att^^^ v^;*. ..(?. >.. I >; k'^ LIBRARY OF 1885- IQ56 . jr: «j ^ .f^ "c^- --V,^. •H i sy*, '/^^ ■h"' 7^- ^f r:< F S: ,»* NOUVEAU DICTIONNAIRE D'HISTOIRE NATURELLE, APPLIQUÉE AUX ARTS, A l'Agriculture, à rÉconomie rurale et domestique, à la Médecine , etc. PAR UNE SOCIÉTÉ DE NATURALISTES ET D'AGRICULTEURS. Nouvelle Édition presqu'enlièrement refondue et considé- rablement augmentée ; AVEC DES FIGURES TIREES DES TROIS RÈGNES DE LA NATURE. TOME XXXIII. DE L'IMPRIMERIE D'ABEL LANDE , RUE DE LA HARPE. A PARIS, Chez DETERVILLE, libraire, rue hautefeuille,ko 8. M DCGG XIX. Indication des Planches du Tome XXXIIL P 3o. Quadrupèdes mammifères, pûg. 53. Tamarin aux mains rousses (ouistiti). — Tenrec. — Tapir américain. R 3. Plantes , pag. 483. Tacca cultivé. — Tamarinier de l'Inde. — Tapier marmelos. — Thé vert. Théorie de la Cristallisation, Planche l, pag. 568. Substances acidifères, — Substances terreuses. Théorie de ta Cristallisation, Planche II, pag, 568. Substances terreuses. — Substances combustibles. — Substances métalliques. Théorie de la Cristallisation, Planche III, pag. 568. Théorie des cristaux. — Substances métalliques. NOUVEAU DICTIONNAIRE D'HISTOIRE NATURELLE. T G H TCHA. Arbre de la Chine , dont le fruit fournit une huile qui s'emploie pour la peinture. J'ignore à quel geure il ap- partient. (B.) '^ TCHABE. Nom du Poivrier aromatique , à Java, (b.) TGHA-CHERT. Nom d'un oiseau de Madagascar, qu'on a rapporté aux Pies-Grièches. T. l'art. Langraien. TCHA-GHERT-BÉ. F. l'article Pie-Grièche. (vl) TGHAGH. L'un des noms persans des Araignées. TCHAGRA. F. Batara tchagra. (v.) ("^«^0 TCHAI. Nom javan du Gingembre, (b.) TCHANG. Herbe odoriférante de la Chine, qui se met, pour l'aromatiser, dans la bière de millet fabriquée dans ce pays, (b.) TCHANGRA. Nom que porte, dans le Népaul , la Chèvre , actuellement bien commune, qui fournit le poil dont on fait le tissu de Cacliemire. (e.) ' TCHAR-S1N(;HAS. Nom des Béliers a quatre cornes, dans le Thibet. (b.) TCHAVITCHA, Sorte de très-gros Saumon, qu'or pêche dans les rivières du Kamtchatka. (B ) TCHEBAK. C'est le Cyprin able, dans la Sibérî- orientale. (B.) TCHECOU. Nom chinois d'une Perdrix qu'on trouve dans cet empire, (v.) XXXIII. 1 T C H TCHELUK. Nom turc de la Bécasse, (v.) TCHENA ou TCHEMI. On donne ces noms , dans les montagnes du nord de l'Inde , au Panis miliacé , qu'on cultive pour sa graine, (b.) TCHER. C'est le nom indien du Pin a longues feuilles de Roxburg. (B.) TCHERIL. F. le genre Fauvette, (v.) TCHERNETI. Espèce de Canard du Kamstchalka, que Krachenninikow s'est contenté de nommer, (s.) TCHERNIKA. Petit arbuste de l'île d'Ounalaska, qui donne des baies bonnes à manger. Il est probable que c'est mie Airelle, (b.) TCHERNO-GOTESNIK. Plante de Sibérie, dont l'infusion des feuilles se prend en guise de thé. J'ignore à quel genre elle appartient, (b.) ÏCHEROMTCHA. Nom d'une espèce d'AiL , origi- naire du Kamtschatka , et qui y est substituée à celle de nos cultures, (b.) ÏCHE-TCHOU et SIAO-SIAO. Noms chinois [des Araignées, (desm.) TCHIGITAI. C'est ainsi que l'ancienne Encyclopédie a écrit le nom du czigUdi , quadrupède du genre Cheval. V. ce mot. (desm.) TCHIL. Nom de I'Aigle des Grandes-Indes au Coro- mandel. (s.) ÏCHILOTOU. Fleur analogue à la Tulipe, qui croît à Madagascar , et dont le genre n'est pas connu, (b.) TCHIMONLA. Plante du Népaul , qui a les fleurs bleues et en cloche; sa tige, qui e^t nue, rampe d'abord, puis se relève et pousse des branches. J'ignore à quel genre elle se rapporte, (b.) TCHINAR. C'est IcPlatane, en persan, (b.) TCHIN-CHIAN'KJAPP. Nom chinois du Pangolin a queue courte, (desm.) TCHIPARDRlX. C'est le Bruant proyer, en Pro- vence, (v.) TCHIR. Espèce de Saumon, que l'on pêche dans les ri- vières de Sibérie. (B.) ÏCHIRKI. L'une des onze espèces de canards que Kra- chenninikow dit avoir rencontrées au Kamtschatka , et qu'il ne décrit pas. (s.) TCHITRU. V. PlATYRHYNQUE TCHITREC. (V.) TCHITRECBÉ. V. Platyrhynque huppé a tête cou- leur d'acier poli, (v.) ÏCHOA. Nom de TAmaranthe du Gange, dont on TEC 3 mange les graines et les feuilles dans le nord de l'Inde. (B.) TCHOLESNOI - NOGA. Poisson des rivières de la Sibérie , dont le genre n'est pas connu, (b.) TCHORZ. Nom polonais de la Marte putois, (desm.) TCHOUET. Nom du Moineau Friquet , en Guiane. (V.) TCHOUKOUTCHAN. Poisson des rivières de Sibérie, qui paroît appartenir au genre des Lamproies, (b.) TCHOUG. V. l'article Épervier. (s.) TCHU-CHA. Nom que les Chinois donnent à une va- riété de cinabre ou mercure sulfuré naturel , à laquelle ils attri- buent des propriétés particulières, (ln.) TCHU-KOU. C'est un des noms chinois duBROUssoN- NETIE. (b.) ' TCTCHOUK. Nom du Brochet, en Sibérie, (b.) TEAL. Nom anglais de la Sarcelle. (V.) TEBBE. Quadrupède de la Nigritie , de la grosseur d'un mouton et tout brun. On le prend , dit Dapper , avec des filets, (s.) TEBOU. Nom des Cannes a sucre, à Java, (b.) TEC. V. au mot Thek. (b.) TECHICHI. Fernandez parle d'un quadrupède de lav Nouvelle-Espagne , qui s'y nomme iechichi , et qu'il donne • comme une espèce de chien. Mais cet animal est le Raton CRABIER. V. ce mot. (s.) TECHICTLI. Cet oiseau du Mexique , qu'a décrit Her- nandez, vit dans les roseaux. Il a le dos d'un brun vert; le ventre blanc ; le bec court , pointu , noir en dessus et blanc en dessous ; les pieds rouges, (v.) TEC HNOLITHES. Pierres qui représentent des dessins d'objets particuliers aux arts : on appelle iechnomorphiies celles qui ont la forme même de ces objets, (ln.) TECHNOMORPHITES. V. Technolithes. (pat.) TECOLITHOS. Pierre mentionnée par Pline , qui res- serabloit à un noyau d'olive , et à laquelle on attribuoit la propriété de dissoudre les pierres et les calculs qui se forment dans la vessie. Cette pierre est la même que celle dont parle Dioscoride , sous le nom de pierre de Judée, et qui avoit la même vertu , selon Galien. La plupart des commentateurs ne doutent pas qu'il ne s'agisse ici de nos pierres de Judée, qui, comme on sait , sont des pointes d'oursins fossiles, (ln.) 4 TEC TECOLOTL. Espèce de Hibou d'Amérique, qui est noir et brun, (v.) ÏECOMAXOCHITL. Synonyme de Tecoma. (b.) TECOME , 2'ecoma. Genre de plantes, qui offre pour ca- ractères: un calice à cinq dents inégales; une corolle infun- dibulifonne à tube très-long, rétréci à sa base, à limbe à cinq lobes inégaux , presque bilabiés ; quatre étamines, dont deux plus courtes , et le rudiment d'une cinquième; un ovaire supérieur ovale, surmonté d'un style recourbé à stigmate en tête ; une capsule irès-allongée , renfermant un grand nombre de semences garnies sur leurs bords d'une aile membraneuse. Ce genre a été établi par Jussieu aux dépens des Bignones, Sept espèces nouvelles lui ont été rapportées dans le bel ouvrage de Humboldl, Bonpiand et Kunlb,sur les plantes de l'Amérique méridionale, (b.) TEGONS. Petits saumons que l'on trouve dans la rivière de Vienne en Limosin el dans le Taurion. Ils sont très-re- cherchés pour la délicatesse de leur chair, (desm.) TEGT {vénerie). Partie de l'os frontal sur lequel porte le bois du cerf ^ du chevreuil et du daim, (s,) TEGT AIRE , Tectana. Nom donné par Cavanille au genre de fougères appelé Aspidion par Swarlz. (b.) TEGTAIRE, Tectus. Genre de Coquilles établi par Denys-de-Montfort, aux dépens des Sabots {iurbo ) de Lin- nseus. Ses caractères sont : coquille libre , univalve , à spire régulière conique , sans ombilic ; ouverture carrée, entière, armée de deux dents spirales , dont l'une supérieure el l'autre inférieure ; columelle armée d'une troisième dent; lèvre tranchante , désunie ; carène en toit. Sous le nom de pagode ou de toit chinois., ou de cul de -lampe , observe Denys- de-Montfort , on confond, dans le commerce, plusieurs coquilles qui ne sont pas du même genre ; l'une est un sabot i^lurho) , l'autre une toupie {irochus ) ; une troisième est le toit persique , la pomme de pin ; la quatrième est celle dont il vient d être donné le caractère, et qui est originaire de la mer des Indes. Sa couleur est grise, et son diamètre de deuxpouces. (B.) TECTARIE. ( Plante. ) V. Tectaire. (b.) TEGTEC. F. Gobe-mouche TECTEC à l'article Moughe- ROLLE. (s.) TEGTIBRANCHES. Ordre établi par Cuvier dans les mollusques gastéropodes. Il rentre dans ceux appe- lés T)ERMOBRATni niangées. Ces cbenilles sont celles de nos feîi^'iies proprement dites. ( Voyez pour les autres , l'article Tinlïies. ) Ce n'est pas pendant l'hiver que ces chenilles font du ravage ; dans celle saison elles sont dans I inaction , ren- fermées dans leur fourreau, que souvent elles ont attaché par les deux bouts sur l'étoffe (ju elles ont rongée, ou qu'elles ont suspendu dans les angles des murs ou au plancher. Au commencement du printemps elles se changent en nymphes , restent sous cette forme environ vingt jours , au bout desquels l'insecte parfait sort de sa retraite, et vole pour chercher à s'accoupler. Après l'accouplement , qui dure sept ou huit heures , la femelle va chercher des étoff^-s pour y déposer ses ceufs, et meurt après la ponte. Les petites chenilles éclosent environ quinze jours après que les œufs ont été pondu-.. Réaumur s est occupé des moyens de nous préserver de ces insectes destructeurs et d'empêcîier leurs ravages. Après plusieurs essais infructueux, il a découvert «pie l'Iiule de té- rébenthine, l'esprlt-de-vin et le tabac sont autant de poisons pour ces chenilles. Comme la première de ces substances est celle qui agit le plus prompteuient et le plus sûrement , on peut en frotter les étoffes qu'on veut conserver, sans craindre de les gâter, parce que cette huile ne fait point de taches, ou l'on peut seulement en imbiber des morceaux d'étoffe ou de papier, qu'on etifermera d.ms les armoires contenant les meubles ou les habits ; les chenilles ne tarderont pas à mou- rir dans des mouvemens convulsifs. Mais oomme lodeiir de celte huile est très-forte et peut répugner, que d'ailleurs les étoffes où il y a de l'or et de l'argent , et celles dont les cou- leurs sont tendres, pourroient en être altérées, on peut, T E I 9 Sans ce cas , faire usage de la fumée de tabac. Pour parfumer les étoffes, on les enferme diins un endroit clos; si c'est une armoire, on y place un réchaud , dans lequel on a mis des charbons allumés : on jelle le tabac dessus, et on referme rarmnire: si c est dans une chairibre , on bouche les croisées et la cheminée, et on a soin d'ananger les effets de manière que la fumée puisse les pénétrer de tous les côtés. L'esprit- de-vin lue ces chenilles aussi promptement que Ihuile de térébenthine ; mais comme il s'évapore facilement, les étoffes doivent être renfermées dans des endroits extrêmement clos; autrement il produit peu d'etfet. Réaumur indique un quatrième moyen ; c'est de frotter tes meubles avec une toison grasse , ou de faire bouillir cette toison, de tremper des brosses dans l'eau où elle aura bouilli, et d'en frotter les meubles. Par ce procédé, qui n'est qu'un préservatif, on empêrhe les chenilles d'approcher de ces meubles. Notre auteur ayant renfermé des chenilles de tei- gnes avec des morceaux de drap auxquels il avoit fait cette opération, elles n'y ont pas touché, et ont préféré manger le dessus de leur fourreau , qu'elles ont ensuite recouvert avec leurs excrémens. Dans toutes les saisons, avec ces pro- cédés , on ppul faire périr les teignes. Cependant la plus fa- vorable est la fm de l'été, parce qu'alors toutes les chenilles sont nées. J'ai vu plusieurs personnes répandre du poivre en poudre sur les meubles qu'elles vouloient préserver.Jeconnois une plante très - commune dans le iVlidl, erigeron grai'?o/ens , qui pourroit peut-être, à raison de son odeur des plus désa- gréables , produire un très-bon effet dans les armoires où on en meitroit quelques poignées. L'odeur de suif paroît encore éloigner ces insectes. Le même auteiu' croit que la peinture pourroit tirer que>- ques avantages des excrémens de ces insectes , qui, en con- servant la couleur des étoffes, ont en même temps la pro- priété de se laisser broyer à l'eau; c'est par l'expérience qu'on peut s'en assurer. Nous ne parlerons pas ici de la fausse-teigne de la cire ^ en ayant traité à l'article Galleuie; ni du papHlon^o» plutôt de la teigne des hlés , parce que cet insecte n'appartient pas à ce genre , mais à celui d'yponomeute. Quant h\a.faiisse-ta'gnc des hlés , voyez la fm de cet article. Teigne FRIPIÈRE, Tinea sarcîtcUa, Fab.; Phalœna {tinca)sar- eitella,L\nn. Celle petite teigne^qm vole souvent dans les ap~ partemens , est d'un gris Jaunâtre argenté; le bord postérieur de ses ailes est frangé. Celte espèce me paroît peu distinct*' lo T E I de la teigne froni-j aune qui fait tant de de'gâts dans les collec- lions d'histoire naturelle. Sa chenille a seize pattes ; elle se fait un fourreau portatif de forme cylindrique, creux dans son milieu, percé parles deux bouts. L'extérieur de ce fourreau est une espèce de tissu de laine de la couleur de Téloffe dont la chenille se nourrit, et qu'elle emploie à sa fabrication ; rintérieur est doublé d'une couche de soie. Elle subit sa métamorphose dans ce fourreau. Voyez les Géîséralités. Teigne des pelleteries , Tinea pcïUonella , Geoff. , Fab. ; Thalœna {tinea) j>fUionella^\Ar\u. Cette petite /f%He, qui diffère peu delaprécédenieet vole comme'elle pendant toute la belle saison dans les appartemens, est d'un gris plombé brillant; ses ailes supérieures ont chacune deux à trois petits points noirs dans leur milieu. Sa chenille a seize pattes, et ressemble à la précédente î comme elle, elle habite un fourreau portatif, fait sur le même modèle et qu'elle construit avec les poils des animaux dessé- chés et des fourrures. Les ravages qu'elle fait sont bien plus considérables et plus prompts que ceux de la chenille fripière^ parce que celle-ci ne ronge de l'étoffe que ce qui lui est né- cessaire pour se nourrir et se vêtir ; au lieu que la teigne des. ■pelleteries coupe et arrache des poils non seulement pour sa nourriture et son vêtement, mais encore tous ceux qui la gênent dans ses courses; de sorte qu'il n'en reste aucun dans les endroits où elle a passé ; et comme elle change souvent de place, la peau la mieux fournie de poils ne tarde pas à en être entièrement dégarnie. Pour détruire celte chenille, on peut faire usage des moyens indiqués par Réaumur. Fojez les Généralités de ce genre. Quoique ces chenilles paroisscnt préférer les poils des ani^ maux, quand elles n'en trouvent pas, elles savent s'en passer, ■ et s'accommodent de toute autre substance animale. Réaumur en a trouvé dans des boîtes qui renfermoient des papillons morts ; elles ont fait leur fourreau avec des morceaux d'ailes de ces insectes, et se sont nourries avec leurs corps dessé- chés. On voit rarement ces chenilles dévastatrices paroître au grand jour ; elles se tiennent ordinairement dans les endroits sombres et les moins exposés à la vue, entourées des débris des étoffes et des fourrures qu'elles ont rongées et qu'elles ne cessent de ronger; souvent elles partagent leur proie avec la larve àndermeste pelletier^ qui est bien aussi redoutable qu'elles. Elles subissent leurs métamorphoses dans le même tcnips que T E I celles de la teigne fripière , qui paroîl sous la forme à'insecle parfait dès le printemps et pendant tout l'été. Teigne des tapisseries, Tinea tapezeliu, Geoff. ; Vhalœna {iinea) iapezella, Linn. Celte teigne, de la grandeur dos deux précédentes, a les ailes supérieures brunes à la base, d'un blanc jaunâtre dans le reste de leur longueur ; elle les porte appliquées contre son corps, et elles sont un peu relevées en queue de coq au bord postérieur; on la voit voler en été ; elle cherche des étoffes de laine d'un tissu serré , pour y dé- poser ses œufs. Sa chenille , qui est encore une de celles qui vivent de laine , commence , dès qu'elle est sortie de l'œuf, par ronger le drap sur lequel elle se trouve, file ensuite au-dessus de son corps une espèce de berceau de soie qu'elle recouvre d'une partie des flocons de laine qu'elle a arrachés, et mange l'autre. Elle creuse la partie du drap qu'elle habite, et s'y tient à cou- vert, de sorte qu'il est difficile de l'apercevoir, parce que son logement ne paroît être qu'un endroit du drap mal fa- briqué , et on ne peut l'en faire sortir qu'en frottant assez fort. Après avoir passé l'hiver sous la forme de chenille , elle subit sa dernière métamorphose au commencement de l'été sui- vant, Réaumur en fait une fausse-ieigns.. Teigne front jaune , Tinea flim-frontella , Fab. ; ses ailes supérieures sontcendrées, et le toupet de satête est roussâtre. Sa chenille ravage les collections d'animaux préparés , celles particulièrement des oiseaux et des insectes. 11 paroît qu'on l'a désignée sous le nom de teigne du faucon. Teigne des grains, Tinea granella, pi, R. I. g, de cet ouvrage ; fausse teigne des ides. Sa grandeur est d'environ quatre lignes; ses antennes sont courtes; son corps est d'un cendré plus ou moins obscur; sa tête est couverte de poils fins, longs, dun blanc jaunâtre; ses ailes supérieures sont grimes, cendrées ou obscures, avec plusieurs taches et plusieurs points bruns , irréguliers ; les ailes inférieures sont noirâtres , sans taches. On la trouve communément dans les maisons, en Europe, au commencement de Tété. Sa chenille estd'un grisblanchâtre.EUevit dansl'intéricur des grains du froment , du seigle et de l'orge, dont elle se nour- rit. Elle lie plusieurs grains ensemble avec des brins de soie, et laisse entre eux un petit intervalle dans lequel elle construit un tuyau de sole blanche. Ce tuyau , qui les assujettit les uns aux autres , lui sert de logement, et elle en sort pour manger le grain qui se trouve le plus près d'elle. Au moyen de celle 12 T E I précaution, s'il arrive quelque dérangement dans le tas de blé , et qu'elle soit forcée de suivre le mouvement , elle en- traîne avec elle une provision plus que suffisante pour le temps où elle aura besoin de manger; le tuyau est souvent recouvert de soie et de farine. Lorsfjue les fausses-teignes se sont très-mullipliées dans un grenier, les grains de !a super- ficie des monceaux de blé sont agglutinés par des fils de soie , ce qui forme une croule épaisse quelquefois de trois pouces. Si on remue le blé infL-rte de ces chenilles, on les voit grim- per aux murailles ; niais elles rentrent bientôt dans le tas. Avant de sf changer en nymphes, elles filent dans Tintérieur des grains mu- pehle roque de soie, et s'y enferment pour subir leurs métamorphoses. On a observé (\nf ces teignes se montrent communément en deux saisons: les unes au prinlenips, dès que le blé est en épis ; ce soni celles dont les c'uenilles ont pass'- Ihivcr : les autres vers la u»oi.>son ; celles-ci doivent la naissance aux premièrt's, et elles pondent des œufs (jui donnent les chenilles qui passent l'hiver; il en naît bien plusieurs dans le courant de l'été , mais eu moindre quantité qu'aux deux époques dont nous avons parlé, (i..) TEKiiNK OU THYM. L'un des noms vulgaires de la Cuscute, Cuscuia. pf^ltnymum , L. (i..) TEIGNES D lis CHARDONS. Nom donné à des larves de cassides,(\\n vieanent sur les chardons, et qui se couvrent de leurs excrémens. (l.) TEIGNES DE COTON. Nom donné par Réaumur à la larve d'un insecte qui nous est inconnu, et qui se forme un four- reau avec le coton ou le duvet des graines de saule. (5^.) TEIGNES DU FAUCON. Insecte qui ronge les pennes des oiseaux de proie et les fait tomber. Voyez Tek^ne front JAUNE, (l.) TEIGNES FAUSSES ou FAUSSES TEIGNES. Réaumur nomme ainsi toutes les larves ou ch.'uilles qui se font des tuyaux fixes et non portatifs. V. surtout Fftt- GANE. (l.) TEIGNES (FAUSSES) DES RLÉS. V. Teigne des CRAINS (L.) TEIGNES ( FAUSSES ) DU CHOCOLAT Chenilles qui rongent le chocolat et s'y nichent. Le lé^idupfère qui en pro- vient n est pas connu svstémaliqdement. (l.) TEIGNES ( FAUSSES ) DE LA CIRE. V. Gallerie. CL.) TEIGNES (FAUSSES) DES CUIRS. Voyez Aglosse. (L.) . TEK i5 TEIGNES DES LIS, DE L'ORGE ET DE L'A- VOINE. Nom donné aux larves de quelques espèces de criocères , qui se couvrent de leurs excrémens el qui vivent sur ces différenips plantes, (l.) TEIGNÉE. Un des noms de la JusQUiAME. (b.) TEÏL. Nom languedocien du Tilleul, (desm.) TEIN-DOUS. Variété de Pèche. V. Pécher, (desm.) TEINTURIER. Rai donne ce nom à un arbre d'Afri- que dont le fruit fournil une huile jaune qui sert à teindre en jaune les chapeaux de paille des habitans , et aussi à assai- sonner leurs alimens. On ignore à quel genre appartient cet arbre , qui est peut-être de la famille des Palmiers, (b.) TEIRA. Nom de pays du chœtodon pinnaius de Linnaeus. V. au mot Chétodon. (b.) TEIR COAKREY. Espèce de Faucon d'Arabie , qui se dresse à la chasse du lièvre, (b.) TEIR EL NACIBA (Oiseau du destin ). Nom qu'on donne , en Abyssinie , à un calao de ce royaume, (v.) TEISSON. En Provence , c'est le Blaireau, (desm.) TEITÉ. V. Tangara.(v.) TEITEÏ. Nom brasllien duTANGARA teité. F.cemot.(s.) TEITO. L'un des noms japonais de la Coretxe du Japon ( CorcJiorus faponkus y Th. ) , qui constitue maintenant le genre keria , établi par Decandolle. (ln.) TEIXUGO ou TEXUGO. Nom portugais duBLAiREAU. (DESM.) TEJUGUACU. C'est le Lézard téguixin. (b.) TEK. F. Thek. (b.) TEKAMAdes Indiens, Graminée conservée dans l'Her- bier de baillant, et qui est le panicum miliare ^ Lk. Voyez. TCHEN\. (LN.) TEKEL. Racine traçante , feuilles en glaive, feuillage aplati , fleur en épi et en corymbe ; calice sans tube et à six divisions , dont trois internes plus petites; trois élamines dis- tinctes et trois stigmates cylindriques. Cette description, rap- portée par Adanson , est celle du iekel^ plante du Pérou, figurée par Feuiilée ( Obs. , tab. 4- )• C'est probablement une espèce du genre morœa de Linn^eus. Adanson en fait le type d'un genre particulier , qu'il nomme tekel. Scopoll , en l'a- doptant, l'appelle tekeli'a, et y rapporte, je ne sais pourquoi , le sideroxylum spinosurn , L. , ce qui a fait placer, par divers auteurs le /é'Ae/ d'Adanson dans le genre i/i/é:;oT}'/w/72 , et leur a fait commettre une erreur dans laquelle nous sommes tom- bés avec eus. (ln.) i4 TEL TEKELIA. F. Tekel. (ln.) TEKKA. Nom malabare du iek ou thek , l'un des arbres des Indes orientales , le plus grand elle plus utile. Les habi- tans de Java le désignent par kiaii , selon Bontius : Kum- phius le figure sous le nom dejalus{Amh., tom. 18). On en voit aussi une figure dans Rhéede , qui le nomme theka-tekka ( Malab. 4. , tab. 27 ) , et qui nous apprend que c'est le sailo des Brames. Adanson afait le premier, parmi les botanistes, un genre de cet arbre , et l'a appelé tantôt teka et tantôt theka. Linnœus fils présenta aussi ce genre , mais long-temps après , et lui assigna le nom de tectona que les botanistes ont adopté. Cependant, M. de Jussieu avoit cru devoir préférer celui de leheka. (ln.) TELAliA. Dans le langage des Cinghaliens, ce nom est celui du même arbre que les habitans du Malabar appellent camhim, qui est le stermlla bulanghas^h. V. ToNG-CUU. (lK.) TELAMON. Nom espagnol du Porpuyrion. (v.) TELEBOÏS. Nom latin du genre Teleboiïe de Denys- de-Monifort. (desm.) TELEBOITE , Tekboïs. Genre de Coquilles établi par Denys - de - Montfort , pour placer la pierre 'colonnaire de Goihiund, de Knorr, Ses caractères sont: coquille libre, univalve , cloisonnée , criblée à cbaque caméralion , droite et conique ; ouverture ronde , horizontale ; siphon central ; cloisons coniques et unies. La seule espèce qui constitue ce genre , atteint à plus de trois pieds de long sur dix pouces de^diamètre. On la trouve en grande quantité dans l'ile de Gothland,où on en fait de la chaux. Elle se rencontre aussi assez fréquemmeiii dans la montagne de Sainte-Catherine , près Rouen, (b.) TELÉOBRANCHES. Ordre de poissons établi parDu- méril , pour placer ceux qui sont cartilagineiix , et dont les branchies sont complètes. Il a aussi été appelé Plecïo- GNATHE. ^ Il est composé par les familles des PLECOPXEnLS, des Aphyostomes et des Ostéodermes. (b.) TÉLÉOPODES, Téléopodes, Vieill. Tribu des oiseaux Nageurs. V. ce mol. Caractères : quatre doigts ; les antérieurs garnis d'une membrane entière ou festonnée ; le pouce , ou «lirif'é en avant et réuni avec les autres doigts dans une seule membrane , ou tourné en arrière et libre. Celte tribu est composée des familles Syndactyles, PLO^'GEURS, Dermo- RHYNQUES et Pl^LAGlENS. V. CCS mOlS. (V.) TELEPHE, Telephium. Genre de plantes de la pcntandrie trigynie , et de la famille des porlulacées , dont les caractères TEL i5 consistent : en un calice divisé en cinq parties persistantes ; une corolle de cinq pétales de la longueur du calice ; cinq étamines ; un ovaire supérieur, surmonté par troi-, styles à stigmates simples ; une capsule à trois côtés, à troit valves, et contenant plusieurs semences attachées à un placenta cen- tral libre, muni à son sommet de cordons ombilicaux très-; courts. Ce genre renferme deux plantes herbacées, à tiges étalées, à feuilles munies de stipules, et à fleurs disposées en corymbes terminaux. L'une , le Télèphe d'Imperati , aies feuilles alternes, et se trouve dans les parties méridionales de l'Europe. Elle se cultive dans nos écoles de botanique. L'autre , le Télèphe a feuilles opposées , porte son ca- ractère spécifique dans son nom, et-se trouve en Barbarie. Toutes deux sont vivaces , et ne sont point connues sotis des rapports d'utilité, (b.) TELEPHIASTRUM. Planle grasse que Diilen repré- sente pi. 281 , fig. 3G3 de son Horlus elthamensis , et qui a servi de type au genre talinum d'Adanson, adopté par les bo- tanistes. Linnaeus l'avoit établi avant Adanson sous le nom à'anacampseros ; mais il le supprima bientôt pour le joindre au portulaca. Ehrhard le rétablit , le désigna par ruUngia , et y plaça les portulacca racemosa, L. , anacampseros, L.,etpa ens Jacquin. La seconde de ces plantes est le telephiasirum de Diilen. V. Talin. (ln.) TELEPHIOIDES. Nom donné,par Tournefort et Dii- len à une plante qui est le type du genre que Linnœus a dé- signé par andracline, et Forskaël p3iV eruc/issa etlimcuni. Adan- son la réunit a son genre nirun, qui contient des espèces de phyllanthm . C'est Vandrachne ielepliioides qui a de la res- semblance avec le telephium Imperati, L. V. Telèpue, Tele- PHiUM et Andrachme. (ln.) TELEPHION des Grecs; Telephium des Latins. « Le ie- lephion est semblable à Vandrachne {[q pourpier) par sa tige et par ses feuilles. A chaque nœud il porte deux feuilles en ma- nière d'ailes; il jette six ou sept branches couvertes de feuilles entassées , bleues , grosses , gluantes et charnues. 11 donne une fleur jaune ou blanche. Il croît dans les terres cultivées, et particulièrement dans les vignes , au printemps... » (Diosc, L, 2, ch. 217). On s'en servoit pour guérir la gale. Pline s'ex- prime à peu près dans les mêmes ternies que Dioscoride à l'égard du telephium; il ajoute: qu'on en faisoit usage pour guérir les plaies, les fistules, et pour enlever les taches de rousseur du visage. ,6 T E L Selon Gallen, \e ielephium éto'it dessiccatif , abstersif et uliie pour gucrir les ulcères. L'on prétend que celle plante porte le nom de Télèphe y roi de Mysie, qui , aflligé dans sa vieillesse par des ulcères qui succédèrent aux blessures qu'Achille lui avoit faites , fui guéri par l'herbe dont il s'agit, d'autres disent par r«^;//t//«a, et même par la rouilla de fer. Le telepJiium des anciens a été rapporté aux diverses plantes suivantes : Au Sedum /ekphium , L. , ou l'une de ses variétés <, par Matlhiole , Lobel , et d'autres botanistes. Au Sedum anacampseros , L. ; Clusius le croyoît, mais avec doute. Au Cen'nihe moj'ur , par plusieurs auteur?. Au Cochlearia uffidnalis , par André Lacuna. A V Ornilhopus scorpioides , par Guiiandinus , Césalpin et C. Bauhin. Anguiilara le donne pour le telephyUum de Cra-^ teva , médecin grec , connu seulement par citation. An Zygophyl/iimfabago , par Fabius Columna. Et au Telephium imperali , L. , par Ferrante Impfrato. De tous ces rapprochemens , le premier et le dernier ont eu quelque crédit, et toutes les plantes que nous venons de nommer ont été décrites , sous le nom de telephium , par divers auteurs que nous avons cités, C, Bauhin ne groupe , sous la dénomination de telephium^ que les sedum tele/ hhim et anacampseros ,' le ielephinm Imperati et Vornithupiis scorpioides. Des botanistes plus récens y ont ramené d'autres plantes , par exemple : Le Telephium maritimum de Buxbaume , qui est Varenarîu peplu'ldes. Le /. indirum de Bontius , qui est le cotylédon laciniata , L. Le /. (ifricamini de Plukenel, la même plante. Le t. frutescent de Rai , ou crassula punclula , L, , etc. Tournefort enfm l'a fixé à la plante A'imperuto^ et le genre telephium a été adopté par les botanistes. Voyez TÉlephe et Ordn, (ln.) TELEPHIUM, V. TÉLÉPHiON et Télèphe, (ln,) TÊLEPFIOBE , Telephoms. (ienre d'insectes, de l'ordre des coléoptères , section des penlamères , famille des serri- cornes , division des malacodermes , tribu des lampy- rides. Rai a donné le nom de canfharus , et Linnœus celui de cardhan's, aux insectes de ce genre, Geoffroy les a nommés ricindela ; Schseffer et Degéer les ont appelés ielephorus^ TEL ,7 r«?servant le nom de cantharis aux insectes employés de tous 1-es temps en médecine , connus et désignés sous ce nom par les auteurs anciens et modernes. Des mandibules longues , simples, et arquées, et surtout les anlennules, dont le dernier article est sécuriforme, dis- tinguent les téléphores des malachies , avec lesquels ils ont beaucoup de rapports , mais dont les mandibules sont courtes et les antennules filiformes. Les antennes filiformes , écar- tées à leur base , insérées près des yeux ; les mâchoires à deux lobes et le pénultième article des tarses bilobé, carac- térisent plus particulièrement les insectes de ce genre. Les téléphores ont le corps allongé , un peu déprimé , or- dinairement assez mou. On les trouve en assez grande quan- tité , vers la fin du printemps, dans les prairies, sur les iieurs et les plantes qui y croissent. Le naturel du téléphore ne pa- roît pas aussi doux que celui des autres insectes en général. S'il faut en croireDegéer, le téléphore est carnassier et vit de proie ; il n'épargne pas plus ses semblables que les outres in- sectes. Cet observateur véridique a vu la femelle lerrasser le mâle, le tenir renversé entre ses pattes , lui ouvrir le ventre, et le ronger impitoyablement. Le téléphore vole avec faci- lité et promptitude , suriout lorsque le soleil brille. L'accou- plement a lieu peu de temps après la dernière niétamarphose. Le mâle est placé sur le dos de sa femelle; mais il a besoin de choisir son moment et d'user de précaution, s'il ne veut pas courir les risques d'être dévoré. Les larves ont une tête écailleuse, plate, munie de deux fortes dents, de deux petites antennes et de quatre barbil- lons. Leur corps est un peu aplati, divisé en douze anneaux comme celui des chenilles, et couvert d'une peau membra- neuse , molle au loucher. Aux trois premiers anneaux sont attachées trois paires de pattes assez longues , de substance écailleuse , divisées en trois articles et terminées par un crochet peu courbé. La couleur de la tête et du corps est ordinairement d'un noir mat et comme velouté , excepté le devant de la tête , qui est luisant. Les antennes, les barbil- lons et les pattes sont d'un roux brun ou jaunâtre. Les deux antennes sont petites, courtes et composées de deux parties , dont la première est beaucoup plus courte que l'autre, et on leur voit quelques petits poils. Au-dessous de la tête , on trouve le lèvre inférieure , à laquelle sont attachés les quatre barbillons: elle est mobile; la larve peut la porter beau- coup en avant et la retirer ensuite dans sa cavité ; ce qu elle fait continuellement lorsqu'elle marche , pour tâter en même temps avec les barbillons tous les objets qu'elle rencontre. XXXIU. n ,8 T E L La bouche , les mandibules non comprises , est composée de trois parties allongces, placées les unes à côté des autres; à la partie du milieu soûl atlacliés deux petites palpes; on en voit deux autres plus grands et qui sont unis à chaque partie des côtés. Ces palpes, mobiles et garnis de quel- ques petits poils , sont divisés en articulations et finissent en poinle. Les parties les plus remarquables de la tête sont deux grandes et fortes dénis placées dans la région antérieure. Ces dents, écailleuses , dures, nmnies d'une petite dente- lure au côté intérieur , sont courbées et se rencontrent avec leur pointe au-devant de la têle. Les anneaux n'ont rien de particulier; ils ont, vers les côtés, des rides transversales. 'En dessous du dernier anneau est Tanus , qui a une espèce de rebord d'un brun clair, un peu élevé, de manière qu'il forme comme un mamelon avec un enfoncement au milieu. Quand la larve marche , elle applique à chaque pas ce ma- mcloii contre le plan de position , et elle s'en sert comme d'utie septième patte. Ces larves vivent dans la terre , dont Thunùdilé paroîi leur être nécessaire; et si l'on veut les conserver en vie , il faut les fournir souvent de terre fraîche et humide : placées sur la superficie , elle ne manquent pas de s'y enfoncer aussitôt. Je serois porté à croire que ces larves se nourrissent de racines ; mais , d'après les observa- tions de Degéer , il paroît qu'elles sont aussi carnassières , et qu'elles se nourrissent,au besoin, d'individus de leur espèce, ainsi que de vers de terre. Les larves du iélephure ardoisé , que cet auteur a eu occa- sion d'observer , parvenues à leur dernier développement , sont longues d'environ un pouce , et larges d'un peu moins de deux lignes. Vers la fin du mois de mai elles se changent en nvmphes dans la terre , sans offrir la moindre apparence de coque. Ces nymphes sont longues de près de'six lignes , et leur corps est un peu courbé en arc. Leur couleur est d'un rouge très pâle ou d'un blanc rougeâlre. On peut distinguer claireuîent toutes les parties de l'insecte parfait, dont l'ar- rangement est tel qu'on le voit sur tant d'autres nymphes. Le ventre , que la nymphe remue de temps en temps de côté et d'autre, est divisé en anneaux, et terminé par deux petites pointes. Au mois de juin, ces insectes quittent la peau de nym- phe el se montrent sous la forme de telépliore. Parmi plus de vingt espèces de léléphores presque toutes européennes , nous citerons : Le Teli^PHORE ardoisé, Teîephorus fuscus ^ pi. R i , lo , de cet ouvrage. 11 a les antennes noires , avec la base fauve. La tête est noire , . avec la bouche fauve ; le corselet est T E L xg aplati , rebordé , fauve , avec une tache noire au milieu ; les élytres sont noirâtres , (lexlbles ; le dessous du corps est noir, avec les bords latéraux et rextréniilé de rabdoiuen fauves ; les pattes antérieures et les jambes des intermédiaires sont d'un brun fauve ; les postérieures sont noirâtres. Le TélÉphore hvidf. , i elephums Imdus , a la forme et la grandeur du précédent, 'fout le corps est d'un fauve paie ; les yeux seuls sont noirs ; les antennes sont noires , avec la base fauve. Ces deux téléphores sont très- communs au prin- temps , à Paris et dans toute la France, (o.) TÉLÉPHORE , Telephorus. Genre de plantes établi par Persoon dans la famille des champignons, et qui, selon quelques botanistes , ne diffère pas assez de celui des Auri- culaires de Bulliard pour être conservé. Il réunit plus de trente espèces, dont quelques-unes ont été mentionnées à ce dernier mot. Le TÉLÉPBORE RUEIGIÎ^EUX, qui est l'AuRirULAIRE TAN- NÉE,constilue le genre Stéréon de Linck. F.Comophore.(b.) TÉLEPHYLLIJM. V. Telephion. (ln.) TELEPIDE. Un des noms anciens d'une des espèce d'iRis , de Dioscoride. (ln.) TELESCOPE. Nom d'un poisson du genre Pomato3ie, (nESM.) TELESCOPE. Espèce de poisson du genre Cyprin (^cy- prinus macroplithalmus ). 11 y a lieu de croire que c'est une va- riété de Cyprin Dorade, (b.) TELESCOPE, Telescopium. Genre de Coquilles établi par Denys-de-Montfort , pour placer la Cérite télescope de Bruguière, Trochus telescopium , Linn. , appelée \\i\oA\rti~ ment \e télescope f la Louée, la balise. Ses caractères sont: coquille libre , univalve , pyramidale , à spire régulière , aiguë ; ouverture aplatie , parallèle à la base ; columeile courte , brusquement tordue , et faisant corps avec la lèvre extérieure qui est tranchante et rebordée en-dehors ; base cchaiïcrée. Le TÉLESCOPE BOUÉE a quelquefois quatre pouces de lo.ng. Ordinairement il est entièrement brun , quelquefois il est fascié de fauve , de blanc , etc. 11 se .trouve dans les mers des Indes. Dargenville l'a figurée pi. ii B. (b.) TÉLÉSIE. V. Corindon vitreux à l'art. Corindon. (LN.) TELESTO. Genre des polypiers coralligènes flexibles , établi par Lamouroux dans son ouvrage sur cetie classe des zoophyfes , pour placer trois espèces dont fait partie mon Alcyon pélagique. C'est le même , selon Lamarck , 20 T E L que celui appelé Synoïque par le capitaine Phipp, opinion qui a clé contredite par Desmarestet Lesueur, ainsi que par Savigny. Les caractères du telesto sont : polypier phytoïde, rameux , fisluleux j crétacéo-membraneux , opaque , strié longitudina- lement. Le Telesto jaune et le Telesto orangé se trouvent sur tes côtes de la Nouvelle'- Hollande. Le second est figuré pi. 7 de l'ouvrage précité. Le Telesto pélagique a été observé par moi sur les varecs qui nagent en si grande abondance dans l'Atlantique. Je l'ai figuré dans mon Traité des Vers , faisant suite au Biiffon , édition de Deterville, et sous le nom générique d'ALCYON , pi. A. 4- de ce Dictionnaire, (b.) TELETZ. En esclavon, c'est le nom d'un jeune Bœuf ; la Génisse est appelée dans la même langue Telùza et Te- Imcfika. (desm.) TELICARDIOS. Pierre mentionnée par Pline , d'un rouge semblable à celui du cœur. Les Perses l'estimoient beaucoup, et l'appeloient muchula. Elle nous est inconnue. Cln.) TELINE. Synonyme de Cytisos cliez les Grecs. V. Cyti- sus. (ln.) TELIPOGON, TcUpo^on. Genre de plantes établi par Humboldt, Bonpland etKunth , dans la gynandrie diandrie- et dans la famille des orchidées. Ses caractères sont : Calice presque régulier; pistil velu, du centre duquel sor- tent des anthères operculées , contenant, chacune , quatre masses de pollen à peine pédicellées. Ce genre renferme deux espèces , dont l'une est figurée pi. yS de l'ouvrage précité. Ce sont des plantes du Pérou , fort singulières , parasites, bulbifères , et à fleurs disposées en épi. L'une d'elles est I'Ephémère nerveuse de Linnseus. (B.) TELlPiRHTZOS. Pierre grise ou rousse , avec deS ap- parences de racines blanches , mentionnée par Pline , et qui est demeurée inconnue, (ln.) TELIS des Grecs. V. Fœnum gr^cum. (ln.) TELJA. En russe c'est le nom du Veau, (desm.) TELKOBANIOLÏTE. C'est le Silex résinite girasol qu'on trouve à Telkobanya. (ln.) TELLICERY. Arbre de l'Inde , dont l'écorce a été subs- tituée avec avantage à celle du KiNKiNA , pour la guérisoa des fièvres, (b) TEL «I TELLINE , Tellma. Genre de teslace's de la classe des Bivalves , qui offre pour caractères : une coquille à valves, égales, transverses ou orblculaires, ayant un pli sur le côté antérieur , une ou deux dents cardinales et deux dents laté- rales écartées. Il y a fort peu de différence apparente entre les coquilles de ce genre et celles des genres Solen , Bucarde , Came , Glycimère , et même Vénus. Aussi les auteurs anciens et modernes les ont-ils confondus, et est-il fort difficile d'éta- blir la synonymie de certaines espèces d'une manière po- sitive. Les tellines, dont il est ici question , qui sont celles de Lin- nseus , varient beaucoup dans leur contexture. Les unes sont lisses, les autres striées ou rugueuses, mais jamais à un degré considérable. Les animaux qui les habitent sont fort peu dlfférens de ceux des genres cités plus haut. Ils ont en avant deux siphons simples et très-longs , dont l'un (le plus grand) sert, à l'en- trée des alimens , et l'autre à la sortie des excrémens. Ils ont de plus , en arrière , un muscle linguiforme qui leur sert de pied. Ils forment le genre Péronée de Poli ; leur anatomie- est analysée et figurée dans l'ouvrage de ce savant , sur les testacés des mers des Deux-Slciles. ils marchent en ouvrant et fermant leurs valves., et allongeant et raccourcissant leur pied, comme la plupart des bivalves libres. On en mange- quelques espèces sur les côtes de Erance , sous le nom de moules. Brugulère , Lamarck et Cuvler ont divisé les tellines de Linnœus en plusieurs genres , appelés Paisbore , Capse , Psaimmobie , PsAMMOTÉE ei LoRiPÈDE. Ils en ont pris , de plus, quelques espèces, pour les placer dans d'autres genres , auxquels elles convenolent davantage. Linnseus a divisé les tellines en trois sections , savoir : i.° Les tellines ovales et épaisses , qui renferment seize es- pèces , dont les plus communes sont : LaTELLiNE VERGE, qul a un angle à la partie antérieure de ses valves ; des dents latérales, saillantes, et des stries trans- verses recourbées. Elle est originaire de la mer des Indes* Sa figure se volt pi. R-. 2 de ce Dictionnaire. La Telline rouge, qui a un angle antérieur; des stries transversales recourbées ; des dents latérales saillantes. Ella se trouve dans la mer des Indes. La Telline ANGULAïE , quia un angle antérieur; des stries transverses recourbées ; point de dents latérales. Elle se trouve dans la mer des Indes , et sert de type au genr« Capse de Lamarck. 33 TEL La Tf;LI.I^■E ets langue de chat , qui est hérissée d'é- caiiles en croissant. La Telline fragile , qui est blanche , bossue , qui a des stries transverses recourbées, et le sommet jaunâtre. Elle se trouve ^!ans les mers d Europe. On la mange. La Telune gari , qui est ovale , ventrue , glabre , qui a Jes stries transverses , vioieites et jaunâtres , et les dents la- térales nulles. On la trouve dans les mers d'Europe , et par- ticulièrement dans la Méditerranée. 2.Û Les tellines ooales al comprimées^ dont on a décrit qua- rante-huit espèces , et parmi lesquelles on doit remarquer : J^a Tellime FOLIACEE , dont le corselet est hérissé et la fente épineuse d'un côté. Elle se trouve dans la mer des Indes. V. pi. R. 2 où elle est figurée, L^ Telline PLA^E , qui esi finement striée transversale- ment, dont les bords sont aigus et le corselet velu. Elle se trouve dans les mers d' iiurope. Sa chair est très-acre , et ce- pendant se mange à Naples et autres villes des bords de la Méditerranée. La Telline radiée , qui est oblongue , foiblernent striée en longueur , luisante , et dont la suture de la charnière est canaliculée. Elle se trouve dans les mers d'Europe et d'A- mérique. La I'elline vulselle , TeUina rostrata , qui est oblongue antérieurement , en forme de bec anguleux, et dont les an- gles sont un peu dentés. On la trouve dans la Méditerranée et la mer des Indes. La Telline incarnate qui est antérieurement élargie , comprimée, aplatie , et qui a les sommets un peu pointus. On la trouve dans les mers d'Europe. La Telline luisante , qui est ovale , brillante , avec des stries très -fines et des zones blanchâtres. Elle se trouve sur les côtes de l'Italie et de la Sicile : on la mange. 3." hes ieuines presque rondes , où l'on compte une vingtaine d'espèces , et où on remarque : La Telline carnaire , qui est unie , incarnate , oblique- ment striée , et dont les stries sont rétiéchies. Elle se trouve dans les mers d'Europe. La Tellîne DiVARiQUÉE , qui est presque globuleuse , blanche, obliquement sillonnée par des doubles siries. Elle se trouve dans la Méditerranée. La Telline lactée qui est presque ronde, finement striée en travers eloui a les extrémités recourbées et le ligament in- térieur.Elle se trouve dans la|rvléditerranée,et est figurée avec son animal, pi. i5ï, n." 28, de l'ouvrage de Poli. Cet animal T E I. 23 diffère des autres de ce genre , et forme le genre Loripe de cet auteur. Quatre espèces fossiles ont e'té figurées par Lamarck , pi. 42 da douzième volume des Annales du Muséum, (b.) TELLINIDE , Tellinides. Coquille bivalve des mers de Timor, qui se voyoit dans le cabinet de Valencicnncs , le peintre de paysages , et qui a servi à Lamarck pour éta- blir un genre dans sa famille des nymphacées , au voisinnge des Telli?ses. Ses caractères sont: coquille Iransverse, iné- quilatérale, un peu aplalie , légèrement bâillante sur les côtés; à crochets petits, non enflés, sans plis irréguliers sur le bord ; charnière à deux dents divergentes sur chaque valve; deux dents latérales peu visibles , dont la postérieure est rapprochée des cardinales sur une valve. (B.) TELLIxNIER. Animal des Tellines. 11 a le devant du manteau ouvert , un pied; les d(;ux siphons égaux, (b.) TELLINITE. On nomme ainsi les Tellines fossiles. (B.) TELLURE ( Tellurium , Klap. ; Syloan , W. ). Métal particulier encore très-rare , qui jouit de caractères très- prononcés. Il appartient à la classe des métaux fragiles , et c'est à l'antimoine qu'il ressemble le plus. Il est volatil à une haute température , et répand alors une odeur que Ton a comparée à celle des raves , mais qui a quelque chose de plus désagréable. Cette même odeur, mais plus fé- tide , est développée également par le selcnium , métal récem- i;ienl découvert , qui avoit été confondu avec le tellure. Le tellure purifié est un métal solide , brillant , d'un blanc intermédiaire entre celui de l'étaJn , et celui de l'antimoine. Sa structure est lamelleuse ; il est très cassant , et se réduit aisément en poudre ; sa pesanteur spécifique est de 6,ii5. Il t st extrêmement fusible , et en passant de l'état liquide à l'é- tal solide, il se couvre de petites aiguilles ; lorsqu'on pousse le feu , îlbout, se volatilise et se condense en gouttelettes. A une température élevée, il absorbe rapidement le gaz oxy- gène ; il en résuite im oxyde blanc volatil , et un.grand déga- gement de calorique et de lumière légèrement verdâlre. Le tellure a une action moins vive sur l'air, et la lumière qui s'en dégage est d'un vert plus foncé. L'oxyde qui se produit pa- roît à l'état de vapeurs blanches , dont l'odeur est analogue à celle du radis noir. Lorsqu'il est déposé , il est solide , blanc ; fusible à une température un peu au-dessous de celle de la chaleur rouge. Le tellure se combine fort bien avec le soufre , mais on ne parvient pas facilement à l'amalgamer avec le mercure ; 24 T E L îl donne nn alliage cassant. Il en est de même de son alliage avec le potassium. Le tellure se dissout dans l'acide nitrique , et il est préci- pité de sa dissolution par la seule addition de l'eau, comme l'antimoine et le bismuth. L'antimoine le précipite de sa dis- solution , sous forme métallique, ce qui est un très-bon ca- ractère pour distinguer ces deux métaux l'un de l'autre. Le nitrate de tellure , obtenu par Tévaporation convenable de sa dissolution , cristallise en prismes qui ressemblent à des barbes de plumes. La dissolution du tellure dans l'acide muriatique est claire : elle n'est ni précipitée ni troublée par le prussiate de potasse , propriété que le tellure partage avec l'or , le pla- tine et l'antimoine. Le phosphore , plongé dans une solu- tion muriatique de teiiurL* , lui enlève son oxygène , et se cou- vre de feuillets métalliques. On obtient le muriatc de tellure, en le traitant par l'acide nitro-muriatique. Ce sel est inco- lore , rougit la teinture de tournesol , et ne cristallise que difficilemerit. Lorsqu'on verse de l'eau dans sa dissolution, il en résulte un précipité blanc , floconneux , de sous-muriate de tellure , qui se redissout dans une très-grande quan- tité d'eau. ( La découverte du tellure date de Ï782 , époque où Muller de Reichenstein, inspecteur-général des mines, d'Autriche , crut reconnoître son existence dans certaines mines d'or de Transylvanie ; qui avoient été prises jusque-là pour des mi- nerais d'antimoine aurifère ; mais craignant de s'éire trompé, îl en fit passer un échantillon à Bergmann , qui fut incerlaia si c'étoit de l'antimoine natif, ou une nouvelle substance métallique. Muller en envoya , par la suite , une plus grande quantité à Klaproth, qui reconnut , d'une manière certaine, que c'étoit un nouveau métal , auquel il donna le nom de iellurium, en Thonneur de la terre {telhts), à l'exemple des an- ciens chimistes, qui donnèrent aux autres métaux tesnomsdes différentes planètes. 11 rendit compte de son travail à l'Aca- démie de Berlin , le aS janvier 1798; ses expériences ont été répétées depuis, et l'existence du tellure n'est plus équivoque. Le tellure n'a encore été rencontré qu'en Transylvanie; voilà pourquoi Wernerlui a imposé le nom de siban ou sj/- van , et qu'on l'a également appelé syhaniie. On l'avoit indi- qué dans les mines de Suède , mais il s'est trouvé que c'étoit un métal nouveau queM.Berzclius, qui le premier l'a fait con- noîlre, a nommé sélénium , en l'honneur de la Lune( seVenètn grec), ce qui exprime en même temps les rapports voisins qui existent entre ce métal et le tellure décoré du nora de TEL ^5 la terre. On dit , cependant , que le tellure a été découvert en Norwége (Esmarck., James. , Léonh. ) , et à Guanaxuato au Mexique , ainsi qu'en France , à la Gardelte près Aile- mont , en aiguilles , avec l'or natif. Patrin prélemloit même qu'on en avoit observé à Bérézof en Sibérie. Il paroîi avoir pris pour tel , le bismuth sulfuré pJumlo - cuprifère. Est 11 ceriain que ces minerais soient du tellure plutôt que du sé- lénium "? Comme nous ne les connoissons point, nous ne dé- crirons que les variétés du tellure de la Transylvanie. Le tellure he se trouve qu'uni à un autre métal ou à plu- sieurs métaux : ce sont notamment l'or et l'argent , puis le plomb et le fer, et dans des proportions variables. Tous ses minerais ont l'éclat métallique , et une couleur gris-d'acier plus ou moins foncée. On ne fait qu'une seule espèce , le tel- lure natif, de toutes ses variétés. TELLURE NATIF , Haliy , lîourn. ; Syban , Werner. On le reconnoît à la fumée blanche et à l'odeur de rave qu'il exhale au chalumeau. M. Haiiy croit que la forme primitive des cristaux est celle de l'octaèdre régulier. M. de Bournon ad- met affirmativement le prisme droit à base carrée, dont la hau- teur est à la largeur dans le rapport de 7 à 10, c'est-à-dire, un prisme court. Ce savant a fait une élude particulière des formes cristallines du tellure natif, et en a figuré vingt-qua- tre formes différentes; et cependant , rien n'est plus rare que le tellure cristallisé, et ses cristaux sont presque toujours in- finiment petits et incomplets. Cette étude des formes cristal- lines confirme que les divers minerais de tellure , qu'on avoit voulu établir comme espèces , ne sont que de simples va- riétés. Le tellure natif se distingue en quatre variétés , savoir: Le tellure natif auro-ferrifère ; Le tellure natif auro-argenlifère; Le tellure natif auro-plombifère ; Le tellure natif auro-plombifère lamelleux. I. Le Tellure ^^ATIF AURO-FERRIFÈRE, Flaiiy, ou Tel- lure A GRAINS d'acier ( Or hlanc , ècalileux ^ informe^ du Facebay , DeBorn.; Tellure natif , Delam. ; Gediedgen iellur ^ Beuss, , Karst. ; Syh'anùe , Kirw. ; Gediegen Sylvan , Wern. ; Natii'e Tellurium^ James. ; Tellure variété blanche ou métallique , Bourn. ; vulgairement Or paradoxal. Or prohlémaiiquc ^ Or hlanc , Tellure à graiits d'acier ). Sa couleur est le blanc d'ar- gent ou d'étain , mais plus gris. Il est en petites masses et disséminées , quelquefois cristallisé en prismes à quatre pans , terminés par des pyramides à quatre faces triangu- laires ; cette forme secondaire est la plus simple. M. de 26 TEL Bournon en indique deux autres qui en diffèrent par des ang- monOlions de facéties , soit sur le prisme , soil sur In pyra- miJe. ( V. le Ca al. de su Coliect. , pi. 19, f. Syi a 374.) Sa cassure est lamellfusc oti en partie railiéc ; sa pesanteur spé- cifique est de 5, 723, selon MuUer; de 5, 7^0, suivant Kirwan, et de 6,ii5 , selon Klaproth. Exposé à l'action du chalumeau, il fond aussi aisément que le plomb, répand une fumée blanche, épaisse , qui a l'o- deur de rave , et colore la flamme en vs , par R. Brown , et renfer- mant deux espèces originaires de la NouVeile-Hollande. Les caractères de ce genre consistent : en un involucre de plusieurs folioles caduques; en un calice à quatre divi- sions,plus ou moins profondément fendues, portant des éla- mines à leur exlrémité ; en une glande , entourant un ovaire pédlcellé et polysperme , à style persistant et à stigmate oblique , clavlforme et convexe ; en une follicule cylindrique uniloculaire ; en des semences membraneuses à leur extré- mité. (B.) TELYKRANL\ deThéophraste. C'est-à dire cornouiller femelle. Selon quelques botanistes ce serait le Cornouiller SATSGUIN. (LN.) TE MA. Nom malabare donné , par Pibéede ( Mal. la , lab. 79)7 pour celui du pankum crus - cMvi , L. Adanson en fait un genre tcma, qui diffère de son milium {paui- T E M 3t cum, L. ), par les gaines aplaties , nnes à l'orifice ; à glumes sphéroïdes et à balles obtuses; ou à balle externe de la (leur stérile arisiée. (ln.) TE'VIAlM, JNom arabe d'une espèce de graminée Çpenni- setum dichotomum , Delile), figurée pi. 8, f. i , de Touvrage sur l'Egypte, (ln.) TEMAMAÇAME. F. Mazame. (s.) TEiMAPARA. Nom de pays du Lézardtupinambis. (b.) TEMAOUL. Nom indien du PotvKE bétel, (b.) TEMBRA ou ÏEMBRI. F. Thymbra. (ln.) TEMBUL-WAEMMA. Nom de pays de la Sphénoclée. (B.) TEMELE. Synonyme de Melissa, chez les anciens. (LN.) TEMIA, Crypsitina^ Vieill. ; Cowus ^ Lath. Genre de l'ordre des oiseaux Sylvains , et de la famille des Coraces. V. ces mots. Caractère^: bec médiocre , robuste, couvert à sa base de petites plumes veloutées et cachant les narines , convexe en dessus ; mandibule supérieure fléchie et entaillée vers le bout ; narines nullement apparentes; ailes courtes; queue très-longue, élagée. Ce genre n'est composé que d'une seule espèce , qui se trouve aux Indes Orientales. Le TÉMlA proprement dit , Crypsinna varians , Vieill. ; Corvus varians , Lai h. ; pi. 56 de VHutoire des Oiseaux de Lc- vaillant. C'est à cet auteur qu'on doit la première descrip- tioii de cet oiseau, dont on ne connoîl que la dépouille , e£ qui se trouve dans l'ile de Waigiou. Il a la taille du maiwis ^ mais plus allongée ; le corps couvert de plumes longues , à barbes soyeuses, douces au toucher, de couleur noire, à reflets verdâtres ou purpurins , selon les différons aspects de la lumière; celles du capistrum , des joues et de la gorge, très- serrées , d'un noir mat et veloutées ; les ailes noirâtres , ainsi que les dix pennes de la queue en dessous ; ces mêmes pennes d'un vert sombre en dessus ; les quatre intermé- diaires, égales entre elles , beaucoup plus longues que les autres, dont les plus extérieures sont très-courtes ; le bec, les pieds et les ongles noirs, (v.) TEMNODON , Temnodonum. Poisson de la mer des Indes, que Lacépède avoit nommé Coeilodiptère iiepta- CANTHE, mais que Cuvier croît devoir servir de type à un nouveau genre , voisin de celui des Chevaliers. Les caractères de ce nouveau genre sont : corps allongé, finissant en pointe ; tête mousse ; dents très-petites et iiès- nombreuses ; la première nageoire dorsale à rayovis prolon- gés. (B.) 33 T E IM TEMO, Temus. Arbre toujours vert , à feuilles alternes, péliolées , ovales, brillantes ; à (leurs pédonculées et termi- nales , qui forme , au rapport de Molina , un genre dans la polyandrie digynie. Ce genre a pour caractères: un calice à trois divisions; une corolle de dix-huit pétales jaunes, linéaires, très-longs; vingt - six étamlnes courtes; deux germes ovales, à style simple; une baie à trois coques, contenant des semences arillées. Le iemo croît au Chili ; ses fleurs sont odorantes ; ses grai- nes sont amères ; son bois est jaune , très-dur et employé à divers ouvrages, (b.) TEISIOGHOLLIdes Mexicains. Voy. Hocco. (s.) TEMPATLAHOAC. F. le genre Canard, (v.) TEMPÉRVTURE DE LA TERRE. La connoissance «le la température du globe terrestre , dans différentes sai- sons et à différens degrés de profondeur ou d'élévation, est une partie de la géologie qui avoit été presque entièrement négligée ; mais nous devons à l'illustre Saussure d'excellentes observations en ce genre , qui engageront sans doute d'autres naturalistes à les continuer dans les souterrains les plus pro- fonds des mines, où les circonstances ne lui ont pas permis de descendre. Je vais réunir ici celles qui ont rapport à la température de la partie solide du globe : on trouvera dans les articles Mer et Lacs, celles qui concernent ces grands amas d'eau. Je rappellerai seulement que d'après les expériences faites sur les lacs des Alpes , même du côté de l'Italie , la tempé- rature de leurs eaux , dans la plus grande profondeur , ne s'est trouvée , au milieu de l'été, qu'à 4 à 5 d('grés au-d-essus de zéro, quoique l'eau de leur surface fût à peu près à la même température de l'atmosphère, c'est-à-dire à i8 ou 20. Dans les expériences , au contraire, qui furent faites dans le mois d'octobre sur les côtes de (iènes, à goo pieds, et de- vant Nice , à i8oo pieds de profondeur, la tenjpérature du fond de la mer se trouva, dans l'une et l'autre expérience , à lo degrés -^^^ , c'est-à-dire un peu au-dessus de ce qu'on nomme le tempéré. Saussure , après avoir démontré que la température froide des lacs ne sauroit s'attribuer aux eaux des glacier» , avoue avec franchise qu'il ne connoît aucune explication satisfai- sante de ce phénomène. Il passe ensuite à l'examen des causes de certains venis froids qui sortent pendant l'été de quelques souterrains où T E M 33 la température , même au plus fort de la chaleur , se Irouve au-dessous du tempéré. « Il existe , dit-il , un phénomène qui a de si grands rap- ports avec celui de nos lacs , qu'on ne peut que gagner à les étudier ensemble; c'est celui des cavités souterraines, dont il sort en été des vents plus froids que la iewpémiure moyenne de la terre (§ i4o4)- « Je commencerai , ajoute-t-il , par les caves du mont Tes- taceo (à Rome), qui les premières ont fixé les yeux d'un observateur exact et attentif. L'abbé Nollet les observa dans son voyage en Italie, et trouva leur température de 9 degrés { le 9 septembre ly^Qi tandis que le thermomètre en plein air étoit à 18 ; et il remarque avec raison que leur fraîcheur est d'autant plus étonnante , qu'elles ne sont point profondes, que l'on descend à peine pour y entrer , et que le soleil frappe pendant une grande partie du jour la porte par la- quelle on y entre. » Saussure observe qu'il les trouva lui-même encore plus fraîches, lorsqu'il les visita le i.*^"^ juillet ijyS. L'air exté- rieur étoit à 20 degrés 7 ; celui d'une de ces caves étoit à 8 ; celui d'une autre à 5 7, et celui d'une troisième à 5 ^. Ces caves sont adossées à la montagne , et occupent presque toute sa circonférence. Les murs du fond sont percés de sou- piraux par lesquels entre lair froid, qui vient lui-même des interstices que laissent entre eux les débris d'urnes, d'am- phores et d'autres vases de terre culte dont cette petite mon- tagne ( d'environ 3oo pieds de hauteur) paroît entièrement composée (§ i4o5 ). Il n'est pas moins singulier que sous un climat encore plus méridional ( celui de Naples ), et dans une île comme celle à'Ischia, toute volcanique , toute remplie d'eaux thermales ^ il se trouve un semblable vent frais dans une grotte. Le 9 mars , le thermomètre à l'ombre étoit à 14. degrés ; au fond de la grotte, Saussure observa qu'il descendit à 6 ; et on lui dit que dans les grandes chaleurs il seroit descendu encore plus bas. A Ollaiano , au pied du Vésuve , il y a une grotte semblable. A Saint-Marin , dans le duché d'Urbin , il y a des caves froides au pied d'une sommité de grès , sur laquelle est bâtie cette ville. Le g juillet , le thermomètre , qui étoit à i3 de- grés en plein air , descendit à 6 dans ces caves , qui sont à près de deux mille pieds au-dessus du niveau de la mer (§1407). A Cesi, qui est à six milles au nord de Terni , dans l'Etal ecclésiastique , il y a des caves qui sont adossées à un rocher XXX m. 3 34 TE 1\I calcaire , dont les crevasses laissent échapper un air froid qui en sort avec tant de force, qu'il éteignoit presque les flambeaux ; et dans les jours très-chauds ,. il est encore plus fort. En hiver, au contraire, le vent s'y engouffre avec violence , et d'autant plus que le froid est plus rigou- reux. Lorsque Saussure fit l'e'preuve de la température de ce, vent souterrain , la journée se trouvoit froide pour la saison et le çlinjat , c'éloit le 4 juillet , et l'air extérieur n'étoit qu'à 14. degrés 1/2 ; mais le vent qui sortoit du rocher n'étoit qu'à 5 degrés 1/2 (§14.08). hes can/ines ou caoes froides de Chiavenna, au nord du lac de Corne, sont aussi adossées à un rocher qui est au sud-est de la ville. L'air froid entre dans les caves par les crevasses de ces roches, qui sont composés d'une sléatile durcie , tapis- sée^ en divers endroits d'asbeste et d'araianthe flexible. Le 5 août 1777, à midi, le thermomètre étoit dans ces caves à 6 degrés , tandis qu'à l'air extérieur il étoit 317. Saussure remarque ici que ce n'est point à la nature de la roche qu'on peut attribuer ce refroidissement de l'air , puis- qù'à Ce'si il sort d'une montagne calcaire ; à Saint-Marin , d'une montagne de grès, et à Chiavenna, d'une montagne de «téalite ( §. 1409. ). Les. caves les plus froides que Saussure ait observées , sont celles de Caprino , au bord du lac et près de la ville de L«gano : ces caves sont au pied d'une montagne cal- )cair«>:.dQnt la pente très-rapide vient se terminer auprès du lac. Dans l& première visite que Saussure fit à ces caves , le 2g juin 1771J le thermomètre qui, en plein air, à l'ombre, étoit à 21 degrés , y descendit à 2 ^. La seconde fois qu'il les vit, lei.^'^aoûl i777,lethermomètren'y descendit que jusqu'à4ï • il étoit à l'air extérieur à 18. • Ce qu'il y a de remarquable , c'est que ces caves ne sont point creusées dans la terre ; leur sol est de niveau avec le terrain; le mur de face et le toit sont entièrement à l'air; jl n'y a que le mur du fond et une partie des murs latéraux qui soient enterrés dans le pied de la montagne. 11 faut, ajoute Saussure, que la cause de ce phénomène soit très-étendue ; car il y a de ces caves froides jusqu'à Capo- di-La^^o, à huit milles de Caprino, et même jusqu'à Mendri- sio , qui est encore une lieue plus loin ; il y en a même sur la rive opposée du lac : on dit aussi qu'il y en a sur les bords du lac de Côme. Les cave» froides d'Hergisweil près de Lucerne , sont les T E M 35 seules que Saussure ail observées en deçà des Alpes. Le vil- lage d'Mergiswell est au fond d'un petit golfe du lac de Lu- cerne : à dix minutes du village , au pied de la montagne , on trouve ces caves froides, qui ne sont autre chose que de petites huttes tout en bois , excepté le mur du fond qui est , comme à Lugano , appliqué contre les débris accumulés au pied du rocher. Ce iTwir est en pierres sèches, et c'est par leurs interstices qu'entre dans la cave le vent froid qui sort des débris de la montagne. Le 3i juillet, à midi, le thermo- mètre qui, en plein air, étoit à i8 degrés 3/io, descendit à 3- 3/io dans le fond de la cave. La montagne est calcaire ; elle a ses couches relevées con- tre les caves ; son pied s'avance dans le lac de Lucerne , où il forme un promontoire : c'est une des bases du mont Pilate. Le lac est très -profond auprès de ce rocher (§ i4ii.)- ,20 ; à deux pieds, i5,25;àrair, i8,i(§2289). T E ^I 35 Le 20 aoAt , à la cité d'Aoste , dont l'élévation au-dessus de la mer est de 3o3 toises , et de 88 toises plus grande que celle de Conche , la température à trois pieds de profondeur étoit de i4,i4 ; à deux, i5 ; à l'air, 12. A Conche, le même jour, elle étoit à trois pieds, i5,2 ; à deux, i5,3; à l'air , 11,9 (§ 2297 ). Le 21 août, Saussure revint à l'hospice du petit Saint- Bernard , qui est élevé, comme o-n l'a déjà vu, de iiaS toi- ses. Celte fois la tarière ne put pénétrer dans le sol qu'à dix- sept poucee et demi. Le lendemain , le thermomètre qui étoit à celte profondeur, marquoit 3,8 : celui qui étoit à un pied plus haut, c'est-à-dire à 5 pouces et demi de la superficie , marquoit 4., 7 ; l'air étoit à 5,6. Dans le même temps à Conche, la température à trois pieds , étoit à i/».,45 ; à deux pieds , i5,2o ; à l'air, i5,2. En passant à Vevay , à son retour de Saint-Bernard,^ Saus- sure y observa la température du sol , qu'il trouva à 3 pieds de i3,2 ; à deux pieds, i3,7 ; à l'air, 14. A Conche, le même jour, elle étoit à trois pieds, i4î4» à deux pieds, i5,3; àl'air, i3,6 (§2298). Vevay est presque au niveau du lac de Genève, c'est-à- dire élevé d'environ 187 toises au-dessus de la mer : Conche est plus élevé d'environ 100 pieds. «On voit , dit Saussure, que quoique Vevay soit plus bas que Conche, la température du sol s'y trouve moins chaude; et je crois, ajoute- t-il, qu'il en faut chercher la raison dans la fraîcheur des eaux du lac qui, dans la partie basse de la ville, où je fis les expériences, pénètrent dans les terres, et mouil- loient même mes thermomètres. » Il paroît, ajoute-t-il encore , qu'il y a souvent ainsi des causes locales qui influent sur cette température ; car quoique en comparant entre elles les expériences rapportées dans ce voyage , on trouve qu'en général, en été , la température de la terre à trois pieds , diminue , comme la chaleur moyenne de l'air, d'environ un degré par cent toises d'élévation , il y a cependant des causes locales qui produisent des écarts consi- dérables. Ainsi , quoique le petit Saint-Bernard ne soit élevé que d'environ cent toises de plus que le Breuil , la tempéra- ture y est de trois degrés et demi plus froide, sans doute à cause de l'isolement de cette montagne , comparé à l'en- caissement du Breuil. De même , et par la même raison, le Chapiu, quoique plus élevé deSo toises que le Nant-Bouran, est plus chaud de o,i5. «Cependant ces expériences peuvent toujours être utiles , soit pour la théorie de la pénétration de la chaleur , soit pour 4o T E INI l'agriculture; il seroît très intéressant de les répéter sous dlf- férens climats et dans dîfi'érentes saisons, d'autant que par des recherches combinées avec inlelligence^ on pourrolt es- pérer de trouver les lois que suivent ces causes locales » (§■2299). Je crois devoir observer , relativement à ce que Saussure pense , que les vents froids souterrains dont il a été parlé plus haut, ne dépendent point de la nature des roches, que néan- moins c'est une observation constante, que dans les caver- nes des montagnes gypseuses , le froid est toujours beaucoup plus grand que dans les souterrains des autres montagnes: c'est ce que Pallas a remarqué plusieurs fois dans son voyage ; notamment en parlant des grottes des monts Inderski , qu'il visita le 20 août ; il dit qu'elles servent d'entrée à de vastes cavernes où le froid est insupportable ; et il ajoute , il n'y a rien là d étonnant, puisque cela arrioe dans toutes celles des rochers de gypse (^ tom. I, in-/}.. , p. 636). C'est ce que j'éprouvai moi-même d'une manière bien sen- sible , quand je voulus visiter la caverne de Koungour , dans les montagnes gypseuses qui sont entre la Kama et les monts Oural. Quoique ce fût au mois de juillet, je fus obligé de faire i'ompre d'épaisses stalactites de glace qui fermolent l'entrée extrêmement basse par où l'on pénètre dans cet immense souterrain. Quand le passage fut frayé , il en sortit un vent si froid, que le thermomètre qui étoit à 14. degrés en plein air , descendit à 5 au-dessous de zéro , et dans l'intérieur de la caverne, il ne remonta que d'un degré. V. Caverne et Calorique, (pat.) TEMPÊTE. Violente agitation de l'air, ordinairement accompagnée de pluie et de grêle. Ce mot désigne aussi un déchaînement des vents , assez fort et assez durable , pour soulever violemment les flots des mers, (biot.) TEMPLETONIE , Templetonia. Genre de plantes établi par R. Brown , pour placer la Rafnie rétuse de Ventenat. Ses caractères sont : calice sans bractées, à cinq dents légè- rement inégales ; carène oblongue ; étamines toutes réunies ; légume pédicellé, comprimé, contenant plusieurs semences couronnées, (b.) TfLMPS ( Vénerie ). Reooir de bon temps , est l'expression dont se servent les veneurs, pour faire connoître que la voie de la bête est fraîchement faite de la nuit. Si la voie est d'un jour ou deux, on dit qu'elle est de vieux temps. (S.) TEM SIN TSAO. Les Chinois désignent , par cette dé- non>ination , iine plante de la famille des cypéracées. C'est , T E N l,t selon Loureiro , une espèce de Scirpe {scirpiis capsiilans). L'on fait, avec l'intérieur de cette plante , d'excellentes mè- ches pour les lampes et les chandelles. On peut soupçonner que c'est la même que celle désignée par C. Bauhin , par juncus hnns aller ^ ou le juncus indiens porosiis de Clusius , qui offrent le même genre d'utilité, (ln.) TEMUS. F. Temo. (desm.) TENAGODE. Nom donné , par Guettard , à un fossile du genre des Silicaires de Lamarck. (b.) TENAILLE. Ruysch donne ce nom à un poisson des Lides qui a la bouche en forme de tenaille. On ignore à quel genre il appartient, (b.) TENCHE. F. Tanche, (s.) TENCO. Nom languedocien de la Tanche, (desm.) TENCO. Selon M. Risso , plusieurs Labres portent ce nom à Nice, (desm.) TENDALE COTTI. C'est la Crotalaire a feuilles rétuses, dans Rhéede. F. Rafnie et Templetonie. (b.) TENDELY. CucuRBiTACEE dcs ludcs , excellente à manger. (B.) TENDON, Tendo. Sorte de corde blanche ou argentée, d'un tissu dur , très-serré , placée aux extrémités des mus- cles , pour les attacher à l'os qu'ils doivent faire mouvoir. On y voit peu de vaisseaux et de nerfs qui s'y rendent, aussi les tendons paroissent-ils insensibles et incapables de contrac- tion par eux-mêmes lorsqu'on les pique. Cependant, par l'état inflammatoire qui peut s'y développer, quoique diffi- cilement , ils prennent une sensibilité obscure. Les tendons larges portent le nom à' aponévroses, et il s'y remarque parfois différens plans de fibres. La substance des tendons est ordinairement gélatineuse et capable de se dissoudre dans Teau bouillante. Les lendons les plus exercés cependant deviennent extrêmement durs , et le tendon d'achille , ou qui s'attache au calcaneum , os du talon, chez l'homme et les quadrupèdes , est très-solide; le nerf de bœuf est la verge tendineuse de ce quadrupède. Les oiseaux dont les jambes sont si sèches et si exercées , y ont des tendons durs et ossifiés ; il en est ainsi des quadru- pèdes sauteurs , tels que les kanguroos et les gerboises. Chez les insectes, les crustacés et autres animaux à étuis durs et cornés, beaucoup de leurs muscles ne sont que des espèces de tendons attachés à l'intérieur de ces enveloppes. Les ligamens articulaires, chez tous les animaux, sont, en général, de nature tendineuse, blanche, et sécrètent, par la îOembrane séreuse qui les environne,à l'intérieur des capsules l-^ T E N articulaires , une humeur nommée Synovie ( V . ce mot ) , pour lubréiler les poulies des articulations (F. aussi Muscles). ^ (VIREV.) TENDU AC, Ermnrueus seiosus ^ Linn. Espèce de mam- mifère carnassier, de la IV-mille des Insectivores et du genre ÏENREC. V. ce mol. (oi&ii.) TENDRE ACAÎi>U ou AGÀILLOU. Nom créole de deux espèces d'AcACiES sens ép/nes qui croissent à Saint- Domini?;ii.e. Il y a le franc cl le bâtard, (g.) TEMDUR ( Chasse), iiom ' ae l'on donne à un canton qu'occiipent des pièces t- îulus : on dit des tendues de collets , des tenâupn ce. lejzts , ec l'âjie. j J, 7111,1/ III ,iii,r j/i,ini.i' r,'i/s,fi\>- f^i^iii^i'/i/i J . 2 Tt/i/tw J. 7'ii/>i/- . l/iii/ii'Oî< spon- gieux, (b.) TER 73 TERAPÈNE. Nom spécifique d'une Tortue d'Ame'rîque qui paroît être la toriue à lignes concentriques^ que j'ai observée, décrite et dessinée en Caroline. La térapène de Lacépède et de Daubenlon est la toriue des marais, (b.) TERAPON. M. Cuvier (^Règne animal) donne ce nom latin au sous-genre de perches qu'il nomme Esclave en fran- çais , et qui renferme les holocentrus serons et quadrilineatus de lîloch. Ce sous-genre tient d'une part aux saupes , et de l'autre aux sciènes. (desm.) TÉRASPIC. Nom jardinier du Thlaspi et des Ibérides. (B.) TERAT-BOULAN. V. MoTTEUx térat-boulan. (v.) TERCOL. V. Torcol. (desm.) TERCOT , TEPCOU, TORCOU, TURCOT. Noms vulgaires du Torcol, V. ce mot. (v.) TERCOU. C'est le Torcol. (s.) TÉRÉBELLE , Terehella. Genre de vers marins de la classe des annélides , établi par Linnœus sur des caractères vagues et qui rendoientla détermination de ses espèces incer- taine. Depuis , Cuvier et Lamarck l'ont fixé en lui donnant pour type l'animal figuré par Pallas dans ses Mélanges de Zoologie , pi. 9, n.°^ 14.-22, et pour caractères les suivans : corps tubicolaire, allongé , cylindrique ou légèrement apla- ti , atténué postérieurement , à peine annelé , ayant de chaque côté une rangée de mamelons noduleux et sétifères ; des tentacules nombreux, filiformes , tortillés , avancés, en- tourant la bouche ; deux rangées de branchies rameuses , en forme d'arbuscules , sont disposées d'un côté au-dessous des tentacules ; lobe allongé , cylindracé , pointu à sa base , membraneux , agglutinant des grains de sable et des fragmens de coquilles. V. Séraphe. Ce genre doit réunir un assez grand nombre d'espèces prises parmi les Amphitrites et autres genres voisins. La- marck , dans son Histoire naturelle des Animaux sans ver- tèbres , cite la TÉRÉBELLE coquillière , qui est celle men- tionnée plus haut et qui se trouve abondamment sur nos côtes; la TÉRÉBELLE PAPiLLEusE , qui est I'Amphitrite cristate de MuUer , vivant dans les mers du Nord ; la Terebelle ventrue , qui est mon Amphitrite ventrue observée sur les côtes de la Caroline. On doit à Cuvier des détails très- précieux sur les organes de la Térébelle prudente , dans les Annales du Muséum d'Histoire naturelle de Paris. Les mœurs destérébelles ne diffèrent pas beaucoup de celles des Amphitrites, (b.) 74 TER TEREBELLIER, Anîmal des Tarrières. (desm.) TEREBELLUM. Nom lalin du genre des coquilles, ap- pelé Tarrière en français, (desm.) TEREBENTHINE. Champignon du genre Agaric, que Paulet a figuré dans son Traité des Champignons. Il sent la thérébentinc et est dangereux, (b.) TÉRÉBENTHINE. Sorte de résine. T. Thérébentine, Pistachier , Pin , Sapin et Mélèze, (b.) TEREBINCHOIDE. Plante mentionnée dans la Flore de Ceylan, et qui paroît être le Mombin, d'après Commerson. . , , (B) TEREBINTHACEE LIANE, Arbrisseau s'élevant à trente pieds en grimpant sur les arbres, à la manière du lierre. 11 a été observé à la Louisiane par le voyageur Robin, qui en a donné une description d'après laquelle Rafinesque Schmallz a fait son genre philostewon :j- lour elles imitoient mieux les feuilles du laurier ; les fruits avaient aussi des rapports avec ceux du laurier. Le lérébinthe produisoit aussi , comme l'orme, certaines vessies de la gros- seur d'une noix, dans lesquelles s'engendroient des mou- cherons avec une liqueur résineuse moite et grasse ; on n'en retiroit pas cependant celte résine , car on l'obtenoit du bois de l'arbre. Le fruit du terminthos , quoique gluant, rendoit très-peu de résine. On lavoit les fruits de cet arbre en les re- cueillant , car , sans cela , ils s'aggiulinoient les uns aux au- tres ; mais , en les lavant , les fruils verts et blancs surna- geoient , tandis que les mûrs et noirs tomboient au fond. Dans un autre passage, Théophraste rapporte qu'aux Indes il y a des terminthos senîblables à ceux dont il a parlé , ex- cepté que leurs fruits ressemblent aux amandes. Dans la Bac- triane , les arbres porioient des fruits pas tout -à- fait aussi gros que des noix et de même forme que les amandes et de meilleur goût ; aussi, dans le pays, les préféroit- on aux amandes. Dioscoride se borne à faire observer que le terminthos est un arbre fort connu, et n'en donne aucune description. Il fait remarquer,que son feuillage , son fruit et son écorce, préparés et pris de la même manière que le lentisque , ont les mêmes qualités astringenies ; que le fruit du terminthos se pewt manger , mais qu'il est indigeste ; qu'il échauffe, fait uriner et est un excitant à l'amour; que , pris en breuvage avec du vin , il est bon contre les piqûres venimeuses Aa phaîungium , sorte d'araignée, il dit que la résine du terminthos est la plus excellente de toutes les résines; qu'on l'apportoil de l'Arabie Pétrée, de la Judée, de la Syrie, de Cypre, d'Afrique f;t 76 TER des îles Cyclades : la meilleure éloit blanche , claire , de la couleur du verre , mais tirant sur le bleu et ayant l'odeur de la plante. Après celte résine , on eslimoit celle du lentisque. La résine du lermiuthos , comme toutes les résines , étoit échauffante , résolutive et émoUiente , et s'employoit des mêmes manières, Pline ne donne pas de nombreux détails sur le terehinthus , et il s'accorde avec Théophraste sur bien des points. Selon Pline , le iercbinthus croissoit en Syrie ; son fruit mùrissoit en même temps que la vigne. Au mont Ida, en Troade, le fruit du terebinthus étoit presque aussi gros qu'une fève, dune odeur agré.ble et résineux au loucher. « En Macédoine, dit- il , le tereùintliiis est un petit arbre branchu ; aux environs de Damas, en Syrie, c'est un grand arbre. Son bois est fort soup'ie , d'une longue durée et d'un noir éclatant très-remar- qu'ible ; ses fleurs forment des grappes comme celles de l'oli- vier , mais rouges et très-feuillées. » PI,, liv. i3, cap. 6. Galien rapporte assez longuement les propriétés et l'emplo i du terminthos et de sa racine ; il les place au rang des médi- camens qui sont échauffans et non pas astringens. IMoire Téréblmthe ( Pistacia terebinthus, L. ) el le Pista- chier RÉTICULÉ ( Pistacia reticulata ) sont compris dans le terminthos des Grecs et Xa terebinthus des Lalins, qui ne parois- sent pas avoir été connus en Italie , du temps de Pline, et où la première espèce croît maintenant spontanément , ainsi qu'en Espagne et dans le midi de la France. Ses galles sont employées, par les Turcs et les Espagnols, pour teindre la soie en écarlate. Le pistachier réticulé et peut-être une troi- sième espèce voisine , qui est Te terebinthus peregrina fructu minore cœruleo et eàuli , C. B., donnent des fruits bons à manger et encore en usage en Orient. Faisons observer ce- pendant que Théophraste parle de trois espèces de terminthos: la première , qui est dite mâle ou stérile , éloit sans doute le tércbinlhc ; la deuxième , dite femelle , seroit le pistachier réticulé , et la troisième le terminthos des Indes , qui paroit être , presque sans nul doule , notre pistachier, qui fait le sujet d'un article à part dans Uioscoride. Foyez Pistacia, Tous ces arbres sont du même genre. La résine du térébinthe , si usitée dans ia médecine an- cienne , est la première qu'on ait appelée térébenthine, nom qu'on a employé ensuite pour désigner d'autres résines ( F. Pistachier et Sapin) , et qui se compose du latin terebinthus, térébinthe, et rétine, résine en grec. Vossius , dans ses Etymo- logies , dit que , selon Martinus, terebinthus est formé de deux mois arabes, et, suivant Lobel, d'un mot grec qui signifie 7 ^.''. ^7 cker. Le térébînthe auroit été ainsi nommé, à cause que son fruit a presque la figure et la grosseur d'un pois chiche. Pierre Bellon nous apprend que ce fruit est [e grain-vert {^granum vi- ride) des anciens Arabes, qui l'appellent ainsi à cause de sa couleur intermédiaire entre le vert et le bleu. Il nous instruit aussi que par toute la Syrie on en mange avec du pain , et que cet usage existoit , il y a plus de deux mille ans , chez les Perses , avant même qu'ils connussent le pain. Dans le Pinax de C. Bauhin , les trois espèces de pistachier que nous avons nommées plus haut, forment son groupe des terebinthus , mais il renvoie le terehînthus indica à ses pistacia. Le térébinthe et le pistachier trifolié constituent le genre terebinthus de Tournefort, caractérisé du pistacia du même au- teur par la petitesse de son fruit , et du lentiscus par ses feuilles ailées avec impaire. Tous ces genres n'en forment qu'un dans Linnseus , et avec raison ; c'est le pistacia adopte par tous les botanistes. Avant cette réunion , Sloane et Rai ont rap- porté au genre terebinthus le rhus meiopium , L. et le hursera gummifera. (ln.) TEREBRA. Nom latin des coquilles du genre Vis. V. ce mot. (DESM.) TEREBRANS , Terebrantia. Section d'insectes hymé- noptères , ayant pour caractères : une tarière dans les fe- melles ; antennes ayant le plus souvent moins ou plus de douze à treize articles. Elle se divise en deux familles ; les Porte-scie et les Pu- PIVORES. V. ces articles, (l.) TÉRÉBRATULE, Terebratula. Genre de testacés de la classe des Bivai^ves , qui présente pour caractères : une co- quille régulière , à valves inégales , se fixant par un ligament ou un tube court, la plus grande valve perforée à son som- met , qui est proéminent et recourbé , et a une charnière à deux dents. Les oryctographesavoient connu ce genre bien long-temps avant les conchyliologistes , c'est-à-dire , qu'ils appeloient du nom de térébratule ou de celui de poulette , des fossiles qui ont le caractère cî-dessus. En effet , les individus fossiles sont beaucoup plus nombreux dans les collections que les indi- vidus marins ; long-temps même on a ignoré que les premiers eussent des analogues dans les mers actuelles , et encore en ce moment on n'en connoît qu'un très-petit nombre d'es- pèces vivantes. Linnœus avoit confondu les terébratules avec les Anomies. Bruguière, le premier , a établi leurs différences, et Lamarck a fixé leurs caractères. 78 TER Le genre Pentamère de Sowerby n'en diffère q«e parce que ie sommet des deux espèces qui y entrent n'est point perforé. La TÉRÉBRATULE cuspiDATE , qui a aussi été place'e parmi les Anomites , constitue aujourd'hui le genre Spirifère ot: ce naturaliste. Les térébralules sont d'une consistance moyenne. Eiles varient peu dans leur forme générale , quoique leurs espèces ^soient très-uiuUipliées. Elles se fixent aux rochers , dans les profondeurs de la mer, par un très-gros muscle, qui sort par le trou du sommet de leur grande valve. L'animal qui les ha- hite n'a pas été figuré ; mais on sait qu'il est du genre de la LiNGULE , c'est-à-dire , qu'il est émarginé et cilié , qu'il a deux bras linéaires plus longs que le corps , et qu'il jouit de la fa- culté de changer de place , et même de venir voguer sur la surface de la mer dans les temps de calme. Sa chair est fort estimée. Les térébratules fossiles sont au nombre despélasgiennes , c'est-à-dire , qu'il faut les chercher uniquement dans les pays calcaires de première formation.* Elles y sont quelquefois excessivement abondantes , souvent libres , plus rarement renfermées , dans les schistes de transport , dans des ar- giles ferrugineuses , dans la pierre calcaire. On en voit ,inême de quarzeuses et de pyriteuses. Toutes les grandes chaînes de montagnes de l'Europe, et probablement du reste du monde , en fournissent dans la partie moyenne de leurs flancs. Celles qu'on trouve dans les pays à couches peuvent être supposées transportées par les eaux pluviales. On en connoit depuis la grosseur d'une tele d'épingle jusqu'à celle d'une tête d'homme et plus. Beaucoup ont conservé leur test ; mais la plupart ne présentent que leur moule intérieur, et c'est celte circonstance qui rend si difficile la concordance des auteurs qui ont figuré , sans distinction , les unes et les autres. On peut voir, dans V Encyclopédie ^ pi. 289 et suiv. , une suite de soixante espèces de térèhraiules , tant fossiles que marines , et dans l'ouvrage de Fanjas , sur les fossiles de la montagne de Saint-Pierre , près Maè"stricht, un grand nom- bre de différentes qui ne se trouvent figurées nulle autre part. Ces suites sont sans doute bien loin de réunir tout ce qu'on en connoît , même seulement dans les collections de Paris; mais elles sont propres à faire connoître la richesse de ce genre. Les espèces les plus communes dans l'état marin , sont : La TÉRÉBRATULE TRONQUÉE , qui csl presque orbiculaire, TER 79 finement striée , et dont la charnière est tronquée. Elle se trouve dans la mer du Nord. La Térébratule vitrée est ovale, ventrue, très-mince , transparente,et a deux rayons osseux intérieurs à la charnière de la valve inférieure. Elle se trouve dans la Méditerranée. C'est proprement celte espèce qu'on appelle la poulette ou le coq et la poule. On la mange. La Térébratule perroquet est couleur de corne , line- ment et longitudinalement striée, la valve la plus courte bossue, la plus grande aplatie , et le trou triangulaire. Elle se trouve dans la mer du Nord. La Térébratule râpe est presque ronde , unie , le de- dans hérissé. Elle se trouve dans la haute mer. Les plus communes des ièrébratules fossiles sont : La TÉRÉBRATULE COMMUNE, qui est presque ovale , unie , convexe , une des valves avec trois , et l'autre avec deux plis. Elle est , en effet , très-abondante dans plusieurs parties de la France. La TÉRÉBRATULE HYSTÉRIQUE est dilatée sur les côtés , unie , convexe, striée, presque à trois lobes, antérieurement, comprimée. Elle est célèbre à raison des rapports de forme de son moule intérieur avec les organes extérieurs de la génération de la femme. La TÉRÉBRATULE LACUNEU&E est presque ronde avec beau- coup de sillons , a les valves plissées à leur extrémité la plus courte , avec des enfoncemens et quatre dents à son ex- trémité. La TÉRÉBRATULE PEIGNE est presque ronde , fortement striée , aplatie , mais une des valves plus que l'autre. La Térébratule plissee est en croissant , pllssée , a le» bords prolongés, des sillons longitudinaux striés, ceux du milieu plus larges. La Térébratule frisée est triangulaire , plissée , a les bords prolongés, les sillons rugueux, ceux du milieu plus larges. La Térébratule andouillée est presque ronde , a plu- sieurs sillons et huit dents au sommet des valves. Neuf espèces fossiles de ce genre sont figurées , pi. i5 de la Conchyliologie minérale de la Grande - Bretagne , par Sowerby. Fischer ^ dans les Mémoires de la Société impériale des naturalistes deMoscou,en décritet figure onze autres, trouvées par lui aux environs de cette ville, la plupart jusqu'alors in- connues, 11 les divise en trois sections. Celles à bords lisses et non plissés f ceWes à bords plissés , celles à bords trilobés, (b.) 8o TER TÉRÉBRATULIEPv , Terebatularius. Animal des Té- RÉBRATULES. (DESM.) TÉRÉBRATALlTES.Cesont;iestérébratulesfossîles.(B.) TEREBRUM. Nom latin du genre Vis , selon Denys-de- Montfort. (desm.) TEREDILES ou PERCE-BOIS. M. Duméril désigne ainsi une famille d'insectes coléoptères peniaraères , ayant pour caractères : élytres dures , couvrant tout le ventre ; antennes filiformes; corps arrondi, allongé, convexe. Les genres qu'elle comprend sont: vrilleite ^ panache y ptine , mé- lasia , tille ■, Itmexylon. V. Serri CORNES, (l.) TÉRÉDINE , Teredina. Genre de vers marins , établi par Lamarck, et intermédiaire entre les Fistulanes et les Tarets. Ses caractères sont : fourreau testacé , tubuleux , cylindrique , à extrémité postérieure fermée , montrant les deux valves de la coquille ; à extrémité antérieure ouverte. Ce genre renferme deux espèces , toutes deux fossiles et figurées l'une dans le 7.^ vol. des Annales du Muséum , pi. 43 , sous le nom Atfistulana personaia; l'autre dansBrocchi, Conc^., tab. i3, sous celui de teredo bacillum. (JB.) TEREDO. Nom latin des mollusques du genre Taret. V. ce mot. (desm.) TEREGAM. Nom indien d'un Figuier ( ficus ampelos Burm.) , dont la racine broyée dans le vinaigre , préparée avec du cacao, et prise le matin à jeun, passe pour rafraîchis- sante, (b.) TERENIABIN. Nom persan de la Gomme adragant. V. ce mot et le mot Astragale, (b.) TÉRENJUBIN. On lit dans les Annales de Philosophie de Thompson , février 1819, une note sur la substance dite manne de Perse , ou gezangabeen (^gezangabin) , qu'on recueille particulièrement en Perse et en Arabie. Selon Mirza-Jiafer Tabib , médecin persan , qui étoit à Londres à cette épo- que , gez est le nom d'un arbre que les Arabes appellent iuifa, qu'on suppose être du genre tamarisc. On en dis- tingue deux espèces : l'une est un buisson qui produit le gezangahin ( littéralement suc du gez ) , employé seulement en confiture ; l'autre un arbre qui donne un suc quelquefois semblable au précédent , appelé athel par les Arabes , et employé en médecine comme astringent. Outre ces deux sortes de mannes, il y en a une troisième appelée terenjubin en arabe, qui est laxalivc. Le même médecin perse avance que l'opinion commune en Perse , est que les mannes sont des exsudations de ces arbres, et non pas l'ouvrage d'insectes, (ln.) TÉRÉTICAUDES. Famille établie par Duméril, parmi TER 8x les reptiles sauriens. Ses caractères sont : queue cylindrique ou conique. * Les genres qui entrent dans cette famille sont : Caméléon Stellion, Iguane, Lézard, Agame , Dragon, Anolis* Gecko , Scinque , Chalcide. (b.) ' TÉRÉTIFORMES. M. Duméril , dans les tableaux jojnts a lanatomie comparée de M. Cuvier , avoit donné ce nom à une famille de coléoptères tétramères , caractérisée par les antennes en masse et le corps souvent cylindrique • elle renfcrmoit les genres bostriche , clairon , apate , colydie et Celte famille, qu'il conserve dans sa Zoologie analytique y reçoit les noms de Cylindriformes ou Cylindroïdes. TERFEZ. Les Arabes appellent ainsi la Truffe qu'ils trouvent dans les déserts de l'Afrique. Elle est blanche et d une saveur approchante de celle de la viande. Celte es- pèce ne paroît pas connue des botanistes, (b.) TERGIPE, 'lergipes. Genre établi par Cuvier , aux dé- pens des DoRis. 11 diffère de ces derniers , parce que les espèces qu il renferme n'ont que deux tentacules sur la tête et qu elles portent le long de chaque côté du dos une rangée' de branchies termmées par un petit suçoir, branchies qui leur servent comme de pieds pour marcher sur le dos \^^s DoRis LACINULÉ , MACULÉ et PENNÉ entrent dans ce genre, (b.) TERIGNADE. En languedocien , c'est une araignée. TERIN. TIRIN.Noms vulgaires du Tarin (^T^"^'^ TERIN COURONNÉ. Nom que portent, en Picardie , le Cabaret et le Sezerin. (v.) ' TERITS. Nom vulgaire du Bruant proyer , d'après son cri. (v.) *■ TERIZ., V. Terits. (desm.) TERMES, Termes. Genre d'insectes de l'ordre des né- vropteres , famille des planipennes , tribu è.t% termiiincs , ayant pour caractères: tous les tarses à quatre articles , dont les trois premiers fort courts ; antennes de la même gros- seur partout plus courtes que la tâte et le corselet, moni- litormes, d environ dix-huit articles ; corps déprimé • tête ronde; trois petits yeux lisses sur le front, dont un, peu dis- tinct, et les deux autres situés , un de chaque côté , près du bord mterne des yeux ordinaires ; quatre palpes filiformes : extrémités des mâchoires écailleuses , pointues et recou- vertes d une espèce de galette ; languette quadrifîde ; pre- xxxni 0 82 TER mier segment du tronc grand , presque carré ou en demi- cercle ; ailes beaucoup plus longues que le corps, couchées horizontalement sur lui , elliptiques , égales , caduques , à nervures très-fines et très-serrées; abdomen carré, avec deux petites pointes coniques et à deux articles, à son extiémilé ; pattes courtes ; insectes vivans en sociétés très-considérables. Les termes ont le corps déprimé ; la tête arrondie , verti- cale , avec deux yeux ronds, deux petits et trois lisses écartés; le premier segment du corselet plane, droit au bord anté- rieur, arrondi sur les côtés et postérieurement; les ailes très grandes, couchées, horizontales , elliptiques; l'abdomen sessile, obtus, arrondi au bout, et ayant en celle partie, de chaque côté , deux très-petites appendices ; les pâlies courtes et comprimées. Ces insectes sont presque tous étrangers à TEurope. Le célèbre Linnœus les a regardes, avec raison , comme le plus grand fléau des Deux-Indés, parce qu ils causent des ravages aussi prompts qu'immenses dans les propriétés de l'homme. Sous la zone lorride , ils percent et dévorent tous les bâti- mens en bois, les ustensiles , les meubles , les étoffes et les marchandises, et les ont bientôt entièrement réduits en pou- dre , si on ne les prévient à temps : il n'y a que les métaux et les pierres qui puissent résister à leurs mâchoires destruc- tives. Quoique les termes d'Afrique aient attiré l'attention de plusieurs voyageurs , par la grandeur et la structure de leurs nids, leurs mœurs ne nous sont cependant bien connues que par les détails intéressans que Sparrmann nous a donnés sur leur industrie et leur manière de vivre. Ces insectes , qu'on a appelés fourmis blanches , poux de bois, carias, qu'Adanson nomme i'«§^i'o§'M«5, ont efleclivement beaucoup de rapports avec les fourmis; comme elles, ils vivent en sociétés, composées de trois sortes d'individus; comme elles, ils bâtissent des nids , mais bien plus extraor- dinaires , et la plupart sur la surperficie de la terre ; ils en sortent par des passages souterrains ou des galeries couver- tes , quand la nécessité les y oblige , et de là ils vont faire leurs excursions dévastatrices. Comme les fourmis , ils sont omnivores ; comme elles , dans un certain temps de leur vie , ils ont quatre ailes , font alors des émigrations et forment des colonies. Les termes ressemblent encore aux fourmis dans leur activité laborieuse; mais ils surpassent \cs abeil- les, les guêpes et les castors, dans l'art de bâtir. Chaque communauté est composée , selon Sparrmann , d'un mâle , d'une femelle et d'ouvriers ; il distingue ces der- TER 83 ïiîers par les noms de iramilleurs et de soldais , ayant vu les uns travailler et les autres combattre pour défendre leurs propriétés. Les mâles et les femelles n'acquièrent des ailes que peu de temps avant d'être propres à reproduire leur espèce. Les soldats , que quelques auteurs ont regardés comme des neutres ou mulets , ont une forme différente des travailleurs , qu'ils ont cru être les mâles . mais , suivant Sparrmann , c'est une erreur , les soldats ne différant des travailleurs que parce qu'ils se sont approchés d'un degré de l'état parfait (i). Dans les nids des termes belliqueux , on trouve , dit notre auteur, cent travailleurs pour un soldat. Les premiers ont à peine trois lignes de longueur, et vingt-cinq pèsent environ un grain ; leurs mandibules paroissent conformées pour ronger et retenir les corps , au lieu que les seconds , cjui sont beaucoup plus gros et longs d'un demi-pouce , ont les mandibules très-pointues , en forme d'alênes , et n'étant pro- pres qu'à percer et à blesser , objet qu'elles remplissent par- faitement. L'insecte qui , après son entier développement , est pourvu d'ailes , diffère des deux autres individus , non-seulement par ces parlies , mais encore par la forme de son corps. Il a alors environ huit lignes de longueur ; ses ailes sont une fois plus longues, et il a deux yeux très-saillans , qui manquent aux soldats et aux travailleurs, ou qui sont si peu apparens, qu'on ne les aperçoitpas.On ne trouve ces insectes ailés dans lesnids qu'immédiatement avant la saison des pluies , époque où ils subissent leur dernière métamorphose , et après laquelle ils font des émigrations, et vont fonder de nouvelles sociétés. Ainsi , on peut ouvrir vingt nids sans y en voir un seul , parce qu'ils attendent rarement la seconde ou la troisième (i) ÎSIalgré l'opinion de Sparrmann , il paroît très-probable qu'il y a parmi les termes une sorte d'Individus qui n'acquiert jamais d'ailes; le premier changement que subit une larve pour s'approcher de l'clal parfait, n'est autre chose que sa nie'tamorphose en nymphe; or, comme toutes les nymphes dont l'insecte parlait doit avoir des ailes ont toujours les rudimens de ces organes, et que les fermés soldats de Sparrmann n'en ont pas les moindres vestiges , qu'ils sont disfingue's des larves ou Aqs solda/s et de l'insecte arJé , on peut en déduire que ne pouvant être des nymphes, par le défaut de rudimens d'ailes, ces fermes soîdafs doivent former urt ordre parti- culier, et qu'il y a ainsi trois sortes d'individus. Voyez plus bas. U TER ondée pour en sortir. Si la première pluie tombe dans la nuit, et laisse après elle beaucoup d'humidilé, le lendemain matin toute la surface du terrain qui avoisine leur babilalion , est couverte de ces insectes , et surtout les eaux , parce que leurs ailes ne sont faites que pour les porter pendant quelques heures : de sorte qu'après le lever du soleil on n'en voit guère qui les aient conservées, à moins que la matinée ne ronlinue d'être pluvieuse. Dans ce cas , on les voit épars, isolés, vol- tiger d'une place à l'autre, cherchant à éviter leurs nombreux ennemis , particulièrement une espèce de fourmis , qui les poursuit jusque sur les arbres où ils se réfugient. Ceux qui échappent aux dents meurtrières de ces insectes deviennent la proie des oiseaux , des reptiles carnivores , qui leur font la guerre dans ce moment ; de sorte que de plusieurs millions qui voltigeoient dans l'air , il en reste à peine quelques cou- ples pour accomplir la première loi de la nature, et pour les fpndemens d'une nouvelle république. Outre ces ennemis , les termes en ont encore d'une autre espèce; ce sont les habitans de plusieurs contrées de l'Afrique, et particulièrement ceux de la (iuinée , qui les mangent (i). Cependant , au milieu de leur détresse , ils oublient quel- quefois le danger; la plupart n'ont plus d'ailes, mais ils co.urent extrêmement vite. Les mâles se montrent très- empressés auprès des femelles; mais, depuis leur métamor- phose , ils sont absolument dégénérés. Un des plus actifs , des plus industrieux , des plus ardens à la proie , un des plus (i) M. Kœnig, dans son Essai sur V Histoire de ces insecies y dit que, pour attraper los termes avant l'émigration . Ic-s Indiens font deux trous au nid, l'un au vent, l'autre sous le vent; à l'ou- vcrtuie sous le vent, ils adaptent un pot frotlé d'herbes aroma- tiques ; du côte du vent, ils fout un feu dont la lumée chasse ces insectes dans les pots. Par cette méthode, ils en prennent une très- grande quantité, dont ils font, avec de la farine, différentes pâtis- series qu'ils vendent à bon marché au peuple. Cet auteur ajoute que dans la saison où celte nourriture est abondante, l'abus qu'on en fait , produit une colique cpidémique qui emporte les malades eu vingt-quatre heures. Les Africains sont moins ingénieux à les pren- dre et à les apprêter. Ils se contentent de ramasser dans les eaux ceux qui y tombent lors de l'émigration. Ils en remplissent de grandes chaudières, et les font griller dans des pots de fer, sur un feu doux , et les remuant comme on fait le café Ils les mangent ainsi sans sauce et sans autre préparation, elles trouvent délicieux. Notre auteur en a goûté plusieurs fois apprêtés de cette manière ; 11 les a trouvés délicats, et ils lui ont paru nourrissans et sains. TE R 85 farouches pelits animaux qui soient ?iu monrle , est tout à coup devenu le plus indolent , le plus poltron de tous les erres. Il se laisse entraîner par les fourmis jusqu'à leurs nids sans faire la moindre résistance , et il ne leur échappe que lorsque quelques termes travailleurs , qui courent conti- nuellement près de la surface de la terre, squs leurs galeries couvertes , les aperçoivent et viennent les secourir. Ceus qui ne sont pas ainsi protégés périssent infailliblement. Les travailleurs qui sauvent un mâle et une femelle des dénis de leurs ennemis , les mettent aussitôt à l'abri de tous dangers , et ensuite les renferment dans une petite chambre d'argile proportionnée à leur grandeur. Ils n'y laissent d'abord qu'une petite ouverture capable de donner passage seulement à eux et aux soldats ; ils pourvoient aux besoins de ce couple , et par la suite aux pelits auxquels ii donne naissance , et le défendent jusqu'à ce que ces pelits soient en état de partager celte tâche avec eux. Sparrmann , qui n'a ja- mais vu l'accouplement de ces insectes , çrjait que c'est alors qu'il a lieu. Peu de temps après la clôture du mâle et de la femelle , le ventre de celle-ci s'étend par degrés, et s'élargit à un point que, dans une vieille femelle , il est quinze cents fois ou deux mille fois plus volumineux que le reste de son jçorps. Sparrmann présume que quand il a la longueur de trois pouces , la femelle doit être âgée de plus de deux ans. Elle pousse sans relâche ses œufs au dehors , jusqu'au nom- bre de soixante dans une minute ; et notre auteur a vu de vieilles femelles en pondre quatre-vingt mille et plus dans vingt-quatre heures. Si Sparrmann ne s'est pas trompé dans son calcul , quelle étonnante fécondité ! Après que le mâle a perdu ses ailes, il ne change plus de forme et n'augmente plus en grosseur ; il se tient ordinaire- ment caché sous un des côtés du vaste abdomen de la fe- melle , et 11 ne paroît pas être l'objet des soins des autres insectes. A mesure que la femelle pond, les travailleurs emportent les œufs , et les placent dans des logemens séparés de celui de la mère ; là , les pelits qui sortent de ces œufs sont pourvus de tout , jusqu'à ce qu iis soient en état eux-mêmes de se procurer ce qui leur est nécessaire , et de prendre part aux lrav,aux de la société. Après avoir suivi Sparrmann dans son intéressante descrip- tion du termes belliqueux . espèce la plus grande et la mieux connue en Afrique , celle qui bâtit les nids les plus grands , les plus curieux et les plus muUipliés dans l'iie des Bananes, eldansloules les parties adjacentes du continenl, celle dont 86 TER les sociétés sont les plus nombreuses , il nous reste à voir l!industrie de ces insectes singuliers dans la construction de leurs nids. Sparrmann décrit cinq espèces de termes , qui sont : le Belliqueux , dont nous venons de parler ; le Mordant , I'AlTroce, le Destructeur , et celui des Arbres. Les uns bâtissent leurs nids sur la surface de la terre , ou partie dessus, partie dessous; les autres sur les branches des arbres , et quelquefois à une très-grande hauteur. La figure extérieure des édifices du termes lelUfjueux est celle d'un petit mont plus ou moins conique , dont la forme approche de celle d'un pain de sucre. Leur hauteur perpen- diculaire est de ilix ou douze pieds au-dessus de la surface de la terre. Si l'on compare ces édifices avec ceux de l'Iiomme , l'on verra qu'ils sont pour ces insectes, dont les ouvriers ont à peine un quart de pouce de longueur , ce que seroient pour MOUS des monumens cinq fois plus grands que la plus grande pyramide d'Egypte. Chacun de ces édifices est composé de deux parties distinctes , l'extérieure et l'intérieure. L'exté- rieure est une large calotte de la forme d'un dôme , assez grande et assez forte pour protégerl'intérieure contre les vicis- situdes de 1 air , et les habitans contre les attaques de leurs ennemis. L'homme, des taureaux sauvages, n'en détruisent point la solidité en montant dessus. Chacun de ces édifices est divisé en un grand nombre d'appartemens , qui sont celui du mâle et de la femelle , nommé la chamhre royale par Sparrmann ; ceux où est nourrie leur nombreuse postérité , jiourriceries du même naturaliste , et les magasins. Ceux - ci sont toujours pleins de provisions , qui consistent en des gommes ou jus épaissis des plantes rassemblés , en petites ïTiasses. Les pièces occupées par les œufs et les petits sont entièrement composées de parcelles de bois unies ensemble par des gommes. Ces édifices sont extrêmement serrés et di- visés en plusieurs petites chambres irrégulières, dont la plus grande n'a pas un demi-pouce ; elles sont placées autour de celle de la mère : celle-ci es\ à peu près de niveau avec la surface de la terre , à une distance égale de tous les cotés du corps-de-logis, et directement sous le sommet du cône. Toutes les pièces qui l'environnent composent un labyrinthe compliqué , qui s'étend de tous côtés à plus d'un pied de distance. Les galeries pratiquées dans les pièces les plus basses sont plus larges que le calibre d'un gros canon; elles aboutissent à toutes les pièces , et descendent sous terre jus- qu'à la profondeur de trois ou quatre pieds. C'est là que les travailieurs vont prendre le gravier fui , qu'ils convertissent ï E R 87 dans leur bouche en une argile solide et pierreuse , avec laquelle ils construisent le monlicule et tous les bàtiniens , à l'exception des nourriceries. On voit encore d'aulres nids d'une forme cylindrique , hauts d'environ deux pieds , couverts chacun d un toit en forme de cône , dont les matériaux sont les mêmes, Sparr- jnann les nomme nids en ioiuetles. Ils sont construits par le termes atroce et le termes mordant. La figure extérieure de ces nids est plus curieuse que celle des nids àw termes fatal ; mais l'intérieur n'est pas aussi bien distribué. Tous sont si solide- ment bâtis , qu'on les renverse plutôt à leur fondement qu'on ne les rompt dans leur milieu. Les nids du termes des arhres diffèrent de ceux des autres es- pèces de ce genre par la forme et la grandeur ; ils sont sphé- riques , et bâtis dans les arbres ; quelquefois ils ne tiennent qu'à une seule branche , qu'ils entourent à la hauteur de soixante on quatre-vingts pieds. On en voit, mais rarement, d'aussi spacieux qu'une barrique de sucre. Ils sont composés de parcelles de bois, de gommes et de sucs d'arbres , avec lesquels ces insectes forment une pâte pour construire les cellules. Ces nids renferment une immense quantité d'indi- vidus de différens âges , que les habitans recherchent pour en nourrir la volaille. Quelquefois les termes placent leurs nids sur les toits ou toute autre partie des maisons , et y font de grands dégâts; mais les autres espèces, qui sont beaucoup plus grandes que celle-ci, sont bien plus destructives en- core. 