue, a les pédoncules angu- leux, accompagnés de brzfclées; les feuilles palmées et héris- sées. Toutes deux croissent dans la Virginie, et se cultivent dans les jardins de Paris. Les fleurs sont souvent dioïques dans là dernière, et la première pourroit être employée pour aliment, ses feuilles étant beaucoup plus nourrissantes et plus agréables que les épinards. Elles ne craignent le froid ni l'une ni l'autre, (b.) NAPEL. Nom d'une espèce du genre AcoNiTE.C'est celle dont les fleurs sont les plus belles , et dont le poison est le plus dangereux, (b.) NAPELLUS. Diminutif du mot latin napus^ jim^ct. On Ta donné anciennement à plusieurs espèces d'AcoNiTES , parce que leur racine a la forme d'un navet et la grosseur du doigt. Clusius est le premier qui ait bien distingué \es napelhis d'Europe, planies remarquables par leurs qualités N A P :,07 délétères. U aconîhim napellus , Linn. , ou jmpel des jardins , est la plus commune. Voyez à l'article AcoNiTE. Uaciœa spieata a été considérée , par Daléchamp , comme une espèce de Napellus. C. Bauhin en faisoit une espèce d'a- conitum. (ln.) NAPHTE. Bitume très-léger , très-fluide , limpide et d'une couleur légèrement ambrée , qu'on trouve dans diffé- rentes contrées de la Perse. K. Bitume liquide , vol. 3 , pag. 447. ( PAT. ) NAPI et NAPOU des Grecs. V. Sinapis et Napus.(ln.) NAPIK. Nom de la Chicorée en Hongrie, (ln.) NAPIMOGA, Napimoga. Arbre de la Guyane , à feuilles alternes, ovales , dentelées , à pétiole accompagné de deux petites stipules caduques, à (leurs sessiles sur un pédicule axillaire garni de bractées squamiformes , qui forme un genre dans la polyandrie trigynie , mais dont le fruit n'est pas encore connu. Ce genre offrepour caractères: un calice d'une seule pièce, divisée en six parties ; une corolle de six pétales verdâtres , ovales, velus en dessous, et attachés par un onglet à un disque à six angles , qui couvre l'ovaire ; environ dix-huit étamines 1 dont les fîlamens sont insérés sur le disque ; un ovaire inférieur, surmonté de trois styles, terminés chacun par un stigmate, (b.) NAPIUM des Romains. F. Napus.(ln.) NAPO-BRASSICA. C'est le nom sous lequel C. Bauhin indique le Caov-lS WET^Brassica oleracea napo-brassica , L. ). (LN.) NAPOLEONE , Napoleom'a. Arbrisseau d'Afrique , à feuilles alternes , à fleurs bleues axillaires , ^ui seul cons- titue, suivant Palisot de Beauvois, qui l'a figuré pi. 78 de sa Flore d'Oware et de Bénin, un genre dans lapentandrie mo- nogynie et dans la famille de son nom. Les caractères de ce genre sont : calice d'une seule pièce à cinq divisions coriaces, persistantes, accompagné de pe- tites écailles à sa base; corolle double, insérée sur le calice ; l'extérieure d'une seule pièce , plissée , membraneuse, co- lorée , chaque pli formé par un rayon subulé ; l'intérieure aussi membraneuse , découpée jusqu'au milieu en un grand nombre de rayons ; cinq étamines à fîlamens pétaliformes, insérées sur la corolle intérieure, rapprochées par leur som- met et portant chacune deux anthères biloculaires; un ovaire inférieur, à style court , à stigmate perlé, à cinq angles et sillonné , couvrant les anthères; baie molle , couronnée par les divisions du calice , monoloculaire et polysperme. 2oB N A R Ce genre est voisin des Passiflores, mats en est si dis- tingué , qui! faut le placer dans une famille particulière. iJesvaux a appelé ce genre Belvisie. (b.) NAP()L1E1\. L'un des noms vulgaires de la Bardane^ (I.N.) NAPPE (^vcneiie). Peau du cerf que l'on étend pour donner la curée aux chiens, (s.) NAPPE VERTE. Espèce de Ricin des Indes iridnus mappa. ) (ln.) jNAPPES ( chasse ). Sous cette dénomination on entend assez généralement un ouvrage fait de mailles de fil, qui porte ce nom , jusqu'à ce qu'on y ajoute quelques autres machines caractéristiques qui en déterminent la nomenclature. Par exemple , les nappes dun tramail ne se nomment plus nappes quand leurs piquets y sont attachés ; elles prennent le nom d'hul/iers ou tramail. 11 n'y a qu'un filet qu'on nomme nappe n aluueUes. On appelle nappiste celui qui fait la chasse avec ces nappes, (v.) NAPUS. Pline , liv. XIX , chap. 5 , dans lequel il traite des espèces d'herbes des jardins , dit que les médecins ad- mettent cinq sortes de napus , et les cite d'après Théophraste qu'il copie, et chez lequel ce sont des Raphatsidon. V. aux mots Raphanus et Sinapis. Mais, liv. xx, chap. 4, Pline ou- bliant ce qu'il a dit précédemment , revient sur les napus. Selon lui , il y en a de deux sortes ; l'une est le hunion , et l'autre le hiinias ou hunladu des Grecs; il attribue à la pre- mière des tiges anguleuses , et compare la seconde au radis et àlarave. Lespropriétés qu'il leur assigne conviennent assez à notre Navette; aussi, la plupart des botanistes pensent qu'il a voulu parler de cette plante {^hrassîca nr.pus ') ^ de même que Di^scoride sous celui de bvnias , et Théophraste sous celui de napos. Au reste , cette dénomination de napus fut appliquée à des crucifères à racines fusiformes ou en toupie , qui croissoient sur les coteaux , et dont la racine était souvent creuse. C'est ce qu'exprime le mot grec napos. Le genre napus de Tournefort a pour type le brassira napus; il est caractérisé par la forme de sa racine , par ses (leurs en Ïtanicules ou en épis , et par le calice de même couleur que a corolle ; il n'a pas été adopté par les botanistes , et de- meure réuni au genre brassira. V. Chou, (ln.) NAR. Nom que les Egyptiens donnoient anciennement h I'Iris. (ln.) NARAK. V. Narassun. (ln.) NARANZARO. Un des noms italiens de I'Oranger, (I.N.) NARASSUN et NARHUN. Nomsdu Pin salvage chez les Tartares-barates. Les Mongols appellent cet arbre N A R 209 narassu ; à Casan on le nomme narak. Les Kirguis le dési- gnent par NuRAT. (ln.) NARAT. Les Africains appeloient ainsi anciennersent, une plante que Vom croit être une espèce de Chrysanthkmê ou de Camomille ( Anthémis.') (ln.) NARAVELIA. Genre de plantes de la famille des re- nonculées et de la polyandrie poîygypie , établi par Adanson , sous le nom de naraœael , el reconnu par Decin- dolle. Ses caractères sont : involucre nul; calice à quatre ou cinq folioles; pétales six ou douz^e , linéaires, plus longs que le calice ; capsules nombreuses, oblongues, surmontées d'une queue pluiueuse. Une seule espèce rentre dans ce genre , c'est le mirawael des naturels de l'île de Ceylan , arbrisseau grimpant qui a tout le port des clématites , et dont Linnaeus avoit fait une espèce d'alragène ( at. zeylanica )* Elle rappelle jusqu'à un certain point les gesses { laihyrus ). Ses feuilles opposées, ve- lues et tomenteuses en dessous , sont composées d'un pétiole terminé par une vrille rameuse , et de deux folioles entières, marquées de plusieurs nervures. Ses fleurs sont jaunâtres et en petites panicules terminales trichotomes. Cette plante croît dans les bois et. les haies à Ceylan , et au Coromandel près de Samulcoath. (LN.) NARAWAEL. V. Naravelia. (ln.) NARCAPHTE. Nom donné à l'écorce de l'arbre qm fournit Voliban , et qu'on emploie comme parfum dans les maladies des poumons. Foj^z à l'article BalsàMIER KAFAl , qu'on croît être cet arbre, (b.) NARCAPHTON. V. NASGAPHTON. (ln.) NARCE de Dioscoride , est rapporté à la Gentiane par Adanson , et au centaurlon niajas par les botanistes} qui l'ont précédé. V. ce mot. (ln.) NARCISO-LEUCOIUM. Swertz , botaniste bollan- dais , auteur d'un ouvrage publié en 1612 , inliiu'é Floki- LEGIUM , figure sous ce nom quelques liliacces , et principa- lement les leucoium et gulamhus , Linn. , dorii les t|eurs opt la blancheur de la fleur du Narcisse, el la grandeur de Ct'.llsî$ de quelques Violiers ou Gikof.lees ( Isuco'wn de? .uic'ens), Tournefort a conservé cetic deriOminoiiun pour les mê-^ mes genres qu'il laisse réunis, aiiis* ^u'Adanson. sors le nom à! acrocorion y etHallersoos CQim àe galanllLus. (ln.) NARCISSE, Narcissus , Lmn. ( Hexandrie monogynie). Genre de plantes bulbeuses , à un seul colylédor. , à fl'''ors in- complètes, appartenant à la famille des narcisso'ùles. S^s ca- raclèressont : une corolle ou calice cylindrique, eu entonnoir 3IO ^^ ^^ ^^ et à limbe double ; l'extérieur à six divisions profondes, oxi- rertesf l'intérieur en cloche ou en roue , crénelé ou deuié au sommet , représentant un godet ou une couronne ; six éla- mines insérées à la base du limbe intérieur , fk plus courtes;, un ovaire inférieur , arrondi, à trois cotés , portant un style mince, plus long que les étamines et couronné par un stig- mate divisé en irois; une capsule obtuse, presque ronde , à trois angles et à trois loges remplies de semences globulaires. Avant leur développement , les fleurs sont renfermées dans une spathe ou gaine membraneuse d'une seule feuille pliée en deux, qui s'ouvre latéralement et donne passage à une ou plusieurs (leurs. Les (leurs de tons les narcisses sont grandes, belles, très-odorantes, paroissent de fort bonne heure au printemps, et doublent facilement; ils sont par ces raisons cultivés dans tous les jardins d'agrément. Les botanistes comptent environ trente espèces de nar- cisses indigènes ou exotiques , dont chacune , ou du moins plusieurs , ont produit par la culture beaucoup de variétés. Le nombre de ces variétés , qui toutes ont des noms diffé- rens , augmente chaque jour. Les catalogues des Hollandais en prés;;atent plus de cent vingt, dont la description seroit étrangère à ce Dictionnaire , et trop minutieuse. Il suffit au lecteur de connoître les véritables espèces auxquelles il pourra rapporter les variétés qui s'offriront à lui , ou qu'il sera bien aise de cultiver. En général , les narcisses aiment une terre légère et subs- tantielle, et craignent l'humidité, comme toutes les plantes bulbeuses. Leur ognon demande à être enterré peu pro- fondément , parce qu'il s'enfonce beaucoup , et alors il ne fleurit pas ; la profondeur de trois pouces est suffisante ; ou fera bien de l'incliner sur le côté, afin qu'il ne s'enfonce pas. L'époque à laquelle on doit le planter est indiquée dans tous tes pays par l'ognon lui-même ; c'est lorsqu'il commence à pousser. 11 est inutile de l'arroser après la plantation, pour peu que la terre soit humide. Mais quand les narcisses s'ap- prêtent à fleurir, on doit leur donner de l'eau assez souvent, et un peu moins lorsqu ils sont en fleurs. On peut ou lever les ognons des narcisses après le dessé-» chement des tiges , ou les laisser en terre , suivant les espèces et les variétés, et aussi selon le climat. Les narcisses végètent et fleurissent lorsqu'on les place il l'ouvertured'une carafe remplie d'eau. Si, dès que la (leur est passée , on met aussitôt les ognons en terre, ils se conser- veront , ne Heuriront point l'année d'après, mais s'y mulli- plieroul par leurs caïeux. N A R an Bans la courte description que je vais donner des espèces les plus intéressantes de narcisses , je ferai mention du trai- tement particulier que chacune d'elles exige. Narcisse des poètes, Narcissus poetîcus ^ Linn. Cette es- pèce a été, dit-on , la plus connue dans l'antiquité ; les poètes en ont fait mention , et c'est sans doute à elle qu'il faut rap- porter la fable du beau Narcisse, qui , épris de ses charmes, et s'étaut laissé consumer de langueur , fut , après sa mort, changé parles dieux en une tleur qui porte son nom. On la trouve dans nos provinces méridionales, où elle croît dans les prairies. Elle fleurit en mai; sa racine est plus petite et plus ronde que celle à\x faux-narcisse ; ses feuilles sont plus lon- gues, plus étroites et plus plates; elles sont radicales, faites en épée, et de la hauteur à peu près de la tige,qui s'élève à un pied. Ses fleurs , blanches et à couronne pourpre , exhalent une odeur forte , mais agréable ; elles sont simples ou doubles , et solitaires dans leur spathe. Ce narcisse ne craint point la gelée. On en fait ordinaire- ment des bordures. Son ognon a la grosseur de celui d'une tulipe. Une terre commune lui suffit; on doit l'arroser, si le printemps est sec ; sans cette précaution , il fleuriroit diffici- lement. On peut le laisser plusieurs années en terre. Quand on veut le relever, on profite d'un temps sec en juillet , et on le met sécher à l'ombre. On le replante au mois d'octobre. Narcisse des bois ou faux narcisse, Narcissus-pseudo- narcissus, Linn. , vulgairement aïauli, porion. il croît en An- gleterre , en France , en Italie, etc. , dans les bois; il a une grosse racine bulbeuse d'où sortent cinq à six feuilles plates, faites en lames d'épée , et une tige portant à son sommet une fleur solitaire, couleur de soufre et à couronne jaune, la- quelle est fort grande , faite en cloche, crépue , frangée , et aussi longue qne les divisions de la corolle. Ce narcisse n'a point d'odeur. Son ognon fleurit au mois d'avril, peu de temps après le Safran printanier. Réduit en poudre , on l'emploie dans quelques lieux comme émétique. On le cultive comme le précédent. Parmi les variétés qu'il produit, on en dislingue principalement quatre : l'une à pé- tales blancs , avec un godet d'un jaune pâle ; l'autre à pétales jaunes , avec un godet doré ; la troisième double et jaune ; la quatrième à fleurs doubles , avec trois ou quatre godets l'un dans l'autre. 11 donne aussi une variété à fleurs beaucoup plus fortes. M. Caventon , à la suite d'une très-» belle analyse de la fleur de cette plante , imprimée dans le Journal de pharmacie, année 1816, a établi qu'on pouvoit, au moyen de procédés ordinaires , fixer sa couleur , avec 212 N A 11 économie , sur les tissjjs j et en fabriquer une laque propre à servir à la peinture. Narcisse d'Orient , Narcissus onentalis , Linn. Il se rap- proche beaucoup du suivant , dont il est pourtant aisé de Je distinguer , puisque sa spathe ne renferme tout au plus que deux fleurs , tandis que dans le narcisse tazette la spathe en contient jusqu'à douze. Cette espèce, à cause de son odeur très-agréable , a été recherchée par les fleuristes , qui en ont un grand nombre de variétés ^ au milieu desquelles son caractère propre n'est pas aisé à reconnoîlre. Dans son état naturel, ses feuilles sont larges, et sa corolle est d'un blanc peige avec une couronne intérieure trois fois plus courte qu'elle , échancrée , de couleur jaune et divisée en trois. Cette plante vient naturellement dans les campagnes de l'O- rient. Narcisse tazette ou a bouquets , Narcissm tazetia , LInn. Il est aussi appelé narcisse d hiver ^ parce qu ilfleuril dans cette saison et au premier printemps. Poiret dit en avoir rencon- tré sur les côtes de Barbarie, des plaines couvertes dès la fin de février. On le trouve également en Espagne, en Portu- gal, en Chypre , aux environs de Constantinople et dans nos provinces méridionales. Dans le temps des frimas, il orne et parfume nos appartemens. C'est enfin celui de tous qu'on cultive le plus dans les jardins de l'Europe , et qui donne un plus grand nombre de variétés. Son caractère spécifique est d'avoir des feuilles planes, un peu moins longues que la tige , et larges de trois lignes ou environ; une tige à deux angles , lisse, épaisse , s'élevant rarement au-delà d'un pied, une spathe enveloppant plu- sieurs fleurs (de six à douze ), dont les pédoncules inégaux el presque triangulaires, partent d'un même point; une corolle à tul)e ouvert, dont le limbe extérieur est blanc ou jaune et à six découpures , et 1 intérieur fait en cloche, tronqué , trois • fois plus court , et de diverses couleurs , tantôt blanc , tantôt jaune , tantôt soufre ou orangé. Les variétés les plus distinguées de cette espèce, sont:i." le narcisse de Constantinople ; 2." le narcisse de Chypre; 3." le grand soleil d'or; 4.° le i^l blanc. Ces quatre variétés ne se cultivent point en pleine terre , parce qu'elles sont sensibles à la gelée , et qu'elles fleurissent dans la plus rigoureuse saison. Il faudroit les tenir continuel- lement couvertes; elles se gâteroient, et l'on ne jouiroil pas de leurs fleurs. On les élève donc dans des carafes pleines d'eau ou dans des pots. Si Ton se sert de ce dernier moyen , on peut mettre trois ognons dans un pot de neuf pouces de diamètre, qu'on aura rempli de bonne terre ordinaire sans N A it 2i3 mélange de fumier. Il suffit que chaque ognon soit couvert de deux bons doigts de terre ; on les arrose , et on les laisse à l'air jusqu'à ce qu'il gèle. Alors on les retire dans une chambre exposée au midi, et on leur donne de l'air pendant une par- tie de la journée , si la gelée n'est pas encore assez forte pour entrer dans les maisons. L'air qu'on procure à la plante l'empêche de trop s'allonger, les tiges, à fleurs se fortifient et donnent un bouquet plus agréable. Il n'est pas nécessaire qu'il y ait du feu dans la chambre où l'on mettra les pots , pourvu que la gelée n'y pénètre pas. Dans un lieu échauffé par un poêle ou de toute autre manière, les fleurs paroîtront plus tôt. On peut jouir pendant trois mois de la Heur du narcisse de Constant inople, en plantant une partie des ognons en octobre, une autre en novembre, et une autre en cTécembre. Si on les plante plus tard , ils. sont fatigués , et les fleurs qu'ils veulent donner avortent entièrement. Le narcisse de Chypre^ le soleil dor et le tout-blanc étant plus lents à fleurir , on doit les plan- ter en novembre au plus tard. Le Narcisse douteux croît dans le midi de la France. Il ressemble au précédent avec lequel il a été long-temps con- fondu ; mais il est plus grand dans toutes ses parties et moins odorant. On le cultive fréquemment en pleine terre, dans les jardins de Paris. Narcisse jonquille, Narcissus jonquilla , Linn, Tout le monde connoît et aime Ïa jonquille. Cette fleur plaît surtout aux dames, à cause de son parfum. On^a donné son nom à une couleur brillante et tranchée , et ce nom lui vient de la forme de ses feuilles, qui approchent de celles du jonc. Ceite plante croît naturellement en Espagne et dans l'Orient; on la trouve aussi dans le Bas-Languedoc. Son ognon est étroit, allongé et recouvert d'une pellicule brune. De son centre s'élève une lige tendre et sillonnée , au sommet de laquelle sont les fleurs réunies, depuis deux jusqu'à sept ou huit, dans une gaîne membraneuse, et soutenues par des pédoncules inégaux qui naissent d'un même point. Ces fleurs , plus ou moins grandes, deviennent doubles par la culture ; mais elles conservent tou- jours leur couleur jaune particulière à cette espèce. Il n'y a que deux v atiéiés àcjoni/uille , Tune simple et l'au- tre double ; toutes deux se cultivent de la même manière. Leur ognon se plante en septembre , et se relève au mois de juin ou juillet. Pendant qu'il est hors de terre , il doit être tenu dans un lieu sec et aéré ; c'est le moment d'en séparer les caïeux. Lorsqu'on veut avoir de nouvelles variétés de narcisses^ il faut semer les graines de semj-doubles dans des caisses de terre de bruyère mêlée arec du terreau de couche, et les ar- ai4 N A R roser convenablement. Les caisses se rentrent dans l'oran- gerie aux approches des gelées. Au printemps de la troisième année, on relève les ognons et on les repique à trois pouces de distance dans d'autres caisses qu'on dispose de même. Ce n'est ordinairement qu'à la cinquième année que ces ognon* commencent à fleurir, (d.) NARCISSE D'AUTOMNE. C'est l'AMARYLLisjAUTiE et le Colchique d'automne, (b.) NARCISSE INDIEN. V. Hémamhe. (ln.) NARCISSE ou LIS DE MER. C'est ordinairement le Pancrais d'Illyrie , et quelquefois la Scille maritime. (B.) NARCISSITIS. Pline cite celte pierre au nombre de celles qui ont reçu leur nom par suite de leur ressemblance avec des parties des animaux ou des végétaux. 11 se borne à dire que le narcissitis a des veines comme le lierre. Dans quelques éditions de l'ouvrage du naturaliste romain , on lit que le Naucessitis avoit l'odeur du narcisse. Cette pierre nousesl entièrement inconnue, (ln.) NARCISSOÏDES , Narcissi, Jussieu. Famille de plantes qui présente pour caractères : une corolle (calice, Juss.) ordi- nairement lubuleuse à sa base , et partagée à son limbe en cinq découpures presque toujours égales, quelquefois dou- blée intérieurement d'un second tube entier, que Linnœus a appelé nerfaîre , et qu'on ne doit pas prendre pour une co- rolle, puisqu'il est persistant; sixétamines, le plus souvent attachées au tube, rarement à la corolle, ou portées sur une glande qui accompagne l'ovaire , à filamens distincts , quelquefois réunis à leur base, à anthères vacillantes; un ovaire simple, adhérent, à style unique, h stigmate simple ou trifide; un fruit ordinairement capsulaire , triloculaire , trivalvc, polysperme, à semences attachées à l'angle interne des loges; quelquefois une baie triloculaire, éralve , à une ou plusieurs semences contenues dans chaque loge ; pérlspernie presque toujours charnu ; embryon droit. Les plantes de cette famille ont des racines fibreuses ou bulbeuses, des tiges souvent herbacées, quelquefois frutes- centes, caudiciformes, toujours munies à leur base de feuilles alternes, engainantes, ordinairement succulentes, rarement fermes et coriaces. Ces feuilles préfcntent dans plusieurs genres, lorsqu'on les casse , une prodigieuse quantité de fila- mens en spirale, qui sont autant de trachées. Les fleurs, toujours hermaphrodites et spathacées, affectent différentes dispositions. Tantôt elles sont solitaires et terminales , tantôt elles forment un épi » une panicule , un corymbe ; tantôt , munies h leur base cl^une spathe commune , simple ou divi- sée, elles représentent une ombelle. Ventenat, de qui on a emprunté ces expressions, rap- porte à cette famille , qui est la septième de la troisième classe de son Tableau du règne végétal, et dont les caractères sont figurés pi. i3, n.» 4^ du même ouvrage, dix-sept genres sou» trois divisions; savoir: Les narcissoïdes qui ont les racines fibreuses, Ananas , PiTCAiRXE , FuacRÉE et Agave. Les narclssoïdes qui ont la racine bulbeuse , NivÉOLE , GaLANTHE , H^MANTHE , EUSTEPHIE , AmaRYLLIS , Cai- NOLE , Narcisse, Pancrais, Bulbocode, Hémérocallr, TULBAGE et GeTHYLIS. Les narcissoïdes qui n'ont pas complètement les caractère» de la famille , Hypoxis, Pontedère , Tubéreuse, Tacca. et Alstroémère. V. ces différens mots. Jussieu a séparé depuis la première division de cette fa- mille , pour en faire une nouvelle sous le nom de Bromé- LOÏDES. r. ce mot. (b.) NARCISSOLILIUM ou NARCISSOLÏRION. Nom que quelques auteurs ont donné à la Tulipe des bois (^tulipa syheslrîs , Linn. ). (ln.) NARCISSUS des Laiins, Narcissos àes Grecs. Ces noms dérivent du grec narce etnatcosin, qui signifient 5n l'appe- loil aussi pyritis, parce qu'on en metloil surlesbrasiers pour parfumer et donner bonne odeur. Ce nard est inconnu. 4.° Le nardus rustica, que Pline dit être le même que l'asa- rum des Grecs. On donnoit aussi le même nom au baccharis. 5.0 Le nardus crelica ou syhestris , qu'on rapporte à la valé- riane grecque (Fa/. ;o/ïm). Voilà quelles étoient les diverses espèces de nardus des anciens, et , par leur nombre, on doit voir qu'ils étoient en très grande faveur. Chez les modernes , ce nombre a di- minué. Le nardus indica est pour nous la racine d'une plante N A R 219 encore à peu près indéterminée. Le nard celtique est une ralériane , ainsi que plusieurs autres racines employées dans les mêmes circonstances. Les botanistes, avant Linnseus, ont divisé les plantes nom- mées nardus , en I." Nardus proprement dit, qui comprend sans doute la ra- cine qui nous vient de Tlnde , ou notre nard indien et le festitca spadicea , Linn. 2.° Nardus monlana et celtica et c.retlca^ où se rangent plu- sieurs espèces de valérianes et \ arnica moniana. 3." Nardus italica^ qui est la lavande commune et ses variétés. Linnseus a depuis transporté ce nom à un genre de grami- nées, qui ne renferme aucune des plantes nommées jusque-là norrfwi: l'application toute différente de ce nom vient de ce que l'on a cru que le nardus indica , Linn., étoit la plante qui pro- duisoit le nard indien ; ce qui est bien loin d'être prouvé. Cette application sera encore plus inexacte , si , avec M. Pa- lisot de Beauvois , on place le nardus indica dans le genre mi- crorhïoa de R. Brown. Quelques autres espèces de nardus ^ Linn. , sont mainte- nant des espèces de rottloella. Le Nard américain , Nardus americana^ Pluk. Alm. , tab. lOT , fig. 2 , est la Cacalie a feulles d'arroche , Cacalia alripIicifoUa , Linn. (ln.) NARDUSKRUYD des Belges. C'est la nigdh. (l>'.) NARE(tAN. Plante qu'on ne connoît que par la figure qu'en a donnée Rhéede dans son Horfus Malaharicvs , vol. 10, tab. 22 , et par l'imparfaite description qui y est jointe : ses feuilles sont alternes, ternées , portées sur des pélioles ailés et en forme de cœur. Les folioles sont sessiles, ovales, en- tières, épaisses et glabres. Les Heurs paroissent avoir cinq pétales de couleur blanche , et un ovaire pédicule ; ses fruits sont petits , ont trois côtés , trois loges et trois valves , et contiennent trois semences oblongues un peu courbées. Les racines de cette plante sont amères , acres et aroma- tiques , ainsi que ses feuilles. On en fait une infusion , qui est bonne dans la fièvre des épileptiques , et on en tire un suc qui, mêlé avec l'huile de noix d'Inde , guérit la teigne, (b.) NAREGIL et NAR(iEL. Le premier de ces noms est c«- lui que les Arabes donnent au Cocotier , et le second dé- signe le même Palmier chez les Persans, (lw.) NAREL. Nom donné à la Volute fève, (b.) NARF, NARFGRAES, NARVE etNATE.Noms sué- dois de la MORGELINE , Alsine média ^ L. (ln.) NARGEL. V. Naregil. (ln.) NARGIS. Nom arabe du Tazetta ou Jonquille blan- iS20 N A R CHE, espèce de Narcisse (Narn'ssus tazetta, L.). Elle croît spontanément dans les jardins à Damiette en Egypte, (ln.) • ■ NARHUN. V. Nakassun. (ln.) . NARHWAL. V. Narwhal. (s.) NARI. Au Madaré , c'est le CaACAL. V. l'histoire de cet animal à l'article CiiiEN. (desm.) NAPil , Nari. Espèce de Raie du Brésil , peu connue, (b.) NAUINAM-POULLI. Nom que les habitans de la côte Malabare donnent àîine herbe annuelle, haute de deux pieds, et figurée pi. 4-4- du sixième volume de l'ouvrage de Rhéede. Cette plante est la Ketmie de Surate {Hibiscus suraiensis ^ 'Linn.), qui croît dans toute 1 Inde, et dont les feuilles d'une saveur aigrelette et agréable, servent d'assaisonnement dans différens mets, (ln.) NARINES , Nares {Ornithologie). La position des narines est à la base , dans le milieu , sur la cime , sur les côtés et rersleboutdubec. Elles sont ovales, orbiculées, oblongues, arrondies , linéaires , triangulaires , tubuleuses , glabres, pla- nes, ouvertes, perforées, coniques, saillantes, cylindriques, obliques , oblitérées, lunulées , elliptiques, voûtées , conca- ves, bordées , jumelles , épatées , totalement ou à demi cou- vertes par une membrane , tuberculées dans le milieu. Parmi ces diverses formes , il en est qu'on ne peut bien saisir que chez l'oiseau vivant ou immédiatement après sa mort ; car au- trement, les narines se déforment tellement par la dessicca- tion , ou sont tellement endommagées par les épingles que les empailleurs passent à travers pour tenir le bec fermé , qu'il en résulte souvent des méprises dont je ne suis pas plus à l'a- bri que les méthodistes qui s'en servent comme caractères gé- nériques, (v.) NARINES. F. Nez et Odorat, (virey.) NA RING. Un des noms arabes de rORATSiGER(Ci/'ru5 au- rantium , Linn); naring helou est celui de I'Orange DOUCE; iiaring meleh ^ celui de TOrange a MÈRE , QinaTyngyuusefef- fendy , celui d'une petite Orange amère. (ln.) NARINGl des Rrames. V. Tsleru-katu-naregabi. (ln.) NARINSGH. Nom persan et russe de I'Oranger, appelé narants par les Hongrois , et narendj par les Arabes , et naranjo ou naranjapav les Espagnols. Tous ces noms dérivent du nom latin auranlium donné à l'orange à cause de sa couleur, lors de l'introduction en Europe de ce bel arbre originaire de 1 Inde, (ln.) NARI S LEGRQES et MARIS LEGROES.Noms qu'on donne, en Norwége , à la LiNNÉE boréale, (ln.) N AHK/V. Nom il'un poisson rouge de la côte deKamls- chalka. (Jn ignore à quel genre il appartient, (b.) N A R 221 NARNETH. Nom arabe du Mercure sulfuré rouge ou Réalgar , selon Sérapion. (ln.) NARON. Spalhe bivalve; corolle à six pétales ; trois éta-« mines conniventes à la base; un style trigone, à trois stigma- tes pétaloïiles, échancré parle haut; capsule ovale-oblongue, trigone, à loges poiyspermes; graines comprimées, trigones. Ce genre de plantes, établi par Médicus et adopté par Moënch a pour type la Morée iribiforme {Murœa irididides^ Linn,), que Thunberg rapporte au genre Iris. C'est son iris orienlalis. V. Moree. (ln.) NARPHTE de Théophraste. V. Nâscaputhon. (ln.) NARRA. Nom que porte aux Philippines I'Esène rougb VEINÉE. (B.) NARRE NHEIIj. L'un des noms allemands du Mouron a fleurs rouges (<2/ifl^«///5 ar(JtY«/5, L. ). (ln.) NARRIETJES. Nom japonais d'une variété de I'Oran- GER. (ln.) NA'\T'HECE, Narthecium. Ce nom a été donné, dans les temps modernes, à Vorniihogallum ossifragum^VÀun., établi en genre. Adanson , en l'adoptant, lui doïjne le nom d'a^ama , qui i'a été depuis par Decandolle ; mais M. Persoon con- serve le premier nom donné. MM. de Jussieu, Lamarck» appellent narthecium un autre genre, fondé sur V anthericum caliriilaium , Linn. Mais ce genre existoitdéjà sous le nom de toffieldia^ imposé par Hudson, et adopté par Smilh et Per- soon. C'est aussi le même que Vheridera de Schranck , et y iridro-gahia de Ruiz et Pavon , selon Persoon. La plante qui lui sert de lype est rapportée auscfieuchzeria par Scopoli, au helonias par Willdenow , et au phalangium par Tour- ne for t. Ces deux ç^cnves nar/kedum, faits aux dépens des anihericumy sont très -distincts , quoiqu'on les ait confondus. F. An~ THÉRic et Toffieldie. (ln.) NARTHEX, NARTHECA et NARTHECION. Ces noms , qui signifient bâton en grec , sont donnés par Théo- phraste et par JDioscoride à des plantes que Pline nomme Jerula^ et dont les tiges s'élevoieut droites et servoient de cannes. Le nariliex- , selon Théophraste , n'a qu'une seule tige gé- niculée , garnie de très-petits rameaux et de f.-îuilles grandes , molles , et tellement découpées, qu'elles semblent des che- veux, surtout les feuilles radicales. Cette lige se divise à l'ex- trémité en un certain nombre de divisions qui portent les fleurs. Les fleurs ont la couleur jaunâtre du coing , et les graines ressemblent à celles du fenouil. Suivant Dioscoride, le narihex a trois coudées de hauteur ; les feuilles plus âpres «a N A R et plus étendues que celles du fenouil. La plante distille une liqueur nommée sagapenon. La moelle fraîche de la tige est utile dans les crachemens de sang, et pour arrêter les hémor- ragies nasales. La décoction de ses graines calme les douleurs d'entrailles , et mêlée 'avec de Thuile , elle provoque la sueur lorsqu'on s'en frotte le corps. Pline traite du /«ru/a parmi les plantes étrangères à l'Italie. Le fentla croissoit dans les pays chauds et d'outre -mer (l'Orient). Ses liges étoient coupées par des nœuds d'où par- toient de grandes feuilles, Pline en distingue de deux sortes. Dans l'une , les tiges sont fort grandes ; c'est le narUtex des Grecs : l'autre a les tiges basses; c'est le narthechia {ferulago'). Il n'y a pas de plante plus légère que \e ferula ; aussi, dit Pline, les vieilles gens en font des bâtons pour s'appuyer à leur aise. Les vertus de celte plante sont les mêmes que celles dé Vanethum. Ses grai- nes, semblables à celles de la même plante, étoient appelées, par quelques personnes, thapsia; et ici Pline assure que le ihapsia est une plante différente, bien qu'elle ait le port du ferula. La description qu'il donne du thapsia et de la manière dont on s'y prenoit pour arracher ses racines ( V. Thapsia), con-, vient parfaitement à ce qui se pratique encore en Perse pour retirer Vassafœtida^ suc gommo-résineux produit par le ferula assa fœiida , Linn. De ce qui précède , on ne saurolt douter que les narthex des Grecs ne soient nos Férules , de même que le ferula et le thapsia de Pline ; et il est probable que ce sont les jerula orientulis ^ commuais , ferulago ^ tingilana y glauca , etc., tous confondus par les anciens, puisque leurs propriétés et leurs usages actuels sont en grande partie ceux attribués par les Grecs et les Latins à leurs plantes narthex et ferula. Cette confusion est d'autant plus probable , que Pline parle du ferula dans plusieurs endroits de son Histoire naturelle , et qu'il semble avoir confondu plusieurs plantes différentes. Ainsi , liv. XXIV, c. i , qui traite des vertus des arbres sau- vages , il dit dafemla que les ânes en mangent avec délice, et s'en trouvent bien (ce qui avoit fait consacrer le ferula k Bacchus), tandis que c'étoit un poison pour toutes les autres bêtes chevalines. C'étoit donc une plante commune. Au livre XX, chapitre 22, Pline dit que le y^ro/a a les graines de Vanethum ; qu'on donnoit le nom de ferula femelle à un ferula dont la tige se divisoit au sommet ; que les tiges du ferula se mangeoieut, et leur meilleure sauce se faisoit avec du miel et du motlt de raisin. Cet aliment étoit stomachique; mais lors- N A R aa3 qu'on en mangeoit irop, il occasionoit des maux de tête. La racine et les jeunes branches fraîches étoient employées à petites doses comme laxalives, et pour réprimer les sueurs immodérées; ce qui ne s'accorde pas avec ce que Pline dit ailleurs du ferula , et que nous avons rapporté plus haut. Nous sommes donc fondés à croire que plusieurs espèce^de plantes sont, chez les l^atins, confondues sous le nom de ferula. Nous devons rappeler ici que les myihologues rapportent que ce fut dans de la moelle de la lige du nurthex ou ferula, que Promélhée transporta le feu qu'il avoit dérobé au soleil. Rappelons aussi qu'encore en Sicile on se sert de la moelle eu ferula cummunis ^ qui brûle très-lentement, pour conserver le feu et pour faire des mèches à canon, (ln.) jSARTHICOÏDES. Thalius donne ce nom au Seseli ANNUEL ( seseli annuum , Linn. ) , dont il dislingue une grande et une petite variété. (i-N.) NAI\U-C1LA. C'est sur la côte du Malabar une plante li- liacée que Linnaeus avoit prlsepour une espèce dePoNTEDÈRE {^pontederia wata , L. ) ; mais Loureiro , qui l'a obsei-vée en Cochinchine et en Chine , a fait voir qu'elle devoil constituer un genre nouveau , qu'il nomme phyllodes. Willdenow , eu l'adoptant, change ce nom en celui de Phrynium. V. Pery- NION. Adanson , qui pensoit comme Linnseus , a donné le nom de naru-kila au genre pontederia même, (ln.) NARU FATSI-KAMl. Selon Thunberg , c'est un des noms qui désignent au Japon le Fagarier du Japon {Jagara piperita)y qu'on nomme aussi poimer du Japon, (ln.) NARU-NINDI. Le Coulequin a feuilles étroites porte ce nom dans l'Inde, (s.) NARUM. Ce nom est celui qu' Adanson donne au genre uvaria de Linnaeus. 11 y rapportoit , comme Linnœus , le Narum panel des Malabares (Rhéed. Mal. 2 , tab. 9), qu'on avoit confondu avec Vui>arïa zeylanica , Linn.), mais qui, selon Decandolle, est une espèce différente, et du genre unona (^unona narum^ Dec). Le narum panel est un arbrisseau sarmenteux, qui s'entor- tille autour des arbres. Ses feuilles sont lancéolées , pointues , et ses pédoncules latéraux solitaires et uniflores ; les pétales sont ovales, arrondis, et les capsules slipitées. L'on relire de sa racine, par distillation , une huile odorante verdâire , dont les Malabares font usage dans certaines maladies , ainsi c[ue de la racine, (ln.) 224 N A R NAPiVAL. V. Naravital. (desm.) NARVOLE. Arbre figuré sans fleurs ni fruits dans Rliéede el dans Ruaiphîus. 11 a les feuilles opposées , grandes , ovales, toujours vertes et odorantes. On fait cuire ces, feuilles avec la viande, non-seulement comme aromate, mais même comme plante potagère , pourvu qu'on les ait fait bouillir un mo- ment pour leur faire perdre l'amertume dont elles sont pourvues. Poiret pense que cet arbre se rapproche des Myrtes, (b), NARWHAL , Nanvlialas , Lacép. , Duméril , Tiedm. , ■Cuv. ; Ceratodon, Briss., lUig. ; Monodon ^ Linn. , Schreb. ; Diodan , Storr. Genre de mammifères de Tordre des cétacés et de la fa- mille des cétacés proprement dits , ainsi caractérisé : teto proportionnée au corps ; formes générales des marsouins ; une ou deux défenses implantées dans l'os incisif, droites, longues et pointues, dirigées dans le sens de l'axe du corps; point de dents proprement dites ; orifices des évenls réunis et situés au plus haut de la partie postérieure de la tête ; point de nageoire dorsale. On ne connoît encore bien qu'une seule espèce de ce genrp, laquelle habite les mers du Nord. M, de Lacépède, jdans son Histoire naturelle des Cétacés , en signale deux autres , qui nous paroissoient devoir être observées dé nouveau , avant d'être regardées comme bien certaines. Les TiorwJials sont des cétacés Irès-voraces , dont la nata- tion est très-rapide, et qui, sous ces deux rapports, se rap- prochent particulièrement de ceux qui appartiennent au genre des Dauphins. V. ce mot. Première Espèce. — Narwh AL VULGAIRE, Nara'hulus vu/ganSy Lacépède , Hisf. nat. des Cétacés , p. i4-3 , pi. 4- ^ lîg- 3 ; Mo- tiodon monoceros , Linn. ; vulgairement licorne de rner ou uni- eorne. Selon M. de Lacépède , les cafîictères distincifs propres à celle espèce consistent dans la forme ovoïde du corps, dans U longueur de la tête, égale au quart, ou à peu près, de la longueur totale de l'animal, et dans les défenses sillonnées en spirale. (DESM.) Les Allemands nomment ce cétacé einhorn^ les (iroënlan- dais towack ou kernekfok , etc. Le nom de monodoti signifie vnidenté, animal à une seule dent, et celui de munocervs, uni- corne ; mais ces expressions ne sont pas exactes pour l'animal dont il s'agit, puisqu'il a naturellement deux longues dents à la Kiâchoire supérieure, et qu'il n'a point de corne. CepcH- N A R 225 dant on ne trouve guère que des nanvhals à une seule dent , ce qui a donné lieu à toutes ces dénominalions. Le nanvhal est un cétacé dont le corps est de figure ovale, arrondie, dont la peau est nue et marbrée. Sa queue est pla- cée horizontalement , comme dans toutes les autres espèces de cette famille d'animaux. Sa tête est ronde , assez petite, et paroît confondue avec le corps, tandis que celle des haleines et des cachalots (orme une masse très-considérable. Le nar- whal n'a qu'une ouverture ou évent sur la tête pour respirer l'air ; une sorte de plaque frangée ou découpée en lamelles comme un peigne , ferme cet évent à la volonté de l'animal. Les yeux sont petits , placés fort bas aux angles de la gueule ; celle-ci est assez étroite; les mâchoires n'ont aucune autre dent que les deux longues incisives qui sortent de la mâ- choire supérieure. Ces deux dents sont coniques , très-dures, blanches , très-droites, et sillonnées de lignes spirales. Leur grandeur varie , et s'élève jusqu'à douze pieds ; leur grosseur est de trois à quatre pouces de diamètre à leur base ; elles finissent en pointe. Il faut remarquer que ces deux dents ne se trouvent guère que dans les jeunes individus, car dans ceux qui sont plus âgés on n'observe presoue jamais que Tune d'elles, l'autre étant ou cassée ou tombée ]pn* quelque accident. Les trous des oreilles , placés derrière les yeux , sont fort petits; les lèvres sont minces; le museau est arrondi, et la longue défense de cet animal passe au travers de la lèvre de dessus. Les riSgeoires des côtés sont les seules qu'ait cet ani- mal avec celle de la queue ; il n'en porte point sur le dos, comme plusieurs autres espèces de cétacés; mais on remarque seulement une saillie ou crête qui semble en tenir la place. A mesure qu'on s'approche de la queue , la grosseur du corps est moindre. Les nageoires des Hancs sont longues de plus d'un pied et de forme ovale. La queue est échancrée en demi- lune ; la peau du corps est épaisse d'un pouce environ. Au- dessus on trouve un tissu cellulaire dont les mailles sont remplies d'une huile abondante, surtout sur le dos. La peau du ventre, qui est fort blanche et luisante, est molle et douce comme le velours. Cet animal est communément long de vingt à vingt-deux pieds ; mais on prétend en avoir vu de la taille de quarante à soixante pieds. Des auteurs assurent aussi que quelques nanvhals ont des dents lisses et non sillonnées en spirale (F. latroisième espèce de ce genre.); selon d'autres té- moignages, on trouve dans certains individus des bosses sur le dos. Comme les autres cétacés, le narwhal esi vivipare ; sa fe- melle porte deux mamelles vers sa vulve , qui es^ placée au- près de l'anus. La verge du mâle est renfermée dans unegaîne. XXII. i5 ,,6 N A R 11 paroît que ces animaux ne produisent qu'un petit à la fois ; n n'a pas encore de dents visibles lorsqu'on le tire du sein de sa mère ; sa peau est grisâtre ; mais dans les vieux individus , elle devient noirâtre et marbrée en dessus du corps, et reste blanche en dessous. On ne tire pas beaucoup d'huile de ce cétacé, mais elle est plus claire et d'une meilleure qualité que celle de la baleins franche. Un de ces animaux , long de quarante pieds , et dont la dent avoit sept pieds , ne donna qu'un tonneau et demi de graisse. Wormius a reçu , d'un évêque d'Islande , la description d'un céracé de celle espèce, qui avoit soixante pieds de longueur; sa dent en avoit qua- torze. Un capitaine de Hambouig en prit un en 1684., qui avoit ses deux dents ; c'étoit une feuielle. Ses dénis enlroient de plus d'un pied dans sa tête , donl les os avoienl deux pieds de longueur sur dix- huit pouces de largeur. Zorgdrager {Pêche de Groënl.., p. 9) cite un autre exemple semblable. Ces cétacés sont d'excellens nageurs, et se servent de leur queue comme dune forle rame , pour les faire glisser sur Teau avec une étonnante rapidité. Ils nagent toujours en troupes , et lorsqu'on les atlaque ils se serrent comme un bataillon carré , en plaç«É leurs dents sur le dos les uns des autres. « Ils s'empêchent ce cette manière, dit Anderson, de « plonger et de s'évader, ce qui fait qu'on en prend ordinal- « rement quelques-uns des derniers. » {Hist. du Groe'nl. , p. lie.) Ces animaux vivent de poissons du genre des soles , et surtout de coquillages univalves , rapportés , mais à tort, au genre àcs phinor les ^ qui sont très-nombreux dans les mers du Nord. La demeure des narcvhals est vers le 80.^ degré de latitude boréale , et principalement sur les côtes d'Islande , vers le détroit de Davis et les rivages de l'Amérique septen- trionale et du Groenland, Les nanvhals sont les avant-cou- reurs des baleines., si l'on en croit les pêcheurs groënlandais ; et aussitôt qu'ils les aperçoivent, ils préparent tous leurs ins- trumens pour harponner et tuer la baleine; mais il paroît plus vraisemblable que ces deux espèces d'animaux vivant des mêmes nourritures, suivent les mêmes bancs et se rencontrent dans les mêmes parages. Comme le nanvhal n'a point de dents mâchelières , il est très-probable qu'il ne se nourrit guère que de mollusques et de coquillages tendres et friables dont nou* avons parlé. Cherchez les mots Baleine et Cétacés, On prétend que les rois de Danemarck possèdent un trône fait de dents de narwhal^ qui, comme on sait, ressemblent h de très-bel ivoire , qui est plus dur et ne jaunit pas. Cet ouvrage doit être remarquable. On montroll jadis, dans le fresor de l'abbaye de Saint-Denis, une dent de ni/;w'//fl/, N A R ,37 qu'on regardoit comme la corne de Tanlmal fabuleux appelé licorne, (virey.) Seconde Espèce. — Narwhal microcéphale, Narvohalus microcephalus , Lacép., Hist. naUir. des Céiacés y page i5g, pi. S,fig. 2. Cette espèce , distinguée par M. le comte de Lacépède , diffère surtout de la précédente par l'allongement assez con- sidérable de son corps et de sa queue , par sa forme presque conique , par sa tête fort petite , puisqu'elle n'égale guère que le dixième ou à peu près de la longueur totale. Du reste, elle a, comme le narwhal vulgaire ., les défenses sillonnées en spirale. Sa longueur moyenne n'est que de vingt-un à vingl- . quatre pieds. Ses défenses ont une longueur quelquefois égale à celle du tiers de l'animal. Sa peau est d'un blanc varié par des taches , petites, moyennes, bleuâtres, plus nombreuses et plus foncées sur la tête, au bout du mu- seau, sur la partie la plus élerée du dos, sur les nageoires et sur la nageoire de la queue. Le museau est très arrondi ; la tête, vue par-devant, ressemble à une boule; l'ouverture de la bouche est assez petite ; l'œil est très -petit et un peu éloigné de l'angle que forme la réunion des deux mâchoires , et à peu près aussi bas que cet angle. Les nageoires pecto- rales sont à une distance du bout du museau égale à trois fois ou environ la longueur de la tête. La saillie longitudinale, que l'on remarque sur le dos , et qui s'étend jusqu'à la na- geoire de la queue, relève assez vers le milieu de la longueur totale et auprès de la caudale , pour imiter, dans ces deux endroits , un commencement de fausse nageoire. La caudale se divise en deux lobes arrondis , et recourbés vers le corps de manière à représenter une ancre. L'ouverture des évents €St un croissant dont les pointes sont tournées vers la tête. Telle est en entier la description que donne de ce narwJwl le célèbre naturaliste que nous venons de ciler; il l'a com- posée sur un dessin qui lui a été communiqué par M. Banks , et qui a été fait dans la mer de Boston (par 4o" de latitude nord) par M. Brand, M. deCacépède pense qu'on doit rapporter à cette espèce les nanvhals vus dans le détroit de Davis , et desquels Anderson avoit appris , par des capitaines de vaisseaux, qu'ils avoient le corps très-allongé, qu'ils ressembloient , par leurs formes, à l'acipensère-esturgeon , mais qu'ils n'avoieut pas la tète aussi pointue que ce poisson cartilagineux. 2a« NAS Troisième Espèce. — Narwhal AndeSson , Nmwhahs an- âersonianus, Lacép. , Hist. natur. des CéLacés, page i63. M. le comte de Lacépède fonde celte espèce sur la diffe'- rence que présentent ses défenses avec celles des deux précé- dentes. Dans ces dernières , elles sont striées en spirale ; dans celle-ci, elles sont absolument lisses. Du reste , l'animal est inconnu, Anderson n'en a vu que des défenses à Ham- bourg ; mais , avant lui , Willughby ( IchOiyol. liv. II , pag. 4-3 , pi. A, 2 ) avoit figuré des défenses de nanvhals sans spirales ni stries, qu'il dit plus rares que les autres, (desm.) NAlRYSCHNIK. Nom russe de la grande Scrophulaire des bois {Scrophularia nodosa, Linn. ). (ln.) NAS. Nom arménien de la Sarette ( Serratuïa tinctoria , Linn. ). (ln.) NASALTS. Nom latin du genre de singe appelé en fran- çais Nasique par M. Geoffroy. Voyez Guenon nasique. (desm.) NASCAPHTHON ou NARCAPHTHON de Diosco- ride. Selon ce naturaliste , le nascuphthon étoit une écorce semblable à celle du mûrier , et qui venoit de Tlnde. On la brûloit pour la bonne odeur qu'elle exhaloit ; on la faisoit entrer dans la composition des parfums. Césalpin présume que c'est l'écorce extérieure de la noix muscade ; Amatus , que c'est le bois d'aigle ; d'autres étuteurs , que ce peut être l'écorce d un Bàlsamier, ce qui est probable. Le peu que Disocoride rapporte de cette écorce , ne suffit pas pour la faire reconnoître ; mais l'on ne peut douter que cène soit une de celles que l'on emploie encore dans l'Inde aux mêmes usages , tels que le bois d'aloès , d'aigle , etc. L'on a cru cependant que le Storax rouge, petite écorce fragile, encore en usage en Grèce, où on la nomme maurucapno^ est le nascaphthon de Dioscoride , et peut-être le Narphte de Tbéophraste. Cette écorce est, dit-on , celle de l'arbre qui fournit l'oliban , espèce de Balsamier. Foyez ce mot. (ln.) N ASE. Poisson du genre Cyprin, (b.) NASEAUX. Se dit des narines des quadrupèdes. F. Nez et Odorat, (virey.) NASENHORN ou NASHORN. Non allemaoidu Rhi- nocéros, (desm.) NASEUS. Nom latin des poissonsdu genre Nason. (desm.) NASHORN. F. Nasenhorn. (desm.) NASICORNE.NomspécifiqueduneToRTUEDEMER. (b.) NASICORNE. Nom d'un coléoptère du genre ScARABÉ, aussi désigné sous celuide MomnE (Scaraiiœus nasicomis, Fabr.) (desm.) NAS 239 NASICORNES, Nasicornia. Illîger établit sous ce nom une famille de mammifères qui ne renferme que le seul genre Rhinocéros, (desm). NASIQUÈ. Espèce de singe des îles de l'Archipel des Indes , remarquable par la longueur démesurée de son nez. Placée d'abord par les naturalistes parmi les Guenons , elle en a été retirée par M. Geoffroy , pour former un genre particulier sous le nom de Nasique , nasicus , auquel il attri- bue les caractères suivans : Singes de Tftncien Continent , ayant le nez d'une longueur plus qu'humaine ; des callosités aux fesses ; une queue plus longue que le corps. Nous avons cru ne devoir considérer ce genre que comme une subdivision de celui des Guenons. V. ce mot. (desm.) NASIQUE. Nom spécifique d'une Couleuvre, (b.) NASITOR. Nom qu'on donne , dans quelques cantons , au cresson alertais^ ou Passerage CULTIVEE. (B.) NASMYTHIA d'Hudson. Ce genre est le même que Veriocaulon de Linnseus. (ln.) NASON , Naso. Genre de poissons établi par Lacépcde , dans la division des Thoraciques , aux dépens des chœtodons de Linnseus. Il offre pour caractères : une protubérance eit forme de corne ou de grosse loupe sur le nez ; deux plaques ou boucliers de chaque côté de l'extrémité de la queue ; le corps et la queue recouverts d'une peau rude et comme chagrinée. Ce genre renferme deux espèces qui vivent dans la mer des Indes , et qui ne présentent rien d'important à connoître. V. la figure du Nason licorne, pi. M. 4 de ce Dictionnaire, (b.) NASPËRSEGE, Nom du Pêcher à Venise, (ln.) NASSA. Nom latin des coquilles du genre Nasse, (desm.) NASSARIUS. V. Nassier. (desm.) NASSAUVE, Nassauvia. Genre de plantes de la syngé- nésie agrégée , qui a pour caractères :un calice double , l'in- térieur composé de cinq , et l'extérieur , plus petit, de trois folioles. Un réceptacle nu , portant quatre à cinq fleurons hermaphrodites , chacun composé d'un tube partagé en deux lèvres, l'une à deux et l'autre à trois divisions; cinq étamines réunies par leurs anthères ; deux stigmates. Le fruit est une semence couronnée par une aigrette caduque et simple^ La nussume a une odeur très-agréable. Ses feuilles sont alternes, presque imbriquées, et ses fleurs disposées en épi simple et terminal , accompagné d'un grand nombre de bractées. Elle a été trouvée, par Commerson, dans les îles du détroit de Magellan, (b.) NASSE , Nassa. Genre de testacés de la classe des Uni- valves , qui a pour caraclères : une coquille ovale se lecmi- 23o NAS nant inférieureinenf; par une éehancrure oblique un peu ca- naliculée , et dont Ja base de la coliimelle cache en partie l'échancrure , et paroît tronquée obliquement. Ce genre faisoii partie décelai des /;i/ca/jsdeLinnœus, dont ïl a été tiré par Lamarck. 11 est habile par un gastéropode à di.sque ventral élargi , tronqué intérieurement, et se termi- nant au-delà de la tête , qui a deux tentacules portant les yeux dans leur partie moyenne , et un tube au- dessus de la tête formé par le manteau. Il a pour type le Buccin casquillon ( huccinum arcularia, Linn. ), et le BucciN BOMBÉ (^buccinum gibhum^ Linn. ). (b.) NASSI. Arbrisseau à feuilles alternes , ovales , pétiolées , Irès-enlières , légèrement lanugineuses , et à fleurs a.^illaires ou placées le long des branches , et disposées en ombelle sur ttn pédoncule commun. La corolle de cet arbre est blanche , composée de quatre pétales , et son fruit est une petite baie un peu fade , mais bonne à manger, (b.) ]SAS.SIE1\. Animal des Nasses, Il n'a point d'opercule ; ses deux tentacules portent les yeux dans leur milieu \ la base du pied a une saillie lisse. (B.) NASSO. L'un des noms italiens de I'If. (ln.) NASTE , Nastus. Nom donné, par Jussieu, à une plante graminée , fort voisine des Bambous. V. ce mot. Cette plante forme , dans l'hexandrie digynie, un genre qui offre pour caractères: desépillets de sept à huit balles uni- flores , placées des deux cotés opposés , et se recouvrant mu- tuellement ; les extérieures plus petites que les autres ; chaque balle calicinale composée de deux folioles accompagnées d'un filet velu ; chaque balle florale de deux valves, contenant six élamines et deux styles. Le naste&c trouve à l'île Bourbon, où il s'élève en arbre et jeîie de ses nœuds des rameaux en verticilles chargés de fleurs à leur sommet. Il y est appelé bambou. C'est un superbe arbre qui entoure la montagne du volcan d'une ceinture brillante , au rapport de Bory Saint-Vincent. D'autres espèces ont été depuis réunies à celle-ci, et l'une d'elles a servi à établir le genre Stemm atosperme. (b.) NASTOS. Nomdc l'une des cinq espèces de Calamosou Roseaux inodores, mentionnées par iJioscoride. Ce roseau .scrvoit à faire des flèches. On présume que ce peut cire une espèce de rulang , semblable à celui dont on fait des cannes. Peut-être est-ce une variété du bambou. Ce nom de naslos ou nastus est donné à deux autres plantes de ces genres par Lobel, Chabrée, etc. M. de Jussieu a novamé nastus une plante confondue avec Varundo bambusa^ Linn. , dont il a NAS 23i fait un genre distinct adopté par les botanistes , qui le nom- ment aussi Bambos etBAMBUSA. (lw.) NASTURTIE, Nasturlium. Genre déplantes de la tétra- dynamie siliculeuse , et de la famille des crucifères, établi par Tournefort , supprimé par Linnaeus , et renouvelé par Jussieu, 11 a pour caractères : un calice de quatre folioles ouvertes ; une corolle de quatre pétales égaux ; quatre éla- mines, dont deux plus courtes; un ovaire supérieur surmonté d'un style simple ; une silicule presque orbiculaire , compri- mée , entourée d'un rebord échancré au sommet, dont les valvessontfaites enforme de nacelle et monospermes. Ce genre est principalement formé aux dépens Ac5 passe- rages {lefjidium, Linn.), dont il ne ne diffère que par la silicule munie d'un petit rebord , échancré et monosperme. Il ren- ferme les espèces appelées Passeuage d'Alep , Médicatste , Cardamine, cultivée, de Virginie et autres. V. au mot Passerage. (b.) NASTURTIOÏDES. Calice de quatre pièces ouvertes; point de pétales ; deux élamines ; point de glandules à la base de Tovaire ; un style à un stigmate obtus ; silicule mono- sperme , orbiculaire , émarglnée età bord aigu. Le passerage des décombres {lepldium rudera/e) est la plante qui rentre dans ce genre établi par Medicus et adopté par Moench. V. Passerage. C'est sous ce nom que l'on a cultivé autre- fois, au Muséum d'Histoire naturelle, 1^ velia annua , Linn. , dont Adanson fit son genre carrietera. (en.) N ASTURTIOLUM. Medicus et Moench donnent ce nom à un genre de crucifères, appelé depuis SenneLiera ^ar M. Dé- candolle. NASTURTÏOLUM de Gesner. C'est le Passerage des Alpes {lepidlum a/phium, Linn. ) (ln.) NASTURTIUM des Latins, Cardamon des Grecs. Plu- sieurs plantes ont ésé nommées ainsi par les anciens, à cause de l'odeur et de l'acrimonie de leurs graines , qui portent à la tête ou fortifient le cœur, comme le signifie le nom grec , et qui excitent l'éternuement , comme l'exprime le nom latin ( a naribus torquendis'). Théophrasle dit qu'il y a plusieurs es- pèces de cardamon. Pline dit que le naslurtium le plus grand, vient en Arabie. Il en décrit un cultivé et un sauvage ; celui-ci, appelé noir , sans doute à cause de la couleur um) , et il y rap- porloit quelques espèces de cochlearia. Le genre nasturtium , d'Haller, comprend une partie des lepidium, Linn. ; thlaspsi j Linn. , et cochlearia. Linnaeus a abandonné, avec raison , le nom de nasturtium , et la plus grande partie des plantes dé- N A T 233 crites sous ce nom se retrouvent dans ses genres îepidium , Voy. Passt.rage ; et cardamine , Voy. Cresson. (ln.) NASrUKTlUM INniCUM. Dodonée , Lobel et C. iJauliiu ont donné ce nom à la petite capucine (Iropœoliim minus ) , à cause de son acrimonie , et parce qu'elle est ori- ginaire des Indes occidentales; c'est ainsi qu'on désignoit alors l'Amérique méridionnli^. C'est pour la première raison que Boerha;)ve avoil appelé acmnola noire capucine ordinaire ( i. iniijus ). La première espèce fut introduite en Europe en i58o, par Dodonée, et la seconde en 1684, par Bevverning. (LN.) NASUy\. C'est le nom spécifique donné par Linnaeus au Coati ; son ursiis nasiia. 11 a été employé, par Storr, coiimie désignation générique, (desm.) NASU TA. llliger forme une petite famille de mammi- fères ongulés sous ce nom , et qui comprend seulement le genre des Tapirs. V. ce mot. (desm.) NA-TANNK. Nom du Colsa , au Jaj)on (b.) NATANÏIA. llliger donne ce nom à un ordre de mam- mifères , qui comprend les cétacés proprement dits, et de plus les lamantins , les dugongs et les rytina ou stellères ; en un mot tous les mammifères qui manquent d'extrémités pos- térieures, et qui sont éminemment organisés pour la natation. M. Cuvier , dans son Règne animal ^ adopte cet ordre et lui conserve la dénomination de Cétacés, (desm.) NATATORES. C'est, dans le Pror/romzw d'IUiger, la dénomination de son septième ordre des oiseaux , lequel correspond aux amères de Linnaeus , et à notre cinquième ordre. F. Nageurs, (v.) NATEN. hdi "çoAagraiVQ {^œgopodiumpodagraria^ porte ce nom en AUemn^ne. (ln.) NA'r-(iAAL. Nom hollandais du Rossignol, (v.) ' N/VTICARIUS. V. Naticier. (desm.) NATICE, iVi///ca. (xenre de testacés de la classe des Uni- valves, qui offrent pour caractères: une coquille presque glo- buleuse , ombiliquée , à lèvre gauche calleuse vers l'ombilic, à ouverture demi-ronde , et à columelle oblique et non dentée. Linnaeus avoit confondu ce genre avec celui des nérites , quoiqu'Adanson eût bien caractérisé leurs différences. 11 a été rétabli par Lamarck et comprend les coquilles de la di- vision des nérites ombiliquées de Linnaeus. Les natices ont généralement la forme et la contexture des nérites, mais elles sont cependant moins globuleuses, les tours de leur spire allant fréquemment jusqu'à sept. C'est dans la columelle que la différence des deux genres se fait le plus a3^ N A T senlir. Dans les natices , ce n'est qu'une cloison mince qui se développe iongitudlnalement ; dans les ncrites, c'est une co- lonne creuse qui soutient , comme dans la plupart des autres univalves , les spires de la coquille, et qui ensuite s'étend plus ou moins longltudinalemcnt à l'ouverture de la bouche. Cette columelle est extrêmement épaisse et luisante, comme dans les nérites, et le devient d'autant plus qu'elle est plus voF- sine des pas de la spire. Elle varie dans sa forme et dans sa position. L'ombilic varie égalementsous les mêmes rapports, selon les espèces , et 11 est quelquefois en partie , et même en totalité, rempli par une espèce d'apophyse ou d'appendice, qu'on nomme cordon ombilical^ et qui est tantôt lisse et tantôt ridé , tantôt étroit et tantôt large, quelquefois aplati à son extrémité , quelquefois contourné , etc. Les lèvres sont les mêmes que dans les nérites, mais tou- jours calleuses du côté gauche. Les natices ont toutes Touverlure exactement fermée par un opercule teslacé,de forme approchant assez généralement de celle d'une demi-lune , mais qui n'a jamais les entalllures ou les crans qu'on voit quelquefois à ceux des nérites. Cet opercule est ordinairement aplati ; sa surface supérieure est garnie de lames ou feuillets demi-circulaires très-serrés , et sa surface Inférieure offre un sillon qui décrit trois tours de spire fort peiils. Cette dernière est plus finement striée , et. couverte d'un périoste mince. L'animal des natices est aussi voisin de celui des nérites que les coquilles mêmes. Sa tête est petite, cyllnùrique , de moitié plus longue que large, et légèrement échancrée à son extrémité, d'où part un petit sillon qui n'a pas toute sa lon- gueur en dessus. La bouche est un petit sillon situé dans la partie opposée. Les cornes sont deux fols plus longues que la tête , et co- niques; elles portent chacune, à leur racine, un appendice charnu et carré, qui flotte librement sur la tête , et derrière lequel sont placés les yeux. Le manteau consiste en une simple rhembrane fort mince, qui tapisse les parois inférieures de la coquille. Le pied est fort petit , presque rond , aplati en dessous , et assez épais. Les natices sont , comme les nérites, répandues sur toutes les côtes de l'ancien et du nouveau continent. Comme ces dernières, elles s'attachent aux rochers, et restent volontiers à l'air lors des basses-marées. On compte une trentaine d'espèces de natices connues, parmi lesquelles les plus communes ou les plus remarquable* sont : G . 3o. ,'i . .,. A,iii/ih' j/,r>,i/>c . y^ . ù. A'e/'i/i' i/riiiir/- . t) . . ■ iXld-Ilh' Il /oui/ et' . 7 . . . (>/ii',' //i,ri'/>/'i-i' J2 ■ ■ ■ (h-/n//ifi' ■ j3 ■ ■ . 0/ f/ioce/e oMi/z/r J^ . lO- CKrctt/>/lO/l 0/f/\r//n' jù\/-u'i ■ iKfCir/it' ir,i/'E (jjiionis nalrix). Anguiiiara prend pour elle laFRAXiNELLE {^Dictamnus a/bus, Linn. ) (ln.) NATKNJK.Nom de la Tormentille droite, en Bohème. (LN.) . NATROLITE et NATROLI THE. Cette pierre , que Klaproth nomme ainsi , parce qu'il y découvrit une assez {grande quantité de soude, est VhœgauHe de Selb, et une variété de mésulype. F. ce mot à l'article Mésotype natrolithe. (m.) NATROLITE DE SUÈDE. V. Fettstein. (ln.) NATROLITHE DE HESSELKULLA. V. Ekeber- CITE, suppl. (lN.J NATRON ( soude carbonatée nfl//ce). Matière saline qui se forme journellement àlasurface des terrains sablonneux, sur- tout dans les contrées méridionales, telles que l'Egypte , la Perse, le Bengale, la Chine , etc. Il est tantôt sous une forme pulvérulente, et tantôt en masses solides et compactes, comme la pierre. Sa couleur estd'un blanc grisâtre, et communément il est mêlé de parties terreuses et de sel marin. La contrée qui produit le plus de natron, et d'où l'on en tire anuuelleinent une immense quantité , c'est l'Egypte. A vingt lieu,.*s au nord-ouest du Caire, est la vallée des lacs de natron. Ces lacs occupent, dans le milieu de cette vallée , un espace de six lieues en longueur sur une largeur de trois à quatre cents toises : la vallée elle-même a deux lieues de large. Elle esL séparée du Nil par un plateau de dix lieues d'éten- due, dont le sol est en général une pierre calcaire coquillière, qui souvent se montre à découvert. Pendant trois mois de l'année, de nombreuses sources d'eau douce coulent dans la vallée des lacs par sa pente orientale , qui est du côté du Nil. La pente opposée n'en fournit point du tout , et il est probable que celle qui coule de la pente orientale vient du Nil à travers le sol du plateau. Cette eau s'évapore ensuite , et plusieurs de ces lacs demeurent entiè- rement à sec. Ils n'ont , en général, que très-peu de profon- deur : celui qui a été le plus spécialement observé n'avoit qu'environ un pied et demi d'eau vers son milieu. Ces lacs contiennent trois espèces de sels, du carbonate de soude ( ou natron ) , du muriate de soude ( ou sel marin ) , et du sulfate de soude ( ouselde Ghinber); et il est remarquable que quelquefois le même lac contient ces selsséparément. Sa partie orientale fournit du natron , sa partie occidentale n'a que du sel marin. N A T .3; Et lorsque ces deux sels se trouvent dissous dans les mêmes eaux , c'est le sel marin qui cristallise le premier , ensuite le natron ; de sorte qu'au bout de quelques années, il devroit y en avoir plusieurs couches alternatives. J'ai observé précisément les mêmes phénomènes dans les lacs salés de Sibérie; mais comme chaque année les sels étoien t complètement dissous , il ne pouvoit se former plusieurs cou- ches du même sel ; et soit qu'on enlevât ces sels ou qu'on n'v touchât pas, la quantité n'en étoit jamais ni moindre ni plus considérable. Quoique le carbonate de soude soit très-sujet à tomber en cfflorescence , ce qu'on attribue à la perte de son eau de cris- tallisation , néanmoins en Egypte , où l'extrême sécheresse devroit enlever plus qu'ailleurs l'eau de cristallisation de ce sel , on voit, au contraire , qu'il forme des masses tellement solides, qu'on en bâtit les maisons du pays, comme si c'éloit de la pierre. Il existe même un ancien fort dont l'enceinte , flanquée de tours, est construite avec ces singuliers matériaux. ( Journ. de Phys.y prairial et messidor an 7. ) Voyez Lacs et Soude. (Pat.) NATRON. C'est par ce nom et par celui d'alcali minéral, que les Allemands, les Anglais, etc., désignent la Soude , parce que cet ancien alcali, considéré maintenant comme un oxyde métallique, est la base du natron d(.'s anciens , c'est-à- dire de la Soude carbonatee. F. ci-dessus Natron , et ci-après Natrum. (ln.) NATRUM. Avant que la chimie eût une nomenclature régulière , et qu'éclairée par l'expérience elle fût parvenue à distinguer exactement les substances , on voit que la même dénomination avoil été donnée à plusieurs substances très-dif- férentes ; ainsi , le nom de nairitm , particulier à la Soude carbonatee^ a été appliqué à beaucoup de variétés de rhaux carbonatee cristallisée , de haijte sulfatée , de chaux sulfatée , et de magnésie sulfafée. C'est principale nnent Linnseus qui a con- tribué à augmenter la confusion. Il nommoit natrum terrestre , la soude carbonalée , et natrum de fontaines la magnésie sulfa- tée. Son natrum suillum est la pierre de porc. V. ce mot. (LN.) NATSIATUM. Il est probable que c'est le M en i sperme COQUE LEVANT, qui esl figuré sous ce nom dans Rhéede.(B.) NAT'l'BLACKA. En Smolande on appelle ainsi les Chauve-Souris, (desm.) NATTE b'ITA.LIE. L'un des noms marchands d'une co- quille du genre Cône, Conus iessulatus. (desm.) NATTK DE JONC. Coquille du genre Telline , la ieliine verge, (b.) a38 N A T NATTER BLUME ( fleur de couleuvre ). Nom alle- mand du hMiiF.T\. (^polygala vulgaris) {l^.) NATTERKRAUT. (Herbe à vipère ). L'OrPin dseflufn telephium ) , une ScoRZONÈRE ( scorzonera kumi'lis') , la NuMU- ■LMVxE (^/ysimar.hiu numularia), et la ViPÉRINE (ec/««/ra pulgare} portent ce noui en Allemagne, (ln.) NATTER WURZ. Nom allemand, commun à la Bfs- TORTE, au GouET commun et à d'autres plantes dont les ra- cines ont élé comparées à des serpenspour leurs formes, (ln.) NATTIER. C'est le nom des Baroottiers {imhricana , Linn. ) , réunis aux Mimusops par quelquesbolanistes. (b.) NATURALISTE. L'on a long-temps considéré le natu- ralisle comme un de ces hommes fuliles , toujours courbé sur une mousse , ou examinant un insecte au microscope , enjpaillant un oiseau , et remplissant ses poches de cailloux. On s'est imaginé qu'il suflisoit, pour acquérir ce titre , d'en- tasser une foule de pierres , de coquilles , de plantes et de peaux rembourrées sur des rayons, de débiter quelques mol» grecs et latins sur chaque objet , d'avoir beaucoup de mé- moire sans jugement, de savoir exactement la forme des pattes d'une mouche ou la longueur des pennes d'un oiseau , et rien de plus. Le vulgaire des hommes , et même la popu- lace des savans, ne voit rien au-delà, parce qu'elle n'iroit jamais plus loin elle - même dans l'étude de la nature. Ce n'étoit pas ainsi que la considéroient jadis les Aristote , les Théophraste et les Pline ; ces hommes de génie ne bor- noient pas uniquement leurs regards à des objets d'un aussi foible intérêt. Ce n'étoit pas aussi sous ce point de vue que Jean Rai, Charles de Linnseus , et le sublime Buffon , con- temploient l'Histoire naturelle ; ils sentoient trop combien il éloit nécessaire de s'élever à la hauteur de la nature , de pénétrer ses grandes et profondes lois, d'envisager son ensemble , et de borner l'extrême multiplicité des détails lorsqu'ils ne conduisent à aucun résultat utile. 