'Le termes belliqueux et autres s'avancent sous terre , descendent sous les fondemcns des maisons et des magasins, pénétrent dans les poteaux qui soutiennent les bâtimens , lès percent d'un bout à l'autre, et les vident entièrement. On ne voit le mal que quand il est sans remède , parce qu'ils ne percent jamais la surface en aucun endroit; de sorte que le morceau de bois qui paroît le plus entier, tombe en pour- riture si on appuie la main dessus. \spèces de ter- nes , l'une qui forme des pyramides rondes , de huit à dix -)ieds de haut , el l'autre qui reste enfoncée dans la terre , et :,ie se déclare tpie par de petites galeries cylindriques , de la ;rosseiir d'une plume d'oie , qu'elle élève sur les corps qu'elle veut attaquer. La première espèce doit êlre celle que j'ai décrite ici ; la seconde est probablement le même insecte TER 93 que Forskaël nomme arda.Yoyez Termes a corselet jaune. Dans la traduction française du Mémoire de Smeaihman Abrégé des Transact. philos. , Hist. nat., tom, a , pag. 288 on lit une note où Adanson est blâmé d'avoir dit que cette es- pèce ne se manifesloit que par des galeries cylindriques, et qu'elle l'avoit mordu. Ce que Forskaël nous dit du termes arda qui est probablement la même espèce, nous convainc que le naturaliste français n'a pas avancé d'erreur , par rapport à la manière de travailler de ces termes. Il n'est pas non plus invraisemblable que ces insectes, après avoir rongé les pièces de son lit , ne lui aient fait sentir l'effet de leurs pinces, étant gênés par sa présence. Termes brun , Termes fuscum ; Fausse frigane brune , De- géer ; — Hemerobius ieslaceus , Linn. Cette espèce est d'un bon tiers plus petite que la précédente ; le dessus du corps est brun ou puce foncé , luisant , avec la tête noirâtre à sa par- tie antérieure ; les anlennes , une tache en fer de lance située sur le corselet, le bord postérieur des anneaux de l'abdomen , le dessus du corps et les pattes , sont d'un brun jaunâtre clair. Près de chaque œil à facettes, est, au côté in- terne , un petit œil lisse, jaunâtre , brillant , très-apparent , et vers le milieu du front, un petit point élevé. Les ailes dé- bordent le corps d'un peu plus d'un pouce , et sont d un brun jaunâtre très-clair , demi-transparentes , avec la côte plus foncée. Solander, dans le mémoire de Smeathman , dit que le termes belliqueux a le corps brun ; les ailes noirâtres avec la côte ferrugineuse ; les petits yeux lisses presque supérieurs, rapprochés des yeux, et un point central prorninule. Ces caractères , surtout le dernier , paroîtroient convenir àt cette espèce ; mais le termes belliqueux se trouve en Afrique , et celui-ci est certainement de Cayenne ; c est plutôt l'espèce qu'il dit être à peu près aussi grosse que le termes belliqueux., dont elle ne diffère que par une couleur plus claire, et qui fait dans les lieux sablonneux de l'Amérique méridionale les samnes , des nids d'un terreau noir , qui se trouve à quel- ques pouces au-dessus du sable blanc , bâtis sous la forme d'un cône imparfait , ou dune cloche , avec leur sommet arrondi , et qui ont environ quatre à cinq pieds de hau- teur. J'ai vu une femelle de cette espèce qui étoit à la veille de pondre. Termes MORIO, Termes morio, Fab. Cette espèce n'a guère que deux lignes de longueur, mais ses ailes la font paroître plus grande , débordant le corps de quatre lignes. Elle est 9^ T K R noire , avec les antennes , le devant de la tête , les pattes et une partie du dessous de l'abdomen, vers le bout, dun brun jaunâtre clair ; les deux yeux lisses sont brillans et sensibles ; le milieu du front est uni ; la tête est plus luisante que le reste du corps ; le corselet est pubescent ; les ailes sont noires , et ont leurs nervures plus marquées que dans les espèces pré- cédentes. C'est sans doute cette espèce qui est si nuisible aux habi- tans des Antilles ; elle est très-commune à Saint-Domingue , à Porlo-Rlcco , à la Martinique , et dans toute l'Amérique méridionale. C'est aussi h cette espèce qu'on peut rapporter le termes destructeur de Degéer. Il en décrit la lan^e , qu'il prend pour la femelle , et le soldat , qu'il soupçonne elrc l'autre sexe. Ce termes destructeur est peut-être le termes fatal de Linnseus. Les descriptions qu'il donne des deux mêmes sortes d'individus , conviennent à celles de Degéer. Llnnœus , d'après Solan- der , le même qui avoit communiqué à Degéer le termes des- tructeur ^ volt dans les deux sortes d'individus, deux sexes différens. Le soldat est peut-être, suivant lui, la femelle. Rochefort , dans son Histoire naturelle et morale des îles An- tilles de r Amérique , dit, que pour couper le chemin à ces ter- mes , qu'il nomme poux de bois , on frotte le lieu où ils passent de l'huile de cette espèce àc palma-chrisli Aonil^s nègres se frottent la tête pour se garantir de la vermine. L'huile de lamantin a aussi le même effet, et si l'on en verse sur leur nid , ils l'abandonnent aussitôt. Cet auteur prétend que ces insectes ne rongent pas la partie imprimée des livres , l'encre n'étant pas vraisembla- blement de leur goût. agiie. 11 a sans doute, dans cette partie de l'Afrique, plus de malignité. Cet académicien dit qu'ils mordent la peau , qu'ils y occasio- nent des enflures et de vives douleurs. Ils ne mordent point à la Martinique ; on n'en est incommodé que par leurs dégâts. « Il est étonnant qu'on ne soil pas encore bien instruit au Sénégal de l'effet de l'arsenic sur ces animaux , ou qu'il n'y soit pas employé , comme dans nos colonies , où l'on en fait usage depuis tant d'années. Les accidens auxquels cet arse- nic peut exposer, ne sont pas à craindre , puisqu'il en faut une si petite quantité pour les détruire. » Chanvaion , Voyage à la Martinique , pag. 1 13 et 1 14- Termes a isez , Termes nasutum ; Fausse frigane à nez, Dc- géer. — Hemerobius marginulis, Linn. Celte espèce est de la grandeur du termes brun. Le corps est d'un jaune d'ocre, avec la tête brune en dessus , et remarquable par un avancement en forme de nez, ce qui caractérise très-bien cette espèce. Les ailes sont blanches , bordées de brun , et une fois pîu<; longues que le corps. Fabricius cite celte espèce comme synonyme de celle qu'il nomme destnicteur. D'après le mé- moire de Smealhman , il paroîtroit que ce seroit le termes qui construit des nids en boule autour des branches d'arbres: on peut voir la figure de l'un de ces nids dans SJonne, Z^//./ • nat. de la Jamaïque ., tom. 2, pi. 238, S6 TER Termes lucifuge, Termes ludfugiim ^ Rossî ; pi. R lo, 3 — 6, de cet ouvrage. Cette espèce se trouve aux environs de Bordeaux , en Italie , et c'est sur elle que j'ai fait les ob- scrvalions dont j'ai rendu compte. Elle est longue d'environ quatre lignes, depuis l'extrémité antérieure de la tête jus- qu'au bout des ailes. Le corps est noirâtre, pubescent , avec le devant de la tête , les jambes et les tarses d'un brun jau- nâtre. Les antennes sont de la couleur du corps; les deux petits yeux lisses ne se voient qu'avec une forte loupe ; les ailes sont transparentes, mais avec une teinte d'un cendré obscur. La larve et le soldat sont d'un blanc jaunâtre ; les mandi- bules de ce second individu sont aussi longues que les anten- nes , brunes , très-pointues , et se croisent. Ni l'un ni l'autre n'ont d'yeux apparens. MM.Bosc et iieauvois ont rapporté de l'Amérique sep- tentrionale une espèce qui ne diffère presque pas de celle-ci. Elle est un peu plus petite , et ses ailes sont blancbes. Elle vit également sous les écorces des arbres. 11 seroit possible que notre termes lucifuge eût été transporté d'Amérique en Europe. Comme cet insecte est cependant généralement ré- pandu dans toute l'Europe méridionale , qu'il étoit même connu des anciens, il doit être regardé connne Indigène. Il s'est très-muhlpllé dans les maisons de Rochefort , et nuit beaucoup à ses habitans. Termes flavicolle , Termes flancolle. Celte espèce est de la grandeur de la précédente. Elle est noire , avec les an- tennes, le devant de la tête, le corselet et les pattes d'un roux jaunâtre; les yeux sont gris, et les deux petits yeux lisses apparens ; les ailes sont d'un cendré obscur, avec la côte noire. Celle espèce a été confondue avec la précédente par Rossi. Klle se trouve dans la Provence , en Italie , en Barbarie , et dans le Levant. Il y a lieu de présumer que ce termes est celui que Forskaël a nommé arda^ et qu'il a trouvé en Arabie. J'ai vulindividu soldat à^c la petite espèce de vagoague d'A- danson , et je soupçonne que c'est le même insecte. Olivier m'a dit que cette espèce attaquoit plus particulièrement les oliviers de la Provence. Termes voyageur , Termes vlator. Le capitaine Baudin , qui a singulièrement enridii le Muséum d'Histoire nalurelle de Paris, a rapporté du Cap de Bonne-Esperance la larve d'un termes que je crois être le voyageur de Smealhman. Cette larve est longue d'environ quatre à cinq lignes , d'un TER 97 jjaunâlre brun-clair ; la tête est fort grosse, brune,avec deux yeux noirs à facettes très-dislinctes, placés sur les côtés, à peu de dislance des mandibules; la place des deux petits yeux lisses est marquée par deux points jaunâtres ; la bouche est aussi de cette couleur. TerjmÈs épineux , Termes spiiiosum. Je ne connois que le soldât de celte espèce qui doit être beaucoup plus grande qeu le termhs heliiqueux , à en juger par la comparaison des mêmes individus; il a huit lignes de long. Il esl d'un marron clair, avec la têle énormément grande, sans yeux, et à man- dibules noires. Chaque segment^csl prolongé de chaque côté en une forte pointe , ce qui fait en tout six épines. Je ne con- nois pas le pays nalal de cette espèce. Termes ferrugineux. Termes feirugînosum. Celte nou- velle espèce a été recueillie aux Indes oiientales par feu Riche. Elle a environ sept lignes de longueur, depuis la tête jusqu'au bout des ailes. Le corps est d'un rouge f.iuve; les yeux sont noirs ; les deux petits yeux lisses sont jaunâtres ; les ailes ont une teinte dun brun noirâtre. J ignore sa ma- nière de vivre, (l.) TERlVIINALIA,de Linnœus, Genre de plantes, le même que Vadamaram d'Adanson , ou kniphosia de Scopoli , qui comprend le kaiappa de Gœrlner. F. à l'article Badamier, (LN.) TERMINALION. Adanson rapporte ce nom grec au nombre de ceux que les anciens donnoient à I'IIélenion, (LN.) TERMINALIS. On trouve sous ce nom , dans Yllerhier à^Ambo'me, trois plantes à fleurs terminales, et elles parois- sent être toutes les trois des espèces du genre Dracœna , L. , ou Dragonier; le ferminalis alba, Rurnph., Anib. 4. , tab. 34^ , est le dracœna terminalls , L. , arbre dont les feuilles sont presque semblables à celles du balisier, et les fleurs blan- ches en grappe terminale ; le termimdîs anu,uslifolia ^ qin" est le drarœna gi-aminijolia , L. , selon liurmann; et le terminalis rubra que Loureiro rapporte à son dracœna f en ea , L. (ln.) TERiVnN\LlS. Les Romains donnoient ce nom à leur cannalds syiW.tfris ou ch.inVre sauvage. (LN.) TERMliNTHOS. Nom grec du Terebinthus. V. ce mot. (ln.) TERMÎS. Nom arabe d'un lupin cultivé en Egypte, au- quel les botanisSes Pont conservé couiiiie nom sptécifiquc ( htpinm tennis , Forsk. ) ; le tr.rmis el-clu-ytan est le lupin à feuilles éWoMts (Jupinus anguslifolius. L.). V. Tiierbios. (^ln.) XXXIII. y 98 TER TERMITE. V. Termes, (desm.) TERMITINES, Termitinœ. Tribu d'Insectes, de l'ordre des névroptères , famille des planipennes , ayant pour carac- tères: tarses de quatre articles; ailes grandes, couchées hori- zontalement sur le corps ; premier segment du tronc grand , en forme de corselet ou en demi-cercle ; antennes courtes, moniliformes ; palpes filiformes ; extrémités des mâchoires écailleuses , pointues , recouvertes d'une galette ; languette quadrifide ; insectes réunis en société. V. Termes, (l.) TERMOS. y. LupiNus ou Thermos, (ln.) TERMUTIS. V. Thermutis. (ln.) TERNATÉE, Ternatea. Genre de plantes établi par Tournefort , et qui est la même que le Clitore ( clitoria) de Linnœus. L'espèce qui a servi de type à ce genre croît à Ternate,'dans l'Inde ; c'est la Clitore de Ternate, décrite dans ce Dictionnaire, à l'article Clitore. (ln.) TERNIER. F. Grimpereau de muraille, (v.) TERNOI. F. Terre noix et Bunion. (desm.) TERNSTROME , Ternstwmia. Genre de plantes de la polyandrie monandrie et de la famille des hilospermes, dont les caractères sont: Calice divisé en cinq ou six parties coriaces ,extériearement garnies de deux écailles; corolle divisée en cinq ou six par- ties ; étamines nombreuses insérées sur deux rangs au fond de la corolle ; ovaire supérieur à un style à stigmate en tête ; baie sèche à deux loges et à huit semences. Ce genre renferme une demi-douzaine d'espèces , dont une seule , laTERNSTROME méridionale, se cultive dans nos serres. C'est un arbre à feuilles alternes, entières , et à fleurs axillaires blanches. Au dire de quelques botanistes , le genre Cleyère de Thunberg ne diffère pas de celui-ci. (b.) TERNSTROMIEES. Famille de plantes établie par Mirbel , aux dépens des Hespéridées de Jussieu. Elle ren- ferme les genres Tertsstrome, Cleyère et Fresière.(b.) TERO-GRÉPO. Espèce de chicorée sauvage ainsi nom- mée en Languedoc. V. G«EP0. (desm.) TERPOUG. Poisson des mers d'Ounalaschka , dont N. Sauër , rédacteur du Voyage du capitaine Billings , a donné la description, mais que je ne puis rapportera aucun genre , parce que cette description n'indique pas ses carac- tères. « Il a seize pouces de long; sa têle est couleur olive foncée TER 99 tachée de rouge; une protubérance charnue Tormantune es- pèce de crête d'un pouce et demi de long et d'une demi-ligne de hauteur, avec cinq rayons rouges , se remarque sur chacun de ses yeux. Il a deux nageoires dorsales ; la première de vingt et la seconde de vingt-deux rayons. Les nageoires pectorales sont grandes et offrent dix-huit rayons ; les ven- trales en ont cinq , et l'anale en a cinq ; la caudale est arron- die ; toutes sont tachetées de rouge ; des lignes contournées de pointes rouges se présentent de chaque côté du ventre, sur les côtés et autour des nageoires dorsales ; ses écailles sont hérissées. La chair de ce poisson est blanche. » (b.) TERRA. Les Latins coniprenoient, sous ce nom, les argiles , les glaises, et en général toute substance qui , comme l'argile est tendre et terreuse. Pline n'emploie jamais d'autre expression que celle de tsna , lorsqu'il parle des matières dont les potiers font usage ou dont les modeleurs et les scul- pteurs se servent pour modeler. Noire mot terre a encore les mêmes acceptions dans le langage vulgaire , et même dans Xts, ouvrages de plusieurs minéralogistes. V. ci-après divers articles Terres, (ln.) TERRA BALEARICA.^r. Terre GALATIET^^E. (ln.) TERRA-CHIA. V. Terre de Chio. (ln.) TERRA CLUPEA. V. Terre galatienne. (ln.) TERRA-CRÉPOLA. Selon Césalpin, les Toscans don- nent ce nom au Laitron oleracé ( Sonchus oleraceus ) à fe\iilles étroites et épineuses, (ln.) TERRA DAMNATA. Les chimistes donnoient ce nom autrefois au résidu de la décomposition du sel marin ( souda muriatée ) par l'acide sulfurique , et à tous les résidus qu'on croyoit absolument inutiles; mais Glauber, ea examinant celui que nous venons de citer, y fit la découverte de la soude sulfatée , qu'on appela soudée vitriolée onvitriol de soude. Ce sel eut alors une grande vogue en médecine, et, en rai- son des grandes vertus qu'on lui attribuoit , il fut décoré du nom de sel admirable de Glauber. L'on disoit aussi caput mor- iuum, dans le même sens que terra damnata. (ln.) TERRA EBUSITANA. T. Terre galatienne. (ln.) TERRA GALATA. V. Terre galatienne. (ln.) TERRA JAPONICA. On a donné ce nom au Cachou. F. ce mot. (ln.) TERRA LEMNIA. V. Terre de lemnos. (ln.) TERRA MELIA. V, Terre mélienne. (ln.) loo TER TERRA MERITA ou TERRE MÉRITE. Nom mar- chand (îe la racine de Curclma réduite en poudre, (b.) TERRA SAÎ>11A. V. Tluiie dl samos. (i.n.) TERRA SELINUSIA de Pline et de Dioscoride. Voyez Terre Selinusienne. (ln.) TERRAIN. On désigne sous ce nom , en géognosie , les gîtes généraux^des substances minérales ( F. (iÎTE DE MITSÉ- RAUX), c'est-à-dire , les grandes masses minérales généra- lement répandues, et qu'on retrouve , dans les différentes parties de la surface du globe, avec des caractères déterminés de composition et de gisement. Nous répéterons ici , pour éviter une fausse acception , que cette désignation a lieu , abstraction faite de toute foru»e extérieure des masses miné- rales, mais en les coiisidéranl seulement sous le double rap- port de leur gisement et de leur composition ; qu'ainsi, une moutagne , une plaine , un groupe ou une chaîne de monta- gnes ou de collines , ne con>.liluenl pas des terrains, mais que chacune de ces parties de Técorce solide du globe peut être formée par un seul ou par plusieurs terrains, selon la nature et la disposition des masses minérales qui entrent dans sa composition intérieure. INTRODUCTION. DES TERRAINS COISSIDÉRÉS EN GÉNÉRAL, DE LEUR STRUCTURE ET DE LEUR COMPOSITION. L'observation et l'étude des formes extérieures de la surface du globe , sont particulièrement du ressort de la géographie physique ; l'élude des terrains est le principal objet de la géo- gnosie. Ces deux genres d'étude ont entre eux des rapports qui ne sont pas sans iniérêt, et sur lesquels nous reviendrons tout à l'heure. Mais, quels que puissent être ces rapports, il faut commencer par reconnoitre que la structure des terrains est totalement différente de la structure extérieure du sol, et qu'on ne peut la déterminer que par VohsewaUon intérieure (si Ton peut s'exprimer ainsi ) des masses minérales. L'examen at- loiiiif d.;s rochers, des escarpemens de toute espèce, des bords des torrens ou des ravins, des carrières , des exca- vations souterraines creusées pour l'exploitation des mines , est le seul moyen que nous ayons pour reconnoître la struc- ture couime la nature des terrains. Eu «'x^minatit une masse minérale , mise à découvert par un escarpement ou une excavation quelconque, on voit que cette masse est en totalité de nalui'e uniforme, ou qu'elle est de n.Tlui-e variée. D-^ns ce dernier cas , on dit que la masse minérale est composée. Dans le premier cas , au contraire, on T E R loi ait que sa composition est simple^ quoique la roche qui la cons- titue soit souvent formée elle-même par Tagrégaiion de plu- sieurs substances minérales ; mais , dans Télude des lorrains , on n'observe jamais qu'en grand, et chaque roche , qu'elle soit simple ou composée en petit , est considérée comme une seule substance. Dans une masse minérale composée , les limites entre les différentes masses partielles qui la composent , sont ordinai- rement des surfaces parallèles entre elles , tantôt planes, tan- tôt courbes, mais, dans ce dernier cas, affectant une telle courbure , qu'on puisse toujours y appliquer une ligne droite dans un certain sens. Dans une masse minérale simple , il existe aussi, le plus souvent, des séparations analogues (jui la divisent en masses partielles , superposées et parallèles les unes aux autres. Cette disposition est ce qu'on désigne par le mot de slralifi-calion , et les différentes masses partielles, ainsi appliquées l'une sur l'autre , sont appelées des couches. La substance composante de chaque couche est ce que nous avons désigné sous le nom de roche. Ainsi reparoît ici la dis- tinction que nous avons établie , dans un article précédent , entre les roches et les ienains. La structure des terrains est donc ordinairement une struc- ture stratifiée oxi par couches. On reconnoît cette structure, dans un escarpement quelconque , en observant une série de fis- sures parallèles entre elles , qui sont les lignes d'intersection des plans de jonction des couches avec le plan de l'escarpe- ment, des fissures de séparation ne doivent pas être confondues avec \^s,feiiles qui traversent les couches et qui, étant quel- quefois en assez grand nombre et parallèles entre elles, pour- roienl occasioner une méprise à cet égard , si l'on n'ob- servoit pas avec quelque attention. V. Fente. La stratification des terrains est plus ou moins distincte , plus ou moins bien prononcée. Quelquefois les couches sont très-minces et Irès-miiliipliées , quelquefois elles sont très» épaisses ; quelquefois chacune des couches présente une structure intérieure semblable à celle du terrain , et elle se divise en plusieurs assises ; dans certains terrains, les couches ou les assises se subdivisent, de la même manière, cx\ feuillets plus ou moins nombreux, plus ou moins mjnces : c'est le cas que présentent les couches formées de roches à structure feuilletée. V. Roche , Roches feuilletées , Roches scnis- TOÏDES. Dans les terrains à couches épaisses , au contraire , les fissures de séparation , peu nombreuses , sont aussi peu distinctes. Quelquefois enfin on ne peut pas observer de stra- lifieation. 102 T E R Les couches sont , en général , considérées comme autant de dépôts successifs qui se sont faits au fond d'un liquide, lors de la formation des masses minérales (Nous ne prétendons rien préjuger, par celte supposition , relativement au mode de dissolution igné ou aqueux^ qui, d'après les différens sys- tèmes géologiques, a précédé le dépôt des terrains anciens; ( V. Géologie ) ; notre seul but est d'exposer des faits : nous n'employons et nous n'employerons , dans le cours de cet article, les mots de liquide, de dissolution^ de précipilaliun, etc., que quand ils nous paroîtront nécessaires à l'intellij^ence de ces faits que nous voulons faire connoîlre , et ce sera toujours sans attacher la moindre importance aux idées systématiques ou théoriques auxquelles nos expressions sembleront se rat- tacher). Ainsi , les couches inférieures sont regardées comme plus anciennes que celles qui les recouvrent, et celle consi- dération est la principale base de l'opinion que l'on doit se former sur l'antériorité ou l'âge relatif des divers terrains. Il semble que de tels dépôts n'ont pu avoir lieu que sur une surface horizontale ou peu inclinée, et cependant on connoît beaucoup de terrains disposés en couches très-inclinées ou même à peu près verticales. Celte disposition paroît un in- dice certain de grandes révolutions que les couches ont éprouvées postérieurement à leur formation. On observe souvent aussi que les couches les plus horizontales tendent à se relever un peu d'un côté , et ce relèvement a lieu , en général , du côté du terrain sur lequel les couches paroissent avoir été déposées. La plus grande partie des couches présente des surfaces de séparation planes , mais en il est aussi qui sont plus ou moins contournées ; quelquefois même ces contournemens sont multipliés, et la stratification es», véritablement tourmentée^ sans qu'on aperçoive de rupture à aucune des flexions des couches. Le terrain houiller offre des exemples frappans et nombreux de ce genre de slruéture ; le calcaire secondaire ancien , dit calcaire du Jura , présente aussi des contourne- mens remarquables , mais moins multipliés. Ce conlourne- ment en grand des couches ou des terrains n'a rien de com- mun avec le contournement en petit qu'affectent fréquem- ment les/eu<7/<î/4 d'une même couche. Souvent, dans ce der- nier cas , la couche est plane , quoique ses feuillets soient ondulés où sinueux; c'est ce qu'on observe dans certains gneiss et micaschistes. Dans le premier cas, au contraire, lescouches contournées sont composées de feuillets parallèles au plan des couches. On doit observer, dans les terrains en couches : i.° la Jiiec" T E R io3 lion des couches, c'est-à-dire la ligne d'inlersection du plan de la couche avec un plan horizontal : cette direction est assez ordinairement constante dans une même chaîne de monta- gnes, et souvent4)arallèie à la direction générale de la chaîne; 2.° V inclinaison des couches, c'est-à-dire leur ligne de plus grande pente , le point de l'horizon vers lequel cette ligne se dirige, et l'angle qu'elle fait avec un plan horizontal. L'ohser- vation exacte de cette inclinaison sert à reconnoître sur quel terrain repose le terrain qu'on observe, et quels sont les ter- rains qui le recouvrent. En général , les terrains à couches horizontales ou à peu prèsparoissent recouvrir les terrains à couches très - inclinées , et être par conséquent de forma- tion postérieure à ceux-ci ; mais cette règle souffre des excep- tions. Ainsi , le granité , qui est regardé comme le plus ancien de tous les terrains , se présente assez souvent en couches horizontales. 3.° L'épaisseur ou la puissance des couches. On nomme toit leur paroi supérieure , et mur ou chevet leur paroi inférieure : quelquefois ces deux parois se rapprochent et s'é- loignent l'une de l'autre à plusieurs reprises , et la couche éprouve des étranglemens et renflemens successifs. 4-° h^etendue des couches dans le sens de leur direction et dans le sens de leur inclinaison , ou leurs limites en longueur et largeur ; mais ces limites peuvent rarement être clairement reconnues : souvent les couches s'amincissent et disparoissent en forme de coin, selon l'expression usitée danslagéognosie allemande; souvent aussi elles se mélangent, dans une certaine partie de leur étendue , de minéraux étrangers qui changent la nature des roches qui les constituent , de sorte qu'on ne les recon- îioît plus. La véritable limite des couches est celle des terrains dont elles font partie, limite importante à observer, mais que la nature offre rarement l'occasion d'apercevoir. Lorsqu'une masse minérale est composée de couches de di- verse nature, on distingue les couches qui la constituent essen- tiellement,^ celles qui n'y sontqu'accidentelles:celles-ci sont particulièrement désignées sous le nom de bancs (loger). Les minéralogistes allemands nomment bancs subordonnés ceux qui se rencontrent assez ordinairement dans un terrain , et bancs étrangers ceux qui semblent ne s'y trouver que par ha- sard. On peut comparer, avec quelque justesse , ces bancs subordonnés el étrangers aux parties ac^esso/Ves et accidentelles des roches considérées en petit ( F. Roche). Quand un terrain est essentiellement composé de couches de nature diffé- rente , M, Brongniart propose de donner à ces couches le nom de lits. Dans les formations composées , on observe quelquefois une io4 TER ccrlaine constance <1ans le retour successif des couches de diiïéronle naturf , ou d(; différentes v.iriélcs d'une même nature de couclies. Les diuiensions de ces couches se représentent aussi, en général, avec assez de régularité. Ce retour périodique est surtout remarquable dans les ter- rains houillers; on le remarqueroit sans doute d par ordre d'ancienneté présumée, tn primaires on primitifs y secondai te'<^ ievliairex. On a fait une classe particulière, sous le nom de terrains d'allimun , de ceux qui paroissoient produits par des attérissemens semblables aux alluvions des courans d'eau actuels , el qu on regardoit comme les moins anciens de tous; on a fait également une classe des terrains volcaniques^ et les opinions diverses, sur l'étendue qu'on devoit donner à cette classe, ont occasioné , parmi les minéralogistes, des discussions long-temps et vivement soutenues; enfin on a généralement et universellement reconnu que les terrains, ou les grandes masses minérales formées par les roches , ne dévoient cire classés que d'après leur ordre d'ancienneté présumée , et le mode de formation ( comme produit de l'eau ou du feu ) qu'on croyoit devoir leur attribuer. Lehmann et Rouelle, dit M. Cuvier , dans le beau dis- cours qui sert d'introduction à ses Recberches sur les osse- niens fossiles , paroissent être les premiers qui aient classé les terrains d'après cette idée, que tous les géologues ont ensuite adoptée, développée elappliquéedediversesmanières. Pallas, Saussure , Dolomieu , Deluc , Palrin , M. Ramond, se sont accordés sur les bases principales de cette classifica- tion. Beaucoup d'autres savans ont marché sur leurs traces ; inais trop souvent l'esprit de système a porté les géologues à n'observer que les faits qui s'accordoient avec telle ou telle théorie. En Allemagne , Werner a introduit, dans les observations géognostiques , une méthode et une précision inconnues avant lui , cl en suivant cette méthode , lui et ses nombreux élèves ont enrichi la conuoisbance des terrains TER 109 d'une foule tle docamens précieux; mais plusieurs de ces docuniens uiêincs ont servi el servent encore à rectifier quelques idées trop généralement conclues , d'observations locales, par leur célèbre auteur qui n'en doit pas moins être regardé comme le véritable créateur de la science géo- gnostique , puisque ce n'est qu avec les moyens qu il a îour- nis à ses successeurs, qu'on parvient à perfectionner son ouvrage. On a donné, pendant long-temp3, pour caractères exclu- sifs aux terrains les plus anciens, d'être formés de roches éminemment cristallines , de constituer les montagnes les plus élevées de la surface du globe, et de ne contenir ni fragmens de terrains antérieurs , ni débris de corps organi- sés. On ajoutoit que, même dans cette classe, les deux pre- miers caractères etoient d'autant plus prononcés que le ter- rain étoit plus ancien; qu'ainsi, le granité, qu'on regarde comme antérieur à tous les autres terrains , formoit les ci- mes les plus hautes, et éloit mieux cristallisé que les roches des terrains suivans , lesquels décroissoient toujours, sous ces deux rapports, à mesure qu'ils devenoienl plus mo- dernes. Des observations plus précises ont prouvé que ces dernières idées étoient inexactes dans leur généralité ; que souvent le granité étoit recouvert par des roches qui s'élc- voient à une hauteur beaucoup plus grande que celle qu'il atteignoit lui-même ; on a reconnu aussi que des roches très- cristallines , telles que des diabases el des syéniles, étoient superposées à des roches schisteuses qui ne préseutoient au- cun indice de cristallisation ; enfin on a reconnu des terrains éminemment cristallins, dessyénitcsetdesgranitésmême, au- dessus de terrains renfermant des débris de corps organisés , et qui, par conséquent, ne doivent pas être ranges dans la pre- mière classe. Il ne reste donc , pour les terrains de cette pre- mière classe,, de caractère constant el général, que l'absence, dans les roches qui les composent, de tout fragment d'au- tres roches , et de tout débris de corps organisés. On leur donne généralement le nom de terrains primordiaux ou pri- mitifs. Quelques géologues avoieul proposé de les désigner sous le nom de terrains simples , parce que les formations leur sembloient beaucoup moins composées que celles des terrains des autres classes; mais cette idée , exacte quand on consi- dère seulement le granité ou un petit nombre d'autres ter- rains, ne nous paroît nullemem applicable à la totalité des formations primordiales. Tous les terrains dont les roches renferment des galets ( fragmens de roches ) ou des fossiles (débris de corps orga- iio TER nisés ) ont d'abord été réunis , par la plupart des minéralo- gistes, dans une grande classe , sous le nom de terrains secon- daires. On a proposé aussi de les nommer terrains de sédiment^ dans le but d'exprinier qu'ils ont été formés, sous les eaux , par des dépôts de substances qui n'étoient que suspendues dans le liquide, sans que cette suspension eût été précédée , com^ me pour les terrains primordiaux, d'une dissolution préalable ; mais certains terrains primordiaux ne présentent déjà plus d'indices de cette dissolution , et plusieurs terrains secon- daires soDt de nature éminemment cristalline ; l'expression de terrains de sédiment ne peut donc pas être employée pour désigner une classe entière , mais seulement pour certains terrains de différentes classes. Les terrains secondaires sont beaucoup plus multipliés que les précédens. De plus , en étudiant avec soin leurs rapports de gisement avec ceux-ci , Werner a reconnu que souvent les uns paroissoient alterner avec les autres , c'est-à-dire, que des roches , renfermant des fossiles ou des galets , se trou- voient situées au dessous de roches semblables à celles des terrains primordiaux. 11 a observé que cette sorte de mé- lange des espèces des deux classes, n'avoit lieu cependant que dans de certaines limites, c'est-à-dire, pour certains ter- rains de chacune d'elles , lesquels se trouvoient toujours au- dessous de tous les autres terrains secondaires , et présen- toient en outre , dans leur ensemble , beaucoup de caractères qui leur étoient communs avec les terrains primordiaux , tels que la forte inclinaison des couches, l'existence de nombreux filons , etc. En conséquence, W^erner a cru devoir faire une classe intermédiaire des terrains qui formoient ainsi comme la transition d'une classe à l'autre , et il les a nommés /?/•- rains intermédiaires ou terrains de transition. Cette désignation a été adoptée par presque tous les géologues. C'est l'ensemble des terrains primordiaux et intermédiaires qui constitue l'ancienne classe des terrains iijilons des mineurs Allemands ; et , en effet , ces terrains renferment la plupart des gites de minerais métalliques exploités, en Europe, sous le nom àc filons. Le nom de terrains secondaires a été conservé aux anciens terrains à couches des mineurs , auxquels les minéralogistes allemands conservent aussi ce même nom de terrains ti couches ( flœtz-geliirge ). Cette claire devroit donc comprendre tous ceux des terrains renfermât des galets ou des fossiles qu'on n'a pas fait entrer dans la classe précédente. Les terrains secondaires recouvrent toujours les terrains intermédiaires , ou plutôt ils les recouvrent souvent (car ils sont quelquefois TER xit immécliatement superposés aux terrains primordiaux ) , et ils n'en sont jamais recouverts ; mais la limite précise, entre les deux classes , e'st difficile à déterminer , parce que plu- sieurs terrains , rangés parmi les secondaires , conservent en- core quelques caractères de ceux de la classe précédente , tels que l'inclinaison assez forte des couches , tandis que la plus grande partie est en couches sensiblement horizontales. Cependant,on a encore divisé la classe des terrains secondai- res, ettin a fait une quatrième grande classe de ceux qui pa- raissoient les plusmoderneî;Que!ques minéralogistes les dési- gnent sous le nom de terrains tertiaires ; d'autres sous celui de terrains d'alluvion^ou. de transport^ ou à'aitérissement. Dans le pre- mier cas, on n'a pas été, jusqu'àprésent, bien d'accord sur la li- mite que l'on doit tracer entre cette classe et la précédente. Dans le second cas , on ne veut placer, dans la dernière , que les terrains formés de galets , de sable, de limon, analogues à ceux que nous voyons se former encore , de nos jours, sur les bords des courans d'eau ou à leur embouchure ; mais , re- lativement à cette dernière acception, il faut remarquer que les deux classes précédentes renferment plusieurs terrains formés aussi de galets ou de sable et de limon amoncelés et consolidés, et que, même parmi les terrains auxquels on propose de laisser ce nom , plusieurs se trouvent au-dessous de couches calcaires, ou de grès, ou de basalte , qui ne peu- vent pas être rangés sous cette désignation , et qui sont ce- pendantplus nouveaux que ceux auxquels on veut l'appliquer. Enfin , une cinquième grande classe, établie parWerner , comme par tous les autres géologues , est celle des terrains volcaniques, ou, plus exactement , des terrains produits ou fortement modifiés par l'action des feux souterrains. Mais , dans la détermination de celte classe , les opinions des mi- néralogistes ont extrêmement varié, Werner ne regarde com- me terrains volcaniques que ceux qui onl été produits par les éruptions connues des volcans aujourd'hui brûlans , ou tout au plus y ajoute-t-il quelques-uns des terrains les plus al- térés par le feu, dans certaines contrées où la trace d'an- ciennes éruptions volcaniques est évidente. D'autres miné- ralogistes, au contraire, étendent cette dénomination , non- seulement à presque tous les terrains de ces contrées , que l'on peut facilement reconnoître comme anciennement vol- c^nisés, mais à des terrains, de nature analogue, qu'on trouve ailleurs, ne portant plus aucune trace d'action volcanique , et recouvrant ou même alternant avec des terrains regardés comme ayant été certainement déposés sous les eaux. Comme la plupart de ces terrains , dont l'origine est ainsi contestée , 112 TER étant attribuée au feu par les uns et à l'eau par les autres, sont formés de basdle et d'autres roches assez analogues au trapp des Suédois, plusieurs minéralogistes ont proposé de les réunir dans une classe particulière, sous le nom de iprralns trapficens ou terrains basaltiques ; mais ils forment seu- lement, dans la classificalion de Werner, la subdivision de la classe des terrains à couches , désignée sous le nom de ter- rains de trapp secondaires. Quelques géologues ont cru devoir comprendre encore beaucoup d'aulres terrains pamw les ter- rains volcaniques. Les uns , tels que IVt. Patrin , rangent , sous ce nOH» , tous les terrains formés de roches amygdaloïdes , et la plus grande partie des terrains secondaires, spéciale- ment les terrains houillers ( Voy. l'exposition de son système, à la fin de l'article Géologie) ; d'autres , comme MM. H ut- ton et Playfair, Breislack , etc. , regardent presque tous les terrains primordiaux comme des produits du feu ; mais , dans celte dernière théorie , la classe volcanique s'étend telle- ment, qu'elle n'existe plus comme classe. Tels sont les principaux groupes que la plus grande partie des géologues admettent aujourd'hui , dans la classificalion des terrains; mais les limites de ces groupes sont souvent très-difficiles à reconnoître , et tel terrain est rangé quel- quefois, par des observateurs différens, dans des classes différentes , selon les circonstances dans lesquelles on a pu l'étudier. Dans la description abrégée que nous ferons suc- cessivement des différentes classes, nous aurons occasion de reconnoître plusieurs fois celle difficullé et celte incerti- tude ; nous les reconnoîlrons encore plus fréquemment pour la dislinction des différens terrains d'une même classe. C'est en effet une erreur bien réelle , que l'opinion qui, supposant à chacun de tous ces terrains des caractères qui lui sont pro- pres , admet entre eux tous une distinction netle et facile à saisir : il n'en est pas ainsi dans la formation des coucltcs qui consliluent l'écorce du globe : il somhie que la na- ture ait tr.Tvaillé d'une manière à peu-près continue ; et pour les différences qui , au premier aperçu , paroissoient les plus tranchées, une observation attentive failbienlôt reconnoilre des nuances intermédiaires qui contblent les distances qu'on avoit cru apercevoir. Celui de tous les caractères qui semble le plus saillant et le plus décisif, l'existence ou la non-exis- tence de fragmens de roches plus anciennes ou de débris de corps organisés, est lui même sujet à ces nuances inlcrn^é- diaires qui produisent l'incertitude. 11 est presque impossible de reconnoîire, pour plusieurs roches , si elles renier». eut des fragmens, ou si toutes leurs parties sont de forujatloa TER ii3 simultanée ; et quant aux fossiles , on en trouve des indices si rares et quelquefois si peu distincts dans les premiers ter- rains qui paroissent en contenir, et l'avancement de la science a fait remonter , depuis peu , la connoissance de ces indices jusqu'à des terrains d'une époque si reculée dans l'ordre des formations, que l'on conçoit chaque jour de nouveaux doutes, relativement à l'endroit où l'on doit faire fi- nir la première classe et commencer les classes qui la suivent. Il en est de même , à plus forte raison, pour les caractères qui distinguent ces dernières classes, et pour ceux qui distinguent les terrains entre eux; et d'ailleurs , un fait particulier relatif à chaque terrain, quelle que soit sa certitude, ne devient qu'un indice plus ou moins probable, quand on veut le faire servir à établir un fait général ; et les observalions locales qui mé- ritent confiance sont encore si peu nombreuses , que la des- cription générale des terrains , telle qu'on peut la présenter aujourd'hui , ne doit être regardée que comme un recueil de probabilités plus ou moins incertaines , mais qui sont tou- jours importantes à connoître , soit pour la géognosie , soit pour l'art des mines , soit pour les autres arts qui tirent de la géognosie un secours plus ou mois direct ( Voy. Géo- gnosie ). Les documens nécessaires à recueillir dans l'étude des terrains , pour parvenir à les classer dans un ordre géognos- tique, ont particulièrement rapport au mode de gisement de ces terrains , à leur structure, a leur natioe et à leur composi- tion. Nous avons donné, à l'article Giseaient, les indica- tions générales relatives au premier genre de ces documens ; ceux du second genre ont été indiqués dans l'introduction du présent article ; enfin ce qui a rapport à la nature des terrains a été exposé , soit (considéré en grand) dans cette même introduction , soit ( considéré en petit) dans l'article Roche. Il nous reste seulement à dire quelques mots sur les caractè- res tirés des fossiles , non plus pour séparer les terrains se- condaires des primordiaux, mais pour distinguer entre eux les différentes espèces de terrains secondaires. Ce n'est que depuis peu d'années, qu'on a commencé à don- ner à l'élude de ces caractères toute l'attention qu'elle mé- rite. Avantlafin du dernier siècle, on ne recueilloit les fossiles que par curiosité ; long-temps même on avoit douté de lewr existence réelle dans les terrains, et Voltaire a fait, avec beancoup d'esprit, de très-mauvais raisonnemens, pour tour- ner en ridicule ceux qui croyaient aux fossiles. Il élolt sans doute loin d'imaginer que, peu d'années après lui, ce seroient son opinioû et sa théorie qui serablçroient bien ridiculcà XXXIII. <^ ii4 T E R aux personnes qui auroientpris la peine d'observer la nature. Depuis vingt ans , les travaux d'un grand nombre de savans, particulièrement de MM. Blumenbach cl de Schlollbeim , en Allemagne, et surtout ceux de MM. Cuvier et Brongniart, en France, ont ouvert un nouveau champ aux observations géognostiques , en faisant connoître que les corps organisés, dont les restes se trouvent enfouis dans les couches du globe , sont, en général, différens des êtres qui vivent aujourd'hui ; qu'il existe aussi ordinairement des différences sensibles en-» tre les fossiles qu'on trouve dans les terrains différens, et quelquefois une constance également remarquable dans ceux du même terrain ; enfin que le manque d'analogie , entre les êtres vivans qui peuplent la surface du globe et ceux dont on observe les vestiges à l'état fossile, est d'autant plus grand , que les terrains où ces vestiges se rencontrent , paroissent plus anciens dans l'ordre général des formations. Parmi ces fossiles , ceux qui se montrent dans les terrains les plus an- ciens sont quelques empreintes végétales, plusieurs madré- pores , des empreintes d'animaux inconnus que l'on croit devoir rapporter à l'ordre des crustacés, que l'on a désignés sous le nom de trilolnles ou à' entomolWies ^ et dont M. Bron- gniart a fait nouvellement deux genres , sous les noms de calymène et à'ogygie^ et certains testacés, tels que les ortho- céralites , quelques ammonites et quelques térébratules ; pa- roissent ensuite d'autres testacés, et des débris de poissons , nombreux seulement dans certaines localités; puis les testacés deviennent de plus en plus multipliés , et on trouve quelques débris d'amphibies; enfin, ce n'est que dans les terrains les moins anciens que l'on rencontre , toujours avec des testacés très-abondans , quelques débris de mammifères ; car ceux cm'on a cités comme provenant de terrains antérieurs, ont été trouvés dans des cavernes , et ne faisoient point partie des couches du sol. Les débris d'oiseaux et d'insectes sont extrêmement rares. Parmi les mammifères , on ne connoît aucun débris appartenant à l'ordre des singes, ni à l'espèce hmnaine, excepté dans les terrains d'attérissement les plus modernes , semblables à ceux qui se t>rment tous les jours. Ce n'est aussi que dans les terrains les plus modernes , qu'on trouve certaines espèces de coquilles , ou quelques débris de palmiers , dont on croit connoître des analogues , existans aujourd'hui, ordinairement dans des localités plus ou moins éloigoées ; mais encore la plupart de ces analogies sont dou- teuses. Tous les autres fossiles se rapportent à des espèces, ou même à des genres d'animaux ou de végétaux , qui sem- blent entièrement détruits. TER ii5 Parmi ces débris d'êlres organises, ceux qui se rencontrent par familles , c'est-à-dire, dont telle classe ou tel genre ou même telle espèce est propre à tel ou tel terrain, et qui sem- blent ordinairement avoir vécu dans le lieu où leurs dé- pouilles existent, peuvent, par conséquent, servira faire re- connoîtrece terrain ; à cet égard, l'étude des fossiles est déjà d'un grand intérêt en géognosie, et elle peut devenir d un intérêt plus grand encore, lorsqu'il sera possible d'en déter- miner exactement les espèces (car certains genres de coquil- lages , les térébratules et les ammonites par exemple , se rencontrent dans une longue série de terrains d'ancienneîc très-différente ) ; mais cette détermination des espèces pré- sente des difficultés telles, qu'on n'a pu parvenir à les vaincre jusqu'à présent, dans le plus grand nombre des cas. D'ailleurs , quelle que soit l'importancf du caractère que peuvent fournir les fossiles , il faut se garder de lui en donner une plus grande encore. Dans les contrées rapprochées l'une de l'autre , l'identité ou la différence bien reconnue des pé- trifications d'une couche peut faire présumer, avec quelque certitude , que cette couche appartient dans deux endroits au même terrain ; mais déterminer une analogie semblable en- tre deux contrées extrêmement éloignées, par la seule ana- logie de quelques fossiles, ou plutôt encore déterminer , dans Je môme cas , une différence entre deux terrains, par la dif- férence des fossiles qu'ils renfermeroient,paroîiroit une con- clusion trop précipitée. On sait que les animaux et végétaux, qui existent aujourd'hui sur la surface du globe et dans les mers , ne sont pas les mêmes dans les différentes parties du inonde , et il seroit au moins imprudent de décider, à priori^ que la différence, qu'on reconnoît actuellement, n'existoit pas dans les temps antérieurs aux catastrophes qui ont enfoui les animaux anciens. Dans Tétai actuel de nos connoissances, il paroît donc convenable de déterminer les terrains, surtoutpar les circons- tances de gisement, et de s'appliquer ensuite à bien déter- miner les fossiles que ces terrains renferment, afin de se pro- curer, pour la distinction des terrains , des caractères de plus, et pour pouvoir donner aux échantillons de roches un des caractères geognostiques du terrain dont ils proviennent. Avant de quilier les fossiles , il convient de rappeler ici la distinction qui vient d être établie , depuis plusieurs années, particulièrement par M. Brongniart , entre les terrains qui renferment des débris d'animaux appartenant à des [genres dont les espèces aujourd'hui existantes vivent dans l'eau douce, et ceux contenant des genres de fossiles dont les es- II 6 T E P. pèces actuelles vivent dans Teau salée. Celte dislinclîoB , fondée sur des observations nombreuses, auxquelles des ob- servations analogues viennent tous les jours donner plus de poids, peut offrir une donnée d'une haute importance dans la détermination du mode de formation desdiffcrens terrains. ( Pour plus de détails sur les débris de corps organises des diffeVens terrains , F. les articles Fossiles , Pétrificatioïïs, Animaux perdus , Piiytolites , Végétaux fossiles , etc. ) M. Brongniart a proposé , eu i8i4 , dans le n." 206 du Journal des mines, une nouvelle division des terrains en neuf classes ou groupes principaux , déterminée principale- ment d'après les caractères fournis par les fossiles. L'auteur pense que l'ancienne division , en quatre ou cinq classes , ne peut plus être admise , parce que les observations nouvelles' viennent journellement infirmer les principales bases sur les- quelles elle est fondée. 11 fait remarquer que , par exemple , la classe des terrains primitifs diminue tous les jours, et qu'on n'en reconnoît presque plus que dans les pays mal observés et par conséquent incomplètement connus; que la classe des terrains secondaires , beaucoup plus étendue , demande à être divisée en plusieurs groupes , dont chacun ne sera pas d'une moindre importance que les groupes précédens ; enfin qu'on trouve , à toutes les époques , des terrains de transport , c'est- à-dire , d^s terrains qui sont composés de débris des roches qui leur sont antérieures ; que ces terrains ne doivent donc pas constituer un ordre distinct. M. Brongniart ne propose sa classiRcation nouvelle que comme provisoirement conve- nable à l'état actuel de nos connoissances, et pouvant être adoptée jusqu'à ce que les conséquences , qu'on peut tirer au- jourd'hui des faits observés jusqu'ici , aient été modifiées par de nouvelles observations. « Le principe de cette division nouvelle , dit M. Bron- « gniart , sera de séparer les terrains en divers groupes qui « pourroient être désignés par des noms tirés , ou de la roche « ordinairement dominante dans ces groupes , ou d'autres « propriétés caractéristiques , mais qui ne désigneroient ni « l'époque de formation de ces terrains , ni l'ordre de leur « superposition. « La série dans laquelle on placera ces groupes , ou mieux « encore l'histoire des rapports qu'on aura reconnus entre « eux et les autres groupes, établira , peu à peu, d'abord la « réalité d'un ordre de superposition , dans le cas où il yen « auroit un réel et constant, et ensuite cet ordre lui-même « à mesure que les observations le feront connoître. » T E R „7 tiCs neuf classes ou groupes , proposés par M. Brongnîart, sont déterminés ainsi qu'il suit : Première Classe. — Terrains dans lesquels on n'a encore reconnu aucun débride d'êtres organisés, dont la structure est généralement cristallisée , et dans la com'position desquels les roches granitiques proprement dites sont dominantes. Deuxième Classe. — Terrains de structure généralement compacte , de formation de sédiment, renfermant quelques débris de corps organisés Irès-difierens de ceux qui vivent actuellement à la surface du gloUe , consistant principale- ment en empreintes de végétaux monocotylédon'es et en zoo- phytes. Troisihme Classe. — Terrains formes par voie de cristallisa- tion, mais renfermant quelques couches de sédijnent, ne pré- sentant aucune trace de corps organisés, mais reposant sur les terrains de la deuxième classe qui en renferment, o« alter- nant avec eux. Les syénltes et les porphyres sont les roches, caractéristiques de cette classe. Quatrième Classe. — Terrains de sédiment où le calcaire compacte est dominant , contenant des coquilles de presque tous les genres , mais particulièrement certaines espèces de gryphites ou d'ammonites qui peuvent servir à les carac- tériser. Cinquième Classe. — Terrains de craie et de calcaires qui ;• présentant les mêmes corps marins que la craie , paroissent être de la même formation. Ces corps marins sont principa- lement, des bélemnites , des oursins et des espèces de gry- phites et de térébratules différentes de celles de la classe précédente. Sixième Classe. — Terrains de calcaire horizontal, dans le- quel les cérites paroissent être la pétrification caractéris- tique. C'est le sol des environs de Paris et d'une grande partie du milieu de la France. Septième Classe. — Terrains qui ne renferment que des dé- bris de corps organisés, ayant vécu sur la terre ou dans les eaux douces , sans mélange constant de corps marins. Huitième Classe. — Terrains dont l'origine est attribuée au feu des volcans par les uns et à l'eau par les autres. Les ro- ches à base de trapp ou d'amphibole compacte y dominent ; elles sont le plus souvent à structure compacte , quelquefois à structure cristalline. On pourroit nommer cette classe , terrains Irappéens compactes ^ nom q"iii ne fait rien préjuger sur le mode de forination. ii8 TER Neuvième Classe. — Terrains dont l'origine igne'c ne peut être douteuse, el donl les analogues se forment sous nos yeux , soit par Taclion du feu des volcans , soit par celle d'autres feux souterrains. On peut les nommer terrains pyrogcnes. Dans cette division il n'est pas question des terrains de transport, parce qu il y en a dans tous les groupes, dont ils forment des subdivisions désignées, par M. Êrongniart ,sous le nom de terrains plastiques. En comparant celle classification avec celle dont nous avons indiqué plus haut les principes généraux, on voit que le premier groupe de M. Brongniart répond à la classe des terrains primordiaux , telle que nous l'avons établie ; les 2.* et 3.e classes font partie des terrains in'ermédiaires ; les 4-*. et S.« composent la classe des terrains secondaires ; les b.* et 7.^ grou- pes sont formés par les terrains qu'on a séparés de la classe précédente, sous le nom de terrains tertiaires ; endn nous avons déjà indiqué les 8* el g.*" groupes , comme distingués par cer- tains minéralogistes, et connue confondus par d'autres sous le nom de terrains volcaniques. Il y auroit, sans doute , plusieurs observations à faire au sujet du projet de classification de M. Brongniart , s'il étoit présenté comme définitif. Le terrain houiller , par exemple, et le terrain de grès /•0M^$f,ne paroissent pas y avoir une place bien déterminée. De plus, les terrains d'eau douce, qui for- ment la huitième classe, devroient peut-être plutôt , de même que les terrains plastiques , être répandus dr.ns un certain nombre de groupes, si, comme plusieurs observa- tions semblent le faire présumer, ce mode de formation des terrains s'est représenté , à plusieurs reprises , dans la série des dépôts qui ont constitué le sol de notre globe , etc. , etc. Mais le doute modeste avec lequel l'auteur a présenté celte division , plutôt comme exemple de P application des principes quil a exposés que comme projet réel de division , et le peu de détails qu'il a donné sur la composition de chacune de ces classes , ne permettent pas de chercher à en faire une critique rai- sonnée. Il nous semble convenable de reconnoître seulement quelques coupes heureusement faites dans les anciennes classes. Dans une esquisse gôognosti que de la France ., de V Angleterre et d' une partie de l'Allemagne ci de fltalie , publiée à Berlin en 1816, MM. de Raumer et d'Engelhardt divisent les terrains qu'ils ont à décrire , en cinq groupes ou formations générales. Le premier groupe comprend tous les terrains des deux classes primordiale et intermédiaire. Un appendice h ce pre- mier groupe classe, d'une manière particulière , les terrains TER 119 des trois grandes chaînes des Pyrénées , des Alpes et des Ardcnnes (celle-ci prolongée jusqu'au Hartz) , chaînes dans lesquelles, à tous les terrains du premier groupe , se trou- vent réunis des terrains houillers , gypseux et salifères , et où la structure des montagnes paroît différente de celle des autres contrées décrites , en ce que tous les terrains se prolongent suivant des lignes droites parallèles entre elles , tandis que partout ailleurs les terrains les plus anciens forment des noyaux enveloppés par les terrains les plus modernes. Le 2."^ groupe est désigné sous le nom du grès rouge qui en forme la masse principale , et auquel le calcaire alpin est subordonné , ainsi que des terrains houillers, des gypses, des sels-gt;nnnes , des porphyres, des trapps , etc. Le 3.e groupe est celui du calcaire cvquillier. Le 4-^ groupe , désigné sous le nom de formation de craie et de sable , comprend la craie et les terrains qui lui sont su- perposés. Le 5.« groupe , enfin , comprend les lerraias désignés par Werner sous le non» àcirapps secondaires , et que beaucoup de minéralogistes regardent comme ayant une origine volca- nique. Cette esquisse de classification est présentée, par MM. de Raumer et d'Engelhardt , comme la seule qui puisse con- cilier les résultats de toutes les observations qu'ils ont été dans le cas de faire ou de recueillir. Nous ne douions pas qu'elle ne soit fondée , et sur des observations exactes, et sur des rapprochemens ingénieux , comme on est en droit de l'attendre de ses auleurs ; mais les unes et les autres ne nous sont pas connues en détail ; le résultat ne paroîi pas en. avoir été adopté par d'autres minéralogistes ; il nous paroî- troit même ne pouvoir pas l'être sans des modifications im- portantes. C'est pourquoi , tout en reconnoissant l'incerti- lude de plusieurs des divisions sur lesquelles l'ancienne clas- sification est fondée , comme elle est encore généralement suivie , nous la suivrons aussi , et nous chercherons seule- ment à profiter, pour les subdivisions des classes, des idées émises par MM. de Raumer et d'Engelhardt, comme de celles qui ont été émises par M. Brongniart. Les véillahles espèces géugnostiques qu'on cherche à éta- bllr , d'après l'ordre de Tanciennelé présumée , dans les grandes classes de terrains , telles que nous venons de les indiquer , sont ce qu'on appelle , en géognosic , des forma- tions ( V. ce mot). Sous plusieurs rapports, l'usage donne a ces deux mois ^ formation et terrain, une signification sembla- ïa«) T K R ble, ce qui tient aux différentes acceptions que le mot for- mation a successivement reçues dans les écrits des géologues, et que nous avons indiquées. Nous ne prétendrons point nous ériger en réformateurs du langage gcognostique , au sujet d'un double emploi qui n'a , dans le fond , aucun inconvé- nient bien réel ; et , désignant sous le nom de terrains , toutes les roches considérées en grand , nous devons chercher seu- lement à classer ces terrains dans un certain nombre de/or- rnaiions j c'est-à-dire, à indiquer, pour chaque terrain, les différentes formations dans lesquelles il se présente , soit comme partie essentielle ou prédominante , soit comme membre subordonné. Mais on est loin de connoîlre d'une manière complète et certaine, l'ordre général d'ancienneté de toutes les Jorinaiions qui composent chacune des classes. Plus on observe les terrains , plus on reconnoît entre eux des passages multipliés , moins on peut y établir des di- visions nettes. Ces passages ont lieu quelquefois entre des terrains de nature tout-à-fait différente , mais ils sont fré- quens surtout entre ceux qui sont formés par des roches dont la nature est la même , ou qui ont des principes dominans communs. Si l'on veut étudier avec détail chacune des séries de formai! nns établies par Werner , on n'aperçoit, dans au- cune d'elles, de lignes tirées entre les terrains qui appar- tiennent même aux différentes classes. Des passages insen- .sibles conduisent du granité au grès le plus nouveau, L^ndanl à parvenir à la délcrniinalion de ces TER 12Ï espèces géognosiiques nécessaires à établir pour l'élude ,iious diviserons d'abord chaque classe en séries fondées sur la na- ture des principes dominans des roches qui constituent les- terrains ; nous ferons , dans chaque série , autant de subdi- visions qa'on y connoît de terrains dlfférens , et à l'article de chaque terrain , nous ferons connoîlre les formations dans lesquelles il se présente , et par conséquent, les espèces qu'il contribue à former. Ce ne sera que dans le résumé relatif à chaque classe , que nous lâcherons d'établir', d'a- près les faits que nous aurons indiqués pour tous les ter- rains, l'ordre général des formations , autant qu'il est connu ou présumé. Nous placerons ici, d'avance , quelques observations dont les détails qui vont suivre nous offriront la confirmation. En remontant jusqu'aux formations les plus anciennes que l'on puisse examiner, on les trouve composées d'un petit nom- bre de substances. Dans la série générale des formations sui- vantes , on voit , à des époques différentes , apparoître , pour la première fois , d'autres substances qui, d'abord peu abon- dantes, le deviennent ensuite de plus en plus, à mesure qu'on avance vers les époques plus modernes ; ainsi , telle série de terrains ne commence à se montrer qu'à une certaine époque ; elle ne joue un rôle important , que dans les époques sui- vantes , et plus tard encore , celte Importance diminue quelquefois beaucoup , parce que d'autres séries deviennent plus importantes à leur tour. 11 en est de même , dans chaque série , pour les dlfférens terrains dont elle se compose , et dont chacun n'apparoît , pour la première fois , qu'à une époque déterminée ; mais, dans ces rapports particuliers des terrains analogues entre eux , coimne dans les rapports géné- raux des séries , on volt presque toujours les anciens terrains reparoîlre à plusieurs reprises, comme subordonnés, dans les formations postérieures à leur formation principale. Les circonstances locales influent quelquefois aussi , comme jM. de Bucli l'a fait remarquer , sur l'importance relative des dlfférens terrains, et par suite , sur les rela- tions de gisement qu'on observe entre eux. Ainsi , un ter- rain qui , dans certaines localités, se montre constamment subordonné à un autre terrain , se présente , dans d'autres contrées., comme terrain Indépendant , et renferme à son tour , comme subordonné, celui dans lequel il est ailleurs intercalé. Ailleurs encore, un terrain qui prend une puis- sance plus grande que celle qu'il a coutume d'affecter , enve- loppe et renferme alors , comme bancs subordonnés, d'au- tres terrains moins épais qui lui sont ordinairement super- posés , et qu'on est accoutumé à regarder, en conséquence, 122 TER comme moins anciens que lui. Il esl à remarquer que celte extension locale des terrains a lieu , en gcnéial, si l'on peut s'exprimer ainsi , seulement aux dépens des terrains supé- rieurs , ou plus modernes. Les différentes séries présentent entre elles , à presque toutes les époques, des liaisons, des passages plus ou moins marqués; mais la précipitation des terrains moins anciens de- vient,en général , de plus en plus confuse. A des époques dé- terminées , plusieurs séries se mêlent et se fondent l'une dans l'autre, de manière que dans les classes de terrains les plus modernes, nous ne retrouverons presque plus que les trois grandes séries établies par Werner. Nous prendrons , en général, pour bases de nos divisions et subdivisions, celles qui ont été déterminées par Werner et par ses nombreux disciples, en indiquant les additions et mo- difications que , d'après l'étal actuel des connoissances ou d'après nos propres idées , il nous paroîtra nécessaire de faire à la méthode de l'illustre chef de l'école allemande. La détermination et la classification générale des terrains n'ont encore été traitées , avec détail , dans aucun ouvrage français qui soit à notre connoissance ; nous serons donc obligés de tirer des ouvrages allemands ou de nos propres observations , la plupart des indications qui nous servi- ront à établir les relations des diffcrens terrains entre eux. Il en résultera qu'une grande partie des exemples que nous citerons, auront rapport à des localités étrangères, et sur- tout à l'Allemagne. Nous chercherons cependant à protiier iics observalioiis publiées par les minéralogistes français , particulièrement dans les voyages de Saussure, qui ne peu- vent être trop étudiés , et dans le Journal des mmes. Nous chercherons aussi à mettre à profil les leçons orales de géo- gnosie que nous avons eu le bonheur d'entendre , soit celles de Dolomieu et de Werner, soit celles de MM. Brongniart et Brochant-de-Villiers. Nous regrettons vivement que la partie géologique des voyages de M. de Humboldl ne soit pas encore publiée : cet ouvrage, impatiemment attendu par tous les amis des scien- ces, et dont il n'a paru que quelques fragmens , dans diffé- rens recueils périodiques , enrichira sûrement la géognosie de beaucoup de faits intéressans et de rapprochemens lu- mineux. Il nous auroit sans doute fait faire de nombreuses corrections et additions, dans le tableau suivant , dont nous sentons vivement toute l'imperfection , et pour lequel nous osons réclamer à-la-fois et l'indulgence et la critique des lecteurs. TER 1^3 PREMIÈRE CLASSE. TERRAINS PRIMORDIAUX. Le caractère distinctif des terrains de celte classe est de ne contenir aucun fragment de terrains antérieurs , et aucun vestige de corps organisés. Les roches qui constituent les terrains primordiaux sont for- mées,engénérai, de minéraux durs,particulièrement de quarz, de feldspath , d'amphibole. Ils renferment aussi du mica en très-grande quantité, du talc et du calcaire. Ces roches sont, pour la plus grande partie , éminemment cristallines ; ce- pendant les formations les moins anciennes des terrains pri- mordiaux contiennent des roches dont la cristallisation est devenue extrêmement confuse , et qui passent aux roches de sédiment. Us constituent les chaînes des hautes montagnes , et une partie des soumutés les plus élevées du globe ; on les retrouve aussi aux points les plus profonds où l'homme ait pu atteindre ; ils sont toujours recouverts par les autres ter- rains que nous connoissons, et ne les recouvrent jamais. Us sont donc les plus anciens de tous les terrains connus. C'est de cette relation d'ancienneté que leur nom lire son origine. jNous avons préféré ce nom de primordimue à ce\aï âc primitifs qui leur est plus généralement donné , parce que ce dernier nom semble indiquer une antériorité trop absolue , et parce que rien ne nous dit qu'il n'y ait pas , au- dessous des terrains primordiaux , d'autres terrains , d'une nature entièrement différente , et qui nous sont restés inconnus jusqu'à ce jour. M. de Humboidt a remarqué , dans l'Amérique méridio- nale {Journal, de physique , tome 53), que plus on approchoit de l'équaleur , et plus les couches secondaires devenoient minces, de sorte que les montagnes et les plaines situées sous la ligne ou à une latitude peu considérable , étoient en- tièrement formées de terrains primordiaux. 11 seroil bien inté- ressant, pour la géognosie, de reconnoître si le môme fait se présente en Afrique ( l'Afrique et l'Amérique méridionale étant les seuls continens traversés par Téquateur ). Dans le cas de l'affirmative , cette circonstance paroîtroit liée à la rotation du globe. Les terrains de cette classe , constituant souvent des montagnes élevées , sont alors d'un abord difficile. Ceux d'entre eux qui sont distinctement stratifiés, présentent en général des couches à structure feuilletée , très-fortement inclinées , ce qui contribue à la forme escarpée d'un grand nombre de sommités : il en résulte que l'étude de ces terrains et la détermination de leurs rapports entre eux présentent "4 TER encore plus de difficultés que l'on n'en éprouve pour les ter- rains des autres classes. 11 existe même des doutes nom- breux sur ces rapports , quoique les terrains primordiaux aient été , pendant assez long-temps, l'unique objet de l'at- teniion des géologues. Pallas et Saussure ont cru reconnoîlre , l'un en Sibérie et l'autre dans les Alpes , que les roches granitiques formoient les plus anciens de tous les terrains; qu'au-dessus d'elles , on Irouvoit des terrains schisteux , et qu'il existoit des terrains élastiques, ou formés de débris d'autres terrains , entre les terrains primordiaux et ceux des aulres classes. Dolomleu a fait les mêmes observations , mais il en a tiré des conclusions générales plus détaillées. 11 pensoit que la cristallisation des terrains primitifs avoit été d'abord très- lente et très-distincte , puis un peu plus prompte , puis de plus en plus confuse , et celte idée théorique a influé sur la manière dont il a classé les terrains primitifs. Il admet le granité comme le plus ancien de tous , puis les gneiss et les micaschistes ; puis les porphyres et les pétrosilex ; puis les roches amphiboliques , trapps et cornéeunes ( qu'il nomme roclies argilo-fernigineuses ) ; puis les schistes argileux , les serpentines et les calcaires. 11 reconnoîi aussi l'existence de terrains de transport entre les terrains primitifs et les terrains secondaires. Werner, qui observoit dans une contrée où les terrains primordiaux ne constituent que des massifs peu étendus et des montagnes peu élevées , facilement accessibles dans tous les sens et sur tous les points , où il est ainsi permis de dire que la nature a travaillé beaucoup plus en petit que dans les autres pays primitifs et particulièrement que dans les Alpes , où d'ailleurs l'exploitation de nombreuses mines a donné lieu d'observer beaucoup de coupes de terrains , a pu reconnoître un plus grand nombre de rapports de gise- niens , et mettre plus de précision dans la détermination des divers terrains primordiaux. 11 a établi , dans cette classe , huit espèces principales de terrains qu'il range ainsi qu'il suit : he granité est le plus ancien de tous; puis viennent les gneiss, les micaschistes et les schistes argileux ; avec ces der- nières espèces alternent les roches de irapp{ amphibolites et diabases ) , les calcaires et les serpertlines ; puis viennent les poj'phyres et la syénitc , regardés comme constituant une seule formation qui est la moins ancienne de toutes celles des terrains primitifs. W^erner admet aussi , comme espèces moins importantes dans les terrains primordiaux, les roches TER 125 de qiiarz, la roche de topaze ^ le gypse primitif elle schiste siliceux ou jaspe schistoîde. La classification de Werner a servi de base à presque toutes celles qu'on a proposées depuis ; plusieurs des princi- paux rapports qu'elle détermine et des divisions qu'elle établit, ont été reconnus exacts en Amérique comme en Allemagne ; cependant on reproche à certains détails de cette classification d'avoir trop généralisé quelques faits particuliers à la Saxe et à la Bohème ; on lui reproche aussi de ne pas offrir un tableau complet de tous les terrains primordiaux; mais elle peut servir pour le plus grand nombre de localités , et il est facile d'y encadrer les fails nouveaux dont la science a été enrichie depuis peu. Nous avons vu ailleurs que Werner admettoit , dans les terrains , trois grandes séries de formations , qu'il nommoit séries schisteuse , irappéenne et calcaire , et quelques autres petites séries subordonnées. Nous avons vu que la série schis- teuse comprenoit, dans les terrains primordiaux , le granité, la syénile , et tous les terrains de roches feuilletée». Nous croyons nécessaire, pour faciliter l'étude de ces terrains pri- mordiaux, de considérer un plus grand nombre de séries , en subdivisant la série schisteuse de Werner. Nous venons de dire que le feldspath , le ntiea , le quarz , le talc , l'amphibole et la chaux carbonatée , formoient la masse principale des roches primordiales. Chacune de ces substances domine dans un certain nombre de terrains de différentes époques , et tous les terrains où l'une d'elles est partie dominante , présentent entre eux ces passages nom- breux qui rendent si difficile la détermination des espèces géognostiques. Nous croyons donc grouper les faits du même genre , de la manière la plus convenable , en établis- sant, dans les terrains primordiaux , les six séries : feldspa- thique, micacée, quarzeuse , talqueuse, amphibolique et calcaire. Nous ne comprendrons le granité dans aucune de ces sé- ries. Ce terrain constitue comme le point de départ des sé- ries correspondantes aux trois substances dont il est formé , et il doit être regardé comme leur souche commune. Cepen- dant , il paroît plus particulièrement lié à la série des ter- rains micacés , au milieu desquels on le retrouve à plusieurs reprises, comme membre subordonné de différentes forma- tions ; mais on le retrouve aussi quelquefois dans les terrains feldspalhiques , et dans les plus anciens terrains quarzeux. Dans les roches des deux séries talqueuse et amphibolique, il reste, comme principes essentiels , plusieurs des élémens du granité , mélangés avec un principe étranger qui devient 126 TER dominant. Enfin , dans les terrains calcaires , il ne resre qu'accidentellcmenl des substances propres au granité, et la masse presque totale de toute cette sôrie est formée d'une substance particulière. TERRA I^'S DE GRANITE. On a été, pendant longtemps, dans l'opinion que les ter- rains de granife éloienl toujours et parlout situés au-dessous des autres terrains, el bien peu de géologues se sont hasar- dés à présumer ce qui pouvoit exister au-dessous du granité , quoiqu'un assez grand nombre n'ait pas craint d'annoncer, chacun d'après sa théorie, ce qui devoitse trouver au centre de la terre. Cependant, et dans cette opinion même de l'antériorité de tous les granités , relativement à tous les autres terrains , plusieurs minéralogistes ont pensé qu'il falloitreconnoître , dans le granité , deux formations distinctes , dont l'une cons- tituoit en général le centre des terrains granitiques , et , n'étant jamais réellement stratifiée, n'admelloit aucune ro- che ni substance étrangère au granité dans sa composition , et l'autre, déposée en général sur les flancs de la première , étoit la seule qui contînt des minéraux mélangés, des bancs subordonnés , et quelques filons métalliques. Celle opinion est développée, dans un mémoire sur le granité, par le docteur Jordan , imprimé à Gotlingue en 1800. La date est ici de quelque Intérêt, parce qu'elle fait voir que ce n'est que depuis peu d'années que les opinions des géologues sur le gra- nité sont devenues si différentes de ce qu'elles étolent autre- fois. Déjà pourtant , à cette époque , AVerner admettoll , dans ses cours , deux formations de granité , dont l'une seu- lement antérieure à tous les autres terrains , et l'autre repo- sant sur le gneiss el le micaschiste. On trouve , dans la géo- gnosle de Reuss , imprimée en i8o5 , la citation d'un assez grand nombre de localités , dans lesquelles le granité a clé observé superposé à d'autres terrains. Les observations sem- blables se sont multipliées depuis ; on a aussi reconnu des granités en filons ^ soit dans d'autres granités, soit dans des terrains de roches feuilletées; on a reconnu, dans rintérleur de plusieurs granités , des fragmens de gneiss empâtés dans la roche granitique ; on a même reconnu , en plusieurs en- droits , que le granité reposoit sur des terrains qui renfer- moient des fragmens de roches ou des débris de corps orga- nisés, et qui , par conséquent, n'appartenoient plus à la classe des terrains primordiaux ; enfin , quelques géologues ont été jusqu'à penser qu'il n'exlstoit réellement point de TER 127 granité anlérîeur aux autres roches , que sa plus ancienne formation étoil disposée en grands amas dans le gneiss, et que d'autres formations dévoient être rapportées à des époques moins reculées dans la série générale des terrains. Cette opi- nion nous semble au moins très hypothétique. Quel que soit le nombre des observations qui tendent à diminuer la géné- ralité de l'antériorité absolue du granité , il en reste aussi un bien grand nombre qui établissent cette antériorité pour beaucoup de localités, et nous conclurons seulement des premières , que la nature a produit du granité à plusieurs reprises , c'est-à-dire , qu'il y en a eu plusieurs formations. Le nombre de ces formations est difficile à déterminer : les observations locales , considérées isolément les unes des au- tres , paroisscnt tendre à le rendre assez considérable, parce que le peu de temps qui s'est écoulé depuis qu'on observe sous ce point de rue, n'a pas encore permis de saisir les rapports généraux qui doivent réunir ce qu'on a d'abord classé sépa- rément. C'est ainsi que , dans un essai géognostique sur les montagnes métallifères de la Saxe , nous avons été conduits à présenter six modes de gisement différens de granité , dans ce pays , comme constituant peut-être autant de formations distinctes; mais plusieurs de ces modes de gisement ne se rapportent probablement qu'à di^s formations locales { V. For- mation); et d'ailleurs, ainsi que nous l'avons ajouté, «« dans « l'état actuel de la science , les observations particulières « ont naturellement pour résultat de faire muliiplier les/o/- K mations présumées, parce qu'elles nous font apercevoir « surtout les différences, si nombreuses et si variées, que « présentent entre eux les terrains , comme toutes les « productions de la nature. Lorsqu'un assez grand nombre « d'observations permettra de faire des rapprochemens gé- « néraux , ou pourra sans doute saisir des rapports qui €f échappent à celui qui n'étudie qu'une contrée , et ces « rapports conduiront probablement à diminuer , par des «c réunions, le nombre des formations de granité qu'on peut « être porté à admettre aujourd'hui. » Nous rappellerons ici qu'on a indiqué plusieurs caractères pour juger de l'ancienneté du granité, d'après la grosseur de son grain ; mais les différens minéralogistes ont eu à cet égard des opinions diamétralement opposées. \'Verner pen- soit que le granité à gros grain étoit en général plus ancien que le granité à grain fin. Karsten a énoncé l'idée tout-à-fait contraire. Werner disoit aussi que le granité le plus ancien étolt plus régulièrement cristallisé , et que son feldspath étoit moins souvent rouge que celui du granité de seconde forma- 1.8 TER tion. Enfin , nous ferons observer que la présence de Tam- phibolc est quelquefois un caraclèrc empirique assez bon , pour reconnoître le peu d'ancienneté relative du granité qui en renferme. On ne peut pas décider qu'un granité appar- tient à la plus ancienne formation , parce qu'il ne contient pas d'amphibole , car beaucoup de granités des formations plus récentes sont dans ce cas ; mais quand l'amphibole existe dans le granité en quantité notable, sa présence indi- que une tendance de ce granité à passer à la syéniie , et doit faire présumer une époque de formation qui se rapproche de celle de la roche à laquelle il passe , époque par conséquent bien postérieure à celle des plus anciens terrains primordiaux. Nous reconnoîtrons provisoirement trois formations géné- rales de terrains de granité, en classant dans la troisième for- mation les granités de différentes localités qui semblent pré- senter des caractères particuliers. Première Jormaiion. TERRAIN DE GRANITE ANTÉRIEUR AU GNEISS. C'est, ainsi que nous l'avons dit , la seule formation qui ait été reconnue pendant long-temps , et nous devons encore la regarder comme la principale. Le granité en eslla roche domi- nante , et même souvent il compose seul la formation. QueK quefois , cependant , d'autres roches s'y rencontrent en bancs subordonnés , et alors plusieurs minéralogistes regardent le granité qui les renferme comme de formation distincte et postérieure. Nous dirons seulement que la formation semble d'autant plus ancienne, qu'elle est plus 5im/?/e, et que les parties où elle est composée paroissenten être les derniers membres dans l'ordre d'ancienneté. Il paroît qu'il eu est de même pour la composition en petit du granité , et qu'il n'admet , comme roche , de parties accessoires ou accidentelles que dans ces derniers membres de la formation. Nous ne re- viendrons pas sur cette composition en petit, dont nous avons traité à l'article /•ot7/(?; nous ferons seulement observer que souvent le feldspath est plus ou moins terreux dans les granités qui paroissent appartenir à cette première forma- tion, el que celte circonstance , qu'on qualifie quelquefois de décomposition, ne paroît cependant pas due à l'influence des agens atmosphériques , puisqu'on trouve souvent des granités à feldspath terreux au-dessous de granités très- solides. On a dit souvent que le granité n'étoit point stratifié ; quelques auteurs ont prétendu, au contraire, qu'il l'étoit pres- que toujours , et que sa stratification approchoit ordinaire- TER 129 ment de la verticale ; d'autres minéralogistes , et particuliè- rement Werner , assurent que quand on aperçoit une stratification dans le granité ancien , cette stratification est «I peu près horizontale. Cette dernière opinion paroît la mieux fondée. Il semble que la stratification du granité est d'autant moins distincte , que le terrain appartient à des membres plus anciens de la formation , et que d'ailleurs beaucoup de citations qui ont été faites de granités en cou- ches très inclinées ou verticales , parliculièrement dans les Alpes, ne se rapportent pas à de véritables granités. Le grand plateau granitique du centre de la France paroît peu ou point stratifié. Les couches, quand on en aperçoit sont très-épaisses et à peu près horizontales. Le petit plateau situé à l'est de Freyberg en Saxe ^ n'offre point d'indices de stratification. Les granités de Johann-Georgenstadt et de Carlsbad ( Saxe et Ëohèine ) , sont sensiblement stratifiés en couches horizontales. Le terrain granitique qui constftue le noyau central du Riesengebirge ou des montagnes des Géans ( Silésie et Bohème ) , ne paroît généralement pas stratifié : lorsque quelques indices de stratification se montrent , ils sont horizontaux. Lidépendamment de la structure stratifiée plus ou moins distinctement , et de la structure inasswe , on cite aussi de grandes masses granitiques qui présentent la structure en boules. Les boules, ou masses sphéroïdales,se séparent quel- quefois par couches testacées concentriques. Ce genre de structure s'observe plus souvent en petit qu'en grand , et nous en avons parlé au mot roche. Nous avons dit que les membres les plus anciens de cette formation ne paroissoient renfermer aucune toche étrangère au granité. Werner cite, cependant, les couches de quarz stamnifère et d'hyalomlcte ( greisen ) de Zinnwald et d'Al- lenberg, comme appartenant au granité ancien. M.Jordan les rapporte à sa seconde formation , ainsi que d'autres couches de quarz ( ex. la couche puissante et étendue décrite par Flurl, dans le granité de Bavière, sous le nom de P/ahl\ de schiste , de calcaire et de diabase , de minerai de fer et de pyrites. On observe assez souvent , dans le granité, des amas plus ou moins volumineux de granité d'une nature différente ; on y voit aussi des amas d'autres roches feldspathiques, auxquelles le granité passe quelquefois par des nuances insensibles. Le pegmatite , ou granité graphique , se rencontre ordinaire- ment ainsi, en amas, dans le terrain granitique. Le granité des Pyrénées renferme , d'après la description XXXIII. y i3ô TER qu'en a donnée M. de Charpentier , des bancs nombreux de gneiss et de calcaire ; il renferme aussi des bancs de mica- schiste f de quarz , de feldspath , d'amphlbolite , de diabase , de fer oligiste , de fer spathique ; mais plusieurs de ces der- niers gîtes paroissent plutôt des amas que des bancs. On y remarque encore des amas ou rognons assez considérables de graphite. Le gneiss y est abondant , et il existe des nuances intermédiaires entre les deux roches , qui forment un vérita- ble granité veiné. Les couches de gneiss sont souvent très- puissantes , et semblent constituer presque des montagnes entières. Dans les environs du portd'Oo, on observe d'énor-^ mes masses anguleuses de gneiss très-micacé , de plus de loo toises cubes de volume , implantées , de distance en dis- tance , dans le granité , de manière que la direction et l'in- clinaison des feuillets sont les mêmes dans toutes ces parties isolées. Ces masses passent au granité , et renferment quel- quefois des couches de granité intercalées. 11 est évident, pour l'observateur, que le tout est de formation contemporaine , et que les masses de gneiss sont le résultat d'un trouble sur- venupartiellement dans la cristallisation du granité. Les bancs calcaires sont aussi particulièrement très-remarquables : plu- sieurs se prolongent sur une grande étendue. Les couches subordonnées du granité des Pyrénées ne se rencontrent point ordinairement dans le centre des grandes masses granitiques , mais seulement vers leur toit. Cepen- dant M. de Charpentier regarde tout le terrain granitique de ces montagnes , comme appartenant à la dernière époque de la formation granitique. Il nous sembleroit convenable de rapporter ces parties , où les deux terrains sont mélangés , à la seconde formation de granité , que nous désignerons tout à l'heure sous le nom de granité du gneiss. Le terrain granitique renferme quelquefois des filons , mais ils y sont beaucoup plus rares que dans les terrains de roches feuilletées. Parmi ces filons, il faut d'abord citer ceux qui sont formés de granité même , et d'un granité peu diffé- rent de celui qui les encaisse. On en a observé beaucoup dans les Pyrénées , en Bourgogne près de Semur , dans le Haut-Palatinat, dans les Monts-Oural , etc. A Schneeberg en Saxe, on connoît un filon de micaschiste dans le granité. l)'autrGS filons sont formés de feldspath retenant un peu de quarz et de mica , comme à Ellnbogen en Bohème , ou de quarz retenant un peu de mica et de feldspath, comme à la ïîosstrapp au Harlz ; d'autres filons de quarz sont tapissés intérieurement de beaux et grands cristaux de roche : On en connoît de tels dans les Alpes, et M. de Humboldt en a re- TER ï3i trouvé de semblables dans les Cordillères de T Amérique mé- ridionale. On doit citer aussi particulièrement des filons de gilex corné ( Homstein ) , observés à Carisbad en Bohème , à Kuhla dans le Thiiringervvald et ailleurs : ces filons renfer- ^ ment de nombreux fragmens anguleux du granité de leurs pa- rois. Enfin, on connoît aussi, dans le terrain de granité , des filons métallifères peu nombreux , renfermant particulière- ment des minerais d'étain, de fer et de manganèse , rarement des minerais de plomb et d'argent. Les filons d'élain obser- vés en Cornouaille, en Saxe , en Bohème , en Galice , et en France ( dans le Limousin et la Bretagne) , sont souvent adliérens au granité des parois , qui est ordinairement iuipré- gné de minerai. Les filons de fer se rencontrent , soit «ians le granité seul , soit entre le granité et le terrain qui le re- couvre , mais pénétrant, par l'une de leurs extrémités, dans le granité ; on en connoît plusieurs de cette dernière espèce en Saxe et en Bohème. Aux mines de Villefort ( départe- ment de la Lozère), un filon de plomb court ainsi ntre le granité et le micaschiste. On connoît des filons de plomb dans le granité , dans les départemens de l'Allier , de l'Ar- dèche et de la Loire, dans les Pyrénées, en Saxe, etc.; des filons de cuivre près de Ruhla , dans le Thiiringerwald ; des filons d'argent et de cobalt à Wittichen en Souabe , et à Schneebergen Saxe.AuRalhhausberg, pays de Salzbourg,on exploite , dans le granité , à 2000 mètres au-dessus du niveau de la mer, un filon qui renferme , dans une gangue de quarz , or, argent, plomb, pyrites cuivreuses et ferrugineuses , blende et chaux carbonatée brunissante. Au rapport de Bowles , les importantes mines de plomb de Linarès , en Espagne , sont exploitées dans le granité , sur de nombreux filons et amas. La plupart des géologues pensent que la première forma- tion de granité est déposée universellement, et existe, d'une manière continue , dans l'enveloppe solide de notre globe ; que si elle ne se montre au jour que sur un certain nombre de points , partout ailleurs elle est cachée par les terrains qui la recouvrent , et qu'en creusant assez profondément à travers ces terrains , on retrouveroit toujours le granité. Cette opinion est appuyée par l'observation de beaucoup de contrées où l'on voit le granité s'enfoncer et disparoître sous les gneiss, les micaschistes, les schistes, les calcaires, mais re- paroîlre, de distance en distance, soit dans le fond des vallées oCi tous les terrains supérieurs ont été emportés parles causes qui ont creusé ces vallées , soit dans des collines isolées qui sor- tent du milieu de toutes les formations qui le recouvrent. En i32 T E R Saxe , le petit plateau granitique, situé à l'est de Freyberg, est enveloppé par le gneiss ; mais dans la direction de la longueur de ce plateau , on voit , à quelque distance , rcpa- roître le granité à Scheilerhau ; plus loin il reparoît encore aux environs d'Altenberg , et là le rameau granitique paroît se rattacher à la chaîne principale de l'Erzgebirge qui sépare la Saxe de la Bohème , et dans laquelle le granité est sou- vent aussi recouvert, tantôt par des gneiss, tantôt par des grès. Dans les Vosges, le granité se montre en abondance dans la partie méridionale de la chaîne, où il est seulement en partie recouvert par d'autres terrains primordiaux ; plus au nord , le tout s'enfonce sous des grès , et le granité pa- roît rarement au jour. On le voit, pour la dernière fois, entre Landau et Annvveiller , près du village d'Alberschweiler, former, au milieu du grés, une colline isolée : en allap^ encore vers le Nord, on ne trouve plus que du grès, jusqu'à l'extrémité de la chaîne, au pied du Mont-Tonnerre. Les montagnes formées par le terrain de granité , quand elles ne sont pas très-élevées , présentent le plus souvent des croupes arrondies. Leurs pentes sont ordinairement assez douces , et couvertes de débris produits par la 'Icsagrégation de la roche. Quand la hauteur de ces montagnes devient considérable, elles ont des pentes plusroides, et offrent beaucoup d'cscarpemens ; leur sommet devient alors un pic effilé souvent inaccessible , ou une crête étroite , hérissée de dentelures , et bordée de précipices. Mais rarement peut- être les cimes granitiques très-élevées appartiennent à la plus ancienne formation de granité; rarement aussi ces cimes sont formées de masses solides ; presque toujours elles sont ex- trt'mement fendillées , ou même formées de rochers déta- chés de la montagne , et entassés les uns sur les autres. Ordi- nairement aussi , les pentes de ces montagnes ne présentent que peu ou point de rocs saillans, mais une grande quantité de blocs plus ou moins volumineux , répandus à la surface du terrain. L'isolement de ces blocs et celui des roches qui cons- tituent les cimes , proviennent sans doute de ce que les por- tions de granité qui les cnveloppolent , ont cédé aus in- fluences désagrégeantes de l'atmosphère , auxquelles les par- ties les plus solides du terrain ont seules résisté. Les vallées du terrain de granité sont , en général , très- contournées ; mais quelquefois ce terrain présente une sur- face assez unie. Dans le Limousin , les collines de granité paroissent former , dit-on, comme les restes d'une ancienne plaint' qui aurolt été ravinée par les eaux. Môme à la surface du sol, le [terrain de granité est très- répandu dans toutes les parties du globe , mais beaucoup T E R ,33 moins cependant qu'on ne l'a cru pendant long-temps. Nous avons u , à l*àrlicle roche , qu'on avoit donné le nona de granité à des roches qui en sont essentiellement différentes; nous venons de voir aussi que les différentes formations de granité ne sont pas encore bien déterminées. Nous citerons donc seulement, comme exemples de celles que nous décri- vons maintenant: i.° les terrains de granité du centre de la France, qui forment un groupe ou plateau consîdéra- Lle dans le Limousin , le Forez , l'Auvergne , le Gévau- d^n , etc. , et dont un rameau forme la chaîne du Morvan entre le Nivernais et la Bourgogne ; 2." les granités des Alpes , car il existe aussi de véritables granités dans ces montagnes , particulièrement au pied de la chaîne , du côté des plaines de l'Italie ; 3.>^ une partie des granités des Py- rénées , qui sont plus à découvert sur le versant septen- trional de la chaîne , ou du côté de la France , que du côté de l'Espagne , et qui semblent ne former qu'une chaîne latérale parallèle ? la chaîne centrale ; 4° le grasite central du Rïesengebirge en Silésie ; 5." les granités de Freyberg et de Johann-Georgenstadt en Saxe , etc. Une grande partie de la Cordilièrede la Parime ^ ou âe& Cataractes, qui traverse l'Amérique méridionale parallèle- ment à l'équateur , et à 3 — 6 degrés de latitude, est formée d'ancien granité, d'après les observations de M, de Hum-' boldt ; il en est de même du Llano ou de la vaste plaine de l'Amazone et de la Rivière noire , qui n'est située qu'a quelques mètres de hauteur au-dessus du niveau de la mer , et dans laquelle le granité se montre presque partout à la surface du sol. Nous citerons, comme Appendice a la première forma- tion , le terrain granitiqiie qui alterne souvent avec le ter- rain d eurite schistoïde ( JVeisstein ) , et qui doit être con- sidéré comme subordonné à ce dernier. U est formé par une roche de granité d'une variété particulière , compo- sée de feldspath ordinairement d'un rouge brunâtre , de mica brun assez abondant , et de quarz en proportion très- variée. Souvent le quarz disparoît tout-à-fait, et la roche passe à l'eurite ; aussi plusieurs minéralogistes désignent-ils- ce granité sous le nom à'euriie granitoïde ou eurite grenu ( kœrniger Weissiein ) ; mais souvent aussi le granité est fort bien caractérisé , et quelquefois la roche est à très-gros grain, quoiqu'ordinairement elle soit à grain fin. Ce terrain est encore peu connu. On l'a observé particulièrement en Saxe , dans la partie nord-ouest de l'Etzgebirge , oà il constitue , avec l'eurite schistoïde , le noyau d'un groupe i34 TER géognostiquc , lout-à-fait parllculier. Tous les aulrcs ter- rains, et même le gneiss , lui sont superposés , ce qui nous a engagés à en placer ici l'indication. On le connoîl aussi aux environs d'Aschaffenbourg , dans la Forêt-Noire , dans les montagnes qui séparent la liohènie de la Bavière , et ailleurs. Deuxième Jormation. TERRAIN DE GRANITE DU GNEISS ET DU MICASCniSTE. La première formation granitique nous a présenté , dans ses parties supérieures , des bancs subordonnés de gneiss ; nous avons même vu que , dans les Pyrénées , les bancs de gneiss avoient une très-grande épaisseur, et nous avons pensé que ces terrains mélangés dévoient être rapportés à une se- conde formation. De tels rapports de gissement forment un passage complet à ceux dans lesquels , le gneiss étant devenu plus abondant, on doit le considérer comme terrain princi- pal , et où le granité devient , en conséquence , terrain su- bordonné. Nous voyons donc, dès le premier pas que nous faisons dans l'élude spéciale des terrains, un exemple de ces liaisons que nous avons signalées d'avance, comme existant entre les diverses formations. Plusieurs auteurs ont cité, depuis long-temps , des loca- lités où le granité alterne avec le gneiss et avec le rnica- scbisle ; mais, le peu de précision qu'on a apporté , jusqu'à l'époque actuelle, dans la délerminalion des roches, ne permet pas d'adopter ces assertions , comme exprimant des fait réels pour l'état présent de la science. Nous ne nous appuierons donc même pas sur l'indication donnée par Saussure ( § 661) , parce qu'il est probable que la roche dont il parle n'est pas un véritable granité. Par ces motifs, nous nous bornerons à citer, outre les terrains des Pyrénées, un petit nonibre d'exemples de notre seconde formation. Un terrain de granité et de gneiss, appuyé sur le noyau central du granité du Riesengebirge , en Silésie et en Bohème, a clé décrit, par M. de Raumer, dans un mémoire géognos- tiquc sur cette contrée , imprimé à Berlin en i8i3. Ce ter- rain est Irès-élendu au nord du noyau de granité central, et l'auteur pense qu'on doit y rapporter le terrain granitique de la Lusace. On y voit constamment le gneiss alterner avec le granité , et les deux roches présentent toutes les variétés de structure qui leur sont propres , de telle sorte que , quand le granité est à gros grain , il alterne avec un gneiss à feuil- lets épais, et que le gneiss à feuillets minces alterne avec un granité à grain fin. Cette formation renferme , comme terrain subordonné , plusieurs bancs de micaschiste , dont lun , qui TER i35 est Irès-épais , contient des bancs plus minces de quarz et de calcaire ; elle renferme aussi des bancs moins corïsidéra- bles de quarz , de diabase , et d'une roche absolument sem- blable au basait* Enfin, on y connoît des filons métallifères contenant des frites , du fer oxydulé , du fer oliglste , du manganèse oxydé, de la blende, de l'étain oxydé , du cobalt arsenical , etc. Ces filons sont surtout nombreux dans le mi-, caschiste qui est subordonné au terrain de gneiss et granité. Un peu à l'est de la localité précédente , dans les princi- pautés de Schweidnitz et de Miinsterberg , on a observé , ea plusieurs endroits, le granité disposé en couches alternatives avec celles du gneiss et du micaschiste. A la pente sud du Saint-Gothard , dit M. Escher dans le quatrième volume de ÏAlpina , on voit le granité sur le gneiss , le gneiss sur le micaschiste , et le micaschiste sur l'amphibolite schistoïde. Près de Herzogau, dans le haut Palatinat, le granité al- terne avec le gneiss , et le tout contient de nombreux filons. Il paroît que dans tout le nord de l'Europe , au moins dans toutes les parties de la Suède et de la Norwége , que MM. de Buch et Hausmann ont visitées , on ne rencontre point de granité de la première formation. Les terrains gra- nitiques de ces contrées sont en général peu étendus , et les plus anciens sont subordonnés au terrain de gneiss. C'est ce qu'on voit, par exemple, à l'est de Christiana en Norwége , et à Hogdal sur les frontières de Norwége et de Suède. On retrouve le granité sur la côte de la mer du Nord, aux limites de la Laponie norwégienne, en couches dans un gneiss supé- rieur au micaschiste , et aussi en filons dans le même gneiss ; on le retrouve , près du Cap nord , à l'île de Mageroë , dans un gneiss supérieur au schiste argileux : dans cette localité le granité admet de la diallage dans sa composition, et passe peu à peu à l'euphotide ; on le retrouve encore près de Tornéo , et sur toute la route de Tornéo à Stockholm , tou- jours subordonné au gneiss. Il en est de même aux environs de Stockholm. D'après M. de Humboldt, une partie du granité de la chaîne des Andes et de celui de la Cordilière de la cote de Vene- zuela , alternent avec le gneiss et le micaschiste , et doivent , par conséquent , être rapportés à notre deuxième formation. Troisième formation. Terrain de Granité postérieur au gneiss et au mica- schiste. Nous remarquerons encore une liaison entre celle forma- i36 TER tion cl la précédenle , puisque nous avons vu , dans celle-c , des granités subordonnés à des gneiss qui paroissent eux- mêmes de formation postérieure aux terrains de gneiss géné- ralement répandus; nous y avons même recapnu des granités en filons dans ces gneiss. Nous voyons donc ^«e la formation du granité s'est prolongée à travers toutes les époques des périodes primordiales ; nous la retrouverons plus tard , dans les terrains intermédiaires , de sorte même que nous éprou- verons ici une difficulté réelle à indiquer des granités qui , évidemment postérieurs aux terrains micacés primordiaux , appartiennent encore , d'une manière évidente , aux époques antérieures à celle des terrains qui renfeiment des débris de corps organisés, et il y aura toujours du doute à cet égard. Nous citerons , cependant, quelques exemples qui peuvent y être rapportés , parce qu'on n'a point reconnu de preuves du contraire. Telle est d'abord, d'après l'opinion delà plupart des miné- ralogistes allemands, la masse granitique stamnifère de (ieyer, en Saxe, improprement désignée sous le nom de stockwerck , et qui paroît constituer , dans le gneiss passant au micaschiste , un amas transversal ( V. Gîte de minerai) de formation peu postérieure à celle de la roche qui l'enveloppe. Tout autour de cette masse granitique , qui s'enfonce à peu près verticalement , le gneiss a une inclinaison uniforme vers le nord-ouest. Une multitude de petits filons d'étain , tous parallèles entre eux , passent du gneiss dans l'amas grani- tique qu'ils traversent, et qui est imprégné déminerai détain dans presque toute sa masse. Le granité de cet amas , très- variable dans sa nature , passe à la protogyne , au pegmatite et à l'eurite. Il semble souvent contenir des fragmens de gneiss , mais un assez grand nombre de ces prétendus frag- mens se fondent peu à peu dans la roche granitique et parois» sent évidemment de formation contemporaine au granité , de même que nous l'avons vu dans le granité des Pyrénées. (Dans un Mémoire, inséré dans l'Annuaire minéralogique de M. Leonhard, pour 1816, M. Blœde émet une opinion différente de la nôtre sur la masse granitique de Geyer : il pense qu'elle forme un amas parallèle dans le micaschiste , et qu'elle est par conséquent de formation contemporaine avec lui ; il pense aussi que les prétendus fragmens de gneiss sont réellement des fragmens , mais qu'on ne les trouve que dans une espèce de salbande qui entoure la masse granitique et qui s'est formée postérieurement à elle. Ces opinions sont Conlr;iires aux idées généralement adoptées.) D'autres masses granitiques, également stamnifcres, exis- TER ï37 lent , dans le gneiss , à Schlackcn\vald en Bohème , et pa- roissent de formation analogue à celle de Geyer. A une lieue au nord de Geyer, sur le sommet de la mon- tagne dite le Gniffenstein , laquelle paroît formée de mica- schiste, s'élèvent plusieurs grands rochers formés de granité très-caraclérisé à grains assez gros. Ce granité renferme de véritables fragmens , et même des blocs assez volumineux de gneiss, bien reconnoissabics pour tels,et traversés souvent par de petits filons quarzeux qui ne pénètrent pas dans le granité. Celui-ci est donc évidemment de formation très-postérieure au gneiss, ainsi qu'au micaschiste sur lequel il semble repo-" ser. Il renferme des parcelles de minerai d'étain. Saussure cite (§ lô-^a), aux environs de Vienne en Dau- phiné , un rocher de granité qui contient un grand rognon de gneiss ; mais , à peu de distance de là , il a observé le gneiss contenant des rognons de granité , et il paroît assez probable que le tout est de formation contemporaine. M. Freiesleben dit avoir observé des fragmens de gneiss dans le granité du Brocken , au Hartz. M. Jameson a vu des fragmens de micaschiste dans le granité de Garvimore , en Ecosse. On connoît en Angleterre , à Mahcrnhill , dans le Here- fordshire , un terrain de granité superposé au schiste argi- leux. On le regarde comme appartenant à la formation de la syénite. Sur la rive gauche de l'Elbe , au sud-est de Dresde , près de la petite viUc de Dohna, une formation de granité, très- bien caractérisée et assez étendue , mais qui paroît aussi de- voir être rappr)riée à la formation de la syénite, repose, d'une manière rvideiite, sur les schistes argileux etphylladesqui sont eux-niéntos superposés au gneiss et au micaschiste. Les phyl- lades contiennent de nombreux bancs subordonnés, parmi lesquels on voit déjà des bancs de granité , mais parmi les- quels aussi on observe de véritables psammiles {graucvacké) for- més de débris d'autres roches, et n'appartenant pas, par con- séquent, aux terrains primordiaux. Ces psammites sont très- peu abondans , et tout le reste du terrain schisteux a entière- ment l'apparence primordiale ; mais la présence dune roche agrégée suffit pour que nous devions renvoyer à la classe des terrains intermédiaires toute celte formation , ainsi que celle du granité qui la recouvre , de même que nous y renvoyons les terrains de granité de Normandie et de INorvvége , ob- servés au-dessus de couches qui renferment des débris de corps organisés. Nous avons ^éjà cité du granité en filons, et nous croyons >38 TER devoir rapporter les filons de granité, en général, à la troi- sième formation , quoique quelques-uns portent tous les ca- ractères d'une formation à peu près contemporaine à celle des terrains'de gneiss ou de micaschiste qui lesYncaissent. Ces filons sont abondans dans le haut Palatinat , et en Suède aux environs de Stockholm ; il en existe en France , près de Lyon , de Montbrison et de Villefort; en Saxe , à Johann- georgenstadt, à Geyeretà Eybenstock; en Bohème, en Cor- nouailie , en Ecosse , aux îles Shettland , etc. M. Hausmann regarde ceux de Suède comme de formation contemporaine à celle du terrain de leurs parois , et il veut tirer , de ce fait , une conclusion générale contre la théorie de la formation des filons par des fentes remplies; mais d'autres filons de gra- nité , tels que ceux de Sémur en Bourgogne , de Johann- georgenstadt en Saxe, de Polgooth en Cornouaille, of- frent , au contraire , dans la contexture de la roche qui les remplit , les indices les plus forts d'une formation bien pos- térieure à celle du terrain qui les encaisse. * SÉRIE MICACÉE. Nous commençons l'étude des différentes séries par celle- ci, parce qu'elle est la plus universellement répandue , et parce que les terrains qui la composent paroissent avoir des rapports peut-être encore plus intimes avec le granité , que ceux des autres séries. Terrains de gneiss. Nous avons vu , à l'article roche , que le gneiss étoit sou- vent formé des mêmes élémens que le granité ; cette circons- tance avoit fait penser à plusieurs géologues que les terrains de gneiss étoient le produit de la destruction des terrains de granité , dont les parties constituantes , entraînées et rema- niées par les eaux, avoient été agglutinées de nouveau , et déposées en couches au pied des hautes montagnes grani- tiques. Mais l'observation attentive a bientôt fait reconnoître que le gneiss conslituoit ordinairement la cime de sommités aussiélevées que les sommités granitiques; quemême, dans un grand nombre de cas, les véritables granités s'élevoient à une hauteur beaucoup moindre qne les gneiss et les autres terrains schistoïdes des mêmes montagnes ; que d'ailleurs , la contex- ture du gneiss indiquoit une cristallisation simultanée dans les élémens qui le constituent , et ne permetloit pas de conce- voir l'idée que ces élémens eussent été remaniés par les eaux depuis leur cristallisation. On a vu le granité passer au gneiss par des nuances insensibles ; on a vu les deux roches alterner TER «39 ensemble; on a vu des fragmens de gneiss enveloppés dans cer- tains graniies , ce qui indiquoit alors , pour la première ro- che , une existence antérieure à celle de la seconde ; tous ces faits, et beaucoup d'autres , ont porté les minéralogistes k conclure que le gneiss, ainsi que les autres terrains de roches feuilletées qui le suivent ordinairement dans l'ordre de super- position , avec lesquels on le voit aussi alterner et qu'il re- couvre même quelquefois , que tous ces terrains apparte- noient , relativement à leur formation, à la même grande période de cristallisation primitive que le granité ;• on a pensé surtout relativement au gneiss, qui est en général la plus an- cienne des roches feuilletées, et qui ne diffère souvent du granité que par sa structure , que ces deux terrains prove- noicnt évidemment d'une même dissolution ; mais que tout avoit été calme dans la précipitation du granité , tandis que celle du gneiss s'étoit faite dans un liquide agité. Mais , depuis quelque temps , on a été plus loin. L'obser- vation de plusieurs terrains granitiques superposés au gneiss , l'observation de plusieurs contrées où le gneiss paroîl consti- tuer le terrain funàcimental^ou celui sur lequel reposent tous ceux qu'on peut apercevoir, ont fait penser à quelques minéralo- gistes que c'étoit au gneiss qu'appartenoit la première place dans l'ordre général d'ancienneté des terrains. Nous avons indiqué , en parlant du granité , que nous ne croyons pas de- voir adopter cette opinion , et nous plaçons encore le gneiss au rang qui lui a été assigné par \¥erner. Les terrains de gneiss contiennent une assez grande quan- tité de bancs subordonnés. Nous y avons déjà indiqué une formation de granité ; on y doit aussi remarquer surtout des mélanges de bancs de micaschiste et de schiste argileux ou de phyllade , mélanges qui forment le passage du terrain de gneiss aux deux autres terrains de roches micacées , car ce passnge a lieu fréquemment enlc^.les terrains , comme il a lieu entre les roches qui en font les bases. On observe en- core particulièrement, dans le gneiss, des bancs de porphyre et d'eurite porphyroïde {hornstnn-porphyr des Allemands), des bancs de quarz, de feldspath, d'amphibolile, de diabase, de calcaire, de cipolin, de stéalite, de stéaschiste, aussi quel- ques bancs peu considérables de grenat et d'aclinote , des amas de caolin et de pegmatite ou granité graphique , enfin, des bancs de pyrites et d'autres substances mélaliiques> par- ticulièrement de fer oxydulé. Presque tous les gîtes célèbres de minerai de fer, exploités en Suède et en Norwége, sont en bancs ou en amas dans le gneiss, A la montagne du Taberg, i^o TER le fer oxydulé est disséminé en grande abondance dans un banc très-puissant de diabase subordonné au gneiss. Le terrain de gneiss est toujours très-distinctement strati- fié ; mais cette stratification paroîl d'autant plus caractérisée, la roche d'autant plus feuilletée et les feuillets d'autant plus droits, que le terrain est moins ancien. Tous les minéralogistes allemands répètent , d'après Werner , que le gneiss qui passe au granité, ou dont la formation est le plus contemporaine à celle du terrain de granité , présente souvcni une stratifica- tion à feuillets épais et contournés ; ils ajoutent que son feld- spath est souvent rougeâtre , et que ces caractères di>parois- sent peu à peu , à mesure que le terrain de gneiss s'approche du terrain de micaschiste qui le suit , en général, dans l'ordre d'ancienneté. On dit aussi que la formation est d'autant moins composée qu'elle est plus ancienne , c'est-a-dirc que les bancs subordonnés se présentent en plus grand nombre , lorsqu'on observe un terrain de gneiss moins ancien. (3n ajoute qu il en est de même pour les filons qui sont plus multipliés dans le gneiss , à mesure que le gneiss s'éloigne du granité. Ces filons sont, en général , assez abondans , et le gneiss peut même être regardé, en Europe, comme le terrain le plus métalli- fère. On y trouve en filons tous les métaux utiles , excepté le mercure, et la plupart des autres substances métalliques. Les filons d'étain paroissent constituer la formation la plus an- cienne de ces gîtes de minéraux ; ils sont ordinairement adhé- rens à leurs parois , et la roche des parois est imprégnée de parcelles de minerai ( V. Filon ). Les mines d'argent des Chalanchesou d'Allemont (déparlement de l'Isère), celles de plomb et d'argent de Sainte-Marie et de Lacroix-aux- mines dans les Vosges, ainsi que la plus grande partie des mines de Saxe sont exploitées dans le gneiss, et le nom de gneiss a été en usage d'abord chez les mineurs saxons , mais non dans sa signification actuelle. Les mineurs nominoient ainsi seulement des masses onctueuses, argileuses et mica- cées, qu'ails rencontroient souvent à l'approche des filons métallifères. On a reconnu depuis que ces gneiss n'éloicnt que la roche même du terrain, altérée, peut-être par le voi- sinage des filons , et le nom a été étendu au terrain entier. Le terrain de gneiss contient aussi des filons de granité à Montbrison (département de la Loire), en Suède , etc.; de diabase {grîinsiein') aux environs de Stockholm ; de rétinite {pechstein) à Schaïlanka , dans les monts Oural ; de vake et devakite à Marienberg, Annaberg et Wiesenthal en Saxe, etc.; on y cite enfin des filons de basalte en Saxe, en Ecosse et ailleurs. • TER ,^, Malgré les indications que nous venons de donner, d'après les géologues allemands , pour distinguer différens degrés d'ancienneté relative dans les terrains de gneiss , les mêmes géologues n'admettent , en général , pour ces terrains, qu une seule formation primordiale, dont les plus anciennes parties al- ternent avec les derniers membres delà formation de granité qui constitue ensuite un terrain indépendanl,et qui présente quelques membres moins anciens , comme subordonnés aux terrains de micaschiste et de phyllade. Mais il résulte des observations faites en Norwége et en Suède par M. de Buch et M. Hausmann , qu'on doit reconnoître , au moins dans le nord de l'Europe , deux formations distinctes de gneiss, l'une antérieure et l'autre postérieure aux terrains de micaschiste et de schiste argileux. Ces observations sont particulièrement remarquables en ce qu'elles présentent , relativement aux rapports du gneiss avec le granité , des faits toutà-fait diffé- rens de ceux que nous venons de citer. En effet , la plus ancienne formation de gneiss , qui constitue la base sur la- quelle paroissent reposer tous les terrains du nord de l'Eu- rope , ne contient point de granité et renferme , en général , peu de couches subordonnées ; on y connoît cependant des bancs d amphibolite un peu feldspathique. La seconde for- mation, au contraire , renferme du granité en abondance, en bancs et en filons ; elle renferme aussi des couches de mica- schiste et beaucoup d'autres bancs subordonnés. On y re- marque principalement : i.^ le hornbcrg, mélange intime de mica et de quarz avec hornblende, qui constitue le pays à mine d'Mdelfors; 2." une roche de feldspath, quarz et amphibole , qui paroît, dit M. Hausmann , devoir être dis- tinguée de la syénite ; 3.° des bancs puissans de fer oxydulé et de fer oligiste , qui constituent souvent des montagnes entières; 4." des bancs nombreux de pyrites ferrugineuses et cuivreuses, exploités à Garpenberg, Niakopparberg , Dylta ( les célèbres mines de cobalt de Tunaberg sont exploitées sur un gite analogue ) ; 5.» les énormes amas py- riteux de Fahlun , etc. Dans celte formation , dit M. Haus- mann , le gneiss est souvent à feuillets contournés et épais ; le granité est souvent à gros grain ; le micaschiste est plus rare, et il se présente surtout dans le voisinage des gîtes de minerais qu'il entoure avec un schiste chloriteux. Les montagnes des terrains de gneiss sont ordinairement plus escarpées que celles des terrains granitiques. On y re- marque plus de rochers saillans et beaucoup moins de blocs détachés ; la désagrégation de la roche dominante est , en gênerai, moins facile, et le peu de débris qu'elle produit est i42 TER entraîné au loin , d'où il résulte que les pentes sont souvent assez roides. Le terrain de gneiss est assez universellement répandu à la surface du globe. On le rencontre presque dans toutes les contrées primordiales ; nous répéterons que souvent il re- couvre le granité , comme aux environs de Freyberg en Saxe, dans le Riesengebirge en Silésie, dans les montagnes de la Lozère et dans d'autres parties du centre de la France ; qu'ailleurs, le granité alterne avec lui ; que quelquefois il recouvre l'eurite schisloïde ; qu'ailleurs enfin, on ne connoît rien au-dessous de lui, et c'est le cas de toute la Scandinavie ; mais tous les terrains, excepté le granité et l'eurite, sont assez constamment superposés au gneiss. Le gneiss paroîl cependant manquer dans quelques pays: On ne le connoît pas au Hartz ni dans les montagnes des bords du Rhin. Il est très-peu abondant en Hongrie, en An- gleterre et ailleurs, TERRAIN DE MtCASCHISTE. Le terrain de micaschiste doit être regardé comme la suite du terrain de gneiss, suite non interrompue et dans laquelle la limite entre les deux terrains est, le plus souvent, très-dif- ficile à déierminer. Le passage a lieu soit par le mélange des couches de chacun des terrains , soit par le changement de proportion des parties constituantes de la roche ; et, sous ce double rapport , il existe des terrains très - étendus pour les- quels il y a une impossibilité presque absolue de décider s'ils appartiennent au micaschiste ou au gneiss. Nous citeions , comme exemples de ce fait , les environs dEhrenfriedersdorf en Saxe, et toute la partie la plus élevée de la crête qui sépare la Saxe de la Bohème , aux environs de Wiesenthal , choisis- sant ainsi les preuves de notre assertion, dans le pays mênrie où la distinction des deux roches et des deux terrains a été établie. Nous ne prétendons pas conclure de cette observation, que le terrain de micaschiste ne doive pas être considéré et étudié à part, mais seulement confirmer ce que nous avons annoncé déjà plusieurs fois, sur la liaison à peu près continue qui existe entre tous les terrains. Souvent , en effet, le terrain de micaschiste est bien carac- térisé. La roche qui le constitue présente , dans sa texture , plusieurs variétés dont quelques-unes sont regardées comme ayant des rapports intimes avec les caractères géognostiques du terrain. Ainsi, le micaschiste le plus. ancien, et qui se rap- proche le plus du gneiss , est , en général , à feuillets ondulés ; TER 143 les feuillets de mica y sont caractérise's , et le quarz y esl abondant. Quand, au contraire, les feuillets sont plats , quand les deux parties constituantes deviennent moins distinctes , quand le quarz semble se fondre en particules presque insen- sibles dans la masse de mica, qui perd elle-même en partie son éclat et prend un aspect un peu terreux , la roche passe au schiste argileux, et elle appartient ordinairement aux der- niers membres du terrain du micaschiste. On doit citer aussi, comme variétés remarquables du terrain de micaschiste : i.° celle dans laquelle , le mica diminuant beaucoup de pro- portion , la roche devient semblable à un quarzite schistoïde un peu micacé : tel paroît être le gestelhtein des Autrichiens ( saxum fornacum ) , roche très -employée dans la cons- truction des creusets des hauts - fourneaux , des fourneaux à réverbère , des plaques entre lesquelles on coule le laiton , etc. ; 2.'^ celle dans laquelle le mica est à peu près entière- ment remplacé par des feuillets de fer oligiste , et qui existe en abondance en Suède et au Brésil où on contmence à l'exploiter ; 3.° celle dans laquelle, le mica devenant talqueux, la roche passe au stéaschiste. Cette dernière variété indique ordinairement que le micaschiste qui la présente appartient aux parties les moins anciennes du terrain, et se rapproche de la formation des phyllades. Ainsi qu'on peut le présumer, d'après ce que nous venons de dire , le terrain de micaschiste renferme souvent des cou- ches de gneiss , quelquefois même des couches de granité , surtout dans les parties anciennes , et des couches de phyllade particulièrement dans les membres supérieurs de la forma- tion; mais ce terrain renferme en outre une grande quantité de bancs subordonnés de différentes roches , particulièrement de calcaire , de cipolin , de dolomie souvent mélangée de grammatite , de la roche formée de mica et tourmaline ( que nous avons indiquée , à l'article roche , par appendice au micaschiste ) , d'amphibolite, de qnarz , de stéatite ( à Och- senkopf en Saxe , on connoît un semblable banc de stéatite mélangé de corindon granuliforme ou émeril), de stéaschiste, de serpentine ( quelquefois ces deux dernières roches devien- nent tellement abondantes qu'elles constituent la masse prin- cipale du terrain). Le micaschiste renferme encore, moins fréquemment,des bancs de pétrosilex, de porphyre, de grenat et d'actinote; on y a cité aussi des bancs de gypse, dans les Alpes , mais , d'après les observations de M. Brochant de yilliers , le gypse de ces localités paroît être superposé au micaschiste et non stratifié avec lui ; enfin , on y observe assez souvent des bancs ou des amas de fer oxydulc , de fer Uv TER oxydé rouge , de pyrites ferrugineuses , cuivreuses et arseni- cales; d'étain oxydé, de plomb sulfuré et de blende. Ces derniers minerais contiennent quelquefois de l'argent et de l'or. Un grand nombre de ces bancs et amas parallèles sont exploités dans le terrain de micaschiste de Scandinavie : telles sont particulièrement les célèbres mines de cuivre de Rœraas en Norwége et de Fahlun en Suède. Dans cette dernière localité, le micaschiste est subordonné au gneiss, et renferme lui-même des bancs de schiste chloriteux. Près de Rhonitzen Hongrie , on exploite , dans le micaschiste , des bancs de minerai de fer hydraté. Beaucoup de gîtes métallifères ana- logues sont exploités dans le terrain talqueux des Alpes auquel le micaschiste paroît subordonné. Mais le terrain de micaschiste renferme aussi un grand nombre de filons , quoique peut-être moins qu'on n'en ob- serve dans le terrain de gneiss. Ces filons sont tout - à - fait analogues à ceux du gneiss , et on y retrouve toutes les for- mations reconnues dans ce dernier terrain, depuis les filons de granité et la plus ancienne formation des filons de minerai d'étain , jusqu'aux formations les plus récentes de minerais d'argent. On croit seulement avoir reconnu que le micaschiste est plus pauvre que le gneiss en cuivre et en cobalt. Nous citerons seulement, comme exemples de mines métalliques célèbres exploitées sur des filons dans le micaschiste , une partie de celles de Villefort ( département de la Lozère ) , celles de Rraunsdorf enSaxe,et celles deRamlngstein et Muhr- \vinkel dans le pays de Salzbourg : ces dernières produisent une petite quantité d'or. Le micaschiste de Salzbourg ren- ferme quelquefois des émeraudes. La même gemme vient d'être retrouvée en Haute- Kgypte , dans un terrain qui , à en juger d'après les échantillons, est analogue à celui de Salz- bourg. Nous rappellerons que nous avons cité , au sujet des ter- rains de granité, des filons métallifères qui courent long-temps entre le granité et le micaschiste et qui , par chacune de leurs deux extrémités , pénètrent dans l'un des deux terrains. Tel est le filon de Mazimbert aux mines de plomb et d'argent de Villefort ; tels sont les puissans et riches filons de fer oxydé rouge exploités en Saxe près de Schwarzemberg, et en Bo- hème près de Plalten. Enfin , 'd'autres filons traversent quel- quefois le terrain de micaschiste dans toute son épaisseur , et pénètrent encore assez profondément dans le granité qui est situé au-dessous de lui. On connoîî plusieurs exemples de ce fait à Schnéeberg et à Johaungeorgenstadt en Saxe. T E R 145 Ces exemples font voir aussi que le micaschiste repose souvent iiiunédialement sur la plus ancienne formation de granité. Plusieurs faits seuiblables sont connus dans d'autres contrées : nous citerons celui que présente la Silésie. Le noyau de granité central du Riesengebirge est recouvert immédiate- ment , dans sa partie méridionale , par le micaschiste qui constitue les sommets de lâSchneekoppe et des autres crêtes les plus élevées de ces montagnes. On observe , là et dans les autres cas analogues, qu'à la jonction des deux terrains, il y a une alternative, plusieurs fois répétée, de couches de gronile et de micaschisle. Ailleurs , il existe cnti-e les deux terrains un amas de pegmatite décomposé ou de caolin ; tel est le gîte célèbre à\ïue près Schneeberg en Saxe , exploité pour la manufacture de porcelaine de Meissen. Le micaschiste re- couvre quelquefois l'eurile schistoïde , comme dans presque tout le pourtour du groupe que ce dernier terrain constitue en Saxe , et cette superposition a toujours lieu en gisement cnncurdanl ou uniforme ; enfin , le plus souvent , le terrain de micaschiste recouvre le terrain de gneiss, également en ;ç/ir- menl concordant. Nous avons vu que, dans le nord de l'Europe, le inicascliiste est à son tour recouvert par une seconde for- mation de gneiss , dans laquelle on le retrouve en bancs su- bordonnés Nous l'avons vu également , en Silésie, en bancs subordonnés dans l'ancien gneiss et dans le granité du gneiss- Près du col de Spliigen en Suisse, entre Glaris et Chiavenna, M. de Buch a reconnu le micaschiste sur le gneiss et rerouvert par un porphyre, sur lequel repose un autre gneiss qui est lui- même probablement recouvert par un autre micaschisle. Le terrain de micaschiste est toujours très-bien stratifié ; ses couches , qui ont souvent une inclinaison considérable , présentent quelquefois, dans la disposition de leurs feuillets , des ondulations en peiit, comme on en observe dans le gneiss. En considérant dans leur ensemble tous les faits con- nus jusqu'à ce jour , sur la position géognostique du mica- schiste et sur ses relations avec les autres terrains , on est conduit à penser qu il n'en existe qu'une se«ile grande/orma- tion primordiale, laquelle se montre d'abord en bancs subor- donnés dans le granité et le gneiss, puis constitue un terrain étendu, et puis se montre encore en bancs plus ou moins isolés , soit dans la seconde formation du gneiss , soit dans la formation primordiale des schistes argileUx , soit enfin dans celle des stéaschistes. Les montagnes du terrain de micaschiste présentent , en général , quand elles sont élevées , des pentes plus escarpées encore que celles de gneiss. .Ce terrain existe assez abon- x.vxiii. 10 i46 TER daniment dans les montagnes primordiales, et on le regarde comme conslituant une formalion générale ; cependant il est moins répandu que le gneiss et que le phyllade. 11 paroit peu abondant en France ; on ne le connoît point au ilartz,ni sur les bords du Rhin , ni dans aucune partie de l'Angleterre. TERRAINS DE SCHISTE ET DE PHYLLADE. Le phyllade, o\i la roche mélangée à base de schiste, constitue la masse dominante de ce terrain ; le schiste sans mélange s'y montre aussi en masses assez grandes , mais cependant moins considérables. Les passages que nous avons observés entre le granité et le gneiss, entre le gneiss et le micaschiste , se représentent en- core ici entre le micaschiste et le phyllade. Beaucoup de minéralogistes pensent même que cette dernière roche n'est autre chose qu'un micaschiste dans la formation duquel la cristallisation a été extrêmement troublée, en même temps que le quarz diminuoit de proportion, et que le schiste pur n'est que du mica qui n'a pas pu cristalliser. Quoi qu'il en soit , on observe fréquemment , soit par le mélange des cou- ches, soit par le changement de nature des parties d'une couche , la transition la plus insensible et la plus complète entre le micaschiste et le phyllade. Parmi les nombreuses variétés de couleur et de texture que présentent les schistes et les phyllades , on croit pouvoir en rapporter quelques - unes à des indicalians géognostiques. On pense que les phyllades d'un gris jaunâtre ou verdâlre et d'un aspect assez éclatant, sont les plus anciens (c'est en effet surtout entre ces phyllades et les micaschistes qu'on observe les passages dont nous venons de parler) ; ceux , au contraire, qui sont d'un gris foncé bleuâtre ou brunâtre , qui ont peu d'éclat et qui deviennent toui-à-fait ternes par le frottement , paroissent plus modernes ; enfin , Werner regarde les variétés vertes et rouges comme moins anciennes encore. Ces der- nières variétés et aussi celles d'un gris bleuâtre foncé présen- tent souvent une série de nuances,par lesquelles on est conduit insensiblement aux schistes des terrains intermédialres,et aux psammites schistoïdes qui les accompagnent. Nous devons faire une mention particulière des phyllades talqueux, c'est-à-dire de ceux dans lesquels le grain devient plus fin , le toucher plus onctueux, et qui passent insensible- ment aux stéaschistes phylladien et chloritique , proches qui doivent être regardées comme les phyllades des terrains où le talc domine. Le terrain de phyllade est toujours très-bien stratifié. La TER i47 slralificalîon des couches les plus anciennes est encore quel- quefois , m.iis rarement, ondulée en petit comme dans le gneiss et micaschiste ; celle des dernières couches est , au contraire , quelquefois arquée en grand ; mais ordinairement les couches sont droites et les feuillets sont droits. L'incli- naison de ces couches est très-variée : souvent elle est fort considérable. Le terrain de phyllade renferme quelques couches subor- données de micaschiste, de gneiss et même de granité et de syénite ; il faut aussi regarder, comme subordonnées à ces terrains, les couches de schiste ardoise, de schiste coticule et d'ampélile qu'on y rencontre; mais, en outre, la formation doit être considérée comme ii h- composée , parce qu'elle con- tient autant de b mes subordonnés , de roches de nature tout à fait différente de la roche principale, que nous en avons ob- servé dans les micaschistes. Tels sont principalement le por- phyre , Teurile porphyroïde , l'eurile compacte ou granitoïde \hornfels du Harlz), la diabase , l'amphibolile , le jaspe schistoïde ( peut-être cette dernière roche n'appartient - elle qu'aux phyllades intermédiaires); les stéaschisles, la serpen- tine , le quarz , le calcaire, le cipolin , etc. On y connoît aussi des bancs métallifères : la mine de plomb et argent de Gieshiibel, en Saxe, est exploitée sur un gîte de ce genre ; il en est de même des mines de cuivre et de plomb de Schmœil- nitz , de Rosenau et d'autres localités de Hongrie. Dans ce dernier pays, les mines de mercure de Niederslana et Rose- nau s'exploitent sur un banc de stéaschiste subordonné au phyllade. Il faut , sans doute , rapporter à ce terrain , les schistes ferrugineux^ ou phyllades très-mélangés de fer oxydulé ou oxydé , que M. Patrin cite comme abondans dans la par- tie orientale de la grande chaîne des monts Oural , depuis la mer Caspienne jusqu'à la mer Glaciale , et sur les bords du haut Irliche, dans la Tartarie chinoise , où ils alternent avec des couches de fer oxydulé à peu près pur. M. Patriu annonce que ces schistes deviennent quelquefois des roches glanduleuses , par l'effet , dit-il, de cette tendance qu'ont les oxydes de fer à prendre la forme sphéroïdale , et qu'il en a vu plusieurs exemples dans les monts Oural, Il croit devoir rapporter à une formation analogue, les couches de Valor- sinc que Saussure a considérées comme des poudingues. Enfin c'est dans cette formation que le carbone commencti à se montrer avec quelque abondance. La couleur noirâtre de plusieurs schistes paroîl due à un mélange intime de celle substance. Lorsque sa proportion augmente , le schiste pass.e quelquefois à l'ampélite alumineuxou à l'ampélite graphique. 11 existe aussi des phyllades très-carbures dont quelques par- 1^8 T E R ties offrent même du carbone presque pur. Les amas consi- dérables de graphite de Borrowdale , en Angleterre , sont exploités dans ce terrain , d'après quelques minéralogistes anglais; d'autres les rapportent aux phyllades intermédiaires et au terrain de graïuvacke. Le terrain de pbyllade renferme beaucoup de filons : on y indique encore quelques filons de granile , en Saxe et en Cornouallle ; on y voit surtout de très-nombreux filons de quarz stériles; mais on y exploite aussi un assez grand nombre de filons métalliques. La plupart des mines d'étain de Cor- nouallle , les mines de plomb et argent du district d'An- dréasberg auHarlz, celles de Johann - Gcorgcnstadt en Saxe , de Joachimslhal et de Przibram en Bohème, s'ex- ploitent dans un phyllade regardé comme primordial. Il en est de même des mines les plus riches des deux Amériques et de l'univers ; celles de Guanaxuato, au Mexique, et celles de Polosl , dans le royaume de Bucnos-Ayres. Dans la pre- mière, le filon principal passe du porphyre dans le schiste primitif. Dans le district de Tasco , au Mexique, les mon- tagnes à mines soht formées de phyllade primitif , recouvert par un calcaire secondaire. Des filons d'argent et de plomb traversent les deux terrains. Le terrain de phyllade et de schiste repose quelquefois immédiatement sur le granile. En Cornouailles , où on le désigne sous le nom de killas , il semble même , sur quel- ques points, alterner avec le terrain de granité ; mais cette allernalivc n'est pas bien prouvée. Une disposition semblable est , au contraire , certaine dans plusieurs contrées , pour les couches de phyllade, de micaschiste cl de gneiss ; mais le plus souvent le phyllade repose sur le micaschiste en stratlfiratiun concordante , c'est-à-dire , de la même manière que le mica- schiste repose sur le gneiss. Les géologues allemands le re- gardent comme constituant une seule forn)alion , laquelle termine la série schisteuse dans les terrains primordiaux. Un des caractères remarquables que cette formation présente ^ c'est le passage fréquent du schiste et du phyllade qui en forment la niasse principale, à la plupart des roches qu'elle renferme en bancs subordonnés. Dans les schistes , les quatre substances qui composent principalement la masse des terrains primordiaux, le feldspath, le quarz, le mica el l'amphibole , ne sont plus reconnoissables , et paroissent confusément mélangées en particules insensibles ; mais , selon (jue Tune ou l'autre des substances a plus abondé dans la nrécipltalion générale , le schiste change de nature ; irdevienlplus feldspalhique , plus quarzeux , plus amphibo- leux, ou pariiclpe, a la fois , de la nature de plusieurs de ces TER 1^9 substances. C'est ce qui produit tant de variétés différentes de schiste et de phyllade , tant dé passages au micaschiste , au quarz schistoïde , à Feurile , au pétrosiiex , aux aninhibo- lites , aux cornéennes , aux diabases , au jaspe schistoïde , passages qui seroient visibles si les élémens de la roche avoient cristallisé en parties distinctes, comme dans les ter- rains précédens , mais qui ne se manifestent , dans la compo- silion,d'apparence homogène, du schiste argileux, que par un changement gradué dans sa dureté, sa texture et ses diverses propriétés. Par ufie gradation semblable , on voit des pas- sages analogues entre le schiste et les roches talqueuses , ou même entre le schiste et le calcaire. Enfin, par une altéra- tion du même genre , on voit quelquefois le phyllade perdre son éclat , prendre une cassure mate et terreuse , et acquérir ainsi l'apparence des srliisles de fransilion. Ce changement va plus loin : de petits grains de quarz et de feldspath , un peu arrondis , se montrent dans la base schisteuse , et la roche devient un phyllade psammitique ou un psammite schistoïde ( graiiwiulien-schiefer ou ^chiefrigegrauwacke ); enfin ces grains deviennent de plus en plus distmcts et abondans , et le tout devient un véritable ps amvnile {grauwarke)^ c'est-à-dire, une roche agrégée ou arénacée , bien caractérisée, et qui, par con- séquent , appartient évidemment aux terrains intermédiaires. Ailleurs, dans une masse de terrain schisteux, regardée de tout temps comme bien primordiale, on découvre tout à coup quelques débris d'êtres organisés, débris extrêmement rares, mais qui suffisent pour prouver l'existence de ces êtres, anté- rieurement à la formation des schistes. Les phyllades des environs de Morlaix en Bretagne , ceux du Kammeisberg et des environs de Goslar au Hartz, ont présenté, depuis quelques années, des exemples remarquables de ce der- nierfait. Enfin, les relations générales de gisement avec d'au- tres terrains dont la primordialité devient douteuse , peuvent conduire au même doute pour un terrain de phyllade qui ne présente, par lui-même, aucun des deux motifs précédens : C'est ce qui a lieu aujourd hui , par exemple , pour le terrain schisteux d'Aùdréasberg , qui paroîl appuyé sur le terrain granitique et syénitique du centre du Hariz. On est ainsi conduit , tous les jours , par l'un ou l'autre genre de ces ob- servations , à renvoyer à la seconde classe les terrains schis- teux qu'on avoit crus le mieux placés dans la première, et peut- être l'époque n'est-elle pas éloignée, oîi l'on sera forcé de penser qu'il n'existe pas de schistes argileux ou de phyllades primitifs , et que la classe des terrains primordiaux finit au moment où la cristallisation des terrains de la série micacée i5o TER Vievient assez confuse, pour qu'on n'en reconnoîsse plus les élémens dans les roches qui les constituent. Les niontrignes des terrains de phyllade présentent les mêmes caractères généraux que celles des terrains de gneiss et de micaschiste ; seulement elles sont ordinairen)ent moins élevées, et leurs pentes sont un peu plus adoucies. Ce ter- rain est en général plus favorable à la végétation que les pré- cédens. La formation , réputée primordiale, des schistes et phyl- lades , est regardée comme généralement répandue ; elle paroît même plus générale , en Europe, que celles du gneiss et du micaschiste , et elle se présente à peu près dans tous les pays de terrains anciens ; mais elle n'est pas très-fréquente dans rAn.('rique méridionale. SÉRIE FELDSPATHIQUE. TERRAIN DE PEGMATITE. Il est peut-être douteux que le pegmatite doive être regardé comme constituant un véritable terrain. Souvent il paroît n'être qu'une variété accidentelle du granité , auquel il passe par nuances insensibles et avec lequel il a été long-temps confondu ; de sorte que son gisement propre a été peu étudié. On croit, cependant, qu'il forme quelquefois des C'Uches,et plus souvent des amas subordonnés aux terrains de granité <;t de gneiss , ou situes entre ces deux terrains. Quoi qu'il en soit , la disposition particulière des parties du quarz dans les variétés de pegmatite, connues sous le r.om àe granité graphique^ la tendance que cette roche présente souvent au genre d'al- tération qui change son feldspath en caolin , les gisemens de béryl et de topaze qu'on y a reconnus en plusieurs localités, semblent indiquer, dans les circonstances qui ont concouru à sa formation , des caractères particuliers qui n'ont pas en- core été déterminés , mais dont l'examen ou la recherche mérite l'attention spéciale des géologues. Nous avons cité, à l'article Roche, un assez grand nombre de localités où le pegmatite est reconnu ; mais nous ne pou- vons rien ajouter à l'indication générale que nous venons de donner , relativement à sa position géognoslique. TERRAIN d'eurite schistoïde {Weisstein). L'eurile schistoïde pourroit être considéré comme appar- tenant à la série des terrains micacés , et il forme une espèce de liaison de plus de cette série avec la série feldspalhique. R a de grands rapports avec le gneiss , et il a été indiqué , pen- dant long temps , sous le nom de tveîsslein , parles minérale- T E R i5i gisles allemands , comme une simple variété du terrain de gneiss; mais des observations récentes semblent prouver qu'il constitue une formation tout à fait particulière, qu'il ne re- couvre jamais le gneiss, et que lorsque les deux terrains sont en contact , le gneiss est toujours supérieur au urisstein. Tels sont au moins leurs rapports, en Saxe , où le weissteln a été particulièrement étudié.. Cette formation est composée d'eu- rite schisloïde attenant avec un granité particulier, dont nous avons parlé par appendice à la première formation de granité. Les deux roches présentent des passages multipliés de l'une à l'autre , passages qui ont lieu soit en grand , soit en petit ; quelquefois on les observe dans le prolongement d'une même couche. Ce terrain est très-distinctement stratifié, particu- lièrement Teurite dont les couches présentent quelquefois une structure tout à fait fissile ou feuilletée , quand le mica est abondant dans la roche; le feldspath est alors ordinairement grenu à grain très-fin , et presque friable. La masse du terrain d'eurite schistoïde ne paroît pas ren- fermer, en Saxe , de couches subordonnées. On remarque seulement, entre ses assises supérieures, quelques bancs d'ophiolite , ou roche à base de serpentine. Ce terrain cons- titue, dans la partie nord-ouest de VEvzgehirge, un groupe géognostique particulier qui paroît tout à fait indépendant des autres terrains primordiaux de cette contrée , et qui sem- ble , par la disposition de ses couches , posé sur un noyau caché qu'il enveloppe entièrement et qu'il est impossible d'a- percevoir. On a observé , en plusieurs points, sur les bords de la Chemnilz,le gneiss superposé à l'eurite , en stratification concordante , et tout autour du groupe formé par le terrain d'eurite , le micaschiste et le phyllade lui sont superposés de la même manière. Il paroît que les observations, qui ont été faites depuis peu, sur les terrains de weisstein de la Forêt Noire et des monta- gnes qui séparent la Bohème de la Bavière , confirment les inductions tirées des observations faites en Saxe. Au reste , le terrain d'eurite schisloïde n'a encore été que très-peu étudié , et il existe dans beaucoup de localités , où on l'a jus- qu'à présent, désigné sous le nom de gneiss. TERRAINS DE PÉTROSILEX ET d'eURITE. Les variétés de l'espèce eurite , qui se rapportent ici, sont les eurites compactes , porphyroïdes , et quelques eurites grenus. Ces roches paroissent constituer , avec le pélrosilcx, dans la série feldspalhique , une formation distincte qui a les plus grands rapports avec la première formation des terrains de porphyre, mais qui est encore très- peu connue dans sesca' ractères géognostiques. i52 T ]•: Il Ces terrains sont, le plus soiivenl, subordonnés aux ter- rains (le gneiss, de micaschijlquefois, au contraire , le gîie de quarzile est très-borné dans ses dimensions , et il cons- titue plutôt un amas qu'une véritable couche. Les bancs et les amas de quaiziie sont particulièrement fréquens dans les terrains de micaschiste et de sléaschiste , et on observe des passages nombreux des roches principales de ces terrains à la roche subordonnée. Le quarzite est en général stratifié, mais souvent d'une manière peu distincte. Souvent la disposition des lamelles de mica et de talc indique le sens de la stratification ; quel- quefois la structure devient feuilletée; quelquefois elle affecte aussi une tendance pseudo-régulière ; quelquefois la roche offre l'apparence de rognons empâtés : quelquefois enfin des fissures imperceptibles et nombreuses tendent à séparer la roche en plaques polies , et lui donnent en même temps un tissu presque fibreux; ce dernier cas est assez fréquent dans les Alpes : Saussure l'a observé particulièrement au grand Saint -Bernard, où le quarzite est mélangé de graphite. (§996)-. On doit rapporter au terrain de quarzite des masses quar- zeuses assez considérables , qui existent au Hariz et qui y sont connues sous le nom de quarzfels. Les unes, dont la struc- ture est grenue et qui ont presque l'apparence d'un grès, cons- tituent la crête de plusieurs montagnes, particulièrement du Bruchherg , situé entre Clausthal et Andréasberg; les autres , de couleur grise ou noirâtre, semblent un mélange intime de quarz, en proportion prédominante, avec le feldspath et un peu d'amphibole. Ces dernières passent peu à peu au hornfelsy que nous avons cité au sujet des terrains pélrosiliceux, et mê- me quelquefois on leur en a donné le nom. Leur gisement est le même que celui du homfels^ c'est-à-dire, qu'elles re- posent sur le granité et la protogyne , ou qu'elles sont en bancs subordonnés dans les phyllades réputés primitifs. Le gisement des quarzites du Brucliberg laisse quelques incerti- tudes sur leurs relations d'ancienneté avec les autres terrains, et nous savons déjà qu'il y a incertitude générale relativement à tous les terrains cités au Hartz comme primordiaux. Le quarzite est généralement répandu, mais toujours com- me terrain subordonné. Il ne contient pas de couches étran- gères ; ou n'y connoît pas de gîtes de minerais métalliques , ,6o T E R si ce n'esl les couches slamnifères de ZlmnvaM. Ce fait est assez remarquable , eu égard à l'association si fréquente du quarz avecles minerais, dans les filons. Pour les quarzites du terrain de phyllade, il est souvent douteux s'ils appartiennent aux formations primordiales ou intermédiaires. Le quarzite constitue fréquemment des rochers escarpés sur les montagnes dans lesquelles il est encaissé. On en con- noît un grand tiombre dans les Alpes. Il en est de mC'me en Saxe et ailleurs. On remarque que souvent ces rochers, si- tués s'jr le sommet des montagnes , sont beaucoup plus es- carpés sur une face que sur la face opposée. TERRAIN DE JASPE SCHISTOÏDE {Kiesclschiefcr). Le jaspe schisloïde, nommé aussi quarz lydien, constitue quelquefois, au dire des minéralogistes allemands, des ter- rains indépendans , assez étendus , dont les relations de gi- sement ne sont pas bien connues. Plus souvent il se présente en bancs subordonnés, dans les terrains de phyllade réputés primordiaux; el dans ce dernier cas, il forme quelquefois, comme le quarzite, des rochers saillans sur le sommet des montagnes de phvlîade. M. de liumboldt cile un banc de quarz noir , passant au kieseîschlefer , dans le terrain de gneiss du Cap Blanc , dans l'Amérique méridionale. Le jaspe scbistoïde est toujours assez distinctement strati- fié. Il ne renferme pas de couches subordonnées; il passe sou- vent au schiste argileux et au phyllade. On connoît le jaspe schisloïde dans les phylladcs primor- diaux des Pyrénées orientales ; dans ceux de Saxe , de Silésie; dans ceux d'Andréasbeig auHariz. Dans celte dernière lo- calité il passe au quarzite noirâtre, dont nous venons de parler. C'est par suite de ces passages nombreux , d'une part au quarzilc et de l'autre au schiste , que le terrain du jaspe schis- toïde n'a pas été indiqué comme tel dans plusieurs des localités- où il existe , et où sans doute une observation plus allenlive le fera reconnoître. Il paroît probable qu'il f^iut y rapporter, par exemple , le quarz schisleux noir , des environs d'Hyères , cité par Saussure ( § i4-8o ). 11 faut remarquer aussi que, dans un assez grand nombre de localités , le jaspe schisloïde , indiqué comme primordial, doit être rapporté aux terrains intermédiaires. On doit enfin citer, comme un fait très-remarquable, le jaspe schistoïde en filons , observé dans les environs de Steben et de Kemlas , en Franconie , par MM. de Hum- boldt et Freiesleben , dans des montagnes où le jaspe schis- TER i6i toiMe se trouve aussi en bancs dans le phyllade. Dans ces filons , il présente une structure distinctement feuilletée , et ses feuillets sont parallèles aux parois du gîte dont ils sui- vent toutes les inflexions. SÉRIE TALQUEUSE. Nous ne parlons des terrains de celte série, qu'après avoir traité des séries feldspathique et quarzeuse , parce que les roches de ces terrains contiennent, comme caractéristique , une substance, le talc, que le granité ne renferme pas, et parce que leurs époques de formation paroissent, en général, moins anciennes que celles des terrains précédens ; mais nous devons faire remarquer que la série talqueuse appar- tient , comme la série micacée , à la série schisteuse de A'Ver- ner ; que ces deux séries offrent beaucoup d'analogies remar- quables dans plusieurs de leurs membres; et que d'ailleurs la manière dont le talc remplace le mica , dans certains ter- rains ou dans certaines roches , paroît souvent indiquer une telle connexion entre les deux substances, et que leur dis- tinction , comme espèces minérales , semble même aujour- d'hui si peu certaine , que les rapports des terrains micacés sont peut-être plus grands encore avec les terrains talqueux, qu'avec ceux des autres séries dont les roches ne renferment que les éléniens du granité. Mais , sous le point de vue géo- gnostique , on doit reconcoître qu'il existe des différences très-marquées entre les deux séries, et qu'en général les formations de terrains talqueux paroissent devoir être rap- portées à des époques beaucoup moins anciennes, que celles des terrains micacés auxquelles les premiers semblent cor- respondre. TERRAINS DE PROTOGYNE. La prologyne est le granité des terrains talqueux , et on Ta, pendant très-longtemps, confondue sous le même nom avec le véritable granité. Ce n'est que depuis quelques an- nées , que les minéralogistes ont reconnu que les roches gra- nitoïdes de la chaîne centrale des Alpes , depuis le Mon't- Cénis jusqu'au Saint-Golhard, n'étoient point des granités ; M. de Jurine a donné un nom à la roche , et M. Brochant de Villiers a fait connoître que les caractères géognosliques du terrain étoient très-différens de ceux des terrains grani- tiques. La prologyne a été reconnue dans d'autres contrées , comme aux environs de Tulle , département de la Corrèze ; au Niolo , en Corse; à Bucholz , Wiesenbad et Annaberg, XXXIIl. . Il i62 TER en Saxe , etc. Il est possible que , dans ce dernier pays , elle soit subordonnée au terrain granitique , et doive être consi- dérée comme un granité, dans lequel le talc remplace acci- dentellement le mica. Cependant, nous ferons observer que les lieux dans lesquels on trouve la protogyne , en Saxe , sont situés à quelque distance des chaînes granitiques bien reconnues, et au milieu des terrains de roches feuilletées, re- gardés comme postérieurs au granité. Relativement aux pre- mières localités, nous n'avons point de renseignemens sur son gisement. On l'observe aussi, en abondance, dans les granités du Rehberg et du Sonnenberg , au Harlz ; mais il existe de fortes préventions contre la primordialilé de tous les gra- nités de cette contrée. Enfin la protogyne des Alpes consti- tue le massif du Mont-Blanc , une partie de l'Allée Blanche , les bords de la vallée de Cogne, les montagnes de Locana à Cérésoles, etc. Si , dans toute cette portion des x\Ipes , on observe quelque roche granitoïde qui soit un véritable gra- nité , c'est-à-dire, qui soit composée de feldspath, quarz et mica , cette roche paroît y être subordonnée au terrain de protogyne. Les terrains des Hautes-Alpes sont difficiles à observer : on ne peut ni aborder la plupart des rochers où ils se mon- trent à découvert , ni suivre , dans leur direction , les couches dont on voudroit étudier le gisement ; aussi, malgré le grand nombre de voyages minéralogiques dont ces montagnes cé- lèbres ont été l'objet, on n'a , pour la plupart des terrains dont elles sont formées , que des indications de localités , mais point d'indication de rapports exacts de superposition. Oa ne peut donc pas dire si le terrain de protogyne constitue le noyau des montagnes dans lesquelles ilse rencontre. 11 sem- bleroit même , d'après tout ce qu'on a pu observer jusqu'ici , qu'on ne doit peut-être considérer ce terrain que comme subordonné au terrain de stéaschiste , qui est beaucoup plus abondant. Toujours est-il certain que la protogyne présente presque constamment , par la disposiliton des parties tal- queusesqui entrent dans sacomposilion,une tendance visible, non-seulement à la stratification, mais encore à la structure feuilletée -, que cette disposition devient fréquemment très- marquée , que la proportion du talc augmente en même temps , et que l'on observe des passages très-nombreux de la protogyne au stéaschiste chloritique. On n'a guère cité d'autres couches subordonnées , dans le terrain de protogyne , que celles des roches talqueuses feuilletées , auxquelles il passe si fréquemment. Il paroît cependant que ce terrain renferme quelquefois des couches TER i63 d'eurite compacte, avec lesquelles il alterne. tJn fait de ce genre est connu , au Harlz, pour les prétendus granités du Rehberg ; et la roche d'curile , qui présente cette relation avec la protogyne , a été décrite sous le nom de hornfels. On a indiqué, dans les Hautes-Alpes , quelques exemples ana- logues , comme association du granité avec la roche de corne. On ne connoît pas de filons dans le terrain de protogyne ; et on en connoît très -peu dans tout le terrain talqueus auquel elle semble subordonnée dans les Alpes. Le terrain de protogyne a été à peine observé dans un petit nombre de localités ; il ne paroît pas constituer une formation généralement répandue. TERRAINS DE STÉA SCHISTE. L'espèce du stéaschlste , telle qu'elle a été établie par M. Brongniart , réunissant toutes les roches désignées sous le nom de schiste talqueux , schiste chloritique , etc. , répond , dans la série des roches lalqueuses , aux trois espèces : gneiss , micaschiste et phyllade , de la série des roches micacées. Les variétés qui contiennent du feldspath , et qui corres- pondent au gneiss des terrains micacés , se présentent en couches subordonnées ou en portion de couches dans les terrains de gneiss. Plusieurs couches de ce genre sont con- nues en Saxe , et y sont regardées souvent comme des gneiss, altérés par le voisinage des filons métalliques. Dans \ts ter- rains talqueux, ces variétés forment les anneaux de la chaîne non interrompue qui lie la protogyne aux variétés chloritique et stéaiiteuse ; c'est ainsi qu'elles se présentent par- ticulièrement dans les Alpes Piémontaises , où l'on doit , selon les observations de M. d'Aubuisson , les regarder com- me subordonnées à ces dernières. Les variétés quarzeuse et grenatique répondent au mica- schiste de la première série , et on les trouve aussi en cou- ches subordonnées dans les terrains de micaschiste. Elles existent , de même , en grande abondance dans les Alpes ; quelquefois la proportion du quarz augmente, et cette subs- tance forme la presque totalité de la niasse, comme on le reconnoît particulièrement aux environs du grand Saint- Bernard; quelquefois même, on observe des cimes formées de quarz entièrement pur : telle est celle qui est connue sons le nom de tour des fous. Les terrains formés de ces stéaschistes quarzeux , renferment assez souvent de véritables mica- schistes en couches subordonnées. Enfin, les variétés où le quarz et le feldspath ne sont plus i64 T E R visibles , et (jui correspondent aux phyllades des terrains mi- cacés , se présentent quelquefois en couches dans ces phyl- lades; et lorsqu'elles consument une partie considétabie de la masse des terrains talqueux, comme on le voit dans les Al- pes , elles renferment à leur tour des couches subordonnées de phyllades. On observe alors des passages nombreux de l'une des roches à l'autre. Les phyllades des icrrains de stéaschiste sont souvent très-carboneux , et quelques-uns paroissent contenir de l'anthracite. Nous devons, en oulre , faire remarquer que les roches feuilletées des terrains de stéaschiste renferment assez fréquemment des cristaux de diallage. Ces terrains contiennent de nombreux bancs ou amas subordonnés de serpentine et de stéatite , dont la nalure toute talqueuse est intimement liée avec celle de la subs- tance dominante des roches du terrain. Ils contiennent aussi, outre les couches de micaschiste et de phyllade déjà men- tionnées , des bancs peu nombreux de porphyre et de dia- base , des bancs très-nombreux de calcaire ; enfin , ils ren- ferment beaucoup de minerais métalliques en bancs ou en amas parallèles. Les mines de fer de Cogne et de Traverselie , les mines de plomb de Laihuile et de Courmayeur , les mines de manganèse de Saint-Marcel, les mines de cuivre d'AUagna , d'Ollomonl et de fenis , sont exploitées en Piémont , sur des giles de ce genre , dans le terrain de stéaschiste. Les gîles de minerai de cuivre de Fahlun en Suède , sont en amas dans un terrain de stéachisic et de micaschiste , subordonné au second gneiss. Les mines de Schmœllnitz et de Rosenau en Hongrie , sont exploitées dans des bancs de stéaschiste subordonné au phyllade. Ce terrain renferme , au contraire , très-peu de 7//c;«a , et presque tous les gîtes qui y sont désignés sous ce nom, ont été reconnus , depuis peu , comme devant rentrer dans les deux espèces précédentes. On y exploite cependant , dans les Alpes , des filons de ferspathique et de pyrites aurifères. On a indiqué de petites couches d'anihracile dans le ter- rain de stéaschiste des Alpes, mais il peut paroître douteux qu'elles appartiennent aux portions primordiales de ces ter- rains. En effet , nous avons déjà dit qu'il avoit été impossible, jusqu'à présent, de reconnoilre aucun ordre constant dans la manière dont les différentes espèces ou variétés des ter- rains talqueux des hautes Alpes sont superposées les unes aux autres. Déplus, des terrains de nalure entièrement sem- blable , mais qui contiennent des débris de corps organisés , et qui, par conséquent , n'appartiennent pas aux terrains pri- TER ï65 mordiaux, sont tellement liés et enlacés avec les prenaiers , qu'on ne sait où placer uue limite pour les séparer. On voit encore ici un passage insensible de la première classe à la seconde, et , comme tous ceux des terrains laiqueux qu'on peut rapporter à cette première classe , paroissent iniime- ment liés entre eux , on est conduit à penser que ces ierralns constituent une des formations les moins anciennes des ter- rains primordiaux, ce qu'on auroit été loin de soupçonner , pour les plus hautes montagnes de l'Europe , d'après l'idée, généralement reçue pendant long-temps, de l'abaissement du niveau des formations, à mesure qu'elles devenoiçnt moins anciennes. Les pentes très-escarpées, et les nombreux rochers des montagnes des Hautes-Alpes , indiquent assez que les terrains talqueux présentent, sous ce rapport, les caractères que nous avons assignés aux terrains de gneiss et de micaschiste. Cette formation paroit beaucoup moins universellement répandue que les formations micacées ; cependant la confu- sion qui a existé , pendant long-temps , dans la dénomin^ition des roches qui la constituent , permet de soupçonner qu'elle peut être plus générale qu'on ne Ta cru jusqu'ici. M. de Humboldt a reconnu des scJiistes talqueux dans les çordilières de l'Amérique méridionale ; de grandes masses de talc très-brillant, situées dans la cordilière de la Parime , ont puissamment contribué à la réputation du pays du Do- radû , nom qui a cause , dit M. de Humboldt , tant de mal- heurs en A.ménque , et tant de plaisanteries en Europe. TERRAIiSS d'OPIUOLITE OU DE SERPEM'INE. Les terrains de serpentine ne font pas partie de la série schisteuse de Werner. En effet, ils ne peuvent pas Être com- pris dans la série des terrains talqueux feuilletés , série qui paroît bien complète dans la succession des différentes va- riétés de protogyne et de stcaschiste ; mais ils appartiennent bien aussi aux terrains talqueux considérés en général , puis- que le talc forme la base de la roche qui en constitue la masse dominante. Il paroît , dit M. d'Aubuisson, que lorsque la précipitation par laquelle ont été produits les terrains tal- queux , s'est faite d'une manière assez confuse , pour que les divers élémens de ces terrains ne pussent pas se séparer, il en est résulté une roche serpentineuse , laquelle est d'autant plus douce , que les parties talqueuses étoient plus aboiv daotes. Cependant les passages sont ici n)oins fréquens que l'on nepourroit le croire , d'après une semblable rcssem-r- blance intime, et il semble que quelque principe , qui a juç- gu'ici échappé à nos recherches , établit une différeucs h'S.y i66 TER portante entre la serpentine et les roches falqueuses feuille- tées. On peut dire que les ophloliles sont aux terrains tal- queux ce que les roches pélrosiliceuses et porphyriques sont aux terrains feldspathiques et micacés. L'examen des carac- tères géognostiques des terrains nous fera trouver de nom- breux traits de ressemblance entre ces deux groupes. Nous avons désigné , sous le nom <ïophiolite , d'après M. Brongniart, toutes les roches mélangées à base de serpen- tine : c'est l'ophiolite qui forme la masse principale des ter- rains que nous considérons maintenant , et la serpentine pure ne s'y trouve qu'en parties subordonnées. Les terrains d'ophiolile se présentent à peu près à toutes les époques de formation des terrains primordiaux , celle du premier granité exceptée , mais plus abondamment dans les époques les moins anciennes. On les a observés : i." en cou- ches subordonnées dans l'eurite scbisloïde ou weissiein , dans le gneiss, dans le micaschiste , dans les phyllades ; 2.° en masses superposées au gneiss , au micaschiste et au phyl- lade; quelquefois même on a cru voir que cette superposi- tion étoit transgressée ; enfin , 3.° en masses considérables dans les terrains talqueux feuilletés. Les ophiolites subordonnés à d'autres terrains sont en gé- néral stratifiés , mais la stratification n'est souvent distincte que pour les parois des bancs encaissés dans le terrain prin- cipal. Dans les ophiolites en masses indépendantes , on n'a- perçoit souvent aucun indice de stratification. Les minéralogistes allemands ont classé les terrains d'ophio- lile en deux grandes formations , dont la première côn)pi end ceux qui sont subordonnés aux gneiss, micaschistes et phylla- des , et la seconde ceux qui recouvrent tous ces terrains ; classification analogue à celle qui a été établie pour les por- phyres , d'autant plus que , comme pour les porphyres , la seconde formation d'ophiolite se montre en masses beaucoup plus considérables que la première. On a cherché à rattacher à cette distinction géognostique différens caractères fondés , soit sur l'oryctognosie , soit sur les associations des roches serpentineuses. D'après ces caractères , l'ophiolite de la pre- mière formation est en général un peu plus dur, d'une couleur plus sombre , moins mélangé de minéraux disséminés , et il présente plus de parties où la serpentine est pure ou presque pure , que celui de la seconde formation , lequel se présente ordinairement avec des couleurs grisâtres , verdâtres nu jau- nâtres, plus ou moins sales, contient beaucoup de substan- ces minérales différentes, disséminées en grains ou en vei- nules, et dont la pâte même paroît plus souillée de subs- tances étrangères à la serpentine. Mais le premier se trouve TER »r,7 souvent uni au calcaire, et à des minerais métalliques de fer et de plomb , ainsi qu'à des pyrites , tandis que rophiolite supérieur aux terrains de roches feuilletées , ne contient ni calcaire ni minerais. Ces caractères paroissenl à peu près confirmés par tous les gisemens d'ophioliles qu'on a observés en Allemagne , en Suisse et en France; mais dans le Piémont, la serpentine des terrains talqueux semble bien , ainsi que tous ces ter- rains, appartenir aux derniers membres des formations pri- mordiales , et cependant on y observe le mélange de calcaire et de minerai de fer, qui a été indiqué comme n'appartenant qu'aux ophiolites de formation ancienne. Le terrain d'ophiolite ne contient pas , en général , de couches subordonnées , mais il présente très-souvent une association remarquable avec le terrain d'euphotide qui paroît lié avec lui par une connexion intime. On peut com- parer cette connexion avec celle qui lie , dans une autre sé- rie , les terrains de porphyre et de syénite , et la diallage pa- roit jouer ici un rôle analogue à celui que joue l'amphibole dans les terrains feldspathique et micacé. En effet , nous avons vu la diallage apparojtre dans certaines variétés de sléaschiste ; on la retrouve , avec assez d'abondance , dans plusieurs ophioliles de la première formation, particulière- ment à la ^oc/?e-/'^/;e.7/e, département de la Haute-Vienne ( et on la retrouvera probablement dans beaucoup d'autres serpeuUnes communes , quand on voudra l'y chercher). Enfin , avec la seconde formation d'ophiolite, se présente, presque partout , le terrain d'euphotide formé d'une roche dont la diallage est la partie constituante la plus essentielle , puis- qu'elle y est unie tantôt avec le jade , tantôt avec le feldspath, tantôt avec ces deux substances. Cette espèce de correspon- dance paroîtra assez remarquable , si l'on considère que beaucoup de minéralogistes veulent encore réunir la diallage el l'amphibole dans une même espèce minéralogique , et qu'il existe, au moins, entre ces deux substances , des rapports biea frappans , de môme qu'il en existe entre le talc et le mica. On ne connoît pas de filons métalliques dans le terrain d'ophiolite. Nous avons vu déjà que tous les terrains talqueux éloient très-pauvres en gîtes de cette nature. Les terrains d'ophiolite n'e constituent des sommités es- carpées que dans les pays de hauKs njontagnes , tels sont le Breithorn et le MoJit-Ceroia , dans les Alpes ; mais en géné- ral , les pentes des collines de serpentine sont assez adou- cies, quoiqu'elles présentent un assez grand nombre de ro - cherssaillansàla surface du sol. Cette disposition est une suite naturelle de la ténacité que les roches serpentineuses joigneui i68 T E R h une dureté Irès-folble. Souvent l'ophioUte ne se montre au jour que par des mamelons détachés et arrondis , séparés par des espaces dans lesquels la nature du terrain est cachée. Quelquefois, selon Tobservation de M. de Saussure (§ 716), des montagnes entières d'ophiolile semblent réduites à des monceaux de blocs incohérens. Les deux formations d'ophiolite ne sont pas universelle- ment répandues , mais on les rencontre dans un assez grand nombre de localités. Nous citerons , comme exemples de la première formation:!." une couche puissante qui paroît , d'après les observations de M. Cordier , exister dans le gneiss , sur la pente méridionale des montagnes primordiales du centre de la France , sur environ 5o lieues de longueur, à travers les départemens de la Haute-Vienne , de la Cor- rèze , du Lot et de l' Aveyron ; 2.° les couches connues autour du groupe de montagnes de JVeisstein de Saxe, à Waldheim , à Mahliiscli , à Falken , etc. , tantôt alternant avec les der- nières couches d'eurite schistoïde, tantôt Intercalées dans le micaschiste qui recouvre ce terrain; 3." les serpentines ex- ploitées à l\eichenstein en Silésie, Dopschau en Hongrie, en Yallcline dans le pays des Grisons (dans ces trois localités ï'ophiolite se présente dans le terrain de phyllade ). La se- conde formation est connue à Zœblitz en Saxe , au Cap- Lezard en Cornouailles , au Zoblenberg en Silésie, autour du Mont-P\ose dans les Alpes , en Toscane , aux environs de Gènes , presque toujours associée avec i'euphollde. Nous avons déjà indiqué que les serpentines des terrains talqueux du Piémont prétendoient , au moins d'après le peu de données exactes qu'on a recueillies sur elles , une assez grande incertitude relativement à l'épOqqe de la formation à laquelle on peut les rapporter. Il en est de même , jusqu'à présent, pour un assez grand nombre d'autres localités où î'ophiolite est connu et exploité. APPENDICE A LA SÉRIE TALQVEVSE. TERRAINS D'eUPHOTIDE. L'euphotide ne contient pas de talc , au moins comme partie comlituante visible ; mais il en renferme souvent comme partie accidentelle, et sa liaison à peu près cons- tante avec la serpentine , nous oblige d'ailleurs à placer son histoire géognostique à la suite de celle des terrains tal- queux. Non-sculcmcnt ces deux terrains se rencontrent le plus ordinairement ensemble, mais il existe entre eux, comme entre les roches qui les forment, les passages les pius iviscnsibles et les plus frcquens. T E R 1G9 L'euphotide a été long-temps désigné sous le nom de gra- nité ; plus récemment on l'a souvent confondu avt^c la dia- base , sous le nom de griinsiein. Ce n'est que depuis peu d'années, que M. de Buch l'a classé comme roche et comme terrain. Il a reconnu le gisement primitif, dans le haut Valais et sur les pentes du Mo-nt-Rose , des blocs roulés d'eupUo- tide , qui se trouvent abondamment répandus dans les envi- rons du lac de Genève , et sur lesquels Saussure avoit appelé l'attention des minéralogistes ; il a fait voir que cette roche constituoit des terrains considérables, en Suisse , en Tos- cane , dans le pays de Gènes , en Corse , en Silésie , dans le nord de l'Europe, etc., et que ces terrains éioient pres- que partout intimement liés au terrain de serpentine. Cette liaison à peu près constante et les passages qu'on observe entre les deux terrains, ont même fait penser à M. de Ruch que la serpentine , ou plutôt la roche à base de serpentine , c'est-à-dire Tophiolite, n'ctoient autre chose qu'un eupho- lide mélangé de beaucoup de talc , et dans lequel les parties constituantes, s'élant précipitées ensemble d'une manière irès- confuse , n'étoient plus reconnoissables à cause de leur trop grande finesse. M. de Buch fait remarquer , à l'appui de celte opinion , les fréquens cristaux de diallage qu'on observe dans l'ophiolile, quand les parties de cette roche acquièrent un vo- lume visible, et la présence de l'oxyde de chrome qu'on a reconnu dans la serpentine la plus pure , comme dans la diallage verte. En Norwége et en Laponie , l'euphotide se présente seul; mais M. de Buch attribue l'absence de la serpentine , dans cette contrée , à ce que tous les terrains du Nord se présen- tent, en général, cristallisés beaucoup plus complètement qu'ils ne le sont partout ailleurs, \\ sembleroit, dit-il, que les causes qui ont troublé la cristallisation , dans la série des formations propres à la partie moyenne du globe terrestre, n'ont qu'à peine fait sentir leur [tuissance dans le Nord ; et, en effet , non-seulement les terrains de sédiment manquent presque entièrement dans la Scandinavie, mais on retrouve, à leur place, au-dessus du calcaire de transition, des terrains cristallins qui ailleurs ne semblent appartenir qu'aux forma- tions primordiales ; ainsi , ajoute M. de Buch, ce qui ailleurs auroit formé la serpentine, s'est précipité , dans le Nord , en cristaux distincts, et se présente comme un cuphofide à gros grains , mélangé de parties talqueuses, A ces considérations il paroît cependant nécessaire d'opposer la remarque que le talc est peu abondant dans toutes les formations de terrains de la Scandinavie. >7o TER Ainsi que M. de Buch l'a fait observer , reupholide cons- titue , soit seul , soit associé à la serpentine , des masses de terrains considérables. 11 pr^roît avoir, au Mont-Rose , plu- sieurs milliers de pieds d'épaisseur. Il en est de même en Coise , au Cap-Nord , dans i île de Cuba et ailleurs. Dans son issocialioii avec l'ophiolite, malgré le3 passages qu'on ob- serve eiilre les deux roches , on remarque ordinairement que i'eupholidc est plutôt placé au-dessus qu'au-dessous du ter- rain serpenilneux , relation qui est la même que celle de la syénite avec le porphyre. Cette position est particulièrement visible au ZoLtenberg ^ en Silésic. La stratification du terrain d'euphotide paroît, en général , très-peu distincte; on n'y a pas cité de mélange de couches, autre que celui des couches de serpentine : on n'y connoit pas de filons. La position géognostique de ce terrain paroît donc être tou- jours la même que celle delà seconde formation deserpentine, c'esl-à-dire,supérieure à tous les terrains primordiaux de roches feuilletées. t\ 1 île de Mageroc, dont la pointe septentrionale constitue le Cau Nord, ou volt los phyilades primordiaux re- couveris par un véritable granité , qui admet quelquefois dans sa composition un peu de diallage. Bientôt cette substance de- vient pi;is abondante , et le granité passe insensiblement à un euphotide très -caractérisé qui se présente ensuite seul, en ruasses de quatre mille pieds de hauteur. Dans le pays de Gènes et dans les Apennins, le terrain d'euphotide et de serpentine s'enfonce au-dessous des plus anciens terrains intermédiaires , et particulièrement au- dessous des schistes exploités , comme ardoises , à Lavagna et à Chiavari. La place de ce terrain paroît donc bien assi- gnée sur la limite des deux premières classes. Remarquons en- core que cette place est celle qu'on a assignée, jusqu'à présent , à la syénite et au porphyre. M. de Buch croit cependant que l'euphotide est de foruiation antérieure à la syénite , parce qu'il n'a vu, dans le Nord , que des porphyres et des syé- niles intermédiaires. Mais s'il existe une formation primor- diale de ces deux derniers terrains, elle doit être à peu près contemporaine de celle de l'euphotide. Remarquons enfin qu'on a observé , dans plusieurs lo- calités , l'euphotide contenant de l'amphibole assez abon- damment,et qu'on connoît aussi desdiabases très-diallagiques. Il existe ainsi un passage complet entre les deux roches , mais on n'a pas encore observé ce passsage entre les deux terrains. Ils paroissenl cependant être associés dans la partie nord-esl du Harlz , près de Hartzburg. TER 171 SÉRIE AMPHÎBOLIQTJE. TERRAINS d'aMPHIBOLITE. L'ampliîbolîte,ou rochede horn])lende,se présente en Lancs suLordonnés dans les terrains de gneiss et de micaschiste ; le plus souvent ces bancs n'ont pas une très-grande épais- seur. Quelquefois cependant leur puissance est considérable ; tels sont ceux observés , par Saussure, à Talpe de Scipscius et au Saint-Gothard. Nous rappenerons ici , que sur la penfe sud-est du Sl.-Gothard, nous avons déjà cité, d'après iM. Escher, l'amphibolile schistoïde situé au-dessous du niica- schiste , du gneiss et du granité. A l'est du noyau granitique du Riesengebirge , l'ampbibolite l'ecouvre immédiatement le granité. On retrouve l'ampbibolite en bancs dans le phyl- lade ; mais ici il forme souvent des montagnes entières , et constitue alors un terrain indépendant , qui alterne avec le terrain schisteux. Les minéralogistes allemands distinguent , en conséquence, ^eHicyor/7Jo//o/25 primordiales d'anipbibolite. Dans la seconde formation on observe assez fréquemment un passage , par nuances insensibles , de l'amphibolite schis- toïde au schiste argileux. La stratification de l'amphibolite est, en général , très- distincte ; souvent le mica qu'il renfern>e lui donne une struc- ture feuilletée. Quelquefois il contient du feldspath en assez grande proportion , et passe à la diabase. Ailleurs, dans les terrains de diabase , quelques couches sont formées , au con- traire , d'une roche d'amphibole presque pure , ou d'un vé- ritable amphibolile. Quand l'amphibolite constitue un terrain indépendant, il renferme, en couches subordonnées, des phyllades , et une partie des couches subordonnées des ter- rains de phyllade. Lescouchesd'amphibolite contiennent quelquefois des mi- nerais métalliques. Les mines de cuivre de Rudelstadt et de Kupferbcrg , en Silésie , s'exploitent sur des gîtes de ce genre , lesquels font partie d'un terrain où l'amphibole est la substance dominante. On connoît aussi , dans ce terrain , des filons métallifères. Plusieurs des filons exploités aux en- virons de Freyberg , en Saxe , traversent les couches d'am- phibolite subordonnées au gneiss. Les montagnes à filons des environs de Joachimslhal , en Bohème, renferment une grande quantité de couches d'amphibolite , et on y observe de nombreux passages du phyllade à l'amphibolite schistoïde. L'amphibolite forme des montagnes quelquefois à pentes roides , et qui présentent un assez grand nombre de rochers escarpés. Ce terrain n'est pas généralement répanda : il existe lya TER cependant dans toutes les parties du monde ; car on l'a re- connu en Sibérie et dans les Cordiiières de l'Amérique mé- ridionale , comme dans les différentes contrées de l'Europe, M. de liuch en a observé des couches nombreuses subordon- nées au gneiss et au micaschiste de Norwége. TERRAINS DE DIABASE. Nous avons vu les roches du terrain d'amphibolite renfer- mer quelquefois du feldspath en proportion telle , qu'elles passoient à la diabase. On a cru remarquer que ce mélange ij'avoit pas lieu , en général , dans les plus anciens membres Ae. la formation. Il semble que, dans les époques les plus re- culées, la cristallisation, plus calme, peimettoit à chaque substance , ou au moins à un certain nombre de substances, de se précipiter séparément , et que les mélanges sont deve- nus de plus en plus abondans dans les époques postérieures. Ainsi , on pense que les diabases, dans lesquelles le mélange d'amphibole et de feldspath constitue l'essence de la roche, sont , en général , dans la série amphibolique , postérieures aux terrains formés des roches d'amphibole pure ou presque pure. On cite cependant, dans les montagnes dites Eulerge- l'irgc^ en Bohème, des diabases qui sont situées au-dessous du gneiss ou du micaschiste , qui alternent avec un granité ancien, et qui sont contenues , en petits amas , dans ce gra- nité, dont elles contiennent aussi des rogno-ns semblables. Les Pyrénées , le Thuringerwald , et plusieurs autres localités, présentent égalemeni le passage du granité ancien à la dia- base , qui est intercallée en bancs dans le granité ou qui re- pose immédiatement sur lui. A l'est du Riesengebirge ^ aux environs de Kupferberg, un terrain, appuyé immédiatement stir le granité central , décrit, par M. de Raumer , sous le iio'.u de schistes verts ^ et dans lequel Tanjphibole domine , paroit formé , en général , de diabase schistoïde , passant quelquefois à l'amphibolife , et quelquefois au gneiss et au micaschiste. On cite encore beaucoup d'exemples de dia- base en bancs subordonnés, dans le gneiss et le micaschiste ; mais on s'accorde cependant à reconnoîlre que la plupart des diabases primordiales se présentent , soit en bancs subordonnés dans les phyllades ou dans les calcaires , soit en terrains indépendans , qui alternent avec les phyllades. On indique aussi une troisième formation de diabase qui, géognosliquement semblable à la formation prin- cipale du porphyre, recouvre tous les terrains primordiaux de roches feuilletées en gisement transgressif; mais cette for- mation est bien moins connue que les deux premières. Les roches nui coaslitucnt, le plus souvent, les terrain^ T E R 175 de dfabase , sont les variétés granîtoïde et schistoïde de la roche de ce nom ; mais toutes les autres variétés s'y rencon- trent aussi , quoique moins fréquemment. On doit encore rapporter à ces lerrains l'ophitc ou porphyre verl ^ et le méla- phyre on porphyre noir ; on croit que ces deux roches appar- tiennent particulièrement à la troisième formation de diabnse que nous venons d'indiquer. La stratification des terrains de diabase est quelquefois as- sez distincte , mais souvent aussi on a quelque peine à la re- connoîlre. Le terrain de diabase renferme , comme couches subor- données , principalement des calcaires , des quarziles et des phyllades. Dans la partie nord-est du Harlz , ce terrain pa- roît associé à l'euphotide et à la serpentine. La diabase con- tient quelquefois aussi des minerais métalliques. Les amas de fer oxydulé y sont assez fréquens dans le nord de l'Europe. La célèbre montagne du Tuherg ^ en Smoland , est formée par une couche puissante de diabase , mélangée de beaucoup de fer oxydulé, et subordonnée à la seconde formation du gneiss. On a indiqué aussi les mines d'jffidelfors, comme exploitées dans la diabase ; mais au rapport de M. Hausmann , la roche qui constitue ce terrain, et qui est nommée hornlerg dans le pays, est un mélange intime d'amphibole, de quarz et de mica, et non un mélange d'amphibole et de feldspiith. La diabase renferme assez fréquemment des filons métal- liques. Les filons d'argent de Kongsberg, en Norwége , cou- rent dans des montagnes de gneiss et de micaschiste, qui renferment des bancs puissans de diabase porphyroïde ; et on assure que ces filons sont constamment plus riches, quand ils traversent la diabase , que dans le reste de leur étendue. En Saxe , les filons de Schneeberg traversent la diabase schistoïde , ainsi que le micaschiste dans lequel elle est encaissée. Ceux de Gersdorf sont entièrement dans la dia- base ; on prétend même qu'ils ne pénètrent pas dans le phyi- lade qui la recouvre. La diabase forme elle-même des filons dans le gneiss , près de Caracas, dans l'Amérique méridionale; ainsi qu'en Suède, aux environs de Stockholm ; dans la Lusace et ailleurs. Au Mexique , près de Valenciana et d'Avexeras , district de Gua- naxuato , on observe des couches de diabase et de s> éniie qui alternent entre elles à plusieurs reprises, et on voit la syénite former des filons dans la diabase , comme la diabase dans la syénite. Les montagnes des terrains de diabase ont, en général, des formes peu aiguës, parce que la roche s'altère facilement par les influences atmosphériques , et se convertir en une subs- i;^ • TER tance terreuse , qui a(3oucîl les pentes. On y rcn)arque ce- pendan! un assez grand nombre de rochers saillans. La diabase est plus universellement répandue que Tam- phibolile. On la conuoit dans presque toutes les contrées pri- mordiales , et elle doit êlre considérée comme le membre principal de la série des terrains amphiboliques. Par les pas- sages qu'on observe de la diabase à la syénite el à TeupLo- tide , la série amphibolique est liéje aux séries feldspathique ft talqucuse, comme les passages de l'amphibolite au pliyl- lade lient cette série à la série micacée. TERRAINS- DE TRAPPITE ET DE CORNÉENNE. Le trappitc et la cornéenne sont beaucoup moins abon- dans, dans les terrains primordiaux, que la diabase. Le plus ordinairement, ils sont subordonnés à ce dernier terrain ; quelquefois aussi , ils sont seuls, subordonnés à d autres ter- rains des séries micacée et fi-idspalhiqtîe. La stratification des terrains de trappite et de cornéenne est quelquefois peu distincte. Assez fréquemment , on y re- marque des escarpemens qui se succèdent conmie en forme d'escaliers ; mais souvent , d'ailleurs, les pentes sont adou- cies et arrondies, par suite de l'altération de la roche. Du reste, leur gisement dans les contrées primordiales est, en général , peu connu. Nous citerons seulement les trappites de Raon-l'Etape , aux pieds des Vosges, el les corneenncs des environs de Rolhau dans les mêmes montagnes, qui pré- sentent les gradins symétriques dont nous venons de pailer , qui offrent, d'ailleurs, des passages géognosliqucs nonibreus, aux diabases el aux roches granitoïdes et porphyroïdes d« la même contrée. Nous citerons aussi le terrain Ag Hurnherg qui conslilue le pays à mines d'T^delfors en Suède, et dont la roche, formée, d'après M. M ausmaim, d'un mélange intime d'amphibole avec quarz et mica , nous paroît devoir être rap- portée aux corncennes. Ce terrain est subordonné au gneiss de la seconde formation. On a cité aussi des spilliics ou amigdulu'ùJes primordiales , à Berncck dans le pays de Barcuth , cl ailleurs ; mais ces in- dications paroissenl douteuses, et les plus anciens terrains de spillite sont en général regardés comme appartenant à la classe Intermédiaire. SËHIF, CAl-CAÎRE. Les terrains qui constituent celle série sont essentielle- ment formés par une roche d'une nature entièrement étran- gère aux roches principales de tous les autres terrains. Le Calcaire ou la chaux carbonaiée en forme la base, el le plus ordinairement, il les constitue geul ou presque seul. T E R 175 Assez souvent , ce calcaire renferme un peu de mica, quel- quefois du talc , et il constitue, dans ces deux cas, les roches que nous avons nommées Cipulin , et Ophicalce gretsu. Il renferme aussi des noyaux ou de petits amas de quarz et autres minéraux disséminés, que nous avons indiqués à l'ar- ticle des roches à hase de cah.ahc. Dans le nombre des variétés qui forment les roches princi- pales des terrains calcaires, on doit remarquer principalement la DoLOMiE qui s'y présente quelquefois en couches extrême- ment puissantes, spécialement dans le voisinage des terrains talqueus. Fréquemment, celte dolomie contient des cristaux d'amphibole blanchâtre désignée sous le nom de gramniaiile ou de trémolithe. Les terrains calcaires primordiaux contiennent , en bancs subordonnés , principalement des diabases et des serpenti- nes , quelquefois des phyllades, des micaschistes, des sléa- schistes, même des gneiss, et on observe des espèces de pas- sages géognostiques entre le calcaire et plusieurs de ces ter- rains, en ce quedifférens membres de la série calcaire s'as- socient plus ou moins intimement , soit avec des schistes, soit avec des amphibolites , diabases et cornéennes, soit et surtout avec dos serpentines. Les mélanges qui indiquent ces associations, étant composés de parties constituantes de na- ture essentiellement distincte l'une de l'autre , doivent eux- mêmes constituer des agrégations bien distinctes de toutes les autres roches : et en effet, l'association du calcaire avec la serpentine , donne naissance aux belles roches connues sous le nom de vert antique , vert d'Egypte , vert de mer^ etc. , et que nous avons nommées ophlcale hrouUlée. L'association du calcaire avec le phyllade produit le calscliisle; celle du calcaire avec les amphibolites et diabases, produit l'Aerni/rertf. On a cité aussi quelques mélanges de cornéenne et de cal- caire , mais auxquels on n'a pas cru reconnoître encore de caractère assez constant pour en former le type d'une espèce de roche. Parmi les masses minérales qui constituent les terrains calcaires primordiaux , il faut citer particulièrement aussi les gîtes de minerais métalliques qui s'y présentent fréquem- ment subordonnés , en bancs , en petits amas , ou en vei- nules disséminées dans une ou plusieurs couches calcaires. La galène argentifère est exploitée dans un banc calcaire , à Sabla en Suède ; la galène , la blende , les pyriies , certains minerais de cuivre , se présentent ainsi , dans les calcaires primordiaux des Alpes Piémontaises , comme dans ceux de la Saxe ; l^s minerais de fer oxydulé y sont aussi assez fré- quens. Aux célèbres mines de fer de Rancierdans les Pyré- ,76 TER nées , on exploite une espèce de colonne métallifère, ou d'a- mas parallèle ^ formée de fer oxydé , fer lijdralé, fer spa- thiqiie , etc. , et encaissée dans une des couches d'un terrain calcaire qui est superpose iinniédiatenient au granité (i). En Hongrie près de Rhonitz, le fer hydraté constitue plusieurs bancs situés entre le calcaire et le micaschiste. Nous avons vu que le terrain calcaire se monlroit déjà comme subordonné à quelques terrains granitiques ; on le retrouve subordonné de la même manière , à presque tous les terrains des autres séries , particulièrement à tous ceux des séries micacée cl talqucuse. Il faudroit donc, si l'on vou- loit spécifier les formaù'ons culcaires , en établir à peu près au- tant qu'il existe de terrains primordiaux de toute espèce; mais l'embarras que nous avons éprouvé, dans l'élude des sé- ries précédentes , pour éli*blir des distinctions précises entre les divers terrains et les diverses forinations de chaque série , deviendroit bien plus grand encore , si nous essayions de déterminer quelques disliaciions semblables dans les terrains calcaires. On ne peut, en effet, considérer ces terrains que comme une fornialinn non inlenonipue , pendant toute la période primordiale. jSon-seuIcment on remarque ici, entre ces diftérens calcaires , les passages insensibles que l'on retrouve toujours en géognosie ; mais il est même plus exact de dire qu'il n'y a souvent point de passage , parce qu'il n'y a point de changemens , et que les calcaires primordiaux sont ordinairement de même nature à toutes les époques de celte classe , sauf l'influence qu'exercent sur eux les terrains auxquels ils sont subordonnés, et la tendance aux associations dont nous venons de parler. Ainsi l'associa- tion du calcaire avec les roches micacées ou talqueuses, très-feuilletées, fait prendre quelquefois au terrain une dis- position et une texture schistoïde , qui changent une partie des caractères de la roche. On doit observer que l'abondance des terrains calcaires devient , en général , d'autant plus grande que les terrains auxquels ils sont asssociés , sont moins anciens. Il paroît donc que la cause quelconque qui a produit le calcaire , peu puissante d'abord , a augmenté de force successivement. Nous verrons celle augmentation continuer dans les deux classes suivantes ; mais dans la première? classe , beaucoup de géo- (1) A l'arllcle Gîte de minerais, nous avons indiqué le gîte de Rancier d'une manière un peu moins précise; mais c'est depuis l'impression de cet article qu'on a reconnu, au moyen de travaux dirigés par M. l'ingénieur en chef d'Aubuisson , que l'ensemble de tous les rognons , litj et veinules de minerai de 1er , formoit , dans le calcaire , une espèce de coionne , ou i namat parai '(le. TER \rjj îogaes regardent comme douteux que le calcaire constitue aucun terrain véritablement indépendant. On clie cepcDditnt des rameaux de montagnes, des îles entières (celles de Paros et d'Antiparos dans l'Archipel ), comme formées de calcaire primordial; mais ces indications laissent à désirer un plus grand degré de certi'ude , et les rapports de gisement de ce terrain calcaire avec les autres terrains, n'ont pas été bien reconnus. Il paroît seulement probable que celte foimalion seroil contemporaine aux forniations de micaschiste et de phyl'ade. Le terrain calcaire est quelquefois bien stratifié ; quelque- fois aus,"i , sa stratification n'est nullement distincte. Il sem- ble souvent constituer ^es amas plutôt que des couches réglées, et il est traversé par une multitude de fissures dirigées dans différens sens ; mais souven!. aussi, ces mêmes giles, qui of- frent, dans leur examen en petit, peu ou point d'indices de stratification , étant considérés en grand , présentent une disposition remarquable par sa régularité et sa continuité sur «ne même ligne , pendant une très-longue étendue. M. de Charpentier a observé , dans les Pyrénées , des bancs cal- caires dans le granité , sur plus de quatre lieues de longueur continue, La roche de ces bancs contient une assez grande proportion de graphite disséminé ; elle contient aussi du talc, du mica , de l'amphibole blanche et soyeuse , de la chaux fluatée , de l'hématite rouge et du fer sulfuré. Les bancs cal- caires sont divisés en assises, séparées quelquefois par des petites couches de granité et de gneiss. Ceux que l'on con- noît dans les terrains de roches micacées de V Erzgebirgc , se retrouvent , sur une étendue considérable , dans des lignes parallèles à la direction des terrains qui les encaissent. Dans le iesengeb'irge en Silésie , où le noyau granitique est recou- vert, dans les différentes parties de son pourtour, par des roches de différenie nature, gneiss, micaschistes, phyllades, et même des roches amphiboliques schistoïdes , M. de Raa- mer a reconnu une continuité bien frappante dans la direc- tion suivant laquelle on retrouve le calcaire subordonné à tous ces terrains : il semble que ce soient les mêmes couches calcaires, qui passent du micaschiste dans le phyllade et dans la diabasc. Le calcaire primordial présente, en outré, déjà le caractère propre aux formations postérieures de la même nature , et renferme dés cavernes ; du moins on cite comme existant dans ce terrain, les célèbres grottes d'Antiparos,' ainsi que la cavité dite Klizzelloch , près Kauffungen en Si- lésie. On ne connoît pas do filons qui puissent cire regarct\ro, amphibcliqi'.e, charbonneuse et auJres, la liaison est telle, entre les derniers terrains de cette classe et les premiers de la classe suivante, qu'il est plus que prob.ible que les mêmes terrains sont rap- portés aux deux classes dans des localités différentes, d'après les indiir.jions que peuvent offrir leurs rapports géognostiques soit seulement avpc des terrains plus anciens, soit seulement avec des terrains plus nouveaux. Nous ferons observer que l'apparition des débris d'êtres organisas dans les roches, tel peu impor!:i.nt que puisse paroîtrc, sous le rapport physique , un fait q'ii s'annonce d'abord d'une manière si rare, détermine cependant, avec l'apparition des fragmens roulés de roches plus anciennes, la seule ligne de démarcation tranchée qui pa- roisse exister, engéognosie, pourles terrains anciens; qu'ainsi les terrains intermédiaires doivent être considérés seulement comme les plus anciens terrains secondaires , et que pourtant ces terrains conservent toute la disposition , toute Vallwe des terrains primitifs , tandis qu'ils ne ressemblent en rien aux terrains secondaires plus modernes. On avoit prétendu que la stratification des terrains inter- médiaires éloit toujours différente de celle des terrains primor- diaux situés au-dessous d'eux. Ce fait, s'il éloit exact, offri- roit im caractère bien tranché pour reconnoîlre toujours la limite entre les deux classes , et feroit penser d'ailleurs qu'il a existé , entre leurs époques de formation , un assez long intervalle, pendant lequel la forme du sol primordial auroit éprouvé des changemens; mais il n'en est pas ainsi, au moins dans le pins grand nombre des localités où les observations . ont été faites avec soin. Le plus souvent, le gisement des uns est concordant ou uniforme avec celui ans autres ; Leurs couches se suivent parallèlement , le changement de nature de la roche y est même souvent insensible , et il faut attendre à avoir rencontré quelques débris d'êli"',*s organisés, ou quelque couche de roche arénacée, pour déterminer non pas que là est la limite , mais seulement que le terrain inter- médiaire remonte sûrement jusque là , en attendant que de nouvelles observations analogues prouvent qu'il remonte en- core plus haut. TER i85 Relallvemenl à leur forme extérieure , à leurs de'range- mens, à leurs accidens, les deux classes de terrains présentent la même concordance que relativemeiU -i la disposition de leurs couches : toutes deux constituent de hauses montagnes, et présentent des escarpemcns nombreux (Ces deux caractères sont cependant, en général, moins prononcés d;»ns la se- conde classe que dans la première. ) Enfin , toutes deux pré- sentent les mêmes espèces de gites de minerais métalliques ; toutes deux font partie de Tancienne classe àes montagnes à fiJom (;ganggebirge) des mineurs allemands , et c'est seulement à la troisième classe , telle qu'on la considère encore aujour- d'hui , que commencent les montagnes à couches {flœizgehirge'). On a cru remarquer,dansun assez grand nombre de locali- tés , que les filons des terrains intermédiaires étoient plus puis- sans et plus irréguliers dans leur allure que ceux des terrains primordiaux; mais il est douteux que ce fait puisse être géné- ralisé, ou au moins il souffre alors de nombreuses exceptions. Les formations de transition sont particulièrement com- posés de terrains de sédiment et de terrains de trans- port ; elles contiennent cependant aussi des terrains cris- tallisés bien déterminés. Ceux-ci sont faciles à rapporter aux séries que nous avons établies dans les terrains primor- diaux , et dont ils forment la continuation dans la seconde classe ; mais, dans les terrains de sédiment et de transport, \qs differens principes constituans des roches deviennent de plus en plus mélangés; on peut cependant rcconnoîlre, au moins pour la plupart dentre eux , les séries auxquelles ils semblent appartenir. La série micacée est encore, dans cette classe comme dans la première, celle à laquelle appartien- nent les terrains le plus généralement répandus et les plus importans. Ce n'est plus cependant que par analogie , que ntjus lui conservons ce nom.de micacée^ car le mica n'y est plus reconnoissable , au moins dans la masse principale des roches ; mais, comme nous verrons la série taiffueuse se mon- trer, avec des caractères très-prononcés, dans les formations les plus anciennes de la classe, il faut distinguer la première , d'après le caractère des terrains primordiaux dont elle est la suite , au moins jusqu'au moment où les deux séries, lout-à- fait confondues ensemble , peuvent prendre le nom commun de série schisteuse. La série calcaire commence ici à constituer aussi des masses considérables de terrains. De plus , et indé- pendamment des différentes séries déjà rjiconnues dans les terrains primordiaux, nous verrons commencer, dans les terrains interniédiaires , trois autres séries que nous dési- gnerons sous les noms de séries charlwnneiise ^gypscuse et sa/iae^ »86 TER €t qui se prolongeront , en se développant davantage , dan» les premiers terrains secondaires. SÉRIE MICACÉE. Celte série comprend des terrains de sédiment et des ter- rains de transport. Les premiers sont des phyllades et schistes désignés, par les minéralogistes allemands , sous le nom de schistes de transit/on ; les seconds sont les psammites et les poudingues, que l'on réunit, quand ils appartiennent à la classe intermédiaire , sous le nom de grauwacke. TERRAINS DE PHYI.LaDE ET DE SCHISTE. On reconnoît au moins deux formations de phyllades intermédiaires. Oans la première, le phyllade constitue seul un terrain indépendant ; dans la seconde , il alterne avec la f;raiuvacke. La PREMIÈRE DE CES FORMATIO^•s paroît , en géné- ral,plus anci( une que laseconde; elle forme la suite delà for- maiionprimilivede la même roche, suite noninterrompue et dans laquelle on ne sait où placer la limite entre les deux classes ; de telle sorte que beaucoup de terrains de cette es- pèce ont été pendant long-temps regardés comme primor- diaux, jusqu'à ce qu'on y ait eu découvert quelques débris de corps organisés ou quelques couches de roches agrégées. Dans cedernit'r cas, le passage le plus insensible a lieu , du schiste le plus pur à un psammile à grains fins et ensuite à plus gros grains , ainsi qtie nous l'avons indiqué en parlant des phyllades primordiaux , d'après les observations que nous avons faites en Saxe , aux environs de Dohna , sur la rive gauche de TEIbe. Nous avons reconnu à ces phyllades inlermédiaires , qui reposent en gisement cunrordant sur les gneiss et micaschistes, tous les caractères; nous y avons observé toutes les variétés de texture, de couleur, de com- position accidentelle, qu'on reconnoît exister dans les phyl- lades primordia:is ; nous y avons observé aussi des bancs subordonnés d'ampélite ou schiste alumineux , de jaspe srhistoïde , d'amphibolite , d'eurile compacte , de gneiss, de syénite, môme de granité , et des passages de toutes ces ro- ches à la r jchc principale ; enfin des bancs de porphyre, de quarz , de diabase grenue et scîustoïde , de calcaire, et de minerais de cuivre, plomb et fer. Nous avons reconnu, dans le même pay^ , un semblable passage, une liaison aussi in- time entre les phyllades réputés primordiaux des environs de Schneeberg et ceux qui, à peu de distance au nord de cette ville,ahernent avec des bancs de psanimile à très-gros grains, TER 187 el ^e calcaire renfermant des débris de corps organisés. Les mêmes relations ont été observées, par M, de Buch , dans plusieurs localilA de la Norwége , entre les schistes qu'il regarde comme primordiaux, et ceux qui alternent avec des calcaires de transition , et qui passent insensiblement à la grauwacke. Le terrain formé de couches alternatives do cal- caire et de schiste est recouvert , dans les environs de Chris- tiania , par un porphyre , et traversé par de nombreux filons remplis par le même porphyre. Dans la Schonie , les phyl- lades intermédiaires renferment des couches d'ampélite , et alternent aussi avec le calcaire intermédiaire; mais dans la Gothie occidentale , ce terrain de phyllade et d'ampélile recouvre encore le calcaire , et ses couches en renferment de nombreux fragmens. Il est recouvert , à son tour, par un terrain de diabase , et le tout est disposé, en couches hori- zontales, au-dessus d'un grès qui repose immédiatement sur le gneiss. Les phyllades du département du Finistère , long- temps considérés comme primitifs , et dans lesquels M. de la Fru- glaye a reconnu un fragment A''en'roquc près de Morlaix, dans lesquels on vient aussi de reconnoîlre, aux mines de Hueigoët, quelques débris de coquilles et des fragmens roulés d'autres roches ; ceux de Waltcviile , département de la Manche , où M. Brongniart a obsorvé des empreintes (labelliformes qui semblent analogues à différens genres de plantes marines , mais sont trop incomplètes pour «lire bien reconnoissables ; ceux des environs de Goslar au HarJz, que Werner ciioit comme exemples de la formation primordiale des schistes argileux, et où l'on a trouvé aussi , depuis quelques années , des indices certains de corps organisés qui ne sont pas encore bien déterminés , peuvent servir d'exemple de l'extension que prend cette formation , d'après les observations nou- velles , aux dépens de ce que l'on croyoit être la formation primordiale des phyllades ; de sorte qu'il est impossible de lui assigner des caractères différens de ceux que nous avons in- diqués pour lesphyllales primordiaux. On a dit, pendant long-temps, que \qs schistes intermédiaires étoient plus ter- reux, plus tendres , moins bien feuilletés que ceux de la première classe ; mais ce caractère ne peut être assigné, tout au plus, qu'à ceux des phyllades intermédiaires qui alternent avec la grauwacke, et qui s'en rapprochent Je plus; et quant au tissu plus ou moins parfaitement feuilleté , il suffira de faire remarquer que les célèbres exploitations d'ardoise des environs d'Angers en France , des environs de (iènes en Ita- lie , des environs de Goslar au Hartz , ont lieu dans ce 1er- £88 TER rain, ponr prouver l'inexactitude d'une assertion qu'on a soifc^ vent répétée. Les phylladcs de cette formation sont souvent colorés en l)lcu noirâtre , et celte couleur paroît due fréquemment à un principe charbonneux, qyi y est combiné en proportion no- table. Quelquefois le carbone y devient, assez abondant pour que les schistes soient presque combustibles; M. Haus- mann cite des exemples de ce fait dans les schistes du Ram- melsberg au ïlartz ; ceux o!ites,et se confondre quelquefois avec celle des diabases et des trjppiles. M. Broclianl a indique la corncenne en bancsSuLordoiinés aux stéaschistes de la Taren- taise. On a cité, pr«s de Berneck dans le pays de Bareulh, des amygdaloïdes primordiales qui doivent être probablement rapporices aux anciennes formations intermédiaires. On en indique dans plusieurs localités de la Bohème et du Voigtland, comme superposées à tous les terrains primordiaux. On veut aussi rapporter à ces formations intermédiaires : r,*^ Les trapps amygdaloïdes ou toadslone du Derbyshire, qui alternent avecles calcaires de la même contrée d'une nianièrc assez irrégulière , et qui ne sont pas traversés par les filons métallifères qui courent dans le terrain calcaire ; mais il y a ici autant d'incertitudes que de faits énoncés. Les minéralo- gistes anglais rapportent le calcaire du Derbyshire au calcaire alpin et non aux terrains intermédiaires ; il est douteux que le trapp soit disposé en couches qui alternent avec le calcaire ; enfin , il est douteux que les gîtes de minerai soient de véri- tables filons. 2 ° La formation trappéenne des bords de la Nahe , qui forme une zone dirigée du nord-est au sud-ouest (comme le cours de la Nahe et comme tous les terrains schisteux de cette contrée) depuis les environs de Creutznach jusqu'aux sources de la Nahe et de la Brems, et qui jette des rameaux vers l'est jusqu'aux environs du Monl-Torinerre , zone dont la masse principale semble séparer les terrains de phyllade et de quarz du Hunsdriick des terrains secondaires anciens du Palatinat. Elle renferme les amygdaloïdes, les rétinites et les porphyres des environs d'Oberstein, les mines de cuivre de Fischbach et de Nolifeld, etc. On a regardé long-temps celte formation comuie primordiale. Depuis, en la classant parmi les terrains intermédiaires, on l'a désignée comme plus ancienne que les terrains schisteux du îlunsJruck; cependant tous les indices de stratification qu'on remarque dans les trapps et cbrnéennes de la Nalu", montrent que leurs couches penchent tantôt vers le uord-esi , tantôt vers le sud-est, par conséquent qu'elles semblent toujours s'appayer sur les terrains de phyllade et de quarz situés à l'ouest et au nord -ouest du terrain trap- péen. De plus , des observations récentes tendioient à faire penser que cette formation alterne avec des couches de pou- dingues à gros fragmens qu'on observe près d'Oberstein, et avec des couches de grès rouge qui traversent la Nahe à 'plu- sieurs reprises entre Oberslein et Kyrn , ce qui rangeroit T E Px. 2i3 tout ce terrain dans les formations secondaires. Celte opinion paroît confirmée par des passages que nous avons observés entre les cornéennes, les amygdaloïdes et de véritables ro- ches agrégées , tant aux environs d'Oberstein que près de Wadern , et sur la montagne de Schaumherg près Tholey. D'un autre côté , M. Omalius-d'Halloy dit que les schistes du Hunsdriick lui ont paru reposer en quelques endroits sur les cornéennes ; on ne peut donc avoir encore aucune opi- nion certaine, sur la place à laquelle on doit ranger la forma- tion trappéenne de la Nahe. Une incertitude semblable existe pour un terrain formé de roches trappéennes, porphyroïdes et amygdaloïdes, qui existe dans la partie sud-est du Hartz. Ces roches recouvrent le terrain de grauwacke, mais plusieurs motifs portent à les re- garder comme de formation contemporaine à un terrain houiller avec lequel elles sont en contact. Il en est encore de même pour un terrain semblable, formé principalement d'amygdaloïdes , qu'on observe près de Pla- nilz en Saxe , et qui paroît devoir être rangé plutôt dans la troisième que dans la seconde classe. Enfin , plusieurs minéralogistes désignent coqime inter- médiaires , des teçrains trappéens que d'autres observateurs rapportent auxformations volcaniques; telle est, entre autres, la formation trappéenne de Fassa en Tyrol , composée de cornéennes , d'amygdaloïdes, de vakites , etc. M. Brocchi dit que plusieurs couches de ce terrain alternent , près de Moli- gnon et de Fedaja , avec des couches de calcaire intermé- diaire. Les minéralogistes allemands indiquent , comme faisant partie des terrains de trapps intermédiaires , une roche lormée entièrement de boules de cornéenne qui se délitent pajj couches concentriques ; ils la nomment kugelfeh. L'exis- tence de cette roche semble offrir un nouveau fait à l'appui de l'opinion que nous venons d'émettre, sur les passages qui existent entre les trapps réputés intermédiaires et des roches agrégées. Nous voyons d'ailleurs que , relativement à la plupart des terrains trappéens qu'on a cités comme intermédiaires, il existe une incertitude très-grande sur la classe à laquelle ils appartiennent réellement. La confusion qui a eu lieu jusqu'à présent entre les terrains amphiboll«]ues et les terrains py- roxéniques, est peut-être une des causes principales de cette incertitude. La stratification des terrains trappéens est ordinairement peu distincte ; quelquefois cependant les couches sont bien marquées. Ils ne renferment pas, en général, de couchcà 2i4 TER subordonnées , ni de gîtes de minerais métalliques ; cepen- dant ceux des bords do !a ]Sah<' contieciitnt un assez grind nombre de fiions de ruivre qui leur ont même valu , dans le pays , le nom de hii)frigihirge. Les terrains trappéens for- mant , rn général , des montagnes à sommets arrondis , mais dont le? (lancs sont déchirés t^t présentent de nombreux ro- cberssaillans. Ltur surface est souvent recouverte d'une terre d'un roiig.' brunâtre provenant de i altération et de la désa- grég.'tion des roches trappéennes. Les lorinations trappéennes intermédiaires semblent être peu généralement répandues. ATI'E^BICE A LA SÉRIE TRAPPÉENNE INTERMÉDIAIRE. TERRAINS Dt BASALTE ? OU DE DOLERITE ? M. Hausmann indique, comme appartenant aux terrains intermédiaires, une formation trappéenne qu'il a observée près de Sandefiord, sur la côte de Norwége. Sur un quarzite grenu passant au grès, qui constitue des couches inclinées de 20 à 5o degrés vers l'ouest et le sud-ouest , repose un spillite amygdaloïde {mamîelstein ) qui se change bientôt en ku^elfels^ parce que la pâte argilo- ferrugineuse se fornie en boules qui se détachent facilement l'une de l'autre ; puis cette pâte de- vient plus dure et plus serrée , les amandes disparoissent , la masse prend toute l'apparence du basalte; on y voit encore quelques points calcaires ; ils disparoissent aussi , et , à leur place , on trouve de nombreux cristaux de pyroxène noir- verdâtre qui donnent à la roche une structure presque por- phyrique. Cette roche est traversée, en.différens sens, par beaucoup de fentes qui la divisent en piliers irréguliers pour la forme des angles , le nombre des côtés , etc. Toute la contrée estformée de terrainsiniermédiaires; iln'y existe pas lamoin- dre app.Trence d'aucun terrain réputé volcanique : M. Hafes- mann regarde donc ce basalte comme appartenant aussi aux formations intermédiaires , et ajoute seulement que ce fait est un des paradoxes géognosiiqnes que le sud de la Norwége présente en grande quantité. Quelle que soit la confiance que doive inspirer le nom de l'auteur de cette observation , il peut paroître difficile de ne pas douter de la rigueur de la conséquence qu'il en a tirée. SÉRIE I ELSDPATHIQUE. Les roches des terrains feldspathiques intermédiaires prc- .