11 ne faut accorder à chaque objet que l'importance qu'il a dans le système du monde , le voir tel qu'il est, et ne point l'appré- cier au-dessus de sa véritable valeur. L'homme lui-même , sacrifiant sa raison à son orgueil, se regarde comme le rival de la nature. Dans Tintempérance de son amour-propre , il se met hors de rang , et distribue arbi- trairement les places à tous les êtres ; il s'arroge le droit de classer leur mérite , et prétend tout dominer avant de se connoîlre lui-même. Mais l'homme n'est , dans le vrai, que le premier , et peut-être le plus malheureux des animaux. Est-ce d'une foible lueur de raison , qui s'éteint au vent des passions, que nous pouvons nous enorgueillir ? A quels litres N A T ,39 oserions-nous donner à la nature toute-puissante les entraves de nos méthodes , et borner, dans nos étroites combinai- sons , son immensité? Sachons donc reconnoître toute notre foiblesse , avant d'apprécier le rang de chaque être ; appre- nons à régler nos vues d'après notre propre position ; car , si nous sommes presque anéantis devant la majesté de la nature, que seront pour elle les êtres moins parfaits que nous ? Suspendus entre l'abîme de l'immensité et du néant , et épouvantés de notre foiblesse, qu'est l'homme, en effet, être microscopique jeté au milieu des soleils qui peuplent l'empyrée ? Que sont les sociétés humaines , leurs humbles grandeurs, la fortune , ou même cette rumeur qu'on appelle renommée, en comparaison des mondes , des cieux et de ce fleuve intarissable de générations qui renouvelle tout sur la terre ? Nous ne voyons pas que nous ne sommes rien dans cet univers ; qu'un instant nous crée , un instant nous détruit pour l'éternité. Quand, du haut d'une montagne , on contemple nos habi- tations , nos villes , nos palais , et toutes ces fourmilières hu- maines , auprès des vastes campagnes , des rochers gigan- tesques , de l'étendue des mers , de l'immensité des cieux , que nous sommes nuls en présence de lanaîure! Nos plus hauts édifices ne sont que des taupinières à côté des Alpes , des Py- rénées; nos domaines, nos provinces , nos empires, sont de bien petits espaces en comparaison du globe. Nous cultivons à grands frais dans des serres les plantes étrangères les plus curieuses , nos ménageries possèdent à peine quelques ani- maux , et nos viviers quelques poissons ; mais les serres, les ménageries , les viviers de la nature sont bien autres: la zone torride est une vaste serre pleine de végétaux rares , et ré- chaulTée par le soleil au lieu de nos foibles fourneaux ; ie.s quatre parties du monde sont une assez grande ménagerie d'animaux de toute espèce; et l'Océan est le vivier immense dans lequel la nature se plaît à nourrir des millions de pois- sons et de coquillages. En place de nos cabinets de minéra- logie , où de minces cristaux sont rangés , étiquetés , placés sur des rayons , la terre nous ouvre ses larges entrailles où se forment l'or et le diamant , où les chaînes de montagnes nous offrent d'assez beaux groupes de cristaux , où les vol- cans, les rochers, les couches terrestres, les profondes mines nous présentent d'assez riches échantillons, où tout n'est pas mis sous verre et hors de la portée de la main comme dans les musées , mais où chaque homme peut choisir à son gré. Voilà la nature; elle ne s'emprisonne point dans la boutique d'un savant ; elle ne se cache poiul dans les livres , les journaux , a4o N A T les dictionnaires ; mais elle est en tous lieux , elle se dévoile aux yeux de quiconque la cherche dans ses demeures étt;r- nelles , dans les solitudes profondes et ignorées où elle aime à conserver ses secrets et à enfouir ses mystères. Cen'estpoint en examinant les animaux empaillés, les plantes collées dans unherbier, lespoissons plongés dans de l'esprit de vin , qu'on pourra reconnoître tous les êtres animés , qu'on pourra s'ins- truire de leur vie , de leurs mœurs, de leurs amours , de leurs charmantes harmonies entre eux. C'est ainsi qu'on éleindroit au contraire dans les cœurs l'amour de la nature , en ne nous montrant que des cadavres. Si Ton veut approfondir lapuissance et la grandeur de cette nature , il faut donc connoître combien nous sommes foi- bles et petits devant elle, combien nos œuvres sont mesquines et misérables devant les siennes , combien nous somaies pas- sagers, et combien elle est durable. Que pouvons-nous lui opposer ? Quel homme organisera jamais un seul ciron vivant avec tous ses rtiembres, ses veines , ses jointures , ses yeux , ses viscères? Qui de nous fera lui même croître , engendrer le moindre brin d'herbe que nous foulons aux pieds ? Malgré tant de recherches et d'efforts pour prolonger notre exis- tence, de combien de jours pouvons-nous accroître notre vie? Les rois meurent et pourrissent aussi bien que les plus im- parfaits des animaux. Combien de millions d'hommes , jadis si puissans dans ce monde, sont ensevelis aujourd'hui dans la terre , et foulés aux pieds sans être connus ! Tous les hom- mes de notre âge, toute la multitude qui peuple actuellement nos cités, nos campagnes, et les diverses régions du globe, seront, dans peu d'années, couverts de terre, sans que les générations futures s'inquiètent d'eux ; et cependant la na- ture subsiste toujours ; elle nous voit couler sur la terre comme l'eau d'un fleuve qui va s'engloutir dans l'Océan. Mais on ne jette pas l'ancre dans ce fleuve de vie ; les générations ne sont rien , les espèces seules soût intarissables : l'individu s'évapore comme la goutte d'eau ; ses élémens rentrent dans le commun réservoir de la matière vivante , pour former d'autres êtres ; noire vie ne nous appartient pas , nous n'en sommes que les usufruitiers ; nous la léguons à nos descen- dans , comme nous l'avons reçue de nos pères. C'est donc en se plaçant sous ce vrai point de vue qu'il faut considérer la nature , toujours immense , majestueuse, souveraine de tout , gouvernant tout , donnant la vie et le mouvement à la matière , brillant sans cesse de jeunesse et de fécondité, également intelligente et sage dans ses œuvres, et régnant moins par la contrainte delà violence que.par l'at- trait du plaisir. N A T 2^1 Cependant , cet aspect de grandeur et d'infinité qui ter- rasse si puissamment l'orgueil humain , sera-t il une source éternelle d'humiliation et de découragement pour le natu- raliste, le véritable philosophe? Tout au contraire. Sil fut donné, sur ce globe , une destination haute, ou, pour mieux dire, héroïque et céleste à la première des créatures, on n'en trouvera nulle autre plus fortunée et plus glorieuse que la conlemplalion de la nature , que l'élévation de riuteliigence vers son sublime auteur. Quel noble spectacle , en effet , de voir l'homme relevant de la poussière de la terre , ce front rayonnant de génie , parcourant de ses regards Timmensité de l'horizon .P C'est un être passager, sans doute , au milieu de tant de splendeur et de jouissance , sous le soleil ; mais un être capable d'élancer sa pensée jusqu'aux abîmes , jus- qu'à I'Etre hscompréiietssible! Quelle magnanimité à cette créature si foible , si nulle , de percer les voiles éclalans des cieux, et de dérober dans ses profonds calculs, les secrets de l'avenir! Quel triomphe , pour un être si borné , de se voir un instant de sa vie. le brillant miroir où vient se réllé- chir l'univers; le roi couronné , devant lequel tous les êtres de la création doivent s'abaisser et fléchir ? Qu'il seroit indi- gne de notre rang , de méconnoître notre empire et les augustes devoirs que la nature nous propose ! Oui , s'il est dans ce monde et pendant cette courte vie, une oc- cupation vraiment haute et glorieuse pour l'homme , c'e§t celle de connoître et nous-même et ce vaste univers qui nous environne ; c'est de sortir de cette bassesse originelle et purement animale où nous fûmes placés à notre nais- sance ; c'est de nous élever sur le trône où nous appelle la nature , en nous offrant pour sujets tous les êtres qu'elle prodigue avec tant de magnificence , sur ce globe , notre antique conquête et notre perpétuel héritage. Et que seroient, auprès de ces ravissantes contemplations, les misérables intérêts de la société , dans laquelle chaque homme se trouve empilé , froissé , contraint en tous sens , et souvent avec tant d'injustice .'' Si une âme un peu élevée ne dédaigne pas l'estime de ses contemporains ; si elle aspire aux suffrages désintéressés et équitables de l'avenir, elle ne place pas son bonheur dans les dons de l'opulence ; elle ne s'abaisse point à mendier lâchement les décorations futiles de la vanité. On peut croire sans orgueil que le génie de Linnseus étoit supérieur à ces titres honorifiques trop sou- vent avilis sur la poitrine des hommes médiocres. La vraie science , comme la vertu , au défaut des récompenses exté- rieures , en trouve d'Immanquables dans sa propre con- science ; elle n'a pas besoin de trône; mille rois obscurs sont XXII. ,(j a4a N A T ensevelis dans la poussière de l'oubli , et des noms éternels de simples amis de la nature traversent les âges , par la seule puissance qui ne soit pas empruntée. La nature , à la longue , détruit et renverse les pyramides et les palais , monumens d'un pouvoir qui ne vient pas d'elle; mais chaque printemps, elle renouvelle ses fleurs parfumées , fidèles au nom de quel- ques anciens admirateurs de ses ouvrages ; sans cesse on verra fleurir avec gloire la plante de Tournefort ou de Césalpin ; les frères Bauhin vivront unis d'une éternelle amitié dans le feuillage de l'arbre qui leur fut consacré ; tandis que les arcs de triomphe des conquérans écroulant de vétusté , vont cacher sous la fange la honte de leurs fureurs guerrières , et le sang des peuples massacrés qui les cimente à regret. Les sciences naturelles demandent à quiconque veut em- brasser leur étude avec un heureux succès , l'esprit de patience et d^ observation , F amour ardent et infatigable de la vérité. Bientôt le sincère ami de la nature se verra récompensé de son zèle ; ses idées s'agrandiront ; de nouvelles vues s'ouvrant devant lui , dévoileront à ses regards enchantés une carrière infinie de merveilles, comme s'il entroit dans les sanctuaires célestes où resplendit le trône même de la Divinité. Heureux à l'as- pect de tant de prodiges, marchantsurla terre comme dans cet Eden délicieux, où l'on dit que vécurent nos premiers pères , il retrouve dans chaque fleur un agréable souvenir et un doux tribut ; en chaque animal , une créature qui lui rappelle ses instincts curieux, son utilité, ses harmonies avec d'autres êtres ; en chaque minéral, soit un bienfait , soit une combi- naison précieuse , soit un objet intéressant pour la société humaine. Le naturaliste ne sauroit faire un pas sur ce globe ^ sans recevoir en quelque sorte l'hommage de toute la créa- tion ; il s'avance comme en triomphe au milieu de ses heu- reuses conquêtes , et de son Immense empire, Connoissant tout, il ne redoute plus rien , puisqu'il sait éviter ou prévoir le danger. Il semble que Virgile ait tracé , d'après le philoso- phe naturaliste , le plus beau des portraits : Félix qui poluit rerum cognoscere causas, Atque mctus omnes et inexorable fatum Subjecil pedibus , strepitumquc Acheronlis avari 1 Illum non populi fasces aut purpura regum Flexit Qu'un tel génie me paroît au-dessus des grands du monde, dans sa modeste destinée ! Comme il s'élève au faîle , en N A T 243 se dégageant des intérêts qui tourmentent les malheureux humains ! Sed nil dulrius est cjuàm benè munifa tenere Edita doctrioâ sapienlum templa serena : Despicere undè qiieas alios, passimque videre Errare , atque viam palantes quaerere vitae : Certare ingenio , conlencJere iiobilitate ; Noctes atque dies niti prseslante îabore Ad summas emergcre opes rerumquu poliri. LucRET. Rer. nat. Ub. 2. Que les autres hommes se prosternent devant la puissance et la fortune ; que dans des chars dorés ils se diiputent à la course les honneurs et les rangs , comme dans la carrière olympique ; l'ami de la nature leur envie-t-il quelqu'une de ces faveurs ? Non , sans doute ; il préféra toujours de cultiver les hiens de l'âme et les dons de Tintelligence ; iis peuvent seuls relever cette condition mortelle , en elle même foible et basse jusque sous la pourpre et les couronnes , quand elle n'est point ornée de vertus ou d'une raison épurée. Toujours l'étude de la nature eut l'heureux privilège de favoriser le développement du génie , parce qu'elle est la source de tout ce qu'il y a de grand et de vrai dans le monde. L'on a tou- jours vu la sagacité ou l'art de découvrir les rapports éloi- gnés, s'accroître nécessairement par les recherches d'his- toire naturelle ; l'esprit de méthode indispensable pour con- server dans la mémoire une infinité d'objets , acquiert une facilité merveilleuse par cette étude ; aussi la plupart des na- turalistes deviennent les plus savans entre les hommes qui s'occupent des sciences, pour l'ordinaire. Ils passent de bien loin ceux-ci , lorsqu'il s'agit d'apprendre , à cause de l'art des classifications qu'ils possèdent. De plus , l'esprit du na- turaliste étant sans cesse occupé de contemplations d'objets variés , extrêmement curieux et agréable? par eux-mêiaes , il s'élève , non moins que l'astronome , à des ywc?, qiài l'en- chantent , qui l'écarlent de toute .:tction ou passion ignoble. Aussi , trouve-t-on rarement le naturaliste nicié .aus les tempères de la société et du monde ; son caractère, fût-il né difficile et âpre , s'adouciroit en se remplissant d'une noble fierté dans de si pacifiques recherches ; tandis que l'histoire ci- vile, au contraire, fouillant Timpurjcloaque des vices et des' crimes de l'humanité , aigrit , indigne notre âme par le spec tacle continuel de l'injustice , de la scélératesse , et par l'infortune de la vertu sur la terre. On deviendroit méchant et machiavélique par l'élude approfondie de l'histoire poli- a44 N A T tique ; on ne peut que se rendre meilleur dans le sein de l'histoire naturelle , au milieu des amours des animaux et des fleurs. Qu'il est doux de se tresser d'immortelles couron- nes en récompense des découvertes que nous promet cette merveilleuse science ! Juvatque novos decerpere flores însîgnemque meo capiti peler e inde coronani , Uiidè priùsnulli velarint tempora niusae. Dans l'histoire naturelle , comme dans toutes les science» de faits , il y a deux ordres de connoissances : le premier ordre est celui qui se borne à la simple description des objets physiques , qui fait l'exacte énumération de toutes leurs par- ties, qui détaille leurs formes, leur couleur , l'arrangement de leurs pièces , etc. ; il est d'abord indispensable , puisqu'il faut connoîlre les objets avant tout. Le second ordre est ce- lui qui cherche à expliquer les effets de tout ce qui existe , à remonter aux causes des mouvemens et de la formation des différens êtres de l'univers. Ces deux genres de connoissances ne peuvent point être séparés sans que la science soit détruite ; car le simple descripteur ou nomenclaleur, ne s'occupant poivit des principes des êtres, manque le but de la science , comme celui qui établit des systèmes d'explication , sans les fonder sur des faits. Celui qui se contente d'accumuler les cbsei-valions, de décrire les objets, d'en donner un catalogue exact et détaillé, d'après une méthode quelconque , ressem- ble à un homme qui consumeroit sa vie à rassembler une multitude de pierres , de bois de charpente et d'autres maté- riaux propres à construire un édifice, mais qui ne le bâtiroit point, faute de se reconnoître au milieu de tant de choses , et faute de temps pour ordonner son édifice. Au contraire , ce- lui qui voudroit créer des hypothèses pour expliquer la na- ture , sans l'avoir observée, ressembleroit à ces architectes t incapable de guérir telle maladie, de produire tel phénomène, ou tout autre pareil effet. Il n'y a jamais de miracle devant une académie des sciences ; mais il y en a beaucoup dans les taudis de la sottise et les huttes des Lapons; les pays de sorciers et les temps miraculeux sont proportionnés à la stupidité qui y règne, car on n'admet du surnaturel que par ignorance de ce qui est naturel. Sans doute , beaucoup d'effets noui leij,r verse sans cesse la lumière et la vie. Mais par-delà leurs orbites, ceux des comètes , excessivement excentriques, semblent devoir errer , dans leur course hy- perbolique, d'uu systèuje planétaire en d'aulres voisins, soit pour faire ainsi couimuniquer les mondes , soit afin d'y réta- blir ou d'y changer périodiquement l'équilibre à de longues époques séculaires. A l'égard des mouvemens propres à noire globe, ils parois- senl osciller dans un état moyen dont ils ne s'écartent guère; leurs inégalités séculaires se compensent et sont périodiques «n telle sorte , que ré(iuilibrc se maintient uniformément. S il existe des causes de chnng-imens, elles s'opèrent dans des pé- riodes tellement lentes, qu'ellesdeviennent insensibles. Ainsi fi'après les anciennes observations de Pythéas, à Marseille ^ d'liipparque,çonfrontan}. celles de Timocharis cl d'Aristillus, des Cliinois, tels que Tcliéou-kong, et des Arabes, EbnJunis et Ulug-îîeig, comparées à celles des modernes, l'obliquité 4e Téçliptique diminue manifestement , mais non pas assez pour produire jusqu'à présent de grandes variations dans la, longueur des jours solsliciaux et dans la température des sai- sons. Il ne paroît pas que jamais l'écliplique devienne paral- lèle à l'équateur, et produise, comme on l'a pensé , un prin- temps perpétuel sur la terre , puisque dans ce cas , au con- ifaire , la Torride seroil sans cesse trop embrasée ; les pôles n'étant plus visités du soleil, s'encroûleroient de glaces im- menses; le printemps ne régneroit qu'entre les zones tempé- rées; l'équilibrç des mers cbangeroit enfin, si les pôles de la terre éprouvoienl d'autres ébj-anlemens que ceux qu'ils éprou- vent insensiblcmer.t dans leur nutation. Quel concert admirable de sphères qui célèbrent la toule- puissance du Créateur, dans leur révolution perpétuelle et innnense ! Pourquoi notre terre seule seroit-elle honorée des bienfaits delà divinité par l'existence de l'homme et des autres créatures vivantes .'' Comment la lumière et la chaleur de l'astre central ne feroient-ellespas, éclore des germes d'autres organisations sur chaque planète , en rapport avec leur tem- pérature, leur constitution , leurs rotations diverses et an- nuelles ? Pourquoi n'y auroll-il pas d'aLilre> natures propres N A T • 263 h chaque sphère dans tous les univers possibles, répandus avec tant de profusion dans rempyrée? La toufe-puissance peut-elle êlre bornée dans son immensité!. O existence, quelles étranges et inexplicables merveilles nous environnent dans l'abîme des espaces de l'éternité ! L'Univers a-t-il eu une origine et doit-il avoir une fin? En- fans de quelques jours sûr cet atonie perdu dans un recoin de l'immensité, que savons-nous et que pouvons-nous savoir ? Pourquoi le monde ne seroit-il pas éternel et coexistant avec l'être qui l'organise ? Si le mond£ éprouve des changemens dans la durée des âges, ce ne sont, sans doute, que des mc- lamorphoses ou des passages à d'autres équilibres. Ainsi , notre terre perd sensiblement de son excentricité dans sou orbe annuel, selon les anciennes observations des Arabes ; l'accélération générale des niouvemens des astres autour du soleil , counne des satellites ou lunes autour de leur planète principale, est démontrée, soit par d'anciennes observations, soit par la théorie de la gravitation universelle. Donc toutes les planètes purent être , dans l'origine , très-eMcenlriques et très-éloignées du soleil , comme des comètes à révolutions séculaires ; nous nous rapprochons ainsi par une spirale im- mense du forer enflammé qui paroît devoir engloutir les sphères de son système ; peut-être aussi , à cause de la résis- tance de l'étherou du milieu dans lequel roulentles planètes, qui ralentit leur cours ou l'oblige à se resserrer plus prèsda soleil. Ainsi, la constitution actuelle de notre globe ne sauroil avoir été la même de louteéiernité, et ne peut pas persévérer éternellement dans un pareil état. Il y a donc eu, et il y aura donc des changemens dans Torbe infini de la durée des mon- des. Nous ne sommes que des phénomènes passagers , des iuslrumens momentanés d'un I le but et les causes. Prenons la terre pour exemple. Ce fut d'abord un atome qui, s'étant réuni aux atomes circonvoisins, se grossit peu à peu en s'altacharkt toutes les molécules qu'il approchoit dans sa route circulaire. La force de gravitatlorb de ce globe aug- mentant d'autant plus que sa masse devenoit plus considéra- ble , les atomes se précipitoient depuis une hauteur détermi- née , comme une pluie de poussière à sa surface. Après avoir attiré à elle toutes les molécules de matières solides ou les plus grossières, et en avoir balayé, épuré son orbite, la terre dut attirer les vapeurs aqueuses à sa surface, et les condenser en eaux par leur propre pesanteur; ainsi se sont formées les mers. Ensuite furent attirées les molécules d'air qui foriuenl- autour du globe terrestre un occ^n almospUérique. 364 N A T Article IV, — De la Terre et des agens qui opèrent des cuml^i- naisons à sa surface. Si, nous (détachant de ce globe par la pensée , nous le con- sidérons dans son entier , nous verrons d'abord une enveloppe aérienne , dautanl plus dense qu'elle est plus voisine de Ja surface terrestre, puis une couche d'eau inégalement répan- due à sasuperficie, et qui en comble toutes les profondeurs; enfin nous trouverons la terre elle-même formée presque partout de couches superposées qui semblent annoncer un accroissement graduel, comme les couches de bois dans le tronc des arbres. Le cœur du globe terrestre étant comprimé par toutes les couches supérieures , doit être progressivement (îlus dense, comme les couches de la terre doivent être à peu «le diversité près, plus poreuses successivement, à mesure qu'elles sont plus voisines de l'écorce externe. Car supposons que la force de gravitation vînt à s'affoiblir dans la terre, bien- tôt l'atmosphère se dissiperoitdans lescieux; les eaux cessant «^ être comprimées , se répandroieut en vapeurs comme sous la cloche pneumatique. Enfin la gravitation ditninuant tou- jours, les couches supérieures du globe s'éleveroient dans i'espace céleste en atmosphère poudreuse , en vapeurs plus ou moins épaisses. Si la force de gravitation s'augmentoit dans la lune , elle pomperoit tout ce que la terre perdroit ; devenue alors plus grosse que cette planète principale, elle la déplaceroit nécessairement en en faisant son satellite à son tour. Si, au contraire, la lune , la lerre et toutes les autres planètes avec leurs satellites perdoient peu à peu ieuv force d'attraction , il est visible que toutes les matières qui les composent se rép.mdroient une seconde fois dans l'éten- due des cieux, et reformeroicnt un nouveau chaos; mais, pour rétablir toutes choses , il suffiroit que la main de Dieu re- donnât à la matière plusieurs centres de gravitation, pour qu'elle reconstruisît de nouveaux mondes comme auparavant. C'est peut-être ce qu'avoit soupçonné le grand Newton , lorsqu'il a dit que l'univers, perdant par le long cours des siècles SQs forces de gravitation , toi^s ses ressorts se dérange- roient, et 11 faudroit que le suprcmearchitecte y apportât une jnain réparatrice, nianuni emendatrlcern. Autant qu'il nous est permis de conjecturer, si les mondes vieillissent et perdent leur faculté attractive, ils doivent di lulnuer de volume ; déjeunes mondes doivent se reconstruire et s'augmenter de leurs débris. Peut-être les satellites sont- ils ces mondes nouveaux qui s'accroissent aux dépens des anciens près desquels ils vivent , et qui se grossissent de» va peurs que les comèies répandent diwri» Uk cieux. N A T 26S On peut croire encore que , dans le principe des choses , la terre n'avolt pas une atmosphère aussi étendue que celle d'aujourd hui , mais qu'elle l'augmente conlinuellenient par sa transpiration insensible. En effet , nous savons que la terre exhale une grande quantité de vapeurs ; et celles qui sont aqueuses retomhent en pluie ; mais les plus légères remontent dans l'atmosphère. Lorsque les globes planétaires se coagulèrent^ pour ainsi dire , dans le champ des cieux , ils reçurent par la rotation une figure ronde , mais d'autant plus renflée vers leur équa- teur, qu'ils tournoient sur leurs pôles avec plus de vitesse. Laterren'avoit probablement alors ni montagnes, ni vallées; elle ctoit àpeu près plane partout. Mais comme sa densité ne pouvolt point être uniforme dans toutes ses parties , la pres- sion des eaux et de l'atmosphère dut faire enfoncer les cou- ches les plus poreuses , et former ainsi diverses excavations que le mouvement des mers, le sillonnementdes fleuves et des rivières augmenta encore davantage. Ainsi se creusa le bassin de l'Océan, ainsi fut sillonnée la surface du globe, et l'aspect descontinens fut diversifié par des vallées, des collines , de» plaines et des montagnes primitives. Les sommets des plus grandes élévations du globe ne sont donc que sa surface ori- ginelle ; et lorsque , placés dans les vallées , nous nous ima- ginons que les montagnes sont des renflemens , des exhaus- semens du sol , cette erreur vient de notre position. L'on conçoit au reste que les montagnes ne peuvent point être toutes de la même hauteur , parce que leurs terrains ont plus ou moins cédé à la pression des eaux et de l'atmosphère. Nous voyons arriver encore chaque jour de semblables affais- semens plus ou moins remarquables dans beaucoup de cpntrées. En effet, l'écorce de la terre nous présente des terrains de diverse nature ; tantôt durs et compactes, tantôt spongieux <>l mous; les premiers demeurent élevés, tandis que les sç- conds s'affaissent. Il paroît que dans la formation du globe , les matières qui s'y sont déposées se trouvoient être de di- verse nature , ou du moins elles ont formé des composés de plusieurs sortes , comme nous l'expliquerons ci-après. D'ailleurs les mers ont couvert pendant long-temps , soit successivement, soit par des balancemens de Taxe du globe , loule la surface de la terre , comme on en voit mille preuves dans ces bancs immenses de coquillages dont les continens sont jonchés , et qui se trouvent même sur les plus hautes montagnes. Ces masses d'eaux ont donc travaillé la croule du •^lobe, et lui ont ôté , de concert avec Talmosphèrc , ses qna- liles et ses fornii^s originelles, C'est à ces eaux que nous de- 266 N A T vous toutes les cristallisations, tous les sels , toutes les pier- res gemmes, les quartz, les silex, les sables , etc. , que nous rencontrons dans les entrailles de la terre. Les granités qui ne contiennent jamais de débris de corps organisés, ont sans doute été crislallisés au sein des eaux avant la formation des êtres vivans. Nous ne connoissons point la nature intérieure de notre terre ; tout ce que nous voyons de son écorce ou de sa surface a été changé par les eaux, transformé, remué décent manières différentes jusqu'à une grande profondeur. On con- «}Oit en effet que les eaux venant d'abord à se répandue sur une terre dont les molécules éloierit encore peu unies, du- rent la détremper, la ramollir, et former une espèce de li- mon épais à sa surface. 1 ransporié par le mouvement des mers , par les courans , les marées, entassé par couches en différeiis lieux, ce limon forma des collines, des montagnes secondaires , que l'Océan laissa ensuite à sec , à mesure qu'il se relira , ou que ses eaux diminuèrent sur la terre. Comme l'atmosphère est agitée par des vents, des oura- gans impétueux , ainsi la mer a ses tourmentes et ses tempê- tes. La plupart des mouvemens qui s'opèrent au sein des airs ne sont produits que par des changemens d'équilibre dans la chaleur ou réiectricité. Ainsi l'air froid étant plus dense, et par conséquent plus pesant que l'air échauffé , doit le chas- ser et prendre sa place; ainsi l'air des pôles descend vers la zone lorride , et l'air des hauteurs de l'atmosphère retombe dans les vallées. De même que la lune occasione, avec le so- leil , les marées de l'Océan, l'atmosphère a pareillement des marées aériennes. Il y a des vents réguliers , tels que ceux des tropiques, les vents alizés, qui régnent couslanuiient pendant }>lusieurs mors ; les moussons varient ensuite. A l'époque des cliangemens de saison , comme vers les équinoxes , l'atmo- sp'ière est troublée parce que les températures ont varié. Mais la principale cause de tous les mouvemens de l'atmo sphère vient des révolutions d'équilibre dans l'éleclricilé. Ainsi , à l'approche des orages , il s'élève presque toujours des vents mugissans ; et l'on en voit d'assez violens pour dé- raciner des arbres , renverser les maisons , disperser au loin les moissons, et exciter de furieuses tempêtes sur l'Océan ; mais lorsque l'électricité de l'atmosphère a repris son équi- libre , tout redevient calme à l'instant. La foudre est toujours accompagnée d'un violent courant d'air, de même que l'é- tincelle électrique. Les typhons, les trombes, ces vents tour- billonnans si terribles, sont des phénomènes semblables, ainsi que ces bouffées brûlantes d'air qui étouffent souvent les ca- ravanes de voyageurs au scia de l'AlVique. Les monlagues N A T 267 étant des pointes électriques pour la terre, établissent un échange d'clecîriciié entre le globe terrestre et l'atmosphère; «•'est pour cela qu'elles attirent les nuages sur leurs cimes , font naître des vents, et excitent souvent elles-mêmes les tem- pêtes qui les foudroient. Les vents irréguliers ne nous pa- roisseiit donc être rien autre ciiose, pour la plupart, que des masses d'air électrisées, soit en plus, soit en moins, qui cher- chent à se mettre en équilibre avec un air chargé de quantité différente d'électricité ; c'est pourquoi la direction des vents ne change pas seulement selon les obstacles qu'ils rencon- trent , mais encore suivant l'électricité de l'air qu'ils trou- vent dans leur route. La dissolution de Tcau dans l'aimosphère , sa suspension en nuages, en brouillards, sa précipitation en pluies fécon- des, en grêles dévastatrices , en neiges , en frimas , sont en- core les résultats de l'électricité. Pendant l'hiver , l'atmo- sphère refroidie et électrisée en moins dans ses bauteurs , abandonne} plus d'eau qu'elle n'en dissout; électrlséeen plus pendant Tclé qui la réchauffe, elle en dissout plus qu'elle n'en laisse tomber sur la terre. Notre atmosphère est un vaste champ où la nature exerce en liberté sa toute-puissance. Quelquefois on voit dans un ciel très-pur se former peu à peu dus, nuages , et d'autres se fondre et disparoîlre par degrés dans l'atmosphère. L'air a la propriété de sécréter des nuages , de suer, pour ainsi dire , IN' A T Les varialions subites de chaleur et de froid qui se remar- quent dans l'air , dépendent encore en très-grande partie de l'électriciié. On sait qu'elle augmente l'évaporation de l'eau, ce qui produit du froid, puisque la chaleur est employée par la vaporisation. Par une cause contraire, la diminution de l'éleclricilé arrêtant la faculté dissolvante de l'air, la cha- leur n'est point employée , et devient très-sensible ; aussi un air renfermé est toujours plus chaud qu'un air agité , parce que le premier dissout moins prompteraent notre transpira- tion. C'est encore par ce moyen que la nature opère le dé- gel et cette fonte si rapide des glaces et des neiges de l'hiver; alors l'air , loin d'avoir la propriété de dissoudre l'eau et de produire ainsi du froid , se décharge par une pluie fine de l'eau qu'il tenoit en dissolution. Les temps de gelée sont donc plus électriques que les temps de brouillards , de pluie ou de dégel , comme on le remarque à l'électromèlre. Les vents du nord , qui sont froids et secs , sont plus électriques que les vents du midi, presque toujours pluvieux et rendant les corps lourds, parce qu'ils relâchent les fibres par leur chaude hu- midité, et peut-être par leur défaut d'électricité : aussi les peuples de la zone torride sont en général plus folbles et plus abattus que les haLitans des contrées polaires, et nous som- mes même plus vifs pendant l'hiver que dans les chaleurs de l'été ou lorsque l'air n'a presque point d'électricité. Ces révolutions électriques ne sont pas étrangères à l'em- pire des eaux ni même aux entrailles du globe. Ses diverses couches manifestent des capacités diverses pour l'électricité , et l'on en remarque des preuves manifestes dans les érup- tions volcaniques. Celles ci sont peut-être môme suscitées , ainsi que les embrasemens des terrains pyriteux et ceux de houille, par le développement de l'électricité quia lieu dans la décomposition de l'eau , sur ces matières inflammables. Le fluide électrique agit sans doute aussi dans les tourmentes que l'océan éprouve par des volcans sous-marins. De plus, la mer a ses courans comme l'atmosphère a ses vents ; car îiue masse d'eau recevant de l'électricité en plus, cherche à la rendre à des eaux moins électrisées. Ainsi , dans une li- queur saline , l'acide et l'alcali se recherchent pour s'unir mu- tiiellement sans toucher à ces mêmes substances déjà com- binées antérieurement. Les phénomènes qui s'opèrent dans l'océan aérien s'exé- cutent aussi dans l'océan aqueux. Les poissons sont les oi- seaux de la mer, comme les oiseaux sont i^s poissons de l'at- mosphère. Les courions d'air sont représentés par des cou- rans d'eau qu'on peut regarder comme des espèces de vents aqa. cliques. Le {'oad de l'Oeéan a se^ vallées, ses collines^ N A T .69 ses montagnes peuplées (l'animaux et de planles , ainsi que le fond de l'atmosphère. Cel!o-ci dissout des vapeurs aqueuses , se cUarge de nuages qu'elle transporte dans son sein et qu'elle précipite en pluies; de même la mer dissout l'air, s'en im- prègne, et eiiîraîne dans ses profondeurs une pluie de mo- lécules aérieiî.i's puur porter la fertilité et la vie dans ses abîmes. De même que nos plantes ont besoin d'eau pour vé- géter et nos animaux pour vivt-e , les habitans des mers ont aussi besoin de rosées d'air ; celles-ci purifient l'atmosphère aqueuse , comme les pluies purifient l'atmosphère aérienne. La mer a ses tempêtes intérieures , comme Tair a ses orages; elle éprouve de soudaines agitations et semble réceler la fou- dre dans ses vastes eaux , comme l'atmosphère qui s'embrase dans ?,ts ciiamps aériens. Mais le fluide électrique ne se borne point à l'air et à l'eau, il pénètre aussi dans le sein du globe. De même que l'atmo- sphère et l'Océan , notre planète a aussi ses tonnerres inté- rieurs qui la secouent jusque dans ses abîmes ; car ses trem- blemens de terre et même ses éruptions volcaniques ne sont que des ouragans souterrains , des explosions qui font frémir le sol, qui l'ouvrent en larges cavernes, qui le crèvent en tout sens , de même que l'éclair fend l'atmosphère et rétablit l'é- quilibre entre le ciel et la terre. Nous voyons encore que les tremblemens de terre sont plus fréquens en été qu'en hiver, et vers l'équateur que vers les pôles; de même les volcans sont plus nombreux près des tropiques que sous les zones gla- ciales. C'est par une semblable cause que les ouragans , les tempêtes atmosphériques, les trombes, sont plus communs entre les tropiques et pendant l'été , que vers les régions froi- des et pendant l'hiver. Le feu électrique tend davantage , vers l'équateur, à s'exhaler du globe terrestre dans l'atmo-phère, et vers les pôles à s'approcher de notre planète. Cette circu- lation de l'électricité est peut-être aussi la cause qni dirige le fluide magnétique vers le nord d'une manière posit'Yf, et^'ers le sud d'une manière négative ; car on sait combien l'élec- tricité indue sur le magnétisme , qui n'en est peut-être qu'une modification. La puissance de lagravitation s'accroissant à mesure qu'elle s'approche de son centre , il est probable que les m.^tières les plus denses et lespluspesantes sont lesplusvoisines du centre du globe. La terre est, danssa totalité, environ quatre fois et demie plus dense que l'eau, ce qui exclut l'idée d'énormes cavités dans son intérieur, et celle d'un feu central qui pro- duiroit nécessairement une dilatation considérable. W paroît donc que toutes les substances se sont disposées autour du noyau de la terre , suivant l'ordre de leur gravité, et peut' .70 ^N A t Olre ce noynu esl-il mctalliqueet de la nature du fer, comme le feroit soupçonner le magnétisme du globe. Nous voyons , à la vérité , dans les couches superficielles , un arrangement quelquefois différent; nous ne pouvons l'atliibuer toutefois qu'aux ciiangemens opérés par les mers ou par quelque ca- tastrophe, tantôt soudaine et tantôt lente , telle que des cn- foncemens du sol , des chutes de montagnes , des transports de terrains , des éruptions volcaniques , des tremhlemens de terre, etc. ; [mais ce sont seulement des modifications très- superficielles , puisqu'elles ont à peine quelques centaines de toises d'épaisseur, ce qui n'est rien en comparaison du g'ooe. Nous observons aussi que l'atmosphère est composée d'une matière très-rare elfort légère à son sommet, 'et plus compri- mée à mesure que ses cou( hes sont plus voisines du globe ; elles sont altjrs bien plus chargées d'eau, de nuages , de va- peurs et de brouillards ; ensuite on trouve la zone aqueuse, qui recouvre en grande partie la superficie de la terre. Celle- ci est enveloppée à sa surface sèche de couches légères de ter- reau, de craie , de sablon mêlé d'argile , de schistes ; à me- sure qu'on s'enfonce dans son sein , on rencontre des granl- les, des roches très-dures. Si nous pouvions pénétrer plus pro- fondément, nous trouverions sans doute des masses encore plus compactes , et le noyau du globe est peut-être d'une du- reté et d'une gravité excessives. 11 ctoit sans doute nécessaire que l'intérieur du globe fût formé de matières extrêmement solides, parce que foulant avec rapidité sur lui-même autour du soleil , sa masse énorme eût été sujette à se fendre jus- qu'aux abîmes , si elle n'eût été affermie par des ossemens et une charpente intérieure capables de soutenir toutes ses parties. Il paroît même que l'almosphère se dépouille de plus en plus, et à mesure que le monde vieillit, des parties les plus grossières qu'il contient, c'est-à-dire de l!eau et des autres vapeurs : les mers déposent lentement aussi les molécules lerreuses, salines et calcaires qui se forment dans leur sein ; ainsi la terre s'accroît sans cesse du dépôt de l'air et de la mer (i). Quand nous retrouvons les débris des anciennes (i) Intlépendamment des poussières qui tomhent journellement de ratiriosphère , seroit-il impossible <|u'une certaine combinaison des diverses espèces d'air, un épaississemeiit des matières gazeuses prit iormer , non -seulement de l'eau, mais môme des corpuscules plus denses? Cette opinion, que nous émettions au conjmencement de ce siècle, eloit en même temps développée par MiNl. Marschall, en 1802 , à Giessen , dans leurs recherches sur l'origine et le dévcloppc- nieni de C ordre nclueldu monde (en allemand). Et pourquoi ces cor- puscules ne pourroient - ils pas se réunir , former des concrétions, des espèces de pl-ulus terreuics plus ou moins cousidérables ? Certai- N A T a^t villes, ensevelis sous ries couches épaisses de terrain; quand Je soc de la charrue déterre les frontispices de grands palais et les sommets de vieux temples , nous sommes étonnés : mais nous recherchons rarement pourquoi ils sont aujourd'hui cachés sous la terre. C'est cependant le dépôt des siècles qui les a recouverts; car il se précipite en tout temps de l'almo- sphère une espèce de poussière imperceptible ; en outre les productions végétales et animales semblent composer de la terre avec Teau et Tair qui entrent dans leur organisation. De même que les coquillages, les vers marins composent au sein de l'océan beaucoup de terre calcaire , en forment des bancs énormes et même des îles entières, ainsi les plantes, les animaux , les hommes augmentent continuellement la sur- face des continens par le terreau "et la multitude de leurs dé- bris , de sorte que la superficie actuelle, la croûte du globe semble être uniquement le produit des corps organisés. Il s'opère donc une dépuration générale depuis le sommet de l'atmosphère jusqu'au centre du globe , tout retombant au sein de la terre , et devenant terre ou pierre par degrés. Article Y. — Des eaux de notre planète , eL des combinaisons minérales. C'est une vérité hors de doute aujourd'hui , que la mer inonda jadis tout notre globe ; ce déluge fut successif s.ans doute par le balancement de l'axe de la terre , car rien ne montre qu'il existât dix ou même vingt fois plus d'eaux jadis iiemeiit l'eau dt; pluie n'e^t pa^ toujouii Ues - putu ; elle dépose souvent des mole'cules terreuses, quoique recueillie en plein champ. Qu'on n'obj«cfe point que ces corpuscules terreux ont ete' emportés par les vents et entraînés par ies vapeurs ; ce seroit donner une trop petite cause pour un efiet très-considérable et Irès-général. L'atmo- sphère est peut-être le premierateiier dans le(]uel se sont engendiées toutes les choses de ce monde. Combien de {germes l'air ne recèle- t-il pas dans son sein? N'est- ce point par lui que s'accroissent en grande partie les plantes, et que vivent les animaux? C'est réiénient nourricier et conservateur de tous les êtres, et ses qualités apportent les plus grands changcmens dans leur constitution. Je devrois peut - être encore rapporter .à ime sorte de concrétion atmosphérique, ces corps pierreux qui paroissent s'engendrer dans les airs, et qu'on affirme avoir vu tomber dans maint endroit. Telles sont \cs pierres Je foudre , les aé'rolilhes , qui tombent tout enflammées avec l'éclat du tonnerre etla promptitude de l'éclair. On sait que toutes celles qu'on a pu recueillir en dilfc'rens pays , ayant été analysées par des chimistes anglais et français, ont toutes offert absolument les mêmes résullats , qui sont du 1er, du nickel , du soufre , de la silice et de la magaésie. Certes, il n'est pas besoin de dire combien la na- ture est puissante; et il sera toujours absurde de soutenir que telle chose r.e peut point arriver, parce que nous u'ea concevons point Ki possibilité. %^^ N A T pour envahir les cimes des plus hautes montagnes, que dans l'Océan actuel. Les lois physiques ne permettent pas de sup- poser, comme on l'a fait, que ces eaux soient recelées dans des abîmes du globe et qu'elles en sortirent. Il est manifeste , à considérer la disposition des mers actuelles, que le pôle austral estgénéralement submergé, ou montre moins de con- tinens que l'hémisphère boréal. Tous les caps, ou promon- toires, soit d'Amérique, soit de l'Afrique, soit de la Nou- velle-Hollande , enfin de toutes les régions de la terre, sont tournés vers le midi. Rien ne paroit mieux annoncer que Tir- ruplion des ondes, dans ces submersions antiques, s'avançoit des contrées australes. C'est aussi ce que témoignent tant d os- semens et de cadavresd'animaux monstrueux , de grands vé- gétaux ensevelis sous le limon des couches terrestres, et qui paroissent avoir été balayés du midi vers le nord. Ainsi les dépouilles d'innombrables éléphans et de rhinocéros , des zones ardentes, se sont accumulées en Sibérie; ainsi, ôes fou- gères et des palmiers, des forêts entières furent couchés dans des liJs schisteux suivant la direction du midi au nord ; ainsi lesbancs de coquillages se sont amoncelés par des courans im- menses; ainsi des golfes ont été creusés par les irruptions vio- lentes de l'océan austral, se précipitant vers le pôle boréal; elles ont percé des mers intérieures ou méditerranées, dans les grands continens. Mais qui enfla les mers méridionales de tant d'ondes mugissantes et de vagues furieuses capables d'en- gloutir le globe ? Qui souleva dénormes tempêtes , pour faiire déborder ces effroyables marées sur des continens habi- tés , pour envahir jusqu'au sommet des monts , et renverser les antiques barrières de la nature .•' L'ouragan fut-il préparé dan.s les entrailles du globe , par des feux sous-marins , des foyers volcaniques dont les vastes fournaises s'étendent sous les abîmes , en creusant et déchirant les rochers r" En vomis- sant par mille éructations de leurs entrailles, des ondes bouil- lonnantes, leurs embrâsemens bouleversent, soulèvent des montagnes en îles fumantes et calcinées, affaissent et préci- pitent d'autres portions de continens, qu'ilsmorcèlent et en- vahissent, qu'ils ébranlent par leurs commotions. Sans doute, les innombrables archipels des mers de l'Inde, ces terres désolées des Moluques, des Philippines, de la Nouvelle -Càui- née , déchiremens informes d'un continent dévoré par les volcans et englouti par les ondes, attestent de combien de fu- reurs et de bouleversemens notre globe fut le théâtre. Mais il ne s'agit pas seulement de ces tortures des élémens qui se combattent , il s'agit d'une catastrophe immense ; il faut comprendre l'universalité duglobe, enseveli sous les flotsavec les règnes vivans des animaux et des végétaux qiti peuploient sa surface 4 pendant ces vieux âges de notre planète. N A T 273 Nous pensons que rien ne peut rendre raison de tels évé- «emens (car l'état de notre globe atteste leur réalité indubi- table), qu'une révolution du système astronomique de notre jplanète.Son équilibre actuel nepermettroitpas d'aussi étranges oouleversemens. Que le mouvement des mers avançant lente- «lent d'orient en occident par la rotation diurne du globe, ronge et creuse des continens pour en laisserd'autresàsec; que l'O- céan rejette sur ses bords des montagnes sablonneuses, en creu- sant les abîmes de ses profondeurs , par l'action du flux et reflux; ces hypothèses , ou vraies ou fausses, n'expliquent pas l'existence, sur nos continens, de ces immenses débris de coquillages en bancs épais. Leurs coquilles entassées sont encore parfaitement entières , preuve irréfragable que des mollusques marins ont vécu (i) dans une longue suite de siècles sur les contrées que laous habitons aujourd'hui. Des animaux monstrueux, maintenant inconnus la plupart , ont laissé leurs étonnantes reliques dans nos terrains ; ils peu- plèrent un inonde antérieur aux générations et aux autres races qui leur ont succédé ; comme s'il y avoit eu dans la na- ture plusieurs créations successives d'espèces vivantes après diverses alluvions. Tous ces faits n'attestent-ils pas que notre planète dut être jadis différemment constituée que dans soa système actuel? Des éléphans, des rhinocéros, s'ils vécurent sur les rivages de la mer Glaciale , où l'on découvre encore de leurs cadavres avec leurs chairs et leurs peaux , n'y durent- ils pas rencontrer un climat plus doux , plus favorable à 1^ végétation nécessaire pour leur existence i' Il falloit donc que ces contrées ne fussent pas alors si voisines du pôle : le globe rouloit-il alors sur un au^re axe? Alors aussi tout 1 équi- (i) Le séjour de la mer, ou de grands lacs d'eau sale'e sur nos con- tinens, pour expliquer la formation des bancs de coquillages, lut l'opinion de beaucoup de philosophes anciens et modernes. Aristoîe l'a entrevu, Météorologie , lib. i , c. 14 ; Strabon, Geogr. 1. i. £ra- tosthène, Straton le physicien, Xanthus de Lydie, ont jadis soutenu te sentiment, ainsi que Plutarque, De Isid. et Osirid. Dans nos temps modernes, il a été' renouvelé par Bernard de Palissy, par André Césalpln, Fracastor, Columna, Scilla, Boccone, Vallisuerl, Leibnitz, Bernard de Jussieu, Kéaumur, Mairan, Demaillet , Bourguet, etc. (^uant à l'esistence d'un ancien monde détruit par le déluge , outre la Genèse, celte opinion a été d'abord celle des Egyptiens et de Pla- ton (/« regnd). Elle fut 'suivie par François Patiizio , par Thomas Burnet , VVhistou. Nicolas Sténon , Halley, Hartsœker, Butiner, etc. ; enfin, l'hypothèse delà dissolution d'un premier monde, par le déluge, lut soutenue par Jean Woodward, Scheuchzcr, Monti, etc. Nous ne parlons pas ici des hypothèses qui fout émaner notre globe «.l'un soleil enrroûté , selon Descartes et Leibuiiz, ou de la ri»aliere du soleil , avec Buffon , ou qui établissent un feu centrai, avec Kir- ther, Hutton, Playfoir , Hall , etc. ,74 , N'A T libre des mers éloit autre à sa surface, et d'épouranlaUes déluges durent résulter d'une immense commotion. Mais qui auroit pu faire pencher tout à coup le globe et dévier son axe de rotation au milieu de l'uniformité du sys- tème planétaire, depuis tant de siècles d'observation? Nous n'en trouvons pas d'autre cause, hors de notre sphère, si ce n'est par l'approche d-'une comète dont l'attraction a pu dé- ranger l'équilibre de la terre. Seroit-il improbable que s'ap- prochant des régioUs australes, une ardente comète ait versé sur la terre une partie des vapeurs composant sa vasle cheve- lure? Celles-ci, condensées en flots d'eaux , se seront pré- cipitées , par l'effort de la pesanteur , en un effroyable déluge , jusque vers les régions boréales; en même temps le poids énorme de cette masse d'eaux aura dû faire pencher le globe qui aura commencé de rouler sur un autre axe, en changeant ses climats et ses saisons en chaque contrée. Si, parmi ces grands événemens de la nature, il étolt per- mis de s'élancer dans l'avenir par des conjectures, pourquoi le retour de ces comètes à longues périodes , descendant des abîmes de l'empyrée , ne ramèneroit-il pas de nouvelles combinaisons sur les globes qu'elles peuvent aborder dans leur course ? Seroit-il hors de probabilité que , poursuivant leur immense parabole , les mêmes comètes retournassent, après plusieurs milliers d'années, autour de leursoleil; qu'elles fussent destinées , parles sublimes lois de l'éternel architecte, à renouveler les mondes , en y apportant de nouveaux équi- libres? Si notre terre fut autrement jadis, et les débris qui la jonchent en offrent d'irrécusables témoignages, elle peut , elle doit devenir autre pajr la suite des siècles. Etres d'un moment auprès de ces immenses durées, que pourrions- nous objecter de certain contre ces formidables révolutions qui ont dû renouveler la face de notre terre, et changer, sans doute, les différens mondes qui peuplent les cieux? Les hommes ont conservé par tradition, dans tous les temps et tous les climats (i) le souvenir d'un ou de plusieurs déluges antiques. Des observations non moins probables nous montrent que la mer diminue de volume chaque jour , qu'elle ne couvre plus une foule de terrains qu'elle inondoit autre- fois , et que le peu de contrées qu'elle a envahies de nos jours , ne répond nullement à ce qu'elle avoit jadis usurpé sur les continens. La quantité des eaux diminue donc sur notre planète enmême temps que les terrains s'accroissent et (i) Laffiteau, Charlevoix, le rapportent des différens peuples d'Auicricjue ; les Indiens, les Egyptiens, les Chinois, le témoignent dans jours histoires. N A T 27 s'exhaussent. Nous ferons voir dans la suite que ceJle grande consoinmalion d'eaux est due éminemment aux végétaux et aux animaux qui en composent, selon toute apparence, des matières plus solides. L'eau est si indispensable à la vie des corps organisés, que nul d'entre eùxne peut s'en passer. Ainsi les arides déserts de la Libye n'ont aucun habitant , au lieu que les pays fécondés par les eaux sont encombrés de végé- taux de toute espèce , d'animaux et d'hommes. Ces lieux sont même d'une fertilité incroyable , et les générations s'y succèdent sans interruption. La mer est un empire bien plus fertile que la terre, et la moindre goutte d'eau fourmille souvent de plusieurs millions d'animalcules microscopiques. A voir cetle perpétuité de générations qui consomment l'eau du globe terrestre , il est {)ermis de penser qu'ils épui- seront à la fin des siècles le bassin des mers, et que la terre deviendra entièrement aride, si elle ne reçoit pas de nou- velles eaux d'ailleurs. Lorsque la sécheresse du globe ne sera point tempérée par l'humidité, le principe de la chaleuf agissant seul prodinra peut-être une destruction générale. Cetle opinion vulgaire, que le monde doit périr un jour parle feu, émane des anciennes philosophies de TOrient. Les grands hommes qui étudièrent la nature dans ces vieux âges du monde, avoient pu apercevoir la vérité; ils purent la pré^ senîer aux peuples sous le voile mystérieux des religions, ou la déguiser par des emblèmes mythologiques : coutume établie de tout temps parmi les Orientaux et les Asialiqnes. Mais de quelque part qu'elle vienne, l'observation lindiquc lorsqu'on étudie la nature. Le globe terrestre , formé dans le principe de plusieurs matériaux élémantaires , présenloit un mélange hétérogène. Lorsque la main divine doua ces élémens primitifs d affinités électives entre eux, il dut s'opérer de grands changemens dans la nature des globes. En effet, si Ton se représente une mul- titude de substances différentes, mises en contact entre elles et pourvues d'affinités chimiques , telles qu'on les observe aujourd'hui, on se convaincra bientôt combien durent s'opé- rer de grands changemens. D'ailleurs , les eaux détrempant la surface de la terre , durent faciliter les nombreuses com- binaisons des corps. Là se cristallisoient les quarz , les masses granitiques; ici se,combinoient les gypses, les spaths ; ailleurs se déposoicnt les schistes, les talcs, les marnes, les albâtres, les marbres; ailleurs encore se concrétoient les silex, les agates, etc. La terre, agitée de mouvemens inté- rieurs jusque dans ses abîmes, étoit dans une fermentation générale , ses élémens cherchoient partout à s'unir ; ainsi dans les liqueurs préparées par le chimiste, il s'élève des effervcÊ- .76 , N A T cences impétueuses qui changent la nature de ces fluides , et donnent naissance à de nouvelles compositions. Le mé- lange des éiémens discordans occasiona donc des ébulli- lions effroyables dans le limon de cette terre encore virgi- nale ; les gaz, les moffettes, les exlialaisons qui se dévelop- pèrent sous les couches du globe ^ en soulevèrent des por- tions, formèrent de profondes cavernes, les rompirent en fentes, en précipices , en noirs abîmes, de même que nous voyons le levain introduit dans la pâte , la remplir bientôt de cavités, de boursouflures, et lui communiquer un bouil- lonnement intestin qui altère ses qualités primitives. On ne peut pas douter que les diverses matières qui com- posent aujourd'hui notre terre , ne soient le résultat de ces mêmes attractions , et que celles-là même que nous trou- vons simples, ne soient encore des combinaisons plus inti- mes , que l'art de l'homme ne peut pas détruire ; mais la nature disposant à son gré du teujps , des masses, et de ses forces les plus énergiques, a dû tellement changer les ma- tières primitives , que l'homme ne peut plus connoîlre aujour- d'hui que des substances composées. Chaque jour la nature compose et décompose encore, comme le prouvent les volcans et les autres combinaisons minérales dans les couches terres- tres , de telle sorte que nous ne pouvons point savoir où elle doit s'arrêter; la croûte du globe étant surtout exposée aux influences de l'eau, de l'air, de la chaleur et de l'électricité, a dû se combiner d'une infinité de manières jusqu'à une cer- taine profondeur. Tantôt se soulevant en montagnes fuman- tes, la terre a vomi ces laves embrasées dont regorgent ses entrailles ; tantôt des murmures souterrains font frémir le sol sous nos pieds et renversent nos édifices > au sein des mers on voit soudain des îles agiter au-dessus de l'onde mugis- sante leurs têtes volcanisées; ici jaillissent des sources d'eaux brûlantes-, là, des monts qui se cachoient dans la nue, s'é- croulent tout-à-coup sous terre et sont remplacés par des lacs profonds; ailleurs des mers morcèlenl les continens, et sub- mergent de vastes contrées, détachent la Sicile de l'Italie , l'Angleterre de la France, Madagascar de l'Afrique, le Japon de l'Asie, etc. Quelque jour l'Océan percera peut- être les isthmes de Suez et de Panama , et changera en îles de grands continens. D'autres combinaisons s'opèrent au sein de la terre. Des exhalaisons soulevant le sol , y produisent àes fentes où sont déposés ces principes minéralisateurs qui transforment en métaux précieux les plus viles matières. Là se présentent l'or, l'argent en végétations brillantes que cherche la main avare du mineur i ici se mûrissent l'airain et le fer que l'homme -^ A T .77 doit façonner en instrumens conservateurs ou en armes meurtrières : ailleurs, le diamant et l'arsenic, la simple pierre et le rubis , se cristallisent également. La plupart des con- crétions se forment par une exsudation du suc pierreux des terres circonvoisines, et les filons métalliques sont non- seulement produits par des exhalaisons souterraines, mais par une sorle de fermentation locale. On peut croire que certaines roches sont propres à former des matières particu- lières , telles que des métaux, des pierres précieuses, des sels, etc. De même , les diverses humeurs du globe , si l'on peut s'exprimer ainsi, ses vapeurs ou moffettcs, et tout ce qui circule dans ses entrailles, peuvent se métamorphoser en plusieurs substances , suivant la nature des terrains et le tra- vail particulier des matières qui les constituent. Tout nous démontre en effet que le globe terres! re a été imprégné dans toutes ses parties d'une espèce de vie inté- rieure par Dieu, qui est cette grande âme du nionde de la- quelle tout émane dans l'univers. Car ces affinités chimiques qui agitent la matière , ne sont rien autre chose que cette puissance vivifiante dont l'Etre Suprême est la source. Elles laissent des traces ineffaçables de l'état ancien de notre monde. Ces archives de la nature , empreinles sur les rochers et les montagnes , sont des monumens irréfragables offerts à tous les regards, et non pas des témoignages mensongers de l'histoire humaine , puisqu'elles sont antérieures , la plu- part, à Texistence de notre race. Sans doute, dans l'ori- gine des choses, ces combinaisons du globe durent s'opérer avec d'extrêmes bouleversemens ; au moins il est probable que ses élémens s'associèrent dans le principe avec d'au- tant plus de violence qu'ils étoient plus simples. A mesure que les combinaisons se compliquent davantage, l'énergie des attractions est moindre, parce que les élémens sont plus voi- sins de leur saturation. C'est ainsi que toutes les fermenta- tions s'apaisent peu à peu d'elles-mêmes , à mesure que l'équilibre des diverses attractions s'établit de plus en plus. Aujourd'hui la terre ne nous présente que rarement ces grandes scènes de discordes entre les élémens: elle semble fatiguée de ses anciens combats, et s'avancer vers la foiblesse de la décrépitude. Quoique nous devions accorder à la matière une sorte de vie infuse, ou des affinités particulières pour chaque genre de substances , nous sommes loin d'admettre qu'elle soit un grand animal, comme l'ont cru les philosophes pythagoriciens et stoïciens de lantiquifé. C'est parce que nous n'avons point de terme propre, pour exprimer ces forces cosmiques de la matière , et ces mouvemens perpétuels qui la modifient. Na* 27« 1^ .1 ^ reconnoissons bien que cette sorte de vie émane de l'Élre Suprême , principe de toutes les existences ; elle ne nous pa- roit être quuue portion de lui-inênje qui imprègne la ma- tière ; car celle-ci n'a par elle seule aucune activité, et, comme un membre reirancbé du corps de l'homme, est pri-- vée de la vie lorsqu'on l'isole de la divinité. La matière a donc été impré£;née d'un germe de vie qui communique à toutes ses parties 1 activité que nous lui voyons : Mens agilut tnolcm et magno se corpore miicet. Cette portion même de la divinité qui y est infusée , est ce que nous nom- mons LA Nature. Ce mot est tiré du verbe naître^ parce que ia nature est la source commune de tout ce qui est produit dans l'univers; c'est un des attributs de l'âme du monde oa de Dieu même, par lequel tout s'exécute suivant des lois éternelles. La première opération de ce principe de vie dans la matière chaotique, a été la génération desmondes parTattraclion; et lorsque les globes ont été iormés , cette force vitale qui ne pouvoil pas demeurer oisive , a produit dans chaque substance une fouie de combinaisons chimiques par des affinités spé- ciales. L'esprit de vie n'opéroit dans le principe que sur la masse en général ; mais peu à peu chaque particule de la matière s'est pénétrée d'une vitalité particulière qui émanoit de cette faculté générale. C est ainsi que l'enfant ne jouit d'abord que d'une existence foible et végétative , et chacun de ses organes ne reçoit que graduellement son activité pro- pre, qu'il tire du principe qui anime tout son corps. Telle fut la seconde époque de notre monde. Article VL — De V action du satellite de la terre à la surface de notre globe. La lune soulève chaque Jour vers elle les eaux de l'Océan , comme le démontre la correspondance des marées avec les mouvemens de ce satellite. On sait pareillement que le soleil y concourt à peu près pour le quart , puisqu'on observe que dans les syzygies ou conjonctions de cet astre avec la lune , les marées deviennent plus hautes que pendant les quadra- tures. Cette élévation du flux est surtout plus grande aux éauinoxes , lorsque le soleil se trouve «lans Téquateur avec le satellite terrestre, et moindre aux solstices, par la raison de l'éioignement de ces astres l'un de l'autre. 11 y a toute apparence que la lune doit attirer de même toutes les autres substances de la surface de la terre , mais d'uu mouvement imperceptible pour l'ordinaire. L'atmo- sphère paroît également éprouver des marées, dans ses hau- teurs , comme l'Océan. Ces attractions ne s'impriment bien N A T 279 sensiblement, en effet , que sur des fluides , puisque la mobi- lité de leurs parties se prêle plus facilement à l'effort combiné de ces astres que les molécules des corps solides , trop adhé- rentes entre elles. On ne sauroit douter néanmoins, et la cause en est cer- taine , bien que l'effet en soit invisible pour nous, que l'a- grégation de toutes les matières solides de la terre ne soit en partie diminuée par l'attraction que les astres exercent sur notre planète , et que sa masse soHde n'éprouve également ses marées, ou ses flux et reflux. Pourquoi notre globe est-il un sphéroïde aplati vers les pôles et renflé vers l'équateuri' Si cette forme a pu résulter du mouvement de rotation diurne de la terre , et de la force centrifuge qui en résulte , il ne faut pas négliger d'y compter l'attraction de Son satellite, ainsi qu'on semble Tavoir oublié. De même , si par une cause inconnue quelconque , des parties de notre globe, encore mou dans son origine, ont été soule- vées ou renflées en montagnes , l'attraction lunaire a dû favo- riser cet exhaussement irrégulier, surtout entre les tropiques , où elle s'exerce plus immédiatement, et par cette raison avec plus d'empire ; aussi toutes les plus hautes montagnes ter- restres sont situées entre les tropiques. Mais parce que la puissance de la pesanteur, ou l'attraction centripète de la terre, est toujours prédominante , ces sortes de pustules de sa sur- face n'apparoissent, à l'égard de son volume , que comme de très-légères rugosités. La lune étant beaucoup plus petite et moins dense que notre globe , celui-ci exerce une plus forte attraction sur son satellite que ce dernier n'est capable d'agir sur sa planète principale; aussi les montagnes de la lune sont éva- luées à une hauteur double de celles de la terre ; hauteur d'autant plus remarquable par rapport à ce satellite , qu'il est quarante-neuf fois moindre que notre globe. L'élévation des montagnes de chaque planète paroît être en rapport avec sa densité propre, la rapidité de sa rotation , et relative à l'at- traction que les astres les plus voisins exercent sur elle. Jupi- ter, par exemple , doit avoir non-seulement de hautes mon- tagnes, mais même il porte des bandes exhaussées dans le plan de son équateur, parce qu'il a une révolution diurne très- rapide et quatre lunes. Saturne doit être hérissé de très-hautes alpes , parce que ses sept satellites et son anneau exercent nécessairement une attraction très-puissante sur sa masse , qui a peu de densité d'ailleurs. Or, si ces planètes sont peuplées, de même que la terre , de productions vivantes , en rapport avec leur monde , la grandeur, la conformation de toutes ces créatures doivent être proportionnées soit à la masse de la planète, soit à l'altrac- aSo ^> A. 'i' lion (le ses satellites , lorsqu'elle en es! accompagnée, soit -h la rapidité de ses révolutions diurnes ef annuelles , et à son éloignement du soleil. Si l'on supposoit qu'une seconde lune vînt tourner à l'entour de la terre, on pourroit aisément cal- culer comijien les marées aériennes et celles de l'Océan deviendroient plus considérables; on évalueroit davantage les influences de ces satellites sur tous les corps terrestres; de même, si la terre avoit élé jadis sans lune, comme les Arcadiens le prétendT)ient , d'après une tradition fabu- leuse, nos mers n'auroient pas été journellement soulevées ; les plus orgueilleuses cimes des Cordilières aurolent été à peine d'humbles collines ; probablement les végétaux ne se seroienl pas plus élevés de terre que les champignons et les mousses ; et les animaux, l'homme même, se seroienl traînés comme des reptiles à la surface de notre globe. En effet, l'attraction solaire d'abord est remarquable par elle-même, puisque les dissolutions salines qu'on expose à la cristallisation , dans des vases , grimpent et s'attachent particulièrement sur les parois les plus exposées à la lumière ; ce qu'on ne peut attribuer qu'à son attraction exercée sur les molécules salines. De même , les plantes renfermées dans des souterrains obscurs s'élancent vers les rayons du jour qui y pénètrent; ou pour mieux dire, celui-ci les attire, car il n'est pas nécessaire de recourir à une sorte d'intelligence ou d'instinct pour diriger ces plantes , si raltraction de la lu- mière suffit pour produire cet effet sur elles, comme sur des dissolutions salines. L'attraction de la lune et des astres, en général , ne peut guère s'opérer, il est vrai, que sur de grandes masses; car s'exerrant à d'énormes distances, elle n'atteint pas les molé- cules intimes , comme l'affmité chimique ; mais on doit con- sidérer que le règne végétal en entier, les animaux et le genre humain en total , qui vivent à la surface du globe , présentent , par rapport aux astres , des masses sur lesquelles ceux-ci agissent d'un effort universel uniformément plutôt qu'indi- viduellement. Tous les corps organisés, végétaux , animaux, sont non-seulement composés de beaucoup de liquide^, mais même leurs parties solides ont toutes commencé par l'état lluide, qui s'est progressivement consolidé et durci. Tous ces êtres appartiennent donc plus à la portion liquide du globe terrestre , qu'à ses élémens solides ou pierreux ; c'est pour- quoi ils doivent participer eu général, autant que leur con- texture le permet , aux oscillations de leur principe origi- naire. Cependant ces résultats ne peuvent se manifester que sur les masses ; car , de même que chaque goutte d'eau dans l'Océan n'a pas son flux et son reilux particuliers , bien qu'elle fasse partie des mers ; ainsi , un homme , nn arbre , étant si peu de chose dans la masse immense des êtres orga- nisé* , ils n'éprouvent des influences particulières , que comme parties aliquotcs d'un grand tout. En se considérant à p^rt , les individus ne sauroient donc ressentir presque aucune influence spéciale de l'attraction Junaire et solaire. Néanmoins l'expérience a montré que cette action , si manifeste sur les mers , n'est point telle- ment obscure sur le mercure du baromètre qu'on ne l'ait en- trevue. Cette force assez prodigieuse pour soulever la masse des eaux et de l'atmosphère de tout le globe, doit être bien capable de produire quelques mouvemens sur les sèves et les humeurs des plantes ; aussi des observations vulgaires en agriculture apprennent que la lune ne paroît nullement étrangère à l'ascension des sèves dans les arbres et le$ herbes ; que le renouvellement ou le décours de cet astre accélère ou retarde plus ou moins sensiblement la crois** sance des végétaux, influe sur la hauteur et la coupe des bois, qui ne doit point s'exécuter indifféremment à toutes leB époques. La seule attraction des vaisseaux capillaires, dans les végé- taux , ne p,ourroit élever leur sève qu'à la hauteur de trente- deux pieds , qui fait équilibre à la pression de la colonne d'air atmosphérique ; mais les physiciens sont embarrassés d'explr- quer l'élévation de plusieurs arbres à cent, à deux cents pieds même, et davantage encore chez quelques palmiers, euterpe^ delà zonetorride. Cependant il falloit considérer que tous les corps organisés les plus exposés aux libres influences des astres, tels que les végétaux fixés sur le sol, doivent grandir par l'attraction que le soleil et la lune impriment sur leurs sèves. Vers les pôles, où la lune ne passe jamais , où le so- seil ne lance que très-peu de rayons obliques , les végétaux sont rapetisses , non-seulement par la froidure , mais par défaut d'attraction de ces astres ; c'est tout le contraire entre les tropiques. Aussi les sèves soulevées , pompées par le so- leil , aidées d'ailleurs par l'impulsion vitale , par le mouve- ment centrifuge du globe dans sa rotation diurne, élèvent .perpendiculairement la plupart des plantes, impriment à leurs cimes une attitude droite ; et plus cette action est con- tinue, plus aussi la sève attirée allonge le végétal; c'est pourquoi les arbres qui vivent plusieurs siècles, comme le cèdre , parviennent à cette procérité majestueuse qui inspire l'admiration pour ces antiques patriarches de la terre. Soit doncque l'attraction soli-lunaire s'opère immédiate- ment sur les corps org.inisés, comme sur toute autre subs- tance terrestre, soit qu'elle ne s'exerce sur eux que par Tin-^ :>82 N .\ T tcrmède de l'atmosphère ou des eaux , elle indue évidemment sur leur accroissement. Comme les vapeurs sont plus allirées, par la chaleur solaire et l'influence de la lune, dans les hau- teurs de l'atmosphère entre les tropiques ; comme l'air y est ^généralement plus humide, puisque les pluies, en chaque Jiivernage , y retombent par lorrens plus abondamment que d.ins nos climats froids qui sont plus secs ; de même les sèves des plantes, sous les tropiques , s'y élèvent avec plus de ra- pidité et ujoins d'efforts et d'interruptions qu'en nos contrées. Aussi leur .iccroissement s'opère avec une promptitude mer- veilleuse, et presque toutes s'élancent perpendiculairement ; au contraire , les herbes rampantes et couchées se rencon- trent plutôt dans des pays situés au-delà des tropiques, où la sève n'est pas si fortement soulevée par l'attraction ; c'est pourquoi nous voyons , au contraire, tant de végétaux hum- bles , s'incliner et comme ramper à la surface du sol dans nos régions, et surtout vers celles des pôles où Tatlractioa des astres est si peu active , et la force centrifuge trop affoi- blie pour contre-balancer la pesanteur. Aussi les plantes de l'équateur, cultivées dans des serres, en Europe , avec tout le soin imaginable , dans une terre excellente , sous une température aussi chaude e^ plus uni- forme que celle de leur pays natal , ne parviennent jamais à la même élévation de taille pour la plupart , faute de ces influences luni-solaires. Il n'en sera pas ainsi, en général, pour les animaux ; d'a- bord parce qu'ils sont moins constamment exposés que les végétaux à l'influence directe des astres , à cause de leur fa- culté de se mouvoir et de se mettre à l'abri ; ensuite la direc- lion de leur croissance est plutôt horizontale que perpendi- culaire. Néanmoins celle influence s'exerce encore sensible- ment sur eux, puisqu'on ne rencontre guère que sous les tropiques, les plus vastes quadrupèdes, tels que les éléphans, les rhinocéros , les hippopotames, lesgiraffes, les chameaux, ou d'énormes oiseaux , tels que les autruches , les casoars , le condor, ou des crustacés et insectes dégrandes dimensions, comme le limule gigantesque, les grosses araignées , de très- grands papillons et scarabées , etc. Sous les régions polaires , la plupart des animaux n'y sont pas moins rapetisses que les hoinn>es, par les mêmes causes qui restreignent le développement des végétaux. L'on sait aussi, d'après les observations de ^Vahlenberg et de Cuch, que les montagnes y sont plus basses et comme rabougries , ainsi que les productions vivantes. Ce n'est pas tant par dé- f.uit de chaleur que les Lappons, les Samoïèdes, les Esqui- uiaux sont gênés dans leur accroissement , que par défaut de N A T 283 cette attraction soli-lunaire , qui ne permet pas leur élonga- tioâ. En effet, habitant presque toujours dans des cases sou- terraines Irès-échauffccs, tous 'eurs membres deviennent fort épais et pbjs volumineux à proportion que les nôtres, parce qu'ils ramassent dans leur courte largeur, ce qui leur manque en hauteur. Les peuples des climats chauds , dès leur première jeunesse , auconlraire, deviennentélancés, minces; et si la puberté ne tennlnoil pas trop tôt, pour l'ordinaire, la végétation de leur croissance , ils acquerroient une taille plus haute que celle des peuples des zones tempérées qui, plus tard pubères , croissent long-temps et mieux. L'espèce humaine , par sa station droite , se trouve , à l'égard de l'attraction soli-lunaire, dans un cas analogue aux végétaux. L'expérience a même fait voir combien notre espèce étoit assujettie à cet empire des astres, dans les mouvemens de nos fluides, "^l'out le monde sait que pendant les équinoxes, temps où s'opèrent degrandes révolutions atmosphériques,et les plus fortes marées , il se déclare plus de maladies graves , il s'o- père plus d'émotions d'humeurs qu'à toute autre époque , surtout entre les tropiques, comme l'ont remarqué les mé- decins européens. Dans les Indes , ceci est généralement re- connu par le grand nombre de fièvres printanières et autom- nales, mais encore par la plus grande mortalité que l'on observe dans les tableaux comparatifs du mouvement de la population. L'agitation des humeurs, chez les mélancoliques, à ces époques , a paru assez remarquable aux anciens pour qu'on ait donné le nom de lunatiques à ces atrabilaires , dont l'organisation plus délicate et plus irritable que toute aytre , ressent plus vivement ces influences. Enfin, quoique l'éva- cuation périodique des femmes ne corresponde pas régu- lièrement à des points fixes de la révolution lunaire, cepen- dant le retour du même flux chaque mois , et ces menstrues devenant plus copieuses qu'à l'ordinaire pendant les équi- noxes et le solstice d'été, sous les climats intertropicaux principalement, on doit en conclure que les mouvemens lu- naires exercent toujours une action quelconque sur les corps animés. Il résulte de ces faits que notre existence est tellement coordonnée à l'état du globe terrestre, et proportionnée à ses relations avec les astres qui l'entourent, que le moindre changement bouleverseroit l'économie de la nature, telle qu'elle existe , et nous rendroit tout différens de ce que nous sommes. Mais avant de pénétrer plus avant dans cette im- portante étude , revenons sur nos pas, et cherchons com- ment tous les êtres vivans purent prendre naissance , en ad- mellant Vuriginc des choses et non leur éiemité. 384 N A T Article VII. — Bêla Création f Je s corps organisés, et Eechetrhes sur Vorigine de la vif de tmis les êlres. Jusqu'alors la terre , l'air et l'eau éloieutinaisons de tout le règne animal , indépendannnent de quelques autres matériaux qui paroissent servir d'auxiliaires, tels que le phosphore, le souire , le 1er, quelques terres , comme la craie, etc., qui entrent dans diverses créatures plus ou moins compliquées. Mais qui imprimera le sceau de la vie à ces substances mortes par elles-mêmes l' Quel est ce mystérieux mouvement, cet être fugace et incompréhensible qui constitue Texistence passagère de tant de corps organisés , végétaux et animaux? Sans doute rien de pareil ne sauroit s'opérer spontané- ment, avec tant de sagesse et une si profonde science d'or- ganisation , sans le concours spécial d'une suprême intelli- gence ; toutefois il est manifeste que celle-ci s'est servie des agens naturels pour exécuter de si merveilleux ouvrages. Il appartient donc à la philosophie naturelle d'eu rechercher les causes. Contemplons la surface du globe sur lequel se multiplient sans cesse tant de races vivantes d'animaux et de végétaux, sur les continens , dans les airs et les ondes. Où leurs géné- rations pullulent-elles avec plus d'affluence et de prodigalité, qu'entre ces zones enflammées de la torridc , sur lesquelles le soleil verse sans cesse sa splendeur et son ardeur féconde.'* Où la vie s'arretera-t-elle , sinon vers ces plages désertes et glacées des pôles , derniers confins de la lumière et delà chaleur, asiles sombres et inabordables du froid, que jamais la témérité humaine n'osa franchir sans y rencontrer la lé- thargie et la mort ? Sans le soleil ou la chaleur qu'il dispense avec sa lumière aux planètes , tous ces globes se couvriroient donc d'une épaisse nuit, et de l'éternel silence des régions polaires; il n'y auroit aucune eau fluide, aucune existence possible avec nos élémens actuels. Le soleil est donc l astre delà vie aussi bien que celui du jour. Voyez-le dissipant , au retour du printemps , les glaçons qui couvroient le sol , faire éclore (i) DoloiTiieu, dans le Journal des Mines , établit <)ue l'aiilbracite, le carbone , se trouvent au»si clans les terrains prjiiiilifs , (juoJiju'ils soient plus abondans parmi les terrains de transition , le Gneiss, le Grauwacke ou Psammitçs , selon MM, Brochant et Hçcif art «le Thury. 286 N A T les germes des plantes ,re'veillcr les animaux engourdis dans leurs asiles souterrains, ouvrir le sein des fleurs, et couver, de ses douces influences , les œufs et les graines de mille créatures dont le froid suspendoit tout le développen:ieul : tant le feu imprime et soutient le mouvement de la vie ! La chaleur seroit-elle donc elle-même le principe de l'existence ? Qui peut donner le premier branle à l'organi- sation et le perpétuer, sinon ce qui possède le mouvement autocratique ? Or , nous ne connoissons rien dans Funivers qui jouisse de cette propriété , si ce n'est l'élément du feu , le calorique. Sans nous occuper ici des moyens par lesquels la nature conserve la caloricilé dans les corps vivans, en les établis- sant comme des foyers de combustion ( car la respiration soit pulmonaire , soit branchiale , soil trachéale des animaux et des plantes, est une vraie combustion) , nous observerons que la vie est une chaleur infuse. On a éprouvé que des œufs fécondés résistoient mieux , par exemple , au froid , sans se glacer , que des œufs non fécondés. Les arbres soutiennent aussi davantage la froidure des hivers , sans que la sève fasse éclater leurs vaisseaux en se gelant , que ne le font des bois morts. L'homme , bien qu'il ressente à l'extérieur les attein- tes du froid et d'une chaleur supérieure à celle de son corps, a la propriété d'y résister jusqu'à certaines limites, tant la force vitale est une quantité déterminée de chaleur, qui n'admet dans son essence ni le plus ni le moins ! Les fonctions de la vie constituent un cercle qui s'entre- tient, et dont le mouvement subsiste perpétuellement, parce qu'il retourne sur lui-même et ne se perd pas. En effet , aucun mouvement spontané ne peut être recliligne , car il auroit un commencement et une fin ; il cbangeroit inces- samment de lieu , comme font les corps ; de là vient que cette sorte d'impulsion se communiquant et se dispersant par le choc , n'est pas inhérente aux corps , et ne sauroil donner l'organisation et la vie : il faut donc remonter à un autre mobile. Un principe se mouvant de lui seul dans l'animal et le vé- gétal vivant, ne peut donc être autre que celui de révolu- tion, comme le tourbillon circulatoire ; ainsi, en retour- nant sans cesse sur lui-même , il rentre tout en lui , et s'engendre toujours , parce qu'il possède son principe d'ac- tion , et ne disperse pas ses forces. En se maintenant dans l'équilibre en tout sens, il se rend perpétuel («utov/;c;;7^.) ; émanant seulement du point central , il ne suppose aucune étendue nécessaire ; il est indivisible comme le point mathé- matique , et tel qu'un principe immatériel , il ne présente N A T .