=>entent, dans leur structure, la même exception que les roches des terrains trappéens , à la règle d'après laquelle celte structure , tout-à- fait cristalline dans les plus ancien- T E R 2i5 nés formations primordiales, devient, de plus en plus, confuse et terreuse à mesure que les formations sont plus récen^ tes, règle que l'on peut cependant considérer, d'ailleurs, comme générale , et dont la plupart des autres genres des roches nous ont présenté l'application. L'exception est même encore plus prononcée , plus frappante , dans les terrains feldspalhiques que dans les précédons ; aussi les géologues ont- ils été plus long temps sans soupçonner que cette excep- tion pût exister. Ici , les roches le plus éminemment cristal- lines , comme les roches qui composent les terrains les plus anciens , se représentent superposées à des terrains de sédi- ment , à des terrains de transport , et à des terrains qui ren- ferment des débris nombreux de corps organisés. Ainsi , ii devient évident que la cause , incompréhensible pour nous , qui a pu tenir en dissolution les roches primordiales, s'est renouvelée lorsque de grandes révolutions avoient déjà bou- leversé le sol que la précipitation chimique avoit primitive- ment produit, qu'elle s'est renouvelée après l'apparition des êtres vivans à la surface du globe. Saussure avoit dit formel- ment plusieurs fois , dans ses ouvrages, qu'il lui paroissoit très-possible que la nature eût produit, à plusieurs reprises, des terrains cristallins; mais cette supposition serabloitbien peu probable à la plupart des minéralogistes ; on étoit tou- jours tenté d'attribuer à des causes volcaniques, les lerraina trappéens ou porphyriques qui présentoient cette anomalie singulière ; et ce n'est que depuis un petit nombre d'années , que des observations exactes et constatées avec soin , ont établi, comme un fait , la supposition de Saussure ; fait re- gardé aujourd'hui comme incontestable dans plusieurs loca- lités éloignées les unes des autres , comme probable dans un plus grand nombre d'autres localités , et comme douteux , et nécessitant de nouvelles observations dans un plus grand nombre encore. Il résulte, en effet, de la seule confirmation de cette idée opposée aux anciens principes géognostiquos, que presque tous les terrains réputés primordiaux demandent aujour- d'hui un nouvel examen , avant d'être confirmés dans la place qu'on leur avoit jadis assignée , autant par conclusion des idées reconnues comme généralement applicables , que par suite d'observations spéciales. Tel voyageur a cité le granité connne noyau d'une contrée qu'il a parcourue , seulement parce qu'il y a reconnu des granités , et que ce terrain deQoit Otrc toujours situé au-dessous de tous les autres. Dans tel groupe de montagnes, formé de roches cristallines et de roches de sédiment, ou de transport,les premières ont été i&- âi6 TER diquécs comme placées au-dessous des autres , parce qu'on n'auroit pas osé f.oupçonner qu'il put en être autrement. Observant avec des Idées générales toutes faites , on éloit conduit, même sans s'en douter, à remarquer surtout les faits qui présentoieiii une application de plus de ces idées générales , et on auroit cru perdre complètement son temps , en cherchant à approfondir les inductions qui sembloient conduire à des idées contraires, à étudier ce qu'on regardoit comme des anomalies apparentes. Maintenant que ces ano- malies , que ces relations de gisement, contraires aux prin- cipes reçus , sont prouvées pour un certain nombre de pays, on doit croire qu'il peut en être de même presque partout , et il' en résulte une incertitude générale , relativement aux rapports géognostiques des terrains anciens, et par consé- quent , relativement à presque tout ce que nous avons énoncé, depuis le commencement de cet article. Cependant, de nouvcHes observations, faites avec soin , et précisément dans le but de chercher à reconnoîlre ce qui étoit vrai, abs- traction faite de ce qu'on croyoit devoir l'être, ont montré aussi , pour plusieurs localités , la confirmation des anciens principes. Nous avons donc été fondés à les conserver , mais .sans leur donner une généralité absolue, et en indiquant, sur chaque point, ainsi que nous avons tâché de le faire, les doutes que l'état actuel de la science peut avoir fait naître , ou avoir contribué à lever. La série feldspathique des formations intermédiaires com- prend des pétrosilex, des euriles, des porphyres, des syé-- nitcs , enfin des granités. TERRAINS DE PÉTROSILEX ET d'eURITE. Le pétrosilex, ou feldspath compacte, a étç long-temps regardé comme appartenant exclusivement aux terrains pri- ïnordiaux, pour la rcconnoissance desquels sa présence ser- voit même quelquefois comme d'une espèce de caractère empyrique ; on l'a observé cependant aussi dans les terrains intermédiaires. Saussure a fait connoître celui des environs de Martigny et de la cascade de Pissevache(§ lo^G h loSy); îl se présente en couches minces , feuilletées , presque verti- cales , traversées par de nombreuses fissures parallèles Cntre elles, et qui coupent presque perpendiculairement ^es couches. Ce pétrosilex admet quelquefois des cristaux de feldspath, et passe ainsi au porphyre, ou plutôt à l'eurite porphyroïde de IM. Jirongniart ; le tout alterne avec des poudingues et des calcaires noirs. On retrouve, dans les TER 217 Pyrénées, la même assocfation du pétrosUex avec les cal- caires intermédiaires el les graiiwackes. M. Omalius-d'Halloy a observé l'eurite porphyroïde rou- gcâlre, en bancs, danslesphyilades intermédiaires deVatte- viile, en Gotentin. Cet eurite renferme de petits cristaux de quarz ; la pâte n'est pas très-décidément compacte, et il semble passer à une roche graniloïde. Près de lierrstein , dans le Hunsdriick , nous avons ob- servé nn banc d'eurite porphyroïde encaissé dans des cou- ches presque verticales de phylladc ; il contient des cristaux d'amphibole. Nous avons également observé des bancs d'eu- rite compacte et grenu {Homfeh), dans les anciens phylla- des intermédiaires de Saxe : cette roche semble quelquefois former un passage entre les phyllades et les granités qui les recouvrent sur la rive gauche de TElbe. A Schœnefeld, cn*Saxe, on exploite l'anthracite dans un porphyre gris ( qui est un eurite porphyroïde de M. Bron- gniart ); entre les couches d'anthracile , on observe des ro- ches de transport, analogues au grès des houillères ou à un poudingue argiloïde. Au-dessous de la couche supérieure , uiie roche, également arénacée, et qui renferme des frag- mens de gneiss et de quarz, présente, par la décomposition et le mélange intime de toutes les parties qui la composent, une série de nuances dans lesquelles, d'après les observa- lions de M. Beudant , la pâle s'épure de plus en plus, et devient un véritable pélrosilex gris. Au milieu de ce pélro- silcx, il se montre, en même temps, des cristaux de feld- spath blanc , et la roche passe ainsi au porphyre qui cons- titue la masse du terrain. Ce petit nombre d'exemples suffit pour donner une idée du gisement du pétrosilex et de l'eurite, dans les terrains intermédiaires; il sert, en même temps, à indiquer les pas- sages qu'on observe , d'une part , entre ce terrain et le por- pliyre , le granité , les l'oches amphiboliques , d'autre part , entre ce même terrain et les terrains de transport. Le terrain péirosiliceux paroît être peu généralement répandu ; il semble aussi ne constituer que des bancs subor- donnés , peu considérables. TERRAINS DE PORPHYRE. Nous avons exposé , à l'article du porphyre primordial , nos doutes sur la primordialité de la seconde formation (ou formation principale') de ce terrain: ces doutes, partagés au- jourd'hui par le plus grand nombre des minéralogistes, ten- dent à faire rapporter ici tous les terrains porphyriques qui 2i8 TER recouvrent les gneiss, micaschistes etphyllades. Ce que nous avons dit sur ces terrains, coinposeroit donc la plus grande partie de l'histoire des porphyres intermédiaires , et nous ajouterons seulement quelques observations relatives à cer- tains terrains auxquels on a reconnu des caractères plus po- sitifs, pour être rangés dans la seconde classe, et desquels, par celle raison, nous n'avons pas fait mention en parlant des porphyres douteux. Tels sont principalement les porphyres observés en Norwége , par MM. de Buch et Hausmann , dans les en- virons de Ciiristianla , dans le gouvernement d'Aggerhaus , dans la Dalécnriie, la Jemptie , elc. Ce terrain recouvre constamment les terrains formés de couches alternatives de phyllade et de calcaire renfermant des orthocératites. Entre ces terrains et le porphyre , se trouvent ordinairement des couches de jaspe schislDïds ou de grauwarke. Le porphyre est , en général , gris ( eurite porpliyroïde ) , quelquefois rougeâtre ; il présente, dans le comté d' Jarisberg , beau- coup de modifications différentes, et des couches subordon- nées , parmi lesquelles M. de Buch cite des dlabases , ainsi que de véritables basaltes renfermant des cristaux de py- roxène , et des vakites porpliyroïdes qui semblent former le passage du basalte au porphyre. D'autres variétés ont la structure amygdaloïde, et renferment des rognons de spath calcaire el de séalite. Sur le porphyre repose la syé- nite /.irconienne, et Ton remarque des passages fréquens du porphyre à la syénite porphyroïde el à la syénite. Le même porphyre constitue aussi , dit M. de Buch , de nombreux filons à travers le phyllade et le calcaire ; filons qui ont jusqu'à vingt ou trente mètres de puissance , qui se montrent souvent en crêtes de rochers nus salllans au - dessus de la surface du sol , ou qui servent quelquefois comme de mur de soutien à une montagne , en la terminant par un escarpement perpendiculaire. M. de Buch regarde l'analogie parfaite qui existe entre le porphyre de ces filons et celui qui forme les plateaux les plus élevés des montagnes, comme un des plus beaux faits qui se soient encore présentés en faveur de la théorie du remplissage des filons. D'autres géologues, portés à attribuer aux volcans l'origine de tous les porphyres, trouveroient peut-être des données en faveur de leur hypo- thèse, dans la nature et les deux modes de gisement des por- phyres de Christiania. M. Hausmann indique des porphyres intermédiaires , qui passent à l'argilophyre , dans le bord méridional des mon- tagnes du Hartz : ils sont en bancs dans la grauwacke , ou TER 219 ils la recouvrent en formant des sommets isolés ou des masses de rochers. Dans la Saxe, nous avons indiqué des gisemens nom- breux du porphyre de la formation principale. Nous ajoute- rons seulement ici, qu'au nord ouest de l'Erzgebirge, dans les p'rànes des environs de Leipzig, sous lesquelles se sont enfoncés , en s'abaissant peu à peu , tous les terrains schis- teux des montagnes métallifères, le porphyre se représente seul, assez fréquemment , en collines isolées, qui sortent du milieu des terrains de sable et d'argile , dont ces plaines sont formées. Nous ajouterons encore, qu'on observe, entre tous ces porphyres de Saxe et ceux du même pays , qui paroissent appartenir évidemment aux terrains secon- daires , une telle ressemblance et de tels passages, même géognosliques , que l'on ne sait, pour plusieurs localités, à quelle classe rapporter les terrains qu'on étudie. Cette cir- constance seroit un motif de plus en faveur de lopinion qui rangeroit tous les porphyres de la formation principale dans la classe intermédiaire. N'oublions pas cependant que, si nous venons de voir les porphyres recouvrir des calcaires et des grauwackes , nous avons vu aussi que ceux des environs de Yillach s'enfoncent sous les calcaires intermédiaires les plus anciens, enfin , que nous en avons intliqué en bancs dans les phylladesde Saxe, qui semblent former le passage des terrains primordiaux aux terrains iiitermédiaires ; que nous voyons donc ici, comme dans les autrrs séries, cette espèce de continuité dans la succession des formations, qui rend si embarrassante la plupart des déterminctions géognostiques, et qui aug- mente, par conséquent, beaucoup l'embarras particulier qu'occasionent les circonstances propres au singulier terrain de porphyre, Parmi les nombreux porphyres des Vosges, il en est sans doute plusieurs qui doivent être rapportés aux formations m- termédiaires; mais nous n'avons pas de données suffisantes pour indiquer les localités où cette classification peut être applicable. Nous citerons seulement ici les porphyres du Palatinat et du Runsdriick , parce que nous regardons comme probable , qu'ils font partie de ces formations. Le Mont- Tonnerre , les montagnes des environs de Creutznach, le Kœnigsherg près de Wolfstein , sont formés d'un por- phyre pétrosiliceux gris ou rosaire. On retrouve àes, monta- gnes porphyriques analogues , dans plusieurs endroits, en remontant la Nahe , et jusqu'à Dippenweiler, près de Sar- relouis. Dans certaines localités, la roche porphyrique est bien caractérisée ; dans d'autres, elle passe entièrement à 220 T F R rargîlophyrc. Ce terrain semble avoir une cerlaine con- nexion avecla formation trappcenne de la Nahe ; mais, au Mont-Tonnerre , le terrain trappéen paroît appuyé sur le terrain porphyrique. Nous ne connoissons pas ses rapports de gisement "avec les schistes du Hunsdruck , mais on l'a retrouve au-dessous du terrain houiller du Palatinat. Près de Creulznach , les sources salées , exploitées dans la vallée de la Nahe , jaillissent de trous de sonde qu'on a forés dans le sol de porphyre ; cette circonstance nous paroît à peu près concluante, pour faire décider que ce terrain porphyri- que n'est pas primordial; et les rapports de gisenjent qu'on a cru reconnoitre entre lui et le terrain trappéen, comme ceux qu'on a reconnus , d'une manière certaine , entre lui et le terrain houiller , contribuent à nous donner l'opinion qu'il doit être classé dans les formations intermédiaires. Dans le Ilainaut, un porphyre à pâle grise ou rougeâtre, et qui passe tantôt à la syénite et tantôt à la diabase , est connu dans deux localités/ A Quenast , il forme le sommet d'une colline bordée de couches verticales de phyllade , mais on ne sait pas s il est intercalé entre ces couches, ou s'il les recouvre en gisemcnUransgressif. A Lessines, il se présente, comme dans les environs de Leipzig, au milieu du terrain meuble. Ce porphyre , exploité pour le pavage des routes , éclate souvent de manière à présenter une espèce de cassure on grand , en marches d'escalier , cemme les trapps de Suède. Lesfragmensse présenlenl aussi souvent sousia forme de prisuies irréguliers , ordinairement à quatre pans. Ce ter- rain semble quelquefois présenter une stratification peu dis- tincte , en couches irrégulières et contournées. En général , le porphyre Intermédiaire n'offre point d'in- dicemarqué de stratification. Nous avons cité quelques bancs subordonnés dans celui de Norwége, quelques filons métal- lifères dans celui de la forjnation principale de Saxe ; nous ajouterons que celui du Palatinat renferme des filons de mi- nerai de mercure , exploités près de Wolfstein , et dos filous de cuivre anciennement exploités près de Creulzuach. Cette formation, même en y comprenant la formation primordiale douteuse, n'est pas universellement, mais assez générale- ment répandue. TERRAINS DE SïÉNITE , DE PROTOGYNE ET BE GRANITE. Nous croyons devoir réunir ces différcns terrains dans un môme article , parce qu'ils présentent, dans la classe inter- médiaire , absolument les mêmes caractères, et se montrent dans les mômes relations géognostiques. On peut même les considérer comme formes par une seule toche graiiiloiue, TER 221 composée de isllspalh , comme partie constituante essen- tielle , (le quarz en proportion plus ou moins ahondanle , et d'une troisième substance qui est tantôt de l'aïnphiôole , tan- tôt du mica, tantôt une matière d'apparence tahjueuse qui semble, dansbeaucoup de cas, n'être qu'une amphibole ou un mica altéré. L'amphibole s'y rencontre plus souvent que ie mica et le talc, et la syénite peut être considérée comme ic type de ce terrain ; mais, dans tousles cas, les rociiesqui le compo- senlsepr-ésententavec un grain aussi cristallin, une apparence aussi complètement primordiale que le granité le plus ancien. La présence de l'amphibole dans le granité , l'apparence imparfaitement talqueuse de la substance unie au feldspath et au quarz , dans les roches granitoïdes , enfin , la présence diizircon ou du titane silicéo-calcaire , substances très-com- munément associées à la syénite , peuvent être indiquées comme les seuls caractères empyriques -qui puissent servir à faire distinguer les roches de celte formation , de celles des formations granitiques anciennes ; mais ces caractères mê- mes ne sont pas constans ; le premier surtout , manque fort souvent, et les granités les plus évidemment intermédiaires ne paroissent contenir quelquefois pas un atome d'am- phibole. Souvent ces roches montrent beaucoup de tendance a passer au porphyre, avec lequel on les rencontre fréquem- ment associées. Le terrain syénitique constitue des bancs subordonnés dans les terrains de pliyllade intermédiaire les plus anciens, ainsi .que nous l'avons indiqué plus haut , et il présente alors des passages à la roche schisteuse principale, passages dont quel- ques-uns produisent des couches de véritable gneiss et d'eu- rite gienu ou compacte , de trappite, etc. Mais ce terrain constitue aussi au moins une formation in- dépendante , très-remarquable et assez importante dans la compositiongénérale de Técorce du globe. Celte formation se présente en masses de montagnes^ considérables , offrant toute l'apparence et tous les caractères des montagnes gra- nitiques les plus primordiales. Quelquefois on n'y remarque pas d'indices de stratification ; plus ordinairement, la syénite présente des couches très-puissantes, mais assez régulières; elle renferme rarement des couches subordonnées ; on y connoît cependant des bancs de porphyre, de diabase , et l'on observe des passages fréquens de ces deux roches à la roche syénitique ; plus rarement des bancs d'amphibolite , et plus rarement encore des bancs de calcaire : ce dernier fait a été reconnu près de Naundorf, entre Meissen et Dresde , par M. iMèudcr, Il devient presque superflu d'ajouter que souvent au milieu 322 T F- R du terrain de syénite , on trouve des masses considérables de terrain de granité et de protogyne. La syénite renferme rarement des filons : ce sont cepen- dant des gîtes de ce genre qui donnent lieu à l'exploitation des mines de plomb et argent de Scharfenberg en Saxe. Dans le voisinage des filons, la roch^ syénitique est altérée; l'am- phibole et même une partie du feldspath paroissent changés en stéalite, et la roche est une protogyne presque désagrégée. Rappelons aussi que les filons de Schemnliz en Hongrie, sont, au rapport de M. Esmarck, exploités dans une .syénite porphyroïde. (i) Quand la syénite et le porphyre sont associés en grand, c^est-à-dire , de manière à former tous deux de-vériia})]es terrains , la syénite recouvre ordinairement le porphyre. Les minéralogistes allemands font observer, à celle occasiim, que les rapports de la syénite avec le porphyre sont les mêmes que ceux des grunsteln secondaires ( dolérile ) avec le basalte, et que d'ailleurs on remarque beaucoup d'analo ies entre la disposition des formations porphyrique et basaltique. C'est en général , ainsi, au dessus du porphyre, que se présente, en Scandinavie et particulièrement aux environs de Christiania , la syénite du Nord , désignée sous le nom de syénite zirconie une ^ parce qu'elle contient duzircon en grande abondance , et remarquable d'ailleurs par la beauté et les chatoyemens de son feldspath qui est connu sous le nom de pierre de Labrador. 11 résulte des observations de MM. de Buch et Hausmann , déjà cités plusieurs fois , que le porphyre recouvre, dans ce pays, un terrain formé de caloaie co- quillier et de phyllade; que ce porphyre renferme des bancs de syénite ; qu'il est recouvert par la syénite en grande masse ; que celle-ci renferme des parties de granité ; mais que le granité en grande masse la recouvre , et forme sou- vent ainsi le terrain le plus nouveau de toute cette formation ; cependant , dans quelques localités, le granité est à son tour recouvert par un second terrain de syénite. Dans les environs de Christiania , RI. de Buch a observé aussi un véritable granité formant seul une chaîne de petites collines , au milieu du terrain de schiste et de calcaire inler- (i) Il nous paroît résulter des nouvelles observations de M. Beudant,déjà ci'ées plus haut,que le terrain métallilère de Schemnitz appartient à la for- mation que nous décrivons maintenant. Remarquable par la variété de proportion et de texture des deux élémens principaux ( feldspath et am- phibole ) , des roches qui le constituent , ainsi que par un mélange cons- tant de chaux c.nrbonatée dans ces roches , le terrain de Schemnitz ren- ferme , en bancs subordonnés , selon M. Beudant , des micaschistes , des quarzitps , et des calcaires stéatiteux, mais point de rétiuites {fceiislcin), coaime M. Ësmnrck l'itYpit annoncé. T E R 223 médiaire ] il pense , sans en avoir acquis la preuve certaine, que le granité repose sur le calcaire et le schiste, comoïc il en est recouvert. Dans le Cotentin et dans la Bretagne, MM. Brongniart et Omalius-d'Halloy ont reconnu la syé- nite , une protogyne ou syéniie altérée , et un véritable gra- nité , en bancs dans les phyllades intermédiaires, et superpo- sés à ces mêmes phyllades. Quelquefois entre les schistes et le granité , on observe des trappiles qui passent à l'eurite porphyroïde , puis le passage de cette dernière roche à la syénite, et de la syénite au granité; cette syéniie renferme, dans certaines localités , des rognons de micaschiste. Sur la rive gauche de l'Elbe , aux environs de Dresde , les phyllades dans lesquels nous avons reconnu des couches de p&ammite ( graïuvacke ) sont recouverts , près de Meissen , de Scharfenberg , et dans la vallée de Plauen, par une syé- nite bien caractérisée qui renferme des bancs subordonnés de porphyre, de diabase et de calcaire. En suivant , vers Je sud-est, la ligne de juxtaposition des deux terrains , ligne qui est celle de la direction des couches de phyllade, on trouve aux environs de Dohna , non plus une syénite , mais un vé- ritable granité superposé au phyllade. Ce granile ne contient pas d'amphibole ; il ne présente pas d'indice de stratiGca- tion ; il a toute l'apparence des plus anciens granités , et cependant on observe très bien sa superposition aux phylla- des , sur plusieurs lieues de longueur , dans toutes les vallées qui débouchent en cet endroit dans la vallée de l'Elbe, et particulièrement dans la vallée de la Miigli'.z. Entre le phyl- lade et le granité , on voit des couches peu épaisses d'eurite grenu presque compacte ( /zor/j/^/i ), de feldspath rougeâtre , et de gneiss qui forme le passage du feldspath au granité. Au Hariz, les masses granitiques du Brocken^ du Ramsberg , du Sonnenberg, etc., sont formées en partie seulement de vé- ritable granité, en grande partie de syénite et de protogyne." 11 passe pour constant que ces masses forment le noyau du Hartz, noyau sur letjuel les terrains intermédiaires, particu- lièrement ceux de phyllade et de grauwacke sont , dit-on, ap- puyés en gisement environnant {mantelfœrmîg) ] mais en ob- servant la stratification de ces terrains intermédiaires , dans toutes les parties du Hartz, on ne leur reconnoît pas l'incli- naison variée qui devroit résulter de ce mode de gisement. Partout la grauwacke et le schiste se dirigent à peu près de l'ouest-sud-ouesl à l'cst-nord-est , et penchent vers le sud- sud-est, même dans les localités où celte inclinaison semble indiquer qu'elles plongent sous la masse granitique. Nous avons remarqué plus haut que ceux de ces terrains qui sont situés dans la partie scplenlrionale du Hartz, présentent 324 TER quelques caractères qui semblent Indiquer pour eux une an- cienneté plus grande que celle des terrains analogues du sud : or , ce sont précisément ceux-là dont les couches peuvent paroître, d'après leur inclinaison, plonger sous le granité. De plus , Lasius a observé , depuis long-temps , que le gianite des rochers A' Ilsenstein paroissoit stratifié parallèlement à la stratification du terrain de grauwacke ; nous avons reconnu nous-mêmes cette stratification, dans plusieurs des Kochers granitiques de cette contrée. Nous avons reconnu aussi, sur la montagne à' Adenherg^ à deux lieues au sud-est de Gosîôr, un banc de roche feldspalhique , graniloïde , bien encaissé entre des bancs de quarzite et de jaspe schistoïde. On sait qu'au Rehherg , la roche graniloïde alterne à plusieurs repri- ses avec Teurite compacte ou grenu , désigné au Hartz sous le nom de hornfels : enfin , M. Freiesleben annonce avoir reconnu des fragmens de micaschiste, dans le granité du Brocken. La réunion de tous ces faits nous semble devoir porter à penser que le terrain de granité , syénile et prolo- gyne du Hartz, non-seulement n'appartient pas à la plus an- cienne formation primordiale de granité , comme on le croit généralement, mais même qu'il doit être probablement con- sidéré comme de formation contemporaine aux terrains in- termédiaires qui composent la masse principale de ces mon- tagnes. Déjà plusieurs minéralogistes allemands ont émis cette idée ; elle nous paroît au moins appuyée sur un assez grand nombre d'indices , pour mériter d'être vérifiée par un examen géognostique nouveau de celle contrée célèbre dans l'histoire de la minéralogie et de Tari des mines. Au Thiiringerwald, M. de Raumer a cru reconnoître une disposition analogue , dans le terrain granitique et syéniti- que des environs de Suhl , ainsi que dans le porphyre avec lequel il est lié. Le tout lui paroîl encaissé dans le terrain de grauwacke. Le même géologue a encore remarqué un gisement semblable dans le terrain syénilique des mon- tagnes de la Bergstrasse ( rive droite du P\hin ). 11 est probable que des observations nouvelles, dirigées dans ce but, feront reconnoître , dans un plus grand nombre de pays , que beau- coup de granités, regardés jusqu'ici comme de formation pri- mordiale,doivent être rapportés aux.terrains intermédiaires. SÉRIES GYPSEUSE ET SALINE. Nous croyons devoir, dans la classe intermédiaire, réu- nir ces deux séries, parce qu'elles y sont presque toujours associées ensemble , surtout en ce sens , que les terrains de la seconde série ne s'y présentent jamais sans être associés avec ceux de la première ; association que nous verrons se TER 22â prolonger dans les premiers groupes des terrains secondai- res , et cesser dans les formations les plus modernes. Nous n'avons pas indiqué de formation gypseuse dans la classe primordiale , quoique beaucoup de minéralogistes aient cité Aes gypses primitif s -, mais presque toutes ces cita- tions avoient pour objet certains terrains gypseux des Alpes ; et M. Brochant de Villiers a fait voir , dans un mémoire inséré dans le tome 2.« des Annales des Mines ( Paris, i8i 7 ), que les gites , indiqués comme primitifs au Val Canaria et à Cogne , ne dévoient pas être rapportés à cette classe, et que, parmi tous les terrains gypseux des Alpes , les plus anciens paroissoient être ceux qui forment des bancs encaissés dans les terrains intermédiaires , analogues à celui de la Taren- taise. Nous rappellerons, cependant, que M. Cordier à indiqué aussi un terrain de gypse , situé au fond de la gorge d'Isoverde , près de la Bochetta, dans le pays de Gènes, comme disposé en couches horizontales , recouvertes par des couches paral- lèles de serpentine porphyroïde à cristaux de diailage , et de schiste luisant et satiné, et comme appartenant aux for- mations primordiales des Apennins. Nous ne savons pas qu'aucune observation postérieure ait tendu à infirmer la conséquence que M.Cordier à tirée des siennes ; mais celles- ci ont été publiées d'urte manière trop peu détaillée ( dans une note du Mémoire sur la montagne de sel gemme de Cardonne, inséré dans le tome 82.^ du Journ. de Physique ), pour que nous ayons cru devoir établir une classe sur le seul fait qui soit à notre connoissance. Il faut remarquer d'ail- leurs que les terrains qui, d'après les observations de M. Cor- dier, recouvrent le gypse de la Bochetta, paroissent , ainsi que nous l'avons vu en parlant de la série talqueuse, placés à la jonction des deux classes primordiale et intermé- diaire. D'après les observations de M. Brochant, les terrains gypseux des Alpes présentent des caractères généraux qui leur sont communs , et se montrent cependant dans des mo- des de gisement très-différens. Les roches gypseuses sont, en général, d'un blanc de neige , ou grises, ou jaunâtres; leur tissu intérieur est plu- tôt compacte que cristallin ; mais, en les pulvérisant, on aperçoit des points brillans nombreux , et la poussière , ob- servée au microscope , paroît composée de chaux sulfatée en tables rhomboïdales ; ils renferment quelques cristaux plus grands. Plusieurs variétés sont un peu feuilletées , mais le plus grand nombre se casse indifféremment dans tous les aso T iC R sens. Ces roches sont souvent mélangées d'argile , en assez erandc proportion ; elles contiennent souvent des veinuies , ou des noyaux anguleux ou même arrondis , de calcaire com- pacte, qui, dans ce dernier cas , paroissent indiquer une ro- che arénacée ; ils renfermeni aussi du mica, ou plutôt du, talc, en paillettes ou en petits groiîpes fibreux, ou en plaques, de la sléalite eu petites masses ap!a!le^ ou en plaques fibreu- ses, du soufre, de ranihraclte, de la chaux anhydro-sul— fatée, en noeuds , amas ou cristaux abondans , de la soude murialée en petits rognons ou en poudre , et des sources salées. Parmi ces roches, les unes sont en couches subardonnées , encaissées dans les terrains inierméJiairtîs de calcaire saccha- roïde Lalqueux, de schiste calcaire ou micacé , et de brèche calcaire , qui sont abondans dans la chaîne centrale des Al- pe;: ; tels sont les gîtes de Brigg, de Saint- Léonard et de Co^ae ; tel est, d'après l'observation de M. Gordler, celui du [Viont-Cénls ; les autres sont en a-.nas isolés et superficiels , superposés , soit à un terrain primordial, comme an Fat Canada , où le gypse remplit le fond de la vallée d.)nt les parois sont formées de micaschiste ; soit au calcaire iiiler- itiédiaire, comme à Pesey , où une masse gypseuse recouvre, eu glseiiirnt transgressif , les couches de terrain qui renfer- ment Tanias métallifère ; soit aux pliyllades qui renferment l'anlliracite , comme dans l'allée Blanche et dans plusieurs localiiés de la Tarentaise , où des masses isolées de gy- pse recouvrent aussi les tranches du terrain schisteux. Les terrains de gypse sont , ca général , extrêmement éboulés, par suite de la facilité avec laquelle la roche se désagrè'^e ; on n'y reconnoit pas , ordinairement , d'indices réels de slralificaiion , et il est très difficile de déterminer leurs rapports de gisement avec les terrains environnans. On observe aussi, à la surface du sol , particulièrement dans le eypsie en masses superficielles , des enfoncemens en forme d'entonnoirs , fréquens dans tous les terrains gypsèux. Ces enfoncemens sont attribués à la dissolution des masses de sel gemme qui étoient renfermées dans le gypse , dissolution qui a eu pour résultat la formation de cavités inlédeures et réboulemenl des parois de ces cavités. Les gypses superficiels des Alpes présentent beaucoup de ressemblance avec les gypses intermédiaires des mêmes mon- tagnes. Dans quelques localités, ils paroissent même en for- mer la continuation, et on est porté à les rapporter aussi aux formations intermédiaires 5 mais ils ont également boavi- TER 227 coup de rapports avec les gypses secondaires anciens de la Thuringe, de Saltzbourg, etc., qui reposent sur des calcaires secondaires ; ils paroissent donc former la liaison entre ces deux formations , et fournir une preuve de plus de la conti- nuité qui a existé dans le dépôt des terrains de chaque série. Le gypse de Bex , en Suisse , est aussi regardé , par quel- ques géologues , comme appartenant aux terrains intermé- diaires , et il se présente, eu effet, avec des calcaires et des poudingues analogues aux grauwackes et aux calcaires intermédiaires ; mais le tout repose , Qxx gisement transgressif^ sur un terrain intermédiaire , comme les gypses isolés de la Tarentaise , etc. Ce mode de gisement ne nous paroît pas, en général , permettre de considérer le terrain supé- rieur comme de la même classe que le terrain inférieur ; nous regarderons donc le gypse de Bex comme devant être rangé dans la classe secondaire. Mais, par l'application du même principe, nous citerons, comme exemple remarquable de terrain gypseux et salin in- termédiaire , la montagne de CcrJonwe, en Catalogne, dont M. Cordier a donné une description intéressante. Cette mon- tagne est isolée , au milieu d'une assez vaste enceinte, bor- dée de coteaux moins élevés qu'elle. La plaine et les coteaux sont formés de psammite , phyllade , et calcaire renfermant de la houille en couches subordonnées, appartenant aux plus anciennes formations secondaires , et disposés en cou- ches parallèles peu inclinées. La montagne de Cardonne au contraire , est entièrement formée de couches verticales de sel gemme , pur ou presque pur , de gypse grenu mêlé d'anhydrite , et d'argile schisteuse renfermant beaucoup de cristaux de gypse. Le sel gemme forme , à lui seul , les qua- tre cinquièmes de la masse ; le gypse et l'argile gypseuse n'en forment qu'un cinquième : les couches , en général peu épaisses, alternent , à plusieurs reprises. Le tout plonge verticalement dans le sol secondaire , dont toutes les couches se relèvent vers la montagne, et s'appuient sur le terrain de sel et de gypse. Il y a donc ici superposition transgressée du terrain secondaire ancien sur le terrain salin , et celui-ci paroît appartenir évidemment aux formaiions intermé- diaires. Nous avons vu que les terrains gypseux des Alpes renfer- moient aussi du sel, quoiqu'en proportion beaucoup moins grande (au roc salé d'Arboune celle proportion est cepen- dant assez forle ). C'est sans doute à ces gypses salilères qu'on doit attribuer les sources salées qui sont assez abon- aaS TER dantes dans la Tarentaîse , et parmi lesquelles nous citerons seulemeni celles qui alimentent les salines de Mouliers. Elles sortent non pas immédiatement du gypse, mais de cre- vasses ouvertes dans le calcaire sur lequel le gypse est dé- posé. Les ramifications souterrraines des canaux qui amènent au jour les sources salées , nous présentent souvent ces sour- ces loin de tous les terrains que l'on peut supposer receler les gîtes salifères ; et avant de finir l'aperçu de ces terrains salins, nous rappellerons que les sources salées de Creuznach, en Palatinat, sortent d'un porphyre pétrosiliceux, que cette cir- constance a contribué h nous faire placer dans les formations feldspathiques intermédiaires , et au-dessous duquel courent probablemeul les filets d'eau salée , provenant de terrains gypseux et salins qui ne se montrent point à la surface du «cl. Nous rappellerons aussi que nous avons indiqué, d'après M. de Buch , des couches de gypse blanc et grenu , dans l'a- mas parallèle des minerais de cuivre de Léogang, pays de Sallzbourg; amas situé dans un terrain de phyllade intermé- diaire. SÉRIE CHARBONNEUSE. Les terrains de cette série , c'est-à-dire , les substances combustibles dont le carbone forme la base , ne constituent point la masse principale des formations auxquelles ils ap- partiennent; ils ne s'y présentent jamais, au contraire, qu'en proportion beaucoup moins grande que les terrains qui les accompagnent ; mais leur nature , tout-à-fait particulière , les rend souvent caractéristiques pour les formations. Nons avons vu le carbone se montrer dans certains schistes réputés primordiaux , et avec plus d'abondance dans plusieurs phyllades intermédiaires ; nous avons vu le graphite se mon- trer aussi comme partie constituante de certaines roches de formation primordiale , et constituer, en outre , dans ces formations , des masses trop peu puissantes ou trop peu abondantes pour mériter d'être considérées à part. Nous avons dit que , pour les plus importantes de ces masses, on éioit incertain sur la classe à laquelle on devoit rapporter les terrains auxquels elles apparlenoient ; mais, quoiqu'il en soit à cet égard , le graphite ne se présente plus en masses remarquables dans les terrains plus modernes : on voit pa- roître, à sa place , l'anthracite, et, bientôt après, la houille. TERRAINS d'anthracite. On a cité Tânthracite comme tenant la place du mica. TER 229 dans certains micaschistes ; mais celte indication ne paroît pas avoir été confirmée , et il est possible que ce soit le gra- phite qui ait été désigné sous le nom d'une substance avec laquelle il a souvent beaucoup de ressemblance. On a indiqué aussi , pendant long-temps , les terrains pri- mordiaux comme gîte principal , et même comme seul gîte de Tanthracite ; mais un nouvel examen de tous les faits sur lesquels cette opinion paroît avoir été appuyée , a conduit à faire reconnoître , comme appartenant aux formations in- termédiaires, tous ces terrains, d'apparence primordiale, dans lesquels l'anlbracite se présente. Ce sont principale- ment les gîtes d'anthracite de la Tarentaise , du petit Saint- Bernard , du Valais et d'autres parties des Alpes , qui avoient fait regarder , à Dolomieu , cette substance comme primor- diale ; mais nous savons , depuis la publication des obser- vations de M. Brochant de Villiers , que tous ces terrains ap- partiennent aux formations intermédiaires anciennes, et que l'anthracite s'y rencontre , soit avec des poudingues analo- gues aux graua-ackes , soit avec des schistes où l'on observe des empreintes végétales de roseaux et autres graminées. L'anthracite forme , dans ces terrains , des couches souvent mal déterminées , et des amas parallèles ; mais il ne paroît pas qu'il s'y présente jamais , dans les Alpes, formant de vé- ritables filons, ainsrque Dolomieu avoit cru le reconnoître. Près de Moutiers , le terrain à anthracite se présente entre deux terrains calcaires, et le tout est disposé en couches ver- ticales parallèles entre elles. A la Chandoline , dans le Va- lais , où l'anthracite avoit été particulièrement cité comme situé dans le gneiss, il a, d'après les observations de M.Es- cher , une véritable grauwacke pour mur , et une couche d'ampélite pour toit. Il en est de même de l'autre côté de la vallée du Rhône , sur la pente sud de la chaîne septentrionale du Valais, où l'on a reconnu une couche puissante d'anthra- cile , à trois mille mètres de hauteur, et à peu de distance au-dessus du gneiss. Déjà , antérieurement à ces observations , M. Héricart de Thury avoit reconnu que les anthracites de l'Oisan (départe- ment de l'Isère) se trouvoient dans des terrains fermés de poudingues et de schistes impressionnés. Dans le même pays, d'autres gîtes de combustible charbonneux, désigné sous le nom de houille sèche, semblent faire le passage de la formation de l'anthracite à celle de la houille. Dans les Pyrénées, l'anthracite se trouve, en petites cou- ches, dans un phyllade qui renferme des màcles, et qui tait partie des terrains intermédiaires de ces monîagncs, 23o TER A Llschwitz , près Géra en Saxe , une couche d'anthra- cite très-irrégulière se présente dans une montagne schisteuse qui semble faire partie des terrains de phyllades ( réputés primordiaux") du Volgllnrid, mais dans laquelle on observe des couches de gramvifke ainsi que des couches de schiste bitumineux conleiianl beaucoup d'empreintes végétales et des débris de corps marins ; le tout est recouvert , en gisement transgressif,p^r é~ raient , caJcidre félide, calcaire ferrugineux , calcaire calami- naiie , calcaire salifère , etc. La plupart de ces variétés passent l'une à l'autre ; elles n'affectent pas un ordre constant dans leur position géognoslique ; d'ailleurs , elles ne se trouvent jamais toutes dans la même contrée , de sorte qu'il est très-difficile ou impossible de déterminer leurs rap- ports généraux d'ancienneté. Nous essaierons cependant TER 259 de présenter , au moins comme une supposilion plus ou moins probable , leur classification en trois formations , ou plutôt trois subdivisions principales. Première formation. — Terrain DE CALCAIRE marbre. Ce calcaire est de nature tout-à-fait analogue au marbre des terrains intermédiaires: ordinairement bleu , grisâtre ou noirâtre , il est à grain fin ou serré , quelquefois traversé par des veines spalhiques rouges ou blanches , et il exhale sou- vent, par le choc , une odeur fétide qui paroît plutôt due à de l'hydrogène sulfuré qu'à du bitume. Il se confond souvent, dans les Alpes, avec les calcaires intermédiaires avec lesquels il est en contact. En Angleterre , où on le désigne sous le nom de calcaire de montagne , il repose sur le grès rouge an- cien Ou sur les phyllades intermédiaires et la grauwacke ; il renferme des bancs subordonnés de psammite , de phyllade et de houille , mais il est recouvert par les grands terrains houillers du Norlhumberland , de Uurham , du Glanior- gan , etc. En Allemagne , il forme des bancs subordonnés dans le terrain de grès rouge ; dans le midi de la France et dans le Palatinat , il en forme dans le terrain houiller. Eu Belgique et particulièrement sur les bords de la Meuse , il se confond probablement aussi avec les calcaires intermédiaires de la grande zone qui renferme les nombreux et riches bassins houillers de cette contrée. Le calcaire marbre contient peu de pétrifications ; ce sont des ammonites , des iérébraiules , des peignes, et en général des fossiles qui semblent analogues à ceux des calcaires in- termédiaires. On indique, dans le calcaire de montagnes des minéralogistes anglais , des 772a(^/'^/Jore5 , des encrinites ^ ' des peignes, des huîtres^ des arches, et des anomies , ainsi que des impressions de plantes qui paroissent, dit-on, assei sem- blables à des euphorbes. Ce terrain est distinctement stratifié, en couches assez in- clinées et souvent arquées ou contournées. Il renferme quel- quefois des bancs subordonnés de terrains de transport ana- logues à la grauwacke ou au grès rouge ancien. Il renferme encore , dans^les Alpes , des couches qui paroissent être de? brèches calcaires , semblables à celles des terrains inlenné- diaires des mêmes montagnes. Enfin, il contient quelquefois des couches subordonnées de houille et de fer argileux lenti- culaire. Le calcaire marbre renferme aussi de nombreux ^îtes de minerais , particulièrement des filons de plomb argentifère. a6o T E 11 Un grand nombre de ces filons sont exploités , par exemple, en Angleterre, dans le Norihumberland , le Durham , le Derbyshire, etc.; peut-être doit-on rapportera celte forma- tion les calcaires de la Belgique qui contiennent des amas, des couches et des filons de plomb , de fer et de calamine. Beaucoup de caractères tendroient à faire réunir ce cal- caire à la classe précédente ; mais il en est séparé , tantôt par son association avec le grès rouge ancien ou avec le terrain houiller, tantôt par son gisement. En effet, dans les Alpes , quand il ne fait pas suite aux calcaires intermé- diaires, il repose, en gisement différent et iransgressîf^ sur des terrains intermédiaires bien caractérisés, et auxquels on doit alors le regarder comme de formation très-postérieure. C'est ce qu'on observe , par exemple, auprès de Bex, en Suisse , où le calcaire marbre est superposé , en gisement transgressif, à un terrain de pétrosilex et de psammite grau- wacke, et où il est recouvert, en gisement concordant, par le calcaire argileux qui renferme le gypse saiifère. Deuxième Formation. — Terrain de calcaire argileux. La roche dominante de cette formation est le calcaire ar- gileux compacte , connue en Allemagne sous le nom de zechstein , qui , dans les Alpes , recouvre souvent le calcaire marbre et se confond quelquefois avec lui. Il s'en distingue cependant par ses couleurs plus pâles et par la proportion considérable d'argile qu'il renferme. Nous rapportons à la même formation le schiste marno - bitumineux , et le psammite calcaire., connu en Allemagne sous le nom de weiss liegende. Ces trois terrains constituent, en Thuringe , en Franconie , en Hesse , une formation très-étendue qui a élé décrite , ainsi que les terrains entre lesquels elle se trouve , avec des détails noinbreux et instructifs , par M. Freiesleben, sous le nom de kupferscliiefergehirge (terrains à schiste cuivreux), dénomination générale prise .de la roche la moins considé- rable de tous ces terrains , mais de celle qui peut le mieux servir à les caractériser , et qui a , d'ailleurs , une importance très- grande, par les nombreuses exploitations auxquelles elle donne lieu. Le Psammite calcaire {weiss liegende) constitue les cou- ches inférieures , qui reposent immédiatement sur le grès rouge ancien , et un grand nombre de minéralogistes le re- gardent comme appartenant encore à la formation du grès rouge ; mais on doit seulement le considérer, ainsi que nous l'avons déjà dit , comme formant le passage du grès rouge au calcaire. Il renferme , d'ailleurs , souvent les mêmes miné- T E R 261 raux étrangers et les mêmes couches subordonnées que Je scfilste marno-bitumineux qui le recouvre ; les accidens qui dérangent les couches de calcaire compacte et de schiste marno-bitumineux, dérangent également toujours les cou- ches de psammite calcaire , mais n'ont souvent aucune in- fluence sur celles du grès rouge ; enfin les rapports paroissent beaucoup plus grands, entre le psammite et les terrains qui lui sont superposés, qu'entre lui et le terrain fondamental, ce qui a déterminé M. Freiesleben à le regarder comme le premier membre du terrain calcaire. Le psammite calcaire est formé d'un mélange, tantôt chi- mique et tantôt mécanique , de chaux , d'argile et de sable , et il se présente , dans ses différentes parties , tantôt comme une marne ou une argile à grain fin , tantôt comme une roche agrégée à fragmens plus ou moins volumineux. Dans le pre- mier cas , il renferme des lits tout-à-fait analogues au schiste marno-bitumineux ou au calcait-e compacte; quelquefois aussi de nombreuses boules de calcaire compacte sont pétries dans une pâte marneuse avec laquelle elles paroissent de formation simultanée ; quelquefois le tout est pénétré de quarz et forme des couches plus ou moins analogues au silex corné. Dans le second cas , la roche passe au grès rouge ancien , ou même à la grauwacke. Le psammite calcaire renferme des paillettes de mica, des veinules de spath calcaire , de spath pesant , de gypse , des grains de bitume asphalte (^erdpech). On y a indiqué quel- ques veinules de houille. Il contient souvent des nyneraisdc cuivre pyriteux, sulfuré , carbonate, aussi quelquefois des minerais de plomb et de zinc , de nickel , de bismuth , d'ar- senic. On l'exploite , pour le cuivre qu'il renferme , sous le nom de sand erze (minerai sablonneux). Les débris de corps organisés y sont rares : cependant , à Riegelsdorf en Hesse , on y a observé des chamites. La puis sance du psammite calcaire varie de i à 20 mètres, dans les contrées du centre de l'Allemagne. Le Schiste marno-litumineux constitue, au-dessous du psammite calcaire , une couche de quelques décimètres seu- Iciuent d'épaisseur, remarquable par sa couleur noire , sa structure feuilletée , la grande proportion de bitume qui la rend ordinairement combustible , les paillettes de mica qu'on y observe en abondance , et les minerais métalliques qu'elle contient souvent. Ce sont particulièrement des minerais de cuivre, qui lui ont fait aussi donner le nom de schiste cuhreux-, et pour lesquels cette couche est exploitée dans un grand nombre de localités. On distingue trois variétés de ce schiste 263 T I^. R qu'on désigne sous le nom tle commun , luisant et terreux, l^s mineurs distinguent aussi plusieurs variétés dans les diffé- rentes parties de l'épaisseur d'une même couche. Les feuillets supérieurs sont moins bitumineux , et au-dessus d'eux, une couche, souvent plus épaisse que la couche marno- bitumi- neuse , fait le passage du schiste cuivreux au calcaire com- pacte. On la désigne sous le nom de dach fiœtz ( couche du toit ). Les minerais de cuivre du schiste marno-bitumineux sont ordinairement disséminés, dans sa masse, d'une manière invi- sible ; quelquefois ils se montrent en grains cristallisés ou en veinules. C'est le plus souvent du cuivre pyrileux, quelquefois du cuivre sulfuré, rarement du cuivre natif, du cuivre gris , du cuivre carbonate , du cuivre oxydulé , etc. La richesse en métal du schiste exploité est, en général, de 2 à 4- pour cent ; quelquefois cette richesse monte à i5 ou 20 pour cent. Beaucoup de schistes contiennent moins de 2 pour cent et ne sont pas exploitables avec avantage. Le cuivre qu'ils fournissent est plus ou moins argentifère ; la richesse moyenne de ceux du pays de Mansfeld est de huit onces d'ar- gent par quintal de cuivre. Ces schistes renferment aussi beaucoup de pyrites ferrugi- neuses, cl quelquefois des minerais de zinc , de plonib , de nickel, de cobalt, d'antimoine, de bismuth , d'arsenic, etc. Dans le Palatinat , ils renferment des minerais de mercure. Aux mines d'Idrla , en Carniole , on exploite des schistes marneux et bitumineux, pénétrés de minerai de mercure, que M. Héron de Vilk-fosse regarde comme de formation ana- logue au schiste cuivreux du pays de Mansfeld ; mais à Idria , ces schistes sont beaucoup plus puissans, et ils paroissent former plusieurs couches mélangées avec un calcaire alpin analogue au zechslcin ( V. la planche 20 de l'Atlas de la PJ- chesse minérale ). Le schiste marno-bitumineux contient quelquefois des veinules de spath calcaire et de gypse, et de petites géodes do quarz. On y observe de petits feuillets de houille et de la variété d'anthracite nommée par les Allemands mineralische holz kuhie ( charbon de bois minéral ). Le schiste marno-bitumineux du centre de l'Allemagne renferme une grande abondance de débris de corps organisés, particuiièremenl d'empreintes de poissons , qui sont depuis long-temps célèbres : ces empreintes paroissent appartenir les unes à âes poissons d'eau douce , les autres à des animr.us marins ( V. PoissoN'S fossiles). L'e/r»preinte est foruiée par une espèce de bitume souvent mélangé de pyrites cuivreuses T E R 263 on ferrugineuses, ou de cuivre sulfuré. Dans le Palalinat, le mercure sulfuré y tient la place des minerais de cuivre. Le même terrain renferme des débris de reptiles du genre mumVor, qui ont été regardés pendant longtemps comme ayant appar- tenu à des quadrupèdes. On y connoît aussi un irilobhe diffé- rent de ceux des terrains intermédiaires, des peniacrînhcs, des gryphites , des téréhratules ^ des tellînes ; enfin , des empreintes peu caractérisées de plantes qui paroissent ne pas appartenir à des fougères, mais à des lycopodes ou à des graminées, et des épis qui ne sont également pas reconnoissables. Le schiste marno-bitumineux , presque partout où on le connoît, se présente au-dessus du terrain de grès rouge an- cien auquel il est superposé en gisement enoeloppanl ( mantel fœnnt'g), mais , en général , non immédiatement, parce que le psammite calcaire ( iveiss Uegende^ forme une couche entre deux. Les couches de schiste marno-bilumlneux sont tantôt assez fortement inclinées, tantôt presque horizontales, et se relevant seulement vers leur affleurement. Leur gisement est d'ailleurs convexe ou concave^ suivant la forme du terrain de grès rouge qu'elles recouvrent, mais souvent le schiste cui- vreux manque, et le grès rouge se montre à la surface du sol. Dans un petit nombre de localités , ce terrain forme deux ou trois couches, qui sont alors peu éloignées l'une de l'autre, et séparées par des couches de calcaire argileux compacte. Le schiste marno-bitumineux n'a pas été observé dans les Alpes, aussi caractérisé que dans le pays de Mansfeid ; on le regarde cependant comme caractéristique pour le calcaire alpin. M. de Humboldt l'a reconnu dans le calcaire secon- daire ancien des montagnes des deux Amériques. Dans quelques parties de l'Allemagne, on connoît, sous le nom de brandschiefer , un schiste intiammable , marneux et bitumineux, dont le gisement ne paroît pas toujours être le même que celui du schiste marno-hitiimincux proprement dit. Le Calcaire argileux compacte {zechstcin) est le ter- rain principal de cette formation. Souvent les deux terrains précédens manquent , et celui-ci est seul , ainsi que cela a lieu dans la plus grande partie des chaînes calcaires des Alpes; mais partout où les premiers se présentent , le calcaire com- pacte les recouvre, en masses beaucoup plus considérables que celles qui sont formées par eux. Ce calcaire contient depuis un seizième jusqu'à un quart de son poids d'alumine. Il est , en général , d'un gris jaunâtre ou brunâtre sale, passant à toutes les nuances de gris, très- souvent traversé de nombreuses dendriles ; à cassure com- pacte, terne, mais souvent esquilîeuse ; assez dur et tenace. 264 TER Quelquefois il renferme du mica, et passe alors à la roche nommée dach par les mineurs du pays de Mansfeld, et qui elle-même forme le passage du zechstein au schiste marno- Litumineux. Le zechstein est quelquefois mélangé de spath calcaire , de gypse , de masses argileuses analogues à celles du grès bigarré , de petits cristaux de quarz et de paillettes de mica. 11 contient souvent des minerais de fer argileux et des pyrites, rarement des minerais de cuivre et de plomb. Dans les Alpes , le calcaire argileux qu'on croit analogue au zechstein de Thuringe , renferme des amas assez considé- rables de gypse et de sel gemme , ainsi que des couches su- bordonnées de psammite assez semblable à la grauivacke , de phyllade , de calcaire arénacé , de houille sèche , de grès vert ou psammite coloré en vert probablement par la chlorite, de grès blanc, de fer argileux lenticulaire, et des.pelits filons de minerais de plomb et de zinc. Il renferme , dans un mode de gisement qui n'est pas encore bien déterminé, mais quiparoît être un ensemble de couches ondulées, les gîles de minerai de mercure d'idria en Carniole ; il renferme aussi des amas d'argile quelquefois très-considérables, qui semblent avoir rempli d'anciennes grottes. Le calcaire argileux compacte renferme des pétrifications nombreuses dans certaines localités, et peu abondantes ail- leurs : ce sont particulièrement des ammonites^ des nummulites^ des iéréhraiules , des gry pintes , des trochites , des serpulites. Les bancs de grès vert du calcaire des Alpes contiennent abon- damment des pectinites et des nummulites , rarement des huî- tres. Ce calcaire est toujours distinctement stratifié ; ses couches sont presque horizontales dans la Thuringe ; elles sont souvent très-inclinées dans les Alpes : dans l'une et l'autre localité , elles présentent des conlournemens remarquables. Quelque- fois les escarpemens montrent une tendance à des formes prismatiques. Le calcaire argileux compacte paroît beaucoup plus rarement celluleux et caverneux, que les calcaires de la troisième formation. La formation du calcaire argileux est souvent traversée par mie grande quantité de fentes : souvent ce ne sont que de sim- ples fissures qui se croisent dans plusieurs sens ; quelquefois ce sont des fentes plus ou moins ouvertes, et vides. On en connoît beaucoup de ce genre dans les montagnes de la Suisse, et les montagnards consultent la direction et la température des courans d'air qui s'établissent dans ces fentes , pour pré- voir le beau ou le mauvais temps ; quelquefois, enfin , ce sont des fentes remplies, ou de véritables filons. En Hcsse et en T E R 265 Thuringe , on exploite des filons de cuivre et de cobalt qui se présentent , dans les couches supérieures au calcaire argileux comme de simples fissures, s'élargissent et deviennent pro- ductifs en traversant le calcaire argileux et le psammite cal- caire, et pénètrent au-dessous dans le grès rouge ancien, ou même, à Bieber (pays de Hanau) , dans un micaschiste, mais y redeviennent bientôt stériles, s'amincissent et finissent, comme ils ont commencé , par être des fissures presque im- perceptibles. Ces fentes de toute espèce occasionent aux couches de la formation , des sauts , des rejets , des changemens et des ir- régularités nombreuses qu'on remarque surtout dans la cou- che de schiste marno-bitumineux exploitée pour les minerais qu'elle renferme. Plusieurs de ces irrégularités sont repré- sentées,d'une manière intéressante pour le géognoste comme pour le mineur, sur la planche 28 du bel ouvrage de M. Héron de Villefosse sur la Richesse minérale. Dans l'Amérique méridionale, et particulièrement dans la Cordillère de la côte de Venezuela , M. de Humboldt a re- connu le calcaire argileux immédiatement superposé au ter- rain de micaschiste. Ce calcaire renferme des couches subor- données de psammite calcaire , de schiste marno-bilumincux et d'argile salifère mêlée de sel gemme et jle gypse. AuPérou, le môme terrain contient, dans le district de Pasco , des couches de fer oxydé terreux renfermant des minerais d'ar- gent , et connues sous le nom de pacos. Dans le district de Chota , il renferme des couches de silex corné et de jaspe schistoïde ; il est traversé par des filons de minerai d'argent. Au Mexique , le calcaire «Ipin repose souvent sur le phyllade primordial, quelquefois sur le porphyre, ailleurs sur le phyl- lade intermédiaire. Dans les districts de Sombrerete, de Ca- torce , de Tasco , de Zimapan , de nombreux et riches filons de minerai d'argent courent dans ce terrain et pénètrent souvent dans le terrain inférieur, La formation de calcaire argileux est très-généralement, quoique non universellement répandue ; elle se lie intimement à la formation précédente , ainsi qu'à la formation suivante dont elle est cependant séparée quelquefois par un terrain gypseux. Troisième Formnlion. — Terrain de calcaire caverneux ET FÉTIDE. Le calcaire de cette formation est bien plus varié que celui des précédentes, 11 présente cependant presque loiijours un des deux caractères çnoiicés dans le nom que nous lui don- :.66 T E R nons, c'est-à-dire une odeur fétide soit bitumineuse, soit hydro-sulfureuse , ou un tissu caverneux ou celluleux. Quand les cavités sont très-peliles , elles rendent seulement la roche rude au toucher -, mais souvent ces caviiés deviennent visibles à Toeil , elles affectent alors les formes les plus bizarres; sou- vent elles sont plus grandes encore , et conslitMeut les nom- breuses cavernes qui paroissent plus parricMlIèrement propres à cette formation, quoiqu'on en connoisse dans tous les ter- rains calcaires. Quelquefois les deux caractères se trouvent réunis; plus souvent ils sont indépendans l'un de l'autre ; mais quelquefois aussi ils manquent tous deux, et ce n'est alors que par analogie qu'on peut présumer que le calcaire se rapporte à la formation dont il s'agit. Les couches inférieures de cette formation sont encore très- argileuses, et affectent aussi les teintes grises du calcaire de la formation précédente auquel elles passent par des nuances insensibles. Les couches supérieures, au contraire, sont plus pâles et plus pures ; elles perdent aussi le caractère de cellulosité que nous avons assigné à la formation ; elles passent au terrain de calcaire coifuiller que nous étudierons dans le second groupe. Toutes les variétés du calcaire de cette formation ne se présentent pas partout on la formation existe ; elles ne se présentent même jamais toutes dans la même contrée; et on ne trouve , le plus souvent, dans chaque lieu, que celles des variétés qui ont le plus de rapport avec les terrains qui les précèdent et qui les suivent. Il en est presque toujours ainsi en géognosie , et on observe cette circonstance d'au- tant plus que l'on s'éloigne davantage des formations primor- diales ; il semble alors que chaque formation prenne, dans chaque localité, certains caractères généraux propres à la localité , caractères qui font quelquefois entièrement dispa- roîlre ceux qui sont propres à la formalion en général, et qui rendent très-difficile la détermination de celte formation. Ainsi , la masse principale des terrains calcaires du Jura se rapporte probablement à la formation que nous considérons maintenant ; mais elle y présente des caractères locaux très- différens de ceux des calcaires analogues des autres contrées, et de plus, elle y paroîl avoir une connexion intime d'une part avec le calcaire alpin de la formalion précédente, d'au- tre part avec le calcaire coquillierAn groupe suivant , de telle sorte qu'on ne sait où tracer , dans le Jura , les lignes de sé- paration entre les trois formations. Nous ajouterons donc seulement aux caractères généraux ^uc nous venons de donner, pour toute la formalion, ceux T E R 267 âe présenter, toujours une stratification distincte, en couches quelquefois inclinées , souvent arguées , qui allernenl avec des couches d'argile et de marne , et de rciifcnner fréquem- ment , comme terrains subordonnés , soit des bancs de mi- nerai de fer hydraté , et peut-être de fer spathique , soit, mais parliculièrement dans ses parties inférieures, une for- mation de gypse et de sel gemme , à laqu(-:lle les couches supérieures du calcaire fétide son! presque toujours superpo- sées : enfin , quand elle est en conlacl avec les calcaires des deux formations précédentes, ou avec le grès bigarré , d'être toujours au-dessus des premiers terrains , et au-dessous du dernier. Nous passerons maintenant rapidement en revue les dif- férentes variétés de terrains que nous rapportons à cette formation, en commençant par celles qui se présentent dans le pays de Mansfeld , et dans les contrées voisines, et qui ont été bien décriles dans l'intéressant ouvrage de M. Freies- leben , sur le fermin à schiste citwreux. Le Calcaire marneux caverneux, nommé Raurlnvacke ou wake enfumée dans le pays de Mansfeld , est d'un gris brunâtre sale , et rempli de petites cavernes ou cellulosités, de formes bizarres , qui font prendre à celte roche les as- pects les plus singuliers et les plus différens. Il est assez dur, à cassure esquilleuse , rude au toucher. 11 contient une assez grande proportion d'alumine et de silice , et peu do bilume. Il renferme peu de débris de corps organisés : ces débris sont des gryphites et des chnmitcs. Il contient souvent de la chaux carbonaléc nacrée , quelquefois du quarz , des pyrites et des rognons aplatis de fer hydraté et d ocre jaune. Le calcaire marneux caverneux est disÙRCtementstratifié, en couches quelquefois assez épaisses. Dans certaines cou- ches, il paroît prendre une structure, en petit , analogue à celle de l'oolilhe. Il repose immédiatement sur le calcaire argileux compacte ( z^r/?5/ff/rt ), et les deux roches passent fréquemment l'une à l'autre. i>es cellules ou petites cavernes que ce calcaire contient , commimiquent souvent ensemble, en assez grand nombre. Elles sont souvent remplies de gaz acide carbonique, quelquefois de calcaire marneux pul- vérulent. Leur disposition et l'irrégularité de structure de tout le terrain de raiicJuvacke portent à croire que de grands dé- gagemens de gaz ont eu lieu pendant son dépôt , ou peu de temps après. La raiicJuvacke contient même quelquefois des cavernes as- sez considérables ; et on e.st tenté de la regarder comme vepréseolant en petit , dans les formalions resserrées =68 TER du centre de l'Allemagne , tous les calcaires caverneux dont nous allons parler tout à l'heure ; mais il est à remarquer «jue ceux-ci sont toujours au dessus des gypses anciens, tan- dis que la rauchivacke , inlimement liée au zechstein , est pres- que toujours au dessous dç ce même gypse , et quelquefois seulement mélaBgée avec lui. Le Calcaire mauneux et pulvérulent , nommé asche ( cendre ) , dans le pays de Mansfeld , est brun ou d'un gris brunâtre , cl composé de molécules qui paroissent n'adhérer entre elles que par l'humidité qu'elles contiennent; car aussi- tôt qu'il est exposé à l'air, il se résout en une véritable pous- sière. Il forme, au-dessus de la rauchivacke ^ des couches qui ont souvent plusieurs toises de puissance , et qui renferment dans leur intérieur des rognons nombreux de raucJuvacke , et de toutes les nuances intermédiaires entre les deux subs- tances. Il renferme aussi des rognons de calcaire fétide et de gypse , et il alterne quelquefois avec ces deux dernières roches. La texture constamment pulvérulente de ce terrain est une circonstance remarquable. Il paroît formé par un mélange à peu près égal de calcaire et d'alumine , mêlé de silice et de bitume. Il passe au calcaire fétide , et à l'argile bitumineuse, comme au calcaire caverneux. Il renferme quel- quefois du spath calcaire, du gypse , du sable quarzeux , de l'argile, de Tocre, mais particulièrement et avec abondance, de la chaux carbonalée nacrée , nommée , en allemand, scj/.aum-kalk ^ schaum-erde ^ schaum-spath , schaum-schiefer ^ se- lon son mode de texture. On n'a pas encore reconnu de dé- bris de corps organisés dans le calcaire marneux pulvérulent. Cette roche ne paroît pas s'être présentée dans un grand nombre de localités ; au moins , on ne l'a indiquée jusqu'ici que dans la série des formations secondaires anciennes du centre de l'Allemagne , écrite par M. Freiesleben ; mais il nous paroît bien probable qu'on la retrouvera ailleurs, dans les formations analogues, lorsque les géologues donneront plus d'attention , qu'ils n'ont fait jusqu'ici, aux terrains for- més de roches ébouleuses ou pulvérulenles. Le Calcaire FÉTIDE ( 5///?^5/e/n) conslllue la masse prin- cipale de la formation , dans les localités où il se trouve avec les variétés précédentes. Tantôt il se présente en couches so- lides , tantôt mélangé avec l'argile , tantôt mélangé avec le gypse. Dans le premier cas , il est d'un bnm noirâtre pas- sant au jaune , par Talléralion ; sa texture est feuilletée , mais sa structure , considérée plus en grand, est contournée et repliée irrégulièrement en zigzag , d'une manière im- TER 2G9 possible à décrire , ce qui ne s'aperçoit que dans Tintérieur des excavations souterraines , parce que , dans les escarpe-' mens au jour , la roche s'altère et perd tous ses caractères , avec la plus grande facilité. Quelquefois le calcaire fétide prend une apparence de structure oolithique. Mélangé avec l'argile , le calcaire fétide constitue une grande quantité de petites masses anguleuses ou aplaties, disséminées irrégulièrement dans une couche d'argile bitu- mineuse , qui est ordinairement située au-dessous des cou- ches de calcaire fétide pur. Quand le nombre des masses calcaires diminue , la couche argileuse passe au calcaire marneux pulvérulent ^asche). Quelquefois, au contraire , le calcaire fétide domine ; le tout semble alors se fondre en- semble , et passer au calcaire caverneux ( rauchwacke ). Quelquefois des ills d'argile feuilletée pure sont subordon- nés au calcaire féllde. Quelquefois ce calcaire est mélangé de bilume en assez grande quantité. En Bavière , près du lac de Tcgern et ailleurs , le bitume , au lieu de se mélanger avec le calcaire , s'en sépare et coule assez abondamment , ou se présente en masses volumineuses d'asphalte, tandis que la roche calcaire est blanche et pure. Sur les bords du Rhône, aux environs de la perte de ce fleuve , des couches d'argile et de sable impré- gné d'asphalte, sont subordonnées à un terrain calcaire, de formation analogue au stlncksteîn. Elles sont exploitées à Surjoux, déparlement de l'Ain; il en est probablement de même pour le gîte d'asphalte exploité à Losbann près Wis- sembourg (déparlement du Bas-Rhin). Dans beaucoup de parties de la Bourgogne , un schiste , assez bitumineux pour s'enflammer quand il est en contact avec des charbons ar- dens, et pour brûler, avec 82 pour cent de perte , se ren- contre en couches qui alternent avec les couches supérieures du calcaire à gryphîtes , dit pierre bise, dans le pays. Le schiste \x\{\3im\ï\'Ah\Q on hrandschiefer de Seefeld en Bavière, indiqué comme supérieur au calcaire alpin , mais inférieur au cal- caire féllde , est encore de la même formation. Il renferme des empreintes de poissons. Le calcaire fétide se trouve aussi , dans le pays de Mans- feld , mélangé de toute manière avec le gypse ancien qu'on y regarde comme étant subordonné à cette formation caicaire. Il recouvre toujours les deux terrains précédens. Au pied du Harlz , il recouvre constamment aussi le terrain de gypse an- cien. Il est souvent recouvert par le grès bigarré , ou par le gypse subordonné au grès bigarré. Une couche d'argile feuii- ayo T t: R letée , quelquefois puissante de plusieurs foises, se trouve assez conslammenl à la limite des deux formations. M. Freiesleben dit qu'il n'a pas connoissance qu'on ait reconnu aucun débris de corps organisés dans le véritable calcaire fétide , et que toutes les citations de ce genre qui ont été faites, se rapportent à d'autres calcaires , qui peuvent être de formation plus ou moins contemporaine au stincks- tein , mais qui doivent en être distingués. On y remarque au contraire des dendrites ferrugineuses très-fréquenles et très- belles. Le calcaire fétide est assez abondamment répandu. Sa puissance , dans les terrains à schiste cuivreux du centre de l'Allemagne , varie de un à quarante mètres. Les trois terrains précédens , mélangés de couches argi- leuses , et de masses volumineuses de gypse, constituent, dans le pays de Mansfeld, tout ce qui répond à notre troi- sième formation de calcaire alpin, et cet ensemble a été dé- crit par M. Freiesleben , sous le nom de partie supérieure de lancien calcaire secondaire. Mais , dans d'autres pays , d'autres variétés de terrains calcaires paroissent devoir être rappor- tées à la même formation , et se présentent en masses beau- coup plus étendues. Nous désignerons les suivantes : Le Calcaire rude ( Eaul)kr.lk , Rauher kalk ) , ainsi nommé par M, Voigt, à cause de la rudesse qu'il présente au toucher , est d'un blanc jaunâtre , grenu , pénétré de parties spalhiques , à texture poreuse et caverneuse. Les cavités va- rient d'une ligne à plus d'un pouce de diamèîre , et sont quel- quefois remplies de calcaire marneux pulvérulent ( asche) ou d'infiltrations de calcaire spalhique. Il dégage , par le choc , une foible odeur hydrosulfureuse. M. Freiesleben, M. Jordan et d'autres géologues, disent qu'on n'y apoint reconnu do ves- tiges de corps organisés. Cependant M. de Schlollheim indi- que, dans ce même calcaire, des coraux et des encrinites. Il renferme de nombreuses cavernes, de l'une desquelles sort un ruisseau considérable , au pied du Thiiringervvald , et dont quelques-unes sont remplies d'argile. On y remarque aussi , quand il forme la surface du sol , de nombreux enfoncemens en forme d'entonnoirs, qui paroissent produits par d'anciens éboulemens de cavernes ou d'excavations souterraines. Ce calcaire est souvent distinctement stratifié , en couches qui alternent quelquefois avec de petits lits de minerai de fer oxvdé, mélangé de calcaire et d'argile ; ailleurs il forme, sans le moindre indice de stratification, des masses énormes de rochers qui offrent de nombreux escarpemens, et des formes bizarrement variées. Quelquefois , ce calcaire se présente TER* 27s sous l'apparence d'une marne pulvérulente , qui a proba- blement des rapports avec le calcaire marneux pulvérulent (û5r/ie)duMansteld. Souvent le calcaire est traversé parune foule de veinules spathiques ; quelquefois il prend alors une apparence oolithique. Ce terrain paroît inlimemeni lie, sousle rapport géognostique , avec le calcaire fétide ; cependant il lui est plutôt superposé qu'il n'en est recouvert ; mais l'un et l'autre recouvrent toujours le calcaire marneux compacte ( zechstein ). Dans une seule localité , près d'Altenstein , on l'a observé immédiatement superposé au granité. A Schartz- feld au pied du Harlz , il repose sur la grauwacke et sur le calcaire fétide , auquel il paroît passer. Le Calcaire a cavernes ( hœhîen kaîkstcin ) des minéra- logistes allemands, paroît bien le même que le calcaire précé- dent , dans lequel la texture ceiluleuse , ou caverneuse en petit , s'est changée en une structure caverneuse en grand. D'ailleurs, nous avons vu que le calcaire rude contenoit souvent aussi des cavernes. La Franconie , la Souabe , la Carintbie , la Dalmalie , etc. , présentent ainsi, dans un dé- veloppement considérable , celte formation que nous avons vue bornée dans le pays de Mansfeid à des couches peu épaisses de stlukstein et de rauc/uvof.ke. M. de Humboldt l'a reconnue dans les montagnes de l'Amérique méridionale, également remplie de cavernes , renfermant des bancs de jaspe schisloïde passant au silex corné , et reposant immé- diatement sur l'ancien calcaire alpin. C'est à cette même formation que nous rapporterons, avec M. Freiesleben: Le Calcaire FERRUGINEUX {eisenkalkstein) de plusieurs minéralogistes allemands (^zurhtwand de M. hleim) , lequel moins caverneux que le précédent, et coloré en jaune bru- nâtre par un mélange d'oxyde de fer hydraté , se présente en couches , tantôt solides et dures , tantôt terreuses et pres- que friables , à la place géognostique du calcaire fétide et du calcaire marneux caverneux. Il renferme souvent beaucoup degfyphi'tes,et on l'a aussi nommé Calcaire À gryphites ; il renferme également des pectinites. A Bicber ( pays de Hanau) il recouvre le zechstein , et contient principalement des om- moniies. Nous croyons devoir y rapporter le calcaire infé- rieur de la Bourgogne , connu dans le pays sous le nom di- pierre lise, et pour lequel M. Leschevin a aussi adopté la dénomination de calcaire à gryp/tiies. Les couches supérieures de ce terrain renferment beaucoup de héleninites et d'ammo- nites ; les couches inférieures, qui contiennent le plus de gry- phites , ne sont séparées du granité que par un terrain de 273 TER psamniile quarzeux et de grès , qui doit être considéré comme de formation intermédiaire. Dans quelques parties au pied du T/iuri/igeiwa/d, le calcaire ferrugineux recouvre immédiatement le terrain primordial; ce gisement est altri- hué , par M. Heim , à la destruction , postérieure à la formation du calcaire, des terrains intermédiaires qui sépa- roient les deux terrains extrêmes ; il est résulté de cette destruction , une rupture et un changement de position du ierrain calcaire , dont les couches paroissent souvent , en effet , bouleversées et formées de fragmens anguleux ou arrondis, à peine réunis. Ce terrain renferme une grande quantité de veinules et de nids de spath calcaire , ou même il est devenu , dans certaines localités , entièrement spathi- que , et formé en partie de fer carbonate. Ailleurs, et parti- culièrement dans ses couches inférieures , il passe entière- menl au fer hydraté qui constitue alors des bancssubordonnés dans le calcaire. Beaucoup de gîtes semblables de minerai de fer sont ex- ploités dans ce terrain ( ces gîtes renferment souvent des ca- vernes considérables). Il contient des couches très siliceuses, d'autres , très-ferrugineuses , d'autres analogues au calcaire marneux caverneux ( rauclnvacke ) ; et il paroît , dit M. Freies- leben , que les trois terrains de stinkstein , raiichwacke et zechstein , se trouvent réunis et comme fondus dans celte formation. Le Fer spathique , qui constitue seul des masses consi- dérables ou même des rameaux entiers de montagnes , comme auprès d'Eisenerz en Slyrie , paroît , selon les indications données par plusieurs géologues , devoir être rapporté à la même formation. Peut-être doil-on y rapporter également les gîtes volumineux de minerai de fer , connus dans le pays de Schmalkalde, et autres localités situées au pied du Thii- ringerwald , que M. Heim considère comme formant , au- tour du terrain primordial de cette contrée , une espèce d'anneau qui le sépare des terrains secondaires plus moder- nes ; mais d'autres minéralogistes regardent la plupart de ces gîtes, entre autres ceux de Schmalkald.e , comme de puissans liions ou des amas trans<>ersaux. ( V. Gîte de miiserais. ) Le Calcaire a lumaciielles de la Carinthie , et celui de la Bourgogne , paroissent appartenir aux derniers membres de la formation du calcaire à gryphites. Nous réunirons aux terrains préccdcns , c'est-à-dire , à l'ensemble des formations de calcaire alpin , une grande partie des Calcaires calaminaires , mais seulement une partie, parce qu'il semble qu'on doive admettre comme for- mant peut-être une série particulière , les terrains calcaires TER 273 qui contiennent des amas ou de petites couches de calamine > de plomb sulfuré et carbonate , et de fer argileux , série à la- quelle doivent probablement être rapportés les calcaires plomblfèreset calaminaires de la Belgique, série qui commen- ceroit danslaclasse intermédiaire, et qui se prolongeroil dans la classe secondaire, peut-être même au-delà du premier groupe. Quoi qu'il en soit , c'est dans ce premier groupe que les terrains de la série paroissent les plus abondans ; mais plusieurs de ces terrains doivent probablement être rappor- tés aux deux premières formations calcaires. Dans un assez grand nombre de pays, un calcaire analogue au calcaire alpin alterne avec un calcaire ferrugineux , avec des couches d'argile et de marne , et souvent avec un psam- mite micacé verdâtre. Le tout renferme des couches et des amas de fer argileux, de minerai de plomb de diverses espè- ces, et de zinc oxydé. Ce terrain paroît avoir une étendue considérable dans la Haute-Silésie et dans la Pologne ; les mines de Tarnovvitz , d'OIkusch , etc. , y sont exploitées. On doit probablement y rapporter le terrain de Bleyberg en Carinthie , qui est situé au-dessus du grès rouge , mais qui paroît plus ancien que le calcaire lumacheile ; celui de Combecave ( département du Lot ) qui , dans les mêmes relations de gisement , renferme les mênies substances , etc. A Combecave , le calcaire calaminaire renferme une grande proportion de magnésie. Ce dernier fait contribuera à nous faire placer ici le Calcaire magnésien des minéralogistes anglais , calcaire d'un jaune foncé , formé d'une agrégation de petits cristaux microscopiques , et qui paroît être , à plusieurs égards , d'une nature particulière. Mais ce rapprochement est d'ail- leurs fondé sur la position géologique du calcaire magnésien qui recouvre les terrains houillers du Northumberland , et qui est recouvert par le f!,rès rouge noweau ou grhs higar:é. On indique , dans le calcaire magnésien , une grande quantité de débris de corps organisés , entre autres, des empreintes de poissons assez analogues au genre chétodan , des encrinitcs , des donax , des alcyonies , des arches, des anomies , des co- quilles assez semblables à des moules , et une production marine réticulée, analogue au ^evre /lustra. Nous indiquerons également ici , d après M. Freicsieben , Le Calcaire salifere (sahstock-kalksteir}) du sud de l'Alle- magne , lequel renferme , dit-on , une grande quantité de fossiles, parmi lesquels on cite : des trochifes , des perfinifes^ des giyphiies , des ammonites , des orthocérutites, des bclemniics ^ et une foule d'autres genres différens , qui semblent apparte- xxxiii. iB 374 TER nîr à des terrains de plusieurs ordres d'ancienneté. Ce cal- caire est de couleur pâte, et laraelleux; il contient souvent un mélange notable de parties siliceuses, et des couches subor- données de silex corné ou de jaspe schistoïde. On a indiqué ce terrain calcaire comme renfermant les amas de sel gemme exploités en Bavière et en Tyrol ; mais cette indication pa- roît peu certaine. Des observations récentes portent à croire que les amas de sel , de gypse et d'argile , sont situés sur le calcaire , mais ne sont pas recouverts par lui. Les Calcaires argileux qui constituent le sol du Bas- Boulonnais , en alternant avec le grès spaihique et avec des couches d'argile, nous semblent encore devoir être rapportés au calcaire secondaire ancien. Ils renferment beaucoup de fossiles marins, entre autres de ammonites ^ des huîtres., des térébratules , des trigonîes , etc. On y observe aussi quelques empreintes de plantes. Enfin nous placerons ici, mais avec incertitude, le Calcaire DU Jura , c'est-à-dire , le terrain qui forme la masse principale des montagnes du Jura , terrain qui paroît faire suite aux ter- rains calcaires de Souabe et de Franconie. Nous avons déjà indiqué les doutes qui régnent, au sujet de cette classifica- tion , dans l'esprit des géologues. Il paroît qu'il existe , dans le Jura , au moins trois formations calcaires ; mais on les a confondues souvent ensemble , parce qu'elles ne sont sépa- rées par aucun autre terrain de nature différente, et parce qu'elles semblent passer l'une à l'autre d'une manière in- sensible. Le calcaire inférieur contient beaucoup de gij- vhites , et d'autres débris de corps organisés , qui lui donnent une texture sublamellaire. Il repose , tantôt immédiatement sur le terrain primordial , tantôt sur le gypse secondaire an- cien ; il est bien analogue à notre troisième formation du calcaire alpin ; il semble constituer le terrain calcaire infé- rieur de la Bourgogne. Dans ce dernier pays ,. ses couches supérieures prennent la structure oolilhique , et ont été dé- crites par M. Leschevin , sous le nom de calcaire noduleux. Ces couches sont peu épaisses , et il est à remarquer qu'on en rencontre déjà quelquefois dans les parties inférieures du calcaire a gryphites. Mais , dans le Jura , au-dessus du calcaire ancien , se pré- sentent des masses très puissantes de calcaire , d'un jaune grisâtre assez clair, contenant peu de fossiles, mais des couches nombreuses d'OoLiTHEs, blanches ou jaunâtres, de toute dimension. Ce calcaire alterne , ainsi que le premier , avec des couches de marne et d'argile schisteuse; il renferme des couches et des amas de minerais de fer en grain ; il ne TER 275 paroît avoir d'analogue bien prononcé clans aucun des ter- rains calcaires que nous avons elles en Allemagne ; cepen- dant nous avons vu des apparences d'oolilhes dans le calcaire rudeàa r/jM/vng'mvûW; nous savons d'ailleurs qu'il existe des bancs d'oolithe dans le grès bigarré , lequel recouvre tous nos calcaires secondaires anciens. Nous croyons donc pouvoir placer aussi le second calcaire du Jura , à la fin des forma- tions calcaires anciennes , jusqu'à ce que la connoissance , plus approfondie, des fossiles, ait permis de déterminer exac-. tement les relations d'ancienneté de ces divers terrains. Les terrains calcaires du Jura se présentent souvent en couches arquées ou contournées en grand , de telle sorte que les mêmes couches qui , sur le flanc d'une montagne , pendent comme cette montagne, se courbent , dans le fond de la val- lée , et se relèvent sur le flanc de la montagne opposée. Ces ondulations ont quelquefois lieu, à plusieurs reprises , avec une sorte de régularité , de sorte que plusieurs petites chaî- nes , parallèles entre elles, semblent formées par les mêmes couches. Mais ailleurs , elles présentent des accidens singu- liers , et un mélange à' allures inexplicable , dans les couches d'une même montagne ; on peut en voir des exemples cités par M. Lemaistre , dans le n." 106 du Journal des Mines. Les crêtes de ces montagnes sont souvent des plateaux horizon- taux, et elles offrent , sur leurs pentes , un grand nombre, d'escarpemens verticaux. Nous avons donné, pour caractère géognostique général, aux formations calcaires de noire premier groupe , d'être plus anciennes que le second grès rouge ou te grès bigarré. Le dernier membre de la série calcaire , dans ce groupe , sera donc le Calcaire subordonné au grès bigarré. 11 est très- remarquable que ce calcaire est presque entièrement formé d'OoLiTHES , que nous trouvons par conséquent ici , à peu près à la même époque géognostique que les oolithes du Jura. Il existe cependant de grandes différences entre les unes et les autres ; celles du grès bigarré sont d'un gris bru- nâtre ou rougeâtre ; la surface des grains d'oolithe est pres- que toujours rude , et comme chagrinée. Souvent ces grains ont l'apparence de débris de corps organisés , qui paroissent voisins des échinites , ou qui sont entièrement indétermina- bles. Ils sont de grosseur très-diverse , depuis celle d'un gros pois jusqu'à une petitesse invisible. Dans ce dernier cas , ils se fondent quelquefois tout-à-fait dans la pâle d'une roche brune , d'apparence homogène , assez dure , qui contient au- tant d'argile et de silice que de parties calcaires, et qui a été décrite par M. Freiesleben , sous le nom de hornmergel (marne cornée ). Souvent [qs grains ne renferment pas de 276 T E n sable dans leur centre, mnîs toute leur masse est homo- gène , et analogue à celle de la pâte qui les enveloppe. Quel- que-fois ces grains sont pénétrés de fer spatlw pie ou de fer hydraté , sabstances qui s'y rencontrent aussi en géodes. Quelquefois l'oolilhe compacte, ou le hornwergel ^ paroît passer enlièrement au fer spalhique. On observe aussi des passages nombreux de Toolilbe, au grès calcaire, à la marne, au calcaire compacte, même au silex corné. L'oolithe renferme souvent les rognons argileux ( thun- galle ) , qui sont propres à toute la formation du grès bigarré. On n'y connoît pas de fossiles , mais de nombreuses den- drites et des Infiltrations ml ni formes. L'oolilbe forme, dans le f(rè& bigarré., des couches de un à quatre décimètres de puissance , qui alternent avec les couches de psammile , d'argile et de grès. Nous devons encore citer ici les terrains de Poudingue POLYOÉNIQUE ET CALCAIRE , connus SOUS le nom de nageljlue , qui forment, en Suisse, des chaînes de montagnes considé- rables, en alternant avec d'autres terrains de transport, assez analogues aux terrains de grès bigarré ; mais on re- garde généralement tout cet ensemble comme de formation beaucoup plus moderne , et comme devant être rapporté à la classe des terrains d'alluvion. Le troisième calcaire du Jura , très-pâle , très-coquillier , nous paroît devoir être rapporté au calcaire coquillier des Al- lemands : nous répéterons seulement qu'il paroît exister un passage insensible du second au troisième calcaire. L'Incer- titude que ce passage peut faire naître, relativement à «la dé- termination du second, est augmentée par l'observation de ce qui existe en Angleterre , où \3iJormc1tion oolilhique se trouve au-dessus d'un calcaire coquillier compacte, bleu ou blan- châtre , nommé lias , renfermant des ammonites , des hélem- niles , des peniacriniies , etc. , lequel est lui-même au-dessus du second grès rouge. Le tout paroîlroit donc plus nouveau que notre premier groupe. Aussi plusieurs géologues rangent le lias , comme calcaire coquillier., dans le groupe suivant. Mais le terrain d'oolilhe, situé au-dessus du lias., renfer- me des graphites dans ses couches inférieures; et tout cet ensemble a beaucoup de rapports avec celui qui est formé par les deux plus anciens calcaires du Jura. D'autres miné- ralogistes pensent même que le lias doit être rapporté au calcaire alpin, proprement dit, c'est-à-dire, à la deuxième forniation de notre série calcaire , dans le premier groupe des terrains secondaires. On voit quelle incertitude , quelle confusion , régnent en- core parmi tes géologues , relativement à la classification des TER 277 calcaires secondaîres inférieurs. Ce n'est qu'en comparant avec soin, et coordonnant entre elles un grand nombre d'observations exactes , sur les rapports de gisement des cal- caires de différentes contrées avec d'autres terrains , et en étudiant avec un soin égal les fossiles qu'ils renferment, qu'on pourra peut-être parvenir à se former des idées nettes , sur le nombre et sur la place géognostique des différentes formations auxquelles ils appartiennent. Nous avons dit que MM. d'Engelhardt et de Raumer re- gardoienttous les calcaires secondaires anciens comme cons- tituant une seule formation , subordonnée elle-même à leur grande formation du. grès rouge. A l'appui de cette opinion, ils comparent , dans plusieurs localités , l'étendue de ces ter- rains calcaires avec celle des terrains de grès rouge , entre lesquels ils sont situés , et tr.-uvent la première infiniment moins considérable que la seconde. IMais il pourroit paroîlre difficile de tirer une conclusion semblable de l'examen des terrains calcaires des Alpes, du Jura, de Bavière, de Souabe , de Franconie , etc. SÉRIES GYPSEUSE ET SALINE. Les terrains de ces deux séries sont encore ici presque constamment réunis , c'est-à-dire , que le sel est presque tou- jours accompagné de gypse; mais le gypse n'est pas aussi constamment accompagné de sel. L'un et l'autre se présentent quelquefois en couches régu- lières, mais plus souvent en amas qu'on a reconnus, soit dans le calcaire alpin , soit au-dessus du calcaire alpin , soit dans le grès bigarré , et qui constituent ainsi une espèce de formation non interrompue , laquelle commence dans les terrains intermédiaires et se continue à travers presque tou- tes les formations du groupe des terrains secondaires an- ciens , mais qui est particulièrement associée aux formations calcaires et argileuses ; car on n'a reconnu encore ni gypse , ni sel gemme , dans les terrains houillers , dans le grès rouge ancien , ni dans les terrains trappéens ou feldspalhiques. Nous subdiviserons cependant , pour faciliter notre exa- men , la formation générale des terrains de gypse et de sel en trois formations particulières, correspondant aux trois modes de gisemenfque nous venons d'indiquer. Dans ces différens gisemens , le gypse constitue ordinaire- ment des collines arrondies , couvertes de terre, et présen- tant seulement quelques rochers saillans , à angles toujours Irès-émoussés. Qn n'a point reconnu de fossiles marins dans les terrains 27» T E R gypseux. Cette absence constante s'explique pir les expé- riences de M. Beudant , qui ont fait voir que les animaux marins périssoient dans les eaux saturées de sulfate de chaux. Nous verrons , au contraire , (ju'on a trouvé des fossiles, Ïdus ou moins abondans, dans la formation de cette série où e sel est prédominant. Première Formation. — Gypse r.T SEL DU calcaire alpin. Aux environs de Bex, en Suisse , le gypse forme des amas considérables dans le calcaire argileux compacte , lequel re- couvre le calcaire marbre qui est superposé , en gisement iransgressif y à des terrains feldspathiques intermédiaires. Ce mode de gisement nous a empêché de rapporter , à ia classe intermédiaire, le terrain gypseux de Bex, lequel présente ce- pendant beaucoup de caractères qui lui sont communs avec les terrains analogues de la Tarentaise. La roche gypseuse est souvent anhydre. M. de Charpentier pense même que tout le gypse a été déposé à cet état , et que ce n'est qu'-au moyen de l'absorption postérieure de Teau , qu'il est passé , en par- tie , à l'état de chaux sulfatée oïdinaire. Le gypse de Bex contient de petites masses talqueuses, ou des fragmens cal- caires , analogues à ceux du gypse intermédiaire. 11 est mé- langé de calcaire fétide , de sel gemme, d'argile salifère et et de soufre. Le tout forme des amas nombreux dans le cal- caire argileux compacte. De l'un de ces amas sortent les .sources salées de Bex. Ce calcaire argileux renferme aussi des filons, peu puissans , de plomb et de zinc. Il est recouvert par un calcaire arénacé et un psammite micacé, assez sem- blables aux roches intermédiaires de la Tarentaise, et qui contiennent de la houille sèche et des minerais de fer. Tout cet ensemble de caractères semble montrer ici une espèce de confusion , entre \qs terrains intermédiaires et ceux qui nous occupent maintenant ; mais le mode de gisement ne permet pas de les réunir. M. Ebel pense que le gypse salifère de Bex fait partie d'une grande formation de même nature , qui se présente , d'une manière presque continue , le long de la troisième chaîne calcaire des Alpes , formation qu'il regarde comme composée de gypse , d'argile salifère et de sel gemme , cons- tituant , dans le calcaire alpin , des couches dirigées du sud- ouest au nord-est , et recouvertes immédiatement par des couches de phyllade micacé et de psammile, analogues à celles des terrains de grauwacke , lesquelles sont encore recouvertes par des terrains puissans de calcaire alpin. Une particularité remarquable de cette formation , qui se pro- TER S75 longe à travers toute la Suisse et dans le midi de l'Allemagne , est la présence constante du soufre , qui se montre partout en veinules dans le gypse , et celle des sources sulfureuses qui jaillisent , en grand nombre , sur la ligne de direction du terrain gypseux. 11 est très-remarquable aussi que les trem- blemens de terre sont extrêmement fréquens sur toute cette ligne. M. Ebel croit que les gîtes de sel gemme et d'argile sali- fère exploités en Bavière, dans le Salzbourg et en Tyrol, sur lesquels nous reviendrons tout à l'heure, sont le prolon- gement du même terrain , excepté ceux des environs de Hall, en Tyrol et en Slyrie , et quelques autres voisins de ceux-ci , qui paroissent si^r le prolongemement de la seconde chaîne calcaire et non de la troisième , et sembleroient indiquer que cette seconde chaîne renferme une formation analogue ; mais il paroît plus probable que ce sont seulement les gîtes des environs de Hall, qui sont dans le calcaire alpin , comme le gîte de Bex , et que ceux de Salzbourg et de Bavière sont su- perposés à ce calcaire. Dans le pays de Mansfeld, et dans tout le centre de l'Allemagne, le terrain de gypse, connu sous le nom de gypse ancien^ est également subordonné au calcaire alpin, mais particulièrement à celui de notre troisième forma- tion , lequel constitue la subdivision supérieure du calcaire secondaire ancien de M. Freiesleben. Le gypse y tsi en effet toujours au-dessus du calcaire argileux compacte ou zechs- iein ; il constitue des masses , de forme irrégulière , souvent très-volumineuses , mélangées de toute manière avec le cal- caire pulvérulent (a5t//e) , et surtout avec le calcaire fétide {stinkstein') , par lequel il est souvent aussi recouvert. Le gypse est quelquefois d'un beau blanc , souvent plus ou moins gris. Il présente les variétés grenue , compacte , lamellaire , rayonnée , fibreuse, pulvérulente , etc.; il ren- ferme souvent de l'anhydrite ; il ne contient d'ailleurs, en minéraux étrangers , outre le calcaire fétide , que du calcaire nacré. On n'y counoît pas de débris d'animaux , mais on y a rencontré quelques fragmens de bois résineux, parfaite- ment conservés. Ce gypse ne présente pas d'indice de véritable stratifica- tion : rarement même on y remarque des fissures irrégulières. Il renferme des cavernes nombreuses et considérables , con- nues sous le nom de kalkschlotien, qui communiquent les unes avec les autres, en rangées disposées suivant la direction générale des terrains auxquels le gypse est subordonné , rangées qui ont souvent plusieurs lieues de longueur. Ce& 28o TER cavernes portent l'empreinte d'un agrandissement successif,^ par la dissolution de leurs parois ; elles sont remplies d'eau jusqu'à une certaine hauteur , constante dans une étendue de pays considérable , et communiquent, à la surface du sol, avec des lacs dans lesquels les eaux sont au même niveau. Dans le pays de Mansfeld , elles servent à écouler les eaux des exploitations de schiste cuivreux. Souvent Tair de ces cavernes est trop vicie, par les exhalaisons qui se dégagent du calcaire fétide mélangé avec le gypse, pour pouvoir servir à la respiration. Dans le voisinage des cavernes, les masses gypseuses sont souvent traversées par un grand nombre de fentes, ou même elles sont entièrement éboulées, et formées de monceaux incohérens de gypse et de calcaire fétide , dont les interstices sont remplis de calcaire marneux, pulvérulent, ou d'argile sableuse. La surface du sol présente aussi de nombreux en- foncemens , perpendiculaires ou en forme d'entonnoirs , mais de toute dimension, depuis quelques mètres de dia- mètre et de profondeur , jusqu'à une grandeur assez consi- dérable pour former des espèces de vallées, ou des bassins qui se remplissent d'eau, et constituent des étangs, même des lacs de plusieurs lieues de tour. Les grands lacs des pays de montagnes calcaires du sud de l'Allemagne , paroissent analogues aux petits lacs et aux bassins du pays de Mansfeld. Le gypse ancien du pays de Mansfeld ne contient pas .sensiblement de sel gemme ; du moins n'en a-t-on pas encore reconnu; mais il en sort plusieurs sources légèrement salées , quelques-unes même sont assez fortes pour être exploitées avec avantage. M.Freiesleben croit que la source de Dilrren- berg, en Saxe , sort de ce gypse ancien; mai., d'autres per- soîines pensent qu'elle sort du gypse du grès bigarré. Enfin , on pense généralement que la formation des cavernes de gypse ancien est due, ainsi que tous les éboulemens et en- i'oncemens qui en ont été la suite, à la dissolution des masses salines qui étoient contenues dans ce gypse. Dans ce cas , il est fort remarquable qu'on n'y reconnoisse plus du tout de sel gemme aujourd'hui , tandis qu'il en existe, en si grande abondance, dans d'autres terrains qu'on regarde - comme étant de formation analogue. Cette différence nous paroît assez grande pour que ceux-ci soient présentés à part. Ils constituent notre seconde formation, que nous regardons bien cependant comme intimement liée à la première. TER 281 Deuxième formation. — Terrain de sel et de gypse situé AU-DESSUS DU CALCAIRE ALPIN. Ainsi que le titre Tindique , celle formation diffère de la précédente en ce qu'elle n'est pas subordonnée , mais bien superposée au calcaire alpin. Elle paroîl en différer aussi, en ce qu'ici c'est le sel gemme et l'argile salifère qui sont les substances dominanli-s. Ces deux substances constituent cependant plutôt de grands amas que des couches régu- lières ; mais l'intérieur de ces amas est souvent formé de lits alternatifs de sel gemme, d'argile salifère, et de gypse. Le sel gemuie renferme des masses anguleuses d'argile schis- teuse ; Targile salifère renferme des lils, des veinules et des rognons de sel gemme , ainsi que des rognons de gypse , quelquefois de plusieurs mètres de diamètre. Tels sont les giie^ de sel exploités en Bavière et en Tyrol, que M. Ebel regarde romme subordonnés au calcaire alpin, mais que ies observations les plus récentes indiquent comme superposés à cf calcaire , et comme recouverts par des terrains plus modernes, soii de grès bigarré, soit de nogel- flue , soit de débris amoncelés du terrain de calcaire alpin. Tels sont aussi les riombreux eî!- s de sel gemme , exploités au pied de la chaîne des monts Karpathes, tant au midi de cette chaîne, en Hongrie et en Transylvanie, qu'au nord, en (ialicie , où son! situées les cèle! -es mines de Wielickzka et de Bochnia. Tous ces gîtes paroissent superposés au cal- caire alpin, el recouverts parle j^t es bigarré. Tous paroissent, de même que ceux du midi de l'A-Memagne , déposés dans des bassins ou des espèces d'anciens golfes formés par les montagnes de calcaire alpin. A Wielickzka , la masse d'argile salifère a plus de trois cents mètres de puissance connue ; elle renferme de nom- breux amas de sel gemme que l'on partage, pour l'exploita- tion, en trois étages distincts, en observant que le sel est d'autant plus pur, que les amas sont plus profonds. Le gîte de Wielickzka, célèbre par la grandeur des travaux d'ex- ploitation qu'on y exécute, a, en outre, un intérêt particu- lier pour le géologue , parce qu'il renferme de nombreux débiis de corps organisés ; débris qui sont en général très- rares dans cette formation. Ce sont des fjois, plus ou moins bituminisés , qu'on observe , en grande abondance, dans le sel gemme , ainsi que àes feuilles et des fruits indétermina- bles, àes ammonites ou des madrépores c^m s'y trouvent plus rarement, enfin des coquilles marines nombreuses, que contient l'argile salifère. Parmi ces coquilles, les uiiesparois< 282 TER sent apparlenîr au genre teîUne^ les autres sont de petites coquilles presque microscopiques, univalves , chambrées , et qui semblent se rapporter aux genres rotallle , rènidite , discorbite , etc. Les bois bitumlnisés et le sel gemme qui les enveloppe, exhalent une odeur nauséabonde très-forte, odeur qui , d'après l'observation de M. Beudant, est analo- gue à celle que répandent , pendant leur putréfaction , les aplysies , les holothuries , les méduses et autres animaux marins mous , et qui est peut-être due à une cause analo- gue. Les bancs ou amas , formés par le gypse dans ce ter- rain , sont peu considérables, L'anhydrite y constitue des rognons ou des veinules contournées , dont les échantillons sont connus sous le nom de pierre de tripe. Troisième formation. — G\PSE ET SEL DU GRÈS BIGARRÉ. Cette formation paroît ' juvenl être intimement liée à la précédente ; quelquefois même elle repose immédiatement sur la première , sans qu'il y ait de couches calcaires entre les deux gypses , qui sont alors difficiles à distinguer l'un de l'autre ; mais quelquefois aussi la distinction est facile : M. Schullze a reconnu, près de Czernilz, en haute Silésie, le second gypse superposé au premier, en gisement tout-à- fait iransgressif. Les variétés de gypse, grenue, radiée, fibreuse, pulvé- rulente, même cristallisée, composent les roches de ce ter- rain , qu'on désigne cependant souvent , d'une manière générale , sous le nom de gypse fibreux, , parce que cette va- riété y est plus abondante que dans la formation ancienne. Le tout est subordonné aux terrains d'argile et de psammite, qui composent la formation du grès bigarré. Dans l'argile , le gypse forme des amas irréguliers , qui n'ont ensemble au- cune liaison ; dans le psammite , ces amas se suivent assez régulièrement , et constituent presque des couches. Une substance verdâtre , qui paroît analogue à la chlorite ou à une amphibole terreuse , se présente fréquemment et abondam- ment, mêlée au gypse de celte formation , comme le cal- caire fétide au gypse ancien. On y observe aussi de la chaux carbonatée, et de petits cristaux de quarz. On y rencontre quelquefois du sel gemme ; mais souvent aussi cette forma- tion semble n'en pas renfermer. Enfin , on y a reconnu du soufre natif, dans quelques localités. On n'y connoît point de débris de corps organisés bien constatés. Ce gypse présente quelquefois une véritable stratification ; souvent , il est traversé par des fentes et des fissures nom- breuses. On n'y connoît pas de cavernes comme dans le gypse ancien , et Ws enfonçemens qu'oa remarque quelque- TER 283 fois à la surface du terrain , paroissent dus aux éboulemens des cavernes du gypse inférieur. La plus grande partie des sources salées, parliculièrement de celles qui sont exploitées dans le nord de rAllemagne , paroissent sortir du terrain de grès bigarré. On est donc étonné de ne pas voir le gypse subordonné à ce grès, plus souv^ît uni à du sel gemme. Mais en considérant que la plu- part des grands dépôts connus de sel gemme paroissent situés au-dessus du calcaire alpin, qu'ils sont toujours unis à des masses considérables d'argile, et que l'argile entre aussi en proportion considérable dans la formation du terrain de grès è/g-û/rc' , plusieurs minéralogistes ont pensé que c'étoit plutôt à l'argile qu'au gypse , et surtout à l'argile de cette formation, qu'on devoit regarder les gîtes de sel des ter- rains secondaires comme constamment et intimement as- sociés. Il paroîl que les ricbes dépôts de sel gemme du comté de Chester , en Angleterre , sont également situés dans l'argile et immédiatement au-dessous du grès bigarré. SÉRIE CHARBONNEUSE. TERRAINS DE HOUILLE. C'est dans le groupe des formations secondaires inférieu- res que la série des terrains charbonneux a pris son plus grand développement. Ces terrains sont ici principalement formés de houille ; mais Tanthracite s'y rencontre encore , dans les plus anciennes formations , tellement uni à la houille , qu'il est impossible de le considérer à part. La houille existe , en couches plus ou moins nombreuses , dans toutes les formations des séries schisteuse et calcaire de notre groupe, ainsi que dans les formations de grès rouge. Nous avons, à l'article Houille , rapporté tous ces divers gisemens à deux ou trois types principaux; nous ne revien- drons pas sur les détails exposés dans cet article , mais nous considérerons ici la formation de la houille d'une manière un peu plus générale, en la regardant comme ayant été à peu près continue dans toute l'époque dont nous étudions , en ce moment, les produits; c'est-à-dire, que nous reconnoîtrons amant de formations de houille, que nous avons reconnu de formations générales dans les séries schisteuse et calcaire. Première formation. — Houille et aisthracite du terrain HOUILLER. Ici la houille est ordinairement bitumineuse; mais quelque- fois aussi elle ne comient pas de bitume, et constitue unvéri- 284 T E R table anlliracite. Les deux substances se rencontrent dans la même couche, soit mélangées ensemble, soit formant cha- cune des portions de couches plus ou moins étendues; mais la houille est , en géqéral , de beaucoup prédominante. Elle renferme souvent, entre ses feuillets, la substance noire , fibreuse, d'un aspect soyeux et éclatant, qu'on a désignée sous le nom de charbon de lois fossile, et qui paroît devoir être considérée comme une variété d'anthracite. La disposi- tion de la houille , en couches ou en amas parallèles, les va- riations que les couches présenleni d'ailleurs dans la nature de la substance qui les forme , celles qu'on observe dans leur épaisseur', et les accidens, connus sous le nom de renfle- ment , étranglement , couflées , brouillage , barrement , crins , nerfs, sillons, que ces variations occasionent , leur mode de gisement , souvent concave, et se relevant sur les pen- tes des montagnes primordiales, entre lesquelles le ter- rain houiller est encaissé; ou s'enfonçant , de tous côtés, dans les collines que constitue le terrain houiller lui-même, de manière que le fond de V entonnoir , formé par la houille , est quelquefois situé perpendiculairement au-dessous du sommet de la colline ; les contournemens , plis et replis nombreux et singuliers qu'on observe dans les couches de houille et du terrain houiller, leur disposition fréquente en hassins , plus ou moins étendus , et dont plusieurs sont sou- vent liés ensemble sur une direction constante , ont été ex- posés, à l'article Houille , avec des détails auxquels nous croyons devoir renvoyer. Nous renverrons aussi , soit à cet article, soit à ce qui a été dit ci-dessus, du terrain houiller, pour ce qui regarde les rapports du gisementde cette forma- tion, avec les autres terrains, et les fentes, filons ou faill&s , qui la traversent, comme pour l'indication des principales localités où la houille existe, les opinions diverses qui ont été émises sur son origine, etc. , etc. Deuxième Formation. — Houille et Schiste charbonneux DU GRÈS rouge ANCIEN. Dans son Histoire des terrains secondaires, imprimée à Berlin en 1766, Lehmann a placé , dans l'ordre général d'ancienneté , le terrain houiller entre deux terrains de grès rouge ancien. Depuis lors, on s'éfoit beaucoup éloigné de cette opinion, maison s'en rapproche aujourd'hui. Plusieurs ininéralogistes y reviennent même tout- à- fait. MM. de Schlotlheim et de Hotf regardent tout le terrain houiller comnje srbordonné au grès rouge. D'autres, ainsi que nous l'avons vu , regardent comme étant dan« ce cas , toujS TER 285 ceaxdes lerrainshooillcrs proprement dits , qui ne doivent pas être rapportés aux formations inlerniédiaires. Nous ne nous sommes pas crus assez éclairés pour adopter préci- sément soit une opinion analogue , soit une opinion con- traire ; mais, quelle que soit l'incertitude dans laquelle nous semble encore restée la question, considérée d'une manière générale, il nous paroît constant non - seulement que cer- tains terrains houillers, assez étendus, ont été reconnus pour être bien subordonnés au terrain de grès rouge , tels que ceux de Wettin sur la Saale , de Planilz en Saxe , d'une partie de la Silésie , de la pente du nord du Thiiringerwald, mais encore que le grès rouge et le porphyre , qui alterne avec lui , renferment , dans quelques localités , des couches de houille assez analogues à celles du terrain houiller pro- prement dit , accompagnées des phyllades ordinaires aux houilles , mais non des variétés de psammiles connues sous le nom degrés des houillères. C'est seulement de ce dernier fait; que nous voulons faire mention ici. 11 a été consfalo, dans le pays de Sangerhausen ; dans le pays de Stollberg , au pied du Hartz ; dans plusieurs localités , au pied du Thiin'iigenvald ; dans le pays de Schmalkalde; dans le pays d'Anhalt -Bern- hourg et ailleurs. Les phyllades sont argileux , micacés , et renferment les impressions de plantes propres aux terrains houillers ordinaires. La houille est quelquefois de qualité analogue à celle de ces terrains , mais souvent elle est moins bonne , plus terreuse , et passe au schiste charbonneux {kohlenschiefer); souvent aussi les couches ont peu de suite. M. Freiesleben indique, comuie formant un terrain subor- donné au grès rouge ancien , et méritant d'être décrit et classé à part , une roche schisteuse noire , bitumineuse et charbonneuse, q» liïiomme schisie cIiarbunnpiix\kohlen schlefer)^ et qu'il regarde comme mitoyenne entre la houille et le schiste marno-bitumineux. Cette roche est tantôt plus dure , renfermant des débris de corps organisés , et souvent alors métallifère , tantôt plus tendre , plus marneuse , et ressem- blant davantage au schiste cuivreux. La seconde variété se trouve dans les couches supérieures du grès rouge ; la pre- mière se trouve dans les couches inférieures , et, comme la houille , aufond^des anciennes vallées des terrains primor- diaux que le grès rouge a remplies. Le schiste charbonneux est feuilleté, noir ou grisâtre , tendre ou demi-dur ; il ne pâlit pas à l'air, ne se réduit pas en poussière , et ne fait pas effervescence avec les acides, comme le schiste marno- bilumineux ; mais, du reste, il lui ressemble beaucoup. Il renferme des masses rondes ou aplaties de calcaire compacte 286 TER gris , alternant , en zones plissces , avec un scîiîsie argileux noir. Il est mélangé de paillettes de mica , de lamelles de spath calcaire Hoir , ou de petits rognons de houille ou de bitume ; il alterne quelquefois , en petites couches , avec des calcaires quarzeux, ou des schistes quarzeux analogues au schiste cuticule ; il renferme aussi des veinules de véritable houille. Le schiste charbonneux contient quelquefois des minerais métalliques , en petites couches , ou en rognons , ou en petits filets. A Goldlauler, au pied du ïhiiringerwald , il a été exploité , pendant long-temps , pour le cuivre, l'argent et le plomb de ces minerais. Il renferme des empreintes de fou- gères et de roseaux , ainsi que des empreintes de tiges et de feuilles indéterminées , croisées dans tous les sens. Il ren- ferme aussi des empreintes de poissons et de coquilles. Le schiste charbonneux a souvent été confondu avec la houille , et celte confusion a donné lieu , dans plusieurs lo- calités, à des travaux de recherches infructueux , comme elle a donné lieu ailleurs à des indications géognostiques erro- nées. 11 forme , dans le grès rouge , plusieurs couches qui ont quelquefois jusqu'à deux mètres d'épaisseur, et qui pa- roissent souvent analogues aux couches de houille subor- données au même terrain. M. Freiesleben fait remarquer que la position du schiste charbonneux le place géognostique- ment entre la houille et le schiste marno - bitumineux , de même que sa nature oryctognostique : dans les couches su- bordonnées aux terrains calcaires secondaires anciens , dit- il , le bitume est le principe dominant ; dans les couches su- bordonnées au grès rouge , nous voyons le bitume et le char- bon réunis; dans le terrain houiller, c'est le charbon qui domine. Ce rapprochement , qui tend à faire considérer le schiste marno-bitumineux comme appartenant, en quelque sorte , à la série des terrains de houille , est pariiculière- ment applicable aux terrains du centre de l'Allemagne ; mais dans d'autres pays, le calcaire secondaire inférieur renferme de véritable houille , et il ne renferme pas de schiste marno- bitumineux ; aussi n'y a-t-on pas indiqué , jusqu'à présent , le schiste charbonneux qui n'est encore connu que dans le centre de l'Allemagne. Nous voyons ici un exemple de plus, de la manière dont la généralité des formations diminue avec leur ancienneté. Troisième formation. — Houille du calcaire alpin. Ici la houille est beaucoup moins abondante que dans le terrain houiller proprement dit ; car dans le plus grand nom- TER 287 bre des localités où il se présente , le calcaire alpin n'en ren- ferme pas. Ailleurs, il en contient seulement un petit nom- bre de couches. Nous avons indiqué , pour le calcaire alpin , trois subdi- visions ou trois formations principales qui se confondent sou- vent ensemble. La houille existe , selon les localités , dans l'une ou l'autre de ces formations. Dans la première , qui est contemporaine ou même antérieure au terrain houiller , la houille se présente avec tous les caractères de ce terrain houiller, et elle ne doit pas, à proprement parler, être comprise ici , mais bien dans la première subdivision du pré- sent article ; telles sont les houilles reconnues dans le cal- caire de montagnes des Anglais , où elles sont accompagnées de psammite et de phyllade impressionnés comme dans le terrain houiller véritable ; telles sont encore celles qui, dans les départemensduGard,de l'Aude, de l'Hérault, se présentent dans les premières assises du calcaire alpin, lors du mélange de ce terrain avec le terrain houiller. Ces derniers terrains , ainsi que celui du bassin de la Glane, dans le Palatinat , semblent former comme le passage de l'une à l'autre forma- tion , et la houille participe aussi , par sa nature et sa dis- position , aux caractères de l'une et de l'autre. Ce n'est que dans les subdivisions moins anciennes du calcaire alpin , que la houille prend les caractères propres à la formation que nous considérons maintenant. Nous avons indiqué ces carac- tères à l'article Houille ( V, tom. i5 , pag. 34.1 à 3^5). Nous ne les rappellerons qu'en peu de mots. La houille est, en général, sèche ov\ maigre ^ non collante au feu , facilement al- térable à l'air et à l'humidité , ordinairement pyriteuse et pyrophorique, renfermant peu ou point d'empreintes végéta- les,mais beaucoup de coquilles marines, et quelquefois aussi, dit on, des coquilles fluvïatiles. (Il n'est pas bien constant que cette dernière circonstance s.e rencontre dans deshouilies ap- partenant au calcaire alpin.) Les couches sont le plus souvent peu épaisses,peu nombreuses,peuinclinées,en général moins contournées que celles du terrain houiller, sujettes à moins d'accidens, quelquefois, cependant, tellement variables dans leur nature , que certaines parties de la couche ne renfer- ment que de l'argile marneuse fendillée connue, sous le nom de Mouillère , dans les mines de houille de la Provence , et servant à recevoir et absorber les eaux de ces exploitations ; quelquefois aussi coupées par des failles, etc. On ne sait trop si ces houilles appartiennent à la seconde ou à la troisième subdivision du calcaire alpin; ilnousparoît probable qu'elles appartiennent à la seconde. M.^Heira cite 288 TER des couches de houille situées à la place géognostique du schiste marno-bituinineux, et dont la houille paroit passer à cette roche. M. Freiesleben indique même de très -petites couches de houille dans le psammite caicSiiveXtveissfiegende) qui est situé au-di.'ssous du schiste marno -bitumineux. D'un autre coté , M. Ebel indique les houilles des Alpes comme situées dans les troisième et quatrième chaînes calcaires de ces «montagnes, et comme alternant avec des couches de cal- caire marneux fétide , de brèches calcaires , de grès rouge et d'argile. Ce dernier fait semble indiquer une transition à la formation suivante. Avant de passer à celte formation , nous ferons remarquer que dans le même calcaire alpin qui renferme , en Pro- vence , des couches de houille, on trouve aussi du lignite ; mais on n"a pas pu encore y déterminer ie mode de gisement de cette* dernière substance. Quatrième formation. — HouiLLE DU GRÈS BIGARRÉ. L'existence de cette formation nest pas l)ien certaine , pour les différentes localités dans lesquelles elle a été indi- quée les terrains qui renferment le combustible sont regar- dés , par plusieurs minéralogistes, comme devant être rap- portés soit au grès blanc (^guader saiidstein') que nous consi- dérerons dans le groupe suivant , soit même à des terrains d'alluvion-, et alors on regarde la prétendue houille comme un lignite. Cependant , même en faisant abstraction du plus ou moins de confiance que peuvent mériter les observations dont l'exactitude est contestée , il nous paroit probable que la houille , qui se présente dans toutes les autres formations du groupe des terrains secondaires inférieurs, et que nous re- trouverons aussi dans plusieurs formations du groupe sui- vant, doit exister également dans la formation placée à la limite des deux groupes. 11 nous sembleroit donc étonnant que le grès bigarré n'en renfermât jamais. A l'appui de celte manière de voir , nous rappellerons brièvement les principaux faits cités par des minéralogistes , qui nous paroissent mériter d'être crus. JM. Heim iuiiique des couches de houille dans le grès bigarré ^ au pied duïhiiringer- wald , des deux cotes de la chaîne. M. i lurl rapporte à celle formation les gîtes de houille de la Haute-Bavière. Il en dis- tingue deux sous- formations: dans la plus ancienne , le psam- mite domine , les couches de houille n'ont que quelques dé- cimètres de puissance : dans la plus nouvelle , la houille est surtout accompagnée d'argile marneuse , et de calcaire qui appartient , peut-être, au calcaire du groupe suivant. Le* TER 389 îndlcalions données par M. Ebel se rapportent enlière- ment à celles de M. Flurl ; il distingue de mi-ine deux for- mations de grès bigarré qui , toutes deux , renfcnnent plu- sieurs couches de houille. Au Pirkengrahe , près Miesbac.h, on exploite jusqu'à dix couches au-dessus l'une dt; l'antre. Celte loci«llté appartient à la plus ancienne formation, dans laquelle le terrain de grès paroit , dit- il , s'enfoncer sous la quatrième chaîne des Alpes. Ce terrain renferme, en outre , du bitume assez abondant et du succin ; il renferme beaucoup de coquilles , nummulites , téiéhvaUdes , etc.*, disposées par fa- milles dans les mêmes couches. Ce dernier fait paroît bien concluant , pour rapporter cette formation à une époque à peu près contemporaine au calcaire alpin ; mais dans celte même formation , on veut ranger les nageljiues , et un grand nombre de minéralogistes regardent les nagelflues comme appartenant aux terrains d'alluvion , d'où résulte l'incertitude pour tout ce qui peut être considéré comme de formation contemporaine à ces terrainsde transport, aussi énigmaliques qu'ils sont célèbres. RÉSUMÉ SUR LES TERRAINS SECONDAIRES INFERIEURS. Si , dans le résumé relatif à la première classe , lorsque nous avons voulu établir , pour les terrains qui la composent , un ordre général de formations, nous avons rencontré de grandes difficultés, fondées principalement sur ce que plu- sieurs de ces terrains , n'étant pas répandus universellement , on ne pouvolt pas déterminer, d'une manière générale , leurs rapports de gisement avec les autres terrains ; ces diffi- cultés deviennent naturellement plus grandes encore , à me- sure que les formations deviennent moins universelles, et à mesure que celles qui sont encore généralement répandues prennent , dans les différentes localités , des caractères lo- caux qui altèrent leur allure , et les rendent quelquefois presque méconnoissables pour l'observateur qui les a étu- diées ailleurs. Ce ne sera donc qu'avec incertitude et défiance, que nous cbercherons à indiquer l'ordre général d'ancienneté des ter- rains secondaires inférieurs, de la manière suivante : 1.'' Terrain rouiller, c'est-à-dire Terrainsde Psam- MiTE, de Phyllade et de Houille (alternant ordinairement tous trois ensemble, mais quelquefois formés presque entiè- rement de phyllade) avec jaspe schistoïde , pétrosiiex, por- phyre, cornéenne,spillite, et calcaire marbre. Cette formation appartient peut-être à la seconde classe, XXXill. If) 290 T E R 2.? TERRAIN DE Grès rolge ancien , avec porphyre , argilophyre , cornéenne , spillite , phyllade , schiste char- bonneux , houille, poudingue, grès, et calcaire marbre. 3.0 Calcaire marbre , avec phyllade , psammile , houille, grès rouge, et calcaire calaminaire. 4..'' Calcaire argileux ou Calcaire alpin [psammile calcaire (weiss liegende), calcaire mamo-bitumineux et cal- caire argileux comp3LCte{zechstein)^ avec calcaire calaminaire, houille, phyllade, argile schisteuse , psammite , Grès vert, grès blanc , jaspe schistoïde , gypse et sel gemme. 5.° Calcaire caverneux ou fétide ( calcaire marneux caverneux ( rauchwacke ) , calcaire marneux pulvérulent (^asche), calcaire rude (^rauhkalk), calcaire à cavernes, calcaire ferrugineux, calcaire calaminaire, calcaire magné- sien, calcaire salifère , calcaire du Jura ?) avec gypse , sel gemme , argile feuilletée , marne , psammile , grès , jaspe schistoïde , silex corné , bitume , fer oxydé , fer hydraté, fer spathique. 6.° Sel gemme avec argile et gypse, 7.0 Grès rouge nouveau. Grès bigarré, Grès argi- leux, avec argile, grès, sable, grès vert, oolithes , calcaire marneux, gypse , sel gemme , fer oxydé argileux, houille et naffelflue ? Quoiqu'un ordre de superposition, un peu plus constant que celui qu'on observe dans les terrains de la classe inter- médiaire, nous ait permis de tracer, au moins comme ap- proximatif, l'aperçu précédent , nous avons vu que la liaison qui existe entre toutes ces formations,est très-grande, et qu'elle a déterminé plusieurs géologues à réunir le tout, sous la dé- nomination déformation du grès rouge, terrain auquel ils considèrent tous les autres comme étant subordonnés. Quant aux rapports du groupe entier avec ceux qui le précèdent ou le suivent, nous avons vu combien sa connexion étoit intime avec la classe des terrains intermédiaires , et que sur toutes les lignes des séries calcaire , schisleuse , charbon- neuse , gypseuse , même feldspalhique et trappéenne , la li- mite étoit presque impossible à déterminer. Nous avons eu déjà également l'occasion de remarquer , dans le calcaire du Jura et dans le lias des minéralogistes anglais , une liaison aussi frappante avec les calcaires du groupe suivant : nous reviendrons naturellement tout à l'heure sur cet objet. C'est avec le groupe des terrains secondaires inférieurs que cessent les terrains cristallins : nous ne les retrouverons plus que dans les formations réputées volcaniques ; c'est avec 4e même groupe quq c秧e«l, ks couches inclinées. Nous re- T F, R .9. marquerons encore que dans les terrains plus récens, on ne trouve plus de filons , ni de gîtes quelconques de minerais métalliques , sauf quelques gîtes irréguliers de minerai de fer. 11 paroîl que c'est aussi avec ce groupe que cessent les dépôts de sel gemme ; mais nous n'avons aucun renseignement po- sitif sur la position des gîtes de sel d'Asie et d'Afrique. En- fin, on a cru pendant long-temps que les formations de houille s'arrêtoient également au calcaire alpin , mats nous les ver- rons se prolonger dans le groupe suivant, SECOND GROUPE. TERRAINS SECONDAIRES SUPÉRIEURS. Nous avons encore suivi, dans le groupe précédent, la trace depresquetoulesles sériesque l'étude des formations primor- diales nous avoit portés à établir; mais nous avons vu plusieurs d'entre elles ne plus se présenter que rarement et comme subordonnées. La série calcaire , au contraire, a continuel- lement augmenté de puissance. Les autres séries ne nous ont presque plus offert que des terrains de transport, dans lesquels les élémens de toutes les roches qui leur appartenoient sont confondus et souvent tout-à fait indéterminables. Nous allons retrouver ici la continuation des mêmes phénomènes. Tous les terrains cristallins ont disparu : le terrain Calcaire devient essentiellement dominant, et les vestiges de toutes les séries anciennes ne se montrent plus que comme terrains de trans- port, parmi lesquels le quarz seul conserve ses caractères et quelquefois sa pureté ; mais les élémens des autres roches schisteuses, feldspathiques, amphiboliques, ne se reconnois- 8ent plus , et à leur place on ne voit que des argiles. Le calcaire , le grès et l'argile seront donc les seuls types des séries générales dont nous pourrons étudier ici les mem- bres. Parmi les séries de terrains moins universels, et que M. Cordier nomme terrains irexceplion , en raison de leur rareté , nous retrouverons seulement , dans notre groupe, la suite de la série charbonneuse. SERIE CALCAIRE. Deux terrains calcaires principaux se présentent ici, et ils semblent composer lamasse presque entière des formations de cette époque : l'un est le calcaire coqiiiller{muschelkatk) des mi- néralogistes allemands , l'autre est la craie. Ces deux terrains ne se montrent pas , en général , dans les mêmes localités , et nous ne savons pas qu'on ait observé directement leur superposition l'un à, l'autre. Cependant la nature de la roche principale de chacun d'eux, quoique à peu près la même 29-- T E R cliiniiquemeiil , esl très-différente sous le rapport (les pro- priciés piiy^^'Kjues ; la iialure tles fossiles (ju iis renferment' paroîl égHleiiient différenie ; leurs couches subordonnées ne soni pas les mêmes; loiil semble indiquer qu'on doit les regarder comme deux formalions très-dislincles ; et quant à leur ancienneté relative, on. peul remarquer que le calcaire coquiller prcsen[<; souvent des p issages aux terrains secon- daires plus anciens qu'il recouvre, tandis que l'on ne voit rien de semblnble entre la craie et ces terrains ; que le cal- caire co(|ui!ler constitue ordinairement le sol des contrées situées entre les terrains plus anciens et les terrains de craie; enfui, qu'il paroit quelquefois s'enibncer sous la craie. Dans une seule localité , à notre connoissance , on a indiqué le calcaire co(ju\ller comme superposé à la craie; mais celte indicitinu peut laisser quelque doulc sur la formation à la- quelle le calcaire supérieur doit être rapporté. Il nous paroit, au contraire, à peu près évident que, presque partout, le calcaire coquiller appartient à une formation antérieure. Les détails que nous donnerons sur'les deux terrains, juslifici'ont probablement noire opinion à cet égard. TERRAIN \)E CALCAIRE COQUILLER ( Muschelkalk ). Le nom donné à ce terrain est certaincmeni très-mauvais , puisque tous le* calcaires secondaires renferment des coquil- les ; mais celui-ci en contient plus abondamment que ceux que nous avons observés jusqu'à présent. 11 esl d'ailleurs dé- signé sous ce nom dans les ouvrages de géognosie allemande , et , taule ;i une dénomiitalion meilleure , nous croyons devoir nous servir de cclif «pii est reçue. Le calrniieruijniller des Allemands est , en général , de cou- leur paie , jaunâtre ougrisâtie , rarement ideuâtre , à lexlure compacte , à cassure unie ou un peu esquilleuse , le plus souvent homogène, quoiipi il se mélange quelquefois de silice ou d'argile, et passe aloi^ au psamnnte ou à la marne; quel- quefois aussi il st; mélange d"oxyde «le fer. il est assez souvent traversé par de petits, canaux cylindriques vides, ou par des fissures presque imperceplibies , bizarrement contournées et rentplies de ter oxydé ocreux , de sorle que les couches ont une tendance à se briser en suivant ces contournemens irré- guliers. Assez souvent ce calcaire est feuilleté ou même la- iiielleux, quelquefois il est poreux; quelquefois aussi, mais raremenf , il piend une texture oolilhique. Dans la partie orientale de la France , en Lorraine et en Bourgogne , le calcaire co(]uiller présente, dans sa texture , un beaucoup plus grand noudjre de variétés que les minéra- logistes allemands n en décrivent. Souvent il paroil formé de pélrilicalioris péuélrécs de suc spalhique ; souvent aussi il est T r ]{ .93 très-feuilleté. On l'emploie, (lans ce cas, à couvrir les toîls de maisons-, cl on le désigne sons le nom do /aoe. Les coquilles fossiles sont extremeinenl abondantes dans ce calcaire. Enlre les couches de calcaire compacte, on voit souvent des coîjches qui paroissent entièrement formes de coquilles amoncelées et brisées de manière à être mcfcnnoîs- sables: mais, en outre, d'autres couches minces ren crment en frès-grande quantité des ierr/jrafu/es lisses , des ustni'tes, des stronihiles^ des hiiçciailcs ^ des periiniles^ des amniuuites ^ des turhinites ^ des rlmiuiles ^ des mystullles , etc.; les hélenndies et les oursins y sont assez rares , ainsi (|mc les térébrainles striées ^ lesi ^ry/ih/les ^ les palel/es ^ les hi:iil>iilîtss ^ etc. Les ammonites et les turbinites, et quelquefois les lérébralules , se présen- tent aussi isolées au milieu des couches de calcaire rontpacte. On y observe encore des trorhites , mais particulièrement dans les couches inférieures de la forination. Le calcaire de ces couches est ordinairement très-dur, et lés fossiles sont souvent changés en spath calcaire brun ou en fer spalhique. Les couches qui renferment des bélemniies se rapprochent ordinairement de la nature du calcaire fétide ( sfiucfcs'ein^. Dans l'est de la France , les couches de calcaire coquiller renferment surtout une grande quantité A'asinUles et d autres madrépores. MM. Freiesleben , de Schlottheim et autres in- diquent aussi des ossemens dans le calcaire coquiller : ces ossemens sont quelquefois changés en une matière analogue au quarz résitiite , et tapissés de cristaux de quarz dans leur intérieur : on ne sait s'ils appartiennent à de grands animaux terrestres ou marins. M. Blumenbach cilc un ornitholile in- contestable comme appartenant à ce terrain. On y indique encore be'aucoup de dents de poissons; on y a même indiqué des empreintes de poissons entiers , mais il paroît douteux que les calcaires où on les a trouvées se rapportent réelle- ment à cette formation. Le calcaire coquiller est toujours distinctement stratifié , en co;iches qui sont ordinairement horizontales , rarement inclinées. Les couches superficielles sont, en général . très- minces, et l'épaisseur des bancs s'accroît continuellement dans la profondeur. Ce terrain présente d'ailleurs souvent une grande quantité de fentes et de fissures irrégulièrement disposées , et quelquefois ces couches semblent foruiées de monceaux de blocs apposés les uns à côté des autres , ainsi' que Monnet l'a observé , par exemple , aux environs de Bar- ie-Duc et ailleurs.' Le calcaire coquiller renferme de nombreuses cauches. 294 T E R subordonnées d'argile marneuse feuillele'e, et des rognons, des veinules et même des couches minces de silex pyromaquc ou de silex corné. Il contient quelquefois des géodes tapissées de cristaux calcaires ou de petils cristaux de quarz ; ailleurs, il est traversé par de nombreuses veinules de spalh calcaire ; on y connoît aussi du calcaire nacré. Le calcaire coquiller contient encore, dit-on , des bancs subordonnés de minerai de fer hydraté. Enfin, il renferme quelquefois de petites couches de houille, au milieu de couches d'argile feuilletée, qui contiennent des empreintes de plantes différentes de celles des terrains houillcrs plus anciens, et des graines qui paroissent appartenir à des arbres résineux. On ne cite point de cavernes dans le calcaire coquiller des minéralogistes allemands ; il est probable cependant qu'il en renferme, comme tous les calcaires. On y connoît des gîtes nombreux de minerai de fer, en filons irréguliers ou en amas de différentes espèces ; tels sont presque tous les gîtes exploi- tés en Lorraine et en Champagne. On y connoît aussi des rognons pyriteux ; enfin , on y a indiqué de petits nids de plomb sulfuré. Nous citerons , en dernier lieu, les indications de gypse et de sources salées, qui ont été faites pour le calcaire co- quiller, parce qu'elles paroissent avoir besoin d'être confir- mées. On a cité, entre autres ,.les sources salées de Hall, en Saxe ; mais de ce que ces sources sortent du calcaire co- quiller, il ne paroîl pas en résulter qu'elles n'aient pas leur origine dans un terrain inférieur. Enfin, nous croyons devoir rappeler ce que M. Freiesleben a fait observer, que le cal- caire de ce terrain paroissoit, dans un assez grand nombre de localités, éminemment disposé à produire de§ efflores- cences salpelrées. Il remarque, à cette occasion, que les salpêtres de Thuringe , qui proviennent d'efflorescences semblables , contiennent presque toujours du muriate de soude. Quand le calcaire coqiiiller est superposé au grès bigarré, sa place géognostique paroît bien déterminée. On voit souvent alors, au contact des deux terrains , des couches mélangées de calcaire , de grès et d'argile , former le passage de l'un à l'autre. Les couches supérieures du même terrain passent, au contraire, aune marne feuilletée, et enfin , à un véritable terrain marneux par lequel il est souvent recouvert. Mais le calcaire coquiller repose souvent immédiatement sur les calcaires du groupe précédent ou même sur des ter- rains plus anciens. JJans le premier cas, il y a également passage de l'un à l'autre terrain , et ce p;)ss»ge est quelquefois TER 295 insensible. On est tenlé de croire que le calcaire oolilhîquc, qui constitue la grande masse du Jura et qu'on retrouve dans d'autres pays , est situé à la limite des deux formations, de manière qu'on le confond tantôt avec l'une et lanlôt avec l'autre. Le calcaire coquiller constitue le sol de pays de plaines, ou de montagnes peu élevées et à pente douce. 11 paroît très- généralement répandu; mais il présente tant de variations dans sa nature , dans les différentes contrées où il existe, que souvent on est tenlé de croire à autant de formations parti- culières qu'on a observé de localités. Nous citerons seulement quelques-unes de ces variétés locales. Le calcaire compacte et terreux de la Thurînge, décrit par M. Voigt,sous le nom de mehlhaiz, renferme des ammonites, et paroît renfermer aussi des empreintes de vers. A l'analyse, ce calcaire a donné 9,43 de magnésie, 10, 25 de silice, du fer et du manganèse. Celte proportion de magnésie nous paroît remarquable, d'après les indications que nous avons données de calcaire magnésien à la fin du groupe précédent. Le calcaire de la vallée de l'Elbe , aux environs de Dresde, nommé plœnerkulk par Werner , est terreux , sableux ou mar- neux ; il contient des ammonites , des madrépores et autres co- quilles. En Angleterre , nous avons déjà cité un calcaire nommé lias , comme situé au-dessus du grès bigarré. Il sembleroit , pour cette raison, devoir être réuni à notre calcaire coquiller; cependant plusieurs minéralogistes anglais le rangent parmi les calcaires anciens. Il est recouvert par un terrain d'uolithe, qu'on divise en oolithe inférieure , oolithe de bath et oolitbe supérieure : ces subdivisions sont séparées par divers terrains de sable et d'argile. L'oolithe inférieure contient Aqs gry- phiies. La pierre de Porlland et la pkrre de Purheck sont rap- portées aux formations d'oolithe supérieure ; mais celle - ci contient, dit- on , des coquilles d'eau douce ; on la regarde cependant comme bien antérieure à la craie. Il est difficile , d'après de semblables anomalies , de con- cevoir une idée générale du rapport que ces différens terrains calcaires peuvent avoir entre eux. D''après quelques observations nouvelles , une pariie des calcaires calaminaires des environs de Tarnowilz en Silcsia, dans lesquels on exploite des gîtes de plomb , de calamine cl de fer, devroit être rapportée au calcaire coquiller. La série calaminaire s'étendrolt donc jusqu'ici , et les gîtes de minerais métalliques se trouveroient encore dans des terrains plus modernes que ceux que nous avons indiqués; mais l'exacti- 296 T E R tude dos observations , sur lesquelles cette opinion est fon- dée , paroît conlcslée. On a rapporté aussi, à la formation du calcaire coquiller, les bancs calcaires qui ont été indiqués dans plusieurs loca- lités, entre autres dans le Vicentin et dans la Bohème, comme altcrnantavecdesbasaltes ctd'aulres terrainsregardés comme volcaniques. Les irruptions des volcans auroientdonc eu lieu à l'époque géognoslique que nous considérons maintenant, et alterné avec des inondations et des dépôts aqueux ( V. Vol- cans). Au reste , cette alternative de basalte et de calcaire, quoique décrite par Dolomieu , est aujourd'hui contestée. TERRAIN DE CRAIE. La craie nous présente , dans sa composition chimique , Tin mélange de magnésie et de silice, comme le calcaire du terrain précédent. Deux analyses y ont trouvé , l'une 19 de silice et ii de magnésie (craie des environs de Paris ) ; Tautfe , 8 de magnésie et 7 de silice ( craie de Wolhynie ). Nous ne reviendrons pas d'ailleurs sur les caractères oryc- iognosliques de cette roche , nous rappellerons seulement qu'elle n'est pas toujours blanche. IXous remarquerons aussi que sa nature varie souvent, en ce sens qu'elle admet dans sa composition une plus ou moins grande quantité d'alumine et de silice, et qu'elle passe ainsi à la marne, et même h une véritable argile, ou qu'elle devient sableuse. Il semble résulter de la comparaison <Ùpn assez grand nombre d'observations , que ce sont surtout les couches inférieures, ou les plus an- ciennes, du terraiin de craie, qui deviennent ainsi argileuses ou sableuses. M. Omalius-d'Halloy a faitcette remarque dans plusieurs parties de la ceinture du grand bassin de craie de l'intérieur de la France , où il a vu un terrain de firaie mar- neuse,de marne et d'argile, ouuntcrrainsableux,séparercons- tamment le terrain dç craie du terrain de calcaire coquiller. Ce fait concorde assez avec ce qu'on observe dans la Flandre et dans l'Artois. Eu traversant le terrain de craie pour arriver au terrain houilier,on trouve toujours, au-dessous de la craie pro- premenldile, la craie chloritée, puis des craies marneuses, et enfin des argiles glai.ses très - prononcées , connues par les mineurs sous le nom de dlcQcs, et qui forment les couches inférieures de la formation crayeuse. On remarque souvent aussi que les couches inférieures de la craie proprement dite ont un tissu plus grossier : on leur donqe alors le nom de i?/^lent souvent passer à ce grès calcarifère, ou à des jaspes, ou à des brèches ou poudingues, qui, malgré leur apparence dastoîde , manifestent clairement une origine commune à à celle des autres rognons siliceux. La craie renferme aussi fréquemment des rognons sphéroïdaux ou cylindriques de pyrites, particulièremenl de fer sulfuré blanc. La craie contient un grand nombre de débris de corps marins. Certaines espèces de hèlemnites y sont les plus abon- dantes, et peuvent être regardées comme les fossiles carac- téristiques du terrain de craie. Ce terrain renferme aussi de nombreux oursins des genres tinanchytes et spatangus ( leur enveloppe crustacée est ordinaireinent changée en calcaire spatliique, tandis que le milieu est converti en silex), des moules , dgs huifrcs , des tf'rèhratîdes , des peignes^ des miliépores , etc. M, Defrance a fait observer qu'on ne trouvoit, dans la craie , aucune coquille univalve à spire simple et régulière. Dans la craie argileuse ou sableuse, qui semble faire le pas- sage à une formation plus ancienne , on trouve de plus , des ammonites , des gry-philes , et une grande coquille rapportée au genre spondyle. On trouve encore , dans la craie , des dents de .squale ; on y a trouvé , à Maëstricht , des débris de grands reptiles sauriens , du genre (\Q!i monilors. La craie est stratifiée en couches horizontales qui ont or- 398 TER dinairement plusieurs mètres d'épaisseur. Les fissures de slratification sont souvent peu marquées, et les couches ne sont pas divisées en assises. Les silex sont disposés, presque toujours, en lits parallèles au plan des couches de craie. Dans la craie ç;rossière de la nionlasne de Saint-Pierre près Maëstricht, M. Mathieu a observé de nombreux tuyaux cylindriques ou coniques , espèces de puits naturels, qui tra- versent verticalement ou obliquement toutes les couches du terrain; ils ont jusqu'à deux mètres de diamètre, et sont remplis de cailloux mêlés de terre , mélange semblable à ce- lui qui constitue la grève de la surface du plateau de la mon- tagne. M. Clère y a observé aussi d'autres cavités, de forme irrégulière , mais plus ou moins allongées dans un sens, et remplies des mêmes matières. L'intérieur du terrain de craie ne contientguère , comme bancs subordonnés , que les lits formés parles rognons de silex ; quelques couches de marne, d'atgile ou de sable s'ob- servent prindpalemenldans ses plus anciennes parties. Dans les parties les plus nouvelles , on trouve quelquefois , soit dans des fragmens de craie disséminés dans un sable mar- neux, soit dans les silex de la craie, des géodes tapissées de cristaux de stronliane sulfatée. Quand la craie paroît en contact avec le calcaire coquiller, on observe une espèce de passage entre les deux terrains, ou plutôt il y a ordinairement passage, de l'un et de l'autre, à un terrain argileux qui les sépare. Les deux terrains sont d'ail- leurs en couches horizontales ^ et par conséquent leur gise- ment mutuel est concordant ou uniforme. Mais , dans un grand nombre de localités , la craie recouvre des terrains plus an- ciens , disposés en couches inclinées ; il n'y a alors aucune espèce de liaison entre les deux formations , et le gisement de la craie est ton]oiirs dij^èren^ el transgressif. Souvent, dans ce cas , on observe, entre le terrain de craie et d'argile, et le terrain inférieur , un terrain de transport peu épais , dont nous ferons mention en parlant de la série argileuse. Ce terrain forme des plaines très-étendues , dont la surface est souvent tout-à-fait infertile, quand la craie pure vient jusqu'au jour. La craie argileuse ou sableuse constitue , au contraire, dans plusieurs contrées, un sol d'une grande fer- tilité. La manière dont le terrain de craie a été ravagé par les eaux, postérieurement à sa formation, a produit les inégalités et les escarpemens qu'il présente en quelques endroits. Le terrain de craie est peu généralement répandu. Il •ibonde dans la partie septentrionale de la France, et dans TER *99 Je sud de-l'Angleterre , ainsi qu'en Galicie , en Hongrie , en Poméranie , en Zélande , en Crimée , etc. Dans ce dernier pays, M. d'Engelliardt annonce que la craie renferme quel- q'ues silex dans ses couches supérieures , et un grand nombre de coquilles parmi lesquelles il cite des gryphites ^ des usirariies, des nummulites^ des oursins , Aes noyaux A' hélices de grande di- mension , etc. Il annonce aussi que la craie est recouverte, dans quelques parties , par un calcaire coquiller(qu'il nomme musrhe/kalkstein ) , quelquefois presque oolitheux , ailleurs renfermant beaucoup de fossiles , surtout des noyaux de car- dium. Il paroît douteux que ce calcaire puisse être rapporté au terrain que nous avons indiqué comme étant déformation antérieure à celle de la craie. SERIE QUARZEUSE. Nous placerons ici , comme type principal de la série quarzeuse , un terrain de grès dont l'existence , comme for- mation particulière, est contestée par plusieurs minéralogis- tes allemands ( qui veulent le rapporter à la formation du grès bigarre) , mais qui nous paroît devoir en être distingué, et qui très^-probablement est de formation postérieure au calcaire coquiller. Nous serons confirmés dans notre idée par l'examen de ce terrain, et par l'observation de plusieurs terrains de ps^mmite, pl^s ou moins quarzeux, qui, dans dif- férentes contrées, sont situes à la même place géognostique. TERRAIN DE GRÈS BLATSC ( quadersandsfein ). . .I^a roche que nous désignons ( faute d'une meilleure dé- nomination ) , sous le nom de grès blanc , est en général de couleur blanchâtre ou grisâtre , à grain fin , à ciment argileux ou argilo-calcaire très-peu abondant et souvent presque in- visible; quelquefois le ciment même est quarzeux. Cette roche ne renferme point ordinairement de mica , point de ces masses argileuses si communes dans le grès bigarré; mais on y observe de petites veinules quarzeuses. Elle est , en général , moins friable que le grès bigarré ; elle donne facilement dos pierres de taille , bonnes et solides , et celle propriété l'a fait désigner en Allemagne sous le nom de quadersaudslein , ou grès il pierres de iaille , nom que nous adopterions volontiers préférablemenl à celui de grès blanc , qui est bien mauvais, s'iln'étoit pas aussi long. Le grès blanc renferme assez abondamment des pétrifica- tions tant aniu>ales que végétales. Les coquilles y sont quel- quefois pénétrées d'un suc calcédonieux. On y indique par- ticulièrement des iurbinitesj des muscuUles y des myiuliles ^ des 3oo r E R t-ellinef; , des huîtres , des peignes , des étoiles de mer , etc. M. pse , ou sur les marnes argileuses du gypse ; mais souvent aussi il re- pose sur le sable et le grès sans coquilles. Ce terrain est «exploité avantageusement , dans plusieurs localités , comme pierre meulière. Il est encore réuni aux deux prerédens par M., de Raumer , qui donne à cet ensemble le nom de troi- sième fonnalion sHireuse. il n'est souvent recouvert que par Iç. lorrain d'atlérissenumt. Quelquefois aussi ii l'est par le ter- rain d'eau douce supérieur. ï E R 3i5 Sixième formation. — Silex et sable du terrain d'eau douce SUPÉRIEUR. Ce terrain est formé généralement, aux environs de Paris » soit de meulière analogue à la précédente , mais renfermant des coquilles d'eau douce, soil de silex pyromaque ou rési- nile , mélangé au calcaire d'eau douce , soit de calcaire sili- jceux. Il recouvre loules l -s autres formations, et se rencontre plutôt sur le sommet des collines et sur les grands plateaux , que dans le fond des vallées. La meulière d'eau douce forme ordinairement , dans ce cas , un banc peu épais , placé im- médiatement au-dessous de la lerre végétale. M. Brongniart rapporte à celle formation les sables de quelques hauteurs, qui renfermetil des parties de végétaux changés en silex. ]M. Omalius-d'Halloy indique , en Sologne, en Gâtinois , aux environs du Mans, etc., plusieurs dépôts sableux, formés de grains assez gros de quarz blanc mêlé de galets du même quarz , comme faisant probablement partie de la seconde formation d'eau douce dont ils recouvrent tous les autres terrains. SERIE CALCAIRE. La série calcaire des formations tertiaires comprend au moins trois terrains différcns, désignés sous les dénomina- tions de rail aire grossier , calcaire ailiceux et calcaire d eau douce. Le premier el le dernier constituent chacun une formation distincte , le second en constilae peut-être deux. Nous rappellerons ici que nous avons traité des marnes calcaires, en décrivant la série argileuse. Première formation. — Calcaire GROSSIER. Ce terrain est formé par une roche calcaire à tissu gros- sier , à cassure ordinairement très-inégale. Quelques variétés ont la cassure assez unie , mais jamais conchoïde , comme les calcaires des groupes précédens. Il renferme des débris de végétaux à l'état terro-bitumineux, ou du lignite terreux, irrégulièrement disséminés dans ses couches , et une foule de coquilles marines qui sont différentes dans les différentes couches de la formation. Ce calcaire est , en effet , toujours stratifié, en couches plus ou ihoins épaisses qui alternent avec des couches minces de marne ou d'argile feuilletée ; mais le grain de chaque couche , même sa nature et les co- quilles qu elle renferme, sont des caractères consians, pour toute l'étendue de la formation. 3i6 TER Les couches toat-à-fait inférieures sont irès- sablonneuses, el souvent plus sablonneuses que calcaires; elles forment le passage du terrain calcaire au terrain sableux de l'argile plas- tique. Elles sont , d'ailleurs , souvent mélangées de cette ma- tière verte analogue à la chlorite, que nous avon§ déjà trouvée dans les couches inférieures de la craie. Elles renferment des nunimuhtes ^ des madrépores et d'autres coquilles qui s'éloignent beaucoup plus des coquilles vivantes , que celles des couches supérieures du même terrain. On y observe aussi des vègé- iaux , à l'état de lignite , analogues à ceux des couches supé- rieures de l'argile plastique. hes couches moyennes renferment plusieurs assises remar- quables : l'une d'elles est quelquefois verdâtre, ou plutôt jau- nâtre et tendre ; elle est connue alors des carriers , sous Je nom de banc vert , dénomination impropre , qui provient , selon M. Hericart-de-Thury, de celle de if/«cs ronds et cannelés que M. de Lamarck a nommés gyrogoniles, et que M. Léman a reconnus pour des graines analogues à celles des plantes du genre chara. Plusieurs personnes regardent ce calcaire comme ne cons- tituant qu une même formation avec le calcaire siliceux infé- rieur ; mais on peut observer en plusieurs endroits, dans la foret de Fontainebleau, par exemple, que les deux'icrrains sont séparés par le terrain de grès et de sable. Le calcaire d'eau douce , sur lequel M. Brongniart a appelé, il y a peu d'années, l'atlenlion des minéralogistes, a été retrouvé, depuis, dans un grand nombre de localités de France, d'Espagne, d'Italie, d'Allemagne, avec les mêmes caractères que celui des environs de Paris. Toujours ce cal- caire constitue les terrains supérieurs à tous les autres • presque toujours il paroît immédiatement superposé au cal- Caire siliceux avec lequel il a au moins une grande connexion. Il sembleroit, par l'observation des différentes localités oii ce terrain se présente, qu'il a été déposé dans une série de lacs, disposés en échelons les uns au-dessus des autres soit par exemple, depuis le sommet des n»ontagnes d'Auvergne jusqu'au bassin de Paris, soit depuis les environs d'Ulm en Souabe jusqu'aux plaines du Ubin. M. Omalius-d'iialloy a exposé , à cet égard, des observations et des idées également intéressantes , dans les n.''^ 187 et 192 du Journal des Mines. Dans un mémoire dont l'extrait a été inséré au n.^ iqq du niême journal , M. Daudebard de Férussac porte à quaîre- vingl-trois, le nombre des espèces (luviatiles ou terrestres qui avoientété reconnues jusqu'alors dans le calcaire d'eau douce, nombre sur lequel il pense que vingt-cinq espèces ont leurs analogues vivans sur le sol même où l'on trouve les fos- siles , que huit ont leurs aiialogues dans les pays étrangers ^ tels que les Indes, l'Amérique, etc. , et que cinquante dentrJ elles n'ont été encore trouvées qu'à Télat fossile ; mais il p:,- roît que-plusieurs des fossiles cités dans ce mémoire, connue provenant du terrain d eau douce , doivent être rapporlcs aux terrains d'altérissemenl ou d'atluvion. Au reste, on trouve, entre les anciens terrains d'âiluvion. ou plutôt eacore entre les ////s et les terrains d'eau âoacc , des 32^ T E R passages presque insensibles. Les environs de Rome en of- frent plusieurs exemples, parmi lesquels on peut citer le luf célèbre sous le nom de trai'erlin. SÉRIE GYPSEUSE, Une formation gypseuse très - remarquable se présente , dans les terrains tertiaires , superposée immédiatement au terrain de calcaire grossier, ou à des couches marneuses in- termédiaires aux deux terrains. Elle constitue des couches puissantes, connues des carriers des environs de Paris, sous le nom de première^ seconde et troisième masses , divisées en assises,ei séparées par des lits de marne argileuse ou calcaire. X,e gypse est de Ia vanélé grossière ou cakatifère.hamRsse infé- rieure ou troisième mass^estcomposée de couches, alternatives et peu épaisses, de gypse souvent séléniteux et de marne mêlée aussi de cristaux de sélénite comme de gypse niviforme. Quand elle repose immédiatement sur le calcaire marin , ses assises inférieures i enferment des coquilles marines ; mais , dans les endroits où la marne exisîe entre les deux formations , celle marne contient beaucoup de coquilles d'eau douce. Dans la niasse intermédiaire, ou seconde masse, les couches gypseuses sont plus épaisses et les lits de marne moins multipliés ; on y trouve quelques rognons de slrontiane sulfatée terreuse. La masse supérieure ou première masse est de beaucoup la plus importante; elle est plus puissante que les autres, et contient peu de couches marneuses ; les couches inférieures de cette masse sont mélangées de silex qui semblent se fondre dans le gypse et en être pénétres. Les courbes intermédiaires se divisent nalurelle.ment en gros prismes : on les nomme les hauts piliers. Les couches supérieures, nommées chiens^ sont peu puissantes et alternent avec des couches de marne. Celte première masse contient àesossemens et des squelettes en- tiers de mammifères inconnus, dont M. Cuvier a décrit dix espèces qu'il a classées dans deux genres, sous les noms de paleotJierium et anupluterium. Le mêuie savant y a reconnu les ossemens d'espèces appartenant aux genres canis^ didelphis et pii^erra ; plus , trois ou (jualre espèces d'oiseaux , deux espèces de tortues^ une espèce de reptile saurien qui paroît être un c/o- co«?/7e, et trois ou quatre espèces àcpoissons. On y connoît aussi des bois agathisés enveloppés de terre bitumineuse. De plus , M.Héricart-de-Thury a observé, dans les couches de gypse marneux , des débris de végétaux à relut de cliarùon, irré- gulièrement disséminés. Les marnes qui alternent avec le gypse contiennent les mêmes fossiles ; elles contiennent aussi des coquillages d'eau douce qui indiquent que toute la for- TER 38, malîon a été déposée sous des lacs d'eau non salée ; aussi conslilue-t-elle ce que MM. Cuvier et Brongniart nomment le terrain d'eau douce inférieur. On n'a pas vu les trois masses au-dessus l'une de l'autre , mais seulement les deux supérieures ; la seconds et la troisième masses ne sont peul-eire pas réellement distinctes. Au-dessus des couches gypseuses, sont des marnes sans coquilles, ren- fermant des cristaux de sék'nite,et des rognons de strontiane sulfatée qui présenteni quelquefois des retraits tapissés de petits cristaux. Au-dessus de celles-ci, sont d'autres marnes qui contiennent encore ia strontiane sulfatée, mais qui ren- ferment des coquilles marines; ainsi , le terrain d'eau douce inférieur se trouve d'une manière bien caractérisée entre deux terrains marins. Le terrain gypseux manque souvent, dans la série générale des formations tertiaires , et alors on trouve , a sa place, des calcaires marneux qui renferment les mêmes fossiles que le gypse. Ce terrain a été détruit en beaucoup d'endroits , ce qui est facile à concevoir,d'après le peu de résistance que les masses gypseuses opposent à tous les genres de destruction. Dans toutes les collines des environs de Paris où le gypse existe sur le calcaire , sa position est facile à reconnoîlre,de fort loin, par une inflexion que présente la pente de ia mon- tagne, inflexion qui est une trace bien remarquable des des- .tructions que le sol a éprouvées. Le terrain gypseux tertiaire a été retrouvé en Provence, en Angleterre et dans plusieurs autres contrées, avec les mêmes caractères et les mêmes fossiles que celui du bassin de Paris. Quelques minéralogistes allemands rapportent à cette forma- tion les terrains gypseux de Lunebourg en B;isse-Saxe, et parti- culièrement la montagne de Kat kberg^qui contienl les cristaux de boracile répandus dans les collections minéralogiques; mais les notices que nous connoissons sur cette montagne indiquent le gypse comme y^ étant accompagné d'anhydrile, caractère tout - à - fait différent de ceux que présente notre formation gypseuse. De plus , la source salée de Lunebourg sort , dit-on , de ce terrain gypseux , et cette circonstance semble encore le rapprocher des anciennes formations de la série. On n'a , en effet , encore reconnu, dans le terrain de gypse de Paris et autres analogues, ni sel gemme, ni sources salées. SERIE CHARBONNEUSE. TERRAINS DE LIGMTE. Nous avons indiqué des lignites disséminés dans plusieurs terrains antérieurs à la craie , et dans lesquels se trouvent XXXlii. 21 332 TER encore des couches de houille ; nous avons même indiqué des couches de lignite au-dessotis de la craie , mais avec plus ou moins d'iocerlilude. Dans la classe des terrains ter- tiaires, nous ne trouvons plus de houille, et nous retrouvons du lignile disséminé dans presque toutes les formations ; mais nous remarquons , en outre , le lignite en grandes mas- ses constituant un véritable terrain , au milieu de couches de sable , d'argile et de gravier de toute grosseur. Cette for- mation , qui se présente , d'ailleurs, souvent à la surface du sol , a été long temps désignée comme terrain d'alhmon; mais dans certaines localités, elle est recouverte par le calcaire grossier, dans d autres par un terrain de grès , dans d'autres entin par des terrains basaltiques ; et ces differens gisemens , surtout les deux premiers, ne permettent pas de considérer le lignite comme appartenant aux formations auxquelles nous conservons la dénomination de ^e/Tai/25É?W/upwn. Tout porte à penser, au contraire , que le terrain de li- gnite fait partie des terrains tertiaires , et que s'il n'en existe qu'une seule formation générale, elle est contemporaine à la formation d'argile et de sable , que nous avons désignée sous le nom à' argile plastique. INous renverrons à l'article Lignite, pour les détails géognostiques relatifs à celte formation^ Nous rappellerons seulement , en peu de mots , que les gîtes de lignite renferment les diverses variétés de cette substance, dé- signées sous les noms àe jayet, bois bitumineux, ou l. fibreux, L friable, l. terreux, L alumineux ; et la terre bitumineuse grise de M. Voigt; ainsi que ( dans un petit nombre de localités) des variétés d'anthracite , et peut-être quelques variétés de véritable //oî«//e; que le tout constitue, dans le terrain d'argile et de sable, une ou plusieurs couches ordinairement horizonta- les , formées quelquefois de lits alternatifs noirs , brunâtres ou jaunâtres, mêlés de petites couches , de veinules et de ro- gnons d'argile sableuse , contenant souvent des pyrites et du succin , quelquefois du mellite ; mais que ces couches sont ordinairement assez peu étendues, relativement à leur épais- seur , pour mériter le nom d'amas parallèle ; qu'on y trouve ungrand nombre de débris végétaux reconnolssables , même de nombreux arbres entiers , des fruits , des branches , etc. , et que le loui porte l'empreinte , à peu près évidente , d'être formé par un amas de végétaux enfouis ; qu'on y trouve éga- lement des coquilles flwiaiiles on terrestres ., des débris d'in- sectes et des débris de mammifères ; que la plupart des fos- siles des deux règnes , qui y ont été reconnus , semblent provenir d'êtres organisés appartenant à des espèces des pays chauds , et que la considération de ces fossiles a porté M. de Schloltheim à diviser les giles de lignile en deux forma- T E R 323 lions, distinction qui est rejetée par le plus grand nombre des géologue^. L'une de ces formations comprendroit seu- lement les lignites qui , comme en Auvergne , en Allemagne et ailleurs, sont recouverts par des terrains basalliqiies ; dans cette position le lignite a été souvent désigné sous le nom de houille. Le terrain à lignite paroît assez généralement répandu ; mais partout où on l'observe, il ne constitue que des forma- tions circonscrites. Il se présente ordinairement dans des plai- nes où il semble remplir le fond de vallées formées par des terrains plus anciens ; mais souvent aussi , il constitue des montagnes ou des portions de montagnes assez élevées. Celui du Meisner en Hesse, celui des environs de Cologne, sont dans ce dernier cas ; dans l'Oisan ( département de l'Isère ) , on trouve des lignites à plus de 2000 mètres au-dessus du niveau de la mer , et à 58o mètres au-dessus des limites actuelles de la région des bois. Les Terrains à lignite n'ont pas été assez étudiés pour qu'on puisse dire aujourd'hui si tous se rapportent à la for- mation de l'argile plastique. Postérieurement à cette forma- tion , on connoît le lignite disséminé dans les divers terrains calcaires , gypseux, argileux. Les k)urhes ligneuses ou tourbes marines , observées en plusieurs endroits sur les bords de la mer , sont des lignites dont le gisement n'est pas déterminé , mais paroît souvent assez moderne. Les Forêts sous-marines sont probablement encore beau- coup moins anciennes : les unes et les autres semblent faire le passage des lignites aux tourbes , et par conséquent des ter- rains tertiaires aux terrains d'alluvion. Enfin , les véritables terrains d'alluvion renferment aussi des végétaux enfouis qui sont à l'état de lignite : ainsi , le passage d'une classe à l'autre est bien complet dans la série charbonneuse, comme dans les séries argileuse , quarzeuse et calcaire, RÉSUME SUR LES TERRAINS TERTIAIRES. Les terrains des différentes séries , que nous venons de passer en revue , ont été rangés en neuf formations distinc- tes,par les auteurs de la géographie niinéralogique des envi- rons de Paris. Nous conserverons cette classification , en ajoutant seulement , aux noms donnés par MM. Cuvier et Brongniart, ceux des substances qui nous paroi'^sent devoir être désignées comme parties constituantes essentielles des formations tertiaires. i." Argile plastique et sable, avec lignite. 2°, Calcaire grossier, avec marne et grès ^iarin. 324 T F. R 3." Calcaire siliceux et meulière. 4..- Gypse et MAR^Ê. ( Premier terrain d'eau douce. ) S". Marnes MARi>Es. 6". Sable ei grès saks coquilles. 7'. Salle et grès marin supérielr. 8'^. Meulières sans coquilles , sable et mar^e. 9**. Calcaire marîseix, marne, calcaire siliceux, silex, meulières el sable. ( Second terrain d'eau douce.) Nous rappellerons, au sujet de cette classification, les observations suivantes : Les deux premières formations , celle de l'argile plastique et celle du calcaire grossier , paroissent intimement liées, et les fossiles de la seconde se trouvent dans la première , dans les localités où celle-là manque. Beaucoup de personnes re- gardent, en conséquence , Tensemble de ces deux terrains , comme constituant la première furniatiun marine des terrains tertiaires ; mais les formations de lignite , qui ne renferment que des fossiles d'eau douce, semblent cependant bien ap- partenir au terrain d'argile plastique , et nécessiter . par con- séquent, sa séparation du terrain marin du calcaire grossier. On observe un passag.; remarquable, par mélange de coucbcs et mélange de fossiles, entre le n.^ 2 , calcaire s^ros- sier ( terrain marin ), et le n.^ 4 . gypse {icwâin d'eau douce). A l'époque géognoslique de ce mélange , semblent se rap- porter tous les mélanges de coquilles marines et de coquilles d'eau douce, qu'on a reconnus à la partie supérieure du ter- rain de calcaire grossier et de grès marin. A cette même époque semble se rapporter la formation n.-^ 3 ( calcaire sili- ceux), que l'on sait aujourd'hui être un terrain d'eau douce , dont on aperçoit seulement quelques traces dans les assises inférieures de certaines parties de la formation gypseuse n."^ 4 , et qui se présente , en masses considérables , dans les localités où le gypse n'existe pas; mais alors celte formation paroît souvent liée à la formation n.*^ tjC seconde formation d'eau douce). Quelquefois, cependant , elle en est séparée par les subies ei grès sans coquilles ( formation n.° 6 ) ou par un lit de marne verte qui semble représenter la formation gypseuse. On observe également un passage frappant, par mélange, de la formation gypseuse n/' 4, à celle des marnes marines n*'. 5, qui la recouvre presque partout où elle s'est déve- loppée. Les formations n.°' 6,7^8, ont beaucoup de rapports, entre elles , quant à la nature des terrains et aux passages que leurs roches présentent, L'existence des fossiles , seule- ment diin§ celle du milieu ; ç§t ie principal caractère qui T E R 325 les distingue ; mais elles ont été réunies dans plusieurs écrits modernes, et particulièrement dans le Méntoire , déjà cité plusieurs fois , de MM. de Raumer et d'Engclhardt , sous le nom de troisième formation siliceuse. Il paroît peul-èire plus convenable «lo réunir les n."* 6 et 7 avec le n." 5 , ain- que le propose M. Omalius-^d'Halloy, en considérant cet ensemble connue la seconde forniaiîon marine du groupe des terrains tertiaires ; et de réunir, au contraire , le n." 8 au n.» suivant , comme sec onde formation d eau douce calcaire et siliceuse. De grands rapports semblent, eu effet , motiver ce'te dernière réunion, à laquelle ne s'oppose, jusqu'à un certain point, que le caractère négatif, tiré de l'absence des coquilles, dans les meulières du n." 8. Cet ensemble, des n.o^g et g , paroît souvent lié à la formation n." 3 , qu'il semble fréquem- ment recouvrir dune manière immédiate ; mais , ainsi que nous venons de le dire , le terrain n." 9 est quelquefois séparé de cette dernière , soit par les grès et sables n.° 6, soit par les marnes du gypse n." 4- I^ l^i^it -observer que , dans ces deux cas , les terrains intermédiaires ne renferment pas de coquilles marines , ce qui pourroit donner Topiniou que le tout est le produit d'une formation d'eau douce , plus ou moins longuement prolongée ; mais , dans celle supposition, le terrain n." 6 ne pourroit plus être considéré couime con- tribuant , avec les n.''^ 5 et 7 , à constituer une seule grande forma lion marine. Les formations tertiaires des autres pays nous sont trop peu connues , pour vouloir rien ajouter ici à ce que nous en avons dit, dans l'exanten des différentes séries. Le beau tra- vail, sur les environs de Paris, fournira probablement, pendant longtemps , les points de repère au moyen desquels on cherchera à rapporter les différentes formaliuns locales de cette classe , à des formations générales. Observons encore , en finissant, que nous trouvons, sur pi'estpie toutes les séries des terrains tertiaires , des pas- sages frappans aux terrains de la classe suivante. CINQUIÈME CLASSE. TERRAINS D'ALLUVION ou r'ATTÉRISSEMENT^ On désigne , en général , sous le nom de terrains da/Iuoion les terrains formés de fragmens de roches ou de galets , sahle' et limon, entraînés parles eaux, puis déposés successivement par elles, et d'autant plus loin de leur gisement primitif, que le courant d'eau étoit plus fort , et que les fragmens étoient plus fins. En considérant ce mode de formation des terrains, dans le sens le plus général , on réuniroit , sous le même nom, ^ 326 T E R tous les terrains de transport des classes précédentes ; mais on reslreinl habituellement ia dénomination , en ne l'appliquant qu'aux dépôls les plus modernes , supérieurs à tous les autres terrains , et plus ou moins analogues avec ceux que les allu- vionsdes Heuves et des rivières fontiient encore sous nos yeux. Ainsi délernùnés, les terrains d'alluvlon ne constituent plus de formations généralement répandues, mais seulement des formations locales qui se représentent , sur l(;s dilférentes parties de la surface du globe , avec des modifications dépen- dant de chaque localité. Nous avons déjà reconnu ces modi- fications comme existant dans la classe secondaire, et surtout dans les terrains de transport de cette classe, mais comme particulièrement remarquables dans les formationstertiaires, avec les terrains de transport desquels nos terrains d'allu- vion ont les plus grandes relations , la connexion la plus évidente. Les influences locales , qui font varier partout la nature des terrains d'alluvion , ne permettent pas d'en donner des descriptions générales ; on ne peut , relativement à cette classe , que saisir un très petit-nombre de rapports ou de ca- ractères qui soient communs aux différentes localités. Ces terrains n'ont d'ailleurs été, jusqu'à présent, que très-peu étudiés,el nos connoissances à leur égardsont presque nulles. Il est bien évident que nous ne pouvons plus suivre ici la trace de nos séries; tout se mêle et se confond, dans ce qui n'est que le produit de débris entraînés ou amoncelés par les eaux. Les argiles, les marnes, les sables quelquefois agglutinés , les galets et les poudingues les plus variés , quant à la nature , à la grosseur et à l'aggluiinalion des galets qui les composent , les tourbes, les minerais de fer Hmoneux, composent les masses principales des terrains de celte classe. On peut cependant observer encore des rapports assez fré- quens, et de véritables passages géognostlques, entre les ter- rains de sable et d'argile des formations tertiaires et ceux des formations d'alluvion , entre les calcaires d'eau douce et les tufs dont nous parlerons tout à Theure , entin entre cer- tains lignites de la classe précédente , les lignites de cette classe-ci , et les tourbes. On a divisé les terrains d'alluvlon, soit en alluoions an- ciennes et aillions modernes, soit en allwions de montagnes et de plaines. Dans le premier mode de division , on place, dans le pre- mier groupe, les alluvions qui paroissenl être le produit d'inondations très - anciennes et très-fortes , de ravages con- sidérables, occasionés par les eaux, et qui ont entraîné au loin des masses volumineuses de galets , sables , limon , etc. j. T E R :î2, même des blocs considérables de rochers. Le second groupe comprend, au contraire , le produit d'inondations partiel- les , et qui paroissent avoir eu lieu , dans chaque bassin , à des époques beaucoup moins reculées. La division , en alluvions de montagnes et de plaines , n'a pas besoin d'être expliquée : elle est plus facile , mais beau- coup moins précise, que la précédente. Les alluvions de plaines nje sont souvent que des alluvions de montagnes , qui ont été , en partie , remaniées , entraînées et déposées de nou- veau par les eaux. Nous croyons ne devoir faire usage de ce second principe de classification, que pour la subdivision des deux groupes fondés sur le premier ; mais nous ne pouvons donner, nous le répétons , que des indications très-vagues et exlrênienien| incomplètes. PREMIER OnOUPE. ALLUVI(3NS ANCIENNES. PREMIÈRE SUBDIVISIOiSf. ALLUVIONS DE MONTAGNES. Nous citerons , dans celte subdivision , seulement un exemple célèbre , et en avouant que nous doutons de la jus- tesse de son classement ici. C'est le terrain connu, en Suisse, sous le nom de Nagelflde etde Mollasse. Le /2«^c///«e,dont le nom vient de ce qu'on a comparé a des têtes de clous les galets dont il est formé, comprend les poudingues/jo/jg'e'n/^we et calcaire. Le terrain de mollasse est formé de psammite mi- cacé et de psammile ver/Mire , toul-à-fait semblables au grès hlgarré des Allemands. Ce terrain constitue, au nord des chaînes principales des Alpes , le sol d'une vaste contrée , en Suisse ci. dans la partie méridionale de l'Allemagne , où il forme des plaines, des coUii:cs,et même de hautes monta- gnes, telles que celles du liigi. Nous en avons déjà fait men- tion, dans le premier groupe des terrains secondaires , parce que plusieurs personnes le croient de formation contempo- raine à celle du grès bigarré; nous avouerons même que cette opinion nous paroît assez probable , d'après les détails con- tenus dans l'ouvrage de M. Ebel , sur cette singulière for- mation , ainsi que d'après l'observation de Saussure (§ 65 ), qui a reconnu un terrain calcaire superposé à la mollasse. D'ailleurs on y exploite des combustibles auxquels on donne le nom de houille ; et , quand même ces combustibles seroient des Ugniies , nous ne croyons pas qu'il existe des couches de lignite dans les véritables terrains dalluvion , supérieurs aux formations tertiaires: Nous indiquons cependant ici ce ter- rain , par respect pour l' autorité du plus grand nombre des 328 T E R géologues , qui l'ont observé en place ; mais nous ferons ob- server, avec Reuss , que tous les nageîflues de Suisse ne paroisscnt pas être de la même époque , qu'on en a cité qui coutenoient des fragmens de nagelflue plus anciens; et qu'airi5i , on pourroit probablement diviser ce terrain en deux formations , dont l'une seuleineni apparliendroit aux terrains d\itluvion. Le nagelflue ^ de vSuisse est , en général , composée de ga- lets provenant évidem;nent des terrains des Hautes-Alpes; cepentiaiii on y observe fréquemment des fragmens de ro- ches po-r lesquelles on ne connoît , dans ces montagnes , ^e gisement originel que sur le versant méridional de la chaîne , du coté de i'italie. Les fragmens calcaires sont les plus nbondans , et ^^ouvent la roche en est entièrement formée ; ces fragmens soni d'autant plus gros et d'autant moins arrondis, qu'ils sont déposés plus près des terrains dont ils paroissenl provenir. Ils ont quelquefois plus d'un mette de diamètre. Le ciment est ordinairement argilo-cal- caire , et quelquefois presque spathiquc. Ce terrain est sou- vent stratifié régulièrement, en couches épaisses ; les couches à gros fragmens alternent fréquemment avec des couches à grains fins; mais celles-ci se retrouvent, à peu près seules , dans les parties les plus éloignées des hautes moniagnes. Le nageljlue forme , dans beaucoup de localités de la Suisse , des rochers escarpés Irès-élevés. Le nagelflue ne renferme , dit-on , que très- rarement des fossiles , lesquels semblent alors être assez analogues à ceux des parties supérieures du terrain d'argile plastique. On a cité, dans la mollasse^ qui paroît être le dernier dépôt du nagelflue , des ossemens de grands animaux; mais cette partie de la mollasse est peut-être une alluvion du terrain de nageljlue et de psammite. D'un autre côté , plusieurs géologues ont re- marqué que le n<2§^e//ZMe et le psammite paroissoieni s'enfoncer sous le calcaire de la quatrième chaînel'des Alpes ; mais on peut attribuer cette inclinaison à des affoullfemens produits par de grands lorrens, descendus des Alpes, qui auroient ra- vagé les premiers dépôts et forcé les couches à s'affaisser de ce côté. M. de Humboldt cite des terrains de nagelflue nxi:\\o^\ie à celui de Suisse , auprès d'Aranjuez en Espagne , et dans les Cordillères de l'Amérique méridionale. DEUXIÈME SUBDIVISION. ALLUMONS DE PLAINES. Les alluvions anciennes, de l'Amérique méridionale, que pous venons de citer , s'étendent dans les plaines immenses connues sous le nom de LIanos , où elles forment un sol uni de plus de dix-huit mille lieues carrées de surface : on y connoit des couches de mirtcrai de fer. Les sables , qui couvrent de vastes contrées , dans l'inté- rieur de l'Afrique et de l'Asie, doivent probablement aussi êlre considérés comme le produit d'anciennes et puissantes nlir.vions. Quelques géologues pensent que la plupart de ces sables proviennent de la désagrégation du terrain de grès ronge ancien. Il est remarquable que le sol d'une grande partie de ces contrées sableuses, est pénétré de sel. Une grande zone de terrain d'alluvion , existe en Eu- rope , au midi de la mer Baltique, depuis la Russie jus- qu'en Hollande, et même jusqu'en Angleterre: le sol y est formé de sable , d'argile et de galets de toute gros- seur ; parmi ces galets se trouvent des blocs énormes de roches primordiales. Il est à remarquer que les galets et les blocs sont de nature lout-à-fait différente de celle des terrains pcimordiaux de l'Allemagne , et autres situés au midi de la zone , et qu'on en retrouve , au contraire , tous 1-iiS analogues dans les montagnes de Suède et de INorwége. Cette vaste zone paroît donc être le produit d'une énorme alluvion ancienne , venue de la Scandinavie. La vallée du Rhône , depuis les plaines qui sont entre Lyon et le Jura jusqucs aux plaines de la Crau , présente aussi une zone, à peu près continue, d'alluvions anciennes,for- mées de cailloux roulés de toute espèce, mais surloiU de quarz. Nous ne quitterons pas les aliuvions ancienne^ sans dire un mol de ces roches primordiales, analogues à celles des Alpes, qu'on retrouve, en abondance , sur la pente orientale des montagnes calcaires secondaires de la chaîne du Jura , à huit ou à neuf cents mètres de hauteur. Ils sont anguleux, et leur grosseur va jusqu'à i4 à i5 cents mètres cubes; leur position actuelle est évidemment le produit d'une alluvion très-ancienne , dont la force paroit Incalculable. On trouve ces blocs principalement en face du débouché de la valleé du Rhône, comme des autres grandes vallées des Alpes; et vis-à-vis chacun de ces débouchés, les roches sont de na- ture différente. Nous venons de citer les blocs du m«1me gen- re, et aussi volumineux, qui se trouvent dans la grande zone du terrain d'alluvion du nord de l'Europe , et qui semblent provenir des montagnes de Suède •. parmi ces blocs, les masses de granité d^Ingrie sont connues et célèbres. nEUXIEME GROUPE. ALLLWIONS MODERNES. I^es aliuvions modernes se présentent , en général, à peu 33o TER de distance des terrains dont elles renferment les déLiis. On peut apercevoir, parmi elles, encore plusieurs âges très- distincls , et on pourroit , si elles éloient mieux connues , l.'s subdiviser et les classer d'après cette distinction; mais, dans presque toutes ces subdivisions , les terrains d'alluvions mon- trent , par leur position , leur étendue , la nature et la gros- seur de leurs parties , qu'ils sont le produit de causes tout- à-fail différentes de;^ causes qui agissent encore aujourd'hui , ou, comme le remarquent MM. Cuvier et Brongniarl, qu'ils ne peuvent avoir été déposés par les rivières , dans leur élat actuel , en supposant même les débordemens les plus grands que l'on connoisse depuis les temps historiques. PREMIÈRE SUBDIVISION. Les minéralogistes allemands décrivent , comme Allu- viONs DE MONTAGNES, SOUS Ic nom seyffen-gehirge^ow terrains à exploitation de minerais par lavage ) , des terrains de sable, de gravier et d'argile, lesquels renferment souvent des mi- nerais ou des gemmes , qu'on en relire par le mode d'ex- ploitation nommé seyffen-Merck ( Voyez Minière ). Ces ter- rains se présentent aussi dans les plaines ; mais on les reconnoît surtout dans les gorges élevées , ou sur les pentes des montagnes d'ancienne formation , où ils for- ment quelquefois des couches de plusieurs mètres de puis- sance. Ils ne contiennent que des minerais très - lourds et très peu altérables : tels que 'for natif , le platine, l'oxyde d'étain ; ou très-durs , tels que les oxydes de fer , le diamant et les gemmes. Beaucoup d'exploitations de minerais d'étain ont lieu , sur des alluvions de ce genre , en Saxe , en Bohème, en Cornouaille , au Mexique , etc. Dans ces mêmes exploi- tations , on trouve quelquefois de l'or , des topazes , etc. Au Brésil , les exploitations d'or et de diamant ont lieu , par la même méthode, sur une couche d'alluvion connue sous le nom de r.mr.alho , et formée par une agglomération de cailloux , de quarz et de gravier , ordinairement peu solide, quelquefois pénétrée d un sue ferrugineux, qui paroit lui donner une solidité plus grande , et contenant aussi des grains nombreux de minerai de fer ; dans ce dernier cas, elle ren- ferme principalement des diamans. Elle se présente ordinai- rement sur un sol de granilc ou de gneiss , quelquefois sur un calcaire secondaire , et tanîol immédiatement au-dessous de la terre végétale, tantôt sous une couche argileuse d'un à àauyi mètres d'épaisseur ; mais on la retrouve également dans les gorges élevées des collines, dans les plaines, et jusques dans le lit des rivières, il est à remarquer que ces rivières prennent leurs sources dans des montagnes, oùTon exploite des couches TER 33i et des filons aurifères. C'est de même, dans des couches d'nliuvion , que les diamans sont exploilés aux Indes-Orien- tales. Les gemmes se rencontrent aussi, en plusieurs contrées, dans des couches d'alluvion , soit dans ie sable de plusieurs rivières , soit au bord de la mer. On indique encore, comme al/uoion de montagnes , sous le nom de granité régénéré, un gravier quarzeuxet iL-ldspalhique agglutiné par un ciment ferrugineux. Dans quelques localités duHartz, au rapport de M. [îausmann, ce granité régénéré est traversé par des veinules de silex corné , ou de calcédoine. Enfin , les penles des montagnes peu élevées sont quel- quefois recouvertes de vastes dépôts de tourbe , que l'humi- dité des nuages contribue a former, et auxquels on peut re- connoîlre souvent un accroissement et une nwn.Jie assez ana- logues a l'accroissement et à la mai-che des glaciers des hautes montagnes. ( F. GLACiEa ). DEUXIÈME SUBDIVISION. ■ Les sables, les cailloux roulés, les marnes plus ou moins sableuses, les tourbes, les minerais de fer limoneux, for- Kient, dans presque tous les pays, des sols d'attérissemeni; ^lus ou moins étendus, qui paroissent plus modernes que ies précédens , et qui se présentent particulièrement dans LES n.AlNES. Les minéralogistes alleniands les distinguent en (errai ns marécageux , terrains sablonneux , et terrains argi- leux ow limoneux ; mais ils comprennent, sous ces différentes dénominations, plusieurs terrains que nous avons rangés dans les formations tertiaires , spécialement les terrains ii lignite. . '■ Les auteurs de la (Géographie minéralogique des environs de Paris distinguent, dans cette contrée, deux positions différentes au terrain d'alhwiun ou d'attérissemeni. Dans l'une, et c'est la moins commune , il se rencontre dans des plaines éloignées des vallées actuelles ; il pareil alors plus ancien .que celui qui se trouve dans ces vallées; il est formé de sable , d'argile, et de marne qui se confond souvent avec le terrain d'eau douce supérieur; il renferme des dents d'eiéphans, des têtes de bœufs, d'anlilope , de cerfs , etc. 11 paroît que c'est à peu près au même terrain, qu'appartien- nent tous les ossemens de grands animaux des pavs méridio- naux qu'on a trouvés, dans les différentes parties de la sur- face du globe , même dans les contrées les plus froides ; sur certains points, ces ossemens sont comme amoncelés eu énormes amas. Ce dernier fait porte à penser à une grande débâcle , à une alluvion très-forte, venant de très loin , et qui, par conséquent, doit être rapportée à notre premier groupe. 332 T~E R Dans l'autre position , le terrain d'alluvion se présente, dans les vallées actuelles, tantôt en plaines étendues, assez élevées au-dessus du lit des rivières, plaines cojnposées de cailloux roulés et de sable renfermant souvent de gros blocs de grès, et descendant vers le lit des rivières, en forint! de caps arrondis, qui correspondent presque toujours à un sinus à hords escarpés, sur la rive opposée; tantôt dans le fond des vallées , et formé alors de sable , de limon ou de tourbe. La première espèce se rencontre , en général , dans les grandes vallées, comme celles de la Seine , de la Marne, de rOise , etc.; la seconde, dans les vallées des petites rivières. En Sibérie, IM. Patrin a observé que les grandes rivières., telles que l'Ob , Tlrliche , le Jenissey , etc., ont, au- jourd'hui , leur lit encaissé dans des dépôts sablonneux, qui s'élèvent quelquefois jusqu'à 200 mètres de hauteur, au- dessus du niveau des eaux actuelles. Les terrains d'alluvion de ce genre se trouvent superposés à toute espèce d'autres terrains. Souvent même ils reposent sur ceux que nous avons nommés allimons anciennes , avec lesquelles on ne doit cependant pas les confondre. C'est ainsi qu'on observe, par exemple , de vastes marais à tourbe, et des dépôts de fer limoneux , dans différentes parties de la grande zone dalluvions anciennes du nord de lAllemagne. Les terrains d'alhivioii remplissent, en partie , les caver- nes des terrains calcaires anciens, et renferment alors des ossemens de quadrupèdes , d'espèces aujourd hui inconnues. Les tourbières renferment, au contraire, quelquefois des ossemens d'animaux ou des coquillages analogues à ceux qui existent aux environs. Les sables des terrains d'alluvion des vallées actuelles contiennent quelquefois des bois silir.ijiés, plus souvent des Lois hiluminisés , qui sont presque changés en véritable lignite. Ils renferment aussi des coquilles fluvialiles ou terrestres , dont les analogues vivent encore aujourd'hui. ÏjBS foréls sous-marines , observées sur plusieurs parties des côtes de la France et de l'Anp;îelerre, paroissent faire partie d'un terrain à peu près semblable. ( F. Lignite. ) On a cité aussi, sur les bords de la Méditerranée, aux environs de Nice , des terrains calcaires qui renferment des coquilles analogues à celles qui existent dans les mers de ces parages , et qui pourroient être regardés conime des af/iioiuns marines. Enfin, les courans d'eau actuels dégradent incessamment les montagnes, et forment continuellement, avec les débris qu'ils entraînent dans leur cours , des allt^vions de sable , . ÏEU 333 d'argile , de tourbe , soit sur les pentes mêmes des collines , soil dans les vallées, soit à leur embouchure; alluvions qui sont, en général, beaucoup moins considérables que toutes celles dont nous venons de parler, mais qui nous montrent la série des formations des terrains comme non interrompue jusqu'à nos jours. Appendice. TERRAINS DE TUF. Cette continuité de la série des formations minérales est bien plus frappante encore dans l'examen des terrains de tuf, que les Allemands nommenl ierrains d\il/iwîon , pwdui/s par prér.lpiiaùon chimique^ et dans lesquels nous voyons, en effet , des précipitations chimique^ et cristallines se former journellemenl sous nos yeux. Nous ne ferons que citer les 'lli\:iS, SILICEUX, produits par certaines fontaines bouillantes de l'Islande, coïîime un phénomène incompréhensible pour noire intelligence, puisque la silice est, pour nous, indis- soluble dans l'eau, à toute température; mais ces tufs sili- ceux ne paroissent pas s'étendre en masses assez considéra- bles, pour être considérés comme formant un terrain. Il n'en est pas de même des Tufs calcaires que déposent , dans beaucoup de pays de montagnes,les eaux d'un grand nombre de torrens ou de fontaines , dépôts qui élèvent continuelle- ment le sol sur lequel elles coulent. A Clermont , en Au- vergne , une de ces fontaines est célèbre par le ponl naturel qu'elle a formé sur son cours. Dans les Alpes , beaucoup de fontaines analogues ont tant de fois changé de lit, par suite de leurs dépôts , que les tufs couvrent , aujourd'hui , une largeur de deux à trois mille mètres. De pareils tufs , des incrusta- tions qui sont le résultat d'un phénomène du môme genre , se forment, en grande quantité , dans le voisinage des eaux thermales. Dans quelques localités, où ces dépôts ont lieu autour de grains de sable , ils produisent les pisoiiûies. Les tufs calcaires sont plus ou moins blancs ou colorés , plus ou moins solides , plus ou moins purs , selon la pureté des dissolutions dont ils proviennent. Quelques-uns sont souillés de parties siliceuses et argileuses, ou mélangés d'un grand nombre de débris d'animaux ou de végétaux, sembla- bles à ceux des environs ; mélanges qui les empêchent de prendre de la solidité , et leur donnent souvent la. texture la plus bizarrement irrégulière. Ailleurs, au contraire, le dépôt est solide, et à texture plus ou moins compacte , ou même cristalline ; il prend alors l'apparence du calcaire d'eau douce, quelquefois celle de calcaires plus anciens. Le tuf des environs de Konic , célèbre sous Iç nom de travertin ^ 33.i T E R of re tous ces caractères ; dans plusieurs parties , il présente l'apparence de certains marbres primordiaux. Il est Irés- solide , et employé avec avantage dans les constructions. Ces tufs sont regardés, par les minéralogistes allemands, comme formant le dernier membre de la grande série des formations calcaires. Par leur passage à certains terrains d'eau douce , passage dans lequel on peut être embarrassé pour placer la ligne de séparation , ils rattacbent entière- ment les époques actuelles à toutes les époques précédentes j dont nous avons successivement observé les productions. Les tufs se forment aussi dans les fentes de rochers, par- ticulièrement dans celles des rochers de calcaii^es secondaires anciens. Souvent alors ils empâtent des fragmens du calcaire qui constitue le terrain , ainsi que des ossemens d animaux analogues à ceux qui existent dans les environs, et des coquilles fluviatiies ou terrestres. Ce fait se remarque sur- tout dans les roches situées au bord de la mer , près de Gi- braltar , de Celte , de Nice , en Corse , à Cérigo , en Dal- matie, etc. On assure que dans quelques localités , les ter- rains de tuf alternent , en couches plusieurs fois répétées , avec des terrains basaltiques. Nous devons encore faire mention ici des terrains cal- caires sous-marins qui se forment continuellement, par l'ac- cumulation des dépouilles lestacées des animaux qui peu- plent les mers , et surtout par l'accroissement des bancs ou récifs de coraux, de madrépores et d'autres polypiers : accroissement remarqué par tous les navigateurs, et qui marche sans interruption, avec une extrême rapidité, par- ticulièrement dans les mers de la Zône-Torride, Nous avons fait observer que beaucoup de calcaires, des classes intermé- diaire et secondaire , paroissoient entièrement formés de madrépores, et avoir eu une origine analogue à celle des polypiers actuels. Nous voyons donc se continuer, sous nos yeux, une opération qui semble avoir produit des terrains placés très- loin , dans l'ordre générai d'ancienneté des for- mations. Combien d'autres analogies , sur lesquelles nous n'avons aucunes données , peuvent exister entre les terrains de nos continens et tout ce qui se forme ou se modifie in- cessamment au fond de ces masses liquides qui couvrent les deux tiers de la surface du globe ! SIXIÈME CLASSE, TERRAINS PYROGÈNES. Nous désignons sous ce nom , d'après M. Brongniart , tous les terrains qui ont éprouvé l'action des feux souter- rains, et qui ont été , soit produits , soit modifiés par celle action. Nous conserverons dans celte classe la division des T E R 335 minéralogistes alicuiands , en terrains pseudo- volcaniques et terrains volcaniques; mais nous classerons, à la suite de la seconde division , par les motifs que nous ferons connoîlre , et sans prétendre décider la question relative à leur origine, les Terrains trappéens compactes de M. Brongniart , le-- quels comprennent une grande partie des terrains de trapp S'-condahes des minéralogistes allemands : de plus , nous croyons devoir intercaler entre les deux divisions, et dans un groupe particulier , les terrains produits par les sa/ses. PREMIER ORDRE. TERRAINS PSEUDO-VOLCANIQUES. Wernera classé, sous celte dénomination , les terrains altérés par la combustion tranquille des combustibles miné- raux , et spécialement des houilles. Ces incendies souter- rains, qui se sont déclarés, dit-on, quelquefois spontané- ment , mais qui ne sont ordinairement que le résultat des fautes commises par les hommes dans une exploitation im- prévoyante , existent malheureusement dans un grand nom- bre de terrains houillcrs ; mais leurs effets sont toujours bornés à une faible étendue, et on ne devroil pas considérer comme de véritables terrains , dans l'acception que nous avons donnée à ce mot, les portions de couches ùq phyllade , à^argile schisteuse^ de psammite , de minerai de fer, qui sont altérées par ces effets. C'est donc seulement pour nous con- former aux idées généralement reçues , que nous indiquons ici les terrains pseudo-volcaniques. Les minéralogistes alle- mands en distinguent quatre espèces, I'Argile brûlée, le Jaspe porcellanite , les Scories terreuses , et le Fer ar- gileux BACILLAIRE. Dans la première espèce , les phyllades qui approchent les couches de houille embrasées, ont été seulement fortement chauffés ; ils sont plus durs que dans leur état naturel , ordi- nairement rouges, quelquefois jaunes ou bruns ; on y voit en- encore les empreintes végétales propres aux phyllades et à l'argile schisteuse des terrains houillers. Ije Jaspe porcellanite a éprouvé une demi-fusion plus ou moins avancée ; il est gris-bleuâtre , rougeâlre , brunâtre , jaune, etc. ; quelquefois on y observe encore des enipreintes. 11 est remarquable que \q jaspe poicellanite aXitmc: sonvQ.T\X .^ par couches, avec Y argile hriUée , et qu'ainsi le degré d'avar.- cemenl de la fusion de ces terrains ne provient pas seuiemert de leur rapprochement plus ou moins grand du foyer de la chaleur, mais aussi du plus ou moins de lusibllilé de la roche. Dans les Scories terreuses, les substances ont été lout-à- fait fondues; elles sont boursoufilées et scoriacées, mais aussi 336 T E K dans (les degrés 1res- différens. Quelquefois ces scories res* semblent assez à des laves ; elles s'en distinguent cependant facilement , parce qu'elles sont très-ferrugineuses , ne ren- ferment pas les cristaux propres aux laves, ne présentent d'ailleurs aucune uniformité dans leur manière d'élre , etc. ; elles ressemblent souvent davantage à des scories de forge. Le Fer argileux bacillaire , remarquable particulière- ment par sa structure, ne peut, dans aucun cas , être con- sidéré comme un terrain. On doit seulement le citer comme mélangé quelquefois aux roches précédentes. Les terrains pseudo-volcaniques sont , en général , assez distinctement stratifiés, et peu dérangés de leur disposiiiou originelle. Ils constituent quelquefois des portions peu con- sidérables de montagnes peu élevées ; plus souvent ou les trouve dans les Z'asi/zw que forment fréquenmient les terrains houillers. On les a reconnus dans un assez grand nombre de contrées; mais on n'a pas encore bien déterminé si tous ces terrains étoient le produit de la combustion de véritable houille , ou si quelques-uns n'éloient pas dus à une cause ana- logue , agissant sur des gîtes de lignite. DEUXIÈME ORDRE. TERRAINS PRODUITS PaÎv LS.S SALSES. Les Sâlses , ou petits volcans d'une espèce particulière , qui ne produisent que de la vase et du gaz hydrogène , ont été décrits à l'article Salse. Ils le seront encore à l'article Volcan, Nous croyons devoir nous abstenir de répéter ici le contenu de ces deux articles; nous rappellerons seulement que les coulées de vase ahgileuse que produisent les salses , forment , en se solidifiant, des terrains très-étcndus , ainsi que Font reconnu Dolomieu , Pallas , Spallanzani ^ et M. Ménard de Lagroye , et nous ferons remarquer Tespèce de connexion qui semble lier ces terrains avec ceux qui sont le résultat des immenses éruptions boueuses des volcans d'A- mérique. TROISIÈME ORDRE. TEURAilNS VOLCANIQUES. Nous réunissons , sous cette dénomination , les terrains produits par les éruptions connues des volcans aujourd'hui ôiulans , et ceux qui constituent les pays anciennement vol- canlsés, et qui sont tellement semblables auxpremlers , qu'on regarde [eur origine volcanique couime inroniesiable. Toutes les roches qui forment ces terrains ont pour élénjens principaux, lepyroxène et le feldspath; on y trouve aussi en abondance, l'amphibole, le fer titane et le péridot granuliforme , quel- quefois l'amphlgène , les zéollthes, etc. Ces substances , diversement réunies , forment les îwes, TER 33^ lesquelles sont , en général , à base de pyroxène, ou à base de Jeldspath. Les laves sont ou compactes et ayant l'apparence de ro- ches primordiales : on les nomme alors laves lithoïdes ; ou Bou «SOUFFLÉES , OU SCORIACÉES, très-rarement vitreuses dans les volcans brûlans ou inconleslables. Souvent aussi les produits des volcans sont pulvcrulens : te sont alors les SABLES ou CEKDRES VOLCANIQUES. Les laves constituent des coulées , genre de structure pro- pre aux terrains volcaniques , et que nous avons fait connoître dans l'inlroduclion. Dans chaque coulée considérée relative- ment à son épaisseur, le milieu est en général formé de lave lithoïde , et les parties voisines des surf.ices supérieure et inférieure sont formées de lave boursoufdée e( de scorie. Dans quelques cas , les coulées de lave présentent des es- carpemens qui affectent la structure pseudo- régulière yor/o/wa- iiqiie Ce fiiit, très-commun dans les terrains de Tordre suivant, est rare dans les terrains de volcans éteints inconleslahles, et très- rare dans les coulées, de date connue , des volcans brûlans. On cite cependant une coulée du Vésuve , qui a ris cetle structure en arrivant à la mer. On en cite de sem- lablesaux îles Ponces et à Ténénff; mais presque tous les faits de ce genre sont plus ou «joins contestés. Les produits pulvérulens , remaniés parles eaux, forment les TuFFAS ou Tufs voi camques qui se déposent aux pieds des volcans , en couches étendues. Les Produits va.seux immédiats sont très-rares dans les volcans d'Europe. Ils sont, au contraire, très-fréquens, très- abondans dans les volcans d'Amérique , lesquels rejettent souvent d énormes quantités de masses boueuses et liquides, et même d eau contenant des poissons en grande abondance. Ces masses boueuses, refioidies et consolidées , ont une tex- ture assez compacte et porphyroïde ; on y reconnoîi des cristaux bien conservés ; elles semblent être le produit de la désagrégation, par l'eau et la chaleur, mais sans fusion, «l'une roche cristalline. La quantité de poissons esl quelque- fois si considérable , qu'après leur putréfaction, la masse entière est exploitée comme combustible. Lesterrainsvolcaniques constituent ordinairement desmon- tagnes coniques, parce que la masse principale de ces monta- gnes est formée de matières incohérenles qui remplissent les intervalles entre les coulées. Celles-ci se recouvrent en partie les unes les autres. Quelques coulées recouvrent aussi des cou- ches de tuffa^ lesquelles paroissent avoir été remaniées par tes eaux , dans lintervâile de temps qui a séparé les éruptions. l 338 TER Les terrains volcaniques sont superposés à tous les autres , nieme aux terrains d^illuvion ; tout au plus allernenl-ils quelquefois avec les alluvions modernes. On les trouve sou- vent en contact avec ceux des terrains de l'ordre suivant, que nous nommons terrains basaltiques. Dans ce cas , les produits des volcans actuellemenl bràians sont toujours superposés à ces terrains-, mais il existe quelquefois une liaison intime en- tre ceux-ci et les produits des volcans éteints incontestables. Sauf cette légère différence entre les deux espèces de ter- rains, tous les caractères prccédens sont communs aux vol- cans actuellement brùlans et aux volcans éteints incontes- tables. Us se présentent d'une manière aussi frappante dans les derniers que dans les premiers. En Auvergne , on suit les traces de certaines coulées, aussi facilement que sur le Vé- suve. Les coulées modernes de l'Auvergne ont souvent suivi les pentes des vallées actuelles qui étoient donc formées lors des éruptions volcaniques; elles semblent^ dit M. de liuch, avoir coulé hier ; et cependant on a tout Heu de croire que la tradition des volcans , dans ce pays, étolt déjà perdue à l'époque des premiers temps bisloriques. César , qui décrit avec soin le sol de toutes les contrées où 11 a campé , ne dit pas un mot qui ait rapport à une semblable tradition. Les volcans éteints Incontestables, ne sont connus que dans un petit nombre de localités. A l'indication de ceux qui ont rendu T Auvergne célèbre parmi les minéralogistes, nous joindrons seulement l'indication de ceux de TiV^^f/C rive gau- che de la Moselle et du Rhin ). Nous en avons observé plu- sieurs dans ce pays. Les plus connus sont ceux de Rerlrich et des environs d Andernach. Nous renverrons , pour plus de détails sur les terrains volcaniques et sur leurs produits , aux mots Lave et Volcan. QUATRIEME ORDRE. TERRAINS RÉPUTÉS VOLCANIQUES. En plaçant Ici ces terrains , au sujet desquels les idées des naturalistes sont encore si opposées , et qui ont donné Heu à tant et à de si fameuses controverses , nous ne préten- dons nullement émettre une opinion formelle sur leur origine ignée ; nous avouerons môme que , pour un grand nombre de localités, la questionnons paroît encore complètement indécise ; mais , dans toutes les opinions , leur histoire nous semble essentiellement liée à celle des terrains volcaniques avec lesquels ils offrent des rapports nombreux , des confor- mités frappantes. Il nous semble d'ailleurs impossible de ranger, comme le font les minéralogistes allemands , des terrains formés de roches éminemment dures et crislallinas , TER 333 au milieu des formations tertiaires les plus nouvelles , ou même des formations d'alluviou. Nous avons vu , à Ja vérité, des terrains cristallins alterner avec des terrains de transport, dans les premières époques postérieures à l'ap- parition des êtres organisés ; mais le rôie que les premiers jouolent , dans la masse générale des formations minérales, est devenu alors de moins en moins important: ce rôle a entièrement cessé aux époques du terrain houiller et du grès rouge ancien, et depuis lors, nous n'avons plus observé de roches cristallines. Les filons seuls nous offrent, dans les époques postérieures , des substances cristallisées ; mais le pyroxène , le feldspath, l'amphibole, le péridote elles au- tres substances qui entrent dans la composition des ter- rains basaltiques, ne se présentent nulle part, si ce n'est dans les roches arénacées. En même temps , l'abondance des êtres organisés se fait reconnoîte , par des débris de plus en plus nombreux, et il peut paroître impossible de concevoir qu'après de longues périodes, manifestées unique- ment par de semblables productions, après les époques dans lesquelles les eaux n'agissoicnt plus que mécaniquement, partiellement et à un niveau peu élevé, pour dégrader les terrains anciens, et en accunmler les débris, en couches d'alluvion, dans les plaines et dans les vallées ; ces mêmes eaux aient recommencé , sur toute la surface du globe , à dissoudre et à précipiter , avec une grande abondance , les substances minérales les plus dures, et à produire des for- mations générales de terrains cristallins , à des hauteurs beaucoup plus considérables que celles des terrains précé- demment formés. Ces considérations doivent porter à attribuer la formation des terrains basaltiques à des causes toul-à-iait différentes de celles qui ont produit les terrains plus anciens. Leur ressem- blance et leurs rapports intimes, dans certaines localités, avec des terrains où Ton reconnoit l'empreinte évidente d'une formation volcanique , peuvent porter à attribuer éga- lement aux volcans leur production ; mais nous ne voulons point ici discuter cette question : nous nous abstiendrons , comme nous l'avons fait jusqu'à présent , de toute idée théorique ou systématique, et nous prétendons seulement justifier , par les réllexions précédentes , l'ordre que nous avons cru devoir suivre dans l'exposition de l'histoire de ces terrains, lesquels se trouvent d'ailleurs, par suite de ces motifs, placés à la fin de notre aperçu général de la com- position de Técorce solide du globe , comme un objet encore indéterminé , ou comme une sorte d'appendice énigmatique 34o ''' ^ R dont l'élude et la détermination précise peuvent parlica- lièrement intéresser les naliiralisJes. Nous subdiviserons Tordre des terrains, réputés volca- niques , en deux genres que nous désignerons sous les noms de terrains basaltiques q\ terrains irachy tiques ^ parce que le ba- salte, pour les uns, et le trachyte pour les autres, peuvent être regardés comme roches caractéristiques et prédominantes. Premier Genre. — Terrains basaltiques. Nous réunissons , sous ce nom , la plus grande partie des membres de la formation de trnpp secondaire des auteurs alle- mands. Le Basalte, et le Basanite ou roche porphyroïde à base de basalte , en forment la masse principale ; on y observe aussi la Vake et le Vakite ou roche à base de vake , le DoLÉRiTE , une espèce de Spillite ou Amygdaloïde à base de basalte , la roche nommée GRAUSTEiNpar Werner , de couleur grise , à tissu lâche , à cassure un peu terreuse , renfermant des cristaux de feldspath , et fusible en émail blanc ; enfin un Pétrosilex feuilleté ou Phonolite {klingslein des Allemands) et unEuRlTE porphyroïde, ayant le pétrosilex feuilleté pour base {porphyrschiefer'). On con- noît aussi des /«/s basaltiques, analogues aux iuff as volca- niques. Quelques minéralogistes allemands regardent encore comme appartenant aux terrains basaltiques, un Grès très- dur, à grain fin , à ciment quarzeux , et ordinairement rou- geâtre , qu'on trouve souvent en contact avec eux. M. Haus- mann le nomme trapp sandsiein. 11 est stratifié en couches horizontales , superposé au grès bigarré , et recouvert par le basalte. Mais ce grès doit probablement être réuni au grès blanc (^quadersandstein'). Le basanite renferme fréquemment de nombreux cristaux de pyroxène , et le basalte paroît souvent n'être qu'un dolé- rile compacte , dans lequel les deux substances composantes (pyroxène et feldspath) sonfcomme fondues l'une dans l'autre. 11 renferme souvent aussi des cristaux damphibole et des cristaux ou des rognons arrondis de péridot, quelque- fois des rognons ou géodes de quarz ou de zéolithe ; quelque- fois enfin des cavités remplies d'eau. On a cité des pétrifica- tions dans le basalte ; mais il paroît que ces indications ne sont pas exactes , ou qu'elles se rapportent à des fragmens de calcaire coquiiler qui ont été trouvés empâtés dans certaines masses basaltiques. L<*s terrains basaltiques ne forment ordinairement point de coulées, mais de véritables couches parallèles entre elles. Souvent ia vake forme les couches inférieures, et lorsque le tout repose sur des terrains tertiaires ou d'alluvion , ainsi que cela se présente fréquemment en Allemagne , la vake semble T E R. 34i former le passage des couches arglleuses,avec lesquelles elle est en contact , au basalte qui la recouvre. Le basalte et le basanîte forment la masse principale et souvent totale du terrain au-dessus de la vake ; souvent ils sont recouverts par le dolérile, ailleurs parle pétrosllex feuilleté ou Teuriie por- phyroïde. Quelquefois des spillites basaltiques (basa/tischer mandelstein) sont situés au-dessous du basalte ; mais souvent alors les amandes ou noyaux de ces roches n'existenlpas , et les cellules sont vides, comme dans leslavesboursouffléesqui se trouvent à la partie inférieure des coulées. Très-rarement , on observe de semblables basaltes celluleux à la partie su- périeure des couches de basalte, dans les pays où les terrains basaltiques ne sont pas associés avec des terrains évidemment volcaniques. Très-rarement aussi on y voit, dans le même cas , des enfoncemens qu'on puisse raisonnablement sup- poser avoir été des cratères. Le basalte présente très-fréquemment la structurepseudo- régulière prismatique ; souvent aussi il se présente en boules. Quelquefois des colonnes basaltiques sont formées de boules placées l'une sur l'autre , et qui semblent être le produit de l'altération des portions d'anciennes colonnes prismatiques. Ce fait est remarquable par exemple, à Bertrich, non loin de Trêves. La réunion d'un grand nombre de prismes de basalte constitue ce qu'on nomme une chaussée basaltique. Le Pavé des Géants., en Irlande, la grotte de Flngal ., dans les îles Hé- brides, sont particulièrement célèbres. Les terrains basaltiques se présentent, dans un grand nombre de localités , sans aucune association qui porte l'empreinte du feu, et superposés à toute espèce de terrains primordiaux ou secondaires , même à des terrains de lignite. Ce dernier fait est assez fréquent ; le Meisner , en Hesse , en offre un exemple bien connu. Une couche d'argile , assez mince , y sépare seule la coudie épaisse de lignite de l'é- norme plateau basaltique qui la recouvre. 11 est à remar- quer que les parties supérieures de ce gîte de combustibles renferment de l'anthracite , et même , dit-on , de véritable houille bitumineuse , tandis que les parties inférieures sont formées de lignite terreux et fibreux. Le sommet du plateau est formé par une couche de dolérlte. Les plateaux basaltiques présentent quelquefois beaucoup de ressemblance , dans leur disposition , avec les plateaux porpliyriques des montagnes primordiales. Comme ceux-ci , ils ne montrent souvent de rochers escarpés que sur une face de la montagne , et de l'autre coté la pente est beaucoup plus douce. On doit remarquer , de plus , que les relations de gi~ senient du basalte avec le dolérile sont celles que présea- 342 ^y F^ iî tent orflin.iirenient le porphyre avec la sye'nltc , quand ils conslilnenl ensemMe des sommités, comme en Norvvége. Le phonolitlie et j'eurile porphyroïde forment souvent, en Bo- hème , 3U sommet des monlngnes basaltiques, des crêtes hé- rissées de rochers bizarrement découpés. Les terrains basaltiques se présentent toujours en gisement irans^ressif, quand le terrain inférieur nVst ])as en couches horizontales. Ils constituent , dans toutes les circonstances que nous venons d'indiquer , on des plateaux isolés au som- met de montagnes souveni éloignées les unes des autres, ou des montngnes entières , ordinairement xoniques et isolées par leur base, quelquefois liées entre elles. On peut recon- noître souvent la continuité des mêmes couches , sur les dif- férenles sommités basaltiques. Quelquefois le basalîe et la vnke sont déposés en gisement roncave^ sur des terrains anciens. Plus souvent le terrain basal- tique se présente en gîtes dime espèce particulière , qui tra- versent à peu près verticalement des terrains de toute classe , et pénètrent dans la profondeur. Dans certaines localités, le basalte s'enfonce ainsi , dans le milieu d'une monl.igne dont il constitue le sommet. Ce gisement , remarquable dans les montagnes de Blavckuppc , S ofels-Kiippe , PJlasterkaule , Steiiishitrg ei autres, en Hesse et en Thuringe, est accompagné de caractères qui font naître l'idée que la masse basaltique a perce de bas en haut les terrains de grès qu'elle traverse, dans un état de liquidité ignée. Ailleurs , le basalte forme de puissans^/o«s à travers des terrains de diverse nature , fdons qui se prolongent très-loin dans la même direction. On con- noîl de nombreux exemples de ce fait, particulièrement en Angleterre, en Ecosse et en Irlande , où ces filons de ba- salte sont désignés sous le nom de dykes. Quand ils traver- sent des terrains houlllers, on observe souvent que dans le voisinage du dyke ^ la houille est comme carbonisée et réduite en coak. La vake et le vaklle constituent aussi , dans plusieurs pays , des amas transversaux , ou de nombreux filons, quel- quefois associés à des filons métalliques. ( V. Filon. ) Dans beaucoup de volcans , aujourd'hui brûlans , le basalte semble constituer la partie inférieure ou la base de la monta- gne. Ce gisement est particulièrement remarquable à TEtna. Enfin , dans quelques pays de volcans éteints incontes- tables , les terrains basaltiques les plus caractérisés semblent liés intimement aux coulées volcaniques les plus évidentes : ce fait a été surtout observé en .\nvergne. Ajoutons ici qu'une roche , reconnue par Werner lui-même pour un véritable graiistfin , lait partie d'une coulée de lave sortie du Yésuve , en i63i.Malsj nous le répélons, dans beaucoup d'autres TER 3^3 localités , il n'existe rien de semblable :les terrains basal- tiques sont seuls, disposés au milieu de contrées où l'on ne peut reconnoître aucune trace d'anciens volcans, et ils ne présentent eux-mêmes aucun indice d'une origine ignée. On^ assure même que dans le \ icentin , ainsi que près de la Chaussée des Géants en Irlande , à Bockau en Bohème , et ail- leurs,des couchesde basalte bien caractérisées, alternent avec des couchesde calcaire coqullier. Ce fait, affirmé par des ob- servateurs dignes de foi, est, cependant, révoqué en doute par beaucoup d'autres géologues. Nous devons rappeler ici que M. Omalius-d'Halloy indique , sur la rive gauche du Rhin , dans l'Eiffel , une formation basaltique comme recouverte par les terrains schisteux intermédiaires. Nous avons fait , dans le même pays , quelques observations qui tendroient à confirmer cette idée , mais qui ne sont rien moins que posi- tives. Beaucoup d'autres observations, au contraire, nous ont présenté le basalte constamment au-dessus desphyllades. Mais à Schivaiizerbach , en Hesse , sur la route de Cassel à RiegelsJorf, nous avons vu le basalte placé au-dessous d'un grès rougeàtre qui est peut-être le trapp sandstein de M. Haus- inann. Il résulte de ces faits que, quelle que soit l'origine que l'on suppose au basalte, il faut en admettre plusieurs-formations qui doiv^ent avoir eu lieu à des époques très distinctes , à moins que l'on ne pense que tous les terrains basaltiques , situés au-dessous d'autres terrains, ont été produits par l'effet d'un soulèvement intérieur, tandis que ceux qui sont au-dessus des terrains les plus modernes, ont coulé à la sur- face du sol. Nous renverrons aux articles Basalte et Lave du Dic- tionnaire , pour plus de détails sur ce terrain , ainsi que sur les difierens motifs qui ont été donnés, par les volcanisics et les neptunîstes , à l'appui des opinions sur son origine ignée ou aqueuse. Deuxième Genre. — TERRAINS TRACHYTfQUES. Les terrains de ce genre ont été indiqués, depuis peu , sous le nom de trapp porphyr (porphyre trappéen) par plu sieurs minéralogistes allemands , entre autres par MM, de Humboldt et de Buch. Les minéralogistes français les con- noissoient depuis long-temps, en Auvergne et dans le Viva rais, sans les avoir désignés sous aucime drnomination qui fi\i généralement adoptée. M. Desmarest lesnommoii^/v/m/e: chauffés en place. M. Brongniart en a décrit les roches princi pales sous le nom de Trach\te et de Domite ( F. Roche) Ils sont généralement formés de Masses porphyroïdes 3^ T t: r à cristaux aboiidans de Feldspath vitreux , à pâle plus ou moins rude, plus ou moins terreuse, renfermant des p.Tiies disséminées de pyroxène, de lilanesphène , de fer oligisle , de mica, d'amphibole, de quarz et de péridot , renfermant aussi quelquefois des fragmens scorifiés , ar- rondis ou anguleux Le plus souvent, on n'y reconnoît pas de slralificalion délerminée ; quelquefois , cepen- dant , on y observe des couches. Ils contiennent alors des bancs subordonnés de Rehnitk (^ perhsfein ) , de RoCHES PORPHYROiDES à base de rélinite et d'OBSiDiENNE vitreuse ou PERLÉE. On y trouve aussi des Eurites porphyuoïdes et des Pétrosilex feuilletés ou Phonolites, enfin des Pon- ces el des Scories feldspathiqces , ainsi que toutes les nuances de passage du feldspath aux ponces. Souvent, dans une même couche , on observe le passage des rocbes vitreuses aux roches lilhoïdes ou même terreuses; car le tracbyle el le domite passent fréquemment à l'ARGlLOPaYRE el à TArgi- LOLiTE ; ils passent aussi au grauslein de Werner, dont nous avons parlé tout à l'heure. Le tout forme ordinairement des montagnes arrondies, ou des espèces de dômes ^ plus rarement des montagnes à sommets escarpés. En général, les cimes voisines Tune de l'autre ne présentent que peu oa point de rapports entre elles. On n'y voit pas non plus les couches qu'on observe dans le basalte. Les relations de gisement de ces terrains avec les autres sont ordinairement presque impossibles à observer. Ils sont souvent en contact avec des terrains basaltiques ; mais ce n'est guère que dans quelques localités d'Auvergne , parti- culièrement autour du Mont-Dor, qu'on a pu reconnoître que le basalte éloit certainement superposé au irachvte. On a indiqué aussi, dans cette contrée, une couche de basalte subordonnée au terrain trachylique. Quelquefois , dans le Cantal , on voit , entre deux, des couches de poudingues qui renferment de nombreux galets de tracîiyte. Un poudingue semblable se présente aussi , en couches , dans le trachyte même ; mais on n'a encore fait aucune observation précise qui puisse faire connoîtrc à quel terrain le trachyte est su- perposé. La masse principale de presque toutes les montagnes vol- caniques de l'Amérique est formée de terrains trachytiques. Des roches porphyroïdes, des ponces, des obsidiennes, des réliniles semblables à celles de ces terrains , se retrouvent dans les produits de certains volcans actuellemen! brulans, tels que l'Eina, l'iléllckla, Ténériffe , etc. Ailleurs , comme ea Auvergne , on observe une coenexion intime eaUc les T E R 345 terrains de trachyte et des terrains bnsaltîques qui parois- sent, eux-mêmes, évidemment produil.s j)ar les volcans. Tous ces motifs, et surtout beaucoup d'analn -les indiquées par les observations locales , ont porlé le plus gr md nombre des minérrtlogisles à ranger les terrains .)e irochvi.- parmi les formations volcaniques; cependant, personne ne ;i -use que ces terrains aient coulé comme laoes ; les uns a:i: ib: eut leur existence à un soulèvement opéré, de rintéritur rie !;i terre, par l'action des volcans ; d'autres croient qvje ce sont d' 4nciei(i)es montagnes granitiques ou porphyriques , ch-uiffecs en place par les feux volcaniques, ou altérées par les v.ipeurs que ces feux produisoient ; mais aucune de ces hypothèses ne peut soutenir l'examen d'une observation impartiale et éclairée, et Ton est contraint d'avouer que le mode d'aclion des vol- cans sur ces terrains est encore entièrement indéterminé. Un autre genre de difâcultés doit nécessairement arrêter tout esprit sage qui seroit tenté de cher» her à expliquer l'existence des terrains de trachyte , par le développement d'une hypothèse quelconque fondée sur l'action des volcans; c'est l'étendue des conséquences qu'on pourroit tirer de cette explication , relativement à d'autres terrains regardés jusqu'à présent comme d'un ordre bien différent. Sans doute , dans certaines localités , les trachytes et les donjites paroissent porter l'empreinle évidente de l'action du feu ; mais des ter- rains semblables se retrouvent aussi dans des localités où l'action des volcans n'a jamais été soupçonnée. Ainsi, Saussure a reconnu, à Va'orsine , une roche por- phyrique entièrement analogue à celle qui compose la mon- tagne du Puy-de-Dôme ( § 728 et 729 ). I^es terrains de trachyte renferment souvent , bailleurs, des emits porpfiy^ roïdes qui paroissent parfaitement identiques à ceux des plus anciennes formations feldspalhiques primordiales. Tels sont, par exemple, les eurites porphyroïdes des monts Euganéens , comparés à ceux qui forment des bancs subonlonnés, dans les terrains de gneiss de Freyberg en Saxe. Les montagnes mé- tallifères de la Hongrie sont formées en partie, au rapport de M. Esmarck, de terrains entièrement semblables aux terrains trachyliques. Au Mexique, M. de Hutnboldt a indiqué des filons de minerai de mercure et des filons de minerai d ar- gent, dans des porphyres de même nature. Si tous ces por- phyres sont le produit dît feu, il faut donc croire à l 'existence des volcans antérieurs aux grands phénomènes aqueux qui ont rempli les filons , et contemporains des formations criatalli- nes les plus anciennes. Ici se représentent, en outre, natu- rellenient à l'esprit , les rapprochcraeus que nous avons eu 3^6 TER occasion de faire , plusieurs fois, dans le cours de cet article, entre certains terrains syéniiiques et porphyriques , et les terrains de basalte -, et l'on se rappelle que la formation principale de porphyre et de syénite comprend aussi quel- quefois un terrain de granité toin-a-(ah semblahle , par sa na- ture, à celui qui constitue la plus ancienne formation pri- mordiale C'est ainsi que tout se lie et s'enchevêtre, dans l'histoire géognoslique des terrains. Nous avons vu, pour chaque nature de roches, les passages les plus insensibles des terrains des différentes classes entre elles; nous avons vu ,~ dans chaque classe , des passages semblables entre les ter- rains de nature diverse , et même entre ceux qui nous sem- blent être les résultats de genres de phénomènes entière- ment différens. Nous apercevons maintenant des rapports extraordinaires entre les formations regardées comme les plus anciens résultats de précipitation dans un liquide , et celles dont on attribue l'existence à des éruptions volcani- ques postérieures à presque tous les dépôts aqueux. Celle liaison entre des produits d'époques si éloignées, cette res- semblance entre des objets dont la dissemblance sembleroit devoir être si grande , tout nous fait voir une constance et un enchaînement également admirables, dans les lois que Tau- tour des choses a données à la nature ; mais tout nous fait voir , en même temps , la vanité des systèmes avec lesquels nous prétendrions déterminer et expliquer ces lois, lorsque nous commençons à peine à connoilre une petite partie de leurs effets- (bd.) Terrains d'alluvion ou d'Atérrissement. Terrains formés de sables, limons, galets, et autres matières de trans- port ; mais , en outre , superposés à tous les autres terrains , et ayant plus ou moins d'analogie avec les alluvions que les courans d'eau actuels déposent journellement sur leurs bords. Ils constituent la cinquième classe, dans notre divi- sion des terrains. Terrains amphiboliques. Terrains formés de roches où l'amphibole domine. Ils constituent une série , non interrom- pue , dans les classes priniordlole et intermédiaire ^ ainsi que dans le premier groupe de la classe secondaire. Tfrrains anorganiques. On a proposé de nommer ainsi les terrains qui ne renfernient aucuns débris de corps organi- sés , et que nous avons classés sous le nom de terrains pri- niordiaiix. Terrains arcileiix. Terrains de roches argileuses. Ils forment, dans les classes secondaires, tertiaire et d'alluvion. TER 347 la suite de notre série schlsleme. Les minéralogistes allemands désignent sous le nom de terrain argileux ou terrain limoneux , une des trois subdivisions de leurs terrains d'alluviun de plaines. TERR,\I^'s d'attérissement. Voy. TERRAI^' d'alluvion. Terrains basaltiques. Terrains dans lesquels dominent les basaltes et les dolérites. lis sont regardés par les uns comme un produit des volcans , et par les autres comme de formation aqueuse. Nous en avons formé le premier genre du second ordre de notre sixième classe. V^. Terrain , Ba- salte , Lave et Volcan. Terrains calcaires. Terrains composés de rocbes cal- caires, lis forment une série qui traverse toutes les classes , et nous savons qu'ils continuent encore à se produire , tant sur le continent, par les tufs que déposent beaucoup d'eaux cou- rantes, que dans la mer, par la transsudalion d'une foule d'animaux marins. Terrains charbonneux. Terrains formés de roches , dans lesquelles le carbone est principe dominant. On en connoît des indices dans la première classe , et ils forment nne série non interrompue dans les quatre classes sui- vantes. Terrains clastiques ou clastoïdes. V. Terrains de transport. Terrains DE collines. Quelques personnes ont indiqué, sous ce nom , une ciftsse de terrains placés entre les terrains de montagnes et les terrains de plaines. Terrains composés. On a proposé de nommer ainsi les terrains secondaires, comme réunissant, dans une même formation, un plus grand nombre de roches différentes que les terrains plus anciens. Celte dénomination et le prin- cipe sur lequel elle est fondée , nous paroissent également inexacts. Terrains \ cnvcuF.s ( Flœfzgelirge). Ancienne désigna- tion adoptée par les mineurs, pour les terrains secondaires danslesquels les gîtes de minerais utiles sont , le plus souvent, disposés en couches ou hancs. Cette dénomination est conser- vée par les géologues allemands. Terrains cristallins. Terrains formés de roches cristal- lines. Ils constituent presque toute la classe primordiale; ils abondent encore dans la classe intermédiare , et on en retrouve dans le premier groupe de la classe secondaire ; ils se représentent seulement ensuite dans la classe des terrains pyrogènes. 3^8 T K R Terrains d'eau douce. Terrains qui renferment des fos- siles appartenant à des genres dont les espèces , aujourd'hui existâmes , vivent dans les eaux non salées ; ce qui fait croire que ces terrains ont été déposés dans des lacs d'eau douce. Terrains enzoïques. On a proposé de nommer ainsi les terrains secondaires et tertiaires, dans lesquels les débris d'animaux se rencontrent en grande quantité. Terrains feldspatoiques. Terrains formés de roches où le feldspath prédomine, lis constituent une sérit qui se pro- longe à travers les classes primordiale , intermédiaire , et le premier groupe des terrains secondaires; puis ils se fon- dent dans la série schisteuse ou argileuse. On en retrouve dans la classe des terrains pyrogènes. Terrains ferrugineux , formés de roches très-ferrugi- neuses. 