^7 qu'une force pure : c'est un être oniquc , persistant par !i;i - même, privé de tout nombre ou évaluation quelconque, sans terminaison et sans fin comme le cercle. Tous ces caractères sont propres au calorique comme à la vie ; en se mouvant perpétuellement d'elle-même, pourvu qu'on lui fournisse des nourritures convenables; elle demeure , dans son centre , indivisible , parce qu'elle n'est pas corps , mais susceptible de se propager comme le feu , seul principe du mouvement perpétuel. La rotation centripète rentrant continuellement en elle- même , ne se fatigue donc pas , parce qu'elle se pénètre ton- jours. Elle centralise sans cesse les élemens qu'elle absorbe, et qui entrent dans son tourbillon. C'est ainsi que la vie lend à ramasser, par l'effort de la nutrition , de la circu- lation , de l'absorption , les divers matériaux , pour les appliquer au corps qui s'accroît , qui se développe et s'or- ganise ; tout ce qui s'écbappe par la tangente hors de ce tourbillon , telles que les matières cxcrémenlitielles , sort en se désorganisant. Au contraire , la vie , ou le tourbillon centralisant , compose cl mélange, tandis que la mort, oti la cessation de ce mouvement circulaire , laisse disgréger , par la putréfaction , tons les principes qu'il retenoit pnchai- nés. Si l'homme étoit capable de produire un mouvement perpétuel , ce ne pourroit être que celui de rotation , tendant à un centre; il animeroil des créatures, donneroit la génération et l'immortalité. Mais nous ne pouvons com- muniquer, par l'ouvrage de nos mains , que des impulsions en lignes droites, ou un mouvement , par l'extérieur, sut des corps ; tout cet effort se perd par les tangentes, tout re • toinbp, en dernier résultat, vers le centre de la terre, et s'amortit dans la sphère du monde. Le cycle de la vie des êtres organisés , plantes et animaux , se coordonne manifestement avec celui de la terre sur laquelle ils existent. Ainsi , la révolution diurne de noire globe sur son axe , dans l'espace de vingt-quatre heures , expose tous les êtres vivans et végétans , à la lumière comme aux ténè- bres ; elle détermine en eux une succession habituelle de fonctions, de veille , de sommeil et d'autres actions vitales , qui retournent chaque jour dans ce cercle régulier et néces- saire. En effet , que l'on considère les différens états de l'air, de la chaleur , de l'humidité , de l'électricité aux diverses épo- ques du jour et de la nuit, et l'on connoîtra les principales sources de ces influences sur la vie de toutes les créatures. D'abord, la présence ou l'absence du soleil règle, en géné- ral , raclivlté et le repos chez presque tous les animaux et ,88 N A T les végétaux , puisque ceux-ci peuvent éprouver également une sorte de sommeil. Il s'établit ainsi , dans tous les corps doués de la vie , un mouvement du dedans au dehors pendant le jour, et un re- foulement du dehors au dedans pendant la nuit. Cet état d'expansion journalière et de concentration nocturne, devient ane habitude nécessaire à l'existence ; par-là, les fonctions de la vie extérieure s'exercent avec touie leur énergie dans la première circonstance , et la vie intérieure ou réparatrice dans la seconde. Si les autres planètes sont habitées, comme il faut le pré- sumer par analogie , tous les êtres qui vivent à leur surface , doivent nécessairement avoir aussi leur existence coordonnée avec le mouvement de ces globes. Dans Jupiter, par exem- ple , dont le jour et la nuit se succèdent en moins de dix heures , la vie doit être singulièrement coupée et prompte en ses cycles journaliers ; mais l'année tropique de cette planète égalant près de douze des nôtres ( onze ans trois cent quinze jours quatorze heures et demie ), peut rendre l'exidtence de ses créatures d'autant plus prolongée. En effet , la révolution annuelle de notre globe imprime une action toute puissante sur les plantes , les insectes et d'autres animaux , en déterminant les phases et la durée de l'existence de toutes les espèces annuelles, et en mesurant les périodes des plus vivaces. 11 résulte manifestement, chez le$ grandes races, des correspondancesintimes ou des modifica- tions profondes de leur vie par chaque saison , telles que le rut, la mue , etc., chez l'animal; la floraison , l'effeuillai- son , etc., dans le végétal. Ainsi, le grand astre de vie promène autour du globe le réveil et la force ; son absence plonge la nature dans le repos et l'abattement. Ce puissant moteur met en jeu toutes les espèces créées, au temps, à l'heure fixée par leur structure particulière ; il excite leurs chants de joie et leurs hymnes d'amour ; ouvre et ferme tour à tour le sein des Ilcurs ; balance les élémens, y ordonne des oscillations diverses ou plutôt de nouvelles harmonies. Aussi les périodes de notre existence , comme celle des autres créatures , correspon- dent aux mouvemens sidéraux de l'astre que nous habitons, et au soleil autour duquel nous circulons. Tel est ce grand orbe du temps , qui nous entraîne dans son tourbillon rapide , qui, mesurant nos;destinées, dévide continuellement les fils (le notre vie autour du fuseau de la nécessité , pour s'expri- mer à la manière de Platon. Quoique les liens qui ratiacheiil notre vie au globe et à la révolution 4e la terre dans sou ellipse autour da soleil, soient N A T 289 plutôt compris par la pensée qu'aperçus par les yeux, qui ne voit pas les espèces annuelles de plantes et d 'animaux se succéder et mourir à chaque cercle que la terre décrit dans son orbite ? Qui ne voit pas Thomme veiller de jour et dormir de nuit par cette rotation journalière du globe ter- restre , qui donne le branle à toutes nos fondions successives de vie ? Qui ne voit pas les périodes de nos âges se me- surer, d'après un certain nombre d'années ou de mois et de jours , depuis le sein maternel jusqu'à la marche des mala- dies, jusqu'aux époques déterminées de la puberté , du déve- loppement et de la cessation des menstrues chez les femmes, etc. ? Notre vie , dans son ensemble , ne compose-t-elle pas uTie cycloïde ou une sorte de roue sur laquelle nous montons insensiblement, de l'enfance à l'époque de la vigueur héroï- que , puis d'où nous descendons graduellement dans la vieil- lesse et le tombeau ?Tous les êtres décrivent ainsi un sorte de jet ou de parabole plus ou moins vaste , dans le cours de leur durée; plus l'impulsion en est rapide, plus elle est promplement parvenue à son terme fatal , comme on l'ob- serve sous les régions ardentes de la torride, où l'intensité de la chaleur solaire , et sans doute aussi le mouvement centrifuge du globe, dans sa rotation, porte bientôt toute croissance des animaux et des plantes à leur faite , et les use par cette extrême énergie de vitalité. Aussi c'est sous les tro- piques que s'élève la végétation la plus haute et la plus ma- gnifique ; c'est là que s'élancent les palmiers superbes, l'é- norme baobab, et que les simples graminées se développent en immenses bambous. C'est entre ces plages fécondes que de plus grands cercles de l'existence déploient des structu- res plus vastes chez les animaux ; et que jusqu'aux papillons, aux scarabées et aux autres insectes , tous acquièrent des -di- mensions extraordinaires et un luxe de couleurs éblouissanles, tandis que le froid et l'affoiblissement du mouvement centri- fuge du globe , près des pôles , amoindrit et resserre les membres des Lapons , des Eskimaux, comme il raccourcit tous les arbres, rend les plantes naines et rampantes à terre, à la manière des mousses et des lichens. 11 nous paroît donc que la même cause qui fait circuler les astres dans les cieux, imprime également le branle de la vie aux créatures , et nécessairement dans un rapport exact de correspondance avec le mouvement propre de chaque planète qu'elles habitent. Si ce mouvement changeoit , il seroit force que la combinaison des élémcns, et , par consé- quent , que noire structure et notre mode d'existence chan- geassent dans les mêmes proportions. Nous recevons l'Im- pulsion de la vie à peu près tomme la pierre , mue dans. XXI. in 9° N A T le tour (l'une fronde , acquiert une force impulsive propor- tionnelle à la rapidité et à l'aniplilude ;eiîipio , rappelle à lui tout le san^ r^ A T 2^,3 des extrémités du corps, puis le renvoie ensuite à ces mêmes extrémités, pour les nourrir, les accroître, les réparer; il remplit la même fonction que le soleil, tlans le système de notre monde; car cet astre dispense à toutes les sphères qui l'entourent , la clialeur et la vie ; et les attirant à lui , il les retient, les attache dans leur orbite ; il domine ainsi dans tout son système planétaire. Mais nos règnes organisés sont en rapport avec les élémcns de notre globe , qui étoient susceptibles de recevoir le mou- vement centralisant ou vital. Il est évident que le règne végé- tal n'emploie guère que trois éiémens , tels que le carbone , riiydrogène et Toxygène , ou Veau et V anthrarile de la nature primordiale. Par l'accession d'un quatrième élément, savoir l'azote, la nature s'est élevée à la production du règne ani- mal; de sorte que s'il n'exlstoit point d'azote dans notre sphère ou dans l'air qui l'environne, les animaux n'auroient paspu être produits ; mais s'il existoit un cinquième élément organisable, ou d'autres principes, nous aurions un règne de plus, des organisations plus compliquées encore qu'elles ne le sont. Par-là , nous pouvons comprendre que la nature s'élève graduellement, du simple au plus composé , et qu'en d'autres planètes ou tout autre monde , elle emploie les éiémens , et les coordonne relativement à l'astre qui les fournit. Nous observerons encore que plus les combinaisons natu- relles sont simples et formées seulement d'un ou deux princi- pes, comme les substances minérales, les sels , etc., plus elles sont adhérentes ou fixes et déterminées, et par consé- qiient durables. Aussi les minéraux restent presque inaltéra- bles pendant une longue série de siècles. Les végétaux cons- titués déjà de trois principes , ont une existence moins per- manente, ils meurent et se désorganisent; mais les animaurc composés au moins de quatre éiémens, sont les plus destruc- tibles ; ils périssent aisément , et à peine sont-Us morts , qu'une prompte putréfaction sépare to^ltes leurs parties : ainsi le lien des combinaisons organiques est d'autant moins solide qu'il comprend un plus grand nombre d'élémens , et forme ime structure plus complexe. D'ailleurs, les fonctions vitales deviennent d'autant plus xtn- nifestes ou mieux développées^ à mesure qu'elles composent une organisation plus perfectionnée. La pierre est insensible et Inactive ; la plante a déjà quehjue activité spontanée dans sa croissance , dans les phases de sa végétation ; certains végé- taux manifestent même de l'irritabilité , comme la sensltivc et les élamlnes de plusieurs fleurs ; enfin l'animal devient d'autant plus sensible, plus délicat, plus susceptible d'inleiJi- 296 ^ A 1 gence , que son organisation est plus accomplie. On en re- marque d'admirables nuances de progression , depuis le po- lype jusqu'à l'homme. Or, de quelle manière peut s'établir cette gradation mer- veilleuse qui fait sortir du sein de la terre des germes déli- cats de vie, pour les porter au faite où nous voyons que la nature est parvenue ? Certes , il paroît bien évident que la continuité du mouve- ment centralisant ou vital , produit une plus haute élaboration organique, favorisée parl'influence du soleil ou de la chaleur. Voyez cette plante qui germe et sort de terre, elle n'offre qu'une substance inerte et insipide ; elle n'est propre à rien encore, mais peu à peu le travail centralisant de la vie accu- mule vers son extrémité des principes plus élaborés et plus viviûans; sa substance médullaire donne naissance à des ger- mes; il se développe une fleur et des fruits savoureux, des semences contenant les élémens de nouvelles créations. Pareillement dans les animaux , le faîte de leur élaboration vitale, et leurs organes les plus empreints de la puissance ac- tive de la vie, qui sont le système nerveux, sont situés à la partie supérieure et antérieure de leur corps , à la tête et au dos , tout comme les organes de la fructification chez les vé- gétaux, sont placés à leur sommet. Qui détermine donc cette situation des organes les plus élaborés ou les plus vivifiés, vers les parties supérieures du végétal, et la tête de l'animal? N'est-ce point àr cause qu'elles sont les pins immédiatement exposées aux influences vivifian- tes du soleil.'' Il exalte, et en effet, favorise extrêmement l'é- laboration organique , comme il développe aussi les qualités sapides et odorantes, comme il colore plus fortement les par- ties des végétaux et des animaux, qui lui sont soumises ; enfin comme il exalte à l'excès l'imagination des hommes , sous les climats chauds. Or, par la continuité de ces influences, les êtres organisés doivent aspirer à s'éla3>orer successivement; car toute pro- duction organique se développe par degrés. CertaiuiMUcnt , l'existence des animaux suppose celle des plantes qui picpa- rèrent dînis l'origine la première nourriture à ces êtres ani- més , puisqu'ils avoient besoin de tirer de quelque part leur subsistance. Pareillement l'existence du végétal présuppose celle de la terre et de l'eau, sans laquelle rien ne végète. La première élaboration des matériaux bruts du règne minéral dut donc être la végétation , et celle-ci présentant ses com- binaisons au règne animal , celai-ci dut porter plus haai le de- gré d'organisation , par la continuité du travail centralisant et asslrailateur de la vie. L'on ohsttrve même que le^ auiimaut N A T 297 vivant d'autres animaux, s'élèvent à un ordre de perfection- nement supérieur à celui des races herbivores dont ils font leur proie ; enfin , l'homme profitant de tout ce que les deux règnes présentent de plus élaboré , soit dans les fruits et se^ menées des végétaux , soit dans les chairs et les sucs des ani- maux, perfectionnés encore par l'art culinaire, devient l'être le plus accompli de toute la nature , dans son organisation , dans le déploiement de son système nerveux et cérébral, ou dans sa sensibilité et son intelligence. C'est ainsi que U nature a àà s'élever graduellement au faîte auquel nous voyons qu'elle est parvenue depuis long- temps ; mais comme elle ne possède point un plus grand nom- bre d'élémens organisables ; comme le lien circulaire de la vie étreintàpeine les principes constituans du corps humain, lorsqu'ils acquièrent le faîte de leur élaboration organique , il paroît que la nature, surnotre terre, ne sauroit s'élever désor- niais au-delà de la production de l'homme, dans son espèce blanche, surtout. En effet , il est déjà l'être le plus maladif, le plus prompt à se détruire et à se corrompre ( au moral aussi bien qu'au physique ) , de toutes les créatures. Plus il se per- fectionne , plus il devient délicat , frêle , susceptible de se consumer de fièvres malignes et nerveuses, par cet excès d'é- laboration vitale et de développement intellectuel qui en est le résultat. On peut donc considérer notre globe comme une sorte de grand polypier dont les êtres vivans sont les animalcules. Nous sommes des espèces de parasites , des cirons, de même que nous voyons une foule de pucerons , de lichens , de mousses , {•t d'autres races qui vivent aux dépens des arbres. Nous som- mes formés de la fange même de la terre. Les facultés que J3ieu a données à cette matière , se sont exaltées et modifiées successivement , jusqu'à la production terminale de l'espèce humaine ; ainsi nous tirons notre vie et nos forces de la lerre (i). La génération des êtres les perpétue suivant lés lois de leur l)iinaiion originelle ; car, de même que la nature passe gra- dacllement d'une ébauche imparfaite à un corps bien perfec- tionné , ainsi les élémens destinés à un nouveau corps , ne sont d'abord qu'une liqueur plus ou moins épaisse , et douée d'une certaine faculté vitale ; mais cette liqueur s'organise peu à peu, s'enrichit de nouveaux organes, et s'empreint par nuances successives de Tesprit vivificateur. » (i) Dixit quoque Deu» : producat terra aniniam viventem in gé- nère suo, jumenta et veptilia, etbestias tcirœ, i;:curidùxn speciessua». Et factuui est ita. Gènes, c. 1 , vers. 24. 298 N A T Article IX. De la Formation successwe des créalures vwanies. Tons les animaux, toutes les plantes ne sont que des nio- dlfications d'un animal , d'un végétal originaires. On peut suivre, dans la composition de leurs organes, toute la chaîne de leurs ressemblances. Prenons l'homme physique, l'arbre le plus parfait , pour exemples. Si nous dégradons le premier , couche par couche , si nous déformons peu à peu toutes ses parties, nous en tirerons toute la série des aniniaux , et nous le réduirons entin au terme le plus simple , au type primitif de l'animalité. Nous en ferons de même dans le végétal. Il est donc visible que cette complication d'organes qu'on ob-- serve dans les êtres les plus parfaits , n'est produite que par une progression successive, une espèce de maturité organique, un développement continu. Le règne animal n'est, en quel- que sorte, (pi'un animal unique, mais varié et composé d'une multitude d'espèces, toutes dépendantes de la mC*me origine. De même le règne végétal ne forme (pi'un végétal unique; et l'c n peut dire que les animaux sont tous frères, comnie les plantes sont toutes sœurs (i). Cette chaîne admirable d'organisation dans les animaux et les plantes, s'observe de même dans la génération de cha- que individu. L'embryon du quadrupède , par exemple , dans (i) Antoine Vallisneri ayant fait ses beaux travaux sur la ge'ne'ra- tioii, n'osoil pas les publier (quoique dédiés à l'empereur des Romains, et approuvés par lui); il craignoit, d'aprèsl'exemple de Galilée, qu'on ne lui permit pas d'avancer l'idée , alors nouvelle, qu'aucune géné- lalioii n'éloit spontanée, et que les plus vils insectes même éloient créés par Dieu. Bieu ijue ce seuliment lût Irès-rcligieux en lui-même, il s'adressa à un savant théologien de Pavic , l'un de ses amis, le P. Tonti , pour qu'il lui découvrit quelque moyen d'éviter rinquisilion. Ce bon religieux lui dit qu'il trouveroit dans les Pères de l'Eglise, tout ce qu'il lui laudrolt. En effet, il prit plusieurs passages de St. Augus- tin, dans lesquels il semble que cet élo-iuent évèque d'Hippone , ait reconnu la préformation originelle de tous les germes des créatures vivantes. Ainsi, ce Père écrit sur la Genèse: Unde Deus nul/ara aniplius crcaluram instituons , scJ ea , qute omnia siniul fecit , admi— nistratorio actu gubernans et movcns , sine cessaiione opcratur , simul rcquiescens et operans. De là, le P. Tonti conclut que St. Augustin a reconnu que tout avait été créé dans l'origine, et que tout ce que nou^ voyons depuis ce teinps , n'est que le résultat du développement du plan primordial. El le P. Tonti s'étonne même que St. Augustin, par Ja force de son génie, ail pu prévoir les belles découvertes de Leu- Aveuhoëk etdes autres micrographes, sans avoir l'idée du microscope; car l'évèque d'Hippone s'explique ensuite en ces termes : Sicut enin in ipso grano invisibilia crûnt omnia simul , (/uœ per iempora , in arbo- rem surgcrent ^ ità et ipse mundus ccgilandits est, fjuiiin De us omuia simul creavit. N A T 299 le premier moment de la fécondation, n'est qu une gelée vi- vante fort approchante de la substance des polypes, et de la glaire organisée dos zoophyles. Quelques jours après , les premiers rudimens de ses membres le rendent semblable aux vers et aux autres animaux de celte famille. Bientôt il acquiert des facultés vitales analogues à celles des larves d'insectes, ou des mollusques. Il passe ensuite à un état semblable à ce- lui d'un poisson, et il nage de même dans une liqueur. Dan* les premiers momens de sa naissance , il n'a guère que la vie lente et obscure d'un reptile , et comme lui, le jeune animal se traîne à peine sur la terre ; enfin , il monte au rang que lui prescrit la nature. Il en est de même des végétaux Les jeunesanimauxet les plantes nouvelles sont d'une complexion molle , humide , spongieuse ; et les vieux végétaux , comme les animaux âgés , sont d'un tempérament aride et dur. De même, les animaux les plus imparfaits, tels que les polypes, les vers, les mollusques, etc. , ainsi que les plantes les plus simples , comme Il-s champignons, les mousses ; les liliacéea, etc. , sont d une constitution fort humide et mollasSe. Au contraire , les oiseaux et les quadrupèdes , les arbres et les arbrisseaux sont d'une consistance ferme et solide. Les ani- maux et les végétaux les plus simples représentent ainsi la jurs réponses , combien ils démentiroient vos reproches! Voyez-la, cette terre, aux jours du printemps, brillante des fleurs qui Témaillent, et des animaux qui la peuplent. Quels hymnes de joie et d'amour relenlisscnt dans les campagnes et au sein des forêts? Séjour délicieux où se préparent les allian- ces perpétuelles des fleurs, où les plus tendres harmonies ap- pellent les sexes sur le lit nuptial, mystérieux asiles témoins de tant d'hyménées , jusque dans le fond des abîmes de rOcéan , ou sur les âpres rochers des Alpes et du Caucase. Amour, âme de la nature , qui exhales un parfum ravissant sur toute la création , dans quel doux enchantement tu plon- ges les êtres émanés de la prodigue puissance ! Oui, la na- ture , en ordonnant leurs destinées , leur devoit le bonheur: ils le trouvent dans sa source , en se confiant à ces impul- sions sacrées qu'elle leur inspire pour accomplir la perpé- tuité de leurs espèces , jusque-là que les peines maternelles se transforment encore en de nouvelles jouissances. Si des matières organisées deviennent nécessaires pourré- parer les organes , c'est que rien ne peut nourrir que ce qui est le résultat de la nourriture ; ainsi , les seules substances végétales et animales sont capables de fournir desalimens, de soutenir Texislence. Nous assimilons en notre chair , en notre sang, et en nos propres humeurs , le pain, la viande, les fruits que nous mangeons ; mais les minéraux n'étant pas organisés , et n'ayant point une vie analogue à la nôtre , sont incapables de nourrir. En effet , la vie ne peut subsister que par 1^ vie ou ce qui a vécu. Le besoin de la nourriture dans les animaux et les plan- tes , dépend de deux causes. La première , est que , faisant continuellement des pertes , ils ont besoin de réparation , puisque tous les corps vivans s'usent par les frottemens réci- proques de leurs diverses pièces, de sorte que la nutrition doit s'opérer en raison des destructions. C'est pourquoi les hom- mes de peine , les animaux qui travaillent beaucoup , les es- pèces qui se donnent de grands mouvemens , comme les bêtes féroces , ont besoin de manger en proportion de l'affoiblisse- ment de leurs corps , tandis que les individus qui perdent peu , les animaux , les arbres , qui passent l'hiver dans l'en- gourdissement , n'ont presque aucun besoin d'alimens. 11 arrive même que , par cette déperdition graduée des anciens organes et par leur réparation continuelle au moyen des ali- mens, l'animal , le végétal, parviennent à renouveler entiè- rement le corps ; de sorte que le vieillard n'a plus la même peau, les mêmes fibres qu'il possédoit dans son jeune âge ; il a dépouillé sa jeunesse pour revêtir le triste habillement de la décrépitude. Cette mue successive est très-apparente dans les 3i6 N A T arbres , les reptiles , les insectes , qui changenl plusieurs fois de vêtemens extérieurs pendant leur vie , surtout au renou- vellement des saisons. La seconde cause qui n'est qu'une suite de la précédente , c'est que tout corps vivant est attiré vers son aliment propre par la faim. Celle-ci ne diffère peut-être nullement de la puissance qui attire entre elles les molécules d'un sel lorsqu'il se cristallise ; car c'est par une sorte d'affinité que les élé- mens d'un corps vivant cherchent à s'accroître , ou bien à réparer leurs pertes. Chaque partie de l'organisation a même une faculté attractive qui lui est propre ; ainsi l'os attire l'os , la chair compose la chair, la membrane organise la membrane, le nerf engendre le nerf: dans le végétal il en est de môme ; il s'opère des digestions successives dans tout corps vivant; la première débarrasse seulement l'aliment des parties les plus grossières ; les digestions suivantes font subir à la matière nutritive d'autres dépurations , et la vivifient peu à peu , afin de la rendre capable de remplacer les parties qui se détério- rent. La faim n'est donc qu'un défaut des élémens qui com- posent le corps , et qui tendent à se réparer. L'existence de tout animal, de toute plante, ne se soutient même que par un certain équilibre entre les puissances de destruction et de réparation qui agissent pendant toute la durée de leur car- rière. Dans la jeunesse, la force réparatrice est dominante , c'est pourquoi les corps vivans s'accroissent et parviennent à la plénitude de leur vigueur ; mais lorsqu'elle s'est épuisée par la conlinuilé même de son action, celte force est rempla- cée par celle de destruction qui agit toujours d'une manière inverse à la précédente; ainsi, plus un corps vivant est jeune, plus il s'accroît rapidement , plus il lui faut de nourritures ; à mesure qu'il vieillit il prend moins d'alimens , et ses orga- nes récupèrent moins de forces qu'ils n'en dépensent , de sorte que l'individu doit nécessairement s'affoiblir et périr. Ce sont même les différences introduites par la nutri- tion qui caractérisent les âges. Dans leur jeunesse , les êtres vivans sont d'une texture molle , spongieuse , dilatable ; mais à mesure qu'ils vieillissent , leurs organes acquièrent plus de solidité , ils deviennent même durs et rigides avec l'âge. On conçoit facilement que les mailles d'un tissu lâche se remplissant peu à peu par l'effet de la nourriture qui s'y accumule , doivent en acquérir plus de dureté , et aug- menter en densité. Cet endurcissement successif doit même parvenir au point de rendre plus difficiles les mouvemens des organes , et d'en obstruer les vaisseaux. Alors, ne pou- vant plus recevoir de nourriture , et faisant toujours des per- tes , il est nécessaire qu'ils périssent. Nous voyons dans N A T 3i7 l'homme , que tous ses organes se de'gradent peu à peu avec la vieillesse ; la vue baisse , l'ouïe devient dure , le goût se perd avec l'appétit , les dénis tombent ainsi que les che- veux, les genoux fléchissent , la tête tremble, la peau se ride ; tout meurt par degrés. Il y a donc une gradation d'endurcissement des corps vî- vans, depuis leur naissance Jusqu'à leur vieillesse; et comme nous en avons remarqué une pareille depuis les polypes jus- qu'aux plus parfaites espèces d'animaux , nous trouvons que la nature suit dans la série de ses œuvres , la même loi qu'elle s'est imposée pour chaque individu. Le polype est au qua- drupède ce qu'est l'embryon au vieillard , la plantule à un vieux chêne. Il suit de là que les espèces naturellement hu- mides el mollasses, doivent vivre plus long-temps, ou manger davantage que les espèces naturellement sèches et rigides , toute proportion gardée ; aussi les poissons vivent bien plus long-temps que les quadrupèdes , et sont beaucoup plus vo- races. Si certaines espèces d'une texture humide ne jouissent pas d'une longue vie, c'est qu'elles sont extrêmement fé- condes , et qu'elles épuisent leur propre existence pour la transmettre toute entière à leurs descendans. De la nécessité de se nourrir, la nature a tiré encore une loi très-importante pour faire régner l'équilibre entre toutes les espèces vivantes. Sans les animaux herbivores , la terre surchargée de plantes qui s'étoufferoienl entre elles parleur nombre , n'offriroit bientôt qu'un spectacle de destruction. Les petites espèces seroient anéanties parlesplu^ puissantes qui les surmonterolent , et tout s'encombreroit faute de con- sommateurs. Il a donc été nécessaire de créer des familles d'herbivores pour retrancher cette excessive exubérance de la vie végétale. Mais comme les animaux herbivores auroient pu se multiplier à l'excès à leur tour , et détruire jusque dans ses racines tout le règne végétal , il a fallu créer des carnivores qui détruisissent la tropgrande abondance des her- bivores. Enfin , pour contenir les carnivores dans de justes limites, l'homme a été créé sur la terre , et le sceptre lui a été confié sur tout ce qui respire. C'est par lui que le monde se maintient en paix, et puisqu'il devoit régner sur les plan- tes comme sur les animaux, il lui a été donné la faculté de se nourrir en tous lieux de ces deux règnes. C'est ainsi qu'un sage législateur tempère également les différens ordres d'un état les uns par lesaulres, établit cette hiérarchie de pouvoirs et ces pondérations mutuelles qui font régner le calme, l'har- monie et le bonheur au sein des nations. Le même équilibre de vie subsiste dans l'enipire des eaux, bien qu'il ne s'exécute guère qu'entre des animaux, puisqu'il 3iS N A T y en a beaucoup plus que de plantes dans TOcéan, C'est ainsi que plusieurs espèces de poissons étant très-carnivores , dé- truisent la surabondance des espèces très-fécondes; celles-ci compriment à leur tour la multiplication excessive d'uneinul- titude de races inférieures. En instituant une guerre mutuelle entre tous les animaux, la nature n'a cependant pas été cruelle , puisqu'elle donna la ruse au foible pour triompher à son tour de ses tyrans ; puisqu'elle protégea l'innocent par des armes défensives , ou lui donna le moyen d'éviter la mort. Si elle a distribué âes griffes acérées au lion , des serres puissantes à l'aigle , un bec crochu au vautour, des dents cruelles^ au tigre, elle a donné des jambes agiles aux cerfs, àes cornes menaçantes aux taureaux, des nageoires rapides au poisson, des coquilles aux mollusques, un test plus ou moins solide aux crustacés et aux insectes les plus foibles. Elle a défendu les plantes par des épines, des crochets, ou même en a imprégné plusieurs de sucs empoisonnés. Elle a voulu que la terreur suspendît la sensibilité dans les animaux , parce que son dessein est de détruire , mais non pas de faire souffrir. Encore cette destruction n'est-elle qu'une autre manière die vivre, parce que rien ne meurt en effet. La mort n'est qu'une vie cachée, un minimum d'existence qui retourne par nuances à son maximum, qui est seul apparent pour nous. La matière a sans doute besoin de celle pause, de ce sommeil pour se réveiller avec plus de vigueur, pour puiser dans l'âme vivifiante du monde une nouvelle énergie. C'est ainsi que le sommeil répare nos sens fatigués , et fait couler dans nos veines le feu qui nous ranime chaque matin , et nous remplit d'une exubérance de vie. Article XUL De la chaleur et de rhumiditéy agens nécessaires à la vie. Puisque tous les êtres vivans se détruisent, ils doivent en reproduire d'autres à leur place ; car , comme nous l'avons vu, les matériaux des corps organisés tendent à repasser à la vie ; la matière ne peut pas demeurer oisive , puisqu'elle est perpétuellement sollicitée au changement par ses diverses attractions. La procréation est donc toujours proportionnelle k la destruction. Voyez ces terres ardentes de l'équateur, où les plantes et les animaux ne vivent qu'un instant, parce qu'ils s'entre-détruisent sans cesse, où la chaleur extrême précipite leur existence, où leur corruption est si rapide et leur mort si multipliée , où Ton est déjà vieux dès la naissante; c'est là que les générations sont étemelles et se prodiguent sans inter- ruption , parce que les nourritures ne manquent jamais aux êlres vivans. En effet, cette profusion de matières alimen- taires permet à tous les germes de se développer , de s'ac- croître , d'engendrer avec toute la latitude possible ; et plus il naît d'animaux et de plantes , plus ils donnent lieu à de nouvelles générations, puisqu'ils leur fournissent en abon- dance tous les moyens de subsister. D'ailleurs la chaleur aug- mente l'activité de la vie, et communique aux facultés pro- pagatrices une sorte d'impétuosité; elle use plus rapidement l'existence. L'homme, Tanimal, la plante, ressemblent par leur vie à un flambeau allumé , dont la mèche enflammée est analogue auxfacultés vitales, comme la matière grasse qui ali- mente la flamme , ressemble au corps de ces différens êtres. Or , plus la mèche brûle fortement et rapidement, plus elle consume promptement le flambeau; de même plus la vie est énergique , moins elle est durable. Comme la chaleur imprime à tousles êtresune activité per- pétuelle , ils vivent d'une manière plus intense , plus destruc- tive; ils engendrent davantage, ils s'épuisent plus tôt, et meu- rent au bout d'une courte carrière. Dans les climats froids des pôles , les êtres ont, au contraire , de longues intermittences de vie , des sommeils, des engourdissemens , des langueurs dans toutes les fonctions; de là vient que leur vie coule plus lentement , semblables à ces lampes-veilleuses qui ne don- nent qu'une foible lumière, mais qui la prolongent beaucoup. Ils végètent plutôt qu'ils ne vivent ; de là vient encore que leur puissance reproductive est affoiblie ; et comme ils trou- vent peu de nourritures sous un ciel aussi avare de produc- tions , les générations nouvelles ont peine à s'y multiplier. C'est pour cela que nous rencontrons tant de matière vi- vante sous les tropiques, et si peu vers les pôles. La chaleur n'est pas seulement un grand excitant de la vie ; elle a mul- tiplié encore la matière organisée vers l'équateur ; elle y a pour ainsi dire concentré toutes les substances de vie. On conçoit, en effet, qu'il doit s'établir un écoulement conti- nuel de matière animée des contrées polaires vers les pays chauds qui en sont comme le grand réservoir.Tout de même que les fleuves sortant des montagnes , vont ensevelir leurs eaux dans l'Océan, ainsi les peuples du Nord descendent vers le Midi, et des bandes d'oiseaux, de poissons, de qua- drupèdes émigrent souvent dans les régions chaudes. Mais comme il arriveroit bientôt un épuisement total de la matière animée vers les pôles , la nature y a refoulé des êtres vivans pour remplacer ceux qui en sortent. Ainsi l'Océan est bien plus fécond près des pôles que vers l'équateur; il semble que les habitans des mers renaissent incessamment dans les zones froides. Nous voyons les harengs , les morues , les saumons , 3ao N A T les esturgeons, les baleines, et une multitude d'espèces pul- luler à l'excès sous les zones glaciales; tandis que les chau- des mers des tropiques sont , à proportion, bien moins fé- condes. Cet effet est peut-être produit par la diverse salure de l'Océan , car dans les pays froids il doit tenir moins de sel en dissolution; mais sous le brûlant équateur, ses eaux doi- vent en dissoudre en plus grande quantité; ce qui, joint k leur évaporation , peut augmenter leur salure. De même que nous fuyons un air chargé d'émanations désagréables , les poissons doivent préférer les ondes moins amèrcs des con- trées glaciales. D'ailleurs, le fond de l'Océan conserve, môme vers les pôles , une température assez douce qui fa- vorise la multiplication des poissons , et ils n'y sont peut- être pas si troublés que dans les mers des tropiques , tou- jours peuplées de races sanguinaires, telles que les requins, les liburons, les dorades, etc. Si les continens sont plusslériles dans les pays froids , les mers sont au contraire plus fécondes vers les pôles, et plus dévastées entre les tropiques. Ainsi les eaux réparent aux pôles ce que perd la terre. Nous voyons même que les productions vivantes se multiplient prin- cipalement où l'eau arrose le plus la terre. Considérez ces terrains arides de rx\rabie , ces effrayantes solitudes de l'Afri- que; entièrement privées d'eaux, elles ne présentent qu'une mer immense de sable où rien ne vit, rien ne végète. On ne rencontre pas même une touffe de gazon dans l'espace de plu- sieurs lieues de circonférence; on n'y trouve aucun animal , aucun arbre ; le sol entièrement nu est couvert d'un sa- blon mouvant où le voyageur s'égare et périt de soif; les vents déchaînés sur ce sol aride élèvent et détruisent mille monticules de sable , ou transportent dans les airs d'épais nuages d'une poussière brûlante. S'il se trouve au milieu de ces déserts quelque foible source , quelque marre d'eau sau- mâtre, le petit terrain qu'elles arrosent est couvert de verdure, d'arbres, de fleurs, et peuplé d'animaux.C'est une île entourée d'une vaste mer de sables stériles, où les caravanes viennent se reposer et se désaltérer. L'eau est ainsi le fondement principal de l'existence des corps vivans , puisqu'ils ne peuvent point subsister sans elle , et qu'ils en reçoivent l'aliment et le mouvement orga- nique. La plupart des mousses périssent par la sécheresse ; mais il suffit de leur rendre de l'eau pour les faire reverdir et revivre, même après plusieurs années. L'on a trouvé quelques espèces d'animalcules que la sécheresse falsoit mou- rir et que l'humidité ressuscitoit tour à tour; tels sont les rotlfères ^ les tardigvades {yihriones) ^ les gordius , etc. Non-seulement l'eau communique aux animaux et aux N A T 321 planios le mouvemetil vital , mais encore il n'est aucune es- pèce qui ne commence son existence dansun état de liquidité, et qui ne se nourrisse par le moyen d'alimens rendus fluides , de sorte que rien ne s'opère dans les corps vivans que par le moyen de l'eau. Les humeurs, telles que le sang, la lymphe dans les animaux , la scve et les sucs dans les plantes , ne re- çoivent leur fluidité que par l'eau qui tient en dissolution les matières qu'elles contiennent. La liqueur séminale qui est la quintessence vitale de toutes les parties du corps , est de même. La nutrition et la génération, ces deux genres de fonctions si importantes dans l'économicvivante, ne peuvent donc s'exécuter que par l'intervention des liquides , parce que ceux-ci tenant les molécules de matières dans un élat de division et de mobilisé extrême, facilitent leurs conibi- naisons. Des corps solides, au contraire, ne pourroient point agir (i). Il est même visible que l'eau ne sert pas seulement d'exci- pient aux molécules organisées, qu'elle ne se borne pôs à les charrier , à faciliter leur arrangement, mais qu'elle y entre même comme principe constituant. C'est ce que démonîre l'expérience des arbres, des graines qui s'accroissent dr.ns l'eau seule et y acquièrent un grand développement. L'eau n'est point un empire stérile , l'Océan est même beaucoup plus peuplé que la terre; son sein est rempli d'une multi- tude innombrable d'animaux de toute espèce. Nous voyons aussi que les contrées aquatiques et profondes sont infiniment plus fertiles en productions vivantes que les terrains aride?. On remarque encore qu'un animal , un végétal , nés dans un sol bas et humide, sont beaucoup plus gros, plus grands que les mêmes espèces nées dans leslieux secs et élevés. Com- parez , parmi les hommes, ces gros et gras habitans de la Hollande , avec les Arabes Bédouins , si décharnés, si sers , ou les bœufs épais de la Flandre avec le bétail maigre et ner- veux des stériles montagnes. D'ailleurs les générations sont plus fécondes et plus miilii- pliées dans les lieux aquatiques. C'est là que fourmillent des millions d'insectes, de yers , de champignons, d'algues, de graminées , et tous ces êtres qui semblent n'exister que pour engendrer et mourir. Comme la putréfaction y est pionipte et générale, la multiplication des êtres qui se nourrissen! di; substances corrompues y devient excessive. C'est là leur élé- ment naturel, puisque la reproduction se met toujours \n (i) Corpora non agnri! , nisi sint solula, XXII. 323 N A T rapporl avec la corruption. Cette réunion de deux agens sî contraires avoit fait admettre aux anciens l'existence des gé- nérations par la putréfaction , parce qu'ils les Irouvoient tou- jours ensemble , et toutes deux opérées parla chaleur et rhumidilé. Rien n'est moins prouvé que ce mode de génération, comme nous l'avons montré; car, pour qu'elle soit produite , il faut qu'il existe des germes de vie, des œufs ou des em- bryons de nouveaux êtres, et qui aient la puissance de recons- truire ce que la putréfaction désorganise. Celle-ci n'est si fa- vorable à la reproduction qu'à cause qu'elle divise les molé- cules des corps organisés et qu'elle les met dans une condi- tion plus propre à se réunir. La chaleur et l'humidité sépa- rant les principes constituans des animaux, des plantes, ren- dent à ces mêmes principes toute leur tendance naturelle à la combinaison ; cette tendance n'est entièrement sallsfaile que dans le corps organisé. Ainsi , les molécules vivantes con- servent une attraction entre elles comme les molécules des substances brutes, et ne se reposent qu'après avoir été com- binées. Nous observons celte atlraclion des molécules vivan- tes , dans la nulrilion ; car plus un animal ou une plante sont jeunes, plus ils appâtent la nourriture; à peu près comme une molécule de sel qui se crislalllse dans une liqueur , attire à elle les molécules de même nature pour s'en accroître. A la vérité , celte attraction chez les minéraux ne forme qu'une simple accumulation à l'extérieur, au lieu que chez les corps organisés cette attraction se fait dans l'intérieur des corps, et par inlus-susceplion; mais le principe est le même. Comme en chimie l'on ne sépare les élémens d'un composé qu'en for- mant d'autres composés, de même un corps vivant ne se dé- compose que pour entrer dans de nouveaux corps. 11 suit de là que ces deux agens si puissans sur les matières organisées , la corruption et la génération , reviennent au môme but par deux voies opposées , puisque tout ce qui est engendré se corrompt, et tout ce qui se corrompt engendre. C'est par ce* forces inverses que la nature renouvelle tout ce qui vil sur la terre. Ces modifications de la substance animée ne s'exécutent que par l'intervention du principe aqueux. Tout être prend naissance dans rhumidilé , et l'eau est la matrice générale de tous les animaux et les végétaux. La multitude des coquil- lages marins répandus par toute la terre , et déposés même sur les plus hautes montagnes à une élévation de quinze cents ou deux mille toises au-dessus du niveau actuel des mers, nous apprend que rOcéan a jadis couvert notre globe. Le N A T 325 décrolssement de cette grande masse d'eaux est même devenu sensible depuis plusieurs siècles ; mille terrains submergés , et laissés à sec aujourd'hui , en fournissent la preuve; à cha- que pas nous en trouvons des témoignages dans cette foule de débris de coquilles , dans cas pélrificalions , ces dépôts , ces Jits de terre, ces cristallisations que notre sol recèle partout. Vidi ego quod fiierat quondam solidissima lellus Esse (retum ; vidi factas ex aequoie terras ; El procul à pelago conchae jacuêre marinse. Article XIV. — ■ De f organisation graduelle des germes vége- taux el animaux. La terre ayant été presque toute noyée d'eau dans son ori- gine, elle ne pouvoit donc créer et nourrir que des êtres aqua- tiques; et comme la nature s'élève des corps simples aux corps composés , elle donna d'abord naissance à ces ébauches de vie, à ces animalcules microscopiques, à ces moisissures in- formes que nous voyons se multiplier dans toutes les eaux croupies. La puissance vitale essayoit ainsi ses premières forces ; elle s'exerçoit, pour ainsi dire , par divers tâtonne- mens, à de plus sublimes ouvrages. Elle ne forma dans le prin- cipe que des molécules gélatineuses, une sorte de limon glu- llneuxque la chaleur vint animer peu à peu , et qui se résol- voit en putrilage pour se changer bientôt en un essaim d'ani- malcules vivans. Nous observons encore aujourd'hui des faits à peu près semblables dans ces mares d'eau stagnante , où Ton rencontre mille germes de vie (i) , qui s'y développent par l'influence d'une chaude température. Il y a donc des agens principaux dans la génération de tous les êtres; i." l'eau épaissie en mucosité et chargée d'un limon empreint des germes de vie par la suprême intelligence; 2.0 la chaleur solaire , ou cette puissance active et stimulante qui communique le mouvement auxmatlères disposées à la vie. Comme l'action vitale, dans ces matières simples, y déve- loppqit peu à peu de nouvelles facultés , la continuation de cette action vitale dut y opérer des perfeclionnemens succes- (i) Les anciens, qui avoienl observé ce fait , iVrnèrent des char- mes de la poe'sie. Ils disoient que Ve'nus e'Ioit née de l'écume de l'Océan et des parties naturelles de Saturne, qui étoit l'allégorie du Temps. Ils avoient aussi placé dans la mer , Protée , dieu marin qui prenoit toutes les formes, et qui représentcit ainsi l'admirable fccoa- dilé de l'eau. 3.4 N A T sifs. Il se forma donc des êtres plus compliqués: les ébauches d'abord imparfaites se rectifièrent insensiblement. Alors du- rent prendre naissance les polypes, les zoophytes qui com- posent les madrépores, les coraux , les cératophytes, les éponges , etc. Comme le règne végétal s'organisolt en même proportion , Ton vit aussi se former des algues , des conferves^ et une foule d'autres plantes encore peu perfectionnées. On doit considérer le phénomène de la procréation des êtres comme une évolution successive du principe vital que ia terre a reçu de la Divinité , comme une germination sol- licitée par l'eau et la chaleur du soleil; de même que nous voyons les arbres développer auprinteujps leurs tendresbou- tons, faire sortir leurs feuilles et leurs (leurs dans les beaux jours, les corps organisés sont pour la terre ce que sont les feuilles , les (leurs elles fruits pour les arbres ; ils naissent et tombent de même , mais à diverses époques et non pas tous à la fois. Les corps vivans nous paroissent ainsi une produclioa du globe terrestre , un sédiment de la mer et de l'air, aniu é par la chaleur du soleil. La différence entre les molécules animales et les molécules végétales , tient à peu de chose chez les plus simples de ces corps vivans, et il y a grande apparence qu'elles étoient d'une nature presque semblable dans le principe. Nous sa- vons mçme par l'expérience que les plantes les plussimples, telles que les algues , les champignons , sont formées à peu près des nsêmCs élémens que les zoophytes et les autres aiii- îTiaux primitifs, puis^]u''elles fournissent également, à l'analyse chimique, des prodnils animaux. Il paroît que les substances végétales sont une dégénérescence de la matière animale ; car lorsque la nature créa les êtres primitifs, elle les doua tous sans doute des mêmes propriétés. Peut-être que certai- nes circoasfançes ayant empêché, dans une partie de ces êtres , le développement des facultés sensitives et contracti- les , il s'établit uu règne secondaire au premier , qui en suivit cependant toutes b's nuances. C'est ainsi que le règne végétal se rapproche par beaucoup d'analogie du règne animal, et prend dans ses diverses produclions une marche parallèle. La mer, ce grand atelier de la vie , ayant multiplié dans son sein les corps organisés primitifs ou les zoophytes , ils formèrent une gr.ande quantité de terre calcaire. C'est ainsi que nous trouvons aujourd'hui des bancs énormes de n)adrépo- res , des montagnes, des îles entièrement calcaires qui se sont élevées au sein de l'océan dans une longue suite d'âges, et qui doivenl toutes leur origine aux zoophytes. La plupart de nos terrains calcaires ne sont même que le rcsullal de 1 a- nimaiilé. ()\>. i^uoro par quels moyens les zoophytes et les» N A T 3.5 coffuillages transforment l'eau en terre calcaire; cependant, nous en sommes témoins chaque jour. C'est ainsi que le globe terrestre dut prendre de rarcroissement , et les eaux de l'O- céan durent diminuer peu à peu de volume. Telle fut sans doute la première époque des corps vivans de notre planète. Les zoophytcs en peuvent être regardés comme premiers habilans, et comme ils sojit les plus ^impies, ils doivent elre aussi lesplus naturels de tous les êtres, les plus, voisins des corps élémentaires. , , Un degré de plus dans l'organisation produisit la famille des vers, et l'innombrable tribu des coquillages. Un seul coup d'œil sur la plus grande partie du sol que nous habitons, suffira pour nous le montrer couveOs * lits immenses de co- quilles fossiles, dont les analogues vivans ce se retrouvent plus aujourd'hui que dans la profondeur des mers et Sur- des plages lointaines. Quand l'on envisage combien d'années il a fallu pour amasser des quantités si prodigieuses de ces coquillages , on ne petit s'empêcher de croire que la terre ne soit d'une antiquité à peine imaginable. Les pierres des py- ramides de quatre mille ans coiiliennent déjà des coquilles ^ des nummulites. La terre ferme s'augmentant toujours aux dépens du prin- cipe aqueux, on vit naître sur les confins des deux éléiiiifens, dans la fange inabordable , cette multitude de végétaux impar- faits qui ne vivoient que pour se pourrir et se reconstruire ensuite. Telles furent les races impures des champignons, des algues , des mousses qui préparèrent un terreau fertile pour nourrir dans la suite de plus brillantes colonies de végé- taux. C'est ainsi que la terre sortant lentement des eaux et se couvrant d'un limon marécageux, se dessécha peu à peu et fournit des terrains propres à faire croître lés graminées, k'sfou - gères et mille autres plantes d'une organisation plus composée. A mesure que la mer laissoit à sec une partie des conti- nens , une foule d'êtres marins furent exposés pendant une longue suite d'âges à vivre sur la terre , et obligés de se passer d'eau. Il falloit donc que ces êtres périssent ou qu'ils devins- sent terrestres, en changeant leur première manière d'exister sous les eaux avec l'habitude de vivre dans l'air. Les vers durent se changer en larves d'insectes, et se métamorphoser en habitans de la terre. Nous voyons aussi les larves des éphé- mères , des dytisques , des hydrophiles , des libellules, et d'une foule d'autres insectes , passer leur première existence dansl'eau, etn'ensorlirque sous leur dernière métamorphose. N'est-ce pas un reste de l'habitude primitive qu'avoient ces animaux de vivre dans l'eau? I! y a même beaucoup de co- quillages univalves qui vivent également bien dans l'eau et sur 326 N A T la terre. On voit encore des crabes sortir des eaux et y ren- trer à volonté , comme pour s'essayer peu à peu à la vie ter- restre. La même modiGcation se remarque parmi les plantes; cap plusieurs familles qui furent enlièrement aquatiques dans le principe , s'apprennent à vivre en partie dans l'eau oi dans l'air: telles sont la prèle, les nénuphars ^ ]es potamogetons ^ le trèfle d'eau, etc. D'autres, plus avancées dans cette habitude , se tiennent seulement près des eaux , comme les salicaires, les lisymachies , les scrophulaîres , les saules , les renoncules , et une foule d'herbes de nos prairies. Quelque jour, selon toute ap- parence , elles seront entièrement accoutumées à la vie ter- restre. , Les espèces d'animaux primitifs qui avoient moins de faci- lité pour se mouvoir, furent les plusexposéesà demeurer à sec sans pouvoir retourner dans les eaux. Elles furent donc obli- gées de se rendre terrestres ou de périr ; mais les animaux qui restèrent dans les eaux, y reçurent aussi des modifica- tions successives. Les gastrobranches devinrent peu à peu des poissons, ou l'habitude de nager développa chez eux des organes, et les façonna en rames ou en nageoires. V. Poissons. La nature marche ainsi de degré en degré , et par la conti- nuité de son action perfectionne ses ouvrages. Des poissons, elle s'éleva à la classe des reptiles. Les anguilles , par exem- ple , sortent souvent des eaux pendant la nuit, et rampent dans les humides prairies à la manière des serpens. La nature tira sans doute de cette manière la classe des reptiles du sein des eaux. Plusieurs de ces dernières espèces , telles que les salamandres , quelques tortues , les crocodiles et plusieurs autres lézards , se ressouvenant encore de leur origine aquatique , vivent tantôt dans l'eau et tantôt sur la terre. Les grenouilles et les crapauds, dans leurs premiers âges, sont même des espèces de poissons appelés têtards ; mais ils changent leur nature aquatique pour prendre une vie mitoyenne entre l'air et 1 eau. Voy. Reptiles. C'est de celle manière que les animaux se ierrestrisent peu à peu , à mesure que la nature perfectionne davantage leurs organes et leur vie. Elle marque ainsi ses époques de vie. Si les animaux d'abord aquatiques deviennent habitans de la terre; les plantes, à plus forte raison, ne pouvant pas suivre de même qu'eux 'e décroissement des eaux, et se retirer avec elles , ont été obligées de s'accoutumer plutôt à la vie terres- tre : de là vient que les eaux contiennent plus d'espèces d'a- nimaux que de plantes. Cette combinaison étoil encore avan« N xi T 327 tagcnsc , en ce qu'elle présenta d'abord aux animaux qui de- venoient terrestres, des nourritures végétales toutes prêtes pour leur subsistance. Il étoit donc nécessaire que le règne végétal fût assez inuUipllé pour leur fournir une quantité suf- fisante d'alimens. Les animaux terrestres ont une plus grande complication d'organes que les tribus aquatiques; car la vie aérienne est plus difficile à supporter que l'aquatique , à cause des chan— gemens brusques et considérables que i'atmospîière fait éprou- ver aux êtres dans cbaque saison , et par les variations des températures , de lumière et de ténèbres qui influent beau- coup sur les corps vivans. Les eaux sontmoins exposées à ces thangemens subits et profonds, tout s'y opère d'une manière plus lente et plus graduée -, il leur falioit donc des habitans moins compliqués dans leur organisation : aussi les espèces terrestres sont-elles plus sujettes aux maladies que les races aquatiques. De la classe des reptiles , la force organisatrice de la na- ture remonta aux oiseaux. De même que le règne animal en- tier paroît émaner d'une seule tige , chacune de ces classes sort d'un seul être primitif, qui se modifie par nuances suc- cessives; car la nature ne s'écarte jamais de ses lois premières et de l'unité de son plan. Une seule espèce d'oiseaux créa toutes les autres espèces ; et de même que nous avons vu tous les êtres tirer leur origine de l'eau , il est vraisemblable que les oiseaux aquatiques furent aussi les premiers de cette classe. En effet, si nous prenons les manchots {aptenodyies ), les pingouins pour exemple , nous verrons qu'ils ne sont encore que des oiseaux imparfaits, à peine ébauchés, quin'ontpour ailes que des moignons , et au lieu de plumes qu'une sorte de duvet court. Leurs pattes sont très-petites , leur démarche est boiteuse , et ils vivent si constamment sur Teau , qu'ils semblent ne point appartenir à la terre. De ces esquisses grossières d'oiseaux , la nature s'avance progressivement aux races mieux conformées; ainsi, des algues tt des manchots ï on remonte à la famille entière des oiseauyi palmipèdes , aux pé- licans , aux guillemots , a.ax plongeons , aux oies et aux canards ; de là aux grèbes, aux poules d'eau; et l'on passe à la tribu des scolopaces , tels que les grues , les hérons , les courlis , les bé- casses , les vanneaux et les autres oiseaux de rivage. En remon- tant encore l'échelle de perfection , l'on arrive aux gallinacés, tels que \g.s paons , \es faisans ^ les perdrix , les pigeons ; ceux- ci font le passage à la famille des petits oiseaux granipores , comiue les alouettes., les merles , les fauvettes , etc. ï)e ceux-ci l'on entre dans l'ordre des oiseaux demi-rapaces jiar les mésarr» 3.S N A T ges , \qs pics giicrlies ^ les roUiers , les huppes ^ les corbeaux , les pies .» cl 1 on passe à la famille des oiseaux de proie , comme nnliiiis , rpenn'ers, faucons, vaulours, aigles et liibuux. En suivant toujours la gradation, nous trouvons les oiseaux grimpeurs , tels que lcs;?zVs , les guêpiers, les iourans , les anis , enfin , la belle famille Aes perroquets. Voyez Oiseaux. La même marche que nous avons observée dans les oi- seaux , doit être encore suivie dans la classe des animaux vi- vipares; tant la nature est constante dans celte loi de grada- tion. Ainsi, les cétacés, au premier coup d'œil , sont des animaux informes qui paroissent avoir été originairement poissons , de même que les oiseaux palmipèdes ; mais ils ont reçu des dcveloppemens dans certains organes dont les vrais poissons manquent. Les cétacés sont en quelque sorte les grands embr^onsde la classe des quadrupèdes; car, de la ha- leine , du cachalot et àes dauphins , qui n'ont que des rudimcns informes de membres dans leurs nageoires , on passe par de- grés au lamantin , aux veaux marins , chez lesquels tous les membres se développent peu à peu ; de ceux-ci aVhippopo- tanie , au rhinocéros^ à V éléphant^ a.\i tapir ^ au cochon. De ces animaux l'on remonte à la famille des ruminans , tels que les diameaux ^ les cerfs ., les bœuf s , les chèi'res ., les brebis ; nous entrons ensuite dans l'ordre des édentés , comme les tatous , l'^s four ndliers ; et de là dans la famille des rongeurs , comme les porc- é pics ^ les marmottes , les rats , les castors , les lièi'res , les écureuils , etc. On passe des hérissons et des taupes a la tribu des espèces canwores , tels que les ours , les iclineumous, les martes et putois., enfin les cldens , les lions , les chats., les cicettes., etc. Nous remontons ensuite par les galéupiihèques aux charnue-souris ; de celles-ci aux phalangers., aux didelphes , qui font un passage aux makis, cl de là aux singes. On peut voir dans cet arrangement comment les oiseaux palmipèdes correspondent aux cétacés, les oiseaux de rivage aux races des quadrupèdes aquatiques , les gallinacés aux ru- minans, les oiseaux de proie aux mammifères carnivores , les oiseaux granivores aux quadrupèdes rongeurs, et les per- roquets aux singes. Voyez Quadrupèdes. 11 V a même une gradation de Ihumidilé à la sécheresse, depuis les oiseaux palmipèdes et les cétacés jusqu'aux perro- quets et aux singes , ([ui sont à la tête de ces deux classes «l'animaux. Ainsi, ces premiers ordres d'animaux sont aqua- tiques; viennent ensuite les mauunifères et les oiseaux qui se tiennent seulement dans la boue , tels que les scolopaces et les bêtes brutes; on trouve après, les gallinacés e les ru- minans, qui fréquentent les champs , les prairies; puis les quadrupèdes ron^jeurs et les oisillons granivores , qui aiment N A T 3.9 les terrains un peu plus élevés ; puis les oiseaux posiilon des parties est quelquefois inverse ; ainsi l'on a trouvé des hommes et des animaux chez lesquels les viscères du bas ventre étoient transposés , le foie étant porté à gauche, la rate et le cœur à droite, etc. Cette erreur peut être causée par un trouble survenu dans le temps delà structure de ces organes. Les taches de naissance, appe- lées émues , parce qu'on les croit produites par certains désirs bizarres des femmes grosses, ne sont autre chose que des maladies locales de la peau , des portions qui n'ont pas éprouvé la même impression vitale que le reste du corps. On pourroit les comparera ces excroissances, ces rugosités, et autres inégalités qui se trouvent sur l'écorce des arbres. D'ail- leurs il peut se rencontrer dans les eaux de l'amnios qui en- tourent le fœtus humain, des substances hétérogènes qui, s'attachanl à quelques parties de sa peau encore très-molle , N A T 34s s'y incorporent et en détériorent le tîssn ; voilà ce qui produit les taches, car il est reconnu que l'imagination de la mère n'a aucune influence sur une partie déterminée de l'embryon ; elle ne peut agir que sur l'individu entier, en troublant les humeurs nourricières qui s'y portent, et en précipitant ou modérant le cours du sang dans la matrice. Comme il n'y a de communication directe entre l'enfant et sa mère que par les humeurs, c'est le seul moyen qu'ils puissent avoir d'agir l'un sur l'autre. Les monstres par excès sont ordinairement formés par deux embryons qui se sont collés lorsqu'ils étoient encore dans un grand état de mollesse. On trouve quelquefois aussi réunies des cerises , des prunes et autres fruits , parce que naissant très-rapprochés , ils se sont soudés ensemble. De même on voit des œufs à deux faunes, et lorsqu'ils sont cou- vés , les poulets qui en sortent sont doubles et monstrueux. Quelquefois les deux germes ou embryons se sont tellement réunis, qu'un seul a pu se développer entièrement, et que l'autre n'a produit que quelques parties. C'est ce qui se re > marque dans les monstruosités humaines à trois bras , à quatre pieds , etc. Les individus qui naissent avec six doigts aux mains et aux pieds , tiennent cette difformité de la sura- bondance du principe nutritif dans ces parties; comme l'on voit certaines branches d'arbres pousser avec plus de vigueur que les autres , et produire un plus grand nombre de ra- meaux ou des pétales surnuméraires. Certaines femelles ont contracté une habitude de créer des monstres, ce qui paroît venir d'une constitution maladive de la matrice. Ce sont surtout les espèces d'animaux les plus compliquées ou les plus parfaites. 11 est assez naturel de croire que des êtres si composés sont plus sujets à se déran- ger que des races plus simples ; car à in<;sure qu'une machine est plus compliquée , elle est aussi plus facile à détraquer^ C'est pour cela que l'homme qui est bien plus délicatement organisé que les animaux , est aussi exposé à un bien plus grand nombre de difformités, tandis queles espèces très-sim- ples ne sont presque jamaismonstrueuses. Ce qui arrive dans le sein maternel , peut aussi avoir lieu au dehors ; c'est donc pour cela que les quadrupèdes y les oiseaux et l'homme sur- tout , sont infiniment plus sujets aux maladies que les ani-^ maux des classes inférieures. Il y a même àes raisons qui font soupçonner que les or- ganes sexuels des femelles peuvent être dans un état d'aber- ration vita'a , tout coiiime l'estomac l'est dans les pâles cou- leurs. Les femmes hystériques , les filles chlorotiques ont le goût dépravé , et mangent des matières incapables de noui:r 3U ^^^ A 7 rir, telles que du charbon, des cheveux, de la cendre , du plâtre , de la cire , etc. De même la matrice de ces femmes délicates étant dans un état analogue de dépravation , doit intervenir l'action de la puissance organisante- C'est aussi ce qu'on observe chez les femmes grosses, qui ont le plus de ces envies absurdes, et c'est ce qui a donné naissance à l'o- pinion qu'elles Influoienl sur le fœtus. La matrice a donc, comme l'estomac , une espèce de pica ou de malar.la^ espèce de maladie qui déprave les fonctions de la sensibilité et de la vie. Les femelles les plus sensibles , les plus délicates, sont, par cette raison , les plus exposées à toutes ces irrégularités dans les produits de la génération ; tandis que les personnes les moins sensibles , les plus robustes , n'y sont presque ja- mais sujettes. Telle est encore la raison pnar laquelle les bctes produisent moins de monstruosités que l'espèce humaine , et les aniinaiix sauvages , moins que les animaux domestiques , et même les végétaux champêtres , moins que les arbres ou les herbes de nos jardins. C'est que nous détournons la puissance vitale de son objet, nous la forçons à se porter vers d'autres régions, nous troublons son action organisante, en voulant rapporter à nous-mêmes ce que nous devons commettre aux soins de la nature. L'homme détourne vers lui les animaux, les végétaux ; la femme elle-même , qui devroit s'oublier pour le nouvel être qu'elle porte dans son sei« , rapporte tout à son propre individu, et néglige celui que lui a confié la na- ture. En reportar.t ainsi dans les autres organes la vie qui s'é- toit concentrée dans son utérus , il est nécessaire que le tra- vail de la génération soit interrompu , et même interverti. Les changemcns que la domesticité opère sur les animaux et les végétaux sont donc contre nature; ce sont des maladies de dégénération que la puissance de l'homme a rendues hé- réditaires. Pour plier les êtres à notre domination , il a fallu les détériorer , leur ôter les qualités qui les rendoient indé- pendans sur la terre ; le joug de l'esclavage que nous leur avons imposé est devenu uiie sorte de maladie , puisqu'on ne trouve la vraie santé du corps et de l'âme q::'avec la liberté. Notre civilisation n'est qu'une maladie d'affoibli?'^«rû!, comme les nomme Aristote. Pourroit-on supposer que la matière est un principe revêche ou résistant et opiniâtre aux volontés suprésnes , ou que celles-ci se tro:np(înt ([uelquefois, ou que le grand arcliiiecte peut se troubler et s'écarter de son but? Il est donc plus pro])ab!e que ces anomalies naissent des causes secondes oa de certains étals contre nature. Q le chai| IL" femelle forme en elle-milme la quantité d'œufs qu'elle sera siiscopiib'e de pondre , ou de germes et semences lieu p.iieillemeat chez les vivipares. On trouve dans les Transact. philosoph. n.o 1^7 , sect 4 , i histoire d'une chienne qui , portant des petits, reçut un coup violent qui les tiia dans son sein ; elle rendit par la vulve des malièr*^s purulentes et des débris de fœtus, ou d'au- tres parties charnues, assez abondamment. Quelque temps après, elle reçoit le mâle, et son ventre grossit, mais d'une manière difforme. Elle meurt , on la dissèque; à l'ouverture de l'utérus, on trouve dans les deux trompes nn amas d'os, de chairs, ou muscles, avec des membranes et peaux assez solides, qui éioient les résidus, et même des squelettes encore entiers , des chairs de fœtus précédemment tués; ils fermoient si exactement les deux trompes, que non-seule- ment l'eau ou toute autre matière n'y pouvoit pas pénétrer ; mais même une vapeur, oj aura scminalis , ne paroissoil pas capable de traverser ces masses charnues. C-ependanlil y avoitdcs œufs fécondés par cette seconde geslation ; mais ces œufs ne trouvant pas les trom- pes ouvertes et libres pour descendre dans l'utérus, à l'ordinaire, furent repousses dans la cavité de l'abdomen, où ils s'attachèrent au mésentère et aux niins ; ils n'étoient séparés de l'utérus que par deux petits follicules minces qui les entouroienl ; ces œufs étoient au nombre de trois, et les petits embryons (|u'ils contenoient ont sans doute péri , faute de nourriture, en tombant ainsi hors de l'utérus. (Voyez les détails, Éphein. nat. car. an. i; obs. \io, et Philos. Trans^ n.» J92,p. 479.) N xY T 347 qu'elle pourra produire clans tout le cours de sa vie ; cela pa- roît très- vraisemblable , surtout chez les femelles d'oiseaux; on trouve dans leurs ovaires le nombre de vésicules ou d'œufs qu'elles doivent donner pendant tout le temps de leur fécon- dité. Il en sera probablement de même des autres classes d'animaux ; car si de nouveaux œufs dévoient se développer dans les ovaires , à quoi bon les former d'avance ? Ne seroit- il pas plus à propos qu'ils prissent naissance à mesure qu'il en seroit besoin , au lieu d'en avoir tant en réserve d'avance, qui peut-être n'auront jamais l'occasion de se développer; puisque ces femelles sopt exposées à tant de chances de pé- rils p Tous ces fails semblent établir que les germes de tous les animaux sont sortis, dans l'origine, de la main du Créateur. Si l'on peut présumer que les œufs ou germes soient connés avec les femelles , comment prouver que ceux- ci recèlent les images ou idées, ou les linéamens excessivement ténus , de tous les fœtus à naître ? et qui sait, d'ailleUrs, si l'animalcule ne seroit pas dans le sperme mâle, qui certainement modifie le germe dans les races mélangées ? Sans prétendre nier ce dernier sentiment, on sait néan- niolns que Malpighi observa, même dans les œufs clairs ou non fécondés, et près du centre , un globule blanc ou cendré , petite masse ou môle qui représente les rudimens du poulet, avant le coït {Ub. de FormationepuUiin oqo ). Haller a remarqué pareillement les chalazes, les membranes de l'œuf, apparte- nant aupoulet; et Spallanzaniobserva le têtarddéjà forn»é dans le frai non fécondé de la grenouille. Or, cette préexistence du germe avant la fécondation, ne peut-elle pas également faire admettre successivement les premiers rudimens ou idées de tous les fœtus nés et à naître , jusqu'à la consommation des siècles? Tel est le système de l'emboîtement des germes, ex- posé par Charles Bonnet. Brunner et d'autres anatomistes, en combattant ce système, disoient qu'en ce cas les ovaires de notre grand'mère Eve dévoient être terriblement volumineux, pour contenir tous les germes , si petits qu'on les suppose , du genre humain alors à naître. A la vérité , la matière, réplique-t-on, est capable d'une division incroyable , comme Bob. Boyle en a donné divers exemples (demira SubUlil. cfflmior. ) , puisqu'un grain de musc, sansperdre de son poids sensiblement , imprègne de son odeur de vastes espaces d'air , et même pendant des années. La finesse de l'odorat du chien sent le lièvre de loin. (3n ne sauroit cependant admettre avec la plus saine partie des philosophes, ,que la matière soit divisible à rji:lîni. S'il en étoit ainsi, cha- [^cune de ses parties seroit acluellemeut infinie i or , la matière 348 N A T n'est pas ;s bornes , celles-ci ne sont pas assignables , selon ces philosophes , tant elles s'étendent loin. Quand on admeltroit cette explication, en- core faut-il reconnoître des bornes à la divisibilité. Alors il s'en suivra un singulier effet. Si Eve a contenu datis son ovaire tous les germes des hommes nés el à naître jusqu'cà la consommation des siècles ( s'il y a une consomma- lion des siècles,) des blancs , des nègres , des Kalmouks , Lapons , etc. , sans doute les femmes de nos jours ne con- tiennent plus chacune qu'un moindre nombre de ces germes qu'elles transmettent à la postérité, et d«jà les femmes sté- riles n'en ont plus. Il sera donc naturel que la provision , à force de s'employer chaque jour, s'épuise. La fin des espèces est donc une suite nécessafi'e de cette hypothèse , à moins qu'on ne fasse intervenir de nouvelles créations. On pourroil , N A T 343 à la vérilé , s'autoriser , pour soutenir l'épuisement progres- sif des germes et la fin du uioiide , de ce que rapporte Clé- ment Alexandrin {S/romat. , l. 4-); iJésus , dil-il , inter- rogé par Marie Salomé , quand le inonde finiroil , répon- dit : quand tes feviines cessewul (Vètre jèrondes. 11 est probable en effet, que la cause de la génération lieiil à la même cause qui conserve l'univers ( Voy. aussi notre Art de perfectionner Vliomnie ^ t. 1 , p. 265 ) ; mais il faut convenir qu'en admet- tant scuienicut cinq à six mille ans de durée déjà passés, à notre espèce et à celle des animaux et des plantes , le nombre des générations eraboîiées seroit déjà bien extraordinaire , sans compter que le monde peut ne pns finir de sitôt. On voit donc à quelles bizarres conclusions nous condui- sent lonles ces bypothèscs , pour peu qu'on les examine , et combien elles choquent les règles ordinaires et la raison hu- maine. N'est-il pas plus simple d'admettre que ces germes préexistans s'organisent d'avance dans les femelles, par une sécrétion particulière, comme il est probable que les germes des feuilles se forment dans les bourgeons des arbres, chaque printemps, pour réparer celles que l'automne précédent a fait tomber? De mêùae la pince cassée à un crabe ou à une écrevisse , se reproduit; la tête coupée à un ver de terre, se répare ; un polype divisé en morceaux , régénère les por- tions amputées, sans qu'il soit nécessaire de supposer en ces créatures des germes préexistans de toute antiquité ; une naïde ( nais prohoscidea 1 L. ) , qui pousse à son extrémité pos- térieure une autre naïde, comme le rejet d'un fraisier va implanter à quelques pieds un nouveau fraisier , offre des exemples de reproduction qui ne sont rien qu'une extension de l'individu , par 1 accroissement et la nutrition. Supposez qu'au lieu de ces rejets, ce ne soient que de simples gemmules comme les bourgeons à fruit des arbres, ou des germes plus petits encore , ramassés ou concentrés dans des enveloppes de l'œuf, de la graine, dans les ovaires d'animaux ou de vé- gétaux, et qui n'attendent plus que \ai fécondation du mâle pour se réveiller ; vous aurez exactement tous les élémens du nouvel être. La génération ne sera plus qu'une conséquence de la nutrition , dont les matériaux seront plus élaborés, passés dans les dernières filières , soit végétales , soit anima- les , de manière à en recevoir la même disposition organique. Ce qui renverse d'ailleurs l'hypothèse de remboîtement à l'infini des germes, est la difficulté invincible d'expliquer par-là les monstres et les hybrides oumuleis nés du n)élange de diverses espèces; car si tous les êti"es sont parfaitement formés et emboités par iamain de l'être souverainement puis- sant et sage, comment arrive-t-il que des fœtus naissent avec 35o N A T des membres tout transposés, déformés, une tête de veau,^ ou avec les organes sexuels au milieu du visage , ou telle au- tre monstruosité horrible , dont tant de livres renferment les descriptions ? Et qu'on n'attribue pas cela à la prétendue ima- gination maternelle ; car, bien certainement , Timagination d'une poule n'entre pas dans les œufs qu'elle couve , et ce- pendant on voit des poussins monstrueux : même en Egypte, où l'on fait éclore des œufs dans des fours , par milliers , on trouve également des poulets difformes , comme le disent les voyageurs. Comment, d'ailleurs, agiroit l'imagination ma- ternelle sur celle du fœtus ? La glande pinéale du fœtus , se- lon l'explication de Descartes , est ébranlée par les impres- sions que lui transmet la passion de sa mère , et de là les esprits animaux vont frapper la région du fœtus , à laquelle correspond l'idée transmise par la mère. Mais Wepfer {Eph. nat.cur. an. 3 , ohs. 129) et d'autres auteurs , rapportent les histoires de fœtus humains nés sans cervelle ; or tous ces acé- phales n'ont pu recevoir à leurglande pinéale, ni même dans les autres parties qui leur manquent , les impressions suppo- sées de l'imagination maternelle. Il faut donc amener sur la scène un architecte spécial du nouvel être , pour le former , l'organiser même quand l'œuf est séparé de la mère chez les ovipares , une âme propre à maintenir la vie du fœtus des vivipares, encore lorsque la mère est malade ou morte. Quel sera cependant cet architecte qui se fabrique sa mai- son ou son corps? Est-ce, comme dans nos arts mécaniques, par le moyen de l'art ou de la science , d'une haute pré- voyance, que cet être coordonne une structure si merveil- leuse et tellement surprenante que toute notre intelligence n'y sauroit atteindre ? car il nous seroit évidemment impos- sible de former les nerfs et les muscles d'un bras, de manière à le faire mouvoir spontanément : mais , d'où cet architecte a-t-il conçu cette étrange science? du suprême créateur de toutes choses , qui lui imprima les règles si sûres , si éton- nantes de l'édifice animal. Or certes , toute cette science ne reste point dans nous-mêmes, puisque nous ignorons naturel- lement les profondeurs de l'anatomie de nos viscères les plus importans, et l'usage de la plupart des parties de notre cer- veau. Seroit-ca la mère qui communiqueroit cette science à son fœtus , pour que l'âme ou le principe formateur, privé de vue , d'ouïe , au milieu de ce sang , de ces humeurs , de cette lymphe , dans l'obscurité de l'utérus , se représentât une image si nette de l'homme , en distribuât sans erreur tous les membres , les muscles , les nerfs , les moindres fibres , avec cette inconcevable industrie ? Cela paroît encore plus incom- N A T 35, prëhensible que le moyen que j'ai de mouvoir précisément le gros orteil aussitôt q-te je le veux. Il est donc de toute impossibilité d'expliquer la génération des corps organisés , sans recourir à l'intervention cl à la présence même de la Divinité. C'est en quoi Tliisloirc natu- relle est admirable , puisqu'elle ramène perpétueilcmenl nos regards vers ce soleil des intelligences, sanslequcltoule chose seroit incompréhensible, comme sans le soleil physique, tout l'univers nous resteroit éternellement voilé. Article XVIII. — De Vllannowc des créatures organisées^ par rapport à leur destination. Chaque espèce d'animal et de plante reçoit du principe organisateur , qui est une émanation de la Divinité , une di- rection particulière qui déiermine son mode d'existence , ses mœurs et ses habitudes. \J abeille , par exemple, ti(;nt de ce principe toute son activité naturelle pour amasser soa tiiiel , toute son industrie pour fabriquer ses cellules hexagones , puisque ce même principe a pour but sa propre conservation et la multiplication de chaque espèce. Comme les êtres vivans se sont répandus dans les différentes provinces de la nature, il a fallu qu'ils fussent modifiés de manière à tirer le plus d'a- vantages possibles de leur position; en effet, toutes les créa- tures animées ayant été formées dans Thumldité , leurs corps ont du être dans rorigine très-flexibles et Irès-modifiables. Ils ont reçu le genre d'équilibre le plus convenable à leur destination naturelle , et d'ordinaire ce qui est attribué ea plus à une partie , se trouve en moins dans d'autres. C'est ainsi, par exemple, que les oiseaux qui volent le mieux, ne peuvent presque pas faire usage de leurs courtes jambes,; comme l'hirondelle; au contraire, l'autruche qui court si rapi- dement, manque de moyens pour le vol. Le lourd colimaçon, privé de défense , en est dédommagé par sa solide coquille qui le protège; et si le serpent fut abandonne sans mem- bres et rampant sur la terre , il reçut un venin redoutable , chez plusieurs espèces, pour le venger de ses agresseurs. Le principe organisant de toutes les créatures a donc porté ses forces et son développement vers les choses qui lui étoient les plus favorables ou les moins contraires. C'est ainsi que nous voyons les racines des arbres s'étendre dans les bonnes veines de terre , se détourner des mauvaises , éviter une mu- raille , un fossé , une rivière , et leurs branches chercher la lumière. Dans les animaux , cette direction de Tinstinct est bien plus marquée encore , car ils sont attirés vers leur nour- riture, vers leurs femelles; ils ont une industrie particulière dans tout ce qu'ils exécutent. Les manœuvres de mille petits 352 N V T^ insectes sont extrêmement surprenantes, aussi Men que leurs diverses métamorphoses. Cependant toutes ces opérations de l'instinct s'exécutent machinalement , c'est-à-dire , sans rédexion , sans examen de la part des individus. Tous ces mouvemens organiques viennent du principe vital , ou de cette source divine qui gouverne tous ie'o êtres. L'esprit de vie des animaux et des végétaux opère tout en eux ; c'est une lampe veilleuse qui les guide intérieurement dans les obscurs sen- tiers de cette vie. Us ne sont rien pour ainsi dire par eux- mêmes, puisqu'ils ne présentent qu'une masse inanimée, inerte , lorsque la vie les a abandonnés. C'est lui seul qui raisonne pour eux , et qui met tout en mouvement dans leurs différens membres. Voy. Instinct. Dans l'homme et les autres créatures bien organisées, la vie se subdivise même dans chaque partie, et quoiqu'elle dé- pende de celles de toute la machine , elle conserve cepen- dant des fonctions particulières. Ainsi, l'estomac a sa sensibi- lité particulière; les parties sexuelles ont leur volonté; le cœur a la sienne , aussi bien que les membres , les os , les nerfs , les muscles , les membranes. Tout est vivant dans le corps animé. Ces vies particulières , qui sont des émanations de la vie générale , ont leur existence particulière , leurs fonctions déterminées ; ce sont autant d'animaux dans un seul animal , et qui correspondent tous entre eux. C'est ainsi que l'estomac est tantôt actif, affamé ; tantôt abattu , dégoûté : il sait dis- cerner les alimens convenables, et se soulever d'horreur con- tre les matières empoisonnées ou contraires au corps. La ma- trice a de même ses fonctions bien marquées par ses mens- trues, ses affections , ses diversappctits, et par des irrégularités inconcevables de sensibilité , qui dérangent tont le corps de la femme. Nous sommes composés de plusieurs individus ; il y a l'homme du système osseux , l'homme musculaire, l'homme nerveux, l'homme membraneux, sanguin , celluleux , etc. La perfection des animaux et des végétaux est d'autant plus grande , que le nombre de ces appareils se multiplie et se complique davantage. Ce qui fait la différence d'un homme à un autre homme , c'est que ces divers systèmes organiques ont plus ou moins de force, de grandeur, de puissance vitale > etforment les tempéramens. La plupart des maladies ne sont "même que des inégalités de forces vitales entre les différentes parties du corps; c'est la rupture de l'équilibre de leurs fonc- tions ; de sorte que pour ramener la santé , il est nécessaire de rétablir cotte liarmonie par des secousses en sens con- traire. Les tempéramens sont aussi des maladies constitu- tionnelles, puisqu'ils dépendent tous d'une inégalité radicale entre les différens systèmes organiques du corps ; mais comme N A t 353 ils sonl peu considérables , et que rëCt)nomie vivante s'y est habituée , ces maladies sont insensibles. Les animaux et les plantes 1rès-simpl€S,ayant moins d'organes, sont doncmoins exposés aux maladies, et moins sujets aux différences d'équi- libre entre les forces vitales de chacune de leurs parties. Lors(jue les créatures vivantes se multiplièrent sur le globe terrestre , elles furent organisées relativement à leurs habi- tudes par la suprême intelligence ; car comment un animal aquatique auroit-il pu vivre dans les airs ou sur la terre, sans avoir reçu une conformation capable de s'y maintenir et de s'y reproduire ? Nous voyons que la grenouille garde la forme dun poisson (le té(ard) tant qu'elle demeure dans l'eau; en- suite elle quitte cette forme pour habiter sur terre. Il paroît que certaines circonstances déterminent le développement des organes qui leur sonl les plus favorables, et empêchent > celui des autres. C'est ainsi que les arbres des pays chauds qui tt- n'ont aucune écaille pour recouvrir leurs tendres bourgeons * «J voient se développer ces écailles , dans les pays froids , pour ^ préserver de la gelée les rudîmens délicats de leurs fleurs. De ,a^ même les quadrupèdes, les oiseaux du nord sont plus garantis \J du froid par leurs chaudes fourrures ou leur épais plumage , "* que les espèces du midi. ISéléphanL ayant une tête extrême- ij ment grosse, ne pouvoit pas avoir un long couqui auroit été "Z- incapable de la soutenir ; mais comme sa bouche n'auroit pas '*** pu, avec son cou très-court, s'abaisser jusqu'à terre pour brou- • ter Therbe, la nature intelligente lui a donné une trompe trèst -^ mobile pour la cueillir et la porter à sa bouche. La chouette^ • la chaiwe-souns ayant des yeux d'une sensibilité extrême à la |s4 lumière , sont offusquées par l'éclat du jour; et comme la dé- licatesse de leur vue les rend capables de s'en servir pendant la nuit, ces animaux sonl devenus nocturnes. Dans l'organisation des espèces vivantes, la nature a eu pour but d'établir tout ce qui étoit possible et en même temps tout ce qui étoit nécessaire. Elle a voulu peupler toutes les régions du globe habitable. L'Océan reçut dans ses larges abîmes des nations innombrables de poissons , de coquillages , de vers ; l'air fut traversé par les hordes vagabondes de grues ,, de cigognes, d'hirondelles et autres oiseaux de passage ; mille espèces éclatantes de volatiles animèrent les bocages de leurs chants d'amour , des familles de quadrupèdes établirent leur demeure sur la terre. Le bouquetin , léger enfant des monta- gnes , vécut indépendant au sommet des glaciers ; le bœuf pesant se promena gravement dans les humides pâtijrages; le zèbre et la gazelle , semblables aux solitaires de l'Orient , s'é- tablirent dans les déserts africains; ï hippopotame^ ce patriar- che des fleuves , chercha lyi ajUe champêtre parmi les ro- XXII. 5.3 35i N A T (seaui, et le sombre chameau partagea sa demeure ave6 l'Arabe-Bedouin. F. Cheatures. La prévoyance de la nature, pour maintenir Texistence de ses œuvres , est surtout admirable. La ioriuc qui est si lente et si peu capable de se défendre de ses ennemis, a été cuirassée partout; la torpilie) qui est pesante et incapable, d'atteindre sa proie à la nage, reçut le don de la foudroyer. Les insecles les plus foibles ont obtenu une industrie singulière qui les met souvent à l'abri de leurs tyrans. Le carabe fulminant les épou- vante par des explosions soudaines ; une espèce de crabe couvre son dos d'une production marine appelée alcyon , comme d'un coussin propre à parer les coups de ses ennemis ; le Bernard- rtlermite insinuant sa queue molle dans un coquillage , res- semble au cynique Diogène dans son tonneau. Les oiseaux de rivage êlanl destines à vivre dans la Vase , la nature leur a donné de longues jambes nues , comme des échasses pour s'y promener ; elle a proportionné aussi la longueur de leur bec et de leur cou à celle de leurs jambes , et elle a distribué un rameau nerveux à l'extrémité de ce bec afin de lui donner la faculté de sentir au fond d'une fange épaisse, les vermisseaux et les autres nourritures. Enfin, tous les êtres sont pourvus de rapports merveilleux avec leur destination naturelle. L'oiseau d'eau a été taillé pour fendre l'onde, ses pieds ont été façon- nés en larges rames, son plumage serré et huilé a été rendu impénétrable à l'humidité. Le poisson a reçu une vessie pleine d'air qu'il gonfle et comprime à volonté , afin que changeant sa pesanteur spécifique , il puisse descendre , remonter à son gré dans les eaux. Le sapin obtint une vie dure , une écorce résineuse , un feuillage toujours vert pour résister au climat rigoureux du Nord, tandis que la plante délicate des Indes a des feuilles larges et humides pour mieux supporter la cha- leur et abriter ses fleurs. Tel végétal est forme pour croître dans les sables arides , et tel autre pour élever ses tiges aa milieu des eaux stagnantes ; Tun se plait au sommet des mon- tagnes, l'autre dans les vallons parfumés. Et contemplez encore comment cette sage nature réunit plus de prédilection sur les plus parfaits des êtres comme sur ses enfans chéris. Elle a mis au cœur des mères , dans l'es- pèci; humaine, une tendresse infatigable pour leur fils; elles ne l'abandonnent pas lorsqu'il peut se passer de leur ma- melle et de leur secours après l'enfance. Parmi les qua- drupèdes , les petits , après l allaitement, s'éloignent bientôt de leurs parens ; les oiseaux nouveau-nés , essayant leurs ■petites ailes , prennent peu à peu leur essor ; déjà les rep- liies , les poissons, tous les cires froids et imparfaits aban- N A t • â5& flotittent souvent leur progéniture à elle-même, et si beau- coup de ces foibles orphelùis sont exposés à périr, la nature compense du moins cette perte en augmentant extrêmement leur pullulation. 11 en est ainsi des insectes et des graines de* plantes , comme si ces êtres inférieurs ^ par leur organisa- tion ^ méritant moins d'intérêt ou de prévoyance pour leur conservation, pouvoicnt être plus impunément prodigués; au contraire, tous les soins malernelsparoissenl surtout réservés et rassemblés avec amour auprès du berceau de ces créatures plus nobles et plus intelligentes, qui semblent être les cbefs- d'œuvre de la Divinité sur la terre* ' . Pourquoi cette Providence , qui veille avec une si tendre sollicitude jusque sur la moindre plante j en effet , auroil elle deshérité ses plus humbles créatures , comme s'il lui étoit impossible d'embrasser toutes les existences de l'univers dans le détail! Certes, une tige de ble ne sauroit supposer sans extravagance qu'une aussi étonnante machine que le soleil n'ait aucune autre fonction dans le monde , que de faire mûrir ses sucsi Mais la lumière de cet astre , également ré- partie sur tous les végétaux, fait monter leur sève et épanouir leurs fleurs, de telle sorte que chacun peut se croire un objet spécial de prédilection. De même les lois éternelles et infinies d'une haute Providence, répartie dans toute la nature, veil- lent également à déployer le papillon dans sa chrysalide ^ connue la rose dans son calice et le fœtus dans ses enveloppes natales. Elle n'est pas plus absorbée par les détails que la chaleur du soleil, insinuée dans les plantes , ne sauroit négli- ger une de leurs parties en s'occupant dune autre. Les struc- tures étant ordonnées dans Torigine, leurs développemens stf succèdent avec la plus merveilleuse prévoyance harmonique, dans toutes les phases de leur existence, par la même puis- sance I) et un monde à régir ne coûte pas plus ^ sans doute , dans l'immensité de la nature ^ que la production d'un mou- cheron. Puisque tant d'êtres inférieurs, que nous croyons si mal à propos inutiles, ont été créés comme nécessaires , la Providence leur devoit tout ce qui est indispensable a la vie<î En créant des êtres pour toutes les régions de cet univers^ la Providence suprême a développé les organes qui leur é toient les plus favorables et a modifié leur vie de telle manière qu'ils préfèrent leur état à tous les autres. 11 paroît mêuie que cer- tains milieux sont plus propres que les autres au développe-' ment de certains appareils; ainsi les lieux froids, secs et hauls,, donnent aux animaux et aux plantes qu'ils nourrissent , plus de poils , de duvet , de villosités , que les lieux bas et chauds n'en communiquent aux niêmes espèces. Les oiseaux babituésf À s'élever dans l'atmosphère sont plus pénétrés par l'air «u< 356 K A T les quadrupèdes ; ils ont des poumons plus vastes , une respî-» ration plusélendue. Les poissons, toujours plongésdansl'eau, en sont perpétuellement imbibés ; aussi leur complexion esl- elle fort humide ; tandis que les animaux vivant dans les lieux Becs , sont plus durs , plus osseux. Ce n'est donc point la plante, Tanimal, qui donnent lieu à leur conformation par leurs habitudes, puisque ces habitudes sont le résultat de leur configuration organique. En effet , l'oiseau ne pouvoit passe donnerl'habitudede s'élever dans les airs , s'il n'avoit pas reçu des ailes. Le lion, le tigre , ne sont carnivores qu'à cause de leur organisation; ôtez-leur ces dents terribles, ces griffes crochues , celte vigueur de muscles; changez la figure etles fonctions deleursintestins, deleuresto- mac; vous leurôtez ce besoin de chair et de sang ; organisez- les comme le doux agneau , la timide gazelle , vous les verrez bientôt brouter innocemment l'herbe des collines. Donnez à la souris des ailes membraneuses et la conformation interne des chauve-souris, elle en prendra sur-le-champ toutes les habitudes. Les preuves en sont bien évidentes dans les méta- morphoses des insectes et d'autres espèces d'animaux, puis- que l'on voit la chenille changer de goût et de genre de vie en devenant papillon ; et tel insecte qui , comme l'anthrène à l'état de larve , vivoit de charognes infectes et corrompues, devient , sous sa forme parfaite , un convive délicat qui cher- che le nectar et l'ambroisie parmi les fleurs. On conçoit que nos nerfs étant ébranlés d'une certaine façon , nos muscles , et nos os disposés par un arrangement particulier, nous ne pouvons sentir et agir que conformément à la manière dont nous sommes organisés ; c'est pour cela que les uns sont d'un tempérament vif, les autres lents ; ceux-ci sensibles , ceux- là impassibles aux mêmes impressions. On auroit donc tort de prétendre que c'est l'habitude qui a présidé à la formation de tous les êtres , puisque cette habitude n'en est que le ré- sultat nécessaire. « L'oiseau que le besoin attire sur l'eau pour y trouver la « proie qui le fait vivre, dit un ingénieux naturaliste (i), « écarte les doigts de ses pieds , lorsqu'il veut frapper l'eau « et se mouvoir à sa surface. La peau qui unit ces doigts à « leur base , contracte par ces écartemeus sans cesse répétés « des doigts , Thabilude de s'étendre. Ainsi avec le temps, « les larges membranes qui unissent les doigts des canards , « des oies, etc., se sont formées telles que nous les voyons. « Les mêmes efforts faits pour nager , c'est - à - dire , pour « pousser l'eau afin d'avancer et de se mouvoir dans ce li- (i) Lamarck, Recherch. sur V organisai, des corps divans t pag. 56. N A T 357 ,m quiJe , ont étendu de même les membranes qui sont entre « les doigts des grenouilles , des tortues de mer , etc. » En admettant cette explication , elle nous paroît insoute- nable dans une multitude de cas ; par exemple, la plante privée de toute volonté, n'aura pas pu modifier sa forme, connoîlre la saison de développer ses fleurs, la manière d'or- ganiser ses feuilles , de donner à ses semences tantôt des ai- grettes , des ailerons pour être transportées dans les airs , tantôt des crocbetspour adbéreraux corps environnans ; elle n'aura pas pu choisir telle exposition plutôt que telle autre , s'élever sur les montagnes comme la plante alpine , descen- dre dans les eaux comme le végétal aquatique, à moins qu'on ne prétende que tout germe végétal forme une plante alpine sur les montagnes et sylvestre dans les bois ; ce qui seroit don- ner l'effet pour la cause. On est mieux fondé à prétendre , daccord avec l'observation , que tel végétai a été organisé ])ar la nature pour donner des noix plutôt que des raisins. Quelle cause auroit pu faire naître plutôt la pomme sur le. pommier que sur le cerisier .f" Quelles circonstances auroient îorcé le sexe mâle à se séparer du sexe femelle dans les ani- maux, dans les palmiers, etc.? Quelle force d'instinct auroit pu apprendre à la balsamine la manière de lancer au loin ses graines , par le moyen des fibres élastiques de ses péricarpes ? (^omuient, avec des circonstances et du temps, l'animal se- roit-il parvenu à se faire venir des yeux pour apercevoir la lumière .'' L'organisation de l'oreille , des parties sexuelles , du cœur, etc., a-t-elle pu s'opérer par le simple désir ou par quelque habitude de l'animal? Est-il plus difficile à la nature de présenter une proie facile au fourmilion , que de lui ensei- gner l'art de creuser un trou dans le sable mouvant pour y faire tomber la fourmi ? Il est donc impossible de concevoir comment tant d'or- ganes si bien disposés dans l'animal et la plante , comment tant de science et de sagesse ont présidé à leur formation et à leur vie , sans être forcé d'admettre pour cet effet une Cause SUPRÊME iiNFiNiMETST INTELLIGENTE. Quand j'examine le moin- < Inlroduct. à l'Hist. nat. des aiiimuux sans verlèbrcs , 6.*^ partie , p. 3o4. Or , voyons si ce qu'on nom'ne la nature ne seroit pas une de ces puissances particulières dont je viens de parler; si ce ne se» oit pas la première et la plus grande des puissances de cette sorte ; si ce ne seroit pas même celle qui a amené l'existence de toutes les autres ; celle, enfin, quia produit généralement tous les corps qui existent , et qui seule donne lieu à tout ce que nous pouvons observer. Nous exami- î^erqns ensuilc ce que peut cire celte puissance singulière , 3G4 N A T capable de donner l'existence à tant d'élrcs différens , dont la plupart sont pour nous si étounans , si admirables ! Qui osera penser qu'une puissance aveugle , sans inten- tion, sans but , qui ne peut faire partout que ce qu'elle fait, et qui est bornée à n'exercer son pouvoir que sur les parties d'un domaine tout-à-fait circonscrit , puisse être celle qui a fait tant de choses ! Montrer l'évidence de celte vérité de fait , est cependant l'objet que nous avons ici en vue. Pour y parvenir , nous croyons qu'il suffit de présenter les considéra- tions qui vont suivre ; et , sans doute , nous serons entendu , si elles sont examinées et suffisamment approfondies. Posons d'abord la question suivante; car c'est pour l'homme la plus importante de toutes celles qu'il puisse agiter; et voyons si nous avons quelque moyen solide pour en obtenir la solution. La puissance intelligente et sans bornes , à laquelle tout ce qui est doit réellement son existence , qui a , conséquem- ment , fait exister tous les êtres physiques , les seuls que nous puissions connoître positivement , a-t-elle créé ces derniers immédiatement ou sans intermédiaire, ou n' a-t-elle pasétabli un ordre de choses ^ constituant une puissance particulière et dépendante, mais capable de donner lieu successivement à la production de tous les corps physiques , de quelque ordre qu'ils soient ? Si la puissance suprême dont il s'agit a livré le monde phy- sique à l'observation et aux discussions de l'homme , celui-ci peut et doit examiner cette grande question , et nous allons montrer que le résultat de cet examen peut être pour lui de la plus grande importance. Certes , le sublime auteur àq toutes choses a pu faire comme il lui a plu ; sa puissance est sans limites , on ne sau- roit en douter. Il a donc pu, relativement aux corps physi- ques, employer le premier mode d'exécution cité , comme il a pu se servir du second , si telle fut sa volonté. Il ne nous convient pas de décider ce qu'il a dû faire, ni de prononcer positivement sur ce qu'il a fait. Nous devons seulement étu- dier , parmi celles de ses œuvres qu'il nous a permis d'obser- ver, les faits qui peuvent nous apprendre ce qu'à leur égard il a voulu qu'il fût. Sans doute , la pensée qui dut nous plaire davantage , lorsque nous considérâmes quelle avoit pu être l'origine de tous les êtres physiques , de tous les corps soumis à notre observation, fut celle d'attribuer la première existence de ces êtres à une puissance infinie , qui les auroit créés immé- diatement, et les auroit faits, tons à la fois ou en divers temps , ce qu'ils sont chacun dans leur espèce. Cette pensée nous fut commode, en ce qu'elle nous dispensa de toute élude , de luule recherche à i'egard de ce graud sujet ; aussi N A T ' 3G5 fut-eîle généralement admise. Elle est juste, cependant, sous un rapport ; car rien n'existe que par la volonté suprême ; mais, quanl aux corps physiques, elle prononce sur le mode d'exécution de cette volonté, avant de s'être assurée des lumières que l'observation des faits peut fournir sur cet objet. Or , comme les fails observes et constatés sont plus positifs que nos raisonnemens , ces faits nous fournissent maintenant des moyens solides pour reconnoître , parmi les deux modes d'exécution présentés dans la question ci-dessus , ([uel est celui qu'il a plu à la suprême puissance d'employer pour faire exister tous les corps physiques. A la vérité , nous fûmes en quelque sorte autorisés à per- sister dans notre première pensée , et à l'admettre à l'égard de l'origine des corps physiques ; car , quoique ces corps , vivans ou autres , soient assujettis à des altérations , des des- tructions et des renouvellemens successifs , tous nous paru- rent être toujours les mêmes. « En effet , tous les corps que nous observons , nous of- frent généralement , chacun dans leur espèce , une existence plus ou moins passagère ; mais aussi , tous ces corps se mon- trent ou se retrouvent constamment les mêmes à nosyeux , ou à peu près tels , dans tous les temps ; et on les voit toujours , chacun avec les mêmes qualités ou facultés , et avec la rrvêrne possibilité ou la même nécessité d'éprouver des change- mens. » « D'après cela, dira-t-on, comment vouloir leur supposer une formation , pour ainsi dire ^'extrasimiiltanée; une formation successive et dépendante ; en un mot , une origine particu- lière à chacun d'eux, et dont le principe puisse être détermi- nable ! Pourquoi ne les regarderoit-on pas plutôt comme aussi anciens que la nature^ comme ayant la même origine qu'elle-même , et que tout ce qui a eu un commencement i* » « C'est , en effet , ce que l'on a pensé , et ce que pensent encore beaucoup de personnes d'ailleurs très-instruites: elles ne voient dans toutes les espèces , de quelque sorte qu'elles soient, inorganiques ou vivantes; elles ne voient, dis-je , que des corps dont l'existence leur paroît à peu près aussi ancienne que la nature ; que des corps qui , malgré les changemens et i'existence passagère des individus , se retrouvent les mêmes dans tous les renouvellemens, etc. » Introduct. , p. 3o5 et suiv. - N A T 367 gei* teâ espèces Virantes , en quelque Heu que nous les obser- vions , nous leur attribuons une constance absolue , tandis qu'elles n'en ont qu'une relative ou conditionnelle. En effet, tant que les circonstances de situation, d'habitation, etc., ne varient pointa l'égard des espèces vivantes, ces dernières doivent subsister les mômes. /^. le mot Espèce. Ne tenant aucun compte de ce qui s'opère réellement partout , avec le temps , parce que nous n'avons pas les moyens de le voir et de le constater nous-mêmes , tout nous paroît avoir une constance absolue, et cependant tout change sans cesse autour de nous. 11 nous semble que la surface de notre globe reste dans le môme état , que les limites des mers subsistent les mômes ^ que ces immenses masses d'eau liquides se conservent dans les mêmes régions du globe , que les mon- tagnes conservent aussi leur élévation, leur forme , que les (leuves et les rivières ne changent point leur lit , leur bassin , que les climats ne subissent aucune variation , etc. , etc. Me^ surant tout et jugeant tout d'après ce qu'il nous est possi- ble devoir, tout encore nous paroît stable, parce que nous regardons les petites mutations. que nous sonunes à portée d'observer, comme des objets sans conséquence. Cependant, à mesure que nous étendons nos observations, que nous considérons les monumens qui sont à la surface du globe , que nous suivons une multitude de faits de détails qui se présentent sans cesse à nous de tous côtés , nous sommes forcés de reconnoîlre qu'il n'y a nulle part de repos parfait ; qu'une activité continuelle , variée selon les temps et les lieux , règne absolument partout ; que tous les corps, sans exception , sont pénétruhles et pénétrés par d'autres ; que des agens de diverses sortes travaillent sans cesse à altérer ,, changer et détruire les corps cxistans ; enfin, qu'il n'est rien qui soit absolument à l'abri de ces influences constamment actives. Nous voyons , en effet , que. les roches les plus dures s'exfolient peu à peu, et que les alternatives de l'action solaire, des gelées, des pluies, etc., en détachent insensiblement des parcelles,d'où résultent des changemens dans leurforme et leur masse ; que les montagnes se détériorent , s'abaissent même continuellement , les eaux pluviales les creusant , les sillon- nant , et entraînant vers les lieux bas tout ce qui s'en trouve détaché; que les fleuves , les rivières et les torrens empor- tent tout ce qui peut céder à l'effort de leurs eaux ; et que , çà et là , des développcmens souterrains de fluides élastiques divers , suivis souvent d'inflammations considérables , tantôt excavent et soulèvent le sol, l'ébranlent , l'entr'ouvrent , le culbutent, renversant et confondant tout, et tantôt, abou- tissant à certaines issues particulières, ou s'en ouviant de 368 N A T cette sorte , fonnent au dehors des éruptions terribles , dé- vastatrices, suivies de déjections qui abîment tout ce qu'elles peuvent atteindre, et dont les cumulations élèvent des mon- tagnes énormes. Si nous considérons nos habitations mêmes , nous y re- marquons les produits continuels , quoique presque insensi- bles, de l'activité des agens cités ; et, en effet , nous con- Hoissons assez les ravages qu'à l'aide du temps ces agens peu- vent leur faire subir. Les faits qui se passent sous nos yeux étant ici des témoignages utiles à citer, qui ne sait que quel- que soin que l'on prenne dans un appartement, pour y en- tretenir la propreté, l'on a continuellement à combattre une poussière qui se dépose partout ! D'où provient donc cette poussière , si ce n'est des parcelles infiniment petites que les agens en question détachent sans cesse de toutes les parties de l'appartement , et en constituent les atomes dont 1 air est toujours rempli. Quelque temps qui soit nécessaire , on peut dire qu'un édifice quelconque , abandonné aux agens dont il s'agit, sera à la fin détruit par leur action. C'est donc un fait évident , incontestable , qu'il n'existe nulle part, dans le monde physique, de repos absolu , d'ab- sence de mouvement, de masse véritablement immutable , inaltérable , et dont la stabilité soit parfaite et sans terme , au lieu d'être relative , comme l'est celle de tous les corps quels qu'ils soient. Ainsi , nous observons des changemens lents ou prompts , mais réels , dans tous les corps , selon leur nature et les cir- constances de leur situation ; en sorte que les uns se détério- rent de plus en plus, sans jamais réparer leurs pertes, et sont à la fin détruits ; tandis que les autres , qui subissent sans cesse des altérations , et les réparent eux-mêmes , pendant «ne durée limitée, finissent aussi par une destruction entière. Je n'ai pas besoin de dire que si le pouvoir général qui constitue les agens dont je viens de parler , parvient sans cesse , par celte voie , à opérer la destruction de tous les corps physiques individuels, le même pouvoir, par une autre voie déjà indiquée dans mes ouvrages, parvient aussi à les renou- veler perpétuellement, avec des variations relatives. Je m'é- ioignerois de mon sujet, si je m'occupois ici d'établir de nou- veau cette vérité de fait. Pouvons nous donc méconnoître , d'après cette exposition rapide de faits généralement connus , l'existence d'un pouvoir général^ toujours agissant , toujours opérant des produits ma- nifestes en changement, selon les circonstances favorables; produits qui amènent sans cesse , les uns la formation des corps, les autres leur destruction 1 Ne voyows-nous pas nou*T N A T 369 mêmes plusieurs de ces corps se former presque sous nos yeux , et plusieurs autres se détruire de même ! A l'égard du pouvoir dont il s'agit , nos observations, bien constatées, nous font connoître un fait de la plus haute im- portance; un fait qui décide la question présentée au com- mencement de cet article, et qu'il est nécessaire de prendre en considération ; le voici : « Nos observations, en effet, ne se bornent point seule- ment à nous convaincre de l'existence dun grand pouvoir tou- jours agissant , qui change , forme , détruit et renouvelle sans cesse les différens corps ; elles nous montrent , en outre, que ce pouvoir est limité , tout-à-fait dépendant, et qu'il ne sau- roit faire autre chose que ce qu'il fait ; car il est partout assu- jetti à des lois de différens ordres qui règlent ses opérations ; lois qu'il ne peut ni changer , ni transgresser, et qui ne lui permettent pas de varier ses moyens dans la même circons- tance. » Certes , si les faits qui constatent la dépendance de ce pou- voir sont réellement fondés , leur découverte est bien impor- tante ; car ces faits décident de la nature de ce même pou- voir ; et dès-lors , la connoissance de ce dernier, et celle des lois qui l'assujettissent dans chaque cas particulier , sont des objets dont l'intérêt est pour nous du premier ordre : ce que je montrerai bientôt. Quelque progrès que j'aie pu avoir fait faire aux sciences naturelles, en embrassant, dans mes études, un plan géné- ral, lié dans toutes ses parties; et, dans ce plan, quelque avantage que j'aie pu procurer à l'une de ces sciences , parti- culièrement en instituant l'ordre le plus naturel que l'on puisse établir parmi les animaux sans vertèbres, et en mon- trant que cet ordre prend sa source dans la production suc- cessive de ces animaux ; je ne crois pas avoir fait , dans tout cela, une chose aussi utile à mes semblables, que celle d'a- voir rassemblé les observations essentielles qui constatent l'existence et la nature du pouvoir dont il vient d'être ques- tion. Poursuivons-en donc l'examen; essayons de montrer ce qu'il est positivement, et le parti que nous pouvons tirer de sa connoissance. Le grand pouvoir dont il s'agit embrasse le monde physÎJ que , et est général à son égard, La matière est son unique domaine; et quoiqu'il ne puisse ni en créer, ni en détruire une seule particule, il la modifie continuellement de toutes les manières et sous toutes les formes. Ainsi, ce pouvoir gé- néral agit sans cesse sur tous les objets que nous pouvons apercevoir, de môme que sur ceux qui sont hors de la portée de nos observations. C'est lai qui, dans notre globe, a donné 370 N A T iramédialeraent l'oxislonce aux végélaus:, aux animaux, ainsi qu'aux autres corps qui s'y trouvent. Or , le pouvoir dont il s'agit , que nous avons tant de peine à reconnoîire , quoiqu'il se manifeste partout ; ce pouvoir qui n'est certainement point un être de raison , puisque tout nous fournit des preuves de son existence (ce dont nous ne saurions douter, puisque nous observons ses actes , que nous le sui- vons dans ses opérations , que nous voyons qu'il ne fait rien qu'avec du temps , que nous remarquons qu'il est partout soumis à des lois, et que déjà nous sommes parvenus à con- noitre plusieurs de celles qui le régissent); ce pouvoir qui agit toujours de même dans les mêmes circonstances, et qui, sitôt que cellos-ci viennent à changer , est obligé de varier ses actes; ce pouvoir, en un mot, qui fait tant de choses et de si admirables , est précisément ce que nous nommons la Nature. Et c'est à cette puissance aveugle , partout limitée et assu- jettie , qui, quelque grande qu'elle soit , ne sauroit faire autre chose que ce qu'elle fait, qui n'existe, enfin, que par la volonté du suprême auteur de tout ce qui est ; c'est à cette puissance, dis-je, que nous attribuons une intention , un but, une détermination, dans ses actes! Quelle plus forte preuve de notre ignorance absolue à l'é- gard de la nature, des lois qui la concernent , de ces lois qu'il nous importeroit tant d'étudier , leur connoissance étant la seule voie qui puisse nous faire parvenir à juger convenable- ment des choses , et à rectifier nos idées sur tout ce qui en provient ou en dépend! Comment qualifier notre insouciance envers cette mère commune dont néanmoins , depuis un temps immémorial , nous avons eu le sentiment de l'exis- tence , puisque nous avons consacré un mot particulier pour la désigner! Mais , comme si tous les actes qu'elle exécute n'aboutissoient qu'à faire exister tous les êtres physiques, sans influer sur leur durée , sur leur état , pendant cette du- rée , sur tout ce qui les concerne ou qui est en relation avec eux, le mot dont nous nous servons pour la désigner, nous tient lieu de tout, et nous ne nous inquiétons nullement de savoir ou de rechercher ce qu'il exprime. Il imporle assurément de fixer à la fin nos idées, s'il est possible , sur une expression dont la plupart des hommes se servent communément; les uns par habitude , et sans y atta- cher aucun sens déterminé ; les autres dans un sens absolu- ment faux. A ridée que l'on se forme d'une puissance , l'on est porté naturellement à y associer celle d'une intelligence qui dirige ses actes; et, par suite, l'on attribue à cette puissance une N A T :^7. intenlion , des vues, un Lut , une volonlé. Ondoit sans doujtip reconnoître qu*'il en est ainsi à l'égard du pomoir suprême ; mais il y a aussi des puissances assujetties et bornées , qui n'agissent que nécessairement, qui ne peuvent faire autie chose que ce qu'elles font , dont les moyens sont plus ou moins compliqués , et qui ne sont point des intelligences. Les puissances assuielties, dont je viens de parler, ne sont à la vérité que des causes agissantes ou qui peuvent agir. Aussi, comme il y «n a , parmi elles, dont les moyens ex-r trêmement compliqués amènent des effets très-variés, tandis que d'autres, plus simples , ne produisent que des effets de même sorte ou semblables , j'ai cru devoir donner à ces der- nières le nom usité de causes, et désigner les premières par l'expression d'ordres de choses: or , les ordres dont il est ques- tion sont plus communs qu'on ne pense. Par exemple , tout ordre de choses animé par un mouve- ment, soit épuisable , soit inépuisable , est une véritable puis- sance dont les actes amènent des faits ou des phénomènes quelconques. Lao^fg, dans un corps en qui l'ordre et l'état de choses qui s'y trouvent lui permettent de se manifester , est assuré- ment , comme je l'ai dit , une véritable puissance qui donne lieu à des phénomènes nombreux. Cette puissance cependant n'a ni but , ni intention , ne peut faire que ce qu'elle fait , et n'est elle-même qu'un ensemble de causes agissantes, et non un être particulier. J'ai établi cette vérité le premier , et dans un temps où la vie éloit encore signalée comme un principe, une archée , un ^'//^ quelconque. Voy. Barlhez, Nouv. méca- nique. J'ajouterai que la nahac ayant institué dans certains corps un ordre de choses, qui, concurremment avec une source d'activité qu'elle y a jointe, yconstitue la vie, celle-ci, à son tour, est parvenue à établir, dans certains animaux, diffé- rens ordres de choses distincts , qu'on nomme systèmes d'or- ganes , lesquels en ont amené eux-mêmes plusieurs autres , qui donnent lieu chacun à autant d'ordres de phénomènes particuliers : d'où il résulte que , dans un corps animal , les systèmes d'organes dont il est question, quoique assujettis, par leur connexion avec les autres organes , aux influences et à la destinée générale de ces derniers , sont eux-mêmes autant de puissances particulières , qui toutes donnent lieu à de,» phénomènes qui leur sont propres. Or, il s'agit de montrer que la nature est tout-à-fait dan5 le même cas que la vie; qu'elle est de même constituée paruu ordre de choses entièrement dépendant et assujetti dans lou>; ses actes ; mais qu'elle eu diffère infiniment en ce que . tenant 372 N AT son existence de la volonté suprême , elle est ine'puisable dans ses forces et ses moyens d'aclion, tandis que la j^/g, instituée seulement par la nature , épuise nécessairement les siens. La justesse de ces considérations ne pouvant être solide- ment contestée , il nous sera facile de mettre en évidence deux sortes d'erreurs assez communes, dans lesquelles nous paroissent tomber beaucoup de personnes qui veulent atta- cher une idée au mot nature, si fréquemment employé dans leurs discours ou dans leurs écrits. En effet , parmi les diverses confusions d'idées auxquelles le sujet que j'ai ici en vue a donné lieu , j'en citerai deux comme principales ; savoir : celle qui fait penser à la plupart des hommes, que la nature et son Suprême auteur sont une seule et même chose , et celle qui leur fait regarder comme synonymes les mots nature et unwers , ouïe monde physique. Je montrerai que ces deux acceptions sont l'une et l'autre absolument fausses , que les motifs sur lesquels elles se fon- dent ne sauroient être admis , et qu'on peut réfuter ces der- niers : ce que je ferai, effectivement, en commençant par ceux de ces motifs qui ont donné lieu à la première des ac- ceptions citées. 4< On a pensé que la nature étoit Dieu même : c'est, en effet, l'opinion du plus grand nombre ; et ce n'est que sous cette considération que l'on veut bien admettre les végétaux, les animaux , etc. , comme ses productions. « Chose étrange ! l'on a confondu la montre avec l'horlo- ger, l'ouvrage avec son auteur ! Assurément, cette idée est inconséquente , et ne fut jamais approfondie. La puissance qui a créé la nature n'a, sans doute, point de bornes, ne saurolt être restreinte ou assujettie dans sa volonté, et est in- dépendante de toute loi. Elle seule peut changer la nature et ses lois; elle seule peut même les anéantir ; et, quoique nous n'ayons pas une connoissance positive de ce grand objet, l'idée que nous nous sommes formée de cette puissance sans bornes , est au moins la plus convenable de celles que l'homme ait dû se faire de la Divinité , lorsque , par la pen- sée , il a su s'élever jusqu'à elle. « Si la nature étoit une intelligence , elle pourroit vouloir , elle pourroit changer ses lois , ou plutôt elle n'auroit point de lois. Enfin , si la nature étoit Dieu même, sa volonté se- roit indépendante , ses actes ne seroient point forcés. Mais il n'en est pas ainsi : elle est partout , au contraire, assujettie à des lois constantes sur lesquelles elle n'a aucun pouvoir; en sorte que , quoique ses moyens soient infiniment diversi- fiés et inépuisables , elle agit toujours de même dans chaque circonstance semblable , et ne sauroit agir autrement. N A T 373 « Sans cloute , toutes les lois auxquelles la naturee il assu- jettie dans ses actes , ne sont que l'expression de la volonté suprême qui les a établies ; mais la nature n'en est pas moins un ordre de choses particulier, qui ne sauroit vouloir, qui n'agit que par nécessité , et qui ne peut exécuter que ce qu'il exécute. « Beaucoup de personnes supposent une àme nnwerseUe , qui dirige vers un but qui doit être atteint , tous les mouve- mens et tous les changemens qui s'exécutent dans les parties de Vunioers. s sont tous desproduits de la nature , et que tous sont assujeilis à ses lois dans leurs mutations variées -, ne pouvant ensuite douter que son propre corps ne fasse , ainsi que tous les autres, partie de l'univers, puisqu'il est pareillement nialé- riel, et qu'il ne soit aussi, comme eux, soumis au pouvoir de la nature^ aux lois qui régissent les corps vivans, et plus particulièrement à celles qui concernent le corps animal ; enfin, étant forcé de reconnoître que toutes les facultés dont il jouit sont des produits évidens de ses organes (conséquem- ment des phénomènes physiques) et subissent effectivement le même sort que ces derniers; peut-il donc regarder avec indifférence la connoissance de la nature^ de celles de ses lois qui sont relatives à son être physique , en un mot, de tant d'agens divers qui influent sans cesse sur ses organes , sur la validité ou l'affoiblissement de leurs fonctions , ainsi que sur les différentes mutations d'état qu'il éprouve conti- nuellement ! Comment co»icevoir que l'homme , qui peut être infiniment supérieur, dans ses facultés d'inlelligejjce, à ceux des autres êtres du règne dont il fait partie, qui est par conséquent bien plus capable qu'aucun d'eux de reconnoîlre ses véritables intérêts; comment concevoir, dis-je, qu'il soit néanmoins tellement insouciant à l'égard de la puissance dont il dépend d'une manière si absolue, sous le rapport de son être physique, qu'il ne daigne jamais s'occuper d'elle ! Au lieu de s'appliquer constamment à l'étude de la nature^ à celles de ses lois qui sont relatives à lui, ainsi qu'à ses inté- rêts dans chaque circonstance , afin de n'être jamais en con- tradiction avec elles dans ses actions, il préfère son igno- rance à leur égard, conserve les préventions qu'on lui a ins- pirées, se livre à des désirs inconsidérés, s'abandonne à des penchans, à des passions qui compromettent ses plus grands intérêts , sa conservation même : en sorte que, toujours en- traîné et sans guide, toujours dominé , toujours esclave et même victime, l'homme , en général, est très-misérable. J'ose le dire ; l'homme connoissant mal ce qui lui est essen- tiel à savoir relativement à la nature de son organisation, au po^voir de ses organes , à leur dépendance, ainsi qu'à celle des phénomènes qu'ils peuvent produire , enfin , à la source N A T 383 des facultés dont il jouît, comme auxmoyeiîsde les perfection- ner graduellement; connoissanlplus mal encore ce qui doit le guiderdansses actions avecsessemblables, et la partquiappar- tient aux lois de la nature, soit dans ses propres actions, soit dans celles des autres individus de son espèce ; en outre, trop souvent abusé par nn faux-saQoir qui, lui montrant sous un faux jour quantité de sujets qu'il considère , et lui faisant donner une confiance absolue aux jugemens qu'il porte, soit sur ses propres actions, soit sur celles des autres, le trompe souvent dans son attente, et sembleroit faire douter si l'usage de ses facultés intellectuelles ne lui est pas plus funeste qu'a- vantageux; enfin, attribuant toujours ses malheurs à un sort contraire , à la/ato///e, tandis qu'ils ne sont dus qu'à ses faux calculs, qu'à son ignorance des lois de la nature, avec les- quelles il se met presque toujours en opposition; on le voit persister dans son insouciance , relativement à la puissance dont il est partout si dépendant , et subir les maux qui doivent résulter de sa négligence et de son inconséquence. Qu'il sache donc que tous les corps sans exception , soit ceux qui sont inorganiques , soit ceux qui jouissent de la vie sont assujettis aux lois de \ai nature dans tout ce qui les con- cerne; que, conséquemment, les phénomènes que produi- sent ces corps ou certaines de leurs parties sont dans le même cas : en sorte quetout ce qu'il peut observer est absolu- ment dans la même dépendance. Alors, il concevra l'impor- tance , pour lui, de reconnoîlre et d'étudier sans cesse la puissance qui exerce sur sa durée, son état, ses penchans ses pensées , ses actions , un pouvoir si absolu. Hommes qui l'emportez sur tous les autres êtres vivanspar une aussi grande supériorité de facultés et de moyens mais que la nature a placés, comme eux , dans un immense torrent qui vous entraîne; considérez donc le cours de ce torrent- étu- diez et reconnoissezlesnombreuxécueils qui se trouvent dans son sein, si vous ne voulez être victimes des fausses directions que , par votre ignorance de ces écueils , vous pouvez donner à vos actions, en les mettant en contradiction avec l'ordre de choses auquel vous êtes assujettis. Montrons actuellement les principaux objets qui doivent attirer l'attention de l'homme, dans son étude de celles des lois de la nature qu'il lui importe le plus de reconnoître , parce qu'elles sont relatives, les unes à son être physique, et les autres à sa tranquillité et à son bonheur. Si, distinguant, à son égard et par sa pensée , le physique de ce qu'il appelle le moral ^ l'homme entend, pa?-là dis- tinguer les organes mêmes des phénomènes que leurs fonc- tions produisent, et applique plus particulièrement cette 384 N A T distinction aux organes et aux fonctions organiques qui lut donnent des idées, le font comparer, juger et penser, alors il reconnoilra que l'un et l'autre de ces deux objets sont en- tièrement du domaine de la nature. 11 les trouvera effective- ment régis par ses lois, et il remarquera que l'un et Tautre sont également susceptibles de déveioppemens, d'acquérir une éminence , un perfectionnement plus ou moins considé- rables, enfin, de subir des altérations plus ou moins grandes dans leur intégrité , et cela , de part et d'autre , dans des rap- ports parfaits. Cette considération , toujours et partout cons- tatée par les faits, lui fera sentir l'importance de régler , par l'observation des lois de la nature, d'une part, tout ce qui concerne son corps physique ou qui se trouve en relation avec lui, et, de l'autre part, ce qui est relatif aux actes de sa pensée. Relativement a son être physique , deux ordres de consi- dérations doivent partager l'attention de l'honmie, parce qu'à l'égard de l'un et de l'autre , la connoissance des lois de la nature lui est d'une nécessité absolue. Par le premier de ces deux ordres, il s'occupe de l'étude de sa propre organisation , des lois qui dirigent ses différens actes , de celles qui concernent les fonctions de ses divers organes, des causes qui peuvent troubler leur harmonie, al- térer leurs facultés; et il entreprend d'y remédier, sans se mettre en opposition avec les lois de la nature. Sauf une com- paraison plus étendue avec les autres organisations animales dont il peut obtenir beaucoup de lumières, je n'ai rien à lui proposer sur ce sujet important, parce qu'il ne l'a point négligé. Par le second ordre de considérations, il doit s'appliquer à l'étude des agens extérieurs et divers qui exercent sur son corps des influences variables, souvent considérables, in- fluences qui altèrent sa santé , lui donnent des maladies , et compromettent fréquemment sa conservation. Malgré l'im- portance de ce sujet, on peut lui reprocher le tort de l'avoir jusqu'à présent négligé, et j'aurois à cet égard bien des ré- flexions à lui présenter ; mais je me bornerai à la simple in- dication de l'étude dont il est enfin nécessaire qu'il s'oc- cupe. En effet, plongé continuellement dans la base de l'almo- sphère, dont il supporte le poids ainsi que la pression de toutes parts , et en outre sans cesse entouré de différens fùiides actifs , qui se meuvent dans le sein de cette atmosphère , tous invisibles^pour lui , les uns n'agissant sur lui qu'à l'extérieur, tandis que les autres le pénètrent plus ou moins rapidement , l'homme est de temps à autre diversement affecté, quelque- N A T 385 .fois môme très-fortement, par les influences variables de taal d'agens qui lenvironnent ; agcns (;ui subissent, dans leurs agitations, leurs déplacemens, leurs densités et leur puissaï>ce d'action, des variations souvent très-considérables. Les résultats de ces influences diverses , do;, t les aniir-aux éprouvent aiîssi les suites, sont , pour rbouuMe, tantôt d'af- ioibiir l'activité de ses mouveniens vitaux, ainsi que celle des fonctions de ses organes , de faire varier en iuï les secréiions et les excrétions, «rinterrornpre quelquefois le cours de cer- taines d'entre eUes, de préparer ou de donner lieu à diverses maladies; et tantôt de ranimer lénergie vitale, d'accroître le ton des solides réagissans , en un mot, d opérer des effets très-opposés aux premiers, mais qui, dans certaines cir- constances, peuvent être encore tres-nuisibles. Les déplacemens et les agitations des fîuides environnans dont je viens de parler sont presque toujours en rapport dans leurs variations avec celles de l atmosphère qui les contient. Or, comme les variations de celle-ci sont elles-mêmes exci- tées par différentes causes dont les principales sont recon- noissables par l'observation, réglées dans le cours de leurs paroxismes, déterminables dans leurs retours, il nous es.t donc possible, à l'aide d'une étude convenable et suivie, d'assigner les époques où nous serons exposés à supporter au moins les plus grandes influences sur nous de ces causes d'action. Ici, je ne considère que les effets immédiatement relatifs au corps de l'homme , de la part des grandes variations de l'atmosphère , ainsi que de celles des fluides divers qu'elle contient; effets qu'il lui importeroit de mieux connoître sous tous leurs rapports, parce qu'il j^ourroit alors leur opposer des mesures de précaution , afin d'en être moins victime. Mais son intérêt à cet égard ne se borne pas à s'efforcer d'y échapper lui-même ; les grandes variations de l'atmosphère affectent et détruisent trop souvent ce qu'il a de pluT luécieux* et qui ne sait que les pluies, les grêles , les o;a; ti, les ou- ragans et les tempêtes ravagent ses habitations, anéantissent ses propriétés , lui causent des torts souvent incalculables , et même exposent sa vie dans diverses circonstances? Cependant, il reste indifférent à l'égard de causes qui, amènent pour lui des effets si dangereux, et, quoiqu'il ne puisse douter que ces causes ne soient nécessairement régies par des lois et qu'elles n aient un ordre effectif, il ne fait au- cun effort , ne tente aucune recherche pour parvenir à con- noître les temps où i! peut y être exposé. J'en ai dit un mot à l'article Météorologie. F. cet article. Je viens d énoncer les deux ordres de considéra ions rui doivent attirer rattenllon de l'homme , relativement à sar* m N A T e/rc physique; savoir : îa connoissance de tout ce qui concerne s.'i propre orgarâisalloii , et celle des causes extérieures nui peuvent l'affecter oa en troubler l'harmonie. 11 lui imporrc assurément de connoîtrc les lois de la nature a l'égard de tout ce qui se rapporte à ces deux sujets. Maintenant , je vais pas- ser à un objet moins connu encore , plus délicat, et qui , re- lativement à riiomme social, ne le cède nullement en inté- rêt aux préccdens. 11 s'agit de reconnoître l'importance de considérer les /o/'s de Li nature à l'égard de ce qui concerne ce qu'on nomme le moral de l'homme ^ et de ce qui constitue la source de ses actions. Je ne me propose pas de traitera fond ou dans son entier ce vaste sujet; mon objet ici et surtout mes moyens ne me per- mettent point de l'entreprendre. Mais, convaincu delà néces- sité d'en reconnoître les bases , c'est-à-dire, de signaler les ■jïoints essentiels de départ qui seuls peuvent fournir les moyens de le développer d'une manière utile, j'ai cru devoir exposer ici ma pensée sur cet objet important. L'homme a reçu de la nature des penchons qui se dévelop- pent plus ou moins, selon les circonstances de sa situatioii. J'en ai fait l'exposition dans l'introduction de Vlllstaire na- turelle des animau.v sans vertèbres (vol. i , p. aSg ) , et j'y renvoie. Tantôt la presque totalité de ces pencbans se trouve comme iinéantie , dans tel individu , par les suites d'une position misérable, pénible et de toute part dépendante; tantôt, dans tel autre individu , moins jnal partagé, tel ou tel de ces pen- cbans parvient à se développer, à se transformer même en passion; enfin , souvent, dans tel autre, dont la situation so- ciale est plus avantageuse encore , plusieurs de ces pencbans acquièrent des développeniens remarquables; mais presque toujours l'un d'entre eux devient dominant, et, s'il se change en passion, il affoiblit ou semble affoiblir les autres. C'est surtout dans les hautes situations que le «léveloppement des pencbans naturels de l'homme se faille plus fortement remar- quer. C'est assurément dans ces penchons développés qu'il faut chercher les causes qui influent le plus sur la direction des actions de l'homme. Mais cette direction reçoit des modifi- cations plus ou moins grandes de la part du jugement de cha- que individu , selon que ce jugement a plus ou moins de rec- titude, c est-à-dire , selon qu'il est le résultat de plus ou moins de connoissances acquises et de plus ou moins d expé- rience mise à profit. Ce sont là, pour moi, les points de départ les plus pro- N A T 33; près à montrer la véritnble source des actions humaines qui sont généralement si varices , si diverses, si conlrastanles , si singulières niême. La tendance continuelle de Thommc vers le lien-être ou vers un meilleur- être , lui faisant sans cesse désirer une situa- tion nouvelle , et toiij.)ars fonder ses espérances sur Tavenir , rend les individus, privés de lumières, proportionneJlemcnt plus crédules, pins amis du n»erveilleux , plus indlfférens pour les idées solides, pour les vérités mêmes, leur donne un grand attrait pour des illusions qui les flattent , enfin, les porte à des craintes et à des espérances Imaginaires. Cette manière d'être et de sentir, étant le propre de l'im- mense majorité des individus de toute population, a fourni aux plus avisés qui en font partie , les moyens d'abuser et de dominer les autres. Il leur a e^é facile, par-là, de changer en pouvoir absolu , les institutions originairement établies pour la conservation et l'avantage de la société. C'est donc principalement à l'ignorance des choses, au très-petit cercle d'idées dans lequel vivent les individus de cette majorité , qu'il faut rapporter la plupart des maux moraux qui affligent dans tant de contrées l'homme social. Considérons maintenant comment et p.ir quelle voie il peut s'affranchir des illusions qui lui sont plus nuisibles qu'utiles. Si l'homme se fût appliqué à distinguer les vérités qu'il peut parvenir à connoîtrc, des illusions qa lise forme, c'est-à- dire de celles de ses pensées qui ne s'appuient sur aucune base, ou autrement à distinguer ce qui est positif, comme les faits, de ce qui n'est que le résultat de ses raisonnemens, même d'après les faits ; s'il eût en outre considéré qu'il ne lui est possible d'acquérir des idéesque par la voie de 1 observation, que parles conséquences qu'ii en tire ; enfin, s'il eût reconnu que toute idée qu'il ne tlendrolt pas directement de l'obser- vation, ou qui ne seroit pas i;ne conséquence déduite de faits observés, doit être absolument nulle pour lui ; alors il n'eût pas été exposé à tant de prestiges , à tant d'erreurs , qui lui furent souvent si funestes. L'intérêt le plus pressant de l'homme , celui qu'il lui im- porte le plus de considérer, doit donc lui faire reconnoïtre la nécessité de circonscrire clairement , dans sa pensée , le champ des connoissances réelles qu'il peut se procurer , et de s'en formerune idée juste, afin de ne pas s'exposer à la ten- tation, toujours infructueuse, d'en sortir, et se mettre, par- là, dans le cas d'être la dupe de ceux qui auroient des motifs pour l'égarer. Or, la culture du champ dont il est questiou lui apprendra que les connoissances auxquelles il peut par- 3SB N A T venir sont de deux ordres; savoir : i."lcs faits constalcs par robservatlon , qui tous sont pour lui des vérités positives ; 2." les conséquences tirées des faits observés, lesquelles peu- vent être encore des vérités, mais aussi , le plus souvent , peuvent être erronées, puisqu'elles dépendent de sonjugenient. ( Voyez ce mot. ) Cependant, à l'aide de Tétude et de la jnédilation , il peut opérer le redressement de ces dernières, et se procurer aussi , par elles , la connoissance de beaucoup de vérités. Ainsi il n'y a, pour l'homme, de vérités saisissahles, de connolssances certaines , que celles des faits qu'il peut observer , et que celles qu'il peut obtenir des conséquences qu'il lire de ces mêmes faits , lorsqu'il possède tous les élé- mens qui doivent servir au fondement de ces conséquences. Hors de là , iiors du rhciwp des rralilés , le seul qui r.oit à sa disposition, il ne peut y avoir, pour lui , que des illusions , et il lui est , en clfel , facile de s'en former plusieurs qui lui soient agréables , et dans lesquelles il se plaise , mais qui peuvent avoir , pour lui , plus d'inconvéniens que d'a- vantages. Néanmoins, quoiqu'il soit réduit à ne pouvoir se procurer des connoissances positives que relativement aux objets phy- siques qui sont à sa portée, il ne sauroit douter qu'il ne puisse exister d'autresobjels qui constituent des vérités auxquelles il ne peut atteindre ; car, ne pouvant raisonnablement assigner aucune direction à la volonté du5?//7/e«2eoi//fî//de toutes choses, dont la puissance est sans doute infinie , il ignore nécessai- rement ce que Dieu a voulu , ce qu'il lui a plu de faire , et , à cet égard , ne peut rien assurer , rien nier. Enfin , comme il ne lui est pas donné de pouvoir connoïtre aucune des vérités dont il s'agit , mettre ses suppositions à leur place , seroit évidemment une folie. Pénétré du fondement de ces considérations, et voulant lui faciliter la détermination du champ des connoissances auxquelles il peut aspirer, connois- sances qui lui sont toutes utiles et laplupart très-importantes, je lui propose donc la circonscription suivante, qui renferme les sources de toutes les vérités auxquelles il peut parvenir. Exposition des sources ou P homme a puise les connoissances qu'il possède^ cl dans lesquelles il en pourra recueillir quantité d'ouii es; sources dont f ensemble constitue^ pour lui , le champ des réalités. I." La considération du monde physique , dont les parties observées, offrant partout une activité, un ordre et une harmonie inaltérables, ont élevé la pensée de l'homme jusqu'à la connoissance du suprême auteur de tout ce qui est ; N A T 3^9 a." De la nature , c'est-à-(lire, de cet ortlre âe choses im- mutable, qui répand et conserve racllvlté dans les parties Des lois de tous les ordres qui dirigent tous les moa- vemens , tous les changemeus qui s'observent à 1 égard des corps ; 4° Des portions finies de l'espace , mesurées par les lieux qu'occupent les corps, par les distances qui les séparent, et par celles qu'ils parcourent , lorsqu'ils se déplacent ; 5." Des durées limitées , mesurées par les déplaccmens. que subissent des corps mus par un mouvement uniforme, ou par les durées mêmes de certains de ces corps ; G.» Du mouvement répandu partout, inépuisable dans sa source , reconnoissable par l'observation des corps , opérant les déplaccmens des uns, des agitations dans les parties des autres , et des changemens divers; 7." De la matière dont toutes les parties de Tunivers ou monde physique sont composées , et des corps qui tous en sont formés , leur ensemble constituant le domalue exclusif de la nature ; 8." De la forme extérieure âes corps, de leurs qualités, de la structure interne de ceux qui ne sauroient vivre, et de l'organisation de ceux qui jouissent de la vie ; 9." Des propriétés générales des corps , de celles qui sont particulières à chacun d'eux, et des suites des relations qu'ils- ont ou peuvent avoir les uns avec les autres ; 10." De la composition des corps, distincte de l'agrégatiatt ou de la réunion des molécules qui forment les masses , des faits qui appartiennent à la combinaison des principes dans toute molécule intégrante composée , et de l'individualité des espèces ; II." Des changemens, décompositions, combinaisons , re- nouvellemens, et reproductions qui se remarquent à l'égard de beaucoup de corps , et qui ont probablement lieu , soit les- uns , soit les autres , pour tous; 12." Des quantités, en nombre ou en dimensioa, appll^- eables aux corps , au temps fini de leur durée ou de leur changement de lieu, à l'espace limité qu'embrassent ceus qui se déplacent, enfin aux éaumérations q^ui les concernent, ou à des quantités abstraites ;^ iS.oDes phénomènes qui apparirennentr à l'organisation des corps vivans , soit à son ensemble , soit à des fonction* d organes spéciaux; phénomènes parmi lesquels les plus émi- Sgo N A T liens , qui s'observent dans cerJains aninftaux et surtout dans l'homme, avec une extension sans limites assignables, cons- tiluent, pour chaque individu, son senlimeiit intérieur , ses penchans , sa faculté d acquérir des idées , d'exécuter des o[tcrations avec ces idées , causes diverses qui entraînent ou excitent ses actions ; i4..° Des ensembles particuliers de corps divers, distin- gués par des rapports qui les réunissent ; ensembles qui constituent, parmi les corps observés , i]es distinctions parti- culières, comme celles des règnes , des classes, etc , objets, «oit des parties de l'art en histoire naturelle, soit de nos sciences astronomiques et de physique générale ; iS.o Enfin, des résultats des penchans, des affections et «les besoins de 1 homme ; résultais qui donnent lieu à ses mœurs , variées selon les temps , les climats et ses divers degrés de civilisation ; à ses opinions , ses croyances , ses institutions diverses; à ses actions les plus mémorables. Delà son histoire recueillie plus ou moins fidèlement; les monu- inens de ses entreprises , de ses travaux ; ses ouvrages d'ima- gination , sa philosophie , ses sciences , etc. Telle est la circonscription positive du champ des rèalllés pour rhoMime ; de ce GliLnHE, onguliihes. (desm.) NAVARRETIE , Naoarretia. Plante feuilles pinnées et multifides , qui se trouve au Chili , et qui forme un genre dans la pentandrie monogynie. Ce genre présente pour caractères : une corolle infundibu- liforme ; cinq étamines ; un ovaire à style terminé par un stig- mate bifide ; une capsule membraneuse , à une loge et bi- valve, (b.) NAVAU. Synonyme de Navet, (b.) NAVAU BOURGE. Nom vulgaire delà Bryoke, aux environs d'Angers, (b.) NAVET. On donne vulgairement ce nom à plusieurs co- quilles univalves de genres différens ; ce sont : le lulla râpa , ou Pyrule, le voluta pyrum , etc. , L. (ln.) NAVET. Coquille du genre Cône, Conus miles de Lin- nœus. (b.) NAVET. Espèce de cJwu, dont la racine est fort grosse , et qui se cultive pourlanourriture delhommeoudesbesliaux. V. aux articles Chou et Rave, (b.) NAVET A LONGUE QUEUE. Le Rocher canali- CULÉ , Murex canaliculatus , a reçu ce nom. (desm.) NAVET DU DIABLE. C'est la racine de la Bryone. (B.) NAVET SAUVAGE. V. Navette, (s.) NAVETTE, Radius, (ienre de Coquilles établi par Denys de Montfort , aux dépens des Bulles de Linnœus. Ses caractères sont : coquille libre , univalve , à spire inîérieure et voûtée: ouverture allongée, étirée ; columelle lisse , ainsi que la lèvre extérieure ; canal de la base plus long que celui du sommet. L'espèce qui sert de type à ce genre , est la Bulle volve de Linnœus, connue des marchands sous le nom de navette de tisserand., qui vit à quinze brasses de profondeur, dans la mer des Antilles. Elle est très - blanche ; sa longueur est quelquefois de six à sept pouces. L'animal qui la forme a deux tentacules qui portent les yeux à leur base antérieure ; un pied long et étroit ; un manteau qui recouvre toute la co- N A y 407 quille , et qui de plus se prolonge en tube au sommet et à la base, (b.) NAVETTE. Espèce de Chou que Ton cultive pour la graine, dont on retire une huile propre à brûler et à être employée dans plusieurs arts. La navette grosse est le Colsa. (b.) NAVETTE DES SERINS. C'estle Sénevé des champs, Slnapis awensis ^ L. (ln.) NAVETTE DE TISSERAND. Nom de la voluta spelta de Linnœus , et de la BuLLE volve. V. aux mots Volute, Bulle et Navette, (b.) NAVETTE TUILÉE. On donne ce nom à une Pho- LADE : Pholas cosiata. (desm.) NAVEW.'-Nom anglais du Navet, (ln.) NAA^IA. Nom imposé à la Foulque, (v.) NAVIARSOAK. Nom générique du Plongeon, au Groenland, (s.) NAVIAT. Nom vulgaire des goélands et des mouettes, (v.) NAViCELLE. Synonyme de Ciember et de Septaire, Voyez Cambry. (b.) NAVICULARIA, d'Heister. Ce genre, adopté par Adan- son , est fondé sur le stachys ghéiinosa, Linn. Ses caractères sont : calice tubuleux, long, à cinq dents égales ; corolle la- biée, à lèvre supérieure fendue ; étamines médiocres ; quatre graines ovoïdes; fleurs en verticilles sessiles , triflores; feuilles florales en nacelle. Il n'a pas été adopté, (ln.) NAVONE. Nom du Navet en Italie, (ln.) NAVUCE ROUGE. La Moutarde noire porte ce nom aux environs d'Angers, (b.) NAWA-SIRO-GOMI des Japonais. C'est une espèce de Chalef {elœagnus macropJiylla , Thunb.). (ln.) NAWAGA. Nom de pays du Gade callarias. (b.) NAXIUM et NIXIA, ou PIERRE DE NAXOS. Les anciens, au rapport de Pline, se servoient, pour polir le marbre et façonner les pierres précieuses, du naxium^ préfé- rablement à toute autre pierre à aiguiser. Le nuxium se pré- paroit à Naxos. Ou lui préféra ensuite une autre pierre qu'on tiroit d'Arménie. C'est encore aujourd'hui de l'île de Naxos que nous tirons, par la voie de Marseille, l'émeril qui est employé pour user et polir les pierres dures. On sait que cette pierre est une roche micacée remplie de petits cristaux ou grains de fer oxydulé et de corindon , substances qui sont la cause de sa grande dureté. V. Corindon granulaire , à l'article ConiNDON. (ln.) NAYADE. Vers annelides. V. Naïade, (desm.) NAYXDE , plante. V. Naïades, (desm.) /^o8 ^' E B N,\Y,\3. V. Naïas. (ln.) NAY-LELLI. C'est, à Ceylan, VOpluoxlllum gerpenti- num , L. , arbrisseau décrit au mol Ophiose. (ln.) N\'YM-EL-S\LYB , Gramen cmàs. C'est le nom arabe de ia ^laETELLE d'Egypte , Cynosums œgyptlus , L. V. Éleu- SlNlv (LN.) NAYOURIVI. On donne ce nom, dans Tlnde, à une planîi; Irès-rommune , employée à la teinture en rouge. Il p.iroif, pnr la description incomplète qu'on en trouve dansles Lellirs p(Vfidntes t qu'elle appartient au genre Irésiné ou au gcHi-e Cadrlari. (b.) N VZ V M!) XmS. Cette pierre avoitla couleur rouge du sang, et éîoit v(!inée de noir. Pline laclasse avec les pierres précieuses, et ne s''cxplique pas davantage. Ne seroit-ce pas un jaspe rouge veiné de noir, qui probablement se trouvoit chez les TStazamons , peuple d' Afrique? (ln.) NAZÎvV. Adanson donne ce nom à un genre de graminée qui comprend le f^/2r/;ra5 rar.emosus^ L. On l'a nommé depuis trag'is et hfppago. (LIS.) N \Z1QITÉ F. Nasique. (desm.) NEANTHE. Calice tubuleux , à cinq dénis; corolle à trois pé laies, dont un, deux fois plus grand, enveloppe les deux autres ; élamines diadelphes ; un style subulé , à un sfig- raale; fleurs en panicules terminales; feuilles ailées avec im- paire. Une seule espèce de planle rentre dans ce genre , établi par Pierre l>rovvn , et adopté par Adanson. C'est un arbre dont P. Brown n'a observé qu'un seul individu à la Jamaïque , près le Port Saint-Antoine. Il appartient à la fa- mille des légumineuses. (E^^) NEBBE HAUL on BEAKED AVHALE , Pontoppl- dam , INorw. i , pag. i33. M. de Lacépède rapporte cette ci- tation à son hypéroodon butskopf, que nous avons fait con- noîire à Tarlicle Dauphin , lome g, pag. 176. (desm.) NEBBE MUUS et iMUSESKIiEK. Noms norwégiens des Mus^RAIG^'ES. (desm.) NEBBEK. Voyez Nabqah. (ln.) ISEBEI. Nom A' un faucon noir (T Amérique ^ à pieds et bec roux , selon flernandez. (v.) NEBKA et NEBBEK. V. Nabqaii. (ln.) NÉBIvlE, iVfi/vna , Latr., Clairv, Oliv. ; Carahus ^ Linn. , Fab. Genre d'insectes de l'ordre des coléoptères, section des pentamères , famille des carnassiers , tribu des carabiques. Très-rapprocbées des carabes proprement dits, à raison de leur port , de leurs janibes antérieures non écbancrées , et de quelques rapporis dans les parties de la boucbe , les nébries en sont cepcudant distinguées par plusieurs carac- G . 55 Na/)i,r ^tjfii//ii/c . (i. A'e//io/>/,-rr A-oh>„<-<-/.' /'i/r . ■- . A'f/'ii>/f/i> ///i// (>c<'/-oo- . A Ne/>ric ,rriV/,Tfr,' . ,9 . Jjy>,> ri'/nô-e. , j3.J'i/_ch-/-t'f>ït'/><'i/t'<-u/,iù-> j, . A>rrttùn> l'io/c//'' . ,) . yi/i(/ii/,' /)/)/o/ir///t-'e _ J^ .Xct-i//i- /i>.i,r///,r(/(' ifr M ,^(r/><'<' N E V> 409 tères : leur corps est très-aplali ; leur labre est entier ou légè- rement sinué ; les palpes extérieurs sont filiformes et termi- nés par un article en forme de cône renversé, mais allongé ; celui qui termine les palpes labiaux est surtout très-remar- quable sous ce rapport ; sa longueur égale presque celle de larlicle précédent, quiest lui-même fort long ; le bord exté- rieur et inférieur des mandibules est avancé et très-aigu près diî leur base ; le côté extérieur des mâchoires est dilaté et birbu , près de son origine. Les nébries diffèrent d'ailleurs <\t;s pogonop/iores^ genre très-voisin, en ce que leur languette est courte , presque carrée , et simplement unidenlée ou avancée en manière d'angle au milieu de son extrémité supé- rieure ; que leurs palpes sont beaucoup plus courts , et que la dilatation extérieure de leurs mandibules est bien moins prononcée. Les nébries sont des carabiques de moyenne taille, dont le corps est ovale-oblong et aplati , avec les antennes fili- formes ousétacées; la tête un peu plus étroite que le corselet; le corselet transversal, en forme de coeur, de lalargeur de l'ab- domen, en devant; plus étroit et largement tronqué à sa partie postérieure ; l'écusson petit ; les élytres entières et souvent striées , et les pattes assez longues et grêles. Leurs mandibules n'ont point de dentelures, et la dent située au milieu du bord supérieur de Téchancrure du menton est bifide. Ces insectes n'offrent point les couleurs métalliques et brillantes qui distinguent la plupart des carabes; lis sont, pour la plupart , noirs ou bruns ; les autres ont le fond jau- nâtre et plus ou moins varié de noir. Le plus grand nombre des espèces habile les lieux froids et élevés , et en général humides. Leurs métamorphoses sont inconnues. Les uns sont ailés et forment seuls , dans la classification de cette sous-famille qu'a donnée M. Bonelli,le genre nebria. Tels sont les suivans : La iSÉBRlE ARÉNAlPiE, Nebria arenaria , pi. G.,33 , fig. 3 de cet ouvrage; Carabus cowplanaius , Llnn.; Carabits arenariiis , Fab. Son corps est long de huit lignes, jaunâtre ouroussâtre, avec les élytres striées et traversées par deux bandes noires , formées de plusieurs taches, plus ou moins grandes. On la trouve sur nos côtes maritimes : les individus qui habitent relies de la Méditerranée ont , en général , les taches plus f^randes et plus nombreuses , et sur un fond d'un roussâtre plus vif. La NÉBRIE LIVIDE, Nebria Im'da ; Carabus Iwidus^ Linn. ; Carabus sabulosus, Fab.; Clairv. Entom. lieh. ^ tab. 22, fig. a, est noire, avec le corselet, le limbe extérieur des élytres , 4IO N E C les antennes elles pâlies d'un jaunâtre roussâtre. On la trouve au nor\. Vt. 23. 4, de cet ouvrage , est bleue, luisante, velue; ses antennes et ses pattes sont noires. Elle se trouve en Europe , et ne diffère de la NÉCROBIE rufipÈde , Necrobia riifipes , qu'on ce que celle-ci a les pattes et la base des antennes rougeâlres. Elle se trouve au midi de la France , au Sénégal , au Cap de Bonne- Espérance. La Nécrorie ruficolle, Nccmhin mfi- rollis, est violette et a le corselet et la base des élytres fauves. Elle se trouve en Afrique et aux Indes orientales. Foyezles Coléoptères d'Olivier, tome 4, genre NÉcrobïe, n." 76 bis, et le même article de l'encyclopédie méthodique. (O.L.) NECRODE, JSecrodes. Genre d'insectes coléoptères, éla- bli par M. Wilkin , et qui comprend les boucliers ou silplui dont le corps est en ovale allongé , avec le corselet orbicu- lairc, les élytres tronquées obliquement à leur extrémité, et dont les antennes vont graduellement en grossissant. C'est ce que l'on observe dans le huudlcr lUloral ( Silpha lUlondh , NEC 4,3 Linij.). J'avois incliqué celte coupe dans le second volume Ue mon Gênera Cnist. et InsecL Elle est la première du genre silpliu; ces insectes semblent le lier avec celui des nécrophores. Foya Léach , Mèlang. de zool.^ tom. 3 , p;!g. 74- (l.) NÉCROPHA(i£S, Nccrophagi. Nom que j'avois donne, dans mes ouvrages précédens sur les insectes, à une famille de coléoptères pentamères , composée de ceux qui forment, dans la méthode que je suis ici , la tribu des Pelioïdes et celle des DermestiîsS, de la famille des Ci.AVicuRJSts. Vaycz ces mots, (l ) NECP^OPHORE, Nccrophonis. (ienre d'insectes de l'or- dre des coléoptères , section des pentamères , famille des tlavicornes , tribu des peltoïdes. Les nécFophores ont été placés, par Linn^eus et la plupart des entomologistes, parmi les boucliers. Scopoli et Geoffroy les ont rangés parmi les dennestes. Gleditsch avoit donné à «in de ces insectes le nom latin vespillo , qui û^mîw. fussuyeur, parce qu'il l'avoit trouvé occupé à cacher dans la terre les cadavres des petits animaux qu'il destine à sa nourriture ; et Fabricius ayant trouvé des caractères propres à établir un genre , lui a donné le nom de nécroplwre , d'un ujot grec qui signifie -dnsû fossoyeur , et qui se rapporte de même aux ha- bitudes de ces insectes. Des palpes filiformes et très-apparens ; des mandibules avancées , fortes, triangulaires et terminées en pointe , sans cchancrure ; des mâchoires dépourvues d'onglets écailleux ; une languette profondément échancrée ; dc-s antennes guère plus longues que la tête , terminées brusquement en un bouton perfolié ; un corps en forme de carré long, avec la tête inclinée ; le corselet presque orbiculaire ; les élytres tronquées ; les jambes fortes , et les trochanters des cuisses postérieures terminés en forme d'épine , sont des caractè- res propres aux nécrophores, et dont la réunion les distingue des genres avec lesquels ils ont le plus d'affinité. Ces coléoptères sont assez grands. Us ont le corps oblong, ordinairement velu, avec la tête grande, inclinée et distincte du corselet ; les antennes sont composées de onze articles , dont les quatre derniers forment une masse assezgrosse, pres- que arrondie, perfoliée; les yeux sont oblongs et point du tout saillans. Le corselet est un peu aplati , rebordé tout au- tour , plus ou moins éc-hancré antérieurement. Les élytres sont ordinairement plus courtes que l'abdomen, et cachent deux ailes membraneuses repliées , dont l'insecte fait quel- quefois usage. L'écusson est assez grand, triangulaire. Les pattes sont grosses et assez fortes ; les cuisses postérieures sont un peu renflées ; les jambes antérieures ont une forte /^i4 NEC dent latérale , et sont terminées par deux épînes assez fortes; les tarses sont filiformes, composés de cinq articles. Les nécruphores sont des insectes dont l'odeur forle et désa- gréable annonce les lieux qu'ils habitent et les matières dont ils se nourrissent. Us servent , comme bien d'autres insectes , à absorber les chairs pourries, les substances excrémenti- tielles dont l'air pourroit être infecté. L'instinct, toujours d'accord avec l'organisation, leur fait rechercher avec em- pressement les corps morts des petits animaux, pour en faiie leur curée ; et un spectacle vraiment intéressant , c'est de les voir attirés d'assez loin par une odeur cadavéreuse ; s'associer dans leur entreprise, combiner leurs efforts, et jouir paisiblement du fruit de leurs travaux. Ainsi, à peine la corruption d'une taupe oudune souris se fait sentir, qu'ils accourent en plus ou moins grand nombre, et creusent avec beaucoup d'activité la terre en rond sous l'animal , qui s'en- fonce insensiblement; et sans voir les ouvriers , on voit l'ou- vrage s'achever, et tout disparoître. Quatre ou cinq de ces insectes peuvent ensevelir, de cette manière, une taupe dans l'espace de vingt-quatre heures. C'est alors qu'à l'abri de toute espèce de crainte , ils entrent dans le corps qu'ils ont enterré , et s'en repaissent à loisir. C'est aussi dans ces cadavres qu'ils déposent leurs œufs et que leurs larves doi- vent vivre. Les larves desnécrophores sontlongues, d'un blanc grisâtre, avec la téle brune. Leur corps est composé de douze anneau.