11 seroit peut être convenable de réunir tous ces terrains dans une série parti*culière , qu'on retrouveroit dans toutes les classes. Terrains a filons {Gans;gehirge). Nom donné anclenne- mcut, par les mineurs, à l'ensemble des terrains primordiaux et intermédiaires, dans lequel les gîtes de minerais utiles se présentent souvent enfilons. Terrains granitiques. On étendoit autrefois celte dé- nomination à tous les terrains formés de roches cristallines granitoïdes ; on la restreint aiijourd hui à ceux qui sont formés de véritables granités. Ils constituent une formation que nous avons régardée comme la souche des séries micacée ^ feldspa- ihi<]ue et quarzeuse, et on les retrouve, subordonnés à plusieurs formations de ces trois séries , dans \ts, classes primordiale et intermédiaire. Terrains gypseux. Terrains dans lesquels les roches gypseuses dominent. Ils constituent une série dans les classes intermédiaire., secondaire et tertiaire. Terrains houillers. Terrains qui renferment des couches de houille. On donne plus particulièrement le nom de terrain houiller aux plus anciennes foruialions houillères , dans les- quelles la houille est accompagnée de phyllades pailletés impressionnés, et de psammite micacé connu sous le nom de grès des houillères. V. HouiLLE et TerraIN. Terrains intermédiaires ou de Transition {Hbergangs- gebirge). Terrains formés de couches dont les unes présentent les caractères des terrains primordiaux, et les autres, ceux des terrains secondaires. Ils constituent notre seconde classe. Terrain limoneux. (^Laimtand), Subdivlsiou élabtie par TER 3^9 les minéralogistes allemands , dans la classe des terrains d'alluvion. V. Terrains argileux. Terrai>s magnésiens. V. Terrains talqueux. Terrains marécageux {rnoorland). Nom donné , par les minéralogistes allemands, à une des subdivisions qu'ils éta- blissent dans la classe des terrains d'alluvion. Terrains marins. Terrains que l'on suppose avoir été dé- posés sous des eaux analogues à celles de la mer. On s'appuie principalement , dans celle hypothèse, sur la nature des fos- siles que ces terrains renferment, et qui apparliennenl à des genres dont les espèces, aujourd'hui existantes, vivent dans l'eau salée. Terrains marneux. Terrains formés de couches de marne. Ils constituent, dans les classes secondaire et tertiaire , des passages entre les séries calcaire et argileuse. Terrains meubles. Terrains formés de roches ébouleuses ou entièrement désagrégées. On donne plus parliculièrement le nom de terrain meuble aux terrains d'alluvion ou d'atléris- sement les plus modernes. Terrains micacés. Terrains formés de roches où le mica est substance prédominante. Ils constituent la série la plus universellement répandue dans les deux premières classes , série à laquelle plusieurs autres semblent se réunir dans les classes suivantes. Terrains de montagnes. D'après une ancienne division proposée pour les terrains , les terrains de montagnes consti- tuoient la première classe. Cette classification est souvent en rapport avec la nature du terrain , parce que les terrains les plus anciens sont ordinairement les plus montagneux ; mais il y a de trop fréquentes exceptions à cette règle, pour qu'on puisse la regarder comme généralement applicable. Terrains oolithiques. Terrains dans lesquels l'oolithe est abondant. Ils appartiennent, en général, à des formations placées vers la limite des deux groupes de la classe des terrains secondaires. Terrains parisiens. On désigne, sous ce nom, les terrains analogues à ceux qui constituent le sol des environs de Paris. V. Terrains tertiaires. Terrainspétrosiliceux. Terrains dans lesquels dominent les roches à base de pétrosilex ou de feldspath compacte. V. Terrains feldspathiques. Terrains de plaines. On désignoit sous ce nom la troi- sième classe des terrains, dans la division en montagnes^ col- lines et plaines. Les plaines sont souvent formées de terrains d'alluvion ou de terrains tertiaires, mais quelquefois aussi des 35o TER terrains les plus anciens. Dans l'Amérique méridionale , aux approclies de l'équaieur et sous la ligne , le granité constitue le sol de plaines immenses. T.siîRMNS PORPHYRiQUES. Terrains dans lesquels le por- phyre ou les roches porphyroïdes sont abondans. ils se pré- sentent dans les classes primordiale , intermédiaire , dans le prjinier groupe de la classe secondaire, et dans la classe des ter- rains py ru gènes. Terrains primordiaux, primitifs, ou primaires (t//-^e- birgé). Terrains dans lesquels on n'a encore observé aucune roche renfermant des galets ou des fossiles : ils sont situés au-dessous de tous les autres terrains, et constituent notre première classe. Terrains protorganiques. On a proposé ce nom pour les terrains qui renferment peu de débris de corps organisés. Cette classe comprendroil la plus grande partie de la classe intermédiaire ., et du premier groupe de la classe secondaire. Terrains pseudo- volcaniques. Terrains produits ou altérés par la combustion tranquille des couches «le combus- tibles minéraux. Ils constituent le premier ordre de notre sixième classe. Terrains pyrogènes. Terrains qui ont ou qui paroissent avoir éprouvé l'action des feux souterrains, et que Ton sup- pose avoir été produits ou fortement modifiés par cette ac- tion. Ce nom a été proposé par M. Brongniart ; nous l'avons adopté pour désignation de la sixième classe des terrains. Terrains quarzeux. Terrains formés de roches à base de quarz. lis constituent une série ^ dont on trouve des mem- bres dans les cinq premières classes. Terrains sableux. Terrains formés, en loulou en partie, de sable désagrégé ; ils appartiennent à \a se/ie ouarzeuse ^ et aux classes secondaire^ tertiaire et A'alluoion. Dans celte der- nière classe, ils constituent , sous le nom dt Sandland ^ une des subdivisions établies par les minéralogistes allemands. Terrains s\lins ou salifèrrs. Terrains qui renferment des gîtes de sel geumie, ou des sources salées. Ils forment , dans les classes intermédiaires et secondaires, une 5f'/ïc ordi- nairement liée à la série gypseuse. On les retrouve associés aux sables de grandes contrées d'alluvion. Tehrains secondaires. On a long-temps désigné , sous celle dénotriinalion générale, tous les terrains qui renfer- moienl des fragniensde terrains plus anciens , ou des débris de corps organisés. Mais cet ensemble est maintenant divisé en plusieurs classes. La classe à laquelle on a conservé le TER 35i nom de secondaire^ est la troisième dans l'ordre que nous avons adoplé. Terrains schisteux. La véritable signification de ce nom, est celle de terrains formés de roches ci hase de schiste; mais on étend cette signification à tous les terrains formés de roches feuilletées. Weruer l'a étendue encore davantage, en comprenant , sous le nom de série des formations schisteuses , le granile, tous les terrains micacés, talqueux, quarzeux, et une grande partie des terrains feldspalhiques. Nous avons subdivise cette smc d'après la nature des terrains, et nous désignons seulement , sous le nom de série schisteuse , la réu- nion , à partir de la classe intermédiaire , des séries micacée et talqueme , ensemble dans lequel vient encore comme se fondre, dans les classes suivantes, une partie des terrains de transport des autres séries. Terrains de sédiment. Terrains formés par des roches qui ne paroissent pas avoir élé dissoutes^ mais seulement suspendues dans un liquide , avant leur dépôt. On avoit pro- posé ce nom pour désigner la classe des terrains secondaires ; mais on rencontre déjà des terrains de sédiment dans les dernières formations réputées primordiales. On en rencontre plus abondamment dans la classe suivante, ainsi que dans le premier groupe de la classe secondaire , où ils alternent en- core avec des terrains cristallins , et déjà avec des terrains de transport. Dans le second groupe de cette classe, et dans la classe tertiaire, ils n'alternent plus qu'avec des terrains de transport, et passent souvent à ceux-ci par des nuances insensibles. Enfin , on n'en trouve plus dans la, cinquième classe. Terrains simples. On a voulu désigner, sous ce nom, les .terrains primordiaux , parce que l'on prélendoit que chaque formation étoit beaucoup moins composée dans cette classe, que dans les classes moins anciennes. Mais cette asseriioa nous paroît trop peu exacte pour que la dénomination puisse être adoptée. Terrains stériles ( Tauhegehirge.'). Nom sous lequel les mineurs allemands désignoient,dans leur ancienne classifica- tion, le granité , le porphyre , et autres terrains, dans les- quels ils croyoient qu'on ne trouvoit ïti-couchcs, m filons de minerais utiles. Mais bientôt on a reconnu que les terrains stériles^ dans une contrée, éloinnl productifs dans une autre, et l'expression a été abandonnée. Terrains stratiformes ( Flœtzgehirge ). V. Terrains a COUCHES. Terrains syénitiques. Terrains formés par la roche nom- 35. T^ T^ ri inée syéniie. lis ont été long-temps confondus, avec plu- sieurs aulres, sous le nom de terrains granliiffiies. Ils s*'mblent former la liaison des séries feldspalhique el ampliibuUque , et constituent peut-être une forinalion primordiale , bien sûre- nienl une et peut-être deux fonnaiions inlerme TER Pline et Dioscoride ; Strabon et Ovide en parlent aussi. La terre ciniolée est seulement citée par Théophraste , et placée par lui avec les terres qui servoient à dégraisser les hahiis , et il la donne comme parliculièrenient employée à cet usage. 11 y a , rapporte Dioscoride , deux sortes de terre cimo- lée ; Tune est blanche, Tautre est purpurine. La meilleure est celle qui est naturellement grasse et froide au toucher : toutes deux détrempées dans du vinaigre, résolvent les duril- lons et toutes les autrespelilestumeurs. Appliquée aussitôt sur les brûlures, elle empêche la peau de former des ampoules. » î! ajoute que les deux sortes sont fort bonnes en médecine , pourvu qu'elles ne soient pas altérées , mais vraies et lé- gitimes. l'Iine distingue également deux sortes de cimolia ( il les comprend avec ses crela ou craie), l'une blanche, l'autre lir.inl sur le pourpre ou le rose. Il donne beaucoup plus «l'cxplicalionsque Dioscoride, sur leur emploi en médecine. l\ lait observer que le cimolia de meilleure qualité étoit ce- lui de Thessalie, et qu'on en trouvoit .tussi dans les environs de liubon en Lycie. Ainsi donc , la terre, cimolée ne se ren- coïitroit point exclusivement dans Tîle Cimolis , mainte- nant 1 Argentière , dans l'Archipel. Pline même place la terre cimolée parmi les terres propres à dégraisser et à net- toyer les draps , c'est-à-dire , parmi les terres à foulon , et il rapporte que la bonne terre cimolée avive et donne du luslre t-Ai\ couleurs des draps ; mais pour cela , il falloit que cette terre fut blanche et pure. Pour nettoyer les draps, on com- ïueuçoit par les dégraisser avec une terre à foulon , de Sar- \) TERRE DE LEMNOS. La pulpe desséchée du fruit du xxxia. 26' 386 TER Baobab , se vend quelquefois sous ce nom. V. Baobab, (b.) TERRE DE MAGNÉSIE FERRUGIINEUSE ou NOIRE. C'est le Manganèse OXYDÉ TERNE et TERREUX. (LN.) TERRE MAGNÉSIENNE. F. Magnésie, (ln.) TERRE DE MALTE C Terra meliiea ). C'est une Terre BOLAiRE. V. ce mot. (ln.) TERRE DE MAQUIQUI. On désigne ainsi du cachou qu'on nous apporte du Levant et qui a subi une préparation particulière , qui lui donne l'apparence d'une matière ter- reuse et friable. V. Cachou, (ln.) TERRE DE MARMAROSCH. V. Chaux phosphatée PULVÉRULENTE. (LN.) TERRE MARNEUSE. C'est une terre qui tient de 1» nature de la Marne. V. ce mot et Marnière. (ln.) TERRE MARTIALE BLEUE. C'est le Fer phosphaté terreux, (ln.) TERRE MELIA. V. Terre mélienne. (ln.) TERRE MELIENNE ( Terra melia ). Espèce de terre semblable à la terre érétrienne cendrée , et dont les anciens fai- soient usage en médecine, et surtout en peinture. Froissée entre les doigts , elle craquoit comme la pierre ponce ; ra- clée, elle avoit la même propriété que l'aîun, mais à un plus haut degré , ce qui se jugeoit au goût ; elle desséchoit mé- diocrement la langue , servoit à nettoyer le corps et à guérir de la gale , et enlroit dans la composition des emplâtres. Les peintres l'employoient beaucoup pour donner du corps à leurs couleurs , et les maintenir en leur état naturel. La meilleure terre mélienne étoil la plus fraîche , et celle qui éloit molle , friable , point pierreuse , et qui se délayoit aussitôt qu'elle touchoit Thuinidité. Césalpin croit que la terre mé- lienne étoit une terre alumineuse qui contenoitde l'alun, (ln.) TERRE MÉRITE. V. au mot Terra mérita, (b.) TERRE MÉTALLIQUE ou CHAUX MÉTALLI- QUE. On donnoit autrefois ce nom aux oxydes des métaux. (ln.) TERRE MIRACULEUSE. L'on a donné ce nom à une terre calcaire ou gypseuse très-déliée , qui a été déposée par les eaux. V. Farine fossile, (ln.) ' TERRE MIRACULEUSE DE SAXE. Variété de li thomarge nuancée de couleurs blanche , violette et rouge , qu'on trouve à Planilz , près Zwickau en Saxe. Elle repose sur des couches de houille. Elle jouissoit autrefois d'une grande réputation en médecine; mais elle est entièrement oubliée maintenant, (ln.) TER 307 TERRE MOTJLARD. Terre qui se trouve au fond de l'auge des couteliers , et à laquelle on atlrlbuoit les mêmes propriétés qu'on reconnoissoit dans la Terre cimolée et dans la Terre de Lemnos. (lnO TERRE NITREUSE ou TERRE SALPÉTRÉE. Oa donne ces noms aux terres imprégnées de Potasse tsitra- TÉE , qu'on en retire par la lixiviation. Les terrains des ca- ves sont ordinairement salpêtres. Les vieux plâtres qui tombent en terre sont encore dans ce même cas. (ln.) TERRE DE NOCERA. V. Terre d'ombre, (ln.) TERRE NOIRE. En Picardie on donne ce nom à des argiles ou terres pyriteuses et alumineuses , qu'on exploite pour en retirer le fer sulfaté , et l'alumine sulfatée qu'elles contiennent abondamment ; elles recouvrent la craie. On les nomme aussi terres froides , terres pyriteuses. (ln.) TERRE NOIRE DES JARDINS. V. Terreau, (ln.) TERRENOIX, Bunium. Genre de plantes de la pentan- drie digynie et de la famille des ombellifères, dont les carac- tères consistent : en un calice entier ; une corolle de cinq pé- tales courbés en cœur et égaux ; cinq étamines ; un ovaire inférieur surmonté de deux styles; un fruit ovale , oblone strié , avec les interstices des stries tuberculeux. Ce genre renferme des plantes à racines tubéreuses, pres- que sphériques , à feuilles bipinnées , dont les folioles sonÉ linéaires , et à (leurs blanches disposées en ombelles rap- prochées. On en compte une douzaine d'espèces ; je citerai seulement : La Terrenoix vulgaire ou Suron , Bunium hulbocasta- num, Linn., qui a les feuilles radicales et caulinaires unifor- mes , et les involucres polyphylles. Elle est vivace , et se trouve en Europe , dans les champs à blé qui sont un peur argileux et humides. Sa racine est un tubercule de la grosseur d'une noix, noir en dehors , blanchâtre en dedans, et jetant quelques fibres. Sa tige est haute d'un à deux pieds. Ses feuilles , et encore plus ses fruits , ont une odeur aromatique et un goût acre. Les habitans des campagnes , surtout les enfans , recher- chent les tubercules de cette plante après les labours d'hiver, et les mangent cuits sous la cendre ou dans l'eau. On les assaisonne quelquefois en salade ou à la sauce blanche. Leuf saveur est inférieure à celle de la Gesse tubéreuse , qu'on trouve ordinairement avec elle ; mais elle est cependant agréable. Elle approche de celle de la Châtaigne. J'en ai fréquemment mangé. La Terueîjoix grande a les feuilles de la tige frès-aiguës 388 TER et les involucres nuls. On la trouve clans les parties méridlo- dlonalcs de la France. La Terrenoix aromatique a les involucres triphylles. On la trouve en Crète et en Syrie , où on recueille ses semen- ces à raison de leur odeur aromatique fort voisine de celle de I'Origan. Elle est annuelle , et sa racine n'est probable- ment pas tubéreuse, (b.) TERRE NOVALE. Les agriculteurs donnent ce nom à une terre nouvellement défrichée, (ln.) TERRE OCHROITE. Nom que Klaproth avoit donne' aune terre qu'il croyoit avoir découverte dans le cerium oxydé de Bastnaës, et qui depuis s'est trouvée être un métal parti- culier, (ln.) TERRE D'OMBRE. Il y a deux espèces de terre d'om- bre : l'une est la terre d'' ombre proprement dite ^ et l'autre est la terre d'ombre de Cologne ou terre d'ombre végétale. L Terre d'ombre , proprement dite ( Ochre brune ou brun de montagne ; Terre d'ombre^ Bomare ; Terre d'ombre, Deborn.; Variété de fer oxydé cirrho graphique , Haiiy ; Ombererde , des Allemands; Umbra^ Reuss. ; Ûmber , James. Vulg. ; 2'erre d'ombre , Terre de Nocera )'. La terre d'ombre doit être considérée comme un double hydrate de fer et de manganèse , accidentellement uni à de la silice et à un peu d'alumine ; en effet , Klaproth a trouvé, dans la terre d'ombre de Chypre : Fer oxydé . . . . 4^ Manganèse oxydé . . 20 Eau i4 Alumine 5 Silice .<..... i3 La terre d'ombre est tachante et légère comme les ochres , qui sont aussi des minerais de fer ; sa couleur est le brun un peu jaunâtre ou obscur , analogue à la couleur du bistre. On la trouve en masses compactes, à grain très-fin , uniforme; sa cassure est unie et terne. La terre d'ombre durcit à un grand feu ; sa surface devient noire , grenue et brillante ; ce n'est qu'à un feu très-énergique qu'elle se fond en un verre brun jaunâtre. Sa pesanteur spécifique est de 2,060 , suivant Ullmann. La terre d'ombre est employée en peinture , et fournit une couleur d'un brun bistré très-pur ; on l'applique égale- ment sur la porcelaine , et l'on obtient, à l^aide d'un grand feu , les fonds bistrés et brillans qu'on désigne par écailles. C'est des environs de Nocera , ville d'Ombrie , province TER 3% des Etals du Pape , qu'on apportoit autrefois la terre d'om- bre. Il paroîtmême que le nom de cette terre rappelle celui de cette province; cependant, il est possible qu'on l'ait nommée terre d'ombre parce que sa couleur rembrunie la faisoit surtout employer pour les ombres des tableaux. Dolomieu a observé, près de Viterbe , de l'ocre d'un brun de bistre , qui est une véritable terre d'ombre. On trouve aussi , dans le même endroit , de l'ocre jaune. C'est de l'île de Chypre que l'on tire aujourd'hui la terre d'ombre du commerce ; on la nomme terre d'ombre de Turquie ; on la trouve en couches ; il y en a de plusieurs qualités ; la plus estimée est la /^rreti'omire^He, dont les grains sont d'une fi- nesse extrême et égaux. La teire d'ombre d'Orient, ainsi que celle d'Italie, ont été connues des anciens ; elles sont comprises dans les terres que Pline nomme sîl ( V. ce mot ). Les espèces de sil qu'ils tiroient de la Grèce, ou d'Orient, étoient aussi les plus estimés. On leur faisoit subir certaines préparations avant de les employer. IL Terre d'ombre de Cologme ou Terre d'ombre vé- gétale ( Humus umbra y Waller. ; Lignite terreux, Var. , Brong. ). Cette terre est parfaitement distincte de la précé^ dente, par sa nature ; car c'est une poussière formée unique- ment par des débris de bois fossile. Elle est brune , comme la terre d'ombre , très-légère , très-tachante. On l'exploite aux environs de Bruhl et de Liblar , bourgs , près Cologne? suivant M. Faujas, qui a donné une description des car- rières de terre d'ombre. Il existe , dans les environs de ces bourgs, un amas prodigieux de bois fossile , qui forme une couche de plusieurs lieues d'étendue ; et qu'on ex- exploite sur une épaisseur de douze pieds ; mais la masse totale va , dit-on , jusqu'à quarante pieds de profondeur ; elle repose sur un banc d'argile de couleur blanche. Un terrain d'alluvion , formé de cailloux quarzeux roulés, recou- vre la couche de bois fossile ou de lignite terreux. Tout ce bois fossile est converti en une espèce de tannée homogène , de couleur brune , qui se réduit facilement en poudre , et qui contient beaucoup de débris de végétaux fossiles et des troncs d'arbres, entassés les uns sur les autres et sans ordre , noirs ou rougeâtres , comprimés , et qui deviennent fragiles en se desséchant; on y rcconnoît des troncs de palmiers et d'arbres dicotylédons ; on y rencontre aussi des fruits de palmiers, analoguesà ceux delà noix d'arec, sirépandus dansles Indes- Orientales ; des feuilles d'arbres de diverses espèces; d.e% snousses , etc. 3oo T E R On fait une grande consommation de la terre d'ombre d-s Cologne , comme combustible, ou dans les arts. Les exploi- tations sont à ciel ouvert , et s'exécutent à la pioche et avec la bêche. L'on en brûle une immense quantité dans le pays et pour les usages domestiques. Les ouvriers l'humectent et la moulent , dans des vases en forme de cône tronqué , pour pouvoir la transporter plus commodément. Cette terre brûle lentement , à la manière de l'amadou , en produisant une chaleur assez forte , et laisse une cendre alcaline et ferrugi- neuse , qui forme le cinquième de sa substance ; celle cendre est un excellent engrais, qu'on transporte jusqu'en Hollande ; pn brûle même exprès le lignite sur place. On s'en sert aussi en peinture, soit à l'huile, soit en détrempe. Les tabacs de Hollande en contiennent ; la terre d'ombre de Cologne ne îeur nuit pas, et leur donne la tinessc et le moelleux qui en font le mérite, (ln.) TERRE D'OMBRE VÉGÉTALE. F. Terre d'ombre. (LIS.) TERRE D'OR ou TERRE SOLAIRE. Noms uier^ veilleux que quelques alchimistes avoient donnés à une terre pyriteuse , du pays de Hesse , qu'ils regardoient comme très-propre à faire réussir l'opération du grand œuvre, (pat.) TERRE PAPYRACÉE. Voyez Cyssodile et Tourbe. (LN.) TERRE DÉ PATNA. Argile qui se trouve sur les rives du Gange , et dont on fait des vases qui ont , comme ceux de Boucaros , la propriété de rafraîchir l'eau. Voy. Argile OCHREUSE JAUNE. (PAT.) TERRE DE PERSE, ROUGE D'INDE ou ROUGE D'ESPAGNE. C'est une ochre ou oxyde de fer d'une belle couleur rouge , qu'on trouve dans le royaume de Murcie. (PAT.) TERRE PESANTE. V. Baryte. Bergmann a nommé ,'erre pesante vitriolée la haryte sulfatée, et terre pesante aérée j.f baryte carbonatée. Le plomb carbonate terreux a été aussi appelé terre pesante. (LN.) TERRE PIERREUSE ( Terra lapidosa ). Ludvvig a donné ce nom à la Calamine. jF. à l'article Zinc oxydé. (LN.) TERRE A PIPE. Argile plasîique, blanche, infusible, douce au toucher, el qui durcit au feu , en restant blanche. On en trouve dans divers endroits ; il y en a près Rouen , qu'on transporte en Hollande , où Ton en fabrique une im- încnsc quantité de pipes, (ln.) T E n 391 TERRE A PLATRE. F. Chaux sulfatée ou Gypse' (IN.) TERRE PNIGÏTIS {Terra pnigilis). Terre employée par les anciens. Selon Dioscoride , elle ressembloii à la terre érétrienne, et même on la vendoit pour telle ; elle avoit les mêmes propriétés que la terre cimolée ; sa couleur cjoil la même que celle de la terre érétrienne ; on Tappor- toit en morceaux plus gros ; elle happoit si fortement à la langue qu'elle y demeui oit suspendue ; elle rafraîchissoit la main qui la tenoit. Ce que Pline dit à\ipnigitis , est conforme à ce que nous venons de rapporter, d'après Dioscoride. 11 paroît que celte terre §e Irouvoit en Libye , dans un endroit appelé Pnigeum. On croit que c'éloilune terre argileuse, (ln.) TERRE A PORCELAINE. On a donné ce nom aux diverses terres qui servent de base à la porcelaine , qu'on fa- brique dans plusieurs pays ; mais , en général , la base de ia porcelaine est le kaolin , sorte de feldspath décomposé ( V. Feldspath kaolin). On a nommé terre à porcelaine^ la magnésie carbonalée native , la stéatite , la lithomarge , quelques argiles, et même de la chaux sulfatée compacte , qui entre aussi dans la composilion d'une espèce de porce- laine, (lw.) TERRE DE PORTUGAL ( Terra lusitania). On a donné ce nom à une argile oclireuse rouge qui se trouve au Portugal. (ln.) TERRE A POTIER. F. Argile CvOmmune. (ln.) TERRE POURRIE. On désigne par ce nom , et sous celui de pierre pourrie , une sorte de Iripoli friable , qu'on tire de la terre, et qui est trcs-estimée pour polir. (Ll^f.) TERRE DE POUZZOL. F. Pouzzolane, (ln.) TERRE PRIMITIVE. Quelques auteurs ont admis gra- lailement une terre primitive , qui auroit produit les autres terres , par son mélange avec les métaux et d'autres corps ; ils ont nommé la silice ; mais la chimie a démontré qu'il n'y a point de terrre primitive , en prenant ce mot dans l'acceplion qu'on lui donnoil autrefois, (ln.) TERRE PYRITEUSE. On donne ce nom , dans quel- ques pays , à des argiles et à des tourbes terreuses, qui con- tiennent du fer sulfuré en décomposition, (ln.) TERRE OUARZEUSE ou SILICEE. F. Silice et /l'ERRE ROUGE ou ROUGE DE MONTAGNE. C'est rOctlF.E rouge, ou fer oligiste, ou oxyde rouge argi- lifère. (ln.) TERRE RUBRIQUE ou CRWON ROUJE. Foy. 392 TER RUBRICA et Fer OLLGISTE , ou oxydé rouge AROrUFÈRE , et Argit-e ochreuse rouge, (ln.) TEUKE DE SALINELLE. On doit considérer cette terre comme de la magnésie hydratée silicifère; elle a été découverte par Bérard , professeur de chimie à Monlpellier. V. Magnésie hydratée, (ln.) TEI\KE SAMIENiNE ou DE SAMOS, Terra Samia. Terre que les anciens liroient de l'île de Sanaos, et qu'ils empioyoient en médecine. (f La honne terre de Samos , écrit Dioscoride, est blan- che , légère, happante à la langue et en outre humide, molle^ friahie comme la pierre dite coUyrion. Il y en a de deux sortes : Tune est celle dont nous venons de parler , et l'autre , qui est appelée asicr , en forme de molles , cl dense comme la pierre à aiguiser.On la brûle el on la lave comme la terre éréirienne à laquelle elle ressemble pour les propriétés ». Parmi les vertus mé;licinales de celte terre , Dioscoride fait remarquer qu'elle arrête les vomissemcns de sang; que bue, délayée dans de leau , elle est bonne contre les morsures elle venin des serpens ; qu'elle calme les inllammalions des mamelles, etc. , et qu elle empêche de suer. On lit dans Pline : « On apporte deux espèces de terres de l'île de Samos : l'une est le syropicon des Grecs, et l'autre Vaster. Quant à la première, on l'estime beaucoup plus lors- qu'elle est fraîche, légère et qu'elle happe à la langue; l'autre est motteuse el candide. On les calcine et on les lave l'une et l'autre. Il y a des personnes qui préfèrent la première. Toutes lesdeuxentrent dans lacomposiliondes emplâtres dessiccatifs et dans les remèdes pour les yeux ; elles sont employées par ceux qui crachent le sang ». Avant ces auteurs , Théophrasle a parlé de la terre de Samos, cl il en admit quatre sortes. Elle formoit , selon lui, une veine de deux pieds d'épaisseur, renfermée dans des ro- chers , et on l'esploiloit d'une manière très-pénible. On ob- servoit , dans la masse de la veine, une couche distincte vers Je milieu, qui éloit composée d'une meilleure terre que celle située en dehors; et à l'intérieur de celte veine, il y avoit quelquefois une troisième terre encore plus fine que celle-là, et même une quatrième : c'est cette dernière qu'on appeloit aster ., suivanl Théophrasle. Cet auteur ne parle pas des pro- priétés de ces quatre terres; dans un passage seulement, il fait observerque l'ov/e/est employé comme médicament. On peut douter qu'elles fussent en usage toutes quatre en médecine, et que ce fût là le but de leur exploitation ; il est à présumer qu'elles étoient la matière doat on fabriquoit ces vases d 5 TER 393 Samos que nous croyons avoir été do porcelaine : la méde- cine s'éloit sans doute approprié l'une de ces lerres.lNe voyons- nous pas de nos jours la magnésie carbonatce servir en méde- cine et en usage pour fabriquer de la porcelaine ? Galien faisoit mention de deux sortes de 1 erres samiennes , et il préféroit Vaster au coUynon ou collyrhim. Ainsi donc les anciens ont admis généralement deux sortes de ten^s samiennes en usage en médecine. Dioscoride a : i.» la terre samienne proprement dite qu'il compare au co//yrion, et que les auteurs donnent pour cet 31)4 T E R €Oiide, celle terre avoil les mêmes vertus que la terre de Chio. La plus estimée étoil blanche , très-luisante , fragile , et se «lélayoit aisément dans l'eau. On peut ajouter à ces lignes l'observation de Pline, qu'après avoir été détrempée dans du lait , on la mêloit avec le blanc qui servoit à crépir les ïnurs. Il paroît qu'on pouvoit la colorer on bleu purpurin , jiuisque Pline rapporte que les marchands de mauvaise foi la vendoient en place de Vîndiciim , substance qu'on appor- loit des Indes el qui paroîl avoir été noire indigo. Les an- ciens , ignorant comment on se procuroit celle fécule dans r]ndc",croyoient quec'étoitun linion ou une terre écumeuse qui se formoit autour de certains roseaux. Li'indiciim , selon Piinc, sembloit noir; et cependant, lorsqu'il étoit détrempé, il donnoil une couleur bleue-purpurine fort riche. La Terre 5ÉLINUSIENNE étoit sans doute une Argile a foulon, (ln.) TERRESIDNEYENNE. Nom donné par Delaméiherie à une terre rapportée par Sidney, de la Nouvelle- Galles oc- cidenlale , qui, ayant été examinée par Weegwood, lui parut elre une terre particulière. V. SlDNEYERDE. (ln.) TERRE DE SIENNE.Elle est d'un rouge-brun avec une nuance orangée ; elle happe fortement à la langue , brunit au feu et résiste long -temps sans se fondre. C'est une variété J'ArgiLE ochreuse jacne V. ce mot. (ln.) TERRE SIGILLÉE, r. Argile oghreuse, Terre bo- LAiRE et Terre be Lemnos. (ln.) TERRE SIGILLÉE D). Ll JMNOS. Prosper Alpin a cru que cette substance n'éloil point une terre, mais le fruit du baobab réduit en poudre, confectionné en petites tablelles qui se îransporloienl du Sénégal dans toute l'Afrique; mais il ctoit dans l'erreur ; la terre sigillée est une véritable terre. V. Terre de Leîjngs et Raobab. (ln.) TERUE SILÎCÉE. V. Silice, (ln.) TERRE DE SINOPE. C'étoit une terre holaire de cou- leur rouge qu'on cmployoit en médecine et en peinture , ainsi que Pline nous l'apprend ( liv. 35, ch. 6). Elle tiroit i.on nom de la ville de Sinope dans l'Asie mineure. Vuyez SiNOPis. (pat.) TERRE DE SMYRNE. On donne quelquefois ce nom, dans le commerce , au natron ou soude carhunalée iiaihe qu'on tire des Echelles du Levant. Voyez Natron et Soude gar- bonatée. (pat.) TERRE SOLAIRE. V. Terre d'or, (pat.) TERRE DE STRIGAU. Variété d'ARGiLE oghreuse jaune qui se trouve à Slrigau el Liegnilz en Silésie. (LN.) TERUE STRONTL^ NE. F. Strontiase. (ln.) TER 3g5 TERRE A SUCRE. Argile Hanche qu'on emploie au ^er- rage du sucre pour le purifier, (ln.) TERRE SULFUREUSE. C'est une terre quelconque qui contient du soufre , soit à TeHal natif, soit à l'état d'acide sulfureux. Elle abonde dans les solfatares et dans les cratères des volcans en activité. On a nommé aussi terre sulfureuse, des argiles pyrilcuses qui laissent dégager l'odeur du soufre, lorsqu'on les brûle, (ln.) TERRE TA.LCÂIRE ou TALQUEUSE. On a donné ce nom autrefois à la chlorite ; maintenant on entend par terre talq^ieuse une terre de la nature du talc, (ln.) TERRE-TOURBE. C'est une tourbe mêlée de beaucoup de parties terreuses qui rendent sa combustion difficile. V. Tourbe, (pat.) TERRE-TOURBE BITUMINEUSE. C'est une terre qui est en même temps pénétrée de bitume et mêlée de dé- tritus de végétaux. On trouve de semblables terres dans des vallées marécageuses où se rendent des sources chargées de pétrole, com-ne on en voit dans plusieurs endroits de la iîongrie , en Suisse , près de Zurich ; en Dauphiné, près de Grenoble. Ces espèces de tourbes brûlent assez bien, mais elles répandent une odeur fort désagréable et beaucoup de fumée. V. Tourbe, (pat.) TERRE-TOURBE BITUMINEUSE de Bomare. V. Dysoi.-lî. et Marne, (ln.) TERRE TREMBLANTE. On donne vulgairement ce nom à des terrains marécageux qui reposent sur une vase profonde. La surface a quelque solidité à la faveur des ra- cines ?.i;t:cl:scées des joncs et des roseaux, mais on la sent îrcmbler sous ses pas , et ce ne seroit pas sans danger qu'on pourroil traverser^à cheval de pareils endroits, (pat.) TERRE DE TRIPOLL V. Tripoli, (ln.) TERRE TUFIÈRE ou TOFACÈE. C'est une terre déposée par les eaux qui la tenoient en partie suspendue et en partie en dissolution , ce qui n'a formé qu'un tuf imparfait et friable : c'est le plus mauvais de tous les terrains. V. Tuf. (ln.) TERRE DE TURQUIE. V. Terre de Lemnos, Terre EOLAiRE , Terre d'ombre, (ln.) TERRE VÉGÉTALiE , HUMUS ou TERREAU. C'est la couche superficielle qui, presque partout, couvre le sol, et qui est communément composée de trois sortes de terres : Vargile , la terre calcaire et la terre quarzeme, mêlées de débris de corps organisés, et surtout de végétaux, qui tous les ans l'embellissent de leur verdure, et tous les ans y lais- sent leurs dépouilles. 39G TER. Cette terre pre'senle un fait qui a mc^rité l'attention àc plusieurs savans observateurs. On sait, d'après les expérien- ces muliipUe'es , que les arbres et autres végétaux ne tirent ^ pour leur nourriture et leur accroissement , aucune matière solide du sol où ils végètent, et que toute leur substance est formée des fluides de l'atmosphère ; cependant ils couvrent la terre tous les ans de leurs débris. Il sembleroit donc qu'à la longue, un sol d'où l'on n'enlève rien, comme sont les campagnes et les forêts du nord du globe, soit en Amérique , soit en Asie , devroit journellement augmenter en épaisseuc de terreau; c'est néanmoins ce qui n'arrive pas. J'ai vu, dans l'Asie boréale , des forêts immenses de pins et de mé- lèses de 80 à lao pieds d'élévation, dont les racines serpen- toient dans une couche de terre végétale qui n'avoit pas plus d'un pied et demi d'épaisseur, et qui reposoit sur des dépôts fluviatiles de la plus haute antiquité. Les déserts ou sieppes de ces contrées ne produisent point d'arbres , mais se cou- vrent de la plus riche végétation en plantes herbacées , dont les tiges , tous les ans , se pourrissent , et sembleroient de- voir augmenter a l'infini l'épaisseur du terreau ; cependant, à peine a-t-il , dans beaucoup d'endroits, un demi- pied d'épaisseur. Et l'on ne peut pas supposer que ce terreau soit entraîné par les eaux , puisque ce sont des plaines hori- zontales de dix et de vingt lieues d'étendue, et quelquefois davantage. Des faits de cette nature ont fait croire, à quelques savans , que le terreau se convertissoit en sable ; mais Saussure a fait voir que cette supposition n'étoit pas fondée , puisqu'on ob- serve dans les montagnes, et souvent même dans les plaines , que la terre végétale repose immédiatement sur le roc, sans qu'il y ait entre eux le moindre vestige de sable. Ces différentes considérations ont fait conclure , à cet illustre observateur, que la terre végétale éprouvolt une dé- composition graduelle , qui la mainienoit toujours dans une épaisseur moyenne. Cette opinion est parfaitement conforme à la marche générale de la nature , qui, par àes formafiom journalières et des décompositions habituelles, entretient par- tout un juste équilibre. C'est ce qu'on observe , d'une manière évidente , à l'égard des matières salines : les lacs salés d'E- gypte , de Hongrie , de Sibérie , de Crimée , etc. , d'où l'on enlève tous les ans une incalculable quantité , soit de nairon, soit de selmjfin, en offrent l'année suivante une quantité égale à celle des autres lacs voisins d'où l'on n'avoit rien enlevé ; et ceux-ci , au bout de plusieurs siècles , n'en ont pas plus que ceux qu'on en dépouille tous les ans. V. Lacs, Soijd£ MURIATÉE et NaTRON. T E R 3„ Saussure a fait voir en même temps que le peu d'épaisseur de la couche de terre végétale ne prouvoit nullement le peu d'antiquité du globe terrestre , comme quelques savans l'ont dit ( § i3i'j et suio. ). (PAT.) TERRE VÉGÉTALE BITUMINEUSE GRISE de Voigt. V. RÉTINASPHALTE. (LN.) ' TERRE VERTE. Ce nom a été donné à des variétés terreuses du cuivre carbonate vert. Mais il appartient plus spécialement à la Terre verte de Vérone. V. ci - après TERRE VERTE DE BABBA. Terre fort estimée des anciens , qui en faisoient des vases d'ornement, (ln ^ / TERRE VERTE DE VÉRONE ( Terrede Vérone , Bal-^ T dogée , Sauss. ; Grmierde , Wern. ; Talc zographique , Hauy ; \, Argile martiale^ vert foncé ^ Terre de Vérone^ de B, ). On ne trouve pas à Vérone seulementla terre verte qui porte le nom de cette ville, il y en a aussi ailleurs. Elle est d'un vert foncé ou d'un vert olivâtre ; on la trouve en masse , ou disséminée ' ou encroûtant d'autres corps ; elle est terreuse , à grains fins; sa cassure est finement terreuse , et quelquefois conchoïde - elle happe à la langue ; sa raclure est brillante ; elle est onctueuse au toucher; on la casse très-facilement, car elle est fort tendre. Sa pesanteur spécifique varie de 2,5û8 (Karsten) à 2,682 (Kirwan). Au chalumeau, elle se convertit en une scorie noire vésiculaire. Klaproth a trouvé par deux analyses,la première,d'une variété de terre verte de Chypre- l'autre , de celle de Vérone , les principes suivans : Silice . . . . 5i,5o . . . 53 Fer oxydé . . . 20,5o . . . 28. Magnésie . . i,5o . . 2 Potasse . . . 18,00 . . . 10 Eau. . ; . . 8,00 . . . . 6. Perte . . . -o,5o . . La terre verte se trouve, par nids, dans les cavités des roches amygdaloïdes , qui contiennent les agates. Elle en- duit même les rognons d'agate , les substances zéolilhi- qucs, et les cavités des mêmes roches. Mais nulle part elle ne forme de masses terreuses plus volumineuses que dans les amygdaloïdes des collines du Vicentin , et notam- ment à Monte Brelonico et Monte Ramazo , près le Mont Baldo. C'est elle qu'on emploie en peinture , et qui pa- roît avoir été connue dès le temps d& Pline. On s'en sert 398 TER pour peindre en vert, à l'huile et h fresque, et dans \d composition du sluc. Lcgèrenienl calcinée elle donne une couleur brune fixe ; brûlée avec de l'huile , elle donne uuc couleur noire ; et l'on avive sa couleur verle , lorsqu'on la délaye dans l'acide nmrialique. On imite la terre verle de Vérone par un mélange, en certaines proportions, d'une terre jaune , de craie el d'in.ligo. ' La terre verte est commune en Ecosse , dans les roches amygdaloïdes , ainsi quen Angleterre , en Irlande , et dans les îles dcFeroë et d'Islande ; on l'observe en Saxe, à Alten- berg, dans un porphyre; en Bohème; à Oberstein, où elle enduit les rognons d'agate et les cavités ou cellules de 1« même roche; il en est de même en Tyrol, à Fassa, et autres lieux. On l'indique aussi en Hongrie ; entre Nice etFréjus; et dans l'île de Chypre. La terre verle diffère essentielle- ment , par son gisement , de la chlorile avec laquelle on l'a confondue. La production de la lerre verte , dans les roches qui la contiennent , paroît être postérieure à celle de la roche elle-même , comme on le pense pour les pierres zéo- lithiques, les agates, le calcaire , elc, qu'on y rencontre aussi. V. Chlorite. Werner a nommé/o5s//e vert(gmnfossil) le pyroxène vol- canique altéré vert, qu'on trouve à Fassa, en Tyrol. Quel- ques minéralogistes allemands l'ont également appelé griincr- de , c'est-à-dire, terre verle; mais on ne doit pas le. confon- dre avec la véritable terre verle; néanmoins, le pysoxène , en cet état, se rapproche infiniment de la terre v?rte de Vérone , et il ne seroitpas impossible , maintenant que l'on sait que la plupart des roches dites laves amygdaloïdes , ont pour base le pyroxène , il ne seroit pas impossible , disons- nous , que la terre verle ne fût celle même base décomposée, et dont le fer seroit passé à l'état d'oxyde vert, (ln.) TERRE VIERGE. On le dit d'une terre qui n'a jamais été soumise à la culture, (ln.) TERRE A ViGNE. V. Ampélite , Melantheria , Pierre a vigne, et Schiste alumineux. (ln.) TERRE VITRIFIABLE. On donnoit autrefois ce nom à la terre quarzeusc on silice, parce qu'elle est employée dans les verreries ; elle n'est nullement viirifiuhle sans addition , de même que la plupart des terres simples ; mais toutes le de- viennent par leur mélange avec d'auires terres ou avec des oxydes métalliques , et surtout avec la potasse^ \a soude , le èorax , elc. (PAT.) TERRE VITRIOLIQUE ou PYRITEUSE. Toute? T E R %.^ les ferres où se trouve du fer sulfure', qui tombe en efllo- rescence par l'eftel de l'humidilé avec le contact de l'air , finissent par devenir vitrioliques, c'est à-dire , finissent par se charger de Fer sulfaté ; il y a des tourbes dans le même cas. Les terres vitrioliques abondent en Picardie ; il y en a à Royat, Puy-de-Dôme ; et en couches, à Friesdorf ( Rhin et Moselle), où on les exploite pour en retirer, par la lixivia- lion, l'alumine sulfatée , et le fer sulfaté qu'elles contiennent. (LN.) TERPtEAU. On donne ce nom à la ferre produite p^r la décomposition des végétaux et des animaux de toute espè- ces, mais particulièrement à celle si éminemment noire , légère, substantielle, et en conséquence si recherchée des f"^ cultivateurs en général, et des fleuristes en particulier, qui f ' provient des couches des jardins, \^ D'après l'observation de Sage, le terreau contient toujours une portion de quarz qui a été produit en même temps que lui, et qui concourt à le tenir toujours dans un état de divi- sion extrêmement avantageux à l'accroissement des racines des végétaux qu'on y plante, mais qui oblige à de fréquens arrosemens. Il diffère fort peu, en apparence, de la Tourbe, qui est le résultat de la décomposition des végétaux sous l'ea n (i'ouce. Les pluies enlèvent le terreau des lieux élevés pour le transporter dans les vallées, et de là dans la mer; c'est pourquoi tant de terrains autrefois cultivés, et même ferti- les , sont aujourd'hui perdus pour la végétation. Cette ob- servation doit engager les propriétaires , qui pensent a l'avenir, à cesser le défrichement des bois du sommet des montagnes ; car les forêts sont les grands producteurs de terreau. V. les mots Forêt, Humus et Terre végétale. (B). TERRES \ EULES. Quelques agriculteurs ont donné ce nom aux terres extrêmement maigres et stériles. On peut les fertiliser , quand on a sous la main de l'argile qu'on peut y mêler. J'ai connu , en Pologne , un grand propriétaire qui avoit , dans une partie de ses possessions, des champs pres- que purement sablonneux. J'observai , dans un ravin , qu'il régnoit une couche d'argile à trois ou quatre pieds de la sur- face. Je dis à ce propriétaire , faites faire dans ces champs un grand nombre de petites fosses , d'où l'on extraira de l'argile dont on fera de petits monceaux qu'on laissera hiver- ner. Au printemps , vous les ferez éparpiller à la surface du sol, et , par quelques labourages , vous mêlerez l'argile avec 4oo TER la ierrè sablonneuse; elle lui donnera du corps : vous y ferez répandre du fumier , vous y sèmerez des /«/Oi/25, que vous ferez enfouire ensuite avec la charrue quand ils auront pris tout leur accroissement. Je pense que deux ou trois opérations sem- blables donneront à vos champs quelque fertilité. J'ai appris depuis que ce succès avoit passé l'espérance. (p\t.) TERRETTE, Glccoma. Plante vivace , à tiges tétrago- nes, grises, hérissées et rampantes; à feuilles opposées, réniformes, crénelées et velues, et à fleurs solitaires et axil- laires, qui forme seule un genre dans la didynamie gymno- spermie , et dans la famille des labiées. Ce genre offre pour caractères : un calice oblong , tubu- leux, strié ; une corolle lubuleuse , bilabiée, à tube insensi- blement dilaté, plus long que le calice ; à lèvre supérieure bifide, à lèvre inférieure trifide ; quatre étamines, dont les anthères sont rapprochées par paire, en forme de croix, avant l'émission du pollen; quatre ovaires supérieurs, du centre desquels sort un style à stigmate en tête ; quatre semences arrondies , situées au fond du calice. La ierrette , vulgairement connue sous le nom de lierre ier- restre , herbe de la Saint-Jean ou rondelle , croît dans les lieux ombragés et humides, autour des maisons et dans les haies. Elle est excessivement commune dans toute l'Europe. Sa sa- veur est amère , et son odeur forte. On en fait un grand usage en médecine, comme vulnéraire et astringente. Sa dé- coction passe pour excellente dans les contusions et pour apaiser les coliques, guérir la dyssenterie, fondre les glai- res dans l'asthme pituiteux , faire couler les urines , etc. Elle est Irès-agréable , prise en guise de thé avec du lait , et on en fait usage , sous cette forme , dans la phthisie. On en trouve, chez les apothicaires, une eau distillée, une conserve, un extrait et un sirop. Une seconde espèce, originaire de Corse, se fait remarquer par la grandeur de ses fleurs, (b.) TERRIANIAK. Erxleben dit que le Renard est ainsi ap- pelé au Groè'nland. (desm.) TERRIER. Trou que font en terre le lapin, le renard, le blaireau, etc., et qui leur sert de retraite et de domicile. (s.) TERRIER, Chien -TERRIER. On donne ces noms au Chien basset, (desm.) TERRIER. Nom auvergnat du griwpereau de muraille. V. PicHiON. (y.) TERRlTÉLES. Première section de la famille des Arachnides filbuses, de l'ordre des Pulmo:naires. Elle TER 4or est caractérisée par les crochets de ses mandibules , qui sont fléchis en dessous ou sur leur côté inférieur , et par leurs quatre filières , dont deux sont grandes et deux petites- Ces araignées ont particulièrement pour habilnde de se creuser des galeries souterraines tapissées de soie. Elles appartiennent aux genres Mygale, Atype et Eriodon. Voj. ces mots, (desm.) TERRi^E CORONA {Gès-Stephanos des Grecs). C'est la Terrette ou Lierre terrestre ( Glechoma hederacea^ L. ). TERRiE GLANDES , de Lobel. Ce sont les tuberosités de la Gesse tubéreuse ( lathyrus tuberosus . L, ). (ln.) TERRjŒ: PARINE ( Gèsparinè). L'un des anciens noms de TAnémone des Grecs, (ln.) TERRAE RAPUM. On a donné ce nom à la racine tu- béreuse du Cyclame. (ln.) TERRiE UMBILICUS. C'est le Cotylet {Cotylédon umbilicus , L. ). (LN.) TERROT. V. Terreau, (desm.) TERSA. Mot latin employé par Linnœus pour désigner le Tersinë. (s.) TERSINE , Tersi'na, Vieill. Genre de l'ordre des oiseaux Sylvains , et de la famille des Baccia^ores. F. ces mots. Caractères: bec court, très-déprimé à sa base, caréné en dessus , à bords fléchis en dedans ; mandibule supérieure rétrécie, inclinée et échancrée vers son bout; l'inférieure plate en dessous, aiguë, et retroussée à son extrémité; bou- che très-fendue ; narines larges , situées près du capistrum , couvertes d'une membrane , et en partie cachées sous les plumes du front ; langue très-courte , étroite , bifide à sa pointe; quatre doigts, trois devant, un derrière, les exté- rieurs réunis à leur base; la première rémige la plus longue de toutes. La Tersine bleue , Tersina cœrulea , Vieill. ; p'i. P. 20 , n.° I de ce Dictionnaire. Cet oiseau , du Brésil et du Pérou , a six pouces de longueur totale ; le tour du bec ei des yeux , noir ; la gorge , de la même couleur ; le dessus de la têle et du cou , le dos , le croupion , la poitrine , les lianes et les petites couvertures des ailes, d'un bleu d'aiguë marine, à reflets clairs; les pennes alaires et caudales, de la même teinte à l'extérieur, et noires dans le reste ; le milieu du ventre et les parties postérieures , d'un blanc pur, avec des taches trans- versales et noires sur les côlés; le bec et les pieds , noiis. La femelle est d'un vert brillant où le mâle est bleu , n'a point de noir autour du bec et des yeux, ni sur la gorge > 4o2 T E S cette couleur est remplacée par du gris-clair , pointillé d'an gris plus foncé; le devant du cou et la poitrine sont dVm roux verdâlre ; le milieu du ventre et les parties postérieures , d'un blanc un peu lavé de roux , avec des taches transversales de cette dernière teinte sur les côtés; le bec et les pieds, d'un gris rembruni. Les jeunes n'en diffèrent qu'en ce que toutes les parties inférieures sont tachetées de roux et de blanc, (v.) TERTANAGETA des anciens. C'est I'Armoise ( Arie- misi'avu'gan's). (J.N.) TEPiTlOLA, de Césalpin. C'est le Stnrhys paîustrîs , Linn,, selon C. Baiihin. Adanson dit que le Terfiola est une espèce de T<;que. Cependant cette plante est distinguée par C. Bauhin du Tertianar'm de Tabernaemonlanus, qui est une Toque [scuieUavia gulerkulata , L,). On dit que ces plantes sont utiles dans les fièvres tierces. V. ToQUE. (l.) TERTRE. On donne ce nom à une petite colline isolée au milieu d'une plaine; on remarque souvent que ces plaines sont les vastes lits des anciens fleuves, et que les Tertres sont des espèces de petites îles que ces fleuves avoient for- mées par l'accumulation de leurs dépôts, comme nous les voyons encore former des bancs de graviers pendant leurs crues. V. Fleuves, (pat.) TERUTERO TELEU. Nom que les habitans de Buenos-Ayres donnent au Vantseau armé de Cayenne. V. ce mot. (v.) TESAN. C'est le Buccin perdrix, faisant partie des Tonnes de Lamarck. (b.) TESPESIE , Tespesîa. Arbre de la côte d'Afrique , dont le bois est très-employé en Angleterre pour la fabrication des meubles, sous les noms de bois de Cham, de buis de Ga- bon. Il forme , seloti Afzelius, dans la diadelphie décandrie, et dans la famille des légumineuses, un genre fort voisin du Gaînier. (b.) TESQUISANA. Espèce de Pie du Mexique , à longue queue et à plumage noir, avec des reflets, (v.) TESSARIE , Tessar/a. Arbrisseau du Pérou qui forme un genre dans la syngénésie polygamie nécessaire , et dans la famille des corymbifères, Willdenow l'a appelé G\nhe- teuie; il se rapproche du Monarrhenis de H. Cassini. Ce genre offre pour caractères : un calice commun ovale , imbrique d'écaiiles scarieuses , les extérieures ovales et les inférieures ciliées; un réceptacle conique , velu, portant, àâïis son centre ^ un seul fleuron hermaphrodite , tubuleux , TES i'jZ très-grand et slérile ; tous les autres, au nombre àc plus de soixante , étant femelles fertiles ; des semences oblongues , glabres , surmontées d'une aigrette velue, (b.) TESSIO. Espèce de Palmier fougère ( Cycas revoluta^ Thunb.) qui, selon Ksempfer, porte ce nom au Japon, où il croît naturellement, (ln.) TESSON. V. Taisson. (s.) TEST. On appelle ainsi la substance de l'enveloppe des MOLLU.SQUESCONCHYLIFÈRES, deS ToRTUES , deS CrUSTACÉS et des Ouusi^!S. (b.) TESTA. Nom générique des Mésanges , en Piémont. TEST AC ELLE , Testareîla. Genre de mollusques inter- médiaire entre les Hélices et les Limaces. Il comprend des vers terrestres rampans, qui ont à l'extrémité supérieure du corps une petite coquille univalve, en cône oblique, à som- met un peu en spirale , à bord gauche roulé en dedans. Ce genre, dont celui appelé Parmâcelle se rapproche beaucoup, avoit déjà été figuré par Favanne; mais il étoit réservé à Lamarck de l'établir sur des caractères positifs, à Faure-Biguet de faire connoître les mœurs des animaux qui le composent, et à Cuvler d'en faire Tanatomie. V. Annales du Muséum , pi. 2g , n.^So. Les iesiarelliers ressemblent beaucoup à des limaces. Ce sont des ^«s/eVopot/M allongés , à tête munie de quatre cornes inégales, dont deux portent les yeux à leur extrémité. Ils ont nn pied aussi long que le corps ; les organes de la génératioa sur le côté droit du cou ; le dos bombé , avec deux petits sil- lons longitudinaux , et sur sa partie supérieure et postérieure se voit la coquille, qui est au moins dix fois plus petite que l'animal lorsqu'il est le plus contracté. Le testacellier d'Europe, qui a été si bien observé par Faure-Biguet, s'allonge, se contracte, marche comme les Limaces ; mais ses mœurs sont bien différentes. Il vil cons- tamment dans la terre , et se nourrit de Lombrics terres- tres ( vers de terre). Il les fait entrer dans sa bouche par une de leurs extrémités, et lesavale lentement, c'est-à-dire, à mesure que la partie qui est dans son estomac se digère. Il s'enfonce dans la terre , ou s'approche de sa surface à me- sure que les lombrics s'enfonceni ou montent eux-mêmes: aussi n'en voit-on pas à la suite de la charrue pendant les labours d'hiver. Maugé, qui a observé, à Ténériffe, le testacellier figuré par Favanne , a rapporté qu'il vit sous les pierres, bouche , (o4 T E S avec sa coquille, le trou par lequel 11 éloit eniré, et qu'il ne sort que la nuit pour aller cherchersa nourriture. On connoît quatre espèces de teslacelles; savoir : Le Testacellier haliotide , qui est uni , avec un corps saillant sur le dos , et la coquille en cabochon. Il se trouve à Ténérlffe. V. pi. R. 2 , où il est figuré. Le Testacellier d'Europe, qui est uni sur tout son dos, et a la coquille trcs-aplatie. • Le Testacellier cosTÉ , qui a des lignes saillantes trans- verses; des espèces d'écaillés sur le dos, et la coquille en forme de dé à coudre. Il vient des îles Maldives. Le Testacellier cornier, qui est rugueux, sans corps saillant, et dont la coquille est en cône courbé. On ignore son pays natal, (b.) TESTACÉS. Ce nom a été appliqué anciennement à tous les animaux qui étoient couverts d'une enveloppe solide. Ainsi, les tortues , les crustacés et les coquillages étoieut des testacès pour nos pères. Aujourd'hui , on n'applique plus ce mot qu'aux coquillages: ainsi, tout ce qui a été dit à leur article convient à celui-ci. V. aux mots Coquillage , Co- quille, Bivalve, Multivalve et Univalve. (b.) "TESTACÉS FOSSILES. V. aux mats Coquille , ani- maux perdus et fossiles, (desm.) TESTACITES. On donne ce nom aux Coquilles pétri- fiées, (pat.) TESTAR. V. TÊTARD, (s.) TESTICULE. Coquille du genre des Natices. C'est la nerita glaucina Ae \AnTiveas. (B.) TESTICULE. Nom marchand d'une coquille du genre Casque {Cassis iesticulus). (desm.) TESTICULE DE CHIEN. On donne ce nom aux bulbes du Satyrion. (desm.) TESTICULE DE PRÊTRE., C'est le nom d'un Orchis orchis mascula. (DESM.) TESTICULES , TestlcuU, ôpM^^ , ^"V^' . Les ana- tomisies ont ainsi nommé les deux glandes destinées à sécré- ter du sang l'humeur séminale , et ils les ont regardées comme deux petits témoins dont la présence est nécessaire dans l'acte de la propagation. Il paroît cependant que le témoignage d'un seul est valable en celte matière, puisqu'on a vu des hommes féconds qui n'éloient cependant pourvus que d'un seul testicule, soit naturellement, comme le furent le dictateur romain Sylla et Je conqaérao| tartare Jamerlan, soit qu'un TES 4o5 accident ou le fer du chirurgien aient enlevé l'une de ces glandes. Dans ces cas, le testicule qui reste seul, devient plus gros , et tient lieu de deux. Divers exemples consignés dans les écrits des médecins, nous apprennent qu'on a vu des hommes pourvus de trois testicules, et il y a même des familles dans lesquelles se propage cette conformaiion; ces hommes iriorchides (ayanl trois testicules) sont, dit-on, d'un tempérament beaucoup plus chaud et plus vigoureux que les monorchides ( à un seul testicule), et même que les autres hommes. En effet , ces organes contribuent siugulièrement à la force du corps et a l'ardeur du tempérament , puis- qu'on voit les eunuques si foibles et si timides, parce qu'on les a privés de testicules. Ces parties correspondent même avec la gorge , car les eunuques ont une voix grêle, effémi- née , tandis que les mâles vigoureux ont une voix forte et grave ; ils ont aussi une barbe épaisse , la poitrine carrée , les épaules larges , les jarrets fermes, bien musclés, les bras et les jambes nourris, velus, et plusieurs autres caractères qui annoncent un tempérament robuste et ardent. Il y a des hommes qui paroissenl, à l'extérieur, n'avoir point de testicules , mais parce que ces organes sont demeu- rés dans la cavité du bas-ventre ; loin que ces individus soient impuissans , on les dit beaucoup plus ardens que les autres , à cause de la chaleur continuelle dont leurs testicules sont pénétrés. C'est pour cela que plusieurs animaux, ayant ces glandes toujours attachées près des reins , sont d'un tempérament très-porté à l'amour, témoins les oiseaux, les coqs, les moineaux; et parmi les quadrupèdes, les rats, les lapins, les lièvres, etc. Néanmoins la plupart de ces espèces n'entrent en rut que dans certaines saisons de l'année. Les testicules des poissons portent le nom de laile. Les anciens donnoient le nom de testicules aux ovaires des femelles, parce qu'ils comparoient ces organes aux glandes séminifères des mâles. Dans l'homme et la plupart des mammifères, les deux testicules sont renfermés dans une bourse dont la peau ru- gueuse s'appelle scrotum , et se divise en deux loges par le dartos. Elle a trois tuniques Internes, i.° celle formée par le muscle cremosùir ou suspenseur du testicule ; 2.^ la tunique vaginale, très-contractile, et qui est un prolongement du pé- ritoine ; 3.° Talbuginée , qui reçoit les vaisseaux spermatiques. Les testicules sont des corps glanduleux dont le tissu vascu- laire est composé d'une multitude de vaisseaux entortillés. Ils reçoivent des artères de l'aorte , sous le nom à' atiéi es speima- ii(jues^ et des veines de Témulgente et de la veine cave. Le* 4o6 TET nerfs sortent des plexus nerveux du bassin et des paires lom- baires. Les testicules des oiseaux «ont placés dans l'abdomen t près des reins. Il en est ainsi des reptiles; mais chez les pois- sons mâles (excepté les raies et les squales,dont les testicules ont des rapports avec ceux des batraciens), la laite forme deux gros corps glanduleux au temps du frai. Foyez Poisson. Dans les animaux sans vertèbres, la forme et la disposi- tion des testicules sont très-variées. Quelquefois ces organes glanduleux sont réunis en un seul chez plusieurs mollusques. Dans les insectes, le testicule est composé de tubes très- allongés et repliés en divers sens. Outre les testicules, les canaux déférens du sperme, abou- tissant, soit à des vésicules séminales , soit à un pénis simple ou double, soit à un cloaque , sans organe externe d'accou- plement , se retrouvent chez presque tous les animaux, V. les mots Sexes et Génération, (virey.) TESTICULUS. Diverses espèces à'' orchidées ont été nommées ainsi par les botanistes , à cause de la forme de leur bulbe ; ce nom répond à Vorchis des (irecs. Ces plantes sont les orchis militatis^ pyramidalis , L. ; fusca , W ; mascu/a, L. ; mono, L. ; hircinUy W. ; corinphora , L. ; bifolia , L. ; les ophtys api fera , myodes , papilionacea ^ W ; fnonorchi's , le neotiia spiralis , Willd. (ln.) TESTO ROSSO. Nom provençal de la Fauvette a TÊTE NOIRE , femelle, (s.) TESTfVlS. Genre des oiseaux du Prodromus d'Illiger, lequel se compose des Stercoraires, (v,) TESTUDO. Nom latin des Tortues, V. ce mot» et l'ariicle Cheloniens. (desm.) TET. F. Test. (DESM.) TETA , Teta. Genre de plantes, qui a été réuni au Pélo- SIANTHE. (B.) TETAN-COTÉ. Nom indien de la Vomique a éclair- CIR l'eau {Slrychnu^i potutorum). (B.) TETANOCÈIVE, Tctanorera , Dum. ; Scatophaga.Yah. Genre d insectes , de l'ordre des diptères, famille des alhéri- cères, tribu des muscides, distingué des autres genres de cette division, parles caractères suivans : cuillerons petits ; balanciers presque entièrement découverts ; ailes couchées sur le corps ; corps oblong ; tête ^ vue en dessus, paroissant presque pyramidale ou triangulaire ; antennes écartées , avancées, de la longueur de la tête, de trois articles, dont le premier très-court, les deux suivans allongés, presque de longueur égale , et dont le troisième presque conique , avec une soie velue. Ces diptères font partie des deux premières familles du TET 407 genre mouche de Geoffroy, ou des espèces dont les unss ont les ailes panachées , et dont les autres ont la pellicule du devant de la lêîe blanche ou jaunâtre , comme renllée et formant une sorte de masque. On les trouve sur les Heurs et sur les plantes, et particulièrement dans les bols humides; leurs mœurs sont d'ailleurs inconnues. Panzer a figuré plu- sieurs espèces de ce genre. ( Voyez le 4-'^ vol. de mon Gêner. Crust. et Insect. ) Je citerai : x.° La Tétanocère réticulée , tetanocera relicuUiUi; scaiophaga reiiculaia ^ Fab. ; Coqueb. , Illust.icon. insect.^ dec. 3, tab. 27 , fig. 2. Elle est d'un cendré roussâlre , poilue, avec les ailes foiblement réticulées de brun; leur tête est entrecoupée de blanc et de noir. 2.° Ea TÉTAISOCËRE bordée. Tetanocera marginafa, Scaiophaga , mm- ginata, Fab. \ Panz, , Faun. Insect. Germ. , fasc. Sa, tab. 20. Eilie est d'une couleur plombée obscure, avec les ailes réticulées et noires à la côte. 3." La Tétanocère stictique , Tetano- cera slktica; Scaiophaga siictica , Fab. Elle est cendrée, avec la tête fauve, et marquée, sur le front , de trois points noirs; l'abdomen est roiissâtre; les ailes sont noirâtres, avec uu grand nombre de points noirs; on distingue au milit-u un trait transversal et un point noir. Ces trois espèces se trouvent aux environs de Paris. Quelques autres diffèrent un peu des précédentes, par la forme et les proportions relatives du dernier article des antennes. J'en avois fait un genre sous le nom de dictya. Les oscines nommées par Fabriciusy^/anZ/ron^, iimbrqculata ^ me paroissent être des tétanocères, (l.) . TETARD. Yicq-d'Azyr, Syst. anat. des Jnim. , indique, sous ce nom, une espèce douteuse de hérisson appelée eri- nacus inaun's par Linnceus et Erxleben , et qui paroît être nn TET5REG. (DEsai.) TÉTAKD. Nom du Cyprin chevane. C'est encore celui du perça coiloîdes de Linnœus. (b.) TÊTARD ou TESTARD. On appellegénéralement ainsi les petits , ou mieux les larves des Grenouilles , des Cra- l'AUDS , des Rainettes et des Salamandres , parce que leur têie est plus grosse que le reste de leur corps, (b.) Ces têtards sont d'abord très-petits , sans pattes , aveugles et munis de pores branchiaux sur les côtés du cou, avec une queue ou nageoire comprimée : peu après ils sont dépourvus de branchies externes frangées. Ensuite leurs yeux sont appa- rens , et il leur pousse des pattes antérieures , puis des pos- térieures. Plus tard les branchies extérieures ont entièrement disparu sous la peau sans laisser de traces en dehors. Enfin , dans la plupart {les sa/amandres , les proiées et les si'r. ncs exceptées), la queue ou nageoire comprimée rentre etdispa- roil peu à peu. hc prutce reste toujours aveugle et garde ses 4o« TET franchies extérieures. La sirène ne développe que ses pattes antérieures , et garde aussi ses branchies. La. grenouille jackie ^ la rainette flanc-rayé i le crapaud brun et plusieurs autres ont cela de remarquable qu'ils prennent tout leur accroissement à l'élat de têtard , tandis que presque tous ces batra- ciens parviennent à l'état parfait avant d'avoir pris tout leur développement. 11 paroîl que les têtards Au pipa se métamor- phosent de très-bonne heure, car les petits sont tout formés sur le dos de leur mère qui est plusieurs centaines de fois plus grosse qu'eux. Les têtards de salamandres se distinguent par rallongement de leur corps, (desm.) TETARU. Nom persan de la Tourterelle, (v.) TETE. Mot dérivé de testa ^ un pot ou une cruche, parce qu'on a comparé le crâne à un vase. Chez les Latins Caput, el les Grecs x.ii.) 4i2 TET TETE ARIDE. L'un des noms vulgaires de I'AmàRAN- THINE (Gum/jJirena nodosa). (desm.) TÊTE BAIE ET BLANCHE. Nom donné, parPaulet, à un petit champignon du genre Agahic de Linnœus, qui croît en touffes fort grosses, au pied des arbres des bois des envi- rons de Paris. Il n'est pas malfaisant. Son chapeau est bai ou gris-roux en dessus et blanc en dessous. Son pédicule est légèrement contourné. On volt sa figure pi. no du Traité du médecin précité, (b.) TÈTE DE BÉCASSE. C'est le Rocher bécasse, (b.) TÈTE BLANCHE ET NOIRE. Petit Agaric qu'on trouve aux environs de Paris, au pied des arbres où il forme des touffes. Il est d'abord blanc , devient brun, et fmit par noircir. Les animaux à qui on l'a donné , n'en ont pas été incommodés. Paulet la figuré pi. no de son Traité des Champignons, (b.) TETE BLEUE. Poisson du genre des Labres, (b.) TÈTE DE BOEUF. Coquille du genre des Casques, (b.) TETE DE CARPE. Agaric de couleur grise , qui croît en touffes dans les bois des environs de Paris , et qui se fait remarquer par son chapeau en forme de carré allongé et percé à son sommet. Il n'est point dangereux. Paulet Ta figuré pi. 122 de son Traité des Champignons, (b.) TÊTE DE CHAT. V. Concrétion pierreuse, (pat.) TÊTE - CHÈVRE. C'est , sous ce nom , que Brisson a décrit les Engoulevents. V. ce mot. (V.) TETE-CHÈVRE DU BRÉSIL. Voyez ENG0ULEVE^T GUIRA QUEKEA. (V.) TÈTE-CHÈVRE DE LA CAROLINE. V. Engou- levent POPETUÉ. (V.) TÈTE- CHÈVRE DE LA GUIANE. V. Engoule- vent MONTVOYAU. (V.) TÈTE -CHÈVRE DE LA JAMAÏQUE. V. En- goulevent A lunette, (v.) TÈTE-CHÈVRE TACHETÉ DU BRÉSIL. Voyez Ibijau. (v.) . TÈTE - CHÈVRE DE VIRGINIE. V. Engoule- vent criard, (v.) TÈTE DE CHIEN. On appelle ainsi le Boa bojobi. (b.) TÈTE DE CLOU. Nom que donnent les épiciers au poiore de la Jamaïque, c'est-k-àire y au fruit du Myrte pi- ment, (b.) TÈTE DE CLOU. Nom vulgaire de la chaux carbonatée T E T ii3 dodécaèdre raccourcie , qui , par sa pyramide aplatie et à trois faces , imite , en effet , assez bien , une iéie de clou, (ln.) TÈTE DE COCHON. Nom vulgaire d'une Cymbalaire ( Antirrhinum oroniium). (DESM.) TÈTE DE COQ. Espèce de Sainfoin ainsi nommé , à cause de sa graine qui est surmontée d'une crête comme la têle du coq. C'est Vhedysanim caput gaîli. (ln.) TÊTE CORNUE. On a désigné , sous ce nom , le Bi- DENï A CALICE FEUILLE , Bidens iripartiia. (DESM.) TÊTE CORNUE DE CEYLAN. C'estune VERBEsmE, Verlesina acmella. (DESM.) TÊTE D'EPINGLE. Famille de champignons , pro- posée par Pauiet , dans le genre des Sphérocarpes. Les trois espèces qui y entrent se font remarquer par leur fragilité, la ténuité de leur pédicule, et la petitesse de leur chapeau arrondi en forme de tête d'épingle, (b.) TÊTE D'ÉPINGLE BLANCHE. Espèce de Sphéro- CARPE extrêmement petite et de couleur blanche , qui se dé- veloppe sur les feuilles de chêne vert à moitié pourries, (b.) TÊTE D'ÉPINGLE ROU(iE. Espèce d'ÀGARic fort petite , d'un rouge safrané foncé , qui croît sur le bois de sapin à moitié pourri, (b.) TÊTE D ÉPINGLE SAFRANÉE. C'est encore une espèce du même genre , qui croît sur les joncs déjà altérés. Ces trois' espèces sont figurées pi. io5 du Traité des Champignons de Pauiet. (b.) TÊTE DORÉE. V. l'article Chrysocome. (pesm.) " TÊTE DE DRAGON. V. au mot Dracocéphale. (b.) TÊTE DE DRAGON. Nom marchand d'une Porce- laine, Cypiœastollda.(pESM.) TÊTE FAUVE. C'est le nom que Pauiet donne à un Agaric qu'il a figuré pi. iio de son Traité des Champi- gnons , et qui croît en touffe au pied des arbres des forêts dans les environs de Paris. Sa couleur est fauve foncée , son odeur celle de bois pourri. Il ne paroît pas dangereux, (b.) TÊTE DE FAÏENCE. On a donné ce nom vulgaire à la Mésange bleue, (v.) TÊTE DE FEU OLIVATRE. Pauiet appelle ainsi un Agaric des environs de Paris, qu'il a figuré pi. io8 de son Traité des Champignons. C'est TAgaric amer de Bulliard. Il a le chapeau roux en dessus , verdâtre; en dessous , et son 4i4 TET pédicule est contourrn5. Sa saveur est amère. Les animaux k qui on le donne ie rejeltcnl. (b.) TÈTE FOURCHUE. Nom de ITguane d'Amboine. (3.) TÊTE HERISSONNEE. Deux plantes ont n<;.i ce nom : la Barreliere \ feuilles de bvis et TEchinope. (de.>>m,) TÈTE L\TNEUSE. r. Eriocephalus. (ln.) TÈTE DE Ll ÈVRI^. C'est le GoiiiE lagocéphale. (b.) TÊTE DE LOyZE. L'un des noms vulgaires de la Co- QUELOURDE. (DhSM,) TÈTE DE MEDUSE. Nom spécifique d'une Asté- rie. (B.) TÊTE DE MEDUSE, Agaric qui croît en grosses touffes au pied des chênes , dans les environs de P^iris , et que Paulet a figuré pi. 148 de son Traité des Champignons. Il est haut de six pouces. Son chapeau n'a qu'un pouce et demi de diamètre. Il est roux, avec des écailles hrunes , en dessus» et blanc en dessous. Son pédicule est fusiforme, et pourvu d'un collet. Ce champignon , qui a l'odeur des matières stercorales, est très-dangereux, (b.) TÊTEDEMÉDUSE. Une espèce d'élyme, une autre du genre euphorbe , une troisième du genre clavaire , et une quatrième du genre agaric porlent ce nom. (ln.) TETE DE MOINE. C'est le Pissenlit. Lorsqu'il a jeté sa graisse , son réceptacle demeure nu et chauve. F. LiON- DEKT. (LN.) TÊTE DE MOINE. V. à l'anicle Strontiane sulfa- tée c\lcarifére terreuse , et Miche de quatorze sous, (ln.) TÊTE DE MOINEAU, On donne quelquefois ce nom i la Centaurée a feuilles de scabieuse. (b.) TETE DE MORT , Simia moria , Linn. Singe figuré par Séba , et qui paroît être un sapajou. V. Sajou - tête -de MORT 1 tome 3o , page ^7. (desm.) TÊTE DE MORT, C'est la Chimère au museau lisse, poisson du Cap de Ronne-E.spérance. (B.) TÈTE DE MORT. On donne ce nom au Muflier ru- bicond, (b.) TÊTE DE MORT. Lépidoptère crépusculaire du genre Sphinx, (desm.) TÊTE DE MORT. Semence du Staphylier. (b.) TÊTE ou MUFLE DE VEAU. V. Mufliek. (desm.) TÈTE NOIRE. Espèce de Couleuvre, (b.) T E T 4i5 TÊTE NOIRE. L'Agaric LATÉRAL, figuré par Schœffer, lab. 7 1 et 73 , porte ce nom en français, (b.) TÈTE NUE. Espèce d'EsocE et de Mugil. (b ) TÈTE PLATE. Nom spécifique d'un Gecko, (b ^ TÈTE BE POULE. C'est un Sainfoin , Hedysâmm hu- mile. (desm.) TÈTE RONDE. V. Sphéranthe. (desm.) TÊTE ROUGE. V. Figuier a tête rouge, (s.) TÊTE ROUSSE. On donne ce nom à des Agarics pé- dicules dont la couleur est rousse, (c.) TÈTE DE SERPENT. Coquille du genre des Strom- BES ( Stromhus lentiginosus , Linn. ). C'est aussi le nom spécifique d'une autre coquille du genre des Porcelaines, (b.) TÊTE DE SOUFRE. Agaric des environs de Paris , fort commun dans les bois, et d'un usage dangereux. Il croît en touffes au pied des arbres ; ses lames sont comme cou- veries d'une toile d'araignée; son pédicule est contourné ; sa couleur est jaune soufre ; sa saveur est amère. Pauletl'a figuré pi. 107 de son Traité des champignons, (b.) TETE DE SOURIS. Nom de TOrpin a six aSgles. (b.) TETE DE TORTUE. On appelle ainsi le ielraodontcstu- dineus de, Linnœus. V. au mot Tétrodon. (b.) TETÊMA. V. Fourmilier tetéma, (v.) TETENA. Synonyme d'EciDiE. (b.) TETERON. Agaric ayant à peine un pouce de haut. Il est gris-brun en dessus , et blanc en dessous. Son odeur est celle de la farine; on le mapge dans quelques cantons. Paulet l'a figuré pi. 93 de son Traité des champignons, (b.) TETlilSou THETIS, Tc/AjV. Genre de vers mollusques nus , qui présente pour caractères : un corps oblong, char- nu, rampant , bordé d'un manteau qui s'épanouit antérieure- ment et s'étend , au-dessus , en un voile large , arrondi et frangé ; une bouche s'allongeant en trompe , et située sous le voile qui couvre la tête -, deux ouvertures au côté gauche du col, pour la respiration et la génération. Les espèces de ce genre ont de si grands rapports avec les Laplisies , que les anciens naturalistes les ont confondues avec elles. Comme les laplisies , elles sentent mauvais , et cau- sent des accidens graves à ceux qui en mangent. Comme elles, encore , elles vivent dans les endroits fangeux, et répandent une liqueur noire; mais elles n'ont point d'os dans leur in- térieur, etsont gélatineuses et transparentes. Leurs branchies sont latérales , et leur bouche en forme de trompe. Leur es- tomac n'est qu'un élargissement du canal intestinal ; aussi ii6 TET ne mangent-elles que des animaux aussi ou plus mous qu'elles. On ne les voit sur la surface de la mer que dans les grandes chaleurs de Télé. On en connoîldeux espèces exclusivement propres à la Méditerranée. Le Thétis lièvre , qui a le voile cilié , et le Téthis frangé , qui a le voile crénelé. Le pre- mier esr figuré pi. P. i5 de ce Dictionnaire. On doit à Cuvier , Annales du Muséum , vol. 12 , un très- important Mémoire, accompagné d'excellentes figures , sur r.anatomie de ces mollusques, (b.) TÉTHYE , Telhya. Genre de polypier empâté , établi par Donati aux dépens des Alcyons. U a pour caractères : po- lypier subéreux, subglobuleux, très-fibreux intérieurement; à fibres subfasciculées , divergentes ou rayonnâmes de l'in- térieur à la circonférence , et agglutinées entre elles par un peu de pulpe; à cellules dans un empâtement cortical, quel- quefois caduc ; les oscules rarement perceptibles. Lamarck , dans le premier volume des Mémoires du Muséum , a donné un travail sur ce genre , où il men- tionne six espèces, toutes des mers d'Europe. La plus con- nue est l'AicYON ORANGE , figuré par Donati , pi. 10 , et par Marsilly , pi. i4- (b) TETHYES. Famille établie par Savigny , dans la classe des Ascidies. V. ses Mémoires sur les animaux invertébrés. Les caractères de cette famille sont : corps fixé ; orifices non opposés , ne communiquant pas entre eux par la cavité des branchies ; cavité branchiale ouverte à la seule extrémité antérieure, dont l'entrée est garnie de filets tentaculaires; branchies réunies d'un côté. 11 y a des telhies simples , offrant deux sections et con- tenant chacune deux genres , savoir : A orifice à quatre rayons BOLTENIE et Cynthie ; A orifice a plus de quatre rayons ou sans rayons : PhALLUSIE et Claveline. 11 y a des tethyes composées, divisibles en trois sections, savoir : A orifices ayant tous deux six rayons réguliers , DlAZONE , Distome et Sigilline ; A orifice branchial ayant seul six rayons réguliers j SYNDIQUE , Aplidion , Polyclinon et Didemnon ; A orifices dépourvus tous deux de rayons : EucOELlON et Bo- trylle. (b.) TETHYPOTEIBA. Plante parasite du Brésil , qui sert à dissiper les enflures des jambes , guérir l'hydropisie et for- tifier les nerfs , ainsi que les yeux. On iguore à quel genre TET ii^ Ïcnre appartient celle plante , qui est menlionne'e dans *ison , sous le nom de vilis arbustina. (b.) TÉTIGOMÈTRE , Tetlgometra. J'ai rlésigné ainsi un genre d'insectes hémiptères, très-voisin de celui des fulgores, mais qui en diffère sous le rapport de la situation des an- tennes. Elles sont logées entre les angles postérieurs de La tête, et ceux du devant du corselet. Les yeux, en outre , ne sont point saillans , et leur forme est triangulaire. Panzer a représenté deux espèces de ce genre , l'une Sous le nom de virescens ( Faun. Insect. Germ. , fasc. 6i , tab. 12 ) , et l'autre sous celui A' obliqua ( ibid , tab. i3 ). Ces insectes sont petits , et se trouvent sur diverses plantes , les chênes , etc. , de nos environs, (l.) TETINE, Ruma. Ce mot vient du verbe téter, et désigne la mamelle des animaux , comme le mot tétihs se trouve dans quelques dictionnaires français, pour exprimer le sein naissant d'une fille à peine nubile. La tétine on le pis dans la vache, çotXe ordinairement quatre mamelons ; j'ai cependant vu plusieurs vaches de couleur noire qui avoient six mamelons ; il est vrai que les deux sur- numéraires élolent plus petits que les autres , et se trouvolent toujours placés derrière les autres. Lar substance de la tétine est, comme toutes les mamelles des animaux, glanduleuse et parsemée d'.une multitude de petits vaisseaux qui se remplis- sent de lait. C'est principalement à l'époque de rallaitement que les tétines se gonflent de cette liqueur. A l'extérieur, elles sont couvertes d'une peau fine et douce ; les mamelons sont très-sensibles au tact , et ils entrent en une sorte d'érection , comme nous l'exposons au mot Mamelle , qu'on pourra consulter. Dans l'état domestique , les quadrupèdes ayant une nour- riture abondante et étant plus souvent excités à l'amour que dans l'état sauvage , leurs organes de l'allaitement sont très- développés et très-grands, tandis que la disette et la rareté de l'union sexuelle dans les mêmes espèces sauvages laisse ces mêmes organes dans l'oblitération. C'est principalement par les parties reproductives que commence la domesticité , et l'amour esil'une des plus puissantes causes de l'état social, non-seulement chez les animaux , mais encore dans l'espèce humaine. Plus l'état social se perfectionne et devient intime , plus les'organes de génération prennent d'ascendant sur les autres; aussi la corruption des mœurs est le signe le plus certain d'un excès de civilisation, (virey.) TETLATHÏAÎ^. F. Guao et Comoclade. (s.) xxxiif. y. 7 4ï8 TET TÉTO LEBRÉou CAOULICHOU. Nom languedo- cien du COMPAGISON BLANC OU LVCHISIS. (DESM.) TETON ou MAMELLE DE SAINT PAUL. Divers oursins fossiles à gros mamelons ont été ainsi nommés par quelques oryclographcs. (desm.) TÉTON BLANC. Nom vulgaire d'une coquille du genre NÉaiTE , nerita mamilla. (DESBl.) TETON DE VÉNUS. Variété de pêche. V. l'article PÈCITER. (dESM.) TETRACARPUM. Schkuher,ct d'après lui Mœnch, ont donné ce nom à un genre de plantes de la famille des com- posées. Il a pour type une herbe annuelle du Mexique , que Lamarck et Cavanille considèrent comme une espèce de Pectis; c' esl Icnv pectis pectinata. Rolh et Wilidenovv ont cru devoir conserver ce genre , et l'ont appelé schkulin'a. (ln.) TÉTRACÉRE , Tclracera. Genre de plantes de la po- lyandrie tctragynie et de la famille des dilléniacées, qui offre pour caractères : un calice de cinq ou six folioles ; une corolle de cinq ou six pétales; un grand nombre d'étamines, dont les filamens sont dilatés dans leur partie supérieure, et portent plusieurs anthères; un, trois ou quatre ovaires supérieurs, surmontésd'un style à siiguiate simple; une capsule s'ouvrant par les côtés, et contenant plusieurs semences arillées à leur base. Les genres Wahlbomie, Tigarée , Euriandre et Coas- se , ont été réunis à celui-ci. DecandoUe pense que ceux appelés Doeiocarpe , LicAisi , Câliné , Soramie, Mappie et Deume doivent être réunis, et en constituent un particulier, auquel il a conservé le pre- mier de ces noms, (b.) TÉTRACÉRES , Tetracera. J'avois , dans mon Gen. CrusLac. et Insert., réuni les ciustacésisupudes elles arachnides , à la classe des insectes. Je lapartageois en cinq coupes prin- cipales : les tétracèies , les myriapodes, les acères , les apièro- diceres et les ptérodiches. La première comprenoit les crus- tacés isopodes ou le genre oniscus de Linnseus. Les trois grandes coupes que nous formons dans sa classe des insectes, pourroient, d'après la considéialion des antennes, être dési- gnées de la manière suivante : les lélracèresÇ^ crustacés^ , les acères ( arachnides^ , et les dicères ( insectes ). (l.) TETRACÈRÉS. Nom donné par Blainville à une fa- mille de Mollusques. Elle renferme les Nudibrancues à quaire tentacules, (b.) TÉTRACÉRES. M. de Blainville appelle de ce nom une sous-classe d'enlomozoaires, renfermant principalement les T E T 419 Crustacés bracuïures et Macroures qu'il nomme Tno- RAClouES , et quelques genres «lont il compose un groupe sous la dénomination d'AxHORACiQUES. Le mênie applique aussi la tlénominatlon de lelracères à la première sous- classe de ses Eidomozoaires tètraàécapodes , qui comprend les Crevettes, les Aselles et les Cloportes, (desm.) TliTUACHEHOS d'Elien, paroît être le Babiroussa. V. CpCllON. (DESM.) TÉTRACHILES. C'est le nom d'un ordre de mammi- fères , dans la méthode de Klein, et qui ne renferme que le seul hippopotame , dont les pieds sont tous terminés par quatre doigts armés de petits sabots, (desm.) TÉTRACHIRES. Ce nom , composé du grec , est pro- posé par M. Duméril { Zoologie analyt.'f/ue y page g), comme l'équivalent de celui de Quadrumanes, qui est générale- ment adopté, (desm.) TÉTRADACTYLES. Dans la méthode de Klein , c'est un ordre de quadrupèdes qui comprend ceux dont les pieds de devant ont quatre doigts séparés , les Agoutis et les Tatous, Ce dernier genre est compris à tort dans cet ordre , car la plupart des tatous ont cinq doigts partout, (desm.) TÉTRADACTYLES , Tetradactyli. Tribu de l'ordre des Oiseaux ÉCHASSIERS. V. ce mot. Caractères: quatre doigts, trois devant , un derrière ; les antérieurs ou séparés ou pal- més ; le postérieur élevé de terre chez les uns , n'y portant seulement que sur le bout chez d'autres , articulé au bas du tarse chez plusieurs , et posant à terre sur toute sa longueur. Celle tribu est composée des familles Helonomes, Hero- DIONS, FaLCIROSTRES, AÉROPHONES , COLÉORAMPHES, La- TfROSTRES , Uncirostres , Hylérates , IVIacronyches , Macrodactyles, Pinnatipèdes et Palmipèdes. V. ces mots. (V.) TÉTRADÉCAPODES. M. deBlainviUe donne ce nom à la cinquième classe de ses cntomozoaires , qui comprend i.°les crustacés à quatorze pattes, tels que les crevettes, les aselles et les cloportes ; et 2.° les animaux epizuaires , qui se composent principalement des genres : Lernée , Calice , Cy\ME, ChEVROLLE, etc. (DESM.) TETRADION , Tetradium. Arbre médiocre , de la Co- chinchine , à feuilles ailées avec impaire , à folioles lancéo- lées, à fleurs blanches, portées , en grand nonjbre , sur des grappes Iricholomes presque terminales, qui forme un genre dans la létrandie létragynie et dans la famille àts térébin- tbacées. 420 TET Ce genre offre pour caractères : un calice de quatre folioles persistantes ; une corolle de quatre pétales; quatre étamines velues; un ovaire supérieur à quatre lobes, surmonté de quatre stigmates sessiles et subulés ; une semence nue, lui- sante et ariliée. Les genres (tONIER et Brucée doivent être réunis à celui- ci , selon M. de Jussieu, (b.) TÉ rRADYNAiVIIE. Linnseus a nommé ainsi la quin- zième classe de son Système des f^égélaux , celle dont le carac- tère consiste a avoir six étamines , dont deux plus courtes. Elle diffère de la didynamie , qui est également fondée sur le rapport de grandeur des étamines par des caractères géné- raux extrêmement faciles à saisir. Les plantes qui la compo- sent ont été appelées CaucirÈrtEs par Tournefort , à raisoEi de la disposition de leurs pétales , el elles entrent toutes dans la famille à laquelle Jussieu a conservé le même nom. Elle se divise en deux sections basées sur la grandeur des siliques (c'est le îiOin de Tespèce de fruit propre à celte classe). La première, les siliculeuses , renferme les genres à fruits très- courts. La seconde , les siUqueuses , réunit les genres à fruits beaucoup plus langs que larges. Si celle classe est bien tranchée , les genres qui la compo- sent, dans l'une et l'ailre de ses divisions , présentent des caractères très-peu saillans , de sorte qu'ils se confondent conlinuellemenl les uns avec les autres , et que leur étude est fort difficile. (B.) TEl'KAGASTRE, Tetragasiris. Genre de plantes établi par Gsertner sur la seule considération du fruit. V. Trewie et Hedwigie. (b.) TÉTKAGNATHE, Tefmgnatha , Latr. , Walck. ; Aranca , Linn. , Geoff. , Fab, Genre d'arachnides , famille des aranéïdes ou des fileuses , tribu des orbilèles ou des ten- deuses , ayant pour caraclèrcs : mâchoires étroites , allon- gées , dllaiées seulement vers leur extrémité ; mandibules étroites, longues, avancées, très- dentées , terminées par un long crochet , rétrécies à leur base , s'écartant vers le bout ; les yeux disposés sur deux lignes presque parallèles et presque égales : les deux de chaque extrémité latérale aussi distans I un de l'autre que les intermédiaires le sont de leurs correspondans ; les deux supérieurs de ceux-ci un peu plus écartés entre eux que les deux inférieurs. La forme très allongée el presque cylindrique du corps de ces animaux, l'altitude singulière qu'ils ont dans le repos , et qui consiste à porter en avant , en ligne droite, les quatre pattes antérieures, à donner la même position, mais dans un TET 421 sens contraire, aux deux de derrière , à diriger enfin sur les côtés , ou perpendiculairement , la troisième paire , font ai- sénr/fcnt distinguer ces aranéïdes des autres de la même fa- mille. Elles forment sur les buissons et les planles , spéciale- ment près des ruisseaux, des mares et souvent dans les bois, un filet vertical , à réseau régulier, composé , de même que celui des autres aranéïdes tendeuses si communes ans nos jardins , de plusieurs cercles concentriques coupés par des rayons droits qui partent du centre de la toile. Elles s'y tiennent , ainsi que sur les tiges des plantes, dans la posture que nous avons décrite. La lélragnaihe étendue paroît les premiers jours du prin- temps. Lister l'a vue s'accoupler, le aS de mai, vers le coucher du soleil. Les deux sexes sont suspendus en l'air et par le moyen d'un fil sous la toile. Us appliquent mutuelle- ment leur ventre l'un contre l'autre ; le mâle est on dessous, et son abdomen s'étend en ligne droite ; celui de la femelle est courbé , et son extrémité postérieure touche la base du ventre de l'autre individu. Leurs pattes, leurs mandibules sont entrelacées. La réunion s'opère, d'ailleurs, connnc à l'or- dinaire, parle jeu alternatif des palpes. Un tubercule que l'on observe à leur dernier article , ou au bouton, est le seul organe fécondateur que Lister ait bien reconnu. Ce dernier article a, un peu au-dessus de sa base, un évasement qui emboîte un corps écailSeux, d'un brun clair et luisant, ar- rondi , lisse et semblable à un demi-tour de spire de co- quille. Une petite lame de la même consistance, un peu con- tournée , ayant une direction tant soit peu oblique, offrant sur Tun de ses bords des espèces de plis ou de cannelures , obtuse ou tronquée au sommet, s'élève du centre du corps précédent et recouvre une portion de l'extrémité du palpe. Le côté extérieur de l'évasement indi(;ué ci-dessus , se di- late en forme de pointe conique et avancée. La ponte a lieu vers la fin de juin. Le cocon est de la gran- deur d'un grain de poivre assez fort, et composé de fils assez lâches. Les plus intérieurs sont d'un bleu tirant sur le vert ; ceux de la surface sont plus foncés et présentent des inéga- lités produites par de petits globules ou de petites aspérités ; Lister dit avoir fait la même remarque sur les cocons des grandes araignées des bois. Les œufs sont d'un jaune pâle. La femelle attache souvent son cocon aux joncs ou à des feuilles. Cet observateur ayant renfermé, dans une boîte , deux individus femelles , l'un d'eux, tua l'autre sur-le-champ , se mit à le sucer , et forcé d'abandonner sa proie par une se- cousse de la boîte , revint ensuite la chercher et la ressaisit. Les œufs éclosent avant Taulomne. On voit souvent, dans- 422 T E T lesbeaux jours de cette saison , voltiger desfiis Irès-Iongs, sou- vent entortillés en masses plus ou moins e'paisses , blanches, s'altachantàdifférenscorps, suivant le mouvement qui leurest imprimé parla direction du vent , et qui sont quelquefois em- portés à une grande hauteur. Ils sont produits par de petites araignées qui s'y trouvent adhérentes et que Tair entraîne éga- lement. Elles les augmentent sans cesse, en dévidant de nou- veaux fils. Selon la remarque judicieuse deDegéer, il n'est pas nécessaire de recourir, pour expliquer ce fait, à l'hypothèse singulière de Lister , qui a cru que ces ar.anéïdes pouvoient seringuer ou éjaculer le fil qu'elles dévident. 11 suffit qu'elles tiennent leurs filières ouvertes pour donner libre sortie au fil. Le poids de l'animal , le balancement qu'il éprouve par l'impulsion de l'air, doiveilt naturellement allonger le fil •, qui, d'ailleurs, est ordinairement fixé par l'autre extrémité .^ différens corps. Cet observateur dit : qu'un grand nombre de ces fils que Fon voit voltiger dans les derniers beaux jours de septembre et en octobre, sont formés par de jeunes individus de Isi tctragnathe étendue , de tailles diverse.s et qui ont des couleurs différentes de celles qu'ils offriront dans l'état adulte. Mais il remarque aussi que d'autres espèces d'aranéïdes jettent , à la même époque , des fils semblables. On n'a encore trouvé, en Europe , qu'une espèce de ce genre. Mais les pays étrangers noirs en fournissent quelques autres. La télragnathc prolongée {pn)icnsa) de J\L Walcke- nacr, qui est propre à l'ile-de-France , et qui est voisine de Varanea rapa.v de Fabricius , a , d'après les observations de MM. Cattoire et Aubert Dupetit-Thouars , les habitudes de la nôtre ou de la suivante. La TÉTRAGNATHE ÉTENDUE, Tetrognatha exiensa^ Walck., Hisl. des Aran. , fasc. 5 , tab. 6 ; Aranea exfensa , Linn., Deg., Fab. Corps long d'environ sept millimètres, roussâTre ,avec l'abdomen d'un jaune- vert, comme doré, marqué d'une lij;ne noire et ramifiée le long du milieu de son dos, et d'une bande de celte couleur dans la partie opposée du ventre ; ses côtés ont deux lignes jaunâtres : les mandibules du mâle paroissent être proporlionneUement plus grandes que celles de Ia fe- melle , et leur première pièce offre, près de son extrémité antérieure et supérieure, une épine très-forte. Les jeunes individus de cette espèce ont' tout le long du dessus de l'abdomen une large bande d'un brun clair et un peu roussâtre, un peu découpée , avec des veines plus obs- cures ; de chaque côté est une autre bande , mais d'un blanc salé , avec un trait rougeâtre au milieu ; le ventre est brun. TET 423 avec une bande noire au milieu, bordée de jaune de chaque côté , excepté près du bout. Les araignées maxillosa et virescens de Fabricius^ sonl peut" être des léîragnathes. (l.) TÉTRAGONE, Tetragonia. Genre déplantes de Tico- sandrie pentagynie, et de Ja famille des ficoïdcs, dont les caractères consistent : en un calice à quatre ou cinq divisions colorées intérieurement et persistantes; point de corolle; un grand nombre d'étamines insérées sur le calice; un ovaire inférieur surmonté de quatre à cinq styles; un drupe coriace, quadrigone , ou muni de quatre à Iiuit loges monospermes. Ce genre renferme des plantes herbacées ou frutescentes, à racines quelquefois tubéreuses, à feuilles charnues, al- ternes, solitaires , ou plus rarement géminées , à fleurs axil- laires et solitaires, ou terminales , et disposées en grappes. On en compte dix espèces , dont les plus importantes à con- noître sont : La Tétragone frutiqueuse , qui est frutiqueuse , dont Ïqs feuilles sont linéaires et les fruits ailés. Elle croît an Cap de îîonne-Espérance , et se cultive dans les jardins de bota- nique de Paris. La Tétragone herbacée , qui est herbacée , glabre, dont les feuilles sont ovales , lancéolées, et les fruits ailés. Elle est vivace , et se trouve dans le même pays que la précédente. La TÉTRAGONE ÉTALÉE , qui est herbacée , dont les feuilles sont ovales-rhomboïdes , et les fruits à quatre cornes. Elle est annuelle , et se trouve dans les îles de la mer du Sud et au Japon. Ses feuilles et ses tiges ont été reconnues, par le capitaine Cook , pour être un des meilleurs alimecs qu'on puisse offrir aux navigateurs dont la santé est altérée par un long usage des viandes salées. Il a guéri en très-peu de temps ses équipages du scorhut , en^ leur en faisant journellement manger en potage ou de toute autre manière. Il faut lire ses Voyages pour pouvoir apprécier les grands avantages qu'il a retirés de cette découverte. On cultive actuellement cette plante dans tous les jardins botaniques de TEurope; mais il ne paroît pas qu'on en ait nulle part tiré parti selon les indir.i- tions de ce célèbre marin. M. Dourches a publié, dans les Annales d'Agriculture, un mémoire où il fait valoir tous ses avanla^^es. La Tétragone cri.stallî?je est herbacée , a les feuilles ovales, sessiles,et les fruits sans épines. Le Pérou est son pays natal. Elle est annuelle. Elle est remarquable en ccqae , dans les chaleurs , il paroît sur ses feuilles et ses tiges de pclits luberculesremplis d'eau,qui ressemblent à desgrairiS degLiçe , M TET et qui sont absolument semblables à ceux qu'on remarque sur le FicoïDE glacial. (T. ce mot.) (b.) TETRAG01NIA. Cette plante , mentionnée par Théo- plirasle , porloit un fruit tardif, comme celui du thuya et du taxas. Les auteurs pensent qu'il s'agit du fusain : effectivement le fruit de cette plante , qui est quadrangulaire , justifieroit qu'il a pu recevoir le nom de ieiragonia. Cet ancien nom est devenu, chez les botanistes, celui d'un genre dont le carac- tère principal est d'offrir un fruit à quatre angles. Les deux espèces les plus communes ( T.frutlcosa et herbacea') avoient élé désignées par telmgonocarpos , par Commelin (Hort. 2 , tom. 102 el xo3 ). Linnaeus n'a fait qu'abréger ce nom , change en ludolphia par Âdanson. Le genre demidofia de Pallas rentre dans celui-ci, étant fondé sur le tetrag. expansa ; niais le ^envc cercodea de Solander, que Linneeus fils y ra- rnenoit , doit en être distingué, (ln.) TETRAGONOLOBUS. Plante légumineuse ainsi nom- mée , par J. Camerarius , à cause de son légume quadran- gulaire el dont les quatre arêtes sont chacune bordées d'une membrane. Adanson en a fait un genre , le scandali'dciy adopté par Scopoii, d'abord sous le même nom, puis sous celui de tetragonolohus que Moench lui conserve. Les bota- nistes placent cette plante , avec Linnseus , dans le genre LoTlER ; c'est le lotus tetragonolohus , L. (ln.) TETRAGONON. L'on dit que l'antimoine sulfuré -jst ainsi désigné par Hippocrate. (i^N.) TÉTRAGONOPTÈRE, Tetnigompterus, Genre établi par Artédi, et rappelé par Cuvier , pour placer le Corégone J'Amboine. Il est peu caractérisé, (b.) TETRAGONOTHECA. Ce genre de plantes , établi par Dillen , réuni au polymnia , puis rétabli par Linnseus , el paV Lhéritier , qui avoit été conservé el nommé hlkera par Adanson. V. ci-après, (ln.) TÉTRAGONOTHÈQUE, Tetragonotheca. Genre éta- bli pour placer la Polymnie hêliaisthoYde , plante vivace de Caroline , à feuilles opposées, spathulées, et à fleurs so- litaires sur de longs pédicules axillaires. Les caractères de ce genre sont : calice monophylle , té - iragone , à quatre divisions très-larges ; réceptacle garni de paillettes ; semences sans aigrettes, (b.) Tl^TRAliONURE , Tetra gonw us. Genre de poissons, de l'ordre des abdominaux, établi par Risso, Ichlhyologie de JSice. Il offre pour caractères : mâchoires garnies de dents , l'inférieure rélraclile; deux nageoires dorsales; la queue jfjuadr angulaire. TET 425 Une seule espèce constitue ce goure ; c'est le Tétrago- KUUE CuviER, qui vit dans les profondeurs de la Médi- terranée. Sa couleur esl brune , et sa longueur de deux pieds'. Il vit de méduses, ce qui rend sa chair presque toujours dangereuse à manger, (b.) TÉTRAGULE, Telragulus. Genre de vers intestins, que j'ai décrit dans les Mémoires de l'Institut , année 1810 , et dans le Bulletin des Sciences, par la Société Philomallii- que , année 1811. Ses caractères sont: corps claviforme, un peu aplati , composé d'un grand nombre d'anneaux bor- dés inférieurement de courtes épines ; bouche située à l'ex- trémité la plus grosse, un peu en dessous, et accompagnée , de chaque côté , de deux gros crochets mobiles de haut en bas; anus terminal. La seule espèce qui compose ce genre, a deux lignes de long. Sa contexlure est molle ; sa couleur blanc de lait. On remarque un sinus à chacune de ses extrémités. Sa bouche est ronde et grande ; ses crochets sont égaux , par paire , cornés , transparens et assez gros à leur base ; leur courbure ne peut être appréciée que lorsqu'ils sont détachés , parce qu'en place ils se présentent par le dos. J'ai compté quatre- vingts anneaux et vingt épines sur un anneau du milieu. Ces épines sont plus longues du côté du petit bout. C'est dans le poumon du cochon-d'Inde {cai>ia porrellus) que vit le tétragule ; il doit beaucoup nuire à la respiration de cet animal. Quelques naturalistes pensent que ce genre doit être réuni aux Prionodermes de Rudolphi , ou aux Linguatules de Frœlich. (b.) TETRAHIT. Lobel donne ce nom au sideriù's scordioides ; qu'il prend pour le vrai ietrahit àes herboristes de son temps. Cette plante est le type du genre tetrahii d'Adanson , carac- térisé : par ses verlicilles composés de une à trois fleurs scssiles , accompagnées de deux à quatre soies ; par le tube du calice, court, à cinq dents, égales, épineuses: par la lèvre supérieure de la corolle entière ; et par ses quatre graines longues et anguleuses. Ce genre n'a pas été adopté. Lobel rapproche de ce ietrahit^ et comme variétés, deux autres plantes : l'une à fleurs jauiie - rougeâtres , la se- conde à fleurs blanc-rougeâtres , qui sont des espèces de g.nleopsis {gai. versîcolor t\. ladamim'). Ces plantes servent de type au genre tetrahii de Dillf n , adopté par Moench ; c'est le genre galeopsis L. , le galeupsîs galeoùdoion , qui est le genre guleobdolon de Dillen et de Moench. 4?.6 T E T Dalcfliaraps considère ic slachys ruta comme le vrai ictra- hit ^ et il dit que le galcopsi'j ladanum est le ietrnliit nngustifolia de quelques auteurs. On doit remarquer que le ga/ropsis teiralilt^ L. , n'est aucun des ieimhîiàes premiers botanistes. (LN.) TETRALIX. Théophraste donne ce nom h une plante qu il place avec les plantes épineuses , et qui lleurissoit en été. Pline ne fait que cilcrle ief.ra./îx , et se contente de dire qil'il fleurit au commencement de Télé, comme Thelxine. Il nous apprend cependant qiic les Atîicniens nommoient erix cette plante; mais il paroît que c'est par erreur, car ïerix n'avoit point d'épines , et ne fleurissoi! qu'aux premières pluies d'antnmne. Quelques auteurs pensent que cet erix étoit bien îc tclralix, mais que"lc premier tetraiix s'appeloit letradlx. Théophraste et Piine mciient leur plante près de l'artichaut, ce qui s»:;fGt pour démontrer qu'ils n'ont pas eu éii vue Verica ietrulix, plante que quelques botanistes] ont crû être l'ancien tdwHx. (i-N.) TÉTRAMÈRES. , .Tf/7Yzmem. Nom donné , par M. Du- méril , à la section de coléoptères dont tous les tarses ont quatre articles, (l.) TETRAMNE , Teframnus. Genre de plantes de la dia- delphie décandrie^cpii offre pour caractères : un calice mono- phylle à cinq dents ; une corolle papilionacée dont la carène est très-petite et contournée dans le calice; dix étamines, dont neuf réunies par leur base et cinq alternes stériles; un ovaire supérieur; un stigmate sessile et entête ; un légume. Ce genre contient deux espèces , qui sont vivaces : Le Tétramne voluble , dont les feuilles sont ovales^ lan- céolées et pubescentes, 11 se trouve dans les îles de l'Amé- rique , et est figuré pi. 221 des Icônes de Plumier. G'étoit le dolîc à hameçon des premières éditions de Linn?eus. 'Le TÉTRAMNii A HAMEÇOTM a les feuiilcs oblongues , ob- tuses et soyeuses en dessous. lise trouve à la Jamaïque. (b.) TETRAMNION, Tetrnmnhim. Genre établi par Gsertner fils , pour placer un arbuste décrit par Linnseus en même temps sous les noms de Gafé d'Occident et d'IxoRE d'A- TiiÉRjQUE. Ge genre paroît , en effet , intermédiaire entre ces deux-ci; mais il a besoin d'être plus complètement observé. TETRANDRIE. Nom donné par Linnseus h la troisième classe de son système de botanique , c'est-à-dire à celle qui renferme les plantes à quatre étamines. On remarque de ces plantes qui ont un , deux, trois et quatre pistils. V. les mots liOTAKiQUE et Tétradynamie. (b.) T E T -^27 TÉTRANTHÉRE, Tetranthera. Nom donné par Jacquin à uo genre de planlcs qui a été réuni par Willdenovv avec les 'l'oMKX, cl par Jiissieu avec les LirsÉs. (b.) TÉ riiANTHE, Tehanthus. Genre do plantes établi par Swarlz dans la syngéncsie séparée. Il a pour caractères : un calice conunan quadriflore ; un calice propre monophylle ; une corolle tubuleuse , hermaphrodite ; des semences cou- ronnées. Ce genre ne contient qu'une espèce , qui cioît à la Ja- maïque, sur le bord de la mer. (b.) TETi\AO. C'est, dans Linn:eus, le nom générique des TÉTPiAS , idon\ àjniise^ tachetée et à longue queue ; mais on peut conjecturer qu'il y en a d'autres qui ne sont pas connues. En effet, nous voyons, dans îe voyage fait en i§x4-» pat' Brackenredge , sur la rivière dut Missouri , qu'un bel oiseau, appelé vieadows hen ( poule «îe prairie ) , se trouve , pendant l hiver , en grandes troupes , vient devant les granges et se tient souvent sur le toit des maisons : il est un peu plus grand que le faisan des Etats- Unis ( /e/A-co umhUlus) , auquel il ressemble en quelque chose par les couleurs ; mais , dans ses formes , il se rapproche beaucoup de la peinlade : il diffère de ce faisan en ce qu'il s'accoutume facilement à la domesticité : sa chair est sèche , noire , et passe pour ne pas être d'un goût agréable. Il y a encore , sur les bords du Missouri , un autre galli- nacé qui a de très-grands rapports avec le tetrau nmliellus ; mais il est presque aussi grand que le dindon. Le tétras rackelliane ne se trouve que dans les contrées boréales de T E T 431 l'Europe : quanta \3l gelinotte rehusack, c'est un oiseau peu connu , auquel on donne le genre de vie des lagopèdes ; mais il en diffère , dit-on , en ce que ses doigis sont couverts de grandes écailles , caractère qui , dans noire méthode , le classe avec les tétras ou gelinottes, et l'éloigné de nos lago- pèdes , dont les doigls sont totalement couverts de plumes duveteuses. Toutes les espèces de ce genre sont polygames : les femel- le» seules sont chargées de l'incubation : elles niclienl à terre : leur ponte est nombreuse , et elles n'en font ordinairement qu'une par an : les petits quittent le nid, courent, et prennent eux-mêmes la nourriture que la mère leur in- dique. A. Queue fourchue. Le Tétras, proprement dit, ou le Grand coq de BRUYÈRE, Teirao urugnllus ., Lalh, ; pi. ci\\nm. àeiVIlist. nat. de Buff.^ n." 73. Quoique dans plusieurs pays l'on connoisse cette espèce sous le nom de co(j_ et de poule sauvage , il ne faut pas en inférer que ce soit la souche , l'origine de l'es- pèce de nos poules domestiques. La race primitive des poules se trouve encore en Asie aussi bien qu'eu Amérique , et dif- fère totalement des tétras ( Voy. l'article Coq). Le nom de faisan (^faisan bruyant ou bruant , faisan sauvage) est égale- ment mal appliqué à cet oiseau qui , bien qu'au nombre des gallinacés comme la poule et le faisan, a des caractères qui luî sont propres , et le séparent très-distinctement de tout autre genre. Ses autres dénominations vulgaires sont celles de coq de bois , de coq de Limoges , de coq de montagnes , de coq de marais^ etc. Mais le nom sous lequel il est connu plus gé- néralement , est celui de grand coq de bruyère , ou simpiement • de coq de bruyère. 11 a la taille du paon , mais il est plus gros dans toutes ses parties ; sa longueur totale est de près de trois pieds, et son vol d'environ quatre pieds. H pèse , pour l'ordinaire , A\x ou douze livres. Albin fait mention d'un de ces oiseaux qui pesoit dix livres sans plumes et tout vidé. Aldrovande parle d'un autre tétras dont le poids montoit à quinze livres. Le plus gros que Sonnini ait vu, en Lorraine , pesoit quatorze livres, et les plus forts ne vont pas communément au-delà de douze livres. Une plaque nue et parsemée de papilles charnues et d'un rouge vif surmonte les yeux ; les pieds son! garnis en devant de plumes brunes jusqu'à l'origine des doigts ; leur face pos- térieure est nue et sans ergot ; la queue est arrondie. Vu de 43a TET quelque distance , le plumage du grand coq de bruyère pa^ roît tout noir ; mais en le regardant de près , on y distingue plusieurs couleurs. De petites raies transversales noirâtres paroissent sur le fond cendré de la tête et du cou; le dos et le croupion sont rayés de cendré et de noirâtre; la gorge est noire ; le bas du cou , en devant , d'un vert luslrc ; et tout le dessus du corps, d'un brun noirâtre, plus foncé sur le ventre, et varié de quelques taches blanches ; il y a une tache blanche vers l'épaule et une bande de la même couleur traverse les ailes et la queue ; l'iris est couleur noisette ; le bec , gri- sâtre ; les doigis sont écailleux et bruns , et les ongles noirs. La femelle est moins grande et moins grosse que le mâle ; son plumage approche, en quelque sorte , de celui de la per- drix ; il est varié de roux, de noir et de cendré sur la tête , le dos et le croupion ; roux sur la gorge ; d'une nuance plus pâle à la poitrine , avec des raies noires et une ligne blanche à l'extrémité de chaque plume; gris cendré sur le ventre; enfin , roux et rayé transversalement de noir sur la queue. Le mâle seul a la faculté de relever en aigrette les plumes de sa tête , et de faire la roue avec sa queue , comme le paon et le dindon : la bande blanche qui la traverse se dessine alors en arc de cercle. La trachée-artère de ce mâle est plus longue que celle de la femelle. Tous deux ont la langue pointue et le gésier extrêmement grand. Ces oiseaux établissent leur domicile dans les noires forêts de pins et de sapins. Dans nos climats, ils choisissent celles qui couronnent les hautes montagnes ; dans des pays plus froids , au contraire , ils se tiennent dans la plaine et les lieux bas, où ils trouvent apparemment la même température que sur nos monts les plus élevés. Il y a de grands coqs de bruyère en France, dans les Pyrénées, principalement dans le pays de Folx, le Couserans et le Comminge : en Auvergne , aux cantons appelés la iVo/v'^^^, VHcrmitage ei \a Catelade , près d'Oliergues , dans les bois de Menel , du Mont-d Or et de la Magdelaine près de Thlers ; en Dauphiné, surtout au Ver- cors,aux environs de Die ; dans les forêts montagneuses des Ardennes, de la Haute -Alsace et des Vosges lorraines, depuis Epinal jusqu'à Geradmer. Dans celte dernière con- trée on donne le nom de grianols aux jeunes coqs de bruyère , et celui de rousse à la femelle. Les autres pays de l'Europe nourrissent aussi de ces oiseaux. On les l'-etrouve encore en Tartarie , en Sibérie et dans d'autres contrées boréales. M. Lathamremarque qu'ils étoient autrefois communs enEcosse, etqu'lls y sont assez rares de nos jours , tandis que , suivant Itivoyageurs , ils sont encore fort abondans en Moscovie, TET 433 Les haulds moniagnes de ritalie et cIq la Grèce, sur lesquel- les il règne un froid éternel, au-dessus de la douce tempéra- ture qui échauffe les plaines de ces beaux pays , servent aussi d'asile aux coqs de bruyère. Ils ne se montrent même que pendant Thiver dans quelques parties de la Grèce , telles que l'île de Mile, dont les montagnes sont exposées à un froid vif, surtout lorsque le vent du nord y souflle avec vio- lence. Hors la saison des amours, ils sont presque toujours à terre , comme les faisans , et ne se perchent guère que pour passer la nuit , ou lorsque quelque bruit les fait lever. Ils se posent sur les pins et les sapins , et se nourrissent des fruits et des sommités >'c ces arbres , ainsi que de ceux de plusieurs autres arbres et arbustes , et de baies de plusieurs plantes ; ils mangent aussi des graines , des vers , des insectes ; ils ava- lent de petites pierres , de même que les poules , et ils grat- tent, conune elles, la terre avec leurs pieds. C'est le malin et le soir qu'ils vont dans les taillis pour cherchei leur pâture ; ils se retirent , pendant la journée , dans les endroits les plus fourrés de la forêt. Les grands coqs de bruyère enlrcnl en amour vers la mi-avril, c'est-à-dire, dans le temps où les feuilles des arbres comuien- cent à pousser ; lisse tiennent alors presque toujours perchés. Le mâle devient, dans toute 1 étendue du ler-.ne, ivre d'auiour. On le voit sur le tronc d'un arbre, les plumes de la tête rele- vées, les ailes traînantes , la queue étalée, se promener en prenant toutes sortes de postures extraordinaires, en des- cendre pour cocher ses femelles , remonter peu de temps après sur la souche qu'il a choisie pour le théâtre de ses folles amoureuses ; mais il ne se borne pas à celle singulière paa- lomime, et il exprime le besoin qui le tourmente par un cri très fort et qui se fait entendre de loin. Ce cri , dit un obser- vateur, commence par une espèce d'explosion suivie d'une voix aiguë et perçante , semblable au bruit d'une faux qu'on aiguise ; cette voix cesse et recommence allernalivement , et après avoir ainsi continué à plusieurs reprises pendant une heure environ , elle finit par une explosion semblable à la première {Journal érorjomùjue c\{é par (iuenau-de-Monlbeil- lard). Ce télras qui , dans tout autre temps, est très-défiant et se laisse difficilement approcher, peut être surpris très- aisément lorsqu'il est agllé par de violens désirs, et surtout tandis qu'il fait entendre son rri de rappel; la vue de rhomnie, le bruit , et même les coups de fusil , rien ne peut le distraire de son espèce d extase ; l'exercice de toutes ses. facultés, hors celle qui le porte si vivement à la propagation dè~son espèce, 43; T E T est suspendu -, on le croît sourd et aveugle , il n'est qu'amou- reux. Ce temps d'ardeur et d'abandon dure jusqu au commen- cement de juin. Chaque femelle fécondée va déposer à Técart et à terre, sur la mousse , de huit jusqu'à seize œufs blancs et tachetés de jaune. Elle les couve comme la poule , et elle élève ses pelils de la même manière. Ceux-ci ne quittent pas leur mère pendant la première année , après laquelle ils se séparent ; les nulles surtout ont le naturel farouche et le goût de la solitude. Chacun affecte un petit canton , où il ne souffre pas d'autre mâle, et il ne recherche la compagnie des femelles que lorsque le printemps rallume les feux d'amour avec une nouvelle vivacité. Le grand tétras est un gibier rare et excellent, surtout lorsqu'il est jeune ; sa chair est noire et elle a presque tou- jours un petit goût de sapin , mais elle contracte une saveur désagréable quand l'oiseau a mangé beaucoup de baies de genévrier. Plusleurstenlatlvesont été faites, àlaconnoissance de Son- nini,et toujours sans succès, pour élever de très-jeunes tétras , même tout nouvellement éclos , quoique des poules qui cou- doient en eussent pris autant desoin que de leurs propres pous- sins; ils périrent tous au bout de quelques jours. Le naturel de ces oiseaux est sauvage et ne s'adoucit point par les soins que l'on prend pour les apprivoiser; ils refusent même de prendre de la nourriture , et on dit qu'ils s'étouffent quelquefois en avalant leur langue. L'on prétend que dans la Smolande et dans la Gothie oc- cidentale , il s'est formé une race de tétras métis , issue du grand coq de bruyère mâle et du coq de bruyère à queue fourchue femelle ; mais ces métis sont stériles , et ils habitent indiffé- remment avec l'une ou l'autre des espèces qui Tont produite. On les appelle coqs rdle.urs, parce que leur cri est une espèce de râlemcnt qu'ils poussent à plusieurs reprises et en s'agitant de môme que le grand coq de bruyère. Les Mémoires de l'Académie de Stockholm donnent la description de cette race hybride. Cet oiseau est plus gros et plus long que la femelle du grand coq de bruyère. Il a le bec droit et noir, les plaques nues et rouges sur les côtés de la tête ; la tête , les pattes et les couleurs du cou semblables à celles du coq de bruyère à queue fourchue ; la couleur du corps comme dans ic coq de bruyère , à l'exception des pennes de la queue, sur lesquelles on ne voit que quelques taches. Chasse. — L'on prend cet oiseau vivant, lorsque la terre est T E T r>:; couverte de neige , avec des quatre-de-diiffres chargés d'une pierre plate et creusée en gouttière. Pendant les mois de septembre et d'octobre , on chasse quelquefois avec un chien de plaine les jeunes ca^s de hmyiire qui se tiennent alors dans les taillis des revers des montagnes pour y chercher des fruits sauvages. Mais c'est la saison où le tétras est en amour que l'on choisit pour lui faire la chasse avec plus de succès. On va ordinaire- ment coucher sur le lieu même , dans une hutte construite avec des branches de sapin. Environ deux heures avant la nuit, oa choisit un poste pour se mettre aux aguets , et lorsqu'on en- tend un coq tétras chanter sur un arbre , on cherche à l'appro- cher; mais, pour y réussir, il faut avoir l'attention de n'avancer vers lui qu'auraoment où il chante, et de s'arrêter à l'instant, eût-on un pied en l'air , dès que son cri cesse. Cette chasse se fait encore le matin , depuis l'aurore jusqu'au lever du soleil. Plusieurs chasseurs se réunissent pendant l'automne, et même en hiver, quand il n'y a pas trop de neige, et se ren- dent vers le soir au milieu de la forêt ou dans la partie que fré- quentent les tétras. Une heure avant la nuit, l'un d'eux monte sur l'un des plus grands arbres , d'où il observe ceux où les tétras se posent à la chute du jour, et après s'en être assuré il vient rejoindre ses compagnons. Quelques heures après , tous s'acheminent vers les arbres désignés. Un des chasseurs marche en avant , portant sur sa têle un bassin pl.it ou brû- lent des branches de pin ; un autre le suit , et , à la clarié du feu, tire sur les tétras. Du reste , ajoute l'auteur du Traite de la Chasse au fusil {supplément) ^ le succès de cette chasse noc- turne dépend beaucoup de l'adresse des chasseurs , ainsi qnc de la connoissance des lieux. Elle ne se fait point au clair de la lune , et lorsqu'on l'a pratiquée en un endreit , il faut attendre quinze à vingt jours avant d'y retourner. Le Tétkas alchata. Dénomination spécifique du ganga dans Linnœus et Latham. V. Ganga cata. Le Tétras hybride, Tetrao hybridus. V. Tétras rackel- HAME. Le TÉTRAS DE Laponie. V. Tétras réiiusak. Le Tétras a longue queue. V. Gelinotte a longue QUEUE DE LA BAIE d'HuDSON. * Le Tétras de NéMÉSIANUS , Tetrao nemesiamis , Lath. Le poêle Némésianus, qui vivoit dans le troisième siècle, a parlé d'un oiseau très stupide auquel il donne le nom de tetrn.v (^de aucupio). Quelques naturalistes ont cru voir une outarde dans cet oiseau ; d'autres, \a pcintade.