^ garnis antérieurement, à leur partie supérieure, d'ime petite plaque écailleuse d'un brun ferrugineux; les plaques des derniers anneaux sont munies de petites pointes élevées. Leur tête est dure , écailleuse, armée de mandibules assez fortes et tranchantes. Elles ont six pattes écailleuses , très- courtes , attachées aux trois premiers anneaux du corps. Par- venues à toute leur croissance , elles s'enfoncent dans la terre à plus d'un pied de profondeur, se forment une loge ovale, qu'elles enduisent d'une matière gluante pour en con- solider les parois , et s'y changent en nymphe. L'insecte parfait en sort au bout de trois ou quatre semaines. Ce genre est composé de huit espèces, dont quatre se trouvent aux environs de Paris. Ce sont : Le Nécrophoke fossoyeur , Necrophorus vespillo , pi. G. 33. 5 , de cet ouvrage. Il est noir ; ses élytres sont courtes, avec deux bandes ondées ferrugineuses ; la masse de ses an- tennes est d'un roux ferrugineux. Quelques auteurs distin- guent spécifiquement les individus dont les jambes postérieu- res sont arquées , au lieu d'être droites. Le Négrophore des morts , Necrophorus morluorum. Il est N E c 4.,:, pluspelîtque leprécédcnt, et n'endiflcre que par la masscdes antennes qui est noire ; il se trouve dans les champignons gâtés. Le NÉcaCiiHORE germanique. Necrophoms gcrmunicus. C'est le plus grand de tous ; il a souvent plus d'un pouce de longueur ; il est noir , avec le bord extérieur des élytres et une tache triangulaire sur le front, d'un jaune ferrugineux. Le NÉCROPHORE iishumeur , Necrophoms humator. il res- semble beaucoup au précédent , mais il est une fois plus petit et entièrement noir; ses élytres présentent trois lignes longitudinales élevées. Les autres espèces sont exotiques , et se trouvent pour la plupart en Amérique. (OL.) NP2CTAIRE. Neciarium. Nom donné par Linnœus à certaines productions renfermées dans la fleur, étrangères à la corolle , ou en faisant partie , et destinées à contenir une liqueur visqueuse plus ou moins douce, dont les abeilles composent leur miel. La plupart de ces productions n'ont aucun rapport entre elles, et varient beaucoup parleur forme et leur situation dans les différentes fleurs. Tantôt ce sont des cornets, des écailles, des glandes ou des espèces de poils ; tantôt des enfoncemens , des fossettes ; des sillons ou rainures; quelquefois c'est une protubérance de la corolle, ou un prolongement d'une de ses parties en corne ou en éperon. Celte diversité de figures dans ces organes , placés les uns sur les pétales , les autres sur le réceptacle ou ail- leurs, ne permet pas qu on leur donne le même nom. Aussi, à l'exemple des botanistes modernes, avons-nous, dans ce Dictionnaire , désigné chacun d'eux par un nom con- forme à la cbose qu'il représente. Voyez Fleur, (d.) NECTANDRA. Il y a deux genres de plantes établis sous ce nom ; mais ils n'ont pas été adoptés. Le premier est le neclandra de Bergius , Burmann et Jussieu. Ses quatre espèces sont disséminées dans les gejires gnidia et slruthîola. Ses caractères sont: corolle infundibuliforme, divisée en six parties intérieurement velues; point de calice; neuf écailles presqie ovales, situées au fond de la corolle, et donnant at- tache à optant de faisceaux de quatre élamines ; un ovaire surmonté d'un style simple ; un drupe turbiné et tronqué. Le second ne^/««(/m est celui de R.ollboel; il est le même que l'o^o/ea d'Aublet , ou porostoma de Schreiber, réuni au laurus, V. Laurier et Ocote. (lm.) NECTAR. Nom que les anciens donnoient à la liqueur dont s'abreuvoient les dieux. Aujourd'hui on l'applique à un suc mielleux que distille l'intérieur de la (ieur de beaucoup de végétaux, par un organe que l'on a appelé Nectaire. F. ce mot et le mot Plante, (b) ^i6 N E C NECTAPJNIA. Genre des oiseaux du Prodromus d'IUi- ger, lequel se compose des Souimangas, des Guit-guit, etc. (V.) NECTARION. L'un des noms donnés, chez les Grecs, à I'Helenium. V. ce mot, (ln.) NECTOPODES ou RÉMIPÈDES. M. Duméril dési- gne ainsi (^Zool. ana/.) une famille d'insectes coléoptères, correspondante à noire division des coléoptères carnassiers aquatiques , ou à notre tribu des IiYDROCA^'THARES et à celle des Tourniquets. 11 la compose des genres suivans : lourniquet^ hyphydre , haliple et dylisque. (L.) NECTRIS. C'est ainsi que Schreber , Willdenovv, Persoon, nomment le genre Cabomba d'Aublet.F. Cabombe. (LN.) NECYDALE, Necydalis. Genre d'insectes de l'ordre des coléoptères, section des tétramères, famille deslongicornes , tribu des cérambycins. Dans les Actes d'Upsal, le nom de nécydale fut appliqué vaguement à des insectes de plusieurs genres très-différens les uns des autres. Le célèbre Linnœus en restreignit la dé- nomination; et si l'on en excepte un seulinsecle , notre lélé- phore nain {V. Malthine), ses nécydales furent d'abord les mêmes que les nôtres; mais, trompé par quelques ressem- blances dans les élytres et dans la forme du corps , il joignit aux vraies nécydales des insectes d'un autre genre, ceux que nous avons décrits sous lenom à^œdémères. Ses nécydales fu- rent divisées en deux sections: i.° élytres beaucoup plus courtes que les ailes et l'abdomen ; 2.° élytres subulées de la longueur de l'abdomen: c'est a celle-ci qu'appartiennentlesa;ers. gent.), étoient encore plus étendus que ceux des Afri- cains. Mais, indépendamment de ce fait constaté, dont l'em- preinte est même manifeste sur le front abaissé du nègre , consultons l'histoire de son espèce sur tout le globe. Quelles sont les idées religieuses auxquelles il a pu s'élever de lui-même sur la nature des choses? Elles sont l'un des plus sûrs moyens d'évaluer la capacité intellectuelle. Nous le N E G 43i voyons partout prosterné devant de grossiers fétiches , ado- rant tantôt un serpent, une pierre, un coquillage, une plume, etc. , sans s'élever même aux idées théologiques des anciens Egyptiens ou d'autres peuples adorateurs des ani- maux, comme emblèmes de la Divinité. Dans les institutions politiques, les nègres n'ont rien ima- giné, en Afrique, au-delà du gouvernement de la famille et de l'autorité absolue, ce qui n'annonce aucune combinaison. Par rapport à l'industrie sociale , lis n'y ont jamais fait d'eux seuls les moindres progrès ; Ils n'ont pas bâti de villes, de grands édifices, comme l'ont exécuté les Egyptiens, même pour se soustraire aux ardeurs du soleil ; Ils ne s'en garantis- sent nullement par des tissus légers , comme font les Indiens ; ils se contentent de cabanes et de l'ombrage des palmiers. Ils n'ont donc point d'arts , point d'Inventions qui charment les ennuis de leurs loisirs sur un sol si riche. Ils n'ont pas mêgie les jeux Ingénieux des échecs Inventés par les Indiens, ni ces contes amusans des Arabes, fruits d'une imagination féconde et spirituelle. Placés à côté des Maures , des Abys- sins^ peuples de race originairement blanche , les nègres en sont méprisés , comme stupides et Incapables ; aussi les trompe-t-on toujours dans les échanges commerciaux; on les dompte, on les soumet en présence de leurs compatriotes même, sans qu'ils aient l'esprit de s'organiser en grandes masses , pour résister, et de se discipliner en armée ; aussi sont-ils toujours vaincus , obligés de céder le terrain aux Maures. Ils ne savent point se fabriquer d'armes autres que la zagaie et la flèche , folbles défenses contre le fer, le bronze et le salpêtre. Leurs langages très-bornés manquent de termes pour les abstractions. Ils ne peuvent rien concevoir que des objets ma- tériels et visibles ; aussi ne pensent-ils guère loin dans l'ave- nir , comme Us oublient bientôt le passé ; sans histoires, ils n'avolentpas même une écriture de signes ou d'hiéroglyphes; les Arabes mahométans ont enseigné à plusieurs l'alphabet ; cependant leurs langues n'ont presque point de combinaisons grammaticales. Leur musique est sans harmonie, et quoiqu'ils y soient très-sensibles , elle se borne à quelques intonations bruyan- tes , sans former une série de modulations expressives. Avec des sens très-parfaits , ils manquent de cette attention qui les emploie, de cette réflexion qui porte à comparer les objets, pour en tirer des rapports , en observer les proportions. Des faits particuliers d'intelligence remarquable chez des nègres (comme tous ceux cités par les auteurs), ne prouve- vQQl que des exceptions, tant que des nations nègres ne se ci- ^32 N E G viliseront pas d'elles seules , comme Ta fait d'elle-même là race blanche. Le temps el l'espace ne manquent point à l'Africain; cependant il est resté brut et sauvage, lorsque le» autres peuples de la terre se sont plus ou moins élancés dans la noble carrière de la perfection sociale. Aucune cause poli- tique ou morale ne relient l'essor du nègre en Afrique , comme celles qui enchaînent l'esprit du Chinois; le climat de l'Afrique a permis un assez grand développement irtel- lectuel aux anciens Egyptiens; il faut donc conclure que la médiocrité perpétuelle de Tesprii, chez les nègres, résulte de leur conformation seule ; car dans les îles de la mer du Sud, oh ils se trouvent avec la race malaie , également sauvage , ils lui restent encore inférieurs, sans en être asservis. {Voyez Forster, Obs. sur l'espère hum. , dans les Foy. de Cook.) Les auteurs qui veulent expliquer cetle infériorité par une prétendue dégénéralion que l'espèce humaine auroit subie en' Afrique d'un excès de chaleur, et par des nourritures gros- sières, peuvent contempler des nègres très-robustes, très- bien constitués, soit en Afrique, soit dans les colonies ou partout ailleurs , sans que la dimension de leur cerveau et leurs facultés y gagnent davantage. Tout annonce donc que les nègres forment non-seulement une race , mais sans doute une espèce distincte de tout temps, comme la nature en a créé parmi les autres genres d'êtres vi- vans. On a élevé avec soin des nègres, on leur a donné la même éducation dans des écoles et des collèges , qu'aux blancs, et ils n'ont pas pu cependant pénétrer dans les con- noissances humaines au même degré que ceux-ci. Les nègres sont de grands enfans : parmi eux il n'y a point de lois , point de gouvernement fixe. Chacun vit à peu près à sa manière ; celui qui paroît le plus intelligent ou qui est le plus riche, devient juge des différends , et souvent il se fait roi; mais sa royauté n'est rien, car bien qu'il puisse quel- quefois opprimer ses sujets , les faire esclaves, les vendre, les tuer , ils n'ont pour lui aucun attachement, ils ne lui obéissent que par force , ils ne forment aucun état, ils ne se doivent rien entre eux. Seulement, comme ils sont glorieux, ils aiment à se distinguer par la parure ; ils créent entre eux des rangs , ils recherchent les fêtes , les cérémonies , ils veu- lent briller, paroître avec éclat ; ils sont jaloux de leurs or- dres, et ravis d'attirer sur eux les regards de la multitude. C'est la marque ordinaire des esprits qui n'ont pas d'autre mérite que celui conféré parla richesse ou le pouvoir. Les pe- tites guerres qu'ils se font en Afrique se réduisent à quelques batteries à coups de bâtons, de piques et de flèches; el sou- vent la campagne commencée le matin, est terminée le soir N K Tr 433 parla paix. Les nègres aiment les appareils guerriers, ils sont fanfarons; mais quand il en faut venir à l'effet, ils sont les plus timides des hommes, à moins qu'on ne les réduise .tu désespoir, ou que la vengeance ne l*s rende furieux; alors lis se font hacher plutôt que de céder; ils poussent la férocité a une rage effrénée et inconnue dans nos climats plus tenipe- rés; heureusement c'est un feu de courle durée. Au reste, ils attachent peu de gloire aux conquéies, parce que le vain- queur est aussi simple , aussi ignorant qae»le vaincu , et qu'ils restent toujours dans la même sottise qu'auparavant. Un nègre, courtier d'esclaves pendant sa jeunesse, avoi fait, dans un âge plusmiir, un voyage en Portugal. <■ Ce qu'il « voyoit, dit Raynal, ce qu'il entendoit dire , enflamma son « imagination, et lui apprit qu'on se faisoit souvent un grand u nom en occasionant de grands malheurs. De retour dans « sa patrie, il se sentit humilié d'obéir à des gens moins « éclairés que lui. Ses intrigues l'élevèrent à la dignité de « chef des Akanis , et il vint à bout de les armer contre leurs c< voisins. Rien ne put résister à sa valeur, et sa domination « s'étendit sur plus de cent lieues de côtes , dont Anamabou « éloit le centre. 11 mourut, personne n'osa lui succéder, « et tous les ressorts de son autorité se relâchant à la fois, « chaque chose reprit sa place. » Ilist. philos. , 1. xi. Ces peuples des côtes d'Afrique, chez lesquels se faisoit la traite , ont divers gouvernemens. On y voit tantôt une mo- narchie absolue , tantôt une sorte d'aristocratie. Le pouvoir illimité des chefs a droit sur la vie même ; mais dans l'exer- cice des jugemens au criminel, les condamnations alloient plutôt à l'esclavage qu'à la mort , par commutation de peine, à cause du profit qu'ils tiroient des ventes d'esclaves aux Européens (Edwards, Hisiory of the west Indies , t. a). Si l'imperfection des nègres empêche l'établissement d'un des- potisme durable parmi eux, comme chez les Indiens, c'est encore un avantage qu'ils tiennent de la nature , puisque la science et la plus grande capacité d'esprit des autres hommes sont employées si souvent à fonder des institutions tyranni- ques et à ourdir un réseau de lois multipliées, pour enlacer plus habilement les peuples. On ne peut agir sur les nègres qu'en captivant leurs sens par les plaisirs , ou en les frappant par la crainte ; ils ne tra- vaillent que par besoin ou par force. Se contentant de peu de chose, leur industrie est bornée et leur génie reste sans action, parce que rien ne les tente que ce qui peut satisfaire leurs sens etleurs appétits physiques. Comme leur caractère a plutôt de l'indolence que de l'activité, ils paroissent plus pro- pres à être conduits qu'à conduire les autres, et plutôt nés XXll. -JL^ 434 >' P- C, pour Tobéissance que pour la domînallon. TI est rare d'ail- leurs qu'ils sachent bien couimander, et l'on a remarqué qu'ils se monlroient alors despotes capricieux, et d'autant plus jaloux de Tautorité , "qu'ils étoient plus esclaves. Ce der- nier caractère n'est point exclusif aux nègres, car il est re- connu par expérience que les meilleurs esclaves deviennent toujours les plus mauvais maîtres en tout pays, parce qu'ils veulent se dédommager en quelque sorte sur les autres de tout le mal qu'ils ont souffert. C'est ainsi qu'on a dit de Cali- gula , empereur romain , qu'il avoit élé le meilleur des valets et le pire des maîtres. Ce caractère est donc surtout l'effet de leur esclavage , et non pas celui d'un mauvais naturel ; le propre de la servitude est de dégrader les âmes. Les miséra- bles sont sensibles, généreux, hospitaliers entre eux, mais durs et impitoyables envers les heureux qu'ils regardent comme autant d'ennemis. Un pauvre nègre partagera son pain , son lit avec son semblable ; il s'exposera aux plus grands périls pour sauver la vie à un esclave fugitif ; il dé- fendra jusqu'à la mort un inconnu dont l'infortune l'aura touché: mais ce nègre si sensible sera peut-être cruel , im- pitoyable envers son maître ; c'est l'instinct de tous les mal- heureux ; il leur semble que le bonheur des autres soit fait à leurs dépens. Au reste, le nègre, lorsqu'il n'est point soumis à cet odieux et avilissant esclavage qui le dégrade , a le cœur excellent ; rempli de générosité , d'attachement sincère et de sensibilité : ses chaînes ne lui ôtent pas toutes ses vertus. Quand il aime , il ne se borne point à des démonstrations extérieures, il le prouve parles effets; il est capable de don- ner son sang pour ceux qu'il chérit. Rarement il est avare ; au contraire , il partage le fruit de ses travaux avec ses amis ; il a toutes les vertus des âmes simples. Naturellement doux, prévenant, fidèle, quand on ne le révolte point par dinfâmes traitemens , il s'attache à ses maîtres , il les soigne , il prend leurs intérêts ; rien ne le rebute , il chérit leurs enfans comme les siens propres ; il s'exposeroit'*ttfeu et à l'eau pour les pré- server du danger. On a ru des exërirtples héroïques de leural- tachement; plusieurs ont donné leur vie pour sauver celle de leurs maîtres; plusieurs n'ont pas voulu leur survivre. Qui- conque est aimé des nègres peut tout attendre d'eux : il en est même qui ont pratiqué le plus difficile précepte de \a morale , celui de faire du bien à ses ennemis ^ de confondre l'ingrat par de nouveaux bienfaits. Combien n'en a-t-on pas vu qui, déchirés sous le fouet de leur barbare maître, ve- noient encore lui offrir le reste de leur sang et de leur vie pour garantir ses jours? Combien d'eux n' jnl-ils pas payé les toui-mens qu'on leiu: fait subir, par des preuves d'undévoue- N E G ^zs ment intrépide ?Ils savoient pardonner l'offense et répondre à la dureté du cœur par la n»agnaniinilé. Dans la dernière des conditions, ils donnoient aux puissans l'exemple des plus su- blimes verlus ; ils montroient que si la fortune les avoit pri- ves de ses dons , ils ctoient dignes de les obtenir. Contenu d'avoir pratiqué le bien sur la terre, ils mouroicnt pauvres rt sans gloire, mais fiers de leur destinée, cl ne laissant à leurs enfans que l'exemple de leur vie , au lieu du pain qu'ils ne pouvoient leur donner. Tels sont les hommes que les Européens ont opprimés , et qu'ils calomnient, aujourd'hui même encore, que les progrès universels de la vraie philanthropie ont fait abolir chez plu- sieurs nations la traite de ces malheureux. Ils sont paresseux , dit-on : et de quel droit les forcez-vous à des travaux dont ils n'obtiennent pour profit que des coups ? Ils sont intempé^ rans , débauchés , soit ; mais quel mal en résulte pour vous? Ils n'ont point de religion , point de lois chez eux: est-ce un motif pour lés asservir, pour les aller dérober au sein de leur patrie, les arracher des bras de leur famille, pour les enchaî- ner , et les traînant dans de lointains climats , les forcer à se courber sous le fouet menaçant, à engraisser de leurs sueurs une terre brûlante, et y multiplier, sans récompense, la canne à sucre , le café , le coton , l'indigo , qui ne sont pass pour eux ? Vous abusez de la force pour tyranniser le foible , et l'intérêt invente des sophismes pour justifier cet abus du pouvoir. A peine est-il permis d'élever la voix en faveur dti misérable, et c'est devenir presque criminel que de réclamer pour le nègre un peu d'humanité. Sans doute, il n'est pas né pour être entièrement libre , son caractère physique et moral l'a suffisamment démontré; sans doute , en demandant l'a- doucissement de sa misère , on est loin de vouloir justifier les crimes horribles qu'une licence effrénée lui a fait commettre , quoiqu'ils n'aient été peut-être que les représailles de ce qu'il avoit souffert ; mais, du moins , pourquoi ne pas rendre sup- portable la destinée de ces infortunés ? Quelle idée nous don- nent de leur cœur ces hommes si sensibles en apparence , qui remplissent le monde de leurs cris quand on les égratigne, et qui ferment les yeux quand on massacre des milliers d'A- fricains 1* De r esclavage de T espèce humaine en général. Puisque par toute la terre et chez tous les hommes, il existe une telle différence de rang et de pouvoir que les uns sont maîtres et les autres plus ou moins assujettis ou es- claves ; puisque l'espèce nègre en particulier s'est constam- ment soumise aus races blanches partout où elle & «st trouvée 43S N E G t;n relation avec elles , cherchons si la servitude des hommes et celle des animaux peut être conforme à la nature. Une telle question n'appartient pas moins à la zoologie qu'à la •poliiique , si l'on veutl'envisager philosophiquement. Les partisans de l'esclavage soutiennent, avec Aristote, Pci/iV., /. I, cJi.i^ qu'il y a des esclaves parnaitirc, des cires infé- rieurs en intelligence ou incapables de se gouverner, comme sont les enfans, et par cette raison, condanmés naturellcmenl à la subordination envers leurs parens ou leurs tuteurs. Solou à Athènes, Romulus, à Rome, avoientmeme donne aux pères "droit de vie et de mort sur leurs enfans ; il en fut ainsi c1h>z ies Perses, bien qu'Arlstole llélrisse celte coutume du nom ery and commerce on the human species). Les détails en font frémir. Que l'on se représente des compagnies de bourreaux dé- barquant, avec des armes, des chaînes et quelques marchan- dises, sur les côtes de la Gambie, ou au Sénégal, à Gorée, à Sierra-Léone et autres stations. L'on avance, par caravanes, chez des peuples simples , généreux , qui ouvrent leurs ca- banes , et offrent des alimens avec l'hospitalité à ces étran- g'ers. Cependant ceux-ci engagent ^\es querelles entre les chefs de tribus ; ils excitent de petits rois à faire des prison- niers de guerre à leurs voisins , et à les livrer pour l'appât de quelques aunes de toile , de quelques colliers de verro- terie , ou de mousquets ou de barils d'eau-dc-vle. On pé- nètre jusqu'à douze cent milles dans les terres; on enivre quelques malheureuxqu'on enchaîne, on surprend des enfans, des individus écartés et sans défiance ; on séduit des femmes, ce sont des esclaves de plus ; on attaque, on pille de pelils hameaux trop foibles pour résister à des armes à feu ; on attise mille disputes, pour acheter à peu de frais les captifs; on enlève tantôt une mère pour attirer son fils , tantôt un fils pour avoir sa mère. A-t-on fait une bonne chasse .'' a-t-on subtilement extorqué des pauvres innocens à leur famille ? on les attache à une chaîne , on leur saisit le cou dans une fourche dont la queue , longue et pesante , les empêche de fuir avec rapidité. Ces bandes , semblables à celles des galé- riens , sont ramenées de deux à trois cents lieues de l'inté- rieur des terres, aux négocians qui les attendent ; elles tra- versent d'affreux déserts en portant l'eau, la farine, les graines ou racines nécessaires pour subsister. , Arrivés sur la côte , ces malheureux sont entassés , par bandes ou chaînes, dans les vaisseaux négriers ; ils sont jetés à fond de cale , chacun gur des cadres si étroits , qu'il leur est impossible de se retourner avec leurs liens , et qu'ils se touchent. On en accumule jusqu'à quinze cents sur un étroit bâtiment. Qu'on juge de la vapeur épaisse de trans- piration et d'odeur infecte qui s'exhale bientôt de tant de corps échauffés dans l'air méphitique de ces saules , surtout pendant la nuit , et lorsqu'on ferme les écoutillos ! Aussi ces malheureux hurlent, de toutes parts , qu'ils étouffent ; les femmes se trouvent mal à chaque instant , et il périt sans cesse des individus faute d'air , outre le chagrin , la terreur et la nourriture insalubre qu'on leur donne. Eu effet , on ne leur distribue qu'avec parcimonie des haricots , des ignames, du riz et de l'eau ; bientôt la plupart êont saisis d'une diarrhée et d'une dyssenterie , et , pour comble de misère , chaque fois qu'ils ont besoin d'aller à la w ^ F^ ^ ^arde-robe , il faut que toute la chaîne de leurs compagnons dinforlune se lève avec eux, de sorte que nuil et jour ces nègres n'ont point de repos ; continuellement occupés à se lever , à se coucher , l'appareil lugubre «le leurs fers et de ces marches de galériens dans leurs étroites demeures , em- pêche tout sommeil. Joignez-y les cris effrayans des souf- frances, et qu'on pense ce qui résulte des retards, des besoins pressans de ces malheureux , dont les déjections infecte» salissent et leurs voisins et ceux placés au-dessous d'eux! liicnlôl le mal se communique , la fièvre s'allume , et la contagion accrue par le croupissement de l'air, des malpro- pretés, des excrémens putrides , produit une sorte de peste qui moissonne en peu de jours une multitude de ces nègres. Un pauvre moribond , gisant à côté d'un compagnon de sa misère , demande en vain quelques gouttes d'eau pour se rafraîchir; il faut qu'il se lève avec la chaîne ; ne pouvant marcher , on le force , on le frappe , il périt sur la place, on de maladie ou de mauvais traitemens. Qu'on ne croie pas que les auteurs, en citant ces faits , les exagèrent -, leurs résultats en font foi. Un vaisseau négriev qui a chargé douze à quinze cents esclaves sur la côte d'A- frique , met quarante-cinq jours ou deux mois au plus pour le trajet aux colonies d'Amérique. Dans cet espace si court , il perd plus des deux tiers , et n'amène guère que trois à quatre cents nègres , tant il en meuii en peu de temps à son bord. Aussi esl-il plus avantageux de charger moins d'esclaves à la fois ; on peut mieux les soigner ; ils ont plus d'air et de liberté , et il en périt beaucoup moins. Frappée , en effet, de ces pertes d'hommes , qui renché- rissoient trop les esclaves, la cupidité des négocians de chair humaine a senti qu'il valoit mieux prendre moins de nègres à la fois, et les traiter plus doucement , quoique ce procédé coule plus. On n'a pas trouvé de moyens plus efficaces pour leur faire oublier leur malheur, que de les conduire respirer sur le pont un air plus pur , et de les régaler de temps eu temps d'une mauvaise musique , en les faisant quelquefois danser avec les négresses. Mais ces malheureux , séparés pour l'éternité de leurs femmes, de leurs enfans, de leur patrie ; persuadés , en outre , que les blancs les achètent pour les dévorer , tombent dans une noire mélancolie, que redou- blent encore les mauvais traitemens qu'ils essuient , les fers dont ils sont chargés. Aussi , lorsque le désespoir les saisit , et si l'on n'y prend garde , ceux qui le peuvent se précipitent à la mer. On les lient donc soigneusement enchaînés , soifi dans la crainte des révoltes , soit pour les empêcher de se détruire. Ceux qui montrent iâ moindre résistance sont aUa~ N E G 447 chés à des barres de fer; enfin , on distrait le plâs qu'on peut, par des exercices violens, ces malheureux ; ceux qui refusent sont frappés impiloyablemen* ; aussi la plupart, écorchés par leurs fers, poussent des cris lamentables , deshurlemens de douleur qui se répètent sur le vaisseau, et qui remplis- sent pendant la nuit, surtout en pleine mer, l'âme de leurs bourreaux eux-mêmes , de la plus affligeante mélancolie sur la perversité humaine. On a prétendu excuser l'esclavage des nègres en disant que leurs rois les fyrannisoient, et qu'ils vivoient d une manière si précaire et si misérable chez eux, qu'il leur éloit avanta- geux d'être réduits en servitude : mais qui ne sait pas que le bonheur et le malheur sont relatifs , et que Ton peut être heureux dans la pauvreté et le dénuement i' Ce ne sont pas les biens qui font le bonheur , mais c'est le contentement du cœur , et il n'en est point sans l'indépendance. Quoique le nègre nous paroisse misérable en son pays , il s'y trouve heu- reux , comme le Lapon dans sa froide patrie , le Suisse dans SCS montagnes. Arrivés dans les colonies , les nègres sont examinés par les colons, marchandés, troqués, vendus comme les bestiaux dans les foires. On* considère leur langue, leur bouche, leurs parties naturelles , pour connoître s'ils sont sains ; on remar- que la couleur de leur teint, la fermeté de la chair de leurs gencives , qui dénote qu'ils n'ont pas de mal d'estomac , ou d'autre cachexie Inlerne; on les tait courir, sauter, lever des fardeaux, pour estimer leur agilité , leur force. Les né- gresses, nues, sont examinées dans le plus grand détail ; leur jeunesse, leurs charmes, sont mis à l'enchère. Mais telles sont la consternation et la terreur qui régnent dans ces af- freux marchés de chair humaine , que les nègres se croient à une boucherie , et qu'on doit les dévorer : on a vu des né- fresses mourir sur la place, tant elles sont glacées de frayeur. jC prix de ces esclaves augmente de plus en plus, parce que l'Afrique n'en fournit plus en aussi grand nombre , et profite de la concurrence des Européens pour faire des ventes plus lucratives , de sorte que les colons ne pouvant pas avoir des esclaves sans de grands frais, doivent renchérir peu à peu ies denrées coloniales. Il existe entre le colon et le nègre une distance immense. Tout blanc est regardé dans les Indes comme d'une race in- finiment supérieure aux noirs ; à lui seul appartiennent les biens , l'autorité , l'indépendance , et les nègres ont adopté ce préjugé ; les lois l'ont consacré dans le code noir et le rode blanc ^ sorte de contrat civil imposé parles colons à leurs esçLaves. Geu.t-ci sont obligés d'exécuter tous les travaux 448 N E G qu'on leur impose , et forces par des châlimens lorsqu'ils s'y refusent; ils n'ont qu'un jour pour eux dans la semaine, afin de se procurer leur nourriture et celle de leur famille , s'ils sont mariés; mais comme ils ont trop de peine à faire subsister leurs enfans , ils se marient rarement ; de là vient que l'espèce ne se reproduit pas suffisamment. Si les colons facililoient les mariages , en rendant la vie de leurs es- claves plus commode , ils ne seroient pas obligés d'acheter de nouveaux nègres ; et comme les négresses sont très-fé- condes , ils deviendroient plus riches; mais une avarice mal entendue , et qui se ruine elle-même, est toujours compagne de l'inhumanité. Chaque nègre rapporte à son maître environ un écu par jour ; et les nègres charpentiers , serrurriers , cuisiniers , etc., lui rapportent; bien davantage : aussi sont-ils les plus mé- nagés et les mieux traités. On a coutume de baptiser les nègres qu'on amène d'Afrique , et de leur enseigner les prin- cipaux dogmes de la religion chrétienne , en leur recom- mandant surtout Tobéissance et en les menaçant de l'enfer. Les protestans aiment mieux les laisser vivre dans leur re- ligion , parce qu'en les rendant chrétiens ils n'oseroient tenir leurs frères en Jésus- Christ dans l'esclavage. Le Français tient le nègre moins éloigné de lui que l'Anglais ; aussi en est-il moins haï et peut-être moins craint : d'ailleurs, les mulâtres , qui résultent du mélange des races blanche et nègre , semblent les rapprocherentre elles par des alliances. V. MuLÀiRE et Métis, relativement à ces mélanges de races. Depuis longtemps les hommes les plus recommandables par leur amour de l'humanité manifestoient leur horreur pour l'esclavage des nègres et pour les infamies de la traite. 11 faut convenir que les Quakers censurèrent les premiers ce conmierce , à Londres, dès 1727, et les premiers ils l'abolirent dans la Pensylvanie, en 1774-1 par les plus hono- rables motifs du christianisme. Ce fut une grande victoire de la religion sur l'intérêt privé , mais qui n'est pas due au ca- tholicisme, s'il est vrai qu'il tienne le plus à maintenir encore aujourd hui , chez les Espagnols et les Portugais , l'escla- vage et linquisilion. Une foule d'hommes émlnens par leur génie , se déclarèrent hautement contre l'odieux marché des nègres ; il faut placer parmi ces auteurs surtout les noms de-Montesquieu, de Voltaire , de J.-J. P^ousseau , en France; et dans des temps voisins du nôtre, Necker , Condorcet , Mirabeau , MM. Larochefoucauld , Lafayette , Grégoire et plusieurs autres véritables amis de l'humanité. En Angle- terre, on compte les Pope, Thompson, Shenslson, Covvper, Hutchinson , Wallis, Edmond Burke , Thomas INovton , N E (; /,iç^ Dillwyn , Harll-'îy, Beaitîp, le révérend Baxter , révéquc Warburlon, Millar, Wakcficld , etc. . i C'est surtout dans ce parlement Lritani,iique. , qu'on pour- rolt appeler la tribune du genre humain, que furent débattus, de notre âge, ces grands intérêts. Le célèbre WilberforcQ s'illustra le premier dans cette noble lutte , qu'il soutint avec tant de persévérance et pendant tant d'années. D'abord les tentatives en furent faites Tannée 1787 ; mais l'abolition entière du commerce des nègres ne fut obtenue qu'en 1807, où la majorité se trouva de cent votes conire trente-six. Elle fut plus complète encore en 1808, car il y eut deux cent quatre-vingt-cinq votes contre seize seulem,ent. C'est dans le cours de ces mémorables débats pour l'éman,- cipalion de la grande famille du genre humain , que se si- gnalèrent les talens et la, brillante éloquence des Pilt , des Fox , desBurke , Grey, Sliéridan, ^Vyndham, Whitbread, Francis, Courlnay , Rider, Thornton , W. Smith , etc. Quel hommage éternel n'est pas dû à ces hommes génércuç qui, dédaignant les calculs vulgaires de l'intérêt privé , stipu- lèrent pour les droits immuables des nations et de Thuma- nité ! Combien se réjouiroientl'ombre durespectable Franklin et celle de ce premier des philanthropes modernes , La? Casas , qui défendit avec tant de périls et d'ardeur la cause des Américains ! En vain les calomnies de ses détracteurs lui ont imputé d'avoir introduit l'esclavage des nègres dans les c'olonies , pour garantir les malheureux Américains ; cet échange du joug de l'oppression sur d'autres têtes pouvoit- il venir à la pensée d un ami de l'humanité ? Non , sans doute; et rien ne démontre la vérité d'une pareille imputa- tion , de laquelle M. Grégoire a vengé la mémoire de l'illustre évêque de Chiapa. L'abolition de la traite des nègres firt consacrée par la France en i8i5. Elleavoiteu lieu de fait long-tempspendqnt la révolution , ainsi que l'émancipation des nègres dans les colonies; en sorte que lanalion française devança long-temps l'Angleterre en générosité , plus même que ne l'auroit pres- crit la prudence. En effet, il étoit naturel que les noirs op- primés eussent à venger d'anciennes injures de leurs maîtres, qu'ils ne pouvoient considérer que comme d'injustes tyrans. Aussi , dès-lors qu'on eut fait tomber le joug odieux do dessus leurs épaules , tel qu'un ressort qui se détend av.ec farce , ils réagirent contre les blancs avec toute la rage qu'un climat brûlant inspire aux passions de haine et de vengeance. Ces mêmes hommes , humiliés par l'avilissement de l'escla- vage , ne purent s'élever à la dignité qu'inspire la liberté. Ils s'enivrèrent de barbarie et du sang des massacres ; le fer et 4!.ô N E G la flamme à la main , on les vit insatiables de carnage , par la crainte même de rentrer sous le joug des blancs justement exaspérés à leur tour de tant de fureurs. On va même jusqu'à douter que le nègre ait l'âme assez ferme et assez élevée pour êlre jamais capable d'une vraie liberté; car celle- ci exige, pour ôtre conservée , cette force de caractère qui sait immoler ses passions à l'intérêt public et à sa patrie. Le nègre, dit- on, est trop apathique pour conserver son indépendance, et cependant trop furieux dans les transports de ses passions , pour se modérer dans Texercice du pouvoir. Il n'est jamais en un juste milieu : s'il ne craint , il opprime ; et sHl n opprime ^ il craint. Trop bas dans Tadversitc , il s'enivre d'insolence dans la prospérité; aussi, chez les peuplades africaines , ne le voit-on jamais libre , quoique la foiblc capacité d'esprit de ses rois le garantisse heureusement d'un trop lourd despotisme. Sans nier ces observations fondées, nous ne désespérons pas toutefois de cette race d'hommes que la nature n a pu frapper d'un malheur irrémédiable. S'ils ne sont pas nos égaux , sans doute , pourquoi de plus heureuses circons- tances dans leur élal politique et leurs moyens d'édu- cation , n'allumeroient-elles pas chez eux le flambeau de la civilisation jusqu'au degré de lumières et de félicité auquel ils peuvent prétendre ï Ne déshéritons aucun membre de la grande famille du genre humain, de ces nobles et glo- rieuses espérances ; tendons plutôt au foible un main pro- tectrice, pour l'aider à s'élever à un rang honorable dans Té- chelle de la civilisation. C'est par ces mutuels services que tous les peuples de la terre, échangeant leurs productions et les objcîs de leur industrie , ciu»enteronl de plus en plus leur bonheur; ils multiplierontles gages réciproques de leur amitié, au heu de s'entre-déchirer par des guerres, ou de s'opprimer l'un l'autre par des violences qui perpétuent les querelles et les motifs de vengeances. Delà conformation particulière du Nègre , des causes de sa couleur; sa comparaison ai>ec Vhomme blanc et F orang-outang. Nous avons considéré le nègre sous les rapports moraux. Si sa couleur ne dépend pas de la chaleur et de la lumière de son climat, comme on l'avoil prétendu , il convient d'en rechercher ici les causes. Le docteur Mltchill , de Virginie {Phil. Tram, n." 4^76^) , établit d'abord que le degré de noirceur de la peau des nègres correspond aux degrés de densité et d'opacité que la chaleur produit sur ses tégumens. Selon Barrère, l'ardeur du climat épaissit et concentre la bile , laquelle , en s'épanchant dans N E G 4.5i les tissus comme par la jaunisse , rend les lïiérîdionatrx de plus en plus bruns , hâlés et noirs ; cette bile colore même en jaune la tunique albuginée des yeux; enfin, les nègres ont , selon lui , les capsules atrabilaires plus volumineuses, plus gonflées que les blancs. Cette hypothèse a été défendue aussi par Lecat. L'antique opinion que la couleur noire est due surtout au climat et au genre de vie des nègres , a été suivie par Buffon, Robertson , de Paw , Zimmermann, etc., d'après les an- ciens philosophes, mais combattue avec de forts argumenset des faits par d'autres auteurs, et surtoutpar R. Forster, qui a voyagé atec Gook ( Retnarq. à la irad. allem. de l'Hist. nat. de Ba£fon , etc. ); car les Maures, depuis un temps immé- morial sur le terrain de l'Afrique , ne sont pas devenus noirs; et des nègres placés hors de l'Afrique et des tropiques depuis des temps qui se perdent dans la nuit des siècles, ne sontpoint redevenus plus blancs ; de même les Banians, les braminés de l'Inde, sous un climat aussi brûlant que celui de l'Afrique, restent essentiellement blancs , quoique hâlés ; c'est qu'ils rie s'allient jamais en mariage avec des nègres , tandis que les Portugais de Goa et des Indes noircissent par suite de ces alliances (Niebuhr, Voyage en Ambie , t. i, p. 55B ). Sous tous les climats d'Amérique , les originels de cette partie du globe conservent également leur teint cuivré ( lord Kaimes , Sketches ofthe histoiy onman. , t. i , p. i3 ). Il y a dans les îles, de la mer du Sud des hommes de race basanée et des nègres qui se perpétuent séparément. Blumenbach établit pour cause delà teinte des nègres, que leurs humeurs abondant en carbone , celui-ci est sécrété avec l'hydrogène dans le tissu de Malpîghi; l'oxygène atmo- sphérique se combine à l'hydrogène pour former de l'eau , laquelle se dissipe par la transpiration , tandis que le car- bone reste seul déposé sous le derme ( de Gêner, hum. variet. nat. , édit. 3 ). Il est évident que les raisons tirées du climat ou de la chaleur et de la lumière ne suffisent pas , puisque ces agens n'opèrent pas de même sur beaucoup d'autres animaux qui restent blancs, ou de nuances peu foncées , en Afrique. A la vérité , Will. Hunter , Stanhope Smith , Zimmer-r mann , après Buffon , soutiennent qu'une atmosphère tou- jours brûlante , un soleil toujours ardent , dessèchent , con- centrent, brunissent toutes les substances végétales et ani- males , en dissipant la lymphe qui humectoit et délayoit tous les organes. Le froid, au contraire, empêchant la trans- piration, accroît l'humidité des corps, laquelle rend lapeau, les poils plus blancs, plus lisses et longs. Ainsi , les Danois 45» îv^ F. G les Allemands et les Apglais sont blonds ; ainsi, les lièvres , les renards, les ours et plusieurs oisoiiux , prennent des couvcrlurcs blanches dans le nord^, ou blancliissent dans l'hiver, mais se colorent en été. L'on peul donc conclure., ajouteni ces auteurs, que les peuples septentrionaux à grande slalure , à cheveux blonds el lisses , aux yeux bleux, sont diamétralement opposés aux habltans de la zone torride , à courte taille , à complexion sèche , brune , aux cheveux crêjMis , noirs comme leur teint. Les ha bilans des réglons intermédiaires formeront la nuance mitoyenne. \oilà donc les se.ptenlrionaux placés aune extrémité , comme les nègres léseront à l'autre dans les races humaines (Aristot. /, 2. elMe- ieor. c. 2. comm. Averroës). Aussi nous remarqueronsjjue les nations brunissent successivement en se rapprocnanl de Xç;t[uateur; que leurs cheveux desséchés, comme s'ils éloient tournis à la vive chaleur, se crispent ainsi que la laine (notons ^ependï^nt que la laine des moutons , en Afrique , devient diire et presque roide comme le crin ). Il n'est pas surpre- .jflant, poursuit-on, que les nègres, abandonnés désTenfancç, «us el perpétuellement exposés sous un ardent soleil , à l'air .libre,n'é tant presque jamais protégés par des habitations, aient acquis, par la suite des siècles , cette couleur foncée. De même les moutons , les chiens , en Afrique, deviennent bruns et noirs. ï)e là résulte aussi celte disposition aux épanche- mens bilieux, comme dans l'iclère, , les fièvres bilieuses et fiurlout la fièvre jaune ou typhus iclérode , qui attaque si violeunnent les habitans des climats chauds. Toutefois les jaègres ne sont pas sujets a, celle dernière maladie. .:■ Il est impossible de conlestcr ces faits; les auteurs qui dissertent avec les raisohnemens les plus spécieux à cet égard , nous peignent ces nègres tout ;desséchés , avec des .cheveux qui se tordent et se crispent par l'excès de l'aridité.; enfin, briilés et carbonisés dans leur constitution , par un climat qu'ils comparent à une ardente fournaise. Ainsi , les Troglodytes, au rapport des anciens, étoientde petitshommes noirs , tout racornis et à moilié brûlés , qui , détestant les ardeurs du soleil , fuyoieat ses rayons en se cachant dans des cavernes , tandis que L'astre poursuivant sa carrière , Verse des torrens de lumière Sur ses obscurs blasphéma leurs. Mais on se fait de fausses idées sur la constitution du climat qu'habitent la plupart des nègres. Les déserts arides de l'Afrique sont inhabitables , et l'on ne trouve des nations ^ue dans les terres fertilisées par les eaux, surtout le long du N E G ^53 cours des fleuves , tels que le Se'négal , la Gambie , le Niger, le Zaïre , elc, , dans le voisinage des bois et des marais ; on conçoit toute Tévaporation que la chaleur du climat doit pro- duire sans cesse sur les terrains bas, humides , marécageux , tandis que toute région élevée est constamment stérile et inca- pable de productions, comme sont les Karrous, les solitudes sablonneuses de Barca, du Biledulgérid , etc. Les nègres les plus noirs, ceux des côtes occidentales d'Afrique, plus chaudes que les orientales ( parce que les vents alises des tropiques traversent le continent d'Afrique d'orient à l'occident , et s'échauffent en passant sur des ter- rains ardens ) ; les peuples d'Angola et du Bénin ; aucun , enfin , ne doit sa couleur noire à une dessiccation extrême , comme on suppose qu'elle y concourt. Au contraire , l'hu- midité excessive que la plupart éprouvent, détrempe , relâ- che sans cesse leur compiexlon , au point que tous les nègres sont plus ou moins d'un tempérament lymphatique , inerte, mollasse, que plusieurs ont des glandes engorgées ( Mungo Park en a vu porter des strumes ou goitres, comme les crétins des gorges du Valais). Il ont souvent aussi les jambes infiltrées d'eaux , le scrotum gontlé par des hydrocèles ; des femmes deviennenthydropiques, leurs mamelles, toutes leurs parties, s'affaissent étrangement par cette humidité prédominante. C'est même celte humidité chaude qui rend le nègre si pa- resseux,si Indolent, et qui, favorisant sans cesse une végétation riche et abondante, n'oblige ces peuples à aucun travail pour vivre. De là vient que les nègres ne s'évertuent en rien et pas- seront des milliers de siècles sans se perfectionner, accroupis ou sommeillant sous un ajoupa de feuillages, tandis que croissent auprès d'eux les ignames et le bananier. 11 ne faut donc point admettre la sécheresse comme une cause de la coloration du nègre. La chaleur et l'éclat du soleil , quoiqu'on ne puisse nier leur intluence , ne suffisent point pour expliquer toute sou économie particulière ; car sa structure interne et externe le rapproche évidemment de l'orang-outang , ainsi que l'avancement de son museau , le rétrécissement de son crâne. 11 a pareillement des muscler crotaphltes plus robustes , à cause du prolongement plus considérable de ses mâchoires , que celles du blanc (d'après Sœminerlng, ueier korperliche die negers, etc. Melners, Magasin hisL GoUingische , Band. VI , part. 3 ). M. Volney met en question si le gonflement que la chaleur détermine dans les parties de la face , en y attirant le sang et les humeurs , n'a pas pu contribuer à produire cette moue des nègres et leurs grosses lèvres ; mais, quand celle explication seroit admise , il faudroit dire comment les os propres du nez sont si peu i54 ^ E G développés chez ces peuples , et pourquoi leur trou occipital est reculé. Nos paysans , ajoute Stanhope Smith , n'ont-îls pas une figure ignoble et basse , en comparaison de nos citadins , élevés et nourris d'une manière plus libérale? On peut voi^r, en Irlande et en Ecosse, l'cnorme différence entre les nobles et les serfs des clans; cette distinction de figure n'existe-t-elle pas partout entre le plèbe et les chefs des nations ? Pourquoi donc les nègres , si abrutis , si mal nourris , et sans éduca- tion, neseroient-ilspas encoreplus déformés dans leur figure, surtout lorsque abandonnés à Tétat sauvage , ils se livrent à toutes sortes de grimaces et de contorsions ? Ceux , au contraire, qu'on élève pour le service intérieur des maisons dans les colonies , mieux nourris et disciplinés , prennent une figure plus distinguée. Mais si cette raison étoit fondée , elle aurolt également lieu pour les autres sauvages; ils n'ont cepen- dant pas la conformation du nègre , lors même que les uns et les autres habitent les mêmes contrées , comme les îles de la mer du Sud , et vivent de la même manière. On sait que cette teinte brune foncée du nègre réside dans le tissu muqueux et rétlculaire de Malpighi, placé sous l'épi- derme.(^. le molPEAU.) Celte couleur n'est encore, dans le négrillon naissant, qu'une nuance jaunâtre qui brunit peu à peu au bout de quelques semaines, qui se fonce à mesure qae le nègre grandit , qui devient d'unbeau noir luisant dans' l'âge de la force, enfin qui se ternit et pâlit lorsqu'il devient fort vieux et que ses cheveux grisonnent. Dans ses mala- dies, le nègre se décolore, devient livide, de même que l'homme blanc pâlit lorsqu'il est incommode. Quoique toutes les races nègres ne soient pas également noires, les indi- vidus de chacune d'elles qui deviennent plus noirs que leurs compatriotes, sont aussi les plus robustes , les plus actifs et les plus mâles. Ceux qui sont brunâtres ou couleur de marron sont dégénérés. Les négresses ont aussi une couleur inoins foncée que les nègres. Les colons européens .savent fort bien reconnoître à la couleur si un nègre est sain et vigoureux , puisque la moindre maladie altère féclat et la pureté de son teint. Les cicatrices de sa peau ne reprennent jamais la cou- leur noire du reste du corps ; elles demeurent grises. Lorsque les nègres sonlechaurfes., leur peau se couvre d'une sueur huileuse et noirâtre, qui tache le linge et qui exhale , pour l'ordinaire, une odeur de poireau fort désagréable. Les Cafres ne répandent pas cette odeur, comme les Joloffes, les Foules , etc. Ceux-ci puent quelquefois si fort , que les endroits où ils ont passé restent imprégnés de cette odeur pendant plus d'un quarl d'heure ; les femmes rendent beau- N K G +55 coup moins «l'odeur y et les nègres les plus robustes sont \nênie ceux qui puent davantage ; car les enfans et les vieil- lards de la même race n'exhalent presque point celte odeur. Il y a des hommes blancs q,ui répandent aussi des exha- laisons assez fartes ; tels sont les roux lorsqu'ils suent. Les honmies les plus mâles ont une odeur ammoniacale , et tjui saisit surtout les femmes dont le genre nerveux est très- sensible , jusqu'à leur causer des affections hystériques. Cette odeur de bouquin se dissipe lorsque l'homme se livre beau- coup aux femmes, parce qu'elle dépend surtout de la ré- sorpiion de la semence dans l'économie animale. Aussi les animaux ont une chair fort désagréable au goût à l'époque de leur rut ; elle soulève même l'ealj^mac , comme on peut s'en assurer en mangeant de la vache, de la brebis , de la chèvre, au temps de la chaleur de ces animaux. La chairdu taureau, du bélier , du bouc, du verrat , etc. , est même fort mauvaise en tout temps; elle est empreinte d'une saveur sau- vage et insupportable. Les fenmies ont aussi leur odeur de femme , qui agit plus qu'on ne pense sur les hommes qui les approchent. Oa a rapporté qu'un religieux de Prague avoit l'odorat si subtil et si exercé , qu'il distinguoit à l'odorat une femme chaste de celle qui ne l'étoit pas. L'extrême propreté des hommes et des femmes , l'habitude de se baigner et de changer souvent de linge, diminuent ou même font disparoître ces odeurs génitales-,mais il faut avouer aussi que cessoins affol- Wisscnt l'activité des organes de la génération et efféminé nt beaucoup ; c'est pour cela que nos petits maîtres , nos hom- mes délicats, ne sont jamais aussi vigoureux en amour que Iji plupart des gens du bas peuple , qui prennent moins de soiu d'eux-mêmes. On doit aussi remarquer que la haire des cénobites , la robe dure des capucins , le froc des moines , les vêtemeiis rudes et assez malpropres de diverses corpo- rations religieuses, exposoient ceux qui les portoient à de fortes tentations, à cause de la qualité stimulante et de la sneur acre dont étoienl bientôt empreintes toutes ces sortes d'habiUemens. Ces religieux ayant d'ailleurs fait vœu de chasteté , répandoient une odeur d'homme d'autant plus excitante , qu'il leur étoit défendu expressément d'être houmies. Au reste, la virilité et la négligence de la propreté ne sont pas les seules causes des odeurs qu'exhalent les hommes et les animaux. Le genre de nourriture y contribue beaucoup.; car les espèces qui vivent de chair répandent des exhalaisons plus fortes et plus désagréables que les frugivores. On ob— -■ierve surtout que les tempéramens chauds et bilieux trans- pirent des vapeurs très-virulentes; ceux qui sont attaqués de ^56 N E G inol.idics bilieuses en offrent de si remarquaLles , qu'ils en remplissent les chambres où ils restent. Comme leshabitans de plusieurs pays chauds se nourrissent d'alimenstrès-échauf- fans, par exemple l'ail, l'ognon, les poireaux et autres herbes très-odorantes, leur transpiration en prend Todeur; tel est le bas peuple du Languedoc, de la Gascogne et de la Pro- vence; tels sont en général les Juifs , les Bohémiens , etc. Les peuples sauvages ont presque tous une odeur forfé , principalement dans les pays chauds. Les Caraïbes exhalent une odeur de chenil; les Hottentots , celle de V assii-fœtida mêlée de celle de chair morte ; les wSamoïèdes , les Oslia- ques qui vivent de paissons , de lard rance do baleines et de veaux marins , cxnllent la même odeur que leur nour- riture. II paroîtquela même cause qui colore les Ethiopiens, leur communique aussi cette odeur forte qu'ils répandent. On doit surtout l'attribuer à râcrelc de leur bile ; car il est certain que les humeurs des hommes sont plus douces, plus aqueuses dans les pays du Nord que sons les cieux brAlansde Téquateur. Nous trouvons au Nord , comme en Suède , en Islande, en Danemarck, des hommes d'un tempérement flegmatique et'humide , d'un teint très-blanc ; dans les pays tempérés, tels que la France , l'Italie , les hommes y sont d'une complexion sanguine , d'un teint rouge , animé. Plus on s'approche des tropiques, plus les hommes deviennent d'une constitution bilieuse et d'un teint naturellement jaune. La même transition s'observe dans les saisons de l'année : ainsi l'hiver , qui correspond aux froides contrées du Nord, donne lieu à des fluxions humorales , à des catarrhes qui annoncent la surabondance de la pituite ; le printemps, qui ressemble aux pays tempérés , développe des héniorragies et des péripneumonies qui dépendent souvent d'une pléthore de sang ; l'été , semblable aux pays chauds , produit des fiè- vres ardentes , des hépatilis, etc. , qui viennent d'un excès d'humeur bilieuse. C'est par la même progression que les inaladies d'hiver attaquent principalement la tête, et donnent un teint mat ou fort blanc ; celles du printemps se portent snr la poitrine, et produisent un teint rouge, enflammé; celles de l'été descendent dans le bas-ventre , et donnent une couleur jaune , livide. Les septentrionaux vivent sous l'empire du flegme comme les enfans, les Européens tempérés sous celui du sangconmie les jeunes gens, les méridionaux sous celui de la bite comme les adultes. Le caractère bilieux domine donc chez les peuples des pays chauds et secs; aussi sont-ils iujpélueiîx, irascibles, actifs, comme les Maures, les Abyssins, les Arabes, les N E G 457 Marocains, les Barbaresques ; c'est encore pour cela qu'ils sont féroces , implacables , adonnés à la vengeance. Quoique les noirs soient une autre esjTèce d'hommes que nous , et que leur tempérament soit naturellemrnl flegmati- que , ils n'en éprouvent pas moins vivement l'influence du cliuiat. Aussi leur système biliaire et hépatique est extrême- ment développé. L'exaltation de l'humeur bilieuse est donc la pi«ncipale cause de leur mauvaise odeur , et se répand dans toute leur économie. Chez tous les peuples de la zone torride , le sy stème bi- liaire à cause de cet état particulier d'exaltation, com- munique à toutes leurs passions , à toutes leurs cnaladles , une énergie extraordinaire*. Les regards ardens de l'Africain, sa figure sombre, son aspect ténébreux et farouche ., annon- cent la férocité de son âme ; et son sein est dévoré du feu des passions. L'atrocité des Marocains, des Maures, est connue ; ils portent des mains sanguinaires jusque dans Iç cœur de leurs maîtresses , de leurs enfans et de tout ce qu'ils ont de plus cher sur la terre. Chez eux lavengence est îa plus douce des voluptés; ils aiuient le sang et la cruauté jusque dans les plaisirs de l'amour ; avec cela leur fierté, leur or- gueil, vont jusqu'à l'extravagance; ils déploient ausuprême de- gré le caractère bilieux; aussi leur peau est d'un jaune brûlé, leurs yeux sont teints de bile; leurs amours, leurs haines sont furieuses, etils se montrent jaloux jusqu'à l'emportement. Les femmes elles-mêmes sont dévorées des plus ardentes pas- sions ; l'amour excite chez elles des transports inconnus par- tout ailleurs , et elles poussent l'audace du plaisir jusqu'à la rage la plus effrénée. Un pareil état d'exaspération ne pouvoit pas s'élever au- delà sans délruire l'économie vivante; aussi les nègres , pla- cés dans un climat encore plus ardent que les Maures et les Marocains , n'auroient pas pu subsister si la nature n'avoit amolli leur tempérament en le rendant flegmatique , indo- lent et apathique. Ce n'est pas toutefois que les nègres ne soient d'un naturel fort ardent et extrêmement passionné ; mais il est mitigé par la mollesse de leur constitution. Ils ont l'àme ardente d'un Maure dans le corps insensible d'un paysan russe; delà viennent les étonnantes contradictions du caractère de l'Ethiopien, tant de paresse de corps et d'ardeur dans les passions , tant d'insensibilité et d'impétuosité, d'in- souciance et de désespoir; il touche ainsi aux deux extrêmes parce qu'il est pétri d'élémens discordàns. Le temj^rament flegmatique l'emporte dans le nègre sur le tempérament bilieux ; le premier est placé à l'extérieur du corps, pour soustraire luatérieur à ces secousses trop vives, 458 N E G qui le délrulroieiit en le portant continuellement aux excès. C'est encore un bienfait de la nature , surtout dans ces cli- mats brûlans où toutes les affections sont extrêmes. C^est sans doute encore pour la même cause que la nature a empreint tous les organes du nègre^ soit intérieurs soit ex- térieurs , d'une humeur noire et huileuse, qui semble garan- tir toutes les parties et ralentir leur activité. On remarque en effet qae le foyer de cette sécrétion noire n'existe pas seulement dans la peaudel'Klhiopicn, mais plutôt vers le foie, et de là elle se répand par toute l'économie du corps; c'est pour cela que la chair du nègre est , comme nous l'avons dit, d'un rouge noir , qui est encore plus remarquable dans son sang. Ses membranes, ses tendons , ses aponévroses, dont le tissu est blanc et brillant dans l'Européen , sont ici d'une nuance livide; c'est ce que n'ont pas suf.isamment dé; montré , avant Soemmering , les auteurs qui ont écrit sur l'anatomie des nègres, tels que MicPechlin, Je C«/e ^ihiop, Àlbinus, et Dissert, de sede et causa coloris Mthiopum^ etc. Les os du nègre paroissent aussi plus blancs que ceux de l'Européen , parce qu'ils sont plus chargés de phosphate calcaire , plus compactes, et parce qar- L'ur portion gélatineuse est d'une couleur grise qui rehausse la blancheur de Ja iorre calcaire : mais dans les Européens, au contraire , les os , moins char- gés de phosphate de chaux , contiennent plus de gélatine qui jaunit à l'air. Toutes les humeurs du nègre ont des couleurs plus foncées que les nôtres ; il s'y trouve de cette teinture noirâtre qui empreint tout leur corps , et qui se remarque même jus- que dans leur liqueur séminale. Tous les alimens dool ils se nourrissent sont métamorphosés en chyle brunâtre , tan- dis que l'homme blanc a un chyle blanchâtre; ainsi le nègre crée lui-même le noir qui le colore ; il ne lui vient pas du dehors, puisque son cerveau, ses nerfs en sont même em- preints dans leur intérieur, comme l'anatomie le démontre. On a donc eu tort de prétendre que cette couleur lui ve- nolt de l'influence de la lumière et de la chaleur ; car, bien que celles-ci puissent brunir une peau blanche , comment pourront-elles noircir aussi le dedans du corps , les muscles, le sang, le chyle , le cerveau , les nerfs, enfin toutes les hu- meurs et tous les organes? Il faut donc que cette qualité soit innée et radicale. Ne voyons-nous pas parmi nous des hommes de race blan- che , être cependant plus bruns que d'autres, et avoir des cheveux et des yeux très-noirs? Lorsqu'on dissèque ces in- dividus , toutes leurs parties intérieures sont d'une nuance plus foncée que celle des hommes pourvus d'un tempérament N T^. G i^Sg plus blanc , comme les blonds, les roux , etc. On observe que les filles brunes ont la membrane de l'hymen d'une cou- leur plus foncée que les blondes , chez lesquelles celte mem- brane a une couleur de chair. Certainement ce n'est pas Tin- fluence de la lumière qni établit ces différences, mais bien plutôt la nature propre de chaque corps. Il en est de même dans les autres races humaines; car les Mongols , les Kalmouks , placés dans des contrées encore plus froides que les nôtres , sont cependant bien plus bruns que nous , et leur tempérament est plus bilieux ; de même qu'un homme flegmatique est plus blanc que le mélancoli- que , soit à l'extérieur, soit à l'intérieur, quoique dans le même pays, et quoique exposés également à la chaleur, à la lumière , et vivant des mêmes nourritures: le nègre est donc ra- dicalement différent de l'Européen. Ce n'est pas qu'il ne se trouve aussi parmi les nègres des tempéramens différons entre eux, comme parmi la race blan- che; caries nègres les plus Cegmatiquessont aussi moinsnoirs que les bilieux ; de sorte que l'espèce noire se comporte comme l'espèce blanche dans toutes ses constitutions orga- niques. Il y a beaucoup de considérations qui démontrent que cette espèce est fort différente de la nôtre , indépendam- ment de cette couleur noire de la peau et des parties inté- rieure^ de son corps , car sa configuration n'est pas la même que celle de l'espèce blanche. Supposons même que , par une dégénération particulière qui se remarque quelquefois , un nègre soit blanc , ou de cette couleur de lait ordinaire aux Dondos, aux Kakerlaksj aux Albinos, enfin à tous les blafards ; certainement la conformation du visage du nègre, son museau prolongé , ses grosses lèvres, son nez épaté, ses cheveux laineux , le reculement du trou occipital de sa lête, son allure déhanchée , et, plus que tout cela , son ca- ractère prononcé d'animalité , ses penchans lo.U physiques, la supériorité de ses sens brutaux sur son sens intellectuel, tout cela, dis-je, contribuera à caractériser son espèce. De plus , il faut observer que plusieurs maladies dans le nègre ne sont nullement semblables à celles du blanc , ce qui nous indique certainement une différence radicale. Tout de même que les maladies contagieuses d'une espèce d'animal ne se communiquent pas à une autre espèce , quoique voisine , parce que leur complexion est fort différente , de même le pian des nègres, sorte de maladie contagieuse entre eux, n'at- taque point les blancs qui les fréquentent. On voit souvent des négresses attaquées de ce mal, alaiter des enfans de blancs sans le leur comimuniqucr ; cependant le pian se ;6o N E G contracte de ncgre à nègre par la seule transpiration ou l'at- touchement, comme la petite vérole parmi nous (i). Une autre maladie propre aux seuls noirs , surtout aux îles d'A- mérique , est le mal d'estomac. H jaunit la peau du nègre; on dit alors qu'il a le visage patate ; sa langue paraît blanche, chargée ; il devient d'une langueur, dune apathie insurmon- tables, et tombe dans une espèce de torpeur ou de sommeil qui l'affaisse entièrement. Il prend en dégoût tous les alimens sains et doux , et recherche avec une sorte de fureur toutes les nourritures acres , échauffantes , salées , acides , où même une espèce de terre argileuse ; enfin les jambes enflent , le ventre se gonfle , la poitrine s'emplit , et presque tous meurent au bout de quelques mois. C'est une espèce d'ady- namie viscérale ou cachexie, et de prostration nerveuse des forces vitales, ( Voyez (ieorg. Albert Stubner , de Nlgrilarum Adfectlonibus y Wittemb. , 169c,, in 4-", et dans les Mis- cellanea physico-medica ex acad. Germ. , an 174-8 , in -4-°, tom. I , n.° 2 ). Les autres maladies communes chez les nè~ grès , sont les abcès, les furoncles , les fluxions , les engor- gemens des glandes, l'érysipèle , la fausse péripneumonie, les vers, l'œdème, les fièvres inflammatoires, comme les gastriques bilieuses, l'hépatile, la dyssenterie et les obstruc- tions viscérales. Cependant ils n'éprouvent pas , ou du moins très - rarement , le typhus iclérodes , cette funeste fièvre jaune qui dévore tant de blancs dans les colonies ; mais leurs autres maladies sont plus fortes et plus compli- quées que les noires , selon Dazille , Obs. sur les malad. des nègres., Paris, 1776, in-S," ; et Pouppé Desportes , Hist. des malad. de Saint-Domingue , Paris, 1770 , 2 vol. in-12. Galien avoit aussi remarqué que le pouls des nègres est presque tou- jours accéléré ; que leur peau est fort échauffée naturelle- ment: que leurs lièvres s'allument avec plus de violence que celles des hommes blancs. Leurs moindres blessures donnent souvent lieu aux accidens spasmodiques les plus graves, tels que le tétanos. En général, comme l'a fait voir Meiners , d'après une foule de témoignages, les nègres montrent une extrême disposition aux désordres convulsifs ; la moindre provocation suscite chez eux une rage épileplique , ou une lureur de désespoir si Inconcevable , qu'ils se tuent pour de foibles motifs de contrariété. Dans la plupart de leurs mala- (i) Le pian est une soile de maladie éruptive ou culanee , fjui a quelque resseiublance avec la maladie ve'ne'rienne , pai- les gales purulentes dont il couvre la peau; cependant les nègres ne l'e'prouvent i^iière qu'une lois i-u Uur vie, de même que la petite vérole; c'est îdénie u\\(t espèce de ^(?W/wté- ricls. Si nous recherchons la gloire , les grandeurs , la for- N E G 4.6^ tune , les noirs préfèrent l'indolence , la vie obscure ; il» croient les richesses trop chèrement achetées au prix de leur paresse naturelle, l^e travailleurest encore plus insupportable que la misère, et ils ne se mettent à l'ouvrage qu'à la der- nière extrémité. 11 faut à un Européen des biens , de la con- sidération , mille objets de luxe et de commodité particulière; il cherche toute sa vie à jouir , et jamais il n'est satisfait : le nègre , au contraire, reste comme il se trouve , aime mieux se passer d'un avantage que de le poursuivre , et au lieu de chercher ce qu'il n'a pas, il jouit de ce quil possède. Nous avons besoin de mouvement , le nègre de repos ; nos plaisirs sont pour lui des peines , et l'apathie, qui est un malheur pour nous , fait toutes ses délices. Si l'Européen étudie les cieux , mesure le cours des astres, parcourt la terre , rapporte l'or , le diamant et les épiceries de l'Inde , le sucre d'Amérique , le flegmatique Hottentot se couche à terre , fume sa pipe , mange et s'endort ; notre agitation lui paroît une folie et un état de misère excessive ; il nous croit poursuivis en tous lieux par le démon de la nécessité. Ce qui fait le plus de bruit et d'éclat en Europe , est le plus estimé des hommes ; au con- traire , ce qu'on prise le plus sur les plages africaines est la tranquillité, l'insouciance dans toutes les choses de la vie. Si cette différence tient à la diversité de l'organisation de la race blanche et de la race nègre, elle dépend aussi de la nature des climats, puisque nous voyons que la chaleur, abattant excessivement toutes les forces du corps et de l'esprit, nous fait aspirer au repos ; tandis que le froid , augmentent la vi- gueur des fibres et exaltant l'audace, porte les hommes à un éternel mouvement : c'est ainsi que l'emprisonnement , qui est une grande peine pour un Européen , n'est pour le nègre qu'un asile de paix , où il goûte en toute liberté le plaisir de ne rien faire. On voit donc très-clairement que Tintelligence du nègre a moins d'activité que la nôtre ; à cause de la diminution de ses fonctions cérébrales. D'ailleurs, le nègre s' aJjandonne bruta- lement aux excès les plus crapuleux; son âme est, pour ainsi dire , plus enfoncée dans la matière , plus encroûtée dans l'animalité , plus entraînée par des appétits tout physi- ques , comme nous l'avons montré. SI l'homme consiste principalement dans les facultés spirituelles , il est incontes- table que le nègre sera moins homme à cet égard ; il se rap- prochera davantage de la vie des bêtes brutes , puisque nous le voyons obéir plutôt à son ventre , à ses parties sexuelles , enfin à tous ses sens , qu'à la raison. Cette dégradation est encore plus visible dans le Hottentot ; car il n'est sur terre aucun bemme aussi stupide, aussi brut, aossi apathique que 470 N E G lui. Si nous le comparons aux plus parfaits des singes, certai- nement la distance entre eux sera bien peu considérable, et il est même très-reconnoissable que son organisation s'en rap- proche ; témoin le museau du Hottentot , le rétrécisse- ment de son cerveau , le reculement du trou occipital , la courbure de son épine dorsale , la position déjà oblique de son bassin , les genoux à demi - fléchis , récartement des doigts du pied , et la position oblique de la plante (i) , comme chez les singes. Déjà le Hottentot ne parle qu'avec difficulté , et il glousse presque comme les coqs- d Inde, ce qui otfre un rapport manifeste avec V orang-outang ^ qui jette des gloussemens sourds , à cause des sacs membraneux de son larynx où sa voix s'engouffre. Les nègres savent bien re- connoître cette espèce de parenté, si l'on peut ainsi parler, qui se trouve entre eux et les singes , puisqu'ils les prennent pour autant d'hommes sauvages et paresseux , au rapport de tous les voyageurs. Quand on considère, en effet, les extrê- mes ressemblances des singes avec les Hotientois et les nègres , ressemblances telles que Galien donna Tanatomie du pi/fiè- aue pour celle de l'homme ; quand on remarque combien Vorang- oufang donne de signes d'intelligence, combien ses mœurs, ses actions , ses habitudes, sont semblables à celles des nègres , combien il est susceptible d'éducation , il me semble qu'on ne peut pas disconvenir que le plus imparfait des noirs ne soit très - voisin du premier des singes. Je suis très-loin de prétendre , au reste , qu'ils soient de même genre, quoique les femelles à' orang-outang éprouvent des évacuations menstruelles , portent sept à neuf mois leur petit dans leur sein, comme dans notre espèce , et qu'elles aiment autant les hommes que les singes sont amoureux des femmes. Il y a sans doute beaucoup de distance entre le singe et le Hottentot, Celle qui existe entre le Hottentot et le Cafre , entre celui-ci et le Malais , le Malais et TEuropéen, est bien moindre; mais la transition est incontestable. Tous les natu- ralistes l'ont reconnue et admise , puisqu'ils ont classé le singe immédiatement après l'espèce Immaine , et le sage Lin- nœus lui-même en a montré l'exemple. L'espèce humaine est-elle sortie de la race des singes , ou l'homme s'cst-il dégradé peu à peu pour redescendre dans la classe des brutes? Ce seroit , il nous semble, une grande (i) Les Holtentots eux-mêmes reconnoissenl queleur pied est différent de celui des hommes blancs ; car, au rapport de Barrow , ils devinent au vesllf;e d'un pied d'iiomme sur le sable , si c'est celui d'un Européen ou d'un Hottentot. 11 faut donc que celle différence »oit bien sensible. N E G ^71 lémérîté de borner la puissance divine, en assurant qu'elle n'* pu faire un homme d'un singe , ou un singe d'un homme. Dieu a voulu que le singe nous ressemblât par le corps ; mais il nous a rendus bien supérieurs à lui par l'esprit ; il nous en a sur- tout séparés par le don d'une âme raisonnable , immortelle ; il nous a rendus parlicipans de cette lumière de suprême in- telligence dont il est la source ; il nous a élevés jusqu'à lui par la pensée. Nous sommes le lien qui unit la Divinité à toutes les créatures ; nous rattachons la terre au ciel : c'est par notre communication que le grand esprit se dissémine par toute la nature ; nous le transmettons au nègre , le nègr» au singe , celui-ci aux autres animaux , les animaux aux plan- tes , et les plantes à la terre ; c'est nous qui rétablissons l'équilibre dans toute la nature , et le sceptre du monde nous a été donné sur toutes les créatures. Voyez surtout l'article Homme , celui de TOrang - outakg , des Singes , etc. (VIREY.) NÈGRE. Poisson du genre des Scombres, Scomherniger. (B.) NEGRE BLANC. T. Albinos et Kakurlako. (virey.) NEGRE, Cercopilhecus maiinis. C'est le nom d'un SiNGE de Java , qui appartient au genre des Guenons, (desm.) NEGRE (sAjouî). Espèce de singe d'Amérique, du genre Sapajou, (desm.) NÈGRE (tamarin). Autre singe d'Amérique, beau- coup plus petit et du genre Ouistiti. F. ce mot. (desm.) NEGRES. Engramelle désigne ainsi plusieurs papillons de Linnœus , qui appartiennent à notre genre Satyre. Voy. ce mot. (l.) NEGRES-CARTES ou MORILLONS. On donne c€ nom à des émeraudes de rebut ou de peu de valeur, qu'on laisse au profit des nègres qui font, dans le royaume de la Nouvelle-Grenade , la recherche de ces pierres précieuses. Le débit de ces émeraudes rebutées étoit assez considérable autrefois; alors la pharmacie croyoit que les pierres pré- cieuses pouvoient servir en médecine. C'étoit par Carlhagène que l'Amérique versoit , en Europe , les nègres-caries, et c'est là qu'on mêloit aux émeraudes, pour augmenter le poids , des cristaux octaèdres épointés de chaux fluatée bleu ver- dâtre. L'on dit que ces cristaux se trouvent au Mexique. Maintenant ce genre de commerce est très-peu de chose, et Ton taille presque toutesles émeraudesqui peuvent avoir delà transparence ou de la couleur; on rejette les mauvaises. Voy. Émeraude et Morillons. Les nègres-cartes se vendoient à l'once et à la livre. Les belles émeraudes se vendent aukarat qui , comme on sait, ne vaut que quatre grains; une Irès-bclie 473 N E G émeraude parfaite 6e six karats (24. grains) peut valoir jusqu'à deux mille quatre cents francs, (ln.) NÉGRESSE, y. aux mots Volute et Olive, (b.) NÉGRESSE. C'est aussi le nom d'un Cône , Comisfu- viîi^alus. (desm.) NÉGRETIE , Negretia. Genre de plantes établi dans la Tlure du Pérou , pour placer quelques espèces du genre DoLlC r!e Linnseus , entre autres le DoLic A POILS CUIsans et le ÎJuLic TRÈs-ÉLEvÉ. Il offre pour caractères différentiels: un étendard ovale, sagitté , plus court que les ailes; des anthères difformes; des semences orbiculaires entourées jusqu'au-delà de la moitié d'une saillie dentelée. Ce genre a aussi été appelé Stizolorio?^. (b.) NE(iRILLA. Sorte de Raisin très-doux, et dont on fait, en Espagne, un bon vin. (ln.) NÉGRILLO et JNIGRILLO. Les Espagnols désignent ainsi l'argent antimonié sulfuré noir et ierreux, silherschtvarze «tes Allemands, qui est commun dans les mines d'argent du Mexique et du Pérou. Les Espagnols donnent aussi ces noms t'i celui de negritios au FahlerZ des Allemands, c'est-à-dire , au cuivre gris argentifère, (ln.) NEGRILLON. C'est le nom du jeune Nègre. Voyez ce dernier mot. (virey.) NEGRITA. Nom portugais des Mélampyres , plantes qui noircissent en se desséchant, (ln.) NEGRITE. Nom vulgaire , aux environs d'Alby , de I'Al- TiSE qui mange les feuilles du Pastel, (b.) NEGRO.Nomque les Hollandais, qui habitoienl autre- fois le Brésil, ont donné au Jabiru proprement dit. V. ce mot. (V.) NEGROFISH, C'est I'Holocentre négrillon et le Scombre noir, (b.) NEGUÎLLA. Nom espagnol desNiELLEset des Nigelles. (ln.) NEGUNDIUM. V. Negundo. (ln.) NEGUNDO. Garzias, Acosta, Fragose , etc., ont dé- r.rit les premiers sous ce nommalabare de petites graines de l'Inde, de la grosseur du poivre , striées et acres. Elles sont produites par deux espèces d'arbrisseaux : l'un , le negundo mâle^ a, de loin, le port du sureau; l'autre, le negundo fe- melle^ a des feuilles semblables à celles du peuplier blanc. Les Brames de l'Inde, au rapport de Rhéede , nomment ce negundo le Gâtilier bécovvé (^vitex negundo) , dont les fleurs, les feuilles et les fruits passent pour propres à guérir beaucoup de maux et pour rendre apte à la conception , lorsqu'on se lave avec leur décoction. Ce negundo est le hemnosi {nosi blanc') des habilans de la côte malabare , et très proUabiemeiit le negundo mâle de Garzias. Il y a encore le yiiex trifolia ^ que Ion nomme au Malabar, caranosi (^nosi noir) dont les propriétés sont analogues. 11 ne paroîlpas dou- teux que ce ne soit le negundo femelle. Le fruit appelé hœrnia par Sérapion, est le même que celui de ce negundo. Les botanistes modernes ont donné ce même nom de ne- gundo à une espèce d'érable qui diffère de toutes les autres espèces par l'absence de la corolle , le nombre des étamines (4.-5) et les feuilles ailées. Moënch en fait un genre qu'il nomme negundo^ et que Rafinesque-Schmaltz appelle ne§'H«- dium. C'est un bel arbre très-cuilivé , originaire des Etats- Unis , et commmunément désigné par le nom d'ERABLE A FEUILLES DE FRENE. V. ErABLE, (LN.) NEGUNDO. V. au mot Gatilier. (b.) NËGYL. Nom arabe d'une graminée que nous appelons Chiendent pied de poule {panicum dactylon , Linn. ). V. DlGlTAlRE. (LN.) NEÏDE, Neides, Latr. , Oliv. Genre d'insectes de Tordre des hémiptères, section des hétéroptères, famille des géoco- rises, tribu des longilabres. Ce genre, que j'avois établi dans mon Histoire générale des crustacés et des insectes , sous le nom qu'il porte ici , et que Fabricius a changé en celui de heiyius^ dans son Sys- tème des rhyngotcs, est composé de petits hémiptères, très- voisins de ses corés et de ses lygées. Leur corps est menu , fili- forme , avec les antennes longues, insérées au-dessus d'une ligne allant des yeux à l'origine du labre , coudées vers leur milieu, de quatre articles, dont le premier très-long , en massue à son exirémité, et dont le dernier, un peu plus épais que les précédcns, est ovoïde, ou en ovale allongé. Ils ont la tête presque conique; l'écusson étroit, presque li- néaire et terminé en pointe ; et les pattes allongées , avec les cuisses en massue. Ils s'éloignent des genres précédens, par leurs antennes coudées , et des plolères , ainsi que des zelus , dont ils se rap- prochent encore, parla manière dont se terminent ces orga- nes , la forme de la tête et la direction droite du bec. On trouve les neïdes sur les feuilles des plantes, le tronc des arbres, etc. On n'en connoît encore qu'un petit nombre d'espèces. La plus commune est la Neïde tipulaire, Neides tipidaria ; cimex tipulariuSy Linn. Elle est d'un gris roussâtre, avec les antennes de la longueur du corps, noirâtres à leur ex- trémité; lesorelle noire (io/fl/zi/m iiigrum) , mais qui estuoe espèce ditïiijente, selon M. Dunal , qui la nomme solanum incertum. Les baies de cette plante ont une saveur assez agréable; elle a é(é dé- crite par Loureiro dans sa Flore de Cotiiinchine. (ln.) NELESCtlENA. Une espèce de ^jOUET {arum minuium^ W. ) qui croît dans les Indes orientales , est figurée sous ce nom par Rhéede ( Hort. Mal. 11 , tab. 17 ). (ln.) NELL C'est , dans Tlnde, le Riz non encore dépouillé de ses Rai.les. C'est aussi le nom de la Balle florale du Riz , dont on se sert pour entretenir le feu. (b.) NELICOURVÏ. V. l'article Tisserin, (v.) I>(ELIFRiCON. Nom arabe du Millepertuis, dans Averrhoës. (ln.) NEL5-POLI ou NELI-POULT. Arbrisseau des Indes orientales, ainsi nommé au iMalabar. C'est le cheramela ait Ruinphlus , Vuverih.ua acicJa , Linn., le pJiylluntlnis luiigifoUus de Jacquin , le carambolier à fruits ronds , le cicca disUcha de Linuseus , Lamarck , Willdenow , etc. (ln) NÉLIPU. UUtriculaire a fleurs bleues {utrir.ulana cœru/ta), porte ce nom aa Malabar, (ln.) NELI-TALI. TSom malabare de I'Agati ou Nelite des \^\iEs{œschynumene indien , Linn.), figuré dans Rhéede (Mal. 9 , t. 8 ). C'est le nalahi des Brames et le gajali des habitans ile I île de Java. V. Gajati. (ln.) NELITRE, Nelitris. Genre de plantes établi par Gsertner pour séparer des Go"fAViERS une espèce que Forsler avoit 478 N E L déjà ree;ardée comme en devant former un particulier. C'est le goyavier décasperme. Il paroît que ce genre sera adopté sous le nom de Décasperme. (b.) NÈLITTE , JEschinomene. Genre de plantes de la diadcl- phie dccandrie , et de la famille des légumineuses, dont les caractères sont : un calice campanule, bilabié , à lèvre supérieure bifide , à lèvre inférieure bidenlée ; dix éra- mines , dont neuf réunies à leur base ; un ovaire supérieur velu, à style relevé , à stigmate simple. Le fruit est un légume oblong , comprimé, lobé ou crénelé sur un de ses côtés. Ce genre , appelé agaty par quelques auteurs , renferme une trentaine de plantes dont les feuilles sont ailées avec une impaire , et ont des stipules fort petites ; leurs fleurs sont pé- donculées , axlllaires ou terminales , et leurs légumes sou- vent rudes. Gsertner pense qu'il doit être supprimé, et que ses es- pèces doivent être réunies, les unes aux Sainfoiîss et les au- tres aUxGALEGAS et aux CORONILLES. Les espèces les plus remarquables de ce genre sont : La NÉLiTTE A GRANDES FLEURS. C'cst un arbre de l'Inde dont les fleurs sont extrêmement grandes et les légumes très- longs , mais filiformes. On mange ses fèves sous le nom d'a- gaty , et on tire de son tronc une liqueur gommeuse dont on fait usage dans les arts. La NÉLITTE SESBAN , grande herbe qui croît en Egypte, et dont on emploie les semences pour fortifier l'estomac, et ré- tablir le flux menstruel. On en a fait un genre sous le nom de Sesban. La NÉLITTE châNVREUSë , qui a la tige herbacée , les fo- lioles obtuses , aiguës , les pédoncules solitaires et les légumes aplatis. Elle est annuelle et se trouve dans les Indes , où on tire de ses tiges une filasse semblable à celle du chanvre^ et propre aux mêmes usages. La NÉLITTE GOURDE est herbacée , a plusieurs paires de folioles obtuses , et les légumes épineux. Elle se trouve dans les marais de la Cochincbine. Sa tige est spongieuse et élastique. On l'emploie habituellement pour faire des bou- chons. La NÉLITTE POLYCARPE est une plante annuelle de six pieds de haut , dont l'aspect est fort différent de celui des espèces précédentes. Elle croît en Caroline, où je l'ai observée, placée mal à propos parmi les Dalberges. Desvaux en a fait un genre sous le nom de Glotidion. (b.) NELKE. Nom allemand des Oeillets, (ln.) N E L iyg NELKENVIOLE. C'est, en Allemagne , la Giroflée JAUNE {cheiranthuscheîri). (LN.) MELKEN WURZ et NELKENKRAU f des Allemands. C'est la Benoîte, (ln.) NELLA-MEKA(Rhéede , Mal. , vol. 8, lab. 19). C'est selon J. Burmann , la Bryone laciniée ( hryorda la dnîata ) ; mais c'est plutôt une espèce différente, encore trop peu con- nue pour lui assigner des caractères spécifiques, (ln.) ISELLA-TANDALE-COTTI. C'est, au Malabar , d'a- près Rbéede ( Mal. 9 , tab. 127 ) , le nom d'une plante her- bacée amiuelle. Linneeus en a fait une espèce de Crotâlaire ( crotalaria labumifolîa ). (LN.) NELLI-CAMARUM. Nom malabare deTEMBLic, espèce du genre phyllanthus , qui porte , à Java , le nom de myruho- lan^ et à Amboine celui de boa malacca nllikai. C'est le Nel— UKA de Zanoni ( Hist. 169 , tab. 61 ). (ln.) NELLIKA. C'est encore la plante précédente, (b.) NELLIKE. Nom de I'Œillet, en Danemarck. (ln.) NELLUMULLA. Nom malabare d'un arbrisseau de la famille des jasminées, qui est très-voisin duSAMBAc(/no^oriWi sambac , Lk. ) , et peut-être une variété de ce joli arbrisseau auquel il ne le cède pas pour l'odeur suave qu'exhalent se» fleurs, (ln.) NELMA. Saumon qui se pêche dans les rivières de la Sibérie. Il pèse quelquefois soixante livres. Sa couleur est blanche, (b.) NELSONIE , Nelsonia. Genre établi par R. Brown , dans ladécandrie monandrie et dans la famille des acanthes, pour placer deux plantes vi/aces de la Nouvelle-Hollande , fort voisines des Èlytraires et des Carmantines, Ses ca- ractères sont : calice à quatre divisions inégales ; corolle à cinq lobes légèrement inégaux; les deux étamines fertiles, à anthères divariquées; capsule sessile , aiguë*, à loges poly- spermes. (b.) NEL-TENDALE-COTTI. C'est, dans l'Inde , la Crg* Talaire a feuilles d'aubours. (b.) NELUMBO , Nelumbium. Genre de plantes de la po- Ivandrie polygynie , et de la famille des renonculacées, que Jussieu a séparé des Nénuphars , avec lesquels Linnœus l'avoitmal à propos confondu. Il a pour caractères: un calice coloré, de quatre à cinq grandes folioles persistantes; une corolle d'environ quinze pétales, sur plusieurs rangs; un grand nombre d'étamines ^ plus de soixante ) dont les filamens sont hypogynes, 4.- ita , Hoffiu. ; ncnijpleryx , Léach ; panorpa , Linn. Genre N E M 489 d'insectes de l'ordre des névroptères , famille desplanipennes, tribu des panorpates , ayant pour caractères : cinq articles à tous les tarses, dont les trois intermédiaires fort cOiirls; bou- che située à l'extrémité d'un museau presque membraneux , conique , et incliné; six palpes filiformes; antennes filifor- mes ou sétacées , composées d'articles très-nombreux; aiies Irès-réticulées , les premières presque ovales , les secondes très-longues, linéaires, et contournées à leur bniil; point d'yeux lisses distincts ; jambes sans épines à leur exlré- inilé. Si les némoptères se rapprochent àt?, parnrpes par le pro- longement antérieur de leur têle , ils s'en éloignent beaucoup à raison de leurs ailes inférieures longues et linéaires ; ce caractère les fait même aisément distinguer de tous les autres insectes. Je n'entrerai point dans d'autres dclalls sur leur or- ganisation extérieure; on les trouver?, soit dans le troisième volume de mon Gênera , soit à l'article Némoptère de 1 En- cyclopédie méthodique. Olivier y a décrit plusieurs espèces nouvelles qu'il avoit apportées de son voyage au Levant et en Perse. C'est à ces contrées, au midi de l'Europe et au nord de l'Afrique , que ce genre paroît être , jusqu'ici, restreint. hijso\x dug;înre salyrium, forment legenre neotlîa deSvvarti (V. iNEorriE). Le neuttia d'Adanson ne comprend que Vophrys iiiilts-avls ; il est caractérisé par la lèvre inférieure de la co- rolle divisée en deux, caractère de la seconde division du genre ncollla de Svvartz. Quelques botanistes rapportent à ce genre le Guodyera de R.. Erown. Voy. ci-après. Clî^O NF.OTriE, Neollia. (ienre de plantes de la gynandrie dianilrie cl de la famille des Orchidées, établi par Jacquin et adopté par Svvariz. il offre pour caractères: une corolle en gueule, a pétales extérieurs la téraux réunis ea devant autour NE? ^ng «îe lâ base ventrue du nectaire du sixième pétale ; une an- thère parallèle au style et insérée par derrière. Dans cegenre.sont placées TC^puride spirale de Linnreus , le Satyiuon RAMPAiST du même auteur; il renferme quinz.; espèces dans Willdenow. On soupçonne que TAristotélée de Loureiro doit lui être réunie. Les genres Goodyère , Ponthiève et Tu.ssac ont été établis à ses dépens par il. Brown , et ceux Spirantue , Pi.E- XiE et Stenorymque par Richard. Une nouvelle espèce de ce genre est figurée dans le bel ouvrage de MM. Huuiboldt, Jîon^landetRanth, sur lesplan- tes de l'Amérique méridionale, (b.) NEOn OCRYPTES ou ABDÎTOLARVES. Famille d'insectes hyménoptères à abdomen pédicule , aplati ou ren- flé ; à lèvre inférieure de la longueur des mandibules ; à an- tennes non brisées , de treize articles au plus ; à cuisses sou- vent renflées. Celte famille , établie par TV(. Duméril {Zoologie onalytiqui^') , correspond aux familles des Diplolépaires , des Cynipsères et des Proctrotrupiens de M. Latreille , et renferme les genres Chalcide , Diplolèpe, Cynips , Diaprie , Leulos- VIS et [{.ULOPHE. F. ces mots, (desm.) NEOU.Arbre fruitier du Sénégal, cité par Adanson , mais dont ce botaniste n'indique pas le nom générique, (b.) NEOUMATOS. L'un des ^oms donnés par les Grecs à lem- leontopodium^ rapporté à I'Alchimille par Adanson. (ln.) NEP. r. Naeqaii. (ln.) NEPA, Théopbraste. Cette plante mentionnée par ïheo- phraste est la même que celle nommée nlex par Pline, et pro- bablement celle. que nous appelons Ajonc, Ulex europccus , Linn. (ln.) NÉPAPANTOTOTL. Caî^ard du Mexique, dont la des- cription incomplète dans Fernandès {HisL nov. Hisp. , pag. 36 , cap. i8 )ne permet pas de décider si c'est une espèce connue ailleurs. Elle y est sauvage , et on l'y rencontre fréquemment dans les marais. Son bec se termine presque en pointe; tou- tes les couleurs dont le plumage des autres canards est orné, se trouvent réunies sur celui-ci , et en font un très-bel oiseau ; c'est ce que signifie le mot mexicain népapantutotl, (s.) NEPE , iVeyyfl!. Genre d'insectes, de l'ordre des hémiptè- res, section des bétéroplères, famille des hydrocorises, o\x des punaises aquatiques. Linnœus nomme ainsi les hydrocorises dont les deux pieds antérieurs font l'office de pince, ou ma tribu des hydrocorises ravisseuses. Son genre noionccta comprend c«iles que j'appelle ' platydiictyles. Par l'établissement que fit Geoffroy de deux nou- Soo N E P velles coupes génériques , celles des naucores et des rorlses , lô genre desnèpesde Linnseus devint plus simple et plus naturel. Geoffroy, qui les désigna sous le nom de scorpions aquatiques , n'ayant pas découvert les antennes de cesinsecles, prit pour ces organes , les deux pieds antérieurs, et d'après celte erreur, ne leur donna que quatre pieds. Fabricius a , depuis , séparé des nèpes celles qui ont une forme linéaire , et qui consliluent son genre ranaire. Mais le genre nèpe, quoique plus restreint, étolt cepen- dant susceptible d'être encore réduit. Ainsi la nèpe cendrée et d'autres espèces à forme ovale-oblongue , et toutes remar- quables par la longueur de leur queue , n'ont que trois arti- cles bien distincts à leurs antennes, et dont le second offre seul une saillie latérale , en forme de dent ; leurs tarses n'ont qu'un article , ainsi que Geoffroy l'avoit déjà observé. Les autres espèces , presque toutes exotiques , à formes plus larges , à queue très-courte ou presque nulle , ont leurs antennes com- posées de quatre articles distincts, et dont les trois derniers se prolongent extérieurement en manière de dent de peigne; tous leurs tarses sont formés de deuj^ articles et presque sem- blables. C'est avec ces espèces que j'ai établi le genre Bélo- STOME. Celui des nèpes est composé, dans ma méthode, des espè- ces suivantes de Fabricius : cinerea , fusca , grossa , nihra et ni^ gra. Olivier a suivi , dans l'Encyclopédie méthodique , ce na- turaliste. Les nèpes ressemblent aux naucores et aux ranatres par la forme de leurs pattes antérieures , dont les jambes et les tar- ses se réunissent pour composer un grand crochet qui se re- plie sous les cuisses. Elles s'éloignent des naucores en ce que leurs tarses ne sont composés que d'un seul article ; que leurs quatre piedspostérieurs ne sont point ou ne sont que très-peu natatoires ; que leur corps est oblong et terminé par une queue de deux filets. Les nèpes diffèrent maintenant des ranatres par la forme elliptique de leur corps, leur bec courbé et la briè- veté des hanches ; les dents antérieures sont longues dans les ranatres. Les nèpes ont le corps elliptique, très-déprimé ; la tête petite , logée en partie dans une échancrure du corselet , avec les yeux assez saillans , sans petits yeux lisses ; l'écussou fort grand ; l'abdomen terminé par deux filets sétacés , qui sont des tubes , que des auteurs prennent pour des conduits d'air; les quatre tarses postérieurs propres pour nager, et les cuisses antérieures ovales, grandes, ayant un sillon en dessous pour recevoir les jambes et le tarse. Les nèpes sont des insectes aquatiques, dont les pattes an- N E P 5o, térieures sont en fornie de pinces ; elles sont lourdes, nagent lentement, se tiennent ordinairement au fond des eaux dans la vase , mais volent très-bien , surtout le soir. Elles sont carnassières , ainsi que leurs larves , et se nourrissent de pe- tils insectes, qu'elles percent et déchirent avec leur trompe. Les femelles pondent des œufs qui , vus au microscope , resseniblent à une semence couronnée de sept petits filets , dont les extrémités sont rongées; elles les enfoncent dans la tige de quelque plante aquatique. Les larves en sortent vers le ipllieu de l'été. Elles diffèrent de l'insecte parfait, en ce qu'elles sont dépourvues d'ailes et d'élytres, et qu'elles n'ont point de filets à l'abdomen ; elles nagent fort lentement , et marchent au fond des eaux sur les plantes aquatiques. La nymphe porte ses ailes enveloppées dans des fourreaux pla- cés de chaque côté du corps. Ces insectes sont tourmentés par des hydrachnes de Mulle», On trouve souvent sur eux des œufs rouges , qui y tiennent par un pédicule ou un bec servant de suçoir , et qui y crois- sent. Nèpe cendrée, Nepa cinerea^ Linn. , Fab.; pi. G 33 , 8 de cet ouvrage ; Scorpion aquatique^ (ieoff. Elle a huit à neuf lignes de longueur ; le corps et les élylres d'un brun noirâtre ou jaunâtre ; l'abdomen large , ovale , très-plat , rouge en dessus ; l'écusson grand, triangulaire ; les pattes antérieures dirigées en devant. On la trouve en Europe , dans les eauz stagnantes, (l.) NEPENTÉ, Nepentlies. (ienre de plantjes de la dioécie polyandrie , qui a pour caractères : un calice dune seule pièce , divisé profondément en quatre parties très-ouvertes, planes et persistantes ; point de corolle ; dans les (leurs mâles, un pivot central droit, recouvert à son sommet d'environ douze anthères sessiles et rapprochées en tête ; dans les fleurs femelles , un ovaire tronqué au sommet , sans style , et à stigmate pelté , sessile et persistant ; une capsule oblougue , à quatre côtés, à quatre valves, à quatre loges, renfermant, «n grand nombre de semences oblongues attachées aux cloi- isons , ayant un périsperme charnu, un embryon monocoty- lédon filiforme, droit , et une radicule inférieure. Ce genre renferme des plantes herbacées de l'Inde, à ra- cines épaisses, à tiges simples, feuillées à leur base , et flo- rifères à leur partie supérieure ; leurs feuilles sont alternes, semi-amplexicaules , surmontées par la nervure moyenne qui s'allonge en forme de vrille, et qui porte une urne mem- braneuse , oblongue , creuse , fermée à son orifice par une valve en forme d'opercule. Leurs fleurs sont disposées en grappes terminales. Elles semblent se rapproclier de la fa*- 5cî NE? mille des Hydrocharidées et de celle des Orchidées; maïs leurs rapports ne sont pas encore suffisamment connus. On connoît trois espèces de ce genre , dont une vient de l'Inde , et la seconde de Ceylan ; la troisième enfin , est celle qu'a fait dessiner Flacourt dans son Histoire de Madagascar. Elles sont fort peu différentes Tune de Tautre. On doit sans doute regarder également comme distincte celle que Lou- reiro a décrite sous le nom de Puyli.amphore , dans sa Flore de la Cochinchine. Voyez la f;c;ure de celle de l'Inde , pi. Ces plantes peuvent , sans exagération , être mises au nom- bre des merveilles de la nature ; elles ont toujours fait l'ad- iniration de ceux qui les ont observées. L'urne qu'on remar- que à l'extrémité de leurs feuilles, est certainement un pVié- noinènerare parmi lesvégétaux ; mais les fonctions auxqurdes cette urne est destinée , sont Lien plus remarquables. Celte urne est creuse, comme on l'a dit, et ordinairement pleine d'une eau douce et limpide ; et alors l'opercule est fermé. Il s!ouvre pendant la cbaleur du jour , cl l'eau diminue de plus de moitié; mais celte perte se répare pendant la nuit, de sorte que chaque malin l'urne est pleine et l'opercule ferfué. Les habiîans de Madagascar, au rapport de Fl^icourt , croient que si l'on renverse l'eau d'une de ces urnes, il ne manquera pas de pleuvoir dans l:^ journée ; et par une su- perstition contraire, ils regardent cette même eau comme •spécifique dans les rétentions d'urine. Au reste , il est sans doute bien agréable , dans des climats aussi cbauds que ceux où croissent les népenles , pour des voyageurs altérés , de trouver ainsi sous leurs pas des moyens de rafraîchissemens sains et abondans ; car chaque urnecon- lient environ un demi-verre d'eau. Népcnte est le nom qu'a donne Homère à un breuvage nar- cotique que formoit Hélène pour dissiper les soucis de Telé- inaque. Linnœus, en l'appliquantà celte plante, s'écrie : «Si elle n'estpas le népenle d'Hélène, elle le sera certaiucmentde tous les botanistes; car quel est celui d'entre eux qui, venant à la rencontrer dans une de ses herborisations, ne seroit pas ravi d'admiration , et n'oublieroit pas les fatigues qu'il a es- suyées ! » V. Sarracène. Les racines des népenles passent pour astringentes , et leurs- feuilles pour rafraîchissantes, (b.) NEPETA. Pline ne fait , pour ainsi dire , que citer cette plante. Selon lui , elle croît partout , et est utile contre la inorsure des serpens. Il paroît qu'elle porloil le nom d'une ville d'Italie, autour de laquelle elle se trouvoit en abondance, pioscoridc place le nepeta des Latins au nombre de ses ca- G .35. Aci)('/t//u' i/urff/ah'trc Aliu-c/imit/ Ocu/o. NE P Ho3 lamens. Des espèces de Menthes, quelques Mélisses {M. m/aminfha, nepeta, etc.), la Chataire commune , ont été re- gardées comme le nepeia de Pline. C.Rauhln, dans son Pinax^ ne fixe ce nom à aucune plante spécialement, et les espèces de nepeta de Linnseus , connues de son tenips, sont placées avec ses mentha sybestns et caitaiia. Le genre jNepeta de Linnseus €st le même que le catarla de Tournefort. Mocnch a fait à ses dépens le genre saiissiin'a ; et quelques espèces font mainte- nant partie des genres bistropogon et dracocephulum. V. CuA- TAIRE. (ln.) NEPETELLA.Linnœus donne ce nom spécifique à une espèce de Chataire; mais depuis, les naturalistes parolssent avoir confondu sous ce nom plusieurs planies différentes. Besler a introduit le premier ce nom en botanique , pour wne plante labiée du même genre, nepeia italica, L. (ln.) NÉPHÉLINE, Hauy, Werner, James; Schorl blanc hexagonal du Vésuve^ Ferber ; Sommité^ Lamélh., Karst. ; Wclcker-smaragd ^ Ocken. Cette espèce minérale est placée par M. Haijy entre ranalclme et Tharmatome. Jameson la rapproche de laméionile; cependant la néphéllne est Irès-dls- llncte de toutes ces substances. La néphéllne ne se trouve que mélangée avec d'autres substances primitives ou volca- niques : elle y est en petites masses ou veines grano-lamel- lalres, et en cristaux hexaèdres diversement modifiés pardes facettes additionnelles. Elle est blanche ou jaunâtre, rare- ment verdâtre. Sa cassure longitudinale est larnelleuse ; elle e5t vitreuse dans le sens transversal. Elle est assez dure pour rayer le verre. Elle se fond très-dlfncllement au chalumeau en un verre transparent et homogène. Mise dans l'acide ni- trique , elle perd sa transparence et devient nébuleuse ; mais si l'on chauffe l'acide , elle se résout en gelée Sa pesanteur spécifique est de 3,27 , selon Vauquelin. Ce savant chimiste a trouvé que la néphéllne est composée de Silice. . . . ^5. Alumine. . 49. Chaux. . . 2. Fer oxydé. I. ^crle. . . . 2. "La forme primitive de la néphéllne est , selon M. Haiiy , riiexaèdre régulier , dont la hauteur est à l'un des côtés de la base, comme 7 esta i5. L'on connoît les formes suivantes: I. Pn'milù'e , Haiiy. — L'hexaèdre ci-dessus. So4 N E P 2. yinniilaùe, Haiiy. — La précédente, dont les aré(a« des bases sont remplacées chacune par une facette. 3. Bîsannidaire , Nob. — Chaque arête des bases rempla- cée par deux facettes plus inclinées sur la base que sur le prisme. 4. Péiidodécaèdre y Nob. — Prisme à douze pans , avec les facettes de Tannulaire. 5. Surcomposée , Nob. — Prisme à douze pans ; bords des bases répondant aux faces primitives du prisme, chacune remplacée par cinq facettes parallèles plus inclinées sur les bases. Ce cristal complet auroit 74. faces ou facettes. 11 eu cxistoitun semblable dans la collection de M. de Drée. Il avoit environ cinq lignes de longueur. 6. Raccourcie, Nob. — Les formes précédentes, dont le prisme est tellement court qu'il est à peine sensible. Parmi les formes indéterminables, il faut noter lanéphéline: 7. Granulaire ou granuliforme. — En petites masses granu- laires ou en petits g'rains arrondis; commune au Vésuve. 8. Lamellaire. — Composée de petites lames entrelacées , qui ne sont que des cristaux de la forme raccourcie. Cette néphéline nous semble être une variété de Yeisspaih de \Yer- ner. Elle est commune au Vésuve. 9. Capillaire. — En petits filamens capillaires , ou en petits prismes filiformes et couchés, d'un gris blanchâtre. Se trouve d.ans la lave de Capo di Bove, dite selce-romuno. Parmi les variétés données par la transparence , il faut distinguer les néphélines : 10. Limpide. — Au Vésuve, à Albano. 11. Demi-transparente. — Au V ésuve. 12. Nébuleuse. — A Capo di Bove. i3. Opaque et d'un hlanc de lait. — A l'île Ponce. La néphéline a été découverte au Vésuve , parmi lesbhocs rejelés par l'ancien volcan de la Somma. Ces blocs ne sont point des matières fondues. La néphéline y est associée au grenat , à la méionite , à l'idocrase , au pyroxène , au mica , à la haijyne, à la chaux carbonatée, auspinelle, etc. Il pa- roît que c'est à Ferber qu'on doit cette tlécouverie. Dolomieu reconnut ensuite celte substance en cristaux lim- pides dans les blocs volcaniques qu'on trouve dans le Pepe- rino à Albano. Ces blocs sont dans le même cas que ceux du Vésuve, c'est-à-dire, qu'ils n'ont pas été fondus. Dolomieu avoit observé également lanéphéline delà lave de Capo-di-Bove -, mais connue à cette époque on ne con- noissoit pas bien celte espèce minérale , il se contenta, sur les étiquettes de sa collection , de signaler cette substance comme N E P 5o5 digne d'être étudiée. C'est à M. Fleuriau de Bellevue qu'il étoit réservé de nous faire connoîlre la néphéliiie de Capo- di-Bove. Cet habile géologue saisit les rapports de cette né- phéline avec celle du Vésuve ; mais il crut y observer une différence assez importante pour l'en séparer; c'est celle de faire gelée à froid avec l'acide nitrique , lorsqu'on la projette en poudre dans cet acide. En conséquence , il la nomma pseudo-sonimite ou pseudo-néphéline. Comme l'on a reconnu depuis que la néphéline du Vé- suve faisoit gelée , il n'y a plus de raison de séparer la pseudo- néphéline de la néphéline, et l'on doit, avec Delamétherie, les réunir en une seule espèce. La néphéline de Capo-di- Bove est en très-petits cristaux primitifs et annulaires , d'un gris sak, translucides, implantés et couchés confusément à la surface des fissures et des cavités de la lave très-curieuse de Capo-di-Bove , aux portes de Rome ^ et employée au pa- vage de celte ville, sous le nom de selre-romano. Dans ces mêmes cavités, se trouve la jMéhlite ,( autre substance dont nous devons la connoissance à M. Fleuriau de Bel- levue ) , des cristaux de pyroxène , de néphéline capil- laire, du mica, du péridot cristallisé , etc. Cette lave , qui nous paroit devoir constituer une espèce distincte entre les laves trapéennes et les laves pétro-siliceuses , forme une cou- lée, La néphéline appartiendroit donc aussi à des matière» volcaniques fondues ; et , à ce sujet , nous oserons avancer qu'il se pourroit bien faire que certaines laves qu'on dit être à base de feldspath, fussent à base de népliéline ; par exem- ple , la lave sortie du Vésuve en lyg^- ^" P^"'^ citer aussi des laves avec néphéline aux îles Ponces. J'ai vu parmi les laves lilhoïdes pétro-siliceuses de ces îles , rapportées par Dolomieu , une lave gris-rougeâtre , de la nature de celle qu'on nomme klingstein, dont les cellules et les petites fentes contenoient de petits cristaux hexaèdres d'un blanc de lait , aisément fusibles en verre blanc, et faisant un peu de gelée dans l'acide nitrique. La néphéline est encore indiquée dans les laves de l'île de Bourbon. On avoit cru l'avoir trouvée parmi les matières volcaniques des bords du lac Lach, près d'Andernach. Un échantillon que j'avois reçu sous ce nom , m'a présenté un grand nombre de cristaux hexaèdres très-peliis, enlacés dans de l'amphibole. Ces cristaux sont absolun»ent infusibles au chalumeau , et se dissolvent lentement dans Tacide nitrique- A ces caractères, on ne sauroit méconnojlre la chaux phos- phatée. A leur aide , on pourra distinguer cette substance sa- line de la néphéline, qui du reste ressemble beaucoup à U So6 N E P chaux phosphatée , mais qui n'est point phosphorescente par la chaleur. Le nom de sommile , donné par Delamétherie à cette pierre , rappelle le mont Somma , où on l'a d'abord trouvée ; et celui de néphéline, imposé par M. Haiiy, fait allusion à la propriété qu'a cette substance , lorsqu'elle est transparente , de devenir nébuleuse dans l'acide nitrique. Ce nom dérive du grec , nèphélé ^ nuage, (ln.) INEPHELION , Nephelliim. Arbrisseau à feuilles alternes, pinnées, sans impaire, et à quatre folioles opposées, ovales, aiguës, entières et lisses, à Heurs disposées en grappes courtes, qui forme un genre que Lablilardière a depuis peu réimi au Litchi. Ce genre , qui avoil été placé par erreur d'observation dans • la monoécie pentandrie, offre pour caractères, selon Labli- lardière: un calice de quatre à cinq dents; point de corolle ; cinqàsixétamines; deux ovaires supérieurs, chargés chacun de deux styles bifurques; deux baies rouges, uniloculaires, mo- nospermes , dont une avorte souvent, couvertes en dehors de longues épines flexibles, et s'ouvrant par leur bord in- terne. Cet arbrisseau vient de l'Inde. La pulpe de son fruit est un peu acide, et sert, dans les Moluques , à apaiser la soif des malades attaqués de fièvres malignes. On l'a employé avec succès contre les dyssenteries. (b.) NEPHRANDRA. Arbrisseau de la Jamaïque, à feuilles quinées, entières , et à fleurs en grappes rameuses, axillaires, dont Cothénius a fait un genre que Swartz a réuni aux Ga- TELIERS {viie.v umbrosa)^ ce qui est aussi le sentiment de Willdenow. (ln.) NEPHRETIQUE {hoîs). C'est celui du Ben. Cb.) NEPHRETITE. M. Delamétherie comprend sous ce nom la. stéatileverie iransludde ^ et quelques variétés de la ser~ penilne noble , V. Talc , Stéatite et Serpentine, (ln.) NEPHRIT. C'est le nom que Werner donne au Jadb NÉPHRÉTIQUE, qu'on nommoit AX\c\cxïncmeni pierre néphréti- (jue. Ocken a étendu ce même nom an jade usden ^ qui est .son néphrite de la Nouvelle-Zélande et le bielsteirt de Werner. F. à l'article Jade , vol. XVI , pag. 4^71 et 472. (ln.) NEPHRODION, A'^e/jZ/rof/Zi//». Genre de plantes de la famille des Fougères , établi par Richard aux dépens des PoLYPODES de Linnœus , et mentionné dans la Flore de V Amé- rique septentrionale de Michaux. Son caractère consiste en des points épars ou régulière- ment distribués sous les expansions des feuilles , d'abord cou- N E P 5o7 verts d'une membrane en forme de croissant , et ensuite nus. Les polypodes marginal, en crête ^ fragile^ dryopière^ fougère femelle, et plusieurs autres, font pcfrlie de ce genre que Swariz a nonmié Aspidion , qui rentre dans ceux appelés Cétérac par Décandolle, et WooDSir. par K. Krovvn. (b.) NEPHROJE , Ncphroja. Arbrisseau grimpant, sans vrilles, velu, à feuilles ovales, planes , glabres, marginées , à (leurs blanches , qui forme , selon Loureiro , un genre dans la monoécie hexandric, et dans la famille des ménis- permes. Ce genre offre pour caractères: un calice de cinq folioles ovales- aiguës, colorées, dont deux alternes plus petites; une corolle de trois pétales subulés, courbés ; six écailles petaliformes, fendues; six étamines dans les fleurs maies; un germe supérieur, ovale, sillonne, surmonté de sixstiguia- les oblongs , presque sessiles, dans les fleurs femelles; six petits drupes, presque réniformes , renfermant cbacun une petite noix liérissce et monosperme. Le népliroje se trouve dans les forêts de la Cocbinchine. Ses fleurs mâles sont portées sur des grappes oblongues, et ses fleurs feuielles sur des pédoncules trillores placés sur des rameaux dlfférens. (b.) Ce genre, très-voisin de Vepilaterhim de Forsler, est réuni, ainsi que ce dernier , au rorculiis , par Décandolle, qui, sous le nom de cocailus, a compris presque toutes les espèces de menispermiim des botanistes, (ln.) NEPHROME , Nephroma. Genre de Lichen établi par Achard, et qui rentre dans ceux appelés Peltide, Peltigere et SoLORI^E. (b.) NEPHROPS, iVÉE est convexe, et ses pédoncules porient deux plumules. Elle se trouve dans la mer du Nord (i). La NÉRÉIDE FASCiÉE, est cylindrique , blanchâtre , fas- ciée de rouge, et a sept tentacules simples. Elle est figurée pi. G. i8. La NÉRÉIDE FRONTALE est aplatie, pâle, ponctuée de brun , avec une grande tache sur la têle et huit pédoncule.* simples et pétalifères. Elle est figurée sur la même planche. J'ai observe ces deux espèces dans la baie de Charleston , Caroline du Sud. Elles se forment un léger fourreau dans les cavités des pierres , des coquilles, du bois. Je les ai décrites dans la partie des vers , faisant suite au Buffon , édition de Deterville. La NÉRÉIDE CINCINNATE est figurée dans le troisième volume des nouveaux Mémoires de la Société de Copen- hague. La NÉRÉIDE DES Lacs, de Linnœus, constitue aujourd'hui le genre Stylaire. (b.) NERELDEE, Nereidea. Genre de plantes établi par Slackhouse, Néréide Biilanniqut ^ aux dépens des VaRLCs de Linnœus. Ses caractères sont: fronde cartilagineuse, très- rameuse, aplatie; rameaux sétacés à leur extrémité ; fruc- tification inconnue. Ce genre renferme trois espèces, dont une est figurée pi. 12 du grand ouvrage sur les varecs , du même auteur, (b.) NEREIS. Nom latin à&s Néréides. Ce nom a été appli- qué à quelques animaux qui ne font plus partie de ce genre. Ainsi le nereis cylindrariu de Pallas est une Terébelle, et le nereis conchylega est une Amphitrite. (desm.) NEKEMIR. Avicenne donne ce nom arabe à la fleur et à la fane de la Pivoine, (ln.) (i) Une très-belle figure de celle espèce sevoit pi. 6, vol. 9 et pi. 3, vol. Il, des Transactions de la Sociclé Linnéunne «lu Loiulrcs. NERFS ( et Seî^sibilité , Sympathie , Passions ) , N£Ûp<«, Neivi. Ce sont des cordons ronds, blanchâtres, en- reloppcs d'une gaîne on tunique membraneuse commune à tous, appelée némlème par Reil , laquelle paroît émaner de la pie-mère, méninge qui recouvre le cerveau et enveloppe la moelle épinière. Ces cordons nerveux sont composés de plusieurs rameaux fibreux, chacun dans sa gaine , contenant dans leur intérieur une pulpe médullaire ; ils se rendent, la plupart, de toutes les réglons du corps , soit à la moelle épi- nière , soit au cerveau, chez les animaux vertébrés, soit enfin St des ganglions ou des centres nerveux plus ou moins consi- dérables, situés en diverses parties internes chez les animaux invertébrés (i). Cet ensemble de ramifications composant le ou les sys- tèmes nerveux, est le premier ressort de la sensibilité , de l'activité des animaux, ou le principe excitateur de leur vie. Réservoir des sensations , il devient , surtout chez les espèces des classes supérieures , l'organe de l'intelligence , et mérite , à ces titres, un intérêt capital dans son étude ; il offre môme la base la plus essentielle pour leur classification naturelle. Que seroient les êtres sans cette faculté de sentir, de con- noître les corps extérieurs , ou de sortir par la vue , par l'ouïe et surtout par la pensée , hors de la simple existence du végé- tal, de ce sommeil de la vie? Commeut agirions-nous sans ce principe d'énergie qui fait cooLracler nos muscles à vo- lonté , qui nous transporte à notre gré par toute la terre, comme il élève l'oiseau dans les champs de l'air r* Il falloit doncune source de vigueur, de sentiment, de passion qui nous rendît capables de jouir comme de souffrir; c'est cette faculté merveilleuse , encore plus que celle de l'aimant dans le fer, qui distingue un corps animé de son cadavre. Elle réside ma- nifestement dans la pulpe médullaire des cordons nerveux, et dans la moelle épinière , avec le cerveau , qui deviennent les centres de la sensibilité , des sensations et des idées. Ainsi le système nervcuxest le gouvernement de la machine animale, y,yiuo)iUci', les corps vivans ne sont plus ou moins perfec- tionnés ou développés dans toutes leurs facultés que par ce système. Le foyer principal , situé à la lete , comme dans une citadelle , imprime de là ses volontés suprêmes à tout le reste de l'organisation , ainsi qu'un roi dans son palais envoie ses ordres jusqu'aux extrémités de son empire. Quel pouvoir (i) Les anciens, romme encore le vulgaire aujourd'hui , conîon-' «]enl los tendons, les ligamens, les aponévroses et autres tissus blancs fibreux, avec les nerfs. M:^is ceux-ci ne sont pas contractiles par les slimulans, mînip par le î^alvanisme, quoique trcs-sensibles , tandis «|ue Ici liiéus fibreux et musculaires «ont éiuliiemnient contractiles. N E R 5i3 élônnant fijit sur-le-champ mouvoir notre orteil par une simple idée ! Kegis ad exemplar tolus coiiipoiiltur oibis ! Cependant le nerf lui-même n'est aucunement contractile sous quelque stimulant que ce soit, pas même par les irrita- tions du galvanisme, tandis qu'elles excitent des crispations spasmodiques si énei'giques sur la fibre musculaire vivante. P.ir-là se distingue le nerf de la fibre musculaire; il est pouf elle l'agent excitateur; il semble lui transmettre rélGCtricité galvanique. Cet effet paroît manifeste surtout dans la torpille et les antres poissons électriques; car leur batterie composée d'aponévroses et de divers tissus fibreux qui se frottent, n'est chargée d'électricité qu'à l'aide dés nerfs qui s'y rendent. Si l'on coupe ceux-ci , quand même tout le reste conserveroit son intégrité , la commotion électrique n'a plus lieu ; et , au contraire, si l'on circonscrit par une incision toute !a batterie électrique , excepté les nerfs qui s'y rendent, la commotioiï continue parfaitement. ( Voyez Todd , Phi/os. irons. , 1817 , partie /, article IV. ) La substance nerveuse paroît donc la conductrice d'un agent excitateur des autres organes de l'éco- nomie animale , dans l'état vivant. Les Corps organisés ( Voyez cet article , ) végétaux et animaux , se composent de trois principales substances simi- laires ; savoir : la cellulosiié , {ajibre, la pulpe médullaire , qui entrent plus ou moins généralement dans les divers tissus de leurs organes. La cellulosité domine dans l'enfance et compose la trame première de toute l'organisation végétale ou animale. Les tissus fibreux sont la partie ligneuse chez les végétaux , ou musculaire, tendineuse, etc., chez les animaux. La substance médullaire envoie des prolongemens du centre vers la cir- conférence, ou de la circonférence au centre , chez les végé- taux les plus complètement organisés, comme chez les ani- maux les plus accomplis dans leur structure ; cette substance est l'élément le plus précieux ou le plus vital de toutes ces créatures , et destinée au gouvernement de la machine orga- nisée. Mais le végétal est distinct de I'AnimâI ( Voyez cet article), surtout parce qu'enraciné et immobile sur le sol, la sensibi- lité ne lui fut pas accordée , du moins à un degré bien mani- feste. Quoiqu'on ail soutenu que le resserrement du feuillage de la sensitive au moindre attouchement etoit l'effet de la sensibilité, on le rapportera tout aussi bien à cette contracûîn que la fibre vivante est susceptible d'éprouver, sans le con-, cours du nerf, et sans la sensation proprement dite. C'est par XXII. JJ 5i4 N E R le jeu de ce mécanisme inconnu qu'on désigne Sôus le nom à^ ivrilablUlé , lequel s'opère dans des parties dépourvues de nerfs chez les animaux, et ne transmet aucun témoignage de plaisir ni de doul»!ur; il s'y exerce même par fois à l'insu de la volonlé et de la conscience. j\ !a vérité , Robert Whylt et les autres antagonistes des Hailériens ont multiplié les expériences pour prouver que la sensation et l'irritation émanent de la même force nerveuse ; que ces deux forces se trouvent réunies et inséparables dans la fibre musculaire; qu'enfin, si celle-ci est insensible, eil« demeure inactive sous les excitans les plus énergiques. ÎN^éan- moins la séparation de ces deux propriétés, quoique rare chez les animaux, est remarquable dans plusieurs circonstances de paralysie, où tantôt les seuls nerfs du mouvement cessent leur action , et tantôt ce sont , au contraire , le&jseuls nerfs du sentiment ; ainsi l'on voit des régions musculaires privées de sensibilité et non de contractililé volontaire ; et d'autres pa- ralysées dans leurs mouvemens, quoique conservant la sen- sibilité. Chez les plantes, où l'on ne peut guère supposer rai- sonnablement le sentiujent (à moins de se servir du privilège ■des poêles, qui placent des dryades dans les troncs des chênes, ou qui transforment Narcisse en Heur) , il faut bien recon- noîlre l'existence de l'irritabilité jusque dans des parties qui n'en parolssent guère susceptibles. Ainsi , la piqûre d'un in- secte et le venin acre qu'il y répand, déterminent, dans les feuilles ou les tiges , des gondemens, des excroissances, fort analogues à celles que cause une piqûre de guêpe sur nous. Mais si les plantes sont en effet irritables , rien n'y démontre la présence des nerfs comme chez l'animal ; et il seroit cruel à la nature d'avoir donné la douleur à des créatures inno- centes, incapables de la fuir , à cause de leur immobilité et de leur implantation par des racines. Au contraire , les animaux possèdent un ordre particulier de facultés qui leur attribue les sentimens de douleur ou de plaisir à l'occasion du choc ou de l'application des substances extérieures , ou non incorporées à leur organisation. C'est par ce moyen qu'ils discernent si ces substances leur sont utiles ou nuisibles, qu'ils peuvent s'approcher ou fuir, et se gouverner à leur volonté. Or, cette source de sentiment et de connoissance réside uniquement dans le système nerveux, Eien qu'on ne connoisse guère les fonctions du canal mé- dullaire, et de sesutricules réparties en rayons du centre vers la circonférence de la tige des végétaux, il concourt évidemment à la formation soit des feuilles, soit des bourgeons, et sur- tout dos organes de la fructification. El ceux ci étant les plus iéiuiueuuucnt irritables chez un grand aombre de plantes, il N E R 5,3 paroît donc que cette substance médullaire , qui abonde sur- tout pendant la jeunesse , est rélénient le plus vital ou do- minateur du végétal, comme la pulpe nerveuse l'est pareille- ment chez les animaux. Si Ton objecte que des troncs de saales et d'autres arbres peuvent vivre sans moelle , du moins celle-ci subsiste nécessairement dans leurs rameaux pour leurs fleurs ou leurs fruits. Toutefois, en laissant à part ce qui concerne le végétal, dans lequel on ne trouve pas de nerfs proprement dits, ni de sensibilité bien évidente , puisque nous en distinguons leur contraclilité (que Haller et d'autres physiologistes nomment irnlahililé') , venons au système nerveux qui dirige la vie elles fonctions du corps animal. § I, Ben formes du Système neroeuûc simple ou composé des animaux. Le règne animal, dans toute son étendue et la variété presque infinie de ses espèces, présente trois principales divi- sions dans la forme du système nerveux; ce qui établit trois modes généraux de la vie de ses créatures. Les plus simples, les plus imparfaits des animaux, suivant l'ordre de l'organi- sation, n'ont point, à proprement parler, de système ner- veux, visiblement au moins; mais la prompte conlractilité qu'ils manifestent, le sens du tact qu'ils exercent pour saisii* leur nourriture , et sans doute aussi je goût qu'on leur doit supposer, puisqu'ils savent rejeter ce qui ne peut les alimen- ter, tout annonce en eux des lueurs de sensibilité qu'on ne sauroit méconnoître , quoiqu'un célèbre naturaliste ait cru devoir les désigner sous le nom d'animaux apathiques ; quali- fication injurieuse plutôt que vraie. i.° Considérations sur V existence probable de ï élément nerveux chez leszoophytes. L'observation la plus attentive de la structuré interne de ces animaux de forme rayonnante , tels que les méduses ou acalèphes, les actinies et porpites, et surtout le^ échinodermes, comme les astéries, les oursins et les holothu- ries, présente en eux différens viscères, des sacs inteslinaujç ou des cavités creusées dans une chair plus ou moins glai- reuse, demi-transparente comme de la gélatine , et dont les fibres sont peu apparentes. Il y a des sortes de granulations un peu plus opaques dans ces masses charnues. M. Tiede-7 mann, qui a publié une anatomie des astéries, couronnée par l'Institut de France, est porté à croire que des lignes oa cordons blanchâtres , rayonnans, qui, partant d'autour de la bouche , parcourent l'étendue de chacun des cinq bras des étoiles de mer et des divisions des holothuries , sont une sorte de système nerveux, pulpeux ou peu consistant, de même Si6 • N E B que les chairs de ces zoophytes. En effet , si dans remLryon humain, jusqu'à trois ou quatre mois, l'intérieur du cerveau est rempli , au lieu de la pulpe cérébrale , d'une humeur gé- latineuse ou albumineuse comme du blanc d'œuf , lequel de- viendra plus opaque et plus épais ensuite (Harvey, de Générât. ^ p. 234. ) , tout comme la noix verte est gélatineuse avant d'ac- quérir l'élat d'amande , pareillement la matière médullaire Sera plus liquide chez des animaux si gélatineux, et plus solide chez les races de constitution plus sèche. Les polypes, les hydres montrent aussi dans leurs chairs transparentes de petites granulations, qu'on peut considérer comme des molécules nerveuses, de très-petits ganglions ou centres de sensibilité et de vie, répartis, ou plutôt mélangés et comme fondus dans la substance même de ces animaux , pour Timprégner de seusibilllé et de vie. On doit remarquer aussi que ces êtres sont non-seulement sensibles au moindre contact des corps , mais même à la lumière qu'ils recher- chent , quoique privés d'yeux. De plus, chacune de ces gra- nulations semble être telleiiiont un germe de vie , un centre de vitalité , qu'elle bourgeonne souvent , qu'elle répare les parties de l'animal qu'on ampute , et que l'animal divisé re- forme un tout, de même qu'une racine contenant divers germes ou bourgeons (une pomme -de -terre, par exemple ), incisée en un grand nombre de portions, reproduit de nou- velles plantes entières, comme par boutures. Il paroît donc très-probable que les zoophytes ne sont nul- lement dépourvus de l'élément nerveux, lequel, disséminé dans toute la masse de leur corps , le rend partout sensible, reproductible. Mais il n'y établit pas un centre unique, par cette disposition même , comme le fait le système nerveux coordonné des animaux dont l'organisation a plus d'unité , d'individualité , et présente des fonctions spéciales dans ses diverses branches, lesquelles se correspondent entre elles, ou se nouent l'une à l'autre, comme nous le verrons. Et s'il semble difficile de comprendre comment des molé- cules nerveuses , sans être contiguës dans le corps animal , peuvent cependant agir de concert , nous en verrons des exemples dans des parties d'animaux bien plus compliqués , même dans le coi-ps humain ; les dernières ramifications ner- veuses qui se distribuent aux muscles et à la peau, quelque déliées qu'on les suppose , puisqu'on ne peut plus les suivre même au microscope, ne sont pas sans doute tellement voi- sines qu'elles enveloppent tous les points du corps, tel qti un réseau ; cependant toutes ces parties sont ou deviennent sen- sibles ; ce qui a fait penser à Keii que les nerfs avoientune sorte d'aluiosplicre de .sensibilité qui s'étendoit à quelque distance N E R 5i7 eu:JC gan^lionlque , qualité commune à tous ceux qui sont plus élevés dans Téchelle de Torganisalion que les zoophyles, jusqu'aux vertébrés, chez lesquels nous ver- rons ca outre un second système nerveux plus compliqué encore. Ainsi, tous les animaux sans vertèbres, supérieurs aux zoophytes, ont des nerfs visibles, rattachés en un système unique par divers ganglions ; ce qui fait que les individus ne sont plus mullipliables ( à peu d'exceptions près) par bou- ture ou «livision , comme leszoophytes à molécules nerveuses dispersées dans leur économie. Il y a déjà des sexes séparés dans La plupart, et ainsi des accouplemcns; par cette raison, il faut quelques sens pour rcconnoilre d'autres individus de leur espèce, et une tête. H y a manifestement des instincts plus ou moins développés , c est-à-dire , des impulsions spon- tanées de l'organisation vers un but saluîaire à la vie et à la propagation de ces créatures. (F. Instinct). Mais, quoique ce système nerveux compose un tout unique par le moyen des ganglions ou nœuds qui rattachent les di- vers rameaux de ces nerfs distribués à toutes les parties du corps, ses forces vitales sont disséminées dans les organes; ceux-ci opèrent leurs fonctions sans être dirigés par la volon- té , ni une inlelligence, à proprement parler. C'est ainsi que,. 5x8 N E R pendant noire sommeil, le cœur, les poumons, nos viscères digestifs ou élaboraleurs, exécutent des opérations très-com- pliquées, sans rinlervenlion de nos facultés volontaires , mais par le moyen de notre système nerveux ganglionique , ap- proprié à ces fonctions involontaires. ( Elles composent la Fie organltjue de Bichat ). Ainsi , \ts, animaux invertébrés ne possédant que ce sys- tème ganglionique , ne jouissent que d'une vie involontaire , spontanée. Us sont régis par le seul instinct, et manquent de toute intelligence ou de faculté d'apprendre ; aussi sont-ils scwans dès leur naissance ; la nature les ayant construits de manière que leur système nerveux recèle toutes les directions 5^5 pondance d'affections et de sensibilité, tous les viscères in- testinaux; par ce moyen d'entretien, ce qui en blesse un seul fait compatir en même temps tous les autres ; et, par exem- ple , une matière acre ou empoisonnante descendue dans l'estomac, qui est placé sous l'empire du plexus solaire ou opisto-gastrique , entraîne tout le reste de l'économie en con^ sensus , par le moyen des communications nerveuses. ( Voyez. la suite de cet article où nous traitons des sympathies .) Le système nerveux sympathique de l'homme et des ver- tébrés n'est point, comme l'ont pensé la plupart des physio- logistes jusqu'à Bichat , une dépendance du système nerveux cérébro-spinal , quoiqu'il s'anastomose par des ganglions , soit avec les trente paires de nerfs spinaux , soit avec la cin- quième et la sixième paires de l'encéphale, avec le glosso- pharyngien et lepneumo-gastrique, ou la paire vague. 11 pos- sède une existence tellement indépendante , qu'il conserve son action non interrompue dans le sommeil et la veille ; qu'il n'est même pas susceptible de paralysie , comme le système cérébro-spinal ; qu'enfin il agit sans le concours de la volonté , tandis que l'autre est exclusivement subordonné au libre arbitre. Considéré par rapport au système .cérébro-spinal et à l'arbre circulatoire , l'appareil nerveux ganglionique n'offre que de petits rameaux extrêmement entremêlés dans les in- testins et autour des gros troncs artériels et veineux ; tandis que les nerfs cérébro-spinaux, en général , sont plus volumi- neux , ont des trajets plus réguliers , plus symétriques dans les membres où ils se distribuent , et se trouvent en relation avec des vaisseaux sanguins d'un très-petit diamètre. Ils sont ainsi appropriés | davantage au système de la circulation capillaire des extrémités vasculaires ; tandis que l'appareil nerveux sympathique préside plutôt aux gros vaisseaux inté- rieurs, dont ils modifient peut-être le calibre et font varier l'écoulement. C'est ainsi que peuvent s'expliquer les troubles de la circulation dans les passions. Ce système sympathique , si irrégulier dans sa distribution , est associé à tous les organes non symétriques des animaux, et le moteur premier de la vie interne, nutritive ou répara- tive. Il est si indifférent aux relations extérieures , qu il ne manifeste pas même de douleur vive quand on coupe ses filets ou qu'on arrache ses ganglions ; nulle irritation des nerfs du ce ur, du tube alimentaire, quelle qu'elle soit, sinon par ^.vers poisons, n'accroît le mouvement naturel de ces or- ganes; ce sont plutôt les passions ou dos matériaux alimen- t.'ires plus ou moins excilans (Caldani, Insfii. anaiom.^ tom.a, art. 34.7) qui mettent en action ce système nerveux; c est ainsi S2G N E R qu'il se montre violemment affecté dans les coliques, les em- poisonnemens et autres irritations du tube intestinal. Allons plus loin , le système nerveux sympathique nous paroît imprimer le branle de la vie au système nerveux céré- bro-spinal lui-même, quoique celui-ci soit plus volumineux. En effet, l'action persiste dans nos viscères, non-seulement pendant le sommeil, l'apoplexie (bien que le système céré- bro-spinal ait cessé d'agir), mais même quelque temps après la mort, au point que la conlractilité intestinale subsiste en- <;ore, et que la digestion s'achève. De plus, l'arbre artériel ou circulatoire est placé spécialement sous la dépendance du système nerveux sympathique , de telle sorte que les ramifi- cations artérielles en sont accompagnées jusqu'auxextrémités, et conduites jusque dans le cerveau , dans le centre des masses médullaires du second système nerveux ; mais jamais le sym- pathique ne pénètre dans les muscles volontaires. Puisque ce sympathique modère ou excite la circulation du sang , il régit en quelque manière l'activité du système nerveux cérébro-spi-» nal,quine reçoit sa vie que du sang artériel ou oxygéné trans- mis parla circulation : le cerveau tombe, en effet, en léthar- gie ou en collapsus, quand il reçoit du sang noir ou veineux. Une autre preuve eo existe dans les passions , telles que la colère, la joie excessive , la terreur, etc. ( Voyez Rahn, De miro inter r.aput etviscera ahdominis commercio ; (iotting. 1771 ; et dans Ludwig, Scriplores neurol. viinores , etc. ; Wrisbcrg, De JSeivu phrenico ; AVallher, Nervi ihor. et ahdominis , etc. ) ; elles troublentsur-le-champ la pensée et la volonté, accrois- sent ou abattent l'influence des nerfs cérébro-spinauic sur les muscles de la vie extérieure ; de plus, l'opium, les spiritueux dans l'estomac, transmettent au cerveau, par ces nerfs du grand sympathique, soit le sommeil, soit l'exallalion de l'ivresse : toutes preuves de son influence manifeste. C'est donc , selon nous , l'appareil des nerfs tri-splanch- niques qui excite l'arbre nerveux cérébro-spinal dans le réveil ; et au contraire, si cette influence cesse , l'animal dort. Néan- moins , par une réciprocité d'action chez les animaux verté- brés , les nerfs de l'arbre cérébro-spinal réagissent sur les viscères intérieurs , et se rattachent aux tri-splanchniques , comme les nerfs cardiaques et pelviens , les phréniques et surtout les pneunm-gastriques (ou paire vague, 8.* paire), avec ses rameaux pharyngiens et pulmonaires, puis les trente paires de nerfs de l'épine; en sorte que l'action du cœur, des poumons, et sans doute de plusieurs viscères abdominaux , selon les expériences de Legallois , est entretenue aussi par celle de la moelle allongée et cpinière. Ainsi s'établit le cercle N E R 527 de la vie, ainsi se communiquent les deux systèmes nerveux pour l'harmonie de toutes les fonctions. Dans l'homme et les autres vertébrés, le système nerveux ganglionique , considéré en général , se compose de deux principaux cordons, Tun à droite, l'aulre à gauche, s'éten- dant de chaque côté des vertèbres, dans les cavités thora- chique, intestinale et pelvienne , depuis la base du crâne jusqu'à l'extrémité du sacrum. Ces cordons sont tantôt £;rêles ou minces , ou plus renflés et subdivisés, et parsemés d'es- pace en espace de tubercules ou nodosités appelés Ganglioisis ( F. ce mot), qui reçoivent le plus ordinairement des ra- meaux de nerfs spinaux ou encéphaliques , et transmettent à leur tour des fdels ramifiés, et souvent divisés en lacis ou plexus, aux différens viscères de la poitrine , de l'abdomen et du bassin. Ce système très-compliqué embrasse non-seu- lement les viscères et les assujettit à des relations sympa- thiques très-intimes, mais encore il suit les troncs artériels et leurs divisions, pour modifier probablement la contracti- lilé de ces canaux et le cours du sang, comme on l'observe dans les troubles des passions. A la base du crâne est placé d'abordleganglioncervicalsupérieur, plus gros que les autres; c'est lui qui tient lieu du cerveau chez les animaux invertébrés. Au bas du col se trouve le ganglion cervical inférieur, qui souvent est double ; ces centres nerveux reçoivent beaucoup de filets des parties environnantes , et ce sont, à leur égard, de petits cerveaux. Cette opinion sur les fonctions des ganglions a été soute- nue, surtout par Johnstone {^Essay on ihe use ofthe ganglions ^ Lond. , 1 77 1 , 8.0 ) , et remonte à Willls ; elle a été défendue par Lecat ( Traité de l'existence de la nature et des propriétés du jluide neiveux^ Berlin , 1765 , 8.") , par Soemmering et d'au- tres auteurs, jusqu'à Barthaz. Ces ganglions paroissent uni- quement appartenir au grand sympathique de la vie végétative ou interne des animaux (Ueil, Arrjiii>. fiir physiol. , Band. VII , part. 2, p. 2 10), et reçoivent , comme autant de centres, l'ac- tion nerveuse \ ils soustraient tout ce système organique à la sensibilité ordinaire dont on a la perception. Par la même cause , les ganglions défendent les nerfs qui y aboutissent de l'action de la volonté; aussi ces nerfs ne se rendent ils point aux organes volontaires. Les plexus ne sont que des ganglions à mailles très-lâches ou dilatées ; car le lacis nerveux , en se resserrant ou se pelotonnant , compose un nœud ou vrai ganglion, avec des vaisseaux sanguins et du tissu cellulaire. Toutefois cette. structure interne du ganglion en fait surtout un centre de renforcement , duquel émanent de nouveaux rameaus aerveux , plutôt qu'un foyer cérébral proprement 528 N E R dit, comme l'observe Scarpa (De Nervomm gangliis et plexibus ^ Mutinae, 1779 , et Pfeffinger, Be Stmcturâ netv. , Argentor., 3782). Et, en effet, il y a des ganglions dans les nerfs de la moelle épinière et des sens, appartenant ainsi aux organes volontaires et au système des nerfs dont la sensibilllé esl Irès- perceptible au moi. Il existe pareillement des nerfs cérébraux qui n'excitent aucun mouvement volontaire, comme l'acous- tique, l'optique, l'olfactif, etc., bien qu'ils n'appartiennent point au système des ganglions. Mais nous ne parlons ici que de l'embranchement général , connu sous le nom de grand SYmpathique. Parvenu dans le thorax, le cordon intercostal reçoit des rameaux anastomosés de chacune des paires des nerfs spi- naux , par autant de ganglions. Du sixième au douzième, on les voit fournir successivement chacun un rameau pour com- poser deux cordons qui passent à travers le diaphragme pour pénétrer dans l'abdomen. Le premier de ces cordons forme le grand splanchnique qui, derrière l'estomac et sous le dia- phragme , donne le ganglion semi-lunaire ou surrénal. De celui-ci partent, en rayonnant, une multitude de rameaux qui se subdivisent et s'anastomosent diversement en formant de plus petits ganglions rougeâtres pour répartir des rameaux vers le mésentère , le diaphragme et les reins. Enfin , il en résulte sur l'aorte et les piliers du diaphragme un grand lacis ou plexus , centre nerveux remarquable , nommé solaire à cause de sa forme un peu rayonnante , par Willls (le plexus médian oa opisto-gastrique de Chaussier), duquel partent en- core des trousseaux inférieurs pour des plexus secondaires. Ce centre nerveux, situé près du cardia ou l'orifice supé- rieur de l'estomac, qui traverse le diaphragme, a été con- sidéré comme l'un des principaux ressorts de la machine animale , et le siège de toutes les affections que l'on rapporte au cœur. C'est au cardia et à ce centre phrénique (au creux de l'estomac), que Vanhelmont plaçoit son archée directeur de toute l'économie, que Buffon et Lacaze établissoient le foyer de la vie et l'âme , comme les anciens : I tique sifuisi medià regione in pectoris haeret : Hic exaultat enim pavor ac metus , haec loca circùm Lsetitiae raulcent. LrcRÈcE. Rcr. nat. 1/6. III. En effet, on éprouve en cette région précordiale le contre- coup des passions : toutefois les oiseaux, les reptiles et \e& poissons manquant de diaphragme , leurs plexus nerveux sont tm peu différemment disposés que ceux des mammifères, et ils y doivent autrement ressentir l'effet des passions. N E R 539 M. Gall prétend, au contraire , que les passions rcsident dans le cerveau , et non dans le système des ganglions , qui existe déjà très-développé chez les animaux sans cerveau ,• dans lesquels il seroit difficile, dit cet auteur, de supposer des passions ( Anaiom. et Physiol. du Système neiveux^ Paris , 1810, fol, tom. 1); cependant qui ne sait que les moindres zoophytes , les vers, les insectes, ressentent la crainte, le désir, l'amour, etc.? Il y a donc des passions chez les êtres les moins capables même d'idées et de réflexions ; car les passions appartiennent à l'Instinct et non à la volonté. Après le grand plexus du cardia , se rencontre le petit splanchnique , ou l'accessoire de Walther ; il émane de ra- meaux tirant leur origine des dixième et onzième ganglions thorachiques. Dans la région abdominale , le grand sympathique y de- vient moins complexe ; il reçoit des rameaux des paires de nerfs lombaires et sacrés ; de là naissent divers plexus, l'aor- tique , les deux sous-dlaphragmatiques , le coronaire stoma- chique , ceux de l'artère hépatique et de la splénique , enfin les mésenlériques supérieur et inférieur ou colique , les ré- naux et surrénaux ; les testiculaires dans le sexe mâle , ou ceux de l'ovaire chez les femelles ; les hypogastriques ou pel- viens, etc. Cette distribution , quoique se dégradant successi- vement jusqu'aux poissons , existe chez tous les vertébrés. 2.° Du Système nerveux cérébro-spinal des vertébrés. Ce grand appareil, presque uniquement destiné à mettre l'animal en rapport avec l'univers ou les corps extérieurs, a pour fonc- tions spéciales les sensations et les mouvemens volontaires des membres, ainsi que l'exercice des facultés intellectuelles propres à les diriger. Il se compose donc du cerveau , du cervelet , de la moelle allongée et spinale dans le canal des vertèbres, puis des nom- breux rameaux de nerfs sortant soit de l'encéphale, pour se rendre aux organes des sens , soit de la moelle spinale , soit de l'un et de l'autre en môme temps , afin d'animer toutes les parties extérieures du corps , et surtout les muscles volon- taires. Nous ne décrirons pas ici en détail les parties de l'encé- phale {Voyez Cerveau); il suffit de considérer qu'il est essentiellement formé , dans les plus simples des poissons , de tubercules placés lun après lautre comme des grains pairs de chapelet , hors le cervelet qui est toujours impair. Ainsi on voit en avant deux nœuds ou renflemens forniés par les nerfs olfactifs à leur origine, si volumineux quelquefois qu'on a pu les prendre pour le vrai cerveau chez les chondropfé- rygiens. 1,1 y a constamment deux hémisphères, mais irès- xxu. ^ S3o N E R petits et sans circonvolutions à leur surface ; le ventricule àe chacun d'eux montre , dans son plancher, l'analogue des corps cannelés ; les couches optiques sont également situées au- dessous des hémisphères. Derrière le cervelet , à l'origine de la moelle allongée , apparoissent deux ou quatre tubercules donnant naissance à plusieurs paires de nerfs ; ces tuber- cules, et les nœuds du nerf olfactif, distinguent le cerveau des poissons , ainsi que la position des couches optiques vers sa base. Celui des reptiles offre un cervelet qui ne contient point l'arbre de vie , non plus que celui des poissons ; il ne présente aussi des circonvolutions en aucune de ses parties. Les héml- sphèresne recouvrent point les couches opticjues placées der- rière eux, les tubercules quadrijumeaux manquent. Dans les oiseaux , l'encéphale se compose de six proémi- nences principales : le cervelet , qui n'est point caché sous les hémisphères , a des stries transversales et un arbre de vie , mais moins composé que celui des mammifères ; en arrière , se voit la moelle allongée -, en avant , sont deux hémisphères très-renflés, en forme de cœur, doné^a pointe est vers le bec. On n'y voit point de circonvolutions ; les deux couches placées sous les héuiisphèrcs, n'en sont point en- veloppées; il n'y a ni corps calleux, comme dans les ovi- pares précédens , ni voûte , ni cloison transparente, mais les nates agrandis et de petites éminences arrondies existent entre les corps cannelés et les couches optiques, comme chez les poissons. Les mammifères ont des hémisphères volumineux, avec des circonvolutions -, leur cerveau contient des parties qui ne se rencontrent point chez les ovipares (oiseaux , reptiles » poissons ) , tels que les corps calleux ou mésolobe, la voûte, les cornes d'Ammon, le ponldeVarole. Les couches optiques placées en dedans des hémisphères, manquent de ventricules; il y a des tubercules naies et testes entre ces couches et le cervelet. Ce qui distingue les animaux vertébrés de toutes les autres classes , par rapport au cerveau , est la division constante en deux hémisphères , deux couches optiques et un cervelet. Les appendices des corps cannelés en forme de voûte, com- posent ces deux hémisphères dont le rendement ou le dé- ploiement plus ou moins considérable , attribue à l'animal plus ou moins de développement intellectuel ; aussi l'homme en possède de plus vastes que tous les autres animaux , et à mesure que ces hémisphères diminuent d'étendue , en des- jûendanl Téchelle de l'organisation , les autres tubercules ou N E R ' K3t lobes de l'encépliale , apparoissent plus distincts et plus sé- parés au premier aspect. Dans l'homme ei les animaux vertébrés , le système ner- veux cérébro-spinal est svm*î'rique de chaque côté. Il sort du cerveau une moelle allongée, cylindrique , laquelle des- cend le long du canal pratiqué dan» les verlèbres, en s'amin- cissant jusqu'au sacrum. Elle transmet, ainsi que l'encéphale, un grand nombre de paires de nerfs à (ous les organes du mouvement volontaire ou des membres , de manière qu'en considérant dans son ensemble cet appareil , il semble com- poser une sorte d'arbre , dont le bulbe ra et 4.« paires cervicales , sont distribués à peu près de même chez tous les mammifères. Dans riiomrae , le concours des quatre dernières paires de nerfs cervicaux et la première dorsale forment le plexus bra- chial , dont les faisceaux donnant neuf séries principales, se dislribuent au bras et aux muscles circonvoisins. Chez les autres mammifères , la cinquième paire cervicale ne concourt point a tonner ce plexas , et dans les oiseaux, il n'y a plus que U dernière paire cervicale et deux dorsales qui compo- Ho N E R sent cet enlrelacement en un seul faisceau pour l'aile. Chez les reptiles et les poissons , le bras et la nageoire pectorale reçoivent également des paires de nerfs vertébraux qui se ra- mifient fort diversement , selon le jeu de ces membres aux- quels ils se répartissent , et par exemple , chez les raies , qui ont des sortes d'ailes cartilagineuses, quarante paires de nerfs vertébraux concourent à former de gros cordons qui disper- sent autant de filets qu il y a de rayons dans leurs vastes na- geoires. Les nerk crnroux, dans les mammifères, proviennent d'un plexus né du concours des quatre dernières paires lombaires et des quatre premières du sacrum , comme chez l'homme ; ils forment deux faisceaux; la portion supérieure est la lom- baire, l'inférieure est la sacrée ; chacune fournit quatre sé- ries de rameaux qui se répar.issenl à tout le membre abdo- minal ou la cuisse et le pied. Quoique un peu moins compli- qué, le plexus crural des oiseaux suit une distribution analo- gue; leur nerf sciatique, ordinairement le plus gros du corps , d:\us tous les vertébrés, vient aussi des paires pelviennes, et suit la direction du fémur. Dans la grenouille qui a de fortes cuisses, trois paires lombaires et pelviennes forment h', plexus fémoral. Les poissons reçoivent , à leur nageoire ventrale , qui représente. leur pied , des nerfs provenant au>si des paires vertébrales, et qui se partagent selon le nombre Ats rayons. Il devient peu important ici de poursuivre les détails de réparlillon d'une foule de rameaux nerveux , dans les muscles et les autres parties du corps, pour les animer selon la vo- lonté. ISous parlerons seulement plus loin de ceux qui concou- rent aux sympathies. § IlL De la. Sensibilité , ou du Système nerveux considéré en action. Pour que le corps animal exerce sa sensibilité, il faut plu- sieurs conditions nécessaires : D'abord, son ou ses systèmes nerveux doivent jouir de l'in- tégrilé de leurs parties , au moins dans l'organe qui éprouve l'impression , dans le nerf qui la transmet, et dans le cer- veau ; ou, chez les espèces invertébrées, dans le centre qui la reçoit. En effet , toutes les expériences prouvent que la sen- sation remonte vers le cerveau ou la moelle épinière , tandis que le mouvement de la volonté en descend , au moyen des cordons nerveux. On voit, dans plusieurs cas, les douleurs suivre le trajet ascendant d'un nerf, et l'irritation convulsive, dans l'épllepsie, se propager d'une extrémité jusqu'au cer- veau; ainsi la douleur héniorroïdalre ou crile d'une f..'lule à i'auus remoiilc par k- grand sympathique vers la tôle , cl les N E R 5^1 nffoclîons de l'utérus causent des resserremens spasmodiqiies à la gorge , etc. Le contraire n'a pas lieu. Mais si l'on tranche le nerf, si seulement on le comprime par une ligature , s'il est pressé de quelque nodosité ou tu- meur , par un épanchemcnl de liquides entre ses enveloppes, comme dans les névralgies scialiques, il n'envoie plus au cer- veau l'impression. Quand le nerf cubital a été comprimé par un choc, nos doigts peuvent à peine sentir et se reuiuer, jus- qu'à ce que l'influence nerveuse se soit rétablie par des four- millemens incommodes. De même la cécité peut être due à la compression des nerfs optiques. Pareillement , la moelle' épinière gênée par quelque collection de sang ou de lymphe, rend insensibles et paralytiques toutes les parties inférieures au point de la compression, La ligature des nerfs récurrens , qui Se distribuent au larynx, rend les animaux muets, parce que les muscles de leur glotte en sont paralysés ; la voix re- naît si cette ligature est ôlée. Quelquefois le nerf perd la faculté de sentir, en conser- vant celle de mouvoir qui semble être moins délicate. Ainsi , des paralytiques agitent encore quelque peu un membre qui déjà ne sent plus ( Deidier , Anaiomie , p. 232 , Scnac, Traité du cœur ^ tom. 2 , p. 292 ). Quand tout mouvement a cessé, la paralysie paroit plus incurable que si elle est bor- née à l'extinction du sentiment. De même , dans l'action du froid, qui est l'ennemi des nerfs , comme le remarque Hip- pocrate , le sentiment commence par s'engourdir ; puis , le mouvement qui survivoit ne s'arrête que quand le froid de- vient excessif. On sait que les nerfs , non-seulement compri- més , mais même coupés , se ressoudent comme des autres parties; alors le mouvement seul peut se rétablir quoiqu'ils ne puissent plus transmettre lesenllment( îlaigton , Philos, tnms.^ an 1795. ) ; ceci a fait soupçonner que le mouvement se pra- pageoit par le névrilème ou l'enveloppe nerveuse , et le sen- timent , par la pulpe médullaire intérieure , interrompue en ce cas par la cicatrice. On sait d'ailleurs que cette pulpe est la seule substance qui jouisse de la sensibilité. ( C'est ainsi que cette pulpe comprimée par l'infiltration d un suc aniuial, entre le tissu cellulaire de ses enveloppes , ou par une sorte d'hydropisie , éprouve une douleur vive comme dans la scia- tique , Cotunni, de hcfiiade nervosd ^ Commeutar. , Wianne y 1770 ). En d'autres cas de paralysie , le sentiment survit en- core à la faculté motrice qui est abolie. Il faut remarquer aussi que la circulation diminue beaucoup dans les membres pa- ralysés, qu'ils maigrissent , qu'on y ressent un froid morbide, tant la puissance nerveuse est le principal excitateur de la vie et des fonctions réparatrices ! 542 N E R Divers physiologistes ont pensé toutefois qu'il y avoit des nerfs uniquement consacrés au sentiment, et d'autres , au seul mouvement ; si les nerfs optique, olfactif et acoustique n'ont que la fonction spéciale de sentir, beaucoup d'autres sentent et font mouvoir en même temps : tels sont ceux du bras , qui se distribuent aux doigts ; tel est le rameau de la cinquième paire qui sert au goûl et au mouvement de plusieurs muscles. Ces nerfs du mouvement ne tirent point les muscles eux-mê- mes, car jamais nerf ne se contracte, et d'ailleurs les mêmes troncs envoient souvent des rameaux à des muscles antago- nistes. Tous ceux qui transmettent les sensations ne se ren- dent pas également au cerveau directement , puisque ceux du tact de la peau, émanent la plupart de la moelle spinale, laquelle envoie ensuite ces sensations à ce grand foyer de l'intelligence. On sait que l'homme et tous les vertébrés ont cinq sens ou portes extérieures ouvertes sur les objets de l'univers. Plu- sieurs mollusques sont privés de l'odorat, quoique quelques- uns conservent encore la vue et l'ouïe, avec les autres sens. Les crustacés paroissent les avoir tous , mais l'ouïe n'a point d'organe connu chez les insectes à métamorphose , quoique plusieurs en jouissent manifestement. Enfin les plus impar- faits des animaux ne possèdent plus que le godt et le tact qui ne manquent à aucun, ces sens étant les gardiens les plus in- dispensables à l existence. ( Voyez Seîns. ) Le tact est spécialement approprié aux corps solides; le goiîi , aux substances humides ou liquides; i odorat , aux va- peurs ou exhalaisons; Vou'ie, aux ébraniemens de l'air; la vue , à la luaiière : ainsi se fait une progression successive de plus en plus délicate d'objets apercevables à nos sens. Il en résulte (jue le taci et le goût n'aper<^oivent que des substances en contact immédiat, quoique le goût démêle déjà des mo- lécules plus fines ; l'odorat juge ensuite des corps plus éloi- gnés ; l'oreille en aperçoit par les bruits ou les sons , de plus écartés encore ; et la vue enfin , s'étend à la dislance im- mense des étoiles fixes , et par ce moyen agrandit infiniment la sphère de toutes nos idées. Ainsi , plus les sens devien- nent subtils et relevés , plus ils ont d'étendue dans leur ac- tion , surtout la vue et Touïe qui s exercent au moyen d'é- Lranlemens ; mais les sens qui ne s'opèrent que par des contacts sur des membranes , l'odorat, le goût et le tact, ont un champ plus resserré ; et même l'odorat, le goût ap- partenant plus spécialement aux fonctions internes de nutri- tion , ne concourent pas autant à la production de Tintelli- gence que les autres sens. De là vient que le goût , surtout , prédomine cher les brutes et les hommes qui leur ressem- N E R 5^3 Lient. Il en est de même pour le tact vénérien. Les autres sens qui ont des rapports si immédiats avec le cerveau , comme la vue , l'ouïe, ou des relations variées et très-éten- dues , comme le tact , offrent les matériaux les plus précieux et les plus abondans à l'intelligence ; ils affectent davantage la sensibilité morale. Parvenues au cerveau , les impressions n'y sont reçues et l'animal n'en a la conscience dans son moi^ qu'autant que ce centre jouit de toute son intégrité et de son énergie. En effet, pendant le sommeil, les sens extérieurs seroient en vain frap- pés ; il faut un état particulier d'activité dans ce centre ; il lui faut entière liberté dans ses fonctions. Ainsi lorsqu'il est comprimé par une trop étroite capacité du crâne , comme chez les idiots, les stupides crétins, dont Malacarne atrouvé les os de la base du crâne très-resserrés , de même que l'oc- ciput {Opuscoli scelli^ Milano 17S9, în-^."