^ et quelques-uns des plus modernes , une espèce de tétras. Scopoli en a fait Une des- 436 TET criplion particulière {Ann. ^fasc. i ). Il lui donne la taille approchante de celle du pelil tétras ; le corps varié de noir et de roux; les premières pennes des ailes brunes , avec des taches rousses sur leur côté interne ; les pennes moyennes blanches à leur extrémité ; la queue rousse , tachetée et ter- minée de noir. L'un des sexes ( Scopoli ne dit pas lequel ) a des taches noires transversales au bas du cou et sur le fond roux du ventre ; le cou, les joues et la poitrine de l'autre sexe sont roux et sans aucune tache. L'on doit regarder cet oiseau comme une espèce fort dou- teuse. * Le TÉTRAS (petit) a plumage variable. Telle est la dénomination donnée par Guenau de-Monlbeillard à un té- tras indiqué par Rzaczynski, Klein et Weigandt. Il vit, disent ces auteurs , en Gourlande , dans les taillis épais et les bruyè- res , ne se perche point et change de plumage en différentes saisons : l'été , il est d'un brun rougeâtre ou gris bleuâtre, et il devient blanc en hiver. C'est probablement un lagopède. Le TÉTRAS ( PETIT ) A QUEUE FOURCHUE , Tctrao tetrix , Lalh., pi. enlum.de V Histoire naturelle de Buff on , n.» 172. De même que le tétras proprement dit ou le grand coq de bruyère, cette espèce a reçu plusieurs dénominations qui sont aussi mal appliquées. On l'appelle coq sai/:'age , coq de bou- leau, faisan noir ^ faisan de montagne, perdrix, gelinotte. De tous ces noms si prodigués , le plus généralement adopté est celui de petit coq de bruyère. Cet oiseau est, en effet, plus petit que le tétras proprement dit , et il ne surpasse guère le faisan en grosseur ; il a le devant àes pieds garni de plumes décomposées et semblables à du duvet jusqu'à l'origine des doigts, qui ont, de chaque côté, des appendices membraneux ; ses yeux sont surmontés d'une membrane papillaire en forme de croissant et d'un rouge vif; de petites plumes couvrent l'ouverture des narines. Mais ce qui le dislingue plus particulièrement est la forme de sa queue, composée de seize pennes , dont les quatre extérieures de chaque côté , plus longues que les huit intermédiaires , se fléchissent et se contournent en-dehors par le bout, ce qui rend la queue très fourchue. Le plumage est généralement noir; des reflets violets brillent sur cette couleur Irès-sombre du dos et du cou ; il y a une tache blanche aux épaules , et du blanc vers la naissance des couvertures et des moyennes pennes des ailes; les plumes des jambes et des pieds sont variées de brun et de blanc ; le bec est noir ; les doigts sont l»runs et les ongles noirâtres : tel est le mâle. La femelle offre des dissemblances remarquables : elle est TET /t37 pluspetite;le rouge de la peau nue qui est au-dessus de ses yeux, a moins de vivacité , cl sa. queue plus courle est par la même raison moins fourchue. Relzius ( Linn. , Faiin. Suec. ) prétend que cette femelle a dix-huit pennes à la queue , au lieu que le mâle n'en a que seize. Celte observation nous paroît de na- ture à être confirmée. Du reste , le plumage de cette même femelle est finement et transversalement rayé de noir sur un fond roussâtre ; la gorge est d'un gris blanc , et une teinte grise s'étend sur la poitrine et le ventre ; les grandes pennes des ailes sont brunes ; les moyennes sont blanches et termi- nées par du brun rayé de noir , avec un liseré blanc à l'extré- mité ; les pennes de la queue ont des raies transversales noires sur un fond roux. Le jeune mâle a d'abord le plumage comme la femelle ; ce n'est qu'à la première mue qu'il prend les cou- leurs qui lui sont propres : à trois ans, sa gorge est blanche , et une tache noirâtre se montre sous sa queue lorsqu'il de- vient très-vieux. Les auteurs d'ornithologie font mention de quelques varié- lés dans cette espèce de tétras : i.o Un oiseau mâle , dont le corps c:t varié de blanc et de noir, et qui porte sur la poitrine une lar^e tache de noir luisant. Cet oiseau a été trouvé en Nortlande , au milieu d'une bande de petits tétras communs. ( Mas. Caris, fasc. 3 , tab. 65.) 2." Uns femelle, tuée également parmi d'autres oiseaux de son espèce, à bec noir, aux pieds couleur de rouille , et à plumage blanc-saie , varié de traits en ondes peu marquées de couleur de rouille. (/i/V/.m, tab. 66. ) Cette espèce habite, comme \e. grand lèiras , les forêts mon- tueuses et froides ; elle est plus rare dans les Pyrénées ; elle est au conir;»ire plus commune dans les montagnes du Dau- phiné : on la trouve sur presque toute la chaîne des Alpes; en Bugey , où, selon M.Hébert, cité par Guenau-de-Mont- beillard, on Tappelle ^rm/20/s ( dans les Vosges-Lorraines , c'est aux jeunes de la grande espèce que l'on donne ce nom) , etc. Mais les petits tel ras à queue fourchue ^aroissent st» plaire plus que les autres dans les climats froids. Ils ne sont point rares au nord de l'Angleterre, ni dans les montagnes d Kcosse. On les trouve en grand nombre en Pologne , dans l'Ukraine , où un noble polonais en prit un jour cent trente paires d'un seul coup de filet, dit Rzaczynski ( Auctuar. Po- lon. ). S'il faut en croire l'évêque Ponloppidan , ces oiseaux, fort abondanssur ies montagnes boisées de la froide Norwége, remplissent leur jabot , aux approches de l'hiver , de boutons à^aune cl de houleau ^ pour s'en nourrir pendant la rude saison ; ensuite ils se réunissent par compagnie , et font des ii38 TET trous dans la neige pour se cacher. Mais comme ils sont diffi- ciles sur le choix de leurs retraites , ils creusent à une telle profondeur , que la neige s'éboule partout où ils ont passé ; ce qui sert d'indice aux chasseurs fort avides de ce gibier ( Histoiie naturelle de la Norwége. ) Pallas a vu ces oiseaux ' très-abondans aux environs de Sirnbirsk , et chez les Mets- cheraiks , nation qui habite au nord de la Russie. Les rocs de bruyère à queue fourchue se nourrissent prin- cipalement de feuilles et de boutons de bouleau, de chatons de coud lie rs , et glands , de faînes, de baies Ae bruyère , de grains de blé, àc sarrasin , etc. Ils volent en troupes; ils entrent en amour à la fin de l'hiver ; les mâles se battent alors avec acharnement, et chacun des plus forts , demeuré maître du champ de bataille et d'amour, se choisit trois ou quatre femelles. Ces mâles , dispersés sur les grosses branches des arbres, s'agitent presque avec autant de violence que les grands iclras , et rappellent aussi leurs femelles par un cri qui s'en- tend de fort loin. La voix des jeunes est plus grêle , plus en- rouée,et le son en est plus coupé. Ils se rassemblent entre eux par troupes de quarante ou cinquante , mais au bout de quelque temps ils vont rejoindre les vieux. Le tétras amou- roux ne voit ni n'entend rien ; on assure que le coup de fusil ne peut le déterminer à fuir. Il lui sort du bec , selon Pontop- pidan , une espèce décume que les femelles avalent" avide- ment , ce qui a donné lieu de croire que celte écume suffisoil pour les féconder ; mais , ajoute l'évêque de Berghen , il n'est pas probable que les femelles s'en contentent. Si ce fait est vrai , il aura donné lieu à la fable de quelques auteurs anciens , au sujet de la prétendue fécondation des femelles tétras par le bec. Chaque femelle va faire sa ponte à l'écart dans des taillis épais et peu élevés , et sur la terre même ; les œufs , au nombre de six à huit, ont des mouchetures de couleur de rouille sur un fond blanc jaunâtre. Les petits prennent un accroissement assez rapide ; dès l'âge de cinq à six semaines , ils sont en état de voler et de se percher sur les arbres avec leur mère , qu'ils ne (juittent pas pendant un an. En hiver , les vieux mâles rassemblent tous les oiseaux de leur espèce, et tous vont chercher leur nourriture dans les lieux où il n'y a pas de neige ou dans les champs ensemencés. On prétend avoir remarqué que lorsque ces tétras se posent sur la cime des arbres et sur leurs nouvelles pousses , c'est signe de beau temps ; mais que, quand ils se rabattent sur les branches inférieures , c'est un signe de mauvais temps. Ce qui est plus certain , c'est que , dans les grandes pluies , ces TET 439 oiseaux se retirent dans les forêts les plus touffues pour y chercher un abri. Us sont, au reste, beaucoup moins farouches que les graiuls tétras, et ils ont plus de dispositions à s'ap- privoiser. Chasse du petit Tétras ou Coq de bruyère à queue fourchue. Le petit tétras offre plus de ressources , par son plus grand nombre , aux habilans des montagnes , que la grande espèce. C'est un gibier moins rare , mais aussi moins exquis , et par conséquent moins recherché par le luxe. La chair du milieu de la poitrine est blanche , et passe pour un morceau très- délicat. On a inventé plusieurs manières de s'emparer de ces oiseaux. Dans les plaines du Nord , on fait celte chasse avec les oiseaux de vol , à l'arrière-saison , lorsque les arbres sont dépouillés de leurs feuilles , ou on les prend aux filets é"t aux lacets. On attire les jeunes tétras, conduits encore par leur mère, avec un appeau , qui n'est autre chose qu'un os d'aile à autour rempli de cire , et dans lequel on ménage des ouvertures propres à rendre le son demandé. La mère prenant le son contrefait de cet appeau pour le piaulement de quelqu'un de ses petits , accourt, le rappelle par un cri souvent répéié , et amène à sa suite le reste de la couvée , qu'elle livre ainsi au fusil ou au filet du chasseur. En Courlande , en Livonie et en Lithuanie , l'on a une autre manière défaire cette chasse, décrite dans les Jclesù.?. Breslaw. Nous nous servirons de la traduction que (ïucnau- de-Monlbeillard en a faite dans V Histoire des Tétras.{îlist. nat. des Oiseaux de Ruffon. ) « On se sert d'un tétras empaillé . « ou bien on fait un tétras artificiel avec de l'étoffe de couleur a convenable, bourrée de foin ou d'étoupe, ce qui s'appelle « dans le pays une hahane ; on attache celte balvane au bout « d'un bâton , et l'on fixe ce bâion sur un bouleau , à portée « du lieu que ces oiseaux ont choisi pour leur rendez-vous « d'amour; car c'est le mois d'avril, c'est-à-dire le temps où « ils sont en amour, que l'on prend pour faire cette chasse. (f Dès qu'ils aperçoivent la balvane , ils se rassemblent autour « d'elle , s'allaqueni et se défendent d'abord comaie par jeu ; « mais bientôt ils s'animent et s'enlre-ballenl réellement , et donné , parles botanistes allemands, au genre de champignons , appelé Au- riculaire par Bulliard. Voyez ce mot. (b.) THAGE. Nom que porte, au Chili , le Pélican a bec dentelé, (s.) THAÏS , Thaïs , Fab. Genre d'insectes , de l'ordre des lépidoptères , famille des diurnes , tribu des papillonides , ayant pour caractères:six pattes ambulatoires, terminées pai deux crochets simples ; bord interne des ailes inférieures 472 T n A concave ; palpes înférienrs s'élevant sensiblement au-delà àa chaperon, cylindrico-coniques , à trois arlicles très-distincts; onteniies terminées en un bouton allongé, obconico-ovale , courbe. Fabricius plaça d'abord ces insectes , qui forment aujour- d'hui son genre thaïs, dans la division des papillons satyres. Les auteurs du Catalogue systématique des lépidoptères de Vienne en Autriche, comprirent les thaïs avec les papillons chevaliers , équités , mais dans une subdivision parliculière qui unissoil des papillons considérés comme des héliconiens , tels que Vapollon et le mnémosyne , avec les papillons cheoa- //ew proprement diis. A ces derniers ils firent succéder ceux que Linnœus désigna sous le nom de danai candldi. Cette série eût été plus naturelle , si on avoit commencé par les papillo/is thexmliers , pour passer delà à ces héliconiens, en- suite aux thaïs , parce que ceux-ci sont vraiment le passage des précédens aux danaîdes. Tels sont les rapporis qui m'ont guidé dans cette partie de ma distribution méthodique des lépidoptères diurnes. Les thaïs, par leurs métamorphoses , ressemblent slux pié- rides et aux coliades , ou les papillons Jano/ de Linnaeus. Elles sont propres aux contrées méridionales de l'Europe , et pa- roissent dès les premiers jours du printemps. TuAÏS APOLLINE , Thais upoUina , God. , Encycl. mélhod, liist. nai. , tome 9 , page 82 ; Papillon petit apollon , Engram. , pap. d'Eur. , pi. Lxxvi , n." 99, quarto. Elle se trouve dans les montagnes du Liban , en Sicile , dans la Morée , etc. Ses ailes sont un peu oblongues , presque transparentes ; les su- périeures sont blanches, avec des points et des taches noires, dont deux plus remarquables , situées à la côte ; elles offrent aussi du rouge en quelques endroits. Les inférieures sont jaunâtres, avec une rangée de taches marginales presque ocu- laires, dont le fond est noir, avec du bleu en dessus et du rouge en dessous. Le dessous des quatre ailes est presque semblable. Thaïs HYPSIPYLE, Thais hypsipile, God. , ihid. ; la Diane, Engram. , Pop. d'Eur. ., pi. lu , n.° 109. Ses ailes sont d'un jaune foncé en dessus , avec des taches noifes. Les supérieures en ont plusieurs d'allongées et parallèles à la côte ; près du bord postérieur , dans les quatre , le noir forme une ligne serpentante , à dents de scie ; les postérieures ont sept points rouges , accompagnés de bleu. Le dessous des ailes supé- rieures est d'un jaunâlre pale ; la côte offre des taches noires, dont quelques-unes sont rouges dans leur milieu; le dessous des ailes inférieures est blanc , avec des points noirs , des T H A /Î73 points rouges , et une ligne serpentante jaunâtre, bordée de noir, près du bord postérieur, Scopoli nomme ce lépidoptère , qui se trouve en Pié- mont et en Autriche , Hypermeneslra. Sa chenille se nourrit des feuilles de l'aristoloche clématite. Elle est jaune , avec deux traits rouges terminés par un point noir de chaque côté , sur chaque anneau, et des épines char- nues, rouges, à extrémité noire, sur le dos. Elle se métamor- phose à la manière des chenilles brassicaires. La chrysalide est d'un blanc jaunâtre , avec plusieurs raies noirâtres. Thaïs MÉdisicaste , Thaïs medisicaste , God. , ibid; la Proser- pine, Engram. , ibid., pi. Lxxviii , n.° 109, bis. Elle ressem- ble à la précédente ; mais les taches du disque des ailes infé- rieures ne forment point de rayons. Les ailes sont jaunes , tachetées de noir , et ponctuées de rouge sanguin. Les infé- rieures ont près du bord deux lignes noires et ondulées ; les points rouges de ces ailes sont bordés intérieurement de noir. Cette espèce se trouve dans lesdéparlemensde la France situés sur la Méditerranée. Thaïs rumina, Thaïs rumina, God. , ïbid. ; le Papilïo ru- mina, Linn. Les différences qui séparent celte espèce de la précédente , sont peu importantes , et je pense , contre l'opinion d'Illiger , qu'on devroit les réunir, ainsi qu'on l'avoit fait antérieurement. La ligne jaune qui divise la bordure noire et postérieure des quatre ailes est moins angu- leuse , et précédée , en face du sommet des sépérieures , de deux taches blanchâtres, un peu transparentes, séparées par une simple nervure ; les points rouges de la côte de ces ailes supérieures sont plus gros et communs aux deux surfaces ; la bande marginale des secondes ailes est simplement si- nuée , du côté de la base , et non dentée ; les atomes bleuâ- tres de cette bande sont épars et non groupés ; enfin , la cellule ovale du disque des mêmes ailes n'est point divisée par des traits noirs longitudinaux , et ne présente qu'une tache noire , presque en forme de cœur. V. , pour les autres différences , rarlicle Papillon de V Encyclopédie méihudigue , genre thaïs, (l.) TiîALAMULE , Thalamus. Genre de coquilles établi par Denys-de-Montfort. Ses caractères sont: coqaille libre, univalre , cloisonnée, droite et arquée; ouverture arrondie , horizontale , ouverte; siphon central; cloisons unies ; test cribié à l'extérieur, par des pores rangés en cer- cles autour d'un porc central. <74 T H A L'espèce qui sert de type à ce genre, n'a encore été trouvée que fossile , et dans le canton de Baie ; sa longueur est de trois pouces. Knorr l'a figurée sous le nom de belem- nlle polimite , quoiqu'elle s'éloigne beaucoup des véritables Bélf.mnites. (b.) THALAMUS. Nom latin du genre Thalamule , de Denys-dc-x\Iontfort. (desm.) THALASAPHRUM , c'est-à-dire, écume de mer ^ en grec. 1\. Forsier donne ce nom à la Magnésie carbonatée SPONGIEUSE, (ln.) THALASSEGLEet POTAMANTIS. Herbe citée par Pline, d'après Démocrite, et dont la décoction transportoit les sens, et donnoit des visions étranges aux personnes qui en avoicnt bu. (ln.) THALASSEME, Thalassema. Genre de vers marins, qui présente pour caractères : un corps allongé , subcylindrique , plus gros et obtus postérieurement , avec quelques rangées annulaires de spinules , atténué antérieurement, et ayant, près du col, deux petits crocbets piquans ; une boucbe terminale , conformée en oreille ou en capuchon infundibuliforme. Ce genre avoit été indiqué par les anciens naturalistes , niaisLinnœusl'avoitconfondu avec celui des Lombrics. C'est à Guvier qu'on doit d'avoir redressé cette erreur. Le corps des thalassèmes est mou , cylindrique , annulai- rement strié , avec des glandes saillantes qui fournissent une liqueur gluante. Il est susceptible de contraction et de dila- tation. Sa bouche est entourée d'une membrane qui se pro- longe en forme de langue , qui est striée en long, et qui se contracte comme le reste du corps. Derrière , et plus bas que la bouche , se voient deux petits crochets dorés, rapprochés, convergens , que Pallas croit devoir servir à la génération. A l'autre extrémité du corps, il y a deux couronnes d'épines droites, dont la dernière entoure l'anus, qui est terminal. Pallas a donné une anatomie de la Ihalassème , de laquelle il résulte que l'œsophage est dilaté en forme de sac , ordinai- rement rempli de sable ; qu'il y a deux ventricules et lin in- testin toujours rempli de sable ; qu'à l'anus aboutissent deur canaux distincts de l'intestin , et dont on ne peut deviner l'usage ; que les vésicules séminales sont placées à quelque distance des crochets, et se remplissent d'une liqueur blanche pendant les mois de décembre et de janvier ; mais on ne voit pas les conduits excrétoires de cette liqueur , ni leur issue au-dehors. Il en conclut que la génération s'opère dans la cavité abdominale. Ce genre n'est composé que de cinq à six espèces , dont. T H A I.'jS !a plus grande, la Thalassème échiure, esl fort commune sur les côtes de France, où elle sert d'appât pour prendre les poissons à la ligne. Elle s'enfonce dans le sable, et, lors- que la mer se relire, elle vide ses excréinens, sur la surface de ce sable , absolument comme les lumhrir.s terrestres; ce sont ces excrémens qui servent d'indication aux pêcheurs qui, avec une petite bêche , retournent le sable et s'en emparent. Cet animal multiplie tant , qu'on ne s'aperçoit pas qu'il diminue dans les lieux où on lui fait une chasse perpétuelle, ainsi que je l'ai remarqué à Dieppe. F. sa figure pi. P. i5 de ce Dic- tionnaire. La Thalassème ESCULENTE, qui est couleur de chair, a la partie postérieure claviforme ; la partie antérieure dilatée et tuberculeuse ; la bouche entourée de tubercules ridés et très- velus. Elle se trouve sur les côtes de l'Inde et de fa Chine, où on la pêche habituellement pour la nourriture des hommes. La Thalassème ou Thalassine changeais ie, qui a été figurée par Montagu , pi. 5 du onzième volume des Transac- tions de la Société Linnéenne de Londres, (b.) THALASSIA. L un des noms grecs de Vandrosare , plante mentionnée par Dioscoride , et qui nous esl inconnue; le texte de Dioscoride p.iroissanl altéré en cette partie, on ne sauroit faire de rapprochemens justes. Pline et Cialien sont trop brefs dans leur description d(î Vanilr suc laiteux. On la pile aussi avec son écorce pour en retirer le suc qui , dans tous les cas , est véné- neux , etc. « Plin. , liv. i3 , chap. 22. Pline rapporte , en d'autres termes (que Dioscoride ) , les vertus de cette plante et la manière de recueillir son suc , mais ils ne se contredi- sent point. Pline nous apprend que l'empereur Néron donna de la vogue au suc de thapsia par l'usage qu'il en faisoit pour se guérir promptement , et du jour au lendemain, des meurtris- sures qu'il recevoit la nuit en courant les rues de Rome. Selon Galien , le thapsia était acre et échauffant, et ondis- tinguoit le récent de l'ancien. Celui d'un an de date, per- doit de ses propriétés, et encore plus s'il avoit deux ans; à trois , Galien avance qu'il ne valoit plus rien. Si l'on en croit les conimenlaleurs de Dioscoride, le thapsia a été également nommé pankration et upopion , en xxxin. ■ ol 48^ T H A grec; hdide^ parles Africains ; /e/'H/ûg'o , par les Komains. Ainsi de ce qui précède , on peut dire que le thapsia cloit une plante ombellifère, analogue aux fendes ( qui naissoii en Afrique et en Grèce), et qui contcnoit un suc purgatif qu'on en extrayoit avec les mêmes précautions qu'on en met encore pour retirer le suc des Férules, et il est probable qu'il s'agit ici d'une de ces plantes. Matlhiole croit , cepen- dant , que ce peut être le iluipsia garganica , L. , qui croît sur le mont Saint-Ange ou Gargan, dans la Fouille. On a cité encore le tliapsia v'iUosa ; mais ces plantes, comme d'autres végétaux de la même famille qu'on a donnés pour le tliapsia , ne peuvent lui être rapportés , et nous croyons toujours que c'étoitune de nos espèces de Férule. ( V. Nakthex et FÉRULE. ) Les botanistes ont appelé , cependant, thapsia, les plantes qui constituent le genre thapsia, tel que Linnœus Ta établi , et auquelTournefort avoit \ointV ariedia s(/uarnata,h. Il faut toute- fois noter que le thapsia asdepiadts d'Anguillara est notre garance commune, et non pas le thapsia asdepium, L. , pu le panax asc/epium de Fabius Columna. Le genre thapsia est augmenté de deux noiivelles espèces , d'Espagne, décrites parLagasca.Hoffmanriy ramène les hiSer- piiium thapsioïdes et guinmife.rum , Desf. , ainsi que le làserpi- iium harhinode àe Michaux. V. Thaspion. (ln.) THAPSIE, Thapsia. Genre de plantes de la penlandrie dlgynie et de la famille des ontbeilifères , dont les carac- tères consistent à avoir : un calice entier ; une corolle de cinq pétales lancéolés, courbés à leur sommet; cinq éla- mines; un ovaire inférieur terminé par deux styles ; un fruit oblong , comprimé , échancré aux deux extrémités, et muni , sur ses côtés , de deux ailes membraneuses. Ce genre renferme six à sept plantes vivaces , à feuilles surcomposées , dont on compte cinq ou six espèces , la plu- part propres aux parties méridionales de l'Europe. La Thapsie velue, qui a les folioles dentées, velues et réunies par leur base. Elle se trouve dans les parties méri- dionales de l'Europe , et surtout en Espagne , où j'en ai ob- servé de grandes quantités dans les terrains secs et incultes. On l'appelle aassijaux turhilh , parce que sa racine, qui est rçslneuse et purgative , se substitue quelquefois au véritable turbith qui est la racine d'un Liseron. On ne doit l'eni- ployer qu'avec des précautions , parce qu'elle cause des tranchées et des superpurgalions dangereuses. La Thapsie fétide a les folioles multifides , et plus étroites à leur base. TTZoT^r ,7::r. ^ ■ y/w perd ■ THE 4^ La TuAPSŒ ASCLEPiON a les feuilles digitées et les folioles^ biplnnées ou mullifides. C'est d'elle qu'on tire la comme Opopots'AX si usitée dans la médecine. La Thapsie gargamque a les feuilles pinnces ; les folioles pinnatifides et leurs découpures lancéolées. Desfontaines rapporte que cette dernière est employée sur la côle d'Afrique pour résoudre les tumeurs, (b.'» THAPSUS. Nom donné par les botanistes à la MolÈné OFFICINALE ( Verbascum thapsus^ Linn.). (ln.) THARASPIC (corrompu de thlaspi). On donne ce nom aux espèces d'iBÉRiDE qu'on cultive daïis les jardins, (ln.) THARTAF. L'Hirondelle, en hébreu, (s.) THARU. Oiseau du Chili. V. Harpie tiiaru. (v.) THASPION, Thaspium. Genre de plantes établi par Nuttall, Gênera of North American plants , pour placer la Li- vÈCHE BARBINODE de Michaux. Ses caractères sont : fruit el- liptique à cinq ailes presque égales, l'intervalle sillonné; in- volucre universel nul ; involucre partiel de trois folioles uni^ latérales. (B.) THAUMANTL\S. C'est ainsi que Séba et Klein ont désigné le colibn rubis-iopaze. V. l'article des Col[BRIs rv ^ ' THAXTHAX.Nom arabe des Pavots, suivant Tlber/ nœmontanus. (ln.) --r" THÉ , Thta Linn. {polyandrie monogynie. ) Arbrisseau de la Chme et du Japon , célèbre par le débit immense qui se fait de sa feuille exportée dans tous les pays , et avec laquelle les peuples du nord de l'Amérique et de l'Europe , les An- glais surtout, composent, à l'imitation des Chinois, une boisson agréable. Cet arbrisseau, qu'on trouve figuré p'i. R. 3 , de ce Dictionnaire , croît spontanément au Japon et à la Chine, et il y est cultivé. Les Chinois le nomment theh et les Japonais tsiau. 11 est toujours vert , et se plaît dans les plaines basses , sur les collines et les revers de mon- tagnes qui jouissent d'une température douce ; les terres sablonneuses et trop grasses ne lui conviennent point; on poufroit peut-être le naturaliser en Europe , car on en cul- tive beaucoup dans des provinces de la Chine , où il fait aussi froid qu'à Paris. Ainsi, ce n'est point le froid, mais quelque autre raison,qui jusqu'ici a empêché cette précieuse pjante de réussir dans nos climats. On soupçonne que les Chinois trompent, à cet égard, les Européens, en hnv vendant des graines de Camélia pour des graines de tlié,avec lesquelles les premières ont la plus grande ressemblance, li est vraisemblable aussi que la dillicuilé de faire germer ea 484. T H K Europe les graines de thé, vient de ce qu'étant sujettes à rancir prompteraent , elles flemandent, pour lever , à être «lises en terre presque aussilùl qu'elles ont été cueillies. Ac- tuellement on cultive le the dans toutes les écoles de bota- nique et les principales pépinières de l'Europe. 11 y (leurit constamment, et y donne quelquefois de bonnes graines. Le froid des hivers du climat de Paris le fait périr ; mais il pros- père eu pleine terre dans le midi de la France. Jussieu et Ventenat placent le thé dans la famille des Orangers ou Hesperides. Linnseus eu compte deux espè- ces , savoir : le thé vcrl {^thea piiidis^ Linn. ) et le thé-buul (^tliea buhea, Linn. ) ; mais plusieurs botanistes pensent que celui-ci est une variété du thé vert. Thunberg et Kœmpfer, qui ont voyagé au Japon, ne p?irlenl que d'une espèce de thé. C'est depuis Kœmpfer que cet arbuste a été mieux connu en Europe. Cet auteur l'a désigné par celte phrase : ihea fndex folio cerasi , Jiure rosœ syhedris , fiuctu unir.occo , bicocro et ut plurimum iricocco. 11 en a donné une descrip- tion fort longue , accompagnée de détails iniéressaus sur sa culture , sur la récolle de sa feuille , et sur la manière dont les Japonais la préparent et en font usage. Ce qui va suivre esi exirait presque en culier des ouvrages de ce voya • geur naturaliste. L'arbrisseau du thé croît lentement ; il n'a acquis toute sa croissance qu'à l'âge de six ou sept ans ; il est alors élevé d'enviran quatre ou cinq pieds , quelquefois davantage. Sa racine est noire , ligneuse , traçante et rameuse ; sa tige se divise en plusieurs branches irrégulières; elle est revêtue d'une écorce mince , sèche et grisâtre ; celle de l'extrémité des rejetons tire un peu sur le vert. Le bois est assez dur et plein de fd>res , la moelle petite et fort adhérente au bois. Les branches sont garnies irrégulièrement de feuilles atta- chées à un pétiole fort mince. Lorsque ces feuilles ont toute leur crue, elles ressemblent en substance, en figure, en couleur et en grandeur , à celles du Griottier ; mais dans leur jeunesse, et à l'époque où om les cueille encore tendres pour s'en servir, elles approchent davantage des feuilles du Fusain COMMUN , si l'on excepte la couleur; elles sont en grand nombre, d'un vert foncé, déniées eu scie, et disposées alternativement sur les rameaux. De l'aisselle des feuilles naissent les fleurs tantôt solitaires, tantôt réunies deux à deux; elles ont un diamèlre d'un pouce ou un peu plus; leur odeur est foible, leur couleur blanche, et pour la forme elles ne ressemblent pas mal aux roses sauvages. Leur calice ue tombe point, mais subsiste jusqu'à la malurilé du fruit; T ÎI E 485 il '■5t découpé en cinq ou six segmens. La corolle est com- posée d'aiitant de pétales orbiculaires et concaves; quelque- fois elle en a neuf, dont les trois extérieurs sont plus petits. Les étamines sont très-nombreuses ; Kœmpfer en a compté jusqu'à deux cent trente , ayant chacune un filet délié plus court que la corolle , et une anthère simple oi jaunâtre. Le style est unique et placé au centre des étamines ; trois stig- mates obtus le couronnent ; il pose sur un germe qui , après sa fécondation , devient une capsule co'-iace , tantôt simple- ment sphérique , tantôt formée de deux, et plus souvent de trois globes adhérens, et dans chacun desquels se trouve une espèce de noix ronde et anguleuse, renfermant une amande qui donne de l'huile. Les Chinois de la province de Fokien emploient cette huile en aliment, et dans les peintures sicca- tives. Voici comment on cultive le thé au Japon. Les habitans de ce pays ne destinent point à cette culture des champs ou des jardins eniiers, mais ilsfont venir cet arbrisseau autour des haies et sur les bords de leurs champs, sans avoir égard à la qualité du sol. Les graines sont semées avec leurs capsules ; on creuse, de distance en distance, des trous de quatre ou cinq polices de profondeur , dans chacun desquels on en met six au moins, et douze au plus. Ce nombre est nécessaire, parce, que ces graines devenant rances en peu de temps , il n'en germe souvent qu'une sur quatre ou cinq. A mesure que le jeune arbuste s'élève , quelques personnes engraissent le sol ; elles y mettent chaque année de la fiente humaine mêlée de terre , ce que d'autres négligent de faire. Cependant le ter- roir doit être au moins fumé quand l'arbrisseau approche de trois ans, et avant que les feuilles soient propres à être cueillies; car à cet âge il les porte bonnes et en abondance. A six ou sept ans il a la hauteur d'un homme ; mais comme alors il commence à donner moins de feuilles , on est dans l'usage de rajeunir les pieds ; on coupe à cet effet le tronc, et l'année suivante il sort de la tige une quantité de rejetons et de jeunes branches, qui fournissent une ample récolte. Quelques cultivateurs retardent cette coupe , et laissent croître l'arbrisseau pendant dix ans. Quand le temps de cueillir les feuilles est arrivé, ceux qui ont un grand nombre d'arbrisseaux louent des ouvriers à la journée , exercés à cette récolte ; car les feuilles ne doivent pas être arrachées à pleines mains , mais détachées des bran- ches une à une et avec soin : un homme peut en ramasser dix ou douze livres par jour. Plus on tarde et plus la récolte (Bsl forte ; mais on n'obtient la quantité qu'aux dépegs de la p6 T U E qualité, parce que le meilleur ihé se fait avecles plus peliies feuilles el les plus nouvelleuionl écloses. Cependant , on ne les cueille pas toutes à la fois ; mais on en fait communé- ment trois récoltes, à trois époques différentes. La première a lieu à la fm de février ou au commencement ^e mars. L'arbrisseau ne porte alors que peu de feuilles , à peine développées, et n'ayant guère plus de deux ou trois jours de crue ; elles sont gluantes , petites , tendres , et répu- tées les meilleurs de toutes; aussi les réserve-1-on pour Tem- pereur el les grands de sa cour. Elles portent, par cette rai- son, le nom de /Jié impérial. On les appelle aussi quelquefois lafleur du thé. C'est sans doute cette dernière dénomination qui a donné lieu h l'erreur de quelques auteurs , qui préten- dent que les fleurs de cet arbrisseau sont ramassées par les Japonais, et qu'ils s'en servent de la même manière que des feuilles. Kampfer, qui s'est exactement informé de cela dans le pays , assure le contraire. Les (leurs de thé , dit-il , piquent vivement la langue ; elles ne peuvent être prises ni en infu- sion ni autrement. La seconde, récolte , qui est la première de ceux qui n'en font que deux par an , commence à la fin de mars ou dans les premiers jours d'avril. Les feuilles alors sont beaucoup plus grandes , et n'ont pas perdu de leur saveur. Quelques- unes sont parvenues à leur perfection, d'autres ne sont qu'à moitié venues; ori les cueille indifféremment; mais, dans la suite , avant de leur donner la préparation ordinaire , on le.^ range dan^ leurs diverses classes , selon leur grandeur et leur bonté. Les feuilles de cette récoite , qui n'ont pas encore loute leur crue , approchent de celles de la première , et on les vend sur le même pied ; c'est par celte raison qu'on les trie avec soin et qu'on les sépare des plus grandes et des plus grossières. Enfin la troisième récolte , qui est la dernière et la plus abondante, se fait un mois après la seconde, et lorsque les feuilles ont acquis toute leur dimension et leur épaisseur. Quelques personnes négligent les deux premières, et s'en tiennent uniquement à celle-ci. Les feuilles qu'elle fournit sont pareillement triées ; on en compose trois classes , que Jes Japonais appellent itzihan^ nibnn el sanhan , c'est-à-dire , la première, la seconde et la troisième; celle-ci comprend les feuilles les plus grossières, qui ont deux mois entiers de crue , et qui composent le thé que le simple peuple boit ordinaire- ment. Les feuilles des jeunes arbrisseaux sont meilleures que celles dçs vieux ; elles varient aussi suivant les provinces^ T II E 487 donl le sol leur commnnlque plus ou moins de goAt et de parfum. Kœmpfer prétend que le ihé hoiiy des Chinois, c'est- à-dire , le véritable et le bon , qui est rare et cher dans le pays même, correspond, pour la qualité et le prix, au ihê impérial des Japonais ; il se compose , comme celui-ci , des plus jeunes feuilles qu'on cueille les premières. Ainsi , dans l'un et l'autre empire , c'est particulièrement sur Tâge des feuilles qu'on étal)lit la distinction qu'on fait de trois princi- pales sortes de thé. Celui de première qualité, après avoir été préparé , est appelé au Japon Jicki isjaa , c'est-à-dire , ihé moulu , parce qu'il est réduit en une poudre que l'on hume dans de l'eau chaude ; on le nomme aussi ucisi isjaa, et iacke sackitsjaa^ du nom de quelques endroits particuliers où il croît ; on le regarde comme supérieur aux autres , à cause de la bonté du sol de ces lieux, et parce que les feuilles sont toujours cueillies sur des arbrisseaux de trois ans. Le thé de seconde qualité s'appelle tooisja , c'esl-à-dire ihé chinois , parce qu'on le prépare à la manière de ce peuple- Ceux qui tiennent des cabarets à thé , ou qui le vendent en feuilles , subdivisent cette classe en quatre autres qui diffèrent en bonté et en prix; et c'est à la troisième de ces quatre classes qu'appartient la plus grande quantité du thé qui est apporté , qui est leur nourriture la plus ordinaire, dans l'infusion ou ia décoc- tion du thé ; par ce moyen , disent-ils , il devient plus nour- rissant et rassasiant, " Les personnes de qualité , en Chine ( Dict. dliist. natu^ THE 493 « relie de Bomare ) font usage de V extrait de thé et de pastilles « de thé aromatisées, qui sont d'un goût assez agréable. On n niet gros comme une petite fève de cet extrait de feuilles « de thé , dans Teau bouillante. Les Chinois préparent aussi « seulement le bouton de la feuille du thé non ouvert; ce « bouton est simplement séché ; il est d'un gris argenté. A la « Chine , il y a certaines espèces de thé dont les feuilles , « dans toute leur grandeur , et mêlées sans choix , sont ven- « dues aux Tartares qui s'en accommodent très-bien : quoi- « que la décoction qu'on en tire soit acre , elle facilite la « digestion des viandes crues dont ces peuples se nourris- « sent ; s'ils en cessent l'usage , ils ont des indigestions « continuelles. » Quand le thé est trop vieux et tel qu'il ne vaut plus rien à boire , on s'en sert en Asie , dit Kœmpfer , pour teindre des étoffes de soie , auxquelles il donne une couleur brune ou de châtaigne ; c'est pour cette raison qu'on envoie une grande quantité de ces feuilles , chaque année , de la Chine à Surate. Suivant le même auteur, les feuilles de thé non desséchées ^ sont d'une amertume désagréable ; elles ont quelque chose de narcotique qui trouble le cerveau , et leur infusion fait pa- roître comme ivres les personnes qui en ont bu. Cette mau- vaise qualité leur est ôtée en grande partie par la torréfac- tion. Cependant il ne faut pas faire usage du thé dans l'année où il a été récollé ; il est alors , il est vrai , extrêmement agréable au goût ; mais si on en boit beaucoup , il cause des pesanteurs de tête et des tremblemens dans les nerfs. Le meilleur thé , le plus délicat et celui qui possède la qualité de rafraîchir au degré le plus éminent , doit avoir au moins un an : on ne le boit jamais plus nouveau , sans y mêler une quantité égale du plus vieux. Cette boisson dégage les obstructions , purifie le sang, et entraîne surtout la matière tartareuse qui cause les calculs et la goutte ; elle produit si bien cet effet , que parmi les buveurs de thé du Japon, Rœmpfer dit n'en avoir trouvé aucun qui fût attaqué de la goutte ou de la pierre. « Ceux-là se trompent beaucoup , ajoute-t-il , qui comman- dent l'usage de la véronique à la place du thé, comme si c'étoient des plantes d'une égale vertu. Je ne crois pasqu il y ait de plante connue dans le monde, dont l'infusion ou !a décoction , prise en grande quantité , pèse si peu sur l'eslo- mac que le thé , passe plus vite , rafraîchisse si agréablement les esprits abattus , et donne tant de gaîlé à l'esprit. » Loureiro, dans sa Flore de la Cochinchir.e ^ mentionne trois nouvelles espèces de Hié. it94 THE Le thé de la Cocliinchîne ^ qui a le calice presque triphyilc',' ia corolle de cinq pétales , les fleurs solitaires etterminalcl. Il croît dans le nord de la Cochinchine. Le thé de Canton , qui a le calice de cinq à six folioles , lî corolle de sept à neuf pétales , et les fleurs solitaires et ter- uninales. Il croît aux environs de Canton , et est connu sous le nom de su-chong par les marchands européens. Le thé a l'huile , qui a le calice de six folioles , la corolle de six pétales, les pédoncules triflores et axillaires. Il se trouve autour de Canton. On tire de ses semences une grande quan- tité d'huile jaunâtre dont on se sert communément pour brû- ler dans le midi de la Chine. On la mange aussi , mais sa sa- veur et son odeur sont inférieures à celles de l'huile d'olive et de sésame, (b.) ÏHÉ D'AMÉRIQUE. V. Capraire biflore. (desm.) THÉ DES ANTILLES. C'est la Capraire biflore. (B.) THÉ DES APALACHES. Nom vulgaire du Houx cas- siNE et de la Viorne luisante, autrement Cassine para- GUA. (B.) THÉ DE Ï50ERHAAVE , est rapporté par Adanson au SiDEROXYLUM spiNOSUM , L., espèce d'ARCAN. V. ce mot. (LÎS.) THÉ DE BOGOTA. On donne ce nom aux feuilles de I'Alstone, dont on fait aujourd'hui un grand usage en infu- sion, dans l'Amérique méridionale, (b.) THÉ CHINOIS. On a donné ce nom au Nerprun de LA Chine , rhamnus theezans. (desm.) THÉ DOC. Nom cochinchinois de la Guenon nasique, selon M. Latreille, (desm.) THE DOUX. On a donné ce nom, dans la colonie du port Jackson , à une planté ligneuse , rampante , à raison de ce que ses feuilles, qui ont un pouce de large , ont un goût parfaitement semblable à celui de la racine de Réglisse , et servent à faire une boisson ihéiforme fort agréable et très- pectorale, (b.) THÉ D'EUROPE. C'est la Véronique officinale, (b.) THÉ DES FORÊTS. C'est le Lichen pulmonaire. (desm.) THÉ DE FRANCE. C'est la Sauge a petites feuilles. (B.) THE DE FRANCE ou THÉ FRANÇAIS. On donne THE 4r^5 aussi ce nom à la Véronique et à la Mélisse officinales. (desm.) THÉ DES JÉSUITES. Nom du Psoralier d'Amé- rique, (b.) THÉ BU LABRADOR. C'est le Lède a larges feuil- les,/eJ«m latlfoliiim. (desrt.) THÉ DU LABRADOR (FAUX). C'est TAz^lea DES Indes, (desm.) THÉ DE LA MARTINIQUE. C est la Gapraire BIFLORE. (B.) THÉ DE LA MER DU SUD. C'est le Houx cassine , selon Miller; mais celui que Cook désigne dans ses Voyages, est le Leptosperme thé. (b.) THÉ DU MEXIQUE. On a appelé ainsi I'Anserinf, DU Mexique et la Capraire, qui, toutes deux, servent à faire des infusions théifornies. (B.) THÉ DU MEXIQUE ODORANT. C'est I'Ansérine DU Mexique , chenopodium ambrosidides. ■ (DESM.) THÉ DU NORD. C'est la Véronique officinale, (ln.) THÉ DE LA NOUVELLE- HOLLANDE. C'est une Salsepareille, (b.) THÉ DE LA NOUVELLE-JERSEY. C'est le Céa- isoTHE d'Amérique, (b.) THÉ D'OSWÉGO. C'est la Monarde pourpre, (b.) THÉ DU PARAGUAY. Il paroît qu'on fait sous ce nom le commerce des feuilles de trois plantes: l'une est le Psora- LiER d'Amérique , l'autre I'Éuïtroxylle du Pérou , et la troisième une espèce de Houx à feuilles en cœur et dente- lées , qui n'a pas encore été décrite. (B.) THÉ DU PÉROU. C'est I'Éryïroxylle du Pérou, et I'Alstone. (b.) THÉ DE LA RIVIÈRE DE LIMA. V. au moi Ga- PRAIRE BIFLORE, (B.) THÉ DE SANTÉ. -C'est encore la Capraire biflore. (B.) THÉ DE SUISSE. Mélange de feuilles et de Heurs de plusieurs espèces de plantes qui croissent sur les Hautes- Alpes. V. au mol Faltranckes. (i>.) THÉ DES VOSGES. Le Lichen pulmonaire a re(^ur ce nom, (desm.) 496 T II E THE A. V. Thé et Thée. (ln.) THEACEES. Famillede plantes proposée par Mirbel , mais qui renlre dans celle des CameliÉes de Decaiidolle. Elle renferme les genres Thé et Cameli. (b.) THEAMÈDE. Pierre dont parle Pline (1. 36, ch. i6) à l'occasion de Vaîmanl. 11 dit que cette pierre se trouve dans une montagne de l'Ethiopie , et qu'elle a la propriété de repousser le fer. Il paroît que ce n'est autre chose qu'un véritable aimant^ qui, en effet, repousse un fer aimanté quand on les approche l'un de l'autre par le même pôle. V. Aimant et Magn'étisme, (pat.) THEANGELIS. Nous ne savons rien autre chose sur cette plante citée par Pline, sinon qu'elle croissoit sur le mont Liban, en Syrie, (ln.) THEBAICUS LAPIS. Espèce de porphyre analogue au porphyre rouge antique ,' qui , au rapport de Pline , s'ex- ploitoit en Afrique sur les confins de l'Egypte, (ln.) THEBESIA. 11 paroit que le genre de plantes ainsi nommé par Necker, est le même que I'Anamenia de Ven- tenal ou KnowHonia de Salisbury. V. Adonide. (ln.) THECA. Nom donné, par Mœnch, au genre celastrus^ L. (LN.) THECA. V. Tek. (b.) THECADACTYLE, Thecadactylits. Sous-genre établi par Cuvier, pour placer ceux des Geckos de Daudin qui ont les doigts élargis dans toute leur longueur, et garnis en dessous d'écaillés transversales interrompues par un sillon longitudinal , où l'ongle peut se cacher entièrement. Ce sous-genre renferme plusieurs espèces , telles que les Geckos lisse et de Surinam, de Daudin. (b.) THAECIDION. Sorte de fruit. Il diffère peu de I'Achène. (6.) THECOSPONDYLE, Thecospondylus.^omàouué, par Hermann, à un genre de ver marin , qu'il a établi pour pla- cer le Boudin de mer, décrit et figuré par Dicquemare, tom. 12 du Journal de Physique, mais dont les caractères sont trop mal précisés , soit dans la description , soit dans la figure , pour pouvoir les rédiger. Ce genre se rapproche évidemmentdesNÉRÉiDES A tuyau; c'est ce tuyau, lequel a quelques rapports de, forme et de consistance avec un boudin , qui lui a fait donner son nom THE i^j Il est probable que ce ver ne tardera paS à être revu , ei qu'on en donnera une nouvelle description et une nouvelle figure ,;plus syslèmailque que celle de Dicquemare. (b.) THÉE. Nom chinois du Ûié, selon J. Breyne, Kœinpfer^ Bartram , etc. Les Hollandais ont, les premiers, apporté le! thé , de la Chine en Europe , et lui ont conservé son nom de pays ; cependant, les Chinois le désignent encore par cha ( qu'on prononce tsrha, isa'a et tsia ), mot qui a passé dans les langues orientales. Il paroit même que c'est le nom le plus eu usage en Chine; car Loureiro, qui décrit trois espèces nouvelles de thé , savoir : le thea cochinchînensis ^ cantuniensts ( notre thé vert) , et oleosa , dit qu'elles sont appelées , en Cochinchine, ché-an-nam , ché-iau et ché dean\ et les deux dernières, en chinois, ho-nam-cha et yeu-rha. Le thé est désigné , dans le Pinax de C. Bauhin , par chad , dénomina- tion sous laquelle le voyageur Linscot l'a voit mentionné, en faisant remarquer qu'au Japojiuon préparoit, avec la poudre de thé , une décoction très-estimée et qu'on offroit aux hôtes qu'on vouloit le plus honorer; les vases dans lesquels on avoit fait la décoction de cette herbe étoient aussi estimé^ chez les Japonais , que les diamans chez nous ( F. Linsc. , Ind. 2 , c. 28 , par. 2 ). Les botanistes ont latinisé le nom chinois de thée et en ont fait celui de thea , qu'ils ont donné aux Ûiés. Petiver a figuré ( dans son Gazophylacium , tab. 33 , fig. 4) et nommé iheà chinensîs , etc. , le camellia du Japon. Linnceus et les bota- nistes modernes fixent ce nom de thea au genre des vrais thés seulement. V. Thé. (ln.) THÉÉMIN. Nom hébreu des Figues sèches, (lk) THEENAetTHEENACH. Noms hébreux du Figuier. (LN.) THEENA MIZRAIM. Nom que les Hébreux donnoient au Sycomore. Il signifie, littéralement, _/?^u/er d'Egypte: ils appeloient aussi cet arbre ihecna bâcha et iheena cesiluth. (LN.) THEEZANS. Arbrisseau sarmenteux qui croît en Chine. Les pauvres préparent , avec ses feuilles , une espèce de thé qui leur tient lieu du véritable. Cet arbrisseau est le rhamnus Ùiea d'Osheck, ou le rhamnus iheezans , L. , Voy. Nerprun. (LN.) THEGEL. Nom d'un Jacana du Chili. Voy. Jacana TIIEGEL. (V.) THEK ou THECA , Tectona. Grand arbre à feuilles op- posées, pétiolées , ovales, aiguës, argentées en dessous , pointillées de blanc en dessus ; à fleurs blanches , velues i xxxîii. à'i 4g8 T H E disposées en panicules teraiinaics, dont les rameaux sont opposés et accompagnés de bractées. Cet arbre forme, dans la peolaodrie monogynie et dans la famille des gatiliers, un genre qui offre pour caractères : un calice divisé très-profondément en cinq parties; une corolle monopétale, à tube court et à limbe divisé en cinq lobes ovales et ouverts; cinq étamines; un ovaire supérieur, ovale, velu, entouré d'une glande urcéolée , surmonté d'un style à stigmate à deux ou trois divisions ; un drupe presque globuleux, déprimé, à quatre lobes, velu, subé- reux, sec , caché dans un calice enflé et membraneux. 11 contient un noyau à quatre loges , renfermant plusieurs se- mences. Le Thek élevé fournit le bois le plus précieux de l'Inde, à raison de sa solidité et de sa durée; aussi l'appelle-t-on vulgairement le chêne du Malabar. V. sa figure , pi R. 7. On en bâtit les temples ; wi^Xi construit les vaisseaux , les digues, etc. Il est incorruptible dans l'eau , et son amertume le pré- serve de l'attaque des vers destructeurs. Rumphius , qui l'a décrit et figuré sous le nom de salus , rapporte que ses feuil- les servent à corriger l'insalubrité des eaux et à teindre la soie en rouge; qu'on en fait un sirop qui guérit les aphlhes, les rétentions d'urine et l'hydropisie. Enfin qu'il est presque vénéré dans le pays où il croît , à cause des grands services qu on en tire , et que les préjugés exagèrent encore. Une espèce de ce genre fournit, dit-on, la résine liquide connue à Pondichéry sous le nom d'HuiLE de bois ; mais j'ai peine à le croire , car le bois de thek , que j'ai en ce mo- ment sous les yeux , n'est certainement pas résineux, (b.) THEKA. V. Tek. (ln.) THELAZÉE, ThelazUts. Genre de vers intestins , que j'ai établi, d'après M. Rhodes , vétérinaire , du départe- ment du Gers , dans le voisinage des Strongles et des Ascarides. Ce genre offre pour caractères : un corps allongé , cylin- drique , atténué aux deux bouts, terminé antérieurement par une bouche circulaire à trois valvules, entourée de quatre (Stigmates ovales , et , postérieurement , en dessous de l'extré- mité , par une longue fente bilabiée. La seule espèce qui constitue ce genre a été observée par M. Rhodes , sur l'œil d'un bœuf. Elle avoit un centimètre de long, sur moins d'un millimètre de diamètre; sa substance étoit molle, blanchâtre, et légèrement diaphane ; elle éloit fortifiée en avant par des fibres circulaires; on voyoit , dans ; T Tî E 499 son intérieur, un gros intestin , sinueux dans le milieu de sa longueur, allant de la bouche à l'anus; et quatre canaux aériens, portant des stigmates, se réunissant, au quart de la longueur du corps, en un seul canal, muni, de chaque côté , d'une soixantaine d'appendices coniques , et aboutis- sant aussi à l'anus. M. Rhodes croit que la fente de l'anus sert à fixer l'animal pendant qu'il suce les humeurs de l'œil. J'ai fait figurer ce ver, très-grossi , dans le Journal de Physique, et dans le nouveau Bulletin des Sciences, année- 1819. (B.) THELE , Thela. Genre de plantes établi par Loureiro dans la pentandrie monogynie et dans la famille des plom- baginées. Il offre pour caractères : un calice double ; l'exté- rieur de trois folioles ovales , lancéolées ; l'intérieur tu- buleux , coloré, couvert de tubercules et pédoncule; une corolle monopétale, infundibuliforme, divisée en cinq dé- coupures presque rondes; cinq élamines; un ovaire supé- rieur , ovale , oblong , à style terminé par un stigmate divisé en cinq parties recourbées ; une baie oûlongue , pentagone - à une seule semence. Ce genre renferme deux espèces. Ce sont des arbrisseaux grimpans, à feuilles alternes , ovales, entières, et à fleurs dis- posées en épis presque terminaux. Ces fleurs sont rouges dans une de ces espèces, et blanches dans l'autre. Toutes deux croissent dans les marais de la Clitne et de la Cochinchice et grimpent sur les roseaux qui les couvrent, (b.) TliELÉOBOLE, Thekobolus. Genre de plantes de la famille des Cbampignons , établi par Tode. Il renferme une fongosité sessilc, gélatineuse, et cependant solide, munie d'un placenta séminifère qui se sépare au moment de la fé- condation On ia rencontre sur les matières fécales. Ce cham- pignon est figuré pi. 7 , n." 56 de l'ouvrage sur les Champignons du Meklembourg.(B.) THELIGOJNE , Theligonum. Plante à tiges cylindriques, flexueuses, succulentes, à rameaux opposés, à feuilles ovales, obtuses, épaisses, inégales sur leurs bords , opposées infé- riearement, alternes supérieurement, et toujours accom* pagnées de stipules membraneuses, tridentées, à fleurs gé- minées et opposées aux feuilles , mâles en haut et femelles en bas. Celle plante forme , dans la inonoécie polyandrie et dans la famille des urticées , un genre qui a pour caractères : dans les fleurs mâles , un calice turbiné à deux découpures roulées en dehors , douze étamiûes et au-delà } et dans les Soo THE . fleurs femelles , un calice bifide , et un style persistant , à stigmate simple; une noix petite, globuleuse, munie à sa base d'un appendice calleux , coatenant une baie globuleuse , tuberculée à sa base, à embryon annulaire et à périsperme charnu. La théligone est annuelle ; elle vient de l'Inde et s'est natu- ralisée dans les parties méridionales de l'Europe, (b.) THELÏGONO-AFFiNIS. Gésalpin donne ce nom a la Saxifrage granulée ( Saxiftaga granulata , L. ). (ln.) THELKiONON pour THELYGONON. Les Grecs désignoient ainsi leur mercuriale femelle , celle qu'ils suppo- soient avoir la vertu de faire concevoir des filles : c'est ce qu'exprime le nom grec de thelygonos traduit en latin par ihelygonum on fœminificum. V. Mercurialis et Phylloîs. Linnœus a transporté le nom de ihelygonum à un genre de plantes différent des mercuriales. V. Tuéligone. (ln.) ÏHELIGONUM. V. Theligonon. (ln.) THÉLIMITRE, Thelimitm. Genre de plantes établi par Forsler dans la famille des Orchidées, et que Swarlz a adopté dans sa Monographie. Il offre pour caractères : une corolle ouverte , presque régulière ; un nectaire , ou sixième pétale semblable aux autres ; les organes générateurs entou- rés d'un capuchon à deux aigrettes. Ce genre renferme une douzaine d'espèces qui viennent des îles de la mer du Sud et du Cap de Bonne-Espé- rance, (b.) THÉLIRE , Thelira. Arbre de Madagascar, à feuilles al- ternes et à bractées glanduleuses, qui, selon Aubert du Pelit- Thouars, constitue seul un genre dans la décandrie monogy- ni€,et danslafamiiie des rosacées, fort voisin del'HiRTELLE. Les caractères de ce genre sont: calice campanule, formé par un pédoncule aplati et Sstuleux ; six pétales sur un seul rang; dix étamines déjetées du même -côté, dont six seu- lement pourvues d'anthères ; un ovaire à style recourbé; une baie ridée , velue intérieurement, renfermant une seule graine, (b.) THELITERRIS. L'un des noms grecs du Thapsia. V. ce mot. (ln.) THÉLOTRÊME , Thelolrema. Genre de Lichen établi par Achard, et qui rentre dans les Volvaires de Decau- dolle. (B.) TELPHISSE , Telphissa. Genre de Polypier établi par Lamouroux pour placer les Tubulaires d'eau douce, (b.) THELPHUSE , Thelphusa: Dans le troisième volume du Règne animal f par M. Cuvier, j'avols établi, avec le crabe T H E Soi fluviaiile àc Belon , de Rondelet et d'Olivier , un nouveau genre, que j'avois appelé potamophile. Mais ayant su, depuis, que eetle dénomination avoit été consacrée à un genre de coléoptères , j'ai prévenu , à V diXÙcle poiarnophile , que je dé- signerois désormais ces crustacés sous le nom de ihelpliuses. lis ont de grands rapports avec les crabes proprement dits, et n'en diffèrent point quant aux organes d« la mastication. Mais par la forme de leur corps qui est celle d'un cœur tronqué à sa pointe, ou la partie postérieure , ils ont de l'af- finité avec les gécarcins ; leurs yeux sont pareillement latéraux et plus grands que ceux des crabes; leurs antennes extérieures sont très-courtes et insérées près de l'origine des pédicules oculaires, sous lesquels elles sontcouchées. Lesespèces cou- nues vivent, en outre, dans les eaux douces. La thelphuse , propre au midi de l'Europe et au Levant , est connue depuis long-temps. Elle a joui , chez les Grecs , d'une grande célébrité, témoin les médailles antiques d'A- grigenle , en Sicile, sur un côté desquelles elle est ordinai- rement représentée, et souvent avec une telle vérité, qu'il est impossible de s'y méprendre. Il est fait une mention particu- lière de ce crustacé dans les écrits de Pline, de Dioscoride , de Nicandre , etc. : c'est le cardnos potamios des Grecs , elle grancio ou granzo des Italiens ; on croyoit que ses cendres étoient utiles , par leurs propriétés dessiccatives, à ceux qui avoient été mordus par un chien enragé , soit en employant ces cendres toutes seules , soit mêlées avec de l'encens et de la gentiane. iEschrion faisoit brûler vifs ces animaux dans un plat d'étain , jusqu'à ce qu'ils fussent réduits dans cet état. Avicenne les recommande , cuits avec de l'eau d'orge , dans les fièvres hectiques. Les Arabes l'appellent zaratân , nom peut-être collectif, puisque , suivant Forskaè'l , il est aussi donné par ce peuple à une espèce û'orypode , et que la thel- phuse flmnalile et le crabe ménade ont , chez les Italiens , une désignation homonyme. Au rapport d'Elien, les crabes fîu- viatiles (^Ocypodes?) d>i Nil , prévoient, r.insi que les tortues, elles crocodiles, le débordement du Mil, et gagnent environ un mois auparavrcnt les lieux élevés voî-sins. La thelphuse fiuviatila est commune ."ux enviroi^s de Rome , et se tient dans la bourbe , de sorte que pour l'a- voir , les pêcheurs creusent un fossé tout à l'enlour. Elle s'é- loigne à une assez grande dislance de l'eau , et peut vivre hors de cet élément , une semaine et quelquefois un mois. Il paroît même q'aon conserve ainsi en vie des crabes , en les tenant dan* i'es caves ou dans des lieux frais et un peu hu- mides. Bo2 T H E A Rome , on mange la ihelpîiuse flnviatile les jours d'abs- tinence, et dans tous les temps de l'annéft. Ces crustacés , cependant , sont bien meilleurs en été , après leurs mues , et surtout quand ils subissent ce changement. On les sert alors sur les tables du pape et des cardinaux. Quelques per- sonnes les font mourir dans du lait, pour adoucir leur chair. On les porte au marche , attachés avec une corde , mais placés à une certaine dislance les uns des autres , parce quils se rongent mutuellement et perdent une partie de leurs mem^ bres, lorsqu'ils se touchent. Jîelon observe que l'on distingue les femelles à leur queue , plus large et plus arrondie , en forme d'écusson. Ceile différence ici n'est pas, cependant , aussi sensible que dans la plupart des autres espèces de cette familJe. Le même naluialiste a trouvé ce crustacé dans les ruisseaux du mont Athos. Le?. Caloyers le mangent cru , et ils prétendent qu'il a plus de goût dans cet état que lorsqu'il est cuil. M. Ménard de la Groye, correspondant de l'Académie des Sciences , que j'ai quelquefois cité dans cet ouvrage pour les communications intéressantes qu'il a eu l'amitié de me faire , a recueilli , sur ce crustacé , les observations sui- vantes, et qu'on lira avec plaisir. Je rapporterai ses propres paroles. c Ce fut le 28 juillet 181?., que j'eus occasion de voir et d'observer ce curieux crustacé , en visitant le célèbre dégor- geoir ou émissaire du lacd'Albano, autrement lac de Castello. On sait que le bassin de ce lac est considéré parla plupart des voyageurs, et même des naturalistes, ainsi que celui de Nemi , pour le cratère d'un ancien volcan. Il a cinq milles de circuit , et Ton donne jusqu'à quatre cent quatre -vingts pieds de profondeur à Teauqui en remplit la partie inférieure. Celle eau est limpide, parfaitement douce, et nourrit diverses sortes de poissons fluvial iles , des grenouilles communes, -Ctc. Le trop plein s'écoule sans cosse , comme un gros ruisseau , par cet admirable canal souterrain long de presque deux milles , et qui se conserve sans aucune détérioration depuis les premiers temps de Rome. La chaleur qui régnoit dans l'atmosphère, alors que je me trouvai dans cette contrée , la pureté de l'eau , la solitude , l'ombre et la fraîcheur du ri- vage , le fond qu'on découvre là jusqu'à une assez grande distance du bord, comme une plage, m'avoient engagé à me baigner, et c'est ainsi que je parvins à altr;!per trois ou quatre individus de l'espèce du crabe en question. Je fus très-surpris au premier aspect de ces crabes , n'é- iant aucunement prévenu. Ils me paroissoicnl si semblables T K E So3 pour la figure , la grosseur , l'allure , etc. , à celui qu'on trouve communément sur les rivages maruimes , au Cancer mœnas enfin , que je m'imaginai d'abord que ce pouvoienl être des crabes qu'on avolt apportés de la mer, qui n'est pas, en ef- fet , bien éloignée, pour essayer de les naturaliser dans ce lac , et que cela avoit réussi. Cependant , je commençai à remarquer qu'ils avoient une couleur blanchâtre ou livide, au lieu que les marins auxquels je les comparois , sont bruns. Ensuite apercevant çà et là des carapaces et autres dépouilles ou débris fort anciens , voyant que ces crabes étoioni répan- dus sur une assez grande étendue de rivage où ils paroissoient tnut-à-fait dans leurs habitudes, se plongeant sous l'eau s'ils en étoient hors , s'y cachant aussi sous les pierres , etc. , et montrant beaucoup de vivacité , je ne doutai plus qu'ils ne fussenllà dans leur élément . et qu'au contraire ils se seroient trouvés fort mal d'être portés dans l'eau salée. Urne parut encore que ces crabes (luvialiles étoient plus rusés et plus alertes que ceux de mer, qui se laissent prendre assez facile- ment- Je ne pouvois les attraper qu'en les ramenant vers le bord du rivage avec le bout de mon bâton , et cela n'étoit pas facile tant ils savoient s'esquiver. Ils se défendoient vigou- reusement aussi quand ils ne pouvoient mieux faire , et je sentois très-bien à la force dont ils élreignoient ce bâton entre leurs serres qu'il n'eût pas fait bon les poursuivre avec la main. Un pêcheur, que je trouvai en remontant, me dit aussi qu'ils faisoient venir le sang. Il me confirma que ces crabes étoient bien naturels dans ce lac , qu'ils y étoient con- nus de tout temps, et qu'on les trouvoit de même, quoiqu'eii moindre nombre , dans le lac de Némi ; mais ils se retirent pendant l'hiver dans le fond , dit-il , et ne reparoissent ainsi sur les rivages qu'en été. 11 ajouta : qu'ils étoient fort bons à manger, et qu'on les portoit pour cela dans les marchés conjointement avec les poissons. J'ai appris depuis , à Rome , qu'en effet c'est un mets fort délicat, en les faisant périr dans le lait, où ils se ramollissent d'une manière singulière,et- les faisant frire ensuite avec de la farine. On m'a dit encore que ces crabes ne sontpas rares dans beaucoup d'eaux douces des environs,pourvu qu'elles soient pures, à ce qu'il paroît, et qu'ils se trouvent non-seulement dans les lacs , mais aussi dans les ruisseaux et jusque dans les bassins de ces magni- fiques fontaines qui font une partie des beautés de Rome. Mais on n'en prend point dans ï& flaoum Tibeiim. » La Thelphuse FLUVIATILE , Tfielpkusa flimadUs ; Cancer fluoiaUlis , Bel. , Rond. , Gesn. , Math. , Aldrov. ; Crabe de rivière , Oiiv. , Voyage en Egypte et en Syne ,y\. 3o , fig. a- &pi THE Sa taille varie. Les plus grands individus ont quatre cenli-'' mètres et deux millimètres de longueur, sur près de cinq centimètres de largeur. Corps d'un jaunâtre pâle , avec une teinte un peu roussâtre sur le test , dans les individus secs ; test en carré, se rappro- chant de la forme d'un cœur , presque plan ou déprimé en jîessus, marqué au milieu du dos d'une impression transverse en H ; ses côtés antérieurs parsemés de petites aspérités ou de petites rides très-incisées , rebordés ; rebord aigu , fine- ment dentelé postérieurement, terminé par cinq à six dents plus fortes, celle du front, ou l'oculaire externe surtout; une fossette et un pli transverse derrière chaque orbite oculaire , ^ntreladent terminale et la seconde; chapcronincHné,trans- yersal, rebordé, unpeuconcave ou rentrant au milieu du bord antérieur, chargé en dessus de petites aspérités, et ayant au milieu , par derrière , une ligne enfoncée, bifurquée pos- térieurement ; yeux latéraux; les deux pattes antérieures par- semées de petites aspérités nombreuses, soit en forme de grains, soit en forme de dents, comme sur les arêtes inférieu- res des bras; côté interne du carpe dilaté en une pointe forte , accompagnée de petites épines ou dentelures; mains ova- les , fortes , graveleuses , particulièrement en dessus , avec d^s points enfoncés , disposés en séries longitudinales sur les doigts; les doigts presque égaux, assez longs, coniques , iné- galement dentelés le long de leur bord intérieur , avec une tache roussâtre à leur extrémité ; une de ces deux pattes un peu plusgrande; de petites dentelures sur les arêtes des jam- bes ; tarses à six arêtes , dont les supérieures et les inférieures divisées en petites dents aiguës. M. Rissonous apprend que M. d'Audiberti avoit , avant la révolution, acclimaté très-facilement , dans les environs de JNice , ce crustacé. On croit que sa chair fournit un bon ali- ment aux personnes atteintes de la phlhisie.* Le crahe fiimatilç de M. Bosc est une espèce différente et propre aux rivières de l'Amérique. Elle est plus large , avec le dos plane et uni. Ses bords latéraux ont des dentelunes très-fines, très-nombreuses et égales. Herl)st a représenté ce crustacé, tab. lo, fig. 6ï. Je le nommeraiTHELPHUSE dei^- TELÉE, Thelphusa serrata. Le Cancer senex de Fabricius, ou le Cancer hydrodomus d'Herbst, tab. 4i, fig. 2 , est aussi une thelphuse , et qui a pour patrie les Indes orientales, (l.) THELXIOPE, Thelxiope. Genre de crustacés établi par M. Rafinesque , et dont les caractères sont : corps parallJ- Jogrammique; yeux sur de longs pédoncules articulés ; palper THE 5o5 inférieurs très-longs, chéliformes; les pieds postérieurs courts et dorsigères. r. Homole. Le Thelxiope pa.lpigère , qui se trouve dans les mers de Sicile, est la seule espèce connue de ce genre , si le Maja 3ARBU ne lui appartient pas. V. ce mot. (b.) THELYGONf)N. T. Théligonon. (ln.) THELYPHONE , Thelyphonus. Genre d'arachnides, de l'ordre des pulmonaires , famille des pédipalpes. Les thélyphones avoicnt été confondues avec [es phalanginnif par Linnaeus, et avec les tarentules (ys^rjj'/je ), par Fabricius; mais elles diffèrent des premiers par leurs organes de cir- culation et de respiration , par le nombre de leurs yeux et par leurs palpes en forme de serres. Elles s'éloignent des seconds , par la forme allongée de leur corps , la manière dont il se termine , et leur lèvre inférieure composée de deux pièces unidenlées. Leur corps se rapproche de celui des scor- pions , et lient évidemment le milieu entre le leur et celui des phrynes. Il est allongé et presque cylindrique. Les yeux sont au nombre de huit; les pattes antérieures sont beaucoup plus longues que les autres (• si même elles méritent ce nom ) , menues , avancées , tentaculaires, avec les tarses composés de plusieurs articles , mais en moindre nombre que dans les phrynes ; l'abdomen est ovale , allongé , avec une queue co||k,- gistant en un filet articulé. On ne connoît que trois espèces. Pallas et Herbst , ont plus particulièrement décrit celle que j'appelle ThÉLYPHONE a queue , Thelyphonus cauàatus , uiirentula caudaia ^ Fab. Elle est longue d'un peu plus d'un pouce , et d'un brun foncé. On la trouve aux Indes orien- tales, he Journal de physique, juin 1777 , offre une notice d'une autre espèce. On y dit qu'elle a été envoyée de la Martinique, où on la nomme vinaigrier, parce qu'elle ré- pand une odeur acide. On l'y rencontre sous les pierres humides. IVI.Bosc fils a apporté de Pondichery , une troi- sième espèce très-distincte des précédentes. Elle est beau- coup plus petite , noirâtre , avec les pattes fauves, (l.) THELYPHOXON. Chez les anciens, c'étoit l'un des poms de leur aconilon pardalianchès. Cette herbe étoit uh poison mortel pour tous les animaux , et ses noms rappe- îoient le plus souvent celte propriété. ïhéophraste, Dioscorjde , Pline, admelîent deux espèces principales A^aconiton. La première est ï oconilon désigné pac ^•lelyphonon et par le nom àe. pardalianchès ; la seconde est Vacon'ton lycc'fonon ou cynoctonon. Suivant Théophraste , on nommoit aussi le thelyphonon ^ scorpion , parce que sa racine avoit 1^ forjne de la queue du 5o6 THE scorpion. On croyoit qu'en louchant un scorpion avec retre racine, on le faisoit mourir, itkus qu'on le rendoil à la vie en le frottant avec la racine d'hellébore. Cet aconit faisoit périr, en moins de vingt-quatre heures , les bœufs, les mou- tons , et généralement tons les quadrupèdes, en leur appli- quant seulement ses feuilles ou sa racine sur les parties : ce- pendant , on en préparoit un breuvage qui éloit un remède contre les piqûres des scorpions. Cette plante , selon Tîiéo- phraste, avoit la ft^uiiie du cyclamen^ et la racine en manière de scorpion , et noueuse comme celle du gramen. Elle crois- soil volontiers dans les lieux ombragés , etc. Dioscoridc décrit ainsi cet acuiùton : « On l'appelle encore pardaUanchès Ou cammaros , ou ihe/jyhonos , ou myoctonos^ ou Jhen'o/jfionos. Il a les feuilles seniblables à celles du cydamen ou à celles du conmmhre , mais plus petites et un peu velues , etiln'enjette que trois ouqualre. Sa tige a huit pouces de hau- teur, et sa racine, semblable à la queue d'un scorpion, est luisante comme de l'albâtre. On dit qu'en touchant les scor- pions avec sa racine, on les rend comme amortis, mais qu'ils reprennent de la vigueur en les touchant avec la racine de l'hellébore. On la fait entrer dans la composition des médicamens ophthalmiques, pour calmer les douleurs d'yeux, lija la donnant, avec de la chair, aux panthères, aux sangliers, aux loups et généralement à toutes les bêtes sauvages , elle les fait périr ». \S ar.oniton pardaUanchès des .Tnciens est une des plantes sur lesquelles Pline nous a laissé un assez grandnombrede détails. Selon lui , il n'y avoit pas de poison plus prompt , puisqu'il suffisoit de toucher les parties génitales d'une bêle femelle pour la faire mourir en vingt-quatre heures. « C'est avec ce poison , ajoute Pline , que Caiphurnius Bestia fil périr deux de ses femmes endormies , ainsi que le rapporte son accu- sateur , M. Csecilius , dans son accusation ; lequel, mit dans sa conclusion , pour rendre la circonstance plus atroce , que ces femmes moururent dans les bras de Caiphurnius. « Les poètes feignoient que cet aconit avoit été premièrement en- gendré de l'écume que le chien Cerbère jeta, lorsque Hercule le tirade force des enfers;et comme la caverne qui servit d'en- trée à Hercule pour descendre aux enfers , étoitprès d'Héra- clée , dans le royaume de Pont, voilà pourquoi cet aconit croissoit en abondance près de cette ville. Pline continue en faisant remarquer que l'aconit est un poison pour ceux qui n'ont pas déjà un autre poison dans le corps , car alors ils se neutralisaient l'un l'autre. llrapporte ensuite l'histoire du scor- pion déjà mentionnée dans Théophraste et dans Dioscoride. THE S07 Lcî habitans de la ville d'Héraclée semoient,sur les monta- gnes , de la chair frottée avec de l'aconit pour faire périr les panthères , les léopards et autres bêles féroces qui infestoient leur pays; voilà pourquoi on V appelait parfl^lianr.hès (élrangle- léopards). Pline ne diffère de Dioscoride , dans la description qu'il donne de cette plante , que dans la comparaison qu'il fait de la forme de la racine à celle de la queue de la sqnille , cam- marus y sorte d'écrevisse. « De là vient, dit -il, qu'on a nommé cette herbe cammams (i) ( cammaros et cammaron, en grec) etthelypJionus; onlanommoit encore scorpius, parce que sa racine se recourbe comme la queue du scorpion. On rap- pelle aussi myoctonos, parce qu'elle fait mourir les rats, à la sentir seulement de loin. Elle croît ordinairement sur les ro- chers entièrement dénués de terre , qui sont désignés chez les Grecs par acones ( sans poussière ) , d'où le nom A'aconilum qu'elle porte. Cependant, on pensoit aussi qu'on lui donnoit ce nom, parce que son venin avoit, sur les organes, une ac- ^ tion corrosive aussi prompte et aussi expéditive que la meule sur les couteaux qu'on repassoit. » Ainsi donc , Vaconîton pardalianchès étoit une plante vé- néneuse , haute de huit pouces , à feuilles peu nombreuses (trois à quatre ), un peu velues, rondes et un peu plus pe- tites que celles du concombre à racines articulées , et qui croissoit soit à l'ombre , soit sur les rochers les plus stériles. Les commentateurs des botanistes anciens croient, les uns que Théophraste , Dioscoride et Pline, ont décrit une seule et même plante, et c'est notre avis; d'autres, qu'ils ont indiqué trois plantes différentes , et c'est l'avis de Matthiole ; mais, parmi les plantes que cet auteur présume devoir être les pardalianchès des anciens, il fait remarquer que l'on ne doit point placer le ranunculus thora , qui n'a point la racine noueuse,mais fasciculée; et, si l'on veut appliquer la descrip- tion d!i;offlrJa//««c7?(?5,telle que Dioscoride et Pline la donnent <.,^ à ce ranunculus, on verra qu'il n'est pas du tout probable que ^•'W. les anciens aient voulu indiquer celte petite plante. Ainsi^J'/ *^ rejetons, avec Matthiole , l'opinion, renouvelée de nos jourà;^ que Vaconilon pardalianchès des anciens et notre ranunculus ihora sont la même plante. Fuchsius croit que c'est la parisette, mais il est presque le (1) C. Bauhin prétend qu'il faut csemmornn , pour caecomoron , perriirieHY, en grec, et 1.1 difcjiie c'est ainsi que l'aconit est désigné dans Homère. ^ So8 THE ^ç.n\ qui soit de cet avis ; V. Cordus , cependant , paroît se l'anger à cette iriême opinion. Mallhiole figure pour V aconilon pardalianchès ou ihelyphonon 6e Dioscoride , une racine articulée garnie de quatre ou cinq feuilles velues, et qui paroît être celle du doronicum pardallan- chcsy L. ',V arnica scorpioïdes à racine rameuse est donnée , par Jui , pour V aconilon pardalianchès de Pline , et sa variété à ra- cine douce pour le ihelypJwnos de Théopbrasle. Il rapproche de ces plantes le doronicum scorpioïdes , Willd. , qui , pour Dodonée , est V aconition pardalianchès. 11 est à remarquer que les anciens ne nous ont rien appris sur la Heur de cet aconiton, en sorte qu'il est frès- difficile de savoir s'ils ont voulu indi- quer une plante apocinée ou une plante syngénèse, ou Lien une espèce de renonculacée;c'est ce qui rend plus quedouteux les divers rapprochemens que nous venons de citer. Le second aconilon des anciens est celui qu'on nomrnoit fycoctonon (tue-loup) et cynocfonon ou cynoctonos {tue-chien) , parce que sa racine , pllée avec de la chair crue , servoit à empoisonner les loups. Selon Dioscoride , il y en avoit trois espèces. Les chasseurs se servoient de l'une ; mais les méde- cins employoient les deux autres , qu'on appelait popù'çues , et dont l'une croissoit abondamment en Italie et différoit de l'autre par ses feuilles semblables à celles du plane , mais qui étoient découpées , plus menues , plus longues et plus noires. Sa tige étoit nue et semblable aux fougères non développées, et s'élevoit à la hauteur d'une coudée et plus. Ses graines éloient contenues dans des es; èces de gousses longues. Ses racines avoient la couleur noire comme les nœuds et les cal- losités des squiiles ou écrevisses de mer. Cette description , laissée par Dioscoride , convient assez bien à nos aconits , et il est peu douteux que les trois espèces à^aconiliim lycoctonitm «le Dioscoride ne rentrent dans nos aconits dont les propriétés vénéneuses sont très-connues; on cite surtout les ocowVo» lycoctonum et rnmmarum , L. Théopuraste dit, en parlant du second aconiton, qu'il se trouve en Crète etdans l'île de Zacinlhe;mais que le meilleur Iprpît îiux environs d'Héraclée , royaume de Pont ; que ses ■feuilles sont comme celles de la chicorée, et que sa racine a la forme et la couleur d'une noix, et qu'elle seule est vénéneuse. Théophraste prétend que c'est une petite herbe sans bran- ches, dont le fruit étoit assez semblable au froment, mais non pas en épi. Cet aconit croissoit , non - seulement à Acône » ville de la Grèce , qui lui avoit donné son nom , mais aussi partout. 11 se plaisoit beaucoup parmi les rochers; aucun iijjiinal , quel qu'il fût, n'en mangeoit. Théophraste ajoute : T ÎI E 5£)9 « On dît qu'il faut préparer cette herbe d'une certaîne ma- nière pour s'en servir comuie poison , mais personne n'a su j:isqu'ici comment il falloit s'y prendre pour préparer ce poison », Ce naturaliste n'allribue, selon C. Bauhin, qa'tme feuille à la lige de cette plante, et il la compare à une feuille de chicorée. 11 est bien difficile et souvent même oii est forcé de renoncer à établir des rapprochemens. V. Go-\ QUEMOLLIER et BOTANIQUE. (LN.) ' ;/ THÉORIE DE LA CaiSTALLÏSATION. Cet article; qui devoit être placé au mot Cristallisation^ comprend non- seulement l'exposé de la théorie proprement dite , mais aussi le précis de ce que l'on sait de plus positif sur ce phé- nomène en général. La cristallisation , suivant les chimistes et les pliysiciens , est l'opération par laquelle les corps passent de ï(i\.^\. fluide ou gazeux kXQX.2X soUiâ ^ ea affectaat des formées plus ou moins régulières. V 5iâ THÉ Nous sommes fondés à croire que tous les corps de la nn-« ture ont été tenus en dissolution; mais nous ne connoissons plus le dissolvant de la plupart d'entre eux ; et si nous pafve- nons à les réduire à l'élat fluide, ce n'esti qu'après les avoir décomposés de telle sorte, qu'il ne nous est plus jicrinis de les ramener à leur premier état. L'eau, l'alcool et là chaleur, sont aujourd'hui les principaux dissolvans qui, après avoir réduit à l'état fluide ou gazeux un grand nombre de substances minérales, végétales et ani- males , leur permettent, en cessant d'agir sur eux, de re- prendre leur état primitif. Les corps inorganisés homogènes sont composés de molé- cules d'une ténuité infinie, qui adhérent entre elles par at- traction, et qui, chacune en particulier, sont de nature sem- blable à celle de la masse. Réduire un corps en molécules impalpables , par un moyen mécanique, n'est qu'une simple division, et, telle parfaite qu'on puisse la supposer, elle n'approche en rien de la disso- lution ; car l'effet d'un dissolvant sur un corps est de com- battre l'attraction que les molécules ont entre elles par une attraction plus forte encore, celle du dissolvant pour ces mêmes molécules. Le calorique , considéré comme dissolvant des corps, agit sur eux par degrés; il les dilate, les ramollit, les liquéfie et les volatilise : tel est du moins son effet sur les métaux en gé- néral. La dilatation et le ramollissement ne suffisent point pour mettre un corps en état de cristalliser; ses molécules ne sont que dérangées , et ce simple écartement n'est point assez considérable pour qu'elles puissent prendre les positions qui conviennent à un arrangement régulier; il faut enfin, pour qu'il y ait cristallisation , que le corps soit au préalable entiè- rement désagrégé^ que l'adhérence de ses molécules soit abso- lument rompue ; et cet effet a lieu toutes les fois que l'attrac- tion du dissolvant sur les molécules l'emporte complètement sur l'affinité de ces particules composantes entre elles. Le i dernier effort du calorique sur un corps, est de le réduire à ' Tétat gazeux ; et cette volatilisation , qui n'est qu'une division extrême, le dispose parfaitement à la cristallisation. La quantité du calorique qui est nécessaire pour liquéfiei^ les corps, est extrêmement variable,- car le platine résiste à une température énorme, et le mercure est encore coulant sous un froid excessif. Cette première condition remplie (la liquéfaction), la cris- tallisation en exige une autre tout aussi essentielle ; c'est l'a- bandon, lent, calme et gradué du dissolvant. Il faut donc THE 5i3 absolument que le corps liquéfié reprenne son état solide avec le plus de lenteur possible, pour que la cristallisation atteigne a son dernier degré de perfection, et dans le cas oîr sa divi- sion extrême Tauroit réduit à l'état gazeux , il faut encore que les parois du vase ou l'espace quelconque qui renferme cette vapeur , se refroidissent d'une manière insensible ; et comuie cette diminution de température a lieu du dehors au dedans, les cristaux qui se forment par volatilisation se déposent toujours sur les parois des cavités qui leur servent de point d'appui : c'est du moins ce que l'on remarque dans la nature et dans les ate- liers où Ton prépare diverses substances qui ont la propriété de se réduire en vapeur à une haute température, telles que les métaux, l'ammoniaque, le soufre, etc. Je dis dans la nature, parce qu'on trouve, en effet, dans le^ crevasses des terrains volcaniques en activité, des cristaux de fer sublimés , comme à Stromboli ; du soufre, de l'arsenic sulfuré , à la Guadeloupe, etc. Dans les usines où l'on traite en grand les substances métalliques, on remarque des résultats absolument analogues. Les grillages qui ont pour but de chasser le soufre des mine- rais , présentent le combustible sublimé en cristaux dans les parties qui se sont refroidies graduellement. Il n'est point rare de trouver dans les débris des fourneaux des crevasses tapis- sées de cristaux métalliques, et dans certains cas même cette sublimation a lieu dans les scories; c'est ainsi qu'on trouve des cristaux octaèdres de fer dans celles de l'aciérie de Rive, Pour observer les résultats de la cristallisation des corps simplement liquéfiés, il faut, après avoir attendu que la sur- face et les parois aient recouvré leur solidité, décanter promp- lement la partie qui est encore fluide au centre ; de cette ma- nière , on met à découvert les cristaux qui font saillie dans l'espace; et si l'opération a été faite avec soin dans un vase creux, il en résulte une espèce de géode tapissée d'aiguilles ou de cristaux plus ou moins parfaits: cette expérience réussit parfaitement avec le soufre ou le bismuth. J'ai observé le même fdit , en grand, dans l'usine de Servez en Savoie , par rapport aux rosettes de cuivre que je faisois enlever à la sur- ■ face des bains d'affinage, dont le dessous étoit encore liquide ; , la face inférieure des rosettes étoit toujouns hérissée de cris- taux octaèdres. On conçoit aisément que si l'on eût laissé re- froidir la masse entière., ces cristaux auroient toujours existé . mais n'eussent été sensibles à l'œil que par la disposition par- ticulière de leurs lames dans la cassure, ou par quelques traces régulières a l'extérieur du lingot. Gela s'observe ordinaire- ment dans la rupture des métaux aigres et à. la surface des pains d'antimoine; enfin, la cristallisation' de l'élain sur les iames de fer que l'on réduit à l'état de fer blanc , devient sen- xxxiïi. 33 5i4 THE slble par Vaction d'un acide ; et c'est de cette proprie'té que les arts se sont emparés nouvellement, pour produire ce que l'on nomme aujourd'Jiui moiré métallique. Les liquides en général et Veau en particulier^ se com- portent, dans plusieurs cas, à l'égard des corps qu'ils ont la propriété de dissoudre, d'une manière analogue à celle du calorique. Pour qu'un corps cristallise au milieu d'un liquide, il faut que la masse du dissolvant soit proportionnée à celle du corps à dissoudre. Si le liquide n'est point en assez grande quantité, le corps reste pâteux, les molécules sont désa- grégées; et le jeu, l'espèce de manœuvre, qu'on me passe l'expression, qui est nécessaire à la cristallisation, ne peut avoir lieu -, les molécules ne peuvent s'aligner , l'espace est trop resserré , et il n'en résultera jamais une cristallisation parfaite , tels moyens d'ailleurs qu'on emploie pour chasser le dissolvant; c'est absolument l'effet analogue à celui d'un mé- tal mal fondu ; dans l'un c'est le liquide, dans l'autre c'est le calorique qui manque. Si à ce corps, réduit à l'état pâteux, on ajoute de nou- velles quantités de liquide, la dissolution se complétera , et la.première condition exigée par la cristallisation sera remplie. Quant à la seconde , qui a pour but de chasser le dissolvant , en commençant à en diminuer la masse , on y parviendra par l'évaporation naturelle, par l'évaporation factice ou par la congélation. De même qu'on a vu ci-dessus que certains corps exigeoient une plus forte température que d'autres pour être liquéfiés; •de même il existe des substances dont la dissolution s'opère dans une quantité infiniment moindre de liquide, que celle qui est indispensable à telles autres substances. Ainsi , par exemple, il faut cinq cents liv. d'eau pour en dis* soudre une de chaux sulfatée (pierre à plâtre). La magnésie sulfatée (sel dEpsom) n'en demande quels double de son poids. Le sel commun se dissout complètement dans trois foxs *' kon poids d'eau , etc. L'eau chaude dissout une plus grande quantité de certains sels que l'eau froide. Le nitre , par exemple , qui a besoin de trois ou quatre fois son poids d'eau froide, pour se dissou- dre , se fond complètement dans moitié de son poids d'eau bouillante ; tandis que dans le sel commun , l'eau chaude ne fait qu'accélérer la solution. Cela posé, si l'on a une dissolution saturée de sel marin, et qu'on se propose de la faire cristalliser , l'opération se ré- duira à dixainuèr le volume du dissolvant , sans changer la THE 5i5 ■quàiililé du sel dissous. Or, on attemt ce but ^ ainsi qu'on l'a déjà dit, par l'évaporation factice ou naturelle. A mesure que le liquide s'évapore, il abandonne, à chaque instant, des molécules salines qui, se trouvant en excès, se li- vrent à leur attraction mutuelle , se joignent , s'accolent, se précipitent par leur pesanteur, et donnent naissance à des cristaux qui s'accroissent en raison des nouvelles couches de molécules qui se juxta-poscnt à leur surface. Cette opération s'exécute en grand, par l'évaporation na- turelle , dans les marais salans , et par l'évaporation arti- ficielle dans les grandes chaudières des salines. Si l'on avoit pour but d'obtenir de; cristaux parfaitement réguliers, on devroit apporter la plus grande attention à con- duire l'évaporation avec calme et lenteur. Maintenant, si l'on a une dissolution chaude d'un sel qui soit moins soluble dans l'eau froide, et qu'on veuille faire cristalliser ce sel; il est évident qu'il suffira de laisser refroi- dir la dissolution avec précaution , pour obtenir la quantité du sel que l'eau refroidie ne peut plus retenir; mais on ob- servera qu'il s'en faut beaucoup que tout celui qui est en ex- cès, abandonne l'eau au moment même où elle est redeve- nue tout-à-fait froide. Cela n'aura lieu qu'au bout de quelques jours :aussi , dans les nitrières , oii tous ces phénomènes se produisent journellement, lorsqu'on a suffisamment rappro- ché les lessives par l'évaporation , qu'une goutte refi-oidie , pour épreuve , se congèle et devient soHde, alors on rempHt les cristallisoirs ou les bassins, et au bout de quelques jours seulement , on retire la portion qui n'a pu se cristalliser , qu'on appelle eau mère , et sur laquelle on aura occasion de re- venir. La glace,qui n'est autre chose que l'eau cristallisée,(i)n'en- traine point avec elle les sels qu'elle tient en dissolution quand elle est à l'état liquide; aussi la congélation est un moyen efïicaee de rapprocher les dissolutions , -et l'on assure qu'il est employé dans quelques salines du Nord. Ne sait-on pas, d'ailleurs , que les glaces qui se forment au sein des mers (i ) L'eau est compose'e, comme on le sait, d'une partie d'oxygène et de deux d'hydrogène en volume, de 85 d'oxygène etde i5 d'hydrogène en poids. On croit géne'raleraent que les étoiles de neige qui tombent quelquefois en hirer par un temps calme, sont composées de petits octaèdres, ainsi que les herborisations qu'on remarque sur les verres des croisées. Mais M. Cordier a remarqué de la glace em prismes hexaèdres, forme qui ne seroit pas compatible gvec l'octaèdre. 5.6 THE ne participent point du goût saumâtre de ce liquide salé? lî sufRt donc , pour concentrer une dissolution par le froid, d'enlever la glace à mesure qu'elle se forme ; mais il arrive nn moment où la dissolution est tellement concentrée qu'elle s'oppose à la congélation , cela tient à l'excessive abon- dance des molécules salines qui s'opposent a ce que celles de l'eau puissent se réunir. La congélation des vins , qui s'opère dans l'intention de les rendre plus forts et plus spiri- tueux, tient absolument à la même cause. Quelques sels ont la propriété d'absorber l'eau qui les en- vironne, d'attirer l'humidité de l'air, et de s'attacher forte- ment à elle. Aussi, en raison de leur état constamment hu- mide, ils ne peuvent conserver long-temps leur état solide j ils se déforment , se dégradent et cristallisent d'autant plus difficilement qu'il leur faut peu d'eau pour les dissoudre. Les eaux mères des nitrières, qui ne peuvent cristalliser, doivent cette propriété a plusieurs sels déliquescens qu'elles renferment , et particulièrement au nitrate de chaux. I! existe encore un autre mode de cristallisation. Je le nom- merai , à défaut d'une meilleure épithète , cristollisatiofi ■par mutation. Elle a lie u quand on substitue dans une dis- solution un corps qui a plus d'affinité avec le liquide, que n'en avoit celui qui étoit précédemment dissous. Le plus or- f dinairement , ce changement est tellement rapide , qu'il y a précipitation confuse ; mais il arrive quelquefois aussi que cette mutation , cet éehange se fait d'une manière très-calme , très-lente , et qu'il y a formation de cristaux. On doit conce- voir que , quoiqq'il n'y ait point ici de diminution dans le volume du diss9lvant , l'effet est absolument le njême par rapport au sel qui cède sa place j car à mesure que le liquide s'empare du nouveau sel , il abandonne le premier , tout comme cela auroit eu lieu si l'on eût opéré févaporation. On voit donc, d'après ce qui précède, que les conditions indispensables à la cristallisation du corps sont, d'une part, une dissolution complète , et de l'autre , la soustraction du dissolvant ; mais quant aux conditions accessoires et favora- bles à l'accomplissement parfait de ce phénomène, elles sont nombreuses et variées. Pour obtenir les cristaux les plus purs de forme, et les mieux terminés, il est indispensable que le liquide soit par- faitement en repos ; la moindre agitation apporte un déran- gement très-sensible dans leur formation. Lorsqu'on emjîloie l'évaporation artificielle , elle doit s'ef- fectuer de la manière la plus lente et la plus calme, et par conséquent, on doit éviter la plus légère ébulUliou. T H E 5i7 Un granJ volume de dissolution est le seul moyen d'obte- nir de gros cristaux; mais il faut encore que la capacité qui le renferme soit: infiniment plus haute que large , car M. Beudant (i) a observé qu'à volume égal , il se produit des cristaux huit à dix fois plus gros . dans une dissolution qui est renfermée dans un vase long et étroit , que si elle Fétoit dans un vase large et plat. Ce que Ton observe dans la nature est parfaitement conforme a ces remarques. C'est toujours vers le fond des fissures que se trouvent les plus belles cris- tallisations , et c'est dans les cavités les plus grandes que se rencontrent les plus gros cristaux connus , ceux de quarz et de chaux carbonatée. J'entends ici par cavités, non les grottes profondes et vastes qui existent dans les terrains calcaires , mais des espèces de poches d'une £;rande capacité , qui se trouvent particulièrement dans les fiions de quarz , où la li- queur qui les remplissoit a déposé , avec toutes les circons- tances favorables à la cristallisation , les deux ou trois subs- tances qu'elle tenoit en dissolution. Ces poches ou fours à cristaux , qui portent aussi le nom de cristallières , se rencontrent particulièrement dans les Alpes-Dauphinoises et dans celles du Valais ; il est probable qu'il en existe aussi à Madagascar ^ au Brésil et ailleurs , car nous recevons des cristaux énormes de quarz de ces différen- tes localités; et , comme nous l'avons posé en principe , point de gros cristaux , sans un grand volume de dissolvant , et sans un grand espace pour le contenir. Des corps déliés , plongés dans les vases qui renferment des dissolutions , deviennent des points d'appui sur lesquels les cristaux s'attachent de préférence 5 aussi ,les fils , les cordes , les baguettes , etc. , que l'on fixe à dessein dans les cristalli- soirs , en sortent-ils chargés des cristallisations les plus par- faites. Ceprocédé,qui s'emploie journellement chez les confi- seurs, pour la cristallisation du sucre , étoit connu des an- ciens, car Phne , en parlant du vitriol bleu (sulfate de cui- vre) , rapporte que l'on tendoit des cordes dans les vases où ce sel se cristallisoit. Un cristal déjà formé d'un sel quelconque , introduit dans une dissolution de ce même sel, augmente de volume d'une manière très-sensible , et subit diverses modifications de forme , sur lesquelles on reviendra plus tard (2). La nature des cristallisoirs ou des vases dans lesquels on dé- (i) Leblanc avoil fait aussi des observations analogues. Voyez sa Cristallotechnie. (s) Leblanc , Cristallotechnie. 5ia THE pose les dissolutions pour les y faire cristalliser , iiiflue Beau- coup sur la formation des cristaux; l'on a remarqué , par exemple, que les vaisseaux de bois leur sont plus favorables que ceux de grès ou de métal. Cela tient à ce que le bois est hérissé d'une multitude de petites papilles qui arrêtent les pre- mières molécules qui se précipitent et qui leur servent d'at- tache. Les sels qui cristallisent dans des vases dont le fond est oc- cupé par une couche de substance pulvérulente ou gélatineuse, produisent des cristaux dont la forme est d'une simplicité et d'une uetteté remarquables. Cette observation, qui avoit été faite par feu Pelletier , sur des cristaux d'alun qui s'étoient formés au milieu d'une argile délayée dans un vase , et qui vient d'être constatée parM. Beudant, est encore parfaitement conforme à ce que l'on trouve d'analogue dans la nature. Le grés rhomboïdal de Fontainebleau, qui n'est autre chose qu'une chaux carbonatée qui a cristallisé au milieu d'un sable extrêmement fin , en est un exemple frappant. Certains feld- spaths et quelques axinites qui sont empreints d'un sable cldoriteux , présentent la même simplicité et la même perfec- tion dans leurs formes , et l'on peut ajouter que ces cristaux sont assez souvent isolés. L'agitation du liquide qui tient un sel quelconque en dis- "solution , produit toujours des cristaux confus ou très-petits; maif ii arrive quelquefois qu'une saccade donnée à propos y détermine la cristallisation subite d'une dissolution concen- trée qui persistoit à ne point cristalliser. On diroit que l'at- traction du liquide pour Ips molécules salines balançoit, dans ce cas , celle qui existe entre les molécules elles-mêmes, et qu'il ne falloit que rompre cet équilibre de force pour opérer la précipitation des cristaux. On remarque ce fait particuliè- rement dans les dissolutions de sulfate de soude. On a observé dans les salines et ailleurs, que les dissolu- tions sont plus concentrées vers le fond ^ qu'à la partie supé- rieure ; aussi , quand on abandonne une dissolution dans un ;Vase bouché, il se forme assez souvent des cristaux vers le fond , sans qu'il y ait eu , pour cela , évaporation du liquide ; mais il paroit que les molécules salines se rassemblent en ex- cès vers la partie inférieure ; que le fluide , dans cette portion du vase , ne peut les contenir toutes , et qu'il s'en précipite d'autant plus , que la différence des concentrations entre le haut et le bas de la solution est plus marquée. La température et l'état hygrométrique de l'air influent beaucoup sur la cristallisation des substances dissoutes dans THE 5i9 Teau , et particulièrement sur celles qui doivent se concentrer en plein air. Dans les marais salans, où l'on se propose, en exposant l'eau de la raer en couches minces, de la concentrer et de l'amener même à cristalliser par un contact prolongé avec l'air dans les cases ou réservoirs qui s'emplissent a marée haul3,il arrive souvent qu'aulieu de se concentrer, Teau salée s'afîoiblit en raison de l'air chaud et humide qui règne dans certaines saisons , et dont elle attire les molécules aqueuses. A ces époques , la cristallisation est retardée. Dans les salines où l'on fait usage des bâtimens de gradua- tion , composés de hautes piles de fascines a travers lesquelles on fait, à plusieurs reprises, tomber l'eau des sources salées pour la concentrer en la mettant en contact avec l'air sous la »orme d'une multitude infinie de gouttelettes, il y a des instans où l'air est si peu favorable à la graduation , que celui qui le conduit doit la suspendre en entier ,• car il ob- tiendroit un résultat contraire 'a celui qu'il se propose. Les graduateurs du pays de Salzbourg sont très au courant de ces circonstances défavorables , et connoissent parfaitement le vent qui doit avancer la concentration ou celui qui doit la retarder. Les mêmes effets ont lieu dans les laboratoires des chimistes. M.-Gay-Lussac a remarqué que la pression atmosphérique'' influe , en certains cas ^ sur la production des cristaux des sels. Le sulfate de soude ne cristallise paint dans le vide. Lo sous-carbonale de soude, au contraire, qui ne cristallisoit point sous la pression atmosphérique ordinaire, a produit des cristaux lorsqu'on l'a placé dans le vide ; enfin , le nitre et le sel marin cristallisent 'indifféremment sous toutes les pressions. L'absence de la lumière est favorable à certaines cristalli- sations. Je me suis assuré de ce fait relativement à la pro- duction de certaines efflorescences, particulièrement à l'égard de l'alun. Enfin, Te contact de l'air parait être une circonstance indispensable à la cristallisation de certains corps ; l'eau , par exemple, recouverte d'une couche d'huile de térében- tlûne, peut être amenée a plusieurs degrés au-dessous de zéro sans se Cristalliser, c'est-à-dire , sans se congeler. Il en est de même d'une dissolution de sulfate de soude- Telles sont a peu près les circonstances indispensables , favorables ou contraires à la cristallisation des corps. Nous allons passer maintenant à l'examen de la configuratiou 520 THE extérieure des cristaux, et de là à Fctude de leur structure' L'observatron et rexpérience ont proavé que le même se cristallisoil toiijours sous la même forme, ou pouvoit y être ramené en faisant abstraction de quelques facettes addition- nelles^ el c'est sous ce premier point de vue simple, que nous nous bornerons à considérer pour l'instant celte constance des cristaux, qui est si remarquable , et qui s'étend non- seulement aux substances qui cristallisent dans nos fabriques et dans nos laboratoires , mais aussi à toutes les espèces miné- rales qui se trouvent dans la nature et qui constituent la partie solide du globe. Il est probable que la première substance dont on a observé la forme cristalline , fut le sel dont nous nous servons jour- nellement pour la préparation et la conservation de nos alimens : on dut être étonné que celle substance, retirée de différens pays des eaux de la mer, des sources salées, ou du sein de la terre , s'offrît toujours sous la figure d'un dé à jouer; et la surprise dut augmenter quand on remarqua qu'en brisant celle substance elle se divisoit encore en petits solides de la même forme j el voilà, selon moi, l'origine de la cris- tallographie. Ce qui avoit été constaté pour le muriate de soude le fut successivement pour l'alun, le nitre, le borax, etc. Ces subs- tances, qui se fabriquent en gi-aud pour nos besoins journa- liers, cristallisent parfaitement dans les vaisseaux où on les prépare , et il n'est point rare de les trouver dans le com- merce sous la forme de cristaux assez volumineux; l'alun . surtout, que Ton fait cristalliser dans de g'randes barriques, s'y dépose en octaèdres de plusieurs pouces de diamètre. Le sulfate de cuivre ( vitriol blan ) , si précieux aussi pour l'art de teindre les étoffes , se rencontre en cristaux d'un bleu vif et d'une régularité parfaite. La beauté de ces cristallisations, leur nellelé , loijr régu- larité , tout devoit attirer l'attention des observateurs et faire delà cristallisation des corps le sujet d'une élude sérieuse, el néanmoins, cette branche particulière de la physique, ;qui se rattache si directement à la connoissance des minéraux 'y ne remonte guère chez nous qu'à cinquante années. Quant aux anciens, il paroît cju'ils n'ont eu que des idées très-vagues sur les formes régulières des substances minérales ; car , lorsqu'ils en parlent, en décrivant les pierres gemipes , c'est ordinairement d'une manière si peu précise, qu'il est difficile d'en tirer la moindre induction sur la nature de la substance qu'ils ont l'intention de désigner ^i). (i) Pline , lib. XXXVII. THE 521 La régularité parfaite des cristaux n'avoit jîoint échappé à Linnseus; et, tout en rapprochant a tort les espèces les plus disparates, parce qu'elles offroient des formes analogues, il prouva par-là même qu'il attachoit une grande importance à la configuration géométrique des minéraux. Romé-de-l'Isle fit faire un pas énorme a la cristallographie, parce qu'il eut l'idée première que les cristaux d'une même espèce dévoient se rapporter 'a une forme unique dont la sim- plicité n'étoit déguisée que par des facettes plus ou moins nombreuses qui , en remplaçant des angles solides ou des arêtes, lui suggérèrent l'idée des troncatures j il fit plus, il annonça la constance des angles dans la même espèce , les mesura mécaniquement, et en indiqua la valeur dans sa Cristallographie. Cette forme unique, dont les variétés ne diffèrent quelquefois que par de légères modifications , est devenue, par la suite, ce que nous appelons aujourd'hui forme primitive i et nous verrons combien cette heureuse pensée fut féconde en résultats,* combien cette forme primitive, qui se décèle si souvent à travers les facettes additionnelles dont elle est surchargée, disparoît parfois en entier sous une écorce étrangère dont il est possible néanmoins de la dégager en agissant dans le sens où cette enveloppe s'y est appliquée. Berginann pénétra jdIus avant encore, puisqu'il considéra les formes secondaires ou celles qui modifient les formes, primitives , comme étant produites par une superposition de plans tantôt constans, tantôt variables et décroissans , autour d'une foruje primitive. Il fit même l'application de cette vue nouvelle à quelques formes cristallines , et particulièrement à une variété de chaux carbonatée qu'on appelait alors spath calcaire (dents de cochon J , et qui a reçu depuis le nom de métastatique {pi. i,/ig' 17); et il faut avouer que celte forme secondaire diffère tellement de celle qui lui sert de noyau, ^que cette tentative étoit d'autant plus étonnante que l'œil du savant chimiste n'étoit guidé par aucune analogie de figure. Tel étoit l'état de la cristailographie,lorsque M. Haïiy conçut la belle idée de soumettre au calcul le plus rigoureux, les lois suivant lesquelles les molécules des corps cristallisables se groupent pour former ces enveloppes régulières qui mas- quent le noyau primilif,en combmant avec ces lois la figure et les dimensions de ces mêmes molécules, « Ce travail, dit « ce savant illustre et modeste, a produit une théorie mathé- « matique que j'ai réduite en formules analytiques qui repré- « sentent tous les cas possibles, et dont l'application aux « formes connues conduit à des valeurs d'angles constamment « d'accord avec l'observation, » &23 THE C'est de celte belle théorie , qui a élevé la minéralogie au rang des sciences exactes , que i on va tâcher de donner une simple idée en renvoyant ceux qui voudront véritablement étudier la cristallograpliie au Traité de Minéralogie de M. Haiiy et aux nombreux mémoires dans lesquels il a con- signé ses nouvelles découvertes , et qui font partie des An- nales et des Mémoires du Muséum d'Histoire Naturelle ou du Journal des Mines. DES FORMES PRIMITIVES. Ramener tous les cristaux d'une même espèce minérale à une seule forme primitive , soit par le raisonnement , soit par la division mécanique , est l'idée mère de la cristallographie, et cette observation est tellement constatée aujourd'hui , que la diversité des formes primitives doit être regardée comme un indice certain d'une différence de nature entre deux subs- tances. « La forme primitive est un solide d'une figure constante, engagé symétriquement dans tous les cristaux d'une mèm« espèce , et dont les faces suivent les directions des lames qui , composent ces cristaux. » Jusqu'ici l'on ne connoît que six solides qui servent de formes primitives aux minéraux , savoir : 1. Xe /^/raè^re,pl, 3, fig. 17, abstraction faite des facettes ^ qui sont sur les arêtes et sur les angles. 2 . Le parallélipipède rectangle ou obliqttangle , pi- 1 , Kg. i , 10, 23, 27 , 34. 3. L'octaèdre, pl.i, fig.29,- pi. a, fig. 28,38, avec abstrac- tion des petites faces additionnelles des sommets, pi. 3 , fig. 1, inscrit dans un cube. 4. Le prisme hexaèdre régulier, pi. i,fig. 34 •> comprimé ; pi. 2, fig. ig, abstraction des petites facettes triangu- laires. 5. Le dodécaèdre à plans rhomhes. , pi. 2, fig. ci 6. Le dodécaèdre à plans triangulaires , composé de deux pyramides hexaèdres ^ opposées base à base , pi. 1 , fig. 32. Mais comme ils varient dans leurs dimensions et dans la valeur de leurs angles, sans cesser néanmoins d'être constans par rapport à la même espèce minérale, M. Brochant admet, sous le nom de solides de clivages, la série de formes pri- mitives suivantes , qui est le développement ou l'énumé- ration des variétés de chacune des six espèces- ci-dessus in- diquées (1): {i) Brochant de Villiers, article CrisCallisntion div Dictionnaire de» SoiCBcesQUurelIcs, §63. THE 5.3 I, Le tétraèdre régulier ^ dans le cuivre gris et le cuivre py- riteux, pi. 3, fig. 17 , abstraction faite des facettes. 3, Le cube , dans le plomb sulfuré , etc., pi. 3, fig. 7. 3. Le prisme droit à base carrée, dansFidocrase, pi. 2, fig. 8 , avec abstraction des petites facettes. 4. Le prisme droit à base rectangle , dans le péridot. 5. Le prisme droit rhomboïdal isocèle , dans la baryte sul- fatée , pi. I , fig. 23 5 pi. 2 , fig. 2.S , avec abstraction des quatre petites facettes triangulaii-es. 6. Le prisme droit ohlitju angle , non isocèle dans la chaux sulfatée , pi. i , fig. 10. 7. Le prisme rectangulaire à hase ohlitjue reposant sur^ une face {1) , dans la soude boratée primitive , pi. i, fig- 1 • 8. Le prisme rhomboïdal à basé oblique reposant sur une arête (Voyez la note) , dans le pyroxène et l'amphibole , pi. 2, fig. 21 et 23. g. Le rhomboïde ou rhomboèdre , dans la chaux carbonatée, pi. i,fig. i3, le corindon. 10. îf octaèdre régulier , pi. 3, fig. -i ,e , f, gt Ji , i , dans la chaux fluatée. II. L'octaèdre à base carrée^ dans le zircon, pi. I,fig. 29. 12. L'octaèdre à triangles scalènes , dans le soufre, pi. 2, , fig. 28. 1.3. L'octaèdre à base rectane^le , dans le plomb carbonate , le plomb sulfaté et la potasse nitratée, pi. l ,fig. 5. 14. Le prisme hexagonal régulier , dans la chaux phos- phatée et Témeraude , pi. 2, fig. ig, tivec abstraction des petites facettes triangulaires. 15. Le dodécaèdre rhomboïdal régulier dans le zinc sul- furé , pi. 2 , fig. 9. 16. Le dodécaèdre triangulaire isocèle , dans le quarz 9 dans le plomb phosphaté et la baryte carbonatée, pi. i , .fig- 32. S'il est toujours vrai qu'une même substance a constam- ment le même solide pour forme primitive, il est également (i) Pour rintelligence de cette expression nouvelle, reposant sur une face y on dira que M. Brochant entend désigner qu'une face inclinée repose immédiatement sur une face perpendiculaire , à la manière dont le toit d'un bâtiment s'appuie sur le mur de sa façade. Quand, au lieu d'un pan, il se trouve une arête sous la face inclinée, il dit alors base oblique reposant sur une arête ; et l'on conçoit que lorsqu'une base est à angle droit avec les pans d'un prisme, elle n© repose pas plus particulièrement sur les faces que sur les arêles-y 524 T II E vrai qu'un même solide peut servir de noyau à plusieurs es- pèces minérales totalement différentes; mais, dans ce cas. Ton a remarqué que cela n'arrivoit que par rapport aux so- lides les plus simples et les plus réguliers qui pouvoient être composés par des molécules de formes différentes , à peu près comme on parvient à composer des carrés avec des assorti- mens de figures diverses; ces solides réguliers et simples, auxquels M. Haixy a donné le nom de limites , sont : Le cube^ qui sert de forme primitive au fer sulfuré, à la soude muriatée, etc. If octaèdre régulier^ qui est commun au spinelle, à la chaux fluatée, etc. Mt le dodécaèdre à pla7is rhombcs égaux et semblables , qui appartient au grenat et au zinc sulfuré. Les substances diverses qui sont pourvues des mêmes noyaux diffèrent tellement par leurs autres caractères phy- siques ou chimiques , qu'il suffit d'une seule de leurs pro- priétés pour les différencier d'une manière tranchée, nonobs- tant la parité de leurs formes primitives : ce seroit donc une bien foible objection contre la cristallographie , que de lui reprocher d'accorder des formes priiuitives semblables a des substances différentes; et, en effet, peut-on confondre une pyrite cubique avec un cristal de sel gemme? peut-on hésiter lin instant à distinguer un spinelle d'un cristal de chaux fluatée, quoiqu'ils se présentent l'un et l'autre sous la forme octaèdre ? Ce caractère est d'un si grand poids dans les détermina^ tions des minéraux, que plusieurs espèces qui avoient été séparées en raison de leur aspect difTérpnt ou de leur couleur opposée, ont été réunies, avant même qu'on fût éclairé par la connoissance de leurs principes constituant ; l'analyse a toujours conhrmé ces heureux rappro^hemens. Le béryl et l'émeraude ne formant plus qu'une seule et même espèce , présentent un bel exemple à l'appui de ce qu'on vient d'avancer. ,,' Tel soHde qui sert de forme primitive à une substance , n''èst qu'un cristal secondaire dans une autre espèce. Ce cas n'est point rare,- mais lorsque le cube, par exemple , est en forme primitive , inutilement chercheroil-on à le diviser «sui- vant d'autres sens que ceux qui sont parailèies"a s&s six faces ; tandis que, s'il remplit le rôle de forme secondaire, on pourra certaines imperfections qui nuisent infiniment à la valeur des pierres pre'cieuses. * THE 525 le cliver (i)dans le sens qui est parallèle à ses diagonales, eu abattant ses huit angles solides ; on peut en dire autant des autres formes primitives qui sont susceptibles, comme le cube, de devenir formes secondaires de certains minéraux. Un grand nombre de substances se présentent dans la na- ture en cristaux, qui ne sont autre chose que leurs formes pri- mitives ^ mais , néanmoins , il arrive souvent qu'on est forcé de cliver ou de diviser mécaniquement les cristaux secondaires pour parvenir a dégager et a connoître leur noyau primitif. Le sens dans lequel on doit faire passer le plan coupant , est indiqué soit par des reflets brillans qui le distinguent dan» l'intérieur même du cristal, soit par des stries saillantes à sa surface, et qui ne sont autre chose que les bords des lames de superposition, qu'il suffit d'enlever pour parvenir a la forma primitive qu'elles recouvrent. Ces reflets intérieurs , auxquels M. Haïiy a donné le nom àe joints naturels , lui ont été du plus grand secours, et lui suffisent même quelquefois pour déterminer, en raison de leurs positions respectives , la figure du noyau primitif, sans avoir recours a la division mécanique qui, au reste, n'est pas toujours aisée dans certaines substances. On parvient quelquefois à obtenir le solide intérieur, le noyau ou la forme primitive d'un minéral , en le plongeant encore chaud dans l'eau froide j c'est particulièrement au quarz que ce procédé est applicable. Dans certaines substances et particulièrement dans la chaux carbonatée, il suffit de briser un cristal secondaire par un coup donné au hasard , pour obtenir sur-le-champ une mul- titude de rhomboïdes j si c'est du plomb sulfuré , un nom- bre infini de petits cubes ; quelle que soit d'ailleurs la forme du cristal secondaire qui aura été frappé. Mais,pour procéder d'une manière méthodique et régulière dans l'enlèvement de l'en- veloppe qui déguise la forme primitive , on doit agir de telle sorte, que le plan coupant fasse naître les faces qui appartien- nent au noyau, les unes ajîrés les autres, en sorte qu'en procé- dant de cette manière, on change le cristal de forme, jusqu'à (i) Cliver est l'opération par laquelle on divise un cristal quel- conque dans le sens des lames dont il est composé , et cela , au moyen d'un plan coupant que l'on fait agir à l'aide d'un choc ou de la seule pression. Ce terme est emprunté du langage du lapidaire, dans lequel il est employé pour désigner l'action de diviser une pierre pour lui donner moins d'épaisseur, abréger le travail, ou faire disparoîtr Si6 T H Ë ce que la division soit complète ,et que la soustraction de nouvelles lames n'ait plus d'autre effet sur lui, que de le dimi- nuer sans modifier sa figure. Les faces qui sont produites par la division mécanique, sont ordinairement très-brillantes et miroitantes, tandis que le résultac d'une simple cassure est toujours plus ou moins ra- boteux , ou plus ou moins terne. C'est à la division raisonnée d'un cristal de chaux carbo- natée hexaèdre , que nous devons en partie la théorie de la crislallogrophie. M. Haùy, en essayant d'en extraire la forme primitive , parvint , après quelques tâtonnemens , à trouver que ce clivage n'étoit possible que sur 3 des 6 arêtes de l'une des bases du prisme , et que sur l'autre base , il falloit a^^ir de même, avec cette seule différence, que les arêtes divi- sibles répondoient à celles qui ne l'étoient point sur la base supérieure. > i i r • • Quand on aura exposé la manière dont les tormes primi- tives se modifient par l'addition successive des lames super- posées et décroissantes , on reviendra sur la dwision méca- nique des formes secondaires ; mais avant , il est essentiel de connoitre le clivage des formes primitives dont les produits sont des solides extrêmement simples, auxquels on a donné le nom de Molécules intégrantes. DES MOLÉCULES INTEGRANTES. Lorsqu'on a atteint le noyau d'une forme secondaire , l'on n est point arrivé au dernier terme de la division mécanique ; cette forme primitive peut encore être divisée , soit dans le sens parallèle à sespropres faces,soit dans d'autres sens encore. Dans le premier cas, le noyau diminue de volume sans changer de figure , et l'on en conclut que la molécule inté- granle est pareille au noyau; mais dans le second, il est évident que le solide doit changer de forme et donner nais- sance à des polyèdres plus simples. C'est ainsi, que le prisme hexaèdre régulier dont la Hg. 6,pl.3, représente en «, ô , c , d, e , f, la base, ense soudivisant parallèlement à trois de ses pans ab,cd,ef,se change en un prisme triangulaire^ Ai. Or on démontre qu'un prisme hexaèdre régulier est entiè- rement composé de petits prismes triangulaires équilateraux, qui,pris deux à deux, donnent naissance 'a des prismes rhoin- boidaux. En soudivisant ainsi tous les sohdes de clivage connus, on est arrivé a ce résultat remarquable , par sa grande sim- plicité, c'est que toutes les molécules intégrantes se réduisent: au tretraèdre , au prisme triangulaire , et au paralléUpipède , THE 527 qui sont les solides les moins compliqués de la géométrie, puisqu'ils offrent successivement quatre, cinq et six plans, et qu'il eu faut au moins quatre pour circonscrire un espace. Il en est des molécules intégrantes comme des formes pri- mitives ; elles sont invariables dans la même espèce , mais elles varient dans leurs angles et dans leurs dimensions par rapport a chaque su'jstance. Le parallélipipède est tantôt obliquangle et tantôt rectangle, et présente ainsi, soit un rhomboïde plus ou moins obtus , soit un cube qui est le point de perfection de cette espèce de solide. Le prisme triangu- laire est également variable; sa base est isocèle ou équilatérale; dans ce dernier cas , c'est la hauteur qui varie par rapport à l'un des côtés de sa base, dans différentes espèces. Le tétraèdre ou la pyramide triangulaire est également différente, suivant qu'elle appartient à telle ou telle substance. Enfin, il arrive aussi,comme nous l'avons annoncé pour les formes primitives , que certaines molécules intégrantes sont exactement les mêmes pour des espèces différentes. En résumé , la forme primitive d'une espèce minérale est le solide qui provient de la divisioh mécanique des formes secondaires , et la molécule intégrante est celui qui résulte de la division ou du clivage de cette forme primitive; en sorte que cette enveloppe régulière qui recouvre le noyau , est toujours susceptible de produire des solides semblables à celui qui provient de la division de la forme primitive ; tandis qu'il n'est pas toujours vrai de dire que cette enveloppe est com- posée de solides semblables à celui qui constitue le noyau ; cela n'a lieu seulement que dans le cas ou les molécules inté- grantes sont semblables à la forme primitive , et c'est ce qui arrive à la chaux carbonatée et au plomb sulfuré qui, comme on l'a déjà dit, produisent,par le simple choc, une multitude de petits cubes et de rhomboïdes parfaitement pareils à ceux que l'on en dégage, quand on procède méthodiquement à l'aide d'un plan coupant. DES FORMES SECONDAIRES. On appelle formes secondaires , celles qui résultent de Ja modification des formes primitives. Ces modifications commencent à avoir lieu sur les angles et les arêtes des formes primitives, en remplaçant ces parties sail- lantes par de simples facettes, telles que les petits triangles que Ton remarque sur les figures 3 , 18, 19, 87, 38 , de la pi. 1, telles que celles qui remplacent aussi les douze arêtes et les angles solides de la fig. 3i , planche qui étoit originairement un cube. 5,8 THE S'il en étoit toujours ainsi j la forme primitive percerolt â travers ces légères modifications, et Toeil le moins exercé s^ relrouveroit sans peine. Mais il arrive souvent que ces facettes additionnelles prennent un accroissement tel, (jue les faces du noyau primitif deviennent excessivement resserrées, qu'elles finissent même par disparoitre entièrement, et qu'a- lors il faut beaucoup d'attention et beaucoup d'habitude pour placer le cristal dans la position la plus propre à déterminer celle du nojau qu'il renferme, et pour remettre tout en place par la pensée. Plusieurs autres circonstances viennent encore augmenter le nombre des difficultés qui accompagnent la détermination des formes cristallines : rarement un cristal est isolé et pré- sente toutes les facettes qu'il devroit offrir s'il étoit complet; le plus souvent, les cristaux sont groupés ou fortement en- gagés dans la substance qui les supporte ; aussi n'est-ce qu'un sommet ou une pointe que l'on est à même d'observer , en sorte qu'on se trouve tout-à-fait forcé de deviner le reste. Heureusement^ ainsi qu'on le verra bientôt, la cristallisation s'opère suivant des lois symétriques qui sont telles, que toutes les parties semblables d'un cristal et semblablement situées, présentent le même genre et le mème,nombre de facettes, en sorte qu'il suffit de pouvoir examiner l'une de ces par- ties pour être à même de dessiner les autres. Par exemple , ilsuffiroit a un cristallographe exercé, de voir^^l'un des angles solides du cristal représenté fig. 3i , pi. 2, pour en conclure tout le reste. La valeur des mêmes angles est constante dans les cristaux semblables de la même espèce minérale ; c'est un principe sans exception ; mais on doit encore se garer des espèces de difformités qui naissent de l'accroissement excessif de cer- taines facettes,, aux dépens de celles qui les avoisineut. C'est; ainsi que les cristaux s'aplatissent ou s'allongent à l'excès; que les aiguilles de quarz qui, dans l'état parfait , doivent se terminer par une pyramide à six faces, dont l'extrémité cor- respond au centre du prisme, se rencontrent souvent avec un sommet coupé obliquement, en bec de flûte, et cela en raison d'une des six faces de la pyramide, qui sont considérable- ment étendues ; on peut en due autant des lames defer su- blimé de Stroniboli , etc. M. Brochant, pour faciliter la description des cristaux, les rapporte tous à neuf polyèdres géométriques, auxquels il donne le nom de yonnes domin.inites (\). (i) Brochant de Villiers, article Cristallisation, du Diclionuaire des Sciences naturelles, § 63. THE 529 Ce sont: le tétraèdre , — \q parallélipipède ., — l oc- taèdre , — \e prisme hexagonal , — le dodécaèdre rhoiri' hoidal, — le dodécaèdre pentagonal, — le dodécaèdre trian- gulaire , — - l'icosaèdre triangulaire et le trapézoèdre. L'on remarquera sans doute que les six premiers solides sont ceux que l'on a reconnus comme servant de noyaux aux espèces minérales ; mais nous avons vu plus haut que ces formes ne sont souvent que légèrement modiFie'es par quel- ques facettes additionnelles; c'est alors seulement qu'elles peuvent se ranger parmi les formes dominantes ; car, on conçoit bien quecessolides cessent d'être formes dominantes, quand ils sont trop défigurés par l'addition des nouvelles facettes. Quelques minéralogistes , et M. Brochant en dernier lieu, admettent trois sortes de modifications dans les formes pri- mitives et dans les formes dominantesi On dit qu'une arête ou un angle solide (l) sont tronqués ^ quand ils sont remplacés par une face plane. PI. 2,. fig. 2, 4, 7 , 18 , 19, 3i , etc. Qu'ils sont remplacés par un biseau, quand, à leur place, il existe deux facettes, pi. i , fig. 11 et 25. Enfin , on dit encore qu'un angle ou une face sont rem- placés par une ;7^ra/72î//e ou wn pointement , quand il s'est élevé à leur place un assemblage de trois faces ou plus , incli- nées entre elles, et qui forment un angle solide ou seulement une pyramide tronquée , pi. 2 ^ fig. 38. Ainsi l'on entend donc par formes dominantes des cristaux, celles qui frappent au premier abord , abstraction faite ( mo- mentanément ) des facettes additionnelles qui les modifient. Cette méthode descriptive n'a rien de rigoureux, mais elle est applicable à un grand nombre de cristaux, et en cela elle peut être très-commode, lorsqu'il s'agit de donner l'idée d'un cristal 5 sans le secours des figures. Il est vrai de dire, et M. Brochant ne s'est point dissimulé cette difficulté , qu'il existe des cristaux qui participent de deux formes à la fois (du cube et de l'octaèdre , par exemple ) , et dont il seroit impossible de déterminer la forme dominante; néanmoins il est constant que la plupart des cristaux peuvent être rapportés, au premier abord, aux neuf solides que l'on a déjà cités; et il suffit de jeter un coup d'oeil sur ceux qui sont figurés dans les trois planches ci-jointes, pour se convaincre que la plupart d'en- tre eux ne sont que des prismes, des cubes, des rhomboï- (i) Un angle solide doit être formé par la re'unlon de trois plaas au moins. XXXIJI, 3i* 5^0 THE des, on clés dodécaèdres modifiés. Mais, nous le répétons en- core , l'observation des formes dominantes n'est applicable aux cristaux d'une espèce qu'individuellement , et Ton auroit une fausse idée de l'intention de M. Brochant, si Ton croyoit que son but a été d'assigner irrévocablement telle forme dominante pour telle espèce ; il sait trop bien que la même substance est susceptible d'offrir, dans la série de ses formes cristallines , jusqu'à trois formes dominantes et plus. Comment ces facettes additionnelles, symétriquement ar- rangées sur tous les points semblables d'un môme cristal , Sont-elles produites ? Quelles sont les lois immuables qui président à leur naissance ? A quoi tient enfiA cette constance dans leurs angles, qui résiste même a l'excès du développe- ment de certaines faces, dont l'étendue extraordinaire pro- duit une sorte de difformité apparente ? On explique ces différens phénomènes en supposant que tous les cristaux sont composés d'un assemblage de molécules intégrantes , parfaitement régulières , dont les dimensions ne varient jamais dans la même espère. Or, nous avons vu plus haut que la division mécanique des formes primitives donne effectiveuient naissance à des solides extrêmement simples; que l'enveloppe régulière qui constitue le cristal secondaire est elle-même susceptible de se diviser dans des directions qui donnent naissance aux mêmes solides; en sorte que c'est un fait et non point une supposition de dire, que tous les cristaux sont formés par la réunion d'une multitude infinie de petites molécules sembla- bles , dans la même espèce. Cela posé, on s'est assuré que la plupart des substances cristallisables sont composées de lames qui se séparent plus ou moins facilement les unes d'avec les autres (i) ; que cette division a lieu suivant des directions et sous des angles d'une constance rigoureuse; que l'on chercheroit en vain à partager un cristal , dans le sens contraire a celui dans iequel les lames sont superposées; et que sil'ony parvenoit, ce ne seroit alors qu'une cassure raboteuse et irrégulière qui présenteroit tous les caractères d'une rupture violente. Mais ces lames de superposition sont elles-mêmes com- posées d'une réunion de molécules; et nous pouvons, par la pensée, les supposer tellement minces, que leurs bords dispo- sés en échelons soient insensibles à nos orçanes. (i) Les cristaux d'or, d'argent, de cuivre, et ge'neralemenl tous ceux des me'taux ductiles, résisteat à la diyision mécanique, en rai- son de leur ténacite\ THE 53ï Jusqu'ici rien n'explique les facettes additionnelles des cristaux secondaires, leur symétrie et la constance de leurs anojles; mais tout ce qui pre'cède étort indispensable à celle ex- plication, et c'est seulement à présent que nous pouvons commencer à développer la théorie proprement dite des cristaux , ou les lois suivant lesquelles les molécules intégran- tes se disposent , pour donner naissance aux formes secon- daires. DES DECROISSEMETIS. Les minéralogistes sont généralement d'avis que les facet- tes qui modifient les formes primitives des cristaux sont dues à la soustraclio* d'un certain nombre de molécules, faite sur les bords ou sur les angles des lames de superposition , et que ces retranchemens sont prodnils par une cause qui nous est inconnue, mais dont l'effet symétrique est évident. Comme l'étendue de chaque lame de superposition dé- croit, par rapporta celle qui la précède, d'un nombre constant de molécules, on a donné le nom de décroissemens aux lois qui produisent les faces ou les pyramides des formes se- condaires ; et suivant que ces décroissemens ont lieu parallè- lement aux bords des lames, parallèlement à leurs diagona- les, ou suivant une ligne dont la direction est intermédiaire entre les bords et les diagonales , on les nomme : Décroissemens sur les bords ^ Décroissemens sur les angles , Ou Décroissemens intermédiaires. On a vu que les molécules intégrantes des minéraux se rapportent toutes 'a des tétraèdres, à des prismes triangulaires etk des parallélipipèdes; or, comme l'assemblage de six té- traèdres, ou de deux prismes triangulaires, donne naissance a des parallélipipèdes, on supposera, pour plus de simplicité, et parce que ce solide suffit à la théorie, que les molécules soustractives, dont on vas'occuper , sont tontes cubiques. Décroissemenâ sur les bords. — Quelques exemples choisis parmi les solides les plus simples, donneront une idée suffisante de l'effet des décroissemens. Soit un cube, ûJ, /^-^ c,/j ^, pi. 3 , fig. 3 , composé d'un certain nombre de molécules cubiques, et sur les faces du- quel de nouvelles lames de molécules viennent se déposer, en diminuant toutes d'une rangée de petits cubes, sur leurs quatre bords; il est évident, parla simple inspection de la fi- gure, que ces lames décroissantes donneront naissance à une pyramide à quatre faces, dont le sominet sera formé d'une seule molécule. S'il se produit sur chacune des six faces du cube une 532 T H E semblable pyramide , il en résultera un solide à douze faces ilioniboidaies, attendu que les faces triangulaires des pyra- mides se réunissent deux à deux par leurs bases, et donnent naissancea des rhombes ou losanges d^ b, e, c. — c, e, g, h, etc. Si, au lieu d'une seule rangée , les laines eussent décru de deux ou d'un plus grand nombre, il est évident que les pyramides eussent été plus surbaissées, que Tarèle b, o, du cube eût fait saillie entre les deux faces triangulaires, qu'elles n'auroientplusété dans le même plan, et que, par conséquent, ce simple changement dans le nombre des molécules sous- traites, en auroit apporté un bien grand dans la figure de la forme secondaire, puisqu'au lieu d'un dodécaèdre à plans rhombes, il en fût résulté un solide à vingt-quatre facettes triangulaires. Si l'on admet, comme on l'a représenté fig. 5, même plan- che, que les lames de superposition diminuent de deux ran- gées sur deux de leurs bords, et d'une seule sur chacune des deux antres, il en résultera, comme on le voit, douze facettes pentagonales, semblables 'a a^ h, d, f, c. Mais on remarque que le petit triangle, c, f^,/", est produit par un décroisse- ment par deux rangées en hauteur, ou, ce qui revient an même , que les lames de superposition ne diminuent d'utie rangée que de deux en deux,;c;^ , rf. Cet arrangement , com- biné avec celui de deux rangées en largeur, a pour but de produire une surface plane et de s'opposer aux angfes ren- irans , qui n'existent jamais sur les cristaux parfaits. Et c'est effectivement ce qui arrive dans le fer sulfuré, dont la forme primitive est le cube. On exprime le genre de décroissement en disant, par exemple : pour le bord c, d, qu'il a lieu par deux rangées en largeur , et une en hauteur. Décroissemens sur les angles. — Ces décroissemens ont un angle solide pour point de départ , et leur action s'exerce parallèlement aux diagonales du nojau, ou a celles des lames décroissantes. C'est par un décroissement de ce genre, que le cube se change en un octaèdre régulier, ainsi qu'on l'a représenté fifr* 4, pi. 3. On remarque que, les huit angles solides du cube, //, ^, i,/, répondent exactement au centre des huit faces triangulaires, comme, a, b, c;de même que les six angles solides de l'octaèdre correspondent exactement avec le centre des six faces du cube. On démontre que chacyne des faces de l'octaèdre est com- posée de l'assemblage de trois quadrilatères qui se trouvent . parfaitement de niveau et qui ne forment qu'une seule et même face, parce qu'ils sont dusaun décrois&ement par une ï H E 533 seule rangée (i). Ils seroient distincts si le décroissement avoit lieu par un plus grand nombre de molécules soustraites. La figure 2 représente un octaèdre servant de forme primitive à un cristal secondaire cubique , et Ton y voit évi- demment la correspondance qui existe entre les angles , e ,y*, g. 11, i , et le centre des faces du cube ; de même que celle des angles solides, «, b, c^ d, par rapport au centre des faces triangulaires, e f g e g h^ etc. La figure x , indique en a, b, c, d, dans quel sens on de- vroit diriger les plans coupans, pour extraire Toclaèdre, que l'on suppose être le noyau primitif de ce cube. Elle lait éga- lement voir comment l'ébauche d'un décroissement , sur les huit angles d'un cube, dont le terme eût été l'octaèdre, pro- duit un polyèdre qui participe de l'un et de l'autre , et qui a reçu , dans le langage cristallographique , le nom de cubo- octaèdre. Dans les décroissemens sur les bords , les faces doivent pré- senter , et offrent en effet quelquefois des stries parallèles aux bords des lames j mais dans ceux qui s'effectuent sur les an- gles, les facettes qui en résultent doivent être hérissées d'une infinité de petites saillies, attendu que les molécules présen- tent leurs angles solides, et non leurs arêtes. Décroissemens intermédiaires. — Les décroissewiens auxquels on a donné ce nom, ont lieu sur des angles solides, comme on le voit fig. 7 et 8 , pi. 3 ; mais ils produisent des faces qui ne sont parallèles ni aux bords ni aux diagonales. Cela tient à ce qu'i' se soustrait un plus grand nombre de molécules d'un côté de l'angle solide du noyau , que de l'autre, ou ce qui revient au même, que les molécules souslractives , dans cette circonstance, au lieu d'être cubiques, sont plus allongées dans un sens que dans l'autre. Les figures 7 et 8 sont destinées à rendre évident ce que l'on vient d'avancer ; on voit en effet sur les angles, a, b, c,d, fig. o, que dans l'hypotliése oii \q^ molécules seroient moitié plus longues que larges, e,f, g, /i , il résulteroit de leur sous- traction une facette en i , qui ne seroit point parallèle à la diagonale cb. Enfin on nomme décroissemens mixtes , ceux qui se font par plus d'une rangée dans les deux sens, par exemple par deux rangées en hauteur; et trois en largeur; décroisse- mens co/7iy»oje^, ceux qui, après s'être faits pendant un certain temps suivant une loi quelconque,, se terminent en en suivant une autre. Telles sont les lois, à Taide desquelles M. Haùy parvient — ■ . ^ -. ■ ' 'I (i) Haiiy, t. i , p. 58, pi. lY, fig. aS. 534 THE non-seulement k expliquer les formes des cristaux qui sont soumis à sou examen, niais encore à déterminer, à priori ^ si une variété de forme quelconque est susceptible , ou non, de se présenter dans telle espèce minérale dont il coauoît la forme primitive. 11 démontre également par quel nombre de rangées de mo- lécules soustraites cliaque facette d'une forme secondaire a été produite, en aj>préciuut, h l'aide de la théorie ou delà division mécanique, quelles sont les diuiMisions des molécu- les intégranteset soustractives. Ou conçoit aisément, par exem- ple , que si un cristal qui est divisible en deux sens, l'est beaucoup plus aisémentdans l'un que dans l'autre, on devra nécessairement en conclure que ses jnolécules ont plus d'adhérence et plus d'étendue dans la dire^^lion oii la division, est plus difficile et moins nette; qu'elles sont au contraiie de dimensions égales, quand les clivages sont semblables; par rapport à la facilité avec laquelle ils s'opèrent. Celte diffé- rence dans les dimensions des molécides, et par suite dans la netteté des faces de clivage , est exlrémemenl sensible dans la chaux sulfatée , le feldspath , etc. Quant à la quantité de rangées de molécules sousiractives , qui est nécessaire à l'accomplissement du nombre infini des cristaux de toutes les substances qui sont susceptibles de se présenter sous des formes régulières , elle est beaucoup moins grande qu'on neseroit tenté de le croire, au premier abord Ecoutons M. Haùy lui-même, nous apprendre « que la force « qui produit les soustractions paroit avoir une action très- M limitée; que le plus souvent ces soustractions se fout par « une ou deux rangées de molécules; qu'il n'en a point: a trouvé qui allassent au-delà de six rangées ; mais que telle « est la fécondité qui s'allie avec cette simplicité, qu'en se « bornant aux décroissemens par deux, trois et quatre ran- « gées, et en faisant même abstraction des décroissemens qui « sont mixtes ou intermédiaires , le rliomhoïde (pi. I , « fig. l3,qui est la forme primitive de la chaux carbonatée ) « est susceptible de8,38B,6D4 variétés de cristallisation » (l). Ainsi, lorsque les dimensions des molécules intégrantes sont données , rt pr/ori, en consiiléralion de la régularité de leurs lormes, comme quand elles sont des cubes, des octaè- dres, etc. , on détermine par quelle loi de décroissement telle forme secondaire en dérive. Mais quand, au contraire, la divi- sion mécanique n'est pas possible, on résout le problème in- verse, et l'on raisonne ainsi : connoissant la forme secondaire, (i) Haily , Traité , tome i , p. THE 535 quelle est la figure la plus convenable de la molécule ince- grante, pour qu'elle puisse donner naissance à la forme secon- daire qu'on a sous les yeux , au moyen de la loi de décroisse- mentla plus simple ? C'est de cette manière que M. Haiiy a déterminé la molécule intégrante du mercure sulfuré ^i). LOI DE SYMETRIE» L'on a déjà dit plusieurs fois que la constance des même* angles dans les cristaux d'une espèce minérale n'avoit point encore souffert d'exception, et l'on a pu voir, par ce qui précède , combien les lois de décroissement sont étroitement liées à cette règle invariable, puisqu'une simple rangée de molécules , soustraite en plus , apporte un changement total , non-seulement dans l'incidence des faces entre elles, mais aussi dans la configuration même du solide secondaire. L'observation constate encore un autre genre de régularitéj c'est la symétrie qui préside à la production des facettes qui modifient les parties semblables et semblablement situées d'ua cristal primitif et secondaire, symétrie qui n'est troublée que dans les substances qui ont la propriété de s'électriser par la chaleur, comme la tourmaline, la topaze, l'axiiiite, la ma- gnésie boratée , etc. L'on remarque ,^en effet, que les prismes de topaze ou de tourmaline sont terminés pa;: des sommets dont l'un est plus compliqué que l'autre, et que c'est cons- lainment celui qui présente le moins de facettes, quis'électrise résiueusement,- tandis que celui qui en offre le pîu&, acquiert toujours réiectricité vitrée. Les fig. 12 et i3 pL 2 , qui répré- sentent des cristaux de tourmaHne , rendentparfaitement cette différence dans les sommets du même cristal. La fig. g de la pi. i , représente un cristal de magnésie boratée^ dont quatre de ses angles sont surchargés de facetteS;, tandis que les quatre autres n'en offrent qu'une» Outre cette espèce d'anomalie dans les résultats de la loi de symétrie , on citera peut-être encore quelques cristaux aux- quels il manque une ou plusieurs facettes, qui, par une cause absolument accidentelle , n'ont point été répétées , comme elles dévoient l'être, sur les parties correspondantes; mais ces omissions sont très-rares , car il existe toujours des ru- dimens de ces prétendues facettes oubliées; et dans le cas où réellement elles n'existeroient pas , on doit considérer ces ir- régularités comme on le fait en botanique, par rapport aux organes de la fructification qui manquent en tout ou en par- (i) Haiiy , Mémoire sur la structure des cristaux de mercure suL ûire'» Annales de chimie. 536 THE tie dans certains individus, et qui, pour cela, n'en sont pas moins rangés dans les classes qui leur ont été assignées en considération du nombre , de la forme ou de la position de ces organes eux-mêmes. Il n'en reste donc pas moins constant que les décroissemens qui modifient les cristaux ont lieu d'une manière symétrique ; que les facettes qu'ils produisent; sont toujours parallèles, deux à deux , et que les parties semblables d'un cristal sont toutes modifiées à la fois et de la même manière, sauf les exceptions qui ont lieu dans les substances électriques, par cbalein',et les accidens qui résultent des causes fortuites, et qui sont si peu importans qu'ils ne peuvent donner Heu à la plus légère restririiou dans l'application de la loi de symétrie. Elle consiste , dit M. Haiiy, en ce qu'une même espèce de décroissement se répète sur toutes les parties du noyau, dont telle est la ressemblance, que l'on peut substituer l'une à l'au- tre, en rliangeant, à l'égard de l'œil, la position du noyau, sans qu'il cesse de se présenter sous le même aspect. Je donne Ji ces parties le nom d'identiques. J'entends que deux bords, ou un plus grand nombre, sont identiques, lors- qu'ils ont la même longueur, et que les faces, à la jonction desquelles ils sont situés, sont également inclinées entre elles. A l'égard des angles, je les ap-p^We idenii^i/es, lorsqu'ayant leurs côtés égaux respectivement, ils sont du njème nombre de degrés, et font partie d'angles solides égaux. 11 en est de même des face>' de la forme primitive; celles qui seront égales et semblables doivent aussi s'assimiler les unes aux autres par les décroissemens que subissent les lames de superposition qui les recouvrent. Par une suite nécessaire du même principe, les bords ou angles non identiques ne sont pas astreints 'a la répétition des mêmes décroissemens. Pour bien appliquer cette loi, il faut commencer par bien distinguer les bords, les angles et les faces, qui sont vérita- blement identiques, d'avec ceux qui ne le sont point. Ainsi, par exemple, dans le rhomboïde primitif de la chaux carbonatée, pi. I,fig. i3, on remarque que les parties identiques sont diamétralement opposées une à une ou deux à deux. L'angle au sommet A n'est point identique avec l'an- gle C j les bords BB ne sont poiut identiques avec les bords DD, mais seulement avec ceux qui leur sont diamétralememt opposés ; donc chacune des parties qui sont ici marquées de lettres différentes, ne doivent point être modifiées par les mêmes loi* de décroissement, puisqu'elles ne sont point iden- tiques. THE 537 On peutconsu^Uer,paur les plus grands détails que comporte l'exposition de cette nouvelle loi, les mémoires de M. Haùy, où il en a fait d'heureuses applications (r). Il résulte de ce qui précède, que lorsqu'on soumet un cristal secondaire à l'action de la division mécanique , on doit , avant tout, chercher la direction des stries qui sont plus ou moins apparentes sur certaines faces, et qui dénotent aussi le sens dans lequel les lames de superposition se sont appliquées les unes au-dessus des autres,- à l'aide de cet examen prélimi- naire, on procédera d'une manière assurée a l'extraction du noyau primitif, et plus on s'exercera à cette sorte de dissec- tion, plus on se convaincra de la justesse et de la stabilité des principes dont on n'a fait ici qu'indiquer les plus saillaus , et sur lesquels le savant Haiiy a basé sa théorie. DES GONIOMÈTRES ET DE LA MESUSE DES ANGLES. On nomme Goniomètres les instrumens dont on se sert pour mesurer les angles des cristaux. Les plus simples sont ceux qui donnent immédiatement l'incidence des deux faces sur lesquelles on les applique. Ils sont composés de deux lames d'acier g d^k i, pi. 3 , fig. 9, réunies par un axe c, dont on augmente la pression au moyen d'une vis , mais qui doit toujours leur permettre de jouer à l'entour, et de glisser dans les deux coulisses dont elles sont garnies a leur extrémité la plus large. C'est entre g cl k qu'on place le cristal dont on cherche a déterminer les angles. Les branches de cette espèce de compas se posent sur leur tranchant, a la surface, des plans du cristal, et doivent s'ap- pliquer sur eux de manière a ce qu'elles leur soient bien per- pendiculaires. Lorsque l'application est parfaite et que le cristal est bien net, il ne doit point rester de jour entre les faces et les bran- ches du goniomètre , on devra toujours n'en assurer eu élevant le cristal et l'instrument à la hauteur de l'œil, eten tournant la tout vers un lieu parfaitement éclairé. On conncâtra la valeur de l'angle cherché, en appliquant l'axe c du goniomètre sur le centre d'un rapporteur ordinaire ayb,d, en ayant soin que g d, soit parfaitement parallèle ^ ad. L'angje i, c, d, qui est mesuré par le segment d, /, (i) Sur la chaux anhydrosulfatée , Mémoires du Muséum, t. ï , p. 81. — Sur l'auiphibole , p. 206. — Sur le pyroxène , p. 278. — Le diallage, p. 841. — La pargassite, p. SpS. — Sur la fassaïte, t. 3, p. lao. Les mêmes mémoires se trouvent dans le Journal et dauii l^s Annales des minçs., 538 THE étant opposé au sommet et par conséquent égal à l'angle g-, c , 7c, donnera évidemment la valeur de l'incidence cherchée. Les coulisses que l'on remarque sur les branches du gonio' mètre ont pour but de diminuer ou d'augmenter la longueur des côtés du triangle g, c , k, afin de pouvoir les introduire dans les petites cavités qui renferment souvent les cristaux les plus parfaits. Pour éviter les erreurs qui pourroient l'ésulter de Tappli- cation imparfaite tlu goniomètre sur le rapporteur séparé, on a imjginé d'adapter un flemi-cercle divisé à l'une des branches du goniotnèiie qui lui sert de diamètre, à peu près comme g^ (/,€t de ne permettre qu'a la branche A", i , de tourner au- tour du centre c ; en sorte qu'elle marque de suite et sans aucun dérangement l.i valeur de l'anizle g, c , k. Ce goniomètre, de Tiiivenlion de M. Carangeau, perfec- tionné par M. Gillet-Laumond , et ilont M. Haïiy a fait exclu- sivement usage pour l.i d.-'tcM-fninalion des angles de tous les cristaux qu il a décrits, donne des résulrals qui approchent telTement de la vérité, quand on a l'habitude d'en faire usage, qu'on peut le ret^ar,°55, 93^20, et même g3°25 , ce qui fait une différence de 3d' (1). Ainsi, quoique cet instrument présente au premier aspect quelque chose de plus sévère que celui de Carangeau, l'expérience prouve qu'il n'est pas beaucoup plus rigoureux dans ses résultats. Sans exclure, dit M. Haùy (2), dans certains cas particu- liers, l'usage des mesures prises a l'aide de la réflexion , je suis convaincu que celles auxquelles conduit le goniomètre or- dinaire et qui ont l'avantage d'être à la fois directes et expé- ditives, suflisent soit pour déterminer une nouvelle variété, soit pour reconnoitre a laquelle des variétés déjà classées daiis la méthode, appartient un cristal qui en présente la forme et que l'on voit pour la première fois. DESCRIPTION ET SIGNES REPRÉSENTATIFS DES CRISTAUX SECONDAIRES. Si les cristaux se présentoient toujours sous la forme des solides qui sont familiers à tous ceux qui ont les plus légères notions de géométrie , il n'eut point été nécessaire de créer de nouvelles expressions, ni d'imaginer un langage purement cristallographique ; mais comme la plupart des formes secon- daires sont tout-à-fait étrangères à la série des solides réguliers ordinaires , l'on a été forcé de recourir a des noms particuliers qui expriment: i." Le genre de modifications qu'elles offrent par rapport à la forme primitive dont elles dérivent. — Ainsi, fj-ramidé se dit d'un cristal qui dérive d'un prisme dont les bases ont été changées en pyramides. — Prisjiié^ quand un prisme sépare deux pyramides qui , dans l'origine ^ étaient opposées base à base. (i) A Description of the oxyd of tin , etc. (Transactions ofthe geoiogical Society, t. 9, p. 336, 076. ) (3) Observations sur la mesure des angles des cristaux ^Annalas des miues, 181S. Ho THE — Epoiaéé, qyiixnd les angles solides sont remplacés par des facettes. a.° Leurs rapports avec les solides ordinaires de la géo- métrie. Cuhifjues , cuboides , prismatiques^ trapézoïdes , etc., n'ont besoin d'aucune explication. 3.** L'assortiment de certaines parties remarquables soit dans leur position , soit dans tout autre cas particulier. — Alterne désigne un cristal qui , dans ses deux parties , l'une supérieure et l'autre inférieure , présente des faces qui alternent entre elles, mais qui correspondent de part et d'autre. — Annulaire , quand les arêtes des bases d'un prisme hexaèdre sont remplacées par si>c facettes disposées en anneau. — Plagièdre^\ors(\\xun cristal a des facettes situées en biais. .:-^ Encadré, lorsqu'un cristal a des facettes qui forment des espèces de cadres autour de ses faces. Enfin, émoussé , contracté, dilate , et une foule d'autres expressions plus ou moins heureuses, sont employées dans le même but que les précédentes. 4-*^ Le genre de lois de décroissement dontelles dépendent. — Unitaire annonce qu'un cristal n'a subi qu'un seul décroissement par une ranpfée. — Binaire exprime le produit d'un décroissement par deux rangées. — Partiel est employé dans le cas où quelques parties sont restées sans décroissement. 5.** Leurs propriétés géométriques. — Anamorplùqiie , quand, en plaçant un cristal sui- vant sa position la plus naturelle , son noyau se trouve renversé. '^Métastatlqiie , lorsque les angles plans et les angles solides du noyau se trouvent transportés sur la forme secondaire. -^ Paradoxale , lorsque la structure présente des résul- tats inattendus et qui semblent tenir du paradoxe. — Complexe , quand la structure est compliquée et résulte de lois peu ordinaires. 6,° Les accidens particuliers qu'elles présentent. — Transposé, se dit quand un cristal semble composé de deux moitiés q:u auroieat fait l'une sur l'autre un sixième de révolution. . — Bèmitrope , quand la moitié d'un cristal semble avoir été renversée : cet accident est excessivement commun THE r,^, dans le feldspath des roches granitiques à gros grains. — Cruciforme , quand deux cristaux se croisent cons- tamment, de manière a former une croix. — Géniculè , lorsqu'un cristal est composé de deux prismes qui se réunissent par leurs extrémités et forment une espèce de genou , etc. Nous ne donnons ici qu'un très-petit nombre de ces déno- minations particulières, dont la liste augmente en raison des nouvelles variétés qui se présentent journellement; ces exemples suffiront pour donner une idée de celte termino-» logie cristallographique , qui est encore entièrement due à M. Haùjr, et dont il étoit nécessaire de parler avant d'indi- quer la marche que l'on suit ordinairement dans la descrip- tion proprement dite des cristaux. C'est principalement dans la description des cristaux que l'observation des formes dominantes nous paroît très-conve- nable 5 car, en procédant métliodiquement après avoir placé le cristal de manière à ce que son axe soit vertical , on doit; exprimer, en premier lieu, à quel solide le cristal semblé se rapporter le plus précisément, ce qui est sa forme donn'nante et ensuite entrerdans rénumération des facettes qui modifient ses diverses partiesj mais on doit avouer que la description la plus claire, la plus méthodique et la plus précise, ne laissera jamais dans l'esprit une aussi bonne idée d'un solide tant soit peu compliqué, que le feroit &a représentation au simple trait; car en supposant qu'on parvînt à se figurer d'une ma* nière assez arrêtée l'ensemble des facettes d'un polyèdre on ne pourra jamais se rendre compte de leur incidence les unes par rapport aux autres ; il faut donc de toute nécessité? avoir recours aux figures, et l'on est pan^enu à les dessiner et à les graver d'une manière si satisfaisante , qu'elles suppléent parfaitement aux modèles en bois, dont la collection est maintenant si nombreuse qu'il est assez rare de la trouven complète , et qu'elle n'est plus k la portée de tout le monde. Ce n'étoit point assez d'avoir créé des expressions appro- priées a la cristallographie ; d'avoir adopté un mode simple et uniforme dans les descriptions des cristaux 5 M. Haùy imagina de traduire, dans une langue très-abrégée , analogue à celle de l'analyse algébrique;, l'énoncé des diverses lois qui déter- minent les cristaux secondaires , et de composer ainsi des es- pèces de formules représentatives de ces mêmes cristaux (i\ Pour parvenirà ce but , il adopta les voyelles pour désigner (1) Haîiy, Traité de minéralogie, t. i , p. iQp et suiv%inle$, p|. vi Êg. 48, 49, 5o, 5 1, de la partie du raisonnement. ' ' 542 THE en général les angles solides des formes primitives. Voyzz pi. 1 , fig. 34 ( qui est la forme primitive du feldspath ) , A , E, 1,0. Les consonnes furent destinées a désigner les arêtes, comme B, C, D, F , G, H, même figure. Et les lettres initiales P, M,T du moX primitif , furent ré- servées pour les faces ou les plans de la forme primitive. Toutes lesparties des solides qui servent de formes primitives aux minéraux étant ainsi désignées, M. Haiiy proreda a l'éta- blissement des signes qui dévoient indiquer les lois par les- quelles ces diverses parties avoient été modifiées dans tella ou telle forme secondaire. On se rappelle sans doute que nous avons démontré que ces diverses modifications étoient dues à trois espèces principales de décroissemens ,et qu'elles avoient lieu dune manière syniétrique sur toutes les parties semblables d'une forme primitive. Il suffit donc, pour donner l'idée de la manière dont un cristal secondaire s'est formé , d'indiquer une seule dd toules les parties semblables; c'est- à-dire, que si l'angle solide A, fig. 54, a été modifié par Tin dècroissement par une ou deux rangées de molécules, l'angle O ,son semblable , aura subi la même modification, et n'aura pas besoin d'être énoncé dans la formule, parce qu'on suppose toujours qu'on connoit d'avance la forme primitive , qui est renfermée dans le cristal secondaire. Supposons donc que l'angle O soit remplacé par une facette additionnelle: le dècroissement qui l'aura produite aura lieu , soit sur la base P , soit sur le pan M , qui est à gauche , soit sur le pan T, qui esta la droite de l'observateur. Dans le premier cas , on se servira, pour désigner que le dècroissement a eu lieu sur la fdce P, et par conséquent au- dessus de l'angle O, d'un chiffre ou espèce d'exposant, placé au-dessus de O de cette manière 0,ce qui signifiera pour ceux qui entendent cette langue abrégée , que le dècroissement a eu lieu par deux rangées en largeur, et parallèlement à la dia- 3 gonale de la base P, qui passe de E en I. O , est l'expression d'un dècroissement par trois rangées enlargeurparallèlement à la diagonale du pan T , qui passe en I ; enfin , O signifie que le dècroissement a eu lieu par quatre rangées parallèle- ment à la diagonale de la face M, qui passe en E. 11 est essentiel, pourbien entendre lesigne représentalifd'un cristal secondaire, que l'observateur lefisse tourner de manière à ce que chacune des parties modifiées se présente à lui delà même manière que nous l'avons supposé pour l'angle solide O. THE 543 Quant aux décroisseraens sur les bords ou sur les arêtes B , C , F , D de la base P , on exprimera qu'ils ont lieu en mon-, tant ou en descendant, à partir de Tarète que l'on désignera, par l'une de ces quatre lettres, en plaçant le chiffre qui marque le nombre de rangées au-dessus ou au-dessous de la lettre indicative ; et ceux qui se rapportent aux arêles longitudinales G , H , seront indiqués par un exposant placé , soit a droite , soit a gauche de la lettre , suivant qu'ils auront eu lieu , par exemple , vers T ou vers M. D exprimera donc un déccroissement par deux rangées, en allant de D vers C j C un décroissement par trois rangées, en allant de C vers D,- D , un décroissement par deux rangées, en descendant sur la face M; 3 _ H un décroissement par trois rangées, en allant de H a. G. G un décroissement par qualres rangées, en allant de G vers l'arête diamétralement opposée à H , etc. Dans le cas où l'on seroit obligé de désigner au moyen d'une petite lettre, telle que a-, un décroissement sur l'arêle ia^ opposée à celle qui porte la lettre niajuscule ^ C, on suppo- seroit le cristal retourné de bas en haut; ainsi, a exprimerait absolument la même chose par rapport à la base opposée à P , que nous avons vu D exprimer par rapport à cette même base P. Quandun angle solide, une arête ou toute autre partie d'un solide, subit plusieurs décroissemens Successifs du même côté, ou plusieurs décroissemens qui aient lieu de différons côtés , on répétera autant de fois la lettre indicative, en faisant varier les chiffres conformément à la diversité des décroissemens. D D exprimera donc qu'il se produit deux facettes à partir do l'arête D, au moyen de deux rangées en montant, et de deux rangées en descendant, que ces deux facettes sont contiguës, et que l'une se dirige vers P et l'autre vers M. Les décroissemens mixtes se désignent par des fractions telles que ^, \ qui expriment par les numérateurs leurs dé- croissemens en largeur , et par les dénominateurs leurs dé- croissemens en hauteur. Il ne restoit plus qu'à trouver une manière de désigner la marche des décroissemens intermédiaires que nous avons dit 544 T H E agir dans un sens qui n'est parallèle ni aux torcls nî à la diagonale, et qui ontnnanglepour point de de'part. Le moyen est simple , comme tout ce qui tient à ce langage abrégé. Supposons encore que ce soit Tangle O, fig. 84, qui subisse un décroisseinent tel , que les rangées de molécules soient doubles en allant vers F , et simples en allant vers D 5 ou dans d'autres termes , que les dimensions des molécules soient telles, que chacune d'elles offre deux fois plus de longueur en allant vers F , qu'en allant versD. Le signe représentatif ( O D F ) enfermé dans une paren- thèse comme marque distinctive des décroissemens intermé- daires, indiquera que l'angle solide O subit un décroisse- ment par une rangée en Jiauteur vers la base AEOI ; mais que son effet a lieu moitié plus dans le sens F que dans le sens D, c'est-à-dire , dans le rapport de i à 2. La manière de dicter ces formules est extrêmement facile et n'exige aucune expression forcée ; l'O signifiera O deux K 3 - droite; O, O ti-ois à gauche ; O, O sous deux, O, O sur trois. 3 Enfin , l'expression de décroissement intermédiaire , que nous avons titée plus haut, se dictera : En parenthèse , O sous un, D un, F deux , et l'on écrira ( 6 D F V Pour appliquer ces signes représentatifs à des exemples extrêmement simples , nous rapporterons ceux qui caracté- risent les quatre variétés de chaux carbonalée , pi. i , fig. 14, i5, 16 et i7> représentées, pour plus de clarté, avec leur noyau inscrit et les lettres affectées à leurs faces. Le noyau est représenté fig. i3 , avec les lettres propres à chacune de ses parties. Cette figure donne aussi celle de la chaux car- bonatée primitive , dont le signe est P. B Fig. 14, chaux carhonatée é/^uiaxe ^ signe ' C'est-a-dire , que les faces gg , sont produites par un dé- croissement, par une rangée sur les arêtes BB, fig. i3, et que ce décroissement a lieu en descendant. e' E Fig. i5, chau.v carhonatée inverse ^ signe j^ C'est-a-dire, que les faces /T et leurs congénères sont dues à THE 545 un décroissement par une rangée sur les angles solides EE fig. i3 , et qu'ils tendent à se réunir dans le sens de la diasol nale Ae et à former une arête. ° i ' Fig. 16, chaux carbonatée cubdide -^ signe e // C'est-à-dire, que les faces hh, et leurs congénères sontdues a un decroissement mixte qui a eu lieu sur l'angle solide e fig. i3, par cinq rangées en hauteur et quatre rangéesen 'Pig.i'j , chaux carbona^ièeméiasiaiique , signe D Cést-k-d|re, que les feces rr, sont dues à un décroissement, par deux rangées, sur les arêtes DD de la fig. i3. Quand il existe dans un cristal secondaire queloues faces qui appartiennent encore au polyèdre qui luilert de forme primitive , on le désigne dans la phrase représentative , 'par une des trois lettres PMT , sans aucun exposant On conçoit que plus une forme primitive e'st simple et régulière , et moins il faut employer de lettres pour la dési- gner. Le cube par exemple , dont tous les angles , toutes les faces ettoutes les arêtes sont semblables, en exi|era bien moi'^ que le parallélipipede de la figure 34. ^*uoms En résumé , nous dirons donc avec M. Hauy,que (1) 1. Toute voyelle employée dans le signe"" d'un cristal désigne 1 angle solide marqué par la même voyelle sur là figure qu, représente le noyau , et toute consonne inLue I arête qui porte cette même consonne, ou la face dont eÏÏe occupe le miheu. "® 2.0 Chaque voyelle ou chaque consonne est accompagnée d un chiffre dont la valeur, ainsi que la position , indfquela loi de decroissement que subit l'angle , oi le bord correl'n! dant ; il faut en excepter les trois consonnes PMT dont chacune , lorsqu'elle fait partie du signe d'un cristal , indique que ce cnstal a des faces parallèles à celles que port;nt cette même lettre dans le signe du solide primitif ^ 3.0 Chaque lettre , comprise dans le signe d'un cnstal , est :Jous.entendue avec le chiffre qui l'accompagne, sur tou îe angles ou tous les bords , qui font la même foncfin que ce u TlCJ.n -^r ''' ."^'^^"^ immédiatement de la leUre don II s agit ( loi de symétrie 1 . (i) Traité, t. i , p. i3j. XXXIII* 35 546 THE 4°. Tout notnbre joint à une lettre indique un de'croisseinen t, dont l'angle ou le bord marqué de telle lettre est le terme de départ. Si le nombre est entier , il indique combien il y a da rangées soustraites en largeur , avec la condition que chaque lame n'a que l'épaisseur d'une molécule ; si le nombre est fractionnaire, le numérateur fait connoître combien il y a de rangées soustraites en largeur ^ et le dénominateur com- bien il y en a de soustraites en hauteur. 5°. Suivant que le nombre est placé au-dessous ou au-dessus de la lettre qu'il accompagne, il indique que le décroissement descend ou monte , en parlanf de l'angle ou du bord marqué de cette lettre. S'il est placé vers le haut à droite ou à gauche de la lettre, il désigne un décroissement qui a lieu dans le sens la- téral à droite ouà gauche de l'angle , qui porte la même lettre. 6.° Lorsqu'une lettre se trouve écrite deux fois de suite avec le même chiffre placé de deux côtés différens comme GG , les deux bords ou les;deux angles qu'elle désigne , doivent être considérés sur la figure , d'après les mêmes posi- tions relatives, c'est-a-dire , que dahs le signe GG , la quantité G, indique l'effet du décroissement sur le bord gauche , la quantité G l'effet du décroissement sur le bord situé a droite. 7^*. Lorsqu'une lettre porte le même chiffre répété à droite 3 3 et a gauche, comme G , elle s'applique indifféremment à l'une quelconque des arêtes G , qu'elle désigne. II en est de même des lettres qui appartiennent aux angles. 8*^. La parenthèse est le signe dislinctif des formules qui représentent des décroissemens intermédiaires. Q°. Toute petite lettre comprise dans le signe d'un cristal , indique l'angle ou le bord diamétralement opposé à celui qui porte la lettre majuscule de même nom sur la figure, où la petite lettre dont il s'agit est superflue. Il faut en excepter la lettre e qui se trouve toujours employée sur la figure des rhomboïdes,etqui indique, suivant le principe, l'angle opposé kcelui qui porte la lettre E;les petites lettres qui sontproduites par les différens termes de la formule y sont ajoutées pour plus de clarté , elles ne font point partie du signe représentatif. lO^. Lorsqu'un signe renferme deux lettres de même nom , l'une majuscule, l'autre petite avec différens chiffres , les deux bords ou les deux angles opposés auxquels répondent ces lettres, sont censés subir , chacun exclusivement , la loi de décroissement indiquée parle chiffre ajouté à la lettre, ( Loi t H È Hj Àe symetné , exception en faveur des substances électriques parclialeur. ) ir." Enfin , toute lettre soit majuscule , soit petite, mar- quée d'un chiffre qui a un zéro à la suite , fait connoître que le décroissement indiqué par ce chiffre est nul , sur l'angle bu sur le bord ])articu)ier auquel cette lettre se rapporte ( ano- malie de la loi de symétrie en faveur des substances élec- triques par chaleur ). ' Cristaux maclÉs et hémitropes. Àpreà avoir considéré toutes les perfections des polyèdres ^ui naissent de la cristallisation, après avoir admiré la cons- tance de leurs angles, la symétrie rigoureuse des facettes dont ils sont chargés , nous allons examiner les premiers pas rétro- grades de ce pliériomène; mais comme si la cristallisation ne quittoit qu'à regret la régularité qui fait tout son charme. ses premières imperfections seront encore attachées à des lois d'ordre et d'arrangeinenl infiniment remarquables. Dans les cristaux parfaits, il n'existe point d'angles ren- trans, mais on en observe dans ceux auxquels on a donné le nom de mâcles ou d'hémitropes. L'étain oxydé, le feldspath , lé pyroxène, le rubis, sont les 2)rincipales substances qui offrent des cristaux à angles ren- trans. Il semble, au premier abord, qu'une moitié de ces so- lides ait pivoté sur l'autre, soit d'une demi ou d'un quart de conversion ; mais cette idée qui se présente au premier abord , n'est pas très-soutenable^ etilparoitroit plus probable qu'il y a eu un dérangement quelconque à l'origine delaforma- tion du cristal, et que les lois d'agrégation régulières ont con- tinué de s'exécuter autour de ce centre vicieux, de la même manière qu'elles ont lieu quand elles partent d'un point qui se présente sous son véritable aspect. On n'a point encore expliqué d'une manière bien satisfai- sante ces singulières anomalies, d'autant plus extraordinaires qu'elles sont, poUr ainsi dire, naturelles à Certaines espèces, et qu'elles semblent étrangères au hasard. C'est ainsi que les angles rentrans sont presque un des caractères distinctifs de l'étain oxydé, pi. 3, fig. 14, et que l'on peut en dire autant du renversemerit total des deux moitiés de cristaux de feld- path, qui brillent dans les granités à gros grains. Ce n'est point ici un simple dérangement causé par une force accidentelle, puisque ces anomalies se présentent tou- jours sous le même aspect dans la même espèce minérale, ou. qu'elles ne diffèrent entre elles qu'en raison des variétés de formes secondaires dont elles dérivent. Quant aux laâclés, ce sont des cristaux qui se réunissent 54» THE deux a deux, en se croisant sous différens angles, mais d'une manière constante dans la même espèce. Les raâcles les plus remarquables sont celles que produisent les cristaux de la staurotide à laquelle on avoit donné le nom de pierre de croix. Cette substance » qui cristallise en prismes hexaèdres assez allongés, pi. a, fig. 26, se présente souvent sous la forme de groupes composés de deux cristaux croisés , dans le sens de leur largeur, et formant entre eux, soit quatre angles droits , soit deux angles obtus et deux angles aigus, comme on le voit sur la flg. 26, qui représente la va- riété à laquelle on a donné le nom d'obliquangle , pour la dis- tinguer de celle qui n'offre que des angles de 90 d. Enfin, la substance à laquelle on doone le nom d'harma- tome , se présente aussi sous la forme de deux cristaux màclés , mais ici c'est dans le sens de la longueur, pi. 2. , fig. 5; et c'est dans cette seule substance que l'on a observé jusqu'à présent ce mode particulier d'arrangement croisé. DE LA CRISTALLISATION CONFUSE ET DE SES PRODUITS. Avant de quitter les faces planes, les arêtes et les t;ngles vifs des cristaux rectilignes , disons que le diamant , cette subs- tance si parfaite d'ailleurs, se présente le plus ordinairement sous la forme de cristaux curvilignes, pi. 3 , fig. 27 , dont les faces inégales et raboteuses sont comme sillonnées par des espèces de gouttières. Ces cristaux offrent véritablement quelque chose de parti- culier, et leur imperfection même se présente d'une manière plus constante que dans les autres substances; rien n'est aussi commun, par exemple, que de distinguer à l'oeil nu les bords des lames décroissantes sur toutes les faces d'un dia- mant brut; dans d'autres cas, les décroissemens semblent incomplets et donnent naissance a des espèces de solutions de continuité qui produisent des cadrescreux, dont M. de Bournon a figuré un grand nombre d'exemples dans uo ouvrage fort rare, qui est le catalogue raisonné des diamans de la collec- tion de sir Abraham flume. Il est donc probable qu'un grand nombre des cristaux de diamant ont été formés dans des circonstances peu favorables à la cristallisation parfaite; néanmoins il y en a qui s'offrent sous la forme de polyèdres rectilignes, mais ils sont plus rares que ceux dont on vient de parler. Lorsque les circonstances qui sont favorables à la cristalli- sation, et dont on a fait l'énumération au commencement de cet article, sont troublées ou suspendues, les cristaux qui se THE 549 forment alors portent clés signes d'irrégularité plus ou moins apparens , et l'on remarque, parmi les substances cristallisées qui se rencontrent dans la nature, les produits de ces cristal- lisations agitées, gênées , confuses ou précipitées. Les cristaux prismatiques se couvrent de stries longitudi- nales , et se changent en cylindres cannelés ; les cristaux rhomboïdaux analogues à celui qui est représenté pi. 1 , fig. 14, perdent la vivacité de leurs arêtes, courbent leurs faces et passent, en se dégradant, a la forme lenticulaire. Les dodécaèdres et surtout les polyèdres , plus compliqués , qui en dérivent, perdent insensiblement leurs angles déjà très-obtus, et s'approchent de plus en plus de la forme sphéroïdale. Dans d'autres cristaux, les pyramides s'allongent à l'excès et se changent en véritables aiguilles, dont une extrémité seule est libre, tandis que l'autn; est engagée dans la masse qui les supporte. M. Haiïy a observé que toutes les formes irrégulières provenoient constamment des mêmes variétés de formes déterminables; il en a fait le sujet d'un mémoire fort intéressant, qui a pour titre : des arrondisseinens qu' ont subis les formes d'un grand nombre de cristaux par des causes accidentelles. Ainsi les lois de la cristallisation per- cent donc encore à travers ;!es cristaux curvilignes j mai» aussi, c'est leur dernier adieu. Les substances qui se présentent en grandes masses dans la nature , et dont la texture est homogène , comme les marbres blancs, les albâtres calcaires ou gypseux , etc. , sont évidemment les produits d'une cristallisation confuse et précipitée. La cassure de ces substances , examinée avec soin, présente ordinairement un assemblage confus de lamelles plus ou moins grandes, jetées dans tous les sens, et qui, en raison de sa ressemblance avec la rupture et le grain du beau sucre , a reçu l'épithète dç cassure ou de tissu saccharoide. Tels sont les marbres statuaires de Carrare, de Luni, de Paros, d'Atliè- nes. Tel est aussi l'albâtre gypseux blanc de Volterra. Le mode de cristallisation des albâtres ou des concrétions qui se forment journellement dans les cavernes ô.es pays cal- caires , diffère sensiblement de celui qui a donné naissance aux marbres saccharoides. Il nous paroit évident que ces der- niers se sont précipités du milieu d'un liquide qui les tenoit en dissolution, et que ces bancs de marbre se sont déposés au fond de l'énorme bain qui les recouvroit ; tandis que les albâ- tres se forment pour ainsi dire, a sec, et comme pièce a pièce. En effet, leur surface qui s'accroît par l'addition de couches successives, n'est que simplement humide, et presque jamais recouverte d'une certaine épaisseur de liquide. 55q THE La texture inférieure des albâtres est souvent Jauiinaire j mais aussi elle offre presque toujours des veines contournées, qui ne se remarquent jamais dans les marbres blancs, et ces espères de zones sont composées d'aiguilles serrées les unes contre les autres, en sorte qu'elles forment des niasses striées et souvent soyeuses. Tous les accidens qui résultent de celte singulière cristallisation deviennent très-sensibles sur les ob- jets poiis, et particulièrement sur les tables ou les colonnes que l'on exécute avec cette belle substance. Il semble que l'eau qui tient les molécules calcaires en dis- solution, ne les abandonne qu'à regret pour former des masses irrégulières; car on a remarqué dans ces grottes où se forme l'albâtre , que toutes les fois que le liquide pouvoit s'assembler dans une cavité, il y déposoit, avec le temps, des cristaux calcaires réguliers. Les stalactites, les stalagmites et toutes les incrustations, sont donc les produits d'une ci'istallisation imparfaite ; on sait qu'elles se rencontrent dans ces grottes plus ou moins célèbres, qui sont beaucoup plus visitées par les gens du monde que par les naturalistes, et où l'imagination fait sou- vent les frais de toutes \es merveilles qu'on prétend y recon- noître. On remarque dans plusieurs substances minérales un genre de cristallisation radiée, qui est du à des aiguilles plus ou moins déliées qui divergent en partant d'un centre commun, et qui forment assez sotivcnl des masses globuleuses isolées ou engagées dans une gangue quelconque. Souvent aussi ces ai- guilles sont libres et présentent alors des espèces d'aigrettes très-agréables à l'œil, mais qui ^ont insigniriantes pour le cris- tallograplie. M. Faujas^qucla géologie vient de perdre, ayoit rassemblé une suite de substances quioffroient ce mode de cristallisation, et l'on remarquoit dans cette singulière collection globulaire : Le beau granité orbitnlaire de Corse., une autre roche po^- phyroïde sphéroïdale, également de Corse (i) ; Une masse radiée de chaux (luatée, des boules composées de cristaux de cuivre carbonate bleu , de Chessy ; .^ Plusieurs incrustations de la principauté d'Anspach ; Des grés, des variolithes, beaucoup d'échantillons de chau-s carbonatée, et enfin le quaiz radié de la Sarthe, quia été décrit par M . Ménard , et qui se rencontre aussi dans les mon- tagnes du ci-deVant Limousin et ailleurs. (i) Ges deux roches exJraordini^ires sont figurées dans les Essais (Je géologie de M. Faujas, l. a. THE 55i Les substances en masses qui n'offrent aucun tissu particu- lier ont été nommées amorplies (sans forme); elles semblent avoir été simplement déposées par un liquide qui les tenoit en suspension , et qui n'avoit point été leur dissolvant. Tel est donc le terme extrême de la cristallisation, ou plutôt le point du règne minéral où elle cesse d'exercer son influence- Nous ne dirons qu'un mot de ses effets sur les substances qui font partie du domaine de la botanique et de la zoologie. DE LA CBISTALLISATION TESTACEE. Les minéraux ne sont point les seuls corps qui soient sus- ceptibles de cristalliser; plusieurs produits du règne végétal jiout doués de la même faculté,et pour ne citer que le sucre,on sait combien ce principe extraclif est répandu dans les plan- tes , et combien il se prête à toutes les modifications cristalli- nes qui conduisent, des masses les plus irréguliéres , aux cris- taux les plus parfaits (i). Parmi les produits animaux , proprement dits , je ne connois guère que le blanc de baleine et le sucre de lait , qui jouis- sent jusqu'à un certain point de cette propriété ; car l'ammo- niaque muriatée, tout en provenant du traitement des ma- tières animales, se trouve aussi dans les déjections volcani- ques , et peut , par conséquent , rentrer indifféremment dans les deux ordres, ainsi que la potasse , la soude , etc. , qui ap- partiennent à la fois aux végétaux et aux minéraux. Mais à quel rèi^ne doit-on faire honneur de la cristallisation de l'enveloppe testacée des mollusques et des grains quarzeux qui se trouvent dans les nœuds des gros bambous ? M. de Bournon , le premier qui se soit occupé de la contexture des coquilles , sous le rapport de son analogie avec la structure spathique et rhomboidale de la chaux carbonatée (2) , a ob- servé , décrit et figuré les faits suivans : Ayant examiné la cassure de la coquille du genre porce- laine ( le tigre ) , qui s'étoit brisée par accident , ce savant minéralogiste trouva qu'elle offroit des lames rhomboïdales tréa-apparerrtes, etparfaitement semblables'a celles de la chaux carbonatée ordinaire. Le peu d'épaisseur de cette coquille lui fit désirer de répéter la même observation sur un test plus épais, et le strombus gigas lui en donna la facilité. (i) J'ai observé de petits cristaux de suer*, dodécae'dres, îsole's dans des bocaux qui renfermoient des citrons confits qui venoient de la Guadeloupe; ils étoient parfaitement limpides, et d'une netteté remarquable. (a) Traite de mine'ralogie , t. X \ p. "SiO, figures. 553 THE La cassure de cette coquille épaisse lui offrit une texture lamelleuse composée de trois couches distinctes , et dans les- quelles il trouva des lames rhomboïdales, entièrement sem- blables à celles de la chaux carbonatée ordinaire, et qui, me- surées attentivement, donnèrent aussi des angles de loi'^Sa ' , et de 78°28'. Ces lamelles sont disposées différemment dans les trois couches. Dans l'une , elles sont perpendiculaires au test de la coquille; dans les autres , elles lui sont parallèles, ce qui contribue beaucoup à la solidité de ces demeures tes- tacées ; aussi, y a-t-il certaines coquilles qu'il est difficile de briser. M. de Bournon s'est assuré que le test coquiller renferme fort peu de matière animale , surtout si l'on opère sur sa par- tie blanche. Il a trouvé la pesanteur spécifique de 3,7 à 2,8 ; et celle de la chaux carbonatée ordinaire est de 2,3 à 2,8. C'est particulièrement dans les parties les plus épaisses , que Ton trouve le test le plus analogue avec la chaux carbonatée ordinaire ; et c'est surtout en brisant les nœuds des strombes , des casques , et les charnières des grosses bivalves , qu'on est à même d'observer cette analogie frappante. La partie qui est employée à renforcer la coquille , et dont l'animal ne s'occupe qu'après avoir donné à sa demeure la capacité qui lui est nécessaire , est celle qui est plus véritablement lamelleuse dans sa cassure : il en est de même des gros opercules. Le test de la pinne marine {pi?ma nobilis) diffère,dans sa texture , des autres coquilles bivalves. M. de Bournon en ayant examiné un fragment, sous le microscope de Dellebarre, a trouvé qu'il est complètement formé par une infinité de pe- tits prismes hexaèdres rangés debout , les uns à côté des au- tres (i). Ces prismes se détachent à la manière des pierres d'une mosaïque , quand on expose un morceau de la coquille au feu. Le calcaire renferme beaucoup plus de matières ani- males que celui des autres coquilles. La nacre qui atteint quelquefois jusqu'à six lignes d'épais- seur, se casse sous un angle de i35°,Elle renferme de 0,04 h o,o5 de matière animale seulement , et M. de Bournon a re- marqué que cet angle de 135". est le même ou à peu près le même que celui sous lecfuel se casse le schifferspath qui est une chaux carbonatée ordinaire nacrée (2). Enfin , les perles qui ne sont que le produit d'une maladie .du mollusque, dans laquelle il semble avoir une surabondance (i) De Bournon , Traité de minéralogie, t. i , pi 3a8 , fig. (a) De Bournon , id., p. 333. THE , 553 c!o matière calcaire, sont formées par une réunionne couches concentriques analogues à celles que l'on remarque dans les pisolithes, et qui ont aussi un corps étranger pour point de départ. M. de Jonville qui a assisté a la pêche des perles a Ceylan , a rassemblé une collection de perles d'études , qui fait partie du cabinet particulier du roi, et où l'on remarque la texture concentrique partant d'un noyau étranger qui se détaclie souvent du centre. M. de Bournon conclut de ces observations , que c'est bien l'animal qui produit la chaux carbonatée de sa coquille , inais qu'ensuite il l'abandonne à sa tendance à la cristallisation, en sorte qu'il réunit le calcaire des coquilles vivantes , au calcaire de la minéralogie (i). J'ai publié une observation analogue a celles de M. de Bournon , par rapport aux coquilles des limaces, dans les- quelles on trouve souvent aussi de petits cristaux de chaux carbonalée (2). DES PSEUDO-CRISTAUX ET DES PRODUITS DU RETRAIT. Il arrive souvent qu'une substance cristallisée disparoit et se trouve remplacée par une autre, sans que la forme des cristaux soit changée. Ce fait qui est bien constaté y mais dont on attend encore une bonne explication , n'est pas rare. On trouve beaucoup de cristaux de chanx carbonatée, qui ont cédé leur place a une substance quarzeuse brune qui s ap- proche de la sardoine 5 et souvent ces pseudo-cristaux sont creux. On les reconnoit au peu de netteté de leurs arêtes, et a l'absence absolue de leurs lames de superposition ; mais ils sont néanmoins si bien conservés , quant 'a leurs formes empruntées , qu'on ne balance point à y retrouver soit le do- décaèdre , soit le métastatique ou toute autre variété parti- culière a la chaux carbonatée. Le quarz remplace , à Passy prés Paris , des cristaux ler- ticulaires de chaux sulfatée ; mais il est remplacé , a sou tour , par de la stéatite , qui se présente sous la forme em- pruntée d'un prisme hexaèdre , terminé par deux pyramides h six faces, et qui se trouve dans la jîrincipauté de Bareith en Franconie. Voilâ les pseudo-cristaux par excellence , c'est-a-d ire, ceux qui ont totalement changé de substance ; mais il existe un autre genre de mutation , c'est celle qui a lieu dens les cris- taux de plomb phosphaté , qui ont la figure de prismes (i) De Bournon , îd. , p. 849. (9) Hisi, des coq. terrest. et fluv. de Paris. Gencve , i8i5. 554 THE hexaèdres , et qui se changent , sur place , en plomb sulfuré noir , sans que la fit^ure des prismes en soit altérée ; mais si l'on examine ces prismes ainsi métamorphosés , on remarque qu'ils sont creux, criblés de trous, et qu'ils ont l'aspect d'un cristal désae;régé, ce qui fait présumer à M. Léman , que le plomb sulfuré existoit dans le cristal parfait, avec le ph^mb phosphaté , que ce dernier seulement a disparu , et que le plomb sulfuré seul a conservé la charpente du cristal. Le dessèchement d'une masse , qui s'opère avec lenteur , donne quelquefois naissance à des retraits réguliers : c'est ce qu'on observe sur les argiles que l'on a prépare'cs pour ètro fijçonnées , et qui se dessèchent dans les cases où on les a la- vées. Ces retraits , en se croisant en différens sens, produis *ent des prismes à trois , quatre , cinq , six pans et plus ; mais jauiais les angles de ces polygones ne sont conslaus , ce qui Jes exclut, d'un seul trait , de la famille des véritables cristaux. La soustraction de Vhumidilé n'est point la seule cause qui produit quelquefois des retraits réguliers. Certaines argiles ré- fractaires, après avoir été portées a un grand degré d'incan- descence, et s'être refroidies par une soustraction très-lente du calorique qui les avoit dilatées sans les fondre, se retirent sur elles-mêmes dans différens sens , et éprouvent des retraits qui donnent naissance à des fentes dont la continuité divise la masse en petits prismes plus ou moins réguliers. On re- marque ce phénomène dans les verreries et dans les usines où l'on fait usage de pots ou de briques réfractaires. Or, ce que l'on observe en petit dans nos fabriques _, s'est opéré très-en grand dans la nature ; car nous y trouvons les résultats des deux sortes de retraits dont on vient de parler , et cela , d'une manière tout-à-fait évidente. Les gypses de Montmartre présentent, dansleurépaisseur, des masses prismatiques très-âpparentes , auxquelles les ou- vriers ont donné le nom de hauts piliers. Certaines marnes de la même montagne se divisent aussi en espèces de prismes,* et l'on trouve, aux environs de Caen, des grès qui présentent celte configuration d'une manière plus remarquable encore. Certaines roches primitives se divisent naturellement en espèces de rhomboïdes, et l'on observe aussi cette fausse cris- tallisation dans les houilles de différens pays ; mais ces der- nières substances se divisent plutôt en raison de leur contex- ture que par suite d'un véritable retrait : leurs angles sont inconstans. Les naturalistes français regardent généralement les ba- saltes comme le produit du fen des volcans, et attribuent leiir* fqrjnes prisinf^liquesà un refroidissement excessivement THE 6ryj lent. Tout le monde sait que ces laves forment, dans diffé- rentes parties de rEurope , des espèces de cltaussées compo- sées par la réunion d'une infinité de ces prismes ; qu'ils sont tantôt verticaux , tantôt couchés , tantôt d'un seul , et le plus souvent partagés en tronçons , à la manière des différente» assises d'un fût de colonne , et que leur ensemble donne nais- sance aux accidens les plus extraordinaires et les plus pitto- resques. Les basaltes se présentent sous la forme de prismes à trois, à quatre , à cinq , à six , a sept et à huit pans , et très-rarement au-delà ; mais , quelles quesoit la figure de leurs bases et la netteté de leurs arêtes , jamais leurs angles ne sont constans, par conséquent ce ne sont point de véritables cris- t.uix , et quelle que soit . d'ailleurs , leur origine , ils seront toujours exclus des produits de la cristallisation proprement dite. Certaines pyramides de basalte , plus ou moins compliquées par le nombre de leurs plans, sont tout aussi irrégulières dans leurs angles et toutes aussi étrangères à la cristallisation, que les prismes de la même substance ; mais elles ont con- tribué à en imposer davantage à quelques anciens naturalistes, qui ne sachant p6inl encore a quelles lois rigoureuses les vé- ritables cristaux sont soumis aujourd'hui, n'a voient point ba- lancé à faire entrer les basaltes au nombre des substances véritablement cristallisées. Ces erreurs tenoient au temps , à l'état peu avancé des sciences, et ne jettent, ce me semble, aucun ridicule sur ceux qui les ont commises. Après avoir expose les principaux points de la théorie à l'nido de laquelle on explique les lois qui président à la for- mation de toutes les facettes des cristaux , après avoir exa- miné les différons produits de la cristallisation parfaite et ceux de la cristallisation confuse , nous croyons devoir ter- miner cet article en rendant compte des expériences qui ont été entreprises dans l'intention d'aller à la recherche des causes qui produisent (dans la même substance ) les variétés de formes cristallines que nous remarquons soit dans les sels qui sortent de nos fabriques ou de nos laboratoires , soit par- mi les substances minérales qui se trouvent dans la nature. Ces expériences, qui ont pour but d'obtenir à volonté , et ]jar des moyens certains , telle ou telle variété en forme sous laquelle un sel quelconque est susceptible de se présenter, ont déjà donné naissance à un ouvrage ad hoc , qui porte le titre de Cristallotechnie , et dans lequel M. Leblanc a consigné les résultats de toutes ses tentatives. M. Beudant vient de reprendre le même sujet en souS- ceuvre , et c'est de l'un et de I autce travail dont nous allons 556 THE extraire ce que nous croyons Je plus essentiel à connoître, et ce qui doit compléter le tableau des connoissances que l'on a acquises sur la cristallisation. J'ai cru devoir conserver l'exposé de ces expériences pour la fin de cet article , parce qu'après avoirsuivila cristallographie dans ses différens âges, il m'a semblé que ces tentatives étoient le point le plus avancé oii l'on étoit arrivé jusqu'à ce jour, et qu'il devoit, par conséquent , former la dernière époque de son histoire. CBISTALLOTECHWIE. Leblanc, en 1786 , avoit déjà trouvé, par une suite nom- breuse d'expériences, que les cristaux d'un sel quelconque prenoient plus d'accroissement dans tel sens que dans l'autre, en raison de la position qu'ils avoient dans le liquide au mi- lieu duquel on les faisoit cristalliser. Il avoit aperçu égale- ment l'influence que pouvoit avoir un nouveau corps, en mo- difiant plus ou moins la forme que l'on avoit obtenue avant sou addition. Tel fut le premier pas fait dans la recherche des causes qui apportent des modifications plus ou moins appa- rentes, et souvent nombreuses, qui s'observent dans les cris- taux d'un même sel. Leblanc n'en resta point la, et quoiqu'il n'eiît à sa disposition que des moyens assez bornés, il mit idans ses recherches toute la constance qu'exigeoit un sujet aussi neuf et aussi délicat, et il parvint à prouver ^iie pour obtenir des cristaux complets et d'un certain volume^ il faut commencer par se procurer de petits embryons au moyen d'une dissolution qui ne soit point trop concentrée ; placer ces espèces d'élèves dans Aqs vases a fonds plats, en verre ou en porcelaine, qui soient remplis d'une dissolution bien pure du même sel, les retourner au moins une fois par jour, afin que la face qui touche au vase se trouve a son tour en contact avec la liqueur. Quand on s'aperçoit que l'augmentation n'a plus lieu, on rapproche davantage la dissolution , ou l'on y ajoute une nouvelle dose de sel; toutes ces manipulations demandent le plus grand soin et beaucoup d'adresse; mais aussi l'on parvient à élever tous les cristaux salins à un très- beau volume , avec une perfection de forme qui ne laisse rien à désirer. C'est particulièrement dans les sels qui cristallisent en prismes allongés , que l'influence de la position se fait le plus évidemment remarquer. — Quand le cristal embryon repose sur une de ses bases, on a observé qu'il croissoit plus en largeur qu'en hauteur, et qu'il prenoit la forme d'un prisme comprimé dans le sens de ses bases. THE 557 — Quand, au contraire, l'embryon prisinalique est couché sur l'un de ses pans, il s'allonge sensiblement entre ses bases. — Si Ton abandonne un cristal isolé , qui repose par l'une de ses faces sur un plan bien uni, il se formera a Tentour de cette face une trémie dont la forme sera exactement semblable a celle de la face qu'elle entoure , et les molécules salines ne pouvant point s'appliquer sur la face en contact avec le fond du vase, se distribueront uniquement aux parties qui bai- gnent, avec cette circonstance remarquable, que les bords ou la face en contact, croissent et soulèvent à, mesure le cris- tal, sans donner accès a la liqueur dans la cavité (1). — Les proportions entre l'acide et la base d'un sel varient , sinon dans la nature , au moins dans les laboratoires , et de la différence que l'on apporte dans ces deux principes compo- sans, résultent des variétés de formes, trèsrdislinctes. Leblanc avoit reconnu ce fait, et en ayoit fait l'application a l'égard de l'alun et des sulfates de cuivre et de zinc, de la manière suivante : Vdliin^ qui cristallise ordinairement, en octaè]di:es réguliers, par l'addition d'une certaine propprtion de bîjse^dçiyiept susceptible de se cristalliser en cubes .,,.,,,, Le sulfate de CMtV/'e (vitriol bleu,), tel qu'on le trouve dans le commerce, cristallise en prismes obliques, à huit pans terminés par des bases simples; et si I'qii f^ait une addition de cuivre, il en résulte des cristaux prismatiques à quatre pans, terminés par des pyramides à plusieurs faces. Le sulfate acidulé de ^mc ( vitriol blanc) ordinaire, cristallise en prismes hexaèdres régujiers, et par une addi^ tion de base , il produit des cristaux rbombpïd.aux voisins du cube. * — Si, dans la liqueur qui fournit l'alun cubique, on soumet à l'accroissement des cristaux d'alun octaèdres, ils passeront au cube , en augmentant de volume , et si l'on arrête l'opéra- tion avant que la transfiguration soit complète, ou aura des cristaux qui participeront du cube et de l'octaèdre, et aux- quels on a donné le nom de cubo-octaèdres, pi. 3, fig. i. L'inverse aura lieu , si l'on soumet ufi embryon cubique à l'accroissement, dans une liqueur qui. sera destinée à produire de l'alun octaèdre. Plusieurs sulfates se combinent parf3ite;Uipnt entre eux , et en toutes proportions ; ceux du fer et du cuivre sont dans ce cas, et il en i-ésulte toujours des rhomboïdes. (i) Leblanc, Cristallotechnie , p. 23. 558 T H Ë En traitant, parla voie humide , des minerais qui renfer- moient du sulfure de plomb , de cuivre, de leret de zinc , j'ai obtenu en effet des sulfates mixtes qu'il n'a pas été possible d'isoler par aucun procédé applicable en grand. Il en résultoit des cristaux rhornboïdaux qui étoient parfaitement limpide> ^ légèremer>t blebs , d'un bleu vif, d'un bleu verdàtre , etc. Ici se terminent les résultats des recherches et des expé- riences de Leblanc. M. Beudant, en entrant à peu près dans les mêmes vues , s'est proposé de résoudre la question suivante ; Quelles sont les causes (jui sollicitent une même subs- tance minérale à affecter des formes cristallines si va- riées ; et -pourquoi, dans un cas, tel corps affecte-t-il une certainejbrme plutôt que telle ou telle autre , parmi celles qifil est susàéptible de prendre ? Il a commencé par chercher dans la nature même , a trou- ver quelques éclaircissemens sur ce phénomène j mais ces re-^ cherches ne l'ont conduit qu'a s'assurer davantage encore que dans des terrains analogues , les substances cristallines se présentoient sous des formes semblables, quelle que soit d'ail- leurs la distance qui les sépare; et que, dans le cas oîi un seul échantillon réiinit plusieurs variétés de forme de la même substance, on trouve, en l'examinant avec soin , que ces cris- taux différens ne sont point contemporains, et portent dans leur couleur, leur aspect ou leur contexture, des marques très-sensibles de leur origine ])articulière (i). Privé de tout secours de la part des substances qui se pré- sentent dans la nature, sous la forme de cristaux déjà tout terminés, M. Beudant eut recours à l'observation des cristauc des sels, qui se forment dans nos laboratoires ; il a partagé son travail en quatre sections. — 1°. Effets des circonstances générales quiaccorapagnenl toujours chaque opération de cristallisation. — 2". Influence qu'exerce sur les formes cristallines , les mélanges mécaniques qui existent dans la solution dont elles se précipitent. — 3°. Influence qu* exercent sur les formes cristallines, les tnélanges chimiques qui existent dans la solution dont elles se précipitent. — 4"- Influence qu'exercent sur les formes cristallines, la surabondance d'un des principes conslituans dans la solution. Les circonstances généralement variables , qui accompa- (i) Beudant, Causes des variations des formes des cristaux^ Annales des mines, i8i8. , 2.» livraison. T H È 059 gnent toujours la cristallisation ; la température, l'état baro- métrique et hygrométrique de l'atmosphèf ef , la promptitude ou la lenteur de l'év^aporation ,eic., ne produisent aucune variation dans les formes cristallines, mais procurent seule- ment aux cristaux une netteté plus ou moins parfaite, un vo- lume plus ou moins considérable, et des groupemens difié- rens. Le volume de la dissolution n'influe que sur la grosseur des cristaux , et non sur leur figure : le plus ou moins de con- centration d'une dissolution influe un peu sur le volume des cristaux: une dissolution affoiblie ne produit ordinairement que de très-petits cristaux. La hauteur du cristallisoir influe sur le volume des cris- taux , ainsi qu'on l'a déjà dit au commencement de cet article, mais ne change point leur figure. La position dans laquelle se forment les cristaux , influe sur l'extension de certaines de leurs faces, ainsi que Leblanc l'a remarqué; ce qui pourroit expliquer le développement des facettes de certains minéraux, si on avoit l'attention de lea observer en place, M. Beudant a trouvé que les cristaux prismatiques qui se forment à la j^artie inférieure d'une solution, dans une posi- tion verticale, sont assez ordinairement réguliers dans leurs contours et dans les pyramides qui les terminent ; ceux qui se forment obliquement sur les parois du vase, ont ordinaire- ment les faces qui regardent la partie supérieure du liquide, plus larges que les autres ; ceux qui se forment à la surface et qui pendent dans le liquide, sont ordinairement assez larges, elles pyramides sont mal formées. M. Davy a trouvé que le nitrate d'ammoniaque ï-etifent plus ou moins d'eau, suivant ^a température à laquelle il cristallise , et que cette différence eh àp'portoit une dans la forme cristalline. . , L'absence ou la présence de l'eau de cristallisation daiiS les minéraux , influe beaucoup sur la formequ'ils affectent; la chauxsulfatéeordinaireetia chaux sulfatée anhydre en sont des exemples frappans. L'état électrique ou naturel d'ufte disso- lution n'a présenté aucune différence dans la figure des sels qu'elle renferme. '' Quant aux mélanges mécaniques, nous avons déjà vuqu'ils semblent influer sur la simplicité et la netteté des cristaux - et l'on a trouve , de plus, qu'ils n'apportoient aucun change- ment sur les substances qui auroient cristallisé naturellement sous des formes simples : ces mélanges tendent donc a em- pêcher les formations de facultés additionnelles. 56o THE L'influence qu'exercent sur les formes cristallines les mé- langes chimiques qui existent dans la solution dont elles se précipitent, sont en rapport direct avec ce que l'on observe dans la nature; car on a remarqué généralement que telle substance affectoit toujours la même forme , quand elle avoit cristallisé de concert avec telle autre espèce minérale ; et l'on a plusieurs exemples de ces associations constantes. Or , M. Beudant ayant fait cristalliser des dissolutions qui renfei- inoient plusieurs espèces de sels , s'est convaincu qu'il y en a qui peuvent cristalliser simultanément sans se confondre et sans se modifier; tandis qu'il y en a d'autres qui se mélangent dans des proportions très-variables , et dont la forme ordi- naire est ou n'est pas modifiée. Ainsi, l'alun qui seul cristalli- spit en octaèdres tronqués sur les arêtes , a donné en cristalli- sant au milieu d'une solution de nitrate descuivre,de octaèdres tronqués sur lesangles solides. Le muriate d'ammoniaque qui avoit cristallisé très-diffici- lement seul en octaèdres,, a donné fort aisément des cristaux cubo-octaèdres, en cristallisant au milieu d'une dissolution de sulfate de cuivre; le borax, le sulfate de cuivre , le phosphate de soude, etc., ont aussi présenté des modifications marquées, en cristallisant au milieu de dissolutions étrangères. L'eau acidulée par différens acides ou saturée par divers gaz , et dans laquelle on a f^it dissoudre et cristalliser plu- sieurs sels, modifie d'une manière plus ou moins remarquable, la forme ordinaire de ces sels (i). Lorsqu'on fait cristalliser ensemble les substances qui sont susceptibles de se mélanger chimiquement , il arrive tou- jours que celle dont le système cristallin domine, subit des modifications de formes particulières. Ces formes varient dans le même sel, suivant la nature des corps qui s'y trouvent mélangés, et elles sont constantes dans le même mélange,tant que de nouvelles causes ne viennent point les troubler. Le sulfate de fer, quelque tendance qu'ib ait à affecter telle ou telle forme par suite de diverses causer, se ramènera tou- jours à la fprme simple du rhomboïde , par une addition de sulfate de cuivre. Lorsqu'on n'ajoute qu'une très-petite quantité de sulfate de cuivre a la dissolution de sulfate de fer , qui cristallise en rhomboïdes chargés de quelques facettes additionnelles, il n'a d'autre effet sur la cristallisation , que de diminuer l'é- (i) Beudant, Causes des variations des formes des cristaux, Aan. des mines, i8i8. T tï Ë 56i teft(3iie de ces facettes. Mais si l'oii augmente la dose do sul- fate (le cuivre , jusqu'à 4» centièmes, alors toutes les facettes additionnelles disparoissenl , et l'on obtient des rliomboides Complets. Enfin , on continue à les obtenir jusqu'à ce que la quantité de sulfate de cuivre soit telle, que c'est la Jorme de ce sel qui domine à son tour. On a remarqué que certaines facettes étoîent plus diffi- ciles à effacer, et qu'elles étoîent plus tenaces que d'autres , quoique dans le même cristrd. Et il résulte des expériences de M. Beudant , que le sulfate de fer, d'autres sels métalli- ques ou terreux , sont susceptibles d'a(fecter des variétés de formes différentes, suivant qu'ils se trouvent mélangés de telle ou telle autre espèce de sel en plus ou moins grande quantité. Nous avons déjà parlé , en rendant compte des travaux du chimiste Leblanc, des modifications cristallines qui résultent des différentes proportions qui peuvent exister entre l'acide et la base d'un sel. M. Beudant nous a encore fait connoître de nouveaux, résultats qui confirment ceux de son prédéces- seur^ et qui jettent un plus grand jour sur ce mode particu- lier de varier volontairement la cristallisation de certains sels. Une dissolution de sulfate de fer , qui renferme une pro- portiou telle de sulfate de cuivre, qu il en résulte des cris- taux rhomboidaux simples , en produira qui seront modifiés par des facettes latérales , si l'on ajoute quelques millièmes d'acide sulfurique. Le sulfate de cuivre, suivant les différentes proportions d'acide que renferme sasolution ,]3résenle aussi des variations de forme , mais conlradictoirement avec le sulfate de fer • car, dans ce dernier, pluson ajoute d'acide, pluson complique ses formes,- tandis que le prédominant de la base les simplifie, lien arrive autant à plusieurs autres sels , et particulière- ment à l'alun, qui cristallise toujours en cube, quand il est k l'état neutre. S'il éloit important de constaterpar des expériences directes que les différences de proportions relatives de base et d'acide pouvoient occasioner des variations de formes dans les diffé- rens sels simples , il l'étoit bien autant de prouver le même fait , par rapport à ceux qui résultent d<' la combinaison de deux sels , et qui ont reçu le nom de sels doubles, M. Beu- dant a donc étendu ses recherches sur les différences que pou- voient produire \qs quantités des sels composans renfermés dans une solution, avec l'idée très-juste que les résultats deve- noient applicables, par analogie, à diverses substances mi- nérales, que l'on peut soupçonner formées, à la manière des 562 THE sels doubles , par la combinaison Je deux ou d'un plus grand «ombre de substances distinctes , dont l'une ou l'autre a pu être plus ou moins abondante , lorsque le corps s'est for-mé. Ainsi , ayant soumis à l'expérience le sulfate double de potasse et de magnésie , M. Beudant a trouvé que dans le cas où il renferme beaucoup plus de sulfate de magnésie que de sulfate dépotasse , il se cristallisoit en prismes rliomboi- daiix obliques et bien complets y tandis que toutes les fois qu'on fait prédominer le sulfate dépotasse , on obtient tou- jours des prismes obliques plus ou moins solides, modifiés par des facettes additionnelles sur leurs angles et leurs arêtes. Le sulfate double d' ammoniaque et de magnésie est aussi dans le même cas; la surabondance du sulfate de ma- gnésie apporte toujours une simplification dans les formes, etc. Des cristaux cubiques et octaèdres d'alun ont été dissous ensemble, et la solution a été évaporée convenablement. M. Beudant a remarqué que les cristaux octaèdres se sont tou- jours cristallisés les premiers , et les cristaux cubiques , les derniers; ce qui lui a fait présumer que les cristaux cubiques et octaèdres , ont différens ordres de solubilité. Il arrive quelquefois aussi que ces deux composés se com- binent et donnent naissance à des cristaux cubo-octaèdres (l); d'où l'on pourroit conclure que les cristaux naturels où l'on reconnoit les traces de plusieurs formes particulières, pour- roient quelquefois être considérés comme résultaus de la réu- nion de diverses combinaisons des mêmes principes en pro- portions différentes, et dont chacune , étant isolée, douneroit la forme complète dont le cristal en question ne porte que les traces. Et si cette conclusion ne peut être regardée que comme une simple présomption a l'égard des jninéraux, elle paroît au moins certaine pour les sels que nous fabriquons. On prévoit bien que le but direct de toutes les expériences de M. Beudant étoit de parvenir à expliquer les variations de formes cristallines que présente chaque substance minérales et sans qu'il ait la prétention de croire avoir précisément trouvé les causes de ces modifications régulières et infinies, il peut avec raison, en comparant ses résultats avec ceux de la nature , en déduire quelques analogies du plus grand intérêt, et conclure avec beaucoup de probabilité , que les causes qui modifie;itles cristallisations des sels,sont au nombre des causes (i) Beutîanl, Causes des variations des formes dfes cristaux, Ann. «les mines, 1818, 3.^ livraison. THE 563 qui font varier les formes cristallines des minéraux ; et les dif- lérences que l'on remarque dans l'analyse que les meilleurs chimistes font de la même substance, viennent à l'ajipui de cette présomption : que àes proportions variables des prin- cipes constituans d'un minéral naisse?ie les variétés de forme secondaire. Espérons que des analyses comparatives viendront confirmer cette heureuse idée. EXPLICATION DES PLANCHES. Planche I. Substances acidtfères et teereuses (i). Figure 1. Soude boratée primitive. — a. Soude boratée sexdécimale. — 3. Soude carbonatée pri7nitive [nati-on ou alcali minéral). — f\. Soude carboTiatée basée. — 5. Potasse nitratée primitii)e {nitre ou salpêtre\. — 6. Potasse nitratée soustractive. — 7. Potasse nitratée trihexaèdre. — ■ 8. Magnésie sulfatée triunitaire [sel de Sedlilz , d'Angleterre ou d'Epsorn^. — 9. Magnésie boratée surabondante. C^est une substance qui , é\ant électrique par lu chaleur^ déroge dans sa cristallisation à Iti loi de symétrie j aussi voit-on dans cette fi- gure que les angles solides îi offrent point le même nombre de facettes. — - 10. Chauûc sulfatée primitive {sélénite , gypse o:i pierre à plâtre). — II. Chaux sulfatée allongée. — 12, Chaux, sulfatée équivalente. — i3. Chaux carbonatée primitive {spath calcaire ou spath d' Islande , pierre à chaux^, — i4' Chaux carbonatée équiaxe. — i5. Chaux carbonatée inverse. — 16. Chaux carbonatée cuboïd'i. — ,\n. Chaux carbonatée métastatique. Pour éclaircir ce que l'oii avoit à dire ert (i) Les figures de ces planches repre'sentent un choix de cristaux fait dans les formes des espèces les plus saillantes ; la repre'sen- tation de toutes les formes cristailines connues , eût exige' un allas vo- lumineux , (jui ne pouvoit trouver sa place dans un ouvrage de la natuie de celui-ci. 564 THE général sur la loi de sjmélrie et sur les jig/te» représentatifs des cristaux, on a inscrit les noyaux de ces quatre variétés de forme de chaux carhonatée dans la situation on ils se trouvent lorsqu'on les dégage par le clivage. — 38. Chaux carhonatée dodécaèdre, — If). Chaux carhonatée dilatée. — 20. Chaux carhonatée bi lunaire. — 2i, Chaux carhonatée hyperoxyde. — 22. Chaux carhonatée analogique. — 2S, Baryte su/ fatee primitive {spath pesant). — !■ 3 \. Baryte sulfatée rétrecie. — 25. Baryte sulfatée trapézienne. — 26. Baryte sulfatée pantogène. — 27. Strontiane sulfatée primitive. ■ — 28. Strontiane sul futée epointée. — 29. Zircon primitif {hjracinthe ou Jargon des Ictpi- daires). — 3o. Zircon prisme. — 3l. Zircon. dodécaèdre. — 32. Quarz dodécaèdre {cristal de roche). 35. Qnarz rhomhifère. — 34. Feldspath primitif, avec les lettres adoptées pour les signes représentatifs des formes pri'^ mitives. ■r— 35. Feldspath unitaire. — 36. Feldspath tjuadridécimal, •■ — 37. Feldspath sexdécimal. • — 38. Feldspath hémitrope. " — 5y. Topaze quadrioc tonal», — 40. Topaze monastique. — 4'- Topaze octo-sexdéciniale. Planclie II. Substancts terreuses, combustibles, et mé-' TALLIQUES. Figure ï. Still'ite epointée. — 2. Stithit anamorphique. — 3. Analciini' Iriepnintee. — 4. Chat>axie trirhomboidale^ ^ — 5. Harmotome cTucijhrvie ; deux cristaux mâclés dans le sens de leur longueur^ — 6. Axinite primitive. — 7. Axinite soudouble. -^ 8. Idocrase unibinaîre, ■ — 9. Grenat primitif THE 565 10. Grenat trapézoïdal. 1 1 . Tourmaline primitive. 13. Tourmaline isogone. Les deux sommets Sont dijférens en raison de la propriété que cette substance possède de s' électriser par la chalaur. l3. Tourmaline impaire , même observation. l4' Epidole biAunitaire. i5. Epidole monostiijjie. 16. Epidote dissimilaire. 17. Cymophane an nid aire. 18. Corindon hisalterne. {Saphir ou gemme or ien- taie, des lapidaires). iq. Corindon addilif {Saphir , etc. ), 20, Péridot monosti/jue. 1 1 . Pyroxène primitif. 11. Pyroxène triunitaire. 23. Amphibole primitif {Schorl, par excellence, des anciens minéralogistes ). 24» j4mphibole équidijférent. 25. Staurolide unihinaire. a6. Stauroiide ohliquangle j il en existe une autre variété qui se croise à angle droit. COMBUSTIBLES. 27. Diamant sphèrdidal. Il présente quarante- huit facettes triangulaires curvilignes. 28. Soufre primitif. 29. Soufre prisme. 3o. Arsenic sulfuré dioctaèdre ( vulgairement réalgar ). 3i. Cobalt arsenical tri forme. 32. Zinc oxydé unitaire ( calamine ). 33. Zinc sulfuré transposé ( blende). 34. Scheelin ferruginé épointé. 35. Titane oxydé rutile bisnnitaire géniculê. 36. Titane silicéo-calcaire dioctaèdre uniternaire, 3j. 2'itane nigrine quadrisenaire. 38. Ticane anatase dioctaèdre. 39. Manganèse métalloïde dioctaèdre. 40. Antimoine sulfuré sexoc tonal. 566 THE Planche. III. Théorie des cristaux, et suite des métaux. Figitre I- Division mécanique du cube, sur les huit an- gles solides, passage à l'octaèdre ou forma Cubo-octaèdre. — 2. L'octaèdre régulier , servant de noyau au cube Ci situé de manière à ce aue ses six angles solides répondent au centre des faces du cube ,et réciproqitement aue les Jiuit angles solides du cube répondent au centre des . • Jiuic faces de l'octaèdre. •• — » 3. Dècroissement sur les bords dun cube, par une rangée en largeur et en hauteur, et • . donnant ainsi naissance au dodécaèdre à plans rhombes. — - 4. Décroissernefit sur les angles d'uTi cube, don~ nailt naissance à ï octaèdre régulier. .-— 5, Dècroissement sur les bords d'un cube y par deux rangées en largeur , dans un sens , et une eri hauteur ', et par deux en hauteur et une en largeur, dans l'autre; passage du cube au dodécaèdre pentagonal. ■ — 6. Division mécanique du prisme hexaèdre régu- lier., donnant pour résultat ou pour molécule intégrante , le prisme triangulaire équila» téral. — n eV^. Dècroissement intermédiaire , partant des angles solides d'un cube, et donnant nais- sance à des facettes qui ne sont ni parallèles aux afêtës , ni parallèle^ aux diagonales. Goniomètre de Caratiseau, — 9- SUItE des METAUX. 10. Fer sidfuré cubo - dodécaèdre (vulgairement pyrite de fer'). I \. Fer sulfuré icosaèdre ( Pyrite de fer). 12. Fer oligiste trapèzien. i3. Fer sulfaté triunitaire ( Vitriol vert du com- merce '). 14. F tain oxydé hemitrope, ( Mine d'élain ex- ploitée ). 15. Plomb carbonate s exoc tonal. 16. Plomb molybdaté. 17. Cuii^re gris équivalent. 18. Cuivre sulfaté isonovie {Vitriol bleu du com^ merce ). THE 567 • — 19. Mercure argsnt.cil. — 20. Mercure sulfuré bibisalterne. ( Cinabre des peintres ). — 21. Argent rouge prisme. La figure 22 représente le cristal d'un minéral que Ion nomme mâcle et qui paroît être composé de deux substan- ces distinctes; Tune blanche et nacrée , l'autre noire et terne- la partie noire en se distribuant régulièrement^ dans la masse blanche, y forme des figures assez constante*s et qui parois- sent dépendre de la cristallisation en prisme qnadrangulaire de cette pierre. L'assemblage qui est représenté ici, a reçu de M. Haiiy, le nom de polygramme. (brard.) "" TIIEPHIS ou TEPHIS. Noms que les Africains don - noient autrefois au polygonon mâle des anciens. (r. Polygo- NON). Adanson indique, par ihephis , ou plulô't tffis en sui- vant forlhographe qu'il vouloit clablir , le genre atraphaxh, Lmn , auquel il donne pour type Vatraphaxh unduluta , lu., plante qu il prend, mais à tort ; pour le ihephis des Egyp- tiens ; c'est q.ril ignoroit que cette espèce à' atraphoccis ne se trouve qu'au Cap de Bonne-Espérance.. Cln ^ THÉRAPHOSE. M. Walckenaër , dans son Tableau des araneîdes , donne ce nom à la première tribu de ces ani- maux , caractérisée par des mâchoires et des mandibules ar- ticulées horizontalement, proéminentes , et par l'onglet des mandibules qui est replié en dessous. Celle tribu comprend les genres Mygale, Oletère et Missulfne. (desm.) _ THERATE, Therutes. J'ai désigné ainsi, dans le troi- sième volume du Règne animal , par M. Cuvier , un nouveau genre de coléoptères, éiabli sur la cicindèle labiée Uabiata^ delabricius. Les palpes maxillaires internes manquent' et sont remplacés par un petit appendice spiniforme ; tel est le caractère qui distingue les Ihérates des cicindèles Les espèces de ce dernier genre , que Fabricius nomme flaoihi- ôrisGt fasciata, sont aussi des thcrafes. Ces insectes sont parti- cuhers aux îles de la mer du Sud. M. Bonelli avoit observé le premier, les caractères de cette coupe générique, et m'en avoit fait part. (l). THERÉBEN TINE ou TÉRÉBENTHINE, Thereben^ ihina. Résine qui découle de plusieurs espèces d'arbres et dont on fait usage dans les arls et en médecine. Il y a trois principales sortes de théréberdtnes. La première est produite par {^pisladner thèrébinte, et porte, dans le commerce , le nom de iherebentme^ de Chio ou de Scia. La seconde s'appelle iherebmUne de Venise; elle découle àa mélèse. La troisième que donnent tes vrais sapim, est connue sous le nom de tkérl ent.ne de Strasbourg. S68 THE Toutes les théréhentînes fournissent, dans la distîUation avec 1 eau, une huile essenlielle exlrememenl pénélrante , et laissent après elles une résine cassante el insipide. En Suisse, dil Bourgeois, ou prépire cette huile essenlielle avec des cônes de sapin , qu'on ramasse à l.j fin de juin , saison où ils sont remplis de lliérébenline ; on les hache par tranches, et on les fait distiller avec de I eau dans d^ grands alambics; on sépare l'huile qui surnage, avec des entonnoirs de verre. Les vernisseurs se servent de l'huile de ihérébentine pour dissoudre des résines concrètes, elles peintres, pour rendre leurs couleurs plus coulantes. Les tliérébentines sont aussi employées en médecine, (d.) THÈRÉBliNTINE EN PATE. Résine impure qu'on a fondue et filtrée à travers la poêle. V. Résine. (b.> FIN DU TRENTE-TROISIÈME VOLUME. i % i h: ;■■;:> ^^;^=-^-->^-— * ■ " • i > " ~-: -": ■■-■ . p.. S ■i- ^'• ^^■■ 'V3 .1 , y -^ *'.•..■; •si '^' rr^- ,u f^ . ' -V- •' '« ■■■■;'■ " ' ■ .*.^ V r / '^:im ^v ^ y A 7 •/ ; f:,.' ^:f <^ ->:■:;>' *f ^■■'•- » ^ ^..■- v^ ' :k r • > ^ . . ■.- 'r V> ^;^ \^.^^.<:':.er^.;.:v / . ■ . v> ^ >;^ :H^^ -^v ;.y. :.:,,.•. :^ v'A ^:- >' » < w^ J K «^. ^l :^ •wy' ^^iS ";r °tt» ■î*^^. ^i