^ tom. 12 , part. 3, p. 14.8 , sq. ) ; lorsqu'il existe des concrétions de phosphate de chaux, soit à la glande pinéale, soit à d'autres éminences, ou des hydatides, ou un épanchcment de sérosités comme chez les hydrocéphales; s'il s'y rencontre une collection de pus ou de sang; si ce dernier liquide est injecté soit dans les plexus choroïdes , soit ailleurs , comme dans les apoplexies fou- droyantes; s'il y a quelque épine osseuse ou esquille qui dé- chire ou irrite sans cesse les méninges, ainsi qu'on l'a re- marqué chez des épileptiques ; si le cerveau est détruit par quelque érosion , s'il s'y forme un squirrhe , un abcès par suite d'un coup, d'une commotion vive, il est impossible que les sensations y soient nettement aperçues. Ces causes mor- bides rendent plus ou moins raison de l'état de stupidité , des délires maniaques et frénétiques , ou des divers degrés d'aberration mentale et d'hallucinations singulières qu'offrent beaucoup d'individus. On a souvent expérimenté que la compression du cerveau plongeoit dans l'affaissement , la stupeur, le coma , et même jetoit dans l'apoplexie; puis le réveil et la faculté de penser renaissent quand la compression cesse. La paralysie peut être également le résultat d'un épanchement de sang ou de sérosité vers l'origine des nerfs, ce qui les empêche de trans- mettre l'activité aux membres. Les spasmes seront l'effet de quelque irritation, d'un tiraillement ou déchirement, soit des nerfs à leur origine cérébrale ou spinale , soit de leur enve- loppe pie-mère ou névrilème. La condition de veille ou d'excitation du cerveau et de la moelle spinale paroît être d'abord le résultat de l'influence du système nerveux ganglionique , comme nous le dirons plus loin ; mais cet état d'excitation s'entre lient surtout au moyen sa ^' T'- V. d'un snng aiiéru'l ou oxygéné. En effel , sî l'on ne Inîsse ar-' river au cerveau que tlu sang noir ou veineux, dépouillé de son oxygène , Tanimal tombe dans l'asphyxie , le œllupsus , l'anaisiliésie la plus complète.- Il est ravivé , au conlraire, par du sang rutilant ou enrichi d'oxygène. Ce principe semble donc êlre l'excitateur le plus éminent de la puissance ner- veuse ousensitive. On remarque, en confirmation de cette opinion , que les animaux doués de poumons et d'une vaste respiration , les mammifères , les oiseaux qui ont le sang chaud, jouissent d'une sensibilité plus énergique , d'une ca- ' pacité cérébrale plus étendue que les espèces à sang froid , dont les poumons celluleux ne reçoivent qu'une petite partie de sang , tels sont les reptiles, ou dont les branchies ne sé- parent que peu d'oxygène au milieu de l'eau, tels sont les poissons. Enfin les animaux invertébrés n'étant arrosés que d'une lymphe blanchâlrc , peu oxygénée dans leurs branchies ou leurs trachées, ne peuvent communiquer, par ce fluide , qu'une foible excitation à lem- système nerveux. Mais est-ce, au contraire, parce que ce système est natu- rellement imparfait , que les fonctions de ces animaux lan- guissent et que leur chaleur vitale est si foible ; car celle-ci devient plus élevée chez les espèces à système nerveux très- développé. En preuve de ce sentiment, on représente que la compression d'un nerf produit du froid dans les parties sous-jacentes auxquelles il se distribue; la circulation, la nutrition s'y ralentissent beaucoup, ainsi qu'on 1 observe dans les membres paralysés qui s'atrophient. Cependant on ne doit pas conclure , comme on a cru pouvoir le faire , que les nerfs éloient les conducteurs de la chaleur et du suc nourri- cier dans toutes les parties ; car il faudroit que les plus ner- veuses fussent les plus échauffées et les mieux nourries, ce qui n'est pas; les plantes se nourrissent bien sans nerfs, ainsi que les zoophyles qui n'en montrent guère ; enfin la ch.iKur animale paroît être surtout en rapport avec la quantité de respiration ; mais l'activité nerveuse accrue dans une région quelconque du corps , y augmente la chaleur, l'afllux des hu- meurs, la quantité des frotlemens, comme l'augmentation du sang artériel avive h son tour le système nerveux. Ainsi s'en- tretient le cercle réciproque de la vie. D'ailleurs , la chaleur favorise autant le développement de la sensibilité générale , que le froid l'éteint au conlraire. Aussi les animaux à vaste respiration , ayant plus de trente- deux degrés de température , comme les oiseaux, sont-ils très-sensibles , très-vivaces , très-amoureux ; ils jouissent de beaucoup d'activité cérébrale et nerveuse. Les mammifères, favorisés en outre par une structure encéphalique , plus cou- N E R 545 venable au déploiement de l,'inlelligence , manlfeslent des facultés supérieures à toulesles autres classes. Ainsi, lorsque l'activité de la respiration et de la circulation est considéra- ble , comme dans la jeunesse , cette fièvre de la vie , la sensi- bilité est extrêmement exaltée. Partout où le sang s'accumule comme en une partie enflammée , par exemple , l'œil dans rophlhalmif^, l'oreiile dans l'otalgie , le doigt dans le pana- ris , les organes génitaux par l'érection, la sensibiiilé s'y avive excessivement , et les moindres contacts y paroissent ou très-vifs, ou même douloureux. 11 n'y aurolt pas sensa- tion si les extrémités nerveuses n'étoient pas tendues, et, comme attentives à l'impression. C'est ce qu'on remarqua, pour les papilles de la langue qui se dressent ; elles ne irans- metloient pas les saveurs , par exemple , chez un somnam- bule occupé d'autres objets que des dragées qu'on mettoit en sa bouche et qu'il rejetoit. Ainsi le système nerveu'x est sus- ceptible d'érection ( Hebenstreit, De tiirgorc vilull , Leipz. , lygS, p. 7 ; Zollikofer, De sensu r.xterno , Hall. 1794^ ?• 4^ ». et surtout Ijordeu, dans son Traité des glandes. Pareillement le cerveau peut être excité avec violence par une inflammation, comme dans la frénésie. On a vu des sols devenir alors hommes d'esprit (Pvobinson , Ofihe spleen,^. 71). Aussi les habitans des climats méridionaux voient beaucoup de fous parmi eux; ils ont l'esprit plus exalté que ceux des climats froids , et l'on observe que les Européens voyageant sous les tropiques , deviennent plus spirituels, lorsque le so- leil violent de la torride frappe à plomb sur leur tête. Les Crétins mêmes, si stupides,si indolensen touttemps, devien- nent furieux dans les gorges des Alpes où les rayons solaires se concentrent, en été , comme dans une fournaise. Enfin ce qui prouve que la chaleur, par elle-même , indépendamment du sang artériel , devient nécessaire pour maintenir l'activité nerveuse, c'est que le froid vif plonge beaucoup d'animaux dans la torpeur, en hiver, comme les loirs, les marmo!- tes , etc. V. HtvERNATioN. Cependant leur respiration n'est nullement interceptée, mais elle se ralentit excessivement, ainsi que la circulation, parce que les fonctions nerveuses qui y présldoient sont abattues par la froidure. Cette chaleur, néanmoins , si elle est trop considérable ou trop continue , dissipe la sensibilité. On en a la preuve chez ces individus pareisseux ou presque incapables de tra- vail pendant les grandes chaleurs , et sous les climats les plus ardens ; les habitans y font la sieste. De même il y a des ani- maux qui s'engourdissenlparaccablementdechaleur, comme les tenrecs de Madagascar (^ennace.as , Linn.). Ce n'est pss uniquement leur puissance motrice qui est affaissée , mais XXfi. 35 546 N E R aussi leur sensibilité propre ; car les méridionaux , par exem- ple , recherchent par besoin des saveurs , des odeurs , des impressions extrêmement énergiques , qui seroient doulou- reuses et insupportables pournous.Aussisont-iis blasés, épui- sés, vieux de bonne heure. La qualité de la sensation varie encore suivant la délica- tesse des tissus qui reçoivent l'impression. ïl est évident que les individus encroûtés d'une peau épaisse , tels que les animaux pachydermes^ ont le tact fort obtus ; de même, les personnes trop grasses, celles à fibres musculaires grossières et comme racornies , telles que chez les forts de halle , ont des sensations obscures ; leurs nerfs sont , pour ainsi dire , ensevelis sous des chairs et du lard , ou détrempés dans des liquides trop abondans pour que les contacts soient immé- diats. Voilà pourquoi les gros animaux ont , en général , moins de sensibilité, de vivacité que les petites espèces (outre que des petits membres sont plus agiles et qu'il y a plus d'unité de vie); les géans, et particulièrement les indi- vidus à cou allongé , comme chez les oies , les autruches , ont une petite tête, le sang n'est pas envoyé abondamment , ni très échauffé au cerveau ; ils sont plus ou moins lents à s'émouvoir et souvent stupides , tandis que les personnes de courte taille et à cou presque nul ont la tête chaude , selon l'expression vulgaire, ou une irritabilité prompte à s'émouvoir. C'est particulièrement à chaque expiration que le sang est retenu le plus abondamment au cerveau ; on le voit se gon- fler alors dans les fortes expirations et les efforts de la toux qui accumulent le sang dans les carotides. On observe encore que la sensibilité est plus vive sur les parties où les houppes nerveuses s'épanouissent presqu'à nu, comme à la langue , à la membrane nasale , à l'urèthre et au pénis, ou au clitoris, au mamelon, aux lèvres, etc. Il est vrai qu'il s'y ramifie un grand nombre de nerfs et de vais- seaux sanguins. Les parties les moins sensibles en l'état de santé , telles que les os, les tendons etligamens capsulaires, deviennent impressionnables quand elles sont enflammées. En effet, partout où le sang artériel afflue , y cause chaleur, rougeur, tension, là s'accroît l'énergie nerveuse, au point que les yeux très-enflammés peuvent voir clair dans l'obscu- rité. Les dents elles-mêmes sont impressionnables , puis- qu'elles s'agacent. Quoique tout le corps soit sensible , plus ou moins dans tout ce qui n'est point appendice de la peau, tels que les poils et cheveux, ou l'extrémité des ongles , des cornes , etc. Cependant il n'est pas tout nerveux , comme le disoient Wepfer et Bocrhaave. II est certain qu'on n'a trouvé aucun. N E R 547 nerf an placenta, au chorion , à toutes les autres enveloppes du fœtus, bien qu'un auteur en ait supposé l'existence ( Schœffer , De prœsentiâ neivor. in secundis, etc.) ; les ménin- ges , telles que la dure-mère et l'arachnoïde n'en montrent pas ; mais quoique insensibles dans l'état naturel , on doit croire qu'elles ne le sont nullement dans l'état maladif, pen- dant les migraines, les céphalalgies violentes. Enfin \gs organes n'ont pas toujours une sensibilité correspondante à la quan- tité de leurs nerfs ; car les viscères , le mésentère , le tube intestinal , quoique embrassés de toutes parts d'une multi- tude de nerfs , sentent fort peu ; il est vrai que ce sont ceux des ganglions , les moins soumis à l'influence cérébrale , ou au foyer des impressions ressenties. D'ailleurs , si les nerfs sont , comme nous l'avons dit , sus- ceptibles d'érection pour mieux sentir, l'attention , la vo- lonté , l'imagination peuvent plus ou moins diriger l'influence sensitive sur tel ou tel organe. Par exemple, un homme affamé voit un met appétissant , Veau lui vient à la bouche , c'est-à-dire , que ses glandes salivaires entrent en jeu, les papilles du goût se redressent et appellent la saveur. De même le mammelon maternel se dresse et fait quelquefois jaillir le lait dans la bouche du nourrisson qui s'en approche. L'habitude , le travail , l'exercice appellent encore plus ou moins un grand degré de {finesse soit dans l'ouïe du musi- cien , l'œil du peintre , la main de l'artisan habile , etc. De plus, les extrémités nerveuses ne sentent point de la même manière tous les agens ; chaque tissu organique jouit d'une modification de sensibilité qui lui est propre. Pourquoi la vessie qui ne peut supporter sans douleur une collection de sang, quoique ce liquide n'ait rien d'acre , garde-t-elle sans peine Turine la plus chargée de sels irritans ? Pourquoi la bile qui déplaît tant sur la langue, convient-elle au duodé- num ? L'eau la plus pure irrite excessivement la trachée- artère , tandis qu'elle glisse sans action dans l'œsophage à côté. L'émétique qui soulève l'estomac , se place impuné- ment sur la conjonctive de l'œil, quoiqu'il y rencontre un même genre de membrane , et l'œil ne supporte pas le suc de l'ognon , qui descend dans nos viscères , sans inconvé- nient. SI l'ipécacuanha opère sur l'estomac, le séné agit sur les intestins grêles ; tel remède se porte aux reins et à la vessie comme les cantharides , tel stimule spécialement le foie ou tout autre viscère, ou les vaisseaux hémorrhoïdaux, comme l'aloës. Il y a des saveurs qui prennent à la gorge; d'autres ne piquent que l'extrémité de la langue. Chaque nerf, ou chaque partie a donc une aptitude, un département spécial de sensibilité, pour tel ou tel objet; et qui dira pourquoi le» 5i;8 N E R inercuriaux affectenl les vaisseaux lymphatiques et les glandes sallvairesl* pourquoi l'opium engourdit l'arbre nerveux céré- bro-spinal, et non les nerfs du grand sympathique ? Il y a donc dans toutes les parties du corps diverses susceptibilités à re- cevoir tel ou tel genre de douleurs , de plaisirs , d'irritations , ou d'impressions quelconques, avec le même arbre nerveux. Pareillement , il y a des venins , des maladies qui ne peuvent agir spécialement que sur les organes qui leur conviennent ; toute autre partie y seroit presque invulnérable. En outre , telle espèce d'animal résiste à un poison qui en feroit périr beaucoup d'autres; comme le chien ou le loup sont seulement purgés et mis en appétit par une dose d'arse- nic capable de faire périr plus de vingt hommes ( F. Poisons), Combien d'animaux recherchent avec délices telle nourri- ture , qui seroit un affreux venin pour nous , comme des charognes pestilentielles , des plantes caustiques et escarro- tiques , telles que l'euphorbe , etc. Et pareillement, combien les impressions des sens sont diverses! Cet assa-fsetida qui nous paroît d'une puanteur si détestable , n'est-il pas le mets des dieux pour les Persans , comme l'était chez les anciens F\omains le laser cyrénaïque ? L'horrible putrilage de poissons corrompus dans la saumure ou le garum n'offrait-il pas une saveur délicieuse au palais des Apicius et des Nomentanus ? Combien de personnes déli- cates ne supportent pas le fromage passé qui plaît si fort à d'autres i" Ne cite-t-on pas des hommes d'un goût assez dé- pravé pour rechercher même les excrémens humains? Nous passons sous silence les délires d'un autre genre, et nous ver- rons plus loin à quoi tiennent plusieurs idiosyncrasies bi- zarres de la sensibilité. De Vhabitiide el des diverses quantités de la sensibilité. Celle-ci jouit de la singulière propriété de se mettre en rapport avec les objets qui la consomment régulièrement. Prenons l'exemple de cet homme renfermé dans un obscur cachot pendant vingt années; d'abord sa santé souffrit beau- coup d'un changement de vie libre en cet état d incarcéra- tion , mais peu à peu sa faculté de sentir se proportionna avec ce nouvel état ; ses yeux consommant moins de faculté visuelle s'enrichirent tellement de cette puissance , qu'ils apercevoient au travers de la sombre lueur les insectes, les plus petits animaux de ce souterrain. Ses poumons et son corps se façonnèrent à un air humide , mais toujours uni- forme et égal dans sa température; des alimens toujoiirs les mêmes; une vie aussi sédentaire, une solitude aussi conti- nue , le repos, le sommeil et l'apathie qui viennent enfm au N E R ' 549 secours de la constance dans les longs malheurs, tout avoit concouru à exercer très-peu la faculté sensllive de ce pri- sonnier ; rendu enfin à la liberté , se sentant soudainement ébloui du grand jour, ébranlé par un air vif, assailli par des sons devenus trop assourdissans pour son oreille , agile de la présence et des questions de tant de personnes, rappelé trop brusquement à l'usage d'autres alimens, le voilà tout-à-coup épuisé , malade ; son système nerveux ne peut plus suffire à tant de secousses; il faut reporter désormais ce malheureux dans sa prison , pour qu'il y retrouve sa santé ou le rhythme desdépenses journalièresde sa faculté de sentir. Au contraire, tel voyageur ou marin , bouillant de l'agitation des voyages et des révolutions atmosphériques, toujours bravant la mort au travers de l'océan ou des contrées barbares, tantôt élevé au comble de ses désirs par l'acquisition d'immenses riches- ses , tantôt précipité dans l'abime de l'infortune, jeté nu et naufragé sur un rocher désert ou peuplé de cannibales, quel!e vigueur de caractère , quelle insensibilité ne doit pas déployer ce nouvel Ulysse au milieu de ces tempêtes de l'existence? Cependant , arrivé au port, déjà l'uniformité d'une vie casa- nière le fatigue d'ennui ; de fortes émotions lui sont devenues nécessaires , et il se rengage sur des flots mille fois maudits dans le travail de ses misères. Voilà donc des proportions de sensibilité acquises et déterminées par l'effet d'une longue habitude , au point qu'à. L'heure fixée par une action constamment journalière, comme celle de manger ou de se mettre à l'ouvrage , un be- soin nous recherche, nous oblige à dépenser régulièrement la portion de sensibilité accoutumée. Tout autre moment de- vient moins favorable ; l'on voit des gens si parfaitement ré- glés , qu'ils ne sont amoureux qu'à certaine heure , comme ils n'ont de l'esprit au travail de tête qu'à telle autre ; passé ces époques , ils ne sont plus bons à rien. Tout cela montre que nous possédons, en général, une quantité quelconque de sensibilité que nous sommes maîtres de dépenser habituel- lement à telle ou telle action, et qui, comme le rouage d'une horloge , revient à temps fixe. Pour preuve de cette somme, c'est que l'action en moins d'un sens , se reverse en plus sur l'autre. Tous les aveugles ,. par exemple , ont l'ouïe plus fine et plus délicate ; l'attention s'y porte pour suppléer à la perte des yeux ; ils exercent aussi plus habilement le tact. Un homme peut ainsi se spécialiser et cultiver une branche de son organisation , aux dépens des- autres , comme on voit des membres très-exercés se fortifier et grossir à côté d'autres desséchés de langueur et d'atrophie ^ faute d'emploi. Qui doute que rexerçi^e continuel de la ré^, 550 N E 1\ exion ne développe mieux le cerveau du philosophe qne ce- lui de l'idiot ou du misérable sauvage, qui passe son lemps à dormir sous sa hutte ! Mais cet idiot , ce sauvage , ont en re- vanche d autres prépondérances, telles que la vigueur , soit musculaire, soit génitale , qui dépense le surcroît de leur sen- sibilité , qualités dans lesquelles notre philosophe pourra se trouver fort peu vaillant. Enfin , quelle que soit la sensation éprouvée, la puissance de sentir s'useet se consomme par la continuité de son action; elle renaît ou se répare après une intermission ou un som- meil. Ce fait est non-seulement évident pour les organes des sens , mais même pour des douleurs internes , puisque le gra- vier des reins ou un corps étranger dans notre économie de- vroient, par leur présence , irriter continuellement les parties voisines; cependant ces douleurs ont leur lassitude , elles s'endorment et se réveillent par divers momens. On a vu des malheureux criminels s'assoupir au milieu des longues tor- tures , et des canonniers s'endormir profondément près des batteries les plus foudroyantes , par excès de fatigue. Ceci nous découvre donc le secret des accoutumances et de l'insensibilité à laquelle on parvient pour les maux de la vie , comme pour les plaisirs dans la vieillesse ; puisqu'on va même jusqu'à s'habituer aux poisons. En effet, l'enfant est neuf aux impressions ; la sensibilité de la jeunesse n'est si impétueuse que parce qu'elle est encore pleine, florissante; elle déborde sur tout avec profusion. Les senlimens d'amour , par exem- ple , s'exaltent alors jusqu'à la fureur ; mais tout s'épuise par la durée, et l'on ne ressentira que trop ensuite les désirs sur- vivre au pouvoir des jouissances. Enfin l'indifférence, l'in- sensibilité arrivent, de tristes dégoûts remplacent les dé- lices; mais par une équitable compensation, les souffrances cl les misères elles-mêmes s'amortissent, leurs épines les plus déchirantes s'émoussent, et l'homme s'approche de la tombe, également désenchanté des prestiges de la vie, et inat- taquable désormais à ces profondes passions qui poignar- daient l'âme et le corps en même temps. Comment se produit ce grand changement ? Qui fait res- susciter et mourir tour-à-tour nos facultés de sentir.'' Nous traitons ailleurs du SoMiviEiL ( F. cet article ), qui est le ré- sultat de l'épuisement de la sensibilité animale, et le temps nécessaire à sa réparation. Mais il est une expérience com- mune qui montre comment les sens se blasent. Un enfant au- quel on fait boire pour la première fois du vin , y trouve une saveur forte et enivrante ; plus on s'habitue ensuite à cette boisson , moins elle semble agir; alors l'homme recourt à l'eau-de-vie , qui gratte d'abord plus agréablement son palais; jN' E R 55i 1)ientôt celle-ci ne suffisant plus , et les fibres se racornis- sant , il faut ajouter des aromates piquans , un alcool plus concentré , plus brûlant ; mais l'organe se durcit davantage encore , et Ton a vu des orientaux blasés par des épiceries , chercher à dégourdir l'inerlie de leur palais en mâchant Jus- qu'à du sublimé corrosif et de la chaux vive , tant leurs nerf» étoient crispés, oblitérés ! Le moyen de mieux sentir seroit, au contraire, de cesser l'usage des impressions fortes , de re- venir aux objets insipides afin que la faculté nerveuse ait le temps de se réparer. Le secret de rester sensible est donc celui de ne pas beaucoup ni souvent sentir; d'être avare d'une si précieuse faculté , pour s'en ménager davantage au vieil âge., , D'où pense-ton que vienne quelquefois ce profond ennui , ce besoin de s'occuper et d'éprouver des émotions fortes au spectacle ou ailleurs, qui se remarque chez les personnes oisives? C'est, au coritraire, de la trop grande accumulation de sensibilité chez elle. Une femmelette délicate , tout le jour mollement étendue sur des coussins , ne dépensant aucune de ses forces , rassemble en elle les élémcns de toutes les pas- sions ; bientôt la plus petite contrariété va lui causer une ex- plosion vive de sensibilité. Dans son désœuvrement, il s'en- gendre en elle mille caprices divers , mille volontés bizarres, pour consumer cet excès de faculté sentante qui agite ses nerfs , la distend de spasmes , suscite des vapeurs , des mi- graines et tout le cortège des maladies nerveuses des gens du monde. Mais que cette femme si délicate soit plongée daqs la misère , réduite au sort rigoureux des vljlageoises , et obligée dès le matin de saisir la pioche ou la houe : vous la verrez bientôt guérie de ses maux , revêtir les formes mas- culines avec les fibres dures et insensibles des laborieux ha- bitans des campagnes. Ainsi , quelque nature qu'on suppose au principe sentant , il s'use et se reproduit comme les corps matériels ; un exemple le prouve bien manifestement. Fixez la vue sur un objet très- éclatant environné d'obscurité, et portez ensuite vos regards sur une surface uniformément éclairée; la partie de votre ré- tine qui étoit frappée d'un grand éclat, ne pourra plus voir qu'une image noire, tandis que les régions de la rétine, qui n'ont pas dépensé leur faculté visuelle en regardant l'obscu- rité , verront en plus alors. Donc la sensibilité visuelle s'use plus ou moins; donc les impressions épuisent la puissance de sentir. Voilà pourquoi la vieillesse n'en conserve plus que les débris. Elle se consomme principalement par les jouis- sances non moins que parles douleurs. En effjt, les plaisirs de l'amour causent surtout une extrême déperdition de ieu-* 552 N E R sibilitc, au physique comme au moral. Rien ne devient plus apathique que l'animal épuisé par le coït répété, puisque plu- sieurs y perdent la vie. De même, les grandes émissions de sang ou des Muides nourriciers affoiblissent extrêmement la sensibilité. L'on conçoit que de trop longs jeûnes empêchent aussi la réparation dû système nerveux, et , par exemple , des hommes violenset crimineb deviennent fort tempérés , ou même incries , par un régime végétal et une diète d'alimens peu substantiels â laquelle on les astreint dans les prisons, aux Etats-Unis d'Aniérique. Les complexions flasques et hu- mides des lymphatiques sont, en général, moins sensibles que les tempéramens secs, sveltes , tendus et nerveux, dont la fibre paroit constamment mobile et agacée. Les femelles étant plus communément grêles, ayant des fibres plus min- ces , pitis excitables par les moindres stimulaus, sont pres- que toujours agitées de quelque impression : tout ébranle leurs nerfs ; de là vient qu'elles paroissent plus passionnées , qu'elles sont plus craintives, plus affectueuses, ou plus aisé- ment touchées que les individus masculins chez toutes leses- pèces d'animalîx. En effet, la forblesse rend beaucoup plus impressionnable encore que la force , parce que la première expose le système nerveux à toutes les causes d'émotion. Dès lors , l'individu n'est occupé qu à sentir sans cesse; il faut qu'il piie et s'assoupliise à tout, tandis que l'être robuste , aperce- vant peu ou point les foibles impressions, se trouve monté et préparé pour les chocs vigoureux; ses explosions sont plus rares, mais volcaniques et foudroyantes. 11 en est de même pour les maladies; la femme éprouve mille incommodités passagères; l'homme uiâle, moins attaquable, conçoit aussi les plus funestes maladies. [ De ractmté spéciale du cetveau comme centre de la sensibilité , eljoyer intellectuel. Les rapports de Tericéphale avec le reste du système ner- veux , chez les animaux vertébrés principalement , devien- nent de la plus haute importance , puisque le cerveau dirige leurs actions volontaires , et mesure leur intelligence. Les qualités nécessaires à l'exercice de ses fondions, outre l'intégrité de ses parties , sont : d'avoir aussi ses deux hémis- phères égaux, ce qui n'a pas toujours lieu ( (iunz , Mém. des saoaiis élrung. , pag. 280); car de même qu'un œil ou une oreille, plus forts que l'autre , rendent la vue louche ou Touïe fausse , il paroit aussi qiie les opérations intellectuelles ont besoin d'une parfaite symétrie dans les organes où eiless' exé- cutent. A la vérité , 6n ne sait pas s'il existe un siège spécial dans la masse encéphalique , pour l'àuie ou l'esprit qui pense N E R 553 en nous. Tout le monde sait que, ni la glande pînéale qui est souvent encroûtée de calculs de phosphate calcaire , ni le corps calleux qui n'existe que chez lesmammifères , ni le cen- tre ovale de Vieussens, etc., ne peuvent en être spécialement le siège à l'exclusion d'autres parties. La portion corticale ne sent pas leshlessures , et on peut en enlever d'assez grandes portions, sans que la faculté intellectuelle ensoit troublée or- dinairement. Ce sont seulement les parties profondes dont les blessures deviennent très-périlleuses. Le plus ouïe moins de sécheresse, de friabilité de la moelle cérébrale, quelques gra- nulations ou concrétions , et même 1 hydrocéphale ne dé- rangent pas toujours l'intelligence. Néanmoins , la trop grande mollesse du cerveau paroîl disposera l'hébétatlon , à la stupidité, l'enfance surtout pendant laquelle l'encéphale est si humide qu'il contient plus de huit dixièmes de parties aqueuses ou susceptibles d'être évaporées par dessiccation. Chez les vieillards, il est plus sec ; il l'est aussi beaucoup dans la plupart des maniaques , des ccweaux bnUés. Le nom- bre des lamelles du cervelet ou des circonvolutions des hé- misphères aparumoindre chez les idiots que chez les hommes plus intelligens. On a dit, sans preuve , que le cervelet étoit consacré aux mouvemens spontanés et aux affections instinc- tives des brutes, comme aux fonctions involontaires de res- piration , de digestion , de circulation pendant le sommeil; d'autres auteurs ont placé l'instinct dans les tubercules, ««/«, de l'encéphale , et ils croient les avoir trouvés plus petits chez léS animaux pourvus de beaucoup de sagacité , comme l'élé- phant , que chez les brutes les plus stupides(Wiliis , aninici brulunim , pag. 222 ). D'autres admettent que chaque région du cerveau qui reçoit un nerf, a son département propre; par exemple , les couches optiques pour la vue , les éminences mamillaires pour l'odorat , le cervelet pour l'ouïe , selon Ya- role. Cette opinion a été développée par M. Gall, qui sup- pose en chaque proéminence cérébrale, une faculté ou dis- position naturelle et innée (i). Selon Sœramerring et Eve- rard Home , le liquide séreux qui se remarque dans les ventricules du cerveau est l'organe propre de l'âme , tout comme la vue s'exerce par un liquide, et l'ouïe par l'humeur des canaux semi-circulaires de l'oreille ; cependant il ne pa- (i) De même, M. Cuvier el d'autres auteurs trouvent les na/es du cerveau plus grosses chez les animaux herbivores que parmi les carnivores; ils pensent qu'on peut de'couvrir ainsi plusieurs usages des parties de l'encéphale. Cependant les insectes qui ont desinslincts si étonnans et si varie's , jouissent-ils d'un cerveau^ d'un cervelet, ou de proéminences telles qu'on en observe chez les animaux verleljrés? 554 N E R roîtpas qu'il existe de sérosité épanchée dans les ventricules cérébraux naturellement, carl'onn'ena point trouvé chez un homme qui venolt d'être décapité (Verduc, Usag. des parties , lom. 2 , pag. 65. ) Toutefois , on a douté que le siège de l'âme fù^ uniquement dans le cerveau , puisque des animaux décapités manifestent encore des volontés et ressentent des impressions , comme les tortues , les lézards, les insectes; aussi Hartiey suppose que l'âme s'étend dans la moelle épinière; on voit cependant des hommes conserver leur raison intacte malgré la com- pression de cette moelle ; car les rachitiques , les bossus chez lesquels cette moelle est fort amincie, tandis que le cer- veau est plus considérable et les carotides plus larges à pro- portion que chez les autres hommes, ont d'ordinaire de l'es- prit. Mais nous avons vu qu'il falloit bien distinguer les actes qui viennent de l'instinct , et qui tiennent à l'appareil ner- veux sympathique , de ce qui émane du cerveau ou de l'intel- ligence proprement dite. L'encéphale, et sans doute aussi la moelle épinière, per- çoivent les impressions reçues à l'extrémité des nerfs , pourvu que la communication soit libre. On demande toutefois, comment des individus , privés d'une partie , se plaignent pourtant de douleurs , qu'à certaines époques, ils éprouvent, comme s'ils l'avoient encore. Mais il faut comprendre que l'extrémité du moignon d'un bras ou d'un pied amputés con- tient le nerf qui se rendoit à ce membre ; or ce nerf peut se sentir affecté , par les changemens de temps , de la même manière qu'il l'étoit chez le membre alors subsistant; il n'est donc pas surprenant qu'il transmette au cerveau l'impression douloureuse qui fait dire à un manchot , mon bras méfait mal. De même l'aveugle , en frottant ses yeux et comprimant ainsi le nerf optique , peut apercevoir des éliacelles , des lueurs comme l'homme qui voit clair ; l'impression paroît donc être un ébranlement nerveux. Ajoutons encore que l'animal ne reçoit au cerveau des sensations que conformément à l'état de son organisation ; tel objet agréable au goût et à l'odorat de l'un, sera nuisible ou déplaisant pour l'autre. Ainsi nous pouvons ne point aper- cevoir la nature des choses telle qu'elle est en réalité , mais suivant la modification de notre structure ; rien ne démontre que telle couleur paroisse la même absolument aux yeux si différens de toutes les créatures; ne voit -on pas des hom- mes pour lesquels la musique la plus suave est insupportable et que des sons foibles agacent plus que des forts ? De plus , le centre cérébral peut apercevoir des impres- sions qui ne sont nullement ressenties aux extrémités ner- veuses, quoiqu'il les y rapporte. Les effets des songes appar- tiennent à cet ordre de phénomènes ; ainsi les rêves volup- tueux présentent des images qui réagissent sur les organes sexuels comme dans la réalité. D'autres faits analogues s'exé- cutent même pendant la veille chez des fous qui se voient sans cesse obsédés par une idée fixe dans le cerveau; tel étoit Oreste poursuivi par les Furies. La crainte, l'amour impri- ment surtout des images persistantes. On peut les comparer h ce qui se passe dans les organes de la vue ou de l'ouïe frappés long-temps ou fortement d'une lumière ou d'un son très-écla- tans; l'ébranlement se perpétue plus ou moins après l'impres- sion elle-même. Ces profondes images, chez les maniaques, leur dérobent même le sentiment des objets réels ; car celui qui croyoit avoir des jambes de paille, les voyoit très -bien pourtant en chair et en os. Dans les phénomènes intellectuels , tantôt l'action des sens extérieurs prédomine, tantôt le centre cérébral réagit prin- cipalement. De là sont nés deux modes d'existence philoso- phique pour l'homme : la vie , soit active , soit contempla- tive, le péripalétisme ou le platonisme chez les anciens; et parnii les modernes, la doctrine de Locke , de Condillac, qui fait émaner des sensations extérieures tout le système in- tellectuel, et la philosophie de Leibnilz, de Kant qui tire tout notre être moral du dedans et des formes propres de la pen- sée abstraite , par des spéculations transcendantes. Locke procède par analyse et décomposition ; il reconnoît , avec Aristote, que rien n'existe dans l'esprit , qui ne soit entié par les organes extérieurs, et qu'à la naissance , le cerveau, privé de toute idée innée , est comme une table rase. Les platoni- ciens de l'antiquité et les idéalistes modernes, se concentrant dans la contemplation , et fermant, au contraire , tous leurs sens extérieurs dans l'abstraction absolue et l'isolement, cher- chent à reconnoître , à priori, les formes essentielles de l'en- tendement, ses directions primitives , l'existence indépen- dante du moi , sans le corps , dans l'espace et le temps. Par là sont entraînés à l'illuminisme , à Texaltation de l'enthou- siasme , les philosophes qui suivent ce mode de contempla- tion ; comme il arrive aux Orientaux, dont la vie indolente , sous leur climat chaud, favorise extrêjnement cet état de con- centration cérébrale , au point qu'ils se plongent dans des extases ou des ravissemens d'esprit pendant lesquels ils ces- sent de seniir les chocs extérieurs. Au contraire, la philoso- phie analytique ou qui procède à l'aide des sensations et des expériences , exerçant lesmouvemens corporels, et jugeant d'après les rapports des objets extérieurs qui nous frappent, constitue le réalisme , philosophie plus matérielle qui peut 556 N E R souvenl conduire à nier tout ce qui ne tombe point sous les sens, tandis que Vidculisine finit par dédaigner le monde phy- sique pour n'en reconnoître qu'un purement intellectuel. Ainsi l'homme peut ne pas accepter au cerveau les im- pressions actuelles des sens ; il peut, au contraire, ne vivre que par elles et sans la réflexion, comme les individus réduits à un rôle uniquement passif. Si notre corps est un instrument dont les cordes sensitives sont diversement ébranlées selon la nature des objets qui nous affectent, nous résonnons à Tunisson de ces impressions , nous nous réglons , pour ainsi parler , sur le même rhythme et la même mélodie -, notre in- telligence est donc toute formée par le concours de ces sensations , disent Locke , Condillac et les autres réalistes. Cependant, répliquent les idéalistes, c'est l'âme, le principe intelligent du cerveau qui reçoit ces sensations , qui les ar- range et les combine , car l'impression qui se passe dans l'or- gane du sens ne seroit rien sans un inielleci agent et intérieur qui la convertit en pensée ; il tire de son propre fonds loute la série des raisonnemens et des jugemens qui construisent l'édifice de la raison humaine avec ces matériaux bruts , ar- rivés du dehors. Supposez même l'absence de ceux-ci, l'âme active par elle-même , s'étend dans le temps et Tcspace ; elle a ses attributs propres dans chaque animal , puisqu'elle le dirige par des instincts bien antérieurs à toute connoissance du dehors ou acquise parles sensations. Enfin, l'âme modifie en nous par l'imagination ces, impressions extérieures , de sorte qu'elle peut transformer ceile de l'absinthe en celle du sucre. Ainsi, quoique nos sens nous donnent une connois- sance des objets extérieurs, c'est l'architecte interne qui les dispose à sa manière , de sorte que nous pourrions vivre dans un monde enchanté, comme en songe, ou croire éprouver dc-s sensations qui n'auroient rien de réel ; ainsi la vie peut n'être qu'une illusion. 11 n'y a de réel que notre âme ou les subs- tances spirituelles , indépendantes et essentielles dans leur existence. Il faut un état de concentration cérébrale pour s'élancer à des vérités intellectuelles d'un ordre très-élevé , ou pour combiner leurs élémens épars en un seul corps de doctrine ; en cet état , on cesse d'apercevoir les corps extérieurs. Le soldat de Marcellus immola ainsi Archimède. 11 existe un état inverse , c'est celui des individus très - évaporés , très- mobiles à toutes les impressions actuelles les plus fugaces , et qui n'en conservent, n'en réfléchissent aucune ; pluribus inieniusminorest ad iingula seimis; elles se succèdent au cerveau avec la rapidité des représentations qui glissent devant un miroir ; ce vice qui lient à une excessive sensibilité externe, N E R 55/ re remarque surtout chez les individus grêles, très-excitables qui effleurent toute chose sans réfléchir. Les oiseaux parois- sent également tenir de cet état de mobilité, aussine peut-on rien leur apprendre , sans les fixer dans des cages , et quel- quefois on les prive de la vue pour empêcher leurs distrac— . lions perpétuelles. Uaticniîon est donc nécessaire. Dans l'état régulier , V impression reçue au cerveau y forme une image qui peut s'y conserver par la mémoire pendant plus ou moins long-temps , et se représenter par un acte de la vo- lonté. Les impressions du jeune âge plus vives, plus simples, se conservent le plus longuement , ainsi que celles qui pénè- trent fortement à l'aide des passions, comme la rancune : Manet altâ mente reposium. Les images analogues entre elles ou reçues simultanément, ont coutume de se rapprocher , comme de se réveiller l'une l'autre par une association naturelle. Souvent les mêmes se confondent, et les plus rebattues se reproduisent d'elles seules par l'effet de l'habitude. Celte connexion des idées fait que les moins enchaînées tombent les premières hors de la mé- moire , comme les substantifs qui ne se rattachent à rien ; aussi, après une attaque d'apoplexie ou une maladie grave qui a suspendu l'action cérébrale , les adjectifs se rappellent plus aisément à l'esprit que les noms propres , et l'on a vu des hommes oublier ainsi jusqu'à leur nom , tandis qu'ils dé- signoienl fort bien les objets par leurs qualités, au moyen de ces affinités des idées. Quand les images ou les idées reçues sont différentes l'une de l'autre, l'organe pensant les discerne, les compare , eî distingue plus ou moins exactement leurs rapports ou leurs diversités. Celte puissance de juger et combiner, constitue le raisonnement ou le jugement , qualité très-importante qui rend l'homme infiniment supérieur aux animaux, et même tel homme plus intelligent que tel autre. Aussi cette faculté est la première qui s'altère, soit par les passions, ou par l'ivresse, la folie ; elle manque dans les idiots. En outre , la sensibilité cérébrale a le pouvoir de repro- duire des images , des impressions vives par Vinmgination , et sans la présence des objets ; elle jouit de la faculté de séparer certains attributs de ces impressions ou de ces images simples, pour les combiner avec d'autres ou pour les abstraire. Si le jugement ou l'intelligence choisit , abstrait les qualités communes à plusieurs objets différcns , et les rattache à un signe ou une idée, celle-ci devient complexe, et plus ou moins générale. C'est par cette précieuse faculté aussi que riiomme s'élève bien au-dessus des brutes. Il a reçu l'avan- tage d'un langage articulé , et d'attacher à chacun des sons 558 N E R convenus qu'il forme pour luî-même ou pour communiquer avec ses semblables , une image , une idée plus ou moins abstraite. Par cet heureux privilège , il sait coordonner plus sieurs séries d'idées , selon les lois du raisonnement, et s'élancera toutes les vérités les plus générales. Il embrasre donc , par ce moyen , le plus vaste horizon intellectuel ; î^il en dessine les proportions et l'étendue , il en trace l'immense tableau par l'écriture , traits hiéroglyphiques convenus , dout la permanence fixe le langage et la pensée fugitive. Les animauxne peuvent guère transmettre leurs idées, d'un individu à l'autre , que par des signes ou gestes naturels, des cris résultans de leurs impressions, et des passions qu'ils res- sentent. Us ne paroissent point capables de généraliser leurs idées par l'abstraction, ni de former une chaîne de raisonne- mens un peu compliqués. Cependant les animaux d'ordres supérieurs , tels que les mammifères surtout et les oiseaux , savent acquérir plusieurs connoissances, et sont susceptibles d'éducation ; ils se gouvernent avec un certain degré de pru- dence , surtout les vieux, plus mûris par l'expérience que les jeunes. Cependant, comme ils n'ont que des idées très-limitées et peu de signes auxquels ils puissent les attacher, toute leur instruction acquise périt avec eux. Les pères ne transmettent nullement , chez les chiens, les perroquets , par exemple , ce qu'ils ont recueilli de la société de Ihomme, à leurs enfans. Ces animaux ne peuvent donc pas s'avancer dans une car- rière de civilisation de même que nous , qui héritons de la riche expérience de nos ancêtres , et nous élevons à une noblesse intellectuelle, bien supérieure à celle de la simple nature. Les impressions que nous recevons et les idées qui en résultent , causant du plaisir ou de la douleur , et nous mon- trant soit du dommage , soit du bien-être dans nos actions ; le jugement nous porte à nous gouverner avec prudence , pour chercher le bien et fuir le mal. 11 en est ainsi des ani- maux les plus intelligens; toutefois ceux auquels la nature n'avoit pas accordé assez d'étendue d'intelligence , auroient bientôt cessé d'exister faute de prévoyance , pour éviter les causes de destruction, s'ils n'avoienl pas hérité , de tout temps , d'un ordre prédisposé d'actions savamment coor- données, dès leur naissance, pour leur conservation et leur reproduction. Voilà pourquoi les animaux jouissent de Vins- tijir.i; ils l'ont d'autant plus parfait ou mieux développé , qu'ils sont plus foiblos , plus incapables d'apprendre ou d'une vie pins courte -, tels sont les insectes : aussi les animaux supérieurs ont moins d'inslincl à inesiiie qu'ils acquièrent pluji d inteiligeucc , et si l'enfant manifeste encore quelques N F. R 559 directions instioclives , ainsi que le malade , l'homme intel- ligent et fort n'éprouve presque plus ces impulsions internes. Aussi les êtres intelligens se déterminent par la volonté j résultat d'un jugement libre , même quand il s'agit de sa- crifices douloureux , comme celui de la vie , dans Kégulus , retournant à Carlhage mourir dans les supplices pour sa patrie ; ou Caton d'Utique , se tuant pour ne pas survivre à la liberté. Mais l'animal se détermine , soit par l'impression externe de volupté ou de peine , soit par ses impulsions inté- rieures , comme la mère qui s'expose au danger pour sauver sa famille. L'homme veut , parce qu'il sait ou croit savoir ce qui convient ; la brute est mue par un besoin, une passion quelconque ; cela est si manifeste , que l'homme, sans l'acti- vité du cerveau , ne peut nullement agir , tandis qu'on a vu des animaux décapités , comme des souris et des lapins , sur- tout des reptiles , des insectes , se mouvoir encore avec ins- tinct. Donc notre vouloir émane de notre penser; mais chez la briite , l'action précède même la réflexion. Ce n'est que dans certaines impressions subites et imprévues, telles qu'une chute ou un coup , que notre instinct déploie les moyens de défense avant le temps nécessaire pour la volonté réfléchie. Voilà ce qui se passe habituellement chez la brute ( Voyez Instinct , Imagination , Jugement ). Heureusement pour elle, l'instinct est un domaine inalié- nable, inhérent à la forme et à la constitution de chaque es- pèce, et qui , aussi développé dès la naissance jusqu'à la mort, n'est susceptible ni de diminution , ni d'accroissement , parce qu'il est complet et parfaitement approprié à chaque créature. Par la plus merveilleuse prévoyance , il n'y a nulle imi- tation chez des êtres naissant orphelins et solitaires , tels que les insectes ; mus comme des instrumens de la nature , plutôt qu'ils n'agissent par le libre arbitre de la volonté , ils n'inventent et n'imaginent rien , et pourtant ils ne sont pas copistes ; mais leur machirffe joue spontanément par l'in- fluence de leur système nerveux gangîionique, tout de même que chez l'homme endormi ou somnambule. Voyons les influences de cet appareil nerveux dans d'autres phéno- mènes. § IV. — De l'influence du système nerveux gangîionique sur le cerveau^ et des PASSIONS , des SYMPATHIES. Nous avons vu que la sensibilité du cerveau , des sens et des membres se fatiguoit , s'usoit , se consommoit par son emploi , et que les organes extérieurs doubles et symétri- ques f tomboient alors dans le sommeil. Il n'en est pas ainsi S6o N E R du domaine intérieur des nerfs trîsplanchniques ; ils ne ces- sent jamais de présider à l'aclion du cœur pour la circula- tion du sang , à la respiration , aux fonctions digestives, et continuent toujours à réparer les pertes de l'économie ; aussi tandis que le système nerveux cérébro-spinal a suspendu ses actes pendant le temps du repos , il a reçu une nouvelle somme de forces , par le concours des nerfs trisplanchniques ou du travail de la nutrition , résultant de leur activité. Si Ton en veut des preuves encore plus évidentes , on les trouve dans ce qui se passe sur-le-champ en diverses occa- sions. Un homme tombe de foiblesse et d'épuisement ; on lui fait avaler un verre de vin ou d'eau-de-vie , aussitôt il se ranime avant même que le torrent de la circulation ait pu envoyer à l'encéphale un nouveau sang réparateur ; mais soudain les nerfs trisplanchniques suscités par cette boisson, transmettent une nouvelle énergie vitale soit à la moelle épinière , soit aux autres parties du système cérébro-spinal avec lesquelles ils ont des communications si multipliées. Qu'un individu prenne intérieurement un poison , aussitôt toute l'économie est bouleversée pareillement. Il est donc vrai de considérer le système ganglionique ( ou trisplanchnique ) , comme le régulateur de toutes les autres fonctions sensitives extérieures ; il leur envoie ou leur retire la vie, en quelque sorte à sa volonté ; il les anime , les ébranle par sympathie , au moyen de nombreux filets de cor- respondance, qui se nouent et s'anastomosent avec l'arbre cérébro-spinal ; il leur transmet ce qu'il éprouve , et ici nous allons voir combien les métaphysiciens , qui ne tirent que de nos sens extérieurs tous les élémens composant l'intelli- gence , connoissent peu l'homme. Un Hollandais se farcit de laitage et de pâtes parmi les marécages du Zuyderzée ; ces pesantes nourritures , au mi- lieu d'un air épais et des humides brouillards , qui d'ailleurs amorlissoient sa sensibilité, ne lui inspiroient que des goûts simples , des idées bornées. M%is si , déblayant ces amas de mucosités qui gorgent ses viscères intestinaux , qui envelop- pent, engourdissent ses extrémités nerveuses, vous soumettez ce bon Batave à un régime plus stimulant ; si vous rem- placez sa fade bierre par des vins généreux de Porto ou de Xérès; si les épicesde l'Orient sont substituées au beurre; si le café , les liqueurs alcooliques et les plus ardens aromates, viennent secouer , agacer celte inertie du système nerveux, vous verrez bientôt cet homme , d'abord si humble et si flegmatique , relever fièrement sa tête , ses yeux bleus étin- cèlerontd'un feu plus brillant, ses membres se déploieront avec plus de vivacité et de grâce; enfin , son esprit s'élevant N !■ R S6i «îans son essor , piarief a au-dessus de la sombre atmosphère dans laq?iflle il croupissoit. Qui donc a dissipe 1rs nunges de son intelligence et avivé tous ses sens j* Une simple excilalion du système nerveux ganglioni(iue , tandis que des impressions fortes de rexlérieur consommeroient , épuiseroient les facultés sensitives. Le» effets des alimens et des boissons se remarquent tellement chaque jour, soit par livresse, l'emploi du café et du thé, soit dans la pesanteur d'esprit qui accompagne les pénibles digestions après un grand repas, qui appelle à l'estomac tou- tes les forces, etc. , qu il est inutile de s'arrêter sur ce sujet. Aussi , les peuples ne diffèrent pas seulement dans leur sen* sibililé , par Teffet de la chaleur ou de la froidure des cli- mats , comme on le répète d'après IMontesquieu ou Hippo- crate , mais surtout encore par le régime et la nature des alimens que le sol leur fournit , ou que les échanges commer- ciaux leur apportent. Qu'on nous dise pourquoi , d'ailleurs, l'ellébore chez les anciens, ou une purgaiion forte nettoyant le canal inteslinai de certaines matières dontla présence stimuloil vicieusement le système nerveux ganglionique , rappelle l'ordre, la netteté' du jugement au cerveau de plusieurs m miaques et mélanco- liques!' d'où Tenoient donc ces idées bizarres qui Iroubloient leur intelligence ? Comment une bile noire et épaissie ins- pirc-t-elle ces pensées tristes et sombres , ces goûts misan- Ihropiques, celle haine profonde de la société, ou ces terreurs de la mort , ces désirs affreux du suicide ? Des fous n'ont présenté à leur mort aucune lésion des organes encé- phaliques , mais tantôt des calculs biliaires, des squirrhes un abcès au foie ou à la rate , tantôt des varices au mésen- tère , une accumulation d'un sang épais et stagnant dans les rameaux de la veine porte , etc. ( Foyez Bonnet , Séoul- chrelum ; Morgagni , Sedib. et caus, morb. ; Lieulaud , Pr'ost Oiwert. des cadavres , et les observations de Robert Whyft on nervous disorders ^ pag. 2o3 ; Lorry , de Melancholid tom. 2 , p. 164.. sq. , etc. ) Les agacemens particuliers des nerfs intestinaux peuvent porter le délire au cerveau ou des convulsions dans le;i membres: le fait est évident chez des femmes chlorotiques à goûts dépravés , chez desenfaus remplis de vers, pmsqu'aus- fiilôt qu'on les en débarrasse , leur système iferveux reprend son état de santé ; et tel enfant à qui l'irritation vermineuse avivoit beaucoup l'intelligence, retomba dans son état de médiocrité primitive lorsqu'on expulsa ses vers (Van Phel- Sum , Hist. verm. asrarid. paihul ^ p. 2a8, sq ). , En règle géaéraiïj ia Ueiicate^sse desiwjgaues intcsliuaux xxii. 3^ 562 N E R est un accroissement de vigueur pour le système cérébro-* spinal. Tous les hommes de grand esprit ont l'estomac folble : Imbecilli slonnicho , pcnè uinnes cup'idi litlerarum sunt, dit Celse ; I h >mme qui a besoin de cuire et de choisir ses nourritures est plus délicat, plus sensible que les autres animaux-, les êtres voraces et grands mangeurs , les herbivores à large pause sont plus stupides que les espèces sobres. P^nfin, les hypo! hondri^quïs, toutes les personnes à viscères débiles ou facihînient irritées , sont plus Intelligentes que toute autre. II en est de même pour Tor^ane ulérin des femmes , puisque sa foiblesse , dans l hystérie , reporte une activité surabon- dant'' au cerveau, d'où naissent cette vivacité d'esprit, cette lucidité des i^lées , avec des anomalies incompréhensibles et soudaines qu'on observe chez les hysléri(jues. La trans- mi'^sioa des alTeclions utérines, soit au cerveau , soit aux autres organes , est évi l,;nte par les nombreuses sympathies qui se manifestent alors, comme des gonflemens, des spas- mes, des resserremens à la gorge, à l'abdomen , etc. Tout ce qu un organe perd en sensibilité se reporte nécessaire- menl sur quelque autre partie: au contraire , si l'estomac , après le repas, et Tutérus , dans la gestation, concentrent les f acuités sensilives à ces viscères , le système cérébral en conservera moins. Qu'au lieu de se faire ressentir sur le trajet intestinal, ces irriialions du système nerveux ganglionique ne s'opèrent que datts ^"e région plus bornée, aux vaisseaux hémor- roïMaux , pi»' exo'St surtout le cerveau, l'arbre nerveux qui reççjt les plus vlolenJes secousses. Ce ii'c^î plus une aiir)t;ur.'(lai]s ses'veities rachce j C'est V*nu^ toute entière à sa proie attachée. N K R 563 Le jonr , la nuit , au sein des forets comme au milieu des bruyriiiles cités , mine pensées d amour s é'èv nt s.iiis relâche dans Tespril. agitent l.-sotnuu'il de leurs volupîueuses images. Vai vain on occupe, on deiourne uu amant par tout autre obji'l, la seusilion interne du sp''ruie surabondant vi«;nt à tout instant renouveler les idées et les désirs de la jouissance; ce liquide sliuulant agace , échauffe , avive élo.inanunent le syslèiU' nerveux, el lui iiupriaie une énergie héroïque. C'est alors que s'inspirent toutes les hautes pensées, les seiilunens généreux , un courage à toute épreuve , le génie le plus su- bii-ne. Ce qui le prouve , est létal de foiblesse physique et morale, de détente, ou l'ibjection pusillanime, de stupi- dité , dans lequel retombent les individus épuisés par d'ex- trêmes jouissances , ou privés d'humeur fécondante par la castration , coui:ne on l observe dans les eunuques. Pour bien connoilre encore l inHuence du système ner- ve'ix gaiiglioniqu ,', il faut le considérer dans le jeu des émo- tions qu on attribue au cœur. Des passions et affections Internes et morales. Excepté certaines modifications de l'attention suscitées par la p ésence d'obj-ts extraordinaires, les affections et les p iv-iioiis propr-.*ment dites appartiennent au système nerveux symoathique ou tii-s[)lanL!;nique. Nous eu séparerons doue les dispositions du cerveau qui ne ressent aucune p 'ssion proprement dite ; car la curiosité est une stM'te d apfiélil de l'organe pensant, analogue à ce!ix ((ue ressentent 1 organe sexuel ou l'estomac, pour accomplir leurs fonctions naturelles; ainsi, elle n'est pas plu> passion que la faim, la soif , l'appelil vénérien , qui sont des besoins plus ou moins pressans et qui n)eltent en jeu le (i"str, manifestation commune de tous les appétits et les besoins. De même, la vue ou le sentiment d'un objet peut pro- duire dans notre cerveau V admiration ^ élever cet etit jus- qu'à V enthousiasme , à V engouement , ou se borner a Veslinte^ ou au contraire , descendre au mépris qu inspire le ridicule; tous ces états appartiennent plus a l'organe pensant qu'au do- maine du cœur. Aussi l'admiration est froide, ou même fa^ tigue bientôt , parce qu'elle ne remue pas le cœnr. Les ani- maux peuvent être surpris, étonnés, éblouis; mais ils îie parolssent point susceptibles d'éprouver raduiiration , de ressentir de l'estime, de l'enthousiasme, ou de connoïtre le ridicule : eussent-ils la faculté de rire , ils n en connoi- Iroient pas les nuitifs. ïl fi^ut aussi d;:ns l'homme , l'idée du noble et du sublime, pour coinprcudrc l'inverse, qui est 564 î^ r: R l'abject et le risible ; tous ces états concernent donc principa- lement l'esprit. Les passions proprement dites appartiennent aux ani- maux aussi bien qu'à riiomme , parce qu'elles résident plus spécialement dans le système nerveux gangiionique , ou émeuvent le cœur. Nous en compterons six principales, dont les unes n'étant que des états inverses des autres , se com- battent par leur contraire : telles sont l'amour et la haine^ la colère et la crainte^ là foie et la ùistesse. Elles offrent deux dis- positions générales dans l'organisation : ainsi l'amour , la colère , la joie , déploient un excès de vie et de sensibilité à l'extérieur ; aussi la faculté contractile des muscles , l'éner- gie des mouvemens, sont prodigieusement excitées , au point que la colère , par exemple , a rendu l'activité à des para- lytiques ; que l'encéphale et les nerfs ne tombent point dans le sommeil tant que ces émotions sont vives et flagrantes. Au contraire , on voit la tristesse , la crainte , la haine , amortir le jeu de la puissance nerveuse , cérébro-spinale surtout, 11 semble que la vie se refoule à l'intérieur pour la conservation de l'individu, dans les maux qui le menacent ; ces affections vont même jusqu'à rendre immobile et à plonger dans la stupeur, le sommeil , l'insensibilité , bienfait de la nature dans les extrêmes infortunes, avant-courrières de la destruction. Le besoin du plaisir inspire de l'amour , comme la dou- leur excite la haine. On entre en colère contre quiconque veut blesser notre amour-propre ounosintérêts; maison éprouve de la crainte d'un danger imminent. La joie résulte de la possession d'un bien ou de son attente sûre et prochaine ; comme la tristesse , au contraire , s'aggrave par une perte ou par la menace d'un mal inévitable. Or , toutes les impres- sions n'affectent pas seulement le cerveau comme feroient des sensations des nombres mathématiques , mais descen- dent au cœur, parce qu'il s'agit de notre existence. Si nous nous détachions de tous ces intérêts, comme l'essayoit la phi- losophie stoïcienne, nous serions exempts des passions; mais peu d'hommes sont parvenus à cet état parfait d'alaraxie , qui permettroit de juger impartialement de toutes choses. i.° Dans I'amour , la sensibilité semble s'exhaler vers l'objet désiré ; elle l'aspire avec ardeur et s'élance au-devant de lui ; aussi le sein semble s'entr'ouvrir , comme les bras s'étendent pour embrasser un objet chéri; le cœur palpite ; un feu léger erre dans les regards , sur la bouche à demi-ou- verte ; on languit, on brûle tour à tour, la vie semble s'é- puiser et renaître. Tous les sentimens tendres et généreux coiicourant à celle ardente et délicieuse passion ; elle en- N E R 565 traîfle le délire et l'exlase dans ses ravissemens , et s'élance jusqu'aux espaces célestes en imagination. C'est la seule pas- sion que l'on ait crue digne de la Divinité. L'amant meurt dans lui pour revivre dans ce qu'il adore; son bonheur est de s'immoler , il fait sa gloire des périls auxquels il se dé- voue pour Tobjel de ses transports ; aveugle sur tous les défauts de la personne idolâtrée , il y trouve toutes les per- fections. Par lui, l'avare devient prodigue, le timide , au- dacieux, le superbe s'humilie. La chaleur d'amour porle à toutes les actions grandes et hautes; elle allume le génie de l'éloquence , de la poésie et de la musique. L'cgoïsmc est contraire à l'amour. On est porté h aimer les foibles , les jeunes, les êtres doux, faciles, et ceux qui acceptent nos bienfaits , plus que ces derniers n'aiment en retour. Les en- fans , les femmes, tout être délicat, désire d'être aimé et pro- tégé ; tout généreux et fort aime davantage , parce que l'a- mour est un don de soi, et qu'il émane d'une chaleur de vie boudante. 2." La Haine présente un étal opposé , et rend aussi misérable que l'amour rend heureux. Haïr est souffrir, c'est souvenile partage duméchant; et naissant de froideur, la haine se trouve surtout dans les lâches , les craintifs et soupçonneux qui frappent tout, parce qu'ils redoutent tout. De là vient la férocité extraordinaire des tyrans. La haine est froide et durable, tandis que la colère est chaude et peut s'exhaler. La haine n'a point de compassion , elle s'irrite des bienfaits qui l'humilient encore plus ; elle est souvent dissimulée et hypocrite ; d'autant plus dangereuse alors qu'elle se concen- tre et s'accumule comme un abcès de malignité qui s'agran- dit en rongeant le cœur. Aussi les envieux , les avares, les mélancoliques , les humiliés, ou les hommes trop pauvres et trop malheureux , deviennent haineux. L'envie, la jalousie, la malveillance cruelle , les noirceurs de la calomnie , la cruauté inflexible sont le funeste cortège de cette maladie mo- rale. On comprend qu'elle appartient aussi aux eunuques , à tous les êtres disgraciés plus ou nioins et qui se croient mé- prisés. La haine s'attache aussi à ceux qu'on redoute, à l'or- gueilleux, à l'insolent, à quiconque le paroît être dans une fortune fastueuse et insultante à la misère , et dans la supé- riorité d'un rang qu'on affecte. On doit haïr à juste titre le méchant ou son Injustice ; car les philosophes qui préten- dent que rien n'est bien ni mal sur la terre, se voient con- damnés par ce sentiment inné du cœur de l'homme et de.s animaux qui se soulève de détesiation et dhorreur contre le mal et l'Injure ; ce n'est que le vœu de l'équité. 3." L'explosion de la Colère est aussi un sentiment con- 56G N "R R servaiour ; c'cs! pourquoi l'influonce du système garglionîquc envoie dans larhrc nerveux cérébro-spinal un surcroît subit d'énergie, doù vient que les yeux élincellent, la gorges^enHe, la voix s élèvi' , les dents se grincent, les muscles se roidis- senf, se lordenl , le sang bouillonne : il peut causer Tapo- plexie ou un anévrisme ; la fureur se peint en traits allumés et effrayans sur la face, donne au corps une altitude mena- çante, rine vigueur formidable. La colère peut sVxalter jusqu'à la rage , iuipriuier des qualités funestes à la salive chez les anim.iu- , et même à 1 nomme; elle détériore subitement aussi les humeurs les plus douces, telles que le lait dans la ma- mi'lle , au point qu il devient vénéneux pour le nourrisson. Les complexions sèches, maigres, tendues, vives, les indi- vidus fatigués ou affamés , cqii\ qui souffrent , sont en géné- ral irascibles; il en est de même des personnes trop louées , ou trop accoutumées à leurs volontés , qui ne supportent plus la conlrariéié. Il y a des courroux concentrés qui crèvent le cœur, comme le dépit, et qui conservent plus longtemps le ressentiment de la vengeance ou la rancune. Les tolères vives ou explosives se dissipent plus lot , disposent à la témé- rité et à 1 audace, anintent le courage , chez les mâles sur- tout, et à l'époque àr T, mour, d'où naissent les principales querelles entre les animaux. Le système hépatique est parti- culièrement affecté dans cette passion , et produit des cva- cualions bilieuses, ou quelquefois la jaunisse. 4-."' La Crainte, conservatrice des foibles, agit en sens inverse de la passion précédente ; car elle porte f^es ef- fets vers les organes inférieurs, et refoule, comme dit Ho- Tncre , lame dans les jambes pour fuir ; aussi le ventre se lâche, ainsi que l'urine et même le sperme ; un froid glacial couvre le front et la poitrine , le visage pâlit, les yeux s'é- teignent , la lèvre inférieure tremble ; l'extrême terreur stu- péfie même, fait manquer le pouls et la voix, les sens restent perclus ; les poils se dressent par le resserrement de la peau, oir. Devenu âpre et taciturne, ou même farouche et im- piioyable, on ne peut supporter la joie d'autrul : Oderuut liluirern liistes ^ irislcmqiie jocosî. Le corps s affaisse dans le iqarasrne , tandis que l'esprit s'aiguise en creusant et inedi- lanl sans cesse. Si le cuagiia gagne des personnes a fibres 568 N E H molles , comme les enfans , les femelles chez; tous les ari>î- maux , il peut se délendre par Taltendrisseinent elles lar- jnes qui ramènent la sensibilité à rextérieur. Toutes les affections se peuvent ainsi ranger sous ces pas- sions-mères , et se composer des unes avec les autres. La pudeur naii de crainte et d'amour; Va jalousie comprend p!u* d'envie, espèce de haine, que d'amour; \ espérance née de la joie, se balançant parla crainte, donne \ irrésolution ; Tor- g'u«7paroîl sortir de cette vaniténée du conteniement de soi- même, avec une teinte à^ arrogance qui résulte de la disposi- tion colérique , etc. On peut dire seulement que V ennui , le plus insupportable peut-être des étals de la sensibilité , naît de l'absence d'im- pressions nouvelles , soit que Ton se rassasie de dégoût de tout, soit que rien de piquant ne vienne dégager de l'apathie insipide dans laquelle on se trouve plongé. Nous avons mor> tré ci-devant qu'il résultoit d'une accumulation du principe sentant qui éprouve un besoin irrésistible de s'exhaler, fût-ce même dans les périls et les douleurs. Tant d'oisifs riches et blasés , son! poussés à des extravagances et à des fureurs par cet éiat , et parsèment l'univers de leur spleen , faute de sa- voir occuper leur vie ! Ils gagnent à se suicider. Di.s SYMPATHIES OU forresponrlances nerveuses du corps, et de ses relations extérieures at.-'ec d'autres individus. Comme l'associ-Tlion ou plutôt la république des organes ne pourroient pas jouer de concert , dans leurs fonctions, sans un principe uiiicjue de gouvernement établissant entre eux une relation d harmonie , le sysième nerveux , au moyeikde ses rarnlficalions, est destiné à les faire communiquer. C est surtout par ces embranchemens variés des nerfs Iri- splanchniques , pai leurs lacis ou plexus et les nœuds ou gan- glions qui rattachent tant de fiîs presque inextricables , que s'opère crtie corrélation générale dans l'économie animale. Les principaux centres de tous ces ressorts sont situés vers reslom.îc; ils s'étendent dans les méandres des viscères et les parties adjacentes; aussi presque tous ces organes forment un vaste appareil dont le jeu devient simultané ou successif, se- lon les bi'soins de l'individu , sans qu il soit nécessaire que sa volonté y coopère. De là vient que si l'animal a faim ou soif, s'il a reçu un poison dans l estomac , s il existe quelque saburre dans ses f Meulières voies, toute l'économie en est affectée ; la langue, a bouche , les orgr.nes des sens, les mouvemens des membres se coordonnent selon l'état de l'intérieur, par celte .synipa- thic. Les frissonnemens des fièvres, la cause des nanibrcusi ^: E R 569 symptômes hysle'riques qui rensonlenl, commis une boule, de Tutérus jusqu'à la gorge , et suffoquent ; les vor.iissemens qui accompagnent les vlolens accès de la népl.rile , résallent de cet ébranlement du système nerveux intcrcoslal, dans ses di- verses ramifications. Nous avons vu cet appareil nerveux accompagnant pres- que tout le trajet des artères abdominales et entburant leurs troncs de tant de rameaux .ou de liens, qu'il peut exciter di- versement la contraction ou la dilatation des tuniques mus- culaires de ces artères, et par-là fermer et ouvrir plus ou moins les passages du sang, d'où résulteront tous les trou- Lies de la circulation, toutes les nuances du pouls qu'on ob- serve dans les passions et les maladies. Les ganglions de ce système nerveux sous la lele , à la gorge , à la poitrine , à l'abdomen, au bassin, établissent des centres de communica- tion pour chaque appareil de ces régions. Que le nerf sympathique soit coupé au col, la pupille se contracte et l'œil s'affoiblil (Petit , Mém. acad. se. 1727). Un rameau du sympathique qui se rend aux nerfs de la cmquième paire fait que la pupille se dilate , le nez démange , et les dents sont agacées chez les enfans dont les vers se remuent dans leurs intestins. Les connexions du sympathique avec le nerf diaphragma- tique produisent Téternuement quand le nezpicote; et les com- munications de Tinlercoslal avec les nerfs de Tœil et du dia- phra";me sollicitent aussi réternuement lorsqu'on regarde le soleil. Si le hoquet s'arrête par l'éternuement , si la toux excite le vomissement et si l'envie de vomir fait tousser, si la réplé- tion extrême de l'estomac produit le même effet , tous ces actes s'expliquent parles anastomoses des nerfs grands syn»- paîhiques avec les rameaux de la paire pneumo-gastrique , ou vague. Les animaux , les idiots sont plus inertes à toutes ces sympathies. Par les autres connexions de l'intercostal avec le nerf va- gue , avec ceux de la cinquième paire , ou ceux de l'épine dor- sale , on explique les divers symptômes résultans soit de l'é- pllepsie originelle du bas-ventre , soit de la colique de plomb , comme la raucité de la voix, la surdité, la cécité, les con- tractions ou résolutions des membres inférieurs , l'affaisse- rsient du rectum , ou les débordemens de bile par haut et bas après une violente colère , ou le vomissement qu'excite la ti- tillation de la luelle , ou les hoquets et vomissemens qui sur- viennent à une' douleur aigae du foie , de la rate , ou du co- lon , ou par un calcul de la vésicule du fiel , etc. C'est encore par ces connexions des nerfs que les convul- 570 N E R sions peuvent remonter ou gagner de bas en haut vers le cer- veau (l;ins l'épilepsie , par une irritation des nerfs de la jambe, par exemple , ou uv.e blessure. Le chatouillement vif des ais- selles ou delà plante des piedspeul entraîner encore des spas- mes universels, et on a fait périr ainsi des personnes dan» l'excès des chatouillemens ; ils vont aisément jusqu'à la syn- cope. La compression des testicules abat so;idain 1 homme le plus féroce ; et il semble que la nature indique ce secret aux animaux, car les chiens qui alt3»juent un taureau furibond, le mordent aux testicules pour ie faire jvauouir. Enfin les con- vulsions ou la roideur du Irismus , de Teniprosthotonos et au- tres spasmes tétaniques si fréquens sous les climats ardens des tropiques, résulunl de Tentraîncment simultrné des nerfs spmaux qui se distribuent aux muscles volontaires. Ce con- sensus commence souvent par une douleur aiguë au scrobi- cule du cœur ou au lieu par lequel le diaphragme s'unit avec la plèvre et le péritoine; de là il se répand comme une va- peur glaciale dans les muscles (Hillary , Di'seas. of Barhad. ^ p. 2J8 ). et remonte l'épine dorsale. Combien de fois n'a- t-on pas vu une simple épine fichée dans un doigt, causer une vive douleur sur le trajet des nerfs brachiaux, gagner le coi et la télé, puis faire tomber l'homme en lipothymie, sous c(ts régions où la chaleur développe tant la sensibilité ? Un durillon placé sur un rameau nerveux de la jambe, au bas des muscles gastrocnémiens , faisoit remonter une sorte de vapeur qui entraînoit des convulsions épilepliques générales. On enleva ce durillon et le mal cessa. (Boerhaav. , Morb. nermr. , p. 84.5.) (^n voit donc que l'arbre nerveux interne et externe ne for- mant qu'un immense système, peut être ébranlé universelle- ment , même par une simple idée frappant fortement l'ima- gination , comme la vue d'un précipice où Ton va tomber, l'appareil d'un supplice menaçant, qui fait trembler tous les menibres. La seule pensée d'un objet dégoûtant ou hideux soulève l'estomac ou bouleverse tous les viscères par sympa- thie. Tel est aussi le coup d une nouvelle désastreuse , qui fait couler une sueur froide , présage de défaillance. Comme les nerfs des reins correspondent avec des troncs du sympathique , et les nerfs splanchniques avec la paire va- gue, on voit que, dans lanévraigie, ouïe gravier desrtins, les douleurs lombaires , la rétraction des testicules , le spasme lies jambes, les nausées et les vomissemens accompagnent cette maladie. S'il existe, au covtraire , un calcul daris la vessie seulement, ces effets n'ont pas lieu , parce qu'elle ne reçoit pas des nerfs splanchniques , mais d'autres rameaux du sympathique. N E ?x 571 Pourquoi le froid aux pieds peut-il causer la colique avec lénesme et la dysurie ? c'est par les correspondances du sym- pathique avec le nerf sciatlque. Ce sont les anastomoses de ces sympathiques entre eux qui excitent ces nausées et ces vomis- ceniens des femmes enceintes , de celles qui accouchent , ou après l'extraction du calcul vésical. Par la même cause , les ixiensirues supprimées resserrent Tœsophage et produisent des étonffemens; les femmes qui accouchent, éprouvent des con- vulsions et l'horreur de l'eau , parfois , au moyen de ces cor- respondances ; comme on voit les mélancoliques atrabilieux sentir des conslrictions à la gorge , un désir violent de la so- litude, verser des pleurs ou jeter des regards languissans, par les émotions de leur système norveux intercostal. Pour quiconque n'ignore pas ces connexions, l'utilité des vésicatoires placés à la nuque pour enlever une toux ner- veuse spasmodique , ou entre les épaules, contre le hoquet, les palpitations, ou sur l'abdomen dans une inflammation des intestins, est bien appréciée. Les odeurs vives raniment les personnes tombées en syn- cope , ou ébranlent puissamment 1 économie , parce que les nerfs sympathiques s'unissent avec ceux du nez ; aussi des poudres acres placées sur la membrane pituitaire excitent l'é- ternuemenl par cette raison. La paire des nerfs vagues ayant des alliances avec les nerfs sympathiques , il en résulte que la colère et les autres passions excitent divers trémoussemens dans le cœur. La jaunisse dépendant quelquefois du spasme des nerfs du foie près du canal cholédoque , elle cède à l'o- pium qui les engourdit. Mais il y a bien d'autres correspondances entre nos orga- nes , par divers intermédiaires ; ainsi les parties sexuelles sym- pathisent avec la gorge , de sorte que le gonflement , les irri- tations de l'une peuvent se transporter à l'autre , comme on l'observe dans la maladie vénérienne, dans les oreillons, dans l'état de la voix par la puberté , par la castration , etc. Les organes dont les fonctions sont analogues, sympathi- sent entre eux, sans que leurs relations nerveuses soient pourtant immédiates; ainsi le tissu érectile et spongieux du mamelon et ceux du clitoris ou du gland tendent à se gon- fler simultanément , parla titillation de l'un d'eux; aussi les lèvres jouissant d'une sensibilité analogue , la propagent à ces organes dans les baisers voluptueux. De même , les mamelles correspondent avec l'utérus, se gonflent dans la grossesse et l'aménorrhée; par l'allaitement, au contraire , les règles sont suspendues , comme on arrête les ménorrhagies , au moyen de ventouses appliquées aux ma- Vielles. 572 N E H A '.icnnc raison physi/i'.îc n'a démonlré parfailement pour- quoi un coup reçu à la têt« détermine un abcès au foie , ni pourquoi les aftections du foie troublent l'action du cerveau. C'est sans doute par l'analogie des tissns que la peau sym- pathise avec l'eslomac , ou celui-ci avec la peau ; ainsi cer- tains poisons pris iniéneuremect font tomber l'épiderme, et même les cheveux ; si l'Wn mange des moules malsaines au temps du frai , la peau se couvre souvent de rougeurs sur-le- champ. La similitude des tissus est sans doute aussi la cause pour laquelle l'orifice des viscères creux sympathise avec leur intérieur ; ainsi la titillation du gland excite l'envie d'uriner, comme l'agacement de la gorge cause des nausées; par la rai- son inverse, la titillation de l'estomac par des vers, picote le nez, agace le bout de la langue , comme Tirritation de la vessie par des calculs cause une démangeaison h l'extrémité du gland , en se propageant le long de la même membrane muqueuse. Il suffit d'une condition toute pareille des tissus pour que Ja sympathie se puisse communiquer; ainsi rinflammation de la conjonctive d'un œil passe souvent à l'autre , à cause de leur égalité de fonctions. C'est ainsi que dans les mouvemens spasmodiques d'un bras ou d'une jambe , son antagoniste 1 i- mite involontairement. Les deux bras ou les deux jambes fe- ront bien les mêmes actions, mais très-difficilement des ac- tions différentes en même temps. Cette imitation naît du seul consensus et spontanément. De même , les douleurs trouvant des organes analogues pour la structure et pour l'état de leur sensibilité, elles peu- vent passer avec la rapidité de l'éclair d'un bras à l'autre, ou ceux-ci aux cuisses, etc. ; comme on l'éprouve dans les rhu- matismes vagues, les douleurs vénériennes nocturnes, etc. Celte similitude de structure et de sensibilité conduit à l'examen de la transmission des sympathies et des affeclions d'un individu à un autre, dans les mêmes organes surtout. En effet, pour que celles-ci puissent se communiquer , de môme que les contagions et les nialadies , il faut un rapport d'égalité , tel que celui de l'âge, de la complexion, du genre de vie et des autres habitudes. C'est par cette sympathie des organes que nous éprouvons du mal aux yeux, en regardant des yeux enllammés d'une ophthalmie , ou que nous sommes entraînés à bailler, à vomir, parTimitation forcée qu'excitent ces actes d'autrui. C'est parce même r.unsensiis que lesconvul- sions , l'enthousiasme, le jeu des passions vives, se propagent dans les grandes assemblées , surtout entre les individus los plus sensibles et les plus mobiles , tels que des personnes maigres et grêles , des enfans , des jeunes personnes. Rien N E R 573 n'est plus contagieux , à cet ^gard , que les scènes lu- briques qui suscitent des passions faciles à s'eullannner. Telles sont aussi ces danses tourbillonnantes où l'agitation , la chaleur , rébranlement simultané que produit le rhyilune musical , entraînent les sens , et font perdre la raison. De là vient quelquefois l'impossibilité de résister à des séductions auxquelles la nature conspirq, de tout son effort, et dont on ne se garantit qu'en se dérobant à ces causes de sympathie. Plus il y aura d'égalité ou d'analogie entre les corps , et de concert de senriblîité euLre leurs organes, plus l'unisson sym- pathique sera prompt et facile ; de là naissent l'accord sou- dain , les liaisons secrètes entre des personnes qu'une pa- reille manière de voir, d'être affecté, rapprochent dans la société comme par instinct ; de là se nouent les amitiés les plus durables par la conformité des sentimens, des mœurs , des hahiludes. Similis simili gaudeL Cet effet est si général, qu'il s'opère même entre les corps non sensibles. Ainsi, les cordes tendues à l'unisson , frémissent toutes dans le voisinage de celle qu'on fait vibrer. Voilà pourquoi les habiles législa- teurs , pour former une association compacte d'une nation , la soumettent à des rites et des habitudes uniformes , dis- tinctes de celles des autres peuples; et c'est ainsi que les Juifs se conservent, malgré leur dispersion , ou s'entendent d'un bout de l'univers à l'autre , dans leurs relations. Les systèmes nerveux de divers individus sont donc capa- bles de s'établir en rapports directs pour que le plus fort transmette au plus délicat son influence et son harmonie. C'est ainsi que s'opèrent les prestiges du fanatisme , ou les transmissions de prétendus fluides magnétique , sympathi- que, etc. Dans ces circonstances, ce sont presque toujours des hommes à imagination forte ou exallée, qui agissent sur des personnes foibles , sur l'enfance , le sexe féminin , la vieillesse débile , et tout ce qui succombe facilement aux impressions. L'analogie de la communication "magnétique au fer, a dû conduire à supposer un effet semblable , quoique rien ne démontre le passage d'un fluide réel ( quelque subtil qu'on le suppose ) entre les individus. Cette communication s'exerce principalement par l'influence de l'imagination , même à la distance de plusieurs lieues , sans intermédiaire , et malgré l'interposition d'une multitude de corps. Ce n'est donc qu'en élevant le système nerveux cérébro-spinal d'au- tres personnes à un certain degré d'excitation , que l homme puissant en ccui>res et en paroles , sait leur imprimer telle ou telle commotion morale. C'est de même aussi qu'on peut exorciser les prétendus démoniaques , et que d'habiles fri- pons abusent des dupes. $74 NE R § V. De t origine et de la formation primili^e de T élément neivcujG ou sensilif. La substance nerveuse est, chez les êtres animés , la por- tion la plus élaborée, le principe souverainemenl aniinalisé; aussi, plus un animal est perfectionné dans 1 échelle Hc l'or- ganisation, plus il déploie son système nerveux , et toutes les richesses de la sensibilité. Cette vérité se manifeste plei- nement en parcourant loule la série du règne animal, depuis lés zoophytes ayant à peine quelques molécules nerveuses éparses , jusqu'à l'homme , qui recueille dans son cerveau un trésor immense de sensibilité et de pensée. Chez les végétaux pareillement , le summum d'élaborntion de leur organisme est leur fructification ; c'est à ces pariies que se rassemble la substance médullaire, la nourriiurc la plus délicate et la mieux préparée , pour former les fruits et les semences. C'est à diverses parties de la fleur que se dé- ploie le plus dévie, d'irritabilité dans les étamines, ou dt- < lia- îeur organique , comme dans la fécondation de plusieurs arum , enfin que se manifestent les signes les plus évidens de la vie. Dans les animaux, quoique l'élément nerveux soit princi- palement rassemblé vers la tête, pour diriger les sens el les fonctions de rindividu , cet élément si vital et si élaboré , n'est pas moins destiné à la fonction la plus importante , la plus auguste pour la nature , la reproduction des espèces. Les preuves en sont faciles , car rien n'affoiblit el nénewe plus spécialement l'animal que l'abus du coït, au point que plusieurs en périssent , même sur-le-champ, comme les in- sectes à métamorphose , mâles; les autres espèces languis- sent et muent , comme pour recommencer une nouvelle carrière de vie , en mettant une longue intermission entre les époques du rut. Les êtres qui font le plus usage de leurs fa- cultés intellectuelles et sens^tives extérieures , sont les moins capables de coït fréquent , tandis que les individus les plus brutes, tels que des idiots, des crétins, l'exercent bien davan- tage; et les animaux à petit cerveau sont très-féconds comme les poissons. Enfin , il existe un antagonisme complet entre les facultés génitales et les cérébrales , comme entre les deu.-î pôles d'une pile galvanique. La substance nerveuse aboutit à ces deux extrémités de l'organisme animal , plus elle se con- somme par l'une , moins il en reste à l'autre. Par le cer- veau , elle sent et pense; par l'organe sexuej, elle engendre ou féconde. Le mâle domine par la tête ou les régions anté- rieures , parce qu'il est destiné à la supériorité ; la femelle, par le bassin et les organes éducateurs ; auissi elle survit d'or- N E R 575 dinalre au mâle, car elle dépense moins d'élément nerveux dans racte de la reproduction. L'énergie du cerveau et du système nerveux est donc for- tifiée, accrue par la conservation du sperme, et détruite aa contraire par son émission, quand elle est surtout cKcessive. La résorption du sperme eî sa rccohobation , pour ainsi dire, augmenle , agrandit héroïi[uement toutes les forces vitales , puisqu'elle conduit même à lexallalion et à la fureur. L abus du coït affoiblit la vue, fane le cerveau ; ce (fui faisoil penser aux anciens philosophes et médecins que la semence éloit un écoulement de l'encéphale par la moelle épinière , stllla. cerebri. 11 est nrésumable, en effet , que le don de la vie , qui di- minue la nôtre , ne sopère qu'aux dépens de cet élément si élaboré qui nous anime ; qu'il s'en détache des moléctiles pour présider à la vie de 1 individu naissant. Le principe nerveux est l'élément générateur , si l'on s'en réfère même à l'analogie que la chimie découvre entre la substance mé- dullaire cérébrale et le sperme, la laite de poissons, par exemple. L'une et l'autre de ces matières animales contient du phosphore et une sorte d'albumine dans un état particu- lier. Les œufs de toutes les femelles sont formés aussi de principes à peu près uniformes chez toutes les espèces , d'après les analyses chimiques. Nous sommes donc induits nécessairement à considérer les organes sexuels comme les antagonistes du cerveau ; la semence de celui-ci est la pensée ou la sensibilité, comme la sensibilité voluptueuse de ceux-ci sécrète l'œuf ou le sperme. Ainsi, l'élément nerveux exerce nécessairement ces deux hautes fonctions , les plus impénétrables et les plus sublimes dans les mystères de la vie. En effet, commentée qui nous anime ne se transmettroil-il pas pour animer un nouvel être? Pourquoi cet œuf qui se pu- tréfieroit, s'il étoit couvé sans être fécondé, donne-i-i! le j')ur à un jeune animal agissant et sensible, par cela seul qu il a reçu un atome d'un liquide du mâle ? Ce principe si viviîiant sera-t-il autre qu'un extrait de la même substance nerveuse ou vivifiante de ce mâle .'* Considérons d'ailleurs ce fœtus naissant, ou l'emhryon du poulet dans l'œuf. Qu'aperçoit -on dès les pru'miers jours ? . Une tête , une carène dorsale , même avant que le cœur, le punctum saliens se soit parfaitement développé. ( V. 1 article Génération. ) Ainsi , l'organisation du système nerveux est apparente dès les premiers temps du développement du fœtus, chez les animaux vertébrés principalement. Ce système ner- veux est môme beaucoup plus considérable ^ relativement aux 57& ^< ^"^ n autres organes, qu'il ne le sera par la suite ; tcns les fœlus ont une tête , une épine dorsale énormes ; et les enfans ont proportionnellement la tête bien plus grosse que 1 homme. La raison nous en paroit évidente -, le système nerveux étant réiément excitateur de la vie , il faut qu'il prédouiine pour faire accroître et développer le jeune animal; a mesure que ce principe nerveux s'épuise , dans le cours de la vie et de la génération, il se fane, se dessèche, Tanimal vieiilll el meurt. Or, plus l'embryon sera petit, plus la proportion de son système nerveux sera considérable ; elle le sera , dans 1 ori- gine , au point de composer presque toute l'essence du germe animal. 11 nous paroît ainsi très- probable que le principe vivifiant , communiqué à l'œuf parle mâle , n'est qu'un ex- trait fort élaboré de son système nerveux, lequel emploie les iiumeurs nourricières de l'œuf et de la mère, pour s'accroître. 11 y auroit encore bien d'autres inductions à tirer de celle sensibilité voluptueuse si vive qui accompagne la copulaiion chez les animaux , et qui agite si violemment tout i'arure nerveux de ses secousses , comme pour en exprimer la plus pure essence. Nous pourrions demander encore avec \an- helmont et Stahi , si l'âme , ou si des idées structiices ne pas- sent pas ainsi dans le sperme pour la formation ou le déve- loppement du jeune animal , soit que son organisation se trouve prédisposée naturellement dans le germe de la fe- melle , soit que la puissance organisante émane du mâle. Mais ces suppositions paroissent trop hypothétiques ou trop difficiles à vérifier; il suffit de reconDoîtrc que c'est le système nerveux qui transmet le principe vivifiant à l'embryon , et qu'il agit le premier dans le nouvel être. C'est ainsi que pourroient du moins s'expliquer les trans- missions héréditaires des instincts chez les animaux, et de certains penchans violens chez l'homme , comme des tempé- rainens ; mais nous nous contentons de ce complément au tableau général des fonctions et de la distribution du système nerveux , ou vital et fondamental des animaux. C'est par lui seul que se déploient ces prodiges de lintclligence , du senti- ment et des actions qui embellissent la scène de l'univers. Par lui ^ l'homme pense , et dès-lors il est supérieur à la terre , au soleil môme qui l'éclairé ; il s'élève jusqu'au trône de la Divinité. V. Nature et Vie. (virey.) NERF DE BOEUF. On nomme ainsi les tendons de cet animal que les bouchers font sécher pour servir de forte cour- roie. On prend ordinairementpour cela les tendons de la jarnbe et du calcanéum , qui correspondent au tendon J'yVchille dans Ihomme. Ces parties sont extrêmement fortes. En gé- néral, le vuls-aireappelle nerfs ^ les tendons, les li.;auieu5 et N E R 577 les aponévroses des animaux. Les anciens confonclent aussi les tendons avec les neifs. (VIREY.) NERF. Nom que 1 on donne , dans les mines de houille du déparlement do T Allier, aux masses et veines de pyrites (^ fer sulfure ) qui se ren'^onirent dans la houille, (lis.) NERIAM-PULLI. Plant:; figurée parRhéede, et qui pa- roît érrc rAcHli UàMPANT ( . />5«s refjens). (B ) 3SERIETTE. JNo/n qu'on donne aux Epilobes. (b.) NÉRION ET RHODODENDRON ou RHODO»; DAPHNE. Les Grecs donuoient ces noms à un arbrisseau qui , suivant Dioscoride , croissoit dans les lieux humides : il a lesfeuilles semblables à celles de Tamandier, mais plus longues et plus épaisses ; les fleurs roses, et des fruits assez voisins de ceux de l'amandier, qui sont remplis d'une espèce de duvet qui rappelle les aigrettes de ïaranthion, espèce de chardon. Pline ajoute que le neriuin est toujours vert, sembla- ble à la rose, et à tiges frutiqueuses. Apulée l'appelle rosa'^ laurea ^ el nous lui donnons vulgairement le nom de laurier rose ou de laurose , à cause de ses feuilles coriaces comme celles du laurier et de ses (leurs couleur de rose. Selon Pline , le nerium ou rhododendron ( arbre à roses) des Grecs , est Vo- leander et Vherbasabina des Latins., bien qu'ailleurs il dise que cette plante des Grecs n'avoit point de nom en Italie. Il nous apprend que c'éloit un poison pour les bestiaux qui en man- geoient, etc. On ne peut méconnoîlre ici notre laurier rose; aussi tous les botanistes anciens l'ont nommé neriun ou. nerium ^ (humide , en grec), rhododendron et rhododaphne (Laurier ROSE, en grec) et oleander. Tournefort a conservé au genre de cette plante le nom latin de nerium^ adopté par les bota- nistes. Linnœus augmenta ce genre de quelques espèces exo- tiques. Brown, dans son Histoire naturelle delà Jamaïque^ rap- portoit au nerium trois plantes qui sont des Ecrites. Sloane (^Hist. de la Jam.) avoit placé avec les nerium les plumiéa ru~ hra et alba^ et le tabernœmontana laurifolia^ L. Cupani désignoit l'aspérule de Calabre , ^diV nerium suffrutex. Quant au genre nerium de Linnseus , M. R. Brown n'y rapporte que les nerium oleander et odorum. Il croit que les nerium coronarium et dii>aricatum sont des espèces de taber- nœmontana , et que le nerium obesumde Forskaël doit former un genre. Les N, antidyseniericum et zeylanicum forment son genre JVrightia. V. Laurose, Rhododendron et Wrigthie. (LN.) NERITARIUS. V. Néritier. (desm.) NÉRITE , Nerita. Genre de testacés de la classe des Uni- valves , qui est composé de coquilles demi - globuleuses , aplaties en dessous, non ombiliquécs , à ouverture entière, 578 N E 11 demi-rontle , et à columelle sub transverse tranchanle et sou- vent dentée. Ce genre, dans les ouvrages de Linnseus , étolt composé de coquilles ombiliquées et non ombiliquées. Lamarck en a séparé les premières, et les a réunies sous un nouveau genre qu'il a appelé Natice d'après Adanson , Gualtiéri , Fa- vanne et autres. Ainsi, il n'est plus question ici que des né- rites imperforées, qui comprennent les fausses nérkes de Fa- vànne. Les nériles sont ovales et voûtées, et d'une contexture très- solide. Le nombre des spires varie selon l'âge, de trois à cinq , et elles vont toujours de gauche à droite. Leurs tours sont plus ou moins bombés , suivant les espèces. Le premier tour qui constitue le corps de la coquille est d'un volume très-considérable , si on le compare aux autres , qui sont des plus petits parmi les coquilles. Non-seulement les nérites n'ont point d'ombilic, mais môme de véritable columelle. Une simple cloison en tient lieu. Cette cloison est aplatie , mince , longitudinale. Elle prend naissance sous le sillon de la première spire , et s'é- tend obliquement vers la partie opposée. On a donné le nom de palais à la pirlie visible de cette cloison, qui est toujours lisse, luisante , et plus épaisse que le reste, tantôt plane, tantôt un peu concave , tantôt un peu convexe , plus ou moins oblique , plus ou moins ridée , plus ou moins dentée à son bord. L'ouverture delabouche forme presque toujours un demi- cercle avec une lèvre cintrée , lisse ou dentelée. Un renfle- ment souvent fort saillant suit la direction de cette lèvre à une certaine distance du bord interne, et sus extrémités fi- nissent en un petit appendice sous lequel s'adapte l'opercule. Un peu au dessous du renflement est un talus pourvu de dents, communément assez nombreuses, plus ou moins grosses , mais toujours plus remarquables dans l'angle supé- rieur. Toutes les nérites sont operculées ; leurs opercules sont ou teslacés ou cartilagineux, plus ou moins approchant de la forme semi-lunaire , toujours entaillés ou crénelés. L'inté- rieur est lisse, luisant, peu aplati , l'extérieur lisse ou gra- nuleux , décrivant un tour de spire peu prononcé. La robe des nérites est ordinairement blanche , mélangée de gris, de verdâtre , d orangé , de citron , de violet , de rose, et fasciéede brun , de noir ou de fauve , etc. ; elle est quel- quefois entièrement noire, verdâtre ou grisâtre. N Ë il S79 L'animal des hdriles a une tête fort aplatie , faite en demi-lune , un peu échancrée aux deux extrémités , de la base de laquelle sortent , de chaque côté , deux cornes coniques , fort minces , une fois plus longues qu'elle. Les yeux sont deux petits points noirs placés sur un tubercule trièdre à la base extérieure des cornes. La bouche est placée à la partie inférieure de la têle , et formée par une lèvre épaisse et ridée. Le manteau couvre entièrement lintérieur de la coquille, et est légèrement crénelé sur ses bords. Le pied est presque rond, aplati en dessous, convexe en dessus , et de moitié plus court que la coquille. Les nériles sont répandues en très-grand nombre sur toutes les côtes pierreuses de l'ancien et du nouveau conti- nent. Elles s'attachent aux rochers, et restent souvent hors de l'eau aux basses marées , sans inconvénient pour elles. Il Len a aussi plusieurs espèces qui vivent d*ns l'eau douce, cur petitesse et la dureté de leur test les rendent peu pro- pres à la nourriture de Thomme ; aussi n'en mange-t-on que faute d'autres alimens. On en trouve de fossiles à Courtagnon , Grignon et au- tres lieux de la France , en Italie , en Allemagne, etc. Ce genre se divise en deux sections , renferuiant en tout environ cinquante espèces , dont les plus remarquables ou les plus communes sont : Parmi les nérites sans dents : La JNérite fluviatile, qui est rugueuse et variée de blanc, de brun, de rouge et de jaune. Elle se trouve dans la plupart des grandes rivières de l'Europe , et varie extrê- mement dans ses couleurs. Elle est très -commune dans la Seine. Pendant l'hiver, elle s'enfonce très-profondément dans la vase. Elle constitue aujourd'hui le genre Théodoxe. La Nérite littorale est unie , et a le sommet rongé ou carié. Elle se trouve Irès-abondamment sur les côtes de l'Océan , et varie extrêmement dans ses couleurs. Parmi les nérites à lèores dentées : La Nérite verte , qui est unie , et dont la lèvre n'est cré- nelée que dans son milieu. Elle se trouve dans la Méditer- ranée et aux Antilles. La Nkrite polie , qui est unie , dont le sommet est obli- téré , et l'une et l'autre lèvres dentées. Elle se trouve dans la mer des Indes. La Nérite caméléon est sillonnée de vingt stries pro- fondes, et ses lèvres sont dentées , l'inférieure est rugueuse «t tuberculeuse. On la trouve dans la mer des Indes. La NÉRITE PERVERSE a la spire tournée à gauche , et huit S8o N E R dents aux lèvres. Elle se trouve fossile à Courtagnon et ail- leurs. Elle constitue aujourd'hui le genre Velate. La NÉRiTE TOUR est alternativement fasciée de blanc et de noir; son sommet très-saillant; sa lèvre aiguë, et son in- térieur blanc. Elle se trouve dans les eaux douces , aux An- tilles. La NÉRITE DUNAR cst Ovale , obtuse , solide , noire , fas- ciée de blanc et striée ; ses lèvres sont dentées des deux cAtés. Elle se trouve sur la côte d'Afrique, F. pi. G 3o, où elle est figurée. La NÉRITE ÉPITSEUSE est noire , striée transversalement ; les stries sontépineuses ; la lèvre est aplatie, unie, peu dentée. Elle se trouve dans les fleuves de l'Inde. Elle forme au- jourd'hui le genre CuTHO^f. (b.) La NÉRITE MAMILLÉE constitue aujourd'hui le genre Pon- NICE. (b.) NERITIER. Animal des Nérites. Il a deux tentacules à yeuxpédiculés , et son opercule est en croissant, (b.) NERIUM. V. NÉRioN et Laurose. (ln.) NERIUMDES ALPES, Nerium alpinum, Gesner. C'est le RoSAGE VELU (^ Rhododeiidrum hirsu/um ^ Linn, ). (LN.) NERO-DI-PRATO. Sorte de Serpentine d'un vert noir, bariolée de jaunâtre, qui s'exploite à Prato, en Toscane. (LN.) NEROLL Les parfumeurs donnent ce nom à Vhuile essen- tielle d orange qui leur vient d'Orient. Voy. au mot Oranger. (B). ÎSERPA. En Sibérie, c'est le Phoque a crinière {plwca jubata). (BESM ) NEPvPISKL Poissons des rivières de Sibérie , dont le genre n'est pas connu, (b.) NERPRUN, BOURGÈNE, Rhammis. {Pentandne mo- nogynie. ) Genre de plante de la famille des rhamnoïdes, fort Toisin des Céanothes, dont les caractères sont d'avoir : un calice à quatre ou cinq divisions ; une corolle formée de quatre à cinq pétales écailleux, très-petits, plus étroits, et plus longs que les divisions du calice ; quatre à cinq étamines à anthères arrondies; un ovaire supérieur; un style ; un stig- mate divisé en deux , trois ou quatre parties ; une baie char- atiue , contenant un nombre de loges égal à celui des stig- «nates , et dans chacune desquelles est nichée une semence cartilagineuse. Linnseus avolt compris dans ce genre, non-seulement le» N E R 58i genres Bo^jRGÈ^^E et ALATER^■E de Tournefort, mais encore le JujuiiiLR et le Paliure du même auteur. Depuis , ces deux derniers genres ont été, avec raison, rétablis par Jus- sieu , et le genre OEnoplie a été constitué pour placer le IVerprun voluble, qui a latlear des véritables nerpruns et les fruits des Jujubiers. Malgré cette division , le genre nerprun, tel qu'il existe dans les auteurs les plus modernes, est mal déterminé , et denianderoit à être encore réduit; i.° parce que les parties de la fructification varient dans les espèces ; 2." parce qu'il y a plusieurs espèces dioïques; telles sout \t nerprun purgatif , ccu\ des telnlurtcrs ^ des Alpes, de Ténériffe , celui à bois rouge ^ le nerprun daourien. Enfin, le n^/^n/n //j^nVe est simplement monoïque. Comment peut-on réunir dans un même groupe, et regarder comme congénères des plantes qui diffèrent aussi essentiellement, malgré la ressemblance qu'elles peuvent avoir d'ailleurs ? Rien ne prouve mieux le vice des méthodes. Pendant que l'homme classe à sa manière les objets natu- rels , la nature se joue de ses systèmes , en lui présentant chaque jour un objet nouveau qui en dérange l'ordre et les combinaisons. Les nerpruns sont des arbres de moyenne grandeur ou des arbrisseaux à feuilles simples et alternes , et à fleurs axil- lalres. Ils comprennent environ cinquante espèces de tous les pays. Je ne présente ici que les plus intéressantes, et dont les caractères sont reconnus ; ce sont: Le Nerprun purgatif, Rhamnus cathatiicus , Linn. Déjà cette espèce forme comme une exception au genre , puis- qu'elle est le plus souvent dioïque , et quau lieu d'avoir, comme la plupart des autres, les parties de la fructification au nombre de cinq , elle a quatre pétales , quatre étamines, quatre divisions au calice et au stigmate , et par conséquent quatre semences. Ces caractères spécifiques suffisent pour la faire reconnoître. C'est un arbrisseau qui croît en Europe dans les haies, les bols elles lieux incultes. Son écorce teint en jaune, et ses baies avant leur maturité donnent la même couleur ; mais lorsqu'elles sont mûres, elles fournissent une couleur verte, appelée vert de vessie , parce que c'est dans des vessies qu'elle est mise pour être livrée au commerce. Les peintres en font un grand usage surtout en miniature. Son fruit est fréquemment employé en médecine, comme alté- rant et comme purgatif. Le Nerprun des teinturiers, Rhamnus infeclorius, lAxiiA Il ressemble beaucoup au précédent, a comme lui des fleurs dioïques , quadrifides , et des rameaux terminés en épine -, 582 N E R mais il en diffère par son port , et parce qu'il est plus petit dans toutes ses parties. Les baies de ce nerprun sont aussi purgatives ; elles por- tent le nom de graine d'Aoignon; pulvérisées avant leur ma- turité, elles donnent une assez belle couleur jaune, appelée si il de grain ^ dont les teinturiers et les peintres font un grand usage , et qu'on emploie suriout pour teindre la soie. Cette espèce croît en abondance aux environs d'Avignon et dans toui le Comtat Vcnaissin : on la trouve aussi en Lan-* guedoc , en Provence et en Dauphiné. Le Nkrpun BOURDAINIER , Mfl!m«H5/m/?,o'MZ(?, Linn. , vul- gairement bourdaine ou huurgène. l. 'est un grand arbrisseau de l'Europe tempérée , qui croit dans les fonds humides. 11 a «ne tige unie , des feuilles très-entières , ovales et veinées , des fleurs hermaphrodites , de couleur verdâtre , et des baies sphériques , long-temps rouges , et qui ne noircissent que dans leur parfaite maturité. Son bois donne le charbon le plus léger , employé dans la composition de la poudre à canon. On n'a sur un quin- tal de bois que douze livres de charbon, L'écorce donne une teinture jaune. Les Nerpruns des Alpes , Saxatile, Nain et de Bour- gogne , sont des arbrisseaux à peine de deux pieds de hau- teur , qui croissent abondamment sur les montagnes de l'est de l'Europe , et qu'on cultive dans les écoles de bo- tanique. Ils jouissent des propriétés des espèces précédentes. lie Nerprun de la Chine, Rhnmnus iheezans ^ Linn., ar- brisseau sannenteux , dont les rameaux sont écartés et ter- minés en pointe épineuse , les feuilles ovales et finement dentées, et les ileurs composées de cinq pétales, de cinq clamines , et d'un court style à troi.s stigmates. Celle plante croît en Chine , où les pauvres habitans . au rapport de» voyageurs, font usage de ses feuilles en guise et en place de thé. Le Nerprun a feuilles glauqufs , Rhamnus rossino'idf , Lam. ; arbrisseau tout à-fait joli , qni croît à Saint-Domin- gue, remarquable par ses fcnilles glauques , d'un blanc ti- rant sur le bleu. Le Nerprun a vrilles, Rhamnus mystacinus Ait. 11 est originaire de l'Afrique , d'où il a été apporté en Anglel lés en spirale , tantôt d'une autre foruïe ; les différentes lames criblenses de l'ethmoïde donnent aussi des cellules ou an- fracluosités qui multiplient beaucoup les surfaces de la mem- brane mucoso-vasculaire où se ramifient les nerfs olfactifs. Ces lames osseuses des cornets sont parfois percées de trous, principalement chez les ruminans. Chez les pois- sons, les lames ou cornets du nez sont membraneux comme chez les reptiles ; mais ces lames sont très-nombreuses et disposées régulièrement en forme de rameaux chez ces animaux aquatiques , afin ([ne les molécules odorantes char- riées pari eau agissent plus fortement. Chez les baudroies les cornets sont portés sur des sortes de pédicules, et prennent la fig'ire depetites coupes. Les esturgeons lesporteot en forme de branches d'arbres ; les autres espèces en ont d'une struc- ture encore plus variée. Le membrane pituitaire qui tapisse toutes ces surfaces est extrêmement enlacée d'une infinité de vaisseaux sanguinâ qui la meltent dans une sorte de phlogose ou d'inflammation perpétuelle pour accroître sa sensibilité aux impressions, puis- que d'ailleurs une foule de rameaux nerveux de la prenuére paire de nerfs s'y ramifient , ainsi que quelques - uns de la cinquième paire. Mais sa surface est humectée d'une humeui* muqueuse , sécrétée par des cryptes qui enduisent conti- nuellement cette membrane , afin de la soustraire aux im- pressions trop immédiates des corps odorans. Aussi cette membrane , quoique très-irritable et susceptible d'hémorra- gie , devient moins impressionnable par ce moyen. Nous exposons à Tartide de I'Odorat , les autres considératiuuâ sur cet organe. (viREY.) NEZ. Poissoii du genre des Squales, (b.) NEZ. Nom hébreu de l'AuTOUR, (v.) NEZ DE CHAT. Nom vulgaire de I'Agaric élevé ou Coulemelle, qu'on mange dans beaucoup de lieux, (fj.) NEZ COUPÉ. On appelle ainsi le Staphylieii. (b.) NGAI-GE. Nom qu'on donne, en Chine, aune AftiiJOrsE naturelle à cette contrée , et qu'on y cultive. Suivant Lou- reiro , ce seroit I'Armoise vulgaire {/h-temisia vit/gur/'s , L.) ; mais il convient qu'elle tient le milieu entre cette armoise 5o4 ^' ^' ï^ et l'absinlhc , et que son odeur est balsamique : c'est Varie- misi'a indicu., AYiUd. (l.N.) ]N(jAI-HOA^|G. Nom donne , en Cochinchine , au Ba- lisier DES Indes { Canna îndica, L. ), qui y croît spontané- ment, (ln.) iS(iAl-M10. Nom Cocliinchinois d'une espèce de CuiicUMA {CuiTiima rollinda) dont les vertus sont les mêmes que celles du Ngé ( Curcuma longa ) , mais beaucoup plus exaltées. On ne mano;e point sa racine, (ln.) N(iAI-XAN'ri et NGAl-MAT-TLOI. Noms que Ton donne, en Cochlncliine , au Zerimbkt, espèce de gingembre {^Jniovium zeiunihet') que l'on y cultive pour sa racine qu'on emploie en médecine , et qui n'entre pas dans l'assaisonne- menl des mets, (ln.) NGANGÈ. Nom de ^I^'DIGOTIEU , au Sénégal, (ln.) NGAOC-DIEP. Nom donné, en Cochinchine, à une espèce de CKRMKKrnsR {Juslicia pir fa , L.), dont on emploie les ("euilles en cataplasmes émolliens et résolutifs pour cal- mer l'indammation des mamelles. C'est \efolium bracleaium , Rumph. , Amb. 6 , t. 3o. (LN.) N(iAOC-PHU-DUONG des Cocliinchinois etNGAAC FU YONG des Chinois. Deux noms d'une espèce â\irnioi.se qui croit en Chine et en Cochinchine, et dont les feuilles et les graines sont en usage coiimie stomachiques, toniques, an- thelminliqiies, etc. Loureiro l'a prise pour ï artemisia judaïca., Linn. ; mais c'est une espèce différente, (ln.) NGAOC-THx\iVI-HOA. Les Cochinchinois donnent ce nom à une espèce de P RIMlyÈ^e , Prùnida sinensis , Lour. (ln.) NGÉ etKUONG-HUYNH. Noms donnés, en Cochin- chine, au CuucuMA (^Curcuma longa ^ L.). Il est sauvage et cultivé dans ce royaume et en Chine. Le Ngé-Hoang est une autre espèce du même genre {Curcuma paUida , Lour. ; Cur^ cuma ugrestis de Rumphius. F. Kiam-HoaM. (ln.) NGO-CHAU-DUN. Nom que porte le Sureau (6'amZ'Ma/3 nîgra ) en Cochinchine. (ln.) NGO-KIAO ou IlOKI-HAO. Nom chinois de la colle de peau d'ÂNE. (s.) NGU-(iIA-BL Nom qu'on donne, en Cochinchine, à une espèce (I'Aralie, Aralia palmata ^ Lour. (ln.) NGUU RANG. Nom de la Lampourde {Xanihium stm- marium) en Cochinchine , suivant Loureiro. (ln.) NGUYET-QUl-TAU. Petit arbre cultivé en Cochin- chine , liant de huit pieds, à feuilles ailées avec impaire, ovales-ohiongaes, entières, à (leurs blanches, odorantes, por- tées sur des pédoncules umltillores terminaux. Chaque iieur N H A • 5o5 offre un calice à cinq divisions ; nne corolle camp.inulée à cinq pélales ; dis étaniiiies, dont cinq alternes plus longues : le fruit est une baie rouge, ovale pointue et mono;permc. Cet arbre est nommé chaltxis japimensis par Loureirj. Il y rap- porte le caniuniuni japonense de Rumphius ( Anib. , vol. 5 pag. 29 , l. i8 , fig. 2) , arbrisseau qui esf le murmya exotica , Linn.; ce qui est conforme à la vérité et à 1 opinion la plus généralement aduiise que ces deux genres chalccis et mumiya n'en doivent former qu'un. On ne doit pas confotidi e ce ca- muiiiuin de Piumpliius avec deux autres cumunium du mêuie au- teur. L un , le canutninni ou camuneng ^ lab. 17 , est le clialcas paniculala ^ Linn., appelé, en Cochinchine , Cay ngoyeï- Quio , et en Chine , Cao li yong. Le second est le carnunium sinense qui s'appelle uunbaiig'tsiuland bi Ccylan; il a beaucoup d'affinité avec Vuglaia de Loureiro, et annonce un genre très- distinct , qu'on propose ait nommuv camun! uni. (lts.) NHA.Vlî5U-(iUACU. Nom donné , par les Brasiliens , au UlCtN {Ricimis commuuis) , suivant Pison. (ln.) NHAMDIU. Nom souslequel les habitansdu Brésil dési- gnent, au rapport de Pison, diverses araneïdes. Le nhamtim I de cet auteur est une grande espèce de mygale {V. ce u'Ot.); son nhamdiu 1 est notre ihomhe chasseur ^ et le nhamdiu 3 est X'épéîie argentée , araitca argentala , Fab. (l,.) NHANDIROBA. Fruit de la Feuillée a feuille en CŒUR. (B.) NHANDU de Pison. Pierre Brown rapporte cette plante brasilienne ^m piper anialago^ Linn. , qu'il a retrouvé en quan- tité à la Jamaïque. Le même naturaliste s'est servi pendant plusieurs mois des graines de ce poivre en place du poivre des Indes, et il n'y a reconnu aucune différence, (ln.) NHAiNDU APOA. Nom toupinamboux du Jabiru. (v.) NHANDU GUACU. Nom brasilien de Vautruchc de Ma- gellan. V. Nandu. (v.) NHANH-GOI-LON. Nom qu'on donne, en Cochin- chine , à une orchidée remarquable par ses fleurs agréables. C'est le callisla amabilis de Loureiro. F. Callisie. (ln.) NHANx4-GOl-NHON-LA. Nom d'une plante parasite (^Loranthus cochincliinensis , Lour.), qui croît sur les arbres des jardins de la Cochinchine. (ln.) NHANH-GOI-RIT. Nom qu'on donne, en Cochin- chine, à une plante parasite. C'est \t ihrixspermwn ceniîpeda de Loureiro. (ln.) NHA TAO et TAO GL\C. Noms Cochinchinois donnés à une espèce de oim/cA^« particulière au pays , et dont on fait des haies impéuéirabies par la quantité d'épines dont 596 N T A elles sont hérissées. Celte planle est le mimosa fera ^ Lour. Elle forme aussi un frès-grand arbre. (i-N.) NHlT-BlEN-rUx\(;. C'est, en Cochinchine , le nom d'un Gemlvrier qu'on y cultive et qui est originaire de Chine. Il s élève à dix pieds; ses feuilles d'un vert bleuâtre sont dis- posées sur quatre rangées; les plus jeunes sont ovales et les anciennes pointues. Ce (iElNF.VRiER est , ou une variété du ge- nc\>rier de Chine {Junlpenis chinensis^ L) » ou une espèce nou- velle ; mais il ne paroît pas être le genévrier des Barbades , comme le dit Loureiro. (ln.) NHON CUT DEE et FROUNG KH E. Noms de pays d'une espèce d'ÉRABLE qui croît en Cochinchine. C'est lacer ;^/«««/w/n, Lour. (ln.) NHON-CUT-DÉE. Nom que les naturels de la Cochin- chine donnent à un arbre que Loureiro appelle dimocarjms in- furntis ^ et qui seroit par conséquent une espèce de LlTCm , Euphoria. V. DrMOCARPE. fLN.) NtiON-FAM-PHU-YEN. On appelé ainsi, en Co- chincliine, un petit arbrisseau que Loureiro nomme axia corhinciiinr.nsis. V . au mot AxïE. (ln.) NilO-RUNG CHIA-LA. Noms qu'on donne, dans les provinces australes de la Cochinchine, à une espèce de vigne \Vilis labrusca , L.) dont le raisin , ainsi que celui du vilis indi- en, L., qui est le NiiORUNOet le Nhon-la des habitans de la même contrée, donne , après la fermentation , un esprit-de- vin assez bon. La vigne proprement dite [yilis viniferu , L.) est rarement cultivée en Cochinchine ; le climat ne lui paroît pas favorable, (en.) NHUC MOI etNUN MUEÏ.Noms chinois d'une espèce de Daj'HNÉ {Daphne odora , TlMinb.) cultivée avec grand soin dans les jardins de Canton , à cause de l'odeur agréable de ses {leurs, (en.) NIA. yV Oihaïti , c'est le nom des jeunes Noix du Coco- tier des Indes {Coros nucifera). Ce palmier y est appelé ari selon Forster, et ère la réduction du nickel , ce qui n'a lieu qu'à une chaleur rouge de 160 degrés centigrades, il s'en vola- tilise une petite quantité qui s'attache sous foruie de petit,» grains au couvercle du cieuset. Le nickel, quoiqu'aussi difficile à fondre que le manganèse, a l'avantage sur lui qu'on peut le réduire ; néanmoins il pa- roît qu'on n'est pas encore parvenu à le priver complète- ment du fer qu'il contient toujours. M. Laugier a entrepris dans ce but une foule d'expériences qu'il se propose de pu- blier incessamment. Elles feront connoître les moyens qu'on doit employer pour obtenir le nickel parfaitement pur. Le nickel exposé à l'air sec ou à l'oxygène sec, à la température ordinaire, ne subit aucune altération; à la température rouge il s'oxyde rapidement en vert et en laissant dégager de la cha- leur. Si cet oxyde vert contient une certaine quantité d'eau en combinaison comme l'oxyde vert natif, il doit être consi- déré comme un hydrate de nickel. De Born a remarqué que le nickel ^rs.emc3\{kupfer nickel)^ poussé au feu, donne des végélalions vertes qui deviennent à la fin brunes. Ces végétations , observées également par Patrin dans la fusion du kupfer nickel de Daourie , ne sont point de l'oxyde vert de nickel, parce que ce n'est qu'en perdant l'eau qui y est combinée qu il passe à l'état de nickel pvu- taxydé ou brun. Les oxydes de nickel sont de deux espèces : le protoxyde qui est brun et difficile à fondre , et le deutoxide qui est noir. On les obtient dans les laboratoires. « On obtient le protoxyde, ditM.Thénard, en décomposant le proto-nilrate de nickel par la potasse ou la soude ; il se précipite d'abord sous la forme de flocons verts , parce qu'il tient de Veau en combinaison ; mais par la dessiccation il perd celle couleur pour prendre celle qui lui est naturelle ». La dissolution de l'hydrate de nickel dans l'acide nitrique donne une belle couleur verte qui ne tarde pas à former un précipité de la même couleur. L'ammoniaque est colorée en bleu pâle par l'hydrate de nickel. Les oxydes de nickel com-muniquent au verre une couleur d'un brun-hyacinthe. Le nickel s'allie au bismuth , à l'arsenic, à l'antimoine, au cobalt, au molybdène; l'on ignore dans quelles propor- tions on peut allier le nickel avec l'un quelconque desmétaux cassanspour obtenir un alliage ductile. Le nickel s'allie aussi avec les métaux ductiles, llala propriété remarquable d'aug- menter la ductilité du fer avec lequel il se trouve combiné. Proust a reconnu que le fer natif d'Amérique, dont il a fait l'analyse, contenoll unquantité notable de nickel, et qu'il étoit aussi ductile que le meilleur fer forgé. Bergmann avoit pa- reillement observé que la fonte de fer qui est ordinairement fragile , avois de la ductilité lorsqu'elle contenoit du nickel ; 6oo N ï C onze parties «ror et une de nickel donnent un alliage cassant- L'on connoît encore des alliages de nickel avec le cuivre , le zinc et le plomb. Le régule de nickel n'a e'té connu que vers le milieu du iècle dernier par les travaux de Cronstcdt et de Bergujann, mais selon M. Lellèvre, lorsqu'on le p ace au l)Out d'une pince (le platine, il devient noirâtre et ne se fond p.is. Il co- lore légèrement en bleu le verre de borax. Il se dissout com- plètement dans l'acide sulfurique, et n'éprouve aucun chan- gement dans l'acide nitrique. L'on n'a pas d'analyse de ce minerai, seulement on sait qu'il contient une très petite quantité de cobalt , et quelque- fois d'arsenic , qui lui font perdre sans doute la vertu magné- tique du nickel pur. Le nickel nalifse trouve à Annaberg , Schnéeberg , et dans la mine dite Adolphe , à Johanngeorgensladt , en Saxe; à Joachimstahl, en Bohème , et à Andreasberg , au Harlz. Sa gangue ordinaire est le hnrnsiein inl'usible (quarz agathe gros- sier, H ). Au Hartz, il se trouve dans un fer sulfuré mélangé de plomb , et il forme , dans les fissures et les cavités de ces gangues, des houppes à fdamens entrelacés. JSICKEL OXYDE , Nob. ; nùke/scfiivarze , Haussmann ; — Blark ure of nickel , James. Je ne connois qu'Haussmann qui nous ait fait connoître cet oxyde de nickel nallj. Cet habile minéralogiste pense qut; l'oxyde noir de nickel qu'il décrit, est une découiposition du nickel arsenical. Il est plus nalurel de croire que c'est le nic- kel Jiydralé vert, qui a perdu son eau , et qui est devenu ainsi un simple oxyde de nickel, comme cela a lieu dans nos labo- ratoires , lorsqu'on fait dessécher le nickel hydraté. Le nickel oxydé natif ttsl terreux , d un gris ou d'an brun- noir ; sa raclure est luisante ; il est légt-r et tendre. 11 form-a de petites croûtes et de petits nids, dans un schiste mirneux et bitumineux , qui contient aussi du nic/u-l arsenical et du m- ckel hydraté , à Riegelsdorf , dans Kl mine dite Friedricij- "Wilhelm en Hesse; le nickel oxydé noir colore l'acide nitrique en vert pomme , en laissant déposer de Tacide arsenique ; d'où l'on peut conclure qu'il est composé de nickel oxydé et d'arsenic oxydé; mais on ne connoîl point la proportion de ces deux principes. NICKEL NATIF FERRIFÈ3\E. Je crois devoir rap- pelericiles fers météoriques quiconliennent tous, sans excep- tion, une petite quantité de nickel en combinaison. Les chi- mistes ont également reconnu que ce métal se trouve allié au fer, dans toutes les masses pierreuses métalliques qui tom- bent de l'atmosphère , à la suite de météores enflammés. Cette circonstance ajoute à la probabilité d'une identité d'o- rigine de toutes les pierres. Fuy. Fer. natif et PiERaES mé- téoriques. NICKEL ARSENIATÉ de Berzelius. F. Nickel hy- draté , nickdblume et nickel bluihe des Allemands, (ln.) ' Co6 IV I C NÏCKEL-KALK et NICKEL-OCKER. V. Nickel HYURATÉ. (LN.) jNICKEL SILICTATÈ de Berzellus. T. Piméltte. (i.?j.) NICKEL VITRIOL ( Nickd sulfalé, en allemand ). Vel- tliL'im donne ce nom au Mic.KEi. hydraté. V. ce mot. (ln.) NICKELERS des Allemands. K. Nickel arsenical, (ln.) NICK-CORONDE. Sorle de cannelle de Ceylan , qui n'a ni odeur ni saveur. On s'en serl en médecine. L'arLre qui la produit ne paroît pas être connu des botanistes, (b,) TsiCKISK. Nom ail. d'une Laiche {carcjc arufa, L.). (LX.) NIGOTIANA. Du nom d'un habitant de Nismes, Jean Nicot, ambassadeur de France à la cour de Portugal, qui, en i55qoui56o, fit passer en France les graines du /cifjuc commun qu'un Flamand avoit apportées de la Floride. Celle plante éloit appelée , en Amérique , tuharka , lultak ou tuboc ftl peium ; et en Virginie , iippowoc. Loniccrus , Dalécbamp etTabernœ-Montanus furent les premiers botanistesqui men- tionnèrent le iahac sous le nom de niroUana , que C. Bauhin a rendu ensuite générique en y rappoitant le nù.uilaua rustica {niculionu minoi\ C. B.), et plusieurs plantes qui semblent être le tabac et des espèces voisines. Tournefort , Linnœus et tous les botanistes , ont laissé à ce genre son nom de ulcotiamt. L'une des espèces dites nicotiami glut'musa est le type du genre iahacus de Moench. V. ce mot et Nicotiane. (ln.) NlCOTLVNE, Nicotiami^ Linn. (^pentuudrie mnnogyuu'). Genre de plantes de la famille des solanées, dont les carac- tères sont : un calice en tube , persistant , découpé en cinq parties; mie corolle en entonnoir, avec un tube beaucoup plus lon"^ que le calice , et un limbe à cinq divisions et à cinq plis ; cinq étainines à anthères oblongues ; un ovaire supérieur surmonte d'un style mince que termine un stigmate cchancré ; une capsule ovoïde , marquée de quatre stries , à deux loges et à deux valves , s'ouvrant au sommet , et remplies de petites graines réniformes , ridées et noirâtres. Ce genre a des rapports avec les MoLÈNESct les JusQUiA- MES. H comprend une vingtaine d'espèces, les unes vivaces, les autres annuelles , toutes originaires de l'Amérique , à l'exception d'une seule ( la nicotiane frutiqueuse ) qu'on trouve en Chine et au Cap de Bonne-Espérance. Parmi ces espèces, il en est une très-connue , et dont on fait usage dans les quatre parties du monde, sous le nom de Tabac. Foyez ce mot, ella pi. (x 35 de ce Dictionnaire. Les autres uicotianes qui méritent d'être citées , sont : La NiCOTIATSE FRUTIQUEUSE , Nicotiana fnilicosa, lÀnu. ^ dont je viens de parler ; elle a de si grands rapports avec la nicotiane-labac , quelle pourroit biea n'en être qu'une va- N T C 607 rîété. Cependant elle en diffère par sa tîge vivacc, par ses feuilles plus aiguës , plus étroites et plus légèrement velues, par ses fleurs disposées en une panicule plus lâche , à calices plus serrés, découpés plus profondément, el à corolle d'un rouge approchant de la couleur de chair. La NlcOTlANE RUSTIQUE , Nicotiana rustica, Linn. Ses feuilles , au lieu d'être sessilcs comme dans la précédente , sont pétiolées , ovales , ohtuses , très-cnsières , lisses et glutineuses ; ses (leurs sont obtuses et de couleur hcr- hacée ; elles paroissent en juillet , et produisent des capsu- les rondes. Elle est une des plus acclimatées parmi nous. Elle se multiplie sans le moindre soin , partout où ses se- mences se répandi^nt ; de sorte que dans quelques endroils elle semble devenue indigène. Elle est annuelle. On croit que c'est la première espèce qui a été apportée en Europe. La NicoriANE paniculée. Ses feuilles sont pétiolées, en cœur, très-entières; ses fleurs petites et disposées à pani- cule penchée ; elle est originaire du Pérou. C'est celle que l'on cultive le plus dans la Turquie d'Asie et en Egypte, pour l'usage de la pipe , parce que ses feuilles sont moins acres. L\ NlcOTlANE A PETITES FEUILLES, Nicotiana minium, Mo- lina , Vuy. du Chili , pag. i53, cultivée au Brésil, et remar- quable par ses feuilles très-petites, pas plus grandes que cel- les Aa di clame de Crète ^ auxquelles elles ressemblent; elles sont ovales et sessiles , et les fleurs obtuses, (d.) La NicoTiATJE A QUATRE VULVES , se caractérise par son nom. Elle esî originaire de l'Amérique septentrionale. Le tabac qu'elle fournit a été préconisé sous le nom de tabac de Missouri, (d.) NiCOU. Nom spécifique d'une espèce de PtOBiTSlER , qui, à la Guyane , sert à enivrer le poisson. Pour cela, il suffit de battre l'eau avec ses branches nouvellement coupées et fendues, pendant quelques instans ; le poisson monte bien- tôt à la surface et se laisse prendre à la main. (b. ) NICTAGE et NICTAGL^ÉES. V. Nyctage et Nyc- TAGINÉES. (LN.) NICTANTË. Voyez Nyctanthe. (b.) NICTÈRE. Voyez Nyctere. (desm.) NICTERION. Fove^ Nycterio^. (b.) ISID (^Ornith.). Espèce de petit logement que les oiseaux préparent pour y pondre , pour y faire éclore leurs petits et pour les y élever. On appelle aire le nid des oiseaux de proie. Si l'ornithologiste n'a pour guide que la dépouille d un oi- seau , il ne peut avoir que des idées superficielles et conjec- turales sur son genre de vie , sur son naturel et même sur ia. race d't)ù il sort : il lui faut donc d^auties erreiacns pour 6o8 NIC asseoir son Jugement : ceux que donnent les nids et les œufs , ne sont pas les moins iinportans ; car, combien d'erreurs en ornilliologie n'eûl on pas évitées; combien d'espècesj com- bien de variëlés faites avec des mâles, des femelles et des jeunes de la même espèce , n'existoroient pas , si on eût connu leur berceau : si on les eût suivis dès leur premier âge ? Celle élude facilite le naturaliste observateur dans ses recherches , luiprocure lesrtmyens de distinguerle mâle de la femelle, et ceux-ci du jeune, dont la robe est presque toujours très-dissem- blable de celle du père , et très-souvent de celle de la mère ; elle l'aide à reconnoître le mâle dans les espèces où il ne porte que momentanément son babil de noces; elle le met à poriéed'entendrelesdivers cris, la variété du chant, de distin- guer les habitudes et les mœurs. La connoissance des nids est pour rornilhologistede la plus grande utilité, puisqu'un nid au- trementconformé, composé de matcriauxqui diffèrent plus ou moins, posé sur un arbre ou dans un buisson, dans l'herbe , ou sur le sol à nu, construit dans un trou ou attaché conlre un rocher; puisqu'un œuf d'une forme plus ou moins dispa- rate, déteintes plus ou moins dissemblables, seront pour lui des guides certains qui l'empêcheront de former des alliances, de réunir des oiseaux , parce qu'ils ont, outre les caractères du bec et des pieds , la même taille et presque le même plu- mage, mais qui sont très-distincts les uns des autres par leur lang.'ige et leur naturel ; de séparer les mâles des feniclles , les jeunes de ceux-ci , parce que leurs couleurs n'auroient aucune analogie. Une pareille recherche exige beaucoup de zèle , de la persévérance et de la patience , puisque des es- pèces d'oiseaux choisissent des lieux et des foréls presque inaccessibles, les déserts et les contrées les moins habitées , pour procurer à leur famille un asile impénétrable à leurs ennemis. 11 est encore des oiseaux d Furope dod le berceau est inconnu ; mais combien est grand le nombre de ceux des pays étrangers habités par les Kuropéens , que l'on troUvc- roit facilement et que 1 on ne connoïl pas ! Peut-être a-l-on été arrêté dans ces recherches par le peu d'intérêt que l'objet inspire au premier abord ; mais leur utilité pour les progrès de la science doit être un aiguillon assez puissant pour déci- der le vrai naturaliste à s'en occuper. Tous les oiseaux ne construisent point de nid ; il en est qui profitent de ceux qui sont abandonnés ; d'autres déposent leurs œufs dans des trous d'arbre , de mur , de rocher , dans des trous en terre ou sur le sol nu; les vrais coucous pondent dans un nid étranger, et laissent à une mère étrangère les soins de faire éclore et d'élever leurs petits. W ilson nous a fait connoître depuis peu un oiseau de l'Amcriquo septcn- NID Co() tfionale ( la passerîne des pâturages^ qui sfe conduit (le même que ceux-ci ; ce sont les seuls qu'on connoisse jusqu'à pré- sent pour déroger à la loi générale. Le soin de construire le nid est plus souvent l'occupa- tion de la femelle que celle du mâle , qui ne fail guère que de ramasser les matériaux et les apporter, afin que ceiie-ci les mette en œuvre. D'autres ne s'en occupent nullemetil : c'est elle qui en pliant et entrelaçant avec son bec les brins de plantes desséchées , donne la première forme et la solidilé au nid, et qui, à mesure qu'elle le garnit, en pesant sur les matériaux qu'elle a accumulés, en les écartant et les arran- geant par les mouvemens de son corps, leur fait prendre ia forme convenable. Uauiruche^ dil-on, laisse pendant le jour ses œufs exposés à l'ardeur du soleil , après les avoir couverts de sable. Les oi- seaux qui ne se perchent pas ou qui se tiennent le plus sou- vent à terre , y construisent aussi leur nid, qu'ils cachent au pied d'un arbre, d'un buisson, dans les halliers, et le plus souvent dans une touffe d'herbe. Les vautours , les afgles , font choix de la fente d'un rocher escarpé des plus hautes montagnes; et quelquefois ces derniers préfèrent la cime des arbres les plus élevés pour y construire un nid vasîe, entrelacé de petites branches, et dont 1 intérieur est tapissé d'un gramen posé sans art. Les oiseaux de proie nocturnes , auxquels la nature a refusé les moyens qu'exige la cons- truction d'un nid, pondent dans des trous d'arbre ou de rocher, ou s'emparent d'un nid abandonné par des oiseaux de leur taille. LiCS pics ^les grimpereaux , les siltelles^ les huppes y plusieurs mésanges., quelques gobe-mouches ^ etc., pondent dans des trous d'arbre et de muraille , sur des matériaux entassés sans art. Les guêpiers, les martin-pêcheurs ., se con- duisent de même dans un trou en terre; les rol/iers ., les ror- neil/es, les geais., les pies construisent leur nid sur les arbres, hii donnent de la solidité avec un tissu de racines , de fibres d'herbes et de mousse , et en garnissent l'intérieur avec de la laine et du poil en abondance. Notre pie fait du sic-n un fort inaccessible , en l'entourant et le couvrant de branches épineuses. Il semble que l'industrie est le partage de la foiblesse ; car c'est parmi les petits oiseaux que se trouvent les plus adroiis. Oui n'admire les nids élégans et très-solides de nos pinsons., de nos chardonnerets;\espelils(onrs que construisent nos poinUot:; l'es- pèce de corneniuse du remiz, construite avec la bourre du peu- plier, du saule, du tremble, et dont l'oiseau forme un tissu épais et serré , semblable à une étoffe de laine , clos par en haut , suspendu à l'exlrémilé des rameaux les plus foibles , les plus 6io N T B tnobiîes et ppncViés sur !'<•?« ; <îont i'enfrée est sur les flancs, tantôl plus haut , tr.nlôl plus has, ci toujours tournée <^u côté fie cet clément! On ne voll pas, dans le nid de la m^sinif;e à lougneqaeue , un travail aussi fini ; mais elle 1 attache solidement sur les branches des arbrisseaux, lui donne une forme t)vale cl presque cylindrique, le ferme par-dt-ssus, laisse une entrée dans le côté, et se ménage quelquefois deux issues qui se répondent. C est aussi parmi ies syhoins ou pas- seiraux quese trouvent lesoiseaux étrangers les plus remarqua- bles. Qui ne voit avec surprise le nid des nelicuurvis^ composé de poille et de joncs artistement entrelacés, présentant par €n haut la forme d'une poche, à laquelle est adaptée, sur Tun de ses côtés, un long tuyau dirigé en en bas, à l'extrémité duquel se trouve rentrée du nid! tel est celui de la pre- Tniére année; mnis à la suivante ces oiseaux en construisent i;.n nouveau a-u bout de lancien, et Ton en voit ainsi jusqu'à sept ou huit attachés Tuu à Taulre ; c'est de même que se coiiiporleut encore les nip-mures. Le {;nil gin'f sucrier donne au sien la forme d'un petit me- lon , suspendu à une branche, place l'entrée en dessous, et le divise à Tintérieur en deux comparlimens sép:!réspar une cloison; l'un sert de corridor, et c'est au fond de l'autre que la femelle dépose ses œufs. Combi.n d'autres oiseaux exoti- ques qui ne montrent pas moins d industrie que ceux ci Le caraiif:e de la Ma r-ti nique confie ce qu il a de plus cher à une feuille de bananier; une des lranch(;s d'un globe creux coupé en quatre paris égales, présente la forme de son nid; et cet oiseau sait le coudre sous une feuille de bananier qui iui sert d'abri et qui en fait elle-même partie. Le figuier iaU se comporte à peu près de même ; car il choisit une feuille de l'extrémité d'une branche , et après s'être assuré de la solidiléilu pétiole, il apporte une autre feuille qu il a l'adresse de coudre a la première, avec des filanu-ns déliés et Hexi- bles tirés du jonc. Parlerai- je encore de la cucurbite étroi- te , surmontée de son alambic du rurique yi/puu ; de la bourse ouverte, large et profonde du /vw/Z/n/ore , suspendue aux ra- meaux par quatre cordons d'un tissu très-solide, et garnie sur le côté d'une petite fenêtre à claire-voie, par où la femelle voit sans être vue ce qui se passe dans les environs ? Le /uur~ nier construit son nid avec de la teire, lui donne la loi nie d'im four à cuire du pain, partage Tintérieur en deux par- ties par une cloison circulaire à lac|uelle il laisse une ou- verture pour pénétrer dans celle où sont déposés les œufs. Les gros //ers suciaiix se réunissent en troupes très nom- breus» s pour cons'ruire une habitation commune à tous, et divisée eu autant de cellules que de nids. N I T> •0/1- SI nous jetons nn coup d'œil sur le nid de ccriaines hii ipfirs , nous voyons l'ouvrage d'un vannier dans celui de Vliiromhlle acutipenne de la Louisiane ; elle construit d'abord une cspècede plaie-forme avec des petits rameauxsecs etdesbrous- sailles, liés avec le styrax du liquidambar, sur laquelle elle pose un nid composé de petites bûcliettes collées ensemble avec la même gomme ^ et disposées à peu près comme les osiers d'un panier; elle donne a ce petit chef-d'œuvre, la forme d'un tiers de rercle, et le fixe par ses extrémités aux parois d'une cheminée. Qui ne reconnoît un maçon adroit et intelligent dans noire hirondetle de fenêlre? Enfin , parmi les oiseaux de rivage , la viamiietie construit un nid digne de remarque; ce nid a la forme d'une barque, flotte sur l'eair, et est attaché par une de ses extréuiilés à une lige de roseau. Quant à la conservation des nids pour les collections, V. l'article Taxidermie, (v.) NID DE FOURMIS. Nom qu'on donne, à Cayenne, à un arbrisseau grimpant que les naturels appellent Tachi» (F. ce mot. ) C est le mynnecia srmuJens ^ Willd. (ln.) NID D'OISEAU. Nom spécifique d'un Opiiryoe. (b.) NID DE DRUSEN. V. (iirE i>es minéraux, (pat.) NIDUIAIRE, Nidiilaria. Genre de plantes de la famille 8esCHAMPlG^i0^s, que lîulliarda établi aux dépens des PÉ— ZlZES de LinuPRus. L'expression de ses caractères est : subs- tance coriace en forme de calice ou de cupule ; semences pëdiculées, fort larges, entoui-ées d'un suc gUiireax., et situées au fond du calice. îjes nidu/aires ^ appelées Cyathes par plusieurs botanisfes^ ne diffèrent pas beaucoup des pézizes par leur fcu'me ; mais leurs bourgeons sénnuiformes sont ipcnfermés dai>s l'intérieur de leur substance au fond de leur calice , au lieu que les pé- zizes offrent les leurs , à la suiface supérieure de leur chapeau. C'est Bulliard qu'il faut consulter toutes les fois qu'il s'agit des champignons de France; voici ce q[u'il dit : Toutes les nidulaires sont remplies , dans leur jeunesse , d'un suc glaireux et limpide , et leur orifice est alors fermé par une membrane ; à une certaine époque, cette membrane se déchire , \a liqueur qu'elle recouvroit s'év^apore , se des- sèche en partie, et les graines restent à nu. Ces graines avor- tent lorsqu'on crève la membrane qui recouvre le Iluide où elles sont noyées avant l'époque fixée par la nature , ou lors- que des chaleurs excessives dessèchent ce fluide. Elles n'ont pas , comme les autres clvampignons, des vésicaic^ sperina- tiques distinctes ; aussi ces prétendues graines ne sont-elles «^ue de petites nidulaires qui croissent tant qu'elles trouvent Gi= N î D suffisamment de nourriture dans la cavité de leur mère ,mais qni ne preiioent un développement complet que lorsqu'elles soni Roriies di; cetle cavité , quelles ont été jetées sur la terre par l'effort des vents ou par quelques autres circonstan- ces. F oyez aux mots Champignon ou Truffe. On trouve huit ou dix nidulaires décrites dans les auteurs; mais il n'y en a que trois qui croissent dans les environs de P.iris , savoir : La NiDULAiRE VERNISSÉE , qui a sa surface extérieure ve- loutée , d'un jaune-brun , et l'interne lisse , luisante , blan- châtre dans sa jeunesse et plombée dans un âge avancé ; ses bourgeons séminiformes sont larges , grisâtres et glabres. Elle se trouve sur la terre et quelquefois sur le bois mort. Dans sa vieillesse , ses bords sont très-renversés en dehors. La Nid LAiRE lisse , qui est d'un jaune foncé , unie , mais non- luisante en dedans , dont le bord est droit et les bour- geons séminiformes noirâtres. Elle se trouve exclusivement sur le bois mort. La NiDULAiRE STRIÉE est d'un brun clair, constamment loineuse en dehors , et creusée de stries longitudinales en dedans. Ses bords ne se recourbent pas. Ses semences sont lisses en dessus , et tomenteuses en dessous. On la trouve sur la terre et sur le bois pourri. C'est principalement dans les terrains sablonneux et au commencement du printemps, qu'il faut chercher les nidu- laires. (b.) ]VU)US AVTS. Lobel, et après lui Dodonée, Dalechamp et Rivin, ont donné ce nom à Vophrîde nid-d'oiseau (^ophrys nidiis avis , Linn. ) , dontrTournefort fit son genre nidus avis, queLiniireus n'a pas conservé. V. au mot Neottia. (ln.) NIDUS AVIU M ( Nid des oiseaux ). Cest le Panais sau- vage, (ln.) NIECE. Nom qu'on donne , au Sénégal, à une espèce de DoLiC , suivant Adanson. (ln.) NiEBUHPxGIA. Nom proposé par Scopoli , pour dési- gner le genre Bultimora de Linnœus. Il est dédié à C. Nie- buhrg, Danois, qui voyagea en Egypte et en Arabie, (ln.) NJECKE CORONDE. Nom de pays de l'écorce du/«M- rier-rassie, dont on se sert comme de celle du cannellier, pour los assaisonneinens. V. au mot Ca?înellier. (b.) -NIEIRO. Nom de la Puce, en Languedocien, (desm.) NIELE. L'un des noms allemands de la Viorne. ( vibur- ri'im Janiana , Linn. ). (ln.) NIELLE. Nom vulgaire de la Nigelle. V, ce mot. (b.) NID 6i3 NIELLE DES B LÊS.C'est aussi I'Agrostemma githago, «îe Linnœus, ouliiTHAGE de Desfontaines, (ln.) On appelle aus?i de ce nom , la Caiue , le Charbon, la Houille, T Ergot et le Blanc, maladies des plantes, dues à des Champignons parasites, (b.) NIELLE DE VIRGINIE. Espèce de Mélanthe ( me- lanthium virginir.nm , Linn.). (LN.) NIENGALA. V. Nienghala. (ln.) NIENGH ALA. Leshabilans de l'île de Ceyian désignent par ce nom le Methonica des Malabares ( gîoriosa svperba , Linn. ). V. les mois Méthonique et Mendoni. (ln.) NIEN-SÏ. Nom chinois d'une racine qui, au rapport de Clcyer, a une saveur acide, corrigée par un goût douceâ- tre. C'est, sans doute, une racine d'ombellifère. (ln.) NIEREMBERGE , Nierembcrg'm. Plante annuelle à tige rampante, filiforme, noueuse , à feuilles pétiolées , ovales , oblongues, entières, velues, au nombre de cinq à six à chaque nœud , à (leurs blanches , solitaires , sessiles sur les nœuds , qui forme un genre dans la pentandrie monogynie. Ce genre offre pour caractères : un calice à cinq divisions ovales et persistantes ; une corolle hypocratériforme , à tube cylindrique très-long , un peu courbé , à limbe à cinq divi- sions ovales , striées , plissécs ; cinq étamlnes inégales; un ovaire supérieur à style filiforme et à stigmate bilobé ; une capsule ovale , biloculaire , bivalve , renfermant plusieurs se- mences anguleuses, (b.) NIERENSTEIN et NIERENHELFER. Synonymes allemands de néphrite. V. Gade. (ln.) NIESEKRAUT. La gratiole officinale , le muguet, quel- ques ochridées, Tachillée ptarmica et l'orpin brûlant reçoi-r Tcnt ce nom dans diverses parties de l'Allemagne, (ln.) NIESKRUID. C'est, en Hollande, 1 Herbe a éter- KUER ( ochUlea ptarmica , Linn, ). (LN.) NIESWURZ. Les hellébores, les varaires, les sérépias^ l'adonis printannier , l'herbe Saint- Christophe , portent ce nom en Allemagne, (ln.) NIESWURZEL. Nom de la mâche, valenana locus-^ ta , Linn. , en Allemagne, (ln.) NIETOPERSZ. Les Polonais donnent ce nom aux chau- i>e-SGuris. (desM.) NIEU-LI-SOI. Espèce de Laitron qui croît en Chine, différent du sonchus fioridaniis , L. , pour lequel Loureiro l'a pris. (LN.) NIEU-SI, Nom qu'on donne, à la Chine , à eette petite 6i4 N I E plante queLoureiroappe'le cyaihulagenîculata. V. Cyathule €t Cadelari. (lis.) NIFAT. C'est le murex pusio de Linnseus. V. au mot PvO- CHER. (b.) NIGAUD. Nom appliqué à un cormoran , parce qu'on a remarqué qu'il étoil encore plus niais que les autres. Foy. pour tous les oiseaux décrits sous ce nom , l'article Cor- moran, (v.) NIGELLA. Il dérive du mot latin m'ger, noir. Plante ainsi nommée par Pline et les Latins, à cause de ses graines noires. C'est la nigelle de Crète (^nigella salim , Linn. ). F. Melan- THION. hes espèces du genre nigella et I'Agrostemme des blés ont élé appelés nigella par les botanistes qui ont précédé Linnoeus. Le genre nigella créé par Tournefort , adopté par les naturalises, comprend, d'après M. DecandoUe, onze es- pèces. Moench a fait à leurs dépens son genre nigellastrum , conservé comme sous-genre par M. DecandoUe. V. Nigel- LASTRCM. (LN. ) NKiELLASTRUM. Nom donné , par Dodonée , à l'a- groslemme des blés; puis, par Magnol , à la plante qui conslilue le genre gavidella de Tournefort, consacré à la mémoire de Garidel;-, , auteur de la Flore d'Aix , qui a fi- guré cette pianle sous sonnom, pi. Sgde celle Flore. Linnœus nom. ne celle plante gandella nigellastrum. Sa fleura en effet beaucoup de ressemblance avec celle desnigelles. DecandoUe a fait connoître une seconde espèce de ce genre {garidella un- guicularis). Elle croît aux environs d'Alep. Le genre nigellastrum de Moench est différent ; il a pour type le nigella urienialis^ Linn. , dont la (leur est jaunâtre , et munie d'étamines sur un seul rang. Les graines sont plates. V. Nigella. (lis.) NIGELLE, Nigella. Genre de plantes de îa polyandrie pentagynie et de la famille des renonculacées , qui a pour caractères: un calice de cinq grandes folioles ovales, rétré- cies à leur base , très-ouvertes et colorées ; une corolle de cinq à huit pétales bilabiés en cornets courbés à leur base, dont la lèvre supérieure est plus courte et forme une fossette qui se trouve entre les deux divisions de l'inférieure ; un grand nombre d'étamines ; cinq à dix ovaires supérieurs, oblongs , convexes , comprimés , droits , terminés par de très-longs styles subulés , persislans , à stigmate aigu ; cinq à dix cap- sules oblongues, pointues, comprimées sur les certes, dis- tinctes ou réunies en une seule, à plusieurs loges, renfermant des semences anguleuses et fort petites. Ce genre renferme des plantes annuelles, à feailles linéai- N T G 6i5 Tes , une ou deux fols ailées, et à fleurs terminales quelque- lois enveloppées (Vun iiivolucre de cinq folioles nmllifides. On en compte onze espèces presque toutes, propre» aux parties méridionales de 1 Europe. La NiGELLE DE Damas , Nige/Ia damasrma, a cinq pistils,' et les fleurs entourées d un involucre feuille. Elle croît en Europe et en Asie. On la cultive dans les parterres , sous les noms de nielle , barbiche , harbe de capucin , ioute-êpice et t.heoeux de F étuis , à raison de la beauté de ses fleurs, qui varient du bleu, qui est b'ur couleur naturelle , au rouge et au blanc, el qui doublent facilement. La culture de cette plante n'est point difficile , puisqu'il ne s'agit que de la semer au printemps, en place et à la vo- lée , el éclaircir les endroits où les plants seroieni trop ser- rés. Elle se resème toujours d'elle-même; ainsi, une fois qu'il y en a eu dans un parterre , il ne s'agit plus que de ménageries pieds aux labours du printemps. En Egypte , au rapport d'Olivier, on cultive cette plante en grand , sous le nom àabsodé , pour en mettre la graine dans le pain, pour en faire des conserves , pour en tirer de 1 huile , etc. Les semences de cette plante passent pour fortifiantes, carminatives et céphaliques : on s en sert en infusion dans les affections catarrhales, l'asthme piluileuxel la céphalalgie; elles augmentent le cours des urines, et rétablissent les rè- gles des femmes; elles entrent dans la composition du sirop d'armoise , dans lélectuaire des baies de laurier , dans les trochisques de câpres , etc. La NiGELLE DE Crète , Nigella saiioa , a cinq pistils ; les capsules arrondies, épineuses, el les feuilles un peu velues. On la cultive comme la précédente ; mais elle lui cède de beaucoup en beauté. La NiGELLE DES CHAMPS a ciuq pistils ; les folioles du ca- lice longuement onguiculées , et les capsules turbiuées ; sa fleur est petite , mais très-jolie. La NiGELLE D'EsPAG^E a dix pistils égaux en longueur à La corolle. Elle se trouve en Espagne. La NiGELLE d" Orien r a dix pislils plus longs que la corolle, et les semences ailées et aplaties. On la trouve aux environs d'Alep. (B.) NKillT-JARR. Un des noms anglais de I'Engoule- "vent , à cause du cri qu'il fait entendre le soir, ^^v.) NKiHSTHADE. Synonyme anglais de la Morelle elda inot allemand nachtsr.hatlen. (ln.) ^IGilTlNGALE. Nom anglais du PiOssignol. (y.) 6i6 N î Tt NIGRETA. Le Pavot cur^'u { cheîidonhtm glmicium; Linn., porte ce nom en Portugal, (ln.) NKiKETTE. Un des noms vulgaire du Merle, (v.) NIGRICA, Schisius ni'grica, Wall. C'est le Zeichensnhie- fer des Allemands , et ce que nous appelons crayon noir, et schiste à dessiner , que M. Haiiy désigne par argile srhisleme graphique ; M. Brongniart , par amp élite graphique ^ et de La- métherie , avant eux , par melantherite. V. ces divers noms, et Schiste, (ln.) NIGRILLO. Nom que les Espagnols donnent à I'Ar- CENT SULFURÉ noir terreux et au Cuivre gris argentifère décomposé, (ln.) JNIGRIN de Werner. C'est une variété du Titane oxydé FERRiFÈRE ( V. ce mot ) , qui se trouve en petits grains nolis, dans les roches granitiques et les gneiss. Son caractère es- sentiel est dans sa cassure très-inégale. Uiserin, qui est aussi une variété de Titane oxydé ferrifère, jouit d une cassure conchoïde éclatante; dans la. menakanile y elle est un peu la- melleuse ; ces trois variétés passent de l'une à l'autre. Les minéralogistes étrangers persistent à les regarder comme des espèces distinctes. Les Allemands nomment aussi le ni^rin , Eisentitan. Aikin et Jameson le décrivent sous le nom de nigrine. Le nom de nigrin ou nigrine a été aussi appliqué au Titane SILICÉo-calcaire que Werner a désigné par Lraum mœuak-- erz. (ln.) NIGRINA. Il y a deux genres de plantes sous ce nom. L'un est le nigrina de Linnaeus ou nielasma de Bergius , que Linnseus fils a rapporté ensuite augenre gerardia , en nomiîKsMt la seule espèce qui en fît partie, gerandia nigrina. Le second genre nigrina est décrit dans ee Dictionnaire au mol ISi- grine. (ln.) NIGRINE. V. Nigrin. (ln.) NIGRINE, Chloranlhus. Genre de plantes delà tétrandrie monogynie, qui a pour caractères : un calice entier en soa limbe , muni d'une dent sur le côté extérieur et d'une bradée à peine visible à sa base ; un seul pétale , inséré au côté extérieur de l'ovaire, squamiforme , ovale, arrondi, con- cave , trilobé , à lobes latéraux monandres, et à lobe inoyen plus allongé et diandre ; des anlbères adnées au pétale ; un ovaire semi inférieur sans style , à stigmate capile , pres- que bilobé. Le fruit est une baie ovoïde , marquée vci.s son sommet d'une cicatrice formée par la chute du pétale <{ de la dent calicinale. Cette baie est transparente à sa base, uui- loculaire et monosperme. Ce genre esl composé d'une seule espèce , (pi est u« scusr' NIL Gtf arbrisseau glabre , stolotiifère , à rameaux opposés et noueux, poussant des racines dans les nœuds inférieurs ; à feuilles opposées, amplexicaules , et munies de stipules; à fleurs dis- posées en épis paniculés et terminaux , munies chacune d'une tractée qui persiste. La nigrine est originaire de la Chine et du Japon. Elle se multiplie très-aisément dans nos serres , par marcottes ou boutures. On assure que les Chinois, pour donner aux feuilles de thé l'odeur agréable qu'elles exhalent , sont dans l'usage de les mêler avec celles de cet arbrisseau. JLe genre Créode de Loureiro rentre complètement dans celui-ci. La Nigrine de Linnaeus se nomme actuellement Melas- WE. (b.) NIGRITELLE , Nignïel/a. Genre de plantes établi par ïxichard . aux dépens des Orcuis de Linnaeus, et des Ha- Ienaires de R. Brown. Ses caractères sont : calice ouvert ; inbelle (nectaire , Linn.) postéricTire , en éperon arrondi et entier ; bursicule à deux demi-loges. L'Orchis noire sert de type à ce genre, (b.) NIGROIL. C'est le spare oblade. V. au mot Spare. (b.) NIGUAS. V. NiNGAS. (L.) NIGUNDA. V. Negondo. (ln.) NIHIALHINEM. Nom que les Hébreux donnoicnt à la Fumeterre. (LN.) NIHIL-ALBUM. On a donné ce nom aux excrémens de rats, qu'on employoit autrefois dans les pharmacies, (desm.) NIHIL-ALBUM et POMPHOLIX. Noms donnés au- trefois au Zinc oxydé. V. cet article, (ln.) NIIR PONGELION (Rheed., M«/. 6, t. 29). Très- grand arbre du genre des Bignones. C'est le hignonia spa- Ihacea de Linnaeus fils. Dans la langue tamoule , il se nomme Will-Padri. (ln.) NIIRVALA. C'est le nom qu'on donne, au Malabar, (F. Rheed., Mal. 3, t. 4.2), à un bel arbre qui appartient au genre Tapier. C'est le cvaiœ^a religiosa , Forst. (ln.) NIKKEL. V. Nickel, (ln.) NIKYLION. Nom tariare-koriak de I'Aune. (ln.) NIL ou NILE et ANIL. Divers noms arabes de I'Indi- r.OTlER DES Indes, indigofem tinctoria. La racine de ces noms paroît être le mot ni'a qui signifie bleu, dans les langues cln- ghalienne et malabare. (ln.) NILA BARUDENA, Nom que l'on donne à 1' Auber- gine {solanum nielongena) au Malabar, selon Rhéede, qui en a donné une excellente figure (Mal. 10 , tab. 74 ). Ç}-^-) XXII. 4*^ 5,8 NIL NIL\-HUMMATU {hummatu hleu de saphir). Nom ma- labare d'une espèce de Datura. a fleurs bleues, qui paroît voisine du dalura mélel. (ln.) NILBEDOUSI. Petit arbre figuré tab. 28 du cinf|«ième volume de VHorlus malabaricus de Rhéede. Ses feuilles sont alternes, ovales-obtuses, épaisses, toujours vertes. Ses fleurs sont disposées en panicules à l'extrémité des rameaux, et composées chacune d^une corolle de cinq pétales oblongs , aigus, charnus, rougeâlres; de cinq étamines; d'un ovaire supérieur ovale, terminé par un stigmate sessile. Le fruits Kont des baies ablongues , noires quand elles sont mûres, remplies d'une pulpe douce, dans laquelle est plongé un os» selet blanc , rond et un peu plane. Cet arbre croît dans l'Inde. Le &uc exprimé de ses feuil- les, mêlé avec le suc laiteux de la noix d'Inde, tue les vers intestinaux, (b.) NILE et NILEM. Noms malabares du Saphir. Nîla-candi est le nom de la Topaze orientalje. V. à l'article Corindos VITREUX, (ln.) NIL-GAUÏ ouNYL-GHAUT , Anûlùpe albipes , Erxl. , 'Antilope picta , Gmel. Quadrupède ruminant du genre des Antilopes, figuré pi. G 82 de ce Dictionnaire. V. Atsti- lOPE. (DESM.) NILHA des Portugais de l'Inde^ C'est le rumphia amboi- nensis. (lîc.) NILICA D'INFERNO. C'est le nom que les Portugais de l'Inde donnent à un arbrisseau qui paroît être une espèce de Glutier {sapium), parce que son fruit, plein d'un Jaît acre , cause une inflammation douloureuse à la bouche, lors- qu'on a eu l'imprudence d'en manger. Les Malabares nom- ment cette plante eupborbiacée , carenoUi ei bengiri. (ln.) NILIKAI {Boa malacca, Rumph. Amb. Auct. , tab. i ). Nom malais de I'Emblic, espèce de Phyllanthe (phyllan- ihus emblica , Linn. ). (ln.) NILlKIESELetNILSTEIN. Noms allemands du caiV-j îou d'Egypte. V. Jaspe égyptien, (ln.) FIN DU VINGT-DEUXIEME VOLUBtE. -^r/^ vie»-. '^.-■P-J^ K ^^f ., ^'-K-^^ <'^-\.' >^i;<^m ^^' \ i r>A y r V 7 > ^fi i \ ^ -y ^' i^ ^ ,\)^^ ^ Y% V .y^- >'-.-v.> s-.^iiSi:^^vi;iï<^^î'-^i .^■.^,f::>M ;-■■:■ >-■ '-'...-• ^:^-^^ x^' Wj-' .-»• I ■.»==». :/**- -1 . ■ -■ T»-**^-' ; O -• ■].■ .'.st; _^ •^->' •/ ^' -■■•S